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Full text of "Le Bulletin de l'art ancien et moderne"

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LE 


BULLETIN   DE    L'ART 


.  ANCIEN    ET    MODERNE 


LE 


BULLETIN   DE   L'ART 


ANCIEN    ET    MODERNE 


Supplément  hebdomadaire  de  la  Revue  de  l'Art  ancien  et  moderne 


PARIS 
28,    Rue   du   Mont-Thabor,   28 


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Numéro  365. 


Samedi  4  Janvier  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


Les  Amis  de  la  forêt 

de  Fontainebleau 


II  n'est  peut-t' tre  pas,  parmi  les  innombrables 
richesses  naturelles  du  «  plus  beau  royaume  sous 
le  ciel  »,  un  coin  qui  doive  être  plus  cher  aux 
artistes  que  la  fortH  de  Fontainebleau,  ni  qui  ait 
tenu  plus  grande  place  dans  l'histoire  de  l'art 
moderne  :  elle  a  été  le  véritable  berceau  de  notre 
école  de  paysage,  et  les  beautés  pittoresques  qui 
l'ont  rendue  célèbre  ont  fourni  à  plusieurs  maîtres 
du  xix°  sit'cle  quelques-unes  de  leurs  meilleures 
inspirations. 

.Mais  la  forêt  de  Fontainebleau  est  comme 
toutes  les  belles  choses  dont  nous  sommes  les 
héritiers  indignes  :  il  ne  lui  suffit  plus  d'avoir 
des  amis  en  grand  nombre,  il  faut  maintenant 
que  ses  amis  se  groupent  et  se  constituent  en 
société  pour  la  mieux  servir  et,  le  cas  échéant, 
la  défendre  avec  plus  de  force.  Singulière  époque 
où  tout  ce  que  nous  a  légué  le  passé,  œuvres  d'art 
et  monuraenté,  traditions  et  sites  pittoresques, 
a  besoin  d'être  protégé  ;  où  il  n'est  plus  permis 
d'avoir  l'admiration  égoïste  et  recueillie  ;  où  il 
faut  faire  profession  de  son  «  amitié  »  pour  les 
monuments,  pour  les  parcs,  pour  les  forêts  1 

Tant  y  a  que  la  Société  des  Amis  de  la  forêt  de 
Fontainebleau  s'est  fondée,  laquelle  a  sa  raison 
d'être  et  son  rôle  à  jouer,  ni  plus  ni  moins  que 
telle  ou  telle  autre  association  analogue.  Son 
président  est  l'excellent  paysagiste  Guillemet  ; 
son  comité  comprend  un  grand  nombre  d'artistes, 
d'écrivains  et  d'amateurs;  enfin  son  but  a  été 
nettement  défini  dans  un  article  récent  de 
l'Abeille  de  Fontainebleau  (13  décembre),  où  l'on 
lit,  entre  autres  choses  : 

«...  La  forêt,  malheureusement,  est,  presque 
partout,  au  bout  de  sa  croissance.  Beaucoup  de 
ses  plus  beaux  arbres  ont  disparu  ;  d'autres  sont 
mourants  ou  menacés.  Il  faut  donc  la  défendre 
contre  les  ennemis  de  toute  sorte  qui  peuvent 


l'attaquer,  parfois  même  contre  des  amis  mal 
avisés  ;  veiller  à  ce  que  son  caractère  soit  res- 
pecté ;  s'entendre  avec  l'administration  forestière 
et  obtenir  son  concours  pour  toutes  les  amélio- 
rations capables  de  faire  valoir  ses  beautés  ; 
éviter,  par  exemple,  les  envahissements  indis- 
crets de  résineux  ou  de  bouleaux  qui  dénature- 
raient quelques-unes  de  ses  parties,  ou  empêcher 
l'exploitation  des  grès  qui  autrefois  a  occasionné 
tant  de  ravages.  » 

On  nous  dit  que  tout  ce  programme  est  chose 
plus  simple  qu'il  ne  paraît  et  que  sa  réalisation 
sera  facilitée  grâce  à  l'accord  intervenu  entre 
l'administration  forestière  et  le  comité  de  la 
nouvelle  société  ;  déjà  même  certaines  opéra- 
tions, également  avantageuses  au  point  de  vue 
forestier  et  au  point  de  vue  esthétique,  auraient 
été  examinées  de  concert  et  décidées.  Cette  poli- 
tique de  concentration  est  d'un  bon  augure  pour 
les  destinées  des  Amis  de  la  forêt' de  Fontaine- 
bleau, et  si  l'on  peut  souhaiter  quelque  chose 
en  la  circonstance,  c'est  de  voir  l'administration 
et  l'initiative  privée  se  seconder  mutuellement, 
au  lieu  de  se  contrecarrer  l'une  l'autre,  et  com- 
biner leurs  efforts,  au  lieu  de  les  disperser  (I). 

E.  D. 

ÉCHOS    ET   NOUVELLES 


Académie  des  beaux-arts  (séance  du  28  dé- 
cembre). —  L'Académie  des  beaux-arts  renouvelle 
son  bureau  pour  1908.  La  section  de  peinture  occupe 
la  présidence  en  la  personne  de  M.  Luc-Olivier 
Merson,  et  la  section  d'architecture,  la  vice-présidence 
en  la  personne  de  M.  Nénot. 


d.  Les  personnes  désireuses  de  l'aire  partie  de  la 
Société  sont  priées  d'adresser  leurs  adhésions  à 
M.  Viatte,  secrétaire-trésorier,  4,  rue  Casimir-Périer,  à 
Fontainebleau.  Le  montant  de  la  cotisation  annuelle 
est  fixé  à  5  francs. 


LE   BULLETIN   DE    L'ART 


Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 

(«(■ance  du  27  décembre).  —  L'Académie  reroit  et 
accepte  un  médaillon  en  bronze  de  M.  Jules  Lalr, 
membre  libre  récemment  décédé,  que  la  veuve  de 
ce  savant  offre  à  la  Compagnie. 

—  L'Académie  élit,  en  comité  secret,  correspon- 
dants étrangers  :  MM.  Van  lierciiem,  professeur  à 
l'Université  de  Genève  ;  le  H.  P.  Elirle,  bibliothécaire 
du  Vatican  ;  Conze,  de  Berlin,  membre  du  comité  de 
direction  de  l'Institut  archéologique  allemand  à 
Athènes. 

—  Le  U.  P.  dom  Besso  offre  par  l'entremise  de 
M.  Léopold  Delisle,  au  nom  de  ses  conl'rèrcs  de 
l'abbaye  de  Ligugé,  un  médaillon  de  Mabillon,  d'a- 
près l'exemplaire  qui  est  conservé  à  la  bibliothèque 
Sainte-Geneviève.  En  acceptant  cet  hommage,  l'Aca- 
démie s'associe  à  la  coumiémoration  du  deuxième 
centenaire  de  la  mort  du  célèbre  fondateur  de  la  cri- 
tique diplomatique. 

—  M.  Philippe  Berger  communique  une  inscription 
punique  qui  est  transmise  à  l'Académie  par  M.  Merlin, 
directeur  des  antiquités  de  la  Tunisie.  C'est  l'épitaphe 
de  la  prêtresse  d'un  dieu  qui  nous  était  inconnu 
ju»(|u'à  présent. 

—  M.  Ilollaux  rend  compte  des  fouilles  (|ui,  grâce 
à  la  subvention  du  duc  de  Loubat,  sont  pratiquées 
actuellement  à  Oélos. 

—  Enfin,  l'Académie  procède  au  renouvellement 
(le  son  bureau. 

M.  Ernest  Babelon,  vice  président  en  esercice,  est 
élu  président  en  remplacement  de  M.  Salomon 
Reinach.  On  sait  qu'à  l'Académie  des  inscriptions  et 
belles-lettres  le  vice-président  en  exercice  ne  passe 
pas  de  droit  à  la  présidence  et  que  sa  nomination  est 
soumise  au  scrutin. 

M.  Bouché-Leclercq,  professeur  d'histoire  ancienne 
à  la  Sorbonne,  est  élu  vice-président. 

Musée  du  Louvre.  —  M.  Léon  Ueuzey,  membre 
de  l'Institut,  conservateur  du  département  des  anti- 
quités orientales  et  de  la  céramique  .antique  au  musée 
du  Louvre,  professeur  à  l'École  du  Louvre,  est 
admis,  sur  sa  demande,  à  faire  valoir  ses  droits  à  la 
retraite.  En  outre,  en  considération  de  ses  services 
exceptionnels,  M.  Ilcuzey  est  nommé  directeur  hono- 
raire des  musées  nationaux  et  chargé  des  relations 
du  nmsée  du  Louvre  avec  la  mission  française  de 
Chaldéc,  dont  les  travaux  et  les  publications  sont 
maintenus  sous  sa  direction. 

—  C'est  le  Louvre,  et  non  le  Conservatoire,  qui  a 
reçu  de  M.  Antonin  Marmontel,  récemment  décédé,  les 
portraits  deJ.-B.Marmontel, l'écrivain  du  xviu*  siècle, 
parHoslin;  de  Gluck,  parGreuze;  de  Stéphen  lleller, 
par  Kicard,  et  de  Chopin,  par  Delacroix. 

Le  Conservatoire  hérite,  comme  nous  l'avons  an- 
noncé, du  portrait  de  Marmontel  père,  par  Uonnat,  et 
de  son  buste  par  Barrias. 


Musée  de  Cluny.  —  Dans  la  salle  de  In  Vamp  à 
la  Licorne,  M.  K.  ILaraucourt  vient  d'installer  une 
vitrine  où  se  trouve  résumée  l'histoire  du  crucifix  de- 
puis le  VI*  jusqu'au  xvrii'  siècle.  Les  pièces  qu'elle 
renferme  permettent  de  suivre  les  différents  aspects 
sous  lesquels  le  Christ  a  été  représenté  au  cours  des 
siècles.  Ainsi,  sur  une  croix  reliquaire  de  sainte 
Radegonde,  d'art  byzantin,  l'image  du  Christ  ne  figure 
pas,  mais  elle  apparaît  dessinée  sans  relief  sur  la  croix 
d'un  soldat  de  la  première  croisade,  trouvée  sur  un 
champ  de  bataille  de  Palestine.  Puis,  sur  les  crucifia 
datant  de  la  fin  du  xi*  siècle  et  du  commencement  du 
XII",  le  (Christ  est  représenté  vêtu  dune  longue  robe 
à  manches  et  portant  une  couronne  royale,  alors 
qu'au  xiii°  siècle  il  n'est  plus  vêtu  que  d'un  pagne 
dont  les  dimensions  se  restreignent  de  plus  en  plus 
pendant  les  xiv"  et  xv»  siècles. 

Le  droit  d'entrée  dans  les  musées.  —  Dans 
la  séance  du  Conseil  municipal  du  2"  décembre, 
M.  Quentin-Bauchart  a  rapporté  favorablement  une 
proposition  de  M.  Ernest  Caron,  concernant  rétablis- 
sement d'un  droit  d'entrée  d'un  franc  par  personne 
dans  les  musées  municipaux.  Le  produit  de  ces  entrées 
sera  affecté  au  budget  des  beaux-arts. 

I,e  droit  sera  perçu,  à  titre  d'essai,  à  partir  du 
1"  janvier,  dans  les  musées  suivants  :  palais  des 
Beaux-Arts,  musées  Carnavalet,  Victor-IIugo,  Cilliera 
et  (lernuschi.  Les  enfants  payeront  place  entière. 

L'entrée  sera  gratuite  les  jeudis,  dimanches  et  jours 
de  fête.  Une  exception  est  faite  pour  le  musée  Dutuit, 
dont  l'accès  sera  toujours  gratuit,  suivant  la  volonté 
même  du  donateur. 

Enfin,  sur  la  demande  de  M.  Turot,  on  fera  au 
Petit  Palais  un  essai  de  musée  du  soir,  en  éclairant 
chaque  jour  les  différentes  salles  du  musée. 

—  Le  même  jour,  on  a  distribué  à  la  Chambre,  une 
proposition  de  loi  de  M.  Fernand  Engerand.  en  faveur 
de  l'établissement  d'un  droit  d'entrée  dans  le»  musées 
nationaux,  et  une  autre  proposition  de  loi  du  même 
député,  tendant  à  faire  frapper  d'un  droit  le»  œuvres 
d'art  ancien  sortant  de  France. 

A  Bayonne.  —  Le  musée  construit  par  la  ville  de 
B.ayonne,  pour  abriter  les  collections  de  tableaux, 
dessins  et  objets  d'art  formées  par  le  peintre  Léon 
Bonnat  à  l'intention  de  sa  ville  natale,  devient  insuffi- 
sant, et  on  songe  à  l'agrandir  en  ajoutant  un  corps 
de  bâtiments  annexes  comporlant  plusieurs  grandes 
salles. 

M.  Bonnat  a  d'ailleurs  fait  connaître  son  intention 
de  garnir  les  nouvelles  .salles  des  qu'elles  seront  ter- 
minées. 

A  Timgad.  —  M.  Albert  Ballu,  architecte  des  mo- 
numents historiijues,  annonce  la  découverte,  àTimgad, 
d  un  important  monastère,  d'une  superficie  de  onze 
mille  mètres,  entourant  la  grande  basilique  chré- 
tienne. Ce  monastère  comprend  quatre  chapelles  indé- 


ANCIEN    ET   MODEHNE 


pendantes,  un  cloitre  avec  cellules  bien  conservées  et 
une  nécropole  chrétienne. 

A  Amsterdam.  —  L'État  hollandais  a  définitive- 
ment acquis,  pour  le  musée  Rijk,  les  œuvres  d'art  de 
la  collection  Six  qui  ont  été  mises  en  vente  (voir  le 
n°  356  du  Bulletin).  Le  plus  important  des  39  tableaux 
est  la  Laiiière.  de  Vermeer  de  Delft,  estimée  à  prés 
de  500.000  florins  ;  parmi  les  autres,  il  faut  citer  un 
Metsu,  un  Adr.  van  de  Velde,  un  Adr.  van  Ostade,  un 
Ruj'sdaël  que  certains  attribuent  à  Ilobbema,  une 
toile  de  Judith  Leyster,  une  de  Ph.  Wouweruians, 
une  de  Rubens  et  deux  grisailles  de  Van  Dyck. 

Les  tableaux  à  vendre  appartenaient  à  la  branche 
des  Six  van  Fromade,  qui  en  demandaient  750.000 
llorins  ;  le  Portrait  du  boui'f/mentre  Six,  par  Rem- 
brandt, et  quelques  autres  chefs-d'œuvre  sont  la 
propriété  d'une  autre  branche  qui  les  garde. 

La  Société  Rembrandt  a  contribué  à  l'achat  pour 
200.000  florins  ;  le  reste  a  été  voté  par  la  secoudc 
Chambre  à  une  grande  majorité,  le  18  décembre, 
malgré  les  protestations  d'une  partie  de  la  presse 
contre  ces  «  folles  dépenses».  — M.  M. 

A  Berlin.  —  On  estime  flatteuse  pour  la  «  science 
de  l'art  »  allemande,  la  nomination  du  D'  Wilhelm 
Valentiner  au  Metropolitan  Muséum  de  New-York  ; 
mais  l'on  s'étonne  à  bon  droit  que  le  spécialiste  de 
l'école  hollandaise  en  Allemagne  soit  placé  à  la  tête 
d'une  section  d'art  industriel  en  Amérique.  —  M.  .M. 

A  Darmstadt.  —  Le  legs  Bœcklin  du  colonel 
baron  de  Heyl  a  été  officiellement  accepté  par  le 
musée  hessois,  en  présence  du  couple  grand  ducal  : 
il  se  compose  de  75|dessins  et  esquisses  et  d'un  por- 
trait du  maître  bàlois.  —  M.  M. 


A  Rome.  —  Ni  Paris,  ni  Avignon,  n'ont  le  mono- 
pole du  vandalisme  ;  voici  que  Rome  les  imite  fâcheu- 
sement. La  municipalité  a  fait  ouvrir  une  brèche 
pour  les  besoins  de  la  circulation,  entre  l'ancienne 
Cité  et  les  quartiers  neufs,  dans  la  pittoresque  mu- 
raille du  IV*  siècle,  dite  «  Mur  de  Bélisaire  »,  qui  longe 
la  villa  Rorghèse  et  à  laquelle  on  avait  évité  de 
toucher  jusqu'à  ce  jour.  Les  artistes  et  les  archéo- 
logues s'en  plaignent  amèrement,  et  M.  GiacomoBoni, 
qui  a  remis  au  jour  l'ancien  Forum,  vient  d'écrire  au 
maire  de  Rome  pour  protester  contre  la  mutilation  de 
ce  mur,  qui  méritait  à  bon  droit  d'être  respecté. 

En  'Wurtemberg.  —  Dans  le  tableau  d'autel  Je 
l'église  (lu  petit  bourg  souabe  de  Stuppach,  au  sud  de 
Mergentheim,  M.  Ronrad  Langç  a  reconnu  un  Mathias 
Grunewald  ;  une  Madone  peinte  à  l'imile  sur  une 
planchette  de  sapin.  Il  la  décrit  ainsi  dans  le  Mercure 
souabe  :  «  La  Mère  de  Dieu  est  assise  au  milieu  d'un 
plantureux  paysage,  entourée  de  vases  de  fleurs,  roses 
et  lys,  à  l'ombre  de  figuiers  et  de  lauriers.  Sur  ses 
genoux,  l'Enfant  Jésus,  tout  nu,  la  regarde  avec  une 
grande  vivacité  d'expression,  prêt  à  saisir  un  fruit 
qu'elle  lui  présente  ».  M.  Lange  se  réserve  de  revenir 
sur  sa  trouvaille,  dont  l'attribution  est  admise  par  le 
Prof.  H.  A.  Schmid,  et  d'en  parler  avec  détails  dans 
l'Annuaire  des  collections  d'art  de  Prusse.  —  M.  M. 

Nécrologie.  —  On  annonce  la  mort,  à  l'âge  de 
90  ans,  de  M.  Charles  Rossigrieux,  architecte,  membre 
do  la  couunission  de  perfectionnement  des  Gobelins 
et  vice-président  de  l'Union  centrale  des  arts  déco- 
ratifs, dont  il  fut  l'un  des  fondateurs  ;  —  et  de 
M.  HeniKiiin-l.i'on,  artiste  peintre,  chevalier  de  la 
Légion  d'honneur. 


-<-.-'O^C--;^:>S3VO'^vî<-» — 


CHRONIQUE    DES  VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —  'Ventes  diverses.  —  Les  collec- 
tions nombreuses  comme  celles  de  MM.  HikolTet 
Henri  Chasies,  les  collections  plus  restreintes, 
mais  choisies,  comme  celles  de  Paul  Leroi  et 
d'Alfred  Robaut,  ont  détourné  un  moment  notre 
attention  de  ces  ventes  courantes,  parmi  les  en- 
chères desquelles  il  est  souvent  instructif  d'e,\- 
traire  au  passage  un  prix  ou  deux  ;  on  trouve 
ainsi,  sur  la  lin  de  l'année,  c'est-à-dire  à  une 
époque  où   l'Hôtel  Drouot   nous   oflre  plus   de 


bibelots  d'élrennes  que  de  pièces  vraiment  capi- 
tales, certains  pri.K  intéressants  qui  ne  se  trom- 
pent pas  J'adresse  et  donnent  le  cours  actuel  des 
diverses  catégories  d'objets  d'art.  En  voici  quel- 
ques exemples,  empruntés  aux  dernières  .se- 
maines de  la  saison. 

—  Nous  avions  annoncé  la  vente  de  dessins  an- 
ciens de  l'eu  M.  Lion  :  faite  les  12  etl3  décembre, 
par  M«  Lyon  et  M.  Uoblin,  elle  a  produit  23.411 
francs  ;  uhe  seule  enchère  est  à  signaler,  c'est 
celle  de  2.0!>0  fr.  pour  la  gouache  de  G.  de  Saint- 
Aubin,  l'Entrée  des  masques  au  bal. 

—  Le  14,  M«  Henri  Bernier  et  MM.  Mannheim, 


LE    BULLETIN   DE    L'ART 


vendaient,  salle  1,  une  réunion  d'objets  d'ameu- 
blement. Huit  fauteuils  en  bois  peint,  tapisserie 
d'Aubusson,  d'époque  Louis  XVI,  à  personnages 
et  animaux,  dont  on  demandait  12.000  fr.,  ont 
été  adju|.'és  19.000.  —  Cinq  autres  fauteuils,  ta- 
pisserie à  Heurs,  épo(iue  Louis  XV  :  3.800  fr.  — 
Uueiques  objets  d"art  complétaient  cette  vente 
dont  le  total  a  atteint  70.2"8  fr.;  à  citer  :  une 
boite  à  mouches  en  or  ciselé,  du  xviii"  siècle, 
avec  un  portrait  de  femme  en  miniature.  2.20',;  fr. 

—  Le  môme  jour,  à  la  salle  12,  on  a  vendu 
4.720  fr.  un  groupe  en  terre  cuite  du  xviii«  siècle, 
dans  le  genre  de  Pajou,  représentant  une  jeune 
femme  et  un  enfant.  ' 

—  Le  19,  dans  une  vente  faite  salle  11,  par 
M«  Dubourg  et  M.  Bloche,  une  garniture  de  cinq 
vases  en  ancienne  faïence  de  Marseille,  décorés 
de  Heurs  et  de  fruits  en  relief,  a  atteint  0.150  fr. 
sur  une  demande  de  6.000. 

—  Le  même  jour,  salle  10,  à  la  vente  A.  L., 
dirigée  par  M' M.  Delestre  et  MM.  Paulme  et  Las- 
quin,  on  a  donné  l.SaO  fr.  pour  deux  salières  en 
ancienne  porcelaine  tendre  de  Mennecy,  en 
forme  de  paniers. 

—  Le  21,  M=  Dubourg  et  M.  Meynial  vendaient, 
salle  10,  une  collection  d'estampes  anciennes, 
parmi  lesquelles  se  trouvaient  deux  aquarelles 
de  Debucourt.  L'une  d'elles,  la  Main-chaude,  dont 
on  demandait  7.000  fr.,  est  restée  à  8.000  fr. 
L'autre  n'a  fait  que  3.000  fr.;  il  est  vrai  qu'elle 
représentait /e  C/ucn  Minuto  et  son  mailre,  M.  Cas- 
lelli  d'Orino,  sauvant  une  femme  à  Greca  Park,  à 
Londres  :  le  moindre  Menuet  de  la  mariée  aurait 
été  plus  chaudement  disputé  ! 

—  Le  23,  une  vente  d'objets  d'ameublement  et 
Je  tapisseries,  faite  par  M*  Lair-Dubreuil  et 
MM.  Paulme  et  Lasquin  et  Sortais,  a  produit 
62.000  fr. 

Une  tapisserie  de  Beauvais  ou  des  Gobelins, 
d'époque  Hégence,  d'après  une  composition  de 
Bérain,  a  été  adjugée  1 4.900  fr.,  un  peu  au-des- 
sous de  la  demande  de  l'expert. 

Le  seul  tableau  de  la  vente,  grande  peinture 
par  Oudry,  le  Cerf  aux  abois,  a  été  vendu  12.430 
francs  ;  on  en  demandait  15.000. 

—  La  vente  annuelle  de  .Iules  Chéret  s'est  faile 
le  27  décembre,  salle  10  (M"  Motel  et  M.  Moline). 

Aucune  des  œuvretles  vendues  n'a  atteint  1.000 
francs  Un  des  pastels,  Idylle,  a  fait  880  fr.;  — 
—  une  des  maquettes  originales  d'afliches,  Dan- 
seuse espagnole,  s'est  vendue  490  fr.;  —  enfin,  un 
des  dessins  rehaussés,  Travesti,   a   été   adjugé 


155  fr.  Ce  sont  là  les  plus  hauts  prix  dans  cha- 
cune des  catégories  de  la  vente,  dont  le  produit 
a  été  de  0.915  fr. 

'Vente  de  la  collection  de  feu  M.  Henri 
Chasles  (liste  des  prix).  —  Après  avoir  donné 
le  compte  rendu  de  cette  longue  vente,  il  faut 
aujourd'hui  compléter  ce  que  nous  en  disions,  il 
y  a  huit  jours,  par  une  liste  des  principaux  prix 
de  chacune  des  catégories  d'objets  ijue  M=  Lair- 
Dubreuil,  MM.  Aucoc,  Stettiner,  Paulme  et  Las- 
quin ont  dispersés  du  9  au  18  décembre,  salles 
9,  10  et  11. 

On  rappellera  seulement  que  la  collection  se 
composait  d'orfèvrerie,  argenterie,  objets  d'art 
et  d'ameublement  du  xviii«  siècle,  ,et  que  le 
produit  total  de  la  vente  a  été  de  616.120  francs. 

Ohfkvherie.  —  1.  Écuelle  en  vermeil  ciselé,  portant 
en  relief  les  armes  du  cardinal  Farnèse  :  le  couvercle, 
à  ornements  gravés  et  canaux  creux  en  spirale,  est 
sunnonté  d'un  artichaut;  plateau  oblong  à  décor 
.analogue.  Poinçon  vieux  Paris,  1733.  Maître  orfèvre  : 
Thomas  Germain,  18.500  fr.  (à  la  Société  des  Amis  du 
Louvre).  —  2.  Aiguière  en  pomponne,  ép.  Régence, 
2.005  fr.  —  9.  Aifîuière  à  guirlandes  en  relief  et 
bassin,  vieux  Paris.  1777  ;  maître  orfèvre  :  Sprimann, 
3.817  fr. 

Nous  passerons  sur  une  grande  quantité  d'objets, 

—  saucières,  cafetières,  coupes,  soupières,  coquetiers, 
flambeaux,  etc.,  environ  200  numéros  —  en  argent, 
vermeil  ou  cuivre  doré,  dont  les  enchères  se  sont 
le  plus  souvent  tenues  au-dessous  de  1.000  fr.  et  n'ont 
pas,  en  tout  cas,  été  supérieures  à  2  000  ;  —  ce  prix 
n'a  été  atteint  que  par  une  paire  de  saucières,  vieux 
Paris,  1784  à  1789  (ir  105),  et  n'a  été  dépassé,  outre 
les  objets  précédemment  relevés,  que  par  les  suivants  : 

132.  Timbale  en  vermeil,  vieux  Paris,  1778,  3.50.1  fr. 

—  157.  Porte-huilier  en  vermeil,  1779,  maître  orfèvre 
Auguste,  2.250  fr.  —  166.  Paire  de  bottes  à  thé,  vieux 
Paris,  1742,  2.450  fr.  —  170.  Paire  de  moutardiers, 
intérieur  cristal  bleu,  monture  vieux  Paris,  1789, 
2.500  fr.  —  182.  Paire  de  cloches,  vieux  Paris,  1776, 
sur  plateaux  modernes,  2.800  fr.  —  185.  Écuelle 
ovale  avec  plateau,  1780,  2.005  fr.  —  193.  Soupière 
uvale,  doublure  et  plateau  graines  de  légumes;  anses, 
branches  tordues  et  feuillages;  pieds,  feuilles  d'acan- 
Ihe;  armes  et  couronne  de  marquis,  vieux  Paris,  1784; 
maître  orfèvre  :  J.-B.  Chéret,  6.050  fr. 

PoncKL.tiKEs.  —  De  nombreux  petits  prix  encore 
dans  cette  série  des  porcelaines  anciennes  qui  consti- 
tuait, avec  la  précédente,  l'ensemble  de  pièces  le  plus 
fourni  de  la  collection. 

Parmi  les  anciennes  pâtes  tendres  de  Sèvres-Vin- 
cennes,  en  très  grande  quantité,  quelques  prix  sont  à 
retenir,  dont  l'un  tout  à  fait  important  :  25G.  Écuelle 
à  bouillon,  couvercle  et  présentoir,  fond  bleu  turquin 


ANCIEN    ET   MODERNE 


piqué  d'or,  médaillons,  année  MHS,  10.350  fr.  —  339. 
Quatre  assiettes  du  service  de  Buffon,  oiseaux  dans 
des  paysages,  3.200  fr.  —  330.  Aiguière  couverte  et 
bassin,  décor  en  camaïeu  rose  à  guirlandes  de  ileurs, 
i~'61,  4.o20  fr.  —  333.  Ecuelle  à  bouillon,  couvercle  et 
présentoir,  fond  pointillé  lilas,  médaillons  (1176). 
3.100  fr.  —  393.  Marronnière  couverte  et  plateau, 
décorée  de  bouquets,  1738,  3.200  fr.  —  396.  Jardinière 
éventail,  socle  mobile,  fond  turquoise  et  réserves  de 
médaillons,  1758,  5.100  fr. 

Le  plus  beau  prix  des  porcelaines  de  Sèvres  pâtes 
dures  a  été  celui  de  2.600  fr.  pour  un  petit  tableau, 
moulure  dorée,  médaillon  en  creux  orné  d'un  buste 
en  ivoire,  portrait  de  Louis  XVI  de  profil,  1774  (n-  423). 

Dans  les  anciens  biscuits  de  Sèvres,  rien  de  bien 
notable;  deux  ou  trois  figurines  ont  dépassé  1.000  fr. 
et  le  n°  440,  Garde  à  vous  elJeuiie  fille  à  l'arc,  a  été 
vendu  1.620  fr. 

Peu  de  choses  à  citer  parmi  les  anciennes  pâtes 
tendres  diverses  :  le  n*  436,  un  moutardier-tonnelet, 
avec  présentoir,  porcel.  de  Chantillj',  décor  gros  bleu 
et  blanc,  1.520  fr.;  —  les  n"  479,  480  et  481,  porcel. 
de  Mennecy  -  Villeroy  ont  été  mieux  accueillies  ; 
c'étaient  deux  vases  tulipes,  deux  cache-pots  et  deux 
statuettes,  qui  ont  fait  respectivement  3.000,  3.900  et 
4.200  francs. 

Parmi  les  porcelaines  de  Paris  et  les  porcelaines  à  la 
Reine  (n»'  482  à  534).  deux  numéros  seulement  ont 
dépassé  le  billet  de  mille  francs  :  500.  Deux  jardi- 
nières-caisses, décors  à  bouquets  de  (leurs,  1.070  fr. 
—  503.  Vase  sur  piédouche,  décor  en  dorure,  avec 
additions  de  fleurs  et  de  médaillons  Sèvres  et  Saxe 
modernes,  1.360  fr. 

Les  figurines  en  Saxe  entre  100  et  1 .000  francs,  avec 
plus  de  prix  aux  alentours  de  400  et  300  qu'aux  envi- 
rons de  1.000  ;  sauf  :  590  bis.  Deux  panthères  assises 
sur  une  terrasse^  3.720  fr.  —  592.  Arlequin  joiianl  de 
la  cornemuse  et  Jeune  paysanne  dansant,  1.300  fr.  — 
593.  L'Afrique  et  l'Amérique  (rest.),  1.410  fr.  —  394. 
Deux  grandes  statuettes  de  la  suite  des  Sens,  la  Vue 
et  le  Touclier,  3  300  fr.  —  393.  Deux  potiches  cou- 
vertes, montées  en  brCile-parfums  en  bronze,  en 
partie  ép.  Louis  XV,  1.303  fr.  —  396.  Brùle-parfum  en 
anc.  laque  de  Chine,  porté  par  un  branchage  de 
métal,  orné  fleurs  en  anc.  porcel.,  terrasse  bronze; 
cheval  se  cabrant  sur  des  nuages,  anc.  porcel.  de 
Saxe,  ép.  Louis  XV,  10.000  fr. 

(A  suivre.) 

A  Nancy.  —  Sans  publicité,  on  a  procédé  à 
Nancy  à  la  vente  du  mobilier  garnissant  l'ancien 
évèché.  La  majeure  partie  des  objets  ont  été 
adjugés  à  des  prix  dérisoires  ;  au  total,  6.000  l'r. 
environ.  Les  tapisseries  d'Aubusson  n'ont  pas  été 
vendues  faute  d'amateurs. 

Tant  de  discrétion  honore  la  direction  des  Do- 
maines, mais  n'est  peut  être  pas  très  profitable 
à  l'État  ni  très  appréciée  des  amateurs. 


A  Bordeaux.  —  Dans  une  vente  faite  du  5  au 
10  décembre,  à  Bordeaux,  une  tapisserie  du 
xvi=  siècle,  une  du  xyii",  une  du  xviii"  (celle-ci 
des  (iobelins),  ont  atteint  ensemble  11.100  l'r. 
Total  de  la  vente  :  90.000  fr.  (M«  J.  Duval  et 
.M.  E.  Descamps). 

M.  N. 

LIVRES 

"Vente  P.  Leroi.  —  La  collection  Paul  Leroi 
(Léon  Gauche?.)  ne  comprenait  pas  seulement  des 
estampes  et  des  tableaux  (voir  le  no  .363  du  Bul- 
letin) ;  on  y  trouvait  aussi  quelques  livres  et 
autographes,  dont  la  vente,  faite  salle  7,  par 
M"  Lair-Dubreuil  et  MM.  Durel  et  Charavay,  a 
produit  plus  de  1.3.000  francs. 

Les  plus  beaux  prix  ont  été  pour  les  catalogues 
du  xvni»  siècle,  parmi  lesquels  celui  de  la  vente 
de  la  marquise  de  Pompadour  a  été  vendu  400  fr.; 
un  album  de  voyage,  illustré  de  dessins  attribués 
à  Prudhon,  a  atteint  2.0S0  francs. 

B.  J. 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


VII«  Exposition  intime  (chez  Uivaud,  23,  rue 
de  Seine).  —  Est-ce  l'atmosphère  de  la  rue  de 
Seine  et  ce  vieux  logis  à  la  rampe  monumentale'? 
On  évoque  ici  les  bons  ouvriers  d'art  de  jadis  qui 
mêlaient  leurs  discrets  chefs-d'œuvre  au  Salon 
de  la  Jeunesse,  le  long  des  échoppes  de  la  place 
Dauphine,  à  l'octave  do  la  Fête-Dieu...  Dans  ce 
cadre  ancien,  quelques  artistes  modernes  sont 
comme  chez  eux,  car  ils  sont  français.  L'artiste 
audacieux  qui  les  groupe  autour  de  ses  bijoux 
l'emporte  sur  l'éclectisme  de  l'État,  par  l'instinct 
du  goût  qui  préfère  immédiatement  la  qualité  à 
la  quantité  :  bon  exemple,  au  seuil  d'une  nou- 
velle année,  après  tant  d'exhibitions  particulières 
et  d'acquisitions  officielles. 

Mieux  encore  que  parmi  les  portraits  du  siècle, 
où  la  patine  égalitaire  du  temps  amortit  les  diver- 
gences d'individualités  et  d'écoles,  un  air  de 
famille  enveloppe  en  cette  atmosphère  familiale 
les  petits  cadres  divers  et  d'auteurs  différents, 
mais  issus  d'une  même  époque  :  c'est  le  ton  du 
jour;  et  c'est  un  crépuscule  profond  de  M"«Dela- 
salle,  entouré  d'études  mélancoliques  brossées 
dans  le  beau  parc  de  Saint-Cloud;  c'est  une  Bre- 
tagne claire  comme  la  Corse  que  M.  Dabadie 


LE    BULLETIN    DE   L'AHT 


demande  aux  beaux  jours  de  l'île  de  Bréhat;  ce 
sont  des  Bretagnes  plus  sévères  de  M.  André 
Dauchoz,  moins  coloriste  que  dessinateur,  qui 
sait  l'éternel  pouvoir  des  perspectives  solides  et 
des  pians;  des  ileurs  aquarellces  par  M.  Kené 
Piot,  coloriste  avant  tout  ;  un  symbole  moins 
récent  de  M.  Georges  Desvallières  ;  un  grand  nu 
plantureux  de  M.  Victor  Prouvé,  décorateur  de 
nos  mairies;  des  noms  moins  connus,  M"'  Su- 
zanne Frémont  et  son  eflet  de  neige,  M.  Georget- 
Faure,  portraitiste,  M.  Filliard,  aquarelliste. 

Et,  près  des  poétiques  matières  modelées  par 
M.  Delaherche  ou  du  délicieux  Secret  féminin  de 
M.  liartholomé,  s'impose  d'abord  une  petite  toile 
de  M.  René  Ménard  qui  joint  toutes  les  vertus  du 
style  à  toutes  les  séductions  de  l'esquisse  :  ici, 
l'an  dernier,  c'était  l'ébauche  du  Temple,  syn- 
thèse ruinée  de  la  Grèce  antique  ;  aujourd'hui, 
c'est  la  première  pensée  de  ce  Jugement  de  Paris 
qui  modernisait  harmonieusement  la  tradition 
française  au  Salon,  déjà  lointain,  de  1907;  la 
ligne  se  devine  sous  la  couleur,  le  crépuscule 
romantique  se  marie  mieux  que  jamais  à  l'or- 
donnance poussinesque  en  un  petit  cadre,  et 
dans  un  empâtement  savoureux.  On  y  respire 
un  parfum  des  maîtres  d'autrefois  et  la  sérénité 
des  anciens  jours.  Quelles  que  soient  les  inquié- 
tudes de  l'art  moderne  ou  les  caprices  de  l'art 
nouveau,  le  goût  français,  qui  se  transforme, 
est  pourtant  ce  qui  ne  meurt  pas. 

Raymond  Booyeh. 

CORRESPONDANCE  DE  MUNICH 


II.  La  Sécession. 

Après  le  labyrinthe  du  Glas  Palast(l),  Tordon- 
nance  sobre  de  la  Sécession.  Rien  que  des  œuvres 
cherchées,  les  unes  poussées  sans  doute  encore 
jusiiu'à  une  certaine  extravagance,  ressouvenir 
du  bon  combat  d'autrefois,  mais  toutes  régies 
parla  préoccupation  méritoire,  souventheureuse, 
d'échapper  à  la  médiocrité.  Pas  d'article  de 
vente,  à  moins  que  sensationnel;  point  de  flat- 
teries, parfois  des  problèmes. 

Depuislongtemps,M.Franzvon  Stuck  n'avait  pas 
été  aussi  bien  représenté,  encore  que,  cette  fois, 

(1)  Voir  les  n"  362  et  363  du  lliillelin. 


le  peintre  prime  l'artiste,  comme  il  arrive  sou- 
vent chez  les  grands  virtuoses  qui  finissent  par 
ne  plus  s'intéresser  qu'aux  seules  difficultés 
d'exécution.  L'imagination  paraît  lasse  :  on  re- 
connaît, pour  les  avoir  déjà  rencontrés  dans  bien 
des  tableaux  antérieurs,  et  les  couleurs  flam- 
boyantes et,prisindividuellement, les  personnages 
de  ces  Enfers;  la  disposition,  plutôt  forcée,  des 
croix  vues  presque  de  dos,  renouvelle  quelque 
peu  cette  Crucifixion  qui  est  surtout  un  elTet  de 
crépuscule  assez  poignant;  mais  où  le  métier  de 
M.  Stuck  devient  prestigieux,  c'est  dans  le  Duel 
à  l'espagnole  qui  se  passe  entre  les  murs  blan- 
chis d'un  couloir,  on  dirait  d'un  cloître,  et  sur- 
tout dans  le  portrait  à  mi-corps  du  (irand-Duc 
de  Hesse  ;  la  sûreté  du  dessin,  la  fraîcheur  des 
tons  forts  —  rien  que  du  noir  et  du  gris  et  la  tache 
orange  de  la  cravate  pour  les  aviver,  —  l'expres- 
sion pénétrante  du  regard  gris-bleu  et  le  sourire 
gouailleur  de  la  bouche,  en  font  une  œuvre  mai- 
tresse,  à  la  fois  féline  et  martiale.  —  Dans  un 
genre  bien  éloigné,  qui  allie  les  allures  whistlé- 
riennes  à  un  dessin  préraphaélite,  M.  Oskar 
Zwintscher  expose  un  portrait  en  pied  de  Femme 
en  toilette  grise  d'une  fringance  de  pose  que  fait 
ressortir  l'harmonie  ex(juise  des  gris,  et  une  iCte 
de  Jeune  fille  aux  nai-cissscs  dans  une  autre  tona- 
lité argentée  sur  fond  outre-mer,  accord  dis- 
tingué et  profond,  d'une  facture  soignée  sans 
aucune  petitesse,  n'abandonnant  rien  de  lâché, 
amoureuse  de  la  forme  bien  écrite  et  passionnée 
à  rendre  dans  toute  la  beauté  de  leurs  lignes,  les 
cheveux  ondes,  la  main  aux  veines  bleues,  les 
lèvres  rouges  et  les  grands  yeux  clairs,  et  aussi  les 
Heurs  si  décoratives.  Ah!  combien  une  œuvre 
ainsi  traitée,vraiment  réalisée,  apparaît  reposante 
et  satisfaisante  au  prix  de  tous  les  impression- 
nismes  plus  oumoins  charlatanesques!...  Un  por- 
trait de  fillette,  genre  Boldini,  dans  un  grand 
fauteuil  d'osier,  avec  un  long  visage  émacié, 
aminci  de  plus  parle  vaste  chapeau  et  l'encadre- 
ment des  boucles  blondes,  de  longues  jambes 
noires  si  fines  dans  le  blanc  de  la  robe,  par  M.  Th. 
Hummel,  dont  voici  encore  une  nature-morte, 
délicate  comme  les  mauves  pftles  et  la  figurine  de 
porcelaine  (ju'elle  représente,  avec  des  taches 
de  couleurs  posées  en  mouches  de  beauté  presque 
transparentes,  du  bout  arrondi  d'une  truelle  très 
adroite.  —  De  M.  Boleslas  de  Szankowski,  une 
autre  fillette  mutine,  tout  en  blanc,  aux  grands 
yeux  levés  dans  un  visage  incliné,  d'une  si  jolie 
observation. 
M.  Léo  Samberger  n'est  pas  un  portraitiste 


ANCIEN   ET    MODERNE 


gai;  mais  sa  manière  noire  à  grands  traits  con- 
centriques fait  jaillir  de  la  toile  des  têtes  forte- 
ment caractérisées,  d'un  naturel  plus  véritable 
que  celles  de  feu  Lenbach  ou  de  l'aristocratique 
F. -A.  von  Kaulbach  :  le  Portrait  de  M.  A.  Welti 
en  particulier,  cette  année,  traduit  avec  vivacité 
la  bonhomie  rieuse  du  peintre  suisse.  —  M.  H. 
Grœber  a  réalisé  un  type  d'Officier  prussien, 
Joufflu,  sanglé,  astiqué  de  la  tête  aux  pieds, 
debout  en  uniforme  bleu  noir  sur  fond  nacré 
de  salon  gris  et  verdàtre,  qui  est  une  merveille 
de  peinture  aussi  bien  que  de  psychologie  sati- 
rique. —  Le  portrait  de  sa  Mère,  par  le  chevalier 
de  llaberraann,  montre  l'excellence  de  son  pro- 
cédé lluctuant  pour  reproduire  de  molles  étoffes 
sans  contours  arrêtés  dans  des  harmonies  grises 
et  brunes.  —  M"""  Héi.  de  Beckerath  ne  craint 
pas  la  couleur  ;  ses  Bigoudennes  sous  la  lampe 
ont  la  face  rubiconde,  mais  aussi  l'hilarité  bien 
vivante. 

Parmi  les  paysages,  quelques  notations  bien 
froides,  bien  crues  de  ruisselets  en  hiver  :  eau 
verte  dans  l'ombre  entre  les  pierres  recouvertes 
de  neige  en  boules  immaculées,  tandis  que  le 
couchant  réchauffe  les  bois  enlevés  sur  un  ciel 
glacial,  chez  M.  l'etras  Kalpokas;  eau  bleu  d'acier 
en  plein  soleil  entre  les  berges  toutes  blanches 
chez  M.  St.  Filipkiewicz  ;  au  contraire,  eau  mauve 
et  grise  dans  l'ouate  de  la  brume  chez  M.  H.  von 
Hayek.  M.  C.  lleiser  excelle  à  rendre  les  tons 
fanés,  humides,  pourris  des  terrains  qui  repa- 
raissent sous  la  neige  au  premier  printemps  dans 
la  haute  montagne.  M.  R.  Pietzsch  a  abandonné 
momentanément  la  grandiose  vallée  de  l'isar  pour 
des  vallons  corses  fleuris.  M.  Ch.  Vetter  s'est 
avisé  de  conserver  le  souvenir  de  ces  ruelles 
toutes  villageoises  aux  maisons  peintes  et  si  basses 
qu'on  peut  mettre  la  main  dans  les  chéneaux  des 
gouttières,  telles  qu'on  en  peut  encore  voir  dans 
un  coin  du  vieux  Munich,  et  sa  pochade  a  été 
acquise  pour  la  Pinacothèque.  Retenons  une  ferme 
danoise  de  M.  G.  N.  Achen,  toute  tapissée  de 
glycines,  et  les  merveilleux  tableaux  de  neige  du 
suédois  G.  A.  Fjaestad,  le  Soir  au  bord  de  l'eau 
surtout,  avec  la  recherc'.ie  étrange  de  traits  au 
fusain  ou  au  conté  qui  sertissent  les  taches  des 
reflets  glauques  et  vermiculent  les  blancheurs  de 
la  neige  plutôt  pour  enrichir  la  facture,  semble- 
t-il,  que  pour  ajouter  à  l'extrême  justesse  de 
l'effet  très  spécial. 

Enfin,  une  belle  et  grande  œuvre  de  paix  ves- 
pérale :  une  Nuit  d'été  dans  la  montagne,  toute 
bleue  à  travers  le  feuillage  brun-noir  des  sapins 


d'avant-plan,  d'un  bleu  transparent  oîi  brillent 
ici  et  là  quelques  feux  de  joie,  paysage  décoratif 
au  premier  chef  de  M.  H.  B.  Wieland,  dont  on 
retrouve  plus  loin  trois  aquarelles  aussi  opu- 
lentes de  couleurs  que  franches  de  facture  ; 
M.  Wieland  délaisse  de  plus  en  plus  la  gouache 
pour  l'aquarelle  pure. 

Marcel  Montanoon. 


LES      REVUES 


France 


Musées  et  monuments  de  France  (\9Q1,  n»  8). 
M.  Paul  ViTBY  décrit  une  nouvelle  Vierçi»  française 
(lu  XIV'  siècle.,  statue  en  bois,  provenant  de  Picardie 
et  se  rapprochant  de  la  Vierge  dorée  d'Amiens,  la- 
([uelle  vient  d'entrer  au  musée  du  Louvre. 

—  D'après  les  relevés  à  l'aquarelle  de  Frœlicher, 
exposés  récemment  au  musée  des  Arts  décoratifs, 
M.  L.  Met.man  étudie  les  décorations  du  château  de 
Bercy,  démoli  en  t861. 

—  M.  Henry  Jadaht  parle  du  musée  rémois  au  musée 
de  Reims,  et  M.  Henri  Chabeuf  des  portes  du  palais  de 
Justice  de  Dijon  qui  appartiennent  au  musée  de  cette 
ville,  l'une  œuvre  authentique  et  l'autre  seulement 
probable  de  Hugues  Sambin  (2'  moitié  du  xvr  siècle). 

—  Notice  de  M.  G.  Lechevallieh-Ciikvionahd  sur  la 
Poissonnière,  maison  natale  de  Ronsard,  sise  dans  la 
vallée  du  Loir,  près  de  Tri'jo,  à  une  trentaine  de  kilo- 
mètres de  Vendôme. 

(1907,  n°  9).  —  A  la  vente  de  l'atelier  Dalou,  faite  le 
24  décembre  1906,  le  musée  du  Lu.iembourg  a  acquis 
lin  Portrait  de  Dalou,  avec  sa  femme  et  sa  fillette,  par 
sir  Aima  Tadema  ;  M.  Léonce  BiiNÉnriE  décrit  cette 
toile  si  intéressante,  qui  date  de  1876,  et  il  accom- 
pagne son  article  d'une  lettre  inédite  de  l'auteur  du 
portrait,  toute  pleine  de  souvenirs  émus  sur  ses  amis 
Dalou. 

—  /.(,■  Vo)jaf/e  de  Boucher  en  Italie,  par  Pierre  de 
Noi.iiAC.  —  Onsait  que  Boucher, n'ayant  pas  été  envoyé 
à  Rome  à  titre  de  pensionnaire  du  roi,  y  alla  à  ses 
fiais  en  1727,  en  compagnie  de  Carie  Vanloo  et  d'un 
petit  groupe  d'artistes  ;  ils  arrivèrent  i  Rome  le 
Suiai  1728.  LedirecteurdelAcadémieaccorda  à  l'artiste 
«  un  trou  de  chambre  »,  mais  ne  parla  plus  de  lui  par 
la  suite.  L'auteur  recherche  dans  l'œuvre  de  Boucher 
les  influences  qu'il  garda  de  son  séjour  à  Rome  :  goût 
dos  histoires  bibliques,  vite  abandonnées  d'ailleurs 
pour  les  mythologies  ;  des  ruines  romaines  encadrant 
des  scènes  villageoises  [la  Pipée,  la  Foire  du  vil- 
lage, etc.). 

—  M.  R.  RiieciiMN  étudie  deux  vases  de  faïence  ita- 
lienne du  .\'P'  siècle  —  deux  vases  à  large  panse,  col 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


bas  et  anses  plates,  décorés  l'un  d'un  poisson  et  l'autre 
d'un  oiseau  —  au  musée  Boucher  de  Perthes,  à  Abbe- 
ville  ;  —  M.  Raciiou,  les  l'rimilifs  italiens  du  muséf 
de  Toulouse  ;  —  et  M.  Paul  Vitky,  le  pittoresque  cloître 
de  la  Vsalette,  accroché  au  flanc  nord  de  la  cathé- 
drale de  Tours  ;  il  réclame  quelques  réparations 
urgentes,  un  peu  d'ordre,  de  propreté  et  d'entretien 
pour  cette  charmante  construction,  qui  ferait,  comme 
il  le  dit  très  justement,  «  un  délicieux  musée  archéolo- 
gique ». 

L'Art  décoratif  (décembre).  —  Notes  de  M.  Mau- 
rice Pézahd  sur  les  portraits  au  crayon  de  Séverin 
Rappa,  et  de  MM.  R.  Escomer  et  E.  Bknedictus  sur 
les  pâtes  de  verre  de  G.  Despret  et  F.  Decorchemont. 

L'Art  et  les  artistes  (décembre). —  Notes  sur  lier- 
nardino  Liiini,  par  Gabriel  Mouiiey.  —  "  11  en  est  un 
peu,  à  certain  égard,  de  Rernardino  Luini  par  rapport 
à  Léonard  de  Vinci,  comme  de  Jordaens  vis-à-vis  de 
Rubens.  Ile  même  que  la  gloire  du  chef  incontesté  de 
l'École  d'Anvers  empêche  le  peintre  du  Hepas  des  rois 
et  de  Satyre  et  paysan  d'occuper  dans  l'admiration 
des  foules  la  place  à  laquelle  il  a  droit,  de  même 
l'éblouissant  rayonnement  que  dégagent  l'œuvre  et  la 
personnalité  de  la  Joconde  et  de  la  Vierye  aux  rochers 
fait  qu'on  ne  considère  généralement  Bernardino 
Luini  que  comme  son  reflet  pâli  ». 

—  Un  peintre  animalier  suédois  :  Bruno  Liljefors, 
par  Léonie  Behnaudini. 

Revue  alsacienne  illustrée  (IV,  1907).  —  Ce 
numéro  spécial,  véritable  chef-d'œuvre  de  typogra- 
phie, est  consacré  à  une  monographie,  très  artisle- 
ment  illustrée  de  reproductions  d'aquarelles  de  G. 
Ritleng,  et  intitulée  Sancta  Odilia.  Texte  par  E.  K. 
[la  Lér/ende),  Maurice  B.^rrès  [la  Magnifique  Alsace, 
toujours  pareille  et  toujours  diverse),  H.  Taine  [Sainte 
Odile),  etc. 

Allehagne 

Die  Kunst  (novembre).  —  F.  von  Ostini.  Wilhetm 
von  Diez.  —  Étude  d'ensemble  à  propos  de  l'exposi- 
tion de  ses  œuvres,  sur  ce  peintre  peu  connu  en 
France,  mort  récemment.  Les  nombreuses  reproduc- 
tions  donnent  l'impression   d'un  Roybet   allemand. 

—  Louis  CoRiNTii.  L'Allolria  de  Munich.  Suite  et  fin 
de  l'article  commencé  dans  le  numéro  d'octobre.  Détails 
amusants  sur  la  réception  de  Bismarck  dans  un  cercle 
artistique. 

—  H.  BoABD.  L'Exposition  nationale  allemande  à 
Dusseldorf,  1907. 

—  Clara  Ruoe.  Architectes  américains.  —  Villas  et 
maisons  de  campagne. 

—  J.  Lichtesberu.  L'Art  religieu.r  rie  notre  temps. 
—  Protestation  contre  l'esprit  de  routine,  de  fadeur 
et  de  coterie,  dans  l'art  catholique  contemporain  en 
Allemagne. 


—  Joseph  Wackerle.  —  Petites  sculptures,  terres 
cuites,  porcelaines. 

—  K.  ScHAEFEB.  L'Art  ornemental  dans  les  cabines 
de  luxe  des  grands  paquebots  de  la  «  Norddeutscher 
Lloyd  ».  —  Étude  qui  serait  à  méditer  par  les  grandes 
compagnies  françaises  de  navigation  à  vapeur. 

—  E.  ScHUB.  Travaux  d'orfèvrerie  d'Ëmil  Lettré, 

—  G.   IIUBT. 

RussiK 

Starye  Gody  (les  Années  anciennes)  (octobre). 

—  N.  Nékrassov.  Une  maison  de  campagne  aux 
environs  de  Moscou.  —  Maison  des  Vsévolojski.  Por- 
traits de  Roslin,  Vigée-Lebrun,  Désarnaud,  Rokotov, 
Tropinine,  etc.  Tableaux  de  Carrache,  Ruysdaël, 
Tiepolo,  Parrocel.  Aquarelles  de  Lancret,  Boucher,  etc. 

—  Gustave  Geffroï.  Chardin  et  Fragoifard. 

—  M.  BouRNACiiov.  Le  Musée  de  l'Opéra,  à  Paris. 

—  1.  Iatsimibski.  La  Symbolique  dans  la  peinture 
russe  d'icônes. 

—  Pascal  FoRTUNY.  Lettre  de  France.  —  A  la  suite 
de  cette  lettre,  la  rédaction  signale  quelques  effets 
singuliers  de  la  loi  de  séparation  :  chapelle  de  la  rue 
de  Varenne,  devenue  un  atelier  de  peintre,  autre  sur 
le  point  d'être  louée  à  une  entreprise  théâtrale,  église 
à  Montmartre,  occupée  par  un  cinématographe,  etc. 

—  Denis  Roche. 

Les  Trésors  d'art  en  Russie  (n"  7,  8,  9  et  10). 

—  La  collection  des  princes  loussoupov  (suite).  — 
L'École  française.  Reproductions  de  plusieurs  pages 
du  Livre  de  vérité,  de  Cl.  Lorrain,  ayant  servi  pour 
des  tableaux  se  trouvant  dans  la  collection  et  qui  sont 
aussi  reproduits  :  l'Enlèvement  d'Europe.  Combat  sur 
un  pont.  Arrivée  d'Énée  sur  les  cales  du  Latium 
Coucher  de  soleil  avec  ruines  classiques,  Coucher  de 
soleil  sur  un  port;  Nie.  Poussin,  le  }>arrifice  de  Noâ ; 
Sébastien  Bourdon,  id.:  Ph.  de  Chauipaigne,  Transfi- 
guration; P.  Mignard  (?),  la  Dauphine:  N.  Coypel, 
Adoration  des  Uergers  :  Portraits  d'inconnus,  par 
Largillière  et  Rifiaud,  J.  Restout,  P.  Subleyras, 
Natoire;  Chardin,  la  Gouvernante  ;  quatre  Joseph  Ver- 
net;  neuf  Hubert  Robert. 

—  M.  SoMov  allègue  que  le  Savoyard  de  la  collec- 
tion loussoupov,  donné  à  Rembrandt  sur  une  signa- 
ture (faus.se),  doit  être  restitue  à  Aart  van  Gelder. 

—  Faïences  italiennes  et  terres  cuites  de  la  collec- 
tion M.  Botkine. 

—  Meubles  et  porcelaines  du  grand  palais  de 
Pavlovsk. 

—  Fragments  des  fresques  de  l'ancien  plafond 
effondré  du  palais  de  Taurlde.  —  Denis  Roche. 


Le  Gérant  :  H.  Denis. 


Pan».  —  Imp.  (ieorite»  Pelil,  M,  rue  Uodot-de-Hïoroi. 


Numéro  366. 


Samedi  11  Janvier  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN     ET    MODERNE 


Musées  payants 


La  question  a  été  traitée,  à  la  Charnhre  des 
députés,  pour  ce  qui  touche  aux  musées  natio- 
naux, lors  de  la  dernière  discussion  du  budget  ; 
la  conclusion,  adoptée  par  tout  le  monde,  a  été 
qu'une  solution  ne  pouvait  être  improvisée  dans 
un  article  de  la  loi  de  finances,  et  qu'il  fallait 
attendre  le  dépôt  d'une  proposition  de  loi  spé- 
ciale "  qui  serait  discutée  avec  toute  l'ampleur 
que  comporte  le  sujet  ». 

Nous  voilà  donc  à  l'abri  d'une  improvisation  ; 
comme  l'a  fort  judicieusement  dit  le  ministre, 
I!  y  a  de  bons  arguments  à  faire  valoir  dans  les 
deux  sens;  nous  aurons  tout  loisir  d'y  revenir. 

Mais,  au  Conseil  municipal  on  est  allé  plus 
vite  :  sans  attendre  que  la  question  eût  été 
étudiée  sous  toutes  ses  faces,  on  s'est  liAté  de 
décider,  dans  la  séance  du  27  décembre,  qu'à 
partir  du  l«r  janvier  suivant  «  Il  serait  perru,  à 
litre  d'essai,  un  .droit  d'entrée  d'un  franc  par 
personne  dans  les  musées  municipaux  »,  tous 
les  jours,  excepté  le  jeudi  et  le  dimanche. 

Trois  jours  pour  organiser  la  perception  du 
droit,  trois  jours  pour  installer  les  tourniquets, 
on  voit  que  raffairc  était  urgente,  et  que,  quand 
de  graves  intérôts  sont  en  jeu,  nos  édiles  ont  de 
l'esprit  de  décision... 

Seulement,  il  paraît  qu'en  dépit  de  leur  vote, 
il  n'y  a  rien  de  changé,  les  visiteurs  continuent 
à  entrer  gratuitement;  le  seul  résultat  est  que 
leur  nombre  a  été  considérablement  réduit;  un 
rédacteur  du  Gil  Blaf,  qui  a  eu  la  curiosité  de 
faire  une  enquête  personnelle,  raconte  que,  dans 
un  seul  établissement,  le  chiflre  des  entrées  était 
tombé,  de  140  pour  les  années  précédentes,  à 
Il  pour  1908. 

I.e  renseignement  est  intéressant  ;  il  s'agirait 
de  savoir  si  la  diminution  a  été  la  même  dans  les 
divers  musées  municipaux  ;  quoi  ((u'il  en  soit.  Il 
est  logi(|ue  de  supposer  que  la  moyenne  des  en- 


trées, pour  les  jours  non  gratuits,  diminuerait 
dans  des  proportions  énormes. 

Les  musées  de  la  ville  de  Paris  sont,  on  le  sait, 
au  nombre  de  cinq,  les  musées  Carnavalet,  Cer- 
nuschi,  Victor  Hugo,  Caillera  et  le  Petit-Palais. 

Pour  les  trois  premiers,  la  question  paraît 
devoir  être  rapidement  tranchée;  du  moment 
où  il  y  aurait  deux  jours  gratuits  par  semaine, 
ce  seraient  évidemment  ceux  que  choisiraient 
de  préférence  les  visiteurs.  Pour  le  musée  Cai- 
llera, dont  le  principal  intérêt  consiste  dans 
l'organisation  d'expositions  temporaires,  la  me- 
sure paraîtrait  plus  difficilement  applicable.  Au 
Petit-Palais,  on  serait  obligé  de  commencer  par 
ménager  une  entrée  spéciale  pour  la  collection 
Dutult  qui,  aux  termes  du  testament  du  dona- 
teur, doit,  tous  les  jours,  être  ouverte  gratuite- 
ment au  public. 

On  le  volt,  même  en  laissant  de  côté  les  objec- 
tions morales  qui  sont  des  plus  sérieuses,  les 
difticultés  d'application  seraient  multiples,  et 
on  en  arrive  à  se  demander  si  la  mise  en  pra- 
tique de  la  mesure  votée  si  précipitamment  par 
le  Conseil  municipal  laisserait  même  un  béné- 
fice appréciable,  après  défalcation  de  tous  les 
frais  supplémentaires  de  perception. 

Stéphank. 


ÉCHOS    ET   NOUVELLES 


Légion  d'honneur.  —  M.  le  l>.iron  de  Vinck,  le 
généreux  amateur  qui  a  si  libéralement  enrichi  notre 
Cabioet  des  estampes,  vient  d'être  promu  grand-otli- 
cier  de  la  Légion  d'honneur. 

—  M.  Etienne- Antoine-Joseph-Eugéne  Ronjat, 
artiste-peintre,  a  été  nommé  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur,  sur  la  proposition  du  grand  chancelier 
(décret  du  .30  décembre  1907). 

Académie  des  beaux-arts  (séance  du  4  janvier). 
—  L'Académie,  présidée  par  M.  Antonin  Mercié.  pré- 
sident sortant,  procède  à  l'in-stallatlon  de  son  bureau 
pour  1908.  Ce  hurçaii  est  ainsi  composé  ;  MM.  Lmc- 


10 


LE   BULLETIN    DE    L'AHT 


Olivier  Merson,  président:   II.-P.    Nénot,  vice-prési- 
dent: Roujon,  secrétaire  perpétuel. 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
(séance  du  3  janvier).  —  .\u  déliut  de  la  séance, 
le  président  sortant.  M.  Saloinon  Reinach,  et  le  pré- 
sident nouvellement  élu,  M.  liahclon,  prononcent 
chacun  le  discours  d'usage,  fait  de  vœux  et  de  com- 
pliments réciproques. 

—  M.  Perrot,  secrétaire  perpétuel,  donne  lecture 
d'une  lettre  de  M.  le  baron  de  Courcel,  membre  de 
l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques  et  fon- 
dateur d'un  prix  qui  porte  son  nom,  en  faveur  d'un 
ouvrage  sur  l'époque  mérovingienne  ou  carolin- 
gienne. M.  le  baron  de  Courcel  propose  que  ce  prix 
triennal,  au  lieu  d'être  décerné  successivement  par 
l'Académie  française,  celle  des  inscriptions  et  belles- 
lettres  et  celle  des  sciences  morales  et  politiques,  soit 
attribué  par  une  commission  inter- académique  de 
délégués  de  ces  trois  Compagnies. 

L'Académie  des  .inscriptions,  en  ce  qui  la  concerne, 
déclare  approuver  entièrement  cette  proposition. 

—  Puis,  l'urne  circule  une  ([uinzaine  de  fois  pour 
l'élection  des  commissions  de  concours  qui  n'avaient 
pu  être  formées  à  la  précédente  séance.  Parmi  les 
plus  importants  des  prix  à  décerner  en  1908,  il  con- 
vient de  retenir  le  prix  J.-J.  Berger,  dont  la  valeur 
est  de  lîJ.OOO  francs,  —  à  attribuer  à  l'œuvre  la  plus 
méritante  intéressant  la  Ville  de  Paris,  —  et  le  prix 
décennal  Lefèvre-Deumier,  d'une  valeur  de  20.000 
francs,  qui  sera  décerné  pour  la  première  fois.  Le 
fondateur  l'attribue  à  l'ouvrage  le  plus  remarquable 
sur  les  mythologies,  les  pliilosophies  et  les  religions 
comparées. 

—  Le  P.  de  .lerphanion,  qui  a  passé  plusieurs 
années  dans  les  missions  françaises  d'Anatolie,  com- 
munique un  mémoire  sur  les  églises  souterraines  de 
Gueurémé  et  Soghaule,  en  Cappadoce,  qui  avaient  à 
peu  près  complètement  échappé  aux  investigations 
des  précédents  voyageurs.  Le  P.  de  Jcrphanion  en  a 
relevé  le  plan,  copié  les  inscriptions  encore  lisibles  et 
photographié  les  peintures  qui  font  le  principal  intérêt 
de  ces  chapelles  souterraines.  Il  se  propose  de  publier 
bientôt  les  documents  importants  qu'il  a  réunis  et  il 
croit  pouvoir  prendre  date  en  appelant  l'attention  de 
l'Académie  sur  les  monuments  qu'il  a  étudiés.  Suivant 
l'usage  byzantin,  les  parois  verticales  de  ces  églises 
sont  occupées  par  des  théories  de  saints,  debout,  dans 
des  poses  hiératiques  traitées  dune  manière  uniforme, 
d'après  des  modèles  immuables.  Il  était  urgent  de  faire 
les  relevés  de  ces  peintures,  car  beaucoup  des  inscrip- 
tions qui  les  accompagnent  sont  déjà  cll'acées  et 
chaque  jour  en  voit  disparaître  une  partie. 

Conseil  des  musées  nationaux.  —  Les  membres 
du  conseil  des  musées  nationaux,  dont  les  pouvoirs 
sont  arrivés  à  expiration,  sont  réinvestis  pour  une 
période  de  trois  années.  Ce  sont  : 

MM.  Léon  Bourgeois  et  Poincaré,  sénateurs. 


MM.  Aynard  et  Georges  Leygues,  députés. 

MM.  Tétreau,  président  de  section  au  Conseil  il'État, 
et  Hérault,  président  de  chambre  à  la  Cour  des 
comptes. 

MM.  Georges  Berger,  membre  de  l'Institut,  député, 
président  de  la  Société  des  Amis  du  Louvre,  et  Bon- 
nat,  membre  de  l'Institut,  directeur  de  l'École  des 
beaux-arts. 

MM.  Collignon,  membre  de  l'Institut,  professeur  à 
l'Université  de  Paris  ;  Coutan,  membre  de  l'Institut  ; 
Gonse,  écrivain  d'art  ;  Guillemet,  artiste  peintre  ; 
Michel,  membre  de  l'Institut. 

Société  des  Artistes  français.  —  Le  Comité  de 
la  Société  des  Artistes  français  s'est  réuni  au  Grand- 
Palais,  sous  la  présidence  de  son  doyen,  M.  Saint- 
pierre,  pour  procéder  à  la  nomination  de  son  bureau 
et  de  ses  présidents  de  section. 

M.  H  -P.  Nénot.  de  l'Institut,  a  été  réélu  président 
à  une  forte  majorité.  Ont  été  ensuite  élus  :  vice- 
présidents,  MM.  Albert  Maignan  et  Achille  Jacquet  ; 
rapporteur,  M.  Louis  Bonnier;  trésorier,  M.  Boisseau; 
secrétaires  de  sections.  .MM.  K.  Henard,  (Jeorges 
Lemaire,  Pascal,  de  l'Institut,  et  Hutte. 

Ont  été  également  désignés  comme  présidents  des 
différentes  sections  : 

Peinture  :  M.  Jean-Paul  Laurens,  de  l'Institut. 

Sculpture  :  M.  AUouard. 

Architecture  :  M.  Daumet,  de  l'Institut. 

Gravure  et  lithographie  :  M.  Focillon. 

Arts  décoratifs  :  M.  Le  Coûteux. 

Par  suite  de  ces  élections  et  des  «  roulements  » 
prévus  par  les  règlements,  le  nouveau  conseil  d'ad- 
ministration de  la  société  se  trouve  composé  des 
membres  suivants  : 

MM.  Nénot,  Albert  Maignan,  .\chille  Jacquet,  Louis 
Bonnier,  Boisseau.  E.  Renard,  (ieorges  Lemaire, 
Pascal,  Rutl'e,  R.  Collin,  Zuber,  Joseph  Bail,  Dameron, 
Antoine  Guillemet,  Chabas,  Dawant.  .\dan,  de  Bi- 
chemont,  Baschet,  AUouard,  Vital-Cornu,  Hannaux, 
Loiseau-Bousseau,  Moyaux,  Bouinrd  et  lluvey. 

Le  classement  des  perspectives  parisiennes. 

—  L'annonce,  plusieurs  fois  démentie,  de  la  prochaine 
démolition  des  deux  maisons  basses,  en  briques  et 
pierres,  qui  forment  l'entrée  de  la  place  Uauphine  du 
côté  du  Pont-Neuf  ;  le  spectacle  des  places  et  des 
rues,  dont  la  symétrie  paraissait  assurée  par  les 
servitudes  des  immeubles  en  bordure  et  que  déligu- 
rent  de  fâcheuses  surélévations,  toutes  ces  menaces 
d'enlaidissement  raisonné  de  notre  capitale  ont  fini 
par  émouvoir  les  lonseillers  municipaux.  M.  Adrien 
Mithouard  et  cinquante  de  ses  collègues  viennent 
d'inviter  l'administration  à  appliquer  aux  plus  belles 
perspectives  de  Paris  les  dispositions  do  la  loi  du 
21  avril  1906  sur  la  protection  des  paysages  :  on 
pourrait  ainsi  «  classer  »,  en  particulier,  l'ensemble 
magnifique  formé  par  le  Pont-Neuf,  la  pointe  de  la 
Cité  et  les  maisons  de  la  place  Uauphine. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


11 


A  Nancy.  —  Le  llullrlin  a  conté,  voili  tout  près 
d'un  an,  comment  la  municipalité  de  Nancy  avait 
décidé,  pour  remplacer  l'ancien  théâtre  détruit  par  un 
incendie,  de  construire  une  salle  de  spectacle  beau- 
coup plus  vaste,  .sur  le  im-me  einjiliiceiiienl,  c'est-à- 
dire  en  arrière  d'une  des  ex(|uis('S  façades  dont 
Emmanuel  Héré  a  orné  la  place  Stanislas. 

Qu.ind  furent  e.\posés  les  projets  envoyés  au  con- 
cours ouvert  à  ce  propos,  tout  le  monde  s'aperçut  des 
suites  malencontreuses  que  pourrait  avoir  la  construc- 
tion d'une  toiture  surélevée,  nécessitée  par  les  exi- 
gences d'un  théâtre  moderne,  se  dressant  en  arrière 
de  la  délicate  façade,  l'écrasant  et  supprimant  du 
même  coup  l'harmonieuse  symétrie  qui  faille  charme 
de  In  place  de  Nancy.  La  municipalité  dut  se  rendre  à 
l'évidence  et  chercher  un  autre  emplacement  pour 
son  théâtre. 

Il  parait  qu'elle  l'a  trouvé,  et  voici  l'incroyable 
projet  qu'elle  a  imaginé  et  que  M.  André  Hallays 
dénonçait  dans  une  de  ses  dernières  «  llàneries  »  des 
Déhii/s  (3  janvier    : 

«  La  place  Stanislas  est,  comme  on  sait,  formée  au 
sud  par  l'hùtel  de  ville,  an  nord  par  les  constructions 
basses,  au  levant  et  au  couchant,  par  deux  pavillons 
semblables  et  symétriques.  C'était  dans  le  pavillon 
du  nurd-oucst  que  se  trouvait  la  salle  de  spectacle 
naguère  incendiée  et  que  Ion  avait  eu  d'abord  la 
pensée  d'établir  le  théâtre  neuf.  Or,  aujourd'hui,  c'est 
le  pavillon  qui  lui  fait  face,  de  l'autre  côté  de  la 
place,  qu'on  veut  all'ecter  au  théâtre.  On  dirait  une 
gageure. 

«  Tous  les  inconvénients  qui  avaient  fait  écarter  le 
premier  projet  :  difficulté  d'harmoniser  les  parties 
latérales  de  l'édilice  avec  l'architecture  de  Héré, 
nécessité  de  surélever  le  faite  de  la  construction,  sup- 
pression de  la  symétrie  des  bâtiments,  vont  se  repro- 
duire le  jour  où  l'on  priera  l'architecte  de  retourner 
son  plan.  Rien  n'est  changé,  sinon  (|ue  la  façade  du 
théâtre  sera  tournée  vers  le  couchant,  au  lieu  de 
regarder  le  levant.  Surcroit  de  laideur  :  comme,  en 
général,  on  aborde  la  place  par  la  rue  Stanislas,  on 
découvrira,  en  suivant  la  pente  de  cette  rue,  les  toi- 
tures du  pavillon  qui  s'élève  sur  le  côté  opposé  de  la 
place  et  ce  seront  les  lourdes  ot  disgracieuses  toitures 
de  la  scène  qui  surgiront  au-dessus  de  la  terrasse  à 
l'italienne  conçue  par  Iléré.  Si  bien  que  les  étrangers 
qui  visiteront  Nancy  pourront  maudire  la  sauvagerie 
des  Nancéiens  avant  même  d'avoir  contemplé  dans 
son  ensemble  le  chef-d'œuvre  —  désormais  désho- 
noré —  des  artistes  de  Stanislas.  » 

Mais,  fait  remarquer  M.  A.  Hallays,  la  place  Sta- 
nislas est  classée.  D'où  vient  que  l'État,  qui  peut  s'y 
opposer,  autorise  une  pareille  dégradation  .' 

A  Nevers.  —  A  la  suite  de  la  Séparation,  l'hôtel 
de  l'évêché  ayant  été  repris  par  le  département  de  la 
Nièvre,  le  Conseil  municipal  actuel  de  Nevers,  voulant 
enfin  donner  une  solution  à  la  question  pendante 
depuis  si  longtemps,  fit  des  olfres  au  Conseil  général 


de  la  Nièvre,  représentant  le  département  à  titre  de 
propriétaire,  afin  d'y  réunir  les  trois  musées  disséminés 
dans  la  ville  :  celui  de  peinture  et  sculpture,  remisé 
présentement  au  deuxième  étage  de  l'hôtel  de  ville; 
celui  de  la  fa'ience  nivernaise,  logé  dans  les  combles 
du  palais  ducal  :  enfin,  le  musée  archéologique  â  la 
Porte  du  Croux. 

Le  Conseil  général  accueillit  bien  la  demande  du 
Conseil  municipal  et,  après  en  avoir  délibéré,  voulant 
donner  un  gage  de  son  souci  de  la  question  artis- 
tique en  cause,  accepta  de  céder  l'ancien  évêché, 
mais...  contre  la  somme  de  cent  mille  francs. 

Le  Conseil  nmnicipal,  qui  déjà,  pour  faire  face  à  un 
supplément  de  dépenses  imposé  par  le  Conseil  général 
et  frappant  lourdement  la  Ville,  était  dans  l'obligation 
de  voter  des  centimes  additionnels,  dut  se  résoudre, 
en  présence  de  telles  exigences,  à  passer  à  l'ordre 
du  jour. 

Heureusement  qu'un  ami  des  arts,  amateur  éclairé, 
M.  K.  Blandin,  conservateur  du  umsée  de  peinture, 
veillait.  Pour  assurer  l'acquisition  de  l'immeuble,  il 
oll'rit  de  faire  don  de  la  somme  de  cent  mille  francs, 
que  le  Conseil  accepta. 

En  Belgique.  —  La  SuciiHi'  îles  Amix  îles  musées 
de  lîruxelles,  récemment  constituée,  vient  d'offrir  au 
musée  du  ('.in(|uantenaire  une  tête  en  marbre  de  la 
(in  du  m*  ou  du  commencement  du  iv  siècle  de  notre 
ère,  très  intéressante  pour  l'histoire  des  débuts  de 
l'art  chrétien. 

La  Siiciélé  îles  Amis  du  musée  île  Drurjes  a  remis  à 
la  ville,  pour  le  musée,  un  Poitrail  de  Philippe  le 
Bon  par  Van  der  Weyden,  un  diptyque  de  Fourbus, 
l'Enfer  et  le  Pur;/atoire  de  Jérôme  Bosch,  deux  pein- 
tures de  Van  Oost,  deux  portraits  de  femme  par 
Ravestein  et  Kinsœn,  enfin  deux  toiles  modernes  : 
le  Portrait  de  M.  /ieeenaeri  par  J.  de  Lalaing,  et /« 
Porte  des  Maréchaux,  à  liruyes,  par  V.  Gilsoul. 

A  Courtrai.  —  L'enquête  ouverte  à  l.i  suite  du  vol 
de  l'Klévitliiin  de  la  Croix  de  Van  Dyck,  dans  l'église 
Notre-Dame  de  Courtrai  (voir  le  n°  362  du  llullelin), 
n'a  jias  encore  donné  de  résultats.  Les  autorités 
communales  de  Courtrai  promettent  une  récompense 
de  iO.OOO  francs  à  qui  fournira  à  la  justice  des  rensei- 
gnements permettant  de  retrouver  le  tableau  et  de  le 
faire  restituer  en  bon  état. 

Nécrologie.  —  In  amateur  de  beaucoup  de  goût, 
((ui  était  aussi  un  artiste  ayant  fait  de  bonnes  études 
dans  les  ateliers  p.arisiens,  M.  Aui/iislr  de  Sacoiihac, 
vient  de  mourir  à  Lasbordes,  près  de  Toulouse,  à  l'âge 
de  63  ans;  il  était,  depuis  près  d'un  demi-siècle, 
l'organisateur  des  expositions  de  l'Union  artistique  à 
Toulouse. 

—  Le  peintre  Eu;/èiie-\'iiiceiit  Yidnl,  né  à  Paris, 
élève  de  (Jérôme,  qui  exposait  aux  Salons  depuis 
1873,  vient  de  mourir  à  Cannes;  le  musée  du  Luxem- 
bourg possède  une  de  ses  toiles,  la  Jeune  fille  au 
corset  rose;  il  avait  obtenu  une  médaille  de  bronze 
à  l'Exposition  universelle  de  1900. 


12 


LE    BULLETIN   DE    L'ART 


CHRONIQUE    DES  VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —  Vente  Henri  Chasles  (fin).  — 

Voici  la  fin  de  la  liste  des  principaux  prix  de 
cette  collection,  dont  le  dernier  numéro  du 
Bullelin  a  commencé  la  publication  : 

(jR.vvuiiES,  TABLEAUX  ET  DESSINS.  —  La  seulc  encliére 
intéressante  parmi  les  gravures,  est  celle  de  2.020  fr. 
pour  une  estampe  originale  de  Robert  Nanteuil  :  le 
l'oilrail  (lu  vicomte  île  Tureitne  (n*  710).  Toutes  les 
autres  pièces  (n°'  6i8  à  'Î.34)  se  sont  vendues  au- 
dessous  de  1.000  francs. 

Dans  les  tableaux  et  dessins,  rien  d'autre  à  signaler 
<|u'un  panneau  décoratif  par  Lericlie  (n°  749),  2.100  fr. 

Négligeons  les  objets  de  vitrine  et  les  miniatures. 
Après  la  vente  Hikolî,  celte  série  assez  maigre  et  mé- 
diocre, ne  pouvait  que  pas.ser  inaperçue.  Deux  goua- 
ches de  Morcau  l'ainé  (n*  760),  un  paysage  et  petits 
personnages,  à  900  fr.,  c'est  tout  ce  qu'on  trouve  à 
citer. 

Les  bois  sculptés  n'ollraient  pas  un  plus  grand  in- 
térêt. 

Bkonzes  D'AMEiiiiLE.MENT.  —  Ici,  quelques  prix  sont  à 
retenir  :  862.  Deux  grands  candélabres,  bronze  et 
marbre  blanc,  statuettes  de  femmes  portant  un  flam- 
beau, ép.  Louis  XVI,  4.400  fr.  —  863.  Deux  autres,  à 
trois  lumières,  vase  ovoide,  portant  un  bouquet  de 
roses  en  bronze,  ép.  Louis  XVI,  6.900  fr.  —  870.  Vase 
Médicis,  granit  rose,  monture  bronze,  5.000  fr. 

Pendules  anciennes.  —  88'i.  Pendule  bronze,  lion  de 
profil,  la  patte  sur  une  boule,  ép.  Louis  XVI,  4.000  fr. 
—  886.  Pendule,  lût  de  colonne  bronze,  portant  le 
cadran,  et  surmonté  d'un  vase  orné  de  guirlandes, 
époque  Louis  XVI,  4.700  fr. 

Meubles.  —  943.  Deux  fauteuils  Louis  XVI,  recou- 
verts en  ancienne  tapisserie  d'Aubusson,  2.083  fr.  — 
990.  Table-liseuse,  bois  de  placajçe  satiné,  estampille 
de  Migeon,  ép.  Louis  XV,  4.500  fr.  —  100.").  Meuble 
d'entre-deux,  uiarquctcrie  de  bois  de  placage,  garni- 
ture bronze,  ép.  Louis  XVI,  4.000  fr.  —  1006.  Meuble 
d'entre-deux  formant  secrétaire,  acajou  moucheté, 
garniture  bronze,  attribué  à  Uiesener,  10.500  fr. 

Tapisseries.  —  Citons  seulement  le  dernier  numéro 
de  la  vente,  n"  1017,  deux  panneaux  d'entre-deux, 
ancienne  tapisserie  d'Aubusson,  fond  blanc,  trophées 
d'attributs  relatifs  à  la  Peinture  et  à  la  Musique, 
ép.  Louis  XV,  9.350  fr. 

M.  N. 


MONNAIES  ET  MÉDAILLES 

A  Paris.  —  "Vente  d'une  collection  de  mon- 
naies antiques  d'Italie.  —  Les  ventes  de  nu- 
mismatique sont  peu  fréquentes  à  Paris,  surtout 
celles  qui  se  recommandent  par  de  très  nom- 
breux numéros  ou  par  de  grosses  enchères. 
Prolitons  donc  de  Toccasion  pour  signaler  la 
dispersion,  —  faite  salle  7,  du  19  au  21  dé- 
cembre, par  M''  Lair-Dubreuil  et  .MM.  Sambon  et 
Canessa, —  d'une  collection  de  monnaies  antiques 
d'Italie,  i[ui  n'a  pas  produit  moins  de  173.240  fr. 
Il  est  superllu  d'éiiumérer  les  trois  cents  et 
quelques  numéros  de  la  vente,  quoique  la  ma- 
jeure parlie  d'entre  eux  aient  dépassé  cent  et 
deux  cents  francs,  qu'un  bon  nombre  aient 
atteint  cinq  cents  et  mille,  et  que  quelques-uns 
aient  chilîré  plus  haut  encore  ;  ce  sont  ceux-là 
seulement  que  nous  retiendrons. 

Deux  monnaies  de  Tarente,  stalère  et  quart 
de  statère  d'or,  lune  à  tête  de  l>éméter(14)  et 
l'autre  à  tête  laurée  d'Apollon  (IS),  celle-ci 
frappée  à  l'occasion  de  l'arrivée  de  Pyrrhus  à 
Tarente,  ont  été  vendues  la  première  2.000  et  la 
seconde  3.700  francs. 

Deux  autres  monnaies  datant  de  412  environ 
(90  et  91),  représentant  deux  aigles  dévorant  un 
lièvre,  ont  dépassé  ces  prix  :  3.000  et  .1.800  fr. 

Deux  monnaies  de  Catane,  l'une  et  l'autre  à 
tète  laurée  d'Apollon  (119  et  124i  ont  été  ad- 
jugées l.bOO  et  1.700  fr.;  une  troisième  pièce  de 
même  origine  (n"  125)  en  argent,  portant  d'un 
cùté  la  tète  d'Apollon  de  face,  ornée  d'une  cou- 
ronne de  chêne  et  au  revers  un  quadrige  au 
galop,  avec  une  Victoire  couronnant  l'aurige,  a 
atteint  la  belle  enchère  de  7.800  l'r. 

Passons  sur  deux  aigles  (n""  230  et  231),  une 
tête  de  nymphe  (n°  232),  une  tête  d'Aréthuse 
(no  236),  monnaies  de  Motya,  vendues  respecti- 
vement 1.200,  1.200,  1.200  et  1.600  francs;  et 
même  sur  une  Aréthuse,  de  Syracuse  ivers  480 
ou  479)  adjugée  3.100  fr.  (n°  289),  pour  arriver  au 
prix  «  sensationnel  »,  puisque  tel  est  le  terme  en 
usage  à  l'Hôtel  Drouot,  atteint  par  le  n»  178,  un 
télradrachme  d'argent  de  Thermae  Hiemerenses, 
postérieur  à  l'année  406  :  cette  tète  de  nymphe 
à  droite,  parée  de  bijoux,  la  chevelure  ornée  de 


ANCIEN    ET   MODERNE 


13 


roseaux,  avec  trois  dauphins  au  pourtour,  et  au 
revers  un  quadrige  au  galop  et  une  Victoire  cou- 
ronnant!'aurige,  trouva  preneur  à  16.000  franc». 
La  pièce  pesait  10  gr.  05  :  avec  les  10  0/0,  cela 
fait  plus  de  1.000  francs  du  gramme. 

Ce  prix  n'a  pas  été  dépassé,  mais  le  reste  de 
la  vente  offre  encore  quelques  remarquables  en- 
chères, dont  les  deux  plus  importantes  sont 
celles  de  5.300  fr.,  pour  le  n"  356,  statère  d'or, 
tète  de  nymphe  parée  de  bijoux  (Syracuse,  vers 
400-408),  et  de  9.000  fr.  pour  le  n»  358,  déca- 
drachme  agonisti(iue  en  argent,  tête  féminine 
parée  de  bijoux  (Syracuse,  vers  412;. 

Ci-dessous  quelques  autres  prix  intér<'ssanls, 
parmi  les  monnaies  de  Syracuse. 

339  à  361.  Tètes  de  Coré,  2.000  et  2.400  fr.  —  363. 
Une  autre,  avec  quatre  dauphins  au  pourtour,  3.000  Ir. 
—  366  et  367.  Mêmes  types,  3.800  et  2.000  fr.  —  369. 
Tète  de  nymphe  parée  de  bijoux,  tétradrachnie, 
3.7S0  fr.  —  370.  Tète  de  Démêler,  tétradrachnie, 
Euclide,  après  412,  2.3à0  fr.  —  114.  TiHe  d'Artémis  à 
droite,  or,  Pyrrhus,  278  à  276,  4.100  fr.  —  424.  Trte 
diadémée  de  Hiéron,  2.000  fr. 

>'. 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Les  Femmes  Artistes  ((ialerie  Georges  Petit). 
—  Noblesse  oblige  ;  un  titre  aussi.  N'est-on  point 
tenté  d'être  plus  sévère  pour  les  «  femmes  ar- 
tistes »  que  pour  celles  qui  s'intitulent  seulement 
n  peintres  et  sculpteurs  »  ?  l.n  groupe  idéal  des 
femmes  artistes  serait  en  grande  partie  rétro- 
spectif, avec  les  pastels  de  la  Rosalba,  les  portraits 
de  Vigée-Lebrun,  les  compositions  d'Angelica 
Kauffmann,  et,  plus  près  de  nous,  la  psychologie 
de  Marie  Bashkirtseff  et  la  vivacité  de  Berthe 
Morisot,  sans  omettre  les  plus  vivantes  peintures 
de  M"""  Delasalle  ou  Dufau...  Hien  de  tel  à  cette 
seizième  exposition  périodique,  à  part  le  très 
séduisant  «  panneau  décoratif  »  que  M'""  Louise 
Desbordes-Jouas  a  puissamment  vermillonué 
d'une  gerbe  de  ileurs  :  c'est  l'ci'uvre  d'art  d'une 
femme  artiste.  Il  y  a  de  rares  délicatesses  dans 
les  études  intimes  de  .M""  Jeanne  Duranton.  L'art 
féminin  n'est  jamais  rebelle  au  souvenir  :  mais 
où  la  hantise  enveloppante  de  Carrière  serait-elle 
plus  légitime  que  sur  les  (leurs  et  paysages  de  sa 
(ille  aînée  qui  signe  Lisbeth?  Pareille  inlluence 
sur  les  pâles  ligures  aux  yeux  noirs  de  M">"  (ia- 


brielleSéailles,  dontles  petits  paysagesd'automne 
et  de  printemps  s'ensoleillent.  Les  Brode«.çes  bre- 
tonnes de  M""'  Rourgonnier  rappellent  fatalement 
M.  Lucien  Simon.  Absentes,  M""!  Crespel  inspire 
les  Ileurs  stylisées  de  M""'  Faure-llermann,  et 
M""  Druon  les  intérieurs  de  M"'  Galezowska.  Le 
salonnier  connaissait  déjà  {'Automne  décoratif  de 
M"<:  Esté,  le  portrait  de  M.  Heniy  Marel  par 
M""=  Dubreuil,  les  médailles  de  M"«  (iranger,  les 
eaux-fortes  de  M""  Voruz,  et  les  statuettes  variées 
de  M""  Jozon. 

Deux  expositions  "Vincent  van  Gogh  (Ga- 
leries Bernheim  jeune  et  Druet).  —  On  méconnaît 
toujours  le  génie,  on  a  contesté  les  plus  riches 
palettes  du  siècle  dernier  ;  donc,  il  faut  exalter 
la  plus  authentique  névrose,  involontaire  ou  pré- 
méditée... En  vertu  de  ce  raisonnement  profond, 
on  impose  la  trinité  d'art  :  Cézanne,  (iauguin, 
Van  Gogh,  à  l'admiration  du  snobisme.  Et  la  farce 
est  jouée.  Aussi  bien,  quelques  regrets  que  nous 
laissent  les  femmes  artistes,  elles  ne  nous  parlent 
que  d'arts  d'agrément.  .Mais,  ici,  le  point  de  vue 
change,  dirait  le  romantique  Delacroix  dont  le 
pauvre  Van  Gogh  fut  une  des  victimes;  et,  de  spé- 
culative, l'esthétique  ne  devient-elle  pas  spécu- 
latrice aussitôt  (|u'un  marchand  nous  montre 
"  cent  tableaux  »  dont  le  nombre  accable  impu- 
nément la  mémoire  du  défunt  ?  Car  les  débuts 
hollandais  et  tardifs  de  Van  Gogh  et  telle  nature 
morte,  plus  line  qu'un  Cézanne,  permettaient 
d'espérer  un  peintre,  avant  la  folie.  Mais  les 
rêves  d'alcool  ou  les  azurs  de  rêve,  incendiés 
de  tournesols  géants,  voilà  les  «  synthèses  )> 
qu'adorent  les  jeunes  qui  s'égarent,  les  critiques 
qui  pontitient  et,  surtout,  les  marchands  heureux 
de  réhabiliter  linancièreuient  le  génie.  Aujour- 
d'hui, n'est-ce  pas  un  beau  chiffre  qui  fait  un 
beau  peintre  ? 

GyuIaTornai  (Galerie  Georges  Petit).  —  Malgré 
son  nom  d'allure  exotique,  ce  n'est  pas  un 
Japonais  peignant  le  Japon  ;  c'est  un  Hongrois, 
qui  traversa  l'Autriche,  la  Bavière,  l'Espagne  et 
le  Maroc  avant  de  peindre  un  Extrême-Orient 
qui  sent  l'huile  occidentale  et  la  virtuosité  co- 
lorée des  Lenbach  ou  des  Munkacsy  :  perspective 
aérienne  et  clair-obscur,  qui  ne  font  pas  oublier 
la  saveur  naïve  des  teintes  plates,  cernées  par  le 
gros  trait  d'encre  embue  des  crépons  I 

Raymond  Bouyek. 


14 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


CORRESPONDANCE  DE  GRÈCE 


Les  Dernières   fouilles  de   Pergame. 

Depuis  l'année  1900,  l'Inslitul  allemand 
d'Athènes  reprend  à  chaque  automne  et  poursuit 
jusqu'à  l'hiver  ses  fouilles  de  Pergame. 

Dans  la  campagne  qui  vient  de  prendre  (in, 
MM.  Conze  et  Doerpfeld  ont  continué  d'explorer 
les  gymnases  construits  au  liane  de  l'Acropole. 
Les  précédents  lravau.\  avaient  déjà  montré  les 
dispositions  principales  de  ces  édifices,  étages 
sur  plusieurs  terrasses,  et  révélé  l'existence  d'un 
stade  souterrain  servant  de  sous-sol  au  portique 
méridional  du  gymnase  supérieur.  Ce  stade  est 
aujourd'hui  dégagé  dans  toute  son  étendue, 
('/est  un  long  couloir  primitivement  découvert, 
auquel  on  mit  plus  tard  un  plafond,  soutenu  de 
distance  en  distance  par  des  arceaux  surbaissés. 

A  l'ouest  du  gymnase  supérieur,  dont  le  péri- 
style était  déjà  déblayé,  on  a  rencontré  plusieurs 
chambres,  puis  une  salle  plus  vaste  qui  abritait 
une  sorte  de  piscine.  Quelques  textes  épigra- 
pliiques  ont  été  recueillis  chemin  faisant.  Ce  sont 
des  listes  de  noms,  sans  doute  des  catalogues 
éphébiques  pareils  à  ceux  qui  furent  trouvés  non 
loin  de  là  l'an  dernier.  En  continuant  vers  l'ouest, 
les  fouilleurs  ont  découvert,  en  cpntre-haut  du 
gymnase  supérieur,  les  restes  d'un  temple  assez 
vaste,  malheureusement  ruiné  jusqu'aux  sub- 
structions.  Les  divers  morceaux  d'architecture 
qu'on  croit  pouvoir  lui  attribuer  laisseraient  sup- 
poser que  l'édifice  eut  ù  subir  il'assez  profonds 
remaniements  et  que,  dorique  à  l'origine,  il  devint 
ionique  par  la  suite.  On  sait  que  Vilruve  signale 
des  transformations  de  ce  genre.  Dans  la  grande 
cour  du  gymnase,  on  avait  procédé  de  même, mais 
en  substituant  à  l'ordre  dorique  un  ordre  corin- 
thien. A  l'intérieur  delà  cella  se  voient  les  traces 
d'une  large  base,  disposée  semble-t-il  pour  plu- 
sieurs statues.  Etant  donnée  la  pro.vimité  du 
gymnase,  l'hypothèse  d'un  temple  dédié  à  Hermès 
et  à  Hérakiès  a  pour  elle  la  plus  grande  vrai- 
semblance. 

Un  peu  au  sud  de  cet  emplacement,  dans  le 
prolongement  du  gymnase  moyen,  ont  été  mises 
au  jour  d'autres  constructions,  où  certaines 
chambres  paraissent  avoir  été  transformées  en 
citernes. 

Dans  la  plaine  de  Pergame,  non  loin  de  l'Acro- 
pole, se  dressent  plusieurs  tumuli  dont  l'explo- 
ration a  commencé  en  I90o.  Celui  de  Mal-Tepeh, 


situé  à  un  kilomètre  au  sud-ouest  de  la  ville 
moderne,  fut  fouillé  en  premier  lieu.  ,\u  bout 
d'un  couloir  souterrain,  on  atteignit  une  sépul- 
ture d'épocjue  impériale,  composée  de  trois 
chambres  contiguès.  La  tombe  avait  été  pillée 
depuis  longtemps  et  des  sarcophages  eux-mêmes 
on  n'a  retrouvé  que  de  menus  débris. 

Deux  autres  tertres  plus  petits,  au  sud  du  pré- 
cédent, furent  ouverts  dans  ravanl-dernière 
campagne  et  livrèrent  deux  sarcophages  hellé- 
nistiques encore  inviolés.  On  trouva  près  des 
squelettes  quelques  menus  objets,  des  restes  de 
vêtements,  des  armes  et  une  couronne  de  feuil- 
lage en  or. 

Le  plus  important  des  lumuli,  celui  de  Jigma- 
Tepeh,  n'a  pas  encore  dit  le  secret  de  ses  lombes. 
11  est  situé  au  sud-est  de  Mal-ïepeh.  ("-'est  une 
véritable  colline  artificielle,  dont  la  circonférence 
dépasse  500  mètres.  En  cheminant  vers  le  centre, 
on  a  rencontré  les  restes  d'un  mur  d'enceinte 
circulaire,  mais  nulle  part  n'est  apparue  l'entrée 
d'un  diomos  conduisant  aux  chambres  souter- 
raines. On  s'est  d'abord  résolu  à  percer  un  tunnel 
dans  l'épaisseurdu  remblai,  mais  lors  des  derniers 
travaux,  les  terres  menaçant  de  s'effondrer  sur 
les  fouilleurs,  on  a  dû  transformer  ce  tunnel  en 
une  tranchée  ouverte.  Le  travail  s'en  est  trouvé 
notablement  ralenti  et  la  mauvaise  saison  est 
survenue  avant  qu'on  ait  pu  le  mener  à  bonne 
fin.  Aujourd'hui,  la  tranchée  pénètre  dans  le 
tumulus  jusi|u'à  quelques  mètres  de  son  centre. 
C'est  donc  à  coup  sûr  en  1908  qu'on  verra  le 
mystère  de  Jigma-Tepeh  éclairci.  L'appareil  du 
mur  d'enceinte  est  de  l'époijue  hellénistique,  ce 
((ui  autorise  bien  des  espérances.  Peut-être  sont- 
ce  les  sépultures  des  rois  de  Pergame  <iue  re- 
couvre celte  pyramide  de  terre.  Les  prochaines 
fouilles  nous  l'apprendront,  si  toutefois  les 
tombes  qu'elles  vont  mettre  au  jour  n'ont  pas 
été  déjà  dévastées. 

(ÎAHRIKL    LkHOUX. 

NOTES  &L  DOCUMENTS 


Les  vitraux  du  musée  de  Dijon. 

Le  musée  de  Dijon,  si  riche  en  œuvres  du 
moyen  âge  et  de  la  Renaissance,  possède  une 
collection  de  vitraux  suisses  sur  laquelle  un 
jeune  érudit  de  Saint-Call,  M.  W.  Wartmann,  a 


ANCIKN    ET   MODERNE 


publié   récemment   une  étude  intéressante  (I). 

La  plupart  de  ces  verrières  sont  entr('es  au 
musée  de  Dijon  à  la  suite  du  legs  Trimolet  et 
décorent  actuellement  la  salle  affectée  à  cette 
collection.  iN'ous  apprenons  à  connaître,  parmi 
les  plus  frappants  de  ces  spécimens,  un  vitrail 
de  Strasbourg  surmonté  d'une  petite  composition 
(lue  M.  Wartmann  considère  comme  n'ayant  pas 
fait  partie  primitivement  de  l'ensemble.  Un  autre 
e.\emplaire  nous  offre,  en  une  symjihonie  de  tons 
éclatants,  les  armes  de  Georges  Jacob  Bock 
d'Erlenburg,  bourgmestre  de  la  ville  de  Stras- 
liourg  en  tlJSl.  Quoique  ces  vitraux  proviennent 
de  l'Alsace,  ils  portent  le  cachet  du  style  et  des 
procédés  usités  en  Suisse.  A  ces  deux  pièces 
s'ajoute  une  suite  de  vitraux  qui  nous  offrent 
des  aperçus  intéressants  sur  l'histoire  de  cette 
industrie  si  répandue  autrefois  en  Suisse  et  dans 
les  contrées  avoisinant  ce  pays.  Il  est  regrettable 
que  trois  pièces  signalées  par  le  catalogue  du 
musée  Trimolel  (1883)  ne  soient  plus  exposées 
au  musée  depuis  plusieurs  années.  Ce  sont, 
d'après  ce  catalogue,  les  numéros  suivants  : 

"  N"  1238.  Vitrail  lorrain  décoré  d'armoiries, 
xvi«  siècle.  L'écu  écartelé  au  1"'  et  au  4°  de  gueule 
à  la  croix  de  Lorraine  d'argent,  soutenue  d'un 
mont  de  trois  coupeaux  de  sinople;  aux  2=  et  3° 
de  gueule  à  la  fasce  d'argent.  Supports  :  deux 
léopards  d'or,  celui  de  senestre  tenant  la  cou- 
ronne ducale  ([ui  timbre  l'écu. 

Haut.,  30  cent.;  larg  ,  27  cent.  » 

«  N"  1244.  Vitrail  suisse,  polychrome,  repré- 
sentant un  cavalver  et  sa  ménagère.  Portant  l'in- 
scription :  Heinrich  Rilter  und  sin  Ilusfrowb,  1614. 
Haut.,  34  cent.;  larg.,  20  cent.  » 

I'  N°  1246.  Vitrail  suisse  armorié,  portant  cette 
inscription  :  Die  Graf'schaft  Kiburg,  1634. 

»  Ecu  de  gueules  à  la  bande  d'or  accompagnée 
de  deux  lions  de  même.  Timbre  :  un  casque 
d'argent  grillé  et  damasquiné  d'or,  surmonté 
d'une  couronne  ducale  et  environné  de  lambre- 
quins de  gueules  et  d'or;  cimier  :  un  lion  issant 
à  la  crinière  ornée  de  six  plumes  de  paon. 

«  Au-dessus,  on  remarque  le  blason  de  Zurich, 

qui  est  tranché  d'argent  et  d'azur.  Support  :  deux 

léopards  tenant,  lununeépéed'argentgarnie  d'or, 

l'autre  un  monde  d'argent  croisé  et  cintré  d'or. 

Haut.,  31  cent.;  larg.,  21  cent.  » 


(1)  W.  Wartmann,  Schweizerische  Glasr/emiplile  im 
Aiistanrl.  Die  Silrweizersclieiben  im  Muséum  zii  Dijon, 
dans  l'Indicateiif  d'antiquités  suisses,  1906,  p.  20.'!  et 
suiv. 


On  prétend  que  ces  pièces  auraient  été  forte- 
ment endommagées,  il  y  a  quelques  années,  par 
la  grêle  et  retirées,  depuis  lors,  pour  être  sou- 
mises à  une  réparation.  Le  fait  est  qu'aujour- 
d'hui elles  ne  sont  plus  visibles.  Souhaitons  que 
l'administration  du  musée  dijonnais  tienne 
compte  du  désir,  exprimé  par  de  nombreux 
amateurs  d'art,  de  voir  mises  en  pleine  lumière 
ces  œuvres  trop  longtemps  tenues  sous  le 
boisseau.  r    m 


BIBLIOGRAPHIE 


La  Légende  et  l'histoire  de  Jean  Foucquet 
par  le  comte  Paul  Dubriku  (t). 

Dans  son  numéro  de  décembre  dernier,  la 
lieviie  parlait  du  magnifique  ouvrage  que  vient 
de  faire  paraître,  à  la  librairie  Pion,  l'un 
des  érudits  ([ui  possèdent  lo  mieux  l'histoire 
de  la  miniature  française,  M.  le  comte  Paul 
Durrieu.  Ce  livre  est,  on  le  sait,  consacré  aux 
Antiquités  judaïques  de  l'historien  Josèphe,  dont 
notre  Bibliothèque  nationale  possède  un  exem- 
plaire illustré  de  peintures  attribuées  à  Jean 
Foucquet  par  une  mention  manuscrite  contem- 
poraine ;  mais  l'auteur  a  saisi  l'occasion  pour 
grouper  tous  les  renseignements  qu'on  possède 
à  l'heure  actuelle  sur  la  biographie  du  grand 
artiste  tourangeau  et  pour  faire  un  examen  cri- 
tique des  œuvres  qui  lui  sont  attribuées,  en  les 
rapprochant  des  seules  miniatures  authentiquées 
que  l'on  connaisse  de  lui,  et  qui  sont  précisé- 
ment celles  des  Antiquités  judaïques. 

Cet  examen,  très  serré  et  tout  plein  de  pru- 
dence scientifique,  abonde  en  observations  origi- 
nales et  en  découvertes  qu'il  a  été  impossible  de 
signaler  dans  le  court  article  de  la  Revue;  aussi 
le  Bulletin  voudrai t-ij  réparer,  dans  une  cer- 
taine mesure,  ce  que  le  compte  rendu  de  la  Revue 
avait  d'incomplet,  en  insistant  sur  une  identill- 
cation  qui  fait  le  plus  grand  honneur  à  la  saga- 
cité de  notre  éminent  collaborateur. 

Parmi  les  œuvres  dont  on  a  proposé  de  resti- 
tuer la  paternité  à  Jean  Foucquet,  la  plus  célèbre 
est  le  Livre  d'Heures  d'Etienne  Chevalier,  dont  il 
nous  est  parvenu,  d'une  part,  quatre  feuillets 
dispersés   de   divers  côtés,  et   quarante   autres 

(1)  Lecture  faite  à  la  Société  de  l'histoire  de  France, 
ayant  paru  dans  l'Annuaire-Bullelin  de  cette  Société 
(année  1907);  il  en  a  été  fait  un  tirage  à  part. 


10 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


qui  sont  «  les  Quarante  Foucquet  de  Chantilly  ». 

Waagen.  qui,  le  premier,  identifia  l'auteur  de 
ces  miniatures,  en  les  comparant  à  celles  du 
Josèphe  récemment  publié  par  M.  Paul  Durrieu, 
proposa  également  de  reconnaître  la  main  de 
Foucquet  dans  un  autre  manuscrit  enluminé, 
les  Cas  des  nobles  hommes  malhenreitx,  traduction 
françaisf  d'après  Boccace,  actuellement  conservé 
à  la  Bibliothèque  de  Munich.  J'ius  tard,  le  mar- 
<)uis  L.  de  Laborde  et  Vallet  de  Viriville  imagi- 
nèrent que  ce  Boccace  de  Munich  avait  été 
e.'cécuté  pour  ce  môme  Etienne  Chevalier,  dont 
on  avait  en  partie  le  Livre  d'Heures  et  dont, 
d'autre  part,  le  musée  de  Berlin  possède  le  por- 
trait, également  attribué  à  Jean  Foucquet. 

De  là  à  faire  d'Etienne  Chevalier,  important 
fonctionnaire  de  l'administration  des  finances 
sous  (Charles  VU  et  Louis  XI,  un  protecteur  des 
arts,  et  particulièrement  le  mécène  de  Fouc- 
quet, il  n'y  avait  (ju'un  pas;  et  tous  ceux  des 
érudits  qui  parlèrent  de  Foucquet  se  crurent 
bientôt  obligés  de  faire  une  place  à  Etienne  Che- 
valier, dont  il  passait  en  quelque  sorte  pour  le 
peintre  attitré. 

Cette  croyance  n'avait  d'autre  fondement  que 
les  assertions  trop  légèrement  émises  en  185") 
par  L.  de  Laborde  et  Vallet  de  Viriville,  d'après 
lesquels  le  Boccace  de  Munich  avait  été  exécuté 
pai-  Fouccjuet  pour  Etienne  Chevalier.  Or,  si  la 
première  paitie  de  ces  assertions  peut  toujours 
se  défendre,  il  n'en  est  pas  de  même  de  la 
seconde,  dont  M.  Durrieu  vient  de  faire  justice. 

Dès  1K92,  il  avait  émis  quelques  doutes  sur 
l'iilentilicalion  du  premier  possesseur  du  Boccace 
de  Munich  avec  Etienne  Chevalier,  en  constatant 
que  le  chilTre,  jusqu'alors  inaperçu,  de  ce  pre- 
mier possesseur,  était  composé  des  lettres  L.  C. 
l'IustardjCn  examinant  de  nouveauté  manuscrit 
—  où  le  nom  du  premier  (iropriétaire,  mentionné 
à  l'origine  dans  une  note  du  co])iste,  a  été  gratté 
postérieurement  —  il  lut,  neuf  fois  répétée  dans 
les  miniatures,  la  devise  du  personnage  mysté- 
rieux :  SUR  LV  .n'.\  nKfJARD. 

A  vrai  dire,  cette  devise  n'avait  pas  échappé  à 
Léon  <ie  Laborde  ni  à  Vallet  de  Viriville  ;  c'est 
même  en  la  rapprochant  de  celle  d'Etienne  Che- 
valier, RiKN  siH  I.  .n'a  iiF.r.AB,  qu'ils  avaient  été 
amenés  à  croire  que  le  Boccace  de  Munich  avait 
été  exécuté  pour  Etienne  Chevalier. 

Or,  ces  deux  devises  du  sv«  siècle  n'ont  entre 
elles  qu'une  simple  analogie;  elles  ne  sont  pas 
identiques.  Conséquemment,  elles  ne  peuvent 
pas    plus    être    confondues   que   deux   blasons 


d'aspect  analogue,  mais  présentant  entre  eux 
des  divergences  de  détail,  il  fallait  chercher 
autre  chose  dans  le  Boccace,  et  .M.  Durrieu  l'a 
cherché  patiemment.  En  examinant  la  place  où 
le  nom  avait  été  primitivement  écrit  et  gratté 
ensuite,  il  est  parvenu  à  déchiffrer  le  prénom 
du  personnage  :  Laurcns,  et  des  indications 
permettant  de  croire  que  ce  personnage  appar- 
tenait à  l'administration  des  finances. 

D'après  l'expérience  que  M.  Durrieu. avait  de 
cas  analogues,  il  fut  amené  à  considérer  la  devise 
comme  un  anagramme  du  premier  possesseur  du 
manuscrit;  en  retirant  de  cette  devise  les  lettres 
nécessaires  à  former  le  prénom  Laurens  et  l'ini- 
tiale i\  fournie  par  le  chiffre  L.  (i.,  dont  on  a  déjà 
parlé,  il  se  trouva  lui  rester  les  lettres  : 

....     Y   .  .   R   .  .   ARU 

lesquelles,  ajoutées  à  laubens  c,  lui  donnèrent 
les  mots  de  l'énigme  :  i.aurkns  cvraru. 

Ileslait  à  faire  la  preuve  de  cette  démonstra- 
tion en  cherchant  s'il  existait  un  personnage  de 
de  ce  nom  à  l'époque  où  le  Boccace  fut  copié 
(1458,  d'après  la  note  manuscrite  du  copiste). 
M.  Durrieu  n'eut  pas  à  chercher  longtemps  :  il 
n'eut  (ju'ù  ouvrir  Vllisloire  de  Charles  VII  du 
marquis  de  Beaucourt,  pour  se  rendre  compte 
qu'il  exista  en  effet  un  maitre  Laurens  Gyrard  ou 
(jirard,  notaire  et  secrétaire  du  roi,  et  contrôleur 
de  la  recelte  générale  des  finances  depuis  14')3. 

"  Ces  constations  ne  modifient  évidemment  en 
rien  le  jugement  que  nous  devons  porter  sur  le 
mérite  de  Jean  Foucquet  »,  dit  en  terminant 
M.  P.  Durrieu.  Il  est  vrai;  mais  elles  changent 
du  tout  au  tout  le  rôle  prépondérant  qu'on  attri- 
buait à  Etienne  Chevalier  dans  la  biographie  de 
l'artiste  tourangeau,  et  —  Imit  en  reconnaissant 
que  le  propriétaire  des  célèbres  Heures  a  été 
simplement  l'un  des  clients  et  non  plus  le  mécène 
de  l'artiste,  —  on  est  maintenant  amené  à  croire 
que  d'autres  personnages,  comme  ce  Laurens 
(Jyrard,  dont  la  personnalité  vient  si  inopiné- 
ment de  s'introduire  dans  le  débat,  ont  pu  faire 
pour  Foucquet  tout  autant  qu'Etienne  Chevalier. 

C'est  ce  qui  fait  le  prix  de  la  découverte  de 
M.  Paul  Durrieu,  déjà  connue  du  monde  savant 
depuis  plusieurs  mois,  par  une  communication  à 
l'Académie  des  inscriptions  qui  a  été  ici  résumée 
en  son  temps,  mais  sur  laquelle  la  récente  publi- 
cation des  Anliiiuités  judaïques  nous  a  donné  l'oc- 
casion de  revenir  avec  plus  de  détails,       g    jj 

Le  Gérant  :  H.  Denis. 
l'ini.  —  Itapi  UeorKet  Peut,  \t,  ni«  u<><loi-<fe-Haurai, 


Numéro  367. 


Samedi  18  Janvier  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


Musées  payants 


Nous  sommes  bien  obligé  de  reprendre  le 
sujet  :  de  tous  côtés,  des  lettres  nous  arrivent,  les 
unes  hostiles,  la  plupart  favorables  au  maintien 
de  la  gratuité,  mais  toutes,  en  somme,  ne  se 
préoccupant  que  du  Louvre. 

Et,  au  fond,  c'est  là  toute  la  question  ;  per- 
sonne ne  s'indigne  sérieusement  à  la  pensée  de 
payer  pour  entrer  au  musée  Victor-Hugo  ou  au 
musée  Cernuschi.  Et  si  la  Ville  de  Paris,  qui, 
d'ailleurs,  ne  compte  établir  le  tourniquet  qu'«  à 
titre  d'essai  »,  s'aperçoit  plus  tard  que  les  frais  de 
perception  ont  mangé  le  plus  gros  des  recettes, 
il  sera  toujours  temps  de  revenir  à  l'ancien  sys- 
tème; une  décision  du  Conseil  municipal,  et  tout 
sera  dit. 

Pour  les  musées  de  province,  c'est  mieux  en- 
core :  tout  le  monde  serait  enchanté  à  l'idée 
de  l'établissement  d'un  droit  d'entrée  régulier. 
Ne  faut-il  pas,  chaque  fois  qu'on  traverse  une 
ville,  faire  appel- à  la  complaisance  d'un  portier 
pour  pénétrer  dans  le  musée  ?  Au  lieu  d'un 
pourboire,  qui  n'a,  on  réalité,  rien  de  facultatif, 
ce  sera  une  taxe  qu'on  paiera.  Le  mot  seul  sera 
changé;  personne  ne  s'en  plaindra. 

C'est  donc  surtout  à  propos  des  musées  natio- 
naux et  presque  exclusivement  à  propos  du 
Louvre  et  du  Luxembourg,  que  se  pose  vrai- 
ment la  question. 

Ici,  parmi  les  partisans  du  droit  d'entrée,  il 
convient  de  laisser  de  côté  tout  d'abord  ceux  qui 
le  voudraient  quotidien;  il  ne  sont  qu'une  infime 
minorité.  Tous,  ou  à  peu  près  tous,  admettent 
le  système  mixte,  avec  plusieurs  jours  gratuits 
parsemaine,et  de  nombreuses  cartes  permanentes 
largement  distribuées  aux  artistes,  aux  ouvriers 
d'art,  aux  élèves  des  écoles,  aux  critiques  d'art, 
en  un  mot,  —  ne  perdons  pas  la  chose  de  vue,  —  à 
tout  ce  qui  est  le  public  habituel  des  musées. 

Ce  n'est  pas  nous  qui  protesterons  contre  ces 


cartes  gratuites;  sans  elles  le  droit  d'entrée  sou- 
lèverait un  toile  formidable;  elles  seraient  en 
quelque  sorte  sa  rançon. 

Mais  alors"?  Pensez-vous  que  les  personnes  qui 
n'auront  pu  obtenir  d'être  inscrites  sur  la  liste 
de  la  multitude  des  privilégiés  s'amuseront  à 
choisir  les  jours  payants  pour  faire  leur  prome- 
nade au  Louvre  '.' 

Et  les  frais  de  perception  ?  A-t-on  réfléchi  que 
seul  le  ministère  des  Finances  a  qualité  pour 
établir  les  tourniquets,  et  que,  seuls,  ses  agents 
pourront  recevoir  nos  pièces  de  vingt  sous  ?  Et 
voyez-vous,  avec  le  nombre  des  entrées  du 
Louvre,  celui  des  agents  à  installer?  Rien  que  de 
ce  fait,  il  y  aurait,  chaque  année,  une  jolie 
somme  à  déduire  du  total  des  recettes  ! 

Un  dernier  mot.  On  nous  cite  toujours  l'exemple 
de  l'étranger. 

Mais  a-t-on  vraiment  le  droit  de  le  citer? 
Ouvrons  le  livre  très  documenté  où  M.  Henry  La- 
pauze,  défenseur  du  système  mixte,  a  mis  sous 
nos  yeux  tous  les  renseignements  (1). 

Sauf  en  Italie,  ou  il  est  entenduque  levoyageur 
est  une  des  principales  sources  du  revenu  natio- 
nal, nous  voyons  qu'à  peu  près  partout  l'entrée 
est  libre  dans  les  grands  musées:  à  Londres,  les 
jours  d'entrée  payante,  à  la  National  Gallery,  ne 
sont  plus  que  de  deux  par  semaine,  avec  un  prix 
modeste  de  60  centimes  seulement  (il  s'agit  des 
jours  réservés  au  travail  des  copistes),  tandis 
qu'au  British  Muséum  l'entrée  est  gratuite  ;  à 
Bruxelles  également,  à  Amsterdam,  à  La  Haye, 
à  Berlin,  à  Munich,  à  Vienne,  à  Saint-Péters- 
bourg, à  Madrid,  l'entrée  des  musées  d'État  est 
gratuite  tous  les  jours. 

A  dessein  nous  avons  laissé  de  côté  ce  qu'on 
est  convenu  d'appeler  la  question  de  sentiment  ; 
elle  a  pourtant  sa  valeur. 

Mais  on  aura  tout  loisir  de  reprendre  les  divers 
arguments  quand  viendra  en  discussion,  devant 

(1)  Le  droit  d'entrée  dans  les  musées.  Paris,  1902. 


18 


LE  BULLETIN  DE    L'ART 


la  Chambre  des  députés,  la  proposition  de  loi 
déposée  par  M.  Engerand. 

Il  n'était  pas  superflu,  en  attendant,  d'avoir 
tout  au  moins  posé  les  diverses  questions. 

Nous  aurions  toujours  eu  quelque  peine  à  ima- 
giner une  Chambre  française  se  décidante  mettre 
des  tourniquets  à  l'entrée  du  Louvre  ;  nos  hono- 
rables seront  encore  moins  portés  à  prendre  une 
telle  décision,  quand  ils  comprendront  non  seu- 
lement que  ce  serait  aller  à  rencontre  de  ce 
qui  se  fait  dans  toutes  les  capitales  d'Europe,  à 
l'exception  de  l'Italie,  mais  que  les  bénéfices 
matériels  de  la  mesure  risqueraient,  tous  comptes 
faits,  de  n'aboutir'qu'à  un  rendement  sans  réelle 

importance. 

Stéphane. 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Légion  d'honneur.  —  Sur  la  proposition  du  mi- 
nistre des  Aflaires  étrangères,  sont  promus  ou  nom- 
més, à  titre  étranger,  dans  l'ordre  de  la  Légion 
d'honneur  : 

Grand  officier  :  M.  le  baron  de  Vinck,  Belge,  mi- 
nistre plénipotentiaire  (collectionneur  réputé,  M.  le 
baron  de  Vinck  a  enrichi  notre  Cabinet  des  estampes 
de  dons  très  importants  et  du  plus  haut  intérêt); 

Commandeurs  :  MM.Bernstamm,  Russe,  sculpteur;  le 
comte  1.  de  Camondo,  Italien,  compositeur  de  musique. 

Chevaliers  :  MM.  de  Rassonyi,  Hongrois,  artiste 
peintre;  Miller,  Américain,  artiste  peintre. 

Académie  des  beaux-arts  (séance  du  11  janvier). 
—  L'Académie  des  beaux-arts  a  rendu  son  jugement 
sur  le  concours  pour  le  prix  Achille  Leclère  (architec- 
ture), dont  le  sujet  était  :  «  Une  grande  salle  de  ban- 
quet attenante  aux  salons  de  réception  du  palais  de 
la  Présidence  d'un  grand  État  et  assez  vaste  pour 
contenir  deux  cents  convives  ».  Elle  a  admis  au  con- 
cours définitif  les  esquisses  portant  les  numéros  10, 
12,  18,21,  22,  23  et  27.  Le  jugement  définitif  de  ce 
concours  aura  lieu  le  samedi  14  mars. 

—  L'Académie  a  ensuite  proposé  pour  sujet  du  con- 
cours Roux  (peinture)  :  la  Chnrilé. 

—  Dans  sa  prochaine  séance,  l'Académie  s'occupera 
de  la  formation  de  la  liste  des  jurés  qui  seront  adjoints 
aux  membres  de  ses  diverses  sections  pour  juger  les 
concours  de  Rome. 

Société  de  l'histoire  de  l'art  français  (séance 
du  10  janvier).  —  M.  Fontaine  communique  des 
observations  sur  des  portraits  de  Mignard,  dont  il 
rectifie  la  date  et  discute  la  provenance. 

—  M.  Emile  Dacier  donne  lecture  d'une  étude  sur 
une  Descriplion  de  Paris,  de  Piganiol  de  La  Force 


(édition  de  1742,  en  8  vol.  in  12),  qui  vient  d'entrer 
dans  la  collection  Jacques  Doucet  :  ces  volumes  sont 
annotés  et  illustrés  dans  les  marges  et  sur  les  gardes 
de  croquis  de  Gabriel  de  Samt-Aubin,  exécutés  entre 
mO  et  1779  et  dont  plusieurs  sont  signés  et  datés. 

M.  Doucet  ayant  bien  voulu  prêter  ses  précieux 
volumes,  les  membres  de  la  Société  de  l'histoire  de 
l'art  ont  pu  avoir  sous  les  yeux  les  dessins  de  Saint- 
Aubin  pendant  la  communication  de  M.  E.  Dacier. 

—  M.  E.  Mareuse  présente  une  reproduction  d'un 
pastel  de  La  Tour,  un  l'orliail  de  Mme  de  Charrière 
(Belle  de  Zuylen)  et  propose  d'identifier  avec  ce  pastel, 
une  préparation  anonyme  du  musée  de  Saint-Quentin. 

—  M.  P.  Marmottan  communique  des  documents 
d'archives  sur  le  sculpteur  Chaudet  et  le  miniaturiste 
Isabey. 

Société  d'Art  français.  —  Cette  association  a  été 
fondée  sous  la  présidence  de  M.lLd'Ardenne  deTizac, 
conservateur  du  musée  Cernuschi,  «pour  montrer  la 
permanence  de  notre  tradition  artistique  par  des  ex- 
positions d'art  ancien  et  moderne  ».  La  première  aura 
lieu  au  Cercle  de  lu  Librairie,  117,  boulevard  Saint- 
Germain,  du  3  au  23  février  1908,  avec  la  participa- 
tion de  P.  Briaudeau,  Boudot-Lamotte,  E.  Bourdelle, 
Simon  Bussy,  P.  Deltombe,  Henri  Grosjean,  Charles 
Guérin,  Tristan  Klingsor,  C.  Lacoste,  Laprade,  Le 
Beau,  J.  Martin,  Ottmann,  G.  Prunier,  G.  Robby, 
Emile  Roustan,  L.  Sue,  etc.  Une  section  spéciale,  ré- 
servée à  Constantin  Guys,  sera  composée  d'oeuvres 
empruntées  à  plusieurs  des  collections  particulières 
de  Paris. 

La  Société  se  propose  de  former  un  comité  spécial 
composé  de  collectionneurs  et  d'amis  de  l'art  français, 
chargé  de  l'organisation  d'expositions  rétrospectives, 
qui  seront  consacrées  à  nos  maîtres  anciens  et  on 
particulier  à  ceux  du  xviu*  siècle. 

Musée  du  Louvre.  —  MM.  Ileuzey,  conservateur 
du  département  des  antiquités  orientales  et  de  la  céra- 
mique antique  ;  Pierret,  conservateur  du  déparlement 
des  antiquités  égyptiennes,  et  Revillout,  conservateur 
adjoint  du  même  département,  étant  admis  à  la 
retraite,  sont  nommés  : 

Conservateur  des  antiquités  orient.ales  et  de  la 
céramique  antique,  M.  Ledrain,  conservateur  adjoint 
de  ce  département  ; 

Conservateur  adjoint  des  antiquités  orientales, 
M.  Thureau-Dangin,  attaché  à  la  conservation  du 
musée  du  Louvre  ; 

Conservateur  adjoint  des  antiquités  grecques  et 
romames,  M.  de  lUdder,  professeur  à  la  Faculté  des 
Lettres  de  l'Université  d'Aix. 

M.  Potticr,  membre  de  l'Institut,  conservateur  adjoint 
des  antiquités  orientales  et  de  la  céramique  antique, 
est  chargé  spécialement  de  la  céramique  antique  et 
des  monuments  figurés  du  département  oriental,  et 
nommé  professeur  à  l'École  du  Louvre  en  remplace- 
ment de  M.  Ileuzey. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


49 


Au  Petit  Palais.  —  M.  le  sous-secrétaire  d'État 
aux  Beaux-Arts  vient  de  faire  attribuer  à  la  ville  de 
Paris  qui  accepte,  à  titre  de  dépôt,  pour  être  placé 
au  Petit  Palais,  le  tableau  d'Edouard  Détaille,  les  Vic- 
times du  devoir,  appartenant  au  musée  du  Luxem- 
bourg. 

Une  nouvelle  société  [de  graveurs.  —  Un  cer- 
tain nombre  d'aquafortistes  et  de  graveurs  sur  bois 
viennent  de  se  réunir  en  Société  artistique,  sur  l'ini- 
tiative de  M.  Edouard  André. 

Cette  Société,  qui  prend  le  nom  de  la  «  Société  in- 
ternationale de  la  gravure  originale  en  noir  »,  se 
propose  d'organiser  des  expositions  à  Paris  et  dans 
les  principaux  centres  d'art,  à  New- York,  à  Berlin, 
à  Venise.  La  première  de  ces  expositions  aura  lieu  à 
Paris,  en  mars  prociiain. 

En  Allemagne.  —  La  société  allemande  de  gra- 
vure «  Graphischc  Gesellschaft  »,  qui  a  repris  le 
programme  de  l'ancienne  Société  internationale  de 
Chalcographie  et  a  pour  objet  de  publier  en  fac- 
similé  des  ouvrages  précieux  devenus  rares,  vient 
d'entrer  dans  sa  deuxième  année.  Elle  va  offrir  à 
ses  membres  un  volume  reproduisant  en  vingt-cinq 
planches,  par  la  phototypie  et  l'héliotypie  en  cou- 
leurs, trois  des  plus  anciens  livres  allemands  à  illus- 
trations, avec  un  texte  critique  de  M.  Paul  Kristeller. 
Elle  prépare,  en  outre,  un  album  d'après  les  gravures 
et  les  dessins  du  maître  vénitien  Giulio  Campagnola. 

Les  inscriptions  comme  membre  de  la  société  sont 
reçues  à  la  librairie  Bruno  Cassira,  16,  Derfflinger 
Strasse,  à  Berlin. 

Les  tapisseries  de  l'ambassade  d'Angleterre. 

—  Sir  Francis  Bertie,  ambassadeur  d'Angleterre,  avait 
confié  à  la  manufacture  des  Gobelins,  pour  qu'elle  les 
restaurât,  cinq  tapisseries  anciennes  destinées  à  la 
décoration  des  grands  salons  du  rez-de-chaussée  de 
l'hôtel  de  l'ambassade,  qui  est,  on  le  sait,  l'ancien 
hôtel  Borghèse. 

Ces-  tapisseries  sont,  en  panneaux  de  sept  mètres, 
la  Pêche,  la  Ferme,  les  Fumeurs,  la  Marchande  de 
légumes  et  la  Marchande  de  poissons,  d'après  les 
cartons  de  vieux  maîtres  flamands. 

Leur  restauration  était  extrêmement  délicate,  mais 
nos  artistes  des  Gobelins  l'ont  exécutée  avec  leur 
habileté  coutumière,  c'est-à-dire  qu'il  est  maintenant 
impossible  de  discerner  quelles  sont  les  parties  an- 
ciennes et  les  parties  retouchées  de  ces  admirables 
pièces. 

A  Berlini  —  Parmi  les  nombreuses  acquisitions 
faites  pendant  l'année  1906-1907,  par  le  Kaiser-Frie- 
drich-Museum,  on  peut  citer  :  plusieurs  statues  de 
bois,  autrefois  peintes,  d'art  allemand  des  xv  et 
xvr  siècles  ;  les  portes  d'un  sépulcre  de  marbre  de 
l'école  de  Pise,  antérieure  à  Giovanni  Pisano  ;  plu- 
sieurs sculptures  qui  sont  venues  compléter  la  collec- 


tion d'œuvres  de  l'école  de  Donatello  et  des  Robbia; 
un  grand  stuc  représentant  une  Madone  dans  la  ma- 
nière de  Jacopo  délia  Quercia  ;  un  grand  bas-relief 
de  la  Crucifixion  ;  parmi  les  bronzes,  un  petit  buste 
de  saint,  ou  mieux  de  prophète,  du  début  du  quattro- 
cento, attribué  par  M.  Bode  à  Brunelleschi  lui-même; 
une  splendide  statuette  d'Hercule,  en  bronze,  par 
Antonio  Pollaiuolo  (don  A.  Beit)  ;  un  bas-relief  de 
bronze,  une  Madone  sous  une  arcature,  œuvre  d'un 
élève  de  Donatello  (provient  de  la  collection  Hainauer)  ; 
plusieurs  primitifs  siennois  (Ugolino  da  Siena,  An- 
dréa Vanni),  et  florentins  (Bernardo  Daddi,  Bicci  di 
Lorenzo);  parmi  les  maîtres  du  quattrocento,  une  pré- 
delle  attribuée  à  Francesco  di  Giorgio,  une  petite 
Crucifixion  de  Pesellino;  pour  les  Vénitiens,  la  Pré- 
paration du  sépulcre,  par  Carpaccio,  de  nouvelles 
toiles  de  Guardi  et  de  Canaletto,  et  surtout  une  excel- 
lente petite  esquisse  de  G.  B.  Tiepolo  pour  son  Cal- 
vaire de  Saut'  Alvise  à  Venise  ;  des  œuvres  nouvelles 
de  Rembrandt,  Rubens,  Velazquez,  Zurbaran,  Murillo, 
A.  Pesne,  Gainsborough,  Reynolds,  Brouwer,  Metsu, 
etc.,  sont  aussi  entrées  au  musée.  M.  Bode  a  donné 
une  Pielà  de  Hans  Baldung  Grien;  enfin  le  musée  a 
acquis  récemment  une  Crucifixion  de  Conrad  Witz. 

Nécrologie.  —  On  annonce  le  décès,  à  l'âge  de 
76  ans,  de  M.  Camille  Groult,  dont  les  collections  de 
tableaux  de  l'école  anglaise  et  de  l'école  française  du 
xviii'  siècle  comptent  parmi  les  plus  riches  du  monde 
entier  :  ce  qu'il  a  entassé  de  Watteau  et  de  Lancret, 
de  La  Tour  et  de  Perronneau,  de  Gainsborough,  de 
Lawrence,  de  Reynolds,  de  Turner,  dans  son  hôtel  de 
l'avenue  Malakofl',  représente,  aux  chiflres  actuels  de 
la  curiosité,  une  somme  colossale,  et  ce  qui  augmen- 
tait encore  le  prix  de  ces  collections  merveilleuses, 
c'est  qu'elles  étaient  peu  connues.  M.  Groult,  en  elîet, 
ne  consentait  que  très  rarement  à  prêter  ses  chefs- 
d'œuvre  aux  expositions  et  n'admettait  à  les  admirer 
que  de  rares  privilégiés.  Il  passait  pour  original  et 
brusque  (plusieurs  de  ses  boutades  sont  célèbres), 
parce  qu'il  était  jaloux  de  ses  trésors  et  qu'il  les 
aimait  avec  une  passion  qui  ne  souffrait  point  de 
partage.  Et  l'on  a  pu  dire  de  cette  curieuse  figure 
d'amateur  qui  vient  de  disparaître,  que  M.  Groult 
«  restera  comme  le  type  le  plus  merveilleux,  le  plus 
complet  de  cet  être  bizarre,  tyrannique,  candide  et 
courroucé,  susceptible,  tenace  et  tendre,  qu'on  appelle 
un  collectionneur  ». 

En  apprenant  la  mort  de  M.  Groult,  on  s'est  demandé 
aussitôt  avec  inquiétude  si  sa  splendide  collection 
n'allait  pas  être  dispersée.  Mais  on  assure  dès  main- 
tenant que  M"'  Groult,  qui  fut  la  compagne  des 
pensées  de  son  mari,  conservera  tels  qu'elle  les  a 
reçus  de  ses  mains  l'hôtel  de  l'avenue  de  Malakoff  et 
ses  merveilles.  D'ailleurs,  rien  n'a  été  légué  à  aucun 
musée,  pour  que  la  collection  demeure  intacte  dans 
la  famille. 


20 


LE   BULLETIN   DE   L'ART 


CHRONIQUE    DES  VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Berlin.  —  Vente  Fritz  Clemm  (objets 
d'art  ancien,  tableaux  anciens  et  modernes). 

—  Sauf  une  Yente  après  décès  qui  a  eu  lieu  celte 
semaine  dans  un  hôtel  particulier  de  la  rue 
Alfred-de-Vigny  et  qui  se  recommandait  par 
quelques  tapisseries  du  xviii"  siècle,  il  n'y  a 
rien  encore  à  mentionner  d'intéressant  dans  le 
monde  de  l'Hôtel  des  ventes.  Toutefois,  la  trêve 
annuelle  touche  à  sa  fin  et  les  vacations  ne  vont 
pas  tarder  à  reprendre. 

Profitons  de  nos  derniers  loisirs  pour  dire 
quelques  mots  d'une  importante  vente  d'objets 
d'art  faite  à  Berlin,  dans  la  première  semaine 
de  décembre,  par  M.  Uudolph  Lepké,  et  dont  la 
nécessité  de  rendre  compte  des  grandes  ventes 
faites  eu  décembre  à  l'Hôtel  Drouot  et  à  la 
Galerie  Georges  Petit  nous  avait  empêché  de 
parler  à  son  heure. 

Composée  en  grande  partie  de  porcelaines  de 
Berlin,  de  Meissen  et  de  Sèvres,  d'un  assez  grand 
nombre  de  bibelots  anciens,  de  quelques  tableaux 
de  toutes  époques  et  de  toutes  écoles,  cette 
vente  a  réalisé  un  total  de  350.000  francs.  C'est 
parmi  les  porcelaines  de  Meissen  qu'il  faut 
chercher  les  plus  hauts  prix  :  18.820  fr.  pour 
une  suite  de  cinq  vases  et  deux  flûtes  du  milieu 
du  xviii"  siècle  (n°  73)  et  10.250  fr.  pour  deux 
centaures  de  la  même  époque  (n"'  89-90).  On 
notera  aussi  les  7.S60  fr.  d'une  statuette  d'Empe- 
reur romain,  par  Puget  (n"  25S)  ;  et,  parmi  les 
tableaux,  les  prix  obtenus  par  les  œuvres  de 
J.  Wynants  et  de  \V.  van  Aelst  pour  les  anciens, 
d'Heniier  et  de  Lenbach  pour  les  modernes. 

PRINCIPAUX  PRIX   (en  francs'. 

l'orcelaines  de  Berlin.  —  10.  Service  a  café,  huit 
pièces  piriformes,  décor  genre  Watteau  (vers  1765); 
ces  pièces  ont  été  offertes  par  Frédéric  le  Grand  au 
général  et  poète  de  La  Motte-Fouqué,  6.450  fr. 

l'orcelaines  île  Meissen.  —  44.  Jeu  d'échecs  guerrier, 
40  figures  chinoises  bleues  et  rouges,  xviii"  siècle, 
6.250  fr.  —  47-48.  Deux  salières,  formes  vases  rococo, 
avec  figurines  de  l'Été  et  de  l'Hiver,  milieu  du  xviii' 
siècle,  3.000  fr.  —  51.  Clochette  de  table  et  son  pla- 
teau carré,  vers  1730,  3.750  fr.  —  56.  Cruche  à  cou- 


vercle et  pied  d'argent  doré,  fond  bleu  semé  d'oiseaux, 
avec  paysage  de  marine,  dans  un  médaillon,  sur  la 
panse,  vers  .1735,  3.100  fr. 

63-64.  Deux  vases  flûtes,  bord  entonnoir  ;  et  65. 
Vase  à  couvercle,  panse  ovale  ;  tous  trois  décor 
indien,  vers  1725,  ensemble  6.200  fr.  —  69.  Service  à 
thé  et  à  café,  dix-sept  pièces,  scènes  chinoises, 
3.500  fr.  —  70.  Tabatière,  forme  boite  à  couvercle, 
monture  or,  médaillons,  1.250  fr.  —  73.  Groupe 
la  Guerre,  femme  assise  tenant  des  attributs  guer- 
riers, partie  du  groupe  allégorique,  à  l'Union  du 
Danemark  et  de  la  Norvège  de  J.-J.  Kicndier  (1767), 
6.275  fr.  —  74.  Quatre  gobelets  dorés  et  ornés  de 
scènes  chinoises,  3.375  fr.  —  75.  Suite  de  cinq  grands 
vases  et  deux  (lûtes,  scènes  chinoises,  milieu  du 
XVIII'  siècle,  18.820  fr.  —  78.  Soupière  à  couvercle  et 
plateau,  décor  fond  or  et  médaillons  fond  blanc, 
paysages  et  figures  en  coul.,  vers  1740,  5.000  fr. 

79.  Service  à  thé  et  à  café,  dix-huit  pièces,  pein- 
tures or  gravé,  sujets  de  chasse,  5.435  fr.  —  89-90. 
Centaures  à  demi  accroupis,  portant  un  Amour  sur 
leur  dos,  milieu  du  xviii'  siècle,  10.250  fr. 

l'orcelaines  de  Vince7ines,  de  Sèvres  el  diverses,  — 
122.  Une  seule  assiette  plate  du  service  de  lord 
Southampton,  marli  vert  à  réserves,  motifs  Heurs,  etc., 
535  fr.  —  128.  Une  autre,  du  service  de  M"'  de  Lam- 
balle,  fond  blanc,  monogramme  C.  L.  (C  en  or  et 
L  en  guirlande  de  roses);  au  marli,  trois  médaillons, 
paysages  en  coul.,  et  trois  plus  petits  à  la  sépia,  à 
rehauts  d'or,  1786,  625  fr. 

Il  nous  faut  passer  sur  les  coquetiers  à  67a  fr. 
la  paire  (n"  f29-l.'50)  ;  sur  les  services  à  thé  à 
1.760  fr.,  2.000  et  3.7o0  fr.  (n"  147)  et  même  à 
4.375  fr.  (n"  ISl);  sur  des  tasses  et  soucoupe 
variant  entre  .300  et  1.200  fr.  la  pièce  (le  n"  139, 
1.155  fr.)  ;  quelque  intéressantes  que  soient  ces 
enchères,  il  faut  se  borner  à  n'en  citer  que  quel- 
ques-unes, faute  de  la  place  nécessaire  pour  les 
ci  ter  toutes, car  toutes  mériteraientd'être  relevées: 
en  effet,  les  prix  atteints  par  une  seule  de  ces 
assiettes  ou  un  de  ces  services  à  thé  en  porce- 
laine de  Sèvres,  sont  proportionnellement  tout 
aussi  curieux  à  retenir,  étant  donnné  leur  objet, 
que  de  grosses  enchères  obtenues  par  des  pein- 
tures, des  meubles,  des  tapisseries,  auxquels  on 
est  tenté  d'accorder  plus  d'attention  et  de  place. 

Il  en  est  de  môme  pour  les  objets  de  vitrine, 
assez  nombreux  ici,  et  dont  voici  les  seules  en- 
chères au-dessus  de  1 .000  francs. 


ANCIEN    ET   MODERNE 


21 


168.  Éventail  monture  nacre,  figures  genre  W'atteau, 
décor  recto  et  verso,  i.OOO  fr.  —  172.  Flacon  aplati, 
ornements  or  en  relief  ;  au  goulot  inscription  :  Gn(ie 
de  mon  amour  ;  bouchon  et  chaînette  d'or,  France, 
XVIII*  siècle,  1.020  fr.  —  173.  Miniature  ivoire.  Por- 
trail  de  dame  assise,  robe  décolletée  et  chapeau  à 
plumes,  cadre  argent  doré,  France,  xviii*  s.,  1.280  fr. 

—  176.  Boite  octogonale,  décor  or  den.K  tons;  sur  le 
couvercle,  miniature  :  l'Amour  conduit  par  lu  Folie  ; 
France,  ép.  Louis  XVI,  2.323  fr.  —  177.  Portrait- 
médaille  en  pierre  de  lielheim,  buste  du  prince  Othon 
Henri  du  Palatinat,  3.750  fr.  —  178.  Boite  ronde, 
écaille  verte,  monture  d'or,  portrait  de  jeune  fille  en 
miniature,  France,  1800,  1.263  fr.  —  179.  Tabatière 
ovale,  or  émaillé  fond  bleu,  France,  .wiii'  s.,  2.400  fr. 

—  180.  Éventail  de  dentelle,  monture  nacre  et  or, 
France,  .xviii"  s.,  3.065  fr. 

Le  plus  beau  prix,  parmi  les  porcelaines  de 
diverses  provenances,  a  été  celui  de  b.OOO  fr., 
atteint  par  le  n°  193,  service  à  café,  huit  pièces, 
fond  blanc  à  Heurs  et  scène  Watteau,  rehaut 
d'or,  Vienne  (1760-1770). 

La  vente  comprenait  aussi  quelques  tableaux 
anciens  et  modernes,  très  mélangés,  parmi  les- 
quels on  peut  citer  : 

223.  Fr.  von  Lenbach.  La  Danseuse  Saharel,  3.623  fr. 

—  235.  Ileem  de  Jan  Dawidsz.  Fi-uits,  4.300  fr.  — 
240.  J.  Fyt.  Gibier  mort,  5.000  fr.  —  243.  J.-J  Ilenner. 
Portrait  de  jeune  fille,  5.873  fr.  —  243.  G.  Netscher. 
Portrait  de  dame,  6.123  fr.  —  246.  J.  Wynants. 
Paysage,  8.000  fr.  —  247.  Van  Aelst.  Nature  morte, 
8,300  fr. 

Une  seule  enchère  à  retenir  parmi  les  objets 
d'ameublement,  celle  du  n"  235  :  Empereur 
romain,  statuette  bronze  do  Pierre  Puget,  patine 
brune  (prov.  de  la  coll.  Hainauer),  7.360  fr. 

M.  N. 

<tSJl  <tiA  rt*A  rtïA  <\t*    eXtX  «tiA  ttlJL    <tlA  CtiJk  <\LX    rtiA  rtiA  ftiA 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


«  Quelques  »  (Galerie  des  Artistes  modernes). 
—  Pourquoi  ce  barbarisme  initial,  qui  ne  désigne 
môme  pas  le  sexe  des  exposantes?  Elles  sont 
vingt-huit,  avec  cent  douze  envois.  Aussi  bien 
ces  «  quelques  »  ne  sont  pas  quelconques  ;  et, 
sauf  M"=  Delasalle,  inscrite  parmi  les  sociétaires, 
mais  absente,  on  voit  ici  les  meilleures  de  nos 
femmes  artistes  :  prolongement  et  complément 
de  l'exposition  voisine  de  la  rue  de  Sèze,  puisque 
les  expositions  ne   deviennent   pas   seulement 


périodiques  comme  les  saisons,  mais  concur- 
rentes comme  toutes  les  entreprises  de  ce  temps  ! 
On  retrouve,  rue  Caumartin,  M"»»  Geneviève 
Granger,  Lisbeth  Delvolvé-Carrière,  Jeanne  Du- 
ranton,  Florence  Esté,  qui  japonise  la  Bretagne, 
et  Louise  Desbordes-Jouas,  avec  un  Soir  mysté- 
rieux, où  le  vol  des  papillons  met  un  premier 
plan  de  fleurs  ailées  ;  on  note  avec  plaisir  la 
présence  de  Mme  Grespel,  la  styliste,  et  de  M"«  Ger- 
maine Druon,  dont  les  intérieurs  sont  de  petits 
musées.  Près  des  tentures  de  M""  Ory-Robin, 
élevant  la  ficelle  à  la  dignité  de  l'art,  et  parmi 
les  étrangères,  encore  plus  nettement  partagées 
que  les  Françaises  entre  le  rêve  de  la  lumière  et 
le  mystère  de  l'ombre,  M"=  Béatrice  How  ivhistté- 
rise  avec  goût.  Moins  radicalement  que  M^^  Stet- 
tler,  M™«  Galtier-Boissière  reste  fidèle  au  ton 
local  en  ses  intérieurs  ensoleillés  par  la  porte 
ouverte  sur  la  pelouse  :  intérieurs  d'artiste,  où 
les  cadres  se  découpent  selon  la  tradition  des 
Hollandais;  Mm»  Chauchet-Guilleré  voit  l'enfance 
avec  les  yeux  de  l'impressionnisme  ;  M"""  Cazin 
s'en  tient  à  la  grisaille.  Enfin,  l'antithèse  con- 
temporaine, entre  l'ombre  qui  se  recueille  et  la 
clarté  qui  s'exalte,  oppose  expressivement  aux 
blondes  vues  de  Venise  de  M""  Dufau  l'admi- 
rable Portrait  de  femme  en  brun  qui  dévoile  chez 
M"»  Olga  de  Boznanska,  fort  en  progrès,  une 
observation  pénétrante  très  rare  chez  la  femme, 
même  artiste.- 

Jacques  Drésa  (Office  artistique,  10,  rue  de 
la  Pépinière).  —  Aristocratique  ami  du  siècle 
poudré,  M.  de  Concourt,  qui  se  plaisait  à  décou- 
vrir l'illustrateur  d'un  roman,  se  serait  arrêté 
devant  ces  brèves,  mais  vives  illustrations,  leste- 
ment aquarellées  en  marge  du  Voyage  sentimental 
de  Sterne  :  sentimental  et  satirique  aussi,  ce 
voyage  associait  curieusement  l'humour  anglais 
au  Paris  de  Voltaire  et  de  Walpole  ;  et  sans  vou- 
loir rivaliser  de  sveltesse  puriste  avec  les  san- 
guines de  Portail  ou  les  sépias  de  Gabriel  de 
de  Saint-Aubin,  les  jolis  zigzags  d'encre  et  de 
couleur  de  ces  claires  petites  fantaisies,  conçues 
cent  quarante  ans  après  la  publication  du  livre, 
dénotent  sans  prétention  l'esprit  le  plus  fran- 
çais chez  un  lettré,  frère  d'un  peintre  plus 
mélancolique  et  peintre  lui-môme  à  ses  heures, 
dont  le  pseudonyme  avait,  depuis  deux  sai- 
sons, intrigué  la  sympathie  des  connaisseurs  au 
Salon  d'automne. 

P. -S.  —  Avec  quelques  brillants  morceaux  de 
peinture   et  plusieurs    beaux   bustes  dans   un 


22 


LE    BULLETIN    DE   L'ART 


ensemble  très  honorable,  l'exposition  du  Cercle 
Volney  vient  de  s'ouvrir  :  nous  en  parlerons  dans 
le  prochain  Bulletin. 

Raymond  Bouyek. 

La  Collection  Audéoud  (à  la  Bibliothèque 
nationale,  grand  vestibule  de  l'administration). 
—  M.  Audéoud,  qui  mourait  en  Egypte  il  y  a 
quelques  mois,  a  choisi  le  musée  du  Louvre  pour 
légataire  universel,  à  charge  pour  lui  de  partager 
les  collections  d'objets  d'art  du  testateur  entre 
divers  établissements,  comme  Sèvres,  qui  a  reçu 
les  faïences,  verreries,  porcelaines,  etc.,  et 
comme  la  Bibliothèque  nationale,  qui  s'enrichira 
des  livres  d'art  et  d'une  certaine  quantité  de 
livres  de  travail;  le  Louvre  gardera  l'argent,  et, 
dans  l'état  actuel  de  l'estimation,  la  somme  n'at- 
teint pas  à  moins  de  huit  millions. 

M.  Audéoud  était  surtout  un  amateur  de  livres 
modernes;  il  recevait,  en  exemplaires  de  choix, 
les  plus  belles  publications  de  nos  éditeurs  d'art 
et  les  faisait  revêtir  de  somptueuses  parures  par 
les  maîtres  de  la  reliure.  Mais  il  lui  répugnait  de 
penser  que  tant  de  richesses  seraient  dispersées 
après  sa  mort  et,  en  d 898,  il  avait  spécifié,  par  une 
disposition  spéciale,  une  donation  à  la  Biblio- 
thèque nationale  de  près  de  deux  cents  de  ses 
plus  beaux  livres,  dont  il  avait  dressé  lui-même 
la  liste. 

En  attendant  qu'elle  reçoive  prochainement 
les  nombreux  et  très  importants  «  similaires  », 
qui  lui  sont  attribués  par  le  testament,  la  Biblio- 
thèque nationale  vient  de  se  voir  envoyer  en 
possession  des  deux  cents  chefs-d'œuvre  de 
l'édition  et  de  la  reliure  modernes,  qui  lui 
avaient  été  spécialement  réservés  par  le  généreux 
amateur;  et  M.  l'aul  Marchai,  conservateur  du 
département  des  Imprimés,  a  eu  la  bonne  pensée 
de  réunir,  dans  le  grand  vestibule  de  l'adminis- 
tration, les  plus  précieux  de  ces  ouvrages  —  le 
«  dessus  du  panier  »  d'une  sélection,  —  et  de 
convier  les  amis  des  livres  à  les  venir  admirer. 

Une  vitrine  présente  quelques  spécimens 
d'illustrations  de  ces  exemplaires  d'amateur  :  on 
y  voit  un  Saint  Julien  l'Hospitalier  de  Flaubert, 
avec  une  aquarelle  originale  de  Luc-Olivier 
Merson  ;  —  une  édition  in-i°  (1890)  de  Germinie 
Laccrtcux,  l'exemplaire  môme  des  Concourt, 
avec,  sur  le  plat,  le  portrait  des  deux  auteurs 
par  Carrière  ;  —  Un  Cœur  simple,  de  Flaubert, 
ouvert  sur  une  aquarelle  originale  d'Emile 
Âdan  ;  —  le  Voyage  sentimental,  sur  une  autre 
de  Maurice  Leloir  ;  —  Flirt,  de  Paul  Hervieu,  sur 


une  aquarelle  de  Madeleine  Leraaire;  —  la  Lé- 
r/ende  dorée,  sur  un  dessin  de  Lunois  ;  —  la  Ten- 
tation de  saint  Antoine,  sur  une  aquarelle  de 
Rochegrosse,  etc. 

Dans  cinq  autres  vitrines,  ou  a  réuni  quelques- 
unes  des  plus  belles  reliures  signées  Cuzin, 
Ruban,  Mercier,  et  surtout  Marius  Michel  :  les 
filets,  les  mosaïques,  les  ciselures  —  celles  de 
Lepère  pour  les  Paysages  parisiens  et  le  Cantique 
des  cantiques,  serties  dans  des  décors  de  Marius 
Michel,  sont  de  tout  premier  ordre, —  toutes  les 
manières  du  maître  sont  ici  représentées,  et 
toutes  sont  d'une  qualité  qui  fait  de  ces  reliures 
les  types  les  mieux  appropriés  à  leur  destination. 
Car  la  Bibliothèque  nationale,  si  elle  possède  des 
spécimens  excellents  de  la  reliure  à  toutes  les 
époques,  se  trouve,  faute  d'argent,  assez  empê- 
chée de  continuer  ces  collections  et  de  faire 
place,  dans  ses  vitrines,  aux  maîtres  relieurs 
d'aujourd'hui. 

Certains  amateurs  se  sont  préoccupés  de 
cette  lacune  :  M.  H.  Beraldi,  en  particulier,  avait 
commencé  par  des  dons  successifs  la  formation 
d'un  fonds  de  reliures  modernes  qu'il  serait 
souhaitable  de  voir  s'enrichir  par  des  générosités 
analogues.  Aujourd'hui,  le  legs  Audéoud  vient 
d'un  seul  coup  apporter  une  contribution  de 
première  importance,  tant  pour  la  qualité  des 
œuvres  que  pour  les  noms  dont  elles  sont  signées, 
aux  collections  de  la  rue  de  Richelieu  ;  et  c'est 
ce  qui  fait  l'intérêt  particulier  et  la  valeur  de 
cette  donation. 

E.  D. 

u;  i^^MJ  ^vvév  ^ii^y  ^iiikJ  ^cè^  'ikJ^J 
CORRESPONDANCE  DE  HOLLANDE 


A  propos  de  l'achat  de  la  collection  Six. 

A  propos  de  l'achat  de  la  collection  Six  van 
Vromade  pour  le  Musée  national  d'Amsterdam  (1  ), 
M.  J.  Veth,  le  peintre  bien  connu,  défend,  dans 
De  Gids  (n»  de  décembre),  la  résolution  du  gou- 
vernement, approuvée  par  le  Parlement  hollan- 
dais, de  contribuer  à  cet  achat  pour  un  million 
de  francs  (plus  de  bOO.OOO  llorins)  ;  on  sait  que 
le  reste  (400.000  francs)  de  la  somme  énorme 
demandée  pour  les  trente-neufs  tableaux  (dont 

(i)  Voir  les  n"  356 et  365  du  Bulletin,aux  «Échos», 


ANCIEN    ET   MODERNE 


23 


la  LailUre  de  Vermeer)  a  été  fourni  par  l'Asso- 
ciation Rembrandt.  M.  Veth  proteste  contre  l'aflir- 
mation  de  M.  Lugt,  qui  a  écrit  une  broctiure  pour 
prouver  que  l'estimation  des  tableaux,  acceptée 
par  l'État,  était  trop  élevée  et  que  la  fameuse 
Laitière,  qui  était  la  raison  d'être  de  l'acliat, 
n'avait  pas,  dans  l'œuvre  de  Vermeer,  l'impor- 
tance qu'on  lui  attribuait;  et  il  cite  l'estimation, 
en  sens  contraire,  faite  par  M.  Bredius. 

Il  réfute  également  le  raisonnement  de  deux 
socialistes,  MM.  Roland  Holst  et  Trœlstra,  qui 
sont  d'avis  qu'au  lieu  de  dépenser  des  sommes 
énormes  pour  garder  dans  le  pays  des  œuvres 
du  vieil  art  national,  on  ferait  mieux  d'acheter 
pour  les  musées  de  l'État  des  œuvres  de  tous  les 
temps  et  de  tous  les  pays.  M.  Veth  n'a  pas  de 
peine  à  répondre  que  la  Hollande  n'a  pas  de 
ressources  suflisantes  pour  fonder  un  musée 
d'art  international  capable  de  rivaliser  avec  ceux 
de  l'étranger  et  qu'en  outre  les  œuvres  d'art 
gagnent  à  ôtre  vues  dans  le  pays  qui  les  a  mises 
au  jour. 

M.  Veth  reconnaît  que  la  façon  dont  les  héri- 
tiers Six  van  Vromade  ont  rattaché  au  tableau 
de  Vermeer  des  tableaux  souvent  secondaires, 
au  nombre  de  trente-huit,  obligeant  l'État  à 
faire  l'achat  en  bloc  ou  à  laisser  passer  à  l'é- 
tranger une  œuvre  très  célèbre,  a  causé  des 
diflicultés.  On  a  proposé  d'envoyer  dans  des 
musées  de  province  quelques-uns  des  tableaux 
secondaires  de  la  collection  Six.  M.  Veth  expose 
pour  quelles  raisons  ces  tableaux  ainsi  achetés 
doivent  entrer  au  musée  d'Amsterdam,  mais  il 
voudrait  qu'on  envoyât,  pour  faire  ;de  la  place, 
dans  les  musées  de  province,  des  tableaux  de 
valeur  secondaire  que  le  musée  possède  depuis 
longtemps.  Le  musée  est  trop  riche,  ou  plutôt 
encombré. 

Enlin,  M.  Veth  se  réjouit  de  ce  que  le  gouver- 
nement et  le  Parlement  aient  enfin  décidé  de 
faire  une  dépense  considérable  pour  l'art.  Les 
dépenses  pour  la  science,  pour  des  laboratoires, 
pourl'enseignement  technique,  sontcontinuelles, 
ainsi  que  celles  pour  l'armée  et  la  marine,  qui 
sont  d'utilité  douteuse  pour  un  petit  pays.  Le 
maintien  des  traditions  d'art  est  tout  aussi  néces- 
saire pour  un  peuple  que  celui  des  traditions 
scientifiques. 

G.    HUET. 


T^  rîi3  r^  TÏXJ 


NOTES  &  DOCUMENTS 


Un  portrait  du  musée  Rath 
et  la  pseudo  «  Fornarina  »  des  Offices. 

Les  lecteurs  du  B«//e«m  se  rappellent  peut-être 
que  nous  nous  étions  promis  (1)  d'aller  à  Buda- 
pest pour  y  voir,  entre  autres  choses,  un  portrait 
de  femme,  flagrante  imitation  de  la  pseudo 
Fornarina  des  Offices.  Nous  avons  fini  par  y  aller, 
en  effet,  non  pas  uniquement  pour  cela,  ayant 
aussi  en  vue  l'examen  de  deux  ouvrages  que 
nous  connaissions  par  la  photographie  et  sur 
lesquels,  par  parenthèse,  nous  aurons  quelque 
chose  de  nouveau  à  dire.  Il  s'agit  de  Raphaël  et 
de  .\Iemling.  Gomme  il  arrive  toujours,  nous 
avons  trouvé  l'occasion  de  faire  des  remarques 
sur  quelques  ouvrages  auxquels  nous  ne  songions 
pas.  Mais,  pour  aujourd'hui,  occupons-nous  uni- 
quement de  la  question  de  la  Fornarina  et  de 
Sébastien  del  Piombo. 

Le  portrait  de  femme  du  musée  Rath  n'est 
pas  un  de  ceux  qui  nous  avaient  été  signalés  par 
des  «  morellistes  »  très  savants  comme  prouvant 
irrécusablement  que  la  Fornarina  des  Offices 
élait  un  Sébastien  del  Piombo.  Après  l'avoir 
étudié,  nous  n'avons  donc  pas  le  droit  de  triom- 
pher, si  tant  est  qu'il  soit  jamais  séant  de 
triompher  trop  haut,  c'est-à-dire  de  rabaisser 
quelque  peu  ceux  qui  ont  émis  l'opinion  opposée, 
à  propos  de  questions  délicates,  capables  d'in- 
duire en  erreur,  à  tour  de  rôle,  chacun  de  nous. 
Il  nous  sera  néanmoins  permis  de  dire  que  ce 
portrait  se  rapproche  delà  Fornarina  plus  qu'au- 
cun de  ceux  que  nous  avons  vus,  plus  que  le 
portrait  de  la  galerie  de  Richmond  que  nous 
avons  signalé.  C'est  une  œuvre  difficile  à  classer. 
Certains  ont  cru  y  voir  un  l'aima  le  Vieux,  mais 
aucun  Palma  n'a  eu  le  droit  de  rêver  seulement 
une  telle  réussite  ;  d'autres  ont  pensé  à  Gior- 
gione,  mais  l'œuvre  n'a  pas  autant  de  fermeté, 
et  elle  a  plus  d'élégance  que  celles  de  ce  maître. 
Nous  croyons,  avec  plusieurs  historiens  d'art, 
que  c'est  un  très  beau  Sébastien  del  Piombo, 
dont  le  modelé  est  beaucoup  plus  soigné  que 
celui  de  la  Dorothée  de  Berlin,  et  où  l'on  trouve 
des  finesses  de  ton,  des  délicatesses  d'exécution, 
surtout  dans  les  linges  et  les  étoffes  de  soie,  qui 
existent,  mais  non  pas  à  ce  degré,  dans  le  tableau 
de  Berlin. 


(1)  liullelin  de  l'Art,  13  juiliet  1907. 


24 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


Mais,  après  mûr  examen,  c'est  d'un  art  lout 
différent  de  celui  de  la  pseudo-Fornarina.  La 
grâce,  la  souplesse,  la  délicatesse,  un  dessin 
sage,  un  modelé  délicat  et  juste,  c'est  déjà  beau- 
coup. Mais  la  pseudo-Focnarina  offre  bien  autre 
chose,  les  qualités  de  Raphaël  :  le  charme,  sans 
doute,  mais  uni  à  la  force;  la  délicatesse  du 
modelé,  certainement,  mais  unie  à  la  solidité. 
Ce  n'est  pas  encore  cette  peinture,  en  apparence 
si  proche  de  la  paeudo-Fornarina,  qui  permettra 
d'attribuer  légitimement  ce  dernier  ouvrage  à 
Sébastien  del  Piombo. 

E.    DuBAND-GRliviLLE. 

(A  suivre.) 


LES      REVUES 


Franck 


Les  Arts  (décembre).  —  Le  numéro  est  entière- 
ment consacré  à  une  étude  de  M.  Paul  VrrRY  sur  les 
sculptures  qui  composent  une  importante  partie  de 
la  Collection  Gustave  Dreyfus  :  reproductions  de 
bustes  et  bas-reliefs  par  Mino  de  Fiesole,  Desiderio 
da  Settignano,  Verrocchio,  Luca  et  Andréa  délia 
Robbia,  Donatello,  Antonio  Rossellino,  etc.;  de  sculp- 
tures anonymes  vénitiennes,  florentines,  milanaises, 
flamandes  et  françaises  du  xvi"  siècle. 

Revue  lorraine  illustrée  (octobre-décembre).  — 
Suite  de  l'étude  de  M.  Pierre  Boyé  sur  les  Châteaux 
du  roi  Stanislas  :  l'article  est  consacré  aux  résidences 
de  Chanteheux,  Jolivet  et  Einville. 

—  Un  Graveur  sur  bois  :  l'.-E.  Colin,  par  Gaston 
Vaken.ne.  —  La  Revue  a  souvent  eu  l'occasion,  notam- 
ment lors  de  l'exposition  de  la  gravure  sur  bois  (1901) 
et  des  Salons  annuels,  de  parler  de  ce  rare  tailleur 
d'images,  l'un  de  ceux  qui  savent  le  mieux  concilier, 
dans  l'illustration  du  livre,  le  respect  de  la  tradition 
avec  sa  propre  personnalité;  l'un  des  plus  intéressants 
par  sa  technique  souple,  puissante  et  variée,  qui  se 
dégage  de  plus  en  plus  des  obscurités  et  des  tâtonne- 
ments de  naguère  et  arrive  à  une  intensité  d'expres- 
sion qu'on  ne  saurait  trop  remarquer  par  ces  temps 
où  l'on  assiste  à  l'agonie  du  vieux  bois. 

—  Suite  et  fin  des  études  de  M.  Alexandre  Maiitin 
sur  le  Vieux  Bar. 

L'Art  et  les  artistes  (janvier).  —  Vittore  Car- 
puccio,  par  Henry  Maeicel.  —  C'est  un  de  ces  rares 
artistes  «  chez  lesquels  les  sujets  de  sainteté  n'appa- 
raissent guère  que  comme  des  prétextes  à  retracer 
leur  cadre  d'existence  avec  tous  ses  attraits  de  pitto- 
resque i>  :  sou  oeuvre  est  un  tableau  presque  complet 
de  Ih  vie  vénitienne  à  la  fin  du  xv  siècle  ;  l'auteur  le 
démontre  en  analysant  les  reproductions  jointes  à  son 


article,  et  en  retraçant  rapidement  la  biographie  du 
maître  vénitien. 

Autres  articles  :  La  femme  dans  l'œuvre  de  hianel, 
par  Camille  Mauclair  ;  —  une  Exposition  d'art  russe 
moderne  à  Paris,  par  C.  de  Danilowice. 

Italie 

Emporium  (novembre).  —  Un  nouvel  illustrateur 
anglais  :  Arthur  Rackham,  par  M.  Vittorio  Pica.  — 
Par  deux  fois,  la  Revue  a  eu  l'occasion  de  parler  de  ce 
charmant  évocateur  des  fées  :  l'an  passé,  à  propos  de 
ses  illustrations  pour  Rip  Van  Winkle,  et  tout  ré- 
cemment pour  celles  de  l'iter  Pan.  —  les  deux  livres 
ayant  été  traduits  en  français  et  publiés  avec  toutes 
leurs  jolies  suites  d'images. 

—  M.  Arturo  Pettorelli  reproduit  et  étudie  les 
statues  (équestres  des  Farnèse  à  Plaisance  :  ce  sont 
celles  d'Alexandre  et  de  Ranuccio  Farnèse  (ensemble, 
détails  et  bas-reliefs). 

(Décembre).  —  L'article  de  M.  Vittorio  Pica,  de  la 
série  des  Artistes  contemporains,  est  consacré  à.  Edgar 
Dc'jas  :  «  Observateur  perspicace,  subtil  et  clairvoyant 
de  la  réalité,  travailleur  infatigable  ;  sûr,  dès  les 
premiers  pas,  de  la  voie  artistique  à  suivre  et,  dé»  les 
premiers  pas,  en  pleine  possession  d'une  technique 
sans  faiblesses  et  sans  incertitudes  dans  sa  nerveuse 
et  très  personnelle  puissance  évocatrice,  il  a  donné  la 
vie  à  une  œuvre  abondante  et  variée,  laquelle,  quand 
elle  sera  finalement  connue  dans  son  ensemble,  appa- 
raîtra comme  une  des  plus  importantes  et  des  plus 
sigliificativcs  que  présente  l'histoire  de  la  peinture 
française  de  ces  cinquante  dernières  années  ». 

—  Modes  nouvelles  et  modes  ancietines,  par  Aracne. 
—  Avec  dix  reproductions  d'après  Raphaël,  Bernar- 
dino  Licinio,  Crisloforo  Solari,  Bronzino,  Lorenzo 
Lotto,  etc. 

—  Autres  articles  :  Art  rétrospectif  :  l'éijlise  adella 
Croce  di  Luca  »  à  Naples,  par  Giovanni  Tesarone  ;  — 
Devises  et  ex-libris  anciens,  par  Virgilio  Burti. 

Rassegna  d'arte  (décembre).  —  Suite  de  l'article 
de  M.  Tiberio  Gerevich  sur  les  origines  de  la  renais- 
sance de  la  peinture  à  Bologne. 

—  Une  peinture  inconnue  de  Masolino  da  Panicale, 
reproduite  (ensemble  et  détails)  et  étudiée  par  F. 
Mason  Perkins.  C'est  une  Vierge  avec  l'Enfant,  accos- 
tée de  deux  anges,  que  conserve  l'église  San  Fortu- 
nato,  de  Todi. 

—  Les  dessins  du  Dominiquin  aux  Offices,  par  F. 
Malagl'Zzi  Valebi.  —  Le  cabinet  des  dessins  du 
musée  des  Olhces  conserve  une  soixantaine  de  dessins 
attribues  au  Dominiquin  et  (jui  n'ont  pas  encore  été 
étudiés.  L'auteur  en  fait  un  bref  examen  et  en  rap- 
proche plusieurs  des  œuvres  peintes  de  l'artiste,  pour 
lesquelles  ils  paraissent  avoir  servi. 


Le  Gérant  :  H.  Denis. 
l'ans.  —  Imp.  Georges  Petit,  lî,  rue  Uodotide-Mauroi. 


Numéro  368. 


Samedi  25  Janvier  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


Gobelins  à  tout  faire 


Le  Gouvernement  s'est  montré  d'une  sollici- 
tude extrême  à  l'égard  des  œuvres  d'art  qui 
décoraient  les  salons  de  nos  ministres  :  il  a  fait 
rentrer  au  l-ouvre  divers  meubles  historiques, 
quelques  peintures,  des  vases  et  des  pendules  de 
grand  prix,  —  toutes  choses  que  les  occupants 
plus  ou  moins  éphémères  des  palais  nationaux 
n'avaient  pas  accoutumé  de  traiter  sans  respect, 
mais  que  le  Gouvernement  a  voulu  qui  fussent 
offertes  à  l'admiration  de  tous  les  citoyens.  C'est 
d'un  bon  sentiment. 

Pareillement,  lorsque,  tout  récemment  encore, 
notre  ambassadeur  en  Allemagne  était  prié  de  se 
dessaisir,  au  profit  du  Louvre  (toujours  !),  d'un 
tableau  de  Charles  .lacque  qui  avait  été  jadis 
affecté  à  la  décoration  de  l'ambassade  de  France 
à  Berlin,  on  n'a  pu  qu'admirer  cette  nouvelle 
marque  —  et  combien  inattendue  !  —  d'une  solli- 
citude à  l'égard  du  patrimoine  national,  qu'on 
eût  pu  croire  beaucoup  moins  développée  chez 
certains  de  nos  ministres. 

L'occasion  semble  donc  favorable  pour  for- 
muler au  Gouvernement  une  requête  dans  le 
même  sens.  Et  puisqu'il  a  veillé  d'une  façon  si 
attentive  sur  des  œuvres  d'art  qui  n'étaient 
pourtant  pas  plus  exposées,  dans  les  cabinets 
des  ministres,  que  ne  le  sont  celles  des  églises 
et  des  musées  de  province,  ne  pourrait-il  pas  se 
montrer  un  peu  plus  respectueux  etplus  ménager 
de  cet  incomparable  trésor  de  tapisseries  des 
Gobelins,  que  nous  ont  laissées  le  xvn"  et  le  xviii« 
siècle,  et  qui,  du  train  dont  on  les  mène,  ne 
tarderont  pas  à  être  irrémédiablement  détruites? 

Bien  loin  d'entourer  ces  merveilles,  qui  font 
l'envie  et  l'admiration  du  monde  entier,  des  soins 
qui  leur  seraient  dus,  il  semble  qu'on  prenne 
plaisir  à  les  exposer  à  toutes  les  aventures.  II  n'y 
a  que  nous  pour  gaspiller  à  ce  point  nos  richesses, 
et  ce  n'est  plus  de  l'admiration  ni  de  l'envie, 
mais  de  la  pitié  que  nous  inspirons  aux  étran- 


gers, quand  ils  voient  le  bon  marché  que  nous 
faisons  de  pareils  chefs-d'œuvre.  La  demande  la 
moins  justifiée  suffit  pour  qu'on  expédie  des  ten- 
tures quelquefois  uniques  à  l'autre  bout  du 
monde  (on  en  a  vu  la  preuve  lors  de  l'Exposition 
de  Saint-Louis),  et,  même  sans  sortir  de  Paris, 
il  ne  se  passe  pas  d'année  qu'on  ne  fasse  au 
Garde-Meuble  les  plus  déplorables  emprunts. 

Le  plus  récent  vaut  qu'on  s'y  arrête  :  il  n'est 
pas  vieux  d'un  mois. 

Lors  de  la  fête  de  nuit  donnée  au  Grand  Palais 
pour  les  inondés  du  Midi,  quatre  tapisseries  de 
la  suite  de  Don  Quichotte,  à  fond  rose,  ont  été 
prêtées  aux  organisateurs  ;  on  se  demande,  en 
vérité,  pour  quoi  faire  !  Or,  on  a  si  bien  pris  soin 
de  ces  tentures,  qui  représentaient  à  elles  seules 
une  fortune,  que  l'une  d'elles  a  été  exposée  à  la 
pluie  et  qu'elle  a  reçu  des  torrents  d'eau,  pen- 
dant son  séjour  au  Grand  Palais. 

Quel  plus  frappant  exemple  pourrait-on  choisir 
des  dangers  que  courent  les  Gobelins  du  Garde- 
Meuble  ?  Et  cela  ne  devrait-il  pas  suffire  à  mon- 
trer au  Gouvernement  queces  tapisseries  illustres 
ne  sont  pas  moins  dignes  de  sa  sollicitude  que 
les  œuvres  d'art  éparses  dans  les  ministères  ? 

Il  est  grandement  temps  qu'on  mette  fin  à  cet 
absurde  gaspillage,  qu'on  se  borne  à  prêter  des 
tentures  courantes  et  qu'on  se  montre  plus  sévère 
pour  les  demandes  de  prêt  ;  en  un  mot  qu'on 
détruise  cette  légende,  accréditée  par  le  laisser- 
faire,  et  d'après  laquelle  il  n'y  aurait  pas  de 
belle  fête  sans  Gobelins. 

E.  D. 


ECHOS    ET    NOUVELLES 


Légion  d'honneur.  —  Sont  promus  ou  nommés 
dans  l'ordre  de  la  Légion  d'honneur,  sur  la  proposition 
du  ministre  de  l'Instructioa  publique  et  des  Beau.\- 
Arts  : 

Commandeur  :  M.  Denys  Puech,  sculpteur  ; 

Officier  :  M.  Pierre  de  Nolhac,  conservateur  du 
musée  de  Versailles; 


■>fi 


LE   BULLETIN   DE    L'ART 


Chevaliers  :  MM.  Hoquet,  Cabié,  Eliot,  Laissement, 
artistes  peintres  ;  Perrin,  sculpteur;  Godefroy,  archi- 
tecte ;  Alexandre  Georfjes,  compositeur  do  musique. 

Officiers  de  l'Instruction  publique.  —  Dans  la 
liste  des  otiiciers  de  l'Instruction  publique,  publiée  le 
20  janvier  au  Journal  officiel,  nous  relevons  les  noms 
suivants  : 

M""  Desjeux  ;  MM.  A.  Bessé,  Bonneton,  Courtois, 
J.  Belon,  Uelétang,  Ibels,  Synave,  artistes  peintres; 
Choppin,  Depléchin,  sculpteurs  ;  Mayeux  et  Corbineau, 
architectes  des  monuments  historiques  ;  Eug.  Dété, 
graveur;  J.  Guibert,  sous-bibliotliécaire  au  Cabinet  des 
estampes  de  la  Bibliothèque  nationale. 

Académie  des  beaux-arts  (séance  du  11  janvier). 
—  La  majeure  partie  des  membres  de  l'Académie  des 
beaux-arts  étant  retenus  au  conseil  d'administration 
de  l'École  des  beaux- arts,  la  nomination  des  jurés 
adjoints  pour  le  jugement  du  concours  de  Rome  en 
1908  a  dû  être  remise  à  la  prochaine  séance. 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
(séance  du  17  janvier). —  M.  Le  'fourneau,  architecte 
diplômé,  a  présenté  les  aquarelles  et  les  photographies 
des  mosaïques  qu'il  a  découvertes  à  Sainte-Sophie  de 
Salonique  au  cours  d'une  mission  dont  le  ministère 
de  l'Instruction  publique  l'avait  chargé  l'an  dernier. 
Elles  décorent  entièrement  la  coupole  et  l'abside  de 
l'église  et  sont  parmi  les  plus  belles  qui  existent. 
M.  Diehl,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de  Paris, 
qui  les  a  décrites  dans  une  note  dont  M.  Le  Tourneau 
donne  lecture,  les  attribue  les  unes  au  vu*,  les  autres 
au  X*  ou  au  xi"  siècle. 

L'auteur  de  cette  précieuse  trouvaille  compte  re- 
tourner prochainement  à  Salonique  pour  y  poursuivre 
ses  recherches  sur  les  monuments  de  l'art  byzantin 
que  possède  cette  ville. 

Musée  de  l'Armée.  —  Le  musée  de  l'Armée  va 
prochainement  s'enrichir  d'une  magnifique  collection 
d'armes  provenant  des  officiers  et  légionnaires  de 
l'ancien  régiment  des  guides,  et  qui  lui  a  été  léguée  par 
le  comte  Louis  de  Turenne,  récemment  décédé. 

Société   des  Antiquaires   de   France.  —  La 

Société  des  Antiquaires  de  France  a  entendu  dans  sa 
dernière  séance  une  communication  de  M.  le  comte 
de  Loisne  sur  une  lampe  chrétienne  antique  trouvée 
à  N'oyelle-Godault,  dans  le  Pas-de-Calais. 

M.  Durand-Gréville  a  ensuite  entretenu  ses  col- 
lègues de  la  collaboration  de  Raphaël  et  de  Pérugin. 
et  sa  communication  a  amené  M.  le  comte  Durrieu  à 
émettre  quelques  observations  sur  la  précision  des 
conclusions  qu'on  en  peut  tirer. 

Puis  M.  Emile  Mâle  a  communiqué  les  résultats  de 
SCS  recherches  sur  les  modèles   empruntés  à  Albert 
Durer  et  à  ses  imitateurs   par  les  peintres   verriers   | 
français  du  xvr  siècle,  résultats  dont  M.M.  Durrieu  et   ' 
Blanchet  ont  confirmé  l'exactitude  ;  et,  enfin,  M.  Mon-   I 


ceau  a  fait  une  description  des  sceaux  antiques  ré- 
cemment découverts  à  Carthage  par  le  R.  P.  Dcluttre. 

Concours  pour  l'obtention  de  bourses  de 
voyage  en  Algérie.  —  Un  concours  est  ouvert 
entre  les  jeunes  artistes  français,  peintres,  sculpteurs. 
architectes,  graveurs,  âgés  de  moins  de  .'i.'i  ans,  en 
vue  de  l'obtention  de  deux  bourses  de  séjour  en 
Algérie.  Le  montant  de  cette  bourse  est  de  3.000  fr. 
et  la  durée  du  séjour  fixée  ,i  un  an.  Un  logement  est 
mis  à  la  disposition  des  titulaires. 

Les  artistes  qui  se  trouvent  dans  les  conditions 
voulues  pour  concourir  devront  adresser  leur  de- 
mande, avant  le  3  février,  au  gouverneur  général  de 
l'Algérie,  à  l'office  de  l'Algérie,  •>,  galerie  d'Orléans 
(Palais-Royal  ,  où  leur  seront  fournis  tous  les  rensei- 
gnements nécessaires. 

Les  œuvres  présentées  seront  adressées  à  la  Société 
des  Peintres  orientalistes  français,  au  comité  de 
laquelle  le  gouverneur  de  l'Algérie  a  confié  le  soin  de 
désigner  les  titulaires  des  deux  bourses.  L'exposition 
annuelle  de  cette  Société,  où  seront  exposés  publique- 
ment les  envois  des  concurrents,  aura  lieu  au  Grand 
Palais,  avenue  d'Antin,  du  16  février  au  13  mars. 

Une  nouvelle  société  de  graveurs.  —  Sous  le 

titre  ;  SocivU'  intenniliniKilr  de  lu  ijracure  en  noir, 
divers  journaux  ont  annonce  la  formation  d'un  nou- 
veau groupement,  ayant  pour  objet  de  favoriser  la 
gravure  originale  en  France  et  à  l'étranger  et  com- 
prenant "nombre  d'illustrations  artistiques  de  notre 
temps. 

La  Société  des  peintres-f/rnveurs  français,  fondée 
en  1889  par  Burty,  présidée  alors  par  Brarquemond. 
((ui  en  est  resté,  avec  Rodin,  le  président  d'honneur, 
tient  ,i  protester  contre  l'emploi  qui  a  été  fait,  sans 
autorisation,  du  nom  de  son  président  et  de  celui 
d'un  certain  nombre  de  ses  membres,  pour  opérer  le 
recrutement  d'adhésions  à  ce  nouveau  groupe,  dont 
le  prograuimc  n'est,  d'ailleurs,  qu'une  reprise  de  son 
propre  programme.  Un  avis  ultérieur  fera  connaître 
la  date  de  la  proch.iine  exposition  de  cette  société. 

Monuments  et  statues.  —  M.  Sicard  vient  de 
terminer  le  modèle  d'un  grand  Sninl  Michel  en  cuivre 
martelé,  destiné  à  la  basilique  du  Sacré-Cœur. 

—  A  la  suite  d'un  concours,  M.  Vermare  a  été 
chargé  d'exécuter  le  monument  qui  sera  élevé  à  Lyon, 
à  la  mémoire  du  D'  Gailleton.  La  partie  architectu- 
rale sera  confiée  à  M.  Lucas. 

A  Dublin.  —  Le  nouveau  musée  municipal  de 
Dublin,  consacré  à  l'art  moderne  et  qui  doit  son  exi.s- 
tence  à  la  générosité  et  à  l'énergie  infatigable  de 
M.  Ilugh  P.  Lane,  a  été  inauguré  le  20  janvier.  —  A.  T. 

A  Londres.  —  La  National  Gallery  vient  de  s'en- 
richir d'un  table.iu  d'un  maître  hollandais  du  ivii* 
siècle,  fort  intéressant  et  trop  peu  connu,  Jacob 
Ochtervclt.  Il  représente  une  dame  debout,  devant 
une  épinette,  et  il  a  été  offert  par  M.  II.  J.  Pfungst. 


ANCIEN    ET   MODERNE 


27 


Une  dame,  habillée  de  satin  rouge,  assise  face  à  la 
lumière,  touche  de  l'épinette.  Un  maître  de  musique 
est  dans  l'ombre,  ainsi  qu'un  domestique  qui  entre 
dans  l'appartement  en  regardant  le  spectateur. 

En  trente  années,  on  n'a  exposé  à  Londres  que 
trois  tableaux  de  ce  maître,  dont  plusieurs  musées 
d'Europe  (Cologne,  Stockholm,  l'Ermitage,  etc.),  pos- 
sèdent des  toiles.  En  1894,  on  a  vu  la  Répétition  <le 
chant,  à  M.  Samuel  S.  Joseph  ;  en  1885,  Joyeuse  nou- 
velle, au  capitaine  W.  A.  Hankey  ;  et,  en  1902,  un 
tableau  intitulé  :  Une  clame  jouant  du  clavecin;  ce 
tableau  appartenait  alors  à  M.  Fletcher,  et  il  serait 
curieux  de  savoir  si  ce  n'est  pas  celui-là  même  que 
vient  de  recevoir  la  National  Gallery.  —  A.  T. 

A  'Venise.  —  Le  Comité  de  la  dernière  exposition 
internationale  des  Beaux-Arts  de  Venise  communique 


la  liste  complète  et  définitive  des  œuvres  acquises. 
Le  chiffre  des  ventes  s'élève  au  total  de  326.978  lires. 
Il  dépasse  de  près  de  27.000  lires  celui  des  années  les 
plus  favorisées. 

En  sept  e-xercices  (189o,  1897,  1899,  1901,  1903, 
1905  et  1907),  l'exposition  de  Venise  a  vendu  pour 
2.943.509  lires  d'oeuvres  d'art. 

Nécrologie.  —  On  annonce  la  mort  de  M.  Vaut 
Roblin,  auquel  M.  Marcel  Nicolle  consacre  une  notice 
à  la  lin  de  la  Clironique  des  ventes  du  présent  numéro  ; 
—  de  M.  Adrien  Loiivrier  de  Lajolais,  directeur  de 
l'École  des  arts  décoratifs  de  Limoges,  du  Musée 
national  Adrien  Uubouché  et  ancien  directeur  de 
l'École  des  arts  décoratifs  de  Paris,  qui  vient  de 
mourir  à  Limoges  à  l'âge  de  79  ans  ;  il  était  chevalier 
de  la  Légion  d'honneur. 


CHRONIQUE    DES  VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

Ventes  à  Paris.  —  'Ventes  diverses.  —  Une 
vente  anonyme,  faite  salle  H,  par  M»  Louis 
Libaude,  et  qui  a  pris  fin  le  H  janvier  sur  un 
total  de  70.000  francs  environ,  comprenait  deux 
tapisseries  d'Aubusson  du  xviii<=  siècle,  a  petits 
personnages  dans,  des  paysages,  avec  bordures  : 
l'une  représentant  le  Jeu  de  Colin-Maillard  a  été 
adjugée  b.OlO  fr.  ;  l'autre,  un  Repas  champêtre, 
4.400  fr. 

—  Le  13  janvier,  une  vente  de  tableaux  mo- 
dernes, faite  par  M«  Libaude  et  M.  Druet,  a  donné 
lieu  à  quelques  prix  dignes  de  remarque. 

Une  décoration  par  d'Espagnat,  composée  de 
cinq  panneaux,  a  été  adjugée  4.1u0  fr.  Notons 
encore  :  Kenoir.  Portrait  d'homme,  1.060  fr.  — 
Bonnard.  Intérieur,  8S0  fr.  —  Lebourg.  La  Seine 
à  Rouen,  850  fr.  —  Matisse.  Le  Mistral,  SM  fr. 

—  Annoncée  par  un  catalogue  illustré,  la 
vente  du  mobilier  garnissant  un  hôtel,  4,  rue 
Alfred-de-Vigny,  vente  faite  les  13  et  14  janvier 
par  M"  Lucien  Veron  et  Lair-Dubreuil,  a  produit 
183.000  fr. 

Quelques  enchères  marquantes  dans  la  caté- 
gorie des  tapisseries. 


PRINCIPAUX    PRIX 

PoucELAiNES.  —  4.  Grand  vase,  porcel.  de  Chine, 
décor  émaux  de  coul.,  bouquets  de  fleurs  de  lis  en 
bronze,  3.720  Ir. 

Tableaux.  —  103.  G.  Clairin.  Arabes  à  la  porte  d'une 
mosquée  attendant  la  sortie  du  pacha,  700  fr. 

Mabbbes. —  113.  Statue  de  Bacchante,  marbre  blanc, 
signée  ;  Le  Quesne,  1870,  1.330  fr.  —  114.  Cheminée 
marbre  blanc,  garnie  de  bronzes  ciselés,  ép.  l"Empire, 
2.740  fr. 

Meubles.  —  149-130.  Deux  meubles  d'entre-deux, 
portes  laque,  côtés  en  marquet.  de  bois,  estamp.  de 
A.  Beurdeley,  3.900  fr.  —  162.  Salon  garni  en  tap. 
d'Aubusson,  ép.  Louis  XVI,  composé  d'un  canapé  et 
huit  fauteuils,  jeux  d'enfants  et  animaux,  contre-fond 
vert  clair  (entourages  refaits),  20.100  fr. 

Tapissehies  a.xciennes.  —  163.  Tenture  composée  de 
trois  panneaux  en  tap.  d'ép.  xvm"  s.;  nymphes,  vases 
de  fleurs  et  enfants  (répar.  et  parties  réf.),  62.000  fr. 
—  164.Grandecantonuière,  amours  et  fleurs,  colonnes 
enguirlandées  (parties  modernes),  2.220  fr.  —  163. 
Ane.  tap.,  décor  d'après  Iluet,  Bergère  gardant  les 
moutons,  xviii"  s.,  3.330  fr.  —  166.  Tap.  du  xvm'  s. 
Bergère  tenant  une  couronne  de  fleurs  et  Pâtre 
jouant  de  la  cornemuse,  4.300  fr.  —  167.  Panneau 
même  tap.  Le  Galant  berger,  4.300  fr.  —  168.  Tenture 
de  six  panneaux,  tap.  à  sujets  tirés  de  l'hist.  anc, 
bordure  à  trophées  guerriers,  xvu*  s.  1.  Le  Combat: 
2.  Le  Triomphateur  ;  3.  La  Collation  ;  4.  Le  Chef 
vaincu;   5.  Le  Grand-prêtre;   6.   Guerrier  dans  un 


28 


LE   BULLETIN   DE   L'ART 


palais  ;  5.010  fr.  —  169.  Grande  tap.,  ép.  Renaissance, 
jeune  seigneur  et  dame,  10.250  fr.  —  170.  Fragment 
de  tap.,  personnages  et  animaux  dans  un  paysage, 
XVI'  s.,  1.600  fr. 

—  Le  18  janvier,  salle  8,  au  cours  d'une  vente 
faite  par  M"  Coulon  et  M.  Klotz,  deux  petits  Por- 
traits de  femme  de  l'école  française  du  xviii»  siècle, 
dans  le  genre  Boucher,  bien  que  vendus  sans 
garantie,  ont  été  adjugés  5.S00  et  5.000  fr.,  sur 
les  demandes  de  3.000  et  4.000  fr. 

—  Une  vente  de  tableaux  modernes,  dirigée 
salle  6,  le  20  janvier,  par  M<:  Lair-Dubreuil  et 
MM.  Graat  et  Madoulé,  a  donné  un  total  de  28.000 
francs.  Quelques  prix  : 

Boudin.  Le  Port  du  Havre,  2.700  fr.  —  Isabey. 
Cavalier  au  bord  de  la  mer,  1.180  fr.  —  Thaulow. 
Le  Village  au  bord  de  la  rivière,  1.850  fr. 

Dans  cette  même  vacation ,  se  trouvait  un 
tableau  par  Harpignies,  Vue  de  Paris,  qui  a  été 
adjugé  2.100  fr. 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Objets 
d'art,  tableaux  anciens.  —  Par  le  ministère  de 
M"  Henri  Bernier,  en  qualité  d'administrateur  de 
l'étude  de  feu  M'  P.  Chevallier,  et  de  MM.  Mann- 
heim,  Ferai  et  Léman,  aura  lieu,  les  30  et  31  jan- 
vier, salle  H,  une  vente  de  composition  un  peu 
mêlée,  comprenant  des  objets  d'art  et  de  curio- 
sité de  toute  espèce,  aussi  des  tableaux  anciens 
et  des  dessins.  Les  peintures  appartiennent,  pour 
la  plupart,  à  l'école  italienne 

Parmi  les  objets  d'art,  nous  remarquons  : 
quelques  porcelaines,  pâte  tendre  de  Sèvres  et 
Capodi  Monte  ;  deux  statuettes  en  ivoire  sculpté, 
de  la  fin  du  xvi*  siècle.  Hercule  et  Atlas;  quatre 
plaques  en  émail  de  Limoges,  du  xvii"  siècle, 
signées  l,  Laudin  et  représentant  les  quatre 
éléments  ;  une  aiguière  en  émail  de  Canton  ; 
des  bronzes  italiens  :  une  Pietà,  d'après  Michel- 
Ange  (xvi"  siècle),  un  Neptune,  une  Pomone  (com- 
mencement du  xvu"  siècle)  ;  des  meubles  :  une 
table  en  bois  sculpté  en  partie  du  xvi'  siècle  ; 
une  grande  porte  en  bois  sculpté,  d'art  espagnol 
du  xvii»  siècle  ;  une  banquette  en  bois  sculpté 
(Italie,  xviii«  siècle)  ;  des  antiquités  grecques  et 
romaines,  vases,  terres  cuites,  bijoux,  pierres 
gravées,  bronzes  et  verreries. 

Les  tableaux,  dont  un  certain  nombre  pro- 
viennent de  la  galerie  Antonio  Scarpa,  d'autres 
de  la  famille  Albani  ou  de  la  collection  Lamponi, 
de  Florence,  méritent  d'intéresser  les  amateurs 
d'art  italien. 

Signalons,  en  particulier  :  une  Sainte  Famille 


et  saints  personnages,  par  V.  Catena  ;  deux  pen- 
dants, attribués  à  Philippe  de  Champaigne, 
Portraits  de  jeunes  gentilhommes  ;  trois  miniatures 
sur  parchemin  :  Jésus  au  Jardin  des  Oliviers, 
la  Mise  au  tombeau,  le  Tombeau  gardé  par  les 
soldats,  signées  par  Raphaël  de  Crémone  et 
datées  1573;  le  Portrait  d'un  o/ficier,  de  l'école 
de  Rigaud  ;  une  Sainte  Famille,  deJ.  Romanino. 
Un  catalogue  illustré  a  été  dressé  à  l'occasion 
de  cette  vente. 

--  Le  mercredi  29  janvier,  à  l'Hôtel,  salle  6, 
M»  Lair-Dubreuil,  assisté  de  M.  Henri  Haro,  dis- 
persera une  réunion  de  tableaux  anciens  et 
modernes,  appartenant  à  divers  et  comprenant, 
entre  autres,  des  œuvres  de  Greuze,  M"'  Gérard, 
Prudhon,  Cl.  Lefebvre,  etc.  Douze  panneaux 
décoratifs  et  deux  dessus  de  portes  de  l'école 
française  sont  également  joints  à  la  vente,  ainsi 
que  quelques  peintures  anciennes  provenant  de 
la  succession  de  M.  A...,  et  portant  les  noms 
d'Alonzo  Cano,  Lebel,  Pannini,  Goltzius,  etc. 

Nécrologie. —  Paul  Roblin.  —  Une  des  person- 
nalités les  plus  connues  elles  plus  appréciées  de 
l'Hôtel  Drouot  vient  de  disparaître,  l'expert  Paul 
Roblin,  qui  devait  diriger  le  25  janvier,  salle  7, 
en  compagnie  de  M=  Desvouges,  une  vente  d'es- 
tampes anciennes  et  modernes. 

Spécialisé  dans  les  ventes  de  gravures  et  de 
dessins,  —  et  parmi  ces  derniers  plutôt  de 
feuilles  d'étude  à  conserver  en  carions  que  de 
pièces  à  grands  prix  et  destinées  à  l'encadre- 
ment, —  M.  Paul  Roblin  a  dirigé  en  ces  dernières 
années  nombre  de  vacations  en  ce  genre,  le  plus 
souvent  avec,  pour  commissaire-priseur,  M*  De- 
lestre,  qui  vient  de  prendre  sa  retraite. 

Ces  ventes,  préparées  avec  beaucoup  de  soin, 
certaines  annoncées  par  des  catalogues  illustrés 
s'adressantà  un  public  sérieux  et  fidèle,  n'avaient 
peut-être  pas  un  très  grand  retentissement. 
Elles  n'en  étaient  pas  moins  appréciées  des  ama- 
teurs et  des  habitués  de  l'Hôtel. 

M.  N. 

ESTAMPES 

Ventes  annoncées.  —    A  Paris.  —  Le  29 

et  le  30  janvier,  auront  lieu  à  l'Hôtel  Drouot, 
salle  7,  deux  ventes  d'estampes  dirigées  l'une  et 
I  autre  par  M»  André  Desvouges  (successeur  de 
M"  Delestre)  et  M.  Loys  Delteil. 

La  première  comprend  des  estampes  modernes 
et  des  dessins,  avec,  comme  noms  à  retenir  : 


ANCIEN    ET   MODERNE 


29 


Bracquemond,  Buhot,  Carrière,  Corot,  Daubigny. 

Daumier,    Delacroix,     Fantin-Lantin,    Gaillard, 

A.    Lunois,  Manet,  Méryon   (près   de  quarante 

numéros),  Hops,  Whistler  et  Zorn. 

La  seconde  est  composée  destampès  anciennes, 

et    surtout   d'œuvres    des    écoles    française    et 

anglaise  du  xviii=  siècle  :  Boilly,  Boucher,  Debu- 

court,  Cl.  Lorrain,  J.-B.  Huet,  Lavreince,  Moreau 

le  Jeune,  Prudhon  (une  vingtaine  de  numéros), 

Taunay,  etc.,  y  sont  parmi  les  mieux  représentés. 

Des  dessins  et  des  catalogues  illustrés  complètent 

la  vente. 

R.  G. 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Cercle  Volney. — Aussi  ponctuel  que  restreint, 
le  premier  Salon  d'hiver  ne  catalogue  que  194  nu- 
méros, 161  peintures  et  33  sculptures.  C'est  un 
mérite.  Et  ce  n'est  pas  le  seul.  Les  snobs,  il  est 
vrai,  n'y  trouveront  ni  statues  décapitées,  ni 
ruines  volontaires,  ni  synthèses  ressemblantes  à 
des  cartons  pour  vitraux  décadents  ;  mais  n'est- 
ce  pas  une  compensation  nécessaire  aux  récents 
excès  du  Salon  d'automne"?  Et  s'il  est  exact  que 
nos  expositions,  comme  nos  concerts,  reflètent 
les  différents  partis  qui  nous  divisent,  voici  donc 
un  Salon  de  tout  repos.  Le  fini,  pourtant,  qui  le 
signale,  n'est  pas  toujours  cette  flatterie  sour- 
noise aux  regards  bourgeois,  que  dénonçait  le 
romantisme  bientôt  centenaire  du  bon  Théophile 
Gautier  ;  dans  une  moyenne  plus  qu'honorable, 
encore  qu'un  peu  grise,  on  y  trouve  sans  effort 
des  preuves  d'originalité  d'autant  plus  vraies 
qu'elles  sont  discrètes  ;  et  le  salonnier  se  demande 
toujours  :  si  j'étais  collectionneur  comme  les 
regrettés  Charles  Hayem  ou  Camille  Groult,  que 
remarquerais-je,  entre  quelles  œuvres  hésiterait 
mon  choix?  C'est  un  critérium;  car  le  plaisir 
individuel  a  la  secrète  ambition  de  se  rapprocher 
du  goût  ! 

Nommons  donc,  sans  plus  tarder,  MM.  Guillon- 
net  et  Raymond  Woog  :  l'un,  mélomane  et  pré- 
occupé du  poudroiement  lumineux,  portraitiste 
d'une  élégante  jeune  fille  au  piano  dans  une  lueur 
orangée,  parmi  les  hortensias  bleus  :  portrait 
supérieur  à  celui  de  M.  Jean  Péi-ier  dans  «  Pelléas  »  ; 
—  l'autre,  également  familial,  dans  les  portraits 
de  M"'"  Raymond  Woog  et  de  au  fille,  où  les  gris 
rosés  s'harmonisent  avec  la  robe  beige  d'un  grand 
chien  fidèle,  aux  yeux  vifs  ;  et  la  fantaisie  inti- 


tulée Dans  l'atelier  détache  une  silhouette  noire 
et  blonde  sur  la  clarté  des  cadres.  Ces  deux 
artistes  ne  sont  pas  les  seuls.  Si  quelque  monotonie 
enchaîne  MM.  Buffet,  Rigolot,  Hémondet  Le  Goût- 
Gérard,  dont  la  Hollande  crépusculaire  est  ana- 
logue à  la  Bretagne,  certains  se  renouvellent  à  pro- 
pos :  M.  Gaston  Guignard,  l'animalier,  se  fait  por- 
traitiste ému  de  la  Grosse  mer;  M.  Chigot  s'affine, 
et  le  Dégel  ou  la  Terrasse  l'apparente  à  la  famille 
des  peintres  musicaux  du  silence  ;  sans  plagier 
Sisley  sur  les  bords  du  Loing,  M.  Gosselin  stylise 
harmonieusement  l'azur  blond  d'un  Matin  d'au- 
tomne ;  aux  environs  de  Paris,  M.  Barau  quitte 
les  verdures  champenoises  pour  rider  l'étang  rose, 
miroir  d'un  ciel  invisible  ;  M.  Bompard  délaisse 
Venise  pour  ensoleiller  la  Cathédrale  de  Rodez  et 
s'affirmer  beau  peintre  en  imitant  la  matière 
savoureusement  bleue  des  Poteries  persanes  ;  la 
Venise  de  M.  Saint-Germier  séduit,  au  contraire, 
M.  Diéterle.  Aux  marchés  de  la  Brie,  M.  Georges 
Roussel  trouve  des  motifs  lumineux.  Classiques 
fantaisistes,  M.  Devarabez  ameute  une  foule 
lilliputienne  autour  de  l'Épave,  et  M.  Laparra  sur- 
prend la  jeunesse  nue,  laissant  toute  ambition 
mythologique  au  superbe  modèle  que  .M.  Guinier 
nomme  la  lymphe  Écho.  Près  de  M.  Léandre, 
portraitiste  des  cheveux  blancs  ou  du  chapeau 
cloche,  on  salue  les  mérites  consacrés  du  pur 
M.  Jules  Lefebvre,  du  précis  M.  Gabriel  Ferrier, 
du  poétique  M.  Demont  ;  tandis  que  M.  Maignan 
nous  arrête  devant  la  Porte  du  collège  d'Eu, 
M.  Cormon  passe  de  l'entrain  d'une  Bacchanale 
au  recueillement  d'un  Intérieur.  Nos  contempo- 
raines, coiffées  à  la  grecque,  ont  posé  devant 
MM.  Bordes,  Lauth  et  MuUer  ;  les  fleurs  posent 
volontiers  sous  les  yeux  d'amant  de  M.  Cesbron. 
Mais  c'est  en  sculpture  que  la  physionomie 
triomphe.  Parmi  les  socles  où  dominent  le  genre 
polychrome,  illustré  par  la  douce  Harmonie  de 
M.  Levasseur,  auprès  des  bronzes  nerveux  de 
M.  Landowski,  quatre  bustes  font  diversement 
honneur  à  la  tradition  française  :  le  Paul  Meurice 
marmoréen  de  M.  Sicard,  le  Rcyer  moustachu  de 
M.  Jean  Hugues,  le  Cormon  spirituellement  ascé- 
tique de  M.  Greber,  la  très  caractéristique  Jeune 
fille  de  la  campagne  romaine  de  M.  Denys  Puech.  Et 
quand  il  aura  nommé  les  bijoux  de  M.  Le  Coûteux, 
le  salonnier  se  croira  quitte  envers  cette  quarante- 
quatrième  année  d'exposition. 

Raymond  Bouyer. 


30 


LE    BULLETIN    DE   L'ART 


CORRESPONDANCE  DE  LONDRES 


Les  Salons  d'hiver. 

L'Exposition  d'hiver  des  «  Maîtres  anciens  »,  à 
l'Acaderay,  est  plus  intéressante  cette  année 
que  l'année  dernière.  Il  y  a  d'abord  le  noyau  de 
ce  qui  aurait  pu  être  une  magnifique  exposition 
d'Hogarth,  et  l'on  ne  saurait  trop  remercier 
le  comte  de  Normanlon  d'avoir  prêté  la  Graham 
Family,  et  la  comtesse  d'Ilcliester,  the  Conquest  of 
Mexico.  Les  admirateurs  de  l'esquisse  fameuse, 
tlie  Shrimp  Girl,  qui  se  trouve  à  la  National  Gal- 
lery,  se  réjouissent  de  pouvoir  contempler  tout  à, 
leur  aise  cette  autre  merveille,  t/ie  Staymaker. 
C'est  devant  ces  toiles  qu'on  se  prend  à  regretter 
quellogarth  ait  trop  souvent  versé  danslamorale 
et  la  sentimentalité. 

Il  faut  signaler  aussi  quelques  primitifs  de 
l'école  flamande.  MM.  Duveen  ont  prêté  l'Adora- 
tion des  Mages,  de  Quentin  Matsys,  provenant  de 
la  collection  R.  Kann,  deux  volets  d'un  triptyque 
par  Gérard  David  et  une  Adoration  dea  hois,  par 
Henri  de  Blés. 

A  côté  d'eux,  il  faudrait  placer  quelques  pri- 
mitifs italiens  dont  le  plus  remarquable  serait 
une  Pietà  de  Filippino  Lippi. 

L'école  française  est  représentée  par  quelques 
œuvres  de  Clouet,  de  Corneille  de  Lyon,  par  un 
très  bon  Le  Nain  et  une  magnifique  étude  de 
Fragonard;  l'école  anglaise  du  xviii«  siècle  par 
les  portraits,  dits  Bunhury  portraits,  de  Ileynolds 
et  par  un  Portrait  de  Burke,  que  l'on  dit  être  de 
Uomney.  Ne  faudrait-il  pas  l'attribuer  plutôt  à 
Hoppner? 

Il  y  aurait  aussi  à  signaler  un  Haphaêl,  un 
Rubens,  un  Van  Dyck  et  un  Titien,  mais  d'une 
authenticité  contestée. 

On  regrette  généralement  que  les  organisateurs 
n'aient  pas  consacré  toute  l'exposition  à  un  seul 
peintre  —  à  Hogarth,  par  exemple,  —  qui  est 
fort  mal  connu;  cela  eût  mieux  valu  que  l'en- 
semble un  peu  décousu  qu'on  nous  présente,  si 
intéressant  soit-il. 


Vlntcmalional  Society  of  sculptors,  painters  and 
gravers  a  également  ouvert  ses  portes  il  y  a 
quelques  semaines.  Ce  qui  nous  y  frappe  dès  le 
premier  coup  d'œil,c'estqu'elle  semble  consacrée 
à  la  mémoire  de  grands  artistes  morts  ;  et  l'on 
peut  se  demander  si  c'est  un  signe  de  vitalité 


pour  une  société  de   montrer  avant  tout   tant 
d'œuvres  de  maîtres  disparus? 

C'est  ainsi  que  tout  un  côté  de  là  North  Room 
est  accordé  au  Théâtre  de  Belleville  de  Carrière. 
Si  l'on  pense  à  la  lumière  d'hiver  de  Londres, 
qui  s'ajoute  au  brouillard  du  maître,  on  com- 
prendra qu'il  est  malaisé  de  distinguer  quelque 
chose  dans  cette  toile  immense. 

C'est .  ainsi  encore  qu'à  part  l'Homme  qui 
marche,  de  Kodin,  toute  la  sculpture  semble  se 
réduire  aux  œuvres  de  Jules  Dalou  (du  n"  284  au 
n"  3031. 

Par  ailleurs,  nous  regrettons  l'absence  des 
maîtres  qui,  les  années  précédentes,  amenaient 
le  public  à  la  New  Gallery  :  Aman-Jean,  Besnard, 
Boldini,  Breitner,  Chase,  Cranhall,  Guthrie, 
Horvel,  Zuloaga,  Zorn. 

11  nous  reste  à  signaler  maintenant  Frost  and 
Mist,  une  symphonie  en  blanc  de  M.  George 
Sauter;  une  Matinée  de  printemps  de  M,  Joseph 
Oppenheimer;  The  Costumiers  de  M.  William  Ni- 
cholson;  theShrimp  GirldeU.  Blanche (a-t-il pensé 
à  la  Shrimp  Girl  d'Hogarth  ?),  et  le  Portrait  de 
Zuloaga  du  même  artiste  ;  un  beau  Portrait  de 
M.  Lucien  Simon  de  M.  Cotlet;  un  curieux  Por- 
trait de  Miss  Pauline  Chase  de  M.  Lavery. 

Dans  le  West  Room,  on  trouve  un  Monet,  Prin- 
temps (IS7o};  un  Renoir,  Portrait  de  M"'«  M... 
(18H);  enfin  M.  Strang,  le  nouveau  vice-président 
de  la  Société,  y  montre  une  Solitude  dans  des 
couleurs  moins  criardes  que  d'habitude. 

Ailleurs,  un  bon  Portrait  de  Miss  Maud  Joachim, 
par  M.  Masley  Fletcher;  un  Mancini,  un  Orpea 
très  intéressant  :  Portraits  de  Sir  Vere  Forsler, 
Lady  Forster  et  leur  fille;  des  paysages  de  Frank 
Mura,  d'Kmile  Claus,  de  Georges  Buysse  et  de 
Simon  Bussy. 

A.  T. 


NOTES  &  DOCUMENTS 


TJn  portrait  du  musée  Rath 
et  la  pseudo  "  Fornarina  »  des  Offices. 

F.N   (1) 

Où  faut-il  aller  pour  se  faire  une  opinion  '? 

Incidenimeut.uotre  savant  confrère,  M.Adolphe 
Veuturi,  dans  un  grand  article  sur  les  Tableaux 
italiens  de  la  galerie  nationale  de  Budapest  {l'Arle, 

1.  Voir  le  n*  367  du  Bulletin. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


31 


1900,  p.  18b  et  suiv.),  avait  traité  la  question. 
Il  y  a,  en  effet,  au  musée  de  Budapest,  un  grand 
et  beau  Portrait  de  jeune  homme,  de  la  main  de 
Sébastien  del  Piombo,  Après  l'avoir  étudié  avec 
son  soin  et  sa  compétence  ordinaires,  M.  A.  Ven- 
turi  donne  une  liste  d'ouvrages  qu'il  considère 
comme  ayant  des  caractères  communs  avec  ce 
tableau  : 

La  Fornarina,  de  la  Tribune  des  Offices; 

Le  Portrait  d'un  violoniste,  jadis  dans  la  galerie 
Sciarra,  aujourd'hui  chez  M.  le  baron  G.  de 
Rothschild,  à  Paris; 

Le  Portrait  de  femme,  de  lij.  galerie  de  Blen- 
heim,  en  Angleterre  ; 

Le  Portrait  du  cardinal  del  Monte,  autrefois 
dans  la  galerie  Fabris,  aujourd'hui  en  Angleterre  ; 

Le  Portrait  de  Ferry  Carondelet  et  de  son  secré- 
taire, attribué  à  Raphaël,  de  la  galerie  du  duc  de 
Grafton,  en  Angleterre. 

L'auteur  ajoute  :  «  Tous  ces  ouvrages  ont  des 
caractères  communs,  qui  ne  se  trouvent  jamais 
chez  Haphaël.  Et  de  cela,  tout  le  monde  est 
convaincu  ». 

Il  n'est  pas  tout  à  fait  sûr  qu'en  1900  tout  le 
monde  fût  convaincu  de  la  vérité  de  cette  asser- 
tion. 11  devait  y  avoir  au  moins  un  récalcitrant, 
que  visait  l'affirmation  contenue  dans  la  dernière 
phrase.  Mais  peu  importe.  Aujourd'hui,  nous  ne 
sommes  plus  le  seul  à  affirmer  que  la  Fornarina 
des  Offices  ne  peut  être  de  Sébastien  del  Piombo. 
Voyons  ce  que  dit  la  liste  de  notre  savant  con- 
frère. 

D'abord,  il  faut  en  écarter,  dans  la  discussion 
présente,  le  portrait  du  cardinal  aujourd'hui 
«  en  Angleterre  ».  L'histoire  de  l'art  n'est  pas 
une  doctrine  ésotérique,  dont  les  disciples  se 
passent  l'un  à  l'autre,  de  bouche  à  oreille,  les 
mystérieux  secrets.  C'est  une  science  qui,  comme 
toutes  les  autres,  doit  mettre  ses  preuves  sous 
les  yeux  de  tous,  et  qui,  si  elle  ne  le  peut  pas, 
doit  au  moins  donner  à  tous  le  moyen  de  se  pro- 
curer ses  preuves.  Il  est  probable  que  M.  A.  Ven- 
turi  a  vu  le  tableau  en  Italie  avant  l'exode  en 
Angleterre,  à  moins  que  le  propriétaire  actuel 
ilu  tableau  n'exige  que  l'on  taise  son  nom.  Dans 
les  deux  cas,  le  portrait  doit  rester  hors  de  la 
discussion. 

Nous  ne  connaissons  —  jusqu'à  présent  —  le 
Violoniste  que  par  la  photographie  et  par  d'excel- 
lentes copies,  dont  une  au  palais  Corsini  de  Flo- 
rence. Nous  ne  voyons  pas  clairement  que  ce 
portrait  soit  de  Sébastien  del  Piombo;  il  nous 
paraît  être  d'un  dessin  beaucoup  plus  fort,  d'un 


modelé  beaucoup  plus  serré  que  celui  du  Portrait 
de  jeune  homme  de  la  galerie  de  Budapest.  Ce 
dernier  a  de  grandes  qualités  de  couleur  et  de 
charme,  un  dessin  assez  juste,  sans  grande  puis- 
sance et  un  modelé  plutôt  faible.  On  le  voit,  nous 
sommes  loin  de  penser  que  le  portrait  de  jeune 
homme  de  Budapest  ait  avec  la  pseudo-Fo-narma 
«  des  caractères  communs  ».  Ce  sont  deux  arts 
aussi  opposés  que  possible,  l'un  vénitien,  chez 
lequel  la  préoccupation  de  la  couleur  l'emporte 
sur  celle  du  dessin;  l'autre  florentin,  qui  est  fort 
loin  de  mépriser  la  couleur,  mais  qui  fait  passer 
la  forme  avant  tout. 

Et  maintenant,  en  voyant  notre  savant  confrère 
mettre  ensemble,  classer  dans  une  seule  et  même 
famille,  divers  ouvrages  qui  ne  sont  pareils  qu'au 
premier  aspect,  tandis  qu'au  fond  ils  sont 
foncièrement  différents,  voire  même  opposés, 
n'avons-nous  pas  le  droit  de  penser  que  le  portrait 
de  femme  de  Blenheim  et  celui  de  Carondelet 
ont  aussi  été  assimilés  indiiment  au  groupe  en 
réalité  si  peu  compact  que  nous  avons  discuté, 
ou,  du  moins,  à  certains  ouvrages  de  ce  groupe  ? 

Il  est  vraiment  regrettable  qu'une  question  de 
cette  importance  ait  été  tranchée  sans  que  l'on 
mît  sous  les  yeux  des  lecteurs  les  meilleures 
reproductions  possibles.  Nous  espérons  que  quel- 
que morelliste  convaincu  le  fera  prochainement. 

Quant  à  nous,  puisque  la  discussion  est  enga- 
gée, nous  ferons  nos  efforts  pour  aller  voir  le 
plus  tôt  possible  les  originaux  cités,  qui  seuls 
pourraient  prouver  quelque  chose,  peut-être. 

E.  Durand-Gréville. 

LES      REVUES 


France 

Art  et  décoration  (décembre).  —  Une  Expoxilion 
d'artistes  russes  à  Paris,  par  Denis  Roche.  —  Le 
Bulletin  a  rendu  compte  de  cette  récente  exposition. 

—  Capiello,  dessinateur  et  affichiste,  par  M.  M. -P. 
Verneuil. 

—  L'exposition  des  artistes  décorateurs  au  pavillon 
(le  Marsan,  par  Paul  Cornu. 

Allemag.ne 

"Walhalla  (1907,  III).  —  La  majeure  partie  de  ce 
lu.Kueux  recueil  annuel  qui,  à  Munich,  depuis  1903, 
publie  des  études  sur  la  vie,  l'art  et  l'histoire  des 
idées  allemandes, est  consacrée  à  Miilhius  Grunewald. 

L'auteur,  M.  Franz  Bock,  discute,  les  unes  après 
les   autres,  toutes  les   opinions  qui  ont  été   émises. 


32 


LE    BULLETIN   DE  L'ART 


depuis  le  xvi*  siècle  sur  le  célèbre  peintre.  Il  établit 
ensuite  les  origines  de  son  génie  et  énumère  non 
seulement  ses  œuvres,  mais  un  certain  nombre  de 
travaux  —  tels  les  bustes  conservés  aux  Hospices  civils 
de  Strasbourg  —  où  il  veut  reconnaître  l'influence  du 
maître  d'AschafTenbourg.  Parmi  les  autres  études, 
signalons  celle  de  M.  Ulrich  Schmid  sur  le  Symbole 
du  dragon  dans  l'arl.  Le  fascicule  reproduit,  en  outre, 
un  grand  nombre  d'oeuvres  allemandes  peu  connues. 

—  André  Girodie. 

Italie 

L'Arte  (X,  6).  —  Barlolomeus  Riibeiis  et  un  trip- 
tyque signé  de  la  cathédrale  d'Acqui,  par  F.  Pei-lati. 

—  Depuis  deux  années  la  discussion  est  ouverte  sur 
l'identité  du  peintre  Bartolomeus  Rubeus. 

M.  Herbert  Cook  publia,  en  1903,  dans  la  Gazette 
des  beaux-arts,  un  Saint  Michel  appartenant  à  la 
collection  Werhner,  de  Londres,  et  signé  Barlolomeus 
Rubeus;  ce  tableau  provenait  d'Espagne;  cependant 
l'auteur  l'attribuait  à  un  primitif  français,  à  un  maître 
Roux,  qui  l'aurait  peint  vers  1470. 

Mais  Castellas,  dans  la  l'eu  de  Catalunya,  fit 
connaître  que  le  cloître  de  la  cathédrale  de  Barcelone 
possédait  une  l'ietà  donnée  en  1490  par  un  chanoine, 
et  signée  :  Opus  Bartholomei  Vermejo  Cordubensis  ; 
Rubeus  et  Vermejo,  ou  Bermejo,  étaient  donc  les 
formes  latine  et  espagnole,  et  le  nom  d'un  même 
peintre  que  Castellas  reconnut  pour  appartenir  à 
l'école  de  Nuremberg. 

Récemment,  M.  Emile  lîertaux  reprit  la  question 
dans  la  Revue  de  l'art  (t.  XX,  p.  411),  lequel,  trouvant 
dans  la  signature  de  Uubeus  un  r  caractéristique  de 
l'écriture  espagnole  du  xv°  siècle,  releva  des  différences 
entre  le  Saint  Michel  de  la  collection  Wernher  et  la 
l'ietà  de  Barcelone,  et  conclut  que,  si  l'auteur  du 
Saint  Michel  était  Bart.  Bermejo,  il  avait  dii  avoir 
une  éducation  artistique  flamande  et  connaître  les 
œuvres  des  peintres  italiens  du  xv*  siècle. 

M.  W.  Dowdeswel  {Burlington  Magazine,  janvier 
1906)  compara  le  Sainl  Michel  avec  la  partie  centrale 
de  la  Sainte  Catherine  du  musée  de  Pise,  attribuée  à 
Lucas  de  Leyde,  et  y  reconnut  la  même  main  ;  comme 
cette  œuvre  porte  des  traces  d'influence  flamande 
irréfutables  et  qu'elle  provient  du  couvent  de  Saint- 
Dominique  de  Pise,  M. Dowdeswel  conclut  que  l'auteur 
était  un  artiste  ayant  étudié  dans  les  Flandres  et 
travaillé  en  Espagne  et  en  Italie. 

M.  Sanpere  y  Miquel  fit  deux  artistes  de  ce  person- 
nage :  l'un,  Bermejo  ou  Vermejo,  serait  l'auteur  de 
la  l'ietà  de  Barcelone  et  de  la  Sanla  Faz  de  Vicli, 
et  l'autre,  auteur  du  Saint  Michel  (Wernher),  serait 
un  peintre  catalan  Rubio  ou  Rojo,  élève  de  Luis 
Dalmau. 

M.  F.  de  Mély,  dans  la  Revue  de  l'art,  revint  sur  la 
question  et  chercha  s'il  n'avait  pas  existé  en  Italie  un 
artiste  à  qui  pourrait  être  attribuée  la  Sainte  Cathe- 
rine de  Pise  et.  conséquemment,   le  Saint  Michel  : 


il  trouva  une  famille  ferraraise  de  la  seconde  moitié 
du  XV  siècle,  dont  la  généalogie  s'établissait  ainsi  : 
Bartolommeo  delta  il  Rosso,  mort  avant  1473  ;  son 
fils,  Domenico  Brasoni  (Domenicus  Rubeus),  mort 
avant  1486  ;  son  fils,  Bartolomeo  Brasoni,  mort  en 
1517  et  enterré  dans  l'église  Santa  Maria  del  Va.  On 
s'était  bien  occupé  des  deux  derniers  —  Venturi, 
notamment,  —  mais  on  ne  possédait  aucun  rensei- 
gnement sur  le  premier. 

Or,  dans  la  sacristie  de  la  cathédrale  d'Acqui, 
M.  Pellati  vient  de  retrouver  un  triptyque  estimable 
qui  porte,  au  bas  du  panneau  central,  selon  l'usage 
italien,  la  signature  :  Bartolomeus  Rubeus  (une  repro- 
duction est  jointe  à  l'article).  Ce  panneau  réprésente 
une  Vierge  assise  avec  l'Enfant  ;  agenouillé  à  ses 
pieds,  un  donateur;  au  fond,  un  paysage  minutieuse- 
ment détaillé.  Sur  les  volets,  qui  sont  d'une  autre 
main  :  à  gauche,  la  Nativité  de  Iq  Vierge,  avec,  en 
bas.  Saint  François  recevant  les  stigmates;  à  droite, 
la  Présentation  au  Temple,  et  en  bas  un  Saint 
guerrier. 

Il  y  a  évidemment  des  traces  indéniables  de  l'in- 
fluence flamande  en  cette  œuvre,  comme  dans  le 
Saint  Michel  de  Londres  et  la  Sainte  Catherine  de 
Pise;  mais  les  caractères  italiens  sont  plus  évidents 
encore.  L'auteur  n'a  trouvé  aucun  renseignement  sur 
l'artiste  dans  les  archives  capitulaires  ;  cependant,  il 
ne  ressort  pas  de  ces  recherches  sur  les  conditions  de 
l'art  de  peindre  dans  le  haut  Montferrat  pendant  la 
seconde  moitié  du  xv  siècle  (époque  où  fut  exécuté 
ce  tableau),  que  ce  mystérieux  artiste  ait  pu  vivre  et 
longtemps  travailler  dans  la  vallée  de  la  Bormida. 
L'hypothèse  de  M.  de  Mély  garde  cependant  une  part  de 
vraisemblance  et  ne  doit  pas  être  écartée  à  priori. 
Mais,  pour  M.  Pellati,  l'auteur  du  triptyque  d'Acqui 
est,  selon  toute  probabilité,  un  quattrocentiste  cata- 
lan, qui  a  étudié  à  Bruges  la  manière  flamande  et  qui 
s'en  fut  ensuite  travailler  en  Italie  et  en  Espagne. 
Rubeus  et  le  Vermejo  Cordubensis  sont-ils  un  seul  et 
même  personnage  'î  L'auteur,  qui  ne  connaît  la  Pietà 
de  Barcelone  que  d'après  une  photographie,  ne  veut 
pas  se  prononcer:  sa  découverte  et  ses  conclusions, 
si  intéressantes  dans  l'état  actuel  de  la  science,  méri- 
taient d'être  signalées  avec  quelques  détails. 

l'our  l'histoire  de  l'art  dans  les  Marches,  par 

Arduino  Colasanti. 

Les  Portes  de  bronze  du  Castelnuovo  à  Naples,  par 

Michèle  Biancale.  —  Fondues  à  la  fin  du  xV  siècle  par 
Guglielmo  Monaco,  d'après  une  inscription  contem- 
poraine, elles  sont  ornées  de  bas-reliefs  fort  intéres- 
sants, représentant  les  exploits  de  Ferdinand  d'Aragon. 

—  .M.  Adolfo  Ventuki  parle  du  séjour  de  Donalello 
à  Padoue,  où  il  alla  à  la  fin  de  1443,  et  de  ses  colla- 
borateurs, pour  l'autel  de  l'église  du  saint  patron  de 
cette  ville. 


Le  (Jérant  :  H.  Dkms. 

pani.  —  Imp.  iieorKei  Hetil,  M,  rue  Uodot-de-Hauroi. 


Numéro  369. 


Samedi  1"  Février  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


L'ART 


Société  industrielle  de  Mulhouse 


Tandis  que  l'exposition  des  toiles  peintes,  au 
musée  Gailiera,  montre  aux  visiteurs  charmés 
les  éléments  essentiels  de  cette  «  tradition  de  la 
toile  imprimée  »,  que  M.  Henri  Clouzot  commente 
de  si  attrayante  façon  dans  ses  articles  de  la 
Hevue,  il  s'est  produit  un  petit  événement  qu'il 
sied  de  mettre  en  relief,  pendant  qu'il  en  est 
temps  encore  :  cette  semaine,  au  cours  de  sa 
séance  annuelle,  la  Société  d'encouragement 
pour  l'industrie  nationale  a  décerné  sa  plus 
haute  récompense,  la  médaille  Chaptal,  à  la 
Société  industrielle  de  Mulhouse,  fondée  enJ8l6, 
en  mt'me  temps  que  M.  Auguste  Dollfus,  son 
président,  recevait  la  rosette  de  la  Légion 
d'honneur. 

Or,  la  Société  industrielle  de  Mulhouse  n'est 
pas  seulement  un  modèle  d'association  mutua- 
liste, dont  les  traditions  d'initiative  et  de  géné- 
rosité ne  sont  plus  à  louer  ;  et  quoique  ses  efforts 
dans  l'ordre  des  questions  sociales  d'intérêt 
général  puissent  suffire  à  sa  gloire,  elle  ne  s'est 
pas  uniquement  cantonnée  dans  ce  domaine. 
Ses  cités  ouvrières,  ses  associations  préventives 
contre  les  accidents  du  travail,  ses  caisses  de 
prévoyance,  ses  écoles  de  filature,  de  tissage  et 
de  chimie  industrielle,  toutes  les  améliorations 
du  sort  de  l'artisan  et  tous  les  perfectionnements 
de  l'industrie  qu'elle  a  réalisés  —  et  cela  sans 
jamais  solliciter  ni  accepter  aucune  subvention 
du  gouvernement  ou  de  la  ville,  afin  de  conserver 
toute  son  indépendance,  —  la  Société  n'a  consi- 
déré tout  cela  que  comme  une  partie  de  sa  tâche. 
Elle  s'est  rappelée  que  l'industrie-mère  de 
Mulhouse,  celle  des  toiles  peintes,  exige  non 
seulement  la  science  du  chimiste  et  du  coloriste, 
mais  aussi  le  goût  et  la  perfection  des  dessins 
qui  doivent  sans  cesse  se  renouveler  pour  suivre 


les  fluctuations  de  la  mode,  et,  en  conséquence, 
elle  a  de  bonne  heure  accordé  une  place  consi- 
dérable au  culte  de  l'art.  Elle  a  donc  fondé  un 
musée  des  beaux-arts  contenant  surtout  des 
tableaux  de  maîtres  français,  un  musée  décoratif, 
une  école  de  dessin  d'ornement,  une  école  de 
gravure,  une  école  d'art  industriel  pour  jeunes 
filles,  enfin  une  école  de  dessin  de  machines, 
destinée  à  former  des  mécaniciens  constructeurs. 

Sans  méconnaître  ses  mérites  industriels  et 
sociaux,  ce  sont  plus  spécialement  ses  litres  ar- 
tistiques qui  font  que  nous  nous  réjouissons  ici 
du  haut  témoignage  d'admiration  pour  son  œuvre 
si  diverse  et  si  féconde,  que  vient  de  recevoir  la 
Société  industrielle  de  Mulhouse.  Dans  une  ville 
où  l'industrie  était,  pour  ainsi  dire,  née  des  arts, 
elle  a  su  garder  aux  arts  une  place  nécessaire  et 
les  associer  étroitement  aux  perfectionnements 
industriels. 

Et  si  elle  a,  ce  faisant,  rempli  à  souhait 
le  premier  article  de  son  programme,  qui  est 
«  l'avancement  et  la  propagation  de  l'industrie 
par  la  réunion,  sur  un  point  central,  d'un  grand 
nombre  d'éléments  d'instruction  »,  elle  a  montré 
par  surcroit,  comme  on  l'a  dit  l'autre  jour  élo- 
quemment,  que  «  dans  la  plus  petite  ville,  avec 
des  moyens  restreints,  il  est  possible  de  faire  des 
choses  utiles,  lorsqu'il  y  soufUe  un  esprit  d'ini- 
tiative, de  désintéressement  et  de  dévouement 

au  bien  public  ». 

E.  1). 


ÉCHOS    ET   NOUVELLES 


Académie  des  beaux-arts  (séance  du  2.5  janvier). 
—  L'Académie  est  informée  qu'elle  va  entrer  eu  pos- 
session, l'usufruitier  étant  mort  réceuiment.  d'un 
legs  dont  elle  était  nue  propriétaire  depuis  1883. 

Ce  legs  lui  a  été  fait  par  .M"°  Amélie  Ardoin.  11 
consiste  en  une  somme  d'environ  50.000  fr.,  dont  les 
revenus  serviront  à  fonder  un  prix  pour  »  les  jeunes 
(illes  pauvres  qui  se  destinent  à  la  carrière  des  arts 


34 


LE    BULLETIN    DE    L'AKT 


et  dont  la  position  de  fortune  est  souvent  un  empê- 
chement pour  arriver  à  la  réputation  ". 

Ce  prix  sera  décerné  tous  les  ans,  après  un  con- 
cours jugé  par  l'Académie  des  beaux  arts. 

—  lia  été  ensuite  procédé  au  tirage  au  sort  des  jurés 
qui  seront  adjoints  aux  membres  des  cinq  sections 
de  l'Académie  pour  rendre  les  jugements  sur  les  con- 
cours pour  les  prix  de  liome  à  décerner  en  1908. 

Ont  été  désignés  : 

l'einture.  —  Titulaires  :  MM.  Schommer,  Raphai'l 
Collin,  Wencker,  Bordes,  Gervex,  Priant,  Agache.  — 
Adjoints  :  MM.  Joseph  Bail,  Maxence,  Chabas, 
Roybet. 

Sciilpliire.  —  Titulaires  :  MM.  Tony  Noël,  Sicard, 
Cariés  et  Larcho. . —  Adjoints  :  MM.  Boucher  et  Lom- 
bard. 

Architecture.  —  Titulaires  :  MM.  Recoura,  Sortais, 
Gassien  Bernard  et  Lisch.  —  Adjoints  :  MM.  Mayeux 
et  Lambert. 

Gravure  en  taille  douce.  —  Titulaires  :  MM.  Jules 
Jacquet  et  Dezarrois.  —  Adjoint  :  M.  Buland. 

Gravure  en  médailles  et  en  pierres  fines.  —  Titu- 
laires :  MM.  Dupré  et  Bottée.  —  Adjoint  :  M.  Vernon. 

t'o>nposition  musicale.  —  Titulaires  :  MM.  Paul 
Hillemacher,  Coquard  et  Wormser.  —  Adjoints  : 
MM.  Ch.  Lefebvre  et  Widor. 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 

(séance  du  24  janvier).  —  Le  président  lit  une  notice 
nécrologique  sur  le  baron  de  Rosen,  orientaliste 
distingué,  correspondant  de  l'Académie  à  Saint- 
Pétersbourg  depuis  1896,  récemment  décédé. 

—  M.  Delisle  présente  et  décrit  avec  éloges  l'ou- 
vrage que  vient  de  publier  M.  Léon  Dorez  sous  ce 
titre  :  les  Manuscrits  à  peinture  de  la  bibliothèque  de 
lord  Leicester  à  llolkham  Hall  (Norfolk),  choix  de 
miniatures  et  de  reliures,  publié  sous  les  auspices  de 
l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres  et  de  la 
Société  de  bibliophiles  français. 

—  M.  Potticr  fait  conoaitre  une  note  additionnelle 
du  P.  Konzevalle  relative  à  l'inscription  du  monument 
phénicien  publié  dans  les  comptes  rendus  de  l'Aca- 
démie en  1907,  et  en  proposant  une  nouvelle  lecture. 

Musée  du  Louvre.  —  Le  musée  du  Louvre  vient 
d'ac(|uérir  un  torse  antique  en  marbre  blanc. 

Il  a  reçu  en  outre  de  M.  L.  Nardus  un  tableau  de 
Morland,  représentant  un  Intérieur  d'écurie. 

Musée  de  Cluny.  —  Une  statuette  de  Vierge,  en 
marbre,  de  la  première  moitié  du  xiv  siècle,  vient 
d'entrer  au  musée  de  Cluny. 

Musées  de  la  'Ville  de  Paris.  —  C'est  i  dater 
d'aujourd'hui  1"  lévrier  que  le  vote  du  Conseil  muni- 
cipal, établissant  un  droit  d'entrée  dans  les  musées  de 
la  Ville  de  Paris  (Petit-Palais,  Carnavalet,  Cernuschi, 
(îalliera,  Victor  Hugo)  commencera  d'avoir  son  effet. 
Seule  la  collection  Dutuit  restera  gratuitement  ouverte 
au  public,  selon  les  volontés  du  donateur. 


Musée  de  la  Comédie-Française.  —  La  Comé-" 
die- Française,  qui  possédait  déjà  une  statuette  de 
Didier  Seveste  par  L.  Fagel,  vient  de  recevoir  de  la 
sœur  du  jeune  comédien  tué  à  Buzenval  en  1870,  un 
tableau  deJ.-F.  HalfaiMli,  représentant  Seveste  en  uni- 
forme de  lieutenant  de  francs-tireurs,  debout  à  la 
tête  do  ses  hommes,  faisant  le  coup  de  feu  contre  les 
Allemands. 

Société  des  Amis  du  Louvre.  —  La  Société  des 
.Amis  du  Louvre  a  tenu,  le  22  janvier,  son  assemblée 
^'énôrale  annuelle  à  l'École  des  beaux-arts,  sous  la 
présidence  de  M.  Georges  Berger,  député,  membre  de 
l'Institut.  .Après  une  chaleureuse  allocuticin  du  prési- 
dent, le  trésorier,  M.  G. -A.  Godillot,  a  rendu  compte 
de  la  situation  financière  de  la  société,  qui  est  excel- 
lente, puisque  les  cotisations  de  ses  membres  (20  fr. 
par  an  et  rachetables  par  un  versement  de  iiOO  fr.), 
rapportent  aujourd'hui  près  de  50.000  fr.;  le  secrétaire 
général,  M.  Raymond  Kœclilin,  a  annoncé  ensuite 
qu'on  avait  dépassé  cette  année  le  chill're de  2.500  adhé- 
rents, et,  après  avoir  rappelé  tous  les  avantages 
attribués  à  la  qualité  des  Amis  du  Louvre,  a  énuméré 
les  dons  faits  au  musée  en  1907  :  l'écuelle  en  vermeil 
de  Thomas  Germain,  un  miroir  arabe  du  xiu*  siècle, 
trois  dessins  de  Delacroix,  sans  compter  un  admirable 
bureau  d'OKbcn,  provenant  des  Invalides  et  entré  au 
Louvre  grâce  au  don,  fait  par  la  Société,  d'un  bureau 
moderne  destiné  à  le  remplacer. 

A  la  fin  de  cette  séance,  l'éloge  d'un  donateur  du 
Louvre  a  été  prononcé.  C'est  M.  Maurice  Tourneux 
qui  en  était  chargé  et  qui  a  lu  une  notice  très  attrayante 
et  pleine  d'aperçus  originaux  sur  Eugène  Piot. 

Société  des  Antiquaires  de   France.  —  A  la 

dernière  séance  de  la  Société  des  Antiquaires, 
.\I.  Mayeux  a  donné  lecture  d'une  étude  sur  l'icono- 
graphie du  grand  portail  de  Saint-Jean-le-Vieux  de 
Perpignan. 

Prix  Lheureuz.  —  On  sait  que  le  prix  I.heureux, 
dune  valeur  de  2.000  francs,  fondé  en  1900,  est  attribué 
alternativement  à  un  sculpteur  et  à  un  architecte  et 
qu'il  est  destiné  à  récompenser  «  l'auteur  de  la  plus 
belle  œuvre  de  sculpture  ou  d'architecture  exécutée  à 
Paris  au  cours  des  deux  dernières  années  ».  Décerné 
tour  à  tour  à  Dalou,  à  .M.  Charles  Girault,  à  Barrias, 
à  .M.M.  Pascal,  A.  Merciè,  Formigé  et  Cout.in,  c'est  à 
M.  Sauvageot  que  la  commission  spéciale,  présidée 
par  M.  Daumet,  membre  de  l'Institut,  l'a  attribué  cette 
année,  voulant  récompenser  par  là  l'œuvre  de  restau- 
ration de  la  vieille  église  Saint-Pierre  de  Montmarlre. 
entreprise  par  cet  architecte.  Par  une  coincidence 
fatale,  la  mort  est  venue  frapper  M.  Sauvageot  |pres- 
qii'au  moment  où  l'on  couronnait  ainsi  sa  carrière. 

A  Strasbourg.  —  Dans  la  dernière  séance  du 
conseil  municipal  de  Strasbourg,  le  maire,  M.  Schwan- 
dcr,  a  fait  un  exposé  des  travaux  de  la  commission 
spéciale  chargée  de  préparer  les  travaux  de  restau- 


ANCIEN    ET    MODEKNE 


3S 


ration  du  château  des  Rolian.  11  s'af,'it  momenta- 
nément d'une  mise  en  état  de  la  façade  et  de  la 
toiture.  D'après  les  devis  établis  par  M.  Knautli, 
architecte  de  l'œuvre  Notre-Dame,  les  Irais  seraient 
évalués  à  600.000  marks.  La  commission  du  Conseil 
s'est  montrée  favorable  au  projet,  à  condition  que  la 
délégation  accorde  une  subvention  de  200.000  marks 
sur  les  fonds  de  l'État  d'Alsace-Lorraine.  Une  requête 
dans  ce  sens  sera  rédij^ée  par  l'administration  muni- 
cipale. 

M.  le  professeur  Ziegler,  membre  du  Conseil,  a 
exprimé  sa  satisfaction  au  sujet  du  projet  et  espère 
que  l'on  pourra  rendre  au  château  son  ancienne  splen- 
deur. La  délégation  ne  saurait  faire  autrement  que 
de  participer  à  la  restauration  d'un  des  joyau.\  d'art 
du  pays;  il  l'espère,  du  moins,  car,  il  s'agit  de  conserver 
sur  le  sol  allemand  une  œuvre  de  l'architecture  fran- 
çaise de  tout  premier  ordre  ;  sur  ce  sol,  les  civilisa- 
tions de  deux  grands  peuples  ont  pris  contact  ». 

M.  Berninger,  architecte,  ajouta  qu'il  serait  souhai- 
table que  la  restauration  de  l'ancien  château  lut  faite 
sans  que  l'on  altérât  ni  la  forme  ni  le  ton  de  l'édi- 
fice. 11  ne  faut  pas  introduire  de  «  nouveaux  éléments 
décoratifs  »,  ainsi  qu'on  l'a  fait  pour  l'Hôtel  de  Ville. 
Le  maire  a  promis  que  rien  ne  serachangé  au  caractère 
de  l'œuvre. 

Le  'Van  Dyck  de  Courtrai.  —  h'ÉléviUion  de  lu 
Croix,  la  peinture  de  Van  Dyck  volée  il  y  a  un  mois 
dans  l'église  Notre-Dame  de  Courtrai,  a  été  retrouvée 
la  semaine  dernière,  au  village  d'Ardoye,  près  de 
Bruges,  dans  une  roulotte  où  elle  était  dissimulée. 

Nécrologie.  —  W'ilhebn  Hnsch.  —  Le  9  janvier 
est  mort,  dans  sa  retraite  de  Mechtershausen,  en 
Hanovre,  où  il  vivait  depuis  de  longues  années,  l'ar- 
tiste, poète  et  dessinateur,  peut-être  le  plus  populaire 
d'Allemagne,  l'humoriste  Wilhelm  Busch.  On  le  savait, 
par  quelques-uns  de 'ses  derniers  vers,  préparé  à  la 
mort  avec  une  douce  confiance,  et  il  s'est  éteint  sans 
bruit. 

Nous  avons  retracé,  en  abrégé,  sa  vie  et  ses  œuvres, 
i  l'occasion  du  jubilé  do  ses  70  ans  [Uullelin  n°  138, 
3  mai  1902).  11  n'y  a  presque  rien  à  ajouter  à  sa  bio- 
graphie :  une  dernière  date,  celle  qui  figure  en  tête 
de  ces  lignes,  et  le  titre  du  volume  (|u'il  publia  (1904), 
en  annonçant  que  ce  serait  le  dernier  :  Zu  ytiter 
Letzt  {Pour  la  bonne  fin),  car  il  tint  parole  et  il  n'y  en 
eut  plus  d'autre. 


Busch  dut  son  immense  popularité  à  la  justesse  de 
son  expression,  dans  le  mot  et  dans  le  trait,  dans  le 
comique  et  dans  le  grave.  Absolument  comme  l'œuvre 
des  artistes  les  plus  élevés,  la  sienne  dérive  d'une 
grande  observation  de  la  nature  et  d'une  vive  péné- 
tration du  cœur  humain.  Il  a  créé  un  genre.  Par 
centaines  ses  vers  ont  passé  dans  le  langage  courant. 
On  n'avait  pas  attendu  sa  mort  pour  le  proclamer  un 
classique  de  l'humour  allemand.  Certaines  de  ses  fan- 
taisies les  plus  amusantes,  les  farces  des  fameux 
galopins  Max  et  Moritz,  par  exemple,  ont  été  adap- 
tées à  la  scène.  Et  le  dessin,  au  trait  simple  et  som- 
maire, mais  toujours  caractéristique,  fait  merveilleu- 
sement corps  avec  le  texte.  Busch  composait  les  deux. 
Malgré  leur  allure  facile,  on  sait  qu'il  y  travaillait 
longuement,  avec  soin  ;  il  a  dit  quelque  part  de  ses 
livres  qu'ils  sont  puisés  à  même  la  vie,  qu'ils  n'ont 
pas  été  «  forgés  »  sans  effort  et  aussi  qu'ils  ont  peut- 
être  eu  leur  opportunité.  H  les  produisit  presque  tous 
à  'Wiesendahl,  sa  ville  natale,  sans  demander  l'avis 
ni  l'approbation  de  personne,  pour  son  propre  plaisir, 
zuiii  Selbulplœsier,  écrit-il  en  un  allemand  du  temps 
de  Frédéric  11. 

L'Album  Busch,  qui  atteint  aujourd'hui  son  cent 
dixième  mille,  contient  les  principales  de  ses  œuvres  : 
la  Sage  Hélène,  Max  et  Morilz,  l'ater  Filucius,  Aven- 
lares  d'un  vieux  garçon,  Fipp.i  le  singe,  M.  et  M"'  Knopp, 
Julielte,  la  Résille,  Images  pour  la  Jobsiade,  l'Anni- 
versaire, Dideldum  !,  l'iisch  et  Plum,  Baudouin 
l'agneau,  le  Peintre  Klecksel,  etc.  —  M.  M. 

—  On  annonce  la  mort  :  du  paysagiste  Cliarles- 
limile  Dameron,  âgé  de  59  ans,  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur  depuis  1898,  plusieurs  fois  médaillé  aux 
Salons  des  artistes  français,  oii  il  était  membre  du 
jury,  et  aux  Expositions  universelles  ;  —  du  collec- 
tionneur Ivan  Slchoukine,  russe  d'origine,  qui  s'était 
fixé  à  Paris  où  il  avait  formé  une  galerie  d'impression- 
nistes français  et  de  peintures  de  l'école  espagnole;  — 
du  peintre  autrichien  August  Eisenmenger,  professeur 
à  l'Académie  des  beaux-arts  de  Vienne,  où  il  était  né 
le  H  février  1839  et  où  il  exécuta  de  nombreuses 
peintures  décoratives  {Parlement,  Société  des  amis  de 
la  musique.  Musée  d'art  industriel,  etc.)  ;  —  du  peintre 
Roberto  Bompiani,  décédé  à  Rome  à  l'âge  de  87  ans  ; 
ancien  président  de  l'Académie  de  Saint-Luc,  il  était 
correspondant  de  l'Institut  de  France  et  chevalier  de 
la  Légion  d'honneur. 


CHRONIQUE    DES  VENTES 


TABLEAUX   —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —  "Ventes  diverses.  —  Une  vente 
après  décès,   faite,   salle  6,  le  24  jauvier,  par 


M"  Huguet  et  MM.  Paulme  et  Lasquin,  et  dont 
le  produit  total  s'est  élevé  à  environ  28.000  fr. 
a  donné  lieu  à  quelques  enchères,  qui,  dans 
la  pénurie    actuelle   de  gros  prix   et  d'adjudi- 


36 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


cations  retentissantes,  prennent  quelque  intérêt. 

Le  clou  de  la  vacation  était  le  n"  38,  un  buste 
de  fillette,  en  marbre  blanc,  du  temps  de  la 
Ilenaissance,  reproduit  dans  le  petit  catalogue 
dressé  à  l'occasion  de  la  vente.  Sur  la  demande 
de  8.000  fr.,  cette  sculpture  n'est  montée  qu'à 
4.200  fr. 

Du  côté  des  tableau.\,  tous  modernes,  notons  : 
V).  Boudin.  Vue  du  port  de  Trouvillc,  1.010  fr.  — 
11.  Corot.  Le  Vieux  pont  du  moulin,  1.060  fr.  — 
31.  Thaulow.  Une  Rue  du  village  de  Saint-Martin- 
l'Éijlise,  1.600  fr. 

Enfin,  parmi  les  objets  d'art  et  meubles,  nous 
ne  trouvons  à  signaler  que  le  n"  101,  cbiffonnier 
marqueterie,  estampille  illisible,  ép.  Louis  XV; 
bronzes  rapportés,  1.500  fr. 

—  Le  même  jour,  salle  1,  une  vente,  dirigée 
par  Me  G.  Normand  et  M.  Blocbe,  a  produit 
30.000  francs.  A  côté  de  pièces  de  mobilier  mo- 
derne, et  comme  telles  sans  intérêt  pour  nous, 
nous  remarquons  un  panneau  décoratif  à  sujets 
de  chasse,  par  Oudry,  1.000  fr.  et  une  composition 
attribuée  à  Jordaens,  1.070  fr. 

—  Tout  l'intérêt  de  la  semaine,  à  l'Hôtel 
Drouot,  était  dans  les  ventes  de  livres,  en  par- 
ticulier dans  celle  de  la  première  partie  de  la 
bibliothèque  du  comte  Werlé,  dont  le  Bulletin 
rendra  compte  dans  son  prochain  numéro. 

Ventes  à  l'étranger.  —  A  Berlin.  —  Ta- 
bleaux. —  On  vient  de  vendre  à  Berlin,  chez 
MM.  Keller  et  Heiner,  la  collection  de  tableaux 
anciens  et  modernes  appartenant  à  M.  Fritz 
Gerstel. 

En  présence  des  résultats  plutôt  modestes  de 
cette  vente,  eu  égard  aux  grands  noms  que  por- 
taient les  œuvres,  nos  confrères  de  la  presse 
quotidienne  attribuent  cet  insuccès  à.  la  crise 
financière  qui  sévit  actuellement  en  Allemagne 
comme  en  Amérique.  Il  est  permis  de  penser 
cependant  —  en  se  rappelant  que  la  valeur  des 
objets  d'art,  sur  le  marché  de  Londres  comme 
sur  celui  de  Paris,  est  restée  constante  au  plus 
fort  de  la  crise  américaine  —  qu'il  y  a  sans 
doute  d'autres  raisons  pour  expliquer  cette  dis- 
proportion formidable  entre  les  attributions  don- 
nées aux  ouvrages  et  les  prix  d'adjudication 
obtenus  par  ceux-ci. 

Et  ce  n'est  pas  au  moment  où  justement  allait 
être  inaugurée  à  Berlin  une  réunion  splendide  de 
peintures  de  l'école  anglaise  du  xvm*  siècle,  que 
de  bons  spécimens  de  cette  même  école  auraient 
pu  s'y  vendre  à  vil  prix.  Quel  que  soit  le  ralentis- 


sement des  aflaires  dans  le  domaine  de  la  curio- 
sité comme  ailleurs,  nous  n'en  sommes  pas 
encore  là,  et  en  vente  publique  —  nous  l'avons 
bien  vu  encore  tout  récemment  à  Paris  et  d'une 
manière  plus  manifeste  que  jamais,  —  quand 
il  passe  de  belles  choses,  elles  dépassent  tou- 
jours le  pair,  autrement  dit  les  prévisions  les 
plus  optimistes. 

Uuoi  qu'il  en  soit,  voici,  d'après  le  New-York 
Her'ald,  les  principales  enchères  de  cette  vente  : 

Canaletto.  Deux  Vues  de  Venise,  8.5;j2  fr.  — 
Hobbema.  Paysatje,  3.27b  fr.  —  Reynolds.  Por- 
trait de  femme,  0.250  fr.  —  Oudry.  Fleurs,  1.437  fr. 

Le  prince  de  Bulow  a  acquis  pour  2.500  fr.  un 
tableau  par  Oainsborough.  C'est  vraiment  pour 
rien  ! 

On  cite  encore  :  Jungheim.  Paysage,  750  fr.  — 
Hoguet.  Vue  de  marche,  806  fr.  —  Munckaczy. 
Portrait,  750  fr.  —  Ph.  Wouwerman.  Scène  de 
chasse,  550  fr. 

Ventes  annoncées.  —  A  Londres.  —  Une 

vente  de  tableaux  anciens  et  modernes  aura  lieu  à 
Londres,  le  8  février,  chez  Cbristie,  celle  d'une 
laible  partie  de  la  collection  du  duc  de  Suthertand. 
Parmi  les  peintures  modernes  qui  vont  passer 
aux  enchères,  signalons  :  une  composition  de 
W.  Etty  {The  world  beforc  the  flood]  ;  parmi  les 
tableaux  anciens  :  le  Portrait  de  la  duchesse  de  Nor- 
folk, par  Sir  Th.  Lawrence,  provenant  de  la  vente 
de  l'artiste  ;  une  allégorie  de  la  Paix  de  T.  Wil- 
leborts  Bossrhaert  ;  un  Portrait  de  Philippe  IV 
d'Espagne,  à  cheral,  de  P. -P.  Rubens;  un  Portrait 
de  gentilhomme,  par  Van  Dyck  ;  un  Saint  Gré- 
goire, du  Guerchin;  une  Madone  avec  l'Enfant  et 
saint  Jean,  par  Andréa  del  Sarto  ;  la  Pietà,  par 
Paul  Véronèse,  indiquée  comme  étant  le  couron- 
nement d'un  grand  tableauqui se  trouveà  Stafford 
House  ;  une  troisième  peinture  provenant  du 
même  ensemble  se  trouve  à  Dulnich  et  une  qua- 
trième àCaslle  Howard;  enfin  le  Portrait  de  l'ar- 
rhevi^que  Ambrosio  Ignacio  Spinola,  par  J.-K.  Mu- 

rillo  (cat.  Curlis,  n"  475). 

M.  N. 


EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Trois  expositions  rétrospectives.  —  Trois 
paysagistes  rapprochés  par  le  hasard  des  innom- 
brables exhibitions  ouvertes,  et  qui  marquent 
poétiquement  la  transition  de  la  couleur  bitu- 


ANCIEN    ET    MODERNE 


37 


mineuse  à  la  lumière  grise  :  Chaigneau,  Boudin, 
Sisley. 

Ferdinand  Chaigneau  ()  830-1906)  renaît  à  nos 
yeux,  chez  Georges  Petit,  non  loin  des  «  aqua- 
relles de  voyage  »  d'un  architecte,  M.  Alexandre 
liruel ,  011  l'Acropole  d'Athènes  émerge  des 
crépuscules  roses  notés  par  le  regard  de  Chàleau- 
briand,  —  en  face  de  l'exposition  périodique  de 
la  Société  de  la  miniature,  de  l'aquarelle  et  des 
arts  précieux,  ensemble  assez  hétérogène,  où 
les  meilleurs  portraits  de  M'°^^  Camille  Isbert, 
Gallet-Lévadé ,  Marie  Laforge  et  Marguerite 
Ressert  alternent  avec  les  sages  dessins  de 
M.  Corabeuf  et  les  figurines  plus  ou  moins  poly- 
chromes de  MM.  Descomps  et  Tisné. 

Eugène  Boudin  (1824-1898)  est  un  invité  pos- 
thume au  cinquième  Salon  dit  de  l'École  fran- 
çaise, et  que  son  nom  pompeux  ne  défend  pas 
mieux  contre  l'invasion  du  médiocre  que  sa 
voisine  ou  sa  rivale,  l'Association  syndicale  de 
peintres  et  sculpteurs  français,  préface  assez 
inutile  au  Salon  ;  celle-ci  ne  compte  pas  moins  de 
douze  cents  envois  ;  celui-là  dépasse  le  millier, 
pléthore  monotone,  en  dépit  des  qualités  de 
MM.  Bouy,  Caulet,  Johannès  Son,  Muselier, 
Maurice  Chabas,  Faugeron,  Louis  Prat,  Bourdon, 
peintre  du  Luxembourg,  Auguste  Fabre,  peintre- 
graveur  que  nous  avions  déjà  remarqué  chez. 
Hessèle  (1),  et  Dillon,  peintre-lithographe,  auteur 
narquois  et  vaporeux  des  Ballons  rouges. 

Sisley  (1839-1899)  trône  actuellement  dans  les 
galeries  Durand-Huel,  musée  de  l'impression- 
nisme, auprès  de  Jongkind  et  de  puissants  mor- 
ceaux de  Mary  Cassait.  On  connaît  la  maîtrise 
argentine  de  Boudin  et  l'inégale  évolution  de 
Sisley  ;  mais  on  sait  moins  la  poétique  discrétion 
de  Chaigneau,  le  peintre  des  soirées  nuageuses 
et  des  moutons  laineux,  le  dernier  des  petits 
romantiques  qui  prolongèrent  le  sillon  de  Charles 
Jacque  et  de  Millet.  Peintre-graveur,  il  aimait 
les  ciels  diaprés  où  le  vent  fait  jouer  des  ombres 
fantastiques  autour  de  l'étoile  du  soir,  les  me- 
naces d'orage  sur  les  sites  paisibles  de  Barbizon, 
la  plaine  crépusculaire  dominée  par  la  brune 
silhouette  du  berger;  son  regard  aimait  les  nuées 
vagabondes  et  les  ors  pourprés  du  couchant  ;  et 
souvent,  l'élude  est  supérieure  au  tableau.  Celte 
pâle  romantique  s'affine  chez  Eugène  Boudin, 
dans  la  centaine  de  pâturages  verts  et  de  marines 
laiteuses,  prêtés  par  M.  Gustave  Cahen  et  plusieurs 
autres  admirateurs  de  ce  grand  petit-maître  qui 

{l)Voirle«»/;ea'/idu  14  décerabrel907,ir362,p.310. 


joignait  la  naïveté  du  sentiment  à  la  précision 
du  savoir  ;  un  ciel  pastellisé  prestement,  un 
simple  croquis  de  falaise  ou  de  mâture  affirme- 
raient l'exemplaire  union  de  ces  dons  précieux, 
que  notre  hâte  ne  consultera  jamais  trop  I  Si  les 
premiers  Claude  Monet  reflètent  l'atmosphère 
argentée  de  Boudin,  les  Sisley  de  la  meilleure 
époque  trahissent  l'influence  blonde  de  Corot, 
parmi  les  inondations,  les  neiges,  les  banlieues 
élégantes,  les  printemps  aigres  et  les  automnes 
dorés. 

Belleroche  (galerie  Graves)  et  Michl  (ga- 
lerie d'art  décoratif). —  Deux  féministes:  l'un 
anglais  d'origine  et  l'autre  tchèque  de  naissance; 
et  peut-être  faut-il  attribuer  à  leur  nationalité 
ce  regard  aigu  qu'ils  jettent  sur  l'élégance  qui 
nous  entoure?  Aussi  bien  nos  maîtres  français 
n'ont-ils  pas  mieux  vu  que  les  Bolonais,  l'Italie 
radieuse  et  ruinée  ?  A  notre  tour,  en  un  Paris 
moins  idéal,  apercevons  dans  le  miroir  de  ces 
yeux  étrangers,  mille  détails  quotidiens  qui  nous 
semblent  nouveaux  ;  explorons  avec  ces  guides 
imprévus  la  modernité.  Nos  lecteurs  connaissent 
déjà  M.  Albert  Belleroche,  exposant  depuis  sept 
années  au  Salon  des  artistes  français,  puis  au 
Salon  d'automne  (2)  ;  avant  tout  lithographe,  il  a 
contribué  joliment  à  la  réhabilitation  de  la  pierre 
tendre  avec  des  lumières  heureuses  de  revêtir 
la  forme  d'un  visage  féminin  sous  les  cheveux 
défaits.  Ses  portraits  ondoyants,  ses  prunelles 
vives,  ses  nus  voluptueux,  triomphent  dans  les 
gris  ardoisés  du  croquis.  Plus  ironique  et  môme 
caricatural  dans  ses  gravures,  à  la  fois  inspirées 
de  la  fête  parisienne  et  de  la  technique  japonaise, 
M.  Ferdinand  Michl  revient  au  sentiment  le  plus 
délicat  dans  ses  monotypes,  séduction  d'un  geste 
ou  rayure  d'un  costume.  Sous  l'enveloppe  très 
moderne  de  ces  deux  talents,  on  devine  la  forme, 
la  construction,  cette  «  réaction  du  dessin  »  que 
notre  Willette,  improvisé  critique  d'art,  nous 
prédit  u  terrible  ».  Elle  ne  le  sera  jamais  trop. 

Raymond  Bouver. 

P.  S.  —  Fidèles  à  nos  principes,  nous  tairons 
plusieurs  expositions  présentes;  mais  signalons 
sympathiquement  celle  du  peintre-graveur  Henry 
Paillard,  —  visible  à  la  Fédération  philatélique  de 
France, —  évocation  des  Martigues  ou  de  Tunis,  de 
la  Hollande  ou  des  quais  parisiens  dans  une  belle 
lumière  saine  et  colorée.  —  II.  B. 

(2)  Voir  la  pnf;e  de  M.  Henri  Beraldi  dans  la  Revue 
du  tO  juin  1904,  tome  Xlll,  p.  4.j3. 


38 


LE    BULLETIN    DE   L'ART 


COURRIER  DES  DÉPARTEMENTS 


Rouen  :  Expositions  particulières. 

Les  expositions  particulières  se  succèdent  à  la 
galerie  Legrip  depuis  le  début  de  janvier.  Après 
celle  du  peintre  Clary,  un  impressionniste  plus  habile 
dans  l'expression  de  la  lumière  que  dans  les  etlets 
embrumés,  M.  Charles  Fréclion,  un  Uouenuais,  nous 
a  montré  une  série  d'impressions  très  varices  et  dont 
plusieurs  étaient  tout  ;i  fait  heureuses,  en  particulier 
un  effet  de  septembre  d'ocre  et  d'ors  sur  la  verdure 
encore  grasse  des  fins  d'été  normands  et  sous  un  ciel 
déjà  gonllé  des  pluies  prochaines.  Ailleurs  des  brouil- 
lards, des  brumes,  des  neiges,  toute  la  gamme  délicate 
qui  joint  l'été  à  l'hiver.  Ce  peintre,  très  attentif,  obser- 
vateur des  mouvements  saisonniers,  notateur  à  la 
fois  exact  et  poétique,  parut  en  pleine  possession  de 
lui-même,  en  pleine  sûreté  d'exécution. 

Moins  heureuse  dans  l'ensemble,  l'exposition 
d'Henri  Vignet,  souvent  inégal,  non  seulement  d'une 
toile  à  l'autre,  mais  dans  les  parties  diverses  d'une 
même  toile.  Cependant  un  Vieux  Monlmartre  par  la 
neige  avait  beaucoup  de  caractère  et  quelques  eil'cts 
de  quais  parisiens,  un  réalisme  exact,  mais  un  peu 
froid. 

M.  Paul  Muscart  termine  le  mois  avec  trente  toiles 
prises  aux  diflérents  jardins  de  Uouen  et  au  bord  de 
la  Seine  à  Duclair.  L'idée  d'un  groupement  d'origines 
est  excellente.  Mais  l'artiste  ne  nous  parait  pas  en- 
core dégagé  d'iniluences  nombreuses  et  trop  lisibles 
dans  son  œuvre,  malgré  des  efforts  persistants. 

En  même  temps,  la  maison  Charlet  exposait  une 
série  de  dessins  fort  curieux,  pour  un  Alinanach 
pour  l'JOS,  qu'édite  un  groupe  d'artistes  et  littérateurs 
rouennais  :  les  XXX.  Les  dessins  de  M.  Ch.  Duhamel 
nous  le  prouvent  intelligent  illustrateur  ;  M.  Ch.  Fré- 
chon  donne  une  excellent  fusain,  les  Moissonneurs. 
A  remarquer  en  outre  deux  dessins  de  Edmond  Van 
Oll'el,  le  graveur  anversois,  des  culs  de-lampe  de 
Pierre  Millier,  des  buis  de  H.  Dufy  et  M.  de  Vla- 
minck,  des  dessins  de  VVielhorski,  Gaston  Gosselin, 
Robert  Pinchon  et  Henri  Ltelepouvc. 

A.  M.  G. 

c«D©3ayDcracy/ocraayDcra(»oayoc(Ocrac^ 

CORRESPONDANCE  D'IRLANDE 


L'Inauguration 
du  musée  d'art  moderne  de  Dublin. 

Le  grand  événement  artistique  de  la  .semaine 
est  l'inauguration  du  musée  municipal  d'arl  mo- 
derne de  Dublin. 

Il  est  difficile  de  parler  sans  enthousiasme  de 
la  merveilleuse  collection  de  tableau.Y  qu'a  su 


acheter  M.  Hugh  P.  Lane,  le  généreux  fondateur 

de  cette  galerie,  laquelle  offre  plusieurs  points  de 
ressemblance  avec  le  musée  Mesdag,  à  La  Haye. 
Il  faut  surtout  insister  sur  ce  fait  que  nulle  part, 
si  l'on  excepte  Paris,  l'école  de  Harbizon  et  les 
impressionistes  français  ne  sont  mieux  repré- 
sentés, et  que  nulle  part  il  n'existe  une  plus  belle 
collection  de  maîtres  anglais  contemporains. 

Au  premier  étage,  on  trouve  dans  une  première 
salle  l'Éva  Gonzali'S  et  le  Concert  aux  Tuileries, 
de  Manet;  Waterloo  Bridge  et  Soleil  sur  la  neige 
[Vélheuil],  de  Monet  ;  sept  portraits  de  Manciui, 
y  compris  son  chef-d'œuvre,  te  Marquis dcl  Grilla; 
puis  un  Renoir,  un  Degas,  un  Pissarro,  un  John 
Lewis  Brown,  un  Jacques  Blanche  et  un  Le  Sida- 
ner. 

Dans  la  salle  suivante,  de  plus  grands  maîtresse 
font  admirer,  parmi  lesquels  :  di  x  Corot,  la  Tempête 
de  neige,  de  Courbet,  et  deux  autres  paysages;  un 
Clair  de  lune,  de  Uousseau  ;  Don  Quicliotte  et 
Sancho  l'ança,  de  Daumier;  le  Présent,  d'Alfred 
Slevens  ;  trois  Monticelli,  et  des  toiles  de  Barye, 
de  Troyon,  de  Diaz,  de  Fromentin,  de  Fantin- 
l.atour,  de  Gérôme,  de  Cottet  ;  ta  Décollation  de 
saint  Jean  Baptiste,  de  Puvis  de  Chavannes  ;  puis 
des  eaux-fortes  et  des  lithographies  de  Whistler, 
de  Legros,  de  Slrang  etde  Clausen  ;  des  aquarelles 
et  des  dessins  de  Millet,  Daumier,  Segantini, 
Brabazon,  Conder,  Muhrman,  Musa  et  Slrang. 

La  galerie  de  sculpture  contient  des  œuvres  de 
Barye,  de  Rodin  (l'Age  de  bronze  et  THomme  au 
nez  cassé),  de  Furse,  Goscombe,  John  et  Paul 
Bartlett,  etc. 

Au  rez-de-chaussée,  consacré  à  la  peinture 
anglaise,  on  trouve,  parmi  beaucoup  d'autres 
choses  :  un  chef-d'œuvre  de  Constable,  the  Elder 
Trec,  et  six  études  ;  la  Foi,  l'Espérance  et  la  Cha- 
rité, de  Watts,  et  son  portrait  de  M.  Louis  Huth; 
des  Azalées,  d'Albert  Moore  ;  le  Portrait  de  Walter 
Sickert  et  l'Atelier  de  l'artiste,  de  Whistler  ;  une 
étude  d'Orchardson,  Imogî'ne  dans  la  caverne  de 
Belarius  ;  la  Parabole  du  champ  de  vigne,  de  H.  Hic- 
ketts  ;  les  Baigneurs,  de  M.  Mark  Fisher  ;  enfin 
d'e.xcellentes  toiles  de  Lavery,  de  Wilson  Steen, 
de  Walter  Sickert,  de  Siraeon  Solomon,  de  D.  V. 
Cameron,  etc. 

Ce  nouveau  musée  est  installé,  comme  le  musée 
Mesdag,  dans  une  bonne  vieille  maison  bour- 
geoise :  c'est  un  édifice  dans  le  style  des  Georges, 
où  les  toiles  ne  souffrent  nullement  de  ce  que 
la  lumière  leur  arrive  par  la  fenêtre  et  non  d'un 
toit  vitré. 

A.  T. 


ANCIEN    ET   MODERNE 


39 


NOTES  &  DOCUMENTS 


A  propos  de  Simon  Marmion. 

En  réponse  aux  articles  naguère  publiés  dans 
le  Bulletin  par  M.  Louis  de  Fourcaud  {n"'  302, 
363  et  36'f),  en  faveur  de  l'attribution  des  pein- 
tures du  retable  de  Saint-Berlin  à  Simon  Mar- 
mion, nous  recevons  de  M.  Hénault,  archiviste 
de  la  ville  de  Valenciennes,  la  lettre  suivante  : 

Pour  le  peintre  anonyme  du  retable 
de  Saint-Bertin. 

Monsieur  le  Directeur, 

Voulez-vous  me  permettre  de  demander  la  publicité 
de  votre  BiiUelin  pour  répondre  à  deux  ou  trois  points 
des  articles  de  M.  de  P'ourcaud,  récemment  parus  à 
propos  de  mon  travail  sur  les  Marmion. 

M.  de  Fourcaud  veut  bien  louer  mon  ouvrage  en  ce 
qui  concerne  la  documentation,  mais  la  «  disserta- 
tion »,  selon  lui,  y  est  fautive.  Elle  «  prête  à  la  cri- 
tique», dit-il.  Quelle  critique?  La  voici. 

Premièrement,  selon  M.  de  Fourcaud,  j'ai  tort  de 
ne  pas  ajouter  foi  au  témoignage  de  Uoin  de  Witte, 
louchant  la  provenance  valenciennoise  du  Ketuble  de 
saint  Bertiii,  M.  de  Fourcaud  loue  chez  cet  auteur  la 
science,  la  probité  et  la  bonne  foi,  puis  il  ajoute  : 
«  Certes,  il  (Dom  de  Witte)  n'a  pas  trouvé  un  docu- 
ment précis  signalant  le  lieu  de  fabrication  du  chef- 
d'œuvre  ».  Vraiment  !  Je  n'en  avais  pas  tant  dit.  J'ai 
seulement  écrit  qu'  «  il  est  fort  probable  »  que  Dom 
de  Witte  n'a  pas  eu  de  n  preuve  authentique  »  à  cet 
égard.  J'en  ai  conclu  qu'il  était  u  fort  probable  »  que 
son  afTirmation  se  fondait  sur  des  on-dit,  qu'ainsi  il 
était  sage  de  ne  s'y  pas  confier.  M.  de  Fourcaud 
regarde  l'absence  de  document  comme  certaine  :  je 
demande,  en  ce  cas,  ce  que  font  à  la  question  la 
science,  la  probité,  la  bonne  foi  de  Dom  de  Witte. 
S'il  avait  produit  un  document,  on  pourrait  arguer 
de  sa  probité  contre  ceux  qui  l'accuseraient  de  faux  ; 
s'il  disait  que  le  document  existe,  on  pourrait  alléguer 
sa  science  contre  ceux  qui  diraient  qu'il  l'a  mal  lu. 
Pas  de  document,  pas  de  matière  à  la  science  de  Dom 
de  Witte  de  s'exercer,  à  sa  probité  de  se  faire  jour. 

«  Il  s'est  borné,  dit  M.  de  Fourcaud,  à  enregistrer  ce 
qui  se  répétait  dans  le  milieu  conventuel.  »  A  la  bonne 
heure  !  Mais  pourquoi  M.  de  Fourcaud  veut-il  que 
nous  croyons  ce  qui  se  répétait  ainsi,  parce  que  Dom 
de  Witte  l'enregistre?  Un  bruit  est  un  bruit,  quand 
il  serait  enregistré  par  le  plus  savant  homme  du 
monde,  cela  ne  change  pas  sa  nature,  ne  le  rend  pas 
plus  solide.  Il  est  vrai  que  M.  de  Fourcaud  ajoute  que 
celui-là  se  répétait  de  «  génération  en  génération  ». 
Qu'en  sait-il  ?  Et  qu'en  pouvait  savoir  Dom  de  Witte 
lui-même  en  l'absence  d'autres  sources  que  ce  bruit. 


Dom  de  Witte  écrit  au  moment  de  la  Révolution,  près 
de  quatre  cents  ans  après  l'événement  :  un  bruit  après 
tant  d'intervalle  est  bien  peu  de  chose. 

Conclusion  :  le  mot  de  Dom  de  Witte  :  v  Cet  abbé  fit 
faire  à  Valenciennes  le  retable  du  maître  autel  »,  fon- 
dement unique  de  tout  le  raisonnement  de  Dehaisnes, 
ce  mot,  dis-je,  s'il  ne  repose  que  sur  un  bruit,  comme 
le  veut  M.  de  Fourcaud,  n'est  rien.  Je  n'en  suis  pas 
tout  à  fait  sûr,  aussi  ai-je  dit  seulement  qu'il  fallait 
s'en  méfier  et  éviter  de  rien  bâtir  là-dessus. 

Maintenant,  supposé  qu'en  eflet  le  retable  ait  été 
lait  à  Valenciennes,  j'ai  tort,  selon  M.  de  Fourcaud, 
de  refuser  d'en  conclure  que  Marmion  en  fut  l'auteur. 
Mais  vraiment  sufflt-il  qu'un  peintre  habite  une  ville 
pour  qu'un  tableau  peint  dans  cette  ville  soit  de  lui? 
Oui,  disent  Dehaisnes  et  M.  de  Fourcaud,  si  le  tableau 
est  de  prix  et  si  le  peintre  est  célèbre.  Je  réponds  : 
cela  encore  n'est  pas  une  preuve^  ni  même  une  forte 
présomption.  Mais  ici  cette  ombre  de  preuve,  ce  com- 
mencement de  présomption  font  défaut.  Marmion 
avait  à  peine  trente  ans  en  1434  quand  fut  commencé 
le  retable;  sou  renom  ne  pouvait  être  encore  de  ceux 
qui  ne  soutfrent  pas  de  rivaux.  Quand  fut  commencé 
le  retable,  il  habitait,  non  pas  Valenciennes,  mais 
Amiens.  Quelque  époque  qu'on  assigne  à  l'arrivée  de 
Marmion  à  Valenciennes,  on  ne  peut  la  mettre  que 
cinq  ans  avant  le  dernier  et  parfait  paiement  de  l'ou- 
vrage. A  aucun  moment  de  son  exécution,  Marmion 
n'a  donc  joui  dans  cette  ville  des  prérogatives  d'une 
présence  déjà  ancienne  et  d'une  clientèle  déjà  faite. 
Ceci  considéré,  qu'est-ce  donc  qui  le  désigne  comme 
auteur  du  retable,  supposé  que  ce  retable  fût  fait  à 
Valenciennes?  liien  du  tout. 

Telle  est  la  somme  du  débat.  C'est  là-dessus  que 
.\I,  de  Fourcaud  écrit  :  «  Au  point  où  en  sont  les  choses, 
si  Marmion  n'est  point  l'homme  qu'il  faut  nommer,  il 
faut  qu'on  le  prouve.  » 

Au  point  où  en  sont  les  choses,  en  faveur  de  l'attri- 
bution du  retable  à  Marmion,  c'est  très  exactement  le 
néant.  Est-il  besoin  qu'on  prouve  quelque  chose 
contre  rien? 

11  est  vrai  que  M.  de  Fourcaud  ajoute  des  considé- 
rations de  style.  Mais  en  quoi  servent-elles  sa  thèse? 
Il  y  a  dans  la  peinture  flamande,  après  Van  Eyck, 
Irois  styles  de  peinture,  dit-il,  dont  la  critique  a  pour 
devoir  de  découvrir  l'inventeur. 

Le  troisième  de  ces  styles  vient  au  monde  dans  le 
retable  de  Saint-Bertin.  Il  faut  donc  que  ce  retable 
soit  d'un  maître  célèbre.  Qui  fut  célèbre  alors?  Mar- 
mion !  Tel  est  le  raisonnement  quelque  peu  puéril  que 
mon  contradicteur  présente  comme  extrêmement 
[i  ressaut. 

Or,  supposé  que  les  trois  styles  dont  il  parle  existent  ; 
supposé  qu'à  chacun  de  ces  styles,  il  ne  puisse  y  avoir 
lie  cause  qu'un  inventeur  illustre  ;  supposé  que  le  pre- 
mier échantillon  du  style  remarqué  dans  le  retable  de 
Saint-bertin  soit  ce  retable,  supposé  tout  cela  (qui 
n'est  rien  moins  que  prouvé),  en  quoi  l'attribution  du 


40 


LE    BULLETIN    DE   L'ART 


retîible  do  Saint-lîertin  à  Marinion  est-elle  avancée? 
M.  de  Kourcaud  a-t-il  un  texte  qui  désigne  Marniion 
comme  l'inventeur  d'un  style  ?  S'il  n'a  pas  ce  texte,  à 
quoi  bon  un  détour  aussi  fragile  que  compliqué?  Pour 
rapprocher  iMarmion  du  retable,  il  suffit  do  placer  le 
renom  de  l'un  en  face  du  mérite  de  l'autre,  sans 
recourir  à  l'invention  d'un  style.  Nous  savons  que  ce 
renom  convient  à  ce  mérite.  Est-ce  assez  pour  les 
joindre?  .Nullement. 

Ainsi,  l'argument  de  style  ne  pèse  pas  plus  que  les 
autres.  Tout  se  réunit  donc  pour  faire  du  retable  une 
œuvre  d'ail nbutiùn  vacante  dont  rien  n'entame  l'ano- 
nymat. 

Je  vous  prie  d'agréer,  etc. 

M.  Mk.vailt,  archiviste. 
Valenciennes,  le  17  janvier  1908. 

Nous  publierons,  dans  un  prochain  numéro,  la 
réponse  de  M.  de  Fourcaud  à  la  lettre  qu'on  vienl 
de  lire. 

LES      REVUES 


France 


Musées  et  monuments  de  France  (1907,  n-  10). 
—  Ce  numéro  est  le  dernier  de  l'excellente  publication 
dirigée  par  M.  Paul  Vitry,  sous  le  titre  de  ;  Musées 
et  monuments  de  France,  et  l'avis  de  l'éditeur  qui  fait 
part  au  public  de  cette  transformation,  porte  que 
«  le  but  poursuivi  jusqu'ici  par  cette  revue  sera  repris 
avec  quelques  modifications  par  une  nouvelle  publi- 
cation intitulée  Hultetin  des  musées  de  France  ».  Un 
numéro  spécimen  sera  envoyé  sur  demande  faite  à 
l'éditeur,  M.  Eggiiiiann,106,  boulevard  Saint-Germain. 
Voici  l'analyse  succincte  de  ce  numéro: 
—  Une  Statue  d  enfant  par  C/iapu,  au  musée  du  Lou- 
vre, par  Paul  Vithy.  —  A  la  suite  de  la  salle  Carpcaux, 
une  nouvelle  salle  va  s'ouvrir  aux  représentants  de 
la  sculpture  francai.se  du  xix-  siècle  qui,  ayant  fait 
au  Luxembourg  le  stage  réglementaire,  pourront 
quitter  pour  le  Louvre  le  musée  dit  «  des  arlistes 
vivants  »  :  Chapu,  lionnassieux,  Cavelier,  Carricr- 
lielleuse,  en  attendant  des  artistes  plus  récemment 
disparus,  comme  Guillaume,  Dubois  et  Falguière. 

Mort  plus  jeune,  Chapu  va  recevoir  plus  tôt  les 
honneurs  du  Louvre,  et  le  Mercure  inventant  le  cadu- 
cée, que  Chapu  exécuta  à  Rome  en  1861,  va  se  retrouver 
auprès  du  l'etil  pécheur  à  la  coquille,  de  Carpeaux, 
près  duquel  il  fut  exposé  autrefois.  Une  libéralité 
récente  permettra  de  juger  l'artiste  sous  un  autre  as- 
pect ;  il  s'agit  de  la  statue  en  marbre  du  jeune  lioherl 
Desmarres,  fils  du  médecin  de  ce  nom  (1879),  offerte 
au  Louvre  par  M.  Desmarres  lui-nièine. 


Belgiouk 

L'Art  flamand  et  hollandais  (décembre).  —  Les 
Fresques  de  H.  A',  lioland  llolst  dans  la  maison  de 
l'Association  générale  des  diamantaires  néerlandais 
à  Amsterdam,  étudiées  et  commentées  par  A.  Pit.  — 
«  La  vitalité  esthétique  de  l'art  moderne  hollandais  se 
manifeste  surtout  jusqu'à  présent  dans  l'étude  fidèle 
de  la  nature  et  la  plupart  du  temps  dans  celle  du 
paysage;  lij  figure  humaine  fut  traitée  exceptionnel- 
lement. En  général,  le  mouvement  se  confina  dans  le 
réalisme  ».  Mais  un  jeune  parti  «  évolutioiinaire  ou 
révolutionnaire  »,  dit  M.  Pit,  se  constitua  naguère  en 
association  coopérative  et  l'on  trouve  une  de  ses 
expressions  les  plus  réussies  dans  les  fresques  peintes 
par  H.  N.  Roland  Ilolst  pour  la  maison  des  tailleurs 
de  diamants,  à  Amsterdam. 

—  Second  article  de  M.  T.  M.  Roest  v.vn  Limblug 
sur  les  Anciens  palais  de  Sassau  en  Belgique;  il  est 
consacré  à  l'hôtel  de  Nassau,  à  Malines. 

—  M.  Max  RoosES  commémore,  en  un  charmant 
article,  un  anniversaire  auquel  le  monde  des  arts 
s'associera  tout  entier  :  il  y  a  maintenant  un  demi 
siècle  que  M.  Henry  Htjmans,  né  le  8  août  1836  à 
Anvers,  est  attaché  à  la  Bibliothèque  royale  de  Bru- 
xelles, dont  il  est  actuellement  le  conservateur  en 
chef.  Son  oeuvre  d'historien  d'art,  considérable  et  très 
étendue,  l'a  placé  aux  premiers  rangs  de  ceux  qui  s'oc- 
cupent d'histoire  de  l'art,  en  particulier  de  l'art  flamand 
qu'il  connaît  merveilleusement,  et  «  de  même  qu'il 
est  toujours  prêt  à  collaborer  à  des  œuvres  d'utilité 
générale,  il  ne  refuse  jamais  de  communiquer  son 
savoir  au  grand  public  ou  à  ses  confrères  «. 

Russie 

Les  Trésors  d'art  en  Russie.  (11-12).  —  Répon- 
dant à  M.  Somov,  M.  A.  Prakhov  reproduit  une  tren- 
taine de  signatures  de  Rembrandtpour  authentiquer  la 
signature  découverte  sur  te  Savoyard  de  la  collection 
loussoupov.  L'attribution  à  Aart  de  Gelder  peut,  dit- 
il,  d'autant  moins  se  soutenir  que  l'on  reconnaît  dans 
le  vieillard  de  la  toile  le  frère  de  Rembrandt,  Adrien, 
qui  mourut  eu  165i,  tandis  que  Gelder  naquit  en  1645. 

—  A.  Phakiiov.  l'ne  variante  île  la  Vestale  de  t'iu- 
dion.  (Collection  Prakhov.)—  La  vestale  est  enbronze, 
le  rythme  est  changé  et  quelques  détails  sont  modi- 
fiés. La  Vestale  en  marbre  {Konui',  1770),  montre 
l'inlluenci'  romaine  ;  le  bronze  «  trahit  la  grâce  d'une 
française  »  ;  l'auteur  incline  à  penser  que  la  variante 
est  postérieure  au  retour  de  Clodion  en  France. 

—  Continuation  de  la  colletion  loussoupov.  Hubert 
Robert,  Caralfe,  Cliarlet,  H.  \ernet,  Isabey. 

—  Porcelaines  du  qrnnd  palais  de  l'arlury/,-.  Dkm» 
Roche. 


Le  Gérant  :  H.  Denis. 


i'nu.  —  Imp.  Oeorpi  Petit,  )i,  nie  Uodot-de-Uiuroi. 


Numéro  370. 


Samedi  8  Février  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN     ET    MODERNE 


Paris  et  le  Trolley 


l'eut-('lrc  se  souvient-on  que  oo  Bulletin  fut 
lies  premiers  à  protester  naguère  eontre  l'intru- 
--ion  (lu  trolley  dans  Paris  (1),  comme  il  fut  aussi 
lies  premiers  à  se  réjouir  quand  on  apprit  tout 
I  l'ceniment  la  prochaine  disparition  de  ce  trolley, 
qui  était  venu  planter  ses  potences  jusqu'à  la 
place  de  l'Opéra,  provisoirement  —  il  y  a  cinq 
ans  (2). 

Mais  tout  n'était  pasdit  :  pour  un  de  condamné, 
il'autres  pouvaient  surgir  ;  et  l'insouciance  avec 
laquelle  on  laisse  actuellement  dégrader  Paris 
permettait  d'appréhender  quelque  retour  offensif 
des  ingénieurs  et  de  leurs  «  toiles  d'araignées  », 
lors  de  la  discussion  sur  les  transports  parisiens 
qui  devait  venir  à  l'ordre  du  jour  du  Conseil 
i-énoral,  à  la  fin  de  janvier. 

Kn  elTet,  on  désirait  à  la  fois  abaisser  les  tarifs 
(ceci  pour  le  puhlicl,  améliorer  les  salaires  (ceci 
pour  le  personnel),  augmenter  les  redevances 
des  compagnies  (ceci  pour  le  budget)  :  intentions 
triplement  excellentes,  il  faut  en  convenir! 

Mais,  d'autre  part,  comme  l'établissement  du 
trolley  souterrain  est  elïroyablement  oniheu.x 
el  que  le  système  du  «plot»  ne  se  recommande 
guère  que  par  sa  grande  variété  d'inconvénients, 
on  était  bien  obligé  de  conclure  à  l'adoption  du 
trolley  aérien,  le  seul  éconoraii|ue,  le  seul  pra- 
tique et  aussi,  il  est  vrai,  le  seul  anti-esthétique 
(mais,  d'abord,  pourquoi  l'esthétique  tient-elle 
absolument  à  se  mêler  aux  questions  de  trans- 
ports .'  . 

(i'est  dans  ces  conditions,  peu  favorables  au.v 
adversaires  des  fils  aériens,  que  s'est  ouverte 
la  discussion,  et  personne  ne  sera  surpiis  d'ap- 
prendre que  les  propositions  hostiles  à  la  péné- 
tration du  trolley  dans  Paris  aient  été  repoussées. 

(I)  Voir  le  Trolley  place  de  t'O/téra  n'  132  iJu  lUil- 
lelin,  4  octobre  1902). 

2)  Voir  aux  (icho^  [a-  Vu,  2  novembre  190";,  p.  26t;  . 


L'une,  radicale,  était  présentée  par  un  modéré, 
M.  Adrien  Mithouard,  et  ainsi  formulée  :  «  Au- 
cune nouvelle  autorisation  ne  sera  accordée  pour 
l'établissement  du  trolley  dans  Paris»;  l'autre, 
plus  modérée,  émanait  de  M.  J.  Weber,  radical  : 
i<  Les  conducteurs  aériens  ne  pourront  être  ad- 
mis dans  Paris  que  jusqu'à  la  zone  délimitée  pou- 
les boulevards  extérieurs  inclus  ». 

On  a  préféré  adopter  un  projet  moins  restiictif 
encore  que  celui  de  .M.  Weber,  et  l'on  a  arrêté, 
plans  en  mains,  une  liste  des  avenues,  rues  et 
places  qui  devront  servir  de  limites  aux  conduc- 
teurs aériens. 

(;ommo  il  faut  savoir  se  contenter  de  peu,  nous 
reconnaîtronsquelesparlisansdutrolley  auiaient 
pu  se  montrer  beaucoup  moins  réservés  et  que, 
somme  toute,  leurs  prétentions  ne  sont  pas  excès-  • 
sives,  eu  égard  aux  forces  supérieures  dont  ils 
disposaient  dans  le  débat. 

Pour  cette  fois  donc,  Paris  n'est  qu'investi. 
Mais  saura-t-on  s'en  tenir  là?  D'investissement  à 
envahissement,  il  n'y  pas  loin. 

Eddv. 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie  des  beaux-arts  iséauce  du  1"  février). 
—  L'Académie  propose,  pour  le  concours  Roux,  les 
sujets  suiviints  : 

Si-iilp/i/re.  —  Haut  ou  bas-relief  sur  ce  thème  : 
«  Poème  sur  l'hiver  de  la  vie  ». 

Archilectiire.  —  «  Un  hôtel  de  voyageurs  de  premier 
ordre  dans  une  capitale  ». 

Le  programme  détaillé  est  déposé  au  secrétariat  de 
l'École  des  beaux-arts. 

—  lin  raison  de  l'insultisance  des  partitions  adres- 
sées pour  le  concours  Hossini  (composition  musicale;. 
l'Académie  proroge  ce  concours  à  l'année  )909  et  en 
fixe  la  clôture  au  30  avril  1909. 

Le  livret  imposé  reste  le  même  ;  Il  a  pour  titre  : 
l.aiire  el  Pétrarque,  et  pour  auteurs  M.M.  Fernand 
Beissier  et  Eugène  Adenis. 

—  L'Académie  ouvre  en  même  temps,  et  dès  aujour- 


42 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


(l'hui,  un  Bduviïau  cuncours  pour  le  prix  liossini 
(poésie).  Ce  concours  sera  clos  éi,'aleiiicnt  le  30  avril 
1909. 

Le  poème  choisi  clans  ce  dernier  concours  de  poésie 
servira  de  thème  pour  le  concours  liossini  (compo- 
sition musicale),  à  ouvrir  en  1909  pour  ("tre  clos  le 
:f0  avril  1910. 

Académie   des  inscriptions  et  belles-lettres 

(séance  du  31  janvier).  —  M.  Héron  de  Villefosse  lit, 
au  nom  du  P.  Delattre,  de  Carlhage,  une  noie  sur  un 
puits  rempli  de  squelettes,  qui  a  été  dérouvert  à  peu 
de  distance  de  la  basilique  de  Mcidfa.  Au-dessous 
d'un  amoncellement  d'ossements,  d'environ  trente 
mètres  de  hauteur,  le  savant  correspondant  de  l'Aca- 
démie a  recueilli  des  débris  d'inscriptions  dont  deux 
mentionnent  le  nom  de  Perpétue,  et  dont  deux  autres 
appartiennent  à  des  épitaphes  de  la  Gc».«  Vibici.  Or, 
sainte  Perpétue,  qui  subit  le  martyre  à  Cartha^e, 
s'appelait  Vibiii  l'erpeh/ii. 

Le  P.  Delattre  en  conclut  que  le  terrain  sur  lequel 
il  a  fait  cette  découverte  appartenait  à  la  famille 
Vibia,  qui  possédait  là,  sur  son  propre  domaine,  une 
sépulture  privée.  Il  pense  aussi  que  le  puits  rempli  de 
squelettes  avait  pu  recevoir  les  corps  des  nombreux 
Donatistes  qui,  en  317,  trouvèrent  la  mort  dans  la 
IjKsilicii  inajoriim,  en  résistant  à  main  armée  ù  ledit 
de  Constantin  leur  enjoignant  de  renfire  leurs  ésilises 
aux  catholiques. 

—  M.  Collignon  fait  une  eomunmication  sur  une 
statuette  grecque  archaïque,  en  pierre  calcaire,  du 
musée  d'Auxerre.  Elle  date  de  lu  première  moitié  du 
VI"  siècle  et  appartient  à  la  série  de  figures  fén)inincs 
en  forme  de  .roanoii.  Elle  représente  une  femme, 
sans  doute  une  oranle^  la  main  droite  ramenée  sur 
la  poitrine.  On  constate  des  particularités  de  costume 
intéressantes,  mais  son  intérêt  réside  surtout  dans 
l'étroite  parenté  qu'elle  présente  au  point  de  vue  du 
type  avec  des  œuvres  Cretoises  comme  le  torse  du 
nmsée  de  Candie,  trouvé  à  Eleutherne,  et  celui  du 
musée  d'.Mhéues  découvert  à  Tégée.  En  tous  cas, 
cette  statuette  appartient  au  groupe  des  œuvres  de 
I  école  Cretoise  dont  les  maîtres  furent  les  initiateurs 
de  l'art  dans  le  Péloponèse. 

École  des  beaux-arts.  —  M.  Edmond  Pottier, 
membre  de  l'Institut,  conservateur  adjoint  au  musée 
du  Louvre,  a  été  nommé  professeur  d'histoire  et  d'ar- 
chéologie à  l'École  des  beaux-arts,  en  remplacement 
de  M.  lleuzey,  admis  .i  faire  valoir  ses  droits  à  la 
retraite. 

Musées  de  la  Ville  de  Paris.  —  C'est  dëcidémeal 
à  dater  du  11  février  qu'un  droit  d'entrée  d'un  franc 
par  personne  sera  perçu  aux  musées  de  la  Ville  de 
Paris. 

Les  jeudis  et  dimanches  seront  gratuits;  des  cartes 
d'entrée  permauente  seront  délivrées  par  la  préfecture 
de  la  Seine  aux  artistes,  étudiants,  journalistes,  et 


généralement  à  toutes  les  personnes  que  leurs  occu- 
pations appellent  dans  ces  musées. 

Les  sommes  provenant  des  entrées  seront  mises  à  la 
disposition  du  service  des  beaux-arts  delà  Ville  pour  l'ac- 
quisition d'œuvres  d'art,  l'amélioration  des  musées,  etc. 

Au  musée  Dutuit,  qui  n'est  pas  atteint  par  les  pres- 
criptions nouvelles  —  le  donateur  ayant  exigé  que 
l'accès  de  sa  collection  demeurât  gratuit,  —  il  faut 
ajouter  le  musée  Galliera,  dont  les  expositions  sont 
formées  presque  exclusivement  d'œuvres  prêtées  par 
les  artistes  et  leur  appartenant.  Les  nmsées  payants 
sont  donc  :  le  Petit  Palais,  Carnavalet,  Cernuschi  et 
Victor-Hugo. 

Salon  d'automne.  —  Le  Comité  du  Salon  d'au- 
tonme  annonce,  pour  cette  année,  des  séances  de 
musique  et  de  littérature  dont  les  programmes  seront 
en  grande  partie  composes  d'œuvres  inédites. 

Le  Comité  musical  se  compose  de  MM.  A.  liruncau, 
liourgault  -  Ducoudray,  Cl.  Debussy,  Paul  Dukas, 
G.  Fauré,  Vincent  d'indy,  H.  Magnard,  0.  Mans, 
A.  Parent  et  A.  Roussel. 

Le  Comité  littéraire  comprend  M"*  de  Noailles  et 
MM.  Léon  Dierx,  A.  France,  Ch.  Gide,  G.  Kahn, 
A.  Mithouard,  Ch.  Morice.  Ch.-L.  Philippe,  J.  Renard, 
Houché,  U.  de  Souza,  Verhaeren,  F.  Viélé-Griffin. 

Les  jeunes  auteurs  ou  compositeurs  qui  désirent 
faire  entendre  leurs  œuvres  sont  priés  de  faire  par- 
venir leurs  manuscrits  iivuni  le  :ll  mai,  au  secrétaire 
du  Salon  d'automne,  M.  Paul  Cornu,  4,  rue  Antoine- 
Roucher  (XVI'). 

Monuments  et  statues.  —  La  réfection,  depuis  si 
longtemps  réclamée,  du  socle  de  la  statue  de  Charle- 
magne,  va  enfin  être  entreprise  et  .M.Adrien  Mithouard, 
qui  représente,  à  l'Hôtel  de  Ville,  le  quartier  de  l'École 
Militaire,  profite  de  l'occasion  pour  demander  le  trans- 
fert du  groupe  des  frères  Rochet,  représentant  I  em- 
pereur d'Occident  escorté  d'Olivier  et  de  Roland,  sur 
la  place  Vauban,  devant  la  façade  de  Mansart,  face 
aux  pelouses  de  l'avenue  de  Bretcuil,  où  il  trouverait 
un  cadre  assurément  plus  digne  de  sa  nias.se  impo- 
sante que  son  emplacement  actuel  dans  le  groupe 
d'arbres  du  quai  de  l'Archevêché. 

A  Lyon.  —  La  biblipthèque  de  la  ville  de  Lyon 
vient  de  s'enrichir  d'un  précieux  manuscrit  persan  de 
l'an  1028  de  l'égirc  ;I619  de  notre  ère). 

Ce  manuscrit  contient  le  Kham.ia  ou  les  Cinq  Trésors, 
du  poète  persan  .Nizami,  poème  réputé  comme  un 
chef-d'œuvre  de  la  littérature  persane,  il  est  écrit  sur 
papier  de  chine  sablé  d'or;  le  texte  de  chaque  page 
est  finement  encadré  d'or,  de  noir,  de  vert  et  de  rouge. 

Trente-six  enluminures  d  une  grande  délicatesse  de 
dessin  et  de  coloris,  dont  six  frontispices  à  double 
page,  fout  de  cet  ouvrage  un  spécimen  des  plus  rares 
de  l'art  du  manuscrit  eu  Perse  à  son  apogée. 

A  Bruxelles.  —  Le  prochain  Salon  de  la  Libie 
Est/tétiytiti  coïncidera  avec  le  vingt-cinquième  anni- 


ANCIEN    ET    MODERNE 


43 


versaiie  do  la  fondation  des  expositions  des  XX, 
origine  des  Salons  actuels. 

Pour  célébrer  ce  jubilé,  la  Libre  Eslhélirjue  groupera 
l.i  plupart  des  peintres  et  sculpteurs  qui  ont  donné  à 

■  c  cycle  d'expositions  leur  signification  ciiiancipatrice. 
Seuls  les  artistes  vivants  y  seront  représentés.  L'ex- 
position  juhilairc,  qui  s'ouvrira  au  Musée  uioderne  à 
la  lin  de  lévrier,  ne  sera  donc  pas  rétrospective,  mais 
rn  (pielque  sorte  récapitulative.  On  y  reverra  avec 
intérct  ceux  des  artistes  belges  et  étrangers  (|ui  ont 
clcboté  aux  XX  et  qui  sont  aujourd'hui  parvenus  à  la 
luailrisc. 

A  Haarlem.  —  Les  directeurs  de  la  Fondation 
Teyier  ont  mis  au  concours   la   question   suivante  : 

n  Une  énumération  des  peintures  qui,  avant  I  an 
1)66,  se  trouvaient  dans  les  églises  et  les  cloîtres  des 
l'ays-Bas  septentrionaux  et,  en  second  lieu,  une  liste 
raisonnée  des  peintres  originaires  de  ces  contrées  qui 
ont  vécu  avant  ladite  année.  » 

Depuis  que  l'attention  s  est  fixée  sur  les  productions 

■  le  la  peinture  du  temps  qui  précéda  la  Hélorme,  on 
^  est  rendu  compte  qu'un  grand  nombre  de  ces  leuvres 
sont  sorties  des  Pays-Bas  septentrionaux.  Or,  les 
•inciens  écrivains,  comme  Van  Mander,  ne  savaient 
lUMiinicr  (|ii'un  petit  nombre  des  peintres  qui  vivaient 
à  cette  époque,  et,  de  ce  petit  nombre  d'artistes,  ils  ne 
pouvaient  désigner  que  peu  de  peintures.  Mais  depuis 
lors,  l'examen  des  archives  et  le  grand  développement 
pris  par  l'histoire  de  l'art  ont  non  seulement  aug- 
menté considérablement  le  nombre  connu  des  noms  de 
ces  peintres,  mais  ont  permis  de  retrouver  en  partie  les 
ii'uvres  que  ces  artistes  avaient  produites.  Désormais, 
on  est  en  état  de  mesurer  toute  l'étude  des  travaux 
d'Albert  van  Ouwater  et  de  (Jeertgen  tôt  Sint  Jans,  à 


Haarlem  ;  de  Cornelis  Engelbrechtsz  et  de  Lucas  de 
I^cyde,  à  Leyde  ;  de  -.lacob  Cornelisz  et  de  Picter 
Aertsz,  à  Amsterdam  ;  de  Ernst  Madcr  et  de  Machteit 
toc  Boecop,  à  Kanipcn  ;  de  Jan  Scorel,  à  l'trecht  ;  de 
Jcronimus  Bosch,  à  Bois-le-Duc,  etc. 

Il  ressort  des  recherches  déjà  entreprises  que  la 
tradition  selon  la(|uelle  les  iconoclastes  auraient 
ruiné,  en  l.'i66,  à  peu  prés  toutes  les  œuvres  d'art 
dans  les  églises  et  les  cloîtres  des  contrées  septen- 
trionales des  Pays-Bas,  ne  mérite  plus  une  confiance 
illimitée.  Pourtant,  afin  qu'on  puisse  avoir  à  cet  égard 
une  vue  d'ensemble  sur  le  champ  à  reconnaître,  il 
faut  d'abord  posséder  une  indication  aussi  complète 
que  possible  des  peintures  dont  ces  églises  et  ces 
cloîtres  étaient  ornés  avant  1366  et,  en  second  lieu, 
une  liste  raisonnée  des  peintures  originaires  du  nord 
des  Pays-Bas  et  existant  encore  aujourd'hui.  Telles 
sont,  brièvement  résumées,  les  raisons  qui  ont  incliné 
les  membres  de  la  fondation  Teyier  à  choisir  les  ques- 
tions ci-dessus  énoncées. 

Le  meilleur  mémoire  déposé  recevra  comme  prix 
une  médaille  d  or  d'une  valeur  de  400  tlorins  de  Hol- 
lande, frappée  sur  le  coin  de  la  Société. 

Les  mémoires  devront  être  écrits  en  hollandais,  en 
frani'ais,  en  anglais  ou  en  allemand,  d'une  écriture 
lisible  et  autre  que  celle  de  fauteur.  Ils  resteront  la 
propriété  de  la  Société,  qui  se  réserve  le  droit  de 
publier  ceux  qu'elle  couronnera. 

Ces  mémoires  doivent  être  anonymes,  signés  d  une 
devise  et  accompagnés  d'un  billet  cacheté  portant,  au 
lieu  d'adresse,  la  même  devise  et  contenant  le  nom  et 
le  domicile  de  l'auteur.  Ils  devront  être  adressés  avant 
le  i"  avril  1910  à  la  Fondation  de  feu  M.  P.  Teyier  van 
der  Huist,  à  Haarlem.  Le  jugement  sera  prononcé 
avant  le  1"  mai  1911. 


CHRONIQUE    DES   VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —  'Vente  de  tableaux  anciens,  etc. 

—  La  vente  que  nous  avions  annoncée  ici-méme 
avec  quelques  détails,  et  qui  a  eu  lieu,  salle  11, 
les  30  et  31  janvier,  a  produit  un  total  de  37.i;>6 
francs. 

Klle  olirait  comme  principal  attrait  de  consti- 
tuer les  véritables  débuts  de  M«  Henri  Baudoin, 
le  successeur  du  regretté  Paul  Chevallier,  à  qui 
on  ne  peut  souhaiter  plus  belle  carrière  que  celle, 
trop  tôt  interrompue,  de  son  prédécesseur. 


Aidé  de  MM.  Ferai,  Mannheim  et  Lemau,  le 
nouveau  commissaire-priseur  n'a  pas  eu  celte 
fois  de  bien  grosses  enchères  à  sanctionner  du 
coup  de  marteau  traditionnel,  mais  l'époque  n'est 
pas  encore  venue,  à  l'Hôtel  Drouot,  des  vacations 
d'importance  et,  en  matière  de  ventes  publiques 
comme  de  transactions  privées,  les  affaires  dans 
le  domaine  de  la  curiosité  sont  plutiM  au  calme 
tixe.  Les  seules  criées  qui  paraissent  avoir  le  moins 
à  souffrir  du  présent  état  de  choses  sont  les 
ventes  de  livres  ou  d'estampes  qui,  s'adressant  à 
un  public  plus  spécial,  plus  sérieux  aussi,  conti- 
nuent tranquillement  leur  petit  train-train,  sans 


44 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


se  soucier  des  crises  financières  et  des  bruits 
alarmants  du  côté  de  la  Bourse.  Au  contraire,  en 
le  qui  concerne  les  grandes  ventes  d'objets  d'art 
ou  de  tableaux,  en  dehors  de  la  collection  Octave 
lloniberg,  annoncée  pour  le  mois  de  mai  sous  la 
direction  de  iMf  l.air-Dubrcuil  et  deMM.Mannlieim 
et  Samboii,  on  n'entend  encore  parler  d'aucune 
suite  de  vacations  d'importance  comparable  aux 
grandes  ventes  de  l'an  dernier. 

Uuoi  qu'il  en  soit,  et  pour  en  revenir  à  notre 
présente  vente,  elle  n'a  pas  donné  lieu  à  de  bien 
gros  prix,  ce  qui  est  d'autant  plus  compréhen- 
sible que  le  niveau  général  de  la  collection  était 
d'ordre  tout  à  fait  secondaire,  et  que  lés  pièces 
importantes  y  faisaient  totalement  défaut. 

Il  nous  suffira  d'indiquer  quelques  prix  : 

Peimlres.  —  Trois  miniatures  sur  parchemin  repré- 
sentant des  Scènes  de  lu  l'assion,  par  liaphail  de 
Crémone,  2.000  fr.  —  Sahator  Hosa.  La  Dintiibulion 
de  la  soupe  par  un  couvent,  l.!)80  fr.  — Sui'hy.  l'orlrail 
de  la  princesse  Marie-CléiDentine,  1.030  fr.  —  Attri- 
bués à  Ph.  de  Champaif,'ne.  l'orlrails  de  Jeunes  ;/eii- 
lilshommes,  deux  pendants,  1.020  fr. 

Objets  divkhs.  —  Bronze.  /'îc/o,  d'après  Miilicl-Angc, 
travail  italien  de  la  fin  du  xvi"  siècle,  l.l.'iS  fr.  — 
Lustre  fer  doré  et  cristaux  de  roche,  1.580  fr.  — 
Ouatre  plaques  eu  ancien  email  de  Limoges,  9i0  fr. 

"Vente  de  tableaux.  —  Dans  les  résultats 
d'une  vente  de  tableaux,  faite  salle  6,  le  29  Jan- 
vier, par  M=  Lair-Dubreuil  et  M.  Haro,  nous  ne 
trouvons  à  signaler  que  les  enchères  suivantes  : 

Décoratfon  composée  de  douze  panneaux  et  de 
deux  de^sus  de  portes,  de  l'Ecole  française,  à 
guirlandes  do  fleurs  et  attributs,  :;.000  fr.  — 
Attribué  à  Boucher,  Iji  lioiiquclicrc  surprise, 
1 .600  fr.  —  Kcole  llamande.  Béatiliralion  d'une 
saillie,  l.OO'.i  fr. 

"Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  M":  Lair- 
iKibreuil,  assisté  de  MM.  l'anime  et  B.  Lasquin 
lils,  vendia  à  l'Hôlel,  salle  10,  le  10  février,  une 
collection  de  porcelaines  anciennes,  biscuits  et 
faïences  des  provenances  les  plus  diverses,  aussi 
bien  d'Allemagne  que  de  Fiance,  des  Pays-Bas 
que  de  l'Extrême-Orient;  quelques-unes  de  nos 
fabriques  provinciales  (Arras,  Nevers,  Lille,  Mar- 
--cille.  Tournai),  sont  également  repiésenlées 
dans  cette  réunion,  (jui  compte  aussi  quelques 
pièces  hispano-mauresques. 

—  Le  même  comniissaire-priseur, avecM.  Loys 
Delteil  comme  expert, dispersera,  les  lU  et  14  fé- 
vrier, salle  11,  la  collection  de  dessins  anciens 
du  marquisde  V...;  toutes  les  écoles  européennes 


y  sont  représentées  par  des  spécimens  intéres- 
sants, mais  on  accordera  une  particulière  attention 
aux  dessins  français  du  xv«  au  SIX'  siècle,  et  parmi 
ces  derniers,  aune  série  de  soixante-seize  des- 
sins de  T.  Géricault. 

Des  miniatures,  des  aiiuarelles  et  des  gouaches 
complètent  la  vente. 

—  Enfin,  lesl7et  18  février,  salle", aura  lieu  la 
vente,  dirigée  par  M"  Lair-Dubreuil  et  MM.Mann- 
lieiin,  d'une  colleclion  X...,  comprenant  des 
objets  de  vitrine,  bonbonnières,  tabatières,  étuis, 
llacnns,  etc..  en  partie  du  xviii»  siècle. 

LIVRES 

A  Paris.  —  Vente  de  la  bibliothèque  du 
comte  A.  'Werlé  (1"  partie  :  livres  mo- 
dernes .  —  lue  suite  de  prix  assez  oïdinaires, 
avec  tout  à  coup  quelque  belle  enchère  venant 
secouer  les  amateurs  et  donner  de  l'animation  à 
la  vente  :  telle  est,  en  résumé,  l'impression  pro- 
liuite  par  les  vacations  de  la  bibliothèque  de  livres 
modernes  du  comte  A.  Werlé,  dispersée  à  l'Hôtel, 
du  21  au  2!»  janvier,  par  le  ministère  de  M'' Lair- 
Dubreuil,  assisté  de  M.  H.  Lcderc. 

Dans  le  total  de  170.22!»  francs,  ligure  pour  une 
somme  respectable  une  réunion  de  dix  aqua- 
relles et  77  dessins  originaux  de  .Maurice  Leloir, 
destinés  à  illustrer  l'nc  l'cmmc  de  iiualite  au  siirtc 
passé  féd.  Manzi),  et  aux(|uels  était  joint  un 
exemplaire  de  cet  ouvrage  :  21). 000  francs  sur  une 
demande  de  20.000),  c'est  un  joli  denier  pour  une 
simple  curiosité  de  bibliophile. 

En  choisissant  les  enchères  supérieures  à  mille 
francs,  nous  mentionnerons,  en  outre  : 

78.  /'//ys»)/o,'/i></(/.'/o«<,  par  Brillât-Savarin  (librairie 
lies  bibliophiles,  2  vol.  in-S",  ISTJ).  avec  eaux-forles 
lie  Lalauze;  on  y  avait  joint  un  album  in-4' contenant 
les  eaux-fortes  en  épreuves  d'artiste  sur  japon  et  les 
eaux-fortes  pures  avant  la  lettre,  2.000  fr.  (Cet  exem- 
plaire, adjugé  à  M.  Carteret,  a  été  vole  dans  la  salle 
même,  après  la  vente;  I  album  qui  en  faisait  tout  le 
prix  n'a  été  tiré  qu'à  trois  exemplaires.) 

toi.  Contes  rémois  (Michel  Lcvy,  1858),  sur  hol- 
lande, fig.  de  Meissonier  sur  chine,  1.015  fr.'  —  I2'J. 
Costumes  /listorigues,  sur  vélin,  avec  les  150  dessins 
originaux  de  Lcchevallicr-Chevignard,  1.005  fr.  — 
156.  Jacques  le  Falalisle,  par  Diderot  (Amis  des 
livres,  1884),  sur  j.ipon,  avec  10  aquarelles  et  2  des- 
sins originaux  de  Maurice  Leloir,  4.210  fr.  —  159.  I.a 
Ctianson  des  mois,  par  J.  Doucet  (Reims,  1904:,  avec 
une  aquarelle  et  une  suite  des  eaux-forlcs  de  Loloir, 
3.870  Ir.  —  236.  Les  Mille  et  une  nuits  (Librairie  des 
bibliophiles,  1881),  sur  hollande,  dcss.  orig.  de  Lalauze, 


ANCIEN    ET    MODERNE 


2.1"\0  fr.  —  140.  Unp  réunion  do  3.433  planches, 
conslituant  l'œuvre  de  Daumier,  2.ri0  fr. 

342.  Contes  de  l.a  Fontaine,  réimp.  de  l'éd.  llidot 
de  1795,  avec  illustr.  de  Fragonard,  sur  japon,  fig.  de 
Martial  ajoutées  et  dess.  orig.  de  ces  ligures,  1.980  fr. 

—  411.  Conles  clioisis,  de  Guy  de  Maupassant  (éd.  des 
Bibliophiles  contemporains),  rel.  de  Gruel,  1.483  fr.  — 
443.  Œuvres  de  Molière,  dess.  orig.  de  Lalauze, 
1.801  fr.  —  .500-301.  Maiie-Anloinette  Daup/tine  et 
la  Heine  Murie-Aiitoinelte,  par  1'.  de  Noihac,  -.310  fr. 

—  302.  Les  yemnes  de  Versailles,  par  le  même,  sur 
japon,  4.000  fr.  —  337.  Le  Priiiteiiips  des  cœurs, 
illustr.  par  Dinet.  avec  une  aquarelle  originale, 
2.030  fr. 

338.  U)ie  Femme  de  qualité  au  siècle  passé  (éd. 
Manzi),  te.xte  et  dessins  de  Maurice  Leloir,  avec  un 
album  contenant  10  aquarelles  et  77  dessins  originau.x 
de  l'artiste,  25.000  fr.  (demande  20.000  fr.).  —  626. 
\'ie  de  N.-S.  Jésus-CIn  isl,  par  Tissot,  e.\.  sur  japon, 
plusieurs  états  des  lig.  et  une  ac).  orig.,  rel.  de  Champs, 
3.030  fr.  —  387.  La  Rose  enchontée,  par  E.  Schulze  ; 
dessins  orig  de  G.  Uussière.  2.020  fr.  —  594.  Mémoires 
(/,."  M"'  de  Slaul-Helauiiay  •  1890),  avec  les  dess.  orig. 
de  Lalauze,  1.701  fr.  —  600.  Le  Roupie  el  le  noir,  par 
Stendhal  {éd.  Conquet,  1884).  ex.  unique  sur  japon 
jaune,  avec  les  dessins  orig.  de  Uubouchet,  les  eaux- 
l'ortcs  de  ces  dessins  en  i|uatre  états  et  des  dessins 
inédits  de  N.  Saunier,  1.930  fr.  —  627.  La  Suinte  ISible, 
de  Tissot,  plusieurs  états  des  lig.  et  deux  aqu.  orig., 
1.370  fr. 

—  I,es  tnémes  coininissaire-priseur  el  e.xport 
ont  coniuieiicé  lundi  dernier  à  disperser  la  se- 
conde partie  de  la  bibliotlièt|ue  Werlé,  compre- 
nant les  manuscrits  el  livres  anciens. 

Nous  donnerons,  la  semaine  prochaine,  les 
principales  enclièros  île  cette  catégorie,  qui  a 
nécessité  quatre  jours  de  vente  et  où  la  moyenne 
(les  pri.x  a  été  supérieure  à  celle  des  livres 
modernes. 

■Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  M^  Lair- 
Ihilueuil  et  ,M.  II.  I.eclerc  annoncent,  pour  la 
semaine  prochaine,  la  dispersion  de  la  biblio- 
tliéiiue  de  l'eu  .M.  Henri  Cliusies.  Le  11  et  le  12, 
à  rHôlel,  salle  7,  seront  vendus  les  livres  anciens  : 
ouvrages  reliés  au.x  armes  des  Ifourbons,  aux 
armes  de  personnages  et  de  bibliophiles  célobres, 
collections  de  portraits  de  membres  Je  la  maison 
de  Bourbon,  etc.;  —  le  14  et  le  15,  même  salle 
les  livres  modernes  passeront  au.x  enchères. 

B.  J. 

ESTAMPES 

A  Paris.  -  Vente  d'estampes  anciennes  et 
modernes.  —  Le  12  lévrier,  à  rHi'>lel,  salle  n"  8, 
.M"  E.  Origet  et   M.   L.   Delleil  procéderont  à  la 


vente  d'une  petite  réunion  d'estampes  assez 
variée,  comprenant ,  auprès  de  quelques  gravures 
d'artistes  anciens  —  Diirer,  Rembrandt,  H.  Nan- 
teuil,  Boucher,  Lavreince,  Cochin,  Duplessi-Ber- 
lau.x  (dessin  des  Travaux  du  Champ-de-Mars  pour 
la  fête  de  la  Fédération)  —  des  œuvres  modernes 
d'importance  et  de  qualité  diverses  —  Daumier, 
Buhot,  Manet,  Chéret,  Forain,  Gaillard,  Fantin- 
Latour,  Helleu,  Zorn,  etc. 

R.  C. 


EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Société  d'art  français  (Cercle  de  la  Librairie), 
—  Ce  nouveau  groupe,  qu'il  faut  se  garder  de  con- 
fondre avec  la  Société  de  l'Histoire  de  l'art  fran- 
çais, se  dit  fondé  «  pour  montrer,  par  des  exposi- 
tions d'œuvres  anciennes  et  modernes,  la  perma- 
nence de  notre  tradition  artistique  w.  Il  s'agirait 
seulement  de  la  délinir...  L'idée  de  cette  tradi- 
tion ne  change-telle  pas  avec  les  temps  '.'  L'atelier 
Itavid  invoquait  la  tradition  française  en  hono- 
rant d'une  ferveur  étroite  ce  Poussin  qu'on 
exalte  en  face  d'un  Cézanne  !  Aujourd'hui  que 
les  artistes  sont  partagés  entre  la  crainte  judi- 
cieuse d'être  dupes  en  admirant  des  extrava- 
gances, et  la  peur  plus  redoutée  de  passer  pour 
réactionnaires  en  méconnaissant  des  efforts, 
l'avanl-garde  appelle  d'instinct  cet  inquiétant 
Constantin  Guys  (1808-1888),  un  peu  surfait  par 
l'imagination  raisonnante  de  Baudelaire,  et  qui 
lit  impression  sur  Manet.  Ébauche  et  débauche, 
revoici  donc  le  Suburre  parisien  de  1860,  depuis 
les  allées  du  Bois  jusc|u'au  divan  des  lupanars  : 
exposition  moins  paisiblement  rétrospective  que 
celle  de  Boudin,  encadrée  par  les  ouvrages  et 
les  noms  inégalement  connus  des  peintres  Bussy, 
béziré, Charles  Cuéiin, Tristan  Klingsor,  Lacoste, 
Laprade,  Le  Beau,  Martel,  Jacques  Martin,  Otl- 
mann,  Gaston  Prunier,  Boustan,  .Jacques  Simon, 
L'ibain,  du  sculpteur  Bourdelle,  de  M""  Marie 
Bermond  et  Louise  Hervieu.  J'en  passe,  mais 
non  point  des  meilleurs. 

Exposition  coloniale  (Galerie  Bernheiin 
jeune).  —  C'est  encore  la  tradition  française, 
avec  les  noms  rassérénants  de  Marilhat,  de  Belly, 
de  Guillaumet,  que  suggèrent  ces  notes,  rappor- 
tées de  loin  par  les  boursiers  élus  à  Pexposilion 
de  Marseille  en  190(i.  El,  devant  ces  brèves  des- 
criptions Je  l'.Vlgérie,  de  la  Tunisie,  des  luJes, 


LE    BULLETIN    DE   L'AKT 


ou  devine  un  retour  naturel  au  style  Iram-ais, 
plus  épris  de  formes  précises  et  de  lumières 
(liscri''tes  que  du  romatitisme  outrancier  d'un 
Decamps.  Pas  un  Tartarin  parmi  ces  quatorze 
orientalistes,  en  dépit  de  la  CanebiiTC  !  l'eititres 
ou  sculpteurs,  ils  imitentmieux  (|u"ils  n'inventent. 
Les  études,  surtout,  de  MM.  Dabadie,  Marché, 
Godeby,  Léon  RuIVe,  et  les  aquarelles  de  M""  Ma- 
rie (jautier,  nous  l'ont  voir  la  blanche  Tunis,  la 
Moixle  obscurité  des  souks,  le  silence  clair  de 
loued,  la  fontaine  ombragée  par  les  sycomores, 
la  porte  verte  d'un  marabout,  les  ruelles  roses 
de  Kairouan,  les  pierres  massives  deTouggourth, 
la  maigre  végétation  de  Figuig,  dont  le  nom  fait 
rêver  M"»"  Lucie  Delarue-Mardrus...  M.  Avelot, 
dans  rinde,  a  vu  la  vie  patriarcale  et  les  archi- 
tectures de  songe,  la  rivière  sacrée  qui  reflète 
vaguement  la  rougeur  des  costumes  ou  des  soirs, 
lamais  M.  Henri  d'Estienne  ne  s'est  montré  plus 
tin  qu'en  semant  des  sequins  sur  les  fronts 
bronzés  de  la  rieuse  fillette  arabe  ou  de  la  femme 
grave  apportant  le  café.  La  délicatesse  de  M.  de 
La  Nézière  sympathise  avec  la  verte  Ceylan  ;  et 
((ui  sait  si  l'île  mystérieuse  des  périples  anciens, 
que  M.  .Joseph  Pinchon  voit  plus  décorative,  ne 
renouvellera  pas  le  paysage  moderne  avec  la 
majesté  boisée  de  ses  plans  "? 

R.4YM0ND    BOUYER. 


Les  Mosaïques  byzantines 

de  Sainte-Sophie  de  Salonique 


Au  cours  de  la  mission  (|ui  lui  avait  été  confiée, 
en  1(107,  par  le  ministère  de  l'Instruction  publique, 
à  l'effet  d'étudier  les  monuments  byzantins  de 
Salonique,  M.  Marcel  Le  Tourneau,  architecte 
diplômé  par  le  gouvernement,  a  relevé  les  [iré- 
cieuses  mosaïques  qui  décorent  l'église  de  Sainte- 
Sophie.  Ces  mosaïques  étaient  pour  ainsi  dire 
inconnues.  A  la  coupole,  les  personnages  dispa- 
raissaient sous  les  peintures  à  l'huile  représen- 
tant des  arbres  ou  sous  les  papiers  portant  des 
inscriptions  coraniques  dont  les  Turcs  les  avaient 
recouverts  ;  à  l'abside,  la  figure  de  la  Madone 
était  également  invisible.  Et,  par  surcroît,  le 
grand  incendie  qui,  eu  189S,  ravagea  Sainte- 
Sophie,  avait  mis 'sur  toute  la  décoration  une 
épaisse  couche  de  fumée.  M.  Le  Tourneau  a  pu 
échafauder  le  monument,  nettoyer  toute  la  sur- 


face des  mosaïques  et  leur  rendre  leur  éclat 
primitif,  révélant  ainsi  vraiment  une  a-uvre  d'une 
importance  capitale  pour  l'histoire  de  l'art  by- 
zantin. 

Les  mosaïques  de  la  coupole  représentent  /'.As- 
cension.  .Au  centre,  le  Pantocrator  appareil  dans 
un  médaillon  porté  par  deux  aniies;  dans  la  zone 
circulaire,  la  Madone,  llanquée  de  chaque  côté 
par  un  an-ge,  est  accompagnée  des  douze  apôtres. 
La  conservation  est  excellente  et  l'art  tout  à  fait 
supérieur.  Il  y  a,  dans  le  modelé  des  figures,  une 
délicatesse  de  touche,  une  finesse  d'exécution 
étonnante,  une  science  aussi  de  l'eflet  à  pro- 
duire, qui  est  de  premier  ordre.  Certaines  ligures 
ont  une  rectitude  de  dessin,  une  intensité  de  vie 
et  d'expression,  une  variété  dans. les  attitudes  et 
les  draperies,  qui  sont  absolument  remarquables. 
La  figure  centrale  du  Pantocrator  est  au  contraire 
d'un  art  très  différent  et  nettement  inférieur;  et 
de  même,  la  Vierge  tenant  l'Enfant  qui  décore 
l'abside,  malgré  la  connaissance  admirable  que 
l'artiste  a  de  son  métier,  malgré  la  façon  exquise 
dont  l'enfant  est  traité,  ne  vaut  point  le'-  mo- 
saïques de  la  coupole. 

C'est  (ju'aussi  bien  tous  ces  ouvrages  ne  sont 
point  du  même  temps.  On  a  fort  discuté  en  ces 
dernières  années  sur  la  date  des  mosaïques  de 
Sainte-Sophie;  et,  comme  on  les  connaissait  plus 
qu'imparfaitement,  on  les  a  promenées  dans 
l'histoire  de  l'art  byzantin  depuis  le  vu"  siècle 
jusqu'au  xii"  ou  xiii°.  Les  constatations  très  pré- 
cises faites  par  M.  Le  Tourneau  ont  permis  de 
poser  plus  nettement  etde  résoudre  le  problème. 
Al'aidede  ces  donnéesincontestables, M.C.  Diehl, 
professeur  d'histoire  byzantine  à  la  Sorbonne,  a 
pu  établir  ((ue  le  Pantocrator  qui  occupe  le  centre 
de  la  coupole  date  du  milieu  du  vu"  siècle  et  ap- 
partient à  la  décoration  primitive,  les  figures  de  la 
zone  circulaire  provenant  au  contraire  d'une  res- 
tauration faite  à  la  lin  du  x«  ou  dans  la  première 
moitié  du  xi'  siècle.  La  .Madone  de  l'abside  est  de 
la  fin  du  viii'  siècle,  et.  étant  donné  l'extrême 
rareté  des  monuments  byzantins  de  cette  époque, 
elle  est  tout  particulièrement  précieuse. 

Ces  très  belles  mosaïques  seront  publiées  li»^ 
prochainement  par  MM.  Le  Tourneau  et  Diehl, 
dans  les  Monumenls  l'iot,  avec  planches  en  cou- 
leur el  en  noir.  M.  Le  Tourneau  qui,  l'an  dernier, 
avait  déjà  exposé  au  Salon  une  belle  restauration 
de  Saint  Démètriui  de  Salonique,  ainsi  que  de 
charmantes  aquarelles  représentant  un  epita- 
phioa,  chef-d'(cuvre  de  la  broderie  byzantine  au 
xtv«  siècle,  conservé  dans  cette  ville,  se  propose, 


ANCIEN    ET    MODERNE 


ilu  reste,  de  retourner  proiliainemfiit  en  Orient 
pour  continuer  ses  études.  Il  sortira  de  là,  sans 
nul  doute,  un  beau  livre  sur  les  monuments 
liyzantins  de  Salouique  qui,  échelonnés  du  v  au 
xiv^  siècle,  permettent  de  suivre  toute  l'évolulion 
de  l'architecture  byzantine. 

C.  D. 

CORRESPONDANCE  DE  BUCAREST 


Expositions  d'hiver. 

A  l'Athénée,  on  a  vu,  ces  dernières  semaines, 
les  expositions  du  caricaturiste  Iser,  des  peintres 
Kimon  Loghi,  Stéfane  l.ukian  et  du  sculpteur 
Oscar  Spaethe. 

l'armi  les  caricaturistes  roumains,  et  il  en  est 
de  politiques  qui  ne  manquent  pas  de  verve, 
.M.  Iser  se  montre  le  moins  uniquement  local.  La 
satire  chez  lui  se  hausse  parfois  à  un  type  général, 
humain  de  partout.  Ses  préférences  vont  au 
monde  des  cirques  et  des  cafés-concerts,  artistes 
et  public.  Il  semble  procéder  d'Ibels  plus  que  de 
tout  autre. 

M.  Loghi  jouit  de  la  réputation  de  premier 
jieintre  roumain  idraliste.  ^iginaire  de  Macé- 
doine, il  a  subi  à  Munich,  pendant  quelques 
années,  l'inlluence  de  Franz  Stuck.  C'est  à  travers 
Stuck  seulement  qu'il  apparaît  bœcklinien.  On 
ne  peut  toutefois  accorder  à  ses  compositions 
d'autre  valeur  que'celle  de  formules  toutes  faites, 
irn|)loyées  avec  une  certaine  habileté  technique 
toute  superficielle.  Ses  œuvres  alVectent  une  e.xé- 
cLition  lieaucoup  trop  sommaire  pour  être  mi'roe 
décoratives.  Ce  sont  des  à  peu  près  de  conception 
dans  des  à  peu  près  de  réalisation.  L'impression 
ne  laisse  pas  que  d'être  parfois  poétique  ;  les 
harmonies  de  tons  trahissent  des  qualités  de 
coloriste  ;  il  n'y  a  là  malheureusement  aucune 
vie,  ni  réelle,  ni  symbolique.  L'artiste  a  cherché 
à  réaliser  un  type  de  ces  exquises  princesses  des 
contes  populaires  roumains,  mais  il  n'a  pas 
réussi  à  s'affranchir  de  la  plus  plate  banalité, 
malgré  des  prétentions  léonardesques,  et  il  ignore 
tout  ensemble  le  style  et  la  »  richesse  néces- 
saire )>,  qu'il  serait  cependant  si  facile  d'em- 
prunter à  la  moindre  paysanne  d'un  villaiie 
conservé  à  l'abri  des  afiectations  citadines. 

M.  I.ukian  demeure  visiblement  inlluencé  par 
la   manière  de  feu  Grigoresco  ;   il   en  a   encore 


exagéré  la  liberté,  à  laquelle  on  sent  trop  qu'il 
n'est  pas  parvenu  graduellement;  sa  touche  et 
son  coloris  manquent  de  vraie  finesse.  Le  com- 
parer à  Leibl  et  encore  à  Metsu,  comme  on  l'a 
fait,  c'est  lui  lancer  le  pavé  de  l'ours.  Cependant 
il  s'est  créé  une  spécialité  intéressante  de  la 
population  de  mahala.  le  faubourg  très  particu- 
lier de  Bucarest.  Son  individualité  en  quête  de 
mieux  pèche  par  défaut  de  discipline. 

M.  Oscar  Spaethe  s'affirme  un  sculpteur  par- 
faitement maître  désormais  de  son  métier;  son 
portrait  du  peintre  iMkian  marque  un  fort  pro- 
grès sur  le  buste, du  General  Mano,  aperçu  il  y  a 
trois  ans  à  Munich,  et  surtout  sur  celui  de  l'acteur 
Brezeano,  antérieur.  Quelques  objets  d'art  ré- 
vèlent un  joli  goût  décoratif.  Des  statuettes 
de  paysans,  de  bergers,  d'un  caractère  original, 
forment  une  sorte  de  pendant  roumain  aux  figu- 
rines moraves,  d'un  charme  si  aisé,  de  M.  Uprka. 

M.  M. 


LES      REVUES 


Francf. 


Revue  des  Deux-Mondes  (1"  janvier).  —  /." 
Condillun  sociale  des  peintres  français  du  XIII'  au 
XV' siècle.  Cet  article  postiiuuie  —  dans  lequel  le  re- 
gretté Henri  Bouchot  avait  mis  eu  œuvre  les  notes  qu'il 
avait  recueillies  au  cours  de  ses  recherches  sur  les 
primitifs  —  nous  fait  connaître  la  vie  et  les  mœurs 
de  ces  artistes,  principalciiient  à  Paris,  jusqu'au 
XVI"  siècle. 

Musées  et  monuments  de  France  (1907,  n°  10, 
fin).  —  Voici  la  lin  de  l'analyse  des  articles  contenus 
dans  le  derrdor  numéro  de  cette  publication  (voir  le 
n"  309  du  liullelin,  p.  iO)  : 

—  Fonlesd'aprèsdes  bus-reliefs  antiques  uttribuables 
au  sculpteur  Tliuillier,  conservées  au  musée  du 
Louvre  et  au  musée  Wallace,  par  Etienne  Michon. 

—  Le  buste  de  Jean  de  ilorvilliers,  par  Germain 
l'ilon,  conservé  au  musée  d'Orléans,  reproduit  et 
étudié  par  M.  Gaston  Bhikre. 

—  11  La  Salivité  »  de  ISenedelto  Gliirlandajo, conser- 
vée dans  l'église  d' Aigueperse,  reproduite  pour  la 
première  fois  dans  une  revue  française  et  étudiée  par 
M.  Jean  Guikfkev,  qui  insiste  sur  liiitérèt  considé- 
rable que  présente  cette  (euvre  pour  l'histoire  de  la 
peinture  italienne,  car  son  attribution  est  incontesta- 
blement établie  par  une  signature,  et  aussi  pour  l'bis- 
tuire  lie  la  peinture  frani'aise,  puisque  Henedetto  Ghir- 
l.indajo  vécut  en  France  vers  1480-1490  et  y  répandit 


48 


I.E    BULLETIN   DE    L'ART 


rinfluence  de  l'art  DoreiiUn,  en  nirnie  temps  qu'il  y 
recevait  l'empreinte  de  notre  art  national. 

—  Vescidief  de  la  iiiaisuii  de  Fr/inçois  I",  à  Ahbe- 
ville,  par  Pierre  Dubois.  —  L'auteur  étudie  et  repro- 
duit ce  chef-d'œuvre  de  la  rue  de  la  Tannerie,  une  des 
étapes  que  les  visiteurs  du  vieil  Abbeville  devront 
rayer  désormais  de  leur  itinéraire,  car  la  porte  et  le 
tambour  de  cette  cage  d'escalier,  ornés  de  délicates 
sculptures,  ont  été  naguère  veiulus  par  le  propriétaire 
à  un  antiquaire  pour  la  somme  de  4.000  francs,  avant 
que  la  Société  d'émulation  d'Abbevillc  ait  pu  parer 
le  coup  par  une  olîre  quelconque.  Ces  précieuses 
boiseries  sont  déjà  parties  pour  l'Amérique  ! 

Allemag.nf, 

Die  Kunst  (décembre).  —  A.  Fobtlaoe.  L'Ea-poxi- 
liun  de  iarl  allemand  ù  <'olo(/ne,en  1907. 

—  K.  ScHEFFLER.  Le  tnblenu  placé  dans  une 
chambre.  —  Conseils  pour  le  choix  et  le  placement 
des  tableaiix.   Extrait  de  l'ouvrage  Ahderne  Cvlltiv. 

—  F.  VON  BoEHiN.  Francisco  de  Goya,  considéré  sur- 
tout comme  adversaire  du  classicisme  et  précurseur 
des  impressionnistes. 

—  Il.-E.  Kromek.  Ernsl  Kreidulf,  auteur  d'albums 
illustrés  pour  enfants,  d'une  fantaisie  cliaruiante, 
d'après  les  spécimens  que  reproduit  l'auteur. 

—  K.-M.KczMANv.  Une  église  bdlir  /lar  Ollo  Waf/ner. 
—  Kglise  de  la  grande  nmaisou  de  santé  pour  aliénés  » 
de  la  Basse-Autriche,  construite  en  style  moderne 
(plaques  de  marbre  et  métal),  par  Otto  Wagner. 

—  H.  Warlich.  Cari  Melville,  et  sa  sculpture  sur- 
tout décorative. 

—  E.-W.   Bredt.   Monumenf  funéraire  par  Obrlsl. 

—  Heu.mever.  Le  nouveau  casino  dWiblinq,  con- 
struit, quant  à  l'aspect  extérieur,  dans  le  style  des 
maisons  de  paysans  de  la  régi()n,  par  l'architecte 
H.  Scliachncr. 

—  Ateliers  et  travaux  d'art  industriel  allemand 
(meubles,  broderies,  jouets). 

(Janvier).  —  Le  Scnlpleur  autrichien  Edmond  llell- 
mer,  son  art  et  son  enseignement.  —  llelluier  veut 
que  le  sculpteur  apprenne  de  nouveau  à  travailler 
lui-même  le  marbre  et  le  bronze,  au  lieu  de  se  borner 
à  des  modelages.  —  .Nombreuses  reproductions  des 
travaux  de  Ilellmer. 

—  F.  Gu.NTHEB.  Le  Conservateur  de  musée. 

—  R.  SciiMiDT.  La  seconde  Exposition  de  l'Acadéuiie 
royale  des  beaux-arts  à  Berlin. 

—  Travau-i  d'art  industriel  de  B.-.l.  Sclirœder.  — 

H.  llUET. 

Angleterre 

The  Burlington  Magazine  (janvier).  —  l.cs 
récentes  ac(juisitions  d'œuvres  appartenant  à  la  col- 
lection kann,  faites  par  MM.  C.  P.  et  Archer  M.  Hun- 
lington,  par  M.  C.  J.  Holmes.  —  Des  peintures 
tlamandc?  et  hollandaises  (parmi  les  œuvres  de  celle 


série  figurent  le  l'ortrait  it'Hcndrickje  Stoffels  (JL 
le  Savant  avec  un  buste  d'Homère,  de  IteinbrandI  : 
wal'orlrait  de  femmeetun  l'ortrait  de  Koeijmamszoon 
irAblasserdam  ;  une  Vierge  avec  l'Enfant,  Ae  Roger 
van  der  Weyden,  etc.,  reproduites  dans  le  texte);  — 
parmi  les  œuvres  espagnoles  :  le  Cardinal  don  Fer- 
nando Niîio  de  Guevara,  par  Greco,  et  le  Torero 
l'edro  Romero,  par  Goya  ;  —  de  nombreux  objets 
d'art  et  d'ameublement  français  du  xviii"  siècle 
(tables,  bureaux,  pendules,  porcelaines  de  Sèvres,  etc.).- 

—  Soles  sur  les  peinturps  des  cotleclinns  royales, 
par  Lionel  Cust  :  cette  neuvième  étude  est  consacrée 
.i  la  «  grande  pièce  »  de  Van  Dyck,  le  groupe  de 
Charles  I",  avec  la  reine  Henriette-Marie  et  les  deux 
aines  de  leurs  enfants,  le  prince  Charles  et  la  prin- 
cesse Marie. 

—  Les  porcelaines  de  Sèvres  des  collections  royales, 
par  M   L.  Solon. 

—  Deux  chefs-d'œuvre  de  la  sculpture  grecque,  par 
A.  KoESTER.  —  H  vient  d'entrer  au  Musée  national  de 
Rome  un  torse  d'une  copie  du  Discotifjle  de  Myron, 
qui  est  le  meilleur  fragment  que  l'on  connaisse  des 
copies  de  ce  chef-d'œuvre  et  auquel  on  a  pu  joindre 
plusieurs  fragments  que  le  musée  posséd.iit  déjà,  de 
façon  à  former  une  statue  complète  du  Discobole, 
qui  est  une  des  meilleures  qiu^  l'on  connaisse.  L'autre 
chef-d'œuvre  également  entré  au  Musée  national  est 
une  statue  de  Siobide  du  !'•  siècle. 

Rl'ssif 

StaryéGody  les  Annéesanciennesj/novemhri". 

—  Willi.  lioiiE.  t'n  portrait  de  femme  par  IleiiibrandI 
lions  la  collection  lluldschinsky  à  llerlin.  —  Récem- 
ment .icquis  et  provenant  de  Dresde,  ce  portrait, 
fort  bien  conservé,  semble  celui  de  Henririjke  stollels, 
âgée  d'environ  12  ans,  vers  1630. 

—  N.  Ro.MAXov.  (Juel<iues  œuvres  peu  connues  de 
Fédotov.  —  Humoriste  et  gcuriste,  Fédotov  s'était 
habitué  à  la  vérité  qui  le  particularisa,  par  un  grand 
nombre  de  petits  portraits  de  personnes  de  son  entou- 
rage et  de  ses  amis.  Ces  portraits  sont  étudiés  pt^ur 
la  première  fois  et  pour  la  premi'  !.■  t.i-;  l'Mr.'iMi^s  .n 
grand  nombre. 

—  G.  Gro.nai'.    ' '■  '■■,■'  ,  ,,,.,,,,,r  ., 
l'itli. 

—  K.    Ueitekx.  Les  iiinu;,  r,ij,/i,rK  de  Chtchi-drovsi,i. 

—  Ouatre  remarquables  albums  parus  de  I83'J  à  1855 
et  consacrés  aux  mèliers  et  aux  mes  de  Saint- 
l'ètershourg. 

—  V.  I.\.  L'arrivée  de  Nicolas  Pineau  en  Russie. — 
Il  arriva  avec  toute  sa  famille,  fenmie,  belle-sœur  et 
belle-mère.  Son  compagnon,  le  sculpteur  Simon, 
se  demande  l'auteur,  n'élait-il  pas  son  beau-frère'.'  — 
I).  HorfiF. 


Le  Gérant  :  H.  Demis. 

Pans.  —  Inp.  Georg»  Pxit,  ti,  me  Uodot-dp-Uturai. 


Numéro  371. 


Samedi  15  Février  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


Retour  de  flammes 


I.es  promesses  du  gouvernement  étaient  deve- 
nues à  ce  point  formelles  et  précises,  que  les  plus 
sceptiques  avaient  fini  par  s'y  laisser  prendre, 
et  le  déménagement  du  ministère  des  Colonies, 
officiellement  annoncé,  n'étant  plus  qu'une 
question  de  semaines,  les  protestations  s'apai- 
sèrent dans  l'espoir  de  la  prochaine  libération 
du  territoire  artistique...  Ceci  se  passait  il  y  a 
tout  près  de  dix  mois. 

Mais,  le  cycle  des  saisons  révolu,  l'hiver  ramena 
la  discussion  du  budget,  sans  qu'il  eût  été  donné 
aux  amis  du  Louvre  de  voir  s'accomplir  cet 
événement  mémorable;  quelqu'un  tenta  bien  de 
reprendre  la  question  à  la  Chambre  :  il  n'obtint 
aucun  succès,  et  le  Gouvernement,  fort  de  ses 
promesses  passées,  ne  jugea  point  à  propos  d'en 
faire  de  nouvelles. 

Cependant,  l'hiver  ramenait  aussi  le  froid;  et 
le  froid,  du  feu  dans  les  foyers  du  pavillon  de 
Flore.  Nécessairement,  il  arriva  un  beau  soir  — 
pas  ijlus  tard  que  lundi  dernier  —  que  le  feu 
prit,  j'allais  dire  :  dans  une  cheminée  du  minis- 
tère (ce  que  c'est  que  l'habitude  !)  ;  mais  non  : 
cette  fois,  c'était  dans  un  monte-charge  formant 
appel  d'air,  partant  des  sous-sols  et  montant 
jusqu'au  toit  :  tout  à  fait  ce  qu'il  fallait  pour 
incendier  le  bâtiment  du  haut  en  bas. 

Or,  de  ce  commencement  d'incendie,  que  les 
journaux  nous  disent  avoir  été  i<  d'une  certaine 
gravité  »,  sans  doute  par  euphémisme  et  pour  ne 
pas  avouer  qu'il  fut  d'une  gravité  certaine,  on 
peut  tirer,  toujours  d'après  les  journaux,  plu- 
sieurs enseignements  bons  à  retenir.  Retenons 
donc  : 

l"  Qu'il  faut  se  féliciter  de  ce  que  l'incendie 
ait  eu  lieu  à  sept  heures  du  soir,  car  s'il  s'était 
déclaré  la  nuit,  «  le  feu  aurait  pu  prendre  de  très 
grandes  proportions  et  tout  le  cabinetdu  ministre 
avec   les   bureaux  attenants,  auraient  pu  être 


détruits  ».  C'eût  été  dommage,  certainement  ; 
mais  enfin,  la  salle  des  Hubens  est  peut-être 
aussi  intéressante  que  les  cartons  verts  des 
Colonies. 

2°  Qu'un  attaché  de  cabinet,  qui  travaillait  près 
de  l'endroit  où  le  feu  se  déclara,  ayant  donné 
l'alarme,  on  utilisa,  en  attendant  les  pompiers, 
les  appareils  d'un  poste  à  incendie  du  ministère  : 
or,  ces  appareils  «  fonctionnèrent  à  merveille  ». 
Et  voilà  de  quoi  rassurer  les  âmes  sensibles  : 
quand  on  possède  de  semblables  appareils,  com- 
ment ne  braverait-on  pas  tous  les  commence- 
ments d'incendie  ! 

3°  Enlin,  que  le  ministre,  qui  s'est  montré  très 
ému  de  cet  incident  (sa  femme  de  chambre  a  été 
descendue  à  demi  asphyxiée),  a  fait  à  un  reporter 
cette  déclaration  sensationnelle,  touchant  le 
transfert  de  ses  bureaux  : 

«  — .le  m'en  occupe  ardemment;  pas  plus  tard 
qu'hier,  j'ai  visité  les  locaux  de  la  rue  Oudinot, 
où  nous  devrons  émigrer,  et  j'ai  prié  l'architecte 
d'en  hâter  l'aménagement  :  tout  sera  prêt  à  la 
la  lin  de  l'année,  et  nous  commencerons  aussitôt 
notre  déménagement  ». 

A  la  lin  de  l'année,  Dieu  bon  !  Et  c'est  l'archi- 
tecte qui  l'assure  !  Et  le  déménagement  commen- 
cera aussitôt  après  ! 

Allons  !  je  crois  que  la  seule  chose  qui  vaille 
la  peine  d'être  prise  en  considération  dans  tout 
cela,  c'est  que  les  postes  d'incendie  du  ministère 
«  fonctionnent  à  merveille  ». 

Eddy, 


ECHOS    ET    NOUVELLES 


Légion  d'honneur.  —  M.  Bisson,  artiste  peintre, 
couiiiiisstiire  en  clief  des  expositions  de  la  Société 
des  artistes  français,  est  nommé  chevalier  de  la 
Légion  d'honneur. 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
(séance  du  7  février).  —  Sur  le  rapport  de  M.  Paul 


!J0 


LE    BULLETIN   DE    L'ART 


Durrieu,  l'Académie  décerne  le  prix  Duchalais,  de  la 
valeur  de  mille  francs,  à  la  Revue  numismuliqui\ 
dirigée  par  MM.  Schlumberger,  Babelon  et  Adrien 
Bluiicliet,  pour  l'ensemble  de  ses  publications. 

—  M.  Héron  de  Villefosse  présente  au  nom  de 
M.  Fernand  Bournon,  le  volume  que  celui-ci  a  publié 
récemment  sur  les  arènes  de  la  rue  Monge. 

—  L'Académie  se  forme  ensuite  en  comité  secret 
pour  discuter  les  diverses  attributions  à  donner  à  la 
fondation  Dcbrousse. 

Commission  archéologique   d'Indo-Chine.  — 

Le  ministre  de  l'Instruction  publique  vient  de  créer 
une  Commission  archéologique  do  l'Indo-Chine  qui 
sera  rattachée  à  la  section  d'archéologie  du  Comité 
des  travaux  historiques  et  scientifiques,  et  chargée  de 
recevoir  et  d'examiner  toutes  les  communications 
relatives  à  la  conservation  des  monuments  archéolo- 
giques de  rindo-Chine.  Cette  Commission  est  com- 
posée de  : 

MM.  Perrot,  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  des 
Inscriptions,  président  ;  Barbier  de  Mcynard,  Barth, 
Chavannes,  llamy  et  Sénart,  membres  de  l'Institut: 
Aymonier,  membre  du  Conseil  supérieur  des  colonies; 
Bayei,  directeur  de  l'enseignement  supérieur;  le 
général  de  BÈylié;  Delaporte,  directeur  du  musée 
cambodgien;  Doumer,  ancien  gouverneur  général  de 
rindo-Chine;  Kinot,  directeur-adjoint  à  l'école  pra- 
tique des  Hautes-Etudes;  Foucher,  directeur-adjoint  à 
l'École  des  Hautes-Etudes;  Fourès,  résident  supérieur 
honoraire;  Guimet,  directeur  du  musée  Guimet; 
Hahn,  résident  supérieur  honoraire;  Harmand, ambas- 
sadeur de  France;  Sylvain  Lévi,  professeur  au  Collège 
de  France;  Porte,  ministre  plénipotentiaire;  Max 
Outrey,  chef  du  bureau  de  l'Asie  au  ministère  des 
Colonies  ;  de  Saint-Arroman,  chef  de  bureau,  et  Char- 
pentier, sous-chef  de  bureau  a  la  direction  de  l'ensei- 
gnement supérieur. 

Musée  Carnavalet.  —  M"*  Matza,  née  Colette 
Dumas,  morte  récemment,  a  par  testament  donné  au 
Luxembourg  ou,  à  défaut,  au  musée  Carnavalet  le 
portrait  de  son  père,  par  Edouard  Détaille. 

Trois  autres  dons  ont  été  laits  au  musée  Carnavalet: 
les  portraits  de  M°"  Adélaïde,  sœur  de  Louis-Philippe, 
par  Scheffer,  et  de  Dugazon,  par  liiesener,  offerts  par 
M.  Félix  Doistau,  et  le  portrait  de  JSalzac  sur  son  lit 
de  mort,  pastel  de  Giraudet,  donné  par  M"'  Kolb. 

Manufacture  des  Gobelins.  —  Par  lettre,  en 
date  du  4  février  1908,  M.  GuilTrey,  administrateur 
de  la  Manufacture  nationale  des  Gobelins,  a  été 
informé  par  l'administration  des  Beaux-Arts  que  le 
mandat  qui  lui  avait  été  renouvelé  en  1903  expirant 
le  1"  mars  prochain,  il  était,  à  partir  do  cette  date, 
admis  à  faire  valoir  ses  droits  à  la  retraite  et  nommé 
administrateur  honoraire. 

(In  annonce  que  M.  Gustave  Gelîroy  sera  nonuné 
administrateur  des  Gobelins,  en' remplacement  de 
M.  Guiffrey. 


Société  des  artistes  français.  —  Le  vote  pour  le 
renouvellement  du  jury  de  peinture  i)our  les  années 
1908,  1909  et  19)0  aura  lieu  le  vendredi  28  février,  de 
9  à  4  heures,  à  la  salle  des  Agriculteurs  de  France, 
8,  rue  d'Athènes. 

Le  jury  se  composera  de  soixante  artistes  français 
hors  concours.  Sont  électeurs  tous  les  artistes  français 
récompensés  ou  ayant  exposé  cinq  fois  au  Salon, 
exception  faite  de  ceux  qui,  n'étant  pas  sociétaires, 
n'ont  pas  exposé  depuis  quinze  ans. 

Société  nationale  des  beaux-arts.  —  On  sait 
que,  depuis  plusieurs  années,  les  maquettes  de  décors 
sont  admises  au  Salon  de  la  Société  nationale. 

Cette  année,  d'accord  avec  la  nouvelle  direction  de 
l'Opéra,  la  Société  nationale  organise  pour  le  pro- 
chain Salon  un  concours  de  maquettes;  le  sujet 
choisi  est  le  décor  du  dernier  acte  de  i^amson  et 
Dfililn  :  le  temple  dont  Samson  renverse  les  colonnes. 

L'auteur  de  la  maquette  jugée  la  meilleure  par  le 
comité  de  la  Société,  auquel  s'adjoindront  MM. 
Saint-Saëns,  Messager,  Broussan  et  P.  Lagarde, 
recevra  une  prime  de  .MO  francs,  et,  si  le  projet  offre 
les  garanties  de  pratique  nécessaires,  la  direction  de 
l'Opéra  se  réserve  le  droit  d'en  commander  l'exécution 
à  l'artiste  récompensé. 

Les  artistes  désirant  prendre  part  à  ce  concours 
devront  envoyerleurs  projets  au  Grand-Palais  dons  la 
journée  du  vendredi  27  mars. 

Monuments  et  statues.  —  On  a  inauguré  la 
semaine  dernière,  à  Dijon,  un  monument  au  philan- 
thrope Félix  Mangini,  di'i  au  statuaire  Boucher  et  à 
l'architecte  Bogniat. 

—  Mardi  dernier,  a  eu  lieu,  dans  le  jardin  du  Luxem- 
bourg, l'inauguration  du  monument  de  Scheurer  - 
Kestner,  œuvre  de  Dalou. 

Au  Mont  Saint-Michel.  —  L'administration  des 
bcaux-artsvientde  conclure  au  Mont  Saint-Michel  une 
série  d'acquisitions  importantes.  Le  «  petit  bois  »  qui 
s'étale  sur  le  versant  Nord  du  Mont,  au  pied  des 
constructions  de  la  Merveille,  devient  la  propriété  de 
l'État.  Il  en  est  de  même  des  pentes  rocheuses  qui 
bordent  la  plateforme  de  l'abbaye  et  de  terrains  assez 
étendus  sur  lesquels  il  était  à  craindre  de  voir  s'élever 
des  immeubles  qui  eussent  masqué  l'un  des  plus 
beaux  aspects  du  Mont. 

A  Étampes.  —  Un  amateur  d'art,  M.  Eugène 
Lcfèvre,  vient  de  signaler,  dans  une  dépendance  du 
tribunal  d'Étampes,  occupée  par  la  gendarmerie,  une 
peinture  murale  dont  l'importance  était  jusqu'ici 
inconnue  et  qui  serait  une  œuvre  du  début  du  qua- 
torzième siècle.  La  scène  quelle  représente  est  celle 
de  la  donation,  par  Philippe  le  Bel  à  Louis  d'Évreux, 
de  la  baronnic  d  Étampes,  en  130'7.  La  peinture  n'a 
subi  que  peu  de  dégradations  et  l'on  distingue  nette- 
ment les  personnages. 


ANCIEN    ET   MODERNE 


bl 


En  Tunisie.  —  D'intéressantes  découvertes  archéo- 
logiques ont  été  faites  dans  ces  dernières  années  à 
Souk-el-Arba,  en  Tunisie  :  en  1902,  par  M.  Lafon, 
conducteur  des  ponts  et  chaussées;  puis,  en  1905, 
par  le  capitaine  Bcnet,  du  3'  bataillon  d'Afrique,  qui, 
en  élargissant  le  champ  des  investigations  premières, 
avec  le  concours  de  la  direction  des  Antiquités  et 
Arts  du  Protectorat,  est  parvenu  à  déblayer  entière- 
ment tout  un  vaste  édifice.  C'est  une  construction  à 
peu  près  carrée,  mesurant  environ  26  mètres  sur  23, 
et  rappelant,  par  les  grandes  lignes  de  son  plan,  le 
temple  de  Saturne,  à  Dougga,  ou  le  sanctuaire  du 
Genius  colonise,  à  Timgad.  De  nombreuses  colonnes, 
des  statues  et  des  piédestaux,  y  ont  été  trouvés, 
dont  M.  Alfred  Merlin,  directeur  des  Antiquités  et 
Arts  de  la  Régence,  vient  de  signaler  l'intérêt  dans 
une  savante  brochure.  11  cite  notamment  une  grande 
statue  d'homme,  en  marbre,  dr!\pé  de  la  toge;  sur  la 
tète,  séparée  du  tronc,  et  qui  gisait  à  quelque  distance, 
on  remarque  que  la  barbe  est  indiquée  par  un  simple 
piquetage  du  marbre  sur  les  joues  et  le  menton.  Il 
signale  également  une  petite  statue  de  Minerve,  haute 
de  1  m.  30,  privée  presque  complètement  de  ses  bras 
et  dont  la  tête  n'e.xiste  plus,  mais  dont  le  travail  est 
délicat  et  curieux  :  la  déesse  est  vêtue  du  double 
chiton  serré  au-dessous  des  seins  par  une  ceinture, 
avec,  sur  la  poitrine,  l'égide  et  la  tête  de  Gorgone  ; 
dans  le  dos,  deux  encastrements  symétriques  ont  dii 
servir  à  fixer  des  ailes  dont  il  n'a  été  rien  retrouvé. 
Une  autre  statue  de  Minerve,  manifestement  destinée 
à  faire  pendant  à  celle-ci,  a,  d'ailleurs,  été  retrouvée 
dans  une  autre  partie  du  temple.  Enfin,  au  centre  de 
la  cella,  et  sans  préjudice  de  nombreuses  effigies 
d'hommes  et  de  femmes,  découvertes  en  divers 
endroits,  une  statue  colossale  d'Apollon  Citharèdc, 
haute  de  3  mètres,  a  été  mise  au  jour.  Debout,  li' 
torse  nu,  le  bas  du  corps  enveloppé  dans  une  dra- 
perie qui  se  replie  sous  le  bras  gauche,  le  dieu,  à  qui 
le  temple  est  dédié,  a  le  bras  droit  recourbé  au-dessus 
de  la  tète,  la  main  posée  sur  les  cheveux  qui  sont 
sép,arés  en  deux  bandeaux  ondulés,  et  s'appuie  de  la 
main  gauche  sur  une  cithare  richement  décorée  et 
supportée  par  un  socle  rectangulaire. 


A  Strasbourg.  —  La  Société  des  Amis  des  Arts 
de  Strasbourg,  qui  organisa  l'année  dernière,  on  se 
rappelle  avec  quel  succès,  une  exposition  d'art  fran- 
çais moderne  dans  la  capitale  alsacienne,  prépare  en 
ce  moment  une  exposition  consacrée  à  l'art  décoratif 
de  l'École  de  Nancy. 

Cette  exposition  se  fera  dans  les  salles  d'apparat  du 
Palais  des  Rohan,  du  7  au  26  avril.  Elle  comprendra 
aussi  bien  la  peinture  que  les  arts  appliqués  et  don- 
nera une  idée  d'ensemble  de  la  production  artistique 
dans  la  capitale  lorraine. 

Les  artistes  les  plus  célèbres  et  les  principales  mai- 
sons d'art  de  Nancy  seront  représentés. 

A  Amsterdam.  —  On  nous  écrit  d'Amsterdam  : 
«L'ère  des  tribulations  n'est  pas  encore  close  pour  la 
collection  Six.  N'arrive-t-il  pas  que  ce  qui  en  reste, 
après  la  vente  du  lot  appartenant  aux  héritiers  Six 
van  Vromade,  va  être  soustrait  à  la  curiosité  du 
public  !  La  demeure  patricienne  d'Amsterdam,  jus- 
qu'ici si  hospitalièrement  ouverte  aux  touristes  de 
passage,  va  leur  être  fermée,  par  décision  deM.J.  Six. 
D'après  la  revue  de  Gids,  les  causes  de  cette  décision 
doivent  être  cherchées,  d'abord,  dans  les  articles  de 
certains  journaux,  même  parisiens,  dont  les  appré- 
ciations auraient  froissé  les  propriétaires  du  l'ortrait 
du  bouri/meslre  J.  Six,  et  ensuite  dans  la  conduite 
de  certains  visiteurs  de  la  galerie,  étrangers  ou  même 
Hollandais,  qui  n'ont  pas  toujours  su  se  conduire 
avec  la  réserve  et  la  correction  qui  devaient  être 
considérées  comme  élémentaires.  —  G.  H. 

A  Bruges.  —  On  annonce  que,  dans  sa  dernière 
séance,  le  conseil  communal  de  Bruges  a  voté  à 
l'unanimité  les  expropriations  nécessaires  au  déga- 
gement du  terrain  sur  lequel  sera  construit  le  nou- 
veau musée.  Celui-ci  sera  réuni,  par  des  jardins 
publics  et  des  allées,  au  merveilleux  palais  de  Gruiit- 
huse,  à  l'église  .Notre-Dame  et  à  l'hôpital  Saint-Jeau. 

A  Berlin, —  M.  Max  J.  Friedhender,  directeur  en 
second  du  musée  de  Berlin,  vient  d'être  désigné  pour 
succéder,  comme  directeur  du  Cabinet  des  estampes 
de  ce  musée,  à  M.  Max  Lehrs,  nommé  au  Cabinet  de 
Dresde. 


— *— ^^*<1>^0<STÇ'^VÎ>^«>- 


CHRONIQUE    DES  VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —  Vente  de  tableaux,  etc.  —  Dans 
une  vente  de  peu  d'importance,  faite  salie  6,  le 
4  février,  par  M'  François  et  M.  Blée,  et  dont  le 


produit  s'est  élevé  à  20.1îi0  francs,  se  trouvait 
une  composition  de  Carie  van  Loo,  Betlisaliée 
Rortantdu  bain,  qui  fit  partie,  en  1781,  de  la  vente 
Sollier,  où  elle  fut  adjugée  660  livres.  Ici,  sur  la 
demande  de  20.000  francs,  elle  en  a  réalisé  10.000. 
Hien  de  notable  dans  le  reste  de  la  vente. 


S2 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


Tableaux  anciens.  —  Annoncée  par  un  cata- 
logue illustré  de  quelques  planches,  une  vente 
de  tableaux  anciens,  faite  salle  6,  le  C  février, 
par  le  ministère  de  M"  I.air-Dubreuil  et  de 
M.  Bloche,  a  produit  un  total  de  ii4.06G  francs. 

Rien  de  bien  marquant  dans  celte  réunion 
un  peu  mêlée,  où  dominaient  les  médiocrités  ; 
les  quelques  morceaux  honorables  ont  eu  plutôt 
à  souflrir  de  se  trouver  dans  un  pareil  entourage, 
car  les  prix  d'adjudication  sont  restés  très  sensi- 
blement au-dessous  de  la  demande. 

PRINCIPAUX  PRIX 
11.  Cuyp.  Portrait  présumé  de  Philippe  IV  d'Es- 
pagne, à  l'dye  de  douze  ans,  3.650  fr.  —  12.  Danloux. 
Portrait  d'un  </entïUiotnme  (in;/lais,  1.550  fr.  —  18. 
Attr.  à  Elias.  Portrait  de  ijeiililhomme,  3.100  fr.  — 
23.  Attr.  à  Greuze.  Portrait  de  jeune  garçon,  1.000  fr. 

—  28.  Attr.  à  Th.  Lawrence.  Portrait  de  Sir  Tv;yritt 
Drake,  4.000  fr.  (dem.  1.000).  —  30-31.  Attr.  à  Lépicié. 
Deux  portraits  de  Petite  fille  et  ]ietit  garçon,  1.500  fr. 

—  32.  Carie  van  Loo.  Portrait  présumé  du  maréclial 
de  Saxe,  1.800  fr.  —  37-38.  Marieschi.  Deux  Vues  de 
Venise,  1.100  fr.  —  39.  Metsys.  Saint  Jérôme  en 
extase,  1.620  fr.  —  43.  Morland.  L'Heure  de  l'avoine, 
4.200  fr.  (dem.  10.000).  —  44.  Attr.  à  Moroni.  Portrait 
de  seigneur  vénitien,  1.680  fr.  —  49.  Attr.  à  Steen.  Le 
Maître  d'école,  1.955  fr.  —  55.  Terburg  et  Daniel  Se- 
ghers.  Portrait  d'homme,  1.010  fr.  —  73.  Éc.  franc. 
Portrait  de  dame  de  la  cour,  5.100  fr.  —  77.  Chaise  à 
porteurs  décorée  de  compositions  en  camaïeu  hieu 
attribuées  à  Le  Prince,  1.800  fr. 

Tableaux,  etc.  —  Une  vente  faite  le  7  février, 
salle  10,  sous  la  direction  de  M«  Lair-Dubreuil  et 
de  M.  Loys  Delteil,  et  qui  avait  fait  l'objet  d'un 
petit  catalogue  illustré,  a  donné  lieu  à  quelques 
enchères  qu'il  convient  de  signaler  :  Deux  dessins 
par  Boucher.  Femme  et  enfant,  1.530  fr.  — 
Cluardi.  Canal  à  Venise,  dessin,  500  fr.  —  Meu- 
nier. Vue  du  Champ  de  Mara,  aqu.,  500  fr.  — 
D'après  Fragonard.  L'Instant  désiré,  peint.,  690  fr. 

Le  produit  de  la  vacation  s'est  élevé  à  12.600  fr. 

Tableaux  anciens.  —  Une  vente,  faite  salle  6, 
le  8  février,  par  Me  Lair-Dubieuil  et  M.  Sortais, 
a  produit  32.500  francs. 

Ensemble  d'ordre  secondaire  et,  partant,  petits 
prix,  où  nous  ne  trouvons  à  relever  que  les 
enchères  suivantes  :  Suite  de  huit  grands  pan- 
neaux à  sujets  religieux,  de  l'école  espagnole 
primitive,  7.450  fr.  (demande,  10.000  fr.).  — 
Portrait  de  Charles  VII,  école  de  Jean  Fouquet, 
1.080  fr. 

Porcelaines  anciennes.  —  Une  vente  faite 
salle  10,  par  M*  Lair-Dubreuil  et  MM.  Paulme  et 


Lasquin,  a  produit  .'15.177  francs,  avec,  comme 
prix  principaux  : 

Deux  groupes  en  vieux  Saxe,  composes  chacun 
de  deux  enfants  figurant  les  Saisons  et  reposant  sur 
des  socles  de  base  anciens,  en  hronzc  ciselé  et  doré, 
0.050  fr.  (demande  8.000  fr.).  —  Ensemble  de  57  as- 
siettes de  Saxe  à  marli  ajouré,  décorées  au  centre  de 
médaillons  à  paysages,  sujets  pastoraux,  allégoriques, 
etc.,  5.250  fr.  (demande,  2.500  fr.  —  Quatre  corbeilles, 
décor  bleu  turquoise  à  médaillons,  vieux  Saxe,  1.210  fr. 
—  Assiette,  anc.  porc,  de  Vienne,  décorée  au  fond 
d'un  sujet  mythologique,  mi  Enlèvement,  peint  en 
coul.  par  Perger,  maiii  à  dorure,  1.000  fr. 

Ventes  à  l'étranger.  —  A  Londres.  —  Ta- 
bleaux anciens  provenant  de  la  collection 
du  duc  de  Sutherland.  —  Cette  vente,  que  nous 
avons  annoncée  ici-même  avec  détails  et  qui  a 
eu  lieu  le  8  février  chez  Christie,  a  produit  un 
total  de  191.000  francs.  Bien  que  ne  comprenant 
aucune  pièce  de  capitale  importance,  et  seule- 
ment des  œuvres  que  leur  propriétaire  tenait  peu 
à  conserver,  elle  a  donné  lieu  cependant  à  quel- 
ques enchères  qui  méritent  d'être  signalées. 

Les  honneurs  de  la  vacation  ont  été  pour  un 
Portrait  de  gentilhomme  à  cheval,  par  Van  Dyck, 
adjugé  55.125  francs.  Citons  encore  ; 

—  Th.  Lawrence.  Portrait  de  Charlotte-Sophie 
Granville,  21.525  fr.  (un  de  nos  confrères  rapporte,  à 
ce  sujet,  qu'à  la  vente  de  l'artiste,  en  1831,  ce  portrait, 
avec  deux  autres,  fut  adjugé  312  fr.  I).  —  A.  del  Sarto. 
La  Vierge,  l'Enfant  Jésus  et  saint  Jean,  17.050  fr.  — 
Le  Guerchin.  Saint  Grégoire.  9.175  fr.  —  D'après 
Lawrence.  Portrait  de  la  comtesse  de  Grosvenor, 
copie  par  Peckersgill,  6.300  fr.  —  Murillo.  Portrait  de 
l'archevêque  Spinola,  1.575  fr.  —  P.  Véronèse.  Pietà, 
1.050  fr.  —  Rubens.  Portrait  de  Philippe  IV  d'Es- 
pagne, 4.400  fr. 

Ces  derniers  prix,  en  particulier,  sont  tout  à 
fait  misérables,  eu  égard  surtout  aux  noms  aux- 
quels ils  s'adressent,  et  l'on  pourrait  se  deman- 
der si  nous  ne  sommes  pas  menacés  d'une  crise 
sur  les  grands  maîtres,  si  l'on  ne  se  rappelait 
heureusement  avec  quelle  générosité  sont  don- 
nées les  attributions  aux  peintures  qui  passent 
dans  les  ventes  anglaises. 

—  Chez  Christie  également,  il  y  a  lieu  de 
noter,  parmi  les  enchères  de  la  semaine  dernière, 
celle  de  50.000  francs,  obtenue  par  un  meuble 
de  salon  d'époque  Louis  XVI  (un  canapé  et  six 
fauteuils),  couvert  en  tapisserie  de  Beauvais  à 
bouquets  de  fleurs  sur  fond  rose. 

—  Peu  de  jours  auparavant,  avait  passé  en 
vente,  à  la  même  maison,  un  brùle-parfum  en 


ANCIEN    ET    MODERNE 


S3 


forme  de  petit  monument,  repercé  à  jour  et 
orné  à  l'intérieur  d'une  statuette  d'amour,  et 
que  l'on  attribuait  à  la  célèbre  fabiiiiue  de 
faïence  de  Saint-Porchaire  ou  d'Oiron,  d'autant 
plus  ([u'il  portait  les  armes  de  Diane  de  Poitiers. 
Bien  que  donnée  comme  provenant  de  la  vente 
du  chcUeau  d'Anet,  cette  pièce  n'a  pas  inspiré 
conliance  sans  doute,  car  elle  n'a  pas  dépassé 
1.400  francs. 

s 

"Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Tableaux 
modernes.  —  Un  catalogue  illustré  nous  apporte 
des  détails  sur  une  vente  de  tableau.x  modernes 
composant  la  Collection  de  il.  A'...,  vente  qui 
aura  lieu  à  l'Hôtel,  salle  6,  le  20  février,  par  le 
ministère  de  M«s  Lair-Dubreuil  et  Henri  Baudoin 
et  de  M.  Georges  Petit. 

-Nous  remarquons  en  particulier  :  une  Liseune, 
par  Besnard  ;  le  Bac,  par  Ch.  Jacque  ;  un  Intérieur 
de  port  à  Dordrecht,  la  Meuse  prés  Rotterdam  et 
la  Place  de  réglise,  par  Jongkind  ;  l'Église  de  Moret, 
le  soir,  les  Pommiers  en  fleurs,  te  Loing  A  Saint- 
Mammcs,  par  Sisley  ;  un  Faubourg  de  Christiania, 
par  ïliaulow  ;  une  Vache  dans  un  pré,  par 
Troyon  ;  enfin,  les  Jardins  français,  à  Venise 
(automne),  par  Ziem. 

En  province.  —  A  Bordeaux.  —  On  annonce 
dans  cette  ville,  comme  devant  se  faire  le  18  fé- 
vrier et  jours  suivants,  par  le  ministère  de  M=  J. 
Duguit,  une  vente  qui  paraît  d'un  certain  intérêt, 
celle  de  la  Succession  de  M.  G.  Maurij,  comprenant 
une  importante  collection  de  meubles  et  d'objets 
d'art  anciens  et  modernes,  gravures,  tableau.x  et 
dessins. 

M.  N. 

LIVRES 

A  Paris.  —  "Vente  de  la  bibliothèque  du 
comte  A.  "Werlé  (2»  partie  :  livres  anciens). 

—  Du  .i  au  b  février,  salle  7.  .M"  Lair-Dubreuil  et 
.M.  II.  I.eclerc  ont  terminé  la  dispersion  du  cabi- 
net du  comte  A.  Werlé,  en  procédant  à  la  vente 
des  livres  anciens.  Cette  seconde  partie  de  la 
collection,  ainsi  que  nous  le  disions  il  y  a  huit 
jours,  a  obtenu  un  tout  autre  accueil  que  la  pre- 
mière, et  si  l'on  n'y  trouve  pas  d'enchère  aussi 
forte  que  celle  des  25.000  francs  du  livre  de 
M.  Maurice  Leioir  :  Une  femme  de  qualité  au  siècle 
passé  (avec  les  dessins  et  les  aquarelles  originales 
de  l'auteur;,  du  moins  peut-on  y  signaler  par 
contre  un  plus  grand  nombre  de  très  beau.x 
pn.x,  plus  logiques  et  aussi,  il  faut  le  dire,  plus 
dignes  des  beaux  ouvrages  auxquels  ils  s'adres- 


saient ;  d'ailleurs,  le  total  de  176.070  francs  suffit 
à  prouver  l'intérêt  suscité  par  cette  vente,  et  son 
succès  apparaîtra  aussi  rien  qu'à  mesurer  des 
yeux  la  longue  liste  des  enchères  supérieures  à 
1.000  francs  que  nous  publions  ci-après  el  dont 
il  nous  faut,  au  préalable,  mettre  en  vedette  les 
plus  remarquables. 

Dans  la  série,  peu  nombreuse,  des  livres 
d'heures,  un  manuscrit  du  xv  siècle,  sur  vélin, 
aux  marges  décorées  de  rinceaux  de  fleurs  et  de 
fruits,  et  de  grotesques,  avec  17  grandes  minia- 
tures et  8  petites,  le  tout  dans  une  reliure  du 
xwu''  siècle,  s'est  vendu  9.050  francs.  D'autres 
Heures,  imprimées  par  Vostre,  Kerver,  etc.,  ont 
varié  entre  1.000  et  3.000  francs. 

Les  catégories  Sciences  et  Arts,  Chasse,  Belles- 
Lettres,  Romans,  Histoire,  tout  en  offrant  une 
série  de  beaux  prix,  ne  présentent  rien  de  par- 
ticulièrement inattendu  ;  mais,  dans  la  section 
Poésies,  on  notera  les  i.505  francs  du  manuscrit 
de  dédicace  du  Bienfaiteur,  la  comédie  du  che- 
valier d'Arcq,  relié  aux  armes  du  comte  de  Saint- 
Florentin. 

Le  clou  de  la  vente,  ce  fut,  une  fois  de  plus, 
le  livre  illustré  du  xviii"  :  on  trouvera  dans  cette 
série,  non  seulement  le  plus  grand  nombre  de 
belles  cotes,  mais  aussi  —  le  livre  de  M.  Leioir 
excepté  —  les  plus  fortes  enchères  de  toute  la 
collection. 

Les  4.000  francs  pour  les  Œuvres  complètes  de 
Berquin  (n»  239)  ;  les  5.150  francs  pour  les  Fables 
nouvelles  de  Dorât  (n"  271);  et  les  6.050  francs 
pour  VŒuvre  de  J.-B.  Le  Prince,  sur  les  mœurs, 
les  coutumes  et  les  habillements  de  différents  peu- 
ples (no  316),  furent  encore  dépassés  par  les 
enchères  des  Contes  et  des  Fables  de  la  Fontaine 
(n"  306,  307  et  309). 

Le  n"  306  et  le  n"  307,  —  deux  exemplaires 
des  Contes  et  nouvelles  en  vers,  de  l'édition  des 
Fermiers  généraux  (1762,  2  vol.  in-8"),  —  se 
sont  vendus  respectivement,  l'un  14.505  francs 
et  l'autre  7.215  francs;  pour  tout  dire,  le  pre- 
mier était  un  de  ces  «  exemplaires  à  provenance  » 
si  recherchés  des  bibliophiles  :  il  portait  sur  sa 
reliure  en  maroquin  rouge  les  armes  de 
M"»  Du  Barry.  Le  n"  309  était  un  premier 
tirage  sur  hollande  de  l'édition  des  Fables 
choisies,  de  1755-1759  (4  vol.  gr.  in-fol.), 
illustré  par  Oudry;  il  a  été  adjugé  sur  la  belle 
enchère  de  9.500  francs. 

Ajoutons  à  ces  ([uelques  considérations  d'en- 
semble une  liste  détaillée  des  principaux  prix. 


54 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


3.  Uorae,  lat.,  à  l'usage  de  Rome  (Th.  Kcrver,  lUOT), 
enluminures,  rel.  de  Cuzin,  1.820  fr.  —  5.  Heures,  à 
l'usage  de  Rome  (1314-1530,  S.  Vostre),  sur  vélin, 
2.710  fr.  —  6.  Horae,  manuscrit  du  xv"  siècle,  avec 
enluminures,  17  grandes  miniatures  et  8  petites, 
9.0.")0  fr.  —  7.  Borae.  du  xv°  s.,  avec  18  miniatures, 
1.450  fr.  —  9.  Livre  d'heures  du  xvi»  s.,  avec  8  minia- 
tures, 1.600  fr.  —  11.  L'Office  de  la  Vierge  (P.  Ro- 
colet,  1633),  rel.  de  Le  Gascon,  1.810  fr. 

Rien  à  relever  de  particulier  dans  la  série  :  Sciences 
et  arts.  Parmi  les  ouvrages  de  Chasse  et  vénerie,  on 
peut  citer  le  n"  81.  Noblesse  des  chasses  et  Armoriai 
des  capitaineries  royales  (1889-1890,  3  vol.),  reliure 
de  GhamboUe-Duru,  1.000  fr. 

Dans  les  séries  Belles-Lettres  et  Poésies  : 

100.  Marguerite  de  Navarre.  Marquerites  de  la 
Marguerite  des  princesses  (Lyon,  J.  de  Tournes,  1547, 
2  vol.  in-8»),  rel.  anc,  2.030  fr.  —  105.  Ronsard. 
Œuvres  (Lyon,  T.  Soubron,  1592,  S  vol.  in-12),  rel. 
anc,  1.000  fr.  —  125.  Boilcau.  Œuvres  (Amsterdam, 
D.  Mortier,  1718,  2  vol.  in-fol.),  fig.  de  B.  Picart, 
rel.  aux  armes  du  comte  H.  de  Calemberg,  1.205  fr. 

134.  La  Vie  et  Vysloire  de  madame  sainte  lirirhe, 
vers  1330,  pet.  in-4°,  marque  de  J.  de  Bruges,  rel.  de 
Trautz-Bauzonnet,  1.270  fr.  —  138.  Le  chevalier 
d'Arcq.  Le  Bienf'aicletir,  comédie,  manuscrit  (1767), 
rel.  aux  armes  du  comte  de  Saint-Florentin,  4.505  fr. 

Quelques   enchères   parmi  les   Livres  d'histoire  : 

176.  Grans  Croniques  de  France  (Paris,  F.  Regnault, 
1514,  3  vol.  in-fol.),  rel.  de  Cape,  1.201  fr.  —  181.  Les 
Remonstrances  de  messire  Jacques  de  la  Guesle  (Paris, 
P.  Chevalier),  rel.  anc,  3.105  fr.  —  197.  Livre  d'or  de 
la,  garde  des  consuls  (an  IX,  8  vol.  in-4°),  rel.  anc, 
1.210  fr.  —  228.  Course  de  (estes  et  de  bague  failles 
par  le  roy,  etc.,  en  l'année  166g  (Paris,  Imp.  royale. 
1670),  1.205  fr. 

Les  livres  illustrés  du  xviii*  siècle  et  des  premières 
années  du  xix°  ont  donné  lieu  à  de  vives  compéti- 
tions ;  on  en  jugera  par  les  quelques  prix  suivants 
(comme  dans  les  autres  séries,  nous  nous  bornons, 
faute  de  place,  aux  enchères  supérieures  à  1.000  fr.)  : 

237.  Arioste.  Roland  furieux  (Paris,  Brunet,  1775- 
1783,  4  vol.  10-4°),  fig.  par  Eisen,  Cochin,  Moreau, 
Monnet,  etc.,  rel.  anc,  1.940  fr.  —  239.  Berquin. 
Œuvres  complètes  (Paris,  Renouard,  1803,  19  vol. 
in-12),  ex.  de  Renouard  sur  gr.  papier,  avec  dessins 
originaux,  4  000  fr.  —  245.  Boccace.  Déeaméron 
(Londres  [Paris],  1756-1761,  3  vol.  in-8"),  rel.  anc,  fig. 
par  Gravelot,  Boucher,  Cochin,  Eisen,  etc.),  2.100  fr. 
—  253.  Cervantes.  Don  Quichotte,  fig.  de  Coypel 
(Amsterdam  et  Leipzig,  1708,  8  vol.  in-12),  1.040  fr.  — 
261.  Collection  des  portraits  des  députés  ù  l'Assemblée 
nationale  île  17 S9,  5  vol.  in-4",  1.325  fr.  —  264.  Des- 
cription des  cérémonies,  etc.,  pour  le  couronnement 
de  LL.  MM.  Napoléon,  etc.,  et  Jo.séphine  (Paris,  1807, 
in-fol),  2.350  fr. 

268.  Dorât,  les  Tourterelles  de  Zelmis  (Paris,  1766), 
fig.  par  Eisen  ;  —  et  marquis  de  Pezay,  Zélis  au  bain 
(Genève,  1763),  fig.  par  Eisen,  rel.  anc,  3.020  fr.  — 


269.  Dorât.  Les  Baisers  (La  Haye  et  Paris,  1770,  in-8'), 
fig.  par  Eisen,  2.600  fr.  —  271.  Dorât.  Fables  nouvelles 
(La  Haye  et  Paris,  1773,  in-8"'),  ex.  sur  Hollande,  fig. 
de  Marinier,  3.130  fr. 

278.  Fénelon.  Les  Avantures  de  Télémaque  (Ams- 
terdam, 1734,  in-fol.),  rel.  anc,  1.680  fr.  —  Le  même 
(inipr.  de  Monsieur,  1783,  4  vol.  in-4"),  rel.  anc, 
1.510  fr. 

306.  La  Fontaine.  Contes  et  nouvelles  en  vers  (Ams- 
terdam [Paris,  Barbou],  1762,  2  vol.  in-8*),  éd.  des 
Fermiers  i;énéraux,  fig.  d'Eisen  et  culs-de-larape  de 
Choffard,  rel.  maroquin  rouge  aux  armes  de  M"'  Du 
Barry,  14.503  fr.  —  307.  Un  autre  ex.  du  même 
ouvrage,  rel.  anc,  7.215  fr.  —  309.  La  Fontaine. 
Fables  choisies  (Paris,  Desaint  et  Saillant,  1733-1759, 
4  vol.  gr.  in-fol.),  fig.  d'Oudry,  ex.  de  premier  tirage 
sur  hollande,  rel.  anc,  9.300  fr. 

313.  La  Motte.  Fables  nouvelles  (Paris,  1716,  in-4''), 
fig.  par  Coypel,  Gillot,  Edelinck,  etc,  1.260  fr.  —  316. 
Œuvres  de  J.-B.  Le  Prince  sur  les  mœurs,  les  cou- 
tumes et  les  habillements  de  différents  peuples  (Paris, 
vers  1775,  in-fol.),  6.050  fr.  —  321.  Longus.  Daphnis 
et  Chloé  (Paris,  1745,  in-4"'),  fig.  du  Régent  et  figure 
des  petits  pieds,  rel.  de  Derome,  3.700  fr.  —  323. 
Mably.  Entretiens  de  Phocion  (Paris,  Didot,  an  IlL 
in-4°),  fig.  de  Moreau,  1.310  fr.  —  327.  Marmontel. 
Chefs-d'œuvre  dramatiques  (Paris,  1773,  in-4''),  ex.  aux 
armes  du  comte  de  Maurepas,  2.900  fr. 

343.  Promenades  au  Prater,  à  Vienne,  lithographies 

coloriées,  in-fol.,  1.130  fr.  —  359.  Ornemens  inventez 

par  J.  Bérain,  2.010  fr.  —  360.  Deneufforge.  Recueil 

élémentaire  d'architeclure,  1.300  fr.  —  363.  Œuvre  de 

J.-A.  Meissonnier  (vers  1730),  3.810  fr. 

Total  :  176.070  francs. 

B.  1. 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Société  internationale  de  la  peinture  à 
l'eau  (Galerie  des  Artistes  modernes).  —  Un  des 
meilleurs  salonnets  de  l'hiver  :  sur  les  dix-neuf 
sociétaires,  quinze  exposants,  tous  intéressants. 
A  cette  troisième  année  manquent  des  originaux, 
MM.  Brangwyn,  Sargent,  le  paysagiste  Alfred 
East,  des  chercheurs,  MM.  Conder  et  Benois  ; 
mais  la  puissance  analytique  de  M.  Lucien  Simon 
n'a  jamais  montré  plus  de  certitude  sommaire 
et  magistrale  que  dans  la  grande  page  animée 
du  Débarquement  sur  la  digue,  où  le  vent  fait 
claquer  la  voile  et  les  rubans  des  coiffes  ;  mômes 
qualités,  plus  calmes,  dans  le  portrait  de»  Petites 
jumelles  sur  fond  blanc.  Et  voici,  pour  la  pre- 
mière fois,  M.  Besnard,  avec  de  grands  cartons 
décoratifs  et,  surtout,  la  plantureuse  virtuosité 


ANCIEN    ET    MODERNE 


dune  Etude  de  femme.  Dans  la  neige  des  Flandres, 
l'art  de  M.  Luigini  s'apparente  à  la  maestria  des 
peintres  locaux,  MM.  Franlz  Charlet,  Delaunois. 
Fernand  Khnopff,  plus  dilettante,  Henry  Gassiers, 
peintre  des  toits  rouges  et  cintrés  d'Amsterdam, 
Alexandre  Marcelle,  portraitiste  des  plages  hu- 
mides et  des  ciels  pluvieux.  M.  Waller  Gay 
demeure  le  confident  raffiné  des  objets  d'art  et 
des  livres.  Auprès  de  MM.  Gaston  La  Touche,  Au- 
burlin,  Bartlett  et  de  l'intelligente  Mm"  Crespel, 
une  Suédoise  naturalisée  vénitienne,  M""  Clara 
Montalba,  montre  plus  de  brio  varié  qu'une 
timide  «  invitée  »,  M"«  Nourse.  Et  tandis  que  la 
peinture  à  l'huile  hésite  entre  les  deux  écueils 
extrêmes  de  l'adresse  et  de  la  maladresse,  la 
palette  contemporaine  est  allégée  pailla  peinture 
à  l'eau. 

Les  Arts  réunis  (Galerie  Georges  Petit),  — 
Sur  quarante-deux  sociétaires,  un  seul  manque 
à  cette  huitième  réunion  :  M.  Déchenaud  ;  et 
c'est  dommage  pour  la  peinture  !  Mais  la  sculp- 
ture a  pour  énergique  avocat  M.  Ségoilin.  C'est 
un  artiste.  Avec  le  Génie  du  mal,  les  Sept  péchés 
capitaux,  dont  le  plâtre  figurait  au  Salon  de  1892, 
un  Christ  en  croix,  un  fragment  tourmenté  de 
l'Histoire  de  la  vie,  la  Danse  sacrée  polychrome  et 
le  buste  en  bronze  de  M.  Delcassé,  l'évolution 
poétiquement  expressive  de  la  statuaire,  que 
l'art  grec  a  connue,  semble  réconciliée  avec  la 
solidité  technique  de  la  matière  ;  et  ce  classique 
audacieux  nous  prouve  qu'une  haute  pensée  doit 
recourir  à  la  rigueur  de  la  forme.  Auprès  de  son 
pathétique,  c'est  plutôt  le  genre  o  alexandrin  » 
qui  règne  avec  les  figurines  modernes  ou  mytho- 
logiques de  M.M.  Joé  Descomps,  Octobre,  Max 
Hlondat,  lîoverie,  qui  songe  à  l'émotion  familière 
de  M.  Hoger-Bloche,  et  Clostre,  portraitiste  pim- 
pant du.  Trottin.  Parmi  les  nombreuses  vitrines 
où  scintillent  les  objets  d'art  de  MM.  Michel  Cazin, 
Thesmar,  Hairon,  de  Vallombreuse,  Dufrêne  et 
Feuillâtre,  ou  de  discrets  petits  cadres  de  MM. 
I)ambéza,  Gosselin,  Maillaud,  Moisset  et  Lechat 
i]ui  continue  sa  monographie  gouachée  de  la 
«  petite  ville  »  silencieuse,  M.  Georges  Berges 
s'attaque  aux  Jardins  de  l'Alcazar,  déjà  visités  par 
MM.  Kusifiol  et  Meifren.  Mais  ici,  la  plus  brillante 
peinture  le  cède  aux  savants  dessins  de  MM.  Tri- 
quet,  Guinier,  (jui  note  les  coifles  bretonnes  du 
Faouet,  Henri  Uoyer,  qui  groupe  les  dill'érentes 
expressions  d'une  même  physionomie  dans  un 
cadre,  et  surtout  de  M.  Arthur  Mayeur,  qui 
yrave  aussi  délibérément  qu'il  dessine  :  ses  pro- 


fils de  fillettes  aux  rubans  rehaussés  sont  de 
pure  tradition  française.  Et  c'est  encore  le  dessin 
qui  repose  et  rassure. 

Les  Peintres  du  Paris  moderne  (au  Grand 
Palais).  —  En  dépit  du  titre  de  cette  cinquième 
exposition,  c'est  le  Paris  ancien  qui  captive,  avec 
ses  dessinateurs  préférant  la  nostalgie  du  «  pitto- 
resque "  aux  envahissements  delà  «beauté»  rec- 
tiligne.  Et  c'est  presque  une  exposition  rétro- 
spective que  les  deux  cadres  prêtés  par  le  musée 
Carnavalet,  signés  Albert  Maignan  et  datés  liSG"- 
00  :  depuis  quarante  ans,  que  de  trouées  parmi 
ces  coins  que  nous  aimons,  tourelles,  pignons, 
passages  voûtés,  murs  de  Philippe-Auguste, 
arcades  Louis  Xlll,  citernes  moussues  et  der- 
nières bornes!  M.  Toussaint  reste  fidèle  à  la 
ruelle  Danton,  M.  Renefer,  au  vieux  Passy  qui 
s'en  va,  M.  Marchand  à  la  Cité,  M.  Igounet  de 
Villers  à  Montmartre,  au  Maquis  éventré  par  le 
square  Carpeaux,  à  la  sente  montueuse  où  le 
lîerlioz  de  1834  abritait  son  idylle  conjugale  et 
shakespearienne...  Un  maître  qui  s'annonce, 
c'est  M.  Charles  Jouas,  avec  ses  dessins  de  1900 
où  la  sanguine  ajourait  le  caisson  du  Métropoli- 
tain, avec  ses  eaux-fortes  de  1907,  perspectives 
notées  du  haut  des  tours,  sous  le  bourdon  de 
Notre-Dame,  passé  moyenâgeux  évoqué  dans  un 
soir  d'orage  et  définissant  d'instinct  ce  que  la 
poésie  ajoute  de  son  àme  à  ce  qu'elle  reçoit  de 
l'atmosphère.  Un  Japonais,  M.  Yoshio  Markino, 
qui  prépare  un  livre,  la  Couleur  de  Paris,  suite 
illustrée  de /a  Couleur  de  Londres,  voit  mieux  que 
bien  des  regards  parisiens  le  voile  de  brume  ou 
de  cendre  estompant  les  arches  de  nos  ponts  ou 
les  statues  de  nos  places  ;  et  ses  aquarelles  sont 
de  très  fines  harmonies. 

Ici  même,  en  dépit  du  talent  de  MM.  Frank- 
Ifoggs,  Jacques  Brissaud,  Emile  Lafont  et  Gaston 
Prunier,  les  peintres  pâlissent  auprès  des  dessi- 
nateurs; et,  malgré  la  crânerie  de  MM.  Jeanniot, 
.\lantelet,  Minartz,  Carette  et  Marcel  Clément,  les 
féministes  le  cèdent  aux  paysagistes  :  tant  il 
est  vrai  que  la  beauté  contemporaine  se  dérobe 
à  l'observation  ! 

Union  des  Femmes  peintres  et  sculpteurs 
(avenue  d'Antin).  —  On  se  connaît  mal;  et 
comme  cette  jolie  foule  du  vernissage  recrute 
ici  peu  de  portraitistes  !  A  son  miroir,  la  désin- 
volture féminine  est  timide,  aussitôt  la  palette 
au  pouce;  et  la  sagesse  du  métier  remplace  trop 
souvent   la  commotion  de  la  vie  :  c'est    ici   le 


r.6 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


triomphe  de  M"»  Vallet-Bisson.  N'oublions  pas 
non  plus  (jue  les  meilleures  de  nos  femmes- 
artistes  sont  remplacées  ici  par  les  ateliers. 
Presque  seule,  et  mieux  que  M"'"  Duran-Marx, 
M"""  Chauchet-fJuilleré  défend  l'audace  intime 
du  plein-air.  Un  bon  portrait,  signé  Jenny  Zill- 
hardt,  remonte  à  1882.  Le  triptyque  social  de 
M"°  Jeanne  Uondenay,  les  TroU-huit,  revient  du 
Salon  de  J'JOT,  pour  affirmer  la  science  paisible 
de  l'École.  Retenons  les  portraits  de  M""  Jeanne 
Maillart  et  de  M^oRourillon-Tournay,  les  ligures 
de  M""  Adda  Cabane,  le  Croquet  de  M""  Tou- 
douze,une  Hespéride  très  moderne  de  M""  Gaga- 
rine-Stourdza,,  la  Guitariste  de  M"»  Boissy,  la 
décoration  délicatement  fleurie  de  W""  Arc- 
Vallette,  un  pastel  de  M'l=  Marie  Cadet,  les  aqua- 
relles de  M"'"  Faux-Froidure,  un  marbre  éléganl 
de  M""  Gabrielle  Dumontet,  pour  faire  honneur 
à  celte  vingt-septième  année  ([ui  ressemble  éton- 
namment à  la  vingt-sixième  ! 

Raymond  Bouyer. 

CORRESPONDANCE  DE  GAND 


Un  nouveau  musée  d'art  ancien 

Les  collections  archéologiquesgantoises, —  elles 
comptent  parmi  les  plus  remarquables  de  la 
Belgique,  —  sont  à  l'étroit  dans  l'ancienne  église 
des  Carmes  Chaussés,  datant  du  xiv»  siècle,  oii 
elles  sont  logées.  On  songe  sérieusement  à  les 
agrandir,  en  yjoignant  le  vieux  et  très  intéressant 
couvent  adjacent.  Nous  disposerons  ainsi  de  très 
vastes  locaux  anciens,  qui  permettront  d'amé- 
nager un  nouveau  musée  des  Beaux-Arts,  d'une 
façon  neuve  et  mieux  appropriée  aux  exigences 
du  progrès  et  de  la  science  moderne. 

Le  temps  n'est  plus  où  l'on  considérait  exclu- 
sivement les  tableaux  et  les  statues  comme  les 
seules  manifestations  de  l'art  dignes  de  ce  nom. 
11  est  généralement  admis  maintenant,  que  les 
précieuses  productions  de  nos  orfèvres,  de  nos 
dlnandiers,  de  nos  hùchier.s,  de  nos  liciers  ou  de 
nos  verriers,  sont  de  véritables  œuvres  d'art, 
dignes,  en  tous  points,  de  figurer  à  côté  des  chefs- 
d'œuvre  de  nos  peintres  anciens  et  modernes. 

D'après  notre  projet,  tousles  trésors  artistiques 
anciens  de  la  ville  de  (iand,  jusqu'ici  disséminés 
dans  trois  musées  distincts,  seraient  réunis  en  un 
seul,  et  ils  y  seraient  groupés  en  des  ensembles, 
qui  évoqueraient  d'une  façon  aussi  complète  que 
possible  chacune  des  diverses  grandes  périodes 


d'art  qui    se    succédèrent  dans    nos   contrées. 

Au  lieu  de  salles  uniformes  et  banales,  cha- 
cune serait  conçue  dans  le  style  architectural  de 
l'époque  où  les  objets  à  exposer  furent  exécutés. 
Il  y  auraitainsi  des  salles  romanes,  pour  nos  sculp- 
tures si  intéressantes  et  nos  fragments  décoratifs 
des  XI"  et  xii"  siècles  ;  tout  ce  que  nous  possédons 
des  xui«  et  xiv^  serait  réuni  dans  des  milieux 
rappelant  ces  mêmes  époques.  Des  intérieurs 
du  XV"  siècle  abriteraient  nos  tableaux  primitifs 
gothiques,  des  écoles  de  van  Eyck  et  de  van  der 
Weyden  ;  tandis  que  des  motifs  appartenant  au 
style  de  la  Renaissance  entoureraient  et  feraient 
valoir  les  peintures  de  nos  romanisants  flamands 
du  xvi".  Les  productions  de  la  glorieuse  école  de 
Rubens  (1),  comme  celles  inspirées  par  l'art 
français  du  xviii"  siècle,  seraient  également 
réunies  dans  des  salles  ayant  une  architecture  et 
des  décorations  correspondantes,  et  garnies  de 
leur  mobilier  original. 

Ainsi  désencombré,  notre  musée  ou  plutnt 
notre  église  ancienne,  —  dont  la  nef  principale  a 
été  construite  en  1334,  la  nef  latérale  en  1422,  et 
les  six  chapelles  adjacentes  en  VMS,  —  pourrait 
servir  de  cadre  à  un  ensemble  bien  plus  impres- 
sionnant. On  y  reproduirait,  par  exemple,  l'aspect 
qu'auraient  encore  nos  riches  églises  gantoises, 
si  les  iconoclastes  du  xvi"  siècle  n'en  avaient  pas 
complètement  détruit  le  mobilier.  On  y  pla- 
cerait, avec  nos  anciens  tableaux  d'autels,  qui 
dans  les  musées  ne  font  que  trop  songer  à  des 
«  déracinés  »,  tous  les  objets  d'art  ayant  servi 
au  culte,  et  qui  ont  été  sauvés  du  désastre.  Les 
pièces  manquantes,  en  attendant  qu'on  puisse  les 
remplacer  par  les  originaux  <iui  nous  font  dé- 
faut, seraient  représentées  par  les  chefs-d'œuvre 
(en  moulages  à  patiner)  qui  existent  en  grand 
nombre  dans  les  musées  royaux  d'art  décoratif 
à  Bruxelles. 

.Nous  espérons  que  ce  rêve  d'archéologue  et 
d'artiste  pourra  se  réaliser  bientôt,  et  que  la 
ville  de  Gand,  à  l'occasion  de  son  Exposition  uni- 
verselle de  l'.)l3,  montrera  à  tous  l'intérêt  et  le 
pittoresque  que  peut  offrir  un  simple  musée  de 
province,   lorsqu'on    l'établit   sur   des   données 

aussi  justes  que  rationnelles. 

L.  Maeterlinck. 


î 


{{)  Od  a  pu  r^nstatcr,  par  l'exeuiple  de  la  nouvelle 
nlcrie  de  Médicis  au   Louvre,  ce  que  peut  un  cadre 
lien   approprié    lorsqu'il   s'agit    de    faire   valoir  des 
peintures  de  cette  époque. 

Le  Gérant  :  H.  Uknis. 

I         Par».  —  Imp.  George»  Petit,  12,  me  Uodot-dc-Mauroi.       ^ 


Numéro  372. 


Samedi  22  Février  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


Aux  Gobelins 


Nous  avons  beau  nous  efforcer  d'éviter  ici 
tout  ce  qui  peut  ressembler  à  des  questions  de 
personnes,  il  nous  est  impossible  de  laisser 
partir  sans  un  mot  de  regret  l'érudit  discret  et 
avisé,  l'administrateur  dévoué  aux  intérêts  de 
l'art,  à  qui  une  lettre  de  cachet  vient  de  notifier 
son  remplacement  à  la  trte  de  la  manufacture 
des  Gobelins. 

La  question  n'est  pas  d'apprécier  le  choix  de 
son  successeur,  dont  le  mérite  est  bien  connu, 
mais  de  savoir  s'il  y  avait  lieu  de  lui  donner  un 
successeur,  et  cette  question,  il  suffit  de  la  poser 
pour  qu'elle  soit  immédiatement  résolue. 

L'Europe  artiste,  aussi  bien  que  l'Europe 
savante, connaît  les  beaux  travaux  deM.  Guiffrey 
sur  l'histoire  de  la  tapisserie  ;  chez  nous  comme 
au  delà  de  nos  frontières,  ils  font  autorité.  Ce 
sont  eux  qui.  Jadis,  avaient  appelé  l'attention  du 
ministre  des  Beaux-Arts  sur  le  fonctionnaire 
des  Archives  Nationales  et  l'avaient  désigné 
pour  la  direction,  devenue  vacante,  de  notre 
grande  manufacture. 

Depuis  lors,  il  s'est  acquitté  de  son  mieux 
d'une  tâche  délicate  entre  toutes,  ne  ménageant 
ni  son  temps,  ni  sa  peine,  se  consacrant  tout 
entier  à  ses  fonctions,  appelant,  sans  parti  pris 
d'école,  les  artistes  les  plus  divers  à  présenter 
des  projets,  ne  reculant  devant  aucun  essai,  ne 
se  rebutant  d'aucune  déconvenue,  n'ayant  d'autre 
préoccupation  que  de  rendre  à  la  vieille  manu- 
facture le  prestige  de  son  ancienne  renommée. 

Citons  seulement  les  tentures  exécutées  d'après 
M.  Albert  Maignan  pour  la  grande  galerie  du 
Luxembourg,  dont  quatre  panneaux  vont  pro- 
chainement pouvoir  se  juger  sur  place;  les  su- 
perbes cartons  de  Jl.  Jean-Paul  Laurens  sur 
l'épopée  de  Jeanne  d'Arc  ;  la  décoration  de  la 
grand'chambre  du  palais  de  justice  de  Rennes, 
à  laquelle  s'était  voué  le  regretté  Toudouze,  si 
prématurément  enlevé,  dont  l'ensemble  repré- 


sente de  longues  années  de  recherches  et  de 
travail,  et  dont  les  premiers  morceaux  exposés 
excitèrent  l'admiration  générale. 

Pour  qui  sait  quelles  difficultés  éprouve  l'ad- 
ministrateur des  Gobelins  à  trouver  des  artistes 
capables  à  la  fois  de  concevoir  des  œuvres  déco- 
ratives et  d'en  préparer  l'exécution  dans  des 
conditions  abordables  pour  les  tapissiers,  il  est 
certain  que  des  efl'orts  considérables  ont  été  faits 
depuis  dix  ans  et  d'importants  résultats  obtenus. 

Pour  remercier  l'administrateur  excellent  à 
qui  on  les  devait,  le  nouveau  ministre  lui  écrit 
qu'il  n'a  (ju'à  s'en  aller  ;  on  lui  donne  le  mois 
pour  faire  ses  paquets. 

Quant  à  des  remerciements  pour  ce  qu'il  a 
fait  ou  même  pour  ce  qu'il  a  tenté,  personne  n'y 
a  seulement  songé  ! 

Il  est  vrai  que  M.  (Juiffrey  avait  été  accusé 
«  d'aller  à  la  messe  » 

Alors  ! 

Stéphane. 


ECHOS    ET    NOUVELLES 


Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres 

(séance  du  H  février).  —  M.  Adrien  Ulanchet,  bibfio- 
thécaire  honoraire  à  la  Bibliothèque  nationale,  lit 
une  étude  sur  le  monnayage  de  l'Empire  romain 
après  le  partage  de  Théodose  1".  Les  monnaies  prou- 
vent qu'Arcadius  et  Honorius  et  leurs  successeurs 
régnaient  sur  un  seul  et  même  empire,  car  ces  pièces 
étaient  émises,  pour  chaque  prince,  par  des  ateliers 
situés  en  Orient  et  eu  Occident. 

Plusieurs  monnaies  de  cette  époque  peuvent  être 
datées  avec  précision.  Telles  sont  celles  frappées  à 
Constantinople  et  à  Aquilée,  en  425  et  426,  par  Théo- 
dose II,  à  l'occasion  des  consulats  où  il  eut  Valenti- 
nien  III  pour  collègue. 

—  M  de  Mély  comniente  les  textes  concernant 
l'accusation  formulée  contre  les  premiers  chrétiens 
d'avoir  adoré  un  dieu  à  tête  d'une,  tel  le  fameux 
Christ  de  ce  genre,  découvert  dans  les  ruines  du  Pala- 
tin en  1836.  Cette  accusation  ne  repose  en  réalité  que 


LE   BULLETIN   DE    L'ART 


sur  une  confusion,  ou  plutôt  un  perfide  jeu  de  mot. 
Son  auteur  a  emploj'é  le  terme  :  «Tète  de  canthare  "^ 
et  le  mot  canthare,  en  grec,  signifie  à  la  fois  âne,  es- 
carbot,  vase  à  boire. 

—  M.  Edmond  Pottier  commence  la  lecture  d'un 
mémoire  sur  VArl  dorien,  ses  origines  historiques  et 
son  caractère. 

Société  de  l'histoire  de  l'art  français  (séance 
du  1  février).  —  M.  L.  Marcliei.t  fait  une  communi- 
cation sur  les  douze  premiers  pensionnaires  de  l'Aca- 
démie de  France  à  Rome. 

—  M.  H.  Lemonnier  attire  l'attention  de  la  Société 
sur  les  dangers  courus  parle  retable  de  Saint-Nicolas- 
des-Champs;  il  présente  ensuite,  au  nom  de  M"°  Bou- 
ché, l'acte  de  naissance  de  Servandoni. 

—  M.  Furcy-Raynaud  identifie  un  vase  de  Verberck 
et  deux  vases  de  François  Girardon,  du  musée  du 
Louvre. 

—  M.  J.-J.  Marquet  de  Vasselot reconstitue  l'histoire 
de  la  soupière  ciselée  par  Germain,  que  les  Amis  du 
Louvre  viennent  d'offrir  au  musée. 

—  M.  J.-J.  Guiffrey  lit  ensuite  une  lettre,  adressée 
au  gouvernement  français  le  7  thermidor  an  IV,  par 
deux  Romains,  pour  protester  contre  l'enlèvement  des 
œuvres  d'art  par  l'armée  française  ;  il  lit  ensuite  une 
lettre  de  Pierre  au  comte  d'Angivilliers,  du  2o  avril 
1187. 

—  M.  Carie  Dreyfus  date  de  1733  l'exécution  du 
bas-relief  de  Guillaume  Coustou,  de  la  façade  des' 
Invalides,  représentant  Louis  XIV  à  cheval. 

—  M.  P.  Vitry  présente  la  photographie  d'un  buste 
du  marquis  de  Gouvernet,  par  Bouchardon,  dont  le 
marbre  appartient  au  comte  de  Chabrillan  et  la  terre 
cuite  à  M"'  E.  André. 

Société  des  Antiquaires  de  France  (séance  du 
du  14  février).  —  A  la  dernière  séance  de  la  Société 
des  Antiquaires,  M.  Enlart  a  communiqué  au  nom 
de  M.  Du^uuys,  associé  correspondant  à  Orléans, 
la  photographie  d'une  statue  de  sainte  Anne,  acquise 
par  le  musée  dont  il  est  conservateur.  M.  Enlart  a 
fuit  remarquer  la  similitude  de  cette  statue  avec 
celle  de  Bordeaux. 

—  M.  Boinet  a  lu  ensuite  une  étude  sur  un  ivoire 
carolingien  du  musée  de  Lyon,  et  communiqué  une 
statuette  d'ivoire  de  sainte  Anne,  du  seizième  siècle, 
appartenant  au  D'  Davaisne. 

—  M.  Espinas  à  lu  un  mémoire  sur  les  différents 
genres  de  tissus  fabriqués  en  Flandre  et  en  Artois,  du 
treizième  au  seizième  siècle,  et  M.  Monceaux  a 
présenté,  de  la  part  du  R.  P.  Dclattre,  la  description 
de  plusieurs  plombs  de  bulles  récemment  découverts  à 
Carthage. 

Musée  du  Louvre.  —  Quand  le  ministère  des  Co- 
lonies aura  (luitté  le  Louvre,  tout  danger  d'incendie 
ne  sera  pas  encore  écarté.  Il  restera   les  cinquante 


calorifères  par  lesquels  est  assuré  le  chauffage  du 
nmsée,  sans  parler  des  nombreux  poêles  et  che- 
minées qui  sont  installés  dans  les  locaux  du  ministère 
des  Finances. 

Pour  remédier  à  cette  situation,  le  sous-secrétaire 
d'Etat  des  beaux-arts,  après  entente  avec  le  ministre 
des  Finances,  a  institué  une  commission  chargée 
d'étudier  un  projet  de  chauffage  central,  à  chaufferie 
et  à  cheminée  uniques. 

Après  une  visite  au  Louvre,  cette  commission  a  dé- 
cidé à  l'unanimité  d'installer  la  chaufferie,  en  dehors 
des  bâtiments,  sous  le  jardin  placé  en  bordure  de  la 
rue  de  Rivoli  dans  l'angle  du  ministère  des  Finances 
et  du  pavillon  de  Marengo  ;  elle  s'éclairera  sur  le 
fossé  qui  doit  être  rétabli  au  pied  du  palais,  et  qui 
dégagera  le  soubassement  architectural  enfoui  dans 
le  sol  de  remblai.  La  chambre  de  chaull'c  souterraine, 
ainsi  que  la  cheminée  édifiée  dans  une  cour  intérieure 
du  ministère  des  Finances  demeureront  invisibles. 

En  même  temps,  le  sous-secrétaire  d'État  des  beaux- 
arts  a  prescrit  l'étude  d'une  décoration  architecturale 
destinée  à  revêtir  le  mur  d'attente  qui  fait  saillie  sur 
les  jardins  du  Carrousel,  à  l'angle  du  musée  des  Arts 
décoratifs  et  qui  dépare  si  fâcheusement  l'admirable 
ordonnance  de  l'ensemble. 

Au   Cabinet  des    Estampes.    —    M.  Courboin, 

conservateur  du  Cabinet  des  estampes,  vient  de  rece- 
voir du  graveur  Edgar  Chahine  l'œuvre  à  peu  près 
complet  de  cet  artiste  si  intéressant  et  si  varié. 

A  son  album  de  vues  d'Italie,  sur  lequel  la  Revue  a 
publié  naguère  une  étude  de  .M.  G.  Mourey  (t.  XXI, 
p.  111),  M.  Chahine  a  joint  cent  cinc|uante-trois 
épreuves  de  pièces  gravées  par  lui  à  toutes  les  époques 
do  sa  carrière,  déjà  fort  bien  remplie  ;  quelques-unes 
de  ces  planches  sont  en  états  exceptionnels,  par 
exemple  un  des  trois  portraits  de  Louise  Fiance.  On 
y  trouvera  aussi  la  suite  des  gravures  ayant  servi  à 
illustrer  l'Histoire  comique  d'Anatole  France  et  Dans 
l'an  tic  II  ambre  de  Mirbeau  ;  des  portraits  :  Lévand 
dans  le  «  Juif  Errant  »,  ,M"*  Detvair  ;  des  paysages  : 
vues  de  Paris,  bords  de  la  Seine  à  Courbevoie  et  au 
pont  Marie  ;  des  élégantes  aux  Bois  et  des  gueux  aux 
distributions  de  soupe  ;  des  forains  et  des  lutteurs  ; 
des  charretiers  avec  leurs  tombereaux  ;  et  toute  celte 
tlore  et  cette  faune  montmartroise  (|ue  Chahine  étudie 
avec  tant  de  curiosité  sympathique  :  pierreuses,  sou- 
peuses,  modèles,  danseuses  (comme  Jane  Avril  et 
M"*  Cyclone),  habituées  dos  terrasses  et  des  bars,  et 
ces  amusantes  et  gentilles  frimousses  qui  ont  nom 
Rita,  May,  Lily,  Maggy,  Bianca,  Lara,  Lydia,  Gaby, 
Juliette,  Ada. 

Un  joli  album  à  feuilleter  que  le  recueil  Chahine. 

A  l'École  des  Arts  décoratifs.  —  C'est  M.  Eu- 
gène Morand,  directeur  du  Dépôt  des  marbres,  au 
quai  d'Orsay,  qui  recueille  la  succession  de  M.  de 
Lajolais,  comme  directeur  de  l'École  nationale  des 
Arts  décoratifs.  Il  n'aura  toutefois  que  la  direction  de 


ANCIEN    ET    MODERNE 


b9 


l'école  de  Paris,  celle  de  l'école  de  Limoges  devant 
être  désormais  distincte  et  réservée  à  un  spécialiste 
de  l'industrie  de  la  céramique.  Poète  et  auteur  dra- 
matique, M.  Morand  est  aussi  un  peintre  de  talent, 
qui  expose  au  Salon  de  la  Société  nationale. 

On  annonce,  d'autre  part,  que  le  poste  de  directeur 
du  Dépôt  des  marbres  échoit  à  M.  Marcel,  de  Tou- 
louse. 

Salon  de  la  Société  des  artistes  français.  — 
M.  Edmond  Haraucourt  ayant  écrit  à  M.  Nénot,  pré- 
sident de  la  Société  des  artistes  français,  pour  lui 
demander  que  les  jeunes  poètes  soient  admis  à  dire 
eux-mêmes  ou  à  faire  dire  quelques-unes  de  leurs 
œuvres,  pendant  le  Salon,  dans  une  des  salles  du 
Grand-Palais,  M.  Nénot  a  répondu  à  M.  Haraucourt 
que  la  salle  demandée  serait  mise  à  la  disposition  des 
jeunes  poètes  dès  le  prochain  Salon. 

A  Saint-Germain.  —  La  bibliothèque  de  Saint - 
Germain  vient  de  rentrer  en  possession  de  l'exem- 
plaire des  Statuts  de  l'ordre  de  Saint-Michel  qui  lui 
avait  été  dérobé  en  octobre  dernier  et  qu'on  avait 


retrouvé  à  Londres,  au  domicile  du  voleur,  un  cer- 
tain Spira  Gotcho  (voir  le  Bulletin,  n"  3o6,  aux 
Échos). 

A  Londres.  —  La  seule  exposition  qui  mérite 
d'être  signalée  cette  semaine  est  celle  des  œuvres  du 
regretté  Huxton-Knight  à  la  Goupil  Gallery.  Buxton- 
Knight  est  peut-être  le  seul  artiste  anglais  qui  à  la  fin 
du  XIX'  siècle  se  soit  proclamé  l'élève  pur  et  simple 
de  Constable,  et  il  sutli  t  de  regarder  son  tableau  l'Écluse, 
pour  comprendre  à  quel  point  cet  artiste  est  resté 
anglais  :  l'école  française  n'existe  pas  pour  lui,  ni 
celle  de  liarbizon,  ni  celle  des  luministes  purs.  Pein- 
ture d'éclat  médiocre  et  de  coloris  discret,  mais  si  sin- 
cère, et  d'un  si  remarquable  sentiment.  Les  critiques 
qui  étudieront  Constable  ne  pourront  négliger  son 
continuateur  i.  Buxton-Knight,  et  M.  Edward  Stott  a 
bien  raison  d'écrire  entête  du  catalogue:  «Nous  avons 
perdu  en  M.  Buxton-Knight  un  artiste  qui  suivait  les 
meilleures  traditions  de  l'école  anglaise  et  qui  se  trouve 
parmi  les  premiers  sur  la  liste  des  maîtres  qui  ont 
créé  notre  art  national  ».  —  A.  T. 


-4 — 'OvG-'/OSJt.^Vï?^— ^ 


CHRONIQUE    DES   VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —"Vente  de  la  collection  A.  Albert 
(tableaux  anciens  et  modernes).  —  La  venle 
de  la  collection  A.  Albert,  faite  le  14  février, 
salle  6,  par  W  Coulon  et  M.  J.  Ferai,  a  réalisé 
un  total  de  93.770  fr.  Ce  fut  une  suite  d'enchères 
médiocres,  heureusement  relevées  par  trois  ou 
quatre  prix  intéressants  dans  la  catégorie  la 
moins  vide  de  la  vente,  celle  des  tableaux  anciens, 
où  l'Amour,  toile  ovale  de  Fragonard,  et  la  Fon- 
taine, d'Hubert  Robert,  atteignirent  respective- 
ment 12.000  et  H.OOO  fr.;  ce  sont  là,  avec  les 
6.600  fr.  de  la  Jeune  femme  dans  un  intérieur,  par 
Schall,  les  trois  plus  beaux  prix  de  la  vacation. 

Les  tableaux  modernes  se  sont  vendus  d'une 
façon  lamentable  (et  d'ailleurs  assez  propor- 
tionnée avec  les  noms  dont  ils  étaient  signés)  : 
le  plus  haut  prix  dans  cette  catégorie  est  celui  du 
n*  47  :  l'Abreuvoir,  de  Veyrassat,  qui  a  trouvé 
preneur  à  2.680  francs. 

Parmi  les  tableaux  anciens,  citons  : 

61.  Caresme.  Fête  champêtre,  2.800  fr.  —  65.  Des- 
portes.   La    Desserte,    2.700    fr.   —   67.    Fragonard. 


L'Amour,  12.000  fr.  — 84.  L.  Moreau.  l'aysage,  3.000  fr. 
—  Hubert  Robert  :  93.  Le  Puits,  3.000  fr.  —  94.  La 
Fontaine,  11.000  fr.  —  95.  La  Terrasse,  3.650  fr.  — 
99.  Schall.  Jeune  femme  dans  un  intérieur,  6.000  fr. 

—  Nous  rendrons  compte  dans  notre  prochaine 
chronique  de  la  vente  d'objets  de  vitrine  qui 
s'est  faite  cette  semaine  et  dont  les  deux  vaca- 
tions ont  donné  plus  de  90.000  francs,  avec  plu- 
sieurs enchères  intéressantes. 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Le  20  fé- 
vrier, salle  n"  1,  M=  Lair-Dubreuil  et  M.  H.  Haro 
disperseront  une  petite  réunion  de  tableaux 
modernes,  parmi  lesquels  on  trouve  des  œuvres 
de  quelques  artistes  vivants  :  Cormon,  Détaille, 
J.  Lefebvre,  Boutet  de  Monvel,  P.  Lagarde,  R. 
Ménard,  Nozal,  Ziem,  à  côté  de  peintures,  d'aqua- 
relles et  de  dessins  de  Decamps,  Géricàult,  Ingres, 
A.  de  Neuville,  Ph.  Rousseau,  etc. 

—  Le  même  coramissaire-priseur,  assisté  de 
M.  (ieorges  Petit,  procédera  le  27  février,  salle  H, 
à  la  vente  des  tableaux,  aquarelles  et  dessins 
composant  l'atelier  A.  Jourdeuil;  outre  des  toiles 
par  divers  artistes  contemporains,  on  remarque 
la  présence  d'un  plâtre  par  Carriès. 


60 


LE    BULLETIN    DE    L'AKT 


—  Le  29,  les  mêmes  commissaire-priseur  el 
expert  vendront,  salle  1,  une  collection  de  pein- 
tures modernes,  aquarelles,  pastels  et  dessins 
d'artistes  modernes  assez  variés  puisqu'on  y 
renconlre  Corot  à  côté  de  M.  Flameng,  Meisso- 
nier  auprès  de  Fantin-Lalour,  Cazin  et  M.  Helleu, 
H.  Regnault  et  M.  Détaille;  Jongkind  et  Thaulow 
non  loin  de  MM.  Le  Sidaner  et  Zuber. 


M.  N. 


LIVRES 


Ventes  à  Paris.  —  Bibliothèque  de  feu 
F.  Brunetière.  —  Il  n'y  a  guère  que  les  ventes  de 
livres,  en  ce  moment,  pour  donner  un  peu 
d'animation  au  marché  :  le  cabinet  du  comte 
Werlé,  la  bibliothèque  de  Ferdinand  Brunetière 
et  celle  d'Henri  Chasles  ont  attiré  de  nombreux 
amateurs,-  et  l'on  a  pu  voir,  par  la  première  de 
ces  trois  ventes  dont  le  Bulletin  a  déjà  rendu 
compte  (n°  370  el  ,'i71),  que  les  belles  enchères 
n'avaient  pas  manqué  aux  livres  modernes 
comme  aux  livres  illustrés  du  xviii'  siècle. 

On  ne  trouvera  point,  il  faut  le  dire  tout  de 
suite,  d'aussi  gros  prix  dans  la  vente  de  la 
bibliothèque  de  Brunetière  :  il  s'agissait  ici  sur- 
tout de  livres  de  travail,  non  pas  certes  en  édi- 
tions vulgaires,  mais  qui  tiraient  le  plus  clair  de 
leur  valeur  de  leur  passage  entre  les  mains  du 
directeur  de  la  Revue  des  Deux  Mondes,  qui  les 
avait  presque  tous  enrichis  de  notes  manuscrites, 
parfois  fort  copieuses.  Ces  livres  ont  donc  été 
adjugés,  moins  à  des  amateurs  ordinaires  qu'à 
des  amis  et  admirateurs  de  l'écrivain,  désireux 
de  s'assurer,  souvent  à  des  prix  relativement 
élevés,  au  point  de  vue  purement  bibliophilique, 
un  souvenir  de  leur  ami  :  et  qu'auraient-ils  pu 
trouver  de  plus  précieux  que  ces  ouvrages 
maintes  fois  feuilletés  par  lui  et  par  lui  annotés 
de  remarques  marginales  ? 

La  première  partie  de  la  vente,  faite  les  6,  7 
et  8  février,  salle  0,  par  M"  A.  Desvouges,  assisté 
de  MM.  Em.  Paul  et  flls,  Guillemin,  et  Picard  et 
fils,  a  atteint  43.451  francs  :  un  grand  nombre 
d'ouvrages  se  sont  vendus  entre  200  et  SOO  francs  ; 
le  seul  qiii  ait  dépassé  l.OOO  francs  est  un 
exemplaire  de  l'Histoire  des  origines  du  rliristia- 
nisvie,  de  Renan  (n">  415),  en  huit  volumes 
broches  (1863-1883),  enrichi  de  nombreuses 
annotations  manuscrites,  1.450  francs.  Parmi  les 
manuscrits  de  Brunetière,  le  n"  600,  projet  de  la 
lettre  sur  la  Séparation,  in-S»,  avec  ratuies  et 
corrections,  a  été  adjugé  1.000  francs. 


Bibliothèque  de  feu  M.  Henri  Chasles.  — 

Nous  aurons  plus  d'enchères  ù  citer,  pour  ce 
cabinet  de  bibliophile,  dont  la  première  partie, 
dispersée  à  l'Hôtel,  salle  7,  les  11  et  12  février, 
par  M=  Lair-Dubreuil  et  M.  Leclerc,  a  donné  un 
produit  total  de  71.425  francs,  pour  iin  peu  plus 
de  300  numéros. 

Ce  qui  caractérisait  cette  réunion  de  livres 
anciens,  c'est  qu'ils  provenaient  tous  de  person- 
nages célèbres  :  toute  une  jiartie  de  la  vente, 
n«tamment  —  80  numéros  — ,  était  composée  de 
livres  reliés  aux  armes  des  Bourbons,  rois,  reines 
et  princes  du  sang,  depuis  Henri  IV  jusqu'à 
Charles  X.  La  physionomie  particulière  de  cette 
collection,  ainsi  développée  suivant  un  plan 
défini,  fait  regretter  qu'on  ait  été  obligé  de  la 
disperser  :  il  y  avait  là  une  belle  bccasion  pour 
un  amateur  d'outre-Atlantique,  désireux  de  se 
former  d'un  seul  coup  un  cabinet  de  livres  à 
provenances  célèbres,  et  il  est  hors  de  doute  que, 
formant  un  tout  et  prise  en  bloc,  celte  partie  de 
la  bibliothèque  Henri  Chasles  eût  réalisé  un  prix 
supérieur  à  celui  qu'elle  a  atteint  «  en  ordre 
dispersé  ». 

Voici  les  principaux  prix  des  livres  reliés  aux 
armes  des  Bourbons  : 

Le  n"  1,  Tragicse  comicirque  acliones,  de  Crusius, 
aux  armes  de  Henri  IV,  a  fait  800  fr. 

Venaient  ensuite,  pour  la  même  époque  ;  2.  Boyssat. 
Histoire  des  chevaliers  de  S.  Jean  de  Hierusalem 
(1612,  in-4°),  rel.  aux  armes  de  Marie  de  Médicis, 
1.810  fr.  —  3.  Gremoundus.  Hisloria  iiroslrnlse.  etc., 
a  Ludovico  XIII  (1623,  in-4''),  ex.  de  Gaston  d'Orléans, 
2.000  fr.  —  4.  A.  de  Lestang.  Histoire  des  Gaules 
(1618,  in-4°),  ex.  aux  armes  de  Annc-Marie-Louise 
d'Orléans,  duchesse  de  Montpensier,  1.70S  fr. 

Parmi  les  livres  aux  armes  de  Louis  Xlll  :  1.  A.  de 
Laval.  Desseins  de  professions  nobles  el  publiques 
(1612,  in-4'),  3.500  fr. 

Les  ouvrages  aux  armes  de  Louis  XIV  et  de  sa 
famille  étaient  plus  nombreux,  mais  ils  n'ont  pas 
monté  très  haut  ;  le  seul  prix  important  est  celui  du 
n'  14  :  De  Bcaulieu,  lu  Vie  de  S.  Thomas,  archevesque 
de  Cantorbery,  aux  armes  de  la  reine  Maric-Thércse 
d'Autriche,  2.505  fr. 

Pour  le  règne  de  Louis  XV,  on  trouve  à  mentionner  : 
27.  I.e  Sacre  de  Louis  W,  etc.  (Paris,  1722),  aux 
armes  du  roi,  1.925  fr.  —  32.  liecueil  des  /es/es  (  Paris, 
1756),  aux  armes  du  roi,  2.950  fr.  —  39.  Le  chevalier 
d'Arcq.  Histoire  générale  des  guerres  (Paris,  1756, 
2  vol.  in-4'),  aux  armes  de  Marie-Josèphe  de  Saxe, 
l.OOo  fr.  —  47.  Sermons  du  V.  Urelonneau  (1749, 
7  vol.  in-l2\  aux  armes  de  M"'  Victoire,  1.600  fr. 

Hien  d'autre  à  signaler  pour  la  période  Louis  XVI, 
qu'un  Catalogue  des  pièces  choisies  du  répertoire  de 


ANCIEN    ET    MODEHNE 


61 


la  Comédie- F ntniaise  (n°  olj,  Paris,  iTj'j,  in-12,  aux 
armes  du  roi,  805  fr. 

La  «  branche  cadette  »,  également  représentée,  offre 
quelques  enchères  intéressantes  :  66.  J.  de  Loyac. 
Le  Triomphe  de  la  charité  en  la  vie  du  bienheureux 
Jean  de  Dieu  (1651),  aux  armes  de  Charlotte-Elisabeth 
de  Bavière,  1.705  fr.  —  73.  Marmontel.  l'oé/ique  fran- 
raise  (1763),  aux  armes  de  Louis-Philippe  1",  duc 
d'Orléans,  1.055  fr.  —  76.  Almanach  du  voyageur 
à  Paris  (1786),  aux  armes  de  Marie-Adélaïde  de 
Bourbon-Penthiévre,  1.330  fr. 

Une  quarantaine  de  numéros  représentaient 
les  bibliophiles  célèbres  du  xvii=et  duxviii»  siècle: 
Colbert,  Dangeau,  F.  de  La  Rochefoucauld,  De 
Thon,  Le  Tellier,  Richelieu,  etc.  Ou  remarque 
dans  cette  série  le  n»  98,  un  Abi'égé  chronologique 
de  l'histoire  d'Espagne  et  du  Portugal  (1765,  2  vol. 
in-8o),  aux  armes  du  président  Hénault,  adjugé 
2.460  Ir.;  et  le  n"  112,  V Anti-Lucrèce,  de  Polignac 
(1749,  2  vol.  in-8o),  aux  armes  de  Mme  je  Pom- 
padour,  vendu  2."j60  fr. 

Enfin,  la  première  partie  de  la  vente  se  com- 
plétait d'ouvrages  de  divers  genres,  oii  l'on  ne 
trouve  guère  comme  ayant  dépassé  mille  francs 
que  les  suivants  : 

149.  Ilreviarum  l'ariniense  (1714,  4  vol.  in-8°),  rel. 
anc,  1.630  fr.  —  194.  La  Fontaine.  Suite  complète  du 
frontispice,  du  portrait  et  des  275  figures  par  Oudry. 
pour  les  Fables  [éd.  1753-1759),  1.131  fr.  —243.  La  Sainte 
vie,  etc.,  de  monseigneur  Saint  Louis,  roy  de  France 
(1666,  in-S"),  rel.  anc,  1.131  fr.  —  264.  Collection  de 
V Almanach  royal  [impérial  et  national),  de  1706  à 
1830,  136  vol.  in-8%  1.210  fr. 

B.  J. 

ESTAMPES 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Estampes 
et  dessins  du  XVIII''  siècle.  —  Le  28  février, 
M'  Lair-Dubreuil  et  M.  Loys  Delteil  vendront  à 
l'hôtel,  salle  6,  une  réunion  d'estampes  et  de 
dessins  du  xvin'  siècle,  qui  fera  un  peu  diver- 
sion à  la  monotonie  et  à  l'apathie  actuelles  du 
marché  de  la  curiosité. 

On  y  trouve  en  efl'et  quelques-unes  de  ces 
pièces,  toujours  recherchées  des  amateurs  et  qui 
ne  manquent  jamais  de  trouver  preneurs  à  de 
bons  prix,  quand  elles  se  présentent  en  états  rares 
et  bien  conservés  :  portraits  par  et  d'après  Bar- 
tolozzi,  Cosway,  Reynolds  (Lady  Smith  et  ses  en- 
fanH,  et  Jane  comtesse  d'Harrington,  Lord  Peler- 
sham  et  Lincoln  Stanhope),  Boucher  (Af'"«  de 
Pompadour,  gr.  par  VVatson)  ;  allégories,  scènes 
de  mœurs  ou  de  fantaisie,  comme  les  pièces  cé- 
lèbres et  toujours  prisées  de  Debucourt:  le  Menuet 


de  ta  mariée,  la  Noce  au  château,  la  Promenade  de 
ta  Galerie  du  Palais-Royal,  etc.  ;  une  série  de 
gravures  en  manière  de  crayon  par  G.  Demarteau  ; 
des  œuvres  de  Bonnet,  Desrais,  .laninet,  La- 
vreince  [l'Aveu  difficile,  rare  épreuve  de  S"  élat; 
ta  Comparaison,  les  Petits  favoris,  etc.),  de  Moreau 
le  jeune,  Morland,  A  de  Saint-Aubin,  Taunay, 
Westall,  etc. 

Une  trentaine  de  dessins  complètent  celte 
vente:  crayons  de  Boucher,  portraits  de  Cochin 
et  de  Danloux  (quatre  numéros  fort  curieux), 
deux  scènes  russes  de  Le  Prince,  cinq  croquis 
à  la  plume  de  G.  de  Saint-Aubin  ;  et,  représentant 
une  époque  plus  récente,  des  dessins  de  Cliarlet, 
Raflet,  Daumier,  Giacomelli,  etc. 

—  Les  lundi  24  et  mardi  2o  février,  à  l'Hôtel, 
salle  9,  se  fera  une  petite  vente  d'estampes  an- 
ciennes et  modernes  {M^  H.  Baudoin,  M.  Loys 
Delteil),  oîi  on  rencontre  les  noms  de  Th.  de  Leu, 
G.  Edelinck,  Watteau,  Hogarth,  Debucourt,  Mo- 
reau le  jeune,  Saint-Aubin,  etc.  ;  et  de  Daumier, 
Delacroix,  Devéria,  Isabey,  H.  Monnier,  Gavarni, 
Helleu,  Harpignies;  des  portraits,  des  costumes 
et  des  pièces  historiques,  et  quelques  dessins  et 
peintures. 

R.  (;. 


EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Les  Peintres  orientalistes  français  (avenue 
d'Anlin).  —  Voici  déjà  la  dix-septième  exposition 
de  ce  groupe  très  moderne  où  l'activité  de 
M.  Léonce  Bénédite  ajouta  de  bonne  heure  d'in- 
téressantes «  rétrospectives  >'  avec  Dehodencq, 
l'explorateur  du  Maroc,  bientôt  suivi  de  Chassé- 
riau,  de  Belly,  de  Guillaumel,  de  Maurice  Polter, 
de  Marins  Perret:  variété  des  talents,  des  temps 
et  des  lieux  dans  l'unité  d'un  ciel  torride.  Aujour- 
d'hui, c'est  une  cinquantaine  de  toiles  ou  d'études 
d'un  Parisien,  paisible  observateur  de  l'oasis  al- 
gérienne, Eugène  Girardet  (1853-1907)  ;  et  c'est, 
ensuite,  un  vrai  salon  de  cinq  cent  trente  ouvrages 
et  de  soixante-douze  exposants  :  un  Orient  calme, 
un  peu  gris.  Jadis,  il  fallait  noter  l'influence  de 
la  flamme  orientale  sur  la  palette  romantique  ; 
aujourd'hui,  constater  l'inlluence  de  la  lumière 
dilluse  sur  le  lyrisme  oriental,  n'est-ce  pas  nom- 
mer l'effort  de  quelques  nouveaux  venus  autour 
des  Danseuses  Nailiates  de  M.  Dinet  :  clair  de 
lune  bleu  de  M.  Scrive,  sanguines  expressives 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


de  M.  (jasté,  mosquées  de  M.  Morisset,  qui 
promène  son  nouvel  impressionnisme  ;ï  Tlem- 
cen  ?  On  retrouve  ici  les  meilleurs  boursiers  de 
Marseille,  qui  nous  ont  entraîné  jusqu'à  Cejlan... 
M.  VoUet  nous  arrête  en  Indo-Chine,  M.  Bondoux, 
en  Perse.  Et,  par  l'intermédiaire  des  peintres, 
nous  voyageons  immobiles.  En  art,  la  carie 
orientale  admet  Venise,  où  M.  Emile  Bernard 
essaie  de  styliser  les  chignons  et  les  châles  ;  Ra- 
venne,  où  M.  Marcel  Magne  étudie  la  mosaïque 
byzantine  ;  Rome,  où  M.  Henri  Havet  décrit  les 
ruines  menacées  ;  la  Grande  Grèce,  où  M.  Gillot 
se  fait  le  virtuose  de  Capri;  l'Espagne,  où  la  fan- 
taisie de  M.  Anglada  fait  pâlir  nos  sincérités.  Et 
près  de  quelques  animaliers  ou  petits  statuaires, 
voici  les  candidats  aux  bourses  de  l'exposition 
d'Algérie  :  à  voir  tant  de  concours,  ne  dirait-on 
point  que  la  palette  française  manque  de  bras  ! 

Georges  Chénard-Huché  (galerie  Graves).— 
Parmi  tant  de  peintres,  un  artiste.  Parmi  trop 
d'improvisateurs,  un  paysagiste  qui  dessine  et 
qui  colore  sobrement  son  architecture  avec  son 
émotion.  Sans  doute,  il  a  vu,  comme  tant  d'autres, 
la  Bretagne  morose,  la  Provence  blonde,  la  Hol- 
lande argentine  avec  l'empâtement  léger  de  son 
Canal  dans  la  brume.  Mais  c'est  d'abord,  avant 
tout,  un  peintre  du  Paris  moderne,  je  veux  dire 
un  portraitiste,  émouvant  parce  qu'ému,  du  vieux 
Montmartre  qui  s'en  va...  Depuis  vingt  ans,  il  en 
décrit  les  derniers  moulins  qu'Hervier  voyait 
plus  nombreux,  il  note  les  métamorphoses  du 
boulevard  de  Clichy  que  lîuhot  animait  de  son 
Enlencment,  il  enfume  le  tunnel  ou  débouche  le 
train  de  ceinture  à  travers  des  quartiers  suspecis, 
il  s'aventure  jusqu'au  silence  inquiétant  du  ca- 
nal ;  parfois,  il  traverse  la  Cité  lépreuse,  il  des- 
cend jusqu'à  la  place  Dauphine,  anneau  brisé 
dont  on  menace  les  joyaux  anciens;  il  se  souvient 
des  Démolitions,  avec  la  bigarrure  mélancolique 
des  papiers  et  des  suies  ;  mais,  sous  la  neige 
immaculée,  ce  qui  retient  cette  âme  de  Breton, 
c'est  l'ironie  mourante  du  vieux  Montmartre,  le 
Maquis  disparu  maintenant  autour  de  l'atelier  de 
Ziem,  cahutes,  échoppes  et  baraques  détrempées 
par  le  dégel,  le  Château  des  brouillards  et  les 
blanches  coupoles  dans  la  pluie  grise  où  trans- 
paraît l'or  du  soir...  Série  discrète  et  mémorable, 
dont  nous  avions  entt-evu  quelques  limpides 
motifs  dans  la  cohue  des  Indépendants. 

Expositions  diverses.  —  En  ce  siècle  de  l'à- 
peu-près  et  ce  Paris  fiévreux  où  la  science  des 


ingénieurs  a  supplanté  l'art,  il  faut  affronter 
toutes  les  fastidieuses  redites  des  Salons,  petits 
et  grands,  pour  apercevoir  quelques  œuvres 
supérieures  aux  tentations  du  marchandage  et 
de  l'ébauche  :  on  est  aussitôt  récompensé  par 
une  trouvaille  inattendue.  Quelques  artistes  mo- 
dernes nous  ont  appelé,  salle  Chauchat  ;  et,  près 
de  MM.  Jules  Adler,  le  peintre  du  faubourg  cré- 
pusculaire ou  du  pays  noir,  Belleroche,  le  litho- 
graphe qui  peint  à  ses  heures,  Dabadie,  qui, 
des  terrasses  d'Alger,  remonte  à  son  île  de  Bréhat, 
Jeanès,  visionnaire,  et  Morisset,  familial,  le 
regard  découvre  un  profond  contraste  :  le  Peigne 
d'argent  de  M.  Caro-Delvaille,  une  nuque  de 
brune  aux  rubans  nacarat,  robuste  héritière  de 
Courbet,  avoisine  le  plus  attendrissant  portrait 
de  jeune  fille,  au  catogan  soyeux,  que  la  délica- 
tesse de  M.  Ernest  Laurent  ait  jamais  estompé 
dans  la  mousseline  irisée  par  la  verdure  du 
jardin. 

Rue  Tronchet,  la  Galerie  de  l'Art  contempo- 
rain nous  montre,  autour  de  M.  André  Suréda, 
vaillant  peintre-lithographe  de  Londres  fantas- 
tique et  de  la  îieige  en  Flandre,  les  vives  terres 
cuites  de  l'animalier  Pierre  Christophe,  l'ami 
narquois  des  bêtes,  qui  devine  la  structure  et  le 
caractère  sous  le  plumage  ou  la  robe  ;  et  c'est  un 
rapide  portrait  que  sa  petite  paysanne  en  sabots. 

Nous  connaissions  déjà  les  pastiches  impression- 
nistes de  M.  Gustave  Loiseau,  chez  Durand-Uuel  ; 
les  curiosités  décoratives  de  M.  Manzana-Pissàrro, 
chez  Druet  ;  l'impressionnisme  à  l'accent  bava- 
rois d'un  dessinateur,  M.  Félix  Borchardt,  por- 
traitiste savant  de  Raffaetli,  chez  Devambez,  et 
l'œil  (in  de  M.  Vuillard,  dont  le  dilettantisme 
n'est  guère  en  progrès  chez  Bernheim  jeune, 
en  dépit  de  l'étonnant  carton  beige,  où  quelques 
taches  font  du  soleil  autour  de  la  liseuse,  dans 

la  chambre... 

Raymond  Bouykh. 

CORRESPONDANCE  DE  GRÈGE 


Au  Céramique. 

Par  deux  fois  dans  ces  derniers  temps,  l'atten- 
tion des  archéologues  s'est  portée  vers  le  Céra- 
mique d'Athènes,  et  des  sondages  y  ont  été  faits, 
dont  les  résultats  ne  sont  pas  négligeables.  Ce 
vaste  champ  de  fouilles,  l'un  des  plus  riches  à 
coup  sûr  de  toute  la  Grèce  et  l'un  des  plus  dési- 


ANCIEN    ET    MODERNE 


63 


gnt's  à  la  curiosité  des  chercheurs,  n'est  guère 
i|u'à  moitié  déblayé.  Tout  porte  à  croire  qu'il 
nous  ménage  encore  plus  d'une  surprise.  C'est 
en  1801  qu'on  découvrit  l'emplacement  de  la 
nécropole  athénienne,  en  perçant  ^a  route 
actuelle  du  Pirée.  A  plusieurs  reprises,  depuis 
lors,  on  a  procédé  à  des  déblayements  partiels  ; 
de  ces  recherches  provient  l'admirable  collection 
des  stèles  attiques  qui  remplit  à  elle  seule  un 
bon  quart  du  musée  de  Patissia.  Pour  diverses 
raisons  et  malgré  la  richesse  des  trouvailles,  le 
projet  d'une  fouille  exhaustive  a  toujours  été 
différé.  Le  clergé  grec  s'est  toujours  opposé  à  la 
démolition  de  la  petite  église  d'Haghia-Triada, 
<)U  pied  de  laquelle  ont  dû  s'arrêter  les  fouilleurs; 
enfin,  un  vaste  terrain  non  bâti,  qui  appartient  à 
la  Société  des  tramways  athéniens,  pour  des 
motifs  qu'on  se  garde  d'ailleurs  de  nous  dire, 
n'a  pu  être  exproprié.  Les  récents  travaux  dont 
il  est  question  montrent  que  la  fouille  du  Céra- 
mique, limitée  en  étendue  par  ces  obstacles, 
n'avait  pas  non  plus  été  suffisamment  poussée  en 
profondeur. 

L'an  dernier,  M.  Noack  obtint  de  la  Société 
archéologique  d'Athènes  l'autorisation  d'ouvrir 
une  tranchée  au  pied  des  murailles  antiques, 
déjà  déMayées,  pour  en  étudier  l'appareil.  Il 
put  faire,  dès  les  premiers  coups  de  pioche,  d'in- 
téressantes observations.  On  s'accordait  jusqu'ici 
à  reconnaître  le  fameux  rempart  de  Théinistocle 
dans  un  mur  étroit  en  pierres  bleuâtres,  à  peu 
près  perpendiculaire  au  lit  de  l'Éridan.  Il  appa- 
raît aujourd'hui  que  l'on  se  trompait.  Le  véri- 
table mur  de  Thémistocle  a  été  retrouvé,  ou 
plutôt  reconnu, car  il  était  déjà  en  partie  déblayé, 
à  une  autre  place.  On  a  pu  voir,  en  dégageant 
ses  substructions,  qu'il  était  fait  des  matériaux 
les  plus  divers,  et  que,  parmi  les  blocs  de  paros 
ou  de  calcaire,  il  contenait  des  stèles  funéraires 
on  marbre  et  des  bases  de  statues.  Thucydide 
rapporte  que  dans  leur  hâte  à  édilier  les  rem- 
parts, tandis  que  Thémistocle  négociait  à  Lacédé- 
mone,  les  Athéniens  prirent  leurs  matériaux  où 
ils  purent  et  notamment  dans  les  nécropoles, 
dont  les  stèles  leur  fournissaient  des  pierres 
toutes  taillées.  La  découverte  de  M.  Noack  vient 
confirmer  l'exactitude  de  ce  récit  et  nous  en 
apporte,  en  quelque  sorte,  l'illustration. 

(Juelques-uns  des  monuments  funéraires  ma- 
connés  dans  la  muraille  ont  pu  en  être  dégagés 
et  sont  aujourd'hui  exposés  au  musée  de  Patissia. 
Entre  autres  un  sphinx  de  marbre  et  une  stèle 
très  analogue  à  celle  du  Soldat  de  Marathon.  Sur 


un  point  du  rempart  où  il  semble  que  s'ouvrait 
une  poterne,  est  apparue  la  base  d'une  grande 
statue  funéraire.  Une  inscription  métrique  se  lit 
encore  sur  l'une  des  faces  et  les  deux  pieds  de  la 
statue,  du  type  des  Apollons  archaïques,  ont 
laissé  sur  la  pierre  la  trace  de  leurs  scellements. 

Plus  récemment,  M.  Bruëckner,  dont  ce  n'est 
pas  la  première  campagne  au  Céramique,  a  fait 
donner  quel(|ues  coups  de  pioche  non  loin  de  la 
rue  du  Pirée,  dans  la  région  Ouest,  où  se  trouvent 
les  belles  stèles  de  Dexileos,  de  Gorallion,  d'Hé- 
géso.  Les  premiers  fouilleurs  qui  déblayèrent 
cette  partie  de  la  nécropole  s'étaient  arrêtés 
aussitôt  qu'ils  avaient  eu  dégagé  les  reliefs,  sans 
se  soucier  de  pousser  jusqu'à  leur  fondation.  Ils 
étaient  loin  d'avoir  atteint  le  sol  antique.  En 
creusant  au  pied  des  mausolées,  M.  Bruëckner  a 
|)u  constater  qu'ils  se  dressaient  tous  sur  de 
hauts  socles  à  degrés,  comme  des  statues  sur 
leurs  piédestaux.  L'aspect  primitif  de  la  voie 
funéraire  était  fort  différent  de  celui  qu'on  pou- 
vait imaginer  jusqu'ici.  Par  rapport  au  sol  actuel 
et  aux  reliefs  déjà  dégagés,  elle  se  trouvait  en 
contre-bas  de  plusieurs  mètres.  Du  même  coup, 
l'on  a  pu  faire  des  observations  plus  précises 
sur  la  manière  dont  étaient  groupés  les  monu- 
ments. Les  stèles  des  lils  de  Lysanias,  parmi 
lesquelles  est  le  fameux  relief  de  Dexileos,  se 
'dressent  aujourd'hui  sur  un  large  et  haut  sou- 
bissement,  dont  le  plan  ligure  un  quart  de  cercle. 

Sur  tout  l'emplacement  que  l'on  croyait  dé- 
blayé, il  faudra  de  longs  jours  encore  pour  mettre 
à  découvert  le  sol  antique.  La  fouille  du  Céra- 
mique n'est  pas  seulement  à  poursuivre  ;  on  peut 
dire  qu'elle  est  à  recommencer. 

Au  Musée  de  l'Acropole. 

A  l'Acropole,  ce  n'est  pas  dans  les  remblais  de 
la  citadelle,  mais  dans  les  magasins  du  musée 
ijue  l'on  a  fait  des  trouvailles.  Là  sont  entassés 
par  centaines  des  fragments  de  sculptures,  pro- 
venant de  la  grande  fouille  qui  rendit  au  jour  le 
peuple  des  corés.  MM.  Heberdey  et  Schrader,  ont 
fait  un  sort  à  nombre  de  ces  débris  et  complété 
grâce  à  eux  plusieurs  des  statues  du  musée.  C'est 
ainsi  que  l'on  a  retrouvé  des  morceaux  du  soi 
disant  Typhon  à  trois  têtes.  On  a  pas  été  peu 
surpris  de  voir  que  le  monstre  tenait  dans  sa 
main  et  caressait  un  oiseau. 

Tout  récemment  M.  Schrader  a  reconnu  et 
rapproché  divers  fragments  qui  complètent  à 
merveille  l'un  de  ces  charmants  cavaliers  athé- 


LE    BULLETIN    DE   L'ART 


niens,  frères  non  indignes  des  corés,  mais  beau- 
coup plus  mutilés  quelles.  Sans  être  encore  en- 
tière, la  statue  a  pris  un  intérêt  tout  nouveau  et 
n'est  pas  absolument  telle  qu'on  pouvait  l'imagi- 
ner. Le  type  du  cheval,  très  haut  sur  de  longues 
pattes  d'une  minceur  extrême,  rappelle  encore 
les  figures  de  cavaliers  que  l'on  voit  représentées 
sur  les  vases  du  vi'  siècle. 

G.  L. 


LES      REVUES 


France 

Revue  des  Deux  Mondes  (1"  février).  —  L'Art 
français  de  la  fin  dti  moyen  âge  :  les  aspects  nouveaux 
du  culte  des  saints,  l'art  elles  saints,  par  Emile  Mâle. 
—  C'est  une  de  ces  charmantes  études  où  s'exerce, 
pour  notre  enseignement,  la  science  archéologique 
d'un  érudit  qui  atout  vu  et  qui  sait  à  merveille  tirer 
parti  des  documents  figurés.  Après  avoir  montré  le 
charme  poétique  que  le  culte  des  saints  répaiïd 
sur  tout  le  moyen  âge  et  combien  ils  furent  en  se 
rapproch.ant  de  plus  en  plus  de  l'humanité,  il  prouve 
que  rien  n'a  été  plus  fécond  que  le  culte  passionne 
des  saints  auquel  on  doit  la  meilleure  partie  des  œu- 
vres d'art  de  la  fin  du  moyen  âge,  et  notauiment 
celles  où  des  donateurs  se  sont  fait  représenter  dans 
des  vitraux,  des  peintures,  des  sculptures,  en  compa- 
gnie de  leurs  saints  patrons,  soit  de  ceux  dont  ils 
avaient  reru  le  nom  à  leur  baptême,  soit  de  ceux  qui 
patronaient  leur  confrérie  ou  leur  corporation.  A  ce 
propos,  l'auteur  donne  un  exquis  petit  tableau  de  la 
vie  des  artisans  des  villes  à  la  fin  du  moyen  âge;  il 
insiste  sur  la  poésie  que  revêtaient  les  manifestations 
publiques  des  confréries  pieuses,  des  confréries  mili- 
taires ou  des  confréries  de  métiers,  qui  toutes  avaient 
leurs  saints  patrons;  il  démontre  quelle  a  été  l'in- 
fluence de  ces  confréries  sur  les  artistes,  par  les 
commandes  de  saints  patrons  qu'elles  leur  faisaient 
et  par  les  modèles  qu'elles  leur  proposaient. 

Les  Confréries  militaires  et  les  confréries  de  métiers 
avaient  d'antiques  patrons  que  la  tradition  leur  im- 
posait; mais  les  confréries  pieuses  choisissaient  parmi 
les  saints,  soit  de  beaux  modèles  qu'elles  se  propo- 
saient d'imiter,  soit  de  puissants  protecteurs  qu'elles 
désiraient  se  rendre  favorables.  Et  toute  la  dernière 
partie  de  l'étude  de  M.  É.  Mâle  est  consacrée  a 
rechercher,  avec  le  secours  des  œuvres  d'art,  quels 
saints  ont  été  choisis  de  préférence  :  saint  Chris- 
tophe, sainte  Barbe,  saint  Sébiistieu,  saint  Adrien, 
saint  Antoine  et  saint  Roch,  les  grands  protecteurs  de 
la  mort  subite  et  de  la  peste. 

Mais  «  la  Hèforme  vint,  et  avec  elle  apparut  l'esprit 
critique.  Les  saints  furent  discutés...  Le  charme 
était  .rompu.  Au  lieu  de  croire,  les  hommes  avaient 


voulu  savoir.  Les  artistes  purent  désormais  avoir 
toutes  les  qualités;  ils  n'eurent  plus  la  candeur  qui 
rend  ces  vieilles  œuvres  inimitables  «. 

Al.LEUAG.NE 

Die  Kunst  (février).  —  P.  Hekdmakk.  La  médaille 
artistique  et  son  histoire.  —  Ueproductions  intéres- 
santes des  œuvres  de  1a  nouvelle  école  de  médailleurs 
qui  s'est  formée  en  Allemagne,  à  la  suite  de  l'école 
française. 

—  J.  Popp.  Albert  von  Relier.  —  A  propos  de  l'ex- 
position de  l'ensemble  de  l'œuvre  de  cet  artiste  dans 
la  Sécession  de  Munich.  —  Nombreuses  reproductions 
qui  donnent  une  idée  de  l'art  de  cet  artiste,  qui 
rappelle  d'abord  A.  Stevens,  puis  Be.snard,  avec  des 
incursions  dans  le  domaine  de  la  peinture  religieuse 
et  de  l'occultisme. 

—  Gustave  G.-Goegek.  Le  Souveail  paysage. 

—  La  Villa  Friése.  à  Brème. 

—  G.  Keyssxrr.  La  «  Halle  »,  à  Pfullinr/en.  — 
Bâtiment  construit  en  style  ultra-moderne  dans  la 
petite  ville  de  Pfullingen,  par  les  elforts  associés  de  la 
Société  de  chant  et  de  la  Société  de  gymnastique  du 
lieu,  pour  servir  à  la  fois  de  salle  de  concert  et  de 
lieu  de  réunion  pour  des  exercices  de  gymnastique. 
L'ensemble  est  un  exemple  remarquable  des  résultats 
que  peut  obtenir  l'esprit  d'association  en  Allemagne, 
même  dans  une  petite  ville. 

—  A.  Heilmeyeh.  L'Hôtel  «  L'nion  »,  à  Munich 
(construit  par  l'architecte  R.  BeindI).  —  G.  IIcet. 

Italie 
Emporium  (janvier).  —  Artistes  contemporains  : 
M.  Vittorio  Pica  parle,  cette  fois,  de  l'artiste  belge 
Philip/te  Wolfers,  dont  les  statuettes,  les  bijoux,  les 
lampes  électriques,  les  vases,  les  coffrets,  etc.,  ont  été 
bien  souvent  remarqués  dans  les  expositions  interna- 
tionales pour  l'agrément  de  leur  forme  et  l'ingéniosité 
de  leur  décoration. 

—  Art  rétrospectif  :  Pietro  Longhi  et  quelques-uns 
de  ses  tableaux,  par  Pompeo  Molmexti.  —  1/historien 
de  Venise  consacre  quelques  pages  à  ce  Vénitien  né 
en  1702,  sur  lequel  on  sait  si  peu  de  choses  et  dont 
les  toiles  évoquent  si  joliment  et  avec  tant  de  fidélité 
la  vie  légère  du  siècle  galant  :  l'intérêt  documentaire 
de  ses  figures  charmantes  fait  oublier  la  peinture 
lisse,  léchée,  froide  et  le  dessin  indécis  de  celui  qu'on 
a  appelé,  avec  quelque  excès  dans  l'éloge,  le  «  Goldoni 
du  pinceau  ». 

—  Soles  d'art  :  Tivoli,  ses  églises  S.  Silvestro,  S. 
Vincenzo  et  S.  Blagio;  sa  cathédrale;  son  palais  Tor- 
lonia  et  leurs  œuvres  d'art,  par  .\ttilio  Rossi. 

—  La  Collection  Peruzzi  d'objets  d'art  de  ferron- 
nerie ancienne,  par  Helen  Zimhehn. 


Le  Gérant  :  H.  Uïms. 

PuM.  —  Imp.  Georgea  Petit,  iî,  roe  (iodot-de-Uauroi. 


Numéro  373. 


Samedi  29  Février  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


Sur  un  temple  désaffecté 


Combien  de  Parisiens  connaissent  l'Opéra  de 
Versailles,  cette  salle  charmante  où  Jacques- 
Ange  Gabriel,  quatrième  du  nom,  a  dépensé  des 
trésors  d  élégance  et  qui  n'a  guère  eu  de  chance 
depuis  son  inauguration,  le  16  mai  1770? 

L'artiste  et  le  lettré  qu'est  M.  Henry  Roujon  en 
contait  joliment  l'histoire,  l'autre  jour,  dans  un 
de  ses  En  Marge  du  Temps  :  il  disait  les  quelques 
années  brillantes  de  ce  théâtre,  dont  la  «  repré- 
sentation de  clôture  »  —  le  banquet  des  gardes 
du  corps  du  1»'"  octobre  1789,  où  la  reine  fut 
acclamée,  —  provoqua  les  journées  révolution- 
naires, et  il  rappelait  la  soirée  de  gala  qu'y  donna 
Louis-Philippe  à  l'occasion  de  l'inauguration  du 
musée  de  Versailles,  le  10  juin  1837. 

C'était  aussi,  un  peu,  une  seconde  inauguration 
pour  la  salle  elle-même,  car  Gabriel  aurait  eu 
peine  à  reconnaître  son  œuvre,  sous  le  badigeon 
rouge  et  noir  dont  le  roi  l'avait  fait  revêtir  et  qui 
n'était  que  la  première  des  dégradations  qu'on 
devait  faire  subir  à  «  l'Opéra  de  Versailles  ». 
Qu'on  lise  plutôt  ce  qu'en  a  écrit  M.  André 
Pératé  : 

«  Transformée  en  1871  pour  les  réunions  de 
l'Assemblée  nationale,  occupée  par  le  Sénat  de 
1876  à  1879,  cette  pièce  splendide  a  perdu,  en 
même  temps  que  son  plafond  (par  Duraraeau), 
remplacé  par  un  vitrage,  la  charmante  peinture 
de  ses  boiseries  en  imitation  de  marbre  vert 
antique,  si  délicatement  harmonisée  avec  le 
velours  bleu  qui  garnissait  les  loges,  et  la  dorure 
maie  de  ses  balustres,  de  ses  chapiteau.x,  de  ses 
consoles,  de  ses  ravissants  bas-reliefs  de  Pajou 
et  de  Guibert.  L'affreuse  couleur  rougeàtre  dont 
elle  est  revêtue  n'empêche  point  d'apprécier  la 
beauté  des  proportions  et  la  richesse  inouïe  de 
l'ornement.  C'est  la  plus  belle  salle  de  théâtre 
qu'on  puisse  imaginer  ;  c'est  le  Bayreuth  tant  de 
fois  réclamé  pour  la  France,  un  Bayreuth  aux 
portes  de  Paris.  » 


Et  c'est  précisément  ce  que  la  Société  des 
grandes  auditions  musicales,  en  demandant  au 
Sénat  l'autorisation  de  remettre  cette  salle  en 
état  et  d'y  donner  quelques  représentations,  se 
propose  d'en  faire  :  un  Bayreuth,  mais  un  Bay- 
reuth où  Gluck  sera  mieux  à  sa  place  que 
Wagner. 

Comme  il  n'est  rien  d'aussi  triste  qu'un  temple 
désaffecté,  celui-ci  ne  pourrait  que  gagner  à  se 
voir  rendu  au  culte  de  la  musique  et  de  la 
poésie,  sans  compter  que  cette  restitution 
remettrait  au  jour  des  trésors  cachés  d'élégance 
ancienne,  —  ce  qui,  par  ces  temps  d'inélégance 
présente,  n'est  pas  tant  à  dédaigner. 

E.  D. 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres 

(séance  du  21  février).  —  L'Académie  vote  une  sub- 
vention de  300  francs  à  M.  Vaillet,  chef  de  la  mission 
forestière  de  l'Afrique  Occidentale,  pour  fouiller  une 
caverne  au  Fouta-Djalon. 

—  M.  Edmond  Pottier  achève  la  lecture  de  son  mé- 
moire sur  l'art  dorien. 

—  M.  CoUignon  ne  partage  pas  toutes  les  vues  de 
son  confrère  et  il  en  donne  les  raisons.  11  en  ré- 
sulte un  débat  académique  du  plus  vif  intérêt,  et  dans 
lequel  intervient  M.  Salomon  Reinach  pour  concilier 
les  théories  des  deux  savants  historiens  de  l'art  grec. 

Société  des  Antiquaires  de  France  (séance  du 
20  lévrier).—  M.  Enlart  fait  li(imnui{,'e  à  ses  collègues, 
au  nom  du  vicomte  de  Truchis,  d'une  étude  sur  l'archi- 
tecture romaine  de  l'Autunois. 

—  M.  Oniont  conuiiunique  les  illustrations  d'une 
traduction  de  chirurgiens  grecs  exécutée  par  Guido 
Guidi  pour  François  1"  et  montre  que  ces  illustrations 
sont  en  partie  l'œuvre  du  Primatice. 

—  M.  F.  de  Mély  entretient  la  Société  du  prétendu 
portrait  de  Jeanne  d'Arc  conservé  à  Saint-Pétrone  de 
Bologne  ;  et  M.  Adrien  Blanchet  présente  des  obser- 


66 


LE  BULLETIN   DE    L'ART 


valions  sur  l'orij^ànc  des  armes  de  Milan,  qui  dérive- 
raient du  mythe  antique  d'Ophilitis. 

Société    nationale     des    Beaux-Arts.    —   Les 

membres  sociétaires  de  la  Société  nationale  des  Beaux- 
Arts  ont  tenu  iiier  une  assemblée  générale  extraordi- 
naire. Cette  réunion  était  motivée  par  la  demande  en 
reconnaissance  d'ulilité  publique  que  le  Conseil  d'Ktat 
examine  en  ce  moment.  Il  est  urgent  pour  la  Société 
que  cette  qualité  lui  soit  rapidement  reconnue,  car 
elle  vient  d'apprendre  la  fondation  de  deux  prix  an- 
nuels qui  n'attendent,  pour  être  constitués  définiti- 
vement, que  l'arrêt  du  Conseil  d'État.  L'un  de  ces 
prix,  qui  est  de  1.000  francs,  est  donné  par  M""  Fa- 
quin, qui  a  fait  cette  libéralité  en  mémoire  de  son 
mari.  L'autre  prix,  qui  est  de  500  francs,  est  offert 
par  MM.  Bornheiui  jeune. 

Société  pour  la  protection  des  paysages.  — 

La  Société  pour  la  protection  des  pajsages  de 
France  a  approuvé  le  dépôt,  sur  le  bureau  de  la 
Chambre,  du  projet  de  loi  élaboré  par  son  comité 
contre  l'abus  de  l'affichage,  et  elle  a  émis  les  vœux 
suivants  : 

Que  fût  conservée  en  espaces  libres  la  totalité  delà 
zone  désaffectée  des  fortifications  ; 

Que  les  communes  suburbaines  dont  l'accroissement 
est  si  rapide,  prissent  des  mesures  pour  conserver  ou 
acquérir  pendant  qu'il  en  est  temps,  les  terrains  né- 
cessaires à  leur  hygiène  et  à  leur  beauté  dans  l'avenir; 

Que  les  forêts  et  bois  avoisinant  Paris  fussent 
classés  et  aménagés  en  séries  artistiques. 

En  outre,  ont  été  appuyés  le  projet  d'acquisition  de 
la  forêt  d'Amboise  par  la  ville  de  Tours  et  celui  des 
forêts  d'Eu  et  d'Aumale  par  la  ville  de  Rouen. 

Enlin,  la  Société  a  réclamé  instamment  la  conser- 
vation de  la  Pointe  du-Réduit  provenant  des  anciennes 
fortifications  de  Bayonne. 

Au  musée  du  Louvre.  —  M.  G.  Bénédite.  conserva- 
teur adjoint  du  département  des  antiquités  égyptiennes 
au  musée  du  Louvre,  est  promu  conservateur  du  même 
département,  en  remplacement  de  M.  Pierrot,  admis  à 
la  retraite. 

Au  Musée  des  Arts  décoratifs.  —  L'exposition 
théâtrale,  dont  nous  avons  déjà  parlé  à.  plusieurs 
reprises  et  dont  le  conseil  de  l'Union  centrale  des 
Arts  décoratifs  a  pris  l'initiative,  s'ouvrira  prochaine- 
ment au  musée  des  Arts  décoratifs. 

Do  nombreuses  peintures,  obligeamment  prêtées  aux 
organisateurs  et  représentant  des  personnalités  con- 
nues, y  figureront,  avec  des  estampes  de  choix.  Une 
autre  section,  plus  particulièrement  consacrée  aux 
décors  de  thé,'itre,  comprendra  tout  un  ensemble  de 
dessins,  d'études,  d'ébauches  et  de  maquettes  des 
maîtres  décorateurs  les  plus  réputés  du  siècle  der- 
nier. Enfin  on  y  trouvera  également  une  ample 
collection  d'objets  anciens  et  modernes  se  rapportant 
à  l'histoire  et   au  monde  du  théâtre,  accessoires  et 


costumes,  marionnettes  et  figurines,  souvenirs  des 
théâtres  antiques  et  matériels  courants  de  théâtres, 
perfectionnés  par  les  artistes  industriels  qui  en  font 
leur  spécialité. 

Au  Petit  Palais.  —  M.  Henry  Lapauze,  conserva- 
tour  du  palais  des  beaux- arts  de  la  Ville  de  Paris,  à 
qui  l'on  doit  l'heureuse  disposition  dos  salles  Carriès, 
Zicui  et  Hennor,  vient  d'aménager  au  Petit  Palais  une 
salle  des  portraits  féminins,  où  se  trouvent  désorm.ais 
groupées  et  inises  en  valeur  des  peintures  de  Hicard, 
Dubufe,  Bcrthe  Morisot,  .Marie  Bashkirtseff,  Chaplin, 
Cliartran,  Falguière,  Kantin-Latour,  etc. 

Il  prépare  une  salle  Courbet,  qui  réunirait,  autour 
des  quatre  grands  morceaux  que  possède  déjà  le  Petit 
Palais  ^  la  Sieste,  Proiid'hon  et  ses  enfants,  les 
Demoiselles  ries  bords  de  la  Seine  et  le  Povlrail  de 
Corbineaii , —  une  série  d'autres  toiles  du  maître  d'Or- 
nans. 

Un  Salon  des  «  Refusés  du  siècle  ».  —  Sur 
l'initiative  de  M.VI.  Paul  Gallimard  et  Camille  de 
Sainte-Croix,  un  curieux  Salon  sera  inauguré  à  Paris 
au  printemps  prochain  :  celui  des  plus  célèbres  ta- 
bleaux refusés  aux  Salons  depuis  1789. 

Dans  cette  Ceutennale  de  l'art  indépendant,  les 
peintres  les  plus  illustres  se  rencontreront  sur  les  ci- 
maises :  Corot,  Millet,  Delacroix,  Diaz,  Decamps, 
Chassériau,  Courbet,  Barye,  Puvis  de  Chavannes,  ont 
été  parmi  les  <•  refusés  du  siècle  »,  sans  compter  les 
chefs  du  mouvement  impressionniste  :  Manct,  Monet, 
Sisley,  Degas,  Renoir,  Pissarro,  etc. 

Ce  Salon  aura  lieu  au  Petit  Palais  dos  Champs- 
Elysées. 

A  Bagatelle.  —  C'est  le  13  mai  que  s'ouvrira  à 
Bagatelle  l'exposition  rétrospective  de  portraits,  qui 
complétera  la  série  inaugurée  l'année  dernière  par  la 
Société  nationale  des  Beaux-Arts  et  qui  ne  remontait 
qu'à  1870.  On  y  trouvera  réunies,  cotte  fois,  les  célé- 
brités de  1830  à  1900.  On  y  verra,  d'Ingres  à  Manet, 
tous  les  maîtres  de  la  peinture  ou  de  la  sculpture  do 
celte  période  qui  comprend  le  règne  de  Louis-Phi- 
lippe, la  deuxième  Itépubliquo,  le  second  Empire  et 
la  troisième  République.  Beaucoup  d'adhésions  de 
propriétaires  de  portraits  rentrant  dans  ce  programme 
et  signés  de  noms   illustres  sont  déjà  assurées. 

A  Avignon.  —  Il  vient  do  se  constituer  à  Avignon 
une  Société  des  amis  du  palais  des  papes,  qui  a  pour 
but  «  de  grouper  tous  ceux  qui  s'intéressent  à  l'avenir 
de  ce  monument,  en  vue  de  lui  apporter  les  concours 
moraux  et  pécuniaires  qui  peuvent  contribuer  à  sa 
conservation  ». 

La  Société,  qui  a  son  siège  à  .Avignon,  déclare 
qu'elle  s'occupera  aussi  de  tous  les  autres  monuments 
du  vieil  Avignon.  Elle  comprend  des  membres  fonda- 
dateurs  (cotisation  annuelle  de  20  fr.  au  minimum)  ; 
dos  membres  titulaires  (cotisation  de  10  fr.)  ;  des 
membres  adhérents  (cotisations  de  5  fr.).  Les  adhé- 


ANCIEN    ET    MODERNE 


67 


sions  et  les  demandes  de  renseignements  doivent 
être  adressées  à  M.  Girard,  conservateur  du  musée 
d'Avignon. 

A  Nancy.  —  Dans  sa  séance  du  16  janvier,  le 
Conseil  municipal  de  Nancy  a  ratifié,  par  26  voix  sur 
30  votants,  le  marché  par  lequel  la  ville  de  Nancy 
achète  à  l'État  le  pavillon  de  l'évêché,  place  Stanislas, 
pour  en  faire  un  théâtre.  Nous  avons  dit  quel  serait 
le  résultat  de  cette  transformation  (voir  le  n°  366  du 
liullelin,  p.  Il)  :  les  plans  du  futur  théâtre  démontrent 
clairement  que  les  combles  du  bâtiment  moderne 
surgiront  au-dessus  de  la  délicate  façade  du  payillou 
de  Iléré  et  l'écraseront,  défigurant  ainsi  la  place  Sta- 
nislas, l'ensemble  monumental  le  plus  élégant,  le 
plus  harmonieux,  le  plus  parfait  qui  soit  en  France. 

M.  André  Ilallays,  qui  a  commenté  cette  extraordi- 
naire décision  dans  les  Débals  du  21  février,  ajoute 
que  ce  qui  est  particulièrement  lamentable  dans  cette 
aventure,  c'est  que  c'est  l'État  lui-même,  qui,  con- 
naissant les  projets  de  la  ville  de  Nancy,  abandonne 
le  pavillon  de  l'évêché  qui  lui  appartenait  et  sacrifie 
la  place  Stanislas,  classée  comme  monument  histo- 
rique ! 

A  Bruxelles.  —  La  participation  française  au 
Salon  jubilaire  de  la  Libre  EsUiélique  sera  des  plus 
intéressantes.  Sur  la  liste  des  peintres  invités  figurent, 
en  effet,  les  noms  les  plus  en  vue  de  l'art  conteni- 
poraiu,  et  notamment  ceux  de  M»'  Mary  Cassatt,  de 
MM.  Renoir,  Claude  Monet,  Degas,  A.  Uesnard,  Ch. 
Cottet,  iMaurice  Denis,  M.  Lerolle,  Ch.  Guérin,  M.  De- 
thomas,  etc.,  et,  parmi  les  sculpteurs,  MM.  Rodin, 
A.  Charpentier,  C.  Lefèvre,  A.  Bartholomé  et  A.  Marque. 

La  direction  réunira  également,  dans  une  salle  spé- 
ciale, un  choix  de  cartons  et  dessins  documentaires 
de  quelques-uns  des  exposants,  MM.  Renoir,  Claude 
Monet,  Rodin,  Besiiard,  Cottet,  Van  Rysselberghe. 
Maurice  Denis,  etc, 

Le  Salon  sera  ouvert  le  1"  mars. 

A  Genève.  —  Au  cours  des  travaux  de  réparation 
(|u'on  exécute  en  ce  moment  à  l'iiôtcl  de  Ville  de 
Genève,  on  a   découvert,  dans  la  salle  du  Conseil, 


cachées  derrière  des  panneaux  de  bois,  de  superbes 
peintures  murales  de  la  fin  du  xv  siècle.  Ces  pein- 
tures à  fresque  représentent  des  personnages  de  l'An- 
cien Testament,  probablement  les  Juges,  grandeur 
nature  ;  on  croit  quelles  ont  été  commandées  par 
Michel  Montyon,  syndic  de  Genève,  en  1493. 

A  Londres.  —  MM.  Dagnan-Bouveret  et  Georges 
(ilausen,  dans  la  section  de  peinture;  M.  Antonin 
Mercié,  dans  la  section  de  sculpture,  viennent  d'être 
nommés  membres  de  l'Académie  royale. 

Nécrologie.  —  A  Dusseldorf  est  mort  à  72  ans  le 
peintre  de  genre,  d'un  genre  bien  vieilli,  lleinrich 
Leinweber,  né  à  Fulda  (1836),  élève  des  Académies  de 
Cassel,  Munich  et  Anvers.  On  cite  parmi  ses  sujets  les 
plus  connus  :  la  Famille  du  foreslier,  la  Première 
arme.  Colin-maillard,  etc. 

—  Le  20  février  s'est  éteint  à  Berlin,  le  peintre 
Paul  Thumann,  professeur  à  l'Académie  des  Beaux- 
Arts  depuis  1873.  Après  ses  grands  tableaux  de  la  l'i'e 
de  Luther  à  la  Wartbourg  et  son  Mariafje  de  Lutlier, 
il  s'adonna  à  des  scènes  de  genre  «  idéales  »,  d'un 
sentimentalisme  doucereux  :  Psyché,  VAmour,  etc.  Le 
gros  de  sa  production  consiste  en  dessins  d'illustra- 
tion dont  il  livra  plus  de  trois  mille  de  1860  à  188o  ;  les 
plus  répandus  sont  ceux  pour  les  poésies  de  Cha- 
misso  :  VAtnour  et  la  Vie  d'une  femme.  Il  était  né 
en  1834  à  Gross-Tchacksdorf  ;  avait  étudié  à  Berlin,  à 
Dresde  et  à  Weimar. 

—  On  annonce  encore  la  mort  subite,  le  19  février, 
du  directeur  de  l'Académie  de  Dusseldorf,  Peler  Jans- 
sen,  l'un  des  principaux  représentants  et,  peut-être  le 
dernier,  de  la  peinture  d'histoire  académique,  fervent 
disciple  de  Cornélius  et  Relhel.  On  lui  doit  les  grandes 
fresques  de  l'Hôtel  de  ville  de  Crefeld  ;  trois  grandes 
batailles  peintes  pour  la  Galerie  nationale  à  Berlin  ; 
le  cycle  de  la  Vie  liumaine  dans  l'aula  de  l'Académie 
de  Dusseldorf,  une  suite  d'autres  fresques  à  l'hôtel  de 
ville  d'Erfurt.  Né  en  1844,  à  Dusseldorf.  —  M.  M. 

—  A  Paris,  vient  de  mourir,  âgé  de  83  ans,  le  peintre 
de  portraits  et  de  scènes  de  genre  Charles-Gi/illuume 
Brun,  élève  de  Picot  et  de  Cabanel,  dont  l'Improvi- 
sateur fait  partie  de  la  collection  Rockefeller. 


CHRONIQUE    DES   VENTES 


TABLEAUX    -    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

"Ventes  à  Paris.  —  Vente  de  la  collection 
de  M.  X...  (Objets  de  vitrine).  —  Tenues  salle 
7,  les  17  et  18  février,  par  M."  Lair-Dubreuil    et 


MM.  .Mannheim,  les  deu.x  vacations  de  cette  vente 
de  bibelots,  pour  la  plupart  du  win'  siècle,  ont 
réalisé  un  total  d'environ  90.000  francs. 

Ce  n'est  pas  à  dire  que  les  enchères  aient  été 
très  importantes  —  on  en  jugera  par  la  liste  des 
prix  supérieurs  à  1.000  que  nous  publions  ci- 


68 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


apïès  ;  mais  si  l'on  veut  bien  prendre  garde  que 
la  collection  ne  comptait  guère  plus  de  deux 
cents  numéros,  on  trouvera  que  ces  menus  objets 
de  vitrine,  boites  et  flacons,  étuis  et  tabatières, 
ont  encore  réalisé  une  très  jolie  moyenne.  Il 
semble  qu'on  ne  se  lasse  pas  de  voir  passer  en 
vente  ces  charmants  spécimens  de  l'art  du  xvni'- 
siècle  :  combien  en  avons-nous  vu  vendre  pourtant, 
depuis  quelques  années,  de  ces  boîtes  d'écaillés 
ou  d'or  ciselé,  rondes  ou  ovales,  oblongues  à  pans 
coupés  ou  rectangulaires,  ornées  ou  non  de  mé- 
daillons sur  émail  !  Et  à  chaque  nouvelle  collec- 
tion qui  se  disperse,  il  est  rare  que  nous  n'ayons 
pas  à  enregistrer  quelques  enchères  remarqua- 
bles :  ce  seront  ici  celles  de  3.420  fr.  pour  un 
llacon-balustre  en  plaques  de  verre  bleu  monté 
en  or,  avec  une  montre  à  cadran  sur  fond  orné 
de  peintures  à  sujets  galants  (n"  29)  ;  —  de  3.400 
fr.  pour  un  nécessaire  en  forme  de  coffret,  en 
plaques  de  verre  bleu  monté  en  or  (no  30)  ;  —  de 
3.500  fr.  pour  une  boîte  à  musique  ovale,  émaillé 
bleu,  à  médaillons  de  sujet  pastoral,  travail  an- 
glais signé  de  Jacques  Uroz  (n»  dSS)  ;  —  enlin  les 
suivantes,  qui  sans  être  aussi  élevées  ont  aussi 
leur  intérêt  : 

Parmi  les  objets  de  vitrines  du  milieu  du  xviii» 
siècle,  citons  :  28.  Montre  or  ajouré,  trav.  anglais, 
l.tOÎ)  fr.  —  29.  Kliicon  plaques  de  verre  bleu,  monture 
or,  contenant  une  montre,  3.420  fr.  —  30.  Nécessaire 
plaques  de  verre,  monture  or  (fracture),  3.400  fr.  (on 
en  demandait  4.000). 

Pour  l'époque  Louis  XV  :  43.  Boite  or  de  couleur 
ciselé,  1.120  fr.  —  47.  Boite  fer  ciselé,  sujet  galant  sur 
fond  doré,  2.050  fr.  —  68.  Boite  or  de  couleur  ciselé, 
décorée  d'un  médaillon,  2.050  fr. 

Pour  l'époque  Louis  XVI  :  94.  Étui  porte- ta- 
blettes, or  gravé  et  ajouré,  1.860  fr.  —  122.  Boite 
oblongue  à  angles  coupés,  mont,  or  gravé,  1.000  fr. 
—  136.  Bague  marquise  en  or,  à  chaton  bordé  de  demi- 
perles,  et  montre  à  deux  cadrans,  à  fond  émaillé  bleu, 
1.010  fr. 

155.  Boite  à  musique  ovale,  or  émaillé  bleu,  mé- 
daillon à  sujet  pastoral,  signé  Jacques  Dror,  Londres, 
xviu*  s.,  3.500  fr.  —  159.  Boite  plate  oblongue,  mont, 
or,  médaillon  de  paysage  avec  ligures,  Genève,  xviii* 
s.,  1.200  fr.  —  163.  Boite  plate  olilongue,  mont,  or, 
médaillon  allégorique.  Genève  xvni*  s.,  1.700  fr.  — 
16G.  Boite  plate,  mont,  or,  médaillon  de  scène  fami- 
liale, 1.250  fr.  —  167.  Boite  ovale  or  émaillé,  sujet  de 
scène  galante,  1.635  fr. 

Parmi  les  objets  du  xix*  siècle  :  182.  Face-à-main 
en  or  ciselé  en  forme  de  lyre,  brillants  et  roses, 
1.400  fr.  —  183.  Étui  porte-tablettes  en  or  de  coul. 
ciselé,  avec  deux  médaillons.  Amour  et  cœur  enguir- 
landé, 2.460  fr. 


■Ventes  diverses.  —  L'Hôtel  Drouot  ne  nous 
offre  guère,  en  dehors  de  cette  vente,  que  de 
tristes  vacations,  pour  d'assez  médiocres  œuvres 
d'art. 

—  Un  (//and  Canal,  de  Ziem,  adjugé  1.820  fr., 
est  le  plus  haut  prix  obtenu  par  les  tableaux 
modernes,  dont  M"  André  Couturier  et  M.  Mar- 
boutin  ont  dirigé  la  vente,  salle  1,  le  18  février. 

—  Dans  une  autre  vente,  faite  salle  9,  le  19, 
par  M'-  Picard  et  M.  Cuérel,  une  scène  pastorale 
attribuée  à  Kragonard  a  fait  2.200  fr.  etunDc- 
harqucmcnt,  de  Ziem,  2.300  fr. 

—  Le  21,  on  trouve  de  meilleures  enchères  à 
signaler  :  un  meuble  de  salon  en  ancienne  tapis- 
serie d'époque  Louis  XVI,  à  jeux  d'enfants  et 
d'animaux,  est  adjugé  10.600  (t.;  —  une  buire 
et  son  plateau  en  cristal  de  roche  gravé,  njon- 
ture  argent  doré,  3.000  fr.  Au  total  :  30.000  fr. 
(M=  Lyon  et  MM.  Paulme  et  Lasquin). 

—  Pour  être  complet,  il  faut  encore  noter 
trois  prix  extraits  des  enchères  de  la  collection 
Lemaire  objets  d'art  de  la  Chine),  dont  les  deux 
vacations,  faites  lundi  et  mardi,  salle  11,  par 
M"  Lair-Dubreuil  et  M.  Héliot,  ont  produit  un  total 
de  38.867  fr.  :  deux  éléphants  en  bois  de  fer 
incrusté  de  matières  dures,  1.200  fr.  ;  —  une 
paire  de  vases  carrés,  fond  bleu,  1.630  fr.  — 
deux  autres  vases  analogues,  forme  turbinée, 
2  080  fr. 

■Ventes  annoncées.  —  Le  mois  de  mars  va 
enfin  ramener  ((uelque  activité  dans  le  monde 
de  la  curiosité. 

Déjà  M''  Lair-Dubreuil  et  M"  Henri  Baudoin, 
avec  M.M.  Arnold  et  Tripp  comme  experts, 
annoncent  une  vente  Jules  Cronier,  qui  se  fera 
les  11  et  12  mars  à  la  galerie  Georges  Petit,  et 
qui  comprendra  une  intéressante  réunion  de 
lableaux  anciens  (des  écoles  flamande  et  hol- 
landaise surtout),  et  de  lableaux,  aquarelles, 
pastels  et  dessins  modernes.  Nous  reviendrons 
à  loisir  sur  cette  vente  en  temps  opportun. 

—  De  même,  nous  signalerons  plus  longue- 
ment la  vente  de  la  collection  Arthur  Maury, 
annoncée  pour  les  19  et  20  mars  (M'  Lair-Du- 
breuil et  M.  G.  Courtois).  La  composition  très 
particulière  de  cette  collection,  où  l'on  trouvera 
des  curiosités  théâtrales,  telles  que  marion- 
nettes provenant  des  anciennes  foires  de  Paris 
et  silhouettes  du  théiUre  Séraphin  ;  des  jeux  et 
jouets  anciens;  des  curiosités  militaires,  etc., 
ne  manquera  pas  d'attirer  l'attention  de  toute 


ANCIEN    ET    MODERNE 


09 


une  catégorie  d'amateurs  sur  une  vente  qui, 
précédant  d'une  quinzaine  l'inauguration  de 
l'exposition  théâtrale  du  l'aviiUm  de  Marsan,  ne 
saurait  passer  inaperçue. 

—  En  attendant,  nous  aurons,  le  4  mars,  une 
vente  de  tableaux  modernes,  comprenant  un 
nombre  assez  important  d'artistes  de  second 
ordre,  au  milieu  desquels  se  trouve  égaré  un 
important  paysage  de  l'École  française  du  xviii» 
siècle  (salle  7,  M«  Lair-Dubreuil  et  M.  G.  Meusnier). 

—  Le  5  et  le  6,  salle  1 1,  le  même  commissaire- 
priseur,  assisté  de  MM.  Paulme  et  B.  I.asquin  lils, 
dispersera  !a  collection  de  feu  M.  Machelard, 
réunion  de  2.500  pièces  de  faïences  françaises  et 
étrangères  des  fabriques  les  plus  diverses  :  Delft, 
Rouen,  Nevers,  Strasbourg,  Marseille,  Moustiers, 
Niederwiller,  etc. 

—  Enfin,  le  C  et  le  7,  se  fera,  salle  7,  la 
seconde  vente  d'objets  de  vitrine,  éventails, 
boîtes,  étuis,  etc.,  formant  la  collection  privée  de 
feu  M.  Eugène  Lefebvre  (M"  Lair-Dubreuil  et 
H.  Baudoin,  et  .MM.  Mannheim). 

M.  N. 
ESTAMPES 

A  Paris.  —  Ouvrages  d'ornementation 
anciens.  —  11  en  est  cette  semaine  des  estampes 
comme  des  livres  la  semaine  dernière  :  elles 
sont  la  consolation  des  amateurs  en  quête  de 
vacations  intéressantes,  et  la  dispersion  par 
M°  Desvouges  et  M.  Rapilly,  —  qui  a  commencé 
lundi  dernier,  —  d'une  série  d'ouvrages  d'orne- 
mentation anciens,  peut  rendre  des  points, 
comme  intérêt  et  comme  prix,  à  toutes  les 
ventes  d'oeuvres  d'art  faites  simultanément. 

Citons,  parmi  les  principales  enchères  de  la 
première  vacation  :  les  Ornernens  inventes  par 
Bérain,  rel.  aux  armes  du  prince  de  Bavière 
(n"  48),  vendu  2.210  fr.  ;  —  un  recueil  d'WJui/es 
d'architecture  de  Le  Pautre,  l.lbO  fr.  ;  —  un 
autre,  d'OEuvres  de  Daniel  Marot,  l.tOO  fr. 

La  seconde  vacation  comprenait,  entre  autres 
choses  importantes,  un  Œuvre  de  J.-B.  Huet, 
formé  de  470  pièces  gravées  (n°  244)  ;  les  4.200 
francs  qu'atteignit  ce  recueil  furent  deux  fois 
dépassés  dans  la  journée  :  d'abord  par  un 
Recueil  d'estampes  et  de  cahiers  d'ornement,  gravés 
par  Huquier,  d'après  Boucher,  Oudry,etc.  (n°248), 
adjugé  S. 030  francs,  et  ensuite  par  un  exem- 
plaire de  l'Architecture  française  de  Mariette 
(n"  286),  payé  4.705  francs. 

Autres  enchères  intéressantes  : 

222.  Nouveau  livre  d'études  et  principes  de  serrure  rie, 


par  Fontaine,  t.9."i0  fr.  —  223.  Collection  de  vases, 
par  de  Fontanieu,  I.TiiO  fr.  —  224.  Nouveau  livre  de 
.serrurerie,  par  Kurdrin,  1.380  fr.  —  226.  Œuvres  de 
scul/iture  en  bronze,  par  Forty,  2.000  fr.  —  270. 
Œuvres  diverses  de  Lalunde,  3.400  fr.  —  287.  Recueil 
factice  de  200  pièces  de  décoration,  2.155  fr.  —  313. 
Recueil  de  planches  d'orfèvrerie  et  de  bronzes, 
1.500  fr.  —  345.  Recueil  d'ornements,  par  lîanson, 
1.000  l'r.  —  Trophées,  ornements  pour  la  boiserie 
d'appartements,  par  Berthault  et  Juillet,  1.200  fr.  — 
353.  Répertoire  des  artistes,  1.530  fr.  —  374.  Livre  de 
serrurerie,  par  Tijou,  1.200  fr.  —  373.  Œuvre  de  Toro, 
1  905  fr. 

Le  total  des  deux   premières  vacations  s'est 

élevé  à  8.'î.827  francs. 

R.  G. 


@ 


EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Automobile-Club.  —  «  Ce  n'est  pas  le  grand 
nombre,  mais  le  choix  des  tableaux  qui  rend  les 
expositions  brillantes  »,  pensait  M.  de  Tour- 
nehem.  Ici,  le  total  est  restreint  ;  mais  le  décor 
seul  est  brillant.  Trop  de  tableautins  ou  de 
vieilles  mythologies  mal  déguisées  par  la  pré- 
sence de  quelques  vivants  morceaux  !  Avec  une 
République  qui,  curieusement,  accroît  sa  série  de 
symboles  féminins,  le  maître  de  la  vie  lumi- 
neuse, M.  Roll,  expose  une  de  ces  Journées  d'été 
qu'il  anime  familièrement  sous  la  verdure  cen- 
drée d'un  parc.  M.  Cormon  profile  une  belle 
fille  rousse  sur  un  fond  glauque.  Si  M.  Zwiller, 
portraitiste  de  M.  liahelon,  n'oublie  pas  assez 
l'ivoire  de  Henner,  si  M.  Umbricht  se  souvient 
trop  de  M.  Bonnat,  M.  Geiuges  Lavergne  traduit 
avec  plus  de  personnalité  la  distinction  svelte  et 
brune  de  M"'»  J.  Vcil-Picard.  Le  crayon  de 
M.  Friant  saisit  spirituellement  la  ressemblance 
de  M""  Bénédite  ou  de  M.  de  Fourcaud.  Les  effets 
de  lampe  inspirent  inégalement  deux  spécia- 
listes :  avec  une  émotion  recueillie,  mais  pro- 
fonde sous  la  sagesse  du  métier,  M.  Marcel  Rieder 
enveloppe  des  sujets  champêtres  ou  bourgeois 
que  bleuit  un  reste  de  jour  entré  par  la  fenêtre 
ou  la  porte  ouverte  ;  en  de  petits  formats,  supé- 
rieurs aux  grands,  M.  Victor  Lecomte  estompe 
des  thèmes  libertins  ou  studieux,  oîi  la  lueur 
factice  ajoute  son  mystère  La  nature  frissonne 
dans  les  mélancolies  argentées  de  M.  Foreau.  Le 
physionomiste  qu'est  M.  Marqueste  a  gravé  dans 
ses  bustes  de  bronze  l'audace  diiprofesseur  Poirier 


70 


LE    BULLETIN    DE   L'ART 


ou  l'allure  artiste  du  sénateur  Camille  Sée.  Notre 
XVIII"  siècle  inspire  la  Coupe  mouvementée  de 
M.  Gustave  Michel  et  les  bustes  précieux  de 
M.  Rozet.  L'art  du  portrait  se  complète  avec 
les  fauves  de  M.  Gardet  et  les  plaquettes  de 
M.  Vernon  En  l'absence  de  M.  Lalique,  MM.Vever, 
Christofle,  Fouquet  et  Fali/.e  nous  font  aperce- 
voir, dans  les  bijoux,  la  meilleure  originalité  du 
modem  style.  Et  c'est  tout. 

Société  des  Aquarellistes  français  ((ialerie 
Georges  Petit).  —  Ici,  le  nombre  augmente,  et 
le  compte  des  artistes  en  est  encore  plus  vite  fait. 
De  môme  que  les  romanciers  à  la  mode  se  croient 
tenus  au  volume  annuel,  les  sociétés  périodiques 
encadrent  ponctuellement  les  mêmes  anecdotes 
mignardes  ou  leurs  descriptions  fignolées  :  c'est 
le  triomphe  du  genre.  Et  les  absents  n'ont  point 
tort,  quand  ils  s'appellent  MM.  Besnard,  Grasset, 
Lhermitte  ou  Morot.  Très  analogue  à  la  vingt- 
neuvième,  cette  trentième  année  se  réhabilite 
avec  le  style  persévérant  d'un  maître  discret  : 
au  Luxembourg  crépusculaire  comme  à  Versailles 
automnal,  aux  environs  azurés  d'Antibes  comme 
aux  lianes  noirs  du  Jura,  M.  Henri  Zuber  demeure 
l'ami  fervent  des  belles  lignes.  De  Nuremberg  au 
Palatin,  l'architecte-voyageur,  M.  Bené  Binel, 
fait  le  plus  heureux  choix  entre  ses  notes  de 
virtuose.  Et  si  l'aquarelle  pure  suffit  à  M.  Paul 
Lécomte  ou.japonise  les  synthèses  de  M""Marie- 
i'aule  Carpentier,  la  gouache  rehausse  les  Mar- 
tigues  ensoleillées  du  coloriste  Henry  Paillard, 
les  mystérieuses  roses  du  poète  Ernest  Filliaid, 
la  voluptueuse  restauration  de  la  Dame  d'Elchc 
par  l'archéologue  Maurice  Hay.  Plus  courageux 
que  M.  Guirand  de  Scevola,  M.  Luigi  Loir  essaie 
de  s'évader  de  sa  formule.  Dans  une  exposition 
particulière  voisine,  M.  Franck  Boggs  revoit  le 
vieux  Paris  avec  les  yeux  de  Jongkind  ;  et,  faute 
d'exposition  rétrospective  (on  ne  ressuscite  pas 
tous  les  ans  un  Eugène  Lami),  les  saynètes  de 
M.  Hochegrosse  illustrent  timidement  la  magis- 
trale Tentation  de  Flaubert. 

Cercle  Volney  (deuxième  exposition).  — 
C'est  le  tour  des  dessins...  qui  ne  sont  pas  tous 
dessinés  ;  mais  le  dessin,  que  nos  peintres  négli- 
gent à  peu  près  autant  que  l'honoraient  les  maî- 
tres, est  courageusement  défendu  par  les  crayons, 
têtes  de  femmes  ou  d'enfants,  de  MM.  Guillaume 
Maux,  Marcel  Baschet,  Lucien  Monod,  Ifenri 
Uoyer,  de  même  que  le  sentiment  de  la  forme, 
qui  n'est  pas  incompatible  avec  l'atmosphère  de 


la  capricieuse  modernité,  signale  les  romantiques 
lithographies  de  .M.  Léandre,  un  profil  blond  de 
M.  Paul  Thomas,  les  petites  eaux-fortes  originales 
de  M.  Maurice  Bompard,  une  Tentation,  pastel 
irisé  de  M.  Camille  Bourget,  qui  se  révèle  en 
même  temps,  avec  humour,  graveur  sur  bois  de 
lil,  au  canif.  Au  début  du  xx» siècle,  on  ose  encore 
dessiner. 

Gaston  Prunier  (Galeries  Allard).  —  Malgré 
la  surproduction  que  la  vie  moderne  impose  à 
l'artiste,  on  estimait  déjà  l'observateur  de  la 
Neige  à  Grenelle  et  des  soirs  menaçants  du  canal, 
qui  ne  délaisse  le  grouillement  des  faubourgs  que 
pour  le  calme  des  sommets.  Mélancoli(]ue  amant 
de  la  lumière,  d'autant  plus  pénétrante  qu'elle 
se  fait  plus  rare,  il  s'est  embarque  pour  Londres 
et  rapporte  à  Paris  trente -deux  Vues  de  la 
Tamise  fumante  et  brumeuse,  miroir  un  peu 
monotone  des  nuées  de  pourpre  rose  ou  d'or 
blême  entre  les  ombres  épaisses  des  wharfs  et 
des  docks,  noirs  crayons  rehaussés  de  nerveuse 
aquarelle,  visions  positives,  mais  troublantes, 
comme  une  réalité  qui  serait  devenue  largement 
le  rêve  où  l'artiste  a  fait  un  pas  dans  l'évolution 
la  plus  malaisée  de  son  art  :  la  connaissance  de 
soi-même. 

Raymond  Bouyer. 

CORRESPONDANCE  DE  MUNICH 


Expositions  d'iiiver. 

Tout  le  mois  dernier  et  une  partie  de  celui-ci, 
les  salles  de  la  Sécession  furent  occupées  par  les 
expositions  d'ensemble,  l'une  posthume,  les  deux 
autres  récapitulatives,  de  trois  maîtres  peintres, 
mais  bien  dissemblables  :  Philippe  Klein,  mort 
à  36  ans  en  mai  dernier;  M.  Charles  Tooby,  un 
Ecossais  devenu  paysagiste  bavarois,  et  M.  Albert 
von  Keller,  le  plus  passionné  portraitiste  de  la 
femme  en  Allemagae. 

M.  von  Keller  apparut  sans  contredit  comme  le 
plus  captivant,  et  du  reste  le  plus  complet  des 
trois.  Il  avait  réuni  là  des  œuvres  de  toute  sa 
vie;  quelques  cscjuisses  d'atelier, une  Bacchanale 
(1868),  une  Andromède  (1874),  qui  sentent  de 
loin  l'ancienne  école  munichoise  ;  un  intérieur 
rococo  de  tons  exquis,  A  l'audience  (1871   ;  des 


ANCIEN   ET    MODERNE 


71 


salons  à  la  mode  de  1880,  des  jardins  de  Villa 
romaine  (1882),  tels  tableaux  historiques,  l'iinpi- 
ratrice  Faustine  dans  le  temple  de  Junon,  à  Prx- 
neate  (1881),  et  religieux,  ta  Résurrection  de  la 
fille  de  Jaire  (1886),  de  la  Pinacothèque;  puis,  à 
partir  de  1890  environ,  les  œuvres  de  la  dernière 
période,  les  portraits  aristocratiques  de  femmes 
«  modernes  »,  qui  sont  le  domaine  assez  particu- 
larisé de  l'artiste.  Dès  188'»  on  outre,  un  intérêt 
pour  des  phénomènes  mystiques,  spiritcs,  se  fait 
Jour  dans  une  suite  d'esquisses  impressionnantes 
pour  une  Résurrection  traitée  en  séance  de  ma- 
gnétisme, dans  les  Sorcières  sur  le  bûcher,  dans 
la  Guérison  mystique  (1887),  les  Stigmatisées,  les 
différentes  Crucifixions,  dont  l'une  porte  le  titre 
de  «  Phantasie  »  (1899)  et  aboutit  avec  la  Cas- 
sandre  (1904)  et  autres  interprétations  du  fameux 
médium  Madeleine  G...,  à  la  recherche  avec  une 
prédilection  marquée,  jusque  chez  les  mondaines, 
de  symptômes  neurasthéniques  et  de  morbidesses 
voisines  de  l'extase.  La  facture  de  M.  von  Keller 
est  une  des  plus  libres  et  des  plus  spontanées 
qui  existent,  une  des  plus  individuelles  aussi  et 
dont  on  a  pu  suivre  ici  le  progressif  développe- 
ment. Sa  couleur  sait  avoir  les  délicatesses  rares  et 
les  opulences  fougueuses. 

M.  G.  R.  Tooby,  entre  le  coloriste  qu'est  M.  von 
Keller  et  l'impressionniste  qu'est  Ph.  Klein,  semble 
lourd  et  sourd.  Ses  paysages,  ses  animaux,  comme 
ses  natures-mortes,  manquent  des  gaîtés  de  la 
lumière;  en  revanche,  une  touche  large  renforce 
la  solidité  de  tons  déjà  puissants.  Le  pays  de 
Bavière  s'accommode  d'ailleurs  de  cette  vision 
sombre,  qui  ne  nianque  pas  de  grandeur,  et  tel 
lointain  de  coteaux,  telle  éclaircie  au  ciel,  tel 
groupe  d'arbres  intime,  dénotent  l'observation 
très  fine  et  le  sentiment  tout  lyrique  de  la  na- 
ture. 

M.  Ph.  Klein  fut,  de  son  vivant,  assez  malmené, 
et  l'année  de  sa  mort,  Mannheim,  sa  ville  natale, 
lui  refusait  encore  les  portes  de  l'Exposition 
locale.  A  vrai  dire,  certaines  de  ses  fantaisies, 
où  des  femmes  se  contorsionnent  à  demi  vêtues 
et  surtout  dévêtues,  parmi  des  préparatifs  de 
voyage  ou  de  bals  masqués,  et  cette  partie  de 
campagne  oii  une  femme  joue  à  l'Eve  au  milieu 
de  la  compagnie  qui  chante,  appartiennent  bien 
plus  au  genre  de  certains  cabinets  d'amateurs 
qu'à  celui  des  Salons  d'art.  Tout  de  même,  on  y 
relève  toujours  de  fortes  qualités  de  peintre. 
L'artiste  a  une  distinction  à  lui  dans  le  portrait 
de  sa  sœur,  harmonie  bleue  sur  blanc  etvert  pâle, 
qui  peut  compter  comme  une  œuvre  maîtresse. 


Le  paysagiste  s'annonçait  au  mieux  avec  des 
bords  de  mer  à  Viareggio,  tout  baignés  des  reflets 
de  l'eau  et  de  l'air,  l'esplanade  d'un  restaurant 
de  campagne  miroitante  après  l'ondée.  Enfin  les 
natures  mortes,  —  bouquets  de  fleurs,  giroflées, 
bleuets,  boutons  d'or,  avec  de  la  vaisselle  d'argent 
et  de  cuivre,  —  largement  peintes  dans  une  pâte 
savoureuse,  donnent  toute  la  mesure  de  son 
métier  étourdissant. 

Dans  les  galeries  particulières,  il  faut  signaler  : 
chez  Heinemann,  les  récentes  expositions  de 
MM.  0.  Leiber,  Rud.  Gudden,  R.  Hartmann,  les 
«  énigmes  transcendantales  »  de  M.  Gust.  Wolf, 
auxquelles  ont  succédé  l'œuvre  intéressant, 
malgré  de  grandes  inégalités,  de  M.  Schuster- 
Woldan,  des  natures-mortes  en  trompe-l'œil  de 
M.  H.  Willmann,  et  trois  pièces  d'époques  très 
différentes  de  Segantini,  un  Retour  à  la  bergerie, 
l'Allégorie  de  la  musique  et  l'un  des  Fruits  d'amour. 
—  A  la  galerie  moderne,  les  peintres  de  la 
Scholle,  MM.  Erler,  Eichler,  Putz,  Jank,  etc.,  qui 
se  trouvent  là  plus  spécialement  chez  eux,  font 
une  petite  place  pour  un  moment  à  M.  Ernest 
Liebermann;  cet  artiste,  bien  connu  pour  ses 
illustrations  et  ses  lithographies,  paraît  pour  la 
première  fois  en  public  avec  un  ensemble  d'une 
cinquantaine  de  tableaux,  quelques  eaux-fortes 
et  un  grand  nombre  de  dessins,  la  plupart  aux 
crayons  de  couleurs,  au  trait  serré,  d'un  goût 
original,  bien  allemand  dans  le  sens  romantique 
à  la  fois  et  moderne,  pittoresque  et  décoratif.  — 
Au  Kunstverein,  voici,  après  les  paysages  septen- 
trionaux animés  de  volatiles  saisis  presque  en 
instantanés  de  feu  Liljefors,  après  MM.  Gottet  et 
Gh.  Palmié,  une  importante  série  d'estampes 
japonaises  provenant  en  majeure  partie  de  la 
collection  Bing  et  aujourd'hui  propriété  de 
M.  A.  \V.  von  Heymel.  —  Chez  A.  Riegner,  d'après 
qui  Lenbach  a  brossé  un  de  ses  plus  remarquables 
portraits,  deux  petits  tableaux  presque  mono- 
chromes de  \V.  Busch,  le  montrent  à  ses  débuts 
préoccupé,  comme  beaucoup  de  peintres  de  Mu- 
nich à  cette  époque,  de  s'approprier  les  procédés 
des  maîtres  hollandais;  une  aquarelle,  —  chose 
assez  rare,  —  de  Hœcklin,  et  déjà  ancienne,  <iui 
peut  être  une  première  idée  pour  les  Villas  au 
bord  de  la  mer. 

Marcel  Montandon. 


T^lJ  t7\?  rïv5  "f^ 


LE    BULLETIN    DE   L'ART 


LES      REVUES 


FrAiNCE 

Le  Correspondant  (23  février).  —  La  Renaissance 
ilalienne  cl  lu  vie  de  société,  par  André  Ciial'mkix.  — 
Prenant  texte  de  récents  travaux  consacrés  à  l'Italie 
de  la  Renaissance,  M.  André  Chaumeix  examine 
«  quelques  points  de  l'histoire  des  mœurs,  des  idées 
artistiques  et  des  sentiments  ».  La  nouveauté  essen- 
tielle de  l'époque,  c'est  que,  suivant  le  mot  de  Sten- 
dhal, «  on  osa  ùtre  soi-même  »  ;  mais  cette  société, 
où  les  femmes  se  créent  une  place  considérable,  où  se 
fait  une  singulière  dépense  de  luxe  et  d'esprit,  est 
aussi  l'une  des  plus  violentes  que  l'histoire  ait  con- 
nues. C'est  également  l'une  de  celles  qui  ont  eu  le  plus 
grand  souci  de  rehausser  la  personnalité,  d'attacher  de 
l'importance  aux  belles  apparences,  à  la  noblesse  des 
formes  et  des  attitudes.  Et  M.  Chaumeix  emprunle 
des  exemples  aux  artisles  de  la  Renaissance  pour 
préciser  l'idée  que  les  Italiens  d'alors  se  sont  faits  de 
la  beauté. 

L'Art  décoratif  (février).  —  Un  jialais  de  la  mu- 
sique, texte  et  dessins  de  F.  Gards. 

—  Les  livres  au  Salon  d'automne,  par  Paul  Gali.i- 
MAHD,  avec  des  illustrations  d'après  H.  Rivière,  Paul 
Collin,  Steinlen,  etc. 

—  Études  sur  Nasum  Aronson,  sculpteur,  par  G.  df 
Danilowicz;  —  sur  L.-E.  Fournier,  décorateur,  par 
M.  Testard  :  —  sur  les  nouveaux  costumes  de  «  Faust  », 
à  l'Opéra,  par  M.  II.  Mathonnet  db  Saint-Geoboes. 

Belgique 

L'Art  flamand  et  hollandais  (13  janvier).  — 
Adriaen  Brouwer  et  son  évolution  artistique,  par  F. 
Sciimidt-Deoknek.  —  Né  en  tCOS  ou  1606,  ce  peintre 
est  mal  connu,  mal  représenté  dans  les  musées  (sauf 
celui  de  Munich,  ou  l'on  compte  dix-huit  de  ses 
œuvres,  et  dans  les  collections  parisiennes  auxquelles 
l'auteur  a  emprunté  l'illustration  de  son  étude).  —  Sa 
carrière  fut  courte  —  dix-sept  ans,  —  mais  c'était  au 
moment  où  l'art  namand  et  l'art  hollandais  accen- 
tuèrent les  dillérences  de  leurs  caractères,  et  son 
œuvre  a  gardé  la  marque  de  celte  crise  :  il  reçut  de 
Frans  Hais  la  souplesse  et  la  facilite  de  sa  technique; 
il  apprit  chez  Rubens  «  une  conception  plus  objective 
et  surtout  ce  souci  de  composition  parfaite,  qui,  quel- 
quefois, touche  au  grand  style...  » 

—  Anton  Mauve  et  son  temps,   par  W.  Steemioff. 

—  Les  Monuments  funéraires  de  Jean  de  l'olanen 
à  Hreda  et  d'Adolphe  VI  à  Cléve,  par  A.  PiT.  —  L'au- 
teur étudie  ces  œuvres  de  la  sculpture  de  la  fin  du 
XIV"  siècle  et  Tes  rattache  à  Claus  Sluter  :  l'une 
lui  semble  avoir  été  exécutée  avant  le  portail  de  la 
Chartreuse  de  Champmol;  l'autre  parait  inspirée  du 
même  esprit;  ni  l'une  ni  l'autre  ne  ressemblent  à  ce 
qui  a  été  fait  avant  et  à  la  même  époque  en  Franco, 
en  Flandre  et  en  Brabant. 


Italie 

Bplletino  d'arte  del  ministero  délia  Pubblica 
Istruzione  (anno  I,  fasc.  5i.  —  M.  Vittorio  Spinaz- 
zoLA  reproduit  et  étudie  huit  statues  de  marbre, 
appartenant  au  baron  Maz/.occolo,  à  Teano  ;  ce  sont 
des  œuvres  du  xiii'  siècle  représentant  les  Vertus  : 
la  Foi,  la  Charité  (deux  exemplaires  différents),  la 
Justice  (deux  exemplaires),  le  Courage,  la  Prudence  et 
la  Tempérance. 

—  Les  nouvelles  acquisitions  du  Cabinet  des  Es- 
lampes  de  Rome,  par  F.  IIermanin.  —  Parmi  les  artis- 
tes dont  le  Cabinet  des  Estampes  a  pu  acquérir  des 
dessins,  il  faut  citer  :  plusieurs  œuvres  de  Polidoro 
da  Caravaggio,  un  Hercule  combattant  de  l'école 
d'Ant.  de  Pollajuolo;  des  œuvres  de  l'école  de  Ver- 
rocchio,  de  la  manière  de  Pierino  del  Vaga;  de  Rossu 
Fiorentino,  de  Pietro  da  Cortona,  de  P.  Pagani,  de 
N.  Poussin  [le  Martyre  de  Suint  Rarthélemy],  et  de 
N.  Berchem. 

—  M.  Alessandro  ueli.a  Seta  parle  de  la  Statue 
ii'Anzio,  «  la  belle  énigme  »,  découverte  fortuitement 
en  1878  et  dont  on  a  eu  l'occasion  de  parler  ici  na- 
gière,  à  propos  d'un  article  de  VEmporium. 

—  Autres  articles  :  la  «  l'ala  »  de  Giambatlista 
l'iazzeta  à  l'église  S.  Vitale  de  Venise,  par  G.  Fooo- 
L\Hi;  les  miniatures  de  R.  Gibson  à  la  galerie  Pilti, 
|)  ir  0.  H.  GiouoLl,'  les  peintures  de  Bemmilinn  I  uini 
à  La  Pelluca,  près  de  Milan. 

Russie 

Starye  Gody  (décembre).  —  A.  Gotschbvski. 
l'érouse  et  l'exposition  d'art  ombrien. 

—  Fierens  Gevakht  L'Exposition  de  la  Toison  d'or 
à  liruges. 

—  Baron  WR/i:iOEL.  Dernières  acquisitions  du  musée 
Alexandre  III.  —  Peu  à  peu  on  retrouve  quoique 
chose  des  vieux  peintres  russes  du  temps  d'Elisabeth 

(iolovatchévski,  Vichniakov).  De  ce  dernier,  !e  musée 
a  acquis  deux  portraits  d'enfants  (vers  1743),  qui  sont 
reproduits.  L'auteur  y  voit  l'influence  de  .Nattier. 
.Vutres  portraits  de  Fédotov,  Tyranov,  etc. 

—  S.  Makovski  donne,  d'après  une  communication 
lie  M.  Dounine,  à  la  Société  des  architectes  russes, 
lies  détails  sur  les  mosquées  de  l'époque  de  Tamerlan 
à  Samarcande,  détruites  par  un  tremblement  de  terre 
en  octobre.  Nulle  mesure  pour  empêcher  de  voler  les 
mosaïques  et  les  briques  vcrnis.sées  1  Que  l'on  fasse 
II'  qu'on  pourra  pour  sauver  ce  qui  reste  des  monu- 
ments de  Samarcande  et  qu'on  les  étudie,  dit  l'auteur. 

—  Baron  Wranoei..  Vénétsianov  portraitiste.  —  Il 
i.uited'abord  sonmaitre  Borovikovski.chercheensuite 
pour  lui-même,  et  renonce  théoriquement  au  portrait 
après  1823,  quand  il  a  connu  Granet.  —  Denis  Roche. 


Le  Gérant  :  H.  Denis. 

Pant.  —  >mp.  Georges  Petit,  I!,  nie  tiodot-de-Uturai. 


Numéro  374. 


Samedi  7  Mars  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


Pour  nos  forêts 


Il  se  fait  en  ce  moment  de  louables  efforts  pour 
sauver  de  la  cognée  des  bûcherons  —  triste  pen- 
dant moderne  de  la  pioche  des  démolisseurs,  — 
une  des  plus  belles  forêts  de  France,  la  forêt 
d'Amboise. 

Tous  les  touristes  qui  se  sont  rendus  du  château 
d'Amboise  au  chàleau  de  Ghenonceaux  par  la 
route,  connaissent  cet  écran  magnifique  de  taillis 
et  de  futaies,  couronnant  le  coteau  d'entre  Loire 
et  Cher  sur  une  longueur  de  dix-sept  kilomètres 
et  sur  une  superficie  de  cinq  mille  hectares  ;  tous 
ont  admiré  l'ordonnance  de  ces  architectures 
verdoyantes  :  voûtes  ombreuses  des  allées,  co- 
lonnes robustes  des  troncs,  étoiles  d'où  les  routes 
forestières  s'enfuient  en  tous  sens  à  perte  de  vue; 
auraient-ils  même  oublié  tout  cela,  qu'ils  se 
souviendraient  encore  de  la  silhouette  imprévue 
de  la  «  pagode  »  de  Chanteloup,  dernier  vestige 
des  fantaisies  de  Choiseul,  apparue  tout  à  coup 
au  lointain  d'une  allée. 

Or,  la  forêt  d'Amboise  dépend  de  la  succession 
delafeueprincesseClémentined"()rléans,donlles 
héritiers  réaliseraient  volontiers  les  cinq  millions 
que  représentent  ces  vieux  arbres;  des  spécula- 
teurs se  sont  emparés  de  l'affaire  et  il  n'y  a  plus 
de  doute  aujourd'hui  que  la  forêt  soit  mise  en 
vente  :  il  ne  reste  plus  qu'à  savoir  qui  l'achètera. 
U  ville  de  Tours  elle  département  d'Indre-et- 
F.oire  sont  désarmés,  financièrement  parlant  ; 
l'État,  au  dire  du  ministre  de  l'Agriculture,  «  ne 
saurait  entrer  dans  cette  voie  »,  sous  le  singulier 
prétexte  qu'il  y  a  en  France  plus  de  six  millions 
d'hectares  de  forêts  appartenant  à  des  particu- 
liers etque  l'État  ne  peut  pas  les  acheter  toutes  (I  i. 
Alors  ? 
Alors,  il  est  à  craindre  que  le  syndicat  de 


(1)  Voir  l'Écho  de  l'avis  du  4  mar.s.—  Voir  aussi, 
sur  l'ensemble  de  la  question,  l'excellent  article  de 
M.  II.  Defert,  dans  la  Revue  du  Touving-Club  de  Fiance, 
n"  de  février  dernier. 


financiers  qui  s'est  formé  on  vue  de  l'achat  — 
c'est-à-dire  de  l'exploitation  —  de  la  forêt  d'Am- 
boise n'ait  la  partie  belle,  s'il  est  vrai  que  l'État 
refuse  de  tenir  compte  des  moyens  pratiques  qui 
lui  ont  été  olferts  de  se  rendre  acquéreur  du 
domaine  d'Amboise,  comme  il  refuse  d'entendre 
les  protestations  des  riverains,  justement  effrayés 
par  les  coupes  sombres  —  autant  vaut  dire  la 
destruction  prochaine  —  de  la  forêt  voisine  de 
Marchenoir,  vendue,  elle  aussi,  et  exploitée  à 
fond  ! 

On  proteste  en  Normandie,  car  la  forêt  d'Eu 
est  également  menacée  ;  on  proteste  dans  l'Est, 
oîi  de  beaux  bois  ont  été  et  vont  être  vendus  à 
des  étrangers.  L'exploitation  intensive  qui  a  déjà 
dévasté  tant  de  paysages  forestiers  devient  chaque 
jour  plus  inquiétante,  et  le  gouvernement  a  fini 
par  s'émouvoir  de  cette  déforestation  systéma- 
tique et  de  tous  les  dangers  qu'elle  entraîne; 
un  projet  de  loi,  portant  une  nouvelle  régle- 
mentation du  régime  forestier,  vient  mêroed'être 
déposé  sur  le  bureau  des  Chambres  :  on  ne 
peut  qu'en  souhaiter  la  prompte  discussion. 

Les  forêts  ne  sont  pas  seulement  de  la  richesse 
et  de  la  santé;  elles  sont  aussi  de  la  beauté,  et 
c'est  à  ce  titre,  qui  seul  devrait  suffire  à  leur 
mériter  le  respect  de  tous,  qu'elles  ont  droit  à 
de  particulières  attentions  de  la  part  des  artistes. 

E.  D. 


ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres 

(séance  du  28  février).  —  M.  Edmond  Poftier  com- 
munique une  lettre  que  lui  a  adressée  M.  de  Morgan 
pour  l'informer  de  précieuses  découvertes  de  tom- 
beaux et  de  vases  faites  à  Suse,  dans  une  fouille  pra- 
tiquée à  23  mètres  de  profondeur. 

—  M.  le  comte  Paul  Uurrieu  expose  qu'il  a  pu  arri- 
ver à  établir  les  cadres  d'un  classement  chronologique 
pour  toute  une  série  d'importantes  œuvres  d'art  du 
quinzième  siècle,  à  laide  des  armoiries   qui  ont  été 


74 


LE   BULLETIN   DE    L'ART 


portées  par  le  fameux,  et  presque  légendaire,  roi  liené 
d'Anjou.  En  eflet,  le  roi  Uené  a  employé  difl'érents 
types  de  blasons;  et  M.  Durrieu  a  reconnu  que  cha- 
cun de  ces  types  correspond  à  autant  de  périodes 
particulières  de  la  vie  du  roi,  périodes  dont  les  limites 
sont  nettement  déterminées  par  des  événements  tiis- 
toriques.  Suivant  donc  qu'une  création  d'art  quel- 
conque, depuis  un  édifice  ou  une  sculpture  jusqu'à 
des  enluminures  de  manuscrit,  montre  tel  ou  tel  type 
des  armoiries,  on  peut  en  conclure  que  l'exécution 
de  l'œuvre  remonte  à  tel  ou  tel  espace  de  temps, 
dont  le  plus  long  ne  dépasse  pas  dix-huit  ans  au 
maximum. 

M.  Durrieu  donne  quelques  exemples  des  résultats 
aux(|uels  on  arrive  par  cette  métode.  11  cite  notam- 
ment un  superl)c  médaillon  en  terre-cuite,  par  Luca 
délia  Hobbia,  représentant  le  blason  du  roi  liené,  qui 
se  trouve  à  Londres,  au  Victoria  and  Albert  Muséum 
{ancien  musée  de  South  Kensington).  Les  critiques 
d'art  ont,  Jusqu'ici,  rapporté  l'exécution  de  ce  mé- 
daillon a  l'année  1453,  moment  où  Luca  délia 
Hobbia  était  encore  dans  la  force  de  l'âge.  Le  type 
du  blason  permet,  au  contraire,  à  M.  Durrieu,  d'af- 
firmer que  la  pièce  ne  peut  pas  être  antérieure  à  la 
période  de  1466  à  1480,  et  qu'ainsi  elle  date  seulement 
de  la  vieillesse  de  Luca  délia  Robbia. 

—  M.  Chavannes  expose  les  résultats  de  la  récente 
mission  archéologique  qu'il  a  accomplie  en  Chine  et 
accompagne  cette  importante  communication  de 
l'exposition,  sur  les  murs  de  la  salle,  d'un  très  grand 
nombre  de  photographies  représentant  les  principaux 
monuments  qu'il  a  découverts. 

Dans  le  Chan-Tong  et  le  Ilo-Nnn,  le  savant  orienta- 
liste a  retrouvé  l'art  des  Uan  représenté  par  deux 
bas-reliefs  qui  datent  des  deux  premiers  siècles  de 
notre  ère.  Dans  le  Chan-Si  et  dans  la  province  du  Uo- 
Nan,  M.  Chavannes  a  étudié  en  détail  deux  groupes 
importants  pour  l'histoire  de  l'art  bouddhique  ;  des 
statues  sculptées,  appartenant  au  cinquième  siècle  de 
l'ère  chrétienne  et  les  grottes  de  Long-Men  couvertes 
de  sculptures  datant  du  même  siècle  et  des  deux  sui- 
vants, permettant  ainsi  de  suivre  l'évolution  de  l'art 
pendant  ces  trois  siècles. 

École  des  beaux-arts.  —  M.  II.  Lcmonnier,  pro- 
fesseur d'histoire  générale  à  l'École  des  beaux-arts, 
est  nommé,  à  ce  litre,  membre  du  Conseil  supérieur 
d'enseignement  de  cette  école. 

École  du  Louvre.  —  M.  G.  Bénédite,  conserva- 
teur du  département  des  antiquités  éftypticnnes  nu 
nuisée  du  Louvre,  est  nommé  professeur  à  la  chaire 
d'archéologie  égyptienne  de  l'École  du  Louvre,  en 
remplacement  de  M.  Pierrel,  admis  à  faire  valoir  ses 
droits  à  la  retraite. 

Société  des  Amis  du  Louvre.  —  La  Société  des 
Amis  du  Louvre  a  été  autorisée  par  le  prince  de  Ua- 
dolin  à  visiter  vendredi  dernier,  le  Palais  de  l'ambas- 


sade d'Allemagne,  remis  en  état  par  ses  soins.  Le 
palais  de  la  rue  de  Lille  est  l'ancien  hôtel  du  prince 
Eugène  de  Beauharnais,  bâti  en  1713  par  Bollraad;  il 
fut  accommodé  au  goût  du  jour  par  le  vice-roi 
d'Italie,  avec  une  somptuosité  que  Napoléon  lui 
reprocha.  Le  prince  le  vendit,  en  1817,  au  roi  de 
Prusse,  avec  son  mobilier,  qui,  conservé  intact  au 
cours  du  dix-neuvième  siècle,  fait  de  cet  intérieur 
l'un  des  plus  curieux  exemplaires  du  style  Empire 
subsistant  à  Paris. 

Société  des  Artistes  français.  —  Dimanche 
dernier,  a  été  ouverte  la  fondation  Armand  Ilayem, 
maison  de  retraite  de  la  Société  des  .\rtistes  fran- 
çais, créée  grâce  à  une  libéralité  de  M"'  Jules  Comte, 
qui  a  fait  don  à  la  Société  de  la  propriété  qu'elle 
possédait  à  Montlignon,  près  Ermont,  en  Seine-et- 
Oise. 

—  La  Société  des  Artistes  français  a  procédé  ven- 
dredi dernier  à  l'élection  des  membres  du  jury  pour 
les  années  1908,  1909  et  1910. 

Tous  les  membres  de  l'ancien  jury  ont  élé  réélus. 
Ce  sont  :  MM.  Adan,  Joseph  Bail,  Barillot,  Baschet, 
Bergerel,  Bonnat,  Boutign'y,  Busson,  Paul  Chabas, 
Cagniart,  CoUin,  Cormon,  Dawant,  Démon,  Détaille, 
Dutfaud,  Dupré,  Ferrier,  Flameng,  Gajtliardini,  Ger- 
vais,  Gilbert,  Glaize,  Gosselin,  Guillemet,  liarpignics, 
Ilumbert,  Laugée,  J.-P.  Laurcns,  Lefebvre,  Luigi  Loir, 
Maignan,  Maillart,  Henri  Martin,  .Maxencc,  Morol, 
Olive,  Pelez.  Petitjean,  Quost,  Renard,  de  Richemond, 
liobert-Flcury,  Rochegrosse,  Royhet,  Royer,  Henri, 
Saintpierre,  Saubès,  Sohommer,  Saint-Gerraier,  Tat- 
legrain,  Thyrion.  Vayson,  Wincker,  Zubcr,  Zwiller. 

MM.  Comerre,  Adier.  Déchcneau  et  Bordes,  ont  été 
élus  à  la  suite  des  autres  membres. 

L'Art  à  l'école.  —  Le  premier  congrès  national 
de  l'art  à  l'école,  organisé  par  la  Société  nationale, 
fondée  sous  le  patronage  du  président  de  la  République 
et  dont  le  président  est  M.  G.  Lyon,  recteur  de  l'aca- 
démie, aura  lieu  à  Lille  les  6,  7  et  8  juin  1908. 

Les  plus  récentes  améliorations  y  seront  étudiées 
sur  la  construction,  la  décoration  et  l'imagerie  sco- 
laire. Des  visites  d'écoles  décorées  auront  lieu  on 
France  et  en  Belgique. 

A  Lille.  —  Le  musée  de  Lille  vient  de  s'enrichir 
d'un  tableau  de  Jordaens,  signé  et  daté  de  1643,  repré- 
sentant l'KnIèveiiienI  d'Europe. 

A  Rouen.  —  M.  Narcisse  Guilbert  a  réuni,  dans  In 
galerie  Legrip,  une  trentaine  de  toiles,  dont  plusieurs 
ont  de  l'intérêt.  Le  succès  de  ce  peintre,  lors  do 
l'exposition  des  artistes  rouennais,  eu  1907.  lui  a 
donne  le  goi'it  de  recherches  plus  personnelles  vers 
une  manière  un  peu  moins  poétique  sans  doute, 
mais  plus  certainement  picturale.  .Nous  retrouvons 
cependant  encore  dans  plusieurs  toiles,  notamment 
dans  un  Temps  gris  sur  Ui  Seinp.  l'inlluence  de  son 


ANCIEN    ET    MODERNE 


75 


maître,  le  peintre  Joseph  Delattre.  Mais  une  autre 
série  attire  l'attention  :  M.  Guilbert  s'j-  attache  à 
traduire  avec  fidélité  le  caractère  un  peu  brutal  des 
chantiers  en  construction,  des  terrains  vagues, 
encombrés  de  matériaux,  du  port  de  Rouen,  ou  des 
banlieues  environnantes.  Avec  sa  traduction  réaliste 
un  peu  cruelle  des  faubourgs  navrants,  il  marque 
véritablement  un  intéressant  etîort  pour  se  renouveler. 

En  même  temps,  M.  Madeleine  nous  montre  douze 
aquarelles  de  Rouen  et  de  Nantes,  où  il  a  su 
renouveler  certains  aspects  convenus  «  pittoresques  » 
et  que  la  carte  postale  a  bien  banalisés  :  tels  une 
Hue  Kau-<le-liobec  à  Rouen,  iËvêc/ié  à  Nantes,  etc. 

Enfin,  deux  toiles  de  M.  Pierre  Dumont,  incomplètes 
et  parfois  incertaines.  11  y  a  un  bon  etfet  décoratif 
dans  son  Pont-aux-Anr/lais  de  Rouen  et  dans  sou 
lie  Drouilly,  une  brillante  végétation  bien  en  sève  ; 
toutefois,  dans  les  deux  œuvres,  les  fonds,  mal 
harmonisés,  manquent  de  solidité  et  de  vigueur. 

Ce  sont  là  trois  avant-premières  de  la  proche  expo- 
sition des  artistes  rouennais,  qui  sera  ouverte  du 
7  mars  au  7  avril.  —  A.-M.  G. 

A  Dresde.  —  Au  château  de  la  Résidence  on  vient 
de  découvrir  un  portrait,  grandeur  nature,  de  Lessing 
jeune  (environ  1746)  parle  célèbre  Dieterich  ;  on  ne 
connaissait  du  poète  que  les  portraits  de  Bameng 
et  de  Tischbein.  Le  roi  a  autorisé  la  reproduction  du 
tableau.  —  M.  M. 

A  Francfort.  —  Le  conseil  municipal  a  assuré  la 
création  d'une  galerie  d'art  de  la  ville  en  disiwsant  à 
cet  etlet  d'un  fond  de  252.000  marks  et  en  votant  un 
subside,  à  accorder  ces  années  prochaines,  d'une  nou- 
velle somme  de  2.50.000  marks.  La  galerie  compren- 
dra quatre  sections  ;  peinture  moderne  ;  peinture 
francfortoise  ;  sculpture  ;  collections  d'art  documen- 
taires. Le  directeur  M.  Swarzenski  a  déjà  rapporté 
d'une  tournée  en  Italie,  France,  Angleterre  et  Hollande 
des  œuvres  précieuses,  surtout  des  sculptures.  Une 
importante  série  de  toiles  du  peintre  local  P'ritz  Bœhle 
a  été  aussitôt  acquise  ;  les  autres  artistes  de  Franc- 
fort ne  tarderont  pas  à  se  voir  aussi  représentés. 

—  La  collection  d'anti(|uités  de  feu  le  professeur 
Furtwiingler,  qui  faillit  être  enlevée  par  un  riche 
américain,  est  perdue  pour  Munich,  mais  acquise  à  la 
ville  de  Francfort.  Elle  se  compose  de  quelques  figures 
de  marbre  et  d'objets  d'art  de  bronze  et  de  terre-cuite, 
au  nombre  d'une  centaine  de  pièces.  —  M.  M. 

A  Heidelberg.  —  La  municipalité  a  décrété  que, 
pour  conserver  son  aspect  actuel  à  la  ruine  du  châ- 
teau, les  nouvelles  constructions  élevées  aux  environs 
devraient  s'adapter  à  cet  aspect  d'ensemble,  et  en 
particulier  ne  pas  dépasser  deux  étages  et  n'avoir 
point  de  toit  à  mansardes.  Les  immeubles  qui  mena- 
ceraient, par  leurs  proportions  ou  leur  apparence  ex- 
térieure, de  déparer  la  ruine  et  ses  alentours,  pour- 


raient  voir  leur  construction  arrêtée  par  mesure  de 
police.  —  M.  M. 

A  Munich.  —  A  l'exposition  d'hiver  de  la  Sécession, 
l'État  a  acquis  pour  la  Pinacothèque  quatre  nouvelles 
œuvres  de  M.  Albert  von  Relier:  A  l'audience  (1871), 
l'esquisse  ^om  Vlmpéralrice  Faiixtine  (IHSi),  le  jardin 
de  la  Villa  Wollionsky  à  Rome  (1885)  tiVIntérieiir  où 
deux  dames  prennent  une  tasse  de  thé  (1886).  Ce 
choix  peu  éclairé,  nullement  caractéristic|uo  de  la 
vraie  manière  du  peintre,  tend  uniquement  à  repré- 
senter ses  débuts  auprès  des  deux  autres  grandes 
toiles  :  la  Hésurreclion  (1886)  et  le  Poitrail  de  M""  von 
Relier  (1888)  qui  figurent  au  musée  depuis  longtemps. 

—  ChezGeorges  Rossmann,  l'exposition  de  M.  Ilanns 
lleider,  un  peintre  de  paysages,  de  figures,  de  natures- 
mortes  dont  on  n'avait  pour  ainsi  dire  pas  encore  en- 
tendu parler  et  qui  se  révèle  comme  un  artiste  accompi  i . 
Ses  motifs  de  la  vallée  de  l'Isar,  ses  neiges  au  soleil, 
ses  poissons,  montrent  le  coloriste  robuste,  hardi  sans 
maniérisme,  à  la  touche  large  sans  lourdeur,  aux 
impressions  très  vives,  complètement  réalisées  dans 
leur  expression  et  avec  fraîcheur.  —  M.  M. 

Nécrologie.  —  On  annonce  de  Sienne  (Italie)  la 
mort  de  lU.  Oscar  l'auvevl  de  La  Chapelle,  décédé 
subitement  à  l'âge  de  76  ans.  Né  à  Sainte-Foy-la- 
ijrande  (Gironde),  M.  Pauvert  de  La  Chapelle  avait 
l'habitude,  depuis  18u2,  d'aller  passer  la  plus  grande 
partie  de  l'année  en  Italie,  et  s'était  fixé  depuis  une 
vingtaine  d'années  à  Sienne  :  c'est  là  que  le  rencontra 
M.  Paul  Rourget,  qui  fit  de  lui  un  portrait  humoris- 
tique dans  Itecommencemenls.  liien  connu  de  tous 
les  collectionneurs  et  amateurs  d'œuvres  d'art,  et 
passionné  pour  1  Italie  de  la  Renaissance,  il  était  le 
dernier  survivant  de  cette  petite  pléiade  d'hommes 
vraiment  épris  du  beau  artistique  et  qui  comptait, 
entre  autres,  Eugène  Piot,  le  comte  Tyskiewicz,  Cas- 
tellani,  Martinetti,  Auguste  Dutuit,  le  baron  Barracco. 
Il  avait  lui-même  rassemblé,  bien  qu'ayant  des  res- 
sources modestes,  une  incomparable  collection  de 
167  gemmes  gravées,  —  camées  et  intailles,  —  qu'il 
eut  la  générosité  de  donner,  de  son  vivant,  au  Cabinet 
des  Médailles  de  la  Bibliothèque  nationale  en  1899.  et 
que  M.  E.  Babelon  a  étudiée  dans  la  Hevue  (voir 
t.  VI,  p.  371  et  t.  Vil,  p  34).  11  avait  été  fait  chevalier 
do  la  Légion  d'honneur,  en  remerciement  de  sa  géné- 
reuse donation. 

—  On  annonce  la  mort,  à  l'âge  de  74  ans,  du  mar- 
quis Antoine  de  Grollier,  le  collectionneur  parisien 
bien  connu,  qui  s'était  spécialisé  dans  les  porcelaines 
et  qui  avait  publié  l'année  dernière,  en  collaboration 
avec  M.  de  Chavagnac,  sur  les  porcelaines  françaises, 
un  ouvrage  bien  vite  devenu  classique  dans  le  monde 
de  la  curiosité. 


76 


LE   BULLETIN   DE   L'ART 


CHRONIQUE    DES  VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

Ventes  à  Paris.  —  Tableaux  modernes.  — 

Nous  avons  annoncé,  dans  le  n"  37 1  du  Bulletin,a.yec 
quelques  détails,  une  vente  de  tableau-x  modernes 
qui  devait  avoir  lieu  salle  6,  le  20  février,  par  le 
ministère  de  M»*' Lair-Dubreuil  et  H.  Baudoin  et 
de  M.  Georges  Petit,  et  qui  avait  fait  l'objet  d'un 
catalogue  illustré.  Cette  vente  a  été  ajournée. 

Tableaux  modernes.  —  La  vente  anonyme 
faite  salle  1,  le  26  février,  par  M«  Lair-Dubreuil 
et  M.  Haro,  a  produit  22.798  fr.  avec,  comme  en- 
chères principales  : 

Ingres.  Intérieur  de  harem,  6.100  fr.  —  Ziem. 
La  Tour  rose,  2.250  fr.  —  Ménard.  Nymphes, 
l.SOOfr.  — Riesener.  Bacc/iantc,  1.000 fr.—Vollon. 
Bateau  dépêche,  1.350  fr. 

Ventes  annoncées  à  Paris.  —  Collection 
Jules  Cronier  (tableaux  anciens  et  modernes). 

—  Un  catalogue  illustré  nous  annonce  de  la  ma- 
nière la  plus  favorable,  la  vente  de  la  collection 
Jules  Cronier,  vente  qui  aura  lieu,  les  11  et  12 
mars,  à  la  galerie  Georges  Petit,  sous  la  direction 
de  M"  F.  Lair-Dubreuil  et  Henri  Baudoin  et  de 
MM.  Arnold  et  Tripp. 

Réunion  de  tableaux  anciens  et  modernes, 
d'aquarelles  et  de  dessins,  cette  collection  té- 
moigne du  goût  le  plus  exercé.  Les  maîtres  de 
notre  école  de  1830  y  sont  particulièrement  bien 
représentés. 

Notons  :  de  Corot,  un  Pêcheur  amarré  à  la  rive,  un 
Batelier  près  de  la  rive,  la  Ferjnc  au  Grand  Chaume, 
à  Étretat,  Pré  aubordd'unctang  elle  l'ont  de  Mantes; 
deDaubigny.le  Soir  au  Bas-Meiidon,  Effet  d'hiver, 
Soleil  couchant, \eCheminàtravers  boiseUnMaredu 
hameau  ;  de  Decamps,  YÉtang  dans  la  vallée;  de 
Dia/,,  un  Sous  bois  et  des  Femmes  orientales  ;  de 
Jules  Dupré,  un  Vieux  pont  et  une  Mare  ;  d'Eu- 
gène Isabey,  VArrivèe  des  invites,  la  Prière  à  la 
Madone  et  un  J^avire  naufrage  ;  de  Charles  Jacque, 
des  Poules  et  coqs,  des  Moutons  au  pâturage  et 
une  Bergère  ;  enfin,  de  Jongkind,  admirablement 
représenté,  le  Pont  de  Bercy,  la  Vieille  ferme, 
Moulin  à  vent  près  d'une  ferme,  Rivière  au  clair  de 


lune,  environs  de  liotlerdam,  Lever  de  lune  sur 
un  canal  de  Hollande,  etc. 

Mais  le  maître  qui  domine  dans  la  collection  Jules 
Cronier  est  M.  Harpignies;  il  a  un  choix  nom- 
breux et  remarquable  de  tableaux  et  d'aquarelles: 
plus  de  vingt  numéros,  vues  du  Bourbonnais  et 
de  la  Loire  aux  environs  de  Briare  et  de  Bonny, 
Hérisson,  Saint-Privé,  Antibes,  Menton,  vues  de 
Paris  et  paysages  divers. 

Contentons-nous  de  mentionner  encore  parmi 
les  toiles  d'autres  peintres  modernes  :  le  Port  de 
Marseille,  par  F.  Ziem  et,  du  même  artiste,  des 
vues  de  Constantinople  et  de  Venise  ;  des  paysages 
par  Bouché  ;  Peines  de  cœur,  par  Bonvin  ;  un 
Port  de  mer.  par  Eugène  Boudin  ;  un  Pure  et  des 
Ruines,  par  Chintreuil  ;  les  Chantres  au  lutrin, 
par  Daumier  ;  Baigneuse  au  clair  de  lune,  par 
Fantin-Latour  ;  la  Jeune  mère,  par  M.  L.  Lher- 
mitte  ;  une  Étude  de  jeune  fille,  par  Henner  ;  les 
Marmitons,  par  Th.  Ribot  ;  les  Délaissées,  par 
Tassaert  ;  un  Paysage,  effet  de  neige,  par  Antoine 
Vollon. 

Nous  avons  signalé  déjà  les  aquarelles  de 
M.  Harpignies  ;  d'autres  aquarelles,  pastels  et 
dessins  portent  les  noms  de  Jongkind  et  de 
MM.  Ziem  et  Lhermitte. 

Quelques  tableaux  anciens,  des  écoles  11a- 
mande  et  hollandaise,  complètent  la  collection 
Jules  Cronier,  parmi  lesquels  il  convient  de  citer 
tout  au  moins  :  le  Jugement  de  Paris,  par  W.  van 
Mieris  ;  Jeune  fcmmeetperroijuet,  par  Gaspard  .Nets- 
cher;  un  /««cneur  rM.s<(5«(;,par.\drianvanOstade; 
une  Chaumière  au  bord  d'une  rivière  et  le  Joueur 
de  cornemuse,  par  David  Teniers  ;  des  Buveurs, 
par  Frans  Hais  ;  un  Intérieur  de  cuisine, 'par7.org; 
des  Gibiers,  par  Fyt  et  des  Portraits,  par  Raves- 
teyn  et  par  Antonio  Moro. 

A  l'étranger.  —  A  Bruxelles.  —  Vente 
Th.  Verstraete.  —  Le  10  mars  aura  lieu,  salle 
Forst  à  Anvers,  la  dispersion  aux  enchères  pu- 
bliques, par  le  ministère  de  MM.  L.  Clarembaux 
et  L.  Delehaye,  assisté  de  M.  P.  Martens,  des  ta- 
bleaux, dessins  et  eaux-fortes,  composant  l'atelier 
du  peintre  Théodore  Verstraete,  le  paysagiste 
bien  connu,  un  des  plus  grands  noms  de  l'école 
belge  moderne.  Né  à  Gand  en  1850,  mort  à  An- 


ANCIEN    ET    MODERNE 


vers  il  n'y  a  guère  plus  d'un  an  (janvier  1907), 
Th.  Verstraete,  dont  le  talent  est  plutôt  fait  de 
sincérité  un  peu  lourde  que  de  finesse  et  de 
charme,  est  avant  tout  l'interprète  fidèle  de  la 
nature  flamande.  Parmi  les  pages  demeurées 
dans  son  atelier  et  qui  vont  passer  en  vente,  il 
en  est  qui  indiquent  parfaitement  son  art  et  sa 
manière.  Citons  en  particulier  :  VEglise  de  Schore 
(7Mande),  Au  Peersbosch,  Nuit  [Brasschaet),  Es- 
quisse, VcrQcr  en  Zélande,  Matinée  d'août  {Blan- 
kenbcrghc},  Bord  de  ruisseau  [automne],  Mon  voi- 
sin le  jardinier,  une  Battue  en  Campine,  Sous  bois 
(Brasschaet^.,  Vers  le  soir  [Brasschaet),  Coin  d'étang) 
le  Semeur  (\\x\  montre  jusqu'à  l'évidence  combien 
Verstraete,  que  l'on  a  voulu  appeler  le  Millet 
tlamand,  diffère  de  notre  Millet  français  dans  sa 
compréhension  du  paysan),  Rhododendrons,  le 
Petit  vacher,  Bord  de  ruisseau.  Village  de  Schore 
(Zélande). 

Une  réunion  nombreuse  de  dessins  et  d'eaux- 
fortes  du  maître  complète  cette  vente  qui  a  fait 
l'objet  d'un  catalogue  illustré. 

M.  N. 

ESTAMPES 

A  Paris.  —  Ouvrages  d'ornementation  an- 
ciens i/in).  —  I.e  succès  de  cette  vente,  que  nous 
avions  signalé  dans  le  dernier  Bulletin,  ne  s'est 
pas  démenti  jusqu'à  la  fin,  et  c'est  sur  un  total 
de  l'>2.728  francs  que  M°  André  Desvouges  a 
frappé  le  dernier  coup  de  maillet. 

11  nous  reste  peu  de  prix  à  ajouter  aux  princi- 
pales enchères  des  deux  premières  vacations 
que  nous  avons  déjà  publiées  :  néanmoins  les 
3.010 'francs  obtenus  par  le  Recueil  de  meubles  de 
Delafosse  (n"  205),  et  les  2.400  francs  d'un  Recueil 
d'ornements  de  Cauvet,  méritent  une  mention 
spéciale.  Plusieurs  autres  recueils  ont  dépassé 
le  billet  de  mille. 

La  collection  comprenait  aussi  des  livres  illus- 
trés du  xviii<=  siècle  :  parmi  les  premiers,  un 
exemplaire  des  Chansons  de  La  Borde,  reliure 
ancienne,  a  fait  2.120  francs,  et  un  exemplaire 
des  Fables  choisies  de  La  Fontaine,  avec  figures 
par  Oudry,  1.000  fr.  ;  —  parmi  les  estampes  : 
le  Matin,  le  Midi,  V Apri's-midi  et  le  Soir,  quatre 
pièces  en  couleurs,  par  Demarteau,  d'après  Huet, 
ont  atteint  1.250  fr.  ;  deux  autres  pièces  des 
mêmes  artistes,  Jeune  femme  à  la  mandoline  et 
Jeune  femme  lisant,  1.205  fr.  Enfin,  un  dessin 
,  attribué  à  Lancret,  Assemblée  dans  un  parc,  s'est 
vendu  1.080  fr. 


Estampes  du  XVIII»  siècle.  —  Le  vendredi 
28  avait  lieu  salle  6,  par  le  ministère  de  M*  Lair- 
Dubreuil,  assisté  de  M.  L.  Delteil,  une  vente 
d'estampes  du  xyiii"  siècle,  qui  avait  été  annoncée 
ici-môme  avec  quelques  détails.  Elle  a  obtenu,  il 
est  à  peine  besoin  de  le  dire,  un  très  franc  succès 
et  très  soutenu  :  ces  dernières  semaines  n'ayant 
rien  offert  d'autre,  aux  habitués  de  l'Hôtel 
Drouot,  que  des  livres  et  des  estampes,  on  dirait 
que  —  faute  de  morceaux  plus  importants  —  ils 
ont  mis  une  particulière  àpreté  à  se  disputer  les 
estampes  et  les  livres  qui  passaient  en  vente.  Ici,  le 
total  de  74  032  francs  pour  une  seule  vacation  est 
suffisamment  éloquent,  d'autant  qu'on  y  relève 
plusieurs  belles  enchères. 

Ainsi,  une  épreuve  de  l'Aveu  difficile  de  La- 
vreince,  gravée  par  Janinet  (rare  épreuve  du 
■2"  état,  avant  toute  lettre,  avec  le  nom  du  graveur 
à  la  pointe),  a  été  vendue  4.510  fr.,  sur  une 
demande  de  .ï.OOO  ;  et  la  Comparaison,  par  les 
mêmes  artistes,  épreuve  de  1=''  état,  avant  lettre, 
3.000  fr.  (demande  4.000). 

Parmi  les  estampes  anglaises,  une  épreuve  à 
lettre  grise  de  the  Promenade  at  Carlisle  llouse, 
par  Smith,  a  atteint  4.000  fr.;  —  et  deux  pièces 
en  couleurs,  sans  marge,  d'après  Morland,  Mor- 
ning  et  Evening,  ont  fait  2.020  fr. 

Voici  les  autres  enchères  intéressantes  : 

23.  Dagoty.  Marie-.lnloinelle,  épr.  en  noir,  1.600  fr. 

—  Debucourt  :  23.  Le  Menuet  de  la-maiiée,  la  Noce 
au  chdleau,  en  coul.,  renimargées,  1.700  fr.  —  26.  La 
Promenade  de  la  galerie  du  Palais-Royal,  en  coul., 
reinmargée,  1.200  fr.  —  27.  L'Kscalnde,  en  coul., 
1.610  fr.  —  29.  la  Promenade  publique,  1.200  fr. 

48.  D'après  lluet.  L'Eventail  cassé,  l'Amant  écoulé, 
gr.  en  coût.,  par  Bonnet,  1.310  fr.  —  57.  Lasinio. 
Edouard  Daijoty,  d'après  lleinsius,  en  coul.  (manque 
la  tablette  au  bas),  2.000  fr. 

D'après  N.  Lavreince  :  60.  L'Aveu  difficile,  par  F. 
Janinet,  2'  état,  avant  toute  lettre,  en  coul.,  4.510  fr. 

—  61.  La  Comparaison,  par  Janinet,  1"  état,  avant 
toute  lettre,  en  coul.,  3.000  fr.  —  62.  La  mêuie,  petites 
marges,  1.000  fr.  —  63.  L'Indiscrétion,  par  Janinet, 
en  coul.,  remuiargée,  1.000  fr.  —  66.  Les  Pelils  favoris, 
en  coul.,  1.250  fr.  —  86.  D'après  Taunay.  La  Foire  de 
villn'je,  la  Noce  de  village,  la  Rixe,  le  Tambourin,  par 
Descourtis,  en  coul.,  1.655  fr. 

Parmi  les  estampes  anglaises  : 

70.  D'après  G.  Morland.  Moi-ning  et  Evening,  par 
Grozer,  en  coul.,  sans  marges,  2.020  fr.  —  75.  D'après 
Reynolds.  Countess  of  llairington,  Lady  Smith  aiid 
children,  en  coul.,  remmargées,  1.150  fr.  —  83.  Smith. 
The  Promenade  al  Carlisle  llouse,  lettre  grise,  4.000  fr. 

—  94.  The  Fairinf/s,  Settiiig  oui  the  fair,  par  Kginton, 
en  coul.,  1.500  fr. 


78 


LE    BULLETIN    DE   L'ART 


La  collection  comprenait  aussi  quelques  dessins 
anciens  et  modernes  ;  un  seul  numéro  a  dépassé 
1.000  Ir.  :  c'est  à  savoir  le  n"  128,  deux  aquarelles 
attribuées  à  Pernet,  Paysages  avec  ruines,  1.700  fr., 
ce  qui  met  chacune  d'elles  à  830  fr.,  c'est-à-dire  au- 
dessous  des  n"  123  et  124  :  Portrait  d'homme,  par 
Lagneau,  et  Étude  de  femme,  par  Lancret,  adjugés 
l'un  et  l'autre  900  fr. 

H.  0. 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Cercle  de  l'Union  artistique.  —  Avec  l'allon- 
gement des  jours  sur  ce  Paris  qui  reflète  si  vive- 
ment les  métamorphoses  de  Tannée,  le  début  de 
mars  prélude,  en  ce  riche  décor,  aux  grands  Sa- 
lons, déjà,  prochains,  du  printemps.  Et  c'est  tou- 
jours, ici,  le  Salon  des  portraits.  Une  vingtaine 
de  morceaux  suffit  à  la  sculpture  clairsemée 
pour  définir  nettement  ce  caractère  ;  et  la  perle 
de  l'exposition  de  1908,  n'est-ce  point  le  petit 
huste  de  terre  cuite  où  M.  Uené  de  Saint-Mar- 
ceaux,  portraitiste  très  féminin  par  ailleurs, 
exprime  la  fraîche  vivacité  de  son  petit-fils? 
Pareille  fraîcheur  dans  le  sourire  marmoréen  de 
A/"''  Vagliano,  par  M.  Denys  Puech,  à  côté  des 
bustes  excellents  de  MM.  Cariés  et  V^erlet.  A  la 
peinture,  sept  fois  plus  nombreuse,  M.  Mercié 
quitte  une  fois  de  plus  l'ébauchoir  jiour  donner 
à  nos  yeux  un  plaisir  extrême  en  nous  contant 
Peau  d'âne  sous  les  espèces  d'une  nudité  rose  ; 
parmi  tant  de  portraits  aristocratiques,  M.  Roll 
ouvre  une  fenêtre  sur  la  nature  ensoleillée;  voici 
deux  nouveaux  poèmes  familiers,  le  quatrième 
et  le  cinquième,  de  la  série  des  Journées  d'été  : 
baigneuse  ou  liseuse,  sur  un  banc  vert,  enfoui 
dans  les  hautes  herbes  où  s'ébattent  le  petit  che- 
val et  le  bon  chien,  dans  la  bUnde  atmosphère 
décorative  du  jardin  grand  comme  un  bois... 
(".'est  encore,  en  ce  milieu  d'élégance,  une  im- 
pression presque  sauvage  de  nature  suburbaine 
que  nous  traduit  le  silence  de  M.  René  Billotte 
au  crépuscule  ;  M.  Marcel  Cogniet,  qui  notait 
l'automne  argentin  de  Venise  aux  Orientalistes, 
décrit  Une  rue  de  Montmartre  sous  la  neige  fon- 
dante ;  l'ami  des  prés  normands, M.  Léon  Bariliot, 
renouvelle  ses  pâturages  favoris  dans  une  brume 
irisée  ;  si  M.  Walter  Gay,  qu'imitent  MM.  Par- 
fonry  et  Tenré,  continue  l'inventaire  de  nos 
châteaux,  la  nature  inspire  le  Soir  d'Italie,  aux 
ombres  bleues,   de  M.  (luillaume    Dubufe,  un 


marais  picard  de  M.  NozaI,  les  belles  Dunes  do- 
rées de  M.  Harrison,  le  Soleil  d'hiver  sur  les  bran- 
ches moussues  de  M.  Réalier-Dumas,  le  petit 
Marché  d'Aigues-Mortes  de  M.  Doigneau,  sans 
oublier  l'intérieur  gris  de  M.  R.  de  Ghabaud-La 
Tour,  ni  les  natures  mortes  de  MM.  de  la  Lassu- 
chette  et  Zacharian.  Mais,  triomphe  habituel  de 
l'art  français,  ce  sont  les  portraits  qui  dominent; 
portraits  d'hommes  :  M.  Daniel  Gtiestier,  très 
vivant,  par  M.  Donnât  ;  le  Comte  Potochi,  très  fin, 
pai-  M.  Morot;  M.  Henri  Rochefort,  les  bras  croisés, 
par  M.  Marcel  Baschet  ;  .W.  Onésime  Reclus,  en 
vareuse  de  travail,  par  M.  Ernest  Bordes  ;  un 
vicomte  anonyme,  par  M.  Germon  ;  M.  Georgen 
Lafenestre,  souriant,  par  M.  Weerts  ;  le  marquis 
de  Massa,  plus  solennel,  par  M.  Guirand  de  Scé- 
vola  ;  M.  Gabriel  du  Tillet  fumant,  par  M.  Jean 
Béraud  ;  les  pianistes  Diémer  et  Staub,  par  MM. 
Wencker  et  Dawant;  la  bonhomie  du  peintre 
Agachc,  par  M.  Rosset-Granger  ;  —  portraits  de 
femmes  :  nonchalance  un  peu  byzantine  d'une 
mondaine,  par  M.  Jacques  Blanche,  qui  fit 
mieux;  sveltesse  d'une  Anglaise,  par  M.  Flameng; 
pâleur  d'une  grande  dame,  par  M.  Dagnan-Bou- 
veref  ;  blanche  fillette  aristocratique,  par  M.  Jac- 
ques Baugnies  ;  désinvolture  empanachée,  par 
M.  Fournier-Sarlovèze  ;  grâce  française,  retrouvée 
par  M.  Maxence  dans  un  paysage  tout  français. 
Loin  de  rechercher  la  poésie,  souvent  préten- 
tieuse, du  mystère  ou  de  l'enveloppe,  la  précision 
tout  objective  de  M.  Gabriel  Ferrier  saisit  la 
ressemblance  de  M.  ^ohlcmairc  ou  de  i/""  Ja- 
meson.  Et  l'alTeclueuse  intimité  que  M.  Paul 
Thomas  appelle  le  Bouquet  n'est-elle  pas  un  de 
ces  portraits  où  la  mode  de  l'année,  comme 
l'heure  d'un  paysage,  ajoute  sa  nuance  insensible 
à  la  persistance  de  notre  goût? 

Exposition  rétrospective  féminine  i  l.ycéum- 
Frunce,  ^H,  rue  de  la  Bienfaisance).  — ■  Encore  et 
surtout  des  portraits  ;  mais  les  plus  récents  ont 
un  (juart  de  siècle.  Et  n'est-ce  pas  l'anthologie 
que  nous  souhaitions  en  nommant  les  aïeules  de 
nos  femmes  artistes  ( I  )  ".'  A  Bagatelle,  en  1907, 
c'était  une  série  d'élégances  contemporaines  par 
nos  maîtres  masculins,  morts  ou  vivants,  depuis 
Gourbet;  ici,  sauf  quelques  natures  mortes  ou 
paysages,  de  M"»"  Vallayer-Goster  et  Roâa  Bon- 
heur, c'est  une  réunion  de  portraits,  pour  la 
plupart  anciens,  par  des  peintresses  défuntes;  et, 
depuis    Judith    Leyster,   sage   élève    de    Frans 

(1)  Voir  le  llidletin  du  H  janvier  1908,  n'36e,  p.  13. 


ANCIEN    ET   MODERNE 


Hais,  jusqu'à  M""  Eva  (ionzalôs  et  Berthe  Mori- 
sot,  spirituelles  émules  deManet,  comme  apparaît 
toujours  clairement  l'influence  masculine,  avec 
la  part  de  l'imitation  I  Dans  l'art  comme  dans  la 
société,  c'est  la  loi  de  l'homme  qui  prévaut,  de- 
puis les  pastels  fleuris  de  la  Rosalba,  Vénitienne 
éprise  duCorrège.  Instructifs,  à  ce  point  de  vue, 
les  cadres  les  plus  délicats,  le  Vestris  II,  très 
muscadin,  de  M""  Roinany,  élève  trop  peu 
connue  du  vieux  Regnault,  la  charmante 
M""  Alexandre  Lenoir,  de  W^  Bouillard,  élève 
de  Oeuze,  et  l'éventail  ultra-classique  d'Angelica 
IvaulTmann,  et  la  correcte  aménité  de  M™»  Vigée- 
l.e  Brun  qui  traversa  tant' de  régimes,  et  Mar- 
guerite (iérard,  studieuse  belle-sœur  de  Frago, 
puis  Constance  Mayer,  meilleure  élève  de  Prud'- 
hon  que  l'impératrice  Marie-Louise  !  On  regrette 
l'absence  de  la  romantique  M^^  O'Connell  et  de 
Mme  Cave,  la  portraitiste-écrivain  qui  définissait 
joliment  son  art  «l'esprit  parlant  à  l'esprit». 
Mais,  non  loin  de  Kate  Greenaway,  personnelle, 
et  de  Delphine  Bernard  qui  profila  sagement 
l'adolescence  de  M™"  Charles  Hayein,  on  salue 
Marie  Bashkirtsefî,  la  raffinée  psychologue  qui 
se  dégagea,  dans  ses  portraits,  du  souvenir  de 
Bastien  LepagS,  pour  démasquer,  sans  men- 
songe, avec  une  àpreté  toute  slave,  la  physiono- 
mie du  type  individuel  ;  et,  friande  du  passé, 
notre  émotion  retrouve  ici  la  fraîche  image  à 
contre-jour  que  le  Salon  de  d88b  nous  oITrait 
déjà  comme  le  portrait  d'une  morte... 

Raymond  Bouyer. 

NOTES  &  DOCUMENTS 


Deux  portraits  gravés 
d'après    les   frères   Huaud. 

La  bibliothèque  de  la  Société  de  l'Histoire  du 
protestantisme  français  vient  de  s'enrichir  de 
deux  portraits  in-40,  gravés  d'après  les  frères 
Huaud.  Ils  sont  reliés  à  la  suite  d'un  manuscrit 
des  Chroniques  de  Michel  Rozet,  commencé  en 
l'O.'i,  et  olfert  par  un  généreux  amateur  nor- 
mand. 

Le  premier  n'est  autre  que  la  reproduction  de 
l'émail  du  professeur  l'ictet,  publié  dans  la 
Revue  de  l'art  (oct.  1907).  Il  porte  cette  légende  : 

Be.NKDICTIS    PlCTETUS    KCCLESIASTES    ET    TllEOLOGUS 


(Jenovf.nsis  .ctatis  lu  (ao  1707).  —  Huaut  fratrea 
pinxerimt,,!-  G.  Seitler  Scaffhitsianus  aculpsit. 

Le  second,  dont  l'original  nous  est  inconnu, 
est  de  Huaud  l'aîné.  En  voici  la  légende  : 

FrAN<;!SCVS  TvRRETTliNVS  TIIEOLOGVS  GeNF.VENSIS 
OBllT  D.  XXVni  SEI'TEMB.  ANN.  M.  nC.  LXXX  vn, 
ANNOS    NATUS    LXIII,    ME.NS.   XI  DIES   XI.    —    P.    lluaud 

Vaisné  pinxit,   I.  I.    Thourneyser  Helv.    Bas.    se. 
Baùleœ,  1689. 

H.  C. 


LES      REVUES 


Les  Arts  (janvier).  — La  Collection  de  M.  Gustave 
Dreyfus.  —  Ce  second  article  est  dû,  moitié  à  M.  Jean 
GuiFFREY,  qui  étudie  les  peintures,  moitié  à  M.  Gaston 
Mic.EON,  qui   s'occupe  des   bas-reliefs,   bronzes,  etc. 

L'Art  et  les  Artistes  (février).  —  Les  Fresques  du 
palais  Schifanoia  de.  Ferrare,  qui  sont  condamnées 
tôt  ou  tard  à  périr,  surviv.ront  dans  les  copies  de  ces 
chefs-d'œuvre  que  l'État  a  demandées  à  M.  Vperman  ; 
et  M.  Henry  Roujon,  en  rappelant  l'histoire  du  palais 
de  Ferrare,  rend  hommage  au  service  rendu  aux  arts 
par  le  bon  peintre  interprète  auquel  il  vient  de  rendre 
visite. 

—  La  Sar/rada  Familia,  par  M.  E.  Marquina.  — 
Étude  sur  une  égUse  construite  par  un  architecte  du 
nom  de  Gaudi  dans  une  ville  cl  un  pa3'S  ([ue  l'auteur 
néglige  de  désigner;  et  cependant,  si  nous  en  croyons 
les  premières  lignes  de  l'article,  «  la  personnalité 
de  Gaudi  a  besoin  d'être  soigneusement  détaillée, 
pour  être  saisie  dans  son  ensemble  i>. 

—  L'Œuvre  de  Lucien  Simon,  par  M.  Raymond 
lîouYER.  —  «  Un  moment  de  la  peinture  française  : 
voilà  ce  qu'un  tel  nom  représente  depuis  quinze  ans 
et  ce  qu'il  représentera  dans  l'avenir,  avec  Cottet, 
Ménard  et  quelques  autres  ;  et  dans  le  groupe  réno- 
vateur qui  personnifie  la  plus  récente  évolution  de 
notre  sensibilité,  ce  nom  s'est  imposé  vite,  avec  ses 
ardeurs  de  peintre  et  sa  réflexion  d'analyste  ».  Très 
fine  étude  d'ensemble  sur  la  carrière  du  peintre  de 
Pont-l'Abbé  et  de  la  Causerie  du  soir. 

Italie 

Bollettino  d'arte  del  ministère  délia  Pubblica 
Istruzione  (anno  I,  faso.  6).  —  Dans  la  collection  des 
grands  bronzes  du  Musée  national  de  Naples  se  trouve 
un  cheval,  grandeur  nature,  qui  s'avance  dans  un 
magnifique  mouvement  rythmique  :  une  inscription 
de  Mazzocchi  gravée  sur  la  base  et  une  tradition 
constante  veulent  que  ce  cheval  ait  été  découvert 
dans  les  fouilles  d'ilerculanum  et  qu'il  soit  l'unique 
reste    d'un   admirable  quadrige.  M.    Ettore  Gabrici 


80 


LE    BULLETIN   DE  L'ART 


recherche,  parmi  les  fragments  de  bronzes  du  musée 
de  Naples,  s'il  ne  serait  pas  possible  de  restituer  en 
partie  cette  œuvre  dispersée  :  il  a  retrouvé  des  bas- 
reliefs  appliqués  à  la  caisse  du  char,  des  fragments 
de  la  statue  de  laurige,  du  char  et  des  chevaux,  qu'il 
décrit  et  reproduit. 

—  Le  chef-d'œuvve  île  Simon  Marmion,  par  le 
D'  A.  Bhedius.  —  L'auteur  revendique  pour  Simon 
Marmion  une  peinture  qui  se  trouve  à  Naples,  dans 
l'église  de  S.  Pietro  Martire  (quatrième  chapelle  à 
gauche),  et  qui  traditionnellement  attribuée  au  Zin- 
garo,  a  été  donnée  plus  récemment  à  l'école  de  Ho- 
gier  van  der  Weyden  :  ce  tableau  sur  toile  représente 
une  figure  en  pied  de  Snint  Hncenl  Ferriei;  et  il  est 
entouré  de  huit  tableautins  où  sont  figurés  des  épi- 
sodes de  la  vie  et  des  miracles  du  saint.  (Nombreuses 
reproductions.) 

—  Autres  articles  :  le  Christ  portant  sa  croix,  de  la 
cellule  (le  la  hienheureuse  Colombe  de  Rieti  (l-i9T),  à 
l'Exposition  de  Pérouse,  par  E.  Ricci  ;  —  un  Frag- 
ment inédit  des  mosaiques  de  l'oratoire  de 
Jean    VU,  au  Vatican,  par  A.  Bahtoli. 

(Fasc.  7).  —  Une  précieuse  fresque  de  Gianfrancesco 
Caroto,  datée  de  1508,  représentant  une  Annonciation 
et  provenant  de  l'ancienne  église  des  Jésuites  de 
Vérone,  est  reproduite  et  étudiée  par  M.  Giuseppe 
Uehola. 

—  M.  G.  FoooLAni  passe  en  revue  deux  œuvres 
de  Sebasliano  Ricci  et  de  G.  R.  Pittoni,  récemment 
récupérés  par  la  galerie  royale  de  Venise  ;  ces  deux 
toiles,  qui  sont  la  Multiplication  des  pains,  de  S.  Iticci 
et  Moise  séparant  les  eaux,  de  G.B.  Pittoni, figuraient 
autrefois  dans  l'église  SS.  Cosmo  et  Damiano,  et 
avaient  été  envoyées  au  milieu  du  xix*  siècle  dans  la 
sacristie  de  l'église  paroissiale  de  S.  Vito  d'Asolo.  Ce 
sont  d'intéressants  spécimens  de  l'art  vénitien  du 
xviu'  siècle. 

—  Les  Nouveautés  de  l'Ambrosienne,  par  G.  Frizzo.m. 
—  Signalons,  parmi  ces  nouveautés  :  le  Musiciste, 
portrait  d'homme  attribué  à  Léonard  de  Vinci:  une 
tête  de  Saint  Jean  dans  une  coupe,  par  Antonio  So- 
lario  (IJiOS);  une  charmante  statuette  romaine  de 
bronze,  représentant  un  petit  dieu  lare,  dite  lare  di 
Tormine,  à  cause  du  lieu  où  elle  a  été  trouvée,  et 
quatre  dessins,  par  F.  Barocci,  pour  sa  peinture  de  la 
Crèche  que  possède  déjà  l'Ambrosienne. 

—  Les  nouvelles  acquisitions  du  Musée  national  de 
Rome,  par  G.  Moretti.  —  Une  amulette  ou  abraxas 
provenant  des  Thermes  de  Caracalla,  et  une  Coré 
archaïque  provenant  de  Castelporziano. 

—  Tableaux  nouvellement  exposés  aux  Offices,  par 
Carlo  Ga.mba.  —  Ce  sont  :  une  Madone  de  Jacopo  Car- 
rucci  dit  le  Pontormo,  la  Charité  de  FranccscoSalviati, 
l'Archanije  Oubriel  et  Tnbie  de  Francesco  Tihertini, 
dit  le  Bacchiacca. 

—  M.  Ett.  Garrici  publie  une  bibliographie  d'Uer- 
cutanum  donnant  tous   les  ouvrages   publiés  sur  la 


ville,    depuis   l'époque   antérieure    à    sa   découverte 
jusqu'au  xx*  siècle. 

(Fasc.  8).  —  Les  fresques  d'Andréa  del  Caslagno,  à 
la  villa  l'andolfini,  près  de  Florence,  par  G.  Cabocci. 
—  II  ne  reste  plus  que  quelques  vestiges  de  la  déco- 
ration de  cette  villa  dont  parle  Vasari  dans  sa  vie 
d'Andréa  del  Castagno,  mais  ce  qui  en  subsiste  permet 
de  se  faire  une  idée  de  ce  que  dut  être  l'admirable 
décoration  de  la  grande  salle  de  cette  maison  au 
temps  de  sa  splendeur. 

—  Premier  article  de  M.  Attilio  Rossi  sur  les  œu- 
vres d'art  du  monastère  de  Tor  de'  Specchi,  sis  à 
Rome,  au  pied  du  Capitole;  nombreuses  reproduc- 
tions de  fresques  relatant  la  vie  et  les  miracles  de 
Saint-François. 

—  Le  château  d'Issogne,  qni  viçnt  d'être  donné  à 
l'État  par  le  comm.  Vittorio  Avondo,  est  un  monu- 
ment fort  précieux  pour  l'histoire,  qui  date  de  la  lin 
du  XV"  siècle. 

—  Les  fouilles  de  la  mission  archéologique  italienne 
en  Crète,  en  1901.  —  Notice  de  M.  Luiggi  Prrnieh  et 
reproduction  des  principaux  monuments  et  objets 
découverts  à  Phaestos  et  à  Prinia. 

(Fasc.  9).  —  Les  œuvres  d'art  du  monastère  de  Tor 
de'  Specchi  à  Rome,  suite  et  fin  de  l'article  de  M.  Att. 
Rossi;  suite  de  fresques  d'après  l'histoire  de  sainte 
Françoise  Romaine  (1485),  et  objets  divers  :  la  Cruci- 
fixion, triptyque  du  xv  siècle;  dentelles  de  Venise 
du  xviii"  siècle,  horloge  de  la  même  époque,  sculptée 
sur  bois:  panneaux  décoratifs  du  réfectoire,  paysages 
de  la  seconde  moitié  du  xviii*  siècle,  etc. 

—  Deux  dessins  de  Rembrandt,  conservés  à  la  biblio- 
thèque de  Saples,  par  A.  Comi  :  ces  dessins  repré- 
sentent Joseph  expliquant  les  songes  de  Pharaon  et 
Judith  tuant  Holopherne. 

—  M.  Giorgio  Behnaroi.m  examine  une  peinture  de 
la  (ialerie  nationale  de  Rome,  attribuée  à  Melozzo  da 
Farli.  C'est  un  Saint  Sébastien  acquis  il  y  a  trois  ans, 
et  que  l'auteur  rapproche,  d'une  part,  d'un  Saint  Sé- 
bastien et  Sainte  Marguerite  de  l'église  S.  Vito,  et  de 
l'autre  d'une  Vierge  avec  les  auditeurs  de  rote,  de  la 
galerie  du  Vatican,  —  ces  deux  œuvres  dues  à  Anto- 
nazzo  Romano,  un  artiste  de  la  fin  du  xv*  siècle. 
M.  Bernartjini  publie  en  outre  un  contrat  de  1491, 
portant  commande  à  cet  artiste  de  la  décoration  d'une 
chapelle  de  l'église  S.  Marin  délia  Pacc,  et  dans 
lequel  il  est  fait  mention  précisément  d'un  Saint 
Sébastien. 

—  Autres  articles  :  le  fils  de  Pierre  Vassallelto  à 
Civita  Lovinia,  par  A.  Bartoi-i  d'après  une  inscription 
découverte  dans  l'église  de  celte  ville)  ;  —  un  album 
de  dessins  de  Rarlolomen  Pinelli,  daté  de  1801  et 
conservé  aux  Olllces  (scènes  populaires  très  curieu- 
ses), par  P.  N.  Ferri. 

Le  Gérant  :  H.  Denis. 

Par».  —  Imp.  OaorgM  Pelit,  li,  ni*  Oodot-de-Uturoi. 


Numéro  375. 


Samedi  14  Mars  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


Contre  l'abus 

des  affiches-réclames 


Le  dernier  numéro  du  Bulletin  annonçait  le 
dépôt,  par  le  ministre  de  l'Agriculture,  d'un 
projet  de  loi  portant  une  nouvelle  réglementation 
du  régime  forestier;  il  nous  faut  signaler  aujour- 
d'hui, dans  un  ordre  d'idées  analogue,  la  présen- 
tation d'une  proposition  de  loi  contre  les  abus 
de  l'affiche-réclame,  proposition  dont  M.  Charles 
Beauquier  a  pris  l'initiative. 

Le  père  de  la  loi  sur  la  protection  des  paysages 
complète  ainsi  son  œuvre,  puisque  la  publicité, 
dans  son  désir  de  s'établir  aux  endroits  les  plus 
fréquentés,  en  est  venue  à  spéculer  sur  les  alen- 
tours des  monuments,  des  sites  et  des  curiosités 
naturelles  qui  attirent  plus  particulièrement  les 
visiteurs.  Il  demande  en  conséquence  qu'on 
interdise  l'affichage,  non  seulement  «  sur  les 
édifices,  monuments  naturels,  et  dans  les  paysages 
et  sites  classés  »,  mais  aussi  autour  de  ces  édifices, 
monuments  naturels  et  paysages,  «  dans  un  péri- 
mètre qui  sera,  pour  chaque  cas  particulier, 
déterminé  par  un  arrêté  préfectoral,  sur  avis 
conforme  de  la  commission  départementale  des 
sites  ». 

Ce  n'est  pas  là,  on  le  voit,  d'excessives  préten- 
tions. Au  surplus,  les  exemples  empruntés  à  la 
législation  étrangère,  dont  M.  Beauquier  accom- 
pagne son  (I  exposé  des  motifs  »,  les  vœux  émis 
dans  les  divers  congrès  qui  ont  eu  à  s'occuper  de 
la  question,  enfin  les  opinions  chaque  jour  enre- 
gistrées par  la  presse,  témoignent  clairement  de 
l'universel  intérêt  qui  s'attache  à  cette  réglemen- 
tation nécessaire. 

L'Amérique,  la  Suisse,  l'Allemagne,  la  Belgique, 
l'Angleterre,  nous  ont  devancés  dans  cette  voie  ; 

1  l'Italie  ne  tardera  pas,  comme  on  le  verra  plus 
loin,  à  recevoir  saloi  sur  la  protection  des  paysages 
elle  corollaire  indispensable  de  cette  loi.  Partout 
apparaît  évidente  l'obligation  de  restreindre  le 
droit  de  propriété,  si  le  propriétaire  outrepasse 


son  droit  en  portant  préjudice  aux  beautés 
nationales,  —  ces  biens  de  tous  sur  lesquels  la 
nation  a  le  devoir  de  faire  valoir  ses  titres,  supé- 
rieurs à  ceux  des  particuliers. 

M.  Beauquier  ne  se  dissimule  pas  que  le  seul 
obstacle  sérieux,  c'est  —  comme  presque  tou- 
jours —  la  question  d'argent  :  comment  croire 
qu'un  brave  homme  renoncera,  pour  l'amour  de 
l'art,  aux  écus  que  lui  rapporte,  sans  nulle 
peine,  même  légère,  la  location  de  sou  mur  à  une 
entreprise  de  publicité?  Fort  de  l'article  544  du 
Code  civil,  il  dira  que  le  droit  de  propriété  est 
un  droit  absolu. 

Il  est  vrai  que  l'article  S44  ajoute  :  «  ...  pourvu 
qu'on  n'en  fasse  pas  un  usage  prohibé  par  les 
lois  et  règlements  ».  Et  rien  n'empêche  d'ajouter 
aux  règlements  déjà  en  vigueur  sur  la  hauteur 
des  immeubles,  leurs  saillies,  leurs  ravalements, 
etc.,  un  règlement  fixant  les  conditions  dans 
lesquelles  les  affiches-réclames  seront  apposées  : 
c'est  précisément  ce  règlement-là  qu'on  demande. 

Et  si  l'on  ne  l'obtient  pas  ? 

Si  l'on  ne  l'obtient  pas,  il  ne  restera  guère  qu'une 
ressource  au  bon  public  écœuré  par  la  publicité  : 
l'action  directe,  préconisée  par  M.  Albert  Bon- 
nard,  dans  son  rapport  au  Grand  Conseil  du  can- 
ton deVaud,  qui  eut  tant  de  retentissement  voilà 
quelques  années  :  de  grâce,  écrivait-il,  «  qu'on 
ne  nous  gâte  pas  ce  qui  reste  d'un  peu  consolant 
dans  le  spectacle  du  monde  :  les  vieux  monu- 
ments et  les  jolies  scènes  champêtres.  Le  public, 
pour  être  obéi,  n'a  qu'à  boycotter  les  produits 
qui,  pour  s'imposer  à  son  attention,  détruisent 

le  pittoresque  de  la  contrée  ». 

E.  D. 


ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
(séance  du  7  mars).  —  M.  Gaston  Boissier  commu- 
nique un  rapport  de  M.  Merlin,  directeur  des  anti- 
quités   à  Tuais,  sur  une   inscription  trouvée    dans 


82 


LE   BULLETIN   DE    L'ART 


les  ruines  de  Korbous,  en  face  de  Carthage,   et  qui 
doit  dater  du  règne  d'Auguste. 

—  M.  lal)bé  de  Gcnouillac  communique  le  texte 
d'une  tablette  sumérienne  inédite  du  musée  de 
liruxelles  dans  laquelle  apparaissent,  à  côté  du  nom 
d'Urukagina,  roi  de  Lagos,  celui  de  Barnamtarra, 
femme  de  son  prédécesseur  (3;i00  avant  J.-C). 

—  M.  H.  Omont  dépose  sur  le  bureau  la  reproduc- 
tion, en  phototypie,de  nombreux  dessins  d'opérations 
cliirnrgicales,  qui  accompagnent  la  traduction  latine, 
faite  au  xvi«  siècle,  d'une  collection  de  traités  de 
chirurgiens  grecs,  recueillie  sans  doute  au  x'  siècle, 
par  les  soins  de  l'empereur  Constantin  Porpliyrogé- 
nète.  Cette  traduction  est  l'œuvre  du  Florentin  Guido 
Guidi,  le  premier  professeur  de  médecine  au  Col- 
lège de  France,  et  les  dessins  qui  ornent  l'exemplaire 
de  dédicace  au  roi  François  1",  conservé  aujourd'hui 
à  la  Bibliothèque  nationale  (nis.  latin  6866),  son: 
attribués  en  partie,  par  M.  Omont,  au  Primatice. 

Musée  du  Louvre.  —  Par  suite  de  travaux  entre- 
pris par  le  service  d'architecture  pour  la  réfection  du 
dallage  des  paliers  Henri  II  et  Henri  IV  au  musée  du 
Louvre,  la  circulation  se  trouvera  interrompue  pen- 
dant quelques  semaines  entre  la  salle  La  Gaze  et  les 
salles  du  Mobilier  et  dans  l'escalier  du  musée  de 
Marine.  On  accédera  momentanément  aux  salles  du 
Mobilier  par  l'escalier  assyrien  et  au  musée  de  Marine 
par  l'escalier  Thomy-Thiéry. 

Les  travaux  de  réfection  du  plafond  des  salles  Dieu- 
lafoy  et  du  plancher  de  la  salle  Thomy-Thiéry  tou- 
chant à  leur  terme,  la  circulation  est  dès  à  présent 
rétablie  dans  les  collections  de  Suze,  et  la  collection 
Thomy-Thiéry  sera  sous  peu  réinstallée  dans  la  salle 
qui  lui  est  alTectée.  Les  salles  attenantes,  consacrées 
k  la  peinture  contemporaine,  seront  réouvertes. 

—  M.  le  comte  Potocki,  en  reprenant  le  l'ortrail 
du  frère  de  Rembrandt  qu'il  avait  généreusement 
prêté  au  musée  du  Louvre,  a  eu  la  délicate  pensée 
de  remplacer  ce  chef-d'œuvre  par  une  autre  pièce 
de  sa  collection  :  un  portrait  d'homme  de  l'école  vé- 
nitienne, qu'il  est  permis  d'attribuer  à  Titien. 

A  la  Bibliothèque  nationale.  —  M.  Henry  Mar- 
cel, administrateur  de  la  Bibliothèque  nationale,  vient 
d'adresser  an  ministre  de  l'Instruction  publique  son 
rapport  annuel  sur  le  fonctionnement  de  la  Biblio- 
thèque nationale. 

Après  avoir  publié  la  statistique  des  lecteurs  et  celle 
des  volumes  communiqués,  M.  H.  Marcel  énumèrc 
les  dons  reçus  et  les  acquisitions  faites  par  la  Biblio- 
thèque. Au  legs  Audéoud,  dont  nous  avons  déjà  parlé 
en  détail  (voir  le  Bulletin  du  18  janvier,  n"  361),  il 
faut  ajouter  un  don  de  reliures  artistiques  modernes, 
fait  par  M.  IL  Beraldi,  et  celui,  par  M.  Delamarre. 
d'un  l'iulnrque  d'Amyot  (1574),  en  dix  volumes,  dont 
six  reliés  aux  armes  de  Charles  IX.  Parmi  les  acqui- 
sitions du  département  des  Imprimés,  on  retiendra  les 


Heures  de  Rome  de  Simon  de  Collines  (1343.,  dont  on 
ne  connaît  qu'un  seul  autre  exemplaire  en  France, 
encore  est-il  incomplet. 

Aux  Manuscrits  est  entré,  entre  autres  raretés,  un 
mandement  original  de  paiement  à  Jean  Bourdichon 
des  Heures  d'Anne  de  Rrela;/ne  (publié  dans  le  Bulle- 
lin  de  la  Société  de  l'histoire  de  l'art  f'rani-ais,  190", 
fasc.  IV).  Aux  Médailles,  le  legs  de  M""  'Valton,  que 
M.  E.  Babclon  étudiera  prochainement  dans  la  Revue, 
vient  de  faire  entrer  1.463  monnaies  grecques  et 
romaines  et  3.391  médailles  de  la  Renaissance,  toutes 
en  exemplaires  d'un  admirable  état  de  conservation. 
Aux  Estampes,  outre  de  nombreuses  acquisitions 
énumérées  par  M.  H.  Marcel,  nous  avons  déjà  eu  à 
signaler  l'entrée  de  1.047  portraits,  gravés  au  physio- 
notrace  par  Quenedey. 

—  Le  Cabinet  des  Estampes  vienf  d'acquérir  environ 
400  silhouettes  caricaturales  de  Nadar,  pour  le  Pan- 
théon comitjiie,  curieux  documents  qui  représentent 
les  portraits-charges  de  presque  tous  ceux  qui  jouè- 
rent un  rôle  sous  le  second  Empire. 

Société  de  l'histoire  de  l'art  français  (séance 
du  6  mars).  —  M.  Courboin,  conservateur  au  Cabinet 
des  estampes,  présente  un  dessin  figurant  un  physio- 
notrace  :  on  discutait  jusqu'à  présent  sur  la  forme  de 
cet  appareil,  inventé  par  Quenedey  à  la  fin  du  xviir 
siècle,  et  ce  document  —  le  seul  qui  nous  soit  par- 
venu sur  l'appareil  à  portraits  —  permet  d'établir  à 
coup  sur  sa  description  et  son  fonctionnement.  Ce. 
dessin  est  entré  récemment  au  Cabinet  des  estampes, 
accompagnant  un  lot  de  1.047  portraits  au  physiono- 
traco  acquis  à  la  petite-fille  de  Quedeney. 

—  M.  IL  Clouzot  parle  d'un  portrait  de  Rabelais  en 
docteur,  conservé  au  musée  de  Chàtcauroux,  et  le 
rapproche  d'un  portrait  analogue  du  musée  de  Ver- 
sailles. Il  y  voit  des  copies  anciennes  d'un  original 
aujourd'hui  perdu,  qui  fut  le  premier  portrait  de  lia 
bêlais  ;  il  termine  sa  communication  par  un  résumé 
de  l'iconographie  rabelaisienne. 

—  M.  F'urcy-Uaynaud  identifie,  d'après  des  pièces 
d'archives,  une  statue  de  l'église  des  Invalides  repré- 
sentant la  Religion  et  duc  à  J.  Bousseau. 

—  M.  G.  Brière  présente  la  photographie  d'une 
statue  de  cardinal  à  genoux,  dont  le  moulage  est  au 
musée  de  Versailles  ;  à  en  croire  l'inscription  accom- 
pagnant ce  moulage,  on  serait  en  présence  d'un  im- 
portant fragment  du  tombeau  du  cardinal  de  Fleury, 
autrefois  conservé  dans  l'église  Saint-Louis  du  Louvre 
et  disparu  pendant  la  Révolution.  M.  Brière  dé- 
montre la  fausseté  de  cette  attribution  :  une  des 
raisons  qu'il  invoquo,  c'est  que  le  tombeau  du  car- 
dinal de  Fleury  portait  un  pisant,  et  non  un  priant 
(les  gravures  en  font  foi),  il  croit  que  le  moulage  de 
Versailles  a  été  exécuté  d'après  la  statue  qui  orne  le 
tombeau  du  cardinal  Dubois,  à  Saint-Iloch,  mais 
pour  des  raisons  qu'il  n'a  pu  encore  découvrir,  si  le 
nioul.age  reproduit  le  corps  de  la  statue,  la  tête  par 
contre  est  tout  à  fait  différente. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


83 


Société  nationale  des  beaux-arts.  —  La  date 
de  la  remise  des  maquettes  du  décor  de  Sanison  et 
Dalila  (acte  iV,  scène  du  Temple),  pour  le  concours 
de  maquettes  de  la  Société  nationale  des  beaux-arts, 
se  fera,  non  le  27  mars,  mais  le  1"  mai  au  Grand 
Palais,  porte  B. 

Les  vols  dans  les  églises  et  les  musées.  — 
Là  cour  d'assises  de  Limoges  a  rendu  son  jugement 
sur  l'allaire  des  vols  d'objets  d'art  religieux,  commis 
par  la  bande  Thomas  au  détriment  des  églises  de  la 
région  (châsse  d'Ambazac,  colombe  de  Laguenne,  etc.) 
jet  du  musée  de  Guéret. 

.\ntoine  Thomas  a  été  condamné  à  six  ans  de  tra- 
vaux forcés  et  à  la  restitution  de  22.000  francs  à  l'an- 
tiquaire qui  avait  acquis  les  objets  volés  au  musée 
de  Guéret,  et  les  a  restitués  ;  François  Thomas,  Anto- 
nin  Faure  et  l'antiquaire  Michel  Dufriy,  à  deux  ans 
de  prison.  La  Cour  a  ordonné  la  restitution  des  objets 
volés. 

A  Strasbourg.  —  Samedi  dernier  s'est  ouverte  à 
Strasbourg,  dans  les  salles  d'apparat  du  palais  de 
Rohan,  une  exposition  d'art  décoratif  de  l'école  de 
Nancy,  organisée  par  la  Société  des  Amis  des  Arts  de 
cette  ville. 

A  la  place  d'honneur  figurent  naturellement  les  ver- 
reries et  les  meubles  d'Emile  Galle,  dont  quelques 
pièces  rares  ont  été  empruntées  à  des  collections  par- 
ticulières, ainsi  que  les  œuvres  de  ses  élèves  et  colla- 
borateurs Louis  llestaux,  Auguste  Herbst,  Paul  Hol- 
derbach  et  Paul  Nicolas.  Puis  viennent  les  verreries 
d'art  de  Daum,  les  meubles  de  Majorelle  et  de  Vallin, 
les  vitraux  de  Jacques  Gruber,  les  gravures  sur  bois 
de  Coliu,  les  tissus  décorés  de  Fridrich.  La  peinture 
est  représentée  par-  Victor  Prouvé,  de  Meixmoron, 
Louis  llestaux,  etc. 

L'ensemble  est  tout  à  fait  caractéristique  et  de  la 
meilleure  tenue;  il  fait  grand  honneur  aux  artistes 
nancéens  et  au  comité  d'organisation,  qui  a  terminé 
tùnsi  la  préface  du  catalogue  :  «  En  venant  à  Stras- 
bourg et  dans  cette  Alsace  si  riche,  elle  aussi,  en 
artistes  originaux,  présenter  les  recherches  persévé- 
rantes de  ses  adeptes,  l'École  de  Nancy  soumet  avec 
confiance,  à  l'appréciation  du  public,  une  doctrine 
appuyée   par  des  exemples.    Ce  que  nous  pouvons 


allirmer,  c'est  que  nous  travaillons  avec  la  conviction 
que  nous  nous  maintenons  dans  la  juste  voie,  que  nous 
continuons  avec  respect  la  tradition  de  nos  ancêtres  ; 
que,  tout  en  nous  inspirant  des  grands  exemples  du 
passé,  nous  œuvrons  selon  les  tendances  de  la 
culture  intellectuelle  moderne.  » 

A  Gand.  —  Le  dernier  article  de  M.  L.  Maeterlinck 
sur  le  musée  d'art  ancien  de  Gand  et  sa  réorganisation 
(voir  le  n°  371  du  liullelin)  a  valu  à  notre  collabora- 
teur les  lettres  les  plus  flatteuses  et  les  plus  précieux 
encouragements  :  MM.  Ch.  Huis,  ancien  bourgmestre 
de  Bruxelles  ;  Ch.-L.  Cardon,  membre  de  la  commis- 
sion des  musées  royaux  de  Belgique  ;  Pol  de  Mont, 
conservateur  du  musée  d'Anvers  ;  E.  van  Overloop, 
conservateur  des  musées  d'art  décoratif  de  Bruxelles  ; 
W.  Hode,  directeur  général  des  umsées  royaux  et 
impériaux  de  Berlin;  Max  Friedlimder,  conservateur 
du  Kaiser  Friedrich  Muséum  de  Berlin  ;  le  comte  Paul 
Durrieu,  conservateur  honoraire  du  musée  du  Louvre, 
etc.,  ont  écrit  à  M.  Maeterlinck  pour  le  féliciter  de  son 
initiative  et  faire  des  vœux  pour  la  réalisation  du 
futur  «  musée  modèle  »  d'art  ancien  de  Gand. 

Nécrologie.  —  Le  paysagiste  Paul  Sain  vient  de 
mourir  à  Avignon,  sa  ville  natale,  à  l'âge  de  54  ans  ; 
il  exp<jsait  régulièrement,  depuis  nombre  d'années,  à 
la  Société  des  artistes  français,  dos  peintures  souvent 
remarquées  et,  pour  la  plupart,  inspirées  par  les 
beautés  de  la  ville  des  papes  et  des  paysages  pro- 
vençaux :  Les  Baux,  Chàteauneuf-des-Papes,  Ville- 
ueuve-les-Avignon,  les  bords  du  llhùne,  etc.;  il  a  aussi 
trouvé  dans  l'Ilc-de-France  de  nouibreux  motifs  pit- 
toresques. 

—  Le  28  février  est  mort,  à  Dresde,  le  peintre- 
portraitiste  Léon  l'ohle,  âgé  de  59  ans  ;  originaire  de 
Leipzig,  élève  des  Académies  de  Dresde,  d'Anvers  et 
de  Weimar,  il  était  devenu  à  son  tour  professeur  à 
Dresde  en  1877  ;  on  trouve  de  ses  œuvres  dans  les 
galeries  de  Dresde,  de  Berlin,  aux  Muséums  de  Wei- 
mar, de  Leipzig,  etc. 

—  Le  peintre-verrier  Isidore  OU,  né  en  1834  à  Stras- 
bourg, vient  de  mourir  en  cette  ville  ;  on  lui  doit, 
outre  de  nombreux  vitraux  pour  des  hôtels,  palais  et 
églises  de  Strasbourg,  la  restauration  des  verrières 
anciennes  des  églises  d'Alsace,  notamment  de  celles 
de  Strasbourg,  Wissembourg,  Thann,  Settingen,  etc. 


CHRONIQUE    DES  VENTES 


■ 


TABLEAUX   —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

'Vpntes  à  Paris.  —  Tableaux  modernes.  — 

Une  vacation  anonyme,  dirigée,  salle  1,  le  29  fé- 


vrier, par  M«  Lair-Dubreuil  et  M.  Georges  Petit,  a 
donné  lieu  à  une  série  d'enchères  qui  méritent 
d'être  notées.  Le  produit  s'est  élevéà74.H5francs. 
Sur  la  demande  de  lo.OOO  francs,  une  grande 
toile  par  Bouguereau,  la  Toilette  de  Vénus,  a  été 


84 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


adjugée  13.000  fr.  ;  le  Soir,  par  Corot,  a  été  payé 
10.100  fr.  (demande,  12.000)  ;  un  Paysage  de  la 
Côte-d'Or,  du  même  maître,  a  obtenu  8.800  fr. 
(demande,  8.000),  et  toujours  par  Corot,  un 
Paysage  de  la  Ferté-sous-Jouarre  a  été  adjugé 
B.OOOfr.  (demande,  8.000).  Notons  encore  :  De- 
taille.  Le  Drapeaupris,  7.200  fr.  (demande,  6.000). 

—  Cazin.  Soir  d'été,  4.6S0  fr.  —  Lhermitte.  La 
Grand'mère,  fusain,  2.900  fr. 

Vente  Jules  Cronier  (tableaux  modernes). 

—  La  première  vacation  do  cette  vente  impor- 
tante, dont  nous  donnerons  la  semaine  prochaine 
le  compte  rendu  détaillé  et  la  liste  des  prix,  a 
produit  307.590  francs,  pour  Sb  tableaux  et  des- 
sins". Citons  :  le  Pêcheur  amarré  de  Corot,  adjugé 
39.100  fr.  (le  plus  haut  prix  de  la  journée)  ;  — 
deux  autres  peintures  du  même  maître,  Pré  au 
bord  d'un  étang  et  le  Pont  de  Mantes  vendues 
17.900  et  13.600  fr.;  un  Jules  Dupré,  le  VieuxPont, 
poussé  jusqu'à  34.000  fr.;  —  parmi  les  Harpignies, 
un  Aulne,  environs  d'Hérisson,  a  atteint  20.000  fr.; 
et  parmi  les  Ziem,  le  Port  de  Marseille,  16.800  fr.; 

—  un  Lhermitte,  la  Jeune  mère,  a  été  vendu 
IS.OOO  fr.;  —  deux  Isabey,  l'Arrivée  des  invités 
et  la  Prière  à  la  Madone  ont  fait  11.100  et 
10.200  francs. 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Atelier 
Louis  Watelin.  —  Le  peintre  paysagiste  et 
animalier  Louis  Watelin,  qui  naquit  à  Paris  en 
1838  et  mourut  il  y  a  peu  de  mois,  se  rattache 
à  l'école  de  1830,  plus  particulièrement  à  Diaz, 
avec  qui  il  travailla  à  liarbizon,  et  à  Troyon, 
par  Van  Marcke,  dont  il  fut  l'élève  et  le  gendre. 

La  vente  des  tableaux  et  études  provenant  de 
son  atelier,  que  feront,  salle  7  et  8,  à  l'Hôtel, 
M"  Lair-Dubreuil  et  MM.  Chaîne  et  Simonson,  les 
16  et  17  mars,  permettra  déjuger  des  qualités  de 
cet  artiste  qui,  s'il  participa  régulièrement  aux 
Salons,  fut  peu  avide  de  réclame  et,  partant, 
n'est  pas  connu  comme  il  convient. 

Un  catalogue  illustré  de  quelques  planches 
a  été  dressé  à  roccasion  de  cette  vente.  Nous 
y  relevons  les  pages  suivantes  :  Une  mare  en 
foriH,  Fontainebleau  ;  Vache  blanche  et  vache  brune 
à  l'abreuvoir  ;  Vache  blanche  dans  l'eau,  plein 
soleil  ;  Vache  blanche  tachée  de  brun  ;  Lisière  de 
forêt  à  Marlotte,  parmi  nombre  de  toiles,  pay- 
sages et  paysages  animés,  études  d'animaux  et 
autres  sujets  du  même  genre. 

Collection  de  M"'»  de  P...  tableaux  an- 
ciens). —  Cette  vente  aura  lieu  salle  6,1e  18  mars, 


par  le  ministère  de  M=  Lair-Dubreuil  et  de  M.  Haro. 
Nous  y  relevons,  à  défaut  d'oeuvres  capitales, 
un  certain  nombre  de  pages  intéressantes  à 
divers  titres,  notamment  :  Portrait  de  femme,  par 
Allais  ;  le  Portrait  de  la  duchesse  de  Longueville, 
par  Beaubrun  ;  Ariane  et  hacchus,  panneau  attri- 
bué à  Boucher  ;  des  Bacchantes  endormies,  de 
l'école  du  même  maître  ;  la  Femme  à  l'éventail, 
peinture  présumée  de  Chardin  ;  l'Apparition  de 
l'ange  à  Zacharie,  par  Benjamin  Cuyp  ;  le  Por- 
trait de  deux  fillettes  du  duc  de  Nassau,  enfants 
d'Orange,  autre  ouvrage  anonyme  hollandais  ; 
le  Portrait  d'une  princesse  anglaise,  par  Lely  ; 
la  Musicietine,  par  Grimou  ;  le  Joyeux  buveur, 
attribué  à  Hais  ;  le  Galant  berger  et  Berger  et 
Bergère,  peintures  attribuées  à  Huet  ;  un  Portrait 
d'homme,  de  l'école  de  Largillière  ;  la  Femme  à  la 
rose,  école  de  Van  Loo  ;  le  Portrait  d'un  maréchal, 
par  Van  Loo  ;  la  Toilette  de  Diane,  attribuée  à 
Mignard;  un  Portrait  d'homme,  par  Oudry;  le 
.Portrait  de  .W"''  Berthclet,  de  la  Comédie-Française, 
école  de  Raoux  ;  Cérès  et  Pomone,  ouvrage  de 
l'atelier  de  Rubens;  le  Portrait  du  fils  de  Jean 
Duc,  par  Tournières  ;  la  Jeune  fille  au  mouton, 
attribuée  au  même  maître  ;  enfin,  un  groupe  de 
personnages,  attribué  à  Vestier,  le  Portrait  d'un 
navigateur,  probablement  Jean-François  de  La 
Pérouse,  et  de  sa  famille. 

Ventes  diverses.  —  M"  Lair-Dubreuil  prend 
date  pour  les  ventes  suivantes  : 

—  Les  19  et  20,  Collection  Maury,  jouets 
anciens  et  objets  sur  le  théâtre  ;  —  le  20,  salle  6, 
Atelier  du  peintre  Girardet  ;  —  le  30,  Collection 
de  M.  Th...,  tableaux  anciens,  dessins,  objets 
d'art,  tapisseries. 

Ventes  annoncées.  —  A  l'étranger.  —  En 
Hollande.  —  MM.  F.  Muller  et  C'%  d'Amsterdam, 
prennent  date  dès  à  présent  pour  une  suite 
importante  de  ventes  d'art  : 

—  Du  6  au  10  avril,  vente  de  dessins  anciens, 
estampes  historiques,  livres  et  documents  concer- 
nant les  Pays-Bas  et  la  Belgique  et  provenant  de 
diverses  collections  privées  de  ces  deux  pays. 

—  Le  28  avril,  vente  de  tableaux  anciens  où 
dominent,  comme  de  juste,  les  maîtres  des  écoles 
du  Nord. 

—  Du  28  avril  au  l"  mai,  vente  d'antiquités 
et  d'objets  d'art,  comprenant  en  particulier  une 
réunion  notable  de  faïences  de  Delft. 

—  Le  12  mai,  vente  île  tableaux  modernes  de 
l'école  hollandaise  contemporaine,  et  d'aqua- 
relles modernes. 


ANCIEN    ET   MODERNE 


8b 


—  Du  {"  au  :î  juin,  vente  de  dessins  anciens, 
surtout  des  vieux  maîtres  hollandais,  notamment 
de  Rembrandt. 

—  Du  2  au  y  juin,  vente  d'estampes  françaises 
et  anglaises,  provenant  en  majeure  partie  de  la 
collection  Alfred  Boreel,  et  d'estampes  des 
écoles  flamande  et  hollandaise. 

—  Enfin  les  16  et  17  juin,  vente  de  la  collec- 
tion Alfred  Boreel,  réunion  précieuse  de  porce- 
laines de  Saxe. 

Ces  diverses  ventes  formeront  l'objet  d'autant 
de  catalogues  illustrés. 

M.  N. 


EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Charles-Louis  Geoffroy  (galeries  Shirleys). 
—  Un  nouveau  venu  dans  l'art,  un  néo-classique, 
de  la  romantique  famille  du  sculpteur  GeolTroy- 
Dechaume,  qui  fréquenta  Meissonier,  Daubi- 
gny,  Steinheil,  dans  la  thébaïde  de  l'île  Saint- 
Louis.  A  voir  ses  aquarelles  courageuses,  —  pers- 
pectives d'Auvergne,  fermes  normandes,  moulins 
bretons,  vertes  architectures,  tuiles  d'un  vieux 
manoir,  premiers  plans  formulés,  dessins  re- 
haussés d'insectes  et  d'oiseaux,  —  on  dirait  que 
l'impressionnisme  ne  fut  qu'un  mauvais  rêve  :  à 
cent  ans  d'intervalle,  on  songe  aux  gouaches  de 
Bruandet...  La  forme  limpide  :  n'est-ce  pas  un 
des  meilleurs  aspects  de  la  tradition  française  et 
du  sol  français  dans  un  parfum  d'autrefois  ? 

Vieille  France  et  vieux  Paris  (expositions 
diverses).  —  Est-ce  un  pressentiment,  déjà,  de 
l'avenir  de  l'art,  menacé  par  la  science  ?  Aussi 
bien  la  virtuosité  présente  a  la  nostalgie  du  passé  ; 
sa  préoccupation  la  plus  vive  est  d'en  évoquer 
les  vestiges,  d'en  retenir  les  contours.  Et  même 
dans  la  note  pittoresque  apparaît  notre  goût  pour 
l'érudition.  MM.  Lobre  et  Walter  Gay  n'ont-ils 
pas  fait  école  en  décrivant  les  musées  particuliers 
de  nos  collectionneurs  et  nos  vieux  châteaux, 
les  salons  dorés  de  Versailles  ou  la  gloriette  de 
Trianon?  Plus  froidement,  à  leur  suite,  M.  Henry 
Tenré,  chez  Georges  Petit,  traverse  Chantilly, 
Versailles,  Bagatelle  ou  Fontainebleau,  son  style 
Empire  au  boudoir  vert  de  Joséphine  ;  il  aime  à 
profiler  sur  l'incarnat  changeant  du  reps  ou  de 
la  moire  les  cadres  anciens  d'une  riche  collec- 
tion. Avec  une  douceur  poétique  et  mélancolique, 


à  la  galerie  Graves,  M.  Victor  Brugairolles,  dont 
nous  estimions  déjà  la  Cathédrale  d'Abbeville, 
hante  au  crépuscule  les  vieilles  rues  de  nos 
vieilles  cités,  les  feuilles  mortes  des  vieux  parcs 
ou  la  Seine  mauve  au  lever  de  lune  près  du  pont 
de  Puteaux.  C'est  également  rue  Caumartin,  à  la 
galerie  des  Artistes  modernes,  en  regard  du 
peintre  de  la  Mer  noire,  M.  Alexis  de  Hanzen, 
qu'un  jeune  aquafortiste  original,  M.  Maurice 
Hillecamp,  nous  exprime  sa  ferveur  pour  les 
débris  qui  nous  parlent  silencieusement  d'autre- 
fois :  entrevues  au  Salon  des  Artistes  français, 
ses  planches  lumineuses  ou  ses  dessins  aqua- 
relles animent  le  vieux  Havre  de  Grâce,  les 
ruelles  de  Pontoise  ou  de  Rouen,  le  château  de 
Liancourt,  les  maisons  à  tourelles  de  Vire,  et 
Versailles  encore,  et  Paris  toujours,  cet  inépui- 
sable Paris  rajeuni  par  une  légion  d'artistes, 
abords  moyenâgeux  de  Saint-Gervais  eldeSaint- 
Merri,  coupole  lézardée  de  l'Hôtel  Colbert,  ma- 
sures dernières  de  nos  quais,  Notre-Dame  et 
l'hôtel  des  Deux-Lions  et  ce  palais  de  la  Légion 
d'honneur  que  voyait  autrement  le  Parisien 
Hubert  Robert  qui  mourut  en  1808,  ou  cette 
place  Dauphine  qui,  bientôt  peut-être,  ne  sera 
plus  qu'un  souvenir... 

Raymond  Bouyer. 

CORRESPONDANCE  DE   BERLIN 


Exposition  de  peintres  anglais. 

Depuis  longtemps,  aucune  exposition  n'avait 
à  ce  point  excité  l'intérêtet  l'admiration  du  public 
berlinois.  Et  il  ne  s'agit  pas  là  que  de  snobisme. 
Il  est  positivement  merveilleux,  extraordinaire, 
d'avoir  obtenu  le  transfert  en-deça  de  la  Manche 
d'une  telle  collection  d'œuvres  précieuses,  leur 
prix  fût-il  momentanément  surfait. 

L'Académie  faillit  devoir  y  renoncer,  faute 
de  pouvoir  parer  aux  frais  d'assurances,  mais 
la  libéralité  de  quelques  amis  des  arts  sut  y 
pourvoir.  On  leur  doit  donc,  après  le  comte 
Seckendorfl',  à  qui  revient  l'honneur  de  l'ini- 
tiative, l'agrément  de  contempler  à  Berlin  même 
la  fleur  de  plusieurs  collections  anglaises  par- 
ticulières et  peu  accessibles.  Cette  magnifique 
série  de  portraits,  que  l'on  n'est  pas  près  de  revoir 
rassemblés,  ne  fut  d'ailleurs  peut-être  jamais 
aussi  bien  mise  en  valeur  que  dans  ces  salles, 


86 


LE    BULLETIN    DE   L'ART 


aménagées  par  l'architecte  Ihne  avec  une  entente 
toute  moderne  de  l'art  de  présenter  la  peinture. 
Elle  occupe  trois  pièces  principales  et  plusieurs 
cabinets  dont  un  d'œuvres  graphiques,  d'un  choix 
exquis  et  d'une  valeur  à  faire  blêmir  d'envie  les 
amateurs. 

Tout  le  succès,  ce  succès  inaccoutumé,  ne  va 
pas,  bien  entendu,  aux  seules  qualités  techniques 
de  ces  toiles.  Il  est  diflicile,  sinon  impossible,  de 
faire  abstraction  de  la  heauté  des  modèles  et  de  ne 
pas  se  complaire  à  tant  de  grâce.  Au  xvni"  siècle, 
du  reste  on  ne  professait  pas,  par  bonheur,  l'opi- 
nion absolument,  détestable,  proprement  héré- 
tique, mais  de  plus  en  plus  admise  aujourd'hui, 
de  l'œuvre  picturale  (et  bientôt  sculpturale  aussi 
sans  doute)  qui  vaut  avant  tout  par  sa  facture. 

L'excellence  de  la  facture,  certes,  n'y  manque 
pas  non  plus,  et  brille  même  par  une  parfaite 
appropriation  du  procédé  à  son  objet. 

Voici  Gainsborough,  (jui  est  représenté  par  le 
plus  grand  nombre  d'œuvres.  Son  Blue  boy  — ,  le 
duc  de  Westminster  a  le  bon  esprit  de  ne  le  laisser 
ni  décrasser,  ni  débarrasser  de  son  épaig  verni  très 
rance,  par  aucun  restaurateur  —,  s'impose  à  la 
l'ois  par  le  chatoiement  des  multiples  nuances  du 
bleu  dans  le  costume  et  par  l'heureux  rendu  de 
la  spéciale  beauté  d'éphèbe  que  détint  en  son 
adolescence  le  fils  du  riche  Master  Butall.  Les 
portraits  du  vicomte  et  de  la  vicomtesne  Ligonier, 
de  la  belle  cantatrice  Elisabeth  Linley,  devenue 
Mrs.  Sheridan,de  lady  Anne  Dwncornte,  montrent 
Gainsborough  sous  son  véritable  aspect  de  peintre 
de  la  femme,  élégant,  vaporeux,  complété  par 
le  portrait  du  général  Honywood  à  cheval,  —  qu'il 
peignitàBath  en  ITOoetqui  fi  tune  telle  sensation  à 
Londres  que  le  roi  voulut  l'acheter,  —  par  son  a«<o- 
portrait  qui  appartient  à  la  Royal  Academy,  par  le 
groupe  de  ses  deux  filles  à  la  mine  si  gentiment 
ébaudie,  et  par  le  portrait  en  pied,  tout  blanc  et 
bleu  clair,  de  M""'  Bacelli,  esquissant  un  pas,  un 
voile  léger  à  la  main.  Deux  petits  paysages,  pleins 
de  chaude  lumière,  rappellent  que,  portraitiste 
fêté,  Gainsborough  conservait  l'amour  de  la  na- 
ture tel  qu'il  l'avait  sentie  et  rendue  durant 
les  longues  années  d'une  carrière  provinciale, 
jusqu'au  jour  où  Mr.  Thicknesse  le  découvrit. 

A  la  place  d'honneur  trône  Sir  Joshua  Reynolds, 
avec  telles  de  ses  œuvres  les  plus  savamment 
ordonnancées  :  Ladi/  Betty  Deltné  et  ses  enfants; 
Lady  Stanhope  dans  un  assortiment  de  tons  si 
recherchés  ;  le  marquis  de  Cranby  dressé,  cuirassé, 
tête  en  pleine  lumière  contre  la  crinière  de  son 
fougueux  destrier;   la  délicieuse   ffelly  O'Brien 


dans  les  pénombres  douces  rabattues  par  son 
chapeau  et  parmi  les  blancheurs  à  peine  rosées 
de  son  vêtement;  Lady  Caroline  Priée  au  fin 
visage  spirituel,  ouvert  sous  la  perruque  soyeuse, 
si  délicat  entre  le  rouge  et  le  noir  qui  le  re- 
poussent; et  enfin  Gcorgiana,  duchesse  de  Devon- 
shire,  avec  son  enfant,  la  plus  célèbre  de  toutes 
et  bien  dûment  admirée  pour  la  finesse  du  coloris 
dans  les  cheveux  et  les  étofles,  comme  pour  les 
délicatesses  du  modelé  dans  les  chairs  de  la  mère 
et  du  baby. 

Les  quelques  Raeburn  choisis  peuvent  compter 
parmi  le  meilleur  de  sa  production  :  c'est  le 
rouge  écarlate,  surprenant  de  conservation,  d'un 
uniforme  d'officier,  les  carnations  saines  des 
trois  enfants  Elphinstonc,  la  robe  d'un  blanc 
neigeux  de  la  jeune  Lady  Maitland.  Rien  de  plus 
séduisant  que  la  Mrs.  Johnson,  aux  yeux  veloutés 
sous  le  bleu  de  ciel  de  son  immense  chapeau  et 
dans  le  blanc  flou  de  ses  dentelles,  par  Romney, 
représenté  aussi  par  Mrs.  Long  et  par  le  jeune 
,Iohn  Walter  Tempest,  debout,  à  côté  de  son 
cheval  qui  boit. 

Citons  encore,  de  Hoppner,  le  portrait  du  Duc 
d'York  et  le  groupe  aimable  de  trois  sœurs,  inté- 
ressant par  une  heureuse  distribution  de  la 
lumière  ;  de  Sir  Thomas  Lawrence,  le  portrait, 
d'une  vivacité  d'exécution  et  d'une  coquetterie 
inattendues,  de  cette  ravissante  Mtss  Elisabeth 
Farren,  qui  devint  comtesse  de  Derby,  —  pour 
lequel  M.  Pierpont  Morgan  a  donné  la  bagatelle 
de  presque  un  million,  —  tandis  que  le  tableau 
postérieur,  Childhoods  innocence,  témoigne  de  la 
manière  lisse  et  doucereuse  du  même  artiste. 

Trois  paysages  de  Constable,  dont  the  Leaping 
horse  de  la  Royal  Academy,  et  un  petit  Turner  — 
une  baie  maritime  au  pied  d'une  ville  imaginaire 
en  plein  soleil  —  annoncent  que  l'on  a  franchi  le 
seuil  du  xix«  siècle  et  que  les  définitives  con- 
quêtes réalistes  de  la  lumière  et  du  plein  air  ne 
vont  plus  tarder.  Mais  avec  elles  le  charme 
incomparable  de  ces  grandes  dames,  qui  rappro- 
chait jusque-là  la  femme  anglaise  de  sa  contem- 
poraine française,  et  que  celle-ci  saura  encore 
conserver  bien  avant  dans  la  seconde  moitié  du 
siècle,  ira  se  perdant;  la  pratique  de  plus  en  plus 
généralisée  des  sporLs,  sur  laquelle  nous  avons 
toujours  été  de  cinquante  à  soixante-quinze  ans 
en  retard  —  en  1818  on  prenait  chez  nous  les 
premiers  bains  de  mer,  et  avec  quel  effroi  I  — 
offrira  au  peintre  anglais  moderne  un  type  de 
femme  de  plus  en  plus  robuste,  anguleux,  mas- 
culinisé, que  les  efforts  de  no»  féministes  du 


ANCIEN   ET    MODERNE 


87 


XX"  siècle  ne  manqueront  pas  de  rendre  bientôt 

aussi   international  que  la  grâce  était  autrefois 

répandue. 

Marcel  Montandon. 


CORRESPONDANCE  DE  LONDRES 


Exposition 
des  portraits  de  «  Fair  Wornen  » . 

L'exposition  des  portraits  de  «  Pair  Women  », 
récemment  ouverte  à  la  New  Gallery,  promet 
d'être  l'exposition  la  plus  à  la  mode,  à  Londres, 
cet  hiver  :  à  coup  sûr,  elle  est  la  plus  intéres- 
sante que  nous  ayons  eue  depuis  longtemps. 

A  l'exception  d'Herkomer,  tous  les  grands  por- 
traitistes anglais  (et  quelques  Français)  sont  repré- 
sentés par  quelques-unes  de  leurs  meilleures 
toiles.  II  est  ainsi  possible  d'étudier  l'art  anglais 
de  1860  jusqu'à  nos  jours,  puisqu'à  côté  des 
toiles  d'Orpen  et  de  Shannon,  nous  pouvons 
admirer  des  Millais,  des  Watts,  des  Burne-Joncs 
et  des  Rossetti. 

Chose  curieuse,  bien  que  Watts  ne  soit  pas  ]>• 
plus  grand  portraitiste  de  tous  ceux-ci,  ce  sont 
ses  tableaux  qui  ont  le  moins  vieilli  :  son  por- 
trait de  Mrs.  Wyndham  est  «  éternel  »,  sans  doulo 
parce  que  le  peintre  n'a  jamais  sacrifié  à  la  mode. 

Au  contraire,  la  Monna  Pomona  représente 
mal  Dante-Gabriel  Rossetti  ;  et  quant  aux  por- 
traits de  Millais  lui-même,  si  remarquables  pur 
la  précision,  ils  paraissent  ici  trop  bourgeois  et 
trop  puritains. 

L'école  anglaise  moderne  est  admirablement 
représentée  :  le  Portrait  de  femme  de  M.  Vf.  Orpen 
est  certainement  une  des  meilleures  œuvres  de 
cet  artiste.  Les  trois  toiles  de  M.  Charles  Shannon, 
—  bien  que  portraits  à  efîet,  —  sont  étonnants 
de  vie.  Ceux  de  son  homonyme,  J.  J.  Shannon, 
sont  également  très  remarquables,  notamment 
le  Portrait  de  la  duc/tes.se  de  Hutland  et  celui  de 
Lad;/  Marjorie  Mannen. 

M.  Sargent  a  envoyé  cinq  de  ses  meilleures 
œuvres,  qui  feraient  à  elles  seules  la  fortune  de 
n'importe  quelle  exposition  :  la  Duchesse  dn 
Portland  ;  l'admirable  Miss  Evans;  le  portrait 
d'une  Française,  que  le  peintre  a  un  peu  trop 
poussé  à  la  caricature  ;  celui  de  Ladij  Edcn  ;  et 
enfin  le  groupe  si  connu  de  Ladtj  Elcho,  Ladij 
Tennant  et  Mrs.  Adcane  (grandeur  nature). 

Quelque  puissant  que  soit  cet  art  anglais,  —  et 


nous  devrions  noter  ici  les  œuvres  du  regretté 
Furse,  des  Lavery,  Howard,  A.  E.  John,  William 
Nicholson  (sa  Dame  aie  voile  est  bien  curieuse), 
Frank  Potter,  Rothenstein,  Wilson  Steer  —,  l'art 
français,  représenté  seulement  par  quelques 
toiles,  semble  encore  plus  vivant  et  plus  magni- 
fique. 

Il  y  a  d'abord  un  admirable  Albert  Besnard  : 
le  Portrait  de  Af"»  Georges  Duruy.  La  peinture, 
malheureusement,  se  craquelé  ;  mais  quelle 
science  et  quelle  hardiesse  ;  quelle  couleur  line 
et  harmonieuse,  et  quelle  science  des  tons  !  De 
l'avis  des  Anglais,  c'est  une  des  plus  belles  toiles 
de  l'exposition. 

11  est  curieux  de  comparer  les  trois  Jacques 
Blanche  si  vivants  et  si  modernes,  notamment 
ses  Misses  Clark  dansant,  avec  un  Henri  Regnault: 
Portrait  de  la  vicomtesse  de  Dampierre,  et  surtout 
avec  deux  ou  trois  Chaplin.  Que  ces  derniers 
nous  semblent  superficiels  !  Il  faut  signaler 
encore  un  Donnât  solide  :  Portrait  de  M""  Edouard 
Kann  ;  un  excellent  Fantin-Latour,  Portrait  de 
Miss  Budgett;  un  F.  Flameng  très  réussi.  Por- 
trait de  Mi's.  H...;  un  Gustave  Courtois,  Portrait 
de  A/""  de  Montandrey  ;  un  Renoir,  Portrait  d'une 
jeune  fille  ;  un  La  Gandara,  Portrait  de  M""'  Sal- 
vator,  etc.  De  Carolus  Duran,  le  Portrait  de 
jf  me  Uenri  Fouquier,  est,  comme  celui  de  M™"  Er- 
7iest  Feydeau,  extraordinaire  de  vie  ;  enfin,  la 
Dame  au  piano  représente  de  très  belle  façon 
l'art  d'Alfred  Stevens. 

Disons,  enfin,  que  la  présence  de  quelques 
toiles  d'Alraa-Tadema  et  de  Sir.  E.  J.  Pointer, 
président  de  la  Royal  Academy,  est  ici  une  sur- 
prise agréable.  Serait-ce  le  commencement  d'une 
«  entente  cordiale  »  entre  la  vieille  Academy 
toujours  si...  académique,  et  l'International 
Society  of  Painters  ? 

A.  T. 


LES     REVUES 


France 

Revue  archéologique  (novembre-décembre  1907). 
M.  Jean  r.AP.Mir  reproduit  et  commente  une  figurine 
éyyplicnne  en  bois  du  musée  de  Liverpool,  représen- 
tant un  esclave  portant  un  vase  sur  le  dos. 

—  Sous  ce  titre  Orient  ou  ByzMice  '.'  M.  Louis 
Bréhieh  étudie  d'après  les  travaux  de  M.  Strzy- 
gowski  sur  le  psautier  serbe  de  Munich,  la  ques- 
tion des  influences  orientales  dans  l'art  byzantin 
et  de  là  dans  l'art  du  moyen  Ige,  Il  était  admis  jus- 


88 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


qu'ici  que  les  peuples  slaves,  tels  que  Russes,  Serbes, 
Bulgares,  devaient  à  Constantinople  les  principes  de 
leur  civilisation  et  de  leur  art;  l'étude  des  miniatures 
du  psautier  serbe  révèle  au  contraire,  sur  l'art  des 
peuples  slaves,  des  influences  entièrement  indépen- 
dantes de  Byzance  :  on  y  trouve  une  survivance  de 
l'art  hellénistique-oriental  conservé  dans  les  couvents 
de  Syrie,  de  Mésopotamie,  du  Sinaï,  et  dont  les  mo- 
nastères de  l'Athos  ont  recueilli  l'héritage.  L'auteur 
en  conclut  que  l'art  hétérogène  et  cosmopolite,  né 
du  mélange  des  formes  helléniques  et  du  décor  orien- 
tal, n'a  pas  disparu  avec  l'antiquité  ;  aujourd'hui 
encore,  les  peintres  d'icônes  de  l'Athos  et  des  monas- 
tères russes  continuent  à  reproduire  les  tj'pes  hellé- 
niques déformés.  L'art  byzantin  serait  donc  une 
prolongation  de  l'art  hellénistique  oriental,  au  con- 
traire de  l'art  arabe,  qui  représente  la  pure  tradition 
de  l'ancien  Orient  et  a  éliminé  tous  les  éléments  hel- 
lénistiques. 

Italie 

Bollettino  d'arte  delministero  dell'Istruzione 
Pubblica  (Ann.  1,  fasc.  10).  —  M.  M.  E.  Cannizzaho 
retrace  l'histoire  des  fouilles  successives  qui  ont 
permis  de  recueillir  des  renseignements  précis  sur 
l'Ara  pacis  Augustœ  et  des  restes  du  monument 
consacré  sur  le  Champ  de  Mars,  par  Auguste,  à  son 
retour  de  Gaule  et  d'Espagne.  Les  premiers  vestiges 
en  furent  retrouvés  en  lo30,  mais  ce  n'est  qu'en  1878 
que  K.  von  Duhn  identifia  et  réunit  un  grand  nombre 
de  fragments  épars  dans  les  musées,  et  ce  sont  les 
fouilles  de  1903  qui  ont  permis  de  déterminer  avec 
exactitude  l'emplacement  de  VAra  pacis.  L'auteur 
examine  les  résultats  de  ces  fouilles,  et  en  utilisant 
les  restes  de  sculptures  retrouvés,  il  donne  une  res- 
titution du  monument. 

—  Le  Cima  da  Coneyliano  de  Casiglio,  aie  Brera, 
par  G.  Fbizzoni  :  il  s'agit  d'une  grande  composition 
représentant  une  Vierf/e  et  des  saints,  exécutée  pour 
l'église  d'Oderzo,  en  Vénétie,  entrée  une  première  fois 
au  Brera  sous  la  domination  napoléonienne,  déposée 
en  1851  dans  l'église  paroissiale  de  Casiglio  (Brianza), 
et  rentrée  en  1906  au  musée  Brera,  grâce  aux  soins 
de  M.  Corrado  Ricci  —  ce  dont  il  faut  se  féliciter,  car 
l'œuvre  est  de  grande  importance  et  éminemment 
caractéristique  de  l'art  vénitien  du  quattrocenlu. 

—  Autres  articles  ;  Œuvres  acquises  pour  la  galeiie 
nalionale  moderne  à  l'exposition  de  Venise,  par 
U.  Flebes  (parmi  les  principales  :  le  Voyage  de  la  vie, 
deJ.-Q.  Adams  ;  Portrait  de  ma  femme,  par  Ph.  Laszlo  ; 
la  Mère  du  mort,  par  F.  Ciusa,  etc.)  ;  —  A  la  galerie 
nationale  de  Rome  (acquisition  de  deux  petits  ta))leaux 
de  Salvator  Rosa  et  exposition  de  paysages  anciens), 
par  F.  IIehmanin  ;  —  une  Peinture  de  Cesare  da  Seslo, 
au  Brera,  par  G.  Sinioaglia  :  c'est  un  Saint  Jérôme 
pour  lequel  l'artiste  avait  fait  des  études  dessinées, 
aujourd'hui  conservées  à  l'Albertine  de  Vienne  et  à 
la  Galerie  royale  de  Venise. 


(Fasc.  11).  —  Etude  de  M.  G.  Cultrera  sur  le  Dioa- 
cure  de  Baies,  statue  colossale  de  marbre,  découverte 
en  1887,  et  récemment  acquise  par  l'État  italien  pour 
le  musée  de  Naples. 

—  Une  Peinture  vénitienne  à  S.  Maria  in  Traslevere, 
par  G.  Caktalamessa  :  c'est  une  Madone  avec  l'Enfant 
que  l'auteur  attribue  à  Benedetto  Diana. 

—  M.  A.  CoLASANTi  publie  et  étudie  un  Tableau 
inédit  de  Gentile  dn  Fahriano,  représentant  un  Saint 
François  recevant  les  Stigmates,  conservé  aujour- 
d'hui dans  la  collection  Fornari,  à.Fabriano. 

—  M.  Peleo  Bacci  parle  de  l'Église  de  S.  Giovanni 
«  Fuorcivitas  «  de  Pistoia  et  des  dernières  restaura- 
tions qu'on  y  a  entreprises. 

(Fasc.  12).  —  Une  grande  partie  de  ce  numéro  est 
consacrée  à  une  monographie,  accompagnée  de  12  il- 
lustrations, du  Vénitien  Antonio  'da  Solario,  dit  le 
Zingaro  ;  grâce  à  une  étude  d'ensemble  de  l'œuvre  et 
aux  documents  nouveaux  qu'il  publie,  M.  Ettore 
MoDioi.iAM  est  arrivé  à  serrer  de  près  l'artiste  et  à 
donner  d'une  façon  précise  des  renseignements  sur 
son  activité  :  sans  doute  né  à  Venise,  élève  de 
Giovanni  Bellini,  la  première  œuvre  de  lui  qui  nous 
soit  parvenue  (gai.  de  Naples),  date  des  environs  de 
1490  ;  on  le  voit  travailler  dans  les  Marches  vers  1500, 
à  Osimo  en  1503,  à  Milan  et  dans  l'Italie  sptentrionale 
en  1506;  la  tète  de  Saint  Jenn-llaptisle,  récemment 
acquise  par  l'Ambrosienne  (voir  précédemment  le 
fasc.  7  de  ce  Bollettino  d'arte),  peut  se  dater  de  1509 
à  1510,  et  c'est  la  dernière  de  ses  œuvres  qui  nous  soit 
parvenue. 

—  Autres  articles  :  les  Mosaïques  de  Casaranello, 
par  A.  Haselofk  ;  —  le  Don  du  baron  Franchetti  au 
Bargello,  par  Isabella  Errera  (tissus  anciens  depuis 
l'antiquité  jusqu'au  xviii*  siècle). 

ROUXANIK 

Arta  româneasca  (1"  année,  n<"  1  et  2).  —  La 
première  revue  d'Art  roumain,  lancée  par  M.  A.  D. 
Atanasiu,  professeur  de  dessin  au  lycée  national 
d'Iassy,  est  d'apparence  modeste,  mais  tient  plus 
qu'elle  ne  promet,  car  le  fonds  vaut  mieux  que  la 
forme.  La  revue  se  propose  de  répandre  des  connais- 
sances d'art  dans  la  classe  instruite  (sic',  de  refléter 
le  mouvement  artistique  universel,  de  faire  connaître 
les  artistes  nationaux,  de  travailler  à  la  réforme  de 
l'enseignement  des  arts,  à  la  conservation  des  objets 
d'art  du  passé,  au  développement  des  motifs  roumains 
en  peinture,  architecture,  musique,  etc.  Ce  premier 
numéro  double  est  consacré  à  une  enquête  sur  l'état 
actuel  des  arts  en  Roumanie.  Les  réponses  dénotent 
en  général  un  optimisme  facile  et  une  information 
trop  peu  avertie.  —  M.  M. 


Le  Gérant  :  H.  Dknis. 

Ptrii.  —  Imp.  G«ar(e<  Helît,  12,  nie  Uodot-de-Mauroi. 


Numâro  376. 


Samedi  21  Mars  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


Savoir  refuser 


K 


Un  collectionneur  mourait,  ces  temps  derniers, 
à  Londres,  qui  voulut  assurer  une  concession  à 
perpétuité  aux  plus  précieux  objets  de  sa  galerie  : 
vous  entendez  bien  qu'il  les  légua  aux  musées 
de  son  pays. 

Mais  comme  il  s'agissait  en  l'espèce  d'une 
demi-douzaine  de  violons  de  la  plus  célèbre 
provenance,  le  conseil  des  musées  n'a  pas  cru 
devoir  accepter  le  legs,  jugeant  avec  beaucoup 
de  raison  qu'un  Stradivarius  ou  un  Guarnerius 
est  fait  pour  être  joué,  ne  peut  que  gagner  à  être 
joué  et  n'offre  pas  grand  intérêt  à  figurer  dans 
une  vitrine  de  musée. 

Voilà  qui  est  d'un  bon  exemple. 

Certes,  il  ne  faut  décourager  aucune  bonne 
volonté,  mais  il  est  bien  permis  aussi  de  se 
défendre  contre  les  fantaisies  posthumes  ou  les 
générosités  illusoires  de  certains  donateurs,  trop 
portés  à  considérer  le  musée  de  leur  ville  comme 
le  réceptacle  obligé  des  objets  les  plus  disparates. 
En  fait,  les  violons  du  collectionneur  anglais 
n'auraient  guère  été  moins  déplacés,  dans  une 
vitrine  du  Itritish  Muséum,  que  ne  l'est  le  collier 
de  perles  de  M""  Thiers  au  musée  du  Louvre  : 
l'.inalogie  est  même  d'autant  plus  frappante  que, 
comme  les  violons,  les  perles  gagnent,  si  l'on 
peut  dire,  à  être  portées,  et  qu'elles  représentent, 
elles  aussi,  une  petite  fortune  immobilisée  sans 
aucun  profit  poTir  les  visiteurs. 


Moralité  :  il  est  certains  cas  oi'i  il  faudrait 
savoir  refuser. 

On  éviterait  ainsi  pas  mal  de  mécomptes  et  de 
laissés  pour  compte,  surtout  en  ce  qui  concerne 
les  musées  de  province  ;  et,  en  montrant  qu'on 
^a  le  droit  d'être  difficile,  on  rendrait  hommage 
ux  amateurs  éclairés,  qui  savent  très  exacte- 
ment ce  qui  manque  à  nos  collections  et  qui 
n'ont  point  de  cesse  qu'ils  n'en  aient  person- 
nellement comblé  les  lacunes. 


i 


E.  D. 


ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Légion  d'honneur.  —  Par  décret  en  date  du 
10  mars,  M.  Gustave  Rives,  architecte  en  chef  des 
bâtiments  civils  à  Paris,  est  promu  commandeur  de 
la  Légion  d'honneur. 

—  Ont  été  promus  ou  nommés  dans  l'ordre  de  la 
Légion  d'honneur,  à  l'occasion  des  expositions  inter- 
nationales de  Milan,  Tourcoing  et  Amiens  (décret  du 
13  mars)  : 

Au  grade  d'offlcier  :  MM.  Henry  Lapauze,  conserva- 
teur du  Palais  des  beaux-arts  de  la  ville  de  Paris; 
Uoger  Sandoz,  joaillier-bijoutier; 

Au  grade  de  chevalier  :  MM.  Besdel,  architecte  ; 
Hliault,  architecte;  Carteret,  éditeur  d'art  à  Paris; 
Uesfossés,  directeur  du  Monde  illustré;  Falcou,  chef 
des  services  d'architecture  de  la  Ville  de  Paris  ;  L.-H. 
Henry,  fabricant  de  bronzes  et  de  porcelaines  d'art  ; 
U.  Jabœuf,  fondeur  d'art;  G. -A.  Grau,  artiste  peintre; 
H.  Laurens,  libraire-éditeur;  Mainguet,  imprimeur- 
éditeur;  A.  Risler,  orfèvre  d'art;  J.-P.  Templier, 
joaillier-bijoutier. 

—  Parmi  les  décorations  accordées  à  l'occasion  des 
expositions  de  Milan,  Dusseldorf  et  Mannheim  {Offi- 
ciel du  n  mars),  nous  relevons  le  nom  de  M.  IL- 
Ch.-B.  Guillaume,  architecte  à  Paris,  nommé  chevalier 
de  la  Légion  d'honneur. 

Académie  des  beaux-arts  (séance  du  7  mars). 
—  M.  Daumet  rend  compte  des  fouilles  que  poursuit 
à  Rome  un  des  pensionnaires  de  la  Villa  Médicis,  pour 
l'établissement  d'un  plan  en  relief  de  la  Rome  an- 
tique. Ce  travail,  subventionné  par  le  sous-secrétariat 
d'État  des  beaux-arts  et  l'Académie  des  inscriptions 
et  belles-lettres,  constituera  un  document  très  pré- 
cieux pour  les  archéologues  et  les  historiens. 

(Séance  du  14  mars).  —  Sont  admis  au  concours 
définitif  pour  le  grand  prix  de  Rome  d'architecture  : 
M.M.  Boutterin,  Maurice  Durand,  Gautruche,  Wallez, 
Migeon,  Marrast,  Louis  Moreau,  Mahieu,  Broussois  et 
Willeminot. 

Académie  des  inscriptions   et  belles-lettres 

(séance  du  13  mars).  —  M.  Homolle  exprime  les 
remercieriients  du  musée  du  Louvre  pour  les  collec- 
tions que  M.  Chavannes,  missionnaire  de  l'Académie, 
a  rapportées  de  Chine  et  ollertcs  à  notre  grand  mu- 


90 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


sée,  ainsi  que  pour  le  «  Trône  d'Astarté»,  offert  par 
le  P.  Konzevalle. 

—  M.  le  marquis  de  Vogiié  donne  lecture  d'une 
lettre  de  M.  Clerniont-Ganneau,  fournissant  d'intéres- 
sants renseignements  sur  ses  recherches  et  ses 
fouilles  à  Éléphantine. 

—  M.  Héron  de  Villefosse  dépose  sur  le  bureau  le 
procès-verbal  du  Congrès  tenu  à  Carcassonne  et  à 
Perpignan  en  1906,  par  la  Société  française  d'archéo- 
logie, dont  M.  Eugène  Lefèvre-Pontalis  a  dirigé  la 
publication. 

Musée  du  Louvre.  —  La  commission  d'achat  du 
musée  du  Louvre  a  décidé  l'acquisition,  au  prix  de 
25.000  francs,  d'un  tableau  du  Greco  :  le  Christ  en 
croix  avec  les  donateurs  Diego  et  Antonio  Covarriihias. 

Ce  tableau  avait  été  donné  en  1869  à  la  ville  de 
Prades  (Pyrénées-Orientales),  par  M.  Isaac  Pereire.  11 
fut  placé  dans  la  salle  d'audience  du  tribunal  civil  de 
cette  ville  et  servait  aux  prestations  de  serment. 

Il  y  a  deux  ans,  une  circulaire  du  ministre  de  la 
Justice  ayant  ordonné  l'enlèvement  des  christs  de 
fous  les  prétoires,  le  tableau  du  Greco  fut  transporté 
du  tribunal  à  l'hôtel  de  ville  de  Prades  et  déposé  dans 
un  coin  du  cabinet  du  maire. 

M.  Paul  Lafond,  conservateur  du  musée  de  Pau, 
ayant  vu  le  tableau  il  y  a  quelques  mois,  en  offrit 
30.000  francs  comptant.  Mais  le  sous-secrétaire  d'Etat 
aux  beaux-arts  fit  classer  le  tableau  comme  objet 
d'art  historique  :  il  était  désormais  impossible  de 
vendre  le  Christ  en  croix,  sauf  à  l'État. 

C'est  alors  qu'avec  l'agrément  de  l'administration 
de»  beaux-arts,  la  municipalité  pradécnne  proposa 
le  Greco  au  musée  du  Louvre  pour  la  somrne  de 
30.000  francs,  somme  qu'elle  consentit  à  réduire  à 
25.000,  sur  demande  de  la  commission. 
•  —  En  même  temps  que  ce  tableau  du  Greco,  le 
Louvre  vient  d'acquérir  pour  ses  galeries  de  sculpture 
de  la  Renaissance  un  bronze  de  l'école  de  Venise  du 
XVI'  siècle,  le  Tireur  d'éjiine. 

Il  s'est  d'autre  part  assuré  la  possession  d'une 
pièce  unique  pour  sa  section  dos  antiquités  :  un 
trône  phénicien  connu  sous  le  nom  de  Trdne 
d'Astarté. 

Musée  du  Luxembourg.  —  Les  architectes  éla- 
borent leurs  plans  en  vue  de  la  transformation  pro 
chaîne  de  l'ancien  séminaire  de  Saint-Sulpice  en  un 
musée,  où  doivent  être  transportées,  on  le  sait,  les 
collections  de  peinture  et  de  sculpture  du  Luxem- 
bourg. D'autre  part,  on  s'occupe  de  la  décoration 
artistique  dont  se  complétera  cette  transformation 
architecturale.  C'est  ainsi  que  deux  commandes 
importantes  ont  été  déjà  faites  aux  sculpteurs  Injal- 
bert  et  Itodin  ;  le  premier  exécutera  les  bas-reliefs  de 
la  porte  monumentale  du  nouveau  musée  et  le  second 
la  décoration  de  l'une  des  salles  principales. 

Musée  GaUiera.  —  L'exposition  de  la  toile  im- 
primée fermera  «es  portes  à  la  lin  de  ce  mois. 


Musée  de  'Versailles.  —  M.  Pierre  de  Nolhac 
vient  de  faire,  pour  le  musée  de  Versailles,  une  acqui- 
sition des  plus  intéressantes.  C'est  celle  d'un  tableau 
représentant  Camille  Desmoulins  assis  à  sa  table  de 
travail  et  à  qui  sa  femme  Lucile  montre  son  fils,  le 
petit  Horace,  gros  enfant  tout  nu  et  qui  s'ébat  aux 
bras  de  sa  mère.  Ce  tableau,  qui  était  resté  jusqu'ici 
ignoré,  est  d'un  élève  de  David  qui  travailla  chez 
Camille  Desmoulins.  Il  est  exposé  provisoirement  au 
rez-de-chaussée,  parmi  les  dernières  acquisitions  du 
musée,  en  attendant  le  remaniement  prochain  des 
salles  consacrées  à  la  Révolution. 

Musée  de  Dijon.  —  La  ville  de  Dijon  vient  d'être 
autorisée  par  le  Conseil  d'État  à  accepter  les  legs  à 
elle  fait  par  M"*  Grangier,  au  nombre  desquels 
figurent  un  certain  nombre  d'objets  d'art.  Une  salle 
spéciale  sera  réservée  à  ces  objets,  au  premier  étage 
de  la  tour  de  Bar.  Rappelons  que  les  jirincipales 
curiosités  de  cette  salle  seront  plusieurs  portraits  de 
Prudhon,  notamment  celui  de  M""  d'Arestel  (1796),  et 
deux  excellents  portraits  au  pastel  de  Claude  Hoin 
représentant  le  peintre  dijonnais  et  sa  femme. 

Société  des  Antiquaires  de  France  (séance  du 
12  mars).  —  M.  Adrien  Blanchet  fait  une  communi- 
cation sur  deux  figurines  de  bronze  antique,  l'une 
représentant  un  pygmée  portant  la  caugue,  l'autre 
figurant  un  homme  enveloppé  dans  un  manteau. 

—  M.  Eiilart  communique  divers  documents  te 
rapportant  à  un  certain  nombre  d'objets  d'orfèvrerie 
toulousaine  du  seizième  siècle,  à  lui  adressés  par 
.\1.  Roux,  architecte  à  Foix:  il  fait  d'autre  part  le 
commentaire  d'une  croix  processionnelle,  découverte 
par  l'abbé  Cau-Durban,  à  Aulignac,  et  portant  une 
inscription  talismanique. 

—  M.  Monceaux  fait  une  communication  sur  un 
bouton  d'amphore,  découvert  à  Bou-Grara,  par 
M.  Merlin  et  portant  une  inscription  mystérieuse  sur 
laquelle  .M.  Cagnat  présente  des  observations. 

—  Enfin,  M.  Ch.  Ravaisson,  comparant  les  tètes 
d'amours  des  collections  de  Bioncourt  et  Somzéc, 
a  indiqué  qu'il  y  voyait  des  répliques  des  œuvres  de 
Praxitèle  et  de  Lysippe. 

Le  legs  Edmond  Rousse.  —  M.  Edmond  Rousse 
de  l'Académie  française,  décédé  l'an  dernier,  a  légué  : 
à  l'Académie,  un  médaillon  du  duc  d'Aumale,  par 
C.haplain,  monté  en  argent  sur  socle  de  marbre 
rouge  ;  à  l'ordre  des  avocats,  son  portrait  par  Jalabert, 
et  son  médaillon  en  marbre,  plus  une  somme  de 
10.000  francs  ;  nu  musée  du  Louvre,  une  cire  de 
C.lodion,  S;/mj)/iex  et  satyres. 

Les  Salons.  —  Le  vernissage  du  Salon  de  la  So- 
ciété nationale  aura  lieu  le  mardi  14  avril;  ouverture 
au  public,  le  mercredi  15.  L'exposition  rétrospective 
des  portraits  qui  doit  avoir  lieu  à  Bagatelle,  sera 
inaugurée  dans  la  première  quinzaine  de  mai. 

A  Nancy.  —  L'administration  des  Beaux-Arts  a 
fini  par  s'émouvoir  du  dommage  qu'allait  causer  .i  la 


ANCIEN    ET   MODERNE 


91 


place  Stanislas  le  projet  de  reconstruction  du  théâ- 
tre de  Nancy  (voir  les  n"*  366  et  373  du  Itulletin).  Le 
service  des  monuments  liistoriques  a  demandé  au 
maire  communication  des  plans  du  théâtre  aux  fins 
d'examen,  la  place  Stanislas  étant  classée. 

Mieux  vaut  tard  que  jamais,  dira-t-on.  Mais  quelle 
singulière  époque  que  celle-ci,  où  l'on  a  chaque  jour 
besoin  de  rappeler  leur  devoir  à  ceux  qui  sont  chargés 
de  faire  respecter  les  monuments  historiques,  et  où 
l'Administration  ne  se  décide  à  agir  qu'à  la  dernière 
extrémité...  quand  elle  se  décide  ! 

A  Berlin.  —  On  raconte  qu'à  sa  première  visite  à 
l'Exposition  des  chefs-d'œuvre  de  l'école  anglaise 
(voir  le  n°  314  du  liullelin),  l'empereur,  rendu  atten- 
tif aux  900.000  marks  d'assurances  du  seul  Blue  boy 
de  Gainsborough,  s'écria  :  «  Donnerwetter,  laites  au 
moins  attention  qu'on  ne  vole  rien  !  Ne  préféreriez- 
vous  pas  avoir  un  poste  ? 

Et  depuis  lors,  la  troupe,  fusil  chargé,  surveille  le 
bâtiment  et  fait  des  rondes  de  nuit.  —  M.  M. 

—  M.  von  Tschudi,  directeur  de  la  Galerie  nationale 
de  Berlin,  vient  de  demander  un  congé  d'un  an,  pour 
raison  de  santé.  Si  l'on  en  croit  les  bruits  qui  circu- 
lent, ce  ne  serait  là  qu'un  prétexte  destiné  à  mas- 
quer ofliciellement  une  retraite  définitive  :  M.  von 
Tschudi  ne  reprendrait  jamais  plus  son  poste.  11 
aurait  commis  la  faute,  que  d'aucuns  jugent  impar- 
donnable, d'avoir  montré  un  goût  trop  éclectique, 
d'avoir  ouvert  la  Galerie  nationale  aux  artistes  étran- 
gers, et  notamment  d'y  avoir  fait  une  trop  large 
place  aux  artistes  français. 

A  Dachau.  —  La  Société  du  musée  de  Dachau, 
dont  le  but  est  de  constituer  sur  place  une  galerie 
d'oeuvres  des  peintr.es  qui  ont  vécu  et  travaillé  dans 
ce  Barbizon  de  la  Bavière,  fera  coïncider  la  fondation 
de  ce  musée  avec  les  fêtes  des  1.100  ans  d'existence 
de  la  petite  ville  et  du  900"  anniversaire  de  sa  réu- 
nion à  la  maison  des  Witteisbach.  —  M.  M. 

A  Munich.  —  Il  résulte  de  la  discussion  entre 
M.  Manuel  Wielandt  elle  U'  Hans  Buchheit,  au  sujet 


des  tableaux  d'empereurs  romains  peints  par  Titien, 
récemment  découverts,  que  l'inventaire  de  Fickler, 
en  1 598,  établit  la  présence,  dans  la  résidence,  de  cette 
série  de  portraits,  mais  en  tant  que  copies;  que  l'in- 
ventaire de  162'),  terminé  en  1632  et  célèbre  par  son 
exaclitude,  ne  les  mentionne  plus;  que  B.  Pistorini 
les  signale  de  nouveau  en  1644,  comme  ornant  l'es- 
calier impérial  au  château  ;  donc  que  ces  nouvelles 
peintures  avaient  dfi  être  achetées  par  le  prince-élec- 
teur après  1636,  époque  où  elles  ont  disparu  de 
Mantoue.  —  M.  M. 

A  Weimar.  —  Le  grand-duc  a  acquis,  pour  la 
somme  de  30.000  marks,  la  collection  de  monnaies 
du  D'  Spitzner,  à  Dresde,  une  collection  complète  des 
monnaies  de  l'époque  de  la  Réforme.  Elle  prendra 
place  dans  le  musée  grand-ducal  dès  que  l'aménage- 
ment intérieur  des  salles  sera  terminé.  —  M.  M. 

A  Londres.  —  La  National  Gallery  vient  de  rece- 
voir quatre  nouveaux  tableaux  légués  par  M.  Henry 
Callcott  Brunning  :  Intérieur  .d'ér/lise ,  Vêpres  et 
Après  Vêpres,  de  P.  Neetis  ;  et  Intérieur  d'une  église 
gothirjue,  de  II.  Steenwyck.  —  A.  T. 

A  Edimbourg.  —  La  National  Gallery  d'Edim- 
bourg s'est  enrichie  d'une  Adoration  des  Mages,  de 
l'école  de  Vienne  ;  d'un  Christ  sur  la  route  du  Cal- 
vaire, de  l'école  de  Benozzo  Gozzoli  ;  de  la  Halle,  de 
I.  Van  Ostade,  et  du  Jeune  Iloliémien,  du  regretté 
Thomas  Graham.  —  A.  T. 

Nécrologie.  —  Un  des  doyens  de  la  peinture  con- 
temporaine, le  peintre  et  lithographe  Victor  Loutrel, 
vient  de  mourir  à  Paris,  âgé  de  87  ans:  né  à  Rouen, 
il  fut  l'élève  de  Mouilleron  et  commença  d'exposer  au 
Salon,  à  partir  de  18.52,  des  lithographies  d'après  un 
grand  nombre  d'artistes,  notamment  de  peintres  fran- 
çais modernes;  il  exposa  à  partir  de  1861  jusqu'en 
1880  deslithographies  originales  et  aussi  des  peintures 

—  M.  Joseph  Illavka,  président  fondateur  de  l'Aca- 
démie tchèque  des  sciences,  belles-lettres  et  beaux- 
arts,  vient  de  mourir.  Hlavka,  qui  était  architecte,  a 
construit  de  nombreux  édifices  en  Bohème  et  en 
Autriche,  dont  l'Opéra  de  Vienne  et  plusieurs  palais. 


CHRONIQUE    DES  VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

Collection    Jules    Cronier    (tableaux).   — 

Nous  avons  déjà  signalé  les  principaux  résultats 
de  la  première  vacation  de  cette  vente  faite 
galerie  Georges  Petit,  les  H  et  12  mars,  par 


M«'  Lair-Dubreuil  et  Henri  Baudoin,  et  MM.  Ar- 
nold et  Tripp.  La  seconde  journée  a  donné  lieu 
également  à  quelques  belles  enchères,  parmi 
lesquelles  nous  noterons  tout  d'abord  les  32.000 
francs  obtenus  par  le  Corot,  la  Ferme  du  Grand 
Chaume,  à  Étretat,  sur  la  demande  de  30.000  fr., 
et  les  17.000  francs  de  l'autre  Corot,  Batelier  près 


92 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


de  la  rive,    le    soir  (demande,   Ib.OOO    francs). 

Le  Charles  Jacque,  Bergère  gardant  ses  moutons, 
a  réalisé  juste  le  prix  de  la  demande,  soit 
30.000  francs.  Gros  succès  pour  les  Harpignies, 
comme  on  le  verra  par  la  liste  de  prix  que  nous 
donnons  ci-après. 

Des  plus-values  notables  sont  encore  à  retenir 
du  côté  des  Ziem  :  le  Quai  des  Esclavons  et  le 
palais  des  Dogei,  adjugé  1.3.ii00  francs  (demande, 
8.000  fr.)  ;  Venise,  Bragosi  Forcolcnte,  10.000  fr. 
(demande,  S.OOO  fr.). 

Dans  la  catégorie  des  tableaux  anciens,  une 
seule  enchère  àsouligner,  celle  de  7.600  francs, 
obtenue,  sur  la  demande  de  2.b00  francs,  par  le 
tableautin  les  Buveurs,  donné  dans  le  catalogue 
comme  de  Frans  Hais,  mais  vendu  comme  sim- 
plement de  l'école  de  ce  maître. 

Le  produit  total  de  la  vente  s'est  élevé  à 
664.950  francs. 

PRINCIPAUX     PRIX 

Tableaux  modebnes.  —  1.  Bonvin.  Peines  de  cœur, 
1.000  fr.  —  Bouché  :  4.  La  Route  du  village,  1.200  fr. 

—  7.  La  Rentrée  du  troupeau,  1.000  fr.  —  8.  Le  Pas- 
seur, 1.750  fr.  —  9.  Moutons  au  pâturage,  2.300  fr. — 
11.  La  Rentrée  du  troupeau,  2.600  fr. 

14.  Boudin.  Port  de  mer,  2.280  fr.  —  lu.  Chaplin. 
Elude  pour  un  plafond,  1.300  fr. 

Corot  :  18.  Pêcheur  amarré  à  la  rive,  39.100  fr.  — 
19.  La  Ferme  du  Grand-Chaume,  à  Ëtreiat,  32.000  fr. 

—  20.  Pré  au  bord  d'un  étang,  17.900  fr.  —  21.  Bate- 
lier près  de  la  rive,  le  soir,  17.000  fr.  —  22.  Le  l'ont 
de  Mantes,  13.600  fr. 

Dauhigny  :  23.  Le  Soir  au  lias-Meudon,  10.100  fr.  — 
24.  Soleil  couchant,  2.950  fr.  —  25.  Le  Chemin  à  tra- 
vers bois,  5.000  fr.  —  26.  La  Mare  du  hameau, i.lOO  fr. 

27.  iJaumier.  Les  Chantres  au  lutrin,  4.4C0  fr.  — 
28.  Decamps.  L'Ëtang  dans  la  vallée,  3.600  fr. 

Diaz  :  29.  Sous  bois,  10.000  fr.  —  30.  Femmes  orien- 
tales sous  bois,  8.000  fr. 

Jules  Dupré  :  31.  La  Mare,  11.500  fr.  —  32.  Le  Vieux 
pont,  34.000  fr. 

33.  Fantin-Latour.Baii/neuse au cfcnV(/e/«»ip,  4.000 fr. 

Harpignies  :  34.  Hérisson,  6.100  fr.  —  35.  La  Rour- 
boule,  2.300  fr.  —  36.  i'n  Chemin  vert  à  Saint-Privé, 
2.850  fr.  —  37.  Hérisson,  2.000  fr.  —  38.  Pont  à  Héris- 
son, 3.700  fr.  —  39.  Lever  de  lune,  3.500  fr.  —  40. 
Route  à  travers  la  campagne,  3.000  fr.  —  41. ta  Loire, 
]irès  llonny,  7.100  fr.  —  42.  Cours  d'eau  dans  un  pay- 
sage boisé,  3.100  fr.  —  43.  Saint-Privé,  3.950  fr.  — 
44.  Vuejirise  à  Antihes,Ue  Suinte-Marguerite, i.dOO  tr. 

—  45.  I.a  Loire  à  Rriare,  20.000  fr.  —  46.  Un  aulne, 
environs  d'Hérisson,  20.000  fr.  — 47.  Lisière  de  bois  au 
bord  de  la  Loire,  18  000  fr.  —  48.  Ëtang  près  de  la 
Loire,  3.600  fr.  —  49.  L'Allier,  20.000  fr.  —  51.  Ruines 
du  château  d'Hérisson,  5.800  fr. 

51.  Henner.  Tête  de  jeune  fille,  3.600  fr. 


E.  Isabey  :  52.  L'Arrivée  des  invités,  11.100  fr.  — 
53.  Marine  :  navire  naufragé,  3.400  fr.  —  54.  La  Prière 
à  la  Madone,  10.200  fr. 

Ch.  Jacque  :  55.  Cog  et  poule,  1.900  fr.  —  56.  Coq  et 
poule,  1.900  fr.  —  57.  Moulons  au  pâturage,  10.200  fr. 

—  58.  Poules  et  coq,  3.150  fr.  —  59.  Bergère  gardant 
ses  moutons,  30.000  fr. 

Jongkind  :  60.  Moulins  à  vent  en  Hollande,  5.800  fr. 

—  61.  La  Vieille  ferme,  6.050  fr.  —  62.  Moulin  à  vent, 
près  d'une  ferme  en  Hollande,  4.800  fr.  —  63.  Le  Pont 
de  Bercy,  6.400  fr.  —  64.  Clair  de  lune  sur  un  canal, 
5.200  fr.  —  65.  Les  Patineurs,  2.560  fr.  —  66.  Bateaux 
de  pêche,  à  Scheveningue,  2.450  fr.  —  6".  Hon/leur, 
marée  haute,  3.000  fr.  —  68.  Lever  de  lune  sur  un 
iiinal  en  Hollande,  2.820  fr.  —  69.  Rivière  au  clair  de 
lune,  environs  de  Rotterdam,  5.000  fr. 

70.  Lhermitle.  La  Jeune  mère,  13.900  fr.  —  72.  Th. 
Uibot.  Les  Marmitons,  2.100  fr.  —  74.  Tassaert.  Les 
Délaissés,  1 .360  fr.  —  73.  Vollon.  Effet  de  neige,  1  500  fr. 

Ziem  :  76.  Le  Port  de  Marseille,  16.800  fr.  —  77.  Le 
Quai  des  Esclavons  et  le  palais  des  Doges,  13.500  fr. 

—  78.  Le  Grand  Canal,  à  Venise,  2.500  fr.  —  79.  La 
Vignole  [Venise),  10.700  fr.  —  80.  Environs  de  Sice, 
1.680  fr.  —  81.  Venise,  Rragosi  Forcolenle,  10.000  fr. 

—  82.  Vue  de  Cunstantinople,  4.000  fr.  —  83.  Vue  de 
Sainte-Sophie,  à  Constantinople,  3.600  fr.  —  84.  Soleil 
levant  derrière  le  palais  des  Doges,  à  Venise,  8.020  fr. 

Tableaux  anciens.  —  87.  J.  Fyt.  Chat,  gibiers  divers, 
oiseaux,  etc.,  4.100  fr.  —  88.  J.  van  Goyen.  L'Hiver  en 
Hollande,  1.200  fr.  —  89.  École  de  Fr.  Hais.  Les  Bu- 
veurs, 7.600  fr.  —  90.  W.  van  Mieris.  Le  Jugement  de 
Paris,  2.800  fr.  —  91.  A.  Moru.  Portrait  de  femme, 
1.680  fr.  —  92.  G.  Netscher.  Jeune  femme  et  perroquet, 
3.500  fr.  —  93.  A.  van  Ostade.  Intérieur  rustique, 
4.000  fr.  —  93.  P.  v(in  Stingeland.  Femme  et  enfant, 
3.100  fr.  —  96.  D.  Teniers.  Chaumière  au  bord  d'une 
rivière,  6.900  fr.  —  97.  Le  Joueur  de  cornemuse, 
4.000  fr.  —  98.  Intérieur  de  cuisine,  2.700  fr. 

Aquaiielles,  pastels  et  dessins.  —  101.  Harpignies. 
Le  Can7iet,  pont  sur  un  ravin,  1.250  fr.  —  102.  Le  Pont 
Marie  à  Paris,  1.300  fr.  —  103.  Le  Cannet,  vue  prise 
de  la  villa  des  Michels,  1.120  fr.  —  108.  La  Loire  à 
Briare,  1.630  fr.  —  114.  ta  Tremellerie,  3.200  fr. 

L.  Lhermitte  :  120.  La  Fileuse  normande,  5.300  fr. 

—  121.  La  Petite  gardeuse  d'oies,  6.500  fr. 

Ziem  :  122.  ta  Dogana,  à  Venise,  6.800  fr.  —  123. 
Le  Rosphore,  6.400  fr. 

Objets  d'art,  etc.  —  l.ne  vente  anonyme, 
faile  salle  6,  les  13  et  14  mars,  sous  la  direction 
de  M=  Lair-Dubreuil  et  de  MM.  Paulme  et  Lasquin, 
et  (jui  avait  fait  l'objet  d'un  catalogue  illustré,  a 
produit  95.423  fr.  et  donné  lieu  à  quelques 
enchèresdont  il  suflira  d'indiquer  les  principales. 

Un  Portrait  de  femme  par  Aved  a  été  adjugé 
4  000  francs,  sur  la  demande  de  5.000,  et  le 
Portrait  du  comte  d'Argenson,  par  Huet,  n'a  pas 


ANCIEN    ET   MODERNE 


93 


dépassé  1.130  francs.  Deux  dessins  par  Delafosse, 
le  Péristyle  et  le  Salon  de  danse,  estimés  S, 000  fr., 
ont  été  vendus  4  600  francs.  La  Promeneuse, 
gouache  par  Fragonard,  a  réalisé  1.590  francs; 
un  dessin  par  Clodion,  Enfants  bacchants,  2.300 
francs,  et  deux  gouaches  par  Louis  Moreau, 
Paysages,  n'ont  atteint  iju'à  3.800  francs,  sur  la 
demande  de  b.OOO  fr.  Une  miniature,  Portrait  de 
jeune  lille,  par  hall,  est  montée  à  6.600  francs; 
une  autre  miniature  par  Fragonard,  les  Amours 
champHres,  1.700  fr.  (demande,  2.000  fr.). 
Parmi  les  objets  d'art  et  divers,  nous  notons  : 

—  Pendule  époque  Louis  XV,  bronze  doré  et 
ciselé,  à  rocailles  et  feuillages,  socle  portant 
l'estampille  de  l'ébéniste  Saint-Germain,  5.460  fr. 
(demande,  6.000  fr.).  —  Cheminée  en  marbre 
blanc,  ép.  Louis  XVI,  2.200  fr.  —  Cadre  en  bois 
sculpté  par  Solaro,  ép.  Louis  XVI,  1.000  fr.  — 
Glace  avec  cadre  en  bois  sculpté,  ép.  Louis  XVI, 
décoré  d'un  cartouche  aux  armes  de  France, 
1.080  fr.  —  Armoire  en  noyer  sculpté  du  xviii*  s., 
1.050  francs. 

Atelier  Louis  'Watelin.  —  Cette  vente,  de 
composition  un  peu  monotone,  n'en  a  pas 
moins  obtenu  des  résultats  fort  honorables. 

Notons  :  4.  Vache  blanche  dans  Veau,  2.550  fr. 

—  2.  Mare  de  l'Aigrette,  1.400  fr.  —  26.  Vache 
blonde,  1.000  fr. 

Les  autres  tableaux  se  sont  vendus  entre  80  et 
700  francs. 

Environs  de  Paris.   —  A  Bellevue.  —  La 

vente  faite  à  Bellevue,  le  i"  mars,  par  M"  Nicolle 
et  M.  Billeu,  n'a  guère  présenté  comme  prix 
notables  que  les  suivants  :  Suite  de  quatre  tapis- 
series d'Aubusson,  ép.  Louis  XIV,  à  sujets  allé- 
goriques,16. 500  fr.  —  Ziem.  Le  Grand  Canal,  à 
Venise,  3.200  fr.  —  Ilarpignies.  Étude,  790  fr.  — 
Ary  Scheffer.  L'Aveugle,  2.200  fr. 

'Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Objets 
de  la  Chine  et  du  Japon.  —  M"  Lair-Dubreuil 
et  M.  Bing  dirigeront,  salle  7,  du  23  au  25  mars, 
une  vente  d'objets  d'art,  peintures  et  estampes 
du  Japon  et  de  la  Chine,  provenant  de  diverses 
cuUeclions. 

Dans  le  catalogue  illustré  dressé  à  l'occasion 
de  cette  vente,  nous  remarquons  en  particulier  : 
des  estampes  de  Kiyomitsou  et  de  Harunobou, 
de  Kiyonaga  et  d'Oulamaro  ;  des  vases-balustres 
en  céramique  de  Chine,  émail  vert,  datant  de  la 
dynastie  des  Ilan  ;  une  peinture  sur  papier. 
Jeune  femme  se  faisant  coiffer  par  une  servante. 


panneau  attribué  à  Morochigé  ;  un  autre  panneau, 
Jeune  femme  et  suivante,  d'après  Matahei  ;  quatre 
portes  à  glissière,  décorées,  sur  papier,  d'une 
famille  de  singes  sur  un  pin,  peinture  signée  par 
Sosen,  —  parmi  maintes  autres  productions  en 
tous  genres  des  arts  de  l'Extrême-Orient. 

Tableaux    anciens   et   modernes.    —   Une 

vacation  qui  promet  d'être  intéressante,  c'est 
celle  que  dirigeront,  salle  6,  le  lundi  23  mars, 
M«  H.  Baudoin  et  M.  J.  Ferai. 

Une  catalogue  illustré  nous  permet  de  juger 
par  avance  d'un  certain  nombre  de  numéros, 
lels  que  :  le  Parc,  aquarelle  gouachce,  par  Hoin, 
dans  la  catégorie  des  dessins,  et,  du  côté  des 
peintures,  une  page  importante  de  Corot  :  Diane 
et  Action,  signée  et  datée  1836,  et  un  Diaz,  les 
Baigneuses. 

Le  contingent  des  tableaux  anciens  est  autre- 
ment nombreux,  et  nous  remarquons  :  la  Répri- 
mande, par  M"«  Gérard  ;  le  Portrait  de  M"""  A'..., 
présumée  dame  d'honneur  de  Marie-Antoinette, 
par  Greuze  ;  un  Portrait  d'homme  et  un  Portrait 
de  jeune  femme,  deux  pendants,  par  Heinsius  ; 
la  Peinture  et  la  Sculpture,  deux  panneaux  déco- 
ratifs se  faisant  également  pendant,  par  Lagrenée  ; 
le  Portrait  de  Lefebvre  d'Ormesson,  par  Rigaud  ; 
l'Inondation,  par  Hubert-Robert,  et  un  Palais, 
par  le  même  maître;  un  Portrait  déjeune  femme, 
par  Shee  ;  la  Musicienne,  par  Tiepolo;  un  Portrait 
d'homme,  par  Vestier  ;  un  Partirait  de  jeune  dame 
et  un  Portrait  d'homme,  deux  pendants,  par 
C.  de  Vos  ;  le  Portrait  de  Jacobs  Olfertsz  de  Jonck 
et  le  Portrait  de  la  femme  de  Jacobs  Olfertsz  de 
Jonck,  deux  pendants,  par  Jacques  Wabbe  ; 
enfin,  parmi  les  ouvrages  anonymes:  un  Portrait 
d'une  dame  de  qualité,  peinture  espagnole  du 
xvii=  siècle. 

—  La  vente  de  l'Atelier  du  peintre  Hermann 
Léon,  l'animalier  bien  connu,  récemment  décédé, 
aura  lieu  salles  10  et  H,  les  24  et  25  mars,  sous 
la  direction  de  Mes  Oudard  et  Desaubliaux,  et  de 
M.M.  Chaîne,  Simonson  et  Mannheim. 

—  La  vente  de  l'Atelier  du  peintre  Dameron, 
fixée  aux  7  et  8  avril,  sera  dirigée  par  M«  André 
de  Gagny  et  MM.  Paul  Simons,  Arnold  et  Tripp. 

Sans  indication  de  date,  on  parle  : 

—  Pour  les  premiers  jours  d'avril,  d'une  vente, 
faite  par  M«  Lair-Dubreuil,  de  très  importantes 
tapisseries  des  Gobelins,  de  Beauvais  et  d'Au- 
busson ; 

—  Et  d'une  série  de  ventes,  quatre  ou  cinq, 


94 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


échelonnées  en  mai  et  juin,  siius  la  direction  de 
M"  Baudoin  et  de  M.  Bizouard,  qui  dispersera 
la  Collection  de  feu  M.  Gerbeau  (estampes  du 
xviiie  siècle,  porcelaines  de  Chine,  objets  d'art, 
meubles,  tableaux). 

11  convient  d'ajouter  encore  les  ventes  sui- 
vantes pour  lesquelles  M"  Lair-Dubreuil  prend 
date  : 

—  Du  31  mars  au  3  avril,  Collection  Barboutau, 
objets  d'art  de  la  Chine  et  du  Japon.  —  Le  cata- 
logue illustré  de  celte  vente  est  déjà  distribué  ; 
nous  en  rendrons  compte  dans  notre  prochaine 
chronique. 

—  Le  6  avril,  importantes  tapisseries  et  objets 
d'art  (MM.  Paulme  et  Lasquin,  experts). 

—  Le  7  avril,  salle  H,  tableaux  modernes  et 
bronzes  de  Barye. 

—  Le  8,  salle  H,  tableaux  anciens  (M.  Sortais, 
expert). 

—  Le  9,  salle  7,  troisième  vente  de  la  collection 
Eugène  Lefebvre. 

—  Le  H,  salle  6,  tableaux. 

—  Le  13,  objets  de  vitrine,  gravures,  tableaux 
(MM.  Paulme  et  Lasquin,  experts). 

—  D'autre  part,  M^  Baudoin  et  M.  Danlos 
annoncent,  pour  les  31  mars,  1"  et  2  avril,  une 
vente  de  belles  estampes  en  noir  et  en  couleurs 
des  écoles  françaises  et  anglaises  des  xvii=  et 
xviii°  siècles. 

M.  N. 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Exposition  de  peintres  et  de  sculpteurs 
(Galeries  Georges  Petit).  —  La  neuvième  année 
de  l'ex-Société  nouvelle.  Une  exposition  de  choix  : 
vingt-trois  exposants  dont  cinq  sculpteurs;  envi- 
ron cent  trente  ouvrages,  en  comptant  les  numé- 
ros non  catalogués  :  le  premier  Salon  catalogué 
de  1673  ou  le  Salon  de  1740,  n'en  montrait  pas 
davantage,  et  ce  n'est  que  le  prélude  ou  le  rac- 
courci de  nos  Salons  prochains  du  printemps  '. 
Paisible  ensemble,  sans  ciiefs-d'œuvre,  et  qu'on 
dirait  déjà  vu,  «sous  la  présidence  d'Auguste 
llodin  «^portraitiste  ou  visionnaire,  opposant  le 
marbre  calme  d'un  buste  {M.  Pu/t<zer),  au  bronze 
inquiétant  d'un  groupe  {le  Sculpteur  et  sa  muse), 
déchiqueté  comme  un  fragment  de  lave...  La 
muse  du  sculpteur  Lagare  est  plus  sage  ;  celle 
du  prince  Troubetzkol  plus  nerveusement  in- 


time; celle  de  M.M.  Gaston  et  Lucien  Schnegg  de 
plus  en  plus  archaïque.  Résumé  des  tendances 
contemporaines,  le  peinture  ne  manifeste  pas 
moins  les  grandes  qualités  et  les  petits  défauts 
de  notre  école  reconstituée  sur  les  déchets  de 
l'impressionnisme  :  il  y  a  vingt  ans,  ici-même, 
l'humoriste  Buhot,  qui  signait  Pointe-Sèche,  aper- 
cevaitpartoutl'intrusiondc  la  palette  américaine: 
elle  se  contente  aujourd'hui  de  servir  la  virtuo- 
sité de  M.  Sargent,  (Portrait  de  ladij  Sassoon)  le 
maniérisme  de  M.  de  la  Gandara,  la  délicatesse 
de  M.  Morrice  qui  voit  sans  emphase  le  Soir  à 
Venise.  Nos  peintres  ont  sauvegardé  le  goût, 
c'est  entendu;  mais  les  exigences  de  la  vie,  qui 
s'américanise,  les  obligent  à  produire  beaucoup, 
à  se  répéter  un  peu. 

Miroir  de  la  vie  comme  le  théâtre,  la  peinture 
actuelle  adore  le  bibelot,  et  c'est  le  triomphe 
nouveau  de  M.  J.  Blanche,  en  ses  intérieurs  éclairés 
par  la  blancheur  des  housses.  Notre  érudition  se 
plaît  aux  beaux  vitraux  de  M.  Lobre,  aux  natures 
mortes  chardinesques  de  M.  Zacharian,  au  Salon 
rouge  de  M.  Prinet,  qui  déroule  le  voile  vert  de 
l'élégante  au  vent  des  plages.  Plus  apprêté  que 
les  Singeries  sentimentales  de  M.  La  Touche,  le 
féminisme  le  plus  moderne  accentue  l'antithèse 
entre  le  charme  endolori  de  M.  Aman-Jean  et 
le  Soir  voluptueux  de  M.  Besnard.  Longtemps 
enveloppée  d'une  atmosphère  de  crépuscule  ou 
de  théâtre,  la  nature  oppose  les  ardeurs  méri- 
dionales de  M.  Henri  Martin,  les  silences  flamands 
de  M.  Duhem,  les  rêves  blonds  ou  bleus  de 
M.  Le  Sidaner,  à  la  Bretagne  moins  vaporeu- 
sement  vue  par  l'ampleur  de  M.  Cotlet,  par  la 
précision  de  M.  Dauchez,  par  la  délicatesse  de 
M.  LImann,  par  le  nouvel  effort  lumineux  de 
M.  Lucien  Simon,  puissant  observateur  ou  por- 
traitiste élégamment  paternel.  Et,  pastelliste 
(idèle  à  la  beauté  grecque,  M.  René  Mcnard 
demeure  le  plus  librement  classique  de  tous,  en 
estompant  au  milieu  de  toutes  les  atmosphères 
la  dent  homic-idc  du  Gervin. 

Peintres-graTeurs  humoristiques  (exposi- 
tions diverses^  —  De  Daumier  chez  Blot)  à 
M.  Bernard  Boulet  de  Monvel  (chez  Dcvambez), 
sans  oublier  les  mélancoliques  eaux-fortes  en 
couleurs  ou  les  aquatintes  amusantes  d'une 
jeune  Russe  de  Moscou,  M"«  Elisabeth  Krougli- 
cofT  |à  la  galerie  d'Art  décoratif). 

Au  début  de  1808,  quand  mourait  le  Parisien 
Hubert  Robert,  le  Marseillais  Honoré  Daumier 
venait  de  naître  :  à  la  vue  spirituelle  des  monu- 


ANCIEN    ET    MODERNE 


95 


ments  qui  durent  allait  succéder  l'àpre  satire 
des  humains  qui  passent  ;  et  cela  génialement, 
avec  des  dons  de  style  ou  de  palette  qui  ont  fait 
prononcer  les  noms  de  Michel-Ange  ou  de  Tin- 
toret,  eu  crispant  l'idéal  de  plus  d'un  chercheur 
moderne  I  Assagi  par  le  souvenir  de  l'estampe 
anglaise,  M.  Bernard  Boutet  de  Monvel  évoque 
plus  archaïquement  le  passé  de  la  merveilleuse, 
la  lionne,  la  lorette  et  leurs  soupirants,  capri- 
cieux comme  leurs  modes,  à  travers  les  ans  du 
siècle  dernier. 

Raymond  Bouyer. 

ifC    3p    Tfl    1p    3(t    ï|C    ^    3p     7p    3p     ^     1p    5t*7|C^^'JC'p'|C7p'I''F 

DÉCOUVERTE 

de  soixante-huit  lettres  inédites 

de  Michel-Ange 


Il  y  a  quelques  jours,  un  chercheur  qui  tra- 
vaillait dans  les  dossiers  des  archives  Spinelli, 
que  possèdent  à  Florence,  au  n"  14  du  Lungarno 
délie  Grazie,  le  comte  Luciano  Rasponi-Spinelli  et 
son  frère  Carlo,  a  rais  la  main  sur  soixante-huit 
lettres  de  Michel-Ange  à  Vasari, —  correspondance 
de  premier  intérêt,  comme  on  voit,  et  par  l'au- 
teur de  ces  lettres  et  par  celui  à  qui  elles  étaient 
adressées. 

«  La  première  conséquence  de  la  découverte, 
dit  M.  Alberto  Lumbi-oso  qui  raconte  la  chose  dans 
la  Rii'ista  di  Itoma  du  10  mars,  a  été...  l'immé- 
diate expulsion,  courtoise  mais  ferme,  du  cher- 
cheur, —  les  comtes  Rasponi  voulant  naturelle- 
ment se  réserver  la  primeur  de  la  publication  ». 

Dans  cette  intention,  l'un  des  propriétaires  s'est 
rendu  à  Rome  pour  avoir  une  entrevue  avec 
le  professeur  de  l'Université  Royale,  Giuseppe 
Tomasetti  et  s'entendre  avec  lui  sur  la  publication 
intégrale  de  ces  lettres  de  Michel-Ange.  Elles 
seront  publiées  dans  une  édition  de  format  et 
de  caractères  identiques  à  ceux  de  l'édition  des 
lettres  déjà  publiées  par  l'éditeur  florentin  Le 
Monnier  en  18";),  sous  le  titre  :  le  Lettere  di 
Michelangelo  Buonarroti,  pubblicate  per  cura  di 
Gaetano  Milanesi  —  et  non  pas,  comme  l'ont 
annoncé  plaisamment  les  journaux,  par  l'éditeur 
Gaetano,  à  Milan —  avec  des  numéros  bis,  permet- 
tant à  ceux  qui  auront  l'ancienne  et  la  nouvelle 
publication  de  rapprocher  les  documents  déjà 
rcnnus  de  ceux  qui  viennent  d'être  découverts. 


«  H  n'est  pas  probable,  dit  encore  M.  A.  Lum- 
broso,  que  parmi  les  nouveaux  autographes,  il 
y  en  ait  qui  n'aient  pas  été  déjà  employés  par 
Vasari  dans  ses  pages  sur  l'illustre  maître;  mais, 
en  tout  cas,  l'édition  diplomatique  du  texte  pourra 
servir  à  établir  de  quelle  façon  Vasari  mettait  en 
œuvre  les  documents  qu'il  avait  recueillis,  et  à 
donner  aux  amateurs  d'histoire  de  l'art  un  docu- 
ment inespéré  d'une  valeur  inestimable  ». 

Voilà  pour  M.  Romain  Rolland,  le  dernier  bio- 
graphe de  Michel-Ange,  l'ample  matière  d'un 
chapitre  tout  neuf,  quand  il  donnera  une  nou- 
velle édition  de  son  excellent  volume  des  Maîtres 
de  l'art. 

LES      REVUES 


France 

Art  et  décoration  (janvier).  —  Un  excellent  article 
de  M.  M. -P.  Vf.kxeuil,  à  recommander  à  ceux  qui  sont 
curieux  de  connaître  les  procédés  de  l'illustration 
moderne  :  l'artiste  y  étudie,  avec  des  planches  à 
l'appui,  le  procédé  de  gravure  en  trois  couleurs 
(similigravure  trichrome),  qui  permet  la  reproduction 
déjà  remarquablement  exacte  de  certaines  œuvres 
d'art  et  que  l'avenir  parviendra  sans  doute  à  rendre 
plus  parfait  encore. 

—  La  Jeune  architecture  finlandaise,  par  M.  Etienne 

AVENAKD. 

(l'évrier).  —  Les  collections  Georges  Hirntschell, 
acquises  par  M.  Pierpont  Morgan,  viennent  d'être 
olt'ertes  au  Metropolitan  Muséum  de  .New-York.  M.  G. 
BniÈRE  donne  un  extrait  du  catalogue  illustré  de  ces 
collections  (la  partie  comprenant  les  boiseries  des 
xvn"  et  xvin'  siècles),  qui  paraîtra  prochainement. 

Autres  articles  :  le  vitrail  dans  l'Amérique  du  Sud, 
par  Cil.  Saunieb;  la  tradition  de  la  toile  imprimée  au 
musée  Galiiera,  par  II.  Clouzot. 

Revue  lorraine  illustrée  (janvier-mars).  —  Au 
iiiuinent  oii  s'ouvre  à  Strasbourg  une  exposition  d'art 
décoratif  consacrée  à  l'Ecole  de  Nancy,  ce  numéro 
contient  une  longue  étude  de  M.  Emile  Nicolas,  sur 
l'École  de  Nancy,  accompagnée  de  très  nombreuses 
reproductions  d'après  les  principaux  artistes  lorrains  : 
verreries  et  meubles  d'Emile  Galle,  peintures  et 
bijoux  d'Emile  Prouvé,  dentelles  de  Courteix,  verreries 
de  Daum,  meubles  de  Majorelle  et  de  Vallin,  archi- 
tectures d'Emile  André,  tentures  de  Fridrich,  pein- 
tures de  lleslaux  et  G.  Martin,  vitraux  de  J.  Gruber, 
statuettes  de  Wittmann,  de  J.  Cari  et  de  Finot,  grès 


96 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


flammés  de  la  manufacture  de  Rambervillers,  objets 
d'art  de  Bussière  et  de  Mougin,  etc. 

Revue  alsacienne  illustrée  (1908,  1).  —  Biogra- 
phies alsaciennes  :  XXII.  Gustave  Doré,  par  J.  Bmnville. 
—  Gustave  Doré  naquit  à  Strasbourg  le  6  janvier 
1832  ;  mais  il  ne  tarda  pas  à  quitter  sa  ville  natale, 
car  son  père,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  devait 
se  déplacer  fréquemment.  Les  hasards  de  cette  nais- 
sance alsacienne  nous  valent  une  monographie 
résumée  avec  esprit  et  semée  de  quelques  images  de 
l'illustrateur  fantastique  de  la  Mythologie  du  Rhin, 
du  Roland  furieux,  des  Contes  drolaliques,  de  la 
Divine  Comédie,  et  de  cent  autres  œuvres,  qu'il  a 
commentées,  le'crayon  en  main,  de  si  étrange  et  de 
si  pittoresque  façon. 

—  Trois  tapisseries  alsacien?ies,  par  J.  Guiffbey  :  il 
s'agit  de  la  Vie  de  sainte  Odile,  de  sainte  Attale  et  de 
saint  Adelphe  (fin  du  xv*  ou  commencement  du 
xvi*  siècle)  ;  les  deux  premières,  aujourd'hui  déposées 
au  Petit  Séminaire,  appartiennent  à  l'église  Saint- 
Etienne  de  Strasbourg  ;  la  troisième  sera  étudiée 
dans  un  prochain  article. 

—  La  tradition  de  la  toile  imprimée  alsacienne,  par 
André  Giuodie,  à  propos  de  l'exposition  récemment 
ouverte  au  musée  Galliera  (voir  la  Revue,  n"  de 
décembre  et  de  janvier  derniers). 

Bulletin  de  la  Société  pour  la  protection  des 
paysages  de  France  (janvier).  —  Ce  fascicule  con- 
tient le  texte  de  Xa  proposi lion  de  loi  contre  les  abus 
de  l'affiche-réclame,  déposé  sur  le  bureau  de  la 
Chambre,  par  M.  Ch.  Beauquieh,  —  une  étude  sur  les 
applications  de  la  loi  du  21  avril  1906,  sur  la  protec- 
tion des  paysages;  —  des  rapports  de  délégués  sur 
les  sites  à  classer;  —  des  notes  sur  la  législation 
étrangère  en  matière  de  protection  des  sites  et  monu- 
ments naturels. 

Angleterre 

The  Burlington  Magazine  (février).  —  M.  Claude 
Phillips  étudie  les  peintures  de  sir  Joshua  Reynolds, 
représentant  la  famille  Walker-Ileneage  (Mrs.  Mere- 
dilh,  née  W'alker  ;  Mrs.  Calcraft,  née  Walker  ;  Miss 
■Walker  et  Mr.  Walker-Heneage),  reproduites  en  hors 
texte. 

—  Article  sur  la  galerie  d'art  moderne  récemment 
ouverte  à  Dublin  ;  le  Hulletin  a  eu  l'occasion  de 
parler  de  cette  galerie,  lors  de  son  inauguration  ;  on 
trouvera  ici  la  reproduction  des  principales  œuvres 
qu'elle  renferme. 

—  Suite  des  notes  de  M.  Lionel  Cust  sur  les  pein- 
tures des  collections  royales  ;  second  article  sur  la 
grande  pièce  de  Ant.  van  Dyck,  Cliarles  I"  et  sa 
famille. 

—  M.  Campbell  Dodoson  reproduit  et  commente  un 
élégant  alphabet,  illustré  de  jeux  d'enfants,  gravé  sur 
bois  à  Augsbourg,  par  Jost  de  Ncgker,  sur  les  dessins 
de  Hans  Weiditz,  en  1521. 


—  M.  HerbertCooK  consacre  une  notice  à  Pacheco, 
le  maître  de  Velazquez. 

Belgique 

L'Art  flamand  et  hollandais  (15  février).  —  Suite 
des  articles  de  MM.  F.  Sciimiut-Deoener  et  "W.  Steen- 
iiOFF,  l'un  sur  Adriaen  lirouwer  et  son  évolution 
artistique,  et  l'autre  sur  Antoine  Mauve  et  son  temps. 

Italie 

Siena  monumentale.  —  I^es  fascicules  II,  111  et 
IV  (1907)  de  ce  supplément  à  la  Rassegna  d'arte  senese, 
sont  consacrés  à  une  monographie  du  château  de 
Belcaro,  près  de  Sienne,  par  M.  Lorenzo  Pollim  ; 
l'étude  est  très  abondamment  illustrée  :  ensembles  et 
détails  d'architecture;  photographies  d'intérieurs,  etc.; 
reproductions  de  peintures. 

R0UM.4NIE 

Junimea  literara  (la  Jeunesse  littéraire)  de  Czer- 
nowitz  (Bucovine)  consacre  son  numéro  de  février  1908 
(3*  année,  n"  2)  au  peintre  local  Eugène  Maxitnoxici. 
Il  a  exécuté  des  fresques  dans  le  palais  du  Métropo- 
litain de  Czernowitz,  des  portraits,  des  scènes  de  genre 
empruntées  à  la  vie  populaire  ;  mais  aucune  des 
reproductions  de  ce  numéro  ne  semble  autoriser  les 
éloges  que  lui  décernent  les  personnes  compétentes, 
signataires  des  articles.  —  M.  M. 

■Viata  româneasca  {la  Vie  roumaine),  3*  année, 
n°  1.  —  M.  Tzioaha-Samlhcas  continue  ses  intéres- 
santes chroniques  artistiques.  Il  a  le  grand  mérite 
d'avoir  organisé  à  Bucarest,  avec  de  faibles  ressources, 
un  musée  ethnographique  dont  quatre  illustrations 
donnent  une  excellente  idée.  Néanmoins  il  reste  fort 
à  faire,  et  dans  son  article  Som?nes-nous  dignes  d'un 
musée  national  ''  l'auteur  rappelle  que  les  musées 
voisins  de  Sofia,  de  Budapest,  entre  autres,  possèdent 
déjà  des  sections  valaques  où  l'on  devra  sous  peu 
aller  étudier  tous  les  objets  qu'on  avait  jusqu'ici 
négligé  en  Roumanie  de  recueillir,  et  dont  il  sera 
d'autant  plus  difficile  désorm.iis  de  réunir  des  collec- 
tions complètes  que  le  paysan  roumain,  ne  jouissant 
plus  de  l'aisance  et  des  loisirs  d'autrefois,  ne  pratique 
plus  que  de  moins  en  moins  l'art  traditionnel  des 
ornementations  domestiques  ;  quant  aux  spécimens 
anciens  de  cette  industrie  populaire,  ils  sont  pour  la 
plupart  perdus,  détruits  par  le  temps  ou  dispersés  à 
l'étranger,  et  le  musée  de  Bucarest  ne  dispose  que 
d'une  somme  annuelle  de  2.000  francs  pour  ses  acqm- 
sitions,  tandis  que  celui  de  Sofia,  par  exemple,  a  un 
budget  de  20.000  francs  et  que  les  musées  d'antiquités 
et  de  zoologie  roumains  reçoivent  l'un  9.000  et  l'autre 
.'il. 500  francs  par  an  pour  l'enrichissement  de  leurs 
collections  respectives.  —  M.  M. 

Le  Gérant  :  11.  Denis. 

Paru.  —  Imp.  liaorftM  Petit,  11,  n>«  Uadol-de-Hauroi. 


Numéro  377. 


Samedi  28  Mars  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN     ET    MODERNE 


Générosités  américaines 


Au  mois  de  mai  1905,  M.  J.  Stillmann,  prési- 
dent de  la  National  City  Bank  de  New-York, 
désirant  reconnaître  les  services  que  l'École  des 
beaux-arts  de  Paris  rendait  depuis  de  longues 
années  aux  étudiants  américains,  lui  fit  don  de 
500.000  francs,  «  en  vue  de  constituer  une  dota- 
lion  dont  les  revenus  seraient  employés  à  fonder 
un  ou  plusieurs  prix  annuels,  ù  distribuer  entre 
un  ou  plusieurs  élèves  de  l'Ecole,  de  nationalité 
française  »  (I). 

C'était  là  rendre  un  magnifique  hommage  à 
l'excellence  de  notre  enseignement  artistique,  — 
et  tout  particulièrement  de  l'enseignement  de 
l'architecture,  dont  nos  artistes  se  sont  chargés 
de  démontrer  la  supériorité  en  remportant  de 
haute  lutte  les  premières  places  dans  tous  les 
grands  concours  internationaux,  et  dont  profitent 
chaque  année  un  nombre  de  plus  en  plus  grand 
déjeunes  Américains.  Une  fois  formés  dans  nos 
ateliers  et  munis  de  leur  diplôme,  ces  architectes 
emportent  de  l'autre  côté  de  l'Atlantique,  en 
même  temps  que  d'excellents  souvenirs  de  leur 
séjour  en  France,  une  solide  instruction  profes- 
sionnelle puisée  aux  meilleures  sources. 

Tout  dernièrement,  le  18  mars,  un  groupe  de 
ces  architectes  américains,  anciens  élèves  de 
notre  Ecole  des  beaux-arts,  s'étaient  réunis  pour 
ofl'rir  un  banquet  au  maire  de  New-York.  Or,  à 
l'issue  de  la  soirée,  on  remit  à  M.  Jusserand, 
ambassadeur  de  France  aux  Étals-Unis,  le  billet 
suivant  :  Payez  à  l'ordre  de  M.  Jusserand  la 
somme  de  500.000  francs  pour  l'Ecole  des  beaux- 
arts  de  l'aris. 

Le  signataire  de  ce  billet,  d'une  concision  tout 
américaine,  était  encore  M.  J.  Stillmann  !  Inter- 
rogé sur  la  destination  de  sa  nouvelle  largesse, 
le  donateur  s'est  borné  à  répondre  qu'il  n'y 
mettait  qu'une    condition,   à   savoir   :    que    les 


1 


(1)  Voir  le  n"  259  du  Bulletin. 


Français  fussent  seuls  à  pouvoir  en  bénéficier. 
On  conviendra  que  s'il  était  difficile  d'unir 
plus  de  délicatesse  à  plus  de  générosité,  il  était 
impossible  de  répondre  avec  plus  d'à-propos  aux 
insinuations  répandues  sur  le  compte  de  cette 
École  des  beaux-arts,  pour  laquelle  les  étrangers 
semblent  vouloir  manifester  d'autant  plus  haute- 
ment leur  admiration  que  l'on  paraît  plus 
volontiers  porté,  chez  nous,  à  médire  de  son 
utilité  et  de  ses  mérites. 

A.  M. 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Légion  d'iïonneur.  —  Par  décret  rendu  sur  la 
proposition  du  ministre  des  Affaires  étrangères,  le 
docteur  Pierre  Bûcher,  médecin  à  Strasbourg,  est 
nommé  chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

M.  Bûcher  dirige  la  Revue  alsacienne  illustrée,  ma 
gnifique  publication  d'art  que  l'Académie  couronna, 
il  y  a  deux  ans,  du  prix  Marcelin-Guérin. 

Académie  des  beaux-arts  (séance  du  21  mars). 
—  L'Académie  décerne  le  prix  Achille  Leclère  (archi- 
tecture) dont  la  valeur  est  de  1.000  fr.,  à  M.  Albert 
Laprade,  élève  de  l'École  des  Beaux-Arts. 

—  Le  prix  Bordin  n'est  pas  décerné.  Après  Pâques, 
l'Académie  s'occupera  des  ouvrages  concernant  l'ar- 
chitecture qui  pourraient  mériter  ce  prix. 

—  Sont  admis  en  loges,  pour  le  grand  prix  de  gra- 
vure en  médailles  :  MM.  Fraisse,  élève  de  MM.  Cha- 
plain,  Coutan  et  Vernon  ;  Dropsy,  élève  de  M.  Inj.il- 
bert  ;  Schneider,  Bénard,  Grandhumme  et  Damman, 
tous  quatre  élèves  de  M.  Chaplain. 

Académie   des   inscriptions  et  belles-lettres 

(séance  du  20  mars).  —  Après  la  lecture  du  procès- 
verbal  et  de  la  correspondance,  qui  contient  une 
lettre  du  ministre  des  Affaires  étranfcères  informant 
l'Académie  que  le  deuxième  Congrès  inturnational 
d'archéologie  aura  lieu  au  Caire,  à  Pâques  de  190!), 
M.  Babelon,  président,  rappelle  les  titres  que  M.  de 
Boislisle  s'était  acquis  à  l'alfection  de  ses  confrères 
et  à  l'admiration  des  érudits  par  son  énorme  produc- 
tion   historique. 


■98 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


La  séance  est  levée  aussitôt  après,  en  signe  de 
deuil. 

Société  des  antiquaires  de  France.  —  A  la 
dernière  séance  de  la  Société  des  Antiquaires  de 
France,  M.  Héron  de  Villelosse  a  communiqué  des 
pièces  de  bronze  trouvées  à  Kasrin,  qui  semblent 
être  des  accessoires  de  chars. 

M.  le  commandant  Lefèvre  des  Noëttes  a  démontré 
que  ces  objets  ne  pouvaient  être,  comme  on  l'a  dit, 
des  armatures  pour  le  passage  des  rênes. 

—  M.  Marquet  de  Vasselot  a  étudié  une  coupe 
d'émail  peint  de  Limoges,  de  la  collection  Dutult.  Il 
a  démontré  que  cet  objet,  attribué  à  Pierre  Reymond, 
était  plutôt  l'œuvre  de  Pierre  Courteys  et  qu'elle 
était  copiée  sur  une  composition  du  Primatice  d'après 
une  gravure,  et  sur  une  gravure  de  J.  Androuet  du 
Cerceau. 

—  Puis  M.  le  commandant  LeTèvre  des  Noëttes  a 
communiqué  une  étude  sur  les  modèles  et  sur  l'ana- 
tomie  du  cheval  dans  la  statue  équestre  du  Colleone, 
œuvre  de  Verrocchio  ;  il  a  montré  que  ce  cheval 
hybride  a  des  tares  très  graves  :  il  est  ensellé,  boiteux 
et  bon  pour  la  réforme  !  Les  stries  artificielles  du  sabot 
sont  une  mode  antique  qui  s'est  conservée  jusqu'à 
Falconet  et  qui  se  rencontre  aussi  au  Japon. 

Musée  du  Louvre.  —  La  salle  grecque  du  musée 
du  Louvre  vient  d'être  complètement  réorganisée  par 
les  soins  de  M.  IJéron  de  Villefosse,  conservateur  du 
département  des  antiquités  grecques  et  romaines.  On 
avait  dû  enlever  provisoirement  les  monuments 
qu'elle  renferme  pour  permettre  l'exécution  de  tra- 
vaux par  le  service  d'architecture,  et  il  n'a  été  retenu, 
dans  la  réinstallation,  qu'un  certain  nombre  de  ces 
monuments  plus  particulièrement  intéressants. 

La  paroi  de  l'est  a  reçu  les  monuments  archaïques  : 
marbres  de  Thasos  (monument  à  Apollon  et  aux 
Nymphes,  stèle  de  Philis,  lions  accroupis)  ;  basrelief 
de  Samothrace  représentant  Agamemnon,  Talthybios 
et  Epeos  ;  bas-relief  de  Pharsale  dit  l'Exaltation  de  la 
fleur. 

Sur  la  paroi  opposée,  ont  pris  place  les  métopes 
d'Olympie,  la  métope  et  la  frise  du  Parthénon,  placée 
sous  verre,  un  en-tête  de  stèle  rapporté  par  l'archi- 
tecte Blouet  et  un  fragment  de  haut-relief  ayant 
peut-être  appartenu  à  la  décoration  de  l'un  des  grands 
monuments  d'Athènes. 

Un  choix  de  monuments  votifs  occupe  l'embrasure 
de  la  fenêtre  du  nord  ;  les  plus  remarquables  des 
stèles  funéraires  attiques,  celles  des  fenêtres  du  midi, 
où  se  trouvent  aussi  deux  vases  funéraires,  le  beau 
lécythe  de  Killaron  et  une  loutrophore  ornée  de  plu- 
sieurs personnages. 

Au  milieu  et  sur  le  pourtour  de  la  salle  sont  la 
liera  de  Sanios,  les  deux  torses  d'Actium,  la  tête 
Kampin,  une  tête  de  Lapithe  provenant  d'une  métope 
du  Parthénon,  le  torse  d'Alexandre  le  Grand,  connu 
sous    le    nom    d'inopus,   la   Niobide    de    Patras,   la 


Minerve  avec  le  serpent  Erichthonios,  plusieurs  tètes 
archaïques,  et  la  Déméter  voilée,  rapportée  par 
M.  L.  Ileuzcy. 

Enfin,  deux  vitrines  fixées  au  mur  méridional  ont 
permis  d'exposer  des  petits  marbres  jusqu'alors  relé- 
gués dans  les  armoires  de  la  salle  Clarac. 

Musée  de  'Versailles.  —  Le  musée  de  Versailles 
vient  de^'enrichir  des  bustes  de  Fustel  de  Coulanges, 
marbre,  et  d'Etienne  Arago,  terre  cuite,  par  Carrier- 
Belleuse. 

Le  musée  a  reçu  d'un  groupe  d'amateurs  un  tableau 
d'Eugène  Lami,  comn)éuiorant  la  visite  de  la  reine 
Victoria  en  France,  en  1843. 

Musée  Condé.  —  La  réouverture  du  musée  Condé 
se  fera  le  18  avril.  Jours  gratuits  :  les  dimanches  et 
jeudis  jusqu'au  l.'j  octobre,  à  l'exception  des  jours  de 
courses  à  Chantilly.  Les  samedis  après  midi  :  entrée 
Ii.iyante  (I  franc). 

Société  d'encouragement  à  l'art  et  à  1'^* 
dustrie.  —  La  Société  d'encouragement  à  l'art  et  à 
l'industrie  nous  communique  le  programme  du  dix- 
huitième  concours  général  de  composition  décorative 
quelle  organise  entre  les  élèves  des  écoles  de  dessin, 
des  beau.x-arts,  d'art  décoratif  et  d'art  industriel.  Ce 
concours  aura  pour  sujet  «  une  composition  déco- 
rative susceptible  de  recevoir  une  application  indus- 
trielle »  et  comportera  deux  épreuves,  dont  l'une, 
consistant  en  une  esquisse  dessinée,  faite  en  sept 
heures,  aura  lieu  le  18  mai,  et  dont  l'autre  comportera 
l'exécution  en  quatre  jours,  les  11),  20,  21  et  22  mai, 
d'un  rendu,  soit  sur  papier  grand-aigle,  soit  en  terre 
ou  en  cire.  Les  élèves  qui  voudront  prendre  part  à  ce 
concours  devront  adresser  une  demande  écrite  à 
l'Administration  des  Beaux-Arts,  avant  le  samedi 
25  avril.  Le  jury  sera  composé  de  vingt-deux 
membres,  désignés  moitié  par  la  Société  d'em^ouragc- 
ment  à  l'art  et  à  l'industrie,  et  moitié  par  le  ministre 
de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-.\rls.  Enfin,  les 
récompenses  consisteront  en  dix  primes  :  dont  une 
de  500,  une  de  400,  une  de  300,  une  de  200.  une  de 
120,  quatre  de  100  et  une  de  80  francs.  Des  mentions 
donnant  droit  à  des  objets  d'art,  des  livres  ou  des 
gravures  pourront  en  outre  être  décernées. 

Salon  de  la  Société  des  artistes  français.  —  Le 
jury  de  peinture  pour  le  Salon  de  1908  est  ainsi  com- 
posé : 

.M.  Jean-Paul  Laurcns,  membre  de  l'Institut,  prési- 
dent ;  .\I.M.  llumbert,  membre  de  l'Inslilut  ;  Antoine 
Guillemet,  vice-présidents  ;  .\l.\l.  H.  Uoyer.  Saint- 
Gcrmier,  Gosselin,  Baschel.  secrétaires  ;  M.M.  Bcr- 
geret,  Bonnat,  membre  de  l'Institut  ;  Boutigny, 
Demont,  Dupré,  Gagliardini,  Gilbert,  Henri  .Martin, 
Maillart,  Petitjean,  Quost,  Roybet,  Saintpierre,  Talte- 
grain. 

Salon  de  la  Société  nationale  des  beaux-arts. 

—  A  partir  de  cette  année,  le  Salon  de   la  Société 


ANCIEN    ET    MODERNE 


90 


nationale  des  beaux-arts  comprendra  une  nouvelle 
section,  celle  des  Dentelles.  Cette  Intéressante  initia- 
tive est  due  à  «  la  Dentelle  de  France  »,  société  qui 
s'est  constituée  pour  rénover  en  l'>ance  l'art  de  la 
dentelle  à  la  main  et  pour  en  développer  l'usage. 

I.e  jury  d'admission  des  objets  d'art  de  la  Société 
nationale  des  beaux-arts  a  bien  voulu  s'adjoindre, 
pour  la  réception  de  ces  dentelles  :  M""  la  comtesse 
René  de  licarn.  la  comtesse  Stanislas  de  Castellane, 
la  marquise  de  Ganay,  M"'"  Alexandre  Millcrand  et 
Pol  .Veveux. 

En  Italie.  —  1-es  journaux  italiens  de  la  semaine 
dernière  ont  reproduit  les  principales  dispositions  de 
la  loi  relative  à  la  protection  des  trésors  artistiques 
de  l'Italie,  projet  que  la  Chambre  vient  d'adopter  et 
que  le  Sénat  va  approuver  aussi  très  certainement. 
Klle  remplacera  alors  la  loi  Nasi,  de  1902,  qui  régissait 
cette  matière. 

Les  objets  que  cette  loi  concerne  ne  sont  pas  seu- 
lement les  monuments  historiques,  artistiques  ou 
archéologiques,  mais  aussi  les  jardins,  forêts,  lacs, 
paysages,  chutes  d'eau,  ayant  un  intérêt  artistique 
ou  historique.  Ainsi  elle  aurait  empêché  d'abattre  les 
pins  de  la  villa  liorghèse,  sacrifiés  pour  la  construc- 
tion de  l'Institut  international  d'agriculture. 

La  vente  des  objets  susdits  appartenant  à  l'État  ou 
à  une  commune  est  interdite.  On  ne  verra  donc  plus 
le  Camp  Prétorien  vendu  à  une  sociéié  immobilière, 
ni  les  murs  de  Rome  abattus  pour  l'aire  place  à  des 
voies  de  pénétration.  Tout  citoyen  italien  ou  toute 
société  légalement  constituée  pourra  poursuivre  en 
justice  les  violations  de  cet  article.  Les  excavations 
et  fouilles  ell'ectuécs  par  des  étrangers  dans  les  villes 
romaines  sont  donc  également  interdites. 
■  L'exportation  de  tous  olijets  artistiques  ou  histo- 
riques est  sévèrement  interdite,  si  elle  est  de  nature  à 
causer  une  perte  sensible  à  l'histoire,  à  l'archéologie 
ou  à  l'art. 

Trois  fonctionnaires  du  bureau  des  exportations 
seront  chargés  de  décider  si  tel  est  le  cas.  Le  gou- 
vernement italien,  à  la  disposition  duquel  la  nou- 
velle loi  met  un  crédit  important  pour  l'achat  d'anti- 
quités et  d'œuvres  d'art,  aura  toujours  un  droit  de 
préachat  pendant  trois  mois  ou  même  six.  Le  prix  sera 
alors  fixé  par  une  conuuission  d'experts. 

A  'Venise.  —  Pour  la  reconstruction  du  Cam- 
panile, on  a  élevé  un  échafaudage  mobile  tout  à  fait 
particulier.  Il  se  compose  de  quatre  énormes  poutres 
placées  horizontalement  sur  chacun  des  côtés  du 
Campanile  ;  ces  poutres  supportent  les  plateformes  et 
le  toit,  ce  dernier  étant  formé  de  chevrons  de  bois  et 
couvert  d'une  toile  qui  peut  facilement  s'enlever  en 
cas  de  vent.  Les  quatre  poutres  reposent  sur  quatre 
bras,  constitués  chacun  par  de  doubles  barres  de  fer 
en  forme  d'U,  qui  peuvent  élever  la  masse  entière  de 
l'échafaudage,  au  fur  et  à  mesure  de  la  construction. 


au  moyen  d'appareils  spéciaux.  Ainsi  les  ouvriers 
travailleront  à  l'abri  de  la  pluie  comme  du  soleil  ;  la 
construction,  au  contraire,  ne  sera  pas  plutôt  terminée 
qu'elle  sera  exposée  à  l'air  ;  et  aucun  travail  ne  sera 
demandé  m  à  l'intérieur  ni  à  l'extérieur  du  bâtiment, 
l'échafaudage  étant  pour  ainsi  dire  entièrement  indé- 
pendant de  la  construction.  Ajoutons  qu'un  ascenseur 
électrique,  placé  à  l'intérieur  de  la  tour,  élève  les 
matériaux  jusqu'à  la  plateforme  où  travaillent  les 
ouvriers,  et  que  cet  ascenseur  sera  sans  doute  laissé 
en  place,  pour  la  commodité  des  visiteurs,  quand  le 
Campanile  sera  terminé. 

Quand  sera-t-il  terminé  '?  «  La  hauteur  du  Campanile 
entier,  dit  le  Burlington  Magazine  auquel  nous  em- 
pruntons ces  détails,  avec  la  chambre  de  la  cloche  et 
le  clocher  au  sommet,  doit  atteindre  une  hauteur  de 
100  mètres.  Dans  l'état  actuel  des  travaux,  la  con- 
struction mesure  17  mètres  ;  on  a  calculé  que  trois 
mètres  environ  sont  gagnés  chaque  mois,  et  à  ce 
compte  l'ingénieur  en  chef  espère  que  le  travail  sera 
terminé  en  tfllO  ». 

En  Indo-Chine.  —  Dans  le  dernier  liiilletin  du 
Comilê  de  l'Asie  française,  M.  Foucher,  qui  tout  der- 
nièrement encore  dirigeait  l'Ecole  française  d'Extrême- 
Orient,  fait  éloquemment  appel  aux  pouvoirs  publics, 
comme  à  toutes  les  bonnes  volontés  et  à  toutes 
les  initiatives,  pour  la  protection  des  ruines d'Angkor. 
De  toutes  les  obligations  nouvelles  qui  s'imposent  à 
la  France  depuis  le  récent  traité  franco-siamois,  il 
n'en  est  pas  en  ell'et  de  plus  pressante  que  d'assurer 
la  conservation  de  ces  débris;  et,  au  double  point  de 
vue  du  patriotisme  et  de  la  civilisation,  c'est  un  devoir 
impérieux  pour  nous  de  ne  pas  laisser  péricliter  un 
aussi  précieux  héritage. 

Or  le  temps,  l'abandon,  la  végétation  envahissante 
n'ont  que  trop  entamé  déjà  ces  prodigieux  vestiges 
de  toute  une  civilisation.  Il  n'est  que  temps  de  veiller 
au  salut  de  ces  ruines  :  mais  ce  n'est  pas  chose 
facile.  Il  faudrait  débroussailler,  reprendre  à  leur 
base  maints  pilliers,  en  redresser  d'autres,  consolider 
des  architectures,  etc.,  et  c'est  l'œuvre  de  toute 
urgence  à  laquelle  M.  Foucher  convie  tout  à  la  fois  le 
gouvernement  général  de  l'Indo-Chine,  le  gouverne- 
ment métropolitain  et  l'initiative  privée.  Ce  ne  sera 
pas  de  trop  de  tous  ces  concours  pour  sauver  les 
ruines  d'Angkor  d'une  disparition  complète.  Une 
<■  Société  d'Angkor  pour  la  conservation  des  monu- 
ments anciens  de  l'Indo-Chine  »  s'est  d'ailleurs  cons- 
tituée à  cet  effet,  avec  l'aide  du  Comité  de  l'Asie 
française,  et  M.  Foucher  engage  instamment  ceux 
qui  s'intéressent  à  ces  monuments  à  lui  adresser  leur 
adhésion. 


100 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


CHRONIQUE    DES   VENTES 


TABLEAUX   —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

Collection  de  M™«  P...  (tableaux  anciens). 

—  Celte  vente,  qui  a  eu  lieu  salle  6,  le  18  mars, 
par  le  ministère  de  M"  Lair-Dubreuil  et  de 
M.  Haro,  ne  contenait  vraiment  aucune  toile  de 
premier  ordre.  Aussi  les  résultats  ont-ils  été  de 
peu  d'importance. 

La  page  qui  paraissait  devoir  être  le  clou  de  la 
vente,  un  grand  lableau  de  l'atelier  de  Rubens, 
Cérès  et  Pomone,  présenté  avec  une  mise  à  prix 
de  50.000  fr.,  a  été  retirée,  faute  d'enchères. 

Il  nous  suffira  de  donner  les  enchères  les  plus 
marquantes  de  cette  vacation,  dont  le  produit 
s'est  élevé  à  62.015  francs. 

PRINCIPAUX     PRIX 

Table.^ux  A^■CIE^s.  —  2.  Bcaubrun.  Porlruit  de  la 
duchesse  de  Lonrjueville,  1.750  fr.  —  3.  Uernaerdis. 
Poi-lrail  du  bourgmestre  d'Ypres  el  de  sa  famille, 
l.fioO  fr.  —  4.  Attr.  à  Boucher.  Ariane  el  llacc/tus, 
2.tOO  fr.  —  6.  Éc.  de  Boucher.  Ilacchanles  endormies, 
2.000  fr.  —  9.  Attr.  à  Chardin.  La  Femme  à  l'éventail, 
2.150  fr.  —  17-18.  Uonato  Creti.  L'Empereur  Cons- 
tantin devant  le  tombeau  de  sa  mère.  La  Mort  de 
Constantin,  1.800  fr.  —  30.  Éc.  française.  Portrait  de 
femme,  1.800  fr.  —  33.   Concert  champêtre,  1  800  fr. 

—  40.  Éc.  hollandaise.  Portrait  d'homme,  3.350  fr.  — 
42.  Portrait  de  deux  fillelles  du  duc  de  Nassau, 
1.300  fr.  —  51.  Urimou.  La  Musicienne,  1.150  fr.  — 
52.  Attr.  à  liais.  Le  Joyeux  buveur,  \  .850  fr.  —  53.  Éc. 
de  Iluet.  Le  Présent  repoussé,  1.200  fr.  —  59.  Van 
Loo.  Portrait  d'un  maréchal,  1.250  fr.  —  72.  Atelier 
de  Bubons.  Cérès  el  Pomone,  non  vendu  (mis  à  prix 
à  50.000  fr.  et  retiré  faute  d'enchères).  —  75.  Tour- 
nicrcs.  Portrait  du  fils  de  Jean  Vue,  3.500  fr.  —  76. 
Attr.  à  Tourniéres.  La  Jeune  fille  au  mouton,  1.400  fr. 

—  78.  Attr.  à  Vestier.  Portrait  d'un  navigateur,  La 
l'érouse  ou  llougainvilte,  et  de  sa  famille,  2.500  fr. 

Atelier  Louis  'Watelin.  —  Cette  vente  a  pris 
(in  le  17  mars,  sur  un  total  de  32.536  francs, 
sans  donner  lieu  à  de  plus  fortes  enchères  que 
celles  que  nous  signalions  dans  notre  dernière 
chronique. 

Tapisseries.  —   Quelques   prix  d'une   vente 
faite  salle  5,  le  19  mars,  par  M"  Orizet  : 
Quatre    grandes    tapisseries    du   xvii<:   siècle, 


grands  personnages,  sujets  de  l'histoire  romaine, 
7.200  fr.  —  Deux  tapisseries  du  xvii"  siècle, 
l'EscarpoUtte  et  le  Colin-Maillard,  5.200  fr.  — 
Salon,  bois  sculpté,  couvert  en  ancienne  tapis- 
serie à  petits  personnages  et  paysages,  4.000  fr. 
—  Salon  en  tapisserie  à  paysages,  1.225  fr. 

Collection  Maury.  —  De  composition  toute 
spéciale  —  marionnettes,  poupées,  étendards  et 
curiosités  militaires,  —  cette  vente  a  obtenu  un 
vif  succès  de  curiosité  et  des  résultat  fort 
honorables. 

Quatre  marionnettes  du  théAtre  Séraphin  ont 
été  poussées  à  455  fr.,  el  six  petites  marionnelles 
italiennes  du  xviii=  siècle,  à  360  fr.  —  Le  pavillon 
du  yacht  de  Napoléon  III,  en  soie  tricolore,  avec 
semis  d'abeilles  et  armes  impériales,  est  monté 
à  900  fr.,  et  un  drapeau  des  combattants  de  la 
révolution  de  Juillet  1830,  à  800  fr. 

Atelier  Girardet.  —  La  vente  de  tableaux  du 
peintre  orientaliste  Eugène  Girardet,  faite  salle  6, 
le  20  mars,  sous  la  direction  de  M"  Lair-Dubreuil 
et  de  M.  Georges  Petit,  a  produit  23.267  francs, 
avec,  comme  prix  principaux  :  16.  Ruelle  à  Binkra, 
900  fr.  —  6.  La  Fantasia,  580  fr.  —  20.  Fillette 
tenant  des  dattes,  620  fr. 

Il  avait  été  dressé,  à  l'occasion  de  cette  vente, 
un  catalogue  illustré  de  quelques  planches  et 
pour  lequel  notre  collaborateur  M.  I.éonce  Béné- 
dite,  avaitécrit  une  préface,  —une  véritable  étude 
rappelant  de  façon  remanjuable  la  carrière  et  les 
mérites  du  peintre  disparu. 

Tableaux  anciens  et  modernes.  —  Cette 
vente,  qui  a  eu  lieu,  comme  nous  l'avions 
annoncé,  salle  6,  le  23  mars,  par  le  ministère  de 
M<:  H.  Baudoin  et  de  M.  Ferai,  a  produit  un  lotal 
de  169.745  francs. 

Comme  elle  contenait  plusieurs  morceaux  d'un 
réel  intérêt,'  elle  a  donné  lieu  à  quelques 
enchères  marquantes. 

Un  grand  tableau  de  la  première  manière  de 
Corot,  représentant  Diane  et  Aclron,  et  daté  de 
1836,  a  été  adjugé  30.000  francs,  sur  la  demande 
de  23.000  francs.  Succès  plus  notable  encore 
pour  le  petit  Diaz,  les  Baigneuses,  vendu  12.000 
francs,  sur  la  demande  de  3.500  francs. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


101 


I.e  Portrait  de  M"'"  X...,  par  Oreuze,  a  réalisé 
juste  le  prix  d'estimation  de  20.000  francs.  I.a 
Musicienne,  par  J.-B.  Tiepolo,  est  montée  à 
9.800  francs,  sur  la  demande  de  6.000  francs. 
Des  deux  compositions  par  Lagrenée,  estimées 
b.OOO  francs,  Tune,  la  Peinture,  a  été  poussée 
jusqu'à  7.000  francs,  alors  que  l'autre,  la  Sculp- 
ture, n'a  pas  dépassé  3.3S0  francs.  De  même,  des 
deux  Hubert-Robert,  l'Inondation  est  montée  à 
7.000  fr.,  sur  la  demande  de  6.000  fr.,  alors  que 
le  Palais  est  resté  à  1.600  fr.,  sur  la  demande  de 
b.OOO  fr. 

Notons  encore  l'important  Portrait  de  Lefchvre 
d'Ormesson,  par  Rigaud,  adjugé  3.900  fr.  (de- 
mande, 6.000  fr.  ),  et  les  deux  grands  portraits 
se  faisant  pendant,  par  Wabbe,  vendus  l'un 
4.200  francs,  l'autre  S.KOO  fr.,  sur  la  même 
estimation  de  8.000  francs  pour  chacun. 

PRINCIPAUX    PRIX 

AgUAREi-iEs,  DESSINS,  PASTELS.  —  4.  Iloln.  Le  l'arc, 
gouache,  2.700  fr.  —  8.  Atlr.  à  Perronneau.  l'orlrall 
présumé  de  Cftarlcs-Itené  Neveu,  pastel,  l.COO  fr. 

Table.m'x  modernes.  —  13.  Corot.  Diane  et  Aciéon, 
30.000  fr.  —  14.  Diaz.  Les  Baigneuses,  12.000  fr. 

Tableaux  anciexs.  —  16.  Brcughel.  Paysanne  tenant 
une  cruche.  L-'iOÛ  fr.  —  17.  Casanova.  Cavaliers, 
1.400  fr.  —  22.  M"°  Marguerite  Gérard.  La  Réprimande, 
I.83Û  fr.  —  23.  Greuzc.  l'orlrall  de  M"'  X..., présumée 
dame  d'honneur  de  Marie-Antuinetle,  20.000  fr.  —  24. 
Ilensius.  Portrait  de  jeune  femme,  2.6S0  fr.  —  2a. 
Purtrail  d'homme,  1.200  fr.  —  26.  Attr.  à  Van  der 
Ilolst.  Portrait  de  jeune  femme,  I.OÎiO  fr.  —  30.  La- 
grenée. La  Peinture,  7.000  fr.—  La  Sculpture,  3.350  fr. 
—  .37.  nigaud.  Port'rait  de  Lefebvre  d'Ormesson. 
3.900  fr.  —  38.  Attr.  à  Rigaud.  Portrait  d'un  fermier 
général.  1.000  fr. 

39.  Hubert-Robert.  L'Inondation,  7.000  fr.  —  40. 
Un  Palais,  I.COO  fr.  —  4:j.  Martin  Sliee.  Portrait  de 
jeune  femme,  3.800  fr.  —  44.  Seghers.  Fleurs  ornant 
un  cartouche  de  pierre,  1.020  fr.  —  43.  Swebach. 
Convoi  d'armée,  1.300  fr.  —  46.  Tiepolo.  La  Musi- 
cienne, 9.800  fr.  —  47-48.  Le  Christ  au  roseau.  La 
Flagellation.  i.OOO  fr.  —  32.  Vestier.  Portrait  d'homme, 
3  2ii0  fr.  —  53.  De  Vos.  Porti  ail  d'une  jeune  dame. 
8.100  fr.  —  54.  Portrait  d'homme,  3.000  fr.  —  55 
Jacques  Wabbe.  Portrait  de  Jacobs  Olferlsz  De  Jonc!;, 
4.200  fr.  —  56.  Portrait  de  la  femme  de  Jacobs  Olferlsz 
De  Jonck,  3.500  fr.  —  38.  Éc.  esp.  Portrait  d'une 
dame  de  qualité,  4.400  fr.  —  61.  Éc.  franc  ,  xvi"  s., 
Portrait  de  François  I",  1.520  fr.  —  62.  Éc.  franc., 
ivin*  s.  Portrait  de  jeune  fille  en  jardinière,  1.000  fr. 

■  65.  Portrait  de  femme,  2.100  fr. 

En  province.   —  "Vente  Bouillin,  à  Lyon 

K-  La   première  vente    de  la  collection  ou  plus 


exactement  des  fnarchandises  composant  le 
stock  de  l'antiquaire  provincial  bien  connu, 
M.  Bouillin,  de  Lyon,  a  eu  lieu  dans  cette  ville, 
du  9  au  14  mars,  par  le  ministère  de  M"  Gazagne 
et  de  M=  Raudin.  Notons  quelques  enchères  : 

Commode  ép.  Louis  XV,  marqueterie  et  bron- 
zes, signée  Boudin,  3.060  fr.  —  l'etit  bureau  plat 
Louis  XVI,  acajou,  2.250  fr.  —  Pendule  Louis 
XVI,  de  Lépine,  bronze  doré,  2.650  fr. —  Grand 
cartel  Louis  XIV,  bronze,  modèle  de  Delafosse, 
2.000  fr. 

Ventes  annoncées.  • —  A  Paris.  —  Un  cata- 
logue illustré  de  quelques  planches,  nous  apporte 
l'annonce  d'une  vente,  qui  aura  lieu  le  30  mars, 
salle  6,  par  les  soins  de  M>>  Lair-Dubrcuil  el  de 
MM.  Mannheim  et  Ferai.  Parmi  les  tableaux, 
dessins  et  estampes,  nous  remarquons  en  parti- 
culier un  dessin  au  crayon  noir  et  à  l'estompe, 
signé  de  J.-B.  Isabey,  le  Portrait  de  Chenard,  ac- 
teur de  F  Opéra-Comique;—  parmi  les  objets  variés, 
une  ligurine  en  ivoire  sculpté,  de  la  lin  du  xvi= 
siècle,  représentant  Jésus-Christ  au  moment  de 
l'Ascension  ;  deux  statuettes,  en  bronze,  d'amour 
debout,  d'art  vénitien  du  xvi'-'  siècle;  —  et  parmi 
les  meubles  :  un  petit  bureau  d'angle  à  dos  d'âne, 
en  bois  de  violette,  d'époque  Louis  XV  ;  un  grand 
secrétaire  à  abattant  et  quatre  portes,  eu  mar- 
quetlerie  de  bois  de  couleur  et  garni  de  bronze 
dorés,  d'ép.  Louis  XVI  ;  —  enfin,  pami  les  tapis- 
series :  une  tapisserie  des  Gobelins  du  xvii« 
siècle,  de  l'Histoire  d' Alexandre,  d'après  Le  Brun, 
Alexandre  et  la  famille  de  Darius  ;  deux  pièces  des 
Gobelins,  du  xvuf  siècle,  de  la  suite  des  Mots  de 
Lucas,  la  Pèche  et  la  Paie  après  la  moisson. 

Collection  Pierre  Barboutau.  —  Art 
japonais.  —  Voici  une  collection  faite  par  un 
spécialiste,  et  qui  forme  l'explication,  le  complé- 
ment du  livre  que  l'amateur  écrivain,  M.  Pierre 
L'arboutau,  lit  paraître  en  1904  sous  ce  titre  : 
Biographies  d'artistes  japonais  dont  les  cvuvres 
figurent  dans  la  collection  Pierre  Jiarboiitaù,  ou- 
vrage en  deux  volumes  copieusement  illustrés  et 
où  sont  reproduites  lespièceslesplus  marquantes 
de  la  présente  vente. 

Celle-ci  aura  lieu,  salle  7,  du  31  mars  au 
3  avril,  sous  la  direction  de  M«  F.  Lair-Dubreuil 
et  de  M.  E.  Leroux. 

Bien  que  riche  surtout  en  estampes  et  en 
peintures,  la  collection  P.  Barboutau  comprend 
tout  d'abord  quelques  sculptures  et  des  objets 


102 


LE    BULLETIN    DE    L'AHT 


d'art,  notamment  des  céramiques  japonaises  et 
des  gardes  de  satire. 

La  collection  d"estampes  ne  comprend  pas 
moins  de  huit  cents  numéros,  représentant  de 
la  façon  la  plus  complète  l'art  de  la  gravure  en 
couleurs  au  Japon,  au  début  du  xviir  siècle  et 
au  début  du  xix«.  Okou-Moura  Mara-Nobou,  Yei- 
sho,  Ko-riou-saï,  Outa-tiava  Toyo-Kouni  I'^"', 
Kouni-Sada,  Kouni-Yoshi,  Kikou-Gava  Yeizan, 
Kei-sai  Y'ei-son,  Iliro-Shighe,  Shoun-Sho,  Shoun- 
Yci,  Katsou-Sliika  Hokou-sni,  Kita-Gava  Oula- 
niaro,  sont  représentés  de  la  meilleure  manière. 

La  catégorie  des  peintures  comprend  des  spé- 
cimens des  diverses  époques  de  l'art  japonais, 
depuis  l'école  chinoise  et  l'école  de  Kano  du 
XV"  siècle  jusqu'aux  maîtres  de  xviii"'  siècle. 

—  A  huitaine,  l'annonce  détaillée  de  la  vente 
Dameron,  qui  se  fera  le  30  mars. 

M.  N. 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Société  des  Artistes  indépendants.  (Serres 
du  Cours-la-Heine).  —  En  art  du  moins,  le 
prophète  Willette  nous  a  promis  une  réaction 
terrible  :  on  la  devine,  à  voir  mouler  les  flots 
bigarrés  de  ce  premier  Salon  du  Printemps.  «  Ni 
jury,  ni  récompenses»  :  cette  accueillante  société 
ne  s'adresse  qu'au  public.  Et  que  dit  le  public  ? 
Il  s'effare  d'abord  de  la  quantité  montante  (6.701 
numéros  catalogués)  et  compte  dans  ses  rangs  les 
nombreuses  victimes  nouvelles  du  bonheur  de 
peindre  ;  pour  peu  qu'il  ait  l'tt'il  délicat,  il  re- 
connaît presque  aussitôt  la  qualité  beaucoup  plus 
rare,  invisible  à  première  vue  en  ce  débordement 
d'ignorance,  présente  pourtant  avec  d'excellenis 
cadres  signés  de  noms  très  connus  ;  il  rit  de  bon 
cœur  dans  la  «salle  des  fauves»,  en  oubliant  tout 
snobisme  :  et  ce  rire  bourgeois  est-il  une  injustice 
à  l'égard  de  ces  ilotes  prétentieux  qui  s'immolent 
très  ostensiblement  sur  l'autel  du  ridicule?  Une 
indescriptible  Femme  nue  do  M.  Bêla  Czobcl,  les 
lAilleuscfi  de  M.  Kees  Van  Uongen,  les  paysages  de 
iM.  t)iho  Friesz,  aussi  gaiement  que  les  portraits 
de  M""  Alice  Bally,  nous  rassurent  en  nous  prou- 
vant que  les  «  fauves  »  des  deux  sexes  sont  pour  la 
plupart  étrangers,  et  M  Matisse  a  le  bon  goût 
d'être  absen  t.  Mais,  hélas  I  certains  élèves  du  sage 
visionnaire  Gustave  Moreau  nomment  «  esquisse 
décorative  »  un  contour  plus  ou  moins  sommai- 
rement cézannien,  sali  d'une  dédaigneuse  teinte; 


et,  cependant,  nous  comptons  encore  sur  la  rai- 
son trop  longtemps  dévoyée  de  M.  Georges  Kouault 
qui  promettait  un  classique... 

Aussi  bien  l'art  classique  est  à  ce  XXIV'  Salon, 
non  pas  seulement  dans  l'exception  symbolique 
ou  religieuse  de  MM.  Claudius  Dalbanne  et  Séon, 
qui  prolongent  résolument  l'idéalisme  lyonnais 
des  Flandrin,  mais  dans  l'effort  décoratif  de 
.M.  Vallotton,  plus-  dessinateur  que  peintre  et  trop 
préoccupé  par  M.  Ingres  :  ses  Femmes  au  bain  ca- 
ricaturent le  Bain  <Hrc;  application  pédante,  qui 
contraste  avec  le  mal  du  nouveau  siècle  :  la  ma- 
nie de  peindre  vite  et  de  peindre  trop.  La  peinture 
se  croit-elle  devenue  musicienne  au  point  d'abu- 
ser de  l'exercice  ou  de  la  fausse  note?  Un  signe 
des  temps,  qui  dépare  les  Bucoliques  de  M.  Du- 
souchet,  le  Vitrail  de  M.  Victor  Dupont,  ['Automne 
de  M.  Laprade,  et  même  divers  aspects  du  port 
de  La  Rochelle,  notés  inégalement  par  M.  André 
Barbier  qui  peut  atteindre  à  l'exquis  :  serait-ce  la 
peur  d'avoir  l'air  «  pompier  »  près  des  «  fauves  »  ".' 
Mais  le  pointillisme  impénitent  de  M.  Signac, 
l'amertume  de  .M.  Sickert  ou  les  inégalités  de 
M.  Marquet  ne  nous  interdisent  pas  du  tout  de 
rendre  justice  aux  calmes  intérieurs  de  M.  Jean 
de  la  Hougue,  aux  tendres  mélancolies  de  MM. 
Corgialegno,  Georges  Lemmen  et  Paul  Chartier; 
aux  paysages  lumineusement  ordonnés  de  MM. 
Bruguière  etGaulet;  enlln,  dans  une  foule  cosmo- 
polite, aux  dessins  de  MM.  Ivan  Thiele  et  Rappa. 
Car  on  dessine  aux  Indépendants,  et  les  anti- 
podes se  reflètent  en  ce  miroir  confus. 

Nous  retrouvons  ici  .M.  Chénard-lluché,  le  beau 
peintre  de  la  .\e13e  à  Montmartre,  à  côlé  des 
promesses  nouvelles  ou  des  tempéraments  variés 
de  MM.  Battaglia,  Roustan,  Pâtisson,  Déziré, 
Jacques  Simon,  G.  de  Traz,  Duray,  Georget- 
Faure,  Henri  Farge  et  Marcel  Holl.  M"=  Jeanne 
Duranton  se  distingue  parmi  les  trop  nombreuses 
femmes-peintres;  et,  parmi  les  écrivains,  auprès 
de  MM.  Tristan  Klingsor,  Paul  Jaraot,  Léon  Ro- 
senthal,  ou  du  ténor  Georges  Dantu,  .M.  Henri 
Ghéon  nous  appelle  à  la  Chambre  aux  fruits. 

Monstrueuse  ou  décadente  avec  MM.  Max  .\ary 
et  Boulanger,  la  sculpture  affolée  se  retrempe  à 
la  grâce  vive  des  gamines  observées  par  M.  Pe- 
relmagne,  en  accusant  à  son  tour  les  indécisions 
d'une  époque  oi'i  l'art  est  d'autant  plus  rare  que 
tout  le  monde  est  artiste. 

Société  des  Peintres  de  montagne  (Cercle 
de  la  Librairie).  —  L'artistique  0  série  »  de 
M.  René  Ménard,  où  domine,  sereine  ou  brouillée. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


103 


la  masse  muette  du  Cervin,  serait  la  très  bien- 
venue à  cette  onzième  réunion  du  Cercle,  afin  de 
rehausser  les  vues  prosaïques  de  M.  Charles 
Bertier  ou  les  vues  posthumes  de  M.  Cliartran  : 
car  les  morts,  ici,  ne  sont  Jamais  oubliés  ;  et, 
cette  année,  près  de  quelques  artistes  vivants  et 
de  rares  pages  instructives  (volcans  auvergnats 
de  M.  Busset,  aquarelles  de  MM.  Rossert  et 
Filliard,  Olympe  lointain  de  M.  Schrader),  l'intérêt 
ne  revit-il  point  dans  les  éludes  peintes  et  sur- 
tout dans  les  aquarelles  sourdement  éclatantes 
de  ce  farouche  Auguste  Ravier  (181  i-189a),  Lyon- 
nais au  sourcil  monacal,  au  regard  lyrique,  qui 
comptera  dans  l'école  française  pour  avoir  main- 
tenu sous  les  voluptés  de  la  couleur  la  haute 
vertu  du  dessin  "? 

Malgré  son  adoration  pour  Turner,  il  sut  rete- 
nir le  goiît  éminemment  français  qui  réclame  la 
forme,  même  dans  la  brume;  en  dépit  de  sa  reli- 
gion toute  lyonnaise  pour  la  ligne,  il  devina  la 
couleur  et  son  moderne  enchantement.  N'est-ce 
pas  cet  accord  nouveau  qui  fit  l'originalité  du 
peintre  de  ciels  et  qui  lui  valut  l'estime  de 
Corot"?  Les  deux  paysagistes  s'étaient  connus  en 
pleine  campagne  de  Rome,  à  l'heure  austère  où 
M.  Ingres  dirigeait  l'Académie  de  France;  et 
jusqu'à  ses  derniers  jours,  quand  il  notait  les 
nuances  variées  du  crépuscule  sur  les  crêtes 
dauphinoises,  aux  environs  de  Morestel  ou  de 
Crémieu,  Ravier  se  souvint  de  Corot.  Car  le 
paysage  n'était  pas  seulement,  à  ses  yeux,  «  une 
affaire  de  tons  ». 

Raymo.nd  Bouyer. 

Jp  «S»  J-  -J-  -S-  •Sr    •î»  *1*  •*■  ~I*  -a»  "t  "1*    "r  ■»•  *4»  "1"  *ï"    •**  "J*  "1*  -!"  "!■  "J*  •*• 

COURRIER  DES  DÉPARTEMENTS 


A    ROUEN 

2''  Exposition  de  la  Société  des  artistes 

rouenaais  et  Rétrospective  d'Emile  Nicolle. 

Emile  Nicolle  est  un  peintre  graveur  qui  vécut 
à  Rouen  de  IS.'iO  à  1894.  Un  érudit  local  nous 
présente  la  biographie  de  l'artiste,  en  une  courte 
et  substantielle  préface  :  «  Nicolle  ne  déButa  que 
fort  tard  dans  la  carrière  artistique,  nous  dit 
M.  Georges  bubosc,  et  avant  de  manier  la  pointe 
de  l'aquafortiste,  fut,  pendant  de  longues  an- 
nées, clerc  de  notaire  à  Rouen  et  à  Provins, 
puis  courtier  maritime  ».  Le  peintre  Ribot  con- 
seilla l'eau-forte  à  cet  artiste,  qui,  depuis  1804, 


exposait  au  Salon.  Nicolle  débuta  vers  1877  par 
une  série  de  dix  planches  sur  le  Vieux-Rouen, 
dont  il  donna  bientôt  une  seconde  série.  Par  la 
suite,  il  s'inspira  des  sites  normands  (Blainville, 
Saint- Valéry,  etc.)  ou  auvergnats,  traduisit  quel- 
ques vues  de  Paris  et  l'éunit  après  1878  deux  sé- 
ries :  En  Vacances,  qui  contiennent  ses  plus 
libres  interprétations.  Peintre,  sa  palette  est 
lourde  et  son  inspiration  romantique. 

L'ensemble  de  son  œuvre  est  fort  bien  pré- 
senté :  ses  eau.x-fortes  réunies  sont  montrées 
en  plusieurs  états  à  côté  des  plaques  originales; 
mais  l'intérêt  le  plus  réel  réside  dans  ses  pre- 
miers croquis  à  la  mine  de  plomb,  dont  plusieurs 
ont  pu  être  retrouvés. 

Un  buste  de  l'artiste,  dû  à  son  petit-lils,  le 
sculpteur  Duchamp-Villon,  est  exposé  dans  la 
même  salle.  Le  même  statuaire  et  ses  frères, 
les  peintres  Jacques  Villon  et  Marcel  Duchamp, 
sont  également  fort  bien  représentés  à  la 
2"  Exposition  des  artistes  rouennais,  —  en  parti- 
culier Jacques  Villon,  qui  montre  une  série  de 
faïences  inspirées  des  vieilles  poteries  rouen- 
naises  pour  le  procédé,  mais  des  plus  originales. 
M.  Duchamp-Villon  expose  par  ailleurs  un  Esope 
qui  est  tout  à  fait  digne  d'intérêt.  Entre  les 
sculpteurs  présents,  il  faut  signaler  en  outre, 
MM.  Guilloux,  Pierre  Millier,  Chauvel  et  Busnel. 

La  peinture  est  représentée  sans  trop  de 
déchet,  pour  une  Société  assez  librement  ou- 
verte. Tout  au  premier  rang,  il  faut  signaler  les 
dix  belles  toiles  impressionnistes  de  M.  Charles 
Fréchon  :  études  d'atmosphère,  en  toutes  saisons, 
notées  dans  les  environs  de  Rouen,  et  dont  un 
Octobre  est  d'une  belle  harmonie  colorée  et  non 
sans  poésie;  M.  René  Olivier,  avec  de  remarqua- 
bles paysages  et  coins  de  villes  flamandes,  toits 
rouges  et  ruelles  mélancoliques;  M""  Noémie 
Allard,  que  l'on  aimerait  voir  illustrer  des  contes 
pour  faire  peur,  tant  ses  œuvres  Imaginatives 
savent  raconter  en  ménageant  l'angoisse  ;  puis 
voici  M.M.  Gaston  Gosselin  et  Robert  Pinchon,  à 
la  recherche  d'une  formule  large  et  simple  ; 
M.  Guilbert,  sincère  et  précis;  M.  Dumont,  avec 
une  belle  nature  morte,  supérieure  au  reste  de 
ses  envois;  M.M.  Allard,  Couchaux,  Buron,  Man- 
chon, Fère,  Vaumousse,  Bradeberry,  Madelaine, 
Beaudoin,  Moïse,  Min<:  Hoschédé  et  M"»  .Mauger  ■ 
dont  les  œuvres,  peintures,  aquarelles,  objets 
d'art,  tranchent  sur  la  monotonie  de  l'ensemble. 

Les  artistes  rouennais  ont  eu  en  outre  l'ex- 
cellente idée  d'organiser  des  auditions  musicales 
consacrées  ù  Berlioz,  à  la  musique  française,  à  la 


104 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


cliaiisoii  ancienne,  etc.,  avec  le  concours  de 
IWncord  parfait  et  de  la  Gamme,  les  deux  ipeil- 
leures  réunions  musicales  rouennaises. 

A. -M.  (iossE/.. 


CORRESPONDANCE  DE  BRUXELLES 


Les  transformations  de  Bruxelles. 

A  l'image  de  la  Belgique  tout  entière,  dont  on 
connaît  la  singulière  prospérité  économique, 
Bru.xelles  est  en  train  de  se  métamorphoser  com- 
plèleiiienl.  Dansquelques  années, la  villeseraraé- 
connaissable,elil  ne  restera  pas  grand'chose  delà 
vieille  cité  brabançonne,  dont  on  trouve,  aujour- 
d'hui encore,  tant  de  traces.  On  veutla  transformer 
en  une  capitale  monumentale  et  grandiose,  pleine 
de  palais,  de  terrasses,  de  jardins  et  de  perspec- 
tives. Malheureusement,  il  n'est  pas  certain  ([ue 
les  transformations  rêvées  soient  toutes  très  heu- 
reuses. 

La  plus  importante  consiste  à  édilier  sur 
la  crête  de  la  colline,  aux  flancs  de  laquelle  la 
ville  est  bâtie,  un  immense  palais  i|ui  réunira  les 
musées,  les  bibliothèques,  les  académies:  c'est  ce 
que  la  voix  publique  a  appelé  de  ce  nom  étrange: 
le  Mont  desArts.  11  y  avait  là  autrefois  —  à  présent 
le  quartier  est  en  démolitions  —  des  rues  et  des 
ruelles  passablement  tortueuses,  et  dont  la  prin- 
cipale, la  Montagne  de  la  Cour,  voie  de  commu- 
nication naturelle  entre  la  ville  haute  et  la  ville 
busse,  était  peuplée  des  boutiques  du  commerce 
de  luxe,  Qt,  par  le  fait  même,  fort  animée.  C'est 
le  dessein  de  redresser  et  d'élargircette  voie  com- 
merçante qui  a  suggéré  l'idée  du  projet  actuel. 

Il  consiste  essentiellement  dans  la  réunion 
des  bâtiments  de  la  Bibliothèque  royale  et  des 
Archives,  —  l'ancien  palais  des  ducs  de  Brabant, 
transformé  par  Charles  de  Lorraine,  —  au  palais 
des  Beaux-Arts,  construit  il  y  a  (juclque  vingt  ans 
par  Balat,  en  les  augmentant  des  constructions 
nouvelles  nécessitées  par  l'extension  des  musées 
et  des  bibliothèques,  à  étendre  les  dépendances, 
les  jardins  et  les  terrasses  de  ces  jardins  et  de  ces 
palais  sur  l'emplacement  actuel  de  la  Montagne 
de  la  Cour  et  des  ruelles  avoisinantes.  Ce  plan  a 
de  la  giandeur,  et  le  fait  est  que  la  maquette 
que  l'on  a  exécutée  pour  montrer  au  public  ce 
que  l'on  entend  faire,  donne  l'impression  de 
quelque  chose  de  très  monumental,  de  trop  mo- 
numental peut-être.  L'immense  palais  de  style 


classique  que  l'on  veut  édilier  a  le  défaut  d'écra- 
ser de  sa  masse  les  jolies  constructions  de  Charles 
de  Lorraine  qui  y  seront  pour  ainsi  dire  encas- 
trées. D'autre  part,  en  son  impeccable  correction, 
il  est  terriblement  froid  et  même  un  peu  morne. 

Je  ne  crois  pas  qu'on  eût  pu  penser  à  donner 
à  un  ensemble  aussi  considérable  le  style  natio- 
nal, le. style  flamand,  qui  ne  convient  qu'aux 
petites  choses.  Le  classique  s'imposait,  et  l'archi- 
tecture de  M.  Maquet,  l'auteur  du  plan  adopté, 
est  assurément  pleine  de  mérites  techniques, 
mais  on  ne  peut  se  dissimuler  qu'elle  manque 
de  pittoresque,  d'accent,  d'originalité. 

On  se  demande,  il  est  vrai,  s'il  eût  été  possible 
d'être  original  et  pittoresque  dans  une  œuvre 
d'aussi  grandes  dimensions.  Ces  grands  ensembles 
monumentaux,  ces  gigantes(iues  palais  que  l'on 
place  au  milieu  des  villes  sont  presque  toujours 
froids  et  mornes,  et,  pour  une  réussite  admirable, 
comme  le  Louvre,  que  de  tristes  devoirs  d'archi- 
tecture, comme  les  palais  de  Munich  I 

Ce  qui  fait  en  grande  partie  la  beauté  d'une 
ville,  c'est  la  vie,  c'est  l'animation  de  la  rue,  et  ce 
(|ui  prévient  beaucoup  de  Bruxellois  contre  le 
Mont  des  Arts,  c'est  qu'il  remplace  un  quartier 
vivant,  amusant  et  pittoresque,  par  une  immense 
construction  d'une  lourdeur  solennelle. 

L.   Dl  MOM-WiLDEN. 

LES      REVUES 


Russie 

Staryé  Gody  {janvier). —  L.  M.keteiii.ixck.  Lucas 
(le  Hcere  et  une  de  ses  œuvres  inconnues.  —  Il  s'agit 
de  deux  volets  de  triptyque  au  musée  de  Gand  ;  sur 
l'un  est  un  saint  Jean,  d'une  uiièvrerie  italienne,  sur 
l'autre  un  moine  donateur,  tout  llainand .  L'œuvre 
établit  la  diversité  de  facture  du  peintre  des  chambres 
de  rhétorique,  grand  amateur  de  devises  en  toute 
langue,  traducteur  des  psaumes  de  Marot,  etc. 

—  P.  Weinkh.  Quelques  irurres  d'art  chez  le  prince 
A.  S.  Dol'/orouki,  <i  Sainl-l'élershourf/.  —  CiKuvres 
italiennes,  françaises  et  russes  :  l'ielà  en  terre  cuite 
(Donatello?)  ;  une  Madone  du  «  Maitrc  des  Madones  en 
marbre  o;  Ange  musicien  (délia  Uobbia);  Busle  de  faune, 
école  de  Bcrnin.  Tapisseries  florentines.  Femme  au 
livre,  sculpture  française,  xnr  siècle;  Vierge,  sculp- 
ture française,  xv*  siècle;  Enlèvement  de  l'roserpine, 
par  Pugcl;  Enfants  satyres  Ae  lîoucliardon  ;  pendules 
du  xv[U'  siècle  ;  Couronnement  de  Voltaire  en 
bronze,  etc.  —  D.  R. 

Le  Gérant  :  H.  L)k.nis. 
Paris.  —  Imp.  Ueorgei  Peut,  14,  rue  Uodot-dc-Maaro!. 


Numéro  378. 


Samedi  4  Avril  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN     ET    MODERNE 


Les  Artistes 

à  l'Exposition  de  Londres 


En  annonçant  la  prochaine  Exposition  franco- 
anglaise,  qui  va  s'ouvrir  à  Londres,  le  mois  pro- 
chain, nous  avions  insisté  sur  les  nécessités  qu'il 
y  avait  pour  le  jury  de  se  montrer  sévère  (I). 
Depuis  lors,  nous  nous  sommes  abstenus  de 
rapporter  les  discussions  soulevées  par  certains 
artistes  français,  au  sujet  de  leur  «  représen- 
tation proportionnelle  »  à  cette  Exposition;  niais 
nous  croyons  intéressant  de  publier  une  lettre 
écrite  par  Sir  Isidore  Spielmaiin,  commissaire 
anglais  des  beaux-arts,  à  propos  de  réclamations 
analogues  formulées  par  un  certain  nombre  de 
ses  compatriotes,  et  qui  a  ceci  de  piquant  qu'elle  . 
peut  élre  comprise  en  même  temps  de  l'un  et  de 
l'autre  coté  du  détroit.  Voici   le  document  :2i  : 

«  Monsieur, 

»  Comme  on  semble  généralement  supposer 
que  la  section  franco-anglaise  permettra  aux 
artistes  d'être  représentés  sur  une  grande 
échelle,  il  est  bon  d'établir,  pour  l'information 
des  intéressés,  que  cette  opinion  est  absolument 
erronée,  —  la  place  étant,  en  fait,  extrêmement 
mesurée. 

»  l.e  Palais  des  beau.x-arts  a  été  également 
divisé  entre  la  France  et  la  (irande-liretagne. 
Dans  la  section  anglaise,  il  y  a  place  pour  envi- 
ron 400  peintures  à  l'huile  et  400  aquarelles,  et 
il  y  aura  des  sections  réservées  à  une  collection 
<!e  sculptures  et  à  de  petites  collections  de 
dessins,  de  gravures  et  de  projets  d'architecture. 

»  Les  œuvres  des  peintres  défunts  de  l'école 
anglaise  (section  rétrospective)   ne  devront  pas 


(1)  Voir  l'Union  des  artistes,  par  M.  Stéphane  (n"  3.j0 
il»  Bulletin,  27  juillet  1907]. 

(2)  Publié   dans  le  Burlinylon  Mayazine   du    mois 
de  mars. 


excéder  100  peintures  et  un  nombre  égal  d'aqua- 
relles, laissant  ainsi  de  la  place  seulement  pour 
300  peintures  et  300  aquarelles  d'artistes  anglais 
vivants. 

»  En  conséquence,  étant  donné  que  l'on  doit 
tenir  compte  des  titres  des  plus  grands  artistes, 
non  seulement  de  Londres,  mais  de  tout  le 
Royaume  bi'itannique,on  comprendra  sans  peine 
combien  il  est  impossible  d'examiner  la  repré- 
sentation des  artistes  les  moins  célèbres.  Les 
œuvres  seront  donc  spécialement  choisies  par  le 
comité,  et  quoique  leur  nombre  doive  nécessai- 
rement être  restreint,  il  faut  espérer  que  le  mé- 
rite de  chaque  individualité  contribuera  à  la 
formation  d'un  ensemble  artistique  d'une  très 
belle  tenue. 

»  En  ces  circonstances,  le  comité  des  beaux-arts 
ne  saurait  être  partisan  d'encourager  les  artistes 
à  soumettre  leurs  œuvres  à  son  approbation. 

B   Votre  tout  dévoué 

>i  Isidore  Spielmann 

Commissaire  des  beaux-arts.  « 

Voilà  donc  la  question  impartialement  mise 
au  point  par  la  personnalité  la  plus  autorisée. 
Et  l'on  peut  dire,  pour  une  fois  :  vérité  au-delà 
de  la  Manche,  vérité  en  deçà. 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie   des   inscriptions  et  belles-lettres 

(séance  du  27  mars).  —  Le  président  annonce  la  uiort 
de  M.  Franz  Kielhorn,  professeur  de  sanscrit  à  l'Uni- 
versité de  (Jœtlingue,  correspondant  depuis  1899. 

—  Sur  la  proposition  de  la  couiraission  des  Ecoles 
d'Athènes  et  de  Rome,  l'Académie  décide  de  désigner 
au  choix  de  la  Société  centrale  des  architectes  pour 
la  médaille  d'honneur  qu'elle  olTre  chaque  année  à 
un  érudit,  M.  Grenier,  membre  de  l'Ecole  de  Rome, 
pour  ses  remarquables  fouilles  dans  les  nécropoles 
des  environs  de  Bologne. 

—  M.  Pottier   communique   une   note  de  M.    le 


100 


LE    BULLETIN   DE    L'ART 


D'  Félix  Hegnault  sur  une  série  de  terres  cuites  de 
Suiyrne,  des  deux  premiers  siècles  avant  notre  ère, 
pouvant  fournir  matière  à  des  observations  paliiolo- 
(;ir|ues  sur  les  malades  et  les  estropiés  d'alors.  D'après 
M.  Hegnault,  ces  statuettes  avaient  un  caractère  pro- 
phylacti(|ue  et  fétichiste  :  on  les  plaçait  dans  les 
maisons  pour  en  détouraer  la  maladie  ou  l'accident 
qu'elles  représentaient. 

Académie  des  beaux-arts  (séance  du  28  mars). 
—  Les  prix  de  Rome.  —  Le  jury  des  prix  de  Itome 
pour  la  peinture  a  rendu  son  jugement  dans  le  con- 
cours des  premières  épreuves.  Les  concurrents  dont 
les  noms  suivent,  classés  par  ordre  de  mérite,  et 
auxquels  il  faut  joindre  le  nom  de  M""  Rondenay, 
admise  précédemment,  ont  été  déclarés  admis  : 

MM.  Edelman,  Lefeuvre,  Roque,  Geny,  Lepage, 
Caron,  Boissart,  de  Gastyne,  Gilardouin,  Quesnel, 
Coriol,  Besnard,  M"'  Tertiaux,  M.  Uebat-Ponsan, 
M"°  Jouclard,  MM.  Bernard,  Salge,  M"'  Hauterive, 
MM.  llillemaclier,  Finez  et  Deluc. 

École  des  beaux-arts.  —  Par  suite  de  la  démis- 
sion de  M.  Moyaux,  professeur,  chef  d'atelier  d'archi- 
tecture à  l'École  nationale  des  beaux-arts,  la  chaire 
qu'il  occupait  à  cet  établissement  est  déclarée  vacante. 
Les  candidats  ont  un  délai  de  vingt  jours  pour  faire 
parvenir  leur  demande,  accompagnée  d'un  exposé 
do  leurs  titres,  au  sous-secrétariat  d'État  des  beaux- 
arts  (bureau  de  l'enseignement  et  des  manufactures 
nationales,  .3,  rue  de  Valois). 

Musée  Galliera.  —  Les  envois  pour  l'exposition 
de  la  Parure  précieuse  de  la  Femme  seront  reçus  au 
musée  Galliera,  jusqu'au  20  avril.  Cette  exposition 
comprendra  tous  les  genres  de  parure,  du  diadème 
à  la  boucle  de  chaussure,  en  passant  par  le  collier, 
l'éventail,  la  châtelaine,  etc. 

Musée  de  'Versailles.  —  M.  de  Nolhac,  conserva- 
teur du  musée  de  Versailles,  disputait  depuis  plusieurs 
années  au  Garde-Meuble,  où  elles  étaient  comme  per- 
dues, treize  tapisseries  admirables,  exécutées  sous 
Louis  XIV  pour  Versailles,  et  qui  ne  servaient  plus 
de  loin  en  loin  qu'à  de  banales  exhibitions,  dans  la 
cohue  des  cérémonies  et  des  fêtes  ollicielles.  Ces  ta- 
pisseries, exécutées  d'après  les  cartons  de  Van  der 
Meulen  et  de  Lebrun,  composent  ce  qu'on  appelle  la 
série  de  Vllisluire  du  Itoi.  A  force  de  négociations,  elles 
viennent  d'être  reconquises  sur  le  Garde-.Meuble  par 
le  musée  de  Versailles,  et  remises  en  leur  ancienne 
place.  Sept  d'entre  elles  ont  été  placées  dans  les  appar- 
tements de  la  reine.  Ce  sont,  dans  l'antichambre  :  la 
l'rlue  de  Lille,  la  lledditinn  de  la  ville  de  Mar.ial  en 
Lorraine,  la  Réception  des  envoyés  d'Alexandre  Vil 
et  une  Ambassade  d'Espagne  à  Fonlainebleau,  et.  ànns 
le  salon  de  la  reine  :  le  S'ac»-e  de  Louis  A7K,  une 
Visite  du  Roi  aux  Gobelins  et  le  Renouvellement  de 
l'alliance  avec  les  cantons  suisses.  Les  six  autres  ont 
été  placées  dans  les  salons  de  Minerve  et  d'Apollon. 


Musée  de  Saint-Germain.  —  Le  musée  de  Saint- 
Germain  vient  de  rcievoir  un  portrait  en  médaillon 
de  l'abbesse  de  Fontevrault,  sœur  de  M""  de  Mon- 
tespan,  lequel  ornait  jadis  le  parloir  de  l'hôpital 
fondé  à  Saint-Germain  par  .M'""  de  Montespan  et  dont 
l'abbesse  de  Fontevrault  s'était  vue  conlier  la  direc- 
tion. 

Société  des  antiquaires  de  France.  —  Parmi 
les  communications  faites  à  la  dernière  séance  de  la 
Société  des  anti(|uaircs  de  France,  citons  celles  de 
M.  .\.  Hoinet,  qui  a  présenté  quatre  miniatures  appar- 
ten.mt  au  musée  du  Louvre  et  provenant  d'un  cvan- 
géliaire  du  xi*  siècle  de  l'école  de  Cologne  ;  celle  de 
M.  F.  de  Mély,  qui  a  communiqué  une  photographie 
du  Serpent  d'airain  de  Saint-Ambroise  de  .Milan,  et 
celle  de  M.  Héron  de  Villefosse,  qui  a  donné  lecture 
d'une  note  sur  les  dernières  découvertes  du  II.  P. 
Delattre  à  Carthage. 

Société  des  Amis  de  'Versailles.  —  Dans  une 
réunion  qu'elle  a  tenue  au  pavillon  de  Marsan,  la 
Société  des  Amis  de  Versailles  a  constitué  comme 
suit  sou  conseil  d'administration  : 

.MM.  Maurice  Barrés,  Georges  Berger,  Léon  Bonnat, 
Léon  Bourgeois,  Paul  Bourget,  Ch.  Chambefort, 
M'"'  la  comtesse  Jean  de  Castellane,  MM.  Jules 
Claretie,  Edouard  Détaille,  Jacques  Doucet,  Fenaille, 
duc  de  Fezensac,  François  Flameng,  Fournier-Sar- 
lovèze.  M""  la  marquise  de  Ganay,  .MM.  Gustave 
GeUroy,  Henry  Gervex,  Georges-Alexis  Godillot, 
M"""  la  comtesse  Greffulhe,  .MM.  André  Hallays,  comte 
d'IIaussonville,  Georges  llœntschol,  Ilumolle,  Emile 
Ilovelacque,  Henri  Houssaye,  Ferdinand  Humbert, 
Raymond  Kœchlin,  Lambert,  architecte  ;  Jules  Le- 
mallre,  G.  Lenôtre,  M.  le  maire  de  Vers.ailles,  Henry 
Marcel,  Millerand,  .Monet,  ingénieur  des  grandes 
eaux  ;  Pierre  de  Nolhac,  André  Péralé,  Raymond 
Poincaré,  Henri  de  Régnier,  comte  Guy  de  La  Roche- 
foucauld, Robin,  .\lexis  Rouart,  Roujon,  René  de 
Saint-Marceaux,  Victorien  Sardou,  Henry  Simond, 
Eugène  Tardieu,  Albert  Vandal,  vicomte  Melchior  de 
\'ogûé. 

Le  bureau  dénnitif  a  été  ensuite  formé.  Ont  été  élus  : 
Président  :  M.  Victorien  Sardou. — Vice-présidents: 
M"'  la  comtesse  Jean  de  Castellane,  MM.  Raymond 
Poincaré,  Edouard  Détaille.  Henry  .Marcel,  Henry 
Simond.  —Trésorier:  M.  Ch.  Chambefort.  —  Secré- 
taire général,  M.  Eugène  Tardieu. 

L'n  comité  d'initiative,  qui  sera  chargé  avec  le 
bureau  de  diriger  l'action  de  la  Société,  a  été  composé 
de  :  M"*  la  marquise  de  Ganay,  M.M.  Jacques  Doucet, 
Fournier-Sarlovèze,  Raymond  Kœchlin.  Pierre  de 
Nolliac,  André  Pérnté,  Alexis  Rouart. 

A  Genève.  —  L'association  qui  s'est  constituée  à 
(ienéve,  en  1906,  pour  commémorer  le  quatrième  cen- 
tenaire de  Calvin,  a  décidé  d'élever  à  cette  occasion 
un  monument  à  son  œuvre,  envisagée  au  large  point 
de  vue  de  l'histoire,  et  par  lequel  seront  rappelées 


ANCIEN    ET    MODERNE 


107 


la  mémoire  des  réformateurs  et  l'influence  qu'ils  ont 
exercée  sur  le  monde  moderne. 

In  concours  d'esquisses  est  ouvert,  auquel  peuvent 
prendre  part  les  artistes  du  monde  entier. 

I.e  jury,  qui  disposera  d'une  somme  de  30.000  francs 
pour  récompenser  les  meilleurs  projets,  est  composé 
de  :  MM.  A.  Bartholomé.  sculpteur,  et  Ch.  Girault, 
membre  de  l'Institut,  représentant  la  France  ;  Tuail- 
lon,  à  Berlin;  Bruno  Sclunitz,  à  Berlin;  Georges-J. 
Frampton,  R.  A.,  sculpteur,  associé  honoraire  du 
Itiiyal  Institute  of  British  Arcliitects,  à  Londres;  le 
professeur  Gull.  de  l'École  Polytechnique  à  Zurich  ; 
Alfred  Cartier,  administrateur  dos  musées  de  la  ville 
de  Genève;  Horace  de  Saussure,  représentant  de  la 
Fédération  des  Sociétés  artistiques  de  Genève;  le 
président  de  l'Association  du  Monument  de  la  Réfor- 
mation à  Genève. 

Les  projets  doivent  être  présentés  avant  le  15  sep- 
tembre 1908. 

Le  programme  sera  envoyé  sur  demande  adressée 
au  secrétariat  du  Monument  de  la  licfurmation,  ilfi,  rue 
du  Stand,  Genève  (Suisse). 

A  Londres.  —  M.  G.  Salting  vient  de  prêter  à  la 
salle  X\lt  isalle  françaisje)  de  la  New  Gallery,  un 
uiagnilique  Diaz,  l'Orage,  daté  de  1871;  quatre  Corot 
très  intéressants  :  Midi,  les  Ramasse iiis  de  bois,  l'Arbre 
(jiii  penche  et  Soirée  sur  un  lac  ;  enfin,  un  Daubigny, 
Saules  et  pécheurs,  qui  porte  la  date  de  1874. 

—  M.  C.  Drucker,  de  son  côté,  a  prêté  à  la  même 
salle  deux  Isaliey  :  la  Fêle  du  grand-père,  daté  de 
18()6,  et  le  Marché  au  poisson.  C'est  le  même  généreux 
amateur  (|ui,  cette  année  déjà,  a  prêté  à  la  salle  hol- 
landaise un  Bosboom  :  Intérieur  de  l'église  de  llaar- 
lent  ;  un  Anton  Mauve,  Chevaux  à  l'abreuvoir  ;  un 
Israels,  le  Philosophe,  et  deux  Jacob  Maris,  le  Hont- 
levis  et  Mère  et  enfant. 

—  Signalons  enfin  les  dernières  acquisitions  de 
la  .National  Gallery  :  un  Joseph  Ducreux,  Portrait  ilu 
peintre:  un  Jan  Gossart  de  Mabuse,  Jacquelyne  de 
Rourgogne,  et  une  Madeleine,  tableau  de  l'école 
d'Anvers. 

Toutes  ces  nouvelles  toiles  (et  nous  avons  déjà 
signalé  l'Ochtervelt  et  les  deux  Van  Uyck,  Marquise  et 
marquis  Caltaneo)  ont  forcé  les  trustées  du  musée  à 
ouvrir  une  nouvelle  salle,  où  l'on  a  placé  une  dizaine 
de  dessins  de  Rubens,  faisant  partie  de  la  Peel  Collec- 


tion :  tout  d'abord,  quatre  études  de  sa  Chute  des 
damnés,  une  Descente  du  Saint-Esprit,  le  Martyre 
(l'un  saint,  deux  Crucifixions,  puis  un  Portrait  de 
femme  et  un  Portrait  d'enfant. 

Non  loin,  se  trouve  un  grand  dessin  satirique  de 
Callot  :  le  Tarlare;  puis  quelques  tableaux  à  l'huile 
inssez  médiocres  du  reste)  :  une  Vierge  à  l'enfant  de 
Carlo  Dolci  ;  une  Vénus  endormie  de  Ricci;  un  Rendez- 
V'jus  de  chasse  d'Adam  van  der  Meulen  ;  une  Vierge 
à  l'Enfant  de  Giovanni  Busi;  une  Nativité  de  Ber- 
iiardo  Cavallino,  et  deux  Jacopo  Marieschi  :  Ville 
sur  une  rivière  avec  des  bateaux  et  Ville  sur  une 
rivière  avec  cascades  et  rapides. 

Ajoutons  que  cette  nouvelle  salle,  fort  petite  et 
encore  sans  nimiéro,  est  assez,  mal  éclairée  par  deux 
baies  qui  ne  laissent  pas  assez  pénétrer  la  lumière 
lerne  du  ciel  avare  de  Londres.  —  A.  T. 

Nécrologie.  —  On  annonce  la  mort,  à  l'âge  de 
82  ans,  de  M.  ISarbier  de  Meynard,  membre  de  l'In- 
stitut, directeur  de  l'Ecole  des  langues  orientales, 
ollicier  de  la  Légion  d'Honneur,  a  qui  l'on  doit  un 
nombre  considérable  d'ouvrages  sur  la  langue  et  la 
liltérature  orientales.  Après  avoir  été  attaché  à  la 
légation  de  Perse,  il  avait  quitté  la  carrière  consulaire 
pour  être  nommé  professeur  de  persan  au  Collège  de 
France,  et  professeur  de  turc,  puis  d'arabe,  à  l'Ecole 
des  langues  orientales,  dont  il  était  devenu  le 
directeur. 

—  M.  Edmond  Siot-Decauville,  le  fondeur  d'art, 
qui  a  popularisé  par  le  bronze  tant  d'oeuvres  des 
sculpteurs  contemporains  depuis  une  trentaine 
d'années,  est  mort  à  l'âge  de  66  ans  ;  il  était  chevalier 
de  la  Légion  d'Honneur.  Outre  le  perfectionnement 
des  procédés  techniques,  on  lui  doit  l'invention  de 
patines,  qui  renouvelèrent  totalement  l'industrie  du 
bronze  d'art,  et  par  les  .soins  qu'il  apporta  à  l'édition 
des  premières  œuvres  de  Desbois,  c'est  également  à 
lui  qu'on  est  redevable  de  la  renaissance  de  l'étain. 

—  On  annonce  la  mort  des  paysagistes,  Paul  Place- 
Canton,  membre  de  la  Société  des  Artistes  Fran(;uis, 
qui  était  âgé  de  45  ans  (ment,  hon.,  1894  ;  prix  Raige- 
court-Goyon,  1896  ;  méd.  de  3"  classe,  1899  ;  méd.  de 
bronze,  Exp.  Un.  de  1900)  ;  et  /.  Le  Pan  de  Ligny, 
membre  associé  de  la  Société  nationale  des  beaux- 
aits,  qui  exposait  d'ordinaire  des  paysages  et  des  in- 
térieurs bretons  ;  il  était  âgé  de  40  ans. 


CHRONIQUE    DES   VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —  "Vente  de  l'atelier  Hermann- 
jéon.  —  La  vente  de  l'atelier  du  peintre  anima- 


lier Ilermanii-Léon,  faite  salles  10  et  11,  les  24 
et  25  mars,  par  M""  Oudard  et  Desaubliau.x   et 
MM.  Chaîne  et  Simonson  et  Mannheini,  a  donm'' 
un   total  d'environ  aO.OOO  francs. 
Elle  comprenait  deux  parties,  d'une  part  les 


108 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


œuvres  d"Hermann-l,ôon,  de  l'autre  queltiues  ta- 
bleaux et  dessins  d'artistes  divers  et  des  objets 
d'art  et  d'ameublement  anciens. 

Parmi  les  tableaux  d'Hermann-Léon,  dont  les 
plus  importants  ('laient  reproduits  dans  le  petit 
catalogue  illustré  dressé  à  l'occasion  de  la  vente, 
les  plus  favorisés  ont  été  :  —  l.  Le  Loup  surpris 
dans  son  antre, adjugé  1.050  fr  (sur  la  demande  de 
2.000  et  avec  l'obligation  pour  l'acheteur  de  faire 
ligurer  cette  toile  au  prochain  Salon)  . —  15.  La 
première  vision,  l.OiiO  fr.  —  11.  VÉtoile  du  berger, 
7S0  fr.  —  4.  Le  Perdreau,  710  fr  .  —  25.  Aux  A- 
hattoirs,  6G0  fr.  —  Les  autres  tableaux  de  l'artisle 
ont  réalisé  de  50  à  600  fr. 

Dans  le  reste  de  la  vente,  notons  :  J.  I,.  lirown, 
le  Piqueur,  800  fr.  —  Tapisserie  flamande  du  xvii« 
siècle,  à  sujet  mythologique,  4.000  fr.  —  Tapis- 
serie représentant  une  Chasse  au  Cerf,  3.600  fr. 
(demande  6.000).  —  Verdure  flamande,  xviii" 
siècle,  1.370  fr.  —  l'élit  fusil  de  chasse,  trav.  de 
lioutet,  ép.  Louis  XV,  1.000  fr.  —  Buste  en  biscuit 
de  personnage,  grandeur  nature,  1.995  fr. 

■Vente  de  la  collection  de  M.  Th...  (Objets 
d'art,  etc.).  —  Cette  vente,  i|ue  nous  avions  an- 
noncée avec  quelques  détails,  a  eu  lieu,  salle  6,  le 
30  mars,  par  les  soins  de  M"  Lair-Dubreuil  et  de 
MM.  Mannheira  et  Ferai.  Elle  a  produit  114.550 
francs.  D'une  manière  générale,  les  résultats  ont 
été  satisfaisants.  Quelques  enchères  méritent 
d'être  retenues. 

Les  deux  tapisseries  des  (îobelins  de  la  suite 
des  Mois  ont  obtenu,  l'une,  la  Pioche,  19.100  fr.  sur 
la  demande  de  20.000;  l'autre, /a  Paie  après  la 
moisson,  1 0.050  fr.,  sur  la  demande  de  18.000.  Par 
contre,  la  tapisserie  du  xvii*  siècle,  cataloguée 
comme  des  Gobelins,  mais  vendue  comme  de  fa- 
brication flamande,  Alexandre  et  la  famille  de 
Darius,  est  montée  à  13.000  fr.,  sur  la  demande 
de  12.000. 

Quelques  moins-values  dans  la  catégorie  des 
meubles  :  le  grand  secrétaire  du  temps  de  Louis  X  VI 
en  marqueterie  de  bois  de  couleur,  est  resté  à 
17.000  fr.,  sur  la  demande  de  25.000;  le  petit  bu- 
reau d'angle  d'époque  Louis  XV  n'a  réalisé  que 
2.700  fr.,  sur  la  demande  de  4.000.  Môme  insuccès 
pour  les  deux  statuettes  d'amours  tenant  une 
corne  d'abondance,  bronzes  d'art  vénitien  du  xvi'- 
siècle, qui  n'ont  obtenu  que  1. 950  fr.surla  demande 
de  5.000.  Notons  encore  les  4.000  fr  donnés  sur  la 
demande  de  5.000,  pour  le  portrait  de  l'actntr 
Clienard,  dessin  par  Isabey. 


PRINCIPAUX    PRIX 

Gn.*vciiES  iiu  xvni°  SIÈCLE.  —  C-7.  D'après  Boilly. 
L'Optique.  L'Amour  couronné,  par  Cazenavc,  iinp.  en 
coul.,  1.000  fr.  —  M.  llchiicourt.  La  Pronientule 
piihlir/iie,  imp.  en  coul.  avec  l'adresse  de  Depeulllc, 
1.000  fr. 

Dessins  ANCIENS  —28.  Isabey.  Portrait  de  Clienard, 
licteur  de  l'Opéia-Comique.  4.000  fr.  —  30.  TIepolo. 
.^cénes  de  Jiacrifices,  deux  dessins,  1.490  et  1.100  fr. 

l'.UENCES. —  34.  Surtout  de  table  de  Marseille,  décor 
de  llenrs.  composé  de  deux  plateaux  superposés 
;rest.),  1.630  fr.  —  33.  Quatre  statuettes  d'esclaves 
maures  enchaînés,  terre  revêtue  d'un  émail  blanc 
dans  la  manière  de  liobbla,  trav.  ital.  du  xviii*  s., 
réduction  des  esclaves  de  la  statue  pédestre  de  Fer- 
dinand 1"  de  Médicis,  à  Livournc,  3.000  fr. 

OiijETS  vAKiÉs.  —  il.  Figurine-applique,  ivoire 
sculpté,  XVI"  s.,  Jésus-Christ  au  moment  de  l'Ascen- 
sion, 1.000  fr.  —  43.  Deux  statuettes  bronze,  patine 
brune,  amours  debout,  tenant  chacun  une  corne 
d'abondance,  trav.  vénit  ,  xvr  s.,  1.950  fr.  —  44. 
Grande  pendule  à  musique  sur  socle-applique,  décorée 
au  vernis  en  camaïeu  rose,  garnie  de  bronzes,  fin  ép. 
Louis  XV,  2.000  fr. 

Mechi.es.  —  39.  Commode,  fin  ép.  Louis  XV,  bois 
de  placage,  garnie  bronzes,  signée  Roussel,  1.400  fr. 
—  60.  Petit  bureau  d'angle  à  dos  d'àne,  bois  de  vio- 
lette à  quadrillés,  ép.  Louis  XV,  2.700  fr.  —  61.  Deux 
petites  commodes,  bois  de  violette,  garnit,  bronze, 
ép.  Louis  XV,  1.320  ff.  —  62.  Secrétaire  à  hauteur 
d'appui,  liois  de  placage,  garnit,  bronze,  signé  Duprc, 
fin  ép.  Louis  XV,  1.350  fr.  —  63.  Grand  secrétaire  à 
allaitant  et  quatre  portes,  marq.  bois  de  coul.  à  filets, 
garnit,  bronze,  ép.  Louis  XVL  signé  Guérin,  17.000  fr. 

Tapisseries.  —  73.  Tap.  flamande  du  xviii'  s.  de 
{'Histoire  d'Alexandre,  d'après  Le  Brun  :  Alexandic 
et  la  famille  de  Darius,  bord  de  fleurs  et  feuilles. 
13.000  fr.  —  74.  Deux  tap.  des  Gobelins  du  xvni'  s., 
de  la-suite  des  Mois  de  Lucas  :  la  Pèche,  19.100  fr  ; 
la  Paie  après  la  moisson,  bord,  d'amours,  mascarons, 
guirlandes,  10.050  fr. 

"Ventes  annoncées.  —  A  Paris*—  Tapisse- 
ries et  objets  d'art.  —  Lu  catalogue  illustn' 
nous  apporte  des  détails  sur  la  vente  de  tapis- 
series anciennes  et  d'autres  objets  d'art  et 
d'ameublement,  qui  aura  lieu  salles  5  et  6,  le 
6  avril,  par  les  soins  de  .M=  Lair-Dubreuil  et  de 
.MM.  Paulme  et  Lasiiuin  fils. 

Notons  dans  cette  vente  :  quelques  porcelaines 
de  Chine,  d'épo(|ue  Kang-hi  ;  deux  slaluelles  : 
Baechus  et  Vénus,  d'époque  Régence,  en  bronze 
fondu,  ciselé  et  patiné  ;  une  pendule  cartel- 
applique  en  bron/.e  ciselé  et  doré,  d'épo(iue 
Louis  XVI  ;  une  pendule  du  temps  de  Louis  XVI 
en  bronze  ciselé  et  doré,  marbre  blanc  et  biscuit  ; 
à  droite  et  à  gauche  de  la  cage  de  la  pendule. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


109 


sont  deux  groupes  en  biscuit  représentant  Vénus 
et  l'Amour. 

Passons  aux  meubles  de  tapisserie  et  aux 
tapisseries  anciennes  du  xviii'-'  siècle,  qui  font 
l'intiTi'^t  de  la  vente.  Dans  cette  catégorie,  nous 
remarquons  :  un  ameublement  de  salon  com- 
prenant un  canapé  et  huit  fauteuils,  couverts  en 
Aubusson  du  xviii"  siècle,  à  compositions  d'ara- 
besques dans  le  goût  de  Salerabier,  et  un  autre 
ameublement  de  salon,  comprenant  un  canapé  et 
six  fauteuils,  couverts  en  Aubusson  de  l'époque 
Louis  XVI,  à  décor  de  petits  personnages  et  ani- 
maux dans  des  paysages  ;  puis,  parmi  les  tapis- 
series :  une  pièce  de  la  tenture  dite  des  Méta- 
morphoses, celle-ci  représenlantBacc/ms  et  Ariane, 
et  que  l'on  croit  avoir  été  exécutée  d'après  un 
carton  de  Ch.  Coypel  ;  une  suite  de  cinq  pièces 
en  ancienne  tapisserie  de  Beauvais  du  xviii°  siè- 
cle, à  sujets  de  paysages  maritimes  ;  une  autre 
tenture,  comprenant  également  cinq  pièces  en 
ancienne  tapisserie  du  xviii=  siècle,  à  petits 
personnages  et  à  sujets  allégoriques;  enfin,  une 
tenture  en  ancienne  tapisserie  de  Paris,  de  la 
première  moitié  du  xvui=  siècle,  composée  de 
trois  pièces  à  sujets  tirés  de  la  Fable. 

Collection  de  M.  Paul  Perler  (tableaux 
modernes).  —  Peu  importante  sous  le  rapport 
du  nombre  des  objets,  cette  vente,  que  dirigeront, 
salle  H,  le  7  avril,  M"  Lair-Dubreuil  et  M.  Bon- 
jean,  mérite  d'attirer  l'attention  par  le  choix  des 
pièces  qui  la  composent  :  tableaux  de  l'école  de 
1830  et  bron7.es  de  Barye  en  épreuves  anciennes. 

Du  côté  des  peintures,  nous  notons  :  un  Corot, 
Villc-d'Avraij,  catalogué  dans  le  livre  de  Hobaut  ; 
un  important  Diaz,  lymphes  de  Diane  ;  un  Har- 
pignies,  CAutomnc. 

La  réunion  des  bronzes  de  Barye,  en  épreuves 
anciennes  provenant  pour  la  plupart  de  ventes 
connues,  ne  comprend  pas  moins  de  vingt-six 
numéros,  parmi  lesquels  on  remarquera  en  par- 
liculier  :  V Aigle  hec  ouvert,  le  Cerf  tHe  baissée 
modèle}.  l'Ocelot  et  le  Héron,  la  Grande  panthère 
saisissant  un  cerf  du  Gange,  le  Tigre  dévorant  un 
gavial,  le  Taureau  tète  baissée. 

Vente  de  l'atelier  Emile  Dameron.  —  Les 

7  et  8  avril  aura  lieu,  salle  1,  la  vente  de  tableaux 
ctd'études  provenant  de  l'atelier  Emile  Dameron, 
le  peintre  mort  tout  récemment  (M»  .Vndré  de 
Cagny,  MM.  Arnold  et  Trippet  Paul  Simons). 

Le  catalogue  compte  |)rès  de  deux  cents 
numéros;  il  est  préfacé  par  M,  Fernand  Bour- 


geat,  qui  rend  hommage  à  la  mémoire  de  l'excel- 
lent peintre  dont  il  était  l'ami  :  «  Incontestable 
héritier  des  paysagistes  de  la  grande  époque,  dit-il, 
Dameron  avait  ajouté  aux  qualités  solides  et  con- 
sciencieuses de  ces  maîtres,  qui  firent  tant  pour 
la  gloire  de  l'école  française,  des  qualités  toutes 
modernes  de  coloriste  accessible  aux  joies  de  la 
lumière  ardente  et  des  tons  clairs  qui  font  de  lui 
un  artiste  original  et  supérieur  ». 

Tableaux  anciens.  —  M°  Lair-Dubreuil  et 
M.  G.  Sortais  dirigeront,  le  8  avril,  salle  6,  une 
vente  de  tableauxanciens,  qui  comprend  surtout 
des  exemplaires  de  choix  des  maîtres  français 
du  xviii"  siècle. 

Il  a  été  dressé,  à  l'occasion  de  celle  vacation, 
un  catalogue  illustré  où  nous  remarquons  en 
particulier  :  une  esquisse  de  Boucher  (Pastorale) 
et  un  panneau  ovale  du  môme  maître  :  le  Cadran 
solaire  ;  deux  vues  de  Venise  :  une  Tête  sur  le 
quai  des  Esclavons  et  la  Place  Saint-Marc,  pa.rCa.na.- 
letto  ;  le  Rocher,  paysage  animé,  par  H.  Frago- 
nard,  qui  provient  de  l'ancienne  collection  Wal- 
ferdin  ;  l'Innocence,  par  J.-B.  Greuze  ;  un  Portrait 
de  femme,  par  Heinsiua  ;  un  Portrait  de  femme, 
le  Portrait  de  M"»^  Barthélémy  Saint-Hilaire  et 
le  Portrait  d'un  seigneur,  par  N.  de  Largillière  ; 
le  Portrait  de  J.-H.  de  Vaudreuil,  par  M'n=  Vigéo- 
Lebrun  ;  la  Marquise  de  Llano,  par  R.  Mengs  ; 
un  Portrait  de  femme,  par  Perronneau  ;  un  pay- 
sage animé,  la  Prière,  par  Hubert- Robert  ; 
le  Matin  et  le  Soir,  deux  pendants,  par  Joseph 
Vernet,  et  la  Toilette  d'une  jeune  mariée  en  cos- 
tume antique,  par  Vien. 

M.  N. 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Henri  Gros,  1840-1907  (Galerie  Hébrard  .  — 
Un  chercheur,  frère  d'un  poète  et  d'un  savant, 
du  rimeur  parnassien  Charles  Gros,  auteur  de 
l'Archet,  et  du  docteur  Cros,  dont  nous  avons 
longtempsaperçu  la  silhouette  discrète  et  la  barbe 
blanche  à  toutes  les  expositions.  C'est  surtout 
comme  céramiste  et  verrier  que  ce  sculpteur,  plus 
délicat  que  puissant,s'était  fait  un  nom.  Statuaire 
et  peintre,  élève  d'Etex  et  de  JoulTroy,  puis  de 
cet  original  et  lier  Jules  Valadon  qui  fut  l'ami 
trop  oublié  de  Barbey  d'Aurevilly,  ce  Narbonnais 
expose  à  Paris,  depuis  1804,  des  cires,  des  bronzes 


ilO 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


et  des  marbres,  de  lins  médaillons  et  des  bustes 
paifois  polychromes,  et  surtout  des  bas-reliefs 
dont  le  charme  timide  le  rattache  à  la  réaction 
néo-grecque  ;  —  et  le  plaire  de  sa  Bérénice,  qui 
reparut  à  laCentennale  de  1900,  dévoilasses  qu,i- 
lités  expressives,  trop  souvent  trahies  par  Texé- 
cution.  —  C'était,  lui  même,  un  poète  doublé 
d'un  savant,  que  cet  amoureux  transi  de  l'Aiia- 
dyomène  et  de  la  ligne  d'Ingres;  il  avait  lu  les 
(irecs  et  retrouvé  le  secret  de  la  pâte  de  verre  co- 
lorée à  l'aide  d'oxydes  métalliques  ;  de  là,  ces 
suaves  fragments  dont  la  fontaine  du  Luxembourg 
est  le  chef-d'tçuvre,  où  se  profile  un  torse  rose 
sur  un  fpnd  léger  de  chrysoprase  et  de  lapis  ;  et 
près  des  Aréthuses  souriant  avec  une  touchante 
naïveté  d'églogue,  plus  d'une  étude  peinte  ou 
dessinée,  qui  note  une  dorade  japonaise,  un  pay- 
sage matinal  ou  la  contemporaine  engoncée  de 
Constantin  Guys,  révèle  à  propos  que  ce  doux  lec- 
teur de  Longus  avait  l'instinct  de  la  modernité. 

Mary  Cassatt  (galerie  Vollard)  et  Louise  Per- 
man  (galeries  Graves).  —  Deux  femmes  émi- 
nemment artistes;  deux  étrangères:  l'une  Ame 
ricaine  et  disciple  du  dessinateur  Degas,  ne  se 
rattache,  comme  son  maître,  au  mouvement  dit 
impressionniste  que  par  sa  passion  de  clarlé 
moderne  et  vécue.  Robuste,  elle  dessine  et  grave, 
pastellise  et  peint  ses  contemporaines  au  bal,  au 
théâtre,  et  surtout  dans  le,  silence  du  foyer  : 
Mire  et  enfant,  c'est  le  titre  habituel  de  ses  ou- 
vrages loyaux  ;son  analyse  aiguë  s'élève  d'instinct 
à  la  synthèse  de  l'amour  maternel,  non  point 
dramatisé,  comme  chez  Carrière,  par  l'angoisse 
de  l'avenir,  mais  à  la  fois  grave  et  souriant  dans' 
la  longue  étreinte  de  l'heure  présente  oii  les 
regards  se  cherchent  et  se  pénèlrent,  où  les 
grands  yeux  des  bébés  s'avivent  dans  la  chaii- 
joufllue. 

Ces  baisers  de  mère  et  ces  têtes  d'enfant  ont 
l'éclat  duveté  des  fleurs;  et  ce  sont  uniquemeiJ 
des  ileurs,  ce  genre  réprouvé  par  M.  Degas,  que 
sait  traduire  exquisement  sur  la  toile  une 
Écossaise  inspirée  par  Fanlin-Latour.  Notre  sou- 
venir s'attache  à  la  découverte,  au  Salon  des 
Artistes  français  de  190S,  d'un  cadre  parfumé  de 
mystérieuses  roses  à  la  signature  illisible;  et 
c'était  la  palette  personnelle  de  Miss  Perman. 
Azalées,  jonquilles  et  pois  de  senteur  respireni 
comme  ses  roses  blanches  ou  très  roses,  enca- 
drées de  clématites  violettes  ou  d'iris;  on  sent  le 
poids  de  la  corolle  au  bout  de  la  tige  :  vérité  du 
la  nature  à  travers  des  veux  d'artistes  I  Est-il 


paradoxal  de  soutenir  que  la  personnalité  d'un 
peintre  apparaît  surtout  dans  l'imitation  de  la 
nature  morte  ou  des  fleurs  vivantes  ? 

Les  Ooze  (galerie  Bernheim  jeune).  —  lis  se- 
raient treize  sans  l'absence  de  deux  sociétaires, 
MM.  Déchenaud  et  Laszlo  :  car  il  y  a  deux  invités, 
S.  A.  la  princesse  Louise  de  Sleswig-IIolstein, 
auteur  de  bijoux  déjà  remarqués,  et  l'admirable 
virluose  espagnol,  Ignacio  Zuloaga,  qui  brosse 
des  visages  roses  sur  fond  vert;  son  vieux 
Mendiant  est  un  arrière-neveu  de  l'Ésope  ou  du 
Ménippe  de  Velazquez,  montrant  ce  qui  manque 
aux  gtieux  de  Cézanne  ;  et  le  Portrait  de  ma  cousine 
Candida,  si  brune  avec  ses  paupières  fauves  épar- 
gnées par  le  duvet  de  la  poudre,  pàlii  terriblement 
son  entourage,  malgré  le  Théâtre  populaire  bien 
connu  de  M.  Devambez,  rival,  aujourd'hui,  do 
Meissonier  paysagiste,  et  les  notes  variées  de 
M.  W.  Laparra,  passionné  pour  la  nuit  chaude, 
comme  sou  frère  le  compositeur,  —  malgré  les 
bas-reliefs  humanitaires  de  M.  Bouchard  et  l'ex- 
quise Petite  Bédouine  à  la  cruche,  bronze  enso- 
leillé de  M.  Landowski. 

RaYMO.ND    ROLYKII, 


LES      REVUES 


I<'h.knck 

Société  de  l'Histoire  du  Costume  n"  2,  jan- 
vier). —  M.  Maurice  Leioih.  Élude  sur  tes  paniers  et 
irinolines,  23  figures.  —  H.  T.  Modes  comparées, 
quel(|ues  figures.  —  Planches  hors  texte  :  gants  des 
XVI'  et  xvii*  siècles  ;  corps  à  baleines  du  xvm'  siècle. 

Journal  de  l'Université  des  Annales  (1908, 
n°  3,  janvier).  —  Conférence  sur  le  Costume  nllemaiid 
du  inoyen-âije  au  W'III'  xiècle.paT  M.  Maurice  Main- 
nKON,  26  figures. 

Revue  des  Deux  Mondes  (i"  février  .  —  M.  Mau- 
rice M.^iXDiioN  continue  d'étudier  les  forteresses  de 
Gonji,  dans  le  sud  de  l'Inde,  forteresses  dont  il  a 
commencé  de  donner  la  description  et  l'histoire, 
dans  la  livraison  du  1"  décembre  ISO. 

Les  Arts  (mars".  —  Le  numéro  est  entièrement 
consHiré  à  une  étude  de  M.  l'.-.Vndré  Lkmuisne  sur  ta 
collection  Alcri.s  Hoiinrl  :  objets  d'art  d'Extrême- 
Orient;  peintures,  sculptures,  aquarelles  des  écoles 
anglaise  et  française  du  xix'  siècle. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


m 


Le  Temps  (22  mars).  —  La  Réforme  de  Vensei'jne- 
iiient  du  dessin.  —  M.  Edmond  Pottier  consacre  un 
long  article  à  la  grave  question  qui  se  pose,  à  l'iieure 
actuelle,  dans  le  monde  des  professeurs  de  dessin  : 
c'est  à  savoir  si  Ton  doit,  suivant  les  méthodes 
actuellement  en  vigueur,  maintenir  dans  l'enseigne- 
ment primaire  et  secondaire  la  méthode  qui  fait  du 
dessin  linéaire  et  géométrique,  la  base  de  l'ensei- 
gnement, —  ou,  au  contraire,  si  l'on  doit  s'efforcer, 
comuie  on  le  fait  en  Angleterre,  en  Allemagne,  en 
Amérique  surtout,  de  mieux  utiliser  l'instinct  d'obser- 
vation des  enfants  et  de  les  mettre  le  plus  tôt  possible 
en  face  de  la  nature  vivante. 

L'éminent  conservateur  du  musée  du  Louvre,  qui 
s'est  toujours  beaucoup  intéressé  au.x  questions  d'en- 
seignement et  qui  a  pris  une  part  active  à  la  vulga- 
risation raisonnée  des  beau.x-arts,  se  prononce  réso- 
luuient  en  faveur  d'une  orientation  nouvelle.  Des 
expériences  ont  été  faites,  et  concluantes,  dans  les 
écoles  de  la  ville  de  Paris  et  dans  plusieurs  lycées,  à 
titre  d'essai  ;  des  cougrès  ont  formulé  leurs  vœux  en 
ce  sens  ;  des  conférences,  organisées  par  le  vice-rec- 
teur de  l'Université,  ont  permis  à  des  professionnels 
l'ompélents  d'exposer  leur  idées  sur  les  méthodes 
actuelles  et  les  réformes  à  y  introduire.  Et  M.  Edmoad 
Pottier,  constatant  qu'il  est  temps  de  passer  des  pa- 
roles aux  actes,  expose  les  enseignements  de  ces 
conférences  et  de  ces  discussions  en  cinq  propositions 
que  voici  résumées  au  plus  bref  : 

1°  La  méthode  actuelle  ne  tient  pas  couipte  de  la 
psychologie  de  l'enfant,  de  ses  facultés  d'observation 
et  d'imagination,  auxquelles  on  devrait  lâcher  la  bride 
au  lieu  de  les  réfréner; 

2°  L'enfant  est  né  non  seulement  dessinateur,  mais 
coloriste  ;  il  faudrait  donc  développer  ce  don  de  la 
couleur,  au  lieu  de  s'obstiner  à  ne  lui  permettre  que 
du  noir  et  du  blanc;  , 

3°  Mais,  comme  l'enfant  est  porté  à  obéir  à  la  loi 
du  moindre  effort  et  à  se  créer  vite  une  technique 
particulière  et  des  formules  toutes  faites  (maisons, 
arbres,  personnages),  le  maître  devrait  veiller  à  ce 
qu'il  ne  s'enferme  pas  dans  la  routine,  et  exercer  sa 
mémoire  et  son  observation,  selon  la  méthode  de 
Lecoq  de  Boisbaudran  ; 

•1°  Ce  n'est  pas  à  dire  que  le  dessin  linéaire  doive 
rtre  supprimé  totalement;  il  serait  bon  simplement 
qu'il  fût  remis  à  sa  place:  au  lieu  d'en  encombrer  la 
cervelle  des  tout  petits,  qu'il  dégoûte  du  dessin,  mieux 
vaudrait  le  réserver  pour  le  temps  où  les  élèves  sont 
amenés  par  leurs  études  à  s'occuper  de  géométrie  élé- 
mentaire et  peuvent  comprendre  ce  que  sont  les  li- 
gnes, les  plans,  les  solides. 

5°  Ce  ne  sont  pas  seulement  les  méthodes  scolaires 
qu'il  importe  de  réformer,  c'est  aussi  la  préparation 
des  maîtres  et  leur  situation  dans  l'instruction  pu- 
blique. 

Voilà  ce  qu'il  conviendrait  de  prendre  en  considéra- 
tion, dit  en  terminant  M.  Edmond  Pottièr  :  il  est  grand 
temps,  il  n'est  que  temps  d'agir  ;  il  y  va  de  l'éduca- 


tion du  pays  et  de  l'avenir  de  nos  industries  d'art, 
terriblement  menacées  par  la  concurrence  étrangère. 

A.VGLKTERRE 

Burlington  Magazine  (mars).  —  M.  Cecil  II. 
S\im!  reproduit  et  étudie  une  statue  grecque  de 
femme  en  deuil,  acquise  par  le  British  Muséum  à  la 
vente  de  la  collection  Trentham,  pendant  l'été  de  1!)07. 

—  M.  J.  Sthzygowski  examine  comment  Turner, 
qui  avait  commencé  par  une  étonnante  iidélité  à  la 
nature  dans  ses  paysages,  est  passé  «  de  la  nature  à 
l'art»;  il  prend  comme  exemple  de  la  première  manière 
le  Frosly  morning  de  la  National  Gallery,  et  comme 
spécimen  de  la  seconde  un  Intérieur  à  Petworlh. 

—  M.  D.  S.  Mac  Coll  continue  ses  Noies  sur  les 
artistes  anylais  :  ce  second  article  est  consacré  aux 
lectures  de  Turner  à  l'Acadeuiy. 

Autres  articles  :  Les  peintres  de  l'Italie  du  \uid, 
par  M.  Uoger  E.  Khy;  —  Deux  jiaysiiyes  dessinés  par 
Rembrandt,  par  M.  C.  J.  Hol.mes,  tirés  du  livre  d'es- 
quisses appartenant  au  duc  de  Devonshire  (Chats- 
worth)  ;  —  le  peintre  et  médailleur  Steplten  II.,  du 
XVI'  siècle  (comumnément  appelé,  sans  raison  d'ail- 
leurs, Stephen  de  Hollande),  par  G.  K.  IIill. 

Allem.\g.ne 

Die  Kunst  (mars).  —  L'École  de  Beuron.  —  Aperçu 
général  de  cette  école  d'art  catholique,  fondée  à 
Beuron,  dans  le  flohenzoller,  et  qui  rappelle  l'art 
d'Ilippolyte  Flandrin,  avec  plus  de  prétentions  à 
l'archaïsme. 

—  A.  Leiticm.  Franz  Matsc/i.  —  Revue  générale, 
avec  reproductions  nombreuses,  de  l'œuvre  de  cet 
artiste  autrichien,  peintre,  sculpteur,  décorateur, 
architecte. 

—  K.  Laxoe.  La  loi  de  Vulternance  des  styles  artis- 
tiques, I.  —  Ce  sont,  tantôt  les  éléments  favorables  à 
l'illusion,  tantôt  les  éléments  destructeurs  de  l'illusion 
(|ui  prédominent  dans  l'art. 

—  W.  BoDE.  Maisons  construites  par  Sc/iultze- 
iSaumburg. 

—  A  Appïa.  Décors  pour  le  «  l'arsifal  »  de  Wagner. 

—  G.   IIUET. 

Zeitschrift  fur  historische  'Waffenkunde  (IV, 
n°  8,  octobre  1907).  —  Une  hoinburde,  dite  h  la  Grosse 
.\Iagd  »,  cimservée  à  l'Arsenal  royal  de  Dresde,  est  dé- 
crite et  figurée  par  le  capitaine  Bauimanx.  La  pièce, 
datant  du  xv"  siècle,  montée  sur  un  affût  du  xvr, 
compte  parmi  les  spécimens  les  plus  remarquables  de 
l'artillerie  primitive. 

—  Suite  de  l'étude  du  baron  0.  Potier  sur  l'Arsenal 
du  Stif'tes  Kremsmiinster.  Parmi  les  objets  figurés, 
on  doit  signaler  un  assez  curieux  chapeau  de  fer  à 
trois  crêtes,  datant  du  milieu  du  xvi"  siècle  et  une 


il2 


LE    BULLETIN  DE   L'ART 


bourguignote  bien  postérieure,  comme  l'indiquent  le 
peu  de  liauteur  de  la  crôte  et  la  disposition  de  l'avance 
et  des  jouées.  D'une  époque  encore  plus  basse  est  la 
bourguignote  avec  nasal  à  flèclie,  que  l'auteur  date 
de  1600.  Cette  défense  de  tête  n'est  pas  antérieure  à 
16iri,  quoique,  à  vrai  dire,  ce  type  semble  avoir  été 
d'usage  en  Allemagne  bien  des  années,  avant  son  in- 
troduction en  France.  Allou,  dans  sou  mémoire  clas- 
sique sur  les  casques,  a  cité  une  lettre  de  Richelieu  au 
cardinal  de  La  Valette,  où  le  ministre  recommande 
pour  les  cavaliers  «  une  bourguignote  couvrant  les 
deux  joues,  avec  une  barre  sur  le  nez».  H  s'agit 
évidemment  là  de  ces  bourguignotes  allemandes  dont 
Gay,  dans  son  Glossaire,  a  donné  un  bel  exemple 
appartenant  à -M.  W.  Riggs  (p.  194,  à  la  date  de  1610). 

—  M.  0.  von  lIonsTEiN  donne  des  notes  de  voyage 
sur  diverses  collections  d'armes  de  l'Autriche,  de  la 
Uosnie-IIerzégovine  et  de  la  Croatie. 

—  Les  recherches  d'archives  que  continue  le  D'Th. 
Hampe  relèvent  de  l'archéologie  pure,  de  même  que 
l'étude  de  M.  G.  Liebe  sur  les  données  superstitieuses 
se  rapportant  au.\  armes,  etc. 

—  Enfin  M.  W.  M.  Sciimid  décrit  et  ligure  deux 
curieux  fourreaux  de  couteaux  à  armer  qu'il  consi- 
dère comme  appartenant  au  xm"  siècle.  La  disposition 
des  courroies  est  remarquable  par  sa  simplicité.  Cha- 
cun de  ces  liens  de  cuir  est  serré  sur  le  fourreau, 
près  de  l'entrée.  Le  plus  long  est  fendu  à  son  extré- 
mité en  deux  brins  qui  rentrent  dans  les  deux  fentes 
du  plus  court  et  se  nouent,  tout  eu  permettant  de 
serrer  plus  ou  moins  l'ensemble  autour  de  la  taille.  Un 
semblable  appareil  est  encore  usité  sur  les  rivages 
de  l'Erythrée  et  dans  la  région  des  Somalis.  Les  cou- 
teaux a  armer  qui  allaient  avec  ces  fourreaux,  avaient 
une  lame  un  peu  courbée  vers  la  pointe,  répétant  ainsi 
la  forme  des  badelaires  et  des  fauchons  dont  ils  étaient 
le  diminutif. 

—  A  signaler  une  petite  vue  d'ensemble  d'une 
salle  prise  dans  le  vieux  château  de  Stuttgard.  C'est 
le  petit  arsenal,  d'il  le  Landesarineemuseum,  sur  lequel 
M.  Welnitz  publie  une  courte  notice.  —  Mauiuce 
Maindho.n. 

Italie 

Bollettino  d'arte  del  ministero  délia  Pubblica 
Istruzlone  (anno  11,  fasc.  1).  —  M.  Giovanni  Poggi, 
reproduisant  pour  la  première  fois  un  tondo  de  Bene- 
detto  da  Maiano,  représentant  une  Vierge  à  l'eufanl, 
conservé  dans  l'église  de  Scarperia,  rapproche  ce 
chef-d'œuvre  des  autres  ouvrages  analogues  de  l'artiste 
conservés  dans  la  chapelle  Struzzi  de  S.  Maria  Novella, 
à  Florence,  et  dans  l'église  de  S.  Agostino,  a  S.  Gimi- 
gnnno. 

—  Deux  petits  tableaux  de  Pierre-Antoine  l'alel, 
récemment  acquis  par  l'État  pour  la  galerie  liorghése, 
sont  présentés  par  M.  G.  Cantala.messa  :  ce  sont  deux 
petits  paysages  signés,  dont  l'un  est  daté  1687. 

—  Peintures  de  Bernardino  Parenzano  au  musée 
civique  de  Vicence,  par  Ant.  Munoz.  —  L'auteur  saisit 


l'occasion  pour  donner  la  liste  des  œuvres  de  B.  Pa- 
renzano conservées  dans  les  diverses  galeries  euro- 
péennes. 

Autres  articles  :  Peintures  d'Antoine  Van  Dyck  et 
de  son  école  au  musée  national  de  Païenne,  par 
C.  Matraxoa  ;  —  Deux  banquets  de  Maltia  Preti,  par 
A.  CoNTi  :  le  Festin  de  Ilaltliazor  et  l'Assassirial  du 
frère  d'Absalon  (tous  deux  au  musée  de  Naples);  — 
Un  essai  de  sculpture  sur  bois  du  moyen  âge,  par 
Ch.  Rossi  :  Déposition  de  Croix  de  la  calbédrnle  de 
Tivoli. 

HussiE 

Starye  Gody  (février).  —  Richard  Mutiieh.  Le 
Centenaire  d'Angelica  Kauffmann.  L'auteur  souhaite, 
à  propos  de  cet  anniversaire  (3  novembre  1907),  un 
nouvel  examen  de  l'œuvre  de  lai'tiste,  dont  les  meil- 
leures peintures  sont  chez  des  particuliers.  Il  estime 
que  l'artiste  gagnera  à  être  connue  comme  portrai- 
tiste et  cite  en  exemple  le  Portrait  de  la  baronne 
de  KrUdner,  au   Louvre. 

—  N.  Rœnmcii.  Anciennes  églises  de  Finlande. 
Sous  des  badigeons  anciens  ou  récemment  refaits  (!), 
sont  cachées  de  vieilles  fresques  catholiques  dans 
les()uelles  se  marquaient  des  iniluences  irlandaises  et 
écossaises.  Reproduction  des  fresques  de  l'église  de 
Lôhja,  remises  au  jour  (et  aussi  «  renouvelées  ») 
en  1886.  Elles  remontent  à  1489-1300  et  auraient 
pour  auteur  une  nonne.  (Il  est  fâcheux  qu'aucune 
légende  n'accompagne  les  reproductions.)  M.  Rœhrich, 
par  l'intermédiaire  de  la  Société  des  archivistes, 
demande  aux  Sociétés  archéologiques  de  Finlande 
d'inlervenir  pour  que  l'on  dcbadigeonne  certaines 
églises  intéressantes. 

—  A.  Ohéchmkov.  La  Vaisselle  d'apothicaire  sous 
Pierre  le  Grand.  A  propos  de  vases  en  verre  avec 
armes  impériales  et  inscriptions  latines  (1701),  prove- 
nant de  la  maison  des  Enfants  trouvés  de  Moscou,  et 
donnés  au  musée  historique  de  cette  ville.  Provenance 
incertaine. 

—  A.  RoTiSLAvov  pousse  un  cri  de  détresse  fort 
justifié  au  sujet  de  la  vieille  maison  dite  «  de  Marina 
Mnischek  »,  à  Kalouga.  Passée  aux  mains  de  la 
commission  des  archives  et  transformée  en  musée,  les 
fonds  manquent  cependant  entièrement  pour  l'entre- 
leriir  et  la  consolider. 

—  B.  N.  'V.  Compte  rendu  de  l'E.rposilion  de  dessins 
et  d'estampes  à  i.icadémie  des  beaux-arts.  A  signaler 
un  Saint  Jérôme,  de  Rembrandt,  des  dessins  de 
Doyen,  Greuze,  Opiz  et  Pynacker 

—  P.  SiMoxi.  L'éditeur  et  bibliophile  moscovite 
/'.  Békétov  (1761-1836).  —  D.  R. 


Le  Gérant  :  H.  Dknis. 


l'ana.  —  imp.  Georges  Petit,  \t,  rue  (iodot-de-Meuroi. 


Numéro  379. 


Samedi  11  Avril  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN     ET    MODERNE 


STATUES 


Chez,  nous,  quand  on  se  prend  tout  à  coup  d'un 
beau  ztMe  pour  un  a  grand  homme  »  et  qu'on  dé- 
cide de  lui  élever  un  buste,  une  statue  ou  un  mo- 
nument, suivant  les  ressources  dont  on  suppose 
qu'on  disposera,  il  n'y  a  guère  qu'une  façon  de 
procéder  :  on  forme  un  comité,  on  ouvre  une 
souscription  et  l'on  choisit  un  sculpteur. 

Ce  sont  là  les  trois  conditions  qu'on  Juge  néces- 
saires à  une  glorification  parle  marbre  ou  par  le 
bronze...  Or,  nécessaires'?  je  le  veux  bien  ;  mais 
suffisantes  .'  non  certes  ;  car  une  fois  le  monu- 
ment terminé,  encore  faudra-t-il  lui  trouver  une 
place  au  soleil,  et  c'est  la  dernière  chose  dont  on 
consente  à  se  préoccuper. 

Quandies comités sontmodestes  ou  intelligents, 
ce  qui  revient  au  même,  ils  se  contentent  de 
mettre  l'efligie  de  celui  dont  ils  veulent  perpétuer 
le  souvenir  à  la  seule  place  qui  soit  convenable, 
c'est-à-dire  sur  son  tombeau.  Mais  il  arrive,  il  ar- 
rive même  trop  souvent,  que  les  comités  se  mon- 
trent plus  exigeants  et  désirent  donner  plus  de 
lustre  à  leur  manifestation  :  alors,  ils  se  mettent 
en  quête  d'une  place,  d'un  carrefour,  d'un  square, 
d'un  terre-plein,  voire  d'un  simple  «refuge»,  et 
peut  leur  chaut  que  la  place  soit  trop  vaste  ou  trop 
exiguë,  le  square  planté  d'arbres,  le  terre-plein 
sans  perspective  et  le  carrefour  sans  harmonie 
de  lignes  !  Ce  qu'il  leur  faut,  c'est  un  espace  libre 
où  se  puisse  ériger  le  monument  dont  ils  ont 
maintenant  grand'hàte  de  se  débarrasser  et  dont 
ils  se  débarrasseront  à  la  première  occasion,  sans 
se  soucier  le  moins  du  monde  du  décor  et  des  pro- 
portions du  cadre  qu'ils  lui  auront  trouvé. 

Quel  pileux  résultat  a   produit  cette   étrange 
^méthode,  on  ne  peut  plus  faire  un  pas  dans  Paris 
|8ans  le  constater;  la  province,  dans  la  plupart  des 
s,  n'a  rien  à  nous  envier,  et  c'est  maintenant 
l'étranger  qu'il  appartient  de  nous   rappeler 
fau  bon  sens  1   En  voici  un  exemple. 

On  distribue  en  ce  moment  le  programme  d'un 


concours  international,  organisé  par  la  ville  de 
Genève,  en  vue  d'élever  dans  cette  ville,  sur  la 
promenade  des  Bastions,  à  l'occasion  du  qua- 
trième centenaire  de  Calvin,  un  très  important 
monument  de  la  Réformation.  Or,  non  seulement 
l'emplacement  a  été  intentionnellement  choisi 
pour  accentuer  le  caractère  de  l'œuvre,  qui  se 
dressera  près  des  vieux  remparts,  créés  au  temps 
de  la  Uéforme  pour  la  défense  des  libertés  et  de 
l'indépendance  de  Genève,  mais  en  outre  le  rè- 
glement mintitieusement  détaillé  du  concours 
porte  en  italiques  celte  clause  caractéristique  : 

«  La  concession  d'une  promenade  fréquentée, 
particulièrement  chère  au  public,  impose  l'obli- 
gation d'en  respecter- à  la  fois  le  site  pittoresque 
et  le  cachet  historique.  Le  monument,  dont  les 
différentes  parties  pourront  être  soit  groupées, 
soit  distribuées  sur  tout  le  terrain  disponible, 
devra  être  conçu  de  façon  à  former  un  tout  har- 
monique avec  la  promenade.» 

Ah  !  quand  montreront-ils  d'aussi  louables 
préoccupations,  les  terribles  comités  de  chez 
nous  qui  nous  encombrent  de  leurs  «  grands 
hommes  »,  et  qui,  en  lin  de  compte. 

Pour  honorer  les  morts,  font  soit/f'fir  les  vivants  ! 

Eddy. 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


ecas, 


Académie   des  inscriptions  et  belles-lettres 

(séance  du  3  avril).  —  Au  début  de  la  séance,  M.  Ba- 
belon,  président,  rappelle  la  perte  que  l'Académie 
vient  de  faire  en  la  personne  de  M.  Barbier  de  Mey- 
nard. 

—  M.  Léon  Dore?,  communique  la  photographie 
d'un  tableau  de  Botticelli  représentant,  en  costume 
de  docteur,  le  professeur  de  médecine  de  l'Université 
de  Pise,  Lorenzi,  dit  Lorenzano,  qui  eut  le  mérite  de 
remettre  en  lumière  les  œuvres  des  médecins  grecs, 
et  qui  mit  fin  à  ses  jours  en  se  jetant  dans  un  puits  au 
mois  de  juin  1S02.  M.  Dorez  établit  que  Botticelli  con- 
nut Lorenzano  dans  l'entourage  de  Savonarole  et  ipie 


lli 


LE   BULLETIN   DE    L'ART 


le  portrait  du  professeur,  qui  appartient  au  baron 
Michel  Lazzaroni,  à  Paris,  a  dû  être  exécutée  après 
l'expulsion  des  Médicis,  c'est-à-dire  entre  i49o  et  1500. 

Musée  du  Louvre.  —  Le  Conseil  des  musées  a 
ratifié  l'acquisition,  par  le  département  des  objets 
d'art,  au  Louvre,  d'un  verre  émaillé  arabe  qui  est  une 
pièce  tout  à  fait  exceptionnelle,  par  son  état  de  con- 
servation parfaite,  sa  rareté  et  la  magnificence  de  sa 
décoration.  Ce  verre  émaillé  date  du  xiv*  siècle.  Il 
est  aussi  reinarcjuable  dans  sa  série  que  le  sont  dans 
chacune  des  leurs  le  vase  de  cuivre  incrusté  d'argent 
provenant  du  palais  Barberini  de  Home,  ou  la  boite 
d'ivoire  au  nom  d'un  khalife  de  Cordoue,  deux  des 
principaux  chefs-d'œuvre  de  la  collection  ujusulmane 
du  Louvre. 

Musée  du  Luxembourg.  —  Le  musée  du  Luxem- 
bourg vient  de  recevoir  d'un  amateur,  M.  Chevalier, 
un  legs  comprenant  le  portrait  du  légataire  par  Aimé 
Morot,  tous  ses  «  bons  tableaux  »,  des  panneaux 
décoratifs  d'Henri  Lévi  qu'il  possédait,  et,  pour  leur 
installation  dans  une  salle  spéciale  portant  le  nom  de 
cet  artiste,  une  somme  de  20.000  francs. 

Musée  Guimet.  —  Le  musée  Guimet  a  reçu  les 
coUeclions  religieuses  rapportées  du  Thibet  et  de 
l'Inde  par  i\L  le  D'  Péralté.  Dans  le  nombre  de  ces 
pièces,  qui  sont  d'une  grande  rareté,  figure  un  manu- 
scrit sanscrit,  orné  de  miniatures  fort  délicates. 

Au  Cabinet  des  estampes.  —  Le  département 
des  estampes  de  la  Bibliothèque  nationale  s'est  en- 
richi, ces  derniers  temps,  d'une  curieuse  collection  : 
c'est  la  série  presque  complète  de  toutes  les  réclames 
illustrées  qui  ont  été  distribuées  dans  les  rues  de 
Paris,  au  cours  de  ces  cinquante  dernières  années.  Le 
collectionneur  qui  rassembla  ces  documents  les  avait 
recueillis  par  distraction;  mais  ainsi  groupés, ils  pren- 
nent UD  véritable  intérêt  historique,  en  rappelant  ce 
qui  sollicita  le  public  parisien  dans  sa  curiosité,  son 
intérêt  ou  son  plaisir,  pendant  un  demi-siècle. 

A  la  Monnaie.  —  Afin  de  faciliter  aux  élèves  des 
écoles  la  visite  du  musée  et  des  ateliers  de  la  Monnaie, 
le  directeur  de  cet  établissement  vient  de  décider  que 
les  visites,  qui  avaient  lieu  les  mardi  et  vendredi  de 
chaque  semaine,  auraient  lieu,  à  partir  du  i"  avril, 
les  mardi  et  jeudi,  de  une  heure  à  trois  heures.  Les 
demandes  d'autorisation  doivent  être  adressées  au 
directeur  de  la  Monnaie. 

Société  de  l'histoire  de  l'art  français  (séance 
du  vendredi  3  avril).  —  M.  Maurice  Tourneux  com- 
umniquc  à  la  Société  des  lettres  de  M""  de  Vandeuil, 
fille  de  Diderot,  sur  le  Salon  de  1801. 

—  M.  Louis  Dimier  fait  une  communication  sur  le 
tombeau  du  duc  de  Créqui. 

—  M.   André  Fontaine   lit  ensuite  des  documents 


inédits,  réunis  par  le  comte  de  Caylus,  pcmr  écrire 
l'Histoire  de  l'Académie  royale  de  peinture. 

—  M.  Louis  Demond  étudie  les  rapports  de  Pierre 
et  de  Nicolas  Mignard  à  propos  de  l'hôtel  d'Ilervart. 

Société  des  antiquaires  de  France    —  A   la 

dernière  séance  de  la  Société  des  antiquaires  de 
France,  il  a  été  procédé  à  l'élection  d'un  membre  rési- 
dant: M.llenry  D'Allemagne  a  été  élu  au  second  tour  ci 
l'unanimité.  Puis  MM.  de  Martroy  et  Prinet  ont  été 
élus  associés  correspondants  nationaux. 

—  M.  Monceaux  a  ensuite  communiqué  plusieurs 
bulles  de  plomb  trouvées  à  Carthage  par  le  R.  P.  De- 
lattre,  les  unes  non  estampillées  et  une  autre  por- 
tant une  effigie  de  la  Merge  et  le  nom  d'un  mafjisler 
inilitum. 

—  M.  le  commandant  Lefebvre  des  No(:ttes  a  com- 
plété, à  l'aide  de  photographies  d'objets  antiques,  les 
explications  qu'il  avait  données  dans  une  précédente 
séance  sur  un  détail  de  harnachement  romain. 

—  ^L  Héron  de  Villefosse  a  entretenu  la  Société  du 
torse  d'Arles  que  le  Louvre  a  rendu  au  musée  de  cette 
ville  pour  y  O'tre  réuni  à  la  tète  de  la  statue  de 
Jupiter.  Dès  1840,  M.  de  Clarac  avait  demandé  cette 
réunion. 

Commission  des  inscriptions  parisiennes.  — 

La  commission  des  inscriptions  parisiennes  a  pris 
l'initiative  de  rappeler  le  souvenir  de  la  mort  de 
Wattcau  a  Xogent-sur-Marne  (18  juillet  1721).  Une 
inscription  a  été  posée,  le  23  mars  dernier,  sur  la 
porte  de  l'ancienne  demeure  de  M.  Lefèvre,  intendant 
des  Menus-Plaisirs,  laquelle  est  encore  conservée 
presque  intacte,  ainsi  (|ue  le  vieux  parc  qui  l'entoure. 

Salon  des  artistes  français.  —  Le  jury  de  la 
section  de  sculpture  du  prochain  Salon  des  artistes 
français  est  composé  comme  suit  : 

Président,  M.  Allouard;  vice-présidents,  MM.  Alfred 
Boucher  et  .Mathurin-Morcau  ;  secrétaires,  MM.  Cw- 
lus,  Courtheilles  et  Larche  ;  membres  :  MM.  Albert 
Lefeuvre,  Th.  Barrau,  Jean  Boucher,  Borrel,  Desca, 
Em.  Fontaine,  Gardet,  Guilbert,  Albert  Guilloux, 
Hugues,  llannaux,  llipp.  Lefebvre,  Lechevrel,  Georges 
Lemaire,  Claudius  Marioton,  .Moricc,  Michel,  Perrin, 
Peter,  Seysse,  Sicard,  Sucliette,  Valton,  Vermare, 
Vcrnon. 

—  Voici  la  composition  du  jury  d'architecture  : 
Président  :  M.  Daumet.  membre  de  l'Institut;  vice- 
présidents  :  M.\l.  Pascal  et  Girault,  membres  de 
l'Institut;  secrétaires  :  M.\I.  Guilbert- et  Ilanotin  ; 
membres  :  MM.  d'Espouy,  Eustache,  Ch.  Gautier, 
J.  Guadct,  Lambert,  Mayeux.  Roussi  et  Blavette. 

—  La  visite  du  Salon  des  artistes  français  s'accom- 
pagnera d'auditions  et  de  conférences  musicales,  et 
de  lectures  de  poèmes.  Le  détail  de  ces  attractions 
vient  d'être  définitivement  réglé  ;  de  deux  heures  à 
quatre  heures,  chaque  vendredi,  un  excellent  quatuor 
interprétera  les  maîtres  de  la  musique  classique  et 


ANCIEN    ET    MODERNE 


IIB 


iiioilerne  ;  après  quoi,  un  conférencier  prendra  la  pa- 
role ;  le  mardi,  ce  sera  le  tour  des  poètes,  et  de 
trois  heures  à  cinq  heures  on  récitera  des  vers  iné- 
dits. 

Salon  de  la  Société  nationale  des  beaux- 
arts.  —  La  date  de  la  remise  des  maquettes  de 
:iaiiison  et  Oiitita  (3*  acte),  pour  le  concours  de  la 
Société  nationale  des  beaux-arts,  est  retardé  jusqu'au 
I"  juin. 

—  Rappelons  que  le  vernissage  du  Salon  de  la 
Société  nationale  aura  lieu  mardi  prochain  U  avril. 
Ouverture  le  lendemain. 

A  Berlin.  —  La  Galerie  nationale  a  fait  l'acquisi 
tion,  à  l'exposition  de  l'école  Diez,  organisée  chez 
lleinemann,  à  Munich,  des  œuvres  suivantes:  Fêle  de 
vieilli',  par  Ludwig  EibI  (1874);  Élude  d'inlérieur,  à 
Fixcfiliaiisen  surle  Schliersee,  par  Allons  Spring  (1873^; 
une  Nature  morte,  de  Ileinricli  Weber,  et  un  l'ortrait 
(lu  peintre  Rupprec/it,  par  Ernst  Ziuimermann;  enfin, 
un  calepin  de  croquis  de  Wilhelm  von  Diez.  —  M.  M. 

Nécrologie.  —  lliir/o  Kolscltenreiter,  un  peintre  de 
genre  de  l'école  de  Piloty,  vient  de  mourir  à  S4  ans, 
après  une  longue  maladie.  Ses  tableaux  sont  de  ceux 
qui  figurent  de  préférence  dans  les  journaux  et 
revues  de  la  famille.  En  1902,  la  nouvelle  Pinaco- 
thèque en  acheta  un,  intitulé  Au  jeu.  —  M.  M. 


—  Le  prince  Uojidar  Kararfeorr/evilch,  cousin  du 
roi  de  Serbie,  qui  vient  de  mourir  à  Versailles,  s'était 
fait  une  réputation  d'artiste  ([ue  sa  présence  assidue 
dans  la  section  d'art  décoratif  de  nos  Salons  avait 
établie  depuis  longtemps  déjà  ;  les  meubles,  les 
bijoux,  les  cuirs  travaillés,  qu'il  exécutait  avec  habi- 
leté, étaient  d'ordinaire  remarqués  pour  l'ingéniosité 
et  la  nouveauté  de  leur  ornementation.  En  même 
temps,  le  prince  Karageorgevitch,  qui  avait  été  très 
lié  avec  Marie  Bashkirtself  et  Bastien-Lcpage,  et  qui 
était  très  apprécié  dans  les  milieux  artistes,  collabo- 
rait aux  revues  d'art  françaises  et  étrangères,  ou  il 
donnait  des  comptes  rendus  de  Salons,  des  études  sur 
l'art  populaire,  l'art  décoratif,  etc. 

—  M.  C/iarles  Bi/sson,  artiste  peintre,  ofVicier  de  la 
Légion  d'honneur,  vient  de  mourir  à  l'âge  de  quatre- 
vingt-cinq  ans  Les  musées  du  Luxembourg,  de  Tours, 
de  Vendôme  et  de  Compiègne,  possèdent  des  tableaux 
de  cet  artiste,  qui  était  né  à  Montoire-sur-Loir,  le 
t3  juillet  1822  et  qui  exposait,  depuis  le  Salon  de  tS4fi, 
des  paysages  inspirés  des  sites  tourangeaux,  berri- 
chons et  vendômois  (méd.  de  3*  cl.  en  185S  ;  rappels 
de  médaille  en  1857,  18S9,  1863  ;  méd.  de  2-  cl.  à  l'E.x- 
position  universelle  de  1867,  de  1"  cl.  à  celle  de  1878, 
hors  concours  à  celle  de  1000). 

—  De  Lyon,  on  annonce  la  mort  du  peintre  Clau- 
(lius  liarriot,  qui  a  décoré  de  fresques  plusieurs 
églises  de  cette  ville  et  des  environs  II  était  né 
en  1846.      . 


CHRONIQUE    DES   VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —  "Vente  de  violons  anciens.  — 

A  tilre  de  curiositi',  signalons  le  prix  de  4.100  fr. 
réalisé,  —  dans  une  vente  faite  salle  il,  le 
.'iO  mars,  par  M"  Mauger  et  M.  (iermain,  —  par  un 
violon  de  Stradivarius,  garanti  d'origine  en  1847, 
sur  facture  de  J  -B.  Vuiliaume  et  dont  il  avait 
été  demandé  Si. 000  fr.  Dans  la  même  vente,  un 
violon  de  .l.-B.  Vuiliaume, reproduction  ànMessie, 
portant  étiquette  de   1860,  a  été  payé  1.290  fr. 

"Vente  d'objets  d'art,  etc.  —  Une  vente  ano- 
nyme, faite  les  3  et  4  avril,  salle  1,  par  M"  H.  Bau- 
doin et  MM.  Mannheim,  a  donné  lieu  à  quelques 
enchères  qui  méritent  d'être  relevées. 

Dans  la  première  vacation,  une  véritable  sur- 
prise s'est  produite   à  propos  de  l'adjudication 


d'un  livie  d'heures  du  xiiic  siècle  enrichi  de 
miniatures.  Sur  la  demande  de  800  francs,  ce 
manuscrit  a  été  finalement  adjugé  7.900  francs. 
Il  nous  suffira  d'indiquer  les  enchères  les  plus 
élevées  de  cette  vente,  qui  a  produit  un  total  de 
10o.8b8  francs. 

PRINCIPAUX    PRIX 

PoiicEi.AiNES  ET  faïences.  —  ifi.  Aiguièrc  et  bassin, 
décor  paysages  animés,  sur  fond  bleu.  Sèvres,  pâte 
tendre  isurdécorée  et  fêlure).  Cache-pot  analogue 
(surd.),  1.4.")0fr. 

Objets  diveiis  —  Émaux  cfinmplevés.  —  li\.  Chasse, 
forme  de  maison,  xiv  siècle,  ornée  de  six  ligures  de 
saints  en  relief,  2.12.")  fr. 

Èmuux  peints.  —  52.  Plaque,  xvi'  s.,  attribuée  à 
Martin  Didier,  dit  Pape,  Scène  de  combat,  1.900  fr. — 
53  Quatre  plaques,  fin  xvi*  s.,  attr.  à  Suzanne  do 
Court,  les  Quatre  évanf/i^lisles,  1.350  fr. 


U6 


LE   BULLETIN   DE   L'ART 


117.  Deux  vitraux,  xvr  s.,  ;i  sujets  saints,  1.020  fr. 
—  122.  Livre  d'heures  à  miniatures  du  xiii"  s.,  7.900  fr. 

Pendules,  bhonzes.' —  143.  Porte-montre,  br.  doré, 
forme  char  attelé  de  deux  colombes  conduites  par 
une  femmej  ép.  Louis  XV,  1  oOO  fr.  —  144.  Pendule 
sur  socle-applique,  marquet.  cuivre  sur  écaille,  garnit, 
de  bronze,  ép.  Louis  XIV,  l.lO.'i  fr. 

Meubles.  —  159.  Canapé,  quatre  fauteuils  et  huit 
chaises,  bois  doré,couv.  tap.  d'Aubusson,  ép.  LouisXVl, 
à  personnages,  animaux  et  draperies,  6.300  fr.  (dcni. 
8.000  fr.). 

Étoffes.  —  173.  Trois  petits  panneaux  de  velours 
oriental,  1.130  fr. 

Tai'ISSEbies,  tapis.  —  19a.  Seize  pièces  pour  tap.  et 
broderie,  fin  xviii'  s.,  1.000  fr.  —  199.  Tap.  flaïu., 
xvi"  s.,  personnages  sur  fond  d'habitations,  bordure  à 
médaillons,  3.700  fr.  —  200.  Tap.  Qam.,  xvr  s.,  sujet 
de  style  antique,  fond  de  paysages,  bord,  jaune, 
4.160  fr.  —  201.  Tap.  flam.,  xvir  s.,  à  grands  person- 
nages, 1.230  fr.  —  203.  Tap.  flam.,  xvir  s.,  à  grands 
personnages,  large  bord,  marron  à  fig.,  3.000  fr.  — 
204.  Tap.,  comm.  du  xviii"  s.,  femme  agenouillée, 
avec  quatre  personnages,  bord  en  tap.  des  Gobelins, 
4.100'  fr.  —  203.  Tap.  flam.,  xviii'  s.,  souveraine 
assise,  1.300  fr.  —  224.  Deux  panneaux  tap.  fond 
blanc,  à  corbeille  de  fleurs,  oiseaux,  médaillon  et 
guirlandes,  4.100  fr.  (dem.,  5.000  fr.).  —  223.  Tap. 
flam.,  comm.  du  xvr  s.,  animaux  et  oiseaux  au 
milieu  de  branchages  et  fleurs  enchevêtrés,  11.100  fr. 
(dem.  12.000  fr.).  —  220.  Tap.  verdure  flam.,  xviii's., 
2.100  francs. 

Collection  P.  Barboutau.  —  Cette  vente 
d'objets  d'art  et  de  peintures  du  Japon,  faite  à 
l'Hôtel,  salle  7,  du  31  mars  au  2  avril,  par 
Me  Lair-Dubreuil  et  M.  E.  Leroux,  a  produit  un 
total  de  51.999  francs. 

(Quelques  prix  : 

Chimère,  terre  cuite  de  Nara,  x*  s.,  720  fr.  —  Sta- 
tuette de  la  déesse  Kwa-Non,  bois  laqué,  510  fr.  — 
lirûle-parfum  en  fer,  fornie  de  hibou,  420  fr. 

Peintures.  —  105.  Marou-Yama.  Enfant  retenant 
un  bœuf  par  une  corde,  2.100  fr.  —  1.044.  Attr.  à 
Ken-Zan.  Portion  d'un  tronc  d'érable,  1.830  fr.  — 
1.043.  Ilo-itsou.  Branche  de  camélia,  1.003  fr.  —  1.041. 
Korin.  Fleurs,  550  fr.  —  1.054.  So-Zen  Faisan  et  ro- 
seau, 600  fr.  —  1.055.  Deux  sinf/es,  800  fr.  —  1.030. 
So-ga  Ni  Tchoukou-au  (xvi*  s.).  Faucon  perché  sur 
une  halustraile.  2.000  fr. 

Le  n°  1.063,  deux  paravents  attribués  à  Iwasa  Ma- 
tabéé,  a  été  retiré  de  la  vente,  la  mise  à  prix  de 
4  000  fr.  n'ayant  pas  été  couverte. 

Objets  d'art,  etc.  —  La  vente  anonyme,  faite 
salles  liet  0,  par  M''  Lair-Dubreuil  et,\L\L  l'aulme 
et  Lasquin,  le  6  avril,  a  produit  un  total  de 
314.895  francs. 


Les  tapisseries,  comme  nous  l'indiquions  en 
annonçant  cette  vente,  formaient  le  gros  mor- 
ceau et  l'attrait  principal  de  la  vacation.  D'une 
façon  générale,  dans  cette  catégorie  comme  ducô té 
des  objets  d'art  et  d'ameublement,  les  prix  de 
demande  n'ont  pas  été  atteints,  ni  retrouvés 
les  prix  d'adjudication  antérieurement  obtenus 
par  les  mômes  objets. 

C'est  ainsi  que,  sur  la  demande  de  40.000  fr., 
la  tapisserie  des  Gobelins  du  xvni'=  siècle,  Bacchus 
et  Ariane,  n'a  obtenu  que  3;;. 000  fr.,  alors  que, 
dans  la  vente  Darlaud,  l'an  dernier,  cette  même 
pièce  réalisa  41. bOO  francs. 

Pour  ne  pas  allonger  inutilement  notre  com- 
mentaire, nous  nous  conlentçrons  d'indi()uer, 
avec  les  enchères  les  plus  marquantes,  quelques- 
uns  des  prix  de  demande. 

PRINCIPAUX   PRIX 

Anciennes  pobcelaines.  —  9  bis.  Tête-à-tête,  Sèvres 
pâte  tendre,  ornements  variés{pièces refaites),  1.000  fr. 

Anciennes  pobcelaines  de  la  Chine.  —  1 1.  Deux  pots 
ovoïdes,  médaillons  émaux  de  couleur,  ép.  Rang-hi 
(rest.),  2.430  fr.  —  21.  Deux  pots  ovoïdes,  déc.  en 
coul.,  ép.  Rang-hi  (couv.  reL),  1.000  fr.  —  23.  Grande 
potiche,  émaux  de  coul.  (fêl.),  1.120  fr.  —  26.  Deux 
vases  ovoïdes  avec  couv.,  fond  bleu  fouetté  et  rehauts 
de  dorure,  décor  à  réserves,  ép.  Rang-hi;  mont,  cuivre 
doré,  ép.  Régence  (fract. etfèl.),  12.000  fr.  (dem.  13.000). 

Sculptubks  akciennes.  —  33.  Petit  bas-relief,  terre 
cuite,  par  Clodion.  Bacchante  jouant  avec  deux 
enfants,  1.080  fr.  —  34.  Deux  statuettes  br.  fondu, 
ciselé  et  patiné.  Bacchus  et  Fc'nus,  ép.  Régence,  6.100  fr. 
(Vente  de  Sivry,  1904,  8.100  fr.).  —  35.  Statuette 
bronze,  l'Enfant  à  la  caye,  d'après  J.-li.  Pigalle, 
xviu'  s.,  9.000  fr.  (dem.  12.000).  —  36.  Deux  médail- 
lons marbre  blanc  sculpté,  xviir  s.,  bustes  de  Messire 
de  Neuville  et  de  M'on  de  Seuville,  5.300  fr.  —  .37. 
Deux  statuettes  d'enfants,  l'Eté  cil' Automne,  xviir  s., 
1.700  fr. 

Bhonzes  d'ameublement.  —  40.  Deux  candélabres, 
vase  ovoïde  métal  bleui,  socle  marbre  blanc,  bouquet 
de  lis  purtantsix  lumières  en  partie  anciens), 2.900  fr. 

—  41.  Pendule  cartel-applique,  mouv.  au  centre  d'un 
motif  architectural  à  pilastres,  surmonté  d'un  groupe 
Amour  et  ccxj,  ép.  Louis  XVI,  3.800  fr.  —  43.  Pendule 
et  deux  candélabres,  br.  ciselé  et  doré  et  marbre,  ép. 
Louis  XVL  La  pendule  se  compose  d'une  fenuile 
assise  tenant  un  livre  ;  candélabres  formés  d'un  vase 
ovoïde  en  marbre,  mont,  br.,  4.000  fr.  (dem.  6.000). 

—  44.  Pendule  ép.  Louis  XVL  br.  ciselé  et  doré,  marbre 
blanc  et  biscuit,  cage  rectangulaire,  àdr.  et  à  g.,  deux 
groupes  biscuit  figurant  Vénus  et  l'Amour,  10.000  fr. 
(dem.  10.000).  — 43.  Grande  pendule  bronze  et  marbre 
blanc,  composée  d'un  piédestal  au  centre  duquel  est  le 


ANCIEN    ET   MODERNE 


117 


mouvement;  de  chaque  côté  des  coupoles  à  volutes, 
1.700  fr. 

DÉGoiiATioN  PEINTE.  —  46.  Décoration  peinte  en  coul. 
de  si.x  panneau.x  d'arabesques,  (leurs,  fruits  et  attri- 
buts, xvuf  s.  (fond  rehaussé).  Provient  d'un  liôtel 
habité  au  xviii*  siècle  par  la  Guimard,  2.250  fr. 

Meibi.es  et  sièges.  —  48-49.  Deu.x  conimodes  seui- 
lilables,  se  faisant  pendant,  bois  de  placage,  style 
xviii'  s.,  3.îi00  fr.  —  M.  Grand  paravent  à  douze 
feuilles,  laque  de  Coromandel,  3.030  fr.  —  52.  Petite 
table  ovale  mar((.,  ép.  Louis  XV,  l.SOO  fr.  —  o'i.  Salon 
ép.  liégencc,  bois  sculpté,  couv.  velours  frappé' 
1.400  fr. 

SiÉoEs  AXCiE.NXE  TAi'jssEii lE.  —  Si.  Salou  noH 
monté,  Aubusson,  (in  xviii'  s.,  canapé,  quatre  fau- 
teuils, six  chaises,  fond  blanc,  animaux  variés, 
contre-fond  vert,  10.500  fr.  —  55.  Canapé  et  huit  fau- 
teuils Aubusson,  xviii"  s.,  l'omp.  dans  le  goût  de 
Salembier,  vases  ornés  de  (leurs,  36.100  fr.  (dem., 
40.000  fr.).  —  56.  Six  fauteuils,  ép.  Louis  XV,  anc. 
tap.  au  point,  3.600  fr.  —  58.  Canapé  et  six  fauteuils, 
tap.  Aubusson,  ép.  Louis  XVI,  petits  personnages  ou 
animaux  dans  des  paysages  sur  fond  blanc,  15.050  fr. 

Tapissehies  ant.iex.\es.  —  60.  Tap.  des  Gobelins,  de 
la  tenture  des  Métamorphoses,  représentant  Bacchus 
et  Ariane,  d'après  un  carton  présumé  de  Ch.  Coypel, 
33.000  fr.  (dem.,  40.000  fr.;  —  vente  Darlaud,  1907, 
41.500  fr.).  —  61  à  65.  Tenture  de  cinq  pièces,  tap.  de 
Beauvais  du  xviii"  s.,  à  sujets  de  paysages  maritimes 
animés  de  navires,  volatiles  divers,  etc.,  33  500  fr. 
(dem.,  50.000  fr.).  —  66  à  70.  Tenture  de  cinq  pièces, 
tap.  du  xviii"  s.  :  le  Char  de  la  Comédie  conduit  par 
A  rlequin.  la  Comédie  italienne,  Alléf/orie  du  commerce 
entre  l'Orient  et  l'Occident,  h'éte  orientale,  Déchar- 
iiement  d'un  navire  nuirclumd  en  Orient,  46.000  fr. 
(dem.  30.000  fr.).  —  71  à  73.  Tenture  de  trois  pièces 
en  tap.  de  Paris,  première  moitié  du  xviii*  s.,  sujets 
tirés  de  la  Fable,  représentant  Diuue  et  ses  Nymphes, 
Narcisse  et  la  nymphe  Echo,  Neptune,  Vénus  et 
l'Amour,  20.000  fr.  (dem.,  25.000  fr.).  —  74.  Tap.  ép. 
Louis  XIV,  d'après  Bérain,  fond  havane,  composition 
à  portiques,  arabesques,  etc.,  bord  d'encadrement, 
11.180  fr.  —  75.  Tap.  fin  xvi'  s.,  paysage  et  petits 
personnages  guerriers,  1.650  fr.  —  76  à  81.  Suite  de 
six  petites  tap.  (lani.,  ép.  Louis  XVI,  petits  person- 
nages, ép.  Louis  XIV,  petits  personnages  mytholo- 
giques, 6.830  fr.  —  82.  Tap.  de  Paris,  ép.  xvn-  s.,  dite 
verdure,  animée  de  volatiles,  8.300  francs. 

Collection  de  M.  Paul  Périer  (tableaux 
modernes,  etc.).  —  Celte  vente  a  eu  lieu, 
comme  nous  l'avions  annoncé,  salle  1 1,  le  7  avril, 
par  le  ministère  de  M.  Lair-Dubreuil  et  de  M.  Th. 
IJonjean. 

Bien  que,  pour  la  majeure  partie  des  tableaux, 
les  prix  de  demande  n'aient  pas  été  atteints, 
les  résultats  doivent  être  considérés,   pourtant, 


comme  des  plus  satisfaisants,  car  du  côté  des 
bronzes  de  liarye  en  épreuves  anciennes,  dont  il 
y  avait  ici  une  réunion  de  choix,  les  estimations 
ont  été,  et  de  beaucoup,  dépassées.  Ainsi  la 
Grande  panthère  saifinsant  un  cerf  du  Gange,  sur 
la  demande  de  ."i.OOù  francs,  est  montée  à 
11.700  francs  ;  et  le  Taureau  UHe  baissée  a 
réalisé  .'l.blO  francs,  sur  la  demande  de  2.000  fr. 
Un  détail  qui  montrera  la  plus  value  actuelle  — 
et  méritée  d'ailleurs  —.de  ces  bronzes  de  Barye, 
en  épreuvesancienues:  leCerflrte  haiaséeimodkie) 
adjugé  720  francs  à  la  vente  l.utz,  en  1902,  a 
atteint  ici  à  1.300  francs. 

Du  côté  des  tableaux  il  y  a  eu,  par  contre, 
quelques  moins-values  :  le  Diaz,  Nymphes  de  Diane, 
n'a  obtenu  que  13,000  francs  sur  la  demande  de 
15.000  francs;  le  Corot,  Ville  d'Avray,  b.200  fr. 
sur  celle  de  6.000  francs.  Plus  favorisés,  les  deux 
Harpignies,  la  Tour  à  Saint-Privé  et  r Automne, 
ont  été  adjugés  7  000  et  6.800  francs,  sur  la 
môme  demande  de  7.000  francs  pour  chacun. 
Les  aquarelles  d'Harpignies  se  sont  bien  ven- 
dues. Uien  de  notable  dans  les  quelques  objets 
d'art  et  d'ameublement  qui  complétaient  la 
vente. 

PRINCIPAUX   PRIX 

Tableaux  .moijeknes.  —  2.  Corot.  Ville-d'Avruy, 
3.200  fr.  —  3.  Daubigny.  l'ommiers  en  fleurs  à  Anvers, 
1.600  fr.  —  4.  Delacroix.  Le  Christ  au  jardin  des  Oli- 
viers, 2.400  fr.  —  6.  Diaz.  Nymphes  de  Diane,  13.000  fr. 

—  8.  Harpignies.  La  Tour  à  Saint-Privé,  7.000  —  9. 
L'Automne,  6.800  fr.  —  10.  Isabey.  Marine,  2.130  fr.  — 
12.  Jongkind.  Le  Faubourg  Saint-Marcel,  clair  de 
lune,  3.250  fr.  —  13.  Marais.  Dans  les  prés  d'Aiiésy 
(Calvados),  t. 330  fr. 

AyuAHEi.i.ES,  DESSINS.  —  25.  Harpignies.  La  Loire. 
Environs  de  Saint-Privé,  aquar.,  2.000  fr.  —  27.  Saint- 
Privé,  aquar.,  3.400  fr.  —  28.  Pommiers  en  fleurs, 
Oisenne,  aquar.,  1.380  fr. 

Bko.nzes  de  Barve.  —  33.  Aiyle,  bec  ouvert,  épreuve 
anc,  patine  verte,  1.200  fr.  —  37.  Cerf,  tête  baissée 
[modèle),  épr.  anc,  patine  médaille,  1.300  fr.  —  40. 
Cheval,  jambe  levée,  épr.  anc,  patine  brune,  1.370  fr. 

—  41.  Dromadaire,  épr.  anc,  patine  brune,  1.100  fr. 

—  46.  Ocelot  et  héron,  épr.  anc,  patine  verte,  2.093  fr. 

—  49.  Grande  jMinthère  saisissant  un  cerf  du  Ganye, 
épr.  anc,  patine  médaille,  11.700  fr.  —  59.  Combat  de 
lionceaujc,  épr.  anc,  patine  médaille,  1.000  fr.  —  60. 
Taureau,  tête  baissée,  épr.  anc,  patine  brune,  3.510  fr. 

Produit  :  88.693  fr. 

Ventes  annoncées.  ^  A  Paris.  -  Objets 
de  vitrine,  etc.  —  l'ii  mince  catalogue,  illustn'' 
de  quelques  planches,  nous  apporte  l'annonce 
d'une  vente  d'objets  de  vitrine,   estampes  an- 


H8 


LE    BULLETIN    DE   L'ART 


cieiines  et  tableaux,  appartenanl  à  M.  L.  .,  — 
vacation  f|ui  aura  lieu  salle  7,  le  l.'i  avril,  sous  la 
direction  de  M«  Lair-Dubreuil  el  de  MM.  Paulme 
et  Lasquin  (ils. 

Parmi  les  estampes  —  des  écoles  française  et 
anglaise  du  xvni"  siècle,  il  va  sans  dire,  —  notons 
en  particulier  les  deux  pièces  célèbres,  se  faisant 
pendant,  par  Debucourt  :  l'Escalade  ou  les  Adieux 
du  Matin,  Heur  et  malheur  ou  la  Cruche  cassée,  et 
une  gravure  en  manière  de  lavis,  Crossin;/  the 
brooh,  par  \V.  Say,  d'après  H.  Thomson. 

Côté  des  objets  de  vitrine  :  une  jolie  réunion 
de  boîtes,  étuis,  montres,  miniatures,  d'art  fran- 
çais du  xvin"'  siècle. 

Ventes  prochaines.  —  Bien  que  la  saison  ne 
soit  pas  des  plus  brillantes  pour  le  commerce  de 
la  curiosité  et  que  le  contre-coup  du  mauvais 
état  des  affaires  à  New- York  et  à  Londres  se 
fasse  sentir  jusqu'à  Paris,  nous  aurons  cependant 
une  série  de  belles  ventes. 

La  dispersion  de  l'imporlante  Collection  de 
M.  Gerbcau,  à  laquelle  présideront  M"  Biznuard 
et  Henri  Baudoin,  nécessiteia  plusieurs  séries  de 
vacations  qui  sont  fixées  aux  dates  suivantes  : 
i''^  vente,  du  25  avril  au  6  mai  ;  2°  vente,  du  10 
au  15  mai;  3"  vente, du  16 au  18  mai;  et  4"  vente, 
du  25  au  27  mai. 

D'autre  part,  à  l'Hôtel  Drouot,  salles  7  et  8, 
Me»  Lair-Dubreuil  et  Baudoin  dirigeront,  du 
7  au  9  mai,  la  Vente  Jelildne,  composée  d'objets 
d'art  et  de  curiosité,  parmi  lesquelles  on  retrou- 
vera le  fameux  buste  de  Louis  XV  en  ancienne 
porcelaine  blanche  de  Mennecy,  dont  il  fut  tant 
parlé  naguère,  au  moment  de  son  passage  dans 
la  vente  d'Yanville. 

Une  importante  vente  de  tableaux  anciens  est 
annoncée,  qui  prendra  place  du  10  au  22  mai. 
salle  6;  —  et,  du  19  au  23  mai,  salles  9  et  10, 
M"  Origet  dispersera  la  collection  de  tableaux 
anciens,  objets  d'art  et  de  curiosité  de  Mff  Char- 
mettant,  ancien  évoque  d'Alger.  Le  même  com- 
missaire-priseur  aura  à  diriger  également,  du 
12  au  25  mai,  la  collection  de  clefs  et  de  serrures 
anciennes  de  feu  M.  Marscnt. 

Rappelons  enfin  (]u'à  la  galeiie  Georges  Petit 
auront  lieu  :  du  il  au  7  mai,  la  vente  de  la  Coller- 
lion  Chcramy  (tableaux  anciens  et  modernes)  et 
du  H  au  16  mai,  celle  de  la  Collection  Hombeig 
(objets  d'art  et  de  liante  curiosité)  ;  ces  deux 
ventes  sous  la  direction  de  M"  Lair-Dubreuil. 

Dans  un  tout  autre  genre  el  à  une  date  plus 
rapprochée,  aura  lieu,  le  2  mai,  par  le  ministère 


de  .M"  Lair-Dubreuil,  la  vente  de  trente  et  un 
tableaux  par  Cazin. 

M.  N. 
ESTAMPES 

L'abondance  des  matières  nous  force  à  ren- 
voyer à  la  semaine  prochaine  le  compte  rendu 
d'une  vente  d'estampes  des  xvu«et  xvin"  siècles, 
faite  à  l'Hôtel,  salle  10,  du  31  mars  au  2  avril, 
par  M^  H  Baudoin  et  M.  Danlos,  et  qui  a  produit 
un  total  de  110.132  francs. 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  La  «  Col- 
lection d'un  amateur»,  dont  M"  Lair-Uubreuil 
dirigea  la  vente,  avec  l'assistance  de  M,  l.oys 
Delteil,  le  li  avril  prochain,  est  assez  variée  en 
ses  246  numéros,  pour  satisfaire  tous  les  goi'its.  Les 
maîtres  anciens  comme  Cranach,  Rembrandt, 
Robert  Nanteuil  (28  numéros),  s'y  rencontrent 
avec  quelques-uns  des  maîtres  modernes  les  plus 
appréciés, —  ceux-ci  formant  le  plus  gros  appoint 
de  la  vente  :  Bracquemond,  Corot,  Daubigny  (10 
numéros),  Devéria,  Gavarni,  Géricaull,  Isabey, 
Ch.  .lacque,  Legros  (14  numéros).  Millet,  Ralfet, 
voilà  pour  les  J'Yançais  ;  Van  Mnyden,  Nicholson, 
VVhistler  et  Zorn,  voilà  pour  les  étrangers.  Le 
dernier  nommé  n'est  pas  représenté  par  moins 
de  trente  pièces. 

R.  (;. 
EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


"Walter  Gay  (Galeries  Georges  Petit).  — 
«...  Des  descriptions,  de  celles  qui  servent  à 
mieux  faire  entendre  les  choses  naturelles,  et  à 
donner  des  lumières,  peut-être  trop  négligées, 
sur  les  rapports  de  l'homme  avec  ce  qu"il  appelle 
l'inanimé...  u  Cette  psychologie  de  la  nature 
morte,  qu'ébauchait  l'éditeur  A'Otiermann  en 
1804,  sympathise  avec  ces  attrayants  «  portraits  » 
d'intérieurs  vides,  mais  habités  par  le  souvenir. 
Un  intérieur,  encore  plus  qu'un  paysage,  n'esl-il 
pas  n  un  état  de  l'àme  »  ?  Et  la  peinture  n'est 
plus  une  "  vanité  «  quand  elle  éclaire  expressive- 
ment  la  survie  des  choses!  Sa  lumière  devient 
une  musiijue  muette  :  de  sombres  médaillons 
dans  des  boiseries,  un  buste  pétillant  sur  une 
console  dorée,  la  sentimentale  p.'ileur  d'une 
cliambretle,  —  tout  ce  qui  chante  ou  murmure 
encore  d'autrefois  dans  une  atmosphère,  s'incor- 
pore  dans  un  détail  qui  résume  un  style,   un 


ANCIEN    ET    MODERNE 


119 


ri'gne,  une  époque  ;  tout  ce  que  recèle  de  sugges- 
tion, sinon  de  pensée,  une  lueur  argentine  ou 
tiède  glisse  à  travers  les  rais  des  persiennes  ma- 
tinales ou  le  damier  des  vitres  encadrant  les  ver- 
dures du  parc  :  les  tapisseries  ambrées  rivalisent 
de  confidences  avec  les  reliures  ;  l'image  ovale 
d'une  noble  aïeule  ou  le  cartel  enrubanné  pend 
sur  la  glace  Louis  XV  ;  le  bleu  des  assiettes  sur 
la  nappe  pâlit  les  marges  grises  des  sanguines 
de  prix.  Et  l'œil  oublie  l'art  du  portraitiste  assez 
amoureux  de  ses  modèles  pour  en  respecter  la 
physionomie,  la  maestria  du  peintre  qui  réalise 
largement  ce  que  nos  pères  appelaient  «  l'ac- 
cord »  par  le  seul  pouvoir  des  valeurs  et  d'un  ton 
mis  en  sa  place...  En  décrivant  les  épaves  du 
b'^au  temps,  l'artiste  exprime  le  nôtre  :  à  Carna- 
valet comme  au  château,  ce  sont  partout  des 
atmosphères  de  musée.  Qui  sait  si  les  «  por- 
traits »  de  toutes  ces  reliques  ne  passeront  point 
pour  le  chef-d'œuvre  de  notre  âge  érudit  et  sans 
imagination,  qui  n'a  plus  d'autre  idéal  que  le 
1  l'gret  du  passé  ? 

"Wilfrid- Gabriel  de  Glehn  (CalericsDurand- 
lluel;.  —  Un  virtuose  aussi,  mais  dont  la  virtuo- 
sité voyageuse  s'éparpille  eu  dénonçant  les  dan- 
gers de  l'éclectisme  !  Avec  son  nom  d'origine 
allemande  et  ses  études  achevées  à  Paris,  cet 
élégant  peintre  londonien  reviH  une  allure  cos- 
mopolite. Déjà  ses  paysages,  italiens  ou  bretons, 
ont  fait  prononcer  le  nom  de  Gainsborough, 
paysagiste  romanesque  et  contemporain  de  Fra- 
gonard  ;  mais  s'il  sacrifie  trop  i  la  perfide  magie 
des  souvenirs,  cet  amoureux  d'art  cultive  moins 
ses  maîtres  ou  les  nôtres  que  les  doux  grands 
séducteurs  d'outre-mer  :  M.  Sargent  inspire  le 
brio  (luide  de  ses  brillants  portraits  féminins 
(Maternité,  la  Robe  noire)  ou  de  ses  adroites 
peintures  à  l'eau  (la  Fontaine  de  Trevi)  ;  —  feu 
Whistler  estompe  ses  brumeuses  vues  de  grandes 
villes,  criblées  de  points  lumineux  (la  série  du 
pont  de  Chelsea,  le  l'ont  de  Brooldyn  ou  les  cré- 
puscules mauves  de  New-York,  et  même  une 
Venise  gris-perle).  On  pourrait  se  recommander 
de  plus  mauvais  patrons. 

H.AYMOND    BOLVER. 

A  huitaine,  le  compte  rendu  de  la  vingt-qua- 
trième exposition  de  la  Société  de  Pastellistes 
français,  qui  vient  d'ouvrir  à  la  galerie  Georges 
Petit. 


r^  r;^>  tvp  TTl? 


NOTES  &,  DOCUMENTS 


Orfèvres  français  à  Saint-Pétersbourg 
de  1714  à  1814. 

Dans  la  revue  S^aryc  Gody[les  Années  anciennes], 
le  baron  A.  de  Foelkersam,  à  qui  l'on  devait  déjà 
un  précieux  Inventaire  de  l'argenterie  de  la  Cour 
de  S.  M.  l'Empereur,  publia,  pendant  toute  l'année 
1907,  une  Liste  alphabétique  des  miitres  orfhires 
cl  argentiers,  Joailliers,  graveurs,  etc.  Cette  liste, 
dressée  d'après  les  registres  des  guildes  de 
l'étersbourg,  est  augmentée  d'une  foule  de  ren- 
seignements puisés  aux  sources  de  toutes  parts. 
Il  nous  paraît  intéressant  d'y  relever  les  noms 
d'artistes  français  ayant  travaillé  à  Pétersbourg, 
noms  inconnus  de  Dussieux,  dans  ses  Artistes 
français  à  l'étranger,  et  qui  ont  également  échappé 
aux  écrivains  qui  se  sont  occupés  de  nos  compa- 
triotes «  passés  en  Russie  ».  Pour  éviter  toute 
erreur,  nous  nous  en  tiendrons,  pour  cette  fois, 
aux  artistes  qu'un  renseignement  indique  être  nés 
en  France  ou  être  venus  de  France  ;  nous  néglige- 
rons pour  l'instant  un  nombre  de  notices  presque 
égal  à  celui  que  nous  allons  publier  :  d'origine 
nettement  française,  ils  appartinrent  à  des 
artistes  provenant  de  nos  colonies  de  Réfugiés 
en  Allemagne,  Danemark^  Suisse,  etc.;  d'autres 
arrivaient  de  lielgique. 

Dems   Rochr. 

Adoii  (J.-P.),  mo-l78o.  Joaillier  et  iiiaitre  orfèvre, 
venu  (le  France  à  Pétersbourg  au  commeuceiuent  du 
règne  de  Catherine  II.  Il  travailla  pour  la  cour  et  pour 
le  grand  monde,  fut  un  des  meilleurs  maîtres  qu'il  y 
eut  à  Pétersbourg.  Beaucoup  de  ses  œuvres  se  trou- 
vent au  musée  de  l'Ermitage.  Ador  ne  faisait  partie 
d'aucune  guilde. 

Amov  (François-Serge).  Né  à  Paris.  Venu  à  Péters- 
bourg avec  un  passeport  danois,  en  1782.  Incorporé 
à  la  guilde  étrangère  comme  premier  maître  graveur, 
en  1787.  E.xiste  encore  en  tSOB. 

AuHOTK.  Dorigine  française.  Un  des  meilleurs  met- 
teurs en  œuvre.  Sur  la  recommandation  de  Pauzié, 
lîezkoï  le  chargea  de  travailler  avec  Pauzié  à  la  cou- 
ronne impériale  de  Catherine  11,  en  1762.  Il  ne  fit  pas 
partie  de  la  guilde. 

Behïbani)  (François).  Né  à  Pauvis  (en  Dauphiné). 
Entre  comme  maître  orfèvre  dans  la  guilde  étrangère, 
le  30  mai  1787. 

Beyeh  (Jean-Guillaume).  Né  k  Paris,  en  1753.  S'éta- 
blit en  1809  à  Pétersbourg,  et  entra  en  1811  comme 
maître  dans  la  guilde  russe  perpétuelle  des  orfèvres 
et  ari-'entiers. 


120 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


Bi.ïKZY  (Jean-Charles).  D'origine  française,  vint  à 
Pétersboiirg  avant  1793.  Reiu  comme  maitre  mercier 
de  la  guilde  étrangère,  le  13  aoi'it  1794.  Naturalisé 
russe,  en  1809,  et  entré  comme  maitre  dans  la  guilde 
perpétuelle  russe  des  orfèvres  et  argentiers,  en  1^811. 

BoLLiAUD  (Jean-François).  Né  à  Paris.  Maitre  de  la 
guilde  étrangère  à  Pétersbourg,  depuis  le  10  octobre 
1782.  Travaillait  encore  en  1786. 

CuATEMN  (Charles-Antoine).  Né  à  Paris  en  1743. 
Reçu  comme  maitre  graveur  dans  la  guilde  étrangère, 
le  13  avril  1792.  En  1810,  il  se  fit  naturaliser  russe  et 
passa  dans  la  guide  russe  perpétuelle. 

Daius.  D'origine  française.  Demande  à  être  reçu 
maitre  dans  la  guilde  étrangère,  le  18  janvier  1798  ; 
fut  reçu  en  180b. 

Dabis  (Friedrich).  Fils  du  précédent.  Fut  élève  du 
maitre  C.  Ilolmstrem,  puis  maitre  orfèvre  à  la  guilde 
étrangère.  Mort  en  1833. 

De  la  Choix  (Alexandre-Anastasius).  Né  à  Berlin, 
dans  la  colonie  française.  Maiire  de  la  guilde  étran- 
gère depuis  le  10  janvier  1769. 

De  la  Marc  (Louis-François).  Né  à  Paris.  Maître  de 
guilde  étrangère  depuis  le  23  octobre  1777. 

Délogé  (Paul).  Né  à  Paris.  Maitre  de  la  guilde  étran- 
gère depuis  le  8  juillet  1777. 

Dekoussy  (Louis). D'origine  française.  Maitre  depuis 
le  20  août  1740. 

DuHiîME  (Chrétien).  Né  à  Berlin,  probablement  dans 
la  colonie  française  ;  reçu  maitre  orfèvre  dans  le 
guilde  étrangère  en  1813. 

DuiiÈME  (Jean).  Fut  l'élève  du  précédent  jusqu'en 
1824. 

DuMONT  (N.-N.).  Maitre  joaillier  depuis  1799. 

FouitEiis  (Jean-Baptiste).  Batteur  d'or.  Né  en  France 
en  ms.  Se  fit  naturaliser  russe;  entra  en  1810-1811 
dans  la  guilde  perpétuelle. 

Genou  (Jean).  Né  à  Paris.  Maître  à  la  guilde  étran- 
gère depuis  le  8  septembre  1785. 

GiiANjEAN  (Granjoan).  Fran(;ais.  Maiire  de  la  guilde 
étrangère  â  partir  de  juillet  1804. 

Graveiio.  Né  à  Paris.  Joaillier  de  la  cour  à  Saint- 
Pétersbourg  et  habile  tailleur  de  pierreries.  Le  célèbre 
J.  Pauzié  fut  son  élève,  puis  fut  sous-mallre  chez  lui, 
de  1731  à  1740.  Gravero  n'appartint  à  aucune  guilde. 
Ce  fut  un  bon  maitre,  homme  de  beaucoup  de  talent, 
mais  il  était  ivrogne  et  de  caractère  batailleur.  Liu)- 
pératrice  Anna  loannovna,  qui  s'intéressait  à  la 
joaillerie  et  aimait  les  diamants,  ordonnait  à  Gravero 
de  venir  avec  ses  ouvriers  travailler  sous  ses  yeux 
au  Palais.  La  cour  lui  fournissait  des  aides. 

IIerbst  (Paul-François-Frédéric).  Né  à  Paris,  iil  sou 
apprentissage  à  Berlin  et  fut  ensuite  maître  à 
Londres.  Venu  à  Pétersbourg,  il  entra  comme  maiire 
dans  la  guilde  étrangère,  le  2  avril  177t. 


IIessino  (Heinrich-Louis).  Né  a  Strasbourg.  Fut  3 ans 
en  apprentissage  chez  le  maître  orfèvre  G. -G.  Léman. 
Maître  orfèvre  à  la  guilde  étrangère,  depuis  le 
13  aoiit  1794. 

Leblanc  (François).  Né  à  <■  Mesavett-en-Chablais, 
province  de  Savoyc».  Maitre  de  la  guilde  étrangère,  à 
partir  du  28  novembre  1775.   11  en  fait  encore  partie 

en  178G. 

Loret  (Antoine).  Né  à  Paris.  Maitre  de  la  guilde 
étrangère,  à  partir  du  28  octobre  1782.  Quitta  Péters- 
bourg en  septembre  1787. 

LouBiEK  (Jean-François).  Né  à  Berlin,  dans  la  colo- 
nie française.  Maitre  orfèvre  de  la  guilde  étrangère, 
depuis  le  2i  avril  1776.  Aide  du  doyen  en  1786  et  en 
1790.  Doyen  en  1792.  Sortit  de  la  guilde  en  1816.  De 
1782  à  1794  il  eut  sept  élèves  (3  français,  3  russes  et 
un  allemand).  Loubier  fut  un  deâ  meilleurs  orfèvres 
de  son  temps.  Catlierine  11  le  chargea  de  faire  une 
couronne  impériale  que  Loubier  n'acheva  que  pour  le 
couronnement  de  l'empereur  Paul  I".  11  avait  le  titre 
de  joaillier  de  la  Cour. 

Loubier  (Jean-Pierre).  Fils  du  précédent, né  à  Berlin, 
fit  pendant  quatre  ans  son  apprentissage  chez  son 
père.  Sous-maitrc  en  1792.  Maitre  orfèvre  de  la  guilde 
étrangère  depuis  1801.  Aide  du  doyen  en  1819  et  1820, 
et  doyen  de  1821  jusqu'à  mars  1822. 

Methut  (Jacques-François).  D'origine  française. 
Maitre  mercier  de  la  guilde  étrangère  en  1789.  En 
1792,  A. -G.  Ilundendorf  termina  chez  lui  son  appren- 
tissage. 

Omont  (Alhanase).  .Né  à  Paris  Maître  de  la  guilde 
étrangère  depuis  le  30  mai  1787. 

Sec.L'IN  (François).  Né  à  Paris.  Maitre  mercier  le 
9  décembre  1779  ;  aide  du  doyen  de  la  guilde  étran- 
gère, en  1789.  Doyen  en  1790.  Mort  en  1795.  Il  signait  : 
«  maiire  d'apprentissage  ».  Il  eut  pour  élève  J.  Froi- 
dcnleldt,cn  1789. 


LES      REVUES 


France 

Le  Correspondant  (25  mars).  —  Uiile  ri  ses  pein- 
tres: llolbrin  el  Bœcklin^  par  .\.  Sai.nte-Mabib  Pbbrim. 

Le  Mois  littéraire  et  pittoresque  (marsl.  — 
Fia  Aiii/eliiu  et  la  chnpelle  de  Nicolas  \'  au  Vatican, 
par  Abcl  Fabbk. 

(Avril;.  —  Une  petite  cour  au  XVIII'  siècle  (le  duc 
Léopold  à  Lunéville),  par  Gaspard  de  Weede. 

—  Le  Salon  des  refusés  du  siècle,  yar  Gustave  llus. 

Le  Gérant  :  H.  Dk.sis. 

Paru.  —  Imp.  (>eorg«<  Petit,  12,  rue  Uodot-de-llauroi  . 


Numéro  380. 


Samedi  18  Avril  IdOS. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


Justice  immanente 


Le  Bulletin  a  conté  en  son  temps  l'extraordi- 
naire mésaventure  du  vieux  pont  de  Cahors,  con- 
damné politique  dont  la  municipalité  avait  décrété 
la  mort  sous  les  plus  futiles  prétextes  et  que  les 
protestations  indignées  de  ses  défenseurs  furent 
impuissantes  à  sauver. 

Ceci  se  passait  au  mois  d'octobre  1906  (1). 

Dès  que  la  passerelle  provisoire,  qui  devait  as- 
surer les  communications  entre  Cahors  et  le  fau- 
bourg Cabessut,  fut  achevée,  on  commença  la  dé- 
molition du  vieux  pont;  mais,  premier  déboire, 
cette  maçonnerie  du  xiv«  siècle,  qu'on  disait 
manquer  de  solidité,  résista  si  victorieusement  à 
toutes  les  attaques  du  pic,  qu'il  fallut  la  faire 
sauter  à  la  mine.  Sur  ce  survint  une  crue  du  l.ot 
qui  emporta  la  passerelle... 

l,es  travaux  tirèrent  en  longueur...  Les  gens 
de  Cabessut,  obligés  de  faire  un  long  détour  pour 
gagner  le  pont  Louis-Philippe  et,  par  surcroît, 
privés  de  gaz  et  d'eau,  maugréèrent. 

l'n  entrepreneur,  s'étant  aventuré  en  barque 
sous  le  pont,  dans  l'intention  de  se  rendre  compte 
de  l'état  des  travaux,  fut  tué  net  par  une  pierre 
qui  se  détacha  d'une  des  arches.  Le  génie  réqui- 
sitionné construisit  un  pont  de  bateaux,  ce  qui 
calma  momentanément  la  mauvaise  humeur  des 
gens  de  (Cabessut  ;  mais  dès  la  première  crue,  le 
génie  se  hàla  de  retirer  ses  bateaux,  ce  qui  exas- 
péra les  riverains...  Les  travaux  de  démolition 
duraient  toujours. 

Ils  durèrent  toute  l'année  1907;  ils  menaçaient 
de  s'éterniser,  quand  les  entrepreneurs  écrivirent 
au  maire  de  Cahors  qu'ils  se  voyaient  dans  la  pé- 
nible nécessité  de  renoncer  à  la  continuation  de 
leurs  travaux.  L'expérience  de  la  démolition  leur 
avait  suffi  ;  ils  ne  tenaient  pas  à  reconstruire  !  Ils 
préféraient  abandonner  leur  cautionnement,  leur 
matériel  et  les  sommes  même  qui  leur  restaient 


dues.  Oncques  vit-on  démolisseurs  si  démolis  ? 
Là-dessus,  grandes  discussions,  articles  de  jour- 
naux, pourparlers  sans  nombre.  La  municipalité 
suppute  avec  terreur  le  peu  de  semaines  qui  nous 
séparent  maintenant  des  élections  et  reconnaît 
que  même  en  revisant  le  cahier  des  charges,  elle 
n'aura  jamais  le  temps  de  lancer  sa  belle  passe- 
relle en  fer  avant  la  redoutable  échéance.  Les 
gens  de  Cabessut  deviennent  enragés.  Et  les  an- 
ciens défenseurs  du  vieux  pont,  si  sottement,  si 
maladroitement,  si  inutilement  détruit,  se  con- 
tentent de  répéter  :  «Justice  immanente  !  .lustice 
immanente!  »  avec    un  accent    terrible  sur   la 

pénultième. 

Eddv. 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


(1)  Voirie  liullelin,  n"  3\\  et  314. 


Académie  des  beaux-arts  (séance  du  11  avril). 
—  L'Académie  des  beaux-arts  a  désigné  coniine 
membres  de  la  commission  chargée  de  l'attribution 
du  prix  de  12.000  fr.  fondé  par  le  baron  Alphonse  de 
liothschild  et  destiné  ;'i  encourager  les  travaux  d'un 
artiste  de  mérite  ou  à  récompenser  une  carrière  artis- 
tique :  .MM.  lîonnat  et  Détaille  (section  de  peinture)  ; 
Marqueste  et  Coûtant  (section  de  sculpture)  ;  Daumet 
et  Dernier  (section  d'architecture)  ;  Chaplain  et  Jacquet 
(section  de  gravure)  ;  Paladilhc  et  Lenepveu  (section 
de  composition  musicale)  ;  Gruyer  et  baron  Edmond 
de  Rothschild  (membres  libres). 

Musée  des  Arts  décoratifs.  —  L'Exposition 
théâtrale,  organisée  sous  la  direction  de  M.  Georges 
Hergcr,  a  été  inaugurée  mercredi  par  le  Président  de 
la  République.  Le  Bulletin  en  rendra  compte  dans  le 
prochain  numéro. 

Musées  de  la  'Ville  de  Paris.  —  En  vertu  d'une 
décision  du  Préfet  do  la  Seine,  les  membres  des  asso- 
ciations de  presse  ou  écrivains  (associations  littéraires 
et  artistiques,  sociétés  de  gens  de  lettres,  critiques 
d'art),  seront  admis  dans  les  musées  numicipaux 
(Petit-Palais,  musées  Carnavalet  et  Cernuschi,  uiaisou 
de  Victor  Hugo),  sur  présentation  de  leur  carte  per- 
sonnelle d'identité. 


■ 


122 


LE   BULLETIN   DE    L'ART 


Collège  de  France. —  L'assemblée  des  professeurs 
du  Collège  de  France,  ayant  voté  la  transformation  de 
la  chaire  de  langue  et  de  littérature  araméennes  en 
chaire  de  numismatique,  a  présenté  au  ministre  comme 
titulaire  de  cette  chaire,  en  première  ligne,  à  l'unani- 
mité, M.  Babelon,  de  l'Institut,  conservateur  du  cabi- 
net des  médailles  à  la  Bibliothèque  nationale  ;  en 
seconde  ligne,  M.  F.  Mazerolle,  archiviste  de  la 
Monnaie. 

Commission  du  "Vieux  Paris.  —  Dans  sa  séance 
du  H  avril,  la  commission  municipale  du  Vieux  Paris 
.s'est  de  nouveau  occupée  de  la  question  de  la  surélé- 
vation de  certaines  maisons  de  la  rue  de  Uivoli  On 
sait  que  cette  rue,  ayant  été  créée  par  un  arrêt  des 
consuls  du  M  vendémiaire  an  X,  il  appartient  à  l'Etal 
d'en  faire  respecter  l'harmonie.  M.  Bouvard  a  com- 
muniqué à  ses  collègues  une  lettre  de  M.  Clemenceau 
déclarant  que  le  gouvernement  déférera  au  tribunal 
civil  les  propriétaires  qui  feront  faire  des  adjonctions 
non  conformes  aux  plans  primitifs.   • 

—  M.  Selmersheim  a  annoncé  que  la  commission  des 
monuments  historiques  n'a  pas  approuvé  le  plan  de 
la  maison  des  étudiants  à  élever  rue  de  la  Bùcheric, 
parce  que  la  diversité  et  le  nombre  des  services  pré- 
vus altérerait  le  caractère  archéologique  de  l'édifice 
qui  doit  être  conservé. 

—  De  nouveaux  renseignements  ont  été  fournis  par 
M.  Ch.  Sellier  sur  l'enceinte  de  Lutèce,  dont  un  frag- 
ment vient  d'être  mis  au  jour  entre  les  rues  des  Ursins 
et  Chanoinesse  ;  la  construction  de  ce  mur  parait 
remonter  à  la  fin  du  troisième  siècle,  époque  des  pre- 
mières grandes  invasions  de  la  Gaule. 

Chronique  du  vandalisme.  —  On  assure  que 
l'une  des  curiosités  les  plus  intéressantes  de  la  Pro- 
vence, l'antique  cité  des  Baux, est  menacée  de  destruc- 
tion par  suite  de  l'exploitation  de  la  roche  sur  laquelle 
elle  est  bâtie;  on  dit  aussi  que,  bien  qu'elle  soit  clas- 
sée comme  monument  historique,  certains  entrepre- 
neurs ne  se  gênent  pas  pour  emprunter  des  pierres  à 
ses  monuments.  Il  faut  souhaiter  qu'une  prompte 
intervention  empêche  un  désastre. 

A  Grenoble.  — Une  Dauphinoise,  M"'  deBoissieux, 
qui  vient  de  mourir  à  Nolay  (Côte-d'Or^,  lègue  à  la 
ville  de  Grenoble  1.900.000  francs  pour  la  création 
■  d'une  école  des  Beaux-Arts. 

A  Marseille.  —  La  salle  des  Puget  au  musée  de 
Marseille  rouvrira  prochainement.  Aux  œuvres  qui 
s'y  trouvaient  déjà,  données  en  grande  partie  en  1899 
par  M.  Emile  Ricard,  sont  venus  s'ajouter  dés  mou- 
lages, que  la  municipalité  deGênes  a  bien  voulu  laisser 
prendre,  des  grondes  statues  exécutées  par  Puget  dans 
cette  ville  :  le  Saint  Sébastien  et  le  Saint  Ambroise, 
de  l'église  de  Carignan,  Vhnmaciilée  Conception  de 
l'Albergo  dei  Poveri,et  la  Vierr/e  de  l'oratoire  de-Saint- 
Philippe-de-Néri. 

A  Strasbourg.  —  Le  comte  de  Wedel,  statthaller 
(J'Alsace-Lorraine,  vient  de  mettre  à  la  disposition  du 


conseil  municipal  de  Strasbourg  une  somme  de 
2.;j00  marks,  destinée  à  acheter  à  l'exposition  de 
l'école  de  Nancy,  qui  a  lieu  actuellement  au  château 
des  Rohan,  des  objets  d'art  pour  le  nmsée  des  Arts 
industriels  de  Strasbourg.  La  commission  d'organi- 
sation du  musée  s'est  réunie  et  a  fait  le  choix  des 
objets  à  acquérir  :  des  verreries  de  Daum  frères  et 
Emilie  Galle,  ainsi  que  des  poteries  de  Cytère  à  Ham- 
bervil.lers. 

A  Budapest.  —  A  signaler  en  l'honneur  de  l'art 
français  :  M.  P.  Vcrneuil  a  fait  récemment  à  la  Société 
littéraire  française  de  Budapest  une  conférence  sur 
l'évolution  de  l'art  décoratif  français  moderne.  Cette 
conférence,  à  laquelle  assistaient  l'archiduc  Joseph- 
François  et  le  comte  Appony,  ministre  de  l'instruc- 
tion publique,  a  été  très  chaleureusement  accueillie 
et  suivie  d'une  autre  conférence  qui  a  eu  lieu,  celle-là, 
au  musée  des  Arts  décoratifs  de  Budapest. 

A  Francfort-sur-Mein.  —  La  Galerie  munici- 
pale, récemment  fondée,  s'enrichit  d'un  lot  de  25  œu- 
vres, petite  exposition  particulière  organisée  par  le 
peintre  Frit/  Boehie  à  l'Institut  Slaedel.  que  la  ville  a 
achetées  en  bloc  par  la  somme  de  80.000  marks. 

A  Munich.  —  Le  Cabinet  graphique  ouvrait  le 
19  mars,  et  la  nouvelle  Pinacothèque  une  dizaine  de 
jours  plus  tard,  l'exposition  des  œuvres  de  Menzel, 
qu'une  nièce  du  peintre,  M""  Marg.  Krigar-Menzel, 
vient  d'offrir  généreusement  à  l'État  bavarois,  en  sou- 
venir de  l'alTection  particulière  et  de  l'intérêt  que  le 
célèbre  artiste  portait  à  .Munich  et  à  ses  expositions. 
11  s'agit  d'une  cinquantaine  de  gouaches,  dessins  et 
croquis  et  de  14  tableaux  à  l'huile  et  à  l'aquarelle  ;  il 
n'y  a  là  naturellement  aucune  des  pièces  qui  firent 
sensation  en  leur  temps,  mais  elles  composent  un 
ensemble  intéressant,  et  une  dizaine  d'entre  elles  figu- 
rèrent à  l'Exposition  posthume  de  Berlin. 

Ce  sont  des  croquis  de  voyage,  coins  de  cours  et  de 
rues  pittoresques,  pris  à  Wurzbourg,  à  Kissingcn,  à 
Salzbourg,  en  Tyrol;  une  carte  d'invitation  à  la  repré- 
sentation de  gala  du  23  septembre  187.3,  avec,  dans  la 
loge  de  la  cour,  le  couple  impérial  d'Allemagne  et 
Victor-Emmanuel  ;  un  portrait  de  Meissonicr  dans 
son  atelier  de  Poissy,  en  1867  ;  d'autres  portraits  de 
parents  et  d'amis,  des  études  de  têtes,  de  mains  et  de 
draperies. 

Les  tableaux  remontent  aux  débuts  du  maître  :  inté- 
rieur d'une  échope  de  fripier  (1848),  celui  d'une  église 
d'Innsbruck,  chœur  du  dôme  de  Mayenoe,  une  ter- 
rasse d'église  de  1847,  à  l'aquarelle  et  un  portrait  de 
la  sœur  de  Menzel,  M—  Krigar,  mère  de  la  donatrice  ; 
le  Concert,  de  1851,  est  une  étude  d'éclairage  où  bril- 
lent les  qualités  et  aussi  les  défauts  de  la  manière 
minutieuse  du  peintre  ;  il  faut  retenir  comme  morceau 
principal  le  tableau  d'Adam  et  Eve  (1857),  où  Adam, 
rentrant  de  la  chasse,  se  tourne  vers  Caïn  enfant,  tan- 
dis qu'Abcl  se  presse  contre  sa  mère. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


123 


Quelques  paysages  encore  montrent  Menzel  acces- 
sible à  tous  les  genres  de  pittoresques,  aussi  bien 
celui  de  la  maison  de  Mozart,  à  Salzbourg,  que 
celui  d'une  silhouette  d'usine  au  clair  de  lune. —  M.  M. 

A  Stuttgart.  —  La  statuette  que  Goethe,  se  ren- 
dant en  Suisse,  vit  chez  Dannecker,  en  août  1797  et 
qu'il  mentionne  dans  son  Journal  comme  n  une  figure 
féminine  au  repos,  dans  le  caractère  d'une  Sappho, 
achevée  en  plâtre  et  commencée  en  marbre  »,  vient 
d'être  achetée  pour  la  Galerie  de  l'État  wurttember- 
geois.  Elle  avait   appartenu  d'abord    à  la   princesse 


Mathilde  de  Wurtemberg,  puis  au  conseiller  de  com- 
merce Schulz. 

Les  héritiers  de  ce  dernier  s'en  sont  dessaisi  pour 
8.000  marks,  après  que  l'œuvre  eût  été  en  grand  dan- 
ger de  passer  l'Atlantique.  —  M.  M. 

A  Timgad.  —  M.  Albert  Ballu  vient  de  mettre  au 
jour  à  Timgad,  dans  une  maison  située  à  l'est  de  la 
ville,  une  mosaïque  byzantine  représentant  Vénus 
Anadyomène,  escortée  d'un  triton  et  d'une  néréide, 
encadrés  de  rinceau.x.  Parfaitement  conservée,  cette 
mosa'ique  mesure  cinq  mètres  de  long  sur  trois  de  large. 


CHRONIQUE    DES   VENTES 


TABLEAUX    -    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

"Ventes  à  Paris.  —  Objets  d'art,  etc,  —  Une 

vacation  anonyme  qui  n'avait  pas  fait  l'objet  d'un 
catalogue  illustré  et  qui  a  eu  lieu  le  7  avril, 
sous  la  direction  de  M=  Lomoine  et  de  MM.  Paulme 
et  l.asquin,  mérite  d'être  signalée. 

Principales  enchères  :  Grande  tapisserie  de 
Bru.xelles  du  commencement  du  xvii<:  siècle,  re- 
présentant une  reine  entourée  de  guerriers  avec 
bordures,  3.700  fr.  —  Grande  miniature  par 
Isabey.  Portrait  de  Af™«  G...  2.695  fr.  (dem. 
4.000).  —  Miniature  pAr  isabey.  Portrait  de  femme, 
sur  boîte  en  écaille,  1.880  fr.  —  Groupe  en  vieux 
Saxe  :  chienne  et  son  petit,  i.220fr.  —  Autre 
groupe,  même  porcelaine  :  Apollon  sur  un  char, 
1.1 'lO  fr.  — La  Noce  au  château,  par  Debucourt, 
avec  très  grandes  marges,  1.890  fr. 

Produit  :  20.941  francs. 

Tableaux  par  Emile  Dameron.  —  La  vente 
de  l'atelier  de  cet  artiste,  faite  salle  I,  les  7  et 
8  avril,  sous  la  direction  de  M"  André  de  Cagny  et 
de  MM.  Arnold  et  Tripp  et  Simons,  a  produit 
36.200  francs, 

Quelquesprix  :  iOl.  Alpes  italiennes  à  Anlibes, 
1.150  fr.  —  106.  Allée  de  vieux  oliviers,  850  fr.  — - 
81.   La  Baie  de  la  forêt,  700  fr.  —  Jersey,  670  fr. 

Le  reste  s'est  vendu  entre  60  et  500  francs. 

Tableaux  anciens.  —  La  vente  faite  le  8  avril, 
salle  6,  par  M»  Lair-Dubreuil  et  M.  Sortais,  a 
donné  lieu  a  quelques  résultats  qu'il  convient 
d'enregistrer. 


Les  honneurs  de  la  vacation  ont  été,  comme 
il  fallait  s'y  attendre,  pour  le  Portrait  de  femme, 
par  Perronneau,  adjugé  25.500  fr.,  sur  la  de- 
mande de  30.000  fr.  Le  Portrait  de  Jl/"»»  Barthé- 
lémy de  Saint- Hilaire,  par  Lcârgillière,  s'est  rappro- 
ché davantage  du  prix  d'estimation,  étant  monté  à 
14.000  fr.,  sur  la  demande  de  15.000  fr.  Plus  favo- 
risé le  Fragonard,  le  Hocher,  a  réalisé  11.000  fr., 
sur  la  demande  de  10.000  fr.,  et  ce  même  prix 
de  demande  a  été  dépassé  également  pour  le 
Raphaël  Mengs,  Portrait  de  la  marquise  de  Llano, 
adjugé  11.000  fr. 

11  nous  suffira  d'indiqueT  les  autres  prix  de 
demande  offrant  quelque  intérêt,  auprès  de  ceux 
d'adjudication,  dont  nous  donnons  la  liste. 

PRINCIPAUX    PRIX 

Tableaux  a.nciens.  —  1.  Boucher,  l'astorale,  7.600  fr. 
—  2.  Le  Cadran  solaire,  8.7.'i0  fr.  (dem.  8.000  fr.)  —  3. 
Mercure,  éducateur  de  l'amour,  2.400  fr.  —  4.  Ecole 
de  Canaletlo  :  Une  Fête  sur  le  quai  des  Esclavons. 
1.000  fr.  —  5.  La  place  Saint-Marc,  1.400  fr.  —  6. 
Colson.  La  Dormeuse  imprudente,  3.600  fr.  —  9.  Fra- 
gonard.  Le  Hocher.  11.000  fr.  —  10.  Greuze.  L'Inno- 
cence, 14.200  fr.  —  11.  Ileinsius.  Portrait  d'une  dame, 
6.100  fr.  —  12.  Largillière.  Portrait  de  femme  sous 
les  traits  de  Pomone,  6.000  fr.  —  13.  Portrait  de 
.M"*  Harthelémy  de  Saint-Uilaire,  14.100  fr.—  14.  Por- 
trait d'un  seigneur,  8.100.  —  15.  Lebrun.  Portrait  de 
Joseph  Hyacinthe  de  Vaudreuil,  6.050  fr.  —  16.  Le- 
moyne.  Le  Jugement  de  Pai'is,  1.800  fr.  —  17.  Martin. 
La  Chasse  royale  devant  Fontainebleau.  Vue  prise  des 
rochers  d'Avon,  3.250  fr.  —  18.  Raphaël  Mengs.  Por- 
trait de  Dona  Isabel  Parreno  d'Arce,  marquise  de 
Llano,  à  l'âge  de  douze  ans  et  demi,  11.000  fr.  —  19. 
Louis  Moreau.  L'Entrée  d'un  parc,  2.000  fr.  —  20.-21. 


124 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


Pierre.  Léda,  Danaé,  3.630  fr.  —  2.3.  Perronneau.  Por- 
traii  de  femme,  2o.o00.  —  24.  Hubert  Robert.  Im  Prière, 
7.000  (derii.  8.000  fr.).—  27.  Tiepolo.  Plafond,  esquisse, 
1.7.50  fr.  —  28.-29.  Joseph  Vernet.  Le  tioir  et  le  Matin, 
9.800  fr.  (dem.  10.000  Ir.).  —  30.Vien.  La  Toilette  d'une 
jeune  mariée  dans  le  costume  antique,  4.000  fr. 

Produit  :  16.3.290  fr. 

Ventes  en  province.  —  A  Marseille.  — 
Collection  Ch.  Nodet  (faïences  anciennes). 
—  Notons  quelques  enchères  de  cette  vente,  faite 
à  Marseille,  le  10  mars  et  jours  suivants,  vente 
de  faïences  anciennes  des  fabriques  méridio- 
nales : 

Fontaine  d'applique.  Le  Char  d'Ampkitrite,  faïence 
de  Marseille,  attr.  à  Honoré  Savy,  4.200  fr.  —  Service  à 
café,  Moustiers,  décor  à  personnages  et  animaux  gro- 
tesques, décor  manganèse  et  vert,  1.723  fr.  —  Sou- 
pière Louis  XIV,  à  pans  coupés,  anses  branchages, 
Heurs  et  fruits,  décor  à  médaillons  d'amours  en 
camaïeu  rose,  Moustiers,  1.000  fr.  —  Quatre  assiettes 
à  la  (lèche  et  filet  or,  bouquet  de  roses,  paysage  avec 
personnages,  de  la  fabri(|ue  de  Robert,  Marseille, 
3.100  fr.  —  Drageoir  ajouré,  Marseille,  1.023  fr. 

■Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  La  collec- 
tion Cheramy.  —  Le  collectionneur  parisien  bien 
connu,  M.  P. -A.  Cheramy,  a  décidé  de  faire  passer 
aux  enchères  sa  galerie  de  tableaux.  Dans  une 
lettre  adressée  à  M.  Henri  Haro  et  livrée  à  la  pu- 
blicité, l'ancien  président  de  la  Chambre  des 
avoués,  devenu  une  personnalité  du  monde  des 
amateurs,  indique  et  les  raisons  qui  l'ont  déter- 
miné à  prendre  une  décision  aussi  inopinée,  et 
les  quebiues  numéros  marquants  qu'il  excepte 
de  la  vente,—  désignant  d'ailleurs  dès  à  présent  à 
quels  musées  il  les  destine,  —  tout  le  reste  de 
la  collection,  sans  exception,  devant  passer  sous 
le  marteau. 

Cette  rente,  qui  aura  un  grand  retentissement, 
se  fera  à  la  Galerie  Georges  Petit,  du  5  au  7  mai, 
sous  la  direction  de  M»  Lair-Dubreuil  et  de 
MM.  H.  Haro  et  Georges  Petit. 

Donnons  dès  à  présent  une  idée  de  l'importance 
et  de  la  variété  de  cette  collection,  de  la  compo- 
sition la  plus  éclectique,  puisqu'elle  comprend 
les  ouvrages  de  peinture  les  plus  divers,  les  plus 
éloignés  d'époque  comme  de  genre,  de  Masolino 
da  Panicale  à  M.  Degas,  en  passant  par  l'atelier 
du  'Vinci,  Greco  et  Goya,  Constable  et  Delacroix, 
Ingres  et  M.  Renoir. 

On  n'a  pas  oublié,  dans  le  monde  de  la  curiosité, 
le  bruit  que  fit  l'achat  par  M.  Cheramy  à  la  vente 
après  décès  de  la  marquise  de  Plessis-Bellière, 


de  la  réplique  ou  copie  ancienne  de  la  Vierge 
aux  rocliersde  Léonard.  On  connaissait  déjà  cette 
autre  réplique  du  chef-d'œuvre  du  Louvre  que 
possède  la  Galerie  nationale  de  Londres,  et  où 
l'on  s'accorde  à  reconnaître  plutôt  la  main  d'.^m- 
brogio  da  Prédis  que  celle  du  maître.  .Selon  la 
tradition,  Ingres  aurait  fait  acheter  à  M.  de  Pas- 
toret  l'exemplaire  que  nous  verrons  à  la  vente 
Cheramy  et  que  certains  inclineraient  à  croire 
peint  en  France  par  des  élèves  de  Léonard,  Salaî 
et  Francesco  Melzi,  sous  la  direction  du  Vinci, 
qui  aurait  môme  repris  par  endroits  et  terminé 
l'ouvrage.  Rappelons  à  ce  propos  qu'une  autre 
galerie  parisienne,  la  collection  Chaix  d'Est-Ange, 
possède  également,  —  dans  des, dimensions  plus 
petites,  il  est  vrai,  —  une  Vierge  aux  rochers,  qui 
se  réclame  également  du  grand  nom  de  Léonard. 

Pour  en  revenir  à  la  collection  Cheramy, 
celle-ci  contient  encore,  de  l'atelier  du  Vinci,  un 
Saint  Jean  Baptiste  à  peu  près  identique  à  celui 
du  Louvre;  et  de  l'école  lombarde  :  un  Ecce  Homo 
d'Andréa  Solario,  une  Madeleine  de  Gian  Pedrino, 
une  Vierge  allaitant  l'Enfant  Jésu.i  de  Holtraffio, 
et,  du  fondateur  de  l'école,  Vicenzo  Koppa,  un 
Christ  aux  épines. 

Une  Madone  de  la  primitive  école  tlorentine 
porte  le  nom  de  Masolino  da  Panicale.  IVolons 
encore,  parmi  les  peintures  italiennes  :  un  Christ 
en  croix  de  Gerino  da  Pistoia;  une  petite  Vierge 
de  Crivelli  et  un  Christ  mort  soutenu  par  deux 
anges  de  Benedetto  da  Giovanni. 

Passons  aux  Espagnols  :  du  génial  et  inégal 
Domenicos  Theotokopoulos  dit  le  Greco.  on  trou- 
vera ici  une  réduction  du  Partage  de  la  tunique  de 
la  sacristie  de  la  cathédrale  de  Tolède,  une  petite 
Pictà  et  un  Saint  liernard.  (ioya  est  représenté 
par  un  portrait  de  femme,  Lola  Zimcnes. 

Les  Flamands  et  les  Hollandais  sont  la  partie 
faible  de  la  collection  .N'oublions  pas  cependant 
une  petite  tête  de  Néron,  par  Rubens. 

Si  nous  nous  tournons  du  côté  des  Anglais, 
nous  remarquons  :  un  Portrait  de  l'acteur  Garrick, 
dans  le  u  Mari  jaloux  »,  par  sir  J.  Reynolds  ;  un 
petit  Paysage  de  Gainsborough  ;  des  portraits  de 
femmes  par  Romney,  Raeburn,  Hoppner  et 
!<awrence.  Mais  il  faut  faire  une  place  à  part 
à  Constable,  très  abondamment  représenté. 
Paysages,  marines,  tableaux  finis  ou  esquisses, 
répètent  te  nom  du  grand  paysagiste  de  l'école 
anglaise.  Signalons  encore  un  Ronington,  la 
Seine  en  amont  de  Notre-Dame,  et  arrivons  aux 
Français. 

Le  Portrait  de  Sedainc,  par  Chardin,  est  une 


ANCIEN    ET    MODERNE 


125 


pago  connue,  qui  figurait  l'été  dernier  à  l'exposi- 
tion de  la  Galerie  Georges  Petit. 

Mais  si  le  xviiie  siècle  est  rappelé  ainsi  par  une 
pièce  de  choix,  c'est  au  xix=  siècle  que  s'attachait 
par-dessus  tout  le  collectionneur. 

Voici  tout  d'abord,  de  iJavid  :  Antiochiis  cl 
Slratonice,  esquisse  de  concours  pour  le  prix  de 
Rome,  et  des  portraits  :  M'^'dePaatoret,  le  général 
Macdonald,  il/""  Morel  de  Tangrij  ;  puis  de 
Prud'hon  :  un  projet  très  poussé  pour  une  grande 
composition,  le  Triomphe  de  Bonaparte,  et  de 
nombreux   dessins. 

Gros,  avec  un  Portrait  de  JM"°  Mézeray,  de  la 
Comédie-Française  ;  Géricault,  avec  le  l'orlrait  de 
son  élève  Jamar,  et  diverses  esquisses  et  études, 
annoncent  le  maître  auquel  allaient  toutes  les 
préférences  de  M  Cheramy  :  Kugène  Delacroix. 
De  l'illustre  chef  de  l'école  romanti(iue,  notons  : 
un  Combat  de  cavaliers  arabes,  une  petite  esquisse 
du  grand  tableau  du  musée  de  Bordeaux  :  la  Grèce 
expirant  sur  les  ruines  de  Missolonghi,  le  Portrait 
du  comte  Palatiano,  le  Portrait  de  Pag anini  jouant 
du  violon,  Cromuetl  regardant  le  portrait  de 
Charles  I",  une  Tête  de  religieuse,  le  Christ  au 
jardin  des  Oliviers,  Hamlet  et  Polonius,  Hercule 
ramenant  Alceste  des  enfers,  Tobie  et  l'Ange,  le  roi 
Rodrigue  blessé  et  perdant  sa  cuirasse.  Lion  dévo- 
rant le  cadavre  d'un  Arabe,  la  Madeleine  dans  le 
désert,  le  Portrait  du  peintre  costumé  en  Hamlel, 
un  autre  Portrait  du  maître  par  lui-même  ;  et  ii 
faudrait  encore  citer  des  études  pour  les  grandes 
compositions,  un  fragment  de  la  Mort  de  Saida- 
napale,  un  fragment  du  Massacre  de  Scio,  des 
copies  d'après  les  maîtres,  et  aussi  des  aquarelles 
et  des  dessins. 

Mais  il  faut  nous  limiter.  Contentons-nous  de 
signaler  encore  :  un  fragment  de  l'Apotlicose 
d'Homère,  tes  Poètes  tragiques,  et  une  réplique 
d'OEdipe  et  le  Sphinx,  par  Ingres  ;  une  copie 
d'après  Frans  Hais,  par  Courbet  ;  une  Tête  de 
jeune  femme,  par  Couture,  et  une  Scène  d'inté- 
rieur, par  0.  Tassaert  ;  des  paysages  d'Italie  et 
des  études  de  ligures  (Saint  Sébastien,  Modèle  en 
armure),  par  Corot;  des  pastels  de  .M.  Degas 
[tête  d'étitde,  danseuses);  un  Bonvin,  Iteligieusc 
faisant  de  la  tapisserie  ;  un  Puvis  de  Chavannes, 
Sainte  Madeleine  en  Provence  ;  et  parmi  d'autres 
portraits,  celui  de  Richard  Wagner,  par  M.  Re- 
noir, celui  de  Stendhal,  par  un  élève  de  David, 
Sodermarck. 

Ces  derniers  portraits,  comme  celui  de  Dela- 
croix en  buste,  par  lui-même,  comme  aussi  un 
Lamartine,  buste   en  marbre  blanc    par  David 


d'Angers,  ne  figureront  pas  dans  la  vente.  Mais 
nous  avons  tenu  à  les  signaler  aujourd'hui  à  nos 
lecteurs,  dans  cette  rapide  revue  de  la  collection 
Cheramy,  dont  il  va  être  tant  parlé,  maintenant 
que  la  dispersion  en  est  décidée,  nous  réservant 
d'ajouter  quelques  détails  en  temps  opportun. 

A  Amsterdam.  —  Tableaux  anciens.  —  Un 

catalogue  illustré,  de  belle  taille,  nous  apporte 
des  détails  sur  une  vente  de  tableaux  anciens 
provenant  de  la  Colleclion  Hoogendyck  (2«  partie) 
et  de  quelques  autres  galeries  particulières, 
vente  qui  aura  lieu  les  28  et  29  avril,  à  Amster- 
dam, sous  la  direction  de  M.\I.  Frederik  MuUer 
et  Ci». 

Dans  cette  réunion  de  peintures,  oili  dominent 
presque  exclusivement  les  productions  de  l'an- 
cienne école  hollandaise,  notons  en  particulier  : 
un  Hiver  d'Avercamp;  les  Frimas,  par  E.  van  de 
Velde;  un  Coup  de  vent,  par  Backhuysen;  le  Gué, 
par  N.  Berchem  ;  le  Portrait  d'un  notable,  par 
A.Beeldemaker  ;  laPorte  dite  Heiligewegs  Poort,à 
Amsterdam el  Paysageen  hiver,  par  J.  Beerstraeten; 
un  Intérieur  rustique,  par  J.  Berckheyde;  l'HùIel 
du  Poissonnier,  par  A.  van  Beyeren;  un  Coin  de 
jardin  potager,  par  P.  Boel  ;  Vénus  et  Adonis,  par 
F.  Bol  ;  la  Saignée,  par  Q.  Brekelenkam  ;  une 
Volaille  morte,  par  J.  Brouwer  ;  les  Cartes,  par 
P.  Codde;  la  Tour  dite  Accijnstoren,  à  Alhmaar, 
par  J  Ten  Compe;  la  Joueuse  de  clarinette,  par 
J.  van  Craésbeek  ;  les  Portraits  du  comte  Doncquer 
de  t' Serroeloffs  et  de  son  épouse,  par  J.  W.  Delff; 
la  Fête  au  village,  par  C.  Dusarl  ;  une  Grande  brise 
sur  le  ïuiderzce,  la  Vue  de  la  ville  de  Lei/de, 
la  Frégate,  le  Moulin,  les  Remparts  de  Delft,  la 
Brume,  par  J.  van  Goyen  ;  les  Joyeux  invités,  par 
Dirk  Hais;  le  Jambon,  par  G.  Heda;  des  Fleurs 
par.l.  van  lluysum;  le  Portrait  présumé  de  l'acteur 
Jan  Bara,  par  Th.  de  Keyser  ;  le  Pichet  vide,  par 
J.  Leyster;  la  Mort  de  la  Vierge,  par  un  maître 
primitif  llamand  (vers  lîJOO);  un  triptyque  dont 
le  panneau  central  représente  le  Portement  de 
Croix,  par  un  maître  primitif  du  nord  de  la 
France  (vers  )S20)  ;  le  Congres  de  la  Paix  de 
Nimégue,  ouvrage  anonyme  de  l'école  hollandaise 
de  la  seconde  moitié  du  xvii=  siècle  ;  une  scène 
rustique,  A  l'auberge,  par  J.-M.  Molenaer  ;  un 
Carnaval,  par  M.  Naiveu;  une  Fête  élégante,  par 
A.  Palamedesz;  le  Portrait  de  l'amiral  hollandais 
Aug.  Steliingircrf,  par  C.  Pierson  ;  une  Compagnie 
joyeuse,  par  Th.  Rombouts  ;  un  Paysage  avec 
château  et  le  Village  dans  la  plaine,  par  S.  Huys- 
daél;  le  Bétail  au  vert,  par  Saftleven;  le  Homard, 


126 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


par  J.  van  Streeck;  une  Accalmie,  le  Vmix 
pigeonnier  el  une  Marine,  par  S.  de  Vlieger;  la 
Ruelle,  par  .).  Vrai. 

Notons  encore,  en  terminant,  de  Van  Goyen  : 
un  Bord  de  rivière,  la  Chaumière  el  un  Mauvais 
temps  sur  le  lac  de  Haarlcm  ;  el  de  lUiysdaël,  un 
Bord  de  rivière. 

M.  N. 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Société  de  Pastellistes  français  (Galerie 
Georges  Petit).  —  Il  y  aurait  peut-être  quelque 
injustice  à  réclamer  de  l'inédit  à  ce  salonnet 
ponctuel  ;  et  qui  sait  si  la  production  périodique 
d'un  La  Tour  ou  d'une  Rosaiba  ne  présentait 
point  quelque  monotonie  ?  Le  pastel  excelle  tou- 
jours à  traduire  le  velouté  de  la  chair,  et  c'est 
pourquoi  M.  Cesnard  y  paraît  supérieur  :  par  le 
nombre  et  parle  talent,  n'est-ce  point  son  envoi  qui 
domine  cette  xxiv»  exposition  ?  Dans  un  Souvenir 
de  fête  (un  portrait  de  sa  fille  en  costume  orien- 
tal), le  pastel,  gouache  pulvérisée,  se  mêle  adroi- 
tement aux  matités  de  la  peinture  à  l'eau,  de 
manière  à  ravir  M  Gaston  La  Touche  ;  une  fan- 
taisie (le  modèle  rieur  qui  tient  la  palette),  un 
dos  radieux,  une  nuque  laiteuse  de  rousse,  des 
laces  vulgaires  ou  le  tin  visage  de  la  Princesse 
Troubetzkoi ,  daté  Versailles  1907,  avouent  plus 
de  brio  que  de  style  ;  femmes  agrémentées  de 
fleurs  ou  d'oiseaux,  qui  prolongent  la  comparai- 
son périodique  entre  la  volupté  plantureuse  de 
M.  Besnard  et  le  mystère  voluptueux  de  M.  Aman- 
Jean,  qui  prête  le  mode  mineur  au  sourire.  Au 
premier  rang  des  portraitistes,  à  côté  des  pures 
éludes  aux  deux  crayons  de  M.  Dagnan-Bouveref, 
M.  Cornillier  reste  le  psychologue  aussi  péné- 
trant qu'harmonieux  d'une  fillette  à  genoux 
devant  le  sopha  qui  lui  sert  de  table  ou  des  visi- 
teuses qui  potinent  à  l'heure  du  thé  ;  MM.  Lévy- 
Dhurmer  et  Guirand  de  Scévola  se  montrent  plus 
ambitieusement  superficiels.  On  ne  s'aperçoit 
que  trop  de  l'absence  de  MM.  Holl  et  Bené  Ménard. 
A  défaut  de  MM.  Willette  et  Jean  Veber,  la  fan- 
taisie se  donne  carrière  avec  la  Vierge  au  singe, 
de  M.  Léandre,  ou  la  petite  Sainte  Agnès,  de 
M.  Devambez.  Parisien,  M.  Abel  Truchet  décrit 
la  Place  Clicliy  faubourienne  sous  la  neige  ou  la 
Place  Pigatte  nocturne  avec  son  nouveau  décor 
Louis  XVI.  Auprès  d'un  orage  sonore  de  M.  Lher- 


mitte,  un  silence  estompe  les  soirs  confidentiels 
de  MM.  Loup,  Guignard  et  Biliotte,  les  canaux 
colorés  de  M.  Luigini,  les  récentes  vues  de 
Londres  de  M.  Le  Sidaner,  les  fleurs  de  M.  Henri 
Dumont  et  les  paisibles  petites  natures  mortes  de 
M.Georges  Desvallières,  dont  l'intimité  ne  rap- 
pelle ni  les  synthèses  des  Imaginatifs,  ni  les 
minuties  des  collectionneurs. 

Première  exposition  des  animaliers  (Cercle 
international  des  Arts).  —  Imilalion  de  la 
nature,  si  le  paysage  apparaît  tard,  la  représen- 
tation des  animaux  se  manifesta  la  première  :  on 
la  trouve  dans  les  cavernes  les  plus  authentiques 
des  temps  antédiluviens  ;  mais  elle  semble  tar- 
dive, parce  qu'elle  est  restée  longtemps  conven- 
tionnelle, jusqu'à  Barye,  puissant  contemporain 
du  vaporeux  Corot.  Assez  des  lions  apprivoisés, 
la  patte  sur  une  boule  !  Revoici,  précisément,  la 
réduction  du  Lion  au  serpent  des  Tuileries:  car 
cet  ensemble  admet  une  section  rétrospective 
avec  Barye,  Rosa  Bonheur  statuaire,  Cain  et 
Mène,  dont  le  Fauconnier  à  cheval  est  élève  de 
Fromentin. 

Autre  caractère  :  la  supériorité  des  modeleurs 
sur  les  animaliers  de  l'estampe  et  de  la  palette. 
En  dépit  des  fauves  coutumiers  de  M.  Surand, 
des  eaux-fortes  de  M.  Evert  Van  Muyden  et  de 
rares  curiosités  {le  Chien  au  fauteuil, de  M.  Aman- 
Jean,  ou  le  Vieux  cheval  sur  la  lande  bretonne,  de 
.VI.  Charles  Cottel),  l'art  vivant  triomphe  avec  les 
maquettes  nerveuses  et  les  petits  bronzes  à  cire 
perdue  du  prince  Paul  Troubetzkoi,  de  MM.  Rem- 
brandt Bugatli,  Froment- Maurice,  Haseltine, 
Henri  Cordier,  Pierre  Christophe  ;  série  vraiment 
psychologique,  car  tout  portrait  d'animal  inter- 
prété par  l'art  est  un  symbole  de  force  ou  de 
grâce  ;  et  que  d'expression  dans  un  agneau  de 
Péter  ou  dans  une  tigresse  de  Gardet  ! 

La  «  tigre  du  foyer  »  règne  ici  par  la  pas- 
sion qu'il  inspire  à  l'un  des  maîtres  les  plus 
originaux  de  la  forme:  aquarelliste  ou  modeleur, 
M.  Steinlen  s'est  fait  le  moderne  historiographe 
du  chat  de  gouttière  ou  de  l'angora  dédaigneux, 
ce  charmeur  insouciant  dont  le  mystère  égale  la 
beauté  du  cheval  de  Phidias,  retrouvée  par 
M,  Danipt.  Obermann  dirait  que  l'éloquence  des 
bêles  n'est  rien  que  o  l'éloquence  de  l'homme  ». 

Il.iYMOND    BOUVER. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


127 


NOTES  &,  DOCUMENTS 


Les  Orfèvres  de  souche  française 
à  Saint-Pétersbourg,   de  1714  à  1814. 

Dans  le  dernier  numéro  du  Bulletin,  nous  avons 
donné,  d'après  la  Liste  alphabétique  des  maitres 
offèvrea  et  argentiers,  etc.,  du  baron  A.  de  Fœl- 
kersain,  30  noms  et  notices  d'orfèvres  français 
ayant  fait  partie  des  guildes  pétersbourgoises  ; 
nous  publions  aujourd'hui,  d'après  la  même  liste, 
38  autres  notices  concernant  des  orfèvres  dont 
on  ne  peut  en  l'absence  d'une  indication  positive, 
que  préjuger  l'ancienne  origine  française  (I). 

Denis  Roche. 

Adam  (Stéphane).  Elève  du  maître  P.  Naudet.  Maître 
de  la   guilde  étrangère   à  partir  du  20  juillet  1742. 

Barbé  (Carl-Ilelfried).  Né  à  Frankentahl,  près  de 
Franclort-sur-iMein,  en  1777.  S'établit  à  Pétersbourg, 
où  pendant  quatre  ans  il  fut  en  apprentissage  chez  le 
maître  ruercier  A. -V.  Reinhart.  Sous-maître  en  1799. 
Reçu  maître  dans  la  guilde  étrangère  en  1806.  Entra 
à  la  guilde  russe  perpétuelle  en  1811. 

Baubk  (Christian).  Probablement  frère  du  précédent. 
Même  lieu  de  naissance.  Fit  son  apprentissage  pen- 
dant cinq  ans  à  Pétersbourg,  chez  le  maître  mercier 
A.-V.  Hcinhart.  Sous-maître  en  1798. 

Bahbé  [ou  liAUBo]  {Peter-Gotllried).  Né  à  Pétersbourg. 
Maître  de  la  guilde  étrangère,  à  partir  du  U  avril 
1789. 

Berton  (Alexandre).  Reçu  comme  maître  en  1819, 
fut  probablement  le  (ils  du  suivant. 

Bkrton  (Joseph).  Nç  àBru.xelles,  vint  à  Pétersbourg 
où  il  fut,  jusqu'en  1793,  élève  du  maître  argentier 
Sainte-Beuve.  Reçu  comme  maître  dans  la  guilde 
étrangère,  le  12  octobre  1797, 

Besso.n  (Théodore).  Cité  comme  maître  de  la  guilde 
étrangère,  de  1770  à  1775. 

BiBo  (UiEBo  ou  BiBAu).  Fit  son  apprentissage  de  171  i 
à  1719,  chez  le  maître  I.  lasper.  En  1721,  cité  comme 
maître  dans  la  guilde  étrangère.  Le  nom  de  Bibo  est 
belge.  On  rencontre  en  1382.  un  sculpteur  et  marbrier 
connu,   Pierre  Bibo,  né  à  Gyret,  près  de  Dinant. 

BiLON  (Ludwig).  Reçu  maître  orfèvre  dans  la  guilde 
étrangère,  le  13  mai  1794. 

BouoDÉ  (Jean-François).  S'installa  à  Pétersbourg, 
venantde  Hambourg.  Reçu  maître  dans  la  guilde  étran- 
gère, le  10  janvier  17C9.  En  1778,  fut  aide  du  doyen, 
et  de  1779  à  178.Ï,  doyen  de  la  guilde.  Bouddé  fut  un 
e.Kccllent  joaillier.  11  est  singulier  que  sa  marque  porte 
les  lettres  F  .  X  .  B.  Nous  doutâmes  longtemps  que  ce 


(1)  Rectifions  une  erreur  à  propos  de  Louis  Deroussy 
cité  précédemment.  C'est  le  20  août  17fi8  (et  non 
1740;,  qu  il  devint  maître.  —  Antoine  Loret  fut  maître 
de  la  guilde  étrangère  à  partir  du  10  octobre  1782. 


fût  sa  marque,  jusqu'à  ce  que  nous  eûmes  trouvé  à 
l'Ermitage  impérial,  une  tabatière  sur  laquelle  est 
gravée  la  marque  ci-dessus,  précédée  de  l'inscription: 
Bouddé  à  Saint-Pétersbourg.  11  faut  remarquer  aussi 
qu'à  la  fin  du  xvui*  siècle,  nous  ne  connaissons  pas 
d'autre  maître  ayant  les  initiales  F  .  X  .  B.  Il  faut 
croire  que  Bouddé,  avait  ajouté  cette  inhabituelle 
lettre  X,  pour  distinguer  sa  marque  des  autres,  for- 
mées par  les  lettres  I  .  F  .  B.,  1  .  B.,  ou  F  .  B. 
(marque  de  Brunell  par  exemple,  et  autres).  Il  se 
peut  aussi  qu'en  plus  de  Jean- François,  il  se  soit  ap- 
pelé Xavier,  seul  prénom  commençant  par  X.  L'Ermi- 
tage impérial  conserve  toute  une  série  de  belles 
tabatières,  portant  la  marque  sus-indiquée,  avec  le 
poinçon  de  contrôle  de  Pétersbourg  de  1780  à  1790. 
Couette  [Covette  ou  Couet]  (Cari).  Né  à  Moscou. 
.Maître  de  la  guilde  étrangère,  reçoit  en  1777  un 
secours  de  la  guilde. 

Couette  (Cari).  Présenta  un  passeport  prussien  de 
Uantzig  en  1806.  Reçu  comme  maître  dans  la  guilde 
étrangère,  le  16  janvier  1794. 

DoHM  [ou  Doom]  (Nicolaï).  Son  nom,  dans  tous  les 
papiers  de  la  chancellerie  de  la  cour  et  autres,  est  tou- 
jours écrit  en  russe,  et  faussement.  Don,  tandis  que, 
dans  les  papiers  de  la  guilde  étrangère,  on  voit  qu'il' 
faut  l'écrire  Dohm.  Dohm  fît  partie  des  premiers  maî- 
tres joailliers,  qui  fondèrent  en  1714  la  guilde  étran- 
gère. En  1723,  il  était  déjà  aide  du  doyen.  On  le 
tenait  en  ce  temps-là  pour  le  meilleur  maître  à 
Pétersbourg,  car  on  lui  commanda  en  1733,  un  ser- 
vice de  table  en  or  {nahhtyclinii  serviz).  Il  faisait 
encore  partie  de  la  guilde  en  1746.  —Ses élèves  furent 
Jacof)  Monbrion,  de  1732  à  1737  et  Johann  Ferre,  de 
1733  3  1740.—  Dès  1730  à  1735,  Dohm  travailla  con- 
tinuellement pour  la  cour  impériale.  Beaucoup  de 
ses  œuvres  se  trouvent  encore  dans  les  dépôts  du 
Palais  d'Hiver. 

Dubois  (Charles-François).  «  Natif  d'ici  »  (Saint- 
Pétersbourg).  Né  en  1781.  Entra  en  1811  dans  la  guilde 
russe  perpétuelle. 

DuBm.o.N  [DcBi.oN.N,  TcBLO.N]  (Martin-Carie).  Reçu 
maître  argentier  dans  la  guilde  étrangère  le  20  juillet 
1742.  Travailla  de  1763  à  1765  pour  la  chancellerie  de 
la  Cour.  Ses  armes,  sur  son  cachet  portent,  des  Us 
héraldiques  sur  lécu  et  le  casque. 

DuBOLON  [TuBLON]  (Jacob-llanuias).  Reçu  maître 
de  la  guilde  étrangère  le  19  mai  1741.  Mort  en  1761. 

Duc  (Jean).  Né  à  Francfort-sur-le-Mein.  Maître 
joaillier  de  la  guilde  étrangère  à  partir  du  1"  mars 
1770.  Doyen  de  la  guilde  de  1778  à  1785.  Fut  un  des 
meilleurs  joailliers  de  Saint-Pétersbourg. 

DU.M0NT  (Picrre-Antony).  Né  à  Genève.  Maître  de  la 
guilde  étrangère  depuis  le  1"  mars  1770. 

DuvAL  (Louis-David).  Né  à  Genève.  Joaillier.  Fut 
quelque  temps  à  Londres  dans  le  commerce  de  ses 
frères.   Vint   à  Saint-Pétersbourg    pendant    le  rè-^ne 

d'ElisabethenI733,ets'associapourquatrcannéesavec 
le  célèbre  J.  Pauzié.  Il  apporta  de  Londres  «  des  taba- 
tières en  aventurine,  beaucoup  de  montres  et  d'écrins 


i28 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


pour  hommes  et  femmes,  décorés  d'or  et  de  «  pin- 
chebec  »  (pinchbeuk),  et  autres  choses  ».  «  Eq  ce 
temps-là  on  ne  connaissait  pas  encore  ces  composi- 
tions en  Russie  ».  Pauzié  lui  acheta  tout  et  se  mit  en 
rcladons,  par  son  intermédiaire,  avec  les  frères  Duval, 
à  Londres.  Duval  ne  faisait  pas  partie  de  la  guilde. 
11  devint  fou  et  fut  renvoyé  en  Angleterre. 

Dlval  frères,  joailliers.  Habitèrent  à  Saint-Péters- 
bourg à  la  fin  du  xvrii"  siècle  et  au  commencement 
du  XIX'.  Ils  n'appartinrent  vraisemblablement  à  au- 
cune guilde  et  on  sait  d'eux  seulement  que,  en  1801, 
ils  fournirent  à  la  cour  impériale  un  grand  nombre 
d'objets  précieux  pour  des  cadeaux  à  différentes  per- 
sonnes. Ce  furent  des  tabatières  en  or  et  en  émail, 
quelques-unes  ornées  du  portrait  de  Sa  Majesté,  des 
insignes  des  ordres  de  Saint-Jean-de-Jérusalem  et  de 
Saint-André,  des  bagues,  des  boucles  d'oreilles,  des 
croix  de  prêtres,  des  montres,  des  agrafes,  des  chaînes, 
des  bracelets,  des  parures  de  tète  en  or  et  autres. 

EuDET  [Eudete]  (Jean-Antoine).  Né  en  Bohème.  Elève 
pendant  cinq  ans  du  maître  orfèvre  J.  Meybohm. 
[Termina  son  apprentissage  en  1793,  Art.  sur  Johann 
Meybohm].  Maître  de  la  guilde  étrangère  depuis  1798. 
FiiA.NGAS  [Bengamenj.  C'est  ainsi  qu'il  signait  lui- 
môme.  Né  à  Genève  en  n'JS.  Naturalisé  russe,  il 
entra  en  1811  dans  la  guilde  russe  perpétuelle. 

GACiiEitT  [GoBELJ.  Demande  en  1803  à  faire  partie  de 
la  guilde  étrangère  comme  maître. 

Hehhy.  Maître  de  la  guilde  étrangère  à  partir 
de  1790. 

Jahui.n  (Johann-Heinrich).  Maître  de  la  guilde  étran- 
gère depuis  le  10  octobre  1787. 

Lys  (Ciiaklks)  (Charl  Lysse,  Cari  Liehs,  Cari  Schar- 
liehs).  Doyen  de  la  guilde  étrangère.  Mourut  en  1746. 
11  eut  pour  élèves  Johann  llell  n2.j-1730,  F. -A.  Harz- 
berg  1732-1738,  P.  Schweickart  jusqu'en  1736. 

Maukis.  Demande  à  être  reçu  comme  maître  dans 
la  guilde  étrangère  en  1803. 

MiNGou.  Joaillier  à  Saint-Pétersbourg.  Fournit  en 
1801  à  la  cour  impériale  trois  bagues  en  diamants 
pour  le  prix  de  1.630  roubles. 

MoNTENDiiE  (Paul).  Cité  comme  élève  de  Johann 
Fred.  Pietzkeren  1804. 

Nauiié  (Pierre).  Maître  de  la  guilde  étrangère  on  1734 
et  en  1740.  Stéphan  Adam  fut  son  élève. 

^kv/.ii;  (Jérémie).  Né  à  Genève  en  septembre  1716. 
Fils  d'Etienne  Pauzié  et  de  Suzanne  Bouvero.  Marié  à 
Madeleine-Marie  X...,  Allemande  de  Livonie.  Ses  .Wé- 
moires  ont  été  publiés  en  russe  dans  la  Rousskaia 
slarina  de  1870. 

PiiovENÇAL  (François).  Né  à  Berlin.  Vint  avec  un 
passeport  de  Higa,  en  1780.  Maître  de  la  guilde 
étrangère  depuis  le  10  octobre  1787.  Il  en  fait  encore 
partie  en  1808. 

RoQi'K.NTiN.  Joaillier  ayant  travaillé  à  Pétcrsbourg 
dans  la  première  moitié  du  xviii*  siècle.  M.  I.  Sémev- 
ski,  dans  son  H\re  l'Impératrice  Ciilherine  Alexéieviia 
(Pôtersbourg  1884),  en  parle  de  la  manière  suivante  : 


«  La  cour,  au  commencement  de  1724,  était  fort  occu- 
pée des  récits  d'un  grand  vol  commis  par  un  joail- 
lier de  la  cour,  un  certain  Roquontin.  11  vola  une 
quantité  de  pierres  lines  d'une  valeur  de  100.000  rou- 
bles, qui  lui  avaient  été  confiées  par  Menchikov  pour 
qu'on  en  fît  une  boucle  pour  le  manteau  de  l'impé- 
ratrice. Le  prince  .\le.xandre  Danilovitch  (Menchikov) 
voulait  ollrir  cette  boucle  à  l'impératrice  à  l'occasion 
de  son  couronnement.  Roquentin  reçut  le  knout,  fut 
marqué  et  déporté  en  Sibérie.  S'il  n'avait  pas  été  étran- 
ger, on  l'eut  mis  à  mort  ». 

Sainte-Beuve  (.Nicolas-Pierre).  Maître  mercier  de  la 
guilde  étrangère,  depuis  le  30  mai  1787.  Il  en  faisait 
encore  partie  en  1793. 

ÏIIE11EMIX  (Franz-Claude).  Maître  mercier  de  la  guilde 
étrangère  depuis  le  13  janvier  179.3.  De  1799  à  1800, 
quatre  élèves  terminèrent  chez  lui  leur  apprentis- 
sage. 

ÏIIEKEMIN-  (Peter).  Maître  de  la  guilde  étrangère, 
doyen  de  la  guilde,  d'avril  1800  à  mai  1801.  La  marque 
qui  se  trouve  sur  la  tabatière  n°  4.0B2  est  probable- 
ment son  estampille. 

TiiEiiEMi."».  Joaillier  à  Pétersbourg.  En  1801,  il  livra 
à  la  cour  impériale  quatre  tabatières  en  or,  pour  la 
somme  totale  de  1.580  roubles. 

LES      REVUES 


F"nA.NCR 

Bulletin  de  la  Société  de  l'Histoire  de  l'Art 
français  (n°  11,  1907).  —  Communication  de  M.  Henry 
Lemo.n.xiek  sur  la  Fontaine  des  innocents.  Sans  en- 
trer dans  la  critique  du  sujet,  signalons  une  erreur 
de  terminologie  trop  commune  parmi  les  écrivains 
d'art.  Le  mot  sabre  revient  beaucoup  trop  souvent 
sous  leur  plume  et  l'on  voit  qu'ils  n'en  connaissent 
pas  l'exacte  signification.  Le  mot  sabre  n'apparaît 
dans  la  langue  française  que  sous  Louis  XIV,  en 
167G.  Les  mots  ne  manquent  point  pour  définir  les 
armes  antérieures  à  cette  époques,  c'est-à-dire  par 
ordre  de  dates,  grossièrement  :  fauchon,  badelaire, 
malchus,  coulelas,  couteau,  cimeterre,  etc.  Il  existe 
des  dictionnaires,  des  glossaires,  mais  on  ne  s'en  sert 
pas.  Aussi,  M.  Lcmonnicr  est-il  inexact  quand,  en 
parlant  d'une  figure  exécutée  par  Jean  Goujon  et 
cimnue,  à  tort  ou  à  raison,  sous  le  nom  de  la  Paix, 
Il  écrit  :  <"  Pajou  a  supprimé  l'épée,  qui  est  à  vrai  dire 
un  sabre...»  La  figure  de  Goujon  tient  ce  coutelas  que 
portaient  encore  les  gendarmes  de  son  temps,  dont 
il  est  question  dans  Montluc,  et  dont  on  voit  l'image 
sur  les  gravures  de  Périssin  et  Tortorel,  etc.  —  .Mau- 
rice Maisdbon. 


Le  (iéraiit  :  H.  Dk.m.s. 
Pan«.  —  Imp.  GeorgM  Fetit,  iî,  rue  Uodot-de-Mauroi 


Numéro  381. 


Samedi  25  Avril  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


Encore  la  centralisation  î 


On  s'était  vraiment  trop  iiàté  de  taxer  de  pes- 
simisme ceux  qui  avaient  élevé  la  voix,  l'an 
passé,  pour  signaler  les  dangers  que  couraient 
les  œuvres  d'art  appartenant  aux  évôchés  désaf- 
fectés par  suite  de  la  loi  de  Séparation,  et  l'affaire 
de  Beauvais  vient  de  montrer  tout  le  bien  fondé 
de  leurs  craintes. 

L'évêché  de  Beauvais  possédait  un  mobilier  de 
salon,  couvert  en  tapisserie  de  l'époque  de  la 
Régence,  d'après  des  cartons  d'Oudry  représen- 
tant les  Fables  de  La  Fontaine,  et  composé  de 
deux  bergères,  douze  fauteuils  et  deux  écrans. 
Exécuté  vers  1720  par  la  manufacture  de  Beau- 
vais, il  fut  donné  en  présent  par  le  roi  à  l'évêché 
de  la  ville,  en  172:i;  on  l'estimait  alors  k  8.2.)3 
francs.  Dans  les  inventaires  anciens  du  mobilier 
de  l'évéclié,  il  n'est  évalué  qu'à  2.931  francs  ;  mais 
aujourd'hui,  si  tous  ces  meubles,  qui  sont  en  bon 
état  de  conservation  et  auxquels  leur  provenance 
historique  ajoute  encore  de  la  valeur,  venaient  à 
passer  en  vente  publique,  ils  atteindraient  à 
coup  sûr  le  demi-million;  à  preuve,  la  somme  de 
400.000  francs  qu'en  offrait  naguère  encore  un 
marchand  parisien. 

Or,  le  fiarde-Meuble  national  vient  de  s'empa- 
rer de  ce  mobilier,  que  l'on  enverra,  paraît- il, 
décorer  les  salons  du  Sénat. 

.l'ignore  quel  effet  a  produit  sur  les  habitants 
de  Beauvais  l'annonce  de  cette  mesure,  qu'on 
peut  appeler  radicale,  et  s'ils  accepteront  sans 
murmures  cette  fai'on  d'appliquer  la  loi  qui  les 
lèse  directement,  en  leur  enlevant  —  toujours 
au  profit  de  Paris  —  une  œuvre  d'art  qui  avait 
plus  d'un  litre  à  rester  en  leur  ville.  Mais  ce  que 
je  sais  bien,  par  contre,  c'est  que  voilà  créé  le 
fâcheux  «  précédent"  administratif,  et  que,  si  les 
intéressés  n'y  prennent  garde,  nous  aurons  l'oc- 
casion, avant  qu'il  soit  longtemps,  d'enregistrer 
sar  ce  chapitre  d'autres  méfaits  de  la  centrali- 


sation. 


I 


E.  1). 


ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie  des  beaux-arts  {séance  du  18  avril). 

—  La  section  de  sculpture  de  l'Académie  des  beaux- 
arts  a  désigné  les  légistes  pour  le  concours  de  Rome. 
Ce  sont,  par  ordre  de  mérite  : 

MM.  Sylvestre  (élève  de  Mercié  et  Garlèsl  ;  Ronsard 
(élève  de  Thomas  et  Injalbert)  ;  M"*  lleuvehnans 
(Marqueste  et  Hannaux)  ;  M.Vl.  Gaumont  (Cuutan  et 
Sicard)  ;  Caby  (Coutan  et  Sicard)  ;  Lejeune  (Thomas 
et  Injalbert)  ;  Menant  (Coutan),  Moiiessin  (Mercié), 
Grenier  (Falguière  et  Mercié),  Morcl  (Injalbert). 

Congrès  des  Sociétés  des  beaux-arts  des 
départements.  —  La  trente-deuxième  réunicm  des 
délégués  des  Sociétés  des  beaux-arts  des  départements, 
à  l'École  nationale  des  beaux-arts,  s'est  ouverte  le 
21  avril. 

La  première  séance,  présidée  par  M.  Enlart,  direc- 
teur du  musée  de  sculpture  comparée,  qui  a  prononcé 
le  discours  d'ouverture,  a  été  consacrée  aux  commu- 
nications et  aux  lectures  suivantes  :  M.  A.  Jacquot  a 
entretenu  l'assemblée  de  la  continuation  de  ses  tra- 
vaux sur  le  «  répertoire  des  artistes  lorrains  »,  com- 
mencé en  ces  dernières  années  ;  —  M.  l'abbé  Bosse- 
bœuf  a  lu  un  mémoire  de  M.  Cœlier,  plein  de  docu- 
ments intéressants  sur  «  l'art  musical  en  Touraine  »  ; 

—  puis  II  a  l'ait  une  intéressante  communication  sur 
«la  vaisselle  d'or  et  d'argent  du  cardinal  G.  d'Am- 
boise  ».  actuellement  encore  existante  ;  —  le  si^crétaire 
du  bureau  a  ensuite  donné  jecture  au  nom  du  b:iron 
Guilbert,  d'un  mémoire  sur  ic  un  buste  du  [iliilosoplie 
marquis  d'Argens  ». 

A  la  seconde  séanie,  présidée  par  M.  II.  Stein, 
archiviste  i-.ux  Archives  nationales,  on  a  entendu  les 
communications  de  M.  Delignières  sur  des  fresques 
de  la  prennère  moitié  du  xvi»  siècle,  découvertes 
dans  l'église  de  ('ancienne  abbaye  de  Saint-Hicquier 
(Somme)  ;  —  de  M.  Bouillon-Landais  sur  le  peintre 
marseillais  L.  -  II.  Ponson  ;  —  de  M.  Charvei  sur 
rensoignement_public  dn  dessin  à  Lyon  ;  —  et  de 
M.  Biais  sur  deux  ])ortraits  de  Drolling. 

Congrès  des  sociétés  savantes.  —  Le  Congrès 
des  sociétés  savantes  a  tenu  sa  première  séance  le 
21  avril,  à  laSorboiine.  Dans  la  section  d'archéologie, 
citons  les  comumtiications  :  de  M.  l'iibbé  Chiullon 
sur  un  sircophage  du  ii"  siècle  relrouvé  aux  Saintes- 


130 


LE    BUI.LKT1^    DE    L'AHT 


Maries-de-la-Mer  (Caiiiarguc)  ;  ■ —  île  M.  Collard  sur 
les  pesons  K^Ho-roinains  ;  —  de  M.  Doublet  sur  une 
statuette  achetée  à  Saiot-Dalmas  (liautc  vallée  d'un 
affluent  de  la  Uoj'a)  ;  —  du  P.  Delattre  sur  la  décou- 
verte, à  Carthage,  du  bras  d'une  croix  de  cuivre,  pro- 
venant d'un  reliquaire  du  v"  siècle. 

A  la  seconde  réunion,  M.  Augérard  a  parlé  des 
fouilles  faites  à  la  villa  des  Teurtres.  à  Mérides  (Eure); 
—  M.  liéranger  do  l'atelier  monétaire  de  Caen  ;  — 
M.Chanel  des  pointures  murales  duxr  siècle  retrou- 
vées à  la  villa  Pcrignat,  hameau  d'Izernore. 

Le  22  avril,  communications  de  l'abbé  Arnaud 
d'Agnel  sur  des  coll'rets  du  xv"  siècle,  œuvres  des 
ornemanistes  provençaux  ;  —  de  M.  Babeau  sur  l'ar- 
chitecture romane  en  Touraine  ;  —  de  M.  Coutil  sur 
la  fondation  d'une  abbaye  par  sainte  Clotilde  aux 
Andelys  ;  —  de  M.  Roger  sur  les  fouilles  de  Taba- 
riane,  comnuiue  de  Teilhet  (Ariè.ge). 

A  la  quatrième  séance,  M.  Meunier  a  lu  un  mémoire 
sur  l'atelier  céramique  gallo-romain  d'Autry  (.Meuse) 
et  M.  L.  de  Vesly  sur  les  fouilles  du  Thuit  de  Colle- 
ville  {Soine-Inférieure). 

Salon  des  Artistes  français.  —  Le  vernissage  du 
Salon  de  1908  de  la  Société  des  Artistes  français  aura 
lieu  le  jeudi  30  avril.  Le  prix  d'entrée  est  de  10 francs; 
Il  recette  de  cette  journée  est  spécialement  allectée  à 
la  caisse  de  la  maison  de  retraite  de  la  Société. 

Expositions  annoncées.  —  Le  4  mai,  à  la  Biblio- 
thèque nationale,  expositi  ms  de  dessins  et  eaux- fortes 
de  Rembrandt  (entrée  par  la  rue  Vivienne). 

—  Du  10  au  24  mai,  au  collège  Stanislas,  la  Société 
de  Saint-.lean  organisera  une  exposition  de  dessins 
et  d'esquisses  :  l'Art  relijieux  dans  l'école  d'Ingres. 

A  Rouen.  —  Le  Syndicat  d'initiative  de  R  iu;n  et 
de  la  Haute-Normandie  ,Seine-lnférieurc  el  Eure), 
fondé  pour  attirer  dans  la  région  voyageurs  et  touristes 
et  pour  protéger  le  paysage,  vient  d'orgauiser  un  con- 
cours dalUches  et  l'exposition  des  projets  ipii  lui  furent 
soumis.  Près  de  quarante  artistes  étaient  réunis.  Le 
projet  retenu  est  celui  de  M.  Brunet-Debaines  :  il 
olVre,  enguirlandées  par  des  fleurs  de  pommier,  les 
trente-six  vues  de  Ma  yormandie. 

On  pourra  discuter  le  choix  fait  par  le  jury,  car 
l'essentiel  d'une  alliche,  en  dehors  de  ses  mérites 
artistiques,  c'est  d'être  très  visible  et  au  besoin  de 
tirer  l'œil  ;  or,  ce  n'est  certes  pas  par  ces  qualités  que 
se  recommande  le  projet  confus  de  M.  Brunet-De- 
liaines. 

Parmi  les  cinq  autres  projets  dont  on  nous  a  révélé 
les  auteurs  :  M.Vl.  Georges  Bradberry,  Maurice  Cléret, 
Léonce  Rolland,  Charles  Duhamel  et  Alphonse  Le- 
conite,  plusieurs  méritaient  mieux  que  l'attention,  et 
même  au  nombre  des  projets  laissés  pour  compte, 
quantité  d'œuvres  se  recommandaient  au  moins 
autant  que  l'alBche  choisie.  —  G. 

A  Bucarest.  —  Va  groupe  d'artistes  peintres  et 
sculpteurs    a  formé,    sous    la  préside, ice   active  de 


M.  C.  C.  Arion,  une  nouvelle  société  à  laquelle  on  a 
donné  le  nom  de  Société  générale  des  Artistes  de 
Roumanie.  Le  but  avéré,  et  grandement  louable,  est 
de  favoriser  un  art  national  qui  tienne  compte  des 
manifestations  d'art  si  spontanées  et  si  riches  du 
peuple  roumain  et  de  la  certaine  tradition  qui  se  dé- 
gage des  peintures  et  sculptures  des  édifices  religieux 
élevés  par  les  Voévodes  aux  siècles  passés. 

La  séance  solennelle  d'inauguration  de  la  Société, 
au  palais  de  l'Athénée,  a  provoqué  un  noble  enthou- 
siasme. L'organisation  d'un  Salon  annuel  dans  un 
local  permanent  a  été  décidée.  MU  Spiro  llaret,  mi- 
nistre de  l'Instruction  publi(|ue.  et  Take  Jonesco.  ont 
insisté  sur  le  rôle  de  l'Etat  protecteur  des  arts,  sur  la 
nécessité  de  fonder  des  galeries  en  achetant  des 
œuvres  aux  artistes  exposants  et  d'encourager  l'éclo- 
sion  des  talents  par  des  command,es  de  monuments 
pour  les  parcs  publics  et  de  décorations  dans  le» 
pilais  administratifs. 

Un  mouvement  artistique  sérieux  se  dessine  en 
Roumanie. 

La  septième  exposition  de  la  Tinerlmea  arlistica, 
ouverte  depuis  quinze  jours  à  l'Athénée,  moins  en- 
combrée que  d'ordinaire,  contient  aussi  ]ilus  d'œuvres 
de  valeur,  parmi  les  envois  de  M.\l.  St  Popesco,  AL 
Sleriadi.  Artachino,  Petrasro,  Grant.  Le  Moine  an 
repos,  de  M.  Artachino  ;  l'Atelier  île  tnenuisier,  de 
M.  Popesco  el  la  statuette  de  i\L  Mirea,  Au  marché, 
ont  été  acquis  pour  la  galerie  Kalindero.  —  M.    M. 

A  Munich.  —  La  disgrâce  de  M.  de  Tschudi,  que 
le  Bulletin  annonçait  naguère  ;n'  3761.  prend  les  pro- 
portions d'un  événement  capital  dans  l'histoire  du 
développement  du  gortt  allemand  contemporain.  Elle 
n'est  pas  l'elfet  d'une  boutade  de  l'empereur,  dont  les 
citiques  désormais  sutliront  à  signaler  les  chefs^ 
d'œ  ivre,  ni  le  résullat  d'intrigues  de  cour,  sous  pré- 
tîxte  de  nationalisme  artistique  ;  M  de  Tschudi  a  dû 
ce  Ut  devant  un  véritable  'mouvement  de  réaction 
berlinoise  contre  l'art  impressionniste,  sécessionniste 
en  général,  et  l'on  prévoit  maintenant  que  .M.VI.  Bruno 
Paul  et  Messel  partageront  la  disgrâ.-e  du  directeur 
de  la  Galerie  Nationale. 

A  Munich,  on  ne  peut  que  s'en  réjouir.  Berlin 
devait  à  M.  de  Tschudi  .ses  rapides,  ses  énormes  pro- 
grès comme  ville  d'art  ;  avant  lui,  la  Galerie  Nationale 
ne  comptait  pas  ;  aujourd'hui,  on  peut  la  cxunparcr 
au  Musée  du  Luxembourg.  La  victoire  contre  lui  du 
groupe  académique,  qu'il  avait  impitoyablement 
écarté,  va  marquer  un  arrêt  et  un  recul  dans  l'épa- 
nouissement artistique  de  la  capitale  prussienne. 
Munich  saura  en  profiter.  On  éprouve  ici  le  besoin 
d'une  réorganisation,  d'un  rajeunissement  des  collec- 
tions qui  devraient,  et  pourraient  être  bs  plus  artis- 
tiques et  les  plus  modernes  de  toute  l'Allemagne,  si 
elles  n'étaient  régies  par  un  bureaucratisme  détes- 
table. N'a-l-il  pas  fallu  dcrnièreunnl  l'intervention 
personnelle  du  ]irince  Rupprecht  pour  faire  accepter 
un  don  annuel  de  30.000  marks  ipie,  sur  l'initiative 


ANCIEN    ET    MUDEKNE 


131 


de  M.  Ileriiiann  Urban,  artiste-peintre,  une  douzaine 
d'industriels  uiunichois  ottraient  de  verser  pendant 
dix  ans  à  la  Pinacothèque  pour  lui  permettre  l'achat 
d'œuvres  aux  artistes  vivants  ?  On  se  heurtait  à  de 
ridicules  formalités. 

M.  de  Tschudi  aérait  l'homme  des  réformes  dési' 
râbles.  Certainement  on  fera  le  possible  pour  l'attirer 
et  le  gagner  à  Munich  ;  placé  dans  ce  milieu  favo- 
rable,il  pourrait  donner  k  la  capitale  bavaroise  l'essor 
qui  lui  assurerait,  sans  plus  aucun  conteste,  son 
renom  de  capitale  de  l'art  allemand.  —  M.  M. 

Nécrologie  :  Emile  Gebhart. 

Nous  avons  appris  avec  un  profond  regret  la  mort 
de  notre  éniinent  collaborateur  M.  Emile  Gebhart, 
membre  de  l'Académie  <!es  sciences  morales  et  poli- 
tiques (189,^1,  membre  de  l'Académie  française  (1904), 
olficier  de  la  Légion  d'honneur,  qui  a  succombé  mardi 
dernier,  à  Paris,  à  l'âge  de  68  ans.  Né  à  Nancy,  le 
t9  juillet  18:J9,  élève  à  l'École  d'Athènes,  docteur  ès- 
letlres  à  son  retour  en  France,  professeur  à  la  Faculté 
des  lettres  de  Nancy  de  1865  à  1879,  et  depuis  lors 
titulaire  de  la  chaire  des  littératures  de  l'Europe  méri- 
dionale à  la  Faculté  des  lettres  de  Paris,  Emile  Gebhart 
ne  s'était  pas  borné  à  publier  ces  études  littéraires,  si 
appréciées  qu'elles  auraient  pu  sulïire  a  lui  assurer 
une  réputation  auprès  des  lettrés  ;  son  passage  en 
Grèce  et  ses  séjours  en  Italie,  son  sens  très  vif  des 


e.xpressions  de  la  beauté  et  sa  connaissance  merveil- 
leuse de  la  civilisation  italienne,  l'amenèrent  à  s'oc- 
cuper des  beaux-arts,  et  il  le  lit  avec  un  rare  bonheur, 
tant  dans  son  Praxitèle,  essai  svr  l'Iiistuire  de  l'art  et 
du  i/énie  grecs,  que  dans  son  Essai  sur  la  peinture  de 
genre  dans  l'antiquité.  Mais  ce  fut  surtout  au  cours 
de  ses  travaux  sur  la  Renaissance  italienne,  qui 
forment  le  meilleur  de  sa  production,  qu'il  eut  le  plus 
souvent  à  s'occuperdes  artistes,  et  tout  récemment, 
après  un  livre  charmant  sur  Florence,  il  consacrait  à 
Bolticelli  un  ouvrage  magnifique,  auquel  il  donna, 
dans  la  Heviie  du  mois  de  janvier  dernier,  comme  un 
chapitre  additionnel,  en  publiant  la  Madone  de  la 
collection  du  baron  de  Schlichting. 

Son  érudition  souriante,  la  sûreté  de  son  jugement 
et  de  son  goiil,  la  bonhomie  tantôt  railleuse  et  tantôt 
indulgente  de  son  caractère,  sa  communion  intime 
avec  l'àme  italienne,  et  enfin  son  admirable  talent  de 
conteur,  —  toutes  ces  qualités  réunies  faisaient 
d'Emile  Gebhart  un  écrivain  exquis,  et  le  seul,  sans 
doute,  qui  ait  pu  parler  des  maîtres  du  quattrocento 
comme  de  vieux  amis  très  aimés  dont  on  connaît 
toute  la  vie  et  toute  l'àme.  —  E.  D. 

—  On  annonce  la  mort  de  M.  C/iarles  Drouel,  sta- 
tuaire et  collectionneur,  né  à  Paris  le  6  mai  1836, 
élève  de  Toussaint,  qui  exposait  aux  Salons  parisiens 
depuis  1861. 


CHRONIQUE    DES   VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —  'Vente  de  tableaux  anciens.  — 

Une  vacation  anonyme,  dirigée,  salle  I,  le 
10  avril,  par  M=  Lair-Dubreuil  et  M«  G.  Sortais, 
a  produit  un  total  de  Si. 873  francs  et  donné  lieu 
à  quelques  enchères  intéressantes. 

Ecole  de  Coypel.  Le$  Quatre  parties  du  monde, 
quatre  dessus  de  portes,  3.105  fr.  —  Périn,  l'or- 
traiU  du  comte  et  de  la  comtesse  de  la  Martellière, 
deux  pendants,  1.8^0  fr.  —  Vati  der  Meulen.  La 
Chasse  aux  loups,  1.060  fr.  —  Fauchier.  Portraits 
du  comte  et  de  la  comtesse  de  Grignan,  l.COO  fr.  — 
Brouais.  Portrait  de  femme,  1.000  fr. 

'Vente  d'objets  d'art,  etc.^  Une  vente  d'objets 
d'art  et  d'ameublement  ancien,  faite  salle  6,  les 
12  et  13  avril,  par  M»  Henri  Baudoin  et  MM. 
M.annheini,  contenait  quelques  numéros  présen- 


tant un  certain  intérêt  et  qui  ont  réalisé  des 
prix  qu'il  convient  de  signaler  : 

Canapé  et  trois  fauteuils  en  tap  d'Aubusson.ép. 
Louis  XVI,  à  personnages  et  animaux,  10.000  fr. 
idem.  7.000).  —  Deux  petits  canapés  semblables, 
2.400  fr.  —  Salon  de  quinze  pièces,  plaqué  d'aca- 
jou, et  couvert  en  tap.  au  pointa  lleurs,  3.900  fr. 

—  Pendule  bronze  et  émail,  de  l'ép.  révolution- 
naire, 2.050  fr.  —  Horloge  et  baromètre  plaqués 
d'ébène  et  garnis  de  bronzes,  2.000  fr.  —  Coupe 
et  plateau,  plai|ués  de  nacre,  mont,  arig., 
1.810  fr.  —  Deux  cornets,  vieu.\  Saxe,  décor  chi- 
nois sur  fond  violet,  l.iiOO  fr. —  Tapisserie,  fabri- 
que de  Bruges  du  xyii'  s.,  les  Vendanges,  bord., 
ll.O.'iO  fr.  (dem.  8.000).  —  Grande  verdure  avec 
oiseaux  et  habitations,  fabrique  de  Bruxelles, 
xviiie  s.,  1 1.000  fr.  (dem.  12,000).  —  Grand  tapis 
de  la  Savonnerie,  du  com'  du  xix*  s.  3.600  fi, 

—  Cabaret  en  vieux  Saxe,  décor  de  boules  de 


132 


LE    BULLETIN    DE    L'AtiT 


neige,  3.100  fr.  —  Vase  rouleau  anc.  poiceL  de 
Chine,  .(.020  fr. 

Total  de  la  vente  :  121  200  fr. 

Vente  de  la  collection  L.  L...  (Objets  de 
vitrine,  etc.)  —  Cette  vente,  que  nous  avons 
annoncée  avec  quelque  délail,  a  produit  un 
total  de  74.980  fr.  Faite  salle  7,  le  13  avril,  elle 
était  dirigée  par  M"  Lair-Dubreuil  et  MM.  Paulrae 
et  Lasquin  fils. 

N'ayant  à  enregistrer  aucune  enchère  digne  de 
particulière  remarque,  nous  nous  contenterons 
de  donner  la  liste  des  prix  d'adjudication  les 
plus  élevés,  en  indiquant  également  quelques-uns 
des  prix  de  demande. 

PRINCIPAUX   PRIX 

Tableaux  et  dessins  ancifns.  —  1.  M"*  M.  Gérard. 
L'Ouvrière  en  dentelle,  2.110  fr.  —  7.  Mallet.  La  Toi- 
lette de  bébé,  1.200  fr. 

Estampes  uu  xviii*  siècle.  —  13.  Debucourt,  Lu  Pro- 
menade publique,  en  coul.,  marge,  1.760  fr.  —  14. 
Attr.  à  Debucourt.  La  Promenade  du  Palais-Hoyal, 
dite  des  Pavillons,  iinp.  en  coul.,  petite  marge  sur 
trois  côtés,  1.100  fr.  —  15.  L'Escalade  ou  les  Adieux 
du  matin,  Heur  et  Malheur  ou  /«  Cruche  cassée,  imp. 
en  coul.  avec  marge,  4.330  fr.  (deni.  4.350  fr.).  —  18. 
Janinet.  Portrait  de  M"'  Dugazon  dans  Nina,  d'après 
Iloln,  imp.  en  coul.,  avec  la  signature  de  Hoin,  marge, 
1.000  fr.  —  19.  Janinet.  Portrait  de  .«"'  du  T.  (Dulhé), 
d'après  Leraoine,  imp.  en  coul.  1.400  fr.  —  21.  D'après 
Lavreince.  L'Indiscrétion,  par  Janinet,  imp.  en  coul., 
avec  marge,  1.980  fr.  (deiii.  2.500  fr.).  —  25.  D'après 
Thomson.  Crussinn  tlie  brook,  manière  de  lavis,  par 
Say,  imp.  en  coul,  pet.  marge,  2.160  fr. 

Porcelaines  anciennes.  —  29.  Paire  de  cache  pots 
jardinières,  anc.  porc,  tendre  de  Sèvres,  décor  bou- 
quets de  fleurs,  2.805  fr.  (dem.  2.500  fr.).  —  30.  Deux 
statuettes,  l'Asie  el  l'Afrique,  anc.  porc,  de  Francken- 
thal  (rép.),  1.123  fr. 

Objets  de  vithine.  —  57.  Eventail  peint  à  la  gouache, 
Cortège  de  noce,  mont,  nacre,  ép.  Louis  XV,  1.200  fr. 
61.  Boite  ronde,  écaille  brune,  mont,  or,  déc.  sur  fond 
d'or  de  peintures  au  vernis,  ép.  Louis  XVI,  bas  or, 
1.560  fr.  —  62.  Boite  rect.  or  ciselé,  mont,  à  cage, 
ornée  de  miniat.  sur  ivoire  en  grisaille.  Sujets  allé- 
goriques, ép.  Louis  XV,  1.450  fr.  —  64.  Boite  rectan- 
gulaire or,  ornée  de  panneaux  en  laque  d'or  du 
Japon,  ép.  Louis  XV,  1900  fr.  —  65.  Boite  ovale, 
or  ciselé,  émaillée,  motif  à  carrelages,  ép.  Louis  XV, 
(quelques  manques),  1.S60  fr.  —  66.  Boite  rectang.,  or 
gravé  et  ciselé,  émaillée  en  bleu  de  sujets  allégoriques, 
ép.  Louis  XV,  6.820  fr.  (dem.  7.000  fr.).  —  68.  Boite  or, 
partiellement  émaillée  en  bleu,  médaillon  émaillc, 
sujet  allégorique,  ép.  Louis  XVI,  3.450  fr.  —  72.  Boite 
forme  ballon,  or  ciselé  et  partiellement  éiuaillé  bleu, 
rosace  avec  émaux,  1.810  fr.  —  74.  Grandebolte  ronde. 


à  cage  en  or  ciselé,  sur  le  dessus  médaillon  éoiaillé 
sujet  allégorique,  ép.  Louis  XVI,  4.020  fr.  —75.  Boite 
ronde,  or  guillochc  et  ciselé,  rosacé  au  centre,  ornée 
miniat.,  portrait  de  jeune  femme,  signé:  Alexandre, 
1787,  ép.  Louis  XV,  1.600  fr.  —  76.  Boite  ovale  en 
anc.  émail  de  Saxe,  luéd.  en  coul.,  à  sujets  allégori- 
ques, fond  bleu  simulant  le  marbre,  mont,  or  ciselé, 
ép.  Louis  XV,  1.960.  —  77.  Boite  rectang.,  or  ciselé  et 
gravé,  ornée  compos.  allég  ,  partiellement  émaillée  en 
bleu,  vase  fleuri,  ép.  Louis  XVI,  2.700  fr. 

"Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Objtts 
d'art  et  d'ameublement.  —  Sous  ce  titre  Vente 
de  M"»!  S...,  un  mince  catalogue  illustré  de  quel- 
ques planches  nous  apporte  l'annonce  d'une  vente 
qui  aura  lieu  les  28  et  29  avril,  salle  11,  par  le 
ministère  de  M«  Lair-Dubreuil  et  de  .M.M.  Paulme 
et  l.asquin  fils. 

.Mobilier  artistique  plulot  que  collection  à  pro- 
prement parler,  celte  réunion  de  pièces  d'ameu- 
blement et  d'objets  divers  comprend  en  particu- 
lier :  une  nombreuse  argenterie;  des  tableaux 
anciens  et  modernes;  des  gravures  en  couleurs 
du  xviir"  siècle;  des  porcelaines,  des  miniatures 
et  des  objets  de  vitrine  ;  des  pendules  des  époques 
Louis  XV  et  Louis  XVI;  des  flambeaux  et  candé- 
labres de  bronze  ciselé  et  doré  des  mêmes 
époques  ;  des  meubles  anciens,  uolammeiil  un 
petit  meuble-bureau  en  acajou  et  bronze  doré, 
d"épo(|iie  Louis  XVI,  d'une  forme  peu  commune, 
et  une  console-servante,  de  même  époque,  éga- 
lement en  acajou  et  bronze  doré;  enlin,  une 
tenture  composée  de  trois  panneaux  en  tapis- 
serie d'.\ubussoii  du  x\\u<^  siècle,  à  sujets  pasto- 
raux dans  des  paysages  d'après  J.-lî.  Huel. 

A  Strasbourg.  —  Le  27  avril  et  jours  suivants, 
à  Strasbourg,  M"  Fîiff  procédera  à  la  dispersion 
de  la  Collection  d'estampes  de  feu  M.  Alfred  Ribleng. 
Un  calaliigue  illustré  a  été  dressé  à  l'occasion 
de  cette  vente. 

A  Cologne.  —  Les  2"  avril  et  jours  suivants, 
aura  lieu  à  Cologne,  par  les  soins  de  la  maison 
J.  M.  Heberlé,  la  vente  de  la  Collection  d'otijeta 
de  la  Chine  du  général  fiicolai  J.  Cholodoirski, 
d'Odessa.  Un  catalogue  illustré  a  été  publié  à 
celle  occasion.  Il  permet  déjuger  de  l'importance 
de  la  collection,  qui  présente  de  riches  séries  de 
matières  dures,  de  bronzes  et  d'anciennes  por- 
celaines de  la  Chine. 

M    \ 

ESTAMPES 

A  Paris.  —  Vente  d'estampes  anciennes 
des  XVIIe  et  XVIII"  siècles.  —  Faite  à  l'Hôtel 


ANCIEN    ET    MODERNE 


133 


DrouoI,,  salle  10,  ilu  31  mars  au  2  avril,  par 
M»  Henri  BaiiJoin  et  M.  Danlos,  celte  importante 
vente  d'estampes  anciennes  de  l'école  française 
et  de  l'école  anglaise  a  produit  un  total  de 
HO. 132  francs.  A  vrai  dire,  celte  vente  était  plus 
impoilante  par  le  nombre  des  numéros  que  par 
l'intérêt  et  la  rareté  des  épreuves,  et  si  le  résul- 
tai final  est  appréciable,  il  est  dû  surtout  à  un 
nombre  assez  grand  d'enchères  médiocres.  Les 
pièces  qui  ont  atteint  mille  francs  se  comptent, 
et  celles  qui  ont  dépassé  celte  somme  sont  plus 
rares  encore.  On  n'en  trouve  que  deux  :  uuDebu- 
courl  d'abord  —  ce  qui  n'est  pas  pour  nous  sur- 
prendre —  et  un  recueil  de  Moreau  le  jeune  — 
-ce  qui  n'est  pas  non  plus  bien  imprévu.  Le  Debu- 
court  (no  H'.i)  était  un  2"=  état  de  la  Promenade  de 
la  Galerie  an  Palais  Royal  (1787)  ;  il  a  été  adjugé 
8.000  francs,  ce  qui  est  tout  de  même  quelque 
chose.  Le  Moreau  le  jeune  (n"  351)  était  la 
seconde  suite  des  Estampes  pour  seivir  à  l'Histoire 
des  mœurs  et  du  costume  en  France  dans  le 
XVIII'  siècle  (1777);  l'album  de  douze  pièces  a 
atteint  3.300  francs. 

Pour  les  enchères  au-dessus  de  800  francs,  on 
consultera  la  liste  suivante  : 

1-2.  P.-M.  Alix.  Mlle  Maillard,  du  Théâtre  des  Arts, 
et  Mi"f  de  Saint-Auhin,  dans  Ambroise,  d'après  Gar- 
Deray,  en  cotil.,  820  fr.  —  29.  D'après  A.  liorel.  Le 
l'harlnlnn  et  la  Bascule,  deux  pendants  gr.  par  Cha- 
ponnier,  840  fr. 

Boilly  :  37.  Album  de  118  lithographies,  880  fr.  — 
41.  Le  Goiit  du  jour,  50  pi.  coloriées,  1.231  fr. 

i'i.  G.  de  Cari.  Le  Musée  grotesque,  aihum  de  64  pi., 
800  fr.  —  47.  Dauuiier.  Les  Hoberl-Macuire,  3  vol.  in-4'', 
86o  fr.  —  Les  autres  albums  de  Uaiimier,  et  ceux  de 
Gavarni,  de  Granvillc,  disabey,  d'Henri  Monnier,  de 
Pigal,  de  Traviès,  etc.,  restent. tous  au-dessous  de  ces 
deux  prix. 

74.  D'après  M. -A.  Challe.  Les  Amants  surpris  et  les 
Espièf/les,  deux  pendants  gr.  en  coul.  par  Descourtis, 
1.120  fr. 

Parmi  les  suites  et  recueils  de  costumes,  le  plus 
beau  prix  est  celui  de  83o  francs  pour  le  n°  89,  Gale- 
ries des  modes  et  costumes  français  (éd.  Esuaut  et 
Rapilly). 

P.-L.  Debucourt  :  H2.  La  Noce  au  château,  en  coul., 
1.620  fr.  —  113.  Promenade  de  la  f/alerie  du  Palais- 
Royal,  en  coul.,  épreuve  du  2*  état,  5.100  fr.  —  118. 
Modes  et  manières  du  jour,  en  côul.,  950  fr. 

132 et  134.  C.-M.  Descourtis.  Frédéric-Louise-Wilhel- 
inine,  princesse  d'Orange,  épreuves  avant  toute  lettre, 
en  coul.,  2.500  fr. 

Rien  de  bien  remarquable  comme  enchères, 
parmi  les  portraits  gravés  par  Drevet,  Edelinck, 
Thomas  de  Leu,  Robert  Nanteuil,  etc.;  un  seul 


dépasse  330  francs,  c'est  le  numéro  378,  un  Por- 
trait de  .T.-B.  Colhert,  par  R.  Nanteuil  (3«  des  sept 
états  décrits).  Une  suite  de  o  pièces  historiques  » 
—  entrées  de  rois,  cérémonies  des  sacres,  car- 
rousels, prises  de  villes,  etc.  (n"'  210  à  2;;7),  — 
font  de  100  à  500  francs. 

260-261.  Charlotte,  viscountess  of  St.  Asaph  et  Lad;/ 
Charlotte  Duncomhe,^T.  par  Wilkin,  d'après  Hoppner, 
avant  la  lettre,  1.630  fr.  —  263.  La  Déclaration  et 
t'Amant  pressant,  gr.  par  A.  Legrand,  d'après  J.-B. 
Huet,  1.050  fr.  —  279.  La  Heine  Hortense,  méd.  ovale, 
gr.  par  Mousaldy  d'après  Isabey,  1.005  fr.  —  284. 
L'Amour,  gr.  par  Janinet,  d'après  Fragonard,  en  coul., 
860  fr.  —  Les  autres  pièces  de  cet  artiste  entre  100  et 
460  francs. 

D'après  N.  Lawrcince  :  304.  L'Assemblée  au  Salon, 
gr.  par  Dequevauviller,  800  fr.  —  305.  L'Assemblée  au 
concert  et  l'Assemblée  au  Salon,  deux  pendants,  gr. 
par  le  même,  850  fr.  —  306;  L'Aveu  difficile,  gr.  en 
coul.  par  Janinet,  880  fr.  —  308.  La  Comparaison,  gr. 
en  coul.  par  Janinet,  1.420  fr. 

325.  Napoléon  /",  empereur,  en  pied,  dans  son  cabi- 
net, épr.  avant  toute  lettre,  gr.  en  coul.  par  Levachez, 
1.020  fr.  —  351.  Moreau  le  jeune.  Seconde  suite  d'es- 
tampes pour  servir  à  l'histoire  des  mœurs  et  du  cos- 
tume en  France  dans  le  XVIIP  siècle,  suite  complète 
de  12  pièces  (Paris,  Prault,  1777,  in-fol.),  3.300  fr.  — 
370.  D'après  Morland.  .1  Party  Angling  et  the  Anglers 
repast,  gr.  à  la  manière  noire  par  G.  Keating  et  W. 
Ward,  820  fr.  —  448.  Courses  de  Chantilly  (1841),  gr. 
en  coul.  par  Filding,  d'après  E.  Lami,  820  fr. 

D'après  Taunay  :  471.  La  Foire  de  village,  gr.  en 
coul.  par  Descourtis,  800  fr.  —  472.  Le  Tambourin,  gr. 
en  coul.  par  le  même,  910  fr.  —  489.  D'après  J.  Ward. 
Selling  rabbits  et  the  Citizens  retreat,  gr.  à  la  manière 
noire  par  W.  Ward,  1.950  fr.  —  D'après  H.  Ilamilton. 
Cinq  pièces  de  la  série  des  mois  iJanuarij.  Aprit, 
May,  August,  November),  gr.  en  coul.  par  Bartolozzi 
et  Gardner,  880  fr. 

.Total  :  110.132  francs. 

■Ventes  annoncées.    —    A    Paris.    —    On 

annonce  pour  la  semaine  prochaine  les  deux 
ventes  d'estampes  suivantes  : 

—  Les  28  et  29  avril,  salle  n°  9,  vente  d'une 
collection  d'estampes  anciennes  et  modernes 
(M«  André  Desvouges  et  M.  Loys  Delteil);  parmi 
les  485  numéros  du  catalogue,  on  relève  les 
œuvres  les  plus  dissemblables  et  les  noms  des 
artistes  les  plus  opposés  à  la  fois  comme  époque 
et  comme  manière  :  les  anciens  sont  représentés 
par  L.  de  Leyde,  H.  S.  Beham,  Diirer,  Callot, 
Boucher,  Cochin,  Demarteau,  Janinet;  les  mo- 
dernes par  Barye,  Boilly,  Géricault,  Daumier  (25 
numéros),  Delacroix,  Corot,  Buhot,  Carrière, 
Fantin-Latour,  Manet,  Méryon,  Rops  ;  quelques 


134 


LE    BULLETIN    DE    L'AKT 


artistes  vivants  tiennent  aussi  leur  place  dans 
cette  collection,  ainsi  en  est-il  de  MM.  Bonnat, 
Béjot,  Aman-Jean,  Boutet  de  Monvei,  Chahine, 
Forain,  Helleu,  Bracquemotid  (18  numéros), 
Cliéret  (affiches).  Lepère,  l.egros,  Leheutre, 
Lunois,  RalTaëlli,  H.  Rivicre,  Storm  van  S'Grave- 
sande,  Waltner,  Zorn,  Willette,  etc.  Il  y  a  de 
tout  un  peu,  dans  cette  réunion,  et  surtout 
parmi  le  dernier  groupe,  des  artistes  dont  on  a 
rarement  occasion  de  voir  passer  les  épreuves  en 
ventes  publiques:  ce  sera  une  indication  du  «cours 
actuel  »  pour  beaucoup  d'entre  eux. 

—  La  collection  de  Guizelin,  qui  se  vendra  le 
30  avril,  salle  n°  8  (Me  Lair-Dubreuil  et  M.  Loys 
Delleil),  ne  comprend  que  des  estampes  anciennes 
des  écoles  anglaise  et  française  du  xvni»  siècle. 

A  noter  :  de  Bartolozzi,  A  fair  moralht  and  lier 
piipil,  d'après  Cosway,  superbe  épreuve  en  cou- 
leurs; de  N.  de  Launay,  une  belle  épreuve  à 
grandes  marges  de  la  Bonne  mère  de  Fragonard; 
de  W.  Dickinson,  la  Duchesse  de  Devonshire  et  la 
vicomiexse  Diincanon,  tirage  en  sanguine,  d'après 
Angelica  KautTraanii  ;  de  \V.  Ward,  la  Visite  au 
grand-pi're,  d'après  J.  R.  Smith,  très  belle 
épreuve  en  couleurs,  à  grandes  marges. 

Avec  ces  estampes  ilu  xviii'  siècle  :  quatre  Cal- 
lot,  quelques  Durer  (dont  une  suite  de  la  Passion), 
deux  Rembrandt,  et  plusieurs  flamands  du  .\vii«. 

R.  (i. 

<^Ul    et»  <tïA    <X^   Ct>>    <t^  CtïJl.  (VltA    iX^jL.  i\:^  CtuL    ctîJl  *TÏ>  ft*J. 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Exposition  théâtrale  (au  musée  des  Arts  déco- 
ratifs). —  Grâce  à  l'infatigable  initiative  de  son 
président,  M.  tleorges  Berger,  l'L'nion  centrale 
des  .\rts  décoratifs  vient  d'ouvrir,  au  pavillon 
de  Marsan,  une  exposition  d'art  tiiéiUral.  Cette 
exposition  aura  sans  doute  le  plus  vif  succès. 
Elle  saura  séduire  le  passant,  le  curieux  et 
l'amateur.  Le  premier  y  trouvera  les  visages  des 
acteurs  que  la  vogue  ou  le  talent  lui  impose  de 
connaître;  le  second,  devant  certaines  toiles  et 
certains  bibelots,  pourra  évoquer  les  touchants 
détails  du  passé  qu'ils  suggèrent;  le  troisième, 
enTin,  choisira,  parmi  plusieurs,  un  tableau  ou 
un  dessin  de  maître,  qui,  par  delà  son  attrait 
occasionnel,  atteint  l'émotion  et  la  beauté. 

l'armi  les  œuvres  de  cette  qualité,  je  signale- 
rai le  portrait  de   l'acteur  Mole  (;\  M.   (;.   Dor- 


meuil),  qui  ligure  à  cette  exposition  sans 
nom  d'auteur,  mais  qui  pourrait  fort  bien  .Hre 
d'Aved.  Le  portrait  de  l.ekain,  au  pastel,  par 
Lenoir  (à  M.  Héberti,  retiendra  également.  C'est 
un  morceau  pompeux  et  charmant  tout  ensem- 
ble, où  le  tragédien  fait  le  terrible,  vêtu  d'uD 
costume  à  la  turque,  de  couleurs  tendres  et 
brodé  d'or.  Sous  ce  pastel  est  accrochée  une 
charmante  toile  où  Lancrel,  autour  d'une  pou- 
pée mécanique,  fait  se  pencher  deux  dames  fort 
agréables.  Cette  grisaille  disposée  dans  un  enca- 
drement de  rinceaux  bleus,  appartient  à  .M.  \Vi|- 
denstein. 

Une  toute  pelite  toile  (à  M.  le  président  Cou- 
vet)  fera  beaucoup  rêver.  On  y  voit  Maiie  Des- 
mares, dame  Champmesié,  qui  fut  Bérénice  tt 
qui  fut  Phèdre.  Elle  a  un  visage  d'enfant,  où  le 
regard  est  sans  mystère  et  sans  passion.  De  sa 
main  droite  elle  écarte  un  lourd  niantt-au  de 
brocart,  pour  montrer  ses  pieds  charmants.  Ils 
sont  chaussés  de  hauts  patins  de  bois,  et  le  co.s- 
tume  entier  s'elTorce  à  l'orientalisme  C'est  peut- 
fitre  ainsi  que  fut  vêtue  Roxane"?  —  Voici  d'au- 
tres princesses  et  d'autres  héroïnes  :  une  chas- 
seresse noblement  construite  par  le  baron  Gé- 
rard; la  Duchesnois  à  il.  L.  Doistau);  une  sou- 
riante cavalière,  coiffée  d'un  feutre  à  plumes, 
Sophie  Amould  (à  M.  A.  Rouart);  une  vestale 
enchaînée,  élégamment  pathétique,  M"«  Dange- 
ville  (à  M.  Droz)  ;  une  séduisante  sultane,  la 
Grassini,  par  M"":  Vigée-Lebmn  |au  musée  de 
Rouen);  puis,  la  Malibran,  dans  un  surprenant 
costume  romantique  (à  M.  Sambon);  la  Grisi  (à 
M.  Rouarl);  M""  Allan  (à  M.  Jacquol);  Fanny 
Elssler  (à  M.  Cheramy);  la  Taglioni  (au  comte 
(iilberl  de  Voisins);  Mme  .\rnould- J'iessy  (à 
.M.  Foulon  de  Vaulx  ;  Jane  Margyl,  par  Boldini 
(à  M"«  Floriet).  Puis,  après  les  actrices,  les 
acteurs  :  Raymond  Poisson  (à  M.  Arthur  Mar- 
tin); Riancolelli,  l'arlequin  de  Louis  .\IV  (à 
M.  Sambon);  Trial  (à  M""  la  marquise  de  Ga- 
nay)  ;  plusieurs  portraits  de  Talma  ^à  MM.  .Mou- 
net-Sully,  Marmottan  et  Sambon);  Michod  (au 
baron  F.  de  Christianil;  Elleviou  ;à  M.  Doistau); 
Ferréol  |au  D"^  Rrissaudj;  Régnier  là  M">«  Ale- 
xandre Dumas  ;  Croizetle  (à  M.  Carolus  Duran). 
Enfin,  des  acteurs  et  des  actrices  virants  :  M"' 
Bartet,  par  Dagnan-Bouverel;  M""  Bréval,  par 
Bonnat;  M.  Faure,  par  Zorn;  M""  Emma  Fleury, 
par  Amaury-Duval;  M.  Mounet-Sully,  par  Bcl- 
lery-Desfontaines;  M"«  Rachel-Royer,  par  Bou- 
tet de  Monvei;  M"'  Roggers,  par  Besnard  ;  M"' 
Sarah-Bemhardt,  par  A.  de  la  Gandara;  M""  Hor- 


ANCIEN   ET    MODEHNE 


<.35 


tense  Schneider,  par  Pérignon;  M.  Worms,  par 
Maigiian,  etc. 

Autour  de  ces  portraits  on  a  disposé  des  aqua- 
lelles,  des  dessins,  des  gouaciies,  et  d'autres 
tableaux  à  i'tiuile,  qui  représentent  des  scènes 
de  tliéàtre.  Une  délicieuse  aquarelle  d'Eugène 
Lamy  (coll.  de  M.  Lecomle),  figure  le  foyer  de 
l'Opéra,  rue  Le  Peletier;  on  y  reconnaît  Musset 
près,  de  Fanny  Eissler,  c'est  une  des  œuvres  les 
plus  suggestives  de  cette  exposition.  Je  signalerai 
aussi  les  scènes  de  théâtre  vénitien,  à  l'époque 
de  tioldoni  (à  .VI.  Sambon);  les  portraits  à  la 
gouache  et  à  l'aciuarelle  que  prt^te  M.  Lehmann; 
le  portrait  de  M°"  Djrval,  par  Delaroche  (à  Mme 
l.uguet);  les  danseuses  de  Renouard  (à  M.  Lu- 
dovic H-ilévy);  le  ravissant  portrait  d'Alice  Ozy, 
par  Chassériau  (à  .M.  A.  Chassériau),  etc. 

Autour  de  ces  cadres,  qui  forment  la  partie 
principale  de  cette  exposition,  on  a  disposé  des 
bustes,  des  statuettes,  différents  objets,  souve- 
nirs, ou  curiosités  :  le  buste  de  George  Sand,  par 
€lésiiigpr  ;  une  charmante  série  de  statuettes  re- 
présentant (les  danseuses,  vers  1830,  la  Cerrito, 
la  Taglioni.Klura  Fabry,  etc  (collections  Rouart, 
ChasIeSj  Singer)  ;  des  autographes  et  des  livres 
rares  (collections  Pierre  Louys,  Sambon,  Met- 
nian);  la  main  de  la  Malibran,  le  diadème  de 
M"'"  Barlet,  dans  Bérénice  ;  le  glaive  de  Talma,  la 
montre  de  Molière,  et  jus(]u"à  la  toupie  que  l'ac- 
teur BoulTé  faisait  tourner  sur  sa  main,  en 
.jouant  le  Gamin  de  Paris. 

A  côté  des  acteurs,  les  décors.  Toute  une  série 
de  maquettes,  dont  quelques-unes  sont  des 
chefs-d'œuvre  d'ingéniosité,  depuis  celles  que 
Servandoni  composa  pour  amuser  Louis  XV  en- 
fant, jasqu'au.x  féeriques  combinaisons  de  M™" 
Judith  Gautier,  de  MM.Fortuny,  Araable.Cambon, 
Chaperon,  Jambon,  Paquerau,  Robert,  Rubé, 
Yisconti.  Tout  ces  théâtres  en  miniature  ne  di- 
vertiront pas  moins  que  les  marionnettes  que 
l'on  trouvera  plus  loin,  qu'elles-  viennent  de 
Java,  d'Allemagne  ou  de  Nohant,  et  prêtées  à 
l'exposition  par  .M""'  Jules  Comte,  Forain,  Ga- 
brielleSand,  HiéraetMM.  Henri  Lavedan,  Léo  Cla- 
rclie,  Sambon,  Landolt,  Baillot  et  deCrèvecœur. 

Kiifin,  au  troisième  étage  du  musée,  dans  des 
petites  salles  qui  n'avaient  pas  encore  été  ou- 
vertes au  public,  on  a  disposé  toute  une  suite  de 
gravures,  d'un  extrême  intérêt  iconographique, 
foutes  belles,  précieuses  ou  divertissantes,  et  qui 
proviennent  des  collections  de  M"''  Chasies, 
Lemonnier,  et  de  MM.  Adam,  iJeraldi,  Hartmann, 
iJAllemagne,  Marmottan,  Sambon,  etc. 


Et  j'oubliais  de  signaler,  réunie  dans  une 
petite  salle  qui  est  au  cœur  même  de  cette  expo- 
sition, la  collection  d'antiquités,  formée  par 
M.  Jules  Sambon,  où,  sur  des  vases,  des  lampes 
et  des  médailles,  on  peut  découvrir  Macchus,  le 
premier  polichinelle,  et  Casnar,  le  premier 
arlequin. 

Jkan-Louis  Vaudovrh. 

L'Œuvre  de  RoU  (J.-E.  Hulloz,  éditeur).  — 
Un  instructif  et  nouveau  recueil  de  la  collection 
de  belles  planches  photographiques  qui  contient 
d<'jà  les  crayons  d'Ingres,  les  pastels  de  La  Tour, 
les  peintures  décoratives  d'Hippolyte  Flandrin, 
et  l'œuvre  de  plusieurs  maîtres  contemporains  : 
Gustave  Moreau,  Carrière  et  M.  Rodin.  L'CEnvre 
de  M.  Roll  vient  à  propos  pour  caractériser  l'effort 
intelligent  et  victorieux  du  peintre  moderne  :  en 
feuilletant  la  totalité  de  ces  planches,  l'amoureux 
d'art  a  l'impression  de  le  mieux  connaître.  Aussi 
bien,  quand  on  revient  d'Orient  ou  qu'on  sort 
d'un  musée,  on  respire  avec  une  sorte  d'inquié- 
tude charmée  l'atmosphère  grise  de  la  ville  ou 
des  champs;  la  lumière  des  choses  paraît  neuve, 
autant  que  l'allure  des  gens;  le  plein  air  nous 
propose  ce  que  l'art  n'a  pas  osé  dire  :  savant, 
mais  inquiet,  enivré,  mais  réiléchi,  le  peintre 
moderne  etluraineux  qu'est  M.  Roll  a  voulu  trans- 
porter la  vie  sur  la  toile  et  la  fixer  sous  tous  ses 
aspects.  Plus  ingénu  que  Courbet,  mais  plus  in- 
struit que  Manet,  il  oublie  la  convention  des  for- 
mules en  respectant  les  droits  du  savoir.  De  la 
peinture  sombre  des  anciens  à  la  traduction 
claire  de  la  nature,  de  la  réalité  d'abord  quoti- 
dienne et  laborieuse  à  la  pensée  qui  la  généralise 
et  qui  la  couronne,  —  telle  est  la  double  évolution 
de  cet  Œuvre  oi'i  la  délicatesse  de  la  lumière 
enveloppe  d'un  voile  de  poésie  la  rudesse  de 
l'humanité.  A  revoir  ce  vaste  ensemble,  on  com- 
prend mieux  comment  le  peintre,  déjà  compatis- 
sant, de  la  Grève  def,  mineurs,  est  devenu  le  philo- 
sophe, toujours  ensoleillé,  des  Joies  de  la  vie.  De 
bonne  heure,  à  ce  point  de  vue,  des  titres  ne  sont- 
ils  pas  significatifs,  dans  la  série  disséminée  des 
«  Ouvriers  de  la  terre  »  :  Manda  Lamétrie,  fermière 
(1880);  Koubij,r,imentier[[%H<)];la  Femme  Hagard, 
pauvresse  et  Louise  Cattel,  nourrice  (189i).  Qu'elle 
exalte  la  riante  fécondité  de  la  chair  ou  l'amer- 
tume vieillie  du  travail,  une  figure  isolée  nous 
lient  le  même  langage  que  les  plus  immenses 
compositions.  Avec  les  années,  parmi  les  tleurs 
vivantes  des  pasleh,  la  nudité  même  se  fuit  sin- 
gulièrement symbolique.    L'ungoise  de  Carrière 


136 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


fut  plus  intime  et  plus  sombre  ;  mais,  tandis  que 
Puvis  de  Chavannes  s'exilait  au  bois  sacré,  le 
peintre  de  la  FiUe  du  li. Juillet  1S80  et  du  Cente- 
naire de  1789  incarne  son  temps.  Et  son  œuvre 
est  loin  d'être  achevé. 

Raymond   Bouyer. 

L'Académie  de  la  Plante  et  de  la  Fleur  (aux 
serres  de  lu  Ville  de  Paris,  Auleuil).  —  Le 
16  avril  a  été  inauguré,  aux  Serres  de  la  Ville  de 
Paris,  à  Auteuil,  l'Exposition  des  artistes  dont 
le  groupement  a  constitué  le  corps  enseignant  de 
l'Académie    de  la  Plante  et  de  lu  Fleur. 

M.  le  Secrétaire  général  de  la  préfecture  de  la 
Seine,  représentant  le  Préfet  de  la  Seine,  et 
M.  Ralph  Brown,  inspecteur  général  des  Beaux- 
Arts,  se  sont  arrêtés  devant  les  tableaux  de  Qeurs 
de  M.  Achille  Cesbron,  fondateur  de  l'Académie, 
et  de  M.VI.  Jeunnin  et  Rivoire,  les  dessins  et  les 
projets  de  MM.  Hista,  Barberis  et  Aubert,  les 
paysages  de  MM.  Laugée,  Cesbron  lils  et  Dervaux, 
les  modèles  d'art  décoratif  de  MM.  Bourgeot, 
Leiièvre  et  Binet,  qui  dirigent  les  travaux  des 
élèves  dans  le  nouveau  centre  d'enseignement 
créé  au  jardin  colonial  de  Nogeiit -sur  Marne. 

Enlin,  après  avoir  jeté  les  yeux  sur  un  projet 
de  jardin  appliqué  à  l'art  décoratif,  dressé  par 
M.  Barberis,  ils  ont  accordé  quelques  instants  à 
la  collection  de  douze  vases  de  fleurs  pour  les 
douze  mois  de  l'année,  où  le  céramiste  Decœur 
a  appliqué  la  gamme  variée  de  ses  émaux  de 
grand  feu  à  d'exquis  modèles  de  Pierre  Hoche. 

H.  C. 

mmmmîmmmmmmmrmm 

BIBLIOGRAPHIE 


Cabinet  des  Estampes  de  l'État,  à  Amsterdam 

Depuis  le  1"  janvier  dernier,  léditcur,  W.  Versiuys, 
d'Amsterdam,  fait  paraître  une  .suite  de  reproductions 
d'estampes  et  de  dessins  du  Cabinet  des  estampes  de 
l'État,  à  Amsterdau),  publié  sous  la  direction  de 
J.-Pn.  VAN  DER  Kei,i,en,  attaché  à  cet  établissement 
scientifique,  dont  on  ne  connait  pas  assez  les  impor- 
tantes collecliDns.  Peu  de  personnes  en  jouissent, 
parce  que  peu  île  personnes  savent  quels  trésors  sont 
réunis  dans  ce  Cabinet,  et  qu'oa  ne  prend  pas  le 
temps  de  passer  au  musée  le  nombre  d'heures  néces- 
saire à  le  bien  connaître. 

L'occasion  d'étudier  attentivement  quelques  estam- 
pes ou  quelques  dessins  en  reproduction  ne  laissera 


pas  d'exciter  les  amateurs  à  aller  voir  les  originaux  ; 
en  outre,  cette  reproduction  vulgarisera  les  princi- 
paux chefs-d'oeuvres  des  écoles  flamande  et  hollan- 
daise. En  elfet,  comme  le  dit  dans  sa  préface  M.  van 
der  Kellen  :  «  les  fascicules  contiendront  des  repro- 
ductions d'estampes  et  des  dessins  des  différente» 
écoles,  mais  la  plus  grande  partie,  cela  va  sans  dire, 
sera  prise  dans  les  écoles  hollandaise  et  flamande, 
surtout  en  ce  qui  concerne  les  dessins,  car  le  Cabinet 
ne  possède  que  peu  d'oeuvres  de  ce  dernier  genre  de 
maîtres  étangrers  ». 

Et  il  ajoute  :  n  On  ne  suivra  pas  un  système.  Donc 
il  ne  sera  pas  question  d'ordre  chronologique.  On  ne 
fera  qu'un  choix,  çà  et  là,  des  estampes  et  des  des- 
sins destinés  à  être  reproduits,  de  sorte  que  chaque 
fascicule  offrira  la  plus  grande  variété. 

«  La  valeur  esthétique  des  estau'ipes  et  des  dessins 
déterminera  le  plus  souvent  notre  choix,  ce  qui 
n'empêchera  pas  de  reproduire  de  temps  à  autre  une 
estampe  ou  un  dessin  moins  artitisque,  quand  son 
importance  ou  sa  curiosité  en  rendront  la  reproduc- 
tion désirable.  Aussi  ne  donnerons-nous  des  portraits 
que  quand  ils  sont  caractéristiques  et  non  parce  que 
ce  sont  seulement  des  images  de  personnes  connues.  » 
Pour  se  faire  une  idée  de  l'iutérftt  d'art  que  pré- 
sente un  pareil  recueil,  il  suffit  de  lire  le  sommaire 
des  deux  fascicules  déjà  parus  : 

La  première  livraison  contient  les  six  reproductions 
suivantes  :  la  Vierge  et  l'Enfant,  gravure  d'Andréa 
Mantegna;  le  Sabbat  des  Sorcières,  gravure  sur  bois, 
de  H.  Haldung  Grien  (1310);  ileux  Éléphants  dans  un 
paysage,  eau-forte  de  H.  Saftleven  le  jeune  (1646); 
la  Princesse  de  Lamballe,  estampe  en  manière  noire, 
de  S.  Malcho,  d'après  Anton  Hickel  (1793);  le  Bnl 
paré,  gravure  de  P.-A.  Duclos,  d'après  Aug  de  Saint- 
Aubin;  enfin,  deux  dessins  à  la  plume  de  Jacques  de 
Gheyn:  une  Femme  sur  son  lit  de  mort,  et  Maurice,, 
prince  d'Orange,  sur  son  lit  de  mort. 

Voici  le  sommaire  du  2"-  fascicule  :  Darid  jouant 
de  la  harpe  devant  Saiil,  gravure  de  Lucas  de  Leyde; 
le  Bénédicité,  gravure  de  Hubert  de  Baudoux;  \  Alchi- 
miste, gravure  de  Petrus  van  der  lleyden,  d'après 
P.  lîrueghel  le  vieux;  un  Crand  chêne,  eau-toHe  d& 
fL  Seghers;  l'Hôpital  des  Pestiférés  à  .Amsterdam, 
eau-forte  de  Reinier  Nooms  (Marin  Zeeman);  un 
Singe,  dessin  en  couleur  de  U.  Savery. 

L'ouvrage  qui  est  établi  avec  beaucoup  de  soin  et 
dont  les  reproductions  eu  phototypie  ne  laissent  rien 
à  désirer,  sera  complet  en  douze  fascicules,  chacun 
d'eux  contenant  au  moins  six  fac-similés,  d'environ 
27  X  37,  montés  sur  des  cartons  solides  de  45  sur  .ï8. 

H.  C. 


Le  Gérant  :  H.  Dknis. 


('«fn    —  Imp.  (^aorini  l'elil.  II,  rue  Uo><ot-de -II4 


Numéro  382. 


Samedi  2  Mai  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


LA 


Pétition  (les  artistes  décorateurs 


Voilà  les  Salons  revenus.  Dans  quelques  jours, 
les  commissions  d'achat  commenceront  à  fonc- 
tionner, glanant  de  ci  de  là,  au  hasard  des  re- 
commandations, les  trop  nombreuses  peintures, 
les  quelques  sculptures  et  les  rares  objets  d'art 
qui  seront  censés  représenter  la  fine  (leur  de  la 
production  artistique  eu  1908. 

Cette  année,  les  rites  traditionnels  auront  été 
troublés  par  une  manifestation  significative  : 
l'Art  décoratif  a.  publié  une  pétition  adressée  aux 
pouvoirs  publics,  en  vue  d'obtenir  que  l'État 
réserve,  dans  ses  commandes  et  dans  ses  achats, 
la  part  qui  devrait  revenir  aux  arts  dits  «mineurs» 
Chacun  sait  comment  l'État  encourage  les 
efforts  des  artisans  contemporains,  et  on  le  rap- 
pelait spirituellement,  il  y  a  quelques  jours  en- 
core :  «  Tandis  qu'il  commande  chaque  année, 
des  hectares  de  peintures  et  des  quintaux  de 
marbres,  il  achète  un  coffret  d'émail,  deux 
coupes  de  verre,  trois  tasses  de  pâte  tendre, 
quelques  grès;  moyennant  quoi,  il  se  tient 
quitte  envers  les  industries  de  la  décoration  ». 

Ce  n'est  pas  là  ce  que  souhaiteraient  les 
ouvriers  d'art.  Au  lieu  de  voir  un  nombre,  d'ail- 
leurs infime,  des  œuvres  qu'ils  exposent,  achetées 
par  l'Élat  pour  être  envoyées  dormir  de  leur 
dernier  sommeil  au  fond  des  vitrines  d'un  musée 
de  province,  ils  aimeraient  qu'on  leur  confiât 
enfin  des  ensembles  d'ameublements  et  de  déco- 
rations. Ils  ont  raison  :  c'est  par  suite  d'une 
routine  absurde  et  d'une  singulière  étroitesse  de 
vues  que  l'on  ne  fait  appel  qu'aux  peintres  ou 
aux  sculpteurs  quand  il  s'agit  de  décorer  un 
monument  nouveau,  et,  tant  aux  Salons  annuels 
qu'aux  expositions  particulières  —  notamment  à 
l'exposition  annuelle  des  Artistes  décorateurs,  au 
pavillon  de  Marsan  —  il  se  rencontre  des  ébé- 
nistes, des  bronziers,  des  ferronniers,  des  céra- 


mistes, des  décorateurs  pour  étoffes  ou  pour 
papiers  peints,  dont  les  œuvres,  modernes  certes, 
sagement  et  ingénieusement  modernes,  gagne- 
raient en  intérêt  à  se  voir  utilisées  pratiquement 
et  à  recevoir  une  place  conforme  à  leur  desti- 
nation. 

Mais  l'Etat  mécène  ne  goûte  que  la  peinture,  et 
pour  peu  qu'il  montre,  à  la  fin  de  l'année,  les 
quelques  centaines  de  tableaux  disparates,  acquis 
à  bon  compte,  au  petit  bonheur  des  inaugurations 
de  salonnets,  il  s'imagine  avoir  rempli  son  rôle 
et  pouvoir  laisser  à  la  postérité  un  exemple 
complet  de  l'art  au  début  du  xx"  siècle.  C'est 
proprement  comme  si  le  xyii»  siècle  nous  avait 
transmis  Le  Brun  et  Mignard,  sans  Charles  Boulle 
ni  Claude  Ballin  ;  le  xvni",  Watteau  et  Boucher, 
sans  Gouthière  ni  CEben;  l'Empire,  David,  sans 
Percier  ni  Jacob... 

E.  D. 


ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie   des  inscriptions   et  belles-lettres 

(séance  du  24  avril).  —  Le  président  annonce  la  mort 
et  rappelle  les  travaux  de  M.  Théodore  de  Sickel, 
associé  étranger  de  l'Académie  à  Vienne  depuis  1890, 
l'un  des  plus  érudits  paléographes  et  diplomatistes  de 
notre  temps,  qui  avait  conquis  à  l'École  des  Chartes 
le  diplôme  d'archiviste-paléographe. 

—  M.  Perrot,  secrétaire  perpétuel,  communique 
une  lettre  par  laquelle  M.  Gauckler  informe  l'Aca- 
démie de  la  découverte  récemment  faite  à  Rome,  dans 
des  travaux  de  voirie,  d'une  statue  de  marbre  blanc 
fort  curieuse,  dont  le  type  parait  être  celui  d'une 
Amazone. 

Musée  du  Louvre.  —  Le  musée  du  Louvre  vient 
d'entrer  en  possession  d'une  très  belle  collection  de 
gouaches,  miniatures  et  aquarelles  du  xvni'  siècle, 
œuvres  de  L.-H.  et  H.-J.  van  Blarenberghe,  qui  lui 
avait  été  léguée,  il  y  a  quelque  temps  déjà,  par 
M'"°  van  Blarenberghe,  la  veuve  de  l'ancien  président 
du  Conseil  d'administration  de  la  Compagnie  de  l'Est. 
Cette   magnifique   collection   va    faire  l'objet   d'une 


138 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


exposition  spéciale,  qui   sera   sous  peu  ouverte  au 
public. 

Congrès  des  Sociétés  des  beaux-arts  des 
départements.  —  La  troisième  séance  qu'ont  tenue 
les  délégués  des  Sociétés  dos  beaux-arts  de»  dépar- 
tements, a  l'École  des  Beaux-Arts,  le  23  avril,  a  été 
présidée  par  M.  Elle  Poirée,  conservateur-adjoint  à 
la  bibliothèque  Sainte-Geneviève.  Après  une  allocu- 
tion du  président,  ont  été  lus  :  un  mémoire  de 
M.  Léon  Giron,  sur  le  musée  du  Cloître  au  Puy  ;  — 
un  mémoire  de  M.  llénault,  sur  les  Lussigny,  orfè- 
vres valenciennois;  —  une  conmmnication  de  M.  E. 
Veuclin,  correcteur  et  bibliothécaire  à  l'imprimerie 
Firmin-Didot,  à  Mesnil-sur-l'Estrée  (Eure),  sur  un 
.artiste  villageois  de  la  deusiéme  moitié  du  dix-sep- 
tième siècle,  Ilildevert  Canleloup,  maître  menuisier- 
sculpteur,  à  Saint-Germain-sur-Avre  (Eure);  —puis, 
M.  Jadart  a  clos  la  séance  par  un  inventaire  des 
monuments  et  des  œuvres  d'art  à  Reims  pendant  la 
Uévolution  (1790-1800). 

—  La  quatrième  et  dernière  séance  a  eu  lieu  le  24, 
sous  la  présidence  de  M.  Paul  Colin,  inspecteur 
général  de  l'enseignement  du  dessin,  membre  du 
comité.  Un  discours  sur  l'étude  du  dessin  rendue  obli- 
gatoire depuis  trente  ans  à  peine,  dans  les  établisse- 
ments d'enseignement  primaire  et  secondaire,  et  dont 
les  heureux  résultats  sont  couramment  constatés, 
a  valu  à  l'éminent  président  des  applaudissements 
répétés. 

—  L'ancien  couvent  de  la  liaumette,  à  Angers,  pos- 
sède de  très  curieuses  peintures  murales,  sur  les- 
quelles M.  le  chanoine  Ch.  Urseau  a  attiré  l'attention 
du  Comité  des  beaux-arts,  dans  un  mémoire  dont  il  a 
donné  lecture.  Ces  peintures  qui  représentent  Moïse, 
saint  Jean  l'Evangéliste,  saint  Jean-Baptiste,  saint 
Bonaventure,  saint  Bernardin  de  Sienne  et  saint  Louis 
de  Toulouse,  datent  du  premier  quart  du  xvi*  siècle. 
Elles  peuvent  être  attribuées  à  Gilbert  11  Vandellant, 
lils  d'un  de  ces  artistes  que  le  roi  llené  avait  attirés 
et  (Ixés  en  Anjou.  —  M.  l'abbé  Brune  a  fait  ensuite 
deux  communications  sur  quatre  ivoires  anciens  des 
musées  du  Jura,  sur  le  musée  de  Dôle  et  les  statues 
dijonnaises  de  Froidefontaine.  —  M  Lesort  a  donné 
lecture  d'une  correspondance  inédite,  et  fort  curieuse, 
du  peintre  et  graveur  rouonnais  llouël.  —  Enfin,  en 
l'absence  de  M.  Gandilhon,  lecture  a  été  faite  par 
M.  Augustin  Thierry,  secrétaire  du  bureau,  de  son 
mémoire  sur  l'histoire  des  arts  à  Bourges.  C'est  sur 
cette  séance  fort  intéressante  et  bien  remplie  qu'à 
pris  fin  la  trente-deuxième  réunion  des  délégués  des 
Sociétés  des  beaux-arts  de  province. 

Congrès  des  Sociétés  savantes.  —  A  la  dernière 
séance  du  Congrès  des  Sociétés  savantes,  qui  a  eu 
lieu  le  23  avril,  on  a  entendu,  à  la  section  U'nrchéo- 
logie,  un  remarquable  exposé  de  M.  Martel,  accom- 
pagné de  projections,  sur  les  dessins  ornant  les  parois 
des  caTernés.   Le  grand  spéléologue  estime  qu'on  a 


fait  remonter  beaucoup  trop  loin  la  date  de  ces  cro- 
quis. Si,  dans  le  Périgord,  certains  représentent  des 
mammouths  et  peut-être  des  félins,  et  sont  contem- 
porains du  paléolithique  ancien,  les  ornements  et 
signes  de  Marsoulas  (Pyrénées),  les  bisons  de  la 
grotte  d'Altamara  sont  de  l'aurore  du  néolithique,  et 
les  dessins  noirs  de  Niaux  sont  encore  plus  récents. 
Cette  causerie,  agrémentée  de  projections,  avait  attiré 
un  nombreux  public. 

Monuments  et  statues.  —  Un  groupe  d'amis  et 
d'admirateurs  du  peintre  Paul  Sain  s'est  constitué  en 
comité,  sous  la  présidence  de  M.  Jules  Claretie,  de 
l'Académie  française,  afin  de  perpétuer  sa  mémoire 
en  lui  élevant  un  modeste  monument  à  Saint-Cénery 
(Orne),  au  milieu  u)ème  des  sites  qui  avaient  sa  pré- 
dilection depuis  vingt-cinq  ans.  C'est  le  sculpteur 
Félix  Charpentier,  ami  personnel  de  Paul  Sain,  qui  a 
été  chargé  de  l'exécution  du  buste  de  l'arliste. 
Adresser  les  adhésions  et  les  souscriptions  à  M.  Paul 
Bru,  directeur  de  l'hôpital  Saint-Antoine,  184,  fau- 
bourg Saint-Antoine. 

A  Rodez.  —  On  a  posé  dimanche  dernier  la  pre- 
mière pierre  du  Musée  des  Artistes  aveyronnais  que 
la  ville  de  Rodez  fait  construire,  sur  une  de  ses  pla- 
ces, avec  le  concours  du  sculpteur  Denys  Puech  et 
de  la  cantatrice  Emma  Calvé,  qui  ont  donné,  en  cette 
intention,  ainsi  que  nous  l'avions  annoncé,  le  pre- 
mier, 40.000  fr.  et  la  seconde  20.000. 

Cette  cérémonie  était  présidée  par  M.  Denys  Puech. 
Elle  a  eu  lieu  en  présence  des  autorités  locales,  de 
plusieurs  personnages  politiques  et  de  nombreux 
artistes. 

A  Bruxelles.  —  M.  Destrée  vient  de  soumettre  à 
la  Chambre  des  représentants  un  projet  de  M.  C.  Tul- 
pinck  qui  ne  manque  pas  d'intérêt,  il  s'en  faut,  et 
qui,  s'il  se  réalise,  fera  prendre  une  fois  de  plus  le 
chemin  de  Bruges  aux  innombrables  visiteurs  de 
l'exposition  des  Primitifs  llamands  et  de  l'exposition 
de  la  Toison  d'or.  Il  s'agirait,  dit  la  Fétléralion  «i/iït 
ligue,  «  de  rassembler  l'ensemble  des  œuvres  de  cha- 
cun des  principaux  maîtres  flamands  du  moyen  âge, 
en  y  adjoignant  les  tapisseries,  les  sculptures,  les 
manuscrits,  etc.,  auxquels  le  maître  a  collaboré,  ou 
cpie  son  art  a  inspirés  »,  et  en  complétant  cet  ensemble 
par  l'adjonction  d'une  ou  plusieurs  œuvres  types  des 
did'érentes  branches  de  l'art,  qui  représenteraient  les 
artistes  étrangers  contemporains  des  maîtres  tlamands 
exposés. 

A  Florence.  —  L  Luivcisite  de  lirenoblc,  <|ui 
nçoit  chaque  année  un  grand  nombre  d'étudiants 
ilalicns,  a  pris  l'heureuse  miliativc  de  fonder  à  Flo- 
rence un  Institut  de  belles-lettres  françaises.  Elle  a 
voulu  consolider  ainsi  les  liens  intellectuels  entre  la 
France  et  l'Italie,  en  établissant  dans  la  capitale  des 
lettres  italiennes  une  institution  qui  sera  le  complé- 
ment des  deux   grandes  écoles  françaises  de  Uome. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


139 


Cet  Institut,  dont  le  Bulletin  avait  annoncé  la  fomla- 
tion  et  indiqué  le  but  (n°  363),  a  été  inauguré  lundi 
dernier,  27  avril.  La  cérémonie  était  présidée  par  notre 
ambassadeur  à  Rome,  M.  Barrera,  assitéde  M.  Carolus 
Duran,  directeur  de  l'Académie  de  France  à  Rome  rt 
de  Mgr.  Duchesne,  directeur  de  l'École  française  de 
Rome.  Assistaient  également  à  la  cérémonie  le 
ministre  de  l'Instruction  publique  d'Italie  et  MM.  .1- 
G.  Guiffrey  et  Picot,  représentant  l'Académie  des 
beau.t-arts  et  l'Académie  des  sciences  morales  et 
politiques. 

A  Londres.  —  A  l'exposition  annuelle  de  la  New 
Gallery,  qui  vient  d'ouvrir  ses  portes,  on  a  beaucoup 
remarqué  les  deu.\  portraits  d'hommes  envoyés  par 
sir  Georges  Reid,  Lord  IJalsbury  et  M.  Wliitelaw  Reid, 
avec  lesquels  vont  de  pair  les  deux  portraits  de  femmes 
de  .M.  Sargent,  Miss  Vickers  et  Miss  Lewis.  Très  réussie 
également  la  toile  de  M.  Lavery,  Mis.  McEwen  el  ses 
enfants,  dans  des  gris  relevés  de  mauve  et  de  bleu, 
d'une  très  fine  harmonie. 

Parmi  les  paysagistes,  citons  :  M.  H.  Stanton,  avec 
un  l'ntiirage  dans  les  dunes  du  l'as-de-Calais;  M.  Par- 
ton,  avec  le  Kennet  a  Woolhampton  ;  M.  East  avec  un 
paysage  des  Costwolds. 

Peu  de  sculptures  intéressantes  ;  par  contre  une 
lionne  section  d'art  décoratif  où  l'on  voit  avec  plaisir 
la  tapisserie  exécutée  par  \V.  Morris  d'après  un  carton 
de  Bume-Jones,  et  représentant  le  Cortège  de  Vénus, 
d'après  le  Roman  de  la  Rose.  A  cette  même  section, 
et  très  regardés  aussi,  les  bijoux  des  artistes  parisiens 
R.  Lalique  et  L.  Gaillard. 

A  Francfort-sur-le-Mein.  —  Il  existe  à  «  la  Soli- 
tude »,  la  magnifique  propriété  du  baron  G.  de  Holz- 
hauscn,  récemment  décédé  à  Munich  sans  héritiers, 
des  tableaux  de  Luc&s  Cranach  le  vieux  qui  n'ont 
pas  quitté  leur  place  depuis  plus  de  300  ans  et  qui  ne 
sont  même  pas  connus  en  reproductions.  L'un,  Lais- 
sez venir  à  moi  les  petits  enfants,  représente  le  Sau- 
veur entouré  des  femmes  de  la  famille,  alors  nom- 
breuse, des  Holzhausen  avec  leurs  enfants;  ce  sont 
autant  de  portraits,  commandés  par  llaman  de  Holz- 
hausen (le  protecteur  de  Luther),  qui  y  figure  aussi 


avec  sa  légitime  épouse.  La  manière,  un  peu  angu- 
leuse, de  Cranach  est  indéniable,  et  la  fraîcheur  du 
coloris,  d'une  excellente  conservation.  On  espère  que 
ces  œuvres  ne  seront  pas  perdues  pour  Francfort,  et 
qu'elles  échoiront  à  l'Institut  Steedel.  —  M.  M. 

A  Munich.  —  Le  gofit  de  la  bourgeoisie,  du 
monde  industriel  et  commercial  pour  le  pittoresque 
du  passé,  et  le  soin  que  l'on  prend  à  Munich  de  sau- 
vegarder les  souvenirs  historiques  méritent  une  men- 
tion et  des  éloges.  Telle  brasserie  qui  sacrifie  à  la 
mode,  ou  aux  nécessités  du  jour,  en  se  refaisant  une 
façade  et  un  aménagement  intérieur  modem  style, 
commandera  du  moins  au  peintre  Max  Luber,  bien 
connu  pour  ses  reconstitutions  d'aspects  et  de  scènes 
d'autrefois,  entre  autres  par  ses  peintures  de  l'École 
centrale  des  Arts  et  Métiers  et  du  nouvel  Hôtel  de 
ville,  deux  grandes  toiles  pour  la  décoration  de  son 
restaurant.  L'une,  le  portrait  de  Lorenz  von  Wes- 
tenrieder,  rappelle  que  l'historien  de  Munich  habita 
40  ans  celte  ancienne  maison  Sabbadini  et  y  mourut 
le  \'j  mars  1829;  la  seconde  représente  le  pâté  de 
maisons  qu'ont  remplacé  les  nouvelles  constructions 
(Kaiifingerstrasse),  tel  qu'il  existait  vers  1804. 

—  Pour  le  10*  anniversaire  de  la  mort  de  Bismarck 
(30  juillet),  le  Prince-Régent  a  ordonné  de  faire  placer 
le  buste  du  premier  chancelier  de  l'Empire  dans  le 
temple  de  la  Walhalla.  —  M.  M. 

Nécrologie.  —  On  annonce  de  Venise  la  mort  du 
peintre  espagnol  Martin  Rico,  âgé  de  soixante-di.i 
ans,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur.  Précisément, 
dans  le  numéro  de  la  Revue  du  10  mars  dernier, 
le  célèbre  graveur  hollandais  Ph.  Zilcken  publiait 
une  étude  sur  Quelques  dessins  à  la  plume  de  Mar- 
tin Rico.  Rico  habitait  depuis  longtemps  à  Venise,  le 
palais  occupé  autrefois  par  son  maître  Mariano  For- 
tuny;  après  avoir  étudié  à  Madrid,  sa  ville  natale, 
il  était  venu  à  Paris  où  il  exposait  aux  Salons  et 
aux  Expositions  universelles,  puis  s'étant  fixé  en 
Italie,  il  continua  brillamment  sa  carrière,  tout  en 
exposant  fort  peu.  Ses  vues  de  Venise  et  d'Espagne 
sont  très  recherchées. 


CHRONIQUE    DES   VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Vents 
Zelikine  (objets  d'art,  etc.).  —  Rappelons  qu(; 
cette  vente  aura  lieu,  salles  9  et  10,  les  7,  8  et 
9  mai,  par  le  ministère  de  M"  Lair-Dubreuil  et 


Baudoin  et  de  M.  Bloche  Comme  nous  l'avons 
déjà  indiqué,  elle  ofîrira  cette  particularité  de 
faire  passer  à  nouveau  sous  le  marteau  des  pièces 
provenant  de  ventes  récentes  :  Lelong,  Queyroi, 
(lermeau,  d'Yanville,  etc.,  et  il  sera  particulière- 
ment intéressant  de  voir  comment,  à  si  peu  d'in- 
tervalle, se  comporteront  ces  mêmes  objets  sous 


140 


LE    BULLETIN    DE   L'ART 


le  feu  des  enchères.  Il  est  difficile  de  formuler 
une  prévision  à  ce  sujet,  car  si,  d'un  côté,  les 
pièces  de  belle  qualité  —  comme  le  sont  celles-ci  — 
continuent  à  bien  se  comporter  à  l'Hôtel  Drouot 
en  dépit  du  calme  des  affaires,  on  sait  par  expé- 
rience que  les  mûmes  numéros,  passant  dans  deux 
ventes  publiques  à  peu  de  temps  d'intervalle, 
ne  retrouvent  pas  toujours,  la  seconde  fois,  les 
prix  d'adjudication  atteints  la  première. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  vente  Zelikine  ne  man- 
quera pas  à  tous  égards  de  piquer  vivement  la 
curiosité  des  amateurs  et  du  public  ordinaire  de 
l'Hôtel  Drouot; 

Il  serait  trop  long  de  passer  une  revue  détaillée 
des  objets  de  quelque  intérêt  dans  chacune  des 
séries  et  nous  renverrons,  pour  plus  de  détails 
que  nous  n'en  pouvons  donner,  au  catalogue 
illustré  de  la  vente. 

La  catégorie  des  émaux  champlevés  se  compose 
uniquement  de  numéros  provenant  des  ventes 
récentes  d'Yanville  et  Queyroi,  dont  nous  avons 
parlé  suffisamment  en  leur  temps  ici-même 
(voir  les  n»»  332,  333  et  334  du  Bulletin)  ;  de 
même,  les  émaux  peints  ont  tous  passé  par  la 
vente  Queyroi. 

Parmi  les  sculptures,  un  buste  de  grande  dame, 
dit  le  catalogue,  ou  simple  figure  décorative  en 
marbre  blanc  et  de  travail  du  xviii=  siècle,  est 
plus  inédit;  de  même,  parmi  les  terres  cuites, 
cette  statue  de  Vestale,  attribuée  à  Marin  et  ce 
groupe  de  Satyre  et  bacchante,  donné  également  au 
même  artiste  ;  de  même  cet  autre  groupe  en 
terre  cuite,  représentant  le  Génie  de  la  sculpture. 
Inédits  également  :  une  importante  pendule  du 
ïviii"  siècle,  figurant  deux  enfants,  travail  de 
marbre  blanc  et  de  bronze  ciselé  et  doré;  cette 
autre  pendule  en  bronze  ciselé  et  doré,  repré- 
sentant une  Bacchante  et  l'Amour,  et  attribuée 
pour  le  groupe  à  Clodion  et  pour  l'exécution  à 
Gouthière;  deux  groupes  en  bronze,  patine  claire, 
représentant  Venus  donnant  le  sein  à  l'Amour,  et 
Saturne  corrigeant  l'Amour,  attribués  à  Pajou  ; 
un  autre  groupe  en  bronze,  patine  claire,  de 
l'ép.  Louis  XIV  celui-là  figurant  le  Triomphe  du 
Bien  sur  fesprit  du  mal;  une  paire  de  candé- 
labres, d'ép.  Louis  XVI,  attribués  à  Gouthière; 
une  pendule  en  bronze  ciselé  et  doré,  forme 
lyre,  d'ép.  Louis  XVI.  Parmi  les  bronzes  d'ameu- 
blement, certains  proviennent  de  la  collection 
Kotschoubey. 

Si  nous  passons  à  la  série  des  céramiques,  nous 
trouvons  tout  d'abord,  parmi  les  porcelaines  de 
Mennecy,  la  pièce  qui  sera  le  clou  de  la  vente, 


le  buste  du  roi  Louis  XV,  en  blanc;  de  la  plus 
grande  rareté,  cet  objet,  qui  n'avait  réalisé  que 
700  fr.  à  la  vente  Turgot  en  1887,  monta  l'an 
dernier  à  42.800  fr.  à  la  vente  d'Yanville. 

Porcelaines  de  Sèvres,  de  Chantilly, d'Allemagne, 
biscuits,  porcelaines  de  Chine  et  de  la  Compa- 
gnie des  Indes  ;  faïences  françaises,  dont  la  paire 
de  vases  en  ancien  Nevers,  fond  bleu,  décor 
chinois  sopra  bianco,  montés  en  bronze  ciselé  et 
doré,  qui  proviennent  de  la  vente  d'Yanville 
(pr.  d'adj  ,18.300  fr.)  ;  objets  de  vitrine,  etc.,  cha- 
cune de  ces  catégorie  présente  des  numéros  de 
choix. 

De  môme  les  meubles  où  nous  remarquons  en 
particulier  :  une  commode  bombée,  d'époque 
Louis  XV,  décor  marqueterie  de  bois  à  fleurs  et 
de  bronzes  ciselés  et  dorés  (collection  Kots- 
choubey). Un  secrétaire  en  marqueterie  de  bois 
de  rose  et  de  violette,  d'époque  Louis  XVI  ;  un 
bureau  à  cylindre,  d'époque  Louis  XVI,  en  bois 
d'acajou  garni  de  bronzes  ciselés  et  dorés. 

Enfin,  parmi  les  tableaux  qui  complètent  cette 
réunion  d'œuvres  d'art  de  toute  espèce,  nous 
noterons  :  le  Repos  des  bergers,  par  Casanova  ;  le 
Marchand  de  raisins,  par  Charpentier  (vente 
Lelong)  ;  Grande  scène  de  Coriolan  (?),  par 
J.-L.  David  ;  la  Descente  de  croix,  ouvrage  ano- 
nyme d'une  école  primitive  ;  la  Légende  de  sainte 
Ursule,  peinture  byzantine  (vente  Queyroi, 
9.000  fr.);  le  Couronnement  de  Venus  et  la  Cau- 
serie champêtre,  deux  toiles  de  l'école  française 
du  xviM'  siècle. 

Collection  de  M.  O.  Homberg  (objets  d'art 
et  de  haute  curiosité).  —  Un  fort  volume, 
particulièrement  bien  édité  et  abondamment 
illustré,  présente  sous  le  jour  le  plus  favorable 
la  vente  Ilomberg.  Le  nom  de  l'amateur  défunt, 
bien  connu  dans  le  monde  de  la  curiosité,  l'im- 
portance de  la  collection,  font  de  la  série  de 
vacations  qui  vont  se  succéder  du  1 1  au  16  mai,  à 
la  galerie  Georges  Petit,  sous  la  direction  de 
M»  Lair-Dubreuil  et  de  M.M.  Mannhein  et  A.  Sam- 
bon,  un  événement  tout  à  fait  important  en 
son  genre.  Nul  doute  que  cette  vente  n'attire,  en 
dépit  du  calme  présent  des  affaires,  un  contingent 
considérable  d'amateurs,  ne  provoque  les  plus 
vives  et  les  plus  légitimes  compétitions  et  ne 
donne  lieu  en  fin  de  compte  à  une  suite  de  belles 
enchères  et  à  un  résultat  final  des  plus  élevés. 

Toutes  les  catégories  d'objets  de  haute  curio- 
sité sont  représentées  ici  par  des  séries  nom- 
breuses comprenant  maintes  pièces  de  choix. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


141 


Parmi  les  antiquités  proprement  dites,  signa- 
lons en  premier  lieu  l'importante  réunion  de 
verreries  :  verres  phéniciens,  d'Alexandrie  et  de 
Rome,  syriens,  gaulois,  arabes.  Parmi  les  anti- 
quités égytiennes,  on  notera  spécialement  un 
buste  d'homme,  fin  bas-relief  en  calcaire  blanc, 
travail  de  l'époque  saïte.  Des  terres  cuites 
grecques,  des  bronzes  romains  et  arabes  com- 
plètent cette  première  section. 

Les  céramiques  orientales,  si  prisées  à  l'heure 
actuelle,  forment  à  elles  seules  une  réunion  des 
plus  remarquables  :  faïences  persanes,  de  Damas, 
de  Solimauié,  de  Boukhara,  de  Rhodes,  de 
Kulaïa,  autant  de  catégories,  parmi  lesquelles  il 
faudrait  citer  maints  numéros  hors  de  pair, 
plaques  de  revêtement,  carreaux,  plats,  et  pièces 
de  l'orme. 

Les  cuivres,  bronzes  et  fers  orientaux  mérite- 
raient également  une  longue  description.  Con- 
tentons-nous de  signaler  sommairement  certains 
de  ces  objets  déjà  publiés  pour  la  plupart:  une 
grande  aiguière,  travail  de  Mossoul,  xiii"^  siècle; 
un  grand  chandelier,  même  fabrication,  même 
époque;  une  grande  aiguière,  Mossoul,  xiv  siècle; 
un  grand  plateau  à  inscription,  travail  arabe, 
siv"  siècle  ;  deux  autres  grands  plateaux,  l'un  à 
inscriptions,  d'ancien  travail  arabe,  l'autre  à 
personnages,  d'ancien  travail  oriental. 

Des  manuscrits  à  miniatures,  les  uns  de  travail 
oriental,  les  autres  de  travail  français  ;  des  re- 
liures, sont  également  dignes  de  remarque. 

A  côté  d'une  réunion  de  verreries  vénitiennes, 
des  XV'  et  xvi<:  siècles,  et  d'ancien  travail  persan, 
la  collection  Homberg  contient  une  série  de 
vitraux  qui  va  de  l'époque  romaine,  autrement 
dit  des  origines  de  la  peinture  sur  verre,  aux 
travaux  allemands  du  xvi»  siècle.  Notons  en  par- 
ticulier une  suite  de  trois  vitraux  polychromes, 
d'art  français  du  xive  siècle,  représentant  la 
Crèche,  l'Adoration  des  Mage^  et  la  Visitation,  et 
deux  autres  vitraux  également  polychromes,  de 
même  art  et  de  même  époque,  présentant  chacun 
un  groupe  de  saints  personnages. 

Nous  arrivons  ainsi  aux  sections  qui  font  de 
cette  collection  une  sorte  de  petit  musée  de 
Cluny,  et  dont  nous  ne  pouvons  parler  ici  avec 
tout  le  détail  qui  conviendrait. 

Les  ivoires  d'abord,  où  nous  trouvons  notam- 
ment :  une  plaque  représentant  le  Christ  cru- 
cifié, avec  la  Vierge  et  saint  Jean,  travail  byzantin 
du  xiii"  siècle  ;  une  plaque  d'art  français  du 
xiv«  siècle,  représentant  le  Massacre  des  Inno- 
cents ;  une  autre  plaque,  même  travail  et  môme 


époque,  à  sujets  tirés  du  roman  du  xni"  siècle,  la 
Châtelaine  de  Vergy  ;  un  christ  provenant  de  la 
reliure  d'une  bible,  encore  un  ivoire  français  du 
xive  siècle.  Quant  aux  volets  de  diptyques  ou  de 
polyptyques, productions  de  ce  même  art  français 
du  xiv=  siècle,  ils  sont  légion  ici  et  accompagnés, 
par  surcroît,  de  statuettes  de  môme  travail  et  de 
même  époque.  Nousne  pouvons  abandonnercette 
catégorie  si  riche  de  la  collection,  sans  signaler 
encore  lout  au  moins  :  une  crosse  du  xiii"  siècle, 
qui  provient  de  la  vente  Boy  ;  un  petit  groupe,  la 
Vierge  tenant  sur  ses  genoux  l'Enfant  Jésus,  d'art 
français  du  xii°  siècle  ;  une  statuette  appliquée 
d'art  espagnol  du  xivs  siècle,  représentant  un 
ange  debout  ;  une  pyxide  à  décor  de  scènes  reli- 
gieuses, présumée  d'ancien  travail  espagnol. 

La  section  des  émaux  champlevés  et  de  l'orfè- 
vrerie religieuse  du  moyen  âge  ne  le  cède  à  la 
précédente,  ni  en  qualité  ni  en  quantité.  Du  tra- 
vail des  bords  du  Rhin  et  d'Italie  du  xvn'  sfècle, 
et  surtout  de  l'art  de  Limoges  du  xiii"  siècle,  les 
spécimenssontnombreux  et  des  meilleurs.  Tirons 
de  pair:  deux  pyxides;  une  plaque  de  chasse 
représentant  deux  saints  assis,  tenant  la  palme 
du  martyre  ;  un  gemellion;  une  châsse  en  forme 
de  maison,  décorée  de  figures  de  saints  en  relief; 
une  boîte  aux  saintes  huiles,  en  forme  d*  maison  ; 
une  croix  portantle  corps  du  Christ;  une  chasse, 
en  forme  de  maison,  présentant  sur  la  façade 
V Adoration  des  Mages;  une  plaque  d'évangéliaire 
représentant  le  Chiistde  majesté  bénissant  ;  une 
autre  représentant  le  Christ  crucifié  ;  une  crosse, 
présentant  dans  la  volute  l'Annonciation.  Con- 
tentons-nous d'indiquer,  entre  autres  spécimens 
d'orfèvrerie  religieuse,  un  mors  de  chape  en 
cuivre  doré  et  verroterie,  du  xv  siècle,  présen- 
tant en  haut  relief  l'Annonciation. 

Quelques  émaux  peints  de  Nardon  Pénicaud, 
de  Jean  Courteys,  de  l'atelier  de  Couly  II  Noyiier, 
suffisent  à  représenter  l'art  de  Limoges  en  ce 
genre,  du  xv*  siècle  au  xyii!  siècle. 

Passons  aux  bois  sculptés,  où  nous  remarquons 
en  particulier  :  un  fragment  de  retable  d'art 
flamand,  seconde  moitié  du  xv=  siècle,  représen- 
tant la  scène  de  Jésus  chez  le  Pharisien  ;  une  sta- 
tuette de  sainte  femme  debout,  fin  du  xv«  siècle; 
une  statuette  de  saint  Crépin,  époque  Louis  XII  ; 
et  quantié  de  productions  similaires. 

Quelques  beaux  meubles  complètent  cette 
catégorie  :  un  coffre  en  noyer  à  décor  de  médail- 
lons et  d'arabesques,  de  travail  français  du 
xvi=  siècle;  un  meuble  à  deux  corps,  à  décor 
ornemental,  de  la  (in  du  xvi"  siècle. 


142 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


Il  nous  faut  abréger  et  nous  ne  pouvons  qu'in- 
diquer l'importance  de  la  réunion  de  sculptures, 
marbres  et  pierres  :  chapiteaux,  colonnettes, 
statuettes,  fragments  de  toutes  époques,  du 
X"  siècle  au  xvi°,  qui  constituent  une  série  non 
moins  riche  et  non  moins  intéiessante.  Quelques 
sculptures  italiennes  :  deux  anges  en  terre  cuite 
par  Andréa  délia  Robbia,  un  stuc  Uorentin  du 
début  du  XVI"  siècle,  se  rencontrent  parmi  ces 
travaux,  français  pour  la  plupart.  Mais  il  nous 
faut  mentionner  spécialement  un  buste  en 
marbre  de  Faunesse,  xviii»  siècle,  et  un  groupe. 
Bacchante  nue  et  enfanta,  par  Clodion. 

Enfin,  des  étoffes  et  des  tapis  d'ancien  travail 
oriental  sont  le  complément  de  celte  collection, 
dont  la  vente  sera  suivie  avec  le  plus  vif  intérêt 
par  les  amateurs  d'art  du  moyen  âge. 


Collection  de  M.  P.  M.  —  M»  H.  Baudoin  et 

M.  J.  Ferai  dirigeront  le  8  mai,  salles  7  et  8,  la 
vente  d'une  réunion  de  tableaux  anciens  de 
toutes  ces  écoles,  comprenant  en  particulier  des 
ouvrages  primitifs  et  des  peintures  flamandes, 
hollandaises  et  françaises  des  xvii»  et  xvni'  siècles, 
composant  la  collection  de  M.  P.  M.  (Paul 
Merscli). 

A  l'étranger.  —  A  Londres.  —  MM.  Christie, 
Manson  et  Woods  annoncent  deux  ventes  impor- 
tantes :  celle  de  la  collection  d'objets  d'art,  ar- 
genterie, porcelaine,  mobilier  anglais  et  français 
anciens,  etc.,  de  la  marquise  Conyngham  ;  et 
celle  des  tableaux  anciens  et  modernes,  prove- 
nant de  la  même  succession,  auxquels  seront 
joints  des  peintures  appartenant  à  d'autres  pro- 
priétaires. 

La  première  de  ces  deux  ventes  aura  lieu  le 
4  mai,  la  seconde  le  8.  Dans  le  catalogue  de 
celle-ci  nous  relevons  les  noms  de  J.  Hoppner 
{Portrait  dhin  jeune  homme),  Murillo  [Portrait 
d'iingcntiUiomme),  Raeburn  {Portraits  d'Alexander 
Altan  et  de  Mrs.  Allan  et  son  enfant),  Roramey 
(Portrait  de  Mrs.  Maria  Hughes),  etc. 

A  Leipzig.  —  M.  Boerner  dirigera  dans  cette 
ville  les  ventes  suivantes  :  les  S  et  6  mai,  Collec- 
tion Eduard  Cichonus  iarl  allemand  du  xix"  siècle)  ; 
—  le  7  mai,  collection  d'estampes  anciennes,  en 
particulier  de  gravures  d'A.  Diirer;  —  les  8  et 
9  mai,  ventes  d'autographes,  où  se  rencontre  un 
portrait  de  l'aganini,  crayon,  par  Ingres.  (Cata- 
logues illustrés), 

M.  N. 


ESTAMPES 


Ventes    annoncées.    —   A    Paris.   —   Les 

amateurs  d'oeuvres  de  Félicien  Rops  devront 
retenir  la  date  du  4  mai,  jour  où  M»  A.  Des- 
vouges  et  M.  L.  Delleil  procéderont,  salle  7,  à 
une  vente  entièrement  composée  d'oeuvres  de 
cet  artiste.  Au  catalogue,  98  numéros,  parmi  les- 
quels des  pièces  célèbres  comme  Celle  qui  fait 
celle  qui  lit  Musset,  Luxure,  Ma  grand'tantc.  Im- 
prudence, Ma  fille!  monsieur  Cabancl,  etc.,  et  toute 
une  série  de  frontispices. 

—  Le  9  mai,  aura  lieu,  salle  7,  la  dispersion 
des  estampes  anciennes  formant  la  collection  de 
feu  M.  Ouachée  (M'» Ed.  Fournieret  A.Desvouges, 
M.  L.  Delteil).  Le  xviu»  siècle  tient  la  plus  large 
place  dans  cette  collection,  qui  compte  environ 
loO  numéros.  Chardin  {les  Amusements  de  la  vie 
privée,  par  Surugue),  Eisen,  Fragonard,  (Jreuze 
{la  Philosophie  endormie),  Lancret  (31  numéros, 
dont  certaines  pièces  très  connues  :  la  Camargo, 
le  Glorieux,  etc.),  Moreau  le  jeune  (Monument  du 
costume);  Aug.  de  Saint-Aubin,  Walteau,  etc., 
sont  parmi  les  mieux  représentés.  Ajoutons-y 
quelques  œuvres  d'Abraham  Bosse  et  quarante- 
sept  pièces  de  Charles  Jacque. 

R.  r.. 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


L'Exposition  Rembrandt  |à  la  Bibliothèque 
nationale,  entrée  par  la  rue  Vivienne).  —  La 
France  avait  laissé  passer  le  centenaire  de 
Rembrandt,  sans  s'associer  aux  solennités  artis- 
tiques organisées  à  l'étranger,  autrement  que 
par  la  présence  de  délégués  nationaux  aux  fêtes 
d'Amsterdam.  Nous  avons  bien  rais  deux  ans  à 
prendre  notre  revanche,  mais  je  crois  qu'elle  est 
complète,  délinitive,  indiscutable,  et  que  cette 
incomparable  collection  d'estampes  et  de  dessins, 
réunis  pour  quelques  semaines  dans  les  nouveaux 
bAtiments  de  la  rue  Vivienne,  est  bien  l'un  des 
hommages  les  plus  sincères  et  les  plus  originaux 
en  même  temps,  qu'on  ail  rendus  au  grand  artiste 
hollandais.  C'est  à  l'initiative  de  M.  Henry  Marcel, 
administrateur  de  la  Bibliothèque  nalionale,  qu'on 
en  est  redevable  ;  mais  il  nous  en  voudrait  de  ne 
pas  nommer  aussi  les  organisateurs  immédiats 
de  cette  belle  manisfestation,  les  rédacteurs  si 
savants  et  si  minutieusement  documentés  du  ca- 
talogue, c'est  à  savoir  M.  Courboin,  conservateur 


ANCIEN    ET    MODERNE 


143 


(lu  Cabinet  des  estampes,  et  ses  collaborateurs 
MM.  Cuibert,  Lemoisne  et  Laran. 

Cette  exposition  ne  comprend  que  des  es- 
lampes  et  des  dessins. 

Pour  les  estampes,  toutes  les  pièces  exposées 
appartiennent  aux  collections  Je  la  Bibliothèque 
nationale,  sauf  sept  épreuves  magnifiques  prêtées 
par  M.  le  baron  Edmond  de  Rothschild;  au  total, 
27b  numéros,  c'est-à-dire  l'œuvre  gravé  de 
Rembrandt  à  peu  près  complet,  représenté  par 
tout  ce  qu'il  compte  de  plus  rare  comme  états 
et  de  plus  parfait  comme  qualité  d'épreuves. 

Quelques  cuivres  originaux,  provenant  de  la 
collection  Alvin-Beaumont,  ont  été  joints  aux 
gravures. 

La  seconde  partie  de  l'exposition  est  formée 
par  les  dessins  :  on  en  compte  près  de  trois  cents  ; 
et  une  fois  de  plus,  il  faut  savoir  gré  aux  collec- 
tionneurs, tant  français  qu'étrangers,  d'avoir  si 
généreusement  contribué  par  leurs  prêts  à  cette 
réunion  qu'il  était  impossible  de  réaliser  sans 
l'ux  d'une  façon  aussi  riche  et  aussi  instructive. 
.MM.  Léon  Bonnat,  Fairfax  Murray,  Fauchier- 
Delavigne,  François  Flameng,  Walter  Gay,  Cli. 
Ilaviland,  Heseltine,  Hofstede  de  Groot,  Klein- 
berger,  J.  Masson,P.  Mathey,  Et.  Moreau-Nélaton, 
Nardus,  H.  Péreire,  J.  Reinach,  le  baron  Edmond 
de  Rothschild,  Thureau-Dangin,  le  Dr  Tuflier, 
Wauters,  d'autres  encore,  sont  au  nombre  de 
ceux  qui  ont,  on  peut  le  dire,  assuré  le  succès  de 
l'exposition  Rembrandt. 

Pour  achever  de  lui  donner  son  rang  parmi 
les  rares  manifestations  qui  font  date  et  aux- 
quelles les  historiens  d'art  se  réfèrent  volontiers, 
les  organisateurs  l'ont  dotée  d'un  catalogue 
explicatif  dont  la  méthode  et  la  documentation 
ne  passeront  pas  inaperçues  des  amateurs.  M.  G. 
Courboin  l'a  fait  précéder  d'une  introduction  rap- 
[lelant  les  principales  dates  de  la  vie  de  Rembrandt 
il  l'histoire  Je  l'œuvre  gravé  du  maître  que  pos- 
^''Je  le  Cabinet  des  estampes,  formé  par  l'acqui- 
sition successive  des  cabinets  de  l'abbé  de  Marolles 
(1667),  de  Béringhen  (1731)  et  du  peintre  Peters 
(1784).  M.  J.  (iuibert  fait  suivre  cette  introduction 
d'une  abondante  bibliograpliie  de  Rembrandt, 
classée  par  ordre  chronologique  et  comprenant 
sept  séries  :  généralités  sur  RembranJt;  études 
sur  ses  peintures,  ses  eaux-fortes,  ses  cuivres  ; 
expositions  et  fêtes;  catalogues  de  vente  de  des- 
sins et  J'eaux-fortes.  Après  quoi  vient  le  catalogue 
proprement  dil,  portant  la  mention  du  titre  des 
pièces;  des  renvois  aux  catalogues  classiques  de 
l'œuvre  de  Rembrandt  et  des  extraits,  apprécia- 


tions ou  discussions  tirées  de  ces  catalogues  ;  des 
particularités  des  états,  des  rapprochements  avec 
les  peintures,  etc.;  en  un  mot,  un  ouvrage  à  lire, 
bien  plus  qu'à  feuilleter,  et  qui  prendra  place 
auprès  du  catalogue  des  miniatures  d'il  y  a  deux 
ans  et  de  celui  des  portraits  dessinés  de  l'année 
dernière. 

Quant  à  la  portée  de  l'exposition  prise  en  elle- 
même  et  à  son  intérêt,  à  la  façon  dont  elle  éclaire 
d'un  jour  si  particulier  et  si  vivant  la  personna- 
lité de  Rembrandt;  à  la  possibilité  qu'elle  fournit 
d'embrasser  toute  son  œuvre,  d'étudier  son  ins- 
piration si  variée,  de  surprendre  ses  procédés  si 
personnels;  à  l'admiration  qu'elle  suscite  pour 
son  génie,  c'est  la  Revue  qui  se  chargera  d'en 
instruire  ses  lecteurs,  dès  le  numéro  du  10  mai. 
On  n'avait  ici  qu'à  annoncer  cette  exposition 
(qui  ouvre  le  4  mai),  et  l'on  ne  s'est  pas  tenu  d'ex- 
pliquer les  raisons  qui  font  présager  à  son  succès. 

E.  D. 

Peintres  rustiques  et  provinciaux  (exposi- 
lions  diverses).  —  Le  hasard  des  petites  exposi- 
tions privées,  qui  ne  se  méfient  pas  assez  de  la 
grande  concurrence  des  Salons  annuels,  rap- 
proche plusieurs  peintres  apportant  leur  contri- 
bution discrète  au  chapitre  contemporain  de 
l'histoire  du  paysage.  Ce  sont  les  «  Amants  Je  la 
Nature  »,  comme  on  dit  au  Cercle  de  la  Librairie, 
où  dominent  toujours  les  aquarelles  d'archi- 
tectes. Et,  çà  et  là  plus  imposante,  la  série  est  à 
la  fois  rétrospective  et  moderne  :  c'est  le  peintre 
graveur  J.-B.  Jongkind  (1819-1891),  à  la  galerie 
Rosenberg  ;  précurseur  aimé  des  Concourt, 
aquarelliste  primesautier,  Jatant  chacune  Je  ses 
feuilles  humides  comme  pour  écrire  ses  mé- 
moires d'artiste,  notant,  dans  toutes  nos  pro- 
vinces, ses  romantiques  impressions.  Son  aîné, 
Constantin  Guys  (1808-18881,  que  Baudelaire 
appelait  hyperboliiiuement  «  le  peintre  de  la  vie 
moderne  »,  ne  connaît  d'autres  paysages  que  les 
allées  du  Bois.  Chez  Bernheim  jeune,  au  con- 
traire, Camille  Pissarro  (1830-1903),  est  le  plus 
rustique  Jes  impressionnistes,  passant  Je  Corot 
à  Turner,  cherchant  la  coloration  des  ombres 
dans  la  neige  villageoise,  sous  la  brume  citadine, 
au  soleil  couchant. 

A  la  suite  des  novateurs  rapidement  passés 
maîtres,  un  Dauphinois,  M.  Jules  Flandrin,  chez 
Druet,  retrouve  Jongkind  au  pays  déjà  méri- 
dional de  Berlioz  ;  chez  Georges  Petit,  le  septen- 
trional M.  Henri  Duhem  cultive  plus  sagement 
une    nature    cazinesquc,    silencieuse,    ouatée  ; 


14 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


qu'elle  ensoleille  les  glycines  de  la  porte  ou 
fasse  trembler  le  lumignon  du  canal,  sa  ten- 
dresse grave  et  concentrée  fait  deviner  un  des 
profonds  aspects  du  Nord  :  la  mélancolie. 

Autre  sensibilité,  M.  Fernand  Maillaud,  à  la 
galerie  Graves,  prolonge  la  tradition  rustique  au 
pays  de  George  Sand  ;  ce  poète  aime  la  douce 
lumière  berrichonne  autant  que  l'animation  des 
marchés  ;  et  quand  il  s'aventure  en  Espagne,  il 
impose  aux  papillolemenls  de  la  couleur  la  dis- 
crétion du  goût  français. 

Louis  Dejean  (chez  Hébrard)  et  Marc-Henry- 
Meunier  (chez  Devambez).  —  Un  modeleur,  un 
ai]uafortiste,  et,  dans  son  imprévu,  l'antithèse 
lu  plus  expressive  entre  les  statuettes  parisiennes 
d'un  aimable  dilettante  et  les  sombres  estampes 
septentrionales  d'un  chercheur  inquiet.  La  pim- 
pante insouciance  de  M.  Dejean  chiffonne  co- 
quettement la  jupe  et  la  mine,  comme  le  papillon 
flirte  avec  la  fleur  ;  ses  héroïnes  minuscules  re- 
vendiquent pour  aïeules  les  grâces  peu  grecques 
du  vieux  Saxe.  Ici,  les  Passions  même  ont  l'air  de 
sourire. 

Fils  de  graveur  et  neveu  de  Constantin  Meu- 
nier, le  paysagiste  de  la  Rafale  ou  d'un  Ciel 
chargé  met  dans  ses  planches  tragiques  l'accent 
robuste  de  son  rêve  avec  un  écho  mystérieux  de 
la  forêt  des  Ardennes  :  le  nuage  stylisé  se  gonfle 
sous  un  rehaut  de  la  plume  ou  du  pinceau  ;  les 
arbres  noirs  ont  d'étranges  profils  ..  Retenons 
les  synthèses  de  ce  nouveau  venu. 

Raymond  Bouyek. 


LES      REVUES 


Allemagne 


Zeitschrïft  fur  histoiische  'Waffenkunde  (IV, 
n°  9,  janvier  1908).  —  l.a  collection  d'armes  du 
l'rince  de  Heiiss,  au  château  d'Osterstcin,  près  de 
Géra,  est  étudiée  par  M.  voa  Ehhenth.^i.,  qui  relève 
340  pièces,  dont  quelques-unes  datent  du  xv  siècle, 
mais  la  plupart  des  xvi"  cl  xvn*.  Neuf  objets  sont 
reproduits;  ils  n'ont  rien  do  particulièrement  remar- 
quable. La  plupart  de  nos  collectionneurs  parisiens 
ne  seraient  pas  embarrassés  pour  produire  des  pièces 
d'ordre  supérieur.  Le  fameux  couteau  pliant,  donné 
comme  «  pièce  unique  datant  du  xvp  siècle  ».  est 
plutôt  un  objet  de  curiosité  que  d'art.  Le  nianithe  en 
corne,  sur  lequel  la  partie  fixe  de  la  lame  est  montée 
à  pied  de  soie,  reproduit  l'image  d'un  chien  passant. 
A  en  juger  d'après  la  figure,  ce  couteau  me  parait 


mériter  un  examen  approfondi  avant  toute  détermi- 
nation précise.  La  dague  du  xvi'  (n*  83)  est  peut-être 
une  dague  de  courtisane  suisse;  llefner  Alteneck  a 
figuré  des  filles  portant  de  pareilles  armes.  Ces  beaux 
poignards  à  fourreaux  de  bronze  doré  et  ajouré 
brillent  plus  par  leur  facture  que  par  leur  rareté.  Us 
gardent  toujours  une  grosse  valeur.  Quant  à  la  des- 
cription que  donne  M.  von  Ehrenthal  du  poignard  en 
question,  elle  me  parait  sujette  à  caution  :  >•  Sur  le 
fourreau,  en  relief,  un  lansquenet  suisse  qui  tombe, 
blessé  à  mort.  Sa  femme  se  transperce  d'une  épée. 
Dans  le  fond,  l'image  du  Lion  de  Lucerne  ».  Je  crois 
qu'il  s'agit  là,  tout  bonnement,  de  l'épisode  mytholo- 
gique, cher  aux  artistes  de  l'époque,  de  Pyrauie  et  de 
Thisbé.  Lucas  de  Leyde  a  représenté  l'histoire  en 
donnant  au  deux  amants  les  habits  de  son  temps 
(1512).  La  bète  féroce,  dans  le  fond  de  cette  célèbre 
composition,  indique  que  le  seigneur  Pyrame  a  été 
blessé  à  la  chasse.  Thisbé,  en  costume  flamand,  se 
transperce  avec  le  long  estoc  de  Pyrame,  etc. 

—  A  propos  du  tournoi  donné  à  Bruges  en  1907, 
ainsi  que  de  l'Exposition  de  la  Toison  d'Or,  M.  St.  K. 
von  SfKADO.Nrrz  donne  des  renseignements  sur  les 
plus  remarquables  armures  prêtées  par  lArmeria  de 
Madrid,  les  musées  de  Vienne  et  de  Saint  Pétersbourg. 
C'est  une  analyse  des  catalogues  belges  rédigés  par 
MM.  W.  Papeians  de  Morchoven  et  G.  Macoir,  avec 
une  planche  reproduisant  quatre  harnois  ayant  appar- 
tenu à  Philipe  le  Beau,  à  Charles-Quint,  à  Philippe  II 
et  dont  l'histoire  se  rapporte  de  près  ou  de  loin  à 
l'ordre  de  la  Toison  d'Or.  M.  von  Stradonitz  nous 
donne  une  figure  plus  curieuse  et  moins  vulgarisée  : 
celle  d'un  harnois  d'enfant,  conservé  au  musée  de 
Vienne  et  qui  fut  fabriqué  pour  Charles-Quint,  quand 
il  n'avait  encore  ipie  huit  ans  environ.  Cette  armure 
complète,  gravée  et  dorée,  de  la  catégorie  dite  maxi- 
milienne  ou  cannelée,  est  remarquable  par  la  dispo- 
sition de  ses  épaulièrcs  façonnées  en  mancherons 
recouvrant  à  demi  les  arrière-bras,  et  par  sa  faudière 
épanouie  en  jupe  (comme  dans  les  harnois  de  champ- 
clos  dits  à  tonne),  et  échancrée  largement  devant  et 
derrière  pour  pouvoir  monter  à  cheval,  etc.  En  outre, 
il  faut  signaler  parmi  les  pièces  de  valeur  prêtées  par 
le  musée  de  Vienne  :  deux  chaperons  de  faucon  en 
cuir  doré  et  découpé,  brodés  aux  armes  de  Habsbourg; 
deux  couteaux  ayant  appartenu  à  Philippe  le  Beau, 
avec  ses  armoiries  et  la  devise  :  Aiiltre  n'auraz:  une 
armure  gravée  que  portait  Ferdinand  de  Styrie  à  la 
bataille  de  Miihlberg,  etc.  La  plupart  de  ces  armes 
portent,  soit  les  insignes  de  la  Toison,  soit  les  brii|uclg 
de  Bourgogne. 

—  Les  autres  articles  du  fascicule  se  rapportent  à 
l'archéologie  pure,  tels  ceux  de  M.  Wilhelm  Ekiien,  sur 
la  manière  méthodique  d'étudier  les  armes  anciennes 
et  de  M.  Th.  Hampe,  qui  continue  ses  intéressantes 
recherches  d'archives.  —  Maurice  Maixoron. 

Le  Gérant  :  H.  Dbnis. 

Paru.  —  Imp.  Georges  PeUt.  12,  rue  Uodot-de-Mauroi. 


Numéro  383. 


Samedi  9  Mai  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


Un  nouveau  don 

des  Annis  du  Louvre 


I 


11  n'est  bruit,  depuis  quelques  jours,  que  du 
nouveau  don  fait  à  notre  grand  musée  national 
par  la  Société  des  Amis  du  Louvre,  un  François 
Clouet  authentique  et  signé.  M.  Georges  Berger, 
qui  partait  lundi  dernier  pour  l'Italie,  a  tenu  à 
présider,  dans  la  matinée,  la  séance  du  Conseil 
d'administration,  au  cours  de  laquelle  ont  été 
ratifiés  et  l'achat  du  tableau  et  son  olîte  au 
musée. 

La  Ilevw  publiera  prochainement  ce  portrait 
d'homme  à  mi-corps,  vêtu  d'un  costume  de 
velours  à  raies  noires  et  amarante,  appuyé  sur 
un  pupitre,  à  côté  d'un  heibier  ouvert,  avec  ces 
mots  au  bas  de  la  toile  :  FR.  Janetii  opus.  Pe. 
Quittio,  amico  singularis  xtatis  sum  XLUI,  1562. 
Mais  il  est  intéressant  de  rappeler  dès  aujourd'hui 
l'historique  de  la  découverte. 

L'honneur  en  revient  tout  entier  à  M.  Moreau- 
Nélalon,  le  généreux  bienfaiteur  à  qui  le  Louvre 
doit  déjà  tant.  Il  traversait  Moscou,  arrivant  de 
Saint-Pétersbourg,  où  il  avait  fait  dos  recherches 
au  musée  de  l'Ermitage,  quand  on  lui  signala  le 
précieux  tableau,  visible  à  Vienne. 

De  Moscou  à  Vienne,  il  n'y  a  pas  loin  pour  un 
amateur  à  qui  on  a  parlé  d'un  Clouet  authentique. 
Et,  quelques  jours  après,  l'achat  était  fait  et  la 
toile  rapportée  au  faubourg  Saint-Hoiioré,  puis 
au  pavillon  de  Marsan,  où  elle  fit  l'admiration  de 
M.M.  Georges  Berger,  Raymond  Kœchlin,  .Metman, 
François  Flameng,  Bonnat,  pour  ne  citer  que  les 
premiers  connaisseurs  appelés  à  la  voir. 

On  sait  combien  d'obscurités  planent  encore 
sur  tout  ce  qui  se  rattache  à  la  dynastie  des 
Clouet.  C'est  assez  dire  quel  prix  représente 
ce  document  indiscutable  du  représentant  le 
plus  réputé  de  cette  famille  d'artistes.  Mais,  à 
quelque  valeur  qu'on  l'estime  et  quelle  que  soit 
l'enchère  considérable  à  la(|uelle  on  peut  suppo- 


ser qu'il  atteindrait  s'il  venait  à  passer  en  vente 
publique,  M.  Moreau-Nélaton  l'a  payé  moins  de 
50.000  francs,  dont  il  s'est  borné,  bien  entendu, 
à  accepter  le  remboursement.  C'est  donc  «  une 
bonne  affaire  »,  dans  toute  l'acception  du  mot.  Et 
bientôt,  dans  un  travail  qui  s'achève,  il  nous 
contera  les  détails  de  sa  découverte,  en  même 
temps  qu'il  rattachera  l'œuvre  nouvelle  à  ce  que 
nous  savons  des  Clouet. 

Une  fois  de  plus,  par  la  rapidité  de  son  coup 
d'œil  aussi  bien  que  par  son  désintéressement, 
M.  Moreau-Nélaton  aura  bien  mérité  de  l'art 
français.  Il  n'est  que  juste  de  lui  associer  dans 
notre  gratitude  la  Société  des  Amis  du  Louvre, 
qui  a  si  rapidement  secondé  son  intelligente 
initiative. 

A.  M. 

P.  S.  —  En  dernière  heure,  on  annonce  que 
le  nouveau  don  de  la  Société  des  Amis  du  Louvre 
sera  exposé  au  musée  dès  lundi  prochain. 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Actes  ofBciels.  —  Le  Journal  officiel  du  30  avril 
a  publié  l'arrêté  du  ministre  de  l'Instruction  publique 
et  des  beaux-arts,  en  date  du  11  avril,  portant  orga- 
nisation des  services  de  l'inspection  et  de  la  conser- 
vation des  antiquités  et  objets  d'art.  Cette  organisation 
est  faite  en  exécution  de  la  loi  de  1887  sur  la  conser- 
vation des  monuments  et  objets  d'art,  et  de  la  loi  et 
des  décrets  relatifs  à  In  séparation  des  Églises  et  de 
l'État 

Les  nouveaux  services  ont  la  charge  de  procéder  aux 
recherches  que  comporte  le  classement  des  antiquités 
et  ceuvres  d'art  et  de  veiller  à  la  conservation,  par 
les  administrations  qui  les  détiennent,  des  objets  sou- 
mis au  classement,  ainsi  qu'à  leur  entretien  et  à  leur 
réparation. 

Le  personnel  de  l'inspection  comprend  :  un  inspec- 
teur général,  trois  inspecteurs  généraux  adjoints  des 
antiquités  et  objets  d'art,  six  inspecteurs  ordinaires, 
tous  choisis  parmi  les  anciens  membres  des  écoles 
françaises  d'Athènes  et  de  Uome,  les  anciens  élèves 


146 


LE   BULLETIN    DE    L'ART 


diplômés  de  l'école  du  Louvre,  les  archivistes-paléo- 
graphes, les  fonctionnaires  appartenant  à  l'adminis- 
tration des  beaux-arts  ou  ayant  été  attachés  à  titre 
temporaire  aux  services  de  l'inspection  des  objets 
mobiliers. 

Académie  des  beaux-arts  (séance  du  2  mai).  — 
L'Académie  des  beaux-arts  a  élu  au  titre  de  corres- 
pondant étranger,  M.  Abbey,  en  remplacement  de 
M.  Roberto  Bompiani,  de  Rome,  décédé.  M.  Abbey 
est  un  peintre  de  talent,  habitant  Philadelphie. 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
(séance  du  1"  mai).  —  L'Académie  fixe  au  la  mai  la 
discussion  des  titres  des  candidats  au  fauteuil  vacant 
dans  la  section  des  académiciens  libres,  par  suite  du 
décès  de  M.  de  Boislisle. 

—  M.  Paul  Monceaux,  professeur  au  Collège  de 
France,  annonce  la  découverte  faite  à  Lamiggiga,  près 
de  Ratna,  dans  l'abside  d'une  petite  église,  de  la  mo- 
saïque tombale  d'un  évêque  appelé  Argentus.  Il  s'agit 
probablement  de  l'évêque  de  Lamiggiga  de  ce  nom 
qui  vivait  au  temps  de  saint  Augustin  et  qui  figure 
dans  le  procès-verbal  de  la  conférence  de  Carthage 
de4H. 

—  M.  Salomon  Reinach  lit  une  note  sur  le  mythe 
grec  de  la  légende  de  Phaëton. 

École  des  beaux-arts.  —  M.  Marcel  Lambert,  ar- 
chitecte du  gouvernement,  professeur  de  stéréotomie 
à  l'École  nationale  des  beaux-arts,  est  nommé  profes- 
seur chef  d'atelier  d'architecture  à  l'École  nationale 
des  beaux-arts,  en  remplacement  de  M.  Moyaux,  dé- 
missionnaire. 

Musée  du  Louvre.  —  Le  musée  du  Louvre  vient 
de  s'enrichir,  grâce  à  M.  Clemenceau,  d'une  admirable 
table  de  J.-Il.  Riesener,  qui  se  trouvait  au  ministère 
de  l'Intérieur  et  qui  est  peut-être  le  chef-d'œuvre  du 
célèbre  ébéniste  du  xvm"  siècle.  Le  président  du 
Conseil,  continuant  ainsi  les  restitutions  à  notre 
musée  national  des  meubles  historiques  et  bibelots 
artistiques  qui  sont  épars  dans  les  ministères,  a  fait 
remettre  également  au  Louvre  une  pendule  de 
l'époque  Louis  XVI,  l'O/frande  de  l'Amour  à  Vénus, 
qui  a  été  aussitôt  placée  dans  la  salle  des  Beauvais. 

De  son  côté,  M.  Briand  a  fait  transporter  de  la 
place  Vendôme  au  Louvre  un  bureau  en  laque  de 
Chine,  dit  «  bureau  de  Choiseul  ",  après  en  avoir  fait 
exécuter  une  réplique  pour  le  salon  de  la  Chancellerie, 
d'où  il  a  été  retiré. 

Musée  de  Troyes.  —  Un  vol  a  été  commis  au 
musée  de  Troyes. 

La  vitrine  eu  sont  exposées  les  décorations  léguées 
à  la  ville  par  le  général  Sanssier  a  été  brisée  ;  une 
croix  en  brillants  d'une  valeur  de  trois  mille  francs, 
et  une  médaille,  ont  disparu. 

Au  ministère  de  la  Marine.  —  Par  suite  des 
travaux  du   Métropolitain,  place  de  la  Concorde  et 


rue  Royale,  on  s'est  aperçu  que  quelques  affaisse- 
ments s'étaient  produits  dans  les  b&timents  du  mi- 
nistère de  la  Marine. 

Une  délégation  du  Conseil  général  des  bâtiments 
civils,  composée  de  MM.  Daumet,  Pascal,  Moyaux, 
.N'énot,  inspecteurs  généraux  des  bâtiments  civils. 
Bœswilwald,  Selmersheim,  Magne,  inspecteurs  géné- 
raux des  monuments  historiques,  a  procédé  immé- 
diatement à  une  visite  minutieuse  du  monument  et 
des  travaux  du  chemin  de  fer.  Elle  a  constaté,  en  pré- 
sence de  l'ingénieur  de  la  Société  concessionnaire, 
que  vingt-cinq  crevasses  s'étaient  produites  depuis  le 
commencement  des  travaux.  La  voûte  du  souterrain 
au  droit  du  ministère  de  la  Marine  étant  complète- 
ment terminée,  la  délégation  a  émis  lavis  que  de 
nouveaux  tassements  ne  paraissent  plus  à  craindre 
pour  le  moment.  Néanmoins,  l'architecte  du  monu- 
ment a  été  invité  à  exercer  une  surveillance  ininter- 
rompue et  à  en  référer  à  l'administration  si  les  mou- 
vements continuaient. 

En  outre,  M.  Formigé,  architecte  du  gouvernement, 
a  été  commis  comme  expert  par  le  Conseil  de  préfec- 
ture de  la  Seine,  pour  dresser  le  devis  des  réparations 
qui  seront  jugées  nécessaires. 

La  Dentelle  de  France.  —  Un  concours  de  den- 
telles exécutées  à  la  main  est  organisé  pour  le  mois 
de  mars  1909,  par  ia  Dentelle  de  France,  dont  nous 
avons  déjà  signalé  les  intéressants  efforts  en  vue 
d'encourager  et  de  développer  en  France  la  fabrication 
des  divers  «  points  »  de  Belgique  et  d'Italie,  et  dont 
le  conseil  de  direction  compte  paruii  ses  membres 
M""  Paul  André,  la  comtesse  René  de  Béarn,  la 
comtesse  Stanislas  de  Castellane,  M""  Flandin, 
M""  Arthur  Fontaine,  la  marquise  de  Ganay,  Georges 
Menier,  Alexandre  Millerand,  la  princesse  de  Poix, 
Pol  Neveux  et  Waldeck-Rousseau. 

Les  ouvrages  mis  au  concours  sont  :  une  écharpe, 
une  nappe  à  thé,  un  mouchoir  et  un  coussin.  Les 
récompenses  consisteront  en  un  prix  d'ensemble  de 
mille  francs  et  d'autres  prix  d'une  valeur  totale  de 
deux  mille  francs,  qui  seront  répartis  suivant  la 
décision  du  jury.  Une  notice  rédigée  par  le  conseil 
de  direction  indique  au  surplus  toutes  les  conditions 
du  concours.  S'adresser,  pour  tous  renseignements, 
à  la  Dentelle  de  France,  5,  rue  Las-Cases. 

Expositions  annoncées.  —  Le  18  mai,  à  la 
galerie  Georges  Petit,  inauguration  d'une  exposition 
de  cent  pastels  du  xviii'  siècle,  provenant  de  collec- 
tions d'amateurs,  organisée  par  M"'  la  marquise  de 
Ganay  au  bénéfice  de  «  la  Croix-Rouge  ». 

—  Le  15  mai,  au  Salon  de  la  Société  des  artistes 
français,  ouverture  des  expositions  rétrospectives  du 
peintre  Cabanel  et  du  sculpteur  Barrias. 

A  Beauvais.  —  Le  Bulletin  a  conté,  dans  son 
avant-dernier  numéro,  comment  le  mobilier  de  salon 


ANCIEN    ET    MODERNE 


147 


de'révêché  de  Beauvais,  en  tapisserie  duxviii'  siècle, 
représentant  des  sujets  des  fables  de  La  Fontaine, 
d'après  Oudry,  avait  été  transporté  à  Paris,  par  les 
soins  du  Garde-Meuble,  qui  doit  le  remettre  à  la 
présidence  du  Sénat.  Dans  sa  dernière  séance,  le 
Conseil  municipal  de  Beauvais  a  protesté  contre  ce 
déplacement  et  a  émis  à  l'unanimité  le  vœu  que  ce 
mobilier  fût  restitué  à  la  ville  de  Beauvais,  «  qu'il 
n'aurait  jamais  dû  quitter  ». 

D'autre  part,  M.  FeiTiand  Engerand  a  prévenu  le 
ministre  de  l'Instruction  publique  qu'il  l'interpelle- 
rait à  ce  sujet,  dès  la  rentrée  des  Chambres. 

A  Chartres.  —  La  cathédrale  de  Chartres  vient 
d'être  cambriolée.  Si  le  montant  du  vol  n'est  pas 
considérable,  les  dégâts,  au  point  de  vue  artistique, 
sont  très  importants,  —  les  malfaiteurs,  pour  pénétrer 
dans  l'édifice,  ayant  brisé  une  verrière  qui  remontait 
au  XIII'  siècle. 

On  effectue  actuellement  des  réparations  sur  le 
bas-côté  droit,  près  de  la  chapelle  des  Martyrs,  et  les 


cambrioleurs,  profitant  de  cette  circonstance,  n'eurent 
qu'à  se  hisser  sur  l'échafaudage  édifié  en  cet  endroit; 
après  avoir  coupé  la  verrière  à  l'aide  d'un  diamant, 
sur  une  surface  de  cinquante  centimètres  carrés,  il 
sautèrent  sans  effort  sur  un  confessionnal  placé  au- 
dessous  de  la  fenêtre. 

Les  cambrioleurs  ont  défoncé  les  troncs  et  arraché 
plusieurs  morceau.\  de  la  robe  d'or  de  la  Vierge  du 
Pilier. 

A  Bruxelles.  —  La  Société  des  Amis  des  Musées, 
récemment  constituée  à  Bruxelles  sous  la  présidence 
de  Beernaert,  ministre  d'État,  vient  d'acquérir  un  mo- 
nument en  pierre  de  la  plus  haute  importance  pour 
l'histoire  de  la  sculpture  médiévale  en  Belgique.  C'est 
un  bas-relief  votif,  découvert  par  M.  Cloquet,  profes- 
seur à  l'Université  de  Gand,  sur  l'emplacement  de 
l'ancien  couvent  des  Frères  Mineurs,  à  Tournai  ;  il 
appartient  à  l'école  tournaisienne  du  xv  siècle  et 
représente,  de  façon  réaliste,  les  funérailles  de  Jehan 
Fiesnes,  frère  mineur,  décédé  en  1425. 


»  3J<eeoqo  »j<* 


CHRONIQUE    DES   VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

■Ventes  à  Paris.  —  La  multiplicité  des  vaca- 
tions importantes  qui  se  succèdent  maintenant 
sans  interruption,  nous  oblige  à  être  bref  de 
commentaires,  si  nous  voulons  pouvoir  dire  au 
moins  quelques  mots  de  toutes  les  ventes  ayant 
un  intérêt  au  point  de  vue  artistique,  qui  ont 
lieu  en  ce  moment  à  Paris. 

■Vente  de  M"=  S...  (objets  d'art,  etc.).  — 
Annoncée  par  un  mince  catalogue  illustré  de 
quelques  planches,  cette  vente,  faite  salle  11,  les 
28  et  29  avril,  par  le  ministère  de  M»  Lair-Dubreuil 
et  de  MM.  Paulme  et  Lasquin,  a  produit  un  total 
de  77.882  francs.  Contentons-nons  de  signaler 
les  principales  enchères  : 

Tableaux  anciens.  —  46.  Arnulphy.  Portrait  de 
jeune  femme,  2.350  fr.  —  54.  Éc.  de  Nattier.  Portrait 
de  femme,  1.350  fr. 

Bronzes  d'ameublement. —  155.  Petite  pendule  lyre, 
encadrée  de  lauriers,  ép.  Louis  XV],  et  156.  Deux 
petits  (lambeaux  portés  par  trois  volutes,  bases 
marbre  blanc,  ép.  Louis  XVI,  4.000  fr.  (dem.  3.500  fr.). 
—  157.  Pendule  br.  partiellement  dorée,  mouvement 


accompagné  de  trois  aniours  sur  des  nuages,  époque 
Louis  XVI,  2.050  fr.  —  159.  Deux  grandes  girandoles, 
tige  gaine  avec  chapiteau,  branches  rinceaux  à  ser- 
pents, fin  époque  Louis  XVI,  2.300  fr.  —  154.  Pen- 
dule-cartel à  rocailles,  ép.  Louis  XV,  2.250  fr. 

Melbles.  —  Petit  meuble  bureau  ovale,  la  partie 
supérieure  formant  armoire,  acajou  orné  de  br., 
3.150  fr.  (dem.,  3.500  fr.).  —  183.  Console-servante 
demi-lune,  acajou  avec  br.,  2.020  fr. 

Tapisseries.  —  207.  Tenture  de  trois  panneaux, 
Aubusson,  à  sujets  pastoraux  dans  des  paysages, 
d'après  Iluet,  bordures  d'encadrement,  xviir"  s., 
8.000  fr.,  2.920  fr.  et  830  fr. 

Vente  de  la  collection  J.  Gerbeau  (1  ■■=  vente  : 
porcelaines  de  Chine,  etc.).  —  La  première 
vente  Gerbeau,  dirigée,  salles  5  et  6,  du  30  avril 
au  6  mai,  par  M"  Bizouard  et  Henri  Baudoin  et 
MM.  Mannheim,  a  produit  337.000  francs. 

Contentons-nous  d'indiquer  les  principales 
enchères  de  chaque  vacation. 

1"  vacation  (30  avril).  Produit  :  58.625  fr. 

Porcelaines  de  C/iine.  —  Vase-balustre,  ép.  Tching- 
lloa  (xv  siècle),  orné  de  ((uatre  réserves  h  paysages 
sur  fond  piqueté,  9.500  fr.  (dem.  10.000  fr.).  —  10. 
Vase  présentant  une  audience  de  mandarin,  décor 


148 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


bleu  sur  jaune,  même  ép.,  2.510  fr.  —  12.  Vase  décoré 
des  trois  dieux  de  la  trinité  tactique,  1.900  fr.  (dem., 
3.000  fr.).  —  24.  Plat,  ép.  Kang-Hi,  décoré  de  deux 
femmes  et  d'un  cerf  assis,  1.800  fr. 

Jades.  —  187.  Boite  sur  quatre  pieds,  avec  cou- 
vercle, en  jade  vert  émeraude,4,100fr.  (dem.,  3.000  fr.). 

—  208  à  210.  Brûle-parfums  tripode,  bouteille  et  boite, 
1.7C0  fr. 

2'  VACATION  (l"mai).  Produit  :  llS.936fr. 

Porcelaines  de  Chine,  ép.  Kan;i-lli.  —  70.  Vase 
carré,  décoré  de  personnages  dans  des  paysages 
(petites  rest.),  11.000  fr.  (dem..  8.000  fr.).  —  88.  Vase 
fuselé,  décoré  d'up  arbuste  en  ileurs,  d'oiseaux  et 
d'inscriptions,  8.o2S  fr.  —  Vase  carré,  à  réserves 
irrégulières  sur  fond  piqueté  (rest.),  S. 000  fr.  (dem., 
4.000  fr.).—  77.  Vase-rouleau  à  deux  compartiments, 
à  pagodes  et  imbrications  sur  fond  piqueté,  6.000  fr. 

—  56.  Grand  vase  carré,  décoré  de  scènes  familiales 
(rest.  et  ébréch.),  6.000  fr.  (dem.,  8.000  fr.). 

Jades.  —  238.  Vase-balustre  aplati,  jade  blanc, 
1.700  fr.  —  240.  Vase  double  en  jade  vert,  formé  d'un 
gros  et  d'un  petit  poisson,  l.aiS  fr.  —  233.  Vase 
formé  de  deux  poissons,  1.460  fr. 

3"  VACATION  (2  mai).  Produit  :  74.681  fr. 

Porcelaines  de  Chine,  ép.  Kien-Lun'j  {XVIIP  s.).  — 
123.  Deux  potiches  décorées  de  scènes  familiales, 
4.000  fr.  (dem.,  2.300  fr.).  —  132.  Deux  grands  vases 
décorés  en  relief  d'une  foule  d'enfants,  3.700  fr.  — 
110.  Deux  potiches  à  décors  de  lambrequins,  3.400  fr. 
(dem.  1.800  fr.)  —  109.  Deux  cornets  décorés  d'enfants 
jouant,  3.060  fr.  —  122.  Deux  potiches,  décor  analogue 
2.700  fr. 

Cristaux  de  roche.  —  Statue  de  divinité  barbue, 
4.000  fr.  (dem.,  2.000  fr.  —  276.  Vase  balustre  aplati, 
cristal  rosé  (sans  garantie  pour  la  teinte),  3.000  fr.  — 
2.'i9.  Vase-baliistrc,  anses  tètes  d'éléphants,  2.200  fr. 

4*  VACATION  (4  mai).  Produit  :  37.115  fr. 

Porcelaine  de  Chine.  —  Vase  fuselé,  décoré  de 
poissons  sur  fond  vermiculé,  1.763  fr.  (dem.,  300  fr., 

Cristal  de  roche.  —  298.  Vase-balustre,  1.U5  fr. 

Émaux  cloisonnés  de  Chine.  —  lirùle-parfuuis 
composé  d'un  oiseau  avec  applications  de  pierres 
dures,  1.820  fr.  (dcui.  600  fr.).  —  Coffret  supporté  par 
deux  statuettes,  1.450  (t. 

(.4  suivre.) 

■Vente  après  décès  de  M"»  X...  (objets 
d'art,  etc  ).  —  Faite  salle  1,  le  4  mai,  par 
M>:  Lair-Dubreuil  et  MM.  Paulme  et  l,as(]uiii, 
cette  vente  a  produit  un  total  de  HO. 000  francs 
environ,  et,  annoncée  par  un  petit  catalogue, 
illustré  de  quelques  planches,  elle  a  donné  lieu 
à  quelques  enchères  qu'il  convient  de  noter. 

Deux  fauteuils  garnis  en  ancienne  tapisserie 
de  Paris  du  xviue  siècle,  à  sujets  des  fables  de 


La  Fontaine,  7.000  fr.  (dem.  8.000).  —  Grande 
console  demi-lune,  bois  doré,  ép.  Louis  XVI, 
6.800  fr.  —  Pendule-cartel  d'application  en  socle 
peint  au  vernis  Martin,  avec  bronzes,  époque 
Louis  XV,  8.500  fr.  ~ 

Peintures  par  Cazin.  —  Une  courte  vacation, 
dirigée  à  la  galerie  Georges  Petit,  le  2  mai,  par 
M«  Lair-Dubreuil  et  M.  G.  Petit,  a  dispersé  une 
réunion  de  trente  et  une  peintures,  par  Cazin. 
Esquisses  ou  préparations  plutôt  que  tableaux  à 
proprement  parler,  ces  peintures  monochromes, 
n'en  étaientpas  moins  très  intéressantes  au  point 
de  vue  artistique  et  tout  à  fait  représentatives  de 
la  délicatesse  et  du  sentiment  quisont  le  fond  de 
la  personnalité  de  Cazin. 

Cette  vente,  qui  avait  fait  l'objet  d'un  catalogue 
illustré,  précédé  d'une  préfece  de  M.  Arsène 
Alexandre,  a  produit  un  total  de  78.810  fr.  Citons 
seulement  quelques  prix. 

24.  Dordrccht,  9.000  fr.  —  4.  Sortie  de  cabaret. 
Pleine  lune,  7.b00fr.  (dem.  8.000).  —  20.  Canal  en 
Hollande,  4.000  fr.  —  21.  Falaises  d'Equihen, 
3.900  fr. 

■Vente  de  la  collection  Cheramy  (tableaux 
anciens  et  modernes).  —  Selon  la  formule 
consacrée,  mais  plus  que  jamais  justifiée  en  l'oc- 
currence, les  prévisions  les  plus  optimistes  ont 
été  dépassées  et  de  beaucaup,  et  le  succès,  allant 
jusqu'à  l'emballement  le  plus  irraisonné  en  cer- 
tains cas,  a  été  absolument  complet. 

Comme  l'ont  déjà  fait  remarquer,  avec  raison, 
certains  de  nos  confrères,  la  lutte  s'est  engagée 
surtout  entre  amateurs,  et  les  professionnels 
se  sont  plutôt  tenus  à  l'écart,  sachant  que  ces 
œuvres  d'art,  si  chèrement  disputées  ici,  —  et 
qui  l'auraieut  été  certes  beaucoup  moins  si  elles 
se  fussent  trouvées  sous  le  marteau,  le  mi'me 
jour,  en  quelque  vacation  de  moindre  importance 
à  l'Hôtel  Drouot,  —  ne  seraient  pas  d'un  place- 
ment facile,  surtout  avec  de  pareils  prix  de 
revient. 

Mais  la  placs  nous  est  trop  limitée  pour  philo- 
sopher comme  il  conviendrait  sur  cette  vente, 
vrai  type  de  la  vente  parisienne,  à  propos  de 
laquelle'on  pourrait  rappeler  avec  plus  de  raison 
(jue  jamais  les  observations  que  nous  avons 
maintes  fois  formulées  ici-méme  sur  les  causes 
du  succès  prodigieux  de  ces  vacations,  sur  la 
clientèle  particulière  qui  les  suit,  et  sur  la  dispro- 
portion qui  s'établit  entre  la  valeur  de  tels  objets 
dans  ces  grandes  ventes  d'exception  et  le  taux 


ANCIliN    ET    MODERNE 


149 


de  pièces  similaires,  au  même  moment,  dans 
des  ventes  courantes  et  sur  le  marché  de  la  curio- 
sité à  Paris  ou  à  Londres. 

Mais,  encore  une  fois,  il  nous  faut  être  bref  de 
commentaires,  et  nous  contenter  aujourd'hui  de 
glaner  seulement  les  plus  grosses  enchères,  ren- 
voyant à  notre  prochaine  chronique  une  liste  plus 
détaillée  des  principaux  prix. 

C'est  dans  la  catégorie  des  peintures  anciennes 
que  le  succès  a  été  le  plus  marqué.  La  première 
vacation  (5  avril),  consacrée  aux  tableaux  et  des- 
sins anciens,  a  produit  un  total  de  707.148  francs, 
dépassant  de  plus  de  200.000  francs  les  esti- 
mations. 

Les  honneurs  de  la  journée  ont  été  pour  la 
réplique  de  la  Vierge  aux  rochers,  adjugée 
78.000  francs  (sur  la  demande  de  60.000).  Pour 
un  Léonard,  ce  serait  peu;  pour  une  copie 
ancienne,  c'est  beaucoup.  A  la  vente  Plessis-Bel- 
lière  (1897),  ce  même  tableau  avait  été  adjugé 
6. .300  francs.  —  Succès  analogue  pour  le  Goya, 
Lola  Zimenés,  adjugé  73.000  francs  (sur  demande 
de  îiO.OOO]. 

Autre  belle  enchère  :  le  Portrait  de  Sedaine, 
par  Chardin,  adjugé  BG.OOO  fr.,  sur  la  demande 
de  40.000  francs.  En  1892,  à  la  vente  Alexandre 
Dumas,  ce  même  portrait  n'avait  pas  dépassé 
2.700  fr.  —  De  bons  prix  pour  les  David  :  le 
Portrait  de  la  marquise  de  Pastoret  est  monté  à 
41.000  fr.,  sur  la  demande  40.000  fr.,  alors  qu'à 
la  vente  Plessis-Bellière  il  n'avait  atteint  qu';i 
17.900  fr.  —  Estimé'  4.000  fr.,  le  Portrait  du 
Maréchal  Macdonald  a  été  poussé  jusqu'il 
115.600  fr.,  et,  s-ur  la  demande  de  8.000  fr.,  le 
Portrait  de  M'""  Morel  de  Tangry  a  été  adjugé 
10. 100  francs. 

Notons  encore,  parmi  les  Constable  :  Malverv 
Hall,  25.000  fr.  (dem.,  Ib.OOO  fr.)  ;  la  Charretti 
de  foin,  22.000  fr.;  Hampstead  Heath,  21.000 fr.— 
Parmi  les  Creco  :  .Saint  Dominique,  28.000  fr. 
(dem.,  28.000  fr.)  ;  le  Partage  de  la  Sainte  Tunique, 
20.200  fr.  (dem.,  8.000  fr.).  —  Parmi  les  Géri- 
cault  :  Officier  de  lanciers,  23.100  fr.  (dem., 
18.000  fr.);  Officier  de  la  garde  impériale  chargeant. 
19.000  fr.  (dem.,  12.000  fr.),  acquis  par  le  musée 
de  Houen;  la  Folle,  7.800  fr.  (au  musée  de 
Lyon). 

Le  musée  de  Lyon  a  acquis  également,  pour 
22.000  fr.,  le  Triomphe  de  Bonaparte,  grande 
esquisse  par  Prud'hon  (dem.,  10.000  fr.). 

La  «seconde  vacation,  consacrée  aux  tableaux 


modernes,  et  un  peu  plus  calme,  a  produit 
382.390  francs. 

Les  honneurs  de  la  séance  ont  été  pour  Dela- 
croix. Sur  la  demande  de  23.000  fr.,  l'Hercule  et 
Alrcste,  adjugé  17.400  fr.  à  la  vente  Cronier,  est 
monté  à  32<600  fr.,  tandis  que  VHamlet  et  Polonius 
n'a  obtenu  que  20.000  fr.,  sur  la  demande  de 
23.000  fr.  Notons  encore,  du  même  maître  : 
le  Comte  Palatiano,  18.100  fr.  ;  Tohie  et  l'ange, 
18.100  fr.  (dem.,  12.000  fr.)  ;  Madeleine  en 
prière,  18.700  fr.  (dem,,  6.000  fr.)  ;  Tête  de 
vieille  femme,  17.000  francs. 

Ingres  a  été  moins  favorisé.  Ainsi,  l'Ofidipc  et 
le  Sphinx  n'a  obtenu  que  18.100  fr.,  alors  qu'en 
1872  ce  même  tableau  était  vendu  23.600  fr.  à  la 
vente  Pereire  et,  plus  tard,  17.000  fr.  à  la  vente 
Secrétan  (1899). 

La  troisième  vacation  a  fourni  un  total  de 
183.287  francs,  portant  ainsi  le  résultat  global 
de  la  vente  à  la  somme  rondelette  de  1.242.287 
francs. 

On  trouve  à  citer,  parmi  les  œuvres  adjugées 
ce  jour-là  (pastels,  dessins  et  aquarelles)  :  le 
Modèle  au  repos  {Portrait  de  JU""  Daubigny),  par 
Degas,  18.000  fr.  (on  demandait  12.000  fr.  de  ce 
pastel)  ;  —  Lion  et  lionne,  dessin  à  la  plume  de 
Delacroix,  9.S00  fr.  (demande,  8.000  fr.)  ;  —  du 
même  artiste  :  Juif  du  consulat  de  France,  aqua- 
relle, 5.800  fr.  ;  —  autre  aquarelle  du  même, 
Marocains  partant  au  combat,  8.800  fr.  ;  —  des 
dessins  de  Corot  ont  été  moins  disputés  ;  — 
enfins,  citons,  parmi  des  dessins  de  Millet,  les 
Soins  malernch,  0.000  fr. 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Nous  ne 
pouvons  qu'indiquer  sommairement  les  vacations 
prochaines,  qui  seront  sans  aucun  doute  d'un' 
notable  intérêt. 

Collection  de  M.  Jules  Gerbeau  (2»  vente  : 
gravures).  —  Cette  vente  d'estampes  des  xvii«  et 
xviii"  siècles  aura  lieu  salle  6,  du  12  au  18  mai, 
par  le  ministère  de  M"'  P.  Bizouard  et  H.  Baudoin 
et  de  M.  Danlos.  Elle  comprendra  en  particulier 
des  planches  des  maîtres  français  et  anglais  les 
plus  recherchés  du  xvni"  siècle. 

Collection  de  feu  M.  Morsent  (serrurerie). 

—  Cette  collection,  de  composition  peu  commune 

—  serrures,  clefs,  verrous  et  autres  pièces 
analogues,  véritable  musée  de  la  serrurerie  du 
xivc  au  xviii»  siècle,  -^  sera  dispersée  salle  10, 


ISO 


LE    BULLETIN    DE   L'ART 


du  13  au  )!j  mai,  par  les  soins  de  M"  Origet  et  de 
M.  Lemaire-Demouy. 

Collection  de  feu  M.  Jules  Gerbeau  (troi- 
sième et  quatrième  vente.  —  Tableaux,  etc  ). 
—  La  troisième  vente  Gerbeau,  qui*  aura  lieu, 
salles  9  et  10,  le  18  mai,  sous  la  direction  de 
M°»  P.  Rizouard  et  H.  liaudoin,  et  de  M.  J.  Ferai, 
comprendra  les  tableaux  et  dessins  anciens  et 
modernes  faisant  partie  de  cette  collection. 

—  Enfin,  une  quatrième  vente,  par  le  ministère 
des  mêmes  commissaires-priseurs,  assistés  cette 
fois  de  M.  Strœlin,  dispersera,  salle  7,  du  2b  au 
27  mai,  les  estampes  modernes  réunies  par 
M.  Gerbeau. 

A  Londres.  —  Collection  Humphrey  Ro- 
berts  (tableaux  modernes).  —  Un  catalogue 
illustré,  d'une  épaisseur  inaccoutumée,  nous 
apporte  les  détails  d'une  vente  importante  qui 
aura  lieu  chez  Christie,  les  21,  22  et  23  mai,  car 
il  ne  faudra  pas  moins  do  trois  vacations  pour 
disperser  les  trois  cent  neuf  numéros  qui  com- 
posent la  galerie  de  feu  Humphrey  Roberts.  En 
cette  collection  de  tableaux  modernes  dominent, 
comme  bien  on  pense,  des  pages  importantes  de 
l'école  anglaise  moderne,  mais  entourées  éga- 
lement de  spécimens  remarquables  des  peintres 
contemporains  des  divers  pays  du  continent,  en 
particulier  les  maîtres  français  de  1830,  ceux-ci 
particulièrement  bien  représentés. 

Notons,  comme  devant  passer  dans  la  première 
vacation  (21  mai),  les  numéros  suivants  :  the 
Opcning  of  Waterloo  bridge  by  George  IV,.Brighton 
Beach,  a  View  of  a  farm,  par  Constable  ;  —  Yar- 
mouth  :  Squall  coming  on,  a  Vieiv  of  the  coast,  a 
Landscape,  a  Hilly  landscape,  par  Cotman  ;  Earhj 
morning  mhts  rising  from  Loch  Marée  et  Robin 
Hood's  bay,  par  A.-W.  Hunt  ;  a  Landscape  in 
Berbyshire,  evening,  par  G.  Mason  ;  —  Stella,  the 
Gamhler's  wife,  the  White  Cockade,  the  Moon  is  up, 
and  yet  it  is  no  night,  par  sir  J.-E.  Millais  ;  Hard 
hit,  «  Music,  lohen  sweet  voices  die,  vibrâtes  in 
the  memory  »,  a  Tender  chord,  Escaped,  par  AV. -y. 
Qpchardson  ;  — A  stei-n  chase  is  always  a  long  chose, 
par  Briton  Rivière  ;  —  a  Road  through  a  wood,  a 
Woody  road  scène,  the  Ont  shirts  of  a  wood,  a 
Landscape  et  encore  a  Woody  road  scène,  par 
J.  Stark  ;  a  Broken  solitude,  par  J.-M.  Swan  ;  the 
Trossachs,  par  J.-M.-W.  Turner  ;  the  Plotigh,  par 
F.  Walker  ;  Pretty  Lucy  bond.  Loch  ness,  par  G.-F. 
Walts;  et  Borrowdale,  par  P.  de  Wint. 


La  seconde  vacation,  celle  du  22  mai,  verra 
passer  au  feu  des  enchères,  entre  autres  dessins, 
aquarelles  et  pastels  :  Spi-ing  timc  et  fiear  the 
village,  par  Lhermitte,  et  a  Dutch  Landscape,  par 
A.  Mauve;  et  du  côté  des  peintures  :  the  Cape  of 
Antibes,  par  Jules  Breton  ;  the  Edgc  of  a  wood,  a 
Quiet  lake  a  Landscape,  aWoody  Landscape,  a  Forest 
Glade,  a  Woody  stream,  par  .1  .-B.  Corot  ;  a  Village  et 
a  River  scène,  par  Daubigny  ;  a  Glade  in  a  forest  par 
Diaz  ;  Dahlias  in  a  vase,  grapes  and  peaches  par 
Fantin-Latour;  Evening,  Moonrise,  the  Lake,  the 
Flock,  par  Harpignies  ;  tlie  Evening  Mcal  par 
L.  Lhermitte;  Age,  Saiiing  the  toy  boat,  the  Wi- 
dowcr,  Washing  day,  Waiting,  par  J.  Israels  ;  the 
Flock,  Watering  horses  :  moonri'se,  a  Landiscapc  par 
Ch.  Jacque  ;  Ploiighing  :  evening,  the  Zuyderzee, 
par  J.  Maris;  Ploughing,  par  Mauve;  Scaweed- 
gatherers,  par  J.-F.  Millet;  the  Fisherman,  Sporting 
dogs,  a  Landscape  with  cattle,  par  Troyon;  Svnny 
pastures,  par  J.  H.  Weissenbruch. 

Enfin,  et  toujours  dans  cette  même  vacation  du 
22  mai,  se  rencontrent  quelques  peintures  de 
choix  de  l'ancienne  école  anglaise,  notamment 
de  J.  Crome  (a  Norfolk  river,  a  Forest  scène, 
Musechold  heath) ,  Gainsborough  (a  View  in 
Suffolk,  Portrait  of  Mrs.  Dorothy  Ilodges),  i.  Hop- 
pner  {the  Gipsy],  U.  Raeburn  {Portrait of  Br .Ban- 
dasyde  Edgar),  sir  J.  Reynolds  {Portrait  of  the  Bon. 
Mrs.  Brown)  et  G.  Roraney  [Portrait  of  Lady 
Taylor). 

La  troisième  vacation,  celle  du  23  mai,  est 
réservée  aux  aquarelles  de  l'école  anglaise.  Dans 
cette  catégorie,  nous  remarquons:  Angeli  Minis- 
trantes,  par  sirE.  Burne-Jones;  Crossing  the  bridge, 
par  D.  Cox  ;  Whitby  :  the  Crazy  Jane  et  Xaplcs, 
par  J  -W.  Ilunt;  the  Oiithoiise  et  the  Mid-day  Meal, 
par  W.  Ilurst;  Sallenchcs  {Savoy),  St.  Martin,  Aske 
Uatl  {Yorkshire),  Folkestonc ,  Kirby  Londsdale 
Chtirchyard,  the  Lake  ofGencva,  Sleaford  {Lincoln- 
shire),  Florence  from  the  road  to  Ficsole,  Conway 
Castle,  Corfe  Castle  et  Glastonhury,  par  J.-M.-W. 
Turner  ;  Mushi-ooms,  par  F.  NValker  ;  a  Vieiv  of 
Lincolnshire,  par  P.  de  Wriet. 

Un  véritable  musée  de  la  peinture  moderne, 
comme  on  voit,  que  cette  collection  Humphrey 
Roberts,  qui  va  donner  lieu  à  une  vente  d'une 
importance  inaccoutumée. 

M.    >■ 


ANCIEN    ET    MODERNE 


Ibi 


EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Fleurs  et  natures  mortes  (galeries  Durand- 
Ruel).  —  0  J'aime  ces  objets  parce  qu'ils  posent 
bien  »,  disait  Fan  tin-La  tour,  absent  de  cette  expo- 
sition comme  Manet.  Et  n'est-ce  pas  devant  ces 
objets  sans  àme  que  peut  se  livrer  entièrement  la 
personnalité  du  peintre  ?  Leur  immobilité  colorée 
apparaît  moins  troublante  que  la  physionomie 
fugitive  d'un  paysage  ou  d'un  regard.  Complétant 
la  leçon  d'histoire  que  les  fleurs  nous  ont  donnée 
cet  hiver,  chez  Bernheim  jeune,  — voici  Cézanne 
fruste  et  Sisley  fin  ;  M.  Claude  Monet,  le  virtuose 
des  chrysanthèmes  et  des  galettes,  des  citrons 
et  des  faisans  ;  M.  Renoir,  inégal,  qui  fait  chanter 
les  pavots  parmi  les  pivoines  ;  MM.  Albert  André, 
Georges  d'Espagnat  et  Lerolle,  accentuant  l'évo- 
lution décorative  et  de  plus  en  plus  orthodoxe  de 
l'impressionnisme. 

Fernand  Cachoud  (galerie  Georges  Petit).  — 
Expositions  diverses.  —  Ce  caractère  imprévu 
de  sagesse  se  retrouve  précisément  chez  deux 
artistes  d'avant-garde,  M.  Théo  Van  Ryssel- 
berghe,  portraitiste  d'Emile  Verkaeren  et  de  Vin- 
cent d'indy,  montrant,  chez  Bernheim  jeune,  ses 
derniers  essais  dans  la  division  du  ton  ;  M.  Her- 
manh-Paul,  portraitiste  classique  de  Cézanne  et 
de  jeunes  misses,  réunissant,  chez  Druet,  ses  des- 
sins aux  crayons  de  couleur  oh  sont  des  copies 
d'après  l>a  Tour. 

Les  expositions  continuent  d'abonder  comme 
si  les  Salons  n'étaient  point  L'intérêt  se  trouve 
surtout  à  l'exposition  Rembrandt,  à  l'exposition 
du  Théâtre,  avant  d'être  au  Salon  des  Humo- 
ristes, au  rendez-vous  des  portraits  de  Bagatelle. 
Les  salons  seuls  ont  groupé  plus  de  14.000  ouvra- 
ges; et,  cependant,  les  peintres  exposent  tou- 
jours. 

Il  faut  donner  un  particulier  souvenir  à  l'elTort 
d'un  jeune  qui  n'a  point  manqué  d'exposer  depuis 
douze  printemps  :  c'est  un  ancien  élève  de  Gus- 
tave Moreau;  mais  ses  origines  alpestres  ont  fait 
de  ce  rêveur  le  peintre  des  nuits.  Car  c'est  une 
série  de  nocturnes  que  M.  Fernand  Cachoud 
propose  à  nos  yeux:  série  variée,  d'ailleurs  incom- 
plète, car  l'ami  de  l'ombre  n'est  parisien  que  par 
occasion.  Ne  le  cherchez  pas  à  la  place  Pigalle, 
dans  le  soir  qui  flambe  et  la  nuit  qui  pleure,  au 
fond  du  faubourg  laborieux  ou  des  forêts  frappées 
par  la  foudre  ;  il  ne  goûte  pleinement  que  le 
calme,  la  nappe  argentée  des  lacs  lamartiniens, 


le  réseau  des  ombres  qui  rappelle  Obermann 
Souhaitons  plus  de  transparence  à  ces  discrètes 
ombres,  pour  qu'on  y  devine  mieux  le  chant  du 
grillon,  l'étoile  bleue  des  lucioles. 

Raymond  Bouyer. 

CORRESPONDANCE  D'EGYPTE 


La  salle  hypostyle  de  Karnak. 

Lorsque  s'est  débattue  récemment  la  question 
de  savoir  si  l'on  devait  ou  non  restaurer  les  mo- 
numents antiques,  on  s'est  surtout  occupé  de  la 
Grèce,  à  peine  ou  point  du  tout  de  l'Egypte.  Le 
même  problème  s'est  cependant  posé  à  propos 
des  monuments  égyptiens  et  s'est  alors  compli- 
qué de  difficultés  nouvelles.  Les  édifices  qu'il 
s'agit  de  conserver  sont  en  effet,  pour  la  plupart, 
de  dimensions  colossales,  et  tels  que  les  archi- 
tectes modernes  n'en  ont  jamais  osé  concevoir. 
Il  n'est  pas  sans  intérêt  de  voir  à  quelle  solution 
l'on  s'est  arrêté.  Les  archéologues  français  du 
service  égyptien  des  Antiquités  ont  eu  l'heureuse 
fortune  de  mener  leur  tâche  à  bonne  fin,  sans 
éveiller  l'attention  du  grand  public  et  des  don- 
neurs de  conseils.  Nous  pouvons  aujourd'hui 
apprécier  leur  méthode,  d'après  les  résultats 
obtenus.  A  tous  ceux  qui,  dans  le  débat  relatif 
au  Parlhénon,  proclamèrent  le  droit  inviolable 
de  la  ruine  à  rester  ruinée,  nous  conseillons 
vivement  le  voyage  de  Karnak  et  la  visite  du 
temple  d'Ammon.  Ils  verront  quelles  difficultés 
l'on  peut  vaincre  avec  de  la  patience  et  de  la 
conscience,  et  si  l'on  doit  s'affliger  ou  se  réjouir 
qu'on  ait  osé  tenter  une  semblable  restauration. 

Il  y  a  quelques  années,  une  moitié  de  la 
grande  salle  hypostyle  du  temple  d'Ammon,  de- 
meurée jusqu'alors  à  peu  près  intacte,  s'écroula. 
Le  temps,  «  ce  grand  sculpteur  »,  en  fit  un 
monceau  de  ruines.  Les  énormes  colonnes,  lar- 
ges de  près  de  trois  mètres,  hautes  de  quinze, 
invisiblement  rongées  par  la  base,  fléchirent 
tout  à  coup.  La  chute  d'une  seule  entraîna  plu- 
sieurs files,  Un  matin,  on  trouva  l'édifice  comblé 
d'un  amas  monstrueux,  et  il  faut  l'avouer,  mé- 
diocrement pittoresque,  de  tambours,  de  chapi- 
teaux, d'architraves.  Les  amateurs  de  ruines  se 
seraient  sans  doute  félicités  de  cette  catastrophe. 
Par  bonheur,  on  ne  les  consulta  pas,  et  l'on  osa 


i'oi 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


porter  la  main  sur  ces  débris.  M.  Maspero  confia 
le  soin  de  cette  restauration  sans  précédent  à 
M.  Legrain,  inspecteur  des  antiquités  à  Louxor. 
Elle   est  maintenant  presque  achevée  et  ceux 
qui  ont  vu  l'édifice  au  lendemain  de  l'effondre- 
ment peuvent  en  dire  l'importance.  On  a  peine 
à  croire  que  ces  colonnes  aient  été  quelque  jour 
abattues.  L'ensemble  ne  paraît  pas  moins  intact 
que  dans  beaucoup  de  temples  dont  on  a  pu, 
par  -quelques  réparations,  prévenir  la  ruine.  Les 
parties   refaites   ou  consolidées,   qui   se  recon- 
naissent aisément,   sans  pour  cela  choquer  les 
regards,  sont  presque  insignifiantes.   Quant  aux 
obstacles  matériels  qu'il  a  fallu  surmonter,   il 
suffira,  pour  en  donner  une  idée,  de  citer  quel- 
ques  chiffres.    Les   colonnes    qu'il    s'agisait   de 
redresser  se  composaient  de   13  tambours,  pe- 
sant chacun  10.000  kilos.   Les  chapiteaux  attei- 
gnaient à  14.000,  les  architraves  à  42.000  kilos. 
Il  ne  fallait  pas  songer  à  remuer  ces  matériaux 
énormes  au  moyen  de  grues  et  de  palans.  M.  Le- 
grain, et  ce  n'est  pas  le  moindre  intérêt  de  son 
entreprise,  a  eu  recours  aux  procédés  des  an- 
ciens   architectes    égyptiens,- procédés   qui    lui 
étaient  imposés  par  la  nature  de  l'édifice,  et  dont 
on  eut  ainsi  l'occasion  de  faire  l'épreuve.  Pour 
mettre  en  place,  à  la  hauteur  voulue,  ces  tam- 
bours de  colonnes,  ou  seulement  pour  reprendre 
.les  blocs  restés  en  équilibre  instable,   sur  des 
fûts  à  demi  renversés,  il  a  fallu  remblayer  jus- 
qu'au faite  l'immense  salle,  élever  une  colline 
de  terre  haute  de  quinze  mètres,  et  y  amener 
les  pierres  sur  des  plans  inclinés.  Depuis  le  dé- 
but des  travaux,  trente  colonnes  ont  été  relevées 
"de   la   sorte,    dont    quatorze    en    moins    d'une 
année. 

Le  pylône  qui  limite  la  salle  hypostyle,  du  coté 
de  la  grande  cour,  est,  lui  aussi,  en  grande  par- 
tie effondré.  D'ici  peu,  on  le  verra  redressé  au 
moyen  de  ses  seuls  débris.  Les.  blocs  dont  il 
était  construit  sont  restés  là,  eu  monceaux,  tous 
intacts.  Les  hiéroglyphes  et  les  sculptures  qui 
les  décorent,  et  dont  M.  Legrain  est  occupé  à 
restituer  la  suite,  permettront  de  rendre  à  cha- 
cun sa  place  exacte  dans  l'immense  façade.  On 
s'en  souvient,  c'est  de  la  môme  manière  et  avec 
non  moins  de  rigueur,  que  l'on  put  procéder  à 
Delphes,  dans  la  restauration  du  Trésor  des 
Athéniens,  grâce  aux  inscriptions  gravées  sur 
les  murs  de  l'édifice. 

(i.  I,. 


NOTES  &  DOCUMENTS 


Les  Orfèvres  de  souche  française 
à  Saint-Pétersbourg,   de   1714  à  1814. 

Quelques  jours  après  l'apparition  dans  le  Uu/ie<m 
(n"  .379  et  380)  de  la  liste  de  ces  orfèvres  publiée 
par  M.  Denis  Uoche,  d'après  M.  le  baron  A.  de  Fœl- 
kersam,  je  notais,  à  Genève,  au  musée  Ariana,  un 
très  beau  pastel,  œuvre  d'un  inconnu,  représen- 
tant Jérémie  Pauzié,  orfèvre  genevois  de  la  cour 
de  Russie,  sous  Catherine  II.  En  buste,  de  trois 
quarts,  vêtu  d'un  habit  bleu,  l'artiste  est  repré- 
senté tenant  une  bague  et  un  pendant  en  joail- 
lerie. Le  même  musée  conserve  le  portrait  de  la 
sœur  de  cet  artiste.  Il  est  possible  que  ce  soit 
Pauzié  qui  ait  apporté  de  Russie  à  Genève  le 
curieux  portrait  de  Pierre  le  Grand  que  l'on  voit 
à  l'Ariana,  et  qui  nous  semble  l'œuvre  d'un 
anonyme  hollandais.  L'ouvrier  de  Saardam  est 
assis,  accoudé  à  une  table,  dans  une  salle  aux 
murs  de  laquelle  sont  accrochés  ses  outils.  Il 
fume  une  longue  pgpe  en  terre  blanche.  A  ses 
pieds,  on  distingue  les  morceaux  d'une  autre  pipe 
(ju'il  vient  de  casser. 


Bien  que  nés  à  Paris,  deux  autres  de  ces 
orfèvres  doivent  être  d'origine  strasbourgeoise  ; 
Jean-Guillaume  Beyer,  dont  la  famille  compte  le 
miniaturiste  Jean-Daniel  Beyer  (1826-1840),  et 
son  parent  le  peintre  Eugène  Beyer  1 1820-1 883)  ; 
Paul-François-Frédéric  Herbst,  dont  l'ancêtre 
vraisemblable  est  le  peintre  slrasbourgeois  Ilans 
llerbst  (1463-1550),  élève  de  Martin  Schongauer, 
qui,  à  Bàle,  fut  le  maître  de  llaiis  et  d'Ambroise 
llolbein.  Si  l'exode  de  ces  artistes  en  Russie  à 
travers  l'Allemagne  où  ils  séjournèrent  ne  déce- 
lait pas  leur  origine  franco-germanique,  les  seuls 
prénoms  qu'ils  portent  suffiraient  à  nous  l'ap- 
prendre. Car  il  n'est  pas  ville  au  monde  dans 
laquelle,  au  xvin«  siècle,  on  ait  plus  fait  usage 
qu'à  Strasbourg,  du  Jean  chaperonnant  un  autre 
prénom  :  Guillaume  ou  Daniel  de  préférence,  et 
du  Frédéric. 

Andrk  GnioDiE. 


Le  Gérant  :  H.  I)smis. 


Mans    —  Itnp-  lieorKfls  Petii.  t2.  nw  (io(iot-dfi-JI«ur*i 


Numéro  384 


Samedi  16  Mai  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN     ET    MODERNE 


Musées  de  Province 


LE  RÉGIME  DU  BON  PLAISIR 

Un  (le  nos  amis,  se  trouvant  de  passage  à  Tours, 
il  y  a  quelques  semaines,  se  rendit  au  musée,  un 
matin,  vers  dix  heures.  Comme  il  trouvait  porte 
close  et  qu'il  frappait  pour  se  faire  ouvrir,  la 
concierge  se  contenta  de  lui  indiquer  du  doigt 
une  pancarte  manuscrite  affichée  sur  une  des 
colonnes  du  vestibule,  à  gauche  en  entrant,  et 
libellée  comme  il  suit  : 

Ville  de  Tours 

MUSÉE 

Heures  des  visites  pour  les  étrangers 

Les  étrangers  à  la  ville  de  Tours  sont  admis  à  visiter 
le  musée  tous  les  jours,  de  l  heure  à  4  heures 
du  soir,  mais  sous  la  condition  expresse  d'être 
accompagnés  par  le  concierge  de  cet  établissement 
et  de  se  conformer  à  ses  indications.  Si  une  visite 
est  en  cours,  une  autre  ne  peut  commencer  avant 
que  la  précédente  soit  achevée.  Dans  ce  cas,  prière 
d'attendre  le  retour  du  concierge  et  des  visiteurs. 

Devant  ce  papier,  daté  du  17  septembre  1907 
et  muni  de  toutes  les  signatures  officielles,  notre 
ami  battit  en  retraite. 

Il  revint  le  lendemain  dans  l'après-midi  et 
trouva  de  nouveau  la  porte  fermée.  Gomme  il  la 
secouait,  en  exprimant  tout  haut  son  étonne- 
ment  : 

—  On  ne  visite  pas,  lui  cria  la  concierge  en 
entrebâillant  l'huis. 

—  Pardon  !  répondit-il  en  indiquant  la  pan- 
carte :  «  Les  étrangers  à  la  ville  de  Tours  sont 
admis  à  visiter  le  musée  tous  les  jours,  de  1 
heure  à  4  heures  du  soir  »  ;  et  il  n'est  que  trois 
heures  et  quart,,. 

—  Je  ne  vous  dis  pas  le  contraire,  rétorqua  la 
gardienne  ;  mais  les  étrangers  ne  sont  admis 
■dans  le  musée  que  sous  la  conduite  du  concierge. 
Or,  une  visite  vient  de   commencer  à  l'instant; 


comme  elle  demande  environ  une  heure,  il  sera 
quatre  heures  quand  elle  se  terminera,  et  le 
musée  sera  fermé... 

Il  y  eut  alors,  de  part  et  d'autre,  un  échange 
de  considérations  aigres-douces  sur  les  chinoi- 
series administratives,  que  la  concierge  préten- 
dait déplorer  tout  autant  que  le  visiteur  éconduit  ; 
et,  comme  le  lendemain  était  un  dimanche,  jour 
de  visite  publique  et  gratuite,  notre  ami  put 
enfin  pénétrer  dans  le  musée  de  Tours,  sans  être 
obligé  d'être  accompagné  par  le  concierge  ni  de 
«  se  conformera  ses  indications  ». 

Nous  dédierons  cette  véridique  histoire  à  la 
Commission  extraparlementaire  des  musées  de 
province  —  si  tant  est  qu'elle  existe  encore  !  — 
et  nous  lui  demanderons  si  la  première  des 
conditions  que  l'État  doit  exiger  des  municipa- 
lités, en  retour  du  dépôt  des  œuvres  d'art  qu'il 
consent  à  laisser  dans  leurs  musées,  n'est  pas  la 
facilité,  pour  les  étrangers,  de  voir  et  d'étudier 
ces  œuvres  d'ar  t. 

Quand  une  ville  a  la  bonne  fortune  de  posséder 
dans  son  musée  deux  volets  d'un  triptyque  fameux 
de  Mantegna,  un  admirable  buste  original  de 
J.-B.  I.emoyue,  deux  panneaux  en  tapisserie  de 
Cozette,  d'après  Drouais,  et  trois  peintures  de 
Boucher,  à  provenance  célèbre  ;  des  œuvres 
remarquables  de  Drouais,  de  Vestier.  de  Houel, 
de  lloudon,  de  Delacroix,  de  L.  Boulanger,  ce 
n'est  pas  en  abritant  jalousement  ses  collections 
derrière  des  règlements  absurdes  qu'elle  remplit 
ses  obligations  envers  l'État  et  ses  devoirs  envers 
les  particuliers. 

E.  D, 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie    des  inscriptions  et  belles-lettres 

(séance  du  8  mai).  —  Le  ministre  de  l'Instruction 
publique  informe  l'Académie  qu'une  chaire  de  numis- 
matique est  vacante  au  Collège  de  France,  par  suite 


(84 


LE   BULLETIN   DE    L'ART 


de  la  suppression  de  la  chaire  de  langue  araméenne, 
et  qu'il  lui  sera  reconnaissant  de  désigner,  pour 
éclairer  son  choix,  deux  savants  qu'elle  jugerait 
dignes  d'occuper  cette  chaire.  L'Académie  fera  cette 
désignation,  à  sa  prochaine  séance. 

—  MM..  Théodore  Ueinach  et  Henri  Cordler  font 
connaître,  par  lettre,  qu'ils  posent  leur  candidature 
au  fauteuil  de  M.  de  Boislisle. 

—  Le  président  annonce  le  décès  de  M.  Buecheler, 
correspondant  de  l'Académie,  professeur  de  langue 
latine  à  l'Université  de  Bonn. 

—  M.  Théodore  Reinach  communique  un  mémoire 
sur  l'origine  du  nom  du  Parthénon.  11  montre  que  ce 
nom,  contrairement  à  l'opinion  commune,  n'a  rien 
de  commun  avec  Alhena  Parlhenos,  car  il  existe 
dans  plusieurs  autres  villes  qu'à  Athènes  des  «  Par- 
thénons  »  consacrés  à  diverses  divinités.  M.  Reinach 
établit  qu'un  Parthénon  est  un  temple  spécialement 
affecté  à  des  cérémonies  célébrées  par  de  jeunes 
vierges,  comme  un  «  Nymphôion  •  est  un  temple  où 
ollicient  de  jeunes  mariées. 

—  M.  Chesneux,  dessinateur  du  Théâtre-Français, 
lit  une  étude  accompagnée  de  planches  intitulée  : 
Hypothèses  sur  la  reconstitution  du  costume  des 
Grecs  primitifs. 

.  Musée  du  Louvre.  —  Le  département  de  la  pein- 
ture du  musée  du  Louvre  vient  de  teruiiner  une  série 
d'installations  nouvelles,  que  le  public  a  pu  apprécier 
dès  cette  semaine- 
Tout  d'abord,  on  a  présenté,  dans  la  salle  qui  fait 
suite  à  celle  des  maîtres  flamands  et  allemands  du 
XV"  siècle,  les  des.sins  de  Rembrandt  que  possède  le 
Louvre,  et,  au  moment  où  la  Bibliothèque  consacre 
au  maître  la  belle  exposition  de  dessins  et  d'eaux- 
fortes  dont  le  liulletin  et  la  lievue  ont  parlé,  c'est 
là  une  très  heureuse  pensée  à  laquelle  les  habitués  du 
musée  et  les  admirateurs  de  Rembrandt  ne  pourront 
qu'être  sensibles. 

Diverses  acquisitions  ou  donations  récentes  sont 
également  exposées  :  dans  un  des  cabinets  voisins 
de  la  salle  des  pastels,  c'est  la  collection  d'aquarelles, 
gouaches,  miniatures,  boites,  tabatières  de  L.-N.  et 
ll.-J.  Van  Blarcnberghe  (legs  de  M—  Van  Blaren- 
berghe)  ;  dans  la  salle  des  portraits  d'artistes,  c'est  le 
portrait  d'homme  de  François  Olouet,  signé  et  daté, 
olfert  par  la  Société  des  Amis  du  Louvre,  dont  le  der- 
nier numéro  du  liulletin  a  parlé  et  qui  fera  prochai- 
nenientlobjelduneétude  dansla/(etiî(e;  danslamènie 
salle,  on  voit  les  aquarelles  et  dessins  de  Corot  et  de 
Delacroix,  achetés  parles  Amis  du  Louvre  aux  ventes 
Hobaut  et  Cheramy.  Sont  exposés  également  :  un 
l'aysa'/e  avec  chiens,  de  N.  Diaz  ;  les  Baigneuses  et  le 
Repos  des  chevaux,  de  Corot  ;  la  Madeleine  lisant,  du 
môme  maître,  et  la  Couseuse,  de  J.-F.  Millet  (legs  de 
M"'  11.  Cuvelier)  ;  —  les  portraits  de  Chopin  par 
Delacroix,  de  Slephen  Heller  par  Ricard,  de  Glilck  par 
Greuze  et  du  littérateur  Marmontel  par  Roslin  (legs 


A.  Marmontel)  ;  —  le  Vœu  à  l'Amour,  esquisse  de 
Fragonard  ;  le  Vortrail  de  Rosalie,  dessin  du  même  ; 
la  Parade,  de  Taunay  ;  la  Leçon  de  Danse,  de 
Lawreince  ;  Au  inoins,  soyez  discret...  dessin  d'Au- 
gustin de  Saint-Aubin  ;  une  Étude  de  femme,  de 
Boucher  (legs  Audéoud)  ;  —  un  Intérieur  d'écurie,  de 
G.  Morland  (don  Nardus)  ;  —  une  aquarelle  de  Gavarni 
(don  de  M""  Spronck)  ;  —  des  dessins  et  aquarelles 
de  Ravier  (don  des  familles  Ravier  et  ThioUier;. 

11  ne  manque  à  cette  exposition  que  le  Greco  de 
Prades,  dont  le  liulletin  annonçait  naguère  l'acqui- 
sition (n"  376). 

Musée  du  Luxembourg.  —  Les  remaniements 
annuels  viennent  d'être  achevés  au  musée  du 
Luxembourg,  et  un  certain  nombre  de  pièces  récem- 
ment acquises  y  ont  trouvé  placé,  comblant  ainsi 
les  vides  causés  par  le  départ  pour  l'Angleterre  des 
œuvres  prêtées  par  le  musée  à  1  Exposition  française 
de  Londres. 

H  faut  citer,  parmi  ces  acquisitions  :  à  la  section  de 
peinture,  la  Femme  au  corsage  rouge,  œuvre  de  la 
première  manière  de  James  Tissot,  contemporain  du 
Second  Empire;  Paysage  des  environs  de  Montpellier, 
de  feu  Frédéric  Bazille  ;  un  Portrait  de  .V"'  Froment- 
Meurice,  œuvre  ancienne  de  M.  Bracquemond  ;  un 
Dragon,  par  M.  Roll;  une  des  vues  de  la  Cathédrale 
de  Houen,  par  M.  Claude  Monet;  une  Danseuse, 
pastel  de  M.  Louis  Legrand,  etc.  A  la  section  de 
sculpture  :  cinq  petits  groupes  ou  figurines  de 
M.  Théodore  Rivière,  et  cinq  œuvres  de  M.  Rodin: 
quatre  bronzes  :  l'Homme  au  nez  cassé,  les  bustes  de 
itf.  Gustave  Ge/froy,  de  .W.  Roche  fort,  de  Victor  Hugo, 
(étude  pour  la  statue  assise),  et  un  marbre,  le  buste 
de  lU"'  F...  Des  épreuves  en  bronze,  des  portraits  de 
Dalou,  A' Eugène  Guillaume,  de  M.  Georges  Windham, 
de  M.  RertUetot  et  de  la  Tête  de  saint  Jean-liaptiste, 
du  même  artiste  ont  été  récemment  acquises. 

Le  Portrait  de  la  mère  de  Whisller  se  trouve  exposé 
désormais  d'une  manière  permanente  dans  la  même 
salle  que  les  œuvres  de  Carrière. 

Musée  Galliera.  —  M.  Delard,  conservateur  du 
musée  Galliera,  prépare  activement  l'exposition  de  la 
Parure  de  la  Femme,  que  nous  avons  déjà  annoncée  et 
(|ui  s'ouvrira  le  1"  juin  prochain.  Le  bijou  sous  toutes 
ses  formes  fera  le  fond  de  l'exposition,  mais,  par  une 
heureuse  innovation,  quelques  parures  précieuses 
paraîtront  sur  les  costumes  même  quelles  doivent  ac- 
compagner. Ce  sera  très  discret,  une  simple  notation, 
mais  les  œuvres  de  nos  ciseleurs  et  de  nos  joailliers 
n'auront  qu'à  gagner  à  ce  rapprochement  avec  les 
velours,  les  dentelles,  les  broderies,  ou  les  draperies 
élégantes. 

Bibliothèque  Forney.  —  M.  Henri  Clouzot,  cri- 
tique d'art,  est  nommé  conservateur  de  la  biblio- 
thèque municipale  Forney,  qui  est,  comme  on  sait, 
consacrée  aux  ouvrages  sur  les  arts  industriels. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


Expositions  annoncées.  —  Aujourd'hui  16  mai. 
ouverture,  dans  les  salons  du  Cercle  Volney,  7,  rue 
Volney,  du  XII'  Salon  annuel  de  photographie  du 
Photo-Club. 

A  Berlin.  —  L'incendie  de  l'ancienne  église  de  la  gar- 
nison a  détruittous  les  trophées  de  la  guerre  de  1870-7 1 , 
à  l'exception,  parait-il,  d'un  seul  drapeau  ;  en  outre,  le 
prie-Dieu  de  Frédéric-Guillaume  I",  une  simple  chaise 
en  bois  ;  des  tableaux  de  Rode  représent.ant  les  héros 
lie  la  guerre  de  Sept-Ans  et  une  toile  de  II.  Begas,  un 
Cliiisl  au  Mont  des  Oliviers. 


L'empereur  a  décidé  de  faire  réédifier  l'église  «dans 
son  état  primitif».  —  M.  M. 

—  On  annonce  que  l'empereur  d'Allemagne  a  offert 
à  M.  Dœrpfeld,  directeur  de  l'Institut  allemand  d'Athè- 
nes, une  somme  de  cinq  mille  marks  pour  exécuter 
des  fouilles  sur  l'emplacement  de  l'antique  Pylos.  On 
est  déjà  parvenu,  sur  cet  emplacement,  que  M.  Dœrp- 
feld situe  en  un  endroit  assez  éloigné  de  la  Pylos 
moderne,  à  déblayer  une  partie  du  palais  préhistorique 
considéré  comme  celui  de  Nestor. 


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CHRONIQUE    DES  VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —  'Ventes  Gerbeau  (1"  vente  : 
objets  d'art.  Fin).  —  La  première  des  ventes  qui 
vont  disperser  la  collection  de  feu  M.  Gerbeau, — 
celle-ci  ayant  eu  lieu,  salle  5  et  6,  du  .'ÎO  avril  au 
G  mai,  par  le  ministère  de  M''  Bizouard  et  Henri 
Baudoin  et  de  MM.  Mannlieim,  —  a  pris  fin  sur 
un  total  de  .357.000  francs. 

Aux  enchères  que  nous  avons  précédemment 
indiquées,  ajoutons  celles  que  nous  fournit  la 
dernière  vacation,  d'ailleurs  peu  intéressante  : 

Tapisseries.  —  667.  Panneau  d'Aubusson,  avec 
chasseurs  et  paysans,  ép.  Louis  XVI,  8.000  fr.  — 
Iifi8.  Deux  autres  panneaux  d'Aubusson  de  la  pre- 
mière ép.,  figurant  le  Jeu  du  tourniquet  et  un  Paysan 
et  une  berrjére,  8.200  fr.  —  658.  Quatre  verdures 
llamandes  du  .\vi*  s.,  à  sujets  de  chasse,  5.620  fr. 

Vente  Cheramy.  —  Tableaux  anciens  et 
modernes.  —  Liste  des  prix  —  Pour  com- 
pléter ce  que  nous  avons  dit  précédemment  de 
la  vente  Cheramy,  donnons  aujourd'hui  la  liste 
des  enchères  les  plus  élevées. 

PRINCIPAUX   PRIX 
lAu-dessusde  2.500  francs.) 

T.xuLEAUX  ANCIENS.  —  \.  Benvenuto  di  Giovanni.  Le 
C/tiist  aux  anrjeK,  3.250  fr.  —  4.  Boltratlio.  La  Madone 
de  la  Ca.sa  l.itta,  7.500  fr.  —  5.  Chardin.  Portrait  de 
Sedaine,  56. , ^jOO  fr.  (dem.,  40.000;  vente  Didier,  1868, 
400  fr.  ;  vente  A.  Dumas  fils,  1892,  2.700  fr.). 
■  C.  Constable  :  6.  Le  Parc  de  l'archevéclié  de  Salis- 
bury,  6.500  fr.  (dcni.  8.000).  —  7.  Freeton  Tower,  près 


Ipswic/t,  10.000  (dem.  12.000).  —  8.  Mulvern-Hall, 
25.000  fr.  (dem.  15.000).  —9.  The  Glèbe  Furm.  6.350  fr. 
(dem.  8.000).  —  12.  Hampsfead  Ilealh,  21.000  fr. 
(dem.  12.000).  —  13.  la  Cfiarrette  de  foin,  22.000  fr. 
(dem.  25.000).  —  14.  Le  Printemps,  4.600  fr.  (dem. 
4.000).  —  17.  Maison  au  bord  de  la  Stour,  3.750  fr. 
(dem.  4.000).  —  20.  Ifampstead  lleath,  3.100  fr. 
(dem.  2.000).  —  22..  Jubilee   al  East  ISerfjholt  afler 


Waterloo, 


fr.  (dem.   3.000).   —  27.    Entrée   de 


East  Ilerfjholt,  4.900  fr.  —  30.  Esquisse  pour  «  Hay 
Wain  «,  2.700  fr.  —  31.  Le  Pont  de  Londres,  3.600  fr. 

—  36.  Éclu.ie  sur  la  Stour,  3.800  fr.  —  37.  Soleil 
couchant  sur  la  mer,  2.750  fr.  (dem.  2.500). 

43.  Crivelli.  Madone,  3.000  fr.  (dem.  4.000). 

David  :  44.  Portrait  de  la  marquise  de  Pastoret, 
41.000  fr.  (dem.  40.000;  vente  Plessis-Bcllièrc,  1897, 
17.900  fr.)  —  45.  Portrait  du  maréchal  Macdunitld, 
15.600  fr.   (dem.  4.000;  vente  Rothan,  1890,  2.700).  — 

46.  Antioc/ius  et  Slratonice,  8.400  fr.  (dem   8.000).  — 

47.  Portrait  de  M""  Morel  de  Tanijry,  16.100  fr.  (dem. 
8.000).  —  47  bis.  Portrait  de  Rabaud  de  Sainl- 
Êlienne,  3.000  fr. 

49.  Foppa.  Le  Clirisl  aux  liens,  4.000  fr.  —  50. 
Gainsborough,  Cavaliers  dans  un  paysaije,  3.100  fr. 
(dem.  3.000). 

53.  Géricault.  La  Folle,  7.500  fr.  (dem.  5.000),  au 
musée  de  Lyon.  —  55.  Officier  de  lanciers,  dit  le 
Lancier  rouye,  23.100  fr.  (dem.  18.000  ;  vente  Lau- 
rent-Richard ,  1 1 .700  fr.;  vente  Secrétan ,  1 889, 1 4. 1 00  fr.). 

—  56.  Officier  de  la  Garde  impériale  chargeant, 
19.000  fr.  (dem.  12.000  ;  vente  Coutant-IIauguet, 
1889,  8.000  fr.),  au  musée  de  Rouen. 

■  68.  Gerino  da  Pistoia.  Le  Christ  en  croix,  7.100  fr. 
(dem.  7.000).  —  71.  Goya.  Portrait  de  Lola  Zimenes, 
73.000  fr.  (dem.  50.000).  —  74.  'Van  Goyen.  Pêcheurs 
au  bord  d'un  canal,  4  905  fr.  (dem.  3.000). 

Le  Greco  :  76.   Saint  Dominique,    28.000  fr.   (demi 


156 


LE   BULLETIN   DE   L'ART 


23.000).  —  77.  Le  Partage  de  la  Sainte  Tunique, 
20.200  fr.  (diMii.  8.000).  —  78.  IHclà,  3.300  fr.  (doiii. 
2.000). 

80.  Guardi.  Canal  à  Venise,  3.100  fr.  —  82.  Iloppner. 
La  Jeune  femme  à  la  loque  de  velours  noir,  6.000  fr. 
(dem.  4.000).  —  84.  Th.  Lawrence.  Portrait  de 
Lady  X...,  3.900  fr.  (dem.  4.000).  —  90.  Morland.  Le 
Repos  des  Bohémiens  dans  la  forêt,  3.400  fr.  (dera.  600). 

—  94  Priid"hon.  Triomphe  de  Bonaparte,  22.000  fr. 
(dem.  10.000),  au  musée  de  Lyon.  —  98.  Reynolds. 
Portrait  de  Garrick,  dans  le  rôle  du  Mari  jaloux, 
12.800  fr.  (dem.  10.000).—  99.  Bomncy.  Lady  llamilton 
en  ingénue,  12.100  fr.  (dem.  12.000).—  Rubans.  Néron, 
3.500  fr.  (dem.  4.000). 

104.  Atelier  de  Léonard  de  Vinci  :  Saint  Jean- 
Baptiste,  12.500  fr.  (dem.  8.000).  —  105.  La  Vierge 
aux  rochers,  78.000  fr.  (dem.  60.000  ;  vente  Plessis- 
Bellière,  1897,  6.300  fr.). 

106.  Ecole  espagnole.  La  Joconde,  d'après  Léonard 
de  Vinci,  4.500  fr. 

Tableaux  modernes.  —  113.  Bonington.  La  Seine, 
en  amonl  de  Notre-Dame,  3.600  fr.  (dem.  3.000).  — 
117.  Bonvin.  La  Religieuse  faisant  de  la  tapisserie 
2.550  fr.  (dem.  3.000). 

124.  Corot.  Le  Modèle  en  armure  ou  le  chevalier, 
7.000  fr.  (dem.  8.000).  —  127.  Terrasse  du  palais  Doria, 
à  Gênes,  5.300  fr.  (dem.  5.000).  —  128.  Gênes,  les 
Apennins,  5.100  fr.  —  131.  Genzano,  près  du  lac  Nemi, 
4.200  fr.  (dem.  4.000).  —  132.  Venise,  11.000  fr.  (dem. 
10.000).  —  136.  La  Fillette  en  corsage  rouge,  ou 
la  Petite  pie,  4.300  fr.  (dem.  4.000).  —  137.  Saint 
Sébastien,  4.600  fr.  (dem.  4.000). 

141.  Courbet.  La  Sorcière,  d'après  F.  Hais,  3.100  fr. 
(dem.  3.000).  —  142.  Les  Hoches,  3.700  fr.  (dem.  3.000). 

—  143.  Le  Barrage,  2.900  fr.  (dem.  6.000). 

E.  Delacroix:  151.  Hercule  et  Alceste,  32.500  fr. 
(dem.  25.000;  vente  E.  Cronier,  1905,  17.400).  — 
132.  La  Grèce  expirant  sur  les  ruines  de  Missolonghi. 
Non  vendu.  —  133.  Études  de  babouches,  4.500  fr. 
(dem.  2.000  ;  vente  Sensier,  1871,  783  ;  vente  Wilson, 
1881,  1.320).  —  154.  Uamlet  et  te  cadavre  de  Polonius, 
20.000  fr.  (dem.  23.000;  vente  Edwards,  1870,  16.700). 

—  133.  Bacchus  et  Ariane,  2.630  fr.  (dem.  2.300  ; 
vente  Haro  père,  1892,  800).  —  136.  Ovide  chez  les 
Scythes,  3.500  fr.  ;  vente  Choquet,  1899,  1.830).  —  157. 
Jésus-Christ  et  saint  Tlwmas  (dem.  1.300).  —  158. 
Paganini  jouant  du  violon,  8.200  fr.  (dem.  8.000  ; 
vente  Ilermonn,  1879,  1.650  ;  vente  Champfleury, 
1890,  2.303).  —  139.  Le  comte  Palaliano,  18.000  fr. 
(dem.  13.000).  —  160.  Madeleine  en  prière,  15.700  fr. 
(dem.  6.000;  vente  Dumas  fils,  1892,  2.800).  —  161. 
Mort  d'Hassan.  Épisode  du  «  Giaour  a,  4.300  fr.  — 
162.  Jésus  au  Jardin  des  Oliviers,  11.000  fr.  (dem. 
10.000;  vente  Vacquerie,  1899,  8.900;  vente  J.  Key- 
deau,  1903,  7.700).  —  163.  Le  Chanteur  Baroilliel  en 
turc,  3.600  fr.  (dem.  6.000).  —  165.  Eugène  Delacroix 
en  Uamlet,  7.500  Ir.  —  166.  Cromirell  au  château  de 
Windsor,  3.000  fr.  —  167.  Le  Combat  du  Giaour  et  du 


pacha.  Non  vendu.  —  168.  Esquisse  du  plafond  du 
Salon  de  la  Paix,  ù  l'Hôtel  de  Ville  de  Paris.  3.620  (r. 

—  169.  Tobie  et  l'Ange,  18.100  fr.  idem.  12.000  ;  vente 
Dulilleux,  1874,  3.900).  —  170.  Numa  et  Ëgérie, 
7.100  fr.  (dem.  6.000  ;  vente  Haro  père,  4.505).  —  171. 
Tète  de  vieille  femme,  17.000  fr.  (dem.  10.000  ;  vente 
Delacroix,  1864,  830).  —  172.  Odalisque,  6.800  fr. 
(dem.  6.000).  —  175.  Variante  pour  le  «  Juslinien  ». 
Non   vendu.  —    176.   Sujet    analogue.    Non  vendu. 

—  178.  Esquisse  du  tableau,  Attila  envahissant 
l'Italie,  3.500  fr.  —  181.  Une  gerbe  de  fleurs,  3.600  fr. 

Fantin-Latour  :  198.  Tentation,  3800  fr.  (dem. 
2.000).  —  200.  Bouquet  de  roses,  2.700  fr.  (dem.'  2.000). 

206.  Ilenner.  Nymphe  au  bord  d'une  source,  4.400  fr. 
(dem.  1.800).—  Ingres:  208.  Œdipe  et  le  Sphinx, 
15.100  fr.  (vente  Pcreire,  1872,  23.600  ;  vente  Secretan, 
1889,  17.000).  —  209.  Les  pieds  pour  la  figure  de 
l'Iliade,  3.300  fr.  (dem.  2.000  ;  vente  Ilaro  père,  1.000). 

221.  Meissonier.  Napoléon  I".  Non  vendu.  — 
226.  Poterlet  et  Delacroix.  La  Mort  de  Sardanapale, 
4.100  fr.  (dem.  3.000).  —  227.  Puvis  de  Chavannes. 
Madeleine,  6.200  fr.  (dem.  12.000).  —  232.  Ricard. 
«  Les  Syndics  »,  d'après  Reuibrandt,  2.600  fr.,  au 
umsée  de  Lyon. 

Pastels,  aquarelles,  oesslns  anciens.  —  267. 
Prud'hon.  /-a  Musique,  3.100  fr.  (dem.  4.000). 

Pastels,  aquarelles,  dessins  mooefines.  —  272. 
Barye.   La    Pantlière   noire,   3  200   fr.   (dem.   3.000). 

—  291.  Daumier.  L'Artiste  en  face  de  son  œuvre, 
3.030  fr.  (dem.  2.000).  —  292.  Degas.  Le  Modèle  au 
repos  {M"'  Oaubigny),  18  000  fr.  (dem.  12.000).  — 
293.  E.  Delacroix.  Juif  drogman  du  Consulat  de 
France  visitant  une  famille  arabe  à  Tanger,  aqii., 
3.300  fr.  (dem.  3.000).  —  299.  La  Captivité  de  Baby- 
lone,  aqu.,  4  600  fr  (dem.  1.000).  —  304.  Marocains 
partant  pour  le  combat,  aqu.,  5.500  fr.  (dem.  6.000). 

—  309.  Marocains  à  la  chasse,  aqu  ,  2.800  fr.  (dem. 
3  000).  —  317.  Quatre  feuilles  de  croquis  de  figures 
orientales,  4.200  fr.  (dem.  4:200).  —  340.  I.ion  et 
lionne,  dessin  à  la  plume,  9.500  fr.  (dem.  8.000).  — 
390  Millet.  Femme  portant  une  cruche,  3.800  fr.  — 
393.  Soin*  maternels,  6.000  fr. 

Produit  total  :  1.242.822  francs 

Vente  Zelikine  (objets  d'art).  —  Faite  par 
M"  Lair-Dubreuil  et  II.  Itaudoin  et  M.  liloclie, 
salles  9  el  10,  les  7,  8  et  9  mai.  Cette  vente  a  pro- 
duit un  total  de  41."). 029  francs. 

Comme  il  était  aisé  de  le  prévoir,  les  numéros 
provenant  de  ventes  récentes  où  ils  avaient  été 
payés  à  un  taux  excessif,  n'ont  pas  retrouvé, 
tant  s'en  faut,  les  mi'mes  prix.  Pour  n'en  citer 
que  deux  exemples,  le  fameux  buste  de  Louis  XV 
en  porcelaine  de  Mennecy,  payé  l'an  dernier 
42.aOO  fr.  à  la  vente  d'Yanrille,  n'a  pas  dépassé  ici 
2.3.000  fr.,  sur  la  demande  de  30.000,  et  la  paire 
de  vases  en  vieux  Nevers,  fond  bleu,  à  décor  eu 


ANCIEN    ET   MODERNE 


187 


sopra  bianro,  avec  montures  en  bronze  doré  du 
xvii|i-  siècle,  est  restée  à  12.000  fr.  sur  la  demande 
de  20.000,  alors  qu'elle  avait  été  adjugée  18.500  fr. 
à  cette  mi'rae  vente  d'Yanville. 

La  liste  d'enchères  que  nous  donnons  ci-dessous 
permettra  de  se  rendre  compte  des  moins-values 
dans  toutes  les  catégories  d'objets  d'art. 

Du  côté  des  peintures,  un  polyptyque  de  l'école 
byzantine  du  .xv«  siècle,  la  Léc/ende  de  sainte 
Ursule,  vendu  l'an  dernier  9.000  fr.  à  la  vente 
Queyroi,  est  resté  ici  à  1.630  fr. 

Émaux  ciumplevés.  —  l.  Groupe  cuivre  battu,  la 
Vierge  porlanl  l'Enfant  Jésus,  assise  sur  un  siège  en 
cuivre  champicvé  et  éuiaillé  ;  en  partie  travail  liuiou- 
zin,  xiii»  s.,  n.OOO  fr.  (dem.  25.000  ;  vente  d'Yanville, 
.51.000).  —  2.  Crosse,  saint  Michel  perçant  le  dragon, 
9.100  fr.  (dem.  12.000  ;  vente  A.  Queyroi,  12.100).  — 
3.  Fermoir  de  chape,  le  Christ  crucifié,  la  Vierge  et 
saint  Jean,  4.000  fr.  (dem.  8  000  ;  vente  Germeau,  1868, 
50  ;  vente  Queyroi,  8.000).  —  4.  Châsse,  forme  mai- 
son, corps  réservés  en  métal,  xni'  s.  Sur  la  façade, 
la  lapidation  de  saint  Etienne  (parties  modernes), 
4.100  fr.  (dem.  8.000;  vente  Queyroi,  1.700).  —  5. 
Châsse,  forme  maison,  xiv"  s.,  six  personnages  en 
relier,  3.600  fr.  (dem.  6.000  ;  vente  Ducatel,  1890,  860; 
vente  d'Yanville,  7.000).  —  6.  Plaque,  Christ  crucifié, 
la  Vierge,  saint  Jean,  deux  angelots,  xiii"  s.,  2.560  fr. 
(dem.  4.000  ;  vente  Queyroi,  2.900).  —  10.  Plaque  pré- 
sentant le  Christ  crucifié,  la  Vierge  et  saint  Jean, 
saint  Pierre  et  un  apôtre,  xiii'  s.,  5.500  fr.  (dem.  4.000  ; 
vente  Queyroi,  4.200). 

Émaux  pei.nts  de  lijiooes.  —  17.  Plaque  en  coul.,  par 
Monvaerni,  Limoges,  imw's. ,l'Ador(ilio7t  des  mages, 
:n.000  fr.  (dem.  30.000  ;  vente  Queyroi,  41.000).  —  18. 
Plaque,  atelier  de  Monvaerni,  fin  xv"  s.,  la  Vierge  et 
saint  Joseph,  en  adoration  devant  l'Enfant  Jésus, 
6.600  fr.  (vente  Queyroi,  4.500). 

ScuLPTUHE  (makbiie,  pierbe).  —  26.  Buste  de  grande 
dame  en  marbre,  2.800  fr.  (dem.  3.000).  —  29-30.  Deux 
médaillons  bas-relief  sur  marbre,  bustes  d'enfants, 
ép.  xvm'  s.,  2.600  fr. 

Teiires  currES.  —  33.  Groupe,  le  Génie  de  la  Sculp- 
ture, 9.000  fr.  (dem.  15.000).  34.  Groupe,  ISaccliante 
assise  et  Satyre  debout,  attrib.  à  Marin,  2.350  fr.  — 
41.  Statuette  plâtre,  Franklin  debout,  de  lloudon, 
2.700  fr. 

PoncEi.AiNE.  —  Mennecy.  114.1iuste  du  roi  LouisXV. 
sur  toile,  avec  attrib.  de  la  royauté,  en  relief,  anc. 
porcelaine  tendre  blanche  de  Mennecy,  23.000  fr.  (dera. 
30.000;  vente  Turgot,  1887,  700;  vente  d'Yanville,  1907, 
42.500)  —  118.  Groupe,  enfant  tenant  un  panier,  à 
rnlifourchon  sur  un  gros  chien  (rest.),  4.800  fr.  (dem. 
i.UOO;  vente  du  Sartel,  1894,  490;  vente  d'Yanville, 
S. 000).  —  120.  Figurine,  joueur  de  vielle  assis,  4.300  fr. 
(dem.  3.000  ;  vente  d'Yanville,  8.100  fr.). 

Cliantilly.  —  133.  Deux  cache-pots  à  oreilles,  décor 


polychrome  et  or,  à  réserve  de  bouquets  de  fleurs 
sur  fond  quadrillé  bleu  :  marque  au  cor  de  chasse 
(rest.),  5.710  fr.  (dem.  3.000  ;  vente  d'Yanville,  6.450). 
—  139.  80  assiettes,  décor  à  l'œillet,  3.000  fr. 

Ludvngshurg .  —  173.  Grande  figurine,  représentant 
un  chef  asiatique  avec  grand  manteau  vert  doublé  de 
violet,  3.230  fr.  (dem.  4.000). 

Cliine.  —  187.  Deux  vases,  famille  des  jades, 
formehexagonale,décorpersonnages,  fleurs  et  oiseaux 
en  coul.,  mont,  bronze,  ép.  Louis  XVI  (ou  rest.), 
9.000  fr.  (dem.  12.000).  —  202.  Deux  vases  céladon, 
décor  gravure,  mont,  bronze,  ép.  Louis  XV,  2.603  fr. 
(dem.  3.000). 

Faien'Ces.  —  213.  Deux  vases  Nevers,  fond  bleu, 
décor  en  sopra-bionco  à  paysages  et  figures  de  Chinois, 
mont,  de  bronze,  12.000  fr.  (dem.  20.000  ;  vente 
d'Yanville,  18.500  fr.).  —  222.  Bas-relief  terre  cuite 
émaillée,  de  l'atelier  des  Robbia,  la  Vierge  et  saint 
Jean-Baptiste  en  adoration,  3.030  fr.  (dem.  6.000; 
vente  Queyroi,  6.700  fr.).  —  223.  Plat  de  Faenza  aux 
armes  des  Colonna  (fêlure),  2.500  fr.  (vente  Queyroi, 
1.630  fr.) 

Bkoxzes  d'aiit  des  xvii-  et  xvni"  siècle. — 62. Groupe; 
Le  triomp/te  du  Bien  sur  l'esprit  du  Mal,  bronze,  ép. 
Louis  XIV,  2.600  fr.  (dem.  4.000).  —  63-64.  Deux 
groupes  :  Vénus  donnant  le  sein  à  l'Amour  et  Saturne 
corrigeant  l'Amour,  4.800  fr.  (dem.  8.000). 

Brokzes  d'ameublement  du  xvm*  siècle.  —  76. 
Pendule  mouvement  enveloppé  de  draperies,  de  cha- 
que côté  un  enfant,  marbre  blanc,  11.000  fr.  (dem. 
16.000).  —  77.  Pendule  représentant  une  bacchante 
tendant  une  coupe  à  l'Amour,  qui  presse  une  grappe 
de  raisin,  attr.  pour  le  groupe  à  Clodion  et  pour 
l'exécution  à  Goulhière,  7.520  fr.  (dem.  8.000).  —  78. 
Pendule  de  Saint-Germain,  modèle  à  rocailles  enve- 
loppant le  cadran,  6.100  fr.  (dem.  9.000).  —  81.  Deux 
candélabres  formés  de  vases  à  côtes  tournantes, 
anses  grappes  de  raisin,  attr.  à  Gouthière,  3.860  fr. 
(dem.  8.000).  —  85.  Pendule  marbre  blanc  et  bronze 
repr.  une  allégorie  de  la  Fidélité,  3.000  fr.  —  92. 
Socle  à  rubans,  cœurs  d'acanthes,  etc.,  2.800  fr.  — 
104.  Pendule  forme  lyre  enguirlandée,  avec  l'Amour 
debout  et  brùle-parfums,  4.500  fr.  (dem.  7.000). 

Marbres,  matières  précieuses  MO^TÉES.  —  103.  Pen- 
dule marbre  blanc,  jeune  femme  accoudée  sur  un 
monument,  se  désolant  sur  un  petit  oiseau  mort,  ép. 
Louis  XVI,  3.200  fr.  —  107.  Grand  vase-bouteille  à 
long  col  granit,  reconstitué,  orné  mont.  ép.  Louis 
XVI,  en  bronze,  anses  à  tètes  de  béliers  ibronze 
rêst.),  10.000  fr.  (dem.  20.000;  vente  Kotschoubey, 
16.300  fr.). 

Meurles  :  Cotfrc  de  mariage,  bronze  sculpté,  ép. 
Itenaiss.  ital.,  2.900  fr.  —  259.  Commode  bombée, 
marq.  à  Heurs,  ornée  bronze,  ép.  Louis  XV,  4.600  fr.; 
(vente  Kotschoubey,  4.060  fr.).  —  260.  Secrétaire 
marq.  bois  rose  et  violette,  à  carrelages  et  quadrillés, 
orné  de  bronze,  ép.  Louis  XVI,  5.000  fr.  —261.  TaWe 


1S8 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


ovale,  bronze  cis.  et  doré,  ornée  cariatides  de  femmes 
portant  des  corbeilles  de  fleurs,  attr.  à  Gouthière, 
ép.  Louis  XVI,  3.000  fr.  (dem.  6.000).  —  262.  Commode 
décorée  à  branchages  fleuris,  avec  altr.  de  musique, 
orné  bronzes  ép.  Louis  XVI,  3.300  fr.  —  2G3.  Meuble 
d'appui,  acajou,  orné  bronzes,  ép.  Louis  XVI,  3.300  fr. 
(d(!m.  3.300J. —  264.  Bureau  cylindrique  acajou,  garni 
bronzes,  ép.  Louis  XVI,  4.;t60  fr.  (dem.  4.000). 

Tableaux.  —  274.  Casanova.  Le  Repos  des  berç/ers, 
3.0OO  fr.  (dem.  .5.000:  vente  Leiong,  3.700).  —  277. 
G.  Courbet.  Le  Château  d'Ornan.%  2.C00  fr.  (dem.  .'i. 000  ; 
vente  Mazaros,  3.t00  fr.;  vente  d'Yanville,  3.000  fr.). 

Vente  Homberg  (objets  d'art  et  de  haute 
curiosité).  —  L'abondance  des  ventes  nous  force 
à  renvoyer  à  notre  procliaine  chronique  le 
compte  rendu  de  cette  série  de  vacations,  du  plus 
haut  intérêt  pour  les  amateurs  d'objets  de  hautes 
époques  et  d'antiquités  du  genre  sérieux,  et  à 
renvoyer  à  plus  tard  également  la  liste  des  prin- 
cipaux prix. 

Contentons -nous  simplement  d'indiquer  les 
principaux  résultats. 

1'"  Vacation  (tl  mai).  Produit  :  50.224  francs.  — 
127.  Plaque  de  revêtement  formée  de  quatre  carreaux 
étoiles  à  personnages  et  inscriptions  et  de  cinq 
autres  motifs,  3,200  fr.  (dem.  2.000).  —  s;i.  Gobelet 
arabe,  fin  xiv"  s.,  avec  bandes  en  émaux  imitant  une 
piùee  d'orfèvrerie,  3.000  fr.  (dem.  2. .500,.  —  '03.  Sta- 
tuette de  lare,  bronze  romain,  2.360  fr. 

2*  Vacation  (12  mai).  Produit  :  94.348  francs.  — 
226.  Lampe  de  mosquée,  en  faïence  de  Damas,  déco- 
rée d'inscriptions  en  bleu  sur  blanc  (fract.  et  rest.), 
16.000  (dem.  8.000).  —  229.  Plat,  même  faience,  décor 
de  Deurs  sur  fond  bleu  turquoise  et  lapis,  5.000  fr. 
(dem.  2.500).  —  240.  Tympan,  faience  de  So'imanié, 
composé  de  carreaux  à  décor  de  fleurs  en  coul., 
9.000  fr.  (dem.  6.000). 

3"  Vacation  (13  mai).  Produit:  121.472  francs.  — 
287.  Lampe  de  mosquée,  anc.  faience  de  Ithodes, 
ornée  de  fleurs  en  coul.  et  d'inscriptions  en  bleu, 
14.000  fr.  (dem.  5.000).  —  Médaillon  présentant  un 
buste  de  Lucrèce  en  terre  émaillée  d'Andréa  délia 
itobbia,  6.620  fr.  (dem.  8.000).  —  334.  Grande  aiguière, 
or  damasquiné,  trav.  de  Mossoul,  du  xiii°s.,  12.U10  fr. 
(dem.  10.000).  —  337.  Grande  aiguière,  cuivre  damas- 
quiné, du  XIV  s.,  10.100  fr.  (dem.  12.000). 

4*  Vacation  (14  mai\  Produit  :  181.039  francs.  — 
418.  Manuscrit  persan  à  miniat.,  4.500  fr.  —  421.  Le 
Verger,  de  Snadi,  manuscrit  persan  à  miniat.,  xiv  s  , 
11.000  fr.  —  Livre  d'heiii'es  français  à  miniat.,  5.300  fr. 
—  461.  Vierge  à  l'Enfant,  ivoire,  xii*  s  ,  7.200  fr.  — 
463.  Plaque  d'ivoire,  travail  byzantin  du  xiir  s., 
Criicifijiori,  9.200  fr.  —  471.  Christ  d'applique,  ivoire, 
XI  v  s.,  9.050  fr.  —  467.  Plaque  de  collret,  ivoire,  xivs  , 
ta  Cluilelaiiiede  Vergy,  7.100  fr. 

Produit  total:  447.083  francs. 

(A  suivre.) 


'Ventes  annoncées.—  A  Paris. —  Collection 
Gerbeau  (3°  vente  :  tableaux  et  dessins).  — 
Un  catalogue  illustré  nous  apporte  les  indications 
les  plus  favorables  sur  la  vente  (jue  dirigeront; 
salles  9  et  10,  le  18  mai,  M"»  Bizouard  et  Baudoin 
et  M.  Ferai. 

Sans  nous  attarder  davantage,  contentons-iious 
de  signaler,  d'abord  une  réunion  de  peintures  de 
l'école  de  18.30,  notamment  l'Etang,  par  Corot; 
la  Fenaison,  par  Daubigny  ;  la  Petite  jiUc  au  ckien, 
par  Diaz  ;  un'  Lion  dcchirant  sa  -proie,  par  E.  Dela- 
croix ;  une  Madeleine  agenouillée,  par  Henner  ; 
une  Vue  de  Venise,  par  Meissonier;  la  Mare  dans 
la  forêt  de  Fontainebleau,  par  Th.  Rousseau;  une 
Vue  des  environs  de  Venise,  par  Xiem,  et  une  Rue 
de  Villaye,  par  Lépine  ;  puis,  dans  une  noie  d'art 
plus  moderne,  il  nous  faut  citer  encore  :  la  Ma- 
chine de  Marlij,  par  Sisley;  la  Jeune  fille  rousse, 
par  A.  Besnard;  une  Tête  de  paysanne,  par  Cals  ; 
un  intérieur,  te  Jeu,  par  Fantin-Latour  ;  un 
Canal  en  Hollande,  par  Jongkind  ;  vingt-quatre 
paysages  de  Lebourg;  l'Étang  glacé,  par  Ci.  .Mo- 
net  ;  la  Jardinière,  par  Pissarro. 

Du  côté  des  écoles  anciennes,  nous  rencon- 
trons des  dessins  de  Prudhon,  Moreau  le  Jeune, 
Saint-Aubin  et  d'autres  maîtres  encore  du  xviii' 
siècle  français.  Notons  aussi  une  peinture  de 
Goya,  le  Portrait  du  peintre,  qui  provient  de  la 
collection  Miihibacher. 

—  Après  les  estampes  anciennes  faisant  partie 
de  la  collection  Gerbeau  et  vendues  cette  se- 
maine, on  annonce,  pour  les  2o,  26  et  27  mai, 
salle  7,  la  dispersion  des  estampes  modernes 
(M"  Bizouard  et  Baudoin,  M.  Strœlin).  Il  sera 
vendu  compte  de  ces  deux  ventes. 

"Ventes  diverses.  —  Une  mince  brochure 
illustrée  nous  apporte  l'annonce  d'une  vente 
d'objets  d'art  et  d'ameublement,  qui  aura  lieu, 
salie  7,  le  18  mai,  sous  la  direction  de  M"  F.  I.air- 
Dubreuil  et  de  MM.  Paulme  et  Lasquin  fils,  et 
qui  comprend  en  particulier  des  gravures  fran- 
çaises et  anglaises  du  .wiii"  siècle  et  des  faïences 
de  Rouen. 

—  Les  21  et  22  mai,  M"  Lair-Dubreuil,  assisté 
de  MM.  G.  Sortais  et  Mannheim, dispersera,  salle  6, 
les  objets  d'art  et  d'ameublement,  tapisseries  et 
tableaux,  composant  la  fuiccession  de  M.  D.  Dans 
le  catalogue  illustré  de  cette  vente,  nous  remar- 
quons en  particulier,  du  côté  des  peintures  :  le 
Portrait  de  l'acteur  Edmond  Shee,  dans  le  rôle  de 
Low-Wows,  par  Shee  ;  les  Environs  de  Bordeaux, 
par    Boudin  ;    les.  Environs   de    Villerville,   par 


ANCIEN    ET   MODERNE 


189 


C.  Daubigny  ;  une  Réunion  de  femmes  dans  la 
campai/ne,  par  Diaz  ;  et  du  côté  des  objets  d'art 
et  d'ameublement:  un  canapé  et  six  fauteuils  en 
bois  sculpté  et  doré,  couverts  en  tapisserie  d'Au- 
busson  du  temps  de  Louis  XV,  à  sujets  tirés  des 
fables  de  La  Fontaine,  dans  des  encadrements  à 
Heurs  ;  un  canapé,  une  bergère  et  six  fauteuils 
en  bois  sculpté,  couverts  en  tapisserie  d'Aubusson 
à  personnages  sur  les  dossiers  et  animaux  sur  les 
sièges,  avec  encadrements  de  draperies,  d'époque 
Louis  XVI  ;  et  des  tapisseries  en  Aubusson  du 
temps  de  Louis  XV  à  sujets  champêtres. 

—  Enfin,  au  nombre  des  vacations  ((ui  auront 
lieu  la  semaine  prochaine,  signalons  encore  en 
particulier:  la  vente,  qui  se  fera  les  10  et  20  mai, 
sous  la  direction  de  M»  Lair-Dubreuil  et  de  MM. 
Paulme  et  Lasr|uin  fils,  de  M.  Duplan  et  de 
M"»  veuve  H.  Serrure,  des  objets  d'art  et  de  curio- 
sité provenant  du  château  de  Tournacke  (Saûne- 
et-Loire)  ;  —  la  vente  de  la  Collection  de  Ma''  Char- 
mettant,  tableaux  et  dessins  anciens  de  diverses 
écoles,  objets  d'art  et  de  haute  curiosité,  qui 
sera  dirigée,  salles  9  et  10,  les  22  et  23  mai,  par 
M=  Origet  et  MM.  Sortais  et  Duplan. 

M.   N. 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Raymond  Allègre  (galerie  Allard)  —  On  sait 
plus  d'une  façon  de  voir  Venise  et  de  la  peindre; 
et  nombreux  furent  ses  peintres,  depuis  Guardi 
jusqu'à  M.  Ziem,  de  Bonington  à  Manet.  Les 
contemporains  n'ont  pas  manqué  d'apporter  la 
contribution  de  leur  songe  et  l'hommage  de  leur 
palette  :  un  voile  de  mélancolie  s'est  répandu  sur 
lavilleempourprée  des  doges.  Malgré  tout,  ce  n'est 
pasVenise  pluvieuse,  ni  Venise  nocturne  que  tra- 
duit avec  brio  l'indépendance  de  M.  Allègre,  élève 
méridional  de  VoUon.Ce  Marseillais  peint  sa  Pro- 
vi-nce  et  le  soleil  des  Martigues  ;  mais  ses  préfé- 
ii'uces  demeurent  pour  les  blanches  coupoles 
orangées  par  le  soir  du  large,  pour  les  heures 
calmes  et  les  beaux  palais,  pour  le  Grand  Canal 
cilles  pa/t  miroitent,  comme  des  mirlitons,  dans 
l'eau  bleue. 

Jeanès  (chez  Devambez).  —  Après  «  le  coup 
de  soleil  de  l'impressionnisme  »,  il  est  vraisem- 
blable que  l'ami  de  la  nature  revienne  sur  le 


tard  au  culte  de  la  forme,  et  le  paysage  de 
demain  sera  peut-être  encore  le  paysage  dessiné  : 
M.  Henry  Marcel  se  trouve  d'accord  avec  les 
historiens  spéciaux  du  genre  pour  en  prévoir  le 
retour  (1).  Mais,  aujourd'hui,  la  séduisante  féerie 
des  reliefs  n'a  point  cessé  d'émouvoir  les  yeux 
sensibles.  Car  le  regard  possède  une  sensibilité 
particulière  :  il  est  touché  par  des  nuances 
vives  ou  plus  souvent  délicates,  qui  ne  disent 
rien  à  l'indifférence  pressée  des  touristes.  Elles 
disent  beaucoup,  et  môme  parfois  trop,  à  l'auteur 
discret  de  ces  quarante  aquarelles,  dont  le  nom 
sonne  comme  un  pseudonyme.  Ce  Lorrain,  qui 
semble  moins  se  souvenir  de  Claude  Gellée  que 
de  William  Turner,  habite  les  Alpes  du  Tyrol, 
les  Dolomites  fantastiques,  la  montagne  offrant 
l'àpreté  des  citadelles  ;  il  la  décrit  près  des  lacs 
d'encre  ou  d'azur,  au  crépuscule,  sous  l'orage  de 
pourpre  ou  la  neige  nocturne.  Il  descend  parfois 
jusqu'à  Venise,  par  le  pays  accidenté  de  Cadore, 
patrie  du  Titien,  ce  père  du  paysage  qui  ne 
consentit  jamais  à  noyer  la  forme  dans  les  ondes 
de  la  couleur. 

Raymond  Bouyer. 

Expositions  de  portraits  (à  Bagatelle).  —La 
Société  nationale  des  beaux-arts,  poursuivant  le 
cycle  de  ses  rétrospectives,  a  ouvert  hier,  pour  la 
troisième  fois,  une  exposition  à  Bagatelle.  Inau- 
gurée par  le  Président  de  la  République,  organi- 
sée par  MM.  Roll,  Agacbe,  Gervex,  J.  Béraud  et 
Dubufe,  elle  est  consacrée  aux  portraits  de  célé- 
brités de  la  seconde  moitié  du  xix"  siècle. 

Parmi  les  œuvres  les  plus  remarquées,  que 
nous  ne  pouvons  qu'énumérer  ici,  citons  :  le  cé- 
lèbre Courbet  en  moine,  par  Courbet  lui-même; 
George  Sand,  par  Thomas  Couture  ;  George  Sand 
encore,  Alexandre  Dumas  père  et  Paganini,  par 
Eugène  Delacroix;  lordBtjron,  par  Isabey;  Ingres 
et  Liss«,  par  Lehmann;  fiossmj,  par  Ingres;  Pauline 
Garcia,  sœitr  de  la  Malibran,  par  Ary  Scheffer,  et  la 
Malibran  elle-même,  par  Bouctot;  Péreire,  le  créa- 
teur des  chemins  de  fer  en  France,  par  Dela- 
roche  ;  Edgard  Quinet,  par  Champmartin. 

Parmi  les  portraits  d'un  intérêt  plus  moderne 
prêtés  pour  cette  exposition  :  Alphonse  Daudet, 
par  Eugène  Carrière  ;  Edmond  About,  par  Paul 
Baudry  ;  Coquelin aine, pa.r  Baslien-Lepage;  Gaston 
Paris,  par  Ricard;  enfin,  en  sculpture  les  bustes 
de  Corot,  par  Carrier-Belleuse;   Charles  Gounod, 

(l)Dans  {aiiiùfsice.del'llisloire d(i paysage  en  france 
(IL  Laurens,  1908,  in-S"). 


100 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


Gérômc,  Alexandre  Dumas,   Charles  Garnier,  par 
Carpeaux,  etc.,  retiendront  l'attention. 

Le  duc  d'Orléans  a  envoyé  un  certain  nombre 
de  toiles  de  sa  collection  :  Portraits  du  roi  Louis- 
Philippe  et  de  la  reine  Marie-Amélie  avec  leurs  en- 
fants, du  comte  et  de  la  comtesse  de  Paris,  du  duc 
et  de  la  duchesse  d'Orléans,  du  duc  de  Nemours. 

Le  duc  de  Chartres  a  envoyé  :  la  Reine  Marie- 
Amélie  sur  la  terrasse  de  Saint-Cloud,  par  Ary 
Scheffer;  le  Ùuc  d'Orléans  et  le  duc  d'Aumaleen 
Algérie,  tableau  attribué  à  Philippoteaux;  le  Duc 
de  Nemours  en  lancier  rouge;  un  portrait  équestre 
du  Duc  d'Orléans,  par  de  Dreux;  le  Prince  de 
Joinville  en  officier  de  marine,  par  Winlerhalter; 
la  Princesse  de  Joinville,  également  par  Winter- 
halter;  le  Roi  Louis-Philippe,  par  Court,  et  la 
Reine  Marie-Amélie,  par  Cosse  ;  la  Duchesse 
d'Orléans,  par  Laucher;  le  Comte  de  Paris  enfant, 
en  costume  de  baptême,  par  Winterhaller;  le 
Prince  de  Joinville  jouant  au  collège  Henri  JV,  et 
le  Roi  Louis-Philippe  en  Suisse,  par  Horace 
Vernet,  etc. 

R.  C 


LES      REVUES 


France 
Bulletin  des  musées  de  France  (1908,  2).  — 
M.  G.  Bénédite  signale  un  envoi  de  l'Institut  nrchéo- 
logique  du  Caire  au  musée  du  Louvre  :  il  s'agit  des 
pièces  provenant  des  fouilles  faites,  ces  dernières 
années,  à  Abou  Roach  (Basse-Egypte),  dans  la  nécro- 
pole des  princes  de  Sioût  (Moycnne-Égypte)  et  à  Drali 
Abou'  1-Ncggah  (Ilaute-Égypte). 

—  La  Lé'jende  de  saint  Jacques  le  Majeur,  d'après  une 
peinture  (jiollesque  du  musée  du  Louvre.  —  La  pein- 
ture étudiée  et  expliquée  par  M"°  Louise  Pillion  est 
une  prédelle  du  xiv  siècle,  provenant  de  l'église 
Santa  Maria  degli  Angeli  de  Florence  et  placée  dans 
la  salle  des  Sept  Mètres,  au-dessous  de  la  Vierge  de 
Cimabue;  l'auteur  combat  l'attribution  de  cette  pein- 
ture à  Tnddeo  Gaddi. 

—  Parmi  les  œuvres  d'art  léguées  au  Louvre  par 
M.  Audéoud,  dont  la  Bibliothèque  nationale  a  reçu 
les  précieuses  collections  de  livres,  se  trouve  un 
charmant  Portrait  de  Rosalie  Fragonard,  la  fille  de 
Frago;  ce  dessin  a  fait  partie  de  la  collection 
Concourt;  M.  m-:  Nolhac  le  reproduit  et  le  commente. 

—  L'Art  allemand  dans  les  musées  français,  par 
L.  Réau.  —  Les  musées  et  les  collections  de  France 
sont  fort  pauvres  en  œuvres  d'art  de  l'école  alle- 
mande, aussi  bien  pour  ce  qui  concerne  les  travaux 
d'orfèvrerie  et  les  bois  sculptés,  que  pour  ce  qui  est 
des  peintures  et  des  dessins,  et  l'on  ne  fait  guère 


d'eflort  pour  combler  cette  lacune.  —  Au  Louvre,  le 
seul  artiste  représenté  d'une  manière  digne  de  lui 
c'est  Ilolbein;  Durer  l'est  •  d'une  façon  dérisoire»; 
aucune  œuvre  caractéristique  de  Mathias  Grunewald  ; 
et  si  l'on  ne  doit  pas  regretter  l'absence  des  peintres 
de  décadence,  depuis  la  Renaissance  jusqu'au  milieu 
du  XIX"  siècle,  par  contre,  on  voudrait  voir  au  Luxem- 
bourg une  section  allemande  qui  fut  aussi  riche  que 
l'est  la  section  française  de  la  Galerie  nationale  de 
Berlin  :  or,  ni  Bœcklin,  ni  LeibI,  ni  Menzel,  ni 
Klinger  n'y  sont  représentés.  —  L'auteur  commence 
la  publication  de  remarques  sur  les  tableaux  et 
dessins  de  l'école  allemande,  épars  dans  les  collec- 
tions françaises  :  il  étudie  la  Déposition  de  croix,  du 
maître  de  Saint-Barthélémy  (Louvre),  chef-d'œuvre 
de  l'école  de  Cologne;  le  plateau  de  table  de  Ilans- 
Sebald  Beham  (Louvre);  les  deux  petits  panneaux 
légués  par  le  baron  Adolphe  de  Rothschild  au  musée 
de  Cluny  et  faussement  attribués  à  Michel  Wolgemut, 
le  maître  de  Durer. 

Allemagne 
Die  Kunst  (avril).  —  K.-M.  Ku/.manv.  La  «  Szluka  » 
de  Cracovie.  Association  d'artistes  polonais,  établie  à 
Cracovie,  qui  a  organisé  une  exposition  à  Vienne. 
Détails  intéressants  sur  la  renaissance  de  l'art  polo- 
nais, qui,  depuis  1873,  s'affranchit  de  l'influence  de 
Matejko;  nombreuses  reproductions. 

—  K.  Lange.  La  Loi  de  l'alternance  des  styles  dans 
l'art  (suite  et  fin). 

—  A.  Gbiselach  .  L'Exposition  d'art  anglais  à 
Berlin  (voir  l'article  de  M.  Montandon,  dans  le 
n"  373  du  Bulletin], 

—  G.  Flchs.  h.  von  Tschudi.  A  propos  de  sa 
démission  comme  directeur  de  la  Galerie  nationale,  à 
Berlin.  La  retraite  de  M.  von  Tschudi  équivaut  an 
triomphe  d'une  coterie  d'intéressés,  qui  ont  profit^ 
d'une  divergence  d'opinions  entre  M.  von  Tschudi  et 
l'empereur. 

—  11.  VON  PoELLNiTZ.  Beauté  et  expression  dons 
l'architecture  :  à  propos  de  constructions  de  l'archi- 
tecte \on  Tettau. 

—  IL  Wu.Licii.  Monuments  funéraires  par  Fritz 
Schumacher. 

—  G.  Slmmkl.  Le  Problème  du  style,  au  point  d< 
vue  de  l'art  industriel. 

—  E.-W.  Bkeut.  La  Manufacture  impériale  de 
porcelaine,  à  Saint-I'élersltourg,  d'après  une  publica- 
tion officielle  russe.  —  G.  Huet. 

Belgique 
L'Art  flamand  et  hollandais  (15  mars).  — 
Fin  de  l'élude  de  .M.  Sciimidt-Dec.enek  sur  Adriaen 
Brouwer  et  son  évolution  artistique  ;  et  de  celle  de 
M.  S. -H.  DE  Uons  sur  le  Caractère  d'itnprimerie 
moderne. 

Le  Gérant  :  H    Dknis 
Parti.  —  Imp.  Georget  Peut,  12,  rue  Uodot-de-Mauroi. 


Numéro  385. 


Samedi  23  Mai  1900. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


L'Ilislflirc  de  l'art  fraiifais  au  \I\'  siècle 
et  les  Arcliivcs  nalioiiales 


I' 


M.  Pierre  Caron,  archiviste  aux  Archives  natio- 
nales, publie,  dans  le  dernier  numéro  de  la 
licvolution  française,  une  note  sur  les  documents 
versés  aux  Archives  par  l'administration  des 
lîeaux-Arts,  en  1900,  —  documents  qu'il  achève 
de  classer  et  d'inventorier  en  ce  moment,  pour 
les  rendre  communicables  aux  travailleurs. 

Ces  documents  proviennent  de  quatre  bureaux  : 

1.  Musées  et  travaux  d'art.  —  Collection  très 
importante,  où  l'on  trouve  d'abord  261  cartons 
pour  les  <(  Travaux  d'art,  commandes  et  acquisi- 
tions 1),  de  l'an  X  à  1880;  les  dossiers  seront 
rangés  par  séries  décennales,  et  chaque  com- 
mande ou  acquisition  sera  représentée  par  un 
dossier  classé  au  nom  de  l'artiste,  A  noter  encore, 
dans  ce  même  chapitre,  les  collections  relatives 
aux  «  Encouragements  »,  aux  «  Aiïaires  diverses 
concernant  les  artistes  »  et  aux  «  Demandes 
diverses  présentées  par  les  artistes  »  ;  ces  docu- 
ments sont  compris  entre  1830  et  1880. 

Une  fois  livrées  à  l'Etat,  les  œuvres  d'art 
commandées  ou  achetées  reçoivent  leur  attri- 
bution :  la  série  des  documents  concernant 
r  n  Attribution  d'objets  d'art  »  compte  117  car- 
tons, classés  par  ordre  alphabétique  de  noms  de 
villes,  et  allant  de  l'an  IV  à  1893  ;  la  série  «  Ré- 
partition d'œuvres  d'art  entre  les  musées  «, 
comprend  39  cartons,  classés  au  nom  de  chaque 
musée,  par  séries  décennales  de  1851  à  1880. 

Viennent  ensuite  200  liasses  de  documents 
relatifs  à  des  objets  variés  :  achats  et  commandes, 
secours.  Salons  annuels,  expositions  des  beaux- 
arts  aux  Expositions  universelles,  missions, 
monuments  élevés  par  l'État,  fêtes  publiques,  etc 

2.  Écoles  et  manufacturer.  —  Une  soixantaine 
de  cartons,  concernant  l'Académie  de  France  à 
Uome,  les  Ecoles  des  beaux-arts  de  Paris  et  des 

épartemenls,  les  Manufactures  nationales,  etc. 


,3.  Bâtiments  civils.  —  Groupe  très  considé- 
rable :  plus  de  2.000  liasses,  classées  par  édifices, 
et  pour  chaque  édifice,  par  année. 

4.  Théâtres.  —  Documents  très  nombreux, 
notamment  sur  les  théâtres  subventionnés;  les 
plus  anciens  remontent  à  la  Révolution.  A  noter, 
dans  ce  fonds,  une  collection  assez  riche  de 
manuscrits  de  pièces  jouées,  classés  par  théâtre. 

Deux  bureaux  de  l'administration  des  Beaux- 
Arts  n'ont  pas  participé  au  versement  :  celui  des 
«  Monuments  historiques  »,  dont  les  archives 
sont  classées  et  aisément  consultables,  et  celui 
de  la  «  Comptabilité  ». 

Les  documents  sont  arrivés  aux  Archives  en 
bon  état  et  en  bon  ordre,  et  M.  Caron  espère  que 
leur  inventaire,  déjà  très  avancé,  sera  terminé 
dans  deux  ou  trois  mois.  Ils  pourront  alors  être 
communiqués,  et  à  en  juger  par  leur  impor- 
tance, il  est  permis  de  croire  qu'ils  feront  l'objet 
de  fréquentes  demandes. 

M  Les  Archives  nationales,  dit  M.  Caron  à  la  fin 
de  sa  notice,  offraient  déjà  des  éléments  inappré- 
ciables pour  l'étude  de  l'histoire  de  l'art  au  xix= 
siècle  ;  les  voici  maintenant  très  riches  à  cet  égard, 
grâce  au  libéralisme  de  l'administration  des 
Beaux-Arts.  Assurément,  elles  ne  possèdent  pas 
tout,  et  il  convient  de  ne  pas  oublier  que  la 
direction  des  musées  nationaux,  les  théâtres 
subventionnés,  le  Conservatoire,  possèdent  des 
papiers  fort  intéressants.  On  peut  dire  néanmoins 
que,  rapprochés  de  ceux  des  séries  anciennes, 
les  documents  nouvellement  versés  constituent 
désormais  la  source  d'archives  capitale  pour 
l'histoire  de  l'art  français  au  xix"  siècle  u. 

E.  D. 


ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie  des  beaux-arts  (séance  du  16  mai).  — 
Le  prix  Trémond,  de  la  valeur  de  1.000  fr.,  est  par- 
tagé à  titre  d'encounigement  entre  MM.  Louis  Belle, 
peintre,  et  Camille  Crémier,  statuaire. 


I6â 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


—  Le  prix  Deschaumes,  de  la  valeur  de  1.300  fr., 
destiné  à  de  jeunes  architectes,  est  attribué  à  M. 
Pierre-René  Le  Blanc,  élève  de  M.  Héraud. 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 

(séance  du  15  mai).  —  L'Académie  déclare  la  vacance 
du  fauteuil  de  M.  Barbier  de  Mcynard,  membre  titu- 
laire, décédé.  La  discussion  des  titres  n'aura  lieu 
qu'après  les  vacances. 

—  M.  Philippe  Berger  présente  le  troisième  fasci- 
cule du  tome  11  du  Corj/ns  des  Inscriptions  phéni- 
ciennes. 11  rend  hommage  au  mérite  des  collabora- 
teurs qui  l'ont  assisté  dans  cette  tâche  :  M.  l'abbé 
Loisy  d'abord,  et  M.  Slouschz. 

—  Eu  Comité  secret,  l'Académie  décide  de  présenter 
au  choi.'i  du  ministre  de  l'Instruction  publique,  pour 
la  chaire  de  numismatique  créée  au  Collège  de 
France  :  en  première  ligne  son  président  M.  Babelon, 
et  en  seconde  ligne  M.  Fernand  Mazerolle,  archiviste 
de  la  Monnaie. 

—  L'Académie  se  forme  de  nouveau  en  Comité 
secret  pour  l'exposé  des  titres  des  candidats  au  fau- 
teuil de  M.  de  Boislisle.  Sont  déflnitivement  candi- 
dats, par  ordre  alphabétique  :  MM.  Henri  Cordier, 
professeur  à  l'École  des  langues  orientales  ;  Paul 
Fournier,  doyen  de  la  Faculté  de  Droit  de  Grenoble  ; 
Albert  Martin,  professeur  à  la  Faculté  des  Lettres  de 
Nancy  ;  Gaston  Uaynaud,  bibliothécaire  honoraire  à 
la  Bibliothèque  nationale,  et  Théodore  Reinach, 
député  de  la  Savoie. 

Musée  Balzac.  —  Le  16  mai,  a  eu  lieu  l'inaugu- 
ration du  musée  Balzac,  dans  le  modeste  pavillon 
de  la  rue  Raynouard,  que  l'auteur  de  la  Comédie 
humaine  habita  de  1843  à  1848,  et  où,  sur  l'initiative 
de  M.  de  Royaumont,  a  été  constituée  une  première 
collection  de  souvenirs  balzaciens  et  d'œuvres  d'art 
rappelant  la  mémoire  de  Balzac. 

A   la   Bibliothèque    nationale.    —    M.    Henri 

Omont,  conservateur  du  département  des  manus- 
crits à  la  Bibliothèque  nationale,  vient  d'acquérir, 
avec  l'aide  de  généreux  donateurs,  parmi  lesquels 
M""  la  baronne  James  de  Rothschild,  M.  le  baron 
Edmond  de  Rothschild  et  M.  Maurice  Fenaille,  — 
deux  cent  soixante-douze  manuscrits  intéressant  l'his- 
toire de  France,  du  x'  au  xviii*  siècle,  et  provenant 
de  la  célèbre  bibliothèque  de  sir  Thomas  Philipps, 
à  Cheltenham. 

Le  legs  Guibout.  —  M"'  Guibout,  qui  possédait 
quelques  précieux  souvenirs  de  famille,  vient  de  léguer 
à  la  Bibliothèque  nationale  dix-neuf  livres  reliés  en 
maroquin  rouge,  aux  armes  de  France  et  de  Saxe  :  un 
Missel  de  l'aiis  en  8  tomes,  un  Vespéral  en  2  tomes,  un 
Office  de  nuit  en  8  tomes  et  une  Quinzaine  île  l'âques. 

Cesvolumes  datés  de  1764  proviennent  apparemment 
de  la  bibliothèque  de  la  princesse  Marie,  dauphine  de 
France,  lîllc  d'Auguste  III,  électeur  de  Saxe,  et  de 
l'archiduchesse  d'Autriche  Marie-Josèphe,  qui  fut  la 


deuxième  femme  de  Louis,  fils  de  Louis  XV,  dont  elle 
eut  huit  enfants. 

M"'  Guibout  gardait,  comme  plus  précieux  encore 
que  les  livres,  le  portrait  au  pastel  du  curé  Jean  Vien- 
net,  de  Saint-Merry,  qui  fut  le  dernier  des  curés  de 
Paris  «  assermentés  »  et  mourut  sous  le  Consulat.  Elle 
lègue  ce  portrait  au  musée  Carnavalet. 

Société  des  amis  du  Louvre.  —  M.  Moreau- 
Sélaton,  ram.ntcurqui  a  si  généreusement  contribuée 
l'enrichissement  de  nos  collections  nationales,  vient 
d'être  nommé  membre  du  conseil  de  la  Société  des 
amis  du  Louvre,  en  remplacement  de  M.  Camille  Groult. 

Société  des  artistes  français.  —  Aujourd'hui, 
23  mai,  a  lieu,  à  Montlignon,  sous  la  présidence  du 
ministre  de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts, 
l'inauguration  de  la  Maison  de  retraite  des  artistes 
(fondation  Armand  llayem),  installée  dans  la  propriété 
ollerte  à  la  Société  des  artistes  français  par  M~*  Jules 
Comte. 

Monuments  et  statues.  —  A  l'occasion  du  cente- 
naire de  l'entrée  du  collège  d'Eu  dans  l'Université,  un 
comité  s'est  formé  pour  élever  dans  cette  ville  un 
monument  à  la  mémoire  des  trois  frères  Anguier, 
François,  Michel  et  Guillaume,  —  les  deux  premiers, 
sculpteurs  illustres  du  xvii*  siècle,  et  le  troisième, 
dessinateur  à  la  manufacture  des  Gobelias. 

Expositions  nouvelles.  —  Du  21  mai  au  3  juil- 
let, sur  la  terrasse  des  Tuileries  :  IV'  exposition  des 
arts  de  la  mer,  organisée  par  l'Action  Maritime. 

En  Avignon.  —  M.  Nodet,  architecte  des  monu- 
ments historiques,  vient  de  faire  au  palais  des  Papes 
plusieurs  découvertes  intéressantes,  à  la  suite  de 
recherches  dans  les  archives  de  l'adiuinistralion  du 
génie  militaire.  Après  avoir  procédé  à  des  sondages 
dans  le  mur,  épais  de  deux  mètres,  de  la  chapelle  de 
Clément  VI,  située  exactement  au-dessus  de  la  salle 
dite  du  Consistoire,  il  a  mis  au  jour  des  sculptures 
remarquables  ornant  le  pourtour  d'une  grande  baie 
en  arc  brisé,  de  sept  à  huit  mètres  de  largeur  et  de 
douze  mètres  de  hauteur,  qui  constituait  l'entrée  de  la 
chapelle. 

Les  sondages  pratiqués  ont  permis  de  constater 
que  cette  ouverture  formait  deux  portes  séparées  par 
un  meneau  et  surmontées  d'un  vaste  tympan  limité 
par  les  courbes  gracieuses  de  l'ogive.  Toutes  les 
parties  découvertes  de  cette  entrée  monumentale  sont 
ornées  de  motifs  d'une  grande  richesse. 

A  Rouen.  —  La  Société  des  Amis  des  monu- 
ments rouennais  s'est  préoccupée,  dans  sa  dernière 
séance,  de  sauvegarder  les  vestiges  rcccouiient  décou- 
verts de  la  Tour  de  la  Pncclle.  Elle  a  émis  le  voeu  que 
ces  restes  soient  conservés  et  acquis  par  l'Etat,  ainsi 
que  le  terrain  nécessaire  à  leur  mise  en  valeur.  Elle 
a,  en  outre,  exprimé  le  vœu  que   tous   les  vestiges 


ANCIEN    ET    MODEHNE 


163 


I 


anciens,  découverts  à  l'emplacement  du  château  de 
Philippe-Auguste  soient  accusés  à  l'extérieur  par  des 
signes  apparents. 

I,a  Société  a  décidé  d'organiser  une  importante 
exposition  de  documents  iconographiques  se  rappor- 
tant à  Jeanne  d'Arc. 

A  Berlin.  —  La  Société  des  Instituteurs  de  Dussel- 
dorf  publie  chez  les  éditeurs  Fisch.er  et  Franke,  à 
Berlin,  un  Ilailschalz  deillscher  Ktinst  (Trésor  artis- 
tique des  familles)  dont  nous  ne  sommes  pas  près  de 
voir  le  pendant  chez  nous.  Ce  sont,  réunies  en  albums 
soignés,  d'un  caractère  ancien,  des  collections  de 
gravures  des  maîtres  du  passé  reproduites  en  fac- 
similés  fidèles  :  les  eaux- fortes  de  Rembrandt  (21  pi.), 
les  bois  de  Lucas  Cranach  (18  pi.,  dont  une  en  deux 
couleurs),  la  Danse  des  morts  de  Ilolbein  (40  pi.),  la 
Vie  de  Notre-Dame  (20  pi.)  et  la  Grande  l'assion 
(12  pi.)  d'Albert  Durer,  3!i  eaux-fortes  d'Ad.  van 
Ostade,  etc.,  vendues  au  prix  incroyable  de  80  pfennig, 
soit  un  franc  le  cahier.  On  comprend  que  ces  trésors 
d'art  pénètrent  ainsi  au  foyer  de  la  plus  modeste 
bourgeoisie  et  surtout  qu'on  en  fasse  grand  usage 
dans  les  écoles.  Chaque  série  est  accompagnée  d'une 
notice  ou  d'un  commentaire  que  rédigent  les  écrivains 
les  plus  autorisés.  —  M.  M. 

A  Dresde.  —  Au  banquet  d'inauguration  de  la 
grande  Exposition  d'art,  le  roi  de  Saxe  a  exprimé  son 
mécontentement  sur  la  médiocrité  d'un  certain  nombre 
d'œuvres  exposées,  et  a  déclaré  qu'à  l'avenir  il  pren- 
drait le  temps  de  se  renseigner  avant  d'accepter  le 
patronage  de  semblables  exhibitions.  —  M.  M. 

A  Francfort-sur-le-Mein.  —  Le  10  mai,  a  été 
inauguré  le  monument  à  liismarck  de  M.  Rudolf 
Siemering.  On  peut  en  dire  que  c'est  le  plus  original 
des  monuments  élevés  au  grand  chancelier  sur  tout 
le  territoire  allemand,  sans  excepter  même  celui  de 
M.  Lederer  à  Hambourg,  le  plus  heureux  de  tous 
jusqu'ici.  La  jalousie  qu'on  en  conçoit  à  Berlin, 
divertit  d'autant  plus  que  le  projet  Siemering  avait 
été  rejeté  au  concours  de  1894  pour  le  monument 
national  de  Bismarck  qui  devait  trouver  place  devant 
le  palais  du  Reichstag,  au  profit  de  celui  du  profes- 
seur R.  Begas,  que  l'on  a  eu  depuis  le  loisir 
d'admirer. 

M.  Siemering  s'est  inspiré  d'un  mot  de  Bismarck  : 
«  Mettons  l'Allemagne  en  selle  ;  elle  saura  bien 
chevaucher  toute  seule  ».  Le  groupe  colossal  (plus  de 
cinq  mètres  de  haut)  le  montre  à  la  tète  du  cheval, 
indiquant  la  voie  à  une  Germania  casquée  et  cui- 
rassée. Le  geste  de  la  main  peut  avoir  quelque  chose 
de  pathétique,  de  même  que  le  regard  inspiré  de 
l'écuyère  ;  mais  l'ensemble  ne  manque  ni  de  gran- 
deur, ni  de  belles  lignes,  ni  d'élan  ;  le  portrait  de 
Bismarck  se  recommande  par  une  frappante  ressem- 
blance, et  la  figure  de  l'héroïne  conserve  dans  sa 
force  une  grâce  juvénile.  Entre  les  pieds  du  cheval, 
se  replie  le  dragon  de  la  discorde.  Rarement  allégorie 


aura  été  traduite  avec  une  simplicité  plus  claire  et 
plus  immédiatement  accessible.  L'exécution  artistique 
en  est  des  plus  satisfaisantes.  —  M.  M. 

A  Munich.  —  La  discussion  entre  MM.  M.  Wieland 
et  G.  Habich,  à  propos  des  portraits  d'empereurs  ro- 
mains à  la  Résidence,  dont  nous  avons  parlé  à  plu- 
sieurs reprises  (voir  n""  360  et  S'ÎO),  est  consid'érée 
comme  close,  à  la  suite  des  déclarations  de  M.  Rode,  qui 
donne  raison  au  second.  La  série  des  tableaux  peut 
encore  dater  du  xvi*  siècle,  mais  ce  sont  des  copies,  — 
auxquelles  il  est  possible  qu'aient  travaillé  les  élèves 
de  Titien,  —  de  qualités  très  variables  et  aujourd'hui 
fortement  repeintes.  La  même  série  existe  à  Londres 
chez  lord  Brownlow,  qui  fait  également  remonter  ses 
peintures  aux  collections  de  Charles  I". 

—  L'ancienne  Pinacothèque  a  reçu  en  don,  de  la 
Société  du  Muséum  bavarois,  une  belle  œuvre  de 
Pieter  Lastman,  le  Baptême  du  trésorier  d'un  roi  des 
Maures  par  l'apôtre  Philippe  ;  c'est  le  seul  tableau 
avec  un  Ulysse  et  Sausicna  à  Augsbourg  que  les  col- 
lections de  Bavière  possèdent  de  ce  second  maître  de 
Rembrandt.  —  M.  M. 

A  Schlestadt.  —  Nous  avons  parlé  en  son  temps 
du  château  du  Ilaut-Kœnigsbourg  et  de  sa  restaura- 
tion par  l'architecte  Bodo  Ebhardt  ;  nous  avons 
raconté  comment  la  ville  de  Schlestadt  ayant  olîcrt 
les  ruines  de  cette  vieille  forteresse  à  l'empereur, 
celui-ci  avait  fait  édifier  à  leur  place,  à  coups  de 
millions,  une  bâtisse  toute  neuve  par  un  architecte  de 
son  choix  ;  enfin  nous  avons  ri,  avec  tous  les  artistes, 
de  la  singulière  déconvenue  de  ce  «  restaurateur  », 
qui  déclarait  bien  haut  respecter  l'architecture  de  la 
construction  primitive,  quand  un  imprimeur  stras- 
bourgeois  M.  P.  Heitz,  découvrit  une  plaquette  où 
un  artiste  du  xvr  siècle  avait  retracé  la  silhouette 
du  Haut-Kœnigsbourg,  —  une  silhouette  que  ne  rap- 
pelait guère,  hélas  !  la  construction  de  M.  Ebhardt 
(voir  le  n°  364  du  Bulletin). 

La  nouvelle  hurg  a  été  inaugurée  solennellement,  le 
13  mai,  par  Guillaume  II,  et  l'empereur,  en  pronon- 
çant le  discours  de  réception,  a  eu  pour  son  architecte 
le  couplet  fort  élogieux  que  voici  :  «  Je  remercie 
ensuite  le  génial  architecte  qui,  après  une  étude 
détaillée  des  sources  et  du  matériel  documentaire^  a 
préparé  l'œuvre,  et,  se  conformant  slriclemenl  aux 
types  de  la  vieille  époque,  l'a  achevée...  » 

Puissent  les  paroles  impériales  être  un  baume  aux 
blessures  d'amour-propre  de  M.  Bodo  Ebhardt...  Elles 
ne  peuvent  pourtant  pas  cllacerla  méprise  du  »  génial 
architecte  »  ni  faire  que  le  donjon,  dont  il  a  enrichi 
sa  restauration,  ail  jamais  existé.  —  Ed. 

Nécrologie.  —  M.  Julien  Guadet,  inspecteur 
général  des  bâtiments  civils,  professeur  à  l'École 
nationale  des  beaux-arts,  ollicier  de  la  Légion  d'hon- 
neur, vient  de  mourir  à  l'âge  de  soixante-treize  ans. 
Prix  de  Rome  en  1804,  il  se  fit  remarquer  par  son 
dernier  envoi,  le  Cotisée,  dont  il  présentait  un  projet 


i64 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


de  restitution  très  iagénieux.  Professeur  chef  d'atelier 
d'arctiitecture  à  l'École  des  beaux  arts,  puis  profes- 
seur de  théorie  d'architecture  en  remplacement  de 
l'architecte  Edmond  Guillaume,  il  forma  de  nombreux 
élèves,  souvent  remarqués  depuis  lors  par  leurs 
succès.  Il  publia  son  cours  il  y  a  quelques  années,  et 
ces  quatre  volumes,  aujourd'hui  classiques,  —  vrai 
Vitruve  moderne  —  resteront  comme  un  monument 
de  science  où  la  clarté  de  l'exposition  s'unit  à  l'élé- 
gance du  style.  M.  J.  Guadet  fut  surtout  un  excellent 
professeur,  mais  on  lui  doit  aussi  quelques  œuvres 
architecturales,  notamment  l'ilùtel  des  Postes,  rue  du 
Louvre  ;  c'est  lui  également  qui  fut  chargé  de  la 
reconstruction  du  Théâtre  Français  après  l'incendie 
de  1900. 


—  M.  Roger  Ihdlu,  qui  vient  de  mourir  dans  sa 
cinquante-cinquième  année,  était  le  fils  de  Théodore 
Ballu,  l'architecte  de  l'ilôtel-de- Ville  et  de  l'église  de 
la  Trinité,  le  frère  cadet  de  M.  Albert  Itallu,  architecte 
en  chef  des  monuments  historiques.  Devenu,  en 
1878,  chef  du  cabinet  de  M.  Eugène  Guillaume,  direc- 
teur général  des  Beaux-Arts,  puis  nommé  inspecteur 
des  Beaux-Arts  et  professeur  d'histoire  de  l'art  à  la 
Section  des  filles  de  l'École  nationale  des  arts  déco- 
ratifs, fondateur  de  la  Société  des  pastellistes,  il  avait 
quitté,  en  1901,  ses  fonctions  administratives  pour  se 
lancer  dans  la  politique  :  député  en  1902,  il  ne  fut 
pas  réélu  en  1906.  Il  laisse,  entre  autres  travaux  sur 
les  arts,  une  intéressante  monographie  de  Uarye. 


■  >i  fO»0»  »  u  *  I 


CHRONIQUE    DES   VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

Collection  de  M.  P.  M...  (tableaux  anciens). 

—  Annoncée  par  un  catalogue  illustré  de  belle 
tiiille,  cette  vente,  faite  salles  7  et  8,  le  8  mai,  par 
M"-"  lîaudoin  et  M.  Ferai,  manquait  de  pièces  vrai- 
ment marquantes.  Les  quelques  bons  tableaux  qui 
s'y  rencontraient  ont  obtenu  des  enchères  hono- 
rables. Il  nous  suflira  de  donner  la  liste  des  prix 
les  plus  élevés  de  cette  vacation,  dont  le  produit 
total  s'est  élevé  à  416.836  francs. 

PRINCIPAUX   PRIX 

Tableaux  anciens.  —  1.  Beechey.  La  Femme  au 
chien,  2. COQ  fr.  —  2.  Bonington.  Une  Procession  sur 
le  qttai  des  Esclavons,  à  Venise,  3.000  fr.  —  4.  fions- 
table.  Étude  de  l'aysaçie,  2.500  fr.  —  5.  The  Glèbe 
Farm,  6.000  fr.  —  6.  Lawrence.  Lady  Grey  et  ses  deux- 
tilles,  6.000  fr.  —  10.  Attr.  à  Itcynolds.  Périrait  de 
Miss  Starkie,  4.600.  fr. 

16.  Boursse.  Le  llenedicile,d. 000  fr.  —  17.  Itrauwer. 
Le  Fumeur,  4.000  fr.  —  18.  Brekelenkam.  Le  Siiho- 
lier,  4.ii00  fr.  —  21.  Gérard  David.  Le  Chris!  au  lin- 
ceul. —  24.  Cranach.  Portrait  d'homme,  4.260  fr.  — 
;M.  Gossaert,  dit  Jean  de  Mabuse.  Mars  et  Vénus, 
20.000  fr.  (vente  Sedelmeyer,  20.000).  —  34.  Van 
Goyen.  Bords  de  rivière,  4.000  fr.  (dem.  8.000).  — 
35.  Une  Rivière  en  Hollande,  10.500  fr.  (dem.  15.000). 

—  36.  Le  Village  fortifié,  8.300  fr.  (dem.  6.000).  — 
39.  Atelier  de  Franz  liais.  Le  Hommelspot,  7.000  fr. 
(dem.  12.000).  —  47.  Maas.  Portrait  de  jeune  femme. 


14.500  fr.  (dem.  15.000).  —  48.  La  Fillette  au  chevreuil, 
3.200  fr.  —  49.  Le  Maître  des  demi-figures.  Jeune 
Femme  écrivant,  2.800  fr.  —  50.  Le  Maître  des  demi- 
ligures  au  perroquet.  La  Femme  au  calice,  2.800  fr.  — 
51.  Attr.  au  Maître  de  la  Mort  de  la  Vierge.  Saint 
Jérôme  dans  le  désert,  4  800.  —  59.  Kaveslcin.  l'or- 
trait  de  jeune  femme,  17.600.  —  60.  Rubens.  Le 
Consul  Decius  Mus  racontant  son  rêve  à  ses  officiers, 
6.700  fr.  (vente  Sedelmeyer,  6.700).  —  61.  Jacob 
Ruisdael.  Le  Moulin,  2.900  fr.  —  62.  Salomon 
Uuisdael.  Vue  de  Hollande,  3.500.  —  66.  J.  Stcn.  La 
Joyeuse  compagnie,  5.000  fr.  (vente  Sedelmeyer, 
8.100).  —  67.  Le  Libertin,  2.500  fr.  —  68.  D.  Téuiers. 
Les  Pécheurs,  4.200.  —  69.  L'Alchimiste,  2.800  Ir.  — 
74.  Verspronck.  Portrait  d'une  dame  de  qualité, 
3.300  fr.  —  75.  De  Vos.  Portrait  de  jeune  femme, 
5.200  fr.  —  77.  AVouwerman.  La  Promenade  à  citerai, 
2.500  fr.  —  78.  École  hollandaise.  Portrait  de  jeune 
homme,  2.500  fr. 

80.  Boucher.  La  Petite  jardinière,  3.000  fr.  —  82- 
83-84-85.  École  de  Boucher.  Quatre  dessus  de  porte. 
Le  Tir  à  l'arc  ;  in  Ilascule  :  la  Pèche  :  la  Vendange, 
3,050  fr.  —  86.  École  de  Boucher,  3.400  fr. 

95.  Largillière.  Portrait  de  jeune  femme,  20.500  fr. 
(dem.  15.000).  —  96.  Portrait  de  femme,  4.100  fr.  — 
97  bis.  Portrait  de  femme,  3.000  fr.  —  101.  École  de 
iNattier.  Portrait  présumé  de  la  duchesse  de  Cluiteau- 
roux,  3.100  fr.  —  102.  Pater.  La  Chiromancienne, 
7.000  fr.  (vente  Sedelmeyer,  12.000).  —  105.  Hubert 
Robert.  Paysage  avec  ruines,  5.400  fr.  —  106.  Portrait 
présuméde  lafille de Fragonard,  3.100fr. —  107.Srhall. 
La  Danseuse,  5.200  fr.  —  108.  Taraval.  Le  Repos  de 
Diane,  5.000  fr.  —  109.  Tocqué.  Portrait  d'un  gentil- 


ANCIEN    ET    MODERNE 


165 


homme,  TMO  fr.  —  111.  Van  Loo.  Portrait  de  jeune 
femme,  16.100  (deii).  12.000).  —  Portrait  de  jeune 
femme,  3.500  fr.  —  113.  Carie  Van  Loo.  Portrait  de 
jeune  femme,  5.300  fr. —  118.  Goya.  Scène  de  Carna- 
val. 12  500  fr.  —  l'20.  Guardi.  {Le  Pont  du  Rialto , 
4.900  fr.  —  121.  Vue  des  environs  de  Venhe,  2.500  fr. 

—  123.  Attrib.  à  Pollaiuolo.  Tohie  et  l'ange,  10.000  fr. 

Vente  Homberg  (objets  d'art  et  de  haute 
curiosité)  (Suite).  —  Nous  continuerons  à 
ilonner  les  enchères  les  plus  marquantes  de 
chaque  vacation,  remettant  à  une  prochaine 
chronique  la  liste  détaillée  des  principaux  pri.\. 

S'°*  Vacation  (15  mai). 

É.M.tix  cinMi'LEVKS.  —  528.  Cros.sc,  fin  du  xiii' 
siècle,  présentant  le  sujet  de  l'Annonciation  dans  le 
volute,  16.050fr.(dem,;i5.000).  — 527.  Plaque  d'évangé- 
liairc,  mSuie  ép.,  présentant  le  Christ  crucifié,  la 
Vierge  et  saint  Jean,  15.200  fr.  (dem.  10.000).  —  515. 
Plaque  de  châsse  du  .\in*  s.,  présentant  deux  anges 
assis  et  une  légende,  11.900  fr.  (dem.  12.000;  vente 
Boy,  1905,  9.500).  —  157.  Châsse  avec  personnages  en 
relief  (un  manquant),  12.000  fr.  (dem.  15.000). 

É.M.AUX  PEINTS.  —  585.  Plaque  de  baiser  de  paix 
représentant  Salomé  apportant  la  tête  de  saint 
Jean,  trav.  de  Nardon  Pénicaud,  fin  du  xv"  s., 
8.500  fr.  (dem.  5.000). 

6'  Vacation  (16  mai). 

Terre  cuite  par  Clodion,  représentant  une  Bac- 
chante assise  sur  un  tertre,  accompagnée  d'un 
enfant  et  contemplant  un  oiseau  (coup  de  feu  et 
restaurations)  30.000  fr.  (dem.  35.000).  —  Statuette 
de  filletle  assise,  en  marbre  blanc,  l'Oiseau  mort, 
attrib.  à  Falconnet,  12.200  fr.  (dem.  10.000).  —  Bois 
sculpté.  Fragment  de  .retable  du  xv  s.,  repr.  Jésus 
dans  la  maison  du  Pharisien,  14.520  fr.  (dem.  15.000). 

—  Statuette  bois  peint,  ép.  Louis  XII  (rest.),  13.000  fr. 
dem.    10.000).  —  Statuette    en  pierre   de  Louis  II, 

duc  de  Bourbon  agenouillé,  6.400  fr.  (dem.  8.000  .  — 
Médaillon  quadrilobé,  marbre  du  xv  s.,  5.005  fr.  — 
Fragment  de  tapis  velouté,  anc.  trav.  polonais, 
13.020  fr.  (dem.  8.000). 

Avec  cette  sixième  vacation  a  pris  fin  cette 
intéressante  vente,  qui  a  donné  un  produit  total 
de  820.512  fr. 

D'une  manière  générale,  on  peut  dire  qu'elle  a 
'U  des  résultats  très  honorables,  et  même  un 
véritable  succès,  étant  donné  l'état  présent  du 
marché;  il  est  certain  que  plusieurs  des  numéros 
i|ui  viennent  de  passer  sous  le  marteau  auraient 
provoqué  de  plus  belles  enchères,  il  y  a  un  an 
ou  deux. 

Collection  Morsent  (serrurerie).  —  Celle 
curieuse  réunion  de  serrures,  verrous,  loquets 
et  autres  objets  du  même  ordre,  a  produit  envi- 


ron Ib.OOO  fr.  et  donné  lieu  à  quelques  enchères 
d'une  certaine  importance,  étant  donné  ce  genre 
d'objets  d'art.  Citons  en  particulier  :  grande  ser- 
rure aux  armes  de  France ,  500  fr.  ;  serrure  du 
xviu"  siècle,  signée  Dufour,  900  fr. 

Il  avait  été  dressé,  à  l'occasion  de  celte  vente, 
qui  a  eu  lieu  les  13  et  14  mai,  salle  It,  sous  la 
direction  de  M<=  Origet  et  de  MM.  Lemaire- 
Demouy,  un  catalogue  illustré  d'une  planche 
reproduisant  les  principaux  numéros  de  la 
collection. 

Tableaux  modernes.  —  Une  vente  de  pein- 
tures du  genre  le  plus  moderne,  faite  le  16  mai, 
salle  1,  par  M"  A.  Couturier  et  M"  Druet,  a  pro- 
duit un  total  de  70.1.3i  fr.  et  donné  lieu  à 
quelques  enchères  qui  méritent  d'être  signalées, 
à  titre  de  curiosité,  car  il  s'agit  ici,  pour  la  plu- 
part des  numéros,  d'un  genre  de  peinture  tout 
spécial,  échappant  à  toute  appréciation  comme 
à  toute  critique,  et  dont  la  cote,  dans  cette  vaca- 
tion, nous  laisse  plutôt  sceptiques. 

Van  Gogh.  Les  Cyprès,  8.100  fr.  —  Les  Cliaumières, 
5.100  fr.  —  Cézanne.  Les  Baigneuses,  3.920  fr.  — 
Courbet.  Le  Ravin,  3.600  fr.  — Gauguin.  Les  Laveuses, 
2.900  fr.  —  Maurice  Denis.  Vue  de  Home,  2.300  fr.  — 
Degas.  La  Toilette,  pastel,  2.700  fr. 

3<:  Vente  Gerbeau  (tableaux  anciens  et 
modernes).  —  Faite  le  18  mai,  par  M"^  Bizouard 
et  liaudoin  et  M.  Ferai,  cette  vente  a  produit 
un  total  de  102.512  francs.  Ne  contenant  que  des 
numéros  d'importance  secondaire,  elle  n'a  donné 
lieu  qu'à  des  prix  peu  élevés,  dont  il  nous  suflira 
de  signaler  les  principaux. 

Corot.  L'Étang,  9.200  Ir.  (dem.  6.000).  —  Daubigny. 
La  Fenaison.  Non  vendu.  —  Ch.  Monet.  L'Hiver, 
6.100  fr.  (dem.  10.000).  —  Besnard.  La  Jeune  fille 
rousse,  5.100  fr.  (dem.  6.000).  —  Sisley.  La  Machine 
de  Marly  (ou  le  Pont  de  Moret),  3.350  fr.  (dem.  5.000). 
—  Ziem.  Environs  de  Venise,  3.050  l'r.  —  Ilenner. 
Madeleine,  5.050  fr.  (dem.  3.000).  —  J(mgkind.  Canal 
en  Hollande,  3.200  fr.  —  Lebourg.  Environsde  Rouen, 
3.100  fr.  (dem.  1.800). 

Il  faut  noter  le  contraste  entre  la  baisse 
marquée  sur  les  impressionnistes  dans  cette 
vente  et  la  haute  cote  des  néo-impressionnistes, 
dans  la  vacation  anonyme  faite  deux  jours 
auparavant  salle  1,  dont  nous  parlons  ci- 
dessus. 

Faïences  anciennes. —  La  vacation  que  nous 
avons  annoncée  et  qui  a  eu  lieu  le  18  mai, 
salle  7,  a  produit  27.550  francs.  Nous  ne  trou- 


1 


166 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


vons  à  signaler  dans  ses  résultats  que  l'enchère 
de  5.100  francs,  obtenue  parle  n"  U7,  un  plat 
creux  décoré  sur  fond  jaune  ocre,  de  Vénus  et 
de  l'Amour  entre  deux  satyres  en  bleu,  et  de 
réserves  blanches  à  fleurettes  en  couleurs. 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Col- 
lection du  D'-  G.  H.  N....  —  Dans  la 
réunion  de  peintures  anciennes  de  diverses 
écoles  que  disperseront  M"  Lair-Dubreuil  et  M.J. 
Ferai,  le  29  mai,  salle  6,  nous  remarquons  en 
particulier:  le  Portrait  de  Saskia,  <pa.r  (J.  Flinck; 
le  Repos  dans  te  parc  attribué  à  N.  Lancret  ;  un 
Portrait  de  femme,  par  Largillière,  qui  provient 
de  la  collection  Muiszech  et  un  Portrait  d'homme 
du  môme  peintre  ;  le  Portrait  de  jeune  femme  de 
l'atelier  de  Nattier  ;  le  Portrait  de  lioitcau,  par 
IL  liigaud;  la  Cascade,  par  Hubert-Hobert  ;  la 
Tempête,  par  J.  Ruysdaël  ;  une  Vue  de  Hollande, 
par  Van  Goyen  ;  le  Mari  cocu,  battu  et  content, 
par  Pater  (vente  R.  Vaile,  Londres)  ;  un  Portrait 
de  jeune  femme,  par  Tisciibein  ;  le  Portrait  d'un 
magiatrat  par  C.  Van  Loo  ;  le  licpos  de  la  Sainte 
Famille,  page  anonyme  de  l'école  flamande  du 
xvi"  siècle  ;  un  Portrait  de  jeune  femme,  de  l'école 
française  du  xviii"  siècle  ;  un  Portrait  d'homme, 
mi'me  école  et  même  époque,  et  une  comi>osifion, 
le  /(('ce,  même  école  et  môme  épo(iue. 

Dans  cette  même  vente,  qui  a  fait  l'objet  d'un 
catalogue  illustré,  est  compris  également  un 
talileau  par  Carie  Van  Loo,  la  Femme  au  livre, 
appartenant  à  M.  X. 

Succession  Debacker.  —  Le  i"  juin,  à 
rilùtel,  aura  lieu,  sous  la  direction  de  M"Desau- 
bliaux  et  Trouillet  et  de  MM.  Paulme  et  Lasquin 
et  (ieorges  Petit,  la  vente  des  objets  d'art  et 
tableaux  provenant  de  la  .succession  de  feu 
il/.  Débâcher.  Le  clou  de  cette  vacation  sera  une 
tapisserie  de  Beauvais  du  temps  de  Louis  XV, 
représentant  la  Pêche,  d'après  Boucher,  avec 
écussons  aux  armes  royales.  On  signale  encore 
une  tapisserie  de  Bruxelles,  quatre  beaux  vases 
de  Chine  et  des  tableaux  anciens  et  modernes. 

A  l'étranger.  —  En  Allemagne.  —  Tableaux 
anciens. —  Les  26  et  27  mai,  aura  lieu  à  Cologne, 
sous  la  direction  de  M.  J.  Heberlé,  une  vente  de 
tableaux  anciens  qui  comprend,  en  particulier, 
des  ouvrages  de  l'école  hollandaise  du  xv-ii"  siècle. 
(Catalogue  illustré.) 


EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


M.    N 


— ~-^*3SSEas5Çt:, — — 


Cent  pastels  (galeries  Georges  Petit).  —  Il 
semble  bien  que  notre  époque  érudite  ail 
exaucé  le  philosophe-artiste  (1)  qui  nous  sou- 
haitait, à  l'exemple  de  l'Angleterre,  la  périodicité 
des  expositions  rétrospectives.  Ce  printemps 
rapproche  trois  siècles  :  à  la  Bibliothèque 
nationale,  c'est  Rembrandt,  magicien  du  vrai, 
qui  fait  vivre,  à  côté  du  Docteur  Fa«s<«s,  les 
traits  du  bourgmestre  Jean  Six  ou  du  pasteur 
Cornélius  Anslo;  la  vie  s'exalte  à  son  rayon 
mystérieux,  et  la  Hollande  familière  devient 
profonde  comme  un  rêve,  eij  se  gravant  sur  le 
miroir  de  ses  cuivres.  Aux  pavillons  de  Baga- 
telle, c'est  Ingres  et  Delacroix  qui  se  partagent 
leur  temps  :  l'un,  portraitiste  idéal  d'une  cour 
bourgeoise  ;  l'autre,  évocateur  fiévreux  de  Paga- 
nini,  dans  les  sombres  appartements  où  Courbet 
verra  moins  lyriquement  la  pâleur  de  Dertioi. 
Entre  ces  deux  romantisme»,  une  trêve  de  suave 
élégance  s'éclaire  à  Cent  pastels,  entourant  une 
vingtaine  de  bustes,  et  réunis  par  la  main  bien- 
faisante de  Mni<:  la  marquise  de  Ganay  :  car  celle 
fête  des  yeux  est  une  bonne  œuvre.  Et  revoici 
notre  xvni«  siècle,  les  toujours  jeunes  contem- 
porains du  vieux  Rameau.  N'est-ce  pas  encore 
et  partout  le  portrait,  proscrit  par  les  intran- 
sigeants de  l'idéalisme,  qui  nous  propose  une 
revanche  contre  le  néant  de  la  vie?  Que  resterait- 
il  du  plus  français  des  siècles,  sans  cette  fragilité 
du  pastel  qui  retient  l'àme  du  portraitiste  et 
l'iime  du  modèle,  en  un  regard  brillant  sous  la 
poudre  ?  La  singulière  conservation  de  ces 
témoins  du  passé  frappe  d'abord.  Et  l'antithèse 
n'est  plus,  cette  année,  entre  Fragonard  et  Char- 
din, mais  entre  La  Tour  et  «  Monsieur  Perrou- 
neau  »,  son  rival. 

Rien  ne  reste  d'une  rivalité  que  le  bilence 
parlant  des  ouvrages;  et  trente-cinq  La  Tour 
s'opposent  à  trente-deux  Perronneau  pour  cor- 
riger à  nos  yeux  le  parallèle  assez  partial  do 
Diderot (2).  Si  le  petit  portrait  du  petit  Duc  de 
Bourgogne  nous  rappelle  la  faveur  de  l'adroit  et 
pimpant  La  Tour  dans  la  royale  société  de  Ver- 
sailles, le  lier  profil  de  M"»"  de  Pompadour  ou  le 
sourire  de  M""' de  Mondonville  évoquent  les  bou- 
tades du  peinire  à  la  mode.  sarcasti(|ue  comme 
Voltaire  et  bourru  comme  Jean-Jacques;  un  loup 

(i)  Victor  Ousin,  dès  18.53. 

(2)  Dans  la  fameuse  page  du  Salon  Je  l'iîî. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


167 


noir,  un  manchon  soyeux,  quelques  livres  ou 
des  fanfreluches,  et  mieux  encore  un  regard, 
nous  parle  du  contemplateur  qui  se  piquait  de 
descendre  au  fond  des  âmes;  et  pas  un  de  ses 
grands  portraits,  parfois  affadis  par  la  manie 
des  retouches,  ne  vaut  le  feu  léger  de  ses  prépa- 
rations, l'étincelle  d'un  masque  de  femme. 

D'abord  et  longtemps  méconnu  comme  la  dis- 
crétion même,  Perronneau  n'est  pas  du  tout  le 
peintre  pastelliste  dur,  incorrect  et  lâché  que 
prétendaient  les  dédains  du  siècle  :  sa  délicatesse, 
au  contraire,  tranche  doucement  sur  la  causli- 
cllé  de  La  Tour  et  poudre  avec  ampleur  le 
velours  d'un  habit  gris-mauve  ou  vieux-rose. 
Revoici  M.  Olivier  et  Madame  son  épouse,  habillée 
d'une  robe  de  péquin,  tels  que  les  décrit  le  livret 
de  1748;  mais  les  modèles  du  bon  Perronneau 
demeurent  inconnus  pour  la  plupart,  car  l'ami 
des  artistes  et  du  collectionneur  provincial 
Aignan-Thomas  Desfriches  ne  travaille  guère  que 
dans  les  salons  de  la  bourgeoisie.  Comme  il  fait 
deviner  la  sensuelle  vulgarité  des  parvenus  sous 
les  frimas  de  la  mode!  Mais  il  exprime  aussi  la 
désinvolture,  et  l'Homme  à  ta  rose  plaide  pour  lui. 

Les  nombreux  pastellistes  du  siècle  des  grâces 
font  cortège  à  nos  deux  rivaux  :  c'est  Rosalba 
Carriera,  la  vaporeuse  Vénitienne  éprise  du  Gor- 
rège  ;  Hall,  le  Suédois  coquet  ;  le  Genevois  Lio- 
tard  ;  Nattier,  ravissant  portraitiste  de  la  jolie 
Madame  Le  Royer  dans  son  décolleté  bleu  ;  le 
bonhomme  Chardin,  avec  son  serre-tôte  et  ses 
besicles,  qui  se  peint  lui-même,  comme  Latour 
et  son  seul  élève-  Duoreux,  comme  Greuze, 
comme  Hoin.,  Notre  Prud'hon  nous  mène  aux 
gentillesses  rosées  de  l'école  anglaise  et  de  John 
Russell,  l'élève  de  Cotes,  qui  laisse  l'humour  au 
burin  de  William  Hogarth.  La  flamme  française 
des  bustes  reste  sans  rivale  ;  et  c'est  à  Bagatelle 
qu'il  faut  rencontrer  le  successeur  de  Houdon, 
portraitiste  de  Madame  Adélaïde  :  il  s'appelle  Car- 
peaux, 

Société  de  Saint-Jean  (Collège  Stanislas).  — 
Ce  n'est  pas  ici  que  Rembrandt  doit  passer  pour 
un  bien  plus  grand  peintre  que  Raphaël;  et  si 
le  destin  de  l'art  moderne  l'entraîne  vers  la 
liberté,  c'est  l'autorité  que  ressuscitent  les  élèves 
d'Ingres  en  une  section  rétrospective  heureu- 
sement organisée  par  notre  collaborateur 
.\I.  André  Girodie.  Projets  et  dessins  nous  foni 
réfléchir.  Par  ce  temps  ambitieux,  qui  singe  le 
génie,  il  n'est  pas  mauvais  de  relier  connaissance 
avec  une  école  oii  la  conviction  ne  délirait  point. 


On  y  vénérait  la  ligne  et  la  parole  du  maître; 
et  l'amant  passionnément  païen  de  la  forme 
inspirait  le  beau  calme  religieux  des  draperies. 
Voulaient-ils  helléniser  la  pensée  chrétienne  ou 
Il  baptiser  l'art  grec  »,  le  lyonnais  Hippolyte 
Flandrin,  grand  portraitiste,  et  son  frère  Paul, 
le  paysagiste  épris  de  l'Arcadie  poussinesque  ; 
Amaury  Duval,  plus  régulier  que  Mottez;  Jan- 
mot,  dont  Delacroix,  sévère  aux  autres,  estimait 
le  "  parfum  dantesque  »  ;  les  frères  Balze,  et 
Desgoffe,  ou  Lehmann,  à  défaut  de  Lenepveu? 
L'effort  vers  la  beauté  n'est  jamais  vulgaire. 
N'oublions  pas  Ramain  Cazes,  le  pyrénéen. 
Plus  indépendant,  Chassériau  penchait  pour 
Delacroix,  comme  M.  Maurice  Denis  pour  Puvis 
de  Chavannes,  parmi  des  contemporains  plus 
sages  où  se  distingue  le  style  italianisant  de 
M.  Paul-Hippolyte  Flandrin,  près  des  bustes  de 
-M.  Louis  Castex  et  des  bas-reliefs  de  M"''  ThioUier 
qui  porte  un  nom  cher  aux  admirateurs  de 
Ravier.  L'amour  de  la  tradition  n'est  pas, 
aujourd'hui,  la  moindre  originalité. 

Les  Cinquante  (galeries  Georges  Petit).  —  Du 
vieux  Rembrandt  jeune  postérité,  ce  sont  les 
les  derniers  héritiers  du  romantisme.  Et  rien 
que  des  artistes  vivants,  très  vivants.  Pour  obéir 
à  la  loi  des  contrastes,  à  l'opposition  des  cou- 
rants, qui  rétablit  partout  l'équilibre,  la  vogue 
subite  de  la  gravure  polychrome  devait  favoriser 
le  retour  de  la  gravure  monochrome;  et  c'est 
pour  affirmer  ses  droits  que  «  les  Cinquante  » 
n'ont  pas  craint  de  former  un  groupe  de  plus  : 
eau-forte,  pointe-sèche,  burin,  gravure  sur 
bois;  la  tendre  lithographie  seule  est  absente; 
le  bois  n'est  guère  représenté  que  par  les 
camaïeux  de  M.  Vibert  ;  et  vous  trouverez  moins 
d'élèves  de  Bervic  que  d'aquafortistes  prime- 
sautiers.  Des  maîtres,  d'ailleurs  :  aquafortiste  et 
xylographe,  M.  Lepère  fait  de  la  clarté  matinale 
avec  quelques  traits,  à  l'Abreuvoir  du  pont  Sullij  ; 
et  Buhot  ne  dédaignerait  ni  son  Quatorze  juillet, 
rue  Galande,  ni  son  Retour  nocturne  de  Grcen- 
wich;  le  peintre  de  la  vie,  M.  Besnard,  grave  la 
série  de  la  Mort;  .M.  Steinlen  reste  le  portraitiste 
profond  du  faubourg  et  des  chats;  M.  Chahine 
voit  plus  subtilement  que  M.  Louis  Legrand  le 
demi-monde  populacier  de  Montmartre.  Nous 
connaissions  •  déjà  la  finesse  voyageuse  de 
M.  Synge  et  les  fantastiques  chantiers  do 
M.  Brangwyn,  le  Henan  de  M.  Zorn  et  M.  Rassen- 
fosse,  l'émule  de  Rops.  Discernons  le  trait  mince 
de    M.     James     Ensor,     les    paysanneries    de 


168 


LE    BULLETIN   DE  L'ART 


M.  Homère,  les  architectures  de  M.  Affleck,  les 
petits  nus  de  M.  Berton.  Étrangers  ou  Français 
luttent  contre  la  photographie  triomphante  avec 
un  procédé  moins  expéditif  que  ne  le  croient  les 
reporters. 

2=  Salon  des  Humoristes  (au  Palais  de 
Glace).  —  «  Le  merveilleux  nous  enveloppe  et 
nous  abreuve  comme  l'atmosphère;  mais  nous 
ne  le  voyons  pas  .»  Aupics  du  poète  qui  le  voit, 
un'  Méphistophélès  est  embusqué  :  c'est  le  cari- 
caturiste. Impitoyable  à  la  beauté  mfime,  qui 
n'est  jamais  parfaite,  son  rire  est  toujours  amer 
et  souvent  triste;  et  le  Salon  du  rire  n'est  pas 
gai.  MM.  Dethomas  et  Jeanniot  ne  voient  pas  la 
vie  en  rose;  M.  Forain  reste  féroce;  et  les  trop 
nombreux  imitateurs  de  Caran  d'Ache  sont 
beaucoup  moins  drôles  que  les  fauves  incons- 
cients du  Salon  d'Automne...  Il  y  a,  d'ailleurs, 
des  poètes  au  milieu  de  ces  humoristes  :  il  suffit 
de  nommer  MM.  Chéret,  Dillon,  Léandre  et 
Willette,  M.  Devambez  ancien  prix  de  Rome,  ou 
M.  Jacques  Drésa  l'aquarelliste,  en  regard  de 
Vhumour  anglais  d'autrefois  :  William  Ilogaerth, 
moraliste  assez  flamand,  John  Collelt,  Woodward, 
Thomas  Rowlundson,  peu  tendre  pour  une 
Famille  française,  où  tout  danse  la  carmagnole 
Je  5  novembre  1792,  James  Gillray,  Henry  Bun- 
bury,  les  trois  Cruikshank,  tous  les  contempo- 
rains du  pastel  romanesque  ou  du  roman 
sermonneur.  Encore  une  ingénieuse  rétrospective, 
et  qui  fait  penser. 

Raymond  Bouykr. 

CORRESPONDANCE  DE  MUNICH 


Les  expositions  de  printemps 
Les  différentes  expositions  de  printemps  ont 
comporté  plus  d'œuvres  françaises  ((u'on  n'en 
avait  vu  à  Munich  depuis  la  dernière  Exposition 
internationale  :  un  groupe  d'indépendants  à  la 
Sécession;  une  collection  Van  Gogh  à  la  Galerie 
moderne  de  M.  Brackl;  Gauguin  et  Van  Gogh 
encore  à  la  galerie  Zimmermann.  Mais  autant 
ces  noms  avaient  excité  la  curiosité,  autant  les 
ouvrages  exhibés  ont  trompé  toute  attente. 

Dans  une  revue  parisienne,  il  ne  sied  pas  de 
découvrir,  de  Munich,  la  peinture  française. 
Mais  on  peut  se  demander  jusqu'à  quel  point  il 
convient,  à  l'étranger,  de  considérer  comme 
peinture  française  des  choses  qui  n'ont  peut-être 
d'intérêt  que  comme  symptômes  morbides  d'un 


alexandrinisme  avancé.  Le  public,  dans  les  deux 
salles  françaises  de  la  Sécession,  pouffait  de 
rire  tout  simplement.  Il  est  juste  d'ajouter  que 
cette  collection,  réunie  et  envoyée  par  M.  le 
D'  R.  Meyer,  de  Paris,  qui  a  la  spécialité  de  ces 
tournées,  se  composait  en  bonne  partie  de 
petites  (I  croûtes»,  comme  tous  les  artistes  en 
abandonnent  dans  les  coins  de  leur  atelier.  Et 
quant  aux  grands  panneaux  de  E.  Vuillard, 
aux  pastorales  de  H.  Roussel,  aux  paysages  ou 
intérieurs  de  P.  Bonnard,  faut-il  vraiment  se 
donner  la  peine  de  leur  attribuer  une  significa- 
tion?... Pour  Van  Gogh,  M.  Brackl  exposait  ce 
qui  fut  ce  printemps  chez  Bernheim,  soit  plus 
de  90  numéros,  tableaux  ei  dessins;  il  y  avait 
encore  quelques  toiles  de  ses  débuts  chez 
Zimmermann;  celles-ci  annonçaient  un  peintre. 
Mais  dans  les  numéros  datés  de  Nuenen  (Hol- 
lande, 188.3-85).  de  Paris  (1886-88),  d'Arles  (1888- 
89),  de  Saint-Rémy  en  Provence  (1889-90),  d'Au- 
vers-sur-Oise  (mai-juillet  1890),  on  ne  peut  tenir 
compte  que  de  la  sincérité  de  cet  homme  à 
exprimer  sa  maladie. 

C'est  encore  la  sincérité  (jui  séduit  chez  Gau- 
guin; mais,  chez  cet  artiste,  on  sent  en  outre 
une  émotion  et  un  besoin  de  beauté  qui  corrîgont 
ce  que  le   métier   peut   avoir  de    sincèrement 
naïf  ou  de  volontairement   insuffisant.   Tandis 
que  l'on  retombe  dans  l'incohérence  avec    les 
différentes  productions  de  M.   F   Vallotton.  Où 
donc  est  passé   le  dessinateur  synthétique  des 
fameux  bois  !   Les  pires  temps  de  l'académisme 
le  plus  froid,  le  plus  morne,  ne  nous  ont  pas 
légué    de   créatures  aussi  laides  à  tous  points 
de  vue  que  ses  Femmes  couchées,  ses  Femmes  au 
bain,  d'allégories  aussi  conventionnelles  d'arran- 
gement et    de    facture    que    son   Hiver  et  son 
Printemps.    Néanmoins,    comme    «  cela    venait 
de  Paris  »,  on  a  sentencieusement  discuté  et 
M.  Thomas  Knorr  n'a  pas  craint  d'tMiricliir  sa 
galerie   d'un   Van  Gogh  et  d'un   Roussel,  sans 
doute  à  titre  de  documents  pathologiques,  indis- 
pensables  dans  une  collection  de  modernités. 
Le  jury  de   la   Sécession   n'eût  pas   demandé 
mieux    que   de  refuser  en    bloc  ce    bel    envoi. 
D'autre    part,    quel   merveilleux    repoussoir  et 
quel    plus    éloquent    éloge   pour  l'art   sensé   et 
sain,    avec    toutes    ses    hardiesses,    de    l'école 
municboise  ! 

(A  suivre.)  Marcel  Montandon. 

Le  Gérant  :  H.  Dk.nis. 

Han».  —  Imp.  Uaorget  Hetil,  11,  roe  Uodot-de-Hiurai. 


Numéro  386. 


Samedi  30  Mai  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


I 


Le  Pillage  continue 


Les  frères  Thomas  ont  fait  des  élèves,  et  la 
cathédrale  Saint-Élienne  de  Limoges  vient  de 
s'ajouter  à  la  liste  déjà  longue  des  églises  et  des 
musées  qui  ont  reçu,  depuis  quelques  mois,  la 
visite  des  cambrioleurs. 

C'est  dans  la  nuit  du  25  au  20  mai  que  le  vol 
a  été  commis.  Ayant  pénétré  par  effraction  dans 
la  sacristie,  les  malfaiteurs  ont  fait  main  basse 
sur  tout  ce  qui  avait  une  véritable  valeur.  Voici 
la  nomenclature  des  objets  dérobés  : 

Deux  «  baisers  de  paix  »,  émaux  peints  du  xv  siècle, 
représentant  Notre-Dame-des-Sept-Oouleurs  et  des 
Scellés  de  la  l'assion  ; 

Trois  canons  d'autel,  le  panneau  central  représrn- 
tant  la  Crucifixion,  et  les  panneaux  latéraux,  le 
Sacrifice  d'Abraham  et  le  Meurtre  d'Abel;  l'Adoration 
des  Mages,  les  Noces  de  Cana,  les  Quatre  Èvangélisles, 
etc.,  émaux  peints  du  xvii"  siècle,  estimés  parmi  les 
plus  remarquables  oiuvres  de  Nicolas  Laudin  et  ayant 
figuré  à  l'Exposition  rétrospective  de  1900; 

Deux  croix  de  chanoine,  de  forme  grecque,  en 
argent  émaillé,  aux  effigies  de  saint  Martial  et  de 
saint  Etienne  ; 

Deux  custodes  en  vermeil  ;  un  ostensoir  en  vermeil  ; 
«n  calice  en  vermeil;  un  calice  rehaussé  d'émaux 
et  de  pierreries;  un  calice  en  vermeil,  avec  orne- 
ments en  or  de  différents  tons;  trois  calices  en  argent 
doré;  deux  en  argent;  deux  custodes  en  argent; 
deux  grandes  custodes  en  vermeil  ;  deux  autres,  sur- 
montées dune  petite  croix  latine  vissée  sur  un  globe; 
un  Agnus  Oei,  avec  la  devise  :  Animam  suant  datpro 
ovibus;  une  boite  renfermant  les  saintes  huiles; 

Un  bougeoir  en  vermeil;  une  aiguière  en  vermeil, 
avec  plateau  aux  armes  de  Mgr  Buissas,  ancien 
évêque  de  Limoges;  une  croix  de  chanoine  en  argent 
et  émail;  une  plaque  émaillée  pour  chape,  etc. 

On  évalue  le  montant  du  vol  à  115.000  francs 
environ,  dont  100.000  pour  les  émaux,  inven- 
toriés et  classés  par  l'administration  des  Beaux- 
Arts,  et  15.000  francs  pour  les  objets  du  cul  c, 
appartenant  à  l'évèque  et  à  divers  membres  du 
chapitre  de  la  cathédrale  de  Limoges. 


Par  une  singulière  coïncidence,  à  la  suite  de 
nouvelles  déclarations  d'Antony  Thomas,  le  juge 
d'instruction  de  Glermont-Ferrand  avait  décidé, 
la  veille  môme  de  ce  vol,  de  reprendre  certaines 
affaires  non  élucidées  au  cours  du  dernier  procès 
et  de  convoquer,  pour  les  premiers  jours  de 
juin,  plusieurs  témoins  parisiens  précédemment 
mis  en  cause.  «  On  n'en  a  pas  Uni  avec  l'affaire 
Thomas  »,  disaient  les  journaux  en  annonçant 
cette  nouvelle. 

Ils  ne  croyaient  pas  si  bien  dire  :  les  frères 
Thomas  ont  fait  des  élèves,  et  le  pillage  con- 
tinue. 

A.  M. 

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ÉCHOS    ET   NOUVELLES 


Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres 

(séance  du  23  mai).  —  L'ordre  du  jour  appelle  l'élec- 
tion d'un  membre  libre  en  remplacement  du  regretté 
M.  de  Boislisle. 

Avant  l'ouverture  du  scrutin,  communication  est 
donnée  d'une  lettre  par  laquelle  M.  Albert  Martin, 
doyen  de  la  Faculté  des  Lettres  de  Nancy,  fait  con- 
naître qu'il  retire  sa  candidature. 

Au  second  tour  de  scrutin,  M.  Henri  Gordier  est 
proclamé  élu  par  21  suM'rages  contre  18  à  M.  Théo- 
dore Reinacli,  2  à  M.  Kournier  et  un  bulletin  nul. 

—  M.  G.  Perrot  communique  une  note  deM.Gauckler 
sur  un  sarcophage  à  représentations  historiques  ré- 
cemment découvert  à  Rome. 

—  L'Académie  se  forme  ensuite  en  comité  secret 
pour  discuter  l'attribution  du  prix  Lefèvre-Deumier. 

Conseil  supérieur  de  l'enseignement  des 
beaux-arts.  —  M.  Bernier,  professeur  chef  d'atelier 
d'architecture  à  l'Ecole  nationale  des  beaux-arts,  a 
été  désigné  pour  faire  partie,  à  ce  dernier  titre,  du 
Conseil  supérieur  de  l'enseignement  des  beaux-arts, 
en  remplacement  de  M.  Moyaux,  démissionnaire. 

Musée  Guimet.  —  Le  ministre  de  l'Instruction 
publique  a  inauguré,  mercredi  dernier,  au  musée 
Guimet,  les  six  nouvelles  séries  d'oeuvres  d'art  que  le 
public  est  admis  à  voir  :  les  résultats  des  fouilles  de 


170 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


M.  Gayet  à  Antinoë,  en  1908  (collection  de  portraits 
funéraires  égyptiens);  collection  R.  Lebaudy  (kakémo- 
nos japonais)  ;  collection  du  D'  et  de  M"*  Péralté 
(Inde,  Ttiibet);  collection  E.  Chavannes  (miroirs  chi- 
nois du  temps  des  Han);  résultats  du  voyage  de 
M.  Jacques  Bacot  au  Thibet  (divinités  et  objets  du 
culte). 

Musée  d'Ennery.  —  Mercredi  dernier,  a  eu  lieu 
l'inauguration,  par  le  ministre  de  l'Instruction 
publique,  du  musée  d'Ennery,  légué  à  la  ville  de 
Paris  par  le  célèbre  auteur  dramatique,  qui  était 
aussi  un  collectionneur  d'objets  d'art  de  la  Chine  et 
du  Japon. 

Ce  musée,  établi  dans  l'hôtel  d'Ennery,  59,  avenue 
du  Bois-de-Boulogne,  a  été  organisé  par  le  conser- 
vateur, M.  Deshayes,  qui  a  eu  à  classer  environ  cinq 
mille  objets  :  kogos  ou  boites  à  parfums  japonaises 
(collection  de  3.000  boites  prêtée  par  M.  Clemenceau)  ; 
porcelaines  et  cristaux  (depuis  le  xv*  siècle  jusqu'à 
nos  jours)  ;  statuettes  de  grès,  bois  et  bronze  (divi- 
nités, personnages  légendaires,  animaux,  etc.); 
netzkés  en  bois  naturel,  polychrome,  laqué  rouge, 
laqué  or  et  argent,  nacre  et  ivoire  (environ  1.500  spé- 
cimens), etc. 

Le  legs  de  M"'  J.  Bo'wes.  —  L'arrière-petite- 
Clle  du  sculpteur  Coysevox,  M'""  veuve  John  Bowes, 
née  de  Saint-Amand,  vient  de  donner  au  musée 
Victor-IIugo  une  aquarelle  faite  par  Victor  Hugo  à 
Guernesey,  en  1861,  et  une  photographie  du  poète 
avec  un  autographe. 

Elle  a  légué:  au  musée  du  Luxembourg  son  portrait 
au  pastel  par  Emile  Lévy,  son  petit  portrait  Télé  d'en- 
fant, ^ar  Ary  Scheller;  les  portraits  de  sa  mère  et  de 
son  père,  parAry  Scheller;  et  au  musée  de  la  ville  de 
Uennes,  sonportrait  et  celui  de  sagrand'mère,  laDame 
à  la  pèlerine  blanche,  par  Ary  Scheller,  ainsi  que  trois 
portraits  de  son  a'ieul  Coysevox  et  ceux  de  Nicolas 
et  Guillaume  Coustou. 

Salon  des  artistes  français.  —  Le  Salon  des 
artistes  français  sera  fermé  le  luudi  1"  juin  toute  la 
journée  et  le  2  juin  jusqu'à  midi,  pour  le  vote  des 
médailles. 

Société  nationale  des  beaux-arts.  —  Bien  qu'elle 
comptât  dix-huit  années  d'existence  prospère,  la  So- 
ciété nationale  des  beaux-arts  n'avait  pas  d'existence 
légale.  C'est  chose  faite  depuis  le  24  mai,  ainsi  qu'en 
témoigne  le  Journal  officiel.  Cette  formalité  était 
devenue  nécessaire  pour  permettre  à  la  Société  natio- 
nale d'obtenir  la  personnalité  civile  et  d'accepter  des 
legs  dont  elle  devait  se  contenter  jusqu'alors  d'en- 
caisser les  arrérages.  Elle  pourra  notamment  réaliser 
les  dons  Paquin  etBernhcim. 

Société  de  l'histoire  de  l'art  français.  —  La 

Société  de  l'histoire  de  l'art  français,  qui,  sous  la  di- 
rection d'Anatole   de    Montaiglon,   du    marciuis   do 


Chennevières,  de  Léon  de  Laborde,  de  Paul  Mantz, 
de  Dussieux,  de  Jules  Guiffrey,  a  publié,  dans  ses 
Archives  et  ses  Nouvelles  Archives  de  l'Art  français, 
tant  de  documents  et  de  mémoires  qui  ont  été  comme 
la  base  de  l'histoire  de  notre  art  national,  s'est  recon- 
stituée, l'an  dernier,  sur  l'initiative  deM.J.-J.  Guiffrey, 
membre  de  l'Institut,  qui  l'a  présidée  pendant  l'exer- 
cice qui  vient  de  prendre  fin.  La  présidence  sera  oc- 
cupée, pendant  l'exercice  1908-1909,  par  M.  Ancjré 
Michel,  et  le  bureau  sera  composé,  avec  le  président, 
de  MM.  Henri  Lemonnier,  professeur  à  la  Sorbonne, 
vice-président;  Pierre  Marcel,  docteur  es  lettres,  secré- 
taire général  ;  A.  Leuioisne,  du  Cabinet  des  estampes, 
secrétaire  adjoint,  et  Tuetey,  chef  de  division  aux  Ar- 
chives nationales,  trésorier.  La  Société,  qui  prépare 
d'importantes  publications,  tient  chaque  mois  une 
séance  où  sont  lues  les  com'munications  de  ses 
membres  ;  elle  publie  un  bulletin.  La  cotisation  est 
de  20  fr.  par  an. 

A  "Valenciennes.  —  Du  30  mai  au  8  juin,  exposi- 
tion et  ventes  de  toiles  provenant  de  l'atelier  du 
peintre  paysagiste  Julien-Adolphe  Déjardin,  élève  de 
Chigot  père,  ami  de  Vayson,  peintre  animalier,  et  de 
Le  Sidaner.  Déjardin  (1837-1906)  avait  surtout  tra- 
duit des  paysages  de  la  France  septentrionale.  Un 
délicat  poète,  M.  R.-M.  Clerfeyt  lui  consacre  une 
attentive  étude  fort  bien  éditée  (Valenciennes,  Hol- 
lande, 1908),  illustrée  de  trois  reproductions  de 
tableaux  et  d'un  portrait  de  l'artiste,  eau-forte  origi- 
nale due  à  M.  Ruitin.  —  A. -M.  G. 

A  Dresde.  —  M.  Max  Klinger  vient  d'achever  et 
d'exposer  son  buste  de  Richard  Wagner.  Le  statuaire 
a  moins  cherché  à  réaliser  la  ressemblance  de  l'homme, 
qu'à  exprimer  l'importance  de  la  révolution  qu'il  a 
apportée  dans  l'art  ;  il  s'agit  là  d'un  Wagner  énergique, 
autoritaire,  conscient  de  sa  force  et  sûr  de  son  but. 

La  matière  est  traitée  avec  une  largeur  qui  dit  bien 
la  maturité  et  la  maîtrise  où  l'artiste  a  atteint.  C'est 
la  dernière  œuvre  plastique  de  M.  Klinger  que  l'on 
verra  de  longtemps  :  on  sait  en  effet  que  tout  son 
temps  va  être  pris,  ces  années  prochaines,  par  les 
décorations  de  l'Université  de  Leipzig  et  par  le  monu- 
ment Brahms,  à  Hambourg.  —  M.  M. 

A  Munich.  —  Au  Kunstvcrein,  M.  lé  Prof.  Ilierl- 
Deronco  expose  huit  portraits  de  Pie  X.  Belle  occasion 
pour  l'artiste  de  donner  libre  carrière  à  son  amour 
des  couleurs  fastueuses:  manteaux  écarlates  sur  fonds 
pourpres,  chape  de  brocart  dans  un  décor  de  loggia, 
chasubles  d'or  sur  parements  et  colonnes  de  ni.arbrc 
la  pompe  de  l'arrangement  et  le  brio  de  la  facture 
atteignent  là  un  summum  d'effet.  Mais  le  peintre  ne 
s'est  pas  contenté  de  cet  apparat  extérieur,  il  ne  s'est 
pas  borné  à  brosser  do  grandes  toiles  décoratives  ^ 
la  physionomie,  la  personnalité  du  Souverain  Pontife 
y  sont  l'objet  de  recherches  sensibles.  Un  portrait 
plus  intime,  saisi  dans  le  recueillement  de  la  l)iblio- 
thèque,  à  la  lueur  d'une  lampe,  aux  premières  lueurs 


ANCIEN    ET    MODERNE 


171 


du  jour,  qui  est  d'une  harmonie  verdâtre  et  grise  très 
enveloppée,  fixe  une  expression  mélancolique,  presque 
soucieuse,  alternant  avec  l'air  inspiré,  Ijeaucoup 
moins  agréable,  qu'a  le  modèle  dans  certains  de  ces 
portraits.  Enfin  un  portrait  en  chapeau  —  un  chapeau 
mauve  qui  jure  avec  le  manteau  cramoisi,  encore  que 
la  robe  blanche  pleine  de  rellets  fasse  une  heureuse 
transition  —  montre  le  pape  sous  son  aspect  le  plus 
humain,  et  le  type  populaire,  bien  italien,  y  reparait 
sous  l'accentuation  des  ombres.  —  M.  M. 

A  Rome.  —  Des  fresques,  fort  intéressantes  pour 
l'histoire  de  la  peinture  du  moyen-âge,  viennent 
d'être  découvertes  à  Rome,  sous  la  sacristie  de  Saint- 
Clirysogone,  cette  église  qui  dresse  sur  la  rive  droite 
du  Tibre,  près  du  pont  Garibaldi,  son  clocher  en  pyra- 
mide. 

Les  fouilles  révélèrent  l'existence  de  constructions 
appartenant  à  la  basilique  primitive  de  Saint-Chryso- 
gone.  Les  murs  dégagés  se  rapportent  à  deux  édifices 
d'époque  différente  :  les  uns  dessinent  la  forme  d'une 
basilique  à  abside,  et  remontent  à  la  période  immé- 
diatement postérieure  à  Constantin  ;  les  autres,  d'une 
architecture  beaucoup  plus  imparfaite,  semblent  repré- 
senter une  (I  Confession  »,  qui  aurait  été  ajoutée,  vers 


le  huitième  siècle,  à  l'ancienne  église.  Ces  dates 
approximativement  indiquées  par  le  caractère  même 
des  constructions,  se  trouvent  précisées  et  confirmées 
par  deux  passages  du  Liber  l'onlificalis,  relatifs  à  la 
basilique  de  Saint-Chrysogone. 

La  partie  supérieure  de  l'abside  et  le  mur  de  la 
Confession  sont  ornés  de  peintures.  Celles  de  l'abside 
sont  purement  décoratives  :  les  ornements  géomé- 
triques et  tloraux  de  couleur  foncée  y  alternent  avec 
des  imitations  de  tentures  orientales  aux  teintes  plus 
vives  et  plus  riches  Les  peintures  de  la  Confession 
sont  beaucoup  plus  remarquables.  La  partie  actuelle- 
ment mise  au  jour  laisse  voir  trois  figures,  deux 
saints  et  une  sainte,  vêtue  d'un  manteau  blanc  et 
d'une  tunique  de  pourpre.  Des  deux  hommes  repré- 
sentés aux  côtés  de  la  sainte,  l'un  porte  le  costume 
militaire,  l'autre  une  robe  blanche  et  un  manteau 
rouge. 

La  style  de  ces  fresques  rappelle  celui  des  fresques 
de  Santa  Maria  Antica,  au  Forum  ;  les  unes  et  les 
autres  sont  du  huitième  siècle.  Cependant  les  trois 
figures  récemment  découvertes  sous  la  sacristie  de 
Saint-Chrysogone  semblent  révéler  une  technique 
plus  habile  et  un  art  plus  avancé. 


CHRONIQUE    DES  VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —  Succession  de  M.  D...  (Dubail). 

—  Faite  salle  0,  les  21  et  22  mai,  par  le  ministère 
de  M°  Lair-Dubreuil  et  de  MM.  Mannheim  et  Sor- 
tais, cette  vente  a  produit  un  total  de  118.121  fr. 

Mobilier  artistique  plutôt  que  collection,  à  pro- 
prement parler,  cette  réunion  d'objets  d'art  et 
de  curiosité  ne  contenait  que  peu  d'objets  dignes 
de  remarque  et,  par  suite,  elle  a  donné  lieu  à  peu 
d'enchères  notables. 

La  plus  élevée  s'est  adressée  au  mobilier  de 
salon,  un  canapé  et  six  fauteuils,  en  tapisserie 
d'Aubusson  d'époque  Louis  XV,  à  sujets  des 
Fables  de  La  Fontaine,  qui  a  réalisé  juste  le  prix 
de  demande,  soit  30.000  francs.  Moins  favorisé, 
un  meuble  de  salon,  un  canapé,  une  bergère  et 
six  fauteuils,  couverts  en  Aubusson  d'époque 
Louis  XVI,  à  décor  de  personnages  et  d'animaux, 
n'est  monté  qu'à  8  500  francs,  sur  la  demande 
de  15.000. 


Parmi  les  tapisseries,  nous  ne  trouvons  guère 
à  citer  que  les  numéros  suivants  :  228.  Tap. 
flamande,  xvni«  s.,  deux  paysannes,  dont  l'une 
est  occupée  à  traire  une  vache,  5.000  fr.  —  237. 
Tap.  d'Aubusson,  ép.  Louis  XV,  rep.  un  chasseur 
assis  et  une  bergère,  3.100  fr.  —  238,  Tap.  du 
même  genre,  la  Diseuse  de  bonne  aventure  (bor- 
dure moderne),  2.860  fr. 

Parmi  les  tableaux,  notons  :  28.  Daubigny. 
Environs  de  Villervitle,  11.000  fr.  (dem.  12  000). 
—  35.  La  Rue  Saint-Jacques,  3.250  fr. 

"Vente  Homberg  (liste  des  prix).  —  Nous 
commençons,  comme  nous  l'avons  annoncé,  la 
liste  des  principales  enchères  de  la  vente  Hom- 
berg, en  nous  bornant  à  celles  qui  dépassent 
deux  mille  cinq  cents  francs.  Nos  lecteurs,  dési- 
reux de  consulter  la  liste  complète  des  résultats 
de  cette  vente,  que  le  manque  de  place  nous 
empêche  de  donner,  la  trouveront  in  extenso  dans 
les  organes  spéciaux,  notamment  dans  notre 
excellent  confrère,  la  Gazette  de  l'Hôtel  Drouot, 


in 


LE    BULLETIN    DE   L'ART 


qui  publie,  en  môme  temps  que  les  prix  d'adju- 
dication, les  prix  de  demande  et  les  enchères 
obtenues  par  les  mfimes  objets,  lors  de  leur 
passage  dans  les  ventes  antérieures. 

PRINCIPAUX   PRIX 

(Au-dessus  de  2.500  francs.) 

VehHKS  AllAllES  PIIOVENAXT  DE  FOUILLES.  —  81.   FlaCOn 

à  long  col,  émaux  et  dorures,  imitant  un  carré  d'étoffe, 
XIV"  s.,  2.550  fr.  (dem.  2.000).  —  85.  Gobelet  cerclé 
bandeau  émaux  multicolores  imitant  l'orfèvrerie,  fia 
XIX'  s.,  3.000  fr.  (dem.  2.500). 

Faïences  peksanes.  —  127.  Plaque,  décor  person- 
nages et  inscriptions,  reflets  métalliques  (rest.), 
3.200  fr.  (dem.  2.000).  —  157.-  Support  hexagonal, 
ajouré  (rest.).  3.150  fr.  (dem.  800).  —  189.  Plaque  ornée 
d'inscriptions  en  bleu  et  en  relief  (accid.),  3.500  fr. 
(dem.  3.000). 

Faïences  de  Damas.  —  224.  Plat  creux,  orné  œillets 
et  tulipes  en  coul.  sur  blanc  (rest.),  4.005  fr.  (dem.  2.500). 

—  225.  Plat  creux,  branches  fleuries  en  coul.  (fract.), 
4,500  fr.  (dem.  4.000).  —  226.  Lampe  de  mosquée,  dé- 
corée en  bleu  sur  blanc,  de  caractères  d'écriture, 
signature  du  fabricant  :  Aich  (fract.,  rest.),  16.000  fr 
(dem.  8.000),  —  227.  Chandelier,  décoré  rinceaux  (fêlu- 
res), 2.950  fr.  (dem.  6.000).— 228.  Vasedécoré  rinceaux 
fleuris  en  bleusur  blanc  (fêlures),  2.900  fr.(dem.  1.500). 

—  229.  Plat  décoré  fleurs  sur  fond  turquoise  et  lapis, 
5.000  fr.  (dem.  2.500);  ■ 

Faiexxes  de  Solimanié.  —  240.  Tympan,  décor 
fleurs  en  coul.  sur  blanc,  bordure  bleue  (rest.,  fract.), 
9.100  fr.  (dem.  6.000). 

Faiexces  de  RiioiiEs.  —  206.  Cruche,  feuillages  sur 
fond  à  imbrications,  3.000  fr. —  267.  Plat  creux,  tuli- 
pes bordées  d'un  motif  rayonnant,  3.000  fr.  — 
273.  Fragment,  plaque  décor  de  fleurs  et  motif  irrégu- 
lier, fond  rouge,  3.000  fr.  —  Pot  à  anse,  palmettes 
sur  fond  gris,  3.900  fr.  —  284.  Plat  creux  orné  médail- 
lon rouge  à  arabesques,  2.850  fr.  —  287.  Lampe  de 
mosquée,  ornée  de  fleurs  polychromes  et  d'inscriptions 
en  bleu,  14.000  fr. 

Faïences  divehses.  —  316.  Médaillon,  buste  de 
Lucrèce,  blanc  sur  bleu,  terre  éinailléc  d'Andréa 
délia  liobbia,  6.620  fr.  —  320.  Faïence  hispano-maures- 
que :  deux  plats  décorés  en  bleu,  rinceaux  et  inscrip- 
tions :  Ave  Maria  gralia  plena,  3.800  fr. 

CUIVRBS,     bronzes       ET      FERS      ORIENTAUX.     —      334. 

Aiguière  bronze  damasquiné  arg.,  personnages  chas- 
sant, anse  surmontée  d'un  oiseau,  trav.  de  Mossoul, 
xiii'  s.,  12.150  fr.  —  335.  Chandelier,  cuivre  gravé  et 
damasquiné  d'or  et  d'argent,  zone  inscriptions,  Mos- 
soul, xiir  s.,  3.500  fr.  —  336.  Chandelier,  bronze  da- 
masquiné, décor  personnapes  et  arabesques,  Mossoul. 
xiv  s.,  1.650  fr.  —  337.  Aiguière,  cuivre  dauiasq.  arg., 
personnages  et  inscriptions,  Mossoul,  xiv  s.,  10.100  fr. 

—  343.  Plateau,  cuivre  gravé  et  damasquiné,  à  médail- 
lons concentriques  et  polylobés,  à  sujets  de  chasse, 


3.005  fr.  —  346.  Vasque  bronze,  décor  de  guerriers, 
animaux  et  arabesques,  3.100  fr.  — 370.  Brùle-parfums, 
couvercle  ajouré,  bronze  damasq.,  décor  personnages, 
2.505  fr. 

Manuschits,  beliuhes.  —  418.  Manuscrit,  Cifal-el- 
/ie/it'A-iH,  XV*  s.,  avec  trois  miniatures,  4. 500  (dem.  1.000). 
—  420.  Manuscrit,  KItamse,  quatorze  miniatures,  calligr. 
et  peint,  de  Molla  Fetts  Mohammed,  2.855  fr.  (dem. 
3.000).  —  421.  Manuscrit  liouslan  (le  Verger),  pocmc 
de  Saadi  de  Chiraz,  cinq  miniatures,  trav.  persan, 
11.000  fr.  (dem.  4.000).  —  432.  Manuscrit  livre  d'heures 
avec  vingt-sept  miniatures,  trav.  français,  com'  xv  g. 
(quelques  taches),  5.300  fr.  (dem.  8.000). 

Vitraux,  vehues.  —  442.  Trois  vitraux  la  Crèche, 
V Adoration  des  Rois  Mayes,  la  Visitation.  3.800  fr. 
(dem.  4.500).  —  443.  Deux  vitraux,  groupes  de  saints 
personnages  (rest.),  2.500.  —  444.  Deux  vitraux,  fond 
bleu  orné  de  quatre  feuilles,  quatre  personnages  se 
livrant  à  diverses  occupations,  2.600  fr. 

(A  suivre.) 

A  Londres.  —  Vente  Humphrey  Robert 
(tableaux  modernes). —  L'abondance  des  ventes 
parisiennes  nous  oblige  à  annoncer  seulement 
les  ventes  importantes  faites  à  l'étranger  et  à 
renvoyer  leur  compte  rendu  à  une  époque  où 
l'hôtel  Drouot  nous  laissera  des  loisirs.  II  faut 
cependant  noter  au  passage  les  résultais  de  Ja 
ventedela  collection  Humphrey  Robert, annoncée 
ici-même  en  son  temps,  qui  vient  de  se  terminer 
sur  un  total  de  1.041. 750  fr.  Ce  qui  fait,  à  nos 
yeux,  l'intérêt  tout  particulier  de  ce  chiffre  im- 
posant, c'est  que  l'école  française  de  1830  y  entre 
pour  la  plus  grande  part,  —  la  vente  Humphrey 
Robert  ayant  été  un  véritable  triomphe  pour 
Ch.  Jacque  (le  plus  gros  prix  a  été  fait  par  un 
Troupeau  de  moutons  de  ce  maître,  adjugé 
6:;. 650  fr.)  ;  pour  Corot  {Coin  de  bots,  S6.424  fr.)  ; 
pour  Daubigny,  Troyon,  Millet,  etc. 

Deux  de  nos  maîtres  vivants,  Lhermitte  et  Har- 
pignies,  figuraient  en  cette  collection  :  ils  se  sont 
magnifiquement  comportés,  ainsi  qu'en  témoi- 
gnent les  enchères  de  24.925  fr.  pour  le  Troupeau, 
de  Lhermitte,  et  celle  de  19.675  pour  le  Paysage 
du  soir,  d'Harpignies. 

Nous  donnerons  plus  tard  une  liste  des  princi- 
pales enchères. 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Succes- 
sion de  M.  X...  (tableaux,  etc.).  —  l'n  catalogue 
illustré  nous  apporte  les  détails  d'une  vente  qui 
aura  lieu,  salle  6,  le  1"  juin,  par  le  ministère  de 
M"  Lair-Dubreuil  et  de  .M.M.  H.  Haro  et  A.  Bloche. 

Parmi  les  tableaux,  nous  remarquons  plusieurs 
œuvres  de  Courbet  :  les  Deux  amies,  la  Vague, 


ANCIEN    ET    MODERNE 


173 


Retour  de  la  Conférence;  puis,  entré  autres  pein- 
tures anciennes  ou  modernes  :  un  Portrait  de 
femme  de  l'école  de  Glouet,  une  Lèda  attribuée  à 
Cranach,  le  Chemin  tournant  par  J.  van  Goyen, 
Diane  et  ses  nymphes  par  l.eclerc,  l'Heureuse  mère 
par  Le  Prince,  la  Vierge  et  i'Enfant  attribuée  à 
Bernardine  l.uini,  la  Petite  Ferme  par  Michel,  un 
Portrait  d'homme  et  un  Portrait  de  jeune  femme, 
se  faisant  pendants,  attribués  à  Fourbus  ;  la 
Clémence  de  Camhyse  attribuée  à  Rembrandt, 
David  et  Bethsabée  par  Tassaert.  Dans  le  reste  de 
la  vente,  citons  une  statue  en  marbre,  la  Source, 
par  J.-M.  van  der  Kerap. 

Collection  Jules  Gerbeau  (5"  vente  :  objet^ 
d'art,  etc.)-  —  Signalons  une  nouvelle  vente 
Gerbeau  :  celle-ci,  de  moindre  importance  que 
les  précédentes,  comprend  des  objets  d'art  et 
d'ameublement  et  aura  lieu  les  2  et  3  juin,  salle  i , 
par  le  ministère  de  M««  Bizouard  et  Baudoin  et  de 
MM.  Mannheim. 

Succession  de  M""'  Debacker.  —  Ajoutons 
quelques  détails  à  ce  que  nous  avons  dit  dans 
notre  dernière  chronique,  au  sujet  de  cette  vente, 
qui  aura  lieu,  le  1»''  juin,  salle  7  et  8,  parle 
ministère  de  M"  Desaubliau.x  et  Trouillet  et  de 
MM.  Paulme  et  Lasquin  et  Georges  Petit. 

Parmi  les  tableaux  et  dessins  modernes,  nous 
notons  des  ouvrages  de  Daubigny  {A  Optevoz), 
Diaz  {une  Clairière),  E.  Isabey  {le  Départ  des  cava- 
liers), Gh.  Jacque  {Brebis  et  agneaux  au  pâturage. 
Intérieur  d'écurie  et  poules),  des  aquarelles 
d'E.  Lami  ;  parmi  les  tableaux  et  dessins  anciens  : 
des  panneaux  décoratifs  de  l'atelier  de  Fr.  Bou- 
cher, formant  deux  paires  de  pendants,  l'Été  et 
l'Automne  et  la  Toilette  de  Vénus  et  l'Oiseleur  ;  une 
aquarelle  gouachée  de  Hoin,  le  Portrait  de 
M °"  Dugazon,  dans  le  rôle  de  Nina  ou  la  Folle  par 
amour. 

Enfin,  parmi  les  objets  d'art  et  d'ameublement, 
il  nous  faut  tout  au  moins  signaler  :  une  paire  de 
grands  lampadaires,  formés  chacun  d'une  potiche 
et  d'un  cornet  en  ancienne  porcelaine  de  Chine, 
époque  Kien-Long  et  deux  remarquables  tapis- 
series anciennes  :  une  pièce  de  la  tenture  dite 
la  Noble  pastorale,  exécutée  au  xviii'  siècle  par 
la  manufacture  royale  de  Beauvais,  d'après  les 
carton  de  K.  Boucher,  — celle-ci  représentant  les 
Plaisirs  de  la  pêche,  —  et  une  grande  tapisserie  de 
Bruxelles  à  sujet,  d'après  Teniers 
■  11  a  été  dressé  un  catalogue  illustré  à  l'occasioD 
de  cette  vente. 


"Vente  Hélène  Chauvin  (objets  d'art,  etc.). 
—  Cette  vente  comprend  en  particulier  une  riche 
réunion  d'estampes  anglaises  et  françaises  du 
xv!!!"  siècle,  parmi  lesquelles  nous  remarquons, 
en  étals  rares,  les  pièces  suivantes  :  Tête  de  Flore, 
gravée  en  imitation  de  pastel,  par  L.  Bonnet, 
d'après  F.  Boucher  ;  Mrs  Cosivag,  à  la  manière 
noire,  par  V.  Green,  d'après  M.  Cosway  ;  la  Pro- 
menade de  la  galerie  du  Palais-Royal,  4787, 
épreuve  en  couleurs,  et  la  Rose  mal  défendue,  en 
couleurs,  par  P.-L.  Debucourt;  l'Amour  et  la 
Folie,  deux  pendants,  en  couleurs,  par  Janinet, 
d'après  Fragonard  ;  la  Brodeuse  au  tambour  et  la 
Rac.ommodeusc  de  dentelle,  deux  pendants,  en 
couleurs,  et  deux  autres  pendants,  les  Compli- 
ments du  jour  de  l'an  et  les  Présents  du  jour  de 
l'an,  ces  quatre  pièces,  par  L.  Bonnet,  d'après 
J.-B.  Huet,  épreuves  en  couleurs;  la  Toilette  de 
Vénus,  d'après  Boucher;  Af""  du  T.  (Rosalie 
Duthé),  d'après  Lemoine,  et  Marie- Antoinette 
d'Autriche,  reine  de  France  et  de  Navarre,  ces 
trois  estampes  en  couleurs,  par  Janinet;  la 
Petite  guerre,  en  couleurs,  d'après  N.  Lavreince  ; 
le  Portrait  d'Edouard  Dagoty,  par  Lasinio,  d'après 
Kauchsius,  épreuve  en  couleurs;  A  Visit  to  the 
Boarding-School  et  a  Visit  to  the  Child  at  nurse, 
deux  pendants,  par  W.  Ward,  d'après  G.  Mor- 
land,  épreuves  en  couleurs  ;  The  Honourable 
Miss  Bingham  et  The  fi'  Honourable  Countess 
8pencer,  par  F.  Bartolozzi,  d'après  Sir  Joshua  Rey- 
nolds ;  The  Promenade  at  Carliste  House,  manière 
noire,  par  J.-R.  Smith. 

Dans  la  seconde  partie  de  la  vente,  com- 
prenant quantité  d'objets  d'artetd'ameublement 
ancien  et  moderne,  contentons-nous  de  signaler  : 
une  grille  destinée  à  séparer  deux  salons, 
important  travail  de  ferronnerie,  exécuté  par 
E.  Robert;  quatre  statuettes  d'enfants,  figurant 
les  Quatre  Saisons,  par  P.  Geeurits  (xvnr  siècle); 
une  table  en  marqueterie,  avec  bronzes,  d'épo- 
que Louis  XV;  une  autre  table,  plus  petite, 
également  en  marqueterie  et  de  même  époque; 
une  tapisserie  flamande  du  xvni«  siècle,  à  sujet 
mythologique  tiré  de  l'histoire  du  dieu  Mercure; 
une  tenture  en  ancienne  tapisserie  d'Aubusson, 
du  temps  de  Louis  XV,  composée  de  quatre 
panneaux,  à  sujets  de  pastorales;  une  autre 
tapisserie  de  mêmes  fabrication  et  époque, 
représentant  quatre  personnages  dans  un 
Iparc. 

Il  a  été  dressé  un  catalogue  illustré  de  cette 
vente,  qui  aura  lieu,  24,  boulevard  de  Cour- 
celles,  les  2,  3  et  4  juin,  par  le  ministère  de 


174 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


M=  Lair-Dnbreuil  et  de  MM.  Paulme  et  Las([uin 
fils. 

Collection  de  feu  M.  de  Porto -Riche  (ta- 
bleaux modernes,  etc.).  —  Les  Ei  et  6  juin, 
salle  C,  M"  Lair-Dubreuil,  assisté  de  MM.  Georges 
Petit  et  Paulme  et  Lasquin  fils  dirigera,  la  vente 
de  la  Collection  de  l'eu  M.  de  Porto-Riche,  compre- 
nant, d'une  part,  une  réunion  de  peintures  et  de 
dessins  modernes,  de  l'autre  un  important  mobi- 
lier et  des  objets  d'art. 

On  notera  en  particulier,  parmi  les  tableaux 
modernes,  les  numéros  suivants  :  Corot,  Femmes 
à  la  fontaine,  Matin;  Th.  Couture,  Après  l'orgie; 
Daubigny,  Bords  de  l'Oise;  de  Neuville,  Turco; 
Diaz,  le  Harem,  Ophélie,  Mare  en  forêt;  Jules 
Dupré, /e  Chemineau;  Ch.  Jacque,  Trois  Canards, 
Deux  moutons  et  une  poule  noire.  Deux  moutons  et 
unepou/e  blanche  ;  ion  gkmd.  Patineurs  en  Hollande, 
Rotterdam,  la  Nuit  (Clair  de  lune);  Tassaert, 
Suzanne  et  les  vieillards;  Vibert,  Moine  jardinier  ; 
Ziem,  le  Bosphore  à  Constantinople,  le  Grand  ca- 
nal à  Venise.  Parmi  les  aquarelles  :  Ch.  Jacque, 
Moutons  en  pâture  et  Moutons  à  l'abreuvoir;  Ziem, 
les  Martigues. 

Parmi  les  objets  d'art  et  d'ameublement  :  une 
collection  de  boîtes  des  époques  Louis  XV  et 
Louis  XVI,  et  une  commode  d'époque  Louis  XV, 
en  laque  noire,  à  décor  dans  le  goût  chinois,  ri- 
chement ornée  de  bronzesàrocailles  et  feuillages, 
ciselés  et  dorés. 

A  l'étranger.  —  A  Amsterdam.  —  Dessins 
anciens.  —  Une  vente  importante  de  dessins 
anciens,  des  primitifs  des  écoles  du  Nord  et  des 
maîtres  hollandais  et  flamands  du  xvu"  siècle, 
pour  la  plupart,  aura  lieu  chez  MM.  Fred.  Muller 
et  C',  à  Amsterdam,  du  15  au  18  juin. 

Un  catalogue  illustré  a  été  dressé  à  l'occasion 
de  cette  vente.  Nous  y  remarquons,  dans  cette 
réunion  considérable  de  dessins  anciens  prove- 
nant de  diverses  collections,  les  numéros  suivants  : 
A.  Aldegrever,  Penthée,  roi  de  Thébes,  supposant 
au  culte  de  Bacchus  et  la  Mort  de  Penthée;  L. 
Backhuysen,  l'Y  devant  Amsterdam  et  le  Coup  de 
vent;  N.  Berghem,  les  Ruines  du  château  de  Brcde- 
rode,  près  de  Harlem;  P.  Breughel  le  Vieux,  Com- 
position grotesque;  J.  Breughel  :  Vue  à  Nuremberg 
en  hiver  et  Village  sur  les  bords  d'une  rivière; 
1.  Cats,  les  Ruines  du  château  de  Teylingen  et  Vue 
de  ville;}.  C.  van  Oostsauen,  le  Pressoir  divin; 
L.  Dooneer,  Vue  des  ruines  des  châteaux  de  Oodes- 
berg  et  de  Drachenfels;  A.  Durer,  la  Chouette, 


dessin  qui  a  servi  de  modèle  à  une  gravure  sur 
bois  bien  connue;  C.  Dusart,  le  Concert  burlesque; 
Van  Dyck,  Tt'tes  d'hommes;  C.  Engelbrechtsen, 
Sujet  guerrier;  H.  von  Fisch  le  Vieux,  Projetpour 
vitrail. 

i.  van  Goyen,  Femme  au  bord  de  l'eau,  Chemin 
longeant  une  rivière.  Vue  de  rivière.  Paysage 
entrecoupe  par  un  fleuve  ;  S.  van  Iloogstraten, 
l'Incrédulité  de  saint  Thomas  ;  C.  Huygens,  Vue 
d'une  plaine  et  Bords  de  l'Ijsel  ;  iordaens,  Bac- 
chantes et  satyres  et  Bœuf;  Langendyck,  l'Inva- 
sion des  troupes  anglaises  et  l'usses  dans  la  Hollande 
septentrionale  ;  Lucas  de  Leyde,  Saiil  et  David; 
Ch.  Mauer,  Projet  pour  vitrail;  A.  van  Ostade, 
Intérieur  de  cabaret  champêtre  et  Intérieur  de 
grange;  J.  van  Ostade,  la  Danse;  Rembrandt. 
Eléazar  recevant  à  boire  de  Rébecca,  la  Grand'mère, 
Jeune  homme  nu  debotit.  Vue  de  l'Amstel,  vers 
l'Omval  ;  R.  Roghman,  la  Route  dans  les  mon- 
tagnes; H.  Schaiielein,  Un  Pape  recevant  de  la 
main  d'un  évâque  les  règlements  d'un  ordre;  A.  van 
Stry,  Hiver;  Jan  Swart  de  Groningue,  Actes  de 
bienfaisance;  C.  Troosl,  la  Séparation  difficile  et 
la  Statue  d'Hercule;  \V.  van  de  Velde,  l'Y  devant 
Amsterdam;  S.  de  Vliéger,  Vente  de  poisson  sur  la 
plage  de  Scheveningue  et  Vue  de  plage  ;  A.  Weenix, 
Étitdcs  de  perroquets  ;  R.  Zeeman,  Deux  trois-mâts 
près  de  la  côte;  A.  Everdingen,  la  Rentrée  des 
tourbes. 

Vente  très  intéressante,  comme  on  voit,  pour 
les  amateurs  de  dessins  anciens  des  écoles  du 
Nord,  d'autant  que  dans  les  quelque  sept  cents 
numéros  qui  la  composent,  un  grand  nombre 
sont  de  première  importance,  pourvus  de  pedigree 
en  règle,  et  ont  été  gravés. 

M.  N. 


EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Une  illustration  des  «  Trophées  «  ^galeries 
Boussod  et  Valadon).  —  La  décoration  d'un  livre 
ne  consiste  pas  seulement  dans  la  richesse  habi- 
lement distribuée  de  ses  fleurons  :  aucune  parure 
ne  vaut  la  sympathie  entre  le  texte  et  l'image, 
entre  l'auteur  et  l'illustrateur.  Heredia,  le  plus 
artiste  des  poètes,  conliait  au  vaporeux  crayon 
de  Fantin-Latour  les  Bucoliques  de  Chénier;  mais 
sa  poésie  plastique  réclamait  une  traduction  plus 
linéaire  :  un  bibliophile,  M.  René  Descamps- 
Scrive,  n'a-t-il  pas  eu  la  main  heureuse  en  choi- 
sissant M.  Luc-Olivier  Merson  pour  illustrer  les 


ANCIEN   ET   MODERNE 


175 


Trophées  ?  La  poétique  érudition  du  peintre  ayait 
déjà  fait  ses  preuves  avec  Flaubert  et  Saint  Julien 
r Hospitalier.  Nui  détail  superllu  :  les  grandes 
divisions  du  livre  inspirent  à  son  interprète  de 
grands  liors-texte.  Dès  le  frontispice,  apparaissent 
le  laurier,  l'autel,  la  cithare  et  les  muses;  et  que 
de  belles  occasions  d'eurythmie,  depuis  la  splen- 
deur grecque,  «  oubliée  »  par  le  pâtre  assis  sur 
des  ruines,  jusqu'aux  noirs  échos  de  la  mer 
bretonne  !  Un  cadre  antique  entoure  pieusement 
la  dédicace  d'une  piété  filiale  ;  au  seuil  d'une 
épître  reconnaissante  à  Leconte  de  Lisle,  la  lettre 
ornée  s'enorgueillit  d'un  profil  olympien  ;  le 
rectangle  d'une  frise  accueille  la  nuit  d'un  champ 
de  bataille  ou  l'indolence  du  faune.  La  suavité 
précise  du  maître-dessinateur  n'a  pas  éludé  «  la 
gigantesque  horreur  de  l'ombre  herculéenne  »  ; 
mais  elle  sacrifie  plus  volontiers  à  la  forme  pure. 
Contre  ce  temps  de  hâte,  où  le  crayon  tâtonne, 
l'art  de  ces  beaux  dessins  originaux,  magistrale- 
ment gravés  par  M.  Léopold  Flameng,  proteste 
avec  la  rime  et  l'image  décisives  du  poète  que 
Banville  appelait  le  Véronèse  des  mots  troublants. 

Raymond  Bouybr. 

NOTES  &,  DOCUMENTS 


Le  "Velazquez  du  musée  de   Rouen. 

Dans  sa  Chronique  artistique,  publiée  le  2  avril 
dans  le  Journal  de  ttoucn,  notre  distingué  confrère 
M.  Nicolle  signale  «une  étude  très  substantielle» 
de  M.  Duboscsur/eGeograp/ic  du  musée  de  Rouen, 
et  profite  de  l'occasion  pour  réunir  de  nombreux 
•documents  bibliographiques  sur  ce  chef-d'œuvre. 

Nous  lui  demandons  la  permission  d'ajouter  à 
sa  liste  une  fiche  peu  importante  et  d'insister  sur 
un  fait. 

Commençons  par  la  fiche,  afin  de  suivre  la 
règle  de  la  gradation  dans  l'intérêt.  Au  moment 
(lii  M.  L.  (jonse  publiait  dans  la  Gazette  des  beaux- 
arts  de  février  1893  son  étude  sur  le  Géographe, 
nous  avions,  prête  pour  l'impression  et  rédigée 
sur  des  notes  prises  devant  le  tableau  plusieurs 
années  auparavant,  une  étude  sur  le  même  ou- 
vrage destinée  au  Itulletin  des  Musées,  où  elle 
parut  dans  le  numéro  de  janvier-février.  Le 
post-scriptura  que  l'apparition  du  travail  de 
M.  Gonse  nous  forçait  à  ajouter  à  notre  propre 
étude  reconnaissait,  cela  va  sans  dire,  le  droit  de 


priorité  de  notre  savant  confrère.  La  seule  chose 
qui  nous  appartînt  en  propre  était  l'étude  minu- 
tieuse que  nous  avions  faite  du  Géographe  au 
point  de  vue  des  retouches  et  autres  misères 
subies  par  le  chef-d'œuvre  :  l'outrageant  abus 
d'un  vernis  très  inégalement  distribué  ;  un  vio- 
lent ratissage  sur  la  ligne  qui  sépare  le  cou  de 
la  collerette;  le  bord  de  la  chevelure  qui,  dans 
le  haut,  «  tourne  »  mal  sur  le  fond  brun  plus  clair  ; 
un  trou  de  trois  millimètres  bouché  près  des  che- 
veux; un  petit  accroc  dans  le  revers  gauche  du 
justaucorps;  un  autre  de  7  à  8  centimètres  dans 
le  vêtement  aussi,  au-dessou.s  de  la  main  droite  : 
et  enfin,  hélas  !  une  énorme  balafre  qui  «prend 
naissance  sous  le  coup  de  lumière  de  la  pommette, 
coupe  la  joue  de  gauche  à  droite  presque  hori- 
zontalement, arrive  au  sillon  qui  sépare  la  joue 
de  la  lèvre  supérieure,  s'infléchit  alors  un  peu 
sur  une  longueur  de  deux  centimètres,  puis  se 
relève  vers  l'horizontale  dans  la  moustache  même, 
sur  une  longueur  presque  aussi  grande».  Quant 
à  l'exécution,  son  examen  nous  avait  inspiré  les 
conclusions  suivantes  :  «  .  .  .  Nous  avons  sous 
les  yeux  une  œuvre  de  transition,  commen- 
cée vers  la  fin  de  la  période  sage,  laissée  inter- 
rompue —  pour  une  raison  que  l'on  ne  connaî- 
tra sans  doute  jamais  — •  pendant  cinq,  huit,  dix 
ans  peut-être,  et  terminée  d'un  seul  coup  en  un 
jour  de  verve  et  de  bonne  humeur,  à  une  époque 
déjà  plus  voisine  du  voyage  en  Italie,  qui  eut  lieu 
en  1648  ». 

Mais  venons  au  fait  important.  Nous  ne  faisons 
pas  allusion  à  quelque  document  d'archives  qui 
jetterait  une  vive  lumière  sur  l'histoire  du  tableau; 
nous  voulons  seulement  préciser,  par  esprit  de 
justice,  la  réponse  à  faire  à  la  question  suivante  : 
«  A  qui  revient  l'honneur  d'avoir  prononcé  avec 
une  décision  absolue  le  nom  de  Velazquez' à  pro- 
pos du  portrait  de  Rouen?»  Ce  n'est  ni  à  M.  L. 
Gonse,  ni  à  moi,  ni  à  M.  Le  Breton,  —  qui  d'a- 
près M.  Nicolle  a  prononcé  en  1881  ce  nom  pu- 
bliquement (verbalement?  par  écrit?  par  impri- 
mé?). L'honneur  de  l'attribution  revient  tout  en- 
tier à  M.  Bonnat,  qui  est  assez  riche  de  gloire 
pour  n'avoir  pas  songé  à  le  réclamer.  En  efTel, 
une  affirmation  précise  d'Henner  nous  l'avait  ap- 
pris, dès  1878  ou  1879  :  M.  Léon  Bonnat  avait 
déjà  avant  cette  date  déclaré  formellement  que 
le  musée  de  Rouen  possédait  un  Velazquez. 

Puisque  l'éminent  biographe  de  Velazquez, 
M.  de  Beruete,  prépare  une  nouvelle  édition 
de  son  livre,  le  moment  nous  paraît  bien  choisi 
pour  mettre  en  lumière  un  fait  indubitable  et 


m 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


pour  rendre  à  César  ce  qui  est  à  César,  même 
alors  que  César  ne  réclame  rien. 

'  E.  Durand-Gréville. 

M.  Marcel  NiColle,:à  qui  nous  avons  communiqué 
-la  note  de  M.  Durand-Gréville,  nous  a  répondu  par 
la  lettre  suivante  : 

Mon  cher  Directeur, 

La  chronique  que  j'ai  publiée  le  2  avril,  dans 
le  Journal  de  Houen,  avait  pour  butde  compléter, 
sur  certains  points,  une  importante  étude  sur  le 
Velazquez  du  musée  de  cette  ville,  parue  peu  de 
jours  auparavant  dans  le  même  journal,  sous  la 
signature  de  M.  G.  Dubosc.  Mais  M.  Durand- 
Gréville,  qui  a  bien  voulu  s'intéresser  à  ma 
chronique,  a  négligé  de  prêter  semblable  atten- 
tion à  celle  de  mon  érudit  confrère  rouennais, 
oîi  se  trouvait  signalée  en  bonne  place  la 
communication  que  fit  à  la  réunion  des  Sociétés 
des  beaux-arts  des  départements  à  la  Sorbonne, 
en  1880,  M.  G.  Le  Breton,  et  qui  constitue,  au 
sens  propre  du  mot,  la  première  publication 
du  tableau  sous  le  nom  de  Velazquez.  Rendons  à 
César...,  comme  dit  M,  Durand-Gréville. 

D'autre  part,  en  ce  qui  concerne  le  «  fait  impor- 
tant» que  tient  à  révéler  M.  Durand-Gréville,  je  suis 
loin  de  lui  attribuer  une  valeur  égale  à  celle  que 
lui  attribue  notre  confrère.  Que  M.  Bonnat,  dont, 
moins  que  personne,  je  songe  à  discuter  la  gloire 
et  la  compétence,  ait  été  l'un  des  premiers  à 
prononcer  le  nom  de  Velazquez  devant  le  chef- 
d'œuvre  de  la  galerie  rouennaise,  ceci,  M.  G. 
Dubosc  et  moi,  nous  le  savions,  et  bien  d'autres 
avec  nous.  M.  de  Beruete,  dont  j'ai  rapporté  mex- 
(çnso  l'opinion  dans  leJournalde  Rouen,  M.  Gonse, 
M.  Paul  Lal'ond  et,  d'une  façon  générale,  tous 
ceux  qui  se  sont  occupés  du  tableau,  n'ont  pas 
manqué  d'invoquer  l'autorité  de  M.  lionnat 
comme  aussi  celle  de  M.  R  de  Madrazo,  et  ceci, 
M.  G.  Dubosc  et  moi-même,  l'avons  surabondam- 
ment rappelé  :  mais  que  M.  Bonnat  ait  prononcé 
le  premier  le  nom  de  Velazquez,  devant  le  Géo- 
graphe de  Rouen,  ceci,  —  quelque  autorité 
qu'il  faille  attribuer  à  un  propos  de  feu  Henner 
rapporté  par  M  Durand-iiréville,  —  personne  ne 
peut  l'affirmer  avec  certitude. 

Familier  du  musée  de  Rouen,  et  préoccupé 
de'puis  longtemps  de  retrouver  l'origine  du  tableau 
en  question,  j'ai  maintes  fois  entendu  dire  que 
l'un  des  frères  Dutuit,  les  célèbres  collectionneurs 
rouepnais,  avait  le  premier  parlé  de  Velazquez 
d.evant  j'énigmatique  Gcoj/raja/ie  jusqu'alors  attri- 


bué à  Ribera.  .Mais  pourquoi  semblable  idée  ne 
serait-elle  pas  venue  tout  aussi  bien  à  Darcel,  cet 
autre  Normand,  qui  donna  tant  de  preuves  de 
sollicitude  au  musée  de  Rouen  et,  d'autre  part, 
allait  fréquemment  en  Espagne  prendre,  comme 
il  le  disait,  «  un  bain  de  soleil  »?  à  Davillier,  cet 
autre  Rouennais,  l'ami  de  Fortuny  et  l'historien 
de  l'art  espagnol'?  ou  à  tels  des  familiers  moins 
illustres  de  la  galerie  rouennaise,  à  commencer 
par  son  ancien  conservateur  Gustave  Morin,  qui 
sut  si  bien  l'enrichir?  Aussi  est-il  plus  que  vrai- 
semblable que  le  nom  de  Velazquez  avait  été  déjà 
proposé  devant  le  prétendu  Portrait  de  Christophe 
Co/om6  attribué  à  Ribera,  quand  M.  Bonnat  donna 
à  son  tour  son  opinion.  Que  celle-ci  fût  précieuse 
à  recueillir,  comme  le  fut  plus  tard  celle  de  M.  de 
Beruete,  rien  de  plus  juste  ;  mais,  que  le  «  fait 
important  »  révélé  par  M.  Durand-Gréville  ail 
apporté  une  contribution  nouvelle  à  l'histoire  de 
ce  chef-d'œuvre,  c'est  ce  dont  il  est  plus  difficile 
de  convenir. 

Au  surplus,  rassurons  les  admirateurs  de 
Velazquez  :  le  Géographe  est  dans  un  bel  état  de 
conservation,  en  dépit  des  tares  qu'y  a  décou- 
vertes, avec  quelque  complai-sance,  la  loupe 
impitoyable  de  notre  distingué  confrère. 

Veuillez  agréer,  etc. 

Marcel  Nicolle. 

LES      REVUES 


France 

Art  et  décoration  (mars).  —  Articles  de 
M.  Edouard  Bknedictus  sur  le  Cuir  incisé,  et  de 
M.  Pierre  CALMtrrEs  sur  le  ferronnier  d'art  limite 
Hubert. 

(Avril).  —  Les  Vitraux  de  Grasset,  par  M. -P.  Vèb- 
NEUiL.  —  Le  Monument  i^cheiirer-KesIner.  récemment 
inauguré  au  Lu.xembourg,  par  P.  Viriiv.  —  M—  Marie 
Gautier,  ses  décorations  et  ses  gravures  eu  couleur, 
par  L.  BÉNoriE. 

Les  Arts  (avril).  —  L'Ej-posilion  rétrospective 
féminine  au  Lyceum-Francf,  par  Ch.  Sacmeh  ;  —  tes 
Accroissements  du  département  des  objets  d'art  du 
musée  du  Louvre,  par  G.  Migeon  ;  —  les  Portraits 
d'Antonio  Moro  au  musée  du  Prado,  par  Paul  Lafokd. 


Le  Gérant  :  H.  Lik.nis. 


f*ai"i.  —  )mp.  iienrite*  ï'e'it.  li,  rue  Uodoi-dt^-Uaitroi, 


Numéro  387. 


Samedi  6  Juin  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


Pour  qui  sont  donc  faits 

les  musées? 


Telle  est  la  ([uestion  que  se  posent  les  Pari- 
siens, qui  ont  vainement  lente  d'entrerau  Louvre 
un  jour  de  fête  carillonnée. 

«  Pour  les  conservateurs  »,  auraient  répondu 
les  mauvaises  langues  d'autrefois,  alors  qu'on 
jalousait  volontiers  des  hommes  bien  rentes, 
vivant  tranquilles  au  milieu  des  œuvres  d'art, 
ignorés  du  public,  dont  eux-mAmes  ils  n'avaient 
cure. 

Mais  les  choses,  aujourd'hui,  ont  bien  changé  : 
pris  par  de  multiples  besognes,  riHribués  d'une 
façon  dérisoire,  les  conservateurs  de  nos  musées 
nationaux  n'ont  même  plus  voix  au  chapitre 
lorsqu'il  s'agit  d'une  acquisition  de  quelque 
importance  ;  le  temps  est  loin  oi'i  les  musées  ont 
pu  sembler  fait.s  pour  eux! 

Maintenant,  tout  est  aux  gardiens  ! 

On  le  sentait  bien,  l'autre  jeudi,  dans  cette 
foule  qui  se  pressait  aux  diverses  entrées  du 
Louvre,  et  trouvait  partout  porte  close. 

Il  est  vrai  que  ce  jeudi  était  celui  de  l'Ascen- 
sion. Et  le  vieux  règlement  ne  dit-il  pas  que  les 
musées  nationaux  restent  fermés  les  jours  des 
ijrandes  fêles  de  l'année  qui  ne  tombent  pas  un 
dimanche?  On  avait  trouvé  ce  moyen,  à  une 
époque  où  les  musées  étaient  moins  fréquentés, 
de  donner  cinq  ou  six  fois  par  an  une  pleine 
journée  de  congé  au  personnel  subalterne. 

Vous  auriez  supposé,  du  moins,  que  l'insti- 
tution du  repos  hebdomadaire  aurait  amené  la 
suppression  d'un  usage  qui  n'a  plus  de  raison 
d'être. 

Mais  qu'eût  dit  M.  le  «  ministre  du  Travail  »,  si 
on  avait  obligé  des  employés  de  l'État  à  tra- 
vailler le  saint  jour  de  l'Ascension"? 


En  somme,  on  arrive  toujours  à  la  môme  con- 
clusion :  le  nombre  des  gardiens  est  insuffisant. 

(Jue  le  Parlement  se  décide  donc  une  bonne 
fois  à  voter  les  crédits  nécessaires  pour  que  toutes 
les  salles  soient  ouvertes  tous  les  jours,  et  que 
les  Parisiens  puissent  aller  au  Louvre  les  jours 
de  fête  ! 

Voilà,  pour  une  fois,  un  progrès  sur  lequel 
tout  le  monde  sera  d'accord  ! 

Stéphane. 


ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie  des  beaux-arts  (.séance  du  30  mai).  — 
L'.Vcacléiiiie  décerne  les  pris  suivants  : 

l'ri.r  Monhinne  {3.000  fr.),  à  l'unanimité,  à  M.  André 
Messager,  pour  son  opéra-comique  Foftuiiio. 

Prix  Chartier  (.'iOfl  fr.  ,  à  M.  André  Keuschel,  com- 
positeur de  musique  à  Lyon,  pour  ses  divers  ouvrages 
de  musique  de  chambre. 

Prix  Trémonl  (1.000  fr.),  partagé  entre  MM.  Ganaye 
et  Philipp,  anciens  lauréats  du  Conservatoire  de 
musique. 

Fonclalion  lluchère  (700  l'r.\  partagé  entre  M"'Gar- 
chery,  deuxième  pri.x  de  chant  en  1907,  et  M"'  Cha- 
nove,  premier  accessit  de  comédie  en  1907. 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
(séance  du  29  m.ii).  —  M.  le  comte  Paul  Uurrieu  lit 
une  étude  sur  un  prétendu  portrait  de  saint  Louis  à 
l'Age  de  treize  ans,  conservé  jadis  à  la  Sainte-Chapelle 
de  Paris.  C'était  un  tableau  peint  sur  bois,  qu'une 
inscription  désignait  ainsi,  bien  que  le  costume  du 
personnage  ne  datât  que  du  temps  de  Charles  VIII 
ou  de  Louis  XII.  Au  xvni'  siècle,  l'œuvre  disparut. 
M.  Durrieu  met  sous  les  yeux  de  l'Académie,  grâce 
à  l'obligeance  de  .M.  le  :omte  Charles  de  .Montfer- 
rand,  un  petit  panneau  qui  correspond  à  celui  de 
la  Sainte-C;hapello  :  mais  il  établit  qu'il  s'agit  d'un 
portrait  de  l'archiduc  d'Autriche,  Philippe  le  Beau, 
père  de  Charles-Quint. 

Musée  du  Louvre.  —  Dans  sa  séance  du  2  juin 
1908,  le  Conseil  des  musées  a  voté  l'acquisition  d'un 
Portrnil  de  vieille  femme,  par  IL  Memling,  fort 
admiré  à  Bruges  en   1902;   c'est   un   volet   dont  le 


178 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


musée  de  Berlin  pessède  le  pendant  (portrait  d'homme). 
Le  Louvre,  jusfpi'ici,  ne  possédait,  comme  portraits  de 
Memling,  que  les  portraits  des  donateurs  de  la  Madone 
de  la  collection  Duchàtel. 

—  On  nous  annonce  de  bonne  source  que  le  por- 
trait du  Dauphin  Charles  Orland.  le  fils  de  Charles  VIII 
et  d'Anne  de  Uretagne,  qui  figura  à  l'exposition  des 
Primitifs  français  en  1904  (voir  la  WcuHe,  t.  XV,  p.  367), 
et  que  le  Louvre  a  eu  récemment  le  vif  rejjret  de  ne 
pouvoir  acquérir,  vient  d'entrer  dans  la  galerie  d'un 
grand  amateur  étranger  lixé  à  Paris,  de  ([ui  la  Biblio- 
thèque nationale  a  pu  récemment  apprécier  la  très 
grande  générosité ,  et  qui  ne  dissimule  pas  son 
intention  formelle  de  destiner  un  jour  au  Louvre  sa 
nouvelle  acquisition. 

Société   des    Antiquaires   de    France.   —  Au 

cours  de  la  séance  de  la  Société  des  antiquaires  de 
France  du  27  mai,  M.  Léon  Dumuys  a  communiqué 
les  photographies  d'un  buste  de  Minerve  du  xvii* 
siècle,  découvert  aux  environs  d'Orléans,  et  d'une 
frise  de  bois  sculpté  de  l'époque  de  la  Itégence. 

M.  Henri  Stein  annonce  qu'il  a  identifié,  grâce  aux 
archives  de  l'École  de  pharmacie,  le  personnage 
dont  le  portrait,  signé  par  François  Clouet  et  daté 
de  1362,  est  récemment  entré  au  Louvre  :  c'est  un 
apothicaire  et  botaniste  parisien,  nommé  Pierre 
Quthe,  et  dont  la  réputation  fut  grande  entre  ISriO  et 
1.^83.  Le  prochain  numéro  de  la  lieotie  donnera,  en 
même  temps  que  la  reproduction  de  cette  œuvre, 
curieuse  à  tant  de  titres,  un  résumé  de  la  «  question 
des  Clouet  »,  d'après  les  travaux  les  plus  récents, 
dus  à  M.    Et.  Moreau-Nélaton. 

M.  J.-J.  Marquct  de  Vassclot  présente  une  remar- 
quable statuette  de  saint  Pierre,  en  bronze  doré,  du 
XIV"  siècle,  provenant  des  environs  de  Florence  et 
acquise  par  le  Louvre.  Cette  belle  œuvre  semble  de 
travail  français. 

Congrès  de  la  Société  française  d'archéologie. 
—  Le  Congrès  annuel  de  la  Société  française  d'ar- 
chéologie aura  lieu,  cette  année,  à  Caen,  du  23  juin 
au  1"  juillet.  Les  congressistes  visiteront,  sous  la 
direction  de  M.  Lefèvre-Pontalis,  les  grandes  églises 
de  Caen,  les  cathédrales  de  Bayeux,  Lessay,  Coutances, 
Lisieux,  le  château  de  Falaise  et  les  petites  églises 
de  Guibray,  «le  S:.int-Gervais,  etc.  La  journée  du 
jeudi  25  sera  enlièrement  consacrée  à  une  visite  des 
petites  églises  de  Ouislreliam,  Langrune,  Thaon,  etc. 

Tous  les  soirs,  retour  à  Caen  et  séances  du 
cougrès;  deux  de  ces  séances  —  et  notamment  celle 
qui  sera  consacrée  aux  églises  d'Angleterre  —  seront 
agrémentées  de  projections. 

Ln  guide  très  complet,  illustré  de  reproductions  et 
de  plans  teintés  des  principales  églises  de  la  .Nor- 
mandie, —  dû  à  M.  Serbat,  —  sera  mis  à  la  disposi- 
tion des  congressistes. 

Commission  des  musées  de  province.  —  On 

sait  que  la  couimissiou  extraparltineutaire  des  musées 


de  province  s'est  séparée  en  novembre  dernier,  après 
avoir  résumé  ses  discussions  dans  une  série  de  vœux 
que  le  llullelin  a  publiés  (voir  le  n"  258),  et  avoir 
chargé  M.  Henry  Lapauze  de  rédiger  le  rapport 
général  sur  ses  travau-ï. 

Cet  important  travail  est  actuellement  à  la  veille  de  pa- 
raître et  nous  aurons  prochainement  l'occasion  de  l'exa- 
miner en  détail.  Oisons  seuh-ment  aujourd'hui  qu'il  for- 
mera un  véritable  corpus  de  tous  les  rcnsciiinemenls 
intéressant  les  musées  de  province,  car  le  rapporteur 
ne  s'est  pas  contenté  de  doimer  les  résultats  de  len- 
quète  minutieuse  à  laquelle  il  s'est  livré  sur  chacun 
d'eux,  il  a  également  réuni  tous  les  textes  de  loi 
concernant  la  situation  des  musées  de  province 
depuis  leur  origine  et  publié  les  comptes  rendus  des 
séances  de  la  commission.  (Test  le  travail  le  plus 
complet  et  le  plus  riche  en  documents  qui  ait 
jamais  été  publié  sur  cette  question  si  intéressante 
et  si  complexe,  sur  laquelle  nous  aurons  plus  d'une 
fois  à  revenir,  et  il  fait  grand  honneur  .i  l'intelli- 
gente activité  du  rapporteur  général. 

Le  legs  François  Coppée.  —  Par  son  testament, 
François  Coppée  a  légué  :  à  l'Institut  de  France,  son 
buste  en  marbre  par  Delaplanche  (un  autre  exem- 
plaire de  ce  buste,  en  bronze,  légué  au  1)'  Duchas- 
telet,  devra  revenir  au  théâtre  de  l'Odéon);  —  à  la 
Comédie-Française,  un  médaillon  en  bronze  d'Agar, 
que  le  peintre  Lecomte  du  .N'ouy  avait  ollcrt  autrefois 
à  l'auteur  du  l'assiinl. 

Monuments  et  statues.  —  Lundi  dernier,  a  vu 
lieu,  à  l'angle  de  l'avenue  de  Villiers  et  du  boulevard 
de  Courcelles,  l'inauguralion  du  monument  d'Henry 
Bcc<|ue,  œuvre  de  M.  Hodin  pour  le  buste  et  de 
M.  Nénot  pour  la  partie  architecturale. 

—  .Manli  matin,  a  eu  lieu,  au  cimetière  Montpar- 
nasse, l'inauguration  du  monument  Henri  Bouchot, 
œuvre  de  M.  .\.  Bloch. 

A  Munich.  —  L'Académie  des  beaux-arts  est 
entrée,  le  13  mai.  dans  sa  centième  année  d'exis- 
tence. En  1802.  il  est  vrai,  furent  établies  les  bases 
d'une  Académie  de  peintres  nninichois,  où  l'ensei- 
gnement était  gratuit,  les  artistes  pensionnés  devant 
livrer  des  œuvres  originales  en  échange  de  leur 
dotation.  Le  13  niai  1808.  l'organisation  fut  modiliée 
et  l'on  fonda  l'Académie  des  beaux-arts  (|ui  s'installa 
dans  le  Wilhelminum,  où  se  trouvent  acluellcment 
les  collections  scienliliques  de  l'État.  Louis  I"  réor- 
ganisa encore  une  fois  cette  Académie,  le  U  août  1816, 
et  enfin,  sur  sa  part  de  l'indemnité  de  guerre  fran- 
çaise, l'État  bavarois  fit  ériger  par  Neurenlher,  de 
1873  a  1885,  le  vaste  et  bel  édifice  que  l'on  voit 
aujourd'hui  à  l'extrémité  nord  de  la  grande  I.nd- 
wigstrasse. 

La  fête  proprement  dite  du  centenaire  est  remise  a 
l'an  prochain,  parce  que  l'activité  de  l'Académie 
comme  institut  d'art  ne  date  en  réalité  que  du 
printemps  de  1809;  parce  qu'aussi  le  bàtiiuent  n'a  pas 


ANCIEN    ET    MODEKNE 


179 


d'aiila  qui  put  servir  de  salle  des  fêtes  et  que  Ion 
avait  toujours  espéré  voir  aménagée  pour  cette 
occasion  ;  mais  le  ministre  des  Finances  ayant  déclaré 
que  l'État  devait  faire  face  à  des  dépenses  plus 
urgentes,  on  s'est  trouvé  au  dernier  moment  sans 
avilir  fait  les  préparatifs  nécessaires.  —  M.  M. 

Nécrologie.  —  Le  peintre  Adolphe  Stein/ieil,  qui 
a  été  assassiné  dans  la  nuit  de  samedi  à  dimanche 
dernier,  était  né  à  Paris  en  18.^0.  Fils  d'un  artiste  et 
cousin  de  Meissonier,  il  n'avait  pas  tardé  à  se  l'aire 
remarquer,  dès  le  Salon  de  1872,  par  des  scènes 
d'histoire  et  de  genre,  qui  lui  valurent  une  3"  médaille 
et,  en  1896,  la  croi.\  de  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur. 

^  Le  peintre  i'.-G.  Grandjean,  né  à  Paris  le  21  mai 
1844,  vient  de  mourir.  Elève  d'Yvon,  Signol  et  Pils,  il 
exposa  au.\  Salons  des  artistes  français  de  1865  à  1906 
et  se  spécialisa  dans  la  peinture  des  chevau.x,  où  il 
obtint  de  véritables  succès  :  médaille  de  3*  classe  en 
1888,  de  2"  classe  en  1898  et  mention  honorable  en 
1900. 

—  A  Munich,  le  29  mai,  est  décédé  le  sculp- 
teur-professeur Joseph  (le  Krmiier,  âgé  de  67  ans. 
Élève  à  l'Académie  de  von  Widemann  et  à  Berlin  du 
professeur  Blitser,  il  fut  un  temps  directeur  de 
l'École  de  sculpture  sur  bois  de  Partenkirken  ;  il 
laisse  des  frises  décoratives  à  Worms,  des  ornemen- 
l:,tions  dans  les  salles  et  l'escalier  du  umsée  d'art 
industriel  à  Kaiscrlaûtern,  au  Ueutsches  ïheater  et 
dans  le  café  Luitpold  à  Munich,  et  un  certain  nombre 
d'œuvres  estimables.  —  .M.  .M. 

iA  cx>x  tt»  tt»  ctiA  c^j.  (t:^  ctiA  ct>ji,  rt?ji  (Ai^  ctiA  ct:iA  <tiA 

LES  RÉCOMPENSES  DU  SALON 


I 


Los  jurys  de  la  Société  des  artistes  français  ont  pro- 
cédé cette  semaine  au  vote  des  récompenses. 

Méiiaii.les  d'monneuh.  —  Les  médailles  d'honneur 
ont  été  attribuées  : 

Pour  la  peinture,  à  M.  Marcel  Baschet,  né  en  1862, 
élève  de  Boulanger  et  de  M  J.  Lefebvre,  prix  de  Home 
en  1883,  qui  exjjose  cette  année  un  l'orti-ait  d'Henri 
Hoche  fort; 

Pour  la  sculpture,  à  M.  Alfred-J.  Boucher,  né  en 
ISiiO,  élève  de  Dumont  et  de  Paul  Dubois,  qui  expose 
un  groupe  destiné  au  monument  de  Félix  Mangini, 
l'Humanité,  et  un  buste  en  marbre  de  M.  Berna-icou  ; 

Pour  la  gravure  et  lithographie,  à  M.  L.-Il.  Uulfe, 
graveur  sur  bois  (lu  Musir/ne  au  moyen  rige,  d'après 
Luc-Olivier  Merson); 

Pour  la  gravure  en  médailles  et  sur  pierres  fines,  à 
M.  Georges-Henri  Lemaire  [Harmonie  et  Dante,  sta- 
tuettes en  pierres  fines). 


Peintuhe.  —  Médailles  de  i*  classe  :  M"*  Desportes; 
M.M.  Hughes  Stanton,  Mac  Cameron,  Mondineu,  Guedy, 
Martin  Gautheron,  Troncet.  Léon  Félix;  M"'  Itonde- 
nay;  MM.  Guetin,  Bussière,  Gustave  Pierre,  Alizard  et 
Renaudin. 

Médailles  de  S'  classe  :  MM.  Ernest-E.  Martens,  Gas- 
ton Balande,  Frank  Craig,  Jules-Alexandre  Corabœuf; 
M""  Jeanne-B.  .Maillard  ;  M.Vl.  Edwards  Swinson, 
liobert-GilIes  Plantey,  John-Quinel  Adams,  llippo- 
lyte  Léty,  Eugène-E.  ïhiéry,  François-Charles  Baude  ; 
M""  Blanche  Odin  ;  MM.  AntoAin  Silvestre,  Georges 
Charpentier,  Albert  Pénot,  Gabriel  de  Cool,  Terrick 
Williams,  Fecnand  Toussaint,  Eduiond  Tapissier; 
M""  Consuelo  Fould;  M.M.  Ilugh-Godvin  Rivière,  Jean- 
Jacques  Roque,  Clovis-Frédéric  Terraire,  Cari  Seller; 
M""  Émélie  Guillaumot-Adam  ;  M.  Georges-P.-L.  Ser- 
rier. 

Le  jury,  qui  n'a  pas  décerné  de  première  médaille, 
a  ensuite  i)rocèdé  à  l'attribution  des  prix  suivants  : 

Le  prix  liosa-Bonheur  est  décerné  à  M.  Auguste 
Prévôt  -Valéry,  auteur  du  tableau  le  llelourau  hameau: 
—  le  prix  Morlot  à  M.  François  de  Montholon,  auteur 
du  Vieux  banc  et  de  la  llelle  matinée  : —  le  prix  Le- 
febvre-Glaize,  à  M.  Antonin  Silvestre,  auteur  du 
tableau.  Laveuses  à  l'estuaire  de  la  Sienne  et  de  la 
Soûle  (Manche). 

Scui.PTL'iiK.  —  Médailles  de  l'°  classe:  .\I.M.  .^uban, 
Curillon,  Bouchard  et  Pech. 

Médailles  de  i'  classe:  .M.Vl.  Camus,  Bose,  Quillivie, 
Peyronnet,  Mangin,  lîivet,  Schweitzer,  Grandmaison 
et  Verez. 

Médailles  de  3'  classe  :  MM.  Malacan,  Carillon, 
Raymondot,  Frey  ;  M""  Blanche  Laurent  ;  MM.  Ward, 
Bresquent,  Béclu,  Crénier,  Méraltz,  Vaconsin. 

GuAviKE.  —  Médailles  de  I"  classe  :  M.M.  Penat  et 
llodebert. 

Médailles  de  si"  classe  :  MM.  Guidon,  Jamas,  Penne- 
i)uin,  Belleroche  ;  M"°  Detailleur;  M.M.  .Mathieu  et 
Massiot. 

Médailles  de  S'  classe:  MM.  Pinet,  Huault-Dupuy, 
Marcadiert,  Merlin,  Gasperini  et  Jouenne. 

AiiciuTKcruHE.  —  Pas  de  première  médaille. 

Médailles  de  i'  classe  MM.  Dehault,  llarlay,  Janin, 
Chauvet. 

Médailles  de  S'  classe  :  MM.  Laprade,  Imandt,  Sal- 
iez, Saigne,  Margotin,  Dubos,  Danis. 

GaAVLBF.S     EN     MÉDAILLES     ET    SUIl     PIERKES     FINES.    — 

Médaille  de  I"  classe  :  M.  Gustave  Lambert. 

Médailles  de  î'  classe  :  M.M.  Grégoire  et  Fourcade. 

Médaille  de  S'  classe  :  M.  Niclausse. 

AiiT  DÉcoiiATiK.  —  Médailles  de  I"  classe  :  MM.  Saint- 
André  et  Brandi. 

Médailles  de  S'  classe  :  MM.  L.  Lambert,  Thiénot, 
Cheurct,  Bastard,  Kann,  Szabo. 


180 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


CHRONIQUE    DES   VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

Collection  de  Mgr  Charmettant  (objets 
d'art,  etc.). —  KaiLe  salles  0  et  10,  les  22  et  23  mai, 
par  M"  Origet  et  MM.  Duplan  et  Sortais,  cette 
vente  a  produit  86.387  francs. 

Annoncée  par  un  catalogue  illustré,  elle  ne 
contenait,  en  majeure  partie,  que  des  œuvres 
d'ordre  secondaire.  Il  nous  suffira  d'indiquer 
quel(|ues  enchères. 

Tahleaux.  —  Ingres.  Viert/e  en  prière,  8.100  fr.  — 
Triptyque  de  l'école  française  du  xiV  siècle,  Martyre 
de  sninl.  Didier,  6.000  fr.  (dem.,  10.000).  —  Cana- 
letto.  Venise,  4.600  Ir.  —  Van  Brussel  van  Orley. 
Adoration  des  Mages,  2.720  fr. 

Objets  d'aht,  etc.  —  Grand  Christ  en  ivoire  (sans 
garantie  d'époque),  9.B0O  fr.  —  Reliquaire,  bronze 
ciselé  et  doré,  en  partie  du  xni"  s.,  avec  émaux 
cliamplevés,  personnage  assis  sur  un  trône,  8.100  fr. 

—  Groupe  en  argent,  fifjurant  ta  Vienje  assise,  tenant 
l'Enfant  Jésus,  trav.  ail.,  dans  le  goût  du  xvi"  s., 
5.!)00  fr.  —  Groupe  de  deux  personnages  en  argent, 
dans  le  gofit  du  xiv  s.,  1.600  fr. 

Porcelaines  anciennes.  —  Annoncée  par  un 
catalogue  illustré  de  quelques  planches,  cette 
vente,  qui  contenait  (|uelques  jolies  porcelaines, 
a  produit  43.038  francs,  salle  i\,  le  23  mai, 
sous  la  direction  de  M«  Lair-Dubreuil  et  de 
MM.  Mannheim. 

Contentons-nous  d'indiquer  quelques  prix  : 

Petite  tasse  à  deux  anses,  soucoupe  légèrement 
diirérente,  pàtc  tendre  de  Sèvres,  décor  de  médaillons 
à  lleurs  sur  fond  rose  Du  Barry,  3.800  fr.  (dem.,  3.000). 

—  Tête-à-tête,  décor  de  roses  sur  fond  vert  à  œils- 
de-perdrix,  3.500  fr.  —  Présentoir  à  guirlandes  de 
fleurs  et  baguettes  rouge,  2.5o0  fr.  —  Petit  buste  de 
femme,  biscuit  de  Sèvres,  2.100  fr. 

"Vente  Homberg  (liste  des  prix,  suite).  — 
Nous  continuons  aujourd'hui  la  liste  des  princi- 
paux prix  de  celte  vente,  nous  limitant  aux 
enchères  ayant  atteint  ou  dépassé  2.800  francs. 

PRINCIPAUX    PRIX 

1  VOMIES.  —  461.  Groupe,  la  Vierge  assise  tenant 
l'Enfant  Jésus,  xii"  s.  (tête  de  l'enfant  refaite), 
7.200  fr.  (dem.  8.000).  —  463.  Plaque,  le  Christ  cru- 
cifié, la  Vierge  et  saint  Jean,   trav.  byzantin,  xii'  s. 


(rest.),  9.100  fr.  (dem.  8.000).  —  464.  Crosse  forme 
volute,  terminée  par  têle  d'oiseau  chimérique  tenant 
une  croix,  xii*  s.,  6.500  fr.  (dem.  ."i.OOO).  —  46.5. 
Plaques  à  arcades.  Massacre  des  Innncenis;  xi\'  s.. 
7.000  fr.  —  466.  Volet  de  diptyque,  Descente  de  croi.r. 
XIV  s.,  3.550  fr.  —  467.  Plaque  de  coliret  à  huit  com- 
partiments, sujets  de  la  châtelaine  de  Vergy,  xiv*  s., 
7.100  fr.  (dem.  o.OOO).  —  468.  Volet  de  diptyque,  haut 
relief:  la  Flagellation,  le  Christ  crucifié,  trav.  anglais 
('.'),  XIV  s.,  7.850  fr.  (dem.  Ji.OOO).  —  470.  Statuette- 
applique,  ange  debout,  trav.  espagnol,  xiv  s.  (mor- 
ceau rapporté),  3..';00  fr.  (dem.  6.000).  —  471.  Christ 
vêtu  d'un  périzonium,  xiv*  s.,  9.050  fr.  (dem.  3.000}. 
—  473.  lias-relief:  le  Christ  crucifié,  la  Vierge  et  saint 
Jean,  xiv  s.,  3.050  fr.  (dem.  4.000).  —  480.  Volet 
présentant  le  Christ  crucifié,  la  Vierge,  saint  Jean  et 
saint  Joseph,  xiv  s.,  2.505  fr.  —  484.  Volet,  deux 
saintes  femmes  et  angelot,  xiv  s.,  2.500  fr.  —  487. 
Volet,  la  vierge  debout,  portant  l'Enfant,  xiv  s.. 
5.800  fr.  {dem.  3.000).  —  492.  Fragment,  bas-relief, 
le  Christ  sortant  du  sépulcre,  xv  s.,  5.350  fr.  —  493. 
Statuette,  moine  debout,  trav.  espagnol,  2.555  fr.  — 
494.  Pyxide  ornée  :  l'Adoration  des  mages  et  Piéla, 
3.000  fr.  —  497. Grain  de  chapelet,  abritant  les  saintes 
Catherine,  Madeleine  et  Barbe,  xvi-  s.,  3.600  fr.  —  ;102. 
Ivoire  arabe,  boite  ronde,  inscription,  2.000  fr. 

Émaix  ciiami'levés.  —  509.  Plaque,  le  Christ  cru- 
cifié, trav.  des  bords  du  Bhin,  xir  s.,  5.750  fr. 

510.  Médaillon,  le  Christ  debout.  Italie,  xii'  s., 
5.500  fr.  (dem.  3. .500). 

Limoges,  XIII'  s.  —  511.  Crosse  d'abbé  (rest.). 
2.650  fr.  (dem.  4.000).  —  S15.  Plaque  de  chasse  fon<l 
bleu,  deux  saints  assis  tenant  la  palme  du  martyre. 
Au-dessous,  légende  latine,  11.900  fr.  (dem.  12.000;; 
v.  Boy,  1905,  9.500).  —  517.  Ch.'issc  présentant  cinq 
personnages  en  relief  (manque  une  ligure  et  un  mon- 
tant), 12.000  fr.  (dem.  15.000).  —  :il9.  Boite  aux  s.iintes 
huiles,  forme  maison,  médaillons  à  buste  d'ange, 
4.300  fr.  —  522.  Châsse  présentant  l'Adoration  des 
rois  mages  (crête  refaite),  3.6,50  fr.  —  523.  Piacpie 
d'évangéliaire  présentant  le  Clirist  de  majesté  bénis- 
sant (encadrement  ajouté).  6.800  fr.  (dem.  8.000).  — 
527.  Plaque  d'évangéliaire  présentant  le  Christ  crucifié, 
la  Vierge  et  saint  Jean,  deux  «nges,  etc.,  15.200  fr. 
(dem.  15.000).  —  528.  Crosse  présentant  l'Annonciation, 
réservé  en  métal,  nœud  orné  de  basilics,  16.0.50  fr. 
(dem.  15.000). 

XIV'  siècle.  —  529.  Statuette  clerc  debout,  tenant 
un  phylactère  chauiplevé,  4.100  fr.  —  532.  Ciboire, 
couvercle  et  pied  xiv  s.,  ornés  médaillons  présen- 
tant la  Sainte  Face  et  des  angelots  (romaniemerils  . 
5.300  fr.  (dem.  1.800). 


ANCIEN    ET    MODERNE 


dSI 


OiivKVREHiE.  —  538.  Pied  de  châsse,  br.  doré,  forme 
lion  couché,  xii'  s.,  2.700  fr.  —  5.'i4.  Mors  de  chape, 
cuivre  doré  et  verroterie,  l'Anuoncialion,  xv  s., 
4.20ofr.  (dem.  5.000). 

[A  suivre.) 

Collection  du  D^  G.  H.  N...  (tableaux  an- 
ciens). —  La  vacalion,  dirigée  salle  G,  le  29  mai, 
par  M"  Lair-Dubreuil  et  M.  PMral,  comprenait 
deux  parties  ;  une  collection  de  tableaux  anciens, 
de  second  ordre  pour  la  plupart,  et  indiqués 
comme  appartenant  au  I)''  G.  H.  N...,  et  un  seul 
tableau  appartenant  à  M.  X...,  la  Femme  au  livre, 
par  Carie  Van  Loo. 

Celte  dernière  œuvre  a  obtenu  10.000  fr.  sur  la 
demande  de  20.000. 

Pans  la  première  partie  de  la  vente,  nous  ne 
trouvons  guère  à  signaler  que  les  résultats  sui- 
vants :  4.').  Pater.  «  Le  Mari  cocu,  battu  et  content  », 
4.600  fr.  —  4;;.  Hubert-Robert.  La  Cascade, 
0  200  fr.  (dem.  6.200).  —  61.  Éc.  franc.,  xvni«  s., 
Vortrait  d'Iiomme,  4.300. 

1,'ensemMe  de  la  vacalion  a  produit  Oii.lOO  Ir. 

Succession  Debacker  (tableaux,  etc.).  —  Le 
clou  de  cette  vente  —  faite  salle  7  et  8,  le  l"'' juin, 
par  M'»  Desaubliaux  et  Trouillet  et  MM.  l'aulme 
et  Lasquin  et  0.  Petit  • —  était  la  tapisserie  de 
Heauvais,  les  l'taiairs  de  la  pioche,  d'après  Boucher, 
qui  est  montée  à  120  COO  fr.  sur  la  demande  de 

i:i0.ooo. 

A  ce'  propos,  on  rappelle  qu'une  tapisserie 
analogue,  un  peu  plus  petite  il  est  vrai,  ne  réalisa 
(|ue  102.000  fr.  à  la  vente  Cronier. 

Mais  la  plus  grosse  surpi'ise  de  la  Journée  a 
été  l'adjudication  de  la  gouache  de  Hoin,  le  Por- 
trait de  M'""  Dvgazon  dans  le  rôle  de  Nina,  dont 
il  existe  plusieurs  répliques.  Celle-ci  a  été 
poussée  jusqu'à  40.000  fr.,  sur  la  demande.de 
20.000.  On  jugera  de  la  plus-value  obtenue  par 
ce  genre  d'o'uvres  d'art  en  se  rappelant  qu'une 
variante  du  même  sujet  réalisa  19.000  fr.  dans 
la  vente  de  (Joncouit  en  1897,  et  une  autre 
2:t.000  fr.   dans  la  vente  Muhlbacher  en   1899. 

Quelques  tableaux  anciens  et  modernes,  des 
objels  d'art  et  des  tapisseries  ont  obtenu  égale- 
ment de  belles  enchères.  Le  manque  de  place 
nous  empêche  de  donner  un  commentaire  à  ces 
résultats,  dont  nous  nous  contenterons  d'enre- 
gistrer les  plus  notables. 

PRINCIPAUX    PRIX 

T.^ni.EAUx  MODEiiNES.  —  6.  Brilloiiin.  Le  Lihrciire 
umbidant,  2.000  fr.  —  9.  Uinz  de  la  Pena.   Une  Clai- 


rière, IJi.OOO  fr.  (dem.  l^i.OOO).  —  16.  E.  Isabey.  le 
Dépari  des  cavaliers,  S.uOO  fr.  (dem.  6.000).  —  17. 
Ch.  Jacque.  Brebis  et  afjneaii  au  pàlurvge,  6.700  fr. 
(dem.  I)  000). 

Aquarelles.  —  20.  E.  Lami.  Le  Grand  Condé  appor- 
tant à  Louis  XIV  tes  drapeaux  enlevés  aux  Anulaii 
et  aux  Hollandais  à  la  halaille  de  Senef,  5.600  fr.  — 
22.  Vue  de  Londres,  2.500  fr.  —  24.  Prise  d'un  vil- 
laf/e  par  les  cuirassiers,  2.500  fi». 

Tabi.eau.\  anciens.  —  31.  Atelier  de  Boucher.  L'Été 
et  V Automne,  deux  dessus  de  porte,  4  700  fr.  —  38. 
Cl.  Hoin.  Portrait  de  M""  Dur/azon,  dans  le  rôle  de 
Nina  ou  la  Folle  par  amour,  aqu.  gouachée,  46.000  fr. 
(dem.  20.000).  —  42.  Wouvennans.  Charlatan  sur 
une  place  de  Paris,  5.200  fr. 

Sculptures.  —  50.  Groupe  marbre  blanc,  Naïade 
sur  un  monstre  marin,  signé  J.  Clésinger,  2.700  fr. 

Faïences  et  pohcei.aines.  —  59.  Paire  de  grands 
lampadaires,  formés  chacun  d'une  potiche  et  d'un 
cornet  porcel.  de  Chine,  ép.  Kicn-Long,  à  huit  pans, 
décors  d'émaux  de  coul.  (un  rest.),  14.000  fr. 
(dem.  15.000). 

Meubles.  —  78.  Console,  bois  sculpté  et  doré,  ép. 
Louis  XVI  (rest.),  3.300  fr. 

TAi'isBiiiiiEs  —  105.  Tapis,  de  Beauvais,  xviu°  s., 
faisant  partie  de  la  tenture  de  la  Noble  pastorale. 
d'après  Boucher  et  représentant  les  Plaisirs  de  la 
pèche,  120.500  fr.  (dem.  150.000).  —  106.  Tapis,  de 
Bruxelles,  sujet  d'après  Téniers,  paysage  avec 
auberge,  animé  d'un  groupe  de  personnes,  25.000  fr. 
(dem.  20.000).  —  lol  Tapis,  de  Bruxelles,  d'après 
Téniers,  Kermesse  dans  un  paysage,  10.500  fr.  —  108. 
Portière  anc.  tapis,  de  Bruxelles,  ép.  Louis  XIV, 
écusson  arnioirié,  avec  couronne,  soutenue  par  deux 
naïades,  7.000  fr. 

Produit  total  de  la  vente  :  .'î.t2.723  francs. 

Succession  de  M.  X...  (Reitlinger).  —  An- 
noncée par  un  catalogue  illustré  de  quelques 
planches,  celle  vente,  faite  salle  6,  par  M"  Lair- 
Dubreuil  et  .Mi\L  Haro  et  Bloche,  no  présentait 
guère  ([ue  des  pièces  courantes.  Aussi,  les  prix 
n'ont  pas  été  fort  élevés,  ni  le  total,  qui  pour 
une  centaine  de  numéros  à  peu  près,  n'^a  pas 
dépassé  8I.S92  francs. 

L'intérêt  piincipal  de  la  vacalion  résidait  dans 
la  présence  de  quelques  peintures  do  ("ourbot, 
qui  se  sont  bien  vendues.  Il  est  à  remarquer  que 
les  œuvres  de  ce  peintre  sont  en  hausse  marquée, 
ce  qui  est  justice.  Sur  la  demande  de  8.000  fr., 
le»  Deux  amie»,  réplique  fragmentaire  du  grand 
tableau  qui  fit  partie  de  la  collection  /ygomalas, 
a  été  adjugé  U.'àOO  fr.  ;  moins  favorisée,  une 
Marine  du  môme  peintre  est  restée  à  0.100  fr. 
sur  la  demande  de  8.000. 


182 


LE    rUJI,LETIN    DE    L'ART 


Les  honneurs  de  la  séance  ont  été  pour  le 
tableau  de  l'école  de  Léonard,  la  Vienjc  et  l'Enfant, 
vendue  10.100  fr.  sur  la  demande  de  10.000. 

PRINCIPAUX      PRIX 

Tableaux  ANClE.^s  et  MObPBNris.  —  8.  G.  Courbet. 
IjCS  Deux  amies,  11.500  fr.  —  9.  La  Vague,  6.100  fr. 
10.  Iletuiirde  ta  conférence,  2..')00  fr.  —  11.  I.a  Itnclie 
noire,  2.C.jO  fr.  —  3;i.  Diane  et  ses  nympltes,  .'j.OOO  fr.  — 
:i4.  Le  Prince.  L'Heureuse  mère,  3.800  fr.  —  3.ï.  At- 
tribué à  Iternardino  Luini.  La  Vierye  et  l'Enfant, 
10.100  fr.  —  55.  Tassaert.  David  et  ISelhsabée,  3.9S0  fr. 

OiiJKTS  DAiiT.  —  66.  Yan  dcr  Keiiip.  La  Source, 
statue  marbre  blimc,  3.700  Ir. 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Succes- 
sion de  M"""  C.Quéniaux  (objets  d'art,  etc.).— 
Un  mince  catalogue,  enrichi  de  quelques  plan- 
ches, nous  apporte  l'annonce  d'une  vente  qui 
paraît  intéressante,  celle  des  objets  d'art  et 
d'ameublement,  tableaux  et  gravures,  dépendant 
de  la  Surxession  de  M""-'  Constance  Qucniau.v,  vente 
qui  aura  lieu  salles  7  et  8,  les  11  et  12  juin,  par 
le  ministère  de  M"U.  Hémard  et  de  MM.  Georges 
Petit  et  Mannheim. 

Parmi  les  tableaux,  nous  notons  :  des  Fleurs, 
par  G.  Courbet;  le  Port  de  Boulogne,  par  Isabey; 
de  Jeunes  coqs  et  un  Poulailler,  par  Ch.  Jacque  ; 
le  Chemin  dans  la  plaine,  par  Lambinet,  le  Retour 
de  lapâche,  par  G.  Uoqueplan.»l'armi  les  meubles: 
une  commode  en  marqueterie  de  bois  de  cou- 
leurs avec  incrustations  de  nacre,  de  la  lin  de 
l'époque  Louis  XV,  et  un  secrétaire  à  abattant 
de  la  fin  du  xviii"  siècle,  en  marqueterie  de  bois 
de  couleurs,  portant  les  noms  des  ébénistes 
(Jilbert  et  Boudin,  l'armi  les  tapisseries,  une 
suite  de  quatre  panneaux  de  fabrication  fla- 
niaiule  du  wiii"  siècle,  à  sujets  mythologiques. 

M.   N. 

EXPOSITIONS  ET   CONCOURS 


Hedley  Fiiton  (Galerie  Graves).  —  Ici,  la 
saison  s'achève  comme  elle  a  commencé,  par  la 
très  intéressante  exposition  d'un  aquafortiste 
anglais;  et  si  les  amis  de  la  belle  épreuve  avaient 
remarqué  la  lumineuse  linesse  de  M.  Synge  à  la 
Société  nationale,  ils  n'avaient  point  dédaigné 
la  robuste  ampleur  de  M.  Fitlon  au  Salon  des 
Artistes  français.  Encore  un  artiste  essentielle- 
ment britannique,   élève   des    écoles   de   Man- 


chester et  de  Londres  qu'il  habite  ;  son  penchant 
pour  le  pittoresque,  qui  sait  tous  les  secrets 
savants  de  la  pointe,  de  la  morsure  et  du  tirage, 
décrit  Londres,  l'iorence  ou  Pari.*,  les  abords  de 
\\estminsler  ou  de  la  National  Gallery,  l'hôtel 
très  louisquatorzien  des  Horse  Guards,  le  gothique 
particulier  de  la  Grande-Bretagne  ou  la  noirceur 
des  frontons  dans  l'atmosphère  enfumée,  ce 
hlack  très  spécial  aux  monuments  londoniens, 
l'épaisseur  moyenâgeuse  et  dorée  des  pierres 
florentines  et  le  fouillis  harmonieux  du  Ponte 
Verchio,  le  portail  dentelé  de  Saint-Merri,  la 
Itue  Pirouette  aux  toits  inégaux,  dont  la  vétusté 
paraît  plus  inquiétante  dans  la  magie  des  beaux 
noirs  rehaussée  de  blancs  savoureux. 

Frédéric  Houbron  (galerie  Devambez)  ;  Louis 
Hartz  (galerie  Rosenberg)  ;  expositions  di- 
verses. —  Encore  un  peintre  du  Paris  moderne 
et  môme  de  l'ancien,  qu'il  reconstitue  au  bout  du 
Pont-au-Gtiange,  à  la  grande  joie  de  l'érudit  Vic- 
torien Sardou  !  Le  Paris  de  1908  ne  lui  dérobe 
jamais  celui  de  1840,  l'angle  des  masures  bario- 
lées au  pied  de  la  Tour  de  l'Horloge,  telles  que  le 
Parisien  Hubert  Robert  les  voyait  en  1789,  la  Cité 
rétrospective  avec  le  pont  Notre-Dame  et  la 
Pompe  hydraulique  évoquée  jadis  par  le  trait 
visionnaire  de  Charles  Méryon.  Depuis  Corot,  le 
Pont-au-Change  s'est  métamorphosé,  comme  le 
boulevard  Poissonnière  depuis  le  rêve  hollandais 
d'Isidore  Dagnan  (18.')'»',  comme  le  boulevard  des 
Italiens  que  William  Turner  faisait  graver  en 
1837.  Parallèlement,  l'art  et  la  réalité  se  trans- 
forment ;  mais,  à  côté  de  la  maison  neuve,  impo- 
sante comme  une  forteresse,  un  curieux  voit  la 
vieille  rue  menacée,  les  abords  de  la  pointe  Saint- 
Eustache  ou  de  la  porte  Saint-Denis,  le  passage 
voiîté  du  cloître  Saint-Honoré,  où  le  coche, 
semble-t-il,  va  déposer  Manon...  M.  Houbron 
n'est-il  pas  un  chercheur  moins  mystérieux  que 
précis,  dont  les  documents  seront  consultés  aux 
Carnavalet  de  l'avenir?  H  faudrait  placer  sa  mo- 
nographie du  Marche  des  Enfants  rouges  auprès  du 
(Ju'irtier  juif  d'Amsterdam,  observé,  dans  sa 
ville  natale,  par  un  Hollandais  modernisant. 
M.  Louis  Hartz  :  ce  n'est  plus  le  Roozengracht  où 
Rembrandt  sexagénaire  isolait  sa  vieillesse  pen- 
sive et  ruinée  ;  très  supérieures  aux  grands 
cadres,  ces  vives  études  notent  la  vieille  trico- 
teuse ou  la  ménagère,  la  marchande  rabougrie, 
tous  les  types  remuants  du  marché,  parmi  les 
fruits  d'or  ou  les  raies  roses  sur  l'étal  ;  et  le  Bois 
de  La  Haye  a  dû  beaucoup  changer  aussi,  depuis 


ANCIEN   ET    MODERNE 


183 


Paul  Potier...  Nous  avons  dit,  en  1906,  la  délica- 
tesse native  de  M.  Georges  Leramen,  qui  nous 
représente,  chez  Druet,  un  des  deux  aspects  du 
milieu  llamand  :  le  soleil  pâle,  l'intérieur  discret, 
le  jardin  pluvieux.  El  pour  remonter  aux  ori- 
gines françaises  dn  plein  air.  suivons,  une  fois 
(le  plus,  chez  Durand-Ruel,  l'évolution  de 
M.  Claude  Monet,  le  virtuose  violent  des  Peupliers. 
dans  le  soir  mauve,  ou  de  M.  lienoir,  le  paysagiste 
aux  verdures  acides  et  laineuses  ;  tandis  qu'un 
statuaire  évidemment  doué,  comme  M.  Joseph 
Bernard,  se  croit  obligé  d'invoquer,  au  seuil  du 
xx=  siècle,  le  rire  bestial  et  figé  des  xoana  pri- 
mitifs. 

R.WMOND    BOUVKR. 

COURRIER  DES  DÉPARTEMENTS 


Avignon    :  Nouvelles  découvertes 
au  palais  des  Papes. 

Ainsi  qu'on  l'a  déjà  brièvement  annoncé  ici- 
même,  on  vient  de  faire  au  palais  des  Papes 
d'Avignon  une  nouvelle  découverte,  plus  intéres- 
sante encore  que  celles  des  peintures  d'une  des 
salles  de  la  tour  de  la  (iarde-Robe,  que  je  signa- 
lais l'année  dernière  aux  lecteurs  du  Bulletin  (d;. 
Il  ne  s'agit  plus,  cette  fois,  de  peinture,  mais 
d'architecture  et  de  sculpture,  car  on  vient  de 
rt^trouverla  porte  principale  de  lagrande  chapelle 
du  palais. 

La  Semaine  religieuse  du  diocHe  d^Âvignon  dit 
qu'on  ignorait  l'emplacement  de  cette  porte  ; 
celle  affirmation  est  évidemment  erronée.  Tous 
ceux  qui  se  sont  occupés  de  l'histoire  du  palais 
et  qui  l'ont  visité  avec  soin  savaient  que  l'entrée 
de  la  chapelle  était  au  sommet  du  grand  escalier 
—  l'escalier  d'honneur,  - —  au  premier  étage,  en 
face  d'une  grande  baie  aujourd'hui  murée,  ouvrant 
sur  la  grande  cour.  Ils  avaient  remarqué,  à 
l'intérieur  de  la  chapelle,  les  colonnettes  qui 
bordaient  celte  porte  rélrécie  par  un  énorme 
blocage  de  maçonnerie,  et  auraient  pu  en  donner 
exactement  les  dimensions.  Ils  attendaient  même 
avec  une  certaine  impatience  le  moment  où  les 
ouvriers  chargés  de  la  restauration  du  palais 
entreprendraient  celte  partie  de  leur  ouvrage  ; 

(1)  Voir  le  n"  331  du  Bulletin. 


cependant,  leurs  espérances  n'allaient  pas  jusqu'à 
la  belle  découverte  qui  vient  d'être  faite. 

M.  Naudet,  architecte  des  .Monuments  histo- 
riques, chargé  de  la  restauration  du  colossal 
édifice  avignonnais,  avait  été  rais  sur  la  pisle  par 
un  plan  fort  exact,  dressé  par  un  capitaine  du 
génie  dont  j'ai  oublié  le  nom,  qui,  au  commen- 
cement du  xix"  siècle,  avait  élé  chargé  de  l'amé- 
nagement du  palais  en  caserne.  Après  avoir 
minutieusement  établi  les  dimensions  de  l'ouver- 
ture primitive,  grâce  aux  colonnettes  de  l'inté- 
rieur de  la  chapelle  dont  j'ai  parlé  et  au  plan  du 
capitaine  du  génie,  M.  Naudet  fit  sonder  la 
maçonnerie  moderne  du  côté  du  grand  escalier, 
c'est-à-dire  à  l'extérieur  de  la  chapelle,  el  on  eut 
la  chance  de  retrouver  encore  en  place  et  presque 
intactes  les  voussures  des  deux  côtés  de  la  porte 
et  la  base  du  trumeau  du  milieu,  qui  divisait 
l'entrée  en  deux,  comme  dans  la  plupart  des 
églises  gothiques. 

L'ouverture  entière  a  une  largeur  totale  de 
5  m.  20,  ce  qui,  en  déduisant  le  trumeau  de 
0  m.  80,  donnait  à  chaque  porte  une  largeur  de 
2  m.  20.  Les  bases  des  montants  sont  ornées  de 
quatre-feuilles  encadrant  de  petits  sujets  déco- 
ratifs :  animaux  ailés,  raulle  de  lion,  singe  se 
regardant  dans  un  miroir,  etc.  Au-dessus,  des 
niches  aménagées  sur  des  piliers  et  surmontées 
de  baldaquins,  contenaient  des  statues  de  gran- 
deur naturelle,  dont  l'une  est  encore  en  place, 
mais  privée  de  la  tête  et  des  mains.  Il  ne  reste 
aucun  attribut  ([ui  permette  de  l'identi/ier.  Le 
vêtement  de  dessus  est  formé  d'une  chape  serrée 
sur  la  poitrine  par  une  agrafe  en  forme  de 
losange;  les  plis  sont  sobres  et  bien  traités; 
autour  du  cou  émerge  de  la  chape  un  capuce. 
II  faut  souhaiter  que  l'autre  montant,  qui  n'est 
pas  encore  dégagé  jusqu'à  pareille  hauteur,  nous 
livre  une  statue  plus  complète. 

«  Quoi  qu'il  en  soit,  d'après  ce  qui  est  déjà 
retrouvé,  on  a  l'assurance  de  pouvoir  restituer 
complètement  la  composition  architecturale  de 
cette  belle  porle  de  la  grande  chapelle,  qui  sera 
la  merveille  du  palais.  La  linesse  de  la  sculpture 
nous  promet  un  très  beau  spécimen  de  la  déco- 
ration et  de  la  statuaire  du  xiv»  siècle  »,  dit  te 
Courrier  du  Midi. 

Puisque  nous  parlons  du  palais  des  Papes, 
j'annonce  d'abord  aux  lecteurs  du  Bulletin  que 
M.  Yperman,  dont  je  n'ai  pas  à  faire  l'éloge,  est 
en  train  de  travailler  au  dégagement  et  à  la 
consolidation  des  peintures  découvertes  l'année 
dernière,  dont  j'ai  déjà  parlé,  et  ensuite  qu'on 


184 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


va,  dans  le  plus  bref  délai,  entreprendre  la 
restauration  de  la  salle  de  l'Audience.  Cette 
salle,  aussi  grande  que  la  chapelle  dont  elle 
occupe  l'étage  inférieur,  est  certainement  la 
plus  curieuse  et  la  plus  intéressante  de  tout  le 
palais.  Elle  mesure  52  mètres  de  long  sur 
16  m.  50  de  large  et  11  mètres  de  haut,  et  est 
divisée  en  deux  nefs  supportées  par  cinq  colonnes. 
Malheureusement,  à  répo(|ue  de  la  transforma- 
tion du  palais  en  caserne,  le  niveau  a  été  surélevé 
d'environ  1  m.  30,  ce  qui  nuit  à  la  beauté  et  à 
l'élégance  de  cette  salle.  Mais  des  sondages  ont 
été  faits  sur  divers  points  et  on  a  retrouvé 
l'ancien  dallage,  si  bien  que,  sous  peu,  on  va 
rendre  à  l'Audience  ses  anciennes  proportions, 
au  grand  contentement  des  amis  de  l'art. 

A.  B. 

LES      REVUES 


France 

L'Art  et  les  artistes  (mars).  —  La  Peinture  véni- 
tienne au  XVIII'  siècle,  par  Philippe  Monniek. 

—  Auguste  Lepère,  par  Gustave  Kahn.  —  «  Graveur 
sur  bois,  peintre,  céramiste,  ilUistrateur,  aquafortiste, 
décorateur  de  reliures,  lithograplic,  imprimeur  en 
taille-douce,  imprimeur- typographe ,  peintre  avec 
toutes  les  variétés  de  métiers  dérivés  que  le  mot 
comporte,  sachant  aduiirahlement  toutes  les  façons 
d'être  artisan  et  toutes  les  manières  d'être  artiste, 
ayant  partout  réalisé,  innové,  synthétisé,  modernisé, 
tel  est  Auguste  Lepère,  un  des  plus  complexes 
prolées  de  l'art  contemporain...  » 

—  Le  Palais  Farnèse,  par  Charlotte  Besxaui). 

—  Un  Portrait  inédit  du  Premier  Consul,  par 
Armand  Davot  :  c'est  une  œuvre  du  peintre  Thomas 
Phillips,  de  la  Royal  Academy,  exécutée  en  1802  et 
conservée  à  la  sous-préfecture  de  Bayonao,  après  avoir 
fait  partie  de  la  collection  de  lord  Erskine,  sur  la 
demande  duquel  Bonaparte  avait  posé  devant  Phillips. 

(Avril).  —  M.  André  Giiioihk  consacre  (juelques 
pages  à  r«  imagier  »  Li'jier  Hirltier ;  —  M.  Léon 
Bourgeois  parle  de  l'Œuvre  de  lioll,  reproduite  en 
photographie  par  l'éditeur  Bulioz  ;  —  et  M.  Gustave 
Gefkiiov,  de  Degas. 

Italie 

Emporium  (février).  —  L'article  de  M.  Vittorio 
PiCA,  de  la  série  des  Artistes  contemporains,  est  con- 
sacré au  sculpteur  belge  Victor  Rousseau,  né  à  Kelny 
en  Hainaut,  le  16  décembre  (865. 

"—  Le   Hemaniement   de   la   Galerie    Nationale   de 


Home  {Palais  Corsini),  article  important  de  M.  Art. 
Jahx  liuscoxi,  avec  19  illustrations,  d'après  les  princi- 
pales œuvres  exposées. 

(Mars).  —  Artistes  contemporains  :  Konstantin 
Somo/f,  par  Vittorio  Pica.  —  L'article  s'ouvre  par  une 
vue  d'ensemble  sur  l'école  russe  de  peinture,  au 
groupe  u  décadent  »  de  laquelle  appartient  ce  singu- 
lier artiste  qu'est  K.  Somolf,  fils  du  couservateur  du 
njusée  de  l'Ermitage,  né  à  Saint-Pétersbourg,  le 
18  novembre  18B9  ;  —  peintre  de  conversations 
galantes,  évoquant  les  grâces  surannés  du  rococo,  qui 
se  révèle  parfois  aussi  portraitiste  puissant  et  paysa- 
giste aux  yeux  grands  ouverts  sur  des  intérieurs  et 
des  coins  de  nature  qui  n'ont  rien  de  xviii*  siècle. 

—  La  Galerie  Giovanelli,  la  plus  riche  parmi  les 
galeries  privées  de  Venise,  avec  la  collection  Layard, 
est  étudiée  par  M.  N.  Bahba.vti  ;  23  illustrations 
reproduisent  les  œuvres  les  plus  importantes  :  Moïse 
l'aisanl  jaillir  l'eau  du  rocker,  de  Bachiacca  ;  Portrait 
d'inconnu,  d'Antonelto  de  Messine  ;  un  Philosophe, 
de  Ribera  ;  la  Tempête,  de  Giorgione  ;  une  Sainte 
Conversation,  de  Paris  Bordone  ;  un  Portrait  d'in- 
connu, de  Titien,  et  un  Portrait  de  Carlo  Contarini, 
par  un  inconnu  ;  des  œuvres  d'Andréa  Previlali, 
Palmn  le  Vieux,  Girolamo  da  Santa-Croce,  Jacopo  da 
Bassano,  Longhi  fin  Tentation)  ;  un  Portrait  de 
Marietla  Venier,  par  Rosalba  Carriera  ;  la  Visitation 
et  la  Circoncision,  de  Rubens  ;  quatre  saints  de 
l'école  allemande,  et  deux  portraits  de  l'école  fla- 
mande. 

—  L'exposition  de  parure  féminine  ù  Rome  :  1.  les 
dentelles,  par  Elisa  Ricci  (avec  19  illustrations). 

Russie 

Stauyé  Godv  (Mars).  —  M.  FniKDL.t:NDKH  assigne 
à  Hugo  van  dcr  Gocs,  comme  l'avait  déjà  peasé 
G.  Ilulin,  un  triptyciue  conservé  à  l'Ermitage  sous  le 
n"  453  {Adoration  des  mages,  entourée  d'un  Massacre 
des  Innocents  et  d'une  Circoncision). 

—  V.  VKBÉciiTcnAUL'lNK.  Une  vieille  demeure  ruinée. 
Le  19  octobre  1905,  un  vieux  paysan,  tenant  une 
Image  sainte  et  croyant  exécuter  les  volontés  de 
l'empereur,  dirigea  le  pillage  et  l'incendie  de  Zoubri- 
lovka,  appartenant  au  prince  Prozorovski-Galitzinc 
(gouv'  de  Saratov).  Tous  les  portraits  d'une  riche 
galerie  ont  péri,  sauf  trois  (dont  un  Toqué),  qui 
n'étaient  pas  encore  revenus  de  l'Exposition  du 
Palais  de  Tauridc;  les  miniatures  précédemment 
emportées  ont  été  aussi  sauvées. 

—  Baron  N.  Whanoel.  Notes  d'archives  sur  l'archi- 
tecte italien  Vincent  Rrenna.  resté  douze  .ths  en 
Russie,  de  1780  à  1801. 

—  V.  CiiT<;iiAVii(SKi.  le  truquage  des  lahlcaii.i- 
anciens.  —  Denis  Rochk. 


Le  Gérant  :  H.  Denis. 


P«t«.  —  lœp.  Goorgei  Petit,  IS,  rue  Qodot-de-Uauroi. 


Numéro  388. 


Samedi  13  Juin  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN     ET    MODERNE 


A  partir  d'aujourd'hui,  le  Bulletin  ne  paraîtra 
plus  que  tous  les  quinze  jours,  suivant  l'usage 
adopte  pour  la  saison  d'été.  Le  prochain  numéro 
(n°  3Hi)\  portera  donc  la  date  du  27  juin. 


Musées    de   province 


LE  RAPPORT  DE  LA  COMMISSION. 

Le  4  Juillet  190b,  le  ministre  de  l'Instruction 
publique  chargeait  une  commission  extra-parle- 
mentaire «  d'étudier  toutes  les  questions  relatives 
à  l'organisation  des  musées  de  province  et  à  la 
conservation  de  leurs  richesses  artistiques  ».  Le 
2a  octobre  1907,  cette  commission  tenait  sa  der- 
nière séance  plénière.  Avant  de  se  séparer,  elle 
formulait  une  série  de  vœux,  qui  ont  été  publiés 
alors  dans  le  Bulletin  ({),  et  chargeait  M.  Henry 
Lapauze  de  rédiger  le  rapport  d'ensemble  sur 
ses  travaux. 

Ce  rapport  va  être  distribué  incessamment  : 
c'est  un  fort  volume  de  plus  de  trois  cents  pages, 
bourré  de  renseignements  dont  la  plupart 
n'avaient  Jamais  encore  été  publiés  Jusqu'à  pré- 
sent, et  qui  constitue  à  lui  seul  un  témoignage 
éloquent  de  l'activité  de  la  commission  et  du 
dévouement  de  son  rapporteur. 

Il  est  partagé  en  trois  parties  :  l'une  contient 
les  travaux  de  la  sous-commission  de  légis- 
lation; l'autre,  les  travaux  de  la  sous-commission 
artistique;  la  troisième,  les  procès-verbaux  des 
réunions  plénières  de  la  commission  et  des 
sous-commissions,  et  le  répertoire  de  toute  la 
législation  relative  aux  musées  de  province. 

Il  nous  faudra  reprendre  à  loisir  l'examen  de 
'■es  divers  chapitres,  dont  le  plus  considérable 
'st  certainement  le  second  :  n'eùt-elle  abouti 
qu'à  réunir  les  documents  de  son  enquête  sur 
nos   204   musées   de  province,  —  ils  occupent 


(1)  Voir  le  n°  258. 


plus  de  deux  cents  pages  du  volume  —  que  la 
commission  aurait  déjà  bien  mérité  des  amis 
des  arts.  Conservation,  gardiennage  et  surveil- 
lance, date  de  fondation,  budget,  état  du  local, 
inventaires  et  catalogues,  heures  d'ouverture, 
dons  de  l'Etat,  dons  des  particuliers,  œuvres 
importantes,  œuvres  souhaitées,  artistes  régio- 
naux représentés  dans  chaque  musée,  —  autant 
de  questions  dont  nous  avons  les  réponses 
détaillées.  Il  en  ressort  que  quelques  galeries 
très  rares,  trop  rares,  sont  bien  tenues,  mais 
que,  dans  l'immense  majorité  des  cas,  les 
œuvres  d'art  —  et  quelquefois  les  chefs-d'œuvre 
—  que  possèdent  nos  musées  de  province,  sont 
«  mal  entourés,  mal  inventoriés,  ou  pas  inven- 
toriés du  tout,  dangereusement  exposés  dans 
des  locaux  détestables  à  tous  points  de  vue,  et 
enfin  qu'ils  sont  peu  ou  point  gardés  et  quel- 
quefois très  mal  conservés  ». 

Il  n'y  a  qu'à  lire  cette  partie  du  rapport  de 
M.  H.  Lapauze,  pour  se  convaincre  —  si  l'on  en 
avait  besoin  —  de  l'incurie  lamentable  qui  règne 
dans  ces  malheureux  musées,  qu'on  a  appelés 
tour  à  lourdes  «  prisons  de  l'art  »,  des  «  cachots  )>, 
des  «  nécropotes  délabrées  »,  des  «  ossuaires  », 
qui  n'ont  aucune  place  dans  les  préoccupations 
municipales,  et  dont  il  faut  en  même  temps 
reconnaître  la  richesse  et  déplorer  l'abandon. 

Mais  il  n'est  pas,  en  ce  domaine,  de  si  grands 
maux  qui  n'aient  leurs  remèdes,  et  la  commis- 
sion en  a  indiqué  plusieurs,  dans  les  vœux  qu'elle 
a  présentés  au  ministre  de  l'Instruction  publique. 
Souhaitons  seulement  qu'on  ne  s'arrête  pas  en 
si  beau  chemin,  et  que  les  sénateurs  et  les 
députés  que  la  commission  comptait  parmi  ses 
membres,  s'unissent  pour  soutenir  auprès  du 
Parlement  les  réformes  proposées. 

Pour  une  fois  que  nous  avons  vu  une  com- 
mission travailler,  il  serait  logique  de  la  voir 
aboutir. 

E.  D. 


186 


LE   BULLETIN   DE    L'ART 


ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 

(séance  ilu  3  juin).  —  Comme  suite  au  comité  se- 
cret qui  a  terminé  la  précédente  séance,  l'Académie 
répartit  le  prix  Lefèvre-Deumier,  de  la  valeur  de 
20.000  francs,  destiné  à  récompenser  des  ouvrages 
ou  des  œuvres  sur  l'histoire  des  religions,  de  la  façon 
suivante  :  12.000  francs  à  M.  Guimet,  fondateur  du 
musée  qui  porte  son  nom,  et  8.000  francs  à  M.  Franz 
Cumont,  correspondant  de  l'Académie,  pour  ses 
remarquables  ouvrages  sur  les  religions  du  passé  et 
notamment  sur  le  culte  de  Mitra. 

—  L'Académie  déclare  la  vacance  du  fauteuil  de 
M.  Derenbourg,  membre  ordinaire,  décédé. 

—  M.  Pottier  communique  un  rapport  de  M.  P.  Bigot, 
prix  de  Rome  d'architecture,  pensionnaire  de  la  villa 
Médicis,  sur  des  fouilles  pratiquées  au  Circus  maxi- 
mus  de  Rome.  Ces  recherches  ont  été  faites  en  partie 
au  moyen  de  subventions  octroyées  par  l'Académie 
sur  la  fondation  Plot.  M.  liigot  a  réussi  à  reconstituer 
les  limites  précises  du  grand  cirque,  l'épaisseur  des 
gradins  des  spectateurs  et  les  dimensions  de  l'arène. 
11  en  a  déduit  des  comparaisons  intéressantes  avec 
d'autres  cirques  romains,  en  particulier  avec  celui  de 
Maxence,  qui  présente  des  analogies  de  forme,  mais 
qui  est  plus  petit. 

M.  Pottier  ajoute  que  ces  recherches  ont  été  pour 
M.  Bigot  le  point  de  départ  d'un  travail  plus  impor- 
tant encore  :  l'établissement  d'un  plan  en  relief  mar-. 
quant  la  position  et  la  forme  restituée  de  tous  les 
monuments  antiques  dont  on  a  retrouvé  les  vestiges 
sur  l'emplacement  de  Rome.  11  espère  que  l'Académie 
encouragera  par  tous  les  moyens,  en  sou  pouvoir  les 
efforts  si  méritoires  de  M.  Bigot. 

M.  Daumet,  de  l'Académie  des  Beaux-Arts,  vient 
ajouter  l'autorité  de  sa  parole  aux  éloges  de  M.  Pottier 
et  dit  tout  l'intérêt  que  prennent  ses  collègues  à  cette 
œuvre  remarquable.  Ce  sentiment  s'est  déjà  traduit 
par  des  demandes  d'allocations  adressées  aux  pouvoirs 
publics. 

Séance  tenante,  M.  le  duc  de  Loubat  informe  le 
bureau  qu'il  met  à  la  disposition  de  l'entreprise  de 
M.  Bigot  une  somme  de  3.000  francs. 

—  Sur  le  prix  Berger,  de  la  valeur  de  15.000  francs, 
3.000  francs  sont  attribués  à  M.  Paul  Lacouibe,  pour 
son  ouvrage  :  les  Livres  d'heures  conservés  dans  les  bi- 
bliothèques de  l'aris;  3.000  francs  à  M.  Henry  Martin, 
administrateur  de  la  bibliothèque  de  l'Arsenal,  pour 
son  livre  :  les  Miyiialuristes  français;  et  3.000  francs 
à  M.  Coyecque,  pour  son  Recueil  d'actes  notariés 
parisiens. 

Les  6.000  francs  restants  sont  attribués  à  la  Société 
de  l'Histoire  de  Paris  et  de  l'Ile-de-France,  pour  la 
continuation  de  ses  travaux. 

Musée  des  Arts  décoratifs.  —  Le  musée  des 
Arts  décoratifs  vient  de  recevoir  en  don  du  général 


de  Beylié,  une  partie  des  résultats  des  fouilles  exé- 
cutées sous  sa  direction,  au  printemps  de  1908,  en 
Algérie,  dans  la  province  de  Constantine,  sur  l'em- 
placement de  la  Kaala  des  Béni  Hamniad,  ancienne 
capitale  berbère  de  l'Afrique  du  Nord  (1007-1090  de 
l'ère  chrétienne)!  La  presque  totalité  des  documents 
trouvés  est  restée  au  musée  d'Alger.  Mais  quelques 
fragments  de  céramique,  de  stucs,  de  revêtements  de 
marbre  sculpté,  portant  encore  des  traces  de  poly- 
chromie, qui  se  trouvaient  en  double,  seront  conservés 
au  musée  des  Arts  décoratifs  et  formeront  un  ensemble 
très  instructif  pour  l'élude  dune  période  peu  connue 
de  la  civilisation  arabe 

Au  Petit  Palais.  —  Un  généreux  amateur,  qui 
désire  garder  l'anonymat,  vient  d'envoyer  à  M.  Henry 
Lapauze,  conservateur  du  Palais  des  beaux-arts  de  la 
ville  de  Paris,  pour  combler  quelques  lacunes  des 
collections  du  Petit  Palais,  la  belle  série  d'reuvrcs 
d'art  dont  voici  la  liste  : 

Clair  de  lune  à  Dordrecht,  par  Jongkind  (1833)  ; 
la  Seine  au  pont  du  Trocadéro,  par  Lépine  ;  les  Scieurs 
de  lonrj,  par  Sisley  ;  Pêcheurs  d'Ecosse,  par  Raffaëlli  ; 
les  Cynnes,  par  G.  La  Touche  ;  —  dix  bronzes  de 
Barye,  en  fontes  anciennes  :  Tii/re  marchant,  Gnou, 
Lion  au  serpent,  Lionne,  Thésée  cl  le  Minolaure, 
Lionne  couchée.  Tigre  dévorant  un  caïman,  Tif/re 
terrassant  un  cerf,  Kpagneul  en  arrêt.  Lion  au  repos; 
—  et  enfin  les  Pélicans,  bronze  à  cire  perdue  de 
Rembrand  Bugatti. 

Cabinet  des  estampes.  —  M.  Jacques  Devéria, 
petit-fils  du  peintre  et  lithographe  Achille  Devéria 
(1800-1837),  qui  fut  conservateur  du  Cabinet  des 
estampes  pendant  les  trois  dernières  années  de  sa 
vie,  vient  d'olfrir  au  Cabinet  des  estampes  le  portrait 
de  son  grand-père,  peint  par  Louis  Boulanger. 

D'autre  part,  M.  Courboin  a  reçu  pour  son  dépar- 
tement deux  portefeuilles  de  maroquin  plein,  ren- 
fermant l'œuvre  lithographie  de  Whistler.  Cette 
collection,  offerte  par  M—  Rosaliud  Birnie  Philip, 
l'exécutrice  testamentaire  du  maître,  se  compose  de 
quatre  vingt-sept  pièces  et  vient  très  heureusement 
compléter  l'œuvre  de  Whistler  que  possèdent  les 
collections  delà  Bibliothèque  nationale;  en  effet,  ces 
collections,  riches  en  eaux  fortes,  ne  comprenaient 
jusqu'ici  qu'un  très  petit  nombre  de  lithographies. 

Société  nationale  des  beaux-arts.  —  Le  con- 
cours de  maquettes  organisé  au  Salon  de  la  Société 
nationale  a  donné  d'appréciables  résultats.  Quinze 
concurrents  y  ont  pris  part,  dont  les  envois  ont  été 
examinés  par  un  jury  composé  des  membres  du 
comité,  auxquels  s'étaient  joints  M.  Saint-SaJ'ns  et 
les  directeurs  de  l'Opéra.  Rappelons  que  le  sujet 
proposé  était  le  décor  du  quatrième  acte  de  Sainson 
et  Dalila.  La  prime  de  cinq  cents  francs  offerte  par 
l'Opéra  a  été  décernée  à  l'unanimité  à  M.  Fernand 
Guillou.  Deux  mentions  ont  été  en  outre  accordées  à 
MM.  Charles  Roger  et  Cugncl. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


187 


Les  Récompenses  du  Salon.  —  Une  erreur  s'est 
glissée  dans  la  liste  des  médailles  d'honneur  que 
publiait  le  dernier  numéro  du  BiiUelin.  La  médaille 
d'honneur  de  sculpture  n'a  pas  été  décernée  à 
M.  Alfred-J.  Boucher  (qui  l'a  obtenue  en  1891),  mais 
bien  à  M.  Jean  Boucher,  élève  de  Chapu,de  Falguière 
et  de  M.  Mercié,  pour  son  Victor  Hugo,  statue  plâtre, 
et  son  Monument  à  Trarieux. 

—  Le  Comiti  ds  l'Association  des  Artistes  peintres, 
sculpteurs,  architectes,  etc.  (fondation  Taylor),  a 
attribué  le  prix  Galimart-Joubert,  de  4.800  fr.,  à 
M'"*  Cotard-Dupré,  pour  son  tableau  exposé  au  Salon 
des  Artistes  français,  plus  deux  prix  extraordinaires 
de  600  fr.  chacun,  l'un  à  M.  Sain  de  Heers,  pour  son 
tableau  exposé  à  la  Société  nationale  des  beaux-arts, 
et  l'autre  à  M"*  Suzanne  Minier,  pour  ses  deux  pastels 
exposés  à  la  Société  des  Artistes  français. 

—  Le  prix  Bernheim  jeune,  d'unevalcur  de  500  francs, 
a  été  décerné  par  la  Société  nationale  à  M.  Gustave 
Colin,  pour  l'ensemble  de  ses  œuvres. 

Monuments  et  statues.  —  On  inaugurera  demain 
dimanche,  14  juin,  dans  le  parc  de  Saint-Cloud,  un 
monument  à  Paul  [luet,  œuvre  de  M.  A.  Bloch, 
statuaire,  et  de  M.  A.  Julien,  architecte. 

La  Décoration  de  la  mairie  des  Lilas.  —  Le 
jury  pour  la  décoration  de  la  salle  des  fêtes  de 
la  commune  des  Lilas  s'est  réuni  pour  juger  de 
deuxième  épreuve  du  concours.  Trois  concurrents 
étaient  restés  sur  les  rangs  à  la  suite  de  la  première 
épreuve  :  .MM.  Gorgiiet  et  Leroux,  M.  Tardieu  et 
.M.  Marret.  Ils  avaient  à  reproduire  un  fragment  du 
plafond,  à  leur  choix,  de  grandeur  nature. 

C'est  M.  Tardiéu  qui  a  été  chargé  de  l'exécution  du 
travail  :  il  recevra  aS.OOO  francs  ;  MM.  Gorguet  et 
Leroux  recevront  une  prime  de  1.500  francs  et 
M.  Marret  touchera  une  prime  de  1.000  francs.  De 
plus,  les  deux  artistes  primés  obtiendront  des 
commandes  importantes  du  Conseil  général. 

Expositions  nouvelles.  —  Du  11  au  27  juin, 
.'i  la  Galerie  des  artistes  modernes,  19,  rue  Caumartin  : 
exposition  de  tableaux  de  M.  II.  Humphrey  Moore. 

—  Du  12  juin  au  13  juillet,  à  la  galerie  Georges 
Petit  :  exposition  d'œuvres  de  M.  Gaston  La  Touche 
(peintures,  ai|uarelles,  dessins,  etc.). 

—  Jusqu'au  27  juin,  à  la  galerie  Graves,  18,  rue 
Caumartin  :  exposition  de  paysages  de  "V.  de  Ville. 

—  Jus(iu'au  3  juillet,  sur  la  terrasse  des  Tuileries  : 
IV"  exposition  des  .\rts  de  la  mer. 

A  Lyon.  —  Le  ministre  de  l'Instruction  publique 
vient  de  prendre  un  arrêté  classant  parmi  les  monu- 
ments historiques  les  collections  du  musée  historique 
des  Tissus  de  Lyon,  telles  qu'elles  sont  décrites  dans 
li^  catalogue  sommaire  de  ce  musée,  dressé  par  notre 
I  ollaboratcur  M.  Raymond  Cox,  conservateur. 

Le  musée  historique  des  Tissus,  constitué  sous  les 


auspices  de  la  Chambre  de  Commerce  de  Lyon,  a  été 
inauguré  le  6  mars  1864. 11  est  actuellement  le  premier 
musée  du  monde  en  ce  genre.  Ses  collections  com- 
prennent les  périodes  byzantine,  musulmane,  ita- 
lienne, française  et  contemporaine. 

La  Chambre  de  commerce  de  Lyon  a  tenu  à  ce  que 
toutes  ces  richesses  fussent  largement  mises  à  la 
disposition  de  tous.  Journellement,  les  dessinateurs 
et  les  fabricants  viennent  y  renouveler  leur  inspira- 
tion ;  aussi  le  musée  historique  des  Tissus  est-il  un 
trésor  inépuisable  pour  la  grande  industrie  lyonnaise 
et  digne  à  tous  égards  d'être  classé  parmi  les  monu- 
ments historiques. 

Nécrologie.  —  M.  Gaston  Boissier,  secrétaire 
perpétuel  de  l'Académie  française,  membre  de  l'Aca- 
démie des  inscriptions  et  belles-lettres,  commandeur 
de  la  Légion  d'honneur,  qui  est  mort  le  10  juin,  dans 
sa  quatre-vingt-sixième  année,  a  laissé,  parmi  son 
œuvre  considérable  de  critique  littéraire  et  d'historien, 
des  ouvrages  d'archéologie,  dans  lesquels  il  avait  mis 
le  meilleur  de  ses  qualités,  faites  de  finesse  de  style, 
de  sûreté  de  documentation  et  de  cet  agrément  dans 
l'érudition  qui  donne  tant  de  vie  à  tous  les  sujets 
qu'il  a  traités.  Les  l'romenades  archéologiques,  Rome 
et  l'ompei  (1880),  les  Nouvelles  promenades  archéolo- 
giques, Horace  et  Virgile  (1886),  si  souvent  rééditées, 
lui  ont  servi  de  texte  à  d'exquises  restitutions  du 
décor  de  la  vie  antique,  dont  il  étudiait,  par  ailleurs, 
la  politique,  la  religion  et  la  littérature. 

—  L'un  des  artistes  belges  les  plus  justement 
célèbres,  le  sculpteur  Jef  Lambeaux,  est  mort  samedi 
dernier.  Né  en  1852,  à  Anvers,  élève  de  G.  Greefs, 
il  produisit,  en  1871,  sa  première  œuvre  remarquable  : 
la  Guerre.  Il  échoua  au  concours  pour  le  prix  de  Rome 
et  partit  pour  Paris,  où  il  rejoignit  son  ami  Jan  Van 
Beers  ;  de  cette  époque  datent  :  la  Charmeuse  de 
serpents,  le  Mendiant,  le  Pauvre  aveugle,  l'Aurore. 

Rentré  en  Belgique,  Jef  Lambeaux  s'installa  à 
Bruxelles  et,  après  avoir  surmonté  des  résistances  et 
des  diflicultés  multiples,  donna  ses  œuvres  maîtresses, 
dont  plusieurs  figurèrent  avec  succès  à  nos  Salons  et 
à  nos  Expositions  universelles  :  le  Baiser,  les  Lut- 
teurs, la  Fontaine  monumentale  d'Anvers,  l'Ivresse, 
l'Humanité,  le  Dénicheur  d'aiglons,  le  Faune  mordu, 
qui  fut  expulsé  de  l'Exposition  de  Liège  en  1903  (voir 
le  n"  267  du  llullelin),  puis  la  Folle  c/ianson  et  les 
l'assions  humaines,  qui  achevèrent  d'établir  sa  répu- 
tation. Par  l'ampleur  de  la  conception,  par  la  fougue 
passionnée  do  l'exécution,  Jef  Lambeaux  était,  comme 
on  l'a  dit,  "  une  manière  de  lîubens  en  sculpture  »  ; 
ceux  qui  lui  ont  reproché  la  vulgarité  de  son  inspira- 
tion et  l'ont  appelé  «  le  Michel-Ange  du  ruisseau  », 
n'ont  pu  discuter  l'étonnante  puissance  de  vie  par 
laquelle  ses  œuvres  se  sont  imposées. 


i^V  ^'V  i^*V  "f^^ 


188 


LE   BULLETIN   DE   L'ART 


CHRONIQUE    DES  VENTES 


TABLEAUX    ~    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

Vente  Hélène  Chauvin.  —  Faite  24,  boule- 
vard de  Courcelles,  du  2  au  4  juin,  par  le  minis- 
Ic're  de  M"  Lair-Dubreuil  et  de  MM.  Paulme  et 
Lasquin,  cette  vente  a  produit  un  total  de 
287,000  francs. 

Les  estampes  en  couleurs  des  écoles  française 
et  anglaise  du  xviii»  siècle  ont  été  adjugées  à 
de  bons  prix.  Une  épreuve  du  Portrait  d'Edouard 
Dagoty,  par  Lasinio,  est  montée  à  7.000.  fr.  et  une 
épreuve  de  premier  état,  avant  la  lettre,  de  la 
planche  de  Smith,  The  Promenade  at  Carliste 
Home,  a  réalisé  6.420  francs. 

Du  côté  des  objets  d'art  et  d'ameublement,  les 
tapisseries  ont  donné  lieu  à  des  enchères  assez 
élevées.  La  tenture  de  cinq  panneaux  d'Aubus- 
son,  d'époque  Louis  XV,  à  personnages  dans  des 
paysages,  a  été  adjugée  20.000  fr.  sur  la  demande 
de  2!). 000,  et  la  tapisserie  flamande  du xviii"  siècle, 
ù  sujets  tirés  de  l'Histoire  de  Mercure,  24.000  fr., 
sur  la  même  demande  de  25.000. 

PRINCIPAUX    PRIX 

Ghavukks  du  xvni'  siècle.  —  26.  D'après  Cos'way. 
Mrs  Cosway,  par  V.  Green,  marge,  2.700  fr.  —  De- 
bucourt  :  29-30.  L'Escalade,  Heur  el  Malheur,  mar<,'e, 
3.800  fr. —  31-32.  le  Comjilimenl,  les  Houquets,  imp. 
en  coul.,  marge,  3.000  fr.  —  l'S-'Jl.  Les  ConipUmenls 
du  Jour  de  Van,  les  Présents  du  Jour  de  l'an,  par 
Bonnet,  imp.  en  coul.  avant  lettre,  marge,  2.550  fr. 
—  73.  Lasinio.  Portrait  d'Edouard  Dagoty,  en  coul., 
par  Labrelif,  7.600  fr.  —  76-77.  A  Visil  la  Ihe  Boar- 
diiig-school,  A  Visit  la  the  Child  at  Nurse,  imp.  en 
coul.,  avec  marge,  4.700  fr.  —  85-86.  Miss  liingham, 
Countess  Spencer,  par  Bartolozzi,  imp.  en  coul  , 
marge,  3.600  fr.  —  101.  Par  et  d'après  J.-R.  Smith. 
The  Promenade  al  Carliste  llouse,  premier  état,  avant 
la  lettre,  marge,  6.420  fr.  —  105  à  108.  D'après 
N.  Taunay.  La  Noce  de  village,  la  Foire  de  village, 
la  Rixe,  le  Tambourin,  par  Descourlis,  imp.  en  coul. 
4.000  fr. 

Dessins  anciens.  —  142.  Rembrandt.  Élude  de 
femme  nue  debout,  3.500  fr. 

OnjETS  hivr.ns.  — 237.  Grille  de  séparation  de  deux 
salons,  fer  forgé  et  bronze  ciselé,  exécutée  et  com- 
posée par  E.  Robert,  à  Paris,  1902,  2.600  fr. 

Sculptures.  —  250.  Quatre  statuettes,  enfants  de- 


bout, nus  ou  drapés,  figurant  les  Quatre  Saisons, 
xviii'  s.,  5.200  fr. 

Sièges.  .—  307.  Deux  bergères,  bois  sculpté  ép. 
Louis  XV,  recouvertes  anc.  soie  brochée,  3.000  fr. 

316.  Salon,  canapé  et  quatre  fauteuils,  anc.  tapis- 
serie d'Aubusson,  personnages  avec  draperies  et  fleurs, 
animaux  aux  sièges,  ép.  Louis  XVI,  4.800  fr. 

MhLBLEs.  —  345.  Bureau  plat,  bois  de  placage, 
garnit,  cuivres,  ép.  Louis  XVI  (br.  rapp.),  2.800  fr.  — 
356.  Grand  lit  d'alcôve,  bois  sculpté  et  doré,  garni  de 
soie,  en  partie  ép.  Louis  XVI,  2.750  fr.  —  365.  Bureau- 
cylindre,  marqueterie  fleurs  ou  trophées,  garnit, 
cuivres,  ép.  fin  Louis  XV,  5.600  fr.  —  369.  Table 
marqueterie,  ornée  médaillon  à 'bouquet  de  fleurs, 
garnit,  bronze,  ép.  Louis  XV,  3.700  fr.  —  370.  Petite 
table,  marqueterie,  quadrillés  à  fleurettes,  grecques, 
ép.  fin  Louis  XV,  4.250  fr.  —  373.  Petit  bureau 
bonheur-du-jour,  marqueterie  à  damier,  garnit,  cui- 
vres, fin  ép.  Louis  XV,  2.800  fr. 

Tapisseuiks,  TAPIS.  — 376.  Tapisserie  flam.,  xviir  s., 
sujet  mythologique  tiré  de  l'Histoire  du  dieu  Mercure, 
24.000  fr.  —  377.  Tenture  anc.  tapisserie  d'Aubusson, 
ép.  Louis  XV,  camprcnant  quatre  grands  panneaux 
et  un  petit  panneau,  paysages  avec  bergers,  bergère 
Watteau,  danseuses,  femmes  de  qualité,  20.000  fr.  — 
378.  Tapisserie  d'Aubusson,  ép.  Louis  XV,  groupe  de 
quatre  personnages  jouant  dans  le  parc  d'un  château, 
4.300  fr.  —  382.  Tapis  persan  en  soie  à  fond  rouge, 
4.000  fr. 

"Vente  de  deux  tableaux.  —  Un  mince  cata- 
logue, illustré  de  deux  planches  reproduisant 
les  deux  seuls  numéros  de  la  vente,  nous  annonça 

—  trop  tard  pour  que  nous  en  parlions  ici  —  la 
courte  mais  intéressante  vacation  que  dirigèrent, 
salle  7,  le  !>  juin.  M''  (Couturier  et  M.  Ferai. 

Des  deux  tableaux  passant  aux  enchères,  l'uu 
avait  ligure  dans  une  vente  récente,  celle  de  la 
collection  d'Haulpoul,  en  1903,  où  cette  peinture, 

—  le  Contrat,  par  Fragonard,  —  réalisait29.000fr. 
Si  elle  n'a  atteint  qu'à  20. 000  fr.  sur  la  demande  de 
2S.O0O,  la  modestie  relative  de  ce  résultat,  —  eu 
égard  au  nom,  si  chèrement  coté  d'ordinaire,  du 
célèbre  peintre,  —  lient  à  ce  que,  dans  ce  tableau, 
le  fini  de  l'exécution  indiquerait  une  collabora- 
lion  notable  de  l'élève  de  Fragonard.  M""  Gé- 
rard. 

Par  contre,  l'autre  numéro  de  la  vente,  un 
Corot  intitulé  Castel  Gandolfo,  a  largement 
dépassé  son  prix  de  demande,  soit  60.000  fr.,  et 


ANCIEN    ET    MODERNE 


189 


a  été  adjugé,  en  fin  de  compte,  100. 1 00  fr.  La 
Gazette  de  VHùtcl  Droiiot  croit  pouvoir  affirmer 
que  ce  tableau  est  celui  qui  passa  en  18(1")  dans 
la  vente  de  la  collection  (iros,  où  il  réalisa  seu- 
lement la  modique  somme  de  1.400  franCs. 

Bien  que  la  présente  vacation  fût  anonyme,  il 
est  connu  que  ces  deux  tableau.x  provenaient  de 
la  succession  d'Hautpoul. 

Vente  de  la  collection  de  feu  M.  de  Porto- 
Riche  (tableaux  modernes,  etc.).  —  Ayant 
annoncé  cette  vente  avec  détails,  nous  n'aurons 
pas  à  ajouter  un  long  commentaire  à  la  liste 
de  prix  que  nous  donnons  ci-dessous.  Faite 
salle  6,  les  ti  et  6  juin,  par  M"^  Lair-Dubreuil  et 
MM.  Georges  Petit.  Paulme  et  Lasquin,  cette 
vente  a  produit  un  total  de  129.384  francs. 

Du  côté  des  tableaux,  les  honneurs  de  la 
séance  ont  été  pour  le  Diaz,  la  Mare  en  forêt, 
adjugé  15.000  francs,  en  1894,  à  la  vente  Garnier, 
et  qui,  ici,  sur  la  demande  de  25.000,  a  réalisé 
18.500  francs. 

Les  boîtes  et  autres  objets  de  vitrine,  dont  la 
collection  offrait  une  réunion  assez  nombreuse, 
n'ont  pas  obtenu  d'enchères  fort  élevées.  Le  plus 
haut  prix,  dans  cette  catégorie,  s'est  adressé  au 
n"  93,  une  grande  boîte  ovale  d'époque  Louis  XV, 
en  or  ciselé,  guilloché  et  gravé,  adjugée  2.203  fr. 

Knlin,  la  commode  d'époque  Louis  XV,  en 
laque  noire,  avec  riche  garniture  de  bronzes, 
mise  sur  table  avec  l'enchère  de  4.200  francs, 
est  montée  à  6.000  francs. 

PRINCIPAUX   PRIX 

(Au-dessus  de  2.500  francs.) 

Taulk.aux  modernes.  ^  2.  Corot.  Femmes  à  la 
funtaine,  5. .500  fr.  (dem.  1.000).  —  Diaz  :  1.  Le  Uarem, 
7  100  fr.  —  8.  Mare  en  forêt,  \8M0  fr.  (dem.  25.000  ; 
vente  Garnier,  t894,  1.5.000).  —  9.  Ophélie,  3.500  fr.  — 
10.  Jules  Dupré.  Le  Chemhieau,  8.000  fr.  —  14.  Jong- 
klnd.  Patineurs  en  Hollande,  5.000  fr.  —  15.  liutter- 
dam  Ifi  nuit,  clair  de  lune,  4.500  fr.  —  21.  Ziem.  Le 
Bosphore  à  Constanlinople,  5.100  fr.  —  22.  Le  Grand 
Canal  à  Venise,  7.100  fr. 

Aqoarei.i,es.  —  27.  Jacque.  Moutons  en  pâture, 
4.450  fr.  —  36.  Ziem.  Les  Marli(jiies,  5.300  fr. 

Meueile.  —  113.  Commode  ép.  Louis  XV,  laque 
noire  dans  le  goût  chinois,  ornée  bronzes  ciselés  et 
dorés,  6.000  fr. 

"Vente  de  tapisseries.  —  Dans  une  vacation 
anonyme,  dirigée  salle  î,  le  5  Juin,  par  .M»  Bau- 
doin et  M.M.  Mannheim,  nous  trouvons  à  si- 
gnaler les  résultats  suivants  : 

Tapisserie  du   xviii*   s.,   la   Bonne  aventure,  d'un 


atelier  clandestin  des  Gobelins,  10.030  fr.  (dem.  12.000). 

—  Tap.  et  deux  petits  panneaux  d'Aubusson,  ép. 
Louis  XV,  représentant  le  Repas  Champêtre,  la  Bonne 
mère  et  le  Berger,  7.490  fr. 

■Vente  Homberg  (liste  des  prix,  fin).  — 
Voici  la  fin  de  la  liste  des  principales  enchères 
de  cette  grande  vente,  dont  nous  avons  rendu 
compte  dans  nos  précédentes  chroniques. 

PRINCIPAUX     PRIX 

•  Au-dessus  de  2,500  francs.) 

É.MAUX  PEixTS.  —  585.  Limoges.  Plaque  de  baiser  de 
paix  présentant  Salomé,  par  Nardon  Pénicaud,  fin 
XV  s.,  8.100  fr.  (dem.  8.000). 

Bois  SCULPTÉS.  XV'  siècle.  —  63t.  Fragment  de 
retable  peint  et  doré,  épisode  de  l'Évangile  selon 
saint  Luc  :  Jésus  dans  la  maison  du  Pharisien  (rest.), 
14..520  fr.  (dem.  15.000). 

XVI'  siècle.  —  646.  Statuette,  Saint  Crépin  debout 
près  de  son  établi,  ép.  Louis  XII  (rest.),  13.000  fr. 
(dem.  10.000).  —  647.  Coffre  orné,  panneaux  xvi"  s. 
à  médaillons,  6.950  fr.  (dem.  10.000).  —  660.  Meuble 
à  deux  corps,  4.300  fr.  (dem.  6.000). 

Mabbhes,  pierhes.  XIV'  siècle.  —  672.  Deux  supports 
pierre,  ornés  personnage  accroupi  (rest.),  3.200  fr.  — 
676.  Statuette  pierre  sculptée,  personnage  debout  et 
portant  un  angelot  et  un  oiseau,  3.300  fr.  (dem.  2.000). 

—  677.  Statuette,  Louis  11,  duc  de  Bourbon,  agenouillé, 
6.100  fr.  (dem.  8.000). 

AI"'  siècle.  —  686.  Deux  supports  pierre,  ornés 
personnage  accroupi,  3.400  fr.  —  694.  Médaillon 
quadrilobé,  marbre  blanc,  angelot  debout,  tenant  un 
écusson,  3.005  fr.  (dem.  5.000).  —  701.  Statuette- 
applique  marbre,  personnage  debout  (dais  moderne), 
2.(i00  fr.  —  704.  Statuette-applique,  marbre  tendre, 
pleureur  debout,  3.100  fr.  (dem.  4.000).  —  708.  Deux 
statuettes  terre  cuite,  anges  agenouillés,  par  Andréa 
délia  iiobbia,  3.330  (vente  Gavet,  1897,  1.120  fr.). 

XVI°  siècle.  —  712.  Statuette  pierre.  Suinte  Catherine 
debout,  4.500  fr. 

XVIII'  siècle.  —  724.  Statuette  marbre  blanc, 
l'Oiseau  mort,  fdiette  nue,  assise  sur  un  tertre,  attr. 
à  Falconet,  12.200  fr.  (dem.  10.000).  —  725.  Buste 
marbre  blanc,  petite  nature,  faunesse,  4.300  fr. 
(dem.  3.000). 

Terre  cuite  par  Ci.omoN.  —  730.  Groupe,  bacchante 
nue,  assise  sur  un  tertre,  accompagnée  d'un  enfant  et 
contemplant  deux  oiseaux  (coup  de  feu,  rest.), 
30.000  fr.  (dem.  33.000). 

Étoffes,  tapis.  —  732.  Fragment  de  tapis  velouté, 
lamé  de  métal  à  décor  d'arabesques  en  couleur  sur 
fond  vert,  ancien  travail  polonais,  13.020  fr.  (dem. 
8.000).  —  733.  Ancien  travail  or,  bande  soie  bleue 
à  ramages  rouges,  2.500  fr.  (dem.  2.000).  —  740.  Car- 
pette, dessin  palmettes  sur  fond  rouge,  2.750  fr.  — 
741.  Carpette  à  arabesques  et  rosace  centrale,  fond 
rouge,  4.200  fr. 


190 


LE    BULLETIN    DE    LART 


Ventes  annoncées.  — A  Paris.  —  Tableaux 
modernes.  —  M«  Lair-Dubreuil  el  M.  Bernheim 
jeune  dirigeront,  salle  6,  le  10  juin,  une  vente  de 
tableaux  modernes.  Dans  le  catalogue  illustré 
qui  a  été  dressé  à  l'occasion  de  celte  vacation, 
nous  remarquons,  en  particulier,  les  numéros 
suivants  :  la  Lecture  par  Cazin,  Portrait  de  femme 
par  Courbet,  Jeune  femme  dans  un  paysage  par 
Fantin-Latour,  Music-Hall  par  Forain,  Mau 
Taporo  par  Gauguin,  Jeune  page  par  Hoybet, 
la  Maison  {Saint-Mammcs)  par  Sisley;  et  du  côté 
des  aquarelles,  dessins  et  pastels  :  Portrait  de 
jeune  fille  par  Besnard,  et  Tête  de  femme  par 
Renoir. 

Succession  de  M™"  Bow^es  de  Saint-Amand 
(objets d'art,  etc.).  —  L'intérêt  de  cette  vente, 
que  dirigeront  salles  9  et  10,  du  17  au  20  juin, 
M«  H.  Baudoin  et  MM.  Mannheim  et  Falkenberg, 
réside  surtout  dans  une  réunion  importante  de 
bijoux  et  de  pierres  précieuses,  qui  ne  man- 
queront certainement  pas  d'amateurs.  En  dehors 
de  cette  catégorie,  qui  sort  de  notre  domaine,  il 
nous  faut  signaler  la  présence  de  faïences  et  de 
porcelaines,  d'objets  de  vitrine,  de  meubles  et 
de  tapisseries. 

En  Allemagne.  —  Collection  Fr.  Greb.  — 

Un  catalogue  illustré  nous  apporte  l'annonce 
d'une  vente  d'objets  d'art  et  de  haute  curiosité, 
celle  de  la  collection  de  feu  M.  Franz  Greb,  de 
Munich,  qui  aura  lieu  dans  cette  ville,  sous  la 
direction  de  M.  Hugo  Helbing,  les  30  juin  et  jours 
suivants.  Parmi  les  diverses  catégories  représen- 
tées dans  cette  vente,  notons  en  particulier  celles 
des  orfèvreries  religieuses,  des  grès  allemands, 
des  sculptures  et  des  armes. 

M.   N. 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Cinquante    portraits  de   l'École   anglaise 

(galeries  Sedelmeyer).  —  Une  contribution 
nouvelle  à  l'histoire  du  portrait,  que  la  divina- 
tion de  Baudelaire,  critique  d'art,  définissait 
<i  un  modèle  compliqué  d'un  artiste  ».  Cent 
pastels  nous  ont  dit  le 'plus  français  des  siècles, 
et  déjà,  dans  une  petite  section  réservée  à  l'école 
anglaise,  un  dessin  rehaussé  de  Reynolds  sem- 
blait grandiose  auprès  des  images  de  keepsake, 
enluminées  par  John  Russel.  A  notre  La  Tour, 


portraitiste  de  M"»*  Masse  ou  de  M.  Duval  de 
l'Kpinoy,  s'oppose  à  propos  la  peinture  anglaise 
avec  sa  pâte  érudite,  moins  fouillée  que  la  psy- 
chologie fragile  du  pastel  français  :  deux  arts 
presque  parallèles,  montrant  la  diversité  des 
races  dans  l'unité  d'une  époque.  Le  génie  positif 
de  l'Angleterre  ne  connaît  d'autre  école  que 
celle  du  portrait;  mais,  par  un  contraste  trop 
peu  souligné,  ses  portraitistes  sont  des  poètes; 
ses  plus  beaux  peintres  ont  retenu  sur  leur 
palette  les  fraîches  couleurs  de  la  poésie.  Est-ce 
seulement  l'accent  des  carnations  roses  sous  un 
ciel  nuageux"?  Ou  l'inlluence  impérieuse  des 
maîtres  flamands  et  du  paysage  de  Rubens, 
très  apparente  depuis  l'ancêtce  Reynolds?  Ou 
plutôt,  l'évolution  des  mœurs"?  La  Tour  et  Per- 
ronneau,  son  rival  enfin  réhabilité,  nous  ont 
transmis  un  xviii=  siècle  voltairien  dans  le  décor 
léger  des  boudoirs;  contemporains  et  môme 
devanciers  de  notre  Prudhon,  les  coloristes 
d'outre-Manche  ont  inauguré  la  biographie  sen- 
timentale et  le  portrait  romanesque;  de  bonne 
heure,  ils  ont  alangui  leurs  héroïnes  dans  lau- 
tomne  décoratif  des  vieux  parcs.  C'est  la  mode 
nouvelle,  l'anglomanie  qui  prévaudra  bientôt 
sous  Louis  XVI  ;  c'est  le  romantisme  prématuré 
des  hautes  coiffures,  des  regards  noyés,  des 
jardins  anglais  ;  voici  le  rouet,  le  clavecin,  la 
harpe.  Et  si  le  burin  de  William  Hogarth  conspi- 
rait avec  l'humour  des  romanciers  moralistes, 
le  riche  pinceau  des  portraitistes  traduit  l'âme 
de  ce  Richardson  aimé  des  lectrices  posthumes 
de  Jean-Jacques  ou  de  Werther. 

Dans  ses  grands  portraits  de  l'Évfque  de  Ho- 
chester  ou  du  martial  Marquis  de  Granby,  l'adroit 
Reynolds  a  gardé  la  fermeté  classique  de  notre 
Largillière  ;  mais  comparez,  dans  son  œuvre, 
Mary  Wharton  avec  Fanny  Ketnble,  et  vous 
sentirez  vivement  la  transition  qu'illustre  le 
capricieux  Gainsborough.  Le  fichu  Marie-Antoi- 
nette et  le  chapeau  révolutionnaire  ont*  pour 
miroir  les  yeux  de  George  Romney.  Nouvelle 
physionomie  d'Albion,  grâce  aux  métamorphoses 
du  costume,  —  voici  la  mode  Empire,  sans  le 
style  de  David ,  les  cheveux  frisés,  les  bras 
nus,  la  taille  à  la  Melpomène  et  l'écharpe,  avec 
John  Hoppner,  Henry  R.cburn  et  deux  ou  trois 
autres,  connus  seulement  de  la  voyageuse  Vigée- 
Lebrun;  Mrs.  llart  a  la  robe  blanche  de  Corinne. 
Enfin,  souvent  factice  et  mondain,  mais  exquis 
portraitiste  de  Mrs.  AUnutt,  sir  Thomas  Lawrence 
nous  achemine  au  romantisme  bourgeois  de  1830. 
Oui  croirait  que  le  brio  parfois  "  outré  >>  de  ces 


ANCIEN   ET    MODERNE 


191 


virtuoses  eut  pour  lendemain  «  l'école  sèche  » 
des  Préraphaélites,  contemporains  do  nos  élèves 
d'Ingres  et  du  Lyonnais  Janmot,  le  philosophe 
chrétien  du  Poème  de  l'Ame? 

Raymond  Bouyer. 

CORRESPONDANCE  DE  BRUXELLES 


Les  artistes  français  à  Bruxelles. 

Entre  l'art  français  et  l'art  des  l'ays-Ras,  les 
échanges  d'inlluence  ne  datent  pas  d'hier  :  quand 
il  s'agit  des  xiv"  et  xv»  siècles,  c'est  au  point  que, 
selon  l'humeur  des  érudits,  les  primitifs  français 
se  transforment  périodiquement  en  primitifs 
flamands  ou  les  primitifs  llamands  en  primitifs 
français.  11  n'est  pas  besoin  de  rappeler,  d'autre 
part,  ce  que  le  xvni"  siècle  français  doit  à  Rubans 
et  à  Van  Dyck,  mais,  de  nos  jours,  les  deux  écoles 
ont  beaucoup  moins  de  points  communs.  Certes, 
les  impressionnistes  ont  eu,  en  Belgique,  une 
inlluence  considérable,  et  les  e.xpositions  de  la 
Libre  Esthétique,  où,  chaque  année,  M.  Octave 
Maus  cherche  à  initier  ses  compatriotes  aux 
recherches  les  plus  hardies  de  l'école  française, 
ont  puissamment  contribué  à  débarrasser  la 
palette  llamande  de  ses  bruns  bitumineu.x,  de  ses 
rouges  conventionnels  et  de  toute  cette  cuisine 
d'atelier  où  elle  se  perdait.  Mais  la  peinture 
nationale  a  voulu  se  défendre,  et  tout  en  profitant 
de  l'expérience  impressionniste,  elle  ne  reconnaît 
qu'à  contre-cœur  la  valeur  de  ceux  qui  l'ont 
représentée.  Certes,  si  l'on  admet  aujourd'hui 
les  Claus,  les  Heymans,  les  Ensor,  voire  les 
Morren  et  les  Lemmen,  on  considère  encore 
comme  de  dangereux  énergumènes  les  jeunes 
artistes  qui  suivent  la  même  voie.  Quant  au 
mouvement  de  renaissance  classique  qui  s'est 
manifesté  ces  derniers  temps  chez  de  jeunes 
artistes  français,  il  n'est  pas  du  tout  compris  en 
Belgique,  et  peut-être  mesurerait-on  à  cela  ce 
qui,  dans  l'art  français,  est  inassimilable  à 
l'étranger. 

C'est  la  leçon  que  donne  la  participation  fran- 
çaise au  Salon  de  Printemps  organisé  à  Bruxelles 
par  la  Société  royale  des  Beaux-Arts.  On  y  a 
invité  un  certain  nombre  d'artistes  français  et 
des  plus  éminents.  On  admire  le  brio,  l'esprit,  la 
couleur  puissante  de  Jacques  Blanche,  la  peinture 
claire  et  franche  de  Raoul  Du  (iardier  ;  on  s'incline 
devant  la  splendeur  nacrée  de  la  Baigneuse  de 


Renoir,  prêtée  par  M.  Durand-Ruel.  Mais  déjà, 
chez  René  Ménard,  on  goûte  plutôt  la  couleur 
ambrée,  l'atmosphère  dorée  que  les  recherches 
de  style  et  l'harmonie  d'une  composition,  où  ce 
noble  artiste  puise  la  séduction  la  plus  élevée  de 
sa  peinture.  Devant  René  Piot,  qui  de  tout  son 
effort  tend  vers  un  classicisme  nouveau,  où, 
dans  une  note  très  différente,  il  rejoint  Maurice 
Denis,  on  s'étonne,  on  cesse  de  comprendre. 

La  Société  royale  des  Beaux-Arts,  qui  jadis  ne 
poussait  pas  ses  audaces  au  delà  des  négligences 
de  M.  Boldini,  a  eu  cette  année  l'heureuse  har- 
diesse de  donner  toute  une  salle  à  M.  René  Piot. 
A  côté  des  ligures  hiératiques  et  bizarres  qu'il 
composait  du  temps  qu'il  subissait  encore  l'in- 
fluence de  Gustave  Moreau,  —  Salomé,  Hérodiade 
onSarah,  —  ila  exposé  quelques  œuvres  récentes: 
études,  dessins  et  fresques  où  s'exprime  le  rêve 
qu'il  entretient  de  donner  aux  inquiétudes  de  la 
sensibilité  moderne  le  vêtement  d'une  forme 
classique,  d'une  forme  où  se  retrouverait  la 
discipline  des  maîtres  et  non  leurs  recettes.  Ce 
sont  des  paysages  à  l'aquarelle  où  se  reconnaissent 
des  inlluences  japonaises  et  des  souvenirs  de 
Cézanne,  des  dessins  d'une  ligne  originale  et 
puissante,  qui  font  songer  à  Poussin,  des  cartons 
où  apparaît  la  plus  belle  imagination  plastique, 
une  fresque  d'une  composition  hardie  et  harmo- 
nieuse, où  l'on  sent  un  sens  très  nouveau  de  la 
décoration. 

Assurément,  il  y  a  à  Bruxelles  des  gens  de  goût 
qui  ont  compris  la  force  et  la  vie  qui  soutient 
ce  jeune  talent.  Mais  le  plus  grand  nombre, 
même  dans  le  public  de  l'art,  a  éprouvé  plus 
d'étonnement  que  de   sympathie. 

Aussi  bien,  c'est,  comme  nous  l'avons  dit, 
qu'il  y  a,  dans  cette  très  récente  renaissance 
classique,  quelque  chose  de  purement,  d'exclu- 
sivement français. 

"  Je  suis  tenté  dé  croire,  disait  M.  Jules 
Lemaître  dans  une  de  ses  conférences  sur  Racine, 
qu'il  y  a  une  partie  de  Racine  à  jamais  inacces- 
sible aux  étrangers,  et,  qui  sait'.'  peut-être  à 
ceux  qui  sont  trop  du  Midi,  comme  à  ceux  qui 
sont  trop  du  Nord.  C'est  un  mystère,  c'est  ce 
par  quoi  Racine  exprime  ce  que  nous  appellerons 
le  génie  de  notre  race  :  ordre,  raison,  sentiment 
mesuré,  et  force  sous  la  grâce.  » 

De  même,  dans  l'art  français,  il  y  a  quelque 
chose  d'inaccessible  hors  de  France,  ce  quelque 
chose  qui  fait  la  splendeur  de  Poussin,  ce 
quelque  chose  que  les  néo-classiques  cherchent 
à  retrouver  sous  l'académisme  et  sous  l'impres- 


192 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


sionnisme.  II  n'est  personne  qui  soit  insensible 
aux  grâces  aimables  et  un  peu  grêles  du  xww  siè- 
cle. Mais,  parmi  les  étrangers,  qui  comprendra 
qu'on  puisse  opposer  Poussin  à  Rubens  '!  En 
Belgique,  une  telle  opinion  paraîtrait  d'autant 
plus  absurde  qu'on  y  aime  la  peinture  pour  la 
peinture,  et  qu'on  demande  avant  tout  à  un 
peintre  la  séduction  de  la  couleur,  la  préciosité 
de  la  matière,  la  dextérité  de  la  touche.  Et 
pourtant,  il  est  très  utile  que  les  artistes  qui 
possèdent  ou  qui  cherchent  cet  intraduisible 
style  français,  aillent  de  temps  en  temps  le 
montrer  hors  de  France,  et  particulièrement  en 
Belgique,  parce  que,  tout  de  même,  il  s'y  trouve 
quelques  gens  de  goiît,  de  vraie  culture,  qui 
comprennent  que  c'est  cela  qui  manque  à  un 
art,  par  ailleurs  merveilleusement  puissant  et 
fort. 

Il  est  bon  de  répandre  la  culture  française 
sous  sa  forme  immédiatement  et  universellement 
intelligible,  mais  il  ne  faut  pas  oublier  que  c'est 
ce  qu'elle  a  d'exquis  et  de  rare,  de  noble  et  de 
précieux,  ce  à  quoi  le  commun  des  hommes 
n'atteint  pas  sans  effort,  qui  fait  sa  force  et  sa 
solidité. 

L.  DuMONT-WlLDEN. 


CORRESPONDANCE  DE  MUNICH 


Les  Expositions  de  printemps  (Fin)  (  I  ) 

Certes,  M.  A.  Weisberger,  lui  aussi,  dans 
son  genre,  se  montre  un  artiste  paradoxal 
et  toutes  ses  toiles  ne  valent  pas  son  affiche 
pour  l'Exposition  jubilaire  de  Nuremberg,  en 
1906.  M.  de  Ilabermann,  tout  le  premier, 
n'arrive  pas  souvent  à  nous  persuader  de  l'excel- 
lence de  son  procédé  ou  du  charme  de  sa 
vision  ;  mais  la  symphonie  rose,  brune  ou 
grise  de  ses  coins  d'atelier,  de  ses  portraits, 
témoigne  d'une  extrême  distinction,  et  le  type, 
l'expression,  l'allure  de  ses  jeunes  femmes  ou 
de  ses  modèles  sont  vraiment  caractéristiques 
d'un  milieu  et  d'une  époque.  Les  eaux-fortes 
de  M.  Max  Liebermann  ne  disent  plus  rien  de 
nouveau  aujourd'hui,  mais  ces  croquis  de  foules 
grouillantes  conservent  un  intérêt.  Les  instan- 
tanés de  moutons  et  de  chèvres  de  M.  H.  Zugel,à 
la  mine  de  plomb  ou  à  la  craie  noire,  avec  leur 
grande  lumière  ou  leurs  violenU  effets  d'ombres, 


(1).  Voir  le  n*  385  du  Bulletin. 


commentent  les  tableaux  vus  chez  Heinemann 
et  celui  qui  est  un  des  chefs-d'œuvre  réalistes 
de  la  Pinacothèque. 

Cette  exposition  d'avril  de  la  Sécession  a 
achevé  d'établir  la  réputation  d'un  peintre  d^ 
l'Alpe  des  plus  personnels,  M.  Cari  Rieser.  Il 
n'est  pas  toujours  égal  :  ses  Bouleaux  (Taiitomn' 
se  profilent  secs  et  gauches  sur  des  monla^'u  - 
sans  fermeté  et  un  ciel  au  contraire  trop  lounl , 
sa  neige  ù  Garmisch  tombe  d'un  ciel  opaque  ; 
en  revanche,  il  a  la  solidité  des  terrains,  la 
délicatesse  des  gris  bleutés,  la  somptuosité  des 
verts  étoffés  et  plantureux,  la  grandeur  des 
silhouettes  rocheuses,  dans  son  Printemps  <i 
Grainau,  dans  ses  Bord^  de  la  Partnach,  et  son 
parti  pris  de  manier  le  pinceau  à  plat,  en  mul- 
tiples touches  transversales,  lui  permet  sans 
petitesse  de  donner  l'illusion  des  détails  qu'il 
faut  au  moins  indiquer  pour  rendre  l'impression 
de  la  haute  montagne. 

M.  Hermann  Grœber  aussi  est  inégal;  mais 
son  esquisse  de  Procession  a  une  jolie  lumière  et 
son  officier  est  tellement  bien  campé  qu'on  le 
sent  à  cheval,  sans  rien  voir  de  plus  que  sou 
buste.  —  La  collection  de  M.  Gh.  Landenberg<r 
(Stuttgart)  ne  contient  que  des  pochades;  les 
tableaux  même  ne  sont  qu'indiqués  à  grtnds 
traits  sommaires;  mais  ses  petits  baigneurs  se 
meuvent  d'un  bout  à  l'autre,  dans  les  plu- 
esquises  ambiances  mauves,  blondes,  ros'-. 
bleues,  de  couchers  de  soleil  entre  le  ciel  et 
l'eau.  —  A  larges  coups  de  brosses,  broyant  l'un 
dans  l'autre  du  rose  et  du  vert  sans  les 
mélanger,  M.  Jos.  Kùhn  a  traduit  avec  d'éton- 
nantes finesses  les  blancheurs  d'une  cbamhrf 
inondée  de  lumière  à  travers  les  rideaux,  blanc^ 
aussi,  de  ses  fenêtres. 

Restent  à  mentionner  les  paysages  gris  de 
M.  R.  Kaiser;  les  belles  neiges  de  M.  Osswal'i. 
dans  le  jardin,  au  fond  duquel  se  tapit  la  mai- 
sonnette, derrière  les  branches  givrées;  des 
roses  fraîches  et  comme  charnues  de  M.  Th. 
Hunimel  ;  Vintérieur  Idanc,  rehaussé  de  touches 
carminées,  par  M.  R.  NissI  ;  les  excellentes 
éludes  de  lumières  et  de  nuages  de  M.  W 
Lehmann,  et  les  vastes  campagnes,  aux  loin- 
tains si  bien  fuyants,  où  M.  Schmidt-Cassella  a 
su  répandre  toute  la  lumière  tamisée  d'une 
chaude  journée  d'été. 

Marcel  Mo.nt.indo». 

Le  Gérant  :  H.  D«.ms 

Hari».  —  Imp.  lieorKei  Celil,  I  S,  rue  (joilol-dc-M""™!- 


Numéro  389. 


Samedi  27  Juin  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


L'Art  à  l'école 


Parmi  tant  de  Congrès,  que  leurs  sévères 
programmes  défendent  contre  la  curiosité  des 
non-initiés,  en  voici  un,  de  si  gentille  intention 
et  de  portée  si  générale,  qu'il  aurait  pu  être  suivi 
par  tous,  artistes  et  éducateurs,  papas  et  mamans, 
—  et  enfants  surtout,  puisque  c'est  le  Congrès 
de  l'Art  à  l'école. 

Créée,  il  y  a  un  an,  par  M.  le  sénateur  Couyba, 
la  Société  de  l'Art  à  l'école  est  entrée  aussitôt 
dans  la  période  active  et,  grâce  aux  bonnes 
volontés  qui  se  sont  groupées  autour  de  son  fon- 
dateur, elle  a  déjà  commencé  de  réaliser  son 
programme,  qui  est  «  de  faire  aimer  à  l'enfant 
lanature  et  l'art,  de  rendre  l'école  plus  attrayante 
et  d'aider  à  la  formation  du  goût  et  au  dévelop- 
pement de  l'éducation  morale  et  sociale  de  la 
jeunesse  ».  Elle  vient  notamment  de  tenir,  à 
Lille,  un  Congrès,  auquel  assistèrent  un  grand 
nombre  de  notabilités  politiques,  scientifiques  et 
artistiques  et  qui  s'est  préoccupé  des  moyens 
susceptibles  de  contribuer  à  cette  formation  du 
goût  de  l'enfant,  qui  est  une  des  préoccupations 
de  l'enseignement  moderne. 

L'architecture  et  la  décoration  intérieure  de 
l'école,  les  jardins  scolaires,  la  diffusion  de 
l'imagerie  scolaire,  l'initiation  des  enfants  à  la 
beauté  des  lignes,  des  couleurs,  des  formes,  des 
mouvements  et  des  sons,  —  voilà,  en  résumé, 
quelques-unes  des  questions  sur  lesquelles  s'est 
portée  l'attention  des  congressistes.  On  les  trou- 
vera d'ailleurs  exposées  dans  un  charmant  petit 
livre,  illustré  d'exemples  appropriés,  que  vieiît 
de  faire  paraître  M.  Couyba,  avec  le  concours 
des  membres  du  comité  de  l'Art  à  l'école  (1)  : 
c'est  là  de  la  propagande  bien  comprise,  et  la 
cause,  excellente  en  soi,  ne  peut  que  gagner 
ncore  à  la  lecture  d'un  plaidoyeraussi  entraînan  t. 

Ce  n'est  pas  hier  que  l'idée  a  pris  naissance, 

l{\)  L'Art  à  l'école,  chez  Larousse. 


et  ni  M.  Couyba,  ni  ses  collaborateurs  n'ont  la 
prétention  de  l'avoir  découverte  :  ils  constatent 
seulement  que,  depuis  le  jour  où  Victor  Diiruy 
parla  de  l'art  à  l'école,  il  y  a  trente-huit  ans, 
l'idée  n'a  pas  cessé  de  faire  du  chemin.  Elle  a 
sollicité  l'attention  de  ministres  comme  .Iules 
Ferry,  Paul  Bert  et  Goblet;  d'éducateurs  comme 
Zévort  et  Gréard;  d'artistes  comme  Viollet-le- 
Duc  et  Eugène  Guillaume,  et,  après  être  restée 
longtemps  en  butte  à  l'indifférence  du  corps 
enseignant,  elle  a  fini  par  prendre  une  place,  — 
encore  bien  modeste,  il  est  vrai  —  dans  les  pro- 
grammes, et  dans  les  budgets  officiels. 

On  a  dit  ici  le  succès  de  l'exposition  d'imagerie 
et  de  librairie  scolaires,  organisée  en  1904,  au 
Cercle  de  la  librairie,  et  suivie  d'un  congrès  (1). 
Hier  c'était  le  congrès  de  Lille.  Pour  l'an  pro- 
chain, on  projette  une  manifestation  de  plus 
grande  envergure.  De  tous  côtés,  à  Paris  et  en 
province,  ou  se  met  à  suivre  l'exemple  de 
l'étranger  et  on  arrive  à  des  résultats  surpre- 
nants, avec  des  ressources  dérisoires  et  des 
moyens  improvisés.  11  ne  s'en  faut  plus  que  d'un 
peu  de  méthode  et  d'argent,  pour  que  cette 
jolie  tentative  aboutisse  définitivement  :  c'est 
pourquoi  il  faut  s'intéresser  à  la  Société  de  l'Art 
à  l'école. 

E.  D. 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie  des  beaux-arts  (séance  du  13  juin).— 
L'Académie  des  beaux-arts  a  attribué  les  prix  sui- 
vants :  Prix  Duc  (3.700  fr.),  à  M.  Deverin,  pour  les 
dessins  qu'il  a  exposés  au  Salon  :  l'ér/lise  d'Oiron  et 
sa  décoration  datant  de  la  Renaissance,  les  Remparts 
de  T/iouars,  etc. 

Prix  Horilin  (3.000  fr.),  partagé  par  moitié  entru  ; 
M.  lloflbauer,  pour  son  illustration  de  l'ouvrage  :  le 
Forum  romain,  dont  le  texte  est  de  M.  l'abbé  Tliéde- 
nat,    membre   libre   de  l'Académie  des    inscriptions 

(1)  Voir  les  n"  209  et  225  du  ISullelin. 


194 


LE   BULLETIN   DE    L'ART 


et  bellfis  lettres,  et  MM.  de  Baudot  et  Perrault-Dabot, 
pour  leur  ouvrage  :  les  Cathédrale/!  de  France. 

Prix  Antoine-Nicolas  Bailly  (1.500  fr.),  à  M.  Camille 
Enlart,  pour  son  Manuel  d'archéologie. 

Prix  de  la  Société  française  de  gravure  (1.400  fr  ),  à 
M.  Quidor,  graveur,  ancien  prix  de  Rome,  pour  son 
Portrait  de  femme,  d'après  liolbein. 

—  La  fin  de  la  séance  a  été  consacrée  à  la  lecture, 
laite  par  M.  le  baron  Edmond  de  Rothschild,  d'une 
notice  sur  la  vie  et  les  travaux  d'Henri  Bouchot,  son 
prédécesseur  dans  la  section  des  membres  libres. 

(Séance  du  20  juin).  —  L'Académie  a  rendu  son 
jugement  sur  l'attribution  du  prix  biennal  de  12.000  fr., 
fondé  par  le  baron  Alphonse  de  Rothschild  et  destiné 
à  encourager  leS  travaux  d'un  artiste  de  mérite  ou  à 
récompenser  une  carrière  artistique.  Ce  prix  a  été 
partagé  également  entre  M.  Urbain  Bourgeois,  artiste 
peintre,  et  M.  Alexandre  Georges,  compositeur  de 
musique,  pour  l'ensemble  de  leurs  travaux. 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 

(séance  du  12  juin).  —  Après  une  allocution  dans 
laquelle  M.  E.  Babelon  annonce  le  décès  de  M.  Gaston 
Boissier,  l'Académie  lève  la  séance  en  signe  de  deuil. 

(Séance  du  19  juin).  —  L'Académie  décerne  ses  prix 
annuels,  parmi  lesquels  nous  relevons  les  suivants, 
qui  intéressent  les  beaux-arts  : 

Le  prix  Fould  (5.000  fr.),  destiné  à  récompenser  le 
meilleur  ouvrage  sur  1  histoire  des  arts  et  du  dessin 
avant  le  xvi"  siècle,  est  partagé  entre  M.  Georges 
Foucart,  professeur  à  l'Université  d'Aix-Marseille, 
pour  son  ouvrage  l'Art  et  la  Religion  en  Egypte  (his- 
toire de  la  sculpture  égyptienne)  et  M.  Henri  Saladin, 
architecte,   pour   son  ouvrage   sur  l'Art  musulman. 

Sur  le  prix  des  Antiquités  de  la  France,  la  première 
médaille  (1.500  fr.)  est  décernée  au  commandant 
Espérandieu,  pour  son  Recueil  général  des  bas-reliefs 
de  la  Gaule  romaine,  et  la  4»  médaille  (oOO  fr.),  à 
M""  Louise  Pillion,  pour  son  étude  sur  les  Portails 
latéraux  de  la  cathédrale  de  Rouen. 

Collège  de  France.  —  Notre  collaborateur 
M.  Ernest  Babelon,  membre  de  l'institut,  conserva- 
teur du  département  des  médailles  à  la  Bibliothèque 
nationale,  est  nommé  professeur  de  numismatique 
et  glyptique  de  l'antiquité  et  du  moyen  âge  au  Collège 
de  France. 

Musée  Carnavalet.  —  A  défaut  du  nmsée  du 
Luxembourg,  qui  n'a  pu  l'accepter,  c'est  au  musée 
Carnavalet  que  reviendra  le  portrait  d'Alexandre 
Dumas  (ils  par  E.  Détaille,  légué  par  M»"  Mat/a,  née 
Colette  Dumas. 

A  la  Bibliothèque  nationale.  —  Le  Cabinet  des 
médailles  de  la  Bibliothèque  nationale  vient  d'entrer 
en  possession  d'une  collection,  précieuse  entre  toutes, 
de  monnaies  antiques  et  de  médailles  de  la  Renais- 
sance italienne  :  la  collection  Armand- Valton.  D'un 
prix  inestimable,  riche  de  1.500  monnaies  grecques 


et  romaines  et  de  2.000  chefs-d'reuvre  originaux  ou 
reproductions  en  iiioulages*des  médailleurs  italiens, 
cette  collection  fut  commencée  par  Alfred  Armand  et 
continuée  par  Prosper  Valton,  son  ami  et  son  colla- 
borateur, auquel  il  l'avait  léguée  et  qui,  de  son 
vivant,  avait  manifesté  l'intention  de  l'offrir  à  la 
Bibliothèque  nationale;  sa  veuve,  M"*  Valton,  réalise 
aujourd'hui  ce  généreux  désir,  en  même  temps  qu'elle 
offre  à  l'École  des  beaux-arts  la  belle  collection  de 
dessins  de  maîtres  formée  par  son  mari. 

Nous  ne  pouvons  énumérer  dès  maintenant  les 
pièces  admirables  de  cette  collection,  qui  fera,  d'ail- 
leurs, dans  la  Revue,  l'objet  d'une  étude  spéciale  de 
M.  E.  Babelon.  Mais  il  nous  sutlira  d'indiquer  que  la 
v.ileur  artistique  et  documentaire  en  est  considérable 
et  qu'elle  complète  um'^mo  les  séries,  pourtant  si 
riches,  de  notre  médaillier  nationaj.  Elle  sera  exposée 
sous  peu  dans  une  des  salles  réservées  de  l'ancien 
«  Cabinet  du  roi  ». 

Conseil  municipal  de  Paris.  —  Le  Conseil  mu- 
nicipal ayant  procédé  à  la  réélection  des  membres 
des  grandes  commissions,  la  quatrième  commission 
(enseignement  et  beaux-arts)  est  constituée  comme 
suit:  MM.  lîébeillard,  président;  Bellan  et  Chausse, 
vice-présidents;  Turot,  secrétaire. 

Les  Récompenses  du  Salon.  —  La  Société 
d'encouragement  à  l'art  et  à  l'industrie  ayant  fondé 
l'an  dernier,  dans  chacun  des  grands  Salons  du  prin- 
temps, une  prime  d'encouragement  de  300  francs,  en 
faveur  d'un  artiste  âgé  de  moins  de  trente-deux  ans, 
ayant  exposé  un  objet  d'usage  courant  dans  la  section 
des  arts  décoratifs,  le  jury  vient  de  décerner  la  prime 
attribuée  à  la  Société  nationale  des  beaux-arts,  à 
M"*  Madeloine  Bunoust,  qui  a  exposé  une  couverture 
de  berceau  en  broderie.  Deux  primes  ont  été  attri- 
buées à  la  Société  des  artistes  fran<;ais,  l'une  à  M.  A. 
Cheuret,  pour  ses  modèles  de  pièces  d'orfèvrerie,  et 
l'autre  à  M.  Bastard,  pour  ses  éventails. 

—  Le  Conseil  supérieur  des  beaux-arts,  réuni  le 
n  juin,  a  procédé  à  l'attribution  du  prix  du  Salon  et 
des  bourses  de  voyage. 

Par  34  voix  sur  .^'î  votants,  au  troisième  tour  de 
scrutin,  le  prix  du  Salon  a  été  décerné  à  M.  Cornu 
(Auguste-Claude-Bernard),  qui  expose  à  la  Société 
nationale  :  le  Sid,  statue  en  bois,  contre  24,  à  M.  II. 
Jacquier,  artiste  peintre. 

Les  trois  bourses  de  voyage  pour  la  peinture  ont 
été  attribuées  à  M""  Henriette  Desportes,  pour  son 
triptyque  :  Scèjte  de  genre  en  Hollande,  a  M.  Anlony 
Troncet,  auteur  de  deux  portraits,  et  à  M.  André 
Marchand,  qui  expose  aux  Artistes  français  :  le  Gué 
et  Vf:tal>le. 

Les  titulaires  des  trois  bourses  de  voyage  pour  la 
sculpture  ont  été  :  M.  Camus,  auteur  de  deux  groupes 
en  marbre  :  Riblis  pleure  et  Rires  dans  les  bois; 
M.  René  Quillivic.  auteur  d'une  statue  en  bronze  : 
Brodeuse  de  l'ont-l'Ahbé  et  d'un  groupe  en  plâtre  : 
Rinious  de  Ponl-l'Abbé;  et  M.  Pourquet,  qui  expose 


ANCIEN    ET    MODERNE 


196 


un  haut-relief  en  plâtre  :  Douleur  et  une  stttlue  en 
plâtre  :  Ivresse printanière. 

Enfin,  les  deux  bourses  d'arcliitecture  ont  été  attri- 
buées à  MM.  Fernand  Janin  et  Imandt,  celle  des  arts 
décoratifs  à  M.  François  Decorchemont,  et  celle  de  la 
gravure  à  M*"  Destailleur-Sevrin. 

—  Le  Conseil  supérieur  des  beaux-arts  a  procédé 
le  19  juin  à  l'atlribution  d'encouragements  aux  artistes 
exposants. 

l'einttire.  —  M"'  Carpenticr  et  M.  Dufresne  ayant 
déjà  obtenu  l'an  dernier  des  encouragements  de 
1.000  francs,  M.  le  sous-secrétaire  d'État  aux  beaux- 
arts  a  annopoé  qu'il  achèterait  deux  tableaux  de  ces 
artistes. 

Sept  encouragements  de  1.000  francs  :MM.DegaUaix, 
Léty,  A.  Hoberty,  M""  Minier,  Karpelès  et  Cahun, 
M.  Gabriel  Uousscau. 

Douze  encouragements  de  500  francs  :  MM.  Tacquoy, 
Mairet,  de  Marliarve,  Le  Petit,  Grandgérard,  Ma- 
thurin,  Casse,  Lemonnier,  Menneret,  Bedorez,  Aubery, 
M"'  Ilurel. 

Sculpture.  —  Six  encouragements  de  1.000  francs  à 
MM.  Kaybaud,  Vallette,  Arnold  ,Ponsard,  G.  Durand, 
Sain. 

Six  encouragements  de  300  francs  à  MM.  Béclu, 
Cartier,  Grenier,  Roques,  Hulin,  Delaigue. 

Gravure  el  lilhoffraphie.  —  Un  encouragement  de 
1.000  francs  à  M.  Boizot. 

Cinq  encouragements  de  îiOO  francs  à  MM.  C.  Bel- 
trand,Pcnnequin,Labrouche, M""' Carrière  et  Simonnet. 

Art  décoratif. —  Deux  encouragements  de  500  francs 
à  M"*  Lambrette  et  M.  Hairon. 

Architecture.  —  Un  encouragement  de  1.000  francs 
à  M.  Magne  ;  trois  encouragements  de  oOO  francs  à 
MM.  Pin,  Boussois,  Laprade. 

Gravure  en  inédailles  el  pierres  [mes.  —  Deux  encou- 
ragements de  oOO  francs  àMM.  Desvignes  et  Schneider. 

—  Le  même  jour,  le  Comité  de  la  Société  nationale 
des  beaux-arts  a  attribué  le  prix  Paquin  à  deux 
artistes  :  au  peintre  M.  Charles  Dufresne,  qui  a  exposé 
trois  pastels  :  Une  lofje,  Cif/iie  et  ISeiif/lant,  et  au 
sculpteur  M.  Raoul  Lamourdedieu,  pour  sa  statue 
de  marbre  :  Vénus  moderne  parant  ses  chai-mes. 

Société  nationale  des  beaux-arts.  —  Voici  la 
liste  des  nouveaux  membres  sociétaires  et  associés 
de  la  Société  nationale  élus  par  l'assemblée  géné- 
rale des  sociétaires  à  la  suite  du  Salon  : 

Sociétaires.  —  A  la  section  de  peinture  :  MM.  Abbey, 

Bernard    Boulet    de    Monvel,    Frieseke,   Guirand   de 

Scévola,  Luigini,  Joseph  Pinchon,  Rusinol.  —   A  la 

section  de  sculpture  :  MM. Cornu,  Lagare,  É.  Pinchon. 

—   A   la  section   d'art   décoratif  et  arts   appliqués  : 

M.M.   Raymond    Bigot,   Dunand,    Lenoble,    Edouard 

Monod,  Péjac. 

Associés.  —  A   la  peinture   :   MM.  Antoni,  Ballot, 

(José    Belon,    Bernard-Ostermann,   Bûssy,    Crébassa, 

.M"*  Crépin,  MM.  Henri  Gsell,  Jelfreys,  Camille  Lam- 

^bert,  Le  Petit,   Henri   Marret,   Migonney,    Popesco, 


Tète.  —  A  la  sculpture  :  MM.  Angst,  P.  Besnard, 
de  Cedercreutz,  de  Chalambert,  Clara.  —  A  la  gra- 
vure :  MM.  Bugnicourt,  Le  Meilleur,  Le  Riche,  Mi- 
nartz.  Pinard,  M"*  Renault-Malo.  —  A  la  section  d'ar- 
chitecture: MM.  Périllard,  Stable.  —  A  la  section  d'art 
décoratif  et  arts  d'appliqués  :  MM.  Farmakowski, 
M"'  Germain,  MM.  Genilloud,  Hellé,  Laugier,  Lecourt, 
M"'  Morice,  M.  Waldraff. 

Congrès  des  architectes  français.  —  Le  trente- 
sixième  Congrès  des  architectes  français  s'est  tenu  à 
l'École  des  beaux-arts,  du  15  au  20  juin.  Les  séances 
ont  été  coupées  de  visites  faites  à  divers  monuments 
et  immeubles  particuliers,  d'excursions  à  Chantilly, 
Rouen,  etc. 

A  la  séance  du  19  jum,  M.  J.-L.  Pascal  a  lu  une 
notice  sur  la  vie  et  les  œuvres  de  M.  Julien  Guadet, 
tout  récemment  disparu.  L'auditoire  a  té/noigné  par 
ses  applaudissements  qu'il  s'associait  aux  éloquentes 
paroles  par  lesquelles  M.  Pascal  avait  rendu  hommage 
à  son  regretté  confrère. 

Le  20,  séance  de  clôture,  au  cours  de  laquelle  on  a 
procédé  à  la  distribution  des  récompenses  annuelle- 
ment décernées  aux  architectes,  archéologues,  élèves 
des  écoles  d'architecture,  entrepreneurs,  contre- 
maîtres, ouvriers,  etc.,  et  dont  voici  les  principales  : 

La  médaille  d'honneur  a  été  décernée  à  M.  Sanson, 
architecte  à  Paris;  le  prix  Dejean,  à  M.  Alphonse 
Gosset,  architecte  à  Reims;  la  grande  médaille  d'ar- 
gent pour  l'architecture  privée,  à  MM.  Edmond 
Navarre  et  Camille  Yiée,  architectes  à  Paris;  la  mé- 
daille d'argent  de  l'archéologie,  à  M.  Hulot,  architecte 
à  Paris;  la  médaille  d'argent  de  la  jurisprudence,  à 
M.  Tendron,  architecte  à  Angers;  la  grande  médaille 
d'argent  pour  les  écoles  de  France  à  Athènes,  à  Rome 
et  en  Extrême-Orient,  à  M.  Grenier,  ancien  pen- 
sionnaire de  l'Ecole  de  Rome;  la  grande  médaille 
d'argent  pour  les  études  sur  les  monuments  français, 
à  M.  llarlay,  architecte  à  Paris;  la  grande  médaille 
de  vermeil  de  la  fondation  Naudin,  à  M.  Dehaudt, 
architecte  à  Lille;  les  grandes  médailles  d'argent 
pour  les  ateliers  d'architecture  de  l'École  dos  beaux- 
arts,  à  MM.  Crevel,  Danis,  Dufet  ;  la  grande  médaille 
d'argent  pour  les  écoles  privées  d'architecture,  à 
M.  Boussois;  etc. 

Expositions  nouvelles.  —  A  la  bibliothèque 
historique  de  la  Ville  de  Paris,  rue  de  Sévigné  :  Paris 
au  temps  des  romantiques,  exposition  de  gravures, 
lithographies,  images,  etc.,  organisée  par  M.  Marcel 
Poi'te,  conservateur  de  la  bibliothèque  (jusqu'au 
1"  octobre). 

—  Au  musée  Galliera  :  la  Parure  précieuse  de  la 
femme,  exposition  de  bijoux,  dentelles,  éventails, 
broderies,  etc.,  organisée  par  M.  Eug.  Delard,  conser- 
vateur du  musée  (jusqu'au  1*'  octobre). 

—  Au  Petit  Palais,  aujourd'hui  27  juin,  inauguration 
du  Musée  de  l'estampe  moderne,  organisé  par  M.  II. 
Lapauze,  conservateur  du  Palais  des  beaux-arts  de  la 
Ville. 


196 


LE   BULLETIN   DE   L'ART 


Monuments  et  statues.  —  On  a  inauguré  le 
11  juin,  au  Père-Lachaise,  un  buste  de  Félix  Gélot, 
œuvre  du  sculpteur  A.  Péchiné;  —  le  14  juin,  dans 
le  parc  de  Saint-Cloud,  un  monument  à  la  mémoire 
du  peintre  Paul  Huet,  œuvre  de  MM.  A.  Bloch,  sta- 
tuaire, et  A.  Julien,  architecte;  —  le  19  juin,  à  la  Sor- 
l)onne,  salle  Alexandre  Dumont,  un  médaillon  du 
professeur  A.  Beljame,  dfi  à  M  AUouard  ;  —  le  21  juin, 
dans  la  chapelle  de  l'école  Sainte-Geneviève,  le  buste 
du  P.  Cosson,  dû  à  M.  Jean  Baffier. 

—  Les  travaux  viennent  de  commencer,  dans  le 
square  du  parvis  Notre-Dame,  en  vue  d'installer  le 
socle  en  pierre  de  taille  que  la  statue  de  Charlemagne 
des  frères  Rochet  attend  depuis  de  si  longues  années. 

A  Pont-à-Mousson.  —  On  s'est  réjoui  naguère, 
en  apprenant  que  le  palais  des  Papes  d'Avignon  était 
enfin  retiré  aux  soldats  qui  l'occupaient  et  qui  n'y 
ont  laissé  que  trop  de  traces  de  leur  séjour.  Faudra- 
t-il  qu'on  s'attriste  de  voir  un  autre  de  nos  grands  mo- 
numents de  France,  un  des  types  les  plus  achevés  de  l'ar- 
chitecture du xviii' siècle,  —  lepetitséminaire  de  Pont- 
à  Mousson  —  devenir  une  caserne  !  La  désaffectation 
le  menace  en  effet,  et  les  protestations  sont  peut-être 
déjà  trop  tardives  :  elles  auront  du  moins  pour  effet 
d'éclairer  la  commission  des  Monuments  historiques. 


sur  le  danger  que  court  ce  remarquable  édifice,  qui 
n'esl  pas  encore  classé.  Le  palais  des  Papes,  le  cloître 
de  la  Trinité  de  Vendôme,  celui  de  Saint-Jean-des- 
Vignes  de  Soissons,  ont  trop  souffert  du  fait  de  l'admi- 
nistration militaire,  pour  qu'on  ne  fasse  pas  l'impos- 
sible afin  de  préserver  le  séminaire  de  Pont-à-Mousson 
des  irrémédiables  dégâts  qui  le  menacent,  si  le 
ministère  de  la  Guerre  donne  suite  à  son  projet. 

A  Buenos-Ayres.  —  Encore  une  victoire  de  notre 
école  française  d'architecture. 

Le  concours  international  ouvert  à  Buenos-Ayres 
pour  l'érection  d'un  monument  commémoratif  de 
l'indépendance  de  la  République  argentine,  concours 
qui  comptait  une  centaine  de  projets,  a  donné  les 
résultats  suivants  : 

1"  prix  :  MM.  Gasq,  statuaire,  et  Chedanne,  archi- 
tecte ;  2'  prix  :  MM.  Antonin  Mercié  et  Ernest  Dubois, 
statuaires  ;  R.  Patouillaid  et  Demoriane,  architectes. 

Nécrologie.  —  Le  peintre  hongrois  Feri  de  Szis- 
:ay,  domicilié  à  Orsay  (Scine-et-Oise),  vient  de  se 
suicider  à  l'âge  de  37  ans.  La  Hongrie  perd  en  lui  un 
de  ses  paysagistes  les  plus  distingués,  que  notre  Salon 
de  la  Société  nationale  et  notre  Salon  d'Automne 
avaient  fait  connaître  :  il  y  exposait  des  marines, 
rapportées  le  plus  souvent  du  Pas-de-Calais. 


CHRONIQUE    DES  VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —  Vente  d'objets  d'art,  etc.  —  La 

vente,  dirigée  salle  6,  le  10  juin,  par  M'  Lair- 
Dubreuil  et  MM.  Paulme  et  Lasquin,  et  qui  avait 
fait  l'objet  d'un  catalogue  illustré  de  quelques 
vignettes,  a  produit  un  total  de  102.939  francs. 

Cette  vacation  comprenait  des  tableaux  et 
dessins,  des  objets  d'art  et  d'ameublement  an- 
ciens, mais,  dans  le  nombre,  peu  de  pii'ces  mar- 
quantes. 

Parmi  les  peintures,  un  grand  tableau  par 
Honthorst,  ta  Science  entre  l'Étude  et  le  Plaisir, 
n'a  pas  dépassé  l.l'oO  fr.;  un  Portrait  de  femme, 
par  Hoslin,  a  obtenu  1.750  fr.;  un  autre,  par 
Vignon,  1.600  francs. 

La  catégorie  des  dessins  a  fourni  une  enchère 
plus  élevée,  celle  de  H.O'oO  fr.  s'adressant  à  deux 
gouaches   du  zvni°  siècle  dans  la  manière  de 


Mallet  ou  de  Van  Gorp,  la  Déclaration  et  la  Dis- 
pute (demande  12.000).  Une  aquarelle  parGuardi, 
Vue  de  Venise,  a  été  adjugée  1.900  francs. 
N'otons  encore,  dans  le  reste  de  la  vente  : 

Sculptures.  —  77.  Buste  de  jeune  fille,  en  plàlrc 
teinté,  xvni*  s.,  2.330  fr.  —  80.  Groupe  bronze, 
V Enlèvement  d'Europe,  xvn*  s.,  2.800  fr. 

Bhonzf.s,  Mecbi.ks.  —  lO.ï.  Microscope  cuivre,  gaine 
maroquin  fieurdelysé,  ép.  Louis  XV,  2.405  fr.  —  118. 
Commode  bois  satiné,  garnit,  bronze,  estamp.  de 
Riesener,  fin  ép.  Louis  XV,  2.400  fr.  —  119.  Secrétaire 
droit,  laque  et  dorure,  ornementation  de  bronze,  ép 
Louis  XVI,  3.4.10  fr. 

Tapissekies  anciennes.  —  127.  Tap.  flam.,  ép. 
Louis  XII,  Béuédiction  nuptiale,  12.500  fr.  {dem. 
18.000).  —  128.  Tap.  de  Bruxelles,  xvf  s.  Couple  en 
promenade,  quatre  cavaliers,  etc.,  3.700  fr.  —  129 
Tap.  flam.,  xvi"  s.  Le  Cyclope  l'olyphime  et  son 
troupeau,  3.100  fr.  —  130.  Tap.  xvii'  s.,  armoiries 
soutenues  par  deux  lions  héraldiques,  2.600  fr.  — 
131.  Grande  tap.  Bruxelles,  xvu*  s.  Le  Départ  pour 


ANCIEN    ET   MODERNE 


197 


/a  fli/en-e,  9.000  fr.  (dem.  18.000).  —  134.  Petite  tap. 
fine  llam.,  du  xvm*  s.,  sujet  mytiiologiquo  tiré  de 
riiist.  du  dieu  Mercure,  3.500  fr. 

Succession  de  M^^  Queniaux.  —  Cette  vente, 
que  nous  avons  annoncée  ici-même  avec  détails, 
a  produit  un  total  de  96.704  francs.  Rappelons 
((u'elle  a  eu  lieu,  salles  7  et  8,  les  H  et  i2  Juin, 
sous  la  direction  de  M"  Hémard  et  de  MM.  Mann- 
lieim  et  Georges  Petit,  et  qu'elle  avait  fait 
l'objet  d'un  catalogue  illustré  de  quelques 
planches. 

Il  nous  suflira  d'indiquer  quelques  enchères  : 

PRINCIPAUX    PRIX 

Taulbau.x.  —  2.  Courbet.  Fleurs,  2.700  fr. 

PoHCELAiNES.  —  67.  Saxe.  Groupes,  scène  galante 
de  la  Comédie  italienne,  à  trois  personnages,  7.810  fr. 
(dem.  5.000). 

Meubles.  —  131.  Commode  de  marqueterie,  incrus- 
tations de  nacre,  à  décors  de  ruines ,  fin  ép . 
Louis  XV  (bronze  rapp.),  2.810  fr.  —  147.  Petit  canapé, 
bois  doré  (sans  indication  d'époque),  3.100  fr. 

Tapissebies.  —  178.  Tapisserie  d'Aubusson,  ép. 
Louis  XV,  paysage  animé  avec  pêcheurs,  3.100  fr.  — 
179  à  182.  Quatre  tapisseries  llam.  xviii"  s.,  à  sujets 
mythologiques,  personnages  dans  des  paysages, 
bordure  à  fruits,  fleurs,  oiseaux,  7.000,  5.000,  4.900, 
4.100  fr. 

Collection  de  feu  M.   Coudray  (tableaux 

modernes).  —  Annoncée  par  un  catalogue 
illustré  de  bonne  taille,  cette  vente  de  tableaux 
et  aquarelles  modernes  a  eu  lieu  salles  9,  10 
et  11,  les  12  et  13  juin,  par  les  soins  de  M«  Lair- 
Dubreuil  et  de  MM.  Allard  et  Ronjean. 

Sans  contenir  de  pièces  de  première  impor- 
tance, elle  n'en  a  pas  moins  produit  le  total  de 
321. 7S9  francs  et  donné  lieu  à  quelques  enchères 
intéressantes. 

II  y  a  eu  plus-value,  sur  une  même  demande 
de  10.000  francs  pour  le  Corot,  l'Étang,  ei  le 
Henner,  Bib/is,  adjugés  l'un  et  l'autre  13.000francs 
et  moins-value  sur  le  Ch.  Jacque,  vendu  13.000 
également,  mais  sur  la  demande  de  15.000. 

Le  Ziem,  les  Voiles  blanches  sur  te  Grand  Canal, 
à  Venise,  a  réalisé  juste  le  chiffre  demandé,  soit 
18.000  francs. 

Le  Van  Marcke,  Pâturage  au  bord  d'une  mare, 
adjugé  12.500  francs,  a  dépassé  ainsi  son  prix 
d'estimation  de  10.000  francs. 

Sans  nous  attarder  davantage  sur  les  résultats, 
contentons-nous  de  donner  la  liste  des  enchères 
les  plus  notables. 


PRINCIPAUX    PRIX 

(Au-dessus  de  Î.500  francs.) 

Tableaux  morebnes.  —  5.  Boudin.  Canal  à  Louvain, 
5.600  fr.  —  Corot  :  14.  UÉtang,  13.000  fr.  (dem. 
10.000).  —  15.  I.e  Vievx  l'ont,  o.OOO  fr.  (vente  Corot, 
1875,  1.520  fr.).  —  16.  Lisière  du  hois  au  bord  d'un 
étanrj,  3.400  fr.  —  17.  Daubigny.  La  Plage,  6.100   fr. 

—  20.  Diaz.  Promenade  dans  un  bois,  7.000  fr.  (dem. 
4.000).  —  25.  Duret.  Amusemenl  de  filteltes,  2.800  fr. 

—  26.  École  de  Drouais.  Portrait  d'un  petit  garroti, 
2.5E0  fr.  —  28.  Jules  Dupré.  Cour  de  ferme,  7.000  fr. 
(dem.  10.000).  —  29.  Les  C/mumières  dans  la  caut- 
pagne,  4.600  fr.  (dem.  6.000  fr.)!  —  32.  Fantin-Latour. 
La  Dryade  surprise,  4.100  fr.  —  33.  Nymphe  assise 
dans  une  clairière,  3.000  fr.  —  34.  Le  Panier  de 
raisin,  4.600  fr.  —  35.  Vase  de  fleurs,  7.9O0  fr.  —  36. 
Roses,  dahlias,  pervenches  et  autres  fleurs  dans  un 
vase,  2.900  fr.  —  37.  Roses  diverses  sur  un  feuillage 
vert,  2.720  fr.  —  Harpignies  :  39  L'Étang,  le  soir, 
2.500  fr.  —  40.  Soleil  couc/ianl  sur  la  campagne, 
3.100  fr.  —  Henner  :  44.  Iliblis,  13.000  fr.  (dem.  10.000). 

—  45.  La  Veuve,  6.600  fr.  —  47.  Nymphe  au  bord  d'un 
puits,  3.400  fr.  —  48.  Mignon  regrettant  sa  pairie, 
.'j.250  fr.  —  51.  Isabey.  Intérieur  de  l'église  de  Delft, 
•'J.500  fr.  —  Ch.  Jacque  :  53.  Un  Coin  de  basse-cour, 
S.600  fr.  (dem.  10.000).  —  54.  Le  Berger  et  son  trou- 
peau, 13.000  fr.  (dem.  15.000). —Jongkind  :  56.  E/fet 
de  lune  sur  un  canal  en  Hollande,  3.220  fr.  —  57. 
Canal  en  Hollande  au  clair  de  lune,  4.550  fr.  —  58. 
Les  Patineurs,  4.405  fr.  —  67.  E.  van  Marcke.  Pâtu- 
rage au  bord  d'une  mare,  12.500  fr.  (dem.  10.000).  — 
87.  Ribot.  Les  Mendiants,  3.110  fr. 

91.  Roybet.  Portrait  de  Juanu  Romani,  9.800  fr. 
(dem.  6.000).  —  103.  VoUon.  Gibiers  et  nature  morte, 
3.505  fr.  —  105.  La  Seine  à  Rouen,  2.800  fr.  —  109. 
Ziem.  Les  Voiles  blanches  sur  le  Grand  Canal  à 
Venise,  18.000  fr.  (dem.  18.000). 

Aquarelles,  pastels  kt  dessins.  —  118.  Fantin-La- 
lour.  Le  Jugement  de  l'dris,  7.300  fr.  —  119.  Harpi- 
gnies. Bords  de  la  Nièvre,  2.650  fr.  —  Ziem  :  152. 
Ilragozzi  et  gondoles  sur  le  grand  canal,  aquarelle, 
5.300  fr.  —  153.  La  Caravane  partant  du  Caire 
pour  la  Mecque,  aquarelle.  4.700  fr.  —  155.  Les  Lagu- 
nes de  Venise,  Soleil  couchant,  aquarelle,  3.050  fr.  — 
156.  Le  Bord  des  étangs  en  Camargue,  aquarelle, 
4.500  fr. 

Collection  Thadée  Natanson  (tableaux 
modernes).  —  Un  catalogue  illustré,  précédé 
d'une  préface  de  M.  Octave  Mirbeau,  nous  a 
npporté  l'annonce  de  la  collection  de  M.  Thadce 
Natanson,  l'homme  de  lettres  bien  connu,  l'un 
lies  auteurs  du  Foyer,  de  légendaire  mémoire. 

Composée  de  tableaux  impressionnistes  du 
genre  le  plus  avancé,  cette  vente,  dirigée  salle  1, 
le  13  juin,  par  M»  Raudouin  et  MM.  Rernheim 


198 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


jeune,  a  obtenu  un  vif  succès  de  curiosité  et 
réalisé  un  total  de  49.90o  francs. 

Il  nous  est  assez  difficile  de  porter  un  juge- 
ment sur  l'avenir  réservé,  dans  le  domaine  de  la 
curiosité,  aux  œuvres  de  MM.  Vuillard,  Honnard 
et  autres  artistes,  exposants  ordinaires  des  Indé- 
pendants et  du  Salon  d'automne.  Nous  nous  bor- 
nerons à  enregistrer  les  6.600  francs  obtenus  par 
un  Cézanne,  Anvers,  sur  la  demande  de  7.000  ; 
les  2.050  francs  réalisés  par  un  Bonnard,  Enfants 
au  bassin,  cl  les  2.600  et  2.700  francs  donnés 
pour  deux  Vuillard,  la  Fenêtre  sur  les  bois  {n°  63) 
et  les  Premiers  fruits  {n°  62). 

Vente  de. tableaux  modernes.  —  Une  vaca- 
tion anonyme,  dirigée  salie  6,  le  16  juin,  par 
M«  Lair-Dubreuil  et  MM.  Bernheim  jeune,  et  qui 
avait  fait  également  l'objet  d'un  catalogue  illustré, 
a  produit  un  total  de  59.973  francs. 

Les  honneurs  de  cette  séance  ont  été  pour  une 
peinture  de  Cazin,  en  forme  d'éventail  et  d'assez 
grandes  dimensions  pour  ce  maître,  la  Lecture, 
qui  a  été  adjugée  8.000  francs  sur  la  demande 
de  12.000.  Il  nous  suffira  de  donner  quelques 
prix  : 

Tableaux  modkknes.  —  8.  Cazin.  La  Lecture, 
8.000  fr.  (dem.  12.000  fr.).  —  14.  Courbet.  La  Chute 
d'eau,  3.900  fr.  —  27.  Gauguin.  Mau  Taporo,  2.005  fr. 

—  63.  Roybet.  Jeune  paye,  3.200  fr.  (dem.  6.000).  — 
64.  La  l^eçon  de  musique,  2.000  fr.  —  66.  Sisley. 
La  Maison  (Saint- flammés),  2.000  fr. 

Collection  Stchoukine  (tableaux  anciens, 

etc.).  —  Faite  salle  G,  le  19  juin,  par  les  soins 
de  M=  Boudin  et  de  MM.  Haro  et  Léman,  cette 
vente  de  tableaux  anciens  et  de  sculptures  a 
produit  un  total  de  61.6!i4  francs. 

Bien  que  l'amateur,  récemment  décédé,  eût, 
peu  de  temps  avant  sa  mort,  distrait  de  sa  col- 
lection, composée  surtout  de  tableaux  et  de 
sculptures  d'origine  espagnole,  les  pièces  les 
plus  importantes,  et  que  le  niveau  de  la  présente 
vacation  filt  d'ordre  secondaire,  quelques  nu- 
méros ont  cependant  encore  atteint  à  des  prix 
dignes  d'être  signalés,  notamment  : 
Tableaux.  —  31.  École  espagnole.  Martyr,  2.550  fr. 

—  52.  El  Grèce.  Saint  François  aux  stif/mates,  l.OSOfr. 

—  6i.  Attrib.  à  Van  Loo.  L'Escarpolette,  19.000  fr. 
(dem.  20.000).  —  Attrib.  à  Velazquez.  Portrait  de 
femme,  3.400  fr. —  70.  Zurbaran.  Portrait  d'un  docteur 
d'une  université  d'Espa'jne,  15.000  fr.  (deui.  15.000). 

—  71.  Zurbaran.   Saint  François,  1.600  fr. 

Ventes  diverses.  —  Contentons-nous  de  si- 
gnaler, dans  la  vente  de  la  Succession  de  M""  V^" 


Bruan,  faite  salle  11,  le  18  juin,  par  M»  Lair- 
Dubreuil  et  MM.  Paulme  et  Lasquin  et  Heiuach, 
et  qui  a  produit  un  total  de  24.233  francs,  la 
présence  d'un  tableau  par  Fragonard,  l'Ado- 
ration des  bergers,  adjugé  4.400  francs  sur  la 
demande  de  6.000;  —  et  dans  la  vente  de 
la  Succession  de  M">e  V"''  M...,  faite  par  M"  Hu- 
guet  et  Lair-Dubreuil  et  MM.  Paulme  et  Las- 
quin, salle  2,  les  18  et  19  juin,  l'enchère  de 
7.100  francs,  obtenue  par  une  suite  de  trois 
tapisseries  en  ancien  Aubusson,  représentant 
l'Escarpolette,  le  Jeu  de  Pigeon  vole  et  le  Marchand 
de  plaisirs. 

M    N. 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Gaston  La  Touche  (galeries  Georges  Petit). 
— •  Oublions  ici  nos  élèves  d'Ingres  ou  les  Préra- 
phaélites, et  le  «  parfum  dantesque  »  des  poètes 
de  l'âme.  Et,  cependant,  cet  ultra-moderniste  est 
un  poète  à  ses  heures  :  rare  mérite,  au  milieu 
d'une  société  positive  et  pressée  qui  met  l'art 
souverain  dans  la  photographie  !  A  l'automobile, 
il  ne  sacrifie  point  le  carrosse  où  le  faune  gamin 
sert  de  laquais  aux  jeunes  mariés  en  voyage... 
Auprès  des  faunes,  les  singeries  continuent 
l'exemple  ancien  de  J.-B.  Huet.  Car  cette  poésie 
est  un  regret  du  passé  :  depuis  Verlaine  et  Musset, 
rimeurs  et  musiciens  se  ressouviennentvolontiers 
des  fêtes  galantes  de  Watteau  dans  le  décor  de 
Versailles;  le  peintre  a  modernisé,,  la  FHe  chez 
Thérèse,  qu'il  ordonne  avec^'fiîiê'' désinvolture 
impressionniste.  C'est  le  virtuose  désœuvré  d'une 
Cythère  voisine  des  casinos  :  car  il  se  peint  lui- 
môme,  avec  son  temps,  lorsqu'il  illumine  le  far- 
niente d'une  FHe  de  nuit.  Le  peintre  des  Quatre 
Saisons  voluptueuses  ou  mélancoliques  est  le 
proche  parent  de  nos  plus  audacieux  romanciers 
du  pirt;  il  leur  doit  inconsciemment  la  sensua- 
lité sentimentale  de  la  pose  ou  la  mode  exagérée 
du  costume  ;  et  la  maternité  paraît  exceptionnelle 
en  son  œuvre.  Héritière  de  M.  Besnard  et  de 
Manet,  cette  fantaisie  décorative  a  mis  une  note 
assez  imprévue  dans  un  groupe  plutôt  sévère  oîi 
la  nostalgie  de  .M.  Aman-Jean  rejoint  le  rêve  an- 
ti(iue  de  M.  Boné  Ménard;  elle  n  trouvé  son  at- 
mosphère d'ambre,  de  chrome  et  d'or  vert  dans 
les  bosquets  treiHagés,  autour  des  jets  d'eau  qui 
pleuvent  sur  des  cygnes  argentins,  ou  dans  la 


ANCIEN    ET    MODERNE 


199 


tiédeur  amoureuse  des  boudoirs  Louis  XV,  Jaunis 
par  le  rayon  qui  s'arrête  aux  raies  des  persiennes 
fermées.  Ce  goût  d'atmosphère,  aussi  bien  que 
["inconsistance  de  ces  sujets  indolents,  dénonce 
la  passivité  de  l'art  du  siècle,  où  le  libertinage 
de  la  lumière  effleure  de  jolies  épaules,  avec  la 
complicité  des  tulles  mousseux.  Moins  portraitiste 
que  paysagiste,  l'admirateur  du  maître  Bracque- 
mond  excelle  aux  brèves  études  où  la  fraîcheur 
du  ciel  repose  des  préciosités  du  genre. 

"V.  de  Ville  (galeries  Graves).  —  Un  autodi- 
dacte. Il  s'est  formé  seul.  Et  cependant,  sous  la 
sérénité  de  ce  paysagiste  d'outre-Manche,  on 
retrouve  la  tristesse  romantiijue  et  l'indigo  des 
horizons,  les  ciels  de  Constable  ou  d'un  fond  de 
Homney  :  no  faut-il  pas  attribuer  à  la  nature 
anglaise  cette  fermeté  des  silhouettes  qui  carac- 
térise l'art  anglais,  comme  la  fraîcheur  des 
visages'.'  Le  modèle  impose  une  sorte  de  tradition 
latente  au  paysage,  de  Wilson  à  Turner,  et 
malgré  l'influence  de  Claude,  ainsi  qu'au  por- 
trait, de  Reynolds  à  Lawrence,  et  malgré  les 
suggestions  de  Van  Dyck.  C'est  toujours  la  même 
atmosphère,  moins  enveloppée  que  la  nôtre,  qui 
découpe  ces  coins  boisés  du  pays  de  Galles,  ce 
jour  de  pluie,  dans  l'île  d'Aiiglesey,  sous  le  vent 
nuageux  qui  gonfle  la  b.lclie  de  la  carriole  ou 
l'ombrelle  de  la  touriste,  à  côté  de  la  synthèse 
reposée  des  longs  soirs  ou  des  matins  purs. 

Emile  Noirot  (83,  boulevard  du  Montpar- 
nasse). —  Un  des  rares  défenseurs  du  paysige 
dessiné,  qui  revivait,  l'an  dernier,  dans  l'œuvre 
de  MM.  Henri  Zuber  et  Pierre  Prins.  Parmi  tant 
d'expositions  d'une  saison  qui  ne  veut  pas  finir, 
apprécions  un  dessinateur  qui  ne  se  contente 
jamais  de  la  sténographie  plus  ou  moins  lâchée 
des  impressionnistes  !  En  stylisant  les  horizons 
dentelés  du  Forez  natal,  ce  peintre  de  Roanne 
se  rattache  à  l'école  lyonnaise;  instruit  par  la 
palette  de  Daubigny  et  le  crayon  de  Français,  il 
est  de  ces  artistes  provinciaux  qui  se  souviennent 
de  Ravier.  Qu'il  dessine  les  bords  souvent  pous- 
sinesques  de  la  Loire,  ou  qu'il  peigne  une  curieuse 
vue  cavalière  du  Puy,  le  courageux  paysagiste  a 
le  respect  de  la  forme. 

Ray.mo.nd  Iîouyer. 

Société  d'encouragement  à  l'art  et  à  l'in- 
dustrie. —  Le  sujet  choisi  pour  le  XVIII"  con- 
cours général  de  composition  décorative,  qui  a 
été  jugé  à  la  fin  du  mois  dernier,  —  un  châssis 


de  tu  —  avait  été  bien  accueilli  des  intéressés  ; 
deux  cent  quatre  concurrents,  dont  2.)  modeleurs 
et  181  dessinateurs,  tant  de  Paris  que  de  la 
province,  s'étaient  mis  sur  les  rangs,  et  le  jury 
a  relevé,  dans  les  œuvres  présentées  au  concours, 
nombre  d'idées  originales,  en  même  temps  qu'une 
application  particulière  à  envisager  l'exécution 
pratique  des  projets. 

Les  prix  suivants  ont  été  décernés  : 

1"  prix  :  M"°  M.  Oudoyer,  de  Tours  (.500  fr.)  ;  — 
2'  prix  :  M.  L.  Paul,  de  Paris  (400  fr.);  —  3°  prix  : 
M.  M.  Quénioux,  de  Paris  (300  fr.)  ;  —  4'  prix  :  M.  Re- 
naud, de  Lyon  (200  fr.);  —  5*  prix  :  M.  R.  Migaard, 
de  Paris  (120  fr.);  —  6°  prix  :  M.  Granger,  de  Lyon 
(100  fr.);  —  7-  prix  :  M.  H.  Périllon,  de  Paris  (100  fr.)  ; 
—  8'  prix  :  M.  IL  Leniuer,  de  Paris  (100  fr.)  ;  — 
9'  prix  :  M.  M.  Thorel,  de  Paris  (100  fr.);  —  10'  prix  : 
.\L  E.  Doucet  (80  fr.). 

Des  mentions  honorables  ont  été  accordées  a 
MM.  Dutruc,  Vallois,  Lebossé  et  Martine. 

Les  projets  récompensés  seront  exposés  suc- 
cessivement pendant  huit  jours,  dans  les  grandes 
écoles  des  beaux-arts  etd'art  décoratif  de  France, 
à  partir  du  mois  d'octobre. 

R.  G, 

LES      REVUES 


France 

Art  et  décoration  (mai).  —  La  l'assemenlerie, 
par  M.-P.  Vekneuil. 

—  Les  Préparations  au  bistre  de  J.-C.  Cazin  (à 
propos  d'une  vente  récente  dont  il  a  été  rendu  compte 
dans  le  Uulleti»),  par  Léonce  BÉNÉoriE. 

L'Art  et  les  artistes  (mai).  —  iNuinéro  spécial  sur 
les  Salons. 

Allemagne 

Zeitschrift   filr   Geschichte   der   Architektur 

(février-avril).  —  Les  derniers  numéros  de  cette  revue 
fondée  récemment,  sous  la  direction  du  D'  Fritz 
llirsch,  par  les  professeurs  Dehio,  Dorpfeld,  Neuwirth, 
Winnefeld  et  Zecnp,  renf'eriuent  entre  autres  un  article 
de  M.  J.  BOnLMANN  sur  te  Patais  des  Flaviens,  à  Rome, 
accompagné  de  plans,  coupes  et  vue  perspective  du 
palais  et  de  ses  dépendances  en  leur  état  ancien  ;  des 
notes  de  M.  Hans  Rott  sur  tes  ér/iises  d'Anatotie  des 
VI"  et  VII"  siècles,  dont  quelques-unes,  étudiées  par 
M.  Dieulafoy,  sont  entièrement  creusées  dans  le 
rocher  ;  enfin,  une  savante  étude  de  M.  Kurt  Mever 
sur  les  parties  anciennes  et  sur  la  crypte  du  ddme  de 
lirandenhourg. 


200 


LE    BULLETIN    DE   L'ART 


Notons  aussi  une  intéressante  dissertation  de 
M.  Richard  Hai;pt  sur  l'usage  des  petites  fenêtres 
basses  et  étroites  que  l'on  rencontre  au  chevet  de 
certaines  églises  romanes;  M.  Richard  Haupt  écarte 
les  hypothèses  plus  ou  moins  bizarres  que  l'on  avait 
émises  à  ce  sujet  et  montre  que  ces  fenêtres  étaient 
destinées  à  éclairer  et  aérer  l'espèce  de  réduit  compris 
entre  l'autel  et  le  chevet  qui  servait  de  sacristie  à 
cette  époque  où  il  n'exisbait  pas  de  salle  spécialement 
atl'ectée  à  cet  usage. 

(Mai).— Complément  à  l'étude  du  tombeau  de  Théo- 
cloric  et  à  l'évolution  de  ses  formes  par  Bruno  Sciiulz. 
—  On  connaît  cet  important  monument  de  Ravennes. 
haut  de  deux  étages,  décagonal  en  bas,  circulaire  au- 
dessus,  couronné  par  un  énorme  monolithe  en  forme 
de  coupole  qui  mesure  33  mètres  de  circonférence. 
L'étage  inférieur  est  aujourd'hui  à  demi  enterré,  el 
deux  escaliers  conduisent  à  la  galerie  extérieure  qui 
fait  le  tour  du  premier  étage,  légèrement  en  retrait 
sur  l'autre.  Comme  décoration,  en  bas,  des  arcades 
aveugles  en  plein  cintre;  l'une  d'elles  est  percée  d'une 
porte  rectangulaire  ouvrant  sur  une  salle  voûtée  et 
dont  le  plan  dessine  une  croix  grecque;  en  haut,  sous 
la  coupole,  une  frise  à  forte  saillie  curieusement 
sculptée. 

Deux  savants  allemands,  A.  Haupt  [Zeitschrift, 
etc.,  octobre-novembre  1907)  et  B.  Schulz,  ont  étudié 
ce  tombeau  et  en  proposent  la  reconstitution.  Haupt 
prouva  que  les  grilles  du  dôme  d'Aix-la-Chapelle 
provenaient  du  tombeau  de  Théodoric,  dont  elles 
bordaient  la  galerie  extérieure.  Tous  deux  reconnais- 
sent la  nécessité  de  supprimer  les  escaliers  et  de 
déterrer  la  partie  inférieure  du  monument  ;  c'est  sur 
la  décoration  extérieure  du  premier  étage  que  porte 
la  discussion.  Haupt  entoure  cet  étage  à  mi-hauteur 
d'une  série  de  petites  arcatures  en  plein  cintre,  por- 
tant sur  des  corbeaux  appliqués  à  des  pilastres  légè- 
rement en  saillie  sur  le  nu  du  mur  ;  des  perles  et 
oves  ornent  ces  arcatures,  dont  les  sommets  sont 
réunis  par  une  petite  frise  circulaire  à  rinceaux  ;  de 
courtes  colonnes  à  torsades  soutiennent  la  Irise  entre 
chaque  arcade.  Schulz  donne  à  ses  arcatures  une  plus 
grande  saillie  et  les  fait  porter  en  avant  sur  des 
colonnes  détachées  de  la  masse  ;  la  décoration  est 
plus  riche;  un  bandeau  de  palmetles  couronne  la 
crête  des  arcades.  Schulz  s'inspire,  dans  son  projet 
de  restauration,  de  la  sculpture  orientale,  et  particu- 
lièrement de  la  Porte  Dorée  à  Jérusalem  et  du  grand 
temple  de  Baalbek. 

Nous  ne  déciderons  pas  entre  les  deux,  mais  il 
nous  semble  que  ces  savants  cherchent  trop  à  germa- 
niser un  monument  qui  se  rattache  à  l'antique  par 
le  plan,  la  facture  et  certainement  aussi  par  la  déco- 
ration. —  Marcel  AuBERT. 

Die  Kunst  (mai).  —  F.  von  Osti.m.  Le  Salon  du 
printemps  de  In  n  Sécession  »  de  Munich. 

—  W.  Leistikow.  L'Apprentissage  de  la  peinture.  — 


A  propos  dulivre publié  sous  ce  titre  par  Louis  Corinth, 
un  des  chefs  du  nouveau  mouvementartistique  enAUe- 
magne,  et  qui  est  en  môme  temps  un  ancien  élève  de 
Bouguereau.  On  retrouve,  d'après  le  critique,  dans  ce 
livre,  ce  double  caractère  de  hardiesse  et  d'acadé- 
misme. 

—  G.  Kreyss.nbk.  Fritz  Boehle,  artiste  francfortois, 
peintre,  graveur,  sculpteur,  auteur  surtout  de  remar- 
quables études  de  paysans. 

—  P.-F.  SciiMiDT.  lynatius  Taschner,  illustrateur, 
sculpteur,  décorateur,  raédailleur. 

—  Mekkel.  Le  Jugementdernier  de  Frank  Kirch- 
l)ac/i,  carton  pour  une  verrière. 

—  P.  Altiiof.  L'Architecte  el  décorateur  autrichien 
Léopold  Hauer. 

—  E.  Rentscu.  Le  «  Kunstler  theuter  n  de  Munich. 

—  Nouveaux  principes  pour  le^  décors  de  théâtre; 
s'écârtant  complètement  des  idées  de  Wagner,  la 
nouvelle  école  ne  cherche  plus  à  produire  une 
illusion,  mais  un  e/fel  d'ensemble,  elle  s'efforce  de 
faire  entrer  en  jeu  l'imagination  du  spectateur  lui- 
même. 

—  G.  HowE.  Nouveaux  travaux  de  M,  Max  Ben- 
irschke,  art  décoratif,  architecture. 

—  E.  ScHL'K.  Lucien  liernhard,  affiches,  couvertures 
illustrées. 

—  F.  Enckk.  Les  .lardins-pny sages  et  les  jardins  à 
plan  architectural,  nécessité  d'un  plan  différent, 
selon  qu'il  s'agit  d'un  jardin  dans  la  ville,  d'un 
jardin  de  campagne  (jardin  de  ville),  ou  d'un  grand 
parc.  —  G.  IIuET. 

Roumanie 

Luceafar  (VII,  7,  8,  9-10,  Sibiu).  —  Suite  des 
articles  de  M.  G.  Murnu  sur  les  monuments  antiques 
de  Rome,  avec  de  nombreuses  et  belles  illustrations; 
compte  rendu,  par  le  même,  de  la  Vil"  Exposition  de 
la  Jeunesse  artistique  à  Bucarest,  avec  des  reproduc- 
tions d'après  des  œuvres  de  Loghi,  Luchian,  Vermont, 
Strâmbulesco,  Storck,  Mirea,  Bràncus.  —  M.  M. 

'Viata  Româneasca  (III,  3,  lassy).  —  Chronique 
artistique  do  M.  Al.  Tzioaha-Samukcas  sur  quelques 
œuvres  du  sculpteur  Fr.  Storck  (3  illustrations)  :  un 
sarcophage  en  bronze  orné  de  médaillons  aux  figures 
stylisées  et  de  motifs  décoratifs  dont  les  entrelacs 
sont  heureusement  empruntés  aux  décorations  des 
anciennes  églises  du  pays  ;  les  statues  des  quatre 
évangélistes,  plus  grandes  que  nature,  destinées  à  la 
chapelle  Evioghie  Gheorghief  du  cimetière  Bellio  ; 
elles  constituent  une  grande  innovation  dans  ce  pays 
de  tradition  religieuse  byzantine  qui  exclut  les 
«  images  taillées  •.  —  M.  M. 


Le  Gérant  :  H.  Denis. 


P«rii.  —  Imp.  tiearKea  Potil,  lî,  rue  (iodot-de-Uiuroi. 


Numéro  390. 


Samedi  11  Juillet  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN     ET    MODERNE 


Giuestions  parisiennes 


Considérée  au  point  de  vue  juridique,  l'histoire 
des  relations  entre  l'État  et  la  Ville  de  Paris,  au 
cours  de  ces  dernières  années,  pourrait  fournir 
un  riche  sujet  de  thèse  pour  le  doctorat  en  droit; 
envisagée  sous  un  jour  moins  grave,  on  y  trou- 
verait une  mine  inépuisable  de  plaisanteries.  Mais 
convient-il  de  tant  rire,  quand  les  intérêts  enjeu 
sont  de  telle  importance  et  qu'il  ne  s'agit  de  rien 
moins  que  de  l'universel  renom  de  beauté  d'une 
ville,  on  dirait,  systématiquement  défigurée  ? 

Rien  qu'en  se  bornant  aux  questions  qui  sont 
(le  notre  domaine,  elle  serait  longue  la  liste  des 
discussions  prolongées  outre  mesure  entre  le 
Gouvernement  et  la  municipalité  de  Paris  pour 
le  plus  grand  dommage  de  la  capitale. 

On  a  mis  sept  ans  à.  résoudre  l'alTaire  du 
Champ-de-Mars;  on  a  mis  huit  ans  à  obtenir  la 
condamnation  de  ces  tristes  ruines  que  sont  les 
serres  du  Cours-la-Reine.  La  question  des  forti- 
lications,  si  importante  pour  l'hygiène  comme 
pour  la  beauté  de  Paris,  a  été  vingt  fois  reprise 
et  vingt  fois  ajournée.  Les  combinaisons  propo- 
sées pour  le  transfert  du  ministère  des  Colonies  et 
pour  la  réorganisation  du  musée  du  Luxembourg 
ont  subi,  par  le  fait  des  prétentions  respectives 
de  la  Ville  et  de  l'État,  des  retards  considérables. 
Enfin,  il  n'y  a  pas  jusqu'à  l'entretien  de  certains 
édifices  qui  ne  donne  lieu  <à  des  contestations 
sans  fin. 

Ainsi  en  est-il  en  ce  moment  de  la  tour  Saint- 
Jacques,  monument  historique.  La  restauration 
en  est  évaluée  à  280.000  francs;  la  Ville  en  a 
voté  100.000;  l'État  ne  veut  contribuer  que  pour 
^30.000  francs  à  la  dépense,  et  il  faut  retenir  cette 
broposition,  faite  par  l'administration  des  Beaux- 
Irts,  qu'on  diminuât  les  frais  en  détruisant  cer- 
flins  motifs  décoratifs  au  lieu  de  les  restaurer. 

Ingénieuse  idée,  mais  qui  n'est  pas  nouvelle 
Bour  la  Ville  de  Paris,  où  l'on  a  coutume  de 
rappliquer  sur  une  grande  échelle   quand   on 


élargit  une  rue  ancienne  ou  qu'on  en  perce  une 
nouvelle.  La  récente  démolition  de  la  jolie  tour 
de  Dagobert,  rue  Chanoinesse,  de  la  vieille 
maison  des  Prévôts,  passage  Charlemagne,  et  de 
l'élégant  hôtel  de  Verrue,  rue  du  Cherche-Midi, 
est  là  pour  le  prouver. 

E.  D. 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


A  l'Institut.  —  Le  2  juillet,  a  été  faite  à  l'Institut, 
toutes  classes  réunies,  la  répartition  du  montant  de 
la  fondation  Debrousse,  qui  s'élève  dans  son  ensemble 
à  30.000  francs,  et  sur  laquelle  il  a  été  attribué  : 
8.000  francs  à  l'Université  de  Grenoble  pour  l'Institut 
français  de  Florence  ;  —  7.000  francs  à  l'Académie 
des  Inscriptions  et  Belles-Lettres  pour  la  publication 
des  peintures  ornant  le  manuscrit  des  Antiquités 
judaïques,  la  publication  d'un  Corpus  des  mosaïques 
de  la  Gaule  et  de  l'Afrique  romaine  et  la  reproduction 


de  certains  manuscrits  rares; 


."lOO  francs  ei  l'Aca- 


démie des  Beaux-Arts  pour  l'œuvre  dite  des  restau- 
rations, la  suite  du  Catalogue  musical  de  la  Biblio- 
thèque nationale,  et  la  reconstitution  du  plan  de 
l'ancienne  Rome,  entreprise  par  M.  Bigot. 

Académie  française  (séance  du  25  juin).  —  Dans 
la  liste  des  prix  décernés  par  l'.Vcadémie,  nous  rele- 
vons les  suivants,  qui  intéressent  les  beaux-arts  et 
l'archéologie  : 

Prix  Gobert  (9.000  fr.),  à  M.  Camille  Jullian,  pour 
son  Histoire  de  la  Gaule;  —  sur  le  prix  Halphen  : 
.jOO  fr.  à  M.  P.  Herger  [William  Blake,  mysticisme  et 
poésie);  —  sur  le  prix  Bordin  :  .'iOO  fr.  à  M.  A.  Cas- 
sagne  {la  Tliéorie  de  l'art  pour  l'art)  ;  —  sur  le  prix 
Guizot  :  500  fr.  à  M.  Ph.  Monnier  {Venise  au  XVIII' 
siècle). 

Académie  des  beaux-arts  (séance  du  27  juin).  — 
L'Académie  procède  à  l'attribution  des  prix  spéciaux 
institués  en  faveur  des  artistes  peintres  et  sculpteurs 
exposant  au  Salon  de  1908;  ont  été  ainsi  répartis  les 
prix  suivants  : 

Prix  Desprez  (sculpture),  de  la  valeur  de  t. 000  francs 
M.  Achille-Émile  Jacopin  [le  Linceul). 


Î02 


LE   BULLETIN    DE    L'ART 


Prix  Brizard  (paysage),  de  la  valeur  de  3.000  francs  : 
M.  Louis  Prat  {Sortie  de  vrpip.i). 

Prix  Maxime  David  (miniature),  de  la  valeur  de 
400  francs  :  M"'  Dernier. 

Prix  Eugène  Piot  (sculpture),  de  la  valeur  de  2.000 
francs  :  M.  Paul  Roussel  {les  Tout  petits). 

Prix  Meurand  (peinture  d'iiistoire),  de  la  valeur  de 
1.000  francs  :  M.  Charles  Fouqueray  {l'Açionie). 

Prix  Edmond  Lemaltre  (paysage),  de  la  valeur  de 
300  francs,  concours  :  l'auteur  du  paysage  intitulé 
Campagne  île  Leisseigiies. 

Prix  Alphonse  de  Neuville  (peinture  de  scènes 
militaires),  de  la  valeur  de  1.200  francs  :  M.  Henri 
Jacquier  {Glorieux  bûcher). 

Fondation  Leclerc-Maria  Bnuland  (3.000  francs)  : 
M.  Berges,  pour  son  portrait. 

—  C'est  le  portrait  de  M.  Seriziat  par  David  (musée 
du  Louvre),  qui  est  désigné  comme  sujet  du  concours 
Roux  pour  1009  (gravure  en  taille  douce). 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres, 
(séance  du  20  juin).  —  M.  Paul  Gauclilcr,  correspon- 
dant, présente  au  nom  du  marquis Cappelli,  président 
de  la  Société  romaine  des  Foiidi  rustici,  la  photogra- 
phie inédite  d'un  admirable  bas-relief  qui  a  été  décou- 
vert, à  la  fm  de  1907,  dans  les  Terres-Pontines.  Il 
représente  Antinods  en  costume  de  vigneron  faisant 
la  vendange  et  il  est  signé  du  sculpteur  Antonianos 
d'Aphrodisias  Le  style  en  est  très  élégant  et  très  pur; 
c'est  un  des  meilleurs  morceaux  de  la  sculpture 
grecque  au  temps  des  Antonins. 

(Séance  du  3  juillet)  —  M.  Clermont-Gaoneau 
dépose  sur  le  bureau  une  somme  de  5.000  francs  que 
le  duc  de  Loubat,  membre  associé,  met  à  la  disposi- 
tion de  l'Académie  pour  augmenter  le  Fottds  d'acqui- 
sition, créé  il  y  a  quelques  années. 

—  Sur  la  proposition  de  M.  Chavannes,  l'Académie 
désigne  M.  Chassigneux  comme  membre  de  l'école 
française  d'Extrême-Orient. 

—  M.  Salomon  Reinach  annonce  une  intéressante 
découverte  du  professeur  italien  BeaJego.  L'artiste 
Pisanello.que  l'on  faisait  naître  vers  1380,  est  venu  au 
monde  en  1397.  Donc,  comme  il  y  a  des  attinités  évi- 
dentes entre  l'art  de  Pisanello  et  celles  des  miniatures 
des  Heures  du  duc  de  Berry  qui  sont  antérieures  à 
1416,  il  est  désormais  certain  que  les  auteurs  des 
manuscrits  de  Chantilly  n'ont  pas  imité  Pisanello, 
mais  que  la  théorie  contraire  est  vraisemblable. 

—  M.  Henry  Martin,  administrateur  de  la  Biblio- 
thèque de  l'Arsenal,  présente  à  l'Académie  un  bloc 
de  marbre  noir  portant  l'épitaphe  de  Béatrix  de 
Bourbon,  reine  de  Bohème,  arrière-petite-fille  de 
saint  Louis,  et  femme  de  Jean  de  Luxembourg,  mort 
à  la  bataille  de  Crécy,  le  2G  aoftt  1346.  Cette  épitaphe 
provient  du  tombeau  de  cette  princesse,  morte  le 
25  décembre  1383  et  enterrée  dans  l'église  des  Jacobins 
de  Paris  ;  la  statue  qui  ornait  le  tombeau  se  trouve 
aujourd'hui  dans  le  croisillon  méridional  de  la  basi- 


lique de  Saint-Denis.  Depuis  plus  de  soixante  ans, 
l'épitaphe  étaitconsidérée  comme  perdue;  M.  II.  Martin 
l'a  découverte  ,'i  la  devanture  d'un  niar.hand  d'anti- 
quités. 

—  M.  de  Morgan  fait  l'exposé  des  dernières  fouilles 
qu'il  a  pratiqué  en  Perse,  et  le  relevées  des  documents 
divers,  statues,  poteries,  briques,  vases  peints,  inscrip- 
tions diverses,  etc.,  qu'il  a  mis  au  jour. 

Musée  du  Louvre.  —  Le  musée  du  Louvre  vient 
de  recevoir  d'un  amateur  anglais,  sir  John  Tollemache 
Sinclair,  un  tableau  de  Murillo,  provenant  de  la 
célèbre  galerie  Beresford  Ilope  et  représent.ant  le 
Christ  avec  la  couronne  d'épines  posée  près  de  lui. 

—  On  a  arrêté  trois  cambrioleurs,  qui  avaient  dérobé 
au  Louvre,  le  20  octobre  1906,  unp  statuette  d'Isis  en 
bronze  et  une  gutre  figurine  égyptienne  ;  les  sculp- 
tures n'ont  pas  encore  été  retrouvées. 

Musée  des  arts  décoratifs.  —  M"'  Palyart- 
Mancel,  récemment  décédée,  a  fait  des  legs  asscK 
importants  à  divers  établissements  publics.  Entre 
autres,  elle  a  légué  au  musée  des  Arts  décoratifs  des 
bijoux,  des  dentelles  et  des  objets  d'art,  avec  une 
somme  de  1.000  francs  pour  leur  installation  au  pavil- 
lon de  Marsan. 

Manufacture  des  Gobelins.  —  M.  Jean-Paul 
Laurens  a  reçu  de  l'État  la  commande  du  carton 
d'une  tapisserie,  destinée  à  la  mairie  du  XIII'  arron- 
dissement (quartier  des  Gobelins)  et  représentant  une 
visite  de  Louis  XIV  aux  Gobelins. 

Les  récompenses  du  Salon.  —  Le  26  juin,  le 
Comité  de  la  Société  coloniale  des  Artistes  français  a 
attribué  trois  bourses  de  voyages  à  des  artistes  expo- 
sant à  la  Société  Nationale  des  beaux-arts.  Ces  lau- 
réats sont  :  M.\I.  André  Lenoir,  auteur  d'une  statue 
la  Vierye  et  l'Enfant  [Souvenir  d'fU/ypte]  ;  Robert  Le- 
mounier,  auteur  d'une  toile  intitulée  :  le  Vallon  des 
Ventes  Dalles,  et  Fernand  Olivier,  auteur  de  VRijUse 
de  l'Isle. 

Société  des  Amis  de  'Versailles.  —  A  la  séance 
constitutive  do  la  Société  des  Amis  do  \  eraaillcs,  qui 
a  eu  lieu  le  2j  juin,  le  président  M.  V.  Sardou  a  an- 
noncé qu'une  somme  de  25.000  francs  avait  été  géné- 
reusement mise  à  la  disposition  de  la  Société  |iar 
M.  Gordon-Bennett. 

Lecture  a  été  donnée  des  statuts,  dont  tous  les  arti- 
cles ont  été  adoptés. 

Les  fouilles  d'Alésia.  —  M"'  la  marquise  Arcu- 
nnti-Visconti  qui,  dès  le  début  des  fouilles  d'Ali.so- 
Saintc-Reinc,  avait  déjà  fait  parvenir  à  la  Société  des 
sciences  de  Semur  une  somme  de  1.000  francs,  vient 
de  lui  faire  remettre  une  nouvelle  souscription  de 
2.000  francs. 

La  quatrième  campagne  de  fouilles  a  déjà  donné 
d'intéressants  résultats  :  on  a  mis  au  jour  un  impor- 


AMCIEN    ET    MUDEKNË 


203 


tant  iiionumont  à  double  colonnade,  et  une  cave  du 
I"  siècle  de  notre  ère,  où  l'on  a  trouvé  nombre  d'objets 
en  fer  et  en  pierre  (entre  autres  une  statuette  de 
femme  assise)  ;  enfin  on  a  commencé  à  déblayer  un 
monument  à  colonnes  qui  parait  être  le  plus  impor- 
tant de  ceux  qu'a  livrés  jusqu'ici  la  vieille  cité. 

Congrès  de  l'Union  provinciale  des  arts 
décoratifs.  —  Le  deuxième  Congrès  de  l'Union 
provinciale  des  arts  décoratifs,  dont  le  siège  est  à 
Besançon,  se  tiendra  cette  année  à  Munich,  les  6,  7 
et  8  août. 

A  Montpellier.  —  On  a  inauguré,  le  23  juin,  à 
l'Université  de  Montpellier,  la  salle  Alexandre  Caba- 
ne!, où  l'on  a  groupé  les  reproductions  photographi- 
ques des  œuvres  de  cet  artiste  mont.pelliérain  que  le 
nmsée  n'avait  pu  accepter  faute  de  place. 

A  Dresde.  —  Pour  célébrer  le  80"  anniversaire  du 
statuaire  Johannes  Schillings,  la  ville  de  Dresde  et 
l'Etat  ont  décidé  d'acheter  en  commun  le  musée 
Schillings  pour  la  somme  de  130.000  marks.  La  répu- 
tation de  Schillings  date  un  Monument  national,  élevé 
à  Niederwald,  après  la  guerre  de  1870,  auquel  il 
travailla  neuf  ans  (1874-1883).  On  signale,  parmi  ses 
autres  œuvres,  les  quatre  groupes  des  Heures  du  jour 
(1862-1869),  sur  la  terrasse  de  Bruhl  à  Dresde,  dont 
le  grès  s'est  effrité  et  que  l'on  a  récemment  coulés  en 
bronze  ;  la  ville  de  Dresde  possède  encore  de  lui  le 
quadrige  de  panthères  à  l'Opéra,  le  monument  de 
Kietschel,  son  maître,  et  celui  du  roi  Jean.  Schillings 
a  publié  en  1906  des  notes  et  observations  très 
intéressantes  sur  la  Vision  artistique.  La  perte  de  la 
vue  l'a  seule  arrêté  dans  son  travail. 

—  La  Galerie  de  tableaux  de  Dresde  vient  d'acqué-" 
rir  le  tableau  de  Max  Klinger,  connu  sous  le  titre 
la  Source  ou  aussi  Campagna,  peint  à  Rome  en  1892; 
le  nmsce  ne  possédait  jusqu'ici  qa'uae  l'ietà  du  même 
artiste.  —  M.  M. 


Nécrologie.  —  Le  peintre  Georges-Henry  Burdy, 
né  en  1871,  qui  exposa  de  1897  à  1901,  au  Salon,  des 
portraits -et  des  intérieurs  souvent  récompensés,  s'est 
suicidé   à   Audrimont,   près   de  Verviers    (Belgique). 

—  M.  Édouard-Ernest  Yan  Dargent,  artiste  peintre, 
fils  du  peintre  et  graveur  décédé  il  y  a  quelques 
années,  et  qui  s'était  fait  une  réputation  d'illustrateur 
et  d'aquarelliste,  comme  aussi  de  conférencier  et  de 
professeur,  est  mort  à  Paris  le  39  juin,  à  Vàge  de 
58  ans. 

—  Le  peintre-verrier  Charles  ChampigneuUe,  bien 
connu  dans  le  monde  des  arts  décoratifs,  vient  de 
mourir  à  la  suite  d'un  accident  d'automobile,  à  l'âge 
de  28  ans.  Érudit  et  artiste  de  talent,  il  avait  succédé 
à  son  père  dans  la  direction  de  l'atelier  de  peintre- 
verrier  fondé  par  celui-ci  et  d'où  sont  sortis,  entre 
autres,  les  vitraux  du  Conservatoire  des  arts  et  métiers, 
les  verrières  des  cathédrales  de  Chartres,  du  Mans,  de 
Saint-Denis,  de  Nevers,  etc. 

—  On  annonce  la  mort  de  M.  Charles  Tabaraud, 
conservateur  du  château  de  Compiègne,  poète  et 
écrivain  d'art. 

—  A  Laubegast,  près  Dresde,  est  mort,  le  24  juin, 
le  statuaire  D'  Gustave  Kietz,  né  à  Leipzig  en  1826, 
élève  de  l'Académie  des  Beaux-Arts  de  Dresde,  puis 
de  Kietschel.  Ami  intime  de  U.  Wagner,  il  a  publié 
sur  lui  des  souvenirs  qui  datent  des  années  1842-49 
et  1873-75.  Il  est  aussi  l'auteur  du  buste  de  Wagner  à 
l'Opéra  de  Dresde.  Ses  principales  œuvres  sont  les 
statues  de  Jean  IIuss,  de  Philippe  de  Hesse,  de 
Melanchton,  pour  la  ville  de  Wurzbourg,  le  monument 
Uhland  à  Tubingue,  le  monument  Luther  sur  le 
Neumarkt,  à  Dresde,  pour  lequel  il  a  utilisé  une  tête 
de  Luther  par  Kietschel,  le  portail  do  l'église  de  la 
cour  à  Dresde-Altstadt,  etc.,  sans  compter  les  grands 
ouvrages  de  son  maître  auxquels  il  a  travaillé  tandis 
qu'il  fréquentaitencore  son  atelier,  avant  1863. —  M. M. 


■  >  n  t  muoom>*-'** 


CHRONIQUE    DES  VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

Ventes  à  Paris.  —  Succession  de  M'"°  Do- 
wes  de  Saint-Amand  (objets  d'art,  etc.).  — 
Celle  vente,  la  dernière  vente  importante  de 
la  saison,  a  eu  lieu,  salles  9  et  10,  du  17  au 
20  juin,  sous  la  direction  de  U"  Baudoin  et  de 
MM.  Mannlieim  et  Falkenberg.  Elle  a  produit  un 


total  de  355  441  francs,  mais  il  faut  tenir  compte 
que  le  produit  des  bijoux  entre  pour  la  somme 
de  279.888  francs  dans  ce  chiffre. 

Parmi  les  catégories  d'objets  qui  nous  inté- 
ressent, les  tapisseries,  sans  être  de  premier 
ordre,  ont  donné  lieu  cependanl  à  quelques 
enchères  notables.  Une  série  de  quatre  bandeaux 
en  Beauvais,  de  la  fin  du  xvni"  siècle,  à  petites 
figures  mythologiques,  avec  bordures  de  fleurs, 


204 


LE   BULLETIN   DE   L'ART 


a  été  adjugée  15.000  francs,  sur  la  demande  de 
ce  prix.  Notons  encore  les  8.050  francs  obtenus, 
sur  la  demande  de  8.000,  par  deux  fauteuils  en 
bois  sculpté,  couverts  en  tapisserie  llamande 
d'époque  Louis  XV,  encore  que  le  bois  de  l'un 
fût  moderne,  et  les  4.600  francs  auxquels  a  été 
adjugée,  sur  la  demande  de  4.000,  une  boîte  en 
or  gravé,  décorée  de  bandes  ondulées,  à  fleurs 
émaillées  en  plein,  de  la  fin  du  xviii*  siècle. 

Aucun  chiffre  marquant  dans  la  catégorie  des 
faïences  et  porcelaines. 

PRINCIPAUX    PRIX 

Objets  de  vithine.  —  92.  Boite  rectang.,  or  gravé, 
montée  à  cage  et  décorée  de  bandes  ondulées  à  fleurs 
émaillées  en  plein.  Fin  du  xviii'  s.,  4.600  fr.  —  94. 
Boite  oblonguc,  or  éniaillé,  à  figures  mythologiques 
et  fond  bleu.  Trav.  de  Genève.  Comm'  du  xix'  s., 
1.25.1  fr.  —  9.1.  Boite  rectangulaire,  nacre  ciselée,  à 
décor  de  figures,  fruits  et  oiseaux  en  application  d'or 
émaillé,  1.810  fr.  —  Drageoir  en  jaspe  vert  sanguin, 
décor  de  personnages  et  rocailles  en  léger  relief, 
mont,  or,  1.500  fr. 

Meubles.  —  12S.  Deux  fauteuils,  bois  doré,  couv. 
tapis,  flam.,  fin  xvi*  s.,  à  sujets  bibliques  entourés  de 
fleurs,  1.115  fr.  —  131.  Deux  chaises,  bois  peint  blanc 
et  or,  couvertes,  l'une  de  deux  fragments  de  tapis, 
ép  Louis  XV,  à  personnages;  l'autre,  d'un  fragment 
de  tapis,  au  point  et  d'un  fragment  de  tapis,  aux 
armes  des  Bourbons,  1.280  fr.  —  132  et  133.  Deux 
fauteuils,  bois  sculpté,  couv.  lapis,  flam.  ép.  Louis  XV, 
chasseur  sur  le  dossier,  animaux  sur  le  siège,  enca- 
drements de  fleurs  et  rocailles  {un  des  bois  moderne), 
8.030  fr.  (dem.  8.000).  —  134.  Grand  chiffonnier,  bois 
de  placage,  garni  cuivres,  dessus  de  marbre,  ép. 
Louis  XVI,  1.380  fr. 

Tapissekies.  —  138.  Tapis,  flam.  du  xvi-  s.,  à  per- 
sonnages de  style  antique,  bordure  à  compartiments 
de  fruits  et  figures,  2.750  fr.  —  1,39.  Tapis,  flam.,  xvi'  s., 
jardiniers  travaillant  dans  un  jardin  en  présence  de 
deux  personnages  richement  vêtus,  2.000  fr.  —  140. 
Petit  panneau,  tapis,  flam.,  ivi'  s.,  tissé  d'argent, 
sujet  de  l'Histoire  d'Eslher,  avec  armoiries,  1.920  fr. 

—  141.  Fragment  de  tapis,  flam.  du  xvi*  s..  Sujet  de 
chasse,  1.700  fr.  —  145.  Deux  panneaux  Aubusson, 
ép.  Louis  XVI,  groupe  de  figures  allégoriques  sur  fond 
clair,  encadré  de  draperies,  4.450  fr.  —  147.  Panneau 
tapis,  flam.,  xviii'  s.,  représentant  des  p.iysans  dan- 
sant dans  la  campagne,  manière  de  Ténicrs,  4.000  fr. 

—  148.  Autre  analogue,  atelier  des  Leyniers,  la  Mort 
du  porc,  3.200  fr.  —  151.  Quatre  bandeaux,  tapis,  de 
Beauvais,  fin  xviii*  s.,  à  figures  mythologique  avec 
bordure  de  fleurs  et  de  moulures  simulées,  15.000  fr. 
(dem.  15.000).  —  Petit  panneau,  tapis,  au  point,  sujet 
allégorique  dans  paysage. 


Succession  de  M"""  Bruant  (objets  d'art, 

etc.).  — Nous  avons  indiqué,  dans  notre  dernière 
chronique,  la  somme  de  23.000  francs  réalisée  par 
la  première  vacation  —  et  non  pas  le  chilfrc 
total,  comme  il  a  été  imprimé  par  erreur  — 
de  cette  vente,  faite  salle  11,  du  18  au  22  juin, 
par  M«  Lair-Dubreuil  et  MM.  Paulme,  Lasquin  et 
Heinach,  et  dont  le  produit  s'est  élevé  à  70.000 
francs  environ.  Nous  avons  signalé  également 
déjà  le  prix  de  4.400  francs  obtenu  par  un  Fra- 
gonard,  l'Adoration  des  bergers.  Notons  encore, 
dans  cette  même  catégorie  :  Attrib.  à  Greuze. 
Portrait  présumé  du  duc  de  Choiscul  enfant,  avec 
son  chien,  1.850  fr.  —  Miéris.  Silène,  1.550  fr.  ; 
et,  dans  la  catégorie  des  objets,  d'art  et  d'ameu- 
blement :  Pendule  religieuse,  ép.  Louis  XIV, 
marqueterie  d'écaillé,  cuivre  et  étain,  ornée  de 
bronzes,  1.205  fr. 

Succession  Bowes  de  Saint -Amand  (2" 
vente).  —  Dirigée  par  M'  H.  Baudoin,  celle 
seconde  vente,  qui  a  duré  du  2.1  au  27  jnin,  a 
produit  un  total  de  48.149  fr.  Elle  n'a  pas  donné 
lieu  à  de  bien  grosses  enchères  et  c'est  à  peine 
si  nous  trouvons  à  signaler  quelques  prix  dépas- 
sant le  billet  de  mille  francs.  Notons  :  Paire  de 
vases,  sur  quatre  pieds,  décorés  sur  fond  gros 
bleu  rehaussé  d'or,  de  réserves  à  bouquets  de 
Heurs  et  oiseaux  en  couleurs,  en  porcel.  anglaise 
marquée  d'une  ancre,  1  ..'180  fr.  —  Pot  en  faïence 
-de  Moustiers,  décoré  en  jaune  de  guirlandes  et 
pilastres  et  orné  au  couvercle  d'un  sujet  allé- 
gorique en  couleur,  1.180  fr. 

"Ventes  diverses.  —  Parmi  les  vacations  qui 
ont  occupé  les  derniers  jours  de  la  saison,  une 
mérite  encore  d'être  signalée,  plus  pour  le  nom 
qu'elle  portait  que  pour  son  intérêt  propre  : 
la  vente  du  mobilier  provenant  de  la  succession 
de  M.  Tornielli,  ambassadeur  d'Italie,  n'a  pro- 
duit, en  effet,  qu'un  total  de  14.000  fr.  environ 
et  nous  n'y  trouvons  à  citer  que  l'enchère  de 
1.205  fr.  obtenue  par  une  tapisserie  de  la  (in  du 
xvi«  siècle,  à  sujet  de  chasse. 

Fin  de  la  saison.  —  Les  ventes  prochaines. 

—  Nous  pouvons  considérer  la  saison  comme 
terminée,  à  Paris  du  moins,  car  à  Londres  elle  se 
poursuit  encore  pendant  le  mois  de  juillet.  Mais 
si  l'Hôtel  Drouot  va  chômer  pour  nous  pendant 
quelques  mois,  on  annonce  dès  à  présent  des 
vacations  importantes  pour  les  mois  de  novembre 
et  décembre  prochains.  Nous  assisterons  eu  par- 


ANCIEN    ET   MODERNE 


20Î) 


ticulier  à  la  vente  de  la  collection  d'un  artiste 
peintre  étranger,  mort  récemment  —  collection 
qui  comprend  des  œuvres  importantes  de  l'école 

de  1830. 

M.  N. 

^  ^  ^  ift  ifi  ifi  ^    ^  ip  ^    ^  ^  ^  Jp   f^  3p  ^  ^  7p  ^  ^  ~ 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Les  Envois  de  Rome  (École  des  beaux-arts). 
—  Nos  pensionnaires  de  la  Villa  Médicis  ne  par- 
tagent pas  la  défiance  d'un  lettré  qui,  timide- 
ment, à  chacun  de  ses  voyages  d'Italie,  évitait 
Home  de  peur  de  subir  pour  jamais  l'empreinte 
de  la  Ville  Éternelle  :  sans  leurs  dessins  régle- 
mentaires, on  douterait  qu'ils  ont  vu  la  Sixtine 
et  Michel-Ange,  dont  les  pâles  copies  s'étagent 
comme  un  reproche  autour  de  leurs  ponctuels 
envois  Les  lieures  de  la  modernité  lumineuse 
continuent  de  se  partager  les  travaux  :  M.  Mon- 
chablon  (4«  année)  représente  avec  impétuosité, 
dans  la  Chiourme,  le  coloris  crépusculaire  dont 
l'étrange  Brangwyn  inspire  les  reflets  sur  les 
échines  hàlées  et  les  bonnets  rouges  comme  les 
avirons  du  bagne  flottant.  M.  Leroux  (2»  année) 
s'arri'^te  avec  sagesse  au  plein  air  joyeux  et  crain- 
tivement stylisé  dans  ses  Bords  du  Tibre,  où  la 
voile  blonde  abrite  la  baignade  des  jeunes 
Romains.  Banale,  la  Nymphée  de  M.  Roganeau 
(1"  année)  ne  nous  dit  rien  des  soirs  délicieux 
de  solitude  studieuse  sous  les  charmilles  de  la 
villa. 

Malgré  la  virtuosité  de  ses  traditionnelles 
copies,  la  sculpture,  à  son  tour,  se  préoccupe 
surtout  des  audaces  nouvelles.  En  plâtre,  en 
bronze,  en  marbre,  nous  estimions  déjà  la  Petite 
fauncme  que  M.  Piron  (4"  année)  a  si  nerveu- 
sement cambrée  sur  ses  grands  pieds  de  gamine 
dansante  ;  nous  aimons  beaucoup  moins  l'effort, 
immense  parles  dimensions,  de  ses  Druides;  les 
figurines  et  petits  portraits  de  son  exposition 
variée  ont  dû  l'intéresser  davantage..  Une  main 
de  marbre  rose  est  son  triomphe.  L'auteur  d'un 
Jeune  athlète,  M.  Larrivé  (3"  année)  penche  vers 
la  raideur  érudite,  acceptée  par  la  mode,  oubliant 
le  pur  fragment  qu'il  a  copié  du  Trône  de  Vénus, 
où  l'archaïsme  expire  dans  la  plénitude  de  la 
beauté.  M.  Brasseur  (2=  année),  qui  travaille 
d'après  Donatello,  M.  Biaise  (1'"  année),  qui  se 
réclame  de  Victor  Hugo,  ne  sont  encore  que  de 


bons  élèves,  comme  le  médailleur,  M.  Mérot, 
comme  les  graveurs,  MM.  Busière  et  Serres,  à 
côté  des  patientes  épures  de  nos  architectes  où 
se  distingue  aussitôt  l'érudition  byzantine  de 
M.  Prost.  HIn  résumé,  beaucoup  de  savoir  et  peu 
de  promesses. 

Raymond  Booyer. 

LE     C03SrC3-RÈS 


Société  Française  d'Archéologie 


Le  congrès  annuel  de  la  Société  française 
d'archéologie  s'est  tenu,  cette  année,  comme 
nous  l'avions  annoncé,  à  Caen,  sous  la  prési- 
dence de  M.  Eug.  Lefèvre-Pontalis. 

Après  la  séance  d'ouverture,  qui  eut  lieu  le 
2,'î  juin,  à  l'hôtel  de  ville,  mis  aimablement  à  la 
disposition  des  congressistes,  on  commença  la 
visite  de  la  ville  par  l'église  Saint-Pierre,  dont 
le  clocher  élevé,  au  iiv»  siècle  par  Jean  Langlois, 
a  servi  de  modèle  à  la  flèche  de  Saint-Sauveur 
qui  lui  est  voisine  et  au  fameux  Kreisker  de 
Saint-Pol-de-Léon;  l'église  Saint-Jean,  recon- 
struite aux  xiv  et  xv=  siècles,  et  dont  les  tours 
sont  restées  inachevées. 

Le  24,  la  journée  fut  consacrée  à  la  visite  de 
Baveux.  On  s'arrêta  en  passant  à  la  petite  église 
de  Tour,  dont  le  chœur  se  termine  par  trois  cha- 
pelles à  chevet  plat,  aux  voûtes  élancées,  d'une 
admirable  légèreté  (xiv»  siècle).  A  Bayeux,  la 
cathédrale  retint  les  congressistes  une  grande 
partie  de  la  journée:  construite  presque  entière- 
ment au  xiii«  siècle,  elle  présente  cependant 
dans  les  tours  quelques  traces  de  l'église  du 
xii=  siècle.  Les  piliers  et  la  voûte  du  transept,  qui 
menaçaient  de  s'écrouler  sous  le  poids  de  la  tour 
centrale,  ont  été  repris  en  sous-œuvre  en  1859. 
M.  Travers  montra  aux  congressistes  la  «  tapisse- 
rie de  la  reine  Mathilde»,  exécutée  en  Angle- 
terre pourOdon  de  Conteville,  évoque  de  Bayeux, 
entre  1088  et  1092;  c'est  une  bande  de  toile 
d'environ  0  m.  50  de  large,  longue  aujourd'hui 
de  70  m.  35,  sur  laquelle  le  dessinateur  a  traci' 
les  scènes  exécutées  en  broderie,  représentant 
l'histoire  de  la  conquête  d'.Vngleterre,  depuis  le 
voyage  d'Harold  en  Normandie,  jusqu'à  la  bataille 
d'Hastings.  Avant  de  quitter  Bayeux,  le  congrès 
se  rendit  à  la  maison  natale  de  M.  de  Caumont, 


206 


LE    BULLETIN    DE    L'AHT 


où  l'ut  inaugurée  une  plaque  rappelant  les  ser- 
vices rendus  par  le  fondateur  de  la  Société  à 
l'archéologie  et  aux  beaux-arts. 

Le  25,  journée  chargée,  mais  fort  intéressante, 
oùl'on  visita  les  églises  de  Ouislreham,  Dernières, 
Langrune,  Douvres,  Saint-Contest,  qui  chacune 
pourrait  faire  le  sujet  d'un  important  travail,  et, 
à  côté  du  joli  château  de  Fontaine-Henri  dans  le 
fond  d'un  vallon  sauvage,  seule  au  milieu  des 
arbres,  la  vénérable  église  de  Thaon,  dont  les 
vieux  murs  romans  et  la  décoration  archaïque 
avaient  égaré  les  premiers  archéologues. 

Le  26,  visite  des  grands  monuments  de  Caen  : 
la  Trinité,  dont  la  clôture  avait  été  levée  pour 
les  congressistes,  Sainl-Gilles,  le  château,  Saint- 
Etienne,  le  lycée,  Sainl-.Nicolas,  le  vieux  Sainl- 
Étienne,  les  anciennes  maisons  et  le  musée  des 
antiquaires.  Tout  le  monde  a  admiré  la  nef  et 
le  chœur  imposants  de  la  Trinité,  la  façade  do 
Saint-Élienne,  avec  ses  deux  grandes  flèches  qui 
paraissent  sœurs,  mais  dont  un  examen  attentif 
permet  de  reconnaître  les  dissemblances,  et 
l'abside,  d'un  caractère  si  grandiose.  Les  voûtes 
de  ces  deux  églises  ont  fait  l'objet  de  savantes 
remarques  et  de  nombreuses  discussions,  et  il 
semble  que,  malgré  les  travaux  de  de  Gaumont, 
Bouet  et  Uuprich-Robert,  pour  ne  citer  que  les 
principaux,  il  reste  encore  beaucoup  à  dire  sur 
leur  système  de  construction  et  la  restitution  de 
leur  état  primitif. 

Le  samedi  27,  un  train  spécial  conduisit  le 
congrès  à  l'abbatiale  de  Lessay,  dont  le  plan  est 
assez  semblable  à  celui  de  Cerisy-la-Forét,  puis 
â  Goutances  ;  la  façade  de  la  cathédrale,  qui, 
quoi  qu'on  en  ait  dit,  date  du  xni»  siècle,  est 
chargée  par  deux  flèches  trop  lourdes,  mais 
l'abside,  aux  lignes  pures  et  bien  ordonnées,  est 
fortremarquable  ;  l'église  Saint-Nicolas  renferme 
une  belle  Vierge  du  xiv  siècle  en  marbre. 

Le  dimanche,  jour  de  repos  bien  mérité,  était 
consacré  ù  des  excursions  particulières  à  Dives- 
Gabourg,  Italleroy,  Gerisy,  GrcuUy,  Saiut-(jabriel. 

Dans  les  trois  derniers  jours,  le  congrès  a 
visité  Saint-Pierre-sur-Dives,  puis  Lisieux,  avec 
sa  cathédrale  du  xn«  siècle  et  ses  belles  maisons, 
dont  les  pans  de  bois  richement  sculptés  et  les 
grandes  lucarnes  donnent  à  la  ville  un  aspect  si 
pittoresque  ;  Falaise  et  son  vieux  château,  les 
petites  églises  de  (iuibray  et  de  Sainl-fiervais.  Le 
mardi,  au  cours  d'une  grande  promenade  en 
voiture,  on  s'arrOta  devant  les  curieuses  églises 
de  Bots  et  de  Norrey,  Secqueville,  le  château  de 
Lasson  et  l'abbave  d'Ardennes. 


Chaque  soir,  malgré  les  fatigues  de  la  journée, 
un  grand  nombre  de  congressistes  assistaient 
aux  séances,  écoutant  attentivement  les  commu- 
nications, parmi  lesquelles  nous  noteions  celles 
de  M.  P.  Vitry  sur  une  Vierye  des  environs 
de  Lisieux,  de  M.  André  Uliein  sur  l'abbatiale 
de  Gerisy-la-Forêt,  et  les  conférences  accompa- 
gnées de  projections  photographiques  de  M.  Le- 
fèvre-Pontalis,  sur  les  clochers  du  Calvados,  et 
de  M.  John  liilson  sur  les  églises  d'Angleterre. 

Les  congressistes,  au  nombre  de  plus  de  300, 
dirigés  par  MM.  Lefèvre-Pontalis  et  Louis  Serbat, 
qui  avaient  rédigé  le  guide  du  congrès,  ont 
rempli  jusqu'au  bout,  sans  défaillance,  un 
programme  extrêmement  chargé  ;  ils  connaissent 
maintenant  en  détail  ce  coin  de  la  Normandie, 
dont  les  grandes  cathédrales  comme  les  modestes 
églises  rurales,  les  luxueux  châteaux  comme  les 
maisons  les  plus  simples,  présentent  pour  le 
visiteur,  touriste  ou  savant,  un  intérêt  si  parti- 
culier. 

.Mahcel  AiuKnT. 

^^<y  ^j<èJ  ^^  ikJiy  ^vvtv  vvv*v 

t*j  rJKjOt}  Ok}<dK}  Okjt^  Ukj'dkj  (Jr~j(.~-j^  t.*_>crj 

GORRESPÛNÛÂNCE  DE  MUNICH 


A.U  Glas  Palast. 

IjAllgemcinc  Deutsclie  KunsVjenossenschaft  a  or- 
ganisé au  Glas  Palast  un  Salon  du  Cinquantenaire 
de  son  existence,  coïncidant  avec  l'exposition 
moderne  de  laTheresienbœhe,  qui  a  pris  pour  pré- 
texte le  ToO"  anniversaire  de  la  fondation  de 
Munich  par  le  duc  Henri  le  Lion.  Les  sections  de 
l'Allemagne  entière  et  de  Vienne  y  sont  réunies 
et  représentent  tant  bien  que  mal,  plutôt  mal 
que  bien,  une  certaine  moyenne,  la  moins  hardia 
et  la  moins  originale,  de  l'art  allemand  contem- 
porain, la  moyenne  des  Kunstvereine.  Les  envois 
ne  sont  pas  soumis  à  un  jury  munichois,  mais 
arrivent  en  bloc  de  chacune  des  villes  ;  de  cette 
façon  le  niveau  de  ce  qu'on  voit  au  (ilas  Palast  est 
fort  au-dessous  de  ce  qu'on  a  l'habitude  d'y  voir 
et  l'on  ne  peut  que  regretter  la  place  dont  on  a 
privé  les  groupements  d'artistes  locaux,  surtout 
cette  année  d'exposition,  où  il  sera  déplorable 
que  les  étrangers  de  passage  soient  induits  eu 
doute  sur  la  valeur  de  l'art  munichois,  par  le 
voisinage  de  tout  cet  ensemble  jubilaire. 

Du  moins,  puisque  le  Salou  est  rétrospectif,  si 


ANCIEN    ET    MODERNE 


207 


l'on  y  retrouvait  les  grands  noms  qui  furent  pen- 
dant ces  cinquante  dernières  années  l'honneur 
de  la  Société  !  On  découvre  à  grand'peine,  dans 
la  section  berlinoise,  un  Von  Werner  moins 
mauvais  que  les  récents  ouvrages  de  ce  peintre 
ofliciel,  une  scène  d'un  sentiment  dramatique 
assez  impressionnant  :  Pourparlers  de  capitulation 
à  Donchéry,  le  2  septembre  1870,  et  deux  petits 
Menz.el,  un  intérieur  du  Théâtre  du  Gymnase  et  la 
fliambrette  que  le  maître  occupait  Schœneberg- 
strasse  en  18'ib,  traitée  en  magistrale  pochade. 
Mais  c'est  à  peu  près  tout. 

D'autre  part,  si  l'on  constate  avec  stupéfaction 
la  banalité  des  envois,  même  de  Karlsruhe,  de 
Stuttgart,  de  Dusseldorf,  de  Dresde,  il  ne  faut 
pas  oublier  qu'il  s'agit  ici  de  la  Kuniit(jenossen- 
Kc.haft,  l'Association  d'art  allemande  la  plus  an- 
cienne, c'est-à-dire  la  société  qui  s'est  le  moins 
laissé  influencer  jusqu'à  présent  par  les  innova- 
tions sécessionnistes  ou  autres,  plus  modernes 
encore,  et  qui  demeure  le  rempart  des  fions 
principes  traditionnels.  On  y  chercherait  presque 
vainement  une  individualié  ;  elle  compte  en 
revanche,  comme  nous  le  verrons,  un  nombre 
re.spertable  de  peintres  habiles. 

M.  M. 

[A  auivre.) 

<T*>    i^i  c+^j,   cX't  rt>A   <T*A  (i>jL  ct^  cVyjL,  ci»  ci'_j.  <t>a  (t^j.  c^^i 

A    PROPOS 

.     nu 

Velazquez  du  musée  de  Rouen(i) 


Je  peux  dater  avec  plus  de  précision  mes  souvenirs 
sur  ce  point.  Le  7  novembre  1877,  feu  M"'  Henry  Gré- 
ville  s'était  fait  une  fracture  grave,  qui  marqua  ce 
jour  dans  notre  souvenir.  Dès  la  guérison,  nous 
allâmes  passer  quelques  semaines  au  bord  de  la  mer, 
au  Havre.  Au  retour,  entre  deux  trains,  je  fis  ma  pre- 
mière visite  au  musée  de  Rouen.  Malgré  la  rapidité 
de  l'examen  de  tant  de  beaux  ouvrages,  le  Géoqraplie 
me  laissa  une  profonde  impression,  dont  je  fis  part, 
l'un  des  jours  suivants,  à  Ilenner,  qui  me  dit:  «  Vous 
savez  que  Bonnat  l'a  rendu  à  Velazquez?  » 

Cette  conversation  eut  lieu  en  février  1878.  Il  ne 
s'agit  pas,  on  le  voit,  d'un  «  propos  rapporté  ■>  auquel 
pourrait  être  opposée  la  possibilité  d'une  défaillance 


(1)  A  propos  de  l'allribution,  par  M.  L.  Bonnat,  du 
(li'or/raphe  du  musée  de  Houen  à  Velazquez,  voir  le 
n»  386  du  bulletin. 


de  mémoire.  C'est  un  fait,  menu  si  l'on  veut,  mais 
absolument  précis,  ajouté  à  l'histoire  des  opininns 
concernant  le  chef-d'œuvre  du  musée  de  Rouen.  Su 
mention,  d'ailleurs,  ne  diminue  en  rien  le  mérite  des 
historiens  d'art  qui,  sans  connaître  l'opinion  de 
M.  Bonnat,  sont  arrivés  au  mêmes  conclusions  que 
lui. 

E.    DURAND-GrtÉVlLI.B. 

LES      REVUES 


France 

La  Grande  Revue  (25  juin).  —  Le  l'astel,  par 
.Mbert  Besnaiid,  à  propos  de  la  récente  exposition  des 
(;ent  Pastels  à  la  galerie  Georges  Petit. —  Le  pastel  est 
avant  tout  un  crayon;  aussi  devait-il  convenir  par- 
faitement à  ceux  pour  qui  le  dessin  est  la  plus  pré- 
cieuse façon  de  s'exprimer;  c'est  le  cas  pour  les 
altistes  de  chez  nous,  dont  l'ordre  et  la  clarté  dans 
l'expression  des  idées  sont  les  qualités  maîtresses. 
Pourtant,  le  pastel  n'est  pas  français  de  naissance,  et 
la  première  fois  qu'il  devient  célèbre,  c'est  grâce  à 
une  Vénitienne,  Rosalba  Carriera,  o  plus  matérielle 
que  nos  peintres,  sans  pour  cela  être  aussi  exacte: 
plus  voluptueuse,  par  conséquent  moins  observatrice  ». 

La  Tour  et  Perronneau  :  parallèle.  M.  Besnard  voit 
dans  le  second  une  victime  de  l'esprit  routinier  de 
la  foule,  un  incompris  qui  vint  trop  tôt,  un  moderne 
égaré  chez  des  anciens.  La  Tour,  dessinateur  incom- 
parable, faisait  vivre  ses  modèles  rien  que  par  les 
yeux  :  le  masque  est  tout  dans  ses  portraits,  et  le 
reste  est  indiqué  arbitrairement.  Pour  Perronneau, 
«  ses  têtes,  ses  vêtements,  sont  baignés  dans  l'onde 
mouvante  que  créent  autour  d'eux  la  lumière  et  les 
reflets  »;  il  a  obligé  le  public  a  découvrir  une  chose 
qu'il  n'était  pas  habitué  à  regarder  :  la  couleur,  et 
voilà  pourquoi  on  la  mal  compris. 

Chardin  mit  autre  chose  dans  son  œuvre  :  l'émotion  ; 
à  la  fin  du  xviii*  siècle,  d'ailleurs,  le  pastel  devient 
plus  intime,  mais  il  se  refroidit;  il  glisse  ensuite  vers 
la  fadeur  et  le  joli.  Prudhon  en  use  magistralement, 
mais  c'est  pour  chercher  l'elfet  de  ses  compositions  et 
parce  qu'un  artiste  de  race  fait  de  l'art  avec  toutes 
les  techniques. 

La  France  médicale  (25  juin).  —  Pierre  Qiillie. 
maître  apothicaire  tie  Paris,  son  portrait  par  Franfo/« 
Clouet,  par  Paul  Uouveaux.  —  La  Bévue  du  mois  de 
mai  a  donné  une  reproduction  en  héliogravure  du 
portrait  peint  par  Clouet,  que  la  générosité  des  Amis 
du  Louvre  et  l'initiative  de  iM.  Moreau-Nélaton  ont 
fait  entrer  au  Louvre.  On  sait  que  ce  tableau  porte, 
sur  le  fond,  à  gauche  du  personnage,  l'inscription 
suivante  :  Fr.  Jaiietii  opiis.  Pe.  Quttio  amtco  singu- 
lari.  Aitatis  suae  XillI.  ;.ï62. 


208 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


M.  Paul  Dorveaux,  bibliothécaire  de  l'école  supé- 
rieure de  pharmacie,  donne  des  détails  sur  le  person- 
nage représenté  par  Clouet  :  c'est  un  certain  Pierre 
Quthe,  apothicaire  et  botaniste  parisien  dont  on 
rencontre  fréquemment  le  nom  et  la  signature  dans 
les  archives  des  apothicaires  de  Paris. 

On  ignorerait  la  date  de  sa  naissance,  sans  la 
peinture  de  Clouet  qui  le  dit  âgé  de  43  ans  en  1362; 
mais  on  sait  que,  reçu  maître  apothicaire  et  épicier 
de  Paris,  il  s'établit  dans  la  rue  Sainte-Avoye  en  1544, 
non  loin  de  son  ami  François  Clouet,  dit  Janet,  qui 
demeurait  dans  la  même  rue.  Apothicaire  fortuné, 
possesseur  d'un  jardin  on  il  cultivait  les  plantes 
médicinales  nouvellement  importées  d'Amérique, 
homme  d'un  commerce  agréable,  Pierre  Quthe  était 
lié  avec  des  savants  qui  lui  ont  consacré  quehiues 
lignes  dans  leurs  ouvrages  —  par  exemple  le  médecin 
Jean  Liébault  ou  le  médecin  Adrien  Le  Tartier. 

M.  Dorveaux  a  relevé  son  nom  en  1544,  1577,  1.578; 
l'année  suivante  son  fils  est  reçu  aussi  maître  apothi- 
caire; en  1580,  P.  Quthe  l'alné  est  élu  garde  apothi- 
caire et  en  1588,  juge  des  marchands.  On  ignore  la 
date  de  sa  mort. 

L'Ecole  de  pharmacie  possède  une  petite  galerie  de 
tableaux,  à  laquelle  manque  le  portrait  de  P.  Quthe 
qui  vient  d'entrer  au  Louvre;  mais,  en  revanche,  les 
archives  de  la  Société  de  pharmacie  permettent,  on 
le  voit,  de  faire  revivre  un  peu  ce  personnage  que 
son  ami  François  Clouet  a  représenté  accoudé  à  une 
table,  sur  laquelle  est  ouvert  un  album  de  botanique. 

Les  Débats  (27  juin).  —  M.  .\dolphe  Jlli.ien  ter- 
mine sa  chronique  musicale  par  une  note  sur  l'expo- 
sition des  Cent  Pastels  qu'il  est  intéressant  de  résumer 
ici,  car  l'auteur  y  propose  une  identification  inté- 
ressante des  deux  beaux  pastels  de  Nattier  qui  ont 
été  si  remarqués  à  la  galerie  Georges  Petit. 

M.  S.  Bardac  avait  envoyé  deux  portraits,  que  le 
catalogue  désignait  sous  le  nom  de  M.  Le  Hoyer, 
conseiller  au  Parlement  de  Pai-is  et  M"'  Le  Royer. 
D'aucuns  —  et  en  particulier  M.  L.  de  Fourcaud,  dans 
son  article  sur  les  Cent  Pastels,  publié  par  la  Revue 
d»  ce  mois  de  juillet  —  avaient  marqué  de  la  sur- 
prise en  voyant  un  violon  et  un  clavecin,  auprès  du 
prétendu  conseiller  occupé,  non  à  rédiger  un  arrêt, 
mais  à  écrire  de  la  musique  ;  de  même,  on  ne  voyait 
pas  sans  étonnement  M""  Le  Hoyer,  tenant  entre 
ses  doigts  un  masque  d'Arlequine. 

Or,  M.  A.  Jullien  a  démontré  que  le  pseudo- 
conseiller  Le  Royer  n'est  autre  que  Joseph-Mcolas- 
Puncrace  Royer,  maître  de  musique  des  enfants  de 
France,  inspecteur  général  de  l'Opéra,  né  en  1705, 
mort  en  1755  et  auteur  de  quelques  opéras,  parmi 
lesquels  une  Zaide,  représentée  avec  succès  à  l'Opéra, 
en  1739,  et  qu'il  est  justement  en  train  de  composer 
sur  le  portrait  de  Nattier  :  on  lit  en  efl'et,  en  haut 
de  la  page  où  le  musicien  vient  d'écrire  une  ritour- 
nelle pour  violon  et  llùte  :  Scène  i,  Zdide  seule. 


Quant  à  sa  femme,  elle  appartenait  vraisembla- 
blement au  monde  du  théâtre. 

Italie 

BoUetino  d'arte  del  Ministero  délia  Publica 
Istruzione  (II,  fasc.  2).  —  M.  Laudedeo  Tksti  publie 
un  Chff-d'irure  inconnu  :  il  s'agit  d'une  Vierge  à 
l'Enfant  avec  saint  Jean,  œuvre  du  Corrège,  acquise 
l'an  dernier  par  la  Galerie  nationale  de  Rome,  par 
l'intermédiaire  du  musée  de  Parme,  à  la  direction 
duquel  l'œuvre  avait  été  offerte. 

—  M.  Gust.  GiovANNONi  parle  de  l'installation  du 
groupe  de  Canova,  Hercule  et  Lycas,  dans  une  nou- 
velle salle  de  la  Galerie  nationale  de  Rome,  construite 
et  aménagée  spécialement  pour  cette  œuvre. 

—  La  Collection  Geymuller-Campello,  récemment 
acquise  par  l'État  pour  le  musée  des  Offices,  se 
compose,  dit  M.  P.  .\.  Fekiu,  de  228  dessins  anciens, 
réunis  en  trois  volumes  :  ce  sont  des  œuvres  d'An- 
tonio da  Sangallo  et  de  Francesco,  son  neveu,  de 
Bramante,  de  Fra  Giocondo,  de  Giuliano,  Antonio  et 
Francesco  da  Sangallo,  de  Vasari,  etc.,  d'un  intérêt 
capital  pour  l'histoire  de  l'architecture  du  xv*  et  du 
XVI'  siècle. 

—  Les  Bustes  du  cardinal  Scipion  Rorghèse  et  une 
sculpture  de  la  manière  du  Rernin  à  la  galerie 
Borglièsè,  par  Ettore  Modigliani.  —  Après  avoir  été 
transportés  de  Rome  à  Venise  en  1891,  les  deux 
bustes  du  cardinal  Scipion  Rorghèse,  par  le  cavalier 
Rernin,  ont  réintégré  le  casino  de  cette  villa  qui  était 
leur  asile  naturel  et  historique,  et  où  leur  rentrée 
était  négociée  depuis  le  jour  où  les  collections  de  la 
galerie  Rorghèse  furent  devenues  propriété  nationale 
(1902).  L'auteur  retrace  l'histoire  de  ces  bustes,  dont 
le  premier  en  date  fut  exécuté  vers  1623-1626,  et  il 
ajoute  quelques  notes  sur  un  buste  de  vieille  femme, 
de  l'école  romaine  du  xvii*  siècle,  qui  est  entré 
récemment  à  la  galerie  Rorghèse  et  qui  peut  être 
attribué,  sinon  à  Rernin  lui-même,  tout  au  moins  .-i 
l'un  de  ses  meilleurs  disciples. 

Roumanie 

Arta  româna  I,  3-4,  lassy;.  —  Sous  la  direction 
de  M.  A.-D.  Atanasiu,  celte  revue  s'occupe  de  l'en- 
seignement des  beaux-arts  et  de  la  musique  en  Rou- 
manie, en  appuyant  sur  les  lacunes  de  cet  enscigne- 
iiicnl  à  lassy,  la  seconde  capitale  du  royaume,  mais 
dont  l'École  et  le  Conservatoire  sont  fort  négligés.  — 
Articles  de  Ed.  Cauhella,  de  Ath.  Thkhdokim; 
critique  très  juste  de  l'Exposition  Gropeano  et  Voi- 
nescot  à  Bucarest,  par  Vasile  Ravici;  deuxième  étude 
de  T.  T.  RuiiADA,  sur  les  instruments  de  musique 
chez  le  peuple  roumain  :  le  bucium,  buccin  des  Ro- 
mains, conservé  par  les  pâtres  des  Carpathes.  —  M.  .M. 

Le  Gérant  :  H.  Dknis. 

Pans.  —  Imfi.  ii«orK««  Hem.  11,  rue  (iodol-de-Maurot. 


Numéro  391. 


Samedi  25  Juillet  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


Une  vieille  histoire 


A  propos  de  l'article  paru  dans  le  dernier 
numéro  du  Bulletin,  sur  les  questions  en  suspens 
pour  cause  de  difficultés  survenues  entre  la  Ville 
et  l'État,  un  lecteur  veut  bien  nous  rappeler 
l'histoire  de  l'École  des  arts  décoratifs. 

C'est  une  vieille  histoire.  Peut-être  se  souvient- 
on  que  le  Bulletin  du  8  septembre  1900  (n°  225) 
l'exposa  au  bref,  en  énumérant,  sous  le  titre 
ironique  :  Comment  on  reconstruit  une  école, 
toutes  les  promesses  faites  et  tous  les  engage- 
ments pris,  de  1879  à  1900,  pour  la  rééditication 
du  taudis  de  la  rue  de  l'École  de  Médecine. 

Il  y  a  huit  ans  de  cela,  et  depuis  lors  la  ques- 
tion n'a  pas  fait  un  pas. 

Ou  plutôt,  elle  en  avait  fait  un  en  1906  :  les 
pourparlers  avaient  été  repris  entre  la  Ville  et 
l'État.  Mais  à  l'heure  actuelle  ces  pourparlers 
n'ont  pas  encore  abouti.  Il  est  seulement  con- 
venu que  la  Ville  donnera  le  terrain  (on  parle 
de  l'ancienne  annexe  de  l'Hôtel-Dieu)  et  que 
l'État  paiera  les  constructions;  il  ne  reste  plus 
qu'à  se  mettre  d'accord  sur  le  choix  du  terrain, 
la  combinaison  financière,  la  refonte  des  pro- 
grammes, etc.,  c'estassez  dire  que  la  solution  récla- 
méedepuis  1879  n'est  pas  encore  près  d'intervenir. 

D'ailleurs,  le  Conseil  municipal  est  saisi  d'un 
rapport  de  -M.  Deville,  proposant  l'envoi,  dans 
divers  pays  d'P^urope,  de  délégations  chargées 
d'étudier  la  question  des  programmes. 

lionne  idée,  cela,  mais  qui  ne  permet  pas  de 
lixer  d'ici  longtemps  la  date  d'inauguration  de 
la  future  école  ! 

E.  D. 


IL      ECHOS    ET    NOUVELLES 
Légion  d'honneur.  —  Ont  été  promus  ou  nommés 
ans  l'ordre  de  la  Légion  d'honneur,  à  l'occasion  du 
14  juillet,  sur  la  propo.sition  du  ministre  de  l'Instruc- 
in  publique  et  des  Beaux-Arts  : 


I 


Officiers  :  MM.  Paul  Gervais,  peintre,  et  Jules 
Desbois,  sculpteur. 

Chevaliers  :  MM.  Bomier,  inspecteur  de  l'École 
nationale  des  beaux -arts;  Déchenaud,  Delance, 
Gueldry,  Jobert  et  Geo  Roussel,  peintres  ;  Peyrol, 
sculpteur  ;  A.  Mignon,  graveur. 

—  Dans  la  liste  des  décorations  faites,  sur  la  pro- 
position du  ministre  des  Colonies,  à  l'occasion  de 
l'Exposition  coloniale  de  Marseille,  nous  relevons  les 
noms  de  MM.  Silbert,  Itéalier-Dumas  et  Leroy,  artistes 
peintres,  nommés  chevaliers  de  la  Légion  d'honneur. 

—  Sont  promus  au  grade  d'officier  de  la  Légion 
d'honneur,  à  titre  étranger  :  MM.  W.  Mac  Ewen  et 
P.  'W.  Bartiett,  artistes  peintres. 

—  M.  Legastebois,  architecte  du  monument  élevé 
à  Épinay  aux  victimes  du  combat  d'Épinay  (30  no- 
vembre 1870),  et  inauguré  le  19  juillet,  a  été  nommé 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

^  Le  21  juillet,  au  cours  d'une  visite  faite  par  M.  le 
président  Falliéres  à  la  Glyptothèque  de  Copenhague, 
M,  Jacobsen,  à  qui  le  Danemark  doit  le  merveilleux 
musée  où  l'école  française  est  si  admirablement 
représentée,  a  reçu  la  cravate  de  conunandeur  de  la 
Légion  d'honneur. 

Académie  française  (séance  du  2  juillet).  —  Le 
prix  Charles  Blanc  (1.800  fr.,  réservé  aux  ouvrages 
sur  les  beaux-arts),  est  ainsi  réparti  :  800  fr.  à 
M.  J.  Combarieu  (la  Musique,  ses  lois  et  son  évolulion); 
500  fr.  à  M.  A.  Boschot  [un  Romantique  sous  Louis- 
Philippe  :  Hector  Berlioz),  et  500  fr.  à  M.  L.  Gillet 
(Raphaël,  publié  dans  la  collection  des  Maîtres  de 
l'art). 

Académie  des  beaux-arts  (séance  du  il  juillet). 
—  L'Académie  des  beau.x-arts  a  attribué  le  prix 
Hautmont,  de  la  valeur  de  1.000  fr.  (à  décerner  à  la 
suite  d'un  concours,  au  meilleur  tableau  de  paysage 
avec  figure),  à  M.  Iluet,  et  le  prix  Rouyer,  de  la 
valeur  de  1.800  fr.  (à  décerner  à  un  relevé  d'archi- 
tecture), à  M.  Ventre. 

Des  mentions  honorables  sont  accordées,  pour  le 
premier  concours,  à  M.  de  Gastyne,  et,  pour  le 
second,  à  M.  Adolphe  Thicrs. 

Académie   des  inscriptions  et  belles-lettres 

(séance  du  10  juillet).  —  Le  prix  Delalande-Guérineau, 
de  la  valeur  de  1.000  fr.,  est  partagé  entre  M.  Moïse 
Schwab,  pour  son  Rapport  sur  les  inscriptions  hébraï- 


210 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


qucs  lie  l'Espagne,  et  M.   Emile  Vernier,   pour  son 
ouvrage  :  La  bijouterie  et  la  joaillerie  ér/;/plieniies. 

—  M.  LoDgnon  communique  une  note  de  M.  de 
Lasteyrie,  sur  l'église  Saint-Philibert  de  Grandlieu 
(Loire-Inférieure),  dont  certaines  parties  remontent 
à  l'époque  carolingienne,  notamment  le  chœur  et  la 
crypte. 

—  M.  Sénart  annonce  que  M.  Pelliot,  missionnaire 
de  l'Académie  dans  l'Asie  centrale,  vient  de  découvrir 
un  lot  de  documents  très  précieux  pour  l'archéologie 
de  l'Extrême-Orient,  intéressant  particulièrement 
l'histoire  de  la  Chine  orientale  et  du  bouddhisme 
(vin*  siècle  de  notre  ère). 

—  M.  Désiré  Ghaineux,  dessinateur  de  la  Comédie- 
Française,  continue  la  lecture  de  son  travail  sur  les 
Hypothèses  pour  la  reconstitution  du  costume,  de  la 
parure  et  de  l'armement  des  Grecs  primitifs, 

(Séance  du  17  juillet).  —  M.  Georges  Perrot,  secré- 
taire perpétuel,  donne  lecture  d'une  note  de  M.  Merlin 
sur  les  recherches  qui  ont  permis  de  retrouver  des 
épaves  de  bateaux  sombres ,  dans  l'antiquité,  à 
quelques  kilomètres  de  la  côte  de  Tunisie.  Ces  re- 
cherches vont  être  reprises  avec  le  concours  du 
ministère  de  la  Marine  et  un  crédit  voté  par  l'Aca- 
démie. 

—  M.  Gustafson,  directeur  des  musées  de  Chris- 
tiania, signale  la  découverte,  sur  la  côte  de  Norvège, 
àBetag,  d'une  sépulture  à  navire  du  temps  des  Vikings, 
qui  est  d'une  richesse  exceptionnelle.  La  tombe  est 
celle  d'une  reine  avec  laquelle  on  a  inhumé  son 
navire  d'apparat,  sa  voiture,  ses  traîneaux,  ses  che- 
vaux et  un  grand  nombre  d'objets  d'usage  et  de 
parure.  Le  bois  du  navire  est  décoré  avec  une  pro- 
fusion d'ornements  du  plus  beau  style.  L'ensemble  de 
cette  curieuse  trouvaille  va  être  reconstitué  au  musée 
de  Christiania. 

Musée  du  Louvre  —  On  vient  de  rouvrir  au 
public  les  salles  de  la  collection  Thomy  Thierry,  au 
second  étage  du  musée  du  Louvre,  qui  avaient  été 
fermées  pour  cause  des  travaux  de  consolidation  du 
plafond.  La  conservation  des  peintures  a  profité  de 
cette  réinstallation  pour  reuianier  de  la  façon  la  plus 
heureuse  la  disposition  de  ces  salies,  ainsi  que  celle 
des  deux  salles  précédentes,  consacrées,  lune  à  la 
première  partie  du  xix*  siècle  et  à  l'époque  roman- 
tique, et  l'autre  aux  maîtres  du  second  Empire. 

Musée  de  Cluny.  —  Le  musée  de  Cluny  a  reçu 
de  M.  Salet  un  lot  de  fa'i'ences  italiennes  du  xvi*  siècle; 
et  de  M.  de  Torcy,  des  figurines  en  ivoire  et  des 
pièces  de  bronze  du  xiii*  siècle. 

En  outre,  le  musée  a  acquis  divers  objets  :  un 
petit  rouet  de  l'époque  Régence;  un  Christ  mort, 
œuvre  de  l'école  de  Toulouse  du  xv*  siècle;  un  pan- 
neau de  porte,  avec  figure  d'homme,  du  xvi*  siècle; 
un  col  de  dentelles  de  l'Iandre  et  toile  de  Hollande, 
du  temps  de  Louis  XIII. 


Musée  Galliera.  —  L'exposition  spéciale  annuelle 
sera  consacrée,  en  1909,  à  la  vorrcrie  et  .i  la  cristal- 
lerie artistiques  françaises  modernes,  à  leur  décor  et 
à  leur  monture.  Une  rétrospective,  limitée  au 
xn'  siècle,  sera  adjointe  à  l'exposition. 

Musée  'Victor  Hugo.  —  On  a  volé  au  musée 
Victor  Hugo  une  toile  de  llaffct,  d'après  une  des 
jiriucipales  scènes  de  Notre-Dame  de  l'aris. 

Musée  de  'Versailles.  —  Le  musée  de  Versailles, 
qui  possède  un  profil  à  la  cire  de  Louis  XIV  âgé  de 
soixante-huit  ans,  œuvre  du  mnttre-cirier  Antoine 
lîcnoist,  vient  d'acquérir  en  Autriche  le  dessin  d'après 
lequel  ce  portrait  a  été  fait. 

Petit  Palais.  —  M.  Henri  Rochefort  a  olfert  au 
Pal.iis  des  beaux-arts  de  la  Ville  de  Paris,  son  por- 
trait par  M.  M.  Baschet,  qui  a  valu  à  son  auteur  I.t 
médaille  d'honneur  du  dernier  Salon. 

—  Sur  la  proposition  de  M.  II.  Turot,  le  conseil 
municipal  a  adopté  un  projet  d'essai  de  musée  du 
soir  à  la  collection  Dutuit. 

Bibliothèque  nationale .  —  La  Bibliothèque 
nationale  a  reçu  en  don  de  M.  de  .Naurois,  le 
bibliophile  décédé  il  y  a  quelque  temps,  une  impor- 
tante collection  de  manuscrits  d'écrivains  des  xvii* 
et  xvrii'  siècles.  Cette  collection  comprend  des  livres 
sur  vélin  et  des  manuscrits  avec  miniatures,  annotés 
par  Jean  et  Louis  Racine  et  par  André  Chénier;  des 
lettres  autographes  de  Jean  Racine,  Jean-Baptiste 
Rousseau,  Louis  Racine,  Voltaire,  .Nicolle,  d'Agues- 
seau,  etc..  et  enfin,  tous  les  manuscrits  de  Louis 
Racine,  odes,  psaumes,  commentaire  sur  les  évangé- 
lisles  et  projets  d'ouvrages  qui  ne  furent  pas  publiés. 

École  des  beaux-arts.  —  L'école  des  beaux-arts 
reçoit  deux  nouveaux  professeurs  :  M.  Blavetic,  ar- 
chitecte en  chef  des  bâtiments  civils  et  dos  palais 
nationaux,  remplace,  comme  professeur  de  théorie 
de  l'architecture,  M.  Guadct,  décédé,  et  M.  Masson, 
ingénieurdes  ponts-et-chaussées,  remplace  à  la  chaire 
de  stéréotomie  M  Marcel  Lambert,  appelé  à  d'autre» 
fonctions. 

Prix  de  Rome.  —  Musique.  —  Grand  prix  : 
M.  André  dailliard,  élève  de  M.  Ch.  Lenepvcu  ;  pas 
de  second  grand  prix.  Le  deuxième  second  grand  prix 
a  été  décerné  à  M"'  Nadia  Boulanger,  élève  de 
M.  Widor. 

Le  livret,  di'i  à  MM.  Adenis  et  Uesveaux-Vériic, 
était  intitulé  la  Sirène. 

Peinture.  —  Le  sujet  proposé  était  l'épisode  bien 
connu  du  jeune  Tarcisius,  martyrisé  sur  la  voie 
Appicnne,  un  jour  ijuil  portait  sur  lui  le  sacrement 
de  l'Eucharistie  et  que  les  païens  voulurent  l'obliger 
.i  leur  livrer. 

Grand  prix  :  M.  Lefeuvre.  né  à  Paris  en  1882,  élève 
de  MM.  J.  Lefebvre  et  T.  Robcrt-Fleury  ;  second 
grand  prix  ;  M.  Prat,  élève  de  M.  Coriuon;  deuxième 
second  grand  prix   :  M.  Berge»,  élève  de  M.  Cormon. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


2H 


!>eutj)ttn'e.  —  Lesartistesavaient  àtraiterlesujct  sui- 
vant :  «  Après  la  victoire  de  Salaiiiine,  le  jeune  puète 
Sophocle  fut  choisi,  à  cause  de  sa  beauté,  pour  être 
le  coryphée  des  adolescents  athéniens  qui,  la  lyre  en 
main,  le  corps  nu  et  parfumé,  chantèrent  l'hymme  de 
la  Victoire  ». 

Grand  Prix  :  M.  Gaumont,  né  en  1880,  à  Tours, 
élève  de  MM.  Barrias,  Coutan  et  Sicard. 

Grand  prix  réservé  de  1907  :  M.  Grenier,  né  en 
1880,  à  Paris,  élève  de  F.ilguière,  et  de  MM.  Mercié 
et  Larche. 

Premier  second  grand  prix  :  M.  Ponsard,  né  en 
1880,  ;i  Paris,  élève  de  Thomas  et  de  M.  Injalbert. 

Deuxième  second  grand  prix  :  M.   Lejeune,   né   en 

1884,  ;i  Livret-sur-Authon  (Eure),  élève  de  Thomas  et 
de  M.  Injalbert. 

Gravures  en  médailles.  —  Le  sujet  à  traiter  était 
une  Jeune  fille  à  sa,  loiletle. 

Premier  grand  prix  :  M.  Uammann,  né  en  188';,  à 
Montgeron,  élève  de  M.  Chaplain. 

Premier  second  grand  prix   :   M.   Dropsy,   né  en 

1885,  à  Paris,  élève  de  M.  Injalbert. 

Deuxième  second  grand  prix  :  M.  Kraisse.néen  1880, 
à  Beauue,  élève  de  MM.  Chaplain,  Coutan  et  Vernon. 

Les  Récompenses  du  Salon.  —  Le  prix  Henner 
(3.000  fr.),  fondé  par  M.  .lulos  Henner,  neveu  et  léga- 
taire du  peintre,  a  été  décerné  à  M.  Paul  Gervais, 
pour  son  tableau  la  Fontaine  de  Jouvence. 

Société  de  l'histoire  de  l'art  français  (juin- 
juillet).  —  M.  K.-L.  liruel  apporte  k  la  Société  trois 
portraits  inédits  de  Fredon  :  le  duc  de  Bourgogne, 
le  comte  d'Artois  et  le  comte  de  Provence. 

—  M.  François  Benoit  présente  un  calvaire  du 
musée  de  Lille,  qu'il  pense  être  de  l'école  de  Bour- 
dichon. 

—  M.  Stein  lit  un  document  relatif  à  une  expertise 
au  xiv  siècle  et  détermine  la  demeure  de  P.  Quttius 
(Cutte),  dont  le  portrait  par  François  Clouet  vient 
d'entrer  au  Louvre. 

—  M.  C.  Dreyfus  étudie  les  statues  du  dôme  des 
Invalides  au  xviii"  siècle. 

—  M.  M.  Furcy-Raynaud  présente  enfin  un  buste 
de  Voltaire  et  un  buste  du  maréchal  de  Saxe,  par 
L. -Philippe  Mouchy. 

A  la  séance  de  juillet,  M.  J.-J.  Guill'rey  fait  une 
communication  sur  les  Dumonstier,  et  .sur  la  liste  des 
grands  prix  de  Rome,  qu'il  vient  de  publier  en 
collaboration  .avec  le  secrétaire  de  l'Académie  de.s 
beaux-arts. 

—  Le  XVI"  volume  de  la  Corresjtondance  des  direc- 
teurs de  l'Académie  de  France  à  Home  et  le  premier 
volume  de  la  nouvelle  série  des  Archives  de  l'art 
f'raniuis  sont  mis  en  distributiou. 

Les  fouilles  d'Alesia.  —  La  Société  des  sciences 
liistori(iucs  et  naturelles  de  Senmr  tiendra  sa  séance 
solennelle  le  5  août,  à  Alise-Sainte-Reine,  sur  le 
Mont-Auxois.   M.  Dieulafoy  présidera  cette  réunion, 


qui  promet  d'avoir  un  grand  éclat  et  qui  ne  manquera 
pas  d'attirer  de  nombreux  visiteurs  aux  fouilles 
d'Alesia. 

A  Berlin.  —  Du  6  au  12  août,  se  tiendra  à  Berlin, 
un  congrès  d'histoire  de  l'art,  sous  la  présidence  de 
M.  Willielm  Bode,  directeur  général  des  musées  de 
Berlin. 

A  Munich.  —  Parmi  les  dernières  acquisitions  de 
la  Collection  graphique  (Cabinet  des  estampes),  signa- 
lons :  trois  eaux-fortes  de  Israël  van  Meckenem  ;  quel- 
ques belles  épreuves  de  Diirer  :  Vie  de  Marie  ;  un  bois 
rare  de  l'école  de  Diirer  :  Sainte  Trinité.  Une  des 
plus  rares  eaux-fortes  de  paysages  de  Ilerkules 
Segers,  d'autres  bonnes  pièces  hollandaises,  italiennes, 
françaises  :  Callot,  Demarteau  et  Bonne  (en  couleurs). 
Pour  les  modernes.  Peter  Behrens,  Fritz  Boehle,  Eug. 
llu;ss,  Max  Liebermann,  B.  Pankok,  Fr.  Ilegenbart, 
et  toute  une  série  de  graveurs  sur  bois  originaux 
d'une  virtuosité  remarquable.  —  M.  M. 

A  Nuremberg.  —  Le  Musée  Germanique,  ([ui 
forme  déjà  une  ville  dans  la  ville,  est  comble;  toutes 
les  salles  sont  bondées.  Le  premier  soin  de  l'Assem- 
blée administrative  de  cette  année  vient  d'être  le  vote 
d'un  nouvel  agrandissement.  Comme  suite  au  rapport 
du  directeur,  M.  de  Betzold,  la  commission  a  décidé 
l'achat  de  l'emplacement  de  la  fabrique  Beck,  qui 
représente  la  moitié  de  celui  qu'occupe  actuellement 
le  musée.  Les  conditions  de  vente  sont  déjà  fixées  par 
acte  notarié  :  la  somme  se  montera  à  1.350.000  marks, 
qui  sera  couverte  par  une  hypothèque  ou  un  emprunt 
et  des  dons  volontaires.  —  M.  M. 

A  Trêves.  —  A  la  suite  de  la  visite  du  ministre 
de  l'Intérieur,  von  Moltke,  le  gouvernement  a  décidé 
la  remise  en  état  du  fameux  amphithéâtre  romain, 
qui  servirait  ensuite  à  de  grands  Feslspiele  populaires. 
La  presse  artistique  allemande  redoute  une  restau- 
ration dans  le  goût  de  Iloch  Kœnigsburg  et  espère 
que  la  ville  et  les  corporations  conservatrices  de  la 
Il  Rome  allemande  »,  trouveront  les  moyens  d'empê- 
cher une  vaine  dilapidation  de  fonds  et  la  destruc- 
tion de  ces  ruines.  —  M.  M. 

A  Saint-Moritz.  —  Le  9  septembre  prochain, 
neuvième  anniversaire  de  la  mort  de  Segautini,  on 
inaugurera  à  Saint-Moritz  un  musée  consacré  au 
peintre  de  l'Engadine. 

Nécrologie.  —  M.  Gaston  Cougny,  qui  vient  de 
mourir  à  Bourges,  où  il  était  directeur  de  l'école  des 
arts  appliqués,  avait  été  professeur  d'histoire  de  l'art 
à  Paris,  et  c'est  en  cette  qualité  qu'il  avait  publié, 
de  1894  à  1896,  un  choix  de  lectures  sur  l'histoire  de 
l'art  dans  l'auliquité,  le  moyen  âge,  la  Renaissance 
et  les  temps  modernes. 

—  Le  sculpteur  l'aul  Lcfebvre,  qui,  après  avoir 
connu  jadis  le  succès,  était  tombé  dans  la  misère, 
s'est  suicidé  à  Paris,  à  l'âge  de  80  ans. 


212 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


—  Af.  Philippe  Auquier,  conservateur  du  musée  de 
Marseille,  vient  de  mourir  en  cette  ville  à  l'âge  de 
45  ans.  Après  avoir  appartenu  à  la  presse  parisienne, 
il  avait  été  appelé,  voilà  douze  ans,  à  la  conservation 
du  palais  de  Longchamp,  et  l'on  sait  ce  qu'il  y  a 
dépensé  de  travail,  de  goût  et  d'initiative  à  faire  con- 
naître les  ouvrages  de  l'école  provençale.  Il  avait 
notamment  réuni,  dans  une  salle  spéciale,   le  plus 


grand  nombre  possible  d'œuvres  de  Pierre  Puget  ; 
grâce  à  lui,  sculptures  et  dessins,  moulages  et  pho- 
tographies, attestent  le  génie  du  grand  artiste  auquel 
il  avait  voué  une  admiration  fervente  et  consacré  une 
excellente  monographie,  ainsi  que  plusieurs  bro- 
chures (notamment  un  Catalo'/ue  de  l'œuvre  de  l'ugel 
réuni  au  palais  de  Longchamp,  qui  vient  de  paraître 
il  y  a  quelques  jours. 


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CHRONIQUE    DES  VENTES 


ESTAMPES 

Collection  J.  Gerbeau  (estampes  anciennes 
et  modernes).  —  Notre  collaborateur  M.  Marcel 
Nicolle  a  parlé  tout  au  long  de  la  vente  des 
peintures  et  objets  d'art  provenant  de  la  collec- 
tion de  feu  M.  Jules  Gerbeau;  mais  le  compte 
rendu  de  cette  série  de  vacations,  qui  compteront 
parmi  les  plus  intéressantes  de  cette  saison, 
serait  incomplet,  si  on  n'y  ajoutait  celui  des 
deux  ventes  d'estampes  provenant  de  la  même 
collection  et  dont  le  manque  de  place  nous  a 
empêché  de  parler  en  leur  temps. 

La  première  de  ces  deux  ventes,  consacrée 
aux  estampes  anciennes,  s'est  faite  du  12  au 
15  mai,  salle  6  (M"  Bizouard  et  H.  Baudoin, 
M.  Danlos);  elle  s'est  clôturée  sur  le  total  de 
320.413  francs;  la  vente  d'estampes  modernes, 
faite  du  25  au  27  mai,  n'a  pas  donné  un  résultat 
moins  remarquable  :  139.078  francs.  Ce  n'est 
pas  souvent  qu'on  trouve  à  signaler  un  chiffre 
de  459.491  francs  pour  une  vente  d'estampes,  et 
il  n'est  que  juste  de  donner  de  celle-ci  un  compte 
rendu  détaillé. 

Parlons  d'abord  des  estampes  anciennes.  Le 
catalogue  comprenait  environ  750  numéros, 
représentant,  à  peu  d'exceptions  près,  tout  ce 
qui  a  un  nom  dans  la  gravure  du  xviii'  siècle  ; 
on  y  trouvait  aussi  quelques  œuvres  du  xvir 
(des  Itembrandt  entre  autres)  ;  mais,  sauf  deux 
ou  trois  Diirer,  rien  de  date  plus  ancienne.  Le 
succès  a  été,  une  fois  de  plus,  aux  petits  maîtres 
français  du  xviu=  siècle,  dont  certains  comme 
Baudouin,. Debucourt,  Janinet,  Lavreince,  étaient 
représentés  par  de  nombreux  exemplaires  et  de 
belle  qualité;  aussi  la  lutte  a-t-elle  été  vive  et  la 
grosse  enchère  souvent  atteinte. 

Ainsi,  on  a  donné   12.000  francs  pour  trois 


gravures  du  Coucher  de  la  mariée,  de  Baudouin 
(n"  151-153);  —  8.100  fr.  pour  l'Oiseau  ranimé, 
de  Debucourt  (n"  338)  ;  —  5.200  fr.  pour  la  Pro- 
menade publique,  du  même  (n»  352);  —  8.900  fr. 
pour  le  Menuet  de  la  mariée  et  la  Noce  au  château 
(ensemble),  du  même  (n°  337)  ;  —  5.750,  4.700, 
4.440  fr.  pour  des  gravures  en  couleurs  d'après 
Lawreince  (n»"  523,  524,  534);  —  6.600  fr.  pour 
les  Dons  imprudents  et  le  Retour  à  la  vertu 
(ensemble),  de  J.  de  Longueil  (n°  563). 

Au  surplus,  la  longue  liste  des  prix  supérieurs 
à  500  francs  que  nous  allons  publier,  achèvera 
de  donner  aux  amateurs  d'estampes  la  physio- 
nomie de  cette  vente  ;  mais  auparavant,  il  faut 
encore  signaler  la  belle  tenue  des  gravures  de 
l'école  anglaise  d'après  Hoppner  et  surtout 
d'après  Reynolds;  celles-ci  ont  rivalisé  avec  les 
pièces  françaises  les  plus  haut  cotées  et  les  ont 
même  dépassées  parfois  :  le  Portrait  de  la  com- 
tesse Harrington  avec  ses  enfants,  par  Bartolozzi, 
d'après  Reynolds  (n"  629),  avec  sa  belle  enchère 
de  9.200  francs,  bat  tous  les  records  pour  cette 
vente.  On  peut  y  ajouter  les  5.000  fr.  et  les  5.600 
obtenus  par  le  n"  619,  Jtfiss  Sarah  Campbell,  et  le 
n"  641,  Lady  Smith  et  ses  enfants,  celle-ci  par 
Bartolozzi  et  celle-là  par  V.  Green. 

PRINCIPAUX     PRIX 

iv-xvii* SIÈCLES.  — 13.  A.  Durer.  La  Crande Fortune, 
660  fr. 

fHùivre  important  de  Robert  Nanteuil  (36-39); 
meilleur  prix  :  38.  Pompone  de  Bellièvre,  480  fr. 

Parmi  les  Rembrandt  (73-87),  citons  :  79.  Mendianln 
à  la  porte  d'une  maison,  l"  état,  sur  japon,  avant  les 
contretailles,  1.750  fr.  —  80.  Le  Moulin  de  Rembrandt, 
600  fr.  —  81.  Homme  à  barbe  courte  et  bonnet  fourré, 
510  fr.  Les  autres  pièces  entre  100  et  500  fr. 

.wiii'  siKc.LK.  —  135.  Anselin.  M'"<-  de  Pompadour, 
d'après  C.  Van  Loo,  510  fr.  —  141.  Bartolozzi.  L'Ar- 


ANCIEN    ET   MODERNE 


213 


I 
I 


chiduchesse  d'Autriche  Marie-Chrisline,  en  coul., 
d'après  Roslin,  500  fr. 

D'après  Baudouin  :  150.  l.e  Chemhi  de  la  fortune, . 
par  Voyez  aîné,  avant  lettre,  t. 460  fr.  —  451-153.  Trois 
épreuves  avant  lettre  du  Coucher  de  la  mariée,  gravé 
à  l'eau-foite  par  J.-M.  Moreau  et  terminé  au  burin 
par  Simonet,  ensemble,  12.000  fr.  —  l;i8.  L'Enlève- 
ment nocturne,  par  N.  Ponce,  avant  lettre,  1.500  fr. 

—  161.  Le  Lever,  par  Massard,  avant  lettre,  1.920  fr. 

—  162.  Les  Heures  du  jour,  quatre  pièces  f;r.  par  de 
Ghend,  avant  lettre,  1.000  fr.  —  163.  Les  mêmes, 
610  fr.  —  166.  Qu'est  là  ?  —  Ji  vais.  Deux  pièces  gr. 
par  L.  Marin,  750  fr.  —  173.  La  Toilette,  par  N.  Ponce, 
SIO  fr.  —  174.  D'après  Baudouin  et  Iluet.  Le  Déjeu- 
ner, le  GoiUer,  It  Dîner,  le  Souper,  quatre  pièces  gr. 
par  Bonnet,  en  coul.,  1.680  fr. 

175.  Beauvarlet.  M'"^  du  Barry,  d'après  Drouais, 
avant  la  lettre,  560  fr.  —  179.  D'après  L.  Boilly.  L'Op- 
tique, l'.imour  couronné,  deux  pièces  gr.  par  Caze- 
nave,  en  coul.,  1.660  fr. 

Parmi  les  pièces  d'après  Boucher  (203-212),  le  plus 
haut  prix  a  été  pour  le  n*  205.  Jeune  fille,  gr.  par 
Bonnet  en  imitation  de  pastel,  670  fr.  —  Le  213, 
Jupiter  et  Léda,  Diane  et  Calisto,  Diane  et  Endymion, 
Vénus  et  les  Aytiours,  quatre  pièces  gr.  par  Léveillé, 
d'après  Huet  et  Boucher,  1.000  fr. 

Les  Chardin,  assez  nombreux  (227-243),  ont  aussi 
réalisé  quelques  bons  prix  :  234.  Le  Jeu  de  l'oye,  par 
Surugue,  510  fr.  —  235.  La  Maîtresse  d'école,  par 
Lépicié,  et  241.  ie  Toton,  1.160  fr.  —  240.  La  Serinette, 
par  L.  Cars,  520  fr.  —  2.i2.  Les  Tours  de  cartes,  par 
Surugue,  510  fr. 

Des  albums  de  costumes  du  xvm'  et  du  xix*  siède 
ont  été  peu  disputés  ;  plus  hauts  prix  :  260.  L.  Boilly. 
Recueil  de  grimaces,  125  pièces  coloriées,  670  fr.  — 
263.  H.  Daumier.  Robert  Macaire,  100  pièces  coloriées, 
660  fr.;  —  et  316.  Portes  et  fenêtres,  pièces  à  trans- 
formations par  Bouchot,  Pigale,  etc.,  820  fr.  On  peut 
ajouter  à  cette  série  les  pièces  sur  les  courses,  no- 
tamment le  329.  l'repariny  to  start  et  Comin;/  in, 
deux  pièces  gr.  par  C.  Turner,  d'après  Agasse,  950  fr. 

335.  Les  Prunes,  les  Cerises,  deux  pièces  gr.  par 
Vidal,  d'après  Davesnes,  1.110  fr. 

Debucourt  comptait  à  lui  seul  trente-sept  nu- 
méros du  catalogue  (.336-,'3'3),  et,  comme  à  l'ordi- 
naire, c'est  qui  lui  l'a  de  beaucoup  emporté  par  la 
quantité  des  beaux  prix  ;  on  en  jugera  par  les 
enchère*  suivantes  : 

336.  Les  Deux  baisers,  d'après  le  tableau  de  Debu- 
court exposé  au  Salon  de  1785  sous  le  titre  :  la  Feinte 
caresse,  en  coul.,  4.950  fr.  —  337.  Le  Menuet  de  la 
Mariée  et  la  Noce  au  château,  en  coul.,  8.900  fr.  — 

338.  L'Oiseau  ranimé  (1787),  en  coul.,  8.100    fr.  — 

339.  Promenade  de  la  galerie  du  Palais- Ho'jal  [MSI), 
en  coul.,  2.500.  —  340.  Promenade  du  jardin  du 
Palais-Royal  (il81),  en  coul.,  1.820  fr.  —  341.  Heur 
et  malheur  ou  la  Cruche  cassée  ;   l'Escalade  ou  les' 


Adieux  du  matin,  deux  pièces  en  coul.,  5.000  fr.  — 
342.  Le  Compliment  ou  la  Matinée  du  jour  de  Van  ; 
les  Bouquets  ou  la  Fête  de  grand'maman  (1787-1788), 
deux  pièces  en  coul.,  2.000  fr.  —  343.  La  Rose,  la  Main, 
(1788)  deux  pièces,  en  coul.,  4  200  fr.  —  345.  Annette 
et  Lubin  (1789),  en  coul.,  880  fr.  —  347.  Le  M''  de  La- 
fayelle,  en  coul.,  1.060  fr.  —  349.  La  Rose  mal  défen- 
due (1791),  épr.  en  coul.,  titre  gravé  au  pointillé, 
avant  l'adresse  de  Defeuille,  4.100  fr.  —  350.  La  même 
estampes,  710  fr.  —  352.  La  Promenade  publique 
(1792j,  avant  lettre,  en  coul.,  5.200  fr.  —  353.  La 
même  avec  lettre,  2.05O  fr.  —  356.  Minet  aux  aguets, 
en  coul.,  660  fr.  —  Les  autres  enchères,  au-dessous 
de  500  fr. 

Parmi  les  Demarteau  :  380.  M'"  Huet  lisant,  d'après 
Huet,  noir  et  sanguine,  600  fr. —  394.  Femme  et  enfant. 
Jeune  fille  donnant  à  manger  à  ses  poules,  d'après 
Boucher,  760  fr.  —  306.  Deux  Pastorales,  d'après 
Huet,  en  coul.,  640  fr. 

403.  Descourtis.  Wilhelmiiie  de  Prusse,  princesse 
d'Orange,  d'après  Tozelli,  760  fr.  —  405.  D'après  Dcs- 
rais.  Le  Mari  complaisant  et  Le  Mari  galant,  deux 
pièces,  grav.  par  Mixelle,  en  coul.,  610  fr. 

D'après  Kragonard  :  428.  La  Fuite  à  dessein,  par 
Macret  et  Couché,  705  l'r.  —  430.  Les  Hasards  lieureux 
de  l'escarpolette,  par  N.  de  Launay,  2.250  fr.  —  432. 
Ma  chemise  brûle,  en  coul.,  par  Legrand,  620  fr. 

435.  D'après  Freudeberg  :  le  Petit  jour,  par  L.  de 
Launay,  1950  fr.  —  439.  D'après  Gaiusborough. 
Mrs.  Elliot,  par  J.  Dean,  en  coul.,  850  fr.  —  441. 
D'après  Garneray.  Le  Roman,  le  Matin,  par  Mixelle, 
en  coul.,  1220  fr. 

L'ne  suite  de  33  planches  de  la  Tauromachie,  de 
Goya  (n«  447),  adjugée  600  fr. 

La  Laitière  de  Greuze,  gr.  par  Levasseur  (n'  452), 
avant  lettre,  1.320  fr. 

D'après  Hoppner  :  458.  La  Comtesse  d'Oxford,  gr. 
par  S.  W.  Reynolds,  930  fr.  —  460.  Sailor  girl,  gr. 
par  W.  Ward,  en  coul.,  3.000  fr. 

D'après  J.  B.  Huet  :  473.  L'Eventail  cassé,  par  Bon- 
net, en  couleurs,  920  fr.  —  477.  La  Pudeur  alarmée, 
par  Mixelle,  en  coul.,  590. 

Les  Janinet  (489-'d08)  ont  été,  comme  les  Beau- 
doin  et  les  Debucourt,  rivement  disputés  : 

489.  Marie-Antoinette,  en  coul.,  2.010  fr.  —  492. 
iV/"*  du  Th...  [Duthé),  en  coul.,  d'après  Lemoisne, 
1.250  fr.  —  493.  Nina,  d'après  Hoin  'Portrait  de 
jU"*  Dugazon),  en  coul.,  1.600  fr.  —  494.  L'.'gréable 
négligé,  l'Aimable  paysanne,  la  Compagne  de  Pomone, 
la  Réunion  des  plaisirs,  quatre  pièces  d'après  Beau- 
douin,  Saint-Aubin  et  Le  Clerc,  en  coul.,  1.920  fr.  — 
496. Les  Comédiens  comiques,  les  Rendez-vous  comi- 
ques, gr.  d'après  Watteau,  1.710  fr.  —  497.  La  Folie, 
d'après  Kragonard,  en  coul.,  1190  fr.  —  497  bis. 
l'Amour  et  la  Folie,  sans  marge,  1.220  fr. 

514.  Lasinio.  Portrait  de  E.  Dagoty,  l'inventeuur 
de  la  gravure  en  couleurs,  en  coul.,  1.910  fr. 


214 


LE    BULLETIN    DE    L'AKT 


Les  épreuves  d'après  N.  Lavreince,  très  nom- 
breuses également  (n"  516-î;B1),  ont  été  l'objet 
de  vives  compétitions  et  presque  tous  les  nu- 
méros ont  été  adjugés  au-dessus  de  500  francs. 

516.  L'Accident  Imprévu,  la  Sentinelle  en  défaut, 
deux  pièces  en  coul.,  grav.  par  Darcis,  605  fr.  — 
516  bis.  Ah  !  laisse-moi  donc  voir,  grav.  par  Janinet, 
en  couL,  1.460  fr.  —  517.  Ah  !  quel  doux  plaisir  !  et 
Je  louche  au  bonheur,  deux  pièces,  grav.  par  Copia, 
en  coul.,  105  fr.  —  518.  L'Assemblée  au  concert, 
l'Assemblée  au  salon,  deux  pièces,  grav.  par  Deque- 
vauviller,  2.060  fr.  —  519.  Le  Printemps,  l'Été,  l'Au- 
tomne, trois  uiédaillons  ronds,  grav.  en  coul.,  par 
Vidal,  950  fr.  —  520.  L'Aveu  difficile,  par  Janinet,  en 
coul.,  avant  lettre,  3.500  fr.  —  523.  Le  llillet  doux, 
avant  lettre,  et  542.  Qu'en  dit  l'abbé  ?  par  N.  de 
Launay,  4.700  fr.  —  524.  Les  Trois  sœurs  au  parc  de 
Saint-Cloud,  les  Grâces  parisiennes  au  bois  de  Vin- 
cennes,  deux  pièces,  grav.  en  coul.,  par  Chapuy, 
5.750  fr.  —  525.  Les  mêmes,  sans  les  marges, 
2.200  fr.  —  526.  La  Comparaison,  grav.  par  Janinet, 
en  cou!.,  1.110  fr.  —  530.  Le  Déjeuné  anglais,  la 
Leçon  interrompue,  deux  pièces,  grav.  en  coul.,  par 
Vidal,  1.500  fr.  —  531.  Le  Déjeuner  en  tête  à  tête, 
l'Ouvrière  en  dentelle,  en  coul.,  2.410  fr.  —  533. 
L'Heureux  moment,  par  N.  de  Launay,  1.650  fr.  — 
534.  L'Indiscrétion,  grav.  en  coul.,  par  Janinet,  avant 
lettre,  4.440  fr.  —  536.  Jamais  d'accord,  le  Serin 
chéri,  en  coul.,  3.510  fr.  —  539.  Mrs.  Merteuil  and 
Miss  Cécile  Yolange,  grav.  par  H.  Girard,  en  coul., 
710  fr.  —  540.  Les  Offres  sédtiisantes,  par  Delignon 
avant  lettre,  700  fr.  —  541.  Le  Petit  conseil,  par 
Janinet,  en  coul.,  1.730  fr.  —  543.  La  Séparation 
inattendue,  1.620  fr.  —  544.  Le  Restaurant,  par  Déni, 
avant  lettre,  l.HO  fr.  —  545.  Le  Roman  dangereux, 
par  Helman,  950  fr.  —  546.  Valmonl  and  présidente 
de  Tourvel,  grav.  en  coul.,  par  Girard,  600  fr.  —  548. 
Kh!  vile,  l'on  nous  voit....  Si  tu  voulais...  grav.  en 
coul.,  par  Le  Cœur,  3.203  fr.  —  551.  D'après  N.  La- 
vreince (?).  La  Solliciteuse,  grav.  par  Guyot  ou  Le 
Cœur,  1.030  fr. 

Citons  encore  :  552.  Le  Blond.  Le  Cardinal 
Flcunj,  en  coul.,  2.000  fr.  et  560.  Le  Vachez. 
Bonaparte,  premier  Consul,  d'après  Boilly,  810  fr.  ; 
et  insistons  sur  le  beau  chilire  de  6.600  fr.  réa- 
lisé par  le  n"  563,  les  Dons  imprudents  et  le  Retour 
à  la  vertu,  deux  pièces  de  J  de  Longueil. 
•  Dans  le  reste  de  la  vente,  il  n'y  a  guère  que 
les  estampes  anglaises  à  signaler.  Celles  d'après 
Morland  n'ont  pas  fait  de  gros  prix,  à  l'excep- 
tion du  n»  589,  Saint-James  ParkelA  Teagarden, 
deux  pièces,  grav.  en  coul.,  par  D.  Soiron, 
3.700  fr.;  et  du  n"  595,  A  Visit  to  the  child  at 
nurse,  grav.  par  W.  Ward,  650  fr. 

Par  contre,  les  Ueynolds  ont  réalisé  de  très 


belles  enchères  et  atteint  le  plus  beau  prix  de 
toute  la  vente,  avec  le  n"  629  : 

D'après  gir  Joshua  Reynolds  :  620.  Miss  Sarah 
Campbell,  gr.  par  V.  Green,  avant  lettre,  500  fr.  — 
621.  Lady  Elisabeth  Compton,  1"  état,  1.400  fr.  — 
628.  Miss  Kemble,  en  buste,  gr.  par  J.  Jones,  820  fr. 
—  629.  Jane,  countess  of  llarrington  et  ses  enfants, 
avant  lettre,  gr.  en  coul.  par  Bartolozzi,  9.200  fr.  — 
636.  Lady  Catherine  Petham  Clinton  enfant,  par 
J.  R.  Smith,  800  fr.  —  641.  Lady  Smilh  et  ses  enfants, 
gr.  en  coul.  par  bartolozzi,  5.600  fr.  —  643.  Elisabeth 
Taylor,  à  mi-corps,  manière  noire,  par  W.  Dickinson, 
4.000  fr. 

Dans  le  reste  de  la  vente  :  onze  numéros  représen- 
taient l'œuvre  de  Gabriel  de  Saint-Aubin;  le  Spec- 
tacle des  Tuileries  (n"  669),  1"  vue.,  600  fr.  et  la  Fêle 
d'Auteuil,  900  fr.,  ont  été  les  plus  hauts  prix  de  celte 
série.  —  Par  Augustin  de  Saint-Auhin  (n"'  680-690), 
citons  :  Au  moins  soyez  discret  et  Comptez  sur  mes 
serments  (n°  685),  920  fr.  et  la  Jardinière,  la  Savon- 
neuse (n°  688),  deux  pièces  en  couleurs,  1.210  fr. 

D'après  A.  Sergent  :  700.  //  est  trop  tard,  en  coul., 
1.710  fr.  —  D'après  Taunay  :  7U.  Foire  de  village, 
Noce  de  village,  la  lUxe,  le  Tambourin,  quatre  pièces 
gr.  par  Descourtis,  2.950  fr.  —  D'après  Van  Gorp  : 
714.  Le  Déjeuner  de  l'anfan.  Ah  !  qu'il  est  joli,  deux 
pièces  en  coul.,  gr.  par  Malles,  1.000  fr. 

A  quinzaine,  le  compte  rendu  de  la  vente  des 

estampes  modernes. 

B.  C. 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Le  Musée  de  l'Estampe  moderne  au  Petit 
Palais).  —  Le  27  juin  vit  l'inauguration  solen- 
nelle, avec  lunch  et  discours,  de  ce  silencieux 
ensemble  qui  compose  une  centennale  perma- 
nente oîi  les  vivant»  sont  en  nombre.  Après  les 
dessins,  c'est  un  nouveau  chapitre  d'histoire 
contemporaine  où  s'exercent  la  générosité  des 
donateurs  (artistes,  veuves  d'artistes,  iconophiles) 
et  l'heureuse  activité  de  M.  lapauze.  Un  classe- 
ment plus  historique  et  qui  parle  aux  yeux 
serait-il  possible  '?  Or,  ce  musée  s'ouvre  au  len- 
demain de  l'exposition  Lepère,  qui  rappelait  aux 
salouniers  le  renouveau  de  l'estampe.  Un  renou- 
veau, n'est-ce  pas  '?  car  Paris,  à  l'époque  roman- 
tique, qui  ressuscite  ailleurs,  a  connu  ces  beaux 
peintres  qui  cultivaient  parallèlement  le  cuivre 
et  la  pierre  :  Charles  Jacque,  dont  voici,  gnlce  à 
M°"  Chaplin,  l'oeuvre  au  complet;  Paul  lluet, 
dont  Michelet  chanta  l'éloquence,  après  Sainte- 
"Beuve  ;  et  Decamps,  et  Delacroix,  avec  sou  Lion 


ANCIEN    ET    MODERNE 


215 


de  VAttas;  c'est  ici  la  victoire  du  paysage,  que 
Micheiet,  avant  les  (loncourl,  définissait  «  la 
gloire  du  siècle  »  ;  le  portrait  se  venge,  avec 
cent  pièces  données  par  M.  Henri  Beraldi,  qui 
nous  invite  à  méditer  sur  «  la  politique  intérieure 
de  la  gravure  »  ;  et  l'on  oublie  la  vaine  querelle 
entre  la  gravure  interprète  et  la  gravure  origi- 
nale, quand  on  lit  ces  noms  :  Gaillard,  Chauvel, 
Bracquemond,  Patricot,  Waltner,  après  avoir  vu 
Français  quitter  le  bois  sacré  pour  lilliographier 
sagement  l'orageuse  forêt  du  romantisme.  Clas- 
siques et  romantiques  fraternisent  encore,  quand 
MM.  Laurens  et  Bonnet  voisinent  avec  MM.  Lepère 
et  Rodin.  L'eau -forte  se  démocratise  avec 
MM.  Steinlen  et  Chahine;  elle  tâte  de  la  couleur, 
comme  la  lithographie,  dont  le  réveil  remonte 
aux  premiers  rêves  musicaux  de  Fantin-Latour, 
comme  le  bois,  plus  rare,  où  M.  Jacques  Beltrand 
songe  à  Beethoven  :  si  la  musique  est  la  dernière 
religion  des  hommes,  l'estampe  serait-elle  le 
dernier  effort  de  leur  libre  arbitre,  en  face  de 
tous  les  procédés  triomphants  ! 

Gabriel  Nicolet  (chez  Devambez).  —  Expo- 
sitions diverses.  —  Partout,  le  calme  :  ni  les 
dessinateurs  helvétiques,  groupés  à  la  galerie  de 
l'Art  contemporain,  ni  les  coloristes  espagnols, 
réunis  chez  Durand-Ruel,  ni  môme  les  concours 
de  Rome,  malgré  le  goût  de  M.  l.efeuvre  et  le 
brio  de  M  Ponsard,  ne  nous  apportent  une  révé- 
lation. Donnons  un  souvenir  aux  dessins  rehaus- 
sés du  peintre  Gabriel  Nicolet,  rappelant,  par 
leur  sage  finesse,  les  estampes  du  Directoire  ou 
du  Second  Empire  avec  lesquelles  la  mode  pré- 
sente n'est  pas  sans  analogie. 

Raymond  Bouyer. 


CORRESPONDANCE  DE  GRÈGE 


I 


La  Vénus  de  Monemvasia. 

Les  journaux  d'Athènes  annonçaient  dernière- 
ment que  l'on  venait  de  découvrir  à  Monemvasia, 
dans  le  Péloponnèse,  une  seconde  Vénus  de 
Milo.  A  les  en  croire,  cette  réplique,  parfaitement 
conservée,  nous  permettrait  enfin  de  restituer, 
dans  la  statue  du  Louvre,  le  geste  des  deux  bras. 
L'Aphrodite  de  Monemvasia  tenait  de  la  main 
gauche  un  miroir.  Il  en  devait  être  ainsi,  con- 
cluait-on, pour  la  Vénus  de  Milo.  Plusieurs 
journaux  de  France,  d'Allemagne  et  d'Amérique 
ont  reproduit  dans  leurs  échos  cette  nouvelle, 


en  se  félicitant  qu'un  problème  si  longtemps 
débattu  eût  enfin  reçu  sa  solution. 

Yoici  quelques  renseignements  sur  cette  trou- 
vaille, qui,  sans  être  pour  cela  négligeable,  n'a 
pas  l'importance  singulière  qu'on  se  hâtait  de  lui 
attribuer.  L'Aphrodite  de  Monemvasia  n'est  pas 
encore  exposée  au  musée  d'Athènes,  mais  nous 
avons  pu  l'examiner  à  loisir  dans  le  cabinet  du 
conservateur,  M.  Staïs,  qui  doit  la  publier  très 
prochainement.  C'est  une  statuette  de  terre 
cuite,  haute  de  soixante  centimètres  environ, 
absolument  intacte  et  d'un  fort  joli  travail.  Elle 
provient  d'une  tombe,  où  furent  recueillis  avec 
elle  divers  débris  de  terres  cuites  et  plusieurs 
figurines  de  «oindre  intérêt.  Elle  n'a  pas  été 
mise  au  jour  dans  des  fouilles  officielles  et 
méthodiques,  mais  les  circonstances  de  son 
acquisition  rendent  son  authenticité  peu  dou- 
teuse. Prise  en  elle-même,  elle  est  un  spécimen 
excellent  de  l'art  des  coroplastes  à  l'époque 
hellénistique. 

Quant  à  ses  rapports  avec  la  Vénus  de  Milo, 
ils  ne  nous  ont  pas  autrement  frappé.  La  déesse 
tient  de  la  main  gauche  un  miroir  rond,  vers 
lequel  elle  s'incline,  la  tête  penchée  vers  la 
droite.  De  l'autre  main,  elle  soutient  la  draperie 
qui  lui  entoure  les  jambes  et  qui,  par  derrière, 
a  déjà  glissé  jusqu'aux  genoux.  Les  deux  pieds, 
rapprochés,  reposent  d'aplomb  sur  la  plinthe. 
La  Vénus  de  Milo  regarde,  au  contraire,  droit 
devant  elle,  le  buste  haut,  le  genou  gauche 
relevé,  le  bras  gauche  allongé,  presque  à  la 
hauteur  du  visage.  La  draperie  dont  elle  est 
vêtue,  et  qui  lui  monte  jusqu'aux  hanches,  n'est 
pas  retenue  par  la  main  droite.  Ce  sont  là  des 
différences  assez  notables  et  qui  n'autorisent  pas 
à  prononcer  le  mot  de  réplique. 

Le  type  sculptural  dont  s'inspire  VAphrodite 
de  Monemvasia  n'est  d'ailleurs  rien  moins  qu'iné- 
dit. Il  nous  était  déjà  connu  par  nombre  d'œuvres 
que  l'on  ne  s'avisait  pas  de  comparer  à  la  Vénus 
de  Milo.  La  seule  fouille  de  Délos  a  livré  toute 
une  série  de  petites  Aphrodites  en  marbre,  où 
se  retrouve  le  geste  de  la  main  droite  soutenant 
la  draperie.  Le  modèle  dont  elles  dérivent  est 
sans  doute  une  œuvre  apparentée  par  le  style  à 
la  Vénus  de  Milo,  et  peut-être  de  la  même  époque, 
mais  qu'on  ne  saurait  identifier  avec  elle. 

Ajoutons  que,  même  au  cas  où  la  statuette  de 
Monemvasia  reproduirait  exactement  la  statue 
du  Louvre,  il  ne  s'ensuivrait  pas  pour  cela  qu'on 
dût  supposer  chez  cette  dernière  le  même  geste 
et  les  mêmes  attributs.  Les  modeleurs  de  terres 


216 


LE    BULLETIN  DE   L'ART 


cuites  n'ont  jamais  fait  de  copies  au  sens 
moderne  du  mot.  Leur  fantaisie  introduisait 
toujours  quelque  variante  au  llième  primitif.  Ils 
allaient  plus  loin  encore  et  ne  se  faisaient  aucun 
scrupule  de  transformer  une  Aphrodite  en  une 
Niké.  De  ce  que  la  Vénux  de  Milo  a  pour  sœur  la 
Victoire  de  Brescia,  personne  ne  songe  à  conclure 
qu'il  faille  lui  rendre  des  ailes  et  lui  mettre  aux 
mains  un  bouclier. 

On  discutera  longtemps  encore  sur  le  geste  de 
la  di^esse,  et  ce  ne  sont  pas  des  trouvailles 
comme  celle  de  Monemvasia  qui  trancheront 
cette  question  -d'ailleurs  assez  secondaire.  L'his- 
toire de  l'art  hellénique  a  des  problèmes  plus 
graves  à  se  poser.  U  ne  se  passe  guère  d'année 
qu'un  incident  pareil  à  celui  que  nous  signalons 
ne  ramène  l'attention  sur  la  Venus  de  Milo.  Pério- 
diquement, ses  biographes  peuvent  extraire  de 
la  presse  quotidienne  quelque  précieux  entrefilet 
oîi  se  manifeste  d'une  façon  naïve  l'intérôt  que 
le  grand  public  ne  cesse  de  lui  porter. 

L'an  dernier,  le  télégraphe  annonçait  la 
découverte  d'une  réplique  à  Délos.  Il  s'agissait 
d'une  pauvre  statuette  très  vaguement  analogue, 
que  nous  avions  vu  sortir  de  la  terre  sans  nulle 
émotion.  Un  journal  parisien,  à  notre  grand 
étonnement,  célébra  cette  trouvaille  et  lit  à  son 
sujet  quelques  réflexions  subtiles.  V Aphrodite  de 
Délos  étant,  elle  aussi,  privée  de  ses  deux  bras, 
il  concluait  que  la  statue  du  Louvre  avait  perdu 
les  siens  longtemps  avant  de  disparaître,  et  que 
les  copistes  grecs  la  reproduisaient  déjà  dans 
l'état  où  nous  la  voyons. 

Ce  n'est  pas  la  coupure  la  moins  joyeuse  que 
l'Argus  de  la  presse  ait  mise  au  dossier  de  la 
Vénus  de  Milo. 

GAiiniEL  Leroix. 


CORRESPONDANCE  DE  MUNICH 


Au  Glas  Palast  (I). 

Dans  cette  exposition  de  Cinquantenaire,  il 
nous  suffira  de  mentionner,  pour  Berlin  :  les 
petits  paysages  sincères  de  R.  Eschke;  une  vue 
A'Oderberg,  mauve  sous  la  neige,  de  L.  Lejeune  ; 
la  Havel  à  Schildborn,  de  Max  Uth,  toute  en 
miroitements  de  lumière  rose  ;  l'excellente  im- 
pression grise  de  ville  sous  une  Poudrée  de  neige, 

{\)  Voir  le  II"  3'JO  (lu  Uuileti». 


par  M"'  H.  Mehls  ;  le  portrait  de  femme  de 
R.  Schulte  im  Hofe  et  la  dame  en  noir  de 
\V.  Da-ring  ;  le  Dimanche  à  Alger  de  M.  Rabes  ; 
enfin,  les  paysages  de  Hans  Licht  :  Vue  sur  la 
plaine  de  l'Elbe  et  la  Vallée  de  la  Mulde. 

Pour  Carlsruhe,  rien  qui  approche  de  l'en- 
semble très  intéressant  exposé  en  mai  dernier 
par  le  Kïtnstkrbund  à  la  galerie  Heinemann  ; 
M"=  F.  Hubsch  a  su  rendre  toute  la  paix  soli- 
taire d'une  chaumière  Dan?  le  soir  au  bord  de 
l'eau  et  P.  von  Ravenstein  a  réussi  à  fixer  quelque 
chose  de  la  splendeur  d'un  Soir  dore. 

Pour  Stuttgart,  un  mélange  affligeant  de  bana- 
lités qui  s'essaient  à  l'audace  et  de  fadaises  vieil- 
lottes ;  un  délicat  Bord  de  rivière  dans  une  blonde 
lumière  matinale,  de  M.  H.  Druck. 

A  Francfort,  on  revoit  avec  plaisir  les  compo- 
sitions d'un  sentiment  biblique  si  convaincu  de 
\V.  Steinhausen  ;  charmant  de  sincérité  naïve  le 
Coî'n  de  prairie  de  M""  M.  Steinhausen. 

A  Dusseldorf  sévit  encore  une  grande  peinture 
religieuse,  d'un  genre  terne.  En  revanche,  il  y  a 
bien  toute  la  froidure  cinglante  d'une  bise  de 
mars  dans  les  colorations  vert  cru  et  bleu  dur 
que  M.  H.  Herraanns  a  notées  autour  de  la  grosse 
tour  rouge  de  son  village  de  Frise.  A  retenir 
encore  deux  bons  portraits  d'hommes  de  G.  Tron- 
nier  (Hanovre);  le  Village  de  Hohlein  tapi  avec 
son  clocher  robuste,  dans  un  replis  de  terrain, 
au  détour  des  champs,  par  C.  Schildt  ;  les 
bruyères  de  M""  E.  Kribbe  ;  les  deux  types  de 
vieux  Paysans  de  Schivalm,  par  R.  P.  JUnghanns 
(Hambourg). 

Pour  Vienne,  enfin  ;  lesjolis  paysages  de  Hugo 
Darnaut,  les  deux  femmes  moraves  de  Oth.  Ru- 
zicka;  le  Jour  gris  de  M.  von  Poosch,  avec  son 
nuage  de  pluie  qui  tombe  bien;  la  Villette  grise 
au  bord  du  Main,  sobrement  indiquée  d'une 
touche  juste  et  le  Lac  en  forêt,  dont  l'encadre- 
ment de  verdure  est  d'un  dessin  net,  décoratif, 
de  M.  Ed.  Zetsche. 

Et,  pour  la  sculpture,  c'est  dans  celte  mi^me 
section  viennoise  que  se  trouve  une  œuvre  admi- 
rable de  force  et  de  grAce,  un  couple  de  Tigres 
amoureux  par  Fr.  Gornick,  dont  l'allure  lente, 
souple,  a  une  véritable  puissance. 

De  Weimar,  M.  P.  Tubbecke  envoie  un  motif 
du  Hengstbachlal  très  ensoleillé,  et  M.  Cari  Arp 
un  paysage  des  abords  de  la  Bernina. 

M.  M. 

Le  Gérant  :  H.  Denis. 

PftriB.  —  Imp.  Georges  Petit,  1S,  rue  (iodot-de-Uauroi. 


Numéro  392. 


Samedi  S  Août  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN     ET    MODERNE 


Les  Musées  nationaux 

en   1907-1908 


l>e  2  août,  a  paru  au  Journal  officiel,  le  rapport 
annuel  adressé  par  M.  Léon  Bonnat,  président 
du  Conseil  des  musées  nationaux,  au  ministre  de 
rinstruclion  publique,  «  sur  les  opérations  de 
rélalilissement  de  la  réunion  des  musées 
nationaux  »  pendant  l'exercice  1907. 

Le  budget  des  dépenses  s'élevait  à  575.321  fr., 
sur  lesquels  il  n'a  été  dépensé  que  1)04.63:!  fr. 
Les  conservateurs  avaient  à  leur  disposition  une 
somme  de  ;i'i.962  francs  pour  les  achats  courants, 
et  une  de  464.390  francs  pour  les  acquisitions 
éventuelles. 

Parmi  les  plus  importantes  de  ces  acquisi- 
tions, signalées  d'ailleurs  dans  le  Bulletin,  au 
fur  et  à  mesure  de  leur  ratification,  nous 
rappellerons  :  au  département  des  peintures  et 
des  dessins  :  deux  portraits  de  Chardin,  l'Enfant 
au  toton  et  le  .hune  violoniste,  .330.000  francs  ;  — 
au  département  des  objets  d'art  du  moyen  âge, 
(le  la  lîenaissauce  et  des  temps  modernes  :  un 
lot  d'objets  Japonais,  7.000  fr.  ;  un  bol  et  une 
assiette  persans,  5.000  fr.  ;  —  au  département 
de  la  sculpture  du  moyen  âge,  de  la  Uenaissance 
et  des  temps  modernes  :  une  statuette  du  moyen 
dge,  .38.000  fr.  ;  deux  anges,  10.000  fr.  ;  — 
aux  Antiquités  égyptiennes  :  un  lot  d'objets 
égyptiens  (mission  Bénédite),  10.000  fr  ;  —  aux 
Antiquités  grecques  et  romaines  :  une  tête 
d'Apollon  en  marbre,  9  000  fr. 

Le  rapporteur  passe  ensuite  en  revue  les  dons 
et  legs  faits  aux  musées  nationaux,  pendant  le 
dernier  exercice,  et  dont  la  liste  est  chaque 
année  plus  longue.  Cette  fois,  elle  occupe  près 
de  deux  colonnes  de  VOfpciel. 

Parmi  les  legs  faits  au  musée  du  Louvre, 
que  le  liultetin  a  également  annoncés  en  leur 
temps,  on  remarque  le  legs  Housse  (deux  cires 
de  Clodion  et  un  lot  de  miniatures),  et  le  legs 


Van  Blarenberghe  (un  lot  de  miniatures  par  Van 
Blarenberghe)  ;  —  au  musée  de  Cluny,  le  legs 
Salet  (vingt-trois  pièces  de  faïences  italiennes); 
—  au  musée  de  .Saint-Germain,  le  legs  de  Torcy 
(objets  du  moyen  Age). 

La  place  manque  pour  passer  en  revue  tous 
les  dons  qui  sont  venus,  pendant  ia  dernière 
saison,  enriclîir  nos  collections  nationales;  mais 
qu'il  nous  soit  permis  de  citer  au  moins  les 
noms  des  généreux  donateurs,  toujours  attentifs 
à  combler  les  lacunes  de  nos  musées  en  préle- 
vant telle  pièce  rare  dans  leurs  propres  trésors  : 
les  familles  Ravier  et  P.  Meurice;  M"'""*  Homberg, 
Carrière,  Melville;  MM.  Laguillermie,  L.  Nardus, 
.1.  Maciet,  L.  Delamare,  Héliot,  Crandidier,  Odin, 
A.  Tissandier,  (;.  Dreyfus,  G.  Migeon,  Matouki, 
Kelekian,  Kita,  IL  Lebaudy,  le  Dr  ChaulVard, 
H.  Desmares,  Wildenstein,  Gauckler,  L.  Gaucher; 
enfin,  la  Société  des  Amis  du  Louvre,  dont  le 
nom  se  retrouve  chaque  année,  à  plusieurs 
reprises,  dans  ce  glorieux  palmarès. 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Actes  officiels.  —  Le  iiiini.stie  de  l'Instniotion 
publif|ii(:  et  (les  Beaux-Arts  a  pris  l'arrêté  suivant,  en 
date  du  H  juillet,  concernant  les  élèves  des  écoles 
régionales  d'architecture  : 

!■  Les  élèves  reçus  à  la  suite  des  concours  d'entrée 
aux  écoles  régionales  d'architecture  sont  inscrits  à 
l'école  on  ils  ont  passé  le  concours.  Tant  qu'il  sont 
en  seconde  classe,  ils  ne  peuvent  obtenir  de  changer 
d'écoles  que  pour  des  motifs  exceptionnels  et  imprévus 
dont  rappré(;iation  appartient  au  ministre  des  Beaux- 
Arts. 

»  I^orsquc  les  élèves  sont  passés  en  l"  classe,  ils 
reçoivent  l'autorisation  de  changer  d'écoles  sur  une 
simple  demande  adressée  au  ministre  ». 

Académie   des  inscriptions  et  belles-lettres 

(24  juillet).  —  M.  Jac(|uos  Zeiller,  professeur  à  l'Cni- 
vcrsité  de  Friboiirg,  lit  un   rapport  sur  les  travaux 


218 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


qu'il  a  effectués,  en  collaboration  avec  M.  Ilébrard, 
pensionnaire  de  la  villa  Médicis,  dans  le  palais  de 
Dioclétien,  à  Spalato,  confonnénicnt  ;i  la  mission 
dont  il  a  été  chargé  par  lAcadétnie. 

—  M.  Ileuzey  étudie  de  curieuses  armes  en  cuivre, 
à  tranchant  recourbé,  découvertes  par  le  commandant 
Gros  dans  un  tombeau  clinldéen.  La  première  appa- 
rition de  ces  sortes  de  couperets,  prototypes  lointains 
de  notre  sabre  moderne,  remonte  à  une  époque 
reculée.  La  célèbre  stèle  des  Vautours  nous  en 
montre  un  spéciuiei)  encore  plus  antique  sous  la 
forme  d'un  engin  fortement  coudé,  que  cerclent  de 
nombreuses  ligatures  de  corde  ou  de  métal,  destinées 
à  maintenir  entre  deux  lames  de  bois  des  tranchants 
de  silex  comme' ceux  des  faucilles  préhistoriques. 

(Séance  du  31  juillet).  —  M.  Dieulafoy  rend  compte 
de  la  mission  du  général-  de  Beylié,  qui  vient  do 
terminer  la  première  partie  des  fouilles  de  la  Kaleh 
des.  Beni-Hammad,  abiindonnée  vers  Î07o.  Parmi  les 
objets  d'art  découverts,  il  faut  citer  des  plaques  de 
faïence  à  reflets  métalliques  :  c'est  le  prototype  de  la 
décoration  de  l'Alhambra. 

Musée  des  Arts  décoratifs.  —  M.  Domcrgue, 
qui  avait  réuni  une  collection  de  sonnettes  des  plus 
complètes,  —  sonnettes  du  moyen  âge,  de  la  Henais- 
sance,delaCliine,du  Japon,  sonnettes  représentant  de 
grandes  dames  de  la  cour  de  Charles  X,  des  prin- 
cesses de  la  famille  de  Louis-Philippe,  etc.,  —  a  ollert 
toute  cette  collection  au  musée  des  Arts  décoratifs, 
qui  va  l'expo.ser  prochainement. 

Prix  de  Rome  {fin}. —  Gravure  en  taille-douce.  — 
Le  programme  comportait  :  l'exécution  d'un  dessin 
d'après  VApollon  xauroclone  de  Praxitèle,  un  dessin 
d'après  le  modèle  vivant  et  la  gravure  en  taille-douce 
de  ce  dessin. 

Grand  prix  :  M.  Ihiisset,  né  à  Lille  le  22  août  1819, 
élève  de  MM.  Jules  Jacquet,  Itonuat  et  Luc  Olivier 
Mcrson. 

Premier  second  grand  prix  :  M.  Mazelin,  né  à 
Elbeuf  le  U  février  1882,  élève  de  MM.  Jules  Jacipiel, 
Patricot  et  Cormon. 

Deuxième  second  grand  prix  :  M.  l'iel,  né  à  Paris' 
le  1"  octobre  1882,  élève  de  M.M.  Sulpis  et  Valton. 

Architecture.  —  Le  sujet  du  concours  était  un 
Projet  (l'une  Faculté  mixte  de  médecine  et  de  phar- 
macie. 

Grand  prix  :  M.  Charles-Louis  Boussois,  né  le 
14  février  1884,  à  Amilis  (Seine-et-Marne),  élève  de 
M.  Pascal. 

Premier  second  grand  prix  :  M.  René  Villeminot, 
né  le  21  mai  1878,  à  Paris,  élève  de  M.  Redon. 

Deuxième  second  grand  prix  :  M.  Gabriel-Maurice 
Boutteriu,  né  le  14  avril  1882,  à  Besançon,  élève  de 
MM.  Raulin  et  lléraud. 

Société  des  Amis  de  'Versailles.  —  lin  certain 
nombre  de  satisfactions  vont  être  données  aux  Amis 
de  'Versailles  par   l'administration.  Ainsi,   un  crédit 


de  110.000  francs  sera  inscrit  au  prochain  budget 
pour  la  réfection  des  charmilles  et  des  treillages  du 
parc  et  il  sera  créé  quelques  emplois  de  gardiens. 
De  son  coté,  la  Société  a  décidé,  dans  sa  dernière 
séance,  de  mettre  à  la  disposition  immédiate  du 
conservateur  et  de  l'architeote  du  palais,  la  somme 
nécessaire  au  nettoyage  et  à  la  mise  en  état  des 
statues  et  des  vases  du  parc,  souillés  d'inscriptions. 
M.  Victorien  Sardou,  président,  va  adresser  au 
ministre  de  l'Instruction  publique,  une  lettre  lui 
demanilant  d'intervenir  auprès  du  garile  des  sceaux, 
afin  que  les  auteurs  d'inscriptions  sur  les  vases, 
statues,  etc.,  soient  désormais  poursuivis  comme 
coupables  de  dégradation  de  monuments  publics.  I.,a 
loi,  en  effet,  est  muette  sur  ce  cas  et  n'a  pas  prévu 
ce  délit. 

Société  des  Amis  du  Mont  Sàint-MicheL  —  On 

annonce  la  constitution  d'une  Snoiété  des  Amis  du 
Mont  Saint- .Mii-liel.destinéeàgrou|)er  les  efforts  tentés 
isolément  jusqu'ici  pour  la  défense  du  Mont  contre 
les  entreprises  du  temps  et  des  hommes:  car,  dit  la 
notice  publiée  à  ce  sujet.  «  si  l'on  a  beaucoup  fait  dans 
ces  dernières  années  pour  l'entretien  et  la  restauration 
de  cette  merveille,  il  reste  encore  l)caucoup  à  faire 
pour  la  défense  de  son  caractère  ancien,  et  la  néces- 
sité d'un  groupement  apparaît  incontestable,  tant  pour 
arriver  à  seconder  les  cU'orts  des  particuliers  que  des 
pouvoirs  publics,  et  au  besoin  pour  les  stimuler  ». 

Les  vols  dans  les  églises.  —  Dans  la  nuit  du  21 

au  22  juillet,  on  a  dérobé  dans  l'église  d'Aubazine 
(Corrèze)  :  une  croix  reliquaire  à  double  traverse,  en 
argent  doré,  du  xii"  siècle;  des  fragments  d'une  croix 
en  cristal  taillé,  tlu  xii*  siècle;  une  petite  châsse,  en 
cuivre  doré  et  cmaillé  avec  figurines  en  relief,  du  xiir: 
un  pied  de  croix  en  cuivre  doré  et  émaillé  du  xiii'. 
Tous  ces  objets  étaient  classés;  un  reliquairi!  moderne, 
forme  ostensoir,  et  un  reliquaire  ancien,  forme  buste, 
en  buis  doré,  non  classés,  ont  été  également  volés. 

La  veille,  des  voleurs  —  les  mêmes,  peut-être  — 
s'étaient  introduits  dans  l'église  de  Bord  (Corrèze)  et 
avaient  emp(irlé  quatre  calices,  un  ostensoir  et  divers 
objets  de  valeur  servant  au  culte. 

Kuliii,  dans  la  nuit  du  23  au  24  juillet,  à  la  basilique 
Saiut-Serniu  de  Toulouse,  deux  ciboires  et  un  reli- 
quaire ont  été  dérobés. 

A  Rouen.  —  Le  Conseil  municipal  de  Rouen  s'est 
occupé  du  rachat  des  restes  de  la  tour  de  la  Puccllc. 
Il  a  invité  l'État  à  poursuivre  l'expropriation  du 
terrain  renfermant  les  restes  de  la  tour  et,  pour  le 
cas  où  l'État  cimsentirait  à  poursuivre  l'expropriation 
totale  du  terrain  avoisinant  ce  monument,  il  a  décidé 
que  la  ville  contribuerait  à  la  dépense  ju.squ'à  con- 
currence d'une  somme  de  50.000  francs. 

Pour  le  cas  où  l'expropriation  partielle  do  ce  terrain 
serait  poursuivie,  suivant  un  projet  qui  permettrait 
de  construire  autour  de  la    tour  une  ou    plusieurs 


ANCIEN    ET    MODEHNE 


219 


maisons  «  avec  des  façades  artistiques  »,  la  ville 
contribuerait  dans  la  dépense  pour  une  souinie  de 
20.0110  IVancs. 

A  Munich.  —  Si  Karl  Spitzweg  avait  vécu,  il 
aurait  eu  cent  ans  au  mois  de  juin  dernier.  Or,  bien 
qu'il  soit  mort  depuis  1886,  le  Ktinstverein  de  Mu- 
nich lui  a  fait  la  gracieuseté  de  célébrer  cet  anniver- 
saire un  peu  tardif.  C'est  que  Spitzweg  a  toute  la 
faveur  du  moment,  il  est  à  la  mode  ;  voici  bien  la 
troisième  fois  en  deux  ans  qu'on  exhibe  des  collec- 
tions de  ses  œuvres.  Cette  fois,  grâce  au  zèle  de 
M.  Erw,  Pixis,  on  en  a  pu  réunir  236,  prrtécs  par  les 
musées,  les  maisons  bourgeoises  et  les  palais.  Spitz- 
weg est  un  petit  maitre  munichois  qui  a  les  goi'its, 
la  sentimentalité,  les  ironies  et  surtout  l'iiniiiense 
bonhomie  de  son  temps,  de  cette  première  moitié  du 
XIX'  siècle  qui  les  eût  parliculièronient  na'iTs.  L'n 
pauvre  poète,  au  lit  dans  sa  mansarde,  avec  son  para- 
pluie ouvert  à  l'angle  du  toil.  au-dessus  de  sa  tête  ; 
la  lettre  d'un  étudiant  du  trQisiènie,  descendue  par  un 
fil  à  la  jeune  fille  iju  second  et  surprise  par  la  mère 
etTarée;  le  savant  chauve,  à  visière  verte,  dans  un 
cabinet  encombré  de  squelettes,  d'animaux  empaillés 
et  de  pétrifications,  auquel  il  dira  :  »  Voilà  lun  monde  »; 
le  commandant  de  place  ventripotent,  qui  débouche 
au  coin  d'une  rue  avec  sa  digne  moitié;  un  curé  au 
gros  nez  rouge,  comme  l'artiste  lui-même  scmljle  en 
avoir  eu  un,  —  telles  sont  les  scènes  humoristiques 
dont  il  se  plaisait  à  amuser  ses  contemporains.  Par- 
fois, l'anecdote  se  fait  poignante  ou  louchante  ;  et 
surtout,  cela  est  toujours  peint  avec  cette  amoureuse 
conscience  d'autrefois,  qui  donne  au  moindre  trait 
un  charme  de  chose  sentie  et  vécue;  Spitzweg  ne 
manquait  d'ailleurs  pas  de  vigoureuses  qualités  de 
peintre;  sa  lumière  est  toujours  très  observée  et 
d'une  grande  l'raicheur  ;  telles  études  de  tètes,  telles 
esquisses  de  tablealix,  par  exemple,  sont  brossées 
avec  maestria  :  et  dans  ses  paysages  d'Italie  ou  de 
Bretagne,  il  a  une  vision,  une  force,  une  couleur, 
qui  font  penser  ni  plus  ni  moins  à  Courbet  et  à 
Boecklin.  On  peut  juger  encore  de  l'habileté  de  son 
métier  par  ses  admirables  copies  d'après  Hubens, 
Tintoret,  Van  Ostade,  Rembrandt^  ou  Isabey. —  M.  M. 

A  Nexv-York.  —  M.  Krank  Weileukampf,  conser- 
vateur du  département  des  estampes  de  la  Bibliothèque 
publiipie  de  New-York,  a  organisé,  pendant  ces  mois 
il'été,  dans  les  galeries  de  son  département,  une  expo- 
sition des  planches  publiées  par  la  Société  française 
de  gravure,  dont  le  bel  ensemble  lait  le  plus  grand 
honneur  à  nos  artistes. 

Parmi  les  dons  récemment  faits  au  Cabinet  des 
estampes  de  New- York,  citons  une  collection  d'envi- 
ron mille  lithographies,  formée  par  Joseph  Pcnuell,  le 
dessinateur  et  aquafortiste  bien  connu;  ou  remarque 
dans  le  nombre  près  de  cent  cinquante  planches 
d'après  llallet.  Le  Cabinet  des  estampes  a  pu  acquérir 
également  une  collection  de  sept  à  huit  cents  litho- 


graphies par  II.  Dauniier,  recueillies  par  feu  .M.  Cyrus 
J.  Lawrence;  la  plupart  de  ces  épreuves  sont  des 
tirages  à  part,  avant  lettre  et  sans  texte  au  verso,  et 
peuvent  par  conséquent  être  étudiées  sans  qu'on  ait 
besoin  de  feuilleter  les  journaux  dans  lesquels  elles 
ont  paru. 

Grâce  à  l'activité  de  M.  Fr.  Weitenkampf,  qui  ne 
néglige  aucune  occasion  d'enrichir  ses  collections,  il 
ne  se  passera  pas  longtemps  avant  que  l'école  fran- 
çaise de  gravure  et  de  lithographie  soit  représentée 
de  la  façon  la  plus  complète,  pour  toutes  ses  périodes 
et  toutes  ses  manifestations,  au  Cabinet  des  estampes 
de  New- York. 

A  'Vienne.  —  La  Galerie  moderne  île  Vienne  (Au- 
triche) a  fait  l'acquisition,  pour  la  somme  de  80.000 
couronnes,  du  triptyque  de  Bœcklin  :  Venus  geniliix. 
L'œuvre,  datée  de  189.j,  faisait  partie  de  la  collection 
du  professeur  Neiser,  à  Breslau.  —  M.  M. 

Nécrologie.  —  Le  doyen  des  peintres  français, 
Jacc/'irn-Kugéne  Feyen,  vient  de  mourir  à  l'âge  de 
93  ans  ;  il  était  né  à  Bey-sur-Seille  (Meurthe),  le 
13  novembre  tSIii.  Élève  de  Paul  Delaroche,  il  avait 
commencé  à  exposer  au  Salon  de  1841  des  portraits 
et  des  scènes  de  genre,  et,  à  partir  de  1872,  il  se  con- 
sacra presque  exclusivement  à  la  peinture  dé  la  vie 
des  côtes  bretonnes  et  normandes;  il  exposait  encore 
au  dernier  Salon  :  Mer  el  terre  et  les  Pécheurs  canca- 
lais.  Médaillé  pour  la  première  fois  à  cinquante  ans 
passés  (1866;,  il  obtint  une  seconde  médaille  en  1880 
et  fut  fait  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  en  1881. 

Son  frère,  le  peintre  Feyen-Perrin,  plus  jeune  que 
lui  de  onze  ans,  mourut  en  1888. 

—  Le  peintre  Albert  Oecamps,  élève  de  Vollon, 
menlionné  en  1895.  médaillé  aux  Salons  de  1899  et  de 
190.'i,  et  à  l'Exposition  universelle  de  1900.  est  mort  à 
Allery  (Somme);  il  était  âgé  de  46  ans.  Ses  intérieurs 
et  ses  types  rustiques  étaient  remarqués  chaque  année 
au  Salon  des  Artistes  français. 

—  Le  paysagiste  allemand  Walter  Leistikow,  qui, 
de  concert  avec  Max  Liebermann,  avait  fondé  à  Berlin 
le  Salon  de  la  Sécession,  vient  de  mourir  à  l'âge  de 
43  ans.  Il  était  né  le  2.')  octobre  1864  à  Bromberg,  dans  la 
Marche  de  Brandebourg,  et- il  a  traduit  les  forêts  et 
les  lacs  de  ce  pays,  comme  aussi  les  sites  du  Tyrol, 
avec  une  grandeur  d'impression  saisissante  et  un 
charme  pénétrant. 

Puissamment  synthétique  et  très  large,  sa  formule 
était  décorative  avant  tout  11  employait  couramment, 
dans  son  exécution,  des  procédés  ])urement  conven- 
tionnels et  qu'on  ne  trouve  guère,  d'habitude,  (pie 
dans  les  cartons  de  tapisserie.  Excluant  le  menu 
détail  de  ses  toiles,  entourant  de  fortes  cernure.s  ses 
nuages,  ses  silhouettes  d'arbres,  ses  terrains,  il  élevait 
d'instinct  jusqu'au  style  ses  moindres  motifs. 

La  tialerie  Nationale  de  Berlin,  les  musées  de  Dresde, 
de  Magdebourg,  de  Crefeld,  de  Hambourg,  possèdent 
quelques-unes  de  ses  œuvres. 
y.'- 


220 


LE    BULLETIN    DE    L'AUT 


CHRONIQUE    DES   VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

Les  grandes  ventes  à  l'étranger  en  1908. 

—  Comme  nous  avons  accoutumé  de  le  faire 
chaque  année,  nous  emploierons  les  loisirs  que 
nous  laissent  l'Hùlel  Drouot  et  la  paierie  Georges 
Petit,  à  passer,  rapidement  en  revue  les  princi- 
pales ventes  faites  à  l'étranger  au  cours  du  pre- 
mier semestre  de  1908.  Les  nécessités  de  la  saison 
parisienne  ne  nous  ont  permis  que  d'annoncer 
sommairement  —  et  encore,  pas  toujours  d'une 
laron  régulière  —  les  ventes  importantes  faites 
à  Londres,  à  New-York,  à  Amsterdam  et  à 
lierlin;  plusieurs  d'entre  elles  ont  eu  un  tel 
retentii-sement  qu'il  nous  a  paru  intéressant 
d'en  publier,  dans  le  moment,  les  plus  grosses 
enchères,  mais  ce  ne  fut  là  qu'une  exception  et 
nous  avons  dû  réserver  la  plupart  des  autres 
pour  n'en  parler  que  pendant  la  morte-sai- 
son. L'actualité  y  perd  évidemment;  mais  le 
lecteur  y  gagnera  de  pouvoir  mieux  suivre, 
groupé  qu'il  est  d'une  façon  succincte  et  suivie, 
le  mouvement  de  la  curiosité  à  l'étranger  pendant 
toute  une  saison  :  c'est  ce  à  quoi  nous  devons 
nous  efforcer,  dans  ce  Bulletin  où  la  place  est 
mesurée,  et  qui  ne  peut,  en  conséquence,  retenir 
que  l'essentiel. 

Commencée  de  la  façon  la  plus  terne,  la  saison 
de  1908  ne  paraissait  pas  devoir  être  bien  bril- 
lante, quand,  en  juin  et  en  juillet,  quelques 
belles  ventes  sont  venues  donner  comme  un  coup 
de  fouet  au  monde  de  la  curiosité.  Pour  Paris,  il 
est  à  peine  besoin  de  rappeler  les  ventes  lier- 
beau,  Homberg,  Chauvin,  etc.  Pour  Londres,  les 
ventes  Humplirey  Uoberls  et  Stephen  Ilolland 
marqueront  une  date  dans  l'histoire  dos  vacations 
sensationnelles  de  la  galerie  Christie.  A  New-Yoi  k, 
les  affaires  ont  été,  celle  année,  calmes  à  l'excès; 
à  Berlin,  on  aura  également  peu  de  choses  à 
signaler  ;  et  rien  à  Bru.xelles.  Par  contre,  le 
marché  d'Amsterdam  n'a  pus  cessé  d'être  animé, 
et  quelquefois  —  notamment  à  l'occasion  de  la 
vente  Alfred  Boreel  —  par  les  plus  vives  compé- 
titions. 

Que  si  maintenant  on  envisage  les  résultats 
pécuniaires,  en  s'en  tenant  seulement  aux  plus 


grosses  enchères,  on  constate  au  premier  coup 
d'oeil  que  les  prix  qualifiés  de  «  sensationnels  » 
ont  été. obtenus  à  l-ondres.  Ils  ont  même  eu  ceci 
de  particulier,  ces  pri.x,  que  plusieurs  d'entre 
eux  constituent  les  records  pour  certaines  caté- 
gories d'œuvres  d'art  :  ainsi  en  est-il  pour  le 
ciboire  anglais  du  xni'  siècfe  de  la  collection 
Braikenbridge,  vendu  ISO. 000  francs;  et  pour 
une  peinture  de  Turner,  dont  il  sera  question 
plus  loin. 

On  peut  citer  encore,  parmi  les  plus  belles 
enchères  de  la  saison  anglaise,  dans  la  catégorie 
des  objets  d'art  :  trois  vases  en  Sèvres  (1779)  et 
trois  vases  en  Saxe,  de  la  collection  Dickins  : 
84.000  et  100.000  francs;  —  une  aiguière  avec 
plateau,  argent  doré  (1078),  de  la  collection 
Conyngham  :  10b. 000  fr.;  —  une  paire  de  vases 
en  vieux  Sèvres  (coll.  Lauderdale),  94.500  fr.  ;  — 
un  buste  de  femme,  terre  cuite,  par  Marin  ('.791), 
C8.2aO  fr.  (coll.  Culhhert  (Juilter)  ;  etc. 

Parmi  les  gravures  :  tes  Trois  Croix  de  Rem- 
brandt (coll.  Perry,  Stuttgart),  24. .'HU  fr.  ;  —  et 
le  Portrait  de  Lady  Bampfyldc,  par  Th.  Watson, 
d'après  Reyiiolds  (vente  Ismay,  Londres)  :  2.'t.  100 
francs. 

.Mais  tous  ces  chiflres,  pourtant  impression- 
nants, sont  éclipsés  par  la  plus  formidable 
enchère  qu'ait  jamais  réalisée  une  toile  de  Tur- 
ner; déjà,  le  triomphateur  de  l'année  avait  vu 
ses  aquarelles  s'adjuger  aux  environs  de  OO.OOO 
francs  (vente  Dickins)  et  une  de  ses  peintures 
atteindre  157.300  fr.  à  la  vente  Ismay;  mais,  à  la 
vente  Stephen  Ilolland,  ce  fut  bien  autre  chose 
encore,  puisque  l'on  n'hésita  pas  à  payer  une 
peinture,  hlorllake  Terrace,  la  somme  énorme 
de  330.730  francs.  A  la  mi'me  vente,  deux  autres 
tableaux  de  Turner  fai^aient  respectivement 
202.125  et  144.;t75  francs,  et  une  aquarelle  du 
môme,  1 10.250  francs.  " 

Après  Turner,  vient  Constable  :  une  Vue  de  la 
cathédrale  de  Salisbitry  (vente  Stephen  Holland) 
atteignit  204.750  fr.  Puis  :  Cainsborough.  Portraits 
de  la  femme  et  de  la  fdlc  de  Partiste  (vente  Kno«  les, 
Loder,  etc.),  119.425  et  69.550  fr.  ;  —  Raeburn. 
Portrait  de  Mrs.  Macki  mieofDrumtochu,  1 17.000  fr. 
(vente  anonyme  du  :!  juillet).  —  Daubigny.  Bords 
de  l'Oise  (vente  Stephen  Ilolland),  90,025  fr.  — 


ANCIEN    ET    MODERNE 


221 


Orchardson.  Hard  Hit  (vente  Humphrey  Roberts), 
86.625  fr.  —  Troyoïi.  Le  Bac  (vente  Slephen 
Hollnnd),  81. 375  fr.  —  Romncy,  Coiol,  Charles 
Jac<iue,  Diaz,  Walker,  ont  également  dépassé 
70.000  francs  ;  et  parmi  les  maîtres  vivants, 
MM.  Lherniltte  et  Harpignies  ont  été  des  mieux 
partagés  (une  peinture  du  premier,  les  Glaneuses, 
coll.  St.  Rolland,  a  fait  6b. 62;!  francs). 

Pour  compléter  ce  coup  d'œil  d'ensemble,  nous 
commencerons  dans  notre  prochaine  chronique 
le  compte  rendu  sommaire  des  ventes  étran- 
gères, par  ordre  chronologique 

M.  N. 

ESTAMPES 

Vente  de  la  collection  Gerbeau  {2"  partie  : 
estampes  modernes).  —  Ainsi  que  nous  le 
rap[)elions  dans  notre  dernière  chronique,  à 
propos  de  la  vente  des  estampes  anciennes  de  la 
collection  Gerbeau,  les  estampes  modernes  ont 
été  vendues  du  2;!  au  27  mai,  par  Me"  liizouard 
et  H.  Baudoin,  et  M.  A.  Stradin  :  elles  ont  donné 
un  total  de  139.078  francs  pour  environ  600  numé- 
ros. Il  est  regrettable  que  nous  ne  puissions  publier 
ici  une  longue  liste  d'enchères,  car  ce  qui  faisait 
l'intérêt  de  cette  collection,  c'était  la  présence 
d'un  grand  nombre  d'oeuvres  d'artistes  actuelle- 
ment vivants,  et  qu'on  a  rarement  l'occasion  de 
voir  passer  en  ventes  publiques.  Il  y  aurait  là  pour 
les  eaux-fortes  de  quehjues  graveurs  contempo- 
rains une  indication  des  c<  cours  »  actuels  des 
plus  curieuses  à  signaler  aux  amateurs.  Rornons- 
nous  aux  grandes  lignes  et  aux  principales  en- 
chères. 

Peu  d'œuvres  de  Bracquemond  ;  plus  haut  prix  :  9, 
la  Volaille  plumée,  220  fr. 

Peu  de  pièces  de  Chahine  :  quatre  pièces,  n"  Ti 
Sainl-Onen  ou  des  fortifiaitions.  Les  Poids,  etc.,  280  fr. 

OueJques  eaux-fortes  de  Corot,  entre  100  et  312  fr.; 
ce  dernier  prix  obtenu  par  le  n°  36,  le  Coup  de  Vent 
,1"  étatl. 

Une  épreuve  de  la  Hue  Triiiisnonniii,  de  Dauuiier, 
n-  42,  atteint  2G0  fr. 

Avec  Delacroix,  meilleurs  prix  :  30.  Cheval  sauva;/e 
terrassé  par  un  tigre,  lithogr.,  l"  état,  960  fr.  —  52. 
Lion  de  l'Atlas,  Tir/re  royal,  lettres,  toutes  marges, 
610  fr. 

De  Fantin-Lotour,  on  notera  les  960  fr.  du  liouquel 
de  roses  (n°  36),  et  les  .'ilO  fr.  de  la  Nuit  de  printemps 
(n-  .-iS). 

Des  œuvres  classiques  de  !•'.  Gaillard,  l'Homme  à 
l'œillet  [w  64)  est  celle  qui  chiffre  le  plus  haut,  8,^0  fr. 
(il  est  vrai  qu'il  s'agissait  d'une  épreuve  d'essai  avant 
la  signature), 


Seymour-Haden  atteint,  comme  plus  belle  enchère, 
800  fr.  avec  le  n°  69,  Thames  jishermen  (1"  état,  en 
bistre)  ;  le  n"  72,  Eyham  {\"  état),  7:iO  fr. 

Avec  Alphonse  Legros,  nous  arrivons  à  un  des  ar- 
tistes les  plus  abondamment  représentés  de  la  collec- 
tion :  aucune  de  ses  œuvres  ne  dépasse  250  fr  ,  prix 
obtenu  par  les  n°'  137.  Le  Cardinal  Munninfi  et  193. 
t.'Oraqe. 

Auguste  Lepère,  aussi  très  abondant,  est  plus  favo- 
risé. Parmi  ses  eaux-fortes,  le  Retour  de  Greenwieli, 
la  nuit  (n°  224),  atteint  300  fr.  et  une  double  suite  de 
12  eaux-fortes  pour  la  FHèvre  et  Saint-Séverin  (1"  et 
2*  état),  460  fr.  —  Les  bois  se  vendent  aux  envirous 
de  100  fr.  A  citer,  dans  cette  série  :  n°  317.  l'Œuvre 
gravé  sur  bois  de  A.  Lépère,  27  pièces,  fumés,  310  fr. 

C'est  à  (>h.  Méryon  qu'il  était  réservé  de  dépasser 
le  billet  de  mille  dans  cette  vente,  plus  intéres- 
sante par  le  grand  nombre  des  bons  petits  prix 
que  par  les  enchères  importantes;  encore  une 
fois,  l'auteur  du  Petit  l'ont  a  été  le  clou  de  la 
collection  et  l'on  n'a,  pour  s'en  convaincre,  qu'à 
parcourir  la  liste  que  voici,  où  l'on  notera  la  plus 
haute  enchère  de  la  vente  ;  celle  de  il. 700  francs, 
pour  l'Abside  de  Notre-Dame  (n"  3S0). 

329.  1-e  Stryye,  avec  les  vers,  papier  verdàtre, 
2.800  fr.  --  330.  Le  Petit  Pont,  avant  le  C.  M.,  2.200  fr. 

—  331.  La  même  épr.,  papier  verdàtre,  avec  le  C.  M., 
1.9.iO  fr.  —  332.  La  même  que  331,  sur  japon,  1.250  fr. 

—  334.  La  Galerie  Notre-Dame,  1.000  fr.  —  335.  La 
Rue  des  Mauvais-Garçons,  papier  bleuâtre,  2.000  fr.  — 

336.  La  Tour  de  l'Uorloge,  avant  le  C.  M.,  2.050  fr.  — 

337.  La  même  épr.,  avec  le  C.  M  ,  1.700  fr.  —  338. 
Tourelle  de  la  rue  de  la  Tixéranderie,  avant  le  C.  M., 
2.;;00  fr.  —  339.  La  même  épr.,  avec  le  C.  M.,  1.900  fr. 

—  340.  Saitit-Étienne  du  Mont,  avant  le  C.  M.,  sur 
japon,  1.430  fr.  —  341.  La  même,  sur  chine,  avec  les 
bras  de  l'homme  réunis,  330  fr.  —  342.  La  même, 
avec  les  bras  de  l'homme  à  moitié  effacés,  420  fr.  — 
343.  La  même,  avec  les  bras  de  l'homme  écartés, 
63  fr.  (Le  manque  de  place  nous  oblige  à  écourter  les 
désignations  d'états,  si  importantes  pour  les  prix, 
surtout  quand  il  s'agit  d'un  artiste  comme  Méryon  ; 
nous  avons  cependant  donné  par  curiosité  ces  quatre 
enchères  d'une  même  estampe). 

344.  La  Pompe  Notre-Dame,  1  950  fr.  —  346,  Le  Pont- 
Neuf,  avant  les  vers,  2.000  fr.  —  347.  Le  Pont-au- 
Change,  épf.  d'essai,  avant  le  fond,  le  ciel  et  le  ballon, 
3.100  fr.  —  348.  La  même,  avec  le  nom,  la  date  et 
l'adresse,  2.000  fr.  —  349.  La  Morgue,  1.700  fr.  —  350. 
L'Abside  Notre-Dame,  nom,  date  et  adresse,  papier 
ancien,  5.700  fr.  —  357.  Hue  des  Toiles,  à  Bourges, 
1.600  fr. 

J.-F.  Millet  ensuite  semble  assez  pauvre  :  une  des 
deux  épreuves  connues  de  la  Tricoteuse  (n°  367)  ne 
fait  que  303  fr.,  et  panui  les  autres  pièces,  dont 
aucune  n'atteint  1.000  fr.,  les  plus  hauts  prix  sont 


222 


LE    «ULLETIN    DE    L'ART 


ceux  de  800  fr.  pour  le.  Paysan  rentrant  son  fumier 
(n»  372),  et  (le  760  fr.  pour  In  Grande  bergère  (n"  380). 

Whistler,  très  abondant  tant  comme  eaux-fortes 
que  comme  lithographies  :  pour  celles-là,  excellente 
moyenne  entre  200  et  l.SOO,  avec  une  des  deux  plus 
belles  enchères  de  la  vente  :  Nocturne  palaces  (n°  456), 
épr.  de  1"  état,  signée,  4.200  fr.  —  A  citer  aussi  :  461. 
rtie  Balcony,  1.520  fr.  —  458.  Uprh/hl  Vcnice,  960  fr. 
—  435.  San  Biagio,  1.200  fr.  —  449.  Utile  Venice, 
1.350  fr.  —  Les  lithographies  entre  deux  et  quatre 
cents. 

Zorn  terminait  te  catalogue,  avec  plus  de  cent  nu- 
méros, tous  signés,  et  l'on  a  vu  passer  en  vente 
l'œuvre  à  peu  près  complet  du  maître  suédois.  Les 
portraits  se  sont  pour  la  plupart  tenus  aux  environs 
de  100  francs;  mais  quelques-uns  ont  chiffré  davan- 
tage, notamment  :  le  n°  488,  Rosita  Mcmii,  1"  état, 
avec  salissures,  1.250  fr.  —  496.  La  Valse,  820  fr.  — 
308.  Ernest  Renan,  1"  état,  1.100  fr. 

R.  (;. 
EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Paris  au  temps  des  Romantiques  (Biblio- 
thèque historique  de  la  Ville  de  Paris).  —  C'estla 
IIo  exposition  de  la  Bibliothèque  et  des  Travaux 
historiques  de  la  'Ville  de  Paris,  à  deux  pas  de 
la  place  Royale  où  Marion  Delorme  ressuscitait 
en  1830.  Le  Paris  du  romantisme  !  Une  ville 
hérissée  de  tours  crépusculaires  et  de  flèches 
gothiques...  mais  cela,  c'est  le  caprice  des  Hugo- 
laires  au  gilet  rouge  ou  le  délire  final  de  Méryon  ; 
c'est  le  Paris  du  xV  siècle  imaginé,  l'an  IS.'M, 
dans  Notre-Dame-de-Paris  '.  Sous  le  rôve  de  Victor 
Hugo,  retrouvons  la  réalité  de  Balzac  :  loin  de 
l'ombrage  défunt  des  Feuillantines,  Nucingen 
trône  à  la  Chaussée  d'Antin  ;  cette  moyen-Ageuse 
petite  rue  des  Grès  cache  Gobseck...  Est-ce 
M"""  Marneffe  ou  Théophile  Gautier,  centenaire 
bientôt,  qui  nous  attire  à  l'impasse  fantastique 
du  Doyenné ,  sombre  verrue  sur  le  terrain 
du  Carrousel  '.'  L'estampe  nous  rend  le  cadre 
qu'elle  enjolive  ou  dramatise  ;  revoici  donc  ce 
que  voyaient  les  Icune-France,  assez  (iédaigneux 
de  l'esprit  français.  Redescendons  de  la  tour 
d'ivoire  à  la  barricade,  des  révolutions  lettrées 
aux  émeutes  faubouriennes,  du  cénacle  de  l'Ar- 
senal au  café  Turc  :  partout,  c'est  un  Paris  encore 
ancien,  résumé  des  siècles,  avec  la  tourelle  pro- 
pice à  l'eau-forte;  et  le  boulet  des  Trois  (llo- 
rieuses  a  niché  son  pittoresque  ù  l'hôtel  de  Sens; 
c'est  le  Paris  des  dernières   diligences  et  des 


premiers  chemins  de  fer,  des  ultimes  réverbères 
et  dos  nouveaux  becs  de  gaz  ;  un  Paris  noir  où 
Michelet  va  demander  la  splendeur  au  Louvre  ; 
un  Paris  éternellement  parisien,  où  le  lyrisme 
s'édulcore  et  s'embourgeoise,  et  Jette  sa  gourme 
aux  bals  de  l'Opéra  ;  le  Paris  de  Gavroche  et  de 
Lisette,  dont  le  refrain  regrette  le  temps  perdu 
dans  sa  mansarde  fleurie...  C'est  le  pays  latin 
de  Murger,  qui  môle  une  larme  au  sourire  ;  et 
voici  poindre  l'aube  amère  du  réalisme  avec  la 
bohème  qui  réveillonne  au  café  Momus.  C'est  la 
Lutèce  lépreuse  de  Privât  d'Anglemont  ou  de 
Trimolet,  famélique  beau-frère  de  Daubigtiy; 
mais  c'est  l'avènement  du  houlevari  sans  trot- 
toirs, où  Torloni  scintille  sous  les  arbres  ;  et  la 
nature,  que  découvre  peintres  et  poètes,  se  déride 
aux  parties  d'ànes  de  Montmorency.  Caricatures 
et  parodies  répondent  gauloisement  à  la  mélan- 
colie germanique  ;  ange  ou  démon,  la  lorette  de 
Gavarni  n'effarouche  point  ses  voisines  :  car  la 
miniature  très  décolletée  de  M">e  Charles  paraît 
peu  lamartinienne  et,  lithographie  d'Achille 
Devéria,  le  portrait  de  M""  Ménessier-Nodier 
n'évoque  point  le  sonnet  d'Arvers...  La  mode 
passe  et  revient;  mais  les  êtres  disparaissent 
avant  leurs  demeures  :  où  trouver  la  trace  du 
délicieux  Gérard  de  Nerval  aux  abords  de  la 
tour  Saint- Jacques,  devenus  méconnaissables 
depuis  la  chanson  de  Na.laud  ?  Enfin,  la  physio- 
nomie, même  ironique,  de  ce  Paris  lointain, 
nous  propose  une  définition  du  romantisme  qui 
fut,  à  la  veille  de  la  science  omnipotente  et  démo- 
lisseuse, comme  un  regret  du  passé  :  la  poésie 
n'est-elle  pas  l'adieu  d'une  àme  à  la  lueur  (jui  va 

mourir  ? 

Raymond  Bouyrr. 


LES      REVUES 


Franck 

Revue  des  Deux-Mondes  (15  juillet).  —  M.  Pierre 
Bi.ANCiioN  (Jacques-André  Mérysi,  publie  dans  ce 
fascicule  une  série  de  lettres  inédites  de  FnoMF.NfiN, 
datées  dé  liclgique  et  de  Hollande,  au  cours  du 
fameux  voyage  de  1875,  d'où  devaient  sortir  plus  tard 
les  Maîtres  d'autrefois. 

Nous  avons  ici  les  premières  impressions  de 
l'auteur  de  Dominique,  en  présence  d'une  nature  qu'il 
ne  soupçonnait  pas,  et  de  maîtres  qu'il  n'avait  vu» 
qu'à  Paris.  Il  semble  étrange,  tout  dnbord,  de  se 
rappeler  (|ue  l'admirable  livre  devenu  classique  sous 


ANCIEN    ET    MODEHNE 


223 


le  nom  des.  MuHres  d'autrefois,  fut  le  résultat  dun 
voyage  d'un  moi».  Il  est  biea  iotéressant,  d'autre 
part,  de  comparer  ces  premières  impressions,  écrites 
de  premier  jet  et  pour  des  intimes,  à  ce  que  devint  le 
texte  déliuitir  du  livre,  et  on  admire  davauta^^e 
encore,  s'il  est  possible,  l'écrivain  difficile  à  lui- 
même,  qui  ne  craifçnit,  ni  de  sacrifier  d'importants 
morceaux,  ni  de  récrire  dos  chapitres  entiers. 

Il  avait  le  savoir,  il  avait  le  talent,  il  avait  la  cons- 
cience ! 

Et,  en  niAine  temps  que  l'on  sent  percer  dans  sa 
correspondance  le  regret  de  ne  pas  assez  comprendre 
Remlirandt,  on  le  retrouve  dans  le  livre,  faisant  effort 
pour  le  pénétrer  davantage,  s'excusant  presque  de  ne 
pas  le  délinir  et  l'aimer  pins  pleinement. 

Le  voyage  est  de  juillet  187S;  les  Maîtres  d'autre- 
fois parurent  au  printemps  de  1876,  et  Fromentin 
mourait  le  27  août  suivant,  âgé  seulement  de  06  ans. 

Qui  sait  quelles  lumières  lui  eût  apportées  un  nou- 
veau voyage  à  AmstenlaLii  et  à  La  liayc,  précédé 
d'une  visite  à  Cassel  .' 

Bulletin  des  musées  de  France  ;)908,  3).  —  Le 
«  Clirisl  en  croix  »  du  Greco,  récemment  entré  au 
Louvre,  par  Jean  Guii'Fuev. 

—  La  salle  r/reerjue  du  Louvre,  nouvellement  rou- 
verte, et  ses  remaniements,  par  Et.  Miciion. 

—  Lue  peinture  d'Eugène  Lami,  offerte  au  musée 
de  Versailles  par  un  groupe  d'amateurs  :  Réception 
de  la  reine  Victoria  au  Tréporl(t>l-'<S),  par  G.Bbière. 

—  Une  nouvelle  salle  au  musée  de  Dijon,  par  11. 

CllAHKUK. 

(1908,  4).  —  M.  Kd.  CirAVA.i.sKS  étudie  une  collection 
d'objets  chinois  trouvés  dans  la  province  de  Ho-Nan 
et  qu'il  a  réceuunent  donnée  au  Louvre.  —  M.  Jean 
Gcii'FiinY  parle  d'une  autre  acquisition  récente  du 
musée  du  Louvre,  une  aquarelle  d'Ingres  représentant 
le  pape  officiant  à  l'ér/lise  Saint-Pierre  de  Rome.  — 
M  l'aul  ViTiiv  reproduit  une  statuette  de  bois  du 
musée  de  Cluiiy,  attribuée  à  Conrad  Meyt,  l'auteur 
d'une  partie  des  sculptures  de  Brou;  et  M.  G.  Gazier, 
des  dessins  inédits  île  Mureau  le  jeune  et  de  Gravelot, 
conservés  à  la  bibliottièque  de  Besançon. 

Revue  lorraine  illustrée  (avril-juin).  —  Le  pas- 
Irlliste  Cil.  L.  (Iralia,  né  à  Itam'oervillers  en  ISI-'i; 
son  œuvre,  par  A.  Recocvheur. 

—  Saint-Dié,  ses  monuments,  ses  œuvres  d'art,  par 
II.  Uaiuiy. 

—  Les  chdleau.r  du  roi  Stanislas:  111.  La  .Malgrange, 
par  P.  liovii. 

Revue  de  synthèse  historique  (1908).  —  L'étude 
des  dessins  dans  l'histoire  de  l'art  franiais,  par  Pierre 
Marcel  :  état  de  la  question  ;  travau.x  sur  l'œuvre 
dessiné  des  maîtres;  collections  d'originaux  et  re- 
cueils de  fac-similés  ;  .inventaires  et  catalogues  ;  com- 
ment il  faut  se  servir  des  dessins  dans  les  travaux 
d'histoire  de  l'art. 


Bulletin  hispanique  (janvier-juin).  —  Prome- 
nades archéologiques  en  Espagne  :  111.  Osuna,  par 
Pierre  Paris. 

Revue  alsacienne  illustrée  (1908,  2).  —  Chiitea.u.r 
d'.ilsace  :  Dachstein,  par  F.  Dollinoeh. 

Revue  archéologique  (mars-avril).  —  Une  Sta- 
tuette féminine  de  style  grecgue  archaïque  au  musée 
d'Auxerre,  par  Max.  Collio.non.  —  Sculptures  grecques 
inédites,  par  W.  Deonna.  —  Statuettes  en  terre  cuite 
de  Zuto  Brdo  en  Serbie,  par  le  D'  Miloje  Massits.  — 
L'Autel  it'Avenas  [Hlione]  et  son  inscription,  par  F.  de 
Méi.y  (inscription  à  chronogramme,  datant  le  monu- 
ment ilu  12  juillet  U80). 

AlXEMAG.NF. 

Die  Kunst  ;juin).  —  K..-M.  Kuzmaxv.  Le  Salon  de 
printemps  de  la  «  Sécession  »  viennoise. 

—  Mélanges  :  Contre  le  snobisme  du  public  et  son 
exploitation  par  certains  marchands  d'onivres  d'art. 

—  R.  SciiMiiiT.  Le  1S'  Salon  de  la  «  Sécession  »  ber- 
linoise. 

—  E.  SciiUR.  La  villa  .Molchow,  près  d'.tltruppin  : 
œuvre  de  deux  architectes  finlandais,  Gesellius  et 
Saarinen. 

—  W.  Michel.  Travaux  de  J.  Vierlhaler  :  bronzes 
d'art. 

—  F.  E.xcHK.  .lardius  architectoniques  ou  jardins- 
paysages  (111,  fin). 

—  Travaux  de  R.  Schiesll  :  gravures  en  couleurs, 
e.r-libris,  cartes  postales,  etc. 

—  W.  C^Beiuiendt.  La  brique  et  son  emploi  dans 
l'architecture    —  G.  lIuEr. 

Monatshefte  fur  Kunstwissenschaft  (avril).  — 
Cette  revue  public  une  édition  spéciale  pour  la 
France,  donnant,  en  tête  de  chaque  numéro,  une 
analyse  des  articles  en  français. 

A  signaler  particulièrement  une  étude  de  M.  L.  liiUci 
sur  l'ylrt  allemand  dans  les  musées  français  :  après 
avoir  remarqué  combien  certaines  périodes  de  l'art 
français  étaient  admirablement  représentées  dans  les 
nmsées  d'Allemagne,  M.  L.  liéau  constate  que  la 
réciproque  est  loin  d'être  vraie,  et  il  donne  un  rapide 
examen  des  principales  œuvres  d'art  allemandes  con- 
servées au  Louvre,  dans  les  collections  provinciales 
(lîeims,  Besançon)  et  dans  quelques  galeries  particu- 
lières. 

Autres  articles  :  Massimo  Stanzioni,  par  11.  Voss; 
—  une  Madone  de  Uachincca  attribuée  à  Haphaël,  par 
(i.  Poiioi;  etc. 

(Mai).  —  La  Madone  de  Stuppach,  de  Grtinewald, 
par  11. -A.  SciiMuvr  (tableau  nouvellement  découvert  à 
Stuppach,  Wurtemberg);  —  les  Peintures  murales  de 
l'époque  carolingienne  à  Munster  {Grison.s),  par  \. 
Sghmarsow  ;  —  l'École  du  Danube  du  XVI'  siècle, 
par  R.  SriASSNv;  —  les  Lois  de  la  perspective  dans  la 
peinture  japonaise,  par  Curt  Glasem. 


224 


LE    BULLETIM   DE    L'ART 


Italie 

L'Arte  (anno  XI,  fasc.  I).  —  Silvesli-o  delV  Aquila, 
te  sculpteur  des  Abruzzes  de  la  Renaissance  (seconde 
moitié  du  xv*  siècle),  est  étudié  par  Giacomo  De- 
NicoLA,  et  Eia  Gaf/gini,  de  Bissoiie,  un  des  membres 
de  cette  famille  de  sculpteurs  lombards  des  xV  et 
XVI'  siècles  (celui-ci  également  de  la  seconde  moitié 
du  XV»  siècle),  par  Laura  Filii'pini. 

—  La  Sculpture  en  Dalmade  au  XV' siècle  :  15arto- 
lomeo  lion,  Giorgo  da  Sobenico,  Andréa  de  Niccolo 
Alessi,  Andréa  Alessi  da  Durazzo,  Nicolo  Fiorenlino, 
etc.,  par  Adolfo  Vextohi. 

(Fasc.  II).  —  Un  collahoraleur  inconnu  de  Fra 
Angelico  :  Zanobi  di  Hcnedetto  Strozzi,  par  Paolo 
d'A^■coNA. 

—  llacc'o  l'ontelli  à  Home,  et  les  travaux  de  l'arclii- 
tecte  au  temps  de  Sixte  IV,  par  P.  Giokdani. 

—  La  Sculpture  en  Dalmalie  au  XV'  siècle,  par  Ad. 
Venturi. 

(Fasc.  111).  —  DiverseÀ  ofuvres  d'art  évot/uées  par 
une  publication  importante  de  dessins,  parG.  Friz7.,>Ni  : 
il  s'agit  de  la  6'  et  dernière  partie  de  l'ouvrage  de 
Sidney  Colvin,  consacré  aux  dessins  de  l'Université 
d'Oxford  (Selected  drairinys  froin  old  inasters,  etc.) 
et  à  propos  du((uel  l'auteur  fait  quelques  rapproche- 
ments curieux. 

—  Les  fresques  du  «  l'aradiso  degli  Alberli  »,  près 
de  Bandino,  sur  la  route  qui  va  de  Florence  à  Bagno 
a  lîipoli,  œuvres  de  Lorenzo  di  Niccolo  et  Mariotto  di 
Nardo,  par  Osyald  Sihén. 

—  Première  partie  d'une  étude  de  M.  F.  Cakabellese 
sur  la  Restauration  angevine  des  châteaux  de  PouiUe. 

—  Miniatures  de  l'école  de  Cologne,  par  Ant. 
MuNoz  :  un  évangéliaire  de  l'Auibrosienne  et  un  sacra- 
mentairc  di'  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris. 

Emporium  (avril).  —  Artistes  contemporains  :  le 
paysagistes  italien  liartolomeo  liezzi,  par  V.  Pica.  — 
Art  rétrospectif  :  la  n  Pietà  »  de  yiccolo  Alunno  (dans 
la  collection  Eugen  von  Miller,  à  Vienne),  p.ir  V.  Gnou. 

—  Un  illustrateur  italien  d'Edgar  VoS  :  Alberto  Mar- 
tini, par  V.  PiCA.  —  La  Campagne  romaine  dans  les 
peintures  et  les  pastels  de  G.-A.  Sartorio,  par  L.  Seiuia. 

—  ('alhédrales  et  églises  des  >46rH::e.s  ;  Sanf-Angelo 
di  Pianella,  par  V.  Balzano. 

(Mai).  —  Art  rétrospectif  :  les  paysages  à  la  galerie 
Corsini,  par  A.  Jaiin  Uusconi.  —  Les  Arcs  commémo- 
ralifs  et  triomphaux  des  colonies  romaines,  par  V.  B. 

—  La  Place  San  Malieo  et  l'église  des  D'Oria,  à  Gènes, 
par  A.  Rota.  —  Miscellanea  :  les  fresques  de  la  villa 
Mills;  une  Madone  avec  l'Enfant  et  saint  Jean,  du 
Corrège,  récemment  acquise  par  la  galerie  Corsini. 

(Juin).  —  L'Exposition  des  «  Amatori  e  cultori 
d'arte  »,  à  Hotne,  compte  rendu  par  V.  Pica.  —  Art 
rétrospectif  :  ;i  propos  du  centenaire  de  l'architecte 
et  sculpteur  Alessandro  Vitloria,  né  à  Trente  le  27  mai 


1608,  à  qui  l'on  doit  la  décoration  ou  la  construction 
de  plusieurs  palais  vénitiens  (palais  Italbi,  loggia  du 
palais  ducal,  monument  de  Sansovino,  etc.),  par 
L.  Serra.  —  La  Psychologie  de  l'auloportrait  en  art, 
par  G.  Francesohini  (avec  29  exemples  d'après  les 
grands  maîtres). 

(Juillet).  —  Artistes  contemporains  :  le  paysagiste 
russe  Igor  Grabar,  par  V.  Pica.  —  Art  rétrospectif  : 
Andréa  Bruslolon,  sculpteur  sur  bois,  du  xvii'  siècle, 
de  qui  le  musée  Correr  conserve  un  grand  nombre 
de  chefs-d'œuvre  (bras  de  fauteuils,  groupes,  llam- 
beaux,  etc.),  par  K.  Bhath.  —  La  reconslruclion  du 
théâtre  romain  de  Vérone,  par  A.  Albasini. 

Roumanie 

Junimea  literara  (V,  4-5,  Czerçowitz).  —  Notes 
intéressantes  de  M.  Sever  Mlrf.sianc  sur  le  Monastère 
des  Trois  Hiérarques  à  lassy,  édifié  en  trois  ans  sous  le 
voévode  Vasile  Lupu  (xviii"  siècle),  et  que  M.  Leconte 
du  Nouy  restaure  depuis  près  de  trente  ans.  Le  réfec- 
toire de  l'ancien  couvent,  avec  sa  voûte  de  pierre, 
mentionnée  par  le  diacre  Paul  d'Alep,  et  ses  fenêtres 
rectangulaires,  ornées  de  baguettes  entrelacées  du 
même  modèle  que  celles  de  l'église,  était  connu  sous 
le  nom  de  salle  gothique. 

Ce  corps  de  bâtiment  n'avait  aucun  licsoin  de  restau- 
ration; on  se  h<âla  d'en  enlever  le  toit,  et  quand  les 
intempéries  eurent  fait  leur  œuvre,  on  le  démolit  de 
fond  en  comble.  Il  ne  reste  pas  aujourd'hui  une  pierre 
ancienne  de  tout  l'édifice.  —  M.  M. 

Russie 

Staryé  Gody  (avril).  —  Dans  la  Collection  de 
M.  Uthemann,  à  Saint-Pétersbourg,  M.  A.  BeiNois 
décrit  abondamment  un  tableau  qu'il  attribue  à  Pater 
et  qui  provient  de  la  collection  George  Salting.  Por- 
trait de  Miss  y'ernon,  par  Romney,  provenant  du 
comte  Warwick.  Plusieurs  Borovikovski;  un  II.  Ro- 
bert; un  Van  Goyen,  etc.  Tapisseries  de  lîeauvais.  do 
Flandres,  etc.  Porcelaines  de  Meissen.  Meubles  fran- 
çais, hanaps  allemands,  etc. 

—  M.  Alexandre  Ouspexski.  poursuivant  ses  très 
sérieuses  investigations  d'archives,  permet  de  suivre 
année  par  année  les  travaux  d'Ivan  Uezmine,  imagier 
de  l'atelier  des  tsars.  Bezmine  fut  élève  du  Polonais 
Loputski  en  1662,  puis  de  Daniel  Vouchters  en  1667. 
H  travaille  pour  la  cour  de  1670  à  16fl2,  année  après 
laquelle  on  n'a  plus  de  renseignements  sur  lui. 

—  Le  baron  A.  de  Fcih:i.KRusAM  relève  d'après  le 
Livre  des  collectionneurs  lie  Maze-Sencier,  les  cadeaux 
de  la  cour  de  France  à  la  cour  de  Russie  (1687-1785;. 
—  Denis  Rociik. 


Le  Gérant  :  H.  Dkms. 


Pans    —  imp.  G«orge»  Petit.  12,  rue  (iodot-de-Uaurot. 


Numdro  393. 


Samedi  22  Août  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


Musées  de  province 


LA  SALLE  PUGET  AU  MUSÉE  DE   MARSEILLE 

La  semaine  même  où  nous  devions  apprendre 
avec  une  douloureuse  surprise  la  fin  prématurée 
de  M.  Pliilippe  Auquier,  le  regretté  conservateur 
du  musée  des  beaux-arts  deMarseille.nous  rece- 
vions sa  dernière  brochure  :  le  catalogue  des 
œuvres  de  Pierre  Puget  réunies  par  lui  au  Palais 
de  I.ongchamp,  après  onze  années  de  démarches 
inlassables  et  d'efforts  réitérés. 

Il  serait  à  souhaiter  que  les  conservateurs  de 
musées  de  province  pussent  méditer  l'introduc- 
tion qui  ouvre  cette  brochure  ;  elle  leur  appren- 
drait —  à  supposer  qu'ils  aient  besoin  de  les  ap- 
prendre —  l'initiative,  la  patience  et  la  ténacité. 
Ils  y  verraient  comment,  dès  1897,  M.  Ph.  Au- 
quier s'était  mis  en  tête  de  consacrer  au  grand 
artiste  provençal  une  salle  entière  du  musée 
de  Marseille  ;  comment,  après  avoir  formé  un 
embryon  de  collection  —  six  peintures,  six 
sculptures  et  douze  dessins  — ,  il  se  multiplia 
pour  obtenir  des  photographies  et  des  moulages  ; 
et  comment  enfin  l'initiative  privée  seconda  ses 
elîorts,  au  point  qu'à  l'heure  actuelle  les  visiteurs 
du  Palais  de  I.ongchamp  peuvent  étudier,  dans 
le  cadre  le  mieux  fait  pour  les  mettre  en  valeur, 
la  plus  grande  partie  des  ouvrages  du  «  Michel- 
Ange  français  ».  Voilà  du  bon  régionalisme  et  de 
la  bonne  décentralisation  ! 

Le  dévoué  conservateur  était  donc  bien  fondé 
à  se  réjouir,  en  constatant  que  la  plus  grosse 
partie  de  la  besogne  était  faite  et  que  cette  col- 
lection, qui  était  son  œuvre  personnelle,  désor- 
mais signalée  à  l'attention  des  pouvoirs  publics, 
ne  pouvait  que  s'aciToître  par  la  suite  et  se  com- 
pléter à  bref  délai.  Mais  dans  le  temps  qu'il 
affirmait  sa  pleine  confiance  en  l'avenir,  et 
comme  s'il  n'avait  attendu  que  la  réalisation  de 
ce  qui  avait  été  la  pensée  maîtresse  d'une  bonne 
part  de  sa  vie,  il  mourait,  laissant  à  ses  succes- 


seurs le  soin  de  parachever  ce  qu'il  avait  entre- 
pris avec  tant  d'audacieuse  confiance  et  pour- 
suivi avec  un  zèle  si  enthousiaste. 

Du  moins,  laisse-t-il,  parmi  tant  de  travaux 
estimés,  ce  petit  temple  dédié  à  son  maître  de 
prédilection,  qui  restera  comme  un  souvenir  et 
comme  un  exemple. 

E.  D. 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Actes  officiels.  —  Par  arrêté,  en  date  du  30  juil- 
let 1908,  sur  la  proposition  du  sous-secrétaire  d'État 
des  Beau.K-Arts,  le  ministre  de  l'Instruction  publique 
a  nommé  conservateur  du  palais  de  Compiègne, 
M.  Arsène  Ale.xandre,  critique  d'art,  en  remplacement 
de  M.  Tabaraud,  décédé. 

Musée  des  Arts  décoratifs.  —  Sur  l'initiative  de 
M.  Georges  l!ei'f;er,  membre  de  l'Institut,  les  sous-sols 
du  pavillon  de  Marsan  vont  être  prochainement 
aménagés  en  «  nuisée  des  moulages  ». 

M.  G.  Berger  avait  entassé,  dans  les  caves  du  pavil- 
lon, un  ensemble  considérable  de  moulages  en  plâtre, 
portes,  fenêtres,  chambranles  de  portes,  œils-de-bœuf, 
marteau.^  et  autres  échantillons  de  l'art  décoratif 
français  aux  xvii*  et  xviu"  siècles;  ces  pièces  rem- 
pliront désormais  toute  l'aile  droite  du  Louvre,  dans 
la  partie  qui  fait  suite  à  labihliothéque.  Les  nouvelles 
salles  prendront  jour  à  la  fois  sur  la  rue  de  Rivoli, 
les  Tuileries,  lesjardins  du  Carrousel.  On  y  accédera 
par  une  porte,  pratiquée  à  droite,  dans  l'entrée  prin- 
cipale du  musée,  et  de  plain-pied  avec  elle.  Enfin, 
on  profitera  de  l'occasion  pour  agrandir  et  trans- 
former la  bibliothèque. 

—  Le  musée  des  arts  décoratifs  vient  de  s'enrichir  de 
plusieurs  costumes  de  la  garde-robe  de  Napoléon  I"  : 
la  robe  de  soie  blanche  brodée  d'or,  le  rabat  en  point 
de  Bruxelles,  le  manteau  en  velours  rouge,  et  six 
habits  de  cérémonie,  qui  servirent  pour  le  sacre;  des 
robes,  bonnets  et  parures  de  l'impératrice  ;  le  rochet 
du  cardinal  Kescli.  Le  musée  a  reçu  aussi  un  déjeuner 
en  Sèvres  jaune,  que  la  reine  Ilortense  avait  com- 
mandé elle-même  à  la  manufacture  et  qui  figurait 
sur  sa  table  quand  l'empereur  était  son  hète. 


226 


LE   BULLETIN   DE    L'ART 


—  On  sait  la  vogue  dont  jouissent  actuellement 
les  bottes,  tabatières  et  menus  bibelots  analogues 
du  XVIII'  siècle  et  du  commencement  du  xix*.  C'est 
une  exposition  d'objets  de  ce  genre  qu'on  organise, 
pour  le  mois  d'octobre,  au  musée  des  Arts  décoratifs. 

Bibliothèque  nationale.  —  Prochainement, 
s'ouvrira  à  la  Bibliothèque  nationale  l'exposition  de 
la  collection  Armand-V.iUnn,  léguée  par  M.  Valton 
au  Cabinet  des  médailles,  et  que  M.  Ernest  lialiclon, 
conservateur,  étudiera  dans  le  numéro  de  la  Heviie  du 
mois  prochain. 

La  veuve  du  donateur  est  venue  apporter,  ces 
jours  derniers,  cinq  pièces  nouvelles  d'une  grande 
valeur,  qui  rehausseront  encore  l'éclat  de  cette 
exposition  ;  ce  sont  :  deux  petits  bustes  archaïques 
en  bronze,  deux  en  terre  cuite  et  une  tête  égyptienne 
en  terre  tendre. 

Dons  aux  musées.  —  La  famille  Paul  Meurice 
vient  d'offrir  au  musée  du  Luxembourg  le  l'orlrait  ite 
Paul  Meurice,  par  Cracquemond,  et  au  musée  du 
Louvre  le  l'oi  trait  de  Mme  (iraiiger,  par  Oranger. 

Salon  d'automne.  —  La  sixième  exposition  du 
Salon  d'aiiloume  ouvrira,  au  Grand  Palais,  le 
1"  octobre  et  se  poursuivra  jusqu'au  diuianche 
8  novembre.  Outre  l'exposition  courante,  elle  com- 
prendra des  rétrospectives  d'oeuvres  du  Groco,  de 
Monticelli,  de  Ghilllard  et  de  Bresdin,  et  une  section 
linlandaise  de  peinture  et  d'architecture. 

Société  internationale  de  la  gravure  originale 
en  noir.  —  Cette  Société,  fondée  au  début  de  la  pré- 
sente année,  sur  l'initiative  de  .M.  Kdouard  André, 
ouvrira  sa  première  exposition  le  3  novembre,  aux 
nouvelles  galeries  Dewambez,  43,  boulevard  Males- 
herbes.  Outre  les  eaux-fortes,  pointes  sèches,  gravures 
sur  bois  et  lithographies  en  noir,  les  organisateurs 
ont  décidé  d'admettre  les  gravures  originale.s  tirées 
ton  sur  ton  icamaïeux). 

Déjà  un  certain  nombre  d'artistes  ont  envoyé  leur 
adhésion  :  MM.  Kodin,  jirésident  d'honneur;  Anders 
Zorn  et  E.  Friant,  vice-présidents;  le  hollandais  Ph. 
Ziicken;  les  suédois  Cari  Larsson,  Emile  Zoir  et  Eigil 
Schwab;  le  graveur  suisse  Van  Muydcn;  les  litho- 
graphes Ilochard  et  Belleroche;  les  peintres-graveurs 
B.  Naudin,  Le  Meilleur,  Ch.  Huard,  llillekamp, 
Ch.  .louas,  J.-J.  Gabriel,  Péters-Destérach,  R.  Woog, 
G.  Surand,  Lopisgich,  etc. 

Les  adhésions  sont  reçues  au  siège  de  la  Société, 
24,  rue  Beaurepaire,  Paris.  Xv 

Acquisitions  et  commandes  de  l'État.  —  La 
liste  des  œuvres  d'art  acquises  pour  le  compte  de 
l'État,  depuis  le  t"  janvier  1908,  celle  des  travaux  de 
peinture,  sculpture  et  gr.avure  comiuandés  et  celle 
des  subventions  accordées  depuis  cette  époque,  ont 
été  publiées  au  Journal  Officiel  du  -j  août. 


Les  vols  dans  les  églises.  —  L'église  de  Saint- 
Rémy,  dans  le  canton  de  Villefranche-de-Longchamp 
(Dordogne),  a  été  cambriolée.  Dill'érents  objets 
servant  il  l'exercice  du  culte  et  placés  dans  une 
armoire  de  la  sacristie,  ont  été  volés  pendant  la  nuit 
du  10  au  H  août. 

—  Oes  malfaiteurs  se  sont  introduits  dans  l'église 
de  Saint-Viance  (Corrèze),  et  y  ont  dérobé  une  chasse 
ancienne,-  une  merveille  de  l'art  limousin  des  xii"  et 
XIII"  siècles,  composée  d'un  coffre  en  bois  (0"82xO"2j) 
surmonté  d'un  failage  à  deux  versants,  le  tout  recou- 
vert par  des  lames  de  cuivre  doré  et  des  plaques 
d'émail. 

—  A  Thure  CVienne),  on  a  dérobé  une  garniture 
de  dentelles  anciennes,  découpée  autour  d'une  nappe 
d'autel. 

—  D'autre  part.  M.  Gauthier,  commissaire-adjoint 
de  la  6'  brigade  uiobile,  a  retrouvé,  aux  environs  de 
V'arietz  ;Ariège),  la  châsse  de  l'église  d'Aubazine,  qui, 
ainsi  quç  ntms  l'avons  annoncé,  avait  été  volée  pen- 
dant la  nuit  du  30  au  31  juillet  dernier,  et  qui  avait 
été  portée  dans  un  champ  de  blé,  où  les  malfaiteurs 
l'avaient  abandonnée,  après  avoir  enlevé  les  pierreries 
dont  elle  était  ornée. 

A  Dijon.  —  Voici  une  bonne  année  pour  l'admi- 
rable capitale  bourguignonne.  Le  llullelin  a  déjà 
annoncé  comment  son  magnifique  musée  avait 
récemment  inauguré  une  nouvelle  collrction  de 
tableaux  et  d'objets  d'art,  légués  par  M'"'  veuve 
Grangier.  Parmi  ces  tableaux,  on  remarque  une  tête 
de  vieillard  de  Fragonard  {?);  un  portrait  de  femme, 
par  Ingres;  le  portrait  de  M""  Pierre  de  Vellefrey,  par 
Prudhon;  les  objets  d'art  offrent  (|uelques  bonnes 
statuettes  de  bois  polychromes.  L'ensemble  de  la 
«  salle  Henri  et  Sophie  Grangier  »,  avec  ses  robustes 
lambris,  ses  fenêtres  et  sa  cheminée  gothiques,  pré- 
senterait un  aspect  des  plus  heureux  si  l'éclairage 
n'en  était  malheureusement  d'une  cruelle  insullisancc, 
à  laquelle  ou  ne  saurait  songer  à  remédier,  puisqu'on 
ne  le  pourrait  le  faire  qu'en  éventraut  la  tour  de  Bar, 
où  elle  est  située. 

Après  le  musée,  la  rue,  la  rue  dijonnai.se,  si  fertile  en 
tableaux,  elle  aussi  s'enrichit  :  le  poète  et  philan- 
thrope dijonnais.  M.  Stéphen  Liégeard,  soumet  à  une 
restauration  fort  opportune  la  façade  de  sa  maison 
natale,  qui,  jadis,  fut  celle  d'Hugues  Aubriot. 
Depuis  plus  d'un  siècle,  l'ornementation  gothique  en 
avait  disparu  derrière  un  emplâtre  de  maçonnerie. 
Voici  qu'on  la  démasque,  et  déjà  surgissent,  derrière 
les  échafaudages,  les  cintres  et  les  colonncttes  des 
fenêtres.  C'est  un  nouveau  joyau  restitué  à  la  char- 
mante rue  des  Forges,  jouxtant  la  célèbre  «  Maison 
des  Ambassadeurs  »,  au  débouché  même  de  la  rue 
du  Bourg. 

On  voudrait  n'avoir  à  signaler,  dans  une  pareille 
ville,  que  de  pareils  travaux.  Mais  ceux  qu'on 
accomplit,  à  Dijon  même,  dans  le  quartier  du  Châ- 
teau, sont  loin  de  donner  une  égale  satisfaction.  Le 


ANCIEN    ET   MODERNE 


227 


futur  Hôtel  des  Postes  est  dans  un  état  encore  trop 
embryonnaire  pour  qu'on  puisse  préjuger  de  son 
aspect  ;  du  moins,  sa  superficie  nous  assure-t-elle 
qu'il  ne  répondra  pas  longtemps  au  développement 
qu'on  doit  attendre  d'une  ville  comme  Dijon.  Et  près 
de  lui  s'élèvent  des  maisons  bien  fâcheuses  ;  entre 
autres,  certain  édifice  en  béton  armé,  dont  les  gaines 
de  bow-windows  s'atlublent  d'absurdes  chapeaux 
chinois,  est  une  horreur  et  un  défi,  dans  une  cité  qui 
montre  tant  et  de  si  belles  lanternes,  écliangnettes  et 
tourelles,  à  des  architectes  qui  devraient  se  souvenir 
que  noblesse  oblige.  —  Jean  Ciiamavoine. 

A  Florence.  —  M.  Corrado  Kicci,  conservateur 
(les  musées  de  Florence,  a  élaboré  un  grand  projet, 
en  vue  de  remanier  complètement  l'organisation  et 
l'installation  des  trésors  des  dilîérents  musées 
llon^ntins.  Voici,  en  résume,  quelle  en  est  l'économie. 

La  Bibliothèque  nationale  et  le  bureau  des  postes 
devront  quitter  les  OfUces.  Pour  éviter  tout  danger 
d'incendie,  on  démolira  toutes  les  constructions 
légères  qui  entourent  en  ce  moment  le  palais.  La 
Loggia  dei  Lanzi  deviendrait  l'entrée  du  nouveau 
musée.  On  réunirait  la  collection  de  l'Académie  au 
musée  de  peinture.  Les  tapisseries  actuellement  sous 
les  toits  du  musée  archéologique,  trouveraient  leur 
place  dans  les  grands  couloirs  des  Otlices.  Enfin, 
toutes  les  sculptures  seraient  réunies  au  Bargello. 

A  Francfort.  —  A  Francfort-sur-le-Main,  le  Kunst- 
verein  a  organisé  une  exposition  particulièrement 
importante  de  l'œuvre  de  Max  Rlinger,  qui  durera 
jusqu'à  la  fin  de  septembre.  C'est  la  première  fois 
qu'un  ensemble  de  ses  œuvres  aussi  considérable  est 
réuni  hors  de  Leipzig  ;  une  fois  de  plus,  le  concert 
des  voix  est  unanime  à  rendre  hommage  au  génie 
créateur  et  aux  tale'nts  variés  dans  l'exécution,  qui 
font  de  Rlinger  une  des  sommités  de  l'art  allemand. 

Pour  la  circonstance,  si  les  musées,  comme  d'habi- 
tude, n'ont  pas  voulu  transiger  avec  les  règlements, 
du  moins  nombre  de  particuliers,  surtout  de  Dresde, 
Berlin,  Francfort,  ont-ils  d'assez  bonne  grâce  prêté  les 
œuvres  en  leur  possession.  C'est  ce  qui  explique  qu'il 
y  ait  plus  de  gravures,  de  dessins  et  même  de  sculp- 
tures, grâce  à  des  re|)roductions  eu  bronze,  que  de 
tableaux.  L'artiste  a  aussi  livré  quelques  œuvres  qui 
n'avaient  jamais  encore  quitté  son  atelier,  et  par 
exception,  il  a  assisté  lui-même  aux  derniers  aména- 
gements de  l'exposition. 

Elle  comporte  120  numéros,  mais,  comme  l'on  sait, 
chaque  opiis  de  gravure  représente  souvent  dix  à 
douze  pièces,  et  les  Brahms- l'hanlasien  en  comptent 
41,  dont  8  grandes  planches.  Voici  les  Victimes  d'Ovide 
{op.  11,  1819);  les  46  eaux-fortes  pour  V Amour  et 
l'syché  (op.  V,  1880);  quelques  feuillets  épars  des 
op.  VU,  la  Chaussée,  le  Clair  de  lune;  les  traductions 
à  l'cau-forte  de  tableaux  de  Bœcklin  :  Jour  d'été. 
Printemps,  l'Ile  des  Morts  (1881)  ;  des  ex-libris,  dont 
celui  du  D'  J.  Vogel  (1901)  et  celui  de  M.  G.  Giesecke 


tout  récent  (1907)  ;  les  fameux  cycles  des  Drames 
(op.  IX,  1883),  Un  Amour  (op.  X,  1887),  De  la  Mort 
(op.  XIII,  1883-1903),  dont  on  assure  qu'ils  représen- 
tent sinon  des  heures  vécues  par  l'artiste,  du  moins 
des  impressions  très  vivement  ressenties.  De  toute 
son  œuvre,  conune  de  l'œuvre  d'art  en  général, 
Klingcr  a  dit  qu'elle  doit  être  la  «  grande  expression 
résumée  de  toute  une  conception  de  la  vie  •>. 

Parmi  les  dessins,  nous  retiendrons  les  premiers 
croquis  à  la  plume,  un  Portrait  de  sa  mère,  du  jeune 
homme  de  dix-huit  ans  (1874-76),  les  études  pour 
différentes  figures  des  cycles  suivants,  du  Christ  pour 
la  Crucifixiou  (1883),  les  étranges  ombres  de  cette 
Saloméau  cuirassier  {Paris,  1886),  le  Christ  à  l'Olympe, 
quelques  académies  et  têtes  d'études  au  conté  ou  aux 
craies  de  couleurs  (1900-1901),  puis  sept  esquisses 
pour  le  grand  tableau  (20  mètres  de  long  sur  6  de 
haut)  qui  sera  découvert  l'été  prochain  pour  les  fêtes 
du  300*  jubilé  de  la  fondation  de  l'Université  de 
Leipzig  :  Homère  chantant  devant  le  peuple  assemblé, 
dans  un  magnifique  paysage  méditerranéen.  —  Une 
série  d'aquarelles  rappellent  des  dates  de  voyage  : 
à  Sienne  (1889,  ;  en  Grèce  (1899)  ;  à  Elbe  (1904),  avec 
une  vue  de  la  chambre  de  Napoléon  ;  à  Naum- 
bourg  (1906),  et  en  dernier  lieu  en  Espagne  (1907).  — 
Les  tableaux,  tout  en  présentant  malheureusement 
de  grandes  lacunes,  s'échelonnent  de  1877  à  1907  : 
le  Promeneur  en  arrêt  contre  un  mur  de  briques  de 
banlieue,  devant  quatre  sinistres  coureurs  de  bar- 
rières ;  des  portraits,  études  et  paysages. 

Enfin,  les  œuvres  de  sculpture  résument  assez  bien 
les  recherches  de  statuaire  colorée  de  Max  Klinger  ; 
Buste  de  Mme  Ananije/f  {\900),  en  marbre  de  Paros, 
aux  yeux  d'opale,  aux  cheveux  en  marbre  des  Pyré- 
nées ;  ses  recherches  d'attitude  et  d'expression  : 
Salomé  (1893),  Cassandre  (1893),  Baigneuse  (1899), 
puis  les  dernières  tentatives  d'un  art  plus  décoratif, 
étroitement  allié  à  l'architecture  :  les  bustes  plus 
grands  que  nature  de  Us:t  (1901),  de  Nietzsche  (1906), 
la  Muse  pour  le  monument  Brahms  (1907),  l'Athlète 
(bronze  1908).  —  Mahcel  Montandon. 

A  Londres.  —  La  National  Gallery  a  récemment 
publié  son  annuaire  A  signaler  parmi  les  nouvelles 
acquisitions  ;  de  Van  Dyck,  les  portraits  du  marquis  et 
de  la  marquise  Cattaneo,  qui  ont  fait  partie  de  la 
collection  Cattaneo  de  Gênes;  —  une  Revue  de 
troupes,  par  G.  de  Saint-Aubin  ;  —  un  portrait  de 
Joseph  Ducreux,  par  lui-même;  —  de  J.-L.  David,  le 
portrait  d'Élisa,  duchesse  de  Toscane,  sœur  de  Napo- 
léon; —  enfin,  un  Portrait  de  la  Malibran,  attribué 
à  Ingres. 

Nécrologie.  —  On  annonce  la  mort  de  M.  Charles 
de  Hobillard  de  Beaurepaire,  archiviste  honoraire  de 
la  Seine-Inférieure.  Il  était  né  à  Avranches.  le 
24  mars  1828,  et  devint,  en  mars  1851,  archiviste  de 
la  Seine-Inférieure.  Membre  correspondant  de  l'Aca- 
démie dos  Inscriptions  et  Belles-Lettres  depuis  1871, 


228 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


il  laisse  de  nombreux  et  importants  travaux  d'histoire 
et  d'archéologie. 

—  .1/.  Ernest  Carrière,  artiste  céramiste,  chef  des 
ateliers  de  décoration  de  la  manufacture  de  Sèvres, 
vient  de  mourir  à  l'âge  de  cinquante  ans.  Né  à  Stras- 
bourg, il  était  le  frère  du  peintre  Eugène  Carrière.  Il 
exposait  aux  Salons  de  la  Société  nationale,  des  por- 
celaines et  des  grès  souvent  remarqués,  qui  lui 
avaient  valu  une  médaille  de  bronze,  à  la  dernière 
Exposition  universelle. 

—  Le  peintre  Léon-llazile  Perrault,  né  à  Poitiers, 
élève  de  Picot  et  de  Bouguereau,  qui  avait  commencé 
d'exposer  au  Salon,  en  1861,  des  figures,  des  sujets  de 
genre  et  des  sujets  religieux,  vient  de  mourir  à  Royan. 
On  lui  doit  aussi  la  décoration  de  la  salle  des  mariages 
de  la  mairie  de  Poitiers.  11  avait  obtenu  une  mention 


en  1864,  une  médaille  de  2'  classe  en  1876,  une  de 
bronze  en  1889  et  une  d'argent  en  1900;  depuis  1887, 
il  était  chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

—  Le  peintre  anversois  l'iet  Verliaert,  professeur 
à  l'Académie  des  beaux-arts  d'Anvers,  est  mort  subi- 
tement en  cette  ville  la  semaine  dernière.  Membre 
de  la  Société  des  artistes  français,  il  avait  obtenu 
une  médaille  d'argent  à  l'Exposition  universelle 
de  1889! 

—  Mi>e  Laiire  de  Chalillon,  artiste  peintre,  élève 
de  L.  Cogniet,  est  morte  à  Clarcns  (Suisse),  à  l'âge  de 
82  ans.  .Née  à  Chambray-sur-Eure,  elle  avait  commencé 
d'exposer  au  Salon  de-1851  ;  on  lui  doit  de  nombreux 
portraits,  des  tableaux  religieux  et  des  scènes  de 
genre.  Elle  avait  obtenu  une  mention  honorable  au 
Salon  de  1863. 


CHRONIQUE    DES  VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

Les  grandes  ventes  à  l'étranger  en  1908 
(suite).  —  A  Londres.  —  Collection  du  duc 
de  Sutherland  (tableaux  anciens  et  mo- 
dernes). —  Nous  nous  contenterons  de  renvoyer, 
pour  cette  vente,  annoncée  dans  le  »•  369,  au 
compte  rendu  que  nous  avons  publié  dans  le 
n*  371.  Faite  le  8  février,  elle  produisit  un  total 
de  191.000  francs,  avec,  comme  plus  haute 
enchère,  55.125  francs,  pour  un  Portrait  de 
gentilhomme  à  cheval,  par  Van  Dyck. 

—  Ce  même  n"  371,  contenait  quelques  détails 
relatifs  à  deux  autres  ventes  faites  à  Londres, 
au  début  de  février. 

Collection  Alford  (tableaux  modernes).  — 

Le  15  lévrier,  on  vendait  la  collection  Halford; 
produit  total  :  175.000  francs. 

Les  deux  plus  belles  enchères,  du  côté  des 
peintures,  ont  été  pour  un  Rosa  Ronheur, 
Paysans,  et  moutons  dans  les  Landes,  8.925  fr.,  et 
pour  un  petit  tableau  d'Israèls,  8.123  fr. 

"Ventes  diverses.  —  Dans  une  autre  vente, 
faite  le  même  jour,  quelques  objets  d'art  réali- 
saient des  prix  intéressants  :  groupe  d'Arlequin 
en  vieux  Saxe,  6.550  fr.  —  Pendule  Directoire, 
formée  d'un  vase  en  anc.  porcel.  à  la  Reine, 
7  600  fr.  —  Tapisserie  de  Bruxelles,  à  sujet 
allégorique  de  l'Asie,  d'après  Van  Schoor, 
14.950  fr.  —  Deux  panneaux,  tapisseries  de 
jlrHxellps,  à  sujets  historiques,  7.500  fr. 


—  Le  22  février,  chez  Chrislie,  on  a  donné 
16.275  fr.  pour  un  petit  tableau  par  Harpignies, 

la  Nièvre  à  Nevers. 

Collection    Braikenbridge   (objets   d'art). 

—  Le  27  février,  commençait,  chez  Christie,  la 
vente  de  la  collection  Braikenbridge,  dont  les 
pièces  d'orfèvrerie  ancienne  ont  fourni  plusieurs 
enchères  sensationnelles. 

Un  ciboire  du  xui'  siècle,  en  cuivre  doré,  avec 
émaux  champlevés,  à  sujets  de  l'Ancien  et  du 
Nouveau  Testament,  de  travail  anglais  et  prove- 
nant de  l'abbaye  de  Malmesbury,  n'a  pas  réalisé 
moins  de  toO.OOO  francs  —  le  plus  beau  prix 
payé  en  vente  publique  pour  un  objet  de  celle 
sorte. 

Une  coupe  en  bois,  montée  en  argent  doré, 
travail  de  Londres,  portant  la  date  de  1534,  a 
été  adjugée  62.500  fr.  ;  —  une  paire  de  candé- 
labres en  cuivre  émaillé,  travail  français  du 
xHi'  siècle,  11.250  fr.;—  une  miniature,  portrait 
d'homme,  par  N.  Hilliard,  datée  de  1614,  15,500 
francs. 

Collection  de  lord  Young  (tableaux).  — 

Peu  d'enchères  intéressantes  à  signaler  dans  la 
vente  des  tableaux  formant  la  collection  de  lord 
Young  (chez  Christie)  :  un  Portrait  de  Richard 
Brinsteij  Sheridan,  par  sir  Th.  Lawrence,  14.175 
francs,  et  un  Portrait  de  Mary  Ann  Ei/cott  avec 
son  frère,  dans  le  genre  de  Raeburn,  13.375  fr,, 
sont  les  seuls  prix  à  retenir. 
A  celtç   vente   Ogurî^it  un    Portrait  de  Titus 


ANCIEN    ET    MODERNE 


229 


Rembrandt,  attribué  au  maître  de  la  Ronde  de 
nuit,  mais  si  retouché  qu'il  n'inspirait  guère 
confiance  aux  acheteurs  ;  un  marchand  anglais 
l'obtint  pour  6.250  francs,  le  fit  nettoyer  et  se 
trouva  posséder  un  beau  portrait  signé  Rem- 
brandt, dont-il  trouva,  dit-on,  amateur  à  200.000 
francs,  quelques  mois  plus  tard. 

Collection  Dickins  'céramique  ancienne). 

—  Le  4  mars,  avait  lieu  la  première  vacation  de 
la  vente  Dickins,  composée  de  céramique 
ancienne  :  cette  première  vacation  seule  a  pro- 
duit un  demi-million  d'enchères,  avec  quelques 
prix  importants.  C'est  ainsi  que  trois  vases  à 
couvercles,  en  vieux  Sèvres,  de  la  forme  dite 
«  vases  à  ornements  »,  fond  gros  bleu,  médail- 
lons de  ports  de  mer  par  Morin,  dorure  par 
Vincent,  datés  1779,  ont  été  payés  Si.OOO  fr.; 

—  une  jardinière  en  Sèvres,  forme  éventail, 
fond  gros  bleu,  médaillons  de  marines  par 
Morin,  motifs  décoratifs  par  Sioux,  datée  176.3  : 
80.000  francs;  —  enfin,  une  garniture  en  Saxe, 
de  trois  grands  vases  décorés  de  sujets  cham- 
pêtres dans  le  goût  de  Watteau,  a  été  poussée 
jusqu'à  100.000  francs. 

Citons  quelques  autres  prix  de  la  première 
vacation  : 

Séores.  —  Paire  de  seaux,  fonds  turquoise,  17.830  fr. 

—  Deux  vases,  décors  d'ornements  verts,  montures 
bronze  doré,  ép.  Louis  XV,  39.2.Ï0  fr.  —  Deux  jardi- 
nières éventails,  décorées  par  Tandard  et  Michaud, 
26.250  fr.  —  Vase  décoré,  sur  fond  vert,  par  Morin 
(t768),  17.030  fr. 

Saxe.  —  Cinq  surtouts  de  table,  21.000  fr.  —  Quatre 
statuettes  des  parties  du  Monde,  15.750  fr.  —  Groupe 
crinoline  de  la  Comtesse  de  Kœssel  avec  son  chien, 
19.675  fr. 

l'armi  les  prix  de  la  seconde  vacation,  dont  le 
produit  s'est  élevé  à  4)6.950  francs,  citons  : 

Sèvres.  —  Deux  vases  à  fonds  gros  bleu,  médaillons 
à  amours,  36.750  fr.  —  Vase  avec  couvercle,  décoré 
de  quatre  médaillons  bustes,  en  camaïeu,  31.500  fr. 

—  Paire  de  vases  à  couvercles,  décor  vert  clair  (1757), 
28.330  fr.  —  Trois  vases  oviformes,  14.425  fr.  —  Deux 
bols,  décorés  de  fleurs  en  bleu,  socles  bronze  etvieux 
Saxe,  11.800  fr.  —  Deux  vases  et  couvercles,  fonds 
f,'ros  bleu  marbré  d'or,  fleurs  et  fruits,  24.925  fr.  — 
Vase  à  couvercle,  décor  d'amours,  sur  fond  bleu 
turquoise,  11.800  fr. 

Saj.e.  —  Dame  en  crinoline,  assise,  buvant  une 
tasse  de  thé,  tandis  qu'un  gentilhomme  lui  baise  la 
nmjn  et  que  derrière  elle  se  tient  un  petit  nègre, 
27.750  fr.  —  Deux  petits  bustes  d'enfants,  30.175  fr. 
'-  Deux  figurines  de  Chinois  et  Chinoise,  12,075  fr.  -^ 


Deux  groupes  crinoline,   femmes   et   hommes   dan- 
sant, 13.650  fr. 

La  troisième  vacation  a  porté  le  produit  total 
de  la  vente  à  1.107.325  francs,  avec,  comme 
principaux  prix  : 

Deux  petits  vases  en  anc.  porcel.  de  Chine,  poudré 
bleu,  ép.  Rang-Ili,  12.075  fr.  —  Deux  vases  de  Sèvres, 
vert  clair,  monture  brcmze,  11.023  fr. 

Collections  Dickins  et  Tatham  (tableaux 
modernes).  —  Le  7  mars,  on  a  vendu  les 
tableaux  provenant  de  cette  même  collection 
Dickins  et  de  celle  de  feu  M.  Tatham  :  le  total, 
pour  les  99  numéros  de  la  vente,  a  été  de 
71.3.880  fr.,  avec  l'enchère  importante  de 
57.750  fr.,  obtenue  par  une  petite  aquarelle  de 
Turner,  Constance.  Citons,  en  outre  : 

Aquarelle  de  Turner  :  Carnavon  Castle,  25.450  fr.  ; 

—  Zurich,  17  830  fr.  ;  —   Windsor  Cns/Ze,  44.625  fr. 
(en  1870,  cette  aquarelle  n'avait  atteint  que  17.850  fr.). 

Burne-Jones.  Love  among  the  ruines,  41.325  fr.  — 
Mauve.  Vue  de  la  Scheldt,  22.300  fr.  —  Hunt. 
Too  not,  14.175  fr.  —  Millais.  Dream  at  Baron, 
11.273  fr.  —  Pinwell.  T/te  yreat  lady,  13.800  fr.  — 
Ilossetti.  Lady  Lilille,  aquar.,  11.025  fr.  —  Prout. 
La  Cathédrale  de  Chartres,  12.073  fr.  —  De  Wint. 
Vue  de  Lincoln,  27.530.  —  Linnel.  Paysage,  13.125  fr. 

—  Mason.  The  Garider,  49.075  fr.  —  .Vlillais.  Orphe- 
lins, 40.425  fr. 

On  remarquera  les  beaux  prix  obtenus  par  ces 
œuvres  de  l'école  anglaise  moderne;  les  plus  dis- 
putées ont  été  celles  deWalker,  parmi  lesquelles 
Harbour  of  refuge,  réplique  du  célèbre  tableau 
de  la  collection  Tate,  a  été  adjugé  67.752  francs. 
Trois  autres  œuvres  du  même  artiste,  the  Violet 
field,  the  Old  gale,  the  liée  hives,  ont  atteint 
respectivement  42.000,  39.375  et  14.300  francs. 


[A  suivre.) 


M.  N. 


EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


La  parure  féminine  (au  musée  Caillera).  — 
la  beauté  passe,  la  parure  demeure...  et  date, 
plus  tard,  terriblement.  Sur  ces  bijoux,  l'historien 
futur  nous  jugera,  comme  le  savant  reconstitue 
les  colosses  disparus  d'après  une  dent;  et  que 
penseront  de  nous  les  archéologues  des  siècles  à 
venir?  Peut-on,  dès  aujourd'hui,  s'en  douter'.' 
Dans  le  Paris  du  romantisme,  estampes  et 
vignettes   nous   oiit   fait  revoir  un   Paris   très 


230 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


bourgeois  où  les  poètes,  comme  toujours  et 
partout  d'ailleurs,  ne  furent  qu'une  surprenante 
exception;  seuls  témoins  d'une  humanité  d'hier, 
des  gravures  de  modes  nous  ont  prouvé  que  les 
nœuds  dans  les  cheveux,  l'écharpe  et  le  boa 
(comme  le  gilet  de  couleur,  même  avec  l'habit) 
n'étaient  point  des  innovations  récentes;  toute- 
fois, les  bijoux  romantiques  étaient  assez  vul- 
gaires et  soucieux  seulement  de  la  richesse  des 
gemmes;  notre  modem  style  a  voulu  des  bijoux 
artistes,  mais  au  prix  de  quelles  réminiscences  ! 

Notre  époque  est  érudite  :  elle  a  trop  de  souve- 
nirs; laborieusement,  elle  les  amalgame  au  petit 
bonheur.  Partout,  l'histoire  a  tué  le  roman.  Le 
rêve  môme  est  un  pastiche  ;  et  l'archéologie 
s'échappe,  à  travers  la  Renaissance,  le  moyen-àge 
et  l'antiquité  japonaise  ou  pompéienne,  jusqu'à 
l'Egypte  des  Pharaons.  A  découvrir  certains 
bijoux  de  M.  Lalique,  les  bons  archéologues  de 
l'avenir  ne  prendront-ils  pas  nos  compagnes 
pour  des  Cléopàtres  '!  M.  René  Lalique  est  un 
poète,  mais  légèrement  paradoxal  ;  il  aime  à 
styliser  la  flore  et  la  faune,  à  marier  l'émeraude 
ou  l'améthyste  avec  l'aigue-marine,  à  compliquer 
la  boucle  de  ceinture,  le  peigne  ou  la  bague, 
à  décorer  le  tour  de  cou  qui  jouait  plus  libre- 
ment sur  les  décolletés  du  xv!!!"  siècle,  à  chan- 
tourner le  pendentif,  renouvelé  du  pent-à-col,  sur 
le  crêpe  de  Chine  ou  le  surah  des  robes  claires, 
à  piquer  des  épingles  monumentales  ou  de 
métalliques  couteaux  dans  le  flou  des  charlottes 
mousseuses  :  car  sa  vaste  vitrine  associe  la  parure 
et  l'étoffe.  M.  Lalique  a  montré  le  rare  mérite  de 
l'imagination  :  faut-il  en  vouloir  à  sa  personnalité 
de  se  répéter  un  peu?  Jamais  inventeur  n'a  pro- 
voqué plus  d'imitateurs;  les  marchands  ont  copié 
l'artiste  :  et  c'est  encore  un  des  signes  du  temps. 

Sagesse  et  simplicité,  même  relatives,  n'en  ont 
que  plus  de  prix,  parmi  ces  froides  débauches  de 
la  mode  :  rendons  prompte  justice  aux  peignes 
harmonieux  de  M.  Henri  Hamm,  dont  le  goût 
sympathise  avec  les  progrès  d'un  art  inné  chez 
nos  Parisiennes  :  la  coiffure;  aux  loyaux  bijoux 
de  M.  Charles  Rivaud,  qui  respecte  avec  discer- 
nement la  beauté  de  la  matière;  au  dessin  pur 
de  M.  Edmond  Becker,  sculpteur  sur  ivoire  et  sur 
bois.  L'art  décoratif,  comme  l'architecture,  se 
cherche  encore  à  travers  les  styles;  on  parlait 
déjà  de  faillite  ou  de  crise  ;  ces  quelques  noms 
nous  rassurent. 

Raymo.m)  Bolvkr. 


NOTES  &  DOCUMENTS 


Daumier  au  Père-Lachaise. 

Dans  son  livre  sur  Honoré  Daumier,  M.  Henry 
Marcel  écrit  :  «  Le  corps  de  Daumier,  pour  obéir 
à  un  désir  qu'il  avait  exprimé ,  a  été,  à  une  date 
que  nous  n'avons  pu  éclaircir,  transporté  au 
Père-Lachaise,  où  il  repose  à  proximité  de 
Corot  et  de  Daubigny  ». 

Nous  pouvons  donner  aujourd'hui  la  date  de 
l'exhumation  du  corps  de  Daumier.  Voici,  en 
effet,  le  texte  même  du  Procès-verbal  que  nous 
avons  retrouvé  dans  les  archives  de  la  mairie  de 
Valmondois.  On  sait  que  Daumier  mourut  à 
Valmondois  (Seine-et-Oise)  le  10  février  1879.  Il 
fut  exhumé,  pour  être  transporté  au  Père- 
Lachaise,  le  14  avril  1880. 

PROCÈS-VERBAL  D'EXHUMATION 

DES   K8STE8   DE   HoNOHÉ-VlCTOHIEN   DaU.MIER. 

L'An  mil  huit  cent  quatre-vingt,  le  mercredi  qua- 
torze du  mois  d'avril,  à  troi.s  heures  du  soir, 

Nous,  maire  de  la  commune  de  Valmondois, 

Ouï  la  demande  verbale  à  nous  faite  par  M»*  Marie- 
Alexandrine  d'Assy,  veuve  de  Honoré-Victorien  Dau- 
mier, demeurant  audit  Valmondois,  tendant  à  obtenir 
l'autorisation  d'exhumer  les  restes  du  dit  Daumier, 
décédé  on  cette  commune  le  10  février  1879  et  inhumé 
le  13  du  même  mois  au  numéro  cinq,  3"  série  du  plan  : 
concessions  à  perpétuité  : 

Vu  les  lois  et  ordonnances  relatives  au.x  sépultures, 
et  notamment  la  circulaire  du  ministre  de  l'Intérieur 
du  10  mars  1856; 

Vu. les  articles  10,  11  et  12  du  Règlement  du  cime- 
tière connnunal  du  21  mai  18<8,  approuvé  par  M.  le 
Préfet  le  20  septembre  18j1. 

AaRftxo.NS  : 

ArnicLE  PBEMiEii.  —  M"*  Daumier,  susnommée,  est 
spécialement  autorisée  à  faire  exhumer  les  restes  de 
feu  Victorien-Honoré  Daumier,  son  défunt  mari,  pour 
être  réinhumé  n  Paris,  au  cimetière  du  Père-Lachaise, 
dans  un  caveau  qui  lui  est  particulièrement  destiné; 

Article  2.  —  Celte  exhumation  aura  lieu  aujour- 
d'hui même,  à  trois  heures  du  soir; 

.\iiTicLE  3.  —  Elle  sera  faite  en  notre  présence  avec 
le  respect  dû  aux  morts  et  les  précautions  prescrites 
par  les  lois  de  l'hygiène,  et  le  cercueil  sera  cerclé  d'au 
moins  trois  frettes  pour  empêcher  la  dislocation  de  la 
bière  et  la  consolider.  Le  ilépart  pour  Paris  aura  lieu 
le  jeudi  15  avril  à  huit  heures  du  matin.  Si  le  cerceuil 
[sic]  n'est  point  placé  dans  un  lieu  fermé  en  attendant 
son  départ,  une  ou  plusieurs  personnes  seront  prépo- 
sées à  sa  garde.  Tous  les  frais  seront  supportés  par 
M—  Daumier; 


ANCIEN   ET  MODERNE 


â31 


Auticle  4.  —  Cette  dame  se  conformera  strictement 
aux  prescriptions  du  présent  arrêté  et  à  celles  des 
arrêtés  du  Préfet  de  Police  et  du  Préfet  de  Seine-et- 
Oise,  enfin  aux  lois  et  règlements  en  vigueur  sur  la 
police  des  cimetières. 

Fuit,  en  la  mairie  de  Valniondois,  le  quatorze  avril 
mil  huit  cent  quatre-vingt. 

Ch.  Berxay. 

C'est  ce  môme  maire  qui,  le  jour  des  obsèques 
de  Daumier  à  V'almondois,  avait  inscrit  les  lignes 
suivantes  sur  le  Registre  des  concessions  à  per- 
pétuité du  cimetière  : 

13  février  1879. 

Daumier,  Honoré- Victorien,  artiste  peintre,  décédé 
le  10  février  1879.  Il  était  né  à  Marseille  (Bouches-du- 
Uhône)  le  26  février  1808  et  devait  être  illustre  dans 
son  art,  où  il  fut  un  créateur.  Il  a  été  inhumé  au  n°  5->. 

I.e  secrétaire  de  la  mairie  de  Valmondois,  vingt 
ans  plus  tard,  ayant  lu  cette  note,  fil  des  re- 
cherches, apprit  que  Daumier  était,  en  effet, 
i<  illustre  dans  son  art  »,  et,  dans  un  beau  zèle  — 
qu'il  faut  louer  —  il  provoqua  la  création  d'un 
Comité  local  destiné  à  glorifier  le  grand  homme. 
D'ofi  le  buste  de  Geoffroy-Dechaunie,  dressé  sur 
la  place  publique  de  Valmondois,  et  la  plaque  de 
marbre  qui,  depuis  le  9  août  dernier,  témoigne 
que  Honoré  Daumier  mourut  dans  la  petite  mai- 
son du  village  qu'il  tenait  de  la  générosité  de 
Corot, 

Hknrv    LaI'ALV.E.' 


LES      REVUES 


France 

Bulletin  de  la  Société  française  des  fouilles 
archéologiques  (t.  11).  —  Notes  sur  les  fouilles  de 
Ghamplieu,  du  Mont-Beuvray  et  de  Sainte-Colombe- 
lès-Vicnne. 

Les  Arts  (mai).  —  Les  Salons  :  Société  nationale, 
par  Cil.  Saunieh. 

—  La  Collection  de  M.  Claudius  Côte,  par  Tristan 
DesïIîve  (verreries). 

—  Meubles  que  le  musée  du  Louvre  pourrait  re- 
cueillir, par  G.  MiGEoit.  L'auteur  cite,  entre  autres, 
une  table-bureau  du  xvii*  siècle,  une  pendule  Louis 
XIV,  un  régulateur  du  xviii*  siècle, une  table  Louis  XV 
et  un  bureau  Louis  XVI,  appartenant  aux  Archives 
nationales  (ancien  hôtel  Suubise). 

(Juin).  —  L'Exposition  de  portraits  de  Bagatelle, 
par  G.  MoLBEV. 


—  Les  Salons  :  Société  des  Artistes  français,  par 
Ch.  Saunier. 

—  La  Collection  de  M.  Alfred  Lescure,  par  R.  Cox 
(dentelles). 

(Juillet).  —  L'Exposition  Rembrandt  à  la  Bibliothèque 
nationale,  par  P. -A.  Lemoisne. 

—  La  Collection  Alfred  Lescure  (fin),  par  R.  Cox. 

Art  et  décoration  (juin).  —  Les  Esquisses  de 
Gastoti  La  Tour/te,  à  propos  d'une  exposition  récente, 
par  Paul  Coknu. 

—  L'Art  décoratif  aux  Salons,  par  M. -P.  Vebnecil. 

—  L'Exposition  Rembrandt  à  la  Bibliothèque  natio- 
nale, par  P.  Matiiev. 

(Juillet).  —  Arthur  Jacquin,  f/raveiir  sur  bois,  par 
M. -P.  Vehneuil. 

^  Les  Salons  :  la  sculpture,  par  P.  Vnriv  ;  —  la 
peinture,  par  Nobbehu. 

Revue  du  mois  (10  juin). —  A  propos  des  Salons  de 
1908  :  Questions  d'art  contemporain,  par  André  Fon- 
taine. 

L'Art  et  les  artistes  (juillet).  —  La  Cathédrale 
de  Reims,  par  C.  Enlabt.  —  La  Jeune  école  de  pein- 
ture en  Angleterre,  par  F.  RurtEB. 

Angletf.rre 

Burlington  Magazine  (avril).  —  Quelques  Notes 
sur  l'oiii/ine  el  le  développement  de  la  porcelaine 
émaillée  des  Chinois,  par  E.  Dili.on. 

—  l'avis  de  Chavfinnes,  un  chapitre  tiré  des  Modern 
pointers,  par  A.  Kicketts. 

—  Florence  et  ses  constructeurs,  par  G.  Baldwin 
Bhown. 

—  Les  Vieux  vases  sacrés  en  ari/enl  de  quelques 
enlises  anglaises  de  Hollande,  par  E.  Alfred  Jones. 

■ —  Deux  récentes  acquisitions  de  la  National  Oal- 
lery  :  le  portrait  de  Jacqueline  de  Bourgogne,  par 
Mabuse;  et  le  portrait  dune  femme  en  sainte  Marie- 
Madeleine,  peinture  de  l'école  d'Anvers. 

(Mai).  —  Suite  de  l'article  do  M.  E.  Dili.on  sur  les 
Porcelaines  île  Chine. 

—  Un  Portrait  inconnu  de  L.  David,  par  Claude 
Piiii.LM'S  :  c'est  un  portrait  de  jeune  },'.-irçon,  acquis 
autrefois  par  l'autour  en  vente  publique  et  dont  la 
provenance  est  connue;  à  ce  propos,  M.  Cl.  Phillips 
étudie  les  enfants  dans  l'œuvre  de  David  et  propose 
plusieurs  hypothèses  curieuses  pour  l'identification 
des  modèles  du  Joseph  llara  d'Avignon  et  du  por- 
trait de  jeune  garçon  qu'il  publie. 

—  Étude  de  M.  Roger  E.  Fhy  sur  le  récent  livre  de 
M.  Homes,  sur  Rotticelli:  et  de  M.  H.  W.  Singer, 
sur  l'Exjiosition  Goya,  actuellement  ouverte  à  la 
galerie  Miethke,  à  Vienne. 

(Juin).  —  Le  Portrait  de  Tenin/son,  par  Millais,  qui 
a  fait  partie  de  la  succession  de  feu  sir  James  Knowles, 


232 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


récemment  décédé;  M.  D.  S.  Mac  Coli,  fait  appel  à 
ses  compatriotes  et  leur  demande  de  ne  pas  laisser 
ce  ta])leau  sortir  d'Angleterre  :  une  souscription  est 
ouverte  à  cet  effet  au  National  Art  Collections  Fund  ; 
les  héritiers  demandent  3.000  livres  du  tableau. 

—  L'Exposition  des  Manuscrits  à  miniatures  du 
Burlington  Fine  Arts  Club,  par  Roger  E.  Fhv. 

—  La  Nouvelle  loi  italienne  o  pour  les  antiquités 
et  les  beaux-arts  »,  par  Lionel  Ccjst.  —  Le  Bulletin 
a  donné  l'essentiel  de  cette  loi,  publiée  le  17  mars 
dernier. 

—  Parmi  les  oîuvres  du  xviip  siècle  français,  ré- 
cemment acquises  par  la  .National  Gallery,  se  trouve 
une  peinture  de  Gabriel  de  Saint-Aubin,  la  Parade  ; 
une  gravure  inachevée  d'après  le  même  sujet,  datée 
de  1760  et  portant  le  nom  de  l'artiste,  a  été  autrefois 
découverte  à  la  Bibliothèque  nationale  par  M.  G. 
Schéfer. 

—  Une  partie  perdue  d'un  retable  du  maître  de 
Flémalle,  par  Louise  M.  Rictiiek.  —  Le  musée  du 
Prado  possède  deux  volets  d'un  triptyque,  attribués 
au  maître  de  Flémalle,  et  dont  la  partie  centrale  est 
perdue.  M""  Richter  propose  — et  ses  arguments  sont 
des  plus  sérieux  —  de  reconnaître  une  copie  de 
cette  partie  dans  une  Annonciation  qui  ligure  au 
Louvre  comme  un  travail  de  l'École  flamande. 

(Juillet).  —  L'Exposition  franco-anglaise  :  la  sec- 
tion française,  par  Ch.  Ricketts  ;  la  section  anglaise, 
par  R.  Ross. 

—  Une  récente  acquisition  de  la  National  portrait 
Gallery  :  le  portrait  de  1-ady  Margaret  Beaufort, 
comtesse  de  Hichmond  et  Derby ,  mère  du  roi 
Henry  VIL 

—  Note  sur  le  Passage  du  ravin,  une  toile  de  Géri- 
cault  récemment  exposée  dans  une  galerie  anglaise 
et  reproduite  dans  ce  numéro. 

Autres  articles  :  Jacopo  del  Sellaio,  par  M.  11. -P. 
HoKjiE.  —  Les  Œuvres  de  Durer  classées  par  ordre 
ehronologique,  par  sir  M.  Cokway. 

Belgioub 

L'Art  flamand  et  hollandais  (15  avril).  —  Les 
vitraux  de  Lierre  et  d'Anvers  {\\',  xvi'et  xvii'  siècles), 
par  Jean  nr.  Bosscheke.  —  L'Art  contemporain,  par 
J.  SciiMAi.zioAro. 

—  Un  Jordaens  inconnu,  par  A.  Ubedius.  —  Il  s'agit 
d'une  Sainte  Famille  de  la  collection  Stecngracht,  à 
La  Haye,  actuellement  mise  par  erreur  sous  le  nom 
de  Gérard  llonthorst. 

(15  mai).  —  L'art  contemporain  (fin),  par  J.  Schmai.- 
ziOAL-o.  —  Anciens  dessins  du  Cabinet  des  estampes 
d'Amsterdam,  par  W.  Martin.  —  Matthijs  Maris, 
peintre  d'Amsterdam,  par  G.-H.  Marius. 

(15  juin).  —  Les  frères  Oyens,  Peter  et  David, 
peintres  hollandais  contemporains,  par  Dr.-R.  Jacoii- 
SEN.  —  Anciens  palais  de  Nassau  en  Belgique  :  III. 


L'Hôtel  de  Nassau  à  Diest  {fin),  par  Th. -M.  Roest  va» 

I^I.MBUHG. 

(15  juillet).  —  Les  vitraux  de  Lierre  et  d'Anvers, 
lin  de  l'étude  de  M.  J.  de  Bossciiebb.  —  La  collection 
Six  et  ses  tableaux  acquis  pour  le  Rijksmuseum,  par 
W.  Steemioff. 

Italif. 

Bolletino  d'arte  del  Hinistero  délia  Publica 
Istruzione  (II,  fasc.  3). —  Les  Travaux  de  réorganisa- 
tion de  la  Galerie  nationale  d'art  antique  de  Rome, 
par  F.  liEKMA.Nm. 

—  Un  sarcophage  orné  de  motifs  de  la  Nekyia  de 
Polygnote  (collection  particulière  à  Rome),  par  G.  de 

NiCOLA. 

—  Vase  funéraire  à  inscription  falisque,  par  R.  Men- 
OAHELLi  (Home,  musée  de  la  Villa  Giulia). 

—  Nouveaux  tableaux  de  la  Galerie  royale  de 
Parme,  par  L.  Testi  (œuvres  de  S.  et  G.  Conca,  Gucr- 
chin,  S.  Ricci,  etc.) 

(Fasc.  4).  —  Les  Portes  de  l'orgue  de  S.  Maria  dei 
miracoli  de  Venise,  par  G.  Fooolabi.  —  De  l'Annon- 
ciation de  P.-M.  Pennacchi,  autrefois  sur  les  volets 
de  l'orgue  de  Sainte-Marie  des  Miracles,  une  partie  — 
la  Vierge  —  était  passée  à  Saint-François  de  la  Vigne, 
et  l'autre  —  l'ange  —  dans  une  collection  anglaise. 
L'ensemble  est  aujourd'hui  reconstitué  à  la  Galerie 
de  peinture  de  Venise,  i 

—  Un  disciple  d'Antoniazzo  Romano  :  Vincenzo 
Santese,  par  A.  Rossi.  —  Un  tableau  d'Antoniazzo 
Romano,  par  A.  Gottciiehoski. 

(Fasc.  5).  —  M.  G.  Fooolahi,  terminant  son  étude 
sur  les  peintures  de  l'orgue  de  S.  Maria  dei  Miracoli 
de  Venise,  donne  en  appendice  une  liste  des  orgues 
à  peintures  figurant  dans  les  anciens  guides  de 
Venise,  et  il  en  reproduit  plusieurs. 

Autres  articles  :  Études  sur  Melozzo  da  Forli,  par 
A.  MuN07..  —  ^^î/r  un  tableau  de  l'église  de  S.  Andréa 
a  Camoggiano,  aujourd'hui  au  umsce  de  S.  Marco  de 
Florence,  par  G.  Carocci.  —  San  Giovanni  in  Com- 
pila, par  F.  RoccHi. 

Rassegna  d'arte  senese  (IV,  l;.  —  Encore  des 
peintures  inconnues  île  l'école siennoise,  suite  de  l'in- 
téressante liste,  par  ordre  alphabétique  d'artistes  et 
de  villes,  publiée  par  F.  Masox  Pekkius.  — Une  peinture 
ancienne  à  Citta  delta  Piève.  par  D.  F.  Canuti  :  c'est 
une  Crucifixion,  communément  appelée  la  Plainte 
des  anges.  —  Un  chef-d'œuvre  de  Uomenico  di  Bar- 
iola, par  F.  Maso.n  Perkins  :  la  Vierge  orante,  de 
l'église  du  Refuge,  à  Sienne. 

■Vita  d'arte  (juillet).  —  Raphaël  Maddalena  Doni, 
par  E.  Cal/.ini.  —  Leonardo  Bistolfi  et  le  monument 
Garibaldi,  par  R.  Pantisi. 

Le  Gérant  :  H.  Dbnis. 

Parit.  —  Imp.  George*  Petit,  li,  rue  (iodot-de-Meuroi. 


Numéro  394. 


Samedi  5  Septembre  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN     ET    MODERNE 


MUSÉES  DE  PROVINCE 


A  Saint-Quentin  : 
Des  œuvres  d'art  bien  gardées. 

Vous  désirez  publier,  dans  un  livre  ou  dans 
une  revue,  telle  œuvre  d'art  appartenant,  je 
supposp,  au  ■  musée  de  Saint-Pétersbourg,  de 
fîoston  ou  de  Tokio  ?  Hien  n'est  plus  facile  :  à 
peine  a-t-on  reçu  votre  demande  que  l'on  vous 
adresse  toutes  les  autorisations  nécessaires. 

Mais  si  c'est  un  des  pastels  de  l.aToui-,  conservés 
au  musée  l.écuyer,  à  Saint-Quentin,  en  France, 
que  vous  soubaitez  de  reproduire,  ob!  alors,  il 
en  va  tout  autrement.  A  la  requête  que  vous  leur 
adressez,  les  administrateurs  de  l'École  de  l.a 
Tour  vous  répondent  qu'ils  ont,  n  depuis  long- 
temps, pris  la  déci^ion  'de  n'accorder  aucune 
autorisation  de  reproduction  »  des  cbefs-d'œuvre 
dont  ils  ont  la  garde. 

(Jue  si  vous  insistez,  désireux  de  connaître  les 
raisons  qui  ont  dicté  cette  mesure,  vous  recevez 
une  lettre  comme  celle-ci  : 

MoQsii'ur, 

Je  vciix  bien  vous  donner  la  raison  pour  laquelb-  le 
bureau  iradniinistr.ilion  de  l'École  de  La  Tour  a  dû 
prendre  la  détermination  de  repousser  toutes  les 
demandes  d'autorisation  de  reproductions  de  pastels; 
c'est  simplement  parce  que  ces  dunjandes  sont  telle- 
ment nombreuses,  que  des  déplacements  trop  fré- 
quents deviendraient  un  danger  pour  leur  conserva- 
tion. Ne  pouvant  établir  de  préférences,  il  a  bien 
fallu  prendre  le  parti  de  refuser  toute  autorisation  de 
reproduclion  directe'. 

Cinquante  et  un  pastels  seulement  (t)  existent 
actuellement  en  cartes-album,  mais  l'autorisation  de 
les  reproduire  tous,  même  d'après  ces  documents,  ne 
sera  sûrement  pas  accordée,  car  c'est  tout  à  fait  une 
exception  que  d'avoir  obtenu  l'autorisation  de  repro- 
duction d'un  ou  deux  pastels. 


1.   Le  nnisée  Lécuver  en   compte  au   total   87. 
S-.  D.  L.  a. 


h 


Les  cartes-album  se  vendent  un  franc,  au  bénélice 
du  concierge  du  musée. 

J'ai  riionneur  de  vous  présenter.  Monsieur,  mes 
très  empressées  salutations. 

L'Adnunistrateur,  secrétaire-perpétuel, 

VicTOH  DuMOxr. 

J'en  demande  pardon  aux  administrateurs  de 
l'Kcole  de  La  Tour,  mais  leur  réponse  me  semble 
manquer  un  peu  de  logique.  Pourquoi,  en  elTet, 
puisqu'ils  ne  veulent  pas  laisser  photographier, 
sous  prétexte  que  les  pastels  pourraient  soulTrir 
de  trop  fréquents  déplacements,  pourquoi  re- 
fusent-ils aussi  la  permission  de  reproduire 
même  ceux  de  ces  pastels  qui  sont  déjà  pho- 
tographiés et  vendus  au  musée  "? 

On  oublie,  d'autre  part,  de  nous  dire,  dans  cette 
lettre,  que  tous  les  pastels  du  musée  Lécuyer 
ont  été  photographiés  eu  1898,  en  grand  format, 
par  l'éditeur  parisien  J.-E.  Hulloz,  et  publiés 
avec  un  texte  de  M.  Henry  Lapauze.  Ce  bel 
ouvrage  est  une  publication  de  grand  luxe,  tirée 
seulement  à  trois  cents  exemplaires  numérotés, 
et,  par  conséquent,  d'un  prix  qui  n'est  pas  acces- 
sible à  toutes  les  bourses.  Mais  il  serait  facile  de 
se  procurer  d'excellentes  images  des  œuvres  de 
La  Tour,  si  l'Ecole  de  La  Tour,  après  avoir  inter- 
dit à  M.  Bulloz  la  vente  des  épreuves  séparées, 
ne  refusait,  moins  aimable  que  lui,  jusciu'à  l'au- 
torisation de  les  reproduire. 

En  vérité,  voilà  des  œuvres  d'art  bien  gardées  I 
Comme  elles  sont  trop  fragiles  pour  supporter 
un  voyage,  elles  ne  quittent  jamais  Saint-Quentin 
(ce  qui  d'ailleurs  est  parfaitement  sage);  comme 
elles  pourraient  souffrir  d'être  trop  souvent 
déplacées,  il  est^devenu  impossible  de  les  faire 
photographier  (ce  qui  peut  encore  se  défendre); 
et  pour  des  raisons  mystérieuses,  il  est  rigou- 
reusement interdit  de  faire  usage  des  photogra- 
phies qui  existent,  lors  même  qu'elles  devraient 
accompagner  le  travail  le  plus  sérieux  et  le  mieux 
fait  pour  servir  la  gloire  du  grand  pastelliste. 

L'école  Quentin  de  La  Tour,  pleine  de  soUici- 


234 


LE   BULLETIN   DE    L'ART 


tude  pour  son  concierge,  —  dont  elle  protège 
le  commerce  contre  la  concurrenre,  —  en  a 
évidemment  beaucoup  moins  pour  la  mémoire 
de  son  illustre  et  généreux  fondateur. 

E.  D. 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Légion  d'honneur.  —  Le  Journal  officiel  du 
22  août  a  piibllé  un  décret  nux  termes  duquel  M.  Carlos 
de  liestégui.  citoyen  américain,  est  nommé  chevalier 
de  la  Légion  d'honneur,  pour  avoir  prêté  un  concours 
remarquable  à  nos  musées,  notamment  en  constituant 
pour  la  bibliothèque  nationale  une  collection  précieuse 
de  monnaies  et  médailles  d'Alsace. 

Musées  nationaux.  —  Le  testament  de  M.  Charles 
Droiiet  vient  d'être  ouvert.  Les  musée»  nationaux 
bénéficient  de  dons  importants. 

M.  Drouet  lègue  au  musée  du  Louvre  un  Murillo, 
le  l'risonnier;  cinq  paysages  de  Constable,  o  à  choisir, 
écrit  le  donateur,  parmi  les  tableaux  de  ce  grand 
maître  que  je  possède»;  six  tableaux  de  Turner, 
dont  le  choix  est  laissé  aux  conservateurs  du  Louvre; 
enfm,  la  Vue  du  l'alais  ducal  et  de  la  l'iazzella  de 
Venise,  par  Bonington. 

Le  Louvre  hérite  également,  pour  la  section  réservée 
aux  dessins  originaux  et  estampes  japonaises  (dans 
lef  salles  faisant  suite  à  la  collection  Grandidier),  des 
soixante  kakémonos  les  meilleurs  de  la  collection 
japonaise  de  M.  Drouet.  Ces  kakémonos,  peintures  sur 
soie  ou  sur  papier,  sont  roulés  ou,  en  assez  grand 
nombre,  sous  verre.  M.  Drouet  lègue  encore  au 
Louvre  les  1.^0  ou  200  meilleures  estampes  japonaises 
de  sa  collection,  ainsi  que  ses  poncifs  japonais,  dont 
un  assez  grand  nombre  sont  du  plus  grand  intérêt 
artistique.  11  charge  M.  Migeon,  conservateur  au 
Louvre,  de  choisir  ces  dilfércntcs  pièces. 

Au  musée  du  Luxembourg,  il  laisse  une  peinture  de 
Whistler  et  le  portrait  d'Antoine  Jcckor  par  Carolus- 
Duran;  tous  ces  legs,  bien  entendu,  devront  être 
acceptés  par  le  comité  des  conservateurs  ;  puis  en- 
suite, s'il  y  a  lieu,  par  le  Conseil  supérieur  des  Musées 
nationaux. 

M.  Drouet  lègue,  en  outre,  à  la  Bibliothèque  natio- 
nale, pour  le  Cabinet  des  estampes,  son  portrait  à 
l'eau-fortc  par  Whistler  ;  à  l'École  nationale  des 
beaux-arts,  sa  collection  de  dessins  des  maîtres  des 
écoles  anciennes  italienne,  llamande  et  hollandai.se; 
au  Musée  des  arts  décoratifs,  un  médaillon  en  bronze 
de  Jaluka  Capri,  1867,  et  au  musée  de  l'Armée  une 
statue  en  marbre  de  Jeanne  d'Arc,  dont  il  est  lui- 
même  l'auteur. 

Musée  du  Louvre.  —  A  la  séance  do  l'Académie 
dot  inscriptions  et  bolles-lettros  du  21  ao&t,  M.  Héron 


de  Villefosse  a  déposé  sur  le  bureau,  en  son  nom  et 
au  nom  de  M.  .Miehon.  conservateur-adjuint  du  musée 
du  Louvre,  une  brochure  sur  les  acquisitions  du 
département  des  antiquités  grec(|ucs  et  romaines  en 
1907. 

Ces  acquisitions  se  divisent  en  quatre  groupes  : 
celles  en  marbre  et  pierre  [statues  et  bustes,  6  ; 
bas-reliefs,  6;  inscriptions,  1)  ;  —  celles  en  l)ronze,  H  ; 
—  celles,  en  métaux  précieux,  \  ;  une  bague  cachet 
en  or;  —  enfin  les  moulages  et  fac-similés,  I. 

La  brochure  se  termine  par  un  examen  des  récents 
travaux  de  réorganisation  des  monuments  de  la  salle 
grecque,  on  l'on  n'a  conservé  qu'un  petit  nombre  de 
monuments,  choisis  parmi  les  plus  récents  de  ceux 
dont  la  provenance  grecque  est  bien  établie. 

—  Les  petites  salles  flamandes  et  hollandaises, 
placées  autour  de  la  salle  des  Knibens.  qui  avaient 
été  fermées  pour  qu'on  pût  y  apporter  quelques 
transformations,  et  notamment  soustraire  certaines 
peintures  fragiles  et  précieuses  à  l'exposition  du  midi, 
viennent  d'être  rouvertes  an  pul)lic. 

Les  maîtres  du  xv  et  du  xvi'  siècle  ont  été  trans- 
portés au  nord,  dans  les  doux  dernières  salles  du  côté 
droit,  où  ils  trouveront  une  température  plus  égale 
et  où  leur  groupement,  un  peu  à  l'écart,  donne  au 
visiteur  une  impression  plus  recueillie.  En  entrant 
dans  la  salle  van  Eyck  notanunent,  on  croit  péné- 
trer dans  une  chapelle  :  certaines  peintures  sur  fond 
d'or  (Christ  et  Vieri/e  de  douleur,de  l'écolo  de  H.  Van 
der  Weydeii),  jadis  placées  beaucoup  troji  haut,  com- 
plètent très  heureusement  l'harmonie  de  la  salle. 
A  noter  aussi  la  rccoiislitution  du  petit  diptyque  de 
Memlinc,  dont  les  deux  moitiés  ont  été  offertes  au 
Louvre,  l'une  par  Edouard  Gatteaux,  l'autre  par 
M""»  Edouard  André. 

La  salle  du  xvi»  siècle  (salle  Quentin  Metsys)  s'est 
enrichie  d'œuvres  naguère  égarées  dans  la  section 
allemande  :  par  exemple,  le  grand  retable  du  maître 
de  la  Mort  de  la  Vierye,  de  qui  on  reconnaît  aujour- 
d'hui l'origine  anversoise  et  qu'on  a  identifié  avec 
Jossc  van  Clève.  En  outre,  des  peintures  autrefois 
B.icrifiée»  reparaissent  en  belle  place  :  tel  le  l'ortrait 
d'un  moine  bénédictin,  par  Mabusc. 

La  salle  Antonio  Moro  renferme  les  maîtres  qui 
marquent  la  lin  du  xvi-  et  le  début  du  xvir  siècle; 
autour  du  grand  portraitiste,  sont  venus  se  grouper 
des  peintures  d'Otto  Venius.des  l''ranck,deSteenwyck. 
de  l'icter  Neetfs,  et  surtout  de   Breughel  de  Velours. 

La  salle  suivante  est  consacrée  aux  œuvres  de 
Ténicrs  et  portera  son  nom  :  dans  ce  cadre  restreint, 
ces  tableaux  sont  tout  A  leur  avantage,  ainsi  que 
les  spécimens  du  talent  de  Byckaert,  de  Goujalcs 
Coques,  de  Sibercchts  et  autres  peintres  coulcmpo- 
rains  d'inspiration  analogue. 

On  s'achemine  ainsi  chronologiquement  vers  lis 
trois  salles  finales  consacrées  à  la  collection  La  (;azc. 
dimt  la  dernière,  avec  ses  peintures  llaniandes.  offrira 
un  utile  élément  de  comparaison. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


235 


De  l'autre  côté,  dans  les  salles  autrefois  occupées 
par  les  primitifs  llaniands,  sont  venues  se  placer  les 
peintures  que  ces  primitifs  ont  remplacées  au  nord  : 
ce  sont  les  salles  Hais,  Cuyp  et  Stecn,  qui  serviront, 
pour  ainsi  dire,  de  vestibule  aux  autres  salles  hollan- 
daises du  musée.  On  y  trouvera  plusieurs  reuvres 
charmantes  des  petits  maitrcs  hollandais  ijui  n'étaient 
plus  exposées  depuis  plusieurs  années,  et  on  admi- 
rera l'adresse  qu'on  a  mise  à  utiliser  les  moindres 
ressources  d'un  espace  assez  limité.  Cet  éloge  s'ap- 
plique d'ailleurs  également  ,aux  salles  précédentes, 
dont  la  réorj^anisaticm  a  été  conduite  avec  heaucoup 
de  méthode  et  de  soin. 

'Ville  de  Paris.  —  La  ['relecture  de  la  Seine  vient 
de  faire  procéder  à  de  nouveaux  inventaires  dans  les 
68  églises,  les  8  temples,  et  les  deux  synagogues  qui 
composent  l'ensemble  des  édifices  religieux  de  la 
Ville  de  Paris.  Ces  inventaires  avaient  pour  but  de 
reconnaître,  parmi  les  œuvres  d'oeuvres  d'art,  celles 
()ui  étaieut  la  propriété  particulière  de  la  Ville  de 
Paris.  L'État  possède  dans  les  monuments  religieux, 
11.34  œuvres  peintes,  772  sculptées,  o78  vitraux  et 
une  douzaine  de  tapisseries;  à  la  Ville  appartiennent 
1267  peintures,  604  sculptures,  et  360  vitraux.  Pour 
tous  ces  ouvrages,  qui  furent  l'objet  do  concours 
publics  ou  de  commandes  particulières  à  des  artistes 
en  renom,  la  Ville  a  dépensé  la  somme  totale  de 
8.371.6liy  francs. 

Au  Panthéon.  —  Le  sculpteur  Injalbcrt  vient  de 
terminer  VApotlicose  île  Mirabeau,  destinée  au  Pan- 
théon, et  qui  lui  avait  été  commandée  par  M.  IJujar- 
din-Beaumetz.  L'artiste  a  représenté  .Mirabeau  à  la 
tribune.  Au-dessus  de  lui  plane  un  génie  ailé  qu'ac- 
compagne un  lion  personnifiant  la  Force.  Ce  groupe 
se  dresse  sur  un  haut  piédestal  aux  quatre  angles 
duquel  quatre  ligures  symbolisent  la  Royauté,  la 
llévolution,  l'Histoire  et  la  Uoulour  pleurant  la  mort 
de  Mirabeau. 

Le  classement  du  Mont  Saint-Michel.  —  Eufm, 
les  remparts  du  .Mont  Saint-Michel  sont  classés  connue 
monuments  historiques  !  Le  Journal  officiel  a  publié 
le  décret  en  date  du  17  juillet,  aux  termes  duquel 
«  les  anciens  remparts  du  Mont  Saint-Michel,  dits 
remparts  de  la  ville,  tels  qu'ils  sont  figurés  sur  le  plan 
du  U  janvier  1908  .>,  sont  alleclés  au  service  des 
beaux-arts. 

L'n  décret  du  20  avril  1874  avait  allecté  déjà  au 
même  service  l'ancienne  abbaye  et  ses  dépendauces. 
En  1879,  par  convention  en  date  du  10  septembre,  la 
counuune  du  Mont-Saint-Micbel  s'était  désistée  en 
faveur  de  l'Étal,  «  de  toute  prétention  à  la  propriété 
de  l'enceinte  dite  de  la  ville,  réserve  f.aite  des  droits 
que  ledit  acte  lui  reconnaît». 

Or,   depuis   1880.   époque  de   la   construction  de  la 

.digue,  longue  de  2  kilomètres,  qui  va  de  la  partie  sud 

de  l'Ile  (Porte  du  Uoi    à  l'embouchure  du  Couesnon, 


divers  projets  d'endiguement  avaient  été  élaborés; 
tous  menaçaient  la  magnifique  muraille  d'enceinte. 
Et  il  en  a  été  parlé  longuement  ici-même.  Dorénavant 
le  Mont  sera  respecté  et  l'on  ne  pourra  plus  toucher 
à  ses  remparts. 

C'est  le  premier  résultat  d'une  campagne  entreprise 
depuis  plusieurs  années,  mais  ce  résultat,  pour  appré- 
ciable qu'il  soit,  n'est  pas  encore  entièrement  satis- 
faisant. 11  faut  maintenant  obtenir  que  le  Gouverne- 
ment prenne  les  mesures  nécessaires  pour  empêcher 
l'ensablement  de  la  base  du  Mont  Saint-Michel;  il  faut 
que  le  Mont  Saint-Michel,  menacé  de  n'être  bientôt 
plus  qu'ime  butte  au  milieu  des  terres,  reste  une  lie, 
sous  peine  de  perdre  une  partie  de  ce  cpii  fait  sa 
grandeur  et  sa  beauté. 

A  Alise.  —  La  Société  des  sciences  historiques  et 
naturelles  de  Semur,  dont  les  réunions  ont  été  déjà 
présidées  par  MM.  (léron  de  Villefosse  et  Gagnât,  en 
tiendra  une,  cette  année,  le  10  septembre,  à  Alise, 
sous  la  présidence  de  M.  Guglieimo  Kcrrero,  le 
célèbre  historien.  La  réunion  sera  suivie  d'une  visite 
aux  fouilles,  sous  la  conduite  de  M.  Pernet,  qui  les 
dirige. 

Plusieurs  découvertes  intéressantes  ont  été  faites 
récemment  :  à  l'orifice  d'un  puits,  on  a  trouvé  un  cha- 
piteau de  modèle  assez  rare,  destiné  à  supporter  un 
croisement  de  poutraison;  à  la  fin  de  juillet,  on  a 
mis  au  jour  un  beau  vase  de  bronze  de  48  centimètres 
de  hauteur,  fort  oxydé,  mais  sur  lequel  peut  se  lire 
encore  une  inscription  latine  importante  :  cette 
inscription,  qui  porte  une  dédicace  de  l'objet  votif  à 
Ucuetis,  nous  apprend  que  ce  nom,  connu  par  une 
inscription  précédemment  découverte,  est  bien  celui 
d'une  divinité  locale,  ainsi  qu'on  l'avait  supposé,  et 
de  plus,  que  cette  divinité  est  un  dieu  et  non  une 
déesse. 

A  Londres.  —  La  National  Gallery  vient  d'ac- 
(|uérir,  pciur  la  sonnne  de  62")  000  francs,  un  portrait 
de  famille  de  Frans  Hais,  qui  se  trouvait  chez  lord 
Talbot,  dans  le  château  de  Malahide,  près  de  Dublin, 
où  il  avait  échappé  jusqu'ici  à  tons  les  spécialistes. 
C'est  donc  une  O'uvre  inédite  importante  qui  sera 
exposée  prochainement  à  Trafalgar  Square. 

—  Le  Itritisb  Muséum  vient  d'acheter  la  collection 
des  monnaies  de  Phénicie  et  de  Palestine  appartenant 
à  M.  Léopold  Hamburger,  de  Francfort-sur-Mein  ; 
elle  contient  2.700  spécimens  des  plus  rares. 

A  "Vienne.  —  La  Galerie  moderne  de  Vienne 
(Autriche)  a  fait  l'acquisition,  pour  la  somme  de 
80.000  marks,  du  triptyque  de  Uœcklin,  ]'enus  Geni- 
Irix.  Cette  œuvre,  datée  de  1895,  faisait  partie  de  la 
collection  du  professeur  Neisser,  à  Breslau. 

A  Cassel.  —  On  se  souvient,  —  le  llullelin  l'a 
d'ailleurs  annoncé  (voir  les  n"  376  et  381),  —  que 
M.  von  J'schudi,  directeur  de  la  Galerie  Nationale  de 


236 


LE    BULLETIN   DE    L'ART 


Berlin,  a  reçu,  «  pour  raison  de  santé  »,  un  congé 
dont  la  fin  est  fixée  au  premier  avril  prochain.  M.  von 
Tscliudi,  considérant  qu'un  grand  musée  doit  mon- 
trer au  public  des  œuvres  significatives  de  toutes  les 
écoles,  avait  réuni  dans  une  des  salles  de  la  Galerie 
Nationale  un  choix  remarquable  d'ouvrages  contem- 
porains, allemands  ou  étrangers,  qui  faisaient  l'admi- 
ration des  visiteurs  impartiaux,  mais  qui  ont  eu  le 
malheur  de  déplaire  en  haut  lieu. 

On  apprendra  avec  plaisir  que  M.  von  Tschudi  est 
en  meilleure  santé,  puisque  l'État  vient  de  lui  confier 
la  conservation  du  musée,  de  Cassel,  rendue  vacante 
par  le  départ  du  D'  Oscar  Eisenmann,  admis  à  la 
retraite  à  dater  du  1"  octidire.  Le  nouveau  conser- 
vateur est  chargé  de  réorganiser  le  musée  de  Cassel 
et  de  classer  d'après  un  plan  nouveau  les  trésors 
anciens  (|u'il  renferme. 

A  Elberfeld.—  Le  musée  de  la  ville  s'est  enrichi 
d'un  tableau  de  Courbet  :  la  Falaise  (iKli-ehU. 
acheté  par  MM.  J.  Schmits  et  J.-Kr.  AVolff,  sur  le 
fonds  qu'ils  ont  créé  à  l'effet  d'acquisitions  d'œuvres 
d'art.— M.  M. 

A  Bregenz.  —  La  Société  du  Muséum  célèbre  le 
100°  anniversaire  de  la  mort  d'Augelica  Kauflniann, 


par  une  exposition  de  ses  œuvres,  qui  durerajusqu'au 
io  octobre  et  qui  réunit  un  nombre  restreint,  mais 
choisi,  de  peintures  de  l'artiste-poèle,  appartenant  à 
la  ville,  à  la  Société,  à  des  collections  étrangères  et  à 
des  particuliers.  —  M.  M. 

A  'Worpswede.  —  Les  sociétés  de  protection  du 
paysage  luttent  contre  la  disparition  des  toits  de 
chaume,  eu  Allemagne  comme  en  Ibdiande.  Mais  le 
mérite  d'avoir  travaillé  à  leur  eonsei-vntion  revient  A 
la  vaillante  colonie  d'artistes  de  Worpswede,  et. 
parmi  eux  plus  particulièrement,  au  peintre  Mans 
Am  Ende.  Ils  organisèrent  le  dimanche,  avec  le  Ver- 
sichœnerungsvercin  de  Worpswede,  des  incendies  de 
baraques  couvertes,  les  unes  en  chaume,  selon  la 
pratiipie  traditionnelle,  et  les  autres  en  chaume  im- 
prégné, sous  la  surveillance  d'une  ■commission  spé- 
ciale :  le  chaume  ordinaire,  aussitôt  enflammé,  glisse 
du  toit  et  obstrue  les  sorties  de  la  cabane;  le  chaume 
imprégné  s'ellondre  lorsque  pannes  et  chevrons  ont 
brûlé,  sans  donner  de  flammes,  et  à  peine  carbonisé 
sur  les  Jjords.  On  espère  obtenir  aussi  que  les  Société.s 
d'assurances  et  la  Sûreté  lèvent  l'interdit  jeté  depuis 
quelques  dizaines  d'années  sur  les  toits  de  chaume, 
et  rendre  ainsi  aux  villages  de  campagne  un  élément 
important  du  pittoresque  qui  disparaissait.  —  .\l.  .M. 


*  >J  C-^OOQg  >  n  <  1 


CHRONIQUE    DES   VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

Les  grandes  ventes  à  l'étranger  (suite).  — 
A  Londres.  —  Collection  Connal  (tableaux 
modernes.  —  Même  succès  pour  les  tableaux 
de  l'école  anglaise,  formant  la  collection  de 
M.  Connal;  dispersée  le  1.3  mars. 

Un  tableau  de  Burne-Jones,  une  Nymphe  des 
Loin  a  été  payé  29.050  fr.  ;  —  deux  aquarelles  par 
le  même,  Vénua  au  bain  et  ta  Fortune,  14  700 
et  (i.bUO  fr.;  —  deux  peintures,  par  A.  Moore, 
Midumiimer  et  Reading  atone,  26.250  et  21.000. 

Produit  total  :  22;). 000  francs. 

Collection    J.   Gott    (livres   anciens).   — 

Citons,  paiini  les  prix  mar(|uanls  obtenus  par 
les  livres  de  feu  .lolin  Cott,  celui  de  .')2.lj00  fi., 
payé  pour  un  exemplaire  unique  de  (iotden 
Lcijenil,  parC.axtou.  daté  de  148.L 

Collection  Burnett  (tableaux  modernes). 
—  Le  21  mars,  dans  la  première  vacation  de  la 


vente  Burnett,  composée  de  tableaux  modernes 
des  écoles  française  et  liollarniaiso,  ont  été 
adjugés  : 

Allée  duiix  le  parc  île  Udidnai  il  I  «r  »  ^ 'He- 
d'Avray,  par  Corot,  12.600  et  7.600  fr.  —  \  lllaue  au 
bord  de  l'Oise,  par  Daubigny.  S).  175  fr.  —  l'aysaijr. 
par  Harpignies,  7.875  fr.  —  Vieu.r  pêcheur,  par  Isra.-ls, 
3.250  fr.  —  Marine,  par  Maris,  (i.5;iO  fr.  —  Luhrorlh 
Casile,  aqu.  de  Turner,  5.630  fr. 

Collection  Ponsonby  (objets  d'art,  ta- 
bleaux). —  Le  2"  mars,  chez  Christie,  on  a 
vendu  les  objets  d'art  et  d'ameublement  de  la 
collection  Ponsonby.  Total  :  88.000  francs, 
parmi  lesquels  18.900  ont  été  donnés  pour  une 
table  ronde  en  noyer  et  acajou ,  d'époque 
Louis  XVI  ;  15.750,  pour  deux  candélabres, 
porceL  blanche  et  br.  doré,  époque  Louis  XVI, 
et  16.27a  pour  un  vase  grec  antique,  en  bTonze. 

—  Le  lendemain,  vente  des  tableaux  anciens 
provenant  de  la  même  collection  ;  total  : 
44.'t.000  francs.  A  signaler  particulièrement  les 


ANCIEN    ET    MODERNE 


237 


72.171)  fr.  obtenus  par  un  Portrait  de  Misa  Morley, 
par  Uomney. 

Un  autre  Momiiey,  Portrait  de  Mm.  Ann 
Poultcr,  a  fait  ,S9.37'5  fr.;  —  un  pastel  de  GarJner, 
Portrait  de  lady  Fawkencr  et  de  ses  enfantai., 
31.800  fr.;  —  DUndman's  buff,  par  G.  Morland, 
28.873  fr. 

Collection  Ismay  (objets  d'art,  estampes, 
tableaux  .  —  Le  2  avril,  commençait  la  vente 
de  la  colloction  Ismay.  Un  meuble  de  salon  en 
acajou,  de  Cliippendale,  a  atteint  44.02y  francs, 
pri.x  sans  précédent  pour  une  pièce  de  cette 
sortie 

Autres  prix  : 

Quatre  chaises  maniueterie,  ép.  de  la  reine  Anne, 
(l.fil.ï  fr.  —  Six  fauteuils  bois  satiné,  6.300  Ir.  — 
C.iéclence  chêne  sculpté,  trav.  allemand  à  personnages 
hihiiquts,  xvi"  siècle,  fi. 675  fr.  —  Garniture  vieux 
Chine,  personnages  et  fleurs,  8.125  fr  —  Plat  de 
Itoruta,  fig.  emblématique  sur  fond  bleu,  9.700  fr.  — 
Trois  autres  plats  de  même  provenance,  6.025,  5.000 
et  .'1.773  fr. 

—  Deux  jours  plus  tard,  à  la  vente  des 
tableaux  et  estampes  de  la  môme  collection, 
une  peinture  de  ïurner,  de  la  plus  belle  manière 
du  maître,  la  Plage  d'Hastings,  réalisait  l'en- 
chère sensationnelle  de  157.500  francs. 

Autre  gros  prix  pour  une  épreuve  de  1"  état 
avant  lettre  du  Portrait  de  lady  Bampf'i/ldc,  grsivé 
par  Th.  Watson,  d'après  Heynolds  :  23.100  fr. 
(on  a  fait  remarquer  à  ce  propos  que  cette 
planche,  à  l'originp,  fut  publiée  à  {'.'>  sh.,  soit 
18  fr.  75). 

Ajoutons  quelques  prix  intéressants  : 

T.Mii.KAix.  —  Linnel.  The  Timber  waggon,  36.425  fr. 
vente  Price,  1892,  81.000  fr.).  —  Millais.  The  found 
fif  miiny  water.i,  28.873  fr.  (à  une  vente  précédente, 
cette  peinture  avait  atteint  75.925  fr.). 

Linnel  :  La  Fêle  de  Jeanne,  42.000  fr.  —  Foresl 
llood,  ,i3.590  fr.  —  Millais.  The  Frinye  of  llie  moor, 
i;S.87.'i  fr.  —  D.  W'ilkie.  The  Colter's  saliirday  nir/ht. 
:;S.,S7.'i  Ir.  —  Aima  Tadema.  At  Ihe  close  of  a  joyful 
day,  24.130  fr. 

EsTA.Mi'ES.  —  l.ihcr  stiidiorum,  71  pi.  par  Turner, 
14.423  Ir.  —  Portrait  de  lady  Crosbie,  grav.  par 
UIckinsim,  d'après  Heynolds,  l"  état,  7.600  fr.  — 
Mrs.  Pelham  feediny  chic/cens,  par  les  mêmes, 
12.600  fr.  —  Mrs.  Stables  et  ses  enfants,  par  Smith, 
d'après  Uomney,  8.125  fr. 

A  Berlin.  —  'Vente  d'estampes  modernes. 
—  Au  début  d'avril,  MM.  Amsler  et  Uutlianl,  de 
Kerlin,  procédèrent  à  la  dispersion  d'une  collec- 
tion d'estampes  modernes  dont  le  produit  total 


alteignit  123.500  fr.  L'intérêt  de  cette  collection 
résidait  surtout  dans  la  suite  abondante  d'eaux- 
fortes  de  Max  Klinger  qu'elle  comprenait  et  qui 
se  sont  vendues  de  fort  bons  prix  :  ainsi,  une  suite 
de  80  pièces.  Vie,  a  fait  8.375  fr.,  et  une  autre 
série,  Mort,  6.125  fr. 

Pour  les  autres  artistes,  on  notera  :  50  pièces 
de  Leibl,  3.107  fr.;—  30  pièces  par  Millet,  2.276  fr.; 
—  20  pièces  par  Whistler,  7.600  fr.;  —  31  pièces 
par  Seymour  lladen,  5.000  fr. 

A   Nev,r-York.   —  "Vente  Brandus.    —  La 

vente  Brandus,  que  nous  avions  annoncée 
autrefois  ici-même,  s'est  faite  les  2  et  3  avril. 
Elle  a  réalisé  un  total  de  639.135  francs. 
Sauf  les  62.500  francs  obtenus  par  un  Corot 
{Ville-d'Avray),  rien  de  particulièrement  saillant 
dans  cet  agréable  pêle-mêle  de  tableaux  de 
toutes  époques  et  de  toutes  écoles  ;  quelques 
prix  seulement  à  retenir  : 

Bouguereau.  Jeunesse,  15.000  fr.  —  Lawrence. 
Mrs.  Maa-awrth  Pread,  25.500  fr.  —  Hoppner.  Miss 
Elisabelh  Siifnell,  31.000  fr.  —  lîcimney.  Lady 
llamilton,  13.000  fr.  —  Van  Uyck.  La  Femme  au 
collier  de  perles,  12.000  fr.  —  Winterhalter.  La 
Duchesse  de  Kent,  13.500  fr.  —  Thaulow.  l'aysaye 
d'hiver,  28.730  fr.  —  Berne-Bellecour.  L'Embarque- 
ment, 14.500  fr. 

Ces  enchères  suflisent  à  montrer  la  composi- 
tion singulière  de  cette  vente  américaine,  dont 
la  disparate  n'était  pas  la  moindre  qualité. 

A  Amsterdam.  —  "Vente   de  tableaux  et 

objets  d'art.  —  Du  29  avril  au  l^'mai  s'est  faite 
à  Amsterdam,  sous  la  direction  de  MM.  Frédéric 
Muller,  une  intéressante  vente  d'objets  d'art  et 
de  tableaux. 

Un  bocal  en  verre  taillé,  du  xvii°  siècle,  travail 
hollandais  signé  d'Anna  Ilœmers  (no  145),  a 
réalisé  la  jilus  forte  enchère  dans  la  catégorie 
des  objets  d'art  :  15.000  francs.  Les  faïences 
anciennes  de  Delft,  très  disputées,  ont  donné 
lieu  à  de  beaux  prix,  notamment  une  potiche 
ovoïde  de  Pynaker,  décor  de  Heurs  et  oiseaux 
en  rouge  et  bleu  sur  fond  bleu  (n"  183  de  la 
ventcj,  qui  a  été  adjugée  7.200  fr.  ;  plusieurs 
autres  pièces  ont  dépassé  3.O0O  francs. 

Parmi  les  tableaux,  le  no  41,  une  grande  toile 
de  van  (ioyen,  la  Brise  xur  le  Zuydcrzéc,  est 
montée  jusqu'à  44.000  francs,  et  un  Paysage  et 
rhiitcau,  de  S.  Ruysdaël,  jusqu'à  24.000  francs. 

(.1  sxiivrc.l  M.  .\. 


238 


LE    RUI.LETIN    DE    L'AHT 


EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Schœnheyder  Mœller  (Palais  des  Beaux-Arts 
de  Liège).  —  Au  bout  d'une  élégante  charmille 
de  Versailles  ou  d'une  allée  mystérieuse  de 
Fontainebleau,  qui  n'a  regardé  pendant  une 
seconde,  au  péril  de  ses  yeux,  les  rayons  allongés 
du  soleil  qui  darde  encore  sur  l'horizon,  comme 
l'œil  unique  du  cyclope  ?  Quel  poète  n'a  ressenti 
secrètement  cette  éloquence  des  longs  jours? 
Mais  aucun  peintre,  depuis  Claude  et  Turner, 
n'avait  osé  fixer  sur  la  toile  bise  le  sourire 
lointain  de  l'étoile  immense;  sous  le  berceau 
profond  des  feuillages,  cette  blessante  blancheur 
avait  découragé  même  l'impressionnisme... 

La  musique  de  la  Lumière  et  l'Étoile  victorieuse  : 
ainsi  se  désignait,  au  Salon  de  1H97,  au  Champ- 
de-Mars,  le  double  envoi  d'un  artiste  mort  jeune 
et  trop  peu  remarqué  parmi  nous  quand  il  vint 
régulièrement  exposer  ici  pendant  huit  ans.  De 
1895  k  Mt03,  à  la  Société  Nationale,  le  soleil  fut 
le  seul  thème  de  ses  discrètes  symphonies  colo- 
rées ;  et,  dans  sa  conscience  à  noter  l'éphémère, 
le  paysagiste  ajoutait  au  paysage  les  taches  vertes 
où  violettes  de  l'éblouissement.  Cette  hardiesse 
d'un  étranger  passa  méconnue;  et  son  nom  difli- 
cile  ne  fut  point  retenu  par  le  caprice  de  la 
mode  :  il  aura  fallu,  cette  année,  l'exposition 
rétrospective  d'une  vingtaine  de  ses  ouvrages, 
réunis  par  son  frère,  M.  Tyge  Mœller,  au  Palais 
des  Beaux-Arts  de  Liège,  pour  évoquer  le  souvenir 
de  ses  lumineux  efforts  et  résumer  la  biographie 
sans  gloire  de  cet  obscur  ami  du  soleil.  D'une 
famille  lettrée  et  (ils  d'une  admirable  brodeuse, 
il  était  Danois  :  né  le  S  janvier  1804  au  port 
d'Aarhus,  il  fut  un  autodidacte  et  délaissa  l'école 
ou  les  brumes  du  ciel  natal,  malgré  l'estivale 
beauté  des  solitudes  du  Jutland  ;  observateur  déjà 
de  l'aslre  ou  de  la  vague  à  Skagen,  il  descendit 
avec  joie  vers  la  lumière  ;  ermite  à  Fontainebleau, 
cet  Obermann  de  la  palette  passa  dans  la  con- 
templation les  dix  dernières  années  de  sa  courte 
vie  :  il  meurt  d'amertume  et  d'épuisement  le 
3  mai  190!),  à  4-1  ans. 

Brève  carrière,  en  face  d'un  art  si  long,  qui 
réclame  à  la  fois  la  science  et  l'ivresse  !  Mais  cet 
original  vécut  assez  longtemps  pour  accroître  le 
sillon  de  lumière  inauguré  par  le  Lorrain  dans  la 
campagne  de  Home.  Que  le  musée  toujours  inédit 
du  l'aysage.  qui  raconterait  l'histoire  des  varia- 
tions de  la  clarté  de  la  toile,  réserve  un  coin  de 


cimaise  à  celui  qui  nous  apparaissait,  dès  1898(1), 
comme  «  un  arrière  petit-Hls  audacieux  et  doux 
du  grand  Claude  »  ! 

Raymond  Bouver. 

CORRESPONDANCE  DE  DRESDE 


Le  Salon  artistique. 

Le  Salon  artistique  de  Dresde  s'est  ouvert  le 
!>!'■  mai,  il  ne  fermera  que  le  15  octobre  ;  il  est 
installé  dans  les  bâtiments  élevés  pour  l'usage 
des  expositions, à  l'une  des  extrémités  de  l'admi- 
rable parc  royal,  qui  est  un  des  charmes  de  la 
ville.  On  y  a  rassemblé  la  peinture,  la  sculpture, 
l'architecture,  les  arts  du  dessin,  les  arts  indus- 
triels, des  collections  japonaises,  un  musée 
rétrospectif  de  la  civilisation  saxonne.  On  y  a 
annexé  des  spectacles,  des  jeux  ;  on  y  soupe,  on 
y  écoute  des  concerts.  C'est  pour  les  Dresdois 
un  rendez-vous  de  plaisir  autant  que  d'étude, 
avec  un  air  de  fête  à  la  fois  élégante  et  popu- 
laire, auquel  ne  nous  ont  pas  habitués  nos  expo- 
sitions plus  graves,  j'allais  dire   plus  moroses. 

L'arrangement  dos  salles  de  peinture  et  sculp- 
ture, laissé  à  la  faniaisie  des  différents  artistes 
chargés  de  les  organiser,  est  très  varié.  Si  quel- 
ques-unes paraissent  froides,  nues,  d'autres  sont 
joliment  dé('orées  de  vieux  meubles  de  style 
prêtés  par  les  artistes  eux-mêmes;  les  fleurs  y 
sont  répandues  à  prorusii>n.  On  s'y  sent  presque 
dans  un  chez  soi  intime  ou  dans  un  intérieur  où 
l'on  viendrait  en  visite. 

Sept  cents  exposants  ont  envoyé  ù  peu  près 
2.300  œuvres  au  total  ;  les  uns  deux  ou  trois, 
certains  jus(iu'à  vingt-cinq  ou  trente,  ce  qui 
permet  des  jugements  d'ensemble.  Les  artistes 
ou  les  écoles  de  Dresde,  Leipzig,  Berlin,  .Munich, 
Stuttgart,  Carisrube,  Dusseldorf,  Hambourg, 
Kœnigsberg,  etc.  (même  Vienne),  se  sont  fait 
représenter  et  sont  groupés  méthodiquement 
salle  par  salle.  Synthèse  et  analyse  :  l'esprit 
allemand,  on  le  sait,  tend  toujours,  comme  par 
une  pente  naturelle,  à  la  pédagogie. 

J'ai  parcouru  celte  exposition,  sous  la  conduite 
de  son  très  aimable  et  très  compétent  commis- 


(1)  Dans  nos  Suions  de  l'Artiste  et  de  la  Hevue 
populaire  des  Itetiux-Ails:  ,■!.  (V,i,al,'  l.nrniin  (Paris, 
Laurens,  1905),  p.  123. 


ANCIEN   ET    MODERNE 


239 


saiie  général,  le  Conseiller  l'aulus,  et  il  y  a  bien 
(les  (l'uvres  dont  j'aurais  aimé  à  parler.  On  com- 
prendra que  je  doive  ici  me  borner,  non  pas 
même  à  un  compte  rendu  sommaire,  mais  à 
i|uelques  observations,  que  je  ne  donne  point 
romme  neuves.  Il  n'est  peut-être  pas  mauvais 
néanmoins  de  les  renouveler,  puisque  c'est  un 
coup  d'oeil  de  plus  sur  l'étranger. 

L'impression  générale  est  celle  de  quelque 
chose  de  très  vivant,  avec  une  extrême  com- 
[ilexité  dans  les  tendances  :  classicisme,  plus  ou 
moins  traditionnel,  modernisme,  naturalisme, 
impressionnisme,  symbolisme,  mysticisme,  etc. 
Imaginons,  pour  en  donner  l'idée,  un  résumé  de 
nos  Salons  des  Artistes  français,  de  la  Société 
nationale,  des  Indépendants,  du  Salon  d'au- 
tomne, mais  avec  un  jury  préalable  établissant 
(jueiques  barrières,  où  ne  passent  ni  les  témé- 
rités outrancières,  ni  les..  ..  inexpériences  11a- 
i,'rantes. 

A  vrai  dire,  le  pur  classicisme  ne  compte  plus 
que  quelques  rares  artistes,  tels  von  (;ebhardl,qui 
expose  un  iloise  frappant  le  rocher,  ou(;l.Meyer, 
un  Christ  devant  la  docteurs,  dont  la  comparaison 
avec  le  mO-me  sujet  traité  par  Max  Liebermann 
fera  une  l'ois  de  plus  saisir  le  renouvellement 
dans  la  manière  de  traiter  les  thèmes  religieux. 
Il  y  a  ensuite,  dans  ce  que  j'appellerais  les  régions 
moyennes  et  tempérées  de  la  peinture,  de  très 
bons  artistes  connus  chez  nous  aussi,  des  œuvres 
tantôt  fortes,  tantôt  délicates  :  les  vingt  por- 
traits de  Fr.  Kaulbach,  dans  une  salle  dont  la 
riche  décoration  s'harmonise  avec  la  manière 
aristO('rali(jue  et  somptueuse  du  maître;  les  pein- 
tures ou  les  dessins,  si  originaux,  si  personnels, 
de  G.  Kuehl,  l'Entrée  d'un  château  par  Orlik,  le 
portrait  de  la  Comtesse  de  Kalckreuth  par  son 
mari,  la  Hue  ensoleillée  de  Fr.  Beckert  ;  les 
Chasseurs  wurtembergeois,  de  Ilaug,  où  l'artiste  a 
recherché  subtilement  les  accords  des  verts  d'une 
prairie  avec  les  verts  des  uniformes,  que  relè- 
vent çà  et  là  des  jaunes  d'épauleltes  et  de  fleurs. 

Dans  ce  classement,  nécessairement  très  ap- 
proximatif, je  trouverais  le  commencement  des 
hardiesses  avec  la  Fiancée  refusée  de  Bartels, 
gouache  forte  et  savoureuse  :  une  femme  en  cor- 
sage jaune  pi([uédepois  bleus, figure  de  paysanne 
hàlée,  rougeaude,  ou  avec  la  Famille  aux  champs, 
de  Bantzer,  curieuse  élude  où  le  peintre  a  réussi 
très  heureusement  à  donner  à  la  fois  l'impres- 
sion du  plein  air  ensoleillé  et  des  dimanches 
joyeux  ;  avec  les  Carriers  de  Sterl,  pierres  jaunes, 
comme  brûlées  par  une  lumière  éclatante  ;  avec 


les  dix  ou  douze  chevaux  en  raccourci  de  Hegen- 
barth,  d'une  exécution  audacieuse  ;  avec  les  por- 
traits de  Slevogt,  de  Samberger,  heurtés  de 
dessin  et  de  couleur,  tourmentés,  mais  singu- 
lièrement vivants  et,  pour  ainsi  dire,  ethnogra- 
phiques. Puis  viendraient  certaines  étrangetés  du 
symbolisme  mystico-idéaliste  ou  socialistique  : 
la  frise  de  Hodler,  six  femmes  assises  au  milieu 
de  treilles  de  fleurs,  dans  des  poses  qui  peuvent 
être  aussi  bien  celle  de  l'abattement  que  de  la 
béatitude;  la  Danse  des  morts  de  Egger-Lienz, 
des  ouvriers  conduits  par  un  squelette. 

Comme  toujours,  la  sculpture  est  plus  en  équi- 
libre; il  me  semble  qu'on  pourrait  y  indiquer, 
comme  notes  dominantes,  ou  le  projet  de  fon- 
taine de  Arth.  [,ange  :  l'Eati,  source  de  force,  cinq 
hommes  nus  énormes,  aux  musculatures  bos- 
suées,  enlacés  en  rond,  ou  la  fontaine  de  Wrba, 
destinée  à  la  ville  de  Leipzig  :  le  Joueur  de  flûte. 
Dans  la  première,  on  retrouverait  cette  recherche 
de  la  puissance  qui  a  été  une  des  caractéristiques 
de  l'art  allemand  au  début  du  siècle  précédent, 
et,  dans  la  seconde,  quelque  chose  comme  le 
souvenir  persistant  de  l'Allemagne  légendaire, 
dont  s'inspira  jadis  Moritz  von  Schwind. 

Oue  tout  cela  ne  soit  pas  entièrement  nouveau, 
qu'une  grande  partie  de  l'inspiration  actuelle 
vienne  d'ailleurs,  —  de  chez  nous  par  exemple,  — 
autant  que  de  l'Allemagne,  cela  n'est  pas  dou- 
teux, car  les  pénétrations  de  pays  à  pays  se 
multiplient  aujourd'hui.  Deux  faits  pourtant  sont 
à  signaler,  semble-t-il.  L'intervention  préalable 
d'un  jury  où  figurent  les  représentants  avérés 
de  l'art  donne  un  caractère  officiel  aux  har- 
diesses ou  aux  nouveautés.  D'autre  part,  celles- 
ci  sont  fort  souvent  l'œuvre  non  pas  d'artistes 
jeunes  isolés,  aventureux  et  aventurés,  sans 
attache,  mais  de  professeurs  des  académies  de 
peinture,  de  maîtres  par  conséquent,  reconnus, 
consacrés,  et  ayant  ainsi  un  pouvoir  de  direction 
sur  la  jeunesse  artistique,  qu'ils  guident  mais 
ne  retiennent  pas. 

Il  semble  bien  que  l'art  allemand  aille  de 
plus  en  plus  vers  le  modernisme  :  l'étude  des 
expositions  porte  à  le  croire  aussi  bien  que  celle 
des  musées. 

Henhy  Le.monnier. 


rvi)  Tvi^  riij  rï\) 


240 


LE    BULLETIN    DE    L'AHT 


CORRESPONDANCE  DE  GRÈCE 


L'Ancienne  Kalydon. 

Des  nouvelles  de  Missoloiighi  annoncent  d'in- 
téressantes trouvailles  faites  par  M.  l'éphore 
Sotiriadis  dans  les  ruines  de  l'ancienne  Kalydon. 

L'emplacement  de  la  ville  antique,  indiquée 
par  Pline  avec  assez  de  précision,  avait  déjà  été 
reconnu  près  du  village  d'Evinochori.  Un  frag- 
ment de  décret  s'était  rencontré  non  loin  de  là, 
qui  mentionnait  les  noms  de  deux  Kalydoniens. 
Les  trouvailles  de  ces  derniers  jours  viennent 
pleinement  confirmer  cette  opinion. 

A  l'ouest  du  village  moderne,  s'élève  la  petite 
église  de  la  Transfiguration,  édifiée  sur  l'empla- 
cement et  avec  les  débris  d'une  très  ancienne 
chapelle.  M.  Sotiriadis  y  a  découvert,  encastrée 
dans  la  maçonnerie  de  l'autel,  une  grande  stèle 
de  marbre,  qui  porte  six  inscriptions  difficile- 
ment déchiffrables.  Ces  textes  peuvent,  paraît-il, 
se  dater  avec  certitude  de  l'année  200  avant  notre 
ère.  Ils  sont  relatifs  à  la  ville  de  Kalydon  et  com- 
prennent un  décret  de  proxénie  et  des  actes 
d'alfranchissement.  La  stèle  semble  provenir  du 
fameux  temple  d'Artémis  Laphria,  dont  on  croit 
avoir  retrouvé  non  loin  de  là  quelques  restes. 

En  donnant  quelques  coups  de  pioche  auprès 
de  l'église,  on  a  mis  à  découvert  une  sépulture 
d'époque  hellénistique,  qui  contenait  un  riche 
mobilier  funéraire  :  figurines  de  terre  cuite,  pen- 
dants d'oreilles  et  bracelets  d'or,  etc. 

On  s'accordait  jusqu'à  présent  à  croire  que 
l'ancienne  Kalydon,  complètement  ruinée  et 
ensevelie  sous  une  mince  couche  de  terre,  offrait 
aux  archéologues  un  maigre  champ  de  recherches. 
Il  semble  que  ses  ruines  ménagent  encore  quel- 
ques surprises  aux  fouilleurs,  et  qu'elles  ne 
soient  point  si  négligeables. 

(i.   L. 

LES      REVUES 


Feianck 

Revue  archéologique  (m.-u-juin).  —  M.  Jean 
Lakan  continue  la  publicalioa  de  ses  recherckes  sur 
les  jiroporlioiis  dans  la  statuaire  frauiaise  au 
XII'  sièclr,  d'après  les  moulages  du  musée  de  scul- 
pture comparée  :  (11)  les  lois  de  groupement;  —  et 
M.  R.  Vali.ois  publie  une  étude  sur  les  formes 
architeclurales,  dans  les  peintures  de  vases  grecs  : 
colonnes,  entablements  et  frontons. 


L'Art  et  les  artistes  (août).  —  A  propos  du  Cen- 
tenaire il'lli/lierl-ltobert,  qu'il  eût  été  bienséant,  dit 
M.  A.  IJavot,  de  célébrer  cette  année  avec  une 
certaine  solennité,  l'auteur  rend  hommage  à  ce 
«  délicieux  maître  »,  dont  l'œuvre  «  est  comme  une 
peinture  architecturale  du  passé,  égayée  par  l'imn<:o 
du  présent  ». 

• —  Courtes  notes  de  MM.  Marius-Ary  Lf.ui.oxd,  sur 
llermen  Anglada,  et  de  M.  Georges  Dexoixville,  sur 
Maxime  Maufru. 

Art  et  décoration  (août).  —  M.  M.-I'.  Vlu.nlcil 
consacre  un  article  à  la  nouvelle  école  d'art  industriel 
de  Zurich,  et  un  autre  au  sculpteur  Slax  Rlondat. 

—  M.  Jean  Laban  étudie  un  projet  de  décoration 
pour  U71  bureau,  de  l'architecte  Ch.  lîlondel. 

I!eli;i<,ilk    ' 

Les  Arts  anciens  de  Flandre  (tome  III,  .,.,.  .  _  . 
—  Suite  et  (in  des  études  sur  l'Exposition  de  la 
Toison  d'or  :  les  Tapisseries,  par  Arnold  Gokkix  ;  la 
Médaille  flamande,  par  F.  Ai.vin;  les  Portraits  de 
l'kilippe  le  lieau  et  de  Cliarles-Quinl,  par  Sam'kbe  v 
MiouKi. ;  les  Arts  du  bois  et  du  métal,  par  C.  Tli.- 
rixcK. 

L'Art  public  [iv  i).  —  Cette  belle  rcvut,  .^_.;..l 
trimi'stricl  de  l'Institut  d'art  public,  se  divise  en  cinq 
parties  :  Traditions  nationales  (articles  de  M.\l.  E. 
Bki*:hmax,  Ed.  SAKiiAiiix,etc.); —  Sauvegarde  des  site$ 
(articles  de  MM.  l\.  Cabiox  i>k  Wiakt,  sur  l'bilip.  c\ 
L.  Du.MOXT-\\  ICDEX,  sur  le  Château  de  Uioul  :  — 
Évolution  artistique  des  villes  (articles  de  MM.  Camille 
Le.monxikh,  L.  Cloqukt,  etc.);  —  Culture  esthétique  et 
Chronique  de  l'art  public. 

Allemag.ne 

Die  Kunst  (août).  —  F.  RuMpr.  Louis  Corintli,  a 
propos  du  50*  aniversaire  du  peintre.  Nombreuses 
reproductions. 

—  L.  ConiXTii.  La  Figure  isolée,  exlrn'ii  de  l'ouvrage 
nouvellement  |)aru  du  peintre  :  l' Apprentissage  de  la 
peinture. 

—  G.-J.  WoLKK.  L' E.iposi lion  internationale  de  l'i 
Sécession  de  Munich. 

—  E.  KAi.KSCiiMU>r.  Versonnellement,  fantaisie  sur 
les  relations  personnelles  entre  artislos  il  rrilhiiips 
d'art. 

—  \V.    Michel.    L'Architecture    à    l'L.,j 

Munich. 

—  L'E.rposition  régionale  de  la  liesse,  arl  el  ml 
industriel,  à  Oarmsladt. 

—  G.-E.  I'azacïkii.  L'Exposition  d'objets  d'^nl 
industriel,  à  l'usage  des  étudiants,  îi  Stuttgart.  — 

G.    HCKT. 

Le  Gérant  :  H.  Dk.ms. 

Paru.  —  Irop.  (jeorges  l'élit,  \î,  rue  (iodot-de-Uauroi. 


Numéro  395. 


Samedi  19  Septembre  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


Églises  et  objets  d'art 


Les  vols  continuent  dans  les  églises  :  les  vo- 
leurs sont  parfaitement  renseignés;  ils  savent  à 
lavance  ce  que  leur  rapportera  chacune  de  leur 
expéditions  :  c'est  là  une  nouvelle  organisation 
de  syndicats,  —  où  l'érudition  joue  son  rôle,  — 
que  la  loi  de  séparation  n'avait  pas  prévue. 

La  Chronique  des  Arts  nous  donne,  à  cet  égard, 
une  statistique  particulièrement  suggestive  :  le 
nombre  des  vols  commis  dans  les  églises,  qui 
avait  été  de  6  en  1905,  est  monté  à  1.3  en  1906, 
et  à  34  en  1907,  pour  atteindre  le  chiffre  de  46, 
au  cours  des  sept  premiers  mois  de  1908. 

La  progression  est  frappante  ;  le  moment  est 
venu,  vraiment,  pour  le  gouvervement  de  se  dé- 
cider à  prendre  un  parti. 

On  a  proposé  tout  d'abord  d'attribuer  aux 
musées  les  objets  d'art  conservés  dans  les 
églises;  on  a  parlé  aussi  de  les  transférer  à 
Saint-Germain;  notre  savant  confrère,  M.  Henri 
Vuagneu.x,  a  même'  été  jusqu'à  dire  que  «  le 
meilleur  refuge  serait  encore  celui  du  Louvre  » 

Faisons  bien  vite  justice  de  ces  dernières  pro- 
positions. Tout  d'abord,  nos  musées  nationaux 
sont  encombrés  et  la  place  y  manquerait.  Kt  puis, 
n'est-on  pas  déjà  trop  enclin,  chez  nous,  à  exa- 
gérer la  centralisation? 

Il  convient  aussi  de  ne  pas  oublier  que  la  plu- 
part des  œuvres  en  question  ont  été  données 
avec  une  intention  spéciale,  que  nous  n'avons  pas 
le  droit  de  perdre  de  vue;  d'autre  part,  elles  font 
partie  d'un  passé  local  qui,  lui-même,  est  quel- 
que chose  de  notre  histoire,  et  que  Paris  a  le 
devoir  de  respecter. 

Ce  point  acquis,  —  et  il  est  essentiel,  —  on  ne 
voit  pas  pourquoi  on  préférerait  aux  églises  des 
musées,  dont  un  grand  nombre  ne  sont  pas  mieux 
gardés;  ce  serait  choquera  plaisir  des  traditions 
respectables,  sans  avantage  sérieux. 

La  vérité  est  qu'il  n'y  a  pas  ici  de  principe  gé- 


néral à  poser.  Qu'on  transfère  dans  certains 
grands  musées  des  tableau.v  qui  appartiennent 
aux  départements  ou  aux  communes  ;  qu'on 
groupe,  si  on  veut,  dans  quelques  églises,  qui 
présenteront  des  garanties,  les  objets  d'art  qui 
sont  en  danger,  il  n'importe  guère.  Ce  qui  est 
urgent,  c'est  qu'on  prenne  les  mesures  comman- 
dées par  la  situation;  c'est  qu'une  entente  in- 
tervienne, suivant  les  cas,  entre  les  conseils 
généraux  et  les  municipalités;  c'est,  en  un  mot, 
que  tout  en  sauvegardant  les  souvenirs  locaux, 
on  mette  définitivement  en  sûreté  les  œuvres 
d'art  menacées. 

Elles  constituent,  en  somme,  où  qu'elles    se 
trouvent,  une  partie  du  patrimoine  national. 

Quarante-six  vols  en  sept  mois  !  Il  serait  temps 
d'aviser  ! 

Stéphane 


ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Musée  du  Louvre.  —  On  va  commencer  l'instal- 
lation des  objets  recueillis  dans  la  dernière  campagne 
des  fouilles  de  M.  de  Morgan  en  Susiane.  Plus  de  deux 
mille  objets  sont  arrivés  au  Louvre  dans  quatre-vingt- 
deux  caisses.  On  signale  particulièrement  une  statue 
du  roi  Manitchousou,  une  stèle  du  roi  Sargon,  un 
millier  de  vases  peints  datant  du  i"  siècle. 

Les  objets  provenant  des  fouilles  précédentes  ont 
été  transportés  de  la  salle  ouvrant  sur  le  guichet  du 
Carrousel,  dans  celles  qui  font  suite  aux  salles  des 
antiquités  assyriennes. 

Musée  des  Arts  décoratifs.  —  On  vient  din.s- 
taller  à  rentrée  de  l'Exposition  théâtrale  un  nouveau 
surtout  de  table  que  la  M.inu facture  de  Sèvres  a  ré- 
cemment terminé. Ce  surtout,  dit  du  Corps  de  ballet, 
est  dû  à  la  collaboration  du  peintre  Carrier-Belleuse  et 
du  sculpteur  Grégoire  Calvet;  les  pièces  représentent 
des  danseuses,  revêtues  de  la  jupe  de  gaze  tradition- 
nelle, en  différentes  poses. 

Musée  de  l'Armée.  —  Le  musée  de  l'Armée 
vient  de  recevoir   plusieurs  souvenirs  napoléoniens. 


242 


LE   BULLETIN   DE    L'ART 


provenant  de  rnacicn  musée  des  Souverains  et  con- 
servés dans  les  réserves  du  Louvre.  11  a  reçu  égale- 
ment du  lieutenant- colonel  Pierron,  qui  commande 
les  compagnies  sahariennes  du  Toiiat,  une  collection 
d'armes  de  toutes  sortes  recueillies  dans  ce  pays, 
avec  un  drapeau  pris  aux  Marocains. 

A  la  Monnaie.  —  Les  six  statues  allégoriques  qui 
couronnent  la  façade  de  Tllôtel  des  Monnaies  sont 
en  si  mauvais  état  qu'il  va  falloir  les  refaire.  Ce 
sont  des  œuvres  intéressantes  :  la  Prudence,  placée 
à  l'extrémité  de  l'atlique,  du  côté  de  l'institut,  est  de 
Pigalle;  l'Abondance  est  de  Mouchy;  la  Force,  le 
Commerce,  la  Justice  et  la  Paix,  sont  de  Lecomte; 
les  modèles  des  .deux  dernières,  comme  l'Abondance 
de  Mouctiy,  figurèrent  au  Salon  de  1773.  Toutes  ces 
statues  ont  déjà  été  restaurées  et  consolidées  en 
1884.  On  s'occupe,  parait-il,  actuellement  d'en 
prendre  des  moulages  qui  serviront  pour  faire  les 
sculptures  nouvelles.  Espérons  que  les  anciennes, 
plus  heureuses  que  certaines  statues  de  Versailles, 
qui  ont  disparu  lors  do  leur  remplacement  par  des 
copies,  feront  recueillies  dans  quelque  musée. 

Vols  dans  les  églises  et  les  musées.  —  Dans 

l'église  de  Brodons,  prés  de  Murât,  plusieurs  étoffes 
précieuses,  un  couvre-ciboire  do  grande  valeur,  des 
ostensoirs  en  or,  ont  été  dérobés. 

L'antique  église  du  village  de  Flassans  (Var)  a  été 
cambriolée  :  des  bijoux  ont  été  empottés,  qui  déco- 
raient la  statue  de  la  Vierge,  celle-ci  a  été  brisée. 

Au  musée  d'archéologie  de  Dijon,  a  été  volée  une 
couleuvrine  à  main  datant  du  xv  siècle.  Cette  pièce 
d'artillerie  fort  rare  avait  été  trouvée  en  1832,  avec 
deux  boulets,  dans  un  souterrain  situé  entre  le  pont 
et  la  porte  d'entrée  du  château,  aujourd'hui  démoli. 

En  Algérie.  —  Le  général  de  Beylié,  qui  com- 
mande en  Algérie,  occupe  les  quelques  loisirs  que 
lui  laissent  ses  devoirs  militaires  à  d'heureuses  et 
habiles  découvertes  archéologiques.  11  vient  de  faire 
déblayer,  à  ses  frais,  le  territoire  des  Beni-Hammad, 
pour  retrouver  la  capitale  berbère  de  l'Algérie  au 
xr  siècle,  l'ancienne  llalua,  construite  en  1007  par  le 
sultan  Hauiinad,  abandonnée  en  1090  et  rasée  par  les 
Marocains.  Les  fouilles  opérées  ont  mis  à  jour  le 
palais  du  gouvernement  avec  ses  stalactites,  poteries, 
parements  à  rellets  métalliques,  plâtres  sculptés  et 
peints,  etc.,  etc.  D'après  une  communication  faite  à 
l'Académie  des  inscriptions  par  M.  Dieulafoy,  le 
général  de  Beylié  aurait  ainsi  découvert  le  proto- 
type de  l'Alhambra,  qui  est  du  xiv  siècle.  Le  pro- 
duit des  fouilles  faites  par  le  général  de  Beylié  sera 
partagé  par  lui  entre  les  musées  d'Alger  et  de  Cons- 
lantine  et  le  musée  des  Arts  décoratifs  de  Paris. 

Au  Caire.  —  Par  suile  de  fouilles  faites,  depuis 
près  d'une  année,  par  le  directeur  de  l'Institut 
archéologique  allemand  du  Caire,  le  docteur  Bor- 
chardts,  dans  la  plaine  d'Abousir,  entre  les  pyramides 


de  Gizeh  et  de  Saqqarah,  on  a  mis  au  jour  un  temple 
funéraire,  celui  du  roi  Sahoura,  de  la  cinquième 
dynastie,  qui  vécut  environ  2.500  ans  avant  Jésus- 
Christ.  Dans  ce  temple,  on  a  trouvé  une  canalisation 
de  cuivre,  qui  est  en  son  genre  l'œuvre  la  plus 
ancienne  que  l'on  connaisse,  et  avec  cette  canalisa- 
tion, d'assez  nombreux  bas-reliefs  décorant  le  temple 
et  les  colonnes  qui  supportent  les  galeries  de  la  cour. 
Des  plus  anciennes,  ces  colonnes  de  granit  monolithe 
sont  en  iorme  de  palmiers.  Comme  sujets  sculptés  : 
le  Pharaon  conversant  avec  les  dieux,  ou  bien  vain- 
queur des  Lybiens,  ou  encore  écoutant  des  princes 
et  des  princesses  qui  l'implorent  agenouillés  devant 
lui.  On  y  voit  aussi  une  flotte  chargée  de  prisonniers, 
précieux  document  pour  l'histoire  de  la  marine  égyp- 
tienne, des  chasses  dans  le  désert,  des  pêches  sur  le 
Nil.  Ces  sculptures  sont  presque  toutes  en  excellent 
état. 

A  Florence.  —  Prochainement,  s'ouvrira  à  Flo- 
rence un  musée  des  plus  curieux,  dont  tous  les 
éléments  ont  été'  réunis  par  lord  Stibbeat  au  cours 
de  plus  de  quarante  années  de  recherches  et  de 
voyages  à  travers  le  monde.  Il  y  aura  là  une  très 
riche  collection  d'armures  et  de  drapeaux  datant 
des  XVI',  XVII*  et  xviii"  siècles  ;  des  épées,  des  cui- 
rasses, des  éperons  de  toutes  les  époques  ;  des  coffrets 
et  des  miniatures  de  l'époque  byzantine  ;  une  quantilé 
considérable  decalices,de  lampes,  de  crucifix;  des  usten- 
siles de  cuisine  et  de  table  du  xiv*  au  xvii'  siècle, 
et  enfin  une  collection  sans  pareille  de  costumes 
de  l'Egypte,  du  Japon,  de  la  Chine  et  de  l'Inde,  montés 
sur  des  mannequins.  Cette  collection  fut  léguée  par 
son  propriétaire  à  la  ville  de  Florence,  il  y  a  deux  ans. 
Un  riche  Auiéricain  en  offrit  récemment  douze  mil- 
lions, mais  la  ville  refusa  de  s'en  dessaisir. 

A  Saint-Moritz.  —  La  commune  de  Saint-Moritz 
a  élevé  un  musée  à  la  mémoire  de  Segantini,  le 
peintre  des  cimes  et  des  glaciers.  Ce  musée  sera 
inauguré  le  28  de  ce  mois,  à  l'occasion  du  neuvième 
anniversaire  de  la  mort  de  l'artiste,  décédé  à  l'âge  de 
41  ans,  au  chalet  du  Schafberg,  dans  la  llaulo- 
Eng.idine.  Une  souscription  est  ouverte  entre  1rs 
admirateurs  de  l'artiste  pour  parachever  cette  œuvre. 

A  'Vienne.  —  On  parle  de  la  réapparition  dune 
œuvre  importante  de  Titien.  Le  peintre  viennois  Du.î- 
sek  aurait  trouvé  au  château  de  Freudenthal  une 
Madone  avec  l'Enfant,  sur  laquelle  il  aurait  fait 
reparaître,  en  enlevant  des  repeints,  le  nom  de 
Titien  et  la  date  de  1534.  Le  tableau  mesurerait 
1  mètre  sur  O^eo. 

Nécrologie.  —  le  peintre  Jules  Daiil)an.  corres- 
pondant de  l'Institut,  est  décédé  le  6  septembre  au 
château  de  Graveron  (Gironde),  dans  sa  8T  année. 
Conservateur  du  musée  et  directeur  de  l'École  des 
beaux-arts  d'Angers,  inspecteur  général  du  dessin. 


ANCIEN    ET   MODERNE 


243 


Dauban  fut  associé  par  Lenepveu  à  la  décoration  du 
théâtre  d'Anfrers  et,  avec  Appert,  à  celle  de  la  cha- 
pelle de  l'hospice  Sainte-Marie  d'Angers,  deux  dos 
œuvres  picturales  les  plus  importantes  exécutées  en 
province  dans  le  dernier  tiers  du  xix*  siècle.  Sa  der- 
nière œuvre,  tout  récemment  achevée,  est  la  décora- 
tion de  l'église  de  Q\iintin,  en  Bretagne,  qui  comprend 
six  grandes  compositions. 

—  Le  peintre  Seitz  vient  do  mourir  subitement  à 
Albano,  près  de  Home.  Léon  XllI  l'avait  nommé  di- 
recteur des  musées  du  Vatican  et  l'avait  nirnie  chargé 
de  la  restauration  des  œuvres  de  Raphaël.  Son  der- 
nier tableau  avait  été  destiné  à  la  décoration  de  la 


chapelle  du  Saint-Sacrement.  Seitz,  fils  d'un  peintre 
bavarois,  était  né  à  Iloiiie. 

—  Le  peintre  Jacques  Wagrez  est  mort  à  Paria,  à 
l'âge  de  62  ans. 

Élève  de  Pils  et  de  Lehmann  à  l'École  des  beaux- 
arts,  M.  Wagrez  avait  exposé  pour  la  première  fois 
au  Salon  de  1870,  et  bientôt  il  s'était  spécialisé  dans 
les  sujets  empruntés  à  la  Renaissance  italienne.  Plu- 
sieurs fois  raéduillé  et  hors  concours,  quelques-unes 
de  ses  toiles  avaient  été  achetées  par  l'État. 

C'était  aussi  un  aquarelliste  et  un  illustrateur  de 
talent;  il  avait  illustré  en  particulier  les  œuvres  de 
Boccace,  de  Banville  et  de  Balzac. 


I  I  I  <«&»OCi>aC« 


CHRONIQUE    DES   VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

Les  grandes  ventes  à  l'étranger  en  1908 
(suite).  —  A  Londres.  --  Collection  Conyng- 
ham  (objets  d'art,  tableaux).  —  Le  4  mai,  à  la 
première  vacalion  de  la  collection  Conyngham, 
annoncée  dans  le  n*382  du  Bulletin,  une  aiguière 
avec  plateau  en  argent  doré,  repoussé  et  ciselé, 
avec  anse  et  couvercle  surmonté  d'une  statuette 
de  Romain,  travail  anglais  daté  de  1678,  a  été 
poussée  jusqu'à  lOS.OOO  francs. 

On  a  donné  :  2{.77o  fr.  pour  un  service  de 
toilette  en  argent  doré  et  repoussé,  époque  de 
Georges  II,  travail  de  A.  Vedeau  (1753);  — 
b7.7S0  fr.  pour  un  vase,  modèle  de  Duplessis,  en 
vieux  Sèvres,  décoré  de  bandes  bleues  en  spirale 
et  de  bouquets  de  fleurs  ;  —  et  55.125  fr.  pour 
une  table  à  jeu  en  marqueterie,  ornée  de  bronze, 
d'époque  Louis  XVI. 

Autres  prix  : 

Haut-relief  albâtre,  xvi"  siècle,  portraits  de  Cliarles  V 
et  d'Isabelle  de  Portugal,  11.530  fr,  —  Deux  vases 
vieux  Sèvres  bleu  de  roi,  avec  couvercles,  12.600  fr. 
—  Service  à  des.sert  en  vieux  Sèvres,  16  pièces,  décor 
par  Lcguay-Rosset  (1762),  13.125  fr. 

Rien  de  bien  remarquable  parmi  les  tableaux  : 
le  plus  haut  prix,  qui  n'a  rien  d'extraordinaire, 
a  été  celui  de  91.175  francs,  obtenu  par  les  deux 
portraits  du  banquier  Allain  et  de  sa  femme 
avec  leurs  enfants. 

Produit  total  de  la  vente  :  800.000  francs. 


Collection  Humphrey  Roberts  (tableaux 
modernes).  —  Le  21  mai,  commençait  chez 
Christie  la  dispersion  des  peintures  composant 
la  collection  Humphrey  Roberts,  annoncée  ici- 
même  en  son  temps  (voir  les  n"*  383  et  386  du 
Bulletin),  Cette  journée  fut  marquée  par  une 
belle  enchère,  —  Ilard  hit  (Un  rude  coup), 
un  tableau  célèbre  d'Orchardson,  ayant  atteint 
86.62a  francs. 

Belle  plus-value  à  signaler  pour  un  Millais, 
la  Femme  du  joueur,  adjugé  23.100  fr.  en  1874, 
et  poussé  cette  fois  jusqu'à  55.125  fr,  —  Deux 
autres  œuvres  du  ra^mc,  Stella  et  thc  Moon  is  up 
(la  Lune  est  levée),  ont  fait  27.550  et  24.925  fr. 

Bons  prix  aussi  pour  deux  Constable  :  l'Ouverture 
du  pont  de  Waterloo  par  Georges  IV,  28.875  fr.,  et 
Vue  de  lirigliton,  13.900  fr.  —  Gainsborough.  Vue 
de  Su/fol/i,  16.525  fr.,  et  Portrait  de  Mrs.  Hughes, 
26.230  fr.  —  Iloppner.  La  liohémienne,  14.425.  Par 
contre,  un  Turner,  les  Trossachs,  vendu  15.150  fr. 
en  1867,  n'a  atteint  que  5.250  fr. 

Citons  encore,  parmi  les  peintures  de  l'école 
anglaise  moderne  :  Mason.  Paysage,  11.650  fr.  — 
Walker.  La  Charrue,  10.500  fr.  —  Watts.  La  jolie 
Luey  liond,  14.425  fr.,  et  Lochness,  11.800  fr. 

Dans  la  vacation  consacrée  à  l'école  française, 
le  nombre  des  enchères  importantes  est  plus 
considérable  encore.  En  tète,  vient  le  Troupeau 
de  moutons,  de  Charles  Jacque,  avec  66.650  fr., 
el  la  Lisière  do  Lois,  de  Corot,  avec  56.425  fr.  ; 
mais  ces  deux  prix  ne  suffisent  pas  à  donner 
une  idée  de  la  belle  tenue  dont  ont  fait  preuve 


244 


LE   BULLETIN   DE   L'ART 


nos  maîtres  de  Fécole  de  1830  et  quelques-uns 
de  nos  paysagistes  contemporains;  aussi  la  liste 
suivante  a-t-elle  son  intérêt  : 

Corot.  Paysage  (trois  paysans  ;  au  loin,  vue  de 
village  avec  rivière),  30.730  fr.  —  Êlang  avec  un 
enfant  au  bord,  22.300  fr.  —  Paysage  boisé,  18.375  fr. 

Charles  Jacque.  Chevaux  à  l'abreuvoir',  14.775  fr. 

—  ïroyon.  Le  Pécheur,  29.550  fr.,  et  Paysage  avec 
bestiaux,  31.175  fr.  —  Daubigny.  Vue  de  village 
avec  rivière,  15.750  fr.  —  Harpignies.  Paysage,  effet 
du  soir,  19.675  fr.  —  Lhermitte.  Le  Repas  du  soir, 
21.000  fr.  —  Cazin.  Vue  de  ferme,  la  nuit,  9.430  fr.  — 
Fantin-Latour.  Fleurs  et  fruits,  10.500  fr.  —  Millet. 
Les  Ramasseurs  de  varech,  10.100  fr. 

Dans  l'école  hollandaise,  les  gros  prix  ont  été 
aux  œuvres  d'Israëls,  de  Mauve  et  Maris  : 
Du  premier,  une  Tête  de  vieillard  atteint  35.425  fr.  ; 

—  Sailing  the  toy  boat,  i2M0  fr.  ;  —  le  Veuf, 
31.000  fr.  ;  —  Jour  de  lessive,  28.875  fr. 

De  Mauve,  citons  :  le  Laboureur,  25.575  fr.,  et  de 
Maris,  Labourage,  le  soir,  14.455  fr. 

Enfin,  parmi  les  enchères  de  la  dernière  vaca- 
tion, consacrée  aux  aquarelles  et  dessins  de 
l'école  anglaise,  notons  les  beaux  prix  des 
Turner  :  le  Cimetière  de  KirkuyLondsale,2i. 000  h.; 
le  Lac  de  Genève,  17.325  fr.;  Sallanches  [Savoie), 
15.780  fr.  (vente  en  1890,  10.500  fr.);  Folkestone, 
13.650  fr. 

Produit  total  :  1.641.750  fr. 

Collection  de  la  marquise  d'Ely  (porce- 
laines anciennes,  objets  d'art).  —  Le  28  mai, 
a  eu  lieu,  chez  Christie,  la  vente  des  porcelaines 
anciennes  et  des  objets  d'art  de  la  collection  de 
la  marquise  d'Ely,  qui  s'est  terminée  sur  un 
total  de  575.000  francs.  Les  honneurs  de  la  vente 
ont  été  pour  les  Sèvres  (plus  haut  prix  :  43.300  fr.), 
ainsi  qu'on  va  s'en  rendre  compte  par  la  liste 
des  enchères  ci-après  : 

Porcelaines.  —  Chine.  —  Deux  vases,  fond  noir, 
décorés  en  vert,  jaune  et  aubergine,  ép.  Kang-Hi, 
31.500  fr.  —  Deux  coupes,  ép.  Ming,  décorées  en 
vert,  jaune  et  aubergine,  34.125  fr.  —  Autre  coupe, 
ép.  Kang-Ili,  18.375  fr. 

Sèvres.  —  Deux  vases  peints  par  ïandard  en  1773, 
43.300  fr.  —  linc  écuelle,  par  Dodin  cl  Baudouin, 
12.850  fr.  —  Un  vase,  fond  gros  bleu,  16.275  fr.  — 
Deux  vases  forme  tulipe,  15.225  fr. 

Angleterre.  —  V«se  et  couvercle,  Chelsea,  9.175  fr. 

Objets  d'aiit,  tapisseries.  —  Une  pendule  et  deux 
candélabres  en  bronze,  ép.  Louis  XIII,  que  le  cata- 
logue disait  avoir  été  achetés  en  1793  par  la  grand'- 
nicro  de  la  vendeuse,  à  la  vente  des  objets  des  palais 
royaux,  place  de  la  Concorde,  23.623  fr.  —  Même  prix 


pour  un  salon  de  douze  fauteuils  et  un  canapé,  en 
anc.  tapisserie  de  Beauvais.  —  Une  commode  de 
Chippendale,  12.073  fr.  —  Cinq  tapisseries  de  Bruxelles, 

d'après  Téniers,  24.975  fr. 

Collections  Knowle,  Loder  et  divers  (ta- 
bleaux anciens).  —  Le  28  mai,  se  faisait  chez 
Christie  une  vente  importante  de  tableaux  anciens 
provenant  des  collections  Knowle,  Loder,  etc. 
L'événement  de  la  journée  fut  l'adjudication  aux 
prix  de  1  I9.i25  francs  et  de  09.550  fr.  de  deux 
tableaux  de  Gainsborough  représentant  la  femme 
et  la  fille  de  l'artiste;  à  la  vente  Heugh,  en  1878, 
ces  deux  toiles  avaient  été  vendues  9.450  et 
8.425  francs. 

Voici  quelques  autres  enchères  : 

Attribué  à  Le  Nain.  Concert  d'enfants,  33.323  fr. 
(vente  en  1875,  12.325  fr.).  —  Th.  Lawrence.  Emily 
et  Laura  Calmady,  14.200  fr.  —  Cl.  Lorrain.  Les 
Pécheurs,  15.750  fr.  —  Van  de  Capelle.  te  Calme, 
27.550  fr.  —  J.  Ruysdaël.  Le  Calme,  24.150  fr.  — 
Hoppner  :  Mrs.  Sophia  Davison,  24.925  fr.,  et  Mrs. 
Sarah  Dawson,  17.573  fr. 


(A  suivre.) 


M.  N. 


<jfûi3fc  ûfeOfctjfc<3fc<3fcûfeijfct3ôûlûcjôôK>  i^Jlwcjûôfoôiô  ûfcditn3tnj|bdit«3fo  cIEp 


CORRESPONDANCE  DE  GRÈCE 


Les  fouilles  de  Délos  en  1908. 

Les  lecteurs  de  la  Revue  et  du  Bulletin  ont  été 
tenus  au  courant  des  fouilles  exécutées  à  Délos, 
de  1903  à  1907.  Une  nouvelle  campagne  va  prendre 
fin  dans  quelques  jours,  qui  n'aura  été  ni  moins 
laborieuse,  ni  moins  fructueuse  que  les  précé- 
dentes. t;ràce  au  concours  que  M.  le  duc  de 
I.oubat  n'a  pas  cessé  de  prêter  à  cette  vaste 
entreprise,  l'École  française  d'Athènes  a  pour- 
suivi, cette  année  encore,  le  déblaiement  de  la 
ville  antique  et  l'élude  des  monuments  déjà 
découverts.  La  mission  militaire,  chargée  des 
levés  topographiques  et  hydrographiques  qui 
accompagneront  la  description  des  ruines,  a  pu 
mener  à  bonne  tin  la  tache  commencée  en  1907. 
Des  fouilles  ont  été  pratiquées  sur  divers  points 
de  la  ville.  Elles  ont  mis  à  découvert,  les  unes 
des  ruines  restées  inconnues  jusqu'à  ce  jour,  les 
autres  des  édifices  déjà  partiellement  explorés. 
Les  trouvailles  les  plus  curieuses  ont  été  faites, 
assez  loin  du  sanctuaire  d'Apollon,  dans  la  petite 
vallée  de  l'Inopos,  qui  relie  la  ville   basse  à  la 


ANCIEN    ET    MODERNE 


245 


ville  haute.  Le  fleuve,  ou  plutôt  le  ruisseau  sacré, 
avait  si  complètement  disparu,  que  certains 
explorateurs  en  cherchaient  les  traces  vers  la 
pointe  nord  de  l'île,  dans  la  direction  opposée  à 
celle  où  l'on  devait  retrouver  son  lit.  On  a  dé- 
couvert rinopos  coulant  en  minces  filets  d'eau, 
sous  un  amoncellement  de  ruines  et  de  terres 
éboulées.  On  a  pu  dégager  ses  quais  de  marbre, 
ses  bassins  et  les  diverses  installations  antiques 
qui  servaient  à  canaliser  son  cours.  Dans  le 
remblai  qui  avait  comblé  sonlit,  ont  été  recueillis, 
parmi  les  débris  des  édifices  établis  sur  ses  bords, 
nombre  d'inscriptions  et  de  sculptures. 

Vers  le  point  où  la  vallée  rejoint  la  ville 
basse,  à  l'angle  nord-est  de  l'enceinte  sacrée,  est 
apparue  une  vaste  et  très  ancienne  fontaine 
publique.  Son  réservoir  est  situé  en  contre-bas 
des  rues  avoisinantes  et  couvert  d'un  toit  que 
soutenaient  des  colonnes.  On  y  accède  par  un 
large  escalier  encore  intact.  Une  inscription 
encastrée  dans  la  muraille  mentionne  certaines 
défenses  relatives  à  l'usage  des  eaux. 

Dans  l'enceinte  même  du  sanctuaire  se  sont 
poursuivis  les  travaux  de  déblaiement  com- 
mencés en  1906.  Le  téménos  d'Apollon,  seu- 
lement reconnu  par  les  premiers  fouilleurs, 
est  aujourd'hui  entièrement  dégagé  des  terres 
qui  recouvraient  ses  ruines.  Le  sol  antique  a 
partout  été  mis  à  nu.  Les  remblais  ont  été  re- 
tournés jusqu'au  sol  vierge.  Cette  fouille  ingrate 
et  nécessaire,  dont  on  espérait  peu  de  trouvailles, 
a  cependant  récompensé  les  chercheurs  ;  sous 
les  dalles  de  la  terrasse  qui  borde  le  port  s'est 
rencontré  un  gisement  de  céramiques  archaï- 
ques du  plus  rare  intérêt.  Ce  sont  des  fragments 
analogues  à  ceux  dont  était  remplie,  à  Rhénée, 
la  sépulture  commune  fouillée  par  la  Société 
archéologique  d'Athènes.  Plusieurs  grands  vases 
pourront  être  entièrement  reconstitués  à  l'aide 
de  leurs  débris.  On  sait  que  les  tessons  de  Rhénée, 
série  unique  en  son  genre  et  d'une  importance 
exceptionnelle  pour  l'histoire  des  céramiques 
archaïques,  attendent  encore   leur  publication. 

Au  nord  du  Port  Sacré,  s'est  achevée  la  fouille 
de  la  Stoa  hypostyle,  découverte  en  1908  et  par- 
tiellement déblayée.  La  maison  de  l'École  fran- 
çaise ayant  été  démolie,  puis  reconstruite  à 
quelque  distance,  on  a  pu  mettre  partout  à  nu 
les  restes  de  ce  vaste  et  curieux  édifice. 

Enfin,  de  pénibles  sondages  opérés  dans  les 
sables  de  la  côte,  ont  fait  apparaître  les  quais 
antii|ues  et  les  môles  qui  bordaient  le  Port 
Sacré.  La  plupart  de  ces  constructions  demeu- 


reront submergées  et  n'ont  été  visibles  que  quel- 
ques heures.  On  a  pu  néanmoins  en  lever  un 
plan  très  exact,  et  l'étude  du  port  de  Délos  ne 
sera  pas  le  moindre  chapitre  de  la  publica- 
tion d'ensemble  dans  laquelle  l'École  française 
d'Athènes  exposera  bientôt  les  résultats  de  ses 
recherches. 

G.  L. 

CORRESPONDANCE  DE  MUNICH 


Les  Expositions  d'été  au  Glas  Palast. 

Est-ce  manque  de  place  ou  dissensions  inté- 
rieures"? Les  sociétés  munichoises  ne  sont  pas  non 
plus  représentées  par  un  choix  d'œuvres  aussi 
réussies  que  de  coutume.  Le  groupe  Luitpold 
s'est  scindé  et  presque  tous  les  meilleurs  d'entre 
ses  membres,  les  Bartels,  Lrban,  Bios,  F.  Kunz, 
G.  Schuster-Woldan  se  sont  réunis  de  leur  côté 
sous  le  vocable  Bayern.  Ces  divisions  regret- 
tables ne  semblent  pas  rendre  service  à  la  chose 
de  l'art. 

Le  groupe  Luitpold  conserve,  il  est  vrai, 
M.  Walter  Thor,  un  portraitiste  au  dessin  serré 
et  probe,  à  la  couleur  sobre  et  pourtant  vive, 
comme  dans  sa  petite  paysanne  Lena.  M.  Cari 
Kustner  a  rarement  été  aussi  heureux  que  cette 
année  et  ce  n'est  pas  peu  dire  ;  il  a  surtout 
renouvelé  sa  palette  ;  son  Jour  de  mai,  bleu  et 
vert,  est  d'une  puissance  décorative  superbe. 
Il  y  a  surtout,  cette  année,  les  envois  de  M,  Ru- 
dolf Schiesstl  d'un  tel  charme  de  naïveté  alle- 
mande d'autrefois  et  d'une  si  profonde  poésie  : 
poésie  des  prés  en  Heurs  et  des  enfants  {l'rin- 
tempa) ,  poésie  des  vieilles  villes  ou  celle  des 
courses  au  long  des  routes  de  campagne.  Puis 
c'est  M.  K.  H.  Muller  qui  aime  à  fixer  le  souvenir 
des  ruelles  pittoresques  des  anciens  quartiers 
populaires  ou  des  villettes  souabes,  avec  leurs 
murailles  verdiUres,  jaunâtres,  leurs  toits  bas  et 
leurs  fenêtres  fleuries  {la  Cure).  Un  contraste  bien 
senti  et  fortement  rendu,  dans  les  Dachauerinnen 
de  M.  J.  A.  Sailer,  entre  la  tête  de  la  vieille  dame, 
penchée  en  avant  par  la  marche,  sous  son  capu- 
let  noir  et  celle  de  la  jeune  femme  détournée 
vers  le  spectateur,  le  visage  en  pleine  lumière. 
Il  y  a  des  qualités  dans  le  mantelet  de  soie 
jaune  et  la  touffe  de  fleurs  lilas,  délicate,  au 
corsage  de  M"'"  v.  K.,  par  Fr.  Stattler.  M.  Frz. 
Horadam  a  fait  autour  d'un  petit  chi'iteau,  blotti 


24Ô 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


dans  la  verdure,  de  belles  pochades  d'une  cou- 
leur chaude,  et  un  menu  groupe  de  Bouleaux, 
qui  est  un  rien,  mais  enlevé  de  façon  savoureuse. 

Nous  trouvons,  à  la  Kiinstler  Cenossenschaft, 
M.  Mathieu  Schiessll,  frère  de  Hudolf,  qui  a  la 
m/^me  affection  pour  les  sujets  moyenAgeux, 
mais  avec  un  caractère  plus  robuste,  un  trait 
plus  accentué.  Ses  Pctetins,  —  une  mère  et  son  fils 
arrêtés  d'épuisement  auprès  d'une  borne  de  la 
route,  tandis  qu'au  dos  de  la  même  borne  un 
peintre  en  voyage  prend  un  croquis  de  la  ville 
italienne  qui  s'annonce  au  fond,  —  sont  d'une 
composition  originale  et  heureusement  balancée. 
M.  llans  Best  a  réussi  un  tableau  dans  le  genre 
de  MM.  Schiessll,  avec  ses  deux  têtes  de  paysans 
de  Starnberg,  réunies  dans  un  même  cadre  et 
surmontées  d'un  petit  paysage,  tout  sombre,  de 
leur  lac  un  jour  d'orage. 

Parmi  les  portraits,  retenons,  entre  ceux  de 
M.  Wirnhier,  de  M.  A.  Erdtelt,  et  surtout  une 
Tite  de  femme  en  mantille  noire,  par  M°"  Edda 
Deuss,  visage  de  beauté  énergique,  d'une  intense 
mélancolie. 

l'armi  les  portraits  officiels  mômes,  il  s'en 
trouve  de  meilleurs  qu'à  l'ordinaire  :  celui  du 
prince  Hupprecht,  par  L.  Schrautzler,  dans  une 
attitude  très  bien  saisie  ;  celui  du  prince  I.udwig, 
son  père,  par  M.  Al.  Fuks,  dont  est  préférable 
encore  ['Étude  d'enfant. 

Aux  paysages,  les  Bran  de  l'har,  dans  leurs  bancs 
de  sable  et  avec  de  jolis  fonds  de  montagnes, 
par  M.  P.  Thiem  ;  l'Entrée  d'un  bois,  aux  beaux 
troncs  de  hêtres,  par  M.  Otto  Strûlzel;  le  tour- 
nant de  sentier  planté  d'un  crucifix,  de  M.  II. 
Tillberg  ;  un  curieux  sol  marécageux,  gris  vert 
sous  un  ciel  de  nuages,  par  M.  M.  Dœruer  ;  les 
solides  paysages  alpestres  de  la  Haute-Bavière, 
par  M.  M.  Hartwig.  Les  envois  de  deux  Russes 
sont  particulièrement  intéressants  :  dans  l'idylle 
aux  champs  de  M.  N.  Pimonenko,  de  Kiew,  forte 
en  couleur,  le  sentiment  est  exprimé  avec  une 
grâce  tfès  naturelle  ;  M.  Eug.  Slolitza,  d'Ana- 
nief,  un  assidu  des  Salons  de  Munich,  est  tou- 
jours très  personnel  et  souvent  saisissant  ;  son 
Octolirc,  c'est  la  solitude  apeurante  d'une  izha, 
claire  sous  un  ciel  d'encre,  au  fond  d'une  allée 
rouge  de  feuilles  mortes  et  plantée  de  hêtres 
argentés. 

Une  mention  spéciale  doit  être  réservée,  cette 
année,  à  une  artiste  dont  le  Clas  Palast  n'avait 
pas  jusqu'ici  présenté  autant  d'u'uvres  à  la  fois, 
M""  Anna  May,  l'élève,  il  faudrait  plutôt  dire 
plutôt  le  disciple,  —  et  c'était  le  disciple  préféré, 


—  de  Nicolas  Gysis.  Rien,  cependant,  parmi  ces 
huit  envois,  qui  rappelle  immédiatement  l'in- 
fluence altique  du  maître,  sinon  dans  la  fermeté 
élégante  du  dessin  et  parfois  un  certain  choix  de 
couleurs  ;  au  contraire,  une  grande  variété  de 
procédés  et  de  sujets  :  un  Bouquet  d'œiltets,  qui 
garde  dans  l'inachevé  de  la  facture  (à  l'huile) 
quelque  chose  du  grain  même  de  la  fleur  ;  la 
Riherie  d'une  jeune  personne  étendue,  étude 
d'éclairage  dans  un  intérieur  [tempera)  ;  un 
portrait  de  la  Baronne  v.  R.  (huile)  ;  le  portrait 
debout,  à  mi-corps,  au  pastel,  du  petit  prince 
Luitpold,  visage  rêveur  d'enfant  trop  beau  ;  une 
gouache  de  neige  dans  un  fourré  de  sapins  ; 
enfin,  trois  lithographies  originales. 

Au  groupe  Bayern,  c'est  M.  Hermann  Urbau 
qui  occupe  à  bon  droit  la  place  d'honneur  et  il 
faut  avouer  que  la  peinture  la  plus  colorée, 
comme  la  plus  claire,  tient  mal  ou  ne  lient  plus 
du  tout,  auprès  de  son  Jour  sombre,  un  paysage 
presque  lunaire  au  bord  du  lac  de  Némi  ;  la 
grandeur  simple  de  la  composition,  comme 
toujours  chez  cet  artiste,  se  retrouve  jusque  dans 
un  simple  coin  de  falaise  abrupte  du  bord  de  lac 
de  (iarde. 

M.  Frit!!  Kuntz  a  réussi  dans  une  formule 
hiératique  modernisée  deux  tableaux  de  pein- 
ture religieuse  de  couleur  somptueuse  :  une 
Madone  avec  deux  saints  et  un  Saint  Fridolin 
pour  une  église  de  BAle. 

Trois  petites  expositions  nécrologiques  réunis- 
sent, chacune  en  une  salle,  un  groupe  d'œuvres 
de  K.  A.  von  Bauer,  ancien  président  de  la 
Genossenschaft  (13  juillet  1851-22  août  1907), 
de  Anton  Mangold  (28  décembre  186.3-29  octobre 
1907)  et  Hugo  Kotschenreiler  (0  janvier  1854- 
29  mars  1908);  ce  dernier,  sans  doute  un  élève 
de  la  fameuse  école  Diez,  à  en  juger  par  la 
qualité  des  chairs  dans  son  élude  de' femme 
nue,  à  mi-corps,  est  surtout  intéressant  par  ses 
intérieurs  populaires  bavarois  ou  de  Franconie, 
très  détaillés,  dans  des  éclairages  discrets  où  ne 
manque  pas  le  sentiment  du  plein  air. 

Marcel  Montandon. 

NOTES  &  DOCUMENTS 


Une  dédicace  d'Hervier  à  Corot  défunt. 

A  propos   de  la  maisonnette  de  Valmondois 
(Seine-et  Oise)  dont,  un  beau  matin,  Daumier  se 


ANCIEN    ET   MODERNE 


247 


réveilla  propriétaire  i;r<ice  au  délicieux  subter- 
fuge de  son  grand  nmi  Corot,  on  a  reparlé  ré- 
remment  de  la  générosité  du  maître-poète  que 
dissimulait  la  plus  rare  des  qualités  :  la  délica- 
tesse. Cette  générosité  ne  se  montrait  qu'ano- 
nyme, attention  bien 'digne  de  ce  doux  génie  ! 
Kn  voici  textuellement  une  nouvelle  preuve, 
extraite  d'un  catalogue  de  41  tableaux  par  Her- 
vier,  «  dont  la  vente  publique  aura  lieu  Hôtel 
Drouot,  salle  n°  8,  le  lundi  b  avril  18'ïb,  à  trois 
heures  »,  sous  la  direction  de  MM.  Boussaton  et 
Haro  : 


//  chercha  le  beau  et  fit  te  bien. 

A  vous  qui  m'avez  encouragé  et  qui,  sans  que  je 
l'aie  su,  m'avez  servi  ; 

A  vuos  [sic)  dont  l'œuvre  honore  l'Art,  la  Vie  et 
1  Humanité; 

A  vous  que  la  mort  nous  a  enlevé,  mais  qu'elle 
n'a  pu  prendre  tout  entier,  car  l'Immortalité  humaine 
vous  appartient,  et  vous  vous  êtes  endormi  plein  de 
foi  dans  l'Autre; 

A  vous  que  je  n'ai  pas  môme  à  nommer  pour  que 
chacun  vous  nomme. 

En  témoignage  de  mon  admiration  et  de  ma  re- 
connaissance, je  dédie  ces  quarante  et  une  toiles. 

Heuvier. 

Depuis  le  22  février,  le  délicat  bienfaiteur 
n'était  plus.  Et,  dans  son  emphase  romantique, 
le  bohème  laborieux  attestait  la  sincérité  de  sa 
gratitude  envers  un  procédé  tout  en  nuances,  où 
Corot  se  trahissait  malgré  lui  :  car  l'action,  comme 
l'œuvre,  porte  une  signature. 

Puisque  nous  évoquons  le  paysagiste  Adolphe 
llervier  (181 8-1879),  vingt-trois  fois  refusé,  dit-on, 
par  les  jurys  ofliciels,  allirmons  que  son  premier 
envoi  reçu  ne  date  pas  du  Salon  de  1832,  car 
nous  trouvons  son  nom  dans  le  livret  de  1850, 
avec  son  adresse  :  28,  rue  Montholon.    • 

Autre  document  sur  ce  Parisien  farouche  et 
fantasque.  Nous  pouvons,  semble-t-il,  identifier 
la  très  curieuse  toile  :  un  Village  normand,  18oS 
(don  de  l'Empereur,  1862),  que  M.  Henry  Marcel 
dénichait,  l'année  dernière,  dans  l'opulent  petit 
musée  de  Bagnères-de-lîigorre,  et  que  sa  belle 
franchise  analysait  en  toute  sympathie  (1)  :  ce 
coîn  rustique  d'Hervier,  c'est  le  Village  de  Que- 
villy  (Sarthe),  effet  d'automne,  reçu  au  Salon  de 
l'Exposition  universelle  de  iS'i'6  avec  la  Rentrée 
nu  port  et  déjà  décrit  avec  éloge  par  Théophile 

(1)  Les  Arts,  novembre  1907. 


Gautier  (1)  qui,  l'année  suivante,  à  propos  de  la 
première  vente  faite  par  l'artiste  à  l'Hôtel  Drouot, 
ne  craignait  point  de  l'appeler  «  un  pays.ig^ste 
d'un  talent  original,  persévérant  et  sérieux,  qui 
ne  nous  paraît  guère  inférieur  à  M.  Théodore 
Rousseau  et  que  nous  suivons  avec  intérêt,  de- 
puis quelques  années,  dans  nos  comptes  rendus 
du  Salon  ..  «  Vingt  ans  plus  tard,  Philippe  liurty 
pensait  de  même  (2);  et  l'estime  du  divin  Corot 
se  trouve  justifiée  à  l'égard  de  ce  petit-maître 
toujours  trop  méconnu  qui  tiendrait  sa  place  dans 
une  instructive  exposition  du  paysage  français. 

Uaymo.nd  Bouyek. 


BIBLIOGRAPHIE 


Donatello,  par  M.  Paul  Schubbino.  Collection  des 
Klassiker  der  Kunst,  Leipzig,  1907;  220  p.  p. ,277  gra- 
vures. 

La  collection  des  Klassiker  der  Kunst  a  pris  comme 
spécialité  de  réduire  le  texte  au  strict  nécessaire  et 
de  donner  une  illustration  aussi  belle  et  aussi  com- 
plète que  possible. 

Dans  le  Donatello  de  M.  Schubring,  on  trouvera 
non  seulement  les  œuvres  authentiques  du  maître, 
mais  toutes  celles  qui  se  rattachent  à  sa  manière,  et 
qui  laissent  encore  la  critique  incertaine  sur  le  nom 
de  leur  auteur. 

Tout  est  loin  d'être  encore  dit  sur  Donatello. 
Récemment,  M.  Venturi,  dans  l'Arte  (fasc.  IV,  1907), 
a  étudié  d'une  façon  toute  nouvelle  l'œuvre  de  Dona- 
tello à  Padoue,  et  a  reconnu  la  main  du  maître  dans 
la  bordure  du  chœur  et  dans  certains  pilastres  ((ui 
faisaient  autrefois  partie  de  l'autel.  A  ce  moment, 
sans  doute,  le  livre  de  M.  Schubring  était  déjà 
imprimé,  et  cette  nouvelle  découverte  n'a  pu  y  trouver 
|iluce.  Ce  sera  pour  une  prochaine  édition. 

S'il  fallait  faire  une  critique  au  livre  de  M.  Schu- 
bring, ce  ne  serait  pas  d'avoir  été  incomplet,  mais 
d'avoir  fait  une  part  trop  large  aux  œuvres  incon- 
nues. Dans  lu  seconde  partie  du  livre,  consacrée  aux 
œuvres  de  l'école  de  Donatello,  il  y  a  un  certain 
nombre  de  pièces  qui  auraient  pu  être  heureusement 
supprimées,  et  dans  la  première  partie,  consacrée  aux 
œuvres  certaines,  il  y  a  une  série  de  plus  de  23  Madones, 
dont  aucune  vraiment  ne  peut  être  considérée  avec 
certitude  comme  étant  de  la  main  du  maitre. 

J'aurais  aimé  aussi  voir  classé  aux  œuvres  douteuses, 
un  buste  de  Niccolo  (la  Uzzano  qui,  par  le  réalisme 
lie  sa  peinture,  fait  illusion  sur  sa  vraie  beauté. 

(i)  Les  Beaux-Arts  en  Europe,  185.Ï,  2'  série  ;  — 

cf.  le  Moniteur  universel,  kmWcion  du  H  février  1856. 

(2)  Vente  du  26  février  1870  (préface  du  catalogue). 


248 


LE    BULLETIN   DE  L'ART 


Par  contre,  j'aurais  classé,  non  aux  œuvres 
d'école,  mais  aux  œuvres  certaines,  le  Buste  de  San 
Rossore,  que  M.  Supino  a  démontré  être  du  maître. 

D'autre  part,  je  suis  tieureux  de  nie  rencontrer 
avec  M.  Schubring,  au  sujet  de  la  Sainte  Cécile  de 
lord  Elcho,  œuvre  d'école,  ou  imitation  moderne,  à 
laquelle  une  publicité  commerciale  a  fait  une  répu- 
tation qu'elle  ne  mérite  pas. 

Mais  sans  analyser  plus  en  détail  ce  livre,  ce  qui 
nous  entraînerait  à  aborder  tous  les  problèmes  que 
soulève  encore  la  vie  de  Donatello,  nous  nous  con- 
tenterons de  signaler  cet  ouvrage  qui  rendra  les 
plus  grands  services  à  tous  ceux  qui  voudront 
étudier  en  détail  l'œuvre  de  ce  grand  maître. 

Marcei.  Reymond. 


LES      REVUES 


Belgique 

Annales  de  la  Société  d'émulation  de  Bruges 
(1908,  2'  fascicule).  —  Les  peintres  de  la  famille  Ben- 
son,  à  Bruges  [1S19-1Si!5l,  par  M.  James  We.^le.  — 
Justi  a  le  premier  signalé  en  Espagne  un  certain 
nombre  de  tableaux  évidemment  peints  par  un  ar- 
tiste du  midi,  ayant  subi  l'influence  de  Gérard  David  ; 
il  a  cru  que  ce  maître  était  un  Espagnol  formé  à 
Bruges,  et  il  l'a  nommé  «le  maître  de  Ségovie  »,  parce 
que  son  œuvre  principale,  un  retable  de  la  Déposition 
de  Croix,  se  trouvait  à  Saint-Michel  de  Ségovie.  Un 
tableau  à  Madrid  et  un  autre  à  Nuremberg,  qui  pa- 
raissaient de  la  même  main,  portaient  le  monogramme: 
A  B.  .M.  Hulin  pensa  que  ces  divers  tableaux  étaient 
d'un  peintre  lombard  et,  en  consultant  le  registre  de 
la  gilde  de  Saint-Luc  de  Bruges,  il  conclut  qu'ils  de- 
vaient être  l'œuvre  d'un  certain  Ambroise  Benson. 

M.  Weale  publie  des  documents  inédits  intéressants 
relatifs  à  ce  Benson.  Italien,  probablement  originaire 
du  Milanais,  il  vint  s'établir  à  Bruges,  acquit  le  droit 
de  bourgeoisie  et  fut  admis,  en  1519,  dans  la  gilde, 
dont  il  fut  à  plusieurs  reprises  conseiller,  gouver- 
neur et  doyen.  11  exposa  souvent  aux  foires  qui  se 
tenaient  en  janvier  et  en  mai,  près  du  couvent  des 
Frères  Mineurs.  C'était  un  peintre  notable,  car  il  tut 
deux  fois  de  ceux  que  le  magistrat  du  Franc  appela 
pour  avoir  leur  avis  sur  la  décoration  du  nouveau 
Landlmus.  11  est  mort  en  1350. 

De  son  premier  mariage,  —  il  avait  épousé  succes- 
sivement deux  Flamandes,  —  il  eut  deux  fils  peintres 
comme  lui  et  membres  de  la  gilde  de  Bruges.  Il  n'est 
pas  sans  intérêt  de  remarquer  que  sa  veuve  possédait, 
avec  un  portrait  de  son  mari,  le  portrait  d'un  Espa- 
gnol. 

M.  Weale  pense  que,  parmi  les  vingt-trois  tableaux 
qu'on  lui  attribue,  les  deux  signés  A  II.  sont  certai- 
nement de  lui, -car  il  est  le  seul  peintre  brugeois  qui 
porte  ces  initiales  avec  Adrien  lîraen,  mort  en  1513. 
Pour  les  autres  ouvrages,  M.  Weale  est  plus  réservé  : 


il  rappelle,  en  effet,  qu'il  y  avait  à  liruges  plusieurs 
artistes  de  la  suite  de  Gérard  David,  entre  autres 
Isenbrant,  qui  exportaient  leurs  œuvres  en  Espagne, 
par  la  voie  d'Anvers  et  de  Bilbao. 

Italie 
L'Arte  (juillet-août  1908).  —  Le  baron  de  Gey- 
Mûi.LiîK  s'occupe  d'Un  plan  de  Sainte-Marie  de  la 
Fleur,  à  Florence,  qui  fait  partie  de  la  collection  de 
dessins  originaux  d'architectes  italiens,  cédés  récem- 
ment par  lui  au  musée  des  Offices,  et  qui  diffère  sur 
plusieurs  points  du  plan  exécuté.  Il  y  reconnaît,  con- 
trairement à  l'opinion  de  Guasti,  qui  n'y  voyait  qu'un 
document  du  xvi*  siècle,  un  dessin  facto  pe  maestri 
e  dipentori  in  concordia,  présenté  en  1366,  à  la 
commission  d'architectes  et  de  peintres  chargés 
d'arrêter  le  plan  définitif  de  la  cathédrale,  el  dont  il 
est  question  dans  un  procès-verlial  du  temps. 

—  M.  G.  GiovAN.NOxi  examine  l'œuvre  des  Vassalelti, 
marbriers  romains.  Partant  des  œuvres  certaines  de 
cette  famille  de  sculpteurs,  le  candélabre  pascal  de 
Saint-Paul,  le  cloître  de  Saint-Jean-de-Latran,  le 
tabernacle  de  Saint-François,  à  Viterbe,  la  chaire  et 
le  candélabre  de  la  cathédrale  d'Anagni ,  il  leur 
attribue  plusieurs  autres  ouvrages  dans  la  basilique 
de  Saint-Laurent-hors-les-Murs. 

—  Œuvres  d'art  conservées  dans  le  palais  MarttUo 
di  Castetlacci,  à  Raguse  [Sicile),  par  M.  Bhlnelli.  La 
plus  importante  est  une  Vierge  attribuable  à  Anto- 
nello  de  Messine. 

—  Claude  Lorrain  et  son  travail  d'après  nature, 
par  M.  Leandro  Ozzola.  L'auteur  cherche  ce  que 
Claude  doit  à  ses  prédécesseurs,  —  Elsheimer  et 
l'Albanc  en  particulier,  —  et  à  son  maître  Tassi.  Il 
montre  que,  contrairement  à  l'opinion  commune,  il 
a  pu  parfaitement  prendre  chez  celui-ci  l'habitude  de 
l'étude  d'après  n,ature  :  les  documents  nous  appren- 
nent qu'à  plusieurs  repri-scs  le  Tassi  exécuta  des  vues 
exactes  des  environs  de  Rome.  Le  principal  intérêt  de 
l'article  est  dans  la  publication  d'un  paysage  de 
Claude,  inédit,  qui  fait  partie  de  la  collection  Pallavi- 
cino,  à  Kome  :  un  sous-bois  avec  un  berger  jouant 
de  la  flûte.  Ce  paysage,  beaucoup  moins  «  composé  » 
que  la  plupart  des  ouvrages  du  maître,  a  un  caractère 
de  vérité  assez  marqué  pour  avoir  été  en  grande 
partie  peint  sur  place.  La  chose  a  d'autant  plus  d'in- 
térêt qu  on  n'avait  pu  trouver  jusqu'ici  aucune  pein- 
ture de  Claude  d'après  nature,  bien  qu'on  sût  par 
Baldinucci  qu'il  en  avait  fait.  Le  paysage  de  la  collec- 
tion Pallavicino  a  été  exécuté  pour  le  cardinal  Hos- 
pigliosi,  plus  tard  Clément  IX  (Liber  verilatis,  n-  13), 
qui  devait  précisément  avoir  un  poùt  particulier  pour 
les  paysage  de  Claude  «  dal  vero  »,  puisqu'il  voulait, 
à  la  lettre,  couvrir  d'or  une  certaine  vue  des  environs 
de  la  villa  Madame,  dont  l'artiste  ne  consentit  pas  à 
se  séparer. 

Le  Gérant  :  H.  Denis, 

Pans.  —  Imp.  deorjfeg  Peut,  ii,  nie  liodol-de-Mauroi. 


Numéro  396. 


Samedi  3  Octobre  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN     ET    MODERNE 


MUSÉES  DE  PROVINCE 


Au  Musée  de  Mâcon. 

Le  musée  île  Màcon  offre  à  ses  visiteurs  peu 
nombreux  un  certain  nombre  de  curiosités  fort 
remarquables.  Installé  dans  l'hôtel  construit,  en 
176!),  pour  le  comte  de  Montrevel,  il  partage 
avec  les  autorités  municipales  la  jouissance  d'un 
somjitueux  escalier  que  décore  une  rampe  en 
Ter  forgé  aux  lignes  exquises. 

Aux  curiosités  de  l'escalier  et  du  salon  d'hon- 
neur de  l'hôlel  de  Montrevel,  orné,  de  magni- 
liques  boiseries  Louis  XVI,  le  musée  de  Màcon 
en  ajoute  d'autres.  Voici  une  galerie  de  portraits 
de  prélats,  parmi  lesquels  llenvi-Con>:tance  de 
Vatrcax,  avant-dernier  évéque  de  Màcon,  par 
i;reu7.e(l);  un  M.  de  Malézieux,  par  de  Troy  ; 
un  Cardinal  de  Rohan,  etc.  On  connaît  trop  les 
effigies  de  Lamartine  pour  qu'il  soit  utile  d'en 
jiarler,  mais  on  nous  saura  gré  de  signaler  le  Hahe- 
lais  docteur,  digne  de  prendre  place  dans  l'ico- 
nographie que  prépa're  notre  confrère  M.  Henri 
Clouzot. 

Plus  heureuses  que  la  cathédrale  Saint-Vincent 
donl  elles  faisaient  l'ornement,  les  Scènes  de  la 
vie  de  saint  Vincenl,de  (iuillaume  Perrier,  subsis- 
tent encore,  au  musée  de  Màcon,  sans  avoir  subi 
les  outrages  des  restaurateurs.  Autour  du  vieux 
maître  bourguignon,  la  générosité  d'une  parente 
du  peintre  fialimard  a  permis  de  grouper  quel- 
ques œuvres  d'Ingies  et  de  ses  élèves.  Ne  citons 
que  la  suave  A)ino«''(a<(ond'Amaury  iJuval  (1800). 

Nous  ignorons  de  quel  donateur  le  musée  de 
Màcon  reçut  deux  «curiosités»  d'art  religieux  du 
xvnr"  siècle  qui  méritent  un  mot  de  présentation. 
Uuoi  qu'il  en  soit,  nous  les  eussions  découvertes 
sans  étonnemenl  dans  le   salon  de  M.  Ilomais. 


(1)  Il  ii^'iire,  sous  le  n"  12C7,  .lu  Calalogue  de 
l'fPiivre  (le  .1.-11.  Grriize  quo  vient  de  publier  M.  Jean 
Martin,  conservateur  du  musée  Greuze,  à  Tournus 
(ia-fol.,  Paris,  ll.ipilly). 


Des  Sainten  Familles  de  la  collection  royale  -^ 
la  Belle  Jardinière  de  Raphaël,  la  Viertje  ait.v 
rochers  de  Léonard  de  Vinci,  et  autres  —  un 
portraitiste  anonyme  a  tiré  une  Af"»*  de  Mon- 
tespan  et  ses  enfants.  Assise  dans  un  jardin,  la 
marquise  tient  l'un  de  ces  enfants,  assis  sur  ses 
genoux,  en  .lésus,  tandis  que  l'autre,  en  Jean- 
Baptiste,  caresse  un  agneau.  Deux  autres,  en 
anges,  sortent  de  nuages  amoncelés  au-dessus  de 
la  Montespan(l).Nous  connaissions  un  Louîs  XVI 
laboureur  conduisant  une  charrue,  mais,  avant 
notre  visite  au  musée  de  Màcon,  il  nous  eût  été 
difficile  d'évoquer  Louis  A'  V  en  ange.  Dans  un  petit 
médaillon,  tel  le  Gabriel' des  Annonciations  pri- 
mitives, il  nous  y  est  apparu  agenouillé,  souriant, 
avec  ses  ailes  roses  et  sa  robe  bleue.  Il  porte  un 
lis  et  il  bénit...  probablement  une  autre  Belle 
Jardinière  qui  n'est  pas  parvenue  au  musée  de 
Màcon. 

André  Gihodik. 

^C     ^t      ^^     ïpT     ^T     7^     ^^       Tjt     ^fc     Ip       ^C     TK     "^      ^?      ^^      7^     Tp      ^fc      7^     î^      7^     ^» 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Légion   d'honneur.   —   M.    Augiére,    architecte, 
professeur  A  l'École  des  beaux-arts  de  Nimes,  vient 
d'être  miniuié  chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 
• 

Commission  du  'Vieux  Paris.  —  La  commission 
du  Vieux  Paris  a  en,  plus  d'une  fois,  loccasiou  de 
s'élever  contre  l'abus  des  destructions,  qui  a  déjà  fait 
disparaître  plusieurs  vieux  hôtels  parisiens.  Elle  vient 
de  protester  de  nouveau  contre  la  démolition  dont 
serait  menacé  l'hôtel  de  Sens  et  a  demandé  à  l'aduii- 


(1)  Le  musée  Hath,  de  (ienève,  possède  une  autre 
de  ces  adaptations  de  pcrsonnafies  célèbres  aux 
scènes  de  la  religion  catholique  :  le  portrait  du  peintre 
Hyacinthe  Itig.iud,  en  Jcan-Kaptiste,  assis,  vu  de  dos 
et  nu  jusqu'à  la  ceinture.  Il  tourne  la  tête  vers  le 
spectateur  et  caresse  un  mouton.  Est-il  besoin 
d'ajouter  que  l'auteur  de  ce  portrait  est  Nicolas  de 
Largilliérc,  seul  qualiQé  pour  exiger  un  tel  déshabillé 
du  grave  académicien,  son  ami  ? 


2î)0 


LE   BULLETIN    DE    L'AKT 


nistration  des  beaux-arts  d'intervenir  afin  de   faire 
acheter  l'hôtel  de  Sens  par  la  Ville  de  Paris. 

Au  Salon  d'automne.  —  Par  suite  d'une  entente 
entre  l'Autoniobilc-Glulj,  qui  devait  avoir  la  jouis- 
sance du  Grand-Palais  à  partir  du  1"  novembre,  pour 
son  Salon  annuel,  et  la  Sociùté  du  Salon  d'automne, 
il  vient  d'être  décidé  que  ce  dernier  Salon  occupera, 
jusqu'au  s  novembre,  les  salles  de  l'avenue  d'Antin. 
Le  Salon  d'automne  restera  ainsi  ouvert  quarante 
jours. 

Expositions  annoncées.  —  La  galerie  Hosen- 
berg,  38,  avenue  de  l'Opéra,  annonce  les  expositions 
suivantes  : 

Du  3  au  30  octobre,  exposition  Zandomeneghi. 

Du  3  au  30  novembre,  e.xposition  rétrospective  de 
l'œuvre  de  Guillaumin. 

—  Le  3  novembre,  aux  nouvelles  galeries  Dewam- 
bez,  43,  boulevard  Malesherbes,  inauguration  de  la 
première  exposition  de  la  Société  internationale  de  la 
gravure  originale  en  noir. 

A  Lille.  —  Bien  présentée,  l'exposition  de  l'Union 
artistique  du  Nord  évite  l'encombrement;  pourtant, 
malgré  le  petit  nombre  il  faut  encore  faire  un  tri, 
non  qu'il  n'y  ait  des  peintres  de  réputation,  mais 
MM.  Chabas,  Cottet,  Le  Touche,  Henri  Martin  et 
quelques  autres  n'ont  pas  choisi  le  meilleur  dans 
leur  stock.  Ue  Cottet,  notamment,  on  retrouve  ici  le 
Deuil,  déjà  vu  au  dernier  Salon  parisien,  ce  Deuil, 
dans  lequel  il  semble  avoir  plaqué  sur  un  fond  marin 
bien  à  lui  la  tragique  mise  en  scène  de  l'Assassiné 
de  Carolus  Uuran.  Henri  et  Marie  Duhem  restent, 
dans  la  discrétion  émue  qui  leur  est  habituelle,  les 
traducteurs  délicats  des  paysages  septentrionaux  de 
Flandre  et  d'Artois.  Du  premier,  un  exquis  Pavillon 
sous  lu  nei'ie  retient  par  son  miroitement  d'opale  ; 
une  petite  étude  grise,  Chaumière  près  de  la  mer  de 
M"*  Duhem,  est  d'intense  sentiuient  dans  son  cadre 
étroit.  Au  Devant  l'hospice,  d'un  réalisme  photogra- 
phique, préférons  la  Ituelle  à  Itailleul,  où  M.  Jamois 
se  montre  plus  coloriste;  le  coloris  «dont  abuse 
M.  Jonas  n'enlève  rien  à  la  vulgarité  des  sujets 
humoristiques  (?)  qu'il  chérit.  N'oublions  point  de 
nommer  M"'  Adour,  pour  deux  aquarelles;  des  oli- 
viers de  M.  Borchardl,  quelques  toiles  de  MM.  Eliot, 
Gautier,  Grau,  llodebert,  Robinson,  Suréda,  Abel 
Truchet,  Pierre  Vaillant  et  M""  Stettler,  ni  les  aspects 
soignés  des  paysages  berrichons  chers  à  M.  l'ernand 
Maillaud.  Surtout,  en  avant-garde,  soutenons  le  cou- 
rage de  M.  Henri  Marret,  dont  les  aquarelles  large- 
ment teintées  sont  inégales,  mais  dont  une  pochade 
à  l'huile  est  lumineuse,  et  encourageons  l'audace  de 
M.  Maurice  Marinot,  malgré  quelque  confusion  dans 
son  dessin  et  quelque  complication  dans  ses  taches 
encore  inharmonieuses. 

Une  réilexiun  pour  linir.  En  cette  Union  artistique 
du  Nord,  il  y  a  bien  peu  de  gens  du  Nord  !  Mais,  hors 


les  Duhem,  peut-être  vaudrait-il  mieux  qu'il  n'y  en 
eût  pas  du  tout  I  Décentralisation!  Régionalisme  1  où 
allez-vous?  —  A.-M.  Gosskz. 

A  Bruxelles.  —  Le  petit  Salon  annuel  de  l'Élan, 

au  Musée  royal,  d'une  tenue  un  peu  trop  discrète, 
réunit  surtout  des  artistes  bruxellois  et  anvcrsois. 
Parmi  ces  derniers,  Emile  Valravenz  montre  quelques 
'l'oits,  un  Intérieur  en  Campine  et  surtout  une  suite 
de  Cartons  décoratifs  exécutés  pour  les  écoles  commu- 
nales d'Anvers,  d'une  tonalité  un  peu  effacée,  mais 
d'uu  style  savoureux  et  sobre;  Alfred  Van  Ncsle 
s'inspire  des  motifs  du  l'ort  et  ses  bateaux,  quais  et 
chantiers,  sont  ])référables  à  tels  de  ses  intérieurs  ou 
portraits.  D'Alphonse  Van  der  Velde,  d'agréables 
l'If/nons  nu  soleil  couchant.  Henry  Hul  imite  Monet, 
non  sans  maladresse,  hélas  !  Les  deux  toiles  de  Gérard 
Jacobs  ne  cherchent  pas  à  traduire  l'objet  dans  sa 
matière;  ses  eaux  sont  compactes  et  ses  nuages  durs. 
M.  Emile  Gastemans  apparaît  comme  un  réaliste 
décidé,  quoiqu'il  recherche  le  style,  voire  la  symé- 
trie, comme  dans  son  Quartier  des  pêcheurs;  malgré 
le  voulu  de  la  composition,  ses  toiles  dénotent  un 
tempérament  véritable  et  du  caractère. 

Parmi  les  Bruxellois,  citons,  malgré  sa  froideur, 
M.  Meuwis,  qui  emprunte  ses  motifs  aux  paysages  du 
Brabant  ;  les  études  de  M.  Kurl  Peiser;  M.  Siéron, 
trop  décidé  à  la  mouochromie:  Louis  Taverne  avec 
un  triptyque  de  paysage  :  Aos  dunes,  et  enfin  deux 
sculpteurs  :  Bernard  Caillie,  dont  une  Élude  d'enfanl 
tranche  sur  le  reste  de  ses  envois  abondauts, 
et  Charles  de  Brichy,  délicat  traducteur  d'un  buste 
d'enfant  au  marbre  .souple  et  gracieux.  —  .\.-M.  G. 

A  'Vevey.  —  La  petite  ville  de  Vevey  (Suisse)  i 
organisé  au  musée  Jenisch  une  exposition  de  por- 
celaines dites  Vieux-.Nyon.  Les  recettes  provenant 
de  cette  exposition  seront  exclusivement  consacrées 
à  augmenter  les  collections  du  Vieux  -  Vevey,  au 
musée,  où  une  nouvelle  salle  vient  d'être  ouverte 
pour  recevoir  les  meubles  et  objets  anciens  de  la 
Suisse  romande,  légués  par  M.  Gustave  Coindet. 

D'autre  part,  les  collections  du  Vieux  -  Vevey 
viennent  de  s'enrichir  de  collections  d'antiquités  fort 
intéressantes,  (|ui  ont  été  offertes  et  léguées  par 
M.  Henri  Dor,  professeur  à  Lyon,  et  ses  deux  sœurs, 
M""  Louise  et  Julia  Dor. 

A  Heidelberg.  —  On  vient  d'inaugurer  le  mustc 
municipal  de  Heidelberg.  Les  collections  sont  ins- 
tallées dans  un  charmant  hôtel  du  xvin*  siècle.  Le 
musée  contient  une  collection  d'œuvres  régionales, 
un  cabinet  d'eslanipes,  une  belle  collection  de  porce- 
laines de  Frankenthal  et  une  collection  de  peinlures. 
léguée  par  M.  E.-C.-L.  Posselt,  qui  ne  contient  pas 
de  pièces  de  premier  rang,  mais  où  l'on  trouve  pour 
tant  une  jolie  série  de  tableaux  de  l'école  hollandaise. 

En  Pologne.  —  On  a  récemment  découvert  à 
Kalisz,  au-dessus  de  l'un  des  autels  de  l'église  Saint- 


ANCIEN    ET    MODERNE 


2ol 


Nicolas,  une  Descente  de  Croix  de  Hubens.  Le  coiute 
Gcorf;e  Mycielski,  professeur  d'esthétique  à  l'Uni- 
versité de  Cracovie  et  auteur  de  travaux  estimés  sur 
l'histoire  de  l'art^  en  Pologne,  a  certifié  l'authenticité 
de  cette  toile.  D'après  ses  recherches  historiques,  elle 
fut  peinte  par  Rubens,  en  1621,  et  donnée  a  l'église  de 
Kalisz  quelques  années  plus  tard,  par  Pierre  Lerouski, 
secrétaire  du  roi.  Elle  représente  saint  Jean  et  Joseph 
d'Ariniathie  descendant  de  la  croix  le  corps  du  Christ, 
auprès  duquel  se  tient  la  Vierge,  tandis  qu'à  ses  pieds 
Marie-Madeleine  est  agenouillée.  D'après  le  comte 
Mycielski,  ce  tableau  serait  une  des  plus  belles 
œuvres  de  Rubens. 

Nécrologie.  —  Le  peintre  Albert  Maif/nan,  qui 
vient  de  mourir  à  Saint-Prix  (Seine-et-Oise),  était  né 
à  lieauinont  (Sarthe),  en  1844.  Élève  de  Luminais  et 
Noël,  il  débuta  en  1867  par  un  l'aysaç/e  et  un  Inté- 
rieur de  ferme,  mais  il  aborda  bientôt  la  peinture 
hi^ torique,  où  il  devait  donner  le  meilleur  de  sa  pro- 


duction, et,  en  1869,  il  exposa  Napoléon  et  Marie-Louise 
parcourant,  le  jour  de  leur  mariarie,  la  (jrande  r/alerie 
du  Louvre. 

M.  Maignan  obtint  sa  première  récompense  en  1874, 
avec  le  Départ  de  la  flotte  normande  pour  la  con- 
quête de  l'Angleterre.  11  a  donné  ensuite,  entre  autres 
oeuvres  remarquées  :  Frédéric  Barherousse  aux  pieds 
du  pape,  la  Répudiée,  les  Voix  du  Tocsin.  En  1892,  il 
obtenait  la  médaille  d'honneur  avec  la  Mort  de  Car- 
peaux.  Il  a,  en  outre,  exécuté  de  nombreux  cartons 
pour  les  Gobelins.  Il  était  officier  de  la  Légion  d'hon- 
neur. 

—  Le  peintre  décorateur  Marcel  Jambon,  né  à  Bar- 
bezieux  le  19  octobre  1848,  vient  de  mourir  à  Paris. 
Élève  du  décorateur  Rubé,  puis  associé  à  celui-ci, 
Jambon  était  devenu  un  des  maîtres  du  décor.  Colla- 
borateur de  l'Expositiim  de  1889,  il  avait  contribué  à 
la  décoration  de  l'Histoire  de  Vliabitation.  11  était 
depuis  1884  le  décorateur  de  la  Comédie-Française, 
de  rOdéon,  de  l'Opéra,  de  l'Opéra-Comique,  etc. 


CHRONIQUE    DES   VENTES 


TA.BLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

Les  grandes  ventes  à  l'étranger  en  1908 
(suite).  —  A  Stuttgart.  —  Collection  Perry 
(estampes  anciennes).  —  On  a  vendu,  au  mois 
de  mai,  à  Stuttgart,  la  collection  Perry,  com- 
posée d'estampes  anciennes  des  xv«,  xvi"  et 
xvii<!  siècles.  Plusieurs  prix  sont  à  retenir,  en 
particulier  celui  de  13.025  francs,  payé  par  le 
musée  île  Berlin  pour  une  estampe  jusqu'ici 
inconnue,  représentant  un  ciboire  gothique,  avec 
la  signature  E.  S.  et  la  date  14(16;  —  et  celui  de 
1  V.C87  fr.,  payé  par  le  même  musée  pour  une 
épreuve  de  la  Lutte  des  payons,  par  le  graveur  du 
Cabinet  d'Amsterdam. 

Mais  le  plus  beau  prix  de  la  vente  a  été  pour 
/es  Trois  Croix  de  lîembrandt  :  24. .'175  fr  .  Du 
même  maître,  on  peut  citer  :  Pai/sage  avec  ville, 
12.500  fr.  —  Saint  François,  9  000  fr.  —  La  Com- 
pnijne  du  peseitr  d'or,  8.125  fr.  —  Paysage  avec 
trois  maisons,  7.000  fr. 

Parmi  les  autres  prix  : 

Le  Prisonnier,  gravure  italienne  du  x\"  siècle, 
7.750  fr.  —  A.  Durer  :  Saint  Hubert,  4.250  fr.  —  Le 


Chevalier,  la  Mort  et  le  Diable,  5.83.';  fr.  —  Schon- 
gauer.  La  Naissance  du  Christ,  6.437  fr.  —  Drevet. 
Portrait  de  llossuet,  3.625  fr. 

A  Londres.  —  Collection  Lauderdale  (céra- 
mique ancienne).  —  Le  2  juin,  au  cours  de  la 
vente  de  porcelaines  anciennes  de  la  collection 
du  comte  Lauderdale,  une  paire  de  vases  en  vieux 
Sèvres,  avec  couvercles  décorés,  sur  fond  gros 
bleu,  de  paysages  avec  amours,  a  été  payée 
di.iiOO  francs. 

Les  autres  prix  sont  loin  de  pouvoir  rivaliser 
avec  cette  belle  enchère  ;  on  se  contentera  de 
citer  un  service  en  ancienne  porcelaine  de  Saxe, 
vendu  15.775  fr.,  et  une  paire  de  vases  à  cou- 
vercle, Chine,  ép.  Kang-Hi,  famille  verte,  ven- 
dus 10.500  francs. 

A  Amsterdam  —  Collection  Alfred  Boreel 
(céramique  ancienne,  dessins,  estampes,  etc.). 
La  collection  Alfred  Boreel,  vendue  du  15  au 
18 juin,  par  le  ministère  de  MM.  Fred.  Muller 
et  C'",  a  donné,  notamment  dans  la  catégorie 
des  anciennes  porcelaines,  quelques  prix  dignes 
d'être  signalés  ;  par  exemple  : 


252 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


Sa.xe.  —  47.  Le  Baiser,  groupe  de  deux  personnages, 
9.505  fr.  —  67.  Jardinier  et  Marchande,  deux  sta- 
tuettes, 8.400  fr.  —  t09-13u.  Le  Concert  de  singes, 
vingt-sept  statuettes  de  singes  musiciens,  par 
J.-J.  Kmtdlcr,  9.975  fr. 

Hœckst.  —  Les  Musiciens  turcs,  huit  statuettes, 
10.275  fr.  —  160.  Le  Chapeau  de  fleurs,  groupe  de 
deux  personnages,  et  161.  Le  Vin,  groupe  de  deux 
personnages,  18.690  fr. 

Frankenthal.  —  177-178.  Chasseur  et  chasseresse  et 
la  Famille  du  chasseur,  deux  grands  groupes, 
7.455  fr. 

La  Haye.  —  (96.  Service  à  diner,  156  pièces,  por- 
cel.  de  la  Haye,' décor  polvcliroine  à  oiseaux  exotiques 
et  européens,  42.000  fr. 

belfl.  —  205.  Garniture  de  deux  vases  forme  bou- 
teille et  deux  cornets  droits  évasés,  décor  polyclironic 
d'oiseaux  perchés  sur  des  branches,  attribué  à 
Louwys  Ficloors  t?),vers  1690,  20.160  fr.  —  206.  Trois 
potiches  couvertes  et  deux  cornets,  décor  rouge  fer, 
bleu  et  vert,  monogramme  de  Lambertus  van  Ecn- 
hoorn.  1691,  18.270  fr. 

Chine.  —  263.  Grand  plat,  décor  en  émaux  de  la 
famille  rose,  et  doré,  scène  historique,  9.240  fr.  — 
264.  Grande  garniture  composée  de  trois  potiches 
couvertes  et  de  deux  cornets,  anc.  porcelaine  dite 
japano-chinoise,  décor  rouge,  bleu  et  or,  9.450  fr. 

Les  porcelaines  françaises  d'étaient  pas  repré- 
sentées par  de  très  beaux  ni  de  très  nombreux 
exemplaires  et  n'ont  fait  que  des  prix  médiocres. 

La  vente  comprenait  également  diverses  caté- 
gories d'objets  d'art,  telles  que  pendules,  armes, 
bronzes,  meubles,  etc.,  où  l'on  trouve  peu  de 
chose  à  relever  d'intéressant,  exception  faite 
toutefois  pour  les  n""  268  et  ;t04,  une  horloge- 
gaîne  en  noyer,  marqueterie  ;i  ileurs,  décor 
rocaille,  signée  Jan  Henkcls,  Amsterdam,  adjugée 
8.92Î)  fr.,  et  une  paire  de  candélabres  en  bronze, 
jeune  satyre  tenant  les  lumières,  vendue  9. '.175  fr. 

Rien  à  signaler  parmi  les  peintures. 

—  A  la  suite  de  cette  vente,  MM.  Frederick 
Muller  vendirent  des  dessins  appartenant  à  la 
collection  Boreel  et  de  diverses  autres  prove- 
nances :  le  n"  484,  une  Vite  de  l'Amstct,  vers 
l'Omval,  par  Rembrandt,  atteignit  11.130  fr.;  ce 
fut  la  plus  haute  enchère  de  la  calégorie. 

Les  estampes  anciennes  n'ont  pas  atteint  de 
gros  prix  :  on  ne  peut  guère  citer  que  les  4.;t!iO  fr. 
obtenus  par  la  suite  des  douze  pièces  formant 
la  première  série  de  la  Suite  d'estampes  pour 
servir  à  rhistoirc  des  mœurs  et  du  costume  français 
dans  le  .WIII'  tiède,  par  Freudeberg  (n"  758)  ; 
—  la  seconde  suite  de  Moreau  le  jeune  (n"  805), 
n'a  fait  que  2.120  fr. 


A  Londres.  —  Collection  Stephen  Holland 
(tableaux  modernes).  —  La  vente  Stephen 
Holland,  (|ui  commença  le  25  juin,  chez  Christie, 
devait  être  le  clou  de  la  saison  anglaise  de  1008. 
Jamais  ces  galeries,  qui  ont  pourtant  vu  bien  des 
enchères  fameuses,  n'avaient  encore  été  témoins 
d'une  si  vive  compétition,  tout  au  moins  en  ce 
qui  concerne  les  œuvres  du  prestigieux  Turner. 

A  la  première  vacation  de  cette  collection, 
laquelle  n'a  pas  réalisé  moins  de  1 .634.000  francs 
pour  celte  seule  journée,  on  a  payé  des  peintures 
de  cet  artiste  à  des  prix  jusqu'alors  inconnus  : 
c'est  ainsi  qu'une  maison  américaine,  pour 
s'assurer  la  possession  de  Mortlake  Terraee,  qui 
avait  été  payé  1. '16. 500  francs- à  la  vente  Price 
en  1895,  n'a  pas  hésité  à  pousser  le  tableau  jus- 
((u'à  H:iO.  730  francs  ;  c'est  la  plus  grosse  enchère- 
qu'ait  Jamais  atteinte  un  Turner. 

Le  llolbourne  Muséum  de  Bath  a  acquis,  pour 
144.375  francs,  une  autre  peinture  de  Turner, 
the  Storm;  enfin,  une  troisième  œuvre  du  même 
maître,  Morning  afler  the  Storm,  a  été  adjugée 
202.125  francs. 

Un  Conslable,  Vue  de  la  cathédrale  de  Salisbury, 
a  été  l'objet,  lui  aussi,  d'une  adjudication  sensa- 
tionnelle, qui  s'est  arrêtée  à  204.730  francs. 

Quelques  autres  très  beaux  prix  achèveront  de 
donner  la  physionomie  de  cette  vente,  la  plus 
belle  de  toute  la  saison  ;  ce  sont,  pour  la  pre- 
mière vacation  : 

Holland  :  Vue  du  Grand  Canal,  à  Venise,  30.173  fr. 
—  Le  Monument  du  Colleone,  16.275  fr.  —  Entrée  du 
Crand  Canal,  17.32."i  fr. 

J.  P.  Lewis  ;  Hcole  turque  au  Caire,  32.800  fr. 
(adjugé  18.375  fr.  en  1895),  —  Boutique  à  Scutari, 
26.250  fr.  —  Linnel  :  Carrying  Whent,  .50.000  fr. 
(vente  en  1893,  7.075  fr.)  —  The  Brou-  of  the  hill, 
16.275  fr.  —  Millais.  Caller  Herrin,  47.250  fr.  —  Nas- 
myth.  Vue  près  de  Goslnone,  21.000  fr.  —  Orchardson. 
Sapoléon  l"  sur  le  pont  du  «  Beltérophon  »,  réplique 
du  tableau  de  la  collection  Tate,  42.000  fr. 

A  la  seconde  vacation,  les  aquarelles  de  Tur- 
ner ont  continué  la  série  de  prix  extraordinaires 
inaugurée  par  les  peintures  de  ce  maitre  :  la 
plus  importante.  Vue  de  Heidellicrg,  a  atteint 
It0.i30  francs,  le  plus  beau  prix  qui  ait  été 
obtenu  jusqu'à  ce  jour  par  une  aquarelle  ;  elle 
avait  été  adjugée  69.550  francs  à  la  vente  Gillott, 
en  1872. 

A  citer  également  les  70.875  francs  payés  pour 
une  aquarelle  de  Walker,  le  liac,  qui  llgura  à 
notre  Exposition  universelle  de  1878  et  fut  ache- 
tée, en  1892,  29.375  francs. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


253 


Autres  prix  de  la  seconde  journée  : 

Aquarelles  de  Turner  :  Oifordiiess,  48.350  fr.  (vente 
Knowles,  1877,  9.825  fr.).  —  llasting,  42.000  fr.  — 
Salkish,  27.550  fr.  (vente  en  1865,  S.500  fr.  ;  et  vente 
en  1872,  11.700  fr.).  —  T/ie  Hy  Sussex,  17.050  fr.  — 
Torbay  froin  Brixham,  17.750  fr. 

Aquarelles  de  Walker  :  The  Fishmomjer's  Sfiup, 
42.000  fr.,  et  The  Slreel  Cookham,  42.000  fr.  égale- 
ment. 

A(|uarelles  par  divers  :  Carret.  Tivoli,  17.225  fr.  — 
Laïuaster.  Paix  el  f/uerre,  23.625  fr.  —  Fielding.  Ben 
Uiire,  Isle  of  Mull,  15.450  fr.  —  Birket-Foster.  The 
Tiiiiher  waygon,  11.610  fr.  —  J.  Holland.  Venise,  le 
Grand  Canal,  15.350  fr.  —  Lewis.  Dame  recevant  des 
visiteurs  dans  une  maison  du  Caire,  15.750  fr.  —  De 
Windt.  The  Reverl  dart,  16.800  fr. 

La  troisii'me  vacation,  consacrée  aux  maîtres 
de  l'école  française,  a  porté  le  total  de  la  vente 
Stephen  Holland  au  chifire  de  3.350.000  francs. 
I.es  honneurs  de  la  journée  ont  été  pour  Dau- 
bigny,  dont  une  Vue  des  bords  de  l'Oise  fut  adju- 
gée 1)0.628  francs.  Le  Bac,  de  Troyon,  venait 
ensuite  avec  81  375  francs,  suivi  de  près  par  un 
Bord  de  rivière  de  Corot,  78.730  francs  ;  par  un 
Diaz,  les  Baigneuses,  77.423  francs;  et  par  une 
autre  Vue  des  bords  de  l'Oise  de  Dauliigny, 
70.123  francs. 

M  IJiermitte  représentait  admirablement  nos 
maîtres  vivants  avec  tes  Glaneuses,  deux  tableaux, 
l'un  effet  de  soleil  et  l'autre  effet  du  soir,  vendus 
respectivement  05.623  et  32.530  francs.  M.  Ilar- 
pignies,  non  moins  bien  partagé,  voyait  son 
l'aysarje  boise  à  l'automne  atteindre  42.000  francs. 

Autres  enchères  : 

Corot.  L'Êtany,  57.300  fr.  (acquis  par  le  Ihilbourne 
Muséum  de  Batli).  —  Cli.  Jacque  ;  Moutons  à  lahreu- 
voii-,  32.800  fr.  —  Moutons  au  pâturage  dans  un  bois 
avec  deux  beryers,  23.100  fr.  —  Van  Marke.  Retour 
du  pijturaye,  30.625  fr.  —  Troyon.  Dans  la  forêt  de 
Meudon,  12.600  fr.  —  Frère.  Le  Bénédicité,  11.275  fr. 
—  Diaz.  Paysage  boisé,  17.050  fr.  —  Meissonier.  Offi- 
cier de  h  yarde  assis,  aquarelle,  13.373  fr. 

Hien  de  bien  remarquable  parmi  les  objets 
d'art  qui  faisaient  partie  de  la  même  vente;  le 
plus  gros  prix  a  été  pour  un  service  de  table  en 
ancienne  porcelaine  de  Worcester  :  O.t)30  fr., 
c'est-à-dire  bien  loin  de  pouvoir  efl'acer  l'impres- 
sion produite  par  les  enchères  fantastiques  réa- 
lisées par  les  peintures  et  aquarelles  de  Turner, 
ni  les  pri.v  plus  qu'honorables  obtenus  par  nos 
maîtres  paysagistes  modernes. 

(A  suivre.)  M.  N. 


EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


VI»  Salon  d'autonane  (au  firand  Palais). 
—  Delacroix  écrivait  en  1822  :  «  Ce  qui  me 
manque,  je  crains,  c'est  la  patience;  je  suis 
trop  pressé  de  produire  un  résultat.  »  Depuis 
la  Barque  du  Dante,  quelle  aggravation  de  cette 
hâte  maladive  dans  l'école  française  et  tout  l'art 
moderne  !  Et  le  plus  réel  intérêt  du  Salon  d'au- 
tomne n'est-il  pas  de  mettre  à  nu  ce  mal  d'un 
siècle  qui  se  définit  l'a  peu  près  ? 

Ce  dernier-né  des  Salons,  les  uns  l'exaltent, 
les  autres  le  ridiculisent  :  mais  son  allure  plutôt 
chétive,  en  dépit  de  rares  bonheurs  et  de  nou- 
veaux  efforts,  ne  mérite  aucune  de  ces  hyper- 
boles. De  ses  origines  composites,  il  a  gardé  le 
gotit  de  réunir  l'outrance  et  la  grisaille  :  il  est, 
surtout,  fort  mélangé.  C'est  un  Salon  des  Indé- 
pendants, avec  la  contradiction  d'un  jury.  C'est 
le  rendez-vous  des  poncifs  nouveaux  :  car  l'in- 
quiétude dont  se  plaignait  Delacroix  n'est-elle 
pas  devenue  préméditée  ?  La  paresseuse  ébauche 
se  donne  l'air  du  génie,  et  l'impatiente  ignorance 
devient  une  vertu  naïve.  Voici  les  fauves  dispersés; 
on  les  parquait  hier  :  auraient-ils  cessé  de  pa- 
raître   des    voisins    dangereux?  Aussi   bien,   la 
demi-salle  offerte  à  M    Henri  Matisse,  peintre  et 
sculpteur,  ne  confirme  que  sa  névrose  !  En  1908, 
le  ridicule  ne  glorifie  plus.  C'est  un  progrès.  On 
se   lasse   de   tout,   et   surtout   de   rencontrer  à 
chaque  tournant  de  saison   les  mêmes  impro- 
visateurs,   toujours  semblables  à  eux-mêmes  : 
loi  fatale   des  cénacles  qui    s'admirent  et  des 
sociétés  qui  se  ferment.  Nos  jeunes  fa  presto  se 
répètent  ou  singent  leurs  aînés  :  M.  Puy  cézan- 
nise,  .M.  Derain  gauguinise,  M.   Ouvré  japonise 
et,  sauf  le  robuste  Albert  Marque,  la  plupart  des 
sculpteurs  étrangers  ou  français  rodinisent  ;  si 
plus  d'un  ébauchoir  se  veut  archaïque,  d'autres 
pinceaux     carriérisent    ou     monticellisent,    et 
M.  Louis  Sue  retourne  à  Fragonard  :  le  pastiche 
sévit.  Qui  donc  avançait  que  l'art  avait  fait  table 
rase  du  passé  pour  tout  rebâtir?  Devant  la  nature, 
un  peintre  n'oublie  jamais  la  peinture.  Or,  il 
vaut  mieux  songer  aux  fêtes  galantes  que   de 
recommencer  la  perspective  avec   les  yeux  de 
Cézanne  ;   et  ce  danger  de  l'a  peu  près  (quand 
on  n'a  pas  la  main  d'un  Velazquez  ou  d'un  Corot) 
giUe  le  joli  triptyque  verdoyant  de  M.  Laprade. 
Avec  moins  de  fièvre,  M.  Dufrénoy  renouvellerait 
solidement  le  paysage  d'architecture. 
Entre  tant  de  déchets  de  l'impressionnisme  ou 


2b4 


LE    BULLETIN    DE    L'AHT 


du  symbolisme,  on  voit  d'excellents  morceaux; 
mais  prenez  garde  qu'ils  ont  pour  signataires 
M""  Delasalle  ou  M.  Hochard,  MM.  Morrice  ou 
Lavery,  Truchetou  (Gaston  Prunier.  Bouchard  ou 
Landowski,  Lenoble  ou  Bivaud,  talents  que  l'au- 
tomne aurait  mauvaise  grâce  à  découvrir;  les 
dessins  rehaussés  de  M.  Delliomas  ou  les  bois 
nerveux  du  L»''  Paul  Colin  ne  sont  pas  plus  iné- 
dits que  les  trente-trois  portraits  de  Verlaine, 
recueillis  par  M.  fiallimard  dans  la  réconfortante 
section  du  Livre.  Observez,  cependant,  les  progrès 
lumineux  deM.M.llenry  OttmannetGeorgel-Faure, 
ou  le  garçonnet  lisant  de  M.  Renaudot,  non  loin 
de  la  fillette  ensoleillée  par  .M.  Lebasque  :  il  y  a 
là  des  gages  de  conscience  vraiment  indépen. 
danle  et  paisible.  Et  ce  n'est  pas  l'unique  surprise 
qui  nous  attend  ! 

Sous  couleur  de  «  retour  au  style  »,  on  sait  la 
contagieuse  aberration  qui  troubla  plus  d'un 
élève  de  Gustave  Moreau  :  M.  (ieorges  Houault, 
qui  promettait  un  classique,  erre  en  plein  cau- 
chemar... Mais  voici  l'imagination  qui  cherche  à 
retleurir  entre  les  ruines  involontairement  accu- 
mulées par  Cézanne;  et  le  Salon  d'automne  nous 
propose,  avec  quelque  embarras  de  langage 
encore,  une  leçon  qu'on  n'espérait  plus.  M.  Hené 
Piot  décore  à  fresque,  en  lettré  ipii  sait  peindre, 
une  Chambre  funéraire  sur  deux  tlièmes  litur- 
giques: labeurintelligemment  plasliqueet  coloré, 
qui  nous  présage  d'artistes  lendemains.  Moins 
savant  et  plus  tendre,  M.  Maurice  Denis  eflleure, 
en  cinq  panneaux  trop  grands,  l' Histoiredc l'mjcké : 
rêve  méritoire,  mais  imparfait,  d'un  primitif  qui 
ne  connaît  guère  l'anatomie  de  ses  nudités  trop 
roses!  Ici  même,  en  effet,  c'est  le  métier  qui  fait 
tort  à  l'idéal,  et  le  peintre  a  trop  l'air  de  croire 
que  l'Amour  exige  de  son  pinceau  la  mystique 
innocence  de  Psyché...  Laissons  donc  les  fauves 
crier  à  l'académisme,  et  saluons  encore  cette 
convalescence  de  l'art  devant  le  nu  qui  repieud 
faveur:  néréide  trop  '  rigidement  ingriste  de 
M.  Vallolton,  pastorale  de  M.  Albert  André, 
composition  de  M.  Farge  qui  se  refait  contem- 
porain du  Piiinatice  et  de  .Maître  Uoux.  Pareille 
promi'sse  en  un  grand  portrait  de  M.  Bussy,  dans 
un  paysage  décoratif  de  M.  .Maufra.  Et  le  savoir 
d'un  bon  dessinateur,  M.  .Milcendeau,  nous  ache- 
mine à  renseignement  des  sections  étrangère 
on  rétrospeclive,  que  nous  interrogerons  la  pro- 
chaine fois. 

BaYMONO    BOLVKK. 


CORRESPONDANCE  DE  GRÈCE 


Les  fouilles  américaines  en  Crète. 

Un  archéologue  américain,  M.  Singer,  vient 
d'explorer  le  petit  îlot  de  Moklos,  dans  la  pro- 
vince de  Lita.  Sa  première  campagne  de  fouilles 
semble  avoir  donné  d'importants  résultats  et 
vaudra  au  musée  de  Candie  une  belle  moisson 
de  petites  trouvailles. 

M.  Singer  a  reconnu  les  ruines  d'une  ville' 
mycénienne,  ensevelie  sous  une  couche  très 
haute  de  remblai.  Il  a  pu  déblayer  complète- 
ment plusieurs  maisons  et  pratiquer  des  son- 
dages dans  beaucoup  d'autres.  Divers  objets  de 
métal  ou  de  terre  cuite  en  ont  été  retirés,  entre 
autres  de  grands  talents  de  bronze,  pareils  à 
ceux  qu'avait  déjà  livrés  la  fouille  d'Aghia  Triada. 

Vers  la  pointe  méridionale  de  l'île,  sur  un  pro- 
montoire escarpé,  le  même  savant  a  découvert 
une  nécropole  d'une  époque  beaucoup  plus  haute. 
Elle  daterait,  selon  lui,  du  iii«  millénaire  avant 
Jésus-Christ.  Vingt-quatre  tombeaux,  faits  de 
grandes  dalles  assemblées,  ont  été  jusqu'à  pré- 
sent mis  au  jour.  Ils  rappellent  par  leurs  formes 
les  sépultures  dS\a  période  dite  »  des  Cyclades  ». 
Tous  contenaient  des  armes,  des  vases  et  des 
bijoux.  L'un  d'entre  eux,  particulièrement  riche, 
a  livré,  à  lui  seul,  de  quoi  meubler  une  vitrine. 

M.  Singer  signale  surtout  de  grandes  épingles 
d'or,  ayant  pour  têtes  des  Heurs  épanouies  ;  des 
couronnes  et  des  diadèmes  d'or,  ornés  de  des- 
sins géométriques  ou  de  ligures  d'animaux,  quel- 
ques-uns portant  deux  yeux  en  relief;  des  ban- 
delettes d'or  et  do  minces  plaques  sculptées  qui, 
sans  doute,  comme  celles  de  Mycènes,  élaieiit 
cousues  sur  les  vêtements  des  morts.  A  not-ir 
aussi  des  chaînettes  d'or,  sortes  de  colliers  à 
amulettes,  où  sont  suspendus  des  orneraents  en 
forme  de  feuilles.  Viennent  ensuite  des  pierrps 
gravées,  deux  grands  cachets  d'ivoire,  puis  une 
série  de  vases  unique  en  son  genre.  Ils  sont  au 
nombre  d'une  centaine,  tous  d'albâtre  ou  de 
marbre  coloré,  de  formes  diverses,  mais  la  plu- 
part sans  anses.  Les  armes,  pointes  de  lances,  cl 
épées  courtes],  sont  des  types  (ju'avaient  déjà 
fait  connaître  les  précédentes  fouilles  Cretoises. 

M.  Singer  décrit  enfin  —  et  c'est  le  joyau  de  sa 
collection  — unebague  mycénienned'époque  plus 
récente,  trouvée  non  pas  dans  la  nécropole  du 
sud,  mais  dans  une  tombe  voisine  de  la  ville  en 
partie  fouillée.  C'est  un  anneau  d'or  massif,  dont 


ANCIEN    ET    MODERNE 


le  chaton,  d'une  taille  insolite,  porte  tout  un 
tableau  en  miniature.  Il  s'agit  d'une  scène  reli- 
gieuse, analogue  à  celles  que  montrent  certaines 
pierres  gravées,  mais  qui  comporte  des  détails 
inédits.  On  y  voit  un  navire  dont  la  proue  figure 
la  tête,  et  la  poupe  la  queue  d'un  monstre  marin. 
Dans  ce  navire,  une  femme,  déesse  ou  prêtresse, 
est  assise,  qui  élève  des  deux  mains  un  objet 
mystérieux.  Tout  auprès  d'elle,  sont  un  arbre 
sacré  et  un  autel  cubique.  Au  second  plan,  on 
aperçoit  un  temple,  dont  le  navire  semble 
s'éloigner. 

G.  L. 


©■ 


Correspondance  de  Buenos-Aires 


Le  Salou  des  Aquarellistes  français. 

l.'art  franiais  avait  eu,  cette  année,  une  excel- 
lente saison  dans  la  République  Argentine  :  plu- 
sieurs artistes  avaient  organisé  des  expositions 
de  leurs  tableaux,  le  Cercle  des  peintres  français 
était  venu  présenter  une  série  d'œuvres  intéres- 
santes, le  Salon  français  du  Pavillon  Argentin 
avait  également  attiré  l'attention  sur  nombre 
d'artistes  de  chez  nous,  et  pour  compléter  cette 
suite  de  manifestations,  tout  à  l'honneur  de 
notre  école,  l'exposition  des  aquarellistes  fran- 
çais, ouverte  au  milieu  du  mois  d'août  à  la  galerie 
Fumière  et  l'ragueiro,  a  été  accueillie  par  un 
succès,  on  peut  dire  exceptionnel,  puisque  plus 
du  tiers  des  œuvres  exposées  ont  été  vendues. 

L'initiative  de  ce  Salon  est  due  à  M.  Théo 
Fumière,  qui  est,  à  Buenos-Aires,  un  ami  de 
l'art  français  et  qui  multiplie  ses  eflorts  pour  le 
faire  connaître  du  public  argentin.  Il  y  a,  cette 
fois,  parfaitement  réussi,  et  on  reconnaîtra  qu'il 
était  difficile  de  faire  mieux  quand  on  saura  que, 
par  suite  d'une  entente  avec  M.  G.  Dubufe,  pré- 
sident de  la  Société  des  aquarellistes  français, 
c'est  le  dernier  Salon  tout  entier  de  ces  artistes 
qui  a  fait  le  voyage  de  l'Amérique  du  Sud. 

J'aurais  mauvaise  grâce  à  vouloir  «  découvrir  » 
les  cent  cinquante  tableaux  qui  ont  attiré  une 
foule  énorme  à  la  galerie  Fumière  et  Fragueiro, 
puisque  les  Parisiens  en  ont  eu  la  primeur 
l'hiver  dernier  ;  cependant  il  me  faut  bien  insister 
sur  certains  d'entre  eux,  qui  ont  été  tout  parti- 
culièrement remarqués  à  Buenos-Aires,  comme 
sans  doute  ils  l'avaient  été  à  Paris,  i.e  succès  a 
été  tout  d'abord  au  Capitaine  de  cuirassiera,  su- 


perbement campé  par  M.  Détaille;  à  VEros  et 
P^j/ché  de  G.  Dubufe,  un  panneau  décoratif  très 
réussi;  à  la  Flore  de  M.  Maxence,  dont  on  con- 
naît la  virtuosité;  à  la  Comédie  au  château,  une 
saynète  d'autrefois,  pittoresquement reconstituée 
par  M.  M.  Leloir;  aux  fleurs  de  M.  Hivoire. 

Parmi  les  paysagistes,  citons  MM.  Zuber  et  ses 
pages  si  sobrement  et  si  largement  lavées,  .lnur- 
dain  [l'Averse),  E.  Adan,  1-uigi  f.oir,  dont  les 
coins  de  Paris  sont  toujours  appréciés,  Moreau- 
Néret,  Le  Mains,  Duhem,  etc.  MM.  Clairin,  Aublet, 
Scott,  Doigneau,  représentent  ce  qu'on  appelle  à 
Paris  les  «  orientalistes  ». 

Bon  accueil  encore  pour  les  tableaux  de  genre 
de  MM.  Calbet,  Rochegrosse,  Jeanniot,  Bourguin  ; 
pour  les  enfants  de  MM.  Boulet  de  Monvel  [An 
bord  de  l'eau)  et  Geoffroy  [le  Déjeuner  du  matin); 
pour  les  chats  de  M"»  d'Hazon  et  les  fleurs  de 
Mme  Faux-Froidure. 

Cette  rapide  et  trop  courte  énumération  suffira 
peut-être  à  donner  une  idée  de  l'importance  et 
de  l'intérêt  de  ce  premier  Salon  des  Aquarellistes 
français  dans  l'Amérique  du  Sud  ;  le  succès  ob- 
tenu par  nos  artistes  montre  assez  combien  heu- 
reuse était  l'initiative  (jui  a  présidé  à  cet  essiii 
de  grande  décentralisation  et  peinn^t  d'esiiérer 
que  ce  Salon  ne  sera  pas  sans  lendeiiiiiin  et  i]u"il 
deviendra  bientôt  de  tradition  à  Buenos-Aires 
comme  à  Paris. 

A.  L. 


LES      REVUES 


Fhainck 

Les  Arts  (.'loùt).  —  Le  iimnéro  est  ciitièrcnient 
consacré  à  une  étude  de  .VI.  Gaston  Mkiku.n  sur-  les 
médailles  et  plaquettes  de  la  collection  Gustave 
Dreyfus. 

(Septembre).  —  La  collection  de  M.  I'.  Galliuiurd, 
par  M.  Louis  V.\uxcelles  (peintures  moderues). 

Art  et  décoration  (septembre).  —  M.  I.énuce 
BÉNKDrrE  parle  du  peintre  Alfred  Holl,  dont  l'usuvre 
considérable  u  se  présente  sous  des  aspects  à  la  fois 
si  particuliers  d'observation  et  d'analyse  et  sous  des 
cU'ets  si  générau.v  de  synthèse  ». 

—  I.e  llijou  au  tnunée  Gallieni,  par  liené  Ui.u.M,  à 
propos  de  la  récente  exposition  de  la  l'arure  féminine. 

—  Gaston  l'runier,  par  Tristan  Ivi.i.NciSuii.  —  Miss 
Jessie  M.  Kinij,  par  M.-l'.  Vehmîuii.  (cette  artiste  est 
une  des  personnalités  les  plus  mar(|uantes  de  l'école 
écossaise  moderne). 


236 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


Revue  alsacienne  illustrée  (1908,  HI).  —  Jcan- 
Ilapliste  ^Veylel•,  un  des  artistes  miniaturistes  que 
les  récentes  expositions  de  Paris  et  de  Berlin  ont 
remis  en  lumière,  était  un  Strasbourf^eois,  né  en  1747, 
et,  à  ce  titre,  M.  André  Gikouie  lui  consacre  une  de 
ses  Biographies  alsaciennes. 

—  L'exposition  des  jeunes  artistes  alsaciens-lor- 
rains à  Strasbourg  (avec  dix-hyit  reproductions). 

—  A  travers  cinq  siècles  d'art  régional  alsacien, 
par  K.  StatsmaNn. 

Russie 

Zolotoé  Rouno  (La  Toisond'or).— Cette  luxueuse 

publication  s'est  consacrée,  depuis  trois  ans  déjà,  à 
faire  connaitre  les  nouveaux  artistes  russes,  les  écri- 
vains surtout.  La  première  partie  de  chaque  fascicule 
est  toujours  réservée  à  des  articles,  très  largement 
illustrés,  sur  les  arts  plastiques.  Des  cinq  numéros  de 
cette  année-ci,  l'un  rendit  compte  d'une  des  exposi- 
tions de  Moscou,  un  autre  s'occupa  des  œuvres  de 
l'Art  persan,  qui  figurent  dans  des  collections  russes. 

Dans  le  fascicule  de  février,  le  baron  N.  Whanoei, 
étudia  les  Miniatures  de  l'Ermitage.  A  citer,  des 
œuvres  de  Petitot  {Louvois,  H.  de  Daillon,  M""  de 
Combalel,  M''  de  Canteleu);  d'André  l!ouc|uet  {Ninon 
de  Lenclos);  de  Hall  et  de  Liotard  (il/"°  Favart  en 
costume  oriental,  miniature  dont  il  est  des  répéti- 
tions chez  M.  II.  Pannier  et  en  Angleterre).  Autres 
miniaturistes  caractérisés  et  reproduits  :  Rihout,  Le 
Roy,  A.  Vincent,  Augustin  Ritt,  Viollier  ^il  s'agit  bien 
de  Viollier  et  non  de  Pierre  Viollet,  comme  l'a  pensé 
indûment  une  minute,  M.  Wrangel).  Mentionnons 
encore   Fuger,   Stroley,  Isabey  et  Pierre  Guérin. — 

(Fascicule  5).  Iakob  Fedorovitch  Kapkov  (1816-18,^4), 
par  le  baron  N.  WnANOEf..  Un  peu  secondaire,  ce 
peintre,  voué  sans  doute  à  enrichir  malgré  lui 
l'œuvre  de  ses  rivaux,  suivit  le  sillage  des  trois 
artistes  les  plus  caractéristiques  de  la  période  1830, 
K.  Rrullov,  Fédotov  et  Bruni.  —  M.  P.  Moijratov  exa- 
mine sympathiquenient  l'œuvre  du  comte  Théodore 
Tolslcfl  (1783-1873).  Le  iiiédailleursculpteur  revit 
autant  par  ses  nombreux  dessins,  que  par  les  Mé- 
moires qu'il  a  laissés.  Croyant  être  «  grec  »,  il  a  été 
vraiment  du  plus  beau  «  style  Empire  »  qui  soit. 
,  L'auteur  évoque  assez  nécessairement  à  son  sujet,  le 
nom  de  Flaxmann,  encore  que  Tolstoï,  dans  ses 
illustrations  de  l'Odyssée  et  de  la  fable  russifiée  de 
Psyché,  ait  pu  le  dépasser.  —  Denis  Roche. 

Staryé  Gody  (mai).  —  K.  Koi;z.>iixe.  Le  Tapis 
d'Ultraine.  On  cherche  de  divers  parts,  et  notamment 
à  l'école  de  tissage  de  la  princesse  N.  G.  lacheville, 
à  faire  revivre  ce  tapis  qui  dérive  du  tapis  persan  pour 
le  décor  et  affecte  des  couleurs  pures  sur  fond  vieil 
or,  cannelle,  noir  ou  bleu. 

—  E.  KoiiscH.  Les  dernières  acquisitions  du  musée 
Clilchçukine. 


—  V.  CiiTCiiAviNSKi.  L'extérieur  du  tableau  ancien 
(panneaux,    toiles,    enduits,    couleurs,   craquelures). 

—  E.  Posse.  L'Exposition  d'art  anglais  à  l'Acadé- 
mie de  Berlin  (janvier-février  1908). 

—  N.  Rotiistein.  Vue  vente  de  porcelaine  russe. 
Vente  Loukhoutine.  Nombreuses  reproductions  de 
figurines.  L'auteur  souhaite  la  création  d'un  musée 
de  la  porcelaine  russe.  La  Révolution  fit  éraigrer 
récemment  plusieurs  collections,  celle  de  Loukhoutine 
entre  autres,  fut  à  Paris  (en  caisses)  en  1905. 

—  Max  Geisbehg.  Un  nouveau  dessin  du  maître  da 
Tlausbucli  :  Adoration  des  mages,  trouvée  an  château 
de  Cobourg. 

—  V.  Vérét.nikov.    Influence  de.   l'Europe  sur  les  ' 
arts  en  Russie  au  XVII'  siècle.  Commandes  d'étoflès, 
tentures,  meubles,  par  l'entremise  de  l'Anglais  Ileldon 
(16.Ï7-1786)  et  demande  d'ouvriers. 

—  Denis  Roche.  Un  trait  de  la  vie  à  l'aris  du 
pensionnaire  de  Russie  Kipriant  Melnikov.  11  inter- 
vient en  faveur  d'un  modèle  arrêté  (août  1786). 

(Juin).  —  L.  Maeterlinck.  I^s  Sculptures  satiriques 
de  Damme.  Vauthier  van  Inghen,  en  146o,  y  a  no- 
tamment représenté  le  poète  Jacques  van  Maerlaut, 
dans  lequel  le  peuple  s'est  accoutumé  à  voir  Till 
Eulcnspicgcl  et  des  bourgeois  fort  einb.irassés  par 
un  porc,  allusion  aux  ensablements  de  la  pa.ssc  de 
Damme,  le  Zwyn. 

—  Le  Peintre  Louis  Caravague  en  Russie.  M.  V. 
Vf:RÉTNiKov  redresse,  d'après  de  nouveaux  documents, 
plusieurs  erreurs  jadis  commises  par  M.  Sobko.  Aux 
termes  de  trois  contrats,  signés  de  1715  à  1730,  Cara- 
vagne  vit  son  traitement  tripler.  Mais  de  peintre 
proprement  dit,  il  devint  en  .somme  simple  décora- 
teur. Dès  avril  1723,  Caravague  propose  à  Pierre  le 
Grand  de  créer  une  académie  «  telle  qu'elle  est  insti- 
tuée à  Paris  »,  et  il  s'engage  à  former  quatre  élèves. 
Cette  petite  école  fut  la  première  qu'il  y  eut  pour  les 
peintres  en  Russie. 

—  V.  VKHKCiiTciiAia:iXE.  Les  Œuvres  de  Houdon  en 
Rvssie.  Étude  et  reproduction  dune  sorte  de  ma- 
quette en  bronze  de  la  statue  de  Voltaire  envoyée 
par  le  sculptenr  à  Catherine  IL  et  que  l'Enuitage 
aliéna  en  1832.  —  Liste  (peut-être  encore  incomplète) 
des  œuvres  de  Houdon  en  Russie,  au  nombre  de 
vingt-quatre. 

—  Jean  Gdiffrev.  L'E.rpo.'.ition  des  Cent  pastels 
à  l'aris. 

—  Mouvement  des  ventes  françaises,  allemandes, 
hollandaises  et  anglaises,  par  M.  P.  V...  —  hiM.s 
Roche. 


Le  Gérant  :  H.  Denis. 


Parts.  —  Imp.  Georges  Petit,  12.  rue  Godot-de-Mauroi. 


Numéro  397. 


Samedi  17  Octobre  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN     ET    MODERNE 


Le  Manuel  de  l'eau 


Après  le  Manuel  de  l'arbre,  paru  l'année  der- 
nière et  dont,  à  l'heure  actuelle,  plus  de  cin- 
quante mille  exemplaires  ont  été  distribués  aux 
écoles,  le  Touring-Club  de  France  publie  le 
Manuel  de  Teau,, complément  nécessaire  du  pré- 
cédent petit  livre(l).  Ainsi,  notre  grande  asso- 
ciation de  tourisme,  à  qui  nous  devons  déjà  tant 
pour  la  protection  des  monuments  et  des  sites, 
poursuit  méthodiquement  son  œuvre  de  propa- 
gande, et  aucun  de  ceux  qui  entendent  "  conserver 
à  notre  pays  les  sources  profondes  de  sa  prospé- 
rité et  de  sa  beauté  »,  ne  saurait  marchander  ses 
encouragements  à  M.  Ballif  et  à  ses  distingués 
collaborateurs. 

C'est  M.  Onésime  Reclus  qui  s'est  chargé 
d'écrire  cette  monographie  de  la  pluie,  des 
sources,  des  torrents  et  des  rivières,  de  montrer 
l'alliance  indissoluble  de  l'arbre  et  de  l'eau,  de 
résumer  ces  lois  de  solidarité  universelle  «qui 
rattachent,  par  les.  soucis  d'une  vie  alliée,  la 
montagne  à  la  forêt,  et  la  forêt  à  l'eau,  qui  court 
de  la  montagne  à  l'Océan»,  de  conclure  enfin 
que  «l'eau  étant  tout  et  la  vie  impossible  sans 
elle,  l'arbre, qui  réserve  l'eau,  est  tout,  lui  aussi  ». 
Il  l'a  fait  avec  l'autorité  qu'on  lui  connaît,  unis- 
sant la  science  et  la  poésie  dans  la  même  langue 
imagée  et  donnant  de  la  sorte  aux  formules  une 
couleur  et  un  relief  saisissants,  (|ui  les  implan- 
tent d'un  seul  coup  dans  l'esprit  le  moins  pré- 
paré. 

Nous  n'avons  pas  à  suivre  l'auteur  dans  des 
considérations  économiques  d'un  intérêt  capital, 
mais  qui  ne  sont  point  de  notre  domaine;  et 
quelque  soin  qu'on  ait  apporté  à  l'illustration  du 
Manuel  de  l'eau,  il  a  d'autres  titres  à  ce  compte- 
rendu  sommaire  que  celui  d'être  un  ouvrage 
élégamment  présenté  :  il  pose  en  maint  endroit 

(1)  Le  Manuel  de  l'arbre  a  été  nnnoncé  ici-même, 
lors  de  soq  apparition.  Voir  le  n°  348  du  Bulletin. 


des  problèmes  d'ordre  esthétique  terriblement 
actuels,  en  ces  temps  où  «  l'on  ne  sait  encore 
qu'espérer  ou  que  craindre  pour  la  beauté  des 
eaux  »,  et  c'est  par  là  même  qu'il  nous  touche. 

«  Il  est,  en  toute  PYance,  s'écrie  pour  conclure 
M.  Onésime  Reclus,  des  monuments  auxquels 
on  ne  peut  toucher  :  avenues  de  menhirs,  dol- 
mens, arcs-de-triomplie,  châteaux  forts,  cathé- 
drales, humbles  églises  romanes  ou  ogivales 
dans  les  villages,  les  hameaux...  N'oserons-nous 
pas  enlever  aussi  quelques  sites  élus,  grandes 
sources,  hautes  cascades,  gorges,  cagnons,  cin- 
gles harmonieux,  au  domaine  immensément 
agrandi  de  l'industrie  du  xx"  siècle  ? 

«  Oubliera-t-on  que  la  «  source  dans  les  bois  >> 
rappelle  tout  le  passé  de  notre  race'?  Faudra-t-il 
que  «  l'homme  dans  l'usine  »  en  résume  tout 
l'avenir  ? 

«  Sur  une  terre  oîi  l'on  n'offensera  plus  la 
beauté,  puisse  l'humanité  future  entonner  un 
jour  le  double  hosannah  :  Gloire  à  l'Arbre! 
Gloire  à  l'Eau  !  ». 

E.  D. 


ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Actes  officiels.  —  Le  roi  d'Angleterre  vient  d'ho- 
norer d'une  distinction  tout  à  fait  exceptionnelle 
M.  Daumet,  membre  de  l'Académie  des  beaux-arts. 
Sur  la  proposition  de  l'Institut  royal  des  architectes 
britanniques,  il  a  décerné,  en  elfet,  au  restaurateur 
des  châteaux  de  Chantilly  et  de  Saint-Germain,  pour 
l'ensemble  de  ses  œuvres,  la  grande  médaille  d'or 
spéciale,  fondée  par  la  reine  Victoria,  et  qui  ne  fut 
que  très  rarement  accordée  à  des  étrangers, 

Institut  de  France.  —  Voici  les  dates  des  séances 
publiques  annuelles  de  l'Institut  de  France  : 

La  séance  plénière  de  l'Institut  aura  lieu  le  samedi 
24  octobre;  la  séance  de  l'Académie  des  beaux-arts, 
le  samedi  7  novembre  [Lecture  sur  Verdi,  par  M.  H. 
Roujon);  la  séance  publique  annuelle  de  l'Académie 
des  inscriptions  et  belles-lettres,  le  vendredi  20  no- 


258 


LR   BULLETIN   DE    L'ART 


vombre.  11  y  sera  fait  lecture  d'une  étude,  intéressante 
au  point  de  vue  de  l'histoire  de  l'art,  sur  In  Chine  à 
Paris  au  XVIJI'  siècle,  par  M.  Cordier. 

La  séance  publique  annuelle  de  l'Académie  fran- 
çaise se  tiendra  le  jeudi  26  novembre. 

Académie  des  inscriptions   et  belles-lettres 

(séance  du  9  octobre).  —  Le  directeur  des  antiquités 
de  la  Tunisie  rend  compte  à  l'Académie  des  recher- 
ches sous-marines  qui  ont  été  exécutées  au  large  de 
Madhia.  avec  le  concours  de  la  marine  française,  à 
l'endroit,  où,  l'an  dernier,  des  pi^cheurs  d'épongés 
avaient  trouvé  de  remarquables  statues  de  bronze. 

Les  travaux  de  cette  année  ont  fourni  des  rensei- 
gnements très  précis  sur  la  nature  du  gisement  :  on 
est  en  présence  de  bateaux  chargés  de  colonnes,  de 
chapitaux  et  d'œuvres  d'art,  qui  a  sombré  par  qua- 
rante mètres  de  fond,  à  cinq  kilomètres  environ  du 
cap  Africa.  Ils  ont  aussi  amené  la  découverte  de 
nombreux  objets  en  bronze  ou  en  marbre,  en  parti- 
culier de  fragments  ayant  appartenu  à  plusieurs 
grands  vases  monumentaux.  L'un  de  ceux-ci  était 
un  double  du  célèbre  cratère  Borghèse,  aujourd'hui 
au  Louvre.  Ces  fouilles  seront  continuées. 

École  d'Athènes.  —  Deux  places  de  membre  de 
l'École  française  d'Athènes  sont  déclarées  vacantes 
pour  l'année  scolaire  1908-1909.  Les  candidats  devront 
faire  parvenir  leurs  titres  au  ministère  de  l'Instruction 
publique  (direction  de  l'enseignement  supérieur,2'  bu- 
reau), avant  le  a  novembre. 

Musée  du  Louvre.  —  On  ouvrira  prochainement 
au  musée  du  Louvre,  dans  le  pavillon  La  Trémoille, 
unesalle  nouvelle,  où  seront  présentées  des  collections 
de  céramique  antique,  formées  des  dernières  pièces 
découvertes  à  Suse,  jusqu'à  vingt-cinq  mètres  de 
profondeur,  par  M.  de  Morgan.  Ces  œuvres  do  céra- 
mique, trois  ou  quatre  cents  vases  et  coupes,  sont 
les  plus  anciennes  qui  existent,  et  leur  travail  est 
d'une  perfection  absolue.  Beaucoup  sont  intactes  ;  un 
grand  nombre  de  celles  qui  étaient  brisées,  les  plus 
grandes,  ont  pu  être  reconstituées,  on  rassemblant 
leurs  fragments. 

—  M.  Charles  Seguin,  amateur  et  collectionneur,  a 
spécifié  dans  son  testament  que  les  conservateurs  du 
musée  du  Louvre  et  les  experts  appelés  par  eux 
pourraient  choisir  parmi  les  tableaux  et  objets  d'art 
composant  sa  collection,  les  pièces  qu'ils  jugeraient 
dignes  de  figurer  dans  notre  musée  national. 

Musées  de  province.  —  Le  Conseil  général  de  la 
Seinc-lnféricure  a  décidé  que  le  musée  des  Antiquités 
de  la  ville  de  Rouen  serait  transféré  dans  les  bâtiments 
de  l'archevêché. 

Mime  décision  ayant  été  prise  par  le  Conseil  gé- 
néral de  Loir-et-Cher,  le  conseil  municipal  de  Blois 
a  voté  le  transfert  du  musée,  actuellement  au  châ- 
teau, dans  les  bâtiments  de  l'évèché. 


Monuments  et  statues.  —  On  a  inauguré,  le 
27  scpiciiibrc  :  à  VaUnciennes,  lin  monument  à  la 
mémoire  du  statuaire  Gustave  Crauk ,  œuvre  de 
M.  Gauquié;  —  à  Mazamet  (Tarn),  un  monument  à  la 
mémoire  d'Edouard  Barbey,  ancien  ministre  de  la 
Marine,  œuvre  de  M.  F.  Sicard;  —  à  Liart  (Ardennes), 
un  buste  de  M.  Coûtant,  ancien  sénateur  des  Ardennes; 
—  le  4  octobre  :  à  Noisseville,  près  Metz,  un  mo- 
nument à  la  mémoire  des  soldats  français  tombés  à 
l'est  de  Metz,  œuvre  de  M.  E.  llannaux;  —  à  Nimes, 
un  monument  à  la  mémoire  de  M.  Bernard  Lazare, 
œuvre  de  MM.  R.  iîloche  et  II.  Lefcbvre;  —  le  U  oc- 
tobre :  à  riii'itel  de  ville  de  Montauban,  un  monument 
à  la  mémoire  d'Ingres,  dû  à  M.  Bourdellc. 

A  Amsterdam.  —  Un  des  projets  formés  lors  du 
centenaire  de  Rembrandt  en  1906,  fut  l'achat  et  l'amé- 
nagement de  la  maison,  sur  le  Jodenbreeslraat,  que 
le  peintre  habita  de  1639  à  1658.  Une  commission 
s'est  formée,  dont  font  partie  MM.  Quack,  Bredius, 
J.  Veth  et  autres.  La  libéralité  d'un  riche  Amsterda- 
mois  a  permis  à  cette  commission  d'acheter  la  maison  ; 
elle  mettra  la  commission  en  état  d'y  faire  exécuter 
les  travaux  essentiels  qui,  en  abattant  les  cloisons 
modernes,  permettront  de  la  rétablir,  dans  les  grandes 
lignes,  telle  qu'elle  fut  du  temps  de  Rembrandt.  L'idée 
de  la  commission  —  idée  à  laquelle  on  ne  saurait 
qu'applaudir  —  est  de  compléter  ces  aménagements 
et  d'organiser  dans  la  maison  une  exposition  perma- 
nente des  plus  belles  eaux-fortes  du  maître  ;  on  y 
joindrait  des  dessins,  des  autographes,  des  documents 
et  des  livres  sur  Rembrandt  et  son  époque.  La 
commission  fait  appel,  pour  la  réalisation  de  ce  plan, 
au  concours  de  tous  les  amis  de  l'art. 

A  Genève.  —  Le  liuUelin  a  annoncé  qu'une  Asso- 
ciation s'était  formée,  en  Suisse,  en  vue  de  l'érection, 
à  Genève,  d'un  «  Monument  international  de  la  Ré- 
formation ».  Un  concours  international  a  été  ouvert 
et  un  jury  nommé,  qui  comprenait  :  MM.  A.  Barlho- 
lomé,  sculpteur;  Ch.  Girault,  architecte;  le  professeur 
Tuaillon,  le  professeur  Bruno  Schmitz,  George-J. 
Frampton,  le  professeur  GuU,  Alfred  Cartier,  Horace 
de  Saussure,  Lucien  Gautier. 

Ce  jury  vient  de  rendre  son  jugement  sur  les  Tl 
projets  qui  lui  ont  été  soumis.  Le  premier  prix  — 
10.000  fr.  —  a  été  décerné  au  projet  ayant  pour 
auteurs  MM.  Monod  et  Laverriorc,  Taillcns  et  Dubois, 
architectes  à  Lausanne,  et  Reyuiond  de  Broutellcs. 
sculpteur  à  Paris.  Le  jury  considère  que  ce  projet  lui 
donne  satisfaction  entière,  mais  seulement  au  point 
de  vue  architectural.  Aussi,  considérant  que  d'autres 
projets  primés  présentent  de  très  grandes  qualités 
sculpturales,  le  jury  engage  le  comité  à  choisir,  pour 
la  sculpture,  parmi  certains  autres  projets. 

Les  projets  plus  spécialement  remarqués  parle  jury 
à  cet  égard  sont  au  nombre  de  trois.  D'abord  celui  qui 
a  obtenu  le  deuxième  prix  (C.OOO  fr.)  et  qui  a  pour 
auteurs  M.  II. -P.  .Nénot,  architecte  de  la  Sorbonne, 


ANCIEN    ET    MODERNE 


2b9 


et  MM.  Paul  Landowski  et  Henri  Bouchard,  sculpteurs 
à  Paris  ;  puis  celui  de  MM.  Charles  Plumet,  archi- 
tecte à  Paris,  et  de  Niederhausen-llodo,  sculpteur  à 
Berne;  enfin  celui  de  M.  Ilorvai  Janos,  sculpteur  a 
Budapest.  Ces  deux  projets  ont  obtenu  un  3*  prix 
ex-a-quo  (2.000  fr.  ),  en  mCMue  temps  que  cinq  autres 
projets,  aj'antrespectiveuient  pour  auteurs  MM.  Guido 
Biauconi,  sculpteur  àTurin  ;  —  Paul  Bêcher,  sculpteur 
à  Berlin;  —  Edmond  Fatio,  architecte  à  Genève; 
Adolphe  Thiers,  architecte  à  Paris,  et  A.  Seysses, 
sculpteur  à  Paris;  —  P.  lleurtier,  architecte  à  Paris 
(collaborateur  :  M.  G.  Thorimbert),  et  F.  Sicard,  sculp- 
teur à  Paris  icollaborateur  :  M.  L.  Baralis);  —  Jean 
Fiault,  architecte  à  Paris,  -et  André  Vermare,  sculp- 
teur à  Paris. 

A  Venise.  —  La  huitième  Exposition  interna- 
tionale des  beaux -arts  de  Venise  sera  ouverte  du 
22  avril  au  31  octobre  1909.  Elle  comprendra  des 
salles  italiennes,  des  salles  étrangères  et  des  salles 
internationales.  Outre  les  invités,  tout  artiste  qui 
aura  envoyé  son  adhésion,  en  y  joignant  un  mandat 
postal  de  dix  francs,  avant  le  \"  janvier  1909,  pourra 
soumettre  ses  œuvres  au  jury  d'admission.  Celui-ci 
sera  composé  de  trois  peintres  et  de  deux  sculpteurs, 
élus  par  les  exposants,  parmi  les  artistes  étrangers  et 
italiens  invités  aux  expositions  de  Venise.  A  l'exception 
de  ces  derniers,  les  artistes  ne  pourront  exposer 
chacun  que  deux  œuvres.  Les  envois  seront  reçus  au 
Palais  de  l'Exposition  (Jardin  public),  du  10  au 
2ii  mars.  Une  commission  de  dix  pour  cent  sera 
prélevée  sur  les  ventes.  S'adresser,  pour  tous  rensei- 
gnements, à  M.  A.  Fradeletto,  secrétaire  général, 
iMunicipio  di  Venezia,  à  Venise. 

Nécrologie.  -^  M.  Edmond  Lebel,  conservateur 
honoraire  du  musée  de  peinture  et  ancien  directeur 


de  l'École  des  boaux-arts  de  Rouen,  vient  de  mourir 
à  Amiens,  sa  ville  natale.  Né  en  1834,  élève  de  Cogniet, 
il  débuta  au  Salon  che  1861  et  envoya  pendant  les 
années  qui  suivirent  des  tableaux  de  genre  récom- 
pensés en  1872  (méd.  de  2*  classe)  et  en  1889  (méd.  de 
bronze).  Il  fut  un  de  ceux  qui  secondèrent  le  plus 
activement  Félix  Buhot  dans  la  campagne  entreprise 
par  cet  artiste  en  faveur  de  l'admission  de  l'estampe 
dans  les  musées  de  province. 

—  Le  peintre  Philippe  Jolyet,  né  à  Pierre-de-Bresse 
(Saône-et-Loire),  ancien  élève  de  l'Ecole  des  beaux- 
arts  de  Dijon,  ancien  directeur  de  l'École  des  beaux- 
arts  de  Bayonne  et  conservateur  du  musée  fondé  en 
£ette  ville  par  M.  Bonnat,  est  mort  à  Nay  (Basses- 
Pyrénées),  dans  sa  76°  année.  Il  exposait  de  temps  à 
autre  aux  Salons  parisiens,  où  il  avait  obtenu  une 
mention  honorable  en  1885;  à  l'Exposition  universelle 
de  1889,  il  reçut  une  médaille  de  bronze. 

—  Le  peintre  Charles  Landelle  vient  de  mourir  à  l'âge 
de  87  ans.  Né  à  Laval  en  1821,  Landelle  avait  eu,  pen- 
dant le  second  Empire,  une  réputation  des  plus  bril- 
lantes. On  lui  doit, entre  autres  œuvres  remarquables, 
la  Sainte  Cécile  qui  est  à  Saint-Nicolas-des-Champs, 
la  Sainte  Clotilde  de  Saint-Roch,  la  décoration  de  la 
chapelle  Saint-Joseph,  de  Saint-Sulpice.  Après  un 
voyage  en  Orient,  il  se  mit  à  faire  des  tableaux  de 
genre,  comme  la  célèbre  femme  mauresque,  Y  Aimée, 
etc.,  et  des  portraits,  comme  le  portrait  d'Alfred 
de  Mussel,  reproduit  dans  la  Kevve  (t.  XX,  p.  463); 
celui  de  l'Amiral Baiidin  [m\jsùe  de  Versailles),  etc.  Il 
exposa  jusqu'à  ces  dernières  années  au  Salon  des 
artistes  français,  dont  il  était  un  des  doyens,  avec 
E.  Hébert,  né  en  1817,  U.  Baize,  né  en  1818,  et 
Ilarpignies,  né  en  18)9. 


»«eoo»>ni^«i 


CHRONIQUE    DES  VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

Les  grandes  ventes  à  l'étranger  en  1908 
(fin).  —  A  Londres.  —  Collection  de  Sir 
Cuthbert  Quitter  (objets  d'art).  —  Le  2  juillet, 
c'était  encore  l'école  française  qui  triomphait  à 
la  vente  de  sir  Cuthbert  (juitter,  où  un  buste  de 
femme  en  terre  cuite  par  Marin,  daté  de  1791, 
atteignait  la  belle  cote  de  68.250  francs. 

Ilien  à  signaler  dans  le  reste  de  la  vente,  sauf 


une  garniture  de  trois  vases  en  anc.  porcel.  de 
Chine,  ép.  Kien-Lung,  vendus  37. .'HS  fr.,  et  deux 
vases  en  anc.  porcel.  de  Chelsea,  10.800  fr. 

■Vente  de  tableaux  anciens.  —  Le  lendemain, 
une  vente  de  tableaux  anciens  provenant  de 
diverses  collections,  a  donné  lieu  à  quelques 
compétitions  notables.  Une  peinture  de  Ilaeburn, 
Portrait  de  Afrs.  Mackcnzie  of  Drumtochy,  a  été 
adjugée  m .000  francs; —  un  autre  Raeburn, 
70.000  fr.  ;   —  un  portrait  de  femme  en  robe 


260 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


blanche  brodée  d'or,  par  Reynolds,  52.000  fr.  ; 
le  Portrait  de  Mrs.  Charnock,  par  Uomney, 
49.400  fr.  —  le  Portrait  du  généi-al  James  Wolfe, 
par  Gainsborough,  46.800  fr.  ;  —  le  Portrait  d'un 
gentilhomme,  par  Rembrandt,  52.000  fr.  ;  —  le 
Portrait  du  cardinal  Rivarole,  par  Van  Dyck, 
20.280  fr. 

Ventes  diverses.  —  Dans  une  vente  d'estampes 
anciennes,  faite  le  15  juillet,  une  épreuve  du 
premier  état,  avant  toute  lettre,  de  Mrs.  Muaters, 
par  J.  Walker,  d'après  Romney,  a  été  adjugée 
8.125  fr.  ;  une  suite  des  Douze  mois,  gr.  en  coul. 
par  Bartolozzî  et  Gardiner,  d'après  Hamilton,  a 
atteint  5.100  fr.,  de  même  qu'une  épreuve  du 
portrait  de  Lady  Anne  Lamhton  et  sa  famille,  par 
Young,  d'après  Hoppner. 

—  La  même  semaine,  on  a  dispersé  une  réu- 
nion de  tableaux  modernes,  parmi  lesquels  des 
œuvres  d'artistes  français,  qui  ont  eu  les  hon- 
neurs de  la  journée.  Le  plus  beau  prix  a  été,  en 
effet,  pour  un  Charles  Jacque  :  Moutons  au  pâtu- 
rage, avec  chien  et  berger,  payé  27.550  fr.  ;  —  un 
Paysage  boisé  avec  rivière,  par  Corot,  a  été  adjugé 
8.47b  fr.;  —  et  un  Sous  bois,  de  Diaz,  8.125  fr. 

Du  côté  de  l'école  anglaise,  on  ne  voit  guère  à 
citer  que  The  Tree  of  forgiveness,  par  Burne-Jones, 
vendu  15.225  francs. 

—  Dans  une  vente  d'objets  d'art,  un  cabinet 
d'époque  Louis  XVI,  orné  de  plaques  en  ancienne 
porcelaine  de  Sèvres,  a  été  poussé  jusqu'à 
22.300  fr.  et  des  tjibalières  en  or  du  xviii"  siècle 
ont  atteint  7.000  francs. 

—  Enfin,  dans  la  dernière  vente  anglaise  de 
la  saison,  qui  s'est  faite  le  20  juillet  chez  Christie, 
un  tableau  par  Linnel,  Milking  time,  a  été  adjugé 
7.600  francs. 

"Ventes  en  province  —  Nous  détachons  des 
résultats  d'une  vente  faite  les  7  et  8  août,  au 
Château  de  la  Gai>de-du-Dord  (Puy-de-Dôme),  par 
le  ministère  de  M"=  Chaulard  et  Gazague  et  de 
M.  Raudin,  les  quelques  prix  suivants  : 

Tapisseries. —  29-39.  Suite  de  tapisseries  d'Au- 
busson.  XVIII"  siècle.  Sujets  de  chasse  et  frag- 
ments. Onze  pièces.  15.000  fr.  —  41.  Tap.  fl 
XVII'  s.,  laine  et  soie  :  bocage,  arbres,  oiseaux  et 
petits  animaux,  2.8iOfr.  — 43.  Tap.  d'Aubusson. 
xvii">  s.,  laine  et  soies,  grande  pièce  et  autre  pièce 
provenant  de  la  même  suite.  Verdure  représen- 
tant un  paysage  chinois  avec  kiosque  (rest.), 
3.750  fr. 


Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Aucune 
suite  (le  vacations  sensationnelles,  aucune  dis- 
persion aux  enchères  publiques  d'une  collection 
réputée,  n'est  encore  signalée.  Cependant,  on 
parle  de  séances  importantes  pour  novembre  et 
décembre.  Dès  à  présent.  M'-  André  Couturier  et 
MM.  Paulme  et  Lasquin  annoncent,  pour  les  18 
et  19  novembre,  la  vente  d'une  collection  d'ob- 
jets d'art  comprenant  des  porcelaines  anciennes, 
certaines  montées  en  bronze,  des  tableaux,  des- 
sins, gravures  et  miniatures  du  xviii<:  siècle, 
œuvres  notamment  de  Debucourt,  Van  Loo,  Huet, 
Laurent  et  Sicardi. 

A  l'étranger.  —  Hollande  et  Allemagne.  — 

Comme  les  années  précédentes^  quelques  ventes 
ont  lieu  en  Allemagne  et  en  Hollande,  en  ce 
moment  de  l'année  où  l'Hôtel  Drouot  et  Christie 
n'offrent  guère  de  vacations  de  nature  à  nous 
intéresser. 

—  Les  29  et  30  septembre,  MM.  Roos  et  G' 
ont  dispersé,  à  Amsterdam,  un  certain  nombre 
de  tableaux  et  d'aquarelles  modernes,  provenant 
de  la  collection  Van  Vliet  et  de  la  succession  de 
feu  M.  L.-P.  Heders,  et,  dans  la  même  ville, 
l'expert  J.  Schulman  a  dirigé,  du  6  au  9  octobre, 
dans  l'hôtel  de  Brakke  Grond,  la  vente  des  col- 
lections de  feu  M.  Allardin  et  de  M.  J.-W.  M...  et 
d'objets  provenant  de  diverses  successions,  tels 
que  anciennes  porcelaines,  faïences  de  Delft, 
meubles  et  tableaux. 

—  A  Munich,  le  19  octobre,  galerie  Helbing,  aura 
lieu  la  vente  de  la  collection  d'anciennes  porce- 
laines de  M.  Emil  Grauer.  Un  catalogue,  rédigé 
par  M.  le  D''  Braun,  donne  les  indications  les  plus 
complètes  sur  cette  réunion  de  céramiques  euro- 
péennes et  d'Extrême-Orient  (cat.  ill.). 

—  Du  3  au  7  novembre,  à  Berlin,  sous  la 
direction  de  M.  Rudolf  Lepké,  vente  de  la  collec- 
tion de  M.  H.  Emden,  de  Hambourg,  comprenant 
des  porcelaines,  faïences,  verreries  et  antiquités 
diverses,  en  tout  douze  cents  numéros  (cat.  ill.). 

—  Le  9  et  le  10  novembre,  à  Cologne,  MM.  He- 
berle,  Lempertz  fils,  vendront  la  collection  de 
portraits,  cartes  et  autres  documents  relatifs  à 
l'histoire  de  r.\mérique,  de  l'Asie  et  de  l'Afrique, 
dépendant  de  la  succession  de  M.  H.  Lempertz 
senior. 

—  Enfin,  à  Munich,  galerie  Hugo  Helbing,  le 
10  novembre,  vente  d'une  collection  d'armes  de 
guerre  et  de  chasse  du  xiu*  au  xviii»  siècle,  an- 
noncée comme  provenant  d'un  amateur  anglais 
(cat.  ill.). 


ANCIEN    ET    MODERNE 


261 


A  Londres.  —  La  saison  prochaine  verra  se 
disperser  le  stock  considérable  de  tableaux  an- 
ciens et  modernes  laissé  par  le  vieil  antiquaire 
londonien  récemment  décédé  ^Martin  Coinaglii, 
qu'ont  bien  connu  des  générations  d'artistes  et 
d'amateurs,  l'eu  de  pièces  marquantes,  sans 
doute;  beaucoup  de  marchandise  courante.  Vente 
intéressante  surtout  pour  les  professionnels, 
fiappelons  à  ce  propos  que  feu  Martin  Coinaghi 
a  légué  à  la  National  Gallery  —  sauf  réserve 
d'usufruit  au  prolit  de  sa  veuve  —  la  coquette 
somme  de  £  100.000,  soit  2.500.000  fr.,  qui  per- 
pétuera le  souvenir  du  marchand  de  tableaux 
de  Saint-Jaraes  Street. 

M.  N. 

ESTAMPES 

■Ventes  annoncées.  —  Troisième  vente 
Laurent-Dumont.  —  La  première  vente  d'es- 
tampes de  la  saison  se  fera  le  3  novembre,  à 
l'Hôtel,  salle  n"  10,  par  le  ministère  de  M=  André 
Desvouges,  assisté  de  M.  Loys  Delteil  :  un  peu 
plus  de  deux  cents  numéros,  estampes  et  dessins 
modernes,  formant  la  troisième  partie  de  la 
collection  Laurent-Dumont. 

A  citer  quelques  pièces  de  Desboutin,  de 
N.  Gœneutte,  trois  souvenirs  d'Italie  de  Corot, 
de  nombreux  Charles  Jacque  ;  de  Legros,  la  Mort 
dans  te  poirier,  la  Mort  et  le  Bûcheron,  etc.;  des 
pièces  de  Manet  (20  numéros,  dont  le  Vohchinelic, 
en  couleurs)  ;  quelques  Rops. 

Parmi  les  dessins  :  Forain,  Jeanniot,  IJartlio- 
lomé  voisinent  avec  Ch.  Jacque  et  Millet. 

Rien  de  capital,-  comme  on  voit,  dans  cette 
petite  réunion  qui  a  l'honneur  d'ouvrir  le  feu  des 
enchères. 

R.  G. 


EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


L'Art  finlandais  et  les  Rétrospectives  au 
Salon  d'automne.  —  Comme  si  l'étrangeté  ne 
se  suftisait  plus,  elle  multiplie  les  attractions  : 
musique,  littérature,  essais  d'arrangement  déco- 
ratif, sections  étrangère  ou  rétrospective  ;  total  : 
3.444  envois.  Après  l'art  russe  et  l'art  belge,  au 
lieu  de  l'art  allemand  promis  pour  1908,  voici  la 
peinture  finlandaise  :  il  faut  faire  ample  crédit 
à  cette  vingtaine  de  travailleurs,  dont  l'aîné 
n'a  guère  dépassé  la  quarantaine.  Leur  maître, 
Edelfeit  (1834-1905),  était  venu  d'Helsingfors  à 
Paris,  pour  achever  ses  études  à  l'atelier  Gérôme; 


et    ses    débuts    lumineux    remontent    à    notre 
engouement  pour  le  plein-air;  il  était  surtout 
portraitiste.  A  la  Centennale  de  1900,  s'étaient 
distingués  le   fresquiste  Enckell  et  l'illustrateur 
de  la  Légende  du  Kalèvala,   M.  Gallen,  le  plus 
Imaginatif  de  ces  honnêtes  Finnois,  moins  appa- 
rentés à  la   Russie  qu'à  la  Suède,   et  dont  la 
douceur  foncière  adopte  l'éclaircissement  con- 
temporain  de  la    palette.  Ici,   sans  parler  des 
virtuosités     de     l'Australien     Patterson,     leur 
sagesse  un  peu  lourde  tranche  sur  les  portraits 
du  polonais  Gottlieb  ou  les -fantaisies  du  Russe 
Kousnetzoff.  Et  regrettons  l'absence  du  statuaire 
Vallgren,    évoquant    avec   une    si    personnelle 
poésie  la  mélancolie  natale  des  lacs  et  des  fleurs. 
Auprès  de  l'avenir,   le   passé.  Rétrospectives 
tendancieuses,  —  ici,  l'histoire  est  écrite  ad  pro- 
handum.  En   vertu   du  beau  syllogisme  :  «  Des 
génies  furent  contestés,  tout  contesté  donc  est 
un  génie  »,   nos    décadents  ont  résolu  de    se 
donner  des   ancêtres    ;    irréguliers    évadés    de 
l'école,  coloristes  dédaigneux  de  la  forme,  vision- 
naires guettés  par  la  névrose.  En  1905,   Ingres 
était.convoqué  comme  devancier  de  Manet;  en 
1908,  le  Greco  jouera  le  rôle  d'un  Cézanne  de 
la  Renaissance,  déformateur  exsangue  sacrifiant 
les  souvenirs  de  la  charnelle  Venise  à  l'Espagne 
de  Torquemada;  rapprochées  des  bohèmes  tou- 
jours mystérieux,  —  Monlicelli,  Bresdin,  —  les 
gravures  de  Chifflart  seront  la  modeste  apothéose 
du  prix  de  Rome  qui  a  mal  tourné...  La  démons- 
tration, fort  heureusement,  se  retourne  contre 
ses  organisateurs  et  prouve  à  rebours. 

Elle  est,  d'abord,  incomplète  ou  diffuse  :  il  y 
a  trop  peu  de  Greco,  s'il  y  a  trop  de  Monticelli  ; 
de  la  sorte,  l'un,  qui  fut  puissamment  singulier, 
paraît  chétif;  l'autre,  qui  fut  capricieusement 
varié,  parait  monotone.  A  part  un  psychologique 
portrait  de  cardinal  ou  d'évôque,  cette  vingtaine 
d'échantillons  plus  ou  moins  heureusement  choi- 
sis, —  on  dirait  les  plus  cézanniens,  —  a-t-elle  la 
prétention  de  ressusciter,  aux  yeux  des  Parisiens 
de  1908,  Domenico  Theotocopuli,  surnommé  le 
Greco  par  les  Vénitiens,  ses  premiers  maîtres  ? 
Sans  parler  des  Greco  de  nos  musées  (Louvre, 
Amiens,  Lyon,  Lille,  Pau,  Rayonne,  collection 
Ronnat),  ni  de  la  très  vénitienne  Assomption,  (jui 
passa  naguère  de  la  galerie  de  Don  Sébastien  de 
Bourbon  chez   Durand-Ruel  (1),   on  aurait   pu. 


(1)  Voir  notre  note  dans  la  Revue  Bleue  du  24  dé- 
cembre 1904. —  L'Assomption  est  aujourd'hui  la  pro- 
priété de  l'Institut  de  Chicago. 


262 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


sans  sortir  de  Paris,  mieux  rencontrer  cliez 
MM.  Cherfils,  Degas,  Detti,  Duret,  Manzi,  Henri 
Rouart,  Zuloaga...M.  Paul  Lafond  le  diraitmieux 
que  nous. 

Par  contre,  Monticelli  foisonne  :  177  cadres, 
en  deux  salles  et  demie,  c'est  trop  pour  un 
improvisateur,  maintes  fois  pasticlié  depuis  qu'il 
est  célèbre,  et  dont  les  innombrables  poésies 
fugitives  se  sont  accrues  notablement  depuis  sa 
mort...  L'écrin  féerique  aurait  gagné,  sans  doute, 
à  ne  réunir  que  les  plus  authentiques  parures 
des  collections  de  Marseille  ou  de  Glascow. 

Et  puis,  le  résultat  déjoue  les  vœux  de  la  thèse  : 
en  1905,  Maùet  et  ses  hoirs  recevaient  de 
M.  Ingres,  leur  précurseur,  une  furieuse  leçon 
de  dessin;  en  1908,  si  tous  ces  révolutionnaires 
de  jadis  ou  de  naguère  exaltent  l'imagination 
qui  nous  manque,  chacun  d'eux  atteste  une 
science  préalable,  une  éducation  première  et  — 
que  Cézanne  me  pardonne  !  —  un  métier  sans 
lequel  le  plus  farouche  idéal  ne  saurait  sortir  du 
chaos.  Monticelli  lui-même  avait  appris;  on  voit 
maintenant  qu'il  savait  :  la  preuve  est  faite;  à 
côté  de  tel  portrait  digne  de  Ricard,  observez  son 
évolution  depuis  la  ligne  de  1843  jusqu'à  la 
mosaïque  de  1874.  Mieux  représenté,  le  Greco 
nous  dirait  ce  qu'il  garda  de  la  païenne  Venise 
sous  l'exténuation  de  ses  têtes  ou  dans  l'enfer 
de  ses  rEves. 

On  a  connu  Chien-Caillou,  caricaturé,  vers 
1845,  dans  un  nouvelle  de  Champfleury  :  qui 
connaissait  Rodolphe  Bresdin  (1822-l885)?Eaux- 
fortes  et  lithographies  qu'on  pourrait  confondre, 
son  œuvre  introuvable  et  retrouvé  par  M.  Perri- 
chon  le  montre  très  graveur,  minutieux  à  force 
d'être  sincère  et  fort  appliqué  dans  son  jour  de 
mansarde,  alors  qu'il  datait  ses  planches  «  de 
la  Fosse-aux-Lions  »  (1)  :  ce  visionnaire  avait  la 
patience.  Il  fut  un  primitif  du  romantisme, 
comme  le  lauréat  méconnu,  François  Chifflart 
(1825-1901),  fut  un  romantique  dans  l'école, 
enhardi  par  Michel-Ange  et  Victor  Hugo  :  se» 
Improvisations  sur  cuivre  ou  ses  Souvenirs  de  la 
Commune  font  déplorer  l'absence  des  Travailleurs 
de  la  mer.  Sa  lierté  domina  la  gent  trotte-menu 
des  illustrateurs  ou  des  néo-grecs.  Baudelaire 
admirait  son  souflle;  nous  estimons  sa  science  : 
un  adorateur  d'Hugo  nous  rappelle  à  temps  que 
le  lyrisme  n'est  point  refroidi  par  la  décision  de 
la  pointe.  Et  ces  natures  d'exception,  qu'on  vou- 

(1)  Nom  d'une  vieille  rue  bordelaise,  nous  dit 
M.  (tJilon  liedon,  qui  fut  l'élève  de  Bresdin. 


drait  aujourd'hui  donner  pour  exemples,  nous 
apprennent  seulement,  comme  les  maîtres,  que 
l'indépendance  est  fille  du  savoir. 

Expositions  diverses.  —  Plus  tôt  que  jamais, 
la  saison  recommence,  et  déjà  la  liste  s'allonge... 
Avenue  de  l'Opéra,  chez  Rosenberg,  d'agréables 
cadres,  peintures  ou  pastels,  de  l'intimiste  véni- 
tien Zandomeneghi,  que  n'a  jamais  grisé  la  capi- 
teuse incorrection  du  Français  Renoir  ;  20,  rue 
Royale,  à  la  nouvelle  galerie  Druet,  cent  pastels 
de  M.  K.-X.  Roussel,  le  preste  et  délicat  paysa- 
giste, aux  ciels  mouillés,  aux  mylhologies  indé- 
cises, le  plus  savoureux  de  nos  fa  presto;  chez 
Durand-Ruel,  de  nouvelles  peintures  décoratives 
de  M.  Georges  d'Espagnat;  chez'Bernheim  jeune, 
une  sélection  rétrospective  de  cet  étrange  Tou- 
louse-Lautrec (1864-1001),  le  portraitiste  baude- 
lairien  des  Heurs  du  vice,  qui  sut  dessiner,  avant 
la  folie  ;  moins  inquiétants  à  la  galerie  des  Artistes 
modernes,  «  les  Artistes  russes  résidant  à  Paris  », 
dont  l'éclectisme  va  de  la  sagesse  de  M.  Harlu- 
molî  au  cézannisme  de  M.  Belkine,  en  passant 
par  le  plein-air  de  M.  Tarkhoff  et  les  nocturnes 
connus  de  M.  Hirschfeld;  enfin,  chez  Georges 
Petit,  la  V"  exposition  de  la  gravure  en  couleurs, 
dont  le  Bulletin  parlera  la  prochaine  fois,  en 
même  temps  que  de  la  nouvelle  frise  décorative 
de  M.  Georges  Desvallières  à  l'hôtel  de  M.  Jacques 
Rouché. 

Raymond  Bouver. 

BIBLIOGRAPHIE 


Les  Vitraux  suisses  au  musée  du  Louvre, 

par  W.  Waut.mann  (1). 

Dans  la  collection  où  paraissent  les  dessins  du 
Louvre,  la  Librairie  centrale  dart  et  d'architecture 
vient  de  publier  un  volume  sur  les  Vitraux  suisses  au 
musée  du  Louvre.  C'est  l'édition  illustrée  de  la  thèse 
de  doctorat  que  M.  Wartniann  a  présentée  récemment 
à  la  Sorbonne. 

Tout  d'abord,  rendons  à  César  ce  qui  appartient  à 
César,  et  sachons  gré  à  M.-  Henry  Lemonnier  d'avoir 
encouragé  son  élève  à  présenter  à  la  Faculté  des 
lettres  une  monographie  qui  contribue,  tout  à  la  fois, 


(1)  W.  Wartmann  ;  les  Vitraux  suisses  au  musée 
du  Louvre,  dans  les  Archives  des  musées  nationaux 
et  de  l'École  du  Louvre.  Paris  [1908],  Librairie  cen- 
trale d'art  et  d'architecture. 


ANCIEN   ET    MODERNE 


263 


à  mieux  faire  connaitre  une  des  collections  spéciales 
(lu  Louvre,  et  à  mettre  en  relief  une  industrie  d'art, 
dont  l'histoire  était  encore  parsemée  de  points 
obscurs. 

M.  Wartmann  divise  son  étude  en  deux  parties. 
Dans  la  première  partie,  qui  a  un  caractère  historique, 
il  donne  un  .aperçu  du  milieu  social  et  politique  dans 
lequel  s'est  développée  cette  industrie.  La  Suisse 
n'ayant  conquis  une  réelle  indépendance  qu'à  partir 
de  la  deu?îiènie  moitié  du  xv  siècle,  ce  n'est  qu'à 
cette  époque  que  put  naître  un  art  empruntant  à  la 
contrée  une  physionomie  particulière.  Ce  fut  le  cas 
pour  l'art  du  vitrail  profane,  dont  la  propaçation 
durant  le  xvi°  siècle  est  due  surtout  à  la  coutume  des 
donations.  Non  seulement  les  gouvernements  de 
cmtons  et  de  villes,  les  associations  de  métiers  se 
donnaient  entre  eux  des  vitraux,  mais  les  particuliers 
suivaient  cet  exemple  dans  le  but  d'embellir  leurs 
demeures.  Ces  vitraux  portaient  généralement  les 
armes  du  bénéficiaire  et  non  celles  du  donateur. 

Dans  la  partie  artistique,  M.  Wartmann  nous  fait 
connaitre  les  ateliers  importants  flu  xvi'  siècle,  dans 
4esquels  l'industrie  du  vitrail  a  été  poussée,  entre 
1.^40  et  l"i70,  jusqu'au  plus  haut  degré  de  perfection. 
Cari  von  Egeri  (mort  en  1.563),  Niklaus  Bluntschli 
(mort  en  'i60t),  les  frères  Christophe  et  Jovias  Murer, 
ainsi  que  plusieurs  autres  artistes  de  talent,  ont  con- 
tribué à  donner  au  vitrail  suisse  le  lustre  dont  il  a 
joui  pendant  longtemps. 

La  géographie  politique  de  la  Suisse,  morcelée  en 
un  grand  nombre  de  cantons,  qui  avaient  tous  leur 
régime  souverain,  leur  idiome  propre  et  leurs  tra- 
ditions, se  reflète  dans  l'art  du  vitrail,  qui  est  extrê- 
mement varié,  suivant  les  contrées  ou  les  villes  dans 
lesquelles  il  se  pratique.  La  collection  du  musée  du 
Louvre  nous  fait  connaitre  les  écoles  de  Berne,  de 
Bàle,  de  Zurich,  des  ateliers  de  la  Suisse  centrale 
(Lucerne,  Zoug),  et  de  la  Suisse  orientale  (environs 
du  lac  de  Constance). 

Après  nous  avoir  initiés  aux  questions  de  style, 
M.  Wartmann  nous  renseigne  brièvement  sur  la 
technique,  en  particulier  sur  la  question  des  couleurs 
qui  constitue  en  quelque  sorte  la  raison  d'être  du 
vitrail.  Là  aussi,  l'industrie  suisse  s'est  distinguée  de 
de  celle  des  pays  voisins  par  l'application  de  procédés 
spéciaux. 

La  dernière  partie  de  ce  volume,  et  non  la  moins 
importante,  consiste  en  un  catalogue  critique  dans 
lequel  les  quarante-trois  vitraux  du  Louvre  sont 
passés  au  crible  d'une  analyse  minutieuse  et  rais  en 
relief  par  des  données  nouvelles  et  intéressantes,  que 
l'auteur  a  rassemblées  en  grande  partie  dans  les 
archives  locales. 

L'illustration  de  l'ouvrage  est  abondante  et  obtenue 
par  des  procédés  excellents. 

Ainsi  que  le  dit  M.  Migeon,  dans  la  préface  du 
volume,  ce  travail,  d'une  solide  érudition,  a  un  carac- 
tère définitif.  Quoique  traitant  d'un  sujet  spécial,  il 


est  établi  sur  une  base  assez  large  pour  intéresser  les 
amateurs  qui  ne  sont  pas  spécialement  versés  dans 
l'art  du  vitrail.  Quant  à  ceux  dont  les  éludes  touchent 
(le  près  à  ce  domaine,  ils  seront  heureux  de  trouver 
enfin,  dans  l'ouvrage  de  M.  Wartmann,  des  rensei- 
gnements précis  et  complets,  sur  un  sujet  qui  n'a  été 
trop  souvent  qu'effleuré  par  des  écrivains  d'art,  et 
dont  l'histoire  a  été  souvent  dénaturée  par  des 
appréciations  fausses. 

Souhaitons  que  l'auteur  puisse  nous  fournir  une 
étude  semblable  sur  les  vitraux  suisses  des  autres 

musées  de  Paris. 

C.  DK  Mandacii. 


LES      REVUES 


France 

Figaro  illustré  (août).  —  Numéro  spécial,  entiè- 
rement consacré  à  une  étude  de  M.  M. -II.  Spiklmamn, 
sur  la  Peinture  anglaise  à  l'Exposition  de  Londres. 
«  Mênie.  si  la  perfection  absolue  n'a  pas  été  atteinte, 
dit  l'éminent  critique  d'art,  il  est  permis  d'affirmer 
que,  grâce  au  goût  éclairé  des  membres  du  comité, 
au  patriotisme  et  à  la  générosité  de  quelques 
hommes  et  de  quelques  groupes,  on  a  réuni  à  Londres 
une  collection  incomparable,  dont  la  rareté  et  la 
magnificence  font  un  voisinage  aussi  honorable 
qu'attrayant  à  la  section  française...  »  La  section 
britannique  prend  son  point  de  départ  à  l'époque  où 
naît,  pour  ainsi  dire,  la  peinture  nationale  en  Angle- 
terre, avec  Ilogarth,  et  va  jusqu'aux  artistes  contem- 
porains. M.  Spielmann  a  donc  pu  écrire  une  histoire 
de  la  peinture  anglaise  en  raccourci,  qu'il  conclut 
ainsi  :  «  Notre  école  peut  être  complémentaire  de 
l'école  française;  elle  ne  lui  est  pas  supplémentaire. 
Elle  s'en  distingue,  comme  la  comparaison  le  montre, 
non  point  tant  sous  un  rapport  général  de  qualité  ou 
d'initiative,  mais  par  une  dill'érence  de  vision  abso- 
lument inhérente  à  la  race.  » 

Gazette  des  beaux-arts  (septembre).  —  Article 
de  M.  Roger  Maux,  sur  l'aquafortiste  Malo-Renatit. 

(Octobre).  —  Cliarles  liossigneux,  architecte-déco- 
rateur, par  M.  L.  Desiiaihs. 

—  M.  Paul  BoNNEFOx  poursuit  une  étude,  commencée 
dans  le  précédent  numéro,  sur  Charles  Perraull, 
commis  de  Colhert,  et  l'administration  des  arts  sous 
Louis  XIV,  d'.après  des  documents  inédits. 

Revue  lorraine  illustrée  (juillet-septembre).  — 
Les  artistes  lorrains  aux  Salotis  de  190/i,  par  Gaston 
Vabenne.  —  Le  Salon  vosgien,  à  Épinal,  par  Uené 
Perrol't. 

—  Les  châteaux  du  roi  Stanislas,  suite  de  l'étude 
de  M.  Pierre  Bové  :  cet  article  est  consacré  au  château 
de  Commercy. 


264 


LE    BULLKTIN    DE    L'ART 


Allemagne 

Die  Kunst  (septembre).  —  P.  Schumann.  Im  grande 
Exposition  de  Dresde,  1908. 

—  E.  Kalkscumidt.  Versonnellemenl.  —  Sur  les 
relations  du  critique  d'art  avec  l'artiste  (suite  et  fin). 

—  G.  J.  Kkhn.  Walter  Leistikow.  —  Notice  nécro- 
logique. Leistikow,  paysagiste,  était  un  des  fonda- 
teurs de  la  «  Sécession  «  de  Berlin. 

—  G.  J.  WoLF.  L'Exposition  annuelle   de  Mtinicli. 

—  E.  SciiuH.  Les  Lettres  de  Van  Gogh.  —  A  propos 
de  la  2*  édition  allemande  des  lettres  du  peintre. 
Extraits  qui  caractérisent  la  nature  singulière  et 
primesautière  de  l'artiste. 

—  K.  M.  KuzMANï.  L'Exposition  v  Kunstschau  ><  à 
Vienne.  —  Spécimens  remarquables  de  cette  expo- 
sition, art  pur,  art  décoratif  et  art  industriel. 

—  E.  IIaenei,.  Architecture  et  art  industriel  à 
l'Exposition  de  Dresde,  lOûS. 

—  (Octobre).  —  F.  von  Ostini.  Fritz  Erler.  — 
Détails  biographiques  sur  ce  peintre  (né  en  1868), 
remarquable  comme  portraitiste,  comme  paysagiste 
et  surtout  comme  décorateur  plein  de  fantaisie 
poétique.  Nombreuses  illustrations. 

—  G.  WiNKLEB.  Le7ibach  comme  copiste  et  con- 
seiller artistique  du  comte  Schack.  —  Dans  les  années 
1864-1867,  Lenbach  séjourna  en  Italie  et  en  Espagne, 
chargé  par  un  Mécène,  le  comte  Schack,  de  copier  les 
plus  beau.x  tableaux  anciens  des  musées  ;  il  donna 
en  même  temps  au  comte  des  conseils  pour  l'arran- 
gement de  sa  galerie.  Extraits  intéressants  de  la  cor- 
respondance de  Lenbach. 

—  0.  VON  SciiLEiNiTz.  Les  Fondateurs  du  paysage 
moderne  :  Crome,  Constable  et  Turner.  —  L'auteur 
met  particulièrement  en  lumière  l'inlluence  des  Hol- 
landais sur  les  créations  du  paysage  anglais  et  de 
ceux-ci  sur  la  peinture  française. 

—  Photographies  de  Frank-Eugène  Smith.  —  Repro- 
ductions des  photographies  artistiques  de  cet  artiste 
(portraits),  extrêmement  remarquables,  surtout  les 
portraits  d'enfants. 

—  L'Exposition  d'art  industriel  de  Munich,  190ft. 

—  G.    IIUET. 

Monatshefte  fur  Kunts-wissenschaft  fjuillet- 
aoùt).  —  l'C  Massacre  d'Otranle  d.uis  la  peinture  du 
quattrocento,  pur  P.  Sciiubhinc,  d'après  des  pein- 
tures de  Matteo  di  Giovanni,  conservées  à  Sienne  (à 
San  Agostino  et  aux  Servi,  1482  et  1491),  à  Naples 
(Santa  Catarina  à  Formello),  à  Aix-en-Provence  et  à 
Munich  (réplique  de  Naples). 

—  La  manufacture  de  l'iaue  a.  d.  Havel,  première 
émule  de  la  manufacture  de  Meissen,  et  ses  produits, 
par  E.  ZiMMERMANN  (fondée  en  1713;  elle  disparut 
entre  1730  et  1740). 

—  Francesco  Guardi,  par  G.  A.  Simoxson.  —  Les 
Bustes  de  Francesco  del  Nero,  trésorier  à  la  cour  du 
pape  Clément  Vil,  par  E.  Steinmann. 


Belgique 

L'Art  flamand  et  hollandais  (août).  —  L'Ex- 
position des  dessins  de  Uembraudt  à  la  Bibliothèque 
nationale  de  Paris,  par  M.  K.  Schmidt-Dege.ner. 

—  (Septembre).  —  Troisième  article  de  M.  N.  Beets 
sur  Dirick  Jacobsz  Vellert,  peintre  d'Anvers  :  les 
premiers  dessins.  —  L'auteur  a  étudié  naguère  dans 
la  lievue  (t.  XXI,  p.  393),  un  des  dessins  de  cet  artiste 
graveur  et  verrier,  lequel  avait  servi  de  modèle  pour 
un  vitrail  de  l'église  Saint-Gervais,  à  Paris. 

Italie 

Bolletino  d'arte  del  ministero  délia  P.  Istru- 
zione  (II,  7).  —  Un  bas-relief  à  paysage,  trouvé  près 
des  jardins  Colonna,  par  G.  Cultheha.  —  Il  peut  être 
daté  de  l'époque  impériale;  quand"  on  tient  compte, 
non  des  détails,  mais  de  l'ensemble  de  la  composition, 
on  peut  le  considérer  comme  une  œuvre  originale  en 
ce  genre. 

Autres  articles  :  Un  imitateur  de  Gentile  da  Fabriano 
à  Ferma,  par  A.  Colasanti  ;  —  la  Cloche  de  S.  Marco 
de  Florence,  par  G.  Cahocci;  —  la  Reconstruction  du 
Campanile  de  Venise  et  de  la  «  loggelta  «deSansovino. 
—  Le  Bulletin  a  déjà  eu  l'occasion  de  parler  de 
l'état  de  ces  travaux  de  reconstruction,  et  de  la  façon 
dont  on  avait  procédé  pour  établir  le  très  curieux 
échafaudage  mobile  qui  abrite  les  ouvriers.  En  môme 
temps,  on  s'occupe  de  restaurer,  ou  plutôt  de  recons- 
tituer les  statues  de  la  loggetta,  dont  on  a  pu 
retrouver  les  fragments,  lors  de  l'écroulement  de 
l'édifice  :  M.  P.  Zei,  conservateur  du  musée  archéo- 
logique de  Florence,  a  pu,  au  bout  de  cinq  mois  de 
travail,  reconstituer  ainsi  le  groupe  en  terre  cuite 
dorée,  représentant  la  Sainte  Famille,  brisée  en 
milliers  de  fragments. 

Siena  monumentale  (1908,  1).  —  Ce  supplément 
de  la  liassegnu  d'arte  senese  contient  deux  parties  ; 
des  planches  reproduisant  les  décorations  de  la 
«  Libreria  Piccolomini  »,  près  du  Dôme  de  Sienne; 
et  d'autres  planches  concernant  les  études  sur  l'ar- 
mature polychrome  du  toil,  à  S.  Quirico  in  Osenna, 
au  moyen-âge  (texte,  par  A.  Canestrelli). 

Emporium  (août).  —  Artiste.';  contemporains  : 
Cari  Wilhelmson,  peintre  suédois,  né  en  1866,  à 
Skaflo,  par  V.  Pica. 

—  La  Galerie  Barberini,  par  Baldam  (25  repro- 
ductions). —  Les  Campaniles  de  Borne  et  leurs  déco- 
rations, traduction  en  italien,  par  M.  V.  Buhti,  d'un 
article  précédemment  paru  dans  le  Burlington 
Magazine. 


Le  Gérant  :  H.  Denis. 


Parii.  —  Imp.  Oaori;ei  Petit,  13,  rue  Oodot-de-Mturoi. 


Numéro  398. 


Samedi  31  Octobre  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN     ET    MODERNE 


Au  moment  de  mettre  sous  presse,  nous  appre- 
nons la  mort  de  réminent  graveur  Achille 
Jacquet,  membre  de  l'Institut,  en  qui  la  Revue 
perd  un  collaborateur  de  la  première  heure. 

Nous  ne  pouvons  aujourd'hui  qu'annoncer  à 
ses  admirateurs  et  amis  la  douloureuse  nouvelle, 
nous  réservant  de  rendre  plus  lard  à  sa  mémoire 
l'hommage  qui  lui  est  dû. 


MUSÉES  DE  PROVINCE 


A  propos  des  vols 
du   musée  de   Saint -Dié. 

On  a  déjà  eu  l'occasion  de  parler  ici  du  musée 
de  Saint-Dié(l),il  y  a  quelque  deux  ans,  à  propos 
de  son  installation. 

Ce  qui  s'y  passe  aujourd'hui  vaut  d'être  conté  ; 
si  invraisemblables  qu'ils  puissent  paraître,  je 
me  borne  à  exposer  les  faits. 

La  Revue  vient  de  recevoir  du  juge  d'instruc- 
tion de  Saint-Dié  une  lettre  faisant  connaître 
qu'on  a  volé  au  musée  de  celte  ville  un  des- 
sin représentant  M""^  Roland  dans  sa  prison, 
«  double  ou  copie  d'une  œuvre  de  Jacques  Au- 
gustin »  ;  on  nous  demande  de  fournir  les 
indications  que  nous  jugerions  utiles  pour  faci- 
liter sa  recherche. 

Le  juge  voudrait  savoir,  notamment,  «  si,  dans 
le  dessin  volé.  M""  Roland  est  représentée  de 
face  ou  de  prolil;  en  buste?  en  cheveux?  Quel 
est  son  costume  ?  si  le  dessin  est  de  forme  ronde  ? 
quel  est  son  diamètre  et  quelle  est  la  nature  du 
cadre?  puis  s'il  est  réellement  de  Jacques  Au- 
gustin, ou  n'est  qu'une  simple  copie,  s'il  est  signé, 
enfin  quelle  est  sa  valeur  approximative?  » 

Je  n'invente  rien,  je  me  suis  borné  à  copier  : 
l'original  de  la  lettre  est  à  la  disposition  de  qui 
voudra  le  voir. 

(1)  Voir  le  Bulletin  du  15  décembre  1906. 


Ainsi,  voilà  une  ville  qui  a  rang  de  sous-pré- 
fecture, qui  possède  un  tribunal  et  qui  a  la  pré- 
tention de  posséder  un  musée.  Et,  le  jour  oh  un 
dessin  disparaît  de  ce  musée,  c'est  à  Paris  qu'on 
s'adresse  pour  connaître  le  sujet  de  ce  dessin, 
pour  savoir  s'il  présentait  quelque  intérêt,  s'il 
était  signé,  si  même  son  cadre  était  rond  ou 
carré. 

Pas  de  catalogue,  ce  qui  n'est  que  trop  cou- 
rant, pas  de  conservateur,  ce  qui  est  encore 
assez  habituel,  mais  pas  même,  parmi  les  «nota- 
bles »  de  la  cité,  quelqu'un  qui  ait  jamais  vu  le 
dessin  perdu,  ceci  dépasse  toutes  les  bornes  du 
comii|ue  ;  nous  sommes  en  pleine  bouffonnerie. 

Et  dire  qu'à  la  prochaine  occasion,  le  député 
de  l'endroit  insistera  pour  que  le  musée  de  Saint- 
Dié  ait  sa  part  dans  les  largesses  de  l'adminis- 
tration des  Beaux-Arts,  un  musée  dont  les 
œuvres  n'ont  jamais  été  regardées  par  un  habi- 
tant de  la  ville  ! 

Stéphane 

P. -S.  —  Je  ne  connais,  pour  ma  part,  aucun 
portrait  de  M™"  Roland  par  Augustin.  Puisse  du 
moins  la  publicité  donnée  aux  questions  de 
M.  le  juge  d'instruction  contribuer  à  faire  re- 
trouver l'objet  volé  ! 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Légion  d'honneur,  —  A  l'occasion  du  rinquante- 
naire  de  la  Société  chimique  de  France,  M.  Charles 
Lauth,  ancien  administrateur  de  la  manufacture  na- 
tionale de  Sèvres,  a  été  promu  commandeur  de  la 
Légion  d'honneur. 

Institut  de  France.  —  A  la  séance  publique 
annuelle  des  cinq  académies,  qui  s'est  tenue  le  24  oc- 
tobre, sous  la  présidence  de  M.  E.  Babelon,  M.  J.-J. 
GuiOrey,  délégué  de  l'Académie  des  beaux-arts,  a 
fait  une  lecture  sur  André  Le  Nostre,  l'architecte  des 


266 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


jardins  de  Louis  XIV.  Ayant  rappelé,  d'après  l)an- 
geau,  comment  Le  Nostre  fut  pris  un  jour  par  te  roi 
couuue  arbitre  dans  une  dispute  qu'il  avait  avec  Lou- 
vois  toucliant  les  fenêtres  de  Trianon,  M.  Guiffrey 
retraça  les  premières  années  de  Le  Nostre  et  montra 
que  ce  fut  lui  qui,  seul,  conçut  le  plan  du  magni- 
fique ensemble  des  jardins  de  Versailles.  Cette  oeuvre 
exceptionnelle  lui  valut  d'être  appelé  par  nombre  de 
seigneurs  à  dessiner  leurs  jardins  et  à  décorer  leurs 
parcs  :  après  Vaux,  Chantilly  et  Meudon,  il  travailla 
à  Clagny,  à  Chaville,  à  Saint-Germain,  à  Pontchar- 
train,  et  dans  vingt  autres  endroits  des  environs 
de  Paris. 

Ces  travaux  l'avaient  longtemps  retenu  en  France, 
et  c'est   à  6.5   ans  qu'il   entreprit  de   visiter  l'Italie. 

M.  Guiffrey  raconte  ce  voyage,  et  comment,  reçu 
par  Innocent  XI,  le  visiteur  se  serait  bravement  jeté 
au  cou  du  pape  et  l'aurait  embrassé  sur  les  deux  joues 
en  le  félicitant  de  sa  bonne  mine.  A  côté  de  la  ver- 
sion, sans  doute  exagérée,  de  Saint-Simon,  la  version 
du  neveu  du  voyageur,  Claude  Desgots,  nous  ren- 
seigne d'une  façon  précise  sur  les  détails  de  l'entre- 
vue :  d'enthousiasme,  en  entendant  le  pape  parler 
avec  éloge  de  Louis  XIV,  Le  Nostre  l'aurait  embrassé, 
et  quand  le  roi  reçut  cette  nouvelle,  il  dit  nu  duc  de 
Créqui,  qui  n'y  voulait  pas  croire  et  qui  gageait  qu'il 
y  avait  là  quelque  exagération  :  «  Ne  gage/,  pas  : 
quand  je  reviens  de  la  campagne.  Le  Nostre  m'em- 
brasse ;  il  a  bien  pu  embrasser  le  pape  ». 

M.  Guiffrey  termine  en  parlant  de  Le  Nostre  col- 
lectionneur, et  en  indiquant  très  justement  quelle 
place  l'architecte  des  jardins  de  Versailles  mérite  de 
prendre,  dans  le  Panthéon  des  artistes  les  plus  origi- 
naux du  XVII*  siècle,  à  côté  des  Le  Brun,  des  Girardon 
et  des  Mansart,  pour  avoir  entouré  l'œuvre  de  ces 
derniers  d'un  cadre  incomparable. 

Académie  des  beaux-arts  (séance  du  10  octobre). 
—  L'Académie  des  beaux-arts  a  décerné  le  prix  Sain- 
tour,  de  la  valeur  de  2.000  francs,  à  M.  Hussière, 
graveur,  ancien  pensionnaire  de  l'Académie  de  France 
à  Rome. 

Les  trois  annuités,  de  trois  mille  francs  chacune, 
constituant  la  fondation  llenner,  sont  attribuées  à 
M.  Monchablon,  peintre,  ancien  pensionnaire  de 
l'Académie  de  France  à  Rome. 

—  (Séance  du  17  octobre).  —  Au  cours  d'une  double 
séance  qu'elle  a  tenue  le  H  octobre,  à  l'École  des 
beaux-arts,  puis  à  l'Institut,  l'Académie  a  procédé  à 
l'attribution  des  grands  prix  Roux,  qui  étaient  dé- 
cernés cette  année  pour  la  première  fois.  Les  artistes 
français  de  moins  de  32  ans,  troisièmes  médailles  du 
Salon,  associés  àla  Nationale,  prix  du  Salon,  anciens 
logistes  ou  médaillés  des  divers  grands  concours  de 
l'École,  avaient  été  seuls  admis  à  ce  concours.  Les 
prix  ont  été  ainsi  attribués  : 

Peinture  :  I"  prix,  5.000  fr.,  M.  Jacquier,  élève  de 
Corraon;  2'  prix,  2.700  fr.,  M"'  Rondenay,  élève  de 


llumbert  ;  3'  prix,  2.000  fr.,  M.  Leleuvre,  élève  de 
Jules  Lefebvre,  prix  de  Rome  de  1908. 

Sculplure  :  l"prix,  3.400  fr.,  M.Gaumont,  de  Tours, 
prix  de  Rome  de  1908,  élève  de  MM.  Goutan  et  Sicard  ; 
2' prix,  3.000  fr.,  M.  Villard.élèvedeM.  Mercié  :  3°  prix. 
2.000  fr.,  M.  Robert  Éloi.  élève  de  M.  Mercié;  4'  prix, 
1.300  fr.,  M.  Menan,  élève  de  M.  Coutan. 

Arc/iitecluve  :  1"  prix,  2.700  fr.,  M.  Tournon,  élève 
de  M.  Bernier;  2'  prix,  1.300  fr.,  M.  Woillez,  élève  de 
M.  Marcel  Lambert;  3*  prix,  1.000  fr.,  M.  Molinier, 
élève  de  M.  Deglane. 

Gravure  en  taille-  douce  :  un  seul  concurrent,  pour 
trois  prix,  M.  Bouchery,  élève  de  M.  Jules  Jacquet,  a 
obtenu  le  2"  prix  qui  est  de  1.300  fr.  De  mf'me  à  la 
miniature,  un  seul  prix  sur  trois, —  le  premier,  qui  est 
de  1.000  fr., —  a  été  attribué  à  M"*  Routchine,  élève  de 
M.  Ferdinand  Humbert. 

—  L'Académie  a  ensuite  décerné  le  prix  Beulé,  de 
1.500  fr.  à  M.  Raoul  Laparra,  ancien  prix  de  Rome 
de  musique,  pour  son  œuvre  de  sortie  de  la  villa 
Médicis. 

Académie  des  inscriptions   et  belles-lettres 

(séance  du  23  octobre).  —  Sont  candidats  au  fauteuil 
de  M.  Barbier  de  Meynard  :  MM.  Paul  Girard,  profes- 
seuràlaSorbonne;  ClémentHuart,  professeur  à  l'École 
des  langues  orientales  vivantes;  Camille  Jullian,  pro- 
fesseur au  collège  de  France,  correspondant  de  l'Aca- 
démie; le  R.  P.  Scheil,  professeur  à  l'École  des  hautes 
études. 

—  M.  le  duc  de  Loubat  communique  à  l'Académie, 
de  la  part  de  M.  IloUcaux,  directeur  de  l'École  fran- 
çaise d'Athènes,  l'annonce  d'une  découverte  impor- 
tante faite  récemment  à  Délos  par  les  membres  de 
l'École  d'Athènes. 

C'est  celle  d'un  grand  bas-relief  en  bronze  représen- 
tant un  sacrifice  à  la  déesse  Hécate.  C'est  le  premier 
bas-relief  en  bronze  découvert  jusqu'ici  à  Délos. 

—  L'Académie  est  entrée  ensuite  en  comité  secret 
pour  discuter  les  titres  des  candidats  à  la  place  d'as- 
socié étranger,  vacante  par  suite  du  décès  de  .M.  Théo- 
dor  von  Sickel,  de  Vienne. 

Découvertes  parisiennes.  —  Sur  remplacement 
de  l'ancienne  Maison-Dorée,  au  cours  des  travaux 
qui  s'y  etl'ectuent  pour  l'établissement  d'un  bureau  de 
poste,  on  a  découvert  un  gracieux  groupe  de  Jeune 
fille  à  kl  chèvre,  dont  la  facture  et  l'expression  sont 
tout  à  fait  remarquables.  Ce  groupe,  en  bronze,  porte 
la  signature  d'un  artiste  oublié,  G.-J.  Garraud,  qui 
fut  chef  de  la  direction  des  beaux-arts  en  1848,  puis 
inspecteur  des  beaux-arts  jusqu'en  1832.  L'œuvre 
qu'on  vient  de  découvrir  valut,  d'ailleur»,  à  son 
auteur,  plusieurs  commandes  de  l'État;  elle  était 
coniplètement  oubliée  depuis  longtemps. 

—  En  démolissant  l'ancien  Hôtel-Dieu,  les  terras- 
siers viennent  de  découvrir  une   tête  d'homme,  en 


ANCIEN    ET   MODERNE 


26* 


pierre  peinte,  qui  parait  dater  de  la  lin  du  xv"  siècle. 
L'expression  de  la  lace  est  douluureuse;  il  se  pourrait 
que  l'on  eût  là  le  fragment  d'une  ligure  ayant  repré- 
senté, avec  un  groupe  de  personnages,  une  Mise  au 
tombeau.  Tout  à  côté,  un  coup  de  pioche  malheureux 
a  brisé  une  vierge  en  terre  cuite.  Ces  objets,  dont  la 
place  semblerait  être  à  Carnavalet,  sont  réclamés  par 
l'Assistance  publique  :  elle  a  inscrit  au  cahier  des 
charges  que  les  trouvailles  faites  au  cours  des  démo- 
litions lui  appaniendralent  de  droit. 

A  Chartres.  —  Suivant  en  cela  l'exemple  de  Rouen 
et  de  Blois,  la  ville  de  Chartres  étudie  le  moyen 
d'installer  un  musée  dans  les  bâtiments  de  l'évèché. 

A  Rouen.  —  Le  sous-secrétaire  d'État  aux  beaux- 
arts  a  fait  à  Rouen  une  utile  promenade.  Il  a  visité  les 
vestiges  du  château  de  Philippe-Auguste,  oii  Jeanne 
d'Arc  fut  enfermée.  Après  la  ville  et  le  département, 
l'État  promet  son  concours  —  en  tiers  —  pour  le 
rachat  des  terrains.  Deux  projets  sont  présentés, 
dont  l'un  a  le  tort  d'être  cher,  l'autre  d'enterrer  entre 
de  futures  maisons  de  rapport  les  restes  que  l'on 
veut  sauvegarder. 

Après  avoir  visité  l'ancien  palais  archiépiscopal, 
qui  doit  devenir  le  musée  départemental  d'antiquités, 
le  sous-secrétaire  d'État  s'est  rendu  à  la  cathédrale 
et  s'est  arrêté  dans  la  cour  d'Albane  qui,  au  pied  de 
la  tour  Saint-Boniain,  sert  de  chantier  de  construc- 
tion. On  sait  —  et  le  liullelin  a  déjà  eu  à  rompre  des 
lances  à  ce  propos  —  que  les  pittoresques  masures 
de  la  cour  d'Albane  (ancien  cloître  de  la  cathédrale) 
sont  menacées  depuis  bien  longtemps.  L'intervention 
officielle  les  a-t-elles  définitivement  préservées  '.'  Il 
faut  l'espérer  ;  on  annonce,  en  ellet,  qu'on  les  con- 
solidera et  qu'elles  pourront  continuer  de  dormir  à 
l'ombre  des  clochers  leur  sommeil  séculaire.  On  a 
aussi  décidé  qu'une  grille  remplacerait  les  palissades 


qui  ferment,  du  côté  de  la  rue,  la  cour  d'Albane,  où 
un  jardin  sera  établi. 

Un  regret  :  quel  dommage  que  le  séjour  du  sous- 
secrétaire  d'État  ne  se  soit  pas  prolongé  et  qu'il  n'ait 
pu  visiter  le  musée  de  peinture  par  un  jour  de  pluie. 
Il  aurait  eu  la  surprise  —  que  nous  eûmes  au  début 
de  septembre  dernier  —  de  voir  la  pluie  descendre 
dans  les  salles  à  travers  les  plafonds  vitrés,  jusque 
dans  deux  vastes  crachoirs  qui  recueillaient  une  partie 
des  eaux  du  ciel  ;  le  reste  de  l'humidité  était  pour  le 
parquet,  pour  l'atmosphère,  voire  pour  les  toiles. 
—  A.-M.  G. 

A  Timgad.  —  M.  Albert  Ballu,  architecte  en  chef 
des  monuments  historiques  de  l'Algérie,  annonce  la 
découverte,  à  Timgad,  d'une  jolie  mosaïque  repré- 
sentant une  déesse  marine  assise  dans  une  conque 
portée  par  deux  génies  ailés.  Dans  le  monastère  dont 
le  déblaiement  a  été  entrepris  l'an  dernier,  on  vient 
de  trouver  une  très  curieuse  cuve  baptismale  de  forme 
octogonale  et  entièrement  revêtue  de  mosaïques  in- 
tactes avec  ornements  et  monogrammes  du  Christ. 

Nécrologie.  —  Le  peintre  Frédéric  Houbron,  qui 
s'était  fait  une  spécialité  des  paysages  parisiens,  et 
à  qui  la  Société  nationale  avait,  il  y  a  quelques 
années,  réservé  une  salle  spéciale  pour  une  exposi- 
tion d'ensemble,  vient  de  mourir  à  Paris;  il  avait 
obtenu  une  médaille  de  bronze  à  l'Exposition  univer- 
selle de  1900. 

—  De  Copenhague,  on  annonce  la  mort  du  célèbre 
peintre,  graveur  et  illustrateur,  Lorentz  Frœlich, 
âgé  de  88  ans;  au  cours  de  ses  voyages  de  jeunesse, 
il  était  venu  à  Paris,  où  il  entra  dans  l'atelier  de 
Couture;  plus  tard,  il  fut  un  des  habitués  de  nos 
Salons.  On  lui  doit  quantité  d'illustrations,  notam- 
ment celles  des  Contes  d'Andersen  et  des  Idylles  de 
ïhéocrite. 


>  jij«^oooi  >  im 


CHRONIQUE    DES   VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

"Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Collection 
Henry  Say  (tableaux,  etc.).  — Nous  n'aurons 
pas  longtemps  à  attendre  une  vacation  de  pre- 
mier ordre,  ni  des  enchères  retentissantes.  I.a 
vente  Henry  Say,  dont  l'annonce  évoque  si  natu- 
rellement le  souvenir  de  la  vente  Crouler,  d'inou- 
bliable mémoire,  est  assurée,  bien  que  moins 
importante  sans  doute,  d'un  succès  complet. 


Pas  trop  de  numéros,  —  lrente-si.\  par  compte 
fait — ;  des  tableaux  anciens  et  modernes,  des 
objets  d'art,  des  tapisseries  :  tentures  et  meubles 
en  tapisserie  du  .wiii»  siècle;  mais  des  pièces 
de  choix,  certaines  hors  de  pair,  telle  est  la  pré- 
cieuse collection  que  dispersera,  galerie  Georges 
Petit,  le  30  novembre,  M=  Lair-Dubreuil,  assisté 
de  MM,  llaro,  Paulme  et  Lasquin. 

Sans  distinguer  entre  les  maîtres  anciens  et 
modernes,  signalons  du  côté  des  peintures  :  une 
Venise  de   Canaletto  ;  le  Ckasxew,  par  Decamps 


268 


LE   BULLETIN   DE   L'ART 


(Salon  de  i8S5  et  collection  Khalil-Bevj;  la  FHe 
du  village,  par  De  Marne;  une  Bacchante  de  Greuze; 
la  Petite  place,  par  Van  der  Heyden;  Saint-Pierre 
de  home  et  Ruinea  romaines,  deux  pendants,  par 
Hubert-Robert;  une  Sainte  Famille  de  Murillo  ;  la 
Conversation  galante,  par  Pater;  le  Fumeur,  par 
Teniers;  la  Flotte  hollandaise  ;  enlin  le  Bal,  attri- 
bué à  Watteau,  mais  qui  pourrait  bien  être  de 
Pater  (collection  de  Behague  et  Sedelmeyer). 

Mais  il  faut  mettre  hors  de  pair  deux  pages  im- 
portantes de  dimensions,  comme  de  qualité,  un 
Fromentin,  le  Passage  du  guê  (Tribu  nomade  en 
marche  vers  les  pâturages  du  Tell),  exposé  au 
Salon  de  1866,  à  l'Exposition  Universelle  de  1867 
et  aux  Cent  chefs-d'œuvre,  décrit  par  Tliéophile 
Gautier  dans  le  catalogue  de  la  collection  Khalil- 
Bey  dont  il  fit  partie  ;  et  un  Lancret,  la  FHe  cham- 
pêtre, qui  nous  paraît  devoir  être  le  clou  de  la 
vente,  une  page  bien  connue,  celle-là  aussi,  qui 
fit  partie  des  collections  de  Beurnonville,  Febvre 
et  Tabourier. 

Comme  objets  d'art,  nous  ne  trouvons  que 
deux  numéros:  une  paire  de  vases  en  vieux  Chine, 
montés  en  bronze,  et  un  groupe  en  terre  cuite 
du  xvin=  siècle,  Renaud  et  Armidc. 

Passons  aux  tapisseries  et  notons  tout  d'abord 
une  suite  de  trois  tapisseries  rectangulaires, 
tissées  à  la  manufacture  royale  des  Gobelins, 
d'après  les  cartons  de  Charles  Coypel  pour  les 
tableaux  et  de  Tessier  pour  les  alentours,  et 
faisant  partie  de  la  tenture  de  l'Histoire  de  Don 
Quichotte  ;  exécutées  au  xvin»  siècle,  ces  trois 
pièces,  qui  appartiennent  à  la  troisième  tenture 
à  fond  jaune  damassé,  sont  :  Bon  Quichotte  guéri 
de  sa  folie  par  la  Sagesse  ;  ta  Ti'te  enchantée  et 
Don  Quichotte  chez  le$  /illes  de  l' Hôtellerie  ;  —  puis 
une  tapisserie  rectangulaire  de  la  manufacture 
royale  de  Beauvais,  du  temps  de  Louis  XV, 
d'après  un  carton  de  François  Boucher,  repré- 
sentant le  Retour  de  la  chasse  ;  —  deux  tapisseries 
de  Beauvais  ou  des  Gobelins  du  xvni»  siècle,  à 
décor  d'attributs,  d'arabesques,  animaux,  fruits 
et  tleurs  ;  —  une  tapisserie  rectangulaire,  la 
Bataille  dWrbelles,  faisant  partie  de  l'Histoire 
d'Alexandre,  tissée  aux  (lobelins,  auxviii»  3iècle, 
sur  un  carton  de  Charles  Le  Brun  ;  —  une  tapis- 
serie des  Gobelins,  du  commencement  du  xviii« 
siècle,  le  Château  de  Vincennes  (juillet),  faisant 
partie  de  la  tenture  dite  les  Mots  ou  Maisons 
royales  ;  —  une  tapisserie  rectangulaire  de  la 
manufacture  des  Gobelins,  xyiii»  siècle,  Neptune 
ou  l'Eau,  faisant  partie  de  la  tenture  dite  les  Por- 
tières des  dieux,  d'après  Claude  Audran  ;  —  enfin, 


une  autre  pièce  de  la  même  suite,  également  sur 
fond  damassé  rose  cramoisi,  celle-ci  représentant 
Jupiter  ou  le  Feu. 

Il  nous  reste  à  signaler  les  meubles  en  tapis- 
serie, deux  numéros,  mais  de  choix  :  un  ameu- 
blement de  salon  couvert  en  Beauvais  de  la 
manufacture  royale,  xvui«  siècle,  composé  d'un 
canapé,  de  six  fauteuils  et  de  deux  chaises,  à 
décor  de  fleurs  et  feuillages  ;  et,  d'autre  part,  un 
grand  canapé  recouvert  en  ancienne  tapisserie 
de  la  manufacture  royale  de  Beauvais  du  xviu' 
siècle,  à  décor  de  bouquets,  rinceaux,  ileurs, 
fruits  et  oiseaux. 

Une  vacation  à  laquelle  rien  ne  manque, 
comme  on  voit,  pour  provoquer  l'ardeur  et  les 
compétitions  des  professionnels  et  des  amateurs. 

Ventes  diverses.  —  Nos  confrères,  la  Gazette 
de  l'Hôlel  Drouot  ei,  le  Journal  des  Arts  annoncent 
les  ventes  suivantes  : 

—  Le  9  novembre.  M-  Lair-Dubreuil  et 
MM.  Paulme  et  Lasquin  disperseront  les  objets 
d'art,  estampes  du  xviii^  siècle  et  livres  appar- 
tenant à  M.  B... 

—  Le  12  novembre,  salle  7,  vente  après  décès, 
de  meubles,  objets  d'art,  sculptures  et  livres 
modernes  illustrés  (M*^  Coutanceau,  MM.  Paulme, 
lasquin  et  Gouzy). 

—  LeslG,neH8  novembre,  M«  Henri  Baudoin, 
assisté  de  MM.  Mannheim,  Ferai  et  Durel, 
dirigera  la  vente  de  la  collection  de  feu  M.  Roth- 
kof,  ancien  antiquaire.  Le  choix  des  experts 
suffit  à  indiquer  qu'il  y  aura  là  des  objets  d'art, 
des  tableaux  et  des  livres. 

—  Collection  de  il.  Lion.  —  Porcelaines 
anciennes,  bronzes,  etc.  Du  23  au  26  novembre, 
salle  6,  18  et  19.  -  M«  .\ndré  Couturier,  et 
MM.  Paulme  et  Lasquin. 

—  Du  23  au  26  novembre,  salles  9,  10  et  t1, 
vente  de  la  collection  de  il.  P...,  comprenant  des 
tableaux  modernes,  des  objets  d'art  et  d'ameu- 
blement anciens  et  modernes  (M'*  Coutanceau  et 
Lair-Dubreuil,  et  MM.  Georges  Petit,  Bonjean, 
Caillot,  Paulme  et  Lasquin 

—  Les  3  et  4  décembre,  salle  6,  vente  de  la 
surcession  de  M"'  de  Genevrayc,  faite  par  M"  Del- 
vigne  et  Lair-Dubreuil,  et  MM.  Paulme  et  Lasquin 
et  (Juérault,  et  présentant  notamment  des 
tapisseries  anciennes,  des  tableaux,  des  meubles 
et  des  bronzes. 

—  Enfin,  sans  indication  de  date,  on  annonce 
pour  décembre  la  vente  de  la  réunion  d'objets 


ANCIEN    ET    MODERNE 


269 


d'art  du  Japon  dépendant  de  l'importante  collec- 
tion Gerbeau,  qui  a  fourni  déjà  plusieurs  séries 
de  vacations  au  cours  de  la  dernière  saison  ;  — 
cette  nouvelle  vente  Gerbeau  sera  dirigée  par 
M°»  bi/.ouard  et  Baudoin,  et  MM.  Mannheim  et 
Bing  —  ;  et  également  pour  décembre,  une  vente 
de  tableaux  anciens,  et  une  de  tableaux  mo- 
dernes, comprenant,  en  particulier,  une  œuvre 
importante  de  Corot,  ces  deux  ventes  devant  être 
faites  par  le  ministère  de  M=  Baudoin  et  de 
M.  Ferai. 

Ventes  annoncées.  —   A  Amsterdam.  — 

Nous  recevons  de  MM.  Fred.  Muller  et  G'",  à 
Amsterdam,   l'annonce    des  ventes  suivantes    : 

—  10  novembre.  Tableaux  modernes,  prove- 
nant des  collections  G.  de  Cuyper,  G.  J.  Verburgh, 
G.  Menalda,  J.  H   van  Seghen,  etc. 

Dans  le  catalogue  illustré,  déjà  distribué,  nous 
relevons  en  particulier  :  Paysage  avec  brebis,  par 
Gh.  Jacque  ;  Soir  d'été  en  Italie,  par  0.  Achen- 
bach  ;  Jeunesse  et  ruines,  par  W.  Bouguereau  ; 
Coin  de  pâturage,  par  E.  van  Marcke;  l'Église 
dite  Hoofjlandsche  Kerk  à  Leyde  et  l'Église  Saint- 
Bavon  à  Haarlem,  par  J.  Bosboom  ;  Trois  vaches 
dans  une  plaine,  par  W.  Maris  ;  Solitude,  par 
\V.  Hoelop  ;  le  ><  Heerengracht  •>  à  Amsterdam,  au 
XVIU  siècle,  par  G.  Springer;  les  Misères  de 
Vhiver,  par  Jozef  Israels  ;  le  Renouveau,  par  A.  M. 
Gorter  ;  Fin  de  Jour,  par  P.  J.  G.  Gabriel. 

—  Du  24  au  26  novembre.  Collection  de 
M""  Neisser,  à  Breslau  (Porcelaines  et  grès  de  la 
Ghine,  du  Japon  et  des  Indes). 

—  Du  24  au  27  novembre.  Succession  Cernuschi 
(Porcelaines  et  grès  de  l'Extrême-Orient.  —  Por- 
celaines de  Ghine,  de  Saxe,  etc.  — -  Faïences  de 
Delft,  objets  d'art,  etc.,  provenant  de  diverses 
collections). 

—  Les  8  et  9  décembre.  Bibliothèque  de  M.  J.  F. 
A.  Lindsen  (Livres  sur  les  beaux-arts  et  les  arts 
industriels  au  moyen  âge). 

—  Du  7  au  12  décembre.  Livres  et  gravures, 
provenant  de  diverses  successions. 

—  Du  19  au  12  décembre.  Collection  Frederiks 
(Ornements;  estampes  et  dessins). 

—  Du  14  au  15  décembre.  Manuscrits  généalo- 
giques, héraldiques  et  historiques,  provenant 
des  archives  de  familles  nobles  des  Pays-Bas  et 
de  la  Belgique. 

—  Les  IS  et  16  décembre.  Tableaux  anciens, 
principalement  de  l'école  hollandaise,  provenant 
de  diverses  collections. 


En  Allemagne.  —  Gontentons-nous  d'indi- 
quer sommairement  : 

A  Francfort-sur-le-Mein,  M.  Rudolf  Baugel 
procédera  aux  ventes  suivantes  :  —  les  .'i  et  4  no- 
vembre, collection  de  feu  M.  le  D''  Schmidt-Leda 
(objets  d'art  de  la  Ghine  et  du  Japon)  ;  —  10  et 
11  novembre,  collection  de  feu  M.  Broffa  (anti- 
quités grecques  et  romaines,  tableaux);  —  2o  et 
26  novembre,  collection  Dohnenberger  (tableaux 
et  antiquités). 

A  Berlin,  enfin,  M.  Rudolf  Lepké  dirigera,  le 
17  novembre,  la  vente  d'une  réunion  de  tableaux 
anciens  ayant  appartenu  à  sir  Gh.  Turner,  de 
Londres;  —  et  MM.  Arasler  et  Ruthardt  disper- 
seront, du  24  au  28  novembre,  une  collection  de 
gravures  anciennes  et  de  dessins  modernes. 


M.  N. 


ESTAMPES 


Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  M«  A.  Des- 
vouges  et  M.  L.  Delteil  annoncent  pour  le  4  no- 
vembre, à  l'Hôtel,  salle  10,  un  petite  vente  d'es- 
tampes modernes.  Au  catalogue,  des  eaux-fortes 
de  Barye,  Bracquemond,  Buhot,  Whistler  et  Zorn  ; 
une  série  très  abondante  d'oeuvres  de  Rops 
(n°'  133-216);  des  lithographies  de  Daumier, 
Fantin-Latour,  etc. 

A  Leipzig.  —  La  collection  d'estampes  an- 
ciennes de  M.  A.  W.  Schultze,  de  Hambourg, 
sera  vendue  à  Leipzig,  les  10,  11  et  12  novembre, 
par  les  soins  de  M.  G.  Boerner.  Elle  comprend 
de  fort  belles  planches  d'après  des  maîtres  alle- 
mands, hollandais  et  flamands,  et  une  réunion 
de  portraits  français  des  xvn«  et  xvui"  siècles,  où 
figurent  tous  les  maîtres  du  genre  :  Audran, 
Drevet,  R.  Nanteuil,  G.  Mellan,  Edelinck,  Cochin. 

Parmi  les  artistes  les  mieux  représentés  dans 
cette  collection  qui  ne  compte  pas  moins  de 
1.026  numéros,  citons  :  Granach,  Durer  (n"'  270- 
:)13),  Uolbein,  Rembrandt  (n»»  718-749),  Lucas  de 
Leyde,  Van  Ostade,  Berghem,  et  parmi  les  mo- 
dernes :  Ghodowiecki,  Dietrich,  G. -F.  Schmidt, 
etc. 

Une  importante  bibliothèque  spéciale  sera 
également  dispersée  au  cours  de  celte  vente. 

R.  G. 
LIVRES 

Ventes  annoncées.  —  A  Leipzig.  —  M.  G. 

G.  Boerner  procédera,  les  13  et  14  novembre,  à 


270 


LE    BULLETIN   DE    L'ART 


la  dispersion  d'une  intéressante  réunion  de  mi- 
niatures, manuscrits,  estampes  sur  bois,  etc. 

Les  miniatures  vont  du  xiii«  au  xvi"  siècle  ;  — 
parmi  les  manuscrits,  on  signalera,  comme  par- 
ticulièrement importants,  un  Graduel  du  xiii«  siè- 
cle provenant  de  Bohême;  un  Procesaional  italien 
de  1488,  orné  de  miniatures  ;  —  les  incunables, 
fort  nombreux,  sont  pour  la  plupart  enrichis  de 
gravures  sur  bois  ;  —  enfin  la  vente  se  complète 
par  une  collection  de  livres  imprimés  se  ratta- 
chant à  l'histoire  de  la  Réforme. 

A  Londres.  —  Chez  Sotheby,  \Vili<inson  et 
Hodge,  du  3  au  5  novembre,  vente  de  la  biblio- 
thèque de  lord  Ancherst. 

B.  J. 


EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


V"  Salon  annuel  de  la  Gravure  originale 
en  couleurs  (Galeries  Georges  Petit).  —  Un  vrai 
Salon,  qui  va  grandissant  :  cet  art  nouveau,  pré- 
sidé par  M.  Jean-François  Raffaëlli,  n'est-il  pas 
un  des  signes  du  temps  qui  veut  démocratiser 
l'art  et  socialiser  la  beauté  ?  326  cadres  et  78  expo- 
sants :  des  peintres,  plutôt  que  des  graveurs  ; 
leurs  estampes  deviennentde  véritables  tableaux. 
Et  ne  vaudrait-il  pas  mieux  parler  d'impression 
que  de  gravure?  Ce  coloriage  est  une  virtuosité 
d'imprimeur.  Beaucoup  de  teintes  et  peu  de 
tailles  :  la  poupée  fait  plus  que  la  pointe  ;  la 
morsure  de  l'eau-forte  est  réduite  au  rôle  de 
l'invisible  trait  sous  le  ton.  D'adroits  «  retrous- 
sages  »  imposent  au  même  sujet  le  soleil  ou  la 
nuit  :  c'est  de  la  peinture.  Lointaine  apparaît, 
déjà,  la  rivalité  d'hier  entre  la  gravure  mono- 
chrome et  l'estampe  polychrome  à  laquelle 
s'ouvrent  les  portes  des  Salons  et  les  largesses 
de  l'État  ;  lointaine  aussi,  la  lutte  entre  les  origi- 
naux et  les  interprètes,  et  la  gravure  de  repro- 
duction s'affirme,  ici-môme,  avec  M.  Berges,  qui 
préfère  aux  classiques  beautés  du  Louvre  l'O/i/m- 
}iia  de  Manet.  Les  »  originaux  »  se  répèlent;  et 
loin  des  pasticheurs  d'Helleu,  groupons  les 
artistes,  amis  des  tons  sobres  ou  des  repérages 
savants  :  M.  Raoul  du  Gardier  s'absente  ;  mais 
voici  de  nouveaux  Venus  :  M.  Charles  Cottet,  por- 
traitiste-poète d'Avila,  de  Pont-en-Royans,  et 
dont  le  groupe  intitulé  Douleur  respire  le  môme 
parfum  puissant  d'archaïsme  ;  M.  André  Dauchez, 
peintre-graveur  des  landes  et  des  grèves;  M.  Mi- 


chel Cazin,  mélancolique  héritier  du  style  pater- 
nel ;  enfin,  comme  en  tout  salon,  formons  une 
anthologie  avec  les  (leurs  japonisantes  de 
Mme  Marie  Gautier;  les  "  états  »  de  M  Jacques 
Brissaud,  oublié  par  le  catalogue;  les  villes 
llamandes,  qu'on  dirait  gouachées,  de  M.  Lui- 
gini  ;  le  Fivc  o'clock  de  M.  Jeanniot;  les  mar- 
chandes de  M.  Manuel  Robbe  ;  et,  parmi  les 
étrangers,  les  nuages  de  M.  Marten  van  derLoo; 
les  échoppes  de  M.  Fram-ois  Simon  :  du  senti- 
ment ou  de  l'esprit,  sous  la  couleur. 

Une   frise    de    M.    Georges    Desvallières 

(1,  rue  d'Offémont).  —  Peintures  décoratives  : 
ces  deux  seuls  mots,  jadis,  au  temps  des  beaux 
peintres  de  1830,  prena:ient  un  sens  péjoratif; 
on  renvoyait  le  décorateur  aux  ryparographes 
de  Pompéi...  Dorénavant,  après  Puvis  de  Cha- 
vannes,  ils  signifient  revanche  de  la  synthèse  et 
du  style  contre  toutes  les  sténographies  de  l'im- 
pressionnisme. Et  même  le  Salon  d'automne  ne 
nous  a-t-il  pas  arrêté  d'abord  devant  .MM.  René 
Piot  et  Maurice  Denis,  sans  nous  détourner  de 
M.  Lemordant,  qui  gâte  avec  un  ton  lourd  un 
robuste  dessin,  ni  de  M.  Georges  d'Espagnat, 
dont  les  cartons  de  tapisserie  voudraient  styliser 
la  coiffure  et  l'allure  modernes"?  L'hôtel  de 
M.  Jacques  Rouché  nous  ménageait  la  plus 
suggestive  antithèse  en  confiant  ses  murs  à 
M.Vl.  Georges  Desvallières  et  Maurice  Denis  :  en 
vrai  Puvisiste,  le  nouvel  historien  de  Psyché  rêve 
l'accord  entre  le  mur  et  la  toile  marouflée  sur 
les  parois  d'un  vestibule  et  retrouve  ici  les 
exquises  gaucheries  de  son  Éternel  printemps; 
en  ami  de  Venise  ou  d'Anvers,  M.  Desvallières 
redoute  moins  les  oppositions  entre  la  douceur 
totale  d'une  atmosphère  artiste  et  les  ardentes 
mylholoi;ies  de  la  longue  frise  qu'il  déioule 
autour  d'un  grand  salon.  De  ces  deux  poètes  de 
la  couleur,  l'un  cherche  timidement  la  simili- 
tude, l'autre  vise  bravement  au  contraste.  Petit- 
fils  de  ce  loyal  et  fin  Legouvé,  (lui  sauva  plus 
d'une  fois  le  romantique  génie  de  Berlioz , 
.M.  Desvallières  est  un  lettré  qui  s'exalte  :  en 
redescendant  de  VOlympe  de  (lustave  Moreau, 
son  maître,  au  noctambulisme  de  Toulouse-Lau- 
trec, il  nous  a  souvent  fait  peur;  mais  celte 
savoureuse  décoration  nous  rassure,  en  même 
temps  que  le  Luxembourg  accueille  son  beau 
portrait  de  sa  vieille  mère  défunte,  dont  Elle 
Delaunay  profila  purement  la  brune  jeunesse  (H. 

(1)  Portrait  daté  de  t878,  revu  à  Baj,'alelle  en  1907. 


ANCIEN   ET   MODERNE 


271 


Terre  promise  ou  paradis  "perdu,  —  n'est-ce  pas 
à  la  lumière  seule  de  la  forme  que  peut  s'éclairer 
le  rêve  affectueux  que  nous  remportons  avec 
nous  dans  la  nuit? 

Expositions  diverses.  —  Chez  Blet,  M  Char- 
les Lacoste,  et  M.  Francis  Jourdain,  chez  Druet  : 
deux  silencieux  qui  parleront  aux  délicats.  A 
ces  poètes,  la  critique  reprochera  de  ne  pas 
être  assez  peintres,  et  l'ironie  qui  réservait  un 
plafond  à  Meissonier  leur  confierait  seule  un 
mur  à  couvrir...  Discrètement  et  diversement, 
ils  ont,  pourtant,  un  réel  instinct  décoratif;  et 
puisque  les  jeunes  voudraient  «  recommencer 
la  peinture  »  en  face  de  la  nature,  que  leurs 
yeux  approfondissent  les  plans  de  la  perspective 
aérienne  oubliée  par  les  Japonais,  les  valeurs 
qui  feront  fuir  leurs  vues  cavalières  par-dessus 
la  rougeur  des  toits  !  Soyons  sévère  à  la  sincérité 
qui  nous  rend  exigeant. 

Autour  du  tendre  octogénaire  Israël»,  à  la 
galerie  Tooth,  les  heureux  Aquarellistes  hollan- 
dais semblent  ignorer,  dans  leur  sagesse,  nos 
fièvres  impressionnistes  et  les  dessins  de  M.  Ro- 
din,  visibles,  à  présent,  chez  Devambez;  depuis 
Anton  Mauve,  aucune  aquarelle  ne  parut  plus 
touchante  que  Rotterdam  vue  par  M.  J.-H.  van 
Mastenbru'ck.  Enfin,  chez  Bernheim  jeune,  pour 
contraster  avec  Toulouse-Lautrec,  voici  des  por- 
traits au  pastel  de  Mrs.  Clifford  Barney. 

H.-^YMO.ND    BOUYER. 

Groupe  artistique  de  la  région  de  Vin- 
cennes  (hôtel  de  ville  de  Vincennes).  —  Brillante 
ouverture  de  l'exposition  de  cette  société  à  la 
mairie  de  Vincennes,  le  .18  octobre.  La  présence 
du  sous-secrétaire  d'Etat  des  Beaux-Arts,  entouré 
de  tout  ce  que  Vincennes  compte  de  notabilités, 
est  une  légitime  récompense  des  efforts  de  cette 
vaillante  petite  société.  Cependant  la  visite  de 
l'exposition  et  l'examen  des  ouvrages  laissent 
craindre  que  la  marche  ascendante  qu'elle  pour- 
suivait depuis  plusieurs  années  ne  soit  arrivée 
à  son  terme.  Nous  retrouvons  en  elîet,  cette 
année,  comme  les  précédentes,  les  mêmes  artistes 
avec  des  œuvres  d'un  mérite  égal,  mais  aussi  les 
mêmes  médiocrités.  Il  semble  que  se  pose  à 
celte  société  un  problème  devant  lequel  elle 
hésite  :  ou  bien  rester  stationnaire  et  piétiner 
en  d'inutiles  répétitions  avec  les  mêmes  élé- 
ments mêlés  ;  ou  bien  délibérément  s'adjoindre 
la  totalité  des  artistes  qui  habitent  l'est  de  Paris, 


par  une  entente  avec  les  groupements  similaires 
de  Charenton  et  de  Saint-.Maur.  A  moins  que  de 
sérieuses  raisons  ne  s'y  opposent,  on  verrait 
avec  plaisir  le  Groupe  artistique  de  la  région  de 
Vincennes  évoluer  vers  les  artistes  profession- 
nels, quitte  à  jeter  du  lest  du  côté  des  amateurs. 
Que  les  organisateurs  de  l'exposition  prennent 
garde  de  voir  compromise  par  l'envahissement 
des  fleurs  peintes  et  autres  travaux  de  jeunes 
fillesune  installation  qu'ils  savent  faire  agréable  ! 

R.  G. 

'F'P'Pl*''I»'I*1*       'I'1»1'       fp     7p     ifC     Igl     Tft     ffl     Tft     yfc     IfC     7f!    7p     IfC 

CORRESPONDANCE  DE  GRÈCE 


Les  fouilles  de  Céphallénie. 

Un  nouveau  «  gisement  »  mycénien,  d'une 
importance  exceptionnelle,  vient  d'apparaître 
au  jour,  à  Céphallénie.  Récemment,  quelques 
trouvailles,  que  montraient  des  campagnards, 
avaient  attiré  l'attention  des  savants  sur  le  petit 
village,  parfaitement  inconnu  jusqu'ici,  de 
Mazarata.  L'éphore  général  des  antiquités, 
M.  Cavvadias,  autorisa  une  fouille  méthodique, 
qui  ne  dura  que  quelques  semaines,  et  dont  les 
résultats  dépassèrent  de  beaucoup  tout  ce  qu'on 
osait  espérer. 

Depuis  les  découvertes  de  Mycènes,  l'archéo- 
logie préhéllénique  n'avait  pas  eu  de  meilleure 
fortune.  Plusieurs  centaines  de  tombes,  toutes 
inviolées  et  dans  un  état  de  conservation  sans 
exemple,  ont  été  ouvertes  par  les  fouilleurs.  Les 
squelettes  gisaient  intacts  parmi  les  ofirandes 
funéraires.  Chaque  tombe  a  pu  être  photogra- 
phiée dans  l'état  où  on  l'avait  mise,  il  y  a  plus 
de  trois  raille  ans,  au  jour  des  funérailles.  La 
nécropole  se  divise  en  plusieurs  groupes  de 
fosses  qu'abritent  des  cavernes,  plus  ou  moins 
spacieuses.  Les  fosses,  de  profondeur  inégale, 
recevaient  pour  la  plupart  plusieurs  corps.  Dans 
l'une  d'elles,  on  a  trouvé  jusqu'à  neuf  squelettes, 
intacts,  exactement  superposés.  Il  est  vraisem- 
blable que  les  tombes  d'un  même  groupe 
appartenaient  à  la  même  tribu,  et  les  corps 
déposés  dans  une  même  fosse  à  la  même  famille. 
La  position  des  squelettes,  trop  étrange  en 
général  pour  être  attribuée  au  hasard,  varie  non 
seulement  d'une  sépulture  à  l'autre,  mais  dans 
la  même  sépulture  et  dans  la  même  fosse. 


272 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


Les  trouvailles  d'offrandes  funéraires,  d'objets 
de  métal  ou  de  terre  cuite,  sont  moins  abon- 
dantes qu'à  Mycènes.  Elles  permettent,  en  tout 
cas,  d'établir  des  synchronismes  précis  avec  les 
autres  gisements  mycéniens  de  la  Grèce  et  des 
îles. 

En  revanche,  pour  les  recherches  anthropolo- 
giques, la  récolte  est  d'un  prix  inestimable. 
1/étude  des  squelettes  et  des  usages  funéraires, 
que  facilite  l'état  de  conservation  des  tombeaux, 
fera  la  lumière,  sans  nul  doute,  sur  bien  des 
problèmes  que  les  précédentes  découvertes 
n'avaient  point  résolus.  Les  tombes  de  Mycènes, 
moins  nombreuses,  moins  intactes,  et  fouillées 
avec  moins  de  méthode,  avaient  livré  pour  ces 
recherches  des  documents  moins  précieux.  La 
question  si  vivement  débattue  des  origines  de  la 
civilisation  crélo-mycénienne,  et  des  races  de  la 
Grèce  qui  y  participèrent,  fera  peut-Atre,  à  la 
suite  de  ces  trouvailles,  un  pas  décisif. 

Au  moment  où  le  hasard  livrait  aux  observa- 
tions des  savants  cette  nécropole,  M.  Goekoop, 
l'un  des  Mécènes  de  l'archéologie  hellénique, 
consacrait  un  livre  à  cette  même  île  de  Géphal- 
lénie.  M.  Goekoop,  dont  ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de 
discuter  les  conclusions,  tend  à  résoudre  d'une 
manière  nouvelle  le  problème  ardemment  con- 
troversé de  l'Ithaque  homérique.  M.  Dœrpfeld, 
on  s'en  souvient,  voulait  reconnaître  la  patrie 
d'Ulysse,  non  point  dans  la  moderne  Ithaque, 
mais  dans  l'île  de  Leucade.  M.  Goekoop,  pour 
des  raisons  inégalement  convaincantes,  veut 
l'identifier  avec  Céphallénie.  Le  débat,  je  le 
crains  fort,  n'est  pas  à  la  veille  d'être  clos.  Et 
quand  bien  même  une  thèse  nouvelle  aurait  la 
fortune  de  rallier  l'unanimité  des  savants,  ne 
faudrait-il  pas  s'attendre  à  ce  qu'une  découverte 
imprévue,  pareille  à  celle  de  ces  jours  derniers, 
vienne  tout  remettre  en  question?  C'est  le 
défaut  ou  le  privilège  des  sciences  qui  sans  cesse 
découvrent,  de  voir  ruiner  en  un  jour  les  thèses 
qu'on  croyait  les  plus  solidement  établies. 

LES      REVUES 


Italie 
Emporium  (septembre).  —  Deux  maîtres  seplen- 
Irionaux  de   la   gravure   :  Anders   Zorn    et    Frank 
Brangwyn,  par  V.  Pica  (avec  19  reproductions). 


—  Art  rétrospectif  :  Nicola  da  Guardiagrele,  par 
Art.  Jahn  Ruscom.  —  Étude  très  complète  et  très 
abondamment  illustrée,  sur  cet  orfèvre  des  Abruzzes 
(XV  siècle),  dont  les  œuvres  sont  encore  mal  connues, 
et  dont  la  biographie  est  semée  de  lacunes  difficiles 
à  combler.  On  sait  qu'il  mourut  en  1462,  mais  on 
ignore  la  date  de  sa  naissance  et  les  particularités 
concernant  son  éducation  artistique  ;  ses  œuvres  sont 
comprises  entre  1413  (date  de  l'o.stensoir  de  la  cathé- 
drale de  Francavilla  a  Mare)  et  14.Ï5,  et  ces  mons- 
trances,  ces  croix  processionnelles,  etc.,  sont,  autant 
vaut  dire,- tout  ce  que  Ion  connaît  de  la  vie  de  cet 
artiste,  qui  porta  l'art  de  l'orfèvrerie  dans  les 
Abruzzes  jusqu'à  sa  perfection,  et  attira  sur  lui 
l'attention  des  artistes  et  des  amateurs. 

—  ïtér/ales  de  dames,  d'après  des  fresques  et  des 
tableaux  anciens  de  Venise,  par  A.  Segakizzi. 

—  Notes  de  M.  V.  Pica  sur  la  première  exposition 
artistique  de  Romagne,  à  Faenza  (avec  35  repro- 
ductions). 

L'Arte  (1908,  IV).  —  Dessin  original  d'un  plan 
pour  Sainle-Uarie-des-Fleurs,  à  Florence,  conservé 
aux  Oflîces,  publié  et  étudié  par  H.  de  Gkymulleh. 

—  Verres  italiens  à  décorations  d'or  du  A'I'*  et 
XVJ'  siècle,  par  P.  Toksca.  —  Ce  sont  ces  verres  dorés 
et  peints  qu'on  appelait  —  et  qu'on  appelle  encore 
parfois  à  tort  —  «  verres  églomisés»;  la  collection 
Spitzer  contenait  un  nombre  important  de  ces  chefs- 
d'œuvre  précieux  et  rares;  ceu.x  qui  sont  reproduits 
dans  l'article  de  M.  Toesca  appartiennent  pour  la 
plupart  au  musée  civique  de  Milan  et  au  South  Ken- 
sington  Muséum ,  quelques  autres  sont  tirés  de 
collections  particulières. 

—  Quelques  œuvres  des  Vassalletli,  marbriers  ro- 
mains (XJl'  et  XIII'  siècles),  par  G.  Giovannoxi. 

—  (Buvres  d'art  du  palais  Marullo  di  Castellaci, 
à  Raguse  (Florentins,  Memlinc,  Uibera,  etc.),  pnr 
E.  BauNELLi. 

—  Claude  Lorrain  et  son  élude  d'après  nature,  p.ir 
L.  Ozzoï.A.  —  Aucun  des  écrivains  qui  ont  étudié  o  le 
Virgile  de  la  peinture  de  paysage  »  ne  s'est  préoccupé 
de  préciser  ce  que  l'art  de  Claude  put  emprunter  à  la 
peinture  contemporaine  ou  à  celle  des  artistes  qui 
l'avaient  précédé.  L'auteur  trouve  qu'on  a  réduit  par 
trop  cette  part  d'inlluences  et  il  insiste  sur  le  tait 
que  Claude  avait  conmiencé  sa  carrière  comme  aide 
d'un  peintre  de  perspective,  Agostino  Tassi,  el  qu'il 
dut  à  ce  contact  l'habitude  de  travailler  d'après  nature; 
il  donne  plusieurs  exemples  des  heureux  fruits  de  cel 
enseignement,  tirés  de  la  perspective,  de  l'architecture 
des  édifices,  etc.,  dans  les  tableaux  du  maître. 


Le  Gérant  :  H.  Denis. 


Par».  —  Imp.  George*  Petit.  12,  rve  (iodol-de-Mauroi. 


Numéro  399 


Samedi  14  Novembre  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN     ET    MODERNE 


SEMAINE    DE   DEUIL 


M.  Luc-Olivier  Merson,  quand  il  jeta  sur  le 
papier  la  première  pensée  du  discours  qu'il 
devait  prononcer  le  7  novembre  à  la  séance 
publique  de  l'Académie  des  beaux-arts,  se  félicita 
sans  doute  de  voir  sa  présidence  toucher  à  son 
terme  sans  que  la  Compagnie  eût  eu  à  lever  une 
fois  la  séance  en  signe  du  deuil  de  l'un  des 
siens...  Hélas  !  à  deux  reprises  en  moins  de  huit 
jours,  la  mort  est  venue  frapper  dans  les  rangs 
((u'elle  avait  épargnés,  et  l'allocution  présiden- 
tielle a  dû  s'ouvrir,  cette  année  encore,  par  un 
hommage  rendu  aux  derniers  disparus,  le  gra- 
veur Achille  Jacquet  et  le  peintre  Ernest  Hébert. 

Tous  deux  comptaient  parmi  les  amis  de  cette 
maison.  Le  graveur  avait  apporté  à  la  Revue,  dès 
son  premier  numéro,  le  concours  de  l'admirable 
talent  qu'il  mettait  au  service  des  vieux  maîtres; 
et  il  n'y  a  pas  si  longtemps,  M.  Jules  Claretie 
consacrait  au  peintre  chargé  d'ans  et  de  gloire, 
dont  il  était  l'ami,. une  monographie  que  nos 
lecteurs  n'ont  pas  oubliée. 

C'était  un  beau  sujet  que  cette  existence  d'ar- 
tiste à  laquelle  rien  n'a  manqué,  ni  les  inventions 
personnelles  d'expression  et  de  coloris,  ni  les 
lOiisécrations  ofticielles,  ni  les  succès  mondains, 
ni  la  popularité  inAme,  et  qui  s'est  déroulée, 
depuis  le  prix  de  Rome  de  18.39,  avec  une  telle 
sûreté,  une  sérénité  si  parfaite  qu'elle  semble 
avoir  ignoré  les  luttes  d'écoles  et  le  renouvel- 
lement de  l'art  de  peindre.  Hébert  eut  en  effet 
celle  étonnante  destinée  de  rester  toute  su  vie 
lidi'le  à  l'idéal  qu'il  avait  emporté  de  son  premier 
séjour  en  Italie  :  toutes  les  qualités  de  compo- 
sition élégante  et  facile,  de  coloris  harmonieux 
it  profond,  de  morbidesse  distinguée,  de  senti- 
mentalisme discret,  qui  avaient  fait  le  succès  de 
la  Mal'aiia,  se  retrouvent  à  des  degrés  divers 
dans  ces  exquises  ligures  de  mondaines,  aux- 
quelles son  talent  prêta  la  grAce  maladive  des 
Cérvnrolle^. 


L'art  d'Achille  Jacquet  s'adressait  à  un  public 
plus  restreint.  H  comptait  pourtant  parmi  les 
meilleurs  représentants  de  cette  gravure  de 
reproduction,  qui  a  valu  à  notre  école  une  si 
belle  lignée  d'artistes.  De  son  maîlre  Henriquel- 
Dupont,  il  avait  hérité  la  forte  discipline  du 
dessin,  le  goût  des  œuvres  achevées,  quelque 
longue  et  délicate  que  fût  la  tâche,  et  cette 
sorte  de  respectueux  effacement  qui  oblige 
l'interprète  à  faire  oublier  sa  manière  pour  y 
substituer  celle  du  maître  qu'il  traduit.  Son  clas- 
sicisme était  sans  pédanterie  et  sans  froideur, 
et  les  portraits  par  lesquels  il  renouait  la  tra- 
dition du  burin  original  prétendaient  à  quelque 
modernité.  Moins  heureux  que  son  illustre  con- 
frère, il  est  emporté  en  pleine  activité,  alors 
qu'on  pouvait  espérer  qu'il  ajouterait  encore  à 
son  œuvre  une  longue  suite  de  pièces  compa- 
rables au  Calvaire  de  Mantegna  et  à.  la  Pietà  de 
Villeneuve-lès-.Vvignon  ;  toutefois,  ces  deux  pages 
maîtresses,  et  d'autres  encore  qu'il  est  superllu 
de  rappeler  ici,  témoignent  qu'il  ne  disparaît 
pas  sans  avoir  pu  donner  sa  mesure. 

E.  D. 


ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie  des  beaux-arts  (séance  publique  an- 
nuelle du  7  novembre).  —  Après  l'exécution  du  mor- 
ceau symphonique  Norl  berrichon,  composé  par 
M.  Marcel  Kousseau,  pensionnaire  de  Koiue,  M.  Luc- 
Olivier  Merson,  président,  a  prononcé  un  bref  discours 
dans  lequel  il  a  salué  en  termes  émus  la  uiémoire  des 
membres  de  la  Couipaf,'nic  disparus  depuis  la  dernière 
séance  publique  :  Ernest  Hébert,  doyen  d'âge  de  l'Ins- 
titut et  doyen  d'élection  de  l'Académie  des  beaux-arts, 
et  Achille  Jacquet.  Puis  M.  Luc-Olivier  Merson  a 
donné,  de  la  façon  la  plus  spirituelle  et  la  plus  fine, 
les  traditionnels  conseils  aux  prix  de  Kouie  de  1908 
qui  vont  bientôt  gagner  la  Villa  Médicis.  Après  avoir 
rappelé  la  vie  laborieuse  et  bien  remplie  qu'on  mène 
à  la  Villa,  il   s'est  étonné  de  voir  dominer,  dans  les 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


œuvres  des  jeunes  iirtistcs  d'aujourd'hui,  une  sorte 
(le  niélancnlie,  résultant  en  partie  du  choix  de  sujets 
lugubres,  et  il  s'est  efforcé  de  mettre  les  pensionaircs 
de  Home  en  garde  contre  la  tristesse  :  «  Los  maîtres 
italiens,  leur  a-t-il  dit  en  terminant,  vivaient  à  une 
époque  autrement  agitée  que  la  nôtre.  11b  nous  ont 
laissé  peu  de  représentations  de  sièges,  de  sacs  de 
villes,  de  batailles,  d'épidémies,  qui,  certes,  abondaient 
de  leur  temps.  Malgré  les  désastres  et  les  catastrophes 
auxquels  il  assistaient,  ils  conservaient  en  eux  une 
belle  sérénité;  ils  planaient  au-dessus  des  misères 
humaines  et,  se  retrempant  dans  la  nature,  ils  con- 
servaient intactes  leurs  ipialités  de  charme,  de  grâce 
et  d'élégance,  et  préféraient  sculpter  ou  peindre  un 
sourire  d'enfant,  des  héros  sains  et  robustes,  des 
femmes  belles  et  gracieuses,  pliilùt  que  des  malades, 
des  estropiés,  des  mourants  et  des  morts.  Je  prends 
donc  la  liberté  de  vous  donner  un  avis  excellent  pour 
la  santé  morale  et  physique  :  soyez  gais.  Si  le  rire 
est  le  propre  de  l'homme,  il  doit  surtout  être  celui 
d'une  jeunesse  artiste  et  studieuse,  il  doit  être  le 
vôtre.  ■> 

Les  noms  des  lauréats  ont  été  ensuile  proclamés; 
puis  M.  Henry  Houjon,  secrétaire  perpétuel,  a  lu  une 
notice  sur  la  vie  et  les  travaux  de  (iiuseppe  Verdi, 
membre  de  l'Académie.  Ce  sera  un  joli  chapitre  de  la 
seconde  série  de  les  (Cuivres  et  les  hommes,  que  cette 
monographie  de  Verdi,  par  M.  11.  Houjon.  Il  a  retracé 
d'une  façon  très  vivante  l'enfance  «  vaillante  et  aus- 
tère »  et  les  débuts  du  compositeur,  débuts,  qui  dès 
l'abord  lui  valurent  des  triomphes;  il  a  dit  les  cha- 
grins domestiques  qui  s'abattirent  sur  lui,  mais 
contre  lesquels  il  eut  la  force  de  réagir  pour  conti- 
nuer son  œuvre;  il  a  montré  comment  ses  opéras 
devinrent  populaires  et  comment  l'heure  de  la  célé- 
brité finit  par  sonner  pour  ce  travailleur  acharne,  qui 
se  renouvela  sans  cesse. 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
(séance  du  6  novembre;.  —  M.  Georges  Perrot,  secré- 
taire perpétuel,  communique  une  lettre  de  M.  Maurice 
Besnicr,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de  Caen, 
sur  des  découvertes  d'aiitiquités  romaines,  faites  au 
cours  de  la  campagne  du  Maroc. 

—  L'ordre  du  jour  appelle  l'élection  d'un  membre 
ordinaire,  en  remplacement  de  M.  Uarbier  de  Meynard. 
Happelons  (|ue  les  candidats  étaient,  par  ordre  alpha- 
bétique :  M.M.  Paul  Girard,  Clément  lluard,  Camille 
Jullian,  Psichari  et  le  P.  Scheil.  Trente-trois  acadé- 
miciens prennent  part  au  vote.  Majorité  :  il. 

Au  second  tour,  M.  Paul  Girard  est  élu  par  H  voix 
contre  ir>  suffrages  au  P.  Scheil,  ot  1  a  M.  .lullian. 

—  11  est  décidé  que  les  élection»  aux  f.auteuils 
vacants  par  le  décès  de  MM.  Derenbourg  et  Boissier, 
auront  lieu  le  même  jour.  La  (Jiscussion  des  titres 
des  candidats  est  fixée  au  27  novcmlire:  la  double 
élection  se  fera  donc,  suivant  toutes  vraisemblances, 
le  vendredi  suivant,  4  décembre. 


—  M.  lîabelon  présente,  au  nom  de  M.  Emile 
lîivièrc,  directeur  à  l'École  des  Hautes-Études,  le 
premier  chapitre  d'une  Élude  hisloiique  sur  le  Ifi' 
arrondissement  de  Paris,  an  XVI'  siècle,  d'après  des 
documents  nouveaux.  Ce  fascicule  est  consacré  à 
Passy. 

Musée  du  Louvre.  —  Les  tapisseries  et  objets 
d'art  de  la  collection  Seguin,  léguée  par  le  célèbre 
amateur  au  musée  du  Louvre,  qui  ont  été  ouvertes 
lundi  dernier  aux  membres  de  la  Société  des  Amis  du 
Louvre,  seront  très  prochainement  accessibles  au 
public. 

L'ensemble  des  objets  choisis  par  le  Louvre,  dans 
la  collection  Seguin,  représente  une  valeur  de  quatre 
,i  cinq  cent  mille  francs.  Il  reviendra  donc  au  musée, 
conformément  aux  clauses  du  testament  de  M.Seguin, 
une  somme  équivalente  en  es]ièces,' le  testateur  ayant 
stipulé  que  la  totalité  de  son  legs  au  Louvre,  en 
objets  d'art  ou  en  espèces,  devait  atteindre  la  somme 
d'un  million. 

On  rouvrira,  à  l'occasion  de  l'inauguration  de  la 
collection  Seguin,  les  salles  consacrées  aux  sculptures 
antiques,  rapportées  récemment  de  Perse  par  M.  de 
Morgan. 

Musée  du  Luxembourg.  —  L'archilecle  chargé 
de  transformer  on  musée  les  bâtiments  du  séminaire 
de  Saint-Sulpice,M.Deruaz,aarrèléles  plans  suivants: 
les  murs  de  clôture  seront  remplacés  par  d'élégantes 
grilles;  la  salle  actuelle  des  conférences  sera  suppri- 
mée et  dés  jardins  seront  plantés  sur  l'espace  qu'elle 
occupait.  Avec  la  cour  intérieure,  qui  sera  vitrée,  la 
chapelle  sera  affectée  A  la  sculpture.  Le  musée  de 
peinture  sera  installé  dans  un  grand  hall  de  huit 
mètres  de  hauteur,  formé  par  la  disparition  des  pla- 
fonds actuels  des  trois  étages  des  l)iitiments.  Un  crédit 
de  1.250.000  francs  sera  demandé  pour  la  réalisation 
des  travaux  nécessaires,  qui,  si  ce  crédit  est  voté  lors 
du  prochain  budget,  commenceraient  au  printemps 
de  1909. 

Musée  Galliera.  —  L'exposition  de  verrerie  et 
(te  crislnllerie  artistiques,  qui  devait  avoir  lieu  au 
printemps  prochain,  est  remise  â  1910.  Klle  sera 
remplacée  par  une  exposition  consacrée  aux  papiers 
cl  toiles  imprimés  et  pochés.  C'est  le  jury  de  Galliera, 
réuni  sous  la  présidence  de  .M.  Ouentin-Hauchart, 
(|ui  en  a  ainsi  décidé,  en  raison  de  lexpositiiiu  inter- 
nationale qui  doit  avoir  lien  à   Nancy,  en  mai  1909. 

Musées  de  la  Ville  de  Paris.  —  La  Ville  de 
Paris  vient  de  recevoir,  par  disposition  testamentaire: 
de  M.  Jules  Matbias,  ses  collections  de  tableaux  d 
d'objets  d'art,  notamment  son  portrait,  par  J.  Lewis 
Brown,  (|ui  figura,  sous  le  titre  Genllemun-rider,  ,i 
l'Exposition  des  aquarellistes  de  1886;  et  de  M.  Arthur 
Merice.  ses  collection»,  de  tableaux  anciens  et  mo- 
dernes, objets  d'art,  bijoux  et  camées,  pierres  pn  - 
cieuses,  livres,  etc. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


2;b 


Le  Budget  des  Beaux-Arts.  —  Moins  de  deux 
séances  du  matin,  mercredi  et  jeudi  derniers,  ont  suffit 
à  la  discussion  du  budget  dos  Beaux-Arts,  dont  le 
rapporteur  était,  comme  l'an  passé,  M.  IJuyat.  Dis- 
cussion? A  peine  Enuméralion  des  articles,  délilé 
des  toujours  vaillants  et  toujours  fidèles  délenseurs 
des  richesses  d'art  de  la  France,  —  MM.  Aynard, 
Herger,  lîngerand,  Cliastenct,  Hudelle,  etc.,  —  ré- 
pliques aimables  et  promesses  immenses  de  M.  le 
sous-secrétaire  d'IClat  :  spectacle  annuel  qui  a  perdu, 
dès  longtemps,  l'attrait  do  la  nouveauté. 

(In  a  dit  d'excellentes  choses  sur  l'inventaire  des 
richesses  d'art,  la  protection  de  la  beauté  de  Paris,  la 
reconstruction  de  l'École  des  Arts  décoratifs,  le  déve- 
loppement de  l'enseignement  du  dessin,  le  déménage- 
ment du  ministère  des  Colonies,  etc.,  etc.  M.  le 
sous-secrotaire  d'État  n'a  pas  cessé  de  se  répandre 
en  approbations  et  de  prendre  des  engagements.  CIn 
ne  peut  que  souhaiter  de  lui  en  voir  tenir  au  moins 
(|uelques-uns.  —  E.  U. 

A  Nogent-sur-Marne  —  M.  André  llallays  ayant 
signalé  dans  son  feuilleton  du  Journal  des  Débat;  du 
6  novembre  que  le  parc  do  Watteau,  à  Nogent-sur- 
Marne,  était  njonaco  de  destruction  par  suile  du 
percement  projeté  d'un  boulevard,  la  Commission 
municipale  du  Vieux-Paris  a  décidé  d'appuyer  la 
demande  de  classement  formulée  spontanément  par 
les  propriétaires  de  cette  magnifique  propriété,  en 
vertu  de  la  loi  récente  sur  la  protection  des  paysages, 
avec  autorisation  d'accès  pour  le  public  à  certains 
jours. 

A  Rouen.  —  Après  un  portrait  brossé  non  sans 
humour  par  M.  P.  Dumont,  après  quelques  toiles,  dont 
plusieurs  d'une  factgre  hardie  et  très  en  progrès  de 
.M.  Henocque,  voici,  à  la  galerie  Legrip',  vingt-deux 
recherches  v.ariées  du  peintre  Théodore  Earl  Butler: 
vues  de  Norraaudie,  —  Vornon,  Giverny,  llonlleur, 
Veules-les-Roses  et  Le  Tréport,  —  intérieurs  et  natures 
mortes.  Les  intérieurs  sont  d'un  dessin  lâché,  d'une 
lumière  froide.  Quant  aux  paysages  normands  et  aux 
marines,  ils  semblent  de  trois  manières  et  de  trois 
époques  très  dissemblables.  A  la  première,  d'un 
impressionnisme  franc,  très  divisionniste  en  taches 
menues  et  sûres,  se  rattachent  une  série  d'oeuvres 
solides  et  bien  venues,  très  influencées  par  la  vision 
de  Monet  :  des  Feuiltafjes  d'automne  à  Vernon,  f'un 
des  Chemins  des  Ajoux  à  Giverny,  sont  excellents, 
l'autre  est  outrancier  et  brutal.  Après  quoi,  M.  Butler 
partit  à  la  recherche  de  sa  personnalité  :  il  faillit  la 
trouver,  comme  en  attestent  une  Neige  fondante  et 
un  Hiuer  ù  Giverny,  et  deux  ISords  de  l'Epte,  où 
le  sentiment  n'enlève  rien  au  caractère.  Mais  il  passa 
outre  et  glissa  vers  une  expression  qui  rappelle  cer- 
taines toiles  des  débuts  de  Gaston  Latouche  ;  ses 
harmonies  se  firent  floconneuses,  inconsistantes  : 
que  ce  soit  à  Honfleur,  au  Tréport  ou  à  'V'eules,  les 
lumières  ou  les  ombres,  au  lieu  de  pénétrer  les  eaux. 


creuses  presque  toujours,  flottent  en  taches  vives  sur 
l'inconsistante  surface....  Et  vraiment,  car  on  doit 
la  vérité  à  un  peintre  tel  que  M.  Butler,  c'est  à  se 
demander  si,  parti  de  l'impressionnisme,  il  ne  va  pas 
vers  la  déliquescence.  —  A. -M.  G. 

A  Florence.  —  L'Institut  français  de  Florence, 
dont  le  liiilletin  a  annoncé  la  création,  et  auquel  il  a 
eu  l'occasion  d'exprimer  déjà  sa  sympathie,  vient 
d'ouvrir  très  brillamment  sa  nouvelle  saison,  par 
une  conférence  de  M.  André  Michel  sur  les  Cathé- 
drales françaises.  Cette  conférence  est  la  première 
d'une  série  consacrée  à  l'histoire  de  l'art  français,  à 
laquelle  prendront  part,  dans  le  cours  de  l'année, 
MM.  Bertaux,  Petit-lJutaillis,  Marcel  Reymond,  d'au- 
tres encore.  Le  public  florentin,  très  nombreux,  qui 
assistait  à  fa  conférence,  a  marqué  f'intérêt  le  plus 
vif  aux  commentaires  de  M.  André  Michel,  expliquant 
la  structure  et  l'iconographie  des  cathédrales,  avec 
la  forte  concision  et  l'expression  vivante  qu'il 
apporte  toujours  à  ses  études,  l'ne  part  de  ce  succès 
s'adressait  aussi  à  M.  Julien  Luchaire,  le  promoteur 
et  le  directeur  de  l'Institut. 

—  Signalons  aussi,  à  Florence,  l'ouverture,  au 
Musée  archéofogi(|ue,  de  cinq  salles  nouvelles,  consa- 
crées au  musée  topographique  étrusque,  et  inaugurées 
à  l'occasion  du  Congrès  national  des  sciences,  qui 
vient  de  se  tenir  à  Florence.  Ces  nouvelles  salles 
font  le  plus  grand  honneur  a  l'érudition  et  à  l'inces- 
sante activité  du  directeur  du  musée  archéofogique, 
M.  le  professeur  Milani,  à  qui  l'on  doit  déjà  tant 
d'accroisements  et  d'améliorations. 

A  Londres.  —  L'exposition  annuelle  de  la  Society 
of  portrait  painters  vient  d'ouvrir  ses  portes  à  la  New 
Gallery.  P.irrai  les  œuvres  les  plus  remarquées,  citons  : 
un  portrait  déjeune  fille  de  M.  Sargent,  daté  de  1890 
et  qui  est  un  des  meilleurs  de  cet  artiste  qu'on  ait  vus 
à  Londres  ;  cinq  toiles  de  M.  W.  Orpen,  dont  deux 
intérieurs  avec  de  petites  ligures  ;  un  portrait  de 
M.  Jacques  Blanche  par  lui-même,  qu'on  s'accorde 
à  louer  pour  sa  recherche  et  son  goût  ;  M'"  von  Meister, 
un  arrangement  en  bleu  et  noir,  de  M.  Lavery;  et 
diverses  toiles  de  sir  W.  Q.  Orchardson  et  de  M.  Ellis 
Hobert. 

Nécrologie.  —  Achille  Juctjuel,  qui  est  mort  à 
Paris  le  30  octobre  dernier,  était  né  en  1846  à  Cour- 
bevoie;  il  était  plus  jeune  de  cinq  ans  que  son  frère 
Jules.  Ce  dernier  avait  été  prix  de  Rome  en  1866; 
Achille  le  fut  en  1870.  Élève  d'IIenriquel-Dupont,  il 
avait  déjà  produit  (|uolques  pièces  estimables  quand 
il  partit  pour  la  \illc  Éternelle.  Dès  son  retour,  la 
reproduction  en  taille-douce  de  la  statue  de  Paul 
Dubois,  le  Couraye  militaire,  qui  lui  avait  été  com- 
mandée par  l'État,  le  mit  en  évidence  et  lui  valut  une 
médaille  de  seconde  classe  au  Salon  de  1877.  Dès  lors, 
il  fit  paraître  régulièrement  ses  interi^rétations,  et 
en  moins  de  dix  ans,  il  grava,  d'après  Bouguereau, 


270 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


1.1  l'ose:  d'après  Cabanel,  les  douze  mois  de  l'aiiiiéi', 
l-'lore  et  Psyché,  Opliélie,  Ilébeccn  et  Eliezer,  le  por- 
trait de  iW.  Mackay,  l'Èduculioii  de  saint  Louis  :  d'après 
le  Sodoiua,  V Évanouissement  de  sainte  l'otlieiine,  une 
des  œuvres  qui  lui  ont  fait  le  plus  honneur;  d'après 
Lépicië,  le  portrait  de  Caile  Veinet;  d'après  Meis- 
sonier,  le  Peintre  d'ensejr/nes.  A  une  époque  où  l'on 
s'arracha  les  gravures  d'après  Meissonier,  surtout  en 
Angleterre,  Achille  Jacquet  reproduisit  un  grand 
nombre  d'œuvres  de  l'auteur  de  ISI-'i  :  te  Guide,  tes 
Henseii/nements,  l'Atelier  du  peintre,  etc. 

Il  travaillait  entre  temps  pour  l'État,  et  on  lui  doit 
quelques  bellespièces  conservéesà  la  Chalcographie  du 
Louvre,  enirc  autres  le  Iriplyquedu  Calvaire  de  Man- 
tegna  (musée  du  Louvre  et  musée  de  Tours).  Son 
dernier  lrav.ail,  exposé  au  Salon  de  1908,  fut  la  trans- 
cription, également  comiuaiulée  par  l'État,  île  la 
Pietù  d'Avignon,  qui  est  maintenant  au  Louvre. 

H  avait  publié  dans  la  Itevue  :  le  portrait  de  Jou- 
venel  des  Ursins,  d'après  J.  Fouquet  (avril  1897);  — 
le  portrait  de  Joseph  ISertrand,  d'après  L.  Bonnat 
(juin  1891);  —  le  portrait  de  Camille  Saint-Suëns, 
gravure  originale  (novembre  1898)  ;  —  John  et  Theresa, 
d'après  Uej'nolds  (janvier  1899);  —  Lady  Crosbie, 
d'après  Ueynolds  (avril  1902);  —  Jean  Hacitie,  d'après 
Santerre  (décembre  1902);  —  et  le  portrait  de  M.  Jan- 
sen,  gravure  originale  (janvier  1905). 

Achille  Jacquet  avait  obtenu  la  médaille  d'honneur 
au  Salon  de  1889.  Il  appartenait  à  l'Académie  des 
beaux-arts  depuis  1892  et  il  était  otlicier  de  lu  Légion 
d'honneur. 

—  Peu  de  jours  après  la  mort  d'Achille  Jacquet,  on 
apprenait  celle  du  peintre  Ernest  Hébert,  membre  de 
l'Institut,  grand-croix  de  la  Légion  d'honneur,  décédé 
le  !i  novembre  à  La  Tronche,  i)rès  de  Grenoble,  des 
suites  d'un  refroidissement  qu'il  avait  contracté  en 
prenant  des  croquis  dans  la  campagne.  Il  était  âgé 
de  91  ans. 

Antoine- Auguste-Ernest  Hébert  était  ne  à  La 
Tronche,'  le  3  novembre  1817;  il  appartenait  à  une 
famille  de  bourgeoisie  cultivée  qui  le  destinait  à  la 
magistrature.  A  l'âge  de  18  ans,  il  se  rendit  à  Paris 
pour  faire  son  droit,  mais  ses  goûts  d'art   le   tirent 


bienli'il  entrer  dans  l'atelier  de  David  d'Angers,  puis 
dans  celui  de  Paul  Delaroche,  qu'il  quitta  en  1839, 
ayant  obtenu  cette  année-là  le  prix  de  Home,  sur  ce 
sujet  :  la  Coupe  de  Joseph  trouvée  dans  le  sac  de 
Benjamin.  Celle  même  année,  il  avait  exposé  au 
Salon  Le  Tasse  en  jirison  (musée  de  Grenoble,.. 

De  Rome,  M.  Hébert  envoya  deux  Odalisques  qui 
furent  remarquées.  Après  son  retour  à  Paris,  il  exposa 
aux  Salons  de  1847  et  1818  une  Héverie  orientale,  la 
Sicile,  l'Aimée,  etc.;  en  IS.'iO,  lu  Malaria  (aujourd'hui 
au  Uiusée  du  Luxembourg),  le  Haiser de  Judas  [Wi^); 
puis  il  voyagea  en  Italie  et  en  Allemagne.  Parmi  les 
oeuvres  qu'il  donna  ensuite,  citons  :  la  Crescenza,  les 
Fiénaroles,  les  Filles  d'Alvito,  Hoso  Sera  à  lu  fon- 
taine, les  Cervarijlles  (musée  du  Luxembourg),  une 
Hue  lie  Cervara,  Jeune  fille  ait  puits.  Adam  et  Eve 
chassés  du  Paradis,  la  Muse  populaire  italienne,  la 
Sultane,  Sainte  Ai/nès,  Muse,  Au.r  héros  sans  r/toire, 
le  Général  de  Miribel,  le  Sommeil  de  l'Enfant  Jésus, 
la  Vierr/e  au  chasseur.  Fleur  d'oubli,  l'Addolorala,  et 
de  nombreux  portraits,  surtout  de  femmes  et  d'enfants: 
M"  E.  Hébert.  M"'  Hotlander,  M"'  Jules  Claretie,  la 
comtesse  GreffuUie,  la  marguise  des  Cars,  M"'  Caune, 
etc.  Il  a  exécuté,  en  outre,  le  modèle  de  la  mosa'i'que 
de  l'abside  du  Panthéon. 

M.  Ernest  Hébert  fut  deux  fois  directeur  de  r.\ca- 
déniie  de  France  à  Uome.  de  1867  à  1873  et  de  1885  à 
1891.  Professeur  à  l'Ecole  des  beaux-arts,  il  avait 
obtenu  une  médaille  do  1"  classe  en  1851,  une  mé- 
daille semblable  à  l'Exposition  universelle  de  ls58, 
une  de  2*  classe  à  l'Exposition  de  1867.  un  grand  prix 
aux  Expositions  de  1889  et  de  1900,  et  la  médaille 
d'honneur  en  1895  avec  le  Sommeil  de  l'Enfant  Jésus. 
Nommé  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  en  1853,  il 
fut  promu  otlicier  en  1867,  commandeur  en  1874, 
grand-ollicier  en  l'JOO,  grand-croix  en  1903. 

M.  Hébert  était  le  doyen  de  l'Académie  des  beaux- 
arts  où  il  avait  été  appelé  à  succéder  à  Couder  en  1874. 

Rappelons  que  M.  J.  Claretie  a  consacré  deux  arti- 
cles à  Ernest  Hébert  dans  la  Itevue,  t.  XX,  p.  401  et 
t.  XXI,  p.  53. 

—  On  annonce  la  mort  du  peintre  et  illustrateur 
Alfred  Paris,  décédé  à  l'âge  de  61  ans. 


CHRONIQUE    DES   VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

"Ventes  à  Paris.  —  Tapisseries,  etc.  — 
Quelques  prix  à  signaler  sinipleineut  parmi  les 
résultats  d'une  vacation  anonyme  qui  a  eu  lieu 
le   7    novembre,   salle  6,   sous  la  direction    de 


M^:  l.air-Dubreuil  et  de  MM.  l'aulme  et  Lasquin, 
et  a  produit  40.227  francs. 

Sur  la  demande  de  8.000  fr.,  a  été  adjugée 
8.150  fr.,  une  tapisserie  du  xvu*  siècle,  repré- 
sentant un  Retour  triomphal,  d'une  fabrication 
antérieure  à  ta  création  de  la  Manufacture  royale 
des  Gobelins.  Notons  encore  :  Tapiss.  tlamande. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


277 


Verdure,  1.700  fr.  —  Tapis,  flamande.  Sujet 
de  l'histoire  ancienne,  1.060  fr.  —  Deux  potiches, 
anc.  porcel.  de  Chine,  personnages,  sur  fond 
vert,  à  marbrures,  2.400  fr.  —  Deux  potiches, 
anc.  porcel.  du  Japon,  11.000  fr.  —  Bureau  plat, 
à  quatre  faces,  bois  de  placage,  ép.  Louis  XV 
(sans  garantie),  1.800  fr. 

Vente  de  la  collection  de  M.  B]adin 
(livres,  estampes,  etc.).  —  Cette  réunion  d'ob- 
jets d'art  anciens  de  toute  espèce,  mais  de  bonne 
qualité,  a  obtenu  des  prix  d'adjudication  fort 
lionorables.  Faite  salle  11,  le  9  novembre,  par 
le  ministère  de  M"  Lair-Dubreuil  et  de  MM. 
l'aulme,  Lasquin  et  I.eclerc,  cette  vente,  qui 
avait  fait  l'objet  d'un  catalogue  illustré,  a  pro- 
duit 'lS.920  francs. 

Parmi  les  recueils  de  gravures  de  modes,  un 
exemplaire  complet  du  Journal  des  Dames  et  des 
Modes,  par  La  Mésangère,  est  monté  à  6.9bO  fr. 
sur  la  demande  de  i'.OOO  ;  et  sur  l'estimation  de 
4.000  seulement,  un  Recueil  de  costumes  du 
XVII'  siècle  a  été   poussé  jusqu'à  5.820  francs 

On  remarquera  d'autres  bons  prix  dans  la 
liste  des  principales  enchères  que  nous  donnons 
ci-après.  Ce  qui  prouve  que,  même  en  début  de 
saison,  les  objets  dans  le  goiit  du  jour  et  de  belle 
condition,  comme  c'était  le  cas  ici,  sont  toujours 
assurés  d'être  disputés  par  les  connaisseurs. 

Les  honneurs  de  la  vacation  ont  été  pour  une 
des  dentelles,  un  dessus  de  lit  en  Venise  ancien, 
plat  et  à  relief  de  2">20  sur  2™  16,  adjugé  8.500  fr. 

PRINCIPAUX    PRIX 

LivKBS  A  FiouKES.  —  3.  Bouchef.  Uecueil  des  figures 
dessinées  par  Boucher  et  gravées  par  Laurent  Cars 
pour  les  œuvre.s  de  Molière,  épr.  à  1  état  deaux- 
fortes,  avant  lettre,  dessins,  etc.,  réunies  en  un  vol., 
1.669  fr.  —  5.  Galerie  universelle,  portraits  gravés  par 
Gautier-Dagoty,  2.220  francs. 

Recueils  ue  costu.mes.  —  9.  Costumes  du  xvii'  s. 
(souverains  et  souveraines,  princes  et  princesses, 
prélats),  Ui90  à  lfi96,  369  pi.  en  4  vol.,  5.520  fr.  (dem. 
4.000).  —  11.  Costumes  du  xvii'  s.,  104  pi.,  1.000  fr. 

—  28.  Six  pièces  coloriées  par  Dupin,  d'après  G.  de 
Saint- Aubin,  1.810  fr.  —  40.  Costumes  et  annales 
des  grands  théâtres  de  Paris.  Paris,  Janinet,  1786- 
1789,  4  vol.  10-4»,  exempl.  en  grand  papier,  2.000  fr. 

—  42.  La  .Mésangère,  Journal  des  dames  et  des  modes, 
1797-1839.  E.xempl.  de  la  collection  complète  des 
3.624  planches,  6.950  fr.  (deui.  5.000).  —  43.  Uebu- 
court.  Modes  et  manières  du  jour,  40  pi.,  grande 
marge,  3.305  fr.  (dem.  3.000). 

Rei.iukes.  —  48.  Nicolas  Viguier.  Tiuiclé  de  l'An- 
cien Estai   de   la   Petite  Bretagne,   1619,    inarocpiiu 


olive,  semé  de  fleurs  de  lis,  exempl.  aux  armes  et  au 
chiffre  de  Louis  XIII,  2.500  fr.  —  50.  Fr.  de  Cauvigny. 
Histoire  universelle  de  Trogue  Pompée,  1623,  mar. 
rouge,  palmes  à  petits  fers,  plats  couverts  de  losanges 
formés  d'un  double  A,  reliure  deClovis  Eve,  exempl. 
d'Anne  d'Autriche,  3.180  fr.  (dem.  2.000). 

AcKKiHAPiiEs.  —  55.  Contrat  de  mariage  de  Louis  de 
Lorraine,  duc  de  Joyeuse  et  de  Françoise-Marie  de 
Valois, signé  par  LouisXIVettouslesprinces  et  grands 
diffnilaircs  de  la  Couronne.  Compiègne,  8  août  1649, 
l..'JOO  fr.  (dem.  1,500). 

Estampes  anciennes.  —  58.  D'après  Boucher,  Fête 
de  Flore,  grav.  en  imit.  de  pastel,  par  L.  Bonnet, 
impr.  en  couL,  marge,  cadre  ancien,  1.250  fr.  —  66. 
Debucourt  La  Promenade  publique,  1792,  impr.  en  . 
coul.,  cadre  anc,  1.400  fr.  —  67.  La  Rose  mal  défendue, 
impr.  en  coul.,  remraargée,  1100  fr.  —  70.  D'après 
Dciwnmann.  Portrait  de  la  Duchesse  de  Devonshire, 
par  F.  Bartolozzi,  impr.  en  coul.,  marge,  2.000  fr.  — 

87.  D'après  N.  Lavreince.  L'Aveu  difficile,  par  Jani- 
net, impr.  en  coul.,  marge,  1.500  fr.  (  dem.  2.000).  — 

88.  La  Comparaison,  par  Janinet,  impr.  en  coul., 
avant  toutes  lettres,  marge  (repr.  dans  la  marge), 
cadre  ancien,  3.200  fr.  (dem.  4.500).  —  89.  D'après 
Th.  Lawrence.  Miss  Farren  en  pied,  par  F.  Bartolozzi, 
avant  la  lettre,  impr.  en  bistre,  petite  marge,  1,100  fr. 
(dem.  2.000).  —  93.  Lecœur.  Les  Chagrins  de  l'en- 
fance, d'après  Mouchet,  impr.  en  coul.,  marge, 
3.550.  —  99.  D'après  Aug.  de  Saint-Aubin.  Le  Bal 
paré,  le  Concert,  par  Duclos,  deux  épr.  avec  l'adresse 
de  Chéreau,  marge,  1.610  fr. 

ÉvE.xiAM.s.  —  126.  Éventail  ép.  Louis  XV,  feuille  à 
laquar.,  grande  composition  à  sujet  mythologique, 
1.500  fr.  —  128.  Éventail  ép.  Louis  XVI,  gouache, 
composition  dans  le  goût  de  Lavreince,  jeunes 
femmes  se  livrant  au  plaisir  de  la  pêche  à  la  ligne, 
monture  écaille  gravée  et  découpée  à  jour,  1.950  fr. 
—  129.  Éventail,  ép.  Louis  XVI,  feuille  soie  brodée 
dor  et  de  paillettes,  trois  médaillons  sujets  galants, 
monture  découpée,  composition  :  M.  de  Bellegarde 
aux  pieds  de  la  reine  Marie-Antoinette,  2.500  fr. 

Dentelles  a.xcienxes.  —  133.  Volant  Venise  à  relief 
(haut.,  26  cent.,  long.,  1  m.  20  et  1  m.  15),  1.660  fr.  — 
134.  Dessus  de  lit,  Venise  ancien,  plat  et  à  relief 
(2  m.  20  et  2  m,  16),  8.500  fr.  —  136.  Fichu  Venise, 
xvni"  siècle,  1.050  fr. 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Tableaux 
modernes,  etc.  —  Une  vente  importante,  de 
composition  très  mêlée,  aura  lieu  du  23  au 
20  novembre,  salles  9,  10  et  11,  par  le  ministère 
de  M°»  Coutanceau  et  Lair-Dubreuil  et  de  MM.  G. 
Petit,  Th.  Bonjean,  Caillot,  Paulme  et  Lasquin 
fils.  Elle  comprend  des  tableaux  et  dessins  mo- 
dernes, des  gravures  du  xviii"  siècle,  des  objets 
d'art  et  d'ameublement  anciens  et  modernes,  le 
tout  indiqué  comme  appartenant  à  M.  X... 


278 


LE    BULLETIN    DE    LAHT 


Un  catalogue  illustré  a  été  dressé  à  l'occasion 
de  cette  vente  ;  nous  y  remarquons  en  particulier  : 

Du  côté  des  tableaux  modernes  :  la  Sortie  du 
lycée  Condorcet,  par  M.  Jean  Béraud;  la  Nuit,  par 
Chaplin;  Mer  agitée,  côte  de  Hollande,  par  Clays; 
la  Chaumière,  par  Jules  Dupré;  la  Surprise  et  le 
Hepos  après  le  Bain,  par  Eantin-Latour;  Bords  de 
l'Allier,  par  Harpignies;  Jeune  fille  en  prière 
(l'Orpheline),  par  Henner;  le  Port  à  marée  basse, 
par  E.  Isabey  ;  Intérieur  de  bergerie  elle  l'oulailler, 
par  Cb.  Jacque;  Vue  d'Anvers  et  En  Hollande; 
clair  de  lune  sur  un  canal,  par  Jongkind;  la  Den- 
tellière, par  F.Uops;  la  l'arlic  de  cartes,  par  Hoy- 
bet;  Au  pâturuge,  par  Van  Marcke;  Venise,  quai 
des  Esclavons  et  le  Grand  Canal  à  Venise,  par 
Ziem  ;  enfin,  le  Départ,  par  J.-L.  Brown. 

Du  côté  des  aquarelles,  dessins  et  pastels  : 
Rêverie,  par  Chaplin;  Retour  de  chasse,  par  J.-L. 
Brown;  Marché  aux  fleurs,  par  V.  Gilbert;  l'Enlè- 
vement de  Colombine,  par  Maurice  Leloir;  la 
Moisson,  par  Veyrassat;  Laveuses  à  Moret  et  A  la 
fontaine,  par  Lhermitte,  le  Vieux  port  de  Marseille, 
par  Ziem. 

Négligeons  les  faïences  et  porcelaines,  les  gra- 
vures et  dessins  du  xviu"  siècle,  les  objets  de 
vitrine,  les  ivoires  japonais,  mais  signalons,  entre 
autres  pièces  d'orfèvrerie  d'argent  ancienne  et 
moderne,  une  paire  d'aiguières  ou  hanaps  en 
forme  de  casques,  avec  leurs  bassins  en  argent 
fondu,  ciselé  et  gravé,  en  Vieux  Paris  d'époque 
Hégence  ;  une  autre  aiguière,  mêmes  forme  et 
époque,  qui  provient  de  la  vente  du  comte  de  la 
Béraudière;  une  paire  de  saucières  en  Vieux 
Paris,  du  milieu  du  xvm"  siècle,  même  prove- 
nance; une  soupière  couverte  du  xviii»  siècle  ; 
enlin,  parmi  les  objets  d'art  et  d'ameublement, 
bronzes  et  meubles  anciens  et  modernes,  conten- 
tons-nous de  signaler  une  petite  pendule  et  une 
paire  de  petits  bougeoirs  en  porcelaine  de  Saxe, 
montée  en  bronze,  et  deux  écrans  de  style 
Louis  XV!  munis  de  feuilles  en  ancienne  tapis- 
serie du  xviii»  siècle. 

.M.  N. 

ï«?afâ»rfaa«'aeiii3«e(S^(ebe*i»îi»îi>'5»e«'aes»î(j3^,g^^5^ 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Société  internationale  de  la  gravure  ori- 
ginale en  noir  (Nouvelle  Galerie  Devambez)  — 
Loi  de  la  vie,  la  lutte  ne  chôme  jamais;  et  la 
prompte  expansion  de  l'estampe  polychrome  a 


réveillé  la  gravure  monochrome  :  l'année  nous 
en  aura  fourni  dfux  fois  la  preuve.  Kéuni,  dès 
janvier,  par  M.  Edouard  André,  ce  nouveau 
groupe  inaugure  sa  propagande  pour  les  beaux 
noirs,  sous  la  présidence  de  M.  Rodin,  le  maître 
d'énergiques  pointes-sèches.  Plus  soucieux  du 
détail  dans  les  (ins  portraits  de  M.  Frianl,  ce 
genre  de  gravure  a  pour  virtuose  M.  Emile 
Lequeux,  l'auteur  des  Cygnes  et  d'un  Soir  à 
Bruges.  Le  bois  n'est  ici  représenté  que  par  la 
coupe  hardie  du  ])'  l'aul  Colin;  la  lithographie, 
par  le  crayonnage  audacieux  de  M.  Hochard  et 
les  admirables  lavis  de  .M  l.unois.  Gravure  vrai- 
ment gravée,  l'eau-forte  domine  et  prouve,  une 
fois  de  plus,  que  la  couleur  ne  relève  pas  que  des 
teintes.  A  côté  de  plusieurs  étrangers  nomades, 
le  Hollandais  Evert  van  .Muyden.  le  Tchèque 
François  Simon,  les  Suédois  Schwab,  Zoir  et 
Larsson,  l'eau-forte  française  excelle  à  retenir 
sur  le  miroir  mystérieux  du  cuivre  les  reliques 
menacées  d'autrefois  :  M.  Brunet-Debaines  et 
M.  Ilillekamp  chérissent  le  vieux  Rouen,  comme 
.M.  Charles  Jouas,  du  haut  des  contreforts  de 
Notre-Dame,  observe  la  lumineuse  métamor- 
phose où  disparaissent  la  Tour  de  Dagobert  et 
le  vieil  Hôtel-Dieu;  M'"»  Dominique  Jouvet- 
iMagron  sait  le  chemin  de  Saint-Julien-h-Pauvre, 
et  pénètre  au  Vieux  charnier  de  Saint-Gervais  ; 
vu  par  M.  Michel  Cazin,  le  quartier  Saint- 
Jacques,  avec  le  dôme  de  Soufflol,  prend  un 
aspect  de  Rome  ;  amis  des  faubourgs  ou  des  men- 
diants, .MM.  Reneferet  Naudin  laissent  Versailles 
aristocratique  à  M.  de  Latenay;  la  province  nor- 
mande et  bretonne  attire  ou  retient  M.M.  Dalle- 
magne,  Brémond,  Péters-Destéract,  Le  Meilleur 
et  Gobô,  tandis  qu'un  voyageur,  M.  Gabriel, 
rattache  joliment  ses  minuscules  eaux-fortes  de 
peintre  à  la  tradition  des  siècles  passés. 

Mary  Cassatt  Igaleries  Durand-Ruel  |.  - 
Depuis  les  heureux  intérieurs  de  Chardin,  jus- 
qu'aux tragiques  intimités  de  Carrière,  les  expo- 
sitions de  1907  nous  proposaient  silencieusement 
l'histoire  de  l'Ame  framaise  dans  sa  plus  pure 
expression  :  le  sentiment  maternel.  A  cette 
psychologie  suggérée  par  des  Ions  sur  la  toile, 
une  Américaine,  élève  de  M.  Degas,  apporte, 
depuis  un  quart  de  siècle,  une  contribution 
robuste.  Point  d'emphase  plébéienne  ni  d'enji'- 
livements  mondains!  Tableaux  ou  pastels  sem- 
blent tous  des  portraits;  et,  cependant,  chacun 
d'eux  exalte  cet  amour  qui  divinise  l'instinct  : 
sang  pose,  la  mère  allaite  son  bébé  paisible:  ii 


ANCIEN    ET    MODERNE 


279 


riieure  du  bain,  la  grande  sœur  rit  dans  la  glace 
à  la  lillette  nue.  Le  regard  étreint,  comme  le 
geste.  Et  la  caresse  est  saine,  comme  la  ligne  : 
car  cette  amie  de  nos  impressionnistes  a  gardé 
la  religion  du  dessin,  qu'elle  retrouve  aux  heures 
plus  élégantes  de  la  Loge  ou  du  Thé. 

Expositions  diverses.  —  La  sincérité  com- 
mande le  respect  :  témoin  rexposition  déjà 
rétrospective  de  M.  Guillaumin,  chez  Hosen- 
berg,  et  les  récents  ouvrages  de  M.  Odilon 
Hedon,  chez  Druet  ;  depuis  plus  de  (juaranto 
ans,  on  sent,  chez  le  premier,  l'amour  de  la 
campagne,  troublé  par  l'orage  criard  de  l'im- 
pressionnisme et  souvent  trahi  par  de  fausses 
notes  ;  et  quand  l'autre  échappe  à  son  cauchemar 
hanté  par  Bresdin  et  Gustave  Moreau,  c'est  pour 
calmer  nos  yeux  avec  de  tendres  harmonies  ou 
paslelliser  amoureusement  des  Heurs  ingénues. 
I, 'évolution  de  l'aquarelle  nous  conduit  de  la 
galerie  des  Artistes  modernes  à  la  galerie  (ieorges 
Petit,  —  des  corrections  de  M.  Luis  Jimenez,  un 
Espagnol  sédentaire,  qui  préfère  modestement 
Pontoise  à  Séville,  aux  notes  voyageuses  et  pit- 
toresques d'une  femme  peintre  et  sculpteur, 
Mme  Georgelte  Agutte  (lisez  M""^  Marcel  Sembat)  : 
encore  une  admiratrice  de  Gustave  Moreau,  qui 
délaisse  le  rêve  pour  courir  le  monde,  associant, 
dans  sa  passion  du  changement,  les  glaciers  de 
l'Oberland  et  le  soleil  d'Egypte,  le  Vésuve  et  la 
neige,  les  roches  rouiies  du  Trayas  et  les  lacs  du 
Tyrol,  miroir  de  ce  Kœnigssee,  moins  fatal  au 
regard  enivré  des  peintres  qu'à  l'illusion  senti- 
mentale des  poètes 

UAY.M0ND     UoUVEn. 


CORRESPONDANCE  DE  VENISE 


Les  travaux  de  restauration 
à    la    basilique    de    Saint -Marc. 

La  cliute  du  campanile  de  Saint-Marc,  en 
190:i,  provoqua  des  ci'aintes  très  vives  au  sujet 
de  la  basilique.  Une  commission  fut  instituée 
pour  sauvegarder  l'antique  édifice,  et  deux 
architectes  de  talent,  MM.  Manfredi  et  Louis 
Marangoni,  furent  appelés  à  diriger  les  travaux 
de  restauration  jugés  imlispensables.  Après  le 
départ  de  M.  Manfredi  pour  Home,  M.  Maran- 
goni  est   resté  seul  à  la  tête  de  ces  opérations 


délicates  qui  exigent,  ainsi  qu'on  va  le  voir, 
autant  de  goût  que  d'esprit  d'organisation. 

Actuellement,  M.  Marangoni  est  en  train  de 
restaurer  l'angle  nord-ouest  de  la  basilique. 
Nous  avons  pu  nous  rendre  compte,  sur  place, 
du  soin  avec  lequel  est  conduite  l'entreprise. 
Pour  en  comprendre  le  caractère,  il  faut  se  sou- 
venir que  la  construction  de  la  cathédrale  de 
Saint-Marc  a  subi  deux  phases  principales.  La 
première  est  antérieure  à  la  prise  de  Constan- 
linople  par  le  doge  Henri  Dandolo  en  1204,  la 
seconde  postérieure  à  cette  date.  L'église  primi- 
tive, reconstruite  en  970  après  un  incendie, 
avait  des  murs  en  briques  et  ressemblait,  par 
son  appareil,  aux  cathédrales  actuelles  de  Mu- 
rano  ou  de  Torcello.  Après  la  victoire  de  Dan- 
dolo, elle  fut  agrandie  et  revêtue  de  marbres 
apportés  en  grande  partfe  d'Orient. 

L'angle  nord-ouest  (dit  de  Sant'Alipio)  remonte 
à  la  seconde  phase  et  a  été  gagné  sur  un  ancien 
cimetière,  de  sorte  que  les  pilotis  sur  lesquels  il 
repose  ont  été  plantés  dans  une  terre  pleine 
d'ossements  en  putréfaclion.  Ce  fait  n'a  pas 
tardé  à  débiliter  la  construction  à  cet  endroit  et, 
déjà  en  1779,  le  pilier  d'angle  s'était  affaissé,  de 
telle  sorte  qu'on  fut  obligé  de  le  solidifier  par 
un  tirant  de  fer  accroché  à  l'intérieur  de  la 
basilique.  Ce  tirant  a  empêché  le  pilier  de  s'ef- 
fondrer, mais  non  de  s'abaisser,  et  d'entraîner 
avec  lui  les  pans  avoisinants.  lin  tel  état  de 
choses  ne  pouvait  durer.  Aussi  une  des  pre- 
mières entreprises  du  comité  de  restauration 
fut-elle  de  remédier  à  ce  danger.  M.  Marangoni 
fut  chargé  de  solidiiier  l'appareil  du  mur  on  lui 
créant  une  nouvelle  base. 

Pour  pouvoir  accomplir  sa  tâche,  l'architecte 
n'a  négligé  aucun  soin.  Comme  il  s'agissait  avant 
tout  de  dégarnir  momentanément  les  murs  de 
leur  revêtement  de  marbre,  il  a  établi  tout 
d'abord  un  plan  sur  lequel  chaque  détail  de  la 
décoration  était  largement  noté  au  fur  et  à 
mesure  que  les  objets  s'enlevaient.  Ensuite, 
chaque  objet  (plaque  de  marbre,  colonnette, 
chapiteaux,  plinthe,  niches,  etc.)  était  enveloppé 
d'étoupe  et  de  papier  et  emballé  dans  des  caisses, 
ou  bien  classé  dans  un  petit  musée  et  doté  d'un 
numéro  correspondant  à  celui  du  relevé.  En 
procédant  à  ce  travail  de  dégarnissage,  les  archi- 
tectes, M.  Marangoni  et  son  assistant  M.  Otto- 
lini,  ont  fait  des  tiécouvertes  intéressantes.  Ils 
ont  letrouvé  ici  un  pilastre  de  l'éditiae  primitif, 
là  une  mosaïque  du  ix^  siècle,  dont  la  douceur 
de  teintes  est  une  merveille  de  goût  et  met  en 


280 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


relief  la  finesse  du  sens  esthétique  chez  les  habi- 
tants primitifs  de  la  lagune  vénitienne. 

Les  anciens  pilotis,  réduits  en  poudre  par  la 
moisissure,  dont  la  longueur  ne  dépassait  pas 
0™75,  ont  été  remplacés  par  de  fortes  poutres 
mesurant  en  longueur  3"'80,  ce  qui  exclut  tout 
danger  à  l'avenir,  liien  n'est  plus  intéressant  que 
de  voir  enfoncer  ces  pilotis  par  cinq  ou  six 
ouvriers  qui  soulèvent  un  poids  et  le  laissent 
retomber  sur  la  poutre.  L'un  d'entre  eux  marque 
la  mesure  en  chantant  une  grave  mélodie  dont 
l'accent  retombe  régulièrement  sur  le  moment 
où  l'effort  principal  doit  être  donné.  Ainsi  les 
plus  durs  travaux  s'accompagnent  d'une  note 
artistique  dans  cette  incomparable  Venise,  où 
tout  nous  parle  d'art  et  de  beauté. 

C.  DE  Mandach. 

LES      REVUES 


Fra.ncf. 

Journal  des  Débats  (2.'i  septembre).  —  Article  de 
M.  G.  Maspéiu)  sur  les  Fouilles  en/reprises  par  M.  Mac 
Iver  en  Nubie,  oi'i  l'on  a  découvert,  au.\  alentours  de 
l'ancienne  ville  de  Priinis,  l'Ibriiii  moderne,  des  tom- 
beaux de  personnaj^es  nobles,  tombeaux  probable- 
ment postérieurs  au  n'  et  antérieurs  au  v  siècle  après 
Jésus-Christ. 

—  (27  octobre).  —  M.  André  Miciirl,  au  cours  d'un 
récent  voyage  en  Italie,  a  pu  voir  la  Cène  de  lAonard 
de  Vinci  récemment  restaurée,  et  donne  son  impres- 
sion sur  ce  travail,  qui  a  été  fait  avec  une  conscience 
et  un  soin  infinis  :  au  moyen  d'un  enduit,  on  a  ratta- 
ché au  uuir  d'où  elles  tombaient  les  menues  par- 
celles de  peinture,  et  l'on  se  propose  d'abriter  désor- 
mais dans  une  cage  de  verre  ce  qui  reste  ainsi  préserve 
du  Cenitcolo  de  Saiute-Marie-des-(iràces.  Un  résultat 
inattendu  de  cette  restauration,  c'est  d'accuser  trop 
précisément  les  endroits  d'où  la  peinture  esta  jamais 
partie  :  le  chef-d'œuvre  a  perdu  ce  «  llou  »,  qui  per- 
mettait au  visiteur  de  le  reconstituer  par  l'imagination. 

(2  novembre).  —  Compte  rendu,  par  M.  G.  Miokon, 
des  dernières  fouilles  allemandes  dans  le  Turkestan. 

(6  novembre).  —  M.  André  IIai.lavs  consacre  son 
article  hebdomadaire  au  l'arc  de  Walleau,  à  Nogent- 
sur-Marne  :  cette  admirable  |)ropriélé,  téniiiin  des 
derniers  jours  de  l'auteur  de  l' Embarquement  pour 
Cuillère,  est  menacée  de  destruction  par  le  percement 
projeté  d'une  avenue.  Les  propriétaires  réclament  le 
classement,  en  vertu  de  la  loi  sur  la  protection  des 
paysages. 


Angleterre 

Burlington  Magazine  août).  —  M.  CecilH.  Smith 

public  un  buxl(>  en  bronze  de  l'empereur  Commode, 
qui  appartient  à  M.  G.  Salting,  et  le  date  des 
années  186-192  environ. 

—  Un  bol  de  l'époque  des  Miny,  avec  une  monture 
en  argent  du  dernier  quart  du  xvi*  siècle,  est  étudié 
par  MM.  E.  A.  Jo.nes  (pour  la  monture)  et  S.  W. 
BusiiKLt  (pour  la  céramique). 

—  M.  Roger  E.  V\\^  e-^aaûne  les  manuscrits  anglais 
à  miniatures  ayant  figuré  à  la  récente  exposit'on  du 
«  Burlington  Fine  Arts  Club  >>. 

—  Le  médaitîeur  Lijsippe  le  jeune  (qui  travaillait 
à  Home  pendant  le  dernier  quart  du  xv*  siècle),  par 
G.  Hn.i.,  avec  le  catalogue  et  la  reproduction  de  ses 
œuvres. 

—  (Septembre).  —  L'école  française  à  la  National 
Gallery,  à  propos  des  récentes  acquisitions  de  la 
National  Gallery,  qui  comprennent  plusieurs  pein- 
tures de  l'école  française.  Le  Bulletin  les  a  d'ailleurs 
énumérées  récemment  (n"  393)  et  il  a  reproduit  à  ce 
propos  une  erreur  de  désignation  assez  plaisante, 
qui  a  fait  le  tour  de  la  presse,  en  donnant  pour  titre 
à  la  Parade  de  G.  de  Saint-Aubin  (qui  représente  une 
baraque  foraine  devant  laquelle  deux  comédiens 
attirent  le  public  par  des  pitreries),  le  titre  de  Revue 
de  troupes  qui  signifie  tout  autre  chose. 

—  Un  Watteau  dans  la  collection  Jones,  par  Claude 
Phu.lips  :  c'est  une  peinture,  qu'on  appelait  l'Escar- 
polette ou  te  Printemps  et  qu'on  attribuait  jusqu'ici 
modestement  à  l'école  française  du  xvni"  siècle,  et 
que  M.  Cl.  Phillips  restitue  au  maitre  de  l'Embar- 
quement pour  Cythère. 

—  ha  coiffure  des  anciens  Grecs,  par  A.  Kobstek, 
d'après  les  statues,  les  bas-reliefs,  etc. 

—  (Octobre).  —  L'art  sérieux  de  Thomas  Rowland- 
son,  par  Selwyn  Imaoe.  —  Itowlandson  est  surtout 
considéré  comme  un  caricaluriste,  mais  M.  S.  Image 
le  classe  parmi  les  plus  grands  maîtres  de  l'école 
anglaise  et  le  démontre  en  étudiant  plusieurs  de  ses 
œuvres  où  il  app.irait  comme  un  peintre  de  mœurs 
très  liu  et  très  spirituel,  où  il  fait  valoir  une  remar- 
quable science  du  dessin,  un  sens  exquis  de  la  beauté, 
surtout  de  la  beauté  féminine,  et  un  don  véritable  de 
la  couleur,  toutes  choses  sur  lesquelles  ou  n'a  pas 
assez  insislé  jusqu'ici. 

—  Trois  peintures  île  Tiirner,  par  C.  J.  Iloi  mfs  : 
le  Mutin  à  Mortlahe,  l-i  Tempête,  Après  la  tempête 
(à  MM.  Knocdicr). 

—  Tapis  orientaux,  pur  J.  Stb/.vuo«ski. 

—  Un  émail  de  Monraerni  {'!),  de  la  colleclion 
Kann,  de  New- York,  ])ar  J.-J.  Mahiii'kt  dk  X'asskiih, 
représentant  le  l'Iirisl  devant  l'ilulv. 

Le  (iérant  :  H.  Denis. 

Pans.  —  Imp.  (jeortîns  Hcol.  lï,  rtie  (io<1ol-de-Msiiroi. 


Numéro  400. 


Samedi  28  Novembre  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN     ET     MODERNE 


A  propos  (le  la  mission  llonjaii 


Vous  rappelez-vous  qu'il  y  eut,  au  cours  de 
ces  dernières  années,  un  ministère  français  qui 
n'osa  pas  nommer  le  Père  Scheil  à  une  chaire  du 
Colli'ge  de  France  "? 

Le  Père  Scheil  est  le  savant  qui  a  tout  déchiffré 
dans  les  monuments  récemment  mis  au  Jour  en 
Susiane  ;  il  lit  le  code  d'Ammourabi  comme  vous 
lisez  votre  journal  ;  ses  découvertes  ont  renou- 
velé l'histoire;  grâce  à  lui,  on  peut  désormais 
affirmer  avec  certitude  des  faits  remontant  à 
b.OOO  ans  avant  Jésus-Christ. 

Il  était  d'ailleurs  présenté  en  première  ligne 
par  l'assemblée  des  professeurs. 

.Mais  il  avait  le  tort  irrémissible  de  porter  une 
robe  de  moine  :  il  ne  fut  pas  nommé. 

Il  aurait  pu  arriver,  la  semaine  dernière, 
quehiue  chose  d'analogue  :  sous  le  prétexte 
d'observations  présentées  par  la  Cour  des 
Comptes,  la  missio'n  de  M.  de  Morgan  fut  vio- 
lemment attaquée  par  quelques  membres  de 
l'exlrèmegauçhe,  déguisés,  pour  celte  occasion, 
en  défenseurs  des  règlements  de   comptabilité. 

1,e  ministre  de  l'Instiuction  publique  n'eut 
pas  de  peine  à  montrer  ce  qu'il  y  avait  sous  ces 
manifestations  inattehduesen  faveur  du  contrôle 
(inancier;  il  déclara  qu'il  n'était  pas  dupe  de 
certaines  indignations,  et  couvrit  hautement 
M  de  .Morgan  qui,  depuis  douze  ans,  a  risijué 
sa  santé  et  sa  vie  pour  rapporter  au  Louvre  des 
trésors  incomparables. 

Sur  l'intérêt  de  ces  superbes  débris  du  passé, 
sur  la  place  à  leur  assigner  dans  le  développe- 
ment de  l'humanité,  M.  de  .Morgan  a  bien  voulu 
se  charger  de  renseigner  lui-même  no.s  lecteurs, 
et  la  licrue  du  10  décembre  contiendra  son  pre- 
mier article  ;  je  n'insiste  donc  pas  sur  les  inap- 
préciables services  rendus  par  sa  mission. 

Je  voudrais  seulement  faire  connaître  un  fait 


dont  personne  n'a  parlé  :  c'est  que  si  le  ministre 
do  l'Inslruction  publique,  vigoureusement  sou- 
tenu, d'ailleurs,  par  son  collègue  des  Finances, 
a  pu  rappeler,  aux  applaudissements  de  la 
Chambre,  ce  que  le  monde  savant  doit  à  l'éner- 
gie, à  la  science  et  au  courage  de  M.  de  .Morgan, 
c'est  qu'il  avait  été  mis  au  courani  par  le  prési- 
dent du  Conseil  en  personne. 

Sans  bruit,  en  effet,  et  sans  l'ombre  d'une 
ostentation,  .M.  Clemenceau  avait  tenu  à  voir 
et  à  jugei'  par  lui-inème  ;  ne  connaissant  ni 
M.  de  Morgan,  ni  aucun  de  ses  collaborateurs, 
il  était  tranquillement  venu  au  Louvre  et  avait 
demandé  à  examiner,  dans  les  magasins,  le 
contenu  des-  cinquante-deux  caisses  qu'on  s'oc- 
cupait à  déballer. 

Il  ne  lui  fallut  pas  longtemps  pour  être  édifié  : 
les  interpellateurs  n'avaient  plus  qu'à  se  bien 
tcTiir... 

L'histoire  est  inédite  ;  j'ai  trouvé  intéress.int 
de  la  raconter  :  si  elle  est  à  l'honneur  du  prési- 
dent du  Conseil,  elle  prouve  aussi  qu'il  n'est  pas 
sans  utilité  pour  un  pays  d'avoir  à  la  tète  de 
son  gouvernement  un  homme  (|ui  s'intéresse 
aux  u'uvres  de  l'espiit  et  qui  a  la  passion  éclairée 
des  choses  de  l'art. 

StKI'IIANE. 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie    des  inscriptions  et  belles-lettres 

(sé.'ince  pid)liqiie  annuelle  du  20  novembre).  — 
M.  Ernesl  Hiibelon,  président,  iiyant  ouvert  la  .séance 
par  l'allocution  d'usage,  rendu  homiii.-ifje  aux  memliros 
de  la  Compagnie  décèdes  penrinnt  le  <leinier  exercice 
et  résumé  les  travaux  récompensés  p.ir  l'Académie, 
donna  la  parole  à  M.  (ieorgcs  Perrot,  secrétaire  per- 
pétuel, qui  lut  une  notice  sm-  la  vie  et  les  travaux  de 
(iaston  lioissier. 

Après  quoi,  M.  Henri  Cordier,  dans  une  très  curieuse 
étude  sur  la  Chine  en  France  au  W  III'  siècle,  recher- 
cha quelles  furent  les  influences  exercées  par  l'art  et 


282 


LE   BULLETIN   DE    L'ART 


la  littérature  du  Céleste  Empire  en  notre  pays  :  c'est 
an  xvi"  siècle  que  le  grand  empire  de  l'Asie  orientale 
et  8i)n  industrie  commencèrent  à  être  connus  en 
Europe,  mais  c'est  au  xviii'  surtout  que  l'on  montra 
en  l'rance  un  véritable  engouement  pour  la  Ctiine. 
M.  11.  Gordior  en  a  donné  de  nombreux  exemples  em- 
pruntés en  particulier  au  domaine  des  arts  :  chinoi- 
series et  singeries  de  Watteau,  de  Boucher,  de  Chris- 
tophe Huet;  imitation  de  porcelaines  de  la  Chine  à 
Délit,  en  Saxe,  à  Chantilly,  etc.;  tapisseries  à  décors 
ihinois  des  Gobelins  et  de  lîeauyais,  etc. 

Musée  de  'Versailles.  —  Les  héri tiers  du  j/rand 
lolloctionneur  M.  Mulb.acher  viennent  de  remettre  à 
l'État,  pour  le  musée  de  Versailles  à  qui  il  n  été  k'rtué, 
un  purlrait  de  Dncreux  par  lui  iiir'me. 

Au  Petit  Palais.  —  La  quatrième  commission  du 
Conseil  municipal  a  adopté  les  conclusions  d'un  rap- 
port de  M.  11.  Turot,  tendant  à  l'organisation  de  la 
collection  Dutiiit  eji  musée  du  soir,  ouvert  deux  fois 
par  semaine,  du  I"  janvier  au  1"  juin  190!).  Quin/c 
conférences  y  seront  faites  par  des  écrivains  darl, 
archéologues  et  collectionneurs,  sur  les  œuvres  com- 
posant l'ensemble  de  la  collection,  et  dix  promenades- 
conférences  par  le  conservateur. 

Au  Garde- Meuble.  —  L'administrateur  ilu  Uarde- 
Meuble  national,  M.  Dumontliier,  vient  de  découvrir, 
en  procédant  à  un  inventaire,  une  admirable  collec- 
liou  de  tentures,  aux  dessins  et  aux  broderies  du  style 
Kmpire  le  plus  pur.  Cette  collection  représente  une 
commande  faite  par  Napoléon  1"  aux  grandes  fa- 
briques de  soieries  de  Lyon,  qui  l'exécutèrent  et  la 
livrèrent  en  1812  et  1813.  Ces  tentures  étaient  desti- 
nées au  château  de  Versailles,  où  l'Empereur  voulait 
transporter  sa  cour.  Les  événements  l'empêchèrent 
de  mettre  ce  projet  à  exécution. 

École  des  hautes  études  sociales. —  Les  confé- 
rences sur  les  beaux-arts,  qui  auront  lieu  à  l'École 
lies  hautes  études  sociales,  16,  rue  de  la  Sorbonne, 
.ui  courant  de  l'année  scolaire  1908-lii09,  se  feront  le 
samedi  à  quatre  heures  un  quart,  et  seroni  spéciale- 
ment consacrées  à  l'art  italien. 

Elles  ont  commencé  le  14  novembre,  par  une  confé- 
rtnce  dé  .Vl.  Charles  Diehl,  sur  la  foriixilion  île  i'url 
Italien;  in/liirncex  élrangèies  el  Iradilioii.i  nnlio- 
tioii'iles;  —  le  21,  M.  C.  Enlarl  a  parlé  de  l'uichi- 
Icchire  rnmane,  et  voici  l'ordre  dans  lequel  auront 
lieu  les  prochaines  séances  :  tes  orii/ines  de  la  sciil- 
pline:  In  famille  des  l'isano,  par  M.  Emile  Bertaux 
(28  novembre);  —  In  peiiiUire  avant  Giotto,  par 
.M.  Charles  Diehl  (.">  décembre);  —  t'archi lecture 
;/i)lliii/iie  {le  l'alais  Vieux  de  Florence,  Milan,  firvieto. 
In  Cnltiédrale  de  Sienne),  par  M.  Camille  Enlart 
(12  décembre)  ;  —  Giotto  el  son  école,  par  M.Conrad 
de  Vlandach  (19  décembre);  — lespeinlres  de  l'école  de 
Sienne, par  M.  Pierre  Gauthiez  (9janvier);  —  Ghiberli: 
.Incnpo  delta  Quercia.  par  M.   Emile  Hertaux  (Ifi  jan- 


vier); —  la  Sculpture  florenline  :  Donalrllo  el  son 
école,  par  M.  Emile  Bertaux  (23  janvier);  Verrocchio. 
par  M.  Marcel  Reymond  (30  janvier);  —  les  llell'i 
Rohbin,  par  M.  Marcel  Reymond  (6  février):  —  In 
Peinture  florentine  :  Musaccio,  l.ippi,  par  M.  Léon 
Rosenthal  !l3  février);  ^  Fra  Anf/elico  et  son  école: 
Michelozzo,  par  M.  Henri  Cochin  (20  février);  —  liul 
ticelli  el  Ghirlandujo,  p.ar  AL  Henri  Ilauvelte  (21  fé 
vrier)  ;  — .  la  Toscane  el  les  Marches  :  l'iero  delln 
Francesca,  Melozzo  da  Forli,  Sir/norelli,  par  M.  Ilenii 
Marcel  6  mars); —  les  Ombriens  :  l'érni/in.  l'inln- 
ricchio,  par  M.  Gabriel  Kaure  (l'iiuars);  —  les  Véni- 
lietis  :  les  Vioarini,  Carpacrio,  les  Hellini.  par 
M.  Léon  liosenthal  (20  mars)  ;  —  Manlegna  el  son 
école,  par  .VI.  Salomon  Ueinach  [ï\  mars);  —  les 
f:coles  de  l'Ilalie  du  Sord  {Vérone,  Ferrare,  lioloi/ne. 
Milan],  ]iar  M.  Pierre  Gauthiez  (3  *vril  ;  — la  gra- 
vure avanl  Marc  Antoine,  par  M.  Léon  Itosentbal 
(10  avriL. 

Cours  et  conférences.  —  .Notre  collaboralrice 
M""  Louise  Pillion  reprendra,  dans  la  première  se- 
maine de  décembre,  ses  cours  d'histoire  de  l'art,  qui 
seront  donnés  soit  dans  une  salle  de  l'institut  Iludy 
;.i3,  avenue  d'Antinj,  soit  dans  les  musées,  soit  dans 
les  monuments  mômes  qui  feront  l'objet  du  cours. 

Le  cours  élémentaire  comprendra  une  hisloire 
sommaire  de  larchileclure  et  de  la  sculpture  depuis 
le  moyen  âge  juscpi'à  nos  jours  en  vingt  leçons.  ave<- 
visite  de  quelques  monuments;  ces  leçons  .uironl 
lieu  le  samedi  de  chaque  semaine,  à  dix  heures  el 
demie,  à  partir  du  samedi  u  décembre. 

Le  cmirs  supérii'ur  aura  pour  sujet  l'art  des  xvr  cl 
xvii"  siècles  en  dehors  de  la  France.  Sur  les  vingl 
leçons,  cinq  seront  données  dans  les  musées.  Elles 
auront  lieu  chaque  vendredi,  à  dix  heures  el  ilemie. 
à  partir  du  vendredi  i  décembre. 

Les  adhésions  sont  reçues  S,  rue  Ejosnil. 

Le  legs  Charles  Landelle.  —  Le  peintre  Charhs 
Landellc,  mort  au  début  de  ce  mois,  a  légué  à  l.i 
Société  des  Artistes  frani;ais  les  meubles,  tableaux 
et  objets  d'art  garnissant  sou  appartement  et  son 
atelier,  alin  qu'il  en  soit  fait  une  vente,  dont  le  pro- 
duit servira  n  fonder  une  pension  en  faveur  d'un 
artiste  de  talent,  âgé  et  sans  fortune. 

Le  legs  Henri  Duval.  —  In  collectionneur  de 
Liège,  récemment  décédé,  a  légué  à  la  Ville  de  Pnri-;, 
pour  le  musée  Carnavalet,  la  maquelte  originale  de 
(iirardon  pour  la  statue  équestre  de  Louis  XIV  i{>u 
décorait,  avant  la  ccdoune  nclueile,  le  centre  de  l.i 
place  Vendôme  et  qui  fut  détruite  sous  la  lîévolulion. 

Le  même  amateur  laisse  au  Cabinet  des  estampes 
de  la  llihliothcque  nationale  uiu-  pièce  uniipie  di 
Callot  :  te  Saint  François  d'Assise  à  lu  douille  croi  i 
de  Lorraine,  su|ierbe  éprouve  pruveuaul  du  calunel 
de  Lorengère  el  connue  seulement  par  la  description 
de  .Mariette  et  celle  du  livret  de  la  vente,  dit  a  (irr 
saint. 


ANCIEN    ET    MODEKNE 


283 


Société  des  Artistes  français.  —  MM.  Buisseau, 
statuaire,  et  DawanI,  artiste  peintre,  ont  été  iiouiiiiés 
il  riiiinniiiiilé  vice-presicleiits  ilc  la  Société  des  Artistes 
Irançais,  eu  veinplaceiuciil  de  MM.  Alhert  Maijjiian  et 
.\chille  Jacquet,  décédés. 

Société  de  l'histoire  de  l'art  français  (séance 
du  li  noveuibre).  —  M.  Henri  Cloiizut  présente  à  la 
Société  des  documents  inédits  concernant  les  Toutin 
fl  les  peinlres  émailleurs  de  lllois.  On  trouvera,  dans 
le  prochain  numéro  de  la  Revue,  un  exposé  des  dé- 
iMiivertes  de  M.  II.  Clouzot  sur  ces  artistes. 

—  M.  Lucien  Marcliei.t  fait  une  communication  sur 
les  Archives  de  l'Kci/h^  des  beaux-arts. 

—  M.  André  Fontaine  entretient  la  Société  de  la 
Succession  urtisli(/iieet  (icitdéi>iifjiiedeCliiirles  Coi/jtel. 

—  M.  l'aul  \'itry  présente  ensuite  la  l'Iiulixjraphie 
d'un  buste  de  Ciiffieri,  e.\posé  au  Salon  de  1769  et 
représentant  M.  de  la  I''aye,  vice-directeur  de  l'Aca- 
démie royale  de  chirurgie. 

Commission  des  sites  et  monuments  naturels. 

—  La  f'.ouimissiou  des  sites  et  monuments  naturels 
du  département  de  la  Seine  s'est  réunie  à  l'Hôtel  de 
Ville,  sous  la  présidence  de  M.  le  préfet  de  la  Seine. 
Elle  a  prononcé  le  classement  du  parc  attenant  à  la 
maison  de  Walteau.  à  Nogent-sur-Marnc,  classement 
qui  avait  été  demandé  par  les  propriétaires  (voir  le 
n°  399  du  Bulletin). 

C'est  une  mesure  à  laquelle  tous  les  amis  des  arts 
applaudiront.  D'ailleurs,  la  Commission  a  pridité  de 
cette  séance  pour  faire  de  très  l)onne  besogne  en 
classant  les  quelques  paysages  parisiens  que   voici  : 

1°  La  pointe  occidentale  de  la  Cité,  c'est-à-dirr  le 
tjassin  de  la  Seine  entre  le  pont  Neuf  et  le  pont  des 
Arts,  les  berges  avec  leurs  plantations  et  nolanmieiit 
les  arbres  qui  s'élèvent  au  pied  du  terre-plein  du 
pont  Neuf,  le  pont  et  les  deu.x  luaisous  qui  forment 
l'entrée  de  la  place  Uauphine  ;  —  2"  Les  arbres  des 
i)erges  rive  droite  et  rive  gauche,  du  pont  des  Arts  au 
pont  de  la  Concorde  ;  —  %°  Le  jardin  des  Tuileries; 

—  4°  L'avenue  des  Champs-Elysées,  les  jardins  du 
Cours-la-Heine  et  des  Champs-Elysées,  de  la  place 
de  la  Concorde  jusqu'à  l'avenue  d'Antiu;  —  o"  L'es- 
planade des  Invalides  ;  —  6°  L'ile  de  la  Folie  et  l'ile  de 
l'uteaux. 

La  réforme  de  l'enseignement  du  dessin.—  Au 

mois  de  juin  dernier,  le  llullelin  l'a  aunimcé.  le  mi- 
nistre de  llnstiuction  publique  et  des  lieaux-Arts, 
nomma  une  commission  chargée  de  réformer  l'ensei- 
gnement ilu  dessiu  dans  les  établissements  d'ensei- 
gnement secondaire.  Après  des  essais  faits  dans 
divers  établissements,  la  commission  qui  s'est  réunie 
le  5  novembre,  s'est  montrée  favorable  à  un  ensei- 
gnement moins  abstrait  et  moins  uniforme  que  celui 
qui  a  existé  jusqu'ici;  elle  a  été  d'avis  de  lui  substi- 
tuer un  enseigueuienl  attrayant,  vivant  et  plus  avan- 
tageux pour  le  développement  et  à  la  mise  en  relief 


de  la  personnalité  de  l'élève.  Celui-ci,  sans  se  départir 
de  la  vérité  et  de  la  sincérité  de  l'expression,  devra 
étudier  it  rendre  la  nature  dans  la  variété  de  ses 
formes  et  de  ses  couleurs,  et  l'interpréter  avec  plus 
de  liberté  et  d'intelligence.  De  plus,  le  dessin  sera 
appelé  d  compléter  par  ses  illustrations  les  autres 
branches  d'enseignements,  celui  de  l'histoire,  ceux  de 
la  botanique,  de  la  zoologie,  de  la  physique,  etc.  Cet 
enseignement  du  dessin  sera  complété  lui-même  par 
des  conférences  et  causeries  sur  l'art  proprement  dit. 
sur  l'archileclure.  accompagnées  de  reproductions 
d'd'uvres  célèbres  et  de  visites  aux  monuments. 

Ces  principes  seront  soumis,  le  mois  prochain,  au 
conseil  supérieur  d'instruction  publique. 

En  Belgique.  —  Le  bon  exemple  :  la  Société  des 
Amis  des  arbres  de  Belgique  vient  de  décider  l'État 
belge  à  ac(|uérir.  moyennant  la  somme  d'un  million 
deux  cent  Irente-cinq  mille  francs,  le  bois  de  Colfon- 
taine.  près  Mons,  qui  était  menacé  de  destruction. 

Quand  se  décidera-t-ou  à  agir  de  même  chez  nous  où 
tant  de  l'orèls,  — comme  celle  de  Marchenoir,  pour  ne 
citer  que  l'uue  des  plus  mutilées,  —  ont  été  livrées 
aux  marchands  de  bois,  et  où  l'on  n'est  pas  sans 
incpiiétudc  sur  le  sort  de  quelques  beaux  domaines 
forestier?,  comme  celui  d'.\mboise? 

A  Berlin.  —  Nouvelle  tout  à  fait  sensationnelle  : 
,M.  de  Tschudi  revient  à  la  direction  de  la  Galerie 
.Nationale. 

On  se  rappelle  que  M.  de  Tschudi,  le  1"  avril  der- 
nier, avait  pris  un  congé  d'un  an  et  que  ce  congé  fut 
considéré  partout  C(unme  une  disgrâce.  On  s'atten-. 
dait  à  la  nomination,  à  son  poste,  de  quelque  favori 
de  l'empereur,  qui  mènerait  la  réaction  contre  lès 
tendances  estimées  trop  modernes  de  l'éiidnent  orga- 
nisateur auquel  la  Calerie  Nationale  doit  tout  son 
prestige  actuel,  et  l'on  désignait  déjà,  pour  son  rem- 
plaçant. M.  Anton  von  Werncr.  Mais  voici  que  le 
.1/0; i/e/i  publie,  sous  la  signature  du  comte  Kessier. 
un  article  combattant  ouvertement  cette  candidature 
et  un  appel  pressant  au  Heichstag.  A  la  suite  de 
cette  démarche  olficielle,  on  affirme,  de  source  sûre, 
que  M.  de  Tschudi  reprendra  ses  fonctions  comme 
par  le  passé  ;  on  dit  même  que  cette  mesure  serait 
due  à  une  intervention  directe  et  personnelle  du 
chancelier  de  lîulow. 

C'est  là  une  nouvelle  bien  laite  pour  réjouir  les 
artistes  et  les  amis  des  arts  en  Allemagne.  On  peut 
voir,  dans  cette  heureuse  issue  du  cas  Tchndi,  une 
preuve  nouvelle  des  louables  dispositions  de  l'empe- 
reur à  abdiquer  l'indépendance  de  ses  goûts  per- 
sounels.  —  M.  M. 

A  Florence.  —  A  l'Institut  français  de  Florence, 
lu  seconde  conférence  de  M.  André  Michel,  que  nous 
avions  annoncée,  a  eu  le  même  grand  succès  que  la 
première.  Léminent  conférencier  a  poursuivi  l'étude 
de  l'iconographie  des  cathédrales  françaises,  passant 


284 


LE   BULLETIN   DE    L'ART 


en  revue,  après  la  ligure  et  la  vie  île  la  Vierge,  la 
ligure  et  les  miracles  du  Christ,  la  représentalioii  des 
saints  et  des  prophètes,  où  la  recherche  du  trait  de 
plus  en  plus  individuel  et  réalisle  prend  conscience 
d'elle-même  pour  s'allirnier  jusque  dans  les  tètes 
d'expression  caricaturales;  puis,  le  vaste  cycle  de 
l'histoire  du  monde,  depuis  la  Création  jusqu'au 
Jugement  dernier,  cycle  qui  embrasse  l'histoire  de 
l'homme,  avec  les  travaux  manuels  et  les  arts  libéraux, 
et  la  syiiibolisation  des  vertus  et  des  vices.  De  magni- 
fiques projections  ont  lait  de  ceteniretien  un  commen- 
taire e.xtrèmeuicut  vivant  de  notre  sculpture  gothique, 
et  l'Institut  français  a  très  brillamuicut  ouvert,  grâce 
à  M.  André  Michel,  la  série  de  ses  conférences. 

A  La  Haye.  — On  a  annoncé  que  le  D'  lircdius, 
auquel  on  doit  tant  de  découvertes  intéressantes  sur 
Hembrandt,  venait  de  mettre  au  jour  une  série  de 
documents  inédits  sur  la  vie  du  maître.  Ainsi  présen- 
tée, la  nouvelle  n'était  pas  tout  à  fait  exacte,  malheu- 
reusement :  le  D'  Bredius  a  trouvé  non  pas  une 
séries  de  pièces,  mais  un  seul  document  nouveau.  Ce 
document,  daté  de  1671,  est  le  récit  d'une  visite  du 
peintre  Allart  van  Everdingen  à  l'atelier  du  maître, 
en  1669.  c'est-à-dire  peu  de  temps  avant  sa  mort,  et 
de  l'entretien  qu'il  eut  avec  lui  au  sujet  d'une  pein- 
ture de  Saint  Shnéon,  encore  inachevée,  et  d'une 
série  de  planches  sur  lesquelles  il  voulait  encore  faire 
une  Grande  Passion.  Cette  pièce,  précieuse  comme 
toutes  celles  qui  contribuent  à  jeter  un  peu  plus  de 
lumière  sur  l'e.iistence  encore  si  mal  connue  de 
Hembrandt,  sera  publiée  par  le  U'  Uredius  dans  un 
des  prochains  numéros  de  la  revue  Oud  Ilolland. 

Nécrologie.  —  M.  S.  Scheihéeilcli,  mort  à  Paris 
le  II  novembre,  était,  en  même  temps  qu'un  avocat 
estimé  du  barreau  de  Moscou,  un  collectionneur  et  un 
amateur  érudit.  Avant  de  venir  se  fixer  à  Paris,  où  il 
résidait  depuis  une  dizaine  d'années,  il  avait  formé 
une  très  belle  galerie  de  livres  et  d'estampes,  qu'il 
enrichit  encore  par  des  acquisitions  intelligentes  ;  on 
lui  doit  aussi  des  articles  de  revues,  en  particulier 
sur  des  questions  d'iconographie. 


—  .Nous  apprenons  le  décès  àuD'Hamy,  l'anthropolo- 
giste  bien  connu,  conservateur  du  musée  ethnogra- 
phique du  Trocadéro,  membre  de.  l'.Académie  des 
inscriptions  et  belles-belles.  H  était  né  à  Uoulogne- 
sur-Mer  le  22  juin  1842  et  laisse  de  nombreux  travaux 
sur  la  paléontologie,  l'ethnographie,  l'archéologie 
préhistorique,  etc. 

—  Êiiiile  Hiiuinr/nrl,  administrateur  de  la  manulac- 
ture  de  Sèvres,  ollicicr  de  la  Légion  d'honneur,  vient 
de  mourir  à  Paris,  à  l'âge  de  64  ans.  Il  était  entré  en 
1867  comme  rédacteur  à  la  direction  des  Beaux-Arts 
et  avait  passé  peu  de  temps  après  au  service  des 
Monuments  historique,  où  il  fut  attaché  pendant  dix 
ans  Nommé  en  1891  administrateur  de  la  manufacture 
de  Sèvres,  en  remplacement  de  Th.  Ueck,  il  sut  rap- 
peler sur  la  vieille  uiaison  l'intérêt  du  public  qui  s'en 
était  peu  à  peu  éloigné,  et  c'est  ^ràce  à  lui  que  la 
contribution  de  Sèvres  à  l'Exposition  universelle  de 
1900  fut  remarquée  et  qu'elle  fit  bonne  ligure  à  côté 
des  productions  de  l'élranger.  On  doit  aussi  à 
M.  Baumgarl  la  fondation  de  l'école  de  ct'raïuique 
instituée  par  le  gouvernement  dans  le  local  de  la 
manufacture. 

—  A  Brunswick,  sa  ville  natale,  vient  d  être  enlevé 
à  .35  ans,  un  dessinateur  et  caricaturiste  de  véritable 
talent.  Hiidolf  WiUe,  dont  la  collaboration  à  la 
Jiiffeni/  munichoise  date  de  1896  et  qui  a  publié  dans 
Simplicissimiis  toute  une  série  de  scènes  et  de  types 
d'un  humour  bien  allemand,  d'une  observation  plus 
joyeuse  que  satirique. 

—  Le  2  novembre  est  mort  a  Salzbourg,  le  doyen  des 
peintres  locaux,  le  Prof.  Jos.  Mayhurgei;  à  l'âge  de 
95  ans.  paysagiste  amoureux  des  beautés  de  son  pays, 
et  qui  ne  contribua  pas  peu  à  la  conservation  du 
pittoresque  et  aux  embellissements  de  la  ville. 

—  On  annonce  de  Berlin  le  suicide  du  peintre  et 
sculpteur  llarro  .\la;/iiiis.sen.  D'abord  élève  de  .Nicolas 
(iysis,  à  .Munich,  il  passa  bienlc'il  dans  l'alelier  du 
sculpteur  Eberle,  installé  à  Berlin  depuis  1886;  il  laisse 
une  série  de  nnmuments  importants  dans  plusieurs 
grandes  villes.  —  M.  M. 


CHRONIQUE    DES   VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.    -  Succession  de  M.  A.  L...  (ta- 
bleaux modernes,  tapisseries  anciennes).  — 

Il  nous  suflira  d'indiquer  les  principales  enchères 
de  celte  vente,  de  peu  d'importance,  sans  doute. 
mais  qui  mérite   d'être  signalée.  Faite  salle  1, 


les  11  et  12  novembre,  elle  était  dirigée  par 
.M"  Garnaud  et  Lair-Dubreuil  et  MM.  Petit, 
Paulme  et  Lasquiii. 

PRINCIPAUX     PRIX 

Tableaux  moi)F.k.mcs.  —  5.  A  VoUon.  Salure  morte, 

2.620  fr.  —  6.  Zicui.  Venise,  11.000  fr.  (deni.  12.0001. 

Tapisseries  ancikunks.  —  7.  Tapi^se^ic  de  Bruxelles, 


ANCIEN    ET    MODERNE 


285 


ép.  Louis  XIV,  d'après  David  Téniers,  groupes  de 
buveurs,  etc.  (restaur.),  5.620  fr.  (deni.  10.000'.  — 
S.  Tapisserie  Qam.  fin  xvi"  s.,  sujet  guerrier,  1.010  fr. 
—  9.  Tapisserie  des  Flandres,  ép.  Itenaissance,  la 
BalniLle  U'Aibelles,  2.300  fr.  —  10.  Tapisserie  faisant 
partie  de  la  même  suite,  3  100  fr.  —  11.  Tapisserie 
même  fabrique,  2.023  fr.  —  14  Décor  de  peintre, 
tapisserie  flam.,  ép.  Renaissance,  1  760  fr. 

Vente  après  décès  de  M.  B...  (Meubles 
anciens,  etc.).  —  Faite  salle  7,  le  12  novembre. 
sous  la  (lirpclion  de  M"  Coutartceau  et  de 
.\1M.  Paulme  et  Lasquin,  celte  vente  a  produit 
.ib.OOO  francs. 

Sur  la  demande  de  8.000  francs,  une  grande 
commode  demi-lune  en  marqueterie  de  bois  de 
couleurs,  ornée  de  bronzes  d'époque  Louis  XVI, 
portant  restampiile  de  Moreau,  avec  quelques 
bronzes  rapportés,  est  montée  à  9,000  francs. 

Signalons  encore  :  —  Tapisserie  du  xviii»  s., 
sujets  de  nymphes  dans  un  paysage,  signature 
.Mercier,  à  Dresde,  .3.500  fr.  —  Deux  bronzes 
anciens,  femmes  et  hommes  couchés,  2.000  fr. 

Atelier  Eugène  Feyen.  —  Cette  vente,  qui 
devait  comprendre  deux  vacations,  a  été  arrêtée 
après  la  première,  celle  du  LS  novembre,  les 
héritiers  de  l'artiste  ayant,  paraît-il,  exigé  pour 
la  seconde  que  chaque  tableau  fût  mis  sur  table, 
avec  mise  à  pri.x. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  première  séance,  compre- 
nant les  numéros  impairs  du  catalogue,  a  produit 
22.78b  francs,  avec,  comme  enchère  principale, 
les  3.100  fr.  obtenus  par  le  n"  1,  les  Régates  à 
Cancale,  sur  la  demande  de  4  000  fr.  Le  n°  9, 
Foire  du  Mont-Dol  de  Bretagne,  a  réalisé  1  200  fr. 
Les  autres  enchères  ont  varié,  pour  la  plupart, 
entre  190  et  400  fr. 

Le  musée  de  Nancy  a  acquis  les  numéros  183, 
213  et  151,  l'Escamoteur,  Pêcheuses  el  Marchandes 
de  poissons. 

Dirigée  par  M^  Lair-Dubreuil  et  MM.  Chaîne  et 
Simonson,  cette  vente  avait  fait  l'objet  d'un 
catalogue  illustré  de  quelques  planches. 

Collection  Lion  (objets  d'art,  etc.l.  —  Cette 

vente,  faite  les  18  et  19  novembre,  salle  6,  parle 
ministère  de  M^  André Couturieretde.MM.  Paulme 
et  Lasquin,  a  produit  un  total  de  128.957  francs, 
et  donné  lieu  à  quelques  enchères  intéressantes. 
Notons  en  particulier  les  résultats  suivants  : 

Dessi.ns  anciens.  —  Debucourt.  L'O/frande  de  bébé, 
d.OOO  fr.  (dem.  6.000).  —  Huet.  O/frande  à  l'Amour, 
1.000  fr.  (dem.  2.000). 


Miniatlhes.  —  Arit.  Laurent.  Jeune  femme  dans  vu 
parc.  7.230  fr.  (dem.  8.000).  —  Sicardi.  Portrait  de 
jeune  femme,  coiffure  de  dentelle,  3.900  fr.  (dem. 
3  500).  —  Purlrail  de  jeune  femme,  chapeau  noir, 
6.800  fr   (dem.  4.000).  —  Portrait  d'homme.  3.400  fr. 

Tableaux  —  École  française,  ép.  Régence.  Portrait 
de  jeune  femme  tenant  mie  colombe,  2.130  fr.  (dem. 
3.000).  —  C   van  Loo,  1.700  fr.  ^dem.  2.300). 

Rko.nzes.  —  Statuette  équestre  de  Charles  VII,  par 
Barye,  3.350  fr. 

DivEBS.  —  ColTret  à  dentelle  en  maroquin  rouge,  à 
dentelle  en  dorure,  xvir  s.,  1.930  fr. 

PoiifiEi.AïKKS.  —  Meunecy-\  illeroi.  Grcuie.  L<i 
Lanterne  )nii;ji(jue,  pâte  tendre,  décor  en  coul., 
7. 600  Ir.  (dem.  6.000).  —  Boite  gaufrée  à  vannerie, 
décor  de  fleurettes  en  coul.;  poi  trait  du  duc  de 
Villeroy  au  revers  du  couvercle,  4.i.30  Ir.  (dem  3  000). 

Saint- Cloud.  Deux  pots  à  crème,  pâte  tendre, 
décor  de  Chinois  et  personnages  en  coul.  et  dorure, 
2:220  fr. 

PoHCELAi.NES  MONTÉES. —  Paire  de  petits  candélabrcs, 
formés  chacun  d'une  petite  statuette  de  Bouddha 
accroupi,  anc.  porcel.  de  Saint-Cloud,  avec  branches 
de  lumières  et  dais  en  bronzes,  orné  de  fleurettes  en 
porcel.,  ép.  Louis  XV,  7.500  fr.  (dem.  10  OOO).  — 
Deux  autres  candélabres  de  composition  analogue, 
mais  moins  importants,  3.700  fr. 

Faïence. —  Grar;d  plateau  faïence  d'Aprey,  décor  en 
coul.  d'oiseaux  dans  un  paysage,  5.000  fr.  (dem. 
1.500). 

Ce  dernier  prix  est  le  plus  remarquable  de  la 
vente.  De  mémoire  d'antiquaire  on  n'avait 
jamais  vu  une  [lièce  en  faïence  d'Aprey  atteindre 
à  un  pareil  prix. 

"Ventes  à  l'étranger.  --  En  Allemagne.  — 
A  Berlin.  —  CoUecdon  de  M.  Emden,  de 
Hambourg  (objets  d'art  et  de  haute  curio- 
sité). —  Cette  vente,  qui  a  eu  lieu  du  3  au  7 
novembre,  à  Berlin,  sous  la  direction  de  M.  Lepké, 
a  donné  lieu  à  des  prix  dignes  de  remarque. 
Signalons  les  principaux  : 

I'aie.ncks.  —  Urbino.  Plat  à  sujets  de  personnages, 
par  Giorgio,  23.750  fr.  —  Plat  analogue  représentant 
Joseph  et  la  femme  de  Putiphar,  10.000  fr.  —  Deruta. 
Plat  à  figure  d'homme,  5.373  fr.  —  Plat,  sujet  mytho- 
logique, 6.230  fr.  —  Xurembery.  Pot  décoré  d'une  vue 
de  ville,  monture  bronze,  5.623  fr. 

PoncELAi.NES.  —  Saxe.  Groupe  crinoline  de  deux 
ligures,  7.300  fr.  —  Groupe  par  Kœndler,  F.urope, 
6  230  fr.  —  Quatre  candélabres  ornés  de  iigures, 
3.812  fr.  —  Statuette,  Frédéric  et  son  chien,  3.937  Ir. 
—  lloechst.  Deux  groupes,  personnages  et  chiens, 
7.300  fr.  —  Ludwiijsbiiry.  Six  petits  groupes  à  petits 
personnages  comiques,  6.250  fr.  —  Vtenne.  Deux 
groupes  de  deux  personnages  galants,  7.300  fr. 


286 


LE    BULLETIN    DE    L  AHT 


DivEBB.  —  Lampe  de  mosquée  arabe,  en  verre, 
3  730  l'r.  —  Vidrecome,  argent  repoussé  et  doré  de 
travail  allemand  du  xvtr  s  ,  S. 625  fr. 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Collec- 
tion Hiuri  Say.  —  Cette  vente,  qui  aura  lieu 
le  30  novemtire,  a  fait  ["(ibjt^l  d'un  catalogue 
illustré,  dressé  avec  un  soin  tout  particulier. 
Nous  n"avons  pas  à  revenir  sur  l'iinportunce  de 
cette  collection,  que  nous  avons  étudiée  ici 
avec  détails  dans  une  précédente  chronique 
(voir  le  n"  398  du  Bulletin). 

Ateli  r  Charles  Landelle.  —  L'atelierCharles 
Lanilelle  sera  vendu  le-;  3  et  4  décembre,  au  profit 
de  1,1  Société  de?  Artistes  français.  Outre  les 
œuvres  du  peintre,  d'anciennes  tapisseries  des 
Flamlres,  des  meubles  et  des  objets  d'art,  celte 
vente  comprendra  des  tableaux  par  Troyon, 
Ricard  et  quelques  autres  ;  une  aquarelle  de  For- 
tutiy  et  un  dessin  de  Decamps.  (Galerie  Georges 
Petit.  —  iM«  Aureauet  U.  liaudoin,  iMM.  G.  Petit, 
J    Ferai  et  Miiiinlieimi. 

Sacce  sion  d3M"""deG  navra  e  (tapisseries 
an  ie  'nés,  etc.  —  L'inlérét  |.aiticuliir  de  cette 
venle,  qui  se  fera  les  3  et  4  décembre,  salle  0, 
sous  la  dir"Ctiiin  de  M'»'  Delvigne  et  Lair-Diitireuil 
et  de  MM  Pauline  et  Lasquin  fils  et  Guérault, 
consiste  en  une  réiniioii  nombreuse  et  impor- 
tante de  tapi>s-ries  anciennes  de  diverses  épo- 
ques, allant  de  la  llenaissance  au  wnw  siècle. 

Parmi  ces  tapisseries,  on  remarquera  une 
tapisserie  flamande  du  temps  de  la  Renaissance, 
représentant  une  bataille  ;  une  tapisserie  d'Au- 
busson  représentant  la  Pêche  d'après  Lacroix  ; 
une  tapisserie  des  Flandres  d'époque  Louis  XIV, 
à  petits  personnages,  figurant  une  scène  de 
chasse  ;  une  suite  de  trois  tapisseries  de  Bru- 
xelles, d'époque  Louis  XIV,  à  sujets  mythologi- 
ques; enfin,  une  tapisserie  de  l'époque  Louis  XII, 
la  Légende  de  saint  Julien. 

Notons  auprès  des  sièges  couverts  en  tapis- 
serie :  deu.v  rhaises  en  Beauvais,  à  décor  de 
bouquets  de  fleurs  et  d'oiseaux;  trois  fauteuils 
en  Aubusson  fin,  à  décor  de  sujets  d'après  Huet: 
les  Plaisirs  champêtres  et  d'animaux  ;  quatre  fau- 
teuils en  .Vuhusson  d'époque  Louis  XVI,  décor 
de  guirlandes  de  fleurs,  dessin  de  Salembier; 
enfin,  un  ameublement  de  salon,  composé  d'un 
canapé  et  de  six  fauteuils  en  Aubusson  fin 
d'époque  Louis  XVI,  à  sujets  d'enfants  jardi- 
niers d'après  Huet,  et  d'animaux  d'après  Oudry 

Le  reste  de  la  vente  comprend  des  tableaux 


anciens,-  des  faïences  et  porcelaines  anciennes, 
des  bronzes  d'ameublemeiit  et  des  pendules, 
dont  une  d'un  joli  modèle  d'époque  Louis  XVI 
In"  Ibl),  enfin,  des  meubles  anciens  et  modernes, 
dont  un  petit  cabinet-meuble  en  laque,  sur  table- 
console-support  (!n  bois  sculpté  et  doré,  d'i\i. 
Louis  XIV. 

Vente  Chenest  (Tableaux  anciens,  etc.).  — 
Les  4  et  '.>  décembre,  par  le  ministère  de  M^'  .Vu- 
dré  Couturier,  aura  lieu  la  dispersion  d'une 
collection  de  tableau.x  et  dessins  anciens,  objets 
de  vitrine,  porcelaines,  etc..  provenant  de  la 
succession  de  M""  Clienesl. 

Collection  Chérémétieff  ,|Tab'eaux  mo- 
dernes, etc.)  —  Cette  vente,  dont  nous  avons 
déjà  (lit  un  mot  dans  une  précédente  chronique, 
se  fera,  salles  iO  et  H,  les  il  et  12  décembre, 
par  le  ministère  de  M=  Boudin,  assisté  de 
MM.  Chaîne  et  Simonson  et  de  M.M.  Paulme  et 
Lasquin.  Elle  comprend,  d'une  part,  une  collec- 
tion de  tableaux  modernes,  présentant  notam- 
ment les  noms  de  Corot,  Diaz.  Daubigny,  Ch. 
Jacque,  CDUrliet;  de  l'autre,  une  réunion  d'objets 
d'art  et  d'amenhiemeni  anciens,  dont  des  tapis- 
series de  Flandres  et  d'Aubusson. 

M.  .\. 

ESTAMPES 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  .M°  Lmm. 
Origet  et  M.  Loys  Delteil  annoncent  pour  le 
jeudi  3  décembre,  à  l'Hôtel,  salle  7,  la  vente  des 
estampes  et  dessins  modernes  composant  la 
collection  de  feu  M.  .Iules  Honnier.  Bracquemond, 
et  Rops,  (^arrière  et  Kautin-I.iitour,  Manet  et 
Méryon  forment  le  principal  attrait  de  celte 
vente,  qui  compte  aussi  une  série  d'estampes 
japonaises,  deux  dessins  d'Eugène  Delacroix  et 
un  de  Constantin  (iuvs. 

R.  G. 

tf'^J'^f'î'J'î'f'f'y\*f'f'i-f'i'i'î"%'^t'yi'^f"/'i'f'i'^y'i'f'Y 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Société  Internationale  d'Aquarellistes  (ga- 
lerie Georges  Petit).  —  42  exposants  et  321  nu- 
méros. Beaucoup  de  sagesse  ;  abus  des  mêmes 
motifs  ou  points  de  vue.  Aux  minutieuses  froi- 
deursde l'aquarplle bourgeoise, l'aquarelle  artiste 
oppose  les  impressions  de  M"'"  -Marie  (lautier,  de 
M.M.     Lebasque    et    Marret,    ou    les    visions    de 


ANCIEN    ET    MODERNE 


287 


M.  .l-;inès.  Ami  ilf>s  empalements,  M.  Delesire 
ossaip  de  l'aquarelle  sur  grosse  toile.  M.  Fouge- 
rousso  à  Venise,  M.  Oilivier  dans  un  Trianon 
a'aulomne,  honorent  la  peinture  à  l'eau  sans 
renouveler  les  sujets.  Parmi  les  virtuoses  étran- 
i;ers,  MM.  Ten  Cate  et  Crashaw  nous  ont  montré 
mieux;  M.  Zezzos  enjolive  la  midinette;  et,  dans 
une  Hollande  encore  moins  inédite  que  Venise 
"U  Versailles,  le  pinceau  de  M.  Ale.\ander  Hobin- 
-on  gouache  vigoureusement  des  souvenirs  ili; 
Hringnyn.  L'Angleterre  vue  par  M.  Horion  est 
moins  ambitieuse  et  plus  délicate.  M.  de  llanzen 

u   vu   la  mer  démontée  qu'il   décrit   :    c'est   un 

mérite. 
Enlln,  le  compte  de  cette  IV»  réunion  serait 

Mie  fait  sans   la    vitrine   ornée  des    classiques 
poteries  de  grand  feu  »   de  M.   I.enoble  et  la 

>urprise   inallendue  qui   n'en   réjouit   que   plus 

intensément  l'amoureux  d'art  :   une  exposition 

l'-trospective,   encore    trop    brève,   d'un    maître 
l'iuarellisle  français,  le  peintre-graveur  Adolphe 

Ilervier  (1818-1879),   (|ui    fut,   discrètement,   un 

hanmier  rnstique. 

Société  des  Artistes  décorateurs  (Pavillon 
lie  Marsan  .      -    l.'i^li  aiigeté  inéme  est   devenue 
banale.    De  nos  jours,  oii  l,i   monnaie  des  mots 
n'a  plus  (le  valeur,  on  parle  indifféremment  de 
victoire  et  de  faillite,  d'apothéose  et  de  krach  : 
la  Uoc.lio  Tarpi'ienne  n'a  jamais  été  [dus  près  du 
Capilide.  Kt  la  crise  de  l'art  décoratif  assagi  s'ex- 
prime à  la  nouvelle  exposition  du  .Musée  Ralliera; 
—  dans  les  ensemble*!  que  l'Office  artixliiiue  nous 
propose  alin  de  restaurer  le  goût,  frère  obscurci 
(le  nolreantique  politesse;  —  en  cette  IVTéunion 
des  Artistes  décorateurs  au  pavillon  de  Marsan. 
Le  cadre  appelle  les  comparaisons  en  justifiant 
les  réminiscences  :  à  C("ité  â'un  si  long  passé,  que 
découvrir  encore,  et  de  viable  ?  Assez  longtemps, 
dans  le  in(diilier  surlorit,  la  splendeur  dé  l'utile 
lut  r  ernplacé(!  par  la  singularité  de  l'incommode  ; 
et  malgré  les  oll'orl-i  de  MM.   Mathieu  Callerey, 
Maurice    Dnfrène,   Paul    l-'ollot, ,  HelleryDesfon- 
laiiies,  la  formule  vraimeirt  moderne  et  française 
à  la  fois  n'(îst  point  trouvée.  C'est  toujours  Wil- 
liam  Morris  qui  hanle  les  ambitions  de  M.  (iui- 
rnard,  comme  il  préoccupait  le  laberrrdu  regretté 
Karageoigevitcli.  Le  détail  est  plus  heureux  avec 
les  belles  maliens  érujiles  de  MM.  Delaherche, 
li.immouse  et  Derœur,  les  projets  de   MM.  Vall- 
gren,  l'ierre  Uodie,  AmanJean,  les  liavaux  fémi- 
nins de  Mm"  Oiy-Robin,  de  M"-  Cermain  :  pour- 
quoi l'instinct  de  la  femme  ne  résoudrait-il  pas 


cette  question  vitale'.'  Goethe  le  déclarerait  proche 
parent  de  l'art. 

Emile  Lequeux  iGalerie  d'art  décoratif).  — 
Par  ce  temps  de  coloriage  sans  gravure,  il  faut 
une  robuste  vaillance  pour  exposer  des  pointes- 
sèches  et  surtout  pour  les  produire.  Ici,  dans  un 
décor  discret  qui  ne  rivalise  pas  avec  les  devan- 
tures enluminées  de  la  rue  Laflltte,  l'art  d'un 
délicat  trouve  aussitôt  son  cadre  ;  et  ses  planches, 
qui  réconcilient  l'enveloppe  de  l'impression 
brève  avec  la  permanente  beauté  de  la  forme, 
offrent  la  meilleure  apologie  de  la  gravure 
gravée.  Les  lecteurs  de  la  Revue  connaissent  le 
traducteur  étonnant  des  maternités  de  Carrière, 
interprète  dont  la  virtuosité  se  guide  sur  le  sen- 
trment.  N'os  yeux  estimaient  déjà  ces  souvenirs  de 
Bruges-la-Morte,  or'i  le  silence  murmure  entre  les 
barbes  (b;  la  pointe-sèche;  et  près  des  portraits 
précis  ou  des  cro(iuis  nerveux,  les  sanguines  au- 
tomnales de  Bar-le-Duc  ou  de  La  Frette  décèlent 
avec  la  m('rne  tendresse  un  admirateur  de  Corot. 

Maurice  Denis  (galerie  Druet).  —  Il  n'est  pas 
moinsrassurantdesuivrel'évolution  versie  mieux 
du  déformateur  de  naguère  qui  traduisait  si  gau- 
chemenld  l'expressif  parrornemental  »  etqui  rap- 
pelle dorénavant,  par  ses  naïvetés  surtout,  Puvis 
de  Chavannes.  .  Voici  dessins  et  cartons  de  l'iné- 
gale Histoire  de  IHyché  qui  nous  parut  inférieure 
aux  synthèses,  profanes  ousacrées, d'une  Chambre 
de  musique  et  de  l'Éternel  l'rintemp$;\o\ci  Fiesole, 
Venise,  Sienne  rose  aux  volets  verts,  aimées  de 
ce  Préraphaélite  français;  Claude  et  Corot,  can- 
dides aussi,  voyaient  une  Italie  plus  radieuse; 
mais  le  Cantique  à  la  Madone,  daté  d'un  matin 
(le  Fiesole,  est  une  perle   émanée  d'une  larme. 

Expositions  diverses.  —  M.  Vuillard,  chez 
Hernheim  jeune,  et  M.  Vitelb'schi,  chez  Georges 
Petit.  U  estcertainqueM.  Vuillard  est  né  peintre  ; 
mais  si  l'avenir  est  raisonnable,  il  le  définira 
petit  peintre  et  le  plus  ironiquement  ingénieux 
de  nos  fa  presto.  Plus  adroit,  dans  l'Engadine, 
M.  Vilelleschi  sériantinisc  élégamment  sous  les 
auspices  (!(>  M.  le  comte  Koberl  de  Montesquieu. 
.Nimbés  par  l'azur  des  lacs  italiens,  ses  riHos  ou 
ses  portraits  demandent  à  .M.  Lévy-Dhurmer  un 
souvenir  de  Léonard. 

li.^y.Mo.N'r)   Hoi'VK.ri. 

A  Lille.  —  4«  Exposition  de  .<  l'Ensemble  ■>. 
—  Deux  cents  numéros  qui  vont  de  l'art  pur  à  l'art 
photographique,  rehaussés  par  la  présence    de 


288 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


trente  toiles  de  peintres  belges.  Cette  section 
belge,  organisée  par  M.  Albert  Croquez,  vaut  à 
la  Quatrième  Exposition  de  la  jeune  Société 
régionale  lilloise  la  part  la  plus  justifiée  de  son 
succès.  Non  pas  que  MM.  Géo  Bernier,  J  Polvin, 
M.  BliPck,Gilsoul,Em.Vierin,  nous  charment  spé- 
cialement; mais  voici  quelques  toiles  de  Georges 
Bruysse,  qui,  pour  être  inférieures,  sans  doute, 
à  celles  du  musée  de  Gand,  valent  cependant 
par  l'enveloppe  et  la  vérité  de  la  lumière.  Un 
peu  plus  loin,  un  Jeu  d'ombre,  savamment  com- 
pliqué par  M.  Emile  Claus,  dont  les  tonalités  se 
jouent  des  clartés  transparentes.  Puis,  les 
eaux-fortes  de  M.  Alfred  Delaunois,  figures  syn- 
thétiques de  caract(!re  :  Jeune  Dominicain,  le 
Taciturne,  li  Citoyenne,  la  Religieuse,  le  Rustre, 
gravées  d'une  pointe  forle,  avec  de  larges 
réseives."  D'une  réalisation  un  peu  triste,  les 
œuvres  de  M.  J.  Merckaert  sont  empreintes  de 
sentiment  :  tel  son  Quai  à  Bruxelles,  sa  Rue  en 
Flandre. 

De  «  l'Ensemble  »  même,  quelques  noms  à 
signaler  :  d'une  touche  un  peu  menue,  M.  Ancelet 
poétise  le  paysage  de  Santés  et  les  Bords  dé  la 
C anche  ;  M.  P.  Béat  montre  une  grasse  Moisson, 
à  larges  touches,  très  nettes  et  très  vives; 
M.  Chauleur  reste  inégal,  et  ses  éludes  valent 
mieux  que  ses  portraits;  M""^  Chauleur-Oz.el  se 
tient  à  la  facture  conventionnelle;  M.  L.  Gifl'ard 
affectionne  toujours  les  lumières  glaciales; 
M.  Modeste  Carpentier  n'est  pas  en  progiès; 
M.  Jamois  peint  sur  de  grandes  toiles  de  petites 
scènes  humoristiques  :  c'est  ainsi,  je  pense, 
que  l'on  doit  comprendre  son  Enterrement  qui 
passe  en  ombre  chinoise  sur  un  pont;  M.  Baiettr 
remplace  par  une  e.iécution  sans  fau.^-fuyants 
l'enveloppe  que  l'on  souhaiterait  à  ses  paysages; 
les  fleurs  de  M"°  Dubuisson  sortent  de  la  banalité 
et  de  la  fadeur  ordinaire  aux  aquarelles  juvé- 
niles ;  l'audace,  la  vigueur  et  la  fraîcheur  s'unis- 
sent dans  des  pochades  de  M.  Maurice  Decroix, 
dont  les  débuts  sont  heureux.  Citons,  enfin, 
M"'  Maugendre,  parmi  les  sculpteurs. 

.\.-M.  GossEZ. 


LES      REVUES 


Fra.nce 
Les  Arts  octobre;.  —  L'E.rposilinn  des  Cent  fm.itels 
et  (li'K  l>ii.ste.<!  du  XVIII'  siècle,  par  M.\l.  P.iiil  VjTin-  et 
P. -A.  Lemoisne. 


Allem.^g.ne 
Die  Kunst  (Qovembre).  —  H.  SciiMrrr.  La  Grande 
e.Tpu.fition  de  llerlin  en  1908.  Analogue  au  Salon  des 
Artistes  français. 

—  II.  V'oi,i..M.4ii.  Comment  un  rédige  un  Dictionnaire 
des  artistes.  —  A  propos  du  grand  AllijemeinesKiinst- 
lerlp,.rilton,  par  U.  Thieme  et  F.  Berker,  qui  se  public 
à  Leipzig.  Détails  sur  l.i  façon  dont  ce  grand  travail, 
qui  exige  uue  multitude  de  collaborateurs,  est  conçu 
et  exécuté  et  sur  les  entreprises  antérieures  dans  le 
même  ordre  d'idées. 

—  Il    Wehner.  t,' E.rposilion  provinciale  de  la  liesse. 

^-  E.  H.\KoN.  l.'OEuvre  d'Alfred  Liclituark.  à  Ham- 
bourg. Aperçu  de  l'ellort  remarquable  accompli  par 
Lichlwark  comme  directeur  du  uuisée  [Kunslhalle) 
de  llmnhourg.  en  partant  du  principe  que  la  galerie 
des  tableaux  devait  être  avant  t6nt  nn  niu.sée  d'art 
local  et  d'œuvres  intéressant  la  vie  locale  :  portraits 
de  notabilités  hauibourgeoises,  aspects  du  port  de  Ham- 
bourg, couuuandés,  en  vue  du  musée,  à  des  niailres 
célèbres,  etc.  Lichtwark  est  également  le  fondateur 
de  t'.'l.ssociation  des  amis  de  l'art  à  Hambourg,  qui  a 
pris  plusieurs  initiatives  iutéressantes. 

—  E.  Walumann.  L'Ornementation  des  salons  sur  le 
transatlantique  Priiice-Frédéric-Ijuillaume.  .Meubles 
de  llrutio  faut.  —  fî.  IIcet. 

Itai.ik 
Bolletino  d'arte  del  ministero  délia  Pubblica 
Istruzione  11.  9^.  —  Sous  te  liire  :  Cevacolo  «m 
ciano,  M.  Luigi  CAVEXAtiiii  expose  quelles  mesures  il 
a  prises  pour  la  restauration  de  la  Cène,  de  Léonard 
de  Vinci,  dont  il  a  été  question  dans  le  dernier  liullelin 
(voir  aux  lieuues). 

—  Les  sarcopimges  de  Ravenne  de  San  Raioaldo, 
de  San  Barbaziano  et  du  bienheureux  Piciro  Peccalore 
et  les  dernière  fouilles,  parSanti  Miîhatohi. 

—  Le  Sépulcre  de  Paul  II.  par  Giacouio  de  Nicoi.a. 
—  Burger  a  identifié,  dans  la  chapelle  de  la  Piétà  de 
Saint-Pierre  et  dans  les  grottes  valicanes,  presque 
tous  les  fragmejits  qui  manquaient  pour  reconstituer 

-la  plus  grandiose  œuviv  de  sculpture  produite  à 
Home  pendant  te  quattrocento:  il  semblait  que  le  der- 
nier uuit  fi'it  dit  sur  la  question.  Or  voici  qu'un  dessin 
nouvctlcniout  découvert  dans  le  Code.r  berolinensis 
(Cabinet  lies  estampes  de  Berlinl.  apporte  de  nouveaux 
renseignements  sur  ce  sujet,  en  montrant,  à  une  date 
connue,  —  les  dessins  du  Code.r  ayant  été  exécutés 
par  Girolamo  Ferrari,  à  Rome,  sous  Grégoire  XIII 
ir>T2-l.")S5),—  la  figuration  détaillée  des  cliefs-d'œuvii 
de  Mine  da  Kriesole  et  de  Giovanni  Dalmata. 

—  Portraits  de  personninjes  historiques  dans  le 
Galerie  nationale  d'art  moderne  de  Home,  par  V.  Fi.fhi  ^ 

—  Sur  un  tableau  de  II.  Frauceschini  \il  Volterruu 
no),  conserve  aux  Offices  et  jusqu'ici  altribui'  .\  i.i" 
vanni  da  San  tMovanni,  par  O.-H.  Gku.ioi.i. 

Le  (iéranl  :  H.  Dkms. 

Pan»    —  Inip-  ii«or»rei*  Peut,   \t,  rue  (iodol-de-MaurO!, 


Numéro  401. 


Samedi  5  Décembre  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN     ET     MODERNE 


Pour  la  place  Stanislas 


Le  liiiUctin  a  tenu  ses  lecteurs  au  courant  de 
l'inconcevable  enlAtement  apporté  par  la  muni- 
cipalité de  Nancy  à  déslionorer  l'un  des  cliefs- 
d'œuvre  de  rarchiteclure  française  (1)  On  avait 
espéré  d'abord,  contre  toute  vraisemblance,  que 
le  service  des  Monuments  historiques  saurait 
empêcher  l'utilisation  du  pavillon  de  la  place 
Stanislas,  naguère  encore  occupé  par  l'évrché, 
pour  la  construction  d'un  nouveau  théâtre,  tant 
il  était  manifeste  que  celte  transformation  devait 
défigurer  la  symétrie  si  élégante  et  si  harmo- 
nieuse de  l'œuvre  de  Héré.  Mais  l'intervention 
attendue  ne  s'étant  point  produite,  le  théâtre 
se  construira  sans  doute,  à  moins  qu'une  ma- 
nœuvre de  la  dernière  heure  vienne  remettre 
toutes  choses  en  question. 

Kn  ce  cas,  c'est  à  la  Commission  des  sites  de 
Meurthe-et-.VIoselle  qu'on  serait  redevable  du 
sauvetage,  car  elle  a  pris  tout  récemment  une 
décision  des  plus  pnopres  à  faire  pièce  aux  pro- 
jets néfastes  de  la  municipalité.  Considérant  que 
l'installation  d'un  théâtre  dans  le  pavillon  de 
l'aniien  évêché,  transformé  et  surélevé  suivant 
les  besoins  de  sa  nouvelle  affectation,  néce,ssi- 
lera  la  construction  de  divers  bâtiments  annexes, 
—  entre  autres  un  magasin  d'accessoires  —  sur 
un  jardin  situé  en  bordure  de  la  promenade 
publique  de  la  Pépinière,  la  Commission  a  classé 
ce  jardin,  en  vertu  de  l'article  2  de  la  loi  du 
i\  avril  1000,  d'abord  parce  qu'il  est  le  dernier 
vestige  du  bastion  de  Vaudémont  et  qu'il  repré- 
sente tout  ce  qui  reste  à  l'heure  présente  des 
anciennes  fortifications  de  Nancy,  et,  en  second 
lieu,  parce  qu'il  est  planté  d'arbres  ii)agnili(|ues 
iju'on  se  proposait  d'abattre  pour  y  élever  les 
annexes  du  théâtre. 


{1;  Les  ilétiiils  qui  suivent  sont  empruntés  à  une 
lies  dernières  chroniques  de  M.  André  llalliiys  [les 
Déhats,  27  novembre). 


On  comprend  maintenant  l'ingéniosité  de  ce 
mouvement  tournant  :  classer  le  bastion,  c'est 
rendre  impossible  l'établissement  du  théâtre 
dans  l'ancien  évèché  ;  autrement  dit,  sauver  le 
bastion,  c'est  sauver  du  même  con|i  la  physio- 
nomie de  la  place  Stanislas. 

Heste  à  savoir  si  cette  application  de  la  loi 
Beauquier  recevra  la  sanction  du  préfet  et 
celle  du  ministre.  Nous  verrons  bien,  et  par  là 
nous  jugerons  de  ce  que  vaut  cette  loi,  dont 
on  attendait  tant  et  qui  n'a  pas  encore  donné 
sa  mesure. 

E.  n. 
a/oiy/ocraa/oo!ioayDC(DC»ocracra<yyaa/Da/oc(acra 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres 

(séance  du  21  novembre).  —  La  séance  est  consacrée 
à  l'exposé  des  titres  d<'s  candidats  aux  fauteuils  de 
MM.  Barbier  de  Meynard  et  Derenbourg.  L'élection  se 
fera  le  vendredi  11  décembre. 

Musée  du  Louvre.  —  Après  le  bureau  de  Colbert. 
rendu  au  Louvre  par  le  ministre  de  la  Marine,  voici 
qu'un  autre  meuble  historique  vient  de  prendre  le 
même  chemin  :  c'est  un  superbe  bureau  de  Boulle. 
qui  se  trouvait  aux  Archives  nationales,  et  que  M.  \)e- 
jean,  garde  général  des  Archives,  vient  d'envoyer  au 
musée  du  Louvre. 

On  sait  qu'à  la  suite  d'un  discours  de  M.  F.  Enge- 
rand,  prononcé  lors  de  la  discussion  du  budget  des 
Beaux-Arts,  la  réintégration  du  uiobilicr  historique  a 
été  l'objet  d'une  vive  approbation  de  la  part  de  la 
Chambre  ;  il  faut  espérer  i|ue  l'exemple  naf<nére  donné 
par  M.  Clemenceau,  puis  par  M.  Alfred  Picard  et  par 
M.  Dejean,  sera  suivi  et  que  les  ndnistères  et  les 
bureaux  qui  possèdent  des  meubles  anciens  sauront 
s'en  dessaisir  dans  l'intérêt  de  ces  meubles  eux- 
mêmes. 

Acquisitions  et  commandes  de  l'État.  —  Le 
28  novembre  a  été  inaugurée,  à  l'École  des  beaux-arts, 
l'exposition  des  commandes  et  acquisitions  faites  par 
l'État,  ou  à  lui  remises,   dans  le  courant  de   l'année 


290 


LE   BULLETIN    DE    L'ART 


1908.  Cette  exposition  restera  ouverte  jusqu'au  20  dé- 
cembre. Le  catalogue  compte  468  numéros. 

Cours   et  conférences   d'histoire   de  l'art.  — 

Voici  les  cours  et  conférences  intéressant  l'histoire  lie 
l'art  pour  l'année  1908-1909. 

—  Au  Collège  de  France  : 

Esthétique  et  histoire  de  l'art.  —  M.  Georges  I.,afe- 
nestre  :  de  la  vie  et  de  la  pensée  dans  les  arts  italiens 
de  la  Renaissance;  les  mardis  et  jeudis,  à  10  h.  1/2,  à 
partir  du  8  décembre. 

Numismatique  de  l'antiquité  et  du  moyen  âge.  — 
M.  Ernest  Babelon  :  numismatique  de  l'empire  des 
Perses  achéménides,  les  jeudis,  à  o  heures  ;  —  les  es- 
pèces monétaires-  frappées  par  les  Grecs,  les  samedis, 
à  5  heures. 

—  A  la  Faculté  des  lettres  : 

Archéologie,  —  M.  Max.  Collignon  :  l'art  et  la  civi- 
lisation de  la  Crète  ancienne,  d'après  les  découvertes 
récentes  ;  les  samedis,  a  3  heures. 

Histoire  de  l'art.  —  M.  Henry  Lemonaier  :  l'état  de 
la  science  sur  les  grandes  questions  de  l'histoire  de 
l'art  français  ;  l'art  du  xviii"  siècle,  origines  et  déve- 
loppement ;  les  jeudis,  à  3  h.  1/4. 

Histoire  de  la  musique.  —  M.  Romain  llolland, 
chargé  de  cours  :  l'histoire  de  l'art  musical  au  xyiii" 
siècle;  Haendel  (suite),  les  oratorios;  les  jeudis,  à 
4  h.  1/2. 

—  Cours  libres  de  la  Faculté  des  lettres  : 

M.  Pierre  -  Marcel  Lévi  :  les  Dessins  français  du 
XVI'  siècle  ;  les  lundis,  à  4  h.  1/4,  à  partir  du  7  dé- 
cembre. 

M.  C.  de  Mandach  :  les  Origines  et  le  développement 
de  la  peinture  vénitienne  au  XV'  siècle  ;  les  samedis, 
à  4  h.  1/4,  à  partir  du  12  décembre. 

M.  G.  Iloudard  :  le  Rythme  musical,  son  passé,  son 
avenir  ;  les  mercredis,  à  4  heures,  à  partir  du  6  jan- 
vier. 

—  A  l'École  du  Louvre  : 

Archéologie  orientale  et  céramique  antique.  — 
M.  Edmond  Pottier  :  1"  semestre,  les  vases  attiques 
à  figures  noires  (histoire  de  la  peinture  grecque  au 
temps  de  Pisislrate)  ;  2*  semestre,  les  petits  monu- 
ments, statuettes,  bijoux,  vases  de  la  série  orientale 
(missions  de  Sarzcc  et  de  Morgan  en  Chaldée  et  en 
Perse)  ;  les  samedis,  à  10  h.  1/2  du  matin,  A  partir  du 
12  décembre. 

Archéologie  nationale. —  M.  11.  Hubert,  suppléant: 
les  époques  de  Halstatt  et  de  la  Tène  (technologie  et 
chronologie  relatives);  les  vendredis,  à  10  h.  1/2  du 
matin,  à  partir  du  11  décembre. 

Histoire  de  la  .iculpture  du  moyen  âge,  de  la  Renais- 
sance et  des  temps  moderties.  —  M.  André  Michel  : 
l'histoire  de  la  sculpture  au  xv°  siècle,  principalement 
en  France  et  en  Italie  ;  les  mercredis,  à  10  h.  1/2  du 
matin,  à  partir  du  9  décembre. 

Histoire  de  la  peinture.  —  M.  Paul  Lepricur,  em- 
poché par  les  travaux  du  musée,  sera  remplacé  par 


M.  Salouion  Reiiiacli  :  l'histoire  de  la  peinture  depuis 
la  (in  du  pontificat  de  Léon  X  jusqu'au  règne  de 
Louis  XI V;  les  lundis,  à  -i  heures,  galerie  Daru,  à 
partir  du  7  décembre. 

Histoire  des  arts  appliqués  à  l'industrie.  —  M.  Gas- 
ton Migeon  :  l'histoire  du  bois  ouvré  et  sculpté  dans 
ses  applications  au  mobilier  et  à  la  décoration  inté- 
rieure, depuis  le  moyen  âge  jusqu'aux  temps  moder- 
nes; les  vendredis,  à  2  h.  1/2,  à  partir  du  11  décembre. 

Arcliéologie  égyptienne.  —  M.  Georges  Bénéditi'  : 
l'histoire  de  la  sculpture  égyptienne  ;  les  mardis,  à 
10  h.  1/2  du  matin,  à  partir  du  8  décembre. 

—  A  l'École  des  chartes  : 

Archéologie  du  moyen  âge.  —  M.  Eug.  Lefèvre- 
Pontaiis,  suppléant  :  les  mercredis,  à  2  h.  1/2,  et  les 
jeudis,  a  3  heures. 

—  A  l'École  des  hautes  études  :    • 
Archéologie  orientale.  —  M.  Clermont-Ganncau,  les 

mercredis,  à  3  h.  1/2. 

—  A  l'École  des  beaux-arts  : 

Eslliélique  et  histoire  de  l'art.  —  >L  L.  de  Four- 
caud,  les  jeudis,  à  3  heures  1/2. 

A  Rouen.  —  Quelques  toiles  fort  discutées,  ici  et 
là.  Six  petits  elVets  tristes  et  doux  de  M.  Maurice  Gos- 
selin,  dont  l'un  vaut  par  un  fond  de  ciel  automnal 
fort  poétique.  M.  Ch.  Fréchon  expose  une  chaumière 
en  octobre,  d'une  grande  vérité  d'atmosphère  et  d'une 
exacte  observation  des  plans.  Tout  près,  trois  œuvres 
de  M.  Zaccharie  :  une  Femme  qui  rit,  grimace  ;  une 
autre  écrit  au  milieu  du  déséquilibre  des  tonalités. 
Plus  loin...  n'en  parlons  plus!...  Tout  cela  prépare 
l'exposition  l'réchon,  Dumont,  Pinchon,  Barbier. 
Chauvel  ;  puis  l'exposition  des  artistes  roucnnais  ;  puis 
l'exposition  municipale  pour  le  début  de  1909.  La 
Ville  vient  de  voter  un  crédit  de  22.000  francs  pour 
couvrir  les  dépenses  de  l'exposition  qu'elle  orga- 
nise, —  A. -M.  G. 

A  Berlin.  —  Le  bruit  court  que,  dans  la  vente 
récemment  faite  par  la  Société  d'art  et  de  littérature, 
les  trois  tableaux  qui  ont  atteint  les  plus  hauts  prix, 
—  une  Madone  dç  Haphael  à  22j.000  marks,  un  i^aint 
l'hilippe  baptisant  de  Rembrandt  à  200.000  marks,  un 
Portrait  d'homme  de  Titien  à  30.000  marks,  — n'étaient 
que  des  copies  anciennes,  mais  d'une  valeur  fort 
inférieure.  La  Madone  pourrait  être  l'ouvrage  d'im 
élève  de  l'atelier  de  Raphaël.  —  M.  M. 

A  Mannheim.  —  La  Kunsthalle  vient  de  s'enrichir 
du  buste  en  bronze,  récemment  terminé  par  Max 
Klinger,  du  philosophe  leipzigois  Wilhelm  Wundt, 
don  d'un  amateur  de  la  ville  ;  et  de  deux  tableaux  de 
Anselme  Feuerbach  qui  se  font  pendants  :  Enfants 
près  d'un  jet  d'eau  et  Enfants  au  bain,  commandés 
par  un  particulier  de  Krancfort-sur-Mein  et  peints  en 
1859,  ayant  appartenu  ensuite  à  M.  Ferd.  Reiss,  de 
Karlsruhe.  —  M.  M. 

En  Sicile.  —  Le  Journal  des  Débats  du  3  décembre 
annonce  que  M.  Ficrens-Gcvaert  vient  de  découvrir. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


291 


dans  1  église  Santa  Maria  del  Gesu,  à  Polizzi,  non  loin 
de  Païenne,  un  triptyque  qu'il  attribue  à  Mcmlinc. 
Le  panneau  central  représente  une  Vierge  assise  sur 
un  trône  et  tenant  l'Enfant  Jésus  sur  ses  genoux; 
quatre  anges  entourent  le  groupe.  Sur  l'un  des  volets, 
on  voit  sainte  Catherine  accompagnée  d'un  ange;  sur 
l'autre,  sainte  Barbe,  avec  un  personnage  qui  est  sans 
doute  le  donateur. 

En  Suisse.  —  On  sait  qu'il  existe  une  Société  pour 
la  protection  des  paysages  suisses.  Il  ne  lui  reste, 
hélas  !  plus  grand'chose  à  sauver.  Pourtant  elle  a 
recueilli  70.000  signatures  d'opposition  au  chemin 
de  fer  du  Cervin  ;  elle  s'efforce  d'empêcher  la  con- 
struction d'une  voie  ferrée  dans  le  Val  de  Reuss,  où 
des  ponts  métalliques  viendraient  détruire  la  sauva- 
gerie du  fameux  pont  du  Diable  ;  enfin,  elle  s'emploie 
à  conserver  sur  place  la  collection  ethnographique 
de  Saint-Moritz,  dite  Musée  d'Engadine,  qui  rappelle 


la  vie  locale  des  quatre  derniers  siècles  et  dont  on  a 
dit  qu'elle  allait  être  vendue  à  l'étranger.  —  M.  M. 

A  Munich.  —  Tandis  que  le  conseil  municipal  de 
Berne  passe  outre  à  toutes  les  représentations  des 
milieux  artistiques  et  vote  la  démolition  de  l'ancien 
bâtiment  du  musée,  en  faveur  duquel  le  grand 
statuaire  munichois,  A.  de  Ilildebrand,  venait  de 
publier  un  chaleureux  plaidoyer,  les  lois  allemandes 
protègent  efficacement  l'aspect  des  rues  contre  les 
envahissements  de  la  construction  et  de  la  réclame. 
A  Munich,  le  propriétaire  d'un  grand  établissement 
de  confection  consent  de  bon  gré  à  respecter  la  façade 
de  la  maison  Hans  Mielich  (Theatinerstrasse)  dont  il 
transforme  tout  l'intérieur.  A  Augsbourg,  le  directeur 
d'une  Compagnie,  qui  faisait  appliquer  des  affiches 
d'un  bleu  criard  et  refusait  de  les  retirer,  s'est  vu 
condanmer  à  dix  marks  d'amende  et  à  l'enlèvement 
de  ses  affiches.  —  M.  M. 


CHRONIQUE    DES   VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

Vente  de  la  collection  X...  (tableaux  mo- 
dernes, objets  d'art,  etc.)  —  Nous  avons  suf- 
fisamment donné  de  détails  sur  cette  vente,  en 
l'annonçant  ici-même,  pour  n'être  pas  tenus 
d'ajouter  de  bien  longs  commentaires  à  la  liste 
des  principaux  prix  que  l'on  trouvera  ci-dessous. 

Vente  de  composition  très  mêlée  ;  du  bon 
second  ordre,  mais  pas  de  pièces  hors  de  pair, 
une  bonne  tenue  et  une  moyenne  de  résultats 
fort  honorables,  telle  est  l'impression  (lui  se  dé- 
gage de  cette  suite  de  vacations  qui  ont  eu  lieu 
salles  0,  10  et  II,  du  2.'i  au  26  novembre,  sous  la 
direction  de  M«'  Coutanceau  et  Lair-Dubreuil,  et 
de  MM.  Georges  Petit,  Bonjean,  Caillot,  Paulme 
et  Lasquin,  et  qui  ont  abouti  à  un  produit  total 
de  41i).591  francs. 

Notons  les  enchères  les  plus  saillantes  : 

Les  17.200  fr.  obtenus,  sur  la  demande  de  2;i.000, 
par  le  Ch.  Jacque,  Intérieur  de  bergerie  ;  les 
15.200  fr.,  sur  la  demande  de  5.000  seulement, 
par  la  Dentelliùre  de  Hops,  et  les  11.210  de  l'Or- 
pheline de  Henner,  estimée  10.000  fr.  Ceci  du 
côté  des  peintures  modernes.  Parmi  les  dessins, 
le  pastel  de  Lhermitte,  Laveuxcis  à  Moret,  a  été 
adjugé  5.500  fr.,  sur  la  demande  de  6.000. 
;  Passons  aux  objets  d'art.  Peu  de  gros  prix  du 
côté  des  porcelaines,  où  l'enchère  principale  est 


celle  de  6.105  fr.,  sur  la  demande  de  7.500,  pour 
une  suite  de  cinq  grandes  figurines  de  Saxe,  les 
Cinq  sens,  avec  restaurations.  Rien  de  bien  mar- 
quant du  côté  des  faïences  ni  des  estampes  an- 
ciennes, mais  l'argenterie  a  fourni  quelques 
bonnes  adjudications,  certaines  inférieures  d'ail- 
leurs aux  demandes. 

Ainsi,  la  paire  d'aiguières  en  argent,  avec 
leurs  bassins,  d'époque  Régence,  on  vieux  Paris, 
sont  restées  à  8.200  fr.,  sur  la  demande  de  12.000  ; 
et  si  les  deux  saucières  en  vieux  Paris  xviii"  siè- 
cle, vendues  3.520  fr.,  ont  ainsi  dépassé  les 
3.000  fr.  de  la  demande,  elles  n'en  sont  pas 
moins  restées  fort  en  dessous  de  leur  ancien 
prix  de  la  vente  de  la  Béraudière,  soit  6. 050  fr. 

Enfin,  du  côté  des  meubles,  on  remarquera 
les  10.150  francs  obtenus  par  le  meuble  de  style 
Louis  XVI,  en  tapisserie  moderne  d'Aubusson, 
sur  la  demande  de  5.000,  et  les  3.000  fr.  donnés 
pour  une  petite  pendule  de  Lenoir,  d'époque 
Louis  XV,  en  bronze  doré  et  porcelaine  de  Saxe, 
et  deux  petits  bougeoirs  bronze  et  porcelaine  de 
Saxe  de  style  Louis  XV.  Portée  au  catalogue 
comme  «  de  style  »  simplement,  la  pendule  avait 
été  déclarée  ancienne  au  moment  de  la  vente. 

Atelier  Busson.  —  Faite  salle  6,  les  27  et 
28  novembre,  par  M'  André  Couturier  et  MM. 
Chaîne  et  Simonson,  cette  vente  a  produit  un 
total  de  36.989  francs. 


202 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


l'aimi  les  U'uvres  de  ce  peintre  qui  ont  réalisé 
les  meilleurs  prix,  notons  :  li.  Le  Loir  à  Frazay, 
i.\m  fr.  —  10.  Orage  dans  les  Landes,  1.350  fr. 
—  20.  Le  Loir  à  Saint- Martin,  1.000  fr. 

Les  autres  peintures  et  études  se  sont  vendues 
entre  îiO  et  800  francs. 

Vente  de  la  collection  Henri  Say  (tableaux 
anciens,  etc.).  • —  Comme  11  était  aisé  de  le  pré- 
voir, cette  vente  a  remporté  le  succès  le  plus 
complet,  et  les  résultats  ont  atteint  les  prévi- 
sions les  plus  optimistes  Pour  la  plupart  des 
numéros,  les  prix  d'adjudication  ont  dépassé 
largement  les  estimations. 

Naturellement,  la  plus  grosse  enchère  de  la 
vente  a  été  obtenue  par  Lancrct,  la  liondc  cliam- 
p('«rc,  adjugée  280.000  fr.  sur  la  demande  de 
200.000.  Mais  si  ce  prix  constitue  en  soi  une 
enchère  remarquable,  —  surtout  si  l'on  consi- 
dère que  ce  tableau  ne  réalisait  que  112.000  fr., 
en  1898,  à  la  vente  Tabourier,  sur  la  demande 
de  63.000,  —  il  n'est  peut-i'tre  pas  le  plus  surpre- 
nant de  la  journée.  Même  sans  la  lourdeur 
actuelle  du  marclié,  il  eût  pu  être  encore  dé- 
passé. M.  H.  Say  avait,  dit-on,  refusé  400.000  fr. 
de  ce  tableau,  et  l'on  s'attendait,  sinon  à  ce 
chiffre,  du  moins  à  une  enchère  voisine  de 
300.000'fr.  Le  Lancret  revenaiit,  frais  compris, 
à  .308.000  fr, .  la  prévision  était  assez  juste. 

Beaux  prix  pour  le  Pater,  la  Conversation 
galante,  adjugé  95.000  fr.  sur  la  demande  de 
HO. 000,  et  pour  le  Greuze,  Bacchante,  vendu 
00.000  fr.  sur  même  estimation.  Nous  ne  sommes 
guère  habitués  à  voir  (ireuze  si  chèrement  coté. 
Deux  Hubert  Robert,  vendus  60.000  fr.,  sont 
encore  à  noter  du  côté  des  peintures  anciennes. 

Côté  des  modernes.  L'important  Fromentin, 
adjugé  62.000  fr.,  n'a  pas  réalisé,  à  beaucoup 
près,  le  prix  de  demande,  soil  100.000  francs. 

De  bons  prix  pour  les  tapisseries,  oii  les  en- 
chères se  sont  tenues  plus  régulièrement  très 
près  au-dessus  ou  au-dessous  des  prix  d'estima- 
tion. Seul  le  salon  en  tapisserie  de  lîeauvais  est 
resté  à  31.500  fr.,  sur  la  demande  de  50.000. 

Il  nous  suffira  de  donner  la  liste  des  enchères 
avec  les  prix  de  demande  et  quelques  prix  obte- 
nus antérieurement  par  les  mêmes  objets  — 
renseignements  que  nous  empruntons  à  notre 
confrère  la  Gazette  de  l'Hôtel  Drouot. 

PRINCIPAUX    PRIX 

T/MiLKAi;x.  —  1.  liellanger.  Le  Retour  du  brave. 
2.400   l'r.   —  4.   Canaletto.    Venise,    16.000  fr.    ^deui. 


12.000).  —  F.  Decaiiips.  Le  Chasseur  au  marais. 
22.000  fr.  {d(,-m.  20.000).  —  Vente  V.  J.,  1857,  6.000.  — 
Vente  Khalil  Bey,  18G8.  8.000).  —  6.  De  Marne.  La 
Foire  au.r  hesliaiix,  21.000  fr.  (dcui.  10.000).  —  T.  Éc. 
franc.  Jiiuoit.  2  700  fr.  —  8.  Fichel.  L'Arrestation. 
2.600  fr.  —  9.  Fromentin.  Le  l'assar/e  du  yué, 
62.000  fr.  (dem.  100.000.  —  Vente  Khalil  Bey.  1868, 
23.500).  —  10.  Greuzf.  Bacchante,  60.000  fr.  (dem. 
50.000).  —  11.  Van  der  Heyd.m.  La  Petite  place, 
22.500  fr.  (dcui.  20.000).  —  12-13.  Hubert  Itohert. 
Sainl-Pier7'e  de  Home,  liuines  romaines,  60.000  fr. 
(dem.  50.000).  —  14.  Nicolas  Lancret.  La  Fêle  cham- 
pêtre, 280.000  fr.  (dem.  200.000.  —  Vente  de  Beurnon- 
ville,  1881,  60.000.  —  Vente  Febvre,  18,S2,  51.000.  — 
Vente  Taliouricr,  1898.  112.000).  —  15.  Miirillo.  Sainte 
Famille,  4.500  fr.  (dem.  8.000).  —  16.  Parrucel.  Les 
Quatre  Saisons,  décoration  en  grisaille.  5.000  fr. 
(dem.  5.000).  —  17.  Pater.  La  Conversation  nalanle, 
95  000  fr.  (dem.  50.000).  —  18.  SchcUer.  Ihiplème  nu 
village,  5.000  fr.  (dem.  3.000).  —  19.  David  Teuiers. 
Le  Fumeur,  6.000  fr.  (dem.  8.000).  —  20.  G.  van  de 
Velde.  La  Flotte  hollandaise,  23.000  (dem.  20.000).  — 
21.  Attr.  à  Ant.  Watteau.  Le  liai,  37.000  fr.  (dem. 
50.000).  —  22.  Wiekeraberg.  E/fet  d'/iiver,  2.200  fr. 
(dem.  400). 

Objets  d'aih  .  —  33.  Deu.v  vases  -  baliistre,  aiic. 
porcel.  de  Chine,  vases  bronze  ciselé  et  doré  (anses 
fract.),  2.400  fr.  —  24.  Groupe  en  terre  cuite,  .xviii"  s., 
représentant  lienaud  et  Armide,  7.200  fr. 

Tapisskhies.  —  23.  Suite  de  trois  tnp.  des  Gobelins, 
d'ap.  CM.  Coypi'l  cl  Tessier,  faisant  partie  de  la  ten- 
ture de  VHistoire  de  Don  Quichotte.  Don  Quiclwtte 
'juéri  de  sa  folie  par  la  Sagesse,  30.000  fr.  (dcuj. 
25.000).  —  26.  La  Tête  encliantée,  et  27.  Don  Qui- 
chotte chez  les  filles  de  t' Hôtellerie,  81.000  fr.  (dem. 
80.000).  —  28.  Tap.  de  Beauvais.  ép.  Louis  XV,  dap. 
Boucher.  Le  Retour  de  la  chasse.  77.000  fr.  (deui. 
80.000).  —  29.  Tap.  de  Beauvais  ou  des  lîobclins  du 
xviir  s.,  composition  décorative,  panthères,  attriliuts, 
Heurs,  etc.,  et  30.  Tap.  analogue,  eu  conlre-parlic, 
64.000  fr.  (dem.  60.000).  —  31.  Tap.  de  la  tenture  de 
Vllistoire  d'Alexandre  le  Grand,  par  Ch.  Le  Brun, 
man.  des  Gobclins,  xvir  s.,  la  llataille  ti'.lrbelle.^. 
11.700  fr.  (dem.  12.000).  —  32.  Tap.  des  Gobelins,  de 
la  tenture  les  Mois  ou  les  Maisons  royales,  le  Château 
de  Vincennes  {Juillet),  67.000  fr.  (dem.  30.000).  — 
33.  Tap.  des  Gobclins,  xvni*  s.,  de  la  tenture  des 
Portières  des  Dieux,  d'après  CI.  Audran.  Septune  ou 
l'Eau,  et  34.  Jupiter  ou  le  Feu.  1)4.000  fr.  (dem. 
120.000).  —  34  liis.  Suite  de  quatre  tap.  des  G<d>elins. 
ép.  Louis  XIV,  de  la  Tenture  des  Indes,  a)  Le  Coiuhiil 
d'animaux,  7. .500  fr.  (dem.  8.000  .  —  b)  Les  Pécheurs. 
11.000  fr.  —  c)  Le  Roi  porté,  10.000  fr.  —  d)  L'Indien 
à  clieval,  10.000  fr. 

Mecblks  ks  ancien.n'k  TAPissKHiB.  —  35.  Salon,  tap. 
de  Beauvais  du  xvnr  siècle  (un  canapé,  six  fauteuils, 
deux  chaises),  médaillon  à  bouquets  de  Heurs  (rest.), 
31.500  fr.  (dem.  50.000).  —  30.  Grand  canapé,  recouv. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


29.i 


en  Lap.  de  lieauvais  du  xviii'  siècle,  médaillon  charge 
d'un  bouquet  de  lis,  33.300  fr.  (dem.  43.000;. 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Collec- 
tion de  M"'*  C.  (tableaux,  objets  d'art).  — 
Donnons  quelques  détailï^  sur  cette  vente,  que 
nous  avons  déjà  annoncée  et  qui  aura  lieu, 
>alle  6,  les  7  et  8  décembre,  par  le  ministère  de 
.M'  André  Couturier  et  de  MM.  Ferai,  Paulme  et 
Lasquin. 

Parmi  les  tableau.v  et  dessins,  notons  :  un 
l'ai/Kage  de  Norvège  par  Jacob  Ruysdaei.  prove- 
nant de  la  vente  du  comte  iS'...  en  1851;  deux 
jianneau.K  de  l'école  allemande  du  xvi<=  s.,  figu- 
rant la  Messe  de  saint  Grégoire,  avec,  a.u  verso,  sur 
l'un,  Jésus  au  jardin  des  Oliviers,  et  sur  l'autre, 
la  Descente  du  Saint-Esprit  sur  les  apôtres;  deux 
vues  de  Venise  par  Bellotto;  une  Adoration  de 
Hreugliel  ;  le  Retour  du  marché  par  De  Marne  ;  la 
Promenade  des  chevaux  par  Géricault,  et  d'autres 
peintures  portant  les  noms  de  Desportes,  Miéris, 
Mouchieron  et  Oudry  ;  ceci  pour  les  peintures,  et 
parmi  les  dessins  :  deux  a((uarelles,  V Arrivée  en 
calèche  et  le  Carrosse  par  Eugène  I  ami,  et  plu- 
sieurs aquarelles,  Souvenirs  de  Home  par  Nicole, 
.win"  siècle. 

Signalons,  du  côté  des  objets  d'art  et  d'ameu- 
blement :  des  faïences  de  Rhodes,  Rouen, 
.N'evers,  Moustiers;  des  porcelaines  anciennes, 
Cliine,  Sèvres  et  Paris;  un  buste  en  marbre 
blanc,  le  Berger  Paris  par  Canova  (1809);  des 
bronzes  d'ameublement  du  xvih°  siècle;  des 
objets  de  curiosité  de  diverses  époques;  enfin, 
des  meubles  du  xviii=  siècle,  dont  un  petit  bureau 
bonheur-du-Jour  de  l'époque  Louis  XVI,  portant 
l'estamijille  R.  V.  L.  C,  en  la(iue  noire,  ornée 
de  bronzes  dorés. 

Cette  vente  a  fait  l'objet  d'un  catalogue  illustré. 

Collection  de  M.  X...  (tableaux  anciens  et 
modernes).  —  Un  catalogue  illustré  de  quelques 
planches  nous  apporte  l'annonce  d'une  vente  que 
feront,  salle  6,  le  H  décembre.  M''  Lair-Dubreuil 
et  M.  Haro. 

Nous  remarquons  en  particulier  :  le  Vieil  aque- 
duc, par  (Juardi;  le  Pacha,  par  Leprince;  la  Mar- 
(juise  de  Monlespan,  par  Mignard  (coll.  Mercier,  de 
Mort);  l'Oiseau  de  proie,  par  Oudry  (coll.  de  la 
marquise  de  Juigné);  les  Laveuses  et  la  Fontaine 
rwitiijue  coll.  du  comte  de  Reiihac),  par  Hubert 
Robert,  et  du  même,  le  Torrent  et  le  Ravin,  une 
autre  paire  de  pendants;  enfin,  de  Ziem,  le  Soir 
sur  te  grand  canal  (coll.  Zygomalas,  de  Marseille), 
le  Coup  de  canon  et  Soleil  couchant. 


Collection  de   M.    Chéréméteff  (tableaux, 

etc.).  —  Ajoutons  quelques  détails  à  l'annonce 
(jue  nous  avons  faite  de  cette  vente  qui  sera 
dirigée,  salles  10  et  H,  les  H  et  12  décembre, 
par  M"  Boudin  et  M.M.  Chaîne  et  Simonson  et 
Paulme  et  Lasquin. 

H  nous  faut  signaler  tout  au  moins,  parmi  les 
tableaux  modernes  :  deux  Corot,  Rocher  dans  la 
foret  de  Fontainebleau  et  Bords  de  rivière  ;  un 
Couture,  Figure  académique;  trois  Diaz,  Orage  en 
mer,  Pai/sage  au  ciel  orageux  et  Intérieur  de  forêt; 
deux  .lulien  Dupré,  Animaux  à  l'abreuvoir  et 
l'Heure  de  ta  traite;  un  Ch.  Jacque,  Troupeau  de 
porcs  dans  la  plaine  sous  un  ciel  orageux  ;  enfin, 
un  Courbet,  le  Portrait  de  Gustave  Mathieu,  de  la 
Nièvre. 

Des  dessins  et  des  aquarelles  et  quelques 
peintures  anciennes  complètent  cette  partie  de 
la  collection. 

Du  côté  des  objets  d'art  et  d'ameublement,  on 
remarquera  une  réunion  de  tapisseries  :  petits 
panneaux  des  Flandres  du  xvii«  siècle,  à  sujets 
religieux;  verdure  d'Aubusson,  d'ép.  Louis  XVI, 
à  oiseaux  et  pagode  dans  le  goût  de  Piilement; 
tapisserie  flamande  du  xvn^  siècle,  à  personnages 
dans  un  paysage  ;  grande  tapisserie  de  Bruxelles, 
d'époque  Louis  XIV,  à  sujets  d'après  Téniers; 
tapisseries  flamandes  d'époque  Régence;  pan- 
neaux d'Aubusson  d'époque  Louis  XV,  à  sujets 
de  pastorales  d'après  Huet;  enlin,  une  tenture 
de  fabricalion  llamande  de  la  fin  du  xvi«  siècle, 
à  décor  d'animaux  et  de  ligures  au  milieu  de 
paysages. 

A  Londres.  —  Collection  de  Lord  Am- 
herst  of  Hackney.  —  Le  11  décembre,  chez 
Cluistie,  aura  lieu  une  séance  intéressante  pour 
les  amateurs  de  pièces  de  haute  curiosité.  Parmi 
les  objets  d'art  et  d'ameublement  anciens  qui 
composent  celte  collection,  nous  remarquons 
une  série  de  niajoliques  italiennes,  notamment 
des  Urbino,  dont  un  large  plat  représentant  la 
Prise  de  Troie  d'après  Raphaël,  provenant  de  la 
collection  Founlaine,  des  Deruta,  des  Castel- 
Durante.  des  fiubbio,  dont  un  plat  signé  de 
Maestro  Giorgio,  représentant  la  Mort  de  Lucrèce, 

Contenloiis-nous  d'indiquer  la  présence  de 
quelquesspécimensd'autrescéramiques:  faïences 
hispano-mauresques  et  porcelaines  de  Chine;  et 
d'un  heaume,  d'art  allemand  du  xvi=  siècle, 
provenant  des  collections  Bernai  et  Fountaine. 

La  série  des  émaux  de  Limoges  est  d'impor- 
tance et  présente  en  particulier  :  une  aiguière 


294 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


par  P.  Courtois;  une  paire  d'assiettes,  l'une, 
où  l'on  voit  l'Amour  présentant  à  Psyché  Jupiter 
et  à  Junon,  l'autre  le  Festin  des  dieux,  par 
PénicaudlII;  une  autre  paire  d'assiettes,  décorées 
des  emblèmes  des  mois  de  janvier  et  de  septem- 
bre, celles-ci  par  Pierre  Raymond  — ,  ces  deux 
deux  derniers  numéros  provenant  de  la  collec- 
tion Fountaine  — ,  parmi  maints  autres  exem- 
plaires remarquables  des  Court,  des  Courtois,  des 
Pénicaud  et  des  Raymond. 

Quelques  meubles  anglais  et  français  anciens 
seraient  encore  à  signaler.  Mais  il  faut  nous 
limiter.  Contentons-nous  d'indiqueren  terminant 
ces  deux  numéros  d'importance  :  un  meuble  de 
salon  d'époque  Louis  XV,  couvert  en  tapisserie 
des  Gobelins,  représentant  les  Fables  d'Esope  et 
comprenant  deux  canapés  et  douze  fauteuils;  ce 
meuble,  qui  appartint  originairement  à  Horace 
Walpole,  est  complété  par  un  autre  meuble 
analogue,  comprenant  un  canapé  et  six  fauteuils  ; 
et,  d'autre  part,  une  suite  de  huit  panneaux  en 
tapisserie  des  Gobelins  de  la  fameuse  tenture  de 
rmstoire  du  roi,  d'après  Le  Brun  et  Van  der 
Meulen  ;  cette  suite  provient  du  château  de 
Moritzberg,  en  Saxe. 

Une  belle  séance,  comme  on  voit,  et  qui  a  fait 
l'objet  d'un  catalogue  illustré,  ce  qui  est  rare  à 
Londres. 

A  Amsterdam.   —  Tableaux  anciens.    ~ 

Nous  recevons  le  catalogue  illustré  d'une  vente 
de  tableaux  anciens  provenant  de  diverses  col- 
lections hollandaises,  vente  qui  aura  lieu  chez" 
MM.  Frederick  Muller  et  C'",  à  Amsterdam,  les 
15  et  16  décembre.  Nous  donnerons  dans  notre 
prochaine  chronique  des  détails  sur  cette  réunion 
de  peintures,  pour  la  plupart  de  l'ancienne  école 
hollandaise,  qui  va  être  ainsi  dispersée  aux 
enchères. 

M.  N. 

ESTAMPES 

AParis.  — "Vente  d'estampes  modernes. —  La 

vente  d'estampes  modernes  (jue  nous  avions  an- 
noncée dans  un  précédent  numéro  et  qui  s'est 
faite  le  4  novembre,  par  les  soins  de  M°  A.  Des- 
vouges  et  de  M.  L.  Delleil,  a  donné 'un  produit 
total  de  21.000  francs. 

Beaucoup  de  petits  prix  intéressants,  mais 
que  nous  n'avons  pas  la  place  de  signaler.  Men- 
tionnons seulement  les  plus  grosses  enchères, 
qui  sont  celles  des  Pécheurs  de  la  Tamise  (n°  80), 
par  Seymour  Haden,  1.400  fr.  ;  —  des  douze 


Eaux-fortes  sur  Paris  (n»  114),  par  .Méryon,  610  fr.  ; 

—  des  Bêcheurs,  de  Millet  (n°  116),  épreuve  du 
l»""  état,  1.100  fr.  ;  —  et  une  épreuve  du  !«■•  état 
du  portrait  tïErnest  Renan,  par  A.  Zorn  'n°  240), 
8b0  fr. 

A  Leipzig.  —  "Vente  de  la  collection  A. -AV. 
Schultze,  de  Hambourg  (estampes anciennesi . 

—  Uuel(|ues  prix  intéressants,  à  retenir  dans  la 
vente  d'estampes  anciennes  appartenant  à  A.-W. 
Schultze,  de  Hambourg,  que  nous  avions  annon- 
cée dans  un  précédent  Bulletin  et  qui  a  eu  lieu, 
parles  soins  de  M.  C.  G.  Bœrner,  le  9  novembre, 
à  Leipzig. 

A.  Durer  :  très  belle  série  d'enchères  ;  nous  nous 
bornerons  aux  prix  supérieurs  à  400  marks.  —  274. 
Sainte  Anne  et  la  Vierge,  405  m.  —  276.  La  Vierge 
avec  la  couronne  et  le  sceptre,  405  ni.  —  278.  La 
Vierge  assise  avec  l'Enfant,  955  m.  —  280.  La  Vierge 
au  mur,  530  m.  —  282.  La  Vierge  au  singe,  1.710  m. 

—  292.  Les  Trois  paysans,  510  m.  Parmi  les  bois, 
citons  le  n-  303.  Vie  de  la  Vierge  (20  pi.),  300  m. 

Les  gravures  de  II.  Holbcin  le  jeune  ont  fait  entre 
100  et  i&'A  ni.  —  576.  Lucas  de  Lcyde.  f'ainl  Georges, 
400  m.  —  668.  A.  van  Ostadc.  Le  Peintre  dans  son 
atelier,  510  m. 

Parmi  les  maîtres  de  l'École  française,  on  retiendra  : 
278.  Debucourt.  La  Promenade  publique,  ila  ai.  — 
497.  Janinet.  L'Amour  rendant  hommage  à  sa  mèie, 
Vénus  et  l'Amour,  d'après  Boucher,  535  m. 

Rembrandt  :  le  plus  beau  prix  a  été  pour  une 
épreuve  de  la  scène  du  Christ  prêchant,  connue  sous 
le  nom  de  la  Petite  tombe  fn*  720),  1.385  m.  Autres 
prix  :  727.  La  Grande  Fuite  en  Egypte,  940  m.  — 74t. 
Le  Vieillard  en  manteau  de  velours,  810  m.  — 742. 
Jan  Lulma,  760  m.  —  748.  La  Grande  fiancée  juive, 
1.030  m. 

Une  épreuve  du  Portement  de  Croix,  dv  la  Passion 
de  Martin  Schongauer  ;838),  s'est  vendue  340  m. 


H.  G. 


LIVRES 


A  Leipzig.    —    Ventes   de   manuscrits    à 
miniatures  et   de   livres    anciens.    —    Nous 
avons  annoncé  cette  vente  faite  par  M.-  G. -G 
Bœrner,  les  13  et  14  novembre.  En  voici  les  en- 
chères principales. 

Mi.MATUiiKS.  —  I.  Initiale  ornée,  le  Martyre  de  saint 
Sébastien,  iv  s.,  780  m.  — 2.  Autre,  ta  Vierge  et  l'En- 
fant, avec  deux  anges  musiciens,  x\"  s.,  1.820  m.  — 
3.  Autre,  la  Visitation,  xv  s.,  560  m.  —  8.  Autre, 
Martyre  de  saint  André,  .xiv's.,  600  m. 

Maxcscbits.  —  55.  Graduel  de  Bohème,  xiii'  s., 
avec  minatures,  3.720  m.  —  56.  Processionnal  (1488), 


ANCIEN   ET    MODERNE 


39b 


miniatures,  4.850  m  —  58.  Livres  de  famille  avec 
armoiries  ^1584-1598),  3.720  m.  —  39.  Histoire  des 
princes  de  la  Marche  de  Brandebotirr/  (1539),  910  m. 
—  61.  Livre  de  prières  allemand  (1629),  800  m. 

LiviiF.s  ANCIENS.  —  73.  Avicenne.  De  Virlutibus 
herharum  (Venetii.s,  1499),  980  m.  —  73.  Bible  (Nu- 
l'einberg,  1483),  780  m.  —  84.  Uaosvita.  Opéra,  etc. 
Nuremberg,  1501),  660  m.  —  99.  Schatzbehalter,  etc. 
(.Nuremberg,  1491),  1.880  m. 

B.  J. 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Société    des   peintres -graveurs    français 

(galeries  Diirand-Huel).  —  Après  les  concurrences 
du  printemps  et  de  l'automne,  voici  la  VllI»  e,\po- 
sition  de  l'aînée  des  Sociétés  où  l'on  grave  :  depuis 
douze  ans,  elle  ne  s'était  montrée  qu'une  seule  fois 
dans  le  désert  du  Grand-Palais;  elle  se  rattrape, 
aujourd'hui,  dans  un  musée  de  l'art  moderne  : 
257  cadres,  et  40  e,\posants  sur  "iS  membres. 
Non  catalogués,  ses  deux  présidents  d'honneur 
y  représentent  vigoureusement  la  pointe-sèche 
et  l'eau-forte  :  le  romantisme  de  M.  Rodin,  por- 
traitiste de  Victor  Hwjo,  voisine  avec  le  style  de 
M.  Hracquemond,  le  précurseur  du  Battant  de 
porte.  Et,  spirituellement,  sous  la  présidence 
active  de  M.  Léonce  Rénédite,  la  couleur  n'est 
pas  bannie  de  cette  nouvelle  apologie  du  noir: 
témoin  les  repérages  délicats  de  M.  Raoul  du 
Gardier,  les  bois  en  camaïeu  du  mélomane  Jac- 
ques Beltrand  ou  du  paysagiste  Paul  Colin, 
robustes  héritiers  d'Ugo  da  Carpi.  Mais  le  noir 
domine  avec  le  magistral  Auguste  Lepère,  entouré 
de  MM.  Leheutre,  Paillard,  Béjot,  Chahine,  Louis 
Legrand,  Michel  Cazin;  le  noir  attire  nos  pein- 
tres, MM.  Collet,  Dauchez,  Prouvé,  G.  de  La- 
tenay,  Berton,  près  des  virtuoses  étrangers, 
MM.  Storm  van  S'Gravesande,  Zilcken,  François 
Simon,  Baerlsoen,  Bone,  Hedley  Fitton,  Anders 
Zorn,  portraitiste  d'Anatole  France  et  de  Rodin; 
le  noir  a  des  amis  chez  les  jeunes,  MM.  Charles 
Heyman,  Jacques  Beurdeley,  Marcel  Beltrand, 
Loys  Delteil. 

Expositions  diverses.  —  Mêmes  sites  rebattus 
et  mêmes  techniques  embrumées  :  chez  Georges 
Petit,  pour  succéder  à  la  Bretagne  de  M.  G.  Jor- 
dic,  M.  François  Haussy  descend  «  de  Nurem- 
berg à  Venise  »,  mais  sans  rencontrer  la  grande 
ombre  d'Albert  Diirer;  à  la  galerie  des  Artistes 
modernes,  les  sanguines  de  M.  Maurice  de  Lam- 


bert, plus  adroit  qu'ému  devant  la  nature,  pré- 
sagent un  dessinateur  de  thé.Ure  ;  enfin,  chez 
Bernheim  jeune,  un  héritier  de  Van  (iogh, 
.M.  Kees  van  Dongen  apparaît  victime  de  l'indul- 
gence contemporaine  pour  les  tares  de  la  névrose 
et  les  calculs  du  snobisme. 

Raymond  Bouyer. 


©' 


m 


BIBLIOGRAPHIE 


Friedrich  II  von  Hohenstaufen  und  die  An- 
faenge  der  Architektur  der  Renaissance  in 
Italien,  von  baron  lleinrich  von  GevmOi.i.eh.  — 
Miinchen,  F.  Bruckmann,  1908.  In-8°,  30  p. 

Le  baron  Henri  de  Geymùller,  bien  connu  en  France 
par  ses  savantes  études  sur  Saint-Pierre  de  Rome  et 
sur  Bramante,  ses  deux  volumes  sur  la  Renaissance 
en  France  et  aussi  par  ses  démêlés  avec  M.  Otto 
Piper  à  propos  de  la  restauration  du  Ilohkonisburg, 
vient  de  publier  une  intéressante  notice  sur  l'em- 
pereur Frédéric  11  et  les  origines  de  l'architecture  de 
la  Renaissance  en  Italie,  où  il  reprend  et  complète 
les  derniers  chapitres  du  bel  ouvrage  de  M.  Éiaile 
Bertaux  sur  l'art  dans  l'Italie  méridionale. 

Une  œuvre  d'art,  pour  apparteuir  à  la  Renaissance, 
doit  posséder  un  double  caractère  gothique  et  an- 
tique. Dans  quel  pays  et  à  quelle  époque  rencontre- 
t-on  pour  la  première  fois  ces  deux  éléments  réunis? 
Dans  le  Nord,  l'art  gothique  français  est  partout  bien 
accueilli  ;  en  Italie,  au  contraire,  il  se  heurte  à  l'esprit 
antique  qui  y  survivait  encore.  L'Italie  est  donc  le 
berceau  de  la  Renaissance.  Au  milieu  du  xiii*  siècle, 
un  homme  y  personnifie  cette  lutte  et  incarne  ainsi 
la  Renaissance  :  c'est  Frédéric  II  de  Hohenstaufen, 
Italien  par  sa  mère,  qui  inspira  directement  les  ar- 
tistes dont  il  s'entoura,  et  qui  même  travailla  au 
milieu  d'eux  ;  qui  fut  le  véritable  «  maître  de  l'œuvre  » 
de  l'arc  de  triomphe  de  Capoue  et  de  Castel-del- 
Monte,  où  l'on  rencontre,  à  côté  de  motifs  gothiques, 
évidemment  inspirés  des  Cisterciens,  des  détails 
dignes  de  l'antiquité.  Un  artiste  de  génie,  Nicola  di 
Pietro,  l'auteur  de  la  chaire  du  baptistère  de  Pise, 
continuera  la  tradition  qui  se  poursuivra  jusqu'à 
Brunelleschi,  ordinairement  considéré  jusqu'ici  comme 
le  père  de  la  Renaissance. 

M.  de  Geymùller  constate  avec  raison  qu'il  n'y  a 
pas  eu  en  Italie  de  style  gothique  ;  il  n'y  a  eu  qu'un 
mode  gothique  de  la  Renaissance,  une  Renaissance 
«vêtue  à  la  gothique  ».  On  pourrait  objecter  que  l'on 
rencontre  en  Italie  des  monuments  purement  gothi- 
ques ;  en  effet,  mais  il  faut  remarquer  que  ces  monu- 
ments ont  été  construits  sous  l'influence  de  l'étranger 
et,  en  particulier,  des  Cisterciens,  comme  l'a  fort  bien 
démontré  M.  Enlart.  L'Italie  n'a  pas  eu  de  style 
gothique  propre  ;  la  Renaissance,  telle  que  la  définit 


200 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


M.  de  Geymuller,  y  a  suci'ciié  directeiuout  au  roman, 
et  l'houime  qui  a  rendu  possible  ce  mélange  d'art 
antique  et  gothique,  qui  lui  a  donné  corps,  est  l'em- 
pereur Fiédéric  11. 

Mahi'.el  Albeivt. 

Aug.  AunoLLENT.  —  Le  Musée  de  Clermont-Fer- 
rand.  —  Clermont-Ferr:ind,  1908,  in-8*. 

Les  lecteurs  de  la  Revue  connaissent  bien  le  musée 
de  Clermont-l'errnnd,  par  l'étude  que  iM.  L.  Gonse  lui 
a  consacrée  au  momeut  où  les  collections  venaient 
d'être  transférées  et  installées  dons  un  nouveau  local, 
sous  la  direction  de  notre  collaborateur,  M.  Marcel 
Nicolle  (1). 

A  l'occasion  du  congrès  de  l'Association  française 
pour  l'avancement  des  sciences  récemment  tenu  à 
Clermont-Ferrand,  le  directeur  du  musée,  M.  Auguste 
Audollent,  a  publié  une  étude  d'ensemble  sur  les  col- 
lections confiées  à  sa  i,'arde.  Tiré  à  part  suus  forme  de 
brochure,  cet  excellent  travail  mérite  d'être  signalé 
comme  un  modèle  à  suivre  pour  d'autres  de  nos  col- 
lections provinciales,  trop  peu  connues. 

Après  avoir  indiqué  l'historique  du  nuisée,  dû 
surtout  au  zèle  de  Bouillet,  et  les  conditions  dans 
lesquelles  s'etl'ectua,  en  1903,  le  transfert  des  collec- 
tions dans  le  nouvel  édifice  rii'i  à  la  générosité  de 
M.  Bargoin,  l'auteur  rappelle  le  plan  général  et  les 
divisions  du  classement  entrepris  par  M.  Nicolle, 
installation  à  laquelle  il  n'a  pas  été  touché  ;  puis  il 
passe  en  revue  les  diverses  séries,  signalant  dans 
chacune  d'elles  les  pièces  les  plus  importantes. 

Mais  si  .\L  Audollent  tient  à  s'effacer  constamment 
derrière  l'organisaleur  du  nmsée,  il  est  facile  de  se 
rendre  compte  que,  depuis  cinq  ans  que  la  collection 
lui  est  contiée,  il  n'est  pas  resté  inactif.  Les  illustra- 
tions nombreuses  et  bien  choisies  qui  accompagneut 
le  te.\te  montrent  qu'auprès  des  objets  des  étiquettes 
explicatives  ont  été  placées  pour  l'instruction  du 
public,  et  ce  détail  seul  dénote  un  conservatcurattentif. 
Le  spécialiste  ne  se  laisse  pas  non  plus  oublier  :  la 
maïuèie  dont  est  présentée,  même  sommairement, 
la  collection  gallo-romaine,  suHirait  à  rappeler  les 
titres  scientifiques  et  la  valeur  d'archéologue  du  sa- 
vant appelé  il  diriger  la  collection  clerinontoise  et  qui, 
avec  raison,  s'efforce  de  lui  conserver  avant  tout  un 

caractère  local. 

R.  G. 

Historique  du  domaine  forestier  de  Ctiantilly. 
—  Les  Jardins  de  Betz.  par  G.  .Maçon  —  Sciilis, 
impr.  de  E.  Dufresnc,  1905-1908,  3  vol.  in  8°. 

Le  savant  auteur  du  livre  sur  les  Arts  dans  ta 
maison  de  Coudé,  que  la  Itevue  eut  jadis  la  bonne 
fortune  de  publier  en  partie,  poursuit,  dans  \psltuUe- 
lins  (lu  Comité  arckéolo(jiqiie  de  Senlis,  l'élude  du 
domaine  de  Chantilly;  c'est  une  question  sur  laquelle 
les  archives  du  musée  Condé  lui  ont  permis  d'appor- 

(1)  Voir  la  Kevue,t.  XIV.  p.  365. 


ter  bien  des  aperçus  nouveaux  et  définitifs,  et  on  eu 
aura  une  preuve  de  plus  quand  on  verra,  dans  les 
deux  récents  volumes  qu'il  vient  de  publier,  rclfort 
grâce  auquel  le  domaine  forestier  de  Chantilly,  insi- 
gnifiant au  moyen  âge,  s'est  développé  progressive- 
ment pour  atteindre  toute  son  ampleur  dans  le  premier 
tiers  du  xrx*  siècle.  Le  premier  de  ces  volumes  com- 
prend la  monographie  des  forêts  de  Chantilly  et  de 
Pontarmé;  le  second,  celle  des  forêts  de  Coye,  Lu- 
zarclies,  Chaumontel  etc.  :  une  carte  est  jointe  à 
l'ouvrage  et  permet  de  suivre  de  près  le  texte  si  précis 
de  M  Maçon.  Les  bois  du  grand  parc  trouveront  place 
dans  l'étude  que  l'auteur  se  propose  de  consacrer  à  la 
formation  des  parcs  du  château. 

Les  recherches  faites  en  vue  de  ces  ouvrages  ont 
amené  M.  G.  .Maçon  à  prendre  connaissance  d'un 
curieux  manuscrit  de  la  fin  du  xviii*  siècle,  intitulé 
Oesciiptinn  historique  du  citdteau  de  llelz.imrcs,  bois, 
rivière,  jardins  et  monuinens  historiques  qu'il  ren- 
ferme. Ce  manuscrit  anonyme  et  non  daté  appartient 
à  la  bibliothèque  du  Comité  archéologique  de  Senlis, 
et  M.  G.  Maçon  a  eu  la  bonne  idée  de  le  publier  in 
extenso.  On  y  verra,  décrits  de  façon  pittoresque  et 
attrayante,  les  paysages  créés  de  toutes  pièces  et  à 
grands  frais,  de  1780  à  1789.  par  .Marie-Catherine  de  Hri- 
gnole,  princesse  de  Monaco,  sur  les  domaines  de  Betz, 
de  Macquelines  et  de  Lévignen,  qu'elle  avait  ac(|uis 
des  héritiers  de  la  présidente  Le  Gendre. 

Les  jardins  de  Betz  sont  célèbres  parmi  les  pins 
remarquables  de  ces  «jardins  anglais  »,  dont  la  mode 
sévit  en  France  à  la  fin  du  xviii*  siècle  ;  ils  étaient 
dus  à  la  collaboration  du  duc  d'Ilarrourt  et  du  peintre 
Hubert  Robert,  que  dirigeait  l'ami  de  la  maison  <  t 
de  la  maiiresse  de  la  maison),  le  prince  de  Condc  : 
une  vallée  des  tombeaux,  un  ermitage  avec  sa  cha- 
pelle, un  temple  de  r.\niitié  que  décorait  le  célèbre 
groupe  de  Pigalle,  l'Amour  et  l'.Unitié,  un  kiosque 
et  un  pont  chinois,  des  ruines  d'un  château  féodal, 
un  temple  rustique,  un  moulin,  un  obélisque,  etc., 
comptaient  parmi  les  plus  curieuses  attractions  de  ce 
diuuaine,  que  Cerutli  célébra  dans  un  poème,  réédité 
à  la'  fin  de  la  brochure  de  M.  Maçon. 

Outre  la  description  des  jardins  de  Betz,  on  trouvera 
dans  cette  brochure  une  partie  explicative  et  critique, 
rédigée  par  M.  .Maçon  d'après  les  archives  de  l'Oise 
et  celles  du  musée  Condé;  on  y  trouvera  aussi  la 
reproduction  de  quelques-unes  des  créiitions  de 
M""  de  Monaco,  soit  d'après  des  gravures  du  temps, 
soit  d'après  des  photographies  de  ce  qui  eu  subsiste 
actuellement.  IVest  un  petit  corpus,  sérieusement 
documenté  et  annoté,  de  ce  qui  a  été  écrit  snr  les 
u  tableaux  variés  »  et  les  «  riches  speclaolcs  »  que  le 
domaine  de  Betz  présentait  aux  regards  .le  Cerutli, 

spectateur  lyrique. 

1.,    U. 

Le  Gérant  :  H.  IJknis. 

Paru.  —  Imp.  Ge«r|^«  Petit,  I!,  rue  (iodot-de-M<uroi. 


Numéro  402. 


Samedi  12  Décembre  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN     ET    MODERNE 


A  propos  de  la  vente  Landelle 


La  vente  de  l'atelier  Charles  Landelle  a  fait 
quasi  autant  de  bruit  que  la  vente  Honry  Say, 
mais  pas  pour  les  mêmes  raisons,  car  il  faut  bien 
avouer  qu'elle  fut  surtout  intéressante  par  oe  qui 
ne  s'y  est  pas  vendu. 

On  connaît  l'affaire.  Elle  réside  tout  entière 
dans  l'interprétation  d'une  phrase  du  testament 
de  Landelle.  Ce  testament  contient  une  disposi- 
tion donnant  au  musée  du  Louvre  le  droit  de 
choisir  une  œuvre  parmi  les  tableau,\  de  l'artiste  ; 
mais  l'artiste  était  en  même  temps  collection- 
neur, et  la  question  est  de  savoir  si  Landelle  a 
entendu  donner  à  l'État  une  de  ses  propres  pein- 
tures, comme  le  prétend  l'exécuteur  testamen- 
taire, ou  au  contraire,  comme  le  soutient  le 
ministère  des  Beaux-Arts,  s'il  a  voulu  léguer 
une  toile  de  sa  collection,  et  singulièrement 
celle  portant  le  n"  196  du  catalogue  de  la  vente, 

—  un  remarquable   portrait  d'homme  ilgé,   pro- 
bablement de  l'école  française  du  xvui'  siècle, 

—  qu'il  avait,  paraît-il,  maintes  fois  déclaré  qu'il 
entendait  offrir  à  l'État. 

La  revendication  formulée  par  le  ministère 
des  Beaux-Arts  a  eu  pour  premier  résultat  de 
faire  retirer  de  la  vente  le  tableau  en  litige,  qui 
a  été  remis  au  musée  du  Louvre,  constitué 
séquestre,  en  attendant  que  les  tribunaux  se 
prononcent. 

Quoi  qu'ils  décident,  il  n'en  reste  pas  moins 
acquis  que  le  vieux  peintre  —  qui  a,  comme  on 
sait,  légué  le  produit  de  sa  vente  à  la  Société  des 
.'Vrtistes  français  —  a  voulu  suivie  ce  très  louable 
exemple,  qui  tend  de  plus  en  plus  à  se  généra- 
liser chez  les  collectionneurs  et  qui  est  de  faire 
la  part  de  nos  collections  nationales  dans  leurs 
dispositions  testamentaires.  Certes,  si  son  inten- 
tion avait  été  d'user  de  ce  moyen  pour  entrer 
au  musée  du  Louvre,  on  pourrait  trouver  que 
le  bon   Landelle  avait  pensé  à  lui  plutôt   qu'à 


nous,  à  sa  renommée  plutôt  qu'à  l'enrichisse- 
ment de  nos  collections  ;  dans  ce  cas,  sa  géné- 
rosité nous  toucherait  moins,  et  même  il  ne 
serait  plus  du  tout  question  de  générosité.  Mais 
si  l'on  estime,  comme  il  semble  probable,  qu'il 
a  voulu  léguer  un  chef-d'œuvre  au  musée  du 
Louvre,  il  prend  place  de  ce  fait  parmi  les  bien- 
faiteurs de  nos  musées,  dont  le  livre  d'or,  déjà 
riche,  voit  chaque  jour  augmenter  le  nombre  de 
ses  feuillets. 

A.  M. 


ECHOS    ET    NOUVELLES 


Académie  des  beaux-arts  (séance  du  .'j  décem- 
bre). —  Dans  sa  séance  de  samedi  dernier,  l'Académie 
des  beaux-arts  a  déclaré  la  vacance  du  fauteuil  de 
M.  Achille  Jacquet, membre  titulaire  de  la  section  de 
gravure,  décédé  le  30  octobre.  La  lecture  des  lettres 
des  candidats  aura  lieu  dans  la  séance  d'aujourd'hui, 
leur  classement  dans  la  séance  du  19  décembre,  et 
l'élection  le  26  décembre. 

L'Académie  a  ensuite  élu  ;  )°  correspondant  dans  la 
section  de  composition  musicale,  en  remplacement  de 
M.  Uimsky-lvorsakof,  décédé,  M.  Humperdinck,  de 
Berlin  ;  correspondant  dans  la  section  de  peinture, 
en  remplacement  de  M.  Uauban,  décédé,  M.  llareux, 
de  Grenoble. 

Musée  du  Louvre.  —  Le  musée  du  Louvre  vient 
de  faire  une  acquisition  des  plus  précieuses  au  double 
point  de  vue  de  l'art  et  de  l'aichéologie.  Il  s'agit 
d'une  magnifique  tête  de  femme  en  marbre,  de 
l'école  attique,  et  datant  d'un  peu  avant  4ri0,  c'est-à- 
dire  contemporaine  des  premières  œuvres  de  Phidias. 
Cette  tète,  qui  se  trouvait  au  palais  liorghèse,  avant 
de  devenir,  vers  1894,  la  propriété  de  M.  Ilumphry 
Ward,  le  célèbre  amateur  anglais,  était  au  surplus 
connue  des  archéologues  qui  l'ont  étudiée  et  qui  ont 
relevé  les  notables  similitudes  existant  entre  elle 
et  la  ligure  principale  du  trône  Ludovisi.  Ceux  qui 
veulent  voir  dans  le  trône  Ludovisi  une  œuvre  de 
Calamis  ont  également  revendiqué  cette  tète  de 
femme  pour  le  même  sculpteur. 

Le  Louvre  ne  possédait  jusqu'ici  (|u'un  seul  mor- 


208 


LE   BDLLETIN    DS    L'ART 


ceaii  de  celte  époque  dont  il  ne  nous  est  parvenu  qu'un 
nombre  très  restreint  de  monuments  :  c'est  la  fête 
de  l'Apollon  Choiseul-Gouffier,  qui  vient  d'être 
replacée  dans  la  salle  grecque  et  à  laquelle  la  ti'te  de 
femme  récemment  acquise  fera  désormais  pendant. 
Il  convient  d'observer  toutefois,  i|ue  la  première  de 
ces  œuvres  n'est  qu'une  réplique,  au  lieu  que  la 
seconde,  en  beau  marbre  grec,  est  certainement  un 
orijiinal. 

Au  Petit-Palais.  —  On  vient  de  placer,  dans  la 
galerie  des  portraits  du  Petit-Palais,  les  deux  portraits 
de  M""  Elirler,  peinture  par  M.  Donnât,  et  deM""Ehrler, 
pastel  parltiesener,  donnés  par  M""  Soycr,néc  Etirler, 
à  la  ville  de  Pari's. 

Le  legs  de  Raineville.  —  M""  la  vicomtesse  de 
Raineville  a  légué  :  au  musée  du  Luxembourg,  le 
portrait  de  son  mari  par  Pils,  le  buste  du  même  par 
Paul  Dubois  et  son  propre  portrait  par  M.  Ferdinand 
Humbert  ;  au  musée  du  Louvre,  le  portrait  de  M""  Le- 
bel  de  Fermé  par  Haoux  ;  au  musée  d'Amiens,  un 
autre  portrait  de  son  mari  par  M.  Jules  Lefobvre. 

Société  des  amis  du  palais  de  Fontainebleau. 

—  A  ci'ité  de  la  Société  des  amis  de  la  forêt  de 
Fontainebleau,  dont  le  Bulletin  annonça  naguère 
la  fondation,  vient  de  se  former  une  Société  des 
amis  du  palais  de  Fontainebleau,  qui  s'est  donné 
pour  mission  spéciale  de  contribuer  aux  restaurations 
et  embellissements  du  palais  et  de  ses  dépendances, 
en  même  temps  que  de  reconstituer  les  collections  et 
de  les  enrichir.  Elle  se  propose  d'organiser  des  confé- 
rences-visites, en  vue  de  faire  connaître  au  public 
tout  ce  qui  peut  l'intéresser  et  l'instruire,  à  Fontai- 
nebleau. 

A  Nevers.  —  A  la  fin  do  la  semaine  dernière, 
M.  le  sous-.secrétaire  d'État  des  beaux-arts  a  fait  un 
voyage  à  iNevers,  où  il  a  visité  le  musée  de  peinture, 
relégué  dans  les  combles  de  l'hôtel  de  ville,  et  le 
musée  de  céramique,  installé  dans  les  mêmes  condi- 
tions, au  dernier  étage  du  palais  de  justice  (ancien 
palais  ducal),  et,  faute  de  surveillance  possible,  à  peu 
près  inaccessible  aux  curieux. 

Grâce  à  la  générosité  du  conservateur  du  musée 
des  beaux-arts,  M.  Blandin,  qui  a  mis  à  cet  effet 
100.000  francs  à  la  disposition  de  la  municipalité,  la 
ville  de  Nevers  a  pu  acheter  l'évèché,  désaffecté  par 
suite  de  la  loi  de  Sép.iration  :  elle  y  installera  non 
seulement  les  deux  musées  précités,  mais  vraisem- 
blablei\)ent  le  musée  lapidaire,  créé  par  la  Société 
archéologique  de  la  ville,  très  mal  installé  lui  aussi 
dans  la  porte  du  Croux. 

M.  le  sous-secrétaire  d'État,  après  avoir  visité  le 
futur  musée,  promis  de  remplacer  la  fontaine  du 
jardin  de  l'évèché  par  une  statue  en  marbre  «  des- 
tinée à  glorifier  .Nevers  et  le  Nivernais  ",  promis  de 
fournir  les  fonds  nécessaires  à  l'achèvement  des  res- 
taurations de  la  cathédrale,  a  autorisé  la  restauration 
de  la  porte  du  Croux  et  celle  de  l'église  Saint-Étienne. 


Statues  et  restaurations  !  Si  les  Nivernais  ne  sont 
pas  satisfaits... 

A  Strasbourg.  —  Les  collections  d'art  de  la  ville 
sont  constituées  héritières  du  D'  Karl  Trubner, 
conseiller  de  commerce,  pour  la  somme  de  2.')0.000 
marks.  Celle  somme  doit  servir  à  l'achat  de  belles 
œuvres  anciennes,  à  la  condition  que  le  choix  en  soit 
soumis  à.  M.  W.  Bode  ou,  après  lui,  au  directeur  en 
fonction  du  Kaiser-Friedrich- Muséum.  Le  legs  com- 
porte en  outre  une  série  d'oeuvres  de  Botticelli,  Bac- 
chiacca,  Jan  Steen.  A.  van  Everdingen,  A.  vandstade, 
Saloraon  Ruisdacl,  Jacob  lluisdacl,  Pieter  Codde, 
U.  Teniers  le  jeune,  etc.  —  M.  M. 

A 'Weimar.  —  Dans  ce  qu'on  appelle  les  heposi- 
tovien  de  l'École  grand'ducale  des  beaux-arts,  M.  le 
Prof.  Otto  Rasch,  cherchant  des  hiodètes  pour  sa 
classe  de  dessin,  a  découvert,  parmi  les  plâtres  les 
plus  disparates,  un  buste  de  Gœthe  jeune  d'une 
grande  beauté.  La  finesse  de  l'expression  et  du  mo- 
delé attestent  que  l'auteur,  Martin  Klauer,  reloucha 
l'œuvre  personnellement.  Chose  curieuse  :  un  double 
de  ce  plâtre  orne  depuis  longtemps  une  cheminée  de 
l'ancienne  maison  de  M""  de  Stein,  sans  que  personne 
ne  se  soit  avisé  d'y  reconnaitre  l'etrigie  du  poète.  La 
chevelure  abondante  est  relevée  par  un  ruban  à  l'an- 
tique ;  la  tête  repose  directement  sur  le  socle.  Le 
buste  ira  enrichir  les  collections  du  Mu«ée  national 
Gœthe.  —  M.  M. 

A  Tolède.  —  On  annonce  que  le  sacristain  de 
l'église  Santa  Leocadia,  à  Tolède,  en  remuant  un 
amas  de  vieux  meuble.»,  dans  une  dépendance  de 
l'église,  trouva  un  tableau  en  bon  état,  qu'il  montra 
au  curé.  Celui-ci  crut  y  reconnaitre  la  manière  du 
Gréco  et  découvrit  la  signature  de  Domcnikos  Theo- 
tokopuli  sur  un  morceau  de  papier  figurant  entre  des 
fleurs  au  bas  de  la  toile.  Celle-ci  mesure  2"3.'i  sur 
1"13,  et  représente  l'Immaculée  Conception.  La  figure 
de  la  Vierge  surmonte  un  groupe  de  têtes  de  chéru- 
bins et,  de  chaque  coté,  se  voient  deux  anges,  jouant 
l'un  de  la  lyre,  l'autre  de  la  cithare.  Aux  pieds  de  la 
Vierge  et  à  droite,  on  aperçoit  le  fondateur  de  la 
chapelle,  eu  attitude  de  prière.  Au  bas  et  au  milieu 
du  tableau,  est  représentée  la  chapelle  objet  de  la 
donation,  et.  à  gauche,  le  rameau  de  fleurs  où  est 
placée  la  signature. 

Nécrologie.  —  .\  Berlin  est  mort,  âgé  de  72  ans. 
le  peintre  et  illustrateur  Hermnnn  Lîhters  :  élève  du 
Prof.  Steffeck,  connu  comme  peintre  de  chevaux;  il 
fut  attaché,  pendant  la  guerre  de  1870,  au  quartier 
général  du  kronprinz  Albert  de  Saxe;  il  accompagna 
l'empereur  Guillaume  1"  dans  nombre  de  voyages, 
dont  il  rapporta  des  liasses  d'aquarelles,  fut  en  188.'i 
avec  l'ciupercur  Frédéric  en  Espagne  et,  plus  tard, 
avec  Guillaume  11  ,i  Conslanlinoplc,à  Pétersbourg,en 
Italie  et  en  Angleterre.  —  iM.  .\l. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


299 


CHRONIQUE    DES  VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

Succession  de  M""  de  Genevraye  (tapisse- 
ries anciennes,  etc.).  —  Faite  salle  6,  les  :j  et 
4  décembre,  par  M"  Delvigne  et  Lair-Dubreuil  et 
M.M.  Paulme,  l.asquin  et  tJuérault,  cette  vente  a 
produit  un  total  de  102.200  francs. 

Seuls  les  tapisseries  et  les  meubles  couverts 
en  tapisserie  ont  donné  lieu  à  des  enchères 
méritant  d'être  notées.  Les  honneurs  de  la  vaca- 
tion ont  été  pour  la  tapisserie  d'époque  Louis  XII, 
Légende  de  saint  Julien,  vendue  30. 500  fr.  sur  la 
demande  de  20.000,  et  pour  le  mobilier  de  salon 
en  Aubusson,  adjugé  23.000  fr.   (dem.   25.000). 

Aucune  enchère  notable  du  côté  des  tableaux, 
faïences,  porcelaines  et  objets  variés. 

PRINCIPAUX    PRIX 

Bbonzes  d'a.melblement.  —  Pendule  surmontée  d'un 
amour  sur  un  nuage,  ép.  Louis  XVI,  4.500  fr.  —  152. 
Pendule,  marbre  blanc  et  noir,  ornée  bronze,  ép. 
Louis  XVI,  2.000  fr. 

Meubles  anciens  et  modehnes.  —  164.  Petit  meuble 
en  laque  décorée  en  dorure  sur  fond  noir  et  orné 
cuivre,  sur  table-consoli'  bois  doré,  ép.  Louis  XIV 
(rest.),  1.3S0  fr.  (deiii.  1.200).  —  166.  Commode  pla- 
cage ornée  bronze,  ép.  Hégence,  1.500  fr.  —  171. 
Bureau  plat,  marquet.  de  coul.,  garni  bronze,  style 
Régence,  1.565  fr. 

Sièges  en  ancienne  tapissekie.  —  181.  Deux  chaises, 
tap.  de  Beauvais;  bouquets  de  fleurs,  guirlandes, 
rinceaux,  oiseaux  (sans  garantie  de  nianuf.),  5.100  fr. 

—  182.  Trois  fauteuils,  Aubusson,  fond  crème,  sujets 
d'après  Huet,  13.:i00  fr.  (dem.  15.000).  —  183.  Quatre 
fauteuils,  Aubusson,  ép.  Louis  XVI,  dessins  de  Sa- 
lambier,  bouquets  de  (leurs,  6.300  fr.  —  184.  Canapé 
et  six  fauteuils,  tap.  Une  dAubusson,  ép.  Louis  XVi, 
sujets  de  Huet  aux  dossiers,  les  sièges  d'après  Oudry, 
23.000  fr.  (dem.  23.000). 

Tapisseries  anciennes.  —  186.  Tap.  verdure,  ép. 
Louis  XIV,  1.060  fr.  —  187.  Tap.  Aubusson,  ép. 
Louis  XV,  d'après  Huet,  cinq  personnages.  3.400  fr. 

—  188.  Tap.  U.  Uenaissance,  rcpr.une  bataille,  4.250  fr. 
189.  Deux  tap.  Aubusson,  ép.  Louis  XIV,  sujets  de 
l'histoire  ancienne,  1.320  fr.  —  190.  Deux  tap.,  ép. 
Louis  XIII,  sujets  de  l'histoire  ancienne,  1.500  fr.  — 
191.  Tap.  Aubusson,  ép.  Louis  XV,  d'après  Huet,  la 
Diseuse  de  bonne  aventure,  4.130  fr.  —  192.  Tap.  Au- 
busson,  la  l'éche,  d'après  Lacroix,  7.200  fr.   (dem. 


10.000).  —  193.  Tap.  Aubusson,  ép.  Louis  XVI,  a 
Famille  de  Darius  aux  pieds  d'Alexandre,  2.700  fr. 

—  194.  Tap.  Flandres,  ép.  Louis  XIV,  la  Chasse  au 
faucon,  petits  pcrs.,  4.900  fr.  —  195.  Trois  tap.,  Bru- 
xelles, ép.  Louis  XIV,  sujets  mythologiques,  9.730  fr. 

—  196.  Tap.,  ép.  Louis  XII,  la  Légende  de  saint  Julien, 
30.500  fr. 

Atelier  Landelle,  —  Cette  vente,  qui  com- 
prenait d'une  part  des  tableau.x  par  Landelle,  de 
l'autre  la  collection  particulière  de  cet  artiste, 
a  produit  103. 099  francs.  Faite  à  la  galerie  Georges 
Petit,  les  3  et  4  décembre,  elle  était  dirigée  par 
M'"'  Aureau  et  Baudoin  et  M.M.  G.eorges  Petit, 
Ferai  et  Mannheim. 

La  pièce,  qui  s'annonçait  comme  le  clou  de  la 
vente,  le  Portrait  d'homme  âyé,  reproduit  dans  le 
catalogue  et  indiqué  comme  une  œuvre  française 
du  xviii^  siècle,  n'a  pas  passé  aux  enchères.  En 
vertu  d'une  phrase  du  testament  de  Landelle, — qui 
paraît  avoir  voulu  léguer  au  I^ouvre  cette  pein- 
ture provenant  de  la  vente  Hoqueplan,  où  elle 
fut  vendue  sous  le  nom  de  VVatteau,  —  le  minis- 
tère de  l'Instruction  publique  a  revendiqué  cette 
œuvre  pour  notre  grand  musée  national. 

Privée  de  cet  élément  de  curiosité,  la  vente 
Landelle  n'en  a  pas  moins  produit  quelques 
enchères  marquantes,  notamment  du  côté  des 
tapisseries. 

La  catégorie  la  moins  favorisée  a  été  celle  des 
tableaux  de  l'artiste  défunt  ;  aucun  n'a  atteint 
mille  francs;  les  mieux  partagés  se  sont  vendus 
entre  100  et  600  francs. 

PRINCIPAUX     PRIX 

Tahleaux  et  dessins.  —  198.  Kortuny.  Copie  d'après 
un  Tiepolo  du  musée  de  Madrid,  aquar.,  3.600  fr.  — 
200.  Ricard  Copie  d'après  la  Guirlande  de  fruits, 
2.160  fr.  —  203.  Troyon.  Une  clairière,  1.375  fr. 

Faïences  anciennes.  —  211.  Pot  à  deux  anses, 
grillon  en  relief,  faïence  primitive  italienne,  2.705  fr. 

Objets  iuvehs.  —  219.  Quatre  petits  lustres  bronze, 
xviii'  s.,  1.640  fr.  —  Deux  statuettes,  bronze,  enfants 
debout,  xvii*  s.,  3.030  fr. 

.Melbi.es.  —  223.  Chaise  tapisserie  à  animaux,  ép. 
Louis  XV,  2.100  fr. 

Tapissebies.  —  230.  Tapisserie  fin  xvi*  s  ,  Couron- 
nemenl  d'un  guerrier,  4.100  fr.  —  231.  Tapisserie, 
Bruxelles,  xvii"  s.,  Fête  sur  la  glace,  atelier  de  Van 


300 


LE   BULLETIN   DE   L'ART 


den  Hecke  12.210  fr.  (d.  7.000).  232.  —  Tapisserie, 
xvii'  s.,  palais  avec  nombreux  personnages,  mono- 
gramme de  Marie  de  Médicis  et  armes  de  France, 
2.320  fr.  — 233.1)euxfresques,xvrs.,figuresde  Diane, 
génies,  etc.,  5.500.  —  234.  Tapisserie,  wiw  s.,  sujet 
tiré  de  la  légende  de  Renaud  et  Armide,  S.T.'iO  fr. 
(dein.  6.000).  —  235.  Tapisserie,  xviii-  s.,  l'Hymen  de 
deux  divinités,  etc.,  9.030  fr.  (dem.  4.000).— 236.Tapis- 
serie,  xviif  s.,  Scène  de  sacrifice,  4.780  fr.  —  237. 
Tapisserie  verdure,  xviii'  s.,  2.825  fr.  —  238.  Deux  frag- 
ments, XVIII"  s.,  personnages  sur  le  bord  de  leau, 
4.100  fr.  —  239.  Fragment,  xviii»  s.,  Combat 
d'Achille  et  d'Hector,  900  fr.  —  240.  Tapisserie, 
xviH*  s.,  arbustes,  pagode  et  paon,  2.520  fr.  —  241. 
Tapisserie  d'Aubusson,  ép.  Louis  XV,  berger  et  ber- 
gère dans  la  campagne,  6.753  fr.  —  242.  Deux  frag- 
ments, XVII'  s.,  cavaliers  et  scène  d'enlèvement. 
1.630  fr.  —  243.  Lot  de  fragments  et  de  bord.,  1.320  fr. 

Succession  de  M""  C...  (tableaux  anciens, 

etc.).  —  Faite  salle  6,  les  7  et  8  décembre,  sous 
la  direction  de  MM.  Paulme,  Lasquin  et  Ferai, 
cette  vente  a  produit  un  total  de  146.871  francs. 

La  plus  belle  enchère  a  été,  comme  il  était 
facile  de  le  prévoir,  pour  le  Jacob  Ruysdael, 
Paysage  de  Norvà/e,  adjugé  .33.800  francs,  sur  la 
demande  de  30.000.  Ce  tableau  provenait  de  la 
vente  du  comte  de  Narbonne  (18B1),  où  il  avait 
réalisé  6.300  francs. 

Une  autre  plus-value  notable  à  enregistrer  :  le 
De  Marne,  te  Retour  du  marché,  poussé  presqu'à 
10.200  francs,  sur  la  demande  de  6.000,  et  qui 
est  très  probablement  le  tableau  vendu  499  francs 
à  la  vente  Revil  en  1845. 

Quelques  surprises  du  côté  des  faïences  et 
porcelaines  ;sur  le  prix  de  départ,  plutôt  modeste, 
de  100  francs,  un  vase-balustre  en  vieux  Chine  à 
fond  vert,  avec  arbuste  fleuri  en  bleu,  est  monli' 
à  6.020  francs,  et  deux  petites  coupes  en  faïence 
italienne,  vendues  sans  garantie,  sont  arrivées 
de  15  francs  à  3.700. 

PRINCIPAUX    PRIX 

Aquarelles  et  dessins.  —  1.  Eugène  Lauii.  L'Ar- 
rivée en  calèche,  2.450  fr.  (dem.  2.000).  —  2.  Le 
Carrosse,  1.850  fr.  (dem.  2.000). 

Table.mix  anciens  et  modernes.  —  14.  Bellotto.  Le 
Grand  Canal  à  Venise,  1.200  fr.  —  18.  Ureughel  de 
Velours.  L'Adoration  des  Mayes, 3.\00  fr.  (dem.  1.000). 
—  19.  Desportes.  l'ose  de  fleurs,  2.3S0  fr.  (dem. 
2.500).  —  20.  De  Marne.  Le  Retour  du  tnarclié, 
10.200  fr.  (dem.  6.000).  —  22.  Géricault.  La  Promenade 
des  chevaux,  4.800  fr.  (dem.  5.000).  —  24.  Marilhat. 
Vue  d'Orient,  1.030  fr.  —  25.  Thiéry.  Portrait 
d'homme,  2.700  fr.  —  27.  Oudry.  Un  cliien  de  chasse, 
1.500    fr.  —  29.  J.  Huysdael.    Paysage  de  Norvège, 


33.800  fr.  (dem.  30.000.  —  Vente  du  comte  de  Nar- 
bonne, 1851,  6.300  fr.).  —  31-32.  École  allemande, 
xviii'  s.  Deux  pendants.  La  Messe  de  saint  Grégoire, 
1.300  fr. 

Faïences  et  i'Oucelaines.  —  33  et  36  Deux  coupes 
faïence  italienne,  décorée  par  comparlinient.  rosaces, 
etc.  (sans  garantie),  3.700  fr.  —  61.  Vase-balustre, 
anc.  porcel.  do  Chine,  fond  verl,  arbuste  en  bleu, 
6.020  fr.  —  71.  Service  à  thé,  anc.  porcel.  tendre  de 
Sèvres,  décor  de  festons  de  fleurs  et  fruits,  sur  fond 
bleu  quadrillé  en  dorure  (fêlure  au  pot),  2.475  fr. 
(dem.  3.500).  —  73.  Partie  de  service,  porcel.  de 
Sèvres,  décor  en  coul.,  une  partie  au  chiffre  de 
Louis-Philippe,  1.150  fr. 

Bronzes.  —  95.  Pendule  d'applique  et  socle,  mar- 
queterie cuivre  sur  corne  verte,  ornée  bronzes,  ép. 
Louis  XV,  1.420  fr.  —  97.  Petite  pendule,  marbre 
blanc  et  bronzes  dorés,  à  colonnettes.  ép.  Louis  XVL 
1.210  fr.  —  102.  Deux  candélabres  en  partie  ép. 
Louis  XVI,  marbre  blanc  et  bronzes  dorés,  formés 
chacun  d'une  statuette  de  jeune  femme  dans  le  goût 
de  Clodion,  2.500  fr.  (dem.  2.300).  —  103.  Deux  can- 
délabres, groupes  de  Bacchantes  d'après  Clodion, 
style  Louis  XVI,  1.000  fr.  —  106.  Grand  lustre  bronze, 
enrichi  de  cristaux,  3.200  fr. 

Objets  variés.  —  229.  Samovar  vermeil,  forme 
vase,  ép.  Uestauration,  2.180  fr. 

Meubles.  —  237.  Table-bureau  contournée  (bronzes 
rapportés),  ép.  Louis  XV,  1.120  fr.  —  240.  Petit 
bureau  bonheur-du-jour,  dessus  formant  étagère,  en 
laque  noire,  décorée  en  dorure,  orné  de  bronze  doré, 
dessus  marbre  blanc,  estamp.  R.  V.  L.  C.  ép. 
Louis  XVI,  6.400  (dem.  3.000).  —  241.  Commode 
acajou  et  lilets  incrustés,  sur  quatre  pieds  fuselés, 
ornée  bronze  doré,  ép.  Louis  XVI,  4.600  fr.  (dem. 
2.000).  —  242.  Bureau  plat  acajou,  ép.  Louis  XVI, 
bronze  doré,  1.330  fr. 

Panneaux  primitifs.  —  Une  vente,  qui  ne 
comprenait  que  deux  numéros,  a  eu  lieu  salle  3, 
le  9  décembre,  par  le  ministère  de  M»  Lemoine 
et  de  MM.  Paulme  et  Lasquin. 

Le  II"  1,  un  retable  peint,  de  l'école  hispano- 
llamande  du  xv»  siècle,  formé  de  cinq  panneaux 
représentant  des  Épisodes  de  la  vie  et  de  l'Iiistoirc 
de  saint  Martin,  a  été  adjugé  2.010  francs,  sur  la 
demande  de  7.000  ;  et  le  n»  2,  une  suite  de  quatre 
panneaux  du  même  genre.  Épisodes  de  la  vie  du 
Christ,  a  réalisé  1.000  francs,  sur  l'estimalion  de 
4.000. 

■Ventes  annoncées.  -  A  Paris.  —  Collec- 
tion de  M.  J.  L...  (tableaux  anciens).  —  Un 

catalogue  illustré  de  quelques  planches  nous 
apporte  l'annonce  de  cette  vente,  qui  aura  lieu 
salle  6,  le  14  décembre,  par  le  ministère  de 
M«  Baudoin  et  de  M.  J.  Ferai. 


ANCIEN    ET   MODERNE 


301 


Les  principaux  numéros  de  cette  vacation 
paraissent  être  :  la  Rêveuse,  par  M"»  Bouliar;  un 
Paysage  avec  baigneuses  au  bord  d'un  cours  d'eau, 
par  Hubert  Robert;  un  Portrait  de  jeune  femme, 
par  Van  Loo,  et  un  Portrait  d'homme,  page  ano- 
nyme de  l'école  hollandaise  du  xvue  siècle. 

Collection  de  M.  X.  .  (porcelaines  an- 
ciennes, etc.).  —  Il  nous  est  impossible  d'entrer 
dans  le  détail  des  séries  de  la  vente  que  dirige- 
ront, salle  6,  le  15  décembre,  Me  Lair-Dubreuil 
et  MM.  Paulme  et  Lasquin  fils. 

Nous  renverrons  donc  au  catalogue  illustré,  où 
sont  reproduites  les  pièces  les  plus  marquantes 
de  cette  réunion  de  porcelaines  anciennes,  de 
biscuits  et  de  boîtes.  Quelques  faïences,  un 
groupe  en  terre  cuite  du  xvm"  siècle,  le  Goûter, 
modèle  pour  la  manufacture  de  Sèvres;  des 
bronzesd'ameublementetdes  pendules  d'époques 
Louis  XV  et  Louis  XVI  ;  enlin,  quelques  meubles 
des  mêmes  époques,  notamment  une  paire  d'en- 
coignures, marqueterie  de  bois  de  couleur  et 
bronzes,  estampillées  du  maître  ébéniste  P.  Rous- 
sel, complètent  cet  ensemble  de  «  marchandise 
très  parisienne  ». 

Objets  d'art  et  d'ameublement.  —  Plus 
mêlée  encore  de  composition,  la  vente  qui  aura 
lieu,  salle  7,  les  1-4  et  15  décembre,  sous  la  direc- 
tion de  M«.  Lair-Dubreuil  et  de  M.  A.  «loche, 
comprend  des  porcelafties  et  des  matières  dures 
de  l'Extrême-Orient,  des  tableaux  anciens  et 
modernes,  des  meubles  et  des  tapisseries. 

Collection  de  M.  P...  (tableaux  modernes). 

—  Cette  venle  sera  faite,  salle  C,  le  il  décembre, 
par  M'^  Le  Ricque  et  MM.  Georges  Petit  et  Bern- 
heimjeune.  La  collection  se  compose  de  tableaux, 
quelques-uns  anciens,  mais  en  majeure  partie 
modernes,  et  parmi  ceux-ci  des  œuvres  de  Dau- 
bigny,  Henner,  Gh.  Jacque,  Rousseau,  Millet  et 
Troyon. 

A  Lyon.  —  Tapisseries  anciennes.  —  Signa- 
lons la  vente  qui  aura  lieu  le  Iti  décembre,  à  Lyon, 
hôtel  des  commissaires-priseurs,  parle  ministère 
de  M»  L.  Gazagne  et  de  M.  Randin,  de  trente- 
quatre  tapisseries  des  Flandres  et  dAubusson 
des  xvi«  et  xvn«  siècles,  provenant  des  hospices 
civils  de  Lyon. 

Un  catalogue  illustré  a  été  établi  à  l'occasion 
de  cette  vente. 

A  Amsterdam.  —  Tableaux  anciens.  — 
tomme  nous  l'avons  déjà   indiqué,  MM.  Fred. 


MulleretCie  dirigeront,  les  15  et  Ki  décembre, 
une  vente  de  tableaux  anciens  de  diverses  prove- 
nances 

Parmi  cette  réunion  de  peintures,  du  xvw 
siècle  hollandais  pour  le  plus  grand  nombre,  on 
notera  en  particulier  :  le  Vaisseau  «  De  Beschermer  « 
devant  la  rade  de  Hoorn,  par  Backhuyzen  ;  un 
Paysage  où  est  représenté  r histoire  du  Jeune  Tobie, 
par  A.  RIoemaert;  Berger  et  Bergère,  deux  pen- 
dants, par  H.  RIoemaert;  un  Paysage  avec  moulins, 
par  A.  Cuyp;  l'Amstel  en  hiver,  par  J.J.  Dubbels; 
le  Portrait  d'un  capitaine  de  vaisseau,  par  N.  Elias  ; 
une  Vue  de  lac  par  .1.  van  Goyen;  une  Compagnie 
élégante  par  Dirck  Hais;  le  Homard,  par  .I.-Or.  de 
Heen;  le  Concert  des  oiseaux  et  Querelle  d'oiseaux, 
par  M.  d'Hondecoeter;  un  Grand  paysage  hollan- 
dais, par  Knibbergen,  un  maître  rare  qui  se 
rapproche  de  Ph.  de  Coninck  et  de  van  Goyen; 
les  Portraits  d'un  seigneur  et  de  sa  femme,  deux 
pendants  par  N.  Maes  ;  une  Assemblée  de  peintres 
page  anonyme  flamande  du  xvii»  siècle;  le  Por- 
trait d'un  seigneur,  peinture  française  dans  le 
genre  de  Corneille  de  Lyon  ;  un  Po'rfrait  de  jeune 
homme  par  M.-Jz.  Miereveld;  un  Intérieur  hollan- 
dais avec  famille  par  M.  van  Musscher;  les  por- 
traits, se  faisant  pendant,  d'un  seigneur  et  de  sa 
femme,  par  C.  Netscher;  une  Réunion  élégante, 
par  A.  Palamedesz;  le  Portrait  d'un  seigneur,  par 
F.  Pourbus  le  vieux;  un  Portrait  de  famille,  par 
J.-Az.  Roolius. 

Vente  intéressante  comme  on  voit,  surtout 
pour  les  spécialistes  de  l'ancienne  école  hollan- 
daise, et  qui  a  fait  l'objet  d'un  catalogue  illustré. 

M.  >f. 

ESTAMPES 

A  Paris.  —  Ventes  annoncées.  —  Signalons 
trois  petites  ventes  d'estampes  qui  auront  lieu 
la  semaine  prochaine  à  l'Hùtel  Drouof  : 

—  Le  lundi  14.  salle  8  :  estampes  anciennes 
en  noir  et  en  couleurs,  personnages  illustres  et 
célébrités  artistiques  et  littéraires  d'Angleterre, 
d'Amérique  et  de  France  des  xvni=  et  xi.v»  siècles 
(M«  H.  Dernier;  MM.  Paulme  et  Lasquin); 

—  Le  mardi  15,  salle  9  :  estampes  anciennes 
du  xvin=  siècle,  des  écoles  anglaise  et  française 
(Baudouin,  Fragonard,  sir  Th.  Lawrence,  La- 
vreince,  etc.);  estampes  japonaises  de  Haî-uno- 
bou,  Hiroshighé,  Hok'saï,  Outamaro,  etc.  (M«  À. 
Desvouges  et  M.  Loys  Delteil)  ; 

—  Le  mercredi  10,  salle  9  :  estampes  mo- 
dernes, avec,  entre  autres,  des  œuvres  de  Barye, 


302 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


Buhot,  Degas,  Delacroix,  Kantin-Latour,  Forain, 
Seyraour  Haden,  Toulouse-Lautrec,  Legros,  Le- 
père,  P.  Renouard,  etc.  (M«  A.  Desvouges  et 
M.  Loys  Delteil). 

R.  G. 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Société  internationale  de  peinture  et 
sculpture  (galeries  Georges  Petit).  —  On  ne 
trouve  là  ni  le  fameux  Lancret,  ni  même  le 
Walteau  supposé  des  grandes  ventes  d'hier  ; 
mais  faut-il  que  les  anciens  rendent  la  critique 
injuste  envers  les  modernes?  Cosmopolite  et 
composite  avec  6  sculpteurs,  35  peintres  el 
173  envois  catalogués,  cette  vingt-sixième  année 
de  l'«  Internationale  »  n'apporte,  il  est  vrai,  qu'un 
faible  document  sur  l'art  du  nouveau  siècle. 
Elle  contient  tout,  même  l'excellent  :  témoin 
les  intimes  harmonies  de  MM.  Hubbellet  Richard 
Miller,  deux  féministes  un  peu  whistlériens  du 
nouveau  monde,  et  les  harmonieuses  colorations 
d'un  peintre  français,  M.  Raymond  Woog,  qui 
destine  ses  études  variées  au  plaisir  des  yeux. 

Uuant  à  M.  Bunny,  le  souvenir  seul  de  ses  rêves 
passés  fait  notre  sévérité  pour  ses  inlérieurs 
présents.  En  face  de  la  peinture  étrangère, 
défendue  par  M.  Casas,  BorchardI,  Mac-Cameron, 
Olsson  et  Frieseke,  qui  délaisse  le  boudoir  pour 
la  pelouse,  la  palette  française  signale  un  vir- 
tuose voyageur,  M.  Ilolfbauer,  et  M.  Raoul  du 
Gardier,  ^a^istocratique  ami  des  plages  ;  M.  Mau- 
rice Bompard,  maintenant  peintre  de  la  Hol- 
lande, et  toujours  soucieux  de  se  renouveler, 
pendant  que  M.  Avy  s'éternise  à  Versailles  ; 
M.  Calbet,  rapide  portraitiste  de  iW.  Fallicrcs  ; 
M.  Réalier-Dumas,  styliste  alangui  de  la  Côte 
d'azur  ;  les  deux  frères  Laurens,  fidèles  à  la 
divergence  native  de  leurs  visions;  M.  William 
Laparra,  regard  qui  s'éclaire,  mais  amoureux 
constant  de  l'Espagne  vraie,  comme  son  frère  le 
compositeur,  et  que  l'aride  Tolède  rend  très 
supérieur  à  M.  Henri  Zo,  peintre  patient  des 
pays  basques.  Un  profil  de  M.'  Rondel  attire, 
parce  que  c'est  un  portrait  de  M.  Maurice  Barrés. 

Sculpteur,  M.  Landowski  semble  un  portraitiste 
éminemment  audacieux  du  romantique  violon- 
celliste Hotlmann,  entre  les  grâces  françaises  de 
M.  Théodore  Rivière  et  les  mièvreries  italiennes 
de  M.  Canonica.  Permanent  contraste,  qui  résume 
ici  l'art  contemporain. 


La  Comédie  humaine  (galeries  GeorgesPetitj. 
—  308  ouvrages  et  i;j  artistes  :  cette  k  seconde  u 
d'un  spectacle,  annuel  désormais,  compte  beau- 
coup de  numéros  et  d'acteurs.  Rarement  on  rit 
de  la  bonne  histoire  annoncée  :  aussi  bien  les 
visiteurs  sont-ils  sérieux...  Ils  se  pressent  devant 
la  I'  rétrospective  »  de  Georges  Boltini,  petit 
peintre  mort  jeune,  qui  donnait  au  bas  monde 
de  la  perversité  l'aspect  mystérieux  d'une 
estampe  japonaise  et  qui  soulignait  aux  pau- 
pières battues  cette  ombre  où  les  poètes  croient 
voir  une  mélancolie.  Au  Tribunal,  M.  Forain  suit 
Daumier  ;  mais,  pour  garder  un  peu  d'illusion 
sur  l'éternel  féminin,  ne  faut-il  pas  fuir  ses 
Coulisses  de  l'Opéra  pour  flirter  avec  les  enjôleuses 
poupées  de  M""^  Laffitte-Daussàt  ?  MM.  Wély, 
Brissaud,  Miclil,  Désiré,  Charles  Dufresne  et 
Marcel  Clément  n'osent  guère  caricaturer  «  la 
poupée  sublime  »,  ainsi  que  les  Concourt,  amis 
de  Gavarni,  définissaient  la  Parisienne  MM.  Wil- 
lette, Steinlen,  Jeanniot,  Ralfaëlli,  Jean  Veber, 
Abel  Faivre  et  Devambez,  ne  sont  plus  de  ceux 
qu'on  découvre  ;  on  connaît  moins  la  préciosité 
slave  de  M.  Constantin  Somov  et  la  causticité 
provinciale  de  M.  Charles  Huard.  M.  Cappiello  fait 
le  portrait  de  son  beau-frère,  M.  Paul  Adam. 
M.  Vogel  est  un  peintre  qui  veut  réconcilier  la 
belle  p;Ue  et  l'idée  comique.  Et  voici  deux  Fan- 
taisies très  dessinées  de  M.  Détaille,  que  ne  pré- 
sageait guère  la  récente"page  d'histoire  où  les 
drapeaux  victorieux  sont  transférés  au  Luxem- 
bourg, dans  la  froide  journée  du  l'''  janvier 
1800  1  Mais  Carie  Vernet  ne  fut-il  pas  contempo- 
rain de  David  ? 

Dufeu,  1840-1900  (galerie  Rosenberg).  — 
Déjà  deux  fois,  ici-même  (1),  à  propos  de  deux 
"  rétrospectives  »  organisées  par  M"»»  Vve  Berne- 
Bellecour,  nous  avons  avoué  notre  penchant  pour 
ce  beau  peintre,  hier  ignoré,  pour  cet  ami  de 
Venise  ou  du  paysage  parisien,  pour  cet  impres- 
sionniste romantique  à  la  tonalité  richement 
lumineuse,  que  la  générosité  de  M"»':  Esuault- 
Pelterie  a  fait  pénétrer  au  Petit-Palais  et  ipii 
prendra  place  au  LouNre  futur,  à  coté  du  Mar- 
seillais Monticelli,  des  Lyonnais  Ravier,  Carrand, 
Vollon,  du  Parisien  coloriste  Adolphe  Hervier, 
ses  aînés  dans  le  raffinement  de  la  matière. 

Expositions  diverses.  —  Chez  Devambez, 
un  jeune  Breton.  M    Julien  Lemordant,  réunit 

(t)  Voir  le  liuUetin  du  26  novembre  1904  et  du 
13  avril  190'J. 


ANCIEN    ET   MODERNE 


303 


ses  éludes  pour  sa  décoration  de  l'hôtel  de  l'Épée, 
à  (Juimper,  dont  nous  avions  remarqué  le  dessin 
robuste  et  la  couleur  épaisse  au  Salon  d'au- 
tomne :  synthèse  outrancière,  où  les  dessins 
très  supérieurs  dénoncent  la  double  influence  de 
MM.  Steinlen  et  Lucien  Simon. 

Chez  Blot,  cinq  femmes  artistes,  qui  portent 
chacune  un  nom  connu  dans  le  monde  de  l'in- 
telligence :  M"«  Camille  Claudel  et  ses  petits 
bronzes  romantiques  ;  M'^"  (iaston  Dévore  et  ses 
pastels  plus  tempérés  ;  M"«  Jeanne  Eliot,  paysa- 
giste et  brodeuse  exquise  ;  Mm=  Alcide  Lebeau- 
Hassenberg,  moins  classique,  et  M""  Edouard 
Sarraiiin  qui  signe  de  son  nom  de  jeune  fille, 
Ann  Osterlind,  des  Heurs  vapoieusement  aqua- 

rellées. 

Raymo.nd  Bouyrr. 

CORRESPONDANCE  DE  MUNICH 


Une  exposition  de  peintures  françaises. 

Sous  le  titre  assez  élastique  d'Ecole  de  Barbi- 
zon,  la  galerie  Heinemann  a  groupé  un  très  bel 
ensemble  d'œuvres  françaises  de  cette  grande 
époque  où  le  paysage  se  débarrassait  entin  de  la 
sécheresse  dont  Chateaubriand  écrivait  qu'il  avait 
été  frappé  presque  dès  son  enfance.  Ce  n'est  pas 
à  dire  que  les  peintres  de  1830  aient  toujours 
mis  dans  leurs  toiles  le  côté  moral  et  intellectuel 
qu'il  souhaitait  dc'voir  là  comme  dans  le  portrait, 
pour  éprouver,  à  travers  l'exécution  matérielle, 
les  rêveries  ou  les  sentiments  que  font  naître  les 
différents  sites;  mais  ces  artistes  prennent  réel- 
lement leurs  leçons  au  milieu  des  campagnes, 
ils  découvrent  la  nature  vraie  et  ils  l'aiment  avec 
sincérité.  Leurs  peintures,  poussées  au  noir  ou 
au  vert  depuis  cinquante,  soixante  ans  et  plus, 
parlent  encore  avec  une  émotion  dont  nous  ne 
saurons  plus  retrouver  la  naïveté  ni  la  franchise. 
Il  faut  regretter  comme  une  profanation  et  un 
véritable  dégât  matériel  les  couches  de  vernis 
frais  dont  la  plupart  ont  été  abondamment 
enduites  et  sous  lequel  la  couleur  elle-même 
prend  des  apparences  de  glaçure  vitrifiée. 

Voici  une  douzaine  de  Corot,  d'époques  très 
diverses  :  un  Moine  vu  à  mi-corps,  debout  et 
lisant;  une  vue  du  Colisée,  d'une  pâte  ferme  mais 
grasse,  sans  la  dureté  d'autres  architectures 
d'Italie;  des  abords  de  bois  aux  troncs  noueux 
et  sombres  ;  des  bords  de  rivières  avec  des  saules 


allégés  mais  mous  ;  deux  charmantes  vues  de 
Rouen  dans  les  bleutés  et  les  mauves  ;  enfin,  une 
grande  pièce  superbe,  un  Coucher  de  soleil 
d'étrange  coloration  grise  presque  unie,  d'une 
souplesse  et  d'un  velouté  incomparables  dans 
les  feuillages  qui  s'enlèvent  comme  des  ombres 
de  plumes  sur  le  ciel  pâle. 

Citons  également  dix  Daubii?ny  :  Villerville 
(1855),  il  Seine  à  Conflans  (1856),  un  motif  à 
Optevoz  (1853),  un  Coucher  de  soleil  (1875),  l'Em- 
houchurc  de  la  Seine,  des  Bords  de  rOise,  etc.,  et 
neuf  Jules  Dupré  d'une  belle  pâte  chaude.  De 
Troyon,  un  pastel  et  deux  peintures,  dont  un 
Char  de  foin  isolé  dans  un  champ,  attelé  de  deux 
chevaux  violemment  éclairés  par  un  coup  de 
soleil  frisant  sous  la  nuée  très  noire.  Une  Chasse 
et  un  Sous-bois  de  Théodore  Rousseau.  Une  série 
de  très  beaux  Diaz  :  intérieurs  de  forêts  avec 
rochers,  une  meute  lancée  dans  un  bois  roux 
d'automne  (18i8);  quelques  figures  :  une  femme 
avec  son  chien  sur  les  genoux,  des  femmes 
orientales  dans  de  très  jolies  teintes.  De  (^-h. 
Jacijue,  des  moutons  dans  les  champs  ou  à 
rétable  :  éclairages  très  étudiés  Sous  des  ciels 
gris,  avec  de  fines  éclaircies  dans  les  lointains. 

Auprès  d'eux,  on  a  groupé  :  un  Daumier,  pau- 
vresse et  son  marmot  d'un  dessin  saisissant;  une 
Fuite  de  Loth  au  pastel  de  Decamps;  trois  Dela- 
croix, d'une  grande  fraîcheur;  des  xXrabes  à  la 
chasse  (1854)  de  Fromentin,  dans  un  paysage 
terne  aux  fonds  bleus  si  transparents;  six  Isabey  : 
la  Plage  de  Dieppe  (1850),  une  Tempête  à  Hon/lcur 
(I8i0),  un  Retour  de  pêcheurs  (1861),  aux  ciels 
meilleurs  que  l'eau,  l'Alchimiste  (1857),  une  Pro- 
cession, un  Intérieur  de  cour.  Un  Retour  du  marche 
d'Emile  van  Marcke,  et  jusqu'à  des  Ziem  et  à 
des  Harpignies,  dont  un  Matin  d'automne  de 
cette  année  môme,  d'une  robustesse  délicate  qui 
contraste  avec  le  Souvenir  de  Teverone,  aux 
arbres  et  aux  nuages  découpés  en  silhouettes 
décoratives  sur  le  bleu  intense  du  ciel  italien. 

M.  M. 

BIBLIOGRAPHIE 


D'  A.  Bredius.  —  Rembrantlana. 

1 .  Testament  de  Rembrandt  et  de  Saskia,  fait  un  an 
après  leur  mariage  (27  novembre  1635).  —  2.  Extraits 
d'inventaires  de  successions,  notamment  d'un  inven- 
taire de  1660,  mentionnant,  à  côté  d'autres  tableaux 
de  Uembrundt  et  de  ses  contemporains,  <■  une  grande 


304 


LE    BULLETIN    DE   L'ART 


pièce,  étant  une  Danaé  »,  qui  doit  être  le  tableau 
actuellement  au  musée  de  l'Ermitage.  (Extrait  de 
Oiul  llolland.) 

G.  H. 

D'A.  BuEDius.  —  Johannes  Sijmonsz  Torrentius. 

—  M.  liredius  a  éclairci  en  grande  partie  l'histoire 
mal  connue  de  ce  malheureux  artiste.  Né  à  Amster- 
dam en  1,=)89,  il  se  fit  une  grande  réputation,  surtout 
comme  peintre  de  natures  mortes, et  put  mener  joyeuse 
vie.  Mais  une  catastrophe  intervint.  Torrentius  était 
évidemment,  et  par  sa  façon  de  vivre  et  par  ses  idées 
religieuses  ou  anti-religieuses,  ce  qu'on  appelait  alors 
un  libertin.  En  1627,  étant  établi  à  Haarlem,  il  fut 
accusé  d'avoir  peint  des  tableaux  obscènes  (accusa- 
tion qui  semble  prouvée)  et  de  blasphème  {crimen 
Isexœ  Majeslatis  Domini),  accusation  très  grave  alors 
en  pays  calviniste.  Le  malheureux,  soumis  à  une 
effroyable  torture,  n'avoua  rien;  après  une  «  procé- 
dure extraordinaire  »,  il  n'en  fut  pas  moins  condamné 
à  vingt  ans  de  prison  (l'escoutète  avait  requis  la 
mort  par  le  feu  !).  Cette  prison,  cependant,  ne  fut  pas 
très  dure  ;  le  stadhouder  Frédéric-Henri  et  le  roi 
d'Angleterre  Charles  1"  intervinrent  en  sa  faveur. 
Sur  la  demande  de  ce  dernier,  Frédéric-Henri,  en 
1630,  gracia  le  peintre,  qui  séjourna  en  Angleterre  jus- 
qu'en 1642  environ.  Il  mourut  à  Amsterdam  en  1644. 
La  présente  notice,  soumise  à  l'Académie  des 
Sciences  d'Amsterdam,  est  le  résumé  d'une  étude 
plus  détaillée  qui  paraîtra  dans  Oiul  Holland.  (Extrait 
des  Verslugen  de  l'Académie.) 

G.    IlUET. 

LES      REVUES 


Allemagne 
Zeitschrift  fur  Geschichte  der  Architektur 
(1,  9,  juin).  —  La  Place  Louis  XV  et  le  projet  de 
Constant  pour  la  Madeleine  de  l'avis,  par  le  D'  Ro- 
bert Bkuck,  de  Dresde.  —  Gabriel,  en  1763,  dessinait 
la  place  Louis  XV,  ornée  d'une  statue  du  roi,  par 
Bouchardon,  avec  comme  point  de  vue  la  Madeleine, 
dont  Constant  avait  présenté  le  projet.  On  connaît  le 
plan  de  cette  place  rectangulaire,  entourée  de  fossés, 
bordée  de  balustrades,  décorée  aux  angles  de  petits 
monuments  portant  les  statues  des  Vertus  et  des 
dieux  de  l'antiquité,  reliée  aux  Champs-Elysées  par 
trois  ponts  de  pierre,  aux  terrasses  des  Tuileries  par 
un  pont-levis  et  deux  escaliers  à  double  révolution, 
et  encadrée  du  côté  du  faubourg  Saint-Honoré  par 
ces  deux  magnifiques  bâtiments,  encore  en  place 
aujourd'hui,  que  sépare  la  rue  Royale.  Au  fond  de 
cette  rue,  l'architecte  Constant  d'Ivry,  qui,  avec 
SouDlot,  avait  subi  l'influence  directe  de  M—  de 
Pompadour,  avait  placé  la  Madeleine,  grand  édifice  à 
colonnes,  dont  le  transept  était  surmonté  d'une 
vaste  coupole.  En  façade,  un  fronton  classique,  sur 


un  portique  à  colonnes,  flanqué  de  deux  ailes  rectan- 
gulaires; sept  portes  donnaient  accès  dans  la  nef  et 
ses  bas-côtés.  La  disposition  la  plus  remarquable  à 
l'intérieur  était  un  passage  longeant  la  tête  des 
chapelles  des  bas-côtés,  des  croisillons  et  du  chevet, 
et  permettant  de  se  rendre  de  la  sacristie  dans  ces 
chapelles,  sans  traverser  la  foule.  Le  maltrc-autel 
placé  au  milieu  du  carré  du  transept,  sous  la  coupole, 
était  visible  de  partout;  le  chœur  et  les  stalles  se 
trouvaient  derrière  le  maltre-autel. 

—  Étude  sur  les  voiilef  centrales  idéales  de  la  fin 
du  «  quattrocento  »  et  sur  le  style  «  léonordesque  », 
par  le  D'  Fritz  Hoeber,  de  Florence.  —  Étude  des 
voûtes  du  carré  du  transept,  généralement  coupoles 
rondes  ou  octogones,  d'après  les  tableaux  du  »  quat- 
trocento »;  renseignements  intéressants  sur  les 
tendances  de  l'architecture  de  cette  époque. 

—  Santa  Maria  di  Fuori  à  Empoli,  par  le  D'  Hoe- 
ber. —  Courte  note  sur  cette  église,  dont  le  chœur 
octogone  de  1322  fut  couvert  d'une  coupole  en  1613; 
en  1621,  on  y  ajouta  une  nef,  bordée  d'un  petit 
portique  s'ouvrant  à  l'extérieur  par  des  arcades  en 
plein-cintre. 

{1,  10,  juillet).  —  Contributions  à  l'étude  de  l'arclii- 
lecture  germanique  primitive,  par  Joseph  Sthygowski, 
de  Graz.  —  Réponse  à  un  article  de  Joseph  Durm 
paru  dans  le  Zeilsclirift  fur  bildende  Kunst,  sur  le 
tombeau  de  Théodoric  à  Ravennc,  où  cet  auteur  ne 
veut  voir  que  des  influences  romaines  et  étrusques. 

—  Le  Conseiller  et  arcliitecte  du  Comte  palatin 
Jean  Casimir  et  le  château  il'lleidelherg,  parle  D'Ing. 
KoiiN,  de  Dresde.  —  Étude  sur  les  travaux  et  l'in- 
fluence en  Allemagne  de  l'architecte  militaire  comte 
Rochus  de  Linar. 

(L  H,  août).  —  Le  Palais  de  Venise  au  XVIIP  siècle, 
par  Hermann  Eooer,  de  Vienne.  —  Étude  sur  les 
transformations  du  palais  au  xviii*  siècle  et  particu- 
lièrement sur  le  rôle  de  Niccolo  Duodo,  qui  dirigea 
la  restauration.  On  sait  que  ce  palais  est  menacé  de 
disparaître  prochainement. 

On  trouvera,  dans  la  lievue  de  ce  mois,  une  étude 
de  M.  11.  de  Geymdllcr  sur  les  architectes  du  Palais 
de  Venise. 

—  Deux  monuments  vientiois  de  J.-B.  Fisc/ier  von 
Erlacti,  par  Fritz  Poli..\k.  —  Notes  sur  les  œuvres  de 
cet  architecte  à  \ienne  (église  des  Salésiens,  palais 
Brcuner,  hiblinthèque  du  palais  impérial),  à  propos 
de  l'ouvrage  d'.Vlexandre  Hajdecki  ;  ..  Les  familles  de 
constructeurs  italiens  et  les  architectes  du  style 
baroque  à  Vienne  »,  paru  dans  les  Milleiluiu/en  drr 
AllertumsgeseUschaft,  t.  3t>. 

(L  12,  septembre).  —  Complément  ii  l'étude  du 
tombeau  de  Tliéodoric,  à  Uavenne  :  lettre  de  Joseph 
DciiM  ol  réponse  de  Joseph  Stkzvoowski.  Conclusion 
et  rectifications  par  Bruno  Schui.z.  —  Marcel  Aiheiit. 

Le  Gérant  :  H.  Denis. 

Pan*.  —  Imp.  iteorires  Pelit,   \t,  me  (iodol-de-Mauroi. 


Numéro  403. 


Samedi  19  Décembre  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN     ET    MODERNE 


Sur  la  saisie  des  œuvres  d'art 


I,a  7"  chambre  a  eu,  la  semaine  dernière,  à 
trancher  un  différend  qui  intéresse  à  la  fois  les 
peintres  et  les  graveurs  :  il  s'agissait  de  savoir 
si  les  études  ou  esquisses  de  tableaux  et  les  états 
de  gravures  sont  saisissables.  Comme  il  y  avait 
saisie,  dans  l'espèce,  l'artiste  soutenait  que  cette 
saisie  était  vexatoire  dans  les  deux  cas  ;  le  tri- 
bunal n'a  pas  admis  cette  façon  de  voir  ;  il  a 
distingué,  en  répondant  afiirraativement  pour 
les  ébauches  et  négativement  pour  les  états,  et 
voici  les  arguments  qui  ont  motivé  sa  décision. 

Eu  ce  qui  concerne  les  tableaux  : 

«  Attendu  qu'il  résulte  de  l'examen  fait  à  l'audience 
par  le  tribunal,  que  ces  peintures  sont  de  simples 
études  à  peines  ébauchées,  n'ayant  aucune  valeur 
marchande,  que  le  peintre  peut  donc  valablement  en 
demander  distraction  de  la  saisie,  comme  n'étant  pas 
l'expression  complète  de  sa  pensée,  de  son  talent 

Quant  aux  gravures  : 

«  Attendu  que  le  peintre  saisi  soutient  que  ces  gra- 
vures ne  sont  que  des  épreuves  jias  encore  mises  au 
point,  qu'elles  ne  reproduisentpas  l'expression  entière 
de  sa  pensée  ; 

«  Mais  attendu  que  les  états  successifs  constituent 
par  eux-mêmes  une  œuvre  artistique,  qu'il  peut  être 
intéressant  pour  l'amateur  et  le  collectionneur  de  les 
rapprocher  de  leur  dernier  état;  qu'elles  ont,  par  cela 
même,  une  valeur  artistique  et  marchande,  et  doivent 
être  retenues  dans  la  saisie...  » 

Ce  bon- juge  serait  lui-même  collectionneur 
d'estampes  qu'il  n'y  aurait  pas  lieu  d'en  être 
surpris,  et  il  a  trop  exactement  caractérisé  le 
genre  d'intérêt  qu'attache  un  connaisseur  à  pos- 
séder la  preuve  matérielle  des  transformations 
subies  par  une  planche  gravée,  pour  qu'on  puisse 
chicaner  sur  sa  conclusion. 

11  paraît  moins  bien  informé  pour  ce  qui 
louche  aux  esquisses  peintes.  Ignore-t-il  donc 
qu'il  est,  à  l'heure  actuelle,  un  bon  nombre  de 


peintres  dont  la  réputation  ne  repose  sur  rien 
d'autre  que  sur  «  de  simples  études,  à  peine 
ébauchées  »,  —  lesquelles,  contrairement  à  ce 
qu'il  suppose, ont,  à  défaut  de  mérites  artistiques, 
une  véritable  valeur  marchande? 

—  Hélas!  pleurait  un  huissier,  il  n'a  l'air  de 
rien,  ce  Jugement  de  la  7"  chambre,  et  pourtant, 
c'est  plus  de  la  moitié  du  Salon  d'automne  qu'il 
atteint  d'un  seul  coup.  En  vérité,  s'il  nous  faut 
attendre  que  ces  messieurs,  dont  les  études  sont 
désormais  insaisissables,  aient  produit  une  oeuvre 
qui  soit  «  l'expression  complète  de  leur  pensée 
et  de  leur  talent  »,  c'est  bien  fini  de  nos  exploits  ' 

E.  D. 


ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie  des  Beaux-Arts  (séance  du  12  dé- 
cembre). —  L'Académie  a  reçu  communication  des 
lettres  par  lesquelles  MM.  lîuland,  Dezarrois,  Jules 
Jacquet,  Laguillerniie,  Abel  Mignon,  Sulpis  et  Waltner 
déclarent  poser  leur  candidature  au  fauteuil  de  membre 
titulaire  de  la  section  de  gravure,  en  remplacement 
de  M.  Achille  Jacquet,  décédé  le  30  octobre  dernier. 
Le  classement  a  lieu  aujourd'hui  et  l'élection  se  fera 
samedi  prochain. 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 

(séance  du  11  décembre).  —  L'ordre  du  jour  appelle 
l'élection  de  deux  membres  ordinaires  en  remplace- 
ment de  MM.  Derenbourg  et  Boissier. 

Le  nombre  des  votants  est  de  33.  Majorité  :  17. 

On  procède  d'abord  à  l'élection  du  successeur  de 
M.  Derenbourg  :  au  deuxième  tour  de  scrutin,  le 
P.  Scheil  est  élu  par  30  voix,  contre  2  à  M.  Prou  et 
1  à  M.  Jullian. 

Pour  le  fauteuil  de  M.  Boissier,  trois  tours  de  scrutin 
ont  été  nécessaires  :  au  troisième  tour,  M.  Camille 
Jullian  est  élu  par  18  voix,  contre  15  à  M.  Maurice 
Prou. 

—  L'Académie  élit  ensuite  M.  l'abbé  Thédenat  en 
qualité  de  membre  de  la  commission  des  inscriptions 
et  médailles  en  remplacement  de  M.  Boissier. 


306 


l,E    BULLETIN    DE    L'A  K  I 


—  Sur  le  rapport  de  M.  Haussoullier,  des  subven- 
tions sont  accordées  pour  la  continuation  de  leurs  re- 
cherclies.sur  la  fondation  Piot,  à  M  llébrard  (1.000  fr), 
à  M.  Grenier  (500  fr.)  et  au  docteur  Carton  (300  fr.). 

Musée  du  Luxembourg.  —  M.  Théodore  Reinacli 
vient  d'ollrir  au  musée  iln  Luxembourg  une  peinture 
célèbre  de  Gustave  Moreau,  Médée  et  Jasnn. 

Commission  du  Vieux  Paris.  —  La  Commission 
du  Vieux  Paris  va  proposer  au  Conseil  municipal 
d'organiser,  dans  les  jardins  de  Notre-Dame,  une 
exposition  de  tous  les  motifs  de  sculpture  et  d'archi- 
tecture  qui  gisent  pêle-mêle   autour  du  monument. 

La  même  Commission  a  émis  le  vœu  que  l'on 
classe,  au  même  titre  que  certains  monuments,  les 
façades  d'immeubles  parisiens  présentant  un  caractère 
artistique  reconnu  En  compensation  de  cette  servitude 
imposée  aux  propriétaires,  la  Ville  se  chargerait  de 
l'entretien  desdites  façades. 

Société  de  l'histoire  de  l'art  français  (séance 

du  4  décembre).  —  M.  Jules  Guill'rey  fait  une  commu- 
nication sur  une  statue  de  Le  Nostre,  qui  se  trouve 
actuellement  dans  le  parc  de  M.  Yates  Thompson,  à 
Septon,  près  de  Liverpool.  Il  lit  ensuite  une  notice 
sur  le  peintre  Goubaud. 

—  M.  François  Benoit  étudie  les  Adorations  des 
herqers  des  musées  de  Lille  et  de  Tours  et  les  attribue 
aux  frères  Le  Nain. 

M.  Furcy-Uaynaud  lit   des  documents   sur  les 

Termes  du  jardin  des  Tuileries. 

—  M.  Louis  Houart  présente  la  photographie  d'une 
statue  de  Louis  XIV  par  Desjardina  et  recherche 
ensuite  quel  peut  être  l'auteur  d'un  buste  en  terre 
cuite  représentant  le  marquis  de  Louvois. 

—  M.  Louis  Dimier  parle  ensuite  d'un  portr.iil  de 
G.  Budé  peint  par  Jean  Clouet. 

—  M.  Léandrc  Vaillat  étudie  quelques  œuvres  de 
Perronneau  exposées  aux  Cent  Pasiels. 

Société  des  Amis  de  Versailles.  —  Le  conseil 
d'administration  de  la  Société  des  Amis  de  Versailles 
s'est  réuni  au  Pavillon  de  Marsan,  pour  élire  un  pré- 
sident en  remplacement  de  M.  Victorien  Sardou, 
décédé. 

M.  Edouard  Détaille,  vice-président  de  la  Société, 
a  été  élu  président  et  M""  de  Ganay,  vice-préaidcnte. 

Le  conseil  d'administration  a  remercié  M.  de  Noihac 
qui,  à  la  demande  de  la  Société,  a  fait  procéder  au 
nettoyage  des  vases  et  des  statues  ilu  parc  et  il  a 
constaté  que  les  travaux  que  l'architecte  du  palais  de 
Versailles  s'était  engagé  à  exécuter  sur  des  fonds 
fournis  par  la  Société  (consolidation  des  piédestaux, 
enlèvement  des  immondices  et  des  détritus  accumulés 
près  de  la  porte  des  Réservoirs),  n'étaient  pas  encore 
commencés.  La  Société  fera  à  ce  sujet  une  démarche 
auprès  de  M.  le  sous-secrétaire  d'État  des  Beaux-Arts. 


Cours  et  conférences.  —  La  section  de  psycho- 
logie artistique  de  l'Institut  général  psychologique  a 
inauguré  le  16  décembre,  par  une  conférence  de 
M.  L.  Dimier,  sur  Heynolds  et  ses  doctrines  d'art. 
une  série  de  conférences  qui  seront  données  dans 
l'ancienne  salle  de  l'Académie  de  médecine,  49.  rue 
des  Saints-Pères. 

La  date  des  conférences  suivantes  sera  fixée  ulté- 
rieurement :  celle  de  M.  A.  Fontaine  sur  Félihien  et 
les  l'oiissinistes,  aura  lieu  en  février;  —  celle  de 
M.  P.  Marcel  sur.  de  Viles  et  les  Rubénistes,  en  mars  ; 
—  celle  de  M.  leD'  Maurice  de  Fleury  sur  VEslkéliqiiP 
et  la  mémoire,  en  mai. 

Pour  tous  renseignements  et  abonnements,  s'adresser 
il  M.  Victor  Goloubew,  au  siège  de  l'Institut  général 
psychologique,  14,  rue  de  Condé. 

Monuments  historiques.  —  La  loi  de  Séparation 
du  9  décembre  1903  formulait  une  disposition 
spéciale  visant  les  objets  mobiliers  contenus  dans 
les  édifices  religieux  :  tous  ceux  qui  n'auraient 
pas  été  classés  antérieurement,  en  vertu  de  la  loi  de 
1887,  devaient  faire  l'objet  d'un  classement  définitif, 
dans  le  délai  de  trois  ans,  à  partir  de  la  promulgation 
de  la  loi  nouvelle  (voir  le  Uulletin.  n"  ^25.  p.  13,  et 
326,  p.  20). 

Or,  comme  il  était  à  prévoir,  le  délai  de  trois  ans 
vient  d'expirer  sans  qu'on  soit  parvenu  à  terminer  le 
classement  de  ces  objets  d'art,  qui  se  trouvent  désor- 
mais privés  de  la  protection  de  la  loi.  et  dont  les 
municipalités  pourraient  tirer  profit,  sans  souci  de 
leur  valeur  historique  et  artistique.  Aussi  souhaite- 
t-on  qu'en  attendant  l'achèvement  de  cet  important 
travail  de  classement,  une  diposition  de  In  loi  de 
finances,  qui  va  venir  en  discussion  au  Sénat,  prolonge 
jusqu'à  nouvel  ordre  le  délai  de  protection  (jui  vient 
de  prendre  fin. 

—  Le  palais  synodal  de  Sens  (Yonne),  déjà  classé 
comme  monument  historique,  vient  d'être  .illeclé  au 
service  de  l'administration  des  Beaux-Arts 

A  Nice.  —  Le  Cercle  artistique  de  Nice  organise, 
pour  la  fin  de  janvier  prochain,  une  expositiiui  de 
l'œuvre  de  Zicm.  Il  donnera,  à  loccasion  du  90"  anni 
versaire  du  maiti-e,  devenu  niçois  d'adoption,  une 
fête  originale,  à  laquelle  prendront  part  toutes  les 
sommités  artistiques  et  littéfaires  qui  se  ir  ....  •-.-nt 
alors  en  déplacement  sur  la  Côte  d'azur. 

De  nombreux  amateurs  ont  déjà  promis  iie  priiir 
au  comité  d'organisation  les  principales  toiles  de 
Ziem  qu'ils  possèdent,  et  l'artiste  lui-même  exposer.i. 
à  celte  occasion,  une  série  d'aquarelles  inédites. 

A  Strasbourg.  —  Le  Journal  des  Débals  (15  dé- 
cembre) a  reçu  de  son  correspondant  de  Strasbourg 
les  informations  suivantes,  relatives  à  la  protection 
de  l'esthétique  des  vieilles  villes,  et  en  particulier  du 
vieux  Strasbourg  :      • 

«  L'administration  municipale  de  Strasbourg  s'est 


ANCIEN    ET    MODEKNE 


307 


enfin  décidée  à  soumettre  au  Conseil  municipiil  une 
proposition  tendant  à  <lemander  à  la  Délégation  d'Al- 
sace-Lorraine et  au  gouvernement  d'élaborer  une  loi 
protectrice  des  villes.  11  s'agit  de  donner  aux  maires 
le  pouvoir  de  prendre,  au  moyen  d'un  statut  local, 
les  mesures  nécessaires  pour  empêcher  les  construc- 
tions fantaisistes  c|ui  nuisent  à  l'harmonie  et  à  la 
régularité  des  rues. 

))  La  première  et  la  troisième  commissions  du  Con- 
seil, la  Chambre  de  couîraerce,  les  syndicats  d'archi- 
tectes et  d'ingénieurs  et  le  comité  de  l'Union  des  pro- 
priétaires se  sont  déclarés  favorables  au  projet.  Au 
cours  de  sa  dernière  séance,  le  Conseil,  après  un  assez 
long  débat,  a  adopté  à  l'unanimité  le  te.xte  proposé 
par  la  commission,  en  limitant  cependant  le  projet  à 
la  ville  de  Strasbourg,  afin  d'en  obtenir  plus  facilement 
la  réalisation  immédiate. 

»  Il  s'agit  avant  tout  de  protéger  la  vieil  le  ville  contre 
le  vandalisme  de  certains  propriétaires  spéculateurs 
et  de  mettre  un  peu  d'unité  dans  les  constructions 
des  nouveaux  quartiers.  Malheureusement,  le  projet 
de  l'administration  arrive  un  peu  tard.  L'anarchie  la 
plus  complète  régne  depuis  trente-cinq  ans  dans  l'art 
de  bâtir.  Certains  coins  pittoresques  de  la  ville  sont 
.détruits  à  jamais  et  aujourd'hui  il  ne  peut  plus  être 
question  que  d'enrayer  le  mal.  » 

A  Florence.  —  Le  couvent  de  San  Marco,  à  Flo- 
rence, orné  des  fresques  de  Fra  Angelico  et  converti 
en  musée,  a  conservé  la  vieille  cloche  que  lui  avait 
offerte  Côme  de  Médicis  et  qu'on  nomme  la  Pleureuse 
[la  Piagnonn),  parce  qu'elle  tinta  le  supplice  de  Savo- 
narole.  Ou  s'est  aperçu  ({u'elle  menaçait  ruine,  quatre 
siècles  d'usage  ayant  rongé  l'airain.  On  vient  de  la 
descendre  dans  le  second  cloitre  du  couvent  et  de  la 
remplacer  par  une.  cloche  neuve.  A  cette  occa- 
sion M.  Guido  Carocci,  conservateur  du  musée,  a 
pu  l'étudier  à  loisir.  Bien  qu'endommagée  par  le 
temps,  elle  montre  encore  des  inscriptions  lisibles  et 
une  décoration  dont  le  principal  motif  est  une  frise 
d'enfants.  M.  Carocci  estime  que  cette  frise  fut  exé- 
cutée par  Michelozzo  d'après  un  modèle  de  Dcmatello. 

—  Les  collections  d'estampes  et  de  dessins  du 
musée  des  OUlces  se  sont  augmentées,  pendant  le 
dernier  exercice,  de  plus  de  3U0  pièces,  parmi  les- 
quelles :  une  charmante  Madmie  et  un  Hercule  el 
Alliée  de  (îiov.  Antonio  da  Brescia;  la  Fniiiille  d'Adam, 

.de  Robctta;  les  Quatre  saisons,  de  Jules  Romain,  des 
eaux-fortes  précieuses  du  Arraigianino,  de  Tiepolo, 
des  Carraches,  etc.,  et,  parmi  les  modernes,  de  Millet, 
d'Albert  Besnard,  de  Max  Klinger,  de  Baertsoen,  de 
l'ennel  et  de  Whistler.  Du  côté  des  dessins,  on  citera, 
parmi  les  nouvelles  acquisitions,  une  œuvre  du  Péru- 

.gin,  une  du  Bosso,  l'étude  A  la  plume  du  portrait  du 
duc  d'Urbin  par  Titien,  des  dessins  de  L.  Sabatelli, 
Donato  Creti,  N.  Barabino,  etc. 

A  Rome.  —  La  direction  du  .Musée  national 
(galerie  Corsini),  vient  d'acquérir  deux  œuvres  du 


Greco  :  une  Adoration  des  bergers  et  un  liaptème  dv 
Christ. 

Les  fouilles  dllerculanum.  —  La  commission 
royale  établie  à  Naples  pour  les  fouilles  d'IIerculanum 
s'est  réunie  pour  examiner  la  place  préliminaire  des 
travaux  destinés  à  établir  quelle  partie  du  pays  de 
Résina  occupe  actuellement  l'emplacement  de  l'an- 
cienne ville  d'IIerculanum,  et  quels  groupes  de  bâti- 
ments il  faudrait  acheter  pour  abattre  les  constructions 
et  mettre  au  jour  les  monuments  principaux. 

Une  galerie  de  dix-huit  niètreç,  déjà  percée,  a  permis 
à  la  commission  d'examiner  le  mur  de  la  ville  antique. 

A  Langheim  (Bavière).  —  Le  portail  roman  de 
l'église,  récemment  acheté  par  un  marchand  d'anti- 
quités de  Charlottenbourg  et  revendu  au  Raiser- 
Friedrich-.Museum,  passera,  comme  le  cloitre  de 
Wurzbourg,  au  Musée  Allemand,  d'où  émoi  daris  les 
milieux  artistiques  bavarois,  munichois  surtout,  et 
discussions  dans  la  presse.  Il  ressort  toutefois  des 
explications  fournies  par  la  Commission  des  monu- 
ments historiques,  que  l'État  bavarois  avait  poussé 
les  démarches  aussi  loin  que  possible  pour  conserver 
cette  construction,  et  qu'on  s'était  buté  au  naanvais 
vouloir  du  propriétaire.  Séparé  de  l'église,  ce  portail 
perd  beaucoup  de  sa  signification  et  de  son  impor- 
tanc(!  :  c'était,  en  réalité  une  petite  chapelle  exté- 
rieure, comme  les  couvents  cisterciens  en  offraient  à 
l'entrée  de  leurs  maisons  pour  les  femmes  qui 
n'étaient  pas  admises  à  pénétrer  dans  la  cour  du 
couvent  ;  elle  date  de  la  première  moitié  du  xm*  siè- 
cle. .Mais  l'église,  désaffectée  en  1806,  a  depuis  lors 
servi  de  grange,  et  un  incendie  l'avait  en  outre  pas- 
sablement endommagée.  —  M.  M. 

A  "Vienne.  —  A  l'occasion  du  centième  anniver- 
saire de  la  naissance  de  Daumier,  la  galerie  Miethke  a 
organisé  une  exposition  de  peintures  de  ce  maître,  où 
l'on  compte,  parmi  les  quarante-trois  numéros  figu- 
rant au  catalogue,  un  bon  nombre  d'œuvres  appar- 
tenant à  des  collections  parisiennes  :  Sancho  l'ança, 
Mère  et  enfanl.  Au  Ihéritre,  le  Drame,  etc.,  et  un 
portrait  de  Daumier  âgé,  attribué  à  Corot. 

Nécrologie.  —  Le  peintre  et  graveur  hollandais 
6iebe  Ten  Cale  vient  de  mourir  à  Paris,  où  il  était  fixé 
depuis  quel(|ue  temps  ;  il  était  âgé  de  50  ans.  On 
connaît  ses  vues  de  Hollande  et  ses  paysages  parisiens, 
pris  par  temps  de  pluie  ou  de  neige,  dont  l'un,  repré- 
sentant une  vue  de  Paris  prise  de  Montmartre,  est 
aujourd'hui  au  musée  Carnavalet;  c'était  un  peintre 
au  coloris  très  délicat  et  un  aquafortiste  plein  d'ori- 
ginalité. 

—  On  annonce  la  mort  de  .V.  Abel  Patoux,  ancien 
avoué  à  Saint-Quentin,  collectionneur  et  écrivain 
d'art,  à  qui  l'on  doit,  entre  autres  ouvrages,  un  livre 
sur  le  Musée  La  Tour,  à  Saint-Quentin,  contenant 
une  étude  sur  les  dernières  années  du  maître;  des 
monographies  de  Francis  Talleyraiii,  Adolphe  La- 
lauze,  etc. 


308 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


CHRONIQUE    DES   VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —  Collection  de  M.  X...  (tableaux 
anciens  et  modernes).  —  Faite  salle  6,  le  i  1  dé- 
cembre, par  M"  Lair-Dubreuil  et  M.  Haro,  cette 
vente,  qui  ne  comprenait  que  vingt  numéros,  a 
produit  un  total  de  95.610  francs. 

Les  honneurs  de  la  vacation  ont  été  pour  un 
des  Ziem,  le  Soir  sur  le  Grand  Canal,  adjugé 
30.100  fr.  sur  la  demande  de  .'iO.OOO.  Ce  tableau 
provenait  de  la  vente  Zygomalas,  où  il  avait 
réalisé  23.000  francs. 

Rien  de  bien  remarquable  dans  les  autres  en- 
chères, dont  il  nous  suffira  de  donner  la  liste. 

PRINCIPAUX   PRIX 

Tableaux  anciens  et  modernes.  —  1.  Desportes. 
Cygnes  et  canards,  3.100  fr.  (dem.  4.000).  —  4.  Guardi. 
Le  Vieil  aqueduc,  1.550  fr.  —  5.  Jules  Lefebvre.  La 
Vérité  éclairant  le  monde,  1.500  fr.  (dem.  1.000).  — 
6.  Le  Prince.  Le  Pacha,  4.400  fr.  (dem.  4.000).  —  7. 
Mignard.  La  Marquise  de  Montespan,  4.000  fr.  (dem. 
4.000).  —  9.  Oudry.  L'Oiseau  de  proie,  5.100  fr.  (dem. 
3.000). 

10.  Hubert  Robert.  Les  Laveuses,  9.100  fr.  (dem. 
10.000).  —  11.  La  Fontaine  rustique,  10.000  fr.  (dem. 
10.000).  —  12.  Le  Temple  d'Aqrippa,  7.100  fr.  (dem. 
6.000).  —  13.  Les  Cascades,  3.500  fr.  (dem.  3.000).  — 
14.  Le  Torrent,  et  15.  Le  Ravin,  12.200  fr.  (dem.  12.000). 

17.  Ziem.  Le  Soir  sur  le  Grand  Canal,  30.100  fr. 
(dem.  30.000.  —  V.  Zygomalas,  1901,  23.000  fr.)  —  18. 
Le  Coup  de  canon,  3.500  fr.  (dem.  3.000).  —  19.  Soleil 
couchant,  2.600  fr.  —  20.  Stamboul,  1.200  fr. 

Succession  Chéréméteff  (tableaux  mo- 
dernes, etc.).  —  Dirigée,  salles  10  et  11,  les  11 
et  12  décembre,  par  M"  Boudin  et  MM.  Chaîne 
et  Simonson,  l'aulme  et  Lasquin,  cette  vente  a 
produit  un  total  de  105.000  francs.  Composée 
d'objets  de  toute  espèce,  elle  comprenait  surtout 
des  tableaux  modernes  et  des  tapisseries  an- 
ciennes. 

Parmi  celles-ci,  qui  se  sont  bien  vendues,  une 
grande  tapisserie  en  largeur,  en  Aubusson, 
d'époque  Louis  .\V,  à  petits  personnages  et  ani- 
maux dans  un  paysage,  d'après  Huet,  est  montée 
à  13.700  fr.  sur  la  demande  de  8. 000  seulement. 

Du  côté  des  peintures,  lu  meilleure  enchère 


s'est  adressée  au  portrait  par  Courbet,  adjugé 
9.500  fr.  sur  la  demande  de  7.000.  Les  autres 
numéros  n'étaient  pour  la  plupart  que  des 
ébauches  ou  des  études,  ce  qui  explique  la  mo- 
destie des  résultats,  eu  égard  aux  noms. 

PRINCIPAUX    PRIX 

Faïences.  —  130.  Bouteille  anc.  faïence  itul.,  .\vr  s., 
1.200  fr. 

Tapisseries  anciennes.  —  195.  Tableau  tapisserie 
tlam.,  XVI'  s.  Asfiuénis,  Aiiiim  et  Esther,  xvi"  s., 
2.020  fr.  —  197.  Tableau  analogue,  l'Adoration  des 
Mages,  1.403  fr.  —  198.  Tapisserie  d'Aubusson,  verd. 
avec  oiseaux  et  pagode  chinoise,  dans  le  goût  de 
Pillement,  ép.  Louis  XV,  1.900  fr.  —  200.  Tapisserie 
de  Bruxelles,  d'après  Téniers,  paysages  avec  person- 
nages, ép.  Louis  XIV,  4.200  fr.  (dem.  4.000).  —  201. 
Tapisserie  llam.,  ép.  Régence,  petits  person.,  4.500  fr. 

—  203.  Tapisserie  flam.,  Diane  sortant  du  bain.  ép. 
Régence,  4.850  fr.  —  205.  Tapisserie  d'Aubusson  en 
trois  morceaux,  sujet  pastoral  d'après  Huet,  cp. 
Louis  XV,  13.700  fr.  —  206-207.  Bandeau,  corbeille  de 
Heurs,  etc.  Fragment  rep.  des  amours,  xvii*  s., 
1.435  fr.  —  208.  Tenture  llam.,  fin  xvr  s.,  paysages 
avec  animaux;  deux  pièces,  7.260  fr.  ;  une  petite, 
825  fr.  ;  une  autre,  1 .000  fr.  ;  une  autre,  785  fr. 

Tableaux  modehnes.  —  7.  Corot.  Les  Roches  dans 
la  forêt  de  Fontainebleau,  3.750  fr.  —  8.  Bords  de 
rivière  avec  laveuse,  esquisse,  2.000  fr.    dem.  1.800). 

—  9.  G.  Courbet.  Portrait  présumé  de  Gustave 
Mathieu,  poète-chansonnier,  9.500  fr.  (dem.  7.000).  — 
13.  Daubigny.  Villerville,  paysage  avec  aniinaui, 
2.000  fr.  (dem.  2.500.  —  V.  Daubigny,  1878,  750  fr.). 

—  M.  Le  Pré  des  Graves,  1.150  fr.  (V.  Daubigny, 900). 

—  la.  Villerville,  2.000  fr.  (dem.  3.300.  —  V.  Dau- 
bigny, 1.020).  —  19.  Diaz.  Orage  en  mer,  1.400  fr. 
(dem.  3.000.  —  V.  Diaz,  1877,  1.780).  —  20.  Paysage, 
ciel  orageux,  3.100  fr.  (dem.  5.000.  —  V.  Diaz,  1.350). 

—  22.  Julien  Dupré.  Animaux  à  l'abreuvoir,  2.000  fr. 

—  23.  L'Heure  de  la  traite,  1.4Ï0  fr.  —  34.  Ch.  Jacque. 
Troupeau  de  porcs  dans  la  plaine  sous  un  ciel  ora- 
geux, étude,  2.450  fr. 

Dessins.  —  107.  Ch.  Jacque.  Berger  conduisant  un 
troupeau  de  moulons,  1.220  fr. 

Collection  de  M.  J.  L...  (tableaux  anciens;. 

—  Il  nous  suffira  de  donner  la  liste  des  prix  de 
cette  vacation,  composée  de  pièces  de  vente  cou- 
rante. P'aite  salle  6,  le  14  novembre,  par  M«  Bau- 
doin et  M.  Ferai,  cette  vente  a  produit  84.119  fr., 


ANCIEN    ET   MODERNE 


309 


avec,  comme  principale  enchère,  4.600  fr.  pour  un 
Portrait  de  femme  par  François  Lemoine,  estimé 
3.000  fr.,  alors  que  sur  la  demande  de  6.000  le 
Paysage  avec  baigneuse  par  Hubert  Hobert,  n"a 
réalisé  que  3.000  fr. 

PRINCIPAUX    PRIX 

Tableaux  anciens.  —  8.  M"'  Bouliar.  La  Rêveuse, 
1.700  fr.  idem.  2.300).  —  t4.  De  Marne.  La  Route  du 
marché,  3.600  fr.  (dein.  2.500).  —  17.  Urolling.  Por- 
trails  présumés  de  la  famille  de  l'artiste.  1.500  fr.  — 
24-25.  Kerg.  Fêle  de  village.  L'Abreuvoir,  1.000  fr.  — 
33.  Van  Iluysum.  Un  vase  de  fleurs,  1.100  fr.  —  36. 
Lacroix.  Les  Raif/iieuses,  1.050  fr.  —  38-39.  Lagrenée. 
Le  Juf/ement  de  l'dris.  Le  Bain  de  Vénus,  2.600  (dem. 
2.400).  —  42.  Lallemand.  Composition  arcliitecturale  : 
Personnar/es  devant  un  palais,  1.100  fr.  —  43.  Fr.  Le- 
moine.  Portrait  de  femme,  4.600  fr.  (dem.  3.000).  — 
47.  Le  Prince.  L'Entrée  de  Paris  à  la  Villette,  2.440  fr. 
(dem.  2.000).  —  49.  Lericlie.  Corbeilles  de  fleurs,  deux 
dessus  de  portes,  1.485  fr. 

54.  Van  der  Meulen.  La  Mêlée,  1.200  fr.  (dem.  1.200). 
56.  École  de  Mignard.  Jeune  femme  tenant  une  rose. 
2.000  fr.  —  38.  École  de  Nattier.  Le  Trioynphe  de 
Fioce,  1.900  fr.  —  64.  Hubert  Robert.  Paysage  avec- 
baigneuse  au  bord  d'un  cours  d'eau,  3.000  fr.  (dem. 
6.O00).  —  65.  Scliall.  Le  Modèle  bien  disposé,  i.SSO  fr. 
(dem.  1.500).  — -  72.  Taunay  :  Le  Marché,  1.500  fr. 
(dem.  1.200).  —  73.  Le  Passage  du  gué,  1.065  fr.  — 
74.  Régiment  d'artillerie  entrant  dans  une  place 
forte,  1.560  fr.  —  75-76.  Orphée  et  Eurydice.  Nymphe 
et  amour,  1.000  fr.  —  80.  Attribué  à  Trinquesse.  Por- 
trait de  jeune  femme,  1.500  fr.  (dem.  2.000). 

81.  DeTroy.  Jeune  femme  tenant  une  orange ,{ .^ii^  h  ■ 

—  84.  Carie  van  Loo.  Portrait  de  femme  en  Diane, 
2.000  fr.  (dem.  2.000).  —  85.  Louis-Micliel  van  Loo. 
Portrait  de  jeune  femme,  4.300  fr.  (dem.  3.000).  — 
86.  Josepli  Vernet.  Vue  de  Rome,  3.400  fr.  (dem.  4.000). 

—  88.  Vien.  Jeune  fille  dans  un  parc,  8.555  fr.  —  89. 
Watteau  de  Lille  :  La  Chansoti  à  boire,  1.310  fr.  — 
90.  Le  Charlatan,  1.000  fr.  —  96.  École  hollandaise, 
xvn*  s.  Portrait  d'homme,  2.050  fr.  (dem.  2.500). 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Tableaux 
anciens.  —  M"  Henri  Baudoin  et  M.  J.  Ferai 
dirigeront,  le  23  décembre,  salle  6,  une  vente  de 
tableaux  et  dessins  anciens  qui  a  fait  l'objet  d'un 
petit  catalogue  illustré. 

L'intérêt  particulier  de  cette  vacation,  (jui  ne 
comprend  aucune  pièce  de  premier  ordre,  sera 
de  niontrer-à  nouveau  un  certain  nombre  de 
peintures  qui  ont  passé  aux  enchères  publiques 
à  Paris  en  ces  dernières  années,  notamment 
dans  les  ventes  Sedelmeyer,  Edwards,  de  la  prin- 
.cesseMathilde,  etc.  Généralement,  les  objets  d'art, 
surtout  ceu.K  d'ordre  secondaire,  ne  gagnent  pas 


en  valeur  à  ce  second  passage  sous  le  feu  des 
enchères  à  trop  peu  de  distance  de  la  première 
épreuve. 

Quoi  qu'il  en  soit,  notons  en  particulier  les 
numéros  suivants  :  la  Vierge,  l'Enfant  Jésus  et 
saint  Jean,  par  Fra  Bartolommeo  ;  la  Vierge  et 
l'Enfant  Jésus,  par  Cima  da  Conegliano;  le  Por- 
trait de  J.-V.  Landenbern  de Landenberg, atitribué 
à  Hans  Holbein  le  jeune;  et  le  Marchand  de 
cochons,  par  David  Téniers  le  jeune. 

Anciennes  faïences  de  Perse.  —  Le  même 
jour,  mais  salle  2  et  par  le  ministère  de  M=  Lair- 
Dubreuil  et  de  M.  R.  Duplan,  aura  lieu,  en  vertu 
d'un  jugement,  la  vente  de  quatre  faïences  de 
Perse  :  un  grand  plat  creux,  de  forme  circulaire, 
à  bords  largement  évasés,  décor  à  rellets  métal- 
liques ;  un  autre  plat  creux,  à  décor  gros  bleu 
sur  blanc;  un  grand  bol,  décor  de  personnages; 
un  autre  bol  à  décor  bleu  irisé.  Trois  de  ces 
pièces  sont  reproduites  dans  le  catalogue  dressé 
à  l'occasion  de  cette  vente. 

Collection  de  feu  M.  P...  (tableaux  mo- 
dernes, etc.).  —  Donnons  quelques  détails  sur 
cette  vente,  que  nous  avons  déjà  annoncée  et  qui 
aura  lieu  salle  6,  le  21  décembre,  par  le  ministère 
de  M"  Le  Ricque  et  de  MM.  Georges  Petit  et 
Bernheim  jeune. 

Bien  que  comprenant  des  tableaux  anciens, 
l'intérêt  de  cette  collection  réside  dans  un  choix 
de  peintures  modernes.  Parmi  celles-ci,  nous 
remarquons  :  la  Cressonnière  à  Ventes  et  la  Seine 
à  Lavaucourt,  par  Daubigny  le  père,  et  du  fils 
Karl  Daubigny,  la  Bûcheronne  et  un  Étang  en 
forêt  ;  le  Poulailler  et  Moutons  pri's  d'une  marc, 
par  Ch.  Jacque  ;  un  Portrait  de  femme,  par  Henner; 
le  Wagon  de  troisième  classe,  par  Daumier;  une 
Nature  morte,  par  Philippe  Rousseau;  un  Homme 
d'armes,  par  Tony  Robert-Fleury. 

Signalons  encore  une  peinture  anonyme  de 
l'école  française,  une  ligure  de  Rieur,  et  passons 
ensuite  aux  pastels,  aquarelles  et  dessins,  où 
nous  notons  :  deux  pastels.  Portrait  de  femme  et 
Femme  dormant,  portant  le  nom  de  Boucher  ; 
Venise,  par  Hubert  Robert;  la  Prise  du  Louvre  en 
1830,  par  Raliet;  l'Hésitation,  par  (iavarni;  une 
Forêt,  par  Troyon;  la  Femme  cassant  du  chanvre, 
par  Millet;  et  une  Cour  de  ferme,  par  Ch.  Jacque. 


M.  N. 


"Si  "^ 'S»  "Si 


310 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


L'Éclectique  (galerie  des  Artistes  modernes). 
—  L'annfje  dernière,  à  pareille  date,  ici-mAme, 
un  peintre  d'intérieurs  explorait  la  cité  des 
livres,  défendue  par  les  grifles  dormantes 
d'Hamilcar(l)  :  M.  Pierre  Calmettes  nous  intro- 
duisait chez  Anatole  France.  Aujourd'hui,  ces 
deux  noms  président  à  l'inauguration  d'un  nou- 
veau groupe,  où  l'historien  des  Pingouins  oublie 
un  instant  l'horizon  noir,  pour  promettre  à  nos 
yeux  la  trêve  d'une  «  harmonieuse  variété  >>. 
L'arrangement  total  ne  le  dément  pas,  dès 
l'abord;  et  »  l'Éclectique  »  s'appellerait  mieux  «le 
Synthétiijue  »,  puisqu'il  veut  réconcilier  frater- 
nellement les  beaux-arts  et  les  arts  mineurs.  Le 
nom  d'éclectique  évoque  trop  cette  indifl'érence, 
que  l'austère  Alfred  de  Vigny  reprochait  au 
talent  français,  et  qui  serait  contraire  à  l'har- 
monie voulue  du  décor...  Si  la  loyauté  <lonnait 
du  génie,  il  ne  tiendrait  qu'à  M.  liellery-Desfon- 
taines  de  réaliser  cet  idéal  de  beauté  familière, 
où  s'efforce  encore  péniblement  l'art  nouveau. 
Cet  art  s'humanise  ou  s'allège  avec  les  ouvrages 
connus  de  MM.  Delaherche,  Brateau,  Dammouse. 
Feuillàtre  et  Bigot.  Traditionnels  aussi,  l'élégant 
ferronnier  Uobert,  et  le  robuste  bijoutier  Uivaud. 
Un  collier  de  M""  René  Jean  se  poserait  sans 
désaccord  sur  une  jolie  gorge.  Et  si  la  tenture  ou 
le  meuble  contemporains  sont  plus  réfractaires 
au  succès,  notons,  au  hasard  des  réussites,  les 
bois  sculptés  de  M.  Raymond  Bigot,  quelques 
orfèvreries  ajourées  de  M  Scheidecker,  un  faune 
de  M.  Saget,  des  eaux-fortes  de  M.  Le  Meilleur, 
et,  parmi  la  peinture,  toujours  prépondérante, 
les  rythmes  bretons  de  M.  Féau,  les  études 
jurassiennes  de  M.  Grosjean,  les  dessins 
rehaussés  de  M.  Jules  Adler,  véritable  ami  du 
vrai  peuple,  le  vieux  Paris  gravé  par  M""  Dela- 
salle,  et  ses  pochades  plus  résolues  que  ses 
tableaux,  la  ferrrteté  lumineuse  de  M.  Dauchez, 
enlin  l'admirable  lueur  répandue  par  M.  Lucien 
Simon  sur  la  Jeune  violoniste,  naïve,  à  contre- 
jour,  sous  la  bougie  qui  l'éclairé,  dans  un  humble 
décor  embelli  par  la  tendresse  maternelle.  En 
retournant  à  la  Bihliotht^que  d'Anatole  France  au 
sortir  du  Musée  Carnavalet,  M.  Pierre  Calmettes 
paye  de  sa  persoRne  et  nous  prouve  la  survie  du 
goût  français. 


^1)  Voir  If  lluiletiii  du  30  Udvciubro  1907,  p.  293. 


Société  des  peintres-lithographes  (galeries 
Devambez).  —  S'il  est  avéré  i\\ie  l'équilibre  naît 
des  contrastes,  l'eau-forte  n'est  plus  seule  à 
combattre  les  progrès  de  la  photographie  qui 
devient  un  art,  ou  la  vogue  de  l'estampe,  qui  riva- 
lise avec  la  pholographie  en  couleurs  :  la  sep- 
tième exposition  dos  peintres-lithographes  suit 
de  près  la  huitième  des  peintres-graveurs,  après 
de  longues  abstenlions  ;  et  M.  Léonce  Bénédite  a 
groupé  les  uns  comme  les  autres  avec  sa  foi  sou- 
riante en  l'avenir.  L'heure  est  passée  de  la  lutte 
entre  le  crayonnage  du  peintre  et  le  (jrain  du 
litho  :  la  liberté  règne.  Absents,  MM.  Bracque- 
mondjChéret,  Willette,  sans  doute  retenu  jiar  la 
peinture  religieuse  ;  mais  revoici  le  maître  A.  Le- 
gros  et  son  élève  de  Londres,  Dorolhea  Landau, 
rappelant  tous  deux  le  trait  des  maîtres  anciens; 
voici  .\1M.  Lunois  et  Léandre,  l'un  virtuose  de  la 
pierre  avec  les  Tisseuses  de  burnous  ;  l'autre, 
contemporain  poétiquement  narquois  de  Célestin 
Nanteuil,  au  temps  dçs  bandeaux  à  la  vierge  sur 
fond  de  cathédrale  et  d'ogive.  Sœur  cadette  un 
peu  bohème  de  l'eau-forte,  la  romantique  litho- 
graphie se  fait  volontiers  montmartroise  avec 
MM.  Dillon,  Truchel,  Cottlob,  Eliot,  NeuraonI, 
Trigoulel,  portraitistes  de  la  Parisienne  en  son 
invraisemblable  costume  d'Eve;  à  la  femme  nue, 
l'auteur  Henry  Battaille  préfère  ici  le  déshabillé 
moral  des  portraits.  Satirique  avec  .MM.  André 
DevambezetJean  Veber,paysagisteavec.M.\l.  Bour- 
gonnier,  Morlot,  Suréda,  (iumery,  Delfosse,  iné- 
galement coloriste  ou  trop  souvent  coloriée,  la 
lithographie  renaissante  a  l'accent  du  Nord  avec 
MM.  J.  Pennell,  Jackson,  Ch.  Shannon  et  Belle- 
roche,  féministe  plus  troublant  qu'un  tendre 
Français,  M.  Lucien  Monod. 

Anna  Boch  (galerie  Druet  .  —  Telle,  autre- 
fois, Mm=  Marie  Collart,  .M""=  Anna  Boch  est  une 
paysagiste  aussi  connue  dans  son  pays  qu'ignorée 
dans  le  nôtie.  Voyageuse,  elle  quitte  pourtant  la 
Belgique;  et,  sans  s'astreindre  à  la  grasse  cam- 
pagne llamande  que  les  Goncourt  appelaient  la 
banlieue  de  la  France,  elle  abandonne  sans 
regrets  la  Ferme  au.v  sautes  ou  la  Cabane  des 
sahotiers  pour  le  marais  de  Hollande,  le  port  de 
Martigues  ou  même  r.\cropole  d".\thènes.  C'est 
un  a-il  (in.  sensible  à  la  lumière  colorée,  mais 
un  instinct  qui  .saerilie  trop  à  cette  rapidité  dan- 
gereuse, dès  qu'elle  multiplie  les  ébauches. 

Expositions  diverses.  —  Rue  Laflille,  une 
antithèse  imprévue  :  chez  Georges  Bernheim, 
.Mm=  Madeleine  Lemaire  cultive  les  jolies  (leurs, 


ANCIEN   ET    MODERNE 


.TU 


et,  chez  Vollard,  M.  Jean  Puy  courtise  les 
femmes  laides.  —  12,  rue  Nouvelle,  l'hôtel 
désaffecté  d'une  actrice  devient  Maison  des  Arts 
et  groupe  des  talents.  —  Chez.  Otto,  de  petits 
paysages  empAtés  par  un  nouveau  venu,  M.  Du- 
pcrelle,  n'annoncent  pas  un  révolutionnaire.  - 
Suggestive,  «  l'e.xposition  internationale  d'art 
scolaire  »,  aux  murs  peu  décoratifs  de  la  mairie 
voisine  de  Saint-Sulpice;  mais  pourvu  que  tous 
ces  gentils  dessinateurs  ne  deviennent  pas  aufant 
de  peintres  1 

Haymond  Bouvkh 

P. -S.  —  Le  Bulletin  parlera,  la  prochaine  fois, 
de  l'exposition  rétrospective  de  Georges  Seurat 
(galerie  Bornheim  jeune),  de  celle  du  peintre- 
graveur  amt'ricain  George  Aid  (galerie  H.  (iraves) 
etde  celle  du  sculpteur  Alfred-Jean  Haloii  l"i,  rue 
Jacquemont). 

NOTES  &  DOCUMENTS 


i 


Le  musée  de  Mayence. 

Le  musée  de  Mayence  devrait  figurer,  pour 
mémoire,  dans  les  livres  que  nous  consacrotis 
aux  musées  de  province  Avec  ceu.v  de  Bruxelles 
etde  (Jenève.il  lit  partie  des  quinze  grands  dépôts 
de  tableaux  souhaités  par  Chaptal  avant  l'arrêté 
du  14  fructidor  an  VIIL  A  Bruxelles  et  à  Genève, 
le  souvenir  de  notre  générosité  n'est  plus  sen- 
sible, tant  ces  deux  capitales  ont  enrichi  leurs 
musées  au  xix»  siècle.  Il  se  perpétue  à  Mayence. 
Dès  que  le  visiteur  pénètre  dans  la  collection  de 
peintures  de  cette  ville,  à  l'ancien  château  des 
Électeurs,  l'impression  qu'il  reçoit  est  toute  «  dé- 
partemfnitale  >i.  Fut-il  distrait,  ce  visiteur,  au  point 
d'oublier  de  lire  les  cartouches  des  cadres  dont 
il  analyse  le  contenu,  que  les  braves  gardiens 
mayençais  ne  tarderaient  pas  à  lui  montrer  l'in- 
scription fréquente  sur  ces  cartouches:  Schenkung 
de?'  franzosischen  Regierung  (don  du  Gouverne- 
ment français). 

Le  musée  de  .Mayence  est  donc  un  musée 
français  de  province,  avec  cette  particularité  très 
appréciable  qu'il  n'a  souffert  ni  des  reprises  des 
Alliés,  ni  des  sottises  des  municipalités  vandales, 
ni  de  la  fantaisie  des  conservateurs  peintres  et  des 
politiciens  amis  des  arts.  L'école  française  y 
garde  dévotieusement  de  grandes  machines  de 
concours  par  Jacques- François  Amand,  Jean 
Bardin  et  Pierre  Dulin,  deux  ou  trois  allégories 


de  Nicolas  Mignard  et  Pierre-Charles  Trémol- 
lières,  des  animaux  de  Jean-Baptiste  Oudry,  etc. 
Les  portraits  y  sont  de  premier  ordre.  Henri  IV, 
par  un  maître  français  du  début  du  xvu*  siècle, 
apparaît  en  buste,  cuirassé,  tel  que  la  Navarre 
le  connut  avant  qu'il  devînt  roi  de  France, 
jeune,  le  visage  allongé  par  une  barbiche  gas- 
conne :  Henrycus  Borboniua  D.  G.  Rex  Navarre 
(sic),  dit  l'inscription  qui  accompagne  cette 
eflîgie.  Antoine  Penne,  par  lui-môme,  montre  une 
œuvre  qu'il  peint  ft7t7l.  Entre  un  Hyacinthe 
Rigaud  et  un  portrait  du  chancelier  Axel  Oxen- 
stierne(1645),  l'exquise  Princesse  de  Talmont,  par 
Nattier  (1741).  Sign»lons  encore  un  religieux 
antonite  de  Jean-Baptiste  Van  Loo,  une  véhé- 
mente Crucifixion,  de  Claude  Deruet,  une  Troupe 
de  Bohémiens  d'après  Jacques  Callot,  etc.  L'école 
llamande  abonde  également  en  grandes  toiles. 
Dans  la  partie  qui  nous  occupe,  ne  retenons  que 
le  Jésus  parmi  les  docteurs,  de  Jordaens  (1663).  Il 
mesure  4"'29  sur  S'"30,  dimensions  redoutables 
pour  un  musée  de  province.  C'est  la  dernière 
œuvre  connue  du  maître  d'Anvers.  Au  moment 
où  Mayence  recevait  ce  Jordaens,  Bordeaux  en 
recevait  un  autre  qui,  faute  de  place,  fut  confié 
provisoirement  à  la  cathédrale  Saint-André,  où 
il  est  encore  placé  dans  la  nef.  Mayence  fit  mieux 
les  choses,  et  l'on  admire  comment  le  chclteau 
des  Électeurs  révéla  des  trésors  d'élasticité  que 
la  plupart  de  nos  préfectures,  de  nos  mairies, 
réservent  exclusivement  à  leurs  bureaucrates. 
Enfin,  parmi  les  autres  dons  du  Gouvernement 
français,  figure  une  ancienne  copie  de  VAdatn  et 
Eve,  d'Albert  Durer  (musée  du  Prado).  Plus  fidèle 
que  celle  de  la  Galerie  Pitti,  elle  aurait  aujour- 
d'hui sa  place  au  musée  du  Louvre. 

En  ajoutant  aux  dons  du  Gouvernement  fran- 
çais une  galerie  d'artistes  anciens  et  modernes 
du  Rhin  central,  nombre  de  documents  topogra- 
phiques et  iconographiques,  le  musée  de  Mayence 
continue  son  évolution  régionale  et  peut  servir 
d'exemple  à  bien  d'autres  fondations  consulaires. 

André  Girodie. 


LES      REVUES 


France 

L'Art  et  les  artistes  (novembre).  —  Trois  mono- 
graphies d'artistes  en  20  pages  :  Le  Tinloret,  par 
iJabrit'l  .MouRKv;  —  Hené  Piot,  par  Arsène  Ai.exandhk; 

—  Cari  Larsson,  par  Edouard  André. 


312 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


Revue  alsacienne  illustrée  (1908,  IV).  —  M.  J.-J. 
GuiFFREY  continue  son  étude  sur  trois  tapisse:  ies 
alsaciennes,  de  la  fin  du  xv  et  du  commencement  du 
XVI"  siècle  ;  après  avoir  parlé  de  la  Vie  de  sainte 
Odile,  il  traite  aujourd'hui  de  celle  de  sainte  Altale 
(église  de  Saint-Ktienne  de  Strasbourg)  et  de  saint 
Adelplie  (église  de  Neuwiller). 

Les  Arts  (novembre).  —  Le  numéro  est  consacré 
à  une  étude  de  M.  Arsène  Alexandre  sur  les  collec- 
tions du  comte  Isaac  de  Camondo  (art  français  du 
xviu'  siècle,  sculptures  du  moyen  âge  français  et 
italien,  objets  d'art  d'Extrême-Orient,  peintures  mo- 
dernes de  Daumier,  Manet,  Degas,  Jongkind,  Puvis 
de  Chavannes,  Si'sley,  Monet^etc). 

Art  et  décoration  (octobre).  —  Étude  de  M.  M. -P. 
■Verneuil  sur  des  Vitraux  étrangers  et  de  M.  J.  Laran 
sur  Quelques  meubles  de  G.  de  Feure,  au  récent  Salon 
du  mobilier. 

(Novembre).  —  Le  Salon  d'Automne,  par  MM.  J.-L. 
Vaudoyer  (peinture,  sculpture,  etc.).  Et.  Avenard 
(section  finlandaise),  F.  Monod  [l'Histoire  de  Psyché, 
de  Maurice  Denis). 

Italie 

Emporium  (octobre).  —  Artistes  contemporains  : 
Alexandre  Steinlen,  par  Vittorio  Pica. 

—  Les  églises  et  les  abliayes  cisterciennes  en  Italie  : 
Barletta,  Fossanova,  Valvisciolo,  Casaraari,  Viterbe, 
San  Galgano  de  Sienne,  Amaseno,  Ferentino,  llome 
(S.  Maria  sopra  Minerva),  par  F.  Lacetti. 

—  Les  cités  du  songe  et  de  la  mort  :  Olympie, 
Mycènes,  d'après  les  fouilles  récentes,  par  A. -11.  Rossi. 

(Novembre).  —  Artistes  contemporains  :  Bruno 
Liljefors,  par  V.  Pica. 

—  Art  rétrospectif  :  liernardino  Lanino  à  Vercelli, 
par  G.  Marangoni.  —  En  1910,  Verceil  célébrera  le 
quatrième  centenaire  de  la  naissance  de  Bernardino 
Lanino  ;  et,  à  cette  occasion,  on  en  profitera  pour 
réunir  momentanémeut  enune  seule  galerie  les  nom- 
breuses œuvres  des  maîtres  locaux  éparses  dans  les 
églises  et  les  galeries  privées,  peintures  des  Oldoni, 
des  Giovannoni  et  des  Lanino,  qui  attesteront,  dans 
la  ville  du  Sodoma,  le  mérite  artistique  du  Piémont. 

Russie 

Staryé  Gody  (triple  n°  d'été,  juin-septembre).  — 
L'Art  à  l'époque  d'Alexandre  1" : 

—  Baron  N.  Wrangel.  Le  romantisme  dans  ta  pein- 
ture à  l'époque  d'Alexandre  I"etde  la  guerre  de  ISIi. 
Sous  l'influence  des  événements,  un  essai  de  nationa- 
lisme fut  tenté  dans  la  peinture  russe.  Un  journal 
indique,  en  1802,  les  Faits  et  les  Caractères  de  l'histoire 
russe  qui  peuvent  servir  de  sujets  aux  peintres  ;  1812, 
1813,  1815,  thèmes  patriotiques  donnés  par  l'Académie 
comme  sujets  de  concours.  Étuds  sur  Orlowski,  élève 


de  Norblin  et  imitateur  rapide  de  J.  Vemet.  Étude 
sur  0.  Kiprenski,  portraitiste  chaleureux  que  l'Italie 
afladit  et  perdit.  Publication  complète  du  Journal  de 
Kiprenski  à  l'étranger  en  iSIl. 

—  Baron  Wra.ngei.,  Serge  Makowski  et  N.  Troob- 
NiKov.  Araktchéev  et  l'Art.  Visite  àGrouzino,  retraite 
d'Araktchéev,  aujourd'hui  caserne.  Araktchéev  avait 
placidement  embelli  sa  demeure  avec  de  jolies  idées 
sentimentales  et  galantes.  Plusieurs  de  nos  artistes 
travaillèrent  pour  lui,  Thomas  de  Tliomon  et  Agis; 
Ledur,  Ilulot,  de  Bay. 

—  V.  Véréchtciiaguine.  La  femme  et  la  mode  à 
l'époque  d'Alexandre  1".  Trois  époques  de  l'histoire 
de  France,  Consulat,  Empire, Restauration,  se  reflètent 
dans  l'époque  d'Alexandre. 

—  Alexandre  Tkoubnikov.  Thomas  de  Thomon.  Im- 
portantes rectifications  à  la  biographie  de  notre  com- 
patriote. Thomon  nait  à  Nancy  (non  à  Paris),  le  ' 
21  décembre  1754;  il  meurt  à  Pétersbourg  le  23  août 
1813  (style  russe),  à  la  suite  d'une  chute  faite  d'un 
échafaudage,  lors  de  l'incendie  du  Grand  Théâtre, 
qu'il  avait  bâti.  Avant  d'arriver  en  Russie  (fin  1798), 
il  était  allé  à  Vienne  et  en  Hongrie,  chez  le  prince 
N.  Esterhazy,  professeur  à  l'Académie  (classe  de  pers- 
pective), 1802,  et  classe  d'architecture,  1810. 

—  G .  OzAKOvsKi.  Le  théâtre  au  temps  d'Alexandre  1". 
«  Théâtre  de  Voltaire,  Ducis,  Kniajnine,  Ozérov, 
Khmelnitski...  La  Grèce  pour  thème  et  la  France 
dans  la  réalisation.  La  France  pour  l'ensemble  et  la 
Grèce  pour  quelques  détails  fortuits.  » 

—  Baron  A.  de  Foklkersamm.  La  bijouterie  au 
temps  d'Alexandre  I".  Elle  profita  d'une  double  émi- 
gration française  causée  par  la  Révolution,  émigra- 
tion d'orfèvres  et  émigration  de  leurs  œuvres 
(lesquelles,  du  reste,  revinrent  en  France,  après  la 
paix  deTilsitt;  leur  afflux  .subit,  à  une  des  foires  de 
Liepzig,  fit  baisser  les  prix). 

—  N.  SoLoviov.  Les  livres  illustrés  sur  la  Htissie, 
au  début  du  XIX'  siècle.  OEuvres  ou  éditions  de 
Debucourt,  Demartrais,  liechberg,  Iloubigant,  At- 
kinson,  Buddeus,  Faber  du  Faur,  etc. 

—  Baron  Wrangel.  Les  livres  sur  l'art  à  l'époque 
d'Alexandre  I".  Premier  Journal  des  beaux-arts, 
édité  en  1803  par  le  Français  Th.  de  Boule.  Traduc- 
tions de  Gérardin,  Delille.  Livres  en  russe  et  en  fran- 
çais, et  une  dizaine  de  livres  en  français. 

—  Ivan  Fo«iXE. Vandalismes courrt?i/.s.Détériorations 
à  riiApital  Marie  (archit.  Quarenghi);  destruction  de 
la  jolie  et  illustre  Datcha  Slro'jonov  (arch.  Voro- 
nikhine),  dont  la  Commission  du  Vieux  Pétersbourg 
n'a  pu  que  faire  prendre  les  mesures  et  relever  les 
moulages  ;  transformation  du  Théâtre  du  Palais  de 
Tauride  en  bibliothèque  pour  la  Douma.  L'auteur 
demande  des  lois  protectrices.  —  Denis  Hoche. 


Le  Gérant  :  H.  Dknis. 


Pans.  —  Imp.  (îeorKtts  Petit,  1S,  rue  (iodol-de-Uauroî. 


Numéro  404 


Samedi  26  Décembre  1908. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN     ET    MODERNE 


Une  Ligue  belge 

des  Amis  du  Louvre 


I 


De  braves  gens  de  Belgique,  émus  des  dangers 
que  court  le  musée  du  Louvre  et  des  lenteurs 
qu'on  apporte  au  déménagement  du  ministère 
dos  Colonies,  ont  pris,  ces  temps  derniers,  une 
initiative  qui  dénote  chez  eux,  à  défaut  d'un  sens 
très  fin  des  nuances,  du  moins  un  désir  évident 
de  manifester  leur  amour  de  l'art,  —  ce  qui  est 
chose  louable,  après  tout  —  et  une  ambition 
ardente  de  bien  faire,  même  lorsque  le  mieux 
qu'ils  pourraient  faire  serait  de  ne  rien  faire  du 
tout  :  ils  ont  fondé  une  Ligue  internationale 
destinée  à  appeler  l'attention  du  monde  civilisé 
sur  la  négligence  inconcevable  avec  laquelle  la 
France  expose  ses  trésors  artistiques  à  la  des- 
truction par  le  feu. 

Celte  ligue  est  sans  pitié  pour  nos  ministres, 
toujours  débordants  de  belles  paroles  et  toujours 
ménagers  de  décisions  rapides.  La  peste  soit  dis 
lanterniers  !  Voici  que  par  leur  faute  le  monde 
l'ivilisé  tout  entier  va  nous  montrer  du  doigt... 

Le  gouvernement  a-t-il  senti  ce  péril  et  a-t-il 
voulu  nous  épargner  cette  honte  "?  Je  ne  sais, 
i'oujours  est-il  que  l'autre  jour,  à  propos  de  la 
discussion  du  budget  au  Sénat,  M.  le  sous-secré- 
taire d'État  des  Beaux-Arts  a  apporté  à  la  tribune 
l'affirmation  précise  que  le  ministère  des  Colo- 
nies serait  transféré  dans  les  immeubles  de  la 
rue  Oudinot,  dans  le  courant  de  l'année  prochaine, 
et,  pour  être  plus  exact,  peut-ôtre  même  dès  le 
mois  de  juillet. 

Voilà  qui  va  rassurer  la  Ligue  belge  et  interna- 
tionale, à  moins  qu'elle  ne  trouve,  comme  nous, 
que  c'est  montrer  une  ironie  par  trop  cruelle  que 
d'annoncer  à  la  tribune  du  Sénat  qu'on  accorde 
encore  au  Louvre  sept  mois  pour  brûler  I 

E.  D. 


ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie   des  inscriptions  et  belles-lettres 

(séance  du  18  décembre).  —  Au  début  de  la  séance, 
M.  Georges  Perrot,  secrétaire  perpétuel,  introduit  les 
deux  nouveaux  élus,  le  P.  Scheil  et  .M.  Camilfe 
Jullian.  Le  président  leur  souliaite  la  bienvenue  et 
les  invite,  conformément  à  la  tradition,  à  prendre 
place  parmi  leurs  confrères. 

—  M.  Salomon  Reinach  communique  une  note  de 
M.  Seyuiour  de  Ricci,  cliargé  d'une  mission  par  le 
ministère  de  l'Instruction  publique  en  Egypte,  rela- 
tive à  plusieurs  inscriptions  grecques,  latines  et 
cariennes  qu'il  a  recueillies,  ainsi  qu'à  deux  belles 
statues  grecques  découvertes  à  Alexandrie,  et  à  deux 
portraits  peints  sur  bois,  d'époque  romaine. 

—  L'Académie  décide  de  reporter  aux  mercredis  23 
et  30  décembre  les  dates  de  ses  séances  liebdoma- 
daires  procliaines.qui  coïncideraient  avec  les  lêtes  de 
Noël  et  du  1"  janvier. 

—  M.  Holleaux.  directeur  de  l'École  française 
d'Athènes,  lit  un  rapport  sur  les  travaux  di'  i-etti' 
école  pendant  l'année  19u8. 

—  La  séance  se  termine  en  cumilé  spcrei  pour  la 
discussion  du  rapport  de  la  commission  chargée  de 
présenter  des  candidats  aux  places  vacantes  de  cor- 
respondants étrangers. 

Manufacture  de  Sèvres.  —  Une  commission  a 
été  constituée,  sous  la  présidence  du  sous-secrétaire 
d'Etat  des  beaux-arts,  en  vue  de  la  réorganisation  de 
l'administration  de  la  Manufacture  de  Sèvres.  Elle 
est  composée  de  MM.  Emile  Bourgeois,  professeur  à 
la  Sorbonne;  Quost,  artiste  peintre  et  cératniste  ; 
Oanimouse,  céramiste;  René  Lalique.  orfèvre  ;  Victor 
Cliampier,  directeur  de  l'École  des  arts  décoratifs  de 
Roubaix;  Michel  Tardif,  maître  des  requêtes  au  Con- 
seil d'État,  et  Le  Ctievalier-Chevignard,  secrétaire  de 
la  Manufacture  do  Sèvres. 

Société  des  Amis  du  Louvre.  —  Les  Amis  du 
Louvre  ont  visité  la  semaine  dernière,  sur  le  quai  de 
la  Tournelle,  le  vieil  hôtel  de  Miramion,  où  sont 
installés  la  pharmacie  centrale  des  hôpitaux  et  le 
muséede  l'Assistance  publique. Cet  hôtel  fut  construit 
au  xvit*  siècle  et  acheté  en  1610  au  financier  Martin, 
par  M»"  de  Miramion  qui,  lorsqu'elle  eut  pris  le  voile. 


.-il  4 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


y  installa  les  filles  de  Sainte-Geneviève   «  les    Mira- 
miunes  ». 

Les  Amis  du  Louvre  se  sont  ensuite  rendus,  tout 
près  de  là, à  l'église  Saint-Nicolas  du  Chardonnet,  où 
sont  les  tombeaux  du  peintre  Le  Brun,  de  sa  mère  et 
de  sa  veuve,  par  Coyzevox,  et  un  superbe  Corot  : 
le  liapléme  du  Christ.  Ce  tableau,  liien  connu  des 
amateurs  d'art,  fut  la  seule  commande  faite  à  Corot 
pendant  sa  longue  carrière.  Il  présente  cette  parti- 
cularité que  c'est  le  seul  tableau  du  maitre  où  les 
figures  soient  plus  importantes  que  le  paysage. 

Société  de  reproduction  des  dessins  de  maî- 
tres. —  Une  réunion  d'érudits  et  d'amateurs  vient 
de  se  constituer,  sous  la  présidence  de  M.  Jean  Guif- 
frey  et  sous  la  dénomination  de  «  Société  de  repro- 
duction des  dessins  de  maîtres»  :  elle  se  propose  de 
reproduire,  par  les  procédés  les  plus  exacts,  des  des- 
sins anciens  et  modernes,  français  et  étrangers, 
conservés  dans  les  collections  publiques  et  les  galeries 
privées. 

Le  nombre  des  membres  de  la  Société  n'est  pas 
limité.  Le  montant  de  la  cotisation  annuelle  est  de 
25  francs. 

La  Société  publiera  d'abord  vingt-cinq  dessins  par 
an,  qui  paraîtront  en  cinq  fascicules  :  le  premier 
fascicule  sera  distribué  vers  le  la  janvier  prochain  et 
contiendra  des  dessins  de  Michel-Ange,  Fragonard, 
Hokousa'i,  Degas,  et  d'un  maitre  inconnu  de  l'école 
alkniande  primitive,  appartenant  aux  collections  de 
MM.  Uoniiat,  Jacques  Doucet,  Rodrigues  et  Vever. 
Le  nombre  des  dessins  publiés  par  la  suite  augmen- 
tera en  proportion  des  souscriptions  nouvelles,  — 
les  ressources  de  chaque  année  devant  être  employées 
uniquement  en  reproduction  de  dessins 

Les  adhésions  sont  reçues  par  M.  Jacques  Doucet, 
trésorier  de  la  Société,  19,  rue  Spontini,  à  Paris. 

Société  d'encouragement  à  l'art  et  à  l'indus- 
trie. —  Le  sixième  concours  de  bourses  d'apprentis- 
sage, organisé  par  la  Société  d'encouragement  à  l'art 
et  à  l'industrie,  entre  les  élèves  des  Écoles  des  beaux- 
arts,  d'art  décoratif  et  industriel  des  départements, 
vient  d'être  jugé. 

Le  jury  chargé  de  désigner  les  lauréats  comprenait  : 
M.M.  Lucien  Layus,  président;  Paul  Colin,  rapporteur; 
Jean  GuiU'roy,  secrétaire;  et  comme  membres  MM. 
Henry  Itoujon,  G.  Trouillot,  Félix  Follot,  G.-Koger 
Saiidoz,  Louis  Bonnier,  Itigard-Fabre,  Valentino,  Ca- 
violc-Oumonlin,  Tournade,  Georges  Boin,  Ed.  Jalla, 
Brochard,  E.  Lévy,  Ph.  Monduit,  Jules  Niclausse,  de 
Uibes-Ghristolle. 

Il  a  classé  les  candidats  comme  suit  :  1"  M.  Albert 
Brabo,  de  l'école  d'Alais;  2-  M.  Jean  de  Ville-d'Avray, 
de  l'école  de  Nice;  3"  M.  Léon  Duquenne,  de  l'école 
de  Calais. 

Le  premier  nommé  reçoit  le  titre  de  pupille  de  la 
Société  et  aura  droit,  jusqu'à  la  tin  de   1911,  à  une 


bourse  annuelle  de  1.200  francs.  Les  deux  autres  lau- 
réats reçoivent  des  prix  en  argent  de  200  francs  et 
100  francs.  A  tous  il  sera  remis  une  plaquette  de  la 
Société  par  Roty. 

Salon  d'automne.  —  Le  Comité  du  Salon  d'au- 
tomnes vient  de  constituer  comme  suit  son  bureau 
pour  l'année  1909  : 

Président,  M.  Frantz-Jouidain  ;  vice-présidents, 
M.M.  Georges  Desvallières,  Camille  Lefèvre,  Charles 
Plumet;  trésorier,  Géo.  Weiss. 

Présidents  de  sections  ;  peinture,  MM.  Ch.  Guérin  ; 
sculpture,  Alb.  Marque;  architecture,  II.  Sauvage; 
dessin,  M.  Dethomas  ;  gravure,  J.  Perrichon  :  art 
décoratif.  H.  llamm. 

Membres  titulaires  :  MM.  P.-L.  Baignières,  K.  l)u- 
champ- Villon,  P.  Laprade,  L.  Le  Bail,  Massoul. 

Secrétaire  général  :  M.  Etienne  Avcnard. 

Dons  et  legs. —  M""  V^«  Crauk  vient  d'otlrir  à  la 
mairie  du  VI'  arrondissement  le  Combat  du  Centaure, 
une  des  meilleures  œuvres  du  regretté  sculpteur 
Gustave  Crauk. 

—  M.Frédéric  Masson  vient  d'oflrir  à  l'État  un  meuble 
de  salon,  composé  d'un  canapé  et  de  fauteuils  en  bois 
doré  recouverts  de  velours  réséda,  les  pieds  et  les 
bras  ornés  de  têtes  de  lions  et  les  dossiers  décorés 
d'aigles  et  de  couronnes  :  ce  meuble,  qui  garnissait 
la  villa  .Napoleone,  lors  de  l'exil  de  l'empereur  à  l'Ile 
d'Elbe,  avait  été  légué  en  1905.  par  la  baronne  Jérôme 
David,  à  M.  Frédéric  Masson,  à  charge  pour  lui  de  le 
transmettre  à  un  musée,  pour  éviter  qu'il  fut  vendu 
aux  enchères. 

A  Berlin.  —  C'est  demain  27  décembre  que  s'ouvre, 
à  Berlin,  l'exposition  de  la  Sécession,  qui  comprend 
une  importante  exposition  rétrospective  de  Ilans  von 
Marées. 

A  Moscou.  —  Un  comité  s'est  récemment  constitué 
et  tient  ses  séances  au  musée  historique  pour  fonder 
à  Moscou  un  musée  consacré  aux  souvenirs  de  l'année 
1812.  Une  première  exposition  des  objets  recueillis  va 
avoir  lieu  dans  quelques  semaines.  Appel  est  fait  aux 
donateurs  et  à  toute  personne  pouvant  indiquer  des 
objets  intéressants  qui  se  rapportent  à  la  campagne 
de  Russie. 

A  Tournai.  —  En  septembre  1909,  à  Tournai 
(Belgique),  s'ouvrira  une  exposition  d'œuvres  d'ar- 
tistes tournaisicns  du  xix*  siècle,  organisée  par  le 
Cercle  artistique  de  Tournai.  Pour  les  renseignements, 
s'adresser  au  secrétaire  du  Cercle,  10,  rue  des  Cariiers, 
à  Tournai. 


ANCIEN    ET    MODEKNE 


3is: 


CHRONIQUE    DES   VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —  Vente  de  la  collection  de 
M.  X...  ^Porcelaines  anciennes,  etc.).  —  Cette 
vente,  intéressante  surtout  pour  les  amateurs  de 
porcelaines  anciennes,  a  produit  105. i94  francs, 
le  10  décembre,  salle  0,  sous  la  direction  de 
M=  l.air-Dubreuil  et  de  .MM.  Paulme  et  Lasquin. 

D'une  façon  générale,  les  adjudications  se  sont 
tenues  très  près  des  prix  de  demande,  plutôt  un 
peu  au-dessous  en  général,  car  pour  certains 
numéros,—  comme legroupen  crinoline  «envieux 
Saxe,  qui  a  réalisé  16.000  francs,  sur  l'estimation 
de  1  11  000,  —  c'est  le  contraire  cjui  s'est  produit. 
C'est  d'ailleurs  la  plus  belle  enchère  de  la  vente; 
il  nous  suffira  de  donner  la  liste  des  autres;  les 
séances  de  ce  genre,  d'un  intérêt  tout  spécial, 
ne  demandant  pas  de  grands  commentaires. 

Anciennes  i'Orcelainfs  .ai.lemaniies.  —  Loiiishoury. 
S.  Groupe,  le  Galanl  chansevr,  en  coul.,  t. 400  fr. — 
Fran'kenlhal.  iW  Groupe,  tes  Quatre  saisons,  {.100  fr. 
(rest.,  dem.  1.000). 

Anciennes  I'okcei.aines  de  Saxe.  —  il.  Deu.x  vases 
couverts,  forme  tulipes, déeorésen coul. .  l.SOOfr.  rest., 
dem.  2.000).  —  42.  Vase  et  couvercle,  panse  treillagée, 
rocailles  en  relief,  anses  branchages,  1.10,")fr.—  44.  Deux 
candélabres  formés  de  statuettes  de  jardinier  et  jardi- 
nière, en  coul.,  sur  terrasse  bronze,  avec  arbuste 
porte-lumières,  orné  de  fleurettes  en  porcel.,  1.010  fr. 
rest.,  dem.  1.800!.  —  46.  Plateau  d'écritoire  décoré 
médaillons  en  coul.,  à  paysages  et  personnages  à  la 
bordure,  six  médaillons  camaïeu  rose,  à  paysages  et 
personnages.  1.200  fr.  (dem.  1.500).  —  49-50.  Berger 
tondant  un  motiton.  Berr/ère  sur  un  rocfter  jouant 
avec  un  mouton,  3  300  fr.  (dem.  5.000).  —  53.  Groupe 
de  deux  personnages,  acteurs  de  la  Comédie  italienne, 
2.300  fr.  {dem.  3.000).  —  Surtout  de  six  pièces,  centre 
forme  colonne  supportant  une  corbeille  ajourée  et 
entourée  d'une  ronde  de  Silène  et  de  Bacchus  ;  à  la 
base,  figurines  ou  groupes  d'enfants  bacchants,  faune 
et  faunesse,  3.300  fr.  (fêlures,  dem.  6.000).  —  55.  Cha- 
meau marchant,  recouvert  d'un  tapis  bleu,  4.160  fr. 
rest.,  dem.  4.000  .  —56.  Le  Tailleur  du  comte  de 
ISruhl  à  califourchon  sur  un  bouc,  3.400  fr.  (quelques 
accidents,  dem.  4.500).  —  57.  Groupe  crinoline.  Entre- 
tien galant,  jeune  femme  assise,  occupée  à  broder  ; 
à  sa  gauche,  un  seigneur,  16.000  fr.  (fractures  et 
manques,  dem.  15.000). 


Anciennes  pokcklaines  iie  Chine.  —  62.  Petit  vase  à 
fond  noir,  décor  en  coul.,  ép.  Khang-Hi,  1.200  fr.  — 
64.  Compotier,  porcel.  mince  décorée  d'un  coq  sur  un 
rocher  en  coul.,  revers  rouge  d'or,  ép.  Yung-Chen, 
2.003  fr.  (intact,  dein.  1.300). 

Anciennes  porcelaines.  —  l'dte  tendre.  69.  Mennecy. 
Deux  statuettes.  Joueur  de  flûte  et  Joueuse  de  tambou- 
rin, en  coul.,  1.190  fr.  (rest.,  dem.  1.800). 

87.  Sèvres.  Écuelle,  couvercle  et  présentoir,  décor 
guirlande  de  lleurs  et  nœuds  de  ruban.  Micaud  déco- 
rateur, 3  030  fr.  (dem.  4.000). 

Anciennes  faïences.  —  90.  Delft.  Deux  corbeilles 
rondes,  ajourées,  anses  dauphins,  décor  en  coul.  et 
dorure,  médaillon  la  Jeuties.-ie  et  l'Age  mur,  costumes 
Louis  XV,  fond  de  paysage,  2.300  fr.  (anses  Iract.  dem. 
3.000). 

Tebhe  cuite.  —  91.  Groupe  à  deux  personnages,  le 
Goûter.  Jeune  homme  assis  sur  une  table,  se  penchant 
vers  une  Jeune  fille,  xviii"  s.  .Modèle  réparé  en  bis- 
cuit de  Sèvres,  6.000  fr.  (dem   6.000). 

BnoNZKs  DAMEUBLE.MKNT.  —  121.  Pcudule  de  carton- 
nier,  fronton  à  coquille,  guirlandes  de  fleurs,  sur 
base  à  godrons,  ép.  Régence,  1.300  fr.   (dem.   2.000). 

Meubles,  sièges.  —  126.  Deux  encoignures,  mar- 
queterie de  bois  de  coul.,  à  trophée  d'altributs,  bran- 
ches de  fleurs  et  feuillages,  bronze  estampé  de 
P.  Roussel,  ép.  Louis  XV,  3.  i05  fr.  —  127.  Commode 
contournée  marqueterie  à  losanges  et  trophée,  est.  de 
Delorme,  ép.  Louis  XV,  ornements  bronze  rapporté, 
4.100  fr.  (dem.  10.000).  —  128.  Huit  chaises,  bois 
sculpté,  ép.  Louis  XV,  1.020  fr. 

Vente  de  dessins  et  d'objets  d'art.  —  Cette 
vente,  qui  avait  fait  l'objet  d'un  catalogue  illustré, 
a  eu  lieu  salle  6,  le  18  décembre,  sous  la  direc- 
tion de  M"  Lair-Dubreuil  et  de  MM.  Paulme  et 
Lasquin,  et  a  donné  un  produit  total  de  98.718  fr. 

Elle  comprenait  une  réunion  assez  nombreuse 
de  dessins  anciens,  et  certains  ont  atteint  à 
des  enchères  plus  qu'honorables,  dont  on  trou- 
vera ci-dessous  les  plus  importantes  Mais  c'est 
du  côté  des  objets  d'ait  et  d'ameublement,  et 
dans  la  catégorie  des  tapisseries,  qu'il  faut  cher- 
cher les  plus  gros  prix  de  la  séance  :  12.300  fr., 
sur  la  demande  de  10.000.  pour  un  grand  pan- 
neau à  sujet  pastoral  d'après  Huet,  et  6.700  fr. 
pour  une  tapisserie  flamande  d'époque  Régence, 
à  sujet  mythologique. 


316 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


PRINCIPAUX    PRIX 

Dr.ssiixs.  —  12.  Fragunard.  Jeune  lille  assise  à  terre, 
2.700  Ir.  (dem.  3.000).  —  IH.  Cl.  Hoin.  Jeune  fille  à 
la  corbeille  de  .fleurs,  etc  ,  2.500  fr.  (dem.  3.000).  — 
19  Lavreince.  ie  iUa^î'n  el  20.  L'Innocence  en  danger, 
2.010  Ir.  —  Prud'hon.  23.  Académie  de  femme,  1.800  fr, 
deui.  2.000j.  —  24.  L'Innocence  préfère  l'Amour  à  la 
richesse,  1.600  fr.  —  33.  A.  Watteau.  Le  Matamore, 
1.050  fr. 

Tableaux.  —  49.  Ch.  Hutia.  La  Lessiveuse.  1.000  fr. 
(dern  2.000).  —  50.  Ch.  de  Lafosse.  Esquisse  pour  un 
plafond,  1.300  fr.  —  35.  Jean  Pilleinent.  La  Tempête. 
2.500  Ir.  (dem.  2.000).—  63.  J.Vernet.Pw^saje.  1.253  fr. 

ScDLt'ïL'HEs.  —  6o-.  Statuette  de  Jeune  femme, 
plâtre,  attribué  à  Le  Moyne,  représentant  Aimée  de 
Coigny,  3.210  fr.  (dem.  3  000).  —  66.  Groupe,  anc. 
terre  cuite,  attribué  à  Clodion.  Silène  avec  une  foule 
d'enfants  nus,  2.000  Ir  (dem.  6.000)  —  67.  Deux 
bustes  terre  cuUe,  .xviii"  s.,  Jean  qui  pleure  et  Jean 
qui  rit,  1.300  fr.  (dem.  2.000  . 

Porcelaines  et  faïences.  —  68.  Fontaine  à  partuui 
anc.  porcel.  Saxe,  décorée  de  Heurs  en  coul.,  sur  ter- 
r.isse  agrémentée  de  ligurines,  tleurs.  volatiles,  etr., 
1.150  Ir.  (dem.  3.000:i  —  72.  Déjeuner  tête-à-tête, 
anc  porcel  de  Sèvres.  lietiré.  — 74.  Groupe.  Les  Dé- 
nicheurs, anc.  porcel.  tendre  de  Mennecy  cm  Cliau- 
tllly.en  coul.,  (coup  de  feu.  main  détachée  et  manques;, 
3.210  Ir.  (dem.  4.000). 

Objets  ùr.  vitbixe.  —  96  Boite  or  éniaillé  bleu,  à 
paysage,  ancien  travail  de  Genève,  I  015  fr. 

Bronzes  u'ameuble.mem.  —  100.  Chenets,  modèle 
a  vases-cassolettes  trépieds.  Galeries  ornées  de  lau- 
rier, ép.  Louis  XVl,  3.000  fr.  (dem.  3.000). 

Meuhles  anciens.  —  111.  Salon  bois  doré  (^canapé 
et  quatre  fauteuils),  tapis,  au  point  à  fond  crème, 
gerbes  de  tleurs,  3.100  fr.  —  113.  Deux  fauteuils  bois 
sculpte,  recouverts  tapis,  d  Aubussou.  à  médaillons 
(l'oiseau.N  et  .•uiiui.ui.s  sur  fond  crèrno,  cp.  Louis  XVl, 
1.550  fr. 

'rAPis.sEKiïs  ANCIENNES,  Tapis.  —  116.  Tapis,  ciim. 
XVl'  s.,  Diane  et  Actéon,  bordures,  3.800  fr.  —  117. 
Tapis.  Ilaui.,  svi'  s.,  sujet  de  I  Histoire  Hiicicnne, 
larges  bord.,  1.360  fr.  —  118.  Tapis,  de  Uru.xellcs,  fin 
XVI'  s,  sujet  biblique,  sans  bord.,  1.030  fr.  —  119. 
Tapis,  de  Bruxelles,  xvu'  s.,  sujet  mythologique, 
larges  bord., 2.200  fr.—  121.  Tapis.  tlaui.,ép.  Kégence, 
paysage  avec  composition  mythologique,  à  person- 
nages, large  bord.,  6.700  fr.  —  122.  Tapis  Auhussun, 
ep.  Louis  XV,  trajet  pastoral,  d'après  J.-B.  Huet, 
12.300  fr.  (dem.  10.0001.  —  123.  Euiadremcnt  anc. 
tapis,  llaui.,  fin  xvrs..  tleurs,  rinceiuix  cl  sphin.\  sur 
lond  jaune,  1.000  fr.  —  124.  Deux  grands  bandeaux, 
anc.  tapis,  au  point,  à  personnages,  fin  xvi"  s., 
2.620  fr.  —  123.  Tapis  d  Aubusson.  com'  xix'  s.,  fond 
bleu,  rosace  encadrée  d'une  couronne  de  fleurs. 
1.700  fr. 


Vente  de  tableaux  modernes,  etc.  —  Celte 
vacation  anonyme,  qui  a  eu  lieu  salie  1,  le 
19  décembre,  sons  la  direction  de  M'  Baudoin 
et  de  M.  Ferai,  a  produit  38.000  francs  et  donné 
lieu  à  quelques  enchères  qu'il  nous  suffira  de 
signaler. 

Les  honneurs  de -la  journée  ont  été  pour  un 
Diaz,/a  Clairière  en  forêt,  adjugé  7.700  francs,  sur 
la  demande  de  o.OOO. 

PRINCIPAUX     PRIX 

AyUAHELLES,  ETC. —  10.  Harpignies.  Vue  d'un  square 
a  l'aris,  aquar..  1.320  Ir.  —  19.  H.  Leys  Intérieur  de 
chapelle.  1.000  fr. 

Tableaux  .modeknes.  —  42-43.  Ch.  Chaplin.  Deux 
pendants.  La  Musique  et  la  Poésie,  3.0_30  fr.  —  30. 
Diaz.  La  Clairière  en  forêt.  7.700  fr.  (dem.  5.000;.  — 
52.  Dinet.  Ouled-Nails,  2.650  Ir.  —  69.  Emile  Lambi- 
net.  Pâturage  traversé  par  un  cours  d'eau,  2.500  fr. 
—  72.  Jules  Noël.  Entrée  de  ville,  1.700  Ir.  —  75.  Ca- 
mille Pissarro.  Un  village  sous  la  neige,  1.260  fr.  —  79. 
Hochegrosse.  Le  Kepos  au  clair  de  lune.  1.020  Ir 

'Vente  de  la  collection  de  feu  M.  P..  ta- 
bleaux modernes,  etc.).  —  (".elle  vente,  que 
nous  avons  annoncée  avec  détails  et  qui  avait 
l'ait  l'objet  d'un  catalogue  illustré,  a  produit 
82.572  francs,  salle  6,  le  21  décembre,  sous  la 
direction  de  M"  A.  Le  Ricque  et  de  MM.  Georges 
Petit  et  Bernlieim  jeune. 

Les  prévisions  ont  été  dépassées  pour  les  nu- 
méros les  plus  importants  de  la  vacation,  notam- 
ment pour  le  Charles  Daubigny,  la  Cre$sonniere, 
a  Veiller,  adjugé  27.200  francs,  sur  la  demande 
de  2S.000,  et  le  Poulailler.,  par  Ch.  Jacque, 
vfiiihi   la. "(M)  francs,  sur  l'estiination  de  Ili.OOO. 

il  parait  y  avoir  eu  plus  de  faiblesse  sur  les 
pièces  d'ordre  secondaire,  qui  n'ont  réalisé  que 
lie  petits  prix,  et  un  certain  mécompte  en  ce 
qui  concerne  les  deux  pastels  portant  le  nom 
de  Boucher,  qui  avaient  paru  assez  importants 
pour  rtre  reproduits  dans  le  catalogue  de  la 
vente  et  qui  n'ont  même  pas  réalisé  le  billet  de 
mille  francs  chacun  i22.  Éc.  française.  Po'irail 
de  femme,  pastel,  880  Ir.  —  23.  Femme  dormant, 
«60  fr.). 

PRINCIPAUX     PRIX 

Tablbacx.  —  0.  Ch.  Uaubigay.  La  Cressonniêie  a 
Veules.  27.200  fr.  (dem.  23.000).  —  6.  La  Seine  à  Lava- 
court,  ifffetdu  soir.  3.450  Ir.  —  9.  D'aumier.  te  ^'agon 
de  troisième  classe.  6.700  fr.  idem.  6.000  fr.).  —  13. 
Ec.  française.  Le  Hicur.  4.800  fr.  (dem.  o.OOO). —  13. 
Hcuner.  Portrait  de  femme,  8.400  fr.  ;denj.  6.000).  — 
16.  Ch.  Jacque.  Troupeau  de  moutons  près  d'une  mare. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


.3r 


9.000  fr.  —  n.  Le  Poulailler.  13.700  fr.  (dem.  15.000\ 

Pastels  et  aqcabblles.  —  30.  Hubert  Robert.  Venise 

(Canal  sousnne  volite.avec  figtires),  aqiiar..  1.130  fr, 

(dem.  280). 

M.  N. 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Georges  Seurat,  1859-1891  (galerie  Bern- 
heim  jouiie).  —  Des  crayons  au  clair-obscur 
mystérieux,  où  le  blanc  du  papier  grenu  joue 
son  rôle,  paysages  boisés,  ports  enchevêtrés, 
silhouettes  vaeues,  mais  justes,  souvenirs,  alors 
audacieux,  de  Fantin-Lalour,  intimités  et  por- 
traits (un  profil  de  Af.  Signac,  coiffé  du  chapeau 
haut  de  forme  adopté,  depuis  Courbet,  par  le 
réalisme);  des  marines  de  Grandcamp,  des 
Seines  claires,  pochades  plus  vibrantes  que  les 
grandes  toiles  alourdies  par  une  synthèse  un  peu 
caricaturale  et  refroidies  pat  la  division  du  ton 
i  le  Cirque  ou  le  Dimanche  A  la  Grande  Jatte,  déjà 
revus,  en  mars  1892.  aux  Indépendants)  :  telle 
est  la  "  rétrospective  »  d'un  primitif  de  la  vie 
moderne,  instaurateur  de  ce  pointillisme  qui 
devait  substituer  la  rigueur  de  la  science  aux 
impreasions  de  l'art,  et  que  la  liberté  moins 
intransigeante  de  nos  décorateurs  actuels  a 
dépassé. 

George  Aid  (galerie  C raves).  -  Est-ci?  notre 
faute,  si  nous  r.épétons  trop  souvent  les  noms  de 
VVhistler  et  de  Cézanne?  Celui-ci  domine  trop 
quelques  aberrations  continenlales.  tandis  que 
celui-là  préside  à  la  délicatesse  un  peu  mysté- 
rieuse des  peintres-graveurs  d'outre-mer.  En  voici 
ti  ois,  rapprochés  par  la  coïncidence  des  exposi- 
tions. Amouieux  de  Venise  et  de  la  France,  ces 
whisllériens  se  réclament,  <r.iilleni  s,  de  l'atelier 
Laurens,au  Salon  des  Artistes  français.  A  VAme- 
l'ican  Art  Association  de  la  rue  Notre-Itame-des- 
Champs,  c'est  un  Canadien  voyageur,  M.  Prank- 
Milton  Armington;  boulevard  des  Capucines,  chez 
Tooth,  c'est  un  Américain  de  New-York,  épris  de 
Montmartre,  des  bords  de  la  Seine  et  de  leau- 
forte  en  couleurs.  M.  Viiuglian  ïrovvbridge;  rue 
Câumarlin,  chez  (iraves,  où  l'amateur  a  déjà 
iioùté  les  lieaux  noirs  de  MM.  Synge  et  Fitlon. 
c'est  un  Améiicain  de  l'Illinois,  M  (ieorge  Aid, 
peintre  et  féministe,  apprécié  du  salonnier. 
L'aquafortiste  n'est  que  paysagiste,  mais  avec 
encore  plus  d'ingéniosité  :  le  Salon  de  1907  nous 
montrait  six  de  ses  plus  jolies  vues  de  Venise,  où 


lé  voisinage  lourd  du  cuirassé  semble  agiter  la 
gondole  ironique.  Ardente  en  Espagne  et  vapo- 
reuse en  Hollande,  la  pointe  s'aiguise  en  interro- 
geant nos  châteaux  de  la  Loire,  où  les  valeurs 
savantes  de  la  morsure  interprètent  lumineuse- 
ment la  jeunesse  française  des  vieilles  pierres. 

Halou  (IS,  rue  Jacquemonl).  —  Dans  la  crise 
tardivement  romantique  de  la  sculpture,  ce  jeune 
admirateur  de  M.Rodin  n'a  pas  oublié  Carpeaux, 
et  lerôve  de  l'expression  ne  le  brouille  pas  avec 
les  délicatesses  robustes  de  la  forme  :  même  au 
Salon  d'automne,  il  n'éprouve  point  l'attrait  de 
décapiter  ses  modèles;  et  le  masque  audacieux 
d'une  Vision  n'est  qu'un  pur  morceau  de  Carrare. 
Il  reste  français,  étant  né  tourangeau.  Compa- 
triote et  d'abord  collaborateur  du  céramiste 
Alexandre  Bigot,  ce  statuaire  blaisoisqui  connaît 
l'émail,  qui  taille  le  marbre  ou  patine  le  bronze, 
a  débuté  dans  la  section  des  objets  d'art,  en  189tJ, 
au  Champ-de-Mars.  Son  œuvre,  qui  promet, 
s'annonce  varié  :  des  ligurines,  depuis  la  mère 
Camu.s  jusqu'à  la  pelile  Aphrodite  résignée  {\)  dans 
la  transparence  du  marbre  grec;  des  bustes 
vivants  (A/"'"  Ale.candrinc,  octogénaire  beauce- 
ronne, un  Vieux  pliilosoplie  {2,,  ou  les  Deux 
sœiiis,  veuves  de  pêcheurs  bretons);  enfin,  de 
grands  nus,  aspirant  à  la  beauté,  depuis  le  réa- 
lisme accroupi  de  la  HcsiQnation  jusqu'à  la  Naïade 
virgilienne,  alanguie  dans  la  pierre  blonde,  et 
qui  valut  à  son  auteur  une  bourse  de  voyage  en 
1907.  L'amour  du  grec  la  préservera  de  l'ar- 
chaïsme, puisqu'il  exige  de  la  cliair  pétrifiée  la 
palpitation  de  la  vie. 

Expositions  diverses  —  Elles  sont  innom- 
brables. Seraient-elles  le  mal  dont  meurt  l'art 
moderne  '?  En  attendant  la  preuve,  interrogeons, 
chez  Sagot,  M.  Fornerod,  un  Suisse  attiré  par 
l'Espagne,  éclairant  ses  contemporaines  avec  le 
jour  inquiétant  du  Greco.  Dans  les  galeries  Weill 
ou  Druet,  se  retrouvent  les  habitués  du  Salon 
d'automne.  A  la  galerie  de  l'Art  contemporain. 
.'(,  lue  Troncliel,  des  décorations  serrées  de 
M.  Biéler,  d'heureux  instantanés  de  l'animalier 
l'ierre  Christophe,  des  meubles  très  sagement 
modernes  de  M.  Bouchet,  rehaussés  de  cuivres  ou 
de  fers  forgés  de  M.  Brindeau.  Puisse  ce  groupe- 
ment discret  préserver  l'objet  d'art  de  l'édition 
commerciale  I 

Ray-mond  Bolyeu. 


'1-2,  Voir,  dans  la  Het'iie.   nus  Silon*  de  sciilpliiif 
(l'JO*  et  1908;. 


318 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


CORRESPONDANCE  DE  BERLIN 


Les  peintures  de  la  salle  des  séances  du 
Parlement.—  La  rivalité  artistique  entre  lAlleniagnc 
du  Nord  et  celle  du  Sud  ne  perd  jamais  une  occasion 
de  se  manifester;  les  rétractations  de  l'empereur  en 
fait  de  goûts  personnels  et  le  maintien  deM.deTschudi 
à  la  Galerie  Nationale  n'ont  pas  encore  eu  le  temps 
d'exercer  une  influence  salutaire  sur  le  goût  berlinois. 
Les  peintures  décoratives  que  le  Prof.  Angelo  lank,  de 
Munich,  vient  d'achever  dans  la  salle  des  séances  du 
Parlement,  soulèvent  les  plus  vives  polémiques  et  des 
protestations  qui  vont  jusqu'à  invoquerl'honneur  delà 
nation  et  les  intérêts  de  l'art  allemand. 

Le  triptyque  exécuté  par  M.  lank,  conformément 
aux  esquisses  avec  lesquelles  il  a  concouru  et  rem- 
porté le  prix  à  deux  reprises,  représente  :  au  milieu, 
Guillaume  I"parcourant  le  champ  de  bataille  de  Sedan; 
i'i  gauche  et  adroite,  deux  scènes  du  temps  de  la  fon- 
dation de  l'Empire  germanique  :  Charlemagne  rece- 
vant à  Paderborn  les  ambassadeurs  du  khalife  de 
Cordoue  ;  Barberousse  à  cheval,  acclamé  par  une 
députation  des  villes  lombardes,  tous  sujets  éminem- 
ment aples  à  mettre  en  valeur  les  qualités  de  l'excel- 
lent peintre,  dessinateur  serré  et  fougueux  coloriste, 
qu'est  l'arliste  munichois.  On  lui  reproche  aujourd'hui 
le  choix  de  ses  sujets,  lalurnsplière  grise  du  tableau 
central  (et  l'on  sait  s'il  a  plu,  cette  après-midi  du 
2  septembre  1870  !),  la  présence  d'un  drapeau  français 
incliné  devant  le  roi  qui  passe,  l'utilisation  d'un  motif 
emprunté  à  une  œuvre  antérieure,  etc.  —  critiques, 
dont  certaines  peuvent  être  fondées,  mais  qui  n'in- 
firment en  rien,  d'ailleurs,  la  réelle  valeur  d'art  des 
peintures.  Parmi  les  détracteurs,  il  n'est  pas  jusqu'à 
M.  Anton  von  Werner  qui  n'ait  élevé  la  voix  pour 
remettre  en  avant  ses  propres  projets  (l'yoclamation 
de.  L'Empire,  fuse  de  la  première  pierre  du  l'arlemenl 
pur  l'empereur  Guillaume  I"  en  1^34,  l'ose  de  la  pierre 
terminale  par  Guillaume  11  en  1X9^1  ,  refusés  aux 
mêmes  concours  où  la  commission  choisissait  ceux 
de  M.  lank. 

Si  MM.  les  députés,  qui  prétendent  être  "  maîtres 
chez  eux  «  résistent  à  toules  les  remontrances  des 
milieux  artistes,  les  nouvelles  décorations  en  seront 
quittes  pour  aller  rejoindre,  dans  les  greniers  de  la 
maison,  d'autres  œuvres  de  valeur  de  M.\l.  l'ianz 
Stuck  et  Ad.  Ilildebrand,  à  ne  citer  encore  que  des 
Munichois.  —  M.  M. 


NOTES  &  DOCUMENTS 


A  propos  d'Adolphe  Hervier,  1818-1879. 

En  1906,  Lami,  le  compagnon  de  Carpeaux  aux 
bals  des  Tuileries  ;  en  1908,  Hervier,  le  solitaire 


explorateur  des  marchés  normands  :  applaudis- 
sons à  ces  «  rétrospectives  »  d'aquarellistes  fran- 
çais, qu'une  nouvelle  Société  internationale 
organise  à  peu  près  périodiquement  dans  la 
galerie  Georges  Petit. 

11  y  a  trente-deux  ans  (1),  Philippe  Burty  di- 
sait :  «  En  v.ain,  depuis  1838,  les  divers  pelotons 
d'exécution  qui  se  sont  succédé  sous  le  litre  offi- 
ciel de  jurys  se  sont  transmis  le  mot  d'ordre  et 
ont  refusé  vingt-trois  fois  cet  artiste.  Son  œuvre 
est  classé.  »  "Sans  doute,  classé,  mais  comme 
l'affaire  ténébreuse  que  la  justice  abandonne... 
On  continue  d'ignorer  tout  de  ce  Parisien  trfts 
villageois,  plus  riche  de  prénoms  i2)  que  de  rentes, 
et  qui  n'est  point  né,  comme  on  le  répète,  en 
1821.  Hervier  meurt  subitement  le  samedi  18  jan- 
vier 1879,  dans  son  taudis  de  la  rue  des  Martyrs, 
n"  3,  «  à  l'âge  de  61  ans  »  ;  et,  seule  ressem- 
blance du  bohème  avec  le  grand  Claude,  son  acte 
de  décès  donne  indirectement  sa  date  de  nais- 
sance :  1818  ;  brûlé  par  la  Commune,  l'acte  est 
de  ceux  i|ui  n'ont  pas  été  reconstitués. 

Autres  documents,--  aquarelles, sépias. crayons, 
ne  décrivent  pas  seulement  des  architectures 
provinciales  et  de  vieilles  rues,  de  beaux  arbres 
et  de  vilaines  gens,  des  verdures  sulfureuses  que 
tache  la  coiffure  rouge  d'une  mégère  dç  hameau  ; 
ces  notes  d'art  nous  racontent  une  vie  d'artiste  : 
avec  sa  ferme  écriture  de  peintre-graveur,  Her- 
vier, tel  Jongkind,  les  date  comme  une  lettre  ; 
on  y  peut  suivre  des  yeux  son  tour  de  France 
incessant.  Exemples  :  6'6'«  croquis  du  voyage  de 
CmUancca,  18(i6.  novembre;  —  IS68,  logement 
de  la  rue  des  Martyrs,  et  cette  mention  digne  de 
l'ami  de  Hresdin  :  Si  Jeannette  savait  !  On  y  trouve 
la  préparation  des  toiles  orageuses,  des  trois 
albums  de  lithographies,  des  inégales  et  nom- 
breuses eaux-fortes  ;  voici  l'éTolution  de  l'obser- 
vateui-  depuis  "  un  souvenir  de  Decamps  »  (18471, 
jus(|u'à  cet  aveu  :  Hctojnhc  dans  la  nature  :  Saint- 
Germain,  le  Val,  avril  ISIO.  On  y  retrouve  le 
passé  :  llalUs  de  Paris;  rue  de  la  Vieille-Draperie, 
près  de  la  rue  du  Contrat-Social,  (Soi  ;  l'année 
suivante,  c'est  le  Marché  aux  œufs,  avec  ses  en- 
seignes et  ses  piliers  rouges.  On  y  lit  le  visage 
louche  d'une  échoppe  et  la  physionomie  de  ces 
murs  lépreux.  Un  style   romantique   a   retenu 


(1)  Préface  du  catalogue  (vente  du  samedi  26  février 
1876). 

(2)  Louis-Hcnri-Victor-Jules-Krançois-Adolphe,  dit 
le  livret  du  Salon  de  1866. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


319 


n  le  rayon  particulier  »,  «  l'angle  rare  »  (1)  et 
«  la  minute  mystérieuse  «  en  sa  précision  :  par- 
fum d'étrangeté,  que  Baudelaire  appelait  «  le 
condiment  de  toute  (ruvre  d'art  ». 

Haymond  RorvEH 


f"f 


LES      REVUES 


France 

Les  Débats  (20  décembre).  —  L'Enseignement  dit 
dessin,  par  Louis  HfujiiTir.Q.  —  On  sait  —  et  le  Biillelin 
l'a  annoncé  —  que  le  Conseil  supérieur  de  l'instruction 
publique  vient  de  s'occuper  de  renseignement  du 
dessin,  dont  les  procédés  actuels  paraissent  détostaliles 
et  dont  les  résultats  le  sont  en  effet.  M.  Edmond 
Pottier,  membre  de  l'Institut,  conservateur  an  musée 
du  Louvre,  a  rédigé  les  conclusions  de  la  Commission 
chargée  d'étudier  la  réforme  de  cet  enseignement  et 
les  a  soumises  au  Conseil  supérieur.  Et  M.  L.  Ilour- 
ticq  se  demande  si  c'est  une  ère  nouvelle  qui  s'ouvre 
pour  le  dessin. 

Il  constate  tout  d'abord  que  les  réformateurs  sont 
d'accord  pour  demander  la  suppression  des  méthodes 
actuelles,  dont  le  principe  consiste  à  réduire  le  dessin 
à  des  opératiens  faciles  et  à  les  enseigner  progressi- 
vement :  méthode  sans  attrait,  ne  développant  ni  la 
curiosité  visuelle  ni  l'esprit  d'imitation,  à  laquelle 
certains  professeurs  ont  tenté  de  remédier  en  laissant 
à  l'enfant  le  elioi.x  de  ses  sujets  et  de  ses  moyens. 
L'ocneil,  c'est  que  les  facultés  enfantines  d'observation 
et  de  transcription,  abandonnées  à  elles-mêmes,  s'.ts- 
soupissent  ou  s.émoussent,  se  limitant  dès  lors  à  un 
très  petit  nombre  de  formes. 

M.  L.  Ilourticq  ne  croit  pas  que  c'est  la  méthode 
défectueuse  du  professeur  qui  éteint  en  nous  la  curio 
site  visuelle,  mais  bien  l'éducation  scolaire  qui,  en 
s'emparant  île  l'esprit  de  l'enfant,  fixe  son  attention 
sur  des  notions  abstraites  et  la  détourne  de  toute 
observation,  sauf  pendant  les  très  rares  heures  consa- 
crées à  la  classe  de  dessin.  Il  faudrait  trouver  le 
moyen  de  concilier  la  méthode  de  la  nature  et  la 
méthode  classique,  afin  de  pouvoir  former  v  de  vrais 
artistes  capables  d'exprimer  en  une  langue  correcte  et 
élégante,  une  imagination  originale  ;  mais  on  n'en 
demande  pas  tant  :  il  sullirait  que  l'on  apprit  à  regar- 
der et  à  tenir  un  crayon  ». 

D'ailleurs,  la  question  dépasse  de  beaucoup  la  que- 
relle entre  deux  procédés  pédagogiques;  notre  sys- 
tème scolaire  tout  entier  ignore  le  langage  des  formes, 

(I)  Théophile  Gautier,  les  Itenux-Aiis  en  limope, 
ISo'J,  2'  série;  et  le  Moniteur  universel,  feuilleton  du 
11  février  1856.  —  Cf.  les  Goncourt,  Salon  de  18.')2,  et 
le  Itulletin  de  l'Art  des  19  septembre  et  28  novembre 
1908. 


notre  enseignement  est  «  grand  assembleur  de  mots 
et  contempteur  d'images  »,  et  pourtant  la  pratique  du 
dessin  et  l'étude  des  arts  y  devraient  avoir  une  place 
d'honneur;  malheureusement,  remarque  avec  esprit 
M.  L.  Ilourticq,  «  l'Université  est  un  douairière  qui 
parle  bien,  mais  qui  a  la  vue  basse  ».  Aux  études  pro- 
fessionnelles, le  dessin  est  de  toute  nécessité;  aux 
études  désintéressées  de  l'enseignement  secondaire, 
les  monuments  figurés  ne  sont  pas  d'une  importance 
moins  considérable  que  les  monuments  écrits,  avec 
ceci,  en  plus,  que  le  langage  des  formes  est  plus  abor- 
dable et  plus  "parlant»  que  celui  des  mots.  Mais 
comment  le  comprendre  sans  un  habituel  usage  ilu 
dessin  et  une  étude  de  son  histoire? 

Le  remède,  c'est  de  demander  au  maître  de  littéra- 
ture, d'histoire  ou  de  science,  qui  est  le  plus  souvent 
avec  les  élèves.  <|ui  exerce  sur  eux  une  plus  forte  em- 
preinte et  leur  enseigne  une  matière  importante  du 
programme,  «  de  mêler  constauiuu^nt  à  sou  enseigne- 
ment des  notions  plastiques  et  l'usage  du  dessin; 
l'éducation  toute  entière  doit  être  imprégnée  de 
préoccupations  visuelles;  alors  on  apprendra  à  des- 
siner comme  on  apprend  à  écrire,  sans  y  songer.  Le 
professeur  de  dessin  n'aura  plus  qu'à  enseigner  la 
syntaxe  de  cette  langue  entrée  dans  l'usage». 

Bulletin  des  musées  de  France  (n°  .'1).  —  Le 

Portrait  de  Pierre  <Jut/ic,  par  Fru?ii-ms  Cluiiet.  don 
de  la  Société  des  .^mis  du  Louvre,  par  M.  II.  Stf.in. 

—,  Une  collection  de  dessins  des  Pineau,  architectes 
parisiens  du  xviii"  siècle, au  nmsée  des  Arts  décoratifs, 
par  L.  Metman. 

—  Dessins  de  l'époque  de  la  Restauration  au  musée 
de  Versatiles,  par  G.  Bkikhe;  ils  sont  relatifs  à  des 
cérémonies  funèbres  accomplies  ,i  Saint-Denis,  et  au 
sacre  de  Charles  X. 

Allemagne 

Zeitschrift  fur  Geschichte  der  Architektur 
(II,  1,  octobre).  —  Le  Mausolée  d'Ilalir.anrasse,  par 
J.  BuHLMA.NN.  Notice  historique  sur  le  monument 
funéraire  du  roi  de  Carie,  élevé  en  351  avant  .lésus- 
Christ,  par  sa  femme  Artcmise,  et  essai  de  reconsti- 
tvition.  —  C.  T.  Newton  commença,  en  185(i,  les 
fouilles,  dont  il  publia  les  résultats  eu  1SG2  en  deux 
volumes  in-folio.  Trois  projets  de  reconstitution  ont 
été  présentés,  l'un  de  Kergusson,  un  autre  d'Adler  et 
un  troisième  de  M.  Bernier,  dans  Vllisluire  de  la. 
sculpture  greci/ue  de  .M.  Colligncm.  Tous  trois  s'ac- 
cordent à  élever  un  monument  rectangulaire  à  deux 
étages,  surmontés  d'une  pyramide  couronnée  par  un 
quadrige  ;  Fergusson  soutient  le  premier  étage  par 
de  gros  pilastres  que  les  autres  ont  remplacés  par  un 
mur  plein  ;  la  disposition  des  sculptures  et  des  con- 
structions attenantes  au  monument  principal  est  très 
différente  dans  les  trois  projets.  M.  J.  Hiihimann, 
reprenant  et  complétant  l'idée  de  M.  Bernier,  a  pré- 
senté des  plans,  coupes,  élévations,  vues  perspectives 


320 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


et  détails  d'un  projet  qui  semble  définitif  :  une  suite 
de  terrasses  reliées  par  des  escaliers,  bordées  de  lions 
et  de  statues,  conduisent  de  la  mer  au  mausolée  ;  en 
bas,  l'Agora,  bordé  de  longs  portiques  ;  au  milieu  de 
la  première  terrasse  un  petit  temple  rond  ;  au  fond, 
en  liaut.  sur  la  dernière  terrasse  limitée  par  un  mur, 
se  détachant  sur  un  cirque  de  collines,  se  dresse  sur 
uu  liant  soubassement  plein  le  mausolée  rectangu- 
laire, entouré  d'une  colonnade  et  couronné  d'une 
pyramide  élancée.  L'ensemble  est  d'une  grande 
beauté.  L'auteur  j'est  aidé,  pour  cette  reconstitution, 
des  constructions  analogues  encore  aujourd  hul  de- 
bout :  le  monument  du  lion  à  Knide,  le  monument 
des  .Néréides  à  Xantos,  les  grands  tombeaux  de  My- 
lasa,  d'Agrigente  et  d'Jgel,  près  de  Trêves,  l-es  mor- 
ceaux de  sculpture  et  les  statues  qui  ornaient  le 
mausolée  ont  été  retrouvés  dons  les  fondations  du 
château  Petronia,  élevé  non  loin  de  là,  au  xv  siècle, 
et  appelé  Itudrun  par  les  Turcs  depuis  1322. 

(11,  2-3,  novembre-décembre).  —  Conslniciions 
destinées  aux  concerts  musicaux  dans  l'antiquité, 
par  M.  Thiebscm,  de  Fribourg.  —  Premier  article  sur 
Ips  «  Iholos  »,  et,  CM  particulier,  sur  celui  d'Épidaure, 
bâtiment  circulaire  d'environ  dix  mètres  de  diamètre, 
couvert  d  une  coupole,  et  doublé  d'un  bas-cfité  étroit. 
Tout  .intour,  un  portique  circulaire  :  des  fenêtres  sont 
liercées  dans  le  mur  qui  sépare  le  bas-crtté  de  la 
ccdonnade  extérieure. 

—  Bibliographie  et  clirouique  de  l'Histoire  de  i'ar- 
(  liitectiire  en    Si/isse,  par  \l,  Joseph  Zemp.  —  Marcel 

AlBKhT. 

Hf.lgiquk 

L'Art  flamand  et  hollandais  (15  novembre).  — 
M.  Alphonse  iJrhmaix  expose  l'état  de  l'art  bour- 
guignon avant  l'avènement  de  Philippe  le  Hardi  et 
recherche  quelle  a  été  l'influence  des  l'aj/s-llns  en 
liuuri/offne  :  les  artistes  tlamands  rendirent  aux  Bour- 
guignons du  XIV  siècle,  dont  l'art  avait  dégénéré, 
ce  qu'ils  avaient  reçu  des  Français  du  xiii".  «  cet 
ensemble  de  principes  et  de  procédés  que  les  artistes 
de  l'Ile-de-France  auraient  l'ait  rayonner  dans  les 
Ktats  de  Bourgogne  si,  Ips  circonstances  étant  autres, 
les  ducs  les  y  avaient  appelés  •>. 

—  L'Arl  du  bois,  les  anciens  coffres  et  coffrets, 
suite  de  l'étude  de  M.  A.  Heins. 

LrxRMBOURr, 

La  Revue  luxembourgeoise  (1908,  I).  — ■  Le 
premier  numéro  du  tome  III  de  celte  revue,  éditée 
par  riiniversité  populaire  de  Luxembourg,  contient 
une  étude  de  M.  Louis  Gillet  sur  Itembrandt .  L'au- 
teur traite  Kembrandt  «  en  homme  et  en  artiste,  non 
en  héros  ni  en  penseur  »  ;  il  tâche  de  parler  de  ce 
maître  «  avec  goût  et  avec  bon  sens  »  et  se  demandé 
<<  d'où  viennent  tant  d'erreurs  et  de  galimatias  aux- 
quels on  est  habitué  sur  son  compte.  Il  brosse  en 
quelques  traits  rapides,  siirs  et  colorés,  un  portrait  de 


celui  que  se»  contemporains  prirent,  et  non  tout  à 
fait  à  tort,  pour  un  excentrique  et  un  maniaque.  Il 
montre  ensuite  que  cet  enfant  de  Leyde.  venu  s  établir 
à  Amsterdam,  n  avait  presque  rien  d'un  Hollandais  : 
il  n'a  pas  fait  à  son  pays  l'honneur  d  un  seul  tableau  : 
il  a  gravé  des  paysages  hollandais,  mais  «  dés  qu'il 
peint,  c'est  une  autre  planète  ».  De  plus,  ce  peintre 
qu'on  représente  comme  ayant  voulu  prendre  en  art 
le  contre-pied  de  tous  les  autres,  a  voulu  être  au  con- 
traire, ainsi  que  maints  détails  le  prouvent,  un 
humaniste  et  un  italianiste,  et  ce  n'est  pas- sa  faute 
s'il  n'y  est  pas  parvenu. 

M.  Gillet,  en  analysant  les  chefs-d'œuvre  les  plus 
traditionnellement  admirés  du  maître,  a  fait  toucher 
du  doigt  à  quel  point  Rembrandt  avait  su,  à  propos 
d'un  l'ait,  d'une  circonstance,  exprimer  une  vérité 
humaine  et  grande,  transformer  de  l'é'phémère  en 
quelque  chose  d'éternel;  il  a  montré  aussi  à  quel  point 
il  fallait  se  garder  de  voir  en  lui  un  pessimiste  et  un 
apôtre  de  la  soull'rance  humaine,  l'homme  d'un  sys- 
tème et  d'une  formule  (ceci  dit  pour  ceux  qui  veulent 
expliquer  tout  Kembrandt  par  h-  clair-obscur). 

Qu'est-ce  donc  alors  qui  fait  le  génie  de  Kembrandt  ' 
.Ne  serait-ce  pas  sa  faculté  surprenante  de  tout  com- 
prendre et  de  tout  aimer  :'  «  Kéaliste  et  idéaliste,  his- 
torien et  rêveur,  portraitiste,  dramaturge,  poète,  sur 
quelles  pistes  du  beau  ne  s'est  pas  avancé  ce  chercheur 
acharné  .'  11  a  voulu  être  tour  à  tour  pathétique  comme 
Uubens,  vrai  comme  Hais,  pur  comme  Kaphai-1,  sty- 
liste comme  Mantegna,  coloriste  comme  Titien.  Et  il 
n'est  pas  un  d'eux  qu'il  n'ait  égalé  séparément  chaque 
fois  qu'il  l'a  voulu.  .Mais  il  les  voulait  tous  exprimer 
d'un  seul  coup.  Il  cherchait  cette  pierre  philoso|diale 
de  la  peinture,  la  synthèse,  l'absolu,  de  tous  les  élé- 
ments di'  la  vir  et  du  songe,   du   réi-l  ,■[  de  I  idral  .. 

Kl'ssie 

Staryé  Gody  (octobre i.  —  M,  S.  (Jokhnov  rap- 
porte les  Impressions  arlisliijues  du  roi  Stanislas- 
.iuffuste  ilurant  son  séjo>ir  it  Suint -félersl)uurr/. 
d'après  le  journal  du  roi  de  Pologne  conservé  à  la 
Bibliothèque  impériale.  Palais,  manufactures  impé- 
riales, théâtres;  visites  à  des  artistes  (Vigée-Lcbrun. 
Kitt,  Iliittembrunn). 

—  M.  de  LiPHAHT,  Les  fresques  de  la  Villa  Patatinn 
à  l'Ermitat/e  {ancienne  Villa  Spada  sur  le  Palatin,,  — 
Appréciations,  critiques  et  résumé  de  document» 
(18.'i1-lK6.'i)  se  rapportant  à  l'arquisitinn  d'une  partie 
de  la  collection  Campnna  par  Guédéonov. 

—  P.  V.  l'aris.  I.  Les  Expo.sitions.  Exposition  théA- 
trale,  exposition  du  mobilier.  In  rétrospective  du 
Salon  d'automne,  etc. 

—  .\.  Makarenko.  L'art  russe  méridional  au  XIV' 
t'nn</rè'!  archéologique  »  Tchemigov.  —  Denis  Roche. 


Paru 


Le  Gérant  :  H.  Dcnis 

imp.  (ïeorirefl  Petit.  M,  rve  (io<iot-dp-yaurûi. 


TABLE    DES    MATIÈRES 


TABLE   DES   MATIÈRES 


ANNÉE    1908 


ARTICLES    DIVERS,    VARIÉTÉS 
NOTES  ET  DOCUMENTS 


Paftcs. 
A  propos  de  la  mission  Morgan,   par  M.  Sté- 
phane    281 

A  propos  de  la  vente  Landclle,  par  M.  A.  M.     .  297 
A  propos  du  Velazquez  du  musée  de  Rouen,  par 

M.  E.  Durand-Gkéville 207 

Amis  (Les)  de  !a  forêt  de   Fontainebleau,  par 

M.  E.D 1 

Art  (L')  à  l'école,  par  M.  K.  i) \gf 

Art  (L)  et  la  Société  industrielle  de  Mulhouse, 

par  M.  E.  D 33 

Artistes  (Les)  à  l'Exposition  de  Londres  : 

Une  lettre  de  sii-  Isidore  Spielniann   ....  lO.'i 

Au.\  Gobelins,  par  M.  Stéphane ;i7 

Bibliographie l.-i,  136,  246,  262,  29.';,  ;i03 

Congrès  (Le)  de  la  Société  française  d'arch;;ologic, 

par  M.  Marcel  Acbert 20,'i 

Contre  l'abus  des  affiches-réclames,  par  M.  E.  D.  81 
Découverte  de  soi.xante  huit  lettres  inédites  de 

Michel-Ange 95 

Églises  et  objets  d'art,  par  M.  Stéphane.     ...  241 

Encore  la  centralisation  !  par  M.  E.   I).     .     .     .  129 

Générosités  américaines,  par  M.  A.  .M 97 

Gobelins  à  tout  faire,  par  M.  E.  D 2,5 

Histoire  (L')  de  l'art  français  au  xix"  siècle  et  les 

Archives  nationales,  par  M.  E.  D ICI 

Justice  immanente,  par  M.  Eddv 121 

"  .Manuel  (Le)  de  l'eau  ..,  par  M.  E.  D 257 

Mosaïques  (Les)  byzantines  de  Sainte-Sophie  de 

Saloni(|ue,  par  M.  C.  D 46 

Musées  de  province  : 

,1  propos  des  vols  du  musée  de  Snin(-Dié,  par 

M.  Stéphane 26o 

.1  Saint-Quentin  :  Des  œuvres  d'art  Itien  gar- 
dées, par  M.  E.  D 233 

Au   musée   de  A/àcon,  par  M.  André  Gihodie.  249 

l.e  Rapport  de  la  Commission,  par  M.  E.  1).     .  185 
/.e  Régime  du  bon  plaisir  [a«  musée  de  Tours], 

par  M.  E.  D 133 


Pages, 
La  Salle  Puqet  au   musée  de  Marseille,  par 

M.  E.D 233 

Musées  (Les)  nationaux  en  1907-1 90S.     ...    217 
Musées  payants,  par  M.  Stéphane.     ...     9,      17 
Notes  et  documents  : 
,1  propos  d'Adolphe  Hevvier,  par  M.  Raymond 

HOUYEK 318 

.  (  propos  de  Simon  Marmion  :  Pour  le  peintre 
anonyme  du   retable   de  Saint-Berlin,  par 

M.   M.  IlÉ.NAULT 39 

liaumier  au  Père-Lachaise,  par  M.  Henry  La- 
pa uze 230 

Deux  portraits  gravés  des  frères  Huaud.  par 

M.     H.    C 79 

l.e  musée  de  Mnyence,  par  M.  André  GiRoniE.  311 
Les  orfèvres  français  à  Saint-Pétersbourg,  de 

IIU,  à  tSI'i,  par  ^L  Denis  Roche 119 

Les  orfèvres  de  souc/ie  française  à  Saint-Pélers- 

hriurg,  de  ill-'i  à  IHI-'i,  par  M    Denis  Roche.  127 
Les  orfèvres  desouche  française  à  Saint-Pélers- 

liourg  (i:i',-ISti),  par  M.  André  Girouie  .     .  I.'i2 
Un  portrait  du  musée  Katli  et  la  pseudo  «  h'nr- 
narina  »  des  Offices,  par  M.  E.  Dubanh-Gké- 

vn.i.E 23,  30 

Une  dédicace  il'IIervier  à    Corot  défunt,   par 

M.  Raymond  Bouver 216 

Le  Velazquez  du  musée  de  Rouen,  par  MM.  E. 

DuRA>[)-GRÉvn,i.E  et  Marcel  NicoLi-K.     .     n.l,  207 

Les  vitraux  du  musée  de  Dijon,  par  M.  C.  M.  14 

Paris  et  le  trolley,  par  M.  Ehdv 4) 

Pétition  (La)  des  artistes  décorateurs, par  M. E.D.  137 

Pillage  (Le)  continue,  par  M.  A.  M 169 

Pour  la  place  Stanislas,  par  M.  E.  D 289 

Pour  nos  forêts,  par  M.  E.  D 73 

Pour  qui  sont  donc  faits  les  musées'?  par  M.  Sté- 
phane    m 

Questions  parisiennes,  par  M.  E.   D 201 

Récompenses  iLcs)  du  Salon :     .  179 

Retour  de  flammes,  par  M.  Ennv 49 

Savoir  refuser,  par  M.  E.  D 89 

Semaine  de  deuil,  par  M.  E.  I) 273 

Statues,  par  M.  Enov 113 


324 


BULLETIN    DE   L'ART 


Pages . 
Sur  la  saisie  des  œuvres  d'art,  par  M.  E.  D.  .  303 
Sur  un  temple  désaffecté,  par  M.  E.  U.  .  .  .  63 
Un  nouveau  don  des  Amis  du  Louvre,  par  M.  A.  M.  US 
Une  ligue  belge  des  Amis  du  Louvre,  par  M.  E.  D.  :ii3 
Une  vieille  histoire,  par  M.  E.  D i09 


CHRONIQUE    DES    VENTES 

ipar  ordre  chronologique). 


Tableaux,  objets  d'art,  curiosité 
par  M.  Marcel   Nicoi.i.n. 


de  la  culliuliuii  Henri 
■  A  Nancy  :  —  A  Hor- 


A  Paris  :  Ventes  diverses,  3; 
Chasies  (liste  des  prix),  4. 
deaux,  H. 

A  Paris  :  vente  Henri  Chasies    tin  ,  12. 

A  Berlin  :  vente  Fritz  Clemm  (objets  d'art  anciens, 
tableaux  anciens  et  modernes',  20. 

A  Paris  :  ventes  diverses,  27.  —  \  i-nles  annoncées  : 
à  Paris  :  objets  d'art,  tableaux  anciens,  28. 

A  Paris  :  ventes  diverses,  35.  —  A  Berlin  :  ventes  de 
la  collection  F.  Gerstel  (tableaux).  —  \  entes  annon- 
cées ;  à  Londres,  3C. 

A  Paris  :  vente  de  tableaux  anciens,  43;  —  de 
tableaux.  —  Ventes  annoncées  ;  <à  Paris,  4-i. 

A  Paris  :  vente  de  t.ableaux  anciens,  51  :  —  de  tableaux 
anciens  ;  —  de  porcelaines  anciennes.  —  A  Londres: 
vente  de  la  collection  du  duc  rie  Sntherland  {ta- 
bleaux anciens',  ."i2.  —  Ventes  annoncées  :  à  Paris; 
—  à  Bordeaux,  ri3. 

A  Paris  :  vente  de  la  collection  A.  Albert  (liibleanx 
•     anciens  et  modernes).   —    Ventes   annoncées   :   ,i 
Paris.  .M. 

A  Paris  :  vente  de  la  collection  de  M.  X...  objets  de 
vitrine),  07  ;  —  ventes  diverses.  —  Ventes  annoncées  : 
à  Paris,  6S. 

A  Paris  :  ventes  de  tableaux  modernes.  —  Ventes 
annoncées  :  à  Paris  :  collection  Jules  Croiiier 
(tableaux  anciens  et  modernes);  —  à  Bruxelles  : 
collection  Th.  Verstraete  (tableaux  modernes  .  7«. 

A  Paris  :  vente  de  tableaux  nuidernes,  83;  —  venti- 
Jules  Cronier.  —  Ventes  annoncées  :  à  Paris  :  ateliir 
Louis  Watelln  ;  —  collection  de  M"-  de  P...  (tableaux 
anciens);  —  venli's  diverses;  —  en  Hollamle:  ventes 
diverses,  Hi. 

A  Paris:  vente  Jules  Cronier.  SI;  —  d'objets  d  art. 
92;  —  de  l'atelier  L.  Watelin.  —  A  Bellevne.  — 
Ventes  annoncées  :  à  Paris.  113. 

A  Paris  :  vente  de  la  collection  de  M"*  de  P...:  —  de 
l'atelier  L.  Watelin;  — de  tapisseries;  —  de  la  collec- 
tion Maury;  —  de  l'atelier  Girardet:  —  de  tableaux 
anciens  et  modernes,  100.  —  A  Lvon  :  vente  Boull- 


lin  (objets  d'art).  —  Ventes  annoncées  :  a  Paris  : 
collection  Pierre  Barboutau  (art  japonais);  —  ventes 
diverses,  101. 

A  Paris  :  vente  de  l'atelier  Hermann-Léon,  107;  — 
de  la  collection  Th..  objets  d'art,  dessins,  etc.).  — 
Ventes  annoncées  :  ;i  Paris  :  tapisseries  et  objets 
d'art,  108;  —  collection  Paul  Périer  [tableaux  moder- 
nes;— atelier  ftmile  Dameron;  —  tableaux  anciens, 
109. 

A  P.iris  :  vente  de  violons  anciens  ;  —  d'objets  d'art, 
115;  —  de  la  collection  P.  Barboutau  ;  —  d'objets 
d'art, 116;  —  de  la  collection  Paul  Perler.  —  X'entes 
annoncées  :  à  Paris,  117. 

.\  Paris:  vente  d'objets^d'arl  ;  ■-  de  l'atelier  E.  Dame 
ron;  —  de  tableaux  anciens,  123.  —  A  Marseille  : 
collection  Ch.  Nodel  (faïences  anciennes).  —  Ventes 
annoncées  :  à  P,aris  :  colletion  Cheramy  (tableaux 
anciens  et  modernes),  )24;  —  à  Amsterdam  : 
tableaux  anciens,  125. 

.\  Paris  :  vente  de  tableaux  anciens;  —  d'objets  d'art, 
l'it;  —  de  la  collection  L.   L.  (objets  de  vitrine). 

—  Ventes  annoncées  :  à  Paris  :  vente  de  M"'  S... 
((d)jets  d'art  et  d'ameublement);  —  à  Strasbourg; 

—  à  Cologne,  132. 

Ventes  annoncées  :  à  l'ari,s  :  vente  Zelikine  (objets 
-*  d'art),  139;  —  cidiection  O.  Homberg  (objets  d'art). 
140;  —  collection  de  .M.  P.  M.  ^tableaux  anciens); 
--'à  Londres:  —  à  Leipzig,  142. 
A  Paris  :  vente  de  M»'  S... (objets  d'art),  —  de  la  col- 
lection J.  Gerbeau  (1"  vente  :  porcelaines  de  Chine. 
etc.),  147;  —  vente  après  décès  de  M"'  X...  (objets 
d'art)  ;  —  de  peintures  par  Cazin  ;  —  de  la  collection 
Cheramy,  148.  —  Ventes  annoncées  :  à  Paris  : 
colleilion  de  feu  M.  Morsent  (serrurerie;,  149;  — 
collecti(m  J.  Gerbeau  (3*  et  4*  ventes  :  tableaux;  ;  — 
à  Londres  :  collection  Ihiniphrey  Roberts  tableaux 
modernes),  130. 

X  Paris  :  vente  de  la  collection  J.  Gerbeau  (1"  vente, 
fin-.  —  Vente  Cheramy  (liste  des  prix  ,  155;  — 
vente  Zelikine  (objets  d'art),  156;  —  vente  Hom- 
lierg.  —  Ventes  annoncées  :  à  Paris  :  collection 
Gerbeau  3'  vente:  tableaux  et  dessinsi;  —  vente 
diverses,  158. 

.\  Paris  :  vente  île  la  collection  P.  M..  Jableanx 
anciens  ,  164;  —  de  la  collection  Homberg  ^suite): 

—  de  la  collection  Morsent; —  de  tableaux  modernes; 

—  de  la  collection  J.  Gerbeau  ;3'  vente  ;  —  de 
f.aiences  anciennes,  165. —  Ventes  annoncées  ;  à 
Paris:  collection  du  D'G.H.  N.(peinturesanciennes  ; 

—  Succession  île  .M"'-  Debacker  .tableaux  et  objets 
d'art  :  —  à  l'.idogne  :  tableaux  anciens.  166. 

.\  Paris  :  succession  1>...  [Uubail.  (meubles  et  tapisse- 
ries);—vente  de  la  collection  Homberg  (liste  des  prix  i. 
171  ;  —  A  Londres  :  vente  Humphrey  Roberts.  — 
Vente  annoncées:  à  Paris:  succession  de  .M.  X... 
(Reitlinger]  tableaux,  etc.  .  172:  —  collection  J.Ger- 


ANCIEN    ET    MODERNE 


328 


beau  :o*  vente  :  objets  d'art)  ;  —  succession  de 
M""  Debacker  (tableau?!,  objets  d  art  ;  —collection 
Hélène  Chauvin  (objets  d'art,  estauipes),  173;  — col- 
lection de  feu  M.  de  Porto-Riche  (tableaux  modernes, 

etc.);  —  à  Amsterdam  :  dessins  anciens.  174. 

A  Paris  :  vente  de  la  collection  de  Mgr  Charuiettant 
.objets  d'art,  etc.);  —de  porcelaines  anciennes;  — 
de  la  collection  Homberg  liste  des  prix,  suite\  181  ; 
—  de  la  collection  du  D'  G.  H.  N.;  —  succession  de 
M'°*  Debacker  ;  —  succession  de  M.  X...  [Keitlin- 
ger],  181.—  Ventes  annoncées  :  à  Paris  :  succession 
de  M""  C.  Quéniaux  (objets  d'art,  etc.).  182. 

A  Paris  :  vente  Hélène  Chauvin  ;  —  de  deu.v  tableaux 
(un  Fragonard  et  un  Corot  i,  188;  —  de  la  collec- 
tion de  Porto-Riche  ;  —  de  tapisseries  ;  —  de  la  col- 
lection Homberg  (liste  des  prix,  fin),  189.  —  Ventes 
annoncées  :  à  Paris  :  tableau.x  anciens  ;  —  collection 
de  M""  Bowes  de  8aiut-.\niand  (objets  d'art);  — 
en  Allemagne  :  collection  F.  Greb  'objets  d'art). 

A  Paris  :  vente  d'objets  d  art.  196.  —  succession  de 
M»"  Quéniaux  ;  —  vente  de  la  collection  Coudray 
itableaux  modernes);  —  delà  collection  Thadec 
Natanson  (tableaux  modernes),  197;  —  de  tableaux 
modernes;  —  de  la  collection  Stchoukine  (tableaux 
anciens);  —  ventes  diverses,  198. 

A  Paris  :  succession  de  .M"°  Bowes  de  Saint-Amand. 
203;  —  succession  de  M°"  Bruant  (objets  d'art);  — 
succession  Bowes  de  Saint-Amand  (2»  vente);  — 
ventes  diverses.  —  Fin  de  la  saison  ;  les  ventes  pro- 
chaines, 204. 

Les  grandes  ventes  a  l'étranger  eu  i908  .  coup  d  œil 
d'ensemble,  220. 

Les  grandes  ventes  à  1  étranger  en  1908  :  à  Londres  : 
collection  du  duc  de  Sutherland  (tableaux  anciens 
et  modernes;;  — .  collection  HoHord;  —  ventes  di- 
verses; —  collection  Brnikenbridge  (objets  d'art  ; 
collection  de  lord  Voung  (tableaux),  228;  —  collec- 
tion Dickins  (céramique  ancienne)  ;  —  collection 
Dickins  et  Tatham  (tabltaux  modernes),  229. 

Les  grandes  ventes  à  l'étranger  en  1908  :  à  Londres  : 
collection  Connal  (tableaux  modernes)  ;  —  collection 
(jott  (livres  anciens);  —  collection  Burnctt  (ta- 
bleau.x  modernes! ;  —  collection  Pousonby  (objets 
d'art,  tableaux),  236;  —  collection  tsmay  (objets 
d'art,  estampes,  tableaux;;  —  à  Berlin  :  vente  d'es- 
tampes modernes;  —  à  New-York  :  vente  Brandus 
tableaux  modernes);  —  à  Amsterdam  :  vente  do 
tableaux  et  objets  d'art,  2.37. 

Les  grandes  ventes  à  l'étranger  eu  1908  :  à  Londres  : 
collection  Conynghaiii  objets  d  art,  tableaux  ;  — 
collection  Huraphrey  Koberts  (tableaux  niùdernes  . 
243;  —  collection  de  la  marquise  d'Ély  (porcelaines 
anciennes,  objets  d'art;  ;  —  collection  Knowlc, 
Loder  et  divers  (tableaux  anciens),  244. 

Les  grandes  ventes  à  l'étranger  en  1908  :  à  Stuttgart  : 
collection  Perry  (estampes  anciennes)  ;  —  à  Londres  : 


collection  Lauderdale  (céramique  ancienne);  —  à 
Amsterdam  :  collection  Alfred  Boreel  (céramique, 
dessins,  etc.),  251  ;  —  à  Londres  :  collection  Stephen 
Hollaud  (tableaux  modernes),  232. 
Les  grandes  ventes  à  l'étranger  en  1908  :  à  Londres  : 
collection  de  sir  Culhbert  Quitter  objets  d'art);  — 
vente  de  tableaux  anciens,  259;  —  ventes  diverses. 

—  Ventes  en  province.  —  Ventes  annoncées  :  à 
Paris,  en  Hollande  et  en  Allemagne.  260;  —  à 
Londres,  261. 

Ventes  annoncées  :  à  Paris  :  collection  Henri  Say 
(tableau.x  anciens,  tapisseries,  etc.),  267;  —  ventes 
diverses,  268  ;  —  à  Amsterdam  :  ventes  diverses:  — 
en  Allemagne,  269. 

A  Paris  :  vente  de  tapisseries,  276;  —  de  la  collection 
de  M.  B...  [Badin]  (livres,  estampes,  dentelles).  — 
Ventes  annoucées  :  à  Paris  :  tableaux  modernes,  277 

A  Paris  :  succession  de  M.  X.  L.  .  tableaux  modernes- 
tapisseries  anciennes),  284;  —  vente  après  décès  de 
M.  B...(meublesanciens,  etc.  ;  — de  l'atelier  Eugène 
Feyen  (tableaux  modernes); —  de  la  collection  Lion 
(objets  d'art  .  —  A  Berlin  :  vente  de  la  collection 
Emden  objets  d  art  ,  285.  —  Ventes  annoncées:  à 
Paris  :  collection  H.  Say  ;— atelier  Charles  Landelle 
(tableaux  modernes);  —  succession  de  M"' de  Ge- 
nevraye  i tapisseries  anciennes);  —  collection  Che- 
nest  (tableaux  anciens);  —  collection  Chéréuiétetr 
tableaux  modernes  ,  286. 

A  Paris  :  vente  de  la  collection  X...  (tableaux  modernes, 
(objets  d'art);  —  de  l'atelier  Busson  (tableaux 
modernes),  291  ;  —  de  la  collection  Henri  Say,  292. 

—  N'entes  annoncées  :  à  Paris  :  collection  de  M"'  C... 
itableaux,  objets  d'art);  —  collection  de  M.  X.,. 
(tableaux  anciens  et  modernes  ;  —  collection  Chè- 
rémétetl'  tableaux,  ûbjetsd'art' ;  —à  Londres  :  col- 
lection de  lord  .\mhcrst  of  Hackney  (objets  d'art  et 
de  haute  curiosité  ,  293;  —à  .Anislerdain  :  tableaux 
anciens,  294. 

.A  Paris  :  succession  de  M""  de  (ienevraye  ;  —  vente 
de  l'atelier  Landelle.  299;  —  succession  de  M""  C...; 
vente  <le  panneaux  décoratifs,  300.  —  Ventes  an- 
noncées :  à  Paris  :  collection  de  M.  J.  L...  (tableaux 
anciens  ;— colledionde  M.  Z...  porcelaines  ancien- 
nes ;  —  objets  d'art  et  d'ameublement;  —  collec- 
tion de  M.  P...  tableaux  modernesi;  —  à  Lyon: 
tapisseries  anciennes;  —  a  Amsterdam:  tableaux 
anciens.  301. 

A  Paris  :  vente  de  la  collection  de  M.  X...  tableaux 
anciens  et  modernes  ;  —  succession  Chéreuiéleir; 

—  vente  de  la  collection  de  M.  J.  L...,  308.  —  Ventes 
annoncées  :  à  Paris  :  tableaux  anciens  :  —  anciennes 
faïences  de  Perse;  —  collection  de  feu  .M.  P... 
(tableaux  modernes',  309. 

A  Paris  :  vente  de  la  collection  \...  iporculuiues 
anciennes)  :  —  de  dessins  et  d'objets  d'art,  313;  — 
de  tableaux  modernes  ;  —  de  la  collection  de  feu 
M.  P...,  316 


326 


LE    BULLETIN-  DE    L'ART 


liivres. 

A  Paris  :  vente  P.  Leroi,  3. 

A  Paris  :  vente  de  la  bibliotlièque  du  C*  A.  Werhié 

(I"  partie:  livres  modernes),  44.  —  Ventes  annon- 
cées :  à  Paris,  45. 
A  Paris  :  vente  de  la  bibliothèque  du  C"  A.  Werhié 

(2*  partie  :  livres  anciens),  53. 
A  Paris  :  vente  de  la  bibliothèque  de  l'eu  F.  Brunetière  ; 

—  de  la  bibliothèque  de  feu  M.  H.  Chasies,  60. 
A  Londres:    vente    de   la   collection    J.   Gott    livres 

anciens,,  236. 
Ventes  annoncées:  à  Leipzig:  manuscrits  à  miniatures 

et  livres  anciens,  261);  —  à  Londres,  270. 
A  Paris  :  vente  de  la  <ollection  B...  [Badin]  (livres  et 

estampes),  277. 
A  Leipzig  :  vente  de  manuscrits  et  livres  anciens,  294. 


Estampes. 

Ventes  annoncées  :   à  Paris  :  estampes  anciennes  et 

modernes,  28. 
A  Paris  :  vente  d'estampes  anciennes  et  modernes,  45. 
Ventes  annoncées  :  à  Paris  :  estampes  et  dessins  du 

xviii"  siècle,  61. 
Ventes  annoncées  :  à  Paris  :  ouvrages  d'ornementa- 
tion anciens,  69. 
A  Paris  :  ventes  d'ouvrages  d'ornementation  anciens; 

—  d'estampes  du  xviir  siècle,  77. 
Ventes  annoncées  :  à  Paris,  118. 
A  Paris  :    ventes  d'estampes   anciennes  des   xvii*  et 

.xvin'  siècles,  132.  —  Ventes  annoncées  :  à  Paris  ; 

estampes  anciennes,  133  :  —  colleclion  de  Guizclln, 

134. 
Ventes  annoncées  :  à  Paris,  142. 
Ventes   annoncées:  à  Paris:   collection  J.  (ierbeau 

{2*  vente,  gravures),  149. 
Ventes  annoncées  :   à  Paris  :  vente   Hélène  Chauvin 

(estampes,  objets  d'art),  173. 
A  Paris  :  vente  Hélène  Chauvin,  188. 
A  Paris  :  vente  de  la  collection  J.  (îerbeau  (estampes 

anciennes),  212;  —  (estampes  modernes),  221. 
A  Berlin  :  vente  d'estampes  modernes,  237. 
A  Stuttgart  :  vente  de  la  collection  Perry  (estampes 

anciennes),  251. 
Ventes  annoncées  :  à  Paris  :  3"  vente  Laurcnl-Dumonl 

(estampes  modernes).  261. 
Ventes  annoncées  :  à  Paris;  —  à  Leipzig:  collection 

A.  W.  Schuitze  (estampes  anciennes),  269. 
A    Paris  :  vente  de  la  collection  B...  [Badin]  (livres, 

estampes,  etc.),  277. 
Ventes  annoncées  :  à  Paris,  286. 


A  Paris  :  ventes  d'estampes  modernes.  —  A  Leipzig  : 

vente  de  la  collection  A.  W.  Schuitze,  294. 
A  Paris  :  ventes  annoncées,  301. 


Monnaies  et  médailles. 

A  Paris  :  vente  d'une  collection  de  monnaies  antiques 
d'Italie,  12. 

EXPOSITIONS    ET    CONCOURS 

par  M.  Raymond  Bolvek. 
(par  ordiT  aiphabi'-liquc) 


.Xcadémie  de  la  plante  et  de  la  fleur,  136;  —  Aid  (G.), 
317;  — Allègre  (li.),  1.59;  —  Animaliers  (Les),  126;  — 
Aquarellistes  fran(;ais(Sociétédes),70; — Aquarellistes 
(Société  internationale  d),  286;  —  Art(L')  linlaiidais 
au  Salon  d'automne,  261  ;  —  Arts  (Les)  réunis,  55;  — 
Audéoud  (La  collection),  22;  —  Automobile-Club, 69. 

Belleroche,  137  ;  —  Boch  (Anna),  310;  —  Boudin  ^Eu- 
gène),  37. 

Cadioud  (Fernand),  151;  —Cassait  (Mary),  110,  278: 

—  Cent  pastels,  166;  — Cercle  de  l'Union  artistique, 
78:  —  Cercle  Volney,  29,  70;  —  Chaigneau  (Ferdi- 
nand), 37;  —  Chénard-Huché  (Georges),  62;  —  Cin- 
quante (Les),  167:  —  Cinquante  portraits  de  l'école 
anglaise,  190:  —  Comédie  (La)  humaine, 302;  —  Cros 
(Henri),  109. 

Décorateurs  (Les  artistes),  287  ;  —  Dejean  (Louis),  144  ; 

—  Denis  (Maurice),  287;  —  Desvallières  (Une  frise 
de  Georges),  270;  —  Drésa  (Jacques).  21  ;  —  Dufeu, 
302. 

Éclectique  (L'),  310;  —  Knsemble  (L),.À  Lille.  287;  — 
Knvois  (Les)  envois  de  Rome,  205;  —  Estampe  (L'j 
moderne  au  Petit  Palais,  214;  —  Exposition  colo- 
niale, 45;  —  Exposition  de  la  gravure  originale  en 
couleurs,  270  ;  —  Exposition  de  peintres  et  de  sculp- 
teurs (ex-Société  nouvelle),  94;  —  Exposition  de 
portraits  ,à  Bagatelle,  159:  —  Exposition  intime,  S  ; 
Exposition  rétrospective  féminine,  78;  —  Exposition 
théâtrale.  I3i:  —  Expositions  diverses,  62.  85.  94, 
143,151,  182,215,261,271,279,287,  295,  302,310,  317. 

Femmes  (Les)  artistes.  13;  —  Fitton  (HedIey),  182;  — 
Flameng  (L.),  à  propos  d'une  illustration  des  »  Tro- 
phées u,  174:  —  Fleurs  et  natures  mortes.  I.'il. 

Gay  (Waller),  118;  —  Geoffroy  (Charles-Louis),  85;  — 
GIchn  (W.  G.  de),  119;  —  Gogh  (Vincent  van),  13: 

—  Gravure  (La)  originale  en  noir.  270,  278;  —  Groupe 
artistique  de  la  région  de  Vincennes.  271. 

Halou.  317;  —  HarU  (Louis),  182;  —  Houbron 
(Frédéric),  182;  —  Humoristes  (Les),  168. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


Indépendants  (Les),  102. 

La  Touche  (Gaston),  198;  —  Lcqueux  (Emile),  287. 

Merson  (L.-O.),  à  propos  d'une  illustration  des  «  Tro- 
phées »,  174;  —  Meunier  (Marc- Henry),  144;  — 
Michel,  37  ;  —  Mœller  (Schœnheyder),  238  ;  —  Musée 
(Le)  de  l'Estampe  moderne,  au  Petit  Palais,  214. 

Nicolet  (Gabriel),  215;  —  Noirot  (Emile),  199. 

Onze  (Les),  110;  —  Orientalistes  (Les),  61. 

Paris  au  temps  des  Romantiques,  222;  —  Paris  mo- 
derne (Société  des  peintres  du),  lio;  —  Parure  (La) 
féminine  au  musée  Galliera,229  ;  —  Pastellistes  (Les), 
126;  —  Peintres  (Les)  de  montagne,  102;  —  Peintres 
(Les)  du  Paris  moderne,  33;  —  Peintres-graveurs 
(Les),  293;  —  Peintres-lithographes  (Les),  310;  — 
Peintres  (Les)  orientalistes,  61  ;  —  Perman  (Louise), 
110;  —  Prunier  (Gaston),  70. 

Quelques,  21. 

Kenibrandt  (Dessins  et  gravures  de),  142;  —  Rétros- 
pectives (Les)  au  SaloQ  d'autonme,  261;  —  Roll 
(L'œuvre  de),  133. 

Salon  d'automne,  253,  261  ;  —  Seurat,  317;  —  Sisley 
(AL), 37;  —  Société  d'art  français,  45;  — Société  d'en- 
couragement à  l'art  et  à  l'industrie,  199;  —  Société 
de  pastellistes  français,  126;  — Société  de  Saint-Jean, 
167  ;  —  So-  ciété  des  animaliers,  126  ;  —  Société  des 
aquarellistes  français,  70;  —  Société  des  artistes  dé- 
corateurs. 287; —  Société  des  Artistes  indépendants, 
102  ;  — Société  des  peintres  de  montagne,  102; —  So- 
ciété des  peintres  du  Paris  moderne,  55  ;  —  Société 
des  peintres-graveurs  français,  293  ;  —  Société  des 
peintres-lithographes,  310;  — Société  internationale 
d'aquarellistes,  286;  —  Société  internationale  de  la 
gravure  originale  en  noir,  278;  —  Société  interna- 
tionale de  la  peinture  à  l'eau,  54;  —  Société  inter- 
nationale de  peinture  et  de  sculpture,  302. 

ïornai  (Gyula),  13. 

Union  artistique  (Cercle  de  1'),  78  ;  —  Union  des 
femmes  peintres  et  sculpteurs,  53. 

Ville   (V.   de).  199;   —  Volney  (Cercle),  70. 
LES    REVUES 


En  ANGE. 


Art  (L')  décoratif 8^ 

Art  et  décoration,  31,  93,  176,  199,  231,  240,  233, 
Art(L')etlesartistes,  8,  24,  79,  184,199,  231,240. 

Arts  (Les) 24,79,110,176,231,235, 

Bulletin  de  la  Société  de  l'histoire  de  l'art  fran- 
çais  ; 

Bulletin  de  la  Société  de  l'histoire  du  costume  . 
Bulletin  de  la  Société  française  des  fouilles  ar- 
chéologiques      


Pïges. 

,  72 

,  312 

,  311 

,  312 

.  120 

.  110 


231 


l'asi'S. 
Bulletin  de  la  Société   pour  la   protection   des 

paysages 96 

Bulletin  des  musées  de  France.     .     .      160.  223,  319 

Bulletin  hispani((ue 223 

Correspondant  (Le 72,  120 

Figaro  illustré 263 

France  (La)  médicale 207 

Gazette  (Lai  des  beaux-aris 263 

Grande  (La)  Revue; 207 

Journal  de  l'Université  des  "  Annales  1) .     .     .     .  110 

Journal  (Lej  des  Débats  _ 208,  280,  319 

Mois  (Le)  littéraire  et  pittoresque 120 

Musées  et  monuments  de  France  ...      7,  40,  47 

Revue  alsacienne  illustrée     .         8,  96,  223,  256,  312 

Revue  archéologique 87,  223,  240 

Revue  de  synthèse  historique 223 

Revue  des  Deux-Mondes  .     .     .     .      47,64,110,  222 

Revue  du  mois 231 

Revue  lorraine  illustrée    ....      24,  95,  223,  263 

Temps  (Le) m 

.\llemaune. 

Kunst  (Die),  S,  48,  64,  111,  160,  200,  223,  240  264,  288 

Monatshefte  fur  Kunstwissenschaft       .     .    223,  264 

Walhalla 31 

Zeitschrift  fur  Geschichte  der  Arcliitektur.    199, 

304,  319 

Zeitschrift  fiir  historische  Walîenkunde.    .    111,  144 

Angi.etehre. 

Burlington  (TheJ  Magazine    .     .48,96,111,231,  280 

Belgiol'e. 

Annales  de  la  Société  d'émulation  de  Bruges.     .  248 
Art  (L')  llamand  et  hollandais,  40,  72,  96,  160,  232, 

264,  320 

Art  (L)  public 240 

Arts  (Les)  anciens  de  Flandres 240 

Italie. 

Arte  (L') 32,  224,  248,  272,  288 

Bolletino    d'arte    del    niinistero    délia    Pubblica 

Istruzione     .     .     72,79,88,112,208,232,264,  288 

Emporium 24,61,184,224,264,272.  312 

Rassegna  d'arte 24 

Rassegna  d'arte  senesc 232 

Siena  monumentale 96,  264 

Vita  d'arte 232 

LUSE.MBUUHU. 

Uevue  (La)  luxembourgeoise 320 

ROUMA.NIE. 

Arta  româoa 208 

Arta  romaneasca 88 


328 


LE   BULLETIN    DE    L'ART 


Page» 

Junimea  literara 'J6,    224 

Luceafar 200 

Viata  romàneasca 96,    200 

KrssiE. 

Staryé  Gody  (Les  années  anciennes),  8,  48,  72, 

104,  U2,  184,  224,256,  312,  320 

Trésors  (Les)  d'art  en  Russie 8,  40 

Zolotoé  Rouno  (La  Toison  d'or) 236 

9S^f«/«*^i¥«  .S*^**.**/!?*. -«SÉ.««./i¥!t/iip« /#«.**  JE 

INFORMATIONS 


Echos  et  nouvelles,  1,  9,  18,  25,  33,  41,  49,  37,  63, 
73,  81,  89,  97,  103,  113,  121,  129,  137,  143,  133, 
161,  169,  177,  186,  193,  201,  209,  217,  225,  233, 

241,  249,  237,  265,  273,  281,  289,  297,  303,     313 
Courrier  des  départements  : 
Avignon  :  Nouvelles  découvertes  au  Palais  des 

papes,  par  M.  A.  B 183 

Lille    :    Exposition    de    «  l'Enseuiblf  » .    par 

M.  A -M.  G. 287 

Rouen  :  Deux  expositions,  parM.  A.-M.  Goskez.     103 

Rouen  :  Expositions  diverses,  par  M.  A.-M.  G.      38 

Correspondance  d'Egypte,  par  M.  G.  L.     .     .     .     131 

Correspondance  d'Irlande  : 

L'Inauguration  du  Musée  municipal  de  Dublin. 

par  M.   A.  T ;)k 

Correspondance  de  lierlin  : 
Exposition  de  peintres  anglais,  par  M.  Marcel 
MoxiANuoN 83 

Les  Peintures  de  \n  salle  des  séH'i^'ps  du  Par- 
lement   318 

l'nrrespondaiice  de  Hru.relles.  par  iM.  I,    Ocmom- 
Wll.DEN   : 

Les  Transliiriiialions  de  Bruxelles 104 

Les  artistes  français  à  Bruxelles 191 


l'aecs 
Correspondance  de  Bucarest  : 
Expositions  d'hiver,  par  M.  Marcel  Momamjun.      -.7 

Correspondance  de  Buenos-Aires  . 
L'Exposition  des  Aquarellistes  français,  par 
M.  A.  L 255 

Correspondance  de  Dresde  : 
Le  Salon  artistique,  par  M.  Henry  Le.monmkh.    238 

Correspondance  de  Gand  : 
Un  nouveau  musée  d'art  ancien,  par  M.    L. 

MaETEHLI.NCK .ih 

Co>'ce*/)onrf«ncerfe Grèce, par  M.Gabriel  Lehucx 

Les  dernières  fouilles  de  Pergame 14 

Au  Céramique 62 

Au  iiiu.çée  de  l'Acropole    .........  63 

La  Vénus  de  Monemvasia 215 

L  Ancienne  Kalydon 240 

Les  fouilles  de  Délos 244 

Les  fouilles  américaines.  .         234 

Les  fouilles  de  Céphallénie 271 

Correspondance  de  Hollande  : 
A  propos  de   larh.it  de  la  collection  Six,  par 
M.  G.  HuKi 2i 

Correspondance  de  Londres,  par  M.  A.  i'.  : 

Expositions  d'hiver 30 

Exposition  des  u  Portraits  of  fair  woraen  ».     .      87 

Correspondance  de  Munich,  par  M.  Marcel  Mon- 

TA.XDUN    : 

Les  Salims  :  IL  La  Sécession 6 

Expositions  d'hiver 70 

Les  Expositions  de  printemps:   ....     168,  192 

Au  Glas  Palast J06,  216 

Les  Expositions  d'été  au  Glas   Palasl.         .     .  245 

Une  exposition  de  peinture  française  ....  .103 

Correspondance  de  Venise  . 
Los  travaux  de  restauration  à  la  l)asilii|iie  .1. 
Saint-Marc,  par  M.  C.  \>r.  Maxuacii  .     .     .         J^  ' 


Hari».  —  Inip.  G(sori;iu  fatit,  U,  ruo  tiodat-de-Uauroi. 


N  Le  Bulletin  de  l 'art  ancien 

2  et  moderne 

.89 
1908 


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