LE
BULLETIN DE L'ART
. ANCIEN ET MODERNE
LE
BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Supplément hebdomadaire de la Revue de l'Art ancien et moderne
PARIS
28, Rue du Mont-Thabor, 28
h
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Numéro 365.
Samedi 4 Janvier 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Les Amis de la forêt
de Fontainebleau
II n'est peut-t' tre pas, parmi les innombrables
richesses naturelles du « plus beau royaume sous
le ciel », un coin qui doive être plus cher aux
artistes que la fortH de Fontainebleau, ni qui ait
tenu plus grande place dans l'histoire de l'art
moderne : elle a été le véritable berceau de notre
école de paysage, et les beautés pittoresques qui
l'ont rendue célèbre ont fourni à plusieurs maîtres
du xix° sit'cle quelques-unes de leurs meilleures
inspirations.
.Mais la forêt de Fontainebleau est comme
toutes les belles choses dont nous sommes les
héritiers indignes : il ne lui suffit plus d'avoir
des amis en grand nombre, il faut maintenant
que ses amis se groupent et se constituent en
société pour la mieux servir et, le cas échéant,
la défendre avec plus de force. Singulière époque
où tout ce que nous a légué le passé, œuvres d'art
et monuraenté, traditions et sites pittoresques,
a besoin d'être protégé ; où il n'est plus permis
d'avoir l'admiration égoïste et recueillie ; où il
faut faire profession de son « amitié » pour les
monuments, pour les parcs, pour les forêts 1
Tant y a que la Société des Amis de la forêt de
Fontainebleau s'est fondée, laquelle a sa raison
d'être et son rôle à jouer, ni plus ni moins que
telle ou telle autre association analogue. Son
président est l'excellent paysagiste Guillemet ;
son comité comprend un grand nombre d'artistes,
d'écrivains et d'amateurs; enfin son but a été
nettement défini dans un article récent de
l'Abeille de Fontainebleau (13 décembre), où l'on
lit, entre autres choses :
«... La forêt, malheureusement, est, presque
partout, au bout de sa croissance. Beaucoup de
ses plus beaux arbres ont disparu ; d'autres sont
mourants ou menacés. Il faut donc la défendre
contre les ennemis de toute sorte qui peuvent
l'attaquer, parfois même contre des amis mal
avisés ; veiller à ce que son caractère soit res-
pecté ; s'entendre avec l'administration forestière
et obtenir son concours pour toutes les amélio-
rations capables de faire valoir ses beautés ;
éviter, par exemple, les envahissements indis-
crets de résineux ou de bouleaux qui dénature-
raient quelques-unes de ses parties, ou empêcher
l'exploitation des grès qui autrefois a occasionné
tant de ravages. »
On nous dit que tout ce programme est chose
plus simple qu'il ne paraît et que sa réalisation
sera facilitée grâce à l'accord intervenu entre
l'administration forestière et le comité de la
nouvelle société ; déjà même certaines opéra-
tions, également avantageuses au point de vue
forestier et au point de vue esthétique, auraient
été examinées de concert et décidées. Cette poli-
tique de concentration est d'un bon augure pour
les destinées des Amis de la forêt' de Fontaine-
bleau, et si l'on peut souhaiter quelque chose
en la circonstance, c'est de voir l'administration
et l'initiative privée se seconder mutuellement,
au lieu de se contrecarrer l'une l'autre, et com-
biner leurs efforts, au lieu de les disperser (I).
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des beaux-arts (séance du 28 dé-
cembre). — L'Académie des beaux-arts renouvelle
son bureau pour 1908. La section de peinture occupe
la présidence en la personne de M. Luc-Olivier
Merson, et la section d'architecture, la vice-présidence
en la personne de M. Nénot.
d. Les personnes désireuses de l'aire partie de la
Société sont priées d'adresser leurs adhésions à
M. Viatte, secrétaire-trésorier, 4, rue Casimir-Périer, à
Fontainebleau. Le montant de la cotisation annuelle
est fixé à 5 francs.
LE BULLETIN DE L'ART
Académie des inscriptions et belles-lettres
(«(■ance du 27 décembre). — L'Académie reroit et
accepte un médaillon en bronze de M. Jules Lalr,
membre libre récemment décédé, que la veuve de
ce savant offre à la Compagnie.
— L'Académie élit, en comité secret, correspon-
dants étrangers : MM. Van lierciiem, professeur à
l'Université de Genève ; le H. P. Elirle, bibliothécaire
du Vatican ; Conze, de Berlin, membre du comité de
direction de l'Institut archéologique allemand à
Athènes.
— Le U. P. dom Besso offre par l'entremise de
M. Léopold Delisle, au nom de ses conl'rèrcs de
l'abbaye de Ligugé, un médaillon de Mabillon, d'a-
près l'exemplaire qui est conservé à la bibliothèque
Sainte-Geneviève. En acceptant cet hommage, l'Aca-
démie s'associe à la coumiémoration du deuxième
centenaire de la mort du célèbre fondateur de la cri-
tique diplomatique.
— M. Philippe Berger communique une inscription
punique qui est transmise à l'Académie par M. Merlin,
directeur des antiquités de la Tunisie. C'est l'épitaphe
de la prêtresse d'un dieu qui nous était inconnu
ju»(|u'à présent.
— M. Ilollaux rend compte des fouilles (|ui, grâce
à la subvention du duc de Loubat, sont pratiquées
actuellement à Oélos.
— Enfin, l'Académie procède au renouvellement
(le son bureau.
M. Ernest Babelon, vice président en esercice, est
élu président en remplacement de M. Salomon
Reinach. On sait qu'à l'Académie des inscriptions et
belles-lettres le vice-président en exercice ne passe
pas de droit à la présidence et que sa nomination est
soumise au scrutin.
M. Bouché-Leclercq, professeur d'histoire ancienne
à la Sorbonne, est élu vice-président.
Musée du Louvre. — M. Léon Ueuzey, membre
de l'Institut, conservateur du département des anti-
quités orientales et de la céramique .antique au musée
du Louvre, professeur à l'École du Louvre, est
admis, sur sa demande, à faire valoir ses droits à la
retraite. En outre, en considération de ses services
exceptionnels, M. Ilcuzey est nommé directeur hono-
raire des musées nationaux et chargé des relations
du nmsée du Louvre avec la mission française de
Chaldéc, dont les travaux et les publications sont
maintenus sous sa direction.
— C'est le Louvre, et non le Conservatoire, qui a
reçu de M. Antonin Marmontel, récemment décédé, les
portraits deJ.-B.Marmontel, l'écrivain du xviu* siècle,
parHoslin; de Gluck, parGreuze; de Stéphen lleller,
par Kicard, et de Chopin, par Delacroix.
Le Conservatoire hérite, comme nous l'avons an-
noncé, du portrait de Marmontel père, par Uonnat, et
de son buste par Barrias.
Musée de Cluny. — Dans la salle de In Vamp à
la Licorne, M. K. ILaraucourt vient d'installer une
vitrine où se trouve résumée l'histoire du crucifix de-
puis le VI* jusqu'au xvrii' siècle. Les pièces qu'elle
renferme permettent de suivre les différents aspects
sous lesquels le Christ a été représenté au cours des
siècles. Ainsi, sur une croix reliquaire de sainte
Radegonde, d'art byzantin, l'image du Christ ne figure
pas, mais elle apparaît dessinée sans relief sur la croix
d'un soldat de la première croisade, trouvée sur un
champ de bataille de Palestine. Puis, sur les crucifia
datant de la fin du xi* siècle et du commencement du
XII", le (Christ est représenté vêtu dune longue robe
à manches et portant une couronne royale, alors
qu'au xiii° siècle il n'est plus vêtu que d'un pagne
dont les dimensions se restreignent de plus en plus
pendant les xiv" et xv» siècles.
Le droit d'entrée dans les musées. — Dans
la séance du Conseil municipal du 2" décembre,
M. Quentin-Bauchart a rapporté favorablement une
proposition de M. Ernest Caron, concernant rétablis-
sement d'un droit d'entrée d'un franc par personne
dans les musées municipaux. Le produit de ces entrées
sera affecté au budget des beaux-arts.
I,e droit sera perçu, à titre d'essai, à partir du
1" janvier, dans les musées suivants : palais des
Beaux-Arts, musées Carnavalet, Victor-IIugo, Cilliera
et (lernuschi. Les enfants payeront place entière.
L'entrée sera gratuite les jeudis, dimanches et jours
de fête. Une exception est faite pour le musée Dutuit,
dont l'accès sera toujours gratuit, suivant la volonté
même du donateur.
Enfin, sur la demande de M. Turot, on fera au
Petit Palais un essai de musée du soir, en éclairant
chaque jour les différentes salles du musée.
— Le même jour, on a distribué à la Chambre, une
proposition de loi de M. Fernand Engerand. en faveur
de l'établissement d'un droit d'entrée dans le» musées
nationaux, et une autre proposition de loi du même
député, tendant à faire frapper d'un droit le» œuvres
d'art ancien sortant de France.
A Bayonne. — Le musée construit par la ville de
B.ayonne, pour abriter les collections de tableaux,
dessins et objets d'art formées par le peintre Léon
Bonnat à l'intention de sa ville natale, devient insuffi-
sant, et on songe à l'agrandir en ajoutant un corps
de bâtiments annexes comporlant plusieurs grandes
salles.
M. Bonnat a d'ailleurs fait connaître son intention
de garnir les nouvelles .salles des qu'elles seront ter-
minées.
A Timgad. — M. Albert Ballu, architecte des mo-
numents historiijues, annonce la découverte, àTimgad,
d un important monastère, d'une superficie de onze
mille mètres, entourant la grande basilique chré-
tienne. Ce monastère comprend quatre chapelles indé-
ANCIEN ET MODEHNE
pendantes, un cloitre avec cellules bien conservées et
une nécropole chrétienne.
A Amsterdam. — L'État hollandais a définitive-
ment acquis, pour le musée Rijk, les œuvres d'art de
la collection Six qui ont été mises en vente (voir le
n° 356 du Bulletin). Le plus important des 39 tableaux
est la Laiiière. de Vermeer de Delft, estimée à prés
de 500.000 florins ; parmi les autres, il faut citer un
Metsu, un Adr. van de Velde, un Adr. van Ostade, un
Ruj'sdaël que certains attribuent à Ilobbema, une
toile de Judith Leyster, une de Ph. Wouweruians,
une de Rubens et deux grisailles de Van Dyck.
Les tableaux à vendre appartenaient à la branche
des Six van Fromade, qui en demandaient 750.000
llorins ; le Portrait du boui'f/mentre Six, par Rem-
brandt, et quelques autres chefs-d'œuvre sont la
propriété d'une autre branche qui les garde.
La Société Rembrandt a contribué à l'achat pour
200.000 florins ; le reste a été voté par la secoudc
Chambre à une grande majorité, le 18 décembre,
malgré les protestations d'une partie de la presse
contre ces « folles dépenses». — M. M.
A Berlin. — On estime flatteuse pour la « science
de l'art » allemande, la nomination du D' Wilhelm
Valentiner au Metropolitan Muséum de New-York ;
mais l'on s'étonne à bon droit que le spécialiste de
l'école hollandaise en Allemagne soit placé à la tête
d'une section d'art industriel en Amérique. — M. .M.
A Darmstadt. — Le legs Bœcklin du colonel
baron de Heyl a été officiellement accepté par le
musée hessois, en présence du couple grand ducal :
il se compose de 75|dessins et esquisses et d'un por-
trait du maître bàlois. — M. M.
A Rome. — Ni Paris, ni Avignon, n'ont le mono-
pole du vandalisme ; voici que Rome les imite fâcheu-
sement. La municipalité a fait ouvrir une brèche
pour les besoins de la circulation, entre l'ancienne
Cité et les quartiers neufs, dans la pittoresque mu-
raille du IV* siècle, dite « Mur de Bélisaire », qui longe
la villa Rorghèse et à laquelle on avait évité de
toucher jusqu'à ce jour. Les artistes et les archéo-
logues s'en plaignent amèrement, et M. GiacomoBoni,
qui a remis au jour l'ancien Forum, vient d'écrire au
maire de Rome pour protester contre la mutilation de
ce mur, qui méritait à bon droit d'être respecté.
En 'Wurtemberg. — Dans le tableau d'autel Je
l'église (lu petit bourg souabe de Stuppach, au sud de
Mergentheim, M. Ronrad Langç a reconnu un Mathias
Grunewald ; une Madone peinte à l'imile sur une
planchette de sapin. Il la décrit ainsi dans le Mercure
souabe : « La Mère de Dieu est assise au milieu d'un
plantureux paysage, entourée de vases de fleurs, roses
et lys, à l'ombre de figuiers et de lauriers. Sur ses
genoux, l'Enfant Jésus, tout nu, la regarde avec une
grande vivacité d'expression, prêt à saisir un fruit
qu'elle lui présente ». M. Lange se réserve de revenir
sur sa trouvaille, dont l'attribution est admise par le
Prof. H. A. Schmid, et d'en parler avec détails dans
l'Annuaire des collections d'art de Prusse. — M. M.
Nécrologie. — On annonce la mort, à l'âge de
90 ans, de M. Charles Rossigrieux, architecte, membre
do la couunission de perfectionnement des Gobelins
et vice-président de l'Union centrale des arts déco-
ratifs, dont il fut l'un des fondateurs ; — et de
M. HeniKiiin-l.i'on, artiste peintre, chevalier de la
Légion d'honneur.
-<-.-'O^C--;^:>S3VO'^vî<-» —
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — 'Ventes diverses. — Les collec-
tions nombreuses comme celles de MM. HikolTet
Henri Chasies, les collections plus restreintes,
mais choisies, comme celles de Paul Leroi et
d'Alfred Robaut, ont détourné un moment notre
attention de ces ventes courantes, parmi les en-
chères desquelles il est souvent instructif d'e,\-
traire au passage un prix ou deux ; on trouve
ainsi, sur la lin de l'année, c'est-à-dire à une
époque où l'Hôtel Drouot nous oflre plus de
bibelots d'élrennes que de pièces vraiment capi-
tales, certains pri.K intéressants qui ne se trom-
pent pas J'adresse et donnent le cours actuel des
diverses catégories d'objets d'art. En voici quel-
ques exemples, empruntés aux dernières .se-
maines de la saison.
— Nous avions annoncé la vente de dessins an-
ciens de l'eu M. Lion : faite les 12 etl3 décembre,
par M« Lyon et M. Uoblin, elle a produit 23.411
francs ; uhe seule enchère est à signaler, c'est
celle de 2.0!>0 fr. pour la gouache de G. de Saint-
Aubin, l'Entrée des masques au bal.
— Le 14, M« Henri Bernier et MM. Mannheim,
LE BULLETIN DE L'ART
vendaient, salle 1, une réunion d'objets d'ameu-
blement. Huit fauteuils en bois peint, tapisserie
d'Aubusson, d'époque Louis XVI, à personnages
et animaux, dont on demandait 12.000 fr., ont
été adju|.'és 19.000. — Cinq autres fauteuils, ta-
pisserie à Heurs, épo(iue Louis XV : 3.800 fr. —
Uueiques objets d"art complétaient cette vente
dont le total a atteint 70.2"8 fr.; à citer : une
boite à mouches en or ciselé, du xviii" siècle,
avec un portrait de femme en miniature. 2.20',; fr.
— Le môme jour, à la salle 12, on a vendu
4.720 fr. un groupe en terre cuite du xviii« siècle,
dans le genre de Pajou, représentant une jeune
femme et un enfant. '
— Le 19, dans une vente faite salle 11, par
M« Dubourg et M. Bloche, une garniture de cinq
vases en ancienne faïence de Marseille, décorés
de Heurs et de fruits en relief, a atteint 0.150 fr.
sur une demande de 6.000.
— Le même jour, salle 10, à la vente A. L.,
dirigée par M' M. Delestre et MM. Paulme et Las-
quin, on a donné l.SaO fr. pour deux salières en
ancienne porcelaine tendre de Mennecy, en
forme de paniers.
— Le 21, M= Dubourg et M. Meynial vendaient,
salle 10, une collection d'estampes anciennes,
parmi lesquelles se trouvaient deux aquarelles
de Debucourt. L'une d'elles, la Main-chaude, dont
on demandait 7.000 fr., est restée à 8.000 fr.
L'autre n'a fait que 3.000 fr.; il est vrai qu'elle
représentait /e C/ucn Minuto et son mailre, M. Cas-
lelli d'Orino, sauvant une femme à Greca Park, à
Londres : le moindre Menuet de la mariée aurait
été plus chaudement disputé !
— Le 23, une vente d'objets d'ameublement et
Je tapisseries, faite par M* Lair-Dubreuil et
MM. Paulme et Lasquin et Sortais, a produit
62.000 fr.
Une tapisserie de Beauvais ou des Gobelins,
d'époque Hégence, d'après une composition de
Bérain, a été adjugée 1 4.900 fr., un peu au-des-
sous de la demande de l'expert.
Le seul tableau de la vente, grande peinture
par Oudry, le Cerf aux abois, a été vendu 12.430
francs ; on en demandait 15.000.
— La vente annuelle de .Iules Chéret s'est faile
le 27 décembre, salle 10 (M" Motel et M. Moline).
Aucune des œuvretles vendues n'a atteint 1.000
francs Un des pastels, Idylle, a fait 880 fr.; —
— une des maquettes originales d'afliches, Dan-
seuse espagnole, s'est vendue 490 fr.; — enfin, un
des dessins rehaussés, Travesti, a été adjugé
155 fr. Ce sont là les plus hauts prix dans cha-
cune des catégories de la vente, dont le produit
a été de 0.915 fr.
'Vente de la collection de feu M. Henri
Chasles (liste des prix). — Après avoir donné
le compte rendu de cette longue vente, il faut
aujourd'hui compléter ce que nous en disions, il
y a huit jours, par une liste des principaux prix
de chacune des catégories d'objets ijue M= Lair-
Dubreuil, MM. Aucoc, Stettiner, Paulme et Las-
quin ont dispersés du 9 au 18 décembre, salles
9, 10 et 11.
On rappellera seulement que la collection se
composait d'orfèvrerie, argenterie, objets d'art
et d'ameublement du xviii« siècle, ,et que le
produit total de la vente a été de 616.120 francs.
Ohfkvherie. — 1. Écuelle en vermeil ciselé, portant
en relief les armes du cardinal Farnèse : le couvercle,
à ornements gravés et canaux creux en spirale, est
sunnonté d'un artichaut; plateau oblong à décor
.analogue. Poinçon vieux Paris, 1733. Maître orfèvre :
Thomas Germain, 18.500 fr. (à la Société des Amis du
Louvre). — 2. Aiguière en pomponne, ép. Régence,
2.005 fr. — 9. Aifîuière à guirlandes en relief et
bassin, vieux Paris. 1777 ; maître orfèvre : Sprimann,
3.817 fr.
Nous passerons sur une grande quantité d'objets,
— saucières, cafetières, coupes, soupières, coquetiers,
flambeaux, etc., environ 200 numéros — en argent,
vermeil ou cuivre doré, dont les enchères se sont
le plus souvent tenues au-dessous de 1.000 fr. et n'ont
pas, en tout cas, été supérieures à 2 000 ; — ce prix
n'a été atteint que par une paire de saucières, vieux
Paris, 1784 à 1789 (ir 105), et n'a été dépassé, outre
les objets précédemment relevés, que par les suivants :
132. Timbale en vermeil, vieux Paris, 1778, 3.50.1 fr.
— 157. Porte-huilier en vermeil, 1779, maître orfèvre
Auguste, 2.250 fr. — 166. Paire de bottes à thé, vieux
Paris, 1742, 2.450 fr. — 170. Paire de moutardiers,
intérieur cristal bleu, monture vieux Paris, 1789,
2.500 fr. — 182. Paire de cloches, vieux Paris, 1776,
sur plateaux modernes, 2.800 fr. — 185. Écuelle
ovale avec plateau, 1780, 2.005 fr. — 193. Soupière
uvale, doublure et plateau graines de légumes; anses,
branches tordues et feuillages; pieds, feuilles d'acan-
Ihe; armes et couronne de marquis, vieux Paris, 1784;
maître orfèvre : J.-B. Chéret, 6.050 fr.
PoncKL.tiKEs. — De nombreux petits prix encore
dans cette série des porcelaines anciennes qui consti-
tuait, avec la précédente, l'ensemble de pièces le plus
fourni de la collection.
Parmi les anciennes pâtes tendres de Sèvres-Vin-
cennes, en très grande quantité, quelques prix sont à
retenir, dont l'un tout à fait important : 25G. Écuelle
à bouillon, couvercle et présentoir, fond bleu turquin
ANCIEN ET MODERNE
piqué d'or, médaillons, année MHS, 10.350 fr. — 339.
Quatre assiettes du service de Buffon, oiseaux dans
des paysages, 3.200 fr. — 330. Aiguière couverte et
bassin, décor en camaïeu rose à guirlandes de ileurs,
i~'61, 4.o20 fr. — 333. Ecuelle à bouillon, couvercle et
présentoir, fond pointillé lilas, médaillons (1176).
3.100 fr. — 393. Marronnière couverte et plateau,
décorée de bouquets, 1738, 3.200 fr. — 396. Jardinière
éventail, socle mobile, fond turquoise et réserves de
médaillons, 1758, 5.100 fr.
Le plus beau prix des porcelaines de Sèvres pâtes
dures a été celui de 2.600 fr. pour un petit tableau,
moulure dorée, médaillon en creux orné d'un buste
en ivoire, portrait de Louis XVI de profil, 1774 (n- 423).
Dans les anciens biscuits de Sèvres, rien de bien
notable; deux ou trois figurines ont dépassé 1.000 fr.
et le n° 440, Garde à vous elJeuiie fille à l'arc, a été
vendu 1.620 fr.
Peu de choses à citer parmi les anciennes pâtes
tendres diverses : le n* 436, un moutardier-tonnelet,
avec présentoir, porcel. de Chantillj', décor gros bleu
et blanc, 1.520 fr.; — les n" 479, 480 et 481, porcel.
de Mennecy - Villeroy ont été mieux accueillies ;
c'étaient deux vases tulipes, deux cache-pots et deux
statuettes, qui ont fait respectivement 3.000, 3.900 et
4.200 francs.
Parmi les porcelaines de Paris et les porcelaines à la
Reine (n»' 482 à 534). deux numéros seulement ont
dépassé le billet de mille francs : 500. Deux jardi-
nières-caisses, décors à bouquets de (leurs, 1.070 fr.
— 503. Vase sur piédouche, décor en dorure, avec
additions de fleurs et de médaillons Sèvres et Saxe
modernes, 1.360 fr.
Les figurines en Saxe entre 100 et 1 .000 francs, avec
plus de prix aux alentours de 400 et 300 qu'aux envi-
rons de 1.000 ; sauf : 590 bis. Deux panthères assises
sur une terrasse^ 3.720 fr. — 592. Arlequin joiianl de
la cornemuse et Jeune paysanne dansant, 1.300 fr. —
593. L'Afrique et l'Amérique (rest.), 1.410 fr. — 394.
Deux grandes statuettes de la suite des Sens, la Vue
et le Touclier, 3 300 fr. — 393. Deux potiches cou-
vertes, montées en brCile-parfums en bronze, en
partie ép. Louis XV, 1.303 fr. — 396. Brùle-parfum en
anc. laque de Chine, porté par un branchage de
métal, orné fleurs en anc. porcel., terrasse bronze;
cheval se cabrant sur des nuages, anc. porcel. de
Saxe, ép. Louis XV, 10.000 fr.
(A suivre.)
A Nancy. — Sans publicité, on a procédé à
Nancy à la vente du mobilier garnissant l'ancien
évèché. La majeure partie des objets ont été
adjugés à des prix dérisoires ; au total, 6.000 l'r.
environ. Les tapisseries d'Aubusson n'ont pas été
vendues faute d'amateurs.
Tant de discrétion honore la direction des Do-
maines, mais n'est peut être pas très profitable
à l'État ni très appréciée des amateurs.
A Bordeaux. — Dans une vente faite du 5 au
10 décembre, à Bordeaux, une tapisserie du
xvi= siècle, une du xyii", une du xviii" (celle-ci
des (iobelins), ont atteint ensemble 11.100 l'r.
Total de la vente : 90.000 fr. (M« J. Duval et
.M. E. Descamps).
M. N.
LIVRES
"Vente P. Leroi. — La collection Paul Leroi
(Léon Gauche?.) ne comprenait pas seulement des
estampes et des tableaux (voir le no .363 du Bul-
letin) ; on y trouvait aussi quelques livres et
autographes, dont la vente, faite salle 7, par
M" Lair-Dubreuil et MM. Durel et Charavay, a
produit plus de 1.3.000 francs.
Les plus beaux prix ont été pour les catalogues
du xvni» siècle, parmi lesquels celui de la vente
de la marquise de Pompadour a été vendu 400 fr.;
un album de voyage, illustré de dessins attribués
à Prudhon, a atteint 2.0S0 francs.
B. J.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
VII« Exposition intime (chez Uivaud, 23, rue
de Seine). — Est-ce l'atmosphère de la rue de
Seine et ce vieux logis à la rampe monumentale'?
On évoque ici les bons ouvriers d'art de jadis qui
mêlaient leurs discrets chefs-d'œuvre au Salon
de la Jeunesse, le long des échoppes de la place
Dauphine, à l'octave do la Fête-Dieu... Dans ce
cadre ancien, quelques artistes modernes sont
comme chez eux, car ils sont français. L'artiste
audacieux qui les groupe autour de ses bijoux
l'emporte sur l'éclectisme de l'État, par l'instinct
du goût qui préfère immédiatement la qualité à
la quantité : bon exemple, au seuil d'une nou-
velle année, après tant d'exhibitions particulières
et d'acquisitions officielles.
Mieux encore que parmi les portraits du siècle,
où la patine égalitaire du temps amortit les diver-
gences d'individualités et d'écoles, un air de
famille enveloppe en cette atmosphère familiale
les petits cadres divers et d'auteurs différents,
mais issus d'une même époque : c'est le ton du
jour; et c'est un crépuscule profond de M"«Dela-
salle, entouré d'études mélancoliques brossées
dans le beau parc de Saint-Cloud; c'est une Bre-
tagne claire comme la Corse que M. Dabadie
LE BULLETIN DE L'AHT
demande aux beaux jours de l'île de Bréhat; ce
sont des Bretagnes plus sévères de M. André
Dauchoz, moins coloriste que dessinateur, qui
sait l'éternel pouvoir des perspectives solides et
des pians; des ileurs aquarellces par M. Kené
Piot, coloriste avant tout ; un symbole moins
récent de M. Georges Desvallières ; un grand nu
plantureux de M. Victor Prouvé, décorateur de
nos mairies; des noms moins connus, M"' Su-
zanne Frémont et son eflet de neige, M. Georget-
Faure, portraitiste, M. Filliard, aquarelliste.
Et, près des poétiques matières modelées par
M. Delaherche ou du délicieux Secret féminin de
M. liartholomé, s'impose d'abord une petite toile
de M. René Ménard qui joint toutes les vertus du
style à toutes les séductions de l'esquisse : ici,
l'an dernier, c'était l'ébauche du Temple, syn-
thèse ruinée de la Grèce antique ; aujourd'hui,
c'est la première pensée de ce Jugement de Paris
qui modernisait harmonieusement la tradition
française au Salon, déjà lointain, de 1907; la
ligne se devine sous la couleur, le crépuscule
romantique se marie mieux que jamais à l'or-
donnance poussinesque en un petit cadre, et
dans un empâtement savoureux. On y respire
un parfum des maîtres d'autrefois et la sérénité
des anciens jours. Quelles que soient les inquié-
tudes de l'art moderne ou les caprices de l'art
nouveau, le goût français, qui se transforme,
est pourtant ce qui ne meurt pas.
Raymond Booyeh.
CORRESPONDANCE DE MUNICH
II. La Sécession.
Après le labyrinthe du Glas Palast(l), Tordon-
nance sobre de la Sécession. Rien que des œuvres
cherchées, les unes poussées sans doute encore
jusiiu'à une certaine extravagance, ressouvenir
du bon combat d'autrefois, mais toutes régies
parla préoccupation méritoire, souventheureuse,
d'échapper à la médiocrité. Pas d'article de
vente, à moins que sensationnel; point de flat-
teries, parfois des problèmes.
Depuislongtemps,M.Franzvon Stuck n'avait pas
été aussi bien représenté, encore que, cette fois,
(1) Voir les n" 362 et 363 du lliillelin.
le peintre prime l'artiste, comme il arrive sou-
vent chez les grands virtuoses qui finissent par
ne plus s'intéresser qu'aux seules difficultés
d'exécution. L'imagination paraît lasse : on re-
connaît, pour les avoir déjà rencontrés dans bien
des tableaux antérieurs, et les couleurs flam-
boyantes et,prisindividuellement, les personnages
de ces Enfers; la disposition, plutôt forcée, des
croix vues presque de dos, renouvelle quelque
peu cette Crucifixion qui est surtout un elTet de
crépuscule assez poignant; mais où le métier de
M. Stuck devient prestigieux, c'est dans le Duel
à l'espagnole qui se passe entre les murs blan-
chis d'un couloir, on dirait d'un cloître, et sur-
tout dans le portrait à mi-corps du (irand-Duc
de Hesse ; la sûreté du dessin, la fraîcheur des
tons forts — rien que du noir et du gris et la tache
orange de la cravate pour les aviver, — l'expres-
sion pénétrante du regard gris-bleu et le sourire
gouailleur de la bouche, en font une œuvre mai-
tresse, à la fois féline et martiale. — Dans un
genre bien éloigné, qui allie les allures whistlé-
riennes à un dessin préraphaélite, M. Oskar
Zwintscher expose un portrait en pied de Femme
en toilette grise d'une fringance de pose que fait
ressortir l'harmonie ex(juise des gris, et une iCte
de Jeune fille aux nai-cissscs dans une autre tona-
lité argentée sur fond outre-mer, accord dis-
tingué et profond, d'une facture soignée sans
aucune petitesse, n'abandonnant rien de lâché,
amoureuse de la forme bien écrite et passionnée
à rendre dans toute la beauté de leurs lignes, les
cheveux ondes, la main aux veines bleues, les
lèvres rouges et les grands yeux clairs, et aussi les
Heurs si décoratives. Ah! combien une œuvre
ainsi traitée,vraiment réalisée, apparaît reposante
et satisfaisante au prix de tous les impression-
nismes plus oumoins charlatanesques!... Un por-
trait de fillette, genre Boldini, dans un grand
fauteuil d'osier, avec un long visage émacié,
aminci de plus parle vaste chapeau et l'encadre-
ment des boucles blondes, de longues jambes
noires si fines dans le blanc de la robe, par M. Th.
Hummel, dont voici encore une nature-morte,
délicate comme les mauves pftles et la figurine de
porcelaine (ju'elle représente, avec des taches
de couleurs posées en mouches de beauté presque
transparentes, du bout arrondi d'une truelle très
adroite. — De M. Boleslas de Szankowski, une
autre fillette mutine, tout en blanc, aux grands
yeux levés dans un visage incliné, d'une si jolie
observation.
M. Léo Samberger n'est pas un portraitiste
ANCIEN ET MODERNE
gai; mais sa manière noire à grands traits con-
centriques fait jaillir de la toile des têtes forte-
ment caractérisées, d'un naturel plus véritable
que celles de feu Lenbach ou de l'aristocratique
F. -A. von Kaulbach : le Portrait de M. A. Welti
en particulier, cette année, traduit avec vivacité
la bonhomie rieuse du peintre suisse. — M. H.
Grœber a réalisé un type d'Officier prussien,
Joufflu, sanglé, astiqué de la tête aux pieds,
debout en uniforme bleu noir sur fond nacré
de salon gris et verdàtre, qui est une merveille
de peinture aussi bien que de psychologie sati-
rique. — Le portrait de sa Mère, par le chevalier
de llaberraann, montre l'excellence de son pro-
cédé lluctuant pour reproduire de molles étoffes
sans contours arrêtés dans des harmonies grises
et brunes. — M""" Héi. de Beckerath ne craint
pas la couleur ; ses Bigoudennes sous la lampe
ont la face rubiconde, mais aussi l'hilarité bien
vivante.
Parmi les paysages, quelques notations bien
froides, bien crues de ruisselets en hiver : eau
verte dans l'ombre entre les pierres recouvertes
de neige en boules immaculées, tandis que le
couchant réchauffe les bois enlevés sur un ciel
glacial, chez M. l'etras Kalpokas; eau bleu d'acier
en plein soleil entre les berges toutes blanches
chez M. St. Filipkiewicz ; au contraire, eau mauve
et grise dans l'ouate de la brume chez M. H. von
Hayek. M. C. lleiser excelle à rendre les tons
fanés, humides, pourris des terrains qui repa-
raissent sous la neige au premier printemps dans
la haute montagne. M. R. Pietzsch a abandonné
momentanément la grandiose vallée de l'isar pour
des vallons corses fleuris. M. Ch. Vetter s'est
avisé de conserver le souvenir de ces ruelles
toutes villageoises aux maisons peintes et si basses
qu'on peut mettre la main dans les chéneaux des
gouttières, telles qu'on en peut encore voir dans
un coin du vieux Munich, et sa pochade a été
acquise pour la Pinacothèque. Retenons une ferme
danoise de M. G. N. Achen, toute tapissée de
glycines, et les merveilleux tableaux de neige du
suédois G. A. Fjaestad, le Soir au bord de l'eau
surtout, avec la recherc'.ie étrange de traits au
fusain ou au conté qui sertissent les taches des
reflets glauques et vermiculent les blancheurs de
la neige plutôt pour enrichir la facture, semble-
t-il, que pour ajouter à l'extrême justesse de
l'effet très spécial.
Enfin, une belle et grande œuvre de paix ves-
pérale : une Nuit d'été dans la montagne, toute
bleue à travers le feuillage brun-noir des sapins
d'avant-plan, d'un bleu transparent oîi brillent
ici et là quelques feux de joie, paysage décoratif
au premier chef de M. H. B. Wieland, dont on
retrouve plus loin trois aquarelles aussi opu-
lentes de couleurs que franches de facture ;
M. Wieland délaisse de plus en plus la gouache
pour l'aquarelle pure.
Marcel Montanoon.
LES REVUES
France
Musées et monuments de France (\9Q1, n» 8).
M. Paul ViTBY décrit une nouvelle Vierçi» française
(lu XIV' siècle., statue en bois, provenant de Picardie
et se rapprochant de la Vierge dorée d'Amiens, la-
([uelle vient d'entrer au musée du Louvre.
— D'après les relevés à l'aquarelle de Frœlicher,
exposés récemment au musée des Arts décoratifs,
M. L. Met.man étudie les décorations du château de
Bercy, démoli en t861.
— M. Henry Jadaht parle du musée rémois au musée
de Reims, et M. Henri Chabeuf des portes du palais de
Justice de Dijon qui appartiennent au musée de cette
ville, l'une œuvre authentique et l'autre seulement
probable de Hugues Sambin (2' moitié du xvr siècle).
— Notice de M. G. Lechevallieh-Ciikvionahd sur la
Poissonnière, maison natale de Ronsard, sise dans la
vallée du Loir, près de Tri'jo, à une trentaine de kilo-
mètres de Vendôme.
(1907, n° 9). — A la vente de l'atelier Dalou, faite le
24 décembre 1906, le musée du Lu.iembourg a acquis
lin Portrait de Dalou, avec sa femme et sa fillette, par
sir Aima Tadema ; M. Léonce BiiNÉnriE décrit cette
toile si intéressante, qui date de 1876, et il accom-
pagne son article d'une lettre inédite de l'auteur du
portrait, toute pleine de souvenirs émus sur ses amis
Dalou.
— /.(,■ Vo)jaf/e de Boucher en Italie, par Pierre de
Noi.iiAC. — Onsait que Boucher, n'ayant pas été envoyé
à Rome à titre de pensionnaire du roi, y alla à ses
fiais en 1727, en compagnie de Carie Vanloo et d'un
petit groupe d'artistes ; ils arrivèrent i Rome le
Suiai 1728. LedirecteurdelAcadémieaccorda à l'artiste
« un trou de chambre », mais ne parla plus de lui par
la suite. L'auteur recherche dans l'œuvre de Boucher
les influences qu'il garda de son séjour à Rome : goût
dos histoires bibliques, vite abandonnées d'ailleurs
pour les mythologies ; des ruines romaines encadrant
des scènes villageoises [la Pipée, la Foire du vil-
lage, etc.).
— M. R. RiieciiMN étudie deux vases de faïence ita-
lienne du .\'P' siècle — deux vases à large panse, col
LE BULLETIN DE L'ART
bas et anses plates, décorés l'un d'un poisson et l'autre
d'un oiseau — au musée Boucher de Perthes, à Abbe-
ville ; — M. Raciiou, les l'rimilifs italiens du muséf
de Toulouse ; — et M. Paul Vitky, le pittoresque cloître
de la Vsalette, accroché au flanc nord de la cathé-
drale de Tours ; il réclame quelques réparations
urgentes, un peu d'ordre, de propreté et d'entretien
pour cette charmante construction, qui ferait, comme
il le dit très justement, « un délicieux musée archéolo-
gique ».
L'Art décoratif (décembre). — Notes de M. Mau-
rice Pézahd sur les portraits au crayon de Séverin
Rappa, et de MM. R. Escomer et E. Bknedictus sur
les pâtes de verre de G. Despret et F. Decorchemont.
L'Art et les artistes (décembre). — Notes sur lier-
nardino Liiini, par Gabriel Mouiiey. — " 11 en est un
peu, à certain égard, de Rernardino Luini par rapport
à Léonard de Vinci, comme de Jordaens vis-à-vis de
Rubens. Ile même que la gloire du chef incontesté de
l'École d'Anvers empêche le peintre du Hepas des rois
et de Satyre et paysan d'occuper dans l'admiration
des foules la place à laquelle il a droit, de même
l'éblouissant rayonnement que dégagent l'œuvre et la
personnalité de la Joconde et de la Vierye aux rochers
fait qu'on ne considère généralement Bernardino
Luini que comme son reflet pâli ».
— Un peintre animalier suédois : Bruno Liljefors,
par Léonie Behnaudini.
Revue alsacienne illustrée (IV, 1907). — Ce
numéro spécial, véritable chef-d'œuvre de typogra-
phie, est consacré à une monographie, très artisle-
ment illustrée de reproductions d'aquarelles de G.
Ritleng, et intitulée Sancta Odilia. Texte par E. K.
[la Lér/ende), Maurice B.^rrès [la Magnifique Alsace,
toujours pareille et toujours diverse), H. Taine [Sainte
Odile), etc.
Allehagne
Die Kunst (novembre). — F. von Ostini. Wilhetm
von Diez. — Étude d'ensemble à propos de l'exposi-
tion de ses œuvres, sur ce peintre peu connu en
France, mort récemment. Les nombreuses reproduc-
tions donnent l'impression d'un Roybet allemand.
— Louis CoRiNTii. L'Allolria de Munich. Suite et fin
de l'article commencé dans le numéro d'octobre. Détails
amusants sur la réception de Bismarck dans un cercle
artistique.
— H. BoABD. L'Exposition nationale allemande à
Dusseldorf, 1907.
— Clara Ruoe. Architectes américains. — Villas et
maisons de campagne.
— J. Lichtesberu. L'Art religieu.r rie notre temps.
— Protestation contre l'esprit de routine, de fadeur
et de coterie, dans l'art catholique contemporain en
Allemagne.
— Joseph Wackerle. — Petites sculptures, terres
cuites, porcelaines.
— K. ScHAEFEB. L'Art ornemental dans les cabines
de luxe des grands paquebots de la « Norddeutscher
Lloyd ». — Étude qui serait à méditer par les grandes
compagnies françaises de navigation à vapeur.
— E. ScHUB. Travaux d'orfèvrerie d'Ëmil Lettré,
— G. IIUBT.
RussiK
Starye Gody (les Années anciennes) (octobre).
— N. Nékrassov. Une maison de campagne aux
environs de Moscou. — Maison des Vsévolojski. Por-
traits de Roslin, Vigée-Lebrun, Désarnaud, Rokotov,
Tropinine, etc. Tableaux de Carrache, Ruysdaël,
Tiepolo, Parrocel. Aquarelles de Lancret, Boucher, etc.
— Gustave Geffroï. Chardin et Fragoifard.
— M. BouRNACiiov. Le Musée de l'Opéra, à Paris.
— 1. Iatsimibski. La Symbolique dans la peinture
russe d'icônes.
— Pascal FoRTUNY. Lettre de France. — A la suite
de cette lettre, la rédaction signale quelques effets
singuliers de la loi de séparation : chapelle de la rue
de Varenne, devenue un atelier de peintre, autre sur
le point d'être louée à une entreprise théâtrale, église
à Montmartre, occupée par un cinématographe, etc.
— Denis Roche.
Les Trésors d'art en Russie (n" 7, 8, 9 et 10).
— La collection des princes loussoupov (suite). —
L'École française. Reproductions de plusieurs pages
du Livre de vérité, de Cl. Lorrain, ayant servi pour
des tableaux se trouvant dans la collection et qui sont
aussi reproduits : l'Enlèvement d'Europe. Combat sur
un pont. Arrivée d'Énée sur les cales du Latium
Coucher de soleil avec ruines classiques, Coucher de
soleil sur un port; Nie. Poussin, le }>arrifice de Noâ ;
Sébastien Bourdon, id.: Ph. de Chauipaigne, Transfi-
guration; P. Mignard (?), la Dauphine: N. Coypel,
Adoration des Uergers : Portraits d'inconnus, par
Largillière et Rifiaud, J. Restout, P. Subleyras,
Natoire; Chardin, la Gouvernante ; quatre Joseph Ver-
net; neuf Hubert Robert.
— M. SoMov allègue que le Savoyard de la collec-
tion loussoupov, donné à Rembrandt sur une signa-
ture (faus.se), doit être restitue à Aart van Gelder.
— Faïences italiennes et terres cuites de la collec-
tion M. Botkine.
— Meubles et porcelaines du grand palais de
Pavlovsk.
— Fragments des fresques de l'ancien plafond
effondré du palais de Taurlde. — Denis Roche.
Le Gérant : H. Denis.
Pan». — Imp. (ieorite» Pelil, M, rue Uodot-de-Hïoroi.
Numéro 366.
Samedi 11 Janvier 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Musées payants
La question a été traitée, à la Charnhre des
députés, pour ce qui touche aux musées natio-
naux, lors de la dernière discussion du budget ;
la conclusion, adoptée par tout le monde, a été
qu'une solution ne pouvait être improvisée dans
un article de la loi de finances, et qu'il fallait
attendre le dépôt d'une proposition de loi spé-
ciale " qui serait discutée avec toute l'ampleur
que comporte le sujet ».
Nous voilà donc à l'abri d'une improvisation ;
comme l'a fort judicieusement dit le ministre,
I! y a de bons arguments à faire valoir dans les
deux sens; nous aurons tout loisir d'y revenir.
Mais, au Conseil municipal on est allé plus
vite : sans attendre que la question eût été
étudiée sous toutes ses faces, on s'est liAté de
décider, dans la séance du 27 décembre, qu'à
partir du l«r janvier suivant « Il serait perru, à
litre d'essai, un .droit d'entrée d'un franc par
personne dans les musées municipaux », tous
les jours, excepté le jeudi et le dimanche.
Trois jours pour organiser la perception du
droit, trois jours pour installer les tourniquets,
on voit que raffairc était urgente, et que, quand
de graves intérôts sont en jeu, nos édiles ont de
l'esprit de décision...
Seulement, il paraît qu'en dépit de leur vote,
il n'y a rien de changé, les visiteurs continuent
à entrer gratuitement; le seul résultat est que
leur nombre a été considérablement réduit; un
rédacteur du Gil Blaf, qui a eu la curiosité de
faire une enquête personnelle, raconte que, dans
un seul établissement, le chiflre des entrées était
tombé, de 140 pour les années précédentes, à
Il pour 1908.
I.e renseignement est intéressant ; il s'agirait
de savoir si la diminution a été la même dans les
divers musées municipaux ; quoi ((u'il en soit. Il
est logi(|ue de supposer que la moyenne des en-
trées, pour les jours non gratuits, diminuerait
dans des proportions énormes.
Les musées de la ville de Paris sont, on le sait,
au nombre de cinq, les musées Carnavalet, Cer-
nuschi, Victor Hugo, Caillera et le Petit-Palais.
Pour les trois premiers, la question paraît
devoir être rapidement tranchée; du moment
où il y aurait deux jours gratuits par semaine,
ce seraient évidemment ceux que choisiraient
de préférence les visiteurs. Pour le musée Cai-
llera, dont le principal intérêt consiste dans
l'organisation d'expositions temporaires, la me-
sure paraîtrait plus difficilement applicable. Au
Petit-Palais, on serait obligé de commencer par
ménager une entrée spéciale pour la collection
Dutult qui, aux termes du testament du dona-
teur, doit, tous les jours, être ouverte gratuite-
ment au public.
On le volt, même en laissant de côté les objec-
tions morales qui sont des plus sérieuses, les
difticultés d'application seraient multiples, et
on en arrive à se demander si la mise en pra-
tique de la mesure votée si précipitamment par
le Conseil municipal laisserait même un béné-
fice appréciable, après défalcation de tous les
frais supplémentaires de perception.
Stéphank.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Légion d'honneur. — M. le l>.iron de Vinck, le
généreux amateur qui a si libéralement enrichi notre
Cabioet des estampes, vient d'être promu grand-otli-
cier de la Légion d'honneur.
— M. Etienne- Antoine-Joseph-Eugéne Ronjat,
artiste-peintre, a été nommé chevalier de la Légion
d'honneur, sur la proposition du grand chancelier
(décret du .30 décembre 1907).
Académie des beaux-arts (séance du 4 janvier).
— L'Académie, présidée par M. Antonin Mercié. pré-
sident sortant, procède à l'in-stallatlon de son bureau
pour 1908. Ce hurçaii est ainsi composé ; MM. Lmc-
10
LE BULLETIN DE L'AHT
Olivier Merson, président: II.-P. Nénot, vice-prési-
dent: Roujon, secrétaire perpétuel.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 3 janvier). — .\u déliut de la séance,
le président sortant. M. Saloinon Reinach, et le pré-
sident nouvellement élu, M. liahclon, prononcent
chacun le discours d'usage, fait de vœux et de com-
pliments réciproques.
— M. Perrot, secrétaire perpétuel, donne lecture
d'une lettre de M. le baron de Courcel, membre de
l'Académie des sciences morales et politiques et fon-
dateur d'un prix qui porte son nom, en faveur d'un
ouvrage sur l'époque mérovingienne ou carolin-
gienne. M. le baron de Courcel propose que ce prix
triennal, au lieu d'être décerné successivement par
l'Académie française, celle des inscriptions et belles-
lettres et celle des sciences morales et politiques, soit
attribué par une commission inter- académique de
délégués de ces trois Compagnies.
L'Académie des .inscriptions, en ce qui la concerne,
déclare approuver entièrement cette proposition.
— Puis, l'urne circule une ([uinzaine de fois pour
l'élection des commissions de concours qui n'avaient
pu être formées à la précédente séance. Parmi les
plus importants des prix à décerner en 1908, il con-
vient de retenir le prix J.-J. Berger, dont la valeur
est de lîJ.OOO francs, — à attribuer à l'œuvre la plus
méritante intéressant la Ville de Paris, — et le prix
décennal Lefèvre-Deumier, d'une valeur de 20.000
francs, qui sera décerné pour la première fois. Le
fondateur l'attribue à l'ouvrage le plus remarquable
sur les mythologies, les pliilosophies et les religions
comparées.
— Le P. de .lerphanion, qui a passé plusieurs
années dans les missions françaises d'Anatolie, com-
munique un mémoire sur les églises souterraines de
Gueurémé et Soghaule, en Cappadoce, qui avaient à
peu près complètement échappé aux investigations
des précédents voyageurs. Le P. de Jcrphanion en a
relevé le plan, copié les inscriptions encore lisibles et
photographié les peintures qui font le principal intérêt
de ces chapelles souterraines. Il se propose de publier
bientôt les documents importants qu'il a réunis et il
croit pouvoir prendre date en appelant l'attention de
l'Académie sur les monuments qu'il a étudiés. Suivant
l'usage byzantin, les parois verticales de ces églises
sont occupées par des théories de saints, debout, dans
des poses hiératiques traitées dune manière uniforme,
d'après des modèles immuables. Il était urgent de faire
les relevés de ces peintures, car beaucoup des inscrip-
tions qui les accompagnent sont déjà cll'acées et
chaque jour en voit disparaître une partie.
Conseil des musées nationaux. — Les membres
du conseil des musées nationaux, dont les pouvoirs
sont arrivés à expiration, sont réinvestis pour une
période de trois années. Ce sont :
MM. Léon Bourgeois et Poincaré, sénateurs.
MM. Aynard et Georges Leygues, députés.
MM. Tétreau, président de section au Conseil il'État,
et Hérault, président de chambre à la Cour des
comptes.
MM. Georges Berger, membre de l'Institut, député,
président de la Société des Amis du Louvre, et Bon-
nat, membre de l'Institut, directeur de l'École des
beaux-arts.
MM. Collignon, membre de l'Institut, professeur à
l'Université de Paris ; Coutan, membre de l'Institut ;
Gonse, écrivain d'art ; Guillemet, artiste peintre ;
Michel, membre de l'Institut.
Société des Artistes français. — Le Comité de
la Société des Artistes français s'est réuni au Grand-
Palais, sous la présidence de son doyen, M. Saint-
pierre, pour procéder à la nomination de son bureau
et de ses présidents de section.
M. H -P. Nénot. de l'Institut, a été réélu président
à une forte majorité. Ont été ensuite élus : vice-
présidents, MM. Albert Maignan et Achille Jacquet ;
rapporteur, M. Louis Bonnier; trésorier, M. Boisseau;
secrétaires de sections. .MM. K. Henard, (Jeorges
Lemaire, Pascal, de l'Institut, et Hutte.
Ont été également désignés comme présidents des
différentes sections :
Peinture : M. Jean-Paul Laurens, de l'Institut.
Sculpture : M. AUouard.
Architecture : M. Daumet, de l'Institut.
Gravure et lithographie : M. Focillon.
Arts décoratifs : M. Le Coûteux.
Par suite de ces élections et des « roulements »
prévus par les règlements, le nouveau conseil d'ad-
ministration de la société se trouve composé des
membres suivants :
MM. Nénot, Albert Maignan, .\chille Jacquet, Louis
Bonnier, Boisseau. E. Renard, (ieorges Lemaire,
Pascal, Rutl'e, R. Collin, Zuber, Joseph Bail, Dameron,
Antoine Guillemet, Chabas, Dawant. .\dan, de Bi-
chemont, Baschet, AUouard, Vital-Cornu, Hannaux,
Loiseau-Bousseau, Moyaux, Bouinrd et lluvey.
Le classement des perspectives parisiennes.
— L'annonce, plusieurs fois démentie, de la prochaine
démolition des deux maisons basses, en briques et
pierres, qui forment l'entrée de la place Uauphine du
côté du Pont-Neuf ; le spectacle des places et des
rues, dont la symétrie paraissait assurée par les
servitudes des immeubles en bordure et que déligu-
rent de fâcheuses surélévations, toutes ces menaces
d'enlaidissement raisonné de notre capitale ont fini
par émouvoir les lonseillers municipaux. M. Adrien
Mithouard et cinquante de ses collègues viennent
d'inviter l'administration à appliquer aux plus belles
perspectives de Paris les dispositions do la loi du
21 avril 1906 sur la protection des paysages : on
pourrait ainsi « classer », en particulier, l'ensemble
magnifique formé par le Pont-Neuf, la pointe de la
Cité et les maisons de la place Uauphine.
ANCIEN ET MODERNE
11
A Nancy. — Le llullrlin a conté, voili tout près
d'un an, comment la municipalité de Nancy avait
décidé, pour remplacer l'ancien théâtre détruit par un
incendie, de construire une salle de spectacle beau-
coup plus vaste, .sur le im-me einjiliiceiiienl, c'est-à-
dire en arrière d'une des ex(|uis('S façades dont
Emmanuel Héré a orné la place Stanislas.
Qu.ind furent e.\posés les projets envoyés au con-
cours ouvert à ce propos, tout le monde s'aperçut des
suites malencontreuses que pourrait avoir la construc-
tion d'une toiture surélevée, nécessitée par les exi-
gences d'un théâtre moderne, se dressant en arrière
de la délicate façade, l'écrasant et supprimant du
même coup l'harmonieuse symétrie qui faille charme
de In place de Nancy. La municipalité dut se rendre à
l'évidence et chercher un autre emplacement pour
son théâtre.
Il parait qu'elle l'a trouvé, et voici l'incroyable
projet qu'elle a imaginé et que M. André Hallays
dénonçait dans une de ses dernières « llàneries » des
Déhii/s (3 janvier :
« La place Stanislas est, comme on sait, formée au
sud par l'hùtel de ville, an nord par les constructions
basses, au levant et au couchant, par deux pavillons
semblables et symétriques. C'était dans le pavillon
du nurd-oucst que se trouvait la salle de spectacle
naguère incendiée et que Ion avait eu d'abord la
pensée d'établir le théâtre neuf. Or, aujourd'hui, c'est
le pavillon qui lui fait face, de l'autre côté de la
place, qu'on veut all'ecter au théâtre. On dirait une
gageure.
« Tous les inconvénients qui avaient fait écarter le
premier projet : difficulté d'harmoniser les parties
latérales de l'édilice avec l'architecture de Héré,
nécessité de surélever le faite de la construction, sup-
pression de la symétrie des bâtiments, vont se repro-
duire le jour où l'on priera l'architecte de retourner
son plan. Rien n'est changé, sinon (|ue la façade du
théâtre sera tournée vers le couchant, au lieu de
regarder le levant. Surcroit de laideur : comme, en
général, on aborde la place par la rue Stanislas, on
découvrira, en suivant la pente de cette rue, les toi-
tures du pavillon qui s'élève sur le côté opposé de la
place et ce seront les lourdes ot disgracieuses toitures
de la scène qui surgiront au-dessus de la terrasse à
l'italienne conçue par Iléré. Si bien que les étrangers
qui visiteront Nancy pourront maudire la sauvagerie
des Nancéiens avant même d'avoir contemplé dans
son ensemble le chef-d'œuvre — désormais désho-
noré — des artistes de Stanislas. »
Mais, fait remarquer M. A. Hallays, la place Sta-
nislas est classée. D'où vient que l'État, qui peut s'y
opposer, autorise une pareille dégradation .'
A Nevers. — A la suite de la Séparation, l'hôtel
de l'évêché ayant été repris par le département de la
Nièvre, le Conseil municipal actuel de Nevers, voulant
enfin donner une solution à la question pendante
depuis si longtemps, fit des olfres au Conseil général
de la Nièvre, représentant le département à titre de
propriétaire, afin d'y réunir les trois musées disséminés
dans la ville : celui de peinture et sculpture, remisé
présentement au deuxième étage de l'hôtel de ville;
celui de la fa'ience nivernaise, logé dans les combles
du palais ducal : enfin, le musée archéologique â la
Porte du Croux.
Le Conseil général accueillit bien la demande du
Conseil municipal et, après en avoir délibéré, voulant
donner un gage de son souci de la question artis-
tique en cause, accepta de céder l'ancien évêché,
mais... contre la somme de cent mille francs.
Le Conseil nmnicipal, qui déjà, pour faire face à un
supplément de dépenses imposé par le Conseil général
et frappant lourdement la Ville, était dans l'obligation
de voter des centimes additionnels, dut se résoudre,
en présence de telles exigences, à passer à l'ordre
du jour.
Heureusement qu'un ami des arts, amateur éclairé,
M. K. Blandin, conservateur du umsée de peinture,
veillait. Pour assurer l'acquisition de l'immeuble, il
oll'rit de faire don de la somme de cent mille francs,
que le Conseil accepta.
En Belgique. — La SuciiHi' îles Amix îles musées
de lîruxelles, récemment constituée, vient d'offrir au
musée du ('.in(|uantenaire une tête en marbre de la
(in du m* ou du commencement du iv siècle de notre
ère, très intéressante pour l'histoire des débuts de
l'art chrétien.
La Siiciélé îles Amis du musée île Drurjes a remis à
la ville, pour le musée, un Poitrail de Philippe le
Bon par Van der Weyden, un diptyque de Fourbus,
l'Enfer et le Pur;/atoire de Jérôme Bosch, deux pein-
tures de Van Oost, deux portraits de femme par
Ravestein et Kinsœn, enfin deux toiles modernes :
le Portrait de M. /ieeenaeri par J. de Lalaing, et /«
Porte des Maréchaux, à liruyes, par V. Gilsoul.
A Courtrai. — L'enquête ouverte à l.i suite du vol
de l'Klévitliiin de la Croix de Van Dyck, dans l'église
Notre-Dame de Courtrai (voir le n° 362 du llullelin),
n'a jias encore donné de résultats. Les autorités
communales de Courtrai promettent une récompense
de iO.OOO francs à qui fournira à la justice des rensei-
gnements permettant de retrouver le tableau et de le
faire restituer en bon état.
Nécrologie. — In amateur de beaucoup de goût,
((ui était aussi un artiste ayant fait de bonnes études
dans les ateliers p.arisiens, M. Aui/iislr de Sacoiihac,
vient de mourir à Lasbordes, près de Toulouse, à l'âge
de 63 ans; il était, depuis près d'un demi-siècle,
l'organisateur des expositions de l'Union artistique à
Toulouse.
— Le peintre Eu;/èiie-\'iiiceiit Yidnl, né à Paris,
élève de (Jérôme, qui exposait aux Salons depuis
1873, vient de mourir à Cannes; le musée du Luxem-
bourg possède une de ses toiles, la Jeune fille au
corset rose; il avait obtenu une médaille de bronze
à l'Exposition universelle de 1900.
12
LE BULLETIN DE L'ART
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — Vente Henri Chasles (fin). —
Voici la fin de la liste des principaux prix de
cette collection, dont le dernier numéro du
Bullelin a commencé la publication :
(jR.vvuiiES, TABLEAUX ET DESSINS. — La seulc encliére
intéressante parmi les gravures, est celle de 2.020 fr.
pour une estampe originale de Robert Nanteuil : le
l'oilrail (lu vicomte île Tureitne (n* 710). Toutes les
autres pièces (n°' 6i8 à 'Î.34) se sont vendues au-
dessous de 1.000 francs.
Dans les tableaux et dessins, rien d'autre à signaler
<|u'un panneau décoratif par Lericlie (n° 749), 2.100 fr.
Négligeons les objets de vitrine et les miniatures.
Après la vente Hikolî, celte série assez maigre et mé-
diocre, ne pouvait que pas.ser inaperçue. Deux goua-
ches de Morcau l'ainé (n* 760), un paysage et petits
personnages, à 900 fr., c'est tout ce qu'on trouve à
citer.
Les bois sculptés n'ollraient pas un plus grand in-
térêt.
Bkonzes D'AMEiiiiLE.MENT. — Ici, quelques prix sont à
retenir : 862. Deux grands candélabres, bronze et
marbre blanc, statuettes de femmes portant un flam-
beau, ép. Louis XVI, 4.400 fr. — 863. Deux autres, à
trois lumières, vase ovoide, portant un bouquet de
roses en bronze, ép. Louis XVI, 6.900 fr. — 870. Vase
Médicis, granit rose, monture bronze, 5.000 fr.
Pendules anciennes. — 88'i. Pendule bronze, lion de
profil, la patte sur une boule, ép. Louis XVI, 4.000 fr.
— 886. Pendule, lût de colonne bronze, portant le
cadran, et surmonté d'un vase orné de guirlandes,
époque Louis XVI, 4.700 fr.
Meubles. — 943. Deux fauteuils Louis XVI, recou-
verts en ancienne tapisserie d'Aubusson, 2.083 fr. —
990. Table-liseuse, bois de placajçe satiné, estampille
de Migeon, ép. Louis XV, 4.500 fr. — 100."). Meuble
d'entre-deux, uiarquctcrie de bois de placage, garni-
ture bronze, ép. Louis XVI, 4.000 fr. — 1006. Meuble
d'entre-deux formant secrétaire, acajou moucheté,
garniture bronze, attribué à Uiesener, 10.500 fr.
Tapisseries. — Citons seulement le dernier numéro
de la vente, n" 1017, deux panneaux d'entre-deux,
ancienne tapisserie d'Aubusson, fond blanc, trophées
d'attributs relatifs à la Peinture et à la Musique,
ép. Louis XV, 9.350 fr.
M. N.
MONNAIES ET MÉDAILLES
A Paris. — "Vente d'une collection de mon-
naies antiques d'Italie. — Les ventes de nu-
mismatique sont peu fréquentes à Paris, surtout
celles qui se recommandent par de très nom-
breux numéros ou par de grosses enchères.
Prolitons donc de Toccasion pour signaler la
dispersion, — faite salle 7, du 19 au 21 dé-
cembre, par M'' Lair-Dubreuil et .MM. Sambon et
Canessa, — d'une collection de monnaies antiques
d'Italie, i[ui n'a pas produit moins de 173.240 fr.
Il est superllu d'éiiumérer les trois cents et
quelques numéros de la vente, quoique la ma-
jeure parlie d'entre eux aient dépassé cent et
deux cents francs, qu'un bon nombre aient
atteint cinq cents et mille, et que quelques-uns
aient chilîré plus haut encore ; ce sont ceux-là
seulement que nous retiendrons.
Deux monnaies de Tarente, stalère et quart
de statère d'or, lune à tête de l>éméter(14) et
l'autre à tête laurée d'Apollon (IS), celle-ci
frappée à l'occasion de l'arrivée de Pyrrhus à
Tarente, ont été vendues la première 2.000 et la
seconde 3.700 francs.
Deux autres monnaies datant de 412 environ
(90 et 91), représentant deux aigles dévorant un
lièvre, ont dépassé ces prix : 3.000 et .1.800 fr.
Deux monnaies de Catane, l'une et l'autre à
tète laurée d'Apollon (119 et 124i ont été ad-
jugées l.bOO et 1.700 fr.; une troisième pièce de
même origine (n" 125) en argent, portant d'un
cùté la tète d'Apollon de face, ornée d'une cou-
ronne de chêne et au revers un quadrige au
galop, avec une Victoire couronnant l'aurige, a
atteint la belle enchère de 7.800 l'r.
Passons sur deux aigles (n"" 230 et 231), une
tête de nymphe (n° 232), une tête d'Aréthuse
(no 236), monnaies de Motya, vendues respecti-
vement 1.200, 1.200, 1.200 et 1.600 francs; et
même sur une Aréthuse, de Syracuse ivers 480
ou 479) adjugée 3.100 fr. (n° 289), pour arriver au
prix « sensationnel », puisque tel est le terme en
usage à l'Hôtel Drouot, atteint par le n» 178, un
télradrachme d'argent de Thermae Hiemerenses,
postérieur à l'année 406 : cette tète de nymphe
à droite, parée de bijoux, la chevelure ornée de
ANCIEN ET MODERNE
13
roseaux, avec trois dauphins au pourtour, et au
revers un quadrige au galop et une Victoire cou-
ronnant!'aurige, trouva preneur à 16.000 franc».
La pièce pesait 10 gr. 05 : avec les 10 0/0, cela
fait plus de 1.000 francs du gramme.
Ce prix n'a pas été dépassé, mais le reste de
la vente offre encore quelques remarquables en-
chères, dont les deux plus importantes sont
celles de 5.300 fr., pour le n" 356, statère d'or,
tète de nymphe parée de bijoux (Syracuse, vers
400-408), et de 9.000 fr. pour le n» 358, déca-
drachme agonisti(iue en argent, tête féminine
parée de bijoux (Syracuse, vers 412;.
Ci-dessous quelques autres prix intér<'ssanls,
parmi les monnaies de Syracuse.
339 à 361. Tètes de Coré, 2.000 et 2.400 fr. — 363.
Une autre, avec quatre dauphins au pourtour, 3.000 Ir.
— 366 et 367. Mêmes types, 3.800 et 2.000 fr. — 369.
Tète de nymphe parée de bijoux, tétradrachnie,
3.7S0 fr. — 370. Tète de Démêler, tétradrachnie,
Euclide, après 412, 2.3à0 fr. — 114. TiHe d'Artémis à
droite, or, Pyrrhus, 278 à 276, 4.100 fr. — 424. Trte
diadémée de Hiéron, 2.000 fr.
>'.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Les Femmes Artistes ((ialerie Georges Petit).
— Noblesse oblige ; un titre aussi. N'est-on point
tenté d'être plus sévère pour les « femmes ar-
tistes » que pour celles qui s'intitulent seulement
n peintres et sculpteurs » ? l.n groupe idéal des
femmes artistes serait en grande partie rétro-
spectif, avec les pastels de la Rosalba, les portraits
de Vigée-Lebrun, les compositions d'Angelica
Kauffmann, et, plus près de nous, la psychologie
de Marie Bashkirtseff et la vivacité de Berthe
Morisot, sans omettre les plus vivantes peintures
de M""" Delasalle ou Dufau... Hien de tel à cette
seizième exposition périodique, à part le très
séduisant « panneau décoratif » que M'"" Louise
Desbordes-Jouas a puissamment vermillonué
d'une gerbe de ileurs : c'est l'ci'uvre d'art d'une
femme artiste. Il y a de rares délicatesses dans
les études intimes de .M"" Jeanne Duranton. L'art
féminin n'est jamais rebelle au souvenir : mais
où la hantise enveloppante de Carrière serait-elle
plus légitime que sur les (leurs et paysages de sa
(ille aînée qui signe Lisbeth? Pareille inlluence
sur les pâles ligures aux yeux noirs de M">" (ia-
brielleSéailles, dontles petits paysagesd'automne
et de printemps s'ensoleillent. Les Brode«.çes bre-
tonnes de M""' Rourgonnier rappellent fatalement
M. Lucien Simon. Absentes, M""! Crespel inspire
les Ileurs stylisées de M""' Faure-llermann, et
M"" Druon les intérieurs de M"' Galezowska. Le
salonnier connaissait déjà {'Automne décoratif de
M"<: Esté, le portrait de M. Heniy Marel par
M""= Dubreuil, les médailles de M"« (iranger, les
eaux-fortes de M"" Voruz, et les statuettes variées
de M"" Jozon.
Deux expositions "Vincent van Gogh (Ga-
leries Bernheim jeune et Druet). — On méconnaît
toujours le génie, on a contesté les plus riches
palettes du siècle dernier ; donc, il faut exalter
la plus authentique névrose, involontaire ou pré-
méditée... En vertu de ce raisonnement profond,
on impose la trinité d'art : Cézanne, (iauguin,
Van Gogh, à l'admiration du snobisme. Et la farce
est jouée. Aussi bien, quelques regrets que nous
laissent les femmes artistes, elles ne nous parlent
que d'arts d'agrément. .Mais, ici, le point de vue
change, dirait le romantique Delacroix dont le
pauvre Van Gogh fut une des victimes; et, de spé-
culative, l'esthétique ne devient-elle pas spécu-
latrice aussitôt (|u'un marchand nous montre
" cent tableaux » dont le nombre accable impu-
nément la mémoire du défunt ? Car les débuts
hollandais et tardifs de Van Gogh et telle nature
morte, plus line qu'un Cézanne, permettaient
d'espérer un peintre, avant la folie. Mais les
rêves d'alcool ou les azurs de rêve, incendiés
de tournesols géants, voilà les « synthèses )>
qu'adorent les jeunes qui s'égarent, les critiques
qui pontitient et, surtout, les marchands heureux
de réhabiliter linancièreuient le génie. Aujour-
d'hui, n'est-ce pas un beau chiffre qui fait un
beau peintre ?
GyuIaTornai (Galerie Georges Petit). — Malgré
son nom d'allure exotique, ce n'est pas un
Japonais peignant le Japon ; c'est un Hongrois,
qui traversa l'Autriche, la Bavière, l'Espagne et
le Maroc avant de peindre un Extrême-Orient
qui sent l'huile occidentale et la virtuosité co-
lorée des Lenbach ou des Munkacsy : perspective
aérienne et clair-obscur, qui ne font pas oublier
la saveur naïve des teintes plates, cernées par le
gros trait d'encre embue des crépons I
Raymond Bouyek.
14
LE BULLETIN DE L'ART
CORRESPONDANCE DE GRÈCE
Les Dernières fouilles de Pergame.
Depuis l'année 1900, l'Inslitul allemand
d'Athènes reprend à chaque automne et poursuit
jusqu'à l'hiver ses fouilles de Pergame.
Dans la campagne qui vient de prendre (in,
MM. Conze et Doerpfeld ont continué d'explorer
les gymnases construits au liane de l'Acropole.
Les précédents lravau.\ avaient déjà montré les
dispositions principales de ces édifices, étages
sur plusieurs terrasses, et révélé l'existence d'un
stade souterrain servant de sous-sol au portique
méridional du gymnase supérieur. Ce stade est
aujourd'hui dégagé dans toute son étendue,
('/est un long couloir primitivement découvert,
auquel on mit plus tard un plafond, soutenu de
distance en distance par des arceaux surbaissés.
A l'ouest du gymnase supérieur, dont le péri-
style était déjà déblayé, on a rencontré plusieurs
chambres, puis une salle plus vaste qui abritait
une sorte de piscine. Quelques textes épigra-
pliiques ont été recueillis chemin faisant. Ce sont
des listes de noms, sans doute des catalogues
éphébiques pareils à ceux qui furent trouvés non
loin de là l'an dernier. En continuant vers l'ouest,
les fouilleurs ont découvert, en cpntre-haut du
gymnase supérieur, les restes d'un temple assez
vaste, malheureusement ruiné jusqu'aux sub-
structions. Les divers morceaux d'architecture
qu'on croit pouvoir lui attribuer laisseraient sup-
poser que l'édifice eut ù subir il'assez profonds
remaniements et que, dorique à l'origine, il devint
ionique par la suite. On sait que Vilruve signale
des transformations de ce genre. Dans la grande
cour du gymnase, on avait procédé de même, mais
en substituant à l'ordre dorique un ordre corin-
thien. A l'intérieur delà cella se voient les traces
d'une large base, disposée semble-t-il pour plu-
sieurs statues. Etant donnée la pro.vimité du
gymnase, l'hypothèse d'un temple dédié à Hermès
et à Hérakiès a pour elle la plus grande vrai-
semblance.
Un peu au sud de cet emplacement, dans le
prolongement du gymnase moyen, ont été mises
au jour d'autres constructions, où certaines
chambres paraissent avoir été transformées en
citernes.
Dans la plaine de Pergame, non loin de l'Acro-
pole, se dressent plusieurs tumuli dont l'explo-
ration a commencé en I90o. Celui de Mal-Tepeh,
situé à un kilomètre au sud-ouest de la ville
moderne, fut fouillé en premier lieu. ,\u bout
d'un couloir souterrain, on atteignit une sépul-
ture d'épocjue impériale, composée de trois
chambres contiguès. La tombe avait été pillée
depuis longtemps et des sarcophages eux-mêmes
on n'a retrouvé que de menus débris.
Deux autres tertres plus petits, au sud du pré-
cédent, furent ouverts dans ravanl-dernière
campagne et livrèrent deux sarcophages hellé-
nistiques encore inviolés. On trouva près des
squelettes quelques menus objets, des restes de
vêtements, des armes et une couronne de feuil-
lage en or.
Le plus important des lumuli, celui de Jigma-
Tepeh, n'a pas encore dit le secret de ses lombes.
11 est situé au sud-est de Mal-ïepeh. ("-'est une
véritable colline artificielle, dont la circonférence
dépasse 500 mètres. En cheminant vers le centre,
on a rencontré les restes d'un mur d'enceinte
circulaire, mais nulle part n'est apparue l'entrée
d'un diomos conduisant aux chambres souter-
raines. On s'est d'abord résolu à percer un tunnel
dans l'épaisseurdu remblai, mais lors des derniers
travaux, les terres menaçant de s'effondrer sur
les fouilleurs, on a dû transformer ce tunnel en
une tranchée ouverte. Le travail s'en est trouvé
notablement ralenti et la mauvaise saison est
survenue avant qu'on ait pu le mener à bonne
fin. Aujourd'hui, la tranchée pénètre dans le
tumulus jusi|u'à quelques mètres de son centre.
C'est donc à coup sûr en 1908 qu'on verra le
mystère de Jigma-Tepeh éclairci. L'appareil du
mur d'enceinte est de l'époijue hellénistique, ce
((ui autorise bien des espérances. Peut-être sont-
ce les sépultures des rois de Pergame <iue re-
couvre celte pyramide de terre. Les prochaines
fouilles nous l'apprendront, si toutefois les
tombes qu'elles vont mettre au jour n'ont pas
été déjà dévastées.
(ÎAHRIKL LkHOUX.
NOTES &L DOCUMENTS
Les vitraux du musée de Dijon.
Le musée de Dijon, si riche en œuvres du
moyen âge et de la Renaissance, possède une
collection de vitraux suisses sur laquelle un
jeune érudit de Saint-Call, M. W. Wartmann, a
ANCIKN ET MODERNE
publié récemment une étude intéressante (I).
La plupart de ces verrières sont entr('es au
musée de Dijon à la suite du legs Trimolet et
décorent actuellement la salle affectée à cette
collection. iN'ous apprenons à connaître, parmi
les plus frappants de ces spécimens, un vitrail
de Strasbourg surmonté d'une petite composition
(lue M. Wartmann considère comme n'ayant pas
fait partie primitivement de l'ensemble. Un autre
e.\emplaire nous offre, en une symjihonie de tons
éclatants, les armes de Georges Jacob Bock
d'Erlenburg, bourgmestre de la ville de Stras-
liourg en tlJSl. Quoique ces vitraux proviennent
de l'Alsace, ils portent le cachet du style et des
procédés usités en Suisse. A ces deux pièces
s'ajoute une suite de vitraux qui nous offrent
des aperçus intéressants sur l'histoire de cette
industrie si répandue autrefois en Suisse et dans
les contrées avoisinant ce pays. Il est regrettable
que trois pièces signalées par le catalogue du
musée Trimolel (1883) ne soient plus exposées
au musée depuis plusieurs années. Ce sont,
d'après ce catalogue, les numéros suivants :
" N" 1238. Vitrail lorrain décoré d'armoiries,
xvi« siècle. L'écu écartelé au 1"' et au 4° de gueule
à la croix de Lorraine d'argent, soutenue d'un
mont de trois coupeaux de sinople; aux 2= et 3°
de gueule à la fasce d'argent. Supports : deux
léopards d'or, celui de senestre tenant la cou-
ronne ducale ([ui timbre l'écu.
Haut., 30 cent.; larg , 27 cent. »
« N" 1244. Vitrail suisse, polychrome, repré-
sentant un cavalver et sa ménagère. Portant l'in-
scription : Heinrich Rilter und sin Ilusfrowb, 1614.
Haut., 34 cent.; larg., 20 cent. »
I' N° 1246. Vitrail suisse armorié, portant cette
inscription : Die Graf'schaft Kiburg, 1634.
» Ecu de gueules à la bande d'or accompagnée
de deux lions de même. Timbre : un casque
d'argent grillé et damasquiné d'or, surmonté
d'une couronne ducale et environné de lambre-
quins de gueules et d'or; cimier : un lion issant
à la crinière ornée de six plumes de paon.
« Au-dessus, on remarque le blason de Zurich,
qui est tranché d'argent et d'azur. Support : deux
léopards tenant, lununeépéed'argentgarnie d'or,
l'autre un monde d'argent croisé et cintré d'or.
Haut., 31 cent.; larg., 21 cent. »
(1) W. Wartmann, Schweizerische Glasr/emiplile im
Aiistanrl. Die Silrweizersclieiben im Muséum zii Dijon,
dans l'Indicateiif d'antiquités suisses, 1906, p. 20.'! et
suiv.
On prétend que ces pièces auraient été forte-
ment endommagées, il y a quelques années, par
la grêle et retirées, depuis lors, pour être sou-
mises à une réparation. Le fait est qu'aujour-
d'hui elles ne sont plus visibles. Souhaitons que
l'administration du musée dijonnais tienne
compte du désir, exprimé par de nombreux
amateurs d'art, de voir mises en pleine lumière
ces œuvres trop longtemps tenues sous le
boisseau. r m
BIBLIOGRAPHIE
La Légende et l'histoire de Jean Foucquet
par le comte Paul Dubriku (t).
Dans son numéro de décembre dernier, la
lieviie parlait du magnifique ouvrage que vient
de faire paraître, à la librairie Pion, l'un
des érudits ([ui possèdent lo mieux l'histoire
de la miniature française, M. le comte Paul
Durrieu. Ce livre est, on le sait, consacré aux
Antiquités judaïques de l'historien Josèphe, dont
notre Bibliothèque nationale possède un exem-
plaire illustré de peintures attribuées à Jean
Foucquet par une mention manuscrite contem-
poraine ; mais l'auteur a saisi l'occasion pour
grouper tous les renseignements qu'on possède
à l'heure actuelle sur la biographie du grand
artiste tourangeau et pour faire un examen cri-
tique des œuvres qui lui sont attribuées, en les
rapprochant des seules miniatures authentiquées
que l'on connaisse de lui, et qui sont précisé-
ment celles des Antiquités judaïques.
Cet examen, très serré et tout plein de pru-
dence scientifique, abonde en observations origi-
nales et en découvertes qu'il a été impossible de
signaler dans le court article de la Revue; aussi
le Bulletin voudrai t-ij réparer, dans une cer-
taine mesure, ce que le compte rendu de la Revue
avait d'incomplet, en insistant sur une identill-
cation qui fait le plus grand honneur à la saga-
cité de notre éminent collaborateur.
Parmi les œuvres dont on a proposé de resti-
tuer la paternité à Jean Foucquet, la plus célèbre
est le Livre d'Heures d'Etienne Chevalier, dont il
nous est parvenu, d'une part, quatre feuillets
dispersés de divers côtés, et quarante autres
(1) Lecture faite à la Société de l'histoire de France,
ayant paru dans l'Annuaire-Bullelin de cette Société
(année 1907); il en a été fait un tirage à part.
10
LE BULLETIN DE L'ART
qui sont « les Quarante Foucquet de Chantilly ».
Waagen. qui, le premier, identifia l'auteur de
ces miniatures, en les comparant à celles du
Josèphe récemment publié par M. Paul Durrieu,
proposa également de reconnaître la main de
Foucquet dans un autre manuscrit enluminé,
les Cas des nobles hommes malhenreitx, traduction
françaisf d'après Boccace, actuellement conservé
à la Bibliothèque de Munich. J'ius tard, le mar-
<)uis L. de Laborde et Vallet de Viriville imagi-
nèrent que ce Boccace de Munich avait été
e.'cécuté pour ce môme Etienne Chevalier, dont
on avait en partie le Livre d'Heures et dont,
d'autre part, le musée de Berlin possède le por-
trait, également attribué à Jean Foucquet.
De là à faire d'Etienne Chevalier, important
fonctionnaire de l'administration des finances
sous (Charles VU et Louis XI, un protecteur des
arts, et particulièrement le mécène de Fouc-
quet, il n'y avait (ju'un pas; et tous ceux des
érudits qui parlèrent de Foucquet se crurent
bientôt obligés de faire une place à Etienne Che-
valier, dont il passait en quelque sorte pour le
peintre attitré.
Cette croyance n'avait d'autre fondement que
les assertions trop légèrement émises en 185")
par L. de Laborde et Vallet de Viriville, d'après
lesquels le Boccace de Munich avait été exécuté
pai- Fouccjuet pour Etienne Chevalier. Or, si la
première paitie de ces assertions peut toujours
se défendre, il n'en est pas de même de la
seconde, dont M. Durrieu vient de faire justice.
Dès 1K92, il avait émis quelques doutes sur
l'iilentilicalion du premier possesseur du Boccace
de Munich avec Etienne Chevalier, en constatant
que le chilTre, jusqu'alors inaperçu, de ce pre-
mier possesseur, était composé des lettres L. C.
l'IustardjCn examinant de nouveauté manuscrit
— où le nom du premier (iropriétaire, mentionné
à l'origine dans une note du co])iste, a été gratté
postérieurement — il lut, neuf fois répétée dans
les miniatures, la devise du personnage mysté-
rieux : SUR LV .n'.\ nKfJARD.
A vrai dire, cette devise n'avait pas échappé à
Léon <ie Laborde ni à Vallet de Viriville ; c'est
même en la rapprochant de celle d'Etienne Che-
valier, RiKN siH I. .n'a iiF.r.AB, qu'ils avaient été
amenés à croire que le Boccace de Munich avait
été exécuté pour Etienne Chevalier.
Or, ces deux devises du sv« siècle n'ont entre
elles qu'une simple analogie; elles ne sont pas
identiques. Conséquemment, elles ne peuvent
pas plus être confondues que deux blasons
d'aspect analogue, mais présentant entre eux
des divergences de détail, il fallait chercher
autre chose dans le Boccace, et .M. Durrieu l'a
cherché patiemment. En examinant la place où
le nom avait été primitivement écrit et gratté
ensuite, il est parvenu à déchiffrer le prénom
du personnage : Laurcns, et des indications
permettant de croire que ce personnage appar-
tenait à l'administration des finances.
D'après l'expérience que M. Durrieu. avait de
cas analogues, il fut amené à considérer la devise
comme un anagramme du premier possesseur du
manuscrit; en retirant de cette devise les lettres
nécessaires à former le prénom Laurens et l'ini-
tiale i\ fournie par le chiffre L. (i., dont on a déjà
parlé, il se trouva lui rester les lettres :
.... Y . . R . . ARU
lesquelles, ajoutées à laubens c, lui donnèrent
les mots de l'énigme : i.aurkns cvraru.
Ileslait à faire la preuve de cette démonstra-
tion en cherchant s'il existait un personnage de
de ce nom à l'époque où le Boccace fut copié
(1458, d'après la note manuscrite du copiste).
M. Durrieu n'eut pas à chercher longtemps : il
n'eut (ju'ù ouvrir Vllisloire de Charles VII du
marquis de Beaucourt, pour se rendre compte
qu'il exista en effet un maitre Laurens Gyrard ou
(jirard, notaire et secrétaire du roi, et contrôleur
de la recelte générale des finances depuis 14')3.
" Ces constations ne modifient évidemment en
rien le jugement que nous devons porter sur le
mérite de Jean Foucquet », dit en terminant
M. P. Durrieu. Il est vrai; mais elles changent
du tout au tout le rôle prépondérant qu'on attri-
buait à Etienne Chevalier dans la biographie de
l'artiste tourangeau, et — Imit en reconnaissant
que le propriétaire des célèbres Heures a été
simplement l'un des clients et non plus le mécène
de l'artiste, — on est maintenant amené à croire
que d'autres personnages, comme ce Laurens
(Jyrard, dont la personnalité vient si inopiné-
ment de s'introduire dans le débat, ont pu faire
pour Foucquet tout autant qu'Etienne Chevalier.
C'est ce qui fait le prix de la découverte de
M. Paul Durrieu, déjà connue du monde savant
depuis plusieurs mois, par une communication à
l'Académie des inscriptions qui a été ici résumée
en son temps, mais sur laquelle la récente publi-
cation des Anliiiuités judaïques nous a donné l'oc-
casion de revenir avec plus de détails, g jj
Le Gérant : H. Denis.
l'ini. — Itapi UeorKet Peut, \t, ni« u<><loi-<fe-Haurai,
Numéro 367.
Samedi 18 Janvier 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Musées payants
Nous sommes bien obligé de reprendre le
sujet : de tous côtés, des lettres nous arrivent, les
unes hostiles, la plupart favorables au maintien
de la gratuité, mais toutes, en somme, ne se
préoccupant que du Louvre.
Et, au fond, c'est là toute la question ; per-
sonne ne s'indigne sérieusement à la pensée de
payer pour entrer au musée Victor-Hugo ou au
musée Cernuschi. Et si la Ville de Paris, qui,
d'ailleurs, ne compte établir le tourniquet qu'« à
titre d'essai », s'aperçoit plus tard que les frais de
perception ont mangé le plus gros des recettes,
il sera toujours temps de revenir à l'ancien sys-
tème; une décision du Conseil municipal, et tout
sera dit.
Pour les musées de province, c'est mieux en-
core : tout le monde serait enchanté à l'idée
de l'établissement d'un droit d'entrée régulier.
Ne faut-il pas, chaque fois qu'on traverse une
ville, faire appel- à la complaisance d'un portier
pour pénétrer dans le musée ? Au lieu d'un
pourboire, qui n'a, on réalité, rien de facultatif,
ce sera une taxe qu'on paiera. Le mot seul sera
changé; personne ne s'en plaindra.
C'est donc surtout à propos des musées natio-
naux et presque exclusivement à propos du
Louvre et du Luxembourg, que se pose vrai-
ment la question.
Ici, parmi les partisans du droit d'entrée, il
convient de laisser de côté tout d'abord ceux qui
le voudraient quotidien; il ne sont qu'une infime
minorité. Tous, ou à peu près tous, admettent
le système mixte, avec plusieurs jours gratuits
parsemaine,et de nombreuses cartes permanentes
largement distribuées aux artistes, aux ouvriers
d'art, aux élèves des écoles, aux critiques d'art,
en un mot, — ne perdons pas la chose de vue, — à
tout ce qui est le public habituel des musées.
Ce n'est pas nous qui protesterons contre ces
cartes gratuites; sans elles le droit d'entrée sou-
lèverait un toile formidable; elles seraient en
quelque sorte sa rançon.
Mais alors"? Pensez-vous que les personnes qui
n'auront pu obtenir d'être inscrites sur la liste
de la multitude des privilégiés s'amuseront à
choisir les jours payants pour faire leur prome-
nade au Louvre '.'
Et les frais de perception ? A-t-on réfléchi que
seul le ministère des Finances a qualité pour
établir les tourniquets, et que, seuls, ses agents
pourront recevoir nos pièces de vingt sous ? Et
voyez-vous, avec le nombre des entrées du
Louvre, celui des agents à installer? Rien que de
ce fait, il y aurait, chaque année, une jolie
somme à déduire du total des recettes !
Un dernier mot. On nous cite toujours l'exemple
de l'étranger.
Mais a-t-on vraiment le droit de le citer?
Ouvrons le livre très documenté où M. Henry La-
pauze, défenseur du système mixte, a mis sous
nos yeux tous les renseignements (1).
Sauf en Italie, ou il est entenduque levoyageur
est une des principales sources du revenu natio-
nal, nous voyons qu'à peu près partout l'entrée
est libre dans les grands musées: à Londres, les
jours d'entrée payante, à la National Gallery, ne
sont plus que de deux par semaine, avec un prix
modeste de 60 centimes seulement (il s'agit des
jours réservés au travail des copistes), tandis
qu'au British Muséum l'entrée est gratuite ; à
Bruxelles également, à Amsterdam, à La Haye,
à Berlin, à Munich, à Vienne, à Saint-Péters-
bourg, à Madrid, l'entrée des musées d'État est
gratuite tous les jours.
A dessein nous avons laissé de côté ce qu'on
est convenu d'appeler la question de sentiment ;
elle a pourtant sa valeur.
Mais on aura tout loisir de reprendre les divers
arguments quand viendra en discussion, devant
(1) Le droit d'entrée dans les musées. Paris, 1902.
18
LE BULLETIN DE L'ART
la Chambre des députés, la proposition de loi
déposée par M. Engerand.
Il n'était pas superflu, en attendant, d'avoir
tout au moins posé les diverses questions.
Nous aurions toujours eu quelque peine à ima-
giner une Chambre française se décidante mettre
des tourniquets à l'entrée du Louvre ; nos hono-
rables seront encore moins portés à prendre une
telle décision, quand ils comprendront non seu-
lement que ce serait aller à rencontre de ce
qui se fait dans toutes les capitales d'Europe, à
l'exception de l'Italie, mais que les bénéfices
matériels de la mesure risqueraient, tous comptes
faits, de n'aboutir'qu'à un rendement sans réelle
importance.
Stéphane.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Légion d'honneur. — Sur la proposition du mi-
nistre des Aflaires étrangères, sont promus ou nom-
més, à titre étranger, dans l'ordre de la Légion
d'honneur :
Grand officier : M. le baron de Vinck, Belge, mi-
nistre plénipotentiaire (collectionneur réputé, M. le
baron de Vinck a enrichi notre Cabinet des estampes
de dons très importants et du plus haut intérêt);
Commandeurs : MM.Bernstamm, Russe, sculpteur; le
comte 1. de Camondo, Italien, compositeur de musique.
Chevaliers : MM. de Rassonyi, Hongrois, artiste
peintre; Miller, Américain, artiste peintre.
Académie des beaux-arts (séance du 11 janvier).
— L'Académie des beaux-arts a rendu son jugement
sur le concours pour le prix Achille Leclère (architec-
ture), dont le sujet était : « Une grande salle de ban-
quet attenante aux salons de réception du palais de
la Présidence d'un grand État et assez vaste pour
contenir deux cents convives ». Elle a admis au con-
cours définitif les esquisses portant les numéros 10,
12, 18,21, 22, 23 et 27. Le jugement définitif de ce
concours aura lieu le samedi 14 mars.
— L'Académie a ensuite proposé pour sujet du con-
cours Roux (peinture) : la Chnrilé.
— Dans sa prochaine séance, l'Académie s'occupera
de la formation de la liste des jurés qui seront adjoints
aux membres de ses diverses sections pour juger les
concours de Rome.
Société de l'histoire de l'art français (séance
du 10 janvier). — M. Fontaine communique des
observations sur des portraits de Mignard, dont il
rectifie la date et discute la provenance.
— M. Emile Dacier donne lecture d'une étude sur
une Descriplion de Paris, de Piganiol de La Force
(édition de 1742, en 8 vol. in 12), qui vient d'entrer
dans la collection Jacques Doucet : ces volumes sont
annotés et illustrés dans les marges et sur les gardes
de croquis de Gabriel de Samt-Aubin, exécutés entre
mO et 1779 et dont plusieurs sont signés et datés.
M. Doucet ayant bien voulu prêter ses précieux
volumes, les membres de la Société de l'histoire de
l'art ont pu avoir sous les yeux les dessins de Saint-
Aubin pendant la communication de M. E. Dacier.
— M. E. Mareuse présente une reproduction d'un
pastel de La Tour, un l'orliail de Mme de Charrière
(Belle de Zuylen) et propose d'identifier avec ce pastel,
une préparation anonyme du musée de Saint-Quentin.
— M. P. Marmottan communique des documents
d'archives sur le sculpteur Chaudet et le miniaturiste
Isabey.
Société d'Art français. — Cette association a été
fondée sous la présidence de M.lLd'Ardenne deTizac,
conservateur du musée Cernuschi, «pour montrer la
permanence de notre tradition artistique par des ex-
positions d'art ancien et moderne ». La première aura
lieu au Cercle de lu Librairie, 117, boulevard Saint-
Germain, du 3 au 23 février 1908, avec la participa-
tion de P. Briaudeau, Boudot-Lamotte, E. Bourdelle,
Simon Bussy, P. Deltombe, Henri Grosjean, Charles
Guérin, Tristan Klingsor, C. Lacoste, Laprade, Le
Beau, J. Martin, Ottmann, G. Prunier, G. Robby,
Emile Roustan, L. Sue, etc. Une section spéciale, ré-
servée à Constantin Guys, sera composée d'oeuvres
empruntées à plusieurs des collections particulières
de Paris.
La Société se propose de former un comité spécial
composé de collectionneurs et d'amis de l'art français,
chargé de l'organisation d'expositions rétrospectives,
qui seront consacrées à nos maîtres anciens et on
particulier à ceux du xviu* siècle.
Musée du Louvre. — MM. Ileuzey, conservateur
du département des antiquités orientales et de la céra-
mique antique ; Pierret, conservateur du déparlement
des antiquités égyptiennes, et Revillout, conservateur
adjoint du même département, étant admis à la
retraite, sont nommés :
Conservateur des antiquités orient.ales et de la
céramique antique, M. Ledrain, conservateur adjoint
de ce département ;
Conservateur adjoint des antiquités orientales,
M. Thureau-Dangin, attaché à la conservation du
musée du Louvre ;
Conservateur adjoint des antiquités grecques et
romames, M. de lUdder, professeur à la Faculté des
Lettres de l'Université d'Aix.
M. Potticr, membre de l'Institut, conservateur adjoint
des antiquités orientales et de la céramique antique,
est chargé spécialement de la céramique antique et
des monuments figurés du département oriental, et
nommé professeur à l'École du Louvre en remplace-
ment de M. Ileuzey.
ANCIEN ET MODERNE
49
Au Petit Palais. — M. le sous-secrétaire d'État
aux Beaux-Arts vient de faire attribuer à la ville de
Paris qui accepte, à titre de dépôt, pour être placé
au Petit Palais, le tableau d'Edouard Détaille, les Vic-
times du devoir, appartenant au musée du Luxem-
bourg.
Une nouvelle société [de graveurs. — Un cer-
tain nombre d'aquafortistes et de graveurs sur bois
viennent de se réunir en Société artistique, sur l'ini-
tiative de M. Edouard André.
Cette Société, qui prend le nom de la « Société in-
ternationale de la gravure originale en noir », se
propose d'organiser des expositions à Paris et dans
les principaux centres d'art, à New- York, à Berlin,
à Venise. La première de ces expositions aura lieu à
Paris, en mars prociiain.
En Allemagne. — La société allemande de gra-
vure « Graphischc Gesellschaft », qui a repris le
programme de l'ancienne Société internationale de
Chalcographie et a pour objet de publier en fac-
similé des ouvrages précieux devenus rares, vient
d'entrer dans sa deuxième année. Elle va offrir à
ses membres un volume reproduisant en vingt-cinq
planches, par la phototypie et l'héliotypie en cou-
leurs, trois des plus anciens livres allemands à illus-
trations, avec un texte critique de M. Paul Kristeller.
Elle prépare, en outre, un album d'après les gravures
et les dessins du maître vénitien Giulio Campagnola.
Les inscriptions comme membre de la société sont
reçues à la librairie Bruno Cassira, 16, Derfflinger
Strasse, à Berlin.
Les tapisseries de l'ambassade d'Angleterre.
— Sir Francis Bertie, ambassadeur d'Angleterre, avait
confié à la manufacture des Gobelins, pour qu'elle les
restaurât, cinq tapisseries anciennes destinées à la
décoration des grands salons du rez-de-chaussée de
l'hôtel de l'ambassade, qui est, on le sait, l'ancien
hôtel Borghèse.
Ces- tapisseries sont, en panneaux de sept mètres,
la Pêche, la Ferme, les Fumeurs, la Marchande de
légumes et la Marchande de poissons, d'après les
cartons de vieux maîtres flamands.
Leur restauration était extrêmement délicate, mais
nos artistes des Gobelins l'ont exécutée avec leur
habileté coutumière, c'est-à-dire qu'il est maintenant
impossible de discerner quelles sont les parties an-
ciennes et les parties retouchées de ces admirables
pièces.
A Berlini — Parmi les nombreuses acquisitions
faites pendant l'année 1906-1907, par le Kaiser-Frie-
drich-Museum, on peut citer : plusieurs statues de
bois, autrefois peintes, d'art allemand des xv et
xvr siècles ; les portes d'un sépulcre de marbre de
l'école de Pise, antérieure à Giovanni Pisano ; plu-
sieurs sculptures qui sont venues compléter la collec-
tion d'œuvres de l'école de Donatello et des Robbia;
un grand stuc représentant une Madone dans la ma-
nière de Jacopo délia Quercia ; un grand bas-relief
de la Crucifixion ; parmi les bronzes, un petit buste
de saint, ou mieux de prophète, du début du quattro-
cento, attribué par M. Bode à Brunelleschi lui-même;
une splendide statuette d'Hercule, en bronze, par
Antonio Pollaiuolo (don A. Beit) ; un bas-relief de
bronze, une Madone sous une arcature, œuvre d'un
élève de Donatello (provient de la collection Hainauer) ;
plusieurs primitifs siennois (Ugolino da Siena, An-
dréa Vanni), et florentins (Bernardo Daddi, Bicci di
Lorenzo); parmi les maîtres du quattrocento, une pré-
delle attribuée à Francesco di Giorgio, une petite
Crucifixion de Pesellino; pour les Vénitiens, la Pré-
paration du sépulcre, par Carpaccio, de nouvelles
toiles de Guardi et de Canaletto, et surtout une excel-
lente petite esquisse de G. B. Tiepolo pour son Cal-
vaire de Saut' Alvise à Venise ; des œuvres nouvelles
de Rembrandt, Rubens, Velazquez, Zurbaran, Murillo,
A. Pesne, Gainsborough, Reynolds, Brouwer, Metsu,
etc., sont aussi entrées au musée. M. Bode a donné
une Pielà de Hans Baldung Grien; enfin le musée a
acquis récemment une Crucifixion de Conrad Witz.
Nécrologie. — On annonce le décès, à l'âge de
76 ans, de M. Camille Groult, dont les collections de
tableaux de l'école anglaise et de l'école française du
xviii' siècle comptent parmi les plus riches du monde
entier : ce qu'il a entassé de Watteau et de Lancret,
de La Tour et de Perronneau, de Gainsborough, de
Lawrence, de Reynolds, de Turner, dans son hôtel de
l'avenue Malakofl', représente, aux chiflres actuels de
la curiosité, une somme colossale, et ce qui augmen-
tait encore le prix de ces collections merveilleuses,
c'est qu'elles étaient peu connues. M. Groult, en elîet,
ne consentait que très rarement à prêter ses chefs-
d'œuvre aux expositions et n'admettait à les admirer
que de rares privilégiés. Il passait pour original et
brusque (plusieurs de ses boutades sont célèbres),
parce qu'il était jaloux de ses trésors et qu'il les
aimait avec une passion qui ne souffrait point de
partage. Et l'on a pu dire de cette curieuse figure
d'amateur qui vient de disparaître, que M. Groult
« restera comme le type le plus merveilleux, le plus
complet de cet être bizarre, tyrannique, candide et
courroucé, susceptible, tenace et tendre, qu'on appelle
un collectionneur ».
En apprenant la mort de M. Groult, on s'est demandé
aussitôt avec inquiétude si sa splendide collection
n'allait pas être dispersée. Mais on assure dès main-
tenant que M"' Groult, qui fut la compagne des
pensées de son mari, conservera tels qu'elle les a
reçus de ses mains l'hôtel de l'avenue de Malakoff et
ses merveilles. D'ailleurs, rien n'a été légué à aucun
musée, pour que la collection demeure intacte dans
la famille.
20
LE BULLETIN DE L'ART
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Berlin. — Vente Fritz Clemm (objets
d'art ancien, tableaux anciens et modernes).
— Sauf une Yente après décès qui a eu lieu celte
semaine dans un hôtel particulier de la rue
Alfred-de-Vigny et qui se recommandait par
quelques tapisseries du xviii" siècle, il n'y a
rien encore à mentionner d'intéressant dans le
monde de l'Hôtel des ventes. Toutefois, la trêve
annuelle touche à sa fin et les vacations ne vont
pas tarder à reprendre.
Profitons de nos derniers loisirs pour dire
quelques mots d'une importante vente d'objets
d'art faite à Berlin, dans la première semaine
de décembre, par M. Uudolph Lepké, et dont la
nécessité de rendre compte des grandes ventes
faites eu décembre à l'Hôtel Drouot et à la
Galerie Georges Petit nous avait empêché de
parler à son heure.
Composée en grande partie de porcelaines de
Berlin, de Meissen et de Sèvres, d'un assez grand
nombre de bibelots anciens, de quelques tableaux
de toutes époques et de toutes écoles, cette
vente a réalisé un total de 350.000 francs. C'est
parmi les porcelaines de Meissen qu'il faut
chercher les plus hauts prix : 18.820 fr. pour
une suite de cinq vases et deux flûtes du milieu
du xviii" siècle (n° 73) et 10.250 fr. pour deux
centaures de la même époque (n"' 89-90). On
notera aussi les 7.S60 fr. d'une statuette d'Empe-
reur romain, par Puget (n" 25S) ; et, parmi les
tableaux, les prix obtenus par les œuvres de
J. Wynants et de \V. van Aelst pour les anciens,
d'Heniier et de Lenbach pour les modernes.
PRINCIPAUX PRIX (en francs'.
l'orcelaines de Berlin. — 10. Service a café, huit
pièces piriformes, décor genre Watteau (vers 1765);
ces pièces ont été offertes par Frédéric le Grand au
général et poète de La Motte-Fouqué, 6.450 fr.
l'orcelaines île Meissen. — 44. Jeu d'échecs guerrier,
40 figures chinoises bleues et rouges, xviii" siècle,
6.250 fr. — 47-48. Deux salières, formes vases rococo,
avec figurines de l'Été et de l'Hiver, milieu du xviii'
siècle, 3.000 fr. — 51. Clochette de table et son pla-
teau carré, vers 1730, 3.750 fr. — 56. Cruche à cou-
vercle et pied d'argent doré, fond bleu semé d'oiseaux,
avec paysage de marine, dans un médaillon, sur la
panse, vers .1735, 3.100 fr.
63-64. Deux vases flûtes, bord entonnoir ; et 65.
Vase à couvercle, panse ovale ; tous trois décor
indien, vers 1725, ensemble 6.200 fr. — 69. Service à
thé et à café, dix-sept pièces, scènes chinoises,
3.500 fr. — 70. Tabatière, forme boite à couvercle,
monture or, médaillons, 1.250 fr. — 73. Groupe
la Guerre, femme assise tenant des attributs guer-
riers, partie du groupe allégorique, à l'Union du
Danemark et de la Norvège de J.-J. Kicndier (1767),
6.275 fr. — 74. Quatre gobelets dorés et ornés de
scènes chinoises, 3.375 fr. — 75. Suite de cinq grands
vases et deux (lûtes, scènes chinoises, milieu du
XVIII' siècle, 18.820 fr. — 78. Soupière à couvercle et
plateau, décor fond or et médaillons fond blanc,
paysages et figures en coul., vers 1740, 5.000 fr.
79. Service à thé et à café, dix-huit pièces, pein-
tures or gravé, sujets de chasse, 5.435 fr. — 89-90.
Centaures à demi accroupis, portant un Amour sur
leur dos, milieu du xviii' siècle, 10.250 fr.
l'orcelaines de Vince7ines, de Sèvres el diverses, —
122. Une seule assiette plate du service de lord
Southampton, marli vert à réserves, motifs Heurs, etc.,
535 fr. — 128. Une autre, du service de M"' de Lam-
balle, fond blanc, monogramme C. L. (C en or et
L en guirlande de roses); au marli, trois médaillons,
paysages en coul., et trois plus petits à la sépia, à
rehauts d'or, 1786, 625 fr.
Il nous faut passer sur les coquetiers à 67a fr.
la paire (n" f29-l.'50) ; sur les services à thé à
1.760 fr., 2.000 et 3.7o0 fr. (n" 147) et même à
4.375 fr. (n" ISl); sur des tasses et soucoupe
variant entre .300 et 1.200 fr. la pièce (le n" 139,
1.155 fr.) ; quelque intéressantes que soient ces
enchères, il faut se borner à n'en citer que quel-
ques-unes, faute de la place nécessaire pour les
ci ter toutes, car toutes mériteraientd'être relevées:
en effet, les prix atteints par une seule de ces
assiettes ou un de ces services à thé en porce-
laine de Sèvres, sont proportionnellement tout
aussi curieux à retenir, étant donnné leur objet,
que de grosses enchères obtenues par des pein-
tures, des meubles, des tapisseries, auxquels on
est tenté d'accorder plus d'attention et de place.
Il en est de môme pour les objets de vitrine,
assez nombreux ici, et dont voici les seules en-
chères au-dessus de 1 .000 francs.
ANCIEN ET MODERNE
21
168. Éventail monture nacre, figures genre W'atteau,
décor recto et verso, i.OOO fr. — 172. Flacon aplati,
ornements or en relief ; au goulot inscription : Gn(ie
de mon amour ; bouchon et chaînette d'or, France,
XVIII* siècle, 1.020 fr. — 173. Miniature ivoire. Por-
trail de dame assise, robe décolletée et chapeau à
plumes, cadre argent doré, France, xviii* s., 1.280 fr.
— 176. Boite octogonale, décor or den.K tons; sur le
couvercle, miniature : l'Amour conduit par lu Folie ;
France, ép. Louis XVI, 2.323 fr. — 177. Portrait-
médaille en pierre de lielheim, buste du prince Othon
Henri du Palatinat, 3.750 fr. — 178. Boite ronde,
écaille verte, monture d'or, portrait de jeune fille en
miniature, France, 1800, 1.263 fr. — 179. Tabatière
ovale, or émaillé fond bleu, France, .wiii' s., 2.400 fr.
— 180. Éventail de dentelle, monture nacre et or,
France, .xviii" s., 3.065 fr.
Le plus beau prix, parmi les porcelaines de
diverses provenances, a été celui de b.OOO fr.,
atteint par le n° 193, service à café, huit pièces,
fond blanc à Heurs et scène Watteau, rehaut
d'or, Vienne (1760-1770).
La vente comprenait aussi quelques tableaux
anciens et modernes, très mélangés, parmi les-
quels on peut citer :
223. Fr. von Lenbach. La Danseuse Saharel, 3.623 fr.
— 235. Ileem de Jan Dawidsz. Fi-uits, 4.300 fr. —
240. J. Fyt. Gibier mort, 5.000 fr. — 243. J.-J Ilenner.
Portrait de jeune fille, 5.873 fr. — 243. G. Netscher.
Portrait de dame, 6.123 fr. — 246. J. Wynants.
Paysage, 8.000 fr. — 247. Van Aelst. Nature morte,
8,300 fr.
Une seule enchère à retenir parmi les objets
d'ameublement, celle du n" 235 : Empereur
romain, statuette bronze do Pierre Puget, patine
brune (prov. de la coll. Hainauer), 7.360 fr.
M. N.
<tSJl <tiA rt*A rtïA <\t* eXtX «tiA ttlJL <tlA CtiJk <\LX rtiA rtiA ftiA
EXPOSITIONS ET CONCOURS
« Quelques » (Galerie des Artistes modernes).
— Pourquoi ce barbarisme initial, qui ne désigne
môme pas le sexe des exposantes? Elles sont
vingt-huit, avec cent douze envois. Aussi bien
ces « quelques » ne sont pas quelconques ; et,
sauf M"= Delasalle, inscrite parmi les sociétaires,
mais absente, on voit ici les meilleures de nos
femmes artistes : prolongement et complément
de l'exposition voisine de la rue de Sèze, puisque
les expositions ne deviennent pas seulement
périodiques comme les saisons, mais concur-
rentes comme toutes les entreprises de ce temps !
On retrouve, rue Caumartin, M"»» Geneviève
Granger, Lisbeth Delvolvé-Carrière, Jeanne Du-
ranton, Florence Esté, qui japonise la Bretagne,
et Louise Desbordes-Jouas, avec un Soir mysté-
rieux, où le vol des papillons met un premier
plan de fleurs ailées ; on note avec plaisir la
présence de Mme Grespel, la styliste, et de M"« Ger-
maine Druon, dont les intérieurs sont de petits
musées. Près des tentures de M"" Ory-Robin,
élevant la ficelle à la dignité de l'art, et parmi
les étrangères, encore plus nettement partagées
que les Françaises entre le rêve de la lumière et
le mystère de l'ombre, M"= Béatrice How ivhistté-
rise avec goût. Moins radicalement que M^^ Stet-
tler, M™« Galtier-Boissière reste fidèle au ton
local en ses intérieurs ensoleillés par la porte
ouverte sur la pelouse : intérieurs d'artiste, où
les cadres se découpent selon la tradition des
Hollandais; Mm» Chauchet-Guilleré voit l'enfance
avec les yeux de l'impressionnisme ; M""" Cazin
s'en tient à la grisaille. Enfin, l'antithèse con-
temporaine, entre l'ombre qui se recueille et la
clarté qui s'exalte, oppose expressivement aux
blondes vues de Venise de M"" Dufau l'admi-
rable Portrait de femme en brun qui dévoile chez
M"» Olga de Boznanska, fort en progrès, une
observation pénétrante très rare chez la femme,
même artiste.-
Jacques Drésa (Office artistique, 10, rue de
la Pépinière). — Aristocratique ami du siècle
poudré, M. de Concourt, qui se plaisait à décou-
vrir l'illustrateur d'un roman, se serait arrêté
devant ces brèves, mais vives illustrations, leste-
ment aquarellées en marge du Voyage sentimental
de Sterne : sentimental et satirique aussi, ce
voyage associait curieusement l'humour anglais
au Paris de Voltaire et de Walpole ; et sans vou-
loir rivaliser de sveltesse puriste avec les san-
guines de Portail ou les sépias de Gabriel de
de Saint-Aubin, les jolis zigzags d'encre et de
couleur de ces claires petites fantaisies, conçues
cent quarante ans après la publication du livre,
dénotent sans prétention l'esprit le plus fran-
çais chez un lettré, frère d'un peintre plus
mélancolique et peintre lui-môme à ses heures,
dont le pseudonyme avait, depuis deux sai-
sons, intrigué la sympathie des connaisseurs au
Salon d'automne.
P. -S. — Avec quelques brillants morceaux de
peinture et plusieurs beaux bustes dans un
22
LE BULLETIN DE L'ART
ensemble très honorable, l'exposition du Cercle
Volney vient de s'ouvrir : nous en parlerons dans
le prochain Bulletin.
Raymond Bouyek.
La Collection Audéoud (à la Bibliothèque
nationale, grand vestibule de l'administration).
— M. Audéoud, qui mourait en Egypte il y a
quelques mois, a choisi le musée du Louvre pour
légataire universel, à charge pour lui de partager
les collections d'objets d'art du testateur entre
divers établissements, comme Sèvres, qui a reçu
les faïences, verreries, porcelaines, etc., et
comme la Bibliothèque nationale, qui s'enrichira
des livres d'art et d'une certaine quantité de
livres de travail; le Louvre gardera l'argent, et,
dans l'état actuel de l'estimation, la somme n'at-
teint pas à moins de huit millions.
M. Audéoud était surtout un amateur de livres
modernes; il recevait, en exemplaires de choix,
les plus belles publications de nos éditeurs d'art
et les faisait revêtir de somptueuses parures par
les maîtres de la reliure. Mais il lui répugnait de
penser que tant de richesses seraient dispersées
après sa mort et, en d 898, il avait spécifié, par une
disposition spéciale, une donation à la Biblio-
thèque nationale de près de deux cents de ses
plus beaux livres, dont il avait dressé lui-même
la liste.
En attendant qu'elle reçoive prochainement
les nombreux et très importants « similaires »,
qui lui sont attribués par le testament, la Biblio-
thèque nationale vient de se voir envoyer en
possession des deux cents chefs-d'œuvre de
l'édition et de la reliure modernes, qui lui
avaient été spécialement réservés par le généreux
amateur; et M. l'aul Marchai, conservateur du
département des Imprimés, a eu la bonne pensée
de réunir, dans le grand vestibule de l'adminis-
tration, les plus précieux de ces ouvrages — le
« dessus du panier » d'une sélection, — et de
convier les amis des livres à les venir admirer.
Une vitrine présente quelques spécimens
d'illustrations de ces exemplaires d'amateur : on
y voit un Saint Julien l'Hospitalier de Flaubert,
avec une aquarelle originale de Luc-Olivier
Merson ; — une édition in-i° (1890) de Germinie
Laccrtcux, l'exemplaire môme des Concourt,
avec, sur le plat, le portrait des deux auteurs
par Carrière ; — Un Cœur simple, de Flaubert,
ouvert sur une aquarelle originale d'Emile
Âdan ; — le Voyage sentimental, sur une autre
de Maurice Leloir ; — Flirt, de Paul Hervieu, sur
une aquarelle de Madeleine Leraaire; — la Lé-
r/ende dorée, sur un dessin de Lunois ; — la Ten-
tation de saint Antoine, sur une aquarelle de
Rochegrosse, etc.
Dans cinq autres vitrines, ou a réuni quelques-
unes des plus belles reliures signées Cuzin,
Ruban, Mercier, et surtout Marius Michel : les
filets, les mosaïques, les ciselures — celles de
Lepère pour les Paysages parisiens et le Cantique
des cantiques, serties dans des décors de Marius
Michel, sont de tout premier ordre, — toutes les
manières du maître sont ici représentées, et
toutes sont d'une qualité qui fait de ces reliures
les types les mieux appropriés à leur destination.
Car la Bibliothèque nationale, si elle possède des
spécimens excellents de la reliure à toutes les
époques, se trouve, faute d'argent, assez empê-
chée de continuer ces collections et de faire
place, dans ses vitrines, aux maîtres relieurs
d'aujourd'hui.
Certains amateurs se sont préoccupés de
cette lacune : M. H. Beraldi, en particulier, avait
commencé par des dons successifs la formation
d'un fonds de reliures modernes qu'il serait
souhaitable de voir s'enrichir par des générosités
analogues. Aujourd'hui, le legs Audéoud vient
d'un seul coup apporter une contribution de
première importance, tant pour la qualité des
œuvres que pour les noms dont elles sont signées,
aux collections de la rue de Richelieu ; et c'est
ce qui fait l'intérêt particulier et la valeur de
cette donation.
E. D.
u; i^^MJ ^vvév ^ii^y ^iiikJ ^cè^ 'ikJ^J
CORRESPONDANCE DE HOLLANDE
A propos de l'achat de la collection Six.
A propos de l'achat de la collection Six van
Vromade pour le Musée national d'Amsterdam (1 ),
M. J. Veth, le peintre bien connu, défend, dans
De Gids (n» de décembre), la résolution du gou-
vernement, approuvée par le Parlement hollan-
dais, de contribuer à cet achat pour un million
de francs (plus de bOO.OOO llorins) ; on sait que
le reste (400.000 francs) de la somme énorme
demandée pour les trente-neufs tableaux (dont
(i) Voir les n" 356 et 365 du Bulletin,aux «Échos»,
ANCIEN ET MODERNE
23
la LailUre de Vermeer) a été fourni par l'Asso-
ciation Rembrandt. M. Veth proteste contre l'aflir-
mation de M. Lugt, qui a écrit une broctiure pour
prouver que l'estimation des tableaux, acceptée
par l'État, était trop élevée et que la fameuse
Laitière, qui était la raison d'être de l'acliat,
n'avait pas, dans l'œuvre de Vermeer, l'impor-
tance qu'on lui attribuait; et il cite l'estimation,
en sens contraire, faite par M. Bredius.
Il réfute également le raisonnement de deux
socialistes, MM. Roland Holst et Trœlstra, qui
sont d'avis qu'au lieu de dépenser des sommes
énormes pour garder dans le pays des œuvres
du vieil art national, on ferait mieux d'acheter
pour les musées de l'État des œuvres de tous les
temps et de tous les pays. M. Veth n'a pas de
peine à répondre que la Hollande n'a pas de
ressources suflisantes pour fonder un musée
d'art international capable de rivaliser avec ceux
de l'étranger et qu'en outre les œuvres d'art
gagnent à ôtre vues dans le pays qui les a mises
au jour.
M. Veth reconnaît que la façon dont les héri-
tiers Six van Vromade ont rattaché au tableau
de Vermeer des tableaux souvent secondaires,
au nombre de trente-huit, obligeant l'État à
faire l'achat en bloc ou à laisser passer à l'é-
tranger une œuvre très célèbre, a causé des
diflicultés. On a proposé d'envoyer dans des
musées de province quelques-uns des tableaux
secondaires de la collection Six. M. Veth expose
pour quelles raisons ces tableaux ainsi achetés
doivent entrer au musée d'Amsterdam, mais il
voudrait qu'on envoyât, pour faire ;de la place,
dans les musées de province, des tableaux de
valeur secondaire que le musée possède depuis
longtemps. Le musée est trop riche, ou plutôt
encombré.
Enlin, M. Veth se réjouit de ce que le gouver-
nement et le Parlement aient enfin décidé de
faire une dépense considérable pour l'art. Les
dépenses pour la science, pour des laboratoires,
pourl'enseignement technique, sontcontinuelles,
ainsi que celles pour l'armée et la marine, qui
sont d'utilité douteuse pour un petit pays. Le
maintien des traditions d'art est tout aussi néces-
saire pour un peuple que celui des traditions
scientifiques.
G. HUET.
T^ rîi3 r^ TÏXJ
NOTES & DOCUMENTS
Un portrait du musée Rath
et la pseudo « Fornarina » des Offices.
Les lecteurs du B«//e«m se rappellent peut-être
que nous nous étions promis (1) d'aller à Buda-
pest pour y voir, entre autres choses, un portrait
de femme, flagrante imitation de la pseudo
Fornarina des Offices. Nous avons fini par y aller,
en effet, non pas uniquement pour cela, ayant
aussi en vue l'examen de deux ouvrages que
nous connaissions par la photographie et sur
lesquels, par parenthèse, nous aurons quelque
chose de nouveau à dire. Il s'agit de Raphaël et
de .\Iemling. Gomme il arrive toujours, nous
avons trouvé l'occasion de faire des remarques
sur quelques ouvrages auxquels nous ne songions
pas. Mais, pour aujourd'hui, occupons-nous uni-
quement de la question de la Fornarina et de
Sébastien del Piombo.
Le portrait de femme du musée Rath n'est
pas un de ceux qui nous avaient été signalés par
des « morellistes » très savants comme prouvant
irrécusablement que la Fornarina des Offices
élait un Sébastien del Piombo. Après l'avoir
étudié, nous n'avons donc pas le droit de triom-
pher, si tant est qu'il soit jamais séant de
triompher trop haut, c'est-à-dire de rabaisser
quelque peu ceux qui ont émis l'opinion opposée,
à propos de questions délicates, capables d'in-
duire en erreur, à tour de rôle, chacun de nous.
Il nous sera néanmoins permis de dire que ce
portrait se rapproche delà Fornarina plus qu'au-
cun de ceux que nous avons vus, plus que le
portrait de la galerie de Richmond que nous
avons signalé. C'est une œuvre difficile à classer.
Certains ont cru y voir un l'aima le Vieux, mais
aucun Palma n'a eu le droit de rêver seulement
une telle réussite ; d'autres ont pensé à Gior-
gione, mais l'œuvre n'a pas autant de fermeté,
et elle a plus d'élégance que celles de ce maître.
Nous croyons, avec plusieurs historiens d'art,
que c'est un très beau Sébastien del Piombo,
dont le modelé est beaucoup plus soigné que
celui de la Dorothée de Berlin, et où l'on trouve
des finesses de ton, des délicatesses d'exécution,
surtout dans les linges et les étoffes de soie, qui
existent, mais non pas à ce degré, dans le tableau
de Berlin.
(1) liullelin de l'Art, 13 juiliet 1907.
24
LE BULLETIN DE L'ART
Mais, après mûr examen, c'est d'un art lout
différent de celui de la pseudo-Fornarina. La
grâce, la souplesse, la délicatesse, un dessin
sage, un modelé délicat et juste, c'est déjà beau-
coup. Mais la pseudo-Focnarina offre bien autre
chose, les qualités de Raphaël : le charme, sans
doute, mais uni à la force; la délicatesse du
modelé, certainement, mais unie à la solidité.
Ce n'est pas encore cette peinture, en apparence
si proche de la paeudo-Fornarina, qui permettra
d'attribuer légitimement ce dernier ouvrage à
Sébastien del Piombo.
E. DuBAND-GRliviLLE.
(A suivre.)
LES REVUES
Franck
Les Arts (décembre). — Le numéro est entière-
ment consacré à une étude de M. Paul VrrRY sur les
sculptures qui composent une importante partie de
la Collection Gustave Dreyfus : reproductions de
bustes et bas-reliefs par Mino de Fiesole, Desiderio
da Settignano, Verrocchio, Luca et Andréa délia
Robbia, Donatello, Antonio Rossellino, etc.; de sculp-
tures anonymes vénitiennes, florentines, milanaises,
flamandes et françaises du xvi" siècle.
Revue lorraine illustrée (octobre-décembre). —
Suite de l'étude de M. Pierre Boyé sur les Châteaux
du roi Stanislas : l'article est consacré aux résidences
de Chanteheux, Jolivet et Einville.
— Un Graveur sur bois : l'.-E. Colin, par Gaston
Vaken.ne. — La Revue a souvent eu l'occasion, notam-
ment lors de l'exposition de la gravure sur bois (1901)
et des Salons annuels, de parler de ce rare tailleur
d'images, l'un de ceux qui savent le mieux concilier,
dans l'illustration du livre, le respect de la tradition
avec sa propre personnalité; l'un des plus intéressants
par sa technique souple, puissante et variée, qui se
dégage de plus en plus des obscurités et des tâtonne-
ments de naguère et arrive à une intensité d'expres-
sion qu'on ne saurait trop remarquer par ces temps
où l'on assiste à l'agonie du vieux bois.
— Suite et fin des études de M. Alexandre Maiitin
sur le Vieux Bar.
L'Art et les artistes (janvier). — Vittore Car-
puccio, par Henry Maeicel. — C'est un de ces rares
artistes « chez lesquels les sujets de sainteté n'appa-
raissent guère que comme des prétextes à retracer
leur cadre d'existence avec tous ses attraits de pitto-
resque i> : sou oeuvre est un tableau presque complet
de Ih vie vénitienne à la fin du xv siècle ; l'auteur le
démontre en analysant les reproductions jointes à son
article, et en retraçant rapidement la biographie du
maître vénitien.
Autres articles : La femme dans l'œuvre de hianel,
par Camille Mauclair ; — une Exposition d'art russe
moderne à Paris, par C. de Danilowice.
Italie
Emporium (novembre). — Un nouvel illustrateur
anglais : Arthur Rackham, par M. Vittorio Pica. —
Par deux fois, la Revue a eu l'occasion de parler de ce
charmant évocateur des fées : l'an passé, à propos de
ses illustrations pour Rip Van Winkle, et tout ré-
cemment pour celles de l'iter Pan. — les deux livres
ayant été traduits en français et publiés avec toutes
leurs jolies suites d'images.
— M. Arturo Pettorelli reproduit et étudie les
statues (équestres des Farnèse à Plaisance : ce sont
celles d'Alexandre et de Ranuccio Farnèse (ensemble,
détails et bas-reliefs).
(Décembre). — L'article de M. Vittorio Pica, de la
série des Artistes contemporains, est consacré à. Edgar
Dc'jas : « Observateur perspicace, subtil et clairvoyant
de la réalité, travailleur infatigable ; sûr, dès les
premiers pas, de la voie artistique à suivre et, dé» les
premiers pas, en pleine possession d'une technique
sans faiblesses et sans incertitudes dans sa nerveuse
et très personnelle puissance évocatrice, il a donné la
vie à une œuvre abondante et variée, laquelle, quand
elle sera finalement connue dans son ensemble, appa-
raîtra comme une des plus importantes et des plus
sigliificativcs que présente l'histoire de la peinture
française de ces cinquante dernières années ».
— Modes nouvelles et modes ancietines, par Aracne.
— Avec dix reproductions d'après Raphaël, Bernar-
dino Licinio, Crisloforo Solari, Bronzino, Lorenzo
Lotto, etc.
— Autres articles : Art rétrospectif : l'éijlise adella
Croce di Luca » à Naples, par Giovanni Tesarone ; —
Devises et ex-libris anciens, par Virgilio Burti.
Rassegna d'arte (décembre). — Suite de l'article
de M. Tiberio Gerevich sur les origines de la renais-
sance de la peinture à Bologne.
— Une peinture inconnue de Masolino da Panicale,
reproduite (ensemble et détails) et étudiée par F.
Mason Perkins. C'est une Vierge avec l'Enfant, accos-
tée de deux anges, que conserve l'église San Fortu-
nato, de Todi.
— Les dessins du Dominiquin aux Offices, par F.
Malagl'Zzi Valebi. — Le cabinet des dessins du
musée des Olhces conserve une soixantaine de dessins
attribues au Dominiquin et (jui n'ont pas encore été
étudiés. L'auteur en fait un bref examen et en rap-
proche plusieurs des œuvres peintes de l'artiste, pour
lesquelles ils paraissent avoir servi.
Le Gérant : H. Denis.
l'ans. — Imp. Georges Petit, lî, rue Uodotide-Mauroi.
Numéro 368.
Samedi 25 Janvier 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Gobelins à tout faire
Le Gouvernement s'est montré d'une sollici-
tude extrême à l'égard des œuvres d'art qui
décoraient les salons de nos ministres : il a fait
rentrer au l-ouvre divers meubles historiques,
quelques peintures, des vases et des pendules de
grand prix, — toutes choses que les occupants
plus ou moins éphémères des palais nationaux
n'avaient pas accoutumé de traiter sans respect,
mais que le Gouvernement a voulu qui fussent
offertes à l'admiration de tous les citoyens. C'est
d'un bon sentiment.
Pareillement, lorsque, tout récemment encore,
notre ambassadeur en Allemagne était prié de se
dessaisir, au profit du Louvre (toujours !), d'un
tableau de Charles .lacque qui avait été jadis
affecté à la décoration de l'ambassade de France
à Berlin, on n'a pu qu'admirer cette nouvelle
marque — et combien inattendue ! — d'une solli-
citude à l'égard du patrimoine national, qu'on
eût pu croire beaucoup moins développée chez
certains de nos ministres.
L'occasion semble donc favorable pour for-
muler au Gouvernement une requête dans le
même sens. Et puisqu'il a veillé d'une façon si
attentive sur des œuvres d'art qui n'étaient
pourtant pas plus exposées, dans les cabinets
des ministres, que ne le sont celles des églises
et des musées de province, ne pourrait-il pas se
montrer un peu plus respectueux etplus ménager
de cet incomparable trésor de tapisseries des
Gobelins, que nous ont laissées le xvn" et le xviii«
siècle, et qui, du train dont on les mène, ne
tarderont pas à être irrémédiablement détruites?
Bien loin d'entourer ces merveilles, qui font
l'envie et l'admiration du monde entier, des soins
qui leur seraient dus, il semble qu'on prenne
plaisir à les exposer à toutes les aventures. II n'y
a que nous pour gaspiller à ce point nos richesses,
et ce n'est plus de l'admiration ni de l'envie,
mais de la pitié que nous inspirons aux étran-
gers, quand ils voient le bon marché que nous
faisons de pareils chefs-d'œuvre. La demande la
moins justifiée suffit pour qu'on expédie des ten-
tures quelquefois uniques à l'autre bout du
monde (on en a vu la preuve lors de l'Exposition
de Saint-Louis), et, même sans sortir de Paris,
il ne se passe pas d'année qu'on ne fasse au
Garde-Meuble les plus déplorables emprunts.
Le plus récent vaut qu'on s'y arrête : il n'est
pas vieux d'un mois.
Lors de la fête de nuit donnée au Grand Palais
pour les inondés du Midi, quatre tapisseries de
la suite de Don Quichotte, à fond rose, ont été
prêtées aux organisateurs ; on se demande, en
vérité, pour quoi faire ! Or, on a si bien pris soin
de ces tentures, qui représentaient à elles seules
une fortune, que l'une d'elles a été exposée à la
pluie et qu'elle a reçu des torrents d'eau, pen-
dant son séjour au Grand Palais.
Quel plus frappant exemple pourrait-on choisir
des dangers que courent les Gobelins du Garde-
Meuble ? Et cela ne devrait-il pas suffire à mon-
trer au Gouvernement queces tapisseries illustres
ne sont pas moins dignes de sa sollicitude que
les œuvres d'art éparses dans les ministères ?
Il est grandement temps qu'on mette fin à cet
absurde gaspillage, qu'on se borne à prêter des
tentures courantes et qu'on se montre plus sévère
pour les demandes de prêt ; en un mot qu'on
détruise cette légende, accréditée par le laisser-
faire, et d'après laquelle il n'y aurait pas de
belle fête sans Gobelins.
E. D.
ECHOS ET NOUVELLES
Légion d'honneur. — Sont promus ou nommés
dans l'ordre de la Légion d'honneur, sur la proposition
du ministre de l'Instructioa publique et des Beau.\-
Arts :
Commandeur : M. Denys Puech, sculpteur ;
Officier : M. Pierre de Nolhac, conservateur du
musée de Versailles;
■>fi
LE BULLETIN DE L'ART
Chevaliers : MM. Hoquet, Cabié, Eliot, Laissement,
artistes peintres ; Perrin, sculpteur; Godefroy, archi-
tecte ; Alexandre Georfjes, compositeur do musique.
Officiers de l'Instruction publique. — Dans la
liste des otiiciers de l'Instruction publique, publiée le
20 janvier au Journal officiel, nous relevons les noms
suivants :
M"" Desjeux ; MM. A. Bessé, Bonneton, Courtois,
J. Belon, Uelétang, Ibels, Synave, artistes peintres;
Choppin, Depléchin, sculpteurs ; Mayeux et Corbineau,
architectes des monuments historiques ; Eug. Dété,
graveur; J. Guibert, sous-bibliotliécaire au Cabinet des
estampes de la Bibliothèque nationale.
Académie des beaux-arts (séance du 11 janvier).
— La majeure partie des membres de l'Académie des
beaux-arts étant retenus au conseil d'administration
de l'École des beaux- arts, la nomination des jurés
adjoints pour le jugement du concours de Rome en
1908 a dû être remise à la prochaine séance.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 17 janvier). — M. Le 'fourneau, architecte
diplômé, a présenté les aquarelles et les photographies
des mosaïques qu'il a découvertes à Sainte-Sophie de
Salonique au cours d'une mission dont le ministère
de l'Instruction publique l'avait chargé l'an dernier.
Elles décorent entièrement la coupole et l'abside de
l'église et sont parmi les plus belles qui existent.
M. Diehl, professeur à la Faculté des lettres de Paris,
qui les a décrites dans une note dont M. Le Tourneau
donne lecture, les attribue les unes au vu*, les autres
au X* ou au xi" siècle.
L'auteur de cette précieuse trouvaille compte re-
tourner prochainement à Salonique pour y poursuivre
ses recherches sur les monuments de l'art byzantin
que possède cette ville.
Musée de l'Armée. — Le musée de l'Armée va
prochainement s'enrichir d'une magnifique collection
d'armes provenant des officiers et légionnaires de
l'ancien régiment des guides, et qui lui a été léguée par
le comte Louis de Turenne, récemment décédé.
Société des Antiquaires de France. — La
Société des Antiquaires de France a entendu dans sa
dernière séance une communication de M. le comte
de Loisne sur une lampe chrétienne antique trouvée
à N'oyelle-Godault, dans le Pas-de-Calais.
M. Durand-Gréville a ensuite entretenu ses col-
lègues de la collaboration de Raphaël et de Pérugin.
et sa communication a amené M. le comte Durrieu à
émettre quelques observations sur la précision des
conclusions qu'on en peut tirer.
Puis M. Emile Mâle a communiqué les résultats de
SCS recherches sur les modèles empruntés à Albert
Durer et à ses imitateurs par les peintres verriers |
français du xvr siècle, résultats dont M.M. Durrieu et '
Blanchet ont confirmé l'exactitude ; et, enfin, M. Mon- I
ceau a fait une description des sceaux antiques ré-
cemment découverts à Carthage par le R. P. Dcluttre.
Concours pour l'obtention de bourses de
voyage en Algérie. — Un concours est ouvert
entre les jeunes artistes français, peintres, sculpteurs.
architectes, graveurs, âgés de moins de .'i.'i ans, en
vue de l'obtention de deux bourses de séjour en
Algérie. Le montant de cette bourse est de 3.000 fr.
et la durée du séjour fixée ,i un an. Un logement est
mis à la disposition des titulaires.
Les artistes qui se trouvent dans les conditions
voulues pour concourir devront adresser leur de-
mande, avant le 3 février, au gouverneur général de
l'Algérie, à l'office de l'Algérie, •>, galerie d'Orléans
(Palais-Royal , où leur seront fournis tous les rensei-
gnements nécessaires.
Les œuvres présentées seront adressées à la Société
des Peintres orientalistes français, au comité de
laquelle le gouverneur de l'Algérie a confié le soin de
désigner les titulaires des deux bourses. L'exposition
annuelle de cette Société, où seront exposés publique-
ment les envois des concurrents, aura lieu au Grand
Palais, avenue d'Antin, du 16 février au 13 mars.
Une nouvelle société de graveurs. — Sous le
titre ; SocivU' intenniliniKilr de lu ijracure en noir,
divers journaux ont annonce la formation d'un nou-
veau groupement, ayant pour objet de favoriser la
gravure originale en France et à l'étranger et com-
prenant "nombre d'illustrations artistiques de notre
temps.
La Société des peintres-f/rnveurs français, fondée
en 1889 par Burty, présidée alors par Brarquemond.
((ui en est resté, avec Rodin, le président d'honneur,
tient ,i protester contre l'emploi qui a été fait, sans
autorisation, du nom de son président et de celui
d'un certain nombre de ses membres, pour opérer le
recrutement d'adhésions à ce nouveau groupe, dont
le prograuimc n'est, d'ailleurs, qu'une reprise de son
propre programme. Un avis ultérieur fera connaître
la date de la proch.iine exposition de cette société.
Monuments et statues. — M. Sicard vient de
terminer le modèle d'un grand Sninl Michel en cuivre
martelé, destiné à la basilique du Sacré-Cœur.
— A la suite d'un concours, M. Vermare a été
chargé d'exécuter le monument qui sera élevé à Lyon,
à la mémoire du D' Gailleton. La partie architectu-
rale sera confiée à M. Lucas.
A Dublin. — Le nouveau musée municipal de
Dublin, consacré à l'art moderne et qui doit son exi.s-
tence à la générosité et à l'énergie infatigable de
M. Ilugh P. Lane, a été inauguré le 20 janvier. — A. T.
A Londres. — La National Gallery vient de s'en-
richir d'un table.iu d'un maître hollandais du ivii*
siècle, fort intéressant et trop peu connu, Jacob
Ochtervclt. Il représente une dame debout, devant
une épinette, et il a été offert par M. II. J. Pfungst.
ANCIEN ET MODERNE
27
Une dame, habillée de satin rouge, assise face à la
lumière, touche de l'épinette. Un maître de musique
est dans l'ombre, ainsi qu'un domestique qui entre
dans l'appartement en regardant le spectateur.
En trente années, on n'a exposé à Londres que
trois tableaux de ce maître, dont plusieurs musées
d'Europe (Cologne, Stockholm, l'Ermitage, etc.), pos-
sèdent des toiles. En 1894, on a vu la Répétition <le
chant, à M. Samuel S. Joseph ; en 1885, Joyeuse nou-
velle, au capitaine W. A. Hankey ; et, en 1902, un
tableau intitulé : Une clame jouant du clavecin; ce
tableau appartenait alors à M. Fletcher, et il serait
curieux de savoir si ce n'est pas celui-là même que
vient de recevoir la National Gallery. — A. T.
A 'Venise. — Le Comité de la dernière exposition
internationale des Beaux-Arts de Venise communique
la liste complète et définitive des œuvres acquises.
Le chiffre des ventes s'élève au total de 326.978 lires.
Il dépasse de près de 27.000 lires celui des années les
plus favorisées.
En sept e-xercices (189o, 1897, 1899, 1901, 1903,
1905 et 1907), l'exposition de Venise a vendu pour
2.943.509 lires d'oeuvres d'art.
Nécrologie. — On annonce la mort de M. Vaut
Roblin, auquel M. Marcel Nicolle consacre une notice
à la lin de la Clironique des ventes du présent numéro ;
— de M. Adrien Loiivrier de Lajolais, directeur de
l'École des arts décoratifs de Limoges, du Musée
national Adrien Uubouché et ancien directeur de
l'École des arts décoratifs de Paris, qui vient de
mourir à Limoges à l'âge de 79 ans ; il était chevalier
de la Légion d'honneur.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
Ventes à Paris. — 'Ventes diverses. — Une
vente anonyme, faite salle H, par M» Louis
Libaude, et qui a pris fin le H janvier sur un
total de 70.000 francs environ, comprenait deux
tapisseries d'Aubusson du xviii<= siècle, a petits
personnages dans, des paysages, avec bordures :
l'une représentant le Jeu de Colin-Maillard a été
adjugée b.OlO fr. ; l'autre, un Repas champêtre,
4.400 fr.
— Le 13 janvier, une vente de tableaux mo-
dernes, faite par M« Libaude et M. Druet, a donné
lieu à quelques prix dignes de remarque.
Une décoration par d'Espagnat, composée de
cinq panneaux, a été adjugée 4.1u0 fr. Notons
encore : Kenoir. Portrait d'homme, 1.060 fr. —
Bonnard. Intérieur, 8S0 fr. — Lebourg. La Seine
à Rouen, 850 fr. — Matisse. Le Mistral, SM fr.
— Annoncée par un catalogue illustré, la
vente du mobilier garnissant un hôtel, 4, rue
Alfred-de-Vigny, vente faite les 13 et 14 janvier
par M" Lucien Veron et Lair-Dubreuil, a produit
183.000 fr.
Quelques enchères marquantes dans la caté-
gorie des tapisseries.
PRINCIPAUX PRIX
PoucELAiNES. — 4. Grand vase, porcel. de Chine,
décor émaux de coul., bouquets de fleurs de lis en
bronze, 3.720 Ir.
Tableaux. — 103. G. Clairin. Arabes à la porte d'une
mosquée attendant la sortie du pacha, 700 fr.
Mabbbes. — 113. Statue de Bacchante, marbre blanc,
signée ; Le Quesne, 1870, 1.330 fr. — 114. Cheminée
marbre blanc, garnie de bronzes ciselés, ép. l"Empire,
2.740 fr.
Meubles. — 149-130. Deux meubles d'entre-deux,
portes laque, côtés en marquet. de bois, estamp. de
A. Beurdeley, 3.900 fr. — 162. Salon garni en tap.
d'Aubusson, ép. Louis XVI, composé d'un canapé et
huit fauteuils, jeux d'enfants et animaux, contre-fond
vert clair (entourages refaits), 20.100 fr.
Tapissehies a.xciennes. — 163. Tenture composée de
trois panneaux en tap. d'ép. xvm" s.; nymphes, vases
de fleurs et enfants (répar. et parties réf.), 62.000 fr.
— 164.Grandecantonuière, amours et fleurs, colonnes
enguirlandées (parties modernes), 2.220 fr. — 163.
Ane. tap., décor d'après Iluet, Bergère gardant les
moutons, xviii" s., 3.330 fr. — 166. Tap. du xvm' s.
Bergère tenant une couronne de fleurs et Pâtre
jouant de la cornemuse, 4.300 fr. — 167. Panneau
même tap. Le Galant berger, 4.300 fr. — 168. Tenture
de six panneaux, tap. à sujets tirés de l'hist. anc,
bordure à trophées guerriers, xvu* s. 1. Le Combat:
2. Le Triomphateur ; 3. La Collation ; 4. Le Chef
vaincu; 5. Le Grand-prêtre; 6. Guerrier dans un
28
LE BULLETIN DE L'ART
palais ; 5.010 fr. — 169. Grande tap., ép. Renaissance,
jeune seigneur et dame, 10.250 fr. — 170. Fragment
de tap., personnages et animaux dans un paysage,
XVI' s., 1.600 fr.
— Le 18 janvier, salle 8, au cours d'une vente
faite par M" Coulon et M. Klotz, deux petits Por-
traits de femme de l'école française du xviii» siècle,
dans le genre Boucher, bien que vendus sans
garantie, ont été adjugés 5.S00 et 5.000 fr., sur
les demandes de 3.000 et 4.000 fr.
— Une vente de tableaux modernes, dirigée
salle 6, le 20 janvier, par M<: Lair-Dubreuil et
MM. Graat et Madoulé, a donné un total de 28.000
francs. Quelques prix :
Boudin. Le Port du Havre, 2.700 fr. — Isabey.
Cavalier au bord de la mer, 1.180 fr. — Thaulow.
Le Village au bord de la rivière, 1.850 fr.
Dans cette même vacation , se trouvait un
tableau par Harpignies, Vue de Paris, qui a été
adjugé 2.100 fr.
Ventes annoncées. — A Paris. — Objets
d'art, tableaux anciens. — Par le ministère de
M" Henri Bernier, en qualité d'administrateur de
l'étude de feu M' P. Chevallier, et de MM. Mann-
heim, Ferai et Léman, aura lieu, les 30 et 31 jan-
vier, salle H, une vente de composition un peu
mêlée, comprenant des objets d'art et de curio-
sité de toute espèce, aussi des tableaux anciens
et des dessins. Les peintures appartiennent, pour
la plupart, à l'école italienne
Parmi les objets d'art, nous remarquons :
quelques porcelaines, pâte tendre de Sèvres et
Capodi Monte ; deux statuettes en ivoire sculpté,
de la fin du xvi* siècle. Hercule et Atlas; quatre
plaques en émail de Limoges, du xvii" siècle,
signées l, Laudin et représentant les quatre
éléments ; une aiguière en émail de Canton ;
des bronzes italiens : une Pietà, d'après Michel-
Ange (xvi" siècle), un Neptune, une Pomone (com-
mencement du xvu" siècle) ; des meubles : une
table en bois sculpté en partie du xvi' siècle ;
une grande porte en bois sculpté, d'art espagnol
du xvii» siècle ; une banquette en bois sculpté
(Italie, xviii« siècle) ; des antiquités grecques et
romaines, vases, terres cuites, bijoux, pierres
gravées, bronzes et verreries.
Les tableaux, dont un certain nombre pro-
viennent de la galerie Antonio Scarpa, d'autres
de la famille Albani ou de la collection Lamponi,
de Florence, méritent d'intéresser les amateurs
d'art italien.
Signalons, en particulier : une Sainte Famille
et saints personnages, par V. Catena ; deux pen-
dants, attribués à Philippe de Champaigne,
Portraits de jeunes gentilhommes ; trois miniatures
sur parchemin : Jésus au Jardin des Oliviers,
la Mise au tombeau, le Tombeau gardé par les
soldats, signées par Raphaël de Crémone et
datées 1573; le Portrait d'un o/ficier, de l'école
de Rigaud ; une Sainte Famille, deJ. Romanino.
Un catalogue illustré a été dressé à l'occasion
de cette vente.
-- Le mercredi 29 janvier, à l'Hôtel, salle 6,
M» Lair-Dubreuil, assisté de M. Henri Haro, dis-
persera une réunion de tableaux anciens et
modernes, appartenant à divers et comprenant,
entre autres, des œuvres de Greuze, M"' Gérard,
Prudhon, Cl. Lefebvre, etc. Douze panneaux
décoratifs et deux dessus de portes de l'école
française sont également joints à la vente, ainsi
que quelques peintures anciennes provenant de
la succession de M. A..., et portant les noms
d'Alonzo Cano, Lebel, Pannini, Goltzius, etc.
Nécrologie. — Paul Roblin. — Une des person-
nalités les plus connues elles plus appréciées de
l'Hôtel Drouot vient de disparaître, l'expert Paul
Roblin, qui devait diriger le 25 janvier, salle 7,
en compagnie de M= Desvouges, une vente d'es-
tampes anciennes et modernes.
Spécialisé dans les ventes de gravures et de
dessins, — et parmi ces derniers plutôt de
feuilles d'étude à conserver en carions que de
pièces à grands prix et destinées à l'encadre-
ment, — M. Paul Roblin a dirigé en ces dernières
années nombre de vacations en ce genre, le plus
souvent avec, pour commissaire-priseur, M* De-
lestre, qui vient de prendre sa retraite.
Ces ventes, préparées avec beaucoup de soin,
certaines annoncées par des catalogues illustrés
s'adressantà un public sérieux et fidèle, n'avaient
peut-être pas un très grand retentissement.
Elles n'en étaient pas moins appréciées des ama-
teurs et des habitués de l'Hôtel.
M. N.
ESTAMPES
Ventes annoncées. — A Paris. — Le 29
et le 30 janvier, auront lieu à l'Hôtel Drouot,
salle 7, deux ventes d'estampes dirigées l'une et
I autre par M» André Desvouges (successeur de
M" Delestre) et M. Loys Delteil.
La première comprend des estampes modernes
et des dessins, avec, comme noms à retenir :
ANCIEN ET MODERNE
29
Bracquemond, Buhot, Carrière, Corot, Daubigny.
Daumier, Delacroix, Fantin-Lantin, Gaillard,
A. Lunois, Manet, Méryon (près de quarante
numéros), Hops, Whistler et Zorn.
La seconde est composée destampès anciennes,
et surtout d'œuvres des écoles française et
anglaise du xviii= siècle : Boilly, Boucher, Debu-
court, Cl. Lorrain, J.-B. Huet, Lavreince, Moreau
le Jeune, Prudhon (une vingtaine de numéros),
Taunay, etc., y sont parmi les mieux représentés.
Des dessins et des catalogues illustrés complètent
la vente.
R. G.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Cercle Volney. — Aussi ponctuel que restreint,
le premier Salon d'hiver ne catalogue que 194 nu-
méros, 161 peintures et 33 sculptures. C'est un
mérite. Et ce n'est pas le seul. Les snobs, il est
vrai, n'y trouveront ni statues décapitées, ni
ruines volontaires, ni synthèses ressemblantes à
des cartons pour vitraux décadents ; mais n'est-
ce pas une compensation nécessaire aux récents
excès du Salon d'automne"? Et s'il est exact que
nos expositions, comme nos concerts, reflètent
les différents partis qui nous divisent, voici donc
un Salon de tout repos. Le fini, pourtant, qui le
signale, n'est pas toujours cette flatterie sour-
noise aux regards bourgeois, que dénonçait le
romantisme bientôt centenaire du bon Théophile
Gautier ; dans une moyenne plus qu'honorable,
encore qu'un peu grise, on y trouve sans effort
des preuves d'originalité d'autant plus vraies
qu'elles sont discrètes ; et le salonnier se demande
toujours : si j'étais collectionneur comme les
regrettés Charles Hayem ou Camille Groult, que
remarquerais-je, entre quelles œuvres hésiterait
mon choix? C'est un critérium; car le plaisir
individuel a la secrète ambition de se rapprocher
du goût !
Nommons donc, sans plus tarder, MM. Guillon-
net et Raymond Woog : l'un, mélomane et pré-
occupé du poudroiement lumineux, portraitiste
d'une élégante jeune fille au piano dans une lueur
orangée, parmi les hortensias bleus : portrait
supérieur à celui de M. Jean Péi-ier dans « Pelléas » ;
— l'autre, également familial, dans les portraits
de M"'" Raymond Woog et de au fille, où les gris
rosés s'harmonisent avec la robe beige d'un grand
chien fidèle, aux yeux vifs ; et la fantaisie inti-
tulée Dans l'atelier détache une silhouette noire
et blonde sur la clarté des cadres. Ces deux
artistes ne sont pas les seuls. Si quelque monotonie
enchaîne MM. Buffet, Rigolot, Hémondet Le Goût-
Gérard, dont la Hollande crépusculaire est ana-
logue à la Bretagne, certains se renouvellent à pro-
pos : M. Gaston Guignard, l'animalier, se fait por-
traitiste ému de la Grosse mer; M. Chigot s'affine,
et le Dégel ou la Terrasse l'apparente à la famille
des peintres musicaux du silence ; sans plagier
Sisley sur les bords du Loing, M. Gosselin stylise
harmonieusement l'azur blond d'un Matin d'au-
tomne ; aux environs de Paris, M. Barau quitte
les verdures champenoises pour rider l'étang rose,
miroir d'un ciel invisible ; M. Bompard délaisse
Venise pour ensoleiller la Cathédrale de Rodez et
s'affirmer beau peintre en imitant la matière
savoureusement bleue des Poteries persanes ; la
Venise de M. Saint-Germier séduit, au contraire,
M. Diéterle. Aux marchés de la Brie, M. Georges
Roussel trouve des motifs lumineux. Classiques
fantaisistes, M. Devarabez ameute une foule
lilliputienne autour de l'Épave, et M. Laparra sur-
prend la jeunesse nue, laissant toute ambition
mythologique au superbe modèle que .M. Guinier
nomme la lymphe Écho. Près de M. Léandre,
portraitiste des cheveux blancs ou du chapeau
cloche, on salue les mérites consacrés du pur
M. Jules Lefebvre, du précis M. Gabriel Ferrier,
du poétique M. Demont ; tandis que M. Maignan
nous arrête devant la Porte du collège d'Eu,
M. Cormon passe de l'entrain d'une Bacchanale
au recueillement d'un Intérieur. Nos contempo-
raines, coiffées à la grecque, ont posé devant
MM. Bordes, Lauth et MuUer ; les fleurs posent
volontiers sous les yeux d'amant de M. Cesbron.
Mais c'est en sculpture que la physionomie
triomphe. Parmi les socles où dominent le genre
polychrome, illustré par la douce Harmonie de
M. Levasseur, auprès des bronzes nerveux de
M. Landowski, quatre bustes font diversement
honneur à la tradition française : le Paul Meurice
marmoréen de M. Sicard, le Rcyer moustachu de
M. Jean Hugues, le Cormon spirituellement ascé-
tique de M. Greber, la très caractéristique Jeune
fille de la campagne romaine de M. Denys Puech. Et
quand il aura nommé les bijoux de M. Le Coûteux,
le salonnier se croira quitte envers cette quarante-
quatrième année d'exposition.
Raymond Bouyer.
30
LE BULLETIN DE L'ART
CORRESPONDANCE DE LONDRES
Les Salons d'hiver.
L'Exposition d'hiver des « Maîtres anciens », à
l'Acaderay, est plus intéressante cette année
que l'année dernière. Il y a d'abord le noyau de
ce qui aurait pu être une magnifique exposition
d'Hogarth, et l'on ne saurait trop remercier
le comte de Normanlon d'avoir prêté la Graham
Family, et la comtesse d'Ilcliester, the Conquest of
Mexico. Les admirateurs de l'esquisse fameuse,
tlie Shrimp Girl, qui se trouve à la National Gal-
lery, se réjouissent de pouvoir contempler tout à,
leur aise cette autre merveille, t/ie Staymaker.
C'est devant ces toiles qu'on se prend à regretter
quellogarth ait trop souvent versé danslamorale
et la sentimentalité.
Il faut signaler aussi quelques primitifs de
l'école flamande. MM. Duveen ont prêté l'Adora-
tion des Mages, de Quentin Matsys, provenant de
la collection R. Kann, deux volets d'un triptyque
par Gérard David et une Adoration dea hois, par
Henri de Blés.
A côté d'eux, il faudrait placer quelques pri-
mitifs italiens dont le plus remarquable serait
une Pietà de Filippino Lippi.
L'école française est représentée par quelques
œuvres de Clouet, de Corneille de Lyon, par un
très bon Le Nain et une magnifique étude de
Fragonard; l'école anglaise du xviii« siècle par
les portraits, dits Bunhury portraits, de Ileynolds
et par un Portrait de Burke, que l'on dit être de
Uomney. Ne faudrait-il pas l'attribuer plutôt à
Hoppner?
Il y aurait aussi à signaler un Haphaêl, un
Rubens, un Van Dyck et un Titien, mais d'une
authenticité contestée.
On regrette généralement que les organisateurs
n'aient pas consacré toute l'exposition à un seul
peintre — à Hogarth, par exemple, — qui est
fort mal connu; cela eût mieux valu que l'en-
semble un peu décousu qu'on nous présente, si
intéressant soit-il.
Vlntcmalional Society of sculptors, painters and
gravers a également ouvert ses portes il y a
quelques semaines. Ce qui nous y frappe dès le
premier coup d'œil,c'estqu'elle semble consacrée
à la mémoire de grands artistes morts ; et l'on
peut se demander si c'est un signe de vitalité
pour une société de montrer avant tout tant
d'œuvres de maîtres disparus?
C'est ainsi que tout un côté de là North Room
est accordé au Théâtre de Belleville de Carrière.
Si l'on pense à la lumière d'hiver de Londres,
qui s'ajoute au brouillard du maître, on com-
prendra qu'il est malaisé de distinguer quelque
chose dans cette toile immense.
C'est . ainsi encore qu'à part l'Homme qui
marche, de Kodin, toute la sculpture semble se
réduire aux œuvres de Jules Dalou (du n" 284 au
n" 3031.
Par ailleurs, nous regrettons l'absence des
maîtres qui, les années précédentes, amenaient
le public à la New Gallery : Aman-Jean, Besnard,
Boldini, Breitner, Chase, Cranhall, Guthrie,
Horvel, Zuloaga, Zorn.
11 nous reste à signaler maintenant Frost and
Mist, une symphonie en blanc de M. George
Sauter; une Matinée de printemps de M, Joseph
Oppenheimer; The Costumiers de M. William Ni-
cholson; theShrimp GirldeU. Blanche (a-t-il pensé
à la Shrimp Girl d'Hogarth ?), et le Portrait de
Zuloaga du même artiste ; un beau Portrait de
M. Lucien Simon de M. Cotlet; un curieux Por-
trait de Miss Pauline Chase de M. Lavery.
Dans le West Room, on trouve un Monet, Prin-
temps (IS7o}; un Renoir, Portrait de M"'« M...
(18H); enfin M. Strang, le nouveau vice-président
de la Société, y montre une Solitude dans des
couleurs moins criardes que d'habitude.
Ailleurs, un bon Portrait de Miss Maud Joachim,
par M. Masley Fletcher; un Mancini, un Orpea
très intéressant : Portraits de Sir Vere Forsler,
Lady Forster et leur fille; des paysages de Frank
Mura, d'Kmile Claus, de Georges Buysse et de
Simon Bussy.
A. T.
NOTES & DOCUMENTS
TJn portrait du musée Rath
et la pseudo " Fornarina » des Offices.
F.N (1)
Où faut-il aller pour se faire une opinion '?
Incidenimeut.uotre savant confrère, M.Adolphe
Veuturi, dans un grand article sur les Tableaux
italiens de la galerie nationale de Budapest {l'Arle,
1. Voir le n* 367 du Bulletin.
ANCIEN ET MODERNE
31
1900, p. 18b et suiv.), avait traité la question.
Il y a, en effet, au musée de Budapest, un grand
et beau Portrait de jeune homme, de la main de
Sébastien del Piombo, Après l'avoir étudié avec
son soin et sa compétence ordinaires, M. A. Ven-
turi donne une liste d'ouvrages qu'il considère
comme ayant des caractères communs avec ce
tableau :
La Fornarina, de la Tribune des Offices;
Le Portrait d'un violoniste, jadis dans la galerie
Sciarra, aujourd'hui chez M. le baron G. de
Rothschild, à Paris;
Le Portrait de femme, de lij. galerie de Blen-
heim, en Angleterre ;
Le Portrait du cardinal del Monte, autrefois
dans la galerie Fabris, aujourd'hui en Angleterre ;
Le Portrait de Ferry Carondelet et de son secré-
taire, attribué à Raphaël, de la galerie du duc de
Grafton, en Angleterre.
L'auteur ajoute : « Tous ces ouvrages ont des
caractères communs, qui ne se trouvent jamais
chez Haphaël. Et de cela, tout le monde est
convaincu ».
Il n'est pas tout à fait sûr qu'en 1900 tout le
monde fût convaincu de la vérité de cette asser-
tion. 11 devait y avoir au moins un récalcitrant,
que visait l'affirmation contenue dans la dernière
phrase. Mais peu importe. Aujourd'hui, nous ne
sommes plus le seul à affirmer que la Fornarina
des Offices ne peut être de Sébastien del Piombo.
Voyons ce que dit la liste de notre savant con-
frère.
D'abord, il faut en écarter, dans la discussion
présente, le portrait du cardinal aujourd'hui
« en Angleterre ». L'histoire de l'art n'est pas
une doctrine ésotérique, dont les disciples se
passent l'un à l'autre, de bouche à oreille, les
mystérieux secrets. C'est une science qui, comme
toutes les autres, doit mettre ses preuves sous
les yeux de tous, et qui, si elle ne le peut pas,
doit au moins donner à tous le moyen de se pro-
curer ses preuves. Il est probable que M. A. Ven-
turi a vu le tableau en Italie avant l'exode en
Angleterre, à moins que le propriétaire actuel
ilu tableau n'exige que l'on taise son nom. Dans
les deux cas, le portrait doit rester hors de la
discussion.
Nous ne connaissons — jusqu'à présent — le
Violoniste que par la photographie et par d'excel-
lentes copies, dont une au palais Corsini de Flo-
rence. Nous ne voyons pas clairement que ce
portrait soit de Sébastien del Piombo; il nous
paraît être d'un dessin beaucoup plus fort, d'un
modelé beaucoup plus serré que celui du Portrait
de jeune homme de la galerie de Budapest. Ce
dernier a de grandes qualités de couleur et de
charme, un dessin assez juste, sans grande puis-
sance et un modelé plutôt faible. On le voit, nous
sommes loin de penser que le portrait de jeune
homme de Budapest ait avec la pseudo-Fo-narma
« des caractères communs ». Ce sont deux arts
aussi opposés que possible, l'un vénitien, chez
lequel la préoccupation de la couleur l'emporte
sur celle du dessin; l'autre florentin, qui est fort
loin de mépriser la couleur, mais qui fait passer
la forme avant tout.
Et maintenant, en voyant notre savant confrère
mettre ensemble, classer dans une seule et même
famille, divers ouvrages qui ne sont pareils qu'au
premier aspect, tandis qu'au fond ils sont
foncièrement différents, voire même opposés,
n'avons-nous pas le droit de penser que le portrait
de femme de Blenheim et celui de Carondelet
ont aussi été assimilés indiiment au groupe en
réalité si peu compact que nous avons discuté,
ou, du moins, à certains ouvrages de ce groupe ?
Il est vraiment regrettable qu'une question de
cette importance ait été tranchée sans que l'on
mît sous les yeux des lecteurs les meilleures
reproductions possibles. Nous espérons que quel-
que morelliste convaincu le fera prochainement.
Quant à nous, puisque la discussion est enga-
gée, nous ferons nos efforts pour aller voir le
plus tôt possible les originaux cités, qui seuls
pourraient prouver quelque chose, peut-être.
E. Durand-Gréville.
LES REVUES
France
Art et décoration (décembre). — Une Expoxilion
d'artistes russes à Paris, par Denis Roche. — Le
Bulletin a rendu compte de cette récente exposition.
— Capiello, dessinateur et affichiste, par M. M. -P.
Verneuil.
— L'exposition des artistes décorateurs au pavillon
(le Marsan, par Paul Cornu.
Allemag.ne
"Walhalla (1907, III). — La majeure partie de ce
lu.Kueux recueil annuel qui, à Munich, depuis 1903,
publie des études sur la vie, l'art et l'histoire des
idées allemandes, est consacrée à Miilhius Grunewald.
L'auteur, M. Franz Bock, discute, les unes après
les autres, toutes les opinions qui ont été émises.
32
LE BULLETIN DE L'ART
depuis le xvi* siècle sur le célèbre peintre. Il établit
ensuite les origines de son génie et énumère non
seulement ses œuvres, mais un certain nombre de
travaux — tels les bustes conservés aux Hospices civils
de Strasbourg — où il veut reconnaître l'influence du
maître d'AschafTenbourg. Parmi les autres études,
signalons celle de M. Ulrich Schmid sur le Symbole
du dragon dans l'arl. Le fascicule reproduit, en outre,
un grand nombre d'oeuvres allemandes peu connues.
— André Girodie.
Italie
L'Arte (X, 6). — Barlolomeus Riibeiis et un trip-
tyque signé de la cathédrale d'Acqui, par F. Pei-lati.
— Depuis deux années la discussion est ouverte sur
l'identité du peintre Bartolomeus Rubeus.
M. Herbert Cook publia, en 1903, dans la Gazette
des beaux-arts, un Saint Michel appartenant à la
collection Werhner, de Londres, et signé Barlolomeus
Rubeus; ce tableau provenait d'Espagne; cependant
l'auteur l'attribuait à un primitif français, à un maître
Roux, qui l'aurait peint vers 1470.
Mais Castellas, dans la l'eu de Catalunya, fit
connaître que le cloître de la cathédrale de Barcelone
possédait une l'ietà donnée en 1490 par un chanoine,
et signée : Opus Bartholomei Vermejo Cordubensis ;
Rubeus et Vermejo, ou Bermejo, étaient donc les
formes latine et espagnole, et le nom d'un même
peintre que Castellas reconnut pour appartenir à
l'école de Nuremberg.
Récemment, M. Emile lîertaux reprit la question
dans la Revue de l'art (t. XX, p. 411), lequel, trouvant
dans la signature de Uubeus un r caractéristique de
l'écriture espagnole du xv° siècle, releva des différences
entre le Saint Michel de la collection Wernher et la
l'ietà de Barcelone, et conclut que, si l'auteur du
Saint Michel était Bart. Bermejo, il avait dii avoir
une éducation artistique flamande et connaître les
œuvres des peintres italiens du xv* siècle.
M. W. Dowdeswel {Burlington Magazine, janvier
1906) compara le Sainl Michel avec la partie centrale
de la Sainte Catherine du musée de Pise, attribuée à
Lucas de Leyde, et y reconnut la même main ; comme
cette œuvre porte des traces d'influence flamande
irréfutables et qu'elle provient du couvent de Saint-
Dominique de Pise, M. Dowdeswel conclut que l'auteur
était un artiste ayant étudié dans les Flandres et
travaillé en Espagne et en Italie.
M. Sanpere y Miquel fit deux artistes de ce person-
nage : l'un, Bermejo ou Vermejo, serait l'auteur de
la l'ietà de Barcelone et de la Sanla Faz de Vicli,
et l'autre, auteur du Saint Michel (Wernher), serait
un peintre catalan Rubio ou Rojo, élève de Luis
Dalmau.
M. F. de Mély, dans la Revue de l'art, revint sur la
question et chercha s'il n'avait pas existé en Italie un
artiste à qui pourrait être attribuée la Sainte Cathe-
rine de Pise et. conséquemment, le Saint Michel :
il trouva une famille ferraraise de la seconde moitié
du XV siècle, dont la généalogie s'établissait ainsi :
Bartolommeo delta il Rosso, mort avant 1473 ; son
fils, Domenico Brasoni (Domenicus Rubeus), mort
avant 1486 ; son fils, Bartolomeo Brasoni, mort en
1517 et enterré dans l'église Santa Maria del Va. On
s'était bien occupé des deux derniers — Venturi,
notamment, — mais on ne possédait aucun rensei-
gnement sur le premier.
Or, dans la sacristie de la cathédrale d'Acqui,
M. Pellati vient de retrouver un triptyque estimable
qui porte, au bas du panneau central, selon l'usage
italien, la signature : Bartolomeus Rubeus (une repro-
duction est jointe à l'article). Ce panneau réprésente
une Vierge assise avec l'Enfant ; agenouillé à ses
pieds, un donateur; au fond, un paysage minutieuse-
ment détaillé. Sur les volets, qui sont d'une autre
main : à gauche, la Nativité de Iq Vierge, avec, en
bas. Saint François recevant les stigmates; à droite,
la Présentation au Temple, et en bas un Saint
guerrier.
Il y a évidemment des traces indéniables de l'in-
fluence flamande en cette œuvre, comme dans le
Saint Michel de Londres et la Sainte Catherine de
Pise; mais les caractères italiens sont plus évidents
encore. L'auteur n'a trouvé aucun renseignement sur
l'artiste dans les archives capitulaires ; cependant, il
ne ressort pas de ces recherches sur les conditions de
l'art de peindre dans le haut Montferrat pendant la
seconde moitié du xv siècle (époque où fut exécuté
ce tableau), que ce mystérieux artiste ait pu vivre et
longtemps travailler dans la vallée de la Bormida.
L'hypothèse de M. de Mély garde cependant une part de
vraisemblance et ne doit pas être écartée à priori.
Mais, pour M. Pellati, l'auteur du triptyque d'Acqui
est, selon toute probabilité, un quattrocentiste cata-
lan, qui a étudié à Bruges la manière flamande et qui
s'en fut ensuite travailler en Italie et en Espagne.
Rubeus et le Vermejo Cordubensis sont-ils un seul et
même personnage 'î L'auteur, qui ne connaît la Pietà
de Barcelone que d'après une photographie, ne veut
pas se prononcer: sa découverte et ses conclusions,
si intéressantes dans l'état actuel de la science, méri-
taient d'être signalées avec quelques détails.
l'our l'histoire de l'art dans les Marches, par
Arduino Colasanti.
Les Portes de bronze du Castelnuovo à Naples, par
Michèle Biancale. — Fondues à la fin du xV siècle par
Guglielmo Monaco, d'après une inscription contem-
poraine, elles sont ornées de bas-reliefs fort intéres-
sants, représentant les exploits de Ferdinand d'Aragon.
— .M. Adolfo Ventuki parle du séjour de Donalello
à Padoue, où il alla à la fin de 1443, et de ses colla-
borateurs, pour l'autel de l'église du saint patron de
cette ville.
Le (Jérant : H. Dkms.
pani. — Imp. iieorKei Hetil, M, rue Uodot-de-Hauroi.
Numéro 369.
Samedi 1" Février 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
L'ART
Société industrielle de Mulhouse
Tandis que l'exposition des toiles peintes, au
musée Gailiera, montre aux visiteurs charmés
les éléments essentiels de cette « tradition de la
toile imprimée », que M. Henri Clouzot commente
de si attrayante façon dans ses articles de la
Hevue, il s'est produit un petit événement qu'il
sied de mettre en relief, pendant qu'il en est
temps encore : cette semaine, au cours de sa
séance annuelle, la Société d'encouragement
pour l'industrie nationale a décerné sa plus
haute récompense, la médaille Chaptal, à la
Société industrielle de Mulhouse, fondée enJ8l6,
en mt'me temps que M. Auguste Dollfus, son
président, recevait la rosette de la Légion
d'honneur.
Or, la Société industrielle de Mulhouse n'est
pas seulement un modèle d'association mutua-
liste, dont les traditions d'initiative et de géné-
rosité ne sont plus à louer ; et quoique ses efforts
dans l'ordre des questions sociales d'intérêt
général puissent suffire à sa gloire, elle ne s'est
pas uniquement cantonnée dans ce domaine.
Ses cités ouvrières, ses associations préventives
contre les accidents du travail, ses caisses de
prévoyance, ses écoles de filature, de tissage et
de chimie industrielle, toutes les améliorations
du sort de l'artisan et tous les perfectionnements
de l'industrie qu'elle a réalisés — et cela sans
jamais solliciter ni accepter aucune subvention
du gouvernement ou de la ville, afin de conserver
toute son indépendance, — la Société n'a consi-
déré tout cela que comme une partie de sa tâche.
Elle s'est rappelée que l'industrie-mère de
Mulhouse, celle des toiles peintes, exige non
seulement la science du chimiste et du coloriste,
mais aussi le goût et la perfection des dessins
qui doivent sans cesse se renouveler pour suivre
les fluctuations de la mode, et, en conséquence,
elle a de bonne heure accordé une place consi-
dérable au culte de l'art. Elle a donc fondé un
musée des beaux-arts contenant surtout des
tableaux de maîtres français, un musée décoratif,
une école de dessin d'ornement, une école de
gravure, une école d'art industriel pour jeunes
filles, enfin une école de dessin de machines,
destinée à former des mécaniciens constructeurs.
Sans méconnaître ses mérites industriels et
sociaux, ce sont plus spécialement ses litres ar-
tistiques qui font que nous nous réjouissons ici
du haut témoignage d'admiration pour son œuvre
si diverse et si féconde, que vient de recevoir la
Société industrielle de Mulhouse. Dans une ville
où l'industrie était, pour ainsi dire, née des arts,
elle a su garder aux arts une place nécessaire et
les associer étroitement aux perfectionnements
industriels.
Et si elle a, ce faisant, rempli à souhait
le premier article de son programme, qui est
« l'avancement et la propagation de l'industrie
par la réunion, sur un point central, d'un grand
nombre d'éléments d'instruction », elle a montré
par surcroit, comme on l'a dit l'autre jour élo-
quemment, que « dans la plus petite ville, avec
des moyens restreints, il est possible de faire des
choses utiles, lorsqu'il y soufUe un esprit d'ini-
tiative, de désintéressement et de dévouement
au bien public ».
E. 1).
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des beaux-arts (séance du 2.5 janvier).
— L'Académie est informée qu'elle va entrer eu pos-
session, l'usufruitier étant mort réceuiment. d'un
legs dont elle était nue propriétaire depuis 1883.
Ce legs lui a été fait par .M"° Amélie Ardoin. 11
consiste en une somme d'environ 50.000 fr., dont les
revenus serviront à fonder un prix pour » les jeunes
(illes pauvres qui se destinent à la carrière des arts
34
LE BULLETIN DE L'AKT
et dont la position de fortune est souvent un empê-
chement pour arriver à la réputation ".
Ce prix sera décerné tous les ans, après un con-
cours jugé par l'Académie des beaux arts.
— lia été ensuite procédé au tirage au sort des jurés
qui seront adjoints aux membres des cinq sections
de l'Académie pour rendre les jugements sur les con-
cours pour les prix de liome à décerner en 1908.
Ont été désignés :
l'einture. — Titulaires : MM. Schommer, Raphai'l
Collin, Wencker, Bordes, Gervex, Priant, Agache. —
Adjoints : MM. Joseph Bail, Maxence, Chabas,
Roybet.
Sciilpliire. — Titulaires : MM. Tony Noël, Sicard,
Cariés et Larcho. . — Adjoints : MM. Boucher et Lom-
bard.
Architecture. — Titulaires : MM. Recoura, Sortais,
Gassien Bernard et Lisch. — Adjoints : MM. Mayeux
et Lambert.
Gravure en taille douce. — Titulaires : MM. Jules
Jacquet et Dezarrois. — Adjoint : M. Buland.
Gravure en médailles et en pierres fines. — Titu-
laires : MM. Dupré et Bottée. — Adjoint : M. Vernon.
t'o>nposition musicale. — Titulaires : MM. Paul
Hillemacher, Coquard et Wormser. — Adjoints :
MM. Ch. Lefebvre et Widor.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 24 janvier). — Le président lit une notice
nécrologique sur le baron de Rosen, orientaliste
distingué, correspondant de l'Académie à Saint-
Pétersbourg depuis 1896, récemment décédé.
— M. Delisle présente et décrit avec éloges l'ou-
vrage que vient de publier M. Léon Dorez sous ce
titre : les Manuscrits à peinture de la bibliothèque de
lord Leicester à llolkham Hall (Norfolk), choix de
miniatures et de reliures, publié sous les auspices de
l'Académie des inscriptions et belles-lettres et de la
Société de bibliophiles français.
— M. Potticr fait conoaitre une note additionnelle
du P. Konzevalle relative à l'inscription du monument
phénicien publié dans les comptes rendus de l'Aca-
démie en 1907, et en proposant une nouvelle lecture.
Musée du Louvre. — Le musée du Louvre vient
d'ac(|uérir un torse antique en marbre blanc.
Il a reçu en outre de M. L. Nardus un tableau de
Morland, représentant un Intérieur d'écurie.
Musée de Cluny. — Une statuette de Vierge, en
marbre, de la première moitié du xiv siècle, vient
d'entrer au musée de Cluny.
Musées de la 'Ville de Paris. — C'est i dater
d'aujourd'hui 1" lévrier que le vote du Conseil muni-
cipal, établissant un droit d'entrée dans les musées de
la Ville de Paris (Petit-Palais, Carnavalet, Cernuschi,
(îalliera, Victor Hugo) commencera d'avoir son effet.
Seule la collection Dutuit restera gratuitement ouverte
au public, selon les volontés du donateur.
Musée de la Comédie-Française. — La Comé-"
die- Française, qui possédait déjà une statuette de
Didier Seveste par L. Fagel, vient de recevoir de la
sœur du jeune comédien tué à Buzenval en 1870, un
tableau deJ.-F. HalfaiMli, représentant Seveste en uni-
forme de lieutenant de francs-tireurs, debout à la
tête do ses hommes, faisant le coup de feu contre les
Allemands.
Société des Amis du Louvre. — La Société des
.Amis du Louvre a tenu, le 22 janvier, son assemblée
^'énôrale annuelle à l'École des beaux-arts, sous la
présidence de M. Georges Berger, député, membre de
l'Institut. .Après une chaleureuse allocuticin du prési-
dent, le trésorier, M. G. -A. Godillot, a rendu compte
de la situation financière de la société, qui est excel-
lente, puisque les cotisations de ses membres (20 fr.
par an et rachetables par un versement de iiOO fr.),
rapportent aujourd'hui près de 50.000 fr.; le secrétaire
général, M. Raymond Kœclilin, a annoncé ensuite
qu'on avait dépassé cette année le chill're de 2.500 adhé-
rents, et, après avoir rappelé tous les avantages
attribués à la qualité des Amis du Louvre, a énuméré
les dons faits au musée en 1907 : l'écuelle en vermeil
de Thomas Germain, un miroir arabe du xiu* siècle,
trois dessins de Delacroix, sans compter un admirable
bureau d'OKbcn, provenant des Invalides et entré au
Louvre grâce au don, fait par la Société, d'un bureau
moderne destiné à le remplacer.
A la fin de cette séance, l'éloge d'un donateur du
Louvre a été prononcé. C'est M. Maurice Tourneux
qui en était chargé et qui a lu une notice très attrayante
et pleine d'aperçus originaux sur Eugène Piot.
Société des Antiquaires de France. — A la
dernière séance de la Société des Antiquaires,
.\I. Mayeux a donné lecture d'une étude sur l'icono-
graphie du grand portail de Saint-Jean-le-Vieux de
Perpignan.
Prix Lheureuz. — On sait que le prix I.heureux,
dune valeur de 2.000 francs, fondé en 1900, est attribué
alternativement à un sculpteur et à un architecte et
qu'il est destiné à récompenser « l'auteur de la plus
belle œuvre de sculpture ou d'architecture exécutée à
Paris au cours des deux dernières années ». Décerné
tour à tour à Dalou, à .M. Charles Girault, à Barrias,
à .M.M. Pascal, A. Merciè, Formigé et Cout.in, c'est à
M. Sauvageot que la commission spéciale, présidée
par M. Daumet, membre de l'Institut, l'a attribué cette
année, voulant récompenser par là l'œuvre de restau-
ration de la vieille église Saint-Pierre de Montmarlre.
entreprise par cet architecte. Par une coincidence
fatale, la mort est venue frapper M. Sauvageot |pres-
qii'au moment où l'on couronnait ainsi sa carrière.
A Strasbourg. — Dans la dernière séance du
conseil municipal de Strasbourg, le maire, M. Schwan-
dcr, a fait un exposé des travaux de la commission
spéciale chargée de préparer les travaux de restau-
ANCIEN ET MODEKNE
3S
ration du château des Rolian. 11 s'af,'it momenta-
nément d'une mise en état de la façade et de la
toiture. D'après les devis établis par M. Knautli,
architecte de l'œuvre Notre-Dame, les Irais seraient
évalués à 600.000 marks. La commission du Conseil
s'est montrée favorable au projet, à condition que la
délégation accorde une subvention de 200.000 marks
sur les fonds de l'État d'Alsace-Lorraine. Une requête
dans ce sens sera rédij^ée par l'administration muni-
cipale.
M. le professeur Ziegler, membre du Conseil, a
exprimé sa satisfaction au sujet du projet et espère
que l'on pourra rendre au château son ancienne splen-
deur. La délégation ne saurait faire autrement que
de participer à la restauration d'un des joyau.\ d'art
du pays; il l'espère, du moins, car, il s'agit de conserver
sur le sol allemand une œuvre de l'architecture fran-
çaise de tout premier ordre ; sur ce sol, les civilisa-
tions de deux grands peuples ont pris contact ».
M. Berninger, architecte, ajouta qu'il serait souhai-
table que la restauration de l'ancien château lut faite
sans que l'on altérât ni la forme ni le ton de l'édi-
fice. 11 ne faut pas introduire de « nouveaux éléments
décoratifs », ainsi qu'on l'a fait pour l'Hôtel de Ville.
Le maire a promis que rien ne serachangé au caractère
de l'œuvre.
Le 'Van Dyck de Courtrai. — h'ÉléviUion de lu
Croix, la peinture de Van Dyck volée il y a un mois
dans l'église Notre-Dame de Courtrai, a été retrouvée
la semaine dernière, au village d'Ardoye, près de
Bruges, dans une roulotte où elle était dissimulée.
Nécrologie. — W'ilhebn Hnsch. — Le 9 janvier
est mort, dans sa retraite de Mechtershausen, en
Hanovre, où il vivait depuis de longues années, l'ar-
tiste, poète et dessinateur, peut-être le plus populaire
d'Allemagne, l'humoriste Wilhelm Busch. On le savait,
par quelques-uns de 'ses derniers vers, préparé à la
mort avec une douce confiance, et il s'est éteint sans
bruit.
Nous avons retracé, en abrégé, sa vie et ses œuvres,
i l'occasion du jubilé do ses 70 ans [Uullelin n° 138,
3 mai 1902). 11 n'y a presque rien à ajouter à sa bio-
graphie : une dernière date, celle qui figure en tête
de ces lignes, et le titre du volume (|u'il publia (1904),
en annonçant que ce serait le dernier : Zu ytiter
Letzt {Pour la bonne fin), car il tint parole et il n'y en
eut plus d'autre.
Busch dut son immense popularité à la justesse de
son expression, dans le mot et dans le trait, dans le
comique et dans le grave. Absolument comme l'œuvre
des artistes les plus élevés, la sienne dérive d'une
grande observation de la nature et d'une vive péné-
tration du cœur humain. Il a créé un genre. Par
centaines ses vers ont passé dans le langage courant.
On n'avait pas attendu sa mort pour le proclamer un
classique de l'humour allemand. Certaines de ses fan-
taisies les plus amusantes, les farces des fameux
galopins Max et Moritz, par exemple, ont été adap-
tées à la scène. Et le dessin, au trait simple et som-
maire, mais toujours caractéristique, fait merveilleu-
sement corps avec le texte. Busch composait les deux.
Malgré leur allure facile, on sait qu'il y travaillait
longuement, avec soin ; il a dit quelque part de ses
livres qu'ils sont puisés à même la vie, qu'ils n'ont
pas été « forgés » sans effort et aussi qu'ils ont peut-
être eu leur opportunité. H les produisit presque tous
à 'Wiesendahl, sa ville natale, sans demander l'avis
ni l'approbation de personne, pour son propre plaisir,
zuiii Selbulplœsier, écrit-il en un allemand du temps
de Frédéric 11.
L'Album Busch, qui atteint aujourd'hui son cent
dixième mille, contient les principales de ses œuvres :
la Sage Hélène, Max et Morilz, l'ater Filucius, Aven-
lares d'un vieux garçon, Fipp.i le singe, M. et M"' Knopp,
Julielte, la Résille, Images pour la Jobsiade, l'Anni-
versaire, Dideldum !, l'iisch et Plum, Baudouin
l'agneau, le Peintre Klecksel, etc. — M. M.
— On annonce la mort : du paysagiste Cliarles-
limile Dameron, âgé de 59 ans, chevalier de la Légion
d'honneur depuis 1898, plusieurs fois médaillé aux
Salons des artistes français, oii il était membre du
jury, et aux Expositions universelles ; — du collec-
tionneur Ivan Slchoukine, russe d'origine, qui s'était
fixé à Paris où il avait formé une galerie d'impression-
nistes français et de peintures de l'école espagnole; —
du peintre autrichien August Eisenmenger, professeur
à l'Académie des beaux-arts de Vienne, où il était né
le H février 1839 et où il exécuta de nombreuses
peintures décoratives {Parlement, Société des amis de
la musique. Musée d'art industriel, etc.) ; — du peintre
Roberto Bompiani, décédé à Rome à l'âge de 87 ans ;
ancien président de l'Académie de Saint-Luc, il était
correspondant de l'Institut de France et chevalier de
la Légion d'honneur.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — "Ventes diverses. — Une vente
après décès, faite, salle 6, le 24 jauvier, par
M" Huguet et MM. Paulme et Lasquin, et dont
le produit total s'est élevé à environ 28.000 fr.
a donné lieu à quelques enchères, qui, dans
la pénurie actuelle de gros prix et d'adjudi-
36
LE BULLETIN DE L'ART
cations retentissantes, prennent quelque intérêt.
Le clou de la vacation était le n" 38, un buste
de fillette, en marbre blanc, du temps de la
Ilenaissance, reproduit dans le petit catalogue
dressé à l'occasion de la vente. Sur la demande
de 8.000 fr., cette sculpture n'est montée qu'à
4.200 fr.
Du côté des tableau.\, tous modernes, notons :
V). Boudin. Vue du port de Trouvillc, 1.010 fr. —
11. Corot. Le Vieux pont du moulin, 1.060 fr. —
31. Thaulow. Une Rue du village de Saint-Martin-
l'Éijlise, 1.600 fr.
Enfin, parmi les objets d'art et meubles, nous
ne trouvons à signaler que le n" 101, cbiffonnier
marqueterie, estampille illisible, ép. Louis XV;
bronzes rapportés, 1.500 fr.
— Le même jour, salle 1, une vente, dirigée
par Me G. Normand et M. Blocbe, a produit
30.000 francs. A côté de pièces de mobilier mo-
derne, et comme telles sans intérêt pour nous,
nous remarquons un panneau décoratif à sujets
de chasse, par Oudry, 1.000 fr. et une composition
attribuée à Jordaens, 1.070 fr.
— Tout l'intérêt de la semaine, à l'Hôtel
Drouot, était dans les ventes de livres, en par-
ticulier dans celle de la première partie de la
bibliothèque du comte Werlé, dont le Bulletin
rendra compte dans son prochain numéro.
Ventes à l'étranger. — A Berlin. — Ta-
bleaux. — On vient de vendre à Berlin, chez
MM. Keller et Heiner, la collection de tableaux
anciens et modernes appartenant à M. Fritz
Gerstel.
En présence des résultats plutôt modestes de
cette vente, eu égard aux grands noms que por-
taient les œuvres, nos confrères de la presse
quotidienne attribuent cet insuccès à. la crise
financière qui sévit actuellement en Allemagne
comme en Amérique. Il est permis de penser
cependant — en se rappelant que la valeur des
objets d'art, sur le marché de Londres comme
sur celui de Paris, est restée constante au plus
fort de la crise américaine — qu'il y a sans
doute d'autres raisons pour expliquer cette dis-
proportion formidable entre les attributions don-
nées aux ouvrages et les prix d'adjudication
obtenus par ceux-ci.
Et ce n'est pas au moment où justement allait
être inaugurée à Berlin une réunion splendide de
peintures de l'école anglaise du xvm* siècle, que
de bons spécimens de cette même école auraient
pu s'y vendre à vil prix. Quel que soit le ralentis-
sement des aflaires dans le domaine de la curio-
sité comme ailleurs, nous n'en sommes pas
encore là, et en vente publique — nous l'avons
bien vu encore tout récemment à Paris et d'une
manière plus manifeste que jamais, — quand
il passe de belles choses, elles dépassent tou-
jours le pair, autrement dit les prévisions les
plus optimistes.
Uuoi qu'il en soit, voici, d'après le New-York
Her'ald, les principales enchères de cette vente :
Canaletto. Deux Vues de Venise, 8.5;j2 fr. —
Hobbema. Paysatje, 3.27b fr. — Reynolds. Por-
trait de femme, 0.250 fr. — Oudry. Fleurs, 1.437 fr.
Le prince de Bulow a acquis pour 2.500 fr. un
tableau par Oainsborough. C'est vraiment pour
rien !
On cite encore : Jungheim. Paysage, 750 fr. —
Hoguet. Vue de marche, 806 fr. — Munckaczy.
Portrait, 750 fr. — Ph. Wouwerman. Scène de
chasse, 550 fr.
Ventes annoncées. — A Londres. — Une
vente de tableaux anciens et modernes aura lieu à
Londres, le 8 février, chez Cbristie, celle d'une
laible partie de la collection du duc de Suthertand.
Parmi les peintures modernes qui vont passer
aux enchères, signalons : une composition de
W. Etty {The world beforc the flood] ; parmi les
tableaux anciens : le Portrait de la duchesse de Nor-
folk, par Sir Th. Lawrence, provenant de la vente
de l'artiste ; une allégorie de la Paix de T. Wil-
leborts Bossrhaert ; un Portrait de Philippe IV
d'Espagne, à cheral, de P. -P. Rubens; un Portrait
de gentilhomme, par Van Dyck ; un Saint Gré-
goire, du Guerchin; une Madone avec l'Enfant et
saint Jean, par Andréa del Sarto ; la Pietà, par
Paul Véronèse, indiquée comme étant le couron-
nement d'un grand tableauqui se trouveà Stafford
House ; une troisième peinture provenant du
même ensemble se trouve à Dulnich et une qua-
trième àCaslle Howard; enfin le Portrait de l'ar-
rhevi^que Ambrosio Ignacio Spinola, par J.-K. Mu-
rillo (cat. Curlis, n" 475).
M. N.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Trois expositions rétrospectives. — Trois
paysagistes rapprochés par le hasard des innom-
brables exhibitions ouvertes, et qui marquent
poétiquement la transition de la couleur bitu-
ANCIEN ET MODERNE
37
mineuse à la lumière grise : Chaigneau, Boudin,
Sisley.
Ferdinand Chaigneau () 830-1906) renaît à nos
yeux, chez Georges Petit, non loin des « aqua-
relles de voyage » d'un architecte, M. Alexandre
liruel , 011 l'Acropole d'Athènes émerge des
crépuscules roses notés par le regard de Chàleau-
briand, — en face de l'exposition périodique de
la Société de la miniature, de l'aquarelle et des
arts précieux, ensemble assez hétérogène, où
les meilleurs portraits de M'°^^ Camille Isbert,
Gallet-Lévadé , Marie Laforge et Marguerite
Ressert alternent avec les sages dessins de
M. Corabeuf et les figurines plus ou moins poly-
chromes de MM. Descomps et Tisné.
Eugène Boudin (1824-1898) est un invité pos-
thume au cinquième Salon dit de l'École fran-
çaise, et que son nom pompeux ne défend pas
mieux contre l'invasion du médiocre que sa
voisine ou sa rivale, l'Association syndicale de
peintres et sculpteurs français, préface assez
inutile au Salon ; celle-ci ne compte pas moins de
douze cents envois ; celui-là dépasse le millier,
pléthore monotone, en dépit des qualités de
MM. Bouy, Caulet, Johannès Son, Muselier,
Maurice Chabas, Faugeron, Louis Prat, Bourdon,
peintre du Luxembourg, Auguste Fabre, peintre-
graveur que nous avions déjà remarqué chez.
Hessèle (1), et Dillon, peintre-lithographe, auteur
narquois et vaporeux des Ballons rouges.
Sisley (1839-1899) trône actuellement dans les
galeries Durand-Huel, musée de l'impression-
nisme, auprès de Jongkind et de puissants mor-
ceaux de Mary Cassait. On connaît la maîtrise
argentine de Boudin et l'inégale évolution de
Sisley ; mais on sait moins la poétique discrétion
de Chaigneau, le peintre des soirées nuageuses
et des moutons laineux, le dernier des petits
romantiques qui prolongèrent le sillon de Charles
Jacque et de Millet. Peintre-graveur, il aimait
les ciels diaprés où le vent fait jouer des ombres
fantastiques autour de l'étoile du soir, les me-
naces d'orage sur les sites paisibles de Barbizon,
la plaine crépusculaire dominée par la brune
silhouette du berger; son regard aimait les nuées
vagabondes et les ors pourprés du couchant ; et
souvent, l'élude est supérieure au tableau. Celte
pâle romantique s'affine chez Eugène Boudin,
dans la centaine de pâturages verts et de marines
laiteuses, prêtés par M. Gustave Cahen et plusieurs
autres admirateurs de ce grand petit-maître qui
{l)Voirle«»/;ea'/idu 14 décerabrel907,ir362,p.310.
joignait la naïveté du sentiment à la précision
du savoir ; un ciel pastellisé prestement, un
simple croquis de falaise ou de mâture affirme-
raient l'exemplaire union de ces dons précieux,
que notre hâte ne consultera jamais trop I Si les
premiers Claude Monet reflètent l'atmosphère
argentée de Boudin, les Sisley de la meilleure
époque trahissent l'influence blonde de Corot,
parmi les inondations, les neiges, les banlieues
élégantes, les printemps aigres et les automnes
dorés.
Belleroche (galerie Graves) et Michl (ga-
lerie d'art décoratif). — Deux féministes: l'un
anglais d'origine et l'autre tchèque de naissance;
et peut-être faut-il attribuer à leur nationalité
ce regard aigu qu'ils jettent sur l'élégance qui
nous entoure? Aussi bien nos maîtres français
n'ont-ils pas mieux vu que les Bolonais, l'Italie
radieuse et ruinée ? A notre tour, en un Paris
moins idéal, apercevons dans le miroir de ces
yeux étrangers, mille détails quotidiens qui nous
semblent nouveaux ; explorons avec ces guides
imprévus la modernité. Nos lecteurs connaissent
déjà M. Albert Belleroche, exposant depuis sept
années au Salon des artistes français, puis au
Salon d'automne (2) ; avant tout lithographe, il a
contribué joliment à la réhabilitation de la pierre
tendre avec des lumières heureuses de revêtir
la forme d'un visage féminin sous les cheveux
défaits. Ses portraits ondoyants, ses prunelles
vives, ses nus voluptueux, triomphent dans les
gris ardoisés du croquis. Plus ironique et môme
caricatural dans ses gravures, à la fois inspirées
de la fête parisienne et de la technique japonaise,
M. Ferdinand Michl revient au sentiment le plus
délicat dans ses monotypes, séduction d'un geste
ou rayure d'un costume. Sous l'enveloppe très
moderne de ces deux talents, on devine la forme,
la construction, cette « réaction du dessin » que
notre Willette, improvisé critique d'art, nous
prédit u terrible ». Elle ne le sera jamais trop.
Raymond Bouver.
P. S. — Fidèles à nos principes, nous tairons
plusieurs expositions présentes; mais signalons
sympathiquement celle du peintre-graveur Henry
Paillard, — visible à la Fédération philatélique de
France, — évocation des Martigues ou de Tunis, de
la Hollande ou des quais parisiens dans une belle
lumière saine et colorée. — II. B.
(2) Voir la pnf;e de M. Henri Beraldi dans la Revue
du tO juin 1904, tome Xlll, p. 4.j3.
38
LE BULLETIN DE L'ART
COURRIER DES DÉPARTEMENTS
Rouen : Expositions particulières.
Les expositions particulières se succèdent à la
galerie Legrip depuis le début de janvier. Après
celle du peintre Clary, un impressionniste plus habile
dans l'expression de la lumière que dans les etlets
embrumés, M. Charles Fréclion, un Uouenuais, nous
a montré une série d'impressions très varices et dont
plusieurs étaient tout ;i fait heureuses, en particulier
un effet de septembre d'ocre et d'ors sur la verdure
encore grasse des fins d'été normands et sous un ciel
déjà gonllé des pluies prochaines. Ailleurs des brouil-
lards, des brumes, des neiges, toute la gamme délicate
qui joint l'été à l'hiver. Ce peintre, très attentif, obser-
vateur des mouvements saisonniers, notateur à la
fois exact et poétique, parut en pleine possession de
lui-même, en pleine sûreté d'exécution.
Moins heureuse dans l'ensemble, l'exposition
d'Henri Vignet, souvent inégal, non seulement d'une
toile à l'autre, mais dans les parties diverses d'une
même toile. Cependant un Vieux Monlmartre par la
neige avait beaucoup de caractère et quelques eil'cts
de quais parisiens, un réalisme exact, mais un peu
froid.
M. Paul Muscart termine le mois avec trente toiles
prises aux diflérents jardins de Uouen et au bord de
la Seine à Duclair. L'idée d'un groupement d'origines
est excellente. Mais l'artiste ne nous parait pas en-
core dégagé d'iniluences nombreuses et trop lisibles
dans son œuvre, malgré des efforts persistants.
En même temps, la maison Charlet exposait une
série de dessins fort curieux, pour un Alinanach
pour l'JOS, qu'édite un groupe d'artistes et littérateurs
rouennais : les XXX. Les dessins de M. Ch. Duhamel
nous le prouvent intelligent illustrateur ; M. Ch. Fré-
chon donne une excellent fusain, les Moissonneurs.
A remarquer en outre deux dessins de Edmond Van
Oll'el, le graveur anversois, des culs de-lampe de
Pierre Millier, des buis de H. Dufy et M. de Vla-
minck, des dessins de VVielhorski, Gaston Gosselin,
Robert Pinchon et Henri Ltelepouvc.
A. M. G.
c«D©3ayDcracy/ocraayDcra(»oayoc(Ocrac^
CORRESPONDANCE D'IRLANDE
L'Inauguration
du musée d'art moderne de Dublin.
Le grand événement artistique de la .semaine
est l'inauguration du musée municipal d'arl mo-
derne de Dublin.
Il est difficile de parler sans enthousiasme de
la merveilleuse collection de tableau.Y qu'a su
acheter M. Hugh P. Lane, le généreux fondateur
de cette galerie, laquelle offre plusieurs points de
ressemblance avec le musée Mesdag, à La Haye.
Il faut surtout insister sur ce fait que nulle part,
si l'on excepte Paris, l'école de Harbizon et les
impressionistes français ne sont mieux repré-
sentés, et que nulle part il n'existe une plus belle
collection de maîtres anglais contemporains.
Au premier étage, on trouve dans une première
salle l'Éva Gonzali'S et le Concert aux Tuileries,
de Manet; Waterloo Bridge et Soleil sur la neige
[Vélheuil], de Monet ; sept portraits de Manciui,
y compris son chef-d'œuvre, te Marquis dcl Grilla;
puis un Renoir, un Degas, un Pissarro, un John
Lewis Brown, un Jacques Blanche et un Le Sida-
ner.
Dans la salle suivante, de plus grands maîtresse
font admirer, parmi lesquels : di x Corot, la Tempête
de neige, de Courbet, et deux autres paysages; un
Clair de lune, de Uousseau ; Don Quicliotte et
Sancho l'ança, de Daumier; le Présent, d'Alfred
Slevens ; trois Monticelli, et des toiles de Barye,
de Troyon, de Diaz, de Fromentin, de Fantin-
l.atour, de Gérôme, de Cottet ; ta Décollation de
saint Jean Baptiste, de Puvis de Chavannes ; puis
des eaux-fortes et des lithographies de Whistler,
de Legros, de Slrang etde Clausen ; des aquarelles
et des dessins de Millet, Daumier, Segantini,
Brabazon, Conder, Muhrman, Musa et Slrang.
La galerie de sculpture contient des œuvres de
Barye, de Rodin (l'Age de bronze et THomme au
nez cassé), de Furse, Goscombe, John et Paul
Bartlett, etc.
Au rez-de-chaussée, consacré à la peinture
anglaise, on trouve, parmi beaucoup d'autres
choses : un chef-d'œuvre de Constable, the Elder
Trec, et six études ; la Foi, l'Espérance et la Cha-
rité, de Watts, et son portrait de M. Louis Huth;
des Azalées, d'Albert Moore ; le Portrait de Walter
Sickert et l'Atelier de l'artiste, de Whistler ; une
étude d'Orchardson, Imogî'ne dans la caverne de
Belarius ; la Parabole du champ de vigne, de H. Hic-
ketts ; les Baigneurs, de M. Mark Fisher ; enfin
d'e.xcellentes toiles de Lavery, de Wilson Steen,
de Walter Sickert, de Siraeon Solomon, de D. V.
Cameron, etc.
Ce nouveau musée est installé, comme le musée
Mesdag, dans une bonne vieille maison bour-
geoise : c'est un édifice dans le style des Georges,
où les toiles ne souffrent nullement de ce que
la lumière leur arrive par la fenêtre et non d'un
toit vitré.
A. T.
ANCIEN ET MODERNE
39
NOTES & DOCUMENTS
A propos de Simon Marmion.
En réponse aux articles naguère publiés dans
le Bulletin par M. Louis de Fourcaud {n"' 302,
363 et 36'f), en faveur de l'attribution des pein-
tures du retable de Saint-Berlin à Simon Mar-
mion, nous recevons de M. Hénault, archiviste
de la ville de Valenciennes, la lettre suivante :
Pour le peintre anonyme du retable
de Saint-Bertin.
Monsieur le Directeur,
Voulez-vous me permettre de demander la publicité
de votre BiiUelin pour répondre à deux ou trois points
des articles de M. de P'ourcaud, récemment parus à
propos de mon travail sur les Marmion.
M. de Fourcaud veut bien louer mon ouvrage en ce
qui concerne la documentation, mais la « disserta-
tion », selon lui, y est fautive. Elle « prête à la cri-
tique», dit-il. Quelle critique? La voici.
Premièrement, selon M. de Fourcaud, j'ai tort de
ne pas ajouter foi au témoignage de Uoin de Witte,
louchant la provenance valenciennoise du Ketuble de
saint Bertiii, M. de Fourcaud loue chez cet auteur la
science, la probité et la bonne foi, puis il ajoute :
« Certes, il (Dom de Witte) n'a pas trouvé un docu-
ment précis signalant le lieu de fabrication du chef-
d'œuvre ». Vraiment ! Je n'en avais pas tant dit. J'ai
seulement écrit qu' « il est fort probable » que Dom
de Witte n'a pas eu de n preuve authentique » à cet
égard. J'en ai conclu qu'il était u fort probable » que
son afTirmation se fondait sur des on-dit, qu'ainsi il
était sage de ne s'y pas confier. M. de Fourcaud
regarde l'absence de document comme certaine : je
demande, en ce cas, ce que font à la question la
science, la probité, la bonne foi de Dom de Witte.
S'il avait produit un document, on pourrait arguer
de sa probité contre ceux qui l'accuseraient de faux ;
s'il disait que le document existe, on pourrait alléguer
sa science contre ceux qui diraient qu'il l'a mal lu.
Pas de document, pas de matière à la science de Dom
de Witte de s'exercer, à sa probité de se faire jour.
« Il s'est borné, dit M. de Fourcaud, à enregistrer ce
qui se répétait dans le milieu conventuel. » A la bonne
heure ! Mais pourquoi M. de Fourcaud veut-il que
nous croyons ce qui se répétait ainsi, parce que Dom
de Witte l'enregistre? Un bruit est un bruit, quand
il serait enregistré par le plus savant homme du
monde, cela ne change pas sa nature, ne le rend pas
plus solide. Il est vrai que M. de Fourcaud ajoute que
celui-là se répétait de « génération en génération ».
Qu'en sait-il ? Et qu'en pouvait savoir Dom de Witte
lui-même en l'absence d'autres sources que ce bruit.
Dom de Witte écrit au moment de la Révolution, près
de quatre cents ans après l'événement : un bruit après
tant d'intervalle est bien peu de chose.
Conclusion : le mot de Dom de Witte : v Cet abbé fit
faire à Valenciennes le retable du maître autel », fon-
dement unique de tout le raisonnement de Dehaisnes,
ce mot, dis-je, s'il ne repose que sur un bruit, comme
le veut M. de Fourcaud, n'est rien. Je n'en suis pas
tout à fait sûr, aussi ai-je dit seulement qu'il fallait
s'en méfier et éviter de rien bâtir là-dessus.
Maintenant, supposé qu'en eflet le retable ait été
lait à Valenciennes, j'ai tort, selon M. de Fourcaud,
de refuser d'en conclure que Marmion en fut l'auteur.
Mais vraiment sufflt-il qu'un peintre habite une ville
pour qu'un tableau peint dans cette ville soit de lui?
Oui, disent Dehaisnes et M. de Fourcaud, si le tableau
est de prix et si le peintre est célèbre. Je réponds :
cela encore n'est pas une preuve^ ni même une forte
présomption. Mais ici cette ombre de preuve, ce com-
mencement de présomption font défaut. Marmion
avait à peine trente ans en 1434 quand fut commencé
le retable; sou renom ne pouvait être encore de ceux
qui ne soutfrent pas de rivaux. Quand fut commencé
le retable, il habitait, non pas Valenciennes, mais
Amiens. Quelque époque qu'on assigne à l'arrivée de
Marmion à Valenciennes, on ne peut la mettre que
cinq ans avant le dernier et parfait paiement de l'ou-
vrage. A aucun moment de son exécution, Marmion
n'a donc joui dans cette ville des prérogatives d'une
présence déjà ancienne et d'une clientèle déjà faite.
Ceci considéré, qu'est-ce donc qui le désigne comme
auteur du retable, supposé que ce retable fût fait à
Valenciennes? liien du tout.
Telle est la somme du débat. C'est là-dessus que
.\I, de Fourcaud écrit : « Au point où en sont les choses,
si Marmion n'est point l'homme qu'il faut nommer, il
faut qu'on le prouve. »
Au point où en sont les choses, en faveur de l'attri-
bution du retable à Marmion, c'est très exactement le
néant. Est-il besoin qu'on prouve quelque chose
contre rien?
11 est vrai que M. de Fourcaud ajoute des considé-
rations de style. Mais en quoi servent-elles sa thèse?
Il y a dans la peinture flamande, après Van Eyck,
Irois styles de peinture, dit-il, dont la critique a pour
devoir de découvrir l'inventeur.
Le troisième de ces styles vient au monde dans le
retable de Saint-Bertin. Il faut donc que ce retable
soit d'un maître célèbre. Qui fut célèbre alors? Mar-
mion ! Tel est le raisonnement quelque peu puéril que
mon contradicteur présente comme extrêmement
[i ressaut.
Or, supposé que les trois styles dont il parle existent ;
supposé qu'à chacun de ces styles, il ne puisse y avoir
lie cause qu'un inventeur illustre ; supposé que le pre-
mier échantillon du style remarqué dans le retable de
Saint-bertin soit ce retable, supposé tout cela (qui
n'est rien moins que prouvé), en quoi l'attribution du
40
LE BULLETIN DE L'ART
retîible do Saint-lîertin à Marinion est-elle avancée?
M. de Kourcaud a-t-il un texte qui désigne Marniion
comme l'inventeur d'un style ? S'il n'a pas ce texte, à
quoi bon un détour aussi fragile que compliqué? Pour
rapprocher iMarmion du retable, il suffit do placer le
renom de l'un en face du mérite de l'autre, sans
recourir à l'invention d'un style. Nous savons que ce
renom convient à ce mérite. Est-ce assez pour les
joindre? .Nullement.
Ainsi, l'argument de style ne pèse pas plus que les
autres. Tout se réunit donc pour faire du retable une
œuvre d'ail nbutiùn vacante dont rien n'entame l'ano-
nymat.
Je vous prie d'agréer, etc.
M. Mk.vailt, archiviste.
Valenciennes, le 17 janvier 1908.
Nous publierons, dans un prochain numéro, la
réponse de M. de Fourcaud à la lettre qu'on vienl
de lire.
LES REVUES
France
Musées et monuments de France (1907, n- 10).
— Ce numéro est le dernier de l'excellente publication
dirigée par M. Paul Vitry, sous le titre de ; Musées
et monuments de France, et l'avis de l'éditeur qui fait
part au public de cette transformation, porte que
« le but poursuivi jusqu'ici par cette revue sera repris
avec quelques modifications par une nouvelle publi-
cation intitulée Hultetin des musées de France ». Un
numéro spécimen sera envoyé sur demande faite à
l'éditeur, M. Eggiiiiann,106, boulevard Saint-Germain.
Voici l'analyse succincte de ce numéro:
— Une Statue d enfant par C/iapu, au musée du Lou-
vre, par Paul Vithy. — A la suite de la salle Carpcaux,
une nouvelle salle va s'ouvrir aux représentants de
la sculpture francai.se du xix- siècle qui, ayant fait
au Luxembourg le stage réglementaire, pourront
quitter pour le Louvre le musée dit « des arlistes
vivants » : Chapu, lionnassieux, Cavelier, Carricr-
lielleuse, en attendant des artistes plus récemment
disparus, comme Guillaume, Dubois et Falguière.
Mort plus jeune, Chapu va recevoir plus tôt les
honneurs du Louvre, et le Mercure inventant le cadu-
cée, que Chapu exécuta à Rome en 1861, va se retrouver
auprès du l'etil pécheur à la coquille, de Carpeaux,
près duquel il fut exposé autrefois. Une libéralité
récente permettra de juger l'artiste sous un autre as-
pect ; il s'agit de la statue en marbre du jeune lioherl
Desmarres, fils du médecin de ce nom (1879), offerte
au Louvre par M. Desmarres lui-nièine.
Belgiouk
L'Art flamand et hollandais (décembre). — Les
Fresques de H. A', lioland llolst dans la maison de
l'Association générale des diamantaires néerlandais
à Amsterdam, étudiées et commentées par A. Pit. —
« La vitalité esthétique de l'art moderne hollandais se
manifeste surtout jusqu'à présent dans l'étude fidèle
de la nature et la plupart du temps dans celle du
paysage; lij figure humaine fut traitée exceptionnel-
lement. En général, le mouvement se confina dans le
réalisme ». Mais un jeune parti « évolutioiinaire ou
révolutionnaire », dit M. Pit, se constitua naguère en
association coopérative et l'on trouve une de ses
expressions les plus réussies dans les fresques peintes
par H. N. Roland Ilolst pour la maison des tailleurs
de diamants, à Amsterdam.
— Second article de M. T. M. Roest v.vn Limblug
sur les Anciens palais de Sassau en Belgique; il est
consacré à l'hôtel de Nassau, à Malines.
— M. Max RoosES commémore, en un charmant
article, un anniversaire auquel le monde des arts
s'associera tout entier : il y a maintenant un demi
siècle que M. Henry Htjmans, né le 8 août 1836 à
Anvers, est attaché à la Bibliothèque royale de Bru-
xelles, dont il est actuellement le conservateur en
chef. Son oeuvre d'historien d'art, considérable et très
étendue, l'a placé aux premiers rangs de ceux qui s'oc-
cupent d'histoire de l'art, en particulier de l'art flamand
qu'il connaît merveilleusement, et « de même qu'il
est toujours prêt à collaborer à des œuvres d'utilité
générale, il ne refuse jamais de communiquer son
savoir au grand public ou à ses confrères «.
Russie
Les Trésors d'art en Russie. (11-12). — Répon-
dant à M. Somov, M. A. Prakhov reproduit une tren-
taine de signatures de Rembrandtpour authentiquer la
signature découverte sur te Savoyard de la collection
loussoupov. L'attribution à Aart de Gelder peut, dit-
il, d'autant moins se soutenir que l'on reconnaît dans
le vieillard de la toile le frère de Rembrandt, Adrien,
qui mourut eu 165i, tandis que Gelder naquit en 1645.
— A. Phakiiov. l'ne variante île la Vestale de t'iu-
dion. (Collection Prakhov.)— La vestale est enbronze,
le rythme est changé et quelques détails sont modi-
fiés. La Vestale en marbre {Konui', 1770), montre
l'inlluenci' romaine ; le bronze « trahit la grâce d'une
française » ; l'auteur incline à penser que la variante
est postérieure au retour de Clodion en France.
— Continuation de la colletion loussoupov. Hubert
Robert, Caralfe, Cliarlet, H. \ernet, Isabey.
— Porcelaines du qrnnd palais de l'arlury/,-. Dkm»
Roche.
Le Gérant : H. Denis.
i'nu. — Imp. Oeorpi Petit, )i, nie Uodot-de-Uiuroi.
Numéro 370.
Samedi 8 Février 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Paris et le Trolley
l'eut-('lrc se souvient-on que oo Bulletin fut
lies premiers à protester naguère eontre l'intru-
--ion (lu trolley dans Paris (1), comme il fut aussi
lies premiers à se réjouir quand on apprit tout
I l'ceniment la prochaine disparition de ce trolley,
qui était venu planter ses potences jusqu'à la
place de l'Opéra, provisoirement — il y a cinq
ans (2).
Mais tout n'était pasdit : pour un de condamné,
il'autres pouvaient surgir ; et l'insouciance avec
laquelle on laisse actuellement dégrader Paris
permettait d'appréhender quelque retour offensif
des ingénieurs et de leurs « toiles d'araignées »,
lors de la discussion sur les transports parisiens
qui devait venir à l'ordre du jour du Conseil
i-énoral, à la fin de janvier.
Kn elTet, on désirait à la fois abaisser les tarifs
(ceci pour le puhlicl, améliorer les salaires (ceci
pour le personnel), augmenter les redevances
des compagnies (ceci pour le budget) : intentions
triplement excellentes, il faut en convenir!
Mais, d'autre part, comme l'établissement du
trolley souterrain est elïroyablement oniheu.x
el que le système du «plot» ne se recommande
guère que par sa grande variété d'inconvénients,
on était bien obligé de conclure à l'adoption du
trolley aérien, le seul éconoraii|ue, le seul pra-
tique et aussi, il est vrai, le seul anti-esthétique
(mais, d'abord, pourquoi l'esthétique tient-elle
absolument à se mêler aux questions de trans-
ports .' .
(i'est dans ces conditions, peu favorables au.v
adversaires des fils aériens, que s'est ouverte
la discussion, et personne ne sera surpiis d'ap-
prendre que les propositions hostiles à la péné-
tration du trolley dans Paris aient été repoussées.
(I) Voir le Trolley place de t'O/téra n' 132 iJu lUil-
lelin, 4 octobre 1902).
2) Voir aux (icho^ [a- Vu, 2 novembre 190";, p. 26t; .
L'une, radicale, était présentée par un modéré,
M. Adrien Mithouard, et ainsi formulée : « Au-
cune nouvelle autorisation ne sera accordée pour
l'établissement du trolley dans Paris»; l'autre,
plus modérée, émanait de M. J. Weber, radical :
i< Les conducteurs aériens ne pourront être ad-
mis dans Paris que jusqu'à la zone délimitée pou-
les boulevards extérieurs inclus ».
On a préféré adopter un projet moins restiictif
encore que celui de .M. Weber, et l'on a arrêté,
plans en mains, une liste des avenues, rues et
places qui devront servir de limites aux conduc-
teurs aériens.
(;ommo il faut savoir se contenter de peu, nous
reconnaîtronsquelesparlisansdutrolley auiaient
pu se montrer beaucoup moins réservés et que,
somme toute, leurs prétentions ne sont pas excès- •
sives, eu égard aux forces supérieures dont ils
disposaient dans le débat.
Pour cette fois donc, Paris n'est qu'investi.
Mais saura-t-on s'en tenir là? D'investissement à
envahissement, il n'y pas loin.
Eddv.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des beaux-arts iséauce du 1" février).
— L'Académie propose, pour le concours Roux, les
sujets suiviints :
Si-iilp/i/re. — Haut ou bas-relief sur ce thème :
« Poème sur l'hiver de la vie ».
Archilectiire. — « Un hôtel de voyageurs de premier
ordre dans une capitale ».
Le programme détaillé est déposé au secrétariat de
l'École des beaux-arts.
— lin raison de l'insultisance des partitions adres-
sées pour le concours Hossini (composition musicale;.
l'Académie proroge ce concours à l'année )909 et en
fixe la clôture au 30 avril 1909.
Le livret imposé reste le même ; Il a pour titre :
l.aiire el Pétrarque, et pour auteurs M.M. Fernand
Beissier et Eugène Adenis.
— L'Académie ouvre en même temps, et dès aujour-
42
LE BULLETIN DE L'ART
(l'hui, un Bduviïau cuncours pour le prix liossini
(poésie). Ce concours sera clos éi,'aleiiicnt le 30 avril
1909.
Le poème choisi clans ce dernier concours de poésie
servira de thème pour le concours liossini (compo-
sition musicale), à ouvrir en 1909 pour ("tre clos le
:f0 avril 1910.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 31 janvier). — M. Héron de Villefosse lit,
au nom du P. Delattre, de Carlhage, une noie sur un
puits rempli de squelettes, qui a été dérouvert à peu
de distance de la basilique de Mcidfa. Au-dessous
d'un amoncellement d'ossements, d'environ trente
mètres de hauteur, le savant correspondant de l'Aca-
démie a recueilli des débris d'inscriptions dont deux
mentionnent le nom de Perpétue, et dont deux autres
appartiennent à des épitaphes de la Gc».« Vibici. Or,
sainte Perpétue, qui subit le martyre à Cartha^e,
s'appelait Vibiii l'erpeh/ii.
Le P. Delattre en conclut que le terrain sur lequel
il a fait cette découverte appartenait à la famille
Vibia, qui possédait là, sur son propre domaine, une
sépulture privée. Il pense aussi que le puits rempli de
squelettes avait pu recevoir les corps des nombreux
Donatistes qui, en 317, trouvèrent la mort dans la
IjKsilicii inajoriim, en résistant à main armée ù ledit
de Constantin leur enjoignant de renfire leurs ésilises
aux catholiques.
— M. Collignon fait une eomunmication sur une
statuette grecque archaïque, en pierre calcaire, du
musée d'Auxerre. Elle date de lu première moitié du
VI" siècle et appartient à la série de figures fén)inincs
en forme de .roanoii. Elle représente une femme,
sans doute une oranle^ la main droite ramenée sur
la poitrine. On constate des particularités de costume
intéressantes, mais son intérêt réside surtout dans
l'étroite parenté qu'elle présente au point de vue du
type avec des œuvres Cretoises comme le torse du
nmsée de Candie, trouvé à Eleutherne, et celui du
musée d'.Mhéues découvert à Tégée. En tous cas,
cette statuette appartient au groupe des œuvres de
I école Cretoise dont les maîtres furent les initiateurs
de l'art dans le Péloponèse.
École des beaux-arts. — M. Edmond Pottier,
membre de l'Institut, conservateur adjoint au musée
du Louvre, a été nommé professeur d'histoire et d'ar-
chéologie à l'École des beaux-arts, en remplacement
de M. lleuzey, admis .i faire valoir ses droits à la
retraite.
Musées de la Ville de Paris. — C'est dëcidémeal
à dater du 11 février qu'un droit d'entrée d'un franc
par personne sera perçu aux musées de la Ville de
Paris.
Les jeudis et dimanches seront gratuits; des cartes
d'entrée permauente seront délivrées par la préfecture
de la Seine aux artistes, étudiants, journalistes, et
généralement à toutes les personnes que leurs occu-
pations appellent dans ces musées.
Les sommes provenant des entrées seront mises à la
disposition du service des beaux-arts delà Ville pour l'ac-
quisition d'œuvres d'art, l'amélioration des musées, etc.
Au musée Dutuit, qui n'est pas atteint par les pres-
criptions nouvelles — le donateur ayant exigé que
l'accès de sa collection demeurât gratuit, — il faut
ajouter le musée Galliera, dont les expositions sont
formées presque exclusivement d'œuvres prêtées par
les artistes et leur appartenant. Les nmsées payants
sont donc : le Petit Palais, Carnavalet, Cernuschi et
Victor-Hugo.
Salon d'automne. — Le Comité du Salon d'au-
tonme annonce, pour cette année, des séances de
musique et de littérature dont les programmes seront
en grande partie composes d'œuvres inédites.
Le Comité musical se compose de MM. A. liruncau,
liourgault - Ducoudray, Cl. Debussy, Paul Dukas,
G. Fauré, Vincent d'indy, H. Magnard, 0. Mans,
A. Parent et A. Roussel.
Le Comité littéraire comprend M"* de Noailles et
MM. Léon Dierx, A. France, Ch. Gide, G. Kahn,
A. Mithouard, Ch. Morice. Ch.-L. Philippe, J. Renard,
Houché, U. de Souza, Verhaeren, F. Viélé-Griffin.
Les jeunes auteurs ou compositeurs qui désirent
faire entendre leurs œuvres sont priés de faire par-
venir leurs manuscrits iivuni le :ll mai, au secrétaire
du Salon d'automne, M. Paul Cornu, 4, rue Antoine-
Roucher (XVI').
Monuments et statues. — La réfection, depuis si
longtemps réclamée, du socle de la statue de Charle-
magne, va enfin être entreprise et .M.Adrien Mithouard,
qui représente, à l'Hôtel de Ville, le quartier de l'École
Militaire, profite de l'occasion pour demander le trans-
fert du groupe des frères Rochet, représentant I em-
pereur d'Occident escorté d'Olivier et de Roland, sur
la place Vauban, devant la façade de Mansart, face
aux pelouses de l'avenue de Bretcuil, où il trouverait
un cadre assurément plus digne de sa nias.se impo-
sante que son emplacement actuel dans le groupe
d'arbres du quai de l'Archevêché.
A Lyon. — La biblipthèque de la ville de Lyon
vient de s'enrichir d'un précieux manuscrit persan de
l'an 1028 de l'égirc ;I619 de notre ère).
Ce manuscrit contient le Kham.ia ou les Cinq Trésors,
du poète persan .Nizami, poème réputé comme un
chef-d'œuvre de la littérature persane, il est écrit sur
papier de chine sablé d'or; le texte de chaque page
est finement encadré d'or, de noir, de vert et de rouge.
Trente-six enluminures d une grande délicatesse de
dessin et de coloris, dont six frontispices à double
page, fout de cet ouvrage un spécimen des plus rares
de l'art du manuscrit eu Perse à son apogée.
A Bruxelles. — Le prochain Salon de la Libie
Est/tétiytiti coïncidera avec le vingt-cinquième anni-
ANCIEN ET MODERNE
43
versaiie do la fondation des expositions des XX,
origine des Salons actuels.
Pour célébrer ce jubilé, la Libre Eslhélirjue groupera
l.i plupart des peintres et sculpteurs qui ont donné à
■ c cycle d'expositions leur signification ciiiancipatrice.
Seuls les artistes vivants y seront représentés. L'ex-
position juhilairc, qui s'ouvrira au Musée uioderne à
la lin de lévrier, ne sera donc pas rétrospective, mais
rn (pielque sorte récapitulative. On y reverra avec
intérct ceux des artistes belges et étrangers (|ui ont
clcboté aux XX et qui sont aujourd'hui parvenus à la
luailrisc.
A Haarlem. — Les directeurs de la Fondation
Teyier ont mis au concours la question suivante :
n Une énumération des peintures qui, avant I an
1)66, se trouvaient dans les églises et les cloîtres des
l'ays-Bas septentrionaux et, en second lieu, une liste
raisonnée des peintres originaires de ces contrées qui
ont vécu avant ladite année. »
Depuis que l'attention s est fixée sur les productions
■ le la peinture du temps qui précéda la Hélorme, on
^ est rendu compte qu'un grand nombre de ces leuvres
sont sorties des Pays-Bas septentrionaux. Or, les
•inciens écrivains, comme Van Mander, ne savaient
lUMiinicr (|ii'un petit nombre des peintres qui vivaient
à cette époque, et, de ce petit nombre d'artistes, ils ne
pouvaient désigner que peu de peintures. Mais depuis
lors, l'examen des archives et le grand développement
pris par l'histoire de l'art ont non seulement aug-
menté considérablement le nombre connu des noms de
ces peintres, mais ont permis de retrouver en partie les
ii'uvres que ces artistes avaient produites. Désormais,
on est en état de mesurer toute l'étude des travaux
d'Albert van Ouwater et de (Jeertgen tôt Sint Jans, à
Haarlem ; de Cornelis Engelbrechtsz et de Lucas de
I^cyde, à Leyde ; de -.lacob Cornelisz et de Picter
Aertsz, à Amsterdam ; de Ernst Madcr et de Machteit
toc Boecop, à Kanipcn ; de Jan Scorel, à l'trecht ; de
Jcronimus Bosch, à Bois-le-Duc, etc.
Il ressort des recherches déjà entreprises que la
tradition selon la(|uelle les iconoclastes auraient
ruiné, en l.'i66, à peu prés toutes les œuvres d'art
dans les églises et les cloîtres des contrées septen-
trionales des Pays-Bas, ne mérite plus une confiance
illimitée. Pourtant, afin qu'on puisse avoir à cet égard
une vue d'ensemble sur le champ à reconnaître, il
faut d'abord posséder une indication aussi complète
que possible des peintures dont ces églises et ces
cloîtres étaient ornés avant 1366 et, en second lieu,
une liste raisonnée des peintures originaires du nord
des Pays-Bas et existant encore aujourd'hui. Telles
sont, brièvement résumées, les raisons qui ont incliné
les membres de la fondation Teyier à choisir les ques-
tions ci-dessus énoncées.
Le meilleur mémoire déposé recevra comme prix
une médaille d or d'une valeur de 400 tlorins de Hol-
lande, frappée sur le coin de la Société.
Les mémoires devront être écrits en hollandais, en
frani'ais, en anglais ou en allemand, d'une écriture
lisible et autre que celle de fauteur. Ils resteront la
propriété de la Société, qui se réserve le droit de
publier ceux qu'elle couronnera.
Ces mémoires doivent être anonymes, signés d une
devise et accompagnés d'un billet cacheté portant, au
lieu d'adresse, la même devise et contenant le nom et
le domicile de l'auteur. Ils devront être adressés avant
le i" avril 1910 à la Fondation de feu M. P. Teyier van
der Huist, à Haarlem. Le jugement sera prononcé
avant le 1" mai 1911.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — 'Vente de tableaux anciens, etc.
— La vente que nous avions annoncée ici-méme
avec quelques détails, et qui a eu lieu, salle 11,
les 30 et 31 janvier, a produit un total de 37.i;>6
francs.
Klle olirait comme principal attrait de consti-
tuer les véritables débuts de M« Henri Baudoin,
le successeur du regretté Paul Chevallier, à qui
on ne peut souhaiter plus belle carrière que celle,
trop tôt interrompue, de son prédécesseur.
Aidé de MM. Ferai, Mannheim et Lemau, le
nouveau commissaire-priseur n'a pas eu celte
fois de bien grosses enchères à sanctionner du
coup de marteau traditionnel, mais l'époque n'est
pas encore venue, à l'Hôtel Drouot, des vacations
d'importance et, en matière de ventes publiques
comme de transactions privées, les affaires dans
le domaine de la curiosité sont plutiM au calme
tixe. Les seules criées qui paraissent avoir le moins
à souffrir du présent état de choses sont les
ventes de livres ou d'estampes qui, s'adressant à
un public plus spécial, plus sérieux aussi, conti-
nuent tranquillement leur petit train-train, sans
44
LE BULLETIN DE L'ART
se soucier des crises financières et des bruits
alarmants du côté de la Bourse. Au contraire, en
le qui concerne les grandes ventes d'objets d'art
ou de tableaux, en dehors de la collection Octave
lloniberg, annoncée pour le mois de mai sous la
direction de iMf l.air-Dubrcuil et deMM.Mannlieim
et Samboii, on n'entend encore parler d'aucune
suite de vacations d'importance comparable aux
grandes ventes de l'an dernier.
Uuoi qu'il en soit, et pour en revenir à notre
présente vente, elle n'a pas donné lieu à de bien
gros prix, ce qui est d'autant plus compréhen-
sible que le niveau général de la collection était
d'ordre tout à fait secondaire, et que lés pièces
importantes y faisaient totalement défaut.
Il nous suffira d'indiquer quelques prix :
Peimlres. — Trois miniatures sur parchemin repré-
sentant des Scènes de lu l'assion, par liaphail de
Crémone, 2.000 fr. — Sahator Hosa. La Dintiibulion
de la soupe par un couvent, l.!)80 fr. — Sui'hy. l'orlrail
de la princesse Marie-CléiDentine, 1.030 fr. — Attri-
bués à Ph. de Champaif,'ne. l'orlrails de Jeunes ;/eii-
lilshommes, deux pendants, 1.020 fr.
Objets divkhs. — Bronze. /'îc/o, d'après Miilicl-Angc,
travail italien de la fin du xvi" siècle, l.l.'iS fr. —
Lustre fer doré et cristaux de roche, 1.580 fr. —
Ouatre plaques eu ancien email de Limoges, 9i0 fr.
"Vente de tableaux. — Dans les résultats
d'une vente de tableaux, faite salle 6, le 29 Jan-
vier, par M= Lair-Dubreuil et M. Haro, nous ne
trouvons à signaler que les enchères suivantes :
Décoratfon composée de douze panneaux et de
deux de^sus de portes, de l'Ecole française, à
guirlandes do fleurs et attributs, :;.000 fr. —
Attribué à Boucher, Iji lioiiquclicrc surprise,
1 .600 fr. — Kcole llamande. Béatiliralion d'une
saillie, l.OO'.i fr.
"Ventes annoncées. — A Paris. — M": Lair-
iKibreuil, assisté de MM. l'anime et B. Lasquin
lils, vendia à l'Hôlel, salle 10, le 10 février, une
collection de porcelaines anciennes, biscuits et
faïences des provenances les plus diverses, aussi
bien d'Allemagne que de Fiance, des Pays-Bas
que de l'Extrême-Orient; quelques-unes de nos
fabriques provinciales (Arras, Nevers, Lille, Mar-
--cille. Tournai), sont également repiésenlées
dans cette réunion, (jui compte aussi quelques
pièces hispano-mauresques.
— Le même comniissaire-priseur, avecM. Loys
Delteil comme expert, dispersera, les lU et 14 fé-
vrier, salle 11, la collection de dessins anciens
du marquisde V...; toutes les écoles européennes
y sont représentées par des spécimens intéres-
sants, mais on accordera une particulière attention
aux dessins français du xv« au SIX' siècle, et parmi
ces derniers, aune série de soixante-seize des-
sins de T. Géricault.
Des miniatures, des aiiuarelles et des gouaches
complètent la vente.
— Enfin, lesl7et 18 février, salle", aura lieu la
vente, dirigée par M" Lair-Dubreuil et MM.Mann-
lieiin, d'une colleclion X..., comprenant des
objets de vitrine, bonbonnières, tabatières, étuis,
llacnns, etc.. en partie du xviii» siècle.
LIVRES
A Paris. — Vente de la bibliothèque du
comte A. 'Werlé (1" partie : livres mo-
dernes . — lue suite de prix assez oïdinaires,
avec tout à coup quelque belle enchère venant
secouer les amateurs et donner de l'animation à
la vente : telle est, en résumé, l'impression pro-
liuite par les vacations de la bibliothèque de livres
modernes du comte A. Werlé, dispersée à l'Hôtel,
du 21 au 2!» janvier, par le ministère de M'' Lair-
Dubreuil, assisté de M. H. Lcderc.
Dans le total de 170.22!» francs, ligure pour une
somme respectable une réunion de dix aqua-
relles et 77 dessins originaux de .Maurice Leloir,
destinés à illustrer l'nc l'cmmc de iiualite au siirtc
passé féd. Manzi), et aux(|uels était joint un
exemplaire de cet ouvrage : 21). 000 francs sur une
demande de 20.000), c'est un joli denier pour une
simple curiosité de bibliophile.
En choisissant les enchères supérieures à mille
francs, nous mentionnerons, en outre :
78. /'//ys»)/o,'/i></(/.'/o«<, par Brillât-Savarin (librairie
lies bibliophiles, 2 vol. in-S", ISTJ). avec eaux-forles
lie Lalauze; on y avait joint un album in-4' contenant
les eaux-fortes en épreuves d'artiste sur japon et les
eaux-fortes pures avant la lettre, 2.000 fr. (Cet exem-
plaire, adjugé à M. Carteret, a été vole dans la salle
même, après la vente; I album qui en faisait tout le
prix n'a été tiré qu'à trois exemplaires.)
toi. Contes rémois (Michel Lcvy, 1858), sur hol-
lande, fig. de Meissonier sur chine, 1.015 fr.' — I2'J.
Costumes /listorigues, sur vélin, avec les 150 dessins
originaux de Lcchevallicr-Chevignard, 1.005 fr. —
156. Jacques le Falalisle, par Diderot (Amis des
livres, 1884), sur j.ipon, avec 10 aquarelles et 2 des-
sins originaux de Maurice Leloir, 4.210 fr. — 159. I.a
Ctianson des mois, par J. Doucet (Reims, 1904:, avec
une aquarelle et une suite des eaux-forlcs de Loloir,
3.870 Ir. — 236. Les Mille et une nuits (Librairie des
bibliophiles, 1881), sur hollande, dcss. orig. de Lalauze,
ANCIEN ET MODERNE
2.1"\0 fr. — 140. Unp réunion do 3.433 planches,
conslituant l'œuvre de Daumier, 2.ri0 fr.
342. Contes de l.a Fontaine, réimp. de l'éd. llidot
de 1795, avec illustr. de Fragonard, sur japon, fig. de
Martial ajoutées et dess. orig. de ces ligures, 1.980 fr.
— 411. Conles clioisis, de Guy de Maupassant (éd. des
Bibliophiles contemporains), rel. de Gruel, 1.483 fr. —
443. Œuvres de Molière, dess. orig. de Lalauze,
1.801 fr. — .500-301. Maiie-Anloinette Daup/tine et
la Heine Murie-Aiitoinelte, par 1'. de Noihac, -.310 fr.
— 302. Les yemnes de Versailles, par le même, sur
japon, 4.000 fr. — 337. Le Priiiteiiips des cœurs,
illustr. par Dinet. avec une aquarelle originale,
2.030 fr.
338. U)ie Femme de qualité au siècle passé (éd.
Manzi), te.xte et dessins de Maurice Leloir, avec un
album contenant 10 aquarelles et 77 dessins originau.x
de l'artiste, 25.000 fr. (demande 20.000 fr.). — 626.
\'ie de N.-S. Jésus-CIn isl, par Tissot, e.\. sur japon,
plusieurs états des lig. et une ac). orig., rel. de Champs,
3.030 fr. — 387. La Rose enchontée, par E. Schulze ;
dessins orig de G. Uussière. 2.020 fr. — 594. Mémoires
(/,." M"' de Slaul-Helauiiay • 1890), avec les dess. orig.
de Lalauze, 1.701 fr. — 600. Le Roupie el le noir, par
Stendhal {éd. Conquet, 1884). ex. unique sur japon
jaune, avec les dessins orig. de Uubouchet, les eaux-
l'ortcs de ces dessins en i|uatre états et des dessins
inédits de N. Saunier, 1.930 fr. — 627. La Suinte ISible,
de Tissot, plusieurs états des lig. et deux aqu. orig.,
1.370 fr.
— I,es tnémes coininissaire-priseur el e.xport
ont coniuieiicé lundi dernier à disperser la se-
conde partie de la bibliotlièt|ue Werlé, compre-
nant les manuscrits el livres anciens.
Nous donnerons, la semaine prochaine, les
principales enclièros île cette catégorie, qui a
nécessité quatre jours de vente et où la moyenne
(les pri.x a été supérieure à celle des livres
modernes.
■Ventes annoncées. — A Paris. — M^ Lair-
Ihilueuil et ,M. II. I.eclerc annoncent, pour la
semaine prochaine, la dispersion de la biblio-
tliéiiue de l'eu .M. Henri Cliusies. Le 11 et le 12,
à rHôlel, salle 7, seront vendus les livres anciens :
ouvrages reliés au.x armes des Ifourbons, aux
armes de personnages et de bibliophiles célobres,
collections de portraits de membres Je la maison
de Bourbon, etc.; — le 14 et le 15, même salle
les livres modernes passeront au.x enchères.
B. J.
ESTAMPES
A Paris. - Vente d'estampes anciennes et
modernes. — Le 12 lévrier, à rHi'>lel, salle n" 8,
.M" E. Origet et M. L. Delleil procéderont à la
vente d'une petite réunion d'estampes assez
variée, comprenant , auprès de quelques gravures
d'artistes anciens — Diirer, Rembrandt, H. Nan-
teuil, Boucher, Lavreince, Cochin, Duplessi-Ber-
lau.x (dessin des Travaux du Champ-de-Mars pour
la fête de la Fédération) — des œuvres modernes
d'importance et de qualité diverses — Daumier,
Buhot, Manet, Chéret, Forain, Gaillard, Fantin-
Latour, Helleu, Zorn, etc.
R. C.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Société d'art français (Cercle de la Librairie),
— Ce nouveau groupe, qu'il faut se garder de con-
fondre avec la Société de l'Histoire de l'art fran-
çais, se dit fondé « pour montrer, par des exposi-
tions d'œuvres anciennes et modernes, la perma-
nence de notre tradition artistique w. Il s'agirait
seulement de la délinir... L'idée de cette tradi-
tion ne change-telle pas avec les temps '.' L'atelier
Itavid invoquait la tradition française en hono-
rant d'une ferveur étroite ce Poussin qu'on
exalte en face d'un Cézanne ! Aujourd'hui que
les artistes sont partagés entre la crainte judi-
cieuse d'être dupes en admirant des extrava-
gances, et la peur plus redoutée de passer pour
réactionnaires en méconnaissant des efforts,
l'avanl-garde appelle d'instinct cet inquiétant
Constantin Guys (1808-1888), un peu surfait par
l'imagination raisonnante de Baudelaire, et qui
lit impression sur Manet. Ébauche et débauche,
revoici donc le Suburre parisien de 1860, depuis
les allées du Bois jusc|u'au divan des lupanars :
exposition moins paisiblement rétrospective que
celle de Boudin, encadrée par les ouvrages et
les noms inégalement connus des peintres Bussy,
béziré, Charles Cuéiin, Tristan Klingsor, Lacoste,
Laprade, Le Beau, Martel, Jacques Martin, Otl-
mann, Gaston Prunier, Boustan, .Jacques Simon,
L'ibain, du sculpteur Bourdelle, de M"" Marie
Bermond et Louise Hervieu. J'en passe, mais
non point des meilleurs.
Exposition coloniale (Galerie Bernheiin
jeune). — C'est encore la tradition française,
avec les noms rassérénants de Marilhat, de Belly,
de Guillaumet, que suggèrent ces notes, rappor-
tées de loin par les boursiers élus à Pexposilion
de Marseille en 190(i. El, devant ces brèves des-
criptions Je l'.Vlgérie, de la Tunisie, des luJes,
LE BULLETIN DE L'AKT
ou devine un retour naturel au style Iram-ais,
plus épris de formes précises et de lumières
(liscri''tes que du romatitisme outrancier d'un
Decamps. Pas un Tartarin parmi ces quatorze
orientalistes, en dépit de la CanebiiTC ! l'eititres
ou sculpteurs, ils imitentmieux (|u"ils n'inventent.
Les études, surtout, de MM. Dabadie, Marché,
Godeby, Léon RuIVe, et les aquarelles de M"" Ma-
rie (jautier, nous l'ont voir la blanche Tunis, la
Moixle obscurité des souks, le silence clair de
loued, la fontaine ombragée par les sycomores,
la porte verte d'un marabout, les ruelles roses
de Kairouan, les pierres massives deTouggourth,
la maigre végétation de Figuig, dont le nom fait
rêver M"»" Lucie Delarue-Mardrus... M. Avelot,
dans rinde, a vu la vie patriarcale et les archi-
tectures de songe, la rivière sacrée qui reflète
vaguement la rougeur des costumes ou des soirs,
lamais M. Henri d'Estienne ne s'est montré plus
tin qu'en semant des sequins sur les fronts
bronzés de la rieuse fillette arabe ou de la femme
grave apportant le café. La délicatesse de M. de
La Nézière sympathise avec la verte Ceylan ; et
((ui sait si l'île mystérieuse des périples anciens,
que M. .Joseph Pinchon voit plus décorative, ne
renouvellera pas le paysage moderne avec la
majesté boisée de ses plans "?
R.4YM0ND BOUYER.
Les Mosaïques byzantines
de Sainte-Sophie de Salonique
Au cours de la mission (|ui lui avait été confiée,
en 1(107, par le ministère de l'Instruction publique,
à l'effet d'étudier les monuments byzantins de
Salonique, M. Marcel Le Tourneau, architecte
diplômé par le gouvernement, a relevé les [iré-
cieuses mosaïques qui décorent l'église de Sainte-
Sophie. Ces mosaïques étaient pour ainsi dire
inconnues. A la coupole, les personnages dispa-
raissaient sous les peintures à l'huile représen-
tant des arbres ou sous les papiers portant des
inscriptions coraniques dont les Turcs les avaient
recouverts ; à l'abside, la figure de la Madone
était également invisible. Et, par surcroît, le
grand incendie qui, eu 189S, ravagea Sainte-
Sophie, avait mis 'sur toute la décoration une
épaisse couche de fumée. M. Le Tourneau a pu
échafauder le monument, nettoyer toute la sur-
face des mosaïques et leur rendre leur éclat
primitif, révélant ainsi vraiment une a-uvre d'une
importance capitale pour l'histoire de l'art by-
zantin.
Les mosaïques de la coupole représentent /'.As-
cension. .Au centre, le Pantocrator appareil dans
un médaillon porté par deux aniies; dans la zone
circulaire, la Madone, llanquée de chaque côté
par un an-ge, est accompagnée des douze apôtres.
La conservation est excellente et l'art tout à fait
supérieur. Il y a, dans le modelé des figures, une
délicatesse de touche, une finesse d'exécution
étonnante, une science aussi de l'eflet à pro-
duire, qui est de premier ordre. Certaines ligures
ont une rectitude de dessin, une intensité de vie
et d'expression, une variété dans. les attitudes et
les draperies, qui sont absolument remarquables.
La figure centrale du Pantocrator est au contraire
d'un art très différent et nettement inférieur; et
de même, la Vierge tenant l'Enfant qui décore
l'abside, malgré la connaissance admirable que
l'artiste a de son métier, malgré la façon exquise
dont l'enfant est traité, ne vaut point le'- mo-
saïques de la coupole.
C'est (ju'aussi bien tous ces ouvrages ne sont
point du même temps. On a fort discuté en ces
dernières années sur la date des mosaïques de
Sainte-Sophie; et, comme on les connaissait plus
qu'imparfaitement, on les a promenées dans
l'histoire de l'art byzantin depuis le vu" siècle
jusqu'au xii" ou xiii°. Les constatations très pré-
cises faites par M. Le Tourneau ont permis de
poser plus nettement etde résoudre le problème.
Al'aidede ces donnéesincontestables, M.C. Diehl,
professeur d'histoire byzantine à la Sorbonne, a
pu établir ((ue le Pantocrator qui occupe le centre
de la coupole date du milieu du vu" siècle et ap-
partient à la décoration primitive, les figures de la
zone circulaire provenant au contraire d'une res-
tauration faite à la lin du x« ou dans la première
moitié du xi' siècle. La .Madone de l'abside est de
la fin du viii' siècle, et. étant donné l'extrême
rareté des monuments byzantins de cette époque,
elle est tout particulièrement précieuse.
Ces très belles mosaïques seront publiées li»^
prochainement par MM. Le Tourneau et Diehl,
dans les Monumenls l'iot, avec planches en cou-
leur el en noir. M. Le Tourneau qui, l'an dernier,
avait déjà exposé au Salon une belle restauration
de Saint Démètriui de Salonique, ainsi que de
charmantes aquarelles représentant un epita-
phioa, chef-d'(cuvre de la broderie byzantine au
xtv« siècle, conservé dans cette ville, se propose,
ANCIEN ET MODERNE
ilu reste, de retourner proiliainemfiit en Orient
pour continuer ses études. Il sortira de là, sans
nul doute, un beau livre sur les monuments
liyzantins de Salouique qui, échelonnés du v au
xiv^ siècle, permettent de suivre toute l'évolulion
de l'architecture byzantine.
C. D.
CORRESPONDANCE DE BUCAREST
Expositions d'hiver.
A l'Athénée, on a vu, ces dernières semaines,
les expositions du caricaturiste Iser, des peintres
Kimon Loghi, Stéfane l.ukian et du sculpteur
Oscar Spaethe.
l'armi les caricaturistes roumains, et il en est
de politiques qui ne manquent pas de verve,
.M. Iser se montre le moins uniquement local. La
satire chez lui se hausse parfois à un type général,
humain de partout. Ses préférences vont au
monde des cirques et des cafés-concerts, artistes
et public. Il semble procéder d'Ibels plus que de
tout autre.
M. Loghi jouit de la réputation de premier
jieintre roumain idraliste. ^iginaire de Macé-
doine, il a subi à Munich, pendant quelques
années, l'inlluence de Franz Stuck. C'est à travers
Stuck seulement qu'il apparaît bœcklinien. On
ne peut toutefois accorder à ses compositions
d'autre valeur que'celle de formules toutes faites,
irn|)loyées avec une certaine habileté technique
toute superficielle. Ses œuvres alVectent une e.xé-
cLition lieaucoup trop sommaire pour être mi'roe
décoratives. Ce sont des à peu près de conception
dans des à peu près de réalisation. L'impression
ne laisse pas que d'être parfois poétique ; les
harmonies de tons trahissent des qualités de
coloriste ; il n'y a là malheureusement aucune
vie, ni réelle, ni symbolique. L'artiste a cherché
à réaliser un type de ces exquises princesses des
contes populaires roumains, mais il n'a pas
réussi à s'affranchir de la plus plate banalité,
malgré des prétentions léonardesques, et il ignore
tout ensemble le style et la » richesse néces-
saire )>, qu'il serait cependant si facile d'em-
prunter à la moindre paysanne d'un villaiie
conservé à l'abri des afiectations citadines.
M. I.ukian demeure visiblement inlluencé par
la manière de feu Grigoresco ; il en a encore
exagéré la liberté, à laquelle on sent trop qu'il
n'est pas parvenu graduellement; sa touche et
son coloris manquent de vraie finesse. Le com-
parer à Leibl et encore à Metsu, comme on l'a
fait, c'est lui lancer le pavé de l'ours. Cependant
il s'est créé une spécialité intéressante de la
population de mahala. le faubourg très particu-
lier de Bucarest. Son individualité en quête de
mieux pèche par défaut de discipline.
M. Oscar Spaethe s'affirme un sculpteur par-
faitement maître désormais de son métier; son
portrait du peintre iMkian marque un fort pro-
grès sur le buste, du General Mano, aperçu il y a
trois ans à Munich, et surtout sur celui de l'acteur
Brezeano, antérieur. Quelques objets d'art ré-
vèlent un joli goût décoratif. Des statuettes
de paysans, de bergers, d'un caractère original,
forment une sorte de pendant roumain aux figu-
rines moraves, d'un charme si aisé, de M. Uprka.
M. M.
LES REVUES
Francf.
Revue des Deux-Mondes (1" janvier). — /."
Condillun sociale des peintres français du XIII' au
XV' siècle. Cet article postiiuuie — dans lequel le re-
gretté Henri Bouchot avait mis eu œuvre les notes qu'il
avait recueillies au cours de ses recherches sur les
primitifs — nous fait connaître la vie et les mœurs
de ces artistes, principalciiient à Paris, jusqu'au
XVI" siècle.
Musées et monuments de France (1907, n° 10,
fin). — Voici la lin de l'analyse des articles contenus
dans le derrdor numéro de cette publication (voir le
n" 309 du liullelin, p. iO) :
— Fonlesd'aprèsdes bus-reliefs antiques uttribuables
au sculpteur Tliuillier, conservées au musée du
Louvre et au musée Wallace, par Etienne Michon.
— Le buste de Jean de ilorvilliers, par Germain
l'ilon, conservé au musée d'Orléans, reproduit et
étudié par M. Gaston Bhikre.
— 11 La Salivité » de ISenedelto Gliirlandajo, conser-
vée dans l'église d' Aigueperse, reproduite pour la
première fois dans une revue française et étudiée par
M. Jean Guikfkev, qui insiste sur liiitérèt considé-
rable que présente cette (euvre pour l'histoire de la
peinture italienne, car son attribution est incontesta-
blement établie par une signature, et aussi pour l'bis-
tuire lie la peinture frani'aise, puisque Henedetto Ghir-
l.indajo vécut en France vers 1480-1490 et y répandit
48
I.E BULLETIN DE L'ART
rinfluence de l'art DoreiiUn, en nirnie temps qu'il y
recevait l'empreinte de notre art national.
— Vescidief de la iiiaisuii de Fr/inçois I", à Ahbe-
ville, par Pierre Dubois. — L'auteur étudie et repro-
duit ce chef-d'œuvre de la rue de la Tannerie, une des
étapes que les visiteurs du vieil Abbeville devront
rayer désormais de leur itinéraire, car la porte et le
tambour de cette cage d'escalier, ornés de délicates
sculptures, ont été naguère veiulus par le propriétaire
à un antiquaire pour la somme de 4.000 francs, avant
que la Société d'émulation d'Abbevillc ait pu parer
le coup par une olîre quelconque. Ces précieuses
boiseries sont déjà parties pour l'Amérique !
Allemag.nf,
Die Kunst (décembre). — A. Fobtlaoe. L'Ea-poxi-
liun de iarl allemand ù <'olo(/ne,en 1907.
— K. ScHEFFLER. Le tnblenu placé dans une
chambre. — Conseils pour le choix et le placement
des tableaiix. Extrait de l'ouvrage Ahderne Cvlltiv.
— F. VON BoEHiN. Francisco de Goya, considéré sur-
tout comme adversaire du classicisme et précurseur
des impressionnistes.
— Il.-E. Kromek. Ernsl Kreidulf, auteur d'albums
illustrés pour enfants, d'une fantaisie cliaruiante,
d'après les spécimens que reproduit l'auteur.
— K.-M.KczMANv. Une église bdlir /lar Ollo Waf/ner.
— Kglise de la grande nmaisou de santé pour aliénés »
de la Basse-Autriche, construite en style moderne
(plaques de marbre et métal), par Otto Wagner.
— H. Warlich. Cari Melville, et sa sculpture sur-
tout décorative.
— E.-W. Bredt. Monumenf funéraire par Obrlsl.
— Heu.mever. Le nouveau casino dWiblinq, con-
struit, quant à l'aspect extérieur, dans le style des
maisons de paysans de la régi()n, par l'architecte
H. Scliachncr.
— Ateliers et travaux d'art industriel allemand
(meubles, broderies, jouets).
(Janvier). — Le Scnlpleur autrichien Edmond llell-
mer, son art et son enseignement. — llelluier veut
que le sculpteur apprenne de nouveau à travailler
lui-même le marbre et le bronze, au lieu de se borner
à des modelages. — .Nombreuses reproductions des
travaux de Ilellmer.
— F. Gu.NTHEB. Le Conservateur de musée.
— R. SciiMiDT. La seconde Exposition de l'Acadéuiie
royale des beaux-arts à Berlin.
— Travau-i d'art industriel de B.-.l. Sclirœder. —
H. llUET.
Angleterre
The Burlington Magazine (janvier). — l.cs
récentes ac(juisitions d'œuvres appartenant à la col-
lection kann, faites par MM. C. P. et Archer M. Hun-
lington, par M. C. J. Holmes. — Des peintures
tlamandc? et hollandaises (parmi les œuvres de celle
série figurent le l'ortrait it'Hcndrickje Stoffels (JL
le Savant avec un buste d'Homère, de IteinbrandI :
wal'orlrait de femmeetun l'ortrait de Koeijmamszoon
irAblasserdam ; une Vierge avec l'Enfant, Ae Roger
van der Weyden, etc., reproduites dans le texte); —
parmi les œuvres espagnoles : le Cardinal don Fer-
nando Niîio de Guevara, par Greco, et le Torero
l'edro Romero, par Goya ; — de nombreux objets
d'art et d'ameublement français du xviii" siècle
(tables, bureaux, pendules, porcelaines de Sèvres, etc.).-
— Soles sur les peinturps des cotleclinns royales,
par Lionel Cust : cette neuvième étude est consacrée
.i la « grande pièce » de Van Dyck, le groupe de
Charles I", avec la reine Henriette-Marie et les deux
aines de leurs enfants, le prince Charles et la prin-
cesse Marie.
— Les porcelaines de Sèvres des collections royales,
par M L. Solon.
— Deux chefs-d'œuvre de la sculpture grecque, par
A. KoESTER. — H vient d'entrer au Musée national de
Rome un torse d'une copie du Discotifjle de Myron,
qui est le meilleur fragment que l'on connaisse des
copies de ce chef-d'œuvre et auquel on a pu joindre
plusieurs fragments que le musée posséd.iit déjà, de
façon à former une statue complète du Discobole,
qui est une des meilleures qiu^ l'on connaisse. L'autre
chef-d'œuvre également entré au Musée national est
une statue de Siobide du !'• siècle.
Rl'ssif
StaryéGody les Annéesanciennesj/novemhri".
— Willi. lioiiE. t'n portrait de femme par IleiiibrandI
lions la collection lluldschinsky à llerlin. — Récem-
ment .icquis et provenant de Dresde, ce portrait,
fort bien conservé, semble celui de Henririjke stollels,
âgée d'environ 12 ans, vers 1630.
— N. Ro.MAXov. (Juel<iues œuvres peu connues de
Fédotov. — Humoriste et gcuriste, Fédotov s'était
habitué à la vérité qui le particularisa, par un grand
nombre de petits portraits de personnes de son entou-
rage et de ses amis. Ces portraits sont étudiés pt^ur
la première fois et pour la premi' !.■ t.i-; l'Mr.'iMi^s .n
grand nombre.
— G. Gro.nai'. ' '■ '■■,■' , ,,,.,,,,,r .,
l'itli.
— K. Ueitekx. Les iiinu;, r,ij,/i,rK de Chtchi-drovsi,i.
— Ouatre remarquables albums parus de I83'J à 1855
et consacrés aux mèliers et aux mes de Saint-
l'ètershourg.
— V. I.\. L'arrivée de Nicolas Pineau en Russie. —
Il arriva avec toute sa famille, fenmie, belle-sœur et
belle-mère. Son compagnon, le sculpteur Simon,
se demande l'auteur, n'élait-il pas son beau-frère'.' —
I). HorfiF.
Le Gérant : H. Demis.
Pans. — Inp. Georg» Pxit, ti, me Uodot-dp-Uturai.
Numéro 371.
Samedi 15 Février 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Retour de flammes
I.es promesses du gouvernement étaient deve-
nues à ce point formelles et précises, que les plus
sceptiques avaient fini par s'y laisser prendre,
et le déménagement du ministère des Colonies,
officiellement annoncé, n'étant plus qu'une
question de semaines, les protestations s'apai-
sèrent dans l'espoir de la prochaine libération
du territoire artistique... Ceci se passait il y a
tout près de dix mois.
Mais, le cycle des saisons révolu, l'hiver ramena
la discussion du budget, sans qu'il eût été donné
aux amis du Louvre de voir s'accomplir cet
événement mémorable; quelqu'un tenta bien de
reprendre la question à la Chambre : il n'obtint
aucun succès, et le Gouvernement, fort de ses
promesses passées, ne jugea point à propos d'en
faire de nouvelles.
Cependant, l'hiver ramenait aussi le froid; et
le froid, du feu dans les foyers du pavillon de
Flore. Nécessairement, il arriva un beau soir —
pas ijlus tard que lundi dernier — que le feu
prit, j'allais dire : dans une cheminée du minis-
tère (ce que c'est que l'habitude !) ; mais non :
cette fois, c'était dans un monte-charge formant
appel d'air, partant des sous-sols et montant
jusqu'au toit : tout à fait ce qu'il fallait pour
incendier le bâtiment du haut en bas.
Or, de ce commencement d'incendie, que les
journaux nous disent avoir été i< d'une certaine
gravité », sans doute par euphémisme et pour ne
pas avouer qu'il fut d'une gravité certaine, on
peut tirer, toujours d'après les journaux, plu-
sieurs enseignements bons à retenir. Retenons
donc :
l" Qu'il faut se féliciter de ce que l'incendie
ait eu lieu à sept heures du soir, car s'il s'était
déclaré la nuit, « le feu aurait pu prendre de très
grandes proportions et tout le cabinetdu ministre
avec les bureaux attenants, auraient pu être
détruits ». C'eût été dommage, certainement ;
mais enfin, la salle des Hubens est peut-être
aussi intéressante que les cartons verts des
Colonies.
2° Qu'un attaché de cabinet, qui travaillait près
de l'endroit où le feu se déclara, ayant donné
l'alarme, on utilisa, en attendant les pompiers,
les appareils d'un poste à incendie du ministère :
or, ces appareils « fonctionnèrent à merveille ».
Et voilà de quoi rassurer les âmes sensibles :
quand on possède de semblables appareils, com-
ment ne braverait-on pas tous les commence-
ments d'incendie !
3° Enlin, que le ministre, qui s'est montré très
ému de cet incident (sa femme de chambre a été
descendue à demi asphyxiée), a fait à un reporter
cette déclaration sensationnelle, touchant le
transfert de ses bureaux :
« — .le m'en occupe ardemment; pas plus tard
qu'hier, j'ai visité les locaux de la rue Oudinot,
où nous devrons émigrer, et j'ai prié l'architecte
d'en hâter l'aménagement : tout sera prêt à la
la lin de l'année, et nous commencerons aussitôt
notre déménagement ».
A la lin de l'année, Dieu bon ! Et c'est l'archi-
tecte qui l'assure ! Et le déménagement commen-
cera aussitôt après !
Allons ! je crois que la seule chose qui vaille
la peine d'être prise en considération dans tout
cela, c'est que les postes d'incendie du ministère
« fonctionnent à merveille ».
Eddy,
ECHOS ET NOUVELLES
Légion d'honneur. — M. Bisson, artiste peintre,
couiiiiisstiire en clief des expositions de la Société
des artistes français, est nommé chevalier de la
Légion d'honneur.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 7 février). — Sur le rapport de M. Paul
!J0
LE BULLETIN DE L'ART
Durrieu, l'Académie décerne le prix Duchalais, de la
valeur de mille francs, à la Revue numismuliqui\
dirigée par MM. Schlumberger, Babelon et Adrien
Bluiicliet, pour l'ensemble de ses publications.
— M. Héron de Villefosse présente au nom de
M. Fernand Bournon, le volume que celui-ci a publié
récemment sur les arènes de la rue Monge.
— L'Académie se forme ensuite en comité secret
pour discuter les diverses attributions à donner à la
fondation Dcbrousse.
Commission archéologique d'Indo-Chine. —
Le ministre de l'Instruction publique vient de créer
une Commission archéologique do l'Indo-Chine qui
sera rattachée à la section d'archéologie du Comité
des travaux historiques et scientifiques, et chargée de
recevoir et d'examiner toutes les communications
relatives à la conservation des monuments archéolo-
giques de rindo-Chine. Cette Commission est com-
posée de :
MM. Perrot, secrétaire perpétuel de l'Académie des
Inscriptions, président ; Barbier de Mcynard, Barth,
Chavannes, llamy et Sénart, membres de l'Institut:
Aymonier, membre du Conseil supérieur des colonies;
Bayei, directeur de l'enseignement supérieur; le
général de BÈylié; Delaporte, directeur du musée
cambodgien; Doumer, ancien gouverneur général de
rindo-Chine; Kinot, directeur-adjoint à l'école pra-
tique des Hautes-Etudes; Foucher, directeur-adjoint à
l'École des Hautes-Etudes; Fourès, résident supérieur
honoraire; Guimet, directeur du musée Guimet;
Hahn, résident supérieur honoraire; Harmand, ambas-
sadeur de France; Sylvain Lévi, professeur au Collège
de France; Porte, ministre plénipotentiaire; Max
Outrey, chef du bureau de l'Asie au ministère des
Colonies ; de Saint-Arroman, chef de bureau, et Char-
pentier, sous-chef de bureau a la direction de l'ensei-
gnement supérieur.
Musée Carnavalet. — M"* Matza, née Colette
Dumas, morte récemment, a par testament donné au
Luxembourg ou, à défaut, au musée Carnavalet le
portrait de son père, par Edouard Détaille.
Trois autres dons ont été laits au musée Carnavalet:
les portraits de M°" Adélaïde, sœur de Louis-Philippe,
par Scheffer, et de Dugazon, par liiesener, offerts par
M. Félix Doistau, et le portrait de JSalzac sur son lit
de mort, pastel de Giraudet, donné par M"' Kolb.
Manufacture des Gobelins. — Par lettre, en
date du 4 février 1908, M. GuilTrey, administrateur
de la Manufacture nationale des Gobelins, a été
informé par l'administration des Beaux-Arts que le
mandat qui lui avait été renouvelé en 1903 expirant
le 1" mars prochain, il était, à partir do cette date,
admis à faire valoir ses droits à la retraite et nommé
administrateur honoraire.
(In annonce que M. Gustave Gelîroy sera nonuné
administrateur des Gobelins, en' remplacement de
M. Guiffrey.
Société des artistes français. — Le vote pour le
renouvellement du jury de peinture i)our les années
1908, 1909 et 19)0 aura lieu le vendredi 28 février, de
9 à 4 heures, à la salle des Agriculteurs de France,
8, rue d'Athènes.
Le jury se composera de soixante artistes français
hors concours. Sont électeurs tous les artistes français
récompensés ou ayant exposé cinq fois au Salon,
exception faite de ceux qui, n'étant pas sociétaires,
n'ont pas exposé depuis quinze ans.
Société nationale des beaux-arts. — On sait
que, depuis plusieurs années, les maquettes de décors
sont admises au Salon de la Société nationale.
Cette année, d'accord avec la nouvelle direction de
l'Opéra, la Société nationale organise pour le pro-
chain Salon un concours de maquettes; le sujet
choisi est le décor du dernier acte de i^amson et
Dfililn : le temple dont Samson renverse les colonnes.
L'auteur de la maquette jugée la meilleure par le
comité de la Société, auquel s'adjoindront MM.
Saint-Saëns, Messager, Broussan et P. Lagarde,
recevra une prime de .MO francs, et, si le projet offre
les garanties de pratique nécessaires, la direction de
l'Opéra se réserve le droit d'en commander l'exécution
à l'artiste récompensé.
Les artistes désirant prendre part à ce concours
devront envoyerleurs projets au Grand-Palais dons la
journée du vendredi 27 mars.
Monuments et statues. — On a inauguré la
semaine dernière, à Dijon, un monument au philan-
thrope Félix Mangini, di'i au statuaire Boucher et à
l'architecte Bogniat.
— Mardi dernier, a eu lieu, dans le jardin du Luxem-
bourg, l'inauguration du monument de Scheurer -
Kestner, œuvre de Dalou.
Au Mont Saint-Michel. — L'administration des
bcaux-artsvientde conclure au Mont Saint-Michel une
série d'acquisitions importantes. Le « petit bois » qui
s'étale sur le versant Nord du Mont, au pied des
constructions de la Merveille, devient la propriété de
l'État. Il en est de même des pentes rocheuses qui
bordent la plateforme de l'abbaye et de terrains assez
étendus sur lesquels il était à craindre de voir s'élever
des immeubles qui eussent masqué l'un des plus
beaux aspects du Mont.
A Étampes. — Un amateur d'art, M. Eugène
Lcfèvre, vient de signaler, dans une dépendance du
tribunal d'Étampes, occupée par la gendarmerie, une
peinture murale dont l'importance était jusqu'ici
inconnue et qui serait une œuvre du début du qua-
torzième siècle. La scène quelle représente est celle
de la donation, par Philippe le Bel à Louis d'Évreux,
de la baronnic d Étampes, en 130'7. La peinture n'a
subi que peu de dégradations et l'on distingue nette-
ment les personnages.
ANCIEN ET MODERNE
bl
En Tunisie. — D'intéressantes découvertes archéo-
logiques ont été faites dans ces dernières années à
Souk-el-Arba, en Tunisie : en 1902, par M. Lafon,
conducteur des ponts et chaussées; puis, en 1905,
par le capitaine Bcnet, du 3' bataillon d'Afrique, qui,
en élargissant le champ des investigations premières,
avec le concours de la direction des Antiquités et
Arts du Protectorat, est parvenu à déblayer entière-
ment tout un vaste édifice. C'est une construction à
peu près carrée, mesurant environ 26 mètres sur 23,
et rappelant, par les grandes lignes de son plan, le
temple de Saturne, à Dougga, ou le sanctuaire du
Genius colonise, à Timgad. De nombreuses colonnes,
des statues et des piédestaux, y ont été trouvés,
dont M. Alfred Merlin, directeur des Antiquités et
Arts de la Régence, vient de signaler l'intérêt dans
une savante brochure. 11 cite notamment une grande
statue d'homme, en marbre, dr!\pé de la toge; sur la
tète, séparée du tronc, et qui gisait à quelque distance,
on remarque que la barbe est indiquée par un simple
piquetage du marbre sur les joues et le menton. Il
signale également une petite statue de Minerve, haute
de 1 m. 30, privée presque complètement de ses bras
et dont la tête n'e.xiste plus, mais dont le travail est
délicat et curieux : la déesse est vêtue du double
chiton serré au-dessous des seins par une ceinture,
avec, sur la poitrine, l'égide et la tête de Gorgone ;
dans le dos, deux encastrements symétriques ont dii
servir à fixer des ailes dont il n'a été rien retrouvé.
Une autre statue de Minerve, manifestement destinée
à faire pendant à celle-ci, a, d'ailleurs, été retrouvée
dans une autre partie du temple. Enfin, au centre de
la cella, et sans préjudice de nombreuses effigies
d'hommes et de femmes, découvertes en divers
endroits, une statue colossale d'Apollon Citharèdc,
haute de 3 mètres, a été mise au jour. Debout, li'
torse nu, le bas du corps enveloppé dans une dra-
perie qui se replie sous le bras gauche, le dieu, à qui
le temple est dédié, a le bras droit recourbé au-dessus
de la tète, la main posée sur les cheveux qui sont
sép,arés en deux bandeaux ondulés, et s'appuie de la
main gauche sur une cithare richement décorée et
supportée par un socle rectangulaire.
A Strasbourg. — La Société des Amis des Arts
de Strasbourg, qui organisa l'année dernière, on se
rappelle avec quel succès, une exposition d'art fran-
çais moderne dans la capitale alsacienne, prépare en
ce moment une exposition consacrée à l'art décoratif
de l'École de Nancy.
Cette exposition se fera dans les salles d'apparat du
Palais des Rohan, du 7 au 26 avril. Elle comprendra
aussi bien la peinture que les arts appliqués et don-
nera une idée d'ensemble de la production artistique
dans la capitale lorraine.
Les artistes les plus célèbres et les principales mai-
sons d'art de Nancy seront représentés.
A Amsterdam. — On nous écrit d'Amsterdam :
«L'ère des tribulations n'est pas encore close pour la
collection Six. N'arrive-t-il pas que ce qui en reste,
après la vente du lot appartenant aux héritiers Six
van Vromade, va être soustrait à la curiosité du
public ! La demeure patricienne d'Amsterdam, jus-
qu'ici si hospitalièrement ouverte aux touristes de
passage, va leur être fermée, par décision deM.J. Six.
D'après la revue de Gids, les causes de cette décision
doivent être cherchées, d'abord, dans les articles de
certains journaux, même parisiens, dont les appré-
ciations auraient froissé les propriétaires du l'ortrait
du bouri/meslre J. Six, et ensuite dans la conduite
de certains visiteurs de la galerie, étrangers ou même
Hollandais, qui n'ont pas toujours su se conduire
avec la réserve et la correction qui devaient être
considérées comme élémentaires. — G. H.
A Bruges. — On annonce que, dans sa dernière
séance, le conseil communal de Bruges a voté à
l'unanimité les expropriations nécessaires au déga-
gement du terrain sur lequel sera construit le nou-
veau musée. Celui-ci sera réuni, par des jardins
publics et des allées, au merveilleux palais de Gruiit-
huse, à l'église .Notre-Dame et à l'hôpital Saint-Jeau.
A Berlin, — M. Max J. Friedhender, directeur en
second du musée de Berlin, vient d'être désigné pour
succéder, comme directeur du Cabinet des estampes
de ce musée, à M. Max Lehrs, nommé au Cabinet de
Dresde.
— *— ^^*<1>^0<STÇ'^VÎ>^«>-
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — Vente de tableaux, etc. — Dans
une vente de peu d'importance, faite salie 6, le
4 février, par M' François et M. Blée, et dont le
produit s'est élevé à 20.1îi0 francs, se trouvait
une composition de Carie van Loo, Betlisaliée
Rortantdu bain, qui fit partie, en 1781, de la vente
Sollier, où elle fut adjugée 660 livres. Ici, sur la
demande de 20.000 francs, elle en a réalisé 10.000.
Hien de notable dans le reste de la vente.
S2
LE BULLETIN DE L'ART
Tableaux anciens. — Annoncée par un cata-
logue illustré de quelques planches, une vente
de tableaux anciens, faite salle 6, le C février,
par le ministère de M" I.air-Dubreuil et de
M. Bloche, a produit un total de ii4.06G francs.
Rien de bien marquant dans celte réunion
un peu mêlée, où dominaient les médiocrités ;
les quelques morceaux honorables ont eu plutôt
à souflrir de se trouver dans un pareil entourage,
car les prix d'adjudication sont restés très sensi-
blement au-dessous de la demande.
PRINCIPAUX PRIX
11. Cuyp. Portrait présumé de Philippe IV d'Es-
pagne, à l'dye de douze ans, 3.650 fr. — 12. Danloux.
Portrait d'un </entïUiotnme (in;/lais, 1.550 fr. — 18.
Attr. à Elias. Portrait de ijeiililhomme, 3.100 fr. —
23. Attr. à Greuze. Portrait de jeune garçon, 1.000 fr.
— 28. Attr. à Th. Lawrence. Portrait de Sir Tv;yritt
Drake, 4.000 fr. (dem. 1.000). — 30-31. Attr. à Lépicié.
Deux portraits de Petite fille et ]ietit garçon, 1.500 fr.
— 32. Carie van Loo. Portrait présumé du maréclial
de Saxe, 1.800 fr. — 37-38. Marieschi. Deux Vues de
Venise, 1.100 fr. — 39. Metsys. Saint Jérôme en
extase, 1.620 fr. — 43. Morland. L'Heure de l'avoine,
4.200 fr. (dem. 10.000). — 44. Attr. à Moroni. Portrait
de seigneur vénitien, 1.680 fr. — 49. Attr. à Steen. Le
Maître d'école, 1.955 fr. — 55. Terburg et Daniel Se-
ghers. Portrait d'homme, 1.010 fr. — 73. Éc. franc.
Portrait de dame de la cour, 5.100 fr. — 77. Chaise à
porteurs décorée de compositions en camaïeu hieu
attribuées à Le Prince, 1.800 fr.
Tableaux, etc. — Une vente faite le 7 février,
salle 10, sous la direction de M« Lair-Dubreuil et
de M. Loys Delteil, et qui avait fait l'objet d'un
petit catalogue illustré, a donné lieu à quelques
enchères qu'il convient de signaler : Deux dessins
par Boucher. Femme et enfant, 1.530 fr. —
Cluardi. Canal à Venise, dessin, 500 fr. — Meu-
nier. Vue du Champ de Mara, aqu., 500 fr. —
D'après Fragonard. L'Instant désiré, peint., 690 fr.
Le produit de la vacation s'est élevé à 12.600 fr.
Tableaux anciens. — Une vente, faite salle 6,
le 8 février, par Me Lair-Dubieuil et M. Sortais,
a produit 32.500 francs.
Ensemble d'ordre secondaire et, partant, petits
prix, où nous ne trouvons à relever que les
enchères suivantes : Suite de huit grands pan-
neaux à sujets religieux, de l'école espagnole
primitive, 7.450 fr. (demande, 10.000 fr.). —
Portrait de Charles VII, école de Jean Fouquet,
1.080 fr.
Porcelaines anciennes. — Une vente faite
salle 10, par M* Lair-Dubreuil et MM. Paulme et
Lasquin, a produit .'15.177 francs, avec, comme
prix principaux :
Deux groupes en vieux Saxe, composes chacun
de deux enfants figurant les Saisons et reposant sur
des socles de base anciens, en hronzc ciselé et doré,
0.050 fr. (demande 8.000 fr.). — Ensemble de 57 as-
siettes de Saxe à marli ajouré, décorées au centre de
médaillons à paysages, sujets pastoraux, allégoriques,
etc., 5.250 fr. (demande, 2.500 fr. — Quatre corbeilles,
décor bleu turquoise à médaillons, vieux Saxe, 1.210 fr.
— Assiette, anc. porc, de Vienne, décorée au fond
d'un sujet mythologique, mi Enlèvement, peint en
coul. par Perger, maiii à dorure, 1.000 fr.
Ventes à l'étranger. — A Londres. — Ta-
bleaux anciens provenant de la collection
du duc de Sutherland. — Cette vente, que nous
avons annoncée ici-même avec détails et qui a
eu lieu le 8 février chez Christie, a produit un
total de 191.000 francs. Bien que ne comprenant
aucune pièce de capitale importance, et seule-
ment des œuvres que leur propriétaire tenait peu
à conserver, elle a donné lieu cependant à quel-
ques enchères qui méritent d'être signalées.
Les honneurs de la vacation ont été pour un
Portrait de gentilhomme à cheval, par Van Dyck,
adjugé 55.125 francs. Citons encore ;
— Th. Lawrence. Portrait de Charlotte-Sophie
Granville, 21.525 fr. (un de nos confrères rapporte, à
ce sujet, qu'à la vente de l'artiste, en 1831, ce portrait,
avec deux autres, fut adjugé 312 fr. I). — A. del Sarto.
La Vierge, l'Enfant Jésus et saint Jean, 17.050 fr. —
Le Guerchin. Saint Grégoire. 9.175 fr. — D'après
Lawrence. Portrait de la comtesse de Grosvenor,
copie par Peckersgill, 6.300 fr. — Murillo. Portrait de
l'archevêque Spinola, 1.575 fr. — P. Véronèse. Pietà,
1.050 fr. — Rubens. Portrait de Philippe IV d'Es-
pagne, 4.400 fr.
Ces derniers prix, en particulier, sont tout à
fait misérables, eu égard surtout aux noms aux-
quels ils s'adressent, et l'on pourrait se deman-
der si nous ne sommes pas menacés d'une crise
sur les grands maîtres, si l'on ne se rappelait
heureusement avec quelle générosité sont don-
nées les attributions aux peintures qui passent
dans les ventes anglaises.
— Chez Christie également, il y a lieu de
noter, parmi les enchères de la semaine dernière,
celle de 50.000 francs, obtenue par un meuble
de salon d'époque Louis XVI (un canapé et six
fauteuils), couvert en tapisserie de Beauvais à
bouquets de fleurs sur fond rose.
— Peu de jours auparavant, avait passé en
vente, à la même maison, un brùle-parfum en
ANCIEN ET MODERNE
S3
forme de petit monument, repercé à jour et
orné à l'intérieur d'une statuette d'amour, et
que l'on attribuait à la célèbre fabiiiiue de
faïence de Saint-Porchaire ou d'Oiron, d'autant
plus ([u'il portait les armes de Diane de Poitiers.
Bien que donnée comme provenant de la vente
du chcUeau d'Anet, cette pièce n'a pas inspiré
conliance sans doute, car elle n'a pas dépassé
1.400 francs.
s
"Ventes annoncées. — A Paris. — Tableaux
modernes. — Un catalogue illustré nous apporte
des détails sur une vente de tableau.x modernes
composant la Collection de il. A'..., vente qui
aura lieu à l'Hôtel, salle 6, le 20 février, par le
ministère de M«s Lair-Dubreuil et Henri Baudoin
et de M. Georges Petit.
-Nous remarquons en particulier : une Liseune,
par Besnard ; le Bac, par Ch. Jacque ; un Intérieur
de port à Dordrecht, la Meuse prés Rotterdam et
la Place de réglise, par Jongkind ; l'Église de Moret,
le soir, les Pommiers en fleurs, te Loing A Saint-
Mammcs, par Sisley ; un Faubourg de Christiania,
par ïliaulow ; une Vache dans un pré, par
Troyon ; enfin, les Jardins français, à Venise
(automne), par Ziem.
En province. — A Bordeaux. — On annonce
dans cette ville, comme devant se faire le 18 fé-
vrier et jours suivants, par le ministère de M= J.
Duguit, une vente qui paraît d'un certain intérêt,
celle de la Succession de M. G. Maurij, comprenant
une importante collection de meubles et d'objets
d'art anciens et modernes, gravures, tableau.x et
dessins.
M. N.
LIVRES
A Paris. — "Vente de la bibliothèque du
comte A. "Werlé (2» partie : livres anciens).
— Du .i au b février, salle 7. .M" Lair-Dubreuil et
.M. II. I.eclerc ont terminé la dispersion du cabi-
net du comte A. Werlé, en procédant à la vente
des livres anciens. Cette seconde partie de la
collection, ainsi que nous le disions il y a huit
jours, a obtenu un tout autre accueil que la pre-
mière, et si l'on n'y trouve pas d'enchère aussi
forte que celle des 25.000 francs du livre de
M. Maurice Leioir : Une femme de qualité au siècle
passé (avec les dessins et les aquarelles originales
de l'auteur;, du moins peut-on y signaler par
contre un plus grand nombre de très beau.x
pn.x, plus logiques et aussi, il faut le dire, plus
dignes des beaux ouvrages auxquels ils s'adres-
saient ; d'ailleurs, le total de 176.070 francs suffit
à prouver l'intérêt suscité par cette vente, et son
succès apparaîtra aussi rien qu'à mesurer des
yeux la longue liste des enchères supérieures à
1.000 francs que nous publions ci-après el dont
il nous faut, au préalable, mettre en vedette les
plus remarquables.
Dans la série, peu nombreuse, des livres
d'heures, un manuscrit du xv siècle, sur vélin,
aux marges décorées de rinceaux de fleurs et de
fruits, et de grotesques, avec 17 grandes minia-
tures et 8 petites, le tout dans une reliure du
xwu'' siècle, s'est vendu 9.050 francs. D'autres
Heures, imprimées par Vostre, Kerver, etc., ont
varié entre 1.000 et 3.000 francs.
Les catégories Sciences et Arts, Chasse, Belles-
Lettres, Romans, Histoire, tout en offrant une
série de beaux prix, ne présentent rien de par-
ticulièrement inattendu ; mais, dans la section
Poésies, on notera les i.505 francs du manuscrit
de dédicace du Bienfaiteur, la comédie du che-
valier d'Arcq, relié aux armes du comte de Saint-
Florentin.
Le clou de la vente, ce fut, une fois de plus,
le livre illustré du xviii" : on trouvera dans cette
série, non seulement le plus grand nombre de
belles cotes, mais aussi — le livre de M. Leioir
excepté — les plus fortes enchères de toute la
collection.
Les 4.000 francs pour les Œuvres complètes de
Berquin (n» 239) ; les 5.150 francs pour les Fables
nouvelles de Dorât (n" 271); et les 6.050 francs
pour VŒuvre de J.-B. Le Prince, sur les mœurs,
les coutumes et les habillements de différents peu-
ples (no 316), furent encore dépassés par les
enchères des Contes et des Fables de la Fontaine
(n" 306, 307 et 309).
Le n" 306 et le n" 307, — deux exemplaires
des Contes et nouvelles en vers, de l'édition des
Fermiers généraux (1762, 2 vol. in-8"), — se
sont vendus respectivement, l'un 14.505 francs
et l'autre 7.215 francs; pour tout dire, le pre-
mier était un de ces « exemplaires à provenance »
si recherchés des bibliophiles : il portait sur sa
reliure en maroquin rouge les armes de
M"» Du Barry. Le n" 309 était un premier
tirage sur hollande de l'édition des Fables
choisies, de 1755-1759 (4 vol. gr. in-fol.),
illustré par Oudry; il a été adjugé sur la belle
enchère de 9.500 francs.
Ajoutons à ces ([uelques considérations d'en-
semble une liste détaillée des principaux prix.
54
LE BULLETIN DE L'ART
3. Uorae, lat., à l'usage de Rome (Th. Kcrver, lUOT),
enluminures, rel. de Cuzin, 1.820 fr. — 5. Heures, à
l'usage de Rome (1314-1530, S. Vostre), sur vélin,
2.710 fr. — 6. Horae, manuscrit du xv" siècle, avec
enluminures, 17 grandes miniatures et 8 petites,
9.0.")0 fr. — 7. Borae. du xv° s., avec 18 miniatures,
1.450 fr. — 9. Livre d'heures du xvi» s., avec 8 minia-
tures, 1.600 fr. — 11. L'Office de la Vierge (P. Ro-
colet, 1633), rel. de Le Gascon, 1.810 fr.
Rien à relever de particulier dans la série : Sciences
et arts. Parmi les ouvrages de Chasse et vénerie, on
peut citer le n" 81. Noblesse des chasses et Armoriai
des capitaineries royales (1889-1890, 3 vol.), reliure
de GhamboUe-Duru, 1.000 fr.
Dans les séries Belles-Lettres et Poésies :
100. Marguerite de Navarre. Marquerites de la
Marguerite des princesses (Lyon, J. de Tournes, 1547,
2 vol. in-8»), rel. anc, 2.030 fr. — 105. Ronsard.
Œuvres (Lyon, T. Soubron, 1592, S vol. in-12), rel.
anc, 1.000 fr. — 125. Boilcau. Œuvres (Amsterdam,
D. Mortier, 1718, 2 vol. in-fol.), fig. de B. Picart,
rel. aux armes du comte H. de Calemberg, 1.205 fr.
134. La Vie et Vysloire de madame sainte lirirhe,
vers 1330, pet. in-4°, marque de J. de Bruges, rel. de
Trautz-Bauzonnet, 1.270 fr. — 138. Le chevalier
d'Arcq. Le Bienf'aicletir, comédie, manuscrit (1767),
rel. aux armes du comte de Saint-Florentin, 4.505 fr.
Quelques enchères parmi les Livres d'histoire :
176. Grans Croniques de France (Paris, F. Regnault,
1514, 3 vol. in-fol.), rel. de Cape, 1.201 fr. — 181. Les
Remonstrances de messire Jacques de la Guesle (Paris,
P. Chevalier), rel. anc, 3.105 fr. — 197. Livre d'or de
la, garde des consuls (an IX, 8 vol. in-4°), rel. anc,
1.210 fr. — 228. Course de (estes et de bague failles
par le roy, etc., en l'année 166g (Paris, Imp. royale.
1670), 1.205 fr.
Les livres illustrés du xviii* siècle et des premières
années du xix° ont donné lieu à de vives compéti-
tions ; on en jugera par les quelques prix suivants
(comme dans les autres séries, nous nous bornons,
faute de place, aux enchères supérieures à 1.000 fr.) :
237. Arioste. Roland furieux (Paris, Brunet, 1775-
1783, 4 vol. 10-4°), fig. par Eisen, Cochin, Moreau,
Monnet, etc., rel. anc, 1.940 fr. — 239. Berquin.
Œuvres complètes (Paris, Renouard, 1803, 19 vol.
in-12), ex. de Renouard sur gr. papier, avec dessins
originaux, 4 000 fr. — 245. Boccace. Déeaméron
(Londres [Paris], 1756-1761, 3 vol. in-8"), rel. anc, fig.
par Gravelot, Boucher, Cochin, Eisen, etc.), 2.100 fr.
— 253. Cervantes. Don Quichotte, fig. de Coypel
(Amsterdam et Leipzig, 1708, 8 vol. in-12), 1.040 fr. —
261. Collection des portraits des députés ù l'Assemblée
nationale île 17 S9, 5 vol. in-4", 1.325 fr. — 264. Des-
cription des cérémonies, etc., pour le couronnement
de LL. MM. Napoléon, etc., et Jo.séphine (Paris, 1807,
in-fol), 2.350 fr.
268. Dorât, les Tourterelles de Zelmis (Paris, 1766),
fig. par Eisen ; — et marquis de Pezay, Zélis au bain
(Genève, 1763), fig. par Eisen, rel. anc, 3.020 fr. —
269. Dorât. Les Baisers (La Haye et Paris, 1770, in-8'),
fig. par Eisen, 2.600 fr. — 271. Dorât. Fables nouvelles
(La Haye et Paris, 1773, in-8"'), ex. sur Hollande, fig.
de Marinier, 3.130 fr.
278. Fénelon. Les Avantures de Télémaque (Ams-
terdam, 1734, in-fol.), rel. anc, 1.680 fr. — Le même
(inipr. de Monsieur, 1783, 4 vol. in-4"), rel. anc,
1.510 fr.
306. La Fontaine. Contes et nouvelles en vers (Ams-
terdam [Paris, Barbou], 1762, 2 vol. in-8*), éd. des
Fermiers i;énéraux, fig. d'Eisen et culs-de-larape de
Choffard, rel. maroquin rouge aux armes de M"' Du
Barry, 14.503 fr. — 307. Un autre ex. du même
ouvrage, rel. anc, 7.215 fr. — 309. La Fontaine.
Fables choisies (Paris, Desaint et Saillant, 1733-1759,
4 vol. gr. in-fol.), fig. d'Oudry, ex. de premier tirage
sur hollande, rel. anc, 9.300 fr.
313. La Motte. Fables nouvelles (Paris, 1716, in-4''),
fig. par Coypel, Gillot, Edelinck, etc, 1.260 fr. — 316.
Œuvres de J.-B. Le Prince sur les mœurs, les cou-
tumes et les habillements de différents peuples (Paris,
vers 1775, in-fol.), 6.050 fr. — 321. Longus. Daphnis
et Chloé (Paris, 1745, in-4"'), fig. du Régent et figure
des petits pieds, rel. de Derome, 3.700 fr. — 323.
Mably. Entretiens de Phocion (Paris, Didot, an IlL
in-4°), fig. de Moreau, 1.310 fr. — 327. Marmontel.
Chefs-d'œuvre dramatiques (Paris, 1773, in-4''), ex. aux
armes du comte de Maurepas, 2.900 fr.
343. Promenades au Prater, à Vienne, lithographies
coloriées, in-fol., 1.130 fr. — 359. Ornemens inventez
par J. Bérain, 2.010 fr. — 360. Deneufforge. Recueil
élémentaire d'architeclure, 1.300 fr. — 363. Œuvre de
J.-A. Meissonnier (vers 1730), 3.810 fr.
Total : 176.070 francs.
B. 1.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Société internationale de la peinture à
l'eau (Galerie des Artistes modernes). — Un des
meilleurs salonnets de l'hiver : sur les dix-neuf
sociétaires, quinze exposants, tous intéressants.
A cette troisième année manquent des originaux,
MM. Brangwyn, Sargent, le paysagiste Alfred
East, des chercheurs, MM. Conder et Benois ;
mais la puissance analytique de M. Lucien Simon
n'a jamais montré plus de certitude sommaire
et magistrale que dans la grande page animée
du Débarquement sur la digue, où le vent fait
claquer la voile et les rubans des coiffes ; mômes
qualités, plus calmes, dans le portrait de» Petites
jumelles sur fond blanc. Et voici, pour la pre-
mière fois, M. Besnard, avec de grands cartons
décoratifs et, surtout, la plantureuse virtuosité
ANCIEN ET MODERNE
dune Etude de femme. Dans la neige des Flandres,
l'art de M. Luigini s'apparente à la maestria des
peintres locaux, MM. Franlz Charlet, Delaunois.
Fernand Khnopff, plus dilettante, Henry Gassiers,
peintre des toits rouges et cintrés d'Amsterdam,
Alexandre Marcelle, portraitiste des plages hu-
mides et des ciels pluvieux. M. Waller Gay
demeure le confident raffiné des objets d'art et
des livres. Auprès de MM. Gaston La Touche, Au-
burlin, Bartlett et de l'intelligente Mm" Crespel,
une Suédoise naturalisée vénitienne, M"" Clara
Montalba, montre plus de brio varié qu'une
timide « invitée », M"« Nourse. Et tandis que la
peinture à l'huile hésite entre les deux écueils
extrêmes de l'adresse et de la maladresse, la
palette contemporaine est allégée pailla peinture
à l'eau.
Les Arts réunis (Galerie Georges Petit), —
Sur quarante-deux sociétaires, un seul manque
à cette huitième réunion : M. Déchenaud ; et
c'est dommage pour la peinture ! Mais la sculp-
ture a pour énergique avocat M. Ségoilin. C'est
un artiste. Avec le Génie du mal, les Sept péchés
capitaux, dont le plâtre figurait au Salon de 1892,
un Christ en croix, un fragment tourmenté de
l'Histoire de la vie, la Danse sacrée polychrome et
le buste en bronze de M. Delcassé, l'évolution
poétiquement expressive de la statuaire, que
l'art grec a connue, semble réconciliée avec la
solidité technique de la matière ; et ce classique
audacieux nous prouve qu'une haute pensée doit
recourir à la rigueur de la forme. Auprès de son
pathétique, c'est plutôt le genre o alexandrin »
qui règne avec les figurines modernes ou mytho-
logiques de M.M. Joé Descomps, Octobre, Max
Hlondat, lîoverie, qui songe à l'émotion familière
de M. Hoger-Bloche, et Clostre, portraitiste pim-
pant du. Trottin. Parmi les nombreuses vitrines
où scintillent les objets d'art de MM. Michel Cazin,
Thesmar, Hairon, de Vallombreuse, Dufrêne et
Feuillâtre, ou de discrets petits cadres de MM.
I)ambéza, Gosselin, Maillaud, Moisset et Lechat
i]ui continue sa monographie gouachée de la
« petite ville » silencieuse, M. Georges Berges
s'attaque aux Jardins de l'Alcazar, déjà visités par
MM. Kusifiol et Meifren. Mais ici, la plus brillante
peinture le cède aux savants dessins de MM. Tri-
quet, Guinier, (jui note les coifles bretonnes du
Faouet, Henri Uoyer, qui groupe les dill'érentes
expressions d'une même physionomie dans un
cadre, et surtout de M. Arthur Mayeur, qui
yrave aussi délibérément qu'il dessine : ses pro-
fils de fillettes aux rubans rehaussés sont de
pure tradition française. Et c'est encore le dessin
qui repose et rassure.
Les Peintres du Paris moderne (au Grand
Palais). — En dépit du titre de cette cinquième
exposition, c'est le Paris ancien qui captive, avec
ses dessinateurs préférant la nostalgie du « pitto-
resque " aux envahissements delà «beauté» rec-
tiligne. Et c'est presque une exposition rétro-
spective que les deux cadres prêtés par le musée
Carnavalet, signés Albert Maignan et datés liSG"-
00 : depuis quarante ans, que de trouées parmi
ces coins que nous aimons, tourelles, pignons,
passages voûtés, murs de Philippe-Auguste,
arcades Louis Xlll, citernes moussues et der-
nières bornes! M. Toussaint reste fidèle à la
ruelle Danton, M. Renefer, au vieux Passy qui
s'en va, M. Marchand à la Cité, M. Igounet de
Villers à Montmartre, au Maquis éventré par le
square Carpeaux, à la sente montueuse où le
lîerlioz de 1834 abritait son idylle conjugale et
shakespearienne... Un maître qui s'annonce,
c'est M. Charles Jouas, avec ses dessins de 1900
où la sanguine ajourait le caisson du Métropoli-
tain, avec ses eaux-fortes de 1907, perspectives
notées du haut des tours, sous le bourdon de
Notre-Dame, passé moyenâgeux évoqué dans un
soir d'orage et définissant d'instinct ce que la
poésie ajoute de son àme à ce qu'elle reçoit de
l'atmosphère. Un Japonais, M. Yoshio Markino,
qui prépare un livre, la Couleur de Paris, suite
illustrée de /a Couleur de Londres, voit mieux que
bien des regards parisiens le voile de brume ou
de cendre estompant les arches de nos ponts ou
les statues de nos places ; et ses aquarelles sont
de très fines harmonies.
Ici même, en dépit du talent de MM. Frank-
Ifoggs, Jacques Brissaud, Emile Lafont et Gaston
Prunier, les peintres pâlissent auprès des dessi-
nateurs; et, malgré la crânerie de MM. Jeanniot,
.\lantelet, Minartz, Carette et Marcel Clément, les
féministes le cèdent aux paysagistes : tant il
est vrai que la beauté contemporaine se dérobe
à l'observation !
Union des Femmes peintres et sculpteurs
(avenue d'Antin). — On se connaît mal; et
comme cette jolie foule du vernissage recrute
ici peu de portraitistes ! A son miroir, la désin-
volture féminine est timide, aussitôt la palette
au pouce; et la sagesse du métier remplace trop
souvent la commotion de la vie : c'est ici le
r.6
LE BULLETIN DE L'ART
triomphe de M"» Vallet-Bisson. N'oublions pas
non plus (jue les meilleures de nos femmes-
artistes sont remplacées ici par les ateliers.
Presque seule, et mieux que M"'" Duran-Marx,
M""" Chauchet-fJuilleré défend l'audace intime
du plein-air. Un bon portrait, signé Jenny Zill-
hardt, remonte à 1882. Le triptyque social de
M"° Jeanne Uondenay, les TroU-huit, revient du
Salon de J'JOT, pour affirmer la science paisible
de l'École. Retenons les portraits de M"" Jeanne
Maillart et de M^oRourillon-Tournay, les ligures
de M"" Adda Cabane, le Croquet de M"" Tou-
douze,une Hespéride très moderne de M"" Gaga-
rine-Stourdza,, la Guitariste de M"» Boissy, la
décoration délicatement fleurie de W"" Arc-
Vallette, un pastel de M'l= Marie Cadet, les aqua-
relles de M"'" Faux-Froidure, un marbre éléganl
de M"" Gabrielle Dumontet, pour faire honneur
à celte vingt-septième année ([ui ressemble éton-
namment à la vingt-sixième !
Raymond Bouyer.
CORRESPONDANCE DE GAND
Un nouveau musée d'art ancien
Les collections archéologiquesgantoises, — elles
comptent parmi les plus remarquables de la
Belgique, — sont à l'étroit dans l'ancienne église
des Carmes Chaussés, datant du xiv» siècle, oii
elles sont logées. On songe sérieusement à les
agrandir, en yjoignant le vieux et très intéressant
couvent adjacent. Nous disposerons ainsi de très
vastes locaux anciens, qui permettront d'amé-
nager un nouveau musée des Beaux-Arts, d'une
façon neuve et mieux appropriée aux exigences
du progrès et de la science moderne.
Le temps n'est plus où l'on considérait exclu-
sivement les tableaux et les statues comme les
seules manifestations de l'art dignes de ce nom.
11 est généralement admis maintenant, que les
précieuses productions de nos orfèvres, de nos
dlnandiers, de nos hùchier.s, de nos liciers ou de
nos verriers, sont de véritables œuvres d'art,
dignes, en tous points, de figurer à côté des chefs-
d'œuvre de nos peintres anciens et modernes.
D'après notre projet, tousles trésors artistiques
anciens de la ville de (iand, jusqu'ici disséminés
dans trois musées distincts, seraient réunis en un
seul, et ils y seraient groupés en des ensembles,
qui évoqueraient d'une façon aussi complète que
possible chacune des diverses grandes périodes
d'art qui se succédèrent dans nos contrées.
Au lieu de salles uniformes et banales, cha-
cune serait conçue dans le style architectural de
l'époque où les objets à exposer furent exécutés.
Il y auraitainsi des salles romanes, pour nos sculp-
tures si intéressantes et nos fragments décoratifs
des XI" et xii" siècles ; tout ce que nous possédons
des xui« et xiv^ serait réuni dans des milieux
rappelant ces mêmes époques. Des intérieurs
du XV" siècle abriteraient nos tableaux primitifs
gothiques, des écoles de van Eyck et de van der
Weyden ; tandis que des motifs appartenant au
style de la Renaissance entoureraient et feraient
valoir les peintures de nos romanisants flamands
du xvi". Les productions de la glorieuse école de
Rubens (1), comme celles inspirées par l'art
français du xviii" siècle, seraient également
réunies dans des salles ayant une architecture et
des décorations correspondantes, et garnies de
leur mobilier original.
Ainsi désencombré, notre musée ou plutnt
notre église ancienne, — dont la nef principale a
été construite en 1334, la nef latérale en 1422, et
les six chapelles adjacentes en VMS, — pourrait
servir de cadre à un ensemble bien plus impres-
sionnant. On y reproduirait, par exemple, l'aspect
qu'auraient encore nos riches églises gantoises,
si les iconoclastes du xvi" siècle n'en avaient pas
complètement détruit le mobilier. On y pla-
cerait, avec nos anciens tableaux d'autels, qui
dans les musées ne font que trop songer à des
« déracinés », tous les objets d'art ayant servi
au culte, et qui ont été sauvés du désastre. Les
pièces manquantes, en attendant qu'on puisse les
remplacer par les originaux <iui nous font dé-
faut, seraient représentées par les chefs-d'œuvre
(en moulages à patiner) qui existent en grand
nombre dans les musées royaux d'art décoratif
à Bruxelles.
.Nous espérons que ce rêve d'archéologue et
d'artiste pourra se réaliser bientôt, et que la
ville de Gand, à l'occasion de son Exposition uni-
verselle de l'.)l3, montrera à tous l'intérêt et le
pittoresque que peut offrir un simple musée de
province, lorsqu'on l'établit sur des données
aussi justes que rationnelles.
L. Maeterlinck.
î
{{) Od a pu r^nstatcr, par l'exeuiple de la nouvelle
nlcrie de Médicis au Louvre, ce que peut un cadre
lien approprié lorsqu'il s'agit de faire valoir des
peintures de cette époque.
Le Gérant : H. Uknis.
I Par». — Imp. George» Petit, 12, me Uodot-dc-Mauroi. ^
Numéro 372.
Samedi 22 Février 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Aux Gobelins
Nous avons beau nous efforcer d'éviter ici
tout ce qui peut ressembler à des questions de
personnes, il nous est impossible de laisser
partir sans un mot de regret l'érudit discret et
avisé, l'administrateur dévoué aux intérêts de
l'art, à qui une lettre de cachet vient de notifier
son remplacement à la trte de la manufacture
des Gobelins.
La question n'est pas d'apprécier le choix de
son successeur, dont le mérite est bien connu,
mais de savoir s'il y avait lieu de lui donner un
successeur, et cette question, il suffit de la poser
pour qu'elle soit immédiatement résolue.
L'Europe artiste, aussi bien que l'Europe
savante, connaît les beaux travaux deM. Guiffrey
sur l'histoire de la tapisserie ; chez nous comme
au delà de nos frontières, ils font autorité. Ce
sont eux qui. Jadis, avaient appelé l'attention du
ministre des Beaux-Arts sur le fonctionnaire
des Archives Nationales et l'avaient désigné
pour la direction, devenue vacante, de notre
grande manufacture.
Depuis lors, il s'est acquitté de son mieux
d'une tâche délicate entre toutes, ne ménageant
ni son temps, ni sa peine, se consacrant tout
entier à ses fonctions, appelant, sans parti pris
d'école, les artistes les plus divers à présenter
des projets, ne reculant devant aucun essai, ne
se rebutant d'aucune déconvenue, n'ayant d'autre
préoccupation que de rendre à la vieille manu-
facture le prestige de son ancienne renommée.
Citons seulement les tentures exécutées d'après
M. Albert Maignan pour la grande galerie du
Luxembourg, dont quatre panneaux vont pro-
chainement pouvoir se juger sur place; les su-
perbes cartons de Jl. Jean-Paul Laurens sur
l'épopée de Jeanne d'Arc ; la décoration de la
grand'chambre du palais de justice de Rennes,
à laquelle s'était voué le regretté Toudouze, si
prématurément enlevé, dont l'ensemble repré-
sente de longues années de recherches et de
travail, et dont les premiers morceaux exposés
excitèrent l'admiration générale.
Pour qui sait quelles difficultés éprouve l'ad-
ministrateur des Gobelins à trouver des artistes
capables à la fois de concevoir des œuvres déco-
ratives et d'en préparer l'exécution dans des
conditions abordables pour les tapissiers, il est
certain que des efl'orts considérables ont été faits
depuis dix ans et d'importants résultats obtenus.
Pour remercier l'administrateur excellent à
qui on les devait, le nouveau ministre lui écrit
qu'il n'a (ju'à s'en aller ; on lui donne le mois
pour faire ses paquets.
Quant à des remerciements pour ce qu'il a
fait ou même pour ce qu'il a tenté, personne n'y
a seulement songé !
Il est vrai que M. (Juiffrey avait été accusé
« d'aller à la messe »
Alors !
Stéphane.
ECHOS ET NOUVELLES
Académie des Inscriptions et Belles-Lettres
(séance du H février). — M. Adrien Ulanchet, bibfio-
thécaire honoraire à la Bibliothèque nationale, lit
une étude sur le monnayage de l'Empire romain
après le partage de Théodose 1". Les monnaies prou-
vent qu'Arcadius et Honorius et leurs successeurs
régnaient sur un seul et même empire, car ces pièces
étaient émises, pour chaque prince, par des ateliers
situés en Orient et eu Occident.
Plusieurs monnaies de cette époque peuvent être
datées avec précision. Telles sont celles frappées à
Constantinople et à Aquilée, en 425 et 426, par Théo-
dose II, à l'occasion des consulats où il eut Valenti-
nien III pour collègue.
— M de Mély comniente les textes concernant
l'accusation formulée contre les premiers chrétiens
d'avoir adoré un dieu à tête d'une, tel le fameux
Christ de ce genre, découvert dans les ruines du Pala-
tin en 1836. Cette accusation ne repose en réalité que
LE BULLETIN DE L'ART
sur une confusion, ou plutôt un perfide jeu de mot.
Son auteur a emploj'é le terme : «Tète de canthare "^
et le mot canthare, en grec, signifie à la fois âne, es-
carbot, vase à boire.
— M. Edmond Pottier commence la lecture d'un
mémoire sur VArl dorien, ses origines historiques et
son caractère.
Société de l'histoire de l'art français (séance
du 1 février). — M. L. Marcliei.t fait une communi-
cation sur les douze premiers pensionnaires de l'Aca-
démie de France à Rome.
— M. H. Lemonnier attire l'attention de la Société
sur les dangers courus parle retable de Saint-Nicolas-
des-Champs; il présente ensuite, au nom de M"° Bou-
ché, l'acte de naissance de Servandoni.
— M. Furcy-Raynaud identifie un vase de Verberck
et deux vases de François Girardon, du musée du
Louvre.
— M. J.-J. Marquet de Vasselot reconstitue l'histoire
de la soupière ciselée par Germain, que les Amis du
Louvre viennent d'offrir au musée.
— M. J.-J. Guiffrey lit ensuite une lettre, adressée
au gouvernement français le 7 thermidor an IV, par
deux Romains, pour protester contre l'enlèvement des
œuvres d'art par l'armée française ; il lit ensuite une
lettre de Pierre au comte d'Angivilliers, du 2o avril
1187.
— M. Carie Dreyfus date de 1733 l'exécution du
bas-relief de Guillaume Coustou, de la façade des'
Invalides, représentant Louis XIV à cheval.
— M. P. Vitry présente la photographie d'un buste
du marquis de Gouvernet, par Bouchardon, dont le
marbre appartient au comte de Chabrillan et la terre
cuite à M"' E. André.
Société des Antiquaires de France (séance du
du 14 février). — A la dernière séance de la Société
des Antiquaires, M. Enlart a communiqué au nom
de M. Du^uuys, associé correspondant à Orléans,
la photographie d'une statue de sainte Anne, acquise
par le musée dont il est conservateur. M. Enlart a
fuit remarquer la similitude de cette statue avec
celle de Bordeaux.
— M. Boinet a lu ensuite une étude sur un ivoire
carolingien du musée de Lyon, et communiqué une
statuette d'ivoire de sainte Anne, du seizième siècle,
appartenant au D' Davaisne.
— M. Espinas à lu un mémoire sur les différents
genres de tissus fabriqués en Flandre et en Artois, du
treizième au seizième siècle, et M. Monceaux a
présenté, de la part du R. P. Dclattre, la description
de plusieurs plombs de bulles récemment découverts à
Carthage.
Musée du Louvre. — Quand le ministère des Co-
lonies aura (luitté le Louvre, tout danger d'incendie
ne sera pas encore écarté. Il restera les cinquante
calorifères par lesquels est assuré le chauffage du
nmsée, sans parler des nombreux poêles et che-
minées qui sont installés dans les locaux du ministère
des Finances.
Pour remédier à cette situation, le sous-secrétaire
d'Etat des beaux-arts, après entente avec le ministre
des Finances, a institué une commission chargée
d'étudier un projet de chauffage central, à chaufferie
et à cheminée uniques.
Après une visite au Louvre, cette commission a dé-
cidé à l'unanimité d'installer la chaufferie, en dehors
des bâtiments, sous le jardin placé en bordure de la
rue de Rivoli dans l'angle du ministère des Finances
et du pavillon de Marengo ; elle s'éclairera sur le
fossé qui doit être rétabli au pied du palais, et qui
dégagera le soubassement architectural enfoui dans
le sol de remblai. La chambre de chaull'c souterraine,
ainsi que la cheminée édifiée dans une cour intérieure
du ministère des Finances demeureront invisibles.
En même temps, le sous-secrétaire d'État des beaux-
arts a prescrit l'étude d'une décoration architecturale
destinée à revêtir le mur d'attente qui fait saillie sur
les jardins du Carrousel, à l'angle du musée des Arts
décoratifs et qui dépare si fâcheusement l'admirable
ordonnance de l'ensemble.
Au Cabinet des Estampes. — M. Courboin,
conservateur du Cabinet des estampes, vient de rece-
voir du graveur Edgar Chahine l'œuvre à peu près
complet de cet artiste si intéressant et si varié.
A son album de vues d'Italie, sur lequel la Revue a
publié naguère une étude de .M. G. Mourey (t. XXI,
p. 111), M. Chahine a joint cent cinc|uante-trois
épreuves de pièces gravées par lui à toutes les époques
do sa carrière, déjà fort bien remplie ; quelques-unes
de ces planches sont en états exceptionnels, par
exemple un des trois portraits de Louise Fiance. On
y trouvera aussi la suite des gravures ayant servi à
illustrer l'Histoire comique d'Anatole France et Dans
l'an tic II ambre de Mirbeau ; des portraits : Lévand
dans le « Juif Errant », ,M"* Detvair ; des paysages :
vues de Paris, bords de la Seine à Courbevoie et au
pont Marie ; des élégantes aux Bois et des gueux aux
distributions de soupe ; des forains et des lutteurs ;
des charretiers avec leurs tombereaux ; et toute celte
tlore et cette faune montmartroise (|ue Chahine étudie
avec tant de curiosité sympathique : pierreuses, sou-
peuses, modèles, danseuses (comme Jane Avril et
M"* Cyclone), habituées dos terrasses et des bars, et
ces amusantes et gentilles frimousses qui ont nom
Rita, May, Lily, Maggy, Bianca, Lara, Lydia, Gaby,
Juliette, Ada.
Un joli album à feuilleter que le recueil Chahine.
A l'École des Arts décoratifs. — C'est M. Eu-
gène Morand, directeur du Dépôt des marbres, au
quai d'Orsay, qui recueille la succession de M. de
Lajolais, comme directeur de l'École nationale des
Arts décoratifs. Il n'aura toutefois que la direction de
ANCIEN ET MODERNE
b9
l'école de Paris, celle de l'école de Limoges devant
être désormais distincte et réservée à un spécialiste
de l'industrie de la céramique. Poète et auteur dra-
matique, M. Morand est aussi un peintre de talent,
qui expose au Salon de la Société nationale.
On annonce, d'autre part, que le poste de directeur
du Dépôt des marbres échoit à M. Marcel, de Tou-
louse.
Salon de la Société des artistes français. —
M. Edmond Haraucourt ayant écrit à M. Nénot, pré-
sident de la Société des artistes français, pour lui
demander que les jeunes poètes soient admis à dire
eux-mêmes ou à faire dire quelques-unes de leurs
œuvres, pendant le Salon, dans une des salles du
Grand-Palais, M. Nénot a répondu à M. Haraucourt
que la salle demandée serait mise à la disposition des
jeunes poètes dès le prochain Salon.
A Saint-Germain. — La bibliothèque de Saint -
Germain vient de rentrer en possession de l'exem-
plaire des Statuts de l'ordre de Saint-Michel qui lui
avait été dérobé en octobre dernier et qu'on avait
retrouvé à Londres, au domicile du voleur, un cer-
tain Spira Gotcho (voir le Bulletin, n" 3o6, aux
Échos).
A Londres. — La seule exposition qui mérite
d'être signalée cette semaine est celle des œuvres du
regretté Huxton-Knight à la Goupil Gallery. Buxton-
Knight est peut-être le seul artiste anglais qui à la fin
du XIX' siècle se soit proclamé l'élève pur et simple
de Constable, et il sutli t de regarder son tableau l'Écluse,
pour comprendre à quel point cet artiste est resté
anglais : l'école française n'existe pas pour lui, ni
celle de liarbizon, ni celle des luministes purs. Pein-
ture d'éclat médiocre et de coloris discret, mais si sin-
cère, et d'un si remarquable sentiment. Les critiques
qui étudieront Constable ne pourront négliger son
continuateur i. Buxton-Knight, et M. Edward Stott a
bien raison d'écrire entête du catalogue: «Nous avons
perdu en M. Buxton-Knight un artiste qui suivait les
meilleures traditions de l'école anglaise et qui se trouve
parmi les premiers sur la liste des maîtres qui ont
créé notre art national ». — A. T.
-4 — 'OvG-'/OSJt.^Vï?^— ^
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. —"Vente de la collection A. Albert
(tableaux anciens et modernes). — La venle
de la collection A. Albert, faite le 14 février,
salle 6, par W Coulon et M. J. Ferai, a réalisé
un total de 93.770 fr. Ce fut une suite d'enchères
médiocres, heureusement relevées par trois ou
quatre prix intéressants dans la catégorie la
moins vide de la vente, celle des tableaux anciens,
où l'Amour, toile ovale de Fragonard, et la Fon-
taine, d'Hubert Robert, atteignirent respective-
ment 12.000 et H.OOO fr.; ce sont là, avec les
6.600 fr. de la Jeune femme dans un intérieur, par
Schall, les trois plus beaux prix de la vacation.
Les tableaux modernes se sont vendus d'une
façon lamentable (et d'ailleurs assez propor-
tionnée avec les noms dont ils étaient signés) :
le plus haut prix dans cette catégorie est celui du
n* 47 : l'Abreuvoir, de Veyrassat, qui a trouvé
preneur à 2.680 francs.
Parmi les tableaux anciens, citons :
61. Caresme. Fête champêtre, 2.800 fr. — 65. Des-
portes. La Desserte, 2.700 fr. — 67. Fragonard.
L'Amour, 12.000 fr. — 84. L. Moreau. l'aysage, 3.000 fr.
— Hubert Robert : 93. Le Puits, 3.000 fr. — 94. La
Fontaine, 11.000 fr. — 95. La Terrasse, 3.650 fr. —
99. Schall. Jeune femme dans un intérieur, 6.000 fr.
— Nous rendrons compte dans notre prochaine
chronique de la vente d'objets de vitrine qui
s'est faite cette semaine et dont les deux vaca-
tions ont donné plus de 90.000 francs, avec plu-
sieurs enchères intéressantes.
Ventes annoncées. — A Paris. — Le 20 fé-
vrier, salle n" 1, M= Lair-Dubreuil et M. H. Haro
disperseront une petite réunion de tableaux
modernes, parmi lesquels on trouve des œuvres
de quelques artistes vivants : Cormon, Détaille,
J. Lefebvre, Boutet de Monvel, P. Lagarde, R.
Ménard, Nozal, Ziem, à côté de peintures, d'aqua-
relles et de dessins de Decamps, Géricàult, Ingres,
A. de Neuville, Ph. Rousseau, etc.
— Le même coramissaire-priseur, assisté de
M. (ieorges Petit, procédera le 27 février, salle H,
à la vente des tableaux, aquarelles et dessins
composant l'atelier A. Jourdeuil; outre des toiles
par divers artistes contemporains, on remarque
la présence d'un plâtre par Carriès.
60
LE BULLETIN DE L'AKT
— Le 29, les mêmes commissaire-priseur el
expert vendront, salle 1, une collection de pein-
tures modernes, aquarelles, pastels et dessins
d'artistes modernes assez variés puisqu'on y
renconlre Corot à côté de M. Flameng, Meisso-
nier auprès de Fantin-Lalour, Cazin et M. Helleu,
H. Regnault et M. Détaille; Jongkind et Thaulow
non loin de MM. Le Sidaner et Zuber.
M. N.
LIVRES
Ventes à Paris. — Bibliothèque de feu
F. Brunetière. — Il n'y a guère que les ventes de
livres, en ce moment, pour donner un peu
d'animation au marché : le cabinet du comte
Werlé, la bibliothèque de Ferdinand Brunetière
et celle d'Henri Chasles ont attiré de nombreux
amateurs,- et l'on a pu voir, par la première de
ces trois ventes dont le Bulletin a déjà rendu
compte (n° 370 el ,'i71), que les belles enchères
n'avaient pas manqué aux livres modernes
comme aux livres illustrés du xviii' siècle.
On ne trouvera point, il faut le dire tout de
suite, d'aussi gros prix dans la vente de la
bibliothèque de Brunetière : il s'agissait ici sur-
tout de livres de travail, non pas certes en édi-
tions vulgaires, mais qui tiraient le plus clair de
leur valeur de leur passage entre les mains du
directeur de la Revue des Deux Mondes, qui les
avait presque tous enrichis de notes manuscrites,
parfois fort copieuses. Ces livres ont donc été
adjugés, moins à des amateurs ordinaires qu'à
des amis et admirateurs de l'écrivain, désireux
de s'assurer, souvent à des prix relativement
élevés, au point de vue purement bibliophilique,
un souvenir de leur ami : et qu'auraient-ils pu
trouver de plus précieux que ces ouvrages
maintes fois feuilletés par lui et par lui annotés
de remarques marginales ?
La première partie de la vente, faite les 6, 7
et 8 février, salle 0, par M" A. Desvouges, assisté
de MM. Em. Paul et flls, Guillemin, et Picard et
fils, a atteint 43.451 francs : un grand nombre
d'ouvrages se sont vendus entre 200 et SOO francs ;
le seul qiii ait dépassé l.OOO francs est un
exemplaire de l'Histoire des origines du rliristia-
nisvie, de Renan (n"> 415), en huit volumes
broches (1863-1883), enrichi de nombreuses
annotations manuscrites, 1.450 francs. Parmi les
manuscrits de Brunetière, le n" 600, projet de la
lettre sur la Séparation, in-S», avec ratuies et
corrections, a été adjugé 1.000 francs.
Bibliothèque de feu M. Henri Chasles. —
Nous aurons plus d'enchères ù citer, pour ce
cabinet de bibliophile, dont la première partie,
dispersée à l'Hôtel, salle 7, les 11 et 12 février,
par M= Lair-Dubreuil et M. Leclerc, a donné un
produit total de 71.425 francs, pour iin peu plus
de 300 numéros.
Ce qui caractérisait cette réunion de livres
anciens, c'est qu'ils provenaient tous de person-
nages célèbres : toute une jiartie de la vente,
n«tamment — 80 numéros — , était composée de
livres reliés aux armes des Bourbons, rois, reines
et princes du sang, depuis Henri IV jusqu'à
Charles X. La physionomie particulière de cette
collection, ainsi développée suivant un plan
défini, fait regretter qu'on ait été obligé de la
disperser : il y avait là une belle bccasion pour
un amateur d'outre-Atlantique, désireux de se
former d'un seul coup un cabinet de livres à
provenances célèbres, et il est hors de doute que,
formant un tout et prise en bloc, celte partie de
la bibliothèque Henri Chasles eût réalisé un prix
supérieur à celui qu'elle a atteint « en ordre
dispersé ».
Voici les principaux prix des livres reliés aux
armes des Bourbons :
Le n" 1, Tragicse comicirque acliones, de Crusius,
aux armes de Henri IV, a fait 800 fr.
Venaient ensuite, pour la même époque ; 2. Boyssat.
Histoire des chevaliers de S. Jean de Hierusalem
(1612, in-4°), rel. aux armes de Marie de Médicis,
1.810 fr. — 3. Gremoundus. Hisloria iiroslrnlse. etc.,
a Ludovico XIII (1623, in-4''), ex. de Gaston d'Orléans,
2.000 fr. — 4. A. de Lestang. Histoire des Gaules
(1618, in-4°), ex. aux armes de Annc-Marie-Louise
d'Orléans, duchesse de Montpensier, 1.70S fr.
Parmi les livres aux armes de Louis Xlll : 1. A. de
Laval. Desseins de professions nobles el publiques
(1612, in-4'), 3.500 fr.
Les ouvrages aux armes de Louis XIV et de sa
famille étaient plus nombreux, mais ils n'ont pas
monté très haut ; le seul prix important est celui du
n' 14 : De Bcaulieu, lu Vie de S. Thomas, archevesque
de Cantorbery, aux armes de la reine Maric-Thércse
d'Autriche, 2.505 fr.
Pour le règne de Louis XV, on trouve à mentionner :
27. I.e Sacre de Louis W, etc. (Paris, 1722), aux
armes du roi, 1.925 fr. — 32. liecueil des /es/es ( Paris,
1756), aux armes du roi, 2.950 fr. — 39. Le chevalier
d'Arcq. Histoire générale des guerres (Paris, 1756,
2 vol. in-4'), aux armes de Marie-Josèphe de Saxe,
l.OOo fr. — 47. Sermons du V. Urelonneau (1749,
7 vol. in-l2\ aux armes de M"' Victoire, 1.600 fr.
Hien d'autre à signaler pour la période Louis XVI,
qu'un Catalogue des pièces choisies du répertoire de
ANCIEN ET MODEHNE
61
la Comédie- F ntniaise (n° olj, Paris, iTj'j, in-12, aux
armes du roi, 805 fr.
La « branche cadette », également représentée, offre
quelques enchères intéressantes : 66. J. de Loyac.
Le Triomphe de la charité en la vie du bienheureux
Jean de Dieu (1651), aux armes de Charlotte-Elisabeth
de Bavière, 1.705 fr. — 73. Marmontel. l'oé/ique fran-
raise (1763), aux armes de Louis-Philippe 1", duc
d'Orléans, 1.055 fr. — 76. Almanach du voyageur
à Paris (1786), aux armes de Marie-Adélaïde de
Bourbon-Penthiévre, 1.330 fr.
Une quarantaine de numéros représentaient
les bibliophiles célèbres du xvii=et duxviii» siècle:
Colbert, Dangeau, F. de La Rochefoucauld, De
Thon, Le Tellier, Richelieu, etc. Ou remarque
dans cette série le n» 98, un Abi'égé chronologique
de l'histoire d'Espagne et du Portugal (1765, 2 vol.
in-8o), aux armes du président Hénault, adjugé
2.460 Ir.; et le n" 112, V Anti-Lucrèce, de Polignac
(1749, 2 vol. in-8o), aux armes de Mme je Pom-
padour, vendu 2."j60 fr.
Enfin, la première partie de la vente se com-
plétait d'ouvrages de divers genres, oii l'on ne
trouve guère comme ayant dépassé mille francs
que les suivants :
149. Ilreviarum l'ariniense (1714, 4 vol. in-8°), rel.
anc, 1.630 fr. — 194. La Fontaine. Suite complète du
frontispice, du portrait et des 275 figures par Oudry.
pour les Fables [éd. 1753-1759), 1.131 fr. —243. La Sainte
vie, etc., de monseigneur Saint Louis, roy de France
(1666, in-S"), rel. anc, 1.131 fr. — 264. Collection de
V Almanach royal [impérial et national), de 1706 à
1830, 136 vol. in-8% 1.210 fr.
B. J.
ESTAMPES
Ventes annoncées. — A Paris. — Estampes
et dessins du XVIII'' siècle. — Le 28 février,
M' Lair-Dubreuil et M. Loys Delteil vendront à
l'hôtel, salle 6, une réunion d'estampes et de
dessins du xvin' siècle, qui fera un peu diver-
sion à la monotonie et à l'apathie actuelles du
marché de la curiosité.
On y trouve en efl'et quelques-unes de ces
pièces, toujours recherchées des amateurs et qui
ne manquent jamais de trouver preneurs à de
bons prix, quand elles se présentent en états rares
et bien conservés : portraits par et d'après Bar-
tolozzi, Cosway, Reynolds (Lady Smith et ses en-
fanH, et Jane comtesse d'Harrington, Lord Peler-
sham et Lincoln Stanhope), Boucher (Af'"« de
Pompadour, gr. par VVatson) ; allégories, scènes
de mœurs ou de fantaisie, comme les pièces cé-
lèbres et toujours prisées de Debucourt: le Menuet
de ta mariée, la Noce au château, la Promenade de
ta Galerie du Palais-Royal, etc. ; une série de
gravures en manière de crayon par G. Demarteau ;
des œuvres de Bonnet, Desrais, .laninet, La-
vreince [l'Aveu difficile, rare épreuve de S" élat;
ta Comparaison, les Petits favoris, etc.), de Moreau
le jeune, Morland, A de Saint-Aubin, Taunay,
Westall, etc.
Une trentaine de dessins complètent celte
vente: crayons de Boucher, portraits de Cochin
et de Danloux (quatre numéros fort curieux),
deux scènes russes de Le Prince, cinq croquis
à la plume de G. de Saint-Aubin ; et, représentant
une époque plus récente, des dessins de Cliarlet,
Raflet, Daumier, Giacomelli, etc.
— Les lundi 24 et mardi 2o février, à l'Hôtel,
salle 9, se fera une petite vente d'estampes an-
ciennes et modernes {M^ H. Baudoin, M. Loys
Delteil), oîi on rencontre les noms de Th. de Leu,
G. Edelinck, Watteau, Hogarth, Debucourt, Mo-
reau le jeune, Saint-Aubin, etc. ; et de Daumier,
Delacroix, Devéria, Isabey, H. Monnier, Gavarni,
Helleu, Harpignies; des portraits, des costumes
et des pièces historiques, et quelques dessins et
peintures.
R. (;.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Les Peintres orientalistes français (avenue
d'Anlin). — Voici déjà la dix-septième exposition
de ce groupe très moderne où l'activité de
M. Léonce Bénédite ajouta de bonne heure d'in-
téressantes « rétrospectives >' avec Dehodencq,
l'explorateur du Maroc, bientôt suivi de Chassé-
riau, de Belly, de Guillaumel, de Maurice Polter,
de Marins Perret: variété des talents, des temps
et des lieux dans l'unité d'un ciel torride. Aujour-
d'hui, c'est une cinquantaine de toiles ou d'études
d'un Parisien, paisible observateur de l'oasis al-
gérienne, Eugène Girardet (1853-1907) ; et c'est,
ensuite, un vrai salon de cinq cent trente ouvrages
et de soixante-douze exposants : un Orient calme,
un peu gris. Jadis, il fallait noter l'influence de
la flamme orientale sur la palette romantique ;
aujourd'hui, constater l'inlluence de la lumière
dilluse sur le lyrisme oriental, n'est-ce pas nom-
mer l'effort de quelques nouveaux venus autour
des Danseuses Nailiates de M. Dinet : clair de
lune bleu de M. Scrive, sanguines expressives
LE BULLETIN DE L'ART
de M. (jasté, mosquées de M. Morisset, qui
promène son nouvel impressionnisme ;ï Tlem-
cen ? On retrouve ici les meilleurs boursiers de
Marseille, qui nous ont entraîné jusqu'à Cejlan...
M. VoUet nous arrête en Indo-Chine, M. Bondoux,
en Perse. Et, par l'intermédiaire des peintres,
nous voyageons immobiles. En art, la carie
orientale admet Venise, où M. Emile Bernard
essaie de styliser les chignons et les châles ; Ra-
venne, où M. Marcel Magne étudie la mosaïque
byzantine ; Rome, où M. Henri Havet décrit les
ruines menacées ; la Grande Grèce, où M. Gillot
se fait le virtuose de Capri; l'Espagne, où la fan-
taisie de M. Anglada fait pâlir nos sincérités. Et
près de quelques animaliers ou petits statuaires,
voici les candidats aux bourses de l'exposition
d'Algérie : à voir tant de concours, ne dirait-on
point que la palette française manque de bras !
Georges Chénard-Huché (galerie Graves).—
Parmi tant de peintres, un artiste. Parmi trop
d'improvisateurs, un paysagiste qui dessine et
qui colore sobrement son architecture avec son
émotion. Sans doute, il a vu, comme tant d'autres,
la Bretagne morose, la Provence blonde, la Hol-
lande argentine avec l'empâtement léger de son
Canal dans la brume. Mais c'est d'abord, avant
tout, un peintre du Paris moderne, je veux dire
un portraitiste, émouvant parce qu'ému, du vieux
Montmartre qui s'en va... Depuis vingt ans, il en
décrit les derniers moulins qu'Hervier voyait
plus nombreux, il note les métamorphoses du
boulevard de Clichy que lîuhot animait de son
Enlencment, il enfume le tunnel ou débouche le
train de ceinture à travers des quartiers suspecis,
il s'aventure jusqu'au silence inquiétant du ca-
nal ; parfois, il traverse la Cité lépreuse, il des-
cend jusqu'à la place Dauphine, anneau brisé
dont on menace les joyaux anciens; il se souvient
des Démolitions, avec la bigarrure mélancolique
des papiers et des suies ; mais, sous la neige
immaculée, ce qui retient cette âme de Breton,
c'est l'ironie mourante du vieux Montmartre, le
Maquis disparu maintenant autour de l'atelier de
Ziem, cahutes, échoppes et baraques détrempées
par le dégel, le Château des brouillards et les
blanches coupoles dans la pluie grise où trans-
paraît l'or du soir... Série discrète et mémorable,
dont nous avions entt-evu quelques limpides
motifs dans la cohue des Indépendants.
Expositions diverses. — En ce siècle de l'à-
peu-près et ce Paris fiévreux où la science des
ingénieurs a supplanté l'art, il faut affronter
toutes les fastidieuses redites des Salons, petits
et grands, pour apercevoir quelques œuvres
supérieures aux tentations du marchandage et
de l'ébauche : on est aussitôt récompensé par
une trouvaille inattendue. Quelques artistes mo-
dernes nous ont appelé, salle Chauchat ; et, près
de MM. Jules Adler, le peintre du faubourg cré-
pusculaire ou du pays noir, Belleroche, le litho-
graphe qui peint à ses heures, Dabadie, qui,
des terrasses d'Alger, remonte à son île de Bréhat,
Jeanès, visionnaire, et Morisset, familial, le
regard découvre un profond contraste : le Peigne
d'argent de M. Caro-Delvaille, une nuque de
brune aux rubans nacarat, robuste héritière de
Courbet, avoisine le plus attendrissant portrait
de jeune fille, au catogan soyeux, que la délica-
tesse de M. Ernest Laurent ait jamais estompé
dans la mousseline irisée par la verdure du
jardin.
Rue Tronchet, la Galerie de l'Art contempo-
rain nous montre, autour de M. André Suréda,
vaillant peintre-lithographe de Londres fantas-
tique et de la îieige en Flandre, les vives terres
cuites de l'animalier Pierre Christophe, l'ami
narquois des bêtes, qui devine la structure et le
caractère sous le plumage ou la robe ; et c'est un
rapide portrait que sa petite paysanne en sabots.
Nous connaissions déjà les pastiches impression-
nistes de M. Gustave Loiseau, chez Durand-Uuel ;
les curiosités décoratives de M. Manzana-Pissàrro,
chez Druet ; l'impressionnisme à l'accent bava-
rois d'un dessinateur, M. Félix Borchardt, por-
traitiste savant de Raffaetli, chez Devambez, et
l'œil (in de M. Vuillard, dont le dilettantisme
n'est guère en progrès chez Bernheim jeune,
en dépit de l'étonnant carton beige, où quelques
taches font du soleil autour de la liseuse, dans
la chambre...
Raymond Bouykh.
CORRESPONDANCE DE GRÈGE
Au Céramique.
Par deux fois dans ces derniers temps, l'atten-
tion des archéologues s'est portée vers le Céra-
mique d'Athènes, et des sondages y ont été faits,
dont les résultats ne sont pas négligeables. Ce
vaste champ de fouilles, l'un des plus riches à
coup sûr de toute la Grèce et l'un des plus dési-
ANCIEN ET MODERNE
63
gnt's à la curiosité des chercheurs, n'est guère
i|u'à moitié déblayé. Tout porte à croire qu'il
nous ménage encore plus d'une surprise. C'est
en 1801 qu'on découvrit l'emplacement de la
nécropole athénienne, en perçant ^a route
actuelle du Pirée. A plusieurs reprises, depuis
lors, on a procédé à des déblayements partiels ;
de ces recherches provient l'admirable collection
des stèles attiques qui remplit à elle seule un
bon quart du musée de Patissia. Pour diverses
raisons et malgré la richesse des trouvailles, le
projet d'une fouille exhaustive a toujours été
différé. Le clergé grec s'est toujours opposé à la
démolition de la petite église d'Haghia-Triada,
<)U pied de laquelle ont dû s'arrêter les fouilleurs;
enfin, un vaste terrain non bâti, qui appartient à
la Société des tramways athéniens, pour des
motifs qu'on se garde d'ailleurs de nous dire,
n'a pu être exproprié. Les récents travaux dont
il est question montrent que la fouille du Céra-
mique, limitée en étendue par ces obstacles,
n'avait pas non plus été suffisamment poussée en
profondeur.
L'an dernier, M. Noack obtint de la Société
archéologique d'Athènes l'autorisation d'ouvrir
une tranchée au pied des murailles antiques,
déjà déMayées, pour en étudier l'appareil. Il
put faire, dès les premiers coups de pioche, d'in-
téressantes observations. On s'accordait jusqu'ici
à reconnaître le fameux rempart de Théinistocle
dans un mur étroit en pierres bleuâtres, à peu
près perpendiculaire au lit de l'Éridan. Il appa-
raît aujourd'hui que l'on se trompait. Le véri-
table mur de Thémistocle a été retrouvé, ou
plutôt reconnu, car il était déjà en partie déblayé,
à une autre place. On a pu voir, en dégageant
ses substructions, qu'il était fait des matériaux
les plus divers, et que, parmi les blocs de paros
ou de calcaire, il contenait des stèles funéraires
on marbre et des bases de statues. Thucydide
rapporte que dans leur hâte à édilier les rem-
parts, tandis que Thémistocle négociait à Lacédé-
mone, les Athéniens prirent leurs matériaux où
ils purent et notamment dans les nécropoles,
dont les stèles leur fournissaient des pierres
toutes taillées. La découverte de M. Noack vient
confirmer l'exactitude de ce récit et nous en
apporte, en quelque sorte, l'illustration.
(Juelques-uns des monuments funéraires ma-
connés dans la muraille ont pu en être dégagés
et sont aujourd'hui exposés au musée de Patissia.
Entre autres un sphinx de marbre et une stèle
très analogue à celle du Soldat de Marathon. Sur
un point du rempart où il semble que s'ouvrait
une poterne, est apparue la base d'une grande
statue funéraire. Une inscription métrique se lit
encore sur l'une des faces et les deux pieds de la
statue, du type des Apollons archaïques, ont
laissé sur la pierre la trace de leurs scellements.
Plus récemment, M. Bruëckner, dont ce n'est
pas la première campagne au Céramique, a fait
donner quel(|ues coups de pioche non loin de la
rue du Pirée, dans la région Ouest, où se trouvent
les belles stèles de Dexileos, de Gorallion, d'Hé-
géso. Les premiers fouilleurs qui déblayèrent
cette partie de la nécropole s'étaient arrêtés
aussitôt qu'ils avaient eu dégagé les reliefs, sans
se soucier de pousser jusqu'à leur fondation. Ils
étaient loin d'avoir atteint le sol antique. En
creusant au pied des mausolées, M. Bruëckner a
|)u constater qu'ils se dressaient tous sur de
hauts socles à degrés, comme des statues sur
leurs piédestaux. L'aspect primitif de la voie
funéraire était fort différent de celui qu'on pou-
vait imaginer jusqu'ici. Par rapport au sol actuel
et aux reliefs déjà dégagés, elle se trouvait en
contre-bas de plusieurs mètres. Du même coup,
l'on a pu faire des observations plus précises
sur la manière dont étaient groupés les monu-
ments. Les stèles des lils de Lysanias, parmi
lesquelles est le fameux relief de Dexileos, se
'dressent aujourd'hui sur un large et haut sou-
bissement, dont le plan ligure un quart de cercle.
Sur tout l'emplacement que l'on croyait dé-
blayé, il faudra de longs jours encore pour mettre
à découvert le sol antique. La fouille du Céra-
mique n'est pas seulement à poursuivre ; on peut
dire qu'elle est à recommencer.
Au Musée de l'Acropole.
A l'Acropole, ce n'est pas dans les remblais de
la citadelle, mais dans les magasins du musée
ijue l'on a fait des trouvailles. Là sont entassés
par centaines des fragments de sculptures, pro-
venant de la grande fouille qui rendit au jour le
peuple des corés. MM. Heberdey et Schrader, ont
fait un sort à nombre de ces débris et complété
grâce à eux plusieurs des statues du musée. C'est
ainsi que l'on a retrouvé des morceaux du soi
disant Typhon à trois têtes. On a pas été peu
surpris de voir que le monstre tenait dans sa
main et caressait un oiseau.
Tout récemment M. Schrader a reconnu et
rapproché divers fragments qui complètent à
merveille l'un de ces charmants cavaliers athé-
LE BULLETIN DE L'ART
niens, frères non indignes des corés, mais beau-
coup plus mutilés quelles. Sans être encore en-
tière, la statue a pris un intérêt tout nouveau et
n'est pas absolument telle qu'on pouvait l'imagi-
ner. Le type du cheval, très haut sur de longues
pattes d'une minceur extrême, rappelle encore
les figures de cavaliers que l'on voit représentées
sur les vases du vi' siècle.
G. L.
LES REVUES
France
Revue des Deux Mondes (1" février). — L'Art
français de la fin dti moyen âge : les aspects nouveaux
du culte des saints, l'art elles saints, par Emile Mâle.
— C'est une de ces charmantes études où s'exerce,
pour notre enseignement, la science archéologique
d'un érudit qui atout vu et qui sait à merveille tirer
parti des documents figurés. Après avoir montré le
charme poétique que le culte des saints répaiïd
sur tout le moyen âge et combien ils furent en se
rapproch.ant de plus en plus de l'humanité, il prouve
que rien n'a été plus fécond que le culte passionne
des saints auquel on doit la meilleure partie des œu-
vres d'art de la fin du moyen âge, et notauiment
celles où des donateurs se sont fait représenter dans
des vitraux, des peintures, des sculptures, en compa-
gnie de leurs saints patrons, soit de ceux dont ils
avaient reru le nom à leur baptême, soit de ceux qui
patronaient leur confrérie ou leur corporation. A ce
propos, l'auteur donne un exquis petit tableau de la
vie des artisans des villes à la fin du moyen âge; il
insiste sur la poésie que revêtaient les manifestations
publiques des confréries pieuses, des confréries mili-
taires ou des confréries de métiers, qui toutes avaient
leurs saints patrons; il démontre quelle a été l'in-
fluence de ces confréries sur les artistes, par les
commandes de saints patrons qu'elles leur faisaient
et par les modèles qu'elles leur proposaient.
Les Confréries militaires et les confréries de métiers
avaient d'antiques patrons que la tradition leur im-
posait; mais les confréries pieuses choisissaient parmi
les saints, soit de beaux modèles qu'elles se propo-
saient d'imiter, soit de puissants protecteurs qu'elles
désiraient se rendre favorables. Et toute la dernière
partie de l'étude de M. É. Mâle est consacrée a
rechercher, avec le secours des œuvres d'art, quels
saints ont été choisis de préférence : saint Chris-
tophe, sainte Barbe, saint Sébiistieu, saint Adrien,
saint Antoine et saint Roch, les grands protecteurs de
la mort subite et de la peste.
Mais « la Hèforme vint, et avec elle apparut l'esprit
critique. Les saints furent discutés... Le charme
était .rompu. Au lieu de croire, les hommes avaient
voulu savoir. Les artistes purent désormais avoir
toutes les qualités; ils n'eurent plus la candeur qui
rend ces vieilles œuvres inimitables «.
Al.LEUAG.NE
Die Kunst (février). — P. Hekdmakk. La médaille
artistique et son histoire. — Ueproductions intéres-
santes des œuvres de 1a nouvelle école de médailleurs
qui s'est formée en Allemagne, à la suite de l'école
française.
— J. Popp. Albert von Relier. — A propos de l'ex-
position de l'ensemble de l'œuvre de cet artiste dans
la Sécession de Munich. — Nombreuses reproductions
qui donnent une idée de l'art de cet artiste, qui
rappelle d'abord A. Stevens, puis Be.snard, avec des
incursions dans le domaine de la peinture religieuse
et de l'occultisme.
— Gustave G.-Goegek. Le Souveail paysage.
— La Villa Friése. à Brème.
— G. Keyssxrr. La « Halle », à Pfullinr/en. —
Bâtiment construit en style ultra-moderne dans la
petite ville de Pfullingen, par les elforts associés de la
Société de chant et de la Société de gymnastique du
lieu, pour servir à la fois de salle de concert et de
lieu de réunion pour des exercices de gymnastique.
L'ensemble est un exemple remarquable des résultats
que peut obtenir l'esprit d'association en Allemagne,
même dans une petite ville.
— A. Heilmeyeh. L'Hôtel « L'nion », à Munich
(construit par l'architecte R. BeindI). — G. IIcet.
Italie
Emporium (janvier). — Artistes contemporains :
M. Vittorio Pica parle, cette fois, de l'artiste belge
Philip/te Wolfers, dont les statuettes, les bijoux, les
lampes électriques, les vases, les coffrets, etc., ont été
bien souvent remarqués dans les expositions interna-
tionales pour l'agrément de leur forme et l'ingéniosité
de leur décoration.
— Art rétrospectif : Pietro Longhi et quelques-uns
de ses tableaux, par Pompeo Molmexti. — 1/historien
de Venise consacre quelques pages à ce Vénitien né
en 1702, sur lequel on sait si peu de choses et dont
les toiles évoquent si joliment et avec tant de fidélité
la vie légère du siècle galant : l'intérêt documentaire
de ses figures charmantes fait oublier la peinture
lisse, léchée, froide et le dessin indécis de celui qu'on
a appelé, avec quelque excès dans l'éloge, le « Goldoni
du pinceau ».
— Soles d'art : Tivoli, ses églises S. Silvestro, S.
Vincenzo et S. Blagio; sa cathédrale; son palais Tor-
lonia et leurs œuvres d'art, par .\ttilio Rossi.
— La Collection Peruzzi d'objets d'art de ferron-
nerie ancienne, par Helen Zimhehn.
Le Gérant : H. Uïms.
PuM. — Imp. Georgea Petit, iî, roe (iodot-de-Uauroi.
Numéro 373.
Samedi 29 Février 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Sur un temple désaffecté
Combien de Parisiens connaissent l'Opéra de
Versailles, cette salle charmante où Jacques-
Ange Gabriel, quatrième du nom, a dépensé des
trésors d élégance et qui n'a guère eu de chance
depuis son inauguration, le 16 mai 1770?
L'artiste et le lettré qu'est M. Henry Roujon en
contait joliment l'histoire, l'autre jour, dans un
de ses En Marge du Temps : il disait les quelques
années brillantes de ce théâtre, dont la « repré-
sentation de clôture » — le banquet des gardes
du corps du 1»'" octobre 1789, où la reine fut
acclamée, — provoqua les journées révolution-
naires, et il rappelait la soirée de gala qu'y donna
Louis-Philippe à l'occasion de l'inauguration du
musée de Versailles, le 10 juin 1837.
C'était aussi, un peu, une seconde inauguration
pour la salle elle-même, car Gabriel aurait eu
peine à reconnaître son œuvre, sous le badigeon
rouge et noir dont le roi l'avait fait revêtir et qui
n'était que la première des dégradations qu'on
devait faire subir à « l'Opéra de Versailles ».
Qu'on lise plutôt ce qu'en a écrit M. André
Pératé :
« Transformée en 1871 pour les réunions de
l'Assemblée nationale, occupée par le Sénat de
1876 à 1879, cette pièce splendide a perdu, en
même temps que son plafond (par Duraraeau),
remplacé par un vitrage, la charmante peinture
de ses boiseries en imitation de marbre vert
antique, si délicatement harmonisée avec le
velours bleu qui garnissait les loges, et la dorure
maie de ses balustres, de ses chapiteau.x, de ses
consoles, de ses ravissants bas-reliefs de Pajou
et de Guibert. L'affreuse couleur rougeàtre dont
elle est revêtue n'empêche point d'apprécier la
beauté des proportions et la richesse inouïe de
l'ornement. C'est la plus belle salle de théâtre
qu'on puisse imaginer ; c'est le Bayreuth tant de
fois réclamé pour la France, un Bayreuth aux
portes de Paris. »
Et c'est précisément ce que la Société des
grandes auditions musicales, en demandant au
Sénat l'autorisation de remettre cette salle en
état et d'y donner quelques représentations, se
propose d'en faire : un Bayreuth, mais un Bay-
reuth où Gluck sera mieux à sa place que
Wagner.
Comme il n'est rien d'aussi triste qu'un temple
désaffecté, celui-ci ne pourrait que gagner à se
voir rendu au culte de la musique et de la
poésie, sans compter que cette restitution
remettrait au jour des trésors cachés d'élégance
ancienne, — ce qui, par ces temps d'inélégance
présente, n'est pas tant à dédaigner.
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des Inscriptions et Belles-Lettres
(séance du 21 février). — L'Académie vote une sub-
vention de 300 francs à M. Vaillet, chef de la mission
forestière de l'Afrique Occidentale, pour fouiller une
caverne au Fouta-Djalon.
— M. Edmond Pottier achève la lecture de son mé-
moire sur l'art dorien.
— M. CoUignon ne partage pas toutes les vues de
son confrère et il en donne les raisons. 11 en ré-
sulte un débat académique du plus vif intérêt, et dans
lequel intervient M. Salomon Reinach pour concilier
les théories des deux savants historiens de l'art grec.
Société des Antiquaires de France (séance du
20 lévrier).— M. Enlart fait li(imnui{,'e à ses collègues,
au nom du vicomte de Truchis, d'une étude sur l'archi-
tecture romaine de l'Autunois.
— M. Oniont conuiiunique les illustrations d'une
traduction de chirurgiens grecs exécutée par Guido
Guidi pour François 1" et montre que ces illustrations
sont en partie l'œuvre du Primatice.
— M. F. de Mély entretient la Société du prétendu
portrait de Jeanne d'Arc conservé à Saint-Pétrone de
Bologne ; et M. Adrien Blanchet présente des obser-
66
LE BULLETIN DE L'ART
valions sur l'orij^ànc des armes de Milan, qui dérive-
raient du mythe antique d'Ophilitis.
Société nationale des Beaux-Arts. — Les
membres sociétaires de la Société nationale des Beaux-
Arts ont tenu iiier une assemblée générale extraordi-
naire. Cette réunion était motivée par la demande en
reconnaissance d'ulilité publique que le Conseil d'Ktat
examine en ce moment. Il est urgent pour la Société
que cette qualité lui soit rapidement reconnue, car
elle vient d'apprendre la fondation de deux prix an-
nuels qui n'attendent, pour être constitués définiti-
vement, que l'arrêt du Conseil d'État. L'un de ces
prix, qui est de 1.000 francs, est donné par M"" Fa-
quin, qui a fait cette libéralité en mémoire de son
mari. L'autre prix, qui est de 500 francs, est offert
par MM. Bornheiui jeune.
Société pour la protection des paysages. —
La Société pour la protection des pajsages de
France a approuvé le dépôt, sur le bureau de la
Chambre, du projet de loi élaboré par son comité
contre l'abus de l'affichage, et elle a émis les vœux
suivants :
Que fût conservée en espaces libres la totalité delà
zone désaffectée des fortifications ;
Que les communes suburbaines dont l'accroissement
est si rapide, prissent des mesures pour conserver ou
acquérir pendant qu'il en est temps, les terrains né-
cessaires à leur hygiène et à leur beauté dans l'avenir;
Que les forêts et bois avoisinant Paris fussent
classés et aménagés en séries artistiques.
En outre, ont été appuyés le projet d'acquisition de
la forêt d'Amboise par la ville de Tours et celui des
forêts d'Eu et d'Aumale par la ville de Rouen.
Enlin, la Société a réclamé instamment la conser-
vation de la Pointe du-Réduit provenant des anciennes
fortifications de Bayonne.
Au musée du Louvre. — M. G. Bénédite. conserva-
teur adjoint du département des antiquités égyptiennes
au musée du Louvre, est promu conservateur du même
département, en remplacement de M. Pierrot, admis à
la retraite.
Au Musée des Arts décoratifs. — L'exposition
théâtrale, dont nous avons déjà parlé à. plusieurs
reprises et dont le conseil de l'Union centrale des
Arts décoratifs a pris l'initiative, s'ouvrira prochaine-
ment au musée des Arts décoratifs.
Do nombreuses peintures, obligeamment prêtées aux
organisateurs et représentant des personnalités con-
nues, y figureront, avec des estampes de choix. Une
autre section, plus particulièrement consacrée aux
décors de thé,'itre, comprendra tout un ensemble de
dessins, d'études, d'ébauches et de maquettes des
maîtres décorateurs les plus réputés du siècle der-
nier. Enfin on y trouvera également une ample
collection d'objets anciens et modernes se rapportant
à l'histoire et au monde du théâtre, accessoires et
costumes, marionnettes et figurines, souvenirs des
théâtres antiques et matériels courants de théâtres,
perfectionnés par les artistes industriels qui en font
leur spécialité.
Au Petit Palais. — M. Henry Lapauze, conserva-
tour du palais des beaux- arts de la Ville de Paris, à
qui l'on doit l'heureuse disposition dos salles Carriès,
Zicui et Hennor, vient d'aménager au Petit Palais une
salle des portraits féminins, où se trouvent désorm.ais
groupées et inises en valeur des peintures de Hicard,
Dubufe, Bcrthe Morisot, .Marie Bashkirtseff, Chaplin,
Cliartran, Falguière, Kantin-Latour, etc.
Il prépare une salle Courbet, qui réunirait, autour
des quatre grands morceaux que possède déjà le Petit
Palais ^ la Sieste, Proiid'hon et ses enfants, les
Demoiselles ries bords de la Seine et le Povlrail de
Corbineaii , — une série d'autres toiles du maître d'Or-
nans.
Un Salon des « Refusés du siècle ». — Sur
l'initiative de M.VI. Paul Gallimard et Camille de
Sainte-Croix, un curieux Salon sera inauguré à Paris
au printemps prochain : celui des plus célèbres ta-
bleaux refusés aux Salons depuis 1789.
Dans cette Ceutennale de l'art indépendant, les
peintres les plus illustres se rencontreront sur les ci-
maises : Corot, Millet, Delacroix, Diaz, Decamps,
Chassériau, Courbet, Barye, Puvis de Chavannes, ont
été parmi les <• refusés du siècle », sans compter les
chefs du mouvement impressionniste : Manct, Monet,
Sisley, Degas, Renoir, Pissarro, etc.
Ce Salon aura lieu au Petit Palais dos Champs-
Elysées.
A Bagatelle. — C'est le 13 mai que s'ouvrira à
Bagatelle l'exposition rétrospective de portraits, qui
complétera la série inaugurée l'année dernière par la
Société nationale des Beaux-Arts et qui ne remontait
qu'à 1870. On y trouvera réunies, cotte fois, les célé-
brités de 1830 à 1900. On y verra, d'Ingres à Manet,
tous les maîtres de la peinture ou de la sculpture do
celte période qui comprend le règne de Louis-Phi-
lippe, la deuxième Itépubliquo, le second Empire et
la troisième République. Beaucoup d'adhésions de
propriétaires de portraits rentrant dans ce programme
et signés de noms illustres sont déjà assurées.
A Avignon. — Il vient do se constituer à Avignon
une Société des amis du palais des papes, qui a pour
but « de grouper tous ceux qui s'intéressent à l'avenir
de ce monument, en vue de lui apporter les concours
moraux et pécuniaires qui peuvent contribuer à sa
conservation ».
La Société, qui a son siège à .Avignon, déclare
qu'elle s'occupera aussi de tous les autres monuments
du vieil Avignon. Elle comprend des membres fonda-
dateurs (cotisation annuelle de 20 fr. au minimum) ;
dos membres titulaires (cotisation de 10 fr.) ; des
membres adhérents (cotisations de 5 fr.). Les adhé-
ANCIEN ET MODERNE
67
sions et les demandes de renseignements doivent
être adressées à M. Girard, conservateur du musée
d'Avignon.
A Nancy. — Dans sa séance du 16 janvier, le
Conseil municipal de Nancy a ratifié, par 26 voix sur
30 votants, le marché par lequel la ville de Nancy
achète à l'État le pavillon de l'évêché, place Stanislas,
pour en faire un théâtre. Nous avons dit quel serait
le résultat de cette transformation (voir le n° 366 du
liullelin, p. Il) : les plans du futur théâtre démontrent
clairement que les combles du bâtiment moderne
surgiront au-dessus de la délicate façade du payillou
de Iléré et l'écraseront, défigurant ainsi la place Sta-
nislas, l'ensemble monumental le plus élégant, le
plus harmonieux, le plus parfait qui soit en France.
M. André Ilallays, qui a commenté cette extraordi-
naire décision dans les Débals du 21 février, ajoute
que ce qui est particulièrement lamentable dans cette
aventure, c'est que c'est l'État lui-même, qui, con-
naissant les projets de la ville de Nancy, abandonne
le pavillon de l'évêché qui lui appartenait et sacrifie
la place Stanislas, classée comme monument histo-
rique !
A Bruxelles. — La participation française au
Salon jubilaire de la Libre EsUiélique sera des plus
intéressantes. Sur la liste des peintres invités figurent,
en effet, les noms les plus en vue de l'art conteni-
poraiu, et notamment ceux de M»' Mary Cassatt, de
MM. Renoir, Claude Monet, Degas, A. Uesnard, Ch.
Cottet, iMaurice Denis, M. Lerolle, Ch. Guérin, M. De-
thomas, etc., et, parmi les sculpteurs, MM. Rodin,
A. Charpentier, C. Lefèvre, A. Bartholomé et A. Marque.
La direction réunira également, dans une salle spé-
ciale, un choix de cartons et dessins documentaires
de quelques-uns des exposants, MM. Renoir, Claude
Monet, Rodin, Besiiard, Cottet, Van Rysselberghe.
Maurice Denis, etc,
Le Salon sera ouvert le 1" mars.
A Genève. — Au cours des travaux de réparation
(|u'on exécute en ce moment à l'iiôtcl de Ville de
Genève, on a découvert, dans la salle du Conseil,
cachées derrière des panneaux de bois, de superbes
peintures murales de la fin du xv siècle. Ces pein-
tures à fresque représentent des personnages de l'An-
cien Testament, probablement les Juges, grandeur
nature ; on croit quelles ont été commandées par
Michel Montyon, syndic de Genève, en 1493.
A Londres. — MM. Dagnan-Bouveret et Georges
(ilausen, dans la section de peinture; M. Antonin
Mercié, dans la section de sculpture, viennent d'être
nommés membres de l'Académie royale.
Nécrologie. — A Dusseldorf est mort à 72 ans le
peintre de genre, d'un genre bien vieilli, lleinrich
Leinweber, né à Fulda (1836), élève des Académies de
Cassel, Munich et Anvers. On cite parmi ses sujets les
plus connus : la Famille du foreslier, la Première
arme. Colin-maillard, etc.
— Le 20 février s'est éteint à Berlin, le peintre
Paul Thumann, professeur à l'Académie des Beaux-
Arts depuis 1873. Après ses grands tableaux de la l'i'e
de Luther à la Wartbourg et son Mariafje de Lutlier,
il s'adonna à des scènes de genre « idéales », d'un
sentimentalisme doucereux : Psyché, VAmour, etc. Le
gros de sa production consiste en dessins d'illustra-
tion dont il livra plus de trois mille de 1860 à 188o ; les
plus répandus sont ceux pour les poésies de Cha-
misso : VAtnour et la Vie d'une femme. Il était né
en 1834 à Gross-Tchacksdorf ; avait étudié à Berlin, à
Dresde et à Weimar.
— On annonce encore la mort subite, le 19 février,
du directeur de l'Académie de Dusseldorf, Peler Jans-
sen, l'un des principaux représentants et, peut-être le
dernier, de la peinture d'histoire académique, fervent
disciple de Cornélius et Relhel. On lui doit les grandes
fresques de l'Hôtel de ville de Crefeld ; trois grandes
batailles peintes pour la Galerie nationale à Berlin ;
le cycle de la Vie liumaine dans l'aula de l'Académie
de Dusseldorf, une suite d'autres fresques à l'hôtel de
ville d'Erfurt. Né en 1844, à Dusseldorf. — M. M.
— A Paris, vient de mourir, âgé de 83 ans, le peintre
de portraits et de scènes de genre Charles-Gi/illuume
Brun, élève de Picot et de Cabanel, dont l'Improvi-
sateur fait partie de la collection Rockefeller.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX - OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
"Ventes à Paris. — Vente de la collection
de M. X... (Objets de vitrine). — Tenues salle
7, les 17 et 18 février, par M." Lair-Dubreuil et
MM. .Mannheim, les deu.x vacations de cette vente
de bibelots, pour la plupart du win' siècle, ont
réalisé un total d'environ 90.000 francs.
Ce n'est pas à dire que les enchères aient été
très importantes — on en jugera par la liste des
prix supérieurs à 1.000 que nous publions ci-
68
LE BULLETIN DE L'ART
apïès ; mais si l'on veut bien prendre garde que
la collection ne comptait guère plus de deux
cents numéros, on trouvera que ces menus objets
de vitrine, boites et flacons, étuis et tabatières,
ont encore réalisé une très jolie moyenne. Il
semble qu'on ne se lasse pas de voir passer en
vente ces charmants spécimens de l'art du xvni'-
siècle : combien en avons-nous vu vendre pourtant,
depuis quelques années, de ces boîtes d'écaillés
ou d'or ciselé, rondes ou ovales, oblongues à pans
coupés ou rectangulaires, ornées ou non de mé-
daillons sur émail ! Et à chaque nouvelle collec-
tion qui se disperse, il est rare que nous n'ayons
pas à enregistrer quelques enchères remarqua-
bles : ce seront ici celles de 3.420 fr. pour un
llacon-balustre en plaques de verre bleu monté
en or, avec une montre à cadran sur fond orné
de peintures à sujets galants (n" 29) ; — de 3.400
fr. pour un nécessaire en forme de coffret, en
plaques de verre bleu monté en or (no 30) ; — de
3.500 fr. pour une boîte à musique ovale, émaillé
bleu, à médaillons de sujet pastoral, travail an-
glais signé de Jacques Uroz (n» dSS) ; — enlin les
suivantes, qui sans être aussi élevées ont aussi
leur intérêt :
Parmi les objets de vitrines du milieu du xviii»
siècle, citons : 28. Montre or ajouré, trav. anglais,
l.tOÎ) fr. — 29. Kliicon plaques de verre bleu, monture
or, contenant une montre, 3.420 fr. — 30. Nécessaire
plaques de verre, monture or (fracture), 3.400 fr. (on
en demandait 4.000).
Pour l'époque Louis XV : 43. Boite or de couleur
ciselé, 1.120 fr. — 47. Boite fer ciselé, sujet galant sur
fond doré, 2.050 fr. — 68. Boite or de couleur ciselé,
décorée d'un médaillon, 2.050 fr.
Pour l'époque Louis XVI : 94. Étui porte- ta-
blettes, or gravé et ajouré, 1.860 fr. — 122. Boite
oblongue à angles coupés, mont, or gravé, 1.000 fr.
— 136. Bague marquise en or, à chaton bordé de demi-
perles, et montre à deux cadrans, à fond émaillé bleu,
1.010 fr.
155. Boite à musique ovale, or émaillé bleu, mé-
daillon à sujet pastoral, signé Jacques Dror, Londres,
xviu* s., 3.500 fr. — 159. Boite plate oblongue, mont,
or, médaillon de paysage avec ligures, Genève, xviii*
s., 1.200 fr. — 163. Boite plate olilongue, mont, or,
médaillon allégorique. Genève xvni* s., 1.700 fr. —
16G. Boite plate, mont, or, médaillon de scène fami-
liale, 1.250 fr. — 167. Boite ovale or émaillé, sujet de
scène galante, 1.635 fr.
Parmi les objets du xix* siècle : 182. Face-à-main
en or ciselé en forme de lyre, brillants et roses,
1.400 fr. — 183. Étui porte-tablettes en or de coul.
ciselé, avec deux médaillons. Amour et cœur enguir-
landé, 2.460 fr.
■Ventes diverses. — L'Hôtel Drouot ne nous
offre guère, en dehors de cette vente, que de
tristes vacations, pour d'assez médiocres œuvres
d'art.
— Un (//and Canal, de Ziem, adjugé 1.820 fr.,
est le plus haut prix obtenu par les tableaux
modernes, dont M" André Couturier et M. Mar-
boutin ont dirigé la vente, salle 1, le 18 février.
— Dans une autre vente, faite salle 9, le 19,
par M'- Picard et M. Cuérel, une scène pastorale
attribuée à Kragonard a fait 2.200 fr. etunDc-
harqucmcnt, de Ziem, 2.300 fr.
— Le 21, on trouve de meilleures enchères à
signaler : un meuble de salon en ancienne tapis-
serie d'époque Louis XVI, à jeux d'enfants et
d'animaux, est adjugé 10.600 (t.; — une buire
et son plateau en cristal de roche gravé, njon-
ture argent doré, 3.000 fr. Au total : 30.000 fr.
(M= Lyon et MM. Paulme et Lasquin).
— Pour être complet, il faut encore noter
trois prix extraits des enchères de la collection
Lemaire objets d'art de la Chine), dont les deux
vacations, faites lundi et mardi, salle 11, par
M" Lair-Dubreuil et M. Héliot, ont produit un total
de 38.867 fr. : deux éléphants en bois de fer
incrusté de matières dures, 1.200 fr. ; — une
paire de vases carrés, fond bleu, 1.630 fr. —
deux autres vases analogues, forme turbinée,
2 080 fr.
■Ventes annoncées. — Le mois de mars va
enfin ramener ((uelque activité dans le monde
de la curiosité.
Déjà M'' Lair-Dubreuil et M" Henri Baudoin,
avec M.M. Arnold et Tripp comme experts,
annoncent une vente Jules Cronier, qui se fera
les 11 et 12 mars à la galerie Georges Petit, et
qui comprendra une intéressante réunion de
lableaux anciens (des écoles flamande et hol-
landaise surtout), et de lableaux, aquarelles,
pastels et dessins modernes. Nous reviendrons
à loisir sur cette vente en temps opportun.
— De même, nous signalerons plus longue-
ment la vente de la collection Arthur Maury,
annoncée pour les 19 et 20 mars (M' Lair-Du-
breuil et M. G. Courtois). La composition très
particulière de cette collection, où l'on trouvera
des curiosités théâtrales, telles que marion-
nettes provenant des anciennes foires de Paris
et silhouettes du théiUre Séraphin ; des jeux et
jouets anciens; des curiosités militaires, etc.,
ne manquera pas d'attirer l'attention de toute
ANCIEN ET MODERNE
09
une catégorie d'amateurs sur une vente qui,
précédant d'une quinzaine l'inauguration de
l'exposition théâtrale du l'aviiUm de Marsan, ne
saurait passer inaperçue.
— En attendant, nous aurons, le 4 mars, une
vente de tableaux modernes, comprenant un
nombre assez important d'artistes de second
ordre, au milieu desquels se trouve égaré un
important paysage de l'École française du xviii»
siècle (salle 7, M« Lair-Dubreuil et M. G. Meusnier).
— Le 5 et le 6, salle 1 1, le même commissaire-
priseur, assisté de MM. Paulme et B. I.asquin lils,
dispersera !a collection de feu M. Machelard,
réunion de 2.500 pièces de faïences françaises et
étrangères des fabriques les plus diverses : Delft,
Rouen, Nevers, Strasbourg, Marseille, Moustiers,
Niederwiller, etc.
— Enfin, le C et le 7, se fera, salle 7, la
seconde vente d'objets de vitrine, éventails,
boîtes, étuis, etc., formant la collection privée de
feu M. Eugène Lefebvre (M" Lair-Dubreuil et
H. Baudoin, et .MM. Mannheim).
M. N.
ESTAMPES
A Paris. — Ouvrages d'ornementation
anciens. — 11 en est cette semaine des estampes
comme des livres la semaine dernière : elles
sont la consolation des amateurs en quête de
vacations intéressantes, et la dispersion par
M° Desvouges et M. Rapilly, — qui a commencé
lundi dernier, — d'une série d'ouvrages d'orne-
mentation anciens, peut rendre des points,
comme intérêt et comme prix, à toutes les
ventes d'oeuvres d'art faites simultanément.
Citons, parmi les principales enchères de la
première vacation : les Ornernens inventes par
Bérain, rel. aux armes du prince de Bavière
(n" 48), vendu 2.210 fr. ; — un recueil d'WJui/es
d'architecture de Le Pautre, l.lbO fr. ; — un
autre, d'OEuvres de Daniel Marot, l.tOO fr.
La seconde vacation comprenait, entre autres
choses importantes, un Œuvre de J.-B. Huet,
formé de 470 pièces gravées (n° 244) ; les 4.200
francs qu'atteignit ce recueil furent deux fois
dépassés dans la journée : d'abord par un
Recueil d'estampes et de cahiers d'ornement, gravés
par Huquier, d'après Boucher, Oudry,etc. (n°248),
adjugé S. 030 francs, et ensuite par un exem-
plaire de l'Architecture française de Mariette
(n" 286), payé 4.705 francs.
Autres enchères intéressantes :
222. Nouveau livre d'études et principes de serrure rie,
par Fontaine, t.9."i0 fr. — 223. Collection de vases,
par de Fontanieu, I.TiiO fr. — 224. Nouveau livre de
.serrurerie, par Kurdrin, 1.380 fr. — 226. Œuvres de
scul/iture en bronze, par Forty, 2.000 fr. — 270.
Œuvres diverses de Lalunde, 3.400 fr. — 287. Recueil
factice de 200 pièces de décoration, 2.155 fr. — 313.
Recueil de planches d'orfèvrerie et de bronzes,
1.500 fr. — 345. Recueil d'ornements, par lîanson,
1.000 l'r. — Trophées, ornements pour la boiserie
d'appartements, par Berthault et Juillet, 1.200 fr. —
353. Répertoire des artistes, 1.530 fr. — 374. Livre de
serrurerie, par Tijou, 1.200 fr. — 373. Œuvre de Toro,
1 905 fr.
Le total des deux premières vacations s'est
élevé à 8.'î.827 francs.
R. G.
@
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Automobile-Club. — « Ce n'est pas le grand
nombre, mais le choix des tableaux qui rend les
expositions brillantes », pensait M. de Tour-
nehem. Ici, le total est restreint ; mais le décor
seul est brillant. Trop de tableautins ou de
vieilles mythologies mal déguisées par la pré-
sence de quelques vivants morceaux ! Avec une
République qui, curieusement, accroît sa série de
symboles féminins, le maître de la vie lumi-
neuse, M. Roll, expose une de ces Journées d'été
qu'il anime familièrement sous la verdure cen-
drée d'un parc. M. Cormon profile une belle
fille rousse sur un fond glauque. Si M. Zwiller,
portraitiste de M. liahelon, n'oublie pas assez
l'ivoire de Henner, si M. Umbricht se souvient
trop de M. Bonnat, M. Geiuges Lavergne traduit
avec plus de personnalité la distinction svelte et
brune de M"'» J. Vcil-Picard. Le crayon de
M. Friant saisit spirituellement la ressemblance
de M"" Bénédite ou de M. de Fourcaud. Les effets
de lampe inspirent inégalement deux spécia-
listes : avec une émotion recueillie, mais pro-
fonde sous la sagesse du métier, M. Marcel Rieder
enveloppe des sujets champêtres ou bourgeois
que bleuit un reste de jour entré par la fenêtre
ou la porte ouverte ; en de petits formats, supé-
rieurs aux grands, M. Victor Lecomte estompe
des thèmes libertins ou studieux, oîi la lueur
factice ajoute son mystère La nature frissonne
dans les mélancolies argentées de M. Foreau. Le
physionomiste qu'est M. Marqueste a gravé dans
ses bustes de bronze l'audace diiprofesseur Poirier
70
LE BULLETIN DE L'ART
ou l'allure artiste du sénateur Camille Sée. Notre
XVIII" siècle inspire la Coupe mouvementée de
M. Gustave Michel et les bustes précieux de
M. Rozet. L'art du portrait se complète avec
les fauves de M. Gardet et les plaquettes de
M. Vernon En l'absence de M. Lalique, MM.Vever,
Christofle, Fouquet et Fali/.e nous font aperce-
voir, dans les bijoux, la meilleure originalité du
modem style. Et c'est tout.
Société des Aquarellistes français ((ialerie
Georges Petit). — Ici, le nombre augmente, et
le compte des artistes en est encore plus vite fait.
De môme que les romanciers à la mode se croient
tenus au volume annuel, les sociétés périodiques
encadrent ponctuellement les mêmes anecdotes
mignardes ou leurs descriptions fignolées : c'est
le triomphe du genre. Et les absents n'ont point
tort, quand ils s'appellent MM. Besnard, Grasset,
Lhermitte ou Morot. Très analogue à la vingt-
neuvième, cette trentième année se réhabilite
avec le style persévérant d'un maître discret :
au Luxembourg crépusculaire comme à Versailles
automnal, aux environs azurés d'Antibes comme
aux lianes noirs du Jura, M. Henri Zuber demeure
l'ami fervent des belles lignes. De Nuremberg au
Palatin, l'architecte-voyageur, M. Bené Binel,
fait le plus heureux choix entre ses notes de
virtuose. Et si l'aquarelle pure suffit à M. Paul
Lécomte ou.japonise les synthèses de M""Marie-
i'aule Carpentier, la gouache rehausse les Mar-
tigues ensoleillées du coloriste Henry Paillard,
les mystérieuses roses du poète Ernest Filliaid,
la voluptueuse restauration de la Dame d'Elchc
par l'archéologue Maurice Hay. Plus courageux
que M. Guirand de Scevola, M. Luigi Loir essaie
de s'évader de sa formule. Dans une exposition
particulière voisine, M. Franck Boggs revoit le
vieux Paris avec les yeux de Jongkind ; et, faute
d'exposition rétrospective (on ne ressuscite pas
tous les ans un Eugène Lami), les saynètes de
M. Hochegrosse illustrent timidement la magis-
trale Tentation de Flaubert.
Cercle Volney (deuxième exposition). —
C'est le tour des dessins... qui ne sont pas tous
dessinés ; mais le dessin, que nos peintres négli-
gent à peu près autant que l'honoraient les maî-
tres, est courageusement défendu par les crayons,
têtes de femmes ou d'enfants, de MM. Guillaume
Maux, Marcel Baschet, Lucien Monod, Ifenri
Uoyer, de même que le sentiment de la forme,
qui n'est pas incompatible avec l'atmosphère de
la capricieuse modernité, signale les romantiques
lithographies de .M. Léandre, un profil blond de
M. Paul Thomas, les petites eaux-fortes originales
de M. Maurice Bompard, une Tentation, pastel
irisé de M. Camille Bourget, qui se révèle en
même temps, avec humour, graveur sur bois de
lil, au canif. Au début du xx» siècle, on ose encore
dessiner.
Gaston Prunier (Galeries Allard). — Malgré
la surproduction que la vie moderne impose à
l'artiste, on estimait déjà l'observateur de la
Neige à Grenelle et des soirs menaçants du canal,
qui ne délaisse le grouillement des faubourgs que
pour le calme des sommets. Mélancoli(]ue amant
de la lumière, d'autant plus pénétrante qu'elle
se fait plus rare, il s'est embarque pour Londres
et rapporte à Paris trente -deux Vues de la
Tamise fumante et brumeuse, miroir un peu
monotone des nuées de pourpre rose ou d'or
blême entre les ombres épaisses des wharfs et
des docks, noirs crayons rehaussés de nerveuse
aquarelle, visions positives, mais troublantes,
comme une réalité qui serait devenue largement
le rêve où l'artiste a fait un pas dans l'évolution
la plus malaisée de son art : la connaissance de
soi-même.
Raymond Bouyer.
CORRESPONDANCE DE MUNICH
Expositions d'iiiver.
Tout le mois dernier et une partie de celui-ci,
les salles de la Sécession furent occupées par les
expositions d'ensemble, l'une posthume, les deux
autres récapitulatives, de trois maîtres peintres,
mais bien dissemblables : Philippe Klein, mort
à 36 ans en mai dernier; M. Charles Tooby, un
Ecossais devenu paysagiste bavarois, et M. Albert
von Keller, le plus passionné portraitiste de la
femme en Allemagae.
M. von Keller apparut sans contredit comme le
plus captivant, et du reste le plus complet des
trois. Il avait réuni là des œuvres de toute sa
vie; quelques cscjuisses d'atelier, une Bacchanale
(1868), une Andromède (1874), qui sentent de
loin l'ancienne école munichoise ; un intérieur
rococo de tons exquis, A l'audience (1871 ; des
ANCIEN ET MODERNE
71
salons à la mode de 1880, des jardins de Villa
romaine (1882), tels tableaux historiques, l'iinpi-
ratrice Faustine dans le temple de Junon, à Prx-
neate (1881), et religieux, ta Résurrection de la
fille de Jaire (1886), de la Pinacothèque; puis, à
partir de 1890 environ, les œuvres de la dernière
période, les portraits aristocratiques de femmes
« modernes », qui sont le domaine assez particu-
larisé de l'artiste. Dès 188'» on outre, un intérêt
pour des phénomènes mystiques, spiritcs, se fait
Jour dans une suite d'esquisses impressionnantes
pour une Résurrection traitée en séance de ma-
gnétisme, dans les Sorcières sur le bûcher, dans
la Guérison mystique (1887), les Stigmatisées, les
différentes Crucifixions, dont l'une porte le titre
de « Phantasie » (1899) et aboutit avec la Cas-
sandre (1904) et autres interprétations du fameux
médium Madeleine G..., à la recherche avec une
prédilection marquée, jusque chez les mondaines,
de symptômes neurasthéniques et de morbidesses
voisines de l'extase. La facture de M. von Keller
est une des plus libres et des plus spontanées
qui existent, une des plus individuelles aussi et
dont on a pu suivre ici le progressif développe-
ment. Sa couleur sait avoir les délicatesses rares et
les opulences fougueuses.
M. G. R. Tooby, entre le coloriste qu'est M. von
Keller et l'impressionniste qu'est Ph. Klein, semble
lourd et sourd. Ses paysages, ses animaux, comme
ses natures-mortes, manquent des gaîtés de la
lumière; en revanche, une touche large renforce
la solidité de tons déjà puissants. Le pays de
Bavière s'accommode d'ailleurs de cette vision
sombre, qui ne nianque pas de grandeur, et tel
lointain de coteaux, telle éclaircie au ciel, tel
groupe d'arbres intime, dénotent l'observation
très fine et le sentiment tout lyrique de la na-
ture.
M. Ph. Klein fut, de son vivant, assez malmené,
et l'année de sa mort, Mannheim, sa ville natale,
lui refusait encore les portes de l'Exposition
locale. A vrai dire, certaines de ses fantaisies,
où des femmes se contorsionnent à demi vêtues
et surtout dévêtues, parmi des préparatifs de
voyage ou de bals masqués, et cette partie de
campagne oii une femme joue à l'Eve au milieu
de la compagnie qui chante, appartiennent bien
plus au genre de certains cabinets d'amateurs
qu'à celui des Salons d'art. Tout de même, on y
relève toujours de fortes qualités de peintre.
L'artiste a une distinction à lui dans le portrait
de sa sœur, harmonie bleue sur blanc etvert pâle,
qui peut compter comme une œuvre maîtresse.
Le paysagiste s'annonçait au mieux avec des
bords de mer à Viareggio, tout baignés des reflets
de l'eau et de l'air, l'esplanade d'un restaurant
de campagne miroitante après l'ondée. Enfin les
natures mortes, — bouquets de fleurs, giroflées,
bleuets, boutons d'or, avec de la vaisselle d'argent
et de cuivre, — largement peintes dans une pâte
savoureuse, donnent toute la mesure de son
métier étourdissant.
Dans les galeries particulières, il faut signaler :
chez Heinemann, les récentes expositions de
MM. 0. Leiber, Rud. Gudden, R. Hartmann, les
« énigmes transcendantales » de M. Gust. Wolf,
auxquelles ont succédé l'œuvre intéressant,
malgré de grandes inégalités, de M. Schuster-
Woldan, des natures-mortes en trompe-l'œil de
M. H. Willmann, et trois pièces d'époques très
différentes de Segantini, un Retour à la bergerie,
l'Allégorie de la musique et l'un des Fruits d'amour.
— A la galerie moderne, les peintres de la
Scholle, MM. Erler, Eichler, Putz, Jank, etc., qui
se trouvent là plus spécialement chez eux, font
une petite place pour un moment à M. Ernest
Liebermann; cet artiste, bien connu pour ses
illustrations et ses lithographies, paraît pour la
première fois en public avec un ensemble d'une
cinquantaine de tableaux, quelques eaux-fortes
et un grand nombre de dessins, la plupart aux
crayons de couleurs, au trait serré, d'un goût
original, bien allemand dans le sens romantique
à la fois et moderne, pittoresque et décoratif. —
Au Kunstverein, voici, après les paysages septen-
trionaux animés de volatiles saisis presque en
instantanés de feu Liljefors, après MM. Gottet et
Gh. Palmié, une importante série d'estampes
japonaises provenant en majeure partie de la
collection Bing et aujourd'hui propriété de
M. A. \V. von Heymel. — Chez A. Riegner, d'après
qui Lenbach a brossé un de ses plus remarquables
portraits, deux petits tableaux presque mono-
chromes de \V. Busch, le montrent à ses débuts
préoccupé, comme beaucoup de peintres de Mu-
nich à cette époque, de s'approprier les procédés
des maîtres hollandais; une aquarelle, — chose
assez rare, — de Hœcklin, et déjà ancienne, <iui
peut être une première idée pour les Villas au
bord de la mer.
Marcel Montandon.
T^lJ t7\? rïv5 "f^
LE BULLETIN DE L'ART
LES REVUES
FrAiNCE
Le Correspondant (23 février). — La Renaissance
ilalienne cl lu vie de société, par André Ciial'mkix. —
Prenant texte de récents travaux consacrés à l'Italie
de la Renaissance, M. André Chaumeix examine
« quelques points de l'histoire des mœurs, des idées
artistiques et des sentiments ». La nouveauté essen-
tielle de l'époque, c'est que, suivant le mot de Sten-
dhal, « on osa ùtre soi-même » ; mais cette société,
où les femmes se créent une place considérable, où se
fait une singulière dépense de luxe et d'esprit, est
aussi l'une des plus violentes que l'histoire ait con-
nues. C'est également l'une de celles qui ont eu le plus
grand souci de rehausser la personnalité, d'attacher de
l'importance aux belles apparences, à la noblesse des
formes et des attitudes. Et M. Chaumeix emprunle
des exemples aux artisles de la Renaissance pour
préciser l'idée que les Italiens d'alors se sont faits de
la beauté.
L'Art décoratif (février). — Un jialais de la mu-
sique, texte et dessins de F. Gards.
— Les livres au Salon d'automne, par Paul Gali.i-
MAHD, avec des illustrations d'après H. Rivière, Paul
Collin, Steinlen, etc.
— Études sur Nasum Aronson, sculpteur, par G. df
Danilowicz; — sur L.-E. Fournier, décorateur, par
M. Testard : — sur les nouveaux costumes de « Faust »,
à l'Opéra, par M. II. Mathonnet db Saint-Geoboes.
Belgique
L'Art flamand et hollandais (13 janvier). —
Adriaen Brouwer et son évolution artistique, par F.
Sciimidt-Deoknek. — Né en tCOS ou 1606, ce peintre
est mal connu, mal représenté dans les musées (sauf
celui de Munich, ou l'on compte dix-huit de ses
œuvres, et dans les collections parisiennes auxquelles
l'auteur a emprunté l'illustration de son étude). — Sa
carrière fut courte — dix-sept ans, — mais c'était au
moment où l'art namand et l'art hollandais accen-
tuèrent les dillérences de leurs caractères, et son
œuvre a gardé la marque de celte crise : il reçut de
Frans Hais la souplesse et la facilite de sa technique;
il apprit chez Rubens « une conception plus objective
et surtout ce souci de composition parfaite, qui, quel-
quefois, touche au grand style... »
— Anton Mauve et son temps, par W. Steemioff.
— Les Monuments funéraires de Jean de l'olanen
à Hreda et d'Adolphe VI à Cléve, par A. PiT. — L'au-
teur étudie ces œuvres de la sculpture de la fin du
XIV" siècle et Tes rattache à Claus Sluter : l'une
lui semble avoir été exécutée avant le portail de la
Chartreuse de Champmol; l'autre parait inspirée du
même esprit; ni l'une ni l'autre ne ressemblent à ce
qui a été fait avant et à la même époque en Franco,
en Flandre et en Brabant.
Italie
Bplletino d'arte del ministero délia Pubblica
Istruzione (anno I, fasc. 5i. — M. Vittorio Spinaz-
zoLA reproduit et étudie huit statues de marbre,
appartenant au baron Maz/.occolo, à Teano ; ce sont
des œuvres du xiii' siècle représentant les Vertus :
la Foi, la Charité (deux exemplaires différents), la
Justice (deux exemplaires), le Courage, la Prudence et
la Tempérance.
— Les nouvelles acquisitions du Cabinet des Es-
lampes de Rome, par F. IIermanin. — Parmi les artis-
tes dont le Cabinet des Estampes a pu acquérir des
dessins, il faut citer : plusieurs œuvres de Polidoro
da Caravaggio, un Hercule combattant de l'école
d'Ant. de Pollajuolo; des œuvres de l'école de Ver-
rocchio, de la manière de Pierino del Vaga; de Rossu
Fiorentino, de Pietro da Cortona, de P. Pagani, de
N. Poussin [le Martyre de Suint Rarthélemy], et de
N. Berchem.
— M. Alessandro ueli.a Seta parle de la Statue
ii'Anzio, « la belle énigme », découverte fortuitement
en 1878 et dont on a eu l'occasion de parler ici na-
gière, à propos d'un article de VEmporium.
— Autres articles : la « l'ala » de Giambatlista
l'iazzeta à l'église S. Vitale de Venise, par G. Fooo-
L\Hi; les miniatures de R. Gibson à la galerie Pilti,
|) ir 0. H. GiouoLl,' les peintures de Bemmilinn I uini
à La Pelluca, près de Milan.
Russie
Starye Gody (décembre). — A. Gotschbvski.
l'érouse et l'exposition d'art ombrien.
— Fierens Gevakht L'Exposition de la Toison d'or
à liruges.
— Baron WR/i:iOEL. Dernières acquisitions du musée
Alexandre III. — Peu à peu on retrouve quoique
chose des vieux peintres russes du temps d'Elisabeth
(iolovatchévski, Vichniakov). De ce dernier, !e musée
a acquis deux portraits d'enfants (vers 1743), qui sont
reproduits. L'auteur y voit l'influence de .Nattier.
.Vutres portraits de Fédotov, Tyranov, etc.
— S. Makovski donne, d'après une communication
lie M. Dounine, à la Société des architectes russes,
lies détails sur les mosquées de l'époque de Tamerlan
à Samarcande, détruites par un tremblement de terre
en octobre. Nulle mesure pour empêcher de voler les
mosaïques et les briques vcrnis.sées 1 Que l'on fasse
II' qu'on pourra pour sauver ce qui reste des monu-
ments de Samarcande et qu'on les étudie, dit l'auteur.
— Baron Wranoei.. Vénétsianov portraitiste. — Il
i.uited'abord sonmaitre Borovikovski.chercheensuite
pour lui-même, et renonce théoriquement au portrait
après 1823, quand il a connu Granet. — Denis Roche.
Le Gérant : H. Denis.
Pant. — >mp. Georges Petit, I!, nie tiodot-de-Uturai.
Numéro 374.
Samedi 7 Mars 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Pour nos forêts
Il se fait en ce moment de louables efforts pour
sauver de la cognée des bûcherons — triste pen-
dant moderne de la pioche des démolisseurs, —
une des plus belles forêts de France, la forêt
d'Amboise.
Tous les touristes qui se sont rendus du château
d'Amboise au chàleau de Ghenonceaux par la
route, connaissent cet écran magnifique de taillis
et de futaies, couronnant le coteau d'entre Loire
et Cher sur une longueur de dix-sept kilomètres
et sur une superficie de cinq mille hectares ; tous
ont admiré l'ordonnance de ces architectures
verdoyantes : voûtes ombreuses des allées, co-
lonnes robustes des troncs, étoiles d'où les routes
forestières s'enfuient en tous sens à perte de vue;
auraient-ils même oublié tout cela, qu'ils se
souviendraient encore de la silhouette imprévue
de la « pagode » de Chanteloup, dernier vestige
des fantaisies de Choiseul, apparue tout à coup
au lointain d'une allée.
Or, la forêt d'Amboise dépend de la succession
delafeueprincesseClémentined"()rléans,donlles
héritiers réaliseraient volontiers les cinq millions
que représentent ces vieux arbres; des spécula-
teurs se sont emparés de l'affaire et il n'y a plus
de doute aujourd'hui que la forêt soit mise en
vente : il ne reste plus qu'à savoir qui l'achètera.
U ville de Tours elle département d'Indre-et-
F.oire sont désarmés, financièrement parlant ;
l'État, au dire du ministre de l'Agriculture, « ne
saurait entrer dans cette voie », sous le singulier
prétexte qu'il y a en France plus de six millions
d'hectares de forêts appartenant à des particu-
liers etque l'État ne peut pas les acheter toutes (I i.
Alors ?
Alors, il est à craindre que le syndicat de
(1) Voir l'Écho de l'avis du 4 mar.s.— Voir aussi,
sur l'ensemble de la question, l'excellent article de
M. II. Defert, dans la Revue du Touving-Club de Fiance,
n" de février dernier.
financiers qui s'est formé on vue de l'achat —
c'est-à-dire de l'exploitation — de la forêt d'Am-
boise n'ait la partie belle, s'il est vrai que l'État
refuse de tenir compte des moyens pratiques qui
lui ont été olferts de se rendre acquéreur du
domaine d'Amboise, comme il refuse d'entendre
les protestations des riverains, justement effrayés
par les coupes sombres — autant vaut dire la
destruction prochaine — de la forêt voisine de
Marchenoir, vendue, elle aussi, et exploitée à
fond !
On proteste en Normandie, car la forêt d'Eu
est également menacée ; on proteste dans l'Est,
oîi de beaux bois ont été et vont être vendus à
des étrangers. L'exploitation intensive qui a déjà
dévasté tant de paysages forestiers devient chaque
jour plus inquiétante, et le gouvernement a fini
par s'émouvoir de cette déforestation systéma-
tique et de tous les dangers qu'elle entraîne;
un projet de loi, portant une nouvelle régle-
mentation du régime forestier, vient mêroed'être
déposé sur le bureau des Chambres : on ne
peut qu'en souhaiter la prompte discussion.
Les forêts ne sont pas seulement de la richesse
et de la santé; elles sont aussi de la beauté, et
c'est à ce titre, qui seul devrait suffire à leur
mériter le respect de tous, qu'elles ont droit à
de particulières attentions de la part des artistes.
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des Inscriptions et Belles-Lettres
(séance du 28 février). — M. Edmond Poftier com-
munique une lettre que lui a adressée M. de Morgan
pour l'informer de précieuses découvertes de tom-
beaux et de vases faites à Suse, dans une fouille pra-
tiquée à 23 mètres de profondeur.
— M. le comte Paul Uurrieu expose qu'il a pu arri-
ver à établir les cadres d'un classement chronologique
pour toute une série d'importantes œuvres d'art du
quinzième siècle, à laide des armoiries qui ont été
74
LE BULLETIN DE L'ART
portées par le fameux, et presque légendaire, roi liené
d'Anjou. En eflet, le roi Uené a employé difl'érents
types de blasons; et M. Durrieu a reconnu que cha-
cun de ces types correspond à autant de périodes
particulières de la vie du roi, périodes dont les limites
sont nettement déterminées par des événements tiis-
toriques. Suivant donc qu'une création d'art quel-
conque, depuis un édifice ou une sculpture jusqu'à
des enluminures de manuscrit, montre tel ou tel type
des armoiries, on peut en conclure que l'exécution
de l'œuvre remonte à tel ou tel espace de temps,
dont le plus long ne dépasse pas dix-huit ans au
maximum.
M. Durrieu donne quelques exemples des résultats
aux(|uels on arrive par cette métode. 11 cite notam-
ment un superl)c médaillon en terre-cuite, par Luca
délia Hobbia, représentant le blason du roi liené, qui
se trouve à Londres, au Victoria and Albert Muséum
{ancien musée de South Kensington). Les critiques
d'art ont, Jusqu'ici, rapporté l'exécution de ce mé-
daillon a l'année 1453, moment où Luca délia
Hobbia était encore dans la force de l'âge. Le type
du blason permet, au contraire, à M. Durrieu, d'af-
firmer que la pièce ne peut pas être antérieure à la
période de 1466 à 1480, et qu'ainsi elle date seulement
de la vieillesse de Luca délia Robbia.
— M. Chavannes expose les résultats de la récente
mission archéologique qu'il a accomplie en Chine et
accompagne cette importante communication de
l'exposition, sur les murs de la salle, d'un très grand
nombre de photographies représentant les principaux
monuments qu'il a découverts.
Dans le Chan-Tong et le Ilo-Nnn, le savant orienta-
liste a retrouvé l'art des Uan représenté par deux
bas-reliefs qui datent des deux premiers siècles de
notre ère. Dans le Chan-Si et dans la province du Uo-
Nan, M. Chavannes a étudié en détail deux groupes
importants pour l'histoire de l'art bouddhique ; des
statues sculptées, appartenant au cinquième siècle de
l'ère chrétienne et les grottes de Long-Men couvertes
de sculptures datant du même siècle et des deux sui-
vants, permettant ainsi de suivre l'évolution de l'art
pendant ces trois siècles.
École des beaux-arts. — M. II. Lcmonnier, pro-
fesseur d'histoire générale à l'École des beaux-arts,
est nommé, à ce litre, membre du Conseil supérieur
d'enseignement de cette école.
École du Louvre. — M. G. Bénédite, conserva-
teur du département des antiquités éftypticnnes nu
nuisée du Louvre, est nommé professeur à la chaire
d'archéologie égyptienne de l'École du Louvre, en
remplacement de M. Pierrel, admis à faire valoir ses
droits à la retraite.
Société des Amis du Louvre. — La Société des
Amis du Louvre a été autorisée par le prince de Ua-
dolin à visiter vendredi dernier, le Palais de l'ambas-
sade d'Allemagne, remis en état par ses soins. Le
palais de la rue de Lille est l'ancien hôtel du prince
Eugène de Beauharnais, bâti en 1713 par Bollraad; il
fut accommodé au goût du jour par le vice-roi
d'Italie, avec une somptuosité que Napoléon lui
reprocha. Le prince le vendit, en 1817, au roi de
Prusse, avec son mobilier, qui, conservé intact au
cours du dix-neuvième siècle, fait de cet intérieur
l'un des plus curieux exemplaires du style Empire
subsistant à Paris.
Société des Artistes français. — Dimanche
dernier, a été ouverte la fondation Armand Ilayem,
maison de retraite de la Société des .\rtistes fran-
çais, créée grâce à une libéralité de M"' Jules Comte,
qui a fait don à la Société de la propriété qu'elle
possédait à Montlignon, près Ermont, en Seine-et-
Oise.
— La Société des Artistes français a procédé ven-
dredi dernier à l'élection des membres du jury pour
les années 1908, 1909 et 1910.
Tous les membres de l'ancien jury ont élé réélus.
Ce sont : MM. Adan, Joseph Bail, Barillot, Baschet,
Bergerel, Bonnat, Boutign'y, Busson, Paul Chabas,
Cagniart, CoUin, Cormon, Dawant, Démon, Détaille,
Dutfaud, Dupré, Ferrier, Flameng, Gajtliardini, Ger-
vais, Gilbert, Glaize, Gosselin, Guillemet, liarpignics,
Ilumbert, Laugée, J.-P. Laurcns, Lefebvre, Luigi Loir,
Maignan, Maillart, Henri Martin, .Maxencc, Morol,
Olive, Pelez. Petitjean, Quost, Renard, de Richemond,
liobert-Flcury, Rochegrosse, Royhet, Royer, Henri,
Saintpierre, Saubès, Sohommer, Saint-Gerraier, Tat-
legrain, Thyrion. Vayson, Wincker, Zubcr, Zwiller.
MM. Comerre, Adier. Déchcneau et Bordes, ont été
élus à la suite des autres membres.
L'Art à l'école. — Le premier congrès national
de l'art à l'école, organisé par la Société nationale,
fondée sous le patronage du président de la République
et dont le président est M. G. Lyon, recteur de l'aca-
démie, aura lieu à Lille les 6, 7 et 8 juin 1908.
Les plus récentes améliorations y seront étudiées
sur la construction, la décoration et l'imagerie sco-
laire. Des visites d'écoles décorées auront lieu on
France et en Belgique.
A Lille. — Le musée de Lille vient de s'enrichir
d'un tableau de Jordaens, signé et daté de 1643, repré-
sentant l'KnIèveiiienI d'Europe.
A Rouen. — M. Narcisse Guilbert a réuni, dans In
galerie Legrip, une trentaine de toiles, dont plusieurs
ont de l'intérêt. Le succès de ce peintre, lors do
l'exposition des artistes rouennais, eu 1907. lui a
donne le goi'it de recherches plus personnelles vers
une manière un peu moins poétique sans doute,
mais plus certainement picturale. .Nous retrouvons
cependant encore dans plusieurs toiles, notamment
dans un Temps gris sur Ui Seinp. l'inlluence de son
ANCIEN ET MODERNE
75
maître, le peintre Joseph Delattre. Mais une autre
série attire l'attention : M. Guilbert s'j- attache à
traduire avec fidélité le caractère un peu brutal des
chantiers en construction, des terrains vagues,
encombrés de matériaux, du port de Rouen, ou des
banlieues environnantes. Avec sa traduction réaliste
un peu cruelle des faubourgs navrants, il marque
véritablement un intéressant etîort pour se renouveler.
En même temps, M. Madeleine nous montre douze
aquarelles de Rouen et de Nantes, où il a su
renouveler certains aspects convenus « pittoresques »
et que la carte postale a bien banalisés : tels une
Hue Kau-<le-liobec à Rouen, iËvêc/ié à Nantes, etc.
Enfin, deux toiles de M. Pierre Dumont, incomplètes
et parfois incertaines. 11 y a un bon etfet décoratif
dans son Pont-aux-Anr/lais de Rouen et dans sou
lie Drouilly, une brillante végétation bien en sève ;
toutefois, dans les deux œuvres, les fonds, mal
harmonisés, manquent de solidité et de vigueur.
Ce sont là trois avant-premières de la proche expo-
sition des artistes rouennais, qui sera ouverte du
7 mars au 7 avril. — A.-M. G.
A Dresde. — Au château de la Résidence on vient
de découvrir un portrait, grandeur nature, de Lessing
jeune (environ 1746) parle célèbre Dieterich ; on ne
connaissait du poète que les portraits de Bameng
et de Tischbein. Le roi a autorisé la reproduction du
tableau. — M. M.
A Francfort. — Le conseil municipal a assuré la
création d'une galerie d'art de la ville en disiwsant à
cet etlet d'un fond de 252.000 marks et en votant un
subside, à accorder ces années prochaines, d'une nou-
velle somme de 2.50.000 marks. La galerie compren-
dra quatre sections ; peinture moderne ; peinture
francfortoise ; sculpture ; collections d'art documen-
taires. Le directeur M. Swarzenski a déjà rapporté
d'une tournée en Italie, France, Angleterre et Hollande
des œuvres précieuses, surtout des sculptures. Une
importante série de toiles du peintre local P'ritz Bœhle
a été aussitôt acquise ; les autres artistes de Franc-
fort ne tarderont pas à se voir aussi représentés.
— La collection d'anti(|uités de feu le professeur
Furtwiingler, qui faillit être enlevée par un riche
américain, est perdue pour Munich, mais acquise à la
ville de Francfort. Elle se compose de quelques figures
de marbre et d'objets d'art de bronze et de terre-cuite,
au nombre d'une centaine de pièces. — M. M.
A Heidelberg. — La municipalité a décrété que,
pour conserver son aspect actuel à la ruine du châ-
teau, les nouvelles constructions élevées aux environs
devraient s'adapter à cet aspect d'ensemble, et en
particulier ne pas dépasser deux étages et n'avoir
point de toit à mansardes. Les immeubles qui mena-
ceraient, par leurs proportions ou leur apparence ex-
térieure, de déparer la ruine et ses alentours, pour-
raient voir leur construction arrêtée par mesure de
police. — M. M.
A Munich. — A l'exposition d'hiver de la Sécession,
l'État a acquis pour la Pinacothèque quatre nouvelles
œuvres de M. Albert von Relier: A l'audience (1871),
l'esquisse ^om Vlmpéralrice Faiixtine (IHSi), le jardin
de la Villa Wollionsky à Rome (1885) tiVIntérieiir où
deux dames prennent une tasse de thé (1886). Ce
choix peu éclairé, nullement caractéristic|uo de la
vraie manière du peintre, tend uniquement à repré-
senter ses débuts auprès des deux autres grandes
toiles : la Hésurreclion (1886) et le Poitrail de M"" von
Relier (1888) qui figurent au musée depuis longtemps.
— ChezGeorges Rossmann, l'exposition de M. Ilanns
lleider, un peintre de paysages, de figures, de natures-
mortes dont on n'avait pour ainsi dire pas encore en-
tendu parler et qui se révèle comme un artiste accompi i .
Ses motifs de la vallée de l'Isar, ses neiges au soleil,
ses poissons, montrent le coloriste robuste, hardi sans
maniérisme, à la touche large sans lourdeur, aux
impressions très vives, complètement réalisées dans
leur expression et avec fraîcheur. — M. M.
Nécrologie. — On annonce de Sienne (Italie) la
mort de lU. Oscar l'auvevl de La Chapelle, décédé
subitement à l'âge de 76 ans. Né à Sainte-Foy-la-
ijrande (Gironde), M. Pauvert de La Chapelle avait
l'habitude, depuis 18u2, d'aller passer la plus grande
partie de l'année en Italie, et s'était fixé depuis une
vingtaine d'années à Sienne : c'est là que le rencontra
M. Paul Rourget, qui fit de lui un portrait humoris-
tique dans Itecommencemenls. liien connu de tous
les collectionneurs et amateurs d'œuvres d'art, et
passionné pour 1 Italie de la Renaissance, il était le
dernier survivant de cette petite pléiade d'hommes
vraiment épris du beau artistique et qui comptait,
entre autres, Eugène Piot, le comte Tyskiewicz, Cas-
tellani, Martinetti, Auguste Dutuit, le baron Barracco.
Il avait lui-même rassemblé, bien qu'ayant des res-
sources modestes, une incomparable collection de
167 gemmes gravées, — camées et intailles, — qu'il
eut la générosité de donner, de son vivant, au Cabinet
des Médailles de la Bibliothèque nationale en 1899. et
que M. E. Babelon a étudiée dans la Hevue (voir
t. VI, p. 371 et t. Vil, p 34). 11 avait été fait chevalier
do la Légion d'honneur, en remerciement de sa géné-
reuse donation.
— On annonce la mort, à l'âge de 74 ans, du mar-
quis Antoine de Grollier, le collectionneur parisien
bien connu, qui s'était spécialisé dans les porcelaines
et qui avait publié l'année dernière, en collaboration
avec M. de Chavagnac, sur les porcelaines françaises,
un ouvrage bien vite devenu classique dans le monde
de la curiosité.
76
LE BULLETIN DE L'ART
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
Ventes à Paris. — Tableaux modernes. —
Nous avons annoncé, dans le n" 37 1 du Bulletin,a.yec
quelques détails, une vente de tableau-x modernes
qui devait avoir lieu salle 6, le 20 février, par le
ministère de M»*' Lair-Dubreuil et H. Baudoin et
de M. Georges Petit, et qui avait fait l'objet d'un
catalogue illustré. Cette vente a été ajournée.
Tableaux modernes. — La vente anonyme
faite salle 1, le 26 février, par M« Lair-Dubreuil
et M. Haro, a produit 22.798 fr. avec, comme en-
chères principales :
Ingres. Intérieur de harem, 6.100 fr. — Ziem.
La Tour rose, 2.250 fr. — Ménard. Nymphes,
l.SOOfr. — Riesener. Bacc/iantc, 1.000 fr.—Vollon.
Bateau dépêche, 1.350 fr.
Ventes annoncées à Paris. — Collection
Jules Cronier (tableaux anciens et modernes).
— Un catalogue illustré nous annonce de la ma-
nière la plus favorable, la vente de la collection
Jules Cronier, vente qui aura lieu, les 11 et 12
mars, à la galerie Georges Petit, sous la direction
de M" F. Lair-Dubreuil et Henri Baudoin et de
MM. Arnold et Tripp.
Réunion de tableaux anciens et modernes,
d'aquarelles et de dessins, cette collection té-
moigne du goût le plus exercé. Les maîtres de
notre école de 1830 y sont particulièrement bien
représentés.
Notons : de Corot, un Pêcheur amarré à la rive, un
Batelier près de la rive, la Ferjnc au Grand Chaume,
à Étretat, Pré aubordd'unctang elle l'ont de Mantes;
deDaubigny.le Soir au Bas-Meiidon, Effet d'hiver,
Soleil couchant, \eCheminàtravers boiseUnMaredu
hameau ; de Decamps, YÉtang dans la vallée; de
Dia/,, un Sous bois et des Femmes orientales ; de
Jules Dupré, un Vieux pont et une Mare ; d'Eu-
gène Isabey, VArrivèe des invites, la Prière à la
Madone et un J^avire naufrage ; de Charles Jacque,
des Poules et coqs, des Moutons au pâturage et
une Bergère ; enfin, de Jongkind, admirablement
représenté, le Pont de Bercy, la Vieille ferme,
Moulin à vent près d'une ferme, Rivière au clair de
lune, environs de liotlerdam, Lever de lune sur
un canal de Hollande, etc.
Mais le maître qui domine dans la collection Jules
Cronier est M. Harpignies; il a un choix nom-
breux et remarquable de tableaux et d'aquarelles:
plus de vingt numéros, vues du Bourbonnais et
de la Loire aux environs de Briare et de Bonny,
Hérisson, Saint-Privé, Antibes, Menton, vues de
Paris et paysages divers.
Contentons-nous de mentionner encore parmi
les toiles d'autres peintres modernes : le Port de
Marseille, par F. Ziem et, du même artiste, des
vues de Constantinople et de Venise ; des paysages
par Bouché ; Peines de cœur, par Bonvin ; un
Port de mer. par Eugène Boudin ; un Pure et des
Ruines, par Chintreuil ; les Chantres au lutrin,
par Daumier ; Baigneuse au clair de lune, par
Fantin-Latour ; la Jeune mère, par M. L. Lher-
mitte ; une Étude de jeune fille, par Henner ; les
Marmitons, par Th. Ribot ; les Délaissées, par
Tassaert ; un Paysage, effet de neige, par Antoine
Vollon.
Nous avons signalé déjà les aquarelles de
M. Harpignies ; d'autres aquarelles, pastels et
dessins portent les noms de Jongkind et de
MM. Ziem et Lhermitte.
Quelques tableaux anciens, des écoles 11a-
mande et hollandaise, complètent la collection
Jules Cronier, parmi lesquels il convient de citer
tout au moins : le Jugement de Paris, par W. van
Mieris ; Jeune fcmmeetperroijuet, par Gaspard .Nets-
cher; un /««cneur rM.s<(5«(;,par.\drianvanOstade;
une Chaumière au bord d'une rivière et le Joueur
de cornemuse, par David Teniers ; des Buveurs,
par Frans Hais ; un Intérieur de cuisine, 'par7.org;
des Gibiers, par Fyt et des Portraits, par Raves-
teyn et par Antonio Moro.
A l'étranger. — A Bruxelles. — Vente
Th. Verstraete. — Le 10 mars aura lieu, salle
Forst à Anvers, la dispersion aux enchères pu-
bliques, par le ministère de MM. L. Clarembaux
et L. Delehaye, assisté de M. P. Martens, des ta-
bleaux, dessins et eaux-fortes, composant l'atelier
du peintre Théodore Verstraete, le paysagiste
bien connu, un des plus grands noms de l'école
belge moderne. Né à Gand en 1850, mort à An-
ANCIEN ET MODERNE
vers il n'y a guère plus d'un an (janvier 1907),
Th. Verstraete, dont le talent est plutôt fait de
sincérité un peu lourde que de finesse et de
charme, est avant tout l'interprète fidèle de la
nature flamande. Parmi les pages demeurées
dans son atelier et qui vont passer en vente, il
en est qui indiquent parfaitement son art et sa
manière. Citons en particulier : VEglise de Schore
(7Mande), Au Peersbosch, Nuit [Brasschaet), Es-
quisse, VcrQcr en Zélande, Matinée d'août {Blan-
kenbcrghc}, Bord de ruisseau [automne], Mon voi-
sin le jardinier, une Battue en Campine, Sous bois
(Brasschaet^., Vers le soir [Brasschaet), Coin d'étang)
le Semeur (\\x\ montre jusqu'à l'évidence combien
Verstraete, que l'on a voulu appeler le Millet
tlamand, diffère de notre Millet français dans sa
compréhension du paysan), Rhododendrons, le
Petit vacher, Bord de ruisseau. Village de Schore
(Zélande).
Une réunion nombreuse de dessins et d'eaux-
fortes du maître complète cette vente qui a fait
l'objet d'un catalogue illustré.
M. N.
ESTAMPES
A Paris. — Ouvrages d'ornementation an-
ciens i/in). — I.e succès de cette vente, que nous
avions signalé dans le dernier Bulletin, ne s'est
pas démenti jusqu'à la fin, et c'est sur un total
de l'>2.728 francs que M° André Desvouges a
frappé le dernier coup de maillet.
11 nous reste peu de prix à ajouter aux princi-
pales enchères des deux premières vacations
que nous avons déjà publiées : néanmoins les
3.010 'francs obtenus par le Recueil de meubles de
Delafosse (n" 205), et les 2.400 francs d'un Recueil
d'ornements de Cauvet, méritent une mention
spéciale. Plusieurs autres recueils ont dépassé
le billet de mille.
La collection comprenait aussi des livres illus-
trés du xviii<= siècle : parmi les premiers, un
exemplaire des Chansons de La Borde, reliure
ancienne, a fait 2.120 francs, et un exemplaire
des Fables choisies de La Fontaine, avec figures
par Oudry, 1.000 fr. ; — parmi les estampes :
le Matin, le Midi, V Apri's-midi et le Soir, quatre
pièces en couleurs, par Demarteau, d'après Huet,
ont atteint 1.250 fr. ; deux autres pièces des
mêmes artistes, Jeune femme à la mandoline et
Jeune femme lisant, 1.205 fr. Enfin, un dessin
, attribué à Lancret, Assemblée dans un parc, s'est
vendu 1.080 fr.
Estampes du XVIII» siècle. — Le vendredi
28 avait lieu salle 6, par le ministère de M* Lair-
Dubreuil, assisté de M. L. Delteil, une vente
d'estampes du xyiii" siècle, qui avait été annoncée
ici-môme avec quelques détails. Elle a obtenu, il
est à peine besoin de le dire, un très franc succès
et très soutenu : ces dernières semaines n'ayant
rien offert d'autre, aux habitués de l'Hôtel
Drouot, que des livres et des estampes, on dirait
que — faute de morceaux plus importants — ils
ont mis une particulière àpreté à se disputer les
estampes et les livres qui passaient en vente. Ici, le
total de 74 032 francs pour une seule vacation est
suffisamment éloquent, d'autant qu'on y relève
plusieurs belles enchères.
Ainsi, une épreuve de l'Aveu difficile de La-
vreince, gravée par Janinet (rare épreuve du
■2" état, avant toute lettre, avec le nom du graveur
à la pointe), a été vendue 4.510 fr., sur une
demande de .ï.OOO ; et la Comparaison, par les
mêmes artistes, épreuve de 1='' état, avant lettre,
3.000 fr. (demande 4.000).
Parmi les estampes anglaises, une épreuve à
lettre grise de the Promenade at Carlisle llouse,
par Smith, a atteint 4.000 fr.; — et deux pièces
en couleurs, sans marge, d'après Morland, Mor-
ning et Evening, ont fait 2.020 fr.
Voici les autres enchères intéressantes :
23. Dagoty. Marie-.lnloinelle, épr. en noir, 1.600 fr.
— Debucourt : 23. Le Menuet de la-maiiée, la Noce
au chdleau, en coul., renimargées, 1.700 fr. — 26. La
Promenade de la galerie du Palais-Royal, en coul.,
reinmargée, 1.200 fr. — 27. L'Kscalnde, en coul.,
1.610 fr. — 29. la Promenade publique, 1.200 fr.
48. D'après lluet. L'Eventail cassé, l'Amant écoulé,
gr. en coût., par Bonnet, 1.310 fr. — 57. Lasinio.
Edouard Daijoty, d'après lleinsius, en coul. (manque
la tablette au bas), 2.000 fr.
D'après N. Lavreince : 60. L'Aveu difficile, par F.
Janinet, 2' état, avant toute lettre, en coul., 4.510 fr.
— 61. La Comparaison, par Janinet, 1" état, avant
toute lettre, en coul., 3.000 fr. — 62. La mêuie, petites
marges, 1.000 fr. — 63. L'Indiscrétion, par Janinet,
en coul., remuiargée, 1.000 fr. — 66. Les Pelils favoris,
en coul., 1.250 fr. — 86. D'après Taunay. La Foire de
villn'je, la Noce de village, la Rixe, le Tambourin, par
Descourtis, en coul., 1.655 fr.
Parmi les estampes anglaises :
70. D'après G. Morland. Moi-ning et Evening, par
Grozer, en coul., sans marges, 2.020 fr. — 75. D'après
Reynolds. Countess of llairington, Lady Smith aiid
children, en coul., remmargées, 1.150 fr. — 83. Smith.
The Promenade al Carlisle llouse, lettre grise, 4.000 fr.
— 94. The Fairinf/s, Settiiig oui the fair, par Kginton,
en coul., 1.500 fr.
78
LE BULLETIN DE L'ART
La collection comprenait aussi quelques dessins
anciens et modernes ; un seul numéro a dépassé
1.000 Ir. : c'est à savoir le n" 128, deux aquarelles
attribuées à Pernet, Paysages avec ruines, 1.700 fr.,
ce qui met chacune d'elles à 830 fr., c'est-à-dire au-
dessous des n" 123 et 124 : Portrait d'homme, par
Lagneau, et Étude de femme, par Lancret, adjugés
l'un et l'autre 900 fr.
H. 0.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Cercle de l'Union artistique. — Avec l'allon-
gement des jours sur ce Paris qui reflète si vive-
ment les métamorphoses de Tannée, le début de
mars prélude, en ce riche décor, aux grands Sa-
lons, déjà, prochains, du printemps. Et c'est tou-
jours, ici, le Salon des portraits. Une vingtaine
de morceaux suffit à la sculpture clairsemée
pour définir nettement ce caractère ; et la perle
de l'exposition de 1908, n'est-ce point le petit
huste de terre cuite où M. Uené de Saint-Mar-
ceaux, portraitiste très féminin par ailleurs,
exprime la fraîche vivacité de son petit-fils?
Pareille fraîcheur dans le sourire marmoréen de
A/"'' Vagliano, par M. Denys Puech, à côté des
bustes excellents de MM. Cariés et V^erlet. A la
peinture, sept fois plus nombreuse, M. Mercié
quitte une fois de plus l'ébauchoir jiour donner
à nos yeux un plaisir extrême en nous contant
Peau d'âne sous les espèces d'une nudité rose ;
parmi tant de portraits aristocratiques, M. Roll
ouvre une fenêtre sur la nature ensoleillée; voici
deux nouveaux poèmes familiers, le quatrième
et le cinquième, de la série des Journées d'été :
baigneuse ou liseuse, sur un banc vert, enfoui
dans les hautes herbes où s'ébattent le petit che-
val et le bon chien, dans la bUnde atmosphère
décorative du jardin grand comme un bois...
(".'est encore, en ce milieu d'élégance, une im-
pression presque sauvage de nature suburbaine
que nous traduit le silence de M. René Billotte
au crépuscule ; M. Marcel Cogniet, qui notait
l'automne argentin de Venise aux Orientalistes,
décrit Une rue de Montmartre sous la neige fon-
dante ; l'ami des prés normands, M. Léon Bariliot,
renouvelle ses pâturages favoris dans une brume
irisée ; si M. Walter Gay, qu'imitent MM. Par-
fonry et Tenré, continue l'inventaire de nos
châteaux, la nature inspire le Soir d'Italie, aux
ombres bleues, de M. (luillaume Dubufe, un
marais picard de M. NozaI, les belles Dunes do-
rées de M. Harrison, le Soleil d'hiver sur les bran-
ches moussues de M. Réalier-Dumas, le petit
Marché d'Aigues-Mortes de M. Doigneau, sans
oublier l'intérieur gris de M. R. de Ghabaud-La
Tour, ni les natures mortes de MM. de la Lassu-
chette et Zacharian. Mais, triomphe habituel de
l'art français, ce sont les portraits qui dominent;
portraits d'hommes : M. Daniel Gtiestier, très
vivant, par M. Donnât ; le Comte Potochi, très fin,
pai- M. Morot; M. Henri Rochefort, les bras croisés,
par M. Marcel Baschet ; .W. Onésime Reclus, en
vareuse de travail, par M. Ernest Bordes ; un
vicomte anonyme, par M. Germon ; M. Georgen
Lafenestre, souriant, par M. Weerts ; le marquis
de Massa, plus solennel, par M. Guirand de Scé-
vola ; M. Gabriel du Tillet fumant, par M. Jean
Béraud ; les pianistes Diémer et Staub, par MM.
Wencker et Dawant; la bonhomie du peintre
Agachc, par M. Rosset-Granger ; — portraits de
femmes : nonchalance un peu byzantine d'une
mondaine, par M. Jacques Blanche, qui fit
mieux; sveltesse d'une Anglaise, par M. Flameng;
pâleur d'une grande dame, par M. Dagnan-Bou-
veref ; blanche fillette aristocratique, par M. Jac-
ques Baugnies ; désinvolture empanachée, par
M. Fournier-Sarlovèze ; grâce française, retrouvée
par M. Maxence dans un paysage tout français.
Loin de rechercher la poésie, souvent préten-
tieuse, du mystère ou de l'enveloppe, la précision
tout objective de M. Gabriel Ferrier saisit la
ressemblance de M. ^ohlcmairc ou de i/"" Ja-
meson. Et l'alTeclueuse intimité que M. Paul
Thomas appelle le Bouquet n'est-elle pas un de
ces portraits où la mode de l'année, comme
l'heure d'un paysage, ajoute sa nuance insensible
à la persistance de notre goût?
Exposition rétrospective féminine i l.ycéum-
Frunce, ^H, rue de la Bienfaisance). — ■ Encore et
surtout des portraits ; mais les plus récents ont
un (juart de siècle. Et n'est-ce pas l'anthologie
que nous souhaitions en nommant les aïeules de
nos femmes artistes ( I ) ".' A Bagatelle, en 1907,
c'était une série d'élégances contemporaines par
nos maîtres masculins, morts ou vivants, depuis
Gourbet; ici, sauf quelques natures mortes ou
paysages, de M"»" Vallayer-Goster et Roâa Bon-
heur, c'est une réunion de portraits, pour la
plupart anciens, par des peintresses défuntes; et,
depuis Judith Leyster, sage élève de Frans
(1) Voir le llidletin du H janvier 1908, n'36e, p. 13.
ANCIEN ET MODERNE
Hais, jusqu'à M"" Eva (ionzalôs et Berthe Mori-
sot, spirituelles émules deManet, comme apparaît
toujours clairement l'influence masculine, avec
la part de l'imitation I Dans l'art comme dans la
société, c'est la loi de l'homme qui prévaut, de-
puis les pastels fleuris de la Rosalba, Vénitienne
éprise duCorrège. Instructifs, à ce point de vue,
les cadres les plus délicats, le Vestris II, très
muscadin, de M"" Roinany, élève trop peu
connue du vieux Regnault, la charmante
M"" Alexandre Lenoir, de W^ Bouillard, élève
de Oeuze, et l'éventail ultra-classique d'Angelica
IvaulTmann, et la correcte aménité de M™» Vigée-
l.e Brun qui traversa tant' de régimes, et Mar-
guerite (iérard, studieuse belle-sœur de Frago,
puis Constance Mayer, meilleure élève de Prud'-
hon que l'impératrice Marie-Louise ! On regrette
l'absence de la romantique M^^ O'Connell et de
Mme Cave, la portraitiste-écrivain qui définissait
joliment son art «l'esprit parlant à l'esprit».
Mais, non loin de Kate Greenaway, personnelle,
et de Delphine Bernard qui profila sagement
l'adolescence de M™" Charles Hayein, on salue
Marie Bashkirtsefî, la raffinée psychologue qui
se dégagea, dans ses portraits, du souvenir de
Bastien LepagS, pour démasquer, sans men-
songe, avec une àpreté toute slave, la physiono-
mie du type individuel ; et, friande du passé,
notre émotion retrouve ici la fraîche image à
contre-jour que le Salon de d88b nous oITrait
déjà comme le portrait d'une morte...
Raymond Bouyer.
NOTES & DOCUMENTS
Deux portraits gravés
d'après les frères Huaud.
La bibliothèque de la Société de l'Histoire du
protestantisme français vient de s'enrichir de
deux portraits in-40, gravés d'après les frères
Huaud. Ils sont reliés à la suite d'un manuscrit
des Chroniques de Michel Rozet, commencé en
l'O.'i, et olfert par un généreux amateur nor-
mand.
Le premier n'est autre que la reproduction de
l'émail du professeur l'ictet, publié dans la
Revue de l'art (oct. 1907). Il porte cette légende :
Be.NKDICTIS PlCTETUS KCCLESIASTES ET TllEOLOGUS
(Jenovf.nsis .ctatis lu (ao 1707). — Huaut fratrea
pinxerimt,,!- G. Seitler Scaffhitsianus aculpsit.
Le second, dont l'original nous est inconnu,
est de Huaud l'aîné. En voici la légende :
FrAN<;!SCVS TvRRETTliNVS TIIEOLOGVS GeNF.VENSIS
OBllT D. XXVni SEI'TEMB. ANN. M. nC. LXXX vn,
ANNOS NATUS LXIII, ME.NS. XI DIES XI. — P. lluaud
Vaisné pinxit, I. I. Thourneyser Helv. Bas. se.
Baùleœ, 1689.
H. C.
LES REVUES
Les Arts (janvier). — La Collection de M. Gustave
Dreyfus. — Ce second article est dû, moitié à M. Jean
GuiFFREY, qui étudie les peintures, moitié à M. Gaston
Mic.EON, qui s'occupe des bas-reliefs, bronzes, etc.
L'Art et les Artistes (février). — Les Fresques du
palais Schifanoia de. Ferrare, qui sont condamnées
tôt ou tard à périr, surviv.ront dans les copies de ces
chefs-d'œuvre que l'État a demandées à M. Vperman ;
et M. Henry Roujon, en rappelant l'histoire du palais
de Ferrare, rend hommage au service rendu aux arts
par le bon peintre interprète auquel il vient de rendre
visite.
— La Sar/rada Familia, par M. E. Marquina. —
Étude sur une égUse construite par un architecte du
nom de Gaudi dans une ville cl un pa3'S ([ue l'auteur
néglige de désigner; et cependant, si nous en croyons
les premières lignes de l'article, « la personnalité
de Gaudi a besoin d'être soigneusement détaillée,
pour être saisie dans son ensemble i>.
— L'Œuvre de Lucien Simon, par M. Raymond
lîouYER. — « Un moment de la peinture française :
voilà ce qu'un tel nom représente depuis quinze ans
et ce qu'il représentera dans l'avenir, avec Cottet,
Ménard et quelques autres ; et dans le groupe réno-
vateur qui personnifie la plus récente évolution de
notre sensibilité, ce nom s'est imposé vite, avec ses
ardeurs de peintre et sa réflexion d'analyste ». Très
fine étude d'ensemble sur la carrière du peintre de
Pont-l'Abbé et de la Causerie du soir.
Italie
Bollettino d'arte del ministère délia Pubblica
Istruzione (anno I, faso. 6). — Dans la collection des
grands bronzes du Musée national de Naples se trouve
un cheval, grandeur nature, qui s'avance dans un
magnifique mouvement rythmique : une inscription
de Mazzocchi gravée sur la base et une tradition
constante veulent que ce cheval ait été découvert
dans les fouilles d'ilerculanum et qu'il soit l'unique
reste d'un admirable quadrige. M. Ettore Gabrici
80
LE BULLETIN DE L'ART
recherche, parmi les fragments de bronzes du musée
de Naples, s'il ne serait pas possible de restituer en
partie cette œuvre dispersée : il a retrouvé des bas-
reliefs appliqués à la caisse du char, des fragments
de la statue de laurige, du char et des chevaux, qu'il
décrit et reproduit.
— Le chef-d'œuvve île Simon Marmion, par le
D' A. Bhedius. — L'auteur revendique pour Simon
Marmion une peinture qui se trouve à Naples, dans
l'église de S. Pietro Martire (quatrième chapelle à
gauche), et qui traditionnellement attribuée au Zin-
garo, a été donnée plus récemment à l'école de Ho-
gier van der Weyden : ce tableau sur toile représente
une figure en pied de Snint Hncenl Ferriei; et il est
entouré de huit tableautins où sont figurés des épi-
sodes de la vie et des miracles du saint. (Nombreuses
reproductions.)
— Autres articles : le Christ portant sa croix, de la
cellule (le la hienheureuse Colombe de Rieti (l-i9T), à
l'Exposition de Pérouse, par E. Ricci ; — un Frag-
ment inédit des mosaiques de l'oratoire de
Jean VU, au Vatican, par A. Bahtoli.
(Fasc. 7). — Une précieuse fresque de Gianfrancesco
Caroto, datée de 1508, représentant une Annonciation
et provenant de l'ancienne église des Jésuites de
Vérone, est reproduite et étudiée par M. Giuseppe
Uehola.
— M. G. FoooLAni passe en revue deux œuvres
de Sebasliano Ricci et de G. R. Pittoni, récemment
récupérés par la galerie royale de Venise ; ces deux
toiles, qui sont la Multiplication des pains, de S. Iticci
et Moise séparant les eaux, de G.B. Pittoni, figuraient
autrefois dans l'église SS. Cosmo et Damiano, et
avaient été envoyées au milieu du xix* siècle dans la
sacristie de l'église paroissiale de S. Vito d'Asolo. Ce
sont d'intéressants spécimens de l'art vénitien du
xviu' siècle.
— Les Nouveautés de l'Ambrosienne, par G. Frizzo.m.
— Signalons, parmi ces nouveautés : le Musiciste,
portrait d'homme attribué à Léonard de Vinci: une
tête de Saint Jean dans une coupe, par Antonio So-
lario (IJiOS); une charmante statuette romaine de
bronze, représentant un petit dieu lare, dite lare di
Tormine, à cause du lieu où elle a été trouvée, et
quatre dessins, par F. Barocci, pour sa peinture de la
Crèche que possède déjà l'Ambrosienne.
— Les nouvelles acquisitions du Musée national de
Rome, par G. Moretti. — Une amulette ou abraxas
provenant des Thermes de Caracalla, et une Coré
archaïque provenant de Castelporziano.
— Tableaux nouvellement exposés aux Offices, par
Carlo Ga.mba. — Ce sont : une Madone de Jacopo Car-
rucci dit le Pontormo, la Charité de FranccscoSalviati,
l'Archanije Oubriel et Tnbie de Francesco Tihertini,
dit le Bacchiacca.
— M. Ett. Garrici publie une bibliographie d'Uer-
cutanum donnant tous les ouvrages publiés sur la
ville, depuis l'époque antérieure à sa découverte
jusqu'au xx* siècle.
(Fasc. 8). — Les fresques d'Andréa del Caslagno, à
la villa l'andolfini, près de Florence, par G. Cabocci.
— II ne reste plus que quelques vestiges de la déco-
ration de cette villa dont parle Vasari dans sa vie
d'Andréa del Castagno, mais ce qui en subsiste permet
de se faire une idée de ce que dut être l'admirable
décoration de la grande salle de cette maison au
temps de sa splendeur.
— Premier article de M. Attilio Rossi sur les œu-
vres d'art du monastère de Tor de' Specchi, sis à
Rome, au pied du Capitole; nombreuses reproduc-
tions de fresques relatant la vie et les miracles de
Saint-François.
— Le château d'Issogne, qni viçnt d'être donné à
l'État par le comm. Vittorio Avondo, est un monu-
ment fort précieux pour l'histoire, qui date de la lin
du XV" siècle.
— Les fouilles de la mission archéologique italienne
en Crète, en 1901. — Notice de M. Luiggi Prrnieh et
reproduction des principaux monuments et objets
découverts à Phaestos et à Prinia.
(Fasc. 9). — Les œuvres d'art du monastère de Tor
de' Specchi à Rome, suite et fin de l'article de M. Att.
Rossi; suite de fresques d'après l'histoire de sainte
Françoise Romaine (1485), et objets divers : la Cruci-
fixion, triptyque du xv siècle; dentelles de Venise
du xviii" siècle, horloge de la même époque, sculptée
sur bois: panneaux décoratifs du réfectoire, paysages
de la seconde moitié du xviii* siècle, etc.
— Deux dessins de Rembrandt, conservés à la biblio-
thèque de Saples, par A. Comi : ces dessins repré-
sentent Joseph expliquant les songes de Pharaon et
Judith tuant Holopherne.
— M. Giorgio Behnaroi.m examine une peinture de
la (ialerie nationale de Rome, attribuée à Melozzo da
Farli. C'est un Saint Sébastien acquis il y a trois ans,
et que l'auteur rapproche, d'une part, d'un Saint Sé-
bastien et Sainte Marguerite de l'église S. Vito, et de
l'autre d'une Vierge avec les auditeurs de rote, de la
galerie du Vatican, — ces deux œuvres dues à Anto-
nazzo Romano, un artiste de la fin du xv* siècle.
M. Bernartjini publie en outre un contrat de 1491,
portant commande à cet artiste de la décoration d'une
chapelle de l'église S. Marin délia Pacc, et dans
lequel il est fait mention précisément d'un Saint
Sébastien.
— Autres articles : le fils de Pierre Vassallelto à
Civita Lovinia, par A. Bartoi-i d'après une inscription
découverte dans l'église de celte ville) ; — un album
de dessins de Rarlolomen Pinelli, daté de 1801 et
conservé aux Olllces (scènes populaires très curieu-
ses), par P. N. Ferri.
Le Gérant : H. Denis.
Par». — Imp. OaorgM Pelit, li, ni* Oodot-de-Uturoi.
Numéro 375.
Samedi 14 Mars 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Contre l'abus
des affiches-réclames
Le dernier numéro du Bulletin annonçait le
dépôt, par le ministre de l'Agriculture, d'un
projet de loi portant une nouvelle réglementation
du régime forestier; il nous faut signaler aujour-
d'hui, dans un ordre d'idées analogue, la présen-
tation d'une proposition de loi contre les abus
de l'affiche-réclame, proposition dont M. Charles
Beauquier a pris l'initiative.
Le père de la loi sur la protection des paysages
complète ainsi son œuvre, puisque la publicité,
dans son désir de s'établir aux endroits les plus
fréquentés, en est venue à spéculer sur les alen-
tours des monuments, des sites et des curiosités
naturelles qui attirent plus particulièrement les
visiteurs. Il demande en conséquence qu'on
interdise l'affichage, non seulement « sur les
édifices, monuments naturels, et dans les paysages
et sites classés », mais aussi autour de ces édifices,
monuments naturels et paysages, « dans un péri-
mètre qui sera, pour chaque cas particulier,
déterminé par un arrêté préfectoral, sur avis
conforme de la commission départementale des
sites ».
Ce n'est pas là, on le voit, d'excessives préten-
tions. Au surplus, les exemples empruntés à la
législation étrangère, dont M. Beauquier accom-
pagne son (I exposé des motifs », les vœux émis
dans les divers congrès qui ont eu à s'occuper de
la question, enfin les opinions chaque jour enre-
gistrées par la presse, témoignent clairement de
l'universel intérêt qui s'attache à cette réglemen-
tation nécessaire.
L'Amérique, la Suisse, l'Allemagne, la Belgique,
l'Angleterre, nous ont devancés dans cette voie ;
1 l'Italie ne tardera pas, comme on le verra plus
loin, à recevoir saloi sur la protection des paysages
elle corollaire indispensable de cette loi. Partout
apparaît évidente l'obligation de restreindre le
droit de propriété, si le propriétaire outrepasse
son droit en portant préjudice aux beautés
nationales, — ces biens de tous sur lesquels la
nation a le devoir de faire valoir ses titres, supé-
rieurs à ceux des particuliers.
M. Beauquier ne se dissimule pas que le seul
obstacle sérieux, c'est — comme presque tou-
jours — la question d'argent : comment croire
qu'un brave homme renoncera, pour l'amour de
l'art, aux écus que lui rapporte, sans nulle
peine, même légère, la location de sou mur à une
entreprise de publicité? Fort de l'article 544 du
Code civil, il dira que le droit de propriété est
un droit absolu.
Il est vrai que l'article S44 ajoute : « ... pourvu
qu'on n'en fasse pas un usage prohibé par les
lois et règlements ». Et rien n'empêche d'ajouter
aux règlements déjà en vigueur sur la hauteur
des immeubles, leurs saillies, leurs ravalements,
etc., un règlement fixant les conditions dans
lesquelles les affiches-réclames seront apposées :
c'est précisément ce règlement-là qu'on demande.
Et si l'on ne l'obtient pas ?
Si l'on ne l'obtient pas, il ne restera guère qu'une
ressource au bon public écœuré par la publicité :
l'action directe, préconisée par M. Albert Bon-
nard, dans son rapport au Grand Conseil du can-
ton deVaud, qui eut tant de retentissement voilà
quelques années : de grâce, écrivait-il, « qu'on
ne nous gâte pas ce qui reste d'un peu consolant
dans le spectacle du monde : les vieux monu-
ments et les jolies scènes champêtres. Le public,
pour être obéi, n'a qu'à boycotter les produits
qui, pour s'imposer à son attention, détruisent
le pittoresque de la contrée ».
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 7 mars). — M. Gaston Boissier commu-
nique un rapport de M. Merlin, directeur des anti-
quités à Tuais, sur une inscription trouvée dans
82
LE BULLETIN DE L'ART
les ruines de Korbous, en face de Carthage, et qui
doit dater du règne d'Auguste.
— M. lal)bé de Gcnouillac communique le texte
d'une tablette sumérienne inédite du musée de
liruxelles dans laquelle apparaissent, à côté du nom
d'Urukagina, roi de Lagos, celui de Barnamtarra,
femme de son prédécesseur (3;i00 avant J.-C).
— M. H. Omont dépose sur le bureau la reproduc-
tion, en phototypie,de nombreux dessins d'opérations
cliirnrgicales, qui accompagnent la traduction latine,
faite au xvi« siècle, d'une collection de traités de
chirurgiens grecs, recueillie sans doute au x' siècle,
par les soins de l'empereur Constantin Porpliyrogé-
nète. Cette traduction est l'œuvre du Florentin Guido
Guidi, le premier professeur de médecine au Col-
lège de France, et les dessins qui ornent l'exemplaire
de dédicace au roi François 1", conservé aujourd'hui
à la Bibliothèque nationale (nis. latin 6866), son:
attribués en partie, par M. Omont, au Primatice.
Musée du Louvre. — Par suite de travaux entre-
pris par le service d'architecture pour la réfection du
dallage des paliers Henri II et Henri IV au musée du
Louvre, la circulation se trouvera interrompue pen-
dant quelques semaines entre la salle La Gaze et les
salles du Mobilier et dans l'escalier du musée de
Marine. On accédera momentanément aux salles du
Mobilier par l'escalier assyrien et au musée de Marine
par l'escalier Thomy-Thiéry.
Les travaux de réfection du plafond des salles Dieu-
lafoy et du plancher de la salle Thomy-Thiéry tou-
chant à leur terme, la circulation est dès à présent
rétablie dans les collections de Suze, et la collection
Thomy-Thiéry sera sous peu réinstallée dans la salle
qui lui est alTectée. Les salles attenantes, consacrées
k la peinture contemporaine, seront réouvertes.
— M. le comte Potocki, en reprenant le l'ortrail
du frère de Rembrandt qu'il avait généreusement
prêté au musée du Louvre, a eu la délicate pensée
de remplacer ce chef-d'œuvre par une autre pièce
de sa collection : un portrait d'homme de l'école vé-
nitienne, qu'il est permis d'attribuer à Titien.
A la Bibliothèque nationale. — M. Henry Mar-
cel, administrateur de la Bibliothèque nationale, vient
d'adresser an ministre de l'Instruction publique son
rapport annuel sur le fonctionnement de la Biblio-
thèque nationale.
Après avoir publié la statistique des lecteurs et celle
des volumes communiqués, M. H. Marcel énumèrc
les dons reçus et les acquisitions faites par la Biblio-
thèque. Au legs Audéoud, dont nous avons déjà parlé
en détail (voir le Bulletin du 18 janvier, n" 361), il
faut ajouter un don de reliures artistiques modernes,
fait par M. IL Beraldi, et celui, par M. Delamarre.
d'un l'iulnrque d'Amyot (1574), en dix volumes, dont
six reliés aux armes de Charles IX. Parmi les acqui-
sitions du département des Imprimés, on retiendra les
Heures de Rome de Simon de Collines (1343., dont on
ne connaît qu'un seul autre exemplaire en France,
encore est-il incomplet.
Aux Manuscrits est entré, entre autres raretés, un
mandement original de paiement à Jean Bourdichon
des Heures d'Anne de Rrela;/ne (publié dans le Bulle-
lin de la Société de l'histoire de l'art f'rani-ais, 190",
fasc. IV). Aux Médailles, le legs de M"" 'Valton, que
M. E. Babclon étudiera prochainement dans la Revue,
vient de faire entrer 1.463 monnaies grecques et
romaines et 3.391 médailles de la Renaissance, toutes
en exemplaires d'un admirable état de conservation.
Aux Estampes, outre de nombreuses acquisitions
énumérées par M. H. Marcel, nous avons déjà eu à
signaler l'entrée de 1.047 portraits, gravés au physio-
notrace par Quenedey.
— Le Cabinet des Estampes vienf d'acquérir environ
400 silhouettes caricaturales de Nadar, pour le Pan-
théon comitjiie, curieux documents qui représentent
les portraits-charges de presque tous ceux qui jouè-
rent un rôle sous le second Empire.
Société de l'histoire de l'art français (séance
du 6 mars). — M. Courboin, conservateur au Cabinet
des estampes, présente un dessin figurant un physio-
notrace : on discutait jusqu'à présent sur la forme de
cet appareil, inventé par Quenedey à la fin du xviir
siècle, et ce document — le seul qui nous soit par-
venu sur l'appareil à portraits — permet d'établir à
coup sur sa description et son fonctionnement. Ce.
dessin est entré récemment au Cabinet des estampes,
accompagnant un lot de 1.047 portraits au physiono-
traco acquis à la petite-fille de Quedeney.
— M. IL Clouzot parle d'un portrait de Rabelais en
docteur, conservé au musée de Chàtcauroux, et le
rapproche d'un portrait analogue du musée de Ver-
sailles. Il y voit des copies anciennes d'un original
aujourd'hui perdu, qui fut le premier portrait de lia
bêlais ; il termine sa communication par un résumé
de l'iconographie rabelaisienne.
— M. F'urcy-Uaynaud identifie, d'après des pièces
d'archives, une statue de l'église des Invalides repré-
sentant la Religion et duc à J. Bousseau.
— M. G. Brière présente la photographie d'une
statue de cardinal à genoux, dont le moulage est au
musée de Versailles ; à en croire l'inscription accom-
pagnant ce moulage, on serait en présence d'un im-
portant fragment du tombeau du cardinal de Fleury,
autrefois conservé dans l'église Saint-Louis du Louvre
et disparu pendant la Révolution. M. Brière dé-
montre la fausseté de cette attribution : une des
raisons qu'il invoquo, c'est que le tombeau du car-
dinal de Fleury portait un pisant, et non un priant
(les gravures en font foi), il croit que le moulage de
Versailles a été exécuté d'après la statue qui orne le
tombeau du cardinal Dubois, à Saint-Iloch, mais
pour des raisons qu'il n'a pu encore découvrir, si le
nioul.age reproduit le corps de la statue, la tête par
contre est tout à fait différente.
ANCIEN ET MODERNE
83
Société nationale des beaux-arts. — La date
de la remise des maquettes du décor de Sanison et
Dalila (acte iV, scène du Temple), pour le concours
de maquettes de la Société nationale des beaux-arts,
se fera, non le 27 mars, mais le 1" mai au Grand
Palais, porte B.
Les vols dans les églises et les musées. —
Là cour d'assises de Limoges a rendu son jugement
sur l'allaire des vols d'objets d'art religieux, commis
par la bande Thomas au détriment des églises de la
région (châsse d'Ambazac, colombe de Laguenne, etc.)
jet du musée de Guéret.
.\ntoine Thomas a été condamné à six ans de tra-
vaux forcés et à la restitution de 22.000 francs à l'an-
tiquaire qui avait acquis les objets volés au musée
de Guéret, et les a restitués ; François Thomas, Anto-
nin Faure et l'antiquaire Michel Dufriy, à deux ans
de prison. La Cour a ordonné la restitution des objets
volés.
A Strasbourg. — Samedi dernier s'est ouverte à
Strasbourg, dans les salles d'apparat du palais de
Rohan, une exposition d'art décoratif de l'école de
Nancy, organisée par la Société des Amis des Arts de
cette ville.
A la place d'honneur figurent naturellement les ver-
reries et les meubles d'Emile Galle, dont quelques
pièces rares ont été empruntées à des collections par-
ticulières, ainsi que les œuvres de ses élèves et colla-
borateurs Louis llestaux, Auguste Herbst, Paul Hol-
derbach et Paul Nicolas. Puis viennent les verreries
d'art de Daum, les meubles de Majorelle et de Vallin,
les vitraux de Jacques Gruber, les gravures sur bois
de Coliu, les tissus décorés de Fridrich. La peinture
est représentée par- Victor Prouvé, de Meixmoron,
Louis llestaux, etc.
L'ensemble est tout à fait caractéristique et de la
meilleure tenue; il fait grand honneur aux artistes
nancéens et au comité d'organisation, qui a terminé
tùnsi la préface du catalogue : « En venant à Stras-
bourg et dans cette Alsace si riche, elle aussi, en
artistes originaux, présenter les recherches persévé-
rantes de ses adeptes, l'École de Nancy soumet avec
confiance, à l'appréciation du public, une doctrine
appuyée par des exemples. Ce que nous pouvons
allirmer, c'est que nous travaillons avec la conviction
que nous nous maintenons dans la juste voie, que nous
continuons avec respect la tradition de nos ancêtres ;
que, tout en nous inspirant des grands exemples du
passé, nous œuvrons selon les tendances de la
culture intellectuelle moderne. »
A Gand. — Le dernier article de M. L. Maeterlinck
sur le musée d'art ancien de Gand et sa réorganisation
(voir le n° 371 du liullelin) a valu à notre collabora-
teur les lettres les plus flatteuses et les plus précieux
encouragements : MM. Ch. Huis, ancien bourgmestre
de Bruxelles ; Ch.-L. Cardon, membre de la commis-
sion des musées royaux de Belgique ; Pol de Mont,
conservateur du musée d'Anvers ; E. van Overloop,
conservateur des musées d'art décoratif de Bruxelles ;
W. Hode, directeur général des umsées royaux et
impériaux de Berlin; Max Friedlimder, conservateur
du Kaiser Friedrich Muséum de Berlin ; le comte Paul
Durrieu, conservateur honoraire du musée du Louvre,
etc., ont écrit à M. Maeterlinck pour le féliciter de son
initiative et faire des vœux pour la réalisation du
futur « musée modèle » d'art ancien de Gand.
Nécrologie. — Le paysagiste Paul Sain vient de
mourir à Avignon, sa ville natale, à l'âge de 54 ans ;
il exp<jsait régulièrement, depuis nombre d'années, à
la Société des artistes français, dos peintures souvent
remarquées et, pour la plupart, inspirées par les
beautés de la ville des papes et des paysages pro-
vençaux : Les Baux, Chàteauneuf-des-Papes, Ville-
ueuve-les-Avignon, les bords du llhùne, etc.; il a aussi
trouvé dans l'Ilc-de-France de nouibreux motifs pit-
toresques.
— Le 28 février est mort, à Dresde, le peintre-
portraitiste Léon l'ohle, âgé de 59 ans ; originaire de
Leipzig, élève des Académies de Dresde, d'Anvers et
de Weimar, il était devenu à son tour professeur à
Dresde en 1877 ; on trouve de ses œuvres dans les
galeries de Dresde, de Berlin, aux Muséums de Wei-
mar, de Leipzig, etc.
— Le peintre-verrier Isidore OU, né en 1834 à Stras-
bourg, vient de mourir en cette ville ; on lui doit,
outre de nombreux vitraux pour des hôtels, palais et
églises de Strasbourg, la restauration des verrières
anciennes des églises d'Alsace, notamment de celles
de Strasbourg, Wissembourg, Thann, Settingen, etc.
CHRONIQUE DES VENTES
■
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
'Vpntes à Paris. — Tableaux modernes. —
Une vacation anonyme, dirigée, salle 1, le 29 fé-
vrier, par M« Lair-Dubreuil et M. Georges Petit, a
donné lieu à une série d'enchères qui méritent
d'être notées. Le produit s'est élevéà74.H5francs.
Sur la demande de lo.OOO francs, une grande
toile par Bouguereau, la Toilette de Vénus, a été
84
LE BULLETIN DE L'ART
adjugée 13.000 fr. ; le Soir, par Corot, a été payé
10.100 fr. (demande, 12.000) ; un Paysage de la
Côte-d'Or, du même maître, a obtenu 8.800 fr.
(demande, 8.000), et toujours par Corot, un
Paysage de la Ferté-sous-Jouarre a été adjugé
B.OOOfr. (demande, 8.000). Notons encore : De-
taille. Le Drapeaupris, 7.200 fr. (demande, 6.000).
— Cazin. Soir d'été, 4.6S0 fr. — Lhermitte. La
Grand'mère, fusain, 2.900 fr.
Vente Jules Cronier (tableaux modernes).
— La première vacation do cette vente impor-
tante, dont nous donnerons la semaine prochaine
le compte rendu détaillé et la liste des prix, a
produit 307.590 francs, pour Sb tableaux et des-
sins". Citons : le Pêcheur amarré de Corot, adjugé
39.100 fr. (le plus haut prix de la journée) ; —
deux autres peintures du même maître, Pré au
bord d'un étang et le Pont de Mantes vendues
17.900 et 13.600 fr.; un Jules Dupré, le VieuxPont,
poussé jusqu'à 34.000 fr.; — parmi les Harpignies,
un Aulne, environs d'Hérisson, a atteint 20.000 fr.;
et parmi les Ziem, le Port de Marseille, 16.800 fr.;
— un Lhermitte, la Jeune mère, a été vendu
IS.OOO fr.; — deux Isabey, l'Arrivée des invités
et la Prière à la Madone ont fait 11.100 et
10.200 francs.
Ventes annoncées. — A Paris. — Atelier
Louis Watelin. — Le peintre paysagiste et
animalier Louis Watelin, qui naquit à Paris en
1838 et mourut il y a peu de mois, se rattache
à l'école de 1830, plus particulièrement à Diaz,
avec qui il travailla à liarbizon, et à Troyon,
par Van Marcke, dont il fut l'élève et le gendre.
La vente des tableaux et études provenant de
son atelier, que feront, salle 7 et 8, à l'Hôtel,
M" Lair-Dubreuil et MM. Chaîne et Simonson, les
16 et 17 mars, permettra déjuger des qualités de
cet artiste qui, s'il participa régulièrement aux
Salons, fut peu avide de réclame et, partant,
n'est pas connu comme il convient.
Un catalogue illustré de quelques planches
a été dressé à roccasion de cette vente. Nous
y relevons les pages suivantes : Une mare en
foriH, Fontainebleau ; Vache blanche et vache brune
à l'abreuvoir ; Vache blanche dans l'eau, plein
soleil ; Vache blanche tachée de brun ; Lisière de
forêt à Marlotte, parmi nombre de toiles, pay-
sages et paysages animés, études d'animaux et
autres sujets du même genre.
Collection de M"'» de P... tableaux an-
ciens). — Cette vente aura lieu salle 6,1e 18 mars,
par le ministère de M= Lair-Dubreuil et de M. Haro.
Nous y relevons, à défaut d'oeuvres capitales,
un certain nombre de pages intéressantes à
divers titres, notamment : Portrait de femme, par
Allais ; le Portrait de la duchesse de Longueville,
par Beaubrun ; Ariane et hacchus, panneau attri-
bué à Boucher ; des Bacchantes endormies, de
l'école du même maître ; la Femme à l'éventail,
peinture présumée de Chardin ; l'Apparition de
l'ange à Zacharie, par Benjamin Cuyp ; le Por-
trait de deux fillettes du duc de Nassau, enfants
d'Orange, autre ouvrage anonyme hollandais ;
le Portrait d'une princesse anglaise, par Lely ;
la Musicietine, par Grimou ; le Joyeux buveur,
attribué à Hais ; le Galant berger et Berger et
Bergère, peintures attribuées à Huet ; un Portrait
d'homme, de l'école de Largillière ; la Femme à la
rose, école de Van Loo ; le Portrait d'un maréchal,
par Van Loo ; la Toilette de Diane, attribuée à
Mignard; un Portrait d'homme, par Oudry; le
.Portrait de .W"'' Berthclet, de la Comédie-Française,
école de Raoux ; Cérès et Pomone, ouvrage de
l'atelier de Rubens; le Portrait du fils de Jean
Duc, par Tournières ; la Jeune fille au mouton,
attribuée au même maître ; enfin, un groupe de
personnages, attribué à Vestier, le Portrait d'un
navigateur, probablement Jean-François de La
Pérouse, et de sa famille.
Ventes diverses. — M" Lair-Dubreuil prend
date pour les ventes suivantes :
— Les 19 et 20, Collection Maury, jouets
anciens et objets sur le théâtre ; — le 20, salle 6,
Atelier du peintre Girardet ; — le 30, Collection
de M. Th..., tableaux anciens, dessins, objets
d'art, tapisseries.
Ventes annoncées. — A l'étranger. — En
Hollande. — MM. F. Muller et C'% d'Amsterdam,
prennent date dès à présent pour une suite
importante de ventes d'art :
— Du 6 au 10 avril, vente de dessins anciens,
estampes historiques, livres et documents concer-
nant les Pays-Bas et la Belgique et provenant de
diverses collections privées de ces deux pays.
— Le 28 avril, vente de tableaux anciens où
dominent, comme de juste, les maîtres des écoles
du Nord.
— Du 28 avril au l" mai, vente d'antiquités
et d'objets d'art, comprenant en particulier une
réunion notable de faïences de Delft.
— Le 12 mai, vente île tableaux modernes de
l'école hollandaise contemporaine, et d'aqua-
relles modernes.
ANCIEN ET MODERNE
8b
— Du {" au :î juin, vente de dessins anciens,
surtout des vieux maîtres hollandais, notamment
de Rembrandt.
— Du 2 au y juin, vente d'estampes françaises
et anglaises, provenant en majeure partie de la
collection Alfred Boreel, et d'estampes des
écoles flamande et hollandaise.
— Enfin les 16 et 17 juin, vente de la collec-
tion Alfred Boreel, réunion précieuse de porce-
laines de Saxe.
Ces diverses ventes formeront l'objet d'autant
de catalogues illustrés.
M. N.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Charles-Louis Geoffroy (galeries Shirleys).
— Un nouveau venu dans l'art, un néo-classique,
de la romantique famille du sculpteur GeolTroy-
Dechaume, qui fréquenta Meissonier, Daubi-
gny, Steinheil, dans la thébaïde de l'île Saint-
Louis. A voir ses aquarelles courageuses, — pers-
pectives d'Auvergne, fermes normandes, moulins
bretons, vertes architectures, tuiles d'un vieux
manoir, premiers plans formulés, dessins re-
haussés d'insectes et d'oiseaux, — on dirait que
l'impressionnisme ne fut qu'un mauvais rêve : à
cent ans d'intervalle, on songe aux gouaches de
Bruandet... La forme limpide : n'est-ce pas un
des meilleurs aspects de la tradition française et
du sol français dans un parfum d'autrefois ?
Vieille France et vieux Paris (expositions
diverses). — Est-ce un pressentiment, déjà, de
l'avenir de l'art, menacé par la science ? Aussi
bien la virtuosité présente a la nostalgie du passé ;
sa préoccupation la plus vive est d'en évoquer
les vestiges, d'en retenir les contours. Et même
dans la note pittoresque apparaît notre goût pour
l'érudition. MM. Lobre et Walter Gay n'ont-ils
pas fait école en décrivant les musées particuliers
de nos collectionneurs et nos vieux châteaux,
les salons dorés de Versailles ou la gloriette de
Trianon? Plus froidement, à leur suite, M. Henry
Tenré, chez Georges Petit, traverse Chantilly,
Versailles, Bagatelle ou Fontainebleau, son style
Empire au boudoir vert de Joséphine ; il aime à
profiler sur l'incarnat changeant du reps ou de
la moire les cadres anciens d'une riche collec-
tion. Avec une douceur poétique et mélancolique,
à la galerie Graves, M. Victor Brugairolles, dont
nous estimions déjà la Cathédrale d'Abbeville,
hante au crépuscule les vieilles rues de nos
vieilles cités, les feuilles mortes des vieux parcs
ou la Seine mauve au lever de lune près du pont
de Puteaux. C'est également rue Caumartin, à la
galerie des Artistes modernes, en regard du
peintre de la Mer noire, M. Alexis de Hanzen,
qu'un jeune aquafortiste original, M. Maurice
Hillecamp, nous exprime sa ferveur pour les
débris qui nous parlent silencieusement d'autre-
fois : entrevues au Salon des Artistes français,
ses planches lumineuses ou ses dessins aqua-
relles animent le vieux Havre de Grâce, les
ruelles de Pontoise ou de Rouen, le château de
Liancourt, les maisons à tourelles de Vire, et
Versailles encore, et Paris toujours, cet inépui-
sable Paris rajeuni par une légion d'artistes,
abords moyenâgeux de Saint-Gervais eldeSaint-
Merri, coupole lézardée de l'Hôtel Colbert, ma-
sures dernières de nos quais, Notre-Dame et
l'hôtel des Deux-Lions et ce palais de la Légion
d'honneur que voyait autrement le Parisien
Hubert Robert qui mourut en 1808, ou cette
place Dauphine qui, bientôt peut-être, ne sera
plus qu'un souvenir...
Raymond Bouyer.
CORRESPONDANCE DE BERLIN
Exposition de peintres anglais.
Depuis longtemps, aucune exposition n'avait
à ce point excité l'intérêtet l'admiration du public
berlinois. Et il ne s'agit pas là que de snobisme.
Il est positivement merveilleux, extraordinaire,
d'avoir obtenu le transfert en-deça de la Manche
d'une telle collection d'œuvres précieuses, leur
prix fût-il momentanément surfait.
L'Académie faillit devoir y renoncer, faute
de pouvoir parer aux frais d'assurances, mais
la libéralité de quelques amis des arts sut y
pourvoir. On leur doit donc, après le comte
Seckendorfl', à qui revient l'honneur de l'ini-
tiative, l'agrément de contempler à Berlin même
la fleur de plusieurs collections anglaises par-
ticulières et peu accessibles. Cette magnifique
série de portraits, que l'on n'est pas près de revoir
rassemblés, ne fut d'ailleurs peut-être jamais
aussi bien mise en valeur que dans ces salles,
86
LE BULLETIN DE L'ART
aménagées par l'architecte Ihne avec une entente
toute moderne de l'art de présenter la peinture.
Elle occupe trois pièces principales et plusieurs
cabinets dont un d'œuvres graphiques, d'un choix
exquis et d'une valeur à faire blêmir d'envie les
amateurs.
Tout le succès, ce succès inaccoutumé, ne va
pas, bien entendu, aux seules qualités techniques
de ces toiles. Il est diflicile, sinon impossible, de
faire abstraction de la heauté des modèles et de ne
pas se complaire à tant de grâce. Au xvni" siècle,
du reste on ne professait pas, par bonheur, l'opi-
nion absolument, détestable, proprement héré-
tique, mais de plus en plus admise aujourd'hui,
de l'œuvre picturale (et bientôt sculpturale aussi
sans doute) qui vaut avant tout par sa facture.
L'excellence de la facture, certes, n'y manque
pas non plus, et brille même par une parfaite
appropriation du procédé à son objet.
Voici Gainsborough, (jui est représenté par le
plus grand nombre d'œuvres. Son Blue boy — , le
duc de Westminster a le bon esprit de ne le laisser
ni décrasser, ni débarrasser de son épaig verni très
rance, par aucun restaurateur —, s'impose à la
l'ois par le chatoiement des multiples nuances du
bleu dans le costume et par l'heureux rendu de
la spéciale beauté d'éphèbe que détint en son
adolescence le fils du riche Master Butall. Les
portraits du vicomte et de la vicomtesne Ligonier,
de la belle cantatrice Elisabeth Linley, devenue
Mrs. Sheridan,de lady Anne Dwncornte, montrent
Gainsborough sous son véritable aspect de peintre
de la femme, élégant, vaporeux, complété par
le portrait du général Honywood à cheval, — qu'il
peignitàBath en ITOoetqui fi tune telle sensation à
Londres que le roi voulut l'acheter, — par son a«<o-
portrait qui appartient à la Royal Academy, par le
groupe de ses deux filles à la mine si gentiment
ébaudie, et par le portrait en pied, tout blanc et
bleu clair, de M""' Bacelli, esquissant un pas, un
voile léger à la main. Deux petits paysages, pleins
de chaude lumière, rappellent que, portraitiste
fêté, Gainsborough conservait l'amour de la na-
ture tel qu'il l'avait sentie et rendue durant
les longues années d'une carrière provinciale,
jusqu'au jour où Mr. Thicknesse le découvrit.
A la place d'honneur trône Sir Joshua Reynolds,
avec telles de ses œuvres les plus savamment
ordonnancées : Ladi/ Betty Deltné et ses enfants;
Lady Stanhope dans un assortiment de tons si
recherchés ; le marquis de Cranby dressé, cuirassé,
tête en pleine lumière contre la crinière de son
fougueux destrier; la délicieuse ffelly O'Brien
dans les pénombres douces rabattues par son
chapeau et parmi les blancheurs à peine rosées
de son vêtement; Lady Caroline Priée au fin
visage spirituel, ouvert sous la perruque soyeuse,
si délicat entre le rouge et le noir qui le re-
poussent; et enfin Gcorgiana, duchesse de Devon-
shire, avec son enfant, la plus célèbre de toutes
et bien dûment admirée pour la finesse du coloris
dans les cheveux et les étofles, comme pour les
délicatesses du modelé dans les chairs de la mère
et du baby.
Les quelques Raeburn choisis peuvent compter
parmi le meilleur de sa production : c'est le
rouge écarlate, surprenant de conservation, d'un
uniforme d'officier, les carnations saines des
trois enfants Elphinstonc, la robe d'un blanc
neigeux de la jeune Lady Maitland. Rien de plus
séduisant que la Mrs. Johnson, aux yeux veloutés
sous le bleu de ciel de son immense chapeau et
dans le blanc flou de ses dentelles, par Romney,
représenté aussi par Mrs. Long et par le jeune
,Iohn Walter Tempest, debout, à côté de son
cheval qui boit.
Citons encore, de Hoppner, le portrait du Duc
d'York et le groupe aimable de trois sœurs, inté-
ressant par une heureuse distribution de la
lumière ; de Sir Thomas Lawrence, le portrait,
d'une vivacité d'exécution et d'une coquetterie
inattendues, de cette ravissante Mtss Elisabeth
Farren, qui devint comtesse de Derby, — pour
lequel M. Pierpont Morgan a donné la bagatelle
de presque un million, — tandis que le tableau
postérieur, Childhoods innocence, témoigne de la
manière lisse et doucereuse du même artiste.
Trois paysages de Constable, dont the Leaping
horse de la Royal Academy, et un petit Turner —
une baie maritime au pied d'une ville imaginaire
en plein soleil — annoncent que l'on a franchi le
seuil du xix« siècle et que les définitives con-
quêtes réalistes de la lumière et du plein air ne
vont plus tarder. Mais avec elles le charme
incomparable de ces grandes dames, qui rappro-
chait jusque-là la femme anglaise de sa contem-
poraine française, et que celle-ci saura encore
conserver bien avant dans la seconde moitié du
siècle, ira se perdant; la pratique de plus en plus
généralisée des sporLs, sur laquelle nous avons
toujours été de cinquante à soixante-quinze ans
en retard — en 1818 on prenait chez nous les
premiers bains de mer, et avec quel effroi I —
offrira au peintre anglais moderne un type de
femme de plus en plus robuste, anguleux, mas-
culinisé, que les efforts de no» féministes du
ANCIEN ET MODERNE
87
XX" siècle ne manqueront pas de rendre bientôt
aussi international que la grâce était autrefois
répandue.
Marcel Montandon.
CORRESPONDANCE DE LONDRES
Exposition
des portraits de « Fair Wornen » .
L'exposition des portraits de « Pair Women »,
récemment ouverte à la New Gallery, promet
d'être l'exposition la plus à la mode, à Londres,
cet hiver : à coup sûr, elle est la plus intéres-
sante que nous ayons eue depuis longtemps.
A l'exception d'Herkomer, tous les grands por-
traitistes anglais (et quelques Français) sont repré-
sentés par quelques-unes de leurs meilleures
toiles. II est ainsi possible d'étudier l'art anglais
de 1860 jusqu'à nos jours, puisqu'à côté des
toiles d'Orpen et de Shannon, nous pouvons
admirer des Millais, des Watts, des Burne-Joncs
et des Rossetti.
Chose curieuse, bien que Watts ne soit pas ]>•
plus grand portraitiste de tous ceux-ci, ce sont
ses tableaux qui ont le moins vieilli : son por-
trait de Mrs. Wyndham est « éternel », sans doulo
parce que le peintre n'a jamais sacrifié à la mode.
Au contraire, la Monna Pomona représente
mal Dante-Gabriel Rossetti ; et quant aux por-
traits de Millais lui-même, si remarquables pur
la précision, ils paraissent ici trop bourgeois et
trop puritains.
L'école anglaise moderne est admirablement
représentée : le Portrait de femme de M. Vf. Orpen
est certainement une des meilleures œuvres de
cet artiste. Les trois toiles de M. Charles Shannon,
— bien que portraits à efîet, — sont étonnants
de vie. Ceux de son homonyme, J. J. Shannon,
sont également très remarquables, notamment
le Portrait de la duc/tes.se de Hutland et celui de
Lad;/ Marjorie Mannen.
M. Sargent a envoyé cinq de ses meilleures
œuvres, qui feraient à elles seules la fortune de
n'importe quelle exposition : la Duchesse dn
Portland ; l'admirable Miss Evans; le portrait
d'une Française, que le peintre a un peu trop
poussé à la caricature ; celui de Ladij Edcn ; et
enfin le groupe si connu de Ladtj Elcho, Ladij
Tennant et Mrs. Adcane (grandeur nature).
Quelque puissant que soit cet art anglais, — et
nous devrions noter ici les œuvres du regretté
Furse, des Lavery, Howard, A. E. John, William
Nicholson (sa Dame aie voile est bien curieuse),
Frank Potter, Rothenstein, Wilson Steer —, l'art
français, représenté seulement par quelques
toiles, semble encore plus vivant et plus magni-
fique.
Il y a d'abord un admirable Albert Besnard :
le Portrait de Af"» Georges Duruy. La peinture,
malheureusement, se craquelé ; mais quelle
science et quelle hardiesse ; quelle couleur line
et harmonieuse, et quelle science des tons ! De
l'avis des Anglais, c'est une des plus belles toiles
de l'exposition.
11 est curieux de comparer les trois Jacques
Blanche si vivants et si modernes, notamment
ses Misses Clark dansant, avec un Henri Regnault:
Portrait de la vicomtesse de Dampierre, et surtout
avec deux ou trois Chaplin. Que ces derniers
nous semblent superficiels ! Il faut signaler
encore un Donnât solide : Portrait de M"" Edouard
Kann ; un excellent Fantin-Latour, Portrait de
Miss Budgett; un F. Flameng très réussi. Por-
trait de Mi's. H...; un Gustave Courtois, Portrait
de A/"" de Montandrey ; un Renoir, Portrait d'une
jeune fille ; un La Gandara, Portrait de M""' Sal-
vator, etc. De Carolus Duran, le Portrait de
jf me Uenri Fouquier, est, comme celui de M™" Er-
7iest Feydeau, extraordinaire de vie ; enfin, la
Dame au piano représente de très belle façon
l'art d'Alfred Stevens.
Disons, enfin, que la présence de quelques
toiles d'Alraa-Tadema et de Sir. E. J. Pointer,
président de la Royal Academy, est ici une sur-
prise agréable. Serait-ce le commencement d'une
« entente cordiale » entre la vieille Academy
toujours si... académique, et l'International
Society of Painters ?
A. T.
LES REVUES
France
Revue archéologique (novembre-décembre 1907).
M. Jean r.AP.Mir reproduit et commente une figurine
éyyplicnne en bois du musée de Liverpool, représen-
tant un esclave portant un vase sur le dos.
— Sous ce titre Orient ou ByzMice '.' M. Louis
Bréhieh étudie d'après les travaux de M. Strzy-
gowski sur le psautier serbe de Munich, la ques-
tion des influences orientales dans l'art byzantin
et de là dans l'art du moyen Ige, Il était admis jus-
88
LE BULLETIN DE L'ART
qu'ici que les peuples slaves, tels que Russes, Serbes,
Bulgares, devaient à Constantinople les principes de
leur civilisation et de leur art; l'étude des miniatures
du psautier serbe révèle au contraire, sur l'art des
peuples slaves, des influences entièrement indépen-
dantes de Byzance : on y trouve une survivance de
l'art hellénistique-oriental conservé dans les couvents
de Syrie, de Mésopotamie, du Sinaï, et dont les mo-
nastères de l'Athos ont recueilli l'héritage. L'auteur
en conclut que l'art hétérogène et cosmopolite, né
du mélange des formes helléniques et du décor orien-
tal, n'a pas disparu avec l'antiquité ; aujourd'hui
encore, les peintres d'icônes de l'Athos et des monas-
tères russes continuent à reproduire les tj'pes hellé-
niques déformés. L'art byzantin serait donc une
prolongation de l'art hellénistique oriental, au con-
traire de l'art arabe, qui représente la pure tradition
de l'ancien Orient et a éliminé tous les éléments hel-
lénistiques.
Italie
Bollettino d'arte delministero dell'Istruzione
Pubblica (Ann. 1, fasc. 10). — M. M. E. Cannizzaho
retrace l'histoire des fouilles successives qui ont
permis de recueillir des renseignements précis sur
l'Ara pacis Augustœ et des restes du monument
consacré sur le Champ de Mars, par Auguste, à son
retour de Gaule et d'Espagne. Les premiers vestiges
en furent retrouvés en lo30, mais ce n'est qu'en 1878
que K. von Duhn identifia et réunit un grand nombre
de fragments épars dans les musées, et ce sont les
fouilles de 1903 qui ont permis de déterminer avec
exactitude l'emplacement de VAra pacis. L'auteur
examine les résultats de ces fouilles, et en utilisant
les restes de sculptures retrouvés, il donne une res-
titution du monument.
— Le Cima da Coneyliano de Casiglio, aie Brera,
par G. Fbizzoni : il s'agit d'une grande composition
représentant une Vierf/e et des saints, exécutée pour
l'église d'Oderzo, en Vénétie, entrée une première fois
au Brera sous la domination napoléonienne, déposée
en 1851 dans l'église paroissiale de Casiglio (Brianza),
et rentrée en 1906 au musée Brera, grâce aux soins
de M. Corrado Ricci — ce dont il faut se féliciter, car
l'œuvre est de grande importance et éminemment
caractéristique de l'art vénitien du quattrocenlu.
— Autres articles ; Œuvres acquises pour la galeiie
nalionale moderne à l'exposition de Venise, par
U. Flebes (parmi les principales : le Voyage de la vie,
deJ.-Q. Adams ; Portrait de ma femme, par Ph. Laszlo ;
la Mère du mort, par F. Ciusa, etc.) ; — A la galerie
nationale de Rome (acquisition de deux petits ta))leaux
de Salvator Rosa et exposition de paysages anciens),
par F. IIehmanin ; — une Peinture de Cesare da Seslo,
au Brera, par G. Sinioaglia : c'est un Saint Jérôme
pour lequel l'artiste avait fait des études dessinées,
aujourd'hui conservées à l'Albertine de Vienne et à
la Galerie royale de Venise.
(Fasc. 11). — Etude de M. G. Cultrera sur le Dioa-
cure de Baies, statue colossale de marbre, découverte
en 1887, et récemment acquise par l'État italien pour
le musée de Naples.
— Une Peinture vénitienne à S. Maria in Traslevere,
par G. Caktalamessa : c'est une Madone avec l'Enfant
que l'auteur attribue à Benedetto Diana.
— M. A. CoLASANTi publie et étudie un Tableau
inédit de Gentile dn Fahriano, représentant un Saint
François recevant les Stigmates, conservé aujour-
d'hui dans la collection Fornari, à.Fabriano.
— M. Peleo Bacci parle de l'Église de S. Giovanni
« Fuorcivitas « de Pistoia et des dernières restaura-
tions qu'on y a entreprises.
(Fasc. 12). — Une grande partie de ce numéro est
consacrée à une monographie, accompagnée de 12 il-
lustrations, du Vénitien Antonio 'da Solario, dit le
Zingaro ; grâce à une étude d'ensemble de l'œuvre et
aux documents nouveaux qu'il publie, M. Ettore
MoDioi.iAM est arrivé à serrer de près l'artiste et à
donner d'une façon précise des renseignements sur
son activité : sans doute né à Venise, élève de
Giovanni Bellini, la première œuvre de lui qui nous
soit parvenue (gai. de Naples), date des environs de
1490 ; on le voit travailler dans les Marches vers 1500,
à Osimo en 1503, à Milan et dans l'Italie sptentrionale
en 1506; la tète de Saint Jenn-llaptisle, récemment
acquise par l'Ambrosienne (voir précédemment le
fasc. 7 de ce Bollettino d'arte), peut se dater de 1509
à 1510, et c'est la dernière de ses œuvres qui nous soit
parvenue.
— Autres articles : les Mosaïques de Casaranello,
par A. Haselofk ; — le Don du baron Franchetti au
Bargello, par Isabella Errera (tissus anciens depuis
l'antiquité jusqu'au xviii* siècle).
ROUXANIK
Arta româneasca (1" année, n<" 1 et 2). — La
première revue d'Art roumain, lancée par M. A. D.
Atanasiu, professeur de dessin au lycée national
d'Iassy, est d'apparence modeste, mais tient plus
qu'elle ne promet, car le fonds vaut mieux que la
forme. La revue se propose de répandre des connais-
sances d'art dans la classe instruite (sic', de refléter
le mouvement artistique universel, de faire connaître
les artistes nationaux, de travailler à la réforme de
l'enseignement des arts, à la conservation des objets
d'art du passé, au développement des motifs roumains
en peinture, architecture, musique, etc. Ce premier
numéro double est consacré à une enquête sur l'état
actuel des arts en Roumanie. Les réponses dénotent
en général un optimisme facile et une information
trop peu avertie. — M. M.
Le Gérant : H. Dknis.
Ptrii. — Imp. G«ar(e< Helît, 12, nie Uodot-de-Mauroi.
Numâro 376.
Samedi 21 Mars 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Savoir refuser
K
Un collectionneur mourait, ces temps derniers,
à Londres, qui voulut assurer une concession à
perpétuité aux plus précieux objets de sa galerie :
vous entendez bien qu'il les légua aux musées
de son pays.
Mais comme il s'agissait en l'espèce d'une
demi-douzaine de violons de la plus célèbre
provenance, le conseil des musées n'a pas cru
devoir accepter le legs, jugeant avec beaucoup
de raison qu'un Stradivarius ou un Guarnerius
est fait pour être joué, ne peut que gagner à être
joué et n'offre pas grand intérêt à figurer dans
une vitrine de musée.
Voilà qui est d'un bon exemple.
Certes, il ne faut décourager aucune bonne
volonté, mais il est bien permis aussi de se
défendre contre les fantaisies posthumes ou les
générosités illusoires de certains donateurs, trop
portés à considérer le musée de leur ville comme
le réceptacle obligé des objets les plus disparates.
En fait, les violons du collectionneur anglais
n'auraient guère été moins déplacés, dans une
vitrine du Itritish Muséum, que ne l'est le collier
de perles de M"" Thiers au musée du Louvre :
l'.inalogie est même d'autant plus frappante que,
comme les violons, les perles gagnent, si l'on
peut dire, à être portées, et qu'elles représentent,
elles aussi, une petite fortune immobilisée sans
aucun profit poTir les visiteurs.
Moralité : il est certains cas oi'i il faudrait
savoir refuser.
On éviterait ainsi pas mal de mécomptes et de
laissés pour compte, surtout en ce qui concerne
les musées de province ; et, en montrant qu'on
^a le droit d'être difficile, on rendrait hommage
ux amateurs éclairés, qui savent très exacte-
ment ce qui manque à nos collections et qui
n'ont point de cesse qu'ils n'en aient person-
nellement comblé les lacunes.
i
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Légion d'honneur. — Par décret en date du
10 mars, M. Gustave Rives, architecte en chef des
bâtiments civils à Paris, est promu commandeur de
la Légion d'honneur.
— Ont été promus ou nommés dans l'ordre de la
Légion d'honneur, à l'occasion des expositions inter-
nationales de Milan, Tourcoing et Amiens (décret du
13 mars) :
Au grade d'offlcier : MM. Henry Lapauze, conserva-
teur du Palais des beaux-arts de la ville de Paris;
Uoger Sandoz, joaillier-bijoutier;
Au grade de chevalier : MM. Besdel, architecte ;
Hliault, architecte; Carteret, éditeur d'art à Paris;
Uesfossés, directeur du Monde illustré; Falcou, chef
des services d'architecture de la Ville de Paris ; L.-H.
Henry, fabricant de bronzes et de porcelaines d'art ;
U. Jabœuf, fondeur d'art; G. -A. Grau, artiste peintre;
H. Laurens, libraire-éditeur; Mainguet, imprimeur-
éditeur; A. Risler, orfèvre d'art; J.-P. Templier,
joaillier-bijoutier.
— Parmi les décorations accordées à l'occasion des
expositions de Milan, Dusseldorf et Mannheim {Offi-
ciel du n mars), nous relevons le nom de M. IL-
Ch.-B. Guillaume, architecte à Paris, nommé chevalier
de la Légion d'honneur.
Académie des beaux-arts (séance du 7 mars).
— M. Daumet rend compte des fouilles que poursuit
à Rome un des pensionnaires de la Villa Médicis, pour
l'établissement d'un plan en relief de la Rome an-
tique. Ce travail, subventionné par le sous-secrétariat
d'État des beaux-arts et l'Académie des inscriptions
et belles-lettres, constituera un document très pré-
cieux pour les archéologues et les historiens.
(Séance du 14 mars). — Sont admis au concours
définitif pour le grand prix de Rome d'architecture :
M.M. Boutterin, Maurice Durand, Gautruche, Wallez,
Migeon, Marrast, Louis Moreau, Mahieu, Broussois et
Willeminot.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 13 mars). — M. Homolle exprime les
remercieriients du musée du Louvre pour les collec-
tions que M. Chavannes, missionnaire de l'Académie,
a rapportées de Chine et ollertcs à notre grand mu-
90
LE BULLETIN DE L'ART
sée, ainsi que pour le « Trône d'Astarté», offert par
le P. Konzevalle.
— M. le marquis de Vogiié donne lecture d'une
lettre de M. Clerniont-Ganneau, fournissant d'intéres-
sants renseignements sur ses recherches et ses
fouilles à Éléphantine.
— M. Héron de Villefosse dépose sur le bureau le
procès-verbal du Congrès tenu à Carcassonne et à
Perpignan en 1906, par la Société française d'archéo-
logie, dont M. Eugène Lefèvre-Pontalis a dirigé la
publication.
Musée du Louvre. — La commission d'achat du
musée du Louvre a décidé l'acquisition, au prix de
25.000 francs, d'un tableau du Greco : le Christ en
croix avec les donateurs Diego et Antonio Covarriihias.
Ce tableau avait été donné en 1869 à la ville de
Prades (Pyrénées-Orientales), par M. Isaac Pereire. 11
fut placé dans la salle d'audience du tribunal civil de
cette ville et servait aux prestations de serment.
Il y a deux ans, une circulaire du ministre de la
Justice ayant ordonné l'enlèvement des christs de
fous les prétoires, le tableau du Greco fut transporté
du tribunal à l'hôtel de ville de Prades et déposé dans
un coin du cabinet du maire.
M. Paul Lafond, conservateur du musée de Pau,
ayant vu le tableau il y a quelques mois, en offrit
30.000 francs comptant. Mais le sous-secrétaire d'Etat
aux beaux-arts fit classer le tableau comme objet
d'art historique : il était désormais impossible de
vendre le Christ en croix, sauf à l'État.
C'est alors qu'avec l'agrément de l'administration
de» beaux-arts, la municipalité pradécnne proposa
le Greco au musée du Louvre pour la somrne de
30.000 francs, somme qu'elle consentit à réduire à
25.000, sur demande de la commission.
• — En même temps que ce tableau du Greco, le
Louvre vient d'acquérir pour ses galeries de sculpture
de la Renaissance un bronze de l'école de Venise du
XVI' siècle, le Tireur d'éjiine.
Il s'est d'autre part assuré la possession d'une
pièce unique pour sa section dos antiquités : un
trône phénicien connu sous le nom de Trdne
d'Astarté.
Musée du Luxembourg. — Les architectes éla-
borent leurs plans en vue de la transformation pro
chaîne de l'ancien séminaire de Saint-Sulpice en un
musée, où doivent être transportées, on le sait, les
collections de peinture et de sculpture du Luxem-
bourg. D'autre part, on s'occupe de la décoration
artistique dont se complétera cette transformation
architecturale. C'est ainsi que deux commandes
importantes ont été déjà faites aux sculpteurs Injal-
bert et Itodin ; le premier exécutera les bas-reliefs de
la porte monumentale du nouveau musée et le second
la décoration de l'une des salles principales.
Musée GaUiera. — L'exposition de la toile im-
primée fermera «es portes à la lin de ce mois.
Musée de 'Versailles. — M. Pierre de Nolhac
vient de faire, pour le musée de Versailles, une acqui-
sition des plus intéressantes. C'est celle d'un tableau
représentant Camille Desmoulins assis à sa table de
travail et à qui sa femme Lucile montre son fils, le
petit Horace, gros enfant tout nu et qui s'ébat aux
bras de sa mère. Ce tableau, qui était resté jusqu'ici
ignoré, est d'un élève de David qui travailla chez
Camille Desmoulins. Il est exposé provisoirement au
rez-de-chaussée, parmi les dernières acquisitions du
musée, en attendant le remaniement prochain des
salles consacrées à la Révolution.
Musée de Dijon. — La ville de Dijon vient d'être
autorisée par le Conseil d'État à accepter les legs à
elle fait par M"* Grangier, au nombre desquels
figurent un certain nombre d'objets d'art. Une salle
spéciale sera réservée à ces objets, au premier étage
de la tour de Bar. Rappelons que les jirincipales
curiosités de cette salle seront plusieurs portraits de
Prudhon, notamment celui de M"" d'Arestel (1796), et
deux excellents portraits au pastel de Claude Hoin
représentant le peintre dijonnais et sa femme.
Société des Antiquaires de France (séance du
12 mars). — M. Adrien Blanchet fait une communi-
cation sur deux figurines de bronze antique, l'une
représentant un pygmée portant la caugue, l'autre
figurant un homme enveloppé dans un manteau.
— M. Eiilart communique divers documents te
rapportant à un certain nombre d'objets d'orfèvrerie
toulousaine du seizième siècle, à lui adressés par
.\1. Roux, architecte à Foix: il fait d'autre part le
commentaire d'une croix processionnelle, découverte
par l'abbé Cau-Durban, à Aulignac, et portant une
inscription talismanique.
— M. Monceaux fait une communication sur un
bouton d'amphore, découvert à Bou-Grara, par
M. Merlin et portant une inscription mystérieuse sur
laquelle .M. Cagnat présente des observations.
— Enfin, M. Ch. Ravaisson, comparant les tètes
d'amours des collections de Bioncourt et Somzéc,
a indiqué qu'il y voyait des répliques des œuvres de
Praxitèle et de Lysippe.
Le legs Edmond Rousse. — M. Edmond Rousse
de l'Académie française, décédé l'an dernier, a légué :
à l'Académie, un médaillon du duc d'Aumale, par
C.haplain, monté en argent sur socle de marbre
rouge ; à l'ordre des avocats, son portrait par Jalabert,
et son médaillon en marbre, plus une somme de
10.000 francs ; nu musée du Louvre, une cire de
C.lodion, S;/mj)/iex et satyres.
Les Salons. — Le vernissage du Salon de la So-
ciété nationale aura lieu le mardi 14 avril; ouverture
au public, le mercredi 15. L'exposition rétrospective
des portraits qui doit avoir lieu à Bagatelle, sera
inaugurée dans la première quinzaine de mai.
A Nancy. — L'administration des Beaux-Arts a
fini par s'émouvoir du dommage qu'allait causer .i la
ANCIEN ET MODERNE
91
place Stanislas le projet de reconstruction du théâ-
tre de Nancy (voir les n"* 366 et 373 du Itulletin). Le
service des monuments liistoriques a demandé au
maire communication des plans du théâtre aux fins
d'examen, la place Stanislas étant classée.
Mieux vaut tard que jamais, dira-t-on. Mais quelle
singulière époque que celle-ci, où l'on a chaque jour
besoin de rappeler leur devoir à ceux qui sont chargés
de faire respecter les monuments historiques, et où
l'Administration ne se décide à agir qu'à la dernière
extrémité... quand elle se décide !
A Berlin. — On raconte qu'à sa première visite à
l'Exposition des chefs-d'œuvre de l'école anglaise
(voir le n° 314 du liullelin), l'empereur, rendu atten-
tif aux 900.000 marks d'assurances du seul Blue boy
de Gainsborough, s'écria : « Donnerwetter, laites au
moins attention qu'on ne vole rien ! Ne préféreriez-
vous pas avoir un poste ?
Et depuis lors, la troupe, fusil chargé, surveille le
bâtiment et fait des rondes de nuit. — M. M.
— M. von Tschudi, directeur de la Galerie nationale
de Berlin, vient de demander un congé d'un an, pour
raison de santé. Si l'on en croit les bruits qui circu-
lent, ce ne serait là qu'un prétexte destiné à mas-
quer ofliciellement une retraite définitive : M. von
Tschudi ne reprendrait jamais plus son poste. 11
aurait commis la faute, que d'aucuns jugent impar-
donnable, d'avoir montré un goût trop éclectique,
d'avoir ouvert la Galerie nationale aux artistes étran-
gers, et notamment d'y avoir fait une trop large
place aux artistes français.
A Dachau. — La Société du musée de Dachau,
dont le but est de constituer sur place une galerie
d'oeuvres des peintr.es qui ont vécu et travaillé dans
ce Barbizon de la Bavière, fera coïncider la fondation
de ce musée avec les fêtes des 1.100 ans d'existence
de la petite ville et du 900" anniversaire de sa réu-
nion à la maison des Witteisbach. — M. M.
A Munich. — Il résulte de la discussion entre
M. Manuel Wielandt elle U' Hans Buchheit, au sujet
des tableaux d'empereurs romains peints par Titien,
récemment découverts, que l'inventaire de Fickler,
en 1 598, établit la présence, dans la résidence, de cette
série de portraits, mais en tant que copies; que l'in-
ventaire de 162'), terminé en 1632 et célèbre par son
exaclitude, ne les mentionne plus; que B. Pistorini
les signale de nouveau en 1644, comme ornant l'es-
calier impérial au château ; donc que ces nouvelles
peintures avaient dfi être achetées par le prince-élec-
teur après 1636, époque où elles ont disparu de
Mantoue. — M. M.
A Weimar. — Le grand-duc a acquis, pour la
somme de 30.000 marks, la collection de monnaies
du D' Spitzner, à Dresde, une collection complète des
monnaies de l'époque de la Réforme. Elle prendra
place dans le musée grand-ducal dès que l'aménage-
ment intérieur des salles sera terminé. — M. M.
A Londres. — La National Gallery vient de rece-
voir quatre nouveaux tableaux légués par M. Henry
Callcott Brunning : Intérieur .d'ér/lise , Vêpres et
Après Vêpres, de P. Neetis ; et Intérieur d'une église
gothirjue, de II. Steenwyck. — A. T.
A Edimbourg. — La National Gallery d'Edim-
bourg s'est enrichie d'une Adoration des Mages, de
l'école de Vienne ; d'un Christ sur la route du Cal-
vaire, de l'école de Benozzo Gozzoli ; de la Halle, de
I. Van Ostade, et du Jeune Iloliémien, du regretté
Thomas Graham. — A. T.
Nécrologie. — Un des doyens de la peinture con-
temporaine, le peintre et lithographe Victor Loutrel,
vient de mourir à Paris, âgé de 87 ans: né à Rouen,
il fut l'élève de Mouilleron et commença d'exposer au
Salon, à partir de 18.52, des lithographies d'après un
grand nombre d'artistes, notamment de peintres fran-
çais modernes; il exposa à partir de 1861 jusqu'en
1880 deslithographies originales et aussi des peintures
— M. Joseph Illavka, président fondateur de l'Aca-
démie tchèque des sciences, belles-lettres et beaux-
arts, vient de mourir. Hlavka, qui était architecte, a
construit de nombreux édifices en Bohème et en
Autriche, dont l'Opéra de Vienne et plusieurs palais.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
Collection Jules Cronier (tableaux). —
Nous avons déjà signalé les principaux résultats
de la première vacation de cette vente faite
galerie Georges Petit, les H et 12 mars, par
M«' Lair-Dubreuil et Henri Baudoin, et MM. Ar-
nold et Tripp. La seconde journée a donné lieu
également à quelques belles enchères, parmi
lesquelles nous noterons tout d'abord les 32.000
francs obtenus par le Corot, la Ferme du Grand
Chaume, à Étretat, sur la demande de 30.000 fr.,
et les 17.000 francs de l'autre Corot, Batelier près
92
LE BULLETIN DE L'ART
de la rive, le soir (demande, Ib.OOO francs).
Le Charles Jacque, Bergère gardant ses moutons,
a réalisé juste le prix de la demande, soit
30.000 francs. Gros succès pour les Harpignies,
comme on le verra par la liste de prix que nous
donnons ci-après.
Des plus-values notables sont encore à retenir
du côté des Ziem : le Quai des Esclavons et le
palais des Dogei, adjugé 1.3.ii00 francs (demande,
8.000 fr.) ; Venise, Bragosi Forcolcnte, 10.000 fr.
(demande, S.OOO fr.).
Dans la catégorie des tableaux anciens, une
seule enchère àsouligner, celle de 7.600 francs,
obtenue, sur la demande de 2.b00 francs, par le
tableautin les Buveurs, donné dans le catalogue
comme de Frans Hais, mais vendu comme sim-
plement de l'école de ce maître.
Le produit total de la vente s'est élevé à
664.950 francs.
PRINCIPAUX PRIX
Tableaux modebnes. — 1. Bonvin. Peines de cœur,
1.000 fr. — Bouché : 4. La Route du village, 1.200 fr.
— 7. La Rentrée du troupeau, 1.000 fr. — 8. Le Pas-
seur, 1.750 fr. — 9. Moutons au pâturage, 2.300 fr. —
11. La Rentrée du troupeau, 2.600 fr.
14. Boudin. Port de mer, 2.280 fr. — lu. Chaplin.
Elude pour un plafond, 1.300 fr.
Corot : 18. Pêcheur amarré à la rive, 39.100 fr. —
19. La Ferme du Grand-Chaume, à Ëtreiat, 32.000 fr.
— 20. Pré au bord d'un étang, 17.900 fr. — 21. Bate-
lier près de la rive, le soir, 17.000 fr. — 22. Le l'ont
de Mantes, 13.600 fr.
Dauhigny : 23. Le Soir au lias-Meudon, 10.100 fr. —
24. Soleil couchant, 2.950 fr. — 25. Le Chemin à tra-
vers bois, 5.000 fr. — 26. La Mare du hameau, i.lOO fr.
27. iJaumier. Les Chantres au lutrin, 4.4C0 fr. —
28. Decamps. L'Ëtang dans la vallée, 3.600 fr.
Diaz : 29. Sous bois, 10.000 fr. — 30. Femmes orien-
tales sous bois, 8.000 fr.
Jules Dupré : 31. La Mare, 11.500 fr. — 32. Le Vieux
pont, 34.000 fr.
33. Fantin-Latour.Baii/neuse au cfcnV(/e/«»ip, 4.000 fr.
Harpignies : 34. Hérisson, 6.100 fr. — 35. La Rour-
boule, 2.300 fr. — 36. i'n Chemin vert à Saint-Privé,
2.850 fr. — 37. Hérisson, 2.000 fr. — 38. Pont à Héris-
son, 3.700 fr. — 39. Lever de lune, 3.500 fr. — 40.
Route à travers la campagne, 3.000 fr. — 41. ta Loire,
]irès llonny, 7.100 fr. — 42. Cours d'eau dans un pay-
sage boisé, 3.100 fr. — 43. Saint-Privé, 3.950 fr. —
44. Vuejirise à Antihes,Ue Suinte-Marguerite, i.dOO tr.
— 45. I.a Loire à Rriare, 20.000 fr. — 46. Un aulne,
environs d'Hérisson, 20.000 fr. — 47. Lisière de bois au
bord de la Loire, 18 000 fr. — 48. Ëtang près de la
Loire, 3.600 fr. — 49. L'Allier, 20.000 fr. — 51. Ruines
du château d'Hérisson, 5.800 fr.
51. Henner. Tête de jeune fille, 3.600 fr.
E. Isabey : 52. L'Arrivée des invités, 11.100 fr. —
53. Marine : navire naufragé, 3.400 fr. — 54. La Prière
à la Madone, 10.200 fr.
Ch. Jacque : 55. Cog et poule, 1.900 fr. — 56. Coq et
poule, 1.900 fr. — 57. Moulons au pâturage, 10.200 fr.
— 58. Poules et coq, 3.150 fr. — 59. Bergère gardant
ses moutons, 30.000 fr.
Jongkind : 60. Moulins à vent en Hollande, 5.800 fr.
— 61. La Vieille ferme, 6.050 fr. — 62. Moulin à vent,
près d'une ferme en Hollande, 4.800 fr. — 63. Le Pont
de Bercy, 6.400 fr. — 64. Clair de lune sur un canal,
5.200 fr. — 65. Les Patineurs, 2.560 fr. — 66. Bateaux
de pêche, à Scheveningue, 2.450 fr. — 6". Hon/leur,
marée haute, 3.000 fr. — 68. Lever de lune sur un
iiinal en Hollande, 2.820 fr. — 69. Rivière au clair de
lune, environs de Rotterdam, 5.000 fr.
70. Lhermitle. La Jeune mère, 13.900 fr. — 72. Th.
Uibot. Les Marmitons, 2.100 fr. — 74. Tassaert. Les
Délaissés, 1 .360 fr. — 73. Vollon. Effet de neige, 1 500 fr.
Ziem : 76. Le Port de Marseille, 16.800 fr. — 77. Le
Quai des Esclavons et le palais des Doges, 13.500 fr.
— 78. Le Grand Canal, à Venise, 2.500 fr. — 79. La
Vignole [Venise), 10.700 fr. — 80. Environs de Sice,
1.680 fr. — 81. Venise, Rragosi Forcolenle, 10.000 fr.
— 82. Vue de Cunstantinople, 4.000 fr. — 83. Vue de
Sainte-Sophie, à Constantinople, 3.600 fr. — 84. Soleil
levant derrière le palais des Doges, à Venise, 8.020 fr.
Tableaux anciens. — 87. J. Fyt. Chat, gibiers divers,
oiseaux, etc., 4.100 fr. — 88. J. van Goyen. L'Hiver en
Hollande, 1.200 fr. — 89. École de Fr. Hais. Les Bu-
veurs, 7.600 fr. — 90. W. van Mieris. Le Jugement de
Paris, 2.800 fr. — 91. A. Moru. Portrait de femme,
1.680 fr. — 92. G. Netscher. Jeune femme et perroquet,
3.500 fr. — 93. A. van Ostade. Intérieur rustique,
4.000 fr. — 93. P. v(in Stingeland. Femme et enfant,
3.100 fr. — 96. D. Teniers. Chaumière au bord d'une
rivière, 6.900 fr. — 97. Le Joueur de cornemuse,
4.000 fr. — 98. Intérieur de cuisine, 2.700 fr.
Aquaiielles, pastels et dessins. — 101. Harpignies.
Le Can7iet, pont sur un ravin, 1.250 fr. — 102. Le Pont
Marie à Paris, 1.300 fr. — 103. Le Cannet, vue prise
de la villa des Michels, 1.120 fr. — 108. La Loire à
Briare, 1.630 fr. — 114. ta Tremellerie, 3.200 fr.
L. Lhermitte : 120. La Fileuse normande, 5.300 fr.
— 121. La Petite gardeuse d'oies, 6.500 fr.
Ziem : 122. ta Dogana, à Venise, 6.800 fr. — 123.
Le Rosphore, 6.400 fr.
Objets d'art, etc. — l.ne vente anonyme,
faile salle 6, les 13 et 14 mars, sous la direction
de M= Lair-Dubreuil et de MM. Paulme et Lasquin,
et (jui avait fait l'objet d'un catalogue illustré, a
produit 95.423 fr. et donné lieu à quelques
enchèresdont il suflira d'indiquer les principales.
Un Portrait de femme par Aved a été adjugé
4 000 francs, sur la demande de 5.000, et le
Portrait du comte d'Argenson, par Huet, n'a pas
ANCIEN ET MODERNE
93
dépassé 1.130 francs. Deux dessins par Delafosse,
le Péristyle et le Salon de danse, estimés S, 000 fr.,
ont été vendus 4 600 francs. La Promeneuse,
gouache par Fragonard, a réalisé 1.590 francs;
un dessin par Clodion, Enfants bacchants, 2.300
francs, et deux gouaches par Louis Moreau,
Paysages, n'ont atteint iju'à 3.800 francs, sur la
demande de b.OOO fr. Une miniature, Portrait de
jeune lille, par hall, est montée à 6.600 francs;
une autre miniature par Fragonard, les Amours
champHres, 1.700 fr. (demande, 2.000 fr.).
Parmi les objets d'art et divers, nous notons :
— Pendule époque Louis XV, bronze doré et
ciselé, à rocailles et feuillages, socle portant
l'estampille de l'ébéniste Saint-Germain, 5.460 fr.
(demande, 6.000 fr.). — Cheminée en marbre
blanc, ép. Louis XVI, 2.200 fr. — Cadre en bois
sculpté par Solaro, ép. Louis XVI, 1.000 fr. —
Glace avec cadre en bois sculpté, ép. Louis XVI,
décoré d'un cartouche aux armes de France,
1.080 fr. — Armoire en noyer sculpté du xviii* s.,
1.050 francs.
Atelier Louis 'Watelin. — Cette vente, de
composition un peu monotone, n'en a pas
moins obtenu des résultats fort honorables.
Notons : 4. Vache blanche dans Veau, 2.550 fr.
— 2. Mare de l'Aigrette, 1.400 fr. — 26. Vache
blonde, 1.000 fr.
Les autres tableaux se sont vendus entre 80 et
700 francs.
Environs de Paris. — A Bellevue. — La
vente faite à Bellevue, le i" mars, par M" Nicolle
et M. Billeu, n'a guère présenté comme prix
notables que les suivants : Suite de quatre tapis-
series d'Aubusson, ép. Louis XIV, à sujets allé-
goriques,16. 500 fr. — Ziem. Le Grand Canal, à
Venise, 3.200 fr. — Ilarpignies. Étude, 790 fr. —
Ary Scheffer. L'Aveugle, 2.200 fr.
'Ventes annoncées. — A Paris. — Objets
de la Chine et du Japon. — M" Lair-Dubreuil
et M. Bing dirigeront, salle 7, du 23 au 25 mars,
une vente d'objets d'art, peintures et estampes
du Japon et de la Chine, provenant de diverses
cuUeclions.
Dans le catalogue illustré dressé à l'occasion
de cette vente, nous remarquons en particulier :
des estampes de Kiyomitsou et de Harunobou,
de Kiyonaga et d'Oulamaro ; des vases-balustres
en céramique de Chine, émail vert, datant de la
dynastie des Ilan ; une peinture sur papier.
Jeune femme se faisant coiffer par une servante.
panneau attribué à Morochigé ; un autre panneau,
Jeune femme et suivante, d'après Matahei ; quatre
portes à glissière, décorées, sur papier, d'une
famille de singes sur un pin, peinture signée par
Sosen, — parmi maintes autres productions en
tous genres des arts de l'Extrême-Orient.
Tableaux anciens et modernes. — Une
vacation qui promet d'être intéressante, c'est
celle que dirigeront, salle 6, le lundi 23 mars,
M« H. Baudoin et M. J. Ferai.
Une catalogue illustré nous permet de juger
par avance d'un certain nombre de numéros,
lels que : le Parc, aquarelle gouachce, par Hoin,
dans la catégorie des dessins, et, du côté des
peintures, une page importante de Corot : Diane
et Action, signée et datée 1836, et un Diaz, les
Baigneuses.
Le contingent des tableaux anciens est autre-
ment nombreux, et nous remarquons : la Répri-
mande, par M"« Gérard ; le Portrait de M""" A'...,
présumée dame d'honneur de Marie-Antoinette,
par Greuze ; un Portrait d'homme et un Portrait
de jeune femme, deux pendants, par Heinsius ;
la Peinture et la Sculpture, deux panneaux déco-
ratifs se faisant également pendant, par Lagrenée ;
le Portrait de Lefebvre d'Ormesson, par Rigaud ;
l'Inondation, par Hubert-Robert, et un Palais,
par le même maître; un Portrait déjeune femme,
par Shee ; la Musicienne, par Tiepolo; un Portrait
d'homme, par Vestier ; un Partirait de jeune dame
et un Portrait d'homme, deux pendants, par
C. de Vos ; le Portrait de Jacobs Olfertsz de Jonck
et le Portrait de la femme de Jacobs Olfertsz de
Jonck, deux pendants, par Jacques Wabbe ;
enfin, parmi les ouvrages anonymes: un Portrait
d'une dame de qualité, peinture espagnole du
xvii= siècle.
— La vente de l'Atelier du peintre Hermann
Léon, l'animalier bien connu, récemment décédé,
aura lieu salles 10 et H, les 24 et 25 mars, sous
la direction de Mes Oudard et Desaubliaux, et de
M.M. Chaîne, Simonson et Mannheim.
— La vente de l'Atelier du peintre Dameron,
fixée aux 7 et 8 avril, sera dirigée par M« André
de Gagny et MM. Paul Simons, Arnold et Tripp.
Sans indication de date, on parle :
— Pour les premiers jours d'avril, d'une vente,
faite par M« Lair-Dubreuil, de très importantes
tapisseries des Gobelins, de Beauvais et d'Au-
busson ;
— Et d'une série de ventes, quatre ou cinq,
94
LE BULLETIN DE L'ART
échelonnées en mai et juin, siius la direction de
M" Baudoin et de M. Bizouard, qui dispersera
la Collection de feu M. Gerbeau (estampes du
xviiie siècle, porcelaines de Chine, objets d'art,
meubles, tableaux).
11 convient d'ajouter encore les ventes sui-
vantes pour lesquelles M" Lair-Dubreuil prend
date :
— Du 31 mars au 3 avril, Collection Barboutau,
objets d'art de la Chine et du Japon. — Le cata-
logue illustré de celte vente est déjà distribué ;
nous en rendrons compte dans notre prochaine
chronique.
— Le 6 avril, importantes tapisseries et objets
d'art (MM. Paulme et Lasquin, experts).
— Le 7 avril, salle H, tableaux modernes et
bronzes de Barye.
— Le 8, salle H, tableaux anciens (M. Sortais,
expert).
— Le 9, salle 7, troisième vente de la collection
Eugène Lefebvre.
— Le H, salle 6, tableaux.
— Le 13, objets de vitrine, gravures, tableaux
(MM. Paulme et Lasquin, experts).
— D'autre part, M^ Baudoin et M. Danlos
annoncent, pour les 31 mars, 1" et 2 avril, une
vente de belles estampes en noir et en couleurs
des écoles françaises et anglaises des xvii= et
xviii° siècles.
M. N.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Exposition de peintres et de sculpteurs
(Galeries Georges Petit). — La neuvième année
de l'ex-Société nouvelle. Une exposition de choix :
vingt-trois exposants dont cinq sculpteurs; envi-
ron cent trente ouvrages, en comptant les numé-
ros non catalogués : le premier Salon catalogué
de 1673 ou le Salon de 1740, n'en montrait pas
davantage, et ce n'est que le prélude ou le rac-
courci de nos Salons prochains du printemps '.
Paisible ensemble, sans ciiefs-d'œuvre, et qu'on
dirait déjà vu, «sous la présidence d'Auguste
llodin «^portraitiste ou visionnaire, opposant le
marbre calme d'un buste {M. Pu/t<zer), au bronze
inquiétant d'un groupe {le Sculpteur et sa muse),
déchiqueté comme un fragment de lave... La
muse du sculpteur Lagare est plus sage ; celle
du prince Troubetzkol plus nerveusement in-
time; celle de M.M. Gaston et Lucien Schnegg de
plus en plus archaïque. Résumé des tendances
contemporaines, le peinture ne manifeste pas
moins les grandes qualités et les petits défauts
de notre école reconstituée sur les déchets de
l'impressionnisme : il y a vingt ans, ici-même,
l'humoriste Buhot, qui signait Pointe-Sèche, aper-
cevaitpartoutl'intrusiondc la palette américaine:
elle se contente aujourd'hui de servir la virtuo-
sité de M. Sargent, (Portrait de ladij Sassoon) le
maniérisme de M. de la Gandara, la délicatesse
de M. Morrice qui voit sans emphase le Soir à
Venise. Nos peintres ont sauvegardé le goût,
c'est entendu; mais les exigences de la vie, qui
s'américanise, les obligent à produire beaucoup,
à se répéter un peu.
Miroir de la vie comme le théâtre, la peinture
actuelle adore le bibelot, et c'est le triomphe
nouveau de M. J. Blanche, en ses intérieurs éclairés
par la blancheur des housses. Notre érudition se
plaît aux beaux vitraux de M. Lobre, aux natures
mortes chardinesques de M. Zacharian, au Salon
rouge de M. Prinet, qui déroule le voile vert de
l'élégante au vent des plages. Plus apprêté que
les Singeries sentimentales de M. La Touche, le
féminisme le plus moderne accentue l'antithèse
entre le charme endolori de M. Aman-Jean et
le Soir voluptueux de M. Besnard. Longtemps
enveloppée d'une atmosphère de crépuscule ou
de théâtre, la nature oppose les ardeurs méri-
dionales de M. Henri Martin, les silences flamands
de M. Duhem, les rêves blonds ou bleus de
M. Le Sidaner, à la Bretagne moins vaporeu-
sement vue par l'ampleur de M. Cotlet, par la
précision de M. Dauchez, par la délicatesse de
M. LImann, par le nouvel effort lumineux de
M. Lucien Simon, puissant observateur ou por-
traitiste élégamment paternel. Et, pastelliste
(idèle à la beauté grecque, M. René Mcnard
demeure le plus librement classique de tous, en
estompant au milieu de toutes les atmosphères
la dent homic-idc du Gervin.
Peintres-graTeurs humoristiques (exposi-
tions diverses^ — De Daumier chez Blot) à
M. Bernard Boulet de Monvel (chez Dcvambez),
sans oublier les mélancoliques eaux-fortes en
couleurs ou les aquatintes amusantes d'une
jeune Russe de Moscou, M"« Elisabeth Krougli-
cofT |à la galerie d'Art décoratif).
Au début de 1808, quand mourait le Parisien
Hubert Robert, le Marseillais Honoré Daumier
venait de naître : à la vue spirituelle des monu-
ANCIEN ET MODERNE
95
ments qui durent allait succéder l'àpre satire
des humains qui passent ; et cela génialement,
avec des dons de style ou de palette qui ont fait
prononcer les noms de Michel-Ange ou de Tin-
toret, eu crispant l'idéal de plus d'un chercheur
moderne I Assagi par le souvenir de l'estampe
anglaise, M. Bernard Boutet de Monvel évoque
plus archaïquement le passé de la merveilleuse,
la lionne, la lorette et leurs soupirants, capri-
cieux comme leurs modes, à travers les ans du
siècle dernier.
Raymond Bouyer.
ifC 3p Tfl 1p 3(t ï|C ^ 3p 7p 3p ^ 1p 5t*7|C^^'JC'p'|C7p'I''F
DÉCOUVERTE
de soixante-huit lettres inédites
de Michel-Ange
Il y a quelques jours, un chercheur qui tra-
vaillait dans les dossiers des archives Spinelli,
que possèdent à Florence, au n" 14 du Lungarno
délie Grazie, le comte Luciano Rasponi-Spinelli et
son frère Carlo, a rais la main sur soixante-huit
lettres de Michel-Ange à Vasari, — correspondance
de premier intérêt, comme on voit, et par l'au-
teur de ces lettres et par celui à qui elles étaient
adressées.
« La première conséquence de la découverte,
dit M. Alberto Lumbi-oso qui raconte la chose dans
la Rii'ista di Itoma du 10 mars, a été... l'immé-
diate expulsion, courtoise mais ferme, du cher-
cheur, — les comtes Rasponi voulant naturelle-
ment se réserver la primeur de la publication ».
Dans cette intention, l'un des propriétaires s'est
rendu à Rome pour avoir une entrevue avec
le professeur de l'Université Royale, Giuseppe
Tomasetti et s'entendre avec lui sur la publication
intégrale de ces lettres de Michel-Ange. Elles
seront publiées dans une édition de format et
de caractères identiques à ceux de l'édition des
lettres déjà publiées par l'éditeur florentin Le
Monnier en 18";), sous le titre : le Lettere di
Michelangelo Buonarroti, pubblicate per cura di
Gaetano Milanesi — et non pas, comme l'ont
annoncé plaisamment les journaux, par l'éditeur
Gaetano, à Milan — avec des numéros bis, permet-
tant à ceux qui auront l'ancienne et la nouvelle
publication de rapprocher les documents déjà
rcnnus de ceux qui viennent d'être découverts.
« H n'est pas probable, dit encore M. A. Lum-
broso, que parmi les nouveaux autographes, il
y en ait qui n'aient pas été déjà employés par
Vasari dans ses pages sur l'illustre maître; mais,
en tout cas, l'édition diplomatique du texte pourra
servir à établir de quelle façon Vasari mettait en
œuvre les documents qu'il avait recueillis, et à
donner aux amateurs d'histoire de l'art un docu-
ment inespéré d'une valeur inestimable ».
Voilà pour M. Romain Rolland, le dernier bio-
graphe de Michel-Ange, l'ample matière d'un
chapitre tout neuf, quand il donnera une nou-
velle édition de son excellent volume des Maîtres
de l'art.
LES REVUES
France
Art et décoration (janvier). — Un excellent article
de M. M. -P. Vf.kxeuil, à recommander à ceux qui sont
curieux de connaître les procédés de l'illustration
moderne : l'artiste y étudie, avec des planches à
l'appui, le procédé de gravure en trois couleurs
(similigravure trichrome), qui permet la reproduction
déjà remarquablement exacte de certaines œuvres
d'art et que l'avenir parviendra sans doute à rendre
plus parfait encore.
— La Jeune architecture finlandaise, par M. Etienne
AVENAKD.
(l'évrier). — Les collections Georges Hirntschell,
acquises par M. Pierpont Morgan, viennent d'être
olt'ertes au Metropolitan Muséum de .New-York. M. G.
BniÈRE donne un extrait du catalogue illustré de ces
collections (la partie comprenant les boiseries des
xvn" et xvin' siècles), qui paraîtra prochainement.
Autres articles : le vitrail dans l'Amérique du Sud,
par Cil. Saunieb; la tradition de la toile imprimée au
musée Galiiera, par II. Clouzot.
Revue lorraine illustrée (janvier-mars). — Au
iiiuinent oii s'ouvre à Strasbourg une exposition d'art
décoratif consacrée à l'Ecole de Nancy, ce numéro
contient une longue étude de M. Emile Nicolas, sur
l'École de Nancy, accompagnée de très nombreuses
reproductions d'après les principaux artistes lorrains :
verreries et meubles d'Emile Galle, peintures et
bijoux d'Emile Prouvé, dentelles de Courteix, verreries
de Daum, meubles de Majorelle et de Vallin, archi-
tectures d'Emile André, tentures de Fridrich, pein-
tures de lleslaux et G. Martin, vitraux de J. Gruber,
statuettes de Wittmann, de J. Cari et de Finot, grès
96
LE BULLETIN DE L'ART
flammés de la manufacture de Rambervillers, objets
d'art de Bussière et de Mougin, etc.
Revue alsacienne illustrée (1908, 1). — Biogra-
phies alsaciennes : XXII. Gustave Doré, par J. Bmnville.
— Gustave Doré naquit à Strasbourg le 6 janvier
1832 ; mais il ne tarda pas à quitter sa ville natale,
car son père, ingénieur des ponts et chaussées, devait
se déplacer fréquemment. Les hasards de cette nais-
sance alsacienne nous valent une monographie
résumée avec esprit et semée de quelques images de
l'illustrateur fantastique de la Mythologie du Rhin,
du Roland furieux, des Contes drolaliques, de la
Divine Comédie, et de cent autres œuvres, qu'il a
commentées, le'crayon en main, de si étrange et de
si pittoresque façon.
— Trois tapisseries alsacien?ies, par J. Guiffbey : il
s'agit de la Vie de sainte Odile, de sainte Attale et de
saint Adelphe (fin du xv* ou commencement du
xvi* siècle) ; les deux premières, aujourd'hui déposées
au Petit Séminaire, appartiennent à l'église Saint-
Etienne de Strasbourg ; la troisième sera étudiée
dans un prochain article.
— La tradition de la toile imprimée alsacienne, par
André Giuodie, à propos de l'exposition récemment
ouverte au musée Galliera (voir la Revue, n" de
décembre et de janvier derniers).
Bulletin de la Société pour la protection des
paysages de France (janvier). — Ce fascicule con-
tient le texte de Xa proposi lion de loi contre les abus
de l'affiche-réclame, déposé sur le bureau de la
Chambre, par M. Ch. Beauquieh, — une étude sur les
applications de la loi du 21 avril 1906, sur la protec-
tion des paysages; — des rapports de délégués sur
les sites à classer; — des notes sur la législation
étrangère en matière de protection des sites et monu-
ments naturels.
Angleterre
The Burlington Magazine (février). — M. Claude
Phillips étudie les peintures de sir Joshua Reynolds,
représentant la famille Walker-Ileneage (Mrs. Mere-
dilh, née W'alker ; Mrs. Calcraft, née Walker ; Miss
■Walker et Mr. Walker-Heneage), reproduites en hors
texte.
— Article sur la galerie d'art moderne récemment
ouverte à Dublin ; le Hulletin a eu l'occasion de
parler de cette galerie, lors de son inauguration ; on
trouvera ici la reproduction des principales œuvres
qu'elle renferme.
— Suite des notes de M. Lionel Cust sur les pein-
tures des collections royales ; second article sur la
grande pièce de Ant. van Dyck, Cliarles I" et sa
famille.
— M. Campbell Dodoson reproduit et commente un
élégant alphabet, illustré de jeux d'enfants, gravé sur
bois à Augsbourg, par Jost de Ncgker, sur les dessins
de Hans Weiditz, en 1521.
— M. HerbertCooK consacre une notice à Pacheco,
le maître de Velazquez.
Belgique
L'Art flamand et hollandais (15 février). — Suite
des articles de MM. F. Sciimiut-Deoener et "W. Steen-
iiOFF, l'un sur Adriaen lirouwer et son évolution
artistique, et l'autre sur Antoine Mauve et son temps.
Italie
Siena monumentale. — I^es fascicules II, 111 et
IV (1907) de ce supplément à la Rassegna d'arte senese,
sont consacrés à une monographie du château de
Belcaro, près de Sienne, par M. Lorenzo Pollim ;
l'étude est très abondamment illustrée : ensembles et
détails d'architecture; photographies d'intérieurs, etc.;
reproductions de peintures.
R0UM.4NIE
Junimea literara (la Jeunesse littéraire) de Czer-
nowitz (Bucovine) consacre son numéro de février 1908
(3* année, n" 2) au peintre local Eugène Maxitnoxici.
Il a exécuté des fresques dans le palais du Métropo-
litain de Czernowitz, des portraits, des scènes de genre
empruntées à la vie populaire ; mais aucune des
reproductions de ce numéro ne semble autoriser les
éloges que lui décernent les personnes compétentes,
signataires des articles. — M. M.
■Viata româneasca {la Vie roumaine), 3* année,
n° 1. — M. Tzioaha-Samlhcas continue ses intéres-
santes chroniques artistiques. Il a le grand mérite
d'avoir organisé à Bucarest, avec de faibles ressources,
un musée ethnographique dont quatre illustrations
donnent une excellente idée. Néanmoins il reste fort
à faire, et dans son article Som?nes-nous dignes d'un
musée national '' l'auteur rappelle que les musées
voisins de Sofia, de Budapest, entre autres, possèdent
déjà des sections valaques où l'on devra sous peu
aller étudier tous les objets qu'on avait jusqu'ici
négligé en Roumanie de recueillir, et dont il sera
d'autant plus difficile désorm.iis de réunir des collec-
tions complètes que le paysan roumain, ne jouissant
plus de l'aisance et des loisirs d'autrefois, ne pratique
plus que de moins en moins l'art traditionnel des
ornementations domestiques ; quant aux spécimens
anciens de cette industrie populaire, ils sont pour la
plupart perdus, détruits par le temps ou dispersés à
l'étranger, et le musée de Bucarest ne dispose que
d'une somme annuelle de 2.000 francs pour ses acqm-
sitions, tandis que celui de Sofia, par exemple, a un
budget de 20.000 francs et que les musées d'antiquités
et de zoologie roumains reçoivent l'un 9.000 et l'autre
.'il. 500 francs par an pour l'enrichissement de leurs
collections respectives. — M. M.
Le Gérant : 11. Denis.
Paru. — Imp. liaorftM Petit, 11, n>« Uadol-de-Hauroi.
Numéro 377.
Samedi 28 Mars 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Générosités américaines
Au mois de mai 1905, M. J. Stillmann, prési-
dent de la National City Bank de New-York,
désirant reconnaître les services que l'École des
beaux-arts de Paris rendait depuis de longues
années aux étudiants américains, lui fit don de
500.000 francs, « en vue de constituer une dota-
lion dont les revenus seraient employés à fonder
un ou plusieurs prix annuels, ù distribuer entre
un ou plusieurs élèves de l'Ecole, de nationalité
française » (I).
C'était là rendre un magnifique hommage à
l'excellence de notre enseignement artistique, —
et tout particulièrement de l'enseignement de
l'architecture, dont nos artistes se sont chargés
de démontrer la supériorité en remportant de
haute lutte les premières places dans tous les
grands concours internationaux, et dont profitent
chaque année un nombre de plus en plus grand
déjeunes Américains. Une fois formés dans nos
ateliers et munis de leur diplôme, ces architectes
emportent de l'autre côté de l'Atlantique, en
même temps que d'excellents souvenirs de leur
séjour en France, une solide instruction profes-
sionnelle puisée aux meilleures sources.
Tout dernièrement, le 18 mars, un groupe de
ces architectes américains, anciens élèves de
notre Ecole des beaux-arts, s'étaient réunis pour
ofl'rir un banquet au maire de New-York. Or, à
l'issue de la soirée, on remit à M. Jusserand,
ambassadeur de France aux Étals-Unis, le billet
suivant : Payez à l'ordre de M. Jusserand la
somme de 500.000 francs pour l'Ecole des beaux-
arts de l'aris.
Le signataire de ce billet, d'une concision tout
américaine, était encore M. J. Stillmann ! Inter-
rogé sur la destination de sa nouvelle largesse,
le donateur s'est borné à répondre qu'il n'y
mettait qu'une condition, à savoir : que les
1
(1) Voir le n" 259 du Bulletin.
Français fussent seuls à pouvoir en bénéficier.
On conviendra que s'il était difficile d'unir
plus de délicatesse à plus de générosité, il était
impossible de répondre avec plus d'à-propos aux
insinuations répandues sur le compte de cette
École des beaux-arts, pour laquelle les étrangers
semblent vouloir manifester d'autant plus haute-
ment leur admiration que l'on paraît plus
volontiers porté, chez nous, à médire de son
utilité et de ses mérites.
A. M.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Légion d'iïonneur. — Par décret rendu sur la
proposition du ministre des Affaires étrangères, le
docteur Pierre Bûcher, médecin à Strasbourg, est
nommé chevalier de la Légion d'honneur.
M. Bûcher dirige la Revue alsacienne illustrée, ma
gnifique publication d'art que l'Académie couronna,
il y a deux ans, du prix Marcelin-Guérin.
Académie des beaux-arts (séance du 21 mars).
— L'Académie décerne le prix Achille Leclère (archi-
tecture) dont la valeur est de 1.000 fr., à M. Albert
Laprade, élève de l'École des Beaux-Arts.
— Le prix Bordin n'est pas décerné. Après Pâques,
l'Académie s'occupera des ouvrages concernant l'ar-
chitecture qui pourraient mériter ce prix.
— Sont admis en loges, pour le grand prix de gra-
vure en médailles : MM. Fraisse, élève de MM. Cha-
plain, Coutan et Vernon ; Dropsy, élève de M. Inj.il-
bert ; Schneider, Bénard, Grandhumme et Damman,
tous quatre élèves de M. Chaplain.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 20 mars). — Après la lecture du procès-
verbal et de la correspondance, qui contient une
lettre du ministre des Affaires étranfcères informant
l'Académie que le deuxième Congrès inturnational
d'archéologie aura lieu au Caire, à Pâques de 190!),
M. Babelon, président, rappelle les titres que M. de
Boislisle s'était acquis à l'alfection de ses confrères
et à l'admiration des érudits par son énorme produc-
tion historique.
■98
LE BULLETIN DE L'ART
La séance est levée aussitôt après, en signe de
deuil.
Société des antiquaires de France. — A la
dernière séance de la Société des Antiquaires de
France, M. Héron de Villelosse a communiqué des
pièces de bronze trouvées à Kasrin, qui semblent
être des accessoires de chars.
M. le commandant Lefèvre des Noëttes a démontré
que ces objets ne pouvaient être, comme on l'a dit,
des armatures pour le passage des rênes.
— M. Marquet de Vasselot a étudié une coupe
d'émail peint de Limoges, de la collection Dutult. Il
a démontré que cet objet, attribué à Pierre Reymond,
était plutôt l'œuvre de Pierre Courteys et qu'elle
était copiée sur une composition du Primatice d'après
une gravure, et sur une gravure de J. Androuet du
Cerceau.
— Puis M. le commandant LeTèvre des Noëttes a
communiqué une étude sur les modèles et sur l'ana-
tomie du cheval dans la statue équestre du Colleone,
œuvre de Verrocchio ; il a montré que ce cheval
hybride a des tares très graves : il est ensellé, boiteux
et bon pour la réforme ! Les stries artificielles du sabot
sont une mode antique qui s'est conservée jusqu'à
Falconet et qui se rencontre aussi au Japon.
Musée du Louvre. — La salle grecque du musée
du Louvre vient d'être complètement réorganisée par
les soins de M. IJéron de Villefosse, conservateur du
département des antiquités grecques et romaines. On
avait dû enlever provisoirement les monuments
qu'elle renferme pour permettre l'exécution de tra-
vaux par le service d'architecture, et il n'a été retenu,
dans la réinstallation, qu'un certain nombre de ces
monuments plus particulièrement intéressants.
La paroi de l'est a reçu les monuments archaïques :
marbres de Thasos (monument à Apollon et aux
Nymphes, stèle de Philis, lions accroupis) ; basrelief
de Samothrace représentant Agamemnon, Talthybios
et Epeos ; bas-relief de Pharsale dit l'Exaltation de la
fleur.
Sur la paroi opposée, ont pris place les métopes
d'Olympie, la métope et la frise du Parthénon, placée
sous verre, un en-tête de stèle rapporté par l'archi-
tecte Blouet et un fragment de haut-relief ayant
peut-être appartenu à la décoration de l'un des grands
monuments d'Athènes.
Un choix de monuments votifs occupe l'embrasure
de la fenêtre du nord ; les plus remarquables des
stèles funéraires attiques, celles des fenêtres du midi,
où se trouvent aussi deux vases funéraires, le beau
lécythe de Killaron et une loutrophore ornée de plu-
sieurs personnages.
Au milieu et sur le pourtour de la salle sont la
liera de Sanios, les deux torses d'Actium, la tête
Kampin, une tête de Lapithe provenant d'une métope
du Parthénon, le torse d'Alexandre le Grand, connu
sous le nom d'inopus, la Niobide de Patras, la
Minerve avec le serpent Erichthonios, plusieurs tètes
archaïques, et la Déméter voilée, rapportée par
M. L. Ileuzcy.
Enfin, deux vitrines fixées au mur méridional ont
permis d'exposer des petits marbres jusqu'alors relé-
gués dans les armoires de la salle Clarac.
Musée de 'Versailles. — Le musée de Versailles
vient de^'enrichir des bustes de Fustel de Coulanges,
marbre, et d'Etienne Arago, terre cuite, par Carrier-
Belleuse.
Le musée a reçu d'un groupe d'amateurs un tableau
d'Eugène Lami, comn)éuiorant la visite de la reine
Victoria en France, en 1843.
Musée Condé. — La réouverture du musée Condé
se fera le 18 avril. Jours gratuits : les dimanches et
jeudis jusqu'au l.'j octobre, à l'exception des jours de
courses à Chantilly. Les samedis après midi : entrée
Ii.iyante (I franc).
Société d'encouragement à l'art et à 1'^*
dustrie. — La Société d'encouragement à l'art et à
l'industrie nous communique le programme du dix-
huitième concours général de composition décorative
quelle organise entre les élèves des écoles de dessin,
des beau.x-arts, d'art décoratif et d'art industriel. Ce
concours aura pour sujet « une composition déco-
rative susceptible de recevoir une application indus-
trielle » et comportera deux épreuves, dont l'une,
consistant en une esquisse dessinée, faite en sept
heures, aura lieu le 18 mai, et dont l'autre comportera
l'exécution en quatre jours, les 11), 20, 21 et 22 mai,
d'un rendu, soit sur papier grand-aigle, soit en terre
ou en cire. Les élèves qui voudront prendre part à ce
concours devront adresser une demande écrite à
l'Administration des Beaux-Arts, avant le samedi
25 avril. Le jury sera composé de vingt-deux
membres, désignés moitié par la Société d'em^ouragc-
ment à l'art et à l'industrie, et moitié par le ministre
de l'Instruction publique et des Beaux-.\rls. Enfin, les
récompenses consisteront en dix primes : dont une
de 500, une de 400, une de 300, une de 200. une de
120, quatre de 100 et une de 80 francs. Des mentions
donnant droit à des objets d'art, des livres ou des
gravures pourront en outre être décernées.
Salon de la Société des artistes français. — Le
jury de peinture pour le Salon de 1908 est ainsi com-
posé :
.M. Jean-Paul Laurcns, membre de l'Institut, prési-
dent ; .\I.M. llumbert, membre de l'Inslilut ; Antoine
Guillemet, vice-présidents ; .\l.\l. H. Uoyer. Saint-
Gcrmier, Gosselin, Baschel. secrétaires ; M.M. Bcr-
geret, Bonnat, membre de l'Institut ; Boutigny,
Demont, Dupré, Gagliardini, Gilbert, Henri .Martin,
Maillart, Petitjean, Quost, Roybet, Saintpierre, Talte-
grain.
Salon de la Société nationale des beaux-arts.
— A partir de cette année, le Salon de la Société
ANCIEN ET MODERNE
90
nationale des beaux-arts comprendra une nouvelle
section, celle des Dentelles. Cette Intéressante initia-
tive est due à « la Dentelle de France », société qui
s'est constituée pour rénover en l'>ance l'art de la
dentelle à la main et pour en développer l'usage.
I.e jury d'admission des objets d'art de la Société
nationale des beaux-arts a bien voulu s'adjoindre,
pour la réception de ces dentelles : M"" la comtesse
René de licarn. la comtesse Stanislas de Castellane,
la marquise de Ganay, M"'" Alexandre Millcrand et
Pol .Veveux.
En Italie. — 1-es journaux italiens de la semaine
dernière ont reproduit les principales dispositions de
la loi relative à la protection des trésors artistiques
de l'Italie, projet que la Chambre vient d'adopter et
que le Sénat va approuver aussi très certainement.
Klle remplacera alors la loi Nasi, de 1902, qui régissait
cette matière.
Les objets que cette loi concerne ne sont pas seu-
lement les monuments historiques, artistiques ou
archéologiques, mais aussi les jardins, forêts, lacs,
paysages, chutes d'eau, ayant un intérêt artistique
ou historique. Ainsi elle aurait empêché d'abattre les
pins de la villa liorghèse, sacrifiés pour la construc-
tion de l'Institut international d'agriculture.
La vente des objets susdits appartenant à l'État ou
à une commune est interdite. On ne verra donc plus
le Camp Prétorien vendu à une sociéié immobilière,
ni les murs de Rome abattus pour l'aire place à des
voies de pénétration. Tout citoyen italien ou toute
société légalement constituée pourra poursuivre en
justice les violations de cet article. Les excavations
et fouilles ell'ectuécs par des étrangers dans les villes
romaines sont donc également interdites.
■ L'exportation de tous olijets artistiques ou histo-
riques est sévèrement interdite, si elle est de nature à
causer une perte sensible à l'histoire, à l'archéologie
ou à l'art.
Trois fonctionnaires du bureau des exportations
seront chargés de décider si tel est le cas. Le gou-
vernement italien, à la disposition duquel la nou-
velle loi met un crédit important pour l'achat d'anti-
quités et d'œuvres d'art, aura toujours un droit de
préachat pendant trois mois ou même six. Le prix sera
alors fixé par une conuuission d'experts.
A 'Venise. — Pour la reconstruction du Cam-
panile, on a élevé un échafaudage mobile tout à fait
particulier. Il se compose de quatre énormes poutres
placées horizontalement sur chacun des côtés du
Campanile ; ces poutres supportent les plateformes et
le toit, ce dernier étant formé de chevrons de bois et
couvert d'une toile qui peut facilement s'enlever en
cas de vent. Les quatre poutres reposent sur quatre
bras, constitués chacun par de doubles barres de fer
en forme d'U, qui peuvent élever la masse entière de
l'échafaudage, au fur et à mesure de la construction.
au moyen d'appareils spéciaux. Ainsi les ouvriers
travailleront à l'abri de la pluie comme du soleil ; la
construction, au contraire, ne sera pas plutôt terminée
qu'elle sera exposée à l'air ; et aucun travail ne sera
demandé m à l'intérieur ni à l'extérieur du bâtiment,
l'échafaudage étant pour ainsi dire entièrement indé-
pendant de la construction. Ajoutons qu'un ascenseur
électrique, placé à l'intérieur de la tour, élève les
matériaux jusqu'à la plateforme où travaillent les
ouvriers, et que cet ascenseur sera sans doute laissé
en place, pour la commodité des visiteurs, quand le
Campanile sera terminé.
Quand sera-t-il terminé '? « La hauteur du Campanile
entier, dit le Burlington Magazine auquel nous em-
pruntons ces détails, avec la chambre de la cloche et
le clocher au sommet, doit atteindre une hauteur de
100 mètres. Dans l'état actuel des travaux, la con-
struction mesure 17 mètres ; on a calculé que trois
mètres environ sont gagnés chaque mois, et à ce
compte l'ingénieur en chef espère que le travail sera
terminé en tfllO ».
En Indo-Chine. — Dans le dernier liiilletin du
Comilê de l'Asie française, M. Foucher, qui tout der-
nièrement encore dirigeait l'Ecole française d'Extrême-
Orient, fait éloquemment appel aux pouvoirs publics,
comme à toutes les bonnes volontés et à toutes
les initiatives, pour la protection des ruines d'Angkor.
De toutes les obligations nouvelles qui s'imposent à
la France depuis le récent traité franco-siamois, il
n'en est pas en ell'et de plus pressante que d'assurer
la conservation de ces débris; et, au double point de
vue du patriotisme et de la civilisation, c'est un devoir
impérieux pour nous de ne pas laisser péricliter un
aussi précieux héritage.
Or le temps, l'abandon, la végétation envahissante
n'ont que trop entamé déjà ces prodigieux vestiges
de toute une civilisation. Il n'est que temps de veiller
au salut de ces ruines : mais ce n'est pas chose
facile. Il faudrait débroussailler, reprendre à leur
base maints pilliers, en redresser d'autres, consolider
des architectures, etc., et c'est l'œuvre de toute
urgence à laquelle M. Foucher convie tout à la fois le
gouvernement général de l'Indo-Chine, le gouverne-
ment métropolitain et l'initiative privée. Ce ne sera
pas de trop de tous ces concours pour sauver les
ruines d'Angkor d'une disparition complète. Une
<■ Société d'Angkor pour la conservation des monu-
ments anciens de l'Indo-Chine » s'est d'ailleurs cons-
tituée à cet effet, avec l'aide du Comité de l'Asie
française, et M. Foucher engage instamment ceux
qui s'intéressent à ces monuments à lui adresser leur
adhésion.
100
LE BULLETIN DE L'ART
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
Collection de M™« P... (tableaux anciens).
— Celte vente, qui a eu lieu salle 6, le 18 mars,
par le ministère de M" Lair-Dubreuil et de
M. Haro, ne contenait vraiment aucune toile de
premier ordre. Aussi les résultats ont-ils été de
peu d'importance.
La page qui paraissait devoir être le clou de la
vente, un grand lableau de l'atelier de Rubens,
Cérès et Pomone, présenté avec une mise à prix
de 50.000 fr., a été retirée, faute d'enchères.
Il nous suffira de donner les enchères les plus
marquantes de cette vacation, dont le produit
s'est élevé à 62.015 francs.
PRINCIPAUX PRIX
Table.^ux A^■CIE^s. — 2. Bcaubrun. Porlruit de la
duchesse de Lonrjueville, 1.750 fr. — 3. Uernaerdis.
Poi-lrail du bourgmestre d'Ypres el de sa famille,
l.fioO fr. — 4. Attr. à Boucher. Ariane el llacc/tus,
2.tOO fr. — 6. Éc. de Boucher. Ilacchanles endormies,
2.000 fr. — 9. Attr. à Chardin. La Femme à l'éventail,
2.150 fr. — 17-18. Uonato Creti. L'Empereur Cons-
tantin devant le tombeau de sa mère. La Mort de
Constantin, 1.800 fr. — 30. Éc. française. Portrait de
femme, 1.800 fr. — 33. Concert champêtre, 1 800 fr.
— 40. Éc. hollandaise. Portrait d'homme, 3.350 fr. —
42. Portrait de deux fillelles du duc de Nassau,
1.300 fr. — 51. Urimou. La Musicienne, 1.150 fr. —
52. Attr. à liais. Le Joyeux buveur, \ .850 fr. — 53. Éc.
de Iluet. Le Présent repoussé, 1.200 fr. — 59. Van
Loo. Portrait d'un maréchal, 1.250 fr. — 72. Atelier
de Bubons. Cérès el Pomone, non vendu (mis à prix
à 50.000 fr. et retiré faute d'enchères). — 75. Tour-
nicrcs. Portrait du fils de Jean Vue, 3.500 fr. — 76.
Attr. à Tourniéres. La Jeune fille au mouton, 1.400 fr.
— 78. Attr. à Vestier. Portrait d'un navigateur, La
l'érouse ou llougainvilte, et de sa famille, 2.500 fr.
Atelier Louis 'Watelin. — Cette vente a pris
(in le 17 mars, sur un total de 32.536 francs,
sans donner lieu à de plus fortes enchères que
celles que nous signalions dans notre dernière
chronique.
Tapisseries. — Quelques prix d'une vente
faite salle 5, le 19 mars, par M" Orizet :
Quatre grandes tapisseries du xvii<: siècle,
grands personnages, sujets de l'histoire romaine,
7.200 fr. — Deux tapisseries du xvii" siècle,
l'EscarpoUtte et le Colin-Maillard, 5.200 fr. —
Salon, bois sculpté, couvert en ancienne tapis-
serie à petits personnages et paysages, 4.000 fr.
— Salon en tapisserie à paysages, 1.225 fr.
Collection Maury. — De composition toute
spéciale — marionnettes, poupées, étendards et
curiosités militaires, — cette vente a obtenu un
vif succès de curiosité et des résultat fort
honorables.
Quatre marionnettes du théAtre Séraphin ont
été poussées à 455 fr., el six petites marionnelles
italiennes du xviii= siècle, à 360 fr. — Le pavillon
du yacht de Napoléon III, en soie tricolore, avec
semis d'abeilles et armes impériales, est monté
à 900 fr., et un drapeau des combattants de la
révolution de Juillet 1830, à 800 fr.
Atelier Girardet. — La vente de tableaux du
peintre orientaliste Eugène Girardet, faite salle 6,
le 20 mars, sous la direction de M" Lair-Dubreuil
et de M. Georges Petit, a produit 23.267 francs,
avec, comme prix principaux : 16. Ruelle à Binkra,
900 fr. — 6. La Fantasia, 580 fr. — 20. Fillette
tenant des dattes, 620 fr.
Il avait été dressé, à l'occasion de cette vente,
un catalogue illustré de quelques planches et
pour lequel notre collaborateur M. I.éonce Béné-
dite, avaitécrit une préface, —une véritable étude
rappelant de façon remanjuable la carrière et les
mérites du peintre disparu.
Tableaux anciens et modernes. — Cette
vente, qui a eu lieu, comme nous l'avions
annoncé, salle 6, le 23 mars, par le ministère de
M<: H. Baudoin et de M. Ferai, a produit un lotal
de 169.745 francs.
Comme elle contenait plusieurs morceaux d'un
réel intérêt,' elle a donné lieu à quelques
enchères marquantes.
Un grand tableau de la première manière de
Corot, représentant Diane et Aclron, et daté de
1836, a été adjugé 30.000 francs, sur la demande
de 23.000 francs. Succès plus notable encore
pour le petit Diaz, les Baigneuses, vendu 12.000
francs, sur la demande de 3.500 francs.
ANCIEN ET MODERNE
101
I.e Portrait de M"'" X..., par Oreuze, a réalisé
juste le prix d'estimation de 20.000 francs. I.a
Musicienne, par J.-B. Tiepolo, est montée à
9.800 francs, sur la demande de 6.000 francs.
Des deux compositions par Lagrenée, estimées
b.OOO francs, Tune, la Peinture, a été poussée
jusqu'à 7.000 francs, alors que l'autre, la Sculp-
ture, n'a pas dépassé 3.3S0 francs. De même, des
deux Hubert-Robert, l'Inondation est montée à
7.000 fr., sur la demande de 6.000 fr., alors que
le Palais est resté à 1.600 fr., sur la demande de
b.OOO fr.
Notons encore l'important Portrait de Lefchvre
d'Ormesson, par Rigaud, adjugé 3.900 fr. (de-
mande, 6.000 fr. ), et les deux grands portraits
se faisant pendant, par Wabbe, vendus l'un
4.200 francs, l'autre S.KOO fr., sur la même
estimation de 8.000 francs pour chacun.
PRINCIPAUX PRIX
AgUAREi-iEs, DESSINS, PASTELS. — 4. Iloln. Le l'arc,
gouache, 2.700 fr. — 8. Atlr. à Perronneau. l'orlrall
présumé de Cftarlcs-Itené Neveu, pastel, l.COO fr.
Table.m'x modernes. — 13. Corot. Diane et Aciéon,
30.000 fr. — 14. Diaz. Les Baigneuses, 12.000 fr.
Tableaux anciexs. — 16. Brcughel. Paysanne tenant
une cruche. L-'iOÛ fr. — 17. Casanova. Cavaliers,
1.400 fr. — 22. M"° Marguerite Gérard. La Réprimande,
I.83Û fr. — 23. Greuzc. l'orlrall de M"' X..., présumée
dame d'honneur de Marie-Antuinetle, 20.000 fr. — 24.
Ilensius. Portrait de jeune femme, 2.6S0 fr. — 2a.
Purtrail d'homme, 1.200 fr. — 26. Attr. à Van der
Ilolst. Portrait de jeune femme, I.OÎiO fr. — 30. La-
grenée. La Peinture, 7.000 fr.— La Sculpture, 3.350 fr.
— .37. nigaud. Port'rait de Lefebvre d'Ormesson.
3.900 fr. — 38. Attr. à Rigaud. Portrait d'un fermier
général. 1.000 fr.
39. Hubert-Robert. L'Inondation, 7.000 fr. — 40.
Un Palais, I.COO fr. — 4:j. Martin Sliee. Portrait de
jeune femme, 3.800 fr. — 44. Seghers. Fleurs ornant
un cartouche de pierre, 1.020 fr. — 43. Swebach.
Convoi d'armée, 1.300 fr. — 46. Tiepolo. La Musi-
cienne, 9.800 fr. — 47-48. Le Christ au roseau. La
Flagellation. i.OOO fr. — 32. Vestier. Portrait d'homme,
3 2ii0 fr. — 53. De Vos. Porti ail d'une jeune dame.
8.100 fr. — 54. Portrait d'homme, 3.000 fr. — 55
Jacques Wabbe. Portrait de Jacobs Olferlsz De Jonc!;,
4.200 fr. — 56. Portrait de la femme de Jacobs Olferlsz
De Jonck, 3.500 fr. — 38. Éc. esp. Portrait d'une
dame de qualité, 4.400 fr. — 61. Éc. franc , xvi" s.,
Portrait de François I", 1.520 fr. — 62. Éc. franc.,
ivin* s. Portrait de jeune fille en jardinière, 1.000 fr.
■ 65. Portrait de femme, 2.100 fr.
En province. — "Vente Bouillin, à Lyon
K- La première vente de la collection ou plus
exactement des fnarchandises composant le
stock de l'antiquaire provincial bien connu,
M. Bouillin, de Lyon, a eu lieu dans cette ville,
du 9 au 14 mars, par le ministère de M" Gazagne
et de M= Raudin. Notons quelques enchères :
Commode ép. Louis XV, marqueterie et bron-
zes, signée Boudin, 3.060 fr. — l'etit bureau plat
Louis XVI, acajou, 2.250 fr. — Pendule Louis
XVI, de Lépine, bronze doré, 2.650 fr. — Grand
cartel Louis XIV, bronze, modèle de Delafosse,
2.000 fr.
Ventes annoncées. • — A Paris. — Un cata-
logue illustré de quelques planches, nous apporte
l'annonce d'une vente, qui aura lieu le 30 mars,
salle 6, par les soins de M>> Lair-Dubrcuil el de
MM. Mannheim et Ferai. Parmi les tableaux,
dessins et estampes, nous remarquons en parti-
culier un dessin au crayon noir et à l'estompe,
signé de J.-B. Isabey, le Portrait de Chenard, ac-
teur de F Opéra-Comique;— parmi les objets variés,
une ligurine en ivoire sculpté, de la lin du xvi=
siècle, représentant Jésus-Christ au moment de
l'Ascension ; deux statuettes, en bronze, d'amour
debout, d'art vénitien du xvi'-' siècle; — et parmi
les meubles : un petit bureau d'angle à dos d'âne,
en bois de violette, d'époque Louis XV ; un grand
secrétaire à abattant et quatre portes, eu mar-
quetlerie de bois de couleur et garni de bronze
dorés, d'ép. Louis XVI ; — enfin, pami les tapis-
series : une tapisserie des Gobelins du xvii«
siècle, de l'Histoire d' Alexandre, d'après Le Brun,
Alexandre et la famille de Darius ; deux pièces des
Gobelins, du xvuf siècle, de la suite des Mots de
Lucas, la Pèche et la Paie après la moisson.
Collection Pierre Barboutau. — Art
japonais. — Voici une collection faite par un
spécialiste, et qui forme l'explication, le complé-
ment du livre que l'amateur écrivain, M. Pierre
L'arboutau, lit paraître en 1904 sous ce titre :
Biographies d'artistes japonais dont les cvuvres
figurent dans la collection Pierre Jiarboiitaù, ou-
vrage en deux volumes copieusement illustrés et
où sont reproduites lespièceslesplus marquantes
de la présente vente.
Celle-ci aura lieu, salle 7, du 31 mars au
3 avril, sous la direction de M« F. Lair-Dubreuil
et de M. E. Leroux.
Bien que riche surtout en estampes et en
peintures, la collection P. Barboutau comprend
tout d'abord quelques sculptures et des objets
102
LE BULLETIN DE L'AHT
d'art, notamment des céramiques japonaises et
des gardes de satire.
La collection d"estampes ne comprend pas
moins de huit cents numéros, représentant de
la façon la plus complète l'art de la gravure en
couleurs au Japon, au début du xviir siècle et
au début du xix«. Okou-Moura Mara-Nobou, Yei-
sho, Ko-riou-saï, Outa-tiava Toyo-Kouni I'^"',
Kouni-Sada, Kouni-Yoshi, Kikou-Gava Yeizan,
Kei-sai Y'ei-son, Iliro-Shighe, Shoun-Sho, Shoun-
Yci, Katsou-Sliika Hokou-sni, Kita-Gava Oula-
niaro, sont représentés de la meilleure manière.
La catégorie des peintures comprend des spé-
cimens des diverses époques de l'art japonais,
depuis l'école chinoise et l'école de Kano du
XV" siècle jusqu'aux maîtres de xviii"' siècle.
— A huitaine, l'annonce détaillée de la vente
Dameron, qui se fera le 30 mars.
M. N.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Société des Artistes indépendants. (Serres
du Cours-la-Heine). — En art du moins, le
prophète Willette nous a promis une réaction
terrible : on la devine, à voir mouler les flots
bigarrés de ce premier Salon du Printemps. « Ni
jury, ni récompenses» : cette accueillante société
ne s'adresse qu'au public. Et que dit le public ?
Il s'effare d'abord de la quantité montante (6.701
numéros catalogués) et compte dans ses rangs les
nombreuses victimes nouvelles du bonheur de
peindre ; pour peu qu'il ait l'tt'il délicat, il re-
connaît presque aussitôt la qualité beaucoup plus
rare, invisible à première vue en ce débordement
d'ignorance, présente pourtant avec d'excellenis
cadres signés de noms très connus ; il rit de bon
cœur dans la «salle des fauves», en oubliant tout
snobisme : et ce rire bourgeois est-il une injustice
à l'égard de ces ilotes prétentieux qui s'immolent
très ostensiblement sur l'autel du ridicule? Une
indescriptible Femme nue do M. Bêla Czobcl, les
lAilleuscfi de M. Kees Van Uongen, les paysages de
iM. t)iho Friesz, aussi gaiement que les portraits
de M"" Alice Bally, nous rassurent en nous prou-
vant que les « fauves » des deux sexes sont pour la
plupart étrangers, et M Matisse a le bon goût
d'être absen t. Mais, hélas I certains élèves du sage
visionnaire Gustave Moreau nomment « esquisse
décorative » un contour plus ou moins sommai-
rement cézannien, sali d'une dédaigneuse teinte;
et, cependant, nous comptons encore sur la rai-
son trop longtemps dévoyée de M. Georges Kouault
qui promettait un classique...
Aussi bien l'art classique est à ce XXIV' Salon,
non pas seulement dans l'exception symbolique
ou religieuse de MM. Claudius Dalbanne et Séon,
qui prolongent résolument l'idéalisme lyonnais
des Flandrin, mais dans l'effort décoratif de
.M. Vallotton, plus- dessinateur que peintre et trop
préoccupé par M. Ingres : ses Femmes au bain ca-
ricaturent le Bain <Hrc; application pédante, qui
contraste avec le mal du nouveau siècle : la ma-
nie de peindre vite et de peindre trop. La peinture
se croit-elle devenue musicienne au point d'abu-
ser de l'exercice ou de la fausse note? Un signe
des temps, qui dépare les Bucoliques de M. Du-
souchet, le Vitrail de M. Victor Dupont, ['Automne
de M. Laprade, et même divers aspects du port
de La Rochelle, notés inégalement par M. André
Barbier qui peut atteindre à l'exquis : serait-ce la
peur d'avoir l'air « pompier » près des « fauves » ".'
Mais le pointillisme impénitent de M. Signac,
l'amertume de .M. Sickert ou les inégalités de
M. Marquet ne nous interdisent pas du tout de
rendre justice aux calmes intérieurs de M. Jean
de la Hougue, aux tendres mélancolies de MM.
Corgialegno, Georges Lemmen et Paul Chartier;
aux paysages lumineusement ordonnés de MM.
Bruguière etGaulet; enlln, dans une foule cosmo-
polite, aux dessins de MM. Ivan Thiele et Rappa.
Car on dessine aux Indépendants, et les anti-
podes se reflètent en ce miroir confus.
Nous retrouvons ici .M. Chénard-lluché, le beau
peintre de la .\e13e à Montmartre, à côlé des
promesses nouvelles ou des tempéraments variés
de MM. Battaglia, Roustan, Pâtisson, Déziré,
Jacques Simon, G. de Traz, Duray, Georget-
Faure, Henri Farge et Marcel Holl. M"= Jeanne
Duranton se distingue parmi les trop nombreuses
femmes-peintres; et, parmi les écrivains, auprès
de MM. Tristan Klingsor, Paul Jaraot, Léon Ro-
senthal, ou du ténor Georges Dantu, .M. Henri
Ghéon nous appelle à la Chambre aux fruits.
Monstrueuse ou décadente avec MM. Max .\ary
et Boulanger, la sculpture affolée se retrempe à
la grâce vive des gamines observées par M. Pe-
relmagne, en accusant à son tour les indécisions
d'une époque oi'i l'art est d'autant plus rare que
tout le monde est artiste.
Société des Peintres de montagne (Cercle
de la Librairie). — L'artistique 0 série » de
M. René Ménard, où domine, sereine ou brouillée.
ANCIEN ET MODERNE
103
la masse muette du Cervin, serait la très bien-
venue à cette onzième réunion du Cercle, afin de
rehausser les vues prosaïques de M. Charles
Bertier ou les vues posthumes de M. Cliartran :
car les morts, ici, ne sont Jamais oubliés ; et,
cette année, près de quelques artistes vivants et
de rares pages instructives (volcans auvergnats
de M. Busset, aquarelles de MM. Rossert et
Filliard, Olympe lointain de M. Schrader), l'intérêt
ne revit-il point dans les éludes peintes et sur-
tout dans les aquarelles sourdement éclatantes
de ce farouche Auguste Ravier (181 i-189a), Lyon-
nais au sourcil monacal, au regard lyrique, qui
comptera dans l'école française pour avoir main-
tenu sous les voluptés de la couleur la haute
vertu du dessin "?
Malgré son adoration pour Turner, il sut rete-
nir le goiît éminemment français qui réclame la
forme, même dans la brume; en dépit de sa reli-
gion toute lyonnaise pour la ligne, il devina la
couleur et son moderne enchantement. N'est-ce
pas cet accord nouveau qui fit l'originalité du
peintre de ciels et qui lui valut l'estime de
Corot"? Les deux paysagistes s'étaient connus en
pleine campagne de Rome, à l'heure austère où
M. Ingres dirigeait l'Académie de France; et
jusqu'à ses derniers jours, quand il notait les
nuances variées du crépuscule sur les crêtes
dauphinoises, aux environs de Morestel ou de
Crémieu, Ravier se souvint de Corot. Car le
paysage n'était pas seulement, à ses yeux, « une
affaire de tons ».
Raymo.nd Bouyer.
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COURRIER DES DÉPARTEMENTS
A ROUEN
2'' Exposition de la Société des artistes
rouenaais et Rétrospective d'Emile Nicolle.
Emile Nicolle est un peintre graveur qui vécut
à Rouen de IS.'iO à 1894. Un érudit local nous
présente la biographie de l'artiste, en une courte
et substantielle préface : « Nicolle ne déButa que
fort tard dans la carrière artistique, nous dit
M. Georges bubosc, et avant de manier la pointe
de l'aquafortiste, fut, pendant de longues an-
nées, clerc de notaire à Rouen et à Provins,
puis courtier maritime ». Le peintre Ribot con-
seilla l'eau-forte à cet artiste, qui, depuis 1804,
exposait au Salon. Nicolle débuta vers 1877 par
une série de dix planches sur le Vieux-Rouen,
dont il donna bientôt une seconde série. Par la
suite, il s'inspira des sites normands (Blainville,
Saint- Valéry, etc.) ou auvergnats, traduisit quel-
ques vues de Paris et l'éunit après 1878 deux sé-
ries : En Vacances, qui contiennent ses plus
libres interprétations. Peintre, sa palette est
lourde et son inspiration romantique.
L'ensemble de son œuvre est fort bien pré-
senté : ses eau.x-fortes réunies sont montrées
en plusieurs états à côté des plaques originales;
mais l'intérêt le plus réel réside dans ses pre-
miers croquis à la mine de plomb, dont plusieurs
ont pu être retrouvés.
Un buste de l'artiste, dû à son petit-lils, le
sculpteur Duchamp-Villon, est exposé dans la
même salle. Le même statuaire et ses frères,
les peintres Jacques Villon et Marcel Duchamp,
sont également fort bien représentés à la
2" Exposition des artistes rouennais, — en parti-
culier Jacques Villon, qui montre une série de
faïences inspirées des vieilles poteries rouen-
naises pour le procédé, mais des plus originales.
M. Duchamp-Villon expose par ailleurs un Esope
qui est tout à fait digne d'intérêt. Entre les
sculpteurs présents, il faut signaler en outre,
MM. Guilloux, Pierre Millier, Chauvel et Busnel.
La peinture est représentée sans trop de
déchet, pour une Société assez librement ou-
verte. Tout au premier rang, il faut signaler les
dix belles toiles impressionnistes de M. Charles
Fréchon : études d'atmosphère, en toutes saisons,
notées dans les environs de Rouen, et dont un
Octobre est d'une belle harmonie colorée et non
sans poésie; M. René Olivier, avec de remarqua-
bles paysages et coins de villes flamandes, toits
rouges et ruelles mélancoliques; M"" Noémie
Allard, que l'on aimerait voir illustrer des contes
pour faire peur, tant ses œuvres Imaginatives
savent raconter en ménageant l'angoisse ; puis
voici M.M. Gaston Gosselin et Robert Pinchon, à
la recherche d'une formule large et simple ;
M. Guilbert, sincère et précis; M. Dumont, avec
une belle nature morte, supérieure au reste de
ses envois; M.M. Allard, Couchaux, Buron, Man-
chon, Fère, Vaumousse, Bradeberry, Madelaine,
Beaudoin, Moïse, Min<: Hoschédé et M"» .Mauger ■
dont les œuvres, peintures, aquarelles, objets
d'art, tranchent sur la monotonie de l'ensemble.
Les artistes rouennais ont eu en outre l'ex-
cellente idée d'organiser des auditions musicales
consacrées ù Berlioz, à la musique française, à la
104
LE BULLETIN DE L'ART
cliaiisoii ancienne, etc., avec le concours de
IWncord parfait et de la Gamme, les deux ipeil-
leures réunions musicales rouennaises.
A. -M. (iossE/..
CORRESPONDANCE DE BRUXELLES
Les transformations de Bruxelles.
A l'image de la Belgique tout entière, dont on
connaît la singulière prospérité économique,
Bru.xelles est en train de se métamorphoser com-
plèleiiienl. Dansquelques années, la villeseraraé-
connaissable,elil ne restera pas grand'chose delà
vieille cité brabançonne, dont on trouve, aujour-
d'hui encore, tant de traces. On veutla transformer
en une capitale monumentale et grandiose, pleine
de palais, de terrasses, de jardins et de perspec-
tives. Malheureusement, il n'est pas certain ([ue
les transformations rêvées soient toutes très heu-
reuses.
La plus importante consiste à édilier sur
la crête de la colline, aux flancs de laquelle la
ville est bâtie, un immense palais i|ui réunira les
musées, les bibliothèques, les académies: c'est ce
que la voix publique a appelé de ce nom étrange:
le Mont desArts. 11 y avait là autrefois — à présent
le quartier est en démolitions — des rues et des
ruelles passablement tortueuses, et dont la prin-
cipale, la Montagne de la Cour, voie de commu-
nication naturelle entre la ville haute et la ville
busse, était peuplée des boutiques du commerce
de luxe, Qt, par le fait même, fort animée. C'est
le dessein de redresser et d'élargircette voie com-
merçante qui a suggéré l'idée du projet actuel.
Il consiste essentiellement dans la réunion
des bâtiments de la Bibliothèque royale et des
Archives, — l'ancien palais des ducs de Brabant,
transformé par Charles de Lorraine, — au palais
des Beaux-Arts, construit il y a (juclque vingt ans
par Balat, en les augmentant des constructions
nouvelles nécessitées par l'extension des musées
et des bibliothèques, à étendre les dépendances,
les jardins et les terrasses de ces jardins et de ces
palais sur l'emplacement actuel de la Montagne
de la Cour et des ruelles avoisinantes. Ce plan a
de la giandeur, et le fait est que la maquette
que l'on a exécutée pour montrer au public ce
que l'on entend faire, donne l'impression de
quelque chose de très monumental, de trop mo-
numental peut-être. L'immense palais de style
classique que l'on veut édilier a le défaut d'écra-
ser de sa masse les jolies constructions de Charles
de Lorraine qui y seront pour ainsi dire encas-
trées. D'autre part, en son impeccable correction,
il est terriblement froid et même un peu morne.
Je ne crois pas qu'on eût pu penser à donner
à un ensemble aussi considérable le style natio-
nal, le. style flamand, qui ne convient qu'aux
petites choses. Le classique s'imposait, et l'archi-
tecture de M. Maquet, l'auteur du plan adopté,
est assurément pleine de mérites techniques,
mais on ne peut se dissimuler qu'elle manque
de pittoresque, d'accent, d'originalité.
On se demande, il est vrai, s'il eût été possible
d'être original et pittoresque dans une œuvre
d'aussi grandes dimensions. Ces grands ensembles
monumentaux, ces gigantes(iues palais que l'on
place au milieu des villes sont presque toujours
froids et mornes, et, pour une réussite admirable,
comme le Louvre, que de tristes devoirs d'archi-
tecture, comme les palais de Munich I
Ce qui fait en grande partie la beauté d'une
ville, c'est la vie, c'est l'animation de la rue, et ce
(|ui prévient beaucoup de Bruxellois contre le
Mont des Arts, c'est qu'il remplace un quartier
vivant, amusant et pittoresque, par une immense
construction d'une lourdeur solennelle.
L. Dl MOM-WiLDEN.
LES REVUES
Russie
Staryé Gody {janvier). — L. M.keteiii.ixck. Lucas
(le Hcere et une de ses œuvres inconnues. — Il s'agit
de deux volets de triptyque au musée de Gand ; sur
l'un est un saint Jean, d'une uiièvrerie italienne, sur
l'autre un moine donateur, tout llainand . L'œuvre
établit la diversité de facture du peintre des chambres
de rhétorique, grand amateur de devises en toute
langue, traducteur des psaumes de Marot, etc.
— P. Weinkh. Quelques irurres d'art chez le prince
A. S. Dol'/orouki, <i Sainl-l'élershourf/. — CiKuvres
italiennes, françaises et russes : l'ielà en terre cuite
(Donatello?) ; une Madone du « Maitrc des Madones en
marbre o; Ange musicien (délia Uobbia); Busle de faune,
école de Bcrnin. Tapisseries florentines. Femme au
livre, sculpture française, xnr siècle; Vierge, sculp-
ture française, xv* siècle; Enlèvement de l'roserpine,
par Pugcl; Enfants satyres Ae lîoucliardon ; pendules
du xv[U' siècle ; Couronnement de Voltaire en
bronze, etc. — D. R.
Le Gérant : H. L)k.nis.
Paris. — Imp. Ueorgei Peut, 14, rue Uodot-dc-Maaro!.
Numéro 378.
Samedi 4 Avril 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Les Artistes
à l'Exposition de Londres
En annonçant la prochaine Exposition franco-
anglaise, qui va s'ouvrir à Londres, le mois pro-
chain, nous avions insisté sur les nécessités qu'il
y avait pour le jury de se montrer sévère (I).
Depuis lors, nous nous sommes abstenus de
rapporter les discussions soulevées par certains
artistes français, au sujet de leur « représen-
tation proportionnelle » à cette Exposition; niais
nous croyons intéressant de publier une lettre
écrite par Sir Isidore Spielmaiin, commissaire
anglais des beaux-arts, à propos de réclamations
analogues formulées par un certain nombre de
ses compatriotes, et qui a ceci de piquant qu'elle .
peut élre comprise en même temps de l'un et de
l'autre coté du détroit. Voici le document :2i :
« Monsieur,
» Comme on semble généralement supposer
que la section franco-anglaise permettra aux
artistes d'être représentés sur une grande
échelle, il est bon d'établir, pour l'information
des intéressés, que cette opinion est absolument
erronée, — la place étant, en fait, extrêmement
mesurée.
» l.e Palais des beau.x-arts a été également
divisé entre la France et la (irande-liretagne.
Dans la section anglaise, il y a place pour envi-
ron 400 peintures à l'huile et 400 aquarelles, et
il y aura des sections réservées à une collection
<!e sculptures et à de petites collections de
dessins, de gravures et de projets d'architecture.
» Les œuvres des peintres défunts de l'école
anglaise (section rétrospective) ne devront pas
(1) Voir l'Union des artistes, par M. Stéphane (n" 3.j0
il» Bulletin, 27 juillet 1907].
(2) Publié dans le Burlinylon Mayazine du mois
de mars.
excéder 100 peintures et un nombre égal d'aqua-
relles, laissant ainsi de la place seulement pour
300 peintures et 300 aquarelles d'artistes anglais
vivants.
» En conséquence, étant donné que l'on doit
tenir compte des titres des plus grands artistes,
non seulement de Londres, mais de tout le
Royaume bi'itannique,on comprendra sans peine
combien il est impossible d'examiner la repré-
sentation des artistes les moins célèbres. Les
œuvres seront donc spécialement choisies par le
comité, et quoique leur nombre doive nécessai-
rement être restreint, il faut espérer que le mé-
rite de chaque individualité contribuera à la
formation d'un ensemble artistique d'une très
belle tenue.
» En ces circonstances, le comité des beaux-arts
ne saurait être partisan d'encourager les artistes
à soumettre leurs œuvres à son approbation.
B Votre tout dévoué
>i Isidore Spielmann
Commissaire des beaux-arts. «
Voilà donc la question impartialement mise
au point par la personnalité la plus autorisée.
Et l'on peut dire, pour une fois : vérité au-delà
de la Manche, vérité en deçà.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 27 mars). — Le président annonce la uiort
de M. Franz Kielhorn, professeur de sanscrit à l'Uni-
versité de (Jœtlingue, correspondant depuis 1899.
— Sur la proposition de la couiraission des Ecoles
d'Athènes et de Rome, l'Académie décide de désigner
au choix de la Société centrale des architectes pour
la médaille d'honneur qu'elle olTre chaque année à
un érudit, M. Grenier, membre de l'Ecole de Rome,
pour ses remarquables fouilles dans les nécropoles
des environs de Bologne.
— M. Pottier communique une note de M. le
100
LE BULLETIN DE L'ART
D' Félix Hegnault sur une série de terres cuites de
Suiyrne, des deux premiers siècles avant notre ère,
pouvant fournir matière à des observations paliiolo-
(;ir|ues sur les malades et les estropiés d'alors. D'après
M. Hegnault, ces statuettes avaient un caractère pro-
phylacti(|ue et fétichiste : on les plaçait dans les
maisons pour en détouraer la maladie ou l'accident
qu'elles représentaient.
Académie des beaux-arts (séance du 28 mars).
— Les prix de Rome. — Le jury des prix de Itome
pour la peinture a rendu son jugement dans le con-
cours des premières épreuves. Les concurrents dont
les noms suivent, classés par ordre de mérite, et
auxquels il faut joindre le nom de M"" Rondenay,
admise précédemment, ont été déclarés admis :
MM. Edelman, Lefeuvre, Roque, Geny, Lepage,
Caron, Boissart, de Gastyne, Gilardouin, Quesnel,
Coriol, Besnard, M"' Tertiaux, M. Uebat-Ponsan,
M"° Jouclard, MM. Bernard, Salge, M"' Hauterive,
MM. llillemaclier, Finez et Deluc.
École des beaux-arts. — Par suite de la démis-
sion de M. Moyaux, professeur, chef d'atelier d'archi-
tecture à l'École nationale des beaux-arts, la chaire
qu'il occupait à cet établissement est déclarée vacante.
Les candidats ont un délai de vingt jours pour faire
parvenir leur demande, accompagnée d'un exposé
do leurs titres, au sous-secrétariat d'État des beaux-
arts (bureau de l'enseignement et des manufactures
nationales, .3, rue de Valois).
Musée Galliera. — Les envois pour l'exposition
de la Parure précieuse de la Femme seront reçus au
musée Galliera, jusqu'au 20 avril. Cette exposition
comprendra tous les genres de parure, du diadème
à la boucle de chaussure, en passant par le collier,
l'éventail, la châtelaine, etc.
Musée de 'Versailles. — M. de Nolhac, conserva-
teur du musée de Versailles, disputait depuis plusieurs
années au Garde-Meuble, où elles étaient comme per-
dues, treize tapisseries admirables, exécutées sous
Louis XIV pour Versailles, et qui ne servaient plus
de loin en loin qu'à de banales exhibitions, dans la
cohue des cérémonies et des fêtes ollicielles. Ces ta-
pisseries, exécutées d'après les cartons de Van der
Meulen et de Lebrun, composent ce qu'on appelle la
série de Vllisluire du Itoi. A force de négociations, elles
viennent d'être reconquises sur le Garde-.Meuble par
le musée de Versailles, et remises en leur ancienne
place. Sept d'entre elles ont été placées dans les appar-
tements de la reine. Ce sont, dans l'antichambre : la
l'rlue de Lille, la lledditinn de la ville de Mar.ial en
Lorraine, la Réception des envoyés d'Alexandre Vil
et une Ambassade d'Espagne à Fonlainebleau, et. ànns
le salon de la reine : le S'ac»-e de Louis A7K, une
Visite du Roi aux Gobelins et le Renouvellement de
l'alliance avec les cantons suisses. Les six autres ont
été placées dans les salons de Minerve et d'Apollon.
Musée de Saint-Germain. — Le musée de Saint-
Germain vient de rcievoir un portrait en médaillon
de l'abbesse de Fontevrault, sœur de M"" de Mon-
tespan, lequel ornait jadis le parloir de l'hôpital
fondé à Saint-Germain par .M'"" de Montespan et dont
l'abbesse de Fontevrault s'était vue conlier la direc-
tion.
Société des antiquaires de France. — Parmi
les communications faites à la dernière séance de la
Société des anti(|uaircs de France, citons celles de
M. .\. Hoinet, qui a présenté quatre miniatures appar-
ten.mt au musée du Louvre et provenant d'un cvan-
géliaire du xi* siècle de l'école de Cologne ; celle de
M. F. de Mély, qui a communiqué une photographie
du Serpent d'airain de Saint-Ambroise de .Milan, et
celle de M. Héron de Villefosse, qui a donné lecture
d'une note sur les dernières découvertes du II. P.
Delattre à Carthage.
Société des Amis de 'Versailles. — Dans une
réunion qu'elle a tenue au pavillon de Marsan, la
Société des Amis de Versailles a constitué comme
suit sou conseil d'administration :
.MM. Maurice Barrés, Georges Berger, Léon Bonnat,
Léon Bourgeois, Paul Bourget, Ch. Chambefort,
M'"' la comtesse Jean de Castellane, MM. Jules
Claretie, Edouard Détaille, Jacques Doucet, Fenaille,
duc de Fezensac, François Flameng, Fournier-Sar-
lovèze. M"" la marquise de Ganay, .MM. Gustave
GeUroy, Henry Gervex, Georges-Alexis Godillot,
M""" la comtesse Greffulhe, .MM. André Hallays, comte
d'IIaussonville, Georges llœntschol, Ilumolle, Emile
Ilovelacque, Henri Houssaye, Ferdinand Humbert,
Raymond Kœchlin, Lambert, architecte ; Jules Le-
mallre, G. Lenôtre, M. le maire de Vers.ailles, Henry
Marcel, Millerand, .Monet, ingénieur des grandes
eaux ; Pierre de Nolhac, André Péralé, Raymond
Poincaré, Henri de Régnier, comte Guy de La Roche-
foucauld, Robin, .\lexis Rouart, Roujon, René de
Saint-Marceaux, Victorien Sardou, Henry Simond,
Eugène Tardieu, Albert Vandal, vicomte Melchior de
\'ogûé.
Le bureau dénnitif a été ensuite formé. Ont été élus :
Président : M. Victorien Sardou. — Vice-présidents:
M"' la comtesse Jean de Castellane, MM. Raymond
Poincaré, Edouard Détaille. Henry .Marcel, Henry
Simond. —Trésorier: M. Ch. Chambefort. — Secré-
taire général, M. Eugène Tardieu.
L'n comité d'initiative, qui sera chargé avec le
bureau de diriger l'action de la Société, a été composé
de : M"* la marquise de Ganay, M.M. Jacques Doucet,
Fournier-Sarlovèze, Raymond Kœchlin. Pierre de
Nolliac, André Pérnté, Alexis Rouart.
A Genève. — L'association qui s'est constituée à
(ienéve, en 1906, pour commémorer le quatrième cen-
tenaire de Calvin, a décidé d'élever à cette occasion
un monument à son œuvre, envisagée au large point
de vue de l'histoire, et par lequel seront rappelées
ANCIEN ET MODERNE
107
la mémoire des réformateurs et l'influence qu'ils ont
exercée sur le monde moderne.
In concours d'esquisses est ouvert, auquel peuvent
prendre part les artistes du monde entier.
I.e jury, qui disposera d'une somme de 30.000 francs
pour récompenser les meilleurs projets, est composé
de : MM. A. Bartholomé. sculpteur, et Ch. Girault,
membre de l'Institut, représentant la France ; Tuail-
lon, à Berlin; Bruno Sclunitz, à Berlin; Georges-J.
Frampton, R. A., sculpteur, associé honoraire du
Itiiyal Institute of British Arcliitects, à Londres; le
professeur Gull. de l'École Polytechnique à Zurich ;
Alfred Cartier, administrateur dos musées de la ville
de Genève; Horace de Saussure, représentant de la
Fédération des Sociétés artistiques de Genève; le
président de l'Association du Monument de la Réfor-
mation à Genève.
Les projets doivent être présentés avant le 15 sep-
tembre 1908.
Le programme sera envoyé sur demande adressée
au secrétariat du Monument de la licfurmation, ilfi, rue
du Stand, Genève (Suisse).
A Londres. — M. G. Salting vient de prêter à la
salle X\lt isalle françaisje) de la New Gallery, un
uiagnilique Diaz, l'Orage, daté de 1871; quatre Corot
très intéressants : Midi, les Ramasse iiis de bois, l'Arbre
(jiii penche et Soirée sur un lac ; enfin, un Daubigny,
Saules et pécheurs, qui porte la date de 1874.
— M. C. Drucker, de son côté, a prêté à la même
salle deux Isaliey : la Fêle du grand-père, daté de
18()6, et le Marché au poisson. C'est le même généreux
amateur (|ui, cette année déjà, a prêté à la salle hol-
landaise un Bosboom : Intérieur de l'église de llaar-
lent ; un Anton Mauve, Chevaux à l'abreuvoir ; un
Israels, le Philosophe, et deux Jacob Maris, le Hont-
levis et Mère et enfant.
— Signalons enfin les dernières acquisitions de
la .National Gallery : un Joseph Ducreux, Portrait ilu
peintre: un Jan Gossart de Mabuse, Jacquelyne de
Rourgogne, et une Madeleine, tableau de l'école
d'Anvers.
Toutes ces nouvelles toiles (et nous avons déjà
signalé l'Ochtervelt et les deux Van Uyck, Marquise et
marquis Caltaneo) ont forcé les trustées du musée à
ouvrir une nouvelle salle, où l'on a placé une dizaine
de dessins de Rubens, faisant partie de la Peel Collec-
tion : tout d'abord, quatre études de sa Chute des
damnés, une Descente du Saint-Esprit, le Martyre
(l'un saint, deux Crucifixions, puis un Portrait de
femme et un Portrait d'enfant.
Non loin, se trouve un grand dessin satirique de
Callot : le Tarlare; puis quelques tableaux à l'huile
inssez médiocres du reste) : une Vierge à l'enfant de
Carlo Dolci ; une Vénus endormie de Ricci; un Rendez-
V'jus de chasse d'Adam van der Meulen ; une Vierge
à l'Enfant de Giovanni Busi; une Nativité de Ber-
iiardo Cavallino, et deux Jacopo Marieschi : Ville
sur une rivière avec des bateaux et Ville sur une
rivière avec cascades et rapides.
Ajoutons que cette nouvelle salle, fort petite et
encore sans nimiéro, est assez, mal éclairée par deux
baies qui ne laissent pas assez pénétrer la lumière
lerne du ciel avare de Londres. — A. T.
Nécrologie. — On annonce la mort, à l'âge de
82 ans, de M. ISarbier de Meynard, membre de l'In-
stitut, directeur de l'Ecole des langues orientales,
ollicier de la Légion d'Honneur, a qui l'on doit un
nombre considérable d'ouvrages sur la langue et la
liltérature orientales. Après avoir été attaché à la
légation de Perse, il avait quitté la carrière consulaire
pour être nommé professeur de persan au Collège de
France, et professeur de turc, puis d'arabe, à l'Ecole
des langues orientales, dont il était devenu le
directeur.
— M. Edmond Siot-Decauville, le fondeur d'art,
qui a popularisé par le bronze tant d'oeuvres des
sculpteurs contemporains depuis une trentaine
d'années, est mort à l'âge de 66 ans ; il était chevalier
de la Légion d'Honneur. Outre le perfectionnement
des procédés techniques, on lui doit l'invention de
patines, qui renouvelèrent totalement l'industrie du
bronze d'art, et par les .soins qu'il apporta à l'édition
des premières œuvres de Desbois, c'est également à
lui qu'on est redevable de la renaissance de l'étain.
— On annonce la mort des paysagistes, Paul Place-
Canton, membre de la Société des Artistes Fran(;uis,
qui était âgé de 45 ans (ment, hon., 1894 ; prix Raige-
court-Goyon, 1896 ; méd. de 3" classe, 1899 ; méd. de
bronze, Exp. Un. de 1900) ; et /. Le Pan de Ligny,
membre associé de la Société nationale des beaux-
aits, qui exposait d'ordinaire des paysages et des in-
térieurs bretons ; il était âgé de 40 ans.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — "Vente de l'atelier Hermann-
jéon. — La vente de l'atelier du peintre anima-
lier Ilermanii-Léon, faite salles 10 et 11, les 24
et 25 mars, par M"" Oudard et Desaubliau.x et
MM. Chaîne et Simonson et Mannheini, a donm''
un total d'environ aO.OOO francs.
Elle comprenait deux parties, d'une part les
108
LE BULLETIN DE L'ART
œuvres d"Hermann-l,ôon, de l'autre queltiues ta-
bleaux et dessins d'artistes divers et des objets
d'art et d'ameublement anciens.
Parmi les tableaux d'Hermann-Léon, dont les
plus importants ('laient reproduits dans le petit
catalogue illustré dressé à l'occasion de la vente,
les plus favorisés ont été : — l. Le Loup surpris
dans son antre, adjugé 1.050 fr (sur la demande de
2.000 et avec l'obligation pour l'acheteur de faire
ligurer cette toile au prochain Salon) . — 15. La
première vision, l.OiiO fr. — 11. VÉtoile du berger,
7S0 fr. — 4. Le Perdreau, 710 fr . — 25. Aux A-
hattoirs, 6G0 fr. — Les autres tableaux de l'artisle
ont réalisé de 50 à 600 fr.
Dans le reste de la vente, notons : J. I,. lirown,
le Piqueur, 800 fr. — Tapisserie flamande du xvii«
siècle, à sujet mythologique, 4.000 fr. — Tapis-
serie représentant une Chasse au Cerf, 3.600 fr.
(demande 6.000). — Verdure flamande, xviii"
siècle, 1.370 fr. — l'élit fusil de chasse, trav. de
lioutet, ép. Louis XV, 1.000 fr. — Buste en biscuit
de personnage, grandeur nature, 1.995 fr.
■Vente de la collection de M. Th... (Objets
d'art, etc.). — Cette vente, i|ue nous avions an-
noncée avec quelques détails, a eu lieu, salle 6, le
30 mars, par les soins de M" Lair-Dubreuil et de
MM. Mannheira et Ferai. Elle a produit 114.550
francs. D'une manière générale, les résultats ont
été satisfaisants. Quelques enchères méritent
d'être retenues.
Les deux tapisseries des (îobelins de la suite
des Mois ont obtenu, l'une, la Pioche, 19.100 fr. sur
la demande de 20.000; l'autre, /a Paie après la
moisson, 1 0.050 fr., sur la demande de 18.000. Par
contre, la tapisserie du xvii* siècle, cataloguée
comme des Gobelins, mais vendue comme de fa-
brication flamande, Alexandre et la famille de
Darius, est montée à 13.000 fr., sur la demande
de 12.000.
Quelques moins-values dans la catégorie des
meubles : le grand secrétaire du temps de Louis X VI
en marqueterie de bois de couleur, est resté à
17.000 fr., sur la demande de 25.000; le petit bu-
reau d'angle d'époque Louis XV n'a réalisé que
2.700 fr., sur la demande de 4.000. Môme insuccès
pour les deux statuettes d'amours tenant une
corne d'abondance, bronzes d'art vénitien du xvi'-
siècle, qui n'ont obtenu que 1. 950 fr.surla demande
de 5.000. Notons encore les 4.000 fr donnés sur la
demande de 5.000, pour le portrait de l'actntr
Clienard, dessin par Isabey.
PRINCIPAUX PRIX
Gn.*vciiES iiu xvni° SIÈCLE. — C-7. D'après Boilly.
L'Optique. L'Amour couronné, par Cazenavc, iinp. en
coul., 1.000 fr. — M. llchiicourt. La Pronientule
piihlir/iie, imp. en coul. avec l'adresse de Depeulllc,
1.000 fr.
Dessins ANCIENS —28. Isabey. Portrait de Clienard,
licteur de l'Opéia-Comique. 4.000 fr. — 30. TIepolo.
.^cénes de Jiacrifices, deux dessins, 1.490 et 1.100 fr.
l'.UENCES. — 34. Surtout de table de Marseille, décor
de llenrs. composé de deux plateaux superposés
;rest.), 1.630 fr. — 33. Quatre statuettes d'esclaves
maures enchaînés, terre revêtue d'un émail blanc
dans la manière de liobbla, trav. ital. du xviii* s.,
réduction des esclaves de la statue pédestre de Fer-
dinand 1" de Médicis, à Livournc, 3.000 fr.
OiijETS vAKiÉs. — il. Figurine-applique, ivoire
sculpté, XVI" s., Jésus-Christ au moment de l'Ascen-
sion, 1.000 fr. — 43. Deux statuettes bronze, patine
brune, amours debout, tenant chacun une corne
d'abondance, trav. vénit , xvr s., 1.950 fr. — 44.
Grande pendule à musique sur socle-applique, décorée
au vernis en camaïeu rose, garnie de bronzes, fin ép.
Louis XV, 2.000 fr.
Mechi.es. — 39. Commode, fin ép. Louis XV, bois
de placage, garnie bronzes, signée Roussel, 1.400 fr.
— 60. Petit bureau d'angle à dos d'àne, bois de vio-
lette à quadrillés, ép. Louis XV, 2.700 fr. — 61. Deux
petites commodes, bois de violette, garnit, bronze,
ép. Louis XV, 1.320 ff. — 62. Secrétaire à hauteur
d'appui, liois de placage, garnit, bronze, signé Duprc,
fin ép. Louis XV, 1.350 fr. — 63. Grand secrétaire à
allaitant et quatre portes, marq. bois de coul. à filets,
garnit, bronze, ép. Louis XVL signé Guérin, 17.000 fr.
Tapisseries. — 73. Tap. flamande du xviii' s. de
{'Histoire d'Alexandre, d'après Le Brun : Alexandic
et la famille de Darius, bord de fleurs et feuilles.
13.000 fr. — 74. Deux tap. des Gobelins du xvni' s.,
de la-suite des Mois de Lucas : la Pèche, 19.100 fr ;
la Paie après la moisson, bord, d'amours, mascarons,
guirlandes, 10.050 fr.
"Ventes annoncées. — A Paris*— Tapisse-
ries et objets d'art. — Lu catalogue illustn'
nous apporte des détails sur la vente de tapis-
series anciennes et d'autres objets d'art et
d'ameublement, qui aura lieu salles 5 et 6, le
6 avril, par les soins de .M= Lair-Dubreuil et de
.MM. Paulme et Lasiiuin fils.
Notons dans cette vente : quelques porcelaines
de Chine, d'épo(|ue Kang-hi ; deux slaluelles :
Baechus et Vénus, d'époque Régence, en bronze
fondu, ciselé et patiné ; une pendule cartel-
applique en bron/.e ciselé et doré, d'épo(iue
Louis XVI ; une pendule du temps de Louis XVI
en bronze ciselé et doré, marbre blanc et biscuit ;
à droite et à gauche de la cage de la pendule.
ANCIEN ET MODERNE
109
sont deux groupes en biscuit représentant Vénus
et l'Amour.
Passons aux meubles de tapisserie et aux
tapisseries anciennes du xviii'-' siècle, qui font
l'intiTi'^t de la vente. Dans cette catégorie, nous
remarquons : un ameublement de salon com-
prenant un canapé et huit fauteuils, couverts en
Aubusson du xviii" siècle, à compositions d'ara-
besques dans le goût de Salerabier, et un autre
ameublement de salon, comprenant un canapé et
six fauteuils, couverts en Aubusson de l'époque
Louis XVI, à décor de petits personnages et ani-
maux dans des paysages ; puis, parmi les tapis-
series : une pièce de la tenture dite des Méta-
morphoses, celle-ci représenlantBacc/ms et Ariane,
et que l'on croit avoir été exécutée d'après un
carton de Ch. Coypel ; une suite de cinq pièces
en ancienne tapisserie de Beauvais du xviii° siè-
cle, à sujets de paysages maritimes ; une autre
tenture, comprenant également cinq pièces en
ancienne tapisserie du xviii= siècle, à petits
personnages et à sujets allégoriques; enfin, une
tenture en ancienne tapisserie de Paris, de la
première moitié du xvui= siècle, composée de
trois pièces à sujets tirés de la Fable.
Collection de M. Paul Perler (tableaux
modernes). — Peu importante sous le rapport
du nombre des objets, cette vente, que dirigeront,
salle H, le 7 avril, M" Lair-Dubreuil et M. Bon-
jean, mérite d'attirer l'attention par le choix des
pièces qui la composent : tableaux de l'école de
1830 et bron7.es de Barye en épreuves anciennes.
Du côté des peintures, nous notons : un Corot,
Villc-d'Avraij, catalogué dans le livre de Hobaut ;
un important Diaz, lymphes de Diane ; un Har-
pignies, CAutomnc.
La réunion des bronzes de Barye, en épreuves
anciennes provenant pour la plupart de ventes
connues, ne comprend pas moins de vingt-six
numéros, parmi lesquels on remarquera en par-
liculier : V Aigle hec ouvert, le Cerf tHe baissée
modèle}. l'Ocelot et le Héron, la Grande panthère
saisissant un cerf du Gange, le Tigre dévorant un
gavial, le Taureau tète baissée.
Vente de l'atelier Emile Dameron. — Les
7 et 8 avril aura lieu, salle 1, la vente de tableaux
ctd'études provenant de l'atelier Emile Dameron,
le peintre mort tout récemment (M» .Vndré de
Cagny, MM. Arnold et Trippet Paul Simons).
Le catalogue compte |)rès de deux cents
numéros; il est préfacé par M, Fernand Bour-
geat, qui rend hommage à la mémoire de l'excel-
lent peintre dont il était l'ami : « Incontestable
héritier des paysagistes de la grande époque, dit-il,
Dameron avait ajouté aux qualités solides et con-
sciencieuses de ces maîtres, qui firent tant pour
la gloire de l'école française, des qualités toutes
modernes de coloriste accessible aux joies de la
lumière ardente et des tons clairs qui font de lui
un artiste original et supérieur ».
Tableaux anciens. — M° Lair-Dubreuil et
M. G. Sortais dirigeront, le 8 avril, salle 6, une
vente de tableauxanciens, qui comprend surtout
des exemplaires de choix des maîtres français
du xviii" siècle.
Il a été dressé, à l'occasion de celle vacation,
un catalogue illustré où nous remarquons en
particulier : une esquisse de Boucher (Pastorale)
et un panneau ovale du môme maître : le Cadran
solaire ; deux vues de Venise : une Tête sur le
quai des Esclavons et la Place Saint-Marc, pa.rCa.na.-
letto ; le Rocher, paysage animé, par H. Frago-
nard, qui provient de l'ancienne collection Wal-
ferdin ; l'Innocence, par J.-B. Greuze ; un Portrait
de femme, par Heinsiua ; un Portrait de femme,
le Portrait de M"»^ Barthélémy Saint-Hilaire et
le Portrait d'un seigneur, par N. de Largillière ;
le Portrait de J.-H. de Vaudreuil, par M'n= Vigéo-
Lebrun ; la Marquise de Llano, par R. Mengs ;
un Portrait de femme, par Perronneau ; un pay-
sage animé, la Prière, par Hubert- Robert ;
le Matin et le Soir, deux pendants, par Joseph
Vernet, et la Toilette d'une jeune mariée en cos-
tume antique, par Vien.
M. N.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Henri Gros, 1840-1907 (Galerie Hébrard . —
Un chercheur, frère d'un poète et d'un savant,
du rimeur parnassien Charles Gros, auteur de
l'Archet, et du docteur Cros, dont nous avons
longtempsaperçu la silhouette discrète et la barbe
blanche à toutes les expositions. C'est surtout
comme céramiste et verrier que ce sculpteur, plus
délicat que puissant,s'était fait un nom. Statuaire
et peintre, élève d'Etex et de JoulTroy, puis de
cet original et lier Jules Valadon qui fut l'ami
trop oublié de Barbey d'Aurevilly, ce Narbonnais
expose à Paris, depuis 1804, des cires, des bronzes
ilO
LE BULLETIN DE L'ART
et des marbres, de lins médaillons et des bustes
paifois polychromes, et surtout des bas-reliefs
dont le charme timide le rattache à la réaction
néo-grecque ; — et le plaire de sa Bérénice, qui
reparut à laCentennale de 1900, dévoilasses qu,i-
lités expressives, trop souvent trahies par Texé-
cution. — C'était, lui même, un poète doublé
d'un savant, que cet amoureux transi de l'Aiia-
dyomène et de la ligne d'Ingres; il avait lu les
(irecs et retrouvé le secret de la pâte de verre co-
lorée à l'aide d'oxydes métalliques ; de là, ces
suaves fragments dont la fontaine du Luxembourg
est le chef-d'tçuvre, où se profile un torse rose
sur un fpnd léger de chrysoprase et de lapis ; et
près des Aréthuses souriant avec une touchante
naïveté d'églogue, plus d'une étude peinte ou
dessinée, qui note une dorade japonaise, un pay-
sage matinal ou la contemporaine engoncée de
Constantin Guys, révèle à propos que ce doux lec-
teur de Longus avait l'instinct de la modernité.
Mary Cassatt (galerie Vollard) et Louise Per-
man (galeries Graves). — Deux femmes émi-
nemment artistes; deux étrangères: l'une Ame
ricaine et disciple du dessinateur Degas, ne se
rattache, comme son maître, au mouvement dit
impressionniste que par sa passion de clarlé
moderne et vécue. Robuste, elle dessine et grave,
pastellise et peint ses contemporaines au bal, au
théâtre, et surtout dans le, silence du foyer :
Mire et enfant, c'est le titre habituel de ses ou-
vrages loyaux ;son analyse aiguë s'élève d'instinct
à la synthèse de l'amour maternel, non point
dramatisé, comme chez Carrière, par l'angoisse
de l'avenir, mais à la fois grave et souriant dans'
la longue étreinte de l'heure présente oii les
regards se cherchent et se pénèlrent, où les
grands yeux des bébés s'avivent dans la chaii-
joufllue.
Ces baisers de mère et ces têtes d'enfant ont
l'éclat duveté des fleurs; et ce sont uniquemeiJ
des ileurs, ce genre réprouvé par M. Degas, que
sait traduire exquisement sur la toile une
Écossaise inspirée par Fanlin-Latour. Notre sou-
venir s'attache à la découverte, au Salon des
Artistes français de 190S, d'un cadre parfumé de
mystérieuses roses à la signature illisible; et
c'était la palette personnelle de Miss Perman.
Azalées, jonquilles et pois de senteur respireni
comme ses roses blanches ou très roses, enca-
drées de clématites violettes ou d'iris; on sent le
poids de la corolle au bout de la tige : vérité du
la nature à travers des veux d'artistes I Est-il
paradoxal de soutenir que la personnalité d'un
peintre apparaît surtout dans l'imitation de la
nature morte ou des fleurs vivantes ?
Les Ooze (galerie Bernheim jeune). — lis se-
raient treize sans l'absence de deux sociétaires,
MM. Déchenaud et Laszlo : car il y a deux invités,
S. A. la princesse Louise de Sleswig-IIolstein,
auteur de bijoux déjà remarqués, et l'admirable
virluose espagnol, Ignacio Zuloaga, qui brosse
des visages roses sur fond vert; son vieux
Mendiant est un arrière-neveu de l'Ésope ou du
Ménippe de Velazquez, montrant ce qui manque
aux gtieux de Cézanne ; et le Portrait de ma cousine
Candida, si brune avec ses paupières fauves épar-
gnées par le duvet de la poudre, pàlii terriblement
son entourage, malgré le Théâtre populaire bien
connu de M. Devambez, rival, aujourd'hui, do
Meissonier paysagiste, et les notes variées de
M. W. Laparra, passionné pour la nuit chaude,
comme sou frère le compositeur, — malgré les
bas-reliefs humanitaires de M. Bouchard et l'ex-
quise Petite Bédouine à la cruche, bronze enso-
leillé de M. Landowski.
RaYMO.ND ROLYKII,
LES REVUES
I<'h.knck
Société de l'Histoire du Costume n" 2, jan-
vier). — M. Maurice Leioih. Élude sur tes paniers et
irinolines, 23 figures. — H. T. Modes comparées,
quel(|ues figures. — Planches hors texte : gants des
XVI' et xvii* siècles ; corps à baleines du xvm' siècle.
Journal de l'Université des Annales (1908,
n° 3, janvier). — Conférence sur le Costume nllemaiid
du inoyen-âije au W'III' xiècle.paT M. Maurice Main-
nKON, 26 figures.
Revue des Deux Mondes (i" février . — M. Mau-
rice M.^iXDiioN continue d'étudier les forteresses de
Gonji, dans le sud de l'Inde, forteresses dont il a
commencé de donner la description et l'histoire,
dans la livraison du 1" décembre ISO.
Les Arts (mars". — Le numéro est entièrement
consHiré à une étude de M. l'.-.Vndré Lkmuisne sur ta
collection Alcri.s Hoiinrl : objets d'art d'Extrême-
Orient; peintures, sculptures, aquarelles des écoles
anglaise et française du xix' siècle.
ANCIEN ET MODERNE
m
Le Temps (22 mars). — La Réforme de Vensei'jne-
iiient du dessin. — M. Edmond Pottier consacre un
long article à la grave question qui se pose, à l'iieure
actuelle, dans le monde des professeurs de dessin :
c'est à savoir si Ton doit, suivant les méthodes
actuellement en vigueur, maintenir dans l'enseigne-
ment primaire et secondaire la méthode qui fait du
dessin linéaire et géométrique, la base de l'ensei-
gnement, — ou, au contraire, si l'on doit s'efforcer,
comuie on le fait en Angleterre, en Allemagne, en
Amérique surtout, de mieux utiliser l'instinct d'obser-
vation des enfants et de les mettre le plus tôt possible
en face de la nature vivante.
L'éminent conservateur du musée du Louvre, qui
s'est toujours beaucoup intéressé au.x questions d'en-
seignement et qui a pris une part active à la vulga-
risation raisonnée des beau.x-arts, se prononce réso-
luuient en faveur d'une orientation nouvelle. Des
expériences ont été faites, et concluantes, dans les
écoles de la ville de Paris et dans plusieurs lycées, à
titre d'essai ; des cougrès ont formulé leurs vœux en
ce sens ; des conférences, organisées par le vice-rec-
teur de l'Université, ont permis à des professionnels
l'ompélents d'exposer leur idées sur les méthodes
actuelles et les réformes à y introduire. Et M. Edmoad
Pottier, constatant qu'il est temps de passer des pa-
roles aux actes, expose les enseignements de ces
conférences et de ces discussions en cinq propositions
que voici résumées au plus bref :
1° La méthode actuelle ne tient pas couipte de la
psychologie de l'enfant, de ses facultés d'observation
et d'imagination, auxquelles on devrait lâcher la bride
au lieu de les réfréner;
2° L'enfant est né non seulement dessinateur, mais
coloriste ; il faudrait donc développer ce don de la
couleur, au lieu de s'obstiner à ne lui permettre que
du noir et du blanc; ,
3° Mais, comme l'enfant est porté à obéir à la loi
du moindre effort et à se créer vite une technique
particulière et des formules toutes faites (maisons,
arbres, personnages), le maître devrait veiller à ce
qu'il ne s'enferme pas dans la routine, et exercer sa
mémoire et son observation, selon la méthode de
Lecoq de Boisbaudran ;
•1° Ce n'est pas à dire que le dessin linéaire doive
rtre supprimé totalement; il serait bon simplement
qu'il fût remis à sa place: au lieu d'en encombrer la
cervelle des tout petits, qu'il dégoûte du dessin, mieux
vaudrait le réserver pour le temps où les élèves sont
amenés par leurs études à s'occuper de géométrie élé-
mentaire et peuvent comprendre ce que sont les li-
gnes, les plans, les solides.
5° Ce ne sont pas seulement les méthodes scolaires
qu'il importe de réformer, c'est aussi la préparation
des maîtres et leur situation dans l'instruction pu-
blique.
Voilà ce qu'il conviendrait de prendre en considéra-
tion, dit en terminant M. Edmond Pottièr : il est grand
temps, il n'est que temps d'agir ; il y va de l'éduca-
tion du pays et de l'avenir de nos industries d'art,
terriblement menacées par la concurrence étrangère.
A.VGLKTERRE
Burlington Magazine (mars). — M. Cecil II.
S\im! reproduit et étudie une statue grecque de
femme en deuil, acquise par le British Muséum à la
vente de la collection Trentham, pendant l'été de 1!)07.
— M. J. Sthzygowski examine comment Turner,
qui avait commencé par une étonnante iidélité à la
nature dans ses paysages, est passé « de la nature à
l'art»; il prend comme exemple de la première manière
le Frosly morning de la National Gallery, et comme
spécimen de la seconde un Intérieur à Petworlh.
— M. D. S. Mac Coll continue ses Noies sur les
artistes anylais : ce second article est consacré aux
lectures de Turner à l'Acadeuiy.
Autres articles : Les peintres de l'Italie du \uid,
par M. Uoger E. Khy; — Deux jiaysiiyes dessinés par
Rembrandt, par M. C. J. Hol.mes, tirés du livre d'es-
quisses appartenant au duc de Devonshire (Chats-
worth) ; — le peintre et médailleur Steplten II., du
XVI' siècle (comumnément appelé, sans raison d'ail-
leurs, Stephen de Hollande), par G. K. IIill.
Allem.\g.ne
Die Kunst (mars). — L'École de Beuron. — Aperçu
général de cette école d'art catholique, fondée à
Beuron, dans le flohenzoller, et qui rappelle l'art
d'Ilippolyte Flandrin, avec plus de prétentions à
l'archaïsme.
— A. Leiticm. Franz Matsc/i. — Revue générale,
avec reproductions nombreuses, de l'œuvre de cet
artiste autrichien, peintre, sculpteur, décorateur,
architecte.
— K. Laxoe. La loi de Vulternance des styles artis-
tiques, I. — Ce sont, tantôt les éléments favorables à
l'illusion, tantôt les éléments destructeurs de l'illusion
(|ui prédominent dans l'art.
— W. BoDE. Maisons construites par Sc/iultze-
iSaumburg.
— A Appïa. Décors pour le « l'arsifal » de Wagner.
— G. IIUET.
Zeitschrift fur historische 'Waffenkunde (IV,
n° 8, octobre 1907). — Une hoinburde, dite h la Grosse
.\Iagd », cimservée à l'Arsenal royal de Dresde, est dé-
crite et figurée par le capitaine Bauimanx. La pièce,
datant du xv" siècle, montée sur un affût du xvr,
compte parmi les spécimens les plus remarquables de
l'artillerie primitive.
— Suite de l'étude du baron 0. Potier sur l'Arsenal
du Stif'tes Kremsmiinster. Parmi les objets figurés,
on doit signaler un assez curieux chapeau de fer à
trois crêtes, datant du milieu du xvi" siècle et une
il2
LE BULLETIN DE L'ART
bourguignote bien postérieure, comme l'indiquent le
peu de liauteur de la crôte et la disposition de l'avance
et des jouées. D'une époque encore plus basse est la
bourguignote avec nasal à flèclie, que l'auteur date
de 1600. Cette défense de tête n'est pas antérieure à
16iri, quoique, à vrai dire, ce type semble avoir été
d'usage en Allemagne bien des années, avant son in-
troduction en France. Allou, dans sou mémoire clas-
sique sur les casques, a cité une lettre de Richelieu au
cardinal de La Valette, où le ministre recommande
pour les cavaliers « une bourguignote couvrant les
deux joues, avec une barre sur le nez». H s'agit
évidemment là de ces bourguignotes allemandes dont
Gay, dans son Glossaire, a donné un bel exemple
appartenant à -M. W. Riggs (p. 194, à la date de 1610).
— M. 0. von lIonsTEiN donne des notes de voyage
sur diverses collections d'armes de l'Autriche, de la
Uosnie-IIerzégovine et de la Croatie.
— Les recherches d'archives que continue le D'Th.
Hampe relèvent de l'archéologie pure, de même que
l'étude de M. G. Liebe sur les données superstitieuses
se rapportant au.\ armes, etc.
— Enfin M. W. M. Sciimid décrit et ligure deux
curieux fourreaux de couteaux à armer qu'il consi-
dère comme appartenant au xm" siècle. La disposition
des courroies est remarquable par sa simplicité. Cha-
cun de ces liens de cuir est serré sur le fourreau,
près de l'entrée. Le plus long est fendu à son extré-
mité en deux brins qui rentrent dans les deux fentes
du plus court et se nouent, tout eu permettant de
serrer plus ou moins l'ensemble autour de la taille. Un
semblable appareil est encore usité sur les rivages
de l'Erythrée et dans la région des Somalis. Les cou-
teaux a armer qui allaient avec ces fourreaux, avaient
une lame un peu courbée vers la pointe, répétant ainsi
la forme des badelaires et des fauchons dont ils étaient
le diminutif.
— A signaler une petite vue d'ensemble d'une
salle prise dans le vieux château de Stuttgard. C'est
le petit arsenal, d'il le Landesarineemuseum, sur lequel
M. Welnitz publie une courte notice. — Mauiuce
Maindho.n.
Italie
Bollettino d'arte del ministero délia Pubblica
Istruzlone (anno 11, fasc. 1). — M. Giovanni Poggi,
reproduisant pour la première fois un tondo de Bene-
detto da Maiano, représentant une Vierge à l'eufanl,
conservé dans l'église de Scarperia, rapproche ce
chef-d'œuvre des autres ouvrages analogues de l'artiste
conservés dans la chapelle Struzzi de S. Maria Novella,
à Florence, et dans l'église de S. Agostino, a S. Gimi-
gnnno.
— Deux petits tableaux de Pierre-Antoine l'alel,
récemment acquis par l'État pour la galerie liorghése,
sont présentés par M. G. Cantala.messa : ce sont deux
petits paysages signés, dont l'un est daté 1687.
— Peintures de Bernardino Parenzano au musée
civique de Vicence, par Ant. Munoz. — L'auteur saisit
l'occasion pour donner la liste des œuvres de B. Pa-
renzano conservées dans les diverses galeries euro-
péennes.
Autres articles : Peintures d'Antoine Van Dyck et
de son école au musée national de Païenne, par
C. Matraxoa ; — Deux banquets de Maltia Preti, par
A. CoNTi : le Festin de Ilaltliazor et l'Assassirial du
frère d'Absalon (tous deux au musée de Naples); —
Un essai de sculpture sur bois du moyen âge, par
Ch. Rossi : Déposition de Croix de la calbédrnle de
Tivoli.
HussiE
Starye Gody (février). — Richard Mutiieh. Le
Centenaire d'Angelica Kauffmann. L'auteur souhaite,
à propos de cet anniversaire (3 novembre 1907), un
nouvel examen de l'œuvre de lai'tiste, dont les meil-
leures peintures sont chez des particuliers. Il estime
que l'artiste gagnera à être connue comme portrai-
tiste et cite en exemple le Portrait de la baronne
de KrUdner, au Louvre.
— N. Rœnmcii. Anciennes églises de Finlande.
Sous des badigeons anciens ou récemment refaits (!),
sont cachées de vieilles fresques catholiques dans
les()uelles se marquaient des iniluences irlandaises et
écossaises. Reproduction des fresques de l'église de
Lôhja, remises au jour (et aussi « renouvelées »)
en 1886. Elles remontent à 1489-1300 et auraient
pour auteur une nonne. (Il est fâcheux qu'aucune
légende n'accompagne les reproductions.) M. Rœhrich,
par l'intermédiaire de la Société des archivistes,
demande aux Sociétés archéologiques de Finlande
d'inlervenir pour que l'on dcbadigeonne certaines
églises intéressantes.
— A. Ohéchmkov. La Vaisselle d'apothicaire sous
Pierre le Grand. A propos de vases en verre avec
armes impériales et inscriptions latines (1701), prove-
nant de la maison des Enfants trouvés de Moscou, et
donnés au musée historique de cette ville. Provenance
incertaine.
— A. RoTiSLAvov pousse un cri de détresse fort
justifié au sujet de la vieille maison dite « de Marina
Mnischek », à Kalouga. Passée aux mains de la
commission des archives et transformée en musée, les
fonds manquent cependant entièrement pour l'entre-
leriir et la consolider.
— B. N. 'V. Compte rendu de l'E.rposilion de dessins
et d'estampes à i.icadémie des beaux-arts. A signaler
un Saint Jérôme, de Rembrandt, des dessins de
Doyen, Greuze, Opiz et Pynacker
— P. SiMoxi. L'éditeur et bibliophile moscovite
/'. Békétov (1761-1836). — D. R.
Le Gérant : H. Dknis.
l'ana. — imp. Georges Petit, \t, rue (iodot-de-Meuroi.
Numéro 379.
Samedi 11 Avril 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
STATUES
Chez, nous, quand on se prend tout à coup d'un
beau ztMe pour un a grand homme » et qu'on dé-
cide de lui élever un buste, une statue ou un mo-
nument, suivant les ressources dont on suppose
qu'on disposera, il n'y a guère qu'une façon de
procéder : on forme un comité, on ouvre une
souscription et l'on choisit un sculpteur.
Ce sont là les trois conditions qu'on Juge néces-
saires à une glorification parle marbre ou par le
bronze... Or, nécessaires'? je le veux bien ; mais
suffisantes .' non certes ; car une fois le monu-
ment terminé, encore faudra-t-il lui trouver une
place au soleil, et c'est la dernière chose dont on
consente à se préoccuper.
Quandies comités sontmodestes ou intelligents,
ce qui revient au même, ils se contentent de
mettre l'efligie de celui dont ils veulent perpétuer
le souvenir à la seule place qui soit convenable,
c'est-à-dire sur son tombeau. Mais il arrive, il ar-
rive même trop souvent, que les comités se mon-
trent plus exigeants et désirent donner plus de
lustre à leur manifestation : alors, ils se mettent
en quête d'une place, d'un carrefour, d'un square,
d'un terre-plein, voire d'un simple «refuge», et
peut leur chaut que la place soit trop vaste ou trop
exiguë, le square planté d'arbres, le terre-plein
sans perspective et le carrefour sans harmonie
de lignes ! Ce qu'il leur faut, c'est un espace libre
où se puisse ériger le monument dont ils ont
maintenant grand'hàte de se débarrasser et dont
ils se débarrasseront à la première occasion, sans
se soucier le moins du monde du décor et des pro-
portions du cadre qu'ils lui auront trouvé.
Quel pileux résultat a produit cette étrange
^méthode, on ne peut plus faire un pas dans Paris
|8ans le constater; la province, dans la plupart des
s, n'a rien à nous envier, et c'est maintenant
l'étranger qu'il appartient de nous rappeler
fau bon sens 1 En voici un exemple.
On distribue en ce moment le programme d'un
concours international, organisé par la ville de
Genève, en vue d'élever dans cette ville, sur la
promenade des Bastions, à l'occasion du qua-
trième centenaire de Calvin, un très important
monument de la Réformation. Or, non seulement
l'emplacement a été intentionnellement choisi
pour accentuer le caractère de l'œuvre, qui se
dressera près des vieux remparts, créés au temps
de la Uéforme pour la défense des libertés et de
l'indépendance de Genève, mais en outre le rè-
glement mintitieusement détaillé du concours
porte en italiques celte clause caractéristique :
« La concession d'une promenade fréquentée,
particulièrement chère au public, impose l'obli-
gation d'en respecter- à la fois le site pittoresque
et le cachet historique. Le monument, dont les
différentes parties pourront être soit groupées,
soit distribuées sur tout le terrain disponible,
devra être conçu de façon à former un tout har-
monique avec la promenade.»
Ah ! quand montreront-ils d'aussi louables
préoccupations, les terribles comités de chez
nous qui nous encombrent de leurs « grands
hommes », et qui, en lin de compte.
Pour honorer les morts, font soit/f'fir les vivants !
Eddy.
ÉCHOS ET NOUVELLES
ecas,
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 3 avril). — Au début de la séance, M. Ba-
belon, président, rappelle la perte que l'Académie
vient de faire en la personne de M. Barbier de Mey-
nard.
— M. Léon Dore?, communique la photographie
d'un tableau de Botticelli représentant, en costume
de docteur, le professeur de médecine de l'Université
de Pise, Lorenzi, dit Lorenzano, qui eut le mérite de
remettre en lumière les œuvres des médecins grecs,
et qui mit fin à ses jours en se jetant dans un puits au
mois de juin 1S02. M. Dorez établit que Botticelli con-
nut Lorenzano dans l'entourage de Savonarole et ipie
lli
LE BULLETIN DE L'ART
le portrait du professeur, qui appartient au baron
Michel Lazzaroni, à Paris, a dû être exécutée après
l'expulsion des Médicis, c'est-à-dire entre i49o et 1500.
Musée du Louvre. — Le Conseil des musées a
ratifié l'acquisition, par le département des objets
d'art, au Louvre, d'un verre émaillé arabe qui est une
pièce tout à fait exceptionnelle, par son état de con-
servation parfaite, sa rareté et la magnificence de sa
décoration. Ce verre émaillé date du xiv* siècle. Il
est aussi reinarcjuable dans sa série que le sont dans
chacune des leurs le vase de cuivre incrusté d'argent
provenant du palais Barberini de Home, ou la boite
d'ivoire au nom d'un khalife de Cordoue, deux des
principaux chefs-d'œuvre de la collection ujusulmane
du Louvre.
Musée du Luxembourg. — Le musée du Luxem-
bourg vient de recevoir d'un amateur, M. Chevalier,
un legs comprenant le portrait du légataire par Aimé
Morot, tous ses « bons tableaux », des panneaux
décoratifs d'Henri Lévi qu'il possédait, et, pour leur
installation dans une salle spéciale portant le nom de
cet artiste, une somme de 20.000 francs.
Musée Guimet. — Le musée Guimet a reçu les
coUeclions religieuses rapportées du Thibet et de
l'Inde par i\L le D' Péralté. Dans le nombre de ces
pièces, qui sont d'une grande rareté, figure un manu-
scrit sanscrit, orné de miniatures fort délicates.
Au Cabinet des estampes. — Le département
des estampes de la Bibliothèque nationale s'est en-
richi, ces derniers temps, d'une curieuse collection :
c'est la série presque complète de toutes les réclames
illustrées qui ont été distribuées dans les rues de
Paris, au cours de ces cinquante dernières années. Le
collectionneur qui rassembla ces documents les avait
recueillis par distraction; mais ainsi groupés, ils pren-
nent UD véritable intérêt historique, en rappelant ce
qui sollicita le public parisien dans sa curiosité, son
intérêt ou son plaisir, pendant un demi-siècle.
A la Monnaie. — Afin de faciliter aux élèves des
écoles la visite du musée et des ateliers de la Monnaie,
le directeur de cet établissement vient de décider que
les visites, qui avaient lieu les mardi et vendredi de
chaque semaine, auraient lieu, à partir du i" avril,
les mardi et jeudi, de une heure à trois heures. Les
demandes d'autorisation doivent être adressées au
directeur de la Monnaie.
Société de l'histoire de l'art français (séance
du vendredi 3 avril). — M. Maurice Tourneux com-
umniquc à la Société des lettres de M"" de Vandeuil,
fille de Diderot, sur le Salon de 1801.
— M. Louis Dimier fait une communication sur le
tombeau du duc de Créqui.
— M. André Fontaine lit ensuite des documents
inédits, réunis par le comte de Caylus, pcmr écrire
l'Histoire de l'Académie royale de peinture.
— M. Louis Demond étudie les rapports de Pierre
et de Nicolas Mignard à propos de l'hôtel d'Ilervart.
Société des antiquaires de France — A la
dernière séance de la Société des antiquaires de
France, il a été procédé à l'élection d'un membre rési-
dant: M.llenry D'Allemagne a été élu au second tour ci
l'unanimité. Puis MM. de Martroy et Prinet ont été
élus associés correspondants nationaux.
— M. Monceaux a ensuite communiqué plusieurs
bulles de plomb trouvées à Carthage par le R. P. De-
lattre, les unes non estampillées et une autre por-
tant une effigie de la Merge et le nom d'un mafjisler
inilitum.
— M. le commandant Lefebvre des No(:ttes a com-
plété, à l'aide de photographies d'objets antiques, les
explications qu'il avait données dans une précédente
séance sur un détail de harnachement romain.
— ^L Héron de Villefosse a entretenu la Société du
torse d'Arles que le Louvre a rendu au musée de cette
ville pour y O'tre réuni à la tète de la statue de
Jupiter. Dès 1840, M. de Clarac avait demandé cette
réunion.
Commission des inscriptions parisiennes. —
La commission des inscriptions parisiennes a pris
l'initiative de rappeler le souvenir de la mort de
Wattcau a Xogent-sur-Marne (18 juillet 1721). Une
inscription a été posée, le 23 mars dernier, sur la
porte de l'ancienne demeure de M. Lefèvre, intendant
des Menus-Plaisirs, laquelle est encore conservée
presque intacte, ainsi (|ue le vieux parc qui l'entoure.
Salon des artistes français. — Le jury de la
section de sculpture du prochain Salon des artistes
français est composé comme suit :
Président, M. Allouard; vice-présidents, MM. Alfred
Boucher et .Mathurin-Morcau ; secrétaires, MM. Cw-
lus, Courtheilles et Larche ; membres : MM. Albert
Lefeuvre, Th. Barrau, Jean Boucher, Borrel, Desca,
Em. Fontaine, Gardet, Guilbert, Albert Guilloux,
Hugues, llannaux, llipp. Lefebvre, Lechevrel, Georges
Lemaire, Claudius Marioton, .Moricc, Michel, Perrin,
Peter, Seysse, Sicard, Sucliette, Valton, Vermare,
Vcrnon.
— Voici la composition du jury d'architecture :
Président : M. Daumet. membre de l'Institut; vice-
présidents : M.\l. Pascal et Girault, membres de
l'Institut; secrétaires : M.\I. Guilbert- et Ilanotin ;
membres : MM. d'Espouy, Eustache, Ch. Gautier,
J. Guadct, Lambert, Mayeux. Roussi et Blavette.
— La visite du Salon des artistes français s'accom-
pagnera d'auditions et de conférences musicales, et
de lectures de poèmes. Le détail de ces attractions
vient d'être définitivement réglé ; de deux heures à
quatre heures, chaque vendredi, un excellent quatuor
interprétera les maîtres de la musique classique et
ANCIEN ET MODERNE
IIB
iiioilerne ; après quoi, un conférencier prendra la pa-
role ; le mardi, ce sera le tour des poètes, et de
trois heures à cinq heures on récitera des vers iné-
dits.
Salon de la Société nationale des beaux-
arts. — La date de la remise des maquettes de
:iaiiison et Oiitita (3* acte), pour le concours de la
Société nationale des beaux-arts, est retardé jusqu'au
I" juin.
— Rappelons que le vernissage du Salon de la
Société nationale aura lieu mardi prochain U avril.
Ouverture le lendemain.
A Berlin. — La Galerie nationale a fait l'acquisi
tion, à l'exposition de l'école Diez, organisée chez
lleinemann, à Munich, des œuvres suivantes: Fêle de
vieilli', par Ludwig EibI (1874); Élude d'inlérieur, à
Fixcfiliaiisen surle Schliersee, par Allons Spring (1873^;
une Nature morte, de Ileinricli Weber, et un l'ortrait
(lu peintre Rupprec/it, par Ernst Ziuimermann; enfin,
un calepin de croquis de Wilhelm von Diez. — M. M.
Nécrologie. — lliir/o Kolscltenreiter, un peintre de
genre de l'école de Piloty, vient de mourir à S4 ans,
après une longue maladie. Ses tableaux sont de ceux
qui figurent de préférence dans les journaux et
revues de la famille. En 1902, la nouvelle Pinaco-
thèque en acheta un, intitulé Au jeu. — M. M.
— Le prince Uojidar Kararfeorr/evilch, cousin du
roi de Serbie, qui vient de mourir à Versailles, s'était
fait une réputation d'artiste ([ue sa présence assidue
dans la section d'art décoratif de nos Salons avait
établie depuis longtemps déjà ; les meubles, les
bijoux, les cuirs travaillés, qu'il exécutait avec habi-
leté, étaient d'ordinaire remarqués pour l'ingéniosité
et la nouveauté de leur ornementation. En même
temps, le prince Karageorgevitch, qui avait été très
lié avec Marie Bashkirtself et Bastien-Lcpage, et qui
était très apprécié dans les milieux artistes, collabo-
rait aux revues d'art françaises et étrangères, ou il
donnait des comptes rendus de Salons, des études sur
l'art populaire, l'art décoratif, etc.
— M. C/iarles Bi/sson, artiste peintre, ofVicier de la
Légion d'honneur, vient de mourir à l'âge de quatre-
vingt-cinq ans Les musées du Luxembourg, de Tours,
de Vendôme et de Compiègne, possèdent des tableaux
de cet artiste, qui était né à Montoire-sur-Loir, le
t3 juillet 1822 et qui exposait, depuis le Salon de tS4fi,
des paysages inspirés des sites tourangeaux, berri-
chons et vendômois (méd. de 3* cl. en 185S ; rappels
de médaille en 1857, 18S9, 1863 ; méd. de 2- cl. à l'E.x-
position universelle de 1867, de 1" cl. à celle de 1878,
hors concours à celle de 1000).
— De Lyon, on annonce la mort du peintre Clau-
(lius liarriot, qui a décoré de fresques plusieurs
églises de cette ville et des environs II était né
en 1846. .
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — "Vente de violons anciens. —
A tilre de curiositi', signalons le prix de 4.100 fr.
réalisé, — dans une vente faite salle il, le
.'iO mars, par M" Mauger et M. (iermain, — par un
violon de Stradivarius, garanti d'origine en 1847,
sur facture de J -B. Vuiliaume et dont il avait
été demandé Si. 000 fr. Dans la même vente, un
violon de .l.-B. Vuiliaume, reproduction ànMessie,
portant étiquette de 1860, a été payé 1.290 fr.
"Vente d'objets d'art, etc. — Une vente ano-
nyme, faite les 3 et 4 avril, salle 1, par M" H. Bau-
doin et MM. Mannheim, a donné lieu à quelques
enchères qui méritent d'être relevées.
Dans la première vacation, une véritable sur-
prise s'est produite à propos de l'adjudication
d'un livie d'heures du xiiic siècle enrichi de
miniatures. Sur la demande de 800 francs, ce
manuscrit a été finalement adjugé 7.900 francs.
Il nous suffira d'indiquer les enchères les plus
élevées de cette vente, qui a produit un total de
10o.8b8 francs.
PRINCIPAUX PRIX
PoiicEi.AiNES ET faïences. — ifi. Aiguièrc et bassin,
décor paysages animés, sur fond bleu. Sèvres, pâte
tendre isurdécorée et fêlure). Cache-pot analogue
(surd.), 1.4.")0fr.
Objets diveiis — Émaux cfinmplevés. — li\. Chasse,
forme de maison, xiv siècle, ornée de six ligures de
saints en relief, 2.12.") fr.
Èmuux peints. — 52. Plaque, xvi' s., attribuée à
Martin Didier, dit Pape, Scène de combat, 1.900 fr. —
53 Quatre plaques, fin xvi* s., attr. à Suzanne do
Court, les Quatre évanf/i^lisles, 1.350 fr.
U6
LE BULLETIN DE L'ART
117. Deux vitraux, xvr s., ;i sujets saints, 1.020 fr.
— 122. Livre d'heures à miniatures du xiii" s., 7.900 fr.
Pendules, bhonzes.' — 143. Porte-montre, br. doré,
forme char attelé de deux colombes conduites par
une femmej ép. Louis XV, 1 oOO fr. — 144. Pendule
sur socle-applique, marquet. cuivre sur écaille, garnit,
de bronze, ép. Louis XIV, l.lO.'i fr.
Meubles. — 159. Canapé, quatre fauteuils et huit
chaises, bois doré,couv. tap. d'Aubusson, ép. LouisXVl,
à personnages, animaux et draperies, 6.300 fr. (dcni.
8.000 fr.).
Étoffes. — 173. Trois petits panneaux de velours
oriental, 1.130 fr.
Tai'ISSEbies, tapis. — 19a. Seize pièces pour tap. et
broderie, fin xviii' s., 1.000 fr. — 199. Tap. flaïu.,
xvi" s., personnages sur fond d'habitations, bordure à
médaillons, 3.700 fr. — 200. Tap. Qam., xvr s., sujet
de style antique, fond de paysages, bord, jaune,
4.160 fr. — 201. Tap. flam., xvir s., à grands person-
nages, 1.230 fr. — 203. Tap. flam., xvir s., à grands
personnages, large bord, marron à fig., 3.000 fr. —
204. Tap., comm. du xviii" s., femme agenouillée,
avec quatre personnages, bord en tap. des Gobelins,
4.100' fr. — 203. Tap. flam., xviii' s., souveraine
assise, 1.300 fr. — 224. Deux panneaux tap. fond
blanc, à corbeille de fleurs, oiseaux, médaillon et
guirlandes, 4.100 fr. (dem., 5.000 fr.). — 223. Tap.
flam., comm. du xvr s., animaux et oiseaux au
milieu de branchages et fleurs enchevêtrés, 11.100 fr.
(dem. 12.000 fr.). — 220. Tap. verdure flam., xviii's.,
2.100 francs.
Collection P. Barboutau. — Cette vente
d'objets d'art et de peintures du Japon, faite à
l'Hôtel, salle 7, du 31 mars au 2 avril, par
Me Lair-Dubreuil et M. E. Leroux, a produit un
total de 51.999 francs.
(Quelques prix :
Chimère, terre cuite de Nara, x* s., 720 fr. — Sta-
tuette de la déesse Kwa-Non, bois laqué, 510 fr. —
lirûle-parfum en fer, fornie de hibou, 420 fr.
Peintures. — 105. Marou-Yama. Enfant retenant
un bœuf par une corde, 2.100 fr. — 1.044. Attr. à
Ken-Zan. Portion d'un tronc d'érable, 1.830 fr. —
1.043. Ilo-itsou. Branche de camélia, 1.003 fr. — 1.041.
Korin. Fleurs, 550 fr. — 1.054. So-Zen Faisan et ro-
seau, 600 fr. — 1.055. Deux sinf/es, 800 fr. — 1.030.
So-ga Ni Tchoukou-au (xvi* s.). Faucon perché sur
une halustraile. 2.000 fr.
Le n° 1.063, deux paravents attribués à Iwasa Ma-
tabéé, a été retiré de la vente, la mise à prix de
4 000 fr. n'ayant pas été couverte.
Objets d'art, etc. — La vente anonyme, faite
salles liet 0, par M'' Lair-Dubreuil et,\L\L l'aulme
et Lasquin, le 6 avril, a produit un total de
314.895 francs.
Les tapisseries, comme nous l'indiquions en
annonçant cette vente, formaient le gros mor-
ceau et l'attrait principal de la vacation. D'une
façon générale, dans cette catégorie comme ducô té
des objets d'art et d'ameublement, les prix de
demande n'ont pas été atteints, ni retrouvés
les prix d'adjudication antérieurement obtenus
par les mômes objets.
C'est ainsi que, sur la demande de 40.000 fr.,
la tapisserie des Gobelins du xvni'= siècle, Bacchus
et Ariane, n'a obtenu que 3;;. 000 fr., alors que,
dans la vente Darlaud, l'an dernier, cette même
pièce réalisa 41. bOO francs.
Pour ne pas allonger inutilement notre com-
mentaire, nous nous conlentçrons d'indi()uer,
avec les enchères les plus marquantes, quelques-
uns des prix de demande.
PRINCIPAUX PRIX
Anciennes pobcelaines. — 9 bis. Tête-à-tête, Sèvres
pâte tendre, ornements variés{pièces refaites), 1.000 fr.
Anciennes pobcelaines de la Chine. — 1 1. Deux pots
ovoïdes, médaillons émaux de couleur, ép. Rang-hi
(rest.), 2.430 fr. — 21. Deux pots ovoïdes, déc. en
coul., ép. Rang-hi (couv. reL), 1.000 fr. — 23. Grande
potiche, émaux de coul. (fêl.), 1.120 fr. — 26. Deux
vases ovoïdes avec couv., fond bleu fouetté et rehauts
de dorure, décor à réserves, ép. Rang-hi; mont, cuivre
doré, ép. Régence (fract. etfèl.), 12.000 fr. (dem. 13.000).
Sculptubks akciennes. — 33. Petit bas-relief, terre
cuite, par Clodion. Bacchante jouant avec deux
enfants, 1.080 fr. — 34. Deux statuettes br. fondu,
ciselé et patiné. Bacchus et Fc'nus, ép. Régence, 6.100 fr.
(Vente de Sivry, 1904, 8.100 fr.). — 35. Statuette
bronze, l'Enfant à la caye, d'après J.-li. Pigalle,
xviu' s., 9.000 fr. (dem. 12.000). — 36. Deux médail-
lons marbre blanc sculpté, xviir s., bustes de Messire
de Neuville et de M'on de Seuville, 5.300 fr. — .37.
Deux statuettes d'enfants, l'Eté cil' Automne, xviir s.,
1.700 fr.
Bhonzes d'ameublement. — 40. Deux candélabres,
vase ovoïde métal bleui, socle marbre blanc, bouquet
de lis purtantsix lumières en partie anciens), 2.900 fr.
— 41. Pendule cartel-applique, mouv. au centre d'un
motif architectural à pilastres, surmonté d'un groupe
Amour et ccxj, ép. Louis XVI, 3.800 fr. — 43. Pendule
et deux candélabres, br. ciselé et doré et marbre, ép.
Louis XVL La pendule se compose d'une fenuile
assise tenant un livre ; candélabres formés d'un vase
ovoïde en marbre, mont, br., 4.000 fr. (dem. 6.000).
— 44. Pendule ép. Louis XVL br. ciselé et doré, marbre
blanc et biscuit, cage rectangulaire, àdr. et à g., deux
groupes biscuit figurant Vénus et l'Amour, 10.000 fr.
(dem. 10.000). — 43. Grande pendule bronze et marbre
blanc, composée d'un piédestal au centre duquel est le
ANCIEN ET MODERNE
117
mouvement; de chaque côté des coupoles à volutes,
1.700 fr.
DÉGoiiATioN PEINTE. — 46. Décoration peinte en coul.
de si.x panneau.x d'arabesques, (leurs, fruits et attri-
buts, xvuf s. (fond rehaussé). Provient d'un liôtel
habité au xviii* siècle par la Guimard, 2.250 fr.
Meibi.es et sièges. — 48-49. Deu.x conimodes seui-
lilables, se faisant pendant, bois de placage, style
xviii' s., 3.îi00 fr. — M. Grand paravent à douze
feuilles, laque de Coromandel, 3.030 fr. — 52. Petite
table ovale mar((., ép. Louis XV, l.SOO fr. — o'i. Salon
ép. liégencc, bois sculpté, couv. velours frappé'
1.400 fr.
SiÉoEs AXCiE.NXE TAi'jssEii lE. — Si. Salou noH
monté, Aubusson, (in xviii' s., canapé, quatre fau-
teuils, six chaises, fond blanc, animaux variés,
contre-fond vert, 10.500 fr. — 55. Canapé et huit fau-
teuils Aubusson, xviii" s., l'omp. dans le goût de
Salembier, vases ornés de (leurs, 36.100 fr. (dem.,
40.000 fr.). — 56. Six fauteuils, ép. Louis XV, anc.
tap. au point, 3.600 fr. — 58. Canapé et six fauteuils,
tap. Aubusson, ép. Louis XVI, petits personnages ou
animaux dans des paysages sur fond blanc, 15.050 fr.
Tapissehies ant.iex.\es. — 60. Tap. des Gobelins, de
la tenture des Métamorphoses, représentant Bacchus
et Ariane, d'après un carton présumé de Ch. Coypel,
33.000 fr. (dem., 40.000 fr.; — vente Darlaud, 1907,
41.500 fr.). — 61 à 65. Tenture de cinq pièces, tap. de
Beauvais du xviii" s., à sujets de paysages maritimes
animés de navires, volatiles divers, etc., 33 500 fr.
(dem., 50.000 fr.). — 66 à 70. Tenture de cinq pièces,
tap. du xviii" s. : le Char de la Comédie conduit par
A rlequin. la Comédie italienne, Alléf/orie du commerce
entre l'Orient et l'Occident, h'éte orientale, Déchar-
iiement d'un navire nuirclumd en Orient, 46.000 fr.
(dem. 30.000 fr.). — 71 à 73. Tenture de trois pièces
en tap. de Paris, première moitié du xviii* s., sujets
tirés de la Fable, représentant Diuue et ses Nymphes,
Narcisse et la nymphe Echo, Neptune, Vénus et
l'Amour, 20.000 fr. (dem., 25.000 fr.). — 74. Tap. ép.
Louis XIV, d'après Bérain, fond havane, composition
à portiques, arabesques, etc., bord d'encadrement,
11.180 fr. — 75. Tap. fin xvi' s., paysage et petits
personnages guerriers, 1.650 fr. — 76 à 81. Suite de
six petites tap. (lani., ép. Louis XVI, petits person-
nages, ép. Louis XIV, petits personnages mytholo-
giques, 6.830 fr. — 82. Tap. de Paris, ép. xvn- s., dite
verdure, animée de volatiles, 8.300 francs.
Collection de M. Paul Périer (tableaux
modernes, etc.). — Celte vente a eu lieu,
comme nous l'avions annoncé, salle 1 1, le 7 avril,
par le ministère de M. Lair-Dubreuil et de M. Th.
IJonjean.
Bien que, pour la majeure partie des tableaux,
les prix de demande n'aient pas été atteints,
les résultats doivent être considérés, pourtant,
comme des plus satisfaisants, car du côté des
bronzes de liarye en épreuves anciennes, dont il
y avait ici une réunion de choix, les estimations
ont été, et de beaucoup, dépassées. Ainsi la
Grande panthère saifinsant un cerf du Gange, sur
la demande de ."i.OOù francs, est montée à
11.700 francs ; et le Taureau UHe baissée a
réalisé .'l.blO francs, sur la demande de 2.000 fr.
Un détail qui montrera la plus value actuelle —
et méritée d'ailleurs —.de ces bronzes de Barye,
en épreuvesancienues: leCerflrte haiaséeimodkie)
adjugé 720 francs à la vente l.utz, en 1902, a
atteint ici à 1.300 francs.
Du côté des tableaux il y a eu, par contre,
quelques moins-values : le Diaz, Nymphes de Diane,
n'a obtenu que 13,000 francs sur la demande de
15.000 francs; le Corot, Ville d'Avray, b.200 fr.
sur celle de 6.000 francs. Plus favorisés, les deux
Harpignies, la Tour à Saint-Privé et r Automne,
ont été adjugés 7 000 et 6.800 francs, sur la
môme demande de 7.000 francs pour chacun.
Les aquarelles d'Harpignies se sont bien ven-
dues. Uien de notable dans les quelques objets
d'art et d'ameublement qui complétaient la
vente.
PRINCIPAUX PRIX
Tableaux .moijeknes. — 2. Corot. Ville-d'Avruy,
3.200 fr. — 3. Daubigny. l'ommiers en fleurs à Anvers,
1.600 fr. — 4. Delacroix. Le Christ au jardin des Oli-
viers, 2.400 fr. — 6. Diaz. Nymphes de Diane, 13.000 fr.
— 8. Harpignies. La Tour à Saint-Privé, 7.000 — 9.
L'Automne, 6.800 fr. — 10. Isabey. Marine, 2.130 fr. —
12. Jongkind. Le Faubourg Saint-Marcel, clair de
lune, 3.250 fr. — 13. Marais. Dans les prés d'Aiiésy
(Calvados), t. 330 fr.
AyuAHEi.i.ES, DESSINS. — 25. Harpignies. La Loire.
Environs de Saint-Privé, aquar., 2.000 fr. — 27. Saint-
Privé, aquar., 3.400 fr. — 28. Pommiers en fleurs,
Oisenne, aquar., 1.380 fr.
Bko.nzes de Barve. — 33. Aiyle, bec ouvert, épreuve
anc, patine verte, 1.200 fr. — 37. Cerf, tête baissée
[modèle), épr. anc, patine médaille, 1.300 fr. — 40.
Cheval, jambe levée, épr. anc, patine brune, 1.370 fr.
— 41. Dromadaire, épr. anc, patine brune, 1.100 fr.
— 46. Ocelot et héron, épr. anc, patine verte, 2.093 fr.
— 49. Grande jMinthère saisissant un cerf du Ganye,
épr. anc, patine médaille, 11.700 fr. — 59. Combat de
lionceaujc, épr. anc, patine médaille, 1.000 fr. — 60.
Taureau, tête baissée, épr. anc, patine brune, 3.510 fr.
Produit : 88.693 fr.
Ventes annoncées. ^ A Paris. - Objets
de vitrine, etc. — l'ii mince catalogue, illustn''
de quelques planches, nous apporte l'annonce
d'une vente d'objets de vitrine, estampes an-
H8
LE BULLETIN DE L'ART
cieiines et tableaux, appartenanl à M. L. ., —
vacation f|ui aura lieu salle 7, le l.'i avril, sous la
direction de M« Lair-Dubreuil el de MM. Paulme
et Lasquin (ils.
Parmi les estampes — des écoles française et
anglaise du xvni" siècle, il va sans dire, — notons
en particulier les deux pièces célèbres, se faisant
pendant, par Debucourt : l'Escalade ou les Adieux
du Matin, Heur et malheur ou la Cruche cassée, et
une gravure en manière de lavis, Crossin;/ the
brooh, par \V. Say, d'après H. Thomson.
Côté des objets de vitrine : une jolie réunion
de boîtes, étuis, montres, miniatures, d'art fran-
çais du xvin"' siècle.
Ventes prochaines. — Bien que la saison ne
soit pas des plus brillantes pour le commerce de
la curiosité et que le contre-coup du mauvais
état des affaires à New- York et à Londres se
fasse sentir jusqu'à Paris, nous aurons cependant
une série de belles ventes.
La dispersion de l'imporlante Collection de
M. Gerbcau, à laquelle présideront M" Biznuard
et Henri Baudoin, nécessiteia plusieurs séries de
vacations qui sont fixées aux dates suivantes :
i''^ vente, du 25 avril au 6 mai ; 2° vente, du 10
au 15 mai; 3" vente, du 16 au 18 mai; et 4" vente,
du 25 au 27 mai.
D'autre part, à l'Hôtel Drouot, salles 7 et 8,
Me» Lair-Dubreuil et Baudoin dirigeront, du
7 au 9 mai, la Vente Jelildne, composée d'objets
d'art et de curiosité, parmi lesquelles on retrou-
vera le fameux buste de Louis XV en ancienne
porcelaine blanche de Mennecy, dont il fut tant
parlé naguère, au moment de son passage dans
la vente d'Yanville.
Une importante vente de tableaux anciens est
annoncée, qui prendra place du 10 au 22 mai.
salle 6; — et, du 19 au 23 mai, salles 9 et 10,
M" Origet dispersera la collection de tableaux
anciens, objets d'art et de curiosité de Mff Char-
mettant, ancien évoque d'Alger. Le même com-
missaire-priseur aura à diriger également, du
12 au 25 mai, la collection de clefs et de serrures
anciennes de feu M. Marscnt.
Rappelons enfin (]u'à la galeiie Georges Petit
auront lieu : du il au 7 mai, la vente de la Coller-
lion Chcramy (tableaux anciens et modernes) et
du H au 16 mai, celle de la Collection Hombeig
(objets d'art et de liante curiosité) ; ces deux
ventes sous la direction de M" Lair-Dubreuil.
Dans un tout autre genre el à une date plus
rapprochée, aura lieu, le 2 mai, par le ministère
de .M" Lair-Dubreuil, la vente de trente et un
tableaux par Cazin.
M. N.
ESTAMPES
L'abondance des matières nous force à ren-
voyer à la semaine prochaine le compte rendu
d'une vente d'estampes des xvu«et xvin" siècles,
faite à l'Hôtel, salle 10, du 31 mars au 2 avril,
par M^ H Baudoin et M. Danlos, et qui a produit
un total de 110.132 francs.
Ventes annoncées. — A Paris. — La « Col-
lection d'un amateur», dont M" Lair-Uubreuil
dirigea la vente, avec l'assistance de M, l.oys
Delteil, le li avril prochain, est assez variée en
ses 246 numéros, pour satisfaire tous les goi'its. Les
maîtres anciens comme Cranach, Rembrandt,
Robert Nanteuil (28 numéros), s'y rencontrent
avec quelques-uns des maîtres modernes les plus
appréciés, — ceux-ci formant le plus gros appoint
de la vente : Bracquemond, Corot, Daubigny (10
numéros), Devéria, Gavarni, Géricaull, Isabey,
Ch. .lacque, Legros (14 numéros). Millet, Ralfet,
voilà pour les J'Yançais ; Van Mnyden, Nicholson,
VVhistler et Zorn, voilà pour les étrangers. Le
dernier nommé n'est pas représenté par moins
de trente pièces.
R. (;.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
"Walter Gay (Galeries Georges Petit). —
«... Des descriptions, de celles qui servent à
mieux faire entendre les choses naturelles, et à
donner des lumières, peut-être trop négligées,
sur les rapports de l'homme avec ce qu"il appelle
l'inanimé... u Cette psychologie de la nature
morte, qu'ébauchait l'éditeur A'Otiermann en
1804, sympathise avec ces attrayants « portraits »
d'intérieurs vides, mais habités par le souvenir.
Un intérieur, encore plus qu'un paysage, n'esl-il
pas n un état de l'àme » ? Et la peinture n'est
plus une " vanité « quand elle éclaire expressive-
ment la survie des choses! Sa lumière devient
une musiijue muette : de sombres médaillons
dans des boiseries, un buste pétillant sur une
console dorée, la sentimentale p.'ileur d'une
cliambretle, — tout ce qui chante ou murmure
encore d'autrefois dans une atmosphère, s'incor-
pore dans un détail qui résume un style, un
ANCIEN ET MODERNE
119
ri'gne, une époque ; tout ce que recèle de sugges-
tion, sinon de pensée, une lueur argentine ou
tiède glisse à travers les rais des persiennes ma-
tinales ou le damier des vitres encadrant les ver-
dures du parc : les tapisseries ambrées rivalisent
de confidences avec les reliures ; l'image ovale
d'une noble aïeule ou le cartel enrubanné pend
sur la glace Louis XV ; le bleu des assiettes sur
la nappe pâlit les marges grises des sanguines
de prix. Et l'œil oublie l'art du portraitiste assez
amoureux de ses modèles pour en respecter la
physionomie, la maestria du peintre qui réalise
largement ce que nos pères appelaient « l'ac-
cord » par le seul pouvoir des valeurs et d'un ton
mis en sa place... En décrivant les épaves du
b'^au temps, l'artiste exprime le nôtre : à Carna-
valet comme au château, ce sont partout des
atmosphères de musée. Qui sait si les « por-
traits » de toutes ces reliques ne passeront point
pour le chef-d'œuvre de notre âge érudit et sans
imagination, qui n'a plus d'autre idéal que le
1 l'gret du passé ?
"Wilfrid- Gabriel de Glehn (CalericsDurand-
lluel;. — Un virtuose aussi, mais dont la virtuo-
sité voyageuse s'éparpille eu dénonçant les dan-
gers de l'éclectisme ! Avec son nom d'origine
allemande et ses études achevées à Paris, cet
élégant peintre londonien reviH une allure cos-
mopolite. Déjà ses paysages, italiens ou bretons,
ont fait prononcer le nom de Gainsborough,
paysagiste romanesque et contemporain de Fra-
gonard ; mais s'il sacrifie trop i la perfide magie
des souvenirs, cet amoureux d'art cultive moins
ses maîtres ou les nôtres que les doux grands
séducteurs d'outre-mer : M. Sargent inspire le
brio (luide de ses brillants portraits féminins
(Maternité, la Robe noire) ou de ses adroites
peintures à l'eau (la Fontaine de Trevi) ; — feu
Whistler estompe ses brumeuses vues de grandes
villes, criblées de points lumineux (la série du
pont de Chelsea, le l'ont de Brooldyn ou les cré-
puscules mauves de New-York, et même une
Venise gris-perle). On pourrait se recommander
de plus mauvais patrons.
H.AYMOND BOLVER.
A huitaine, le compte rendu de la vingt-qua-
trième exposition de la Société de Pastellistes
français, qui vient d'ouvrir à la galerie Georges
Petit.
r^ r;^> tvp TTl?
NOTES &, DOCUMENTS
Orfèvres français à Saint-Pétersbourg
de 1714 à 1814.
Dans la revue S^aryc Gody[les Années anciennes],
le baron A. de Foelkersam, à qui l'on devait déjà
un précieux Inventaire de l'argenterie de la Cour
de S. M. l'Empereur, publia, pendant toute l'année
1907, une Liste alphabétique des miitres orfhires
cl argentiers, Joailliers, graveurs, etc. Cette liste,
dressée d'après les registres des guildes de
l'étersbourg, est augmentée d'une foule de ren-
seignements puisés aux sources de toutes parts.
Il nous paraît intéressant d'y relever les noms
d'artistes français ayant travaillé à Pétersbourg,
noms inconnus de Dussieux, dans ses Artistes
français à l'étranger, et qui ont également échappé
aux écrivains qui se sont occupés de nos compa-
triotes « passés en Russie ». Pour éviter toute
erreur, nous nous en tiendrons, pour cette fois,
aux artistes qu'un renseignement indique être nés
en France ou être venus de France ; nous néglige-
rons pour l'instant un nombre de notices presque
égal à celui que nous allons publier : d'origine
nettement française, ils appartinrent à des
artistes provenant de nos colonies de Réfugiés
en Allemagne, Danemark^ Suisse, etc.; d'autres
arrivaient de lielgique.
Dems Rochr.
Adoii (J.-P.), mo-l78o. Joaillier et iiiaitre orfèvre,
venu (le France à Pétersbourg au commeuceiuent du
règne de Catherine II. Il travailla pour la cour et pour
le grand monde, fut un des meilleurs maîtres qu'il y
eut à Pétersbourg. Beaucoup de ses œuvres se trou-
vent au musée de l'Ermitage. Ador ne faisait partie
d'aucune guilde.
Amov (François-Serge). Né à Paris. Venu à Péters-
bourg avec un passeport danois, en 1782. Incorporé
à la guilde étrangère comme premier maître graveur,
en 1787. E.xiste encore en tSOB.
AuHOTK. Dorigine française. Un des meilleurs met-
teurs en œuvre. Sur la recommandation de Pauzié,
lîezkoï le chargea de travailler avec Pauzié à la cou-
ronne impériale de Catherine 11, en 1762. Il ne fit pas
partie de la guilde.
Behïbani) (François). Né à Pauvis (en Dauphiné).
Entre comme maître orfèvre dans la guilde étrangère,
le 30 mai 1787.
Beyeh (Jean-Guillaume). Né k Paris, en 1753. S'éta-
blit en 1809 à Pétersbourg, et entra en 1811 comme
maître dans la guilde russe perpétuelle des orfèvres
et ari-'entiers.
120
LE BULLETIN DE L'ART
Bi.ïKZY (Jean-Charles). D'origine française, vint à
Pétersboiirg avant 1793. Reiu comme maitre mercier
de la guilde étrangère, le 13 aoi'it 1794. Naturalisé
russe, en 1809, et entré comme maitre dans la guilde
perpétuelle russe des orfèvres et argentiers, en 1^811.
BoLLiAUD (Jean-François). Né à Paris. Maitre de la
guilde étrangère à Pétersbourg, depuis le 10 octobre
1782. Travaillait encore en 1786.
CuATEMN (Charles-Antoine). Né à Paris en 1743.
Reçu comme maitre graveur dans la guilde étrangère,
le 13 avril 1792. En 1810, il se fit naturaliser russe et
passa dans la guide russe perpétuelle.
Daius. D'origine française. Demande à être reçu
maitre dans la guilde étrangère, le 18 janvier 1798 ;
fut reçu en 180b.
Dabis (Friedrich). Fils du précédent. Fut élève du
maitre C. Ilolmstrem, puis maitre orfèvre à la guilde
étrangère. Mort en 1833.
De la Choix (Alexandre-Anastasius). Né à Berlin,
dans la colonie française. Maiire de la guilde étran-
gère depuis le 10 janvier 1769.
De la Marc (Louis-François). Né à Paris. Maître de
guilde étrangère depuis le 23 octobre 1777.
Délogé (Paul). Né à Paris. Maitre de la guilde étran-
gère depuis le 8 juillet 1777.
Dekoussy (Louis). D'origine française. Maitre depuis
le 20 août 1740.
DuHiîME (Chrétien). Né à Berlin, probablement dans
la colonie française ; reçu maitre orfèvre dans le
guilde étrangère en 1813.
DuiiÈME (Jean). Fut l'élève du précédent jusqu'en
1824.
DuMONT (N.-N.). Maitre joaillier depuis 1799.
FouitEiis (Jean-Baptiste). Batteur d'or. Né en France
en ms. Se fit naturaliser russe; entra en 1810-1811
dans la guilde perpétuelle.
Genou (Jean). Né à Paris. Maître à la guilde étran-
gère depuis le 8 septembre 1785.
GiiANjEAN (Granjoan). Fran(;ais. Maiire de la guilde
étrangère â partir de juillet 1804.
Graveiio. Né à Paris. Joaillier de la cour à Saint-
Pétersbourg et habile tailleur de pierreries. Le célèbre
J. Pauzié fut son élève, puis fut sous-mallre chez lui,
de 1731 à 1740. Gravero n'appartint à aucune guilde.
Ce fut un bon maitre, homme de beaucoup de talent,
mais il était ivrogne et de caractère batailleur. Liu)-
pératrice Anna loannovna, qui s'intéressait à la
joaillerie et aimait les diamants, ordonnait à Gravero
de venir avec ses ouvriers travailler sous ses yeux
au Palais. La cour lui fournissait des aides.
IIerbst (Paul-François-Frédéric). Né à Paris, iil sou
apprentissage à Berlin et fut ensuite maître à
Londres. Venu à Pétersbourg, il entra comme maiire
dans la guilde étrangère, le 2 avril 177t.
IIessino (Heinrich-Louis). Né a Strasbourg. Fut 3 ans
en apprentissage chez le maître orfèvre G. -G. Léman.
Maître orfèvre à la guilde étrangère, depuis le
13 aoiit 1794.
Leblanc (François). Né à <■ Mesavett-en-Chablais,
province de Savoyc». Maitre de la guilde étrangère, à
partir du 28 novembre 1775. 11 en fait encore partie
en 178G.
Loret (Antoine). Né à Paris. Maitre de la guilde
étrangère, à partir du 28 octobre 1782. Quitta Péters-
bourg en septembre 1787.
LouBiEK (Jean-François). Né à Berlin, dans la colo-
nie française. Maitre orfèvre de la guilde étrangère,
depuis le 2i avril 1776. Aide du doyen en 1786 et en
1790. Doyen en 1792. Sortit de la guilde en 1816. De
1782 à 1794 il eut sept élèves (3 français, 3 russes et
un allemand). Loubier fut un deâ meilleurs orfèvres
de son temps. Catlierine 11 le chargea de faire une
couronne impériale que Loubier n'acheva que pour le
couronnement de l'empereur Paul I". 11 avait le titre
de joaillier de la Cour.
Loubier (Jean-Pierre). Fils du précédent, né à Berlin,
fit pendant quatre ans son apprentissage chez son
père. Sous-maitrc en 1792. Maitre orfèvre de la guilde
étrangère depuis 1801. Aide du doyen en 1819 et 1820,
et doyen de 1821 jusqu'à mars 1822.
Methut (Jacques-François). D'origine française.
Maitre mercier de la guilde étrangère en 1789. En
1792, A. -G. Ilundendorf termina chez lui son appren-
tissage.
Omont (Alhanase). .Né à Paris Maître de la guilde
étrangère depuis le 30 mai 1787.
Sec.L'IN (François). Né à Paris. Maitre mercier le
9 décembre 1779 ; aide du doyen de la guilde étran-
gère, en 1789. Doyen en 1790. Mort en 1795. Il signait :
« maiire d'apprentissage ». Il eut pour élève J. Froi-
dcnleldt,cn 1789.
LES REVUES
France
Le Correspondant (25 mars). — Uiile ri ses pein-
tres: llolbrin el Bœcklin^ par .\. Sai.nte-Mabib Pbbrim.
Le Mois littéraire et pittoresque (marsl. —
Fia Aiii/eliiu et la chnpelle de Nicolas \' au Vatican,
par Abcl Fabbk.
(Avril;. — Une petite cour au XVIII' siècle (le duc
Léopold à Lunéville), par Gaspard de Weede.
— Le Salon des refusés du siècle, yar Gustave llus.
Le Gérant : H. Dk.sis.
Paru. — Imp. (>eorg«< Petit, 12, rue Uodot-de-llauroi .
Numéro 380.
Samedi 18 Avril IdOS.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Justice immanente
Le Bulletin a conté en son temps l'extraordi-
naire mésaventure du vieux pont de Cahors, con-
damné politique dont la municipalité avait décrété
la mort sous les plus futiles prétextes et que les
protestations indignées de ses défenseurs furent
impuissantes à sauver.
Ceci se passait au mois d'octobre 1906 (1).
Dès que la passerelle provisoire, qui devait as-
surer les communications entre Cahors et le fau-
bourg Cabessut, fut achevée, on commença la dé-
molition du vieux pont; mais, premier déboire,
cette maçonnerie du xiv« siècle, qu'on disait
manquer de solidité, résista si victorieusement à
toutes les attaques du pic, qu'il fallut la faire
sauter à la mine. Sur ce survint une crue du l.ot
qui emporta la passerelle...
l,es travaux tirèrent en longueur... Les gens
de Cabessut, obligés de faire un long détour pour
gagner le pont Louis-Philippe et, par surcroît,
privés de gaz et d'eau, maugréèrent.
l'n entrepreneur, s'étant aventuré en barque
sous le pont, dans l'intention de se rendre compte
de l'état des travaux, fut tué net par une pierre
qui se détacha d'une des arches. Le génie réqui-
sitionné construisit un pont de bateaux, ce qui
calma momentanément la mauvaise humeur des
gens de (Cabessut ; mais dès la première crue, le
génie se hàla de retirer ses bateaux, ce qui exas-
péra les riverains... Les travaux de démolition
duraient toujours.
Ils durèrent toute l'année 1907; ils menaçaient
de s'éterniser, quand les entrepreneurs écrivirent
au maire de Cahors qu'ils se voyaient dans la pé-
nible nécessité de renoncer à la continuation de
leurs travaux. L'expérience de la démolition leur
avait suffi ; ils ne tenaient pas à reconstruire ! Ils
préféraient abandonner leur cautionnement, leur
matériel et les sommes même qui leur restaient
dues. Oncques vit-on démolisseurs si démolis ?
Là-dessus, grandes discussions, articles de jour-
naux, pourparlers sans nombre. La municipalité
suppute avec terreur le peu de semaines qui nous
séparent maintenant des élections et reconnaît
que même en revisant le cahier des charges, elle
n'aura jamais le temps de lancer sa belle passe-
relle en fer avant la redoutable échéance. Les
gens de Cabessut deviennent enragés. Et les an-
ciens défenseurs du vieux pont, si sottement, si
maladroitement, si inutilement détruit, se con-
tentent de répéter : «Justice immanente ! .lustice
immanente! » avec un accent terrible sur la
pénultième.
Eddv.
ÉCHOS ET NOUVELLES
(1) Voirie liullelin, n" 3\\ et 314.
Académie des beaux-arts (séance du 11 avril).
— L'Académie des beaux-arts a désigné coniine
membres de la commission chargée de l'attribution
du prix de 12.000 fr. fondé par le baron Alphonse de
liothschild et destiné ;'i encourager les travaux d'un
artiste de mérite ou à récompenser une carrière artis-
tique : .MM. lîonnat et Détaille (section de peinture) ;
Marqueste et Coûtant (section de sculpture) ; Daumet
et Dernier (section d'architecture) ; Chaplain et Jacquet
(section de gravure) ; Paladilhc et Lenepveu (section
de composition musicale) ; Gruyer et baron Edmond
de Rothschild (membres libres).
Musée des Arts décoratifs. — L'Exposition
théâtrale, organisée sous la direction de M. Georges
Hergcr, a été inaugurée mercredi par le Président de
la République. Le Bulletin en rendra compte dans le
prochain numéro.
Musées de la 'Ville de Paris. — En vertu d'une
décision du Préfet do la Seine, les membres des asso-
ciations de presse ou écrivains (associations littéraires
et artistiques, sociétés de gens de lettres, critiques
d'art), seront admis dans les musées numicipaux
(Petit-Palais, musées Carnavalet et Cernuschi, uiaisou
de Victor Hugo), sur présentation de leur carte per-
sonnelle d'identité.
■
122
LE BULLETIN DE L'ART
Collège de France. — L'assemblée des professeurs
du Collège de France, ayant voté la transformation de
la chaire de langue et de littérature araméennes en
chaire de numismatique, a présenté au ministre comme
titulaire de cette chaire, en première ligne, à l'unani-
mité, M. Babelon, de l'Institut, conservateur du cabi-
net des médailles à la Bibliothèque nationale ; en
seconde ligne, M. F. Mazerolle, archiviste de la
Monnaie.
Commission du "Vieux Paris. — Dans sa séance
du H avril, la commission municipale du Vieux Paris
.s'est de nouveau occupée de la question de la surélé-
vation de certaines maisons de la rue de Uivoli On
sait que cette rue, ayant été créée par un arrêt des
consuls du M vendémiaire an X, il appartient à l'Etal
d'en faire respecter l'harmonie. M. Bouvard a com-
muniqué à ses collègues une lettre de M. Clemenceau
déclarant que le gouvernement déférera au tribunal
civil les propriétaires qui feront faire des adjonctions
non conformes aux plans primitifs. •
— M. Selmersheim a annoncé que la commission des
monuments historiques n'a pas approuvé le plan de
la maison des étudiants à élever rue de la Bùcheric,
parce que la diversité et le nombre des services pré-
vus altérerait le caractère archéologique de l'édifice
qui doit être conservé.
— De nouveaux renseignements ont été fournis par
M. Ch. Sellier sur l'enceinte de Lutèce, dont un frag-
ment vient d'être mis au jour entre les rues des Ursins
et Chanoinesse ; la construction de ce mur parait
remonter à la fin du troisième siècle, époque des pre-
mières grandes invasions de la Gaule.
Chronique du vandalisme. — On assure que
l'une des curiosités les plus intéressantes de la Pro-
vence, l'antique cité des Baux, est menacée de destruc-
tion par suite de l'exploitation de la roche sur laquelle
elle est bâtie; on dit aussi que, bien qu'elle soit clas-
sée comme monument historique, certains entrepre-
neurs ne se gênent pas pour emprunter des pierres à
ses monuments. Il faut souhaiter qu'une prompte
intervention empêche un désastre.
A Grenoble. — Une Dauphinoise, M"' deBoissieux,
qui vient de mourir à Nolay (Côte-d'Or^, lègue à la
ville de Grenoble 1.900.000 francs pour la création
■ d'une école des Beaux-Arts.
A Marseille. — La salle des Puget au musée de
Marseille rouvrira prochainement. Aux œuvres qui
s'y trouvaient déjà, données en grande partie en 1899
par M. Emile Ricard, sont venus s'ajouter dés mou-
lages, que la municipalité deGênes a bien voulu laisser
prendre, des grondes statues exécutées par Puget dans
cette ville : le Saint Sébastien et le Saint Ambroise,
de l'église de Carignan, Vhnmaciilée Conception de
l'Albergo dei Poveri,et la Vierr/e de l'oratoire de-Saint-
Philippe-de-Néri.
A Strasbourg. — Le comte de Wedel, statthaller
(J'Alsace-Lorraine, vient de mettre à la disposition du
conseil municipal de Strasbourg une somme de
2.;j00 marks, destinée à acheter à l'exposition de
l'école de Nancy, qui a lieu actuellement au château
des Rohan, des objets d'art pour le nmsée des Arts
industriels de Strasbourg. La commission d'organi-
sation du musée s'est réunie et a fait le choix des
objets à acquérir : des verreries de Daum frères et
Emilie Galle, ainsi que des poteries de Cytère à Ham-
bervil.lers.
A Budapest. — A signaler en l'honneur de l'art
français : M. P. Vcrneuil a fait récemment à la Société
littéraire française de Budapest une conférence sur
l'évolution de l'art décoratif français moderne. Cette
conférence, à laquelle assistaient l'archiduc Joseph-
François et le comte Appony, ministre de l'instruc-
tion publique, a été très chaleureusement accueillie
et suivie d'une autre conférence qui a eu lieu, celle-là,
au musée des Arts décoratifs de Budapest.
A Francfort-sur-Mein. — La Galerie munici-
pale, récemment fondée, s'enrichit d'un lot de 25 œu-
vres, petite exposition particulière organisée par le
peintre Frit/ Boehie à l'Institut Slaedel. que la ville a
achetées en bloc par la somme de 80.000 marks.
A Munich. — Le Cabinet graphique ouvrait le
19 mars, et la nouvelle Pinacothèque une dizaine de
jours plus tard, l'exposition des œuvres de Menzel,
qu'une nièce du peintre, M"" Marg. Krigar-Menzel,
vient d'offrir généreusement à l'État bavarois, en sou-
venir de l'alTection particulière et de l'intérêt que le
célèbre artiste portait à .Munich et à ses expositions.
11 s'agit d'une cinquantaine de gouaches, dessins et
croquis et de 14 tableaux à l'huile et à l'aquarelle ; il
n'y a là naturellement aucune des pièces qui firent
sensation en leur temps, mais elles composent un
ensemble intéressant, et une dizaine d'entre elles figu-
rèrent à l'Exposition posthume de Berlin.
Ce sont des croquis de voyage, coins de cours et de
rues pittoresques, pris à Wurzbourg, à Kissingcn, à
Salzbourg, en Tyrol; une carte d'invitation à la repré-
sentation de gala du 23 septembre 187.3, avec, dans la
loge de la cour, le couple impérial d'Allemagne et
Victor-Emmanuel ; un portrait de Meissonicr dans
son atelier de Poissy, en 1867 ; d'autres portraits de
parents et d'amis, des études de têtes, de mains et de
draperies.
Les tableaux remontent aux débuts du maître : inté-
rieur d'une échope de fripier (1848), celui d'une église
d'Innsbruck, chœur du dôme de Mayenoe, une ter-
rasse d'église de 1847, à l'aquarelle et un portrait de
la sœur de Menzel, M— Krigar, mère de la donatrice ;
le Concert, de 1851, est une étude d'éclairage où bril-
lent les qualités et aussi les défauts de la manière
minutieuse du peintre ; il faut retenir comme morceau
principal le tableau d'Adam et Eve (1857), où Adam,
rentrant de la chasse, se tourne vers Caïn enfant, tan-
dis qu'Abcl se presse contre sa mère.
ANCIEN ET MODERNE
123
Quelques paysages encore montrent Menzel acces-
sible à tous les genres de pittoresques, aussi bien
celui de la maison de Mozart, à Salzbourg, que
celui d'une silhouette d'usine au clair de lune. — M. M.
A Stuttgart. — La statuette que Goethe, se ren-
dant en Suisse, vit chez Dannecker, en août 1797 et
qu'il mentionne dans son Journal comme n une figure
féminine au repos, dans le caractère d'une Sappho,
achevée en plâtre et commencée en marbre », vient
d'être achetée pour la Galerie de l'État wurttember-
geois. Elle avait appartenu d'abord à la princesse
Mathilde de Wurtemberg, puis au conseiller de com-
merce Schulz.
Les héritiers de ce dernier s'en sont dessaisi pour
8.000 marks, après que l'œuvre eût été en grand dan-
ger de passer l'Atlantique. — M. M.
A Timgad. — M. Albert Ballu vient de mettre au
jour à Timgad, dans une maison située à l'est de la
ville, une mosaïque byzantine représentant Vénus
Anadyomène, escortée d'un triton et d'une néréide,
encadrés de rinceau.x. Parfaitement conservée, cette
mosa'ique mesure cinq mètres de long sur trois de large.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX - OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
"Ventes à Paris. — Objets d'art, etc, — Une
vacation anonyme qui n'avait pas fait l'objet d'un
catalogue illustré et qui a eu lieu le 7 avril,
sous la direction de M= Lomoine et de MM. Paulme
et l.asquin, mérite d'être signalée.
Principales enchères : Grande tapisserie de
Bru.xelles du commencement du xvii<: siècle, re-
présentant une reine entourée de guerriers avec
bordures, 3.700 fr. — Grande miniature par
Isabey. Portrait de Af™« G... 2.695 fr. (dem.
4.000). — Miniature pAr isabey. Portrait de femme,
sur boîte en écaille, 1.880 fr. — Groupe en vieux
Saxe : chienne et son petit, i.220fr. — Autre
groupe, même porcelaine : Apollon sur un char,
1.1 'lO fr. — La Noce au château, par Debucourt,
avec très grandes marges, 1.890 fr.
Produit : 20.941 francs.
Tableaux par Emile Dameron. — La vente
de l'atelier de cet artiste, faite salle I, les 7 et
8 avril, sous la direction de M" André de Cagny et
de MM. Arnold et Tripp et Simons, a produit
36.200 francs,
Quelquesprix : iOl. Alpes italiennes à Anlibes,
1.150 fr. — 106. Allée de vieux oliviers, 850 fr. — -
81. La Baie de la forêt, 700 fr. — Jersey, 670 fr.
Le reste s'est vendu entre 60 et 500 francs.
Tableaux anciens. — La vente faite le 8 avril,
salle 6, par M» Lair-Dubreuil et M. Sortais, a
donné lieu a quelques résultats qu'il convient
d'enregistrer.
Les honneurs de la vacation ont été, comme
il fallait s'y attendre, pour le Portrait de femme,
par Perronneau, adjugé 25.500 fr., sur la de-
mande de 30.000 fr. Le Portrait de Jl/"»» Barthé-
lémy de Saint- Hilaire, par Lcârgillière, s'est rappro-
ché davantage du prix d'estimation, étant monté à
14.000 fr., sur la demande de 15.000 fr. Plus favo-
risé le Fragonard, le Hocher, a réalisé 11.000 fr.,
sur la demande de 10.000 fr., et ce même prix
de demande a été dépassé également pour le
Raphaël Mengs, Portrait de la marquise de Llano,
adjugé 11.000 fr.
11 nous suffira d'indiqueT les autres prix de
demande offrant quelque intérêt, auprès de ceux
d'adjudication, dont nous donnons la liste.
PRINCIPAUX PRIX
Tableaux a.nciens. — 1. Boucher, l'astorale, 7.600 fr.
— 2. Le Cadran solaire, 8.7.'i0 fr. (dem. 8.000 fr.) — 3.
Mercure, éducateur de l'amour, 2.400 fr. — 4. Ecole
de Canaletlo : Une Fête sur le quai des Esclavons.
1.000 fr. — 5. La place Saint-Marc, 1.400 fr. — 6.
Colson. La Dormeuse imprudente, 3.600 fr. — 9. Fra-
gonard. Le Hocher. 11.000 fr. — 10. Greuze. L'Inno-
cence, 14.200 fr. — 11. Ileinsius. Portrait d'une dame,
6.100 fr. — 12. Largillière. Portrait de femme sous
les traits de Pomone, 6.000 fr. — 13. Portrait de
.M"* Harthelémy de Saint-Uilaire, 14.100 fr.— 14. Por-
trait d'un seigneur, 8.100. — 15. Lebrun. Portrait de
Joseph Hyacinthe de Vaudreuil, 6.050 fr. — 16. Le-
moyne. Le Jugement de Pai'is, 1.800 fr. — 17. Martin.
La Chasse royale devant Fontainebleau. Vue prise des
rochers d'Avon, 3.250 fr. — 18. Raphaël Mengs. Por-
trait de Dona Isabel Parreno d'Arce, marquise de
Llano, à l'âge de douze ans et demi, 11.000 fr. — 19.
Louis Moreau. L'Entrée d'un parc, 2.000 fr. — 20.-21.
124
LE BULLETIN DE L'ART
Pierre. Léda, Danaé, 3.630 fr. — 2.3. Perronneau. Por-
traii de femme, 2o.o00. — 24. Hubert Robert. Im Prière,
7.000 (derii. 8.000 fr.).— 27. Tiepolo. Plafond, esquisse,
1.7.50 fr. — 28.-29. Joseph Vernet. Le tioir et le Matin,
9.800 fr. (dem. 10.000 Ir.). — 30.Vien. La Toilette d'une
jeune mariée dans le costume antique, 4.000 fr.
Produit : 16.3.290 fr.
Ventes en province. — A Marseille. —
Collection Ch. Nodet (faïences anciennes).
— Notons quelques enchères de cette vente, faite
à Marseille, le 10 mars et jours suivants, vente
de faïences anciennes des fabriques méridio-
nales :
Fontaine d'applique. Le Char d'Ampkitrite, faïence
de Marseille, attr. à Honoré Savy, 4.200 fr. — Service à
café, Moustiers, décor à personnages et animaux gro-
tesques, décor manganèse et vert, 1.723 fr. — Sou-
pière Louis XIV, à pans coupés, anses branchages,
Heurs et fruits, décor à médaillons d'amours en
camaïeu rose, Moustiers, 1.000 fr. — Quatre assiettes
à la (lèche et filet or, bouquet de roses, paysage avec
personnages, de la fabri(|ue de Robert, Marseille,
3.100 fr. — Drageoir ajouré, Marseille, 1.023 fr.
■Ventes annoncées. — A Paris. — La collec-
tion Cheramy. — Le collectionneur parisien bien
connu, M. P. -A. Cheramy, a décidé de faire passer
aux enchères sa galerie de tableaux. Dans une
lettre adressée à M. Henri Haro et livrée à la pu-
blicité, l'ancien président de la Chambre des
avoués, devenu une personnalité du monde des
amateurs, indique et les raisons qui l'ont déter-
miné à prendre une décision aussi inopinée, et
les quebiues numéros marquants qu'il excepte
de la vente,— désignant d'ailleurs dès à présent à
quels musées il les destine, — tout le reste de
la collection, sans exception, devant passer sous
le marteau.
Cette rente, qui aura un grand retentissement,
se fera à la Galerie Georges Petit, du 5 au 7 mai,
sous la direction de M» Lair-Dubreuil et de
MM. H. Haro et Georges Petit.
Donnons dès à présent une idée de l'importance
et de la variété de cette collection, de la compo-
sition la plus éclectique, puisqu'elle comprend
les ouvrages de peinture les plus divers, les plus
éloignés d'époque comme de genre, de Masolino
da Panicale à M. Degas, en passant par l'atelier
du 'Vinci, Greco et Goya, Constable et Delacroix,
Ingres et M. Renoir.
On n'a pas oublié, dans le monde de la curiosité,
le bruit que fit l'achat par M. Cheramy à la vente
après décès de la marquise de Plessis-Bellière,
de la réplique ou copie ancienne de la Vierge
aux rocliersde Léonard. On connaissait déjà cette
autre réplique du chef-d'œuvre du Louvre que
possède la Galerie nationale de Londres, et où
l'on s'accorde à reconnaître plutôt la main d'.^m-
brogio da Prédis que celle du maître. .Selon la
tradition, Ingres aurait fait acheter à M. de Pas-
toret l'exemplaire que nous verrons à la vente
Cheramy et que certains inclineraient à croire
peint en France par des élèves de Léonard, Salaî
et Francesco Melzi, sous la direction du Vinci,
qui aurait môme repris par endroits et terminé
l'ouvrage. Rappelons à ce propos qu'une autre
galerie parisienne, la collection Chaix d'Est-Ange,
possède également, — dans des, dimensions plus
petites, il est vrai, — une Vierge aux rochers, qui
se réclame également du grand nom de Léonard.
Pour en revenir à la collection Cheramy,
celle-ci contient encore, de l'atelier du Vinci, un
Saint Jean Baptiste à peu près identique à celui
du Louvre; et de l'école lombarde : un Ecce Homo
d'Andréa Solario, une Madeleine de Gian Pedrino,
une Vierge allaitant l'Enfant Jésu.i de Holtraffio,
et, du fondateur de l'école, Vicenzo Koppa, un
Christ aux épines.
Une Madone de la primitive école tlorentine
porte le nom de Masolino da Panicale. IVolons
encore, parmi les peintures italiennes : un Christ
en croix de Gerino da Pistoia; une petite Vierge
de Crivelli et un Christ mort soutenu par deux
anges de Benedetto da Giovanni.
Passons aux Espagnols : du génial et inégal
Domenicos Theotokopoulos dit le Greco. on trou-
vera ici une réduction du Partage de la tunique de
la sacristie de la cathédrale de Tolède, une petite
Pictà et un Saint liernard. (ioya est représenté
par un portrait de femme, Lola Zimcnes.
Les Flamands et les Hollandais sont la partie
faible de la collection .N'oublions pas cependant
une petite tête de Néron, par Rubens.
Si nous nous tournons du côté des Anglais,
nous remarquons : un Portrait de l'acteur Garrick,
dans le u Mari jaloux », par sir J. Reynolds ; un
petit Paysage de Gainsborough ; des portraits de
femmes par Romney, Raeburn, Hoppner et
!<awrence. Mais il faut faire une place à part
à Constable, très abondamment représenté.
Paysages, marines, tableaux finis ou esquisses,
répètent te nom du grand paysagiste de l'école
anglaise. Signalons encore un Ronington, la
Seine en amont de Notre-Dame, et arrivons aux
Français.
Le Portrait de Sedainc, par Chardin, est une
ANCIEN ET MODERNE
125
pago connue, qui figurait l'été dernier à l'exposi-
tion de la Galerie Georges Petit.
Mais si le xviiie siècle est rappelé ainsi par une
pièce de choix, c'est au xix= siècle que s'attachait
par-dessus tout le collectionneur.
Voici tout d'abord, de iJavid : Antiochiis cl
Slratonice, esquisse de concours pour le prix de
Rome, et des portraits : M'^'dePaatoret, le général
Macdonald, il/"" Morel de Tangrij ; puis de
Prud'hon : un projet très poussé pour une grande
composition, le Triomphe de Bonaparte, et de
nombreux dessins.
Gros, avec un Portrait de JM"° Mézeray, de la
Comédie-Française ; Géricault, avec le l'orlrait de
son élève Jamar, et diverses esquisses et études,
annoncent le maître auquel allaient toutes les
préférences de M Cheramy : Kugène Delacroix.
De l'illustre chef de l'école romanti(iue, notons :
un Combat de cavaliers arabes, une petite esquisse
du grand tableau du musée de Bordeaux : la Grèce
expirant sur les ruines de Missolonghi, le Portrait
du comte Palatiano, le Portrait de Pag anini jouant
du violon, Cromuetl regardant le portrait de
Charles I", une Tête de religieuse, le Christ au
jardin des Oliviers, Hamlet et Polonius, Hercule
ramenant Alceste des enfers, Tobie et l'Ange, le roi
Rodrigue blessé et perdant sa cuirasse. Lion dévo-
rant le cadavre d'un Arabe, la Madeleine dans le
désert, le Portrait du peintre costumé en Hamlel,
un autre Portrait du maître par lui-même ; et ii
faudrait encore citer des études pour les grandes
compositions, un fragment de la Mort de Saida-
napale, un fragment du Massacre de Scio, des
copies d'après les maîtres, et aussi des aquarelles
et des dessins.
Mais il faut nous limiter. Contentons-nous de
signaler encore : un fragment de l'Apotlicose
d'Homère, tes Poètes tragiques, et une réplique
d'OEdipe et le Sphinx, par Ingres ; une copie
d'après Frans Hais, par Courbet ; une Tête de
jeune femme, par Couture, et une Scène d'inté-
rieur, par 0. Tassaert ; des paysages d'Italie et
des études de ligures (Saint Sébastien, Modèle en
armure), par Corot; des pastels de .M. Degas
[tête d'étitde, danseuses); un Bonvin, Iteligieusc
faisant de la tapisserie ; un Puvis de Chavannes,
Sainte Madeleine en Provence ; et parmi d'autres
portraits, celui de Richard Wagner, par M. Re-
noir, celui de Stendhal, par un élève de David,
Sodermarck.
Ces derniers portraits, comme celui de Dela-
croix en buste, par lui-même, comme aussi un
Lamartine, buste en marbre blanc par David
d'Angers, ne figureront pas dans la vente. Mais
nous avons tenu à les signaler aujourd'hui à nos
lecteurs, dans cette rapide revue de la collection
Cheramy, dont il va être tant parlé, maintenant
que la dispersion en est décidée, nous réservant
d'ajouter quelques détails en temps opportun.
A Amsterdam. — Tableaux anciens. — Un
catalogue illustré, de belle taille, nous apporte
des détails sur une vente de tableaux anciens
provenant de la Colleclion Hoogendyck (2« partie)
et de quelques autres galeries particulières,
vente qui aura lieu les 28 et 29 avril, à Amster-
dam, sous la direction de M.\I. Frederik MuUer
et Ci».
Dans cette réunion de peintures, oili dominent
presque exclusivement les productions de l'an-
cienne école hollandaise, notons en particulier :
un Hiver d'Avercamp; les Frimas, par E. van de
Velde; un Coup de vent, par Backhuysen; le Gué,
par N. Berchem ; le Portrait d'un notable, par
A.Beeldemaker ; laPorte dite Heiligewegs Poort,à
Amsterdam el Paysageen hiver, par J. Beerstraeten;
un Intérieur rustique, par J. Berckheyde; l'HùIel
du Poissonnier, par A. van Beyeren; un Coin de
jardin potager, par P. Boel ; Vénus et Adonis, par
F. Bol ; la Saignée, par Q. Brekelenkam ; une
Volaille morte, par J. Brouwer ; les Cartes, par
P. Codde; la Tour dite Accijnstoren, à Alhmaar,
par J Ten Compe; la Joueuse de clarinette, par
J. van Craésbeek ; les Portraits du comte Doncquer
de t' Serroeloffs et de son épouse, par J. W. Delff;
la Fête au village, par C. Dusarl ; une Grande brise
sur le ïuiderzce, la Vue de la ville de Lei/de,
la Frégate, le Moulin, les Remparts de Delft, la
Brume, par J. van Goyen ; les Joyeux invités, par
Dirk Hais; le Jambon, par G. Heda; des Fleurs
par.l. van lluysum; le Portrait présumé de l'acteur
Jan Bara, par Th. de Keyser ; le Pichet vide, par
J. Leyster; la Mort de la Vierge, par un maître
primitif llamand (vers lîJOO); un triptyque dont
le panneau central représente le Portement de
Croix, par un maître primitif du nord de la
France (vers )S20) ; le Congres de la Paix de
Nimégue, ouvrage anonyme de l'école hollandaise
de la seconde moitié du xvii= siècle ; une scène
rustique, A l'auberge, par J.-M. Molenaer ; un
Carnaval, par M. Naiveu; une Fête élégante, par
A. Palamedesz; le Portrait de l'amiral hollandais
Aug. Steliingircrf, par C. Pierson ; une Compagnie
joyeuse, par Th. Rombouts ; un Paysage avec
château et le Village dans la plaine, par S. Huys-
daél; le Bétail au vert, par Saftleven; le Homard,
126
LE BULLETIN DE L'ART
par J. van Streeck; une Accalmie, le Vmix
pigeonnier el une Marine, par S. de Vlieger; la
Ruelle, par .). Vrai.
Notons encore, en terminant, de Van Goyen :
un Bord de rivière, la Chaumière el un Mauvais
temps sur le lac de Haarlcm ; el de lUiysdaël, un
Bord de rivière.
M. N.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Société de Pastellistes français (Galerie
Georges Petit). — Il y aurait peut-être quelque
injustice à réclamer de l'inédit à ce salonnet
ponctuel ; et qui sait si la production périodique
d'un La Tour ou d'une Rosaiba ne présentait
point quelque monotonie ? Le pastel excelle tou-
jours à traduire le velouté de la chair, et c'est
pourquoi M. Cesnard y paraît supérieur : par le
nombre et parle talent, n'est-ce point son envoi qui
domine cette xxiv» exposition ? Dans un Souvenir
de fête (un portrait de sa fille en costume orien-
tal), le pastel, gouache pulvérisée, se mêle adroi-
tement aux matités de la peinture à l'eau, de
manière à ravir M Gaston La Touche ; une fan-
taisie (le modèle rieur qui tient la palette), un
dos radieux, une nuque laiteuse de rousse, des
laces vulgaires ou le tin visage de la Princesse
Troubetzkoi , daté Versailles 1907, avouent plus
de brio que de style ; femmes agrémentées de
fleurs ou d'oiseaux, qui prolongent la comparai-
son périodique entre la volupté plantureuse de
M. Besnard et le mystère voluptueux de M. Aman-
Jean, qui prête le mode mineur au sourire. Au
premier rang des portraitistes, à côté des pures
éludes aux deux crayons de M. Dagnan-Bouveref,
M. Cornillier reste le psychologue aussi péné-
trant qu'harmonieux d'une fillette à genoux
devant le sopha qui lui sert de table ou des visi-
teuses qui potinent à l'heure du thé ; MM. Lévy-
Dhurmer et Guirand de Scévola se montrent plus
ambitieusement superficiels. On ne s'aperçoit
que trop de l'absence de MM. Holl et Bené Ménard.
A défaut de MM. Willette et Jean Veber, la fan-
taisie se donne carrière avec la Vierge au singe,
de M. Léandre, ou la petite Sainte Agnès, de
M. Devambez. Parisien, M. Abel Truchet décrit
la Place Clicliy faubourienne sous la neige ou la
Place Pigatte nocturne avec son nouveau décor
Louis XVI. Auprès d'un orage sonore de M. Lher-
mitte, un silence estompe les soirs confidentiels
de MM. Loup, Guignard et Biliotte, les canaux
colorés de M. Luigini, les récentes vues de
Londres de M. Le Sidaner, les fleurs de M. Henri
Dumont et les paisibles petites natures mortes de
M.Georges Desvallières, dont l'intimité ne rap-
pelle ni les synthèses des Imaginatifs, ni les
minuties des collectionneurs.
Première exposition des animaliers (Cercle
international des Arts). — Imilalion de la
nature, si le paysage apparaît tard, la représen-
tation des animaux se manifesta la première : on
la trouve dans les cavernes les plus authentiques
des temps antédiluviens ; mais elle semble tar-
dive, parce qu'elle est restée longtemps conven-
tionnelle, jusqu'à Barye, puissant contemporain
du vaporeux Corot. Assez des lions apprivoisés,
la patte sur une boule ! Revoici, précisément, la
réduction du Lion au serpent des Tuileries: car
cet ensemble admet une section rétrospective
avec Barye, Rosa Bonheur statuaire, Cain et
Mène, dont le Fauconnier à cheval est élève de
Fromentin.
Autre caractère : la supériorité des modeleurs
sur les animaliers de l'estampe et de la palette.
En dépit des fauves coutumiers de M. Surand,
des eaux-fortes de M. Evert Van Muyden et de
rares curiosités {le Chien au fauteuil, de M. Aman-
Jean, ou le Vieux cheval sur la lande bretonne, de
.VI. Charles Cottel), l'art vivant triomphe avec les
maquettes nerveuses et les petits bronzes à cire
perdue du prince Paul Troubetzkoi, de MM. Rem-
brandt Bugatli, Froment- Maurice, Haseltine,
Henri Cordier, Pierre Christophe ; série vraiment
psychologique, car tout portrait d'animal inter-
prété par l'art est un symbole de force ou de
grâce ; et que d'expression dans un agneau de
Péter ou dans une tigresse de Gardet !
La « tigre du foyer » règne ici par la pas-
sion qu'il inspire à l'un des maîtres les plus
originaux de la forme: aquarelliste ou modeleur,
M. Steinlen s'est fait le moderne historiographe
du chat de gouttière ou de l'angora dédaigneux,
ce charmeur insouciant dont le mystère égale la
beauté du cheval de Phidias, retrouvée par
M, Danipt. Obermann dirait que l'éloquence des
bêles n'est rien que o l'éloquence de l'homme ».
Il.iYMOND BOUVER.
ANCIEN ET MODERNE
127
NOTES &, DOCUMENTS
Les Orfèvres de souche française
à Saint-Pétersbourg, de 1714 à 1814.
Dans le dernier numéro du Bulletin, nous avons
donné, d'après la Liste alphabétique des maitres
offèvrea et argentiers, etc., du baron A. de Fœl-
kersain, 30 noms et notices d'orfèvres français
ayant fait partie des guildes pétersbourgoises ;
nous publions aujourd'hui, d'après la même liste,
38 autres notices concernant des orfèvres dont
on ne peut en l'absence d'une indication positive,
que préjuger l'ancienne origine française (I).
Denis Roche.
Adam (Stéphane). Elève du maître P. Naudet. Maître
de la guilde étrangère à partir du 20 juillet 1742.
Barbé (Carl-Ilelfried). Né à Frankentahl, près de
Franclort-sur-iMein, en 1777. S'établit à Pétersbourg,
où pendant quatre ans il fut en apprentissage chez le
maître ruercier A. -V. Reinhart. Sous-maître en 1799.
Reçu maître dans la guilde étrangère en 1806. Entra
à la guilde russe perpétuelle en 1811.
Baubk (Christian). Probablement frère du précédent.
Même lieu de naissance. Fit son apprentissage pen-
dant cinq ans à Pétersbourg, chez le maître mercier
A.-V. Hcinhart. Sous-maître en 1798.
Bahbé [ou liAUBo] {Peter-Gotllried). Né à Pétersbourg.
Maître de la guilde étrangère, à partir du U avril
1789.
Berton (Alexandre). Reçu comme maître en 1819,
fut probablement le (ils du suivant.
Bkrton (Joseph). Nç àBru.xelles, vint à Pétersbourg
où il fut, jusqu'en 1793, élève du maître argentier
Sainte-Beuve. Reçu comme maître dans la guilde
étrangère, le 12 octobre 1797,
Besso.n (Théodore). Cité comme maître de la guilde
étrangère, de 1770 à 1775.
BiBo (UiEBo ou BiBAu). Fit son apprentissage de 171 i
à 1719, chez le maître I. lasper. En 1721, cité comme
maître dans la guilde étrangère. Le nom de Bibo est
belge. On rencontre en 1382. un sculpteur et marbrier
connu, Pierre Bibo, né à Gyret, près de Dinant.
BiLON (Ludwig). Reçu maître orfèvre dans la guilde
étrangère, le 13 mai 1794.
BouoDÉ (Jean-François). S'installa à Pétersbourg,
venantde Hambourg. Reçu maître dans la guilde étran-
gère, le 10 janvier 17C9. En 1778, fut aide du doyen,
et de 1779 à 178.Ï, doyen de la guilde. Bouddé fut un
e.Kccllent joaillier. 11 est singulier que sa marque porte
les lettres F . X . B. Nous doutâmes longtemps que ce
(1) Rectifions une erreur à propos de Louis Deroussy
cité précédemment. C'est le 20 août 17fi8 (et non
1740;, qu il devint maître. — Antoine Loret fut maître
de la guilde étrangère à partir du 10 octobre 1782.
fût sa marque, jusqu'à ce que nous eûmes trouvé à
l'Ermitage impérial, une tabatière sur laquelle est
gravée la marque ci-dessus, précédée de l'inscription:
Bouddé à Saint-Pétersbourg. 11 faut remarquer aussi
qu'à la fin du xvui* siècle, nous ne connaissons pas
d'autre maître ayant les initiales F . X . B. Il faut
croire que Bouddé, avait ajouté cette inhabituelle
lettre X, pour distinguer sa marque des autres, for-
mées par les lettres I . F . B., 1 . B., ou F . B.
(marque de Brunell par exemple, et autres). Il se
peut aussi qu'en plus de Jean- François, il se soit ap-
pelé Xavier, seul prénom commençant par X. L'Ermi-
tage impérial conserve toute une série de belles
tabatières, portant la marque sus-indiquée, avec le
poinçon de contrôle de Pétersbourg de 1780 à 1790.
Couette [Covette ou Couet] (Cari). Né à Moscou.
.Maître de la guilde étrangère, reçoit en 1777 un
secours de la guilde.
Couette (Cari). Présenta un passeport prussien de
Uantzig en 1806. Reçu comme maître dans la guilde
étrangère, le 16 janvier 1794.
DoHM [ou Doom] (Nicolaï). Son nom, dans tous les
papiers de la chancellerie de la cour et autres, est tou-
jours écrit en russe, et faussement. Don, tandis que,
dans les papiers de la guilde étrangère, on voit qu'il'
faut l'écrire Dohm. Dohm fît partie des premiers maî-
tres joailliers, qui fondèrent en 1714 la guilde étran-
gère. En 1723, il était déjà aide du doyen. On le
tenait en ce temps-là pour le meilleur maître à
Pétersbourg, car on lui commanda en 1733, un ser-
vice de table en or {nahhtyclinii serviz). Il faisait
encore partie de la guilde en 1746. —Ses élèves furent
Jacof) Monbrion, de 1732 à 1737 et Johann Ferre, de
1733 3 1740.— Dès 1730 à 1735, Dohm travailla con-
tinuellement pour la cour impériale. Beaucoup de
ses œuvres se trouvent encore dans les dépôts du
Palais d'Hiver.
Dubois (Charles-François). « Natif d'ici » (Saint-
Pétersbourg). Né en 1781. Entra en 1811 dans la guilde
russe perpétuelle.
DuBm.o.N [DcBi.oN.N, TcBLO.N] (Martin-Carie). Reçu
maître argentier dans la guilde étrangère le 20 juillet
1742. Travailla de 1763 à 1765 pour la chancellerie de
la Cour. Ses armes, sur son cachet portent, des Us
héraldiques sur lécu et le casque.
DuBOLON [TuBLON] (Jacob-llanuias). Reçu maître
de la guilde étrangère le 19 mai 1741. Mort en 1761.
Duc (Jean). Né à Francfort-sur-le-Mein. Maître
joaillier de la guilde étrangère à partir du 1" mars
1770. Doyen de la guilde de 1778 à 1785. Fut un des
meilleurs joailliers de Saint-Pétersbourg.
DU.M0NT (Picrre-Antony). Né à Genève. Maître de la
guilde étrangère depuis le 1" mars 1770.
DuvAL (Louis-David). Né à Genève. Joaillier. Fut
quelque temps à Londres dans le commerce de ses
frères. Vint à Saint-Pétersbourg pendant le rè-^ne
d'ElisabethenI733,ets'associapourquatrcannéesavec
le célèbre J. Pauzié. Il apporta de Londres « des taba-
tières en aventurine, beaucoup de montres et d'écrins
i28
LE BULLETIN DE L'ART
pour hommes et femmes, décorés d'or et de « pin-
chebec » (pinchbeuk), et autres choses ». « Eq ce
temps-là on ne connaissait pas encore ces composi-
tions en Russie ». Pauzié lui acheta tout et se mit en
rcladons, par son intermédiaire, avec les frères Duval,
à Londres. Duval ne faisait pas partie de la guilde.
11 devint fou et fut renvoyé en Angleterre.
Dlval frères, joailliers. Habitèrent à Saint-Péters-
bourg à la fin du xvrii" siècle et au commencement
du XIX'. Ils n'appartinrent vraisemblablement à au-
cune guilde et on sait d'eux seulement que, en 1801,
ils fournirent à la cour impériale un grand nombre
d'objets précieux pour des cadeaux à différentes per-
sonnes. Ce furent des tabatières en or et en émail,
quelques-unes ornées du portrait de Sa Majesté, des
insignes des ordres de Saint-Jean-de-Jérusalem et de
Saint-André, des bagues, des boucles d'oreilles, des
croix de prêtres, des montres, des agrafes, des chaînes,
des bracelets, des parures de tète en or et autres.
EuDET [Eudete] (Jean-Antoine). Né en Bohème. Elève
pendant cinq ans du maître orfèvre J. Meybohm.
[Termina son apprentissage en 1793, Art. sur Johann
Meybohm]. Maître de la guilde étrangère depuis 1798.
FiiA.NGAS [Bengamenj. C'est ainsi qu'il signait lui-
môme. Né à Genève en n'JS. Naturalisé russe, il
entra en 1811 dans la guilde russe perpétuelle.
GACiiEitT [GoBELJ. Demande en 1803 à faire partie de
la guilde étrangère comme maître.
Hehhy. Maître de la guilde étrangère à partir
de 1790.
Jahui.n (Johann-Heinrich). Maître de la guilde étran-
gère depuis le 10 octobre 1787.
Lys (Ciiaklks) (Charl Lysse, Cari Liehs, Cari Schar-
liehs). Doyen de la guilde étrangère. Mourut en 1746.
11 eut pour élèves Johann llell n2.j-1730, F. -A. Harz-
berg 1732-1738, P. Schweickart jusqu'en 1736.
Maukis. Demande à être reçu comme maître dans
la guilde étrangère en 1803.
MiNGou. Joaillier à Saint-Pétersbourg. Fournit en
1801 à la cour impériale trois bagues en diamants
pour le prix de 1.630 roubles.
MoNTENDiiE (Paul). Cité comme élève de Johann
Fred. Pietzkeren 1804.
Nauiié (Pierre). Maître de la guilde étrangère on 1734
et en 1740. Stéphan Adam fut son élève.
^kv/.ii; (Jérémie). Né à Genève en septembre 1716.
Fils d'Etienne Pauzié et de Suzanne Bouvero. Marié à
Madeleine-Marie X..., Allemande de Livonie. Ses .Wé-
moires ont été publiés en russe dans la Rousskaia
slarina de 1870.
PiiovENÇAL (François). Né à Berlin. Vint avec un
passeport de Higa, en 1780. Maître de la guilde
étrangère depuis le 10 octobre 1787. Il en fait encore
partie en 1808.
RoQi'K.NTiN. Joaillier ayant travaillé à Pétcrsbourg
dans la première moitié du xviii* siècle. M. I. Sémev-
ski, dans son H\re l'Impératrice Ciilherine Alexéieviia
(Pôtersbourg 1884), en parle de la manière suivante :
« La cour, au commencement de 1724, était fort occu-
pée des récits d'un grand vol commis par un joail-
lier de la cour, un certain Roquontin. 11 vola une
quantité de pierres lines d'une valeur de 100.000 rou-
bles, qui lui avaient été confiées par Menchikov pour
qu'on en fît une boucle pour le manteau de l'impé-
ratrice. Le prince .\le.xandre Danilovitch (Menchikov)
voulait ollrir cette boucle à l'impératrice à l'occasion
de son couronnement. Roquentin reçut le knout, fut
marqué et déporté en Sibérie. S'il n'avait pas été étran-
ger, on l'eut mis à mort ».
Sainte-Beuve (.Nicolas-Pierre). Maître mercier de la
guilde étrangère, depuis le 30 mai 1787. Il en faisait
encore partie en 1793.
ÏIIE11EMIX (Franz-Claude). Maître mercier de la guilde
étrangère depuis le 13 janvier 179.3. De 1799 à 1800,
quatre élèves terminèrent chez lui leur apprentis-
sage.
ÏIIEKEMIN- (Peter). Maître de la guilde étrangère,
doyen de la guilde, d'avril 1800 à mai 1801. La marque
qui se trouve sur la tabatière n° 4.0B2 est probable-
ment son estampille.
TiiEiiEMi."». Joaillier à Pétersbourg. En 1801, il livra
à la cour impériale quatre tabatières en or, pour la
somme totale de 1.580 roubles.
LES REVUES
F"nA.NCR
Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art
français (n° 11, 1907). — Communication de M. Henry
Lemo.n.xiek sur la Fontaine des innocents. Sans en-
trer dans la critique du sujet, signalons une erreur
de terminologie trop commune parmi les écrivains
d'art. Le mot sabre revient beaucoup trop souvent
sous leur plume et l'on voit qu'ils n'en connaissent
pas l'exacte signification. Le mot sabre n'apparaît
dans la langue française que sous Louis XIV, en
167G. Les mots ne manquent point pour définir les
armes antérieures à cette époques, c'est-à-dire par
ordre de dates, grossièrement : fauchon, badelaire,
malchus, coulelas, couteau, cimeterre, etc. Il existe
des dictionnaires, des glossaires, mais on ne s'en sert
pas. Aussi, M. Lcmonnicr est-il inexact quand, en
parlant d'une figure exécutée par Jean Goujon et
cimnue, à tort ou à raison, sous le nom de la Paix,
Il écrit : <" Pajou a supprimé l'épée, qui est à vrai dire
un sabre...» La figure de Goujon tient ce coutelas que
portaient encore les gendarmes de son temps, dont
il est question dans Montluc, et dont on voit l'image
sur les gravures de Périssin et Tortorel, etc. — .Mau-
rice Maisdbon.
Le (iéraiit : H. Dk.m.s.
Pan«. — Imp. GeorgM Fetit, iî, rue Uodot-de-Mauroi
Numéro 381.
Samedi 25 Avril 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Encore la centralisation î
On s'était vraiment trop iiàté de taxer de pes-
simisme ceux qui avaient élevé la voix, l'an
passé, pour signaler les dangers que couraient
les œuvres d'art appartenant aux évôchés désaf-
fectés par suite de la loi de Séparation, et l'affaire
de Beauvais vient de montrer tout le bien fondé
de leurs craintes.
L'évêché de Beauvais possédait un mobilier de
salon, couvert en tapisserie de l'époque de la
Régence, d'après des cartons d'Oudry représen-
tant les Fables de La Fontaine, et composé de
deux bergères, douze fauteuils et deux écrans.
Exécuté vers 1720 par la manufacture de Beau-
vais, il fut donné en présent par le roi à l'évêché
de la ville, en 172:i; on l'estimait alors k 8.2.)3
francs. Dans les inventaires anciens du mobilier
de l'évéclié, il n'est évalué qu'à 2.931 francs ; mais
aujourd'hui, si tous ces meubles, qui sont en bon
état de conservation et auxquels leur provenance
historique ajoute encore de la valeur, venaient à
passer en vente publique, ils atteindraient à
coup sûr le demi-million; à preuve, la somme de
400.000 francs qu'en offrait naguère encore un
marchand parisien.
Or, le fiarde-Meuble national vient de s'empa-
rer de ce mobilier, que l'on enverra, paraît- il,
décorer les salons du Sénat.
.l'ignore quel effet a produit sur les habitants
de Beauvais l'annonce de cette mesure, qu'on
peut appeler radicale, et s'ils accepteront sans
murmures cette fai'on d'appliquer la loi qui les
lèse directement, en leur enlevant — toujours
au profit de Paris — une œuvre d'art qui avait
plus d'un litre à rester en leur ville. Mais ce que
je sais bien, par contre, c'est que voilà créé le
fâcheux « précédent" administratif, et que, si les
intéressés n'y prennent garde, nous aurons l'oc-
casion, avant qu'il soit longtemps, d'enregistrer
sar ce chapitre d'autres méfaits de la centrali-
sation.
I
E. 1).
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des beaux-arts {séance du 18 avril).
— La section de sculpture de l'Académie des beaux-
arts a désigné les légistes pour le concours de Rome.
Ce sont, par ordre de mérite :
MM. Sylvestre (élève de Mercié et Garlèsl ; Ronsard
(élève de Thomas et Injalbert) ; M"* lleuvehnans
(Marqueste et Hannaux) ; M.Vl. Gaumont (Cuutan et
Sicard) ; Caby (Coutan et Sicard) ; Lejeune (Thomas
et Injalbert) ; Menant (Coutan), Moiiessin (Mercié),
Grenier (Falguière et Mercié), Morcl (Injalbert).
Congrès des Sociétés des beaux-arts des
départements. — La trente-deuxième réunicm des
délégués des Sociétés des beaux-arts des départements,
à l'École nationale des beaux-arts, s'est ouverte le
21 avril.
La première séance, présidée par M. Enlart, direc-
teur du musée de sculpture comparée, qui a prononcé
le discours d'ouverture, a été consacrée aux commu-
nications et aux lectures suivantes : M. A. Jacquot a
entretenu l'assemblée de la continuation de ses tra-
vaux sur le « répertoire des artistes lorrains », com-
mencé en ces dernières années ; — M. l'abbé Bosse-
bœuf a lu un mémoire de M. Cœlier, plein de docu-
ments intéressants sur « l'art musical en Touraine » ;
— puis II a l'ait une intéressante communication sur
«la vaisselle d'or et d'argent du cardinal G. d'Am-
boise ». actuellement encore existante ; — le si^crétaire
du bureau a ensuite donné jecture au nom du b:iron
Guilbert, d'un mémoire sur ic un buste du [iliilosoplie
marquis d'Argens ».
A la seconde séanie, présidée par M. II. Stein,
archiviste i-.ux Archives nationales, on a entendu les
communications de M. Delignières sur des fresques
de la prennère moitié du xvi» siècle, découvertes
dans l'église de ('ancienne abbaye de Saint-Hicquier
(Somme) ; — de M. Bouillon-Landais sur le peintre
marseillais L. - II. Ponson ; — de M. Charvei sur
rensoignement_public dn dessin à Lyon ; — et de
M. Biais sur deux ])ortraits de Drolling.
Congrès des sociétés savantes. — Le Congrès
des sociétés savantes a tenu sa première séance le
21 avril, à laSorboiine. Dans la section d'archéologie,
citons les comumtiications : de M. l'iibbé Chiullon
sur un sircophage du ii" siècle relrouvé aux Saintes-
130
LE BUI.LKT1^ DE L'AHT
Maries-de-la-Mer (Caiiiarguc) ; ■ — île M. Collard sur
les pesons K^Ho-roinains ; — de M. Doublet sur une
statuette achetée à Saiot-Dalmas (liautc vallée d'un
affluent de la Uoj'a) ; — du P. Delattre sur la décou-
verte, à Carthage, du bras d'une croix de cuivre, pro-
venant d'un reliquaire du v" siècle.
A la seconde réunion, M. Augérard a parlé des
fouilles faites à la villa des Teurtres. à Mérides (Eure);
— M. liéranger do l'atelier monétaire de Caen ; —
M.Chanel des pointures murales duxr siècle retrou-
vées à la villa Pcrignat, hameau d'Izernore.
Le 22 avril, communications de l'abbé Arnaud
d'Agnel sur des coll'rets du xv" siècle, œuvres des
ornemanistes provençaux ; — de M. Babeau sur l'ar-
chitecture romane en Touraine ; — de M. Coutil sur
la fondation d'une abbaye par sainte Clotilde aux
Andelys ; — de M. Roger sur les fouilles de Taba-
riane, comnuiue de Teilhet (Ariè.ge).
A la quatrième séance, M. Meunier a lu un mémoire
sur l'atelier céramique gallo-romain d'Autry (.Meuse)
et M. L. de Vesly sur les fouilles du Thuit de Colle-
ville {Soine-Inférieure).
Salon des Artistes français. — Le vernissage du
Salon de 1908 de la Société des Artistes français aura
lieu le jeudi 30 avril. Le prix d'entrée est de 10 francs;
Il recette de cette journée est spécialement allectée à
la caisse de la maison de retraite de la Société.
Expositions annoncées. — Le 4 mai, à la Biblio-
thèque nationale, expositi ms de dessins et eaux- fortes
de Rembrandt (entrée par la rue Vivienne).
— Du 10 au 24 mai, au collège Stanislas, la Société
de Saint-.lean organisera une exposition de dessins
et d'esquisses : l'Art relijieux dans l'école d'Ingres.
A Rouen. — Le Syndicat d'initiative de R iu;n et
de la Haute-Normandie ,Seine-lnférieurc el Eure),
fondé pour attirer dans la région voyageurs et touristes
et pour protéger le paysage, vient d'orgauiser un con-
cours dalUches et l'exposition des projets ipii lui furent
soumis. Près de quarante artistes étaient réunis. Le
projet retenu est celui de M. Brunet-Debaines : il
olVre, enguirlandées par des fleurs de pommier, les
trente-six vues de Ma yormandie.
On pourra discuter le choix fait par le jury, car
l'essentiel d'une alliche, en dehors de ses mérites
artistiques, c'est d'être très visible et au besoin de
tirer l'œil ; or, ce n'est certes pas par ces qualités que
se recommande le projet confus de M. Brunet-De-
liaines.
Parmi les cinq autres projets dont on nous a révélé
les auteurs : M.Vl. Georges Bradberry, Maurice Cléret,
Léonce Rolland, Charles Duhamel et Alphonse Le-
conite, plusieurs méritaient mieux que l'attention, et
même au nombre des projets laissés pour compte,
quantité d'œuvres se recommandaient au moins
autant que l'alBche choisie. — G.
A Bucarest. — Va groupe d'artistes peintres et
sculpteurs a formé, sous la préside, ice active de
M. C. C. Arion, une nouvelle société à laquelle on a
donné le nom de Société générale des Artistes de
Roumanie. Le but avéré, et grandement louable, est
de favoriser un art national qui tienne compte des
manifestations d'art si spontanées et si riches du
peuple roumain et de la certaine tradition qui se dé-
gage des peintures et sculptures des édifices religieux
élevés par les Voévodes aux siècles passés.
La séance solennelle d'inauguration de la Société,
au palais de l'Athénée, a provoqué un noble enthou-
siasme. L'organisation d'un Salon annuel dans un
local permanent a été décidée. MU Spiro llaret, mi-
nistre de l'Instruction publi(|ue. et Take Jonesco. ont
insisté sur le rôle de l'Etat protecteur des arts, sur la
nécessité de fonder des galeries en achetant des
œuvres aux artistes exposants et d'encourager l'éclo-
sion des talents par des command,es de monuments
pour les parcs publics et de décorations dans le»
pilais administratifs.
Un mouvement artistique sérieux se dessine en
Roumanie.
La septième exposition de la Tinerlmea arlistica,
ouverte depuis quinze jours à l'Athénée, moins en-
combrée que d'ordinaire, contient aussi ]ilus d'œuvres
de valeur, parmi les envois de M.\l. St Popesco, AL
Sleriadi. Artachino, Petrasro, Grant. Le Moine an
repos, de M. Artachino ; l'Atelier île tnenuisier, de
M. Popesco el la statuette de i\L Mirea, Au marché,
ont été acquis pour la galerie Kalindero. — M. M.
A Munich. — La disgrâce de M. de Tschudi, que
le Bulletin annonçait naguère ;n' 3761. prend les pro-
portions d'un événement capital dans l'histoire du
développement du gortt allemand contemporain. Elle
n'est pas l'elfet d'une boutade de l'empereur, dont les
citiques désormais sutliront à signaler les chefs^
d'œ ivre, ni le résullat d'intrigues de cour, sous pré-
tîxte de nationalisme artistique ; M de Tschudi a dû
ce Ut devant un véritable 'mouvement de réaction
berlinoise contre l'art impressionniste, sécessionniste
en général, et l'on prévoit maintenant que .M.VI. Bruno
Paul et Messel partageront la disgrâ.-e du directeur
de la Galerie Nationale.
A Munich, on ne peut que s'en réjouir. Berlin
devait à M. de Tschudi .ses rapides, ses énormes pro-
grès comme ville d'art ; avant lui, la Galerie Nationale
ne comptait pas ; aujourd'hui, on peut la cxunparcr
au Musée du Luxembourg. La victoire contre lui du
groupe académique, qu'il avait impitoyablement
écarté, va marquer un arrêt et un recul dans l'épa-
nouissement artistique de la capitale prussienne.
Munich saura en profiter. On éprouve ici le besoin
d'une réorganisation, d'un rajeunissement des collec-
tions qui devraient, et pourraient être bs plus artis-
tiques et les plus modernes de toute l'Allemagne, si
elles n'étaient régies par un bureaucratisme détes-
table. N'a-l-il pas fallu dcrnièreunnl l'intervention
personnelle du ]irince Rupprecht pour faire accepter
un don annuel de 30.000 marks ipie, sur l'initiative
ANCIEN ET MUDEKNE
131
de M. Ileriiiann Urban, artiste-peintre, une douzaine
d'industriels uiunichois ottraient de verser pendant
dix ans à la Pinacothèque pour lui permettre l'achat
d'œuvres aux artistes vivants ? On se heurtait à de
ridicules formalités.
M. de Tschudi aérait l'homme des réformes dési'
râbles. Certainement on fera le possible pour l'attirer
et le gagner à Munich ; placé dans ce milieu favo-
rable,il pourrait donner k la capitale bavaroise l'essor
qui lui assurerait, sans plus aucun conteste, son
renom de capitale de l'art allemand. — M. M.
Nécrologie : Emile Gebhart.
Nous avons appris avec un profond regret la mort
de notre éniinent collaborateur M. Emile Gebhart,
membre de l'Académie <!es sciences morales et poli-
tiques (189,^1, membre de l'Académie française (1904),
olficier de la Légion d'honneur, qui a succombé mardi
dernier, à Paris, à l'âge de 68 ans. Né à Nancy, le
t9 juillet 18:J9, élève à l'École d'Athènes, docteur ès-
letlres à son retour en France, professeur à la Faculté
des lettres de Nancy de 1865 à 1879, et depuis lors
titulaire de la chaire des littératures de l'Europe méri-
dionale à la Faculté des lettres de Paris, Emile Gebhart
ne s'était pas borné à publier ces études littéraires, si
appréciées qu'elles auraient pu sulïire a lui assurer
une réputation auprès des lettrés ; son passage en
Grèce et ses séjours en Italie, son sens très vif des
e.xpressions de la beauté et sa connaissance merveil-
leuse de la civilisation italienne, l'amenèrent à s'oc-
cuper des beaux-arts, et il le lit avec un rare bonheur,
tant dans son Praxitèle, essai svr l'Iiistuire de l'art et
du i/énie grecs, que dans son Essai sur la peinture de
genre dans l'antiquité. Mais ce fut surtout au cours
de ses travaux sur la Renaissance italienne, qui
forment le meilleur de sa production, qu'il eut le plus
souvent à s'occuperdes artistes, et tout récemment,
après un livre charmant sur Florence, il consacrait à
Bolticelli un ouvrage magnifique, auquel il donna,
dans la Heviie du mois de janvier dernier, comme un
chapitre additionnel, en publiant la Madone de la
collection du baron de Schlichting.
Son érudition souriante, la sûreté de son jugement
et de son goiil, la bonhomie tantôt railleuse et tantôt
indulgente de son caractère, sa communion intime
avec l'àme italienne, et enfin son admirable talent de
conteur, — toutes ces qualités réunies faisaient
d'Emile Gebhart un écrivain exquis, et le seul, sans
doute, qui ait pu parler des maîtres du quattrocento
comme de vieux amis très aimés dont on connaît
toute la vie et toute l'àme. — E. D.
— On annonce la mort de M. C/iarles Drouel, sta-
tuaire et collectionneur, né à Paris le 6 mai 1836,
élève de Toussaint, qui exposait aux Salons parisiens
depuis 1861.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — 'Vente de tableaux anciens. —
Une vacation anonyme, dirigée, salle I, le
10 avril, par M= Lair-Dubreuil et M« G. Sortais,
a produit un total de Si. 873 francs et donné lieu
à quelques enchères intéressantes.
Ecole de Coypel. Le$ Quatre parties du monde,
quatre dessus de portes, 3.105 fr. — Périn, l'or-
traiU du comte et de la comtesse de la Martellière,
deux pendants, 1.8^0 fr. — Vati der Meulen. La
Chasse aux loups, 1.060 fr. — Fauchier. Portraits
du comte et de la comtesse de Grignan, l.COO fr. —
Brouais. Portrait de femme, 1.000 fr.
'Vente d'objets d'art, etc.^ Une vente d'objets
d'art et d'ameublement ancien, faite salle 6, les
12 et 13 avril, par M» Henri Baudoin et MM.
M.annheini, contenait quelques numéros présen-
tant un certain intérêt et qui ont réalisé des
prix qu'il convient de signaler :
Canapé et trois fauteuils en tap d'Aubusson.ép.
Louis XVI, à personnages et animaux, 10.000 fr.
idem. 7.000). — Deux petits canapés semblables,
2.400 fr. — Salon de quinze pièces, plaqué d'aca-
jou, et couvert en tap. au pointa lleurs, 3.900 fr.
— Pendule bronze et émail, de l'ép. révolution-
naire, 2.050 fr. — Horloge et baromètre plaqués
d'ébène et garnis de bronzes, 2.000 fr. — Coupe
et plateau, plai|ués de nacre, mont, arig.,
1.810 fr. — Deux cornets, vieu.\ Saxe, décor chi-
nois sur fond violet, l.iiOO fr. — Tapisserie, fabri-
que de Bruges du xyii' s., les Vendanges, bord.,
ll.O.'iO fr. (dem. 8.000). — Grande verdure avec
oiseaux et habitations, fabrique de Bruxelles,
xviiie s., 1 1.000 fr. (dem. 12,000). — Grand tapis
de la Savonnerie, du com' du xix* s. 3.600 fi,
— Cabaret en vieux Saxe, décor de boules de
132
LE BULLETIN DE L'AtiT
neige, 3.100 fr. — Vase rouleau anc. poiceL de
Chine, .(.020 fr.
Total de la vente : 121 200 fr.
Vente de la collection L. L... (Objets de
vitrine, etc.) — Cette vente, que nous avons
annoncée avec quelque délail, a produit un
total de 74.980 fr. Faite salle 7, le 13 avril, elle
était dirigée par M" Lair-Dubreuil et MM. Paulrae
et Lasquin fils.
N'ayant à enregistrer aucune enchère digne de
particulière remarque, nous nous contenterons
de donner la liste des prix d'adjudication les
plus élevés, en indiquant également quelques-uns
des prix de demande.
PRINCIPAUX PRIX
Tableaux et dessins ancifns. — 1. M"* M. Gérard.
L'Ouvrière en dentelle, 2.110 fr. — 7. Mallet. La Toi-
lette de bébé, 1.200 fr.
Estampes uu xviii* siècle. — 13. Debucourt, Lu Pro-
menade publique, en coul., marge, 1.760 fr. — 14.
Attr. à Debucourt. La Promenade du Palais-Hoyal,
dite des Pavillons, iinp. en coul., petite marge sur
trois côtés, 1.100 fr. — 15. L'Escalade ou les Adieux
du matin, Heur et Malheur ou /« Cruche cassée, imp.
en coul. avec marge, 4.330 fr. (deni. 4.350 fr.). — 18.
Janinet. Portrait de M"' Dugazon dans Nina, d'après
Iloln, imp. en coul., avec la signature de Hoin, marge,
1.000 fr. — 19. Janinet. Portrait de .«"' du T. (Dulhé),
d'après Leraoine, imp. en coul. 1.400 fr. — 21. D'après
Lavreince. L'Indiscrétion, par Janinet, imp. en coul.,
avec marge, 1.980 fr. (deiii. 2.500 fr.). — 25. D'après
Thomson. Crussinn tlie brook, manière de lavis, par
Say, imp. en coul, pet. marge, 2.160 fr.
Porcelaines anciennes. — 29. Paire de cache pots
jardinières, anc. porc, tendre de Sèvres, décor bou-
quets de fleurs, 2.805 fr. (dem. 2.500 fr.). — 30. Deux
statuettes, l'Asie el l'Afrique, anc. porc, de Francken-
thal (rép.), 1.123 fr.
Objets de vithine. — 57. Eventail peint à la gouache,
Cortège de noce, mont, nacre, ép. Louis XV, 1.200 fr.
61. Boite ronde, écaille brune, mont, or, déc. sur fond
d'or de peintures au vernis, ép. Louis XVI, bas or,
1.560 fr. — 62. Boite rect. or ciselé, mont, à cage,
ornée de miniat. sur ivoire en grisaille. Sujets allé-
goriques, ép. Louis XV, 1.450 fr. — 64. Boite rectan-
gulaire or, ornée de panneaux en laque d'or du
Japon, ép. Louis XV, 1900 fr. — 65. Boite ovale,
or ciselé, émaillée, motif à carrelages, ép. Louis XV,
(quelques manques), 1.S60 fr. — 66. Boite rectang., or
gravé et ciselé, émaillée en bleu de sujets allégoriques,
ép. Louis XV, 6.820 fr. (dem. 7.000 fr.). — 68. Boite or,
partiellement émaillée en bleu, médaillon émaillc,
sujet allégorique, ép. Louis XVI, 3.450 fr. — 72. Boite
forme ballon, or ciselé et partiellement éiuaillé bleu,
rosace avec émaux, 1.810 fr. — 74. Grandebolte ronde.
à cage en or ciselé, sur le dessus médaillon éoiaillé
sujet allégorique, ép. Louis XVI, 4.020 fr. —75. Boite
ronde, or guillochc et ciselé, rosacé au centre, ornée
miniat., portrait de jeune femme, signé: Alexandre,
1787, ép. Louis XV, 1.600 fr. — 76. Boite ovale en
anc. émail de Saxe, luéd. en coul., à sujets allégori-
ques, fond bleu simulant le marbre, mont, or ciselé,
ép. Louis XV, 1.960. — 77. Boite rectang., or ciselé et
gravé, ornée compos. allég , partiellement émaillée en
bleu, vase fleuri, ép. Louis XVI, 2.700 fr.
"Ventes annoncées. — A Paris. — Objtts
d'art et d'ameublement. — Sous ce titre Vente
de M"»! S..., un mince catalogue illustré de quel-
ques planches nous apporte l'annonce d'une vente
qui aura lieu les 28 et 29 avril, salle 11, par le
ministère de M« Lair-Dubreuil et de .M.M. Paulme
et l.asquin fils.
.Mobilier artistique plulot que collection à pro-
prement parler, celte réunion de pièces d'ameu-
blement et d'objets divers comprend en particu-
lier : une nombreuse argenterie; des tableaux
anciens et modernes; des gravures en couleurs
du xviir" siècle; des porcelaines, des miniatures
et des objets de vitrine ; des pendules des époques
Louis XV et Louis XVI; des flambeaux et candé-
labres de bronze ciselé et doré des mêmes
époques ; des meubles anciens, uolammeiil un
petit meuble-bureau en acajou et bronze doré,
d"épo(|iie Louis XVI, d'une forme peu commune,
et une console-servante, de même époque, éga-
lement en acajou et bronze doré; enlin, une
tenture composée de trois panneaux en tapis-
serie d'.\ubussoii du x\\u<^ siècle, à sujets pasto-
raux dans des paysages d'après J.-lî. Huel.
A Strasbourg. — Le 27 avril et jours suivants,
à Strasbourg, M" Fîiff procédera à la dispersion
de la Collection d'estampes de feu M. Alfred Ribleng.
Un calaliigue illustré a été dressé à l'occasion
de cette vente.
A Cologne. — Les 2" avril et jours suivants,
aura lieu à Cologne, par les soins de la maison
J. M. Heberlé, la vente de la Collection d'otijeta
de la Chine du général fiicolai J. Cholodoirski,
d'Odessa. Un catalogue illustré a été publié à
celle occasion. Il permet déjuger de l'importance
de la collection, qui présente de riches séries de
matières dures, de bronzes et d'anciennes por-
celaines de la Chine.
M \
ESTAMPES
A Paris. — Vente d'estampes anciennes
des XVIIe et XVIII" siècles. — Faite à l'Hôtel
ANCIEN ET MODERNE
133
DrouoI,, salle 10, ilu 31 mars au 2 avril, par
M» Henri BaiiJoin et M. Danlos, celte importante
vente d'estampes anciennes de l'école française
et de l'école anglaise a produit un total de
HO. 132 francs. A vrai dire, celte vente était plus
impoilante par le nombre des numéros que par
l'intérêt et la rareté des épreuves, et si le résul-
tai final est appréciable, il est dû surtout à un
nombre assez grand d'enchères médiocres. Les
pièces qui ont atteint mille francs se comptent,
et celles qui ont dépassé celte somme sont plus
rares encore. On n'en trouve que deux : uuDebu-
courl d'abord — ce qui n'est pas pour nous sur-
prendre — et un recueil de Moreau le jeune —
-ce qui n'est pas non plus bien imprévu. Le Debu-
court (no H'.i) était un 2"= état de la Promenade de
la Galerie an Palais Royal (1787) ; il a été adjugé
8.000 francs, ce qui est tout de même quelque
chose. Le Moreau le jeune (n" 351) était la
seconde suite des Estampes pour seivir à l'Histoire
des mœurs et du costume en France dans le
XVIII' siècle (1777); l'album de douze pièces a
atteint 3.300 francs.
Pour les enchères au-dessus de 800 francs, on
consultera la liste suivante :
1-2. P.-M. Alix. Mlle Maillard, du Théâtre des Arts,
et Mi"f de Saint-Auhin, dans Ambroise, d'après Gar-
Deray, en cotil., 820 fr. — 29. D'après A. liorel. Le
l'harlnlnn et la Bascule, deux pendants gr. par Cha-
ponnier, 840 fr.
Boilly : 37. Album de 118 lithographies, 880 fr. —
41. Le Goiit du jour, 50 pi. coloriées, 1.231 fr.
i'i. G. de Cari. Le Musée grotesque, aihum de 64 pi.,
800 fr. — 47. Dauuiier. Les Hoberl-Macuire, 3 vol. in-4'',
86o fr. — Les autres albums de Uaiimier, et ceux de
Gavarni, de Granvillc, disabey, d'Henri Monnier, de
Pigal, de Traviès, etc., restent. tous au-dessous de ces
deux prix.
74. D'après M. -A. Challe. Les Amants surpris et les
Espièf/les, deux pendants gr. en coul. par Descourtis,
1.120 fr.
Parmi les suites et recueils de costumes, le plus
beau prix est celui de 83o francs pour le n° 89, Gale-
ries des modes et costumes français (éd. Esuaut et
Rapilly).
P.-L. Debucourt : H2. La Noce au château, en coul.,
1.620 fr. — 113. Promenade de la f/alerie du Palais-
Royal, en coul., épreuve du 2* état, 5.100 fr. — 118.
Modes et manières du jour, en côul., 950 fr.
132 et 134. C.-M. Descourtis. Frédéric-Louise-Wilhel-
inine, princesse d'Orange, épreuves avant toute lettre,
en coul., 2.500 fr.
Rien de bien remarquable comme enchères,
parmi les portraits gravés par Drevet, Edelinck,
Thomas de Leu, Robert Nanteuil, etc.; un seul
dépasse 330 francs, c'est le numéro 378, un Por-
trait de .T.-B. Colhert, par R. Nanteuil (3« des sept
états décrits). Une suite de o pièces historiques »
— entrées de rois, cérémonies des sacres, car-
rousels, prises de villes, etc. (n"' 210 à 2;;7), —
font de 100 à 500 francs.
260-261. Charlotte, viscountess of St. Asaph et Lad;/
Charlotte Duncomhe,^T. par Wilkin, d'après Hoppner,
avant la lettre, 1.630 fr. — 263. La Déclaration et
t'Amant pressant, gr. par A. Legrand, d'après J.-B.
Huet, 1.050 fr. — 279. La Heine Hortense, méd. ovale,
gr. par Mousaldy d'après Isabey, 1.005 fr. — 284.
L'Amour, gr. par Janinet, d'après Fragonard, en coul.,
860 fr. — Les autres pièces de cet artiste entre 100 et
460 francs.
D'après N. Lawrcince : 304. L'Assemblée au Salon,
gr. par Dequevauviller, 800 fr. — 305. L'Assemblée au
concert et l'Assemblée au Salon, deux pendants, gr.
par le même, 850 fr. — 306; L'Aveu difficile, gr. en
coul. par Janinet, 880 fr. — 308. La Comparaison, gr.
en coul. par Janinet, 1.420 fr.
325. Napoléon /", empereur, en pied, dans son cabi-
net, épr. avant toute lettre, gr. en coul. par Levachez,
1.020 fr. — 351. Moreau le jeune. Seconde suite d'es-
tampes pour servir à l'histoire des mœurs et du cos-
tume en France dans le XVIIP siècle, suite complète
de 12 pièces (Paris, Prault, 1777, in-fol.), 3.300 fr. —
370. D'après Morland. .1 Party Angling et the Anglers
repast, gr. à la manière noire par G. Keating et W.
Ward, 820 fr. — 448. Courses de Chantilly (1841), gr.
en coul. par Filding, d'après E. Lami, 820 fr.
D'après Taunay : 471. La Foire de village, gr. en
coul. par Descourtis, 800 fr. — 472. Le Tambourin, gr.
en coul. par le même, 910 fr. — 489. D'après J. Ward.
Selling rabbits et the Citizens retreat, gr. à la manière
noire par W. Ward, 1.950 fr. — D'après H. Ilamilton.
Cinq pièces de la série des mois iJanuarij. Aprit,
May, August, November), gr. en coul. par Bartolozzi
et Gardner, 880 fr.
.Total : 110.132 francs.
■Ventes annoncées. — A Paris. — On
annonce pour la semaine prochaine les deux
ventes d'estampes suivantes :
— Les 28 et 29 avril, salle n° 9, vente d'une
collection d'estampes anciennes et modernes
(M« André Desvouges et M. Loys Delteil); parmi
les 485 numéros du catalogue, on relève les
œuvres les plus dissemblables et les noms des
artistes les plus opposés à la fois comme époque
et comme manière : les anciens sont représentés
par L. de Leyde, H. S. Beham, Diirer, Callot,
Boucher, Cochin, Demarteau, Janinet; les mo-
dernes par Barye, Boilly, Géricault, Daumier (25
numéros), Delacroix, Corot, Buhot, Carrière,
Fantin-Latour, Manet, Méryon, Rops ; quelques
134
LE BULLETIN DE L'AKT
artistes vivants tiennent aussi leur place dans
cette collection, ainsi en est-il de MM. Bonnat,
Béjot, Aman-Jean, Boutet de Monvei, Chahine,
Forain, Helleu, Bracquemotid (18 numéros),
Cliéret (affiches). Lepère, l.egros, Leheutre,
Lunois, RalTaëlli, H. Rivicre, Storm van S'Grave-
sande, Waltner, Zorn, Willette, etc. Il y a de
tout un peu, dans cette réunion, et surtout
parmi le dernier groupe, des artistes dont on a
rarement occasion de voir passer les épreuves en
ventes publiques: ce sera une indication du «cours
actuel » pour beaucoup d'entre eux.
— La collection de Guizelin, qui se vendra le
30 avril, salle n° 8 (Me Lair-Dubreuil et M. Loys
Delleil), ne comprend que des estampes anciennes
des écoles anglaise et française du xvni» siècle.
A noter : de Bartolozzi, A fair moralht and lier
piipil, d'après Cosway, superbe épreuve en cou-
leurs; de N. de Launay, une belle épreuve à
grandes marges de la Bonne mère de Fragonard;
de W. Dickinson, la Duchesse de Devonshire et la
vicomiexse Diincanon, tirage en sanguine, d'après
Angelica KautTraanii ; de \V. Ward, la Visite au
grand-pi're, d'après J. R. Smith, très belle
épreuve en couleurs, à grandes marges.
Avec ces estampes ilu xviii' siècle : quatre Cal-
lot, quelques Durer (dont une suite de la Passion),
deux Rembrandt, et plusieurs flamands du .\vii«.
R. (i.
<^Ul et» <tïA <X^ Ct>> <t^ CtïJl. (VltA iX^jL. i\:^ CtuL ctîJl *TÏ> ft*J.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Exposition théâtrale (au musée des Arts déco-
ratifs). — Grâce à l'infatigable initiative de son
président, M. tleorges Berger, l'L'nion centrale
des .\rts décoratifs vient d'ouvrir, au pavillon
de Marsan, une exposition d'art tiiéiUral. Cette
exposition aura sans doute le plus vif succès.
Elle saura séduire le passant, le curieux et
l'amateur. Le premier y trouvera les visages des
acteurs que la vogue ou le talent lui impose de
connaître; le second, devant certaines toiles et
certains bibelots, pourra évoquer les touchants
détails du passé qu'ils suggèrent; le troisième,
enTin, choisira, parmi plusieurs, un tableau ou
un dessin de maître, qui, par delà son attrait
occasionnel, atteint l'émotion et la beauté.
l'armi les œuvres de cette qualité, je signale-
rai le portrait de l'acteur Mole (;\ M. (;. Dor-
meuil), qui ligure à cette exposition sans
nom d'auteur, mais qui pourrait fort bien .Hre
d'Aved. Le portrait de l.ekain, au pastel, par
Lenoir (à M. Héberti, retiendra également. C'est
un morceau pompeux et charmant tout ensem-
ble, où le tragédien fait le terrible, vêtu d'uD
costume à la turque, de couleurs tendres et
brodé d'or. Sous ce pastel est accrochée une
charmante toile où Lancrel, autour d'une pou-
pée mécanique, fait se pencher deux dames fort
agréables. Cette grisaille disposée dans un enca-
drement de rinceaux bleus, appartient à .M. \Vi|-
denstein.
Une toute pelite toile (à M. le président Cou-
vet) fera beaucoup rêver. On y voit Maiie Des-
mares, dame Champmesié, qui fut Bérénice tt
qui fut Phèdre. Elle a un visage d'enfant, où le
regard est sans mystère et sans passion. De sa
main droite elle écarte un lourd niantt-au de
brocart, pour montrer ses pieds charmants. Ils
sont chaussés de hauts patins de bois, et le co.s-
tume entier s'elTorce à l'orientalisme C'est peut-
fitre ainsi que fut vêtue Roxane"? — Voici d'au-
tres princesses et d'autres héroïnes : une chas-
seresse noblement construite par le baron Gé-
rard; la Duchesnois à il. L. Doistau); une sou-
riante cavalière, coiffée d'un feutre à plumes,
Sophie Amould (à M. A. Rouart); une vestale
enchaînée, élégamment pathétique, M"« Dange-
ville (à M. Droz) ; une séduisante sultane, la
Grassini, par M"": Vigée-Lebmn |au musée de
Rouen); puis, la Malibran, dans un surprenant
costume romantique (à M. Sambon); la Grisi (à
M. Rouarl); M"" Allan (à M. Jacquol); Fanny
Elssler (à M. Cheramy); la Taglioni (au comte
(iilberl de Voisins); Mme .\rnould- J'iessy (à
.M. Foulon de Vaulx ; Jane Margyl, par Boldini
(à M"« Floriet). Puis, après les actrices, les
acteurs : Raymond Poisson (à M. Arthur Mar-
tin); Riancolelli, l'arlequin de Louis .\IV (à
M. Sambon); Trial (à M"" la marquise de Ga-
nay) ; plusieurs portraits de Talma ^à MM. .Mou-
net-Sully, Marmottan et Sambon); Michod (au
baron F. de Christianil; Elleviou ;à M. Doistau);
Ferréol |au D"^ Rrissaudj; Régnier là M">« Ale-
xandre Dumas ; Croizetle (à M. Carolus Duran).
Enfin, des acteurs et des actrices virants : M"'
Bartet, par Dagnan-Bouverel; M"" Bréval, par
Bonnat; M. Faure, par Zorn; M"" Emma Fleury,
par Amaury-Duval; M. Mounet-Sully, par Bcl-
lery-Desfontaines; M"« Rachel-Royer, par Bou-
tet de Monvei; M"' Roggers, par Besnard ; M"'
Sarah-Bemhardt, par A. de la Gandara; M"" Hor-
ANCIEN ET MODEHNE
<.35
tense Schneider, par Pérignon; M. Worms, par
Maigiian, etc.
Autour de ces portraits on a disposé des aqua-
lelles, des dessins, des gouaciies, et d'autres
tableaux à i'tiuile, qui représentent des scènes
de tliéàtre. Une délicieuse aquarelle d'Eugène
Lamy (coll. de M. Lecomle), figure le foyer de
l'Opéra, rue Le Peletier; on y reconnaît Musset
près, de Fanny Eissler, c'est une des œuvres les
plus suggestives de cette exposition. Je signalerai
aussi les scènes de théâtre vénitien, à l'époque
de tioldoni (à .VI. Sambon); les portraits à la
gouache et à l'aciuarelle que prt^te M. Lehmann;
le portrait de M°" Djrval, par Delaroche (à Mme
l.uguet); les danseuses de Renouard (à M. Lu-
dovic H-ilévy); le ravissant portrait d'Alice Ozy,
par Chassériau (à .M. A. Chassériau), etc.
Autour de ces cadres, qui forment la partie
principale de cette exposition, on a disposé des
bustes, des statuettes, différents objets, souve-
nirs, ou curiosités : le buste de George Sand, par
€lésiiigpr ; une charmante série de statuettes re-
présentant (les danseuses, vers 1830, la Cerrito,
la Taglioni.Klura Fabry, etc (collections Rouart,
ChasIeSj Singer) ; des autographes et des livres
rares (collections Pierre Louys, Sambon, Met-
nian); la main de la Malibran, le diadème de
M"'" Barlet, dans Bérénice ; le glaive de Talma, la
montre de Molière, et jus(]u"à la toupie que l'ac-
teur BoulTé faisait tourner sur sa main, en
.jouant le Gamin de Paris.
A côté des acteurs, les décors. Toute une série
de maquettes, dont quelques-unes sont des
chefs-d'œuvre d'ingéniosité, depuis celles que
Servandoni composa pour amuser Louis XV en-
fant, jasqu'au.x féeriques combinaisons de M™"
Judith Gautier, de MM.Fortuny, Araable.Cambon,
Chaperon, Jambon, Paquerau, Robert, Rubé,
Yisconti. Tout ces théâtres en miniature ne di-
vertiront pas moins que les marionnettes que
l'on trouvera plus loin, qu'elles- viennent de
Java, d'Allemagne ou de Nohant, et prêtées à
l'exposition par .M""' Jules Comte, Forain, Ga-
brielleSand, HiéraetMM. Henri Lavedan, Léo Cla-
rclie, Sambon, Landolt, Baillot et deCrèvecœur.
Kiifin, au troisième étage du musée, dans des
petites salles qui n'avaient pas encore été ou-
vertes au public, on a disposé toute une suite de
gravures, d'un extrême intérêt iconographique,
foutes belles, précieuses ou divertissantes, et qui
proviennent des collections de M"'' Chasies,
Lemonnier, et de MM. Adam, iJeraldi, Hartmann,
iJAllemagne, Marmottan, Sambon, etc.
Et j'oubliais de signaler, réunie dans une
petite salle qui est au cœur même de cette expo-
sition, la collection d'antiquités, formée par
M. Jules Sambon, où, sur des vases, des lampes
et des médailles, on peut découvrir Macchus, le
premier polichinelle, et Casnar, le premier
arlequin.
Jkan-Louis Vaudovrh.
L'Œuvre de RoU (J.-E. Hulloz, éditeur). —
Un instructif et nouveau recueil de la collection
de belles planches photographiques qui contient
d<'jà les crayons d'Ingres, les pastels de La Tour,
les peintures décoratives d'Hippolyte Flandrin,
et l'œuvre de plusieurs maîtres contemporains :
Gustave Moreau, Carrière et M. Rodin. L'CEnvre
de M. Roll vient à propos pour caractériser l'effort
intelligent et victorieux du peintre moderne : en
feuilletant la totalité de ces planches, l'amoureux
d'art a l'impression de le mieux connaître. Aussi
bien, quand on revient d'Orient ou qu'on sort
d'un musée, on respire avec une sorte d'inquié-
tude charmée l'atmosphère grise de la ville ou
des champs; la lumière des choses paraît neuve,
autant que l'allure des gens; le plein air nous
propose ce que l'art n'a pas osé dire : savant,
mais inquiet, enivré, mais réiléchi, le peintre
moderne etluraineux qu'est M. Roll a voulu trans-
porter la vie sur la toile et la fixer sous tous ses
aspects. Plus ingénu que Courbet, mais plus in-
struit que Manet, il oublie la convention des for-
mules en respectant les droits du savoir. De la
peinture sombre des anciens à la traduction
claire de la nature, de la réalité d'abord quoti-
dienne et laborieuse à la pensée qui la généralise
et qui la couronne, — telle est la double évolution
de cet Œuvre oi'i la délicatesse de la lumière
enveloppe d'un voile de poésie la rudesse de
l'humanité. A revoir ce vaste ensemble, on com-
prend mieux comment le peintre, déjà compatis-
sant, de la Grève def, mineurs, est devenu le philo-
sophe, toujours ensoleillé, des Joies de la vie. De
bonne heure, à ce point de vue, des titres ne sont-
ils pas significatifs, dans la série disséminée des
« Ouvriers de la terre » : Manda Lamétrie, fermière
(1880); Koubij,r,imentier[[%H<)];la Femme Hagard,
pauvresse et Louise Cattel, nourrice (189i). Qu'elle
exalte la riante fécondité de la chair ou l'amer-
tume vieillie du travail, une figure isolée nous
lient le même langage que les plus immenses
compositions. Avec les années, parmi les tleurs
vivantes des pasleh, la nudité même se fuit sin-
gulièrement symbolique. L'ungoise de Carrière
136
LE BULLETIN DE L'ART
fut plus intime et plus sombre ; mais, tandis que
Puvis de Chavannes s'exilait au bois sacré, le
peintre de la FiUe du li. Juillet 1S80 et du Cente-
naire de 1789 incarne son temps. Et son œuvre
est loin d'être achevé.
Raymond Bouyer.
L'Académie de la Plante et de la Fleur (aux
serres de lu Ville de Paris, Auleuil). — Le
16 avril a été inauguré, aux Serres de la Ville de
Paris, à Auteuil, l'Exposition des artistes dont
le groupement a constitué le corps enseignant de
l'Académie de la Plante et de lu Fleur.
M. le Secrétaire général de la préfecture de la
Seine, représentant le Préfet de la Seine, et
M. Ralph Brown, inspecteur général des Beaux-
Arts, se sont arrêtés devant les tableaux de Qeurs
de M. Achille Cesbron, fondateur de l'Académie,
et de M.VI. Jeunnin et Rivoire, les dessins et les
projets de MM. Hista, Barberis et Aubert, les
paysages de MM. Laugée, Cesbron lils et Dervaux,
les modèles d'art décoratif de MM. Bourgeot,
Leiièvre et Binet, qui dirigent les travaux des
élèves dans le nouveau centre d'enseignement
créé au jardin colonial de Nogeiit -sur Marne.
Enlin, après avoir jeté les yeux sur un projet
de jardin appliqué à l'art décoratif, dressé par
M. Barberis, ils ont accordé quelques instants à
la collection de douze vases de fleurs pour les
douze mois de l'année, où le céramiste Decœur
a appliqué la gamme variée de ses émaux de
grand feu à d'exquis modèles de Pierre Hoche.
H. C.
mmmmîmmmmmmmrmm
BIBLIOGRAPHIE
Cabinet des Estampes de l'État, à Amsterdam
Depuis le 1" janvier dernier, léditcur, W. Versiuys,
d'Amsterdam, fait paraître une .suite de reproductions
d'estampes et de dessins du Cabinet des estampes de
l'État, à Amsterdau), publié sous la direction de
J.-Pn. VAN DER Kei,i,en, attaché à cet établissement
scientifique, dont on ne connait pas assez les impor-
tantes collecliDns. Peu de personnes en jouissent,
parce que peu île personnes savent quels trésors sont
réunis dans ce Cabinet, et qu'oa ne prend pas le
temps de passer au musée le nombre d'heures néces-
saire à le bien connaître.
L'occasion d'étudier attentivement quelques estam-
pes ou quelques dessins en reproduction ne laissera
pas d'exciter les amateurs à aller voir les originaux ;
en outre, cette reproduction vulgarisera les princi-
paux chefs-d'oeuvres des écoles flamande et hollan-
daise. En elfet, comme le dit dans sa préface M. van
der Kellen : « les fascicules contiendront des repro-
ductions d'estampes et des dessins des différente»
écoles, mais la plus grande partie, cela va sans dire,
sera prise dans les écoles hollandaise et flamande,
surtout en ce qui concerne les dessins, car le Cabinet
ne possède que peu d'oeuvres de ce dernier genre de
maîtres étangrers ».
Et il ajoute : n On ne suivra pas un système. Donc
il ne sera pas question d'ordre chronologique. On ne
fera qu'un choix, çà et là, des estampes et des des-
sins destinés à être reproduits, de sorte que chaque
fascicule offrira la plus grande variété.
« La valeur esthétique des estau'ipes et des dessins
déterminera le plus souvent notre choix, ce qui
n'empêchera pas de reproduire de temps à autre une
estampe ou un dessin moins artitisque, quand son
importance ou sa curiosité en rendront la reproduc-
tion désirable. Aussi ne donnerons-nous des portraits
que quand ils sont caractéristiques et non parce que
ce sont seulement des images de personnes connues. »
Pour se faire une idée de l'iutérftt d'art que pré-
sente un pareil recueil, il suffit de lire le sommaire
des deux fascicules déjà parus :
La première livraison contient les six reproductions
suivantes : la Vierge et l'Enfant, gravure d'Andréa
Mantegna; le Sabbat des Sorcières, gravure sur bois,
de H. Haldung Grien (1310); ileux Éléphants dans un
paysage, eau-forte de H. Saftleven le jeune (1646);
la Princesse de Lamballe, estampe en manière noire,
de S. Malcho, d'après Anton Hickel (1793); le Bnl
paré, gravure de P.-A. Duclos, d'après Aug de Saint-
Aubin; enfin, deux dessins à la plume de Jacques de
Gheyn: une Femme sur son lit de mort, et Maurice,,
prince d'Orange, sur son lit de mort.
Voici le sommaire du 2"- fascicule : Darid jouant
de la harpe devant Saiil, gravure de Lucas de Leyde;
le Bénédicité, gravure de Hubert de Baudoux; \ Alchi-
miste, gravure de Petrus van der lleyden, d'après
P. lîrueghel le vieux; un Crand chêne, eau-toHe d&
fL Seghers; l'Hôpital des Pestiférés à .Amsterdam,
eau-forte de Reinier Nooms (Marin Zeeman); un
Singe, dessin en couleur de U. Savery.
L'ouvrage qui est établi avec beaucoup de soin et
dont les reproductions eu phototypie ne laissent rien
à désirer, sera complet en douze fascicules, chacun
d'eux contenant au moins six fac-similés, d'environ
27 X 37, montés sur des cartons solides de 45 sur .ï8.
H. C.
Le Gérant : H. Dknis.
('«fn — Imp. (^aorini l'elil. II, rue Uo><ot-de -II4
Numéro 382.
Samedi 2 Mai 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
LA
Pétition (les artistes décorateurs
Voilà les Salons revenus. Dans quelques jours,
les commissions d'achat commenceront à fonc-
tionner, glanant de ci de là, au hasard des re-
commandations, les trop nombreuses peintures,
les quelques sculptures et les rares objets d'art
qui seront censés représenter la fine (leur de la
production artistique eu 1908.
Cette année, les rites traditionnels auront été
troublés par une manifestation significative :
l'Art décoratif a. publié une pétition adressée aux
pouvoirs publics, en vue d'obtenir que l'État
réserve, dans ses commandes et dans ses achats,
la part qui devrait revenir aux arts dits «mineurs»
Chacun sait comment l'État encourage les
efforts des artisans contemporains, et on le rap-
pelait spirituellement, il y a quelques jours en-
core : « Tandis qu'il commande chaque année,
des hectares de peintures et des quintaux de
marbres, il achète un coffret d'émail, deux
coupes de verre, trois tasses de pâte tendre,
quelques grès; moyennant quoi, il se tient
quitte envers les industries de la décoration ».
Ce n'est pas là ce que souhaiteraient les
ouvriers d'art. Au lieu de voir un nombre, d'ail-
leurs infime, des œuvres qu'ils exposent, achetées
par l'Élat pour être envoyées dormir de leur
dernier sommeil au fond des vitrines d'un musée
de province, ils aimeraient qu'on leur confiât
enfin des ensembles d'ameublements et de déco-
rations. Ils ont raison : c'est par suite d'une
routine absurde et d'une singulière étroitesse de
vues que l'on ne fait appel qu'aux peintres ou
aux sculpteurs quand il s'agit de décorer un
monument nouveau, et, tant aux Salons annuels
qu'aux expositions particulières — notamment à
l'exposition annuelle des Artistes décorateurs, au
pavillon de Marsan — il se rencontre des ébé-
nistes, des bronziers, des ferronniers, des céra-
mistes, des décorateurs pour étoffes ou pour
papiers peints, dont les œuvres, modernes certes,
sagement et ingénieusement modernes, gagne-
raient en intérêt à se voir utilisées pratiquement
et à recevoir une place conforme à leur desti-
nation.
Mais l'Etat mécène ne goûte que la peinture, et
pour peu qu'il montre, à la fin de l'année, les
quelques centaines de tableaux disparates, acquis
à bon compte, au petit bonheur des inaugurations
de salonnets, il s'imagine avoir rempli son rôle
et pouvoir laisser à la postérité un exemple
complet de l'art au début du xx" siècle. C'est
proprement comme si le xyii» siècle nous avait
transmis Le Brun et Mignard, sans Charles Boulle
ni Claude Ballin ; le xvni", Watteau et Boucher,
sans Gouthière ni CEben; l'Empire, David, sans
Percier ni Jacob...
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 24 avril). — Le président annonce la mort
et rappelle les travaux de M. Théodore de Sickel,
associé étranger de l'Académie à Vienne depuis 1890,
l'un des plus érudits paléographes et diplomatistes de
notre temps, qui avait conquis à l'École des Chartes
le diplôme d'archiviste-paléographe.
— M. Perrot, secrétaire perpétuel, communique
une lettre par laquelle M. Gauckler informe l'Aca-
démie de la découverte récemment faite à Rome, dans
des travaux de voirie, d'une statue de marbre blanc
fort curieuse, dont le type parait être celui d'une
Amazone.
Musée du Louvre. — Le musée du Louvre vient
d'entrer en possession d'une très belle collection de
gouaches, miniatures et aquarelles du xvni' siècle,
œuvres de L.-H. et H.-J. van Blarenberghe, qui lui
avait été léguée, il y a quelque temps déjà, par
M'"° van Blarenberghe, la veuve de l'ancien président
du Conseil d'administration de la Compagnie de l'Est.
Cette magnifique collection va faire l'objet d'une
138
LE BULLETIN DE L'ART
exposition spéciale, qui sera sous peu ouverte au
public.
Congrès des Sociétés des beaux-arts des
départements. — La troisième séance qu'ont tenue
les délégués des Sociétés dos beaux-arts de» dépar-
tements, a l'École des Beaux-Arts, le 23 avril, a été
présidée par M. Elle Poirée, conservateur-adjoint à
la bibliothèque Sainte-Geneviève. Après une allocu-
tion du président, ont été lus : un mémoire de
M. Léon Giron, sur le musée du Cloître au Puy ; —
un mémoire de M. llénault, sur les Lussigny, orfè-
vres valenciennois; — une conmmnication de M. E.
Veuclin, correcteur et bibliothécaire à l'imprimerie
Firmin-Didot, à Mesnil-sur-l'Estrée (Eure), sur un
.artiste villageois de la deusiéme moitié du dix-sep-
tième siècle, Ilildevert Canleloup, maître menuisier-
sculpteur, à Saint-Germain-sur-Avre (Eure); —puis,
M. Jadart a clos la séance par un inventaire des
monuments et des œuvres d'art à Reims pendant la
Uévolution (1790-1800).
— La quatrième et dernière séance a eu lieu le 24,
sous la présidence de M. Paul Colin, inspecteur
général de l'enseignement du dessin, membre du
comité. Un discours sur l'étude du dessin rendue obli-
gatoire depuis trente ans à peine, dans les établisse-
ments d'enseignement primaire et secondaire, et dont
les heureux résultats sont couramment constatés,
a valu à l'éminent président des applaudissements
répétés.
— L'ancien couvent de la liaumette, à Angers, pos-
sède de très curieuses peintures murales, sur les-
quelles M. le chanoine Ch. Urseau a attiré l'attention
du Comité des beaux-arts, dans un mémoire dont il a
donné lecture. Ces peintures qui représentent Moïse,
saint Jean l'Evangéliste, saint Jean-Baptiste, saint
Bonaventure, saint Bernardin de Sienne et saint Louis
de Toulouse, datent du premier quart du xvi* siècle.
Elles peuvent être attribuées à Gilbert 11 Vandellant,
lils d'un de ces artistes que le roi llené avait attirés
et (Ixés en Anjou. — M. l'abbé Brune a fait ensuite
deux communications sur quatre ivoires anciens des
musées du Jura, sur le musée de Dôle et les statues
dijonnaises de Froidefontaine. — M Lesort a donné
lecture d'une correspondance inédite, et fort curieuse,
du peintre et graveur rouonnais llouël. — Enfin, en
l'absence de M. Gandilhon, lecture a été faite par
M. Augustin Thierry, secrétaire du bureau, de son
mémoire sur l'histoire des arts à Bourges. C'est sur
cette séance fort intéressante et bien remplie qu'à
pris fin la trente-deuxième réunion des délégués des
Sociétés des beaux-arts de province.
Congrès des Sociétés savantes. — A la dernière
séance du Congrès des Sociétés savantes, qui a eu
lieu le 23 avril, on a entendu, à la section U'nrchéo-
logie, un remarquable exposé de M. Martel, accom-
pagné de projections, sur les dessins ornant les parois
des caTernés. Le grand spéléologue estime qu'on a
fait remonter beaucoup trop loin la date de ces cro-
quis. Si, dans le Périgord, certains représentent des
mammouths et peut-être des félins, et sont contem-
porains du paléolithique ancien, les ornements et
signes de Marsoulas (Pyrénées), les bisons de la
grotte d'Altamara sont de l'aurore du néolithique, et
les dessins noirs de Niaux sont encore plus récents.
Cette causerie, agrémentée de projections, avait attiré
un nombreux public.
Monuments et statues. — Un groupe d'amis et
d'admirateurs du peintre Paul Sain s'est constitué en
comité, sous la présidence de M. Jules Claretie, de
l'Académie française, afin de perpétuer sa mémoire
en lui élevant un modeste monument à Saint-Cénery
(Orne), au milieu u)ème des sites qui avaient sa pré-
dilection depuis vingt-cinq ans. C'est le sculpteur
Félix Charpentier, ami personnel de Paul Sain, qui a
été chargé de l'exécution du buste de l'arliste.
Adresser les adhésions et les souscriptions à M. Paul
Bru, directeur de l'hôpital Saint-Antoine, 184, fau-
bourg Saint-Antoine.
A Rodez. — On a posé dimanche dernier la pre-
mière pierre du Musée des Artistes aveyronnais que
la ville de Rodez fait construire, sur une de ses pla-
ces, avec le concours du sculpteur Denys Puech et
de la cantatrice Emma Calvé, qui ont donné, en cette
intention, ainsi que nous l'avions annoncé, le pre-
mier, 40.000 fr. et la seconde 20.000.
Cette cérémonie était présidée par M. Denys Puech.
Elle a eu lieu en présence des autorités locales, de
plusieurs personnages politiques et de nombreux
artistes.
A Bruxelles. — M. Destrée vient de soumettre à
la Chambre des représentants un projet de M. C. Tul-
pinck qui ne manque pas d'intérêt, il s'en faut, et
qui, s'il se réalise, fera prendre une fois de plus le
chemin de Bruges aux innombrables visiteurs de
l'exposition des Primitifs llamands et de l'exposition
de la Toison d'or. Il s'agirait, dit la Fétléralion «i/iït
ligue, « de rassembler l'ensemble des œuvres de cha-
cun des principaux maîtres flamands du moyen âge,
en y adjoignant les tapisseries, les sculptures, les
manuscrits, etc., auxquels le maître a collaboré, ou
cpie son art a inspirés », et en complétant cet ensemble
par l'adjonction d'une ou plusieurs œuvres types des
did'érentes branches de l'art, qui représenteraient les
artistes étrangers contemporains des maîtres tlamands
exposés.
A Florence. — L Luivcisite de lirenoblc, <|ui
nçoit chaque année un grand nombre d'étudiants
ilalicns, a pris l'heureuse miliativc de fonder à Flo-
rence un Institut de belles-lettres françaises. Elle a
voulu consolider ainsi les liens intellectuels entre la
France et l'Italie, en établissant dans la capitale des
lettres italiennes une institution qui sera le complé-
ment des deux grandes écoles françaises de Uome.
ANCIEN ET MODERNE
139
Cet Institut, dont le Bulletin avait annoncé la fomla-
tion et indiqué le but (n° 363), a été inauguré lundi
dernier, 27 avril. La cérémonie était présidée par notre
ambassadeur à Rome, M. Barrera, assitéde M. Carolus
Duran, directeur de l'Académie de France à Rome rt
de Mgr. Duchesne, directeur de l'École française de
Rome. Assistaient également à la cérémonie le
ministre de l'Instruction publique d'Italie et MM. .1-
G. Guiffrey et Picot, représentant l'Académie des
beau.t-arts et l'Académie des sciences morales et
politiques.
A Londres. — A l'exposition annuelle de la New
Gallery, qui vient d'ouvrir ses portes, on a beaucoup
remarqué les deu.\ portraits d'hommes envoyés par
sir Georges Reid, Lord IJalsbury et M. Wliitelaw Reid,
avec lesquels vont de pair les deux portraits de femmes
de .M. Sargent, Miss Vickers et Miss Lewis. Très réussie
également la toile de M. Lavery, Mis. McEwen el ses
enfants, dans des gris relevés de mauve et de bleu,
d'une très fine harmonie.
Parmi les paysagistes, citons : M. H. Stanton, avec
un l'ntiirage dans les dunes du l'as-de-Calais; M. Par-
ton, avec le Kennet a Woolhampton ; M. East avec un
paysage des Costwolds.
Peu de sculptures intéressantes ; par contre une
lionne section d'art décoratif où l'on voit avec plaisir
la tapisserie exécutée par \V. Morris d'après un carton
de Bume-Jones, et représentant le Cortège de Vénus,
d'après le Roman de la Rose. A cette même section,
et très regardés aussi, les bijoux des artistes parisiens
R. Lalique et L. Gaillard.
A Francfort-sur-le-Mein. — Il existe à « la Soli-
tude », la magnifique propriété du baron G. de Holz-
hauscn, récemment décédé à Munich sans héritiers,
des tableaux de Luc&s Cranach le vieux qui n'ont
pas quitté leur place depuis plus de 300 ans et qui ne
sont même pas connus en reproductions. L'un, Lais-
sez venir à moi les petits enfants, représente le Sau-
veur entouré des femmes de la famille, alors nom-
breuse, des Holzhausen avec leurs enfants; ce sont
autant de portraits, commandés par llaman de Holz-
hausen (le protecteur de Luther), qui y figure aussi
avec sa légitime épouse. La manière, un peu angu-
leuse, de Cranach est indéniable, et la fraîcheur du
coloris, d'une excellente conservation. On espère que
ces œuvres ne seront pas perdues pour Francfort, et
qu'elles échoiront à l'Institut Steedel. — M. M.
A Munich. — Le gofit de la bourgeoisie, du
monde industriel et commercial pour le pittoresque
du passé, et le soin que l'on prend à Munich de sau-
vegarder les souvenirs historiques méritent une men-
tion et des éloges. Telle brasserie qui sacrifie à la
mode, ou aux nécessités du jour, en se refaisant une
façade et un aménagement intérieur modem style,
commandera du moins au peintre Max Luber, bien
connu pour ses reconstitutions d'aspects et de scènes
d'autrefois, entre autres par ses peintures de l'École
centrale des Arts et Métiers et du nouvel Hôtel de
ville, deux grandes toiles pour la décoration de son
restaurant. L'une, le portrait de Lorenz von Wes-
tenrieder, rappelle que l'historien de Munich habita
40 ans celte ancienne maison Sabbadini et y mourut
le \'j mars 1829; la seconde représente le pâté de
maisons qu'ont remplacé les nouvelles constructions
(Kaiifingerstrasse), tel qu'il existait vers 1804.
— Pour le 10* anniversaire de la mort de Bismarck
(30 juillet), le Prince-Régent a ordonné de faire placer
le buste du premier chancelier de l'Empire dans le
temple de la Walhalla. — M. M.
Nécrologie. — On annonce de Venise la mort du
peintre espagnol Martin Rico, âgé de soixante-di.i
ans, chevalier de la Légion d'honneur. Précisément,
dans le numéro de la Revue du 10 mars dernier,
le célèbre graveur hollandais Ph. Zilcken publiait
une étude sur Quelques dessins à la plume de Mar-
tin Rico. Rico habitait depuis longtemps à Venise, le
palais occupé autrefois par son maître Mariano For-
tuny; après avoir étudié à Madrid, sa ville natale,
il était venu à Paris où il exposait aux Salons et
aux Expositions universelles, puis s'étant fixé en
Italie, il continua brillamment sa carrière, tout en
exposant fort peu. Ses vues de Venise et d'Espagne
sont très recherchées.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
Ventes annoncées. — A Paris. — Vents
Zelikine (objets d'art, etc.). — Rappelons qu(;
cette vente aura lieu, salles 9 et 10, les 7, 8 et
9 mai, par le ministère de M" Lair-Dubreuil et
Baudoin et de M. Bloche Comme nous l'avons
déjà indiqué, elle ofîrira cette particularité de
faire passer à nouveau sous le marteau des pièces
provenant de ventes récentes : Lelong, Queyroi,
(lermeau, d'Yanville, etc., et il sera particulière-
ment intéressant de voir comment, à si peu d'in-
tervalle, se comporteront ces mêmes objets sous
140
LE BULLETIN DE L'ART
le feu des enchères. Il est difficile de formuler
une prévision à ce sujet, car si, d'un côté, les
pièces de belle qualité — comme le sont celles-ci —
continuent à bien se comporter à l'Hôtel Drouot
en dépit du calme des affaires, on sait par expé-
rience que les mûmes numéros, passant dans deux
ventes publiques à peu de temps d'intervalle,
ne retrouvent pas toujours, la seconde fois, les
prix d'adjudication atteints la première.
Quoi qu'il en soit, la vente Zelikine ne man-
quera pas à tous égards de piquer vivement la
curiosité des amateurs et du public ordinaire de
l'Hôtel Drouot;
Il serait trop long de passer une revue détaillée
des objets de quelque intérêt dans chacune des
séries et nous renverrons, pour plus de détails
que nous n'en pouvons donner, au catalogue
illustré de la vente.
La catégorie des émaux champlevés se compose
uniquement de numéros provenant des ventes
récentes d'Yanville et Queyroi, dont nous avons
parlé suffisamment en leur temps ici-même
(voir les n»» 332, 333 et 334 du Bulletin) ; de
même, les émaux peints ont tous passé par la
vente Queyroi.
Parmi les sculptures, un buste de grande dame,
dit le catalogue, ou simple figure décorative en
marbre blanc et de travail du xviii= siècle, est
plus inédit; de même, parmi les terres cuites,
cette statue de Vestale, attribuée à Marin et ce
groupe de Satyre et bacchante, donné également au
même artiste ; de même cet autre groupe en
terre cuite, représentant le Génie de la sculpture.
Inédits également : une importante pendule du
ïviii" siècle, figurant deux enfants, travail de
marbre blanc et de bronze ciselé et doré; cette
autre pendule en bronze ciselé et doré, repré-
sentant une Bacchante et l'Amour, et attribuée
pour le groupe à Clodion et pour l'exécution à
Gouthière; deux groupes en bronze, patine claire,
représentant Venus donnant le sein à l'Amour, et
Saturne corrigeant l'Amour, attribués à Pajou ;
un autre groupe en bronze, patine claire, de
l'ép. Louis XIV celui-là figurant le Triomphe du
Bien sur fesprit du mal; une paire de candé-
labres, d'ép. Louis XVI, attribués à Gouthière;
une pendule en bronze ciselé et doré, forme
lyre, d'ép. Louis XVI. Parmi les bronzes d'ameu-
blement, certains proviennent de la collection
Kotschoubey.
Si nous passons à la série des céramiques, nous
trouvons tout d'abord, parmi les porcelaines de
Mennecy, la pièce qui sera le clou de la vente,
le buste du roi Louis XV, en blanc; de la plus
grande rareté, cet objet, qui n'avait réalisé que
700 fr. à la vente Turgot en 1887, monta l'an
dernier à 42.800 fr. à la vente d'Yanville.
Porcelaines de Sèvres, de Chantilly, d'Allemagne,
biscuits, porcelaines de Chine et de la Compa-
gnie des Indes ; faïences françaises, dont la paire
de vases en ancien Nevers, fond bleu, décor
chinois sopra bianco, montés en bronze ciselé et
doré, qui proviennent de la vente d'Yanville
(pr. d'adj ,18.300 fr.) ; objets de vitrine, etc., cha-
cune de ces catégorie présente des numéros de
choix.
De môme les meubles où nous remarquons en
particulier : une commode bombée, d'époque
Louis XV, décor marqueterie de bois à fleurs et
de bronzes ciselés et dorés (collection Kots-
choubey). Un secrétaire en marqueterie de bois
de rose et de violette, d'époque Louis XVI ; un
bureau à cylindre, d'époque Louis XVI, en bois
d'acajou garni de bronzes ciselés et dorés.
Enfin, parmi les tableaux qui complètent cette
réunion d'œuvres d'art de toute espèce, nous
noterons : le Repos des bergers, par Casanova ; le
Marchand de raisins, par Charpentier (vente
Lelong) ; Grande scène de Coriolan (?), par
J.-L. David ; la Descente de croix, ouvrage ano-
nyme d'une école primitive ; la Légende de sainte
Ursule, peinture byzantine (vente Queyroi,
9.000 fr.); le Couronnement de Venus et la Cau-
serie champêtre, deux toiles de l'école française
du xviM' siècle.
Collection de M. O. Homberg (objets d'art
et de haute curiosité). — Un fort volume,
particulièrement bien édité et abondamment
illustré, présente sous le jour le plus favorable
la vente Ilomberg. Le nom de l'amateur défunt,
bien connu dans le monde de la curiosité, l'im-
portance de la collection, font de la série de
vacations qui vont se succéder du 1 1 au 16 mai, à
la galerie Georges Petit, sous la direction de
M» Lair-Dubreuil et de M.M. Mannhein et A. Sam-
bon, un événement tout à fait important en
son genre. Nul doute que cette vente n'attire, en
dépit du calme présent des affaires, un contingent
considérable d'amateurs, ne provoque les plus
vives et les plus légitimes compétitions et ne
donne lieu en fin de compte à une suite de belles
enchères et à un résultat final des plus élevés.
Toutes les catégories d'objets de haute curio-
sité sont représentées ici par des séries nom-
breuses comprenant maintes pièces de choix.
ANCIEN ET MODERNE
141
Parmi les antiquités proprement dites, signa-
lons en premier lieu l'importante réunion de
verreries : verres phéniciens, d'Alexandrie et de
Rome, syriens, gaulois, arabes. Parmi les anti-
quités égytiennes, on notera spécialement un
buste d'homme, fin bas-relief en calcaire blanc,
travail de l'époque saïte. Des terres cuites
grecques, des bronzes romains et arabes com-
plètent cette première section.
Les céramiques orientales, si prisées à l'heure
actuelle, forment à elles seules une réunion des
plus remarquables : faïences persanes, de Damas,
de Solimauié, de Boukhara, de Rhodes, de
Kulaïa, autant de catégories, parmi lesquelles il
faudrait citer maints numéros hors de pair,
plaques de revêtement, carreaux, plats, et pièces
de l'orme.
Les cuivres, bronzes et fers orientaux mérite-
raient également une longue description. Con-
tentons-nous de signaler sommairement certains
de ces objets déjà publiés pour la plupart: une
grande aiguière, travail de Mossoul, xiii"^ siècle;
un grand chandelier, même fabrication, même
époque; une grande aiguière, Mossoul, xiv siècle;
un grand plateau à inscription, travail arabe,
siv" siècle ; deux autres grands plateaux, l'un à
inscriptions, d'ancien travail arabe, l'autre à
personnages, d'ancien travail oriental.
Des manuscrits à miniatures, les uns de travail
oriental, les autres de travail français ; des re-
liures, sont également dignes de remarque.
A côté d'une réunion de verreries vénitiennes,
des XV' et xvi<: siècles, et d'ancien travail persan,
la collection Homberg contient une série de
vitraux qui va de l'époque romaine, autrement
dit des origines de la peinture sur verre, aux
travaux allemands du xvi» siècle. Notons en par-
ticulier une suite de trois vitraux polychromes,
d'art français du xive siècle, représentant la
Crèche, l'Adoration des Mage^ et la Visitation, et
deux autres vitraux également polychromes, de
même art et de même époque, présentant chacun
un groupe de saints personnages.
Nous arrivons ainsi aux sections qui font de
cette collection une sorte de petit musée de
Cluny, et dont nous ne pouvons parler ici avec
tout le détail qui conviendrait.
Les ivoires d'abord, où nous trouvons notam-
ment : une plaque représentant le Christ cru-
cifié, avec la Vierge et saint Jean, travail byzantin
du xiii" siècle ; une plaque d'art français du
xiv« siècle, représentant le Massacre des Inno-
cents ; une autre plaque, même travail et môme
époque, à sujets tirés du roman du xni" siècle, la
Châtelaine de Vergy ; un christ provenant de la
reliure d'une bible, encore un ivoire français du
xive siècle. Quant aux volets de diptyques ou de
polyptyques, productions de ce même art français
du xiv= siècle, ils sont légion ici et accompagnés,
par surcroît, de statuettes de môme travail et de
même époque. Nousne pouvons abandonnercette
catégorie si riche de la collection, sans signaler
encore lout au moins : une crosse du xiii" siècle,
qui provient de la vente Boy ; un petit groupe, la
Vierge tenant sur ses genoux l'Enfant Jésus, d'art
français du xii° siècle ; une statuette appliquée
d'art espagnol du xivs siècle, représentant un
ange debout ; une pyxide à décor de scènes reli-
gieuses, présumée d'ancien travail espagnol.
La section des émaux champlevés et de l'orfè-
vrerie religieuse du moyen âge ne le cède à la
précédente, ni en qualité ni en quantité. Du tra-
vail des bords du Rhin et d'Italie du xvn' sfècle,
et surtout de l'art de Limoges du xiii" siècle, les
spécimenssontnombreux et des meilleurs. Tirons
de pair: deux pyxides; une plaque de chasse
représentant deux saints assis, tenant la palme
du martyre ; un gemellion; une châsse en forme
de maison, décorée de figures de saints en relief;
une boîte aux saintes huiles, en forme d* maison ;
une croix portantle corps du Christ; une chasse,
en forme de maison, présentant sur la façade
V Adoration des Mages; une plaque d'évangéliaire
représentant le Chiistde majesté bénissant ; une
autre représentant le Christ crucifié ; une crosse,
présentant dans la volute l'Annonciation. Con-
tentons-nous d'indiquer, entre autres spécimens
d'orfèvrerie religieuse, un mors de chape en
cuivre doré et verroterie, du xv siècle, présen-
tant en haut relief l'Annonciation.
Quelques émaux peints de Nardon Pénicaud,
de Jean Courteys, de l'atelier de Couly II Noyiier,
suffisent à représenter l'art de Limoges en ce
genre, du xv* siècle au xyii! siècle.
Passons aux bois sculptés, où nous remarquons
en particulier : un fragment de retable d'art
flamand, seconde moitié du xv= siècle, représen-
tant la scène de Jésus chez le Pharisien ; une sta-
tuette de sainte femme debout, fin du xv« siècle;
une statuette de saint Crépin, époque Louis XII ;
et quantié de productions similaires.
Quelques beaux meubles complètent cette
catégorie : un coffre en noyer à décor de médail-
lons et d'arabesques, de travail français du
xvi= siècle; un meuble à deux corps, à décor
ornemental, de la (in du xvi" siècle.
142
LE BULLETIN DE L'ART
Il nous faut abréger et nous ne pouvons qu'in-
diquer l'importance de la réunion de sculptures,
marbres et pierres : chapiteaux, colonnettes,
statuettes, fragments de toutes époques, du
X" siècle au xvi°, qui constituent une série non
moins riche et non moins intéiessante. Quelques
sculptures italiennes : deux anges en terre cuite
par Andréa délia Robbia, un stuc Uorentin du
début du XVI" siècle, se rencontrent parmi ces
travaux, français pour la plupart. Mais il nous
faut mentionner spécialement un buste en
marbre de Faunesse, xviii» siècle, et un groupe.
Bacchante nue et enfanta, par Clodion.
Enfin, des étoffes et des tapis d'ancien travail
oriental sont le complément de celte collection,
dont la vente sera suivie avec le plus vif intérêt
par les amateurs d'art du moyen âge.
Collection de M. P. M. — M» H. Baudoin et
M. J. Ferai dirigeront le 8 mai, salles 7 et 8, la
vente d'une réunion de tableaux anciens de
toutes ces écoles, comprenant en particulier des
ouvrages primitifs et des peintures flamandes,
hollandaises et françaises des xvii» et xvni' siècles,
composant la collection de M. P. M. (Paul
Merscli).
A l'étranger. — A Londres. — MM. Christie,
Manson et Woods annoncent deux ventes impor-
tantes : celle de la collection d'objets d'art, ar-
genterie, porcelaine, mobilier anglais et français
anciens, etc., de la marquise Conyngham ; et
celle des tableaux anciens et modernes, prove-
nant de la même succession, auxquels seront
joints des peintures appartenant à d'autres pro-
priétaires.
La première de ces deux ventes aura lieu le
4 mai, la seconde le 8. Dans le catalogue de
celle-ci nous relevons les noms de J. Hoppner
{Portrait dhin jeune homme), Murillo [Portrait
d'iingcntiUiomme), Raeburn {Portraits d'Alexander
Altan et de Mrs. Allan et son enfant), Roramey
(Portrait de Mrs. Maria Hughes), etc.
A Leipzig. — M. Boerner dirigera dans cette
ville les ventes suivantes : les S et 6 mai, Collec-
tion Eduard Cichonus iarl allemand du xix" siècle) ;
— le 7 mai, collection d'estampes anciennes, en
particulier de gravures d'A. Diirer; — les 8 et
9 mai, ventes d'autographes, où se rencontre un
portrait de l'aganini, crayon, par Ingres. (Cata-
logues illustrés),
M. N.
ESTAMPES
Ventes annoncées. — A Paris. — Les
amateurs d'oeuvres de Félicien Rops devront
retenir la date du 4 mai, jour où M» A. Des-
vouges et M. L. Delleil procéderont, salle 7, à
une vente entièrement composée d'oeuvres de
cet artiste. Au catalogue, 98 numéros, parmi les-
quels des pièces célèbres comme Celle qui fait
celle qui lit Musset, Luxure, Ma grand'tantc. Im-
prudence, Ma fille! monsieur Cabancl, etc., et toute
une série de frontispices.
— Le 9 mai, aura lieu, salle 7, la dispersion
des estampes anciennes formant la collection de
feu M. Ouachée (M'» Ed. Fournieret A.Desvouges,
M. L. Delteil). Le xviu» siècle tient la plus large
place dans cette collection, qui compte environ
loO numéros. Chardin {les Amusements de la vie
privée, par Surugue), Eisen, Fragonard, (Jreuze
{la Philosophie endormie), Lancret (31 numéros,
dont certaines pièces très connues : la Camargo,
le Glorieux, etc.), Moreau le jeune (Monument du
costume); Aug. de Saint-Aubin, Walteau, etc.,
sont parmi les mieux représentés. Ajoutons-y
quelques œuvres d'Abraham Bosse et quarante-
sept pièces de Charles Jacque.
R. r..
EXPOSITIONS ET CONCOURS
L'Exposition Rembrandt |à la Bibliothèque
nationale, entrée par la rue Vivienne). — La
France avait laissé passer le centenaire de
Rembrandt, sans s'associer aux solennités artis-
tiques organisées à l'étranger, autrement que
par la présence de délégués nationaux aux fêtes
d'Amsterdam. Nous avons bien rais deux ans à
prendre notre revanche, mais je crois qu'elle est
complète, délinitive, indiscutable, et que cette
incomparable collection d'estampes et de dessins,
réunis pour quelques semaines dans les nouveaux
bAtiments de la rue Vivienne, est bien l'un des
hommages les plus sincères et les plus originaux
en même temps, qu'on ail rendus au grand artiste
hollandais. C'est à l'initiative de M. Henry Marcel,
administrateur de la Bibliothèque nalionale, qu'on
en est redevable ; mais il nous en voudrait de ne
pas nommer aussi les organisateurs immédiats
de cette belle manisfestation, les rédacteurs si
savants et si minutieusement documentés du ca-
talogue, c'est à savoir M. Courboin, conservateur
ANCIEN ET MODERNE
143
(lu Cabinet des estampes, et ses collaborateurs
MM. Cuibert, Lemoisne et Laran.
Cette exposition ne comprend que des es-
lampes et des dessins.
Pour les estampes, toutes les pièces exposées
appartiennent aux collections Je la Bibliothèque
nationale, sauf sept épreuves magnifiques prêtées
par M. le baron Edmond de Rothschild; au total,
27b numéros, c'est-à-dire l'œuvre gravé de
Rembrandt à peu près complet, représenté par
tout ce qu'il compte de plus rare comme états
et de plus parfait comme qualité d'épreuves.
Quelques cuivres originaux, provenant de la
collection Alvin-Beaumont, ont été joints aux
gravures.
La seconde partie de l'exposition est formée
par les dessins : on en compte près de trois cents ;
et une fois de plus, il faut savoir gré aux collec-
tionneurs, tant français qu'étrangers, d'avoir si
généreusement contribué par leurs prêts à cette
réunion qu'il était impossible de réaliser sans
l'ux d'une façon aussi riche et aussi instructive.
.MM. Léon Bonnat, Fairfax Murray, Fauchier-
Delavigne, François Flameng, Walter Gay, Cli.
Ilaviland, Heseltine, Hofstede de Groot, Klein-
berger, J. Masson,P. Mathey, Et. Moreau-Nélaton,
Nardus, H. Péreire, J. Reinach, le baron Edmond
de Rothschild, Thureau-Dangin, le Dr Tuflier,
Wauters, d'autres encore, sont au nombre de
ceux qui ont, on peut le dire, assuré le succès de
l'exposition Rembrandt.
Pour achever de lui donner son rang parmi
les rares manifestations qui font date et aux-
quelles les historiens d'art se réfèrent volontiers,
les organisateurs l'ont dotée d'un catalogue
explicatif dont la méthode et la documentation
ne passeront pas inaperçues des amateurs. M. G.
Courboin l'a fait précéder d'une introduction rap-
[lelant les principales dates de la vie de Rembrandt
il l'histoire Je l'œuvre gravé du maître que pos-
^''Je le Cabinet des estampes, formé par l'acqui-
sition successive des cabinets de l'abbé de Marolles
(1667), de Béringhen (1731) et du peintre Peters
(1784). M. J. (iuibert fait suivre cette introduction
d'une abondante bibliograpliie de Rembrandt,
classée par ordre chronologique et comprenant
sept séries : généralités sur RembranJt; études
sur ses peintures, ses eaux-fortes, ses cuivres ;
expositions et fêtes; catalogues de vente de des-
sins et J'eaux-fortes. Après quoi vient le catalogue
proprement dil, portant la mention du titre des
pièces; des renvois aux catalogues classiques de
l'œuvre de Rembrandt et des extraits, apprécia-
tions ou discussions tirées de ces catalogues ; des
particularités des états, des rapprochements avec
les peintures, etc.; en un mot, un ouvrage à lire,
bien plus qu'à feuilleter, et qui prendra place
auprès du catalogue des miniatures d'il y a deux
ans et de celui des portraits dessinés de l'année
dernière.
Quant à la portée de l'exposition prise en elle-
même et à son intérêt, à la façon dont elle éclaire
d'un jour si particulier et si vivant la personna-
lité de Rembrandt; à la possibilité qu'elle fournit
d'embrasser toute son œuvre, d'étudier son ins-
piration si variée, de surprendre ses procédés si
personnels; à l'admiration qu'elle suscite pour
son génie, c'est la Revue qui se chargera d'en
instruire ses lecteurs, dès le numéro du 10 mai.
On n'avait ici qu'à annoncer cette exposition
(qui ouvre le 4 mai), et l'on ne s'est pas tenu d'ex-
pliquer les raisons qui font présager à son succès.
E. D.
Peintres rustiques et provinciaux (exposi-
lions diverses). — Le hasard des petites exposi-
tions privées, qui ne se méfient pas assez de la
grande concurrence des Salons annuels, rap-
proche plusieurs peintres apportant leur contri-
bution discrète au chapitre contemporain de
l'histoire du paysage. Ce sont les « Amants Je la
Nature », comme on dit au Cercle de la Librairie,
où dominent toujours les aquarelles d'archi-
tectes. Et, çà et là plus imposante, la série est à
la fois rétrospective et moderne : c'est le peintre
graveur J.-B. Jongkind (1819-1891), à la galerie
Rosenberg ; précurseur aimé des Concourt,
aquarelliste primesautier, Jatant chacune Je ses
feuilles humides comme pour écrire ses mé-
moires d'artiste, notant, dans toutes nos pro-
vinces, ses romantiques impressions. Son aîné,
Constantin Guys (1808-18881, que Baudelaire
appelait hyperboliiiuement « le peintre de la vie
moderne », ne connaît d'autres paysages que les
allées du Bois. Chez Bernheim jeune, au con-
traire, Camille Pissarro (1830-1903), est le plus
rustique Jes impressionnistes, passant Je Corot
à Turner, cherchant la coloration des ombres
dans la neige villageoise, sous la brume citadine,
au soleil couchant.
A la suite des novateurs rapidement passés
maîtres, un Dauphinois, M. Jules Flandrin, chez
Druet, retrouve Jongkind au pays déjà méri-
dional de Berlioz ; chez Georges Petit, le septen-
trional M. Henri Duhem cultive plus sagement
une nature cazinesquc, silencieuse, ouatée ;
14
LE BULLETIN DE L'ART
qu'elle ensoleille les glycines de la porte ou
fasse trembler le lumignon du canal, sa ten-
dresse grave et concentrée fait deviner un des
profonds aspects du Nord : la mélancolie.
Autre sensibilité, M. Fernand Maillaud, à la
galerie Graves, prolonge la tradition rustique au
pays de George Sand ; ce poète aime la douce
lumière berrichonne autant que l'animation des
marchés ; et quand il s'aventure en Espagne, il
impose aux papillolemenls de la couleur la dis-
crétion du goût français.
Louis Dejean (chez Hébrard) et Marc-Henry-
Meunier (chez Devambez). — Un modeleur, un
ai]uafortiste, et, dans son imprévu, l'antithèse
lu plus expressive entre les statuettes parisiennes
d'un aimable dilettante et les sombres estampes
septentrionales d'un chercheur inquiet. La pim-
pante insouciance de M. Dejean chiffonne co-
quettement la jupe et la mine, comme le papillon
flirte avec la fleur ; ses héroïnes minuscules re-
vendiquent pour aïeules les grâces peu grecques
du vieux Saxe. Ici, les Passions même ont l'air de
sourire.
Fils de graveur et neveu de Constantin Meu-
nier, le paysagiste de la Rafale ou d'un Ciel
chargé met dans ses planches tragiques l'accent
robuste de son rêve avec un écho mystérieux de
la forêt des Ardennes : le nuage stylisé se gonfle
sous un rehaut de la plume ou du pinceau ; les
arbres noirs ont d'étranges profils .. Retenons
les synthèses de ce nouveau venu.
Raymond Bouyek.
LES REVUES
Allemagne
Zeitschrïft fur histoiische 'Waffenkunde (IV,
n° 9, janvier 1908). — l.a collection d'armes du
l'rince de Heiiss, au château d'Osterstcin, près de
Géra, est étudiée par M. voa Ehhenth.^i., qui relève
340 pièces, dont quelques-unes datent du xv siècle,
mais la plupart des xvi" cl xvn*. Neuf objets sont
reproduits; ils n'ont rien do particulièrement remar-
quable. La plupart de nos collectionneurs parisiens
ne seraient pas embarrassés pour produire des pièces
d'ordre supérieur. Le fameux couteau pliant, donné
comme « pièce unique datant du xvp siècle ». est
plutôt un objet de curiosité que d'art. Le nianithe en
corne, sur lequel la partie fixe de la lame est montée
à pied de soie, reproduit l'image d'un chien passant.
A en juger d'après la figure, ce couteau me parait
mériter un examen approfondi avant toute détermi-
nation précise. La dague du xvi' (n* 83) est peut-être
une dague de courtisane suisse; llefner Alteneck a
figuré des filles portant de pareilles armes. Ces beaux
poignards à fourreaux de bronze doré et ajouré
brillent plus par leur facture que par leur rareté. Us
gardent toujours une grosse valeur. Quant à la des-
cription que donne M. von Ehrenthal du poignard en
question, elle me parait sujette à caution : >• Sur le
fourreau, en relief, un lansquenet suisse qui tombe,
blessé à mort. Sa femme se transperce d'une épée.
Dans le fond, l'image du Lion de Lucerne ». Je crois
qu'il s'agit là, tout bonnement, de l'épisode mytholo-
gique, cher aux artistes de l'époque, de Pyrauie et de
Thisbé. Lucas de Leyde a représenté l'histoire en
donnant au deux amants les habits de son temps
(1512). La bète féroce, dans le fond de cette célèbre
composition, indique que le seigneur Pyrame a été
blessé à la chasse. Thisbé, en costume flamand, se
transperce avec le long estoc de Pyrame, etc.
— A propos du tournoi donné à Bruges en 1907,
ainsi que de l'Exposition de la Toison d'Or, M. St. K.
von SfKADO.Nrrz donne des renseignements sur les
plus remarquables armures prêtées par lArmeria de
Madrid, les musées de Vienne et de Saint Pétersbourg.
C'est une analyse des catalogues belges rédigés par
MM. W. Papeians de Morchoven et G. Macoir, avec
une planche reproduisant quatre harnois ayant appar-
tenu à Philipe le Beau, à Charles-Quint, à Philippe II
et dont l'histoire se rapporte de près ou de loin à
l'ordre de la Toison d'Or. M. von Stradonitz nous
donne une figure plus curieuse et moins vulgarisée :
celle d'un harnois d'enfant, conservé au musée de
Vienne et qui fut fabriqué pour Charles-Quint, quand
il n'avait encore ipie huit ans environ. Cette armure
complète, gravée et dorée, de la catégorie dite maxi-
milienne ou cannelée, est remarquable par la dispo-
sition de ses épaulièrcs façonnées en mancherons
recouvrant à demi les arrière-bras, et par sa faudière
épanouie en jupe (comme dans les harnois de champ-
clos dits à tonne), et échancrée largement devant et
derrière pour pouvoir monter à cheval, etc. En outre,
il faut signaler parmi les pièces de valeur prêtées par
le musée de Vienne : deux chaperons de faucon en
cuir doré et découpé, brodés aux armes de Habsbourg;
deux couteaux ayant appartenu à Philippe le Beau,
avec ses armoiries et la devise : Aiiltre n'auraz: une
armure gravée que portait Ferdinand de Styrie à la
bataille de Miihlberg, etc. La plupart de ces armes
portent, soit les insignes de la Toison, soit les brii|uclg
de Bourgogne.
— Les autres articles du fascicule se rapportent à
l'archéologie pure, tels ceux de M. Wilhelm Ekiien, sur
la manière méthodique d'étudier les armes anciennes
et de M. Th. Hampe, qui continue ses intéressantes
recherches d'archives. — Maurice Maixoron.
Le Gérant : H. Dbnis.
Paru. — Imp. Georges PeUt. 12, rue Uodot-de-Mauroi.
Numéro 383.
Samedi 9 Mai 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Un nouveau don
des Annis du Louvre
I
11 n'est bruit, depuis quelques jours, que du
nouveau don fait à notre grand musée national
par la Société des Amis du Louvre, un François
Clouet authentique et signé. M. Georges Berger,
qui partait lundi dernier pour l'Italie, a tenu à
présider, dans la matinée, la séance du Conseil
d'administration, au cours de laquelle ont été
ratifiés et l'achat du tableau et son olîte au
musée.
La Ilevw publiera prochainement ce portrait
d'homme à mi-corps, vêtu d'un costume de
velours à raies noires et amarante, appuyé sur
un pupitre, à côté d'un heibier ouvert, avec ces
mots au bas de la toile : FR. Janetii opus. Pe.
Quittio, amico singularis xtatis sum XLUI, 1562.
Mais il est intéressant de rappeler dès aujourd'hui
l'historique de la découverte.
L'honneur en revient tout entier à M. Moreau-
Nélalon, le généreux bienfaiteur à qui le Louvre
doit déjà tant. Il traversait Moscou, arrivant de
Saint-Pétersbourg, où il avait fait dos recherches
au musée de l'Ermitage, quand on lui signala le
précieux tableau, visible à Vienne.
De Moscou à Vienne, il n'y a pas loin pour un
amateur à qui on a parlé d'un Clouet authentique.
Et, quelques jours après, l'achat était fait et la
toile rapportée au faubourg Saint-Hoiioré, puis
au pavillon de Marsan, où elle fit l'admiration de
M.M. Georges Berger, Raymond Kœchlin, .Metman,
François Flameng, Bonnat, pour ne citer que les
premiers connaisseurs appelés à la voir.
On sait combien d'obscurités planent encore
sur tout ce qui se rattache à la dynastie des
Clouet. C'est assez dire quel prix représente
ce document indiscutable du représentant le
plus réputé de cette famille d'artistes. Mais, à
quelque valeur qu'on l'estime et quelle que soit
l'enchère considérable à la(|uelle on peut suppo-
ser qu'il atteindrait s'il venait à passer en vente
publique, M. Moreau-Nélaton l'a payé moins de
50.000 francs, dont il s'est borné, bien entendu,
à accepter le remboursement. C'est donc « une
bonne affaire », dans toute l'acception du mot. Et
bientôt, dans un travail qui s'achève, il nous
contera les détails de sa découverte, en même
temps qu'il rattachera l'œuvre nouvelle à ce que
nous savons des Clouet.
Une fois de plus, par la rapidité de son coup
d'œil aussi bien que par son désintéressement,
M. Moreau-Nélaton aura bien mérité de l'art
français. Il n'est que juste de lui associer dans
notre gratitude la Société des Amis du Louvre,
qui a si rapidement secondé son intelligente
initiative.
A. M.
P. S. — En dernière heure, on annonce que
le nouveau don de la Société des Amis du Louvre
sera exposé au musée dès lundi prochain.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Actes ofBciels. — Le Journal officiel du 30 avril
a publié l'arrêté du ministre de l'Instruction publique
et des beaux-arts, en date du 11 avril, portant orga-
nisation des services de l'inspection et de la conser-
vation des antiquités et objets d'art. Cette organisation
est faite en exécution de la loi de 1887 sur la conser-
vation des monuments et objets d'art, et de la loi et
des décrets relatifs à In séparation des Églises et de
l'État
Les nouveaux services ont la charge de procéder aux
recherches que comporte le classement des antiquités
et ceuvres d'art et de veiller à la conservation, par
les administrations qui les détiennent, des objets sou-
mis au classement, ainsi qu'à leur entretien et à leur
réparation.
Le personnel de l'inspection comprend : un inspec-
teur général, trois inspecteurs généraux adjoints des
antiquités et objets d'art, six inspecteurs ordinaires,
tous choisis parmi les anciens membres des écoles
françaises d'Athènes et de Uome, les anciens élèves
146
LE BULLETIN DE L'ART
diplômés de l'école du Louvre, les archivistes-paléo-
graphes, les fonctionnaires appartenant à l'adminis-
tration des beaux-arts ou ayant été attachés à titre
temporaire aux services de l'inspection des objets
mobiliers.
Académie des beaux-arts (séance du 2 mai). —
L'Académie des beaux-arts a élu au titre de corres-
pondant étranger, M. Abbey, en remplacement de
M. Roberto Bompiani, de Rome, décédé. M. Abbey
est un peintre de talent, habitant Philadelphie.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 1" mai). — L'Académie fixe au la mai la
discussion des titres des candidats au fauteuil vacant
dans la section des académiciens libres, par suite du
décès de M. de Boislisle.
— M. Paul Monceaux, professeur au Collège de
France, annonce la découverte faite à Lamiggiga, près
de Ratna, dans l'abside d'une petite église, de la mo-
saïque tombale d'un évêque appelé Argentus. Il s'agit
probablement de l'évêque de Lamiggiga de ce nom
qui vivait au temps de saint Augustin et qui figure
dans le procès-verbal de la conférence de Carthage
de4H.
— M. Salomon Reinach lit une note sur le mythe
grec de la légende de Phaëton.
École des beaux-arts. — M. Marcel Lambert, ar-
chitecte du gouvernement, professeur de stéréotomie
à l'École nationale des beaux-arts, est nommé profes-
seur chef d'atelier d'architecture à l'École nationale
des beaux-arts, en remplacement de M. Moyaux, dé-
missionnaire.
Musée du Louvre. — Le musée du Louvre vient
de s'enrichir, grâce à M. Clemenceau, d'une admirable
table de J.-Il. Riesener, qui se trouvait au ministère
de l'Intérieur et qui est peut-être le chef-d'œuvre du
célèbre ébéniste du xvm" siècle. Le président du
Conseil, continuant ainsi les restitutions à notre
musée national des meubles historiques et bibelots
artistiques qui sont épars dans les ministères, a fait
remettre également au Louvre une pendule de
l'époque Louis XVI, l'O/frande de l'Amour à Vénus,
qui a été aussitôt placée dans la salle des Beauvais.
De son côté, M. Briand a fait transporter de la
place Vendôme au Louvre un bureau en laque de
Chine, dit « bureau de Choiseul ", après en avoir fait
exécuter une réplique pour le salon de la Chancellerie,
d'où il a été retiré.
Musée de Troyes. — Un vol a été commis au
musée de Troyes.
La vitrine eu sont exposées les décorations léguées
à la ville par le général Sanssier a été brisée ; une
croix en brillants d'une valeur de trois mille francs,
et une médaille, ont disparu.
Au ministère de la Marine. — Par suite des
travaux du Métropolitain, place de la Concorde et
rue Royale, on s'est aperçu que quelques affaisse-
ments s'étaient produits dans les b&timents du mi-
nistère de la Marine.
Une délégation du Conseil général des bâtiments
civils, composée de MM. Daumet, Pascal, Moyaux,
.N'énot, inspecteurs généraux des bâtiments civils.
Bœswilwald, Selmersheim, Magne, inspecteurs géné-
raux des monuments historiques, a procédé immé-
diatement à une visite minutieuse du monument et
des travaux du chemin de fer. Elle a constaté, en pré-
sence de l'ingénieur de la Société concessionnaire,
que vingt-cinq crevasses s'étaient produites depuis le
commencement des travaux. La voûte du souterrain
au droit du ministère de la Marine étant complète-
ment terminée, la délégation a émis lavis que de
nouveaux tassements ne paraissent plus à craindre
pour le moment. Néanmoins, l'architecte du monu-
ment a été invité à exercer une surveillance ininter-
rompue et à en référer à l'administration si les mou-
vements continuaient.
En outre, M. Formigé, architecte du gouvernement,
a été commis comme expert par le Conseil de préfec-
ture de la Seine, pour dresser le devis des réparations
qui seront jugées nécessaires.
La Dentelle de France. — Un concours de den-
telles exécutées à la main est organisé pour le mois
de mars 1909, par ia Dentelle de France, dont nous
avons déjà signalé les intéressants efforts en vue
d'encourager et de développer en France la fabrication
des divers « points » de Belgique et d'Italie, et dont
le conseil de direction compte paruii ses membres
M"" Paul André, la comtesse René de Béarn, la
comtesse Stanislas de Castellane, M"" Flandin,
M"" Arthur Fontaine, la marquise de Ganay, Georges
Menier, Alexandre Millerand, la princesse de Poix,
Pol Neveux et Waldeck-Rousseau.
Les ouvrages mis au concours sont : une écharpe,
une nappe à thé, un mouchoir et un coussin. Les
récompenses consisteront en un prix d'ensemble de
mille francs et d'autres prix d'une valeur totale de
deux mille francs, qui seront répartis suivant la
décision du jury. Une notice rédigée par le conseil
de direction indique au surplus toutes les conditions
du concours. S'adresser, pour tous renseignements,
à la Dentelle de France, 5, rue Las-Cases.
Expositions annoncées. — Le 18 mai, à la
galerie Georges Petit, inauguration d'une exposition
de cent pastels du xviii' siècle, provenant de collec-
tions d'amateurs, organisée par M"' la marquise de
Ganay au bénéfice de « la Croix-Rouge ».
— Le 15 mai, au Salon de la Société des artistes
français, ouverture des expositions rétrospectives du
peintre Cabanel et du sculpteur Barrias.
A Beauvais. — Le Bulletin a conté, dans son
avant-dernier numéro, comment le mobilier de salon
ANCIEN ET MODERNE
147
de'révêché de Beauvais, en tapisserie duxviii' siècle,
représentant des sujets des fables de La Fontaine,
d'après Oudry, avait été transporté à Paris, par les
soins du Garde-Meuble, qui doit le remettre à la
présidence du Sénat. Dans sa dernière séance, le
Conseil municipal de Beauvais a protesté contre ce
déplacement et a émis à l'unanimité le vœu que ce
mobilier fût restitué à la ville de Beauvais, « qu'il
n'aurait jamais dû quitter ».
D'autre part, M. FeiTiand Engerand a prévenu le
ministre de l'Instruction publique qu'il l'interpelle-
rait à ce sujet, dès la rentrée des Chambres.
A Chartres. — La cathédrale de Chartres vient
d'être cambriolée. Si le montant du vol n'est pas
considérable, les dégâts, au point de vue artistique,
sont très importants, — les malfaiteurs, pour pénétrer
dans l'édifice, ayant brisé une verrière qui remontait
au XIII' siècle.
On effectue actuellement des réparations sur le
bas-côté droit, près de la chapelle des Martyrs, et les
cambrioleurs, profitant de cette circonstance, n'eurent
qu'à se hisser sur l'échafaudage édifié en cet endroit;
après avoir coupé la verrière à l'aide d'un diamant,
sur une surface de cinquante centimètres carrés, il
sautèrent sans effort sur un confessionnal placé au-
dessous de la fenêtre.
Les cambrioleurs ont défoncé les troncs et arraché
plusieurs morceau.\ de la robe d'or de la Vierge du
Pilier.
A Bruxelles. — La Société des Amis des Musées,
récemment constituée à Bruxelles sous la présidence
de Beernaert, ministre d'État, vient d'acquérir un mo-
nument en pierre de la plus haute importance pour
l'histoire de la sculpture médiévale en Belgique. C'est
un bas-relief votif, découvert par M. Cloquet, profes-
seur à l'Université de Gand, sur l'emplacement de
l'ancien couvent des Frères Mineurs, à Tournai ; il
appartient à l'école tournaisienne du xv siècle et
représente, de façon réaliste, les funérailles de Jehan
Fiesnes, frère mineur, décédé en 1425.
» 3J<eeoqo »j<*
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
■Ventes à Paris. — La multiplicité des vaca-
tions importantes qui se succèdent maintenant
sans interruption, nous oblige à être bref de
commentaires, si nous voulons pouvoir dire au
moins quelques mots de toutes les ventes ayant
un intérêt au point de vue artistique, qui ont
lieu en ce moment à Paris.
■Vente de M"= S... (objets d'art, etc.). —
Annoncée par un mince catalogue illustré de
quelques planches, cette vente, faite salle 11, les
28 et 29 avril, par le ministère de M» Lair-Dubreuil
et de MM. Paulme et Lasquin, a produit un total
de 77.882 francs. Contentons-nons de signaler
les principales enchères :
Tableaux anciens. — 46. Arnulphy. Portrait de
jeune femme, 2.350 fr. — 54. Éc. de Nattier. Portrait
de femme, 1.350 fr.
Bronzes d'ameublement. — 155. Petite pendule lyre,
encadrée de lauriers, ép. Louis XV], et 156. Deux
petits (lambeaux portés par trois volutes, bases
marbre blanc, ép. Louis XVI, 4.000 fr. (dem. 3.500 fr.).
— 157. Pendule br. partiellement dorée, mouvement
accompagné de trois aniours sur des nuages, époque
Louis XVI, 2.050 fr. — 159. Deux grandes girandoles,
tige gaine avec chapiteau, branches rinceaux à ser-
pents, fin époque Louis XVI, 2.300 fr. — 154. Pen-
dule-cartel à rocailles, ép. Louis XV, 2.250 fr.
Melbles. — Petit meuble bureau ovale, la partie
supérieure formant armoire, acajou orné de br.,
3.150 fr. (dem., 3.500 fr.). — 183. Console-servante
demi-lune, acajou avec br., 2.020 fr.
Tapisseries. — 207. Tenture de trois panneaux,
Aubusson, à sujets pastoraux dans des paysages,
d'après Iluet, bordures d'encadrement, xviir" s.,
8.000 fr., 2.920 fr. et 830 fr.
Vente de la collection J. Gerbeau (1 ■■= vente :
porcelaines de Chine, etc.). — La première
vente Gerbeau, dirigée, salles 5 et 6, du 30 avril
au 6 mai, par M" Bizouard et Henri Baudoin et
MM. Mannheim, a produit 337.000 francs.
Contentons-nous d'indiquer les principales
enchères de chaque vacation.
1" vacation (30 avril). Produit : 58.625 fr.
Porcelaines de C/iine. — Vase-balustre, ép. Tching-
lloa (xv siècle), orné de ((uatre réserves h paysages
sur fond piqueté, 9.500 fr. (dem. 10.000 fr.). — 10.
Vase présentant une audience de mandarin, décor
148
LE BULLETIN DE L'ART
bleu sur jaune, même ép., 2.510 fr. — 12. Vase décoré
des trois dieux de la trinité tactique, 1.900 fr. (dem.,
3.000 fr.). — 24. Plat, ép. Kang-Hi, décoré de deux
femmes et d'un cerf assis, 1.800 fr.
Jades. — 187. Boite sur quatre pieds, avec cou-
vercle, en jade vert émeraude,4,100fr. (dem., 3.000 fr.).
— 208 à 210. Brûle-parfums tripode, bouteille et boite,
1.7C0 fr.
2' VACATION (l"mai). Produit : llS.936fr.
Porcelaines de Chine, ép. Kan;i-lli. — 70. Vase
carré, décoré de personnages dans des paysages
(petites rest.), 11.000 fr. (dem.. 8.000 fr.). — 88. Vase
fuselé, décoré d'up arbuste en ileurs, d'oiseaux et
d'inscriptions, 8.o2S fr. — Vase carré, à réserves
irrégulières sur fond piqueté (rest.), S. 000 fr. (dem.,
4.000 fr.).— 77. Vase-rouleau à deux compartiments,
à pagodes et imbrications sur fond piqueté, 6.000 fr.
— 56. Grand vase carré, décoré de scènes familiales
(rest. et ébréch.), 6.000 fr. (dem., 8.000 fr.).
Jades. — 238. Vase-balustre aplati, jade blanc,
1.700 fr. — 240. Vase double en jade vert, formé d'un
gros et d'un petit poisson, l.aiS fr. — 233. Vase
formé de deux poissons, 1.460 fr.
3" VACATION (2 mai). Produit : 74.681 fr.
Porcelaines de Chine, ép. Kien-Lun'j {XVIIP s.). —
123. Deux potiches décorées de scènes familiales,
4.000 fr. (dem., 2.300 fr.). — 132. Deux grands vases
décorés en relief d'une foule d'enfants, 3.700 fr. —
110. Deux potiches à décors de lambrequins, 3.400 fr.
(dem. 1.800 fr.) — 109. Deux cornets décorés d'enfants
jouant, 3.060 fr. — 122. Deux potiches, décor analogue
2.700 fr.
Cristaux de roche. — Statue de divinité barbue,
4.000 fr. (dem., 2.000 fr. — 276. Vase balustre aplati,
cristal rosé (sans garantie pour la teinte), 3.000 fr. —
2.'i9. Vase-baliistrc, anses tètes d'éléphants, 2.200 fr.
4* VACATION (4 mai). Produit : 37.115 fr.
Porcelaine de Chine. — Vase fuselé, décoré de
poissons sur fond vermiculé, 1.763 fr. (dem., 300 fr.,
Cristal de roche. — 298. Vase-balustre, 1.U5 fr.
Émaux cloisonnés de Chine. — lirùle-parfuuis
composé d'un oiseau avec applications de pierres
dures, 1.820 fr. (dcui. 600 fr.). — Coffret supporté par
deux statuettes, 1.450 (t.
(.4 suivre.)
■Vente après décès de M"» X... (objets
d'art, etc ). — Faite salle 1, le 4 mai, par
M>: Lair-Dubreuil et MM. Paulme et l,as(]uiii,
cette vente a produit un total de HO. 000 francs
environ, et, annoncée par un petit catalogue,
illustré de quelques planches, elle a donné lieu
à quelques enchères qu'il convient de noter.
Deux fauteuils garnis en ancienne tapisserie
de Paris du xviue siècle, à sujets des fables de
La Fontaine, 7.000 fr. (dem. 8.000). — Grande
console demi-lune, bois doré, ép. Louis XVI,
6.800 fr. — Pendule-cartel d'application en socle
peint au vernis Martin, avec bronzes, époque
Louis XV, 8.500 fr. ~
Peintures par Cazin. — Une courte vacation,
dirigée à la galerie Georges Petit, le 2 mai, par
M« Lair-Dubreuil et M. G. Petit, a dispersé une
réunion de trente et une peintures, par Cazin.
Esquisses ou préparations plutôt que tableaux à
proprement parler, ces peintures monochromes,
n'en étaientpas moins très intéressantes au point
de vue artistique et tout à fait représentatives de
la délicatesse et du sentiment quisont le fond de
la personnalité de Cazin.
Cette vente, qui avait fait l'objet d'un catalogue
illustré, précédé d'une préfece de M. Arsène
Alexandre, a produit un total de 78.810 fr. Citons
seulement quelques prix.
24. Dordrccht, 9.000 fr. — 4. Sortie de cabaret.
Pleine lune, 7.b00fr. (dem. 8.000). — 20. Canal en
Hollande, 4.000 fr. — 21. Falaises d'Equihen,
3.900 fr.
■Vente de la collection Cheramy (tableaux
anciens et modernes). — Selon la formule
consacrée, mais plus que jamais justifiée en l'oc-
currence, les prévisions les plus optimistes ont
été dépassées et de beaucaup, et le succès, allant
jusqu'à l'emballement le plus irraisonné en cer-
tains cas, a été absolument complet.
Comme l'ont déjà fait remarquer, avec raison,
certains de nos confrères, la lutte s'est engagée
surtout entre amateurs, et les professionnels
se sont plutôt tenus à l'écart, sachant que ces
œuvres d'art, si chèrement disputées ici, — et
qui l'auraieut été certes beaucoup moins si elles
se fussent trouvées sous le marteau, le mi'me
jour, en quelque vacation de moindre importance
à l'Hôtel Drouot, — ne seraient pas d'un place-
ment facile, surtout avec de pareils prix de
revient.
Mais la placs nous est trop limitée pour philo-
sopher comme il conviendrait sur cette vente,
vrai type de la vente parisienne, à propos de
laquelle'on pourrait rappeler avec plus de raison
(jue jamais les observations que nous avons
maintes fois formulées ici-méme sur les causes
du succès prodigieux de ces vacations, sur la
clientèle particulière qui les suit, et sur la dispro-
portion qui s'établit entre la valeur de tels objets
dans ces grandes ventes d'exception et le taux
ANCIliN ET MODERNE
149
de pièces similaires, au même moment, dans
des ventes courantes et sur le marché de la curio-
sité à Paris ou à Londres.
Mais, encore une fois, il nous faut être bref de
commentaires, et nous contenter aujourd'hui de
glaner seulement les plus grosses enchères, ren-
voyant à notre prochaine chronique une liste plus
détaillée des principaux prix.
C'est dans la catégorie des peintures anciennes
que le succès a été le plus marqué. La première
vacation (5 avril), consacrée aux tableaux et des-
sins anciens, a produit un total de 707.148 francs,
dépassant de plus de 200.000 francs les esti-
mations.
Les honneurs de la journée ont été pour la
réplique de la Vierge aux rochers, adjugée
78.000 francs (sur la demande de 60.000). Pour
un Léonard, ce serait peu; pour une copie
ancienne, c'est beaucoup. A la vente Plessis-Bel-
lière (1897), ce même tableau avait été adjugé
6. .300 francs. — Succès analogue pour le Goya,
Lola Zimenés, adjugé 73.000 francs (sur demande
de îiO.OOO].
Autre belle enchère : le Portrait de Sedaine,
par Chardin, adjugé BG.OOO fr., sur la demande
de 40.000 francs. En 1892, à la vente Alexandre
Dumas, ce même portrait n'avait pas dépassé
2.700 fr. — De bons prix pour les David : le
Portrait de la marquise de Pastoret est monté à
41.000 fr., sur la demande 40.000 fr., alors qu'à
la vente Plessis-Bellière il n'avait atteint qu';i
17.900 fr. — Estimé' 4.000 fr., le Portrait du
Maréchal Macdonald a été poussé jusqu'il
115.600 fr., et, s-ur la demande de 8.000 fr., le
Portrait de M'"" Morel de Tangry a été adjugé
10. 100 francs.
Notons encore, parmi les Constable : Malverv
Hall, 25.000 fr. (dem., Ib.OOO fr.) ; la Charretti
de foin, 22.000 fr.; Hampstead Heath, 21.000 fr.—
Parmi les Creco : .Saint Dominique, 28.000 fr.
(dem., 28.000 fr.) ; le Partage de la Sainte Tunique,
20.200 fr. (dem., 8.000 fr.). — Parmi les Géri-
cault : Officier de lanciers, 23.100 fr. (dem.,
18.000 fr.); Officier de la garde impériale chargeant.
19.000 fr. (dem., 12.000 fr.), acquis par le musée
de Houen; la Folle, 7.800 fr. (au musée de
Lyon).
Le musée de Lyon a acquis également, pour
22.000 fr., le Triomphe de Bonaparte, grande
esquisse par Prud'hon (dem., 10.000 fr.).
La «seconde vacation, consacrée aux tableaux
modernes, et un peu plus calme, a produit
382.390 francs.
Les honneurs de la séance ont été pour Dela-
croix. Sur la demande de 23.000 fr., l'Hercule et
Alrcste, adjugé 17.400 fr. à la vente Cronier, est
monté à 32<600 fr., tandis que VHamlet et Polonius
n'a obtenu que 20.000 fr., sur la demande de
23.000 fr. Notons encore, du même maître :
le Comte Palatiano, 18.100 fr. ; Tohie et l'ange,
18.100 fr. (dem., 12.000 fr.) ; Madeleine en
prière, 18.700 fr. (dem,, 6.000 fr.) ; Tête de
vieille femme, 17.000 francs.
Ingres a été moins favorisé. Ainsi, l'Ofidipc et
le Sphinx n'a obtenu que 18.100 fr., alors qu'en
1872 ce même tableau était vendu 23.600 fr. à la
vente Pereire et, plus tard, 17.000 fr. à la vente
Secrétan (1899).
La troisième vacation a fourni un total de
183.287 francs, portant ainsi le résultat global
de la vente à la somme rondelette de 1.242.287
francs.
On trouve à citer, parmi les œuvres adjugées
ce jour-là (pastels, dessins et aquarelles) : le
Modèle au repos {Portrait de JU"" Daubigny), par
Degas, 18.000 fr. (on demandait 12.000 fr. de ce
pastel) ; — Lion et lionne, dessin à la plume de
Delacroix, 9.S00 fr. (demande, 8.000 fr.) ; — du
même artiste : Juif du consulat de France, aqua-
relle, 5.800 fr. ; — autre aquarelle du même,
Marocains partant au combat, 8.800 fr. ; — des
dessins de Corot ont été moins disputés ; —
enfins, citons, parmi des dessins de Millet, les
Soins malernch, 0.000 fr.
Ventes annoncées. — A Paris. — Nous ne
pouvons qu'indiquer sommairement les vacations
prochaines, qui seront sans aucun doute d'un'
notable intérêt.
Collection de M. Jules Gerbeau (2» vente :
gravures). — Cette vente d'estampes des xvii« et
xviii" siècles aura lieu salle 6, du 12 au 18 mai,
par le ministère de M"' P. Bizouard et H. Baudoin
et de M. Danlos. Elle comprendra en particulier
des planches des maîtres français et anglais les
plus recherchés du xvni" siècle.
Collection de feu M. Morsent (serrurerie).
— Cette collection, de composition peu commune
— serrures, clefs, verrous et autres pièces
analogues, véritable musée de la serrurerie du
xivc au xviii» siècle, -^ sera dispersée salle 10,
ISO
LE BULLETIN DE L'ART
du 13 au )!j mai, par les soins de M" Origet et de
M. Lemaire-Demouy.
Collection de feu M. Jules Gerbeau (troi-
sième et quatrième vente. — Tableaux, etc ).
— La troisième vente Gerbeau, qui* aura lieu,
salles 9 et 10, le 18 mai, sous la direction de
M°» P. Rizouard et H. liaudoin, et de M. J. Ferai,
comprendra les tableaux et dessins anciens et
modernes faisant partie de cette collection.
— Enfin, une quatrième vente, par le ministère
des mêmes commissaires-priseurs, assistés cette
fois de M. Strœlin, dispersera, salle 7, du 2b au
27 mai, les estampes modernes réunies par
M. Gerbeau.
A Londres. — Collection Humphrey Ro-
berts (tableaux modernes). — Un catalogue
illustré, d'une épaisseur inaccoutumée, nous
apporte les détails d'une vente importante qui
aura lieu chez Christie, les 21, 22 et 23 mai, car
il ne faudra pas moins do trois vacations pour
disperser les trois cent neuf numéros qui com-
posent la galerie de feu Humphrey Roberts. En
cette collection de tableaux modernes dominent,
comme bien on pense, des pages importantes de
l'école anglaise moderne, mais entourées éga-
lement de spécimens remarquables des peintres
contemporains des divers pays du continent, en
particulier les maîtres français de 1830, ceux-ci
particulièrement bien représentés.
Notons, comme devant passer dans la première
vacation (21 mai), les numéros suivants : the
Opcning of Waterloo bridge by George IV,.Brighton
Beach, a View of a farm, par Constable ; — Yar-
mouth : Squall coming on, a Vieiv of the coast, a
Landscape, a Hilly landscape, par Cotman ; Earhj
morning mhts rising from Loch Marée et Robin
Hood's bay, par A.-W. Hunt ; a Landscape in
Berbyshire, evening, par G. Mason ; — Stella, the
Gamhler's wife, the White Cockade, the Moon is up,
and yet it is no night, par sir J.-E. Millais ; Hard
hit, « Music, lohen sweet voices die, vibrâtes in
the memory », a Tender chord, Escaped, par AV. -y.
Qpchardson ; — A stei-n chase is always a long chose,
par Briton Rivière ; — a Road through a wood, a
Woody road scène, the Ont shirts of a wood, a
Landscape et encore a Woody road scène, par
J. Stark ; a Broken solitude, par J.-M. Swan ; the
Trossachs, par J.-M.-W. Turner ; the Plotigh, par
F. Walker ; Pretty Lucy bond. Loch ness, par G.-F.
Walts; et Borrowdale, par P. de Wint.
La seconde vacation, celle du 22 mai, verra
passer au feu des enchères, entre autres dessins,
aquarelles et pastels : Spi-ing timc et fiear the
village, par Lhermitte, et a Dutch Landscape, par
A. Mauve; et du côté des peintures : the Cape of
Antibes, par Jules Breton ; the Edgc of a wood, a
Quiet lake a Landscape, aWoody Landscape, a Forest
Glade, a Woody stream, par .1 .-B. Corot ; a Village et
a River scène, par Daubigny ; a Glade in a forest par
Diaz ; Dahlias in a vase, grapes and peaches par
Fantin-Latour; Evening, Moonrise, the Lake, the
Flock, par Harpignies ; tlie Evening Mcal par
L. Lhermitte; Age, Saiiing the toy boat, the Wi-
dowcr, Washing day, Waiting, par J. Israels ; the
Flock, Watering horses : moonri'se, a Landiscapc par
Ch. Jacque ; Ploiighing : evening, the Zuyderzee,
par J. Maris; Ploughing, par Mauve; Scaweed-
gatherers, par J.-F. Millet; the Fisherman, Sporting
dogs, a Landscape with cattle, par Troyon; Svnny
pastures, par J. H. Weissenbruch.
Enfin, et toujours dans cette même vacation du
22 mai, se rencontrent quelques peintures de
choix de l'ancienne école anglaise, notamment
de J. Crome (a Norfolk river, a Forest scène,
Musechold heath) , Gainsborough (a View in
Suffolk, Portrait of Mrs. Dorothy Ilodges), i. Hop-
pner {the Gipsy], U. Raeburn {Portrait of Br .Ban-
dasyde Edgar), sir J. Reynolds {Portrait of the Bon.
Mrs. Brown) et G. Roraney [Portrait of Lady
Taylor).
La troisième vacation, celle du 23 mai, est
réservée aux aquarelles de l'école anglaise. Dans
cette catégorie, nous remarquons: Angeli Minis-
trantes, par sirE. Burne-Jones; Crossing the bridge,
par D. Cox ; Whitby : the Crazy Jane et Xaplcs,
par J -W. Ilunt; the Oiithoiise et the Mid-day Meal,
par W. Ilurst; Sallenchcs {Savoy), St. Martin, Aske
Uatl {Yorkshire), Folkestonc , Kirby Londsdale
Chtirchyard, the Lake ofGencva, Sleaford {Lincoln-
shire), Florence from the road to Ficsole, Conway
Castle, Corfe Castle et Glastonhury, par J.-M.-W.
Turner ; Mushi-ooms, par F. NValker ; a Vieiv of
Lincolnshire, par P. de Wriet.
Un véritable musée de la peinture moderne,
comme on voit, que cette collection Humphrey
Roberts, qui va donner lieu à une vente d'une
importance inaccoutumée.
M. >■
ANCIEN ET MODERNE
Ibi
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Fleurs et natures mortes (galeries Durand-
Ruel). — 0 J'aime ces objets parce qu'ils posent
bien », disait Fan tin-La tour, absent de cette expo-
sition comme Manet. Et n'est-ce pas devant ces
objets sans àme que peut se livrer entièrement la
personnalité du peintre ? Leur immobilité colorée
apparaît moins troublante que la physionomie
fugitive d'un paysage ou d'un regard. Complétant
la leçon d'histoire que les fleurs nous ont donnée
cet hiver, chez Bernheim jeune, — voici Cézanne
fruste et Sisley fin ; M. Claude Monet, le virtuose
des chrysanthèmes et des galettes, des citrons
et des faisans ; M. Renoir, inégal, qui fait chanter
les pavots parmi les pivoines ; MM. Albert André,
Georges d'Espagnat et Lerolle, accentuant l'évo-
lution décorative et de plus en plus orthodoxe de
l'impressionnisme.
Fernand Cachoud (galerie Georges Petit). —
Expositions diverses. — Ce caractère imprévu
de sagesse se retrouve précisément chez deux
artistes d'avant-garde, M. Théo Van Ryssel-
berghe, portraitiste d'Emile Verkaeren et de Vin-
cent d'indy, montrant, chez Bernheim jeune, ses
derniers essais dans la division du ton ; M. Her-
manh-Paul, portraitiste classique de Cézanne et
de jeunes misses, réunissant, chez Druet, ses des-
sins aux crayons de couleur oh sont des copies
d'après l>a Tour.
Les expositions continuent d'abonder comme
si les Salons n'étaient point L'intérêt se trouve
surtout à l'exposition Rembrandt, à l'exposition
du Théâtre, avant d'être au Salon des Humo-
ristes, au rendez-vous des portraits de Bagatelle.
Les salons seuls ont groupé plus de 14.000 ouvra-
ges; et, cependant, les peintres exposent tou-
jours.
Il faut donner un particulier souvenir à l'elTort
d'un jeune qui n'a point manqué d'exposer depuis
douze printemps : c'est un ancien élève de Gus-
tave Moreau; mais ses origines alpestres ont fait
de ce rêveur le peintre des nuits. Car c'est une
série de nocturnes que M. Fernand Cachoud
propose à nos yeux: série variée, d'ailleurs incom-
plète, car l'ami de l'ombre n'est parisien que par
occasion. Ne le cherchez pas à la place Pigalle,
dans le soir qui flambe et la nuit qui pleure, au
fond du faubourg laborieux ou des forêts frappées
par la foudre ; il ne goûte pleinement que le
calme, la nappe argentée des lacs lamartiniens,
le réseau des ombres qui rappelle Obermann
Souhaitons plus de transparence à ces discrètes
ombres, pour qu'on y devine mieux le chant du
grillon, l'étoile bleue des lucioles.
Raymond Bouyer.
CORRESPONDANCE D'EGYPTE
La salle hypostyle de Karnak.
Lorsque s'est débattue récemment la question
de savoir si l'on devait ou non restaurer les mo-
numents antiques, on s'est surtout occupé de la
Grèce, à peine ou point du tout de l'Egypte. Le
même problème s'est cependant posé à propos
des monuments égyptiens et s'est alors compli-
qué de difficultés nouvelles. Les édifices qu'il
s'agit de conserver sont en effet, pour la plupart,
de dimensions colossales, et tels que les archi-
tectes modernes n'en ont jamais osé concevoir.
Il n'est pas sans intérêt de voir à quelle solution
l'on s'est arrêté. Les archéologues français du
service égyptien des Antiquités ont eu l'heureuse
fortune de mener leur tâche à bonne fin, sans
éveiller l'attention du grand public et des don-
neurs de conseils. Nous pouvons aujourd'hui
apprécier leur méthode, d'après les résultats
obtenus. A tous ceux qui, dans le débat relatif
au Parlhénon, proclamèrent le droit inviolable
de la ruine à rester ruinée, nous conseillons
vivement le voyage de Karnak et la visite du
temple d'Ammon. Ils verront quelles difficultés
l'on peut vaincre avec de la patience et de la
conscience, et si l'on doit s'affliger ou se réjouir
qu'on ait osé tenter une semblable restauration.
Il y a quelques années, une moitié de la
grande salle hypostyle du temple d'Ammon, de-
meurée jusqu'alors à peu près intacte, s'écroula.
Le temps, « ce grand sculpteur », en fit un
monceau de ruines. Les énormes colonnes, lar-
ges de près de trois mètres, hautes de quinze,
invisiblement rongées par la base, fléchirent
tout à coup. La chute d'une seule entraîna plu-
sieurs files, Un matin, on trouva l'édifice comblé
d'un amas monstrueux, et il faut l'avouer, mé-
diocrement pittoresque, de tambours, de chapi-
teaux, d'architraves. Les amateurs de ruines se
seraient sans doute félicités de cette catastrophe.
Par bonheur, on ne les consulta pas, et l'on osa
i'oi
LE BULLETIN DE L'ART
porter la main sur ces débris. M. Maspero confia
le soin de cette restauration sans précédent à
M. Legrain, inspecteur des antiquités à Louxor.
Elle est maintenant presque achevée et ceux
qui ont vu l'édifice au lendemain de l'effondre-
ment peuvent en dire l'importance. On a peine
à croire que ces colonnes aient été quelque jour
abattues. L'ensemble ne paraît pas moins intact
que dans beaucoup de temples dont on a pu,
par -quelques réparations, prévenir la ruine. Les
parties refaites ou consolidées, qui se recon-
naissent aisément, sans pour cela choquer les
regards, sont presque insignifiantes. Quant aux
obstacles matériels qu'il a fallu surmonter, il
suffira, pour en donner une idée, de citer quel-
ques chiffres. Les colonnes qu'il s'agisait de
redresser se composaient de 13 tambours, pe-
sant chacun 10.000 kilos. Les chapiteaux attei-
gnaient à 14.000, les architraves à 42.000 kilos.
Il ne fallait pas songer à remuer ces matériaux
énormes au moyen de grues et de palans. M. Le-
grain, et ce n'est pas le moindre intérêt de son
entreprise, a eu recours aux procédés des an-
ciens architectes égyptiens,- procédés qui lui
étaient imposés par la nature de l'édifice, et dont
on eut ainsi l'occasion de faire l'épreuve. Pour
mettre en place, à la hauteur voulue, ces tam-
bours de colonnes, ou seulement pour reprendre
.les blocs restés en équilibre instable, sur des
fûts à demi renversés, il a fallu remblayer jus-
qu'au faite l'immense salle, élever une colline
de terre haute de quinze mètres, et y amener
les pierres sur des plans inclinés. Depuis le dé-
but des travaux, trente colonnes ont été relevées
"de la sorte, dont quatorze en moins d'une
année.
Le pylône qui limite la salle hypostyle, du coté
de la grande cour, est, lui aussi, en grande par-
tie effondré. D'ici peu, on le verra redressé au
moyen de ses seuls débris. Les. blocs dont il
était construit sont restés là, eu monceaux, tous
intacts. Les hiéroglyphes et les sculptures qui
les décorent, et dont M. Legrain est occupé à
restituer la suite, permettront de rendre à cha-
cun sa place exacte dans l'immense façade. On
s'en souvient, c'est de la môme manière et avec
non moins de rigueur, que l'on put procéder à
Delphes, dans la restauration du Trésor des
Athéniens, grâce aux inscriptions gravées sur
les murs de l'édifice.
(i. I,.
NOTES & DOCUMENTS
Les Orfèvres de souche française
à Saint-Pétersbourg, de 1714 à 1814.
Quelques jours après l'apparition dans le Uu/ie<m
(n" .379 et 380) de la liste de ces orfèvres publiée
par M. Denis Uoche, d'après M. le baron A. de Fœl-
kersam, je notais, à Genève, au musée Ariana, un
très beau pastel, œuvre d'un inconnu, représen-
tant Jérémie Pauzié, orfèvre genevois de la cour
de Russie, sous Catherine II. En buste, de trois
quarts, vêtu d'un habit bleu, l'artiste est repré-
senté tenant une bague et un pendant en joail-
lerie. Le même musée conserve le portrait de la
sœur de cet artiste. Il est possible que ce soit
Pauzié qui ait apporté de Russie à Genève le
curieux portrait de Pierre le Grand que l'on voit
à l'Ariana, et qui nous semble l'œuvre d'un
anonyme hollandais. L'ouvrier de Saardam est
assis, accoudé à une table, dans une salle aux
murs de laquelle sont accrochés ses outils. Il
fume une longue pgpe en terre blanche. A ses
pieds, on distingue les morceaux d'une autre pipe
(ju'il vient de casser.
Bien que nés à Paris, deux autres de ces
orfèvres doivent être d'origine strasbourgeoise ;
Jean-Guillaume Beyer, dont la famille compte le
miniaturiste Jean-Daniel Beyer (1826-1840), et
son parent le peintre Eugène Beyer 1 1820-1 883) ;
Paul-François-Frédéric Herbst, dont l'ancêtre
vraisemblable est le peintre slrasbourgeois Ilans
llerbst (1463-1550), élève de Martin Schongauer,
qui, à Bàle, fut le maître de llaiis et d'Ambroise
llolbein. Si l'exode de ces artistes en Russie à
travers l'Allemagne où ils séjournèrent ne déce-
lait pas leur origine franco-germanique, les seuls
prénoms qu'ils portent suffiraient à nous l'ap-
prendre. Car il n'est pas ville au monde dans
laquelle, au xvin« siècle, on ait plus fait usage
qu'à Strasbourg, du Jean chaperonnant un autre
prénom : Guillaume ou Daniel de préférence, et
du Frédéric.
Andrk GnioDiE.
Le Gérant : H. I)smis.
Mans — Itnp- lieorKfls Petii. t2. nw (io(iot-dfi-JI«ur*i
Numéro 384
Samedi 16 Mai 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Musées de Province
LE RÉGIME DU BON PLAISIR
Un (le nos amis, se trouvant de passage à Tours,
il y a quelques semaines, se rendit au musée, un
matin, vers dix heures. Comme il trouvait porte
close et qu'il frappait pour se faire ouvrir, la
concierge se contenta de lui indiquer du doigt
une pancarte manuscrite affichée sur une des
colonnes du vestibule, à gauche en entrant, et
libellée comme il suit :
Ville de Tours
MUSÉE
Heures des visites pour les étrangers
Les étrangers à la ville de Tours sont admis à visiter
le musée tous les jours, de l heure à 4 heures
du soir, mais sous la condition expresse d'être
accompagnés par le concierge de cet établissement
et de se conformer à ses indications. Si une visite
est en cours, une autre ne peut commencer avant
que la précédente soit achevée. Dans ce cas, prière
d'attendre le retour du concierge et des visiteurs.
Devant ce papier, daté du 17 septembre 1907
et muni de toutes les signatures officielles, notre
ami battit en retraite.
Il revint le lendemain dans l'après-midi et
trouva de nouveau la porte fermée. Gomme il la
secouait, en exprimant tout haut son étonne-
ment :
— On ne visite pas, lui cria la concierge en
entrebâillant l'huis.
— Pardon ! répondit-il en indiquant la pan-
carte : « Les étrangers à la ville de Tours sont
admis à visiter le musée tous les jours, de 1
heure à 4 heures du soir » ; et il n'est que trois
heures et quart,,.
— Je ne vous dis pas le contraire, rétorqua la
gardienne ; mais les étrangers ne sont admis
■dans le musée que sous la conduite du concierge.
Or, une visite vient de commencer à l'instant;
comme elle demande environ une heure, il sera
quatre heures quand elle se terminera, et le
musée sera fermé...
Il y eut alors, de part et d'autre, un échange
de considérations aigres-douces sur les chinoi-
series administratives, que la concierge préten-
dait déplorer tout autant que le visiteur éconduit ;
et, comme le lendemain était un dimanche, jour
de visite publique et gratuite, notre ami put
enfin pénétrer dans le musée de Tours, sans être
obligé d'être accompagné par le concierge ni de
« se conformera ses indications ».
Nous dédierons cette véridique histoire à la
Commission extraparlementaire des musées de
province — si tant est qu'elle existe encore ! —
et nous lui demanderons si la première des
conditions que l'État doit exiger des municipa-
lités, en retour du dépôt des œuvres d'art qu'il
consent à laisser dans leurs musées, n'est pas la
facilité, pour les étrangers, de voir et d'étudier
ces œuvres d'ar t.
Quand une ville a la bonne fortune de posséder
dans son musée deux volets d'un triptyque fameux
de Mantegna, un admirable buste original de
J.-B. I.emoyue, deux panneaux en tapisserie de
Cozette, d'après Drouais, et trois peintures de
Boucher, à provenance célèbre ; des œuvres
remarquables de Drouais, de Vestier. de Houel,
de lloudon, de Delacroix, de L. Boulanger, ce
n'est pas en abritant jalousement ses collections
derrière des règlements absurdes qu'elle remplit
ses obligations envers l'État et ses devoirs envers
les particuliers.
E. D,
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 8 mai). — Le ministre de l'Instruction
publique informe l'Académie qu'une chaire de numis-
matique est vacante au Collège de France, par suite
(84
LE BULLETIN DE L'ART
de la suppression de la chaire de langue araméenne,
et qu'il lui sera reconnaissant de désigner, pour
éclairer son choix, deux savants qu'elle jugerait
dignes d'occuper cette chaire. L'Académie fera cette
désignation, à sa prochaine séance.
— MM.. Théodore Ueinach et Henri Cordler font
connaître, par lettre, qu'ils posent leur candidature
au fauteuil de M. de Boislisle.
— Le président annonce le décès de M. Buecheler,
correspondant de l'Académie, professeur de langue
latine à l'Université de Bonn.
— M. Théodore Reinach communique un mémoire
sur l'origine du nom du Parthénon. 11 montre que ce
nom, contrairement à l'opinion commune, n'a rien
de commun avec Alhena Parlhenos, car il existe
dans plusieurs autres villes qu'à Athènes des « Par-
thénons » consacrés à diverses divinités. M. Reinach
établit qu'un Parthénon est un temple spécialement
affecté à des cérémonies célébrées par de jeunes
vierges, comme un « Nymphôion • est un temple où
ollicient de jeunes mariées.
— M. Chesneux, dessinateur du Théâtre-Français,
lit une étude accompagnée de planches intitulée :
Hypothèses sur la reconstitution du costume des
Grecs primitifs.
. Musée du Louvre. — Le département de la pein-
ture du musée du Louvre vient de teruiiner une série
d'installations nouvelles, que le public a pu apprécier
dès cette semaine-
Tout d'abord, on a présenté, dans la salle qui fait
suite à celle des maîtres flamands et allemands du
XV" siècle, les des.sins de Rembrandt que possède le
Louvre, et, au moment où la Bibliothèque consacre
au maître la belle exposition de dessins et d'eaux-
fortes dont le liulletin et la lievue ont parlé, c'est
là une très heureuse pensée à laquelle les habitués du
musée et les admirateurs de Rembrandt ne pourront
qu'être sensibles.
Diverses acquisitions ou donations récentes sont
également exposées : dans un des cabinets voisins
de la salle des pastels, c'est la collection d'aquarelles,
gouaches, miniatures, boites, tabatières de L.-N. et
ll.-J. Van Blarcnberghe (legs de M— Van Blaren-
berghe) ; dans la salle des portraits d'artistes, c'est le
portrait d'homme de François Olouet, signé et daté,
olfert par la Société des Amis du Louvre, dont le der-
nier numéro du liulletin a parlé et qui fera prochai-
nenientlobjelduneétude dansla/(etiî(e; danslamènie
salle, on voit les aquarelles et dessins de Corot et de
Delacroix, achetés parles Amis du Louvre aux ventes
Hobaut et Cheramy. Sont exposés également : un
l'aysa'/e avec chiens, de N. Diaz ; les Baigneuses et le
Repos des chevaux, de Corot ; la Madeleine lisant, du
môme maître, et la Couseuse, de J.-F. Millet (legs de
M"' 11. Cuvelier) ; — les portraits de Chopin par
Delacroix, de Slephen Heller par Ricard, de Glilck par
Greuze et du littérateur Marmontel par Roslin (legs
A. Marmontel) ; — le Vœu à l'Amour, esquisse de
Fragonard ; le Vortrail de Rosalie, dessin du même ;
la Parade, de Taunay ; la Leçon de Danse, de
Lawreince ; Au inoins, soyez discret... dessin d'Au-
gustin de Saint-Aubin ; une Étude de femme, de
Boucher (legs Audéoud) ; — un Intérieur d'écurie, de
G. Morland (don Nardus) ; — une aquarelle de Gavarni
(don de M"" Spronck) ; — des dessins et aquarelles
de Ravier (don des familles Ravier et ThioUier;.
11 ne manque à cette exposition que le Greco de
Prades, dont le liulletin annonçait naguère l'acqui-
sition (n" 376).
Musée du Luxembourg. — Les remaniements
annuels viennent d'être achevés au musée du
Luxembourg, et un certain nombre de pièces récem-
ment acquises y ont trouvé placé, comblant ainsi
les vides causés par le départ pour l'Angleterre des
œuvres prêtées par le musée à 1 Exposition française
de Londres.
H faut citer, parmi ces acquisitions : à la section de
peinture, la Femme au corsage rouge, œuvre de la
première manière de James Tissot, contemporain du
Second Empire; Paysage des environs de Montpellier,
de feu Frédéric Bazille ; un Portrait de .V"' Froment-
Meurice, œuvre ancienne de M. Bracquemond ; un
Dragon, par M. Roll; une des vues de la Cathédrale
de Houen, par M. Claude Monet; une Danseuse,
pastel de M. Louis Legrand, etc. A la section de
sculpture : cinq petits groupes ou figurines de
M. Théodore Rivière, et cinq œuvres de M. Rodin:
quatre bronzes : l'Homme au nez cassé, les bustes de
itf. Gustave Ge/froy, de .W. Roche fort, de Victor Hugo,
(étude pour la statue assise), et un marbre, le buste
de lU"' F... Des épreuves en bronze, des portraits de
Dalou, A' Eugène Guillaume, de M. Georges Windham,
de M. RertUetot et de la Tête de saint Jean-liaptiste,
du même artiste ont été récemment acquises.
Le Portrait de la mère de Whisller se trouve exposé
désormais d'une manière permanente dans la même
salle que les œuvres de Carrière.
Musée Galliera. — M. Delard, conservateur du
musée Galliera, prépare activement l'exposition de la
Parure de la Femme, que nous avons déjà annoncée et
(|ui s'ouvrira le 1" juin prochain. Le bijou sous toutes
ses formes fera le fond de l'exposition, mais, par une
heureuse innovation, quelques parures précieuses
paraîtront sur les costumes même quelles doivent ac-
compagner. Ce sera très discret, une simple notation,
mais les œuvres de nos ciseleurs et de nos joailliers
n'auront qu'à gagner à ce rapprochement avec les
velours, les dentelles, les broderies, ou les draperies
élégantes.
Bibliothèque Forney. — M. Henri Clouzot, cri-
tique d'art, est nommé conservateur de la biblio-
thèque municipale Forney, qui est, comme on sait,
consacrée aux ouvrages sur les arts industriels.
ANCIEN ET MODERNE
Expositions annoncées. — Aujourd'hui 16 mai.
ouverture, dans les salons du Cercle Volney, 7, rue
Volney, du XII' Salon annuel de photographie du
Photo-Club.
A Berlin. — L'incendie de l'ancienne église de la gar-
nison a détruittous les trophées de la guerre de 1870-7 1 ,
à l'exception, parait-il, d'un seul drapeau ; en outre, le
prie-Dieu de Frédéric-Guillaume I", une simple chaise
en bois ; des tableaux de Rode représent.ant les héros
lie la guerre de Sept-Ans et une toile de II. Begas, un
Cliiisl au Mont des Oliviers.
L'empereur a décidé de faire réédifier l'église «dans
son état primitif». — M. M.
— On annonce que l'empereur d'Allemagne a offert
à M. Dœrpfeld, directeur de l'Institut allemand d'Athè-
nes, une somme de cinq mille marks pour exécuter
des fouilles sur l'emplacement de l'antique Pylos. On
est déjà parvenu, sur cet emplacement, que M. Dœrp-
feld situe en un endroit assez éloigné de la Pylos
moderne, à déblayer une partie du palais préhistorique
considéré comme celui de Nestor.
> >jifeoo»-»«^-
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — 'Ventes Gerbeau (1" vente :
objets d'art. Fin). — La première des ventes qui
vont disperser la collection de feu M. Gerbeau, —
celle-ci ayant eu lieu, salle 5 et 6, du .'ÎO avril au
G mai, par le ministère de M'' Bizouard et Henri
Baudoin et de MM. Mannlieim, — a pris fin sur
un total de .357.000 francs.
Aux enchères que nous avons précédemment
indiquées, ajoutons celles que nous fournit la
dernière vacation, d'ailleurs peu intéressante :
Tapisseries. — 667. Panneau d'Aubusson, avec
chasseurs et paysans, ép. Louis XVI, 8.000 fr. —
Iifi8. Deux autres panneaux d'Aubusson de la pre-
mière ép., figurant le Jeu du tourniquet et un Paysan
et une berrjére, 8.200 fr. — 658. Quatre verdures
llamandes du .\vi* s., à sujets de chasse, 5.620 fr.
Vente Cheramy. — Tableaux anciens et
modernes. — Liste des prix — Pour com-
pléter ce que nous avons dit précédemment de
la vente Cheramy, donnons aujourd'hui la liste
des enchères les plus élevées.
PRINCIPAUX PRIX
lAu-dessusde 2.500 francs.)
T.xuLEAUX ANCIENS. — \. Benvenuto di Giovanni. Le
C/tiist aux anrjeK, 3.250 fr. — 4. Boltratlio. La Madone
de la Ca.sa l.itta, 7.500 fr. — 5. Chardin. Portrait de
Sedaine, 56. , ^jOO fr. (dem., 40.000; vente Didier, 1868,
400 fr. ; vente A. Dumas fils, 1892, 2.700 fr.).
■ C. Constable : 6. Le Parc de l'archevéclié de Salis-
bury, 6.500 fr. (dcni. 8.000). — 7. Freeton Tower, près
Ipswic/t, 10.000 (dem. 12.000). — 8. Mulvern-Hall,
25.000 fr. (dem. 15.000). —9. The Glèbe Furm. 6.350 fr.
(dem. 8.000). — 12. Hampsfead Ilealh, 21.000 fr.
(dem. 12.000). — 13. la Cfiarrette de foin, 22.000 fr.
(dem. 25.000). — 14. Le Printemps, 4.600 fr. (dem.
4.000). — 17. Maison au bord de la Stour, 3.750 fr.
(dem. 4.000). — 20. Ifampstead lleath, 3.100 fr.
(dem. 2.000). — 22.. Jubilee al East ISerfjholt afler
Waterloo,
fr. (dem. 3.000). — 27. Entrée de
East Ilerfjholt, 4.900 fr. — 30. Esquisse pour « Hay
Wain «, 2.700 fr. — 31. Le Pont de Londres, 3.600 fr.
— 36. Éclu.ie sur la Stour, 3.800 fr. — 37. Soleil
couchant sur la mer, 2.750 fr. (dem. 2.500).
43. Crivelli. Madone, 3.000 fr. (dem. 4.000).
David : 44. Portrait de la marquise de Pastoret,
41.000 fr. (dem. 40.000; vente Plessis-Bcllièrc, 1897,
17.900 fr.) — 45. Portrait du maréchal Macdunitld,
15.600 fr. (dem. 4.000; vente Rothan, 1890, 2.700). —
46. Antioc/ius et Slratonice, 8.400 fr. (dem 8.000). —
47. Portrait de M"" Morel de Tanijry, 16.100 fr. (dem.
8.000). — 47 bis. Portrait de Rabaud de Sainl-
Êlienne, 3.000 fr.
49. Foppa. Le Clirisl aux liens, 4.000 fr. — 50.
Gainsborough, Cavaliers dans un paysaije, 3.100 fr.
(dem. 3.000).
53. Géricault. La Folle, 7.500 fr. (dem. 5.000), au
musée de Lyon. — 55. Officier de lanciers, dit le
Lancier rouye, 23.100 fr. (dem. 18.000 ; vente Lau-
rent-Richard , 1 1 .700 fr.; vente Secrétan , 1 889, 1 4. 1 00 fr.).
— 56. Officier de la Garde impériale chargeant,
19.000 fr. (dem. 12.000 ; vente Coutant-IIauguet,
1889, 8.000 fr.), au musée de Rouen.
■ 68. Gerino da Pistoia. Le Christ en croix, 7.100 fr.
(dem. 7.000). — 71. Goya. Portrait de Lola Zimenes,
73.000 fr. (dem. 50.000). — 74. 'Van Goyen. Pêcheurs
au bord d'un canal, 4 905 fr. (dem. 3.000).
Le Greco : 76. Saint Dominique, 28.000 fr. (demi
156
LE BULLETIN DE L'ART
23.000). — 77. Le Partage de la Sainte Tunique,
20.200 fr. (diMii. 8.000). — 78. IHclà, 3.300 fr. (doiii.
2.000).
80. Guardi. Canal à Venise, 3.100 fr. — 82. Iloppner.
La Jeune femme à la loque de velours noir, 6.000 fr.
(dem. 4.000). — 84. Th. Lawrence. Portrait de
Lady X..., 3.900 fr. (dem. 4.000). — 90. Morland. Le
Repos des Bohémiens dans la forêt, 3.400 fr. (dera. 600).
— 94 Priid"hon. Triomphe de Bonaparte, 22.000 fr.
(dem. 10.000), au musée de Lyon. — 98. Reynolds.
Portrait de Garrick, dans le rôle du Mari jaloux,
12.800 fr. (dem. 10.000).— 99. Bomncy. Lady llamilton
en ingénue, 12.100 fr. (dem. 12.000).— Rubans. Néron,
3.500 fr. (dem. 4.000).
104. Atelier de Léonard de Vinci : Saint Jean-
Baptiste, 12.500 fr. (dem. 8.000). — 105. La Vierge
aux rochers, 78.000 fr. (dem. 60.000 ; vente Plessis-
Bellière, 1897, 6.300 fr.).
106. Ecole espagnole. La Joconde, d'après Léonard
de Vinci, 4.500 fr.
Tableaux modernes. — 113. Bonington. La Seine,
en amonl de Notre-Dame, 3.600 fr. (dem. 3.000). —
117. Bonvin. La Religieuse faisant de la tapisserie
2.550 fr. (dem. 3.000).
124. Corot. Le Modèle en armure ou le chevalier,
7.000 fr. (dem. 8.000). — 127. Terrasse du palais Doria,
à Gênes, 5.300 fr. (dem. 5.000). — 128. Gênes, les
Apennins, 5.100 fr. — 131. Genzano, près du lac Nemi,
4.200 fr. (dem. 4.000). — 132. Venise, 11.000 fr. (dem.
10.000). — 136. La Fillette en corsage rouge, ou
la Petite pie, 4.300 fr. (dem. 4.000). — 137. Saint
Sébastien, 4.600 fr. (dem. 4.000).
141. Courbet. La Sorcière, d'après F. Hais, 3.100 fr.
(dem. 3.000). — 142. Les Hoches, 3.700 fr. (dem. 3.000).
— 143. Le Barrage, 2.900 fr. (dem. 6.000).
E. Delacroix: 151. Hercule et Alceste, 32.500 fr.
(dem. 25.000; vente E. Cronier, 1905, 17.400). —
132. La Grèce expirant sur les ruines de Missolonghi.
Non vendu. — 133. Études de babouches, 4.500 fr.
(dem. 2.000 ; vente Sensier, 1871, 783 ; vente Wilson,
1881, 1.320). — 154. Uamlet et te cadavre de Polonius,
20.000 fr. (dem. 23.000; vente Edwards, 1870, 16.700).
— 133. Bacchus et Ariane, 2.630 fr. (dem. 2.300 ;
vente Haro père, 1892, 800). — 136. Ovide chez les
Scythes, 3.500 fr. ; vente Choquet, 1899, 1.830). — 157.
Jésus-Christ et saint Tlwmas (dem. 1.300). — 158.
Paganini jouant du violon, 8.200 fr. (dem. 8.000 ;
vente Ilermonn, 1879, 1.650 ; vente Champfleury,
1890, 2.303). — 139. Le comte Palaliano, 18.000 fr.
(dem. 13.000). — 160. Madeleine en prière, 15.700 fr.
(dem. 6.000; vente Dumas fils, 1892, 2.800). — 161.
Mort d'Hassan. Épisode du « Giaour a, 4.300 fr. —
162. Jésus au Jardin des Oliviers, 11.000 fr. (dem.
10.000; vente Vacquerie, 1899, 8.900; vente J. Key-
deau, 1903, 7.700). — 163. Le Chanteur Baroilliel en
turc, 3.600 fr. (dem. 6.000). — 165. Eugène Delacroix
en Uamlet, 7.500 Ir. — 166. Cromirell au château de
Windsor, 3.000 fr. — 167. Le Combat du Giaour et du
pacha. Non vendu. — 168. Esquisse du plafond du
Salon de la Paix, ù l'Hôtel de Ville de Paris. 3.620 (r.
— 169. Tobie et l'Ange, 18.100 fr. idem. 12.000 ; vente
Dulilleux, 1874, 3.900). — 170. Numa et Ëgérie,
7.100 fr. (dem. 6.000 ; vente Haro père, 4.505). — 171.
Tète de vieille femme, 17.000 fr. (dem. 10.000 ; vente
Delacroix, 1864, 830). — 172. Odalisque, 6.800 fr.
(dem. 6.000). — 175. Variante pour le « Juslinien ».
Non vendu. — 176. Sujet analogue. Non vendu.
— 178. Esquisse du tableau, Attila envahissant
l'Italie, 3.500 fr. — 181. Une gerbe de fleurs, 3.600 fr.
Fantin-Latour : 198. Tentation, 3800 fr. (dem.
2.000). — 200. Bouquet de roses, 2.700 fr. (dem.' 2.000).
206. Ilenner. Nymphe au bord d'une source, 4.400 fr.
(dem. 1.800).— Ingres: 208. Œdipe et le Sphinx,
15.100 fr. (vente Pcreire, 1872, 23.600 ; vente Secretan,
1889, 17.000). — 209. Les pieds pour la figure de
l'Iliade, 3.300 fr. (dem. 2.000 ; vente Ilaro père, 1.000).
221. Meissonier. Napoléon I". Non vendu. —
226. Poterlet et Delacroix. La Mort de Sardanapale,
4.100 fr. (dem. 3.000). — 227. Puvis de Chavannes.
Madeleine, 6.200 fr. (dem. 12.000). — 232. Ricard.
« Les Syndics », d'après Reuibrandt, 2.600 fr., au
umsée de Lyon.
Pastels, aquarelles, oesslns anciens. — 267.
Prud'hon. /-a Musique, 3.100 fr. (dem. 4.000).
Pastels, aquarelles, dessins mooefines. — 272.
Barye. La Pantlière noire, 3 200 fr. (dem. 3.000).
— 291. Daumier. L'Artiste en face de son œuvre,
3.030 fr. (dem. 2.000). — 292. Degas. Le Modèle au
repos {M"' Oaubigny), 18 000 fr. (dem. 12.000). —
293. E. Delacroix. Juif drogman du Consulat de
France visitant une famille arabe à Tanger, aqii.,
3.300 fr. (dem. 3.000). — 299. La Captivité de Baby-
lone, aqu., 4 600 fr (dem. 1.000). — 304. Marocains
partant pour le combat, aqu., 5.500 fr. (dem. 6.000).
— 309. Marocains à la chasse, aqu , 2.800 fr. (dem.
3 000). — 317. Quatre feuilles de croquis de figures
orientales, 4.200 fr. (dem. 4:200). — 340. I.ion et
lionne, dessin à la plume, 9.500 fr. (dem. 8.000). —
390 Millet. Femme portant une cruche, 3.800 fr. —
393. Soin* maternels, 6.000 fr.
Produit total : 1.242.822 francs
Vente Zelikine (objets d'art). — Faite par
M" Lair-Dubreuil et II. Itaudoin et M. liloclie,
salles 9 el 10, les 7, 8 et 9 mai. Cette vente a pro-
duit un total de 41."). 029 francs.
Comme il était aisé de le prévoir, les numéros
provenant de ventes récentes où ils avaient été
payés à un taux excessif, n'ont pas retrouvé,
tant s'en faut, les mi'mes prix. Pour n'en citer
que deux exemples, le fameux buste de Louis XV
en porcelaine de Mennecy, payé l'an dernier
42.aOO fr. à la vente d'Yanrille, n'a pas dépassé ici
2.3.000 fr., sur la demande de 30.000, et la paire
de vases en vieux Nevers, fond bleu, à décor eu
ANCIEN ET MODERNE
187
sopra bianro, avec montures en bronze doré du
xvii|i- siècle, est restée à 12.000 fr. sur la demande
de 20.000, alors qu'elle avait été adjugée 18.500 fr.
à cette mi'rae vente d'Yanville.
La liste d'enchères que nous donnons ci-dessous
permettra de se rendre compte des moins-values
dans toutes les catégories d'objets d'art.
Du côté des peintures, un polyptyque de l'école
byzantine du .xv« siècle, la Léc/ende de sainte
Ursule, vendu l'an dernier 9.000 fr. à la vente
Queyroi, est resté ici à 1.630 fr.
Émaux ciumplevés. — l. Groupe cuivre battu, la
Vierge porlanl l'Enfant Jésus, assise sur un siège en
cuivre champicvé et éuiaillé ; en partie travail liuiou-
zin, xiii» s., n.OOO fr. (dem. 25.000 ; vente d'Yanville,
.51.000). — 2. Crosse, saint Michel perçant le dragon,
9.100 fr. (dem. 12.000 ; vente A. Queyroi, 12.100). —
3. Fermoir de chape, le Christ crucifié, la Vierge et
saint Jean, 4.000 fr. (dem. 8 000 ; vente Germeau, 1868,
50 ; vente Queyroi, 8.000). — 4. Châsse, forme mai-
son, corps réservés en métal, xni' s. Sur la façade,
la lapidation de saint Etienne (parties modernes),
4.100 fr. (dem. 8.000; vente Queyroi, 1.700). — 5.
Châsse, forme maison, xiv" s., six personnages en
relier, 3.600 fr. (dem. 6.000 ; vente Ducatel, 1890, 860;
vente d'Yanville, 7.000). — 6. Plaque, Christ crucifié,
la Vierge, saint Jean, deux angelots, xiii" s., 2.560 fr.
(dem. 4.000 ; vente Queyroi, 2.900). — 10. Plaque pré-
sentant le Christ crucifié, la Vierge et saint Jean,
saint Pierre et un apôtre, xiii' s., 5.500 fr. (dem. 4.000 ;
vente Queyroi, 4.200).
Émaux pei.nts de lijiooes. — 17. Plaque en coul., par
Monvaerni, Limoges, imw's. ,l'Ador(ilio7t des mages,
:n.000 fr. (dem. 30.000 ; vente Queyroi, 41.000). — 18.
Plaque, atelier de Monvaerni, fin xv" s., la Vierge et
saint Joseph, en adoration devant l'Enfant Jésus,
6.600 fr. (vente Queyroi, 4.500).
ScuLPTUHE (makbiie, pierbe). — 26. Buste de grande
dame en marbre, 2.800 fr. (dem. 3.000). — 29-30. Deux
médaillons bas-relief sur marbre, bustes d'enfants,
ép. xvm' s., 2.600 fr.
Teiires currES. — 33. Groupe, le Génie de la Sculp-
ture, 9.000 fr. (dem. 15.000). 34. Groupe, ISaccliante
assise et Satyre debout, attrib. à Marin, 2.350 fr. —
41. Statuette plâtre, Franklin debout, de lloudon,
2.700 fr.
PoncEi.AiNE. — Mennecy. 114.1iuste du roi LouisXV.
sur toile, avec attrib. de la royauté, en relief, anc.
porcelaine tendre blanche de Mennecy, 23.000 fr. (dera.
30.000; vente Turgot, 1887, 700; vente d'Yanville, 1907,
42.500) — 118. Groupe, enfant tenant un panier, à
rnlifourchon sur un gros chien (rest.), 4.800 fr. (dem.
i.UOO; vente du Sartel, 1894, 490; vente d'Yanville,
S. 000). — 120. Figurine, joueur de vielle assis, 4.300 fr.
(dem. 3.000 ; vente d'Yanville, 8.100 fr.).
Cliantilly. — 133. Deux cache-pots à oreilles, décor
polychrome et or, à réserve de bouquets de fleurs
sur fond quadrillé bleu : marque au cor de chasse
(rest.), 5.710 fr. (dem. 3.000 ; vente d'Yanville, 6.450).
— 139. 80 assiettes, décor à l'œillet, 3.000 fr.
Ludvngshurg . — 173. Grande figurine, représentant
un chef asiatique avec grand manteau vert doublé de
violet, 3.230 fr. (dem. 4.000).
Cliine. — 187. Deux vases, famille des jades,
formehexagonale,décorpersonnages, fleurs et oiseaux
en coul., mont, bronze, ép. Louis XVI (ou rest.),
9.000 fr. (dem. 12.000). — 202. Deux vases céladon,
décor gravure, mont, bronze, ép. Louis XV, 2.603 fr.
(dem. 3.000).
Faien'Ces. — 213. Deux vases Nevers, fond bleu,
décor en sopra-bionco à paysages et figures de Chinois,
mont, de bronze, 12.000 fr. (dem. 20.000 ; vente
d'Yanville, 18.500 fr.). — 222. Bas-relief terre cuite
émaillée, de l'atelier des Robbia, la Vierge et saint
Jean-Baptiste en adoration, 3.030 fr. (dem. 6.000;
vente Queyroi, 6.700 fr.). — 223. Plat de Faenza aux
armes des Colonna (fêlure), 2.500 fr. (vente Queyroi,
1.630 fr.)
Bkoxzes d'aiit des xvii- et xvni" siècle. — 62. Groupe;
Le triomp/te du Bien sur l'esprit du Mal, bronze, ép.
Louis XIV, 2.600 fr. (dem. 4.000). — 63-64. Deux
groupes : Vénus donnant le sein à l'Amour et Saturne
corrigeant l'Amour, 4.800 fr. (dem. 8.000).
Brokzes d'ameublement du xvm* siècle. — 76.
Pendule mouvement enveloppé de draperies, de cha-
que côté un enfant, marbre blanc, 11.000 fr. (dem.
16.000). — 77. Pendule représentant une bacchante
tendant une coupe à l'Amour, qui presse une grappe
de raisin, attr. pour le groupe à Clodion et pour
l'exécution à Goulhière, 7.520 fr. (dem. 8.000). — 78.
Pendule de Saint-Germain, modèle à rocailles enve-
loppant le cadran, 6.100 fr. (dem. 9.000). — 81. Deux
candélabres formés de vases à côtes tournantes,
anses grappes de raisin, attr. à Gouthière, 3.860 fr.
(dem. 8.000). — 85. Pendule marbre blanc et bronze
repr. une allégorie de la Fidélité, 3.000 fr. — 92.
Socle à rubans, cœurs d'acanthes, etc., 2.800 fr. —
104. Pendule forme lyre enguirlandée, avec l'Amour
debout et brùle-parfums, 4.500 fr. (dem. 7.000).
Marbres, matières précieuses MO^TÉES. — 103. Pen-
dule marbre blanc, jeune femme accoudée sur un
monument, se désolant sur un petit oiseau mort, ép.
Louis XVI, 3.200 fr. — 107. Grand vase-bouteille à
long col granit, reconstitué, orné mont. ép. Louis
XVI, en bronze, anses à tètes de béliers ibronze
rêst.), 10.000 fr. (dem. 20.000; vente Kotschoubey,
16.300 fr.).
Meurles : Cotfrc de mariage, bronze sculpté, ép.
Itenaiss. ital., 2.900 fr. — 259. Commode bombée,
marq. à Heurs, ornée bronze, ép. Louis XV, 4.600 fr.;
(vente Kotschoubey, 4.060 fr.). — 260. Secrétaire
marq. bois rose et violette, à carrelages et quadrillés,
orné de bronze, ép. Louis XVI, 5.000 fr. —261. TaWe
1S8
LE BULLETIN DE L'ART
ovale, bronze cis. et doré, ornée cariatides de femmes
portant des corbeilles de fleurs, attr. à Gouthière,
ép. Louis XVI, 3.000 fr. (dem. 6.000). — 262. Commode
décorée à branchages fleuris, avec altr. de musique,
orné bronzes ép. Louis XVI, 3.300 fr. — 2G3. Meuble
d'appui, acajou, orné bronzes, ép. Louis XVI, 3.300 fr.
(d(!m. 3.300J. — 264. Bureau cylindrique acajou, garni
bronzes, ép. Louis XVI, 4.;t60 fr. (dem. 4.000).
Tableaux. — 274. Casanova. Le Repos des berç/ers,
3.0OO fr. (dem. .5.000: vente Leiong, 3.700). — 277.
G. Courbet. Le Château d'Ornan.% 2.C00 fr. (dem. .'i. 000 ;
vente Mazaros, 3.t00 fr.; vente d'Yanville, 3.000 fr.).
Vente Homberg (objets d'art et de haute
curiosité). — L'abondance des ventes nous force
à renvoyer à notre procliaine chronique le
compte rendu de cette série de vacations, du plus
haut intérêt pour les amateurs d'objets de hautes
époques et d'antiquités du genre sérieux, et à
renvoyer à plus tard également la liste des prin-
cipaux prix.
Contentons -nous simplement d'indiquer les
principaux résultats.
1'" Vacation (tl mai). Produit : 50.224 francs. —
127. Plaque de revêtement formée de quatre carreaux
étoiles à personnages et inscriptions et de cinq
autres motifs, 3,200 fr. (dem. 2.000). — s;i. Gobelet
arabe, fin xiv" s., avec bandes en émaux imitant une
piùee d'orfèvrerie, 3.000 fr. (dem. 2. .500,. — '03. Sta-
tuette de lare, bronze romain, 2.360 fr.
2* Vacation (12 mai). Produit : 94.348 francs. —
226. Lampe de mosquée, en faïence de Damas, déco-
rée d'inscriptions en bleu sur blanc (fract. et rest.),
16.000 (dem. 8.000). — 229. Plat, même faience, décor
de Deurs sur fond bleu turquoise et lapis, 5.000 fr.
(dem. 2.500). — 240. Tympan, faience de So'imanié,
composé de carreaux à décor de fleurs en coul.,
9.000 fr. (dem. 6.000).
3" Vacation (13 mai). Produit: 121.472 francs. —
287. Lampe de mosquée, anc. faience de Ithodes,
ornée de fleurs en coul. et d'inscriptions en bleu,
14.000 fr. (dem. 5.000). — Médaillon présentant un
buste de Lucrèce en terre émaillée d'Andréa délia
itobbia, 6.620 fr. (dem. 8.000). — 334. Grande aiguière,
or damasquiné, trav. de Mossoul, du xiii°s., 12.U10 fr.
(dem. 10.000). — 337. Grande aiguière, cuivre damas-
quiné, du XIV s., 10.100 fr. (dem. 12.000).
4* Vacation (14 mai\ Produit : 181.039 francs. —
418. Manuscrit persan à miniat., 4.500 fr. — 421. Le
Verger, de Snadi, manuscrit persan à miniat., xiv s ,
11.000 fr. — Livre d'heiii'es français à miniat., 5.300 fr.
— 461. Vierge à l'Enfant, ivoire, xii* s , 7.200 fr. —
463. Plaque d'ivoire, travail byzantin du xiir s.,
Criicifijiori, 9.200 fr. — 471. Christ d'applique, ivoire,
XI v s., 9.050 fr. — 467. Plaque de collret, ivoire, xivs ,
ta Cluilelaiiiede Vergy, 7.100 fr.
Produit total: 447.083 francs.
(A suivre.)
'Ventes annoncées.— A Paris. — Collection
Gerbeau (3° vente : tableaux et dessins). —
Un catalogue illustré nous apporte les indications
les plus favorables sur la vente (jue dirigeront;
salles 9 et 10, le 18 mai, M"» Bizouard et Baudoin
et M. Ferai.
Sans nous attarder davantage, contentons-iious
de signaler, d'abord une réunion de peintures de
l'école de 18.30, notamment l'Etang, par Corot;
la Fenaison, par Daubigny ; la Petite jiUc au ckien,
par Diaz ; un' Lion dcchirant sa -proie, par E. Dela-
croix ; une Madeleine agenouillée, par Henner ;
une Vue de Venise, par Meissonier; la Mare dans
la forêt de Fontainebleau, par Th. Rousseau; une
Vue des environs de Venise, par Xiem, et une Rue
de Villaye, par Lépine ; puis, dans une noie d'art
plus moderne, il nous faut citer encore : la Ma-
chine de Marlij, par Sisley; la Jeune fille rousse,
par A. Besnard; une Tête de paysanne, par Cals ;
un intérieur, te Jeu, par Fantin-Latour ; un
Canal en Hollande, par Jongkind ; vingt-quatre
paysages de Lebourg; l'Étang glacé, par Ci. .Mo-
net ; la Jardinière, par Pissarro.
Du côté des écoles anciennes, nous rencon-
trons des dessins de Prudhon, Moreau le Jeune,
Saint-Aubin et d'autres maîtres encore du xviii'
siècle français. Notons aussi une peinture de
Goya, le Portrait du peintre, qui provient de la
collection Miihibacher.
— Après les estampes anciennes faisant partie
de la collection Gerbeau et vendues cette se-
maine, on annonce, pour les 2o, 26 et 27 mai,
salle 7, la dispersion des estampes modernes
(M" Bizouard et Baudoin, M. Strœlin). Il sera
vendu compte de ces deux ventes.
"Ventes diverses. — Une mince brochure
illustrée nous apporte l'annonce d'une vente
d'objets d'art et d'ameublement, qui aura lieu,
salie 7, le 18 mai, sous la direction de M" F. I.air-
Dubreuil et de MM. Paulme et Lasquin fils, et
qui comprend en particulier des gravures fran-
çaises et anglaises du .wiii" siècle et des faïences
de Rouen.
— Les 21 et 22 mai, M" Lair-Dubreuil, assisté
de MM. G. Sortais et Mannheim, dispersera, salle 6,
les objets d'art et d'ameublement, tapisseries et
tableaux, composant la fuiccession de M. D. Dans
le catalogue illustré de cette vente, nous remar-
quons en particulier, du côté des peintures : le
Portrait de l'acteur Edmond Shee, dans le rôle de
Low-Wows, par Shee ; les Environs de Bordeaux,
par Boudin ; les. Environs de Villerville, par
ANCIEN ET MODERNE
189
C. Daubigny ; une Réunion de femmes dans la
campai/ne, par Diaz ; et du côté des objets d'art
et d'ameublement: un canapé et six fauteuils en
bois sculpté et doré, couverts en tapisserie d'Au-
busson du temps de Louis XV, à sujets tirés des
fables de La Fontaine, dans des encadrements à
Heurs ; un canapé, une bergère et six fauteuils
en bois sculpté, couverts en tapisserie d'Aubusson
à personnages sur les dossiers et animaux sur les
sièges, avec encadrements de draperies, d'époque
Louis XVI ; et des tapisseries en Aubusson du
temps de Louis XV à sujets champêtres.
— Enfin, au nombre des vacations ((ui auront
lieu la semaine prochaine, signalons encore en
particulier: la vente, qui se fera les 10 et 20 mai,
sous la direction de M» Lair-Dubreuil et de MM.
Paulme et Lasr|uin fils, de M. Duplan et de
M"» veuve H. Serrure, des objets d'art et de curio-
sité provenant du château de Tournacke (Saûne-
et-Loire) ; — la vente de la Collection de Ma'' Char-
mettant, tableaux et dessins anciens de diverses
écoles, objets d'art et de haute curiosité, qui
sera dirigée, salles 9 et 10, les 22 et 23 mai, par
M= Origet et MM. Sortais et Duplan.
M. N.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Raymond Allègre (galerie Allard) — On sait
plus d'une façon de voir Venise et de la peindre;
et nombreux furent ses peintres, depuis Guardi
jusqu'à M. Ziem, de Bonington à Manet. Les
contemporains n'ont pas manqué d'apporter la
contribution de leur songe et l'hommage de leur
palette : un voile de mélancolie s'est répandu sur
lavilleempourprée des doges. Malgré tout, ce n'est
pasVenise pluvieuse, ni Venise nocturne que tra-
duit avec brio l'indépendance de M. Allègre, élève
méridional de VoUon.Ce Marseillais peint sa Pro-
vi-nce et le soleil des Martigues ; mais ses préfé-
ii'uces demeurent pour les blanches coupoles
orangées par le soir du large, pour les heures
calmes et les beaux palais, pour le Grand Canal
cilles pa/t miroitent, comme des mirlitons, dans
l'eau bleue.
Jeanès (chez Devambez). — Après « le coup
de soleil de l'impressionnisme », il est vraisem-
blable que l'ami de la nature revienne sur le
tard au culte de la forme, et le paysage de
demain sera peut-être encore le paysage dessiné :
M. Henry Marcel se trouve d'accord avec les
historiens spéciaux du genre pour en prévoir le
retour (1). Mais, aujourd'hui, la séduisante féerie
des reliefs n'a point cessé d'émouvoir les yeux
sensibles. Car le regard possède une sensibilité
particulière : il est touché par des nuances
vives ou plus souvent délicates, qui ne disent
rien à l'indifférence pressée des touristes. Elles
disent beaucoup, et môme parfois trop, à l'auteur
discret de ces quarante aquarelles, dont le nom
sonne comme un pseudonyme. Ce Lorrain, qui
semble moins se souvenir de Claude Gellée que
de William Turner, habite les Alpes du Tyrol,
les Dolomites fantastiques, la montagne offrant
l'àpreté des citadelles ; il la décrit près des lacs
d'encre ou d'azur, au crépuscule, sous l'orage de
pourpre ou la neige nocturne. Il descend parfois
jusqu'à Venise, par le pays accidenté de Cadore,
patrie du Titien, ce père du paysage qui ne
consentit jamais à noyer la forme dans les ondes
de la couleur.
Raymond Bouyer.
Expositions de portraits (à Bagatelle). —La
Société nationale des beaux-arts, poursuivant le
cycle de ses rétrospectives, a ouvert hier, pour la
troisième fois, une exposition à Bagatelle. Inau-
gurée par le Président de la République, organi-
sée par MM. Roll, Agacbe, Gervex, J. Béraud et
Dubufe, elle est consacrée aux portraits de célé-
brités de la seconde moitié du xix" siècle.
Parmi les œuvres les plus remarquées, que
nous ne pouvons qu'énumérer ici, citons : le cé-
lèbre Courbet en moine, par Courbet lui-même;
George Sand, par Thomas Couture ; George Sand
encore, Alexandre Dumas père et Paganini, par
Eugène Delacroix; lordBtjron, par Isabey; Ingres
et Liss«, par Lehmann; fiossmj, par Ingres; Pauline
Garcia, sœitr de la Malibran, par Ary Scheffer, et la
Malibran elle-même, par Bouctot; Péreire, le créa-
teur des chemins de fer en France, par Dela-
roche ; Edgard Quinet, par Champmartin.
Parmi les portraits d'un intérêt plus moderne
prêtés pour cette exposition : Alphonse Daudet,
par Eugène Carrière ; Edmond About, par Paul
Baudry ; Coquelin aine, pa.r Baslien-Lepage; Gaston
Paris, par Ricard; enfin, en sculpture les bustes
de Corot, par Carrier-Belleuse; Charles Gounod,
(l)Dans {aiiiùfsice.del'llisloire d(i paysage en france
(IL Laurens, 1908, in-S").
100
LE BULLETIN DE L'ART
Gérômc, Alexandre Dumas, Charles Garnier, par
Carpeaux, etc., retiendront l'attention.
Le duc d'Orléans a envoyé un certain nombre
de toiles de sa collection : Portraits du roi Louis-
Philippe et de la reine Marie-Amélie avec leurs en-
fants, du comte et de la comtesse de Paris, du duc
et de la duchesse d'Orléans, du duc de Nemours.
Le duc de Chartres a envoyé : la Reine Marie-
Amélie sur la terrasse de Saint-Cloud, par Ary
Scheffer; le Ùuc d'Orléans et le duc d'Aumaleen
Algérie, tableau attribué à Philippoteaux; le Duc
de Nemours en lancier rouge; un portrait équestre
du Duc d'Orléans, par de Dreux; le Prince de
Joinville en officier de marine, par Winlerhalter;
la Princesse de Joinville, également par Winter-
halter; le Roi Louis-Philippe, par Court, et la
Reine Marie-Amélie, par Cosse ; la Duchesse
d'Orléans, par Laucher; le Comte de Paris enfant,
en costume de baptême, par Winterhaller; le
Prince de Joinville jouant au collège Henri JV, et
le Roi Louis-Philippe en Suisse, par Horace
Vernet, etc.
R. C
LES REVUES
France
Bulletin des musées de France (1908, 2). —
M. G. Bénédite signale un envoi de l'Institut nrchéo-
logique du Caire au musée du Louvre : il s'agit des
pièces provenant des fouilles faites, ces dernières
années, à Abou Roach (Basse-Egypte), dans la nécro-
pole des princes de Sioût (Moycnne-Égypte) et à Drali
Abou' 1-Ncggah (Ilaute-Égypte).
— La Lé'jende de saint Jacques le Majeur, d'après une
peinture (jiollesque du musée du Louvre. — La pein-
ture étudiée et expliquée par M"° Louise Pillion est
une prédelle du xiv siècle, provenant de l'église
Santa Maria degli Angeli de Florence et placée dans
la salle des Sept Mètres, au-dessous de la Vierge de
Cimabue; l'auteur combat l'attribution de cette pein-
ture à Tnddeo Gaddi.
— Parmi les œuvres d'art léguées au Louvre par
M. Audéoud, dont la Bibliothèque nationale a reçu
les précieuses collections de livres, se trouve un
charmant Portrait de Rosalie Fragonard, la fille de
Frago; ce dessin a fait partie de la collection
Concourt; M. m-: Nolhac le reproduit et le commente.
— L'Art allemand dans les musées français, par
L. Réau. — Les musées et les collections de France
sont fort pauvres en œuvres d'art de l'école alle-
mande, aussi bien pour ce qui concerne les travaux
d'orfèvrerie et les bois sculptés, que pour ce qui est
des peintures et des dessins, et l'on ne fait guère
d'eflort pour combler cette lacune. — Au Louvre, le
seul artiste représenté d'une manière digne de lui
c'est Ilolbein; Durer l'est • d'une façon dérisoire»;
aucune œuvre caractéristique de Mathias Grunewald ;
et si l'on ne doit pas regretter l'absence des peintres
de décadence, depuis la Renaissance jusqu'au milieu
du XIX" siècle, par contre, on voudrait voir au Luxem-
bourg une section allemande qui fut aussi riche que
l'est la section française de la Galerie nationale de
Berlin : or, ni Bœcklin, ni LeibI, ni Menzel, ni
Klinger n'y sont représentés. — L'auteur commence
la publication de remarques sur les tableaux et
dessins de l'école allemande, épars dans les collec-
tions françaises : il étudie la Déposition de croix, du
maître de Saint-Barthélémy (Louvre), chef-d'œuvre
de l'école de Cologne; le plateau de table de Ilans-
Sebald Beham (Louvre); les deux petits panneaux
légués par le baron Adolphe de Rothschild au musée
de Cluny et faussement attribués à Michel Wolgemut,
le maître de Durer.
Allemagne
Die Kunst (avril). — K.-M. Ku/.manv. La « Szluka »
de Cracovie. Association d'artistes polonais, établie à
Cracovie, qui a organisé une exposition à Vienne.
Détails intéressants sur la renaissance de l'art polo-
nais, qui, depuis 1873, s'affranchit de l'influence de
Matejko; nombreuses reproductions.
— K. Lange. La Loi de l'alternance des styles dans
l'art (suite et fin).
— A. Gbiselach . L'Exposition d'art anglais à
Berlin (voir l'article de M. Montandon, dans le
n" 373 du Bulletin],
— G. Flchs. h. von Tschudi. A propos de sa
démission comme directeur de la Galerie nationale, à
Berlin. La retraite de M. von Tschudi équivaut an
triomphe d'une coterie d'intéressés, qui ont profit^
d'une divergence d'opinions entre M. von Tschudi et
l'empereur.
— 11. VON PoELLNiTZ. Beauté et expression dons
l'architecture : à propos de constructions de l'archi-
tecte \on Tettau.
— IL Wu.Licii. Monuments funéraires par Fritz
Schumacher.
— G. Slmmkl. Le Problème du style, au point d<
vue de l'art industriel.
— E.-W. Bkeut. La Manufacture impériale de
porcelaine, à Saint-I'élersltourg, d'après une publica-
tion officielle russe. — G. Huet.
Belgique
L'Art flamand et hollandais (15 mars). —
Fin de l'élude de .M. Sciimidt-Dec.enek sur Adriaen
Brouwer et son évolution artistique ; et de celle de
M. S. -H. DE Uons sur le Caractère d'itnprimerie
moderne.
Le Gérant : H Dknis
Parti. — Imp. Georget Peut, 12, rue Uodot-de-Mauroi.
Numéro 385.
Samedi 23 Mai 1900.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
L'Ilislflirc de l'art fraiifais au \I\' siècle
et les Arcliivcs nalioiiales
I'
M. Pierre Caron, archiviste aux Archives natio-
nales, publie, dans le dernier numéro de la
licvolution française, une note sur les documents
versés aux Archives par l'administration des
lîeaux-Arts, en 1900, — documents qu'il achève
de classer et d'inventorier en ce moment, pour
les rendre communicables aux travailleurs.
Ces documents proviennent de quatre bureaux :
1. Musées et travaux d'art. — Collection très
importante, où l'on trouve d'abord 261 cartons
pour les <( Travaux d'art, commandes et acquisi-
tions 1), de l'an X à 1880; les dossiers seront
rangés par séries décennales, et chaque com-
mande ou acquisition sera représentée par un
dossier classé au nom de l'artiste, A noter encore,
dans ce même chapitre, les collections relatives
aux « Encouragements », aux « Aiïaires diverses
concernant les artistes » et aux « Demandes
diverses présentées par les artistes » ; ces docu-
ments sont compris entre 1830 et 1880.
Une fois livrées à l'Etat, les œuvres d'art
commandées ou achetées reçoivent leur attri-
bution : la série des documents concernant
r n Attribution d'objets d'art » compte 117 car-
tons, classés par ordre alphabétique de noms de
villes, et allant de l'an IV à 1893 ; la série « Ré-
partition d'œuvres d'art entre les musées «,
comprend 39 cartons, classés au nom de chaque
musée, par séries décennales de 1851 à 1880.
Viennent ensuite 200 liasses de documents
relatifs à des objets variés : achats et commandes,
secours. Salons annuels, expositions des beaux-
arts aux Expositions universelles, missions,
monuments élevés par l'État, fêtes publiques, etc
2. Écoles et manufacturer. — Une soixantaine
de cartons, concernant l'Académie de France à
Uome, les Ecoles des beaux-arts de Paris et des
épartemenls, les Manufactures nationales, etc.
,3. Bâtiments civils. — Groupe très considé-
rable : plus de 2.000 liasses, classées par édifices,
et pour chaque édifice, par année.
4. Théâtres. — Documents très nombreux,
notamment sur les théâtres subventionnés; les
plus anciens remontent à la Révolution. A noter,
dans ce fonds, une collection assez riche de
manuscrits de pièces jouées, classés par théâtre.
Deux bureaux de l'administration des Beaux-
Arts n'ont pas participé au versement : celui des
« Monuments historiques », dont les archives
sont classées et aisément consultables, et celui
de la « Comptabilité ».
Les documents sont arrivés aux Archives en
bon état et en bon ordre, et M. Caron espère que
leur inventaire, déjà très avancé, sera terminé
dans deux ou trois mois. Ils pourront alors être
communiqués, et à en juger par leur impor-
tance, il est permis de croire qu'ils feront l'objet
de fréquentes demandes.
M Les Archives nationales, dit M. Caron à la fin
de sa notice, offraient déjà des éléments inappré-
ciables pour l'étude de l'histoire de l'art au xix=
siècle ; les voici maintenant très riches à cet égard,
grâce au libéralisme de l'administration des
Beaux-Arts. Assurément, elles ne possèdent pas
tout, et il convient de ne pas oublier que la
direction des musées nationaux, les théâtres
subventionnés, le Conservatoire, possèdent des
papiers fort intéressants. On peut dire néanmoins
que, rapprochés de ceux des séries anciennes,
les documents nouvellement versés constituent
désormais la source d'archives capitale pour
l'histoire de l'art français au xix" siècle u.
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des beaux-arts (séance du 16 mai). —
Le prix Trémond, de la valeur de 1.000 fr., est par-
tagé à titre d'encounigement entre MM. Louis Belle,
peintre, et Camille Crémier, statuaire.
I6â
LE BULLETIN DE L'ART
— Le prix Deschaumes, de la valeur de 1.300 fr.,
destiné à de jeunes architectes, est attribué à M.
Pierre-René Le Blanc, élève de M. Héraud.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 15 mai). — L'Académie déclare la vacance
du fauteuil de M. Barbier de Mcynard, membre titu-
laire, décédé. La discussion des titres n'aura lieu
qu'après les vacances.
— M. Philippe Berger présente le troisième fasci-
cule du tome 11 du Corj/ns des Inscriptions phéni-
ciennes. 11 rend hommage au mérite des collabora-
teurs qui l'ont assisté dans cette tâche : M. l'abbé
Loisy d'abord, et M. Slouschz.
— Eu Comité secret, l'Académie décide de présenter
au choi.'i du ministre de l'Instruction publique, pour
la chaire de numismatique créée au Collège de
France : en première ligne son président M. Babelon,
et en seconde ligne M. Fernand Mazerolle, archiviste
de la Monnaie.
— L'Académie se forme de nouveau en Comité
secret pour l'exposé des titres des candidats au fau-
teuil de M. de Boislisle. Sont déflnitivement candi-
dats, par ordre alphabétique : MM. Henri Cordier,
professeur à l'École des langues orientales ; Paul
Fournier, doyen de la Faculté de Droit de Grenoble ;
Albert Martin, professeur à la Faculté des Lettres de
Nancy ; Gaston Uaynaud, bibliothécaire honoraire à
la Bibliothèque nationale, et Théodore Reinach,
député de la Savoie.
Musée Balzac. — Le 16 mai, a eu lieu l'inaugu-
ration du musée Balzac, dans le modeste pavillon
de la rue Raynouard, que l'auteur de la Comédie
humaine habita de 1843 à 1848, et où, sur l'initiative
de M. de Royaumont, a été constituée une première
collection de souvenirs balzaciens et d'œuvres d'art
rappelant la mémoire de Balzac.
A la Bibliothèque nationale. — M. Henri
Omont, conservateur du département des manus-
crits à la Bibliothèque nationale, vient d'acquérir,
avec l'aide de généreux donateurs, parmi lesquels
M"" la baronne James de Rothschild, M. le baron
Edmond de Rothschild et M. Maurice Fenaille, —
deux cent soixante-douze manuscrits intéressant l'his-
toire de France, du x' au xviii* siècle, et provenant
de la célèbre bibliothèque de sir Thomas Philipps,
à Cheltenham.
Le legs Guibout. — M"' Guibout, qui possédait
quelques précieux souvenirs de famille, vient de léguer
à la Bibliothèque nationale dix-neuf livres reliés en
maroquin rouge, aux armes de France et de Saxe : un
Missel de l'aiis en 8 tomes, un Vespéral en 2 tomes, un
Office de nuit en 8 tomes et une Quinzaine île l'âques.
Cesvolumes datés de 1764 proviennent apparemment
de la bibliothèque de la princesse Marie, dauphine de
France, lîllc d'Auguste III, électeur de Saxe, et de
l'archiduchesse d'Autriche Marie-Josèphe, qui fut la
deuxième femme de Louis, fils de Louis XV, dont elle
eut huit enfants.
M"' Guibout gardait, comme plus précieux encore
que les livres, le portrait au pastel du curé Jean Vien-
net, de Saint-Merry, qui fut le dernier des curés de
Paris « assermentés » et mourut sous le Consulat. Elle
lègue ce portrait au musée Carnavalet.
Société des amis du Louvre. — M. Moreau-
Sélaton, ram.ntcurqui a si généreusement contribuée
l'enrichissement de nos collections nationales, vient
d'être nommé membre du conseil de la Société des
amis du Louvre, en remplacement de M. Camille Groult.
Société des artistes français. — Aujourd'hui,
23 mai, a lieu, à Montlignon, sous la présidence du
ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts,
l'inauguration de la Maison de retraite des artistes
(fondation Armand llayem), installée dans la propriété
ollerte à la Société des artistes français par M~* Jules
Comte.
Monuments et statues. — A l'occasion du cente-
naire de l'entrée du collège d'Eu dans l'Université, un
comité s'est formé pour élever dans cette ville un
monument à la mémoire des trois frères Anguier,
François, Michel et Guillaume, — les deux premiers,
sculpteurs illustres du xvii* siècle, et le troisième,
dessinateur à la manufacture des Gobelias.
Expositions nouvelles. — Du 21 mai au 3 juil-
let, sur la terrasse des Tuileries : IV' exposition des
arts de la mer, organisée par l'Action Maritime.
En Avignon. — M. Nodet, architecte des monu-
ments historiques, vient de faire au palais des Papes
plusieurs découvertes intéressantes, à la suite de
recherches dans les archives de l'adiuinistralion du
génie militaire. Après avoir procédé à des sondages
dans le mur, épais de deux mètres, de la chapelle de
Clément VI, située exactement au-dessus de la salle
dite du Consistoire, il a mis au jour des sculptures
remarquables ornant le pourtour d'une grande baie
en arc brisé, de sept à huit mètres de largeur et de
douze mètres de hauteur, qui constituait l'entrée de la
chapelle.
Les sondages pratiqués ont permis de constater
que cette ouverture formait deux portes séparées par
un meneau et surmontées d'un vaste tympan limité
par les courbes gracieuses de l'ogive. Toutes les
parties découvertes de cette entrée monumentale sont
ornées de motifs d'une grande richesse.
A Rouen. — La Société des Amis des monu-
ments rouennais s'est préoccupée, dans sa dernière
séance, de sauvegarder les vestiges rcccouiient décou-
verts de la Tour de la Pncclle. Elle a émis le voeu que
ces restes soient conservés et acquis par l'Etat, ainsi
que le terrain nécessaire à leur mise en valeur. Elle
a, en outre, exprimé le vœu que tous les vestiges
ANCIEN ET MODEHNE
163
I
anciens, découverts à l'emplacement du château de
Philippe-Auguste soient accusés à l'extérieur par des
signes apparents.
I,a Société a décidé d'organiser une importante
exposition de documents iconographiques se rappor-
tant à Jeanne d'Arc.
A Berlin. — La Société des Instituteurs de Dussel-
dorf publie chez les éditeurs Fisch.er et Franke, à
Berlin, un Ilailschalz deillscher Ktinst (Trésor artis-
tique des familles) dont nous ne sommes pas près de
voir le pendant chez nous. Ce sont, réunies en albums
soignés, d'un caractère ancien, des collections de
gravures des maîtres du passé reproduites en fac-
similés fidèles : les eaux- fortes de Rembrandt (21 pi.),
les bois de Lucas Cranach (18 pi., dont une en deux
couleurs), la Danse des morts de Ilolbein (40 pi.), la
Vie de Notre-Dame (20 pi.) et la Grande l'assion
(12 pi.) d'Albert Durer, 3!i eaux-fortes d'Ad. van
Ostade, etc., vendues au prix incroyable de 80 pfennig,
soit un franc le cahier. On comprend que ces trésors
d'art pénètrent ainsi au foyer de la plus modeste
bourgeoisie et surtout qu'on en fasse grand usage
dans les écoles. Chaque série est accompagnée d'une
notice ou d'un commentaire que rédigent les écrivains
les plus autorisés. — M. M.
A Dresde. — Au banquet d'inauguration de la
grande Exposition d'art, le roi de Saxe a exprimé son
mécontentement sur la médiocrité d'un certain nombre
d'œuvres exposées, et a déclaré qu'à l'avenir il pren-
drait le temps de se renseigner avant d'accepter le
patronage de semblables exhibitions. — M. M.
A Francfort-sur-le-Mein. — Le 10 mai, a été
inauguré le monument à liismarck de M. Rudolf
Siemering. On peut en dire que c'est le plus original
des monuments élevés au grand chancelier sur tout
le territoire allemand, sans excepter même celui de
M. Lederer à Hambourg, le plus heureux de tous
jusqu'ici. La jalousie qu'on en conçoit à Berlin,
divertit d'autant plus que le projet Siemering avait
été rejeté au concours de 1894 pour le monument
national de Bismarck qui devait trouver place devant
le palais du Reichstag, au profit de celui du profes-
seur R. Begas, que l'on a eu depuis le loisir
d'admirer.
M. Siemering s'est inspiré d'un mot de Bismarck :
« Mettons l'Allemagne en selle ; elle saura bien
chevaucher toute seule ». Le groupe colossal (plus de
cinq mètres de haut) le montre à la tète du cheval,
indiquant la voie à une Germania casquée et cui-
rassée. Le geste de la main peut avoir quelque chose
de pathétique, de même que le regard inspiré de
l'écuyère ; mais l'ensemble ne manque ni de gran-
deur, ni de belles lignes, ni d'élan ; le portrait de
Bismarck se recommande par une frappante ressem-
blance, et la figure de l'héroïne conserve dans sa
force une grâce juvénile. Entre les pieds du cheval,
se replie le dragon de la discorde. Rarement allégorie
aura été traduite avec une simplicité plus claire et
plus immédiatement accessible. L'exécution artistique
en est des plus satisfaisantes. — M. M.
A Munich. — La discussion entre MM. M. Wieland
et G. Habich, à propos des portraits d'empereurs ro-
mains à la Résidence, dont nous avons parlé à plu-
sieurs reprises (voir n"" 360 et S'ÎO), est consid'érée
comme close, à la suite des déclarations de M. Rode, qui
donne raison au second. La série des tableaux peut
encore dater du xvi* siècle, mais ce sont des copies, —
auxquelles il est possible qu'aient travaillé les élèves
de Titien, — de qualités très variables et aujourd'hui
fortement repeintes. La même série existe à Londres
chez lord Brownlow, qui fait également remonter ses
peintures aux collections de Charles I".
— L'ancienne Pinacothèque a reçu en don, de la
Société du Muséum bavarois, une belle œuvre de
Pieter Lastman, le Baptême du trésorier d'un roi des
Maures par l'apôtre Philippe ; c'est le seul tableau
avec un Ulysse et Sausicna à Augsbourg que les col-
lections de Bavière possèdent de ce second maître de
Rembrandt. — M. M.
A Schlestadt. — Nous avons parlé en son temps
du château du Ilaut-Kœnigsbourg et de sa restaura-
tion par l'architecte Bodo Ebhardt ; nous avons
raconté comment la ville de Schlestadt ayant olîcrt
les ruines de cette vieille forteresse à l'empereur,
celui-ci avait fait édifier à leur place, à coups de
millions, une bâtisse toute neuve par un architecte de
son choix ; enfin nous avons ri, avec tous les artistes,
de la singulière déconvenue de ce « restaurateur »,
qui déclarait bien haut respecter l'architecture de la
construction primitive, quand un imprimeur stras-
bourgeois M. P. Heitz, découvrit une plaquette où
un artiste du xvr siècle avait retracé la silhouette
du Haut-Kœnigsbourg, — une silhouette que ne rap-
pelait guère, hélas ! la construction de M. Ebhardt
(voir le n° 364 du Bulletin).
La nouvelle hurg a été inaugurée solennellement, le
13 mai, par Guillaume II, et l'empereur, en pronon-
çant le discours de réception, a eu pour son architecte
le couplet fort élogieux que voici : « Je remercie
ensuite le génial architecte qui, après une étude
détaillée des sources et du matériel documentaire^ a
préparé l'œuvre, et, se conformant slriclemenl aux
types de la vieille époque, l'a achevée... »
Puissent les paroles impériales être un baume aux
blessures d'amour-propre de M. Bodo Ebhardt... Elles
ne peuvent pourtant pas cllacerla méprise du » génial
architecte » ni faire que le donjon, dont il a enrichi
sa restauration, ail jamais existé. — Ed.
Nécrologie. — M. Julien Guadet, inspecteur
général des bâtiments civils, professeur à l'École
nationale des beaux-arts, ollicier de la Légion d'hon-
neur, vient de mourir à l'âge de soixante-treize ans.
Prix de Rome en 1804, il se fit remarquer par son
dernier envoi, le Cotisée, dont il présentait un projet
i64
LE BULLETIN DE L'ART
de restitution très iagénieux. Professeur chef d'atelier
d'arctiitecture à l'École des beaux arts, puis profes-
seur de théorie d'architecture en remplacement de
l'architecte Edmond Guillaume, il forma de nombreux
élèves, souvent remarqués depuis lors par leurs
succès. Il publia son cours il y a quelques années, et
ces quatre volumes, aujourd'hui classiques, — vrai
Vitruve moderne — resteront comme un monument
de science où la clarté de l'exposition s'unit à l'élé-
gance du style. M. J. Guadet fut surtout un excellent
professeur, mais on lui doit aussi quelques œuvres
architecturales, notamment l'ilùtel des Postes, rue du
Louvre ; c'est lui également qui fut chargé de la
reconstruction du Théâtre Français après l'incendie
de 1900.
— M. Roger Ihdlu, qui vient de mourir dans sa
cinquante-cinquième année, était le fils de Théodore
Ballu, l'architecte de l'ilôtel-de- Ville et de l'église de
la Trinité, le frère cadet de M. Albert Itallu, architecte
en chef des monuments historiques. Devenu, en
1878, chef du cabinet de M. Eugène Guillaume, direc-
teur général des Beaux-Arts, puis nommé inspecteur
des Beaux-Arts et professeur d'histoire de l'art à la
Section des filles de l'École nationale des arts déco-
ratifs, fondateur de la Société des pastellistes, il avait
quitté, en 1901, ses fonctions administratives pour se
lancer dans la politique : député en 1902, il ne fut
pas réélu en 1906. Il laisse, entre autres travaux sur
les arts, une intéressante monographie de Uarye.
■ >i fO»0» » u * I
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
Collection de M. P. M... (tableaux anciens).
— Annoncée par un catalogue illustré de belle
tiiille, cette vente, faite salles 7 et 8, le 8 mai, par
M"-" lîaudoin et M. Ferai, manquait de pièces vrai-
ment marquantes. Les quelques bons tableaux qui
s'y rencontraient ont obtenu des enchères hono-
rables. Il nous suflira de donner la liste des prix
les plus élevés de cette vacation, dont le produit
total s'est élevé à 416.836 francs.
PRINCIPAUX PRIX
Tableaux anciens. — 1. Beechey. La Femme au
chien, 2. COQ fr. — 2. Bonington. Une Procession sur
le qttai des Esclavons, à Venise, 3.000 fr. — 4. fions-
table. Étude de l'aysaçie, 2.500 fr. — 5. The Glèbe
Farm, 6.000 fr. — 6. Lawrence. Lady Grey et ses deux-
tilles, 6.000 fr. — 10. Attr. à Itcynolds. Périrait de
Miss Starkie, 4.600. fr.
16. Boursse. Le llenedicile,d. 000 fr. — 17. Itrauwer.
Le Fumeur, 4.000 fr. — 18. Brekelenkam. Le Siiho-
lier, 4.ii00 fr. — 21. Gérard David. Le Chris! au lin-
ceul. — 24. Cranach. Portrait d'homme, 4.260 fr. —
;M. Gossaert, dit Jean de Mabuse. Mars et Vénus,
20.000 fr. (vente Sedelmeyer, 20.000). — 34. Van
Goyen. Bords de rivière, 4.000 fr. (dem. 8.000). —
35. Une Rivière en Hollande, 10.500 fr. (dem. 15.000).
— 36. Le Village fortifié, 8.300 fr. (dem. 6.000). —
39. Atelier de Franz liais. Le Hommelspot, 7.000 fr.
(dem. 12.000). — 47. Maas. Portrait de jeune femme.
14.500 fr. (dem. 15.000). — 48. La Fillette au chevreuil,
3.200 fr. — 49. Le Maître des demi-figures. Jeune
Femme écrivant, 2.800 fr. — 50. Le Maître des demi-
ligures au perroquet. La Femme au calice, 2.800 fr. —
51. Attr. au Maître de la Mort de la Vierge. Saint
Jérôme dans le désert, 4 800. — 59. Kaveslcin. l'or-
trait de jeune femme, 17.600. — 60. Rubens. Le
Consul Decius Mus racontant son rêve à ses officiers,
6.700 fr. (vente Sedelmeyer, 6.700). — 61. Jacob
Ruisdael. Le Moulin, 2.900 fr. — 62. Salomon
Uuisdael. Vue de Hollande, 3.500. — 66. J. Stcn. La
Joyeuse compagnie, 5.000 fr. (vente Sedelmeyer,
8.100). — 67. Le Libertin, 2.500 fr. — 68. D. Téuiers.
Les Pécheurs, 4.200. — 69. L'Alchimiste, 2.800 Ir. —
74. Verspronck. Portrait d'une dame de qualité,
3.300 fr. — 75. De Vos. Portrait de jeune femme,
5.200 fr. — 77. AVouwerman. La Promenade à citerai,
2.500 fr. — 78. École hollandaise. Portrait de jeune
homme, 2.500 fr.
80. Boucher. La Petite jardinière, 3.000 fr. — 82-
83-84-85. École de Boucher. Quatre dessus de porte.
Le Tir à l'arc ; in Ilascule : la Pèche : la Vendange,
3,050 fr. — 86. École de Boucher, 3.400 fr.
95. Largillière. Portrait de jeune femme, 20.500 fr.
(dem. 15.000). — 96. Portrait de femme, 4.100 fr. —
97 bis. Portrait de femme, 3.000 fr. — 101. École de
iNattier. Portrait présumé de la duchesse de Cluiteau-
roux, 3.100 fr. — 102. Pater. La Chiromancienne,
7.000 fr. (vente Sedelmeyer, 12.000). — 105. Hubert
Robert. Paysage avec ruines, 5.400 fr. — 106. Portrait
présuméde lafille de Fragonard, 3.100fr. — 107.Srhall.
La Danseuse, 5.200 fr. — 108. Taraval. Le Repos de
Diane, 5.000 fr. — 109. Tocqué. Portrait d'un gentil-
ANCIEN ET MODERNE
165
homme, TMO fr. — 111. Van Loo. Portrait de jeune
femme, 16.100 (deii). 12.000). — Portrait de jeune
femme, 3.500 fr. — 113. Carie Van Loo. Portrait de
jeune femme, 5.300 fr. — 118. Goya. Scène de Carna-
val. 12 500 fr. — l'20. Guardi. {Le Pont du Rialto ,
4.900 fr. — 121. Vue des environs de Venhe, 2.500 fr.
— 123. Attrib. à Pollaiuolo. Tohie et l'ange, 10.000 fr.
Vente Homberg (objets d'art et de haute
curiosité) (Suite). — Nous continuerons à
ilonner les enchères les plus marquantes de
chaque vacation, remettant à une prochaine
chronique la liste détaillée des principaux pri.\.
S'°* Vacation (15 mai).
É.M.tix cinMi'LEVKS. — 528. Cros.sc, fin du xiii'
siècle, présentant le sujet de l'Annonciation dans le
volute, 16.050fr.(dem,;i5.000). — 527. Plaque d'évangé-
liairc, mSuie ép., présentant le Christ crucifié, la
Vierge et saint Jean, 15.200 fr. (dem. 10.000). — 515.
Plaque de châsse du .\in* s., présentant deux anges
assis et une légende, 11.900 fr. (dem. 12.000; vente
Boy, 1905, 9.500). — 157. Châsse avec personnages en
relief (un manquant), 12.000 fr. (dem. 15.000).
É.M.AUX PEINTS. — 585. Plaque de baiser de paix
représentant Salomé apportant la tête de saint
Jean, trav. de Nardon Pénicaud, fin du xv" s.,
8.500 fr. (dem. 5.000).
6' Vacation (16 mai).
Terre cuite par Clodion, représentant une Bac-
chante assise sur un tertre, accompagnée d'un
enfant et contemplant un oiseau (coup de feu et
restaurations) 30.000 fr. (dem. 35.000). — Statuette
de filletle assise, en marbre blanc, l'Oiseau mort,
attrib. à Falconnet, 12.200 fr. (dem. 10.000). — Bois
sculpté. Fragment de .retable du xv s., repr. Jésus
dans la maison du Pharisien, 14.520 fr. (dem. 15.000).
— Statuette bois peint, ép. Louis XII (rest.), 13.000 fr.
dem. 10.000). — Statuette en pierre de Louis II,
duc de Bourbon agenouillé, 6.400 fr. (dem. 8.000 . —
Médaillon quadrilobé, marbre du xv s., 5.005 fr. —
Fragment de tapis velouté, anc. trav. polonais,
13.020 fr. (dem. 8.000).
Avec cette sixième vacation a pris fin cette
intéressante vente, qui a donné un produit total
de 820.512 fr.
D'une manière générale, on peut dire qu'elle a
'U des résultats très honorables, et même un
véritable succès, étant donné l'état présent du
marché; il est certain que plusieurs des numéros
i|ui viennent de passer sous le marteau auraient
provoqué de plus belles enchères, il y a un an
ou deux.
Collection Morsent (serrurerie). — Celle
curieuse réunion de serrures, verrous, loquets
et autres objets du même ordre, a produit envi-
ron Ib.OOO fr. et donné lieu à quelques enchères
d'une certaine importance, étant donné ce genre
d'objets d'art. Citons en particulier : grande ser-
rure aux armes de France , 500 fr. ; serrure du
xviu" siècle, signée Dufour, 900 fr.
Il avait été dressé, à l'occasion de celte vente,
qui a eu lieu les 13 et 14 mai, salle It, sous la
direction de M<= Origet et de MM. Lemaire-
Demouy, un catalogue illustré d'une planche
reproduisant les principaux numéros de la
collection.
Tableaux modernes. — Une vente de pein-
tures du genre le plus moderne, faite le 16 mai,
salle 1, par M" A. Couturier et M" Druet, a pro-
duit un total de 70.1.3i fr. et donné lieu à
quelques enchères qui méritent d'être signalées,
à titre de curiosité, car il s'agit ici, pour la plu-
part des numéros, d'un genre de peinture tout
spécial, échappant à toute appréciation comme
à toute critique, et dont la cote, dans cette vaca-
tion, nous laisse plutôt sceptiques.
Van Gogh. Les Cyprès, 8.100 fr. — Les Cliaumières,
5.100 fr. — Cézanne. Les Baigneuses, 3.920 fr. —
Courbet. Le Ravin, 3.600 fr. — Gauguin. Les Laveuses,
2.900 fr. — Maurice Denis. Vue de Home, 2.300 fr. —
Degas. La Toilette, pastel, 2.700 fr.
3<: Vente Gerbeau (tableaux anciens et
modernes). — Faite le 18 mai, par M"^ Bizouard
et liaudoin et M. Ferai, cette vente a produit
un total de 102.512 francs. Ne contenant que des
numéros d'importance secondaire, elle n'a donné
lieu qu'à des prix peu élevés, dont il nous suflira
de signaler les principaux.
Corot. L'Étang, 9.200 Ir. (dem. 6.000). — Daubigny.
La Fenaison. Non vendu. — Ch. Monet. L'Hiver,
6.100 fr. (dem. 10.000). — Besnard. La Jeune fille
rousse, 5.100 fr. (dem. 6.000). — Sisley. La Machine
de Marly (ou le Pont de Moret), 3.350 fr. (dem. 5.000).
— Ziem. Environs de Venise, 3.050 l'r. — Ilenner.
Madeleine, 5.050 fr. (dem. 3.000). — J(mgkind. Canal
en Hollande, 3.200 fr. — Lebourg. Environsde Rouen,
3.100 fr. (dem. 1.800).
Il faut noter le contraste entre la baisse
marquée sur les impressionnistes dans cette
vente et la haute cote des néo-impressionnistes,
dans la vacation anonyme faite deux jours
auparavant salle 1, dont nous parlons ci-
dessus.
Faïences anciennes. — La vacation que nous
avons annoncée et qui a eu lieu le 18 mai,
salle 7, a produit 27.550 francs. Nous ne trou-
1
166
LE BULLETIN DE L'ART
vons à signaler dans ses résultats que l'enchère
de 5.100 francs, obtenue parle n" U7, un plat
creux décoré sur fond jaune ocre, de Vénus et
de l'Amour entre deux satyres en bleu, et de
réserves blanches à fleurettes en couleurs.
Ventes annoncées. — A Paris. — Col-
lection du D'- G. H. N.... — Dans la
réunion de peintures anciennes de diverses
écoles que disperseront M" Lair-Dubreuil et M.J.
Ferai, le 29 mai, salle 6, nous remarquons en
particulier: le Portrait de Saskia, <pa.r (J. Flinck;
le Repos dans te parc attribué à N. Lancret ; un
Portrait de femme, par Largillière, qui provient
de la collection Muiszech et un Portrait d'homme
du môme peintre ; le Portrait de jeune femme de
l'atelier de Nattier ; le Portrait de lioitcau, par
IL liigaud; la Cascade, par Hubert-Hobert ; la
Tempête, par J. Ruysdaël ; une Vue de Hollande,
par Van Goyen ; le Mari cocu, battu et content,
par Pater (vente R. Vaile, Londres) ; un Portrait
de jeune femme, par Tisciibein ; le Portrait d'un
magiatrat par C. Van Loo ; le licpos de la Sainte
Famille, page anonyme de l'école flamande du
xvi" siècle ; un Portrait de jeune femme, de l'école
française du xviii" siècle ; un Portrait d'homme,
mi'me école et même époque, et une comi>osifion,
le /(('ce, même école et môme épo(iue.
Dans cette même vente, qui a fait l'objet d'un
catalogue illustré, est compris également un
talileau par Carie Van Loo, la Femme au livre,
appartenant à M. X.
Succession Debacker. — Le i" juin, à
rilùtel, aura lieu, sous la direction de M"Desau-
bliaux et Trouillet et de MM. Paulme et Lasquin
et (ieorges Petit, la vente des objets d'art et
tableaux provenant de la .succession de feu
il/. Débâcher. Le clou de cette vacation sera une
tapisserie de Beauvais du temps de Louis XV,
représentant la Pêche, d'après Boucher, avec
écussons aux armes royales. On signale encore
une tapisserie de Bruxelles, quatre beaux vases
de Chine et des tableaux anciens et modernes.
A l'étranger. — En Allemagne. — Tableaux
anciens. — Les 26 et 27 mai, aura lieu à Cologne,
sous la direction de M. J. Heberlé, une vente de
tableaux anciens qui comprend, en particulier,
des ouvrages de l'école hollandaise du xv-ii" siècle.
(Catalogue illustré.)
EXPOSITIONS ET CONCOURS
M. N
— ~-^*3SSEas5Çt:, — —
Cent pastels (galeries Georges Petit). — Il
semble bien que notre époque érudite ail
exaucé le philosophe-artiste (1) qui nous sou-
haitait, à l'exemple de l'Angleterre, la périodicité
des expositions rétrospectives. Ce printemps
rapproche trois siècles : à la Bibliothèque
nationale, c'est Rembrandt, magicien du vrai,
qui fait vivre, à côté du Docteur Fa«s<«s, les
traits du bourgmestre Jean Six ou du pasteur
Cornélius Anslo; la vie s'exalte à son rayon
mystérieux, et la Hollande familière devient
profonde comme un rêve, eij se gravant sur le
miroir de ses cuivres. Aux pavillons de Baga-
telle, c'est Ingres et Delacroix qui se partagent
leur temps : l'un, portraitiste idéal d'une cour
bourgeoise ; l'autre, évocateur fiévreux de Paga-
nini, dans les sombres appartements où Courbet
verra moins lyriquement la pâleur de Dertioi.
Entre ces deux romantisme», une trêve de suave
élégance s'éclaire à Cent pastels, entourant une
vingtaine de bustes, et réunis par la main bien-
faisante de Mni<: la marquise de Ganay : car celle
fête des yeux est une bonne œuvre. Et revoici
notre xvni« siècle, les toujours jeunes contem-
porains du vieux Rameau. N'est-ce pas encore
et partout le portrait, proscrit par les intran-
sigeants de l'idéalisme, qui nous propose une
revanche contre le néant de la vie? Que resterait-
il du plus français des siècles, sans cette fragilité
du pastel qui retient l'àme du portraitiste et
l'iime du modèle, en un regard brillant sous la
poudre ? La singulière conservation de ces
témoins du passé frappe d'abord. Et l'antithèse
n'est plus, cette année, entre Fragonard et Char-
din, mais entre La Tour et « Monsieur Perrou-
neau », son rival.
Rien ne reste d'une rivalité que le bilence
parlant des ouvrages; et trente-cinq La Tour
s'opposent à trente-deux Perronneau pour cor-
riger à nos yeux le parallèle assez partial do
Diderot (2). Si le petit portrait du petit Duc de
Bourgogne nous rappelle la faveur de l'adroit et
pimpant La Tour dans la royale société de Ver-
sailles, le lier profil de M"»" de Pompadour ou le
sourire de M""' de Mondonville évoquent les bou-
tades du peinire à la mode. sarcasti(|ue comme
Voltaire et bourru comme Jean-Jacques; un loup
(i) Victor Ousin, dès 18.53.
(2) Dans la fameuse page du Salon Je l'iîî.
ANCIEN ET MODERNE
167
noir, un manchon soyeux, quelques livres ou
des fanfreluches, et mieux encore un regard,
nous parle du contemplateur qui se piquait de
descendre au fond des âmes; et pas un de ses
grands portraits, parfois affadis par la manie
des retouches, ne vaut le feu léger de ses prépa-
rations, l'étincelle d'un masque de femme.
D'abord et longtemps méconnu comme la dis-
crétion même, Perronneau n'est pas du tout le
peintre pastelliste dur, incorrect et lâché que
prétendaient les dédains du siècle : sa délicatesse,
au contraire, tranche doucement sur la causli-
cllé de La Tour et poudre avec ampleur le
velours d'un habit gris-mauve ou vieux-rose.
Revoici M. Olivier et Madame son épouse, habillée
d'une robe de péquin, tels que les décrit le livret
de 1748; mais les modèles du bon Perronneau
demeurent inconnus pour la plupart, car l'ami
des artistes et du collectionneur provincial
Aignan-Thomas Desfriches ne travaille guère que
dans les salons de la bourgeoisie. Comme il fait
deviner la sensuelle vulgarité des parvenus sous
les frimas de la mode! Mais il exprime aussi la
désinvolture, et l'Homme à ta rose plaide pour lui.
Les nombreux pastellistes du siècle des grâces
font cortège à nos deux rivaux : c'est Rosalba
Carriera, la vaporeuse Vénitienne éprise du Gor-
rège ; Hall, le Suédois coquet ; le Genevois Lio-
tard ; Nattier, ravissant portraitiste de la jolie
Madame Le Royer dans son décolleté bleu ; le
bonhomme Chardin, avec son serre-tôte et ses
besicles, qui se peint lui-même, comme Latour
et son seul élève- Duoreux, comme Greuze,
comme Hoin., Notre Prud'hon nous mène aux
gentillesses rosées de l'école anglaise et de John
Russell, l'élève de Cotes, qui laisse l'humour au
burin de William Hogarth. La flamme française
des bustes reste sans rivale ; et c'est à Bagatelle
qu'il faut rencontrer le successeur de Houdon,
portraitiste de Madame Adélaïde : il s'appelle Car-
peaux,
Société de Saint-Jean (Collège Stanislas). —
Ce n'est pas ici que Rembrandt doit passer pour
un bien plus grand peintre que Raphaël; et si
le destin de l'art moderne l'entraîne vers la
liberté, c'est l'autorité que ressuscitent les élèves
d'Ingres en une section rétrospective heureu-
sement organisée par notre collaborateur
.\I. André Girodie. Projets et dessins nous foni
réfléchir. Par ce temps ambitieux, qui singe le
génie, il n'est pas mauvais de relier connaissance
avec une école oii la conviction ne délirait point.
On y vénérait la ligne et la parole du maître;
et l'amant passionnément païen de la forme
inspirait le beau calme religieux des draperies.
Voulaient-ils helléniser la pensée chrétienne ou
Il baptiser l'art grec », le lyonnais Hippolyte
Flandrin, grand portraitiste, et son frère Paul,
le paysagiste épris de l'Arcadie poussinesque ;
Amaury Duval, plus régulier que Mottez; Jan-
mot, dont Delacroix, sévère aux autres, estimait
le " parfum dantesque » ; les frères Balze, et
Desgoffe, ou Lehmann, à défaut de Lenepveu?
L'effort vers la beauté n'est jamais vulgaire.
N'oublions pas Ramain Cazes, le pyrénéen.
Plus indépendant, Chassériau penchait pour
Delacroix, comme M. Maurice Denis pour Puvis
de Chavannes, parmi des contemporains plus
sages où se distingue le style italianisant de
M. Paul-Hippolyte Flandrin, près des bustes de
-M. Louis Castex et des bas-reliefs de M"'' ThioUier
qui porte un nom cher aux admirateurs de
Ravier. L'amour de la tradition n'est pas,
aujourd'hui, la moindre originalité.
Les Cinquante (galeries Georges Petit). — Du
vieux Rembrandt jeune postérité, ce sont les
les derniers héritiers du romantisme. Et rien
que des artistes vivants, très vivants. Pour obéir
à la loi des contrastes, à l'opposition des cou-
rants, qui rétablit partout l'équilibre, la vogue
subite de la gravure polychrome devait favoriser
le retour de la gravure monochrome; et c'est
pour affirmer ses droits que « les Cinquante »
n'ont pas craint de former un groupe de plus :
eau-forte, pointe-sèche, burin, gravure sur
bois; la tendre lithographie seule est absente;
le bois n'est guère représenté que par les
camaïeux de M. Vibert ; et vous trouverez moins
d'élèves de Bervic que d'aquafortistes prime-
sautiers. Des maîtres, d'ailleurs : aquafortiste et
xylographe, M. Lepère fait de la clarté matinale
avec quelques traits, à l'Abreuvoir du pont Sullij ;
et Buhot ne dédaignerait ni son Quatorze juillet,
rue Galande, ni son Retour nocturne de Grcen-
wich; le peintre de la vie, M. Besnard, grave la
série de la Mort; .M. Steinlen reste le portraitiste
profond du faubourg et des chats; M. Chahine
voit plus subtilement que M. Louis Legrand le
demi-monde populacier de Montmartre. Nous
connaissions • déjà la finesse voyageuse de
M. Synge et les fantastiques chantiers do
M. Brangwyn, le Henan de M. Zorn et M. Rassen-
fosse, l'émule de Rops. Discernons le trait mince
de M. James Ensor, les paysanneries de
168
LE BULLETIN DE L'ART
M. Homère, les architectures de M. Affleck, les
petits nus de M. Berton. Étrangers ou Français
luttent contre la photographie triomphante avec
un procédé moins expéditif que ne le croient les
reporters.
2= Salon des Humoristes (au Palais de
Glace). — « Le merveilleux nous enveloppe et
nous abreuve comme l'atmosphère; mais nous
ne le voyons pas .» Aupics du poète qui le voit,
un' Méphistophélès est embusqué : c'est le cari-
caturiste. Impitoyable à la beauté mfime, qui
n'est jamais parfaite, son rire est toujours amer
et souvent triste; et le Salon du rire n'est pas
gai. MM. Dethomas et Jeanniot ne voient pas la
vie en rose; M. Forain reste féroce; et les trop
nombreux imitateurs de Caran d'Ache sont
beaucoup moins drôles que les fauves incons-
cients du Salon d'Automne... Il y a, d'ailleurs,
des poètes au milieu de ces humoristes : il suffit
de nommer MM. Chéret, Dillon, Léandre et
Willette, M. Devambez ancien prix de Rome, ou
M. Jacques Drésa l'aquarelliste, en regard de
Vhumour anglais d'autrefois : William Ilogaerth,
moraliste assez flamand, John Collelt, Woodward,
Thomas Rowlundson, peu tendre pour une
Famille française, où tout danse la carmagnole
Je 5 novembre 1792, James Gillray, Henry Bun-
bury, les trois Cruikshank, tous les contempo-
rains du pastel romanesque ou du roman
sermonneur. Encore une ingénieuse rétrospective,
et qui fait penser.
Raymond Bouykr.
CORRESPONDANCE DE MUNICH
Les expositions de printemps
Les différentes expositions de printemps ont
comporté plus d'œuvres françaises ((u'on n'en
avait vu à Munich depuis la dernière Exposition
internationale : un groupe d'indépendants à la
Sécession; une collection Van Gogh à la Galerie
moderne de M. Brackl; Gauguin et Van Gogh
encore à la galerie Zimmermann. Mais autant
ces noms avaient excité la curiosité, autant les
ouvrages exhibés ont trompé toute attente.
Dans une revue parisienne, il ne sied pas de
découvrir, de Munich, la peinture française.
Mais on peut se demander jusqu'à quel point il
convient, à l'étranger, de considérer comme
peinture française des choses qui n'ont peut-être
d'intérêt que comme symptômes morbides d'un
alexandrinisme avancé. Le public, dans les deux
salles françaises de la Sécession, pouffait de
rire tout simplement. Il est juste d'ajouter que
cette collection, réunie et envoyée par M. le
D' R. Meyer, de Paris, qui a la spécialité de ces
tournées, se composait en bonne partie de
petites (I croûtes», comme tous les artistes en
abandonnent dans les coins de leur atelier. Et
quant aux grands panneaux de E. Vuillard,
aux pastorales de H. Roussel, aux paysages ou
intérieurs de P. Bonnard, faut-il vraiment se
donner la peine de leur attribuer une significa-
tion?... Pour Van Gogh, M. Brackl exposait ce
qui fut ce printemps chez Bernheim, soit plus
de 90 numéros, tableaux ei dessins; il y avait
encore quelques toiles de ses débuts chez
Zimmermann; celles-ci annonçaient un peintre.
Mais dans les numéros datés de Nuenen (Hol-
lande, 188.3-85). de Paris (1886-88), d'Arles (1888-
89), de Saint-Rémy en Provence (1889-90), d'Au-
vers-sur-Oise (mai-juillet 1890), on ne peut tenir
compte que de la sincérité de cet homme à
exprimer sa maladie.
C'est encore la sincérité (jui séduit chez Gau-
guin; mais, chez cet artiste, on sent en outre
une émotion et un besoin de beauté qui corrîgont
ce que le métier peut avoir de sincèrement
naïf ou de volontairement insuffisant. Tandis
que l'on retombe dans l'incohérence avec les
différentes productions de M. F Vallotton. Où
donc est passé le dessinateur synthétique des
fameux bois ! Les pires temps de l'académisme
le plus froid, le plus morne, ne nous ont pas
légué de créatures aussi laides à tous points
de vue que ses Femmes couchées, ses Femmes au
bain, d'allégories aussi conventionnelles d'arran-
gement et de facture que son Hiver et son
Printemps. Néanmoins, comme « cela venait
de Paris », on a sentencieusement discuté et
M. Thomas Knorr n'a pas craint d'tMiricliir sa
galerie d'un Van Gogh et d'un Roussel, sans
doute à titre de documents pathologiques, indis-
pensables dans une collection de modernités.
Le jury de la Sécession n'eût pas demandé
mieux que de refuser en bloc ce bel envoi.
D'autre part, quel merveilleux repoussoir et
quel plus éloquent éloge pour l'art sensé et
sain, avec toutes ses hardiesses, de l'école
municboise !
(A suivre.) Marcel Montandon.
Le Gérant : H. Dk.nis.
Han». — Imp. Uaorget Hetil, 11, roe Uodot-de-Hiurai.
Numéro 386.
Samedi 30 Mai 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
I
Le Pillage continue
Les frères Thomas ont fait des élèves, et la
cathédrale Saint-Élienne de Limoges vient de
s'ajouter à la liste déjà longue des églises et des
musées qui ont reçu, depuis quelques mois, la
visite des cambrioleurs.
C'est dans la nuit du 25 au 20 mai que le vol
a été commis. Ayant pénétré par effraction dans
la sacristie, les malfaiteurs ont fait main basse
sur tout ce qui avait une véritable valeur. Voici
la nomenclature des objets dérobés :
Deux « baisers de paix », émaux peints du xv siècle,
représentant Notre-Dame-des-Sept-Oouleurs et des
Scellés de la l'assion ;
Trois canons d'autel, le panneau central représrn-
tant la Crucifixion, et les panneaux latéraux, le
Sacrifice d'Abraham et le Meurtre d'Abel; l'Adoration
des Mages, les Noces de Cana, les Quatre Èvangélisles,
etc., émaux peints du xvii" siècle, estimés parmi les
plus remarquables oiuvres de Nicolas Laudin et ayant
figuré à l'Exposition rétrospective de 1900;
Deux croix de chanoine, de forme grecque, en
argent émaillé, aux effigies de saint Martial et de
saint Etienne ;
Deux custodes en vermeil ; un ostensoir en vermeil ;
«n calice en vermeil; un calice rehaussé d'émaux
et de pierreries; un calice en vermeil, avec orne-
ments en or de différents tons; trois calices en argent
doré; deux en argent; deux custodes en argent;
deux grandes custodes en vermeil ; deux autres, sur-
montées dune petite croix latine vissée sur un globe;
un Agnus Oei, avec la devise : Animam suant datpro
ovibus; une boite renfermant les saintes huiles;
Un bougeoir en vermeil; une aiguière en vermeil,
avec plateau aux armes de Mgr Buissas, ancien
évêque de Limoges; une croix de chanoine en argent
et émail; une plaque émaillée pour chape, etc.
On évalue le montant du vol à 115.000 francs
environ, dont 100.000 pour les émaux, inven-
toriés et classés par l'administration des Beaux-
Arts, et 15.000 francs pour les objets du cul c,
appartenant à l'évèque et à divers membres du
chapitre de la cathédrale de Limoges.
Par une singulière coïncidence, à la suite de
nouvelles déclarations d'Antony Thomas, le juge
d'instruction de Glermont-Ferrand avait décidé,
la veille môme de ce vol, de reprendre certaines
affaires non élucidées au cours du dernier procès
et de convoquer, pour les premiers jours de
juin, plusieurs témoins parisiens précédemment
mis en cause. « On n'en a pas Uni avec l'affaire
Thomas », disaient les journaux en annonçant
cette nouvelle.
Ils ne croyaient pas si bien dire : les frères
Thomas ont fait des élèves, et le pillage con-
tinue.
A. M.
•I» •!■ lAi iSf Jp Jf, J. Jm •Sf "i" ■1« •!• ■£• >j* «i" «i» •*• •!• •!■ •!■ •!• J" •.lu •*• •!•
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des Inscriptions et Belles-Lettres
(séance du 23 mai). — L'ordre du jour appelle l'élec-
tion d'un membre libre en remplacement du regretté
M. de Boislisle.
Avant l'ouverture du scrutin, communication est
donnée d'une lettre par laquelle M. Albert Martin,
doyen de la Faculté des Lettres de Nancy, fait con-
naître qu'il retire sa candidature.
Au second tour de scrutin, M. Henri Gordier est
proclamé élu par 21 suM'rages contre 18 à M. Théo-
dore Reinacli, 2 à M. Kournier et un bulletin nul.
— M. G. Perrot communique une note deM.Gauckler
sur un sarcophage à représentations historiques ré-
cemment découvert à Rome.
— L'Académie se forme ensuite en comité secret
pour discuter l'attribution du prix Lefèvre-Deumier.
Conseil supérieur de l'enseignement des
beaux-arts. — M. Bernier, professeur chef d'atelier
d'architecture à l'Ecole nationale des beaux-arts, a
été désigné pour faire partie, à ce dernier titre, du
Conseil supérieur de l'enseignement des beaux-arts,
en remplacement de M. Moyaux, démissionnaire.
Musée Guimet. — Le ministre de l'Instruction
publique a inauguré, mercredi dernier, au musée
Guimet, les six nouvelles séries d'oeuvres d'art que le
public est admis à voir : les résultats des fouilles de
170
LE BULLETIN DE L'ART
M. Gayet à Antinoë, en 1908 (collection de portraits
funéraires égyptiens); collection R. Lebaudy (kakémo-
nos japonais) ; collection du D' et de M"* Péralté
(Inde, Ttiibet); collection E. Chavannes (miroirs chi-
nois du temps des Han); résultats du voyage de
M. Jacques Bacot au Thibet (divinités et objets du
culte).
Musée d'Ennery. — Mercredi dernier, a eu lieu
l'inauguration, par le ministre de l'Instruction
publique, du musée d'Ennery, légué à la ville de
Paris par le célèbre auteur dramatique, qui était
aussi un collectionneur d'objets d'art de la Chine et
du Japon.
Ce musée, établi dans l'hôtel d'Ennery, 59, avenue
du Bois-de-Boulogne, a été organisé par le conser-
vateur, M. Deshayes, qui a eu à classer environ cinq
mille objets : kogos ou boites à parfums japonaises
(collection de 3.000 boites prêtée par M. Clemenceau) ;
porcelaines et cristaux (depuis le xv* siècle jusqu'à
nos jours) ; statuettes de grès, bois et bronze (divi-
nités, personnages légendaires, animaux, etc.);
netzkés en bois naturel, polychrome, laqué rouge,
laqué or et argent, nacre et ivoire (environ 1.500 spé-
cimens), etc.
Le legs de M"' J. Bo'wes. — L'arrière-petite-
Clle du sculpteur Coysevox, M'"" veuve John Bowes,
née de Saint-Amand, vient de donner au musée
Victor-IIugo une aquarelle faite par Victor Hugo à
Guernesey, en 1861, et une photographie du poète
avec un autographe.
Elle a légué: au musée du Luxembourg son portrait
au pastel par Emile Lévy, son petit portrait Télé d'en-
fant, ^ar Ary Scheller; les portraits de sa mère et de
son père, parAry Scheller; et au musée de la ville de
Uennes, sonportrait et celui de sagrand'mère, laDame
à la pèlerine blanche, par Ary Scheller, ainsi que trois
portraits de son a'ieul Coysevox et ceux de Nicolas
et Guillaume Coustou.
Salon des artistes français. — Le Salon des
artistes français sera fermé le luudi 1" juin toute la
journée et le 2 juin jusqu'à midi, pour le vote des
médailles.
Société nationale des beaux-arts. — Bien qu'elle
comptât dix-huit années d'existence prospère, la So-
ciété nationale des beaux-arts n'avait pas d'existence
légale. C'est chose faite depuis le 24 mai, ainsi qu'en
témoigne le Journal officiel. Cette formalité était
devenue nécessaire pour permettre à la Société natio-
nale d'obtenir la personnalité civile et d'accepter des
legs dont elle devait se contenter jusqu'alors d'en-
caisser les arrérages. Elle pourra notamment réaliser
les dons Paquin etBernhcim.
Société de l'histoire de l'art français. — La
Société de l'histoire de l'art français, qui, sous la di-
rection d'Anatole de Montaiglon, du marciuis do
Chennevières, de Léon de Laborde, de Paul Mantz,
de Dussieux, de Jules Guiffrey, a publié, dans ses
Archives et ses Nouvelles Archives de l'Art français,
tant de documents et de mémoires qui ont été comme
la base de l'histoire de notre art national, s'est recon-
stituée, l'an dernier, sur l'initiative deM.J.-J. Guiffrey,
membre de l'Institut, qui l'a présidée pendant l'exer-
cice qui vient de prendre fin. La présidence sera oc-
cupée, pendant l'exercice 1908-1909, par M. Ancjré
Michel, et le bureau sera composé, avec le président,
de MM. Henri Lemonnier, professeur à la Sorbonne,
vice-président; Pierre Marcel, docteur es lettres, secré-
taire général ; A. Leuioisne, du Cabinet des estampes,
secrétaire adjoint, et Tuetey, chef de division aux Ar-
chives nationales, trésorier. La Société, qui prépare
d'importantes publications, tient chaque mois une
séance où sont lues les com'munications de ses
membres ; elle publie un bulletin. La cotisation est
de 20 fr. par an.
A "Valenciennes. — Du 30 mai au 8 juin, exposi-
tion et ventes de toiles provenant de l'atelier du
peintre paysagiste Julien-Adolphe Déjardin, élève de
Chigot père, ami de Vayson, peintre animalier, et de
Le Sidaner. Déjardin (1837-1906) avait surtout tra-
duit des paysages de la France septentrionale. Un
délicat poète, M. R.-M. Clerfeyt lui consacre une
attentive étude fort bien éditée (Valenciennes, Hol-
lande, 1908), illustrée de trois reproductions de
tableaux et d'un portrait de l'artiste, eau-forte origi-
nale due à M. Ruitin. — A. -M. G.
A Dresde. — M. Max Klinger vient d'achever et
d'exposer son buste de Richard Wagner. Le statuaire
a moins cherché à réaliser la ressemblance de l'homme,
qu'à exprimer l'importance de la révolution qu'il a
apportée dans l'art ; il s'agit là d'un Wagner énergique,
autoritaire, conscient de sa force et sûr de son but.
La matière est traitée avec une largeur qui dit bien
la maturité et la maîtrise où l'artiste a atteint. C'est
la dernière œuvre plastique de M. Klinger que l'on
verra de longtemps : on sait en effet que tout son
temps va être pris, ces années prochaines, par les
décorations de l'Université de Leipzig et par le monu-
ment Brahms, à Hambourg. — M. M.
A Munich. — Au Kunstvcrein, M. lé Prof. Ilierl-
Deronco expose huit portraits de Pie X. Belle occasion
pour l'artiste de donner libre carrière à son amour
des couleurs fastueuses: manteaux écarlates sur fonds
pourpres, chape de brocart dans un décor de loggia,
chasubles d'or sur parements et colonnes de ni.arbrc
la pompe de l'arrangement et le brio de la facture
atteignent là un summum d'effet. Mais le peintre ne
s'est pas contenté de cet apparat extérieur, il ne s'est
pas borné à brosser do grandes toiles décoratives ^
la physionomie, la personnalité du Souverain Pontife
y sont l'objet de recherches sensibles. Un portrait
plus intime, saisi dans le recueillement de la l)iblio-
thèque, à la lueur d'une lampe, aux premières lueurs
ANCIEN ET MODERNE
171
du jour, qui est d'une harmonie verdâtre et grise très
enveloppée, fixe une expression mélancolique, presque
soucieuse, alternant avec l'air inspiré, Ijeaucoup
moins agréable, qu'a le modèle dans certains de ces
portraits. Enfin un portrait en chapeau — un chapeau
mauve qui jure avec le manteau cramoisi, encore que
la robe blanche pleine de rellets fasse une heureuse
transition — montre le pape sous son aspect le plus
humain, et le type populaire, bien italien, y reparait
sous l'accentuation des ombres. — M. M.
A Rome. — Des fresques, fort intéressantes pour
l'histoire de la peinture du moyen-âge, viennent
d'être découvertes à Rome, sous la sacristie de Saint-
Clirysogone, cette église qui dresse sur la rive droite
du Tibre, près du pont Garibaldi, son clocher en pyra-
mide.
Les fouilles révélèrent l'existence de constructions
appartenant à la basilique primitive de Saint-Chryso-
gone. Les murs dégagés se rapportent à deux édifices
d'époque différente : les uns dessinent la forme d'une
basilique à abside, et remontent à la période immé-
diatement postérieure à Constantin ; les autres, d'une
architecture beaucoup plus imparfaite, semblent repré-
senter une (I Confession », qui aurait été ajoutée, vers
le huitième siècle, à l'ancienne église. Ces dates
approximativement indiquées par le caractère même
des constructions, se trouvent précisées et confirmées
par deux passages du Liber l'onlificalis, relatifs à la
basilique de Saint-Chrysogone.
La partie supérieure de l'abside et le mur de la
Confession sont ornés de peintures. Celles de l'abside
sont purement décoratives : les ornements géomé-
triques et tloraux de couleur foncée y alternent avec
des imitations de tentures orientales aux teintes plus
vives et plus riches Les peintures de la Confession
sont beaucoup plus remarquables. La partie actuelle-
ment mise au jour laisse voir trois figures, deux
saints et une sainte, vêtue d'un manteau blanc et
d'une tunique de pourpre. Des deux hommes repré-
sentés aux côtés de la sainte, l'un porte le costume
militaire, l'autre une robe blanche et un manteau
rouge.
La style de ces fresques rappelle celui des fresques
de Santa Maria Antica, au Forum ; les unes et les
autres sont du huitième siècle. Cependant les trois
figures récemment découvertes sous la sacristie de
Saint-Chrysogone semblent révéler une technique
plus habile et un art plus avancé.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — Succession de M. D... (Dubail).
— Faite salle 0, les 21 et 22 mai, par le ministère
de M° Lair-Dubreuil et de MM. Mannheim et Sor-
tais, cette vente a produit un total de 118.121 fr.
Mobilier artistique plutôt que collection, à pro-
prement parler, cette réunion d'objets d'art et
de curiosité ne contenait que peu d'objets dignes
de remarque et, par suite, elle a donné lieu à peu
d'enchères notables.
La plus élevée s'est adressée au mobilier de
salon, un canapé et six fauteuils, en tapisserie
d'Aubusson d'époque Louis XV, à sujets des
Fables de La Fontaine, qui a réalisé juste le prix
de demande, soit 30.000 francs. Moins favorisé,
un meuble de salon, un canapé, une bergère et
six fauteuils, couverts en Aubusson d'époque
Louis XVI, à décor de personnages et d'animaux,
n'est monté qu'à 8 500 francs, sur la demande
de 15.000.
Parmi les tapisseries, nous ne trouvons guère
à citer que les numéros suivants : 228. Tap.
flamande, xvni« s., deux paysannes, dont l'une
est occupée à traire une vache, 5.000 fr. — 237.
Tap. d'Aubusson, ép. Louis XV, rep. un chasseur
assis et une bergère, 3.100 fr. — 238, Tap. du
même genre, la Diseuse de bonne aventure (bor-
dure moderne), 2.860 fr.
Parmi les tableaux, notons : 28. Daubigny.
Environs de Villervitle, 11.000 fr. (dem. 12 000).
— 35. La Rue Saint-Jacques, 3.250 fr.
"Vente Homberg (liste des prix). — Nous
commençons, comme nous l'avons annoncé, la
liste des principales enchères de la vente Hom-
berg, en nous bornant à celles qui dépassent
deux mille cinq cents francs. Nos lecteurs, dési-
reux de consulter la liste complète des résultats
de cette vente, que le manque de place nous
empêche de donner, la trouveront in extenso dans
les organes spéciaux, notamment dans notre
excellent confrère, la Gazette de l'Hôtel Drouot,
in
LE BULLETIN DE L'ART
qui publie, en môme temps que les prix d'adju-
dication, les prix de demande et les enchères
obtenues par les mfimes objets, lors de leur
passage dans les ventes antérieures.
PRINCIPAUX PRIX
(Au-dessus de 2.500 francs.)
VehHKS AllAllES PIIOVENAXT DE FOUILLES. — 81. FlaCOn
à long col, émaux et dorures, imitant un carré d'étoffe,
XIV" s., 2.550 fr. (dem. 2.000). — 85. Gobelet cerclé
bandeau émaux multicolores imitant l'orfèvrerie, fia
XIX' s., 3.000 fr. (dem. 2.500).
Faïences peksanes. — 127. Plaque, décor person-
nages et inscriptions, reflets métalliques (rest.),
3.200 fr. (dem. 2.000). — 157.- Support hexagonal,
ajouré (rest.). 3.150 fr. (dem. 800). — 189. Plaque ornée
d'inscriptions en bleu et en relief (accid.), 3.500 fr.
(dem. 3.000).
Faïences de Damas. — 224. Plat creux, orné œillets
et tulipes en coul. sur blanc (rest.), 4.005 fr. (dem. 2.500).
— 225. Plat creux, branches fleuries en coul. (fract.),
4,500 fr. (dem. 4.000). — 226. Lampe de mosquée, dé-
corée en bleu sur blanc, de caractères d'écriture,
signature du fabricant : Aich (fract., rest.), 16.000 fr
(dem. 8.000), — 227. Chandelier, décoré rinceaux (fêlu-
res), 2.950 fr. (dem. 6.000).— 228. Vasedécoré rinceaux
fleuris en bleusur blanc (fêlures), 2.900 fr.(dem. 1.500).
— 229. Plat décoré fleurs sur fond turquoise et lapis,
5.000 fr. (dem. 2.500); ■
Faiexxes de Solimanié. — 240. Tympan, décor
fleurs en coul. sur blanc, bordure bleue (rest., fract.),
9.100 fr. (dem. 6.000).
Faiexces de RiioiiEs. — 206. Cruche, feuillages sur
fond à imbrications, 3.000 fr. — 267. Plat creux, tuli-
pes bordées d'un motif rayonnant, 3.000 fr. —
273. Fragment, plaque décor de fleurs et motif irrégu-
lier, fond rouge, 3.000 fr. — Pot à anse, palmettes
sur fond gris, 3.900 fr. — 284. Plat creux orné médail-
lon rouge à arabesques, 2.850 fr. — 287. Lampe de
mosquée, ornée de fleurs polychromes et d'inscriptions
en bleu, 14.000 fr.
Faïences divehses. — 316. Médaillon, buste de
Lucrèce, blanc sur bleu, terre éinailléc d'Andréa
délia liobbia, 6.620 fr. — 320. Faïence hispano-maures-
que : deux plats décorés en bleu, rinceaux et inscrip-
tions : Ave Maria gralia plena, 3.800 fr.
CUIVRBS, bronzes ET FERS ORIENTAUX. — 334.
Aiguière bronze damasquiné arg., personnages chas-
sant, anse surmontée d'un oiseau, trav. de Mossoul,
xiii' s., 12.150 fr. — 335. Chandelier, cuivre gravé et
damasquiné d'or et d'argent, zone inscriptions, Mos-
soul, xiir s., 3.500 fr. — 336. Chandelier, bronze da-
masquiné, décor personnapes et arabesques, Mossoul.
xiv s., 1.650 fr. — 337. Aiguière, cuivre dauiasq. arg.,
personnages et inscriptions, Mossoul, xiv s., 10.100 fr.
— 343. Plateau, cuivre gravé et damasquiné, à médail-
lons concentriques et polylobés, à sujets de chasse,
3.005 fr. — 346. Vasque bronze, décor de guerriers,
animaux et arabesques, 3.100 fr. — 370. Brùle-parfums,
couvercle ajouré, bronze damasq., décor personnages,
2.505 fr.
Manuschits, beliuhes. — 418. Manuscrit, Cifal-el-
/ie/it'A-iH, XV* s., avec trois miniatures, 4. 500 (dem. 1.000).
— 420. Manuscrit, KItamse, quatorze miniatures, calligr.
et peint, de Molla Fetts Mohammed, 2.855 fr. (dem.
3.000). — 421. Manuscrit liouslan (le Verger), pocmc
de Saadi de Chiraz, cinq miniatures, trav. persan,
11.000 fr. (dem. 4.000). — 432. Manuscrit livre d'heures
avec vingt-sept miniatures, trav. français, com' xv g.
(quelques taches), 5.300 fr. (dem. 8.000).
Vitraux, vehues. — 442. Trois vitraux la Crèche,
V Adoration des Rois Mayes, la Visitation. 3.800 fr.
(dem. 4.500). — 443. Deux vitraux, groupes de saints
personnages (rest.), 2.500. — 444. Deux vitraux, fond
bleu orné de quatre feuilles, quatre personnages se
livrant à diverses occupations, 2.600 fr.
(A suivre.)
A Londres. — Vente Humphrey Robert
(tableaux modernes). — L'abondance des ventes
parisiennes nous oblige à annoncer seulement
les ventes importantes faites à l'étranger et à
renvoyer leur compte rendu à une époque où
l'hôtel Drouot nous laissera des loisirs. II faut
cependant noter au passage les résultais de Ja
ventedela collection Humphrey Robert, annoncée
ici-même en son temps, qui vient de se terminer
sur un total de 1.041. 750 fr. Ce qui fait, à nos
yeux, l'intérêt tout particulier de ce chiffre im-
posant, c'est que l'école française de 1830 y entre
pour la plus grande part, — la vente Humphrey
Robert ayant été un véritable triomphe pour
Ch. Jacque (le plus gros prix a été fait par un
Troupeau de moutons de ce maître, adjugé
6:;. 650 fr.) ; pour Corot {Coin de bots, S6.424 fr.) ;
pour Daubigny, Troyon, Millet, etc.
Deux de nos maîtres vivants, Lhermitte et Har-
pignies, figuraient en cette collection : ils se sont
magnifiquement comportés, ainsi qu'en témoi-
gnent les enchères de 24.925 fr. pour le Troupeau,
de Lhermitte, et celle de 19.675 pour le Paysage
du soir, d'Harpignies.
Nous donnerons plus tard une liste des princi-
pales enchères.
Ventes annoncées. — A Paris. — Succes-
sion de M. X... (tableaux, etc.). — l'n catalogue
illustré nous apporte les détails d'une vente qui
aura lieu, salle 6, le 1" juin, par le ministère de
M" Lair-Dubreuil et de .M.M. H. Haro et A. Bloche.
Parmi les tableaux, nous remarquons plusieurs
œuvres de Courbet : les Deux amies, la Vague,
ANCIEN ET MODERNE
173
Retour de la Conférence; puis, entré autres pein-
tures anciennes ou modernes : un Portrait de
femme de l'école de Glouet, une Lèda attribuée à
Cranach, le Chemin tournant par J. van Goyen,
Diane et ses nymphes par l.eclerc, l'Heureuse mère
par Le Prince, la Vierge et i'Enfant attribuée à
Bernardine l.uini, la Petite Ferme par Michel, un
Portrait d'homme et un Portrait de jeune femme,
se faisant pendants, attribués à Fourbus ; la
Clémence de Camhyse attribuée à Rembrandt,
David et Bethsabée par Tassaert. Dans le reste de
la vente, citons une statue en marbre, la Source,
par J.-M. van der Kerap.
Collection Jules Gerbeau (5" vente : objet^
d'art, etc.)- — Signalons une nouvelle vente
Gerbeau : celle-ci, de moindre importance que
les précédentes, comprend des objets d'art et
d'ameublement et aura lieu les 2 et 3 juin, salle i ,
par le ministère de M«« Bizouard et Baudoin et de
MM. Mannheim.
Succession de M""' Debacker. — Ajoutons
quelques détails à ce que nous avons dit dans
notre dernière chronique, au sujet de cette vente,
qui aura lieu, le 1»'' juin, salle 7 et 8, parle
ministère de M" Desaubliau.x et Trouillet et de
MM. Paulme et Lasquin et Georges Petit.
Parmi les tableaux et dessins modernes, nous
notons des ouvrages de Daubigny {A Optevoz),
Diaz {une Clairière), E. Isabey {le Départ des cava-
liers), Gh. Jacque {Brebis et agneaux au pâturage.
Intérieur d'écurie et poules), des aquarelles
d'E. Lami ; parmi les tableaux et dessins anciens :
des panneaux décoratifs de l'atelier de Fr. Bou-
cher, formant deux paires de pendants, l'Été et
l'Automne et la Toilette de Vénus et l'Oiseleur ; une
aquarelle gouachée de Hoin, le Portrait de
M °" Dugazon, dans le rôle de Nina ou la Folle par
amour.
Enfin, parmi les objets d'art et d'ameublement,
il nous faut tout au moins signaler : une paire de
grands lampadaires, formés chacun d'une potiche
et d'un cornet en ancienne porcelaine de Chine,
époque Kien-Long et deux remarquables tapis-
series anciennes : une pièce de la tenture dite
la Noble pastorale, exécutée au xviii' siècle par
la manufacture royale de Beauvais, d'après les
carton de K. Boucher, — celle-ci représentant les
Plaisirs de la pêche, — et une grande tapisserie de
Bruxelles à sujet, d'après Teniers
■ 11 a été dressé un catalogue illustré à l'occasioD
de cette vente.
"Vente Hélène Chauvin (objets d'art, etc.).
— Cette vente comprend en particulier une riche
réunion d'estampes anglaises et françaises du
xv!!!" siècle, parmi lesquelles nous remarquons,
en étals rares, les pièces suivantes : Tête de Flore,
gravée en imitation de pastel, par L. Bonnet,
d'après F. Boucher ; Mrs Cosivag, à la manière
noire, par V. Green, d'après M. Cosway ; la Pro-
menade de la galerie du Palais-Royal, 4787,
épreuve en couleurs, et la Rose mal défendue, en
couleurs, par P.-L. Debucourt; l'Amour et la
Folie, deux pendants, en couleurs, par Janinet,
d'après Fragonard ; la Brodeuse au tambour et la
Rac.ommodeusc de dentelle, deux pendants, en
couleurs, et deux autres pendants, les Compli-
ments du jour de l'an et les Présents du jour de
l'an, ces quatre pièces, par L. Bonnet, d'après
J.-B. Huet, épreuves en couleurs; la Toilette de
Vénus, d'après Boucher; Af"" du T. (Rosalie
Duthé), d'après Lemoine, et Marie- Antoinette
d'Autriche, reine de France et de Navarre, ces
trois estampes en couleurs, par Janinet; la
Petite guerre, en couleurs, d'après N. Lavreince ;
le Portrait d'Edouard Dagoty, par Lasinio, d'après
Kauchsius, épreuve en couleurs; A Visit to the
Boarding-School et a Visit to the Child at nurse,
deux pendants, par W. Ward, d'après G. Mor-
land, épreuves en couleurs ; The Honourable
Miss Bingham et The fi' Honourable Countess
8pencer, par F. Bartolozzi, d'après Sir Joshua Rey-
nolds ; The Promenade at Carliste House, manière
noire, par J.-R. Smith.
Dans la seconde partie de la vente, com-
prenant quantité d'objets d'artetd'ameublement
ancien et moderne, contentons-nous de signaler :
une grille destinée à séparer deux salons,
important travail de ferronnerie, exécuté par
E. Robert; quatre statuettes d'enfants, figurant
les Quatre Saisons, par P. Geeurits (xvnr siècle);
une table en marqueterie, avec bronzes, d'épo-
que Louis XV; une autre table, plus petite,
également en marqueterie et de même époque;
une tapisserie flamande du xvni« siècle, à sujet
mythologique tiré de l'histoire du dieu Mercure;
une tenture en ancienne tapisserie d'Aubusson,
du temps de Louis XV, composée de quatre
panneaux, à sujets de pastorales; une autre
tapisserie de mêmes fabrication et époque,
représentant quatre personnages dans un
Iparc.
Il a été dressé un catalogue illustré de cette
vente, qui aura lieu, 24, boulevard de Cour-
celles, les 2, 3 et 4 juin, par le ministère de
174
LE BULLETIN DE L'ART
M= Lair-Dnbreuil et de MM. Paulme et Las([uin
fils.
Collection de feu M. de Porto -Riche (ta-
bleaux modernes, etc.). — Les Ei et 6 juin,
salle C, M" Lair-Dubreuil, assisté de MM. Georges
Petit et Paulme et Lasquin fils dirigera, la vente
de la Collection de l'eu M. de Porto-Riche, compre-
nant, d'une part, une réunion de peintures et de
dessins modernes, de l'autre un important mobi-
lier et des objets d'art.
On notera en particulier, parmi les tableaux
modernes, les numéros suivants : Corot, Femmes
à la fontaine, Matin; Th. Couture, Après l'orgie;
Daubigny, Bords de l'Oise; de Neuville, Turco;
Diaz, le Harem, Ophélie, Mare en forêt; Jules
Dupré, /e Chemineau; Ch. Jacque, Trois Canards,
Deux moutons et une poule noire. Deux moutons et
unepou/e blanche ; ion gkmd. Patineurs en Hollande,
Rotterdam, la Nuit (Clair de lune); Tassaert,
Suzanne et les vieillards; Vibert, Moine jardinier ;
Ziem, le Bosphore à Constantinople, le Grand ca-
nal à Venise. Parmi les aquarelles : Ch. Jacque,
Moutons en pâture et Moutons à l'abreuvoir; Ziem,
les Martigues.
Parmi les objets d'art et d'ameublement : une
collection de boîtes des époques Louis XV et
Louis XVI, et une commode d'époque Louis XV,
en laque noire, à décor dans le goût chinois, ri-
chement ornée de bronzesàrocailles et feuillages,
ciselés et dorés.
A l'étranger. — A Amsterdam. — Dessins
anciens. — Une vente importante de dessins
anciens, des primitifs des écoles du Nord et des
maîtres hollandais et flamands du xvu" siècle,
pour la plupart, aura lieu chez MM. Fred. Muller
et C', à Amsterdam, du 15 au 18 juin.
Un catalogue illustré a été dressé à l'occasion
de cette vente. Nous y remarquons, dans cette
réunion considérable de dessins anciens prove-
nant de diverses collections, les numéros suivants :
A. Aldegrever, Penthée, roi de Thébes, supposant
au culte de Bacchus et la Mort de Penthée; L.
Backhuysen, l'Y devant Amsterdam et le Coup de
vent; N. Berghem, les Ruines du château de Brcde-
rode, près de Harlem; P. Breughel le Vieux, Com-
position grotesque; J. Breughel : Vue à Nuremberg
en hiver et Village sur les bords d'une rivière;
1. Cats, les Ruines du château de Teylingen et Vue
de ville;}. C. van Oostsauen, le Pressoir divin;
L. Dooneer, Vue des ruines des châteaux de Oodes-
berg et de Drachenfels; A. Durer, la Chouette,
dessin qui a servi de modèle à une gravure sur
bois bien connue; C. Dusart, le Concert burlesque;
Van Dyck, Tt'tes d'hommes; C. Engelbrechtsen,
Sujet guerrier; H. von Fisch le Vieux, Projetpour
vitrail.
i. van Goyen, Femme au bord de l'eau, Chemin
longeant une rivière. Vue de rivière. Paysage
entrecoupe par un fleuve ; S. van Iloogstraten,
l'Incrédulité de saint Thomas ; C. Huygens, Vue
d'une plaine et Bords de l'Ijsel ; iordaens, Bac-
chantes et satyres et Bœuf; Langendyck, l'Inva-
sion des troupes anglaises et l'usses dans la Hollande
septentrionale ; Lucas de Leyde, Saiil et David;
Ch. Mauer, Projet pour vitrail; A. van Ostade,
Intérieur de cabaret champêtre et Intérieur de
grange; J. van Ostade, la Danse; Rembrandt.
Eléazar recevant à boire de Rébecca, la Grand'mère,
Jeune homme nu debotit. Vue de l'Amstel, vers
l'Omval ; R. Roghman, la Route dans les mon-
tagnes; H. Schaiielein, Un Pape recevant de la
main d'un évâque les règlements d'un ordre; A. van
Stry, Hiver; Jan Swart de Groningue, Actes de
bienfaisance; C. Troosl, la Séparation difficile et
la Statue d'Hercule; \V. van de Velde, l'Y devant
Amsterdam; S. de Vliéger, Vente de poisson sur la
plage de Scheveningue et Vue de plage ; A. Weenix,
Étitdcs de perroquets ; R. Zeeman, Deux trois-mâts
près de la côte; A. Everdingen, la Rentrée des
tourbes.
Vente très intéressante, comme on voit, pour
les amateurs de dessins anciens des écoles du
Nord, d'autant que dans les quelque sept cents
numéros qui la composent, un grand nombre
sont de première importance, pourvus de pedigree
en règle, et ont été gravés.
M. N.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Une illustration des « Trophées « ^galeries
Boussod et Valadon). — La décoration d'un livre
ne consiste pas seulement dans la richesse habi-
lement distribuée de ses fleurons : aucune parure
ne vaut la sympathie entre le texte et l'image,
entre l'auteur et l'illustrateur. Heredia, le plus
artiste des poètes, conliait au vaporeux crayon
de Fantin-Latour les Bucoliques de Chénier; mais
sa poésie plastique réclamait une traduction plus
linéaire : un bibliophile, M. René Descamps-
Scrive, n'a-t-il pas eu la main heureuse en choi-
sissant M. Luc-Olivier Merson pour illustrer les
ANCIEN ET MODERNE
175
Trophées ? La poétique érudition du peintre ayait
déjà fait ses preuves avec Flaubert et Saint Julien
r Hospitalier. Nui détail superllu : les grandes
divisions du livre inspirent à son interprète de
grands liors-texte. Dès le frontispice, apparaissent
le laurier, l'autel, la cithare et les muses; et que
de belles occasions d'eurythmie, depuis la splen-
deur grecque, « oubliée » par le pâtre assis sur
des ruines, jusqu'aux noirs échos de la mer
bretonne ! Un cadre antique entoure pieusement
la dédicace d'une piété filiale ; au seuil d'une
épître reconnaissante à Leconte de Lisle, la lettre
ornée s'enorgueillit d'un profil olympien ; le
rectangle d'une frise accueille la nuit d'un champ
de bataille ou l'indolence du faune. La suavité
précise du maître-dessinateur n'a pas éludé « la
gigantesque horreur de l'ombre herculéenne » ;
mais elle sacrifie plus volontiers à la forme pure.
Contre ce temps de hâte, où le crayon tâtonne,
l'art de ces beaux dessins originaux, magistrale-
ment gravés par M. Léopold Flameng, proteste
avec la rime et l'image décisives du poète que
Banville appelait le Véronèse des mots troublants.
Raymond Bouybr.
NOTES &, DOCUMENTS
Le "Velazquez du musée de Rouen.
Dans sa Chronique artistique, publiée le 2 avril
dans le Journal de ttoucn, notre distingué confrère
M. Nicolle signale «une étude très substantielle»
de M. Duboscsur/eGeograp/ic du musée de Rouen,
et profite de l'occasion pour réunir de nombreux
•documents bibliographiques sur ce chef-d'œuvre.
Nous lui demandons la permission d'ajouter à
sa liste une fiche peu importante et d'insister sur
un fait.
Commençons par la fiche, afin de suivre la
règle de la gradation dans l'intérêt. Au moment
(lii M. L. (jonse publiait dans la Gazette des beaux-
arts de février 1893 son étude sur le Géographe,
nous avions, prête pour l'impression et rédigée
sur des notes prises devant le tableau plusieurs
années auparavant, une étude sur le même ou-
vrage destinée au Itulletin des Musées, où elle
parut dans le numéro de janvier-février. Le
post-scriptura que l'apparition du travail de
M. Gonse nous forçait à ajouter à notre propre
étude reconnaissait, cela va sans dire, le droit de
priorité de notre savant confrère. La seule chose
qui nous appartînt en propre était l'étude minu-
tieuse que nous avions faite du Géographe au
point de vue des retouches et autres misères
subies par le chef-d'œuvre : l'outrageant abus
d'un vernis très inégalement distribué ; un vio-
lent ratissage sur la ligne qui sépare le cou de
la collerette; le bord de la chevelure qui, dans
le haut, « tourne » mal sur le fond brun plus clair ;
un trou de trois millimètres bouché près des che-
veux; un petit accroc dans le revers gauche du
justaucorps; un autre de 7 à 8 centimètres dans
le vêtement aussi, au-dessou.s de la main droite :
et enfin, hélas ! une énorme balafre qui «prend
naissance sous le coup de lumière de la pommette,
coupe la joue de gauche à droite presque hori-
zontalement, arrive au sillon qui sépare la joue
de la lèvre supérieure, s'infléchit alors un peu
sur une longueur de deux centimètres, puis se
relève vers l'horizontale dans la moustache même,
sur une longueur presque aussi grande». Quant
à l'exécution, son examen nous avait inspiré les
conclusions suivantes : « . . . Nous avons sous
les yeux une œuvre de transition, commen-
cée vers la fin de la période sage, laissée inter-
rompue — pour une raison que l'on ne connaî-
tra sans doute jamais — • pendant cinq, huit, dix
ans peut-être, et terminée d'un seul coup en un
jour de verve et de bonne humeur, à une époque
déjà plus voisine du voyage en Italie, qui eut lieu
en 1648 ».
Mais venons au fait important. Nous ne faisons
pas allusion à quelque document d'archives qui
jetterait une vive lumière sur l'histoire du tableau;
nous voulons seulement préciser, par esprit de
justice, la réponse à faire à la question suivante :
« A qui revient l'honneur d'avoir prononcé avec
une décision absolue le nom de Velazquez' à pro-
pos du portrait de Rouen?» Ce n'est ni à M. L.
Gonse, ni à moi, ni à M. Le Breton, — qui d'a-
près M. Nicolle a prononcé en 1881 ce nom pu-
bliquement (verbalement? par écrit? par impri-
mé?). L'honneur de l'attribution revient tout en-
tier à M. Bonnat, qui est assez riche de gloire
pour n'avoir pas songé à le réclamer. En efTel,
une affirmation précise d'Henner nous l'avait ap-
pris, dès 1878 ou 1879 : M. Léon Bonnat avait
déjà avant cette date déclaré formellement que
le musée de Rouen possédait un Velazquez.
Puisque l'éminent biographe de Velazquez,
M. de Beruete, prépare une nouvelle édition
de son livre, le moment nous paraît bien choisi
pour mettre en lumière un fait indubitable et
m
LE BULLETIN DE L'ART
pour rendre à César ce qui est à César, même
alors que César ne réclame rien.
' E. Durand-Gréville.
M. Marcel NiColle,:à qui nous avons communiqué
-la note de M. Durand-Gréville, nous a répondu par
la lettre suivante :
Mon cher Directeur,
La chronique que j'ai publiée le 2 avril, dans
le Journal de Houen, avait pour butde compléter,
sur certains points, une importante étude sur le
Velazquez du musée de cette ville, parue peu de
jours auparavant dans le même journal, sous la
signature de M. G. Dubosc. Mais M. Durand-
Gréville, qui a bien voulu s'intéresser à ma
chronique, a négligé de prêter semblable atten-
tion à celle de mon érudit confrère rouennais,
oîi se trouvait signalée en bonne place la
communication que fit à la réunion des Sociétés
des beaux-arts des départements à la Sorbonne,
en 1880, M. G. Le Breton, et qui constitue, au
sens propre du mot, la première publication
du tableau sous le nom de Velazquez. Rendons à
César..., comme dit M, Durand-Gréville.
D'autre part, en ce qui concerne le « fait impor-
tant» que tient à révéler M. Durand-Gréville, je suis
loin de lui attribuer une valeur égale à celle que
lui attribue notre confrère. Que M. Bonnat, dont,
moins que personne, je songe à discuter la gloire
et la compétence, ait été l'un des premiers à
prononcer le nom de Velazquez devant le chef-
d'œuvre de la galerie rouennaise, ceci, M. G.
Dubosc et moi, nous le savions, et bien d'autres
avec nous. M. de Beruete, dont j'ai rapporté mex-
(çnso l'opinion dans leJournalde Rouen, M. Gonse,
M. Paul Lal'ond et, d'une façon générale, tous
ceux qui se sont occupés du tableau, n'ont pas
manqué d'invoquer l'autorité de M. lionnat
comme aussi celle de M. R de Madrazo, et ceci,
M. G. Dubosc et moi-même, l'avons surabondam-
ment rappelé : mais que M. Bonnat ait prononcé
le premier le nom de Velazquez, devant le Géo-
graphe de Rouen, ceci, — quelque autorité
qu'il faille attribuer à un propos de feu Henner
rapporté par M Durand-iiréville, — personne ne
peut l'affirmer avec certitude.
Familier du musée de Rouen, et préoccupé
de'puis longtemps de retrouver l'origine du tableau
en question, j'ai maintes fois entendu dire que
l'un des frères Dutuit, les célèbres collectionneurs
rouepnais, avait le premier parlé de Velazquez
d.evant j'énigmatique Gcoj/raja/ie jusqu'alors attri-
bué à Ribera. .Mais pourquoi semblable idée ne
serait-elle pas venue tout aussi bien à Darcel, cet
autre Normand, qui donna tant de preuves de
sollicitude au musée de Rouen et, d'autre part,
allait fréquemment en Espagne prendre, comme
il le disait, « un bain de soleil »? à Davillier, cet
autre Rouennais, l'ami de Fortuny et l'historien
de l'art espagnol'? ou à tels des familiers moins
illustres de la galerie rouennaise, à commencer
par son ancien conservateur Gustave Morin, qui
sut si bien l'enrichir? Aussi est-il plus que vrai-
semblable que le nom de Velazquez avait été déjà
proposé devant le prétendu Portrait de Christophe
Co/om6 attribué à Ribera, quand M. Bonnat donna
à son tour son opinion. Que celle-ci fût précieuse
à recueillir, comme le fut plus tard celle de M. de
Beruete, rien de plus juste ; mais, que le « fait
important » révélé par M. Durand-Gréville ail
apporté une contribution nouvelle à l'histoire de
ce chef-d'œuvre, c'est ce dont il est plus difficile
de convenir.
Au surplus, rassurons les admirateurs de
Velazquez : le Géographe est dans un bel état de
conservation, en dépit des tares qu'y a décou-
vertes, avec quelque complai-sance, la loupe
impitoyable de notre distingué confrère.
Veuillez agréer, etc.
Marcel Nicolle.
LES REVUES
France
Art et décoration (mars). — Articles de
M. Edouard Bknedictus sur le Cuir incisé, et de
M. Pierre CALMtrrEs sur le ferronnier d'art limite
Hubert.
(Avril). — Les Vitraux de Grasset, par M. -P. Vèb-
NEUiL. — Le Monument i^cheiirer-KesIner. récemment
inauguré au Lu.xembourg, par P. Viriiv. — M— Marie
Gautier, ses décorations et ses gravures eu couleur,
par L. BÉNoriE.
Les Arts (avril). — L'Ej-posilion rétrospective
féminine au Lyceum-Francf, par Ch. Sacmeh ; — tes
Accroissements du département des objets d'art du
musée du Louvre, par G. Migeon ; — les Portraits
d'Antonio Moro au musée du Prado, par Paul Lafokd.
Le Gérant : H. Lik.nis.
f*ai"i. — )mp. iienrite* ï'e'it. li, rue Uodoi-dt^-Uaitroi,
Numéro 387.
Samedi 6 Juin 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Pour qui sont donc faits
les musées?
Telle est la ([uestion que se posent les Pari-
siens, qui ont vainement lente d'entrerau Louvre
un jour de fête carillonnée.
« Pour les conservateurs », auraient répondu
les mauvaises langues d'autrefois, alors qu'on
jalousait volontiers des hommes bien rentes,
vivant tranquilles au milieu des œuvres d'art,
ignorés du public, dont eux-mAmes ils n'avaient
cure.
Mais les choses, aujourd'hui, ont bien changé :
pris par de multiples besognes, riHribués d'une
façon dérisoire, les conservateurs de nos musées
nationaux n'ont même plus voix au chapitre
lorsqu'il s'agit d'une acquisition de quelque
importance ; le temps est loin oi'i les musées ont
pu sembler fait.s pour eux!
Maintenant, tout est aux gardiens !
On le sentait bien, l'autre jeudi, dans cette
foule qui se pressait aux diverses entrées du
Louvre, et trouvait partout porte close.
Il est vrai que ce jeudi était celui de l'Ascen-
sion. Et le vieux règlement ne dit-il pas que les
musées nationaux restent fermés les jours des
ijrandes fêles de l'année qui ne tombent pas un
dimanche? On avait trouvé ce moyen, à une
époque où les musées étaient moins fréquentés,
de donner cinq ou six fois par an une pleine
journée de congé au personnel subalterne.
Vous auriez supposé, du moins, que l'insti-
tution du repos hebdomadaire aurait amené la
suppression d'un usage qui n'a plus de raison
d'être.
Mais qu'eût dit M. le « ministre du Travail », si
on avait obligé des employés de l'État à tra-
vailler le saint jour de l'Ascension"?
En somme, on arrive toujours à la môme con-
clusion : le nombre des gardiens est insuffisant.
(Jue le Parlement se décide donc une bonne
fois à voter les crédits nécessaires pour que toutes
les salles soient ouvertes tous les jours, et que
les Parisiens puissent aller au Louvre les jours
de fête !
Voilà, pour une fois, un progrès sur lequel
tout le monde sera d'accord !
Stéphane.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des beaux-arts (.séance du 30 mai). —
L'.Vcacléiiiie décerne les pris suivants :
l'ri.r Monhinne {3.000 fr.), à l'unanimité, à M. André
Messager, pour son opéra-comique Foftuiiio.
Prix Chartier (.'iOfl fr. , à M. André Keuschel, com-
positeur de musique à Lyon, pour ses divers ouvrages
de musique de chambre.
Prix Trémonl (1.000 fr.), partagé entre MM. Ganaye
et Philipp, anciens lauréats du Conservatoire de
musique.
Fonclalion lluchère (700 l'r.\ partagé entre M"'Gar-
chery, deuxième pri.x de chant en 1907, et M"' Cha-
nove, premier accessit de comédie en 1907.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 29 m.ii). — M. le comte Paul Uurrieu lit
une étude sur un prétendu portrait de saint Louis à
l'Age de treize ans, conservé jadis à la Sainte-Chapelle
de Paris. C'était un tableau peint sur bois, qu'une
inscription désignait ainsi, bien que le costume du
personnage ne datât que du temps de Charles VIII
ou de Louis XII. Au xvni' siècle, l'œuvre disparut.
M. Durrieu met sous les yeux de l'Académie, grâce
à l'obligeance de .M. le :omte Charles de .Montfer-
rand, un petit panneau qui correspond à celui de
la Sainte-C;hapello : mais il établit qu'il s'agit d'un
portrait de l'archiduc d'Autriche, Philippe le Beau,
père de Charles-Quint.
Musée du Louvre. — Dans sa séance du 2 juin
1908, le Conseil des musées a voté l'acquisition d'un
Portrnil de vieille femme, par IL Memling, fort
admiré à Bruges en 1902; c'est un volet dont le
178
LE BULLETIN DE L'ART
musée de Berlin pessède le pendant (portrait d'homme).
Le Louvre, jusfpi'ici, ne possédait, comme portraits de
Memling, que les portraits des donateurs de la Madone
de la collection Duchàtel.
— On nous annonce de bonne source que le por-
trait du Dauphin Charles Orland. le fils de Charles VIII
et d'Anne de Uretagne, qui figura à l'exposition des
Primitifs français en 1904 (voir la WcuHe, t. XV, p. 367),
et que le Louvre a eu récemment le vif rejjret de ne
pouvoir acquérir, vient d'entrer dans la galerie d'un
grand amateur étranger lixé à Paris, de ([ui la Biblio-
thèque nationale a pu récemment apprécier la très
grande générosité , et qui ne dissimule pas son
intention formelle de destiner un jour au Louvre sa
nouvelle acquisition.
Société des Antiquaires de France. — Au
cours de la séance de la Société des antiquaires de
France du 27 mai, M. Léon Dumuys a communiqué
les photographies d'un buste de Minerve du xvii*
siècle, découvert aux environs d'Orléans, et d'une
frise de bois sculpté de l'époque de la Itégence.
M. Henri Stein annonce qu'il a identifié, grâce aux
archives de l'École de pharmacie, le personnage
dont le portrait, signé par François Clouet et daté
de 1362, est récemment entré au Louvre : c'est un
apothicaire et botaniste parisien, nommé Pierre
Quthe, et dont la réputation fut grande entre ISriO et
1.^83. Le prochain numéro de la lieotie donnera, en
même temps que la reproduction de cette œuvre,
curieuse à tant de titres, un résumé de la « question
des Clouet », d'après les travaux les plus récents,
dus à M. Et. Moreau-Nélaton.
M. J.-J. Marquct de Vassclot présente une remar-
quable statuette de saint Pierre, en bronze doré, du
XIV" siècle, provenant des environs de Florence et
acquise par le Louvre. Cette belle œuvre semble de
travail français.
Congrès de la Société française d'archéologie.
— Le Congrès annuel de la Société française d'ar-
chéologie aura lieu, cette année, à Caen, du 23 juin
au 1" juillet. Les congressistes visiteront, sous la
direction de M. Lefèvre-Pontalis, les grandes églises
de Caen, les cathédrales de Bayeux, Lessay, Coutances,
Lisieux, le château de Falaise et les petites églises
de Guibray, «le S:.int-Gervais, etc. La journée du
jeudi 25 sera enlièrement consacrée à une visite des
petites églises de Ouislreliam, Langrune, Thaon, etc.
Tous les soirs, retour à Caen et séances du
cougrès; deux de ces séances — et notamment celle
qui sera consacrée aux églises d'Angleterre — seront
agrémentées de projections.
Ln guide très complet, illustré de reproductions et
de plans teintés des principales églises de la .Nor-
mandie, — dû à M. Serbat, — sera mis à la disposi-
tion des congressistes.
Commission des musées de province. — On
sait que la couimissiou extraparltineutaire des musées
de province s'est séparée en novembre dernier, après
avoir résumé ses discussions dans une série de vœux
que le llullelin a publiés (voir le n" 258), et avoir
chargé M. Henry Lapauze de rédiger le rapport
général sur ses travau-ï.
Cet important travail est actuellement à la veille de pa-
raître et nous aurons prochainement l'occasion de l'exa-
miner en détail. Oisons seuh-ment aujourd'hui qu'il for-
mera un véritable corpus de tous les rcnsciiinemenls
intéressant les musées de province, car le rapporteur
ne s'est pas contenté de doimer les résultats de len-
quète minutieuse à laquelle il s'est livré sur chacun
d'eux, il a également réuni tous les textes de loi
concernant la situation des musées de province
depuis leur origine et publié les comptes rendus des
séances de la commission. (Test le travail le plus
complet et le plus riche en documents qui ait
jamais été publié sur cette question si intéressante
et si complexe, sur laquelle nous aurons plus d'une
fois à revenir, et il fait grand honneur .i l'intelli-
gente activité du rapporteur général.
Le legs François Coppée. — Par son testament,
François Coppée a légué : à l'Institut de France, son
buste en marbre par Delaplanche (un autre exem-
plaire de ce buste, en bronze, légué au 1)' Duchas-
telet, devra revenir au théâtre de l'Odéon); — à la
Comédie-Française, un médaillon en bronze d'Agar,
que le peintre Lecomte du .N'ouy avait ollcrt autrefois
à l'auteur du l'assiinl.
Monuments et statues. — Lundi dernier, a vu
lieu, à l'angle de l'avenue de Villiers et du boulevard
de Courcelles, l'inauguralion du monument d'Henry
Bcc<|ue, œuvre de M. Hodin pour le buste et de
M. Nénot pour la partie architecturale.
— .Manli matin, a eu lieu, au cimetière Montpar-
nasse, l'inauguration du monument Henri Bouchot,
œuvre de M. .\. Bloch.
A Munich. — L'Académie des beaux-arts est
entrée, le 13 mai. dans sa centième année d'exis-
tence. En 1802. il est vrai, furent établies les bases
d'une Académie de peintres nninichois, où l'ensei-
gnement était gratuit, les artistes pensionnés devant
livrer des œuvres originales en échange de leur
dotation. Le 13 niai 1808. l'organisation fut modiliée
et l'on fonda l'Académie des beaux-arts (|ui s'installa
dans le Wilhelminum, où se trouvent acluellcment
les collections scienliliques de l'État. Louis I" réor-
ganisa encore une fois cette Académie, le U août 1816,
et enfin, sur sa part de l'indemnité de guerre fran-
çaise, l'État bavarois fit ériger par Neurenlher, de
1873 a 1885, le vaste et bel édifice que l'on voit
aujourd'hui à l'extrémité nord de la grande I.nd-
wigstrasse.
La fête proprement dite du centenaire est remise a
l'an prochain, parce que l'activité de l'Académie
comme institut d'art ne date en réalité que du
printemps de 1809; parce qu'aussi le bàtiiuent n'a pas
ANCIEN ET MODEKNE
179
d'aiila qui put servir de salle des fêtes et que Ion
avait toujours espéré voir aménagée pour cette
occasion ; mais le ministre des Finances ayant déclaré
que l'État devait faire face à des dépenses plus
urgentes, on s'est trouvé au dernier moment sans
avilir fait les préparatifs nécessaires. — M. M.
Nécrologie. — Le peintre Adolphe Stein/ieil, qui
a été assassiné dans la nuit de samedi à dimanche
dernier, était né à Paris en 18.^0. Fils d'un artiste et
cousin de Meissonier, il n'avait pas tardé à se l'aire
remarquer, dès le Salon de 1872, par des scènes
d'histoire et de genre, qui lui valurent une 3" médaille
et, en 1896, la croi.\ de chevalier de la Légion
d'honneur.
^ Le peintre i'.-G. Grandjean, né à Paris le 21 mai
1844, vient de mourir. Elève d'Yvon, Signol et Pils, il
exposa au.\ Salons des artistes français de 1865 à 1906
et se spécialisa dans la peinture des chevau.x, où il
obtint de véritables succès : médaille de 3* classe en
1888, de 2" classe en 1898 et mention honorable en
1900.
— A Munich, le 29 mai, est décédé le sculp-
teur-professeur Joseph (le Krmiier, âgé de 67 ans.
Élève à l'Académie de von Widemann et à Berlin du
professeur Blitser, il fut un temps directeur de
l'École de sculpture sur bois de Partenkirken ; il
laisse des frises décoratives à Worms, des ornemen-
l:,tions dans les salles et l'escalier du umsée d'art
industriel à Kaiscrlaûtern, au Ueutsches ïheater et
dans le café Luitpold à Munich, et un certain nombre
d'œuvres estimables. — .M. .M.
iA cx>x tt» tt» ctiA c^j. (t:^ ctiA ct>ji, rt?ji (Ai^ ctiA ct:iA <tiA
LES RÉCOMPENSES DU SALON
I
Los jurys de la Société des artistes français ont pro-
cédé cette semaine au vote des récompenses.
Méiiaii.les d'monneuh. — Les médailles d'honneur
ont été attribuées :
Pour la peinture, à M. Marcel Baschet, né en 1862,
élève de Boulanger et de M J. Lefebvre, prix de Home
en 1883, qui exjjose cette année un l'orti-ait d'Henri
Hoche fort;
Pour la sculpture, à M. Alfred-J. Boucher, né en
ISiiO, élève de Dumont et de Paul Dubois, qui expose
un groupe destiné au monument de Félix Mangini,
l'Humanité, et un buste en marbre de M. Berna-icou ;
Pour la gravure et lithographie, à M. L.-Il. Uulfe,
graveur sur bois (lu Musir/ne au moyen rige, d'après
Luc-Olivier Merson);
Pour la gravure en médailles et sur pierres fines, à
M. Georges-Henri Lemaire [Harmonie et Dante, sta-
tuettes en pierres fines).
Peintuhe. — Médailles de i* classe : M"* Desportes;
M.M. Hughes Stanton, Mac Cameron, Mondineu, Guedy,
Martin Gautheron, Troncet. Léon Félix; M"' Itonde-
nay; MM. Guetin, Bussière, Gustave Pierre, Alizard et
Renaudin.
Médailles de S' classe : MM. Ernest-E. Martens, Gas-
ton Balande, Frank Craig, Jules-Alexandre Corabœuf;
M"" Jeanne-B. .Maillard ; M.Vl. Edwards Swinson,
liobert-GilIes Plantey, John-Quinel Adams, llippo-
lyte Léty, Eugène-E. ïhiéry, François-Charles Baude ;
M"" Blanche Odin ; MM. AntoAin Silvestre, Georges
Charpentier, Albert Pénot, Gabriel de Cool, Terrick
Williams, Fecnand Toussaint, Eduiond Tapissier;
M"" Consuelo Fould; M.M. Ilugh-Godvin Rivière, Jean-
Jacques Roque, Clovis-Frédéric Terraire, Cari Seller;
M"" Émélie Guillaumot-Adam ; M. Georges-P.-L. Ser-
rier.
Le jury, qui n'a pas décerné de première médaille,
a ensuite i)rocèdé à l'attribution des prix suivants :
Le prix liosa-Bonheur est décerné à M. Auguste
Prévôt -Valéry, auteur du tableau le llelourau hameau:
— le prix Morlot à M. François de Montholon, auteur
du Vieux banc et de la llelle matinée : — le prix Le-
febvre-Glaize, à M. Antonin Silvestre, auteur du
tableau. Laveuses à l'estuaire de la Sienne et de la
Soûle (Manche).
Scui.PTL'iiK. — Médailles de l'° classe: .\I.M. .^uban,
Curillon, Bouchard et Pech.
Médailles de i' classe: .M.Vl. Camus, Bose, Quillivie,
Peyronnet, Mangin, lîivet, Schweitzer, Grandmaison
et Verez.
Médailles de 3' classe : MM. Malacan, Carillon,
Raymondot, Frey ; M"" Blanche Laurent ; MM. Ward,
Bresquent, Béclu, Crénier, Méraltz, Vaconsin.
GuAviKE. — Médailles de I" classe : M.M. Penat et
llodebert.
Médailles de si" classe : MM. Guidon, Jamas, Penne-
i)uin, Belleroche ; M"° Detailleur; M.M. .Mathieu et
Massiot.
Médailles de S' classe: MM. Pinet, Huault-Dupuy,
Marcadiert, Merlin, Gasperini et Jouenne.
AiiciuTKcruHE. — Pas de première médaille.
Médailles de i' classe MM. Dehault, llarlay, Janin,
Chauvet.
Médailles de S' classe : MM. Laprade, Imandt, Sal-
iez, Saigne, Margotin, Dubos, Danis.
GaAVLBF.S EN MÉDAILLES ET SUIl PIERKES FINES. —
Médaille de I" classe : M. Gustave Lambert.
Médailles de î' classe : M.M. Grégoire et Fourcade.
Médaille de S' classe : M. Niclausse.
AiiT DÉcoiiATiK. — Médailles de I" classe : MM. Saint-
André et Brandi.
Médailles de S' classe : MM. L. Lambert, Thiénot,
Cheurct, Bastard, Kann, Szabo.
180
LE BULLETIN DE L'ART
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
Collection de Mgr Charmettant (objets
d'art, etc.). — KaiLe salles 0 et 10, les 22 et 23 mai,
par M" Origet et MM. Duplan et Sortais, cette
vente a produit 86.387 francs.
Annoncée par un catalogue illustré, elle ne
contenait, en majeure partie, que des œuvres
d'ordre secondaire. Il nous suffira d'indiquer
quel(|ues enchères.
Tahleaux. — Ingres. Viert/e en prière, 8.100 fr. —
Triptyque de l'école française du xiV siècle, Martyre
de sninl. Didier, 6.000 fr. (dem., 10.000). — Cana-
letto. Venise, 4.600 Ir. — Van Brussel van Orley.
Adoration des Mages, 2.720 fr.
Objets d'aht, etc. — Grand Christ en ivoire (sans
garantie d'époque), 9.B0O fr. — Reliquaire, bronze
ciselé et doré, en partie du xni" s., avec émaux
cliamplevés, personnage assis sur un trône, 8.100 fr.
— Groupe en argent, fifjurant ta Vienje assise, tenant
l'Enfant Jésus, trav. ail., dans le goût du xvi" s.,
5.!)00 fr. — Groupe de deux personnages en argent,
dans le gofit du xiv s., 1.600 fr.
Porcelaines anciennes. — Annoncée par un
catalogue illustré de quelques planches, cette
vente, qui contenait (|uelques jolies porcelaines,
a produit 43.038 francs, salle i\, le 23 mai,
sous la direction de M« Lair-Dubreuil et de
MM. Mannheim.
Contentons-nous d'indiquer quelques prix :
Petite tasse à deux anses, soucoupe légèrement
diirérente, pàtc tendre de Sèvres, décor de médaillons
à lleurs sur fond rose Du Barry, 3.800 fr. (dem., 3.000).
— Tête-à-tête, décor de roses sur fond vert à œils-
de-perdrix, 3.500 fr. — Présentoir à guirlandes de
fleurs et baguettes rouge, 2.5o0 fr. — Petit buste de
femme, biscuit de Sèvres, 2.100 fr.
"Vente Homberg (liste des prix, suite). —
Nous continuons aujourd'hui la liste des princi-
paux prix de celte vente, nous limitant aux
enchères ayant atteint ou dépassé 2.800 francs.
PRINCIPAUX PRIX
1 VOMIES. — 461. Groupe, la Vierge assise tenant
l'Enfant Jésus, xii" s. (tête de l'enfant refaite),
7.200 fr. (dem. 8.000). — 463. Plaque, le Christ cru-
cifié, la Vierge et saint Jean, trav. byzantin, xii' s.
(rest.), 9.100 fr. (dem. 8.000). — 464. Crosse forme
volute, terminée par têle d'oiseau chimérique tenant
une croix, xii* s., 6.500 fr. (dem. ."i.OOO). — 46.5.
Plaques à arcades. Massacre des Innncenis; xi\' s..
7.000 fr. — 466. Volet de diptyque, Descente de croi.r.
XIV s., 3.550 fr. — 467. Plaque de coliret à huit com-
partiments, sujets de la châtelaine de Vergy, xiv* s.,
7.100 fr. (dem. o.OOO). — 468. Volet de diptyque, haut
relief: la Flagellation, le Christ crucifié, trav. anglais
('.'), XIV s., 7.850 fr. (dem. Ji.OOO). — 470. Statuette-
applique, ange debout, trav. espagnol, xiv s. (mor-
ceau rapporté), 3..';00 fr. (dem. 6.000). — 471. Christ
vêtu d'un périzonium, xiv* s., 9.050 fr. (dem. 3.000}.
— 473. lias-relief: le Christ crucifié, la Vierge et saint
Jean, xiv s., 3.050 fr. (dem. 4.000). — 480. Volet
présentant le Christ crucifié, la Vierge, saint Jean et
saint Joseph, xiv s., 2.505 fr. — 484. Volet, deux
saintes femmes et angelot, xiv s., 2.500 fr. — 487.
Volet, la vierge debout, portant l'Enfant, xiv s..
5.800 fr. {dem. 3.000). — 492. Fragment, bas-relief,
le Christ sortant du sépulcre, xv s., 5.350 fr. — 493.
Statuette, moine debout, trav. espagnol, 2.555 fr. —
494. Pyxide ornée : l'Adoration des mages et Piéla,
3.000 fr. — 497. Grain de chapelet, abritant les saintes
Catherine, Madeleine et Barbe, xvi- s., 3.600 fr. — ;102.
Ivoire arabe, boite ronde, inscription, 2.000 fr.
Émaix ciiami'levés. — 509. Plaque, le Christ cru-
cifié, trav. des bords du Bhin, xir s., 5.750 fr.
510. Médaillon, le Christ debout. Italie, xii' s.,
5.500 fr. (dem. 3. .500).
Limoges, XIII' s. — 511. Crosse d'abbé (rest.).
2.650 fr. (dem. 4.000). — S15. Plaque de chasse fon<l
bleu, deux saints assis tenant la palme du martyre.
Au-dessous, légende latine, 11.900 fr. (dem. 12.000;;
v. Boy, 1905, 9.500). — 517. Ch.'issc présentant cinq
personnages en relief (manque une ligure et un mon-
tant), 12.000 fr. (dem. 15.000). — :il9. Boite aux s.iintes
huiles, forme maison, médaillons à buste d'ange,
4.300 fr. — 522. Châsse présentant l'Adoration des
rois mages (crête refaite), 3.6,50 fr. — 523. Piacpie
d'évangéliaire présentant le Clirist de majesté bénis-
sant (encadrement ajouté). 6.800 fr. (dem. 8.000). —
527. Plaque d'évangéliaire présentant le Christ crucifié,
la Vierge et saint Jean, deux «nges, etc., 15.200 fr.
(dem. 15.000). — 528. Crosse présentant l'Annonciation,
réservé en métal, nœud orné de basilics, 16.0.50 fr.
(dem. 15.000).
XIV' siècle. — 529. Statuette clerc debout, tenant
un phylactère chauiplevé, 4.100 fr. — 532. Ciboire,
couvercle et pied xiv s., ornés médaillons présen-
tant la Sainte Face et des angelots (romaniemerils .
5.300 fr. (dem. 1.800).
ANCIEN ET MODERNE
dSI
OiivKVREHiE. — 538. Pied de châsse, br. doré, forme
lion couché, xii' s., 2.700 fr. — 5.'i4. Mors de chape,
cuivre doré et verroterie, l'Anuoncialion, xv s.,
4.20ofr. (dem. 5.000).
[A suivre.)
Collection du D^ G. H. N... (tableaux an-
ciens). — La vacalion, dirigée salle G, le 29 mai,
par M" Lair-Dubreuil et M. PMral, comprenait
deux parties ; une collection de tableaux anciens,
de second ordre pour la plupart, et indiqués
comme appartenant au I)'' G. H. N..., et un seul
tableau appartenant à M. X..., la Femme au livre,
par Carie Van Loo.
Celte dernière œuvre a obtenu 10.000 fr. sur la
demande de 20.000.
Pans la première partie de la vente, nous ne
trouvons guère à signaler que les résultats sui-
vants : 4.'). Pater. « Le Mari cocu, battu et content »,
4.600 fr. — 4;;. Hubert-Robert. La Cascade,
0 200 fr. (dem. 6.200). — 61. Éc. franc., xvni« s.,
Vortrait d'Iiomme, 4.300.
1,'ensemMe de la vacalion a produit Oii.lOO Ir.
Succession Debacker (tableaux, etc.). — Le
clou de cette vente — faite salle 7 et 8, le l"'' juin,
par M'» Desaubliaux et Trouillet et MM. l'aulme
et Lasquin et 0. Petit • — était la tapisserie de
Heauvais, les l'taiairs de la pioche, d'après Boucher,
qui est montée à 120 COO fr. sur la demande de
i:i0.ooo.
A ce' propos, on rappelle qu'une tapisserie
analogue, un peu plus petite il est vrai, ne réalisa
(|ue 102.000 fr. à la vente Cronier.
Mais la plus grosse surpi'ise de la Journée a
été l'adjudication de la gouache de Hoin, le Por-
trait de M'"" Dvgazon dans le rôle de Nina, dont
il existe plusieurs répliques. Celle-ci a été
poussée jusqu'à 40.000 fr., sur la demande.de
20.000. On jugera de la plus-value obtenue par
ce genre d'o'uvres d'art en se rappelant qu'une
variante du même sujet réalisa 19.000 fr. dans
la vente de (Joncouit en 1897, et une autre
2:t.000 fr. dans la vente Muhlbacher en 1899.
Quelques tableaux anciens et modernes, des
objels d'art et des tapisseries ont obtenu égale-
ment de belles enchères. Le manque de place
nous empêche de donner un commentaire à ces
résultats, dont nous nous contenterons d'enre-
gistrer les plus notables.
PRINCIPAUX PRIX
T.^ni.EAUx MODEiiNES. — 6. Brilloiiin. Le Lihrciire
umbidant, 2.000 fr. — 9. Uinz de la Pena. Une Clai-
rière, IJi.OOO fr. (dem. l^i.OOO). — 16. E. Isabey. le
Dépari des cavaliers, S.uOO fr. (dem. 6.000). — 17.
Ch. Jacque. Brebis et afjneaii au pàlurvge, 6.700 fr.
(dem. I) 000).
Aquarelles. — 20. E. Lami. Le Grand Condé appor-
tant à Louis XIV tes drapeaux enlevés aux Anulaii
et aux Hollandais à la halaille de Senef, 5.600 fr. —
22. Vue de Londres, 2.500 fr. — 24. Prise d'un vil-
laf/e par les cuirassiers, 2.500 fi».
Tabi.eau.\ anciens. — 31. Atelier de Boucher. L'Été
et V Automne, deux dessus de porte, 4 700 fr. — 38.
Cl. Hoin. Portrait de M"" Dur/azon, dans le rôle de
Nina ou la Folle par amour, aqu. gouachée, 46.000 fr.
(dem. 20.000). — 42. Wouvennans. Charlatan sur
une place de Paris, 5.200 fr.
Sculptures. — 50. Groupe marbre blanc, Naïade
sur un monstre marin, signé J. Clésinger, 2.700 fr.
Faïences et pohcei.aines. — 59. Paire de grands
lampadaires, formés chacun d'une potiche et d'un
cornet porcel. de Chine, ép. Kicn-Long, à huit pans,
décors d'émaux de coul. (un rest.), 14.000 fr.
(dem. 15.000).
Meubles. — 78. Console, bois sculpté et doré, ép.
Louis XVI (rest.), 3.300 fr.
TAi'isBiiiiiEs — 105. Tapis, de Beauvais, xviu° s.,
faisant partie de la tenture de la Noble pastorale.
d'après Boucher et représentant les Plaisirs de la
pèche, 120.500 fr. (dem. 150.000). — 106. Tapis, de
Bruxelles, sujet d'après Téniers, paysage avec
auberge, animé d'un groupe de personnes, 25.000 fr.
(dem. 20.000). — lol Tapis, de Bruxelles, d'après
Téniers, Kermesse dans un paysage, 10.500 fr. — 108.
Portière anc. tapis, de Bruxelles, ép. Louis XIV,
écusson arnioirié, avec couronne, soutenue par deux
naïades, 7.000 fr.
Produit total de la vente : .'î.t2.723 francs.
Succession de M. X... (Reitlinger). — An-
noncée par un catalogue illustré de quelques
planches, celle vente, faite salle 6, par M" Lair-
Dubreuil et .Mi\L Haro et Bloche, no présentait
guère ([ue des pièces courantes. Aussi, les prix
n'ont pas été fort élevés, ni le total, qui pour
une centaine de numéros à peu près, n'^a pas
dépassé 8I.S92 francs.
L'intérêt piincipal de la vacalion résidait dans
la présence de quelques peintures do ("ourbot,
qui se sont bien vendues. Il est à remarquer que
les œuvres de ce peintre sont en hausse marquée,
ce qui est justice. Sur la demande de 8.000 fr.,
le» Deux amie», réplique fragmentaire du grand
tableau qui fit partie de la collection /ygomalas,
a été adjugé U.'àOO fr. ; moins favorisée, une
Marine du môme peintre est restée à 0.100 fr.
sur la demande de 8.000.
182
LE rUJI,LETIN DE L'ART
Les honneurs de la séance ont été pour le
tableau de l'école de Léonard, la Vienjc et l'Enfant,
vendue 10.100 fr. sur la demande de 10.000.
PRINCIPAUX PRIX
Tableaux ANClE.^s et MObPBNris. — 8. G. Courbet.
IjCS Deux amies, 11.500 fr. — 9. La Vague, 6.100 fr.
10. Iletuiirde ta conférence, 2..')00 fr. — 11. I.a Itnclie
noire, 2.C.jO fr. — 3;i. Diane et ses nympltes, .'j.OOO fr. —
:i4. Le Prince. L'Heureuse mère, 3.800 fr. — 3.ï. At-
tribué à Iternardino Luini. La Vierye et l'Enfant,
10.100 fr. — 55. Tassaert. David et ISelhsabée, 3.9S0 fr.
OiiJKTS DAiiT. — 66. Yan dcr Keiiip. La Source,
statue marbre blimc, 3.700 Ir.
Ventes annoncées. — A Paris. — Succes-
sion de M""" C.Quéniaux (objets d'art, etc.).—
Un mince catalogue, enrichi de quelques plan-
ches, nous apporte l'annonce d'une vente qui
paraît intéressante, celle des objets d'art et
d'ameublement, tableaux et gravures, dépendant
de la Surxession de M""-' Constance Qucniau.v, vente
qui aura lieu salles 7 et 8, les 11 et 12 juin, par
le ministère de M"U. Hémard et de MM. Georges
Petit et Mannheim.
Parmi les tableaux, nous notons : des Fleurs,
par G. Courbet; le Port de Boulogne, par Isabey;
de Jeunes coqs et un Poulailler, par Ch. Jacque ;
le Chemin dans la plaine, par Lambinet, le Retour
de lapâche, par G. Uoqueplan.»l'armi les meubles:
une commode en marqueterie de bois de cou-
leurs avec incrustations de nacre, de la lin de
l'époque Louis XV, et un secrétaire à abattant
de la fin du xviii" siècle, en marqueterie de bois
de couleurs, portant les noms des ébénistes
(Jilbert et Boudin, l'armi les tapisseries, une
suite de quatre panneaux de fabrication fla-
niaiule du wiii" siècle, à sujets mythologiques.
M. N.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Hedley Fiiton (Galerie Graves). — Ici, la
saison s'achève comme elle a commencé, par la
très intéressante exposition d'un aquafortiste
anglais; et si les amis de la belle épreuve avaient
remarqué la lumineuse linesse de M. Synge à la
Société nationale, ils n'avaient point dédaigné
la robuste ampleur de M. Fitlon au Salon des
Artistes français. Encore un artiste essentielle-
ment britannique, élève des écoles de Man-
chester et de Londres qu'il habite ; son penchant
pour le pittoresque, qui sait tous les secrets
savants de la pointe, de la morsure et du tirage,
décrit Londres, l'iorence ou Pari.*, les abords de
\\estminsler ou de la National Gallery, l'hôtel
très louisquatorzien des Horse Guards, le gothique
particulier de la Grande-Bretagne ou la noirceur
des frontons dans l'atmosphère enfumée, ce
hlack très spécial aux monuments londoniens,
l'épaisseur moyenâgeuse et dorée des pierres
florentines et le fouillis harmonieux du Ponte
Verchio, le portail dentelé de Saint-Merri, la
Itue Pirouette aux toits inégaux, dont la vétusté
paraît plus inquiétante dans la magie des beaux
noirs rehaussée de blancs savoureux.
Frédéric Houbron (galerie Devambez) ; Louis
Hartz (galerie Rosenberg) ; expositions di-
verses. — Encore un peintre du Paris moderne
et môme de l'ancien, qu'il reconstitue au bout du
Pont-au-Gtiange, à la grande joie de l'érudit Vic-
torien Sardou ! Le Paris de 1908 ne lui dérobe
jamais celui de 1840, l'angle des masures bario-
lées au pied de la Tour de l'Horloge, telles que le
Parisien Hubert Robert les voyait en 1789, la Cité
rétrospective avec le pont Notre-Dame et la
Pompe hydraulique évoquée jadis par le trait
visionnaire de Charles Méryon. Depuis Corot, le
Pont-au-Change s'est métamorphosé, comme le
boulevard Poissonnière depuis le rêve hollandais
d'Isidore Dagnan (18.')'»', comme le boulevard des
Italiens que William Turner faisait graver en
1837. Parallèlement, l'art et la réalité se trans-
forment ; mais, à côté de la maison neuve, impo-
sante comme une forteresse, un curieux voit la
vieille rue menacée, les abords de la pointe Saint-
Eustache ou de la porte Saint-Denis, le passage
voiîté du cloître Saint-Honoré, où le coche,
semble-t-il, va déposer Manon... M. Houbron
n'est-il pas un chercheur moins mystérieux que
précis, dont les documents seront consultés aux
Carnavalet de l'avenir? H faudrait placer sa mo-
nographie du Marche des Enfants rouges auprès du
(Ju'irtier juif d'Amsterdam, observé, dans sa
ville natale, par un Hollandais modernisant.
M. Louis Hartz : ce n'est plus le Roozengracht où
Rembrandt sexagénaire isolait sa vieillesse pen-
sive et ruinée ; très supérieures aux grands
cadres, ces vives études notent la vieille trico-
teuse ou la ménagère, la marchande rabougrie,
tous les types remuants du marché, parmi les
fruits d'or ou les raies roses sur l'étal ; et le Bois
de La Haye a dû beaucoup changer aussi, depuis
ANCIEN ET MODERNE
183
Paul Potier... Nous avons dit, en 1906, la délica-
tesse native de M. Georges Leramen, qui nous
représente, chez Druet, un des deux aspects du
milieu llamand : le soleil pâle, l'intérieur discret,
le jardin pluvieux. El pour remonter aux ori-
gines françaises dn plein air. suivons, une fois
(le plus, chez Durand-Ruel, l'évolution de
M. Claude Monet, le virtuose violent des Peupliers.
dans le soir mauve, ou de M. lienoir, le paysagiste
aux verdures acides et laineuses ; tandis qu'un
statuaire évidemment doué, comme M. Joseph
Bernard, se croit obligé d'invoquer, au seuil du
xx= siècle, le rire bestial et figé des xoana pri-
mitifs.
R.WMOND BOUVKR.
COURRIER DES DÉPARTEMENTS
Avignon : Nouvelles découvertes
au palais des Papes.
Ainsi qu'on l'a déjà brièvement annoncé ici-
même, on vient de faire au palais des Papes
d'Avignon une nouvelle découverte, plus intéres-
sante encore que celles des peintures d'une des
salles de la tour de la (iarde-Robe, que je signa-
lais l'année dernière aux lecteurs du Bulletin (d;.
Il ne s'agit plus, cette fois, de peinture, mais
d'architecture et de sculpture, car on vient de
rt^trouverla porte principale de lagrande chapelle
du palais.
La Semaine religieuse du diocHe d^Âvignon dit
qu'on ignorait l'emplacement de cette porte ;
celle affirmation est évidemment erronée. Tous
ceux qui se sont occupés de l'histoire du palais
et qui l'ont visité avec soin savaient que l'entrée
de la chapelle était au sommet du grand escalier
— l'escalier d'honneur, - — au premier étage, en
face d'une grande baie aujourd'hui murée, ouvrant
sur la grande cour. Ils avaient remarqué, à
l'intérieur de la chapelle, les colonnettes qui
bordaient celte porte rélrécie par un énorme
blocage de maçonnerie, et auraient pu en donner
exactement les dimensions. Ils attendaient même
avec une certaine impatience le moment où les
ouvriers chargés de la restauration du palais
entreprendraient celte partie de leur ouvrage ;
(1) Voir le n" 331 du Bulletin.
cependant, leurs espérances n'allaient pas jusqu'à
la belle découverte qui vient d'être faite.
M. Naudet, architecte des .Monuments histo-
riques, chargé de la restauration du colossal
édifice avignonnais, avait été rais sur la pisle par
un plan fort exact, dressé par un capitaine du
génie dont j'ai oublié le nom, qui, au commen-
cement du xix" siècle, avait élé chargé de l'amé-
nagement du palais en caserne. Après avoir
minutieusement établi les dimensions de l'ouver-
ture primitive, grâce aux colonnettes de l'inté-
rieur de la chapelle dont j'ai parlé et au plan du
capitaine du génie, M. Naudet fit sonder la
maçonnerie moderne du côté du grand escalier,
c'est-à-dire à l'extérieur de la chapelle, el on eut
la chance de retrouver encore en place et presque
intactes les voussures des deux côtés de la porte
et la base du trumeau du milieu, qui divisait
l'entrée en deux, comme dans la plupart des
églises gothiques.
L'ouverture entière a une largeur totale de
5 m. 20, ce qui, en déduisant le trumeau de
0 m. 80, donnait à chaque porte une largeur de
2 m. 20. Les bases des montants sont ornées de
quatre-feuilles encadrant de petits sujets déco-
ratifs : animaux ailés, raulle de lion, singe se
regardant dans un miroir, etc. Au-dessus, des
niches aménagées sur des piliers et surmontées
de baldaquins, contenaient des statues de gran-
deur naturelle, dont l'une est encore en place,
mais privée de la tête et des mains. Il ne reste
aucun attribut ([ui permette de l'identi/ier. Le
vêtement de dessus est formé d'une chape serrée
sur la poitrine par une agrafe en forme de
losange; les plis sont sobres et bien traités;
autour du cou émerge de la chape un capuce.
II faut souhaiter que l'autre montant, qui n'est
pas encore dégagé jusqu'à pareille hauteur, nous
livre une statue plus complète.
« Quoi qu'il en soit, d'après ce qui est déjà
retrouvé, on a l'assurance de pouvoir restituer
complètement la composition architecturale de
cette belle porle de la grande chapelle, qui sera
la merveille du palais. La linesse de la sculpture
nous promet un très beau spécimen de la déco-
ration et de la statuaire du xiv» siècle », dit te
Courrier du Midi.
Puisque nous parlons du palais des Papes,
j'annonce d'abord aux lecteurs du Bulletin que
M. Yperman, dont je n'ai pas à faire l'éloge, est
en train de travailler au dégagement et à la
consolidation des peintures découvertes l'année
dernière, dont j'ai déjà parlé, et ensuite qu'on
184
LE BULLETIN DE L'ART
va, dans le plus bref délai, entreprendre la
restauration de la salle de l'Audience. Cette
salle, aussi grande que la chapelle dont elle
occupe l'étage inférieur, est certainement la
plus curieuse et la plus intéressante de tout le
palais. Elle mesure 52 mètres de long sur
16 m. 50 de large et 11 mètres de haut, et est
divisée en deux nefs supportées par cinq colonnes.
Malheureusement, à répo(|ue de la transforma-
tion du palais en caserne, le niveau a été surélevé
d'environ 1 m. 30, ce qui nuit à la beauté et à
l'élégance de cette salle. Mais des sondages ont
été faits sur divers points et on a retrouvé
l'ancien dallage, si bien que, sous peu, on va
rendre à l'Audience ses anciennes proportions,
au grand contentement des amis de l'art.
A. B.
LES REVUES
France
L'Art et les artistes (mars). — La Peinture véni-
tienne au XVIII' siècle, par Philippe Monniek.
— Auguste Lepère, par Gustave Kahn. — « Graveur
sur bois, peintre, céramiste, ilUistrateur, aquafortiste,
décorateur de reliures, lithograplic, imprimeur en
taille-douce, imprimeur- typographe , peintre avec
toutes les variétés de métiers dérivés que le mot
comporte, sachant aduiirahlement toutes les façons
d'être artisan et toutes les manières d'être artiste,
ayant partout réalisé, innové, synthétisé, modernisé,
tel est Auguste Lepère, un des plus complexes
prolées de l'art contemporain... »
— Le Palais Farnèse, par Charlotte Besxaui).
— Un Portrait inédit du Premier Consul, par
Armand Davot : c'est une œuvre du peintre Thomas
Phillips, de la Royal Academy, exécutée en 1802 et
conservée à la sous-préfecture de Bayonao, après avoir
fait partie de la collection de lord Erskine, sur la
demande duquel Bonaparte avait posé devant Phillips.
(Avril). — M. André Giiioihk consacre (juelques
pages à r« imagier » Li'jier Hirltier ; — M. Léon
Bourgeois parle de l'Œuvre de lioll, reproduite en
photographie par l'éditeur Bulioz ; — et M. Gustave
Gefkiiov, de Degas.
Italie
Emporium (février). — L'article de M. Vittorio
PiCA, de la série des Artistes contemporains, est con-
sacré au sculpteur belge Victor Rousseau, né à Kelny
en Hainaut, le 16 décembre (865.
"— Le Hemaniement de la Galerie Nationale de
Home {Palais Corsini), article important de M. Art.
Jahx liuscoxi, avec 19 illustrations, d'après les princi-
pales œuvres exposées.
(Mars). — Artistes contemporains : Konstantin
Somo/f, par Vittorio Pica. — L'article s'ouvre par une
vue d'ensemble sur l'école russe de peinture, au
groupe u décadent » de laquelle appartient ce singu-
lier artiste qu'est K. Somolf, fils du couservateur du
njusée de l'Ermitage, né à Saint-Pétersbourg, le
18 novembre 18B9 ; — peintre de conversations
galantes, évoquant les grâces surannés du rococo, qui
se révèle parfois aussi portraitiste puissant et paysa-
giste aux yeux grands ouverts sur des intérieurs et
des coins de nature qui n'ont rien de xviii* siècle.
— La Galerie Giovanelli, la plus riche parmi les
galeries privées de Venise, avec la collection Layard,
est étudiée par M. N. Bahba.vti ; 23 illustrations
reproduisent les œuvres les plus importantes : Moïse
l'aisanl jaillir l'eau du rocker, de Bachiacca ; Portrait
d'inconnu, d'Antonelto de Messine ; un Philosophe,
de Ribera ; la Tempête, de Giorgione ; une Sainte
Conversation, de Paris Bordone ; un Portrait d'in-
connu, de Titien, et un Portrait de Carlo Contarini,
par un inconnu ; des œuvres d'Andréa Previlali,
Palmn le Vieux, Girolamo da Santa-Croce, Jacopo da
Bassano, Longhi fin Tentation) ; un Portrait de
Marietla Venier, par Rosalba Carriera ; la Visitation
et la Circoncision, de Rubens ; quatre saints de
l'école allemande, et deux portraits de l'école fla-
mande.
— L'exposition de parure féminine ù Rome : 1. les
dentelles, par Elisa Ricci (avec 19 illustrations).
Russie
Stauyé Godv (Mars). — M. FniKDL.t:NDKH assigne
à Hugo van dcr Gocs, comme l'avait déjà peasé
G. Ilulin, un triptyciue conservé à l'Ermitage sous le
n" 453 {Adoration des mages, entourée d'un Massacre
des Innocents et d'une Circoncision).
— V. VKBÉciiTcnAUL'lNK. Une vieille demeure ruinée.
Le 19 octobre 1905, un vieux paysan, tenant une
Image sainte et croyant exécuter les volontés de
l'empereur, dirigea le pillage et l'incendie de Zoubri-
lovka, appartenant au prince Prozorovski-Galitzinc
(gouv' de Saratov). Tous les portraits d'une riche
galerie ont péri, sauf trois (dont un Toqué), qui
n'étaient pas encore revenus de l'Exposition du
Palais de Tauridc; les miniatures précédemment
emportées ont été aussi sauvées.
— Baron N. Whanoel. Notes d'archives sur l'archi-
tecte italien Vincent Rrenna. resté douze .ths en
Russie, de 1780 à 1801.
— V. CiiT<;iiAVii(SKi. le truquage des lahlcaii.i-
anciens. — Denis Rochk.
Le Gérant : H. Denis.
P«t«. — lœp. Goorgei Petit, IS, rue Qodot-de-Uauroi.
Numéro 388.
Samedi 13 Juin 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
A partir d'aujourd'hui, le Bulletin ne paraîtra
plus que tous les quinze jours, suivant l'usage
adopte pour la saison d'été. Le prochain numéro
(n° 3Hi)\ portera donc la date du 27 juin.
Musées de province
LE RAPPORT DE LA COMMISSION.
Le 4 Juillet 190b, le ministre de l'Instruction
publique chargeait une commission extra-parle-
mentaire « d'étudier toutes les questions relatives
à l'organisation des musées de province et à la
conservation de leurs richesses artistiques ». Le
2a octobre 1907, cette commission tenait sa der-
nière séance plénière. Avant de se séparer, elle
formulait une série de vœux, qui ont été publiés
alors dans le Bulletin ({), et chargeait M. Henry
Lapauze de rédiger le rapport d'ensemble sur
ses travaux.
Ce rapport va être distribué incessamment :
c'est un fort volume de plus de trois cents pages,
bourré de renseignements dont la plupart
n'avaient Jamais encore été publiés Jusqu'à pré-
sent, et qui constitue à lui seul un témoignage
éloquent de l'activité de la commission et du
dévouement de son rapporteur.
Il est partagé en trois parties : l'une contient
les travaux de la sous-commission de légis-
lation; l'autre, les travaux de la sous-commission
artistique; la troisième, les procès-verbaux des
réunions plénières de la commission et des
sous-commissions, et le répertoire de toute la
législation relative aux musées de province.
Il nous faudra reprendre à loisir l'examen de
'■es divers chapitres, dont le plus considérable
'st certainement le second : n'eùt-elle abouti
qu'à réunir les documents de son enquête sur
nos 204 musées de province, — ils occupent
(1) Voir le n° 258.
plus de deux cents pages du volume — que la
commission aurait déjà bien mérité des amis
des arts. Conservation, gardiennage et surveil-
lance, date de fondation, budget, état du local,
inventaires et catalogues, heures d'ouverture,
dons de l'Etat, dons des particuliers, œuvres
importantes, œuvres souhaitées, artistes régio-
naux représentés dans chaque musée, — autant
de questions dont nous avons les réponses
détaillées. Il en ressort que quelques galeries
très rares, trop rares, sont bien tenues, mais
que, dans l'immense majorité des cas, les
œuvres d'art — et quelquefois les chefs-d'œuvre
— que possèdent nos musées de province, sont
« mal entourés, mal inventoriés, ou pas inven-
toriés du tout, dangereusement exposés dans
des locaux détestables à tous points de vue, et
enfin qu'ils sont peu ou point gardés et quel-
quefois très mal conservés ».
Il n'y a qu'à lire cette partie du rapport de
M. H. Lapauze, pour se convaincre — si l'on en
avait besoin — de l'incurie lamentable qui règne
dans ces malheureux musées, qu'on a appelés
tour à lourdes « prisons de l'art », des « cachots )>,
des « nécropotes délabrées », des « ossuaires »,
qui n'ont aucune place dans les préoccupations
municipales, et dont il faut en même temps
reconnaître la richesse et déplorer l'abandon.
Mais il n'est pas, en ce domaine, de si grands
maux qui n'aient leurs remèdes, et la commis-
sion en a indiqué plusieurs, dans les vœux qu'elle
a présentés au ministre de l'Instruction publique.
Souhaitons seulement qu'on ne s'arrête pas en
si beau chemin, et que les sénateurs et les
députés que la commission comptait parmi ses
membres, s'unissent pour soutenir auprès du
Parlement les réformes proposées.
Pour une fois que nous avons vu une com-
mission travailler, il serait logique de la voir
aboutir.
E. D.
186
LE BULLETIN DE L'ART
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance ilu 3 juin). — Comme suite au comité se-
cret qui a terminé la précédente séance, l'Académie
répartit le prix Lefèvre-Deumier, de la valeur de
20.000 francs, destiné à récompenser des ouvrages
ou des œuvres sur l'histoire des religions, de la façon
suivante : 12.000 francs à M. Guimet, fondateur du
musée qui porte son nom, et 8.000 francs à M. Franz
Cumont, correspondant de l'Académie, pour ses
remarquables ouvrages sur les religions du passé et
notamment sur le culte de Mitra.
— L'Académie déclare la vacance du fauteuil de
M. Derenbourg, membre ordinaire, décédé.
— M. Pottier communique un rapport de M. P. Bigot,
prix de Rome d'architecture, pensionnaire de la villa
Médicis, sur des fouilles pratiquées au Circus maxi-
mus de Rome. Ces recherches ont été faites en partie
au moyen de subventions octroyées par l'Académie
sur la fondation Plot. M. liigot a réussi à reconstituer
les limites précises du grand cirque, l'épaisseur des
gradins des spectateurs et les dimensions de l'arène.
11 en a déduit des comparaisons intéressantes avec
d'autres cirques romains, en particulier avec celui de
Maxence, qui présente des analogies de forme, mais
qui est plus petit.
M. Pottier ajoute que ces recherches ont été pour
M. Bigot le point de départ d'un travail plus impor-
tant encore : l'établissement d'un plan en relief mar-.
quant la position et la forme restituée de tous les
monuments antiques dont on a retrouvé les vestiges
sur l'emplacement de Rome. 11 espère que l'Académie
encouragera par tous les moyens, en sou pouvoir les
efforts si méritoires de M. Bigot.
M. Daumet, de l'Académie des Beaux-Arts, vient
ajouter l'autorité de sa parole aux éloges de M. Pottier
et dit tout l'intérêt que prennent ses collègues à cette
œuvre remarquable. Ce sentiment s'est déjà traduit
par des demandes d'allocations adressées aux pouvoirs
publics.
Séance tenante, M. le duc de Loubat informe le
bureau qu'il met à la disposition de l'entreprise de
M. Bigot une somme de 3.000 francs.
— Sur le prix Berger, de la valeur de 15.000 francs,
3.000 francs sont attribués à M. Paul Lacouibe, pour
son ouvrage : les Livres d'heures conservés dans les bi-
bliothèques de l'aris; 3.000 francs à M. Henry Martin,
administrateur de la bibliothèque de l'Arsenal, pour
son livre : les Miyiialuristes français; et 3.000 francs
à M. Coyecque, pour son Recueil d'actes notariés
parisiens.
Les 6.000 francs restants sont attribués à la Société
de l'Histoire de Paris et de l'Ile-de-France, pour la
continuation de ses travaux.
Musée des Arts décoratifs. — Le musée des
Arts décoratifs vient de recevoir en don du général
de Beylié, une partie des résultats des fouilles exé-
cutées sous sa direction, au printemps de 1908, en
Algérie, dans la province de Constantine, sur l'em-
placement de la Kaala des Béni Hamniad, ancienne
capitale berbère de l'Afrique du Nord (1007-1090 de
l'ère chrétienne)! La presque totalité des documents
trouvés est restée au musée d'Alger. Mais quelques
fragments de céramique, de stucs, de revêtements de
marbre sculpté, portant encore des traces de poly-
chromie, qui se trouvaient en double, seront conservés
au musée des Arts décoratifs et formeront un ensemble
très instructif pour l'élude dune période peu connue
de la civilisation arabe
Au Petit Palais. — Un généreux amateur, qui
désire garder l'anonymat, vient d'envoyer à M. Henry
Lapauze, conservateur du Palais des beaux-arts de la
ville de Paris, pour combler quelques lacunes des
collections du Petit Palais, la belle série d'reuvrcs
d'art dont voici la liste :
Clair de lune à Dordrecht, par Jongkind (1833) ;
la Seine au pont du Trocadéro, par Lépine ; les Scieurs
de lonrj, par Sisley ; Pêcheurs d'Ecosse, par Raffaëlli ;
les Cynnes, par G. La Touche ; — dix bronzes de
Barye, en fontes anciennes : Tii/re marchant, Gnou,
Lion au serpent, Lionne, Thésée cl le Minolaure,
Lionne couchée. Tigre dévorant un caïman, Tif/re
terrassant un cerf, Kpagneul en arrêt. Lion au repos;
— et enfin les Pélicans, bronze à cire perdue de
Rembrand Bugatti.
Cabinet des estampes. — M. Jacques Devéria,
petit-fils du peintre et lithographe Achille Devéria
(1800-1837), qui fut conservateur du Cabinet des
estampes pendant les trois dernières années de sa
vie, vient d'olfrir au Cabinet des estampes le portrait
de son grand-père, peint par Louis Boulanger.
D'autre part, M. Courboin a reçu pour son dépar-
tement deux portefeuilles de maroquin plein, ren-
fermant l'œuvre lithographie de Whistler. Cette
collection, offerte par M— Rosaliud Birnie Philip,
l'exécutrice testamentaire du maître, se compose de
quatre vingt-sept pièces et vient très heureusement
compléter l'œuvre de Whistler que possèdent les
collections delà Bibliothèque nationale; en effet, ces
collections, riches en eaux fortes, ne comprenaient
jusqu'ici qu'un très petit nombre de lithographies.
Société nationale des beaux-arts. — Le con-
cours de maquettes organisé au Salon de la Société
nationale a donné d'appréciables résultats. Quinze
concurrents y ont pris part, dont les envois ont été
examinés par un jury composé des membres du
comité, auxquels s'étaient joints M. Saint-SaJ'ns et
les directeurs de l'Opéra. Rappelons que le sujet
proposé était le décor du quatrième acte de Sainson
et Dalila. La prime de cinq cents francs offerte par
l'Opéra a été décernée à l'unanimité à M. Fernand
Guillou. Deux mentions ont été en outre accordées à
MM. Charles Roger et Cugncl.
ANCIEN ET MODERNE
187
Les Récompenses du Salon. — Une erreur s'est
glissée dans la liste des médailles d'honneur que
publiait le dernier numéro du BiiUelin. La médaille
d'honneur de sculpture n'a pas été décernée à
M. Alfred-J. Boucher (qui l'a obtenue en 1891), mais
bien à M. Jean Boucher, élève de Chapu,de Falguière
et de M. Mercié, pour son Victor Hugo, statue plâtre,
et son Monument à Trarieux.
— Le Comiti ds l'Association des Artistes peintres,
sculpteurs, architectes, etc. (fondation Taylor), a
attribué le prix Galimart-Joubert, de 4.800 fr., à
M'"* Cotard-Dupré, pour son tableau exposé au Salon
des Artistes français, plus deux prix extraordinaires
de 600 fr. chacun, l'un à M. Sain de Heers, pour son
tableau exposé à la Société nationale des beaux-arts,
et l'autre à M"* Suzanne Minier, pour ses deux pastels
exposés à la Société des Artistes français.
— Le prix Bernheim jeune, d'unevalcur de 500 francs,
a été décerné par la Société nationale à M. Gustave
Colin, pour l'ensemble de ses œuvres.
Monuments et statues. — On inaugurera demain
dimanche, 14 juin, dans le parc de Saint-Cloud, un
monument à Paul [luet, œuvre de M. A. Bloch,
statuaire, et de M. A. Julien, architecte.
La Décoration de la mairie des Lilas. — Le
jury pour la décoration de la salle des fêtes de
la commune des Lilas s'est réuni pour juger de
deuxième épreuve du concours. Trois concurrents
étaient restés sur les rangs à la suite de la première
épreuve : .MM. Gorgiiet et Leroux, M. Tardieu et
.M. Marret. Ils avaient à reproduire un fragment du
plafond, à leur choix, de grandeur nature.
C'est M. Tardiéu qui a été chargé de l'exécution du
travail : il recevra aS.OOO francs ; MM. Gorguet et
Leroux recevront une prime de 1.500 francs et
M. Marret touchera une prime de 1.000 francs. De
plus, les deux artistes primés obtiendront des
commandes importantes du Conseil général.
Expositions nouvelles. — Du 11 au 27 juin,
.'i la Galerie des artistes modernes, 19, rue Caumartin :
exposition de tableaux de M. II. Humphrey Moore.
— Du 12 juin au 13 juillet, à la galerie Georges
Petit : exposition d'œuvres de M. Gaston La Touche
(peintures, ai|uarelles, dessins, etc.).
— Jusqu'au 27 juin, à la galerie Graves, 18, rue
Caumartin : exposition de paysages de "V. de Ville.
— Jus(iu'au 3 juillet, sur la terrasse des Tuileries :
IV" exposition des .\rts de la mer.
A Lyon. — Le ministre de l'Instruction publique
vient de prendre un arrêté classant parmi les monu-
ments historiques les collections du musée historique
des Tissus de Lyon, telles qu'elles sont décrites dans
li^ catalogue sommaire de ce musée, dressé par notre
I ollaboratcur M. Raymond Cox, conservateur.
Le musée historique des Tissus, constitué sous les
auspices de la Chambre de Commerce de Lyon, a été
inauguré le 6 mars 1864. 11 est actuellement le premier
musée du monde en ce genre. Ses collections com-
prennent les périodes byzantine, musulmane, ita-
lienne, française et contemporaine.
La Chambre de commerce de Lyon a tenu à ce que
toutes ces richesses fussent largement mises à la
disposition de tous. Journellement, les dessinateurs
et les fabricants viennent y renouveler leur inspira-
tion ; aussi le musée historique des Tissus est-il un
trésor inépuisable pour la grande industrie lyonnaise
et digne à tous égards d'être classé parmi les monu-
ments historiques.
Nécrologie. — M. Gaston Boissier, secrétaire
perpétuel de l'Académie française, membre de l'Aca-
démie des inscriptions et belles-lettres, commandeur
de la Légion d'honneur, qui est mort le 10 juin, dans
sa quatre-vingt-sixième année, a laissé, parmi son
œuvre considérable de critique littéraire et d'historien,
des ouvrages d'archéologie, dans lesquels il avait mis
le meilleur de ses qualités, faites de finesse de style,
de sûreté de documentation et de cet agrément dans
l'érudition qui donne tant de vie à tous les sujets
qu'il a traités. Les l'romenades archéologiques, Rome
et l'ompei (1880), les Nouvelles promenades archéolo-
giques, Horace et Virgile (1886), si souvent rééditées,
lui ont servi de texte à d'exquises restitutions du
décor de la vie antique, dont il étudiait, par ailleurs,
la politique, la religion et la littérature.
— L'un des artistes belges les plus justement
célèbres, le sculpteur Jef Lambeaux, est mort samedi
dernier. Né en 1852, à Anvers, élève de G. Greefs,
il produisit, en 1871, sa première œuvre remarquable :
la Guerre. Il échoua au concours pour le prix de Rome
et partit pour Paris, où il rejoignit son ami Jan Van
Beers ; de cette époque datent : la Charmeuse de
serpents, le Mendiant, le Pauvre aveugle, l'Aurore.
Rentré en Belgique, Jef Lambeaux s'installa à
Bruxelles et, après avoir surmonté des résistances et
des diflicultés multiples, donna ses œuvres maîtresses,
dont plusieurs figurèrent avec succès à nos Salons et
à nos Expositions universelles : le Baiser, les Lut-
teurs, la Fontaine monumentale d'Anvers, l'Ivresse,
l'Humanité, le Dénicheur d'aiglons, le Faune mordu,
qui fut expulsé de l'Exposition de Liège en 1903 (voir
le n" 267 du llullelin), puis la Folle c/ianson et les
l'assions humaines, qui achevèrent d'établir sa répu-
tation. Par l'ampleur de la conception, par la fougue
passionnée do l'exécution, Jef Lambeaux était, comme
on l'a dit, " une manière de lîubens en sculpture » ;
ceux qui lui ont reproché la vulgarité de son inspira-
tion et l'ont appelé « le Michel-Ange du ruisseau »,
n'ont pu discuter l'étonnante puissance de vie par
laquelle ses œuvres se sont imposées.
i^V ^'V i^*V "f^^
188
LE BULLETIN DE L'ART
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX ~ OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
Vente Hélène Chauvin. — Faite 24, boule-
vard de Courcelles, du 2 au 4 juin, par le minis-
Ic're de M" Lair-Dubreuil et de MM. Paulme et
Lasquin, cette vente a produit un total de
287,000 francs.
Les estampes en couleurs des écoles française
et anglaise du xviii» siècle ont été adjugées à
de bons prix. Une épreuve du Portrait d'Edouard
Dagoty, par Lasinio, est montée à 7.000. fr. et une
épreuve de premier état, avant la lettre, de la
planche de Smith, The Promenade at Carliste
Home, a réalisé 6.420 francs.
Du côté des objets d'art et d'ameublement, les
tapisseries ont donné lieu à des enchères assez
élevées. La tenture de cinq panneaux d'Aubus-
son, d'époque Louis XV, à personnages dans des
paysages, a été adjugée 20.000 fr. sur la demande
de 2!). 000, et la tapisserie flamande du xviii" siècle,
ù sujets tirés de l'Histoire de Mercure, 24.000 fr.,
sur la même demande de 25.000.
PRINCIPAUX PRIX
Ghavukks du xvni' siècle. — 26. D'après Cos'way.
Mrs Cosway, par V. Green, marge, 2.700 fr. — De-
bucourt : 29-30. L'Escalade, Heur el Malheur, mar<,'e,
3.800 fr. — 31-32. le Comjilimenl, les Houquets, imp.
en coul., marge, 3.000 fr. — l'S-'Jl. Les ConipUmenls
du Jour de Van, les Présents du Jour de l'an, par
Bonnet, imp. en coul. avant lettre, marge, 2.550 fr.
— 73. Lasinio. Portrait d'Edouard Dagoty, en coul.,
par Labrelif, 7.600 fr. — 76-77. A Visil la Ihe Boar-
diiig-school, A Visit la the Child at Nurse, imp. en
coul., avec marge, 4.700 fr. — 85-86. Miss liingham,
Countess Spencer, par Bartolozzi, imp. en coul ,
marge, 3.600 fr. — 101. Par et d'après J.-R. Smith.
The Promenade al Carliste llouse, premier état, avant
la lettre, marge, 6.420 fr. — 105 à 108. D'après
N. Taunay. La Noce de village, la Foire de village,
la Rixe, le Tambourin, par Descourlis, imp. en coul.
4.000 fr.
Dessins anciens. — 142. Rembrandt. Élude de
femme nue debout, 3.500 fr.
OnjETS hivr.ns. — 237. Grille de séparation de deux
salons, fer forgé et bronze ciselé, exécutée et com-
posée par E. Robert, à Paris, 1902, 2.600 fr.
Sculptures. — 250. Quatre statuettes, enfants de-
bout, nus ou drapés, figurant les Quatre Saisons,
xviii' s., 5.200 fr.
Sièges. .— 307. Deux bergères, bois sculpté ép.
Louis XV, recouvertes anc. soie brochée, 3.000 fr.
316. Salon, canapé et quatre fauteuils, anc. tapis-
serie d'Aubusson, personnages avec draperies et fleurs,
animaux aux sièges, ép. Louis XVI, 4.800 fr.
MhLBLEs. — 345. Bureau plat, bois de placage,
garnit, cuivres, ép. Louis XVI (br. rapp.), 2.800 fr. —
356. Grand lit d'alcôve, bois sculpté et doré, garni de
soie, en partie ép. Louis XVI, 2.750 fr. — 365. Bureau-
cylindre, marqueterie fleurs ou trophées, garnit,
cuivres, ép. fin Louis XV, 5.600 fr. — 369. Table
marqueterie, ornée médaillon à 'bouquet de fleurs,
garnit, bronze, ép. Louis XV, 3.700 fr. — 370. Petite
table, marqueterie, quadrillés à fleurettes, grecques,
ép. fin Louis XV, 4.250 fr. — 373. Petit bureau
bonheur-du-jour, marqueterie à damier, garnit, cui-
vres, fin ép. Louis XV, 2.800 fr.
Tapisseuiks, TAPIS. — 376. Tapisserie flam., xviir s.,
sujet mythologique tiré de l'Histoire du dieu Mercure,
24.000 fr. — 377. Tenture anc. tapisserie d'Aubusson,
ép. Louis XV, camprcnant quatre grands panneaux
et un petit panneau, paysages avec bergers, bergère
Watteau, danseuses, femmes de qualité, 20.000 fr. —
378. Tapisserie d'Aubusson, ép. Louis XV, groupe de
quatre personnages jouant dans le parc d'un château,
4.300 fr. — 382. Tapis persan en soie à fond rouge,
4.000 fr.
"Vente de deux tableaux. — Un mince cata-
logue, illustré de deux planches reproduisant
les deux seuls numéros de la vente, nous annonça
— trop tard pour que nous en parlions ici — la
courte mais intéressante vacation que dirigèrent,
salle 7, le !> juin. M'' (Couturier et M. Ferai.
Des deux tableaux passant aux enchères, l'uu
avait ligure dans une vente récente, celle de la
collection d'Haulpoul, en 1903, où cette peinture,
— le Contrat, par Fragonard, — réalisait29.000fr.
Si elle n'a atteint qu'à 20. 000 fr. sur la demande de
2S.O0O, la modestie relative de ce résultat, — eu
égard au nom, si chèrement coté d'ordinaire, du
célèbre peintre, — lient à ce que, dans ce tableau,
le fini de l'exécution indiquerait une collabora-
lion notable de l'élève de Fragonard. M"" Gé-
rard.
Par contre, l'autre numéro de la vente, un
Corot intitulé Castel Gandolfo, a largement
dépassé son prix de demande, soit 60.000 fr., et
ANCIEN ET MODERNE
189
a été adjugé, en fin de compte, 100. 1 00 fr. La
Gazette de VHùtcl Droiiot croit pouvoir affirmer
que ce tableau est celui qui passa en 18(1") dans
la vente de la collection (iros, où il réalisa seu-
lement la modique somme de 1.400 franCs.
Bien que la présente vacation fût anonyme, il
est connu que ces deux tableau.x provenaient de
la succession d'Hautpoul.
Vente de la collection de feu M. de Porto-
Riche (tableaux modernes, etc.). — Ayant
annoncé cette vente avec détails, nous n'aurons
pas à ajouter un long commentaire à la liste
de prix que nous donnons ci-dessous. Faite
salle 6, les ti et 6 juin, par M"^ Lair-Dubreuil et
MM. Georges Petit. Paulme et Lasquin, cette
vente a produit un total de 129.384 francs.
Du côté des tableaux, les honneurs de la
séance ont été pour le Diaz, la Mare en forêt,
adjugé 15.000 francs, en 1894, à la vente Garnier,
et qui, ici, sur la demande de 25.000, a réalisé
18.500 francs.
Les boîtes et autres objets de vitrine, dont la
collection offrait une réunion assez nombreuse,
n'ont pas obtenu d'enchères fort élevées. Le plus
haut prix, dans cette catégorie, s'est adressé au
n" 93, une grande boîte ovale d'époque Louis XV,
en or ciselé, guilloché et gravé, adjugée 2.203 fr.
Knlin, la commode d'époque Louis XV, en
laque noire, avec riche garniture de bronzes,
mise sur table avec l'enchère de 4.200 francs,
est montée à 6.000 francs.
PRINCIPAUX PRIX
(Au-dessus de 2.500 francs.)
Taulk.aux modernes. ^ 2. Corot. Femmes à la
funtaine, 5. .500 fr. (dem. 1.000). — Diaz : 1. Le Uarem,
7 100 fr. — 8. Mare en forêt, \8M0 fr. (dem. 25.000 ;
vente Garnier, t894, 1.5.000). — 9. Ophélie, 3.500 fr. —
10. Jules Dupré. Le Chemhieau, 8.000 fr. — 14. Jong-
klnd. Patineurs en Hollande, 5.000 fr. — 15. liutter-
dam Ifi nuit, clair de lune, 4.500 fr. — 21. Ziem. Le
Bosphore à Constanlinople, 5.100 fr. — 22. Le Grand
Canal à Venise, 7.100 fr.
Aqoarei.i,es. — 27. Jacque. Moutons en pâture,
4.450 fr. — 36. Ziem. Les Marli(jiies, 5.300 fr.
Meueile. — 113. Commode ép. Louis XV, laque
noire dans le goût chinois, ornée bronzes ciselés et
dorés, 6.000 fr.
"Vente de tapisseries. — Dans une vacation
anonyme, dirigée salle î, le 5 Juin, par .M» Bau-
doin et M.M. Mannheim, nous trouvons à si-
gnaler les résultats suivants :
Tapisserie du xviii* s., la Bonne aventure, d'un
atelier clandestin des Gobelins, 10.030 fr. (dem. 12.000).
— Tap. et deux petits panneaux d'Aubusson, ép.
Louis XV, représentant le Repas Champêtre, la Bonne
mère et le Berger, 7.490 fr.
■Vente Homberg (liste des prix, fin). —
Voici la fin de la liste des principales enchères
de cette grande vente, dont nous avons rendu
compte dans nos précédentes chroniques.
PRINCIPAUX PRIX
• Au-dessus de 2,500 francs.)
É.MAUX PEixTS. — 585. Limoges. Plaque de baiser de
paix présentant Salomé, par Nardon Pénicaud, fin
XV s., 8.100 fr. (dem. 8.000).
Bois SCULPTÉS. XV' siècle. — 63t. Fragment de
retable peint et doré, épisode de l'Évangile selon
saint Luc : Jésus dans la maison du Pharisien (rest.),
14..520 fr. (dem. 15.000).
XVI' siècle. — 646. Statuette, Saint Crépin debout
près de son établi, ép. Louis XII (rest.), 13.000 fr.
(dem. 10.000). — 647. Coffre orné, panneaux xvi" s.
à médaillons, 6.950 fr. (dem. 10.000). — 660. Meuble
à deux corps, 4.300 fr. (dem. 6.000).
Mabbhes, pierhes. XIV' siècle. — 672. Deux supports
pierre, ornés personnage accroupi (rest.), 3.200 fr. —
676. Statuette pierre sculptée, personnage debout et
portant un angelot et un oiseau, 3.300 fr. (dem. 2.000).
— 677. Statuette, Louis 11, duc de Bourbon, agenouillé,
6.100 fr. (dem. 8.000).
AI"' siècle. — 686. Deux supports pierre, ornés
personnage accroupi, 3.400 fr. — 694. Médaillon
quadrilobé, marbre blanc, angelot debout, tenant un
écusson, 3.005 fr. (dem. 5.000). — 701. Statuette-
applique marbre, personnage debout (dais moderne),
2.(i00 fr. — 704. Statuette-applique, marbre tendre,
pleureur debout, 3.100 fr. (dem. 4.000). — 708. Deux
statuettes terre cuite, anges agenouillés, par Andréa
délia iiobbia, 3.330 (vente Gavet, 1897, 1.120 fr.).
XVI° siècle. — 712. Statuette pierre. Suinte Catherine
debout, 4.500 fr.
XVIII' siècle. — 724. Statuette marbre blanc,
l'Oiseau mort, fdiette nue, assise sur un tertre, attr.
à Falconet, 12.200 fr. (dem. 10.000). — 725. Buste
marbre blanc, petite nature, faunesse, 4.300 fr.
(dem. 3.000).
Terre cuite par Ci.omoN. — 730. Groupe, bacchante
nue, assise sur un tertre, accompagnée d'un enfant et
contemplant deux oiseaux (coup de feu, rest.),
30.000 fr. (dem. 33.000).
Étoffes, tapis. — 732. Fragment de tapis velouté,
lamé de métal à décor d'arabesques en couleur sur
fond vert, ancien travail polonais, 13.020 fr. (dem.
8.000). — 733. Ancien travail or, bande soie bleue
à ramages rouges, 2.500 fr. (dem. 2.000). — 740. Car-
pette, dessin palmettes sur fond rouge, 2.750 fr. —
741. Carpette à arabesques et rosace centrale, fond
rouge, 4.200 fr.
190
LE BULLETIN DE LART
Ventes annoncées. — A Paris. — Tableaux
modernes. — M« Lair-Dubreuil el M. Bernheim
jeune dirigeront, salle 6, le 10 juin, une vente de
tableaux modernes. Dans le catalogue illustré
qui a été dressé à l'occasion de celte vacation,
nous remarquons, en particulier, les numéros
suivants : la Lecture par Cazin, Portrait de femme
par Courbet, Jeune femme dans un paysage par
Fantin-Latour, Music-Hall par Forain, Mau
Taporo par Gauguin, Jeune page par Hoybet,
la Maison {Saint-Mammcs) par Sisley; et du côté
des aquarelles, dessins et pastels : Portrait de
jeune fille par Besnard, et Tête de femme par
Renoir.
Succession de M™" Bow^es de Saint-Amand
(objets d'art, etc.). — L'intérêt de cette vente,
que dirigeront salles 9 et 10, du 17 au 20 juin,
M« H. Baudoin et MM. Mannheim et Falkenberg,
réside surtout dans une réunion importante de
bijoux et de pierres précieuses, qui ne man-
queront certainement pas d'amateurs. En dehors
de cette catégorie, qui sort de notre domaine, il
nous faut signaler la présence de faïences et de
porcelaines, d'objets de vitrine, de meubles et
de tapisseries.
En Allemagne. — Collection Fr. Greb. —
Un catalogue illustré nous apporte l'annonce
d'une vente d'objets d'art et de haute curiosité,
celle de la collection de feu M. Franz Greb, de
Munich, qui aura lieu dans cette ville, sous la
direction de M. Hugo Helbing, les 30 juin et jours
suivants. Parmi les diverses catégories représen-
tées dans cette vente, notons en particulier celles
des orfèvreries religieuses, des grès allemands,
des sculptures et des armes.
M. N.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Cinquante portraits de l'École anglaise
(galeries Sedelmeyer). — Une contribution
nouvelle à l'histoire du portrait, que la divina-
tion de Baudelaire, critique d'art, définissait
<i un modèle compliqué d'un artiste ». Cent
pastels nous ont dit le 'plus français des siècles,
et déjà, dans une petite section réservée à l'école
anglaise, un dessin rehaussé de Reynolds sem-
blait grandiose auprès des images de keepsake,
enluminées par John Russel. A notre La Tour,
portraitiste de M"»* Masse ou de M. Duval de
l'Kpinoy, s'oppose à propos la peinture anglaise
avec sa pâte érudite, moins fouillée que la psy-
chologie fragile du pastel français : deux arts
presque parallèles, montrant la diversité des
races dans l'unité d'une époque. Le génie positif
de l'Angleterre ne connaît d'autre école que
celle du portrait; mais, par un contraste trop
peu souligné, ses portraitistes sont des poètes;
ses plus beaux peintres ont retenu sur leur
palette les fraîches couleurs de la poésie. Est-ce
seulement l'accent des carnations roses sous un
ciel nuageux"? Ou l'inlluence impérieuse des
maîtres flamands et du paysage de Rubens,
très apparente depuis l'ancêtce Reynolds? Ou
plutôt, l'évolution des mœurs"? La Tour et Per-
ronneau, son rival enfin réhabilité, nous ont
transmis un xviii= siècle voltairien dans le décor
léger des boudoirs; contemporains et môme
devanciers de notre Prudhon, les coloristes
d'outre-Manche ont inauguré la biographie sen-
timentale et le portrait romanesque; de bonne
heure, ils ont alangui leurs héroïnes dans lau-
tomne décoratif des vieux parcs. C'est la mode
nouvelle, l'anglomanie qui prévaudra bientôt
sous Louis XVI ; c'est le romantisme prématuré
des hautes coiffures, des regards noyés, des
jardins anglais ; voici le rouet, le clavecin, la
harpe. Et si le burin de William Hogarth conspi-
rait avec l'humour des romanciers moralistes,
le riche pinceau des portraitistes traduit l'âme
de ce Richardson aimé des lectrices posthumes
de Jean-Jacques ou de Werther.
Dans ses grands portraits de l'Évfque de Ho-
chester ou du martial Marquis de Granby, l'adroit
Reynolds a gardé la fermeté classique de notre
Largillière ; mais comparez, dans son œuvre,
Mary Wharton avec Fanny Ketnble, et vous
sentirez vivement la transition qu'illustre le
capricieux Gainsborough. Le fichu Marie-Antoi-
nette et le chapeau révolutionnaire ont* pour
miroir les yeux de George Romney. Nouvelle
physionomie d'Albion, grâce aux métamorphoses
du costume, — voici la mode Empire, sans le
style de David , les cheveux frisés, les bras
nus, la taille à la Melpomène et l'écharpe, avec
John Hoppner, Henry R.cburn et deux ou trois
autres, connus seulement de la voyageuse Vigée-
Lebrun; Mrs. llart a la robe blanche de Corinne.
Enfin, souvent factice et mondain, mais exquis
portraitiste de Mrs. AUnutt, sir Thomas Lawrence
nous achemine au romantisme bourgeois de 1830.
Oui croirait que le brio parfois " outré >> de ces
ANCIEN ET MODERNE
191
virtuoses eut pour lendemain « l'école sèche »
des Préraphaélites, contemporains do nos élèves
d'Ingres et du Lyonnais Janmot, le philosophe
chrétien du Poème de l'Ame?
Raymond Bouyer.
CORRESPONDANCE DE BRUXELLES
Les artistes français à Bruxelles.
Entre l'art français et l'art des l'ays-Ras, les
échanges d'inlluence ne datent pas d'hier : quand
il s'agit des xiv" et xv» siècles, c'est au point que,
selon l'humeur des érudits, les primitifs français
se transforment périodiquement en primitifs
flamands ou les primitifs llamands en primitifs
français. 11 n'est pas besoin de rappeler, d'autre
part, ce que le xvni" siècle français doit à Rubans
et à Van Dyck, mais, de nos jours, les deux écoles
ont beaucoup moins de points communs. Certes,
les impressionnistes ont eu, en Belgique, une
inlluence considérable, et les e.xpositions de la
Libre Esthétique, où, chaque année, M. Octave
Maus cherche à initier ses compatriotes aux
recherches les plus hardies de l'école française,
ont puissamment contribué à débarrasser la
palette llamande de ses bruns bitumineu.x, de ses
rouges conventionnels et de toute cette cuisine
d'atelier où elle se perdait. Mais la peinture
nationale a voulu se défendre, et tout en profitant
de l'expérience impressionniste, elle ne reconnaît
qu'à contre-cœur la valeur de ceux qui l'ont
représentée. Certes, si l'on admet aujourd'hui
les Claus, les Heymans, les Ensor, voire les
Morren et les Lemmen, on considère encore
comme de dangereux énergumènes les jeunes
artistes qui suivent la même voie. Quant au
mouvement de renaissance classique qui s'est
manifesté ces derniers temps chez de jeunes
artistes français, il n'est pas du tout compris en
Belgique, et peut-être mesurerait-on à cela ce
qui, dans l'art français, est inassimilable à
l'étranger.
C'est la leçon que donne la participation fran-
çaise au Salon de Printemps organisé à Bruxelles
par la Société royale des Beaux-Arts. On y a
invité un certain nombre d'artistes français et
des plus éminents. On admire le brio, l'esprit, la
couleur puissante de Jacques Blanche, la peinture
claire et franche de Raoul Du (iardier ; on s'incline
devant la splendeur nacrée de la Baigneuse de
Renoir, prêtée par M. Durand-Ruel. Mais déjà,
chez René Ménard, on goûte plutôt la couleur
ambrée, l'atmosphère dorée que les recherches
de style et l'harmonie d'une composition, où ce
noble artiste puise la séduction la plus élevée de
sa peinture. Devant René Piot, qui de tout son
effort tend vers un classicisme nouveau, où,
dans une note très différente, il rejoint Maurice
Denis, on s'étonne, on cesse de comprendre.
La Société royale des Beaux-Arts, qui jadis ne
poussait pas ses audaces au delà des négligences
de M. Boldini, a eu cette année l'heureuse har-
diesse de donner toute une salle à M. René Piot.
A côté des ligures hiératiques et bizarres qu'il
composait du temps qu'il subissait encore l'in-
fluence de Gustave Moreau, — Salomé, Hérodiade
onSarah, — ila exposé quelques œuvres récentes:
études, dessins et fresques où s'exprime le rêve
qu'il entretient de donner aux inquiétudes de la
sensibilité moderne le vêtement d'une forme
classique, d'une forme où se retrouverait la
discipline des maîtres et non leurs recettes. Ce
sont des paysages à l'aquarelle où se reconnaissent
des inlluences japonaises et des souvenirs de
Cézanne, des dessins d'une ligne originale et
puissante, qui font songer à Poussin, des cartons
où apparaît la plus belle imagination plastique,
une fresque d'une composition hardie et harmo-
nieuse, où l'on sent un sens très nouveau de la
décoration.
Assurément, il y a à Bruxelles des gens de goût
qui ont compris la force et la vie qui soutient
ce jeune talent. Mais le plus grand nombre,
même dans le public de l'art, a éprouvé plus
d'étonnement que de sympathie.
Aussi bien, c'est, comme nous l'avons dit,
qu'il y a, dans cette très récente renaissance
classique, quelque chose de purement, d'exclu-
sivement français.
" Je suis tenté dé croire, disait M. Jules
Lemaître dans une de ses conférences sur Racine,
qu'il y a une partie de Racine à jamais inacces-
sible aux étrangers, et, qui sait'.' peut-être à
ceux qui sont trop du Midi, comme à ceux qui
sont trop du Nord. C'est un mystère, c'est ce
par quoi Racine exprime ce que nous appellerons
le génie de notre race : ordre, raison, sentiment
mesuré, et force sous la grâce. »
De même, dans l'art français, il y a quelque
chose d'inaccessible hors de France, ce quelque
chose qui fait la splendeur de Poussin, ce
quelque chose que les néo-classiques cherchent
à retrouver sous l'académisme et sous l'impres-
192
LE BULLETIN DE L'ART
sionnisme. II n'est personne qui soit insensible
aux grâces aimables et un peu grêles du xww siè-
cle. Mais, parmi les étrangers, qui comprendra
qu'on puisse opposer Poussin à Rubens '! En
Belgique, une telle opinion paraîtrait d'autant
plus absurde qu'on y aime la peinture pour la
peinture, et qu'on demande avant tout à un
peintre la séduction de la couleur, la préciosité
de la matière, la dextérité de la touche. Et
pourtant, il est très utile que les artistes qui
possèdent ou qui cherchent cet intraduisible
style français, aillent de temps en temps le
montrer hors de France, et particulièrement en
Belgique, parce que, tout de même, il s'y trouve
quelques gens de goiît, de vraie culture, qui
comprennent que c'est cela qui manque à un
art, par ailleurs merveilleusement puissant et
fort.
Il est bon de répandre la culture française
sous sa forme immédiatement et universellement
intelligible, mais il ne faut pas oublier que c'est
ce qu'elle a d'exquis et de rare, de noble et de
précieux, ce à quoi le commun des hommes
n'atteint pas sans effort, qui fait sa force et sa
solidité.
L. DuMONT-WlLDEN.
CORRESPONDANCE DE MUNICH
Les Expositions de printemps (Fin) ( I )
Certes, M. A. Weisberger, lui aussi, dans
son genre, se montre un artiste paradoxal
et toutes ses toiles ne valent pas son affiche
pour l'Exposition jubilaire de Nuremberg, en
1906. M. de Ilabermann, tout le premier,
n'arrive pas souvent à nous persuader de l'excel-
lence de son procédé ou du charme de sa
vision ; mais la symphonie rose, brune ou
grise de ses coins d'atelier, de ses portraits,
témoigne d'une extrême distinction, et le type,
l'expression, l'allure de ses jeunes femmes ou
de ses modèles sont vraiment caractéristiques
d'un milieu et d'une époque. Les eaux-fortes
de M. Max Liebermann ne disent plus rien de
nouveau aujourd'hui, mais ces croquis de foules
grouillantes conservent un intérêt. Les instan-
tanés de moutons et de chèvres de M. H. Zugel,à
la mine de plomb ou à la craie noire, avec leur
grande lumière ou leurs violenU effets d'ombres,
(1). Voir le n* 385 du Bulletin.
commentent les tableaux vus chez Heinemann
et celui qui est un des chefs-d'œuvre réalistes
de la Pinacothèque.
Cette exposition d'avril de la Sécession a
achevé d'établir la réputation d'un peintre d^
l'Alpe des plus personnels, M. Cari Rieser. Il
n'est pas toujours égal : ses Bouleaux (Taiitomn'
se profilent secs et gauches sur des monla^'u -
sans fermeté et un ciel au contraire trop lounl ,
sa neige ù Garmisch tombe d'un ciel opaque ;
en revanche, il a la solidité des terrains, la
délicatesse des gris bleutés, la somptuosité des
verts étoffés et plantureux, la grandeur des
silhouettes rocheuses, dans son Printemps <i
Grainau, dans ses Bord^ de la Partnach, et son
parti pris de manier le pinceau à plat, en mul-
tiples touches transversales, lui permet sans
petitesse de donner l'illusion des détails qu'il
faut au moins indiquer pour rendre l'impression
de la haute montagne.
M. Hermann Grœber aussi est inégal; mais
son esquisse de Procession a une jolie lumière et
son officier est tellement bien campé qu'on le
sent à cheval, sans rien voir de plus que sou
buste. — La collection de M. Gh. Landenberg<r
(Stuttgart) ne contient que des pochades; les
tableaux même ne sont qu'indiqués à grtnds
traits sommaires; mais ses petits baigneurs se
meuvent d'un bout à l'autre, dans les plu-
esquises ambiances mauves, blondes, ros'-.
bleues, de couchers de soleil entre le ciel et
l'eau. — A larges coups de brosses, broyant l'un
dans l'autre du rose et du vert sans les
mélanger, M. Jos. Kùhn a traduit avec d'éton-
nantes finesses les blancheurs d'une cbamhrf
inondée de lumière à travers les rideaux, blanc^
aussi, de ses fenêtres.
Restent à mentionner les paysages gris de
M. R. Kaiser; les belles neiges de M. Osswal'i.
dans le jardin, au fond duquel se tapit la mai-
sonnette, derrière les branches givrées; des
roses fraîches et comme charnues de M. Th.
Hunimel ; Vintérieur Idanc, rehaussé de touches
carminées, par M. R. NissI ; les excellentes
éludes de lumières et de nuages de M. W
Lehmann, et les vastes campagnes, aux loin-
tains si bien fuyants, où M. Schmidt-Cassella a
su répandre toute la lumière tamisée d'une
chaude journée d'été.
Marcel Mo.nt.indo».
Le Gérant : H. D«.ms
Hari». — Imp. lieorKei Celil, I S, rue (joilol-dc-M""™!-
Numéro 389.
Samedi 27 Juin 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
L'Art à l'école
Parmi tant de Congrès, que leurs sévères
programmes défendent contre la curiosité des
non-initiés, en voici un, de si gentille intention
et de portée si générale, qu'il aurait pu être suivi
par tous, artistes et éducateurs, papas et mamans,
— et enfants surtout, puisque c'est le Congrès
de l'Art à l'école.
Créée, il y a un an, par M. le sénateur Couyba,
la Société de l'Art à l'école est entrée aussitôt
dans la période active et, grâce aux bonnes
volontés qui se sont groupées autour de son fon-
dateur, elle a déjà commencé de réaliser son
programme, qui est « de faire aimer à l'enfant
lanature et l'art, de rendre l'école plus attrayante
et d'aider à la formation du goût et au dévelop-
pement de l'éducation morale et sociale de la
jeunesse ». Elle vient notamment de tenir, à
Lille, un Congrès, auquel assistèrent un grand
nombre de notabilités politiques, scientifiques et
artistiques et qui s'est préoccupé des moyens
susceptibles de contribuer à cette formation du
goût de l'enfant, qui est une des préoccupations
de l'enseignement moderne.
L'architecture et la décoration intérieure de
l'école, les jardins scolaires, la diffusion de
l'imagerie scolaire, l'initiation des enfants à la
beauté des lignes, des couleurs, des formes, des
mouvements et des sons, — voilà, en résumé,
quelques-unes des questions sur lesquelles s'est
portée l'attention des congressistes. On les trou-
vera d'ailleurs exposées dans un charmant petit
livre, illustré d'exemples appropriés, que vieiît
de faire paraître M. Couyba, avec le concours
des membres du comité de l'Art à l'école (1) :
c'est là de la propagande bien comprise, et la
cause, excellente en soi, ne peut que gagner
ncore à la lecture d'un plaidoyeraussi entraînan t.
Ce n'est pas hier que l'idée a pris naissance,
l{\) L'Art à l'école, chez Larousse.
et ni M. Couyba, ni ses collaborateurs n'ont la
prétention de l'avoir découverte : ils constatent
seulement que, depuis le jour où Victor Diiruy
parla de l'art à l'école, il y a trente-huit ans,
l'idée n'a pas cessé de faire du chemin. Elle a
sollicité l'attention de ministres comme .Iules
Ferry, Paul Bert et Goblet; d'éducateurs comme
Zévort et Gréard; d'artistes comme Viollet-le-
Duc et Eugène Guillaume, et, après être restée
longtemps en butte à l'indifférence du corps
enseignant, elle a fini par prendre une place, —
encore bien modeste, il est vrai — dans les pro-
grammes, et dans les budgets officiels.
On a dit ici le succès de l'exposition d'imagerie
et de librairie scolaires, organisée en 1904, au
Cercle de la librairie, et suivie d'un congrès (1).
Hier c'était le congrès de Lille. Pour l'an pro-
chain, on projette une manifestation de plus
grande envergure. De tous côtés, à Paris et en
province, ou se met à suivre l'exemple de
l'étranger et on arrive à des résultats surpre-
nants, avec des ressources dérisoires et des
moyens improvisés. 11 ne s'en faut plus que d'un
peu de méthode et d'argent, pour que cette
jolie tentative aboutisse définitivement : c'est
pourquoi il faut s'intéresser à la Société de l'Art
à l'école.
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des beaux-arts (séance du 13 juin).—
L'Académie des beaux-arts a attribué les prix sui-
vants : Prix Duc (3.700 fr.), à M. Deverin, pour les
dessins qu'il a exposés au Salon : l'ér/lise d'Oiron et
sa décoration datant de la Renaissance, les Remparts
de T/iouars, etc.
Prix Horilin (3.000 fr.), partagé par moitié entru ;
M. lloflbauer, pour son illustration de l'ouvrage : le
Forum romain, dont le texte est de M. l'abbé Tliéde-
nat, membre libre de l'Académie des inscriptions
(1) Voir les n" 209 et 225 du ISullelin.
194
LE BULLETIN DE L'ART
et bellfis lettres, et MM. de Baudot et Perrault-Dabot,
pour leur ouvrage : les Cathédrale/! de France.
Prix Antoine-Nicolas Bailly (1.500 fr.), à M. Camille
Enlart, pour son Manuel d'archéologie.
Prix de la Société française de gravure (1.400 fr ), à
M. Quidor, graveur, ancien prix de Rome, pour son
Portrait de femme, d'après liolbein.
— La fin de la séance a été consacrée à la lecture,
laite par M. le baron Edmond de Rothschild, d'une
notice sur la vie et les travaux d'Henri Bouchot, son
prédécesseur dans la section des membres libres.
(Séance du 20 juin). — L'Académie a rendu son
jugement sur l'attribution du prix biennal de 12.000 fr.,
fondé par le baron Alphonse de Rothschild et destiné
à encourager leS travaux d'un artiste de mérite ou à
récompenser une carrière artistique. Ce prix a été
partagé également entre M. Urbain Bourgeois, artiste
peintre, et M. Alexandre Georges, compositeur de
musique, pour l'ensemble de leurs travaux.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 12 juin). — Après une allocution dans
laquelle M. E. Babelon annonce le décès de M. Gaston
Boissier, l'Académie lève la séance en signe de deuil.
(Séance du 19 juin). — L'Académie décerne ses prix
annuels, parmi lesquels nous relevons les suivants,
qui intéressent les beaux-arts :
Le prix Fould (5.000 fr.), destiné à récompenser le
meilleur ouvrage sur 1 histoire des arts et du dessin
avant le xvi" siècle, est partagé entre M. Georges
Foucart, professeur à l'Université d'Aix-Marseille,
pour son ouvrage l'Art et la Religion en Egypte (his-
toire de la sculpture égyptienne) et M. Henri Saladin,
architecte, pour son ouvrage sur l'Art musulman.
Sur le prix des Antiquités de la France, la première
médaille (1.500 fr.) est décernée au commandant
Espérandieu, pour son Recueil général des bas-reliefs
de la Gaule romaine, et la 4» médaille (oOO fr.), à
M"" Louise Pillion, pour son étude sur les Portails
latéraux de la cathédrale de Rouen.
Collège de France. — Notre collaborateur
M. Ernest Babelon, membre de l'institut, conserva-
teur du département des médailles à la Bibliothèque
nationale, est nommé professeur de numismatique
et glyptique de l'antiquité et du moyen âge au Collège
de France.
Musée Carnavalet. — A défaut du nmsée du
Luxembourg, qui n'a pu l'accepter, c'est au musée
Carnavalet que reviendra le portrait d'Alexandre
Dumas (ils par E. Détaille, légué par M»" Mat/a, née
Colette Dumas.
A la Bibliothèque nationale. — Le Cabinet des
médailles de la Bibliothèque nationale vient d'entrer
en possession d'une collection, précieuse entre toutes,
de monnaies antiques et de médailles de la Renais-
sance italienne : la collection Armand- Valton. D'un
prix inestimable, riche de 1.500 monnaies grecques
et romaines et de 2.000 chefs-d'reuvre originaux ou
reproductions en iiioulages*des médailleurs italiens,
cette collection fut commencée par Alfred Armand et
continuée par Prosper Valton, son ami et son colla-
borateur, auquel il l'avait léguée et qui, de son
vivant, avait manifesté l'intention de l'offrir à la
Bibliothèque nationale; sa veuve, M"* Valton, réalise
aujourd'hui ce généreux désir, en même temps qu'elle
offre à l'École des beaux-arts la belle collection de
dessins de maîtres formée par son mari.
Nous ne pouvons énumérer dès maintenant les
pièces admirables de cette collection, qui fera, d'ail-
leurs, dans la Revue, l'objet d'une étude spéciale de
M. E. Babelon. Mais il nous sutlira d'indiquer que la
v.ileur artistique et documentaire en est considérable
et qu'elle complète um'^mo les séries, pourtant si
riches, de notre médaillier nationaj. Elle sera exposée
sous peu dans une des salles réservées de l'ancien
« Cabinet du roi ».
Conseil municipal de Paris. — Le Conseil mu-
nicipal ayant procédé à la réélection des membres
des grandes commissions, la quatrième commission
(enseignement et beaux-arts) est constituée comme
suit: MM. lîébeillard, président; Bellan et Chausse,
vice-présidents; Turot, secrétaire.
Les Récompenses du Salon. — La Société
d'encouragement à l'art et à l'industrie ayant fondé
l'an dernier, dans chacun des grands Salons du prin-
temps, une prime d'encouragement de 300 francs, en
faveur d'un artiste âgé de moins de trente-deux ans,
ayant exposé un objet d'usage courant dans la section
des arts décoratifs, le jury vient de décerner la prime
attribuée à la Société nationale des beaux-arts, à
M"* Madeloine Bunoust, qui a exposé une couverture
de berceau en broderie. Deux primes ont été attri-
buées à la Société des artistes fran<;ais, l'une à M. A.
Cheuret, pour ses modèles de pièces d'orfèvrerie, et
l'autre à M. Bastard, pour ses éventails.
— Le Conseil supérieur des beaux-arts, réuni le
n juin, a procédé à l'attribution du prix du Salon et
des bourses de voyage.
Par 34 voix sur .^'î votants, au troisième tour de
scrutin, le prix du Salon a été décerné à M. Cornu
(Auguste-Claude-Bernard), qui expose à la Société
nationale : le Sid, statue en bois, contre 24, à M. II.
Jacquier, artiste peintre.
Les trois bourses de voyage pour la peinture ont
été attribuées à M"" Henriette Desportes, pour son
triptyque : Scèjte de genre en Hollande, a M. Anlony
Troncet, auteur de deux portraits, et à M. André
Marchand, qui expose aux Artistes français : le Gué
et Vf:tal>le.
Les titulaires des trois bourses de voyage pour la
sculpture ont été : M. Camus, auteur de deux groupes
en marbre : Riblis pleure et Rires dans les bois;
M. René Quillivic. auteur d'une statue en bronze :
Brodeuse de l'ont-l'Ahbé et d'un groupe en plâtre :
Rinious de Ponl-l'Abbé; et M. Pourquet, qui expose
ANCIEN ET MODERNE
196
un haut-relief en plâtre : Douleur et une stttlue en
plâtre : Ivresse printanière.
Enfin, les deux bourses d'arcliitecture ont été attri-
buées à MM. Fernand Janin et Imandt, celle des arts
décoratifs à M. François Decorchemont, et celle de la
gravure à M*" Destailleur-Sevrin.
— Le Conseil supérieur des beaux-arts a procédé
le 19 juin à l'atlribution d'encouragements aux artistes
exposants.
l'einttire. — M"' Carpenticr et M. Dufresne ayant
déjà obtenu l'an dernier des encouragements de
1.000 francs, M. le sous-secrétaire d'État aux beaux-
arts a annopoé qu'il achèterait deux tableaux de ces
artistes.
Sept encouragements de 1.000 francs :MM.DegaUaix,
Léty, A. Hoberty, M"" Minier, Karpelès et Cahun,
M. Gabriel Uousscau.
Douze encouragements de 500 francs : MM. Tacquoy,
Mairet, de Marliarve, Le Petit, Grandgérard, Ma-
thurin, Casse, Lemonnier, Menneret, Bedorez, Aubery,
M"' Ilurel.
Sculpture. — Six encouragements de 1.000 francs à
MM. Kaybaud, Vallette, Arnold ,Ponsard, G. Durand,
Sain.
Six encouragements de 300 francs à MM. Béclu,
Cartier, Grenier, Roques, Hulin, Delaigue.
Gravure el lilhoffraphie. — Un encouragement de
1.000 francs à M. Boizot.
Cinq encouragements de îiOO francs à MM. C. Bel-
trand,Pcnnequin,Labrouche, M""' Carrière et Simonnet.
Art décoratif. — Deux encouragements de 500 francs
à M"* Lambrette et M. Hairon.
Architecture. — Un encouragement de 1.000 francs
à M. Magne ; trois encouragements de oOO francs à
MM. Pin, Boussois, Laprade.
Gravure en inédailles el pierres [mes. — Deux encou-
ragements de oOO francs àMM. Desvignes et Schneider.
— Le même jour, le Comité de la Société nationale
des beaux-arts a attribué le prix Paquin à deux
artistes : au peintre M. Charles Dufresne, qui a exposé
trois pastels : Une lofje, Cif/iie et ISeiif/lant, et au
sculpteur M. Raoul Lamourdedieu, pour sa statue
de marbre : Vénus moderne parant ses chai-mes.
Société nationale des beaux-arts. — Voici la
liste des nouveaux membres sociétaires et associés
de la Société nationale élus par l'assemblée géné-
rale des sociétaires à la suite du Salon :
Sociétaires. — A la section de peinture : MM. Abbey,
Bernard Boulet de Monvel, Frieseke, Guirand de
Scévola, Luigini, Joseph Pinchon, Rusinol. — A la
section de sculpture : MM. Cornu, Lagare, É. Pinchon.
— A la section d'art décoratif et arts appliqués :
M.M. Raymond Bigot, Dunand, Lenoble, Edouard
Monod, Péjac.
Associés. — A la peinture : MM. Antoni, Ballot,
(José Belon, Bernard-Ostermann, Bûssy, Crébassa,
.M"* Crépin, MM. Henri Gsell, Jelfreys, Camille Lam-
^bert, Le Petit, Henri Marret, Migonney, Popesco,
Tète. — A la sculpture : MM. Angst, P. Besnard,
de Cedercreutz, de Chalambert, Clara. — A la gra-
vure : MM. Bugnicourt, Le Meilleur, Le Riche, Mi-
nartz. Pinard, M"* Renault-Malo. — A la section d'ar-
chitecture: MM. Périllard, Stable. — A la section d'art
décoratif et arts d'appliqués : MM. Farmakowski,
M"' Germain, MM. Genilloud, Hellé, Laugier, Lecourt,
M"' Morice, M. Waldraff.
Congrès des architectes français. — Le trente-
sixième Congrès des architectes français s'est tenu à
l'École des beaux-arts, du 15 au 20 juin. Les séances
ont été coupées de visites faites à divers monuments
et immeubles particuliers, d'excursions à Chantilly,
Rouen, etc.
A la séance du 19 jum, M. J.-L. Pascal a lu une
notice sur la vie et les œuvres de M. Julien Guadet,
tout récemment disparu. L'auditoire a té/noigné par
ses applaudissements qu'il s'associait aux éloquentes
paroles par lesquelles M. Pascal avait rendu hommage
à son regretté confrère.
Le 20, séance de clôture, au cours de laquelle on a
procédé à la distribution des récompenses annuelle-
ment décernées aux architectes, archéologues, élèves
des écoles d'architecture, entrepreneurs, contre-
maîtres, ouvriers, etc., et dont voici les principales :
La médaille d'honneur a été décernée à M. Sanson,
architecte à Paris; le prix Dejean, à M. Alphonse
Gosset, architecte à Reims; la grande médaille d'ar-
gent pour l'architecture privée, à MM. Edmond
Navarre et Camille Yiée, architectes à Paris; la mé-
daille d'argent de l'archéologie, à M. Hulot, architecte
à Paris; la médaille d'argent de la jurisprudence, à
M. Tendron, architecte à Angers; la grande médaille
d'argent pour les écoles de France à Athènes, à Rome
et en Extrême-Orient, à M. Grenier, ancien pen-
sionnaire de l'Ecole de Rome; la grande médaille
d'argent pour les études sur les monuments français,
à M. llarlay, architecte à Paris; la grande médaille
de vermeil de la fondation Naudin, à M. Dehaudt,
architecte à Lille; les grandes médailles d'argent
pour les ateliers d'architecture de l'École dos beaux-
arts, à MM. Crevel, Danis, Dufet ; la grande médaille
d'argent pour les écoles privées d'architecture, à
M. Boussois; etc.
Expositions nouvelles. — A la bibliothèque
historique de la Ville de Paris, rue de Sévigné : Paris
au temps des romantiques, exposition de gravures,
lithographies, images, etc., organisée par M. Marcel
Poi'te, conservateur de la bibliothèque (jusqu'au
1" octobre).
— Au musée Galliera : la Parure précieuse de la
femme, exposition de bijoux, dentelles, éventails,
broderies, etc., organisée par M. Eug. Delard, conser-
vateur du musée (jusqu'au 1*' octobre).
— Au Petit Palais, aujourd'hui 27 juin, inauguration
du Musée de l'estampe moderne, organisé par M. II.
Lapauze, conservateur du Palais des beaux-arts de la
Ville.
196
LE BULLETIN DE L'ART
Monuments et statues. — On a inauguré le
11 juin, au Père-Lachaise, un buste de Félix Gélot,
œuvre du sculpteur A. Péchiné; — le 14 juin, dans
le parc de Saint-Cloud, un monument à la mémoire
du peintre Paul Huet, œuvre de MM. A. Bloch, sta-
tuaire, et A. Julien, architecte; — le 19 juin, à la Sor-
l)onne, salle Alexandre Dumont, un médaillon du
professeur A. Beljame, dfi à M AUouard ; — le 21 juin,
dans la chapelle de l'école Sainte-Geneviève, le buste
du P. Cosson, dû à M. Jean Baffier.
— Les travaux viennent de commencer, dans le
square du parvis Notre-Dame, en vue d'installer le
socle en pierre de taille que la statue de Charlemagne
des frères Rochet attend depuis de si longues années.
A Pont-à-Mousson. — On s'est réjoui naguère,
en apprenant que le palais des Papes d'Avignon était
enfin retiré aux soldats qui l'occupaient et qui n'y
ont laissé que trop de traces de leur séjour. Faudra-
t-il qu'on s'attriste de voir un autre de nos grands mo-
numents de France, un des types les plus achevés de l'ar-
chitecture du xviii' siècle, — lepetitséminaire de Pont-
à Mousson — devenir une caserne ! La désaffectation
le menace en effet, et les protestations sont peut-être
déjà trop tardives : elles auront du moins pour effet
d'éclairer la commission des Monuments historiques.
sur le danger que court ce remarquable édifice, qui
n'esl pas encore classé. Le palais des Papes, le cloître
de la Trinité de Vendôme, celui de Saint-Jean-des-
Vignes de Soissons, ont trop souffert du fait de l'admi-
nistration militaire, pour qu'on ne fasse pas l'impos-
sible afin de préserver le séminaire de Pont-à-Mousson
des irrémédiables dégâts qui le menacent, si le
ministère de la Guerre donne suite à son projet.
A Buenos-Ayres. — Encore une victoire de notre
école française d'architecture.
Le concours international ouvert à Buenos-Ayres
pour l'érection d'un monument commémoratif de
l'indépendance de la République argentine, concours
qui comptait une centaine de projets, a donné les
résultats suivants :
1" prix : MM. Gasq, statuaire, et Chedanne, archi-
tecte ; 2' prix : MM. Antonin Mercié et Ernest Dubois,
statuaires ; R. Patouillaid et Demoriane, architectes.
Nécrologie. — Le peintre hongrois Feri de Szis-
:ay, domicilié à Orsay (Scine-et-Oise), vient de se
suicider à l'âge de 37 ans. La Hongrie perd en lui un
de ses paysagistes les plus distingués, que notre Salon
de la Société nationale et notre Salon d'Automne
avaient fait connaître : il y exposait des marines,
rapportées le plus souvent du Pas-de-Calais.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — Vente d'objets d'art, etc. — La
vente, dirigée salle 6, le 10 juin, par M' Lair-
Dubreuil et MM. Paulme et Lasquin, et qui avait
fait l'objet d'un catalogue illustré de quelques
vignettes, a produit un total de 102.939 francs.
Cette vacation comprenait des tableaux et
dessins, des objets d'art et d'ameublement an-
ciens, mais, dans le nombre, peu de pii'ces mar-
quantes.
Parmi les peintures, un grand tableau par
Honthorst, ta Science entre l'Étude et le Plaisir,
n'a pas dépassé l.l'oO fr.; un Portrait de femme,
par Hoslin, a obtenu 1.750 fr.; un autre, par
Vignon, 1.600 francs.
La catégorie des dessins a fourni une enchère
plus élevée, celle de H.O'oO fr. s'adressant à deux
gouaches du zvni° siècle dans la manière de
Mallet ou de Van Gorp, la Déclaration et la Dis-
pute (demande 12.000). Une aquarelle parGuardi,
Vue de Venise, a été adjugée 1.900 francs.
N'otons encore, dans le reste de la vente :
Sculptures. — 77. Buste de jeune fille, en plàlrc
teinté, xvni* s., 2.330 fr. — 80. Groupe bronze,
V Enlèvement d'Europe, xvn* s., 2.800 fr.
Bhonzf.s, Mecbi.ks. — lO.ï. Microscope cuivre, gaine
maroquin fieurdelysé, ép. Louis XV, 2.405 fr. — 118.
Commode bois satiné, garnit, bronze, estamp. de
Riesener, fin ép. Louis XV, 2.400 fr. — 119. Secrétaire
droit, laque et dorure, ornementation de bronze, ép
Louis XVI, 3.4.10 fr.
Tapissekies anciennes. — 127. Tap. flam., ép.
Louis XII, Béuédiction nuptiale, 12.500 fr. {dem.
18.000). — 128. Tap. de Bruxelles, xvf s. Couple en
promenade, quatre cavaliers, etc., 3.700 fr. — 129
Tap. flam., xvi" s. Le Cyclope l'olyphime et son
troupeau, 3.100 fr. — 130. Tap. xvii' s., armoiries
soutenues par deux lions héraldiques, 2.600 fr. —
131. Grande tap. Bruxelles, xvu* s. Le Départ pour
ANCIEN ET MODERNE
197
/a fli/en-e, 9.000 fr. (dem. 18.000). — 134. Petite tap.
fine llam., du xvm* s., sujet mytiiologiquo tiré de
riiist. du dieu Mercure, 3.500 fr.
Succession de M^^ Queniaux. — Cette vente,
que nous avons annoncée ici-même avec détails,
a produit un total de 96.704 francs. Rappelons
((u'elle a eu lieu, salles 7 et 8, les H et i2 Juin,
sous la direction de M" Hémard et de MM. Mann-
lieim et Georges Petit, et qu'elle avait fait
l'objet d'un catalogue illustré de quelques
planches.
Il nous suflira d'indiquer quelques enchères :
PRINCIPAUX PRIX
Taulbau.x. — 2. Courbet. Fleurs, 2.700 fr.
PoHCELAiNES. — 67. Saxe. Groupes, scène galante
de la Comédie italienne, à trois personnages, 7.810 fr.
(dem. 5.000).
Meubles. — 131. Commode de marqueterie, incrus-
tations de nacre, à décors de ruines , fin ép .
Louis XV (bronze rapp.), 2.810 fr. — 147. Petit canapé,
bois doré (sans indication d'époque), 3.100 fr.
Tapissebies. — 178. Tapisserie d'Aubusson, ép.
Louis XV, paysage animé avec pêcheurs, 3.100 fr. —
179 à 182. Quatre tapisseries llam. xviii" s., à sujets
mythologiques, personnages dans des paysages,
bordure à fruits, fleurs, oiseaux, 7.000, 5.000, 4.900,
4.100 fr.
Collection de feu M. Coudray (tableaux
modernes). — Annoncée par un catalogue
illustré de bonne taille, cette vente de tableaux
et aquarelles modernes a eu lieu salles 9, 10
et 11, les 12 et 13 juin, par les soins de M« Lair-
Dubreuil et de MM. Allard et Ronjean.
Sans contenir de pièces de première impor-
tance, elle n'en a pas moins produit le total de
321. 7S9 francs et donné lieu à quelques enchères
intéressantes.
II y a eu plus-value, sur une même demande
de 10.000 francs pour le Corot, l'Étang, ei le
Henner, Bib/is, adjugés l'un et l'autre 13.000francs
et moins-value sur le Ch. Jacque, vendu 13.000
également, mais sur la demande de 15.000.
Le Ziem, les Voiles blanches sur te Grand Canal,
à Venise, a réalisé juste le chiffre demandé, soit
18.000 francs.
Le Van Marcke, Pâturage au bord d'une mare,
adjugé 12.500 francs, a dépassé ainsi son prix
d'estimation de 10.000 francs.
Sans nous attarder davantage sur les résultats,
contentons-nous de donner la liste des enchères
les plus notables.
PRINCIPAUX PRIX
(Au-dessus de Î.500 francs.)
Tableaux morebnes. — 5. Boudin. Canal à Louvain,
5.600 fr. — Corot : 14. UÉtang, 13.000 fr. (dem.
10.000). — 15. I.e Vievx l'ont, o.OOO fr. (vente Corot,
1875, 1.520 fr.). — 16. Lisière du hois au bord d'un
étanrj, 3.400 fr. — 17. Daubigny. La Plage, 6.100 fr.
— 20. Diaz. Promenade dans un bois, 7.000 fr. (dem.
4.000). — 25. Duret. Amusemenl de filteltes, 2.800 fr.
— 26. École de Drouais. Portrait d'un petit garroti,
2.5E0 fr. — 28. Jules Dupré. Cour de ferme, 7.000 fr.
(dem. 10.000). — 29. Les C/mumières dans la caut-
pagne, 4.600 fr. (dem. 6.000 fr.)! — 32. Fantin-Latour.
La Dryade surprise, 4.100 fr. — 33. Nymphe assise
dans une clairière, 3.000 fr. — 34. Le Panier de
raisin, 4.600 fr. — 35. Vase de fleurs, 7.9O0 fr. — 36.
Roses, dahlias, pervenches et autres fleurs dans un
vase, 2.900 fr. — 37. Roses diverses sur un feuillage
vert, 2.720 fr. — Harpignies : 39 L'Étang, le soir,
2.500 fr. — 40. Soleil couc/ianl sur la campagne,
3.100 fr. — Henner : 44. Iliblis, 13.000 fr. (dem. 10.000).
— 45. La Veuve, 6.600 fr. — 47. Nymphe au bord d'un
puits, 3.400 fr. — 48. Mignon regrettant sa pairie,
.'j.250 fr. — 51. Isabey. Intérieur de l'église de Delft,
•'J.500 fr. — Ch. Jacque : 53. Un Coin de basse-cour,
S.600 fr. (dem. 10.000). — 54. Le Berger et son trou-
peau, 13.000 fr. (dem. 15.000). —Jongkind : 56. E/fet
de lune sur un canal en Hollande, 3.220 fr. — 57.
Canal en Hollande au clair de lune, 4.550 fr. — 58.
Les Patineurs, 4.405 fr. — 67. E. van Marcke. Pâtu-
rage au bord d'une mare, 12.500 fr. (dem. 10.000). —
87. Ribot. Les Mendiants, 3.110 fr.
91. Roybet. Portrait de Juanu Romani, 9.800 fr.
(dem. 6.000). — 103. VoUon. Gibiers et nature morte,
3.505 fr. — 105. La Seine à Rouen, 2.800 fr. — 109.
Ziem. Les Voiles blanches sur le Grand Canal à
Venise, 18.000 fr. (dem. 18.000).
Aquarelles, pastels kt dessins. — 118. Fantin-La-
lour. Le Jugement de l'dris, 7.300 fr. — 119. Harpi-
gnies. Bords de la Nièvre, 2.650 fr. — Ziem : 152.
Ilragozzi et gondoles sur le grand canal, aquarelle,
5.300 fr. — 153. La Caravane partant du Caire
pour la Mecque, aquarelle. 4.700 fr. — 155. Les Lagu-
nes de Venise, Soleil couchant, aquarelle, 3.050 fr. —
156. Le Bord des étangs en Camargue, aquarelle,
4.500 fr.
Collection Thadée Natanson (tableaux
modernes). — Un catalogue illustré, précédé
d'une préface de M. Octave Mirbeau, nous a
npporté l'annonce de la collection de M. Thadce
Natanson, l'homme de lettres bien connu, l'un
lies auteurs du Foyer, de légendaire mémoire.
Composée de tableaux impressionnistes du
genre le plus avancé, cette vente, dirigée salle 1,
le 13 juin, par M» Raudouin et MM. Rernheim
198
LE BULLETIN DE L'ART
jeune, a obtenu un vif succès de curiosité et
réalisé un total de 49.90o francs.
Il nous est assez difficile de porter un juge-
ment sur l'avenir réservé, dans le domaine de la
curiosité, aux œuvres de MM. Vuillard, Honnard
et autres artistes, exposants ordinaires des Indé-
pendants et du Salon d'automne. Nous nous bor-
nerons à enregistrer les 6.600 francs obtenus par
un Cézanne, Anvers, sur la demande de 7.000 ;
les 2.050 francs réalisés par un Bonnard, Enfants
au bassin, cl les 2.600 et 2.700 francs donnés
pour deux Vuillard, la Fenêtre sur les bois {n° 63)
et les Premiers fruits {n° 62).
Vente de. tableaux modernes. — Une vaca-
tion anonyme, dirigée salie 6, le 16 juin, par
M« Lair-Dubreuil et MM. Bernheim jeune, et qui
avait fait également l'objet d'un catalogue illustré,
a produit un total de 59.973 francs.
Les honneurs de cette séance ont été pour une
peinture de Cazin, en forme d'éventail et d'assez
grandes dimensions pour ce maître, la Lecture,
qui a été adjugée 8.000 francs sur la demande
de 12.000. Il nous suffira de donner quelques
prix :
Tableaux modkknes. — 8. Cazin. La Lecture,
8.000 fr. (dem. 12.000 fr.). — 14. Courbet. La Chute
d'eau, 3.900 fr. — 27. Gauguin. Mau Taporo, 2.005 fr.
— 63. Roybet. Jeune paye, 3.200 fr. (dem. 6.000). —
64. La l^eçon de musique, 2.000 fr. — 66. Sisley.
La Maison (Saint- flammés), 2.000 fr.
Collection Stchoukine (tableaux anciens,
etc.). — Faite salle G, le 19 juin, par les soins
de M= Boudin et de MM. Haro et Léman, cette
vente de tableaux anciens et de sculptures a
produit un total de 61.6!i4 francs.
Bien que l'amateur, récemment décédé, eût,
peu de temps avant sa mort, distrait de sa col-
lection, composée surtout de tableaux et de
sculptures d'origine espagnole, les pièces les
plus importantes, et que le niveau de la présente
vacation filt d'ordre secondaire, quelques nu-
méros ont cependant encore atteint à des prix
dignes d'être signalés, notamment :
Tableaux. — 31. École espagnole. Martyr, 2.550 fr.
— 52. El Grèce. Saint François aux stif/mates, l.OSOfr.
— 6i. Attrib. à Van Loo. L'Escarpolette, 19.000 fr.
(dem. 20.000). — Attrib. à Velazquez. Portrait de
femme, 3.400 fr. — 70. Zurbaran. Portrait d'un docteur
d'une université d'Espa'jne, 15.000 fr. (deui. 15.000).
— 71. Zurbaran. Saint François, 1.600 fr.
Ventes diverses. — Contentons-nous de si-
gnaler, dans la vente de la Succession de M"" V^"
Bruan, faite salle 11, le 18 juin, par M» Lair-
Dubreuil et MM. Paulme et Lasquin et Heiuach,
et qui a produit un total de 24.233 francs, la
présence d'un tableau par Fragonard, l'Ado-
ration des bergers, adjugé 4.400 francs sur la
demande de 6.000; — et dans la vente de
la Succession de M">e V"'' M..., faite par M" Hu-
guet et Lair-Dubreuil et MM. Paulme et Las-
quin, salle 2, les 18 et 19 juin, l'enchère de
7.100 francs, obtenue par une suite de trois
tapisseries en ancien Aubusson, représentant
l'Escarpolette, le Jeu de Pigeon vole et le Marchand
de plaisirs.
M N.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Gaston La Touche (galeries Georges Petit).
— • Oublions ici nos élèves d'Ingres ou les Préra-
phaélites, et le « parfum dantesque » des poètes
de l'âme. Et, cependant, cet ultra-moderniste est
un poète à ses heures : rare mérite, au milieu
d'une société positive et pressée qui met l'art
souverain dans la photographie ! A l'automobile,
il ne sacrifie point le carrosse où le faune gamin
sert de laquais aux jeunes mariés en voyage...
Auprès des faunes, les singeries continuent
l'exemple ancien de J.-B. Huet. Car cette poésie
est un regret du passé : depuis Verlaine et Musset,
rimeurs et musiciens se ressouviennentvolontiers
des fêtes galantes de Watteau dans le décor de
Versailles; le peintre a modernisé,, la FHe chez
Thérèse, qu'il ordonne avec^'fiîiê'' désinvolture
impressionniste. C'est le virtuose désœuvré d'une
Cythère voisine des casinos : car il se peint lui-
môme, avec son temps, lorsqu'il illumine le far-
niente d'une FHe de nuit. Le peintre des Quatre
Saisons voluptueuses ou mélancoliques est le
proche parent de nos plus audacieux romanciers
du pirt; il leur doit inconsciemment la sensua-
lité sentimentale de la pose ou la mode exagérée
du costume ; et la maternité paraît exceptionnelle
en son œuvre. Héritière de M. Besnard et de
Manet, cette fantaisie décorative a mis une note
assez imprévue dans un groupe plutôt sévère oîi
la nostalgie de .M. Aman-Jean rejoint le rêve an-
ti(iue de M. Boné Ménard; elle n trouvé son at-
mosphère d'ambre, de chrome et d'or vert dans
les bosquets treiHagés, autour des jets d'eau qui
pleuvent sur des cygnes argentins, ou dans la
ANCIEN ET MODERNE
199
tiédeur amoureuse des boudoirs Louis XV, Jaunis
par le rayon qui s'arrête aux raies des persiennes
fermées. Ce goût d'atmosphère, aussi bien que
["inconsistance de ces sujets indolents, dénonce
la passivité de l'art du siècle, où le libertinage
de la lumière effleure de jolies épaules, avec la
complicité des tulles mousseux. Moins portraitiste
que paysagiste, l'admirateur du maître Bracque-
mond excelle aux brèves études où la fraîcheur
du ciel repose des préciosités du genre.
"V. de Ville (galeries Graves). — Un autodi-
dacte. Il s'est formé seul. Et cependant, sous la
sérénité de ce paysagiste d'outre-Manche, on
retrouve la tristesse romantiijue et l'indigo des
horizons, les ciels de Constable ou d'un fond de
Homney : no faut-il pas attribuer à la nature
anglaise cette fermeté des silhouettes qui carac-
térise l'art anglais, comme la fraîcheur des
visages'.' Le modèle impose une sorte de tradition
latente au paysage, de Wilson à Turner, et
malgré l'influence de Claude, ainsi qu'au por-
trait, de Reynolds à Lawrence, et malgré les
suggestions de Van Dyck. C'est toujours la même
atmosphère, moins enveloppée que la nôtre, qui
découpe ces coins boisés du pays de Galles, ce
jour de pluie, dans l'île d'Aiiglesey, sous le vent
nuageux qui gonfle la b.lclie de la carriole ou
l'ombrelle de la touriste, à côté de la synthèse
reposée des longs soirs ou des matins purs.
Emile Noirot (83, boulevard du Montpar-
nasse). — Un des rares défenseurs du paysige
dessiné, qui revivait, l'an dernier, dans l'œuvre
de MM. Henri Zuber et Pierre Prins. Parmi tant
d'expositions d'une saison qui ne veut pas finir,
apprécions un dessinateur qui ne se contente
jamais de la sténographie plus ou moins lâchée
des impressionnistes ! En stylisant les horizons
dentelés du Forez natal, ce peintre de Roanne
se rattache à l'école lyonnaise; instruit par la
palette de Daubigny et le crayon de Français, il
est de ces artistes provinciaux qui se souviennent
de Ravier. Qu'il dessine les bords souvent pous-
sinesques de la Loire, ou qu'il peigne une curieuse
vue cavalière du Puy, le courageux paysagiste a
le respect de la forme.
Ray.mo.nd Iîouyer.
Société d'encouragement à l'art et à l'in-
dustrie. — Le sujet choisi pour le XVIII" con-
cours général de composition décorative, qui a
été jugé à la fin du mois dernier, — un châssis
de tu — avait été bien accueilli des intéressés ;
deux cent quatre concurrents, dont 2.) modeleurs
et 181 dessinateurs, tant de Paris que de la
province, s'étaient mis sur les rangs, et le jury
a relevé, dans les œuvres présentées au concours,
nombre d'idées originales, en même temps qu'une
application particulière à envisager l'exécution
pratique des projets.
Les prix suivants ont été décernés :
1" prix : M"° M. Oudoyer, de Tours (.500 fr.) ; —
2' prix : M. L. Paul, de Paris (400 fr.); — 3° prix :
M. M. Quénioux, de Paris (300 fr.) ; — 4' prix : M. Re-
naud, de Lyon (200 fr.); — 5* prix : M. R. Migaard,
de Paris (120 fr.); — 6° prix : M. Granger, de Lyon
(100 fr.); — 7- prix : M. H. Périllon, de Paris (100 fr.) ;
— 8' prix : M. IL Leniuer, de Paris (100 fr.) ; —
9' prix : M. M. Thorel, de Paris (100 fr.); — 10' prix :
.\L E. Doucet (80 fr.).
Des mentions honorables ont été accordées a
MM. Dutruc, Vallois, Lebossé et Martine.
Les projets récompensés seront exposés suc-
cessivement pendant huit jours, dans les grandes
écoles des beaux-arts etd'art décoratif de France,
à partir du mois d'octobre.
R. G,
LES REVUES
France
Art et décoration (mai). — La l'assemenlerie,
par M.-P. Vekneuil.
— Les Préparations au bistre de J.-C. Cazin (à
propos d'une vente récente dont il a été rendu compte
dans le Uulleti»), par Léonce BÉNÉoriE.
L'Art et les artistes (mai). — iNuinéro spécial sur
les Salons.
Allemagne
Zeitschrift filr Geschichte der Architektur
(février-avril). — Les derniers numéros de cette revue
fondée récemment, sous la direction du D' Fritz
llirsch, par les professeurs Dehio, Dorpfeld, Neuwirth,
Winnefeld et Zecnp, renf'eriuent entre autres un article
de M. J. BOnLMANN sur te Patais des Flaviens, à Rome,
accompagné de plans, coupes et vue perspective du
palais et de ses dépendances en leur état ancien ; des
notes de M. Hans Rott sur tes ér/iises d'Anatotie des
VI" et VII" siècles, dont quelques-unes, étudiées par
M. Dieulafoy, sont entièrement creusées dans le
rocher ; enfin, une savante étude de M. Kurt Mever
sur les parties anciennes et sur la crypte du ddme de
lirandenhourg.
200
LE BULLETIN DE L'ART
Notons aussi une intéressante dissertation de
M. Richard Hai;pt sur l'usage des petites fenêtres
basses et étroites que l'on rencontre au chevet de
certaines églises romanes; M. Richard Haupt écarte
les hypothèses plus ou moins bizarres que l'on avait
émises à ce sujet et montre que ces fenêtres étaient
destinées à éclairer et aérer l'espèce de réduit compris
entre l'autel et le chevet qui servait de sacristie à
cette époque où il n'exisbait pas de salle spécialement
atl'ectée à cet usage.
(Mai).— Complément à l'étude du tombeau de Théo-
cloric et à l'évolution de ses formes par Bruno Sciiulz.
— On connaît cet important monument de Ravennes.
haut de deux étages, décagonal en bas, circulaire au-
dessus, couronné par un énorme monolithe en forme
de coupole qui mesure 33 mètres de circonférence.
L'étage inférieur est aujourd'hui à demi enterré, el
deux escaliers conduisent à la galerie extérieure qui
fait le tour du premier étage, légèrement en retrait
sur l'autre. Comme décoration, en bas, des arcades
aveugles en plein cintre; l'une d'elles est percée d'une
porte rectangulaire ouvrant sur une salle voûtée et
dont le plan dessine une croix grecque; en haut, sous
la coupole, une frise à forte saillie curieusement
sculptée.
Deux savants allemands, A. Haupt [Zeitschrift,
etc., octobre-novembre 1907) et B. Schulz, ont étudié
ce tombeau et en proposent la reconstitution. Haupt
prouva que les grilles du dôme d'Aix-la-Chapelle
provenaient du tombeau de Théodoric, dont elles
bordaient la galerie extérieure. Tous deux reconnais-
sent la nécessité de supprimer les escaliers et de
déterrer la partie inférieure du monument ; c'est sur
la décoration extérieure du premier étage que porte
la discussion. Haupt entoure cet étage à mi-hauteur
d'une série de petites arcatures en plein cintre, por-
tant sur des corbeaux appliqués à des pilastres légè-
rement en saillie sur le nu du mur ; des perles et
oves ornent ces arcatures, dont les sommets sont
réunis par une petite frise circulaire à rinceaux ; de
courtes colonnes à torsades soutiennent la Irise entre
chaque arcade. Schulz donne à ses arcatures une plus
grande saillie et les fait porter en avant sur des
colonnes détachées de la masse ; la décoration est
plus riche; un bandeau de palmetles couronne la
crête des arcades. Schulz s'inspire, dans son projet
de restauration, de la sculpture orientale, et particu-
lièrement de la Porte Dorée à Jérusalem et du grand
temple de Baalbek.
Nous ne déciderons pas entre les deux, mais il
nous semble que ces savants cherchent trop à germa-
niser un monument qui se rattache à l'antique par
le plan, la facture et certainement aussi par la déco-
ration. — Marcel AuBERT.
Die Kunst (mai). — F. von Osti.m. Le Salon du
printemps de In n Sécession » de Munich.
— W. Leistikow. L'Apprentissage de la peinture. —
A propos dulivre publié sous ce titre par Louis Corinth,
un des chefs du nouveau mouvementartistique enAUe-
magne, et qui est en môme temps un ancien élève de
Bouguereau. On retrouve, d'après le critique, dans ce
livre, ce double caractère de hardiesse et d'acadé-
misme.
— G. Kreyss.nbk. Fritz Boehle, artiste francfortois,
peintre, graveur, sculpteur, auteur surtout de remar-
quables études de paysans.
— P.-F. SciiMiDT. lynatius Taschner, illustrateur,
sculpteur, décorateur, raédailleur.
— Mekkel. Le Jugementdernier de Frank Kirch-
l)ac/i, carton pour une verrière.
— P. Altiiof. L'Architecte el décorateur autrichien
Léopold Hauer.
— E. Rentscu. Le « Kunstler theuter n de Munich.
— Nouveaux principes pour le^ décors de théâtre;
s'écârtant complètement des idées de Wagner, la
nouvelle école ne cherche plus à produire une
illusion, mais un e/fel d'ensemble, elle s'efforce de
faire entrer en jeu l'imagination du spectateur lui-
même.
— G. HowE. Nouveaux travaux de M, Max Ben-
irschke, art décoratif, architecture.
— E. ScHL'K. Lucien liernhard, affiches, couvertures
illustrées.
— F. Enckk. Les .lardins-pny sages et les jardins à
plan architectural, nécessité d'un plan différent,
selon qu'il s'agit d'un jardin dans la ville, d'un
jardin de campagne (jardin de ville), ou d'un grand
parc. — G. IIuET.
Roumanie
Luceafar (VII, 7, 8, 9-10, Sibiu). — Suite des
articles de M. G. Murnu sur les monuments antiques
de Rome, avec de nombreuses et belles illustrations;
compte rendu, par le même, de la Vil" Exposition de
la Jeunesse artistique à Bucarest, avec des reproduc-
tions d'après des œuvres de Loghi, Luchian, Vermont,
Strâmbulesco, Storck, Mirea, Bràncus. — M. M.
'Viata Româneasca (III, 3, lassy). — Chronique
artistique do M. Al. Tzioaha-Samukcas sur quelques
œuvres du sculpteur Fr. Storck (3 illustrations) : un
sarcophage en bronze orné de médaillons aux figures
stylisées et de motifs décoratifs dont les entrelacs
sont heureusement empruntés aux décorations des
anciennes églises du pays ; les statues des quatre
évangélistes, plus grandes que nature, destinées à la
chapelle Evioghie Gheorghief du cimetière Bellio ;
elles constituent une grande innovation dans ce pays
de tradition religieuse byzantine qui exclut les
« images taillées •. — M. M.
Le Gérant : H. Denis.
P«rii. — Imp. tiearKea Potil, lî, rue (iodot-de-Uiuroi.
Numéro 390.
Samedi 11 Juillet 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Giuestions parisiennes
Considérée au point de vue juridique, l'histoire
des relations entre l'État et la Ville de Paris, au
cours de ces dernières années, pourrait fournir
un riche sujet de thèse pour le doctorat en droit;
envisagée sous un jour moins grave, on y trou-
verait une mine inépuisable de plaisanteries. Mais
convient-il de tant rire, quand les intérêts enjeu
sont de telle importance et qu'il ne s'agit de rien
moins que de l'universel renom de beauté d'une
ville, on dirait, systématiquement défigurée ?
Rien qu'en se bornant aux questions qui sont
(le notre domaine, elle serait longue la liste des
discussions prolongées outre mesure entre le
Gouvernement et la municipalité de Paris pour
le plus grand dommage de la capitale.
On a mis sept ans à. résoudre l'alTaire du
Champ-de-Mars; on a mis huit ans à obtenir la
condamnation de ces tristes ruines que sont les
serres du Cours-la-Reine. La question des forti-
lications, si importante pour l'hygiène comme
pour la beauté de Paris, a été vingt fois reprise
et vingt fois ajournée. Les combinaisons propo-
sées pour le transfert du ministère des Colonies et
pour la réorganisation du musée du Luxembourg
ont subi, par le fait des prétentions respectives
de la Ville et de l'État, des retards considérables.
Enfin, il n'y a pas jusqu'à l'entretien de certains
édifices qui ne donne lieu <à des contestations
sans fin.
Ainsi en est-il en ce moment de la tour Saint-
Jacques, monument historique. La restauration
en est évaluée à 280.000 francs; la Ville en a
voté 100.000; l'État ne veut contribuer que pour
^30.000 francs à la dépense, et il faut retenir cette
broposition, faite par l'administration des Beaux-
Irts, qu'on diminuât les frais en détruisant cer-
flins motifs décoratifs au lieu de les restaurer.
Ingénieuse idée, mais qui n'est pas nouvelle
Bour la Ville de Paris, où l'on a coutume de
rappliquer sur une grande échelle quand on
élargit une rue ancienne ou qu'on en perce une
nouvelle. La récente démolition de la jolie tour
de Dagobert, rue Chanoinesse, de la vieille
maison des Prévôts, passage Charlemagne, et de
l'élégant hôtel de Verrue, rue du Cherche-Midi,
est là pour le prouver.
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
A l'Institut. — Le 2 juillet, a été faite à l'Institut,
toutes classes réunies, la répartition du montant de
la fondation Debrousse, qui s'élève dans son ensemble
à 30.000 francs, et sur laquelle il a été attribué :
8.000 francs à l'Université de Grenoble pour l'Institut
français de Florence ; — 7.000 francs à l'Académie
des Inscriptions et Belles-Lettres pour la publication
des peintures ornant le manuscrit des Antiquités
judaïques, la publication d'un Corpus des mosaïques
de la Gaule et de l'Afrique romaine et la reproduction
de certains manuscrits rares;
."lOO francs ei l'Aca-
démie des Beaux-Arts pour l'œuvre dite des restau-
rations, la suite du Catalogue musical de la Biblio-
thèque nationale, et la reconstitution du plan de
l'ancienne Rome, entreprise par M. Bigot.
Académie française (séance du 25 juin). — Dans
la liste des prix décernés par l'.Vcadémie, nous rele-
vons les suivants, qui intéressent les beaux-arts et
l'archéologie :
Prix Gobert (9.000 fr.), à M. Camille Jullian, pour
son Histoire de la Gaule; — sur le prix Halphen :
.jOO fr. à M. P. Herger [William Blake, mysticisme et
poésie); — sur le prix Bordin : .'iOO fr. à M. A. Cas-
sagne {la Tliéorie de l'art pour l'art) ; — sur le prix
Guizot : 500 fr. à M. Ph. Monnier {Venise au XVIII'
siècle).
Académie des beaux-arts (séance du 27 juin). —
L'Académie procède à l'attribution des prix spéciaux
institués en faveur des artistes peintres et sculpteurs
exposant au Salon de 1908; ont été ainsi répartis les
prix suivants :
Prix Desprez (sculpture), de la valeur de t. 000 francs
M. Achille-Émile Jacopin [le Linceul).
Î02
LE BULLETIN DE L'ART
Prix Brizard (paysage), de la valeur de 3.000 francs :
M. Louis Prat {Sortie de vrpip.i).
Prix Maxime David (miniature), de la valeur de
400 francs : M"' Dernier.
Prix Eugène Piot (sculpture), de la valeur de 2.000
francs : M. Paul Roussel {les Tout petits).
Prix Meurand (peinture d'iiistoire), de la valeur de
1.000 francs : M. Charles Fouqueray {l'Açionie).
Prix Edmond Lemaltre (paysage), de la valeur de
300 francs, concours : l'auteur du paysage intitulé
Campagne île Leisseigiies.
Prix Alphonse de Neuville (peinture de scènes
militaires), de la valeur de 1.200 francs : M. Henri
Jacquier {Glorieux bûcher).
Fondation Leclerc-Maria Bnuland (3.000 francs) :
M. Berges, pour son portrait.
— C'est le portrait de M. Seriziat par David (musée
du Louvre), qui est désigné comme sujet du concours
Roux pour 1009 (gravure en taille douce).
Académie des inscriptions et belles-lettres,
(séance du 20 juin). — M. Paul Gauclilcr, correspon-
dant, présente au nom du marquis Cappelli, président
de la Société romaine des Foiidi rustici, la photogra-
phie inédite d'un admirable bas-relief qui a été décou-
vert, à la fm de 1907, dans les Terres-Pontines. Il
représente Antinods en costume de vigneron faisant
la vendange et il est signé du sculpteur Antonianos
d'Aphrodisias Le style en est très élégant et très pur;
c'est un des meilleurs morceaux de la sculpture
grecque au temps des Antonins.
(Séance du 3 juillet) — M. Clermont-Gaoneau
dépose sur le bureau une somme de 5.000 francs que
le duc de Loubat, membre associé, met à la disposi-
tion de l'Académie pour augmenter le Fottds d'acqui-
sition, créé il y a quelques années.
— Sur la proposition de M. Chavannes, l'Académie
désigne M. Chassigneux comme membre de l'école
française d'Extrême-Orient.
— M. Salomon Reinach annonce une intéressante
découverte du professeur italien BeaJego. L'artiste
Pisanello.que l'on faisait naître vers 1380, est venu au
monde en 1397. Donc, comme il y a des attinités évi-
dentes entre l'art de Pisanello et celles des miniatures
des Heures du duc de Berry qui sont antérieures à
1416, il est désormais certain que les auteurs des
manuscrits de Chantilly n'ont pas imité Pisanello,
mais que la théorie contraire est vraisemblable.
— M. Henry Martin, administrateur de la Biblio-
thèque de l'Arsenal, présente à l'Académie un bloc
de marbre noir portant l'épitaphe de Béatrix de
Bourbon, reine de Bohème, arrière-petite-fille de
saint Louis, et femme de Jean de Luxembourg, mort
à la bataille de Crécy, le 2G aoftt 1346. Cette épitaphe
provient du tombeau de cette princesse, morte le
25 décembre 1383 et enterrée dans l'église des Jacobins
de Paris ; la statue qui ornait le tombeau se trouve
aujourd'hui dans le croisillon méridional de la basi-
lique de Saint-Denis. Depuis plus de soixante ans,
l'épitaphe étaitconsidérée comme perdue; M. II. Martin
l'a découverte ,'i la devanture d'un niar.hand d'anti-
quités.
— M. de Morgan fait l'exposé des dernières fouilles
qu'il a pratiqué en Perse, et le relevées des documents
divers, statues, poteries, briques, vases peints, inscrip-
tions diverses, etc., qu'il a mis au jour.
Musée du Louvre. — Le musée du Louvre vient
de recevoir d'un amateur anglais, sir John Tollemache
Sinclair, un tableau de Murillo, provenant de la
célèbre galerie Beresford Ilope et représent.ant le
Christ avec la couronne d'épines posée près de lui.
— On a arrêté trois cambrioleurs, qui avaient dérobé
au Louvre, le 20 octobre 1906, unp statuette d'Isis en
bronze et une gutre figurine égyptienne ; les sculp-
tures n'ont pas encore été retrouvées.
Musée des arts décoratifs. — M"' Palyart-
Mancel, récemment décédée, a fait des legs asscK
importants à divers établissements publics. Entre
autres, elle a légué au musée des Arts décoratifs des
bijoux, des dentelles et des objets d'art, avec une
somme de 1.000 francs pour leur installation au pavil-
lon de Marsan.
Manufacture des Gobelins. — M. Jean-Paul
Laurens a reçu de l'État la commande du carton
d'une tapisserie, destinée à la mairie du XIII' arron-
dissement (quartier des Gobelins) et représentant une
visite de Louis XIV aux Gobelins.
Les récompenses du Salon. — Le 26 juin, le
Comité de la Société coloniale des Artistes français a
attribué trois bourses de voyages à des artistes expo-
sant à la Société Nationale des beaux-arts. Ces lau-
réats sont : M.\I. André Lenoir, auteur d'une statue
la Vierye et l'Enfant [Souvenir d'fU/ypte] ; Robert Le-
mounier, auteur d'une toile intitulée : le Vallon des
Ventes Dalles, et Fernand Olivier, auteur de VRijUse
de l'Isle.
Société des Amis de 'Versailles. — A la séance
constitutive do la Société des Amis do \ eraaillcs, qui
a eu lieu le 2j juin, le président M. V. Sardou a an-
noncé qu'une somme de 25.000 francs avait été géné-
reusement mise à la disposition de la Société |iar
M. Gordon-Bennett.
Lecture a été donnée des statuts, dont tous les arti-
cles ont été adoptés.
Les fouilles d'Alésia. — M"' la marquise Arcu-
nnti-Visconti qui, dès le début des fouilles d'Ali.so-
Saintc-Reinc, avait déjà fait parvenir à la Société des
sciences de Semur une somme de 1.000 francs, vient
de lui faire remettre une nouvelle souscription de
2.000 francs.
La quatrième campagne de fouilles a déjà donné
d'intéressants résultats : on a mis au jour un impor-
AMCIEN ET MUDEKNË
203
tant iiionumont à double colonnade, et une cave du
I" siècle de notre ère, où l'on a trouvé nombre d'objets
en fer et en pierre (entre autres une statuette de
femme assise) ; enfin on a commencé à déblayer un
monument à colonnes qui parait être le plus impor-
tant de ceux qu'a livrés jusqu'ici la vieille cité.
Congrès de l'Union provinciale des arts
décoratifs. — Le deuxième Congrès de l'Union
provinciale des arts décoratifs, dont le siège est à
Besançon, se tiendra cette année à Munich, les 6, 7
et 8 août.
A Montpellier. — On a inauguré, le 23 juin, à
l'Université de Montpellier, la salle Alexandre Caba-
ne!, où l'on a groupé les reproductions photographi-
ques des œuvres de cet artiste mont.pelliérain que le
nmsée n'avait pu accepter faute de place.
A Dresde. — Pour célébrer le 80" anniversaire du
statuaire Johannes Schillings, la ville de Dresde et
l'Etat ont décidé d'acheter en commun le musée
Schillings pour la somme de 130.000 marks. La répu-
tation de Schillings date un Monument national, élevé
à Niederwald, après la guerre de 1870, auquel il
travailla neuf ans (1874-1883). On signale, parmi ses
autres œuvres, les quatre groupes des Heures du jour
(1862-1869), sur la terrasse de Bruhl à Dresde, dont
le grès s'est effrité et que l'on a récemment coulés en
bronze ; la ville de Dresde possède encore de lui le
quadrige de panthères à l'Opéra, le monument de
Kietschel, son maître, et celui du roi Jean. Schillings
a publié en 1906 des notes et observations très
intéressantes sur la Vision artistique. La perte de la
vue l'a seule arrêté dans son travail.
— La Galerie de tableaux de Dresde vient d'acqué-"
rir le tableau de Max Klinger, connu sous le titre
la Source ou aussi Campagna, peint à Rome en 1892;
le nmsce ne possédait jusqu'ici qa'uae l'ietà du même
artiste. — M. M.
Nécrologie. — Le peintre Georges-Henry Burdy,
né en 1871, qui exposa de 1897 à 1901, au Salon, des
portraits -et des intérieurs souvent récompensés, s'est
suicidé à Audrimont, près de Verviers (Belgique).
— M. Édouard-Ernest Yan Dargent, artiste peintre,
fils du peintre et graveur décédé il y a quelques
années, et qui s'était fait une réputation d'illustrateur
et d'aquarelliste, comme aussi de conférencier et de
professeur, est mort à Paris le 39 juin, à Vàge de
58 ans.
— Le peintre-verrier Charles ChampigneuUe, bien
connu dans le monde des arts décoratifs, vient de
mourir à la suite d'un accident d'automobile, à l'âge
de 28 ans. Érudit et artiste de talent, il avait succédé
à son père dans la direction de l'atelier de peintre-
verrier fondé par celui-ci et d'où sont sortis, entre
autres, les vitraux du Conservatoire des arts et métiers,
les verrières des cathédrales de Chartres, du Mans, de
Saint-Denis, de Nevers, etc.
— On annonce la mort de M. Charles Tabaraud,
conservateur du château de Compiègne, poète et
écrivain d'art.
— A Laubegast, près Dresde, est mort, le 24 juin,
le statuaire D' Gustave Kietz, né à Leipzig en 1826,
élève de l'Académie des Beaux-Arts de Dresde, puis
de Kietschel. Ami intime de U. Wagner, il a publié
sur lui des souvenirs qui datent des années 1842-49
et 1873-75. Il est aussi l'auteur du buste de Wagner à
l'Opéra de Dresde. Ses principales œuvres sont les
statues de Jean IIuss, de Philippe de Hesse, de
Melanchton, pour la ville de Wurzbourg, le monument
Uhland à Tubingue, le monument Luther sur le
Neumarkt, à Dresde, pour lequel il a utilisé une tête
de Luther par Kietschel, le portail do l'église de la
cour à Dresde-Altstadt, etc., sans compter les grands
ouvrages de son maître auxquels il a travaillé tandis
qu'il fréquentaitencore son atelier, avant 1863. — M. M.
■ > n t muoom>*-'**
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
Ventes à Paris. — Succession de M'"° Do-
wes de Saint-Amand (objets d'art, etc.). —
Celle vente, la dernière vente importante de
la saison, a eu lieu, salles 9 et 10, du 17 au
20 juin, sous la direction de U" Baudoin et de
MM. Mannlieim et Falkenberg. Elle a produit un
total de 355 441 francs, mais il faut tenir compte
que le produit des bijoux entre pour la somme
de 279.888 francs dans ce chiffre.
Parmi les catégories d'objets qui nous inté-
ressent, les tapisseries, sans être de premier
ordre, ont donné lieu cependanl à quelques
enchères notables. Une série de quatre bandeaux
en Beauvais, de la fin du xvni" siècle, à petites
figures mythologiques, avec bordures de fleurs,
204
LE BULLETIN DE L'ART
a été adjugée 15.000 francs, sur la demande de
ce prix. Notons encore les 8.050 francs obtenus,
sur la demande de 8.000, par deux fauteuils en
bois sculpté, couverts en tapisserie llamande
d'époque Louis XV, encore que le bois de l'un
fût moderne, et les 4.600 francs auxquels a été
adjugée, sur la demande de 4.000, une boîte en
or gravé, décorée de bandes ondulées, à fleurs
émaillées en plein, de la fin du xviii* siècle.
Aucun chiffre marquant dans la catégorie des
faïences et porcelaines.
PRINCIPAUX PRIX
Objets de vithine. — 92. Boite rectang., or gravé,
montée à cage et décorée de bandes ondulées à fleurs
émaillées en plein. Fin du xviii' s., 4.600 fr. — 94.
Boite oblonguc, or éniaillé, à figures mythologiques
et fond bleu. Trav. de Genève. Comm' du xix' s.,
1.25.1 fr. — 9.1. Boite rectangulaire, nacre ciselée, à
décor de figures, fruits et oiseaux en application d'or
émaillé, 1.810 fr. — Drageoir en jaspe vert sanguin,
décor de personnages et rocailles en léger relief,
mont, or, 1.500 fr.
Meubles. — 12S. Deux fauteuils, bois doré, couv.
tapis, flam., fin xvi* s., à sujets bibliques entourés de
fleurs, 1.115 fr. — 131. Deux chaises, bois peint blanc
et or, couvertes, l'une de deux fragments de tapis,
ép Louis XV, à personnages; l'autre, d'un fragment
de tapis, au point et d'un fragment de tapis, aux
armes des Bourbons, 1.280 fr. — 132 et 133. Deux
fauteuils, bois sculpté, couv. lapis, flam. ép. Louis XV,
chasseur sur le dossier, animaux sur le siège, enca-
drements de fleurs et rocailles {un des bois moderne),
8.030 fr. (dem. 8.000). — 134. Grand chiffonnier, bois
de placage, garni cuivres, dessus de marbre, ép.
Louis XVI, 1.380 fr.
Tapissekies. — 138. Tapis, flam. du xvi- s., à per-
sonnages de style antique, bordure à compartiments
de fruits et figures, 2.750 fr. — 1,39. Tapis, flam., xvi' s.,
jardiniers travaillant dans un jardin en présence de
deux personnages richement vêtus, 2.000 fr. — 140.
Petit panneau, tapis, flam., ivi' s., tissé d'argent,
sujet de l'Histoire d'Eslher, avec armoiries, 1.920 fr.
— 141. Fragment de tapis, flam. du xvi* s.. Sujet de
chasse, 1.700 fr. — 145. Deux panneaux Aubusson,
ép. Louis XVI, groupe de figures allégoriques sur fond
clair, encadré de draperies, 4.450 fr. — 147. Panneau
tapis, flam., xviii' s., représentant des p.iysans dan-
sant dans la campagne, manière de Ténicrs, 4.000 fr.
— 148. Autre analogue, atelier des Leyniers, la Mort
du porc, 3.200 fr. — 151. Quatre bandeaux, tapis, de
Beauvais, fin xviii* s., à figures mythologique avec
bordure de fleurs et de moulures simulées, 15.000 fr.
(dem. 15.000). — Petit panneau, tapis, au point, sujet
allégorique dans paysage.
Succession de M""" Bruant (objets d'art,
etc.). — Nous avons indiqué, dans notre dernière
chronique, la somme de 23.000 francs réalisée par
la première vacation — et non pas le chilfrc
total, comme il a été imprimé par erreur —
de cette vente, faite salle 11, du 18 au 22 juin,
par M« Lair-Dubreuil et MM. Paulme, Lasquin et
Heinach, et dont le produit s'est élevé à 70.000
francs environ. Nous avons signalé également
déjà le prix de 4.400 francs obtenu par un Fra-
gonard, l'Adoration des bergers. Notons encore,
dans cette même catégorie : Attrib. à Greuze.
Portrait présumé du duc de Choiscul enfant, avec
son chien, 1.850 fr. — Miéris. Silène, 1.550 fr. ;
et, dans la catégorie des objets, d'art et d'ameu-
blement : Pendule religieuse, ép. Louis XIV,
marqueterie d'écaillé, cuivre et étain, ornée de
bronzes, 1.205 fr.
Succession Bowes de Saint -Amand (2"
vente). — Dirigée par M' H. Baudoin, celle
seconde vente, qui a duré du 2.1 au 27 jnin, a
produit un total de 48.149 fr. Elle n'a pas donné
lieu à de bien grosses enchères et c'est à peine
si nous trouvons à signaler quelques prix dépas-
sant le billet de mille francs. Notons : Paire de
vases, sur quatre pieds, décorés sur fond gros
bleu rehaussé d'or, de réserves à bouquets de
Heurs et oiseaux en couleurs, en porcel. anglaise
marquée d'une ancre, 1 ..'180 fr. — Pot en faïence
-de Moustiers, décoré en jaune de guirlandes et
pilastres et orné au couvercle d'un sujet allé-
gorique en couleur, 1.180 fr.
"Ventes diverses. — Parmi les vacations qui
ont occupé les derniers jours de la saison, une
mérite encore d'être signalée, plus pour le nom
qu'elle portait que pour son intérêt propre :
la vente du mobilier provenant de la succession
de M. Tornielli, ambassadeur d'Italie, n'a pro-
duit, en effet, qu'un total de 14.000 fr. environ
et nous n'y trouvons à citer que l'enchère de
1.205 fr. obtenue par une tapisserie de la (in du
xvi« siècle, à sujet de chasse.
Fin de la saison. — Les ventes prochaines.
— Nous pouvons considérer la saison comme
terminée, à Paris du moins, car à Londres elle se
poursuit encore pendant le mois de juillet. Mais
si l'Hôtel Drouot va chômer pour nous pendant
quelques mois, on annonce dès à présent des
vacations importantes pour les mois de novembre
et décembre prochains. Nous assisterons eu par-
ANCIEN ET MODERNE
20Î)
ticulier à la vente de la collection d'un artiste
peintre étranger, mort récemment — collection
qui comprend des œuvres importantes de l'école
de 1830.
M. N.
^ ^ ^ ift ifi ifi ^ ^ ip ^ ^ ^ ^ Jp f^ 3p ^ ^ 7p ^ ^ ~
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Les Envois de Rome (École des beaux-arts).
— Nos pensionnaires de la Villa Médicis ne par-
tagent pas la défiance d'un lettré qui, timide-
ment, à chacun de ses voyages d'Italie, évitait
Home de peur de subir pour jamais l'empreinte
de la Ville Éternelle : sans leurs dessins régle-
mentaires, on douterait qu'ils ont vu la Sixtine
et Michel-Ange, dont les pâles copies s'étagent
comme un reproche autour de leurs ponctuels
envois Les lieures de la modernité lumineuse
continuent de se partager les travaux : M. Mon-
chablon (4« année) représente avec impétuosité,
dans la Chiourme, le coloris crépusculaire dont
l'étrange Brangwyn inspire les reflets sur les
échines hàlées et les bonnets rouges comme les
avirons du bagne flottant. M. Leroux (2» année)
s'arri'^te avec sagesse au plein air joyeux et crain-
tivement stylisé dans ses Bords du Tibre, où la
voile blonde abrite la baignade des jeunes
Romains. Banale, la Nymphée de M. Roganeau
(1" année) ne nous dit rien des soirs délicieux
de solitude studieuse sous les charmilles de la
villa.
Malgré la virtuosité de ses traditionnelles
copies, la sculpture, à son tour, se préoccupe
surtout des audaces nouvelles. En plâtre, en
bronze, en marbre, nous estimions déjà la Petite
fauncme que M. Piron (4" année) a si nerveu-
sement cambrée sur ses grands pieds de gamine
dansante ; nous aimons beaucoup moins l'effort,
immense parles dimensions, de ses Druides; les
figurines et petits portraits de son exposition
variée ont dû l'intéresser davantage.. Une main
de marbre rose est son triomphe. L'auteur d'un
Jeune athlète, M. Larrivé (3" année) penche vers
la raideur érudite, acceptée par la mode, oubliant
le pur fragment qu'il a copié du Trône de Vénus,
où l'archaïsme expire dans la plénitude de la
beauté. M. Brasseur (2= année), qui travaille
d'après Donatello, M. Biaise (1'" année), qui se
réclame de Victor Hugo, ne sont encore que de
bons élèves, comme le médailleur, M. Mérot,
comme les graveurs, MM. Busière et Serres, à
côté des patientes épures de nos architectes où
se distingue aussitôt l'érudition byzantine de
M. Prost. HIn résumé, beaucoup de savoir et peu
de promesses.
Raymond Booyer.
LE C03SrC3-RÈS
Société Française d'Archéologie
Le congrès annuel de la Société française
d'archéologie s'est tenu, cette année, comme
nous l'avions annoncé, à Caen, sous la prési-
dence de M. Eug. Lefèvre-Pontalis.
Après la séance d'ouverture, qui eut lieu le
2,'î juin, à l'hôtel de ville, mis aimablement à la
disposition des congressistes, on commença la
visite de la ville par l'église Saint-Pierre, dont
le clocher élevé, au iiv» siècle par Jean Langlois,
a servi de modèle à la flèche de Saint-Sauveur
qui lui est voisine et au fameux Kreisker de
Saint-Pol-de-Léon; l'église Saint-Jean, recon-
struite aux xiv et xv= siècles, et dont les tours
sont restées inachevées.
Le 24, la journée fut consacrée à la visite de
Baveux. On s'arrêta en passant à la petite église
de Tour, dont le chœur se termine par trois cha-
pelles à chevet plat, aux voûtes élancées, d'une
admirable légèreté (xiv» siècle). A Bayeux, la
cathédrale retint les congressistes une grande
partie de la journée: construite presque entière-
ment au xiii« siècle, elle présente cependant
dans les tours quelques traces de l'église du
xii= siècle. Les piliers et la voûte du transept, qui
menaçaient de s'écrouler sous le poids de la tour
centrale, ont été repris en sous-œuvre en 1859.
M. Travers montra aux congressistes la « tapisse-
rie de la reine Mathilde», exécutée en Angle-
terre pourOdon de Conteville, évoque de Bayeux,
entre 1088 et 1092; c'est une bande de toile
d'environ 0 m. 50 de large, longue aujourd'hui
de 70 m. 35, sur laquelle le dessinateur a traci'
les scènes exécutées en broderie, représentant
l'histoire de la conquête d'.Vngleterre, depuis le
voyage d'Harold en Normandie, jusqu'à la bataille
d'Hastings. Avant de quitter Bayeux, le congrès
se rendit à la maison natale de M. de Caumont,
206
LE BULLETIN DE L'AHT
où l'ut inaugurée une plaque rappelant les ser-
vices rendus par le fondateur de la Société à
l'archéologie et aux beaux-arts.
Le 25, journée chargée, mais fort intéressante,
oùl'on visita les églises de Ouislreham, Dernières,
Langrune, Douvres, Saint-Contest, qui chacune
pourrait faire le sujet d'un important travail, et,
à côté du joli château de Fontaine-Henri dans le
fond d'un vallon sauvage, seule au milieu des
arbres, la vénérable église de Thaon, dont les
vieux murs romans et la décoration archaïque
avaient égaré les premiers archéologues.
Le 26, visite des grands monuments de Caen :
la Trinité, dont la clôture avait été levée pour
les congressistes, Sainl-Gilles, le château, Saint-
Etienne, le lycée, Sainl-.Nicolas, le vieux Sainl-
Étienne, les anciennes maisons et le musée des
antiquaires. Tout le monde a admiré la nef et
le chœur imposants de la Trinité, la façade do
Saint-Élienne, avec ses deux grandes flèches qui
paraissent sœurs, mais dont un examen attentif
permet de reconnaître les dissemblances, et
l'abside, d'un caractère si grandiose. Les voûtes
de ces deux églises ont fait l'objet de savantes
remarques et de nombreuses discussions, et il
semble que, malgré les travaux de de Gaumont,
Bouet et Uuprich-Robert, pour ne citer que les
principaux, il reste encore beaucoup à dire sur
leur système de construction et la restitution de
leur état primitif.
Le samedi 27, un train spécial conduisit le
congrès à l'abbatiale de Lessay, dont le plan est
assez semblable à celui de Cerisy-la-Forét, puis
â Goutances ; la façade de la cathédrale, qui,
quoi qu'on en ait dit, date du xni» siècle, est
chargée par deux flèches trop lourdes, mais
l'abside, aux lignes pures et bien ordonnées, est
fortremarquable ; l'église Saint-Nicolas renferme
une belle Vierge du xiv siècle en marbre.
Le dimanche, jour de repos bien mérité, était
consacré ù des excursions particulières à Dives-
Gabourg, Italleroy, Gerisy, GrcuUy, Saiut-(jabriel.
Dans les trois derniers jours, le congrès a
visité Saint-Pierre-sur-Dives, puis Lisieux, avec
sa cathédrale du xn« siècle et ses belles maisons,
dont les pans de bois richement sculptés et les
grandes lucarnes donnent à la ville un aspect si
pittoresque ; Falaise et son vieux château, les
petites églises de (iuibray et de Sainl-fiervais. Le
mardi, au cours d'une grande promenade en
voiture, on s'arrOta devant les curieuses églises
de Bots et de Norrey, Secqueville, le château de
Lasson et l'abbave d'Ardennes.
Chaque soir, malgré les fatigues de la journée,
un grand nombre de congressistes assistaient
aux séances, écoutant attentivement les commu-
nications, parmi lesquelles nous noteions celles
de M. P. Vitry sur une Vierye des environs
de Lisieux, de M. André Uliein sur l'abbatiale
de Gerisy-la-Forêt, et les conférences accompa-
gnées de projections photographiques de M. Le-
fèvre-Pontalis, sur les clochers du Calvados, et
de M. John liilson sur les églises d'Angleterre.
Les congressistes, au nombre de plus de 300,
dirigés par MM. Lefèvre-Pontalis et Louis Serbat,
qui avaient rédigé le guide du congrès, ont
rempli jusqu'au bout, sans défaillance, un
programme extrêmement chargé ; ils connaissent
maintenant en détail ce coin de la Normandie,
dont les grandes cathédrales comme les modestes
églises rurales, les luxueux châteaux comme les
maisons les plus simples, présentent pour le
visiteur, touriste ou savant, un intérêt si parti-
culier.
.Mahcel AiuKnT.
^^<y ^j<èJ ^^ ikJiy ^vvtv vvv*v
t*j rJKjOt} Ok}<dK} Okjt^ Ukj'dkj (Jr~j(.~-j^ t.*_>crj
GORRESPÛNÛÂNCE DE MUNICH
A.U Glas Palast.
IjAllgemcinc Deutsclie KunsVjenossenschaft a or-
ganisé au Glas Palast un Salon du Cinquantenaire
de son existence, coïncidant avec l'exposition
moderne de laTheresienbœhe, qui a pris pour pré-
texte le ToO" anniversaire de la fondation de
Munich par le duc Henri le Lion. Les sections de
l'Allemagne entière et de Vienne y sont réunies
et représentent tant bien que mal, plutôt mal
que bien, une certaine moyenne, la moins hardia
et la moins originale, de l'art allemand contem-
porain, la moyenne des Kunstvereine. Les envois
ne sont pas soumis à un jury munichois, mais
arrivent en bloc de chacune des villes ; de cette
façon le niveau de ce qu'on voit au (ilas Palast est
fort au-dessous de ce qu'on a l'habitude d'y voir
et l'on ne peut que regretter la place dont on a
privé les groupements d'artistes locaux, surtout
cette année d'exposition, où il sera déplorable
que les étrangers de passage soient induits eu
doute sur la valeur de l'art munichois, par le
voisinage de tout cet ensemble jubilaire.
Du moins, puisque le Salou est rétrospectif, si
ANCIEN ET MODERNE
207
l'on y retrouvait les grands noms qui furent pen-
dant ces cinquante dernières années l'honneur
de la Société ! On découvre à grand'peine, dans
la section berlinoise, un Von Werner moins
mauvais que les récents ouvrages de ce peintre
ofliciel, une scène d'un sentiment dramatique
assez impressionnant : Pourparlers de capitulation
à Donchéry, le 2 septembre 1870, et deux petits
Menz.el, un intérieur du Théâtre du Gymnase et la
fliambrette que le maître occupait Schœneberg-
strasse en 18'ib, traitée en magistrale pochade.
Mais c'est à peu près tout.
D'autre part, si l'on constate avec stupéfaction
la banalité des envois, même de Karlsruhe, de
Stuttgart, de Dusseldorf, de Dresde, il ne faut
pas oublier qu'il s'agit ici de la Kuniit(jenossen-
Kc.haft, l'Association d'art allemande la plus an-
cienne, c'est-à-dire la société qui s'est le moins
laissé influencer jusqu'à présent par les innova-
tions sécessionnistes ou autres, plus modernes
encore, et qui demeure le rempart des fions
principes traditionnels. On y chercherait presque
vainement une individualié ; elle compte en
revanche, comme nous le verrons, un nombre
re.spertable de peintres habiles.
M. M.
[A auivre.)
<T*> i^i c+^j, cX't rt>A <T*A (i>jL ct^ cVyjL, ci» ci'_j. <t>a (t^j. c^^i
A PROPOS
. nu
Velazquez du musée de Rouen(i)
Je peux dater avec plus de précision mes souvenirs
sur ce point. Le 7 novembre 1877, feu M"' Henry Gré-
ville s'était fait une fracture grave, qui marqua ce
jour dans notre souvenir. Dès la guérison, nous
allâmes passer quelques semaines au bord de la mer,
au Havre. Au retour, entre deux trains, je fis ma pre-
mière visite au musée de Rouen. Malgré la rapidité
de l'examen de tant de beaux ouvrages, le Géoqraplie
me laissa une profonde impression, dont je fis part,
l'un des jours suivants, à Ilenner, qui me dit: « Vous
savez que Bonnat l'a rendu à Velazquez? »
Cette conversation eut lieu en février 1878. Il ne
s'agit pas, on le voit, d'un « propos rapporté ■> auquel
pourrait être opposée la possibilité d'une défaillance
(1) A propos de l'allribution, par M. L. Bonnat, du
(li'or/raphe du musée de Houen à Velazquez, voir le
n» 386 du bulletin.
de mémoire. C'est un fait, menu si l'on veut, mais
absolument précis, ajouté à l'histoire des opininns
concernant le chef-d'œuvre du musée de Rouen. Su
mention, d'ailleurs, ne diminue en rien le mérite des
historiens d'art qui, sans connaître l'opinion de
M. Bonnat, sont arrivés au mêmes conclusions que
lui.
E. DURAND-GrtÉVlLI.B.
LES REVUES
France
La Grande Revue (25 juin). — Le l'astel, par
.Mbert Besnaiid, à propos de la récente exposition des
(;ent Pastels à la galerie Georges Petit. — Le pastel est
avant tout un crayon; aussi devait-il convenir par-
faitement à ceux pour qui le dessin est la plus pré-
cieuse façon de s'exprimer; c'est le cas pour les
altistes de chez nous, dont l'ordre et la clarté dans
l'expression des idées sont les qualités maîtresses.
Pourtant, le pastel n'est pas français de naissance, et
la première fois qu'il devient célèbre, c'est grâce à
une Vénitienne, Rosalba Carriera, o plus matérielle
que nos peintres, sans pour cela être aussi exacte:
plus voluptueuse, par conséquent moins observatrice ».
La Tour et Perronneau : parallèle. M. Besnard voit
dans le second une victime de l'esprit routinier de
la foule, un incompris qui vint trop tôt, un moderne
égaré chez des anciens. La Tour, dessinateur incom-
parable, faisait vivre ses modèles rien que par les
yeux : le masque est tout dans ses portraits, et le
reste est indiqué arbitrairement. Pour Perronneau,
« ses têtes, ses vêtements, sont baignés dans l'onde
mouvante que créent autour d'eux la lumière et les
reflets »; il a obligé le public a découvrir une chose
qu'il n'était pas habitué à regarder : la couleur, et
voilà pourquoi on la mal compris.
Chardin mit autre chose dans son œuvre : l'émotion ;
à la fin du xviii* siècle, d'ailleurs, le pastel devient
plus intime, mais il se refroidit; il glisse ensuite vers
la fadeur et le joli. Prudhon en use magistralement,
mais c'est pour chercher l'elfet de ses compositions et
parce qu'un artiste de race fait de l'art avec toutes
les techniques.
La France médicale (25 juin). — Pierre Qiillie.
maître apothicaire tie Paris, son portrait par Franfo/«
Clouet, par Paul Uouveaux. — La Bévue du mois de
mai a donné une reproduction en héliogravure du
portrait peint par Clouet, que la générosité des Amis
du Louvre et l'initiative de iM. Moreau-Nélaton ont
fait entrer au Louvre. On sait que ce tableau porte,
sur le fond, à gauche du personnage, l'inscription
suivante : Fr. Jaiietii opiis. Pe. Quttio amtco singu-
lari. Aitatis suae XillI. ;.ï62.
208
LE BULLETIN DE L'ART
M. Paul Dorveaux, bibliothécaire de l'école supé-
rieure de pharmacie, donne des détails sur le person-
nage représenté par Clouet : c'est un certain Pierre
Quthe, apothicaire et botaniste parisien dont on
rencontre fréquemment le nom et la signature dans
les archives des apothicaires de Paris.
On ignorerait la date de sa naissance, sans la
peinture de Clouet qui le dit âgé de 43 ans en 1362;
mais on sait que, reçu maître apothicaire et épicier
de Paris, il s'établit dans la rue Sainte-Avoye en 1544,
non loin de son ami François Clouet, dit Janet, qui
demeurait dans la même rue. Apothicaire fortuné,
possesseur d'un jardin on il cultivait les plantes
médicinales nouvellement importées d'Amérique,
homme d'un commerce agréable, Pierre Quthe était
lié avec des savants qui lui ont consacré quehiues
lignes dans leurs ouvrages — par exemple le médecin
Jean Liébault ou le médecin Adrien Le Tartier.
M. Dorveaux a relevé son nom en 1544, 1577, 1.578;
l'année suivante son fils est reçu aussi maître apothi-
caire; en 1580, P. Quthe l'alné est élu garde apothi-
caire et en 1588, juge des marchands. On ignore la
date de sa mort.
L'Ecole de pharmacie possède une petite galerie de
tableaux, à laquelle manque le portrait de P. Quthe
qui vient d'entrer au Louvre; mais, en revanche, les
archives de la Société de pharmacie permettent, on
le voit, de faire revivre un peu ce personnage que
son ami François Clouet a représenté accoudé à une
table, sur laquelle est ouvert un album de botanique.
Les Débats (27 juin). — M. .\dolphe Jlli.ien ter-
mine sa chronique musicale par une note sur l'expo-
sition des Cent Pastels qu'il est intéressant de résumer
ici, car l'auteur y propose une identification inté-
ressante des deux beaux pastels de Nattier qui ont
été si remarqués à la galerie Georges Petit.
M. S. Bardac avait envoyé deux portraits, que le
catalogue désignait sous le nom de M. Le Hoyer,
conseiller au Parlement de Pai-is et M"' Le Royer.
D'aucuns — et en particulier M. L. de Fourcaud, dans
son article sur les Cent Pastels, publié par la Revue
d» ce mois de juillet — avaient marqué de la sur-
prise en voyant un violon et un clavecin, auprès du
prétendu conseiller occupé, non à rédiger un arrêt,
mais à écrire de la musique ; de même, on ne voyait
pas sans étonnement M"" Le Hoyer, tenant entre
ses doigts un masque d'Arlequine.
Or, M. A. Jullien a démontré que le pseudo-
conseiller Le Royer n'est autre que Joseph-Mcolas-
Puncrace Royer, maître de musique des enfants de
France, inspecteur général de l'Opéra, né en 1705,
mort en 1755 et auteur de quelques opéras, parmi
lesquels une Zaide, représentée avec succès à l'Opéra,
en 1739, et qu'il est justement en train de composer
sur le portrait de Nattier : on lit en efl'et, en haut
de la page où le musicien vient d'écrire une ritour-
nelle pour violon et llùte : Scène i, Zdide seule.
Quant à sa femme, elle appartenait vraisembla-
blement au monde du théâtre.
Italie
BoUetino d'arte del Ministero délia Publica
Istruzione (II, fasc. 2). — M. Laudedeo Tksti publie
un Chff-d'irure inconnu : il s'agit d'une Vierge à
l'Enfant avec saint Jean, œuvre du Corrège, acquise
l'an dernier par la Galerie nationale de Rome, par
l'intermédiaire du musée de Parme, à la direction
duquel l'œuvre avait été offerte.
— M. Gust. GiovANNONi parle de l'installation du
groupe de Canova, Hercule et Lycas, dans une nou-
velle salle de la Galerie nationale de Rome, construite
et aménagée spécialement pour cette œuvre.
— La Collection Geymuller-Campello, récemment
acquise par l'État pour le musée des Offices, se
compose, dit M. P. .\. Fekiu, de 228 dessins anciens,
réunis en trois volumes : ce sont des œuvres d'An-
tonio da Sangallo et de Francesco, son neveu, de
Bramante, de Fra Giocondo, de Giuliano, Antonio et
Francesco da Sangallo, de Vasari, etc., d'un intérêt
capital pour l'histoire de l'architecture du xv* et du
XVI' siècle.
— Les Bustes du cardinal Scipion Rorghèse et une
sculpture de la manière du Rernin à la galerie
Borglièsè, par Ettore Modigliani. — Après avoir été
transportés de Rome à Venise en 1891, les deux
bustes du cardinal Scipion Rorghèse, par le cavalier
Rernin, ont réintégré le casino de cette villa qui était
leur asile naturel et historique, et où leur rentrée
était négociée depuis le jour où les collections de la
galerie Rorghèse furent devenues propriété nationale
(1902). L'auteur retrace l'histoire de ces bustes, dont
le premier en date fut exécuté vers 1623-1626, et il
ajoute quelques notes sur un buste de vieille femme,
de l'école romaine du xvii* siècle, qui est entré
récemment à la galerie Rorghèse et qui peut être
attribué, sinon à Rernin lui-même, tout au moins .-i
l'un de ses meilleurs disciples.
Roumanie
Arta româna I, 3-4, lassy;. — Sous la direction
de M. A.-D. Atanasiu, celte revue s'occupe de l'en-
seignement des beaux-arts et de la musique en Rou-
manie, en appuyant sur les lacunes de cet enscigne-
iiicnl à lassy, la seconde capitale du royaume, mais
dont l'École et le Conservatoire sont fort négligés. —
Articles de Ed. Cauhella, de Ath. Thkhdokim;
critique très juste de l'Exposition Gropeano et Voi-
nescot à Bucarest, par Vasile Ravici; deuxième étude
de T. T. RuiiADA, sur les instruments de musique
chez le peuple roumain : le bucium, buccin des Ro-
mains, conservé par les pâtres des Carpathes. — M. .M.
Le Gérant : H. Dknis.
Pans. — Imfi. ii«orK«« Hem. 11, rue (iodol-de-Maurot.
Numéro 391.
Samedi 25 Juillet 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Une vieille histoire
A propos de l'article paru dans le dernier
numéro du Bulletin, sur les questions en suspens
pour cause de difficultés survenues entre la Ville
et l'État, un lecteur veut bien nous rappeler
l'histoire de l'École des arts décoratifs.
C'est une vieille histoire. Peut-être se souvient-
on que le Bulletin du 8 septembre 1900 (n° 225)
l'exposa au bref, en énumérant, sous le titre
ironique : Comment on reconstruit une école,
toutes les promesses faites et tous les engage-
ments pris, de 1879 à 1900, pour la rééditication
du taudis de la rue de l'École de Médecine.
Il y a huit ans de cela, et depuis lors la ques-
tion n'a pas fait un pas.
Ou plutôt, elle en avait fait un en 1906 : les
pourparlers avaient été repris entre la Ville et
l'État. Mais à l'heure actuelle ces pourparlers
n'ont pas encore abouti. Il est seulement con-
venu que la Ville donnera le terrain (on parle
de l'ancienne annexe de l'Hôtel-Dieu) et que
l'État paiera les constructions; il ne reste plus
qu'à se mettre d'accord sur le choix du terrain,
la combinaison financière, la refonte des pro-
grammes, etc., c'estassez dire que la solution récla-
méedepuis 1879 n'est pas encore près d'intervenir.
D'ailleurs, le Conseil municipal est saisi d'un
rapport de -M. Deville, proposant l'envoi, dans
divers pays d'P^urope, de délégations chargées
d'étudier la question des programmes.
lionne idée, cela, mais qui ne permet pas de
lixer d'ici longtemps la date d'inauguration de
la future école !
E. D.
IL ECHOS ET NOUVELLES
Légion d'honneur. — Ont été promus ou nommés
ans l'ordre de la Légion d'honneur, à l'occasion du
14 juillet, sur la propo.sition du ministre de l'Instruc-
in publique et des Beaux-Arts :
I
Officiers : MM. Paul Gervais, peintre, et Jules
Desbois, sculpteur.
Chevaliers : MM. Bomier, inspecteur de l'École
nationale des beaux -arts; Déchenaud, Delance,
Gueldry, Jobert et Geo Roussel, peintres ; Peyrol,
sculpteur ; A. Mignon, graveur.
— Dans la liste des décorations faites, sur la pro-
position du ministre des Colonies, à l'occasion de
l'Exposition coloniale de Marseille, nous relevons les
noms de MM. Silbert, Itéalier-Dumas et Leroy, artistes
peintres, nommés chevaliers de la Légion d'honneur.
— Sont promus au grade d'officier de la Légion
d'honneur, à titre étranger : MM. W. Mac Ewen et
P. 'W. Bartiett, artistes peintres.
— M. Legastebois, architecte du monument élevé
à Épinay aux victimes du combat d'Épinay (30 no-
vembre 1870), et inauguré le 19 juillet, a été nommé
chevalier de la Légion d'honneur.
^ Le 21 juillet, au cours d'une visite faite par M. le
président Falliéres à la Glyptothèque de Copenhague,
M, Jacobsen, à qui le Danemark doit le merveilleux
musée où l'école française est si admirablement
représentée, a reçu la cravate de conunandeur de la
Légion d'honneur.
Académie française (séance du 2 juillet). — Le
prix Charles Blanc (1.800 fr., réservé aux ouvrages
sur les beaux-arts), est ainsi réparti : 800 fr. à
M. J. Combarieu (la Musique, ses lois et son évolulion);
500 fr. à M. A. Boschot [un Romantique sous Louis-
Philippe : Hector Berlioz), et 500 fr. à M. L. Gillet
(Raphaël, publié dans la collection des Maîtres de
l'art).
Académie des beaux-arts (séance du il juillet).
— L'Académie des beau.x-arts a attribué le prix
Hautmont, de la valeur de 1.000 fr. (à décerner à la
suite d'un concours, au meilleur tableau de paysage
avec figure), à M. Iluet, et le prix Rouyer, de la
valeur de 1.800 fr. (à décerner à un relevé d'archi-
tecture), à M. Ventre.
Des mentions honorables sont accordées, pour le
premier concours, à M. de Gastyne, et, pour le
second, à M. Adolphe Thicrs.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 10 juillet). — Le prix Delalande-Guérineau,
de la valeur de 1.000 fr., est partagé entre M. Moïse
Schwab, pour son Rapport sur les inscriptions hébraï-
210
LE BULLETIN DE L'ART
qucs lie l'Espagne, et M. Emile Vernier, pour son
ouvrage : La bijouterie et la joaillerie ér/;/plieniies.
— M. LoDgnon communique une note de M. de
Lasteyrie, sur l'église Saint-Philibert de Grandlieu
(Loire-Inférieure), dont certaines parties remontent
à l'époque carolingienne, notamment le chœur et la
crypte.
— M. Sénart annonce que M. Pelliot, missionnaire
de l'Académie dans l'Asie centrale, vient de découvrir
un lot de documents très précieux pour l'archéologie
de l'Extrême-Orient, intéressant particulièrement
l'histoire de la Chine orientale et du bouddhisme
(vin* siècle de notre ère).
— M. Désiré Ghaineux, dessinateur de la Comédie-
Française, continue la lecture de son travail sur les
Hypothèses pour la reconstitution du costume, de la
parure et de l'armement des Grecs primitifs,
(Séance du 17 juillet). — M. Georges Perrot, secré-
taire perpétuel, donne lecture d'une note de M. Merlin
sur les recherches qui ont permis de retrouver des
épaves de bateaux sombres , dans l'antiquité, à
quelques kilomètres de la côte de Tunisie. Ces re-
cherches vont être reprises avec le concours du
ministère de la Marine et un crédit voté par l'Aca-
démie.
— M. Gustafson, directeur des musées de Chris-
tiania, signale la découverte, sur la côte de Norvège,
àBetag, d'une sépulture à navire du temps des Vikings,
qui est d'une richesse exceptionnelle. La tombe est
celle d'une reine avec laquelle on a inhumé son
navire d'apparat, sa voiture, ses traîneaux, ses che-
vaux et un grand nombre d'objets d'usage et de
parure. Le bois du navire est décoré avec une pro-
fusion d'ornements du plus beau style. L'ensemble de
cette curieuse trouvaille va être reconstitué au musée
de Christiania.
Musée du Louvre — On vient de rouvrir au
public les salles de la collection Thomy Thierry, au
second étage du musée du Louvre, qui avaient été
fermées pour cause des travaux de consolidation du
plafond. La conservation des peintures a profité de
cette réinstallation pour reuianier de la façon la plus
heureuse la disposition de ces salies, ainsi que celle
des deux salles précédentes, consacrées, lune à la
première partie du xix* siècle et à l'époque roman-
tique, et l'autre aux maîtres du second Empire.
Musée de Cluny. — Le musée de Cluny a reçu
de M. Salet un lot de fa'i'ences italiennes du xvi* siècle;
et de M. de Torcy, des figurines en ivoire et des
pièces de bronze du xiii* siècle.
En outre, le musée a acquis divers objets : un
petit rouet de l'époque Régence; un Christ mort,
œuvre de l'école de Toulouse du xv* siècle; un pan-
neau de porte, avec figure d'homme, du xvi* siècle;
un col de dentelles de l'Iandre et toile de Hollande,
du temps de Louis XIII.
Musée Galliera. — L'exposition spéciale annuelle
sera consacrée, en 1909, à la vorrcrie et .i la cristal-
lerie artistiques françaises modernes, à leur décor et
à leur monture. Une rétrospective, limitée au
xn' siècle, sera adjointe à l'exposition.
Musée 'Victor Hugo. — On a volé au musée
Victor Hugo une toile de llaffct, d'après une des
jiriucipales scènes de Notre-Dame de l'aris.
Musée de 'Versailles. — Le musée de Versailles,
qui possède un profil à la cire de Louis XIV âgé de
soixante-huit ans, œuvre du mnttre-cirier Antoine
lîcnoist, vient d'acquérir en Autriche le dessin d'après
lequel ce portrait a été fait.
Petit Palais. — M. Henri Rochefort a olfert au
Pal.iis des beaux-arts de la Ville de Paris, son por-
trait par M. M. Baschet, qui a valu à son auteur I.t
médaille d'honneur du dernier Salon.
— Sur la proposition de M. II. Turot, le conseil
municipal a adopté un projet d'essai de musée du
soir à la collection Dutuit.
Bibliothèque nationale . — La Bibliothèque
nationale a reçu en don de M. de .Naurois, le
bibliophile décédé il y a quelque temps, une impor-
tante collection de manuscrits d'écrivains des xvii*
et xvrii' siècles. Cette collection comprend des livres
sur vélin et des manuscrits avec miniatures, annotés
par Jean et Louis Racine et par André Chénier; des
lettres autographes de Jean Racine, Jean-Baptiste
Rousseau, Louis Racine, Voltaire, .Nicolle, d'Agues-
seau, etc.. et enfin, tous les manuscrits de Louis
Racine, odes, psaumes, commentaire sur les évangé-
lisles et projets d'ouvrages qui ne furent pas publiés.
École des beaux-arts. — L'école des beaux-arts
reçoit deux nouveaux professeurs : M. Blavetic, ar-
chitecte en chef des bâtiments civils et dos palais
nationaux, remplace, comme professeur de théorie
de l'architecture, M. Guadct, décédé, et M. Masson,
ingénieurdes ponts-et-chaussées, remplace à la chaire
de stéréotomie M Marcel Lambert, appelé à d'autre»
fonctions.
Prix de Rome. — Musique. — Grand prix :
M. André dailliard, élève de M. Ch. Lenepvcu ; pas
de second grand prix. Le deuxième second grand prix
a été décerné à M"' Nadia Boulanger, élève de
M. Widor.
Le livret, di'i à MM. Adenis et Uesveaux-Vériic,
était intitulé la Sirène.
Peinture. — Le sujet proposé était l'épisode bien
connu du jeune Tarcisius, martyrisé sur la voie
Appicnne, un jour ijuil portait sur lui le sacrement
de l'Eucharistie et que les païens voulurent l'obliger
.i leur livrer.
Grand prix : M. Lefeuvre. né à Paris en 1882, élève
de MM. J. Lefebvre et T. Robcrt-Fleury ; second
grand prix ; M. Prat, élève de M. Coriuon; deuxième
second grand prix : M. Berge», élève de M. Cormon.
ANCIEN ET MODERNE
2H
!>eutj)ttn'e. — Lesartistesavaient àtraiterlesujct sui-
vant : « Après la victoire de Salaiiiine, le jeune puète
Sophocle fut choisi, à cause de sa beauté, pour être
le coryphée des adolescents athéniens qui, la lyre en
main, le corps nu et parfumé, chantèrent l'hymme de
la Victoire ».
Grand Prix : M. Gaumont, né en 1880, à Tours,
élève de MM. Barrias, Coutan et Sicard.
Grand prix réservé de 1907 : M. Grenier, né en
1880, à Paris, élève de F.ilguière, et de MM. Mercié
et Larche.
Premier second grand prix : M. Ponsard, né en
1880, ;i Paris, élève de Thomas et de M. Injalbert.
Deuxième second grand prix : M. Lejeune, né en
1884, ;i Livret-sur-Authon (Eure), élève de Thomas et
de M. Injalbert.
Gravures en médailles. — Le sujet à traiter était
une Jeune fille à sa, loiletle.
Premier grand prix : M. Uammann, né en 188';, à
Montgeron, élève de M. Chaplain.
Premier second grand prix : M. Dropsy, né en
1885, à Paris, élève de M. Injalbert.
Deuxième second grand prix : M. Kraisse.néen 1880,
à Beauue, élève de MM. Chaplain, Coutan et Vernon.
Les Récompenses du Salon. — Le prix Henner
(3.000 fr.), fondé par M. .lulos Henner, neveu et léga-
taire du peintre, a été décerné à M. Paul Gervais,
pour son tableau la Fontaine de Jouvence.
Société de l'histoire de l'art français (juin-
juillet). — M. K.-L. liruel apporte k la Société trois
portraits inédits de Fredon : le duc de Bourgogne,
le comte d'Artois et le comte de Provence.
— M. François Benoit présente un calvaire du
musée de Lille, qu'il pense être de l'école de Bour-
dichon.
— M. Stein lit un document relatif à une expertise
au xiv siècle et détermine la demeure de P. Quttius
(Cutte), dont le portrait par François Clouet vient
d'entrer au Louvre.
— M. C. Dreyfus étudie les statues du dôme des
Invalides au xviii" siècle.
— M. M. Furcy-Raynaud présente enfin un buste
de Voltaire et un buste du maréchal de Saxe, par
L. -Philippe Mouchy.
A la séance de juillet, M. J.-J. Guill'rey fait une
communication sur les Dumonstier, et .sur la liste des
grands prix de Rome, qu'il vient de publier en
collaboration .avec le secrétaire de l'Académie de.s
beaux-arts.
— Le XVI" volume de la Corresjtondance des direc-
teurs de l'Académie de France à Home et le premier
volume de la nouvelle série des Archives de l'art
f'raniuis sont mis en distributiou.
Les fouilles d'Alesia. — La Société des sciences
liistori(iucs et naturelles de Senmr tiendra sa séance
solennelle le 5 août, à Alise-Sainte-Reine, sur le
Mont-Auxois. M. Dieulafoy présidera cette réunion,
qui promet d'avoir un grand éclat et qui ne manquera
pas d'attirer de nombreux visiteurs aux fouilles
d'Alesia.
A Berlin. — Du 6 au 12 août, se tiendra à Berlin,
un congrès d'histoire de l'art, sous la présidence de
M. Willielm Bode, directeur général des musées de
Berlin.
A Munich. — Parmi les dernières acquisitions de
la Collection graphique (Cabinet des estampes), signa-
lons : trois eaux-fortes de Israël van Meckenem ; quel-
ques belles épreuves de Diirer : Vie de Marie ; un bois
rare de l'école de Diirer : Sainte Trinité. Une des
plus rares eaux-fortes de paysages de Ilerkules
Segers, d'autres bonnes pièces hollandaises, italiennes,
françaises : Callot, Demarteau et Bonne (en couleurs).
Pour les modernes. Peter Behrens, Fritz Boehle, Eug.
llu;ss, Max Liebermann, B. Pankok, Fr. Ilegenbart,
et toute une série de graveurs sur bois originaux
d'une virtuosité remarquable. — M. M.
A Nuremberg. — Le Musée Germanique, ([ui
forme déjà une ville dans la ville, est comble; toutes
les salles sont bondées. Le premier soin de l'Assem-
blée administrative de cette année vient d'être le vote
d'un nouvel agrandissement. Comme suite au rapport
du directeur, M. de Betzold, la commission a décidé
l'achat de l'emplacement de la fabrique Beck, qui
représente la moitié de celui qu'occupe actuellement
le musée. Les conditions de vente sont déjà fixées par
acte notarié : la somme se montera à 1.350.000 marks,
qui sera couverte par une hypothèque ou un emprunt
et des dons volontaires. — M. M.
A Trêves. — A la suite de la visite du ministre
de l'Intérieur, von Moltke, le gouvernement a décidé
la remise en état du fameux amphithéâtre romain,
qui servirait ensuite à de grands Feslspiele populaires.
La presse artistique allemande redoute une restau-
ration dans le goût de Iloch Kœnigsburg et espère
que la ville et les corporations conservatrices de la
Il Rome allemande », trouveront les moyens d'empê-
cher une vaine dilapidation de fonds et la destruc-
tion de ces ruines. — M. M.
A Saint-Moritz. — Le 9 septembre prochain,
neuvième anniversaire de la mort de Segautini, on
inaugurera à Saint-Moritz un musée consacré au
peintre de l'Engadine.
Nécrologie. — M. Gaston Cougny, qui vient de
mourir à Bourges, où il était directeur de l'école des
arts appliqués, avait été professeur d'histoire de l'art
à Paris, et c'est en cette qualité qu'il avait publié,
de 1894 à 1896, un choix de lectures sur l'histoire de
l'art dans l'auliquité, le moyen âge, la Renaissance
et les temps modernes.
— Le sculpteur l'aul Lcfebvre, qui, après avoir
connu jadis le succès, était tombé dans la misère,
s'est suicidé à Paris, à l'âge de 80 ans.
212
LE BULLETIN DE L'ART
— Af. Philippe Auquier, conservateur du musée de
Marseille, vient de mourir en cette ville à l'âge de
45 ans. Après avoir appartenu à la presse parisienne,
il avait été appelé, voilà douze ans, à la conservation
du palais de Longchamp, et l'on sait ce qu'il y a
dépensé de travail, de goût et d'initiative à faire con-
naître les ouvrages de l'école provençale. Il avait
notamment réuni, dans une salle spéciale, le plus
grand nombre possible d'œuvres de Pierre Puget ;
grâce à lui, sculptures et dessins, moulages et pho-
tographies, attestent le génie du grand artiste auquel
il avait voué une admiration fervente et consacré une
excellente monographie, ainsi que plusieurs bro-
chures (notamment un Catalo'/ue de l'œuvre de l'ugel
réuni au palais de Longchamp, qui vient de paraître
il y a quelques jours.
■ >u<<000»>'<«
CHRONIQUE DES VENTES
ESTAMPES
Collection J. Gerbeau (estampes anciennes
et modernes). — Notre collaborateur M. Marcel
Nicolle a parlé tout au long de la vente des
peintures et objets d'art provenant de la collec-
tion de feu M. Jules Gerbeau; mais le compte
rendu de cette série de vacations, qui compteront
parmi les plus intéressantes de cette saison,
serait incomplet, si on n'y ajoutait celui des
deux ventes d'estampes provenant de la même
collection et dont le manque de place nous a
empêché de parler en leur temps.
La première de ces deux ventes, consacrée
aux estampes anciennes, s'est faite du 12 au
15 mai, salle 6 (M" Bizouard et H. Baudoin,
M. Danlos); elle s'est clôturée sur le total de
320.413 francs; la vente d'estampes modernes,
faite du 25 au 27 mai, n'a pas donné un résultat
moins remarquable : 139.078 francs. Ce n'est
pas souvent qu'on trouve à signaler un chiffre
de 459.491 francs pour une vente d'estampes, et
il n'est que juste de donner de celle-ci un compte
rendu détaillé.
Parlons d'abord des estampes anciennes. Le
catalogue comprenait environ 750 numéros,
représentant, à peu d'exceptions près, tout ce
qui a un nom dans la gravure du xviii' siècle ;
on y trouvait aussi quelques œuvres du xvir
(des Itembrandt entre autres) ; mais, sauf deux
ou trois Diirer, rien de date plus ancienne. Le
succès a été, une fois de plus, aux petits maîtres
français du xviu= siècle, dont certains comme
Baudouin,. Debucourt, Janinet, Lavreince, étaient
représentés par de nombreux exemplaires et de
belle qualité; aussi la lutte a-t-elle été vive et la
grosse enchère souvent atteinte.
Ainsi, on a donné 12.000 francs pour trois
gravures du Coucher de la mariée, de Baudouin
(n" 151-153); — 8.100 fr. pour l'Oiseau ranimé,
de Debucourt (n" 338) ; — 5.200 fr. pour la Pro-
menade publique, du même (n» 352); — 8.900 fr.
pour le Menuet de la mariée et la Noce au château
(ensemble), du même (n° 337) ; — 5.750, 4.700,
4.440 fr. pour des gravures en couleurs d'après
Lawreince (n»" 523, 524, 534); — 6.600 fr. pour
les Dons imprudents et le Retour à la vertu
(ensemble), de J. de Longueil (n° 563).
Au surplus, la longue liste des prix supérieurs
à 500 francs que nous allons publier, achèvera
de donner aux amateurs d'estampes la physio-
nomie de cette vente ; mais auparavant, il faut
encore signaler la belle tenue des gravures de
l'école anglaise d'après Hoppner et surtout
d'après Reynolds; celles-ci ont rivalisé avec les
pièces françaises les plus haut cotées et les ont
même dépassées parfois : le Portrait de la com-
tesse Harrington avec ses enfants, par Bartolozzi,
d'après Reynolds (n" 629), avec sa belle enchère
de 9.200 francs, bat tous les records pour cette
vente. On peut y ajouter les 5.000 fr. et les 5.600
obtenus par le n" 619, Jtfiss Sarah Campbell, et le
n" 641, Lady Smith et ses enfants, celle-ci par
Bartolozzi et celle-là par V. Green.
PRINCIPAUX PRIX
iv-xvii* SIÈCLES. — 13. A. Durer. La Crande Fortune,
660 fr.
fHùivre important de Robert Nanteuil (36-39);
meilleur prix : 38. Pompone de Bellièvre, 480 fr.
Parmi les Rembrandt (73-87), citons : 79. Mendianln
à la porte d'une maison, l" état, sur japon, avant les
contretailles, 1.750 fr. — 80. Le Moulin de Rembrandt,
600 fr. — 81. Homme à barbe courte et bonnet fourré,
510 fr. Les autres pièces entre 100 et 500 fr.
.wiii' siKc.LK. — 135. Anselin. M'"<- de Pompadour,
d'après C. Van Loo, 510 fr. — 141. Bartolozzi. L'Ar-
ANCIEN ET MODERNE
213
I
I
chiduchesse d'Autriche Marie-Chrisline, en coul.,
d'après Roslin, 500 fr.
D'après Baudouin : 150. l.e Chemhi de la fortune, .
par Voyez aîné, avant lettre, t. 460 fr. — 451-153. Trois
épreuves avant lettre du Coucher de la mariée, gravé
à l'eau-foite par J.-M. Moreau et terminé au burin
par Simonet, ensemble, 12.000 fr. — l;i8. L'Enlève-
ment nocturne, par N. Ponce, avant lettre, 1.500 fr.
— 161. Le Lever, par Massard, avant lettre, 1.920 fr.
— 162. Les Heures du jour, quatre pièces f;r. par de
Ghend, avant lettre, 1.000 fr. — 163. Les mêmes,
610 fr. — 166. Qu'est là ? — Ji vais. Deux pièces gr.
par L. Marin, 750 fr. — 173. La Toilette, par N. Ponce,
SIO fr. — 174. D'après Baudouin et Iluet. Le Déjeu-
ner, le GoiUer, It Dîner, le Souper, quatre pièces gr.
par Bonnet, en coul., 1.680 fr.
175. Beauvarlet. M'"^ du Barry, d'après Drouais,
avant la lettre, 560 fr. — 179. D'après L. Boilly. L'Op-
tique, l'.imour couronné, deux pièces gr. par Caze-
nave, en coul., 1.660 fr.
Parmi les pièces d'après Boucher (203-212), le plus
haut prix a été pour le n* 205. Jeune fille, gr. par
Bonnet en imitation de pastel, 670 fr. — Le 213,
Jupiter et Léda, Diane et Calisto, Diane et Endymion,
Vénus et les Aytiours, quatre pièces gr. par Léveillé,
d'après Huet et Boucher, 1.000 fr.
Les Chardin, assez nombreux (227-243), ont aussi
réalisé quelques bons prix : 234. Le Jeu de l'oye, par
Surugue, 510 fr. — 235. La Maîtresse d'école, par
Lépicié, et 241. ie Toton, 1.160 fr. — 240. La Serinette,
par L. Cars, 520 fr. — 2.i2. Les Tours de cartes, par
Surugue, 510 fr.
Des albums de costumes du xvm' et du xix* siède
ont été peu disputés ; plus hauts prix : 260. L. Boilly.
Recueil de grimaces, 125 pièces coloriées, 670 fr. —
263. H. Daumier. Robert Macaire, 100 pièces coloriées,
660 fr.; — et 316. Portes et fenêtres, pièces à trans-
formations par Bouchot, Pigale, etc., 820 fr. On peut
ajouter à cette série les pièces sur les courses, no-
tamment le 329. l'repariny to start et Comin;/ in,
deux pièces gr. par C. Turner, d'après Agasse, 950 fr.
335. Les Prunes, les Cerises, deux pièces gr. par
Vidal, d'après Davesnes, 1.110 fr.
Debucourt comptait à lui seul trente-sept nu-
méros du catalogue (.336-,'3'3), et, comme à l'ordi-
naire, c'est qui lui l'a de beaucoup emporté par la
quantité des beaux prix ; on en jugera par les
enchère* suivantes :
336. Les Deux baisers, d'après le tableau de Debu-
court exposé au Salon de 1785 sous le titre : la Feinte
caresse, en coul., 4.950 fr. — 337. Le Menuet de la
Mariée et la Noce au château, en coul., 8.900 fr. —
338. L'Oiseau ranimé (1787), en coul., 8.100 fr. —
339. Promenade de la galerie du Palais- Ho'jal [MSI),
en coul., 2.500. — 340. Promenade du jardin du
Palais-Royal (il81), en coul., 1.820 fr. — 341. Heur
et malheur ou la Cruche cassée ; l'Escalade ou les'
Adieux du matin, deux pièces en coul., 5.000 fr. —
342. Le Compliment ou la Matinée du jour de Van ;
les Bouquets ou la Fête de grand'maman (1787-1788),
deux pièces en coul., 2.000 fr. — 343. La Rose, la Main,
(1788) deux pièces, en coul., 4 200 fr. — 345. Annette
et Lubin (1789), en coul., 880 fr. — 347. Le M'' de La-
fayelle, en coul., 1.060 fr. — 349. La Rose mal défen-
due (1791), épr. en coul., titre gravé au pointillé,
avant l'adresse de Defeuille, 4.100 fr. — 350. La même
estampes, 710 fr. — 352. La Promenade publique
(1792j, avant lettre, en coul., 5.200 fr. — 353. La
même avec lettre, 2.05O fr. — 356. Minet aux aguets,
en coul., 660 fr. — Les autres enchères, au-dessous
de 500 fr.
Parmi les Demarteau : 380. M'" Huet lisant, d'après
Huet, noir et sanguine, 600 fr. — 394. Femme et enfant.
Jeune fille donnant à manger à ses poules, d'après
Boucher, 760 fr. — 306. Deux Pastorales, d'après
Huet, en coul., 640 fr.
403. Descourtis. Wilhelmiiie de Prusse, princesse
d'Orange, d'après Tozelli, 760 fr. — 405. D'après Dcs-
rais. Le Mari complaisant et Le Mari galant, deux
pièces, grav. par Mixelle, en coul., 610 fr.
D'après Kragonard : 428. La Fuite à dessein, par
Macret et Couché, 705 l'r. — 430. Les Hasards lieureux
de l'escarpolette, par N. de Launay, 2.250 fr. — 432.
Ma chemise brûle, en coul., par Legrand, 620 fr.
435. D'après Freudeberg : le Petit jour, par L. de
Launay, 1950 fr. — 439. D'après Gaiusborough.
Mrs. Elliot, par J. Dean, en coul., 850 fr. — 441.
D'après Garneray. Le Roman, le Matin, par Mixelle,
en coul., 1220 fr.
L'ne suite de 33 planches de la Tauromachie, de
Goya (n« 447), adjugée 600 fr.
La Laitière de Greuze, gr. par Levasseur (n' 452),
avant lettre, 1.320 fr.
D'après Hoppner : 458. La Comtesse d'Oxford, gr.
par S. W. Reynolds, 930 fr. — 460. Sailor girl, gr.
par W. Ward, en coul., 3.000 fr.
D'après J. B. Huet : 473. L'Eventail cassé, par Bon-
net, en couleurs, 920 fr. — 477. La Pudeur alarmée,
par Mixelle, en coul., 590.
Les Janinet (489-'d08) ont été, comme les Beau-
doin et les Debucourt, rivement disputés :
489. Marie-Antoinette, en coul., 2.010 fr. — 492.
iV/"* du Th... [Duthé), en coul., d'après Lemoisne,
1.250 fr. — 493. Nina, d'après Hoin 'Portrait de
jU"* Dugazon), en coul., 1.600 fr. — 494. L'.'gréable
négligé, l'Aimable paysanne, la Compagne de Pomone,
la Réunion des plaisirs, quatre pièces d'après Beau-
douin, Saint-Aubin et Le Clerc, en coul., 1.920 fr. —
496. Les Comédiens comiques, les Rendez-vous comi-
ques, gr. d'après Watteau, 1.710 fr. — 497. La Folie,
d'après Kragonard, en coul., 1190 fr. — 497 bis.
l'Amour et la Folie, sans marge, 1.220 fr.
514. Lasinio. Portrait de E. Dagoty, l'inventeuur
de la gravure en couleurs, en coul., 1.910 fr.
214
LE BULLETIN DE L'AKT
Les épreuves d'après N. Lavreince, très nom-
breuses également (n" 516-î;B1), ont été l'objet
de vives compétitions et presque tous les nu-
méros ont été adjugés au-dessus de 500 francs.
516. L'Accident Imprévu, la Sentinelle en défaut,
deux pièces en coul., grav. par Darcis, 605 fr. —
516 bis. Ah ! laisse-moi donc voir, grav. par Janinet,
en couL, 1.460 fr. — 517. Ah ! quel doux plaisir ! et
Je louche au bonheur, deux pièces, grav. par Copia,
en coul., 105 fr. — 518. L'Assemblée au concert,
l'Assemblée au salon, deux pièces, grav. par Deque-
vauviller, 2.060 fr. — 519. Le Printemps, l'Été, l'Au-
tomne, trois uiédaillons ronds, grav. en coul., par
Vidal, 950 fr. — 520. L'Aveu difficile, par Janinet, en
coul., avant lettre, 3.500 fr. — 523. Le llillet doux,
avant lettre, et 542. Qu'en dit l'abbé ? par N. de
Launay, 4.700 fr. — 524. Les Trois sœurs au parc de
Saint-Cloud, les Grâces parisiennes au bois de Vin-
cennes, deux pièces, grav. en coul., par Chapuy,
5.750 fr. — 525. Les mêmes, sans les marges,
2.200 fr. — 526. La Comparaison, grav. par Janinet,
en cou!., 1.110 fr. — 530. Le Déjeuné anglais, la
Leçon interrompue, deux pièces, grav. en coul., par
Vidal, 1.500 fr. — 531. Le Déjeuner en tête à tête,
l'Ouvrière en dentelle, en coul., 2.410 fr. — 533.
L'Heureux moment, par N. de Launay, 1.650 fr. —
534. L'Indiscrétion, grav. en coul., par Janinet, avant
lettre, 4.440 fr. — 536. Jamais d'accord, le Serin
chéri, en coul., 3.510 fr. — 539. Mrs. Merteuil and
Miss Cécile Yolange, grav. par H. Girard, en coul.,
710 fr. — 540. Les Offres sédtiisantes, par Delignon
avant lettre, 700 fr. — 541. Le Petit conseil, par
Janinet, en coul., 1.730 fr. — 543. La Séparation
inattendue, 1.620 fr. — 544. Le Restaurant, par Déni,
avant lettre, l.HO fr. — 545. Le Roman dangereux,
par Helman, 950 fr. — 546. Valmonl and présidente
de Tourvel, grav. en coul., par Girard, 600 fr. — 548.
Kh! vile, l'on nous voit.... Si tu voulais... grav. en
coul., par Le Cœur, 3.203 fr. — 551. D'après N. La-
vreince (?). La Solliciteuse, grav. par Guyot ou Le
Cœur, 1.030 fr.
Citons encore : 552. Le Blond. Le Cardinal
Flcunj, en coul., 2.000 fr. et 560. Le Vachez.
Bonaparte, premier Consul, d'après Boilly, 810 fr. ;
et insistons sur le beau chilire de 6.600 fr. réa-
lisé par le n" 563, les Dons imprudents et le Retour
à la vertu, deux pièces de J de Longueil.
• Dans le reste de la vente, il n'y a guère que
les estampes anglaises à signaler. Celles d'après
Morland n'ont pas fait de gros prix, à l'excep-
tion du n» 589, Saint-James ParkelA Teagarden,
deux pièces, grav. en coul., par D. Soiron,
3.700 fr.; et du n" 595, A Visit to the child at
nurse, grav. par W. Ward, 650 fr.
Par contre, les Ueynolds ont réalisé de très
belles enchères et atteint le plus beau prix de
toute la vente, avec le n" 629 :
D'après gir Joshua Reynolds : 620. Miss Sarah
Campbell, gr. par V. Green, avant lettre, 500 fr. —
621. Lady Elisabeth Compton, 1" état, 1.400 fr. —
628. Miss Kemble, en buste, gr. par J. Jones, 820 fr.
— 629. Jane, countess of llarrington et ses enfants,
avant lettre, gr. en coul. par Bartolozzi, 9.200 fr. —
636. Lady Catherine Petham Clinton enfant, par
J. R. Smith, 800 fr. — 641. Lady Smilh et ses enfants,
gr. en coul. par bartolozzi, 5.600 fr. — 643. Elisabeth
Taylor, à mi-corps, manière noire, par W. Dickinson,
4.000 fr.
Dans le reste de la vente : onze numéros représen-
taient l'œuvre de Gabriel de Saint-Aubin; le Spec-
tacle des Tuileries (n" 669), 1" vue., 600 fr. et la Fêle
d'Auteuil, 900 fr., ont été les plus hauts prix de celte
série. — Par Augustin de Saint-Auhin (n"' 680-690),
citons : Au moins soyez discret et Comptez sur mes
serments (n° 685), 920 fr. et la Jardinière, la Savon-
neuse (n° 688), deux pièces en couleurs, 1.210 fr.
D'après A. Sergent : 700. // est trop tard, en coul.,
1.710 fr. — D'après Taunay : 7U. Foire de village,
Noce de village, la lUxe, le Tambourin, quatre pièces
gr. par Descourtis, 2.950 fr. — D'après Van Gorp :
714. Le Déjeuner de l'anfan. Ah ! qu'il est joli, deux
pièces en coul., gr. par Malles, 1.000 fr.
A quinzaine, le compte rendu de la vente des
estampes modernes.
B. C.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Le Musée de l'Estampe moderne au Petit
Palais). — Le 27 juin vit l'inauguration solen-
nelle, avec lunch et discours, de ce silencieux
ensemble qui compose une centennale perma-
nente oîi les vivant» sont en nombre. Après les
dessins, c'est un nouveau chapitre d'histoire
contemporaine où s'exercent la générosité des
donateurs (artistes, veuves d'artistes, iconophiles)
et l'heureuse activité de M. lapauze. Un classe-
ment plus historique et qui parle aux yeux
serait-il possible '? Or, ce musée s'ouvre au len-
demain de l'exposition Lepère, qui rappelait aux
salouniers le renouveau de l'estampe. Un renou-
veau, n'est-ce pas '? car Paris, à l'époque roman-
tique, qui ressuscite ailleurs, a connu ces beaux
peintres qui cultivaient parallèlement le cuivre
et la pierre : Charles Jacque, dont voici, gnlce à
M°" Chaplin, l'oeuvre au complet; Paul lluet,
dont Michelet chanta l'éloquence, après Sainte-
"Beuve ; et Decamps, et Delacroix, avec sou Lion
ANCIEN ET MODERNE
215
de VAttas; c'est ici la victoire du paysage, que
Micheiet, avant les (loncourl, définissait « la
gloire du siècle » ; le portrait se venge, avec
cent pièces données par M. Henri Beraldi, qui
nous invite à méditer sur « la politique intérieure
de la gravure » ; et l'on oublie la vaine querelle
entre la gravure interprète et la gravure origi-
nale, quand on lit ces noms : Gaillard, Chauvel,
Bracquemond, Patricot, Waltner, après avoir vu
Français quitter le bois sacré pour lilliographier
sagement l'orageuse forêt du romantisme. Clas-
siques et romantiques fraternisent encore, quand
MM. Laurens et Bonnet voisinent avec MM. Lepère
et Rodin. L'eau -forte se démocratise avec
MM. Steinlen et Chahine; elle tâte de la couleur,
comme la lithographie, dont le réveil remonte
aux premiers rêves musicaux de Fantin-Latour,
comme le bois, plus rare, où M. Jacques Beltrand
songe à Beethoven : si la musique est la dernière
religion des hommes, l'estampe serait-elle le
dernier effort de leur libre arbitre, en face de
tous les procédés triomphants !
Gabriel Nicolet (chez Devambez). — Expo-
sitions diverses. — Partout, le calme : ni les
dessinateurs helvétiques, groupés à la galerie de
l'Art contemporain, ni les coloristes espagnols,
réunis chez Durand-Ruel, ni môme les concours
de Rome, malgré le goût de M. l.efeuvre et le
brio de M Ponsard, ne nous apportent une révé-
lation. Donnons un souvenir aux dessins rehaus-
sés du peintre Gabriel Nicolet, rappelant, par
leur sage finesse, les estampes du Directoire ou
du Second Empire avec lesquelles la mode pré-
sente n'est pas sans analogie.
Raymond Bouyer.
CORRESPONDANCE DE GRÈGE
I
La Vénus de Monemvasia.
Les journaux d'Athènes annonçaient dernière-
ment que l'on venait de découvrir à Monemvasia,
dans le Péloponnèse, une seconde Vénus de
Milo. A les en croire, cette réplique, parfaitement
conservée, nous permettrait enfin de restituer,
dans la statue du Louvre, le geste des deux bras.
L'Aphrodite de Monemvasia tenait de la main
gauche un miroir. Il en devait être ainsi, con-
cluait-on, pour la Vénus de Milo. Plusieurs
journaux de France, d'Allemagne et d'Amérique
ont reproduit dans leurs échos cette nouvelle,
en se félicitant qu'un problème si longtemps
débattu eût enfin reçu sa solution.
Yoici quelques renseignements sur cette trou-
vaille, qui, sans être pour cela négligeable, n'a
pas l'importance singulière qu'on se hâtait de lui
attribuer. L'Aphrodite de Monemvasia n'est pas
encore exposée au musée d'Athènes, mais nous
avons pu l'examiner à loisir dans le cabinet du
conservateur, M. Staïs, qui doit la publier très
prochainement. C'est une statuette de terre
cuite, haute de soixante centimètres environ,
absolument intacte et d'un fort joli travail. Elle
provient d'une tombe, où furent recueillis avec
elle divers débris de terres cuites et plusieurs
figurines de «oindre intérêt. Elle n'a pas été
mise au jour dans des fouilles officielles et
méthodiques, mais les circonstances de son
acquisition rendent son authenticité peu dou-
teuse. Prise en elle-même, elle est un spécimen
excellent de l'art des coroplastes à l'époque
hellénistique.
Quant à ses rapports avec la Vénus de Milo,
ils ne nous ont pas autrement frappé. La déesse
tient de la main gauche un miroir rond, vers
lequel elle s'incline, la tête penchée vers la
droite. De l'autre main, elle soutient la draperie
qui lui entoure les jambes et qui, par derrière,
a déjà glissé jusqu'aux genoux. Les deux pieds,
rapprochés, reposent d'aplomb sur la plinthe.
La Vénus de Milo regarde, au contraire, droit
devant elle, le buste haut, le genou gauche
relevé, le bras gauche allongé, presque à la
hauteur du visage. La draperie dont elle est
vêtue, et qui lui monte jusqu'aux hanches, n'est
pas retenue par la main droite. Ce sont là des
différences assez notables et qui n'autorisent pas
à prononcer le mot de réplique.
Le type sculptural dont s'inspire VAphrodite
de Monemvasia n'est d'ailleurs rien moins qu'iné-
dit. Il nous était déjà connu par nombre d'œuvres
que l'on ne s'avisait pas de comparer à la Vénus
de Milo. La seule fouille de Délos a livré toute
une série de petites Aphrodites en marbre, où
se retrouve le geste de la main droite soutenant
la draperie. Le modèle dont elles dérivent est
sans doute une œuvre apparentée par le style à
la Vénus de Milo, et peut-être de la même époque,
mais qu'on ne saurait identifier avec elle.
Ajoutons que, même au cas où la statuette de
Monemvasia reproduirait exactement la statue
du Louvre, il ne s'ensuivrait pas pour cela qu'on
dût supposer chez cette dernière le même geste
et les mêmes attributs. Les modeleurs de terres
216
LE BULLETIN DE L'ART
cuites n'ont jamais fait de copies au sens
moderne du mot. Leur fantaisie introduisait
toujours quelque variante au llième primitif. Ils
allaient plus loin encore et ne se faisaient aucun
scrupule de transformer une Aphrodite en une
Niké. De ce que la Vénux de Milo a pour sœur la
Victoire de Brescia, personne ne songe à conclure
qu'il faille lui rendre des ailes et lui mettre aux
mains un bouclier.
On discutera longtemps encore sur le geste de
la di^esse, et ce ne sont pas des trouvailles
comme celle de Monemvasia qui trancheront
cette question -d'ailleurs assez secondaire. L'his-
toire de l'art hellénique a des problèmes plus
graves à se poser. U ne se passe guère d'année
qu'un incident pareil à celui que nous signalons
ne ramène l'attention sur la Venus de Milo. Pério-
diquement, ses biographes peuvent extraire de
la presse quotidienne quelque précieux entrefilet
oîi se manifeste d'une façon naïve l'intérôt que
le grand public ne cesse de lui porter.
L'an dernier, le télégraphe annonçait la
découverte d'une réplique à Délos. Il s'agissait
d'une pauvre statuette très vaguement analogue,
que nous avions vu sortir de la terre sans nulle
émotion. Un journal parisien, à notre grand
étonnement, célébra cette trouvaille et lit à son
sujet quelques réflexions subtiles. V Aphrodite de
Délos étant, elle aussi, privée de ses deux bras,
il concluait que la statue du Louvre avait perdu
les siens longtemps avant de disparaître, et que
les copistes grecs la reproduisaient déjà dans
l'état où nous la voyons.
Ce n'est pas la coupure la moins joyeuse que
l'Argus de la presse ait mise au dossier de la
Vénus de Milo.
GAiiniEL Leroix.
CORRESPONDANCE DE MUNICH
Au Glas Palast (I).
Dans cette exposition de Cinquantenaire, il
nous suffira de mentionner, pour Berlin : les
petits paysages sincères de R. Eschke; une vue
A'Oderberg, mauve sous la neige, de L. Lejeune ;
la Havel à Schildborn, de Max Uth, toute en
miroitements de lumière rose ; l'excellente im-
pression grise de ville sous une Poudrée de neige,
{\) Voir le II" 3'JO (lu Uuileti».
par M"' H. Mehls ; le portrait de femme de
R. Schulte im Hofe et la dame en noir de
\V. Da-ring ; le Dimanche à Alger de M. Rabes ;
enfin, les paysages de Hans Licht : Vue sur la
plaine de l'Elbe et la Vallée de la Mulde.
Pour Carlsruhe, rien qui approche de l'en-
semble très intéressant exposé en mai dernier
par le Kïtnstkrbund à la galerie Heinemann ;
M"= F. Hubsch a su rendre toute la paix soli-
taire d'une chaumière Dan? le soir au bord de
l'eau et P. von Ravenstein a réussi à fixer quelque
chose de la splendeur d'un Soir dore.
Pour Stuttgart, un mélange affligeant de bana-
lités qui s'essaient à l'audace et de fadaises vieil-
lottes ; un délicat Bord de rivière dans une blonde
lumière matinale, de M. H. Druck.
A Francfort, on revoit avec plaisir les compo-
sitions d'un sentiment biblique si convaincu de
\V. Steinhausen ; charmant de sincérité naïve le
Coî'n de prairie de M"" M. Steinhausen.
A Dusseldorf sévit encore une grande peinture
religieuse, d'un genre terne. En revanche, il y a
bien toute la froidure cinglante d'une bise de
mars dans les colorations vert cru et bleu dur
que M. H. Herraanns a notées autour de la grosse
tour rouge de son village de Frise. A retenir
encore deux bons portraits d'hommes de G. Tron-
nier (Hanovre); le Village de Hohlein tapi avec
son clocher robuste, dans un replis de terrain,
au détour des champs, par C. Schildt ; les
bruyères de M"" E. Kribbe ; les deux types de
vieux Paysans de Schivalm, par R. P. JUnghanns
(Hambourg).
Pour Vienne, enfin ; lesjolis paysages de Hugo
Darnaut, les deux femmes moraves de Oth. Ru-
zicka; le Jour gris de M. von Poosch, avec son
nuage de pluie qui tombe bien; la Villette grise
au bord du Main, sobrement indiquée d'une
touche juste et le Lac en forêt, dont l'encadre-
ment de verdure est d'un dessin net, décoratif,
de M. Ed. Zetsche.
Et, pour la sculpture, c'est dans celte mi^me
section viennoise que se trouve une œuvre admi-
rable de force et de grAce, un couple de Tigres
amoureux par Fr. Gornick, dont l'allure lente,
souple, a une véritable puissance.
De Weimar, M. P. Tubbecke envoie un motif
du Hengstbachlal très ensoleillé, et M. Cari Arp
un paysage des abords de la Bernina.
M. M.
Le Gérant : H. Denis.
PftriB. — Imp. Georges Petit, 1S, rue (iodot-de-Uauroi.
Numéro 392.
Samedi S Août 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Les Musées nationaux
en 1907-1908
l>e 2 août, a paru au Journal officiel, le rapport
annuel adressé par M. Léon Bonnat, président
du Conseil des musées nationaux, au ministre de
rinstruclion publique, « sur les opérations de
rélalilissement de la réunion des musées
nationaux » pendant l'exercice 1907.
Le budget des dépenses s'élevait à 575.321 fr.,
sur lesquels il n'a été dépensé que 1)04.63:! fr.
Les conservateurs avaient à leur disposition une
somme de ;i'i.962 francs pour les achats courants,
et une de 464.390 francs pour les acquisitions
éventuelles.
Parmi les plus importantes de ces acquisi-
tions, signalées d'ailleurs dans le Bulletin, au
fur et à mesure de leur ratification, nous
rappellerons : au département des peintures et
des dessins : deux portraits de Chardin, l'Enfant
au toton et le .hune violoniste, .330.000 francs ; —
au département des objets d'art du moyen âge,
(le la lîenaissauce et des temps modernes : un
lot d'objets Japonais, 7.000 fr. ; un bol et une
assiette persans, 5.000 fr. ; — au département
de la sculpture du moyen âge, de la Uenaissance
et des temps modernes : une statuette du moyen
dge, .38.000 fr. ; deux anges, 10.000 fr. ; —
aux Antiquités égyptiennes : un lot d'objets
égyptiens (mission Bénédite), 10.000 fr ; — aux
Antiquités grecques et romaines : une tête
d'Apollon en marbre, 9 000 fr.
Le rapporteur passe ensuite en revue les dons
et legs faits aux musées nationaux, pendant le
dernier exercice, et dont la liste est chaque
année plus longue. Cette fois, elle occupe près
de deux colonnes de VOfpciel.
Parmi les legs faits au musée du Louvre,
que le liultetin a également annoncés en leur
temps, on remarque le legs Housse (deux cires
de Clodion et un lot de miniatures), et le legs
Van Blarenberghe (un lot de miniatures par Van
Blarenberghe) ; — au musée de Cluny, le legs
Salet (vingt-trois pièces de faïences italiennes);
— au musée de .Saint-Germain, le legs de Torcy
(objets du moyen Age).
La place manque pour passer en revue tous
les dons qui sont venus, pendant ia dernière
saison, enriclîir nos collections nationales; mais
qu'il nous soit permis de citer au moins les
noms des généreux donateurs, toujours attentifs
à combler les lacunes de nos musées en préle-
vant telle pièce rare dans leurs propres trésors :
les familles Ravier et P. Meurice; M"'""* Homberg,
Carrière, Melville; MM. Laguillermie, L. Nardus,
.1. Maciet, L. Delamare, Héliot, Crandidier, Odin,
A. Tissandier, (;. Dreyfus, G. Migeon, Matouki,
Kelekian, Kita, IL Lebaudy, le Dr ChaulVard,
H. Desmares, Wildenstein, Gauckler, L. Gaucher;
enfin, la Société des Amis du Louvre, dont le
nom se retrouve chaque année, à plusieurs
reprises, dans ce glorieux palmarès.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Actes officiels. — Le iiiini.stie de l'Instniotion
publif|ii(: et (les Beaux-Arts a pris l'arrêté suivant, en
date du H juillet, concernant les élèves des écoles
régionales d'architecture :
!■ Les élèves reçus à la suite des concours d'entrée
aux écoles régionales d'architecture sont inscrits à
l'école on ils ont passé le concours. Tant qu'il sont
en seconde classe, ils ne peuvent obtenir de changer
d'écoles que pour des motifs exceptionnels et imprévus
dont rappré(;iation appartient au ministre des Beaux-
Arts.
» I^orsquc les élèves sont passés en l" classe, ils
reçoivent l'autorisation de changer d'écoles sur une
simple demande adressée au ministre ».
Académie des inscriptions et belles-lettres
(24 juillet). — M. Jac(|uos Zeiller, professeur à l'Cni-
vcrsité de Friboiirg, lit un rapport sur les travaux
218
LE BULLETIN DE L'ART
qu'il a effectués, en collaboration avec M. Ilébrard,
pensionnaire de la villa Médicis, dans le palais de
Dioclétien, à Spalato, confonnénicnt ;i la mission
dont il a été chargé par lAcadétnie.
— M. Ileuzey étudie de curieuses armes en cuivre,
à tranchant recourbé, découvertes par le commandant
Gros dans un tombeau clinldéen. La première appa-
rition de ces sortes de couperets, prototypes lointains
de notre sabre moderne, remonte à une époque
reculée. La célèbre stèle des Vautours nous en
montre un spéciuiei) encore plus antique sous la
forme d'un engin fortement coudé, que cerclent de
nombreuses ligatures de corde ou de métal, destinées
à maintenir entre deux lames de bois des tranchants
de silex comme' ceux des faucilles préhistoriques.
(Séance du 31 juillet). — M. Dieulafoy rend compte
de la mission du général- de Beylié, qui vient do
terminer la première partie des fouilles de la Kaleh
des. Beni-Hammad, abiindonnée vers Î07o. Parmi les
objets d'art découverts, il faut citer des plaques de
faïence à reflets métalliques : c'est le prototype de la
décoration de l'Alhambra.
Musée des Arts décoratifs. — M. Domcrgue,
qui avait réuni une collection de sonnettes des plus
complètes, — sonnettes du moyen âge, de la Henais-
sance,delaCliine,du Japon, sonnettes représentant de
grandes dames de la cour de Charles X, des prin-
cesses de la famille de Louis-Philippe, etc., — a ollert
toute cette collection au musée des Arts décoratifs,
qui va l'expo.ser prochainement.
Prix de Rome {fin}. — Gravure en taille-douce. —
Le programme comportait : l'exécution d'un dessin
d'après VApollon xauroclone de Praxitèle, un dessin
d'après le modèle vivant et la gravure en taille-douce
de ce dessin.
Grand prix : M. Ihiisset, né à Lille le 22 août 1819,
élève de MM. Jules Jacquet, Itonuat et Luc Olivier
Mcrson.
Premier second grand prix : M. Mazelin, né à
Elbeuf le U février 1882, élève de MM. Jules Jacipiel,
Patricot et Cormon.
Deuxième second grand prix : M. l'iel, né à Paris'
le 1" octobre 1882, élève de M.M. Sulpis et Valton.
Architecture. — Le sujet du concours était un
Projet (l'une Faculté mixte de médecine et de phar-
macie.
Grand prix : M. Charles-Louis Boussois, né le
14 février 1884, à Amilis (Seine-et-Marne), élève de
M. Pascal.
Premier second grand prix : M. René Villeminot,
né le 21 mai 1878, à Paris, élève de M. Redon.
Deuxième second grand prix : M. Gabriel-Maurice
Boutteriu, né le 14 avril 1882, à Besançon, élève de
MM. Raulin et lléraud.
Société des Amis de 'Versailles. — lin certain
nombre de satisfactions vont être données aux Amis
de 'Versailles par l'administration. Ainsi, un crédit
de 110.000 francs sera inscrit au prochain budget
pour la réfection des charmilles et des treillages du
parc et il sera créé quelques emplois de gardiens.
De son coté, la Société a décidé, dans sa dernière
séance, de mettre à la disposition immédiate du
conservateur et de l'architeote du palais, la somme
nécessaire au nettoyage et à la mise en état des
statues et des vases du parc, souillés d'inscriptions.
M. Victorien Sardou, président, va adresser au
ministre de l'Instruction publique, une lettre lui
demanilant d'intervenir auprès du garile des sceaux,
afin que les auteurs d'inscriptions sur les vases,
statues, etc., soient désormais poursuivis comme
coupables de dégradation de monuments publics. I.,a
loi, en effet, est muette sur ce cas et n'a pas prévu
ce délit.
Société des Amis du Mont Sàint-MicheL — On
annonce la constitution d'une Snoiété des Amis du
Mont Saint- .Mii-liel.destinéeàgrou|)er les efforts tentés
isolément jusqu'ici pour la défense du Mont contre
les entreprises du temps et des hommes: car, dit la
notice publiée à ce sujet. « si l'on a beaucoup fait dans
ces dernières années pour l'entretien et la restauration
de cette merveille, il reste encore l)caucoup à faire
pour la défense de son caractère ancien, et la néces-
sité d'un groupement apparaît incontestable, tant pour
arriver à seconder les cU'orts des particuliers que des
pouvoirs publics, et au besoin pour les stimuler ».
Les vols dans les églises. — Dans la nuit du 21
au 22 juillet, on a dérobé dans l'église d'Aubazine
(Corrèze) : une croix reliquaire à double traverse, en
argent doré, du xii" siècle; des fragments d'une croix
en cristal taillé, tlu xii* siècle; une petite châsse, en
cuivre doré et cmaillé avec figurines en relief, du xiir:
un pied de croix en cuivre doré et émaillé du xiii'.
Tous ces objets étaient classés; un reliquairi! moderne,
forme ostensoir, et un reliquaire ancien, forme buste,
en buis doré, non classés, ont été également volés.
La veille, des voleurs — les mêmes, peut-être —
s'étaient introduits dans l'église de Bord (Corrèze) et
avaient emp(irlé quatre calices, un ostensoir et divers
objets de valeur servant au culte.
Kuliii, dans la nuit du 23 au 24 juillet, à la basilique
Saiut-Serniu de Toulouse, deux ciboires et un reli-
quaire ont été dérobés.
A Rouen. — Le Conseil municipal de Rouen s'est
occupé du rachat des restes de la tour de la Puccllc.
Il a invité l'État à poursuivre l'expropriation du
terrain renfermant les restes de la tour et, pour le
cas où l'État cimsentirait à poursuivre l'expropriation
totale du terrain avoisinant ce monument, il a décidé
que la ville contribuerait à la dépense ju.squ'à con-
currence d'une somme de 50.000 francs.
Pour le cas où l'expropriation partielle do ce terrain
serait poursuivie, suivant un projet qui permettrait
de construire autour de la tour une ou plusieurs
ANCIEN ET MODEHNE
219
maisons « avec des façades artistiques », la ville
contribuerait dans la dépense pour une souinie de
20.0110 IVancs.
A Munich. — Si Karl Spitzweg avait vécu, il
aurait eu cent ans au mois de juin dernier. Or, bien
qu'il soit mort depuis 1886, le Ktinstverein de Mu-
nich lui a fait la gracieuseté de célébrer cet anniver-
saire un peu tardif. C'est que Spitzweg a toute la
faveur du moment, il est à la mode ; voici bien la
troisième fois en deux ans qu'on exhibe des collec-
tions de ses œuvres. Cette fois, grâce au zèle de
M. Erw, Pixis, on en a pu réunir 236, prrtécs par les
musées, les maisons bourgeoises et les palais. Spitz-
weg est un petit maitre munichois qui a les goi'its,
la sentimentalité, les ironies et surtout l'iiniiiense
bonhomie de son temps, de cette première moitié du
XIX' siècle qui les eût parliculièronient na'iTs. L'n
pauvre poète, au lit dans sa mansarde, avec son para-
pluie ouvert à l'angle du toil. au-dessus de sa tête ;
la lettre d'un étudiant du trQisiènie, descendue par un
fil à la jeune fille iju second et surprise par la mère
etTarée; le savant chauve, à visière verte, dans un
cabinet encombré de squelettes, d'animaux empaillés
et de pétrifications, auquel il dira : » Voilà lun monde »;
le commandant de place ventripotent, qui débouche
au coin d'une rue avec sa digne moitié; un curé au
gros nez rouge, comme l'artiste lui-même scmljle en
avoir eu un, — telles sont les scènes humoristiques
dont il se plaisait à amuser ses contemporains. Par-
fois, l'anecdote se fait poignante ou louchante ; et
surtout, cela est toujours peint avec cette amoureuse
conscience d'autrefois, qui donne au moindre trait
un charme de chose sentie et vécue; Spitzweg ne
manquait d'ailleurs pas de vigoureuses qualités de
peintre; sa lumière est toujours très observée et
d'une grande l'raicheur ; telles études de tètes, telles
esquisses de tablealix, par exemple, sont brossées
avec maestria : et dans ses paysages d'Italie ou de
Bretagne, il a une vision, une force, une couleur,
qui font penser ni plus ni moins à Courbet et à
Boecklin. On peut juger encore de l'habileté de son
métier par ses admirables copies d'après Hubens,
Tintoret, Van Ostade, Rembrandt^ ou Isabey. — M. M.
A Nexv-York. — M. Krank Weileukampf, conser-
vateur du département des estampes de la Bibliothèque
publiipie de New-York, a organisé, pendant ces mois
il'été, dans les galeries de son département, une expo-
sition des planches publiées par la Société française
de gravure, dont le bel ensemble lait le plus grand
honneur à nos artistes.
Parmi les dons récemment faits au Cabinet des
estampes de New- York, citons une collection d'envi-
ron mille lithographies, formée par Joseph Pcnuell, le
dessinateur et aquafortiste bien connu; ou remarque
dans le nombre près de cent cinquante planches
d'après llallet. Le Cabinet des estampes a pu acquérir
également une collection de sept à huit cents litho-
graphies par II. Dauniier, recueillies par feu .M. Cyrus
J. Lawrence; la plupart de ces épreuves sont des
tirages à part, avant lettre et sans texte au verso, et
peuvent par conséquent être étudiées sans qu'on ait
besoin de feuilleter les journaux dans lesquels elles
ont paru.
Grâce à l'activité de M. Fr. Weitenkampf, qui ne
néglige aucune occasion d'enrichir ses collections, il
ne se passera pas longtemps avant que l'école fran-
çaise de gravure et de lithographie soit représentée
de la façon la plus complète, pour toutes ses périodes
et toutes ses manifestations, au Cabinet des estampes
de New- York.
A 'Vienne. — La Galerie moderne île Vienne (Au-
triche) a fait l'acquisition, pour la somme de 80.000
couronnes, du triptyque de Bœcklin : Venus geniliix.
L'œuvre, datée de 189.j, faisait partie de la collection
du professeur Neiser, à Breslau. — M. M.
Nécrologie. — Le doyen des peintres français,
Jacc/'irn-Kugéne Feyen, vient de mourir à l'âge de
93 ans ; il était né à Bey-sur-Seille (Meurthe), le
13 novembre tSIii. Élève de Paul Delaroche, il avait
commencé à exposer au Salon de 1841 des portraits
et des scènes de genre, et, à partir de 1872, il se con-
sacra presque exclusivement à la peinture dé la vie
des côtes bretonnes et normandes; il exposait encore
au dernier Salon : Mer el terre et les Pécheurs canca-
lais. Médaillé pour la première fois à cinquante ans
passés (1866;, il obtint une seconde médaille en 1880
et fut fait chevalier de la Légion d'honneur en 1881.
Son frère, le peintre Feyen-Perrin, plus jeune que
lui de onze ans, mourut en 1888.
— Le peintre Albert Oecamps, élève de Vollon,
menlionné en 1895. médaillé aux Salons de 1899 et de
190.'i, et à l'Exposition universelle de 1900. est mort à
Allery (Somme); il était âgé de 46 ans. Ses intérieurs
et ses types rustiques étaient remarqués chaque année
au Salon des Artistes français.
— Le paysagiste allemand Walter Leistikow, qui,
de concert avec Max Liebermann, avait fondé à Berlin
le Salon de la Sécession, vient de mourir à l'âge de
43 ans. Il était né le 2.') octobre 1864 à Bromberg, dans la
Marche de Brandebourg, et- il a traduit les forêts et
les lacs de ce pays, comme aussi les sites du Tyrol,
avec une grandeur d'impression saisissante et un
charme pénétrant.
Puissamment synthétique et très large, sa formule
était décorative avant tout 11 employait couramment,
dans son exécution, des procédés ])urement conven-
tionnels et qu'on ne trouve guère, d'habitude, (pie
dans les cartons de tapisserie. Excluant le menu
détail de ses toiles, entourant de fortes cernure.s ses
nuages, ses silhouettes d'arbres, ses terrains, il élevait
d'instinct jusqu'au style ses moindres motifs.
La tialerie Nationale de Berlin, les musées de Dresde,
de Magdebourg, de Crefeld, de Hambourg, possèdent
quelques-unes de ses œuvres.
y.'-
220
LE BULLETIN DE L'AUT
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
Les grandes ventes à l'étranger en 1908.
— Comme nous avons accoutumé de le faire
chaque année, nous emploierons les loisirs que
nous laissent l'Hùlel Drouot et la paierie Georges
Petit, à passer, rapidement en revue les princi-
pales ventes faites à l'étranger au cours du pre-
mier semestre de 1908. Les nécessités de la saison
parisienne ne nous ont permis que d'annoncer
sommairement — et encore, pas toujours d'une
laron régulière — les ventes importantes faites
à Londres, à New-York, à Amsterdam et à
lierlin; plusieurs d'entre elles ont eu un tel
retentii-sement qu'il nous a paru intéressant
d'en publier, dans le moment, les plus grosses
enchères, mais ce ne fut là qu'une exception et
nous avons dû réserver la plupart des autres
pour n'en parler que pendant la morte-sai-
son. L'actualité y perd évidemment; mais le
lecteur y gagnera de pouvoir mieux suivre,
groupé qu'il est d'une façon succincte et suivie,
le mouvement de la curiosité à l'étranger pendant
toute une saison : c'est ce à quoi nous devons
nous efforcer, dans ce Bulletin où la place est
mesurée, et qui ne peut, en conséquence, retenir
que l'essentiel.
Commencée de la façon la plus terne, la saison
de 1908 ne paraissait pas devoir être bien bril-
lante, quand, en juin et en juillet, quelques
belles ventes sont venues donner comme un coup
de fouet au monde de la curiosité. Pour Paris, il
est à peine besoin de rappeler les ventes lier-
beau, Homberg, Chauvin, etc. Pour Londres, les
ventes Humplirey Uoberls et Stephen Ilolland
marqueront une date dans l'histoire dos vacations
sensationnelles de la galerie Christie. A New-Yoi k,
les affaires ont été, celle année, calmes à l'excès;
à Berlin, on aura également peu de choses à
signaler ; et rien à Bru.xelles. Par contre, le
marché d'Amsterdam n'a pus cessé d'être animé,
et quelquefois — notamment à l'occasion de la
vente Alfred Boreel — par les plus vives compé-
titions.
Que si maintenant on envisage les résultats
pécuniaires, en s'en tenant seulement aux plus
grosses enchères, on constate au premier coup
d'oeil que les prix qualifiés de « sensationnels »
ont été. obtenus à l-ondres. Ils ont même eu ceci
de particulier, ces pri.x, que plusieurs d'entre
eux constituent les records pour certaines caté-
gories d'œuvres d'art : ainsi en est-il pour le
ciboire anglais du xni' siècfe de la collection
Braikenbridge, vendu ISO. 000 francs; et pour
une peinture de Turner, dont il sera question
plus loin.
On peut citer encore, parmi les plus belles
enchères de la saison anglaise, dans la catégorie
des objets d'art : trois vases en Sèvres (1779) et
trois vases en Saxe, de la collection Dickins :
84.000 et 100.000 francs; — une aiguière avec
plateau, argent doré (1078), de la collection
Conyngham : 10b. 000 fr.; — une paire de vases
en vieux Sèvres (coll. Lauderdale), 94.500 fr. ; —
un buste de femme, terre cuite, par Marin ('.791),
C8.2aO fr. (coll. Culhhert (Juilter) ; etc.
Parmi les gravures : tes Trois Croix de Rem-
brandt (coll. Perry, Stuttgart), 24. .'HU fr. ; — et
le Portrait de Lady Bampfyldc, par Th. Watson,
d'après Reyiiolds (vente Ismay, Londres) : 2.'t. 100
francs.
.Mais tous ces chiflres, pourtant impression-
nants, sont éclipsés par la plus formidable
enchère qu'ait jamais réalisée une toile de Tur-
ner; déjà, le triomphateur de l'année avait vu
ses aquarelles s'adjuger aux environs de OO.OOO
francs (vente Dickins) et une de ses peintures
atteindre 157.300 fr. à la vente Ismay; mais, à la
vente Stephen Ilolland, ce fut bien autre chose
encore, puisque l'on n'hésita pas à payer une
peinture, hlorllake Terrace, la somme énorme
de 330.730 francs. A la mi'me vente, deux autres
tableaux de Turner fai^aient respectivement
202.125 et 144.;t75 francs, et une aquarelle du
môme, 1 10.250 francs. "
Après Turner, vient Constable : une Vue de la
cathédrale de Salisbitry (vente Stephen Holland)
atteignit 204.750 fr. Puis : Cainsborough. Portraits
de la femme et de la fdlc de Partiste (vente Kno« les,
Loder, etc.), 119.425 et 69.550 fr. ; — Raeburn.
Portrait de Mrs. Macki mieofDrumtochu, 1 17.000 fr.
(vente anonyme du :! juillet). — Daubigny. Bords
de l'Oise (vente Stephen Ilolland), 90,025 fr. —
ANCIEN ET MODERNE
221
Orchardson. Hard Hit (vente Humphrey Roberts),
86.625 fr. — Troyoïi. Le Bac (vente Slephen
Hollnnd), 81. 375 fr. — Romncy, Coiol, Charles
Jac<iue, Diaz, Walker, ont également dépassé
70.000 francs ; et parmi les maîtres vivants,
MM. Lherniltte et Harpignies ont été des mieux
partagés (une peinture du premier, les Glaneuses,
coll. St. Rolland, a fait 6b. 62;! francs).
Pour compléter ce coup d'œil d'ensemble, nous
commencerons dans notre prochaine chronique
le compte rendu sommaire des ventes étran-
gères, par ordre chronologique
M. N.
ESTAMPES
Vente de la collection Gerbeau {2" partie :
estampes modernes). — Ainsi que nous le
rap[)elions dans notre dernière chronique, à
propos de la vente des estampes anciennes de la
collection Gerbeau, les estampes modernes ont
été vendues du 2;! au 27 mai, par Me" liizouard
et H. Baudoin, et M. A. Stradin : elles ont donné
un total de 139.078 francs pour environ 600 numé-
ros. Il est regrettable que nous ne puissions publier
ici une longue liste d'enchères, car ce qui faisait
l'intérêt de cette collection, c'était la présence
d'un grand nombre d'oeuvres d'artistes actuelle-
ment vivants, et qu'on a rarement l'occasion de
voir passer en ventes publiques. Il y aurait là pour
les eaux-fortes de quehjues graveurs contempo-
rains une indication des c< cours » actuels des
plus curieuses à signaler aux amateurs. Rornons-
nous aux grandes lignes et aux principales en-
chères.
Peu d'œuvres de Bracquemond ; plus haut prix : 9,
la Volaille plumée, 220 fr.
Peu de pièces de Chahine : quatre pièces, n" Ti
Sainl-Onen ou des fortifiaitions. Les Poids, etc., 280 fr.
OueJques eaux-fortes de Corot, entre 100 et 312 fr.;
ce dernier prix obtenu par le n° 36, le Coup de Vent
,1" étatl.
Une épreuve de la Hue Triiiisnonniii, de Dauuiier,
n- 42, atteint 2G0 fr.
Avec Delacroix, meilleurs prix : 30. Cheval sauva;/e
terrassé par un tigre, lithogr., l" état, 960 fr. — 52.
Lion de l'Atlas, Tir/re royal, lettres, toutes marges,
610 fr.
De Fantin-Lotour, on notera les 960 fr. du liouquel
de roses (n° 36), et les .'ilO fr. de la Nuit de printemps
(n- .-iS).
Des œuvres classiques de !•'. Gaillard, l'Homme à
l'œillet [w 64) est celle qui chiffre le plus haut, 8,^0 fr.
(il est vrai qu'il s'agissait d'une épreuve d'essai avant
la signature),
Seymour-Haden atteint, comme plus belle enchère,
800 fr. avec le n° 69, Thames jishermen (1" état, en
bistre) ; le n" 72, Eyham {\" état), 7:iO fr.
Avec Alphonse Legros, nous arrivons à un des ar-
tistes les plus abondamment représentés de la collec-
tion : aucune de ses œuvres ne dépasse 250 fr , prix
obtenu par les n°' 137. Le Cardinal Munninfi et 193.
t.'Oraqe.
Auguste Lepère, aussi très abondant, est plus favo-
risé. Parmi ses eaux-fortes, le Retour de Greenwieli,
la nuit (n° 224), atteint 300 fr. et une double suite de
12 eaux-fortes pour la FHèvre et Saint-Séverin (1" et
2* état), 460 fr. — Les bois se vendent aux envirous
de 100 fr. A citer, dans cette série : n° 317. l'Œuvre
gravé sur bois de A. Lépère, 27 pièces, fumés, 310 fr.
C'est à (>h. Méryon qu'il était réservé de dépasser
le billet de mille dans cette vente, plus intéres-
sante par le grand nombre des bons petits prix
que par les enchères importantes; encore une
fois, l'auteur du Petit l'ont a été le clou de la
collection et l'on n'a, pour s'en convaincre, qu'à
parcourir la liste que voici, où l'on notera la plus
haute enchère de la vente ; celle de il. 700 francs,
pour l'Abside de Notre-Dame (n" 3S0).
329. 1-e Stryye, avec les vers, papier verdàtre,
2.800 fr. -- 330. Le Petit Pont, avant le C. M., 2.200 fr.
— 331. La même épr., papier verdàtre, avec le C. M.,
1.9.iO fr. — 332. La même que 331, sur japon, 1.250 fr.
— 334. La Galerie Notre-Dame, 1.000 fr. — 335. La
Rue des Mauvais-Garçons, papier bleuâtre, 2.000 fr. —
336. La Tour de l'Uorloge, avant le C. M., 2.050 fr. —
337. La même épr., avec le C. M , 1.700 fr. — 338.
Tourelle de la rue de la Tixéranderie, avant le C. M.,
2.;;00 fr. — 339. La même épr., avec le C. M., 1.900 fr.
— 340. Saitit-Étienne du Mont, avant le C. M., sur
japon, 1.430 fr. — 341. La même, sur chine, avec les
bras de l'homme réunis, 330 fr. — 342. La même,
avec les bras de l'homme à moitié effacés, 420 fr. —
343. La même, avec les bras de l'homme écartés,
63 fr. (Le manque de place nous oblige à écourter les
désignations d'états, si importantes pour les prix,
surtout quand il s'agit d'un artiste comme Méryon ;
nous avons cependant donné par curiosité ces quatre
enchères d'une même estampe).
344. La Pompe Notre-Dame, 1 950 fr. — 346, Le Pont-
Neuf, avant les vers, 2.000 fr. — 347. Le Pont-au-
Change, épf. d'essai, avant le fond, le ciel et le ballon,
3.100 fr. — 348. La même, avec le nom, la date et
l'adresse, 2.000 fr. — 349. La Morgue, 1.700 fr. — 350.
L'Abside Notre-Dame, nom, date et adresse, papier
ancien, 5.700 fr. — 357. Hue des Toiles, à Bourges,
1.600 fr.
J.-F. Millet ensuite semble assez pauvre : une des
deux épreuves connues de la Tricoteuse (n° 367) ne
fait que 303 fr., et panui les autres pièces, dont
aucune n'atteint 1.000 fr., les plus hauts prix sont
222
LE «ULLETIN DE L'ART
ceux de 800 fr. pour le. Paysan rentrant son fumier
(n» 372), et (le 760 fr. pour In Grande bergère (n" 380).
Whistler, très abondant tant comme eaux-fortes
que comme lithographies : pour celles-là, excellente
moyenne entre 200 et l.SOO, avec une des deux plus
belles enchères de la vente : Nocturne palaces (n° 456),
épr. de 1" état, signée, 4.200 fr. — A citer aussi : 461.
rtie Balcony, 1.520 fr. — 458. Uprh/hl Vcnice, 960 fr.
— 435. San Biagio, 1.200 fr. — 449. Utile Venice,
1.350 fr. — Les lithographies entre deux et quatre
cents.
Zorn terminait te catalogue, avec plus de cent nu-
méros, tous signés, et l'on a vu passer en vente
l'œuvre à peu près complet du maître suédois. Les
portraits se sont pour la plupart tenus aux environs
de 100 francs; mais quelques-uns ont chiffré davan-
tage, notamment : le n° 488, Rosita Mcmii, 1" état,
avec salissures, 1.250 fr. — 496. La Valse, 820 fr. —
308. Ernest Renan, 1" état, 1.100 fr.
R. (;.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Paris au temps des Romantiques (Biblio-
thèque historique de la Ville de Paris). — C'estla
IIo exposition de la Bibliothèque et des Travaux
historiques de la 'Ville de Paris, à deux pas de
la place Royale où Marion Delorme ressuscitait
en 1830. Le Paris du romantisme ! Une ville
hérissée de tours crépusculaires et de flèches
gothiques... mais cela, c'est le caprice des Hugo-
laires au gilet rouge ou le délire final de Méryon ;
c'est le Paris du xV siècle imaginé, l'an IS.'M,
dans Notre-Dame-de-Paris '. Sous le rôve de Victor
Hugo, retrouvons la réalité de Balzac : loin de
l'ombrage défunt des Feuillantines, Nucingen
trône à la Chaussée d'Antin ; cette moyen-Ageuse
petite rue des Grès cache Gobseck... Est-ce
M""" Marneffe ou Théophile Gautier, centenaire
bientôt, qui nous attire à l'impasse fantastique
du Doyenné , sombre verrue sur le terrain
du Carrousel '.' L'estampe nous rend le cadre
qu'elle enjolive ou dramatise ; revoici donc ce
que voyaient les Icune-France, assez (iédaigneux
de l'esprit français. Redescendons de la tour
d'ivoire à la barricade, des révolutions lettrées
aux émeutes faubouriennes, du cénacle de l'Ar-
senal au café Turc : partout, c'est un Paris encore
ancien, résumé des siècles, avec la tourelle pro-
pice à l'eau-forte; et le boulet des Trois (llo-
rieuses a niché son pittoresque ù l'hôtel de Sens;
c'est le Paris des dernières diligences et des
premiers chemins de fer, des ultimes réverbères
et dos nouveaux becs de gaz ; un Paris noir où
Michelet va demander la splendeur au Louvre ;
un Paris éternellement parisien, où le lyrisme
s'édulcore et s'embourgeoise, et Jette sa gourme
aux bals de l'Opéra ; le Paris de Gavroche et de
Lisette, dont le refrain regrette le temps perdu
dans sa mansarde fleurie... C'est le pays latin
de Murger, qui môle une larme au sourire ; et
voici poindre l'aube amère du réalisme avec la
bohème qui réveillonne au café Momus. C'est la
Lutèce lépreuse de Privât d'Anglemont ou de
Trimolet, famélique beau-frère de Daubigtiy;
mais c'est l'avènement du houlevari sans trot-
toirs, où Torloni scintille sous les arbres ; et la
nature, que découvre peintres et poètes, se déride
aux parties d'ànes de Montmorency. Caricatures
et parodies répondent gauloisement à la mélan-
colie germanique ; ange ou démon, la lorette de
Gavarni n'effarouche point ses voisines : car la
miniature très décolletée de M">e Charles paraît
peu lamartinienne et, lithographie d'Achille
Devéria, le portrait de M"" Ménessier-Nodier
n'évoque point le sonnet d'Arvers... La mode
passe et revient; mais les êtres disparaissent
avant leurs demeures : où trouver la trace du
délicieux Gérard de Nerval aux abords de la
tour Saint- Jacques, devenus méconnaissables
depuis la chanson de Na.laud ? Enfin, la physio-
nomie, même ironique, de ce Paris lointain,
nous propose une définition du romantisme qui
fut, à la veille de la science omnipotente et démo-
lisseuse, comme un regret du passé : la poésie
n'est-elle pas l'adieu d'une àme à la lueur (jui va
mourir ?
Raymond Bouyrr.
LES REVUES
Franck
Revue des Deux-Mondes (15 juillet). — M. Pierre
Bi.ANCiioN (Jacques-André Mérysi, publie dans ce
fascicule une série de lettres inédites de FnoMF.NfiN,
datées dé liclgique et de Hollande, au cours du
fameux voyage de 1875, d'où devaient sortir plus tard
les Maîtres d'autrefois.
Nous avons ici les premières impressions de
l'auteur de Dominique, en présence d'une nature qu'il
ne soupçonnait pas, et de maîtres qu'il n'avait vu»
qu'à Paris. Il semble étrange, tout dnbord, de se
rappeler (|ue l'admirable livre devenu classique sous
ANCIEN ET MODEHNE
223
le nom des. MuHres d'autrefois, fut le résultat dun
voyage d'un moi». Il est biea iotéressant, d'autre
part, de comparer ces premières impressions, écrites
de premier jet et pour des intimes, à ce que devint le
texte déliuitir du livre, et on admire davauta^^e
encore, s'il est possible, l'écrivain difficile à lui-
même, qui ne craifçnit, ni de sacrifier d'importants
morceaux, ni de récrire dos chapitres entiers.
Il avait le savoir, il avait le talent, il avait la cons-
cience !
Et, en niAine temps que l'on sent percer dans sa
correspondance le regret de ne pas assez comprendre
Remlirandt, on le retrouve dans le livre, faisant effort
pour le pénétrer davantage, s'excusant presque de ne
pas le délinir et l'aimer pins pleinement.
Le voyage est de juillet 187S; les Maîtres d'autre-
fois parurent au printemps de 1876, et Fromentin
mourait le 27 août suivant, âgé seulement de 06 ans.
Qui sait quelles lumières lui eût apportées un nou-
veau voyage à AmstenlaLii et à La liayc, précédé
d'une visite à Cassel .'
Bulletin des musées de France ;)908, 3). — Le
« Clirisl en croix » du Greco, récemment entré au
Louvre, par Jean Guii'Fuev.
— La salle r/reerjue du Louvre, nouvellement rou-
verte, et ses remaniements, par Et. Miciion.
— Lue peinture d'Eugène Lami, offerte au musée
de Versailles par un groupe d'amateurs : Réception
de la reine Victoria au Tréporl(t>l-'<S), par G.Bbière.
— Une nouvelle salle au musée de Dijon, par 11.
CllAHKUK.
(1908, 4). — M. Kd. CirAVA.i.sKS étudie une collection
d'objets chinois trouvés dans la province de Ho-Nan
et qu'il a réceuunent donnée au Louvre. — M. Jean
Gcii'FiinY parle d'une autre acquisition récente du
musée du Louvre, une aquarelle d'Ingres représentant
le pape officiant à l'ér/lise Saint-Pierre de Rome. —
M l'aul ViTiiv reproduit une statuette de bois du
musée de Cluiiy, attribuée à Conrad Meyt, l'auteur
d'une partie des sculptures de Brou; et M. G. Gazier,
des dessins inédits île Mureau le jeune et de Gravelot,
conservés à la bibliottièque de Besançon.
Revue lorraine illustrée (avril-juin). — Le pas-
Irlliste Cil. L. (Iralia, né à Itam'oervillers en ISI-'i;
son œuvre, par A. Recocvheur.
— Saint-Dié, ses monuments, ses œuvres d'art, par
II. Uaiuiy.
— Les chdleau.r du roi Stanislas: 111. La .Malgrange,
par P. liovii.
Revue de synthèse historique (1908). — L'étude
des dessins dans l'histoire de l'art franiais, par Pierre
Marcel : état de la question ; travau.x sur l'œuvre
dessiné des maîtres; collections d'originaux et re-
cueils de fac-similés ; .inventaires et catalogues ; com-
ment il faut se servir des dessins dans les travaux
d'histoire de l'art.
Bulletin hispanique (janvier-juin). — Prome-
nades archéologiques en Espagne : 111. Osuna, par
Pierre Paris.
Revue alsacienne illustrée (1908, 2). — Chiitea.u.r
d'.ilsace : Dachstein, par F. Dollinoeh.
Revue archéologique (mars-avril). — Une Sta-
tuette féminine de style grecgue archaïque au musée
d'Auxerre, par Max. Collio.non. — Sculptures grecques
inédites, par W. Deonna. — Statuettes en terre cuite
de Zuto Brdo en Serbie, par le D' Miloje Massits. —
L'Autel it'Avenas [Hlione] et son inscription, par F. de
Méi.y (inscription à chronogramme, datant le monu-
ment ilu 12 juillet U80).
AlXEMAG.NF.
Die Kunst ;juin). — K..-M. Kuzmaxv. Le Salon de
printemps de la « Sécession » viennoise.
— Mélanges : Contre le snobisme du public et son
exploitation par certains marchands d'onivres d'art.
— R. SciiMiiiT. Le 1S' Salon de la « Sécession » ber-
linoise.
— E. SciiUR. La villa .Molchow, près d'.tltruppin :
œuvre de deux architectes finlandais, Gesellius et
Saarinen.
— W. Michel. Travaux de J. Vierlhaler : bronzes
d'art.
— F. E.xcHK. .lardius architectoniques ou jardins-
paysages (111, fin).
— Travaux de R. Schiesll : gravures en couleurs,
e.r-libris, cartes postales, etc.
— W. C^Beiuiendt. La brique et son emploi dans
l'architecture — G. lIuEr.
Monatshefte fur Kunstwissenschaft (avril). —
Cette revue public une édition spéciale pour la
France, donnant, en tête de chaque numéro, une
analyse des articles en français.
A signaler particulièrement une étude de M. L. liiUci
sur l'ylrt allemand dans les musées français : après
avoir remarqué combien certaines périodes de l'art
français étaient admirablement représentées dans les
nmsées d'Allemagne, M. L. liéau constate que la
réciproque est loin d'être vraie, et il donne un rapide
examen des principales œuvres d'art allemandes con-
servées au Louvre, dans les collections provinciales
(lîeims, Besançon) et dans quelques galeries particu-
lières.
Autres articles : Massimo Stanzioni, par 11. Voss;
— une Madone de Uachincca attribuée à Haphaël, par
(i. Poiioi; etc.
(Mai). — La Madone de Stuppach, de Grtinewald,
par 11. -A. SciiMuvr (tableau nouvellement découvert à
Stuppach, Wurtemberg); — les Peintures murales de
l'époque carolingienne à Munster {Grison.s), par \.
Sghmarsow ; — l'École du Danube du XVI' siècle,
par R. SriASSNv; — les Lois de la perspective dans la
peinture japonaise, par Curt Glasem.
224
LE BULLETIM DE L'ART
Italie
L'Arte (anno XI, fasc. I). — Silvesli-o delV Aquila,
te sculpteur des Abruzzes de la Renaissance (seconde
moitié du xv* siècle), est étudié par Giacomo De-
NicoLA, et Eia Gaf/gini, de Bissoiie, un des membres
de cette famille de sculpteurs lombards des xV et
XVI' siècles (celui-ci également de la seconde moitié
du XV» siècle), par Laura Filii'pini.
— La Sculpture en Dalmade au XV' siècle : 15arto-
lomeo lion, Giorgo da Sobenico, Andréa de Niccolo
Alessi, Andréa Alessi da Durazzo, Nicolo Fiorenlino,
etc., par Adolfo Vextohi.
(Fasc. II). — Un collahoraleur inconnu de Fra
Angelico : Zanobi di Hcnedetto Strozzi, par Paolo
d'A^■coNA.
— llacc'o l'ontelli à Home, et les travaux de l'arclii-
tecte au temps de Sixte IV, par P. Giokdani.
— La Sculpture en Dalmalie au XV' siècle, par Ad.
Venturi.
(Fasc. 111). — DiverseÀ ofuvres d'art évot/uées par
une publication importante de dessins, parG. Friz7.,>Ni :
il s'agit de la 6' et dernière partie de l'ouvrage de
Sidney Colvin, consacré aux dessins de l'Université
d'Oxford (Selected drairinys froin old inasters, etc.)
et à propos du((uel l'auteur fait quelques rapproche-
ments curieux.
— Les fresques du « l'aradiso degli Alberli », près
de Bandino, sur la route qui va de Florence à Bagno
a lîipoli, œuvres de Lorenzo di Niccolo et Mariotto di
Nardo, par Osyald Sihén.
— Première partie d'une étude de M. F. Cakabellese
sur la Restauration angevine des châteaux de PouiUe.
— Miniatures de l'école de Cologne, par Ant.
MuNoz : un évangéliaire de l'Auibrosienne et un sacra-
mentairc di' la Bibliothèque nationale de Paris.
Emporium (avril). — Artistes contemporains : le
paysagistes italien liartolomeo liezzi, par V. Pica. —
Art rétrospectif : la n Pietà » de yiccolo Alunno (dans
la collection Eugen von Miller, à Vienne), p.ir V. Gnou.
— Un illustrateur italien d'Edgar VoS : Alberto Mar-
tini, par V. PiCA. — La Campagne romaine dans les
peintures et les pastels de G.-A. Sartorio, par L. Seiuia.
— ('alhédrales et églises des >46rH::e.s ; Sanf-Angelo
di Pianella, par V. Balzano.
(Mai). — Art rétrospectif : les paysages à la galerie
Corsini, par A. Jaiin Uusconi. — Les Arcs commémo-
ralifs et triomphaux des colonies romaines, par V. B.
— La Place San Malieo et l'église des D'Oria, à Gènes,
par A. Rota. — Miscellanea : les fresques de la villa
Mills; une Madone avec l'Enfant et saint Jean, du
Corrège, récemment acquise par la galerie Corsini.
(Juin). — L'Exposition des « Amatori e cultori
d'arte », à Hotne, compte rendu par V. Pica. — Art
rétrospectif : ;i propos du centenaire de l'architecte
et sculpteur Alessandro Vitloria, né à Trente le 27 mai
1608, à qui l'on doit la décoration ou la construction
de plusieurs palais vénitiens (palais Italbi, loggia du
palais ducal, monument de Sansovino, etc.), par
L. Serra. — La Psychologie de l'auloportrait en art,
par G. Francesohini (avec 29 exemples d'après les
grands maîtres).
(Juillet). — Artistes contemporains : le paysagiste
russe Igor Grabar, par V. Pica. — Art rétrospectif :
Andréa Bruslolon, sculpteur sur bois, du xvii' siècle,
de qui le musée Correr conserve un grand nombre
de chefs-d'œuvre (bras de fauteuils, groupes, llam-
beaux, etc.), par K. Bhath. — La reconslruclion du
théâtre romain de Vérone, par A. Albasini.
Roumanie
Junimea literara (V, 4-5, Czerçowitz). — Notes
intéressantes de M. Sever Mlrf.sianc sur le Monastère
des Trois Hiérarques à lassy, édifié en trois ans sous le
voévode Vasile Lupu (xviii" siècle), et que M. Leconte
du Nouy restaure depuis près de trente ans. Le réfec-
toire de l'ancien couvent, avec sa voûte de pierre,
mentionnée par le diacre Paul d'Alep, et ses fenêtres
rectangulaires, ornées de baguettes entrelacées du
même modèle que celles de l'église, était connu sous
le nom de salle gothique.
Ce corps de bâtiment n'avait aucun licsoin de restau-
ration; on se h<âla d'en enlever le toit, et quand les
intempéries eurent fait leur œuvre, on le démolit de
fond en comble. Il ne reste pas aujourd'hui une pierre
ancienne de tout l'édifice. — M. M.
Russie
Staryé Gody (avril). — Dans la Collection de
M. Uthemann, à Saint-Pétersbourg, M. A. BeiNois
décrit abondamment un tableau qu'il attribue à Pater
et qui provient de la collection George Salting. Por-
trait de Miss y'ernon, par Romney, provenant du
comte Warwick. Plusieurs Borovikovski; un II. Ro-
bert; un Van Goyen, etc. Tapisseries de lîeauvais. do
Flandres, etc. Porcelaines de Meissen. Meubles fran-
çais, hanaps allemands, etc.
— M. Alexandre Ouspexski. poursuivant ses très
sérieuses investigations d'archives, permet de suivre
année par année les travaux d'Ivan Uezmine, imagier
de l'atelier des tsars. Bezmine fut élève du Polonais
Loputski en 1662, puis de Daniel Vouchters en 1667.
H travaille pour la cour de 1670 à 16fl2, année après
laquelle on n'a plus de renseignements sur lui.
— Le baron A. de Fcih:i.KRusAM relève d'après le
Livre des collectionneurs lie Maze-Sencier, les cadeaux
de la cour de France à la cour de Russie (1687-1785;.
— Denis Rociik.
Le Gérant : H. Dkms.
Pans — imp. G«orge» Petit. 12, rue (iodot-de-Uaurot.
Numdro 393.
Samedi 22 Août 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Musées de province
LA SALLE PUGET AU MUSÉE DE MARSEILLE
La semaine même où nous devions apprendre
avec une douloureuse surprise la fin prématurée
de M. Pliilippe Auquier, le regretté conservateur
du musée des beaux-arts deMarseille.nous rece-
vions sa dernière brochure : le catalogue des
œuvres de Pierre Puget réunies par lui au Palais
de I.ongchamp, après onze années de démarches
inlassables et d'efforts réitérés.
Il serait à souhaiter que les conservateurs de
musées de province pussent méditer l'introduc-
tion qui ouvre cette brochure ; elle leur appren-
drait — à supposer qu'ils aient besoin de les ap-
prendre — l'initiative, la patience et la ténacité.
Ils y verraient comment, dès 1897, M. Ph. Au-
quier s'était mis en tête de consacrer au grand
artiste provençal une salle entière du musée
de Marseille ; comment, après avoir formé un
embryon de collection — six peintures, six
sculptures et douze dessins — , il se multiplia
pour obtenir des photographies et des moulages ;
et comment enfin l'initiative privée seconda ses
elîorts, au point qu'à l'heure actuelle les visiteurs
du Palais de I.ongchamp peuvent étudier, dans
le cadre le mieux fait pour les mettre en valeur,
la plus grande partie des ouvrages du « Michel-
Ange français ». Voilà du bon régionalisme et de
la bonne décentralisation !
Le dévoué conservateur était donc bien fondé
à se réjouir, en constatant que la plus grosse
partie de la besogne était faite et que cette col-
lection, qui était son œuvre personnelle, désor-
mais signalée à l'attention des pouvoirs publics,
ne pouvait que s'aciToître par la suite et se com-
pléter à bref délai. Mais dans le temps qu'il
affirmait sa pleine confiance en l'avenir, et
comme s'il n'avait attendu que la réalisation de
ce qui avait été la pensée maîtresse d'une bonne
part de sa vie, il mourait, laissant à ses succes-
seurs le soin de parachever ce qu'il avait entre-
pris avec tant d'audacieuse confiance et pour-
suivi avec un zèle si enthousiaste.
Du moins, laisse-t-il, parmi tant de travaux
estimés, ce petit temple dédié à son maître de
prédilection, qui restera comme un souvenir et
comme un exemple.
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Actes officiels. — Par arrêté, en date du 30 juil-
let 1908, sur la proposition du sous-secrétaire d'État
des Beau.K-Arts, le ministre de l'Instruction publique
a nommé conservateur du palais de Compiègne,
M. Arsène Ale.xandre, critique d'art, en remplacement
de M. Tabaraud, décédé.
Musée des Arts décoratifs. — Sur l'initiative de
M. Georges l!ei'f;er, membre de l'Institut, les sous-sols
du pavillon de Marsan vont être prochainement
aménagés en « nuisée des moulages ».
M. G. Berger avait entassé, dans les caves du pavil-
lon, un ensemble considérable de moulages en plâtre,
portes, fenêtres, chambranles de portes, œils-de-bœuf,
marteau.^ et autres échantillons de l'art décoratif
français aux xvii* et xviu" siècles; ces pièces rem-
pliront désormais toute l'aile droite du Louvre, dans
la partie qui fait suite à labihliothéque. Les nouvelles
salles prendront jour à la fois sur la rue de Rivoli,
les Tuileries, lesjardins du Carrousel. On y accédera
par une porte, pratiquée à droite, dans l'entrée prin-
cipale du musée, et de plain-pied avec elle. Enfin,
on profitera de l'occasion pour agrandir et trans-
former la bibliothèque.
— Le musée des arts décoratifs vient de s'enrichir de
plusieurs costumes de la garde-robe de Napoléon I" :
la robe de soie blanche brodée d'or, le rabat en point
de Bruxelles, le manteau en velours rouge, et six
habits de cérémonie, qui servirent pour le sacre; des
robes, bonnets et parures de l'impératrice ; le rochet
du cardinal Kescli. Le musée a reçu aussi un déjeuner
en Sèvres jaune, que la reine Ilortense avait com-
mandé elle-même à la manufacture et qui figurait
sur sa table quand l'empereur était son hète.
226
LE BULLETIN DE L'ART
— On sait la vogue dont jouissent actuellement
les bottes, tabatières et menus bibelots analogues
du XVIII' siècle et du commencement du xix*. C'est
une exposition d'objets de ce genre qu'on organise,
pour le mois d'octobre, au musée des Arts décoratifs.
Bibliothèque nationale. — Prochainement,
s'ouvrira à la Bibliothèque nationale l'exposition de
la collection Armand-V.iUnn, léguée par M. Valton
au Cabinet des médailles, et que M. Ernest lialiclon,
conservateur, étudiera dans le numéro de la Heviie du
mois prochain.
La veuve du donateur est venue apporter, ces
jours derniers, cinq pièces nouvelles d'une grande
valeur, qui rehausseront encore l'éclat de cette
exposition ; ce sont : deux petits bustes archaïques
en bronze, deux en terre cuite et une tête égyptienne
en terre tendre.
Dons aux musées. — La famille Paul Meurice
vient d'offrir au musée du Luxembourg le l'orlrait ite
Paul Meurice, par Cracquemond, et au musée du
Louvre le l'oi trait de Mme (iraiiger, par Oranger.
Salon d'automne. — La sixième exposition du
Salon d'aiiloume ouvrira, au Grand Palais, le
1" octobre et se poursuivra jusqu'au diuianche
8 novembre. Outre l'exposition courante, elle com-
prendra des rétrospectives d'oeuvres du Groco, de
Monticelli, de Ghilllard et de Bresdin, et une section
linlandaise de peinture et d'architecture.
Société internationale de la gravure originale
en noir. — Cette Société, fondée au début de la pré-
sente année, sur l'initiative de .M. Kdouard André,
ouvrira sa première exposition le 3 novembre, aux
nouvelles galeries Dewambez, 43, boulevard Males-
herbes. Outre les eaux-fortes, pointes sèches, gravures
sur bois et lithographies en noir, les organisateurs
ont décidé d'admettre les gravures originale.s tirées
ton sur ton icamaïeux).
Déjà un certain nombre d'artistes ont envoyé leur
adhésion : MM. Kodin, jirésident d'honneur; Anders
Zorn et E. Friant, vice-présidents; le hollandais Ph.
Ziicken; les suédois Cari Larsson, Emile Zoir et Eigil
Schwab; le graveur suisse Van Muydcn; les litho-
graphes Ilochard et Belleroche; les peintres-graveurs
B. Naudin, Le Meilleur, Ch. Huard, llillekamp,
Ch. .louas, J.-J. Gabriel, Péters-Destérach, R. Woog,
G. Surand, Lopisgich, etc.
Les adhésions sont reçues au siège de la Société,
24, rue Beaurepaire, Paris. Xv
Acquisitions et commandes de l'État. — La
liste des œuvres d'art acquises pour le compte de
l'État, depuis le t" janvier 1908, celle des travaux de
peinture, sculpture et gr.avure comiuandés et celle
des subventions accordées depuis cette époque, ont
été publiées au Journal Officiel du -j août.
Les vols dans les églises. — L'église de Saint-
Rémy, dans le canton de Villefranche-de-Longchamp
(Dordogne), a été cambriolée. Dill'érents objets
servant il l'exercice du culte et placés dans une
armoire de la sacristie, ont été volés pendant la nuit
du 10 au H août.
— Oes malfaiteurs se sont introduits dans l'église
de Saint-Viance (Corrèze), et y ont dérobé une chasse
ancienne,- une merveille de l'art limousin des xii" et
XIII" siècles, composée d'un coffre en bois (0"82xO"2j)
surmonté d'un failage à deux versants, le tout recou-
vert par des lames de cuivre doré et des plaques
d'émail.
— A Thure CVienne), on a dérobé une garniture
de dentelles anciennes, découpée autour d'une nappe
d'autel.
— D'autre part. M. Gauthier, commissaire-adjoint
de la 6' brigade uiobile, a retrouvé, aux environs de
V'arietz ;Ariège), la châsse de l'église d'Aubazine, qui,
ainsi quç ntms l'avons annoncé, avait été volée pen-
dant la nuit du 30 au 31 juillet dernier, et qui avait
été portée dans un champ de blé, où les malfaiteurs
l'avaient abandonnée, après avoir enlevé les pierreries
dont elle était ornée.
A Dijon. — Voici une bonne année pour l'admi-
rable capitale bourguignonne. Le llullelin a déjà
annoncé comment son magnifique musée avait
récemment inauguré une nouvelle collrction de
tableaux et d'objets d'art, légués par M'"' veuve
Grangier. Parmi ces tableaux, on remarque une tête
de vieillard de Fragonard {?); un portrait de femme,
par Ingres; le portrait de M"" Pierre de Vellefrey, par
Prudhon; les objets d'art offrent (|uelques bonnes
statuettes de bois polychromes. L'ensemble de la
« salle Henri et Sophie Grangier », avec ses robustes
lambris, ses fenêtres et sa cheminée gothiques, pré-
senterait un aspect des plus heureux si l'éclairage
n'en était malheureusement d'une cruelle insullisancc,
à laquelle ou ne saurait songer à remédier, puisqu'on
ne le pourrait le faire qu'en éventraut la tour de Bar,
où elle est située.
Après le musée, la rue, la rue dijonnai.se, si fertile en
tableaux, elle aussi s'enrichit : le poète et philan-
thrope dijonnais. M. Stéphen Liégeard, soumet à une
restauration fort opportune la façade de sa maison
natale, qui, jadis, fut celle d'Hugues Aubriot.
Depuis plus d'un siècle, l'ornementation gothique en
avait disparu derrière un emplâtre de maçonnerie.
Voici qu'on la démasque, et déjà surgissent, derrière
les échafaudages, les cintres et les colonncttes des
fenêtres. C'est un nouveau joyau restitué à la char-
mante rue des Forges, jouxtant la célèbre « Maison
des Ambassadeurs », au débouché même de la rue
du Bourg.
On voudrait n'avoir à signaler, dans une pareille
ville, que de pareils travaux. Mais ceux qu'on
accomplit, à Dijon même, dans le quartier du Châ-
teau, sont loin de donner une égale satisfaction. Le
ANCIEN ET MODERNE
227
futur Hôtel des Postes est dans un état encore trop
embryonnaire pour qu'on puisse préjuger de son
aspect ; du moins, sa superficie nous assure-t-elle
qu'il ne répondra pas longtemps au développement
qu'on doit attendre d'une ville comme Dijon. Et près
de lui s'élèvent des maisons bien fâcheuses ; entre
autres, certain édifice en béton armé, dont les gaines
de bow-windows s'atlublent d'absurdes chapeaux
chinois, est une horreur et un défi, dans une cité qui
montre tant et de si belles lanternes, écliangnettes et
tourelles, à des architectes qui devraient se souvenir
que noblesse oblige. — Jean Ciiamavoine.
A Florence. — M. Corrado Kicci, conservateur
(les musées de Florence, a élaboré un grand projet,
en vue de remanier complètement l'organisation et
l'installation des trésors des dilîérents musées
llon^ntins. Voici, en résume, quelle en est l'économie.
La Bibliothèque nationale et le bureau des postes
devront quitter les OfUces. Pour éviter tout danger
d'incendie, on démolira toutes les constructions
légères qui entourent en ce moment le palais. La
Loggia dei Lanzi deviendrait l'entrée du nouveau
musée. On réunirait la collection de l'Académie au
musée de peinture. Les tapisseries actuellement sous
les toits du musée archéologique, trouveraient leur
place dans les grands couloirs des Otlices. Enfin,
toutes les sculptures seraient réunies au Bargello.
A Francfort. — A Francfort-sur-le-Main, le Kunst-
verein a organisé une exposition particulièrement
importante de l'œuvre de Max Rlinger, qui durera
jusqu'à la fin de septembre. C'est la première fois
qu'un ensemble de ses œuvres aussi considérable est
réuni hors de Leipzig ; une fois de plus, le concert
des voix est unanime à rendre hommage au génie
créateur et aux tale'nts variés dans l'exécution, qui
font de Rlinger une des sommités de l'art allemand.
Pour la circonstance, si les musées, comme d'habi-
tude, n'ont pas voulu transiger avec les règlements,
du moins nombre de particuliers, surtout de Dresde,
Berlin, Francfort, ont-ils d'assez bonne grâce prêté les
œuvres en leur possession. C'est ce qui explique qu'il
y ait plus de gravures, de dessins et même de sculp-
tures, grâce à des re|)roductions eu bronze, que de
tableaux. L'artiste a aussi livré quelques œuvres qui
n'avaient jamais encore quitté son atelier, et par
exception, il a assisté lui-même aux derniers aména-
gements de l'exposition.
Elle comporte 120 numéros, mais, comme l'on sait,
chaque opiis de gravure représente souvent dix à
douze pièces, et les Brahms- l'hanlasien en comptent
41, dont 8 grandes planches. Voici les Victimes d'Ovide
{op. 11, 1819); les 46 eaux-fortes pour V Amour et
l'syché (op. V, 1880); quelques feuillets épars des
op. VU, la Chaussée, le Clair de lune; les traductions
à l'cau-forte de tableaux de Bœcklin : Jour d'été.
Printemps, l'Ile des Morts (1881) ; des ex-libris, dont
celui du D' J. Vogel (1901) et celui de M. G. Giesecke
tout récent (1907) ; les fameux cycles des Drames
(op. IX, 1883), Un Amour (op. X, 1887), De la Mort
(op. XIII, 1883-1903), dont on assure qu'ils représen-
tent sinon des heures vécues par l'artiste, du moins
des impressions très vivement ressenties. De toute
son œuvre, conune de l'œuvre d'art en général,
Klingcr a dit qu'elle doit être la « grande expression
résumée de toute une conception de la vie •>.
Parmi les dessins, nous retiendrons les premiers
croquis à la plume, un Portrait de sa mère, du jeune
homme de dix-huit ans (1874-76), les études pour
différentes figures des cycles suivants, du Christ pour
la Crucifixiou (1883), les étranges ombres de cette
Saloméau cuirassier {Paris, 1886), le Christ à l'Olympe,
quelques académies et têtes d'études au conté ou aux
craies de couleurs (1900-1901), puis sept esquisses
pour le grand tableau (20 mètres de long sur 6 de
haut) qui sera découvert l'été prochain pour les fêtes
du 300* jubilé de la fondation de l'Université de
Leipzig : Homère chantant devant le peuple assemblé,
dans un magnifique paysage méditerranéen. — Une
série d'aquarelles rappellent des dates de voyage :
à Sienne (1889, ; en Grèce (1899) ; à Elbe (1904), avec
une vue de la chambre de Napoléon ; à Naum-
bourg (1906), et en dernier lieu en Espagne (1907). —
Les tableaux, tout en présentant malheureusement
de grandes lacunes, s'échelonnent de 1877 à 1907 :
le Promeneur en arrêt contre un mur de briques de
banlieue, devant quatre sinistres coureurs de bar-
rières ; des portraits, études et paysages.
Enfin, les œuvres de sculpture résument assez bien
les recherches de statuaire colorée de Max Klinger ;
Buste de Mme Ananije/f {\900), en marbre de Paros,
aux yeux d'opale, aux cheveux en marbre des Pyré-
nées ; ses recherches d'attitude et d'expression :
Salomé (1893), Cassandre (1893), Baigneuse (1899),
puis les dernières tentatives d'un art plus décoratif,
étroitement allié à l'architecture : les bustes plus
grands que nature de Us:t (1901), de Nietzsche (1906),
la Muse pour le monument Brahms (1907), l'Athlète
(bronze 1908). — Mahcel Montandon.
A Londres. — La National Gallery a récemment
publié son annuaire A signaler parmi les nouvelles
acquisitions ; de Van Dyck, les portraits du marquis et
de la marquise Cattaneo, qui ont fait partie de la
collection Cattaneo de Gênes; — une Revue de
troupes, par G. de Saint-Aubin ; — un portrait de
Joseph Ducreux, par lui-même; — de J.-L. David, le
portrait d'Élisa, duchesse de Toscane, sœur de Napo-
léon; — enfin, un Portrait de la Malibran, attribué
à Ingres.
Nécrologie. — On annonce la mort de M. Charles
de Hobillard de Beaurepaire, archiviste honoraire de
la Seine-Inférieure. Il était né à Avranches. le
24 mars 1828, et devint, en mars 1851, archiviste de
la Seine-Inférieure. Membre correspondant de l'Aca-
démie dos Inscriptions et Belles-Lettres depuis 1871,
228
LE BULLETIN DE L'ART
il laisse de nombreux et importants travaux d'histoire
et d'archéologie.
— .1/. Ernest Carrière, artiste céramiste, chef des
ateliers de décoration de la manufacture de Sèvres,
vient de mourir à l'âge de cinquante ans. Né à Stras-
bourg, il était le frère du peintre Eugène Carrière. Il
exposait aux Salons de la Société nationale, des por-
celaines et des grès souvent remarqués, qui lui
avaient valu une médaille de bronze, à la dernière
Exposition universelle.
— Le peintre Léon-llazile Perrault, né à Poitiers,
élève de Picot et de Bouguereau, qui avait commencé
d'exposer au Salon, en 1861, des figures, des sujets de
genre et des sujets religieux, vient de mourir à Royan.
On lui doit aussi la décoration de la salle des mariages
de la mairie de Poitiers. 11 avait obtenu une mention
en 1864, une médaille de 2' classe en 1876, une de
bronze en 1889 et une d'argent en 1900; depuis 1887,
il était chevalier de la Légion d'honneur.
— Le peintre anversois l'iet Verliaert, professeur
à l'Académie des beaux-arts d'Anvers, est mort subi-
tement en cette ville la semaine dernière. Membre
de la Société des artistes français, il avait obtenu
une médaille d'argent à l'Exposition universelle
de 1889!
— Mi>e Laiire de Chalillon, artiste peintre, élève
de L. Cogniet, est morte à Clarcns (Suisse), à l'âge de
82 ans. .Née à Chambray-sur-Eure, elle avait commencé
d'exposer au Salon de-1851 ; on lui doit de nombreux
portraits, des tableaux religieux et des scènes de
genre. Elle avait obtenu une mention honorable au
Salon de 1863.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
Les grandes ventes à l'étranger en 1908
(suite). — A Londres. — Collection du duc
de Sutherland (tableaux anciens et mo-
dernes). — Nous nous contenterons de renvoyer,
pour cette vente, annoncée dans le »• 369, au
compte rendu que nous avons publié dans le
n* 371. Faite le 8 février, elle produisit un total
de 191.000 francs, avec, comme plus haute
enchère, 55.125 francs, pour un Portrait de
gentilhomme à cheval, par Van Dyck.
— Ce même n" 371, contenait quelques détails
relatifs à deux autres ventes faites à Londres,
au début de février.
Collection Alford (tableaux modernes). —
Le 15 lévrier, on vendait la collection Halford;
produit total : 175.000 francs.
Les deux plus belles enchères, du côté des
peintures, ont été pour un Rosa Ronheur,
Paysans, et moutons dans les Landes, 8.925 fr., et
pour un petit tableau d'Israèls, 8.123 fr.
"Ventes diverses. — Dans une autre vente,
faite le même jour, quelques objets d'art réali-
saient des prix intéressants : groupe d'Arlequin
en vieux Saxe, 6.550 fr. — Pendule Directoire,
formée d'un vase en anc. porcel. à la Reine,
7 600 fr. — Tapisserie de Bruxelles, à sujet
allégorique de l'Asie, d'après Van Schoor,
14.950 fr. — Deux panneaux, tapisseries de
jlrHxellps, à sujets historiques, 7.500 fr.
— Le 22 février, chez Chrislie, on a donné
16.275 fr. pour un petit tableau par Harpignies,
la Nièvre à Nevers.
Collection Braikenbridge (objets d'art).
— Le 27 février, commençait, chez Christie, la
vente de la collection Braikenbridge, dont les
pièces d'orfèvrerie ancienne ont fourni plusieurs
enchères sensationnelles.
Un ciboire du xui' siècle, en cuivre doré, avec
émaux champlevés, à sujets de l'Ancien et du
Nouveau Testament, de travail anglais et prove-
nant de l'abbaye de Malmesbury, n'a pas réalisé
moins de toO.OOO francs — le plus beau prix
payé en vente publique pour un objet de celle
sorte.
Une coupe en bois, montée en argent doré,
travail de Londres, portant la date de 1534, a
été adjugée 62.500 fr. ; — une paire de candé-
labres en cuivre émaillé, travail français du
xHi' siècle, 11.250 fr.;— une miniature, portrait
d'homme, par N. Hilliard, datée de 1614, 15,500
francs.
Collection de lord Young (tableaux). —
Peu d'enchères intéressantes à signaler dans la
vente des tableaux formant la collection de lord
Young (chez Christie) : un Portrait de Richard
Brinsteij Sheridan, par sir Th. Lawrence, 14.175
francs, et un Portrait de Mary Ann Ei/cott avec
son frère, dans le genre de Raeburn, 13.375 fr,,
sont les seuls prix à retenir.
A celtç vente Ogurî^it un Portrait de Titus
ANCIEN ET MODERNE
229
Rembrandt, attribué au maître de la Ronde de
nuit, mais si retouché qu'il n'inspirait guère
confiance aux acheteurs ; un marchand anglais
l'obtint pour 6.250 francs, le fit nettoyer et se
trouva posséder un beau portrait signé Rem-
brandt, dont-il trouva, dit-on, amateur à 200.000
francs, quelques mois plus tard.
Collection Dickins 'céramique ancienne).
— Le 4 mars, avait lieu la première vacation de
la vente Dickins, composée de céramique
ancienne : cette première vacation seule a pro-
duit un demi-million d'enchères, avec quelques
prix importants. C'est ainsi que trois vases à
couvercles, en vieux Sèvres, de la forme dite
« vases à ornements », fond gros bleu, médail-
lons de ports de mer par Morin, dorure par
Vincent, datés 1779, ont été payés Si.OOO fr.;
— une jardinière en Sèvres, forme éventail,
fond gros bleu, médaillons de marines par
Morin, motifs décoratifs par Sioux, datée 176.3 :
80.000 francs; — enfin, une garniture en Saxe,
de trois grands vases décorés de sujets cham-
pêtres dans le goût de Watteau, a été poussée
jusqu'à 100.000 francs.
Citons quelques autres prix de la première
vacation :
Séores. — Paire de seaux, fonds turquoise, 17.830 fr.
— Deux vases, décors d'ornements verts, montures
bronze doré, ép. Louis XV, 39.2.Ï0 fr. — Deux jardi-
nières éventails, décorées par Tandard et Michaud,
26.250 fr. — Vase décoré, sur fond vert, par Morin
(t768), 17.030 fr.
Saxe. — Cinq surtouts de table, 21.000 fr. — Quatre
statuettes des parties du Monde, 15.750 fr. — Groupe
crinoline de la Comtesse de Kœssel avec son chien,
19.675 fr.
l'armi les prix de la seconde vacation, dont le
produit s'est élevé à 4)6.950 francs, citons :
Sèvres. — Deux vases à fonds gros bleu, médaillons
à amours, 36.750 fr. — Vase avec couvercle, décoré
de quatre médaillons bustes, en camaïeu, 31.500 fr.
— Paire de vases à couvercles, décor vert clair (1757),
28.330 fr. — Trois vases oviformes, 14.425 fr. — Deux
bols, décorés de fleurs en bleu, socles bronze etvieux
Saxe, 11.800 fr. — Deux vases et couvercles, fonds
f,'ros bleu marbré d'or, fleurs et fruits, 24.925 fr. —
Vase à couvercle, décor d'amours, sur fond bleu
turquoise, 11.800 fr.
Saj.e. — Dame en crinoline, assise, buvant une
tasse de thé, tandis qu'un gentilhomme lui baise la
nmjn et que derrière elle se tient un petit nègre,
27.750 fr. — Deux petits bustes d'enfants, 30.175 fr.
'- Deux figurines de Chinois et Chinoise, 12,075 fr. -^
Deux groupes crinoline, femmes et hommes dan-
sant, 13.650 fr.
La troisième vacation a porté le produit total
de la vente à 1.107.325 francs, avec, comme
principaux prix :
Deux petits vases en anc. porcel. de Chine, poudré
bleu, ép. Rang-Ili, 12.075 fr. — Deux vases de Sèvres,
vert clair, monture brcmze, 11.023 fr.
Collections Dickins et Tatham (tableaux
modernes). — Le 7 mars, on a vendu les
tableaux provenant de cette même collection
Dickins et de celle de feu M. Tatham : le total,
pour les 99 numéros de la vente, a été de
71.3.880 fr., avec l'enchère importante de
57.750 fr., obtenue par une petite aquarelle de
Turner, Constance. Citons, en outre :
Aquarelle de Turner : Carnavon Castle, 25.450 fr. ;
— Zurich, 17 830 fr. ; — Windsor Cns/Ze, 44.625 fr.
(en 1870, cette aquarelle n'avait atteint que 17.850 fr.).
Burne-Jones. Love among the ruines, 41.325 fr. —
Mauve. Vue de la Scheldt, 22.300 fr. — Hunt.
Too not, 14.175 fr. — Millais. Dream at Baron,
11.273 fr. — Pinwell. T/te yreat lady, 13.800 fr. —
Ilossetti. Lady Lilille, aquar., 11.025 fr. — Prout.
La Cathédrale de Chartres, 12.073 fr. — De Wint.
Vue de Lincoln, 27.530. — Linnel. Paysage, 13.125 fr.
— Mason. The Garider, 49.075 fr. — .Vlillais. Orphe-
lins, 40.425 fr.
On remarquera les beaux prix obtenus par ces
œuvres de l'école anglaise moderne; les plus dis-
putées ont été celles deWalker, parmi lesquelles
Harbour of refuge, réplique du célèbre tableau
de la collection Tate, a été adjugé 67.752 francs.
Trois autres œuvres du même artiste, the Violet
field, the Old gale, the liée hives, ont atteint
respectivement 42.000, 39.375 et 14.300 francs.
[A suivre.)
M. N.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
La parure féminine (au musée Caillera). —
la beauté passe, la parure demeure... et date,
plus tard, terriblement. Sur ces bijoux, l'historien
futur nous jugera, comme le savant reconstitue
les colosses disparus d'après une dent; et que
penseront de nous les archéologues des siècles à
venir? Peut-on, dès aujourd'hui, s'en douter'.'
Dans le Paris du romantisme, estampes et
vignettes nous oiit fait revoir un Paris très
230
LE BULLETIN DE L'ART
bourgeois où les poètes, comme toujours et
partout d'ailleurs, ne furent qu'une surprenante
exception; seuls témoins d'une humanité d'hier,
des gravures de modes nous ont prouvé que les
nœuds dans les cheveux, l'écharpe et le boa
(comme le gilet de couleur, même avec l'habit)
n'étaient point des innovations récentes; toute-
fois, les bijoux romantiques étaient assez vul-
gaires et soucieux seulement de la richesse des
gemmes; notre modem style a voulu des bijoux
artistes, mais au prix de quelles réminiscences !
Notre époque est érudite : elle a trop de souve-
nirs; laborieusement, elle les amalgame au petit
bonheur. Partout, l'histoire a tué le roman. Le
rêve môme est un pastiche ; et l'archéologie
s'échappe, à travers la Renaissance, le moyen-àge
et l'antiquité japonaise ou pompéienne, jusqu'à
l'Egypte des Pharaons. A découvrir certains
bijoux de M. Lalique, les bons archéologues de
l'avenir ne prendront-ils pas nos compagnes
pour des Cléopàtres '! M. René Lalique est un
poète, mais légèrement paradoxal ; il aime à
styliser la flore et la faune, à marier l'émeraude
ou l'améthyste avec l'aigue-marine, à compliquer
la boucle de ceinture, le peigne ou la bague,
à décorer le tour de cou qui jouait plus libre-
ment sur les décolletés du xv!!!" siècle, à chan-
tourner le pendentif, renouvelé du pent-à-col, sur
le crêpe de Chine ou le surah des robes claires,
à piquer des épingles monumentales ou de
métalliques couteaux dans le flou des charlottes
mousseuses : car sa vaste vitrine associe la parure
et l'étoffe. M. Lalique a montré le rare mérite de
l'imagination : faut-il en vouloir à sa personnalité
de se répéter un peu? Jamais inventeur n'a pro-
voqué plus d'imitateurs; les marchands ont copié
l'artiste : et c'est encore un des signes du temps.
Sagesse et simplicité, même relatives, n'en ont
que plus de prix, parmi ces froides débauches de
la mode : rendons prompte justice aux peignes
harmonieux de M. Henri Hamm, dont le goût
sympathise avec les progrès d'un art inné chez
nos Parisiennes : la coiffure; aux loyaux bijoux
de M. Charles Rivaud, qui respecte avec discer-
nement la beauté de la matière; au dessin pur
de M. Edmond Becker, sculpteur sur ivoire et sur
bois. L'art décoratif, comme l'architecture, se
cherche encore à travers les styles; on parlait
déjà de faillite ou de crise ; ces quelques noms
nous rassurent.
Raymo.m) Bolvkr.
NOTES & DOCUMENTS
Daumier au Père-Lachaise.
Dans son livre sur Honoré Daumier, M. Henry
Marcel écrit : « Le corps de Daumier, pour obéir
à un désir qu'il avait exprimé , a été, à une date
que nous n'avons pu éclaircir, transporté au
Père-Lachaise, où il repose à proximité de
Corot et de Daubigny ».
Nous pouvons donner aujourd'hui la date de
l'exhumation du corps de Daumier. Voici, en
effet, le texte même du Procès-verbal que nous
avons retrouvé dans les archives de la mairie de
Valmondois. On sait que Daumier mourut à
Valmondois (Seine-et-Oise) le 10 février 1879. Il
fut exhumé, pour être transporté au Père-
Lachaise, le 14 avril 1880.
PROCÈS-VERBAL D'EXHUMATION
DES K8STE8 DE HoNOHÉ-VlCTOHIEN DaU.MIER.
L'An mil huit cent quatre-vingt, le mercredi qua-
torze du mois d'avril, à troi.s heures du soir,
Nous, maire de la commune de Valmondois,
Ouï la demande verbale à nous faite par M»* Marie-
Alexandrine d'Assy, veuve de Honoré-Victorien Dau-
mier, demeurant audit Valmondois, tendant à obtenir
l'autorisation d'exhumer les restes du dit Daumier,
décédé on cette commune le 10 février 1879 et inhumé
le 13 du même mois au numéro cinq, 3" série du plan :
concessions à perpétuité :
Vu les lois et ordonnances relatives au.x sépultures,
et notamment la circulaire du ministre de l'Intérieur
du 10 mars 1856;
Vu. les articles 10, 11 et 12 du Règlement du cime-
tière connnunal du 21 mai 18<8, approuvé par M. le
Préfet le 20 septembre 18j1.
AaRftxo.NS :
ArnicLE PBEMiEii. — M"* Daumier, susnommée, est
spécialement autorisée à faire exhumer les restes de
feu Victorien-Honoré Daumier, son défunt mari, pour
être réinhumé n Paris, au cimetière du Père-Lachaise,
dans un caveau qui lui est particulièrement destiné;
Article 2. — Celte exhumation aura lieu aujour-
d'hui même, à trois heures du soir;
.\iiTicLE 3. — Elle sera faite en notre présence avec
le respect dû aux morts et les précautions prescrites
par les lois de l'hygiène, et le cercueil sera cerclé d'au
moins trois frettes pour empêcher la dislocation de la
bière et la consolider. Le ilépart pour Paris aura lieu
le jeudi 15 avril à huit heures du matin. Si le cerceuil
[sic] n'est point placé dans un lieu fermé en attendant
son départ, une ou plusieurs personnes seront prépo-
sées à sa garde. Tous les frais seront supportés par
M— Daumier;
ANCIEN ET MODERNE
â31
Auticle 4. — Cette dame se conformera strictement
aux prescriptions du présent arrêté et à celles des
arrêtés du Préfet de Police et du Préfet de Seine-et-
Oise, enfin aux lois et règlements en vigueur sur la
police des cimetières.
Fuit, en la mairie de Valniondois, le quatorze avril
mil huit cent quatre-vingt.
Ch. Berxay.
C'est ce môme maire qui, le jour des obsèques
de Daumier à V'almondois, avait inscrit les lignes
suivantes sur le Registre des concessions à per-
pétuité du cimetière :
13 février 1879.
Daumier, Honoré- Victorien, artiste peintre, décédé
le 10 février 1879. Il était né à Marseille (Bouches-du-
Uhône) le 26 février 1808 et devait être illustre dans
son art, où il fut un créateur. Il a été inhumé au n° 5->.
I.e secrétaire de la mairie de Valmondois, vingt
ans plus tard, ayant lu cette note, fil des re-
cherches, apprit que Daumier était, en effet,
i< illustre dans son art », et, dans un beau zèle —
qu'il faut louer — il provoqua la création d'un
Comité local destiné à glorifier le grand homme.
D'ofi le buste de Geoffroy-Dechaunie, dressé sur
la place publique de Valmondois, et la plaque de
marbre qui, depuis le 9 août dernier, témoigne
que Honoré Daumier mourut dans la petite mai-
son du village qu'il tenait de la générosité de
Corot,
Hknrv LaI'ALV.E.'
LES REVUES
France
Bulletin de la Société française des fouilles
archéologiques (t. 11). — Notes sur les fouilles de
Ghamplieu, du Mont-Beuvray et de Sainte-Colombe-
lès-Vicnne.
Les Arts (mai). — Les Salons : Société nationale,
par Cil. Saunieh.
— La Collection de M. Claudius Côte, par Tristan
DesïIîve (verreries).
— Meubles que le musée du Louvre pourrait re-
cueillir, par G. MiGEoit. L'auteur cite, entre autres,
une table-bureau du xvii* siècle, une pendule Louis
XIV, un régulateur du xviii* siècle, une table Louis XV
et un bureau Louis XVI, appartenant aux Archives
nationales (ancien hôtel Suubise).
(Juin). — L'Exposition de portraits de Bagatelle,
par G. MoLBEV.
— Les Salons : Société des Artistes français, par
Ch. Saunier.
— La Collection de M. Alfred Lescure, par R. Cox
(dentelles).
(Juillet). — L'Exposition Rembrandt à la Bibliothèque
nationale, par P. -A. Lemoisne.
— La Collection Alfred Lescure (fin), par R. Cox.
Art et décoration (juin). — Les Esquisses de
Gastoti La Tour/te, à propos d'une exposition récente,
par Paul Coknu.
— L'Art décoratif aux Salons, par M. -P. Vebnecil.
— L'Exposition Rembrandt à la Bibliothèque natio-
nale, par P. Matiiev.
(Juillet). — Arthur Jacquin, f/raveiir sur bois, par
M. -P. Vehneuil.
^ Les Salons : la sculpture, par P. Vnriv ; — la
peinture, par Nobbehu.
Revue du mois (10 juin). — A propos des Salons de
1908 : Questions d'art contemporain, par André Fon-
taine.
L'Art et les artistes (juillet). — La Cathédrale
de Reims, par C. Enlabt. — La Jeune école de pein-
ture en Angleterre, par F. RurtEB.
Angletf.rre
Burlington Magazine (avril). — Quelques Notes
sur l'oiii/ine el le développement de la porcelaine
émaillée des Chinois, par E. Dili.on.
— l'avis de Chavfinnes, un chapitre tiré des Modern
pointers, par A. Kicketts.
— Florence et ses constructeurs, par G. Baldwin
Bhown.
— Les Vieux vases sacrés en ari/enl de quelques
enlises anglaises de Hollande, par E. Alfred Jones.
■ — Deux récentes acquisitions de la National Oal-
lery : le portrait de Jacqueline de Bourgogne, par
Mabuse; et le portrait dune femme en sainte Marie-
Madeleine, peinture de l'école d'Anvers.
(Mai). — Suite de l'article do M. E. Dili.on sur les
Porcelaines île Chine.
— Un Portrait inconnu de L. David, par Claude
Piiii.LM'S : c'est un portrait de jeune },'.-irçon, acquis
autrefois par l'autour en vente publique et dont la
provenance est connue; à ce propos, M. Cl. Phillips
étudie les enfants dans l'œuvre de David et propose
plusieurs hypothèses curieuses pour l'identification
des modèles du Joseph llara d'Avignon et du por-
trait de jeune garçon qu'il publie.
— Étude de M. Roger E. Fhy sur le récent livre de
M. Homes, sur Rotticelli: et de M. H. W. Singer,
sur l'Exjiosition Goya, actuellement ouverte à la
galerie Miethke, à Vienne.
(Juin). — Le Portrait de Tenin/son, par Millais, qui
a fait partie de la succession de feu sir James Knowles,
232
LE BULLETIN DE L'ART
récemment décédé; M. D. S. Mac Coli, fait appel à
ses compatriotes et leur demande de ne pas laisser
ce ta])leau sortir d'Angleterre : une souscription est
ouverte à cet effet au National Art Collections Fund ;
les héritiers demandent 3.000 livres du tableau.
— L'Exposition des Manuscrits à miniatures du
Burlington Fine Arts Club, par Roger E. Fhv.
— La Nouvelle loi italienne o pour les antiquités
et les beaux-arts », par Lionel Ccjst. — Le Bulletin
a donné l'essentiel de cette loi, publiée le 17 mars
dernier.
— Parmi les oîuvres du xviip siècle français, ré-
cemment acquises par la .National Gallery, se trouve
une peinture de Gabriel de Saint-Aubin, la Parade ;
une gravure inachevée d'après le même sujet, datée
de 1760 et portant le nom de l'artiste, a été autrefois
découverte à la Bibliothèque nationale par M. G.
Schéfer.
— Une partie perdue d'un retable du maître de
Flémalle, par Louise M. Rictiiek. — Le musée du
Prado possède deux volets d'un triptyque, attribués
au maître de Flémalle, et dont la partie centrale est
perdue. M"" Richter propose — et ses arguments sont
des plus sérieux — de reconnaître une copie de
cette partie dans une Annonciation qui ligure au
Louvre comme un travail de l'École flamande.
(Juillet). — L'Exposition franco-anglaise : la sec-
tion française, par Ch. Ricketts ; la section anglaise,
par R. Ross.
— Une récente acquisition de la National portrait
Gallery : le portrait de 1-ady Margaret Beaufort,
comtesse de Hichmond et Derby , mère du roi
Henry VIL
— Note sur le Passage du ravin, une toile de Géri-
cault récemment exposée dans une galerie anglaise
et reproduite dans ce numéro.
Autres articles : Jacopo del Sellaio, par M. 11. -P.
HoKjiE. — Les Œuvres de Durer classées par ordre
ehronologique, par sir M. Cokway.
Belgioub
L'Art flamand et hollandais (15 avril). — Les
vitraux de Lierre et d'Anvers {\\', xvi'et xvii' siècles),
par Jean nr. Bosscheke. — L'Art contemporain, par
J. SciiMAi.zioAro.
— Un Jordaens inconnu, par A. Ubedius. — Il s'agit
d'une Sainte Famille de la collection Stecngracht, à
La Haye, actuellement mise par erreur sous le nom
de Gérard llonthorst.
(15 mai). — L'art contemporain (fin), par J. Schmai.-
ziOAL-o. — Anciens dessins du Cabinet des estampes
d'Amsterdam, par W. Martin. — Matthijs Maris,
peintre d'Amsterdam, par G.-H. Marius.
(15 juin). — Les frères Oyens, Peter et David,
peintres hollandais contemporains, par Dr.-R. Jacoii-
SEN. — Anciens palais de Nassau en Belgique : III.
L'Hôtel de Nassau à Diest {fin), par Th. -M. Roest va»
I^I.MBUHG.
(15 juillet). — Les vitraux de Lierre et d'Anvers,
lin de l'étude de M. J. de Bossciiebb. — La collection
Six et ses tableaux acquis pour le Rijksmuseum, par
W. Steemioff.
Italif.
Bolletino d'arte del Hinistero délia Publica
Istruzione (II, fasc. 3). — Les Travaux de réorganisa-
tion de la Galerie nationale d'art antique de Rome,
par F. liEKMA.Nm.
— Un sarcophage orné de motifs de la Nekyia de
Polygnote (collection particulière à Rome), par G. de
NiCOLA.
— Vase funéraire à inscription falisque, par R. Men-
OAHELLi (Home, musée de la Villa Giulia).
— Nouveaux tableaux de la Galerie royale de
Parme, par L. Testi (œuvres de S. et G. Conca, Gucr-
chin, S. Ricci, etc.)
(Fasc. 4). — Les Portes de l'orgue de S. Maria dei
miracoli de Venise, par G. Fooolabi. — De l'Annon-
ciation de P.-M. Pennacchi, autrefois sur les volets
de l'orgue de Sainte-Marie des Miracles, une partie —
la Vierge — était passée à Saint-François de la Vigne,
et l'autre — l'ange — dans une collection anglaise.
L'ensemble est aujourd'hui reconstitué à la Galerie
de peinture de Venise, i
— Un disciple d'Antoniazzo Romano : Vincenzo
Santese, par A. Rossi. — Un tableau d'Antoniazzo
Romano, par A. Gottciiehoski.
(Fasc. 5). — M. G. Fooolahi, terminant son étude
sur les peintures de l'orgue de S. Maria dei Miracoli
de Venise, donne en appendice une liste des orgues
à peintures figurant dans les anciens guides de
Venise, et il en reproduit plusieurs.
Autres articles : Études sur Melozzo da Forli, par
A. MuN07.. — ^^î/r un tableau de l'église de S. Andréa
a Camoggiano, aujourd'hui au umsce de S. Marco de
Florence, par G. Carocci. — San Giovanni in Com-
pila, par F. RoccHi.
Rassegna d'arte senese (IV, l;. — Encore des
peintures inconnues île l'école siennoise, suite de l'in-
téressante liste, par ordre alphabétique d'artistes et
de villes, publiée par F. Masox Pekkius. — Une peinture
ancienne à Citta delta Piève. par D. F. Canuti : c'est
une Crucifixion, communément appelée la Plainte
des anges. — Un chef-d'œuvre de Uomenico di Bar-
iola, par F. Maso.n Perkins : la Vierge orante, de
l'église du Refuge, à Sienne.
■Vita d'arte (juillet). — Raphaël Maddalena Doni,
par E. Cal/.ini. — Leonardo Bistolfi et le monument
Garibaldi, par R. Pantisi.
Le Gérant : H. Dbnis.
Parit. — Imp. George* Petit, li, rue (iodot-de-Meuroi.
Numéro 394.
Samedi 5 Septembre 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
MUSÉES DE PROVINCE
A Saint-Quentin :
Des œuvres d'art bien gardées.
Vous désirez publier, dans un livre ou dans
une revue, telle œuvre d'art appartenant, je
supposp, au ■ musée de Saint-Pétersbourg, de
fîoston ou de Tokio ? Hien n'est plus facile : à
peine a-t-on reçu votre demande que l'on vous
adresse toutes les autorisations nécessaires.
Mais si c'est un des pastels de l.aToui-, conservés
au musée l.écuyer, à Saint-Quentin, en France,
que vous soubaitez de reproduire, ob! alors, il
en va tout autrement. A la requête que vous leur
adressez, les administrateurs de l'École de l.a
Tour vous répondent qu'ils ont, n depuis long-
temps, pris la déci^ion 'de n'accorder aucune
autorisation de reproduction » des cbefs-d'œuvre
dont ils ont la garde.
(Jue si vous insistez, désireux de connaître les
raisons qui ont dicté cette mesure, vous recevez
une lettre comme celle-ci :
MoQsii'ur,
Je vciix bien vous donner la raison pour laquelb- le
bureau iradniinistr.ilion de l'École de La Tour a dû
prendre la détermination de repousser toutes les
demandes d'autorisation de reproductions de pastels;
c'est simplement parce que ces dunjandes sont telle-
ment nombreuses, que des déplacements trop fré-
quents deviendraient un danger pour leur conserva-
tion. Ne pouvant établir de préférences, il a bien
fallu prendre le parti de refuser toute autorisation de
reproduclion directe'.
Cinquante et un pastels seulement (t) existent
actuellement en cartes-album, mais l'autorisation de
les reproduire tous, même d'après ces documents, ne
sera sûrement pas accordée, car c'est tout à fait une
exception que d'avoir obtenu l'autorisation de repro-
duction d'un ou deux pastels.
1. Le nnisée Lécuver en compte au total 87.
S-. D. L. a.
h
Les cartes-album se vendent un franc, au bénélice
du concierge du musée.
J'ai riionneur de vous présenter. Monsieur, mes
très empressées salutations.
L'Adnunistrateur, secrétaire-perpétuel,
VicTOH DuMOxr.
J'en demande pardon aux administrateurs de
l'Kcole de La Tour, mais leur réponse me semble
manquer un peu de logique. Pourquoi, en elTet,
puisqu'ils ne veulent pas laisser photographier,
sous prétexte que les pastels pourraient soulTrir
de trop fréquents déplacements, pourquoi re-
fusent-ils aussi la permission de reproduire
même ceux de ces pastels qui sont déjà pho-
tographiés et vendus au musée "?
On oublie, d'autre part, de nous dire, dans cette
lettre, que tous les pastels du musée Lécuyer
ont été photographiés eu 1898, en grand format,
par l'éditeur parisien J.-E. Hulloz, et publiés
avec un texte de M. Henry Lapauze. Ce bel
ouvrage est une publication de grand luxe, tirée
seulement à trois cents exemplaires numérotés,
et, par conséquent, d'un prix qui n'est pas acces-
sible à toutes les bourses. Mais il serait facile de
se procurer d'excellentes images des œuvres de
La Tour, si l'Ecole de La Tour, après avoir inter-
dit à M. Bulloz la vente des épreuves séparées,
ne refusait, moins aimable que lui, jusciu'à l'au-
torisation de les reproduire.
En vérité, voilà des œuvres d'art bien gardées I
Comme elles sont trop fragiles pour supporter
un voyage, elles ne quittent jamais Saint-Quentin
(ce qui d'ailleurs est parfaitement sage); comme
elles pourraient souffrir d'être trop souvent
déplacées, il est^devenu impossible de les faire
photographier (ce qui peut encore se défendre);
et pour des raisons mystérieuses, il est rigou-
reusement interdit de faire usage des photogra-
phies qui existent, lors même qu'elles devraient
accompagner le travail le plus sérieux et le mieux
fait pour servir la gloire du grand pastelliste.
L'école Quentin de La Tour, pleine de soUici-
234
LE BULLETIN DE L'ART
tude pour son concierge, — dont elle protège
le commerce contre la concurrenre, — en a
évidemment beaucoup moins pour la mémoire
de son illustre et généreux fondateur.
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Légion d'honneur. — Le Journal officiel du
22 août a piibllé un décret nux termes duquel M. Carlos
de liestégui. citoyen américain, est nommé chevalier
de la Légion d'honneur, pour avoir prêté un concours
remarquable à nos musées, notamment en constituant
pour la bibliothèque nationale une collection précieuse
de monnaies et médailles d'Alsace.
Musées nationaux. — Le testament de M. Charles
Droiiet vient d'être ouvert. Les musée» nationaux
bénéficient de dons importants.
M. Drouet lègue au musée du Louvre un Murillo,
le l'risonnier; cinq paysages de Constable, o à choisir,
écrit le donateur, parmi les tableaux de ce grand
maître que je possède»; six tableaux de Turner,
dont le choix est laissé aux conservateurs du Louvre;
enfm, la Vue du l'alais ducal et de la l'iazzella de
Venise, par Bonington.
Le Louvre hérite également, pour la section réservée
aux dessins originaux et estampes japonaises (dans
lef salles faisant suite à la collection Grandidier), des
soixante kakémonos les meilleurs de la collection
japonaise de M. Drouet. Ces kakémonos, peintures sur
soie ou sur papier, sont roulés ou, en assez grand
nombre, sous verre. M. Drouet lègue encore au
Louvre les 1.^0 ou 200 meilleures estampes japonaises
de sa collection, ainsi que ses poncifs japonais, dont
un assez grand nombre sont du plus grand intérêt
artistique. 11 charge M. Migeon, conservateur au
Louvre, de choisir ces dilfércntcs pièces.
Au musée du Luxembourg, il laisse une peinture de
Whistler et le portrait d'Antoine Jcckor par Carolus-
Duran; tous ces legs, bien entendu, devront être
acceptés par le comité des conservateurs ; puis en-
suite, s'il y a lieu, par le Conseil supérieur des Musées
nationaux.
M. Drouet lègue, en outre, à la Bibliothèque natio-
nale, pour le Cabinet des estampes, son portrait à
l'eau-fortc par Whistler ; à l'École nationale des
beaux-arts, sa collection de dessins des maîtres des
écoles anciennes italienne, llamande et hollandai.se;
au Musée des arts décoratifs, un médaillon en bronze
de Jaluka Capri, 1867, et au musée de l'Armée une
statue en marbre de Jeanne d'Arc, dont il est lui-
même l'auteur.
Musée du Louvre. — A la séance do l'Académie
dot inscriptions et bolles-lettros du 21 ao&t, M. Héron
de Villefosse a déposé sur le bureau, en son nom et
au nom de M. .Miehon. conservateur-adjuint du musée
du Louvre, une brochure sur les acquisitions du
département des antiquités grec(|ucs et romaines en
1907.
Ces acquisitions se divisent en quatre groupes :
celles en marbre et pierre [statues et bustes, 6 ;
bas-reliefs, 6; inscriptions, 1) ; — celles en l)ronze, H ;
— celles, en métaux précieux, \ ; une bague cachet
en or; — enfin les moulages et fac-similés, I.
La brochure se termine par un examen des récents
travaux de réorganisation des monuments de la salle
grecque, on l'on n'a conservé qu'un petit nombre de
monuments, choisis parmi les plus récents de ceux
dont la provenance grecque est bien établie.
— Les petites salles flamandes et hollandaises,
placées autour de la salle des Knibens. qui avaient
été fermées pour qu'on pût y apporter quelques
transformations, et notamment soustraire certaines
peintures fragiles et précieuses à l'exposition du midi,
viennent d'être rouvertes an pul)lic.
Les maîtres du xv et du xvi' siècle ont été trans-
portés au nord, dans les doux dernières salles du côté
droit, où ils trouveront une température plus égale
et où leur groupement, un peu à l'écart, donne au
visiteur une impression plus recueillie. En entrant
dans la salle van Eyck notanunent, on croit péné-
trer dans une chapelle : certaines peintures sur fond
d'or (Christ et Vieri/e de douleur,de l'écolo de H. Van
der Weydeii), jadis placées beaucoup troji haut, com-
plètent très heureusement l'harmonie de la salle.
A noter aussi la rccoiislitution du petit diptyque de
Memlinc, dont les deux moitiés ont été offertes au
Louvre, l'une par Edouard Gatteaux, l'autre par
M""» Edouard André.
La salle du xvi» siècle (salle Quentin Metsys) s'est
enrichie d'œuvres naguère égarées dans la section
allemande : par exemple, le grand retable du maître
de la Mort de la Vierye, de qui on reconnaît aujour-
d'hui l'origine anversoise et qu'on a identifié avec
Jossc van Clève. En outre, des peintures autrefois
B.icrifiée» reparaissent en belle place : tel le l'ortrait
d'un moine bénédictin, par Mabusc.
La salle Antonio Moro renferme les maîtres qui
marquent la lin du xvi- et le début du xvir siècle;
autour du grand portraitiste, sont venus se grouper
des peintures d'Otto Venius.des l''ranck,deSteenwyck.
de l'icter Neetfs, et surtout de Breughel de Velours.
La salle suivante est consacrée aux œuvres de
Ténicrs et portera son nom : dans ce cadre restreint,
ces tableaux sont tout A leur avantage, ainsi que
les spécimens du talent de Byckaert, de Goujalcs
Coques, de Sibercchts et autres peintres coulcmpo-
rains d'inspiration analogue.
On s'achemine ainsi chronologiquement vers lis
trois salles finales consacrées à la collection La (;azc.
dimt la dernière, avec ses peintures llaniandes. offrira
un utile élément de comparaison.
ANCIEN ET MODERNE
235
De l'autre côté, dans les salles autrefois occupées
par les primitifs llaniands, sont venues se placer les
peintures que ces primitifs ont remplacées au nord :
ce sont les salles Hais, Cuyp et Stecn, qui serviront,
pour ainsi dire, de vestibule aux autres salles hollan-
daises du musée. On y trouvera plusieurs reuvres
charmantes des petits maitrcs hollandais ijui n'étaient
plus exposées depuis plusieurs années, et on admi-
rera l'adresse qu'on a mise à utiliser les moindres
ressources d'un espace assez limité. Cet éloge s'ap-
plique d'ailleurs également ,aux salles précédentes,
dont la réorj^anisaticm a été conduite avec heaucoup
de méthode et de soin.
'Ville de Paris. — La ['relecture de la Seine vient
de faire procéder à de nouveaux inventaires dans les
68 églises, les 8 temples, et les deux synagogues qui
composent l'ensemble des édifices religieux de la
Ville de Paris. Ces inventaires avaient pour but de
reconnaître, parmi les œuvres d'oeuvres d'art, celles
()ui étaieut la propriété particulière de la Ville de
Paris. L'État possède dans les monuments religieux,
11.34 œuvres peintes, 772 sculptées, o78 vitraux et
une douzaine de tapisseries; à la Ville appartiennent
1267 peintures, 604 sculptures, et 360 vitraux. Pour
tous ces ouvrages, qui furent l'objet do concours
publics ou de commandes particulières à des artistes
en renom, la Ville a dépensé la somme totale de
8.371.6liy francs.
Au Panthéon. — Le sculpteur Injalbcrt vient de
terminer VApotlicose île Mirabeau, destinée au Pan-
théon, et qui lui avait été commandée par M. IJujar-
din-Beaumetz. L'artiste a représenté .Mirabeau à la
tribune. Au-dessus de lui plane un génie ailé qu'ac-
compagne un lion personnifiant la Force. Ce groupe
se dresse sur un haut piédestal aux quatre angles
duquel quatre ligures symbolisent la Royauté, la
llévolution, l'Histoire et la Uoulour pleurant la mort
de Mirabeau.
Le classement du Mont Saint-Michel. — Eufm,
les remparts du .Mont Saint-Michel sont classés connue
monuments historiques ! Le Journal officiel a publié
le décret en date du 17 juillet, aux termes duquel
« les anciens remparts du Mont Saint-Michel, dits
remparts de la ville, tels qu'ils sont figurés sur le plan
du U janvier 1908 .>, sont alleclés au service des
beaux-arts.
L'n décret du 20 avril 1874 avait allecté déjà au
même service l'ancienne abbaye et ses dépendauces.
En 1879, par convention en date du 10 septembre, la
counuune du Mont-Saint-Micbel s'était désistée en
faveur de l'Étal, « de toute prétention à la propriété
de l'enceinte dite de la ville, réserve f.aite des droits
que ledit acte lui reconnaît».
Or, depuis 1880. époque de la construction de la
.digue, longue de 2 kilomètres, qui va de la partie sud
de l'Ile (Porte du Uoi à l'embouchure du Couesnon,
divers projets d'endiguement avaient été élaborés;
tous menaçaient la magnifique muraille d'enceinte.
Et il en a été parlé longuement ici-même. Dorénavant
le Mont sera respecté et l'on ne pourra plus toucher
à ses remparts.
C'est le premier résultat d'une campagne entreprise
depuis plusieurs années, mais ce résultat, pour appré-
ciable qu'il soit, n'est pas encore entièrement satis-
faisant. 11 faut maintenant obtenir que le Gouverne-
ment prenne les mesures nécessaires pour empêcher
l'ensablement de la base du Mont Saint-Michel; il faut
que le Mont Saint-Michel, menacé de n'être bientôt
plus qu'ime butte au milieu des terres, reste une lie,
sous peine de perdre une partie de ce cpii fait sa
grandeur et sa beauté.
A Alise. — La Société des sciences historiques et
naturelles de Semur, dont les réunions ont été déjà
présidées par MM. (léron de Villefosse et Gagnât, en
tiendra une, cette année, le 10 septembre, à Alise,
sous la présidence de M. Guglieimo Kcrrero, le
célèbre historien. La réunion sera suivie d'une visite
aux fouilles, sous la conduite de M. Pernet, qui les
dirige.
Plusieurs découvertes intéressantes ont été faites
récemment : à l'orifice d'un puits, on a trouvé un cha-
piteau de modèle assez rare, destiné à supporter un
croisement de poutraison; à la fin de juillet, on a
mis au jour un beau vase de bronze de 48 centimètres
de hauteur, fort oxydé, mais sur lequel peut se lire
encore une inscription latine importante : cette
inscription, qui porte une dédicace de l'objet votif à
Ucuetis, nous apprend que ce nom, connu par une
inscription précédemment découverte, est bien celui
d'une divinité locale, ainsi qu'on l'avait supposé, et
de plus, que cette divinité est un dieu et non une
déesse.
A Londres. — La National Gallery vient d'ac-
(|uérir, pciur la sonnne de 62") 000 francs, un portrait
de famille de Frans Hais, qui se trouvait chez lord
Talbot, dans le château de Malahide, près de Dublin,
où il avait échappé jusqu'ici à tons les spécialistes.
C'est donc une O'uvre inédite importante qui sera
exposée prochainement à Trafalgar Square.
— Le Itritisb Muséum vient d'acheter la collection
des monnaies de Phénicie et de Palestine appartenant
à M. Léopold Hamburger, de Francfort-sur-Mein ;
elle contient 2.700 spécimens des plus rares.
A "Vienne. — La Galerie moderne de Vienne
(Autriche) a fait l'acquisition, pour la somme de
80.000 marks, du triptyque de Uœcklin, ]'enus Geni-
Irix. Cette œuvre, datée de 1895, faisait partie de la
collection du professeur Neisser, à Breslau.
A Cassel. — On se souvient, — le llullelin l'a
d'ailleurs annoncé (voir les n" 376 et 381), — que
M. von J'schudi, directeur de la Galerie Nationale de
236
LE BULLETIN DE L'ART
Berlin, a reçu, « pour raison de santé », un congé
dont la fin est fixée au premier avril prochain. M. von
Tscliudi, considérant qu'un grand musée doit mon-
trer au public des œuvres significatives de toutes les
écoles, avait réuni dans une des salles de la Galerie
Nationale un choix remarquable d'ouvrages contem-
porains, allemands ou étrangers, qui faisaient l'admi-
ration des visiteurs impartiaux, mais qui ont eu le
malheur de déplaire en haut lieu.
On apprendra avec plaisir que M. von Tschudi est
en meilleure santé, puisque l'État vient de lui confier
la conservation du musée, de Cassel, rendue vacante
par le départ du D' Oscar Eisenmann, admis à la
retraite à dater du 1" octidire. Le nouveau conser-
vateur est chargé de réorganiser le musée de Cassel
et de classer d'après un plan nouveau les trésors
anciens (|u'il renferme.
A Elberfeld.— Le musée de la ville s'est enrichi
d'un tableau de Courbet : la Falaise (iKli-ehU.
acheté par MM. J. Schmits et J.-Kr. AVolff, sur le
fonds qu'ils ont créé à l'effet d'acquisitions d'œuvres
d'art.— M. M.
A Bregenz. — La Société du Muséum célèbre le
100° anniversaire de la mort d'Augelica Kauflniann,
par une exposition de ses œuvres, qui durerajusqu'au
io octobre et qui réunit un nombre restreint, mais
choisi, de peintures de l'artiste-poèle, appartenant à
la ville, à la Société, à des collections étrangères et à
des particuliers. — M. M.
A 'Worpswede. — Les sociétés de protection du
paysage luttent contre la disparition des toits de
chaume, eu Allemagne comme en Ibdiande. Mais le
mérite d'avoir travaillé à leur eonsei-vntion revient A
la vaillante colonie d'artistes de Worpswede, et.
parmi eux plus particulièrement, au peintre Mans
Am Ende. Ils organisèrent le dimanche, avec le Ver-
sichœnerungsvercin de Worpswede, des incendies de
baraques couvertes, les unes en chaume, selon la
pratiipie traditionnelle, et les autres en chaume im-
prégné, sous la surveillance d'une ■commission spé-
ciale : le chaume ordinaire, aussitôt enflammé, glisse
du toit et obstrue les sorties de la cabane; le chaume
imprégné s'ellondre lorsque pannes et chevrons ont
brûlé, sans donner de flammes, et à peine carbonisé
sur les Jjords. On espère obtenir aussi que les Société.s
d'assurances et la Sûreté lèvent l'interdit jeté depuis
quelques dizaines d'années sur les toits de chaume,
et rendre ainsi aux villages de campagne un élément
important du pittoresque qui disparaissait. — .\l. .M.
* >J C-^OOQg > n < 1
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
Les grandes ventes à l'étranger (suite). —
A Londres. — Collection Connal (tableaux
modernes. — Même succès pour les tableaux
de l'école anglaise, formant la collection de
M. Connal; dispersée le 1.3 mars.
Un tableau de Burne-Jones, une Nymphe des
Loin a été payé 29.050 fr. ; — deux aquarelles par
le même, Vénua au bain et ta Fortune, 14 700
et (i.bUO fr.; — deux peintures, par A. Moore,
Midumiimer et Reading atone, 26.250 et 21.000.
Produit total : 22;). 000 francs.
Collection J. Gott (livres anciens). —
Citons, paiini les prix mar(|uanls obtenus par
les livres de feu .lolin Cott, celui de .')2.lj00 fi.,
payé pour un exemplaire unique de (iotden
Lcijenil, parC.axtou. daté de 148.L
Collection Burnett (tableaux modernes).
— Le 21 mars, dans la première vacation de la
vente Burnett, composée de tableaux modernes
des écoles française et liollarniaiso, ont été
adjugés :
Allée duiix le parc île Udidnai il I «r » ^ 'He-
d'Avray, par Corot, 12.600 et 7.600 fr. — \ lllaue au
bord de l'Oise, par Daubigny. S). 175 fr. — l'aysaijr.
par Harpignies, 7.875 fr. — Vieu.r pêcheur, par Isra.-ls,
3.250 fr. — Marine, par Maris, (i.5;iO fr. — Luhrorlh
Casile, aqu. de Turner, 5.630 fr.
Collection Ponsonby (objets d'art, ta-
bleaux). — Le 2" mars, chez Christie, on a
vendu les objets d'art et d'ameublement de la
collection Ponsonby. Total : 88.000 francs,
parmi lesquels 18.900 ont été donnés pour une
table ronde en noyer et acajou , d'époque
Louis XVI ; 15.750, pour deux candélabres,
porceL blanche et br. doré, époque Louis XVI,
et 16.27a pour un vase grec antique, en bTonze.
— Le lendemain, vente des tableaux anciens
provenant de la même collection ; total :
44.'t.000 francs. A signaler particulièrement les
ANCIEN ET MODERNE
237
72.171) fr. obtenus par un Portrait de Misa Morley,
par Uomney.
Un autre Momiiey, Portrait de Mm. Ann
Poultcr, a fait ,S9.37'5 fr.; — un pastel de GarJner,
Portrait de lady Fawkencr et de ses enfantai.,
31.800 fr.; — DUndman's buff, par G. Morland,
28.873 fr.
Collection Ismay (objets d'art, estampes,
tableaux . — Le 2 avril, commençait la vente
de la colloction Ismay. Un meuble de salon en
acajou, de Cliippendale, a atteint 44.02y francs,
pri.x sans précédent pour une pièce de cette
sortie
Autres prix :
Quatre chaises maniueterie, ép. de la reine Anne,
(l.fil.ï fr. — Six fauteuils bois satiné, 6.300 Ir. —
C.iéclence chêne sculpté, trav. allemand à personnages
hihiiquts, xvi" siècle, fi. 675 fr. — Garniture vieux
Chine, personnages et fleurs, 8.125 fr — Plat de
Itoruta, fig. emblématique sur fond bleu, 9.700 fr. —
Trois autres plats de même provenance, 6.025, 5.000
et .'1.773 fr.
— Deux jours plus tard, à la vente des
tableaux et estampes de la môme collection,
une peinture de ïurner, de la plus belle manière
du maître, la Plage d'Hastings, réalisait l'en-
chère sensationnelle de 157.500 francs.
Autre gros prix pour une épreuve de 1" état
avant lettre du Portrait de lady Bampf'i/ldc, grsivé
par Th. Watson, d'après Heynolds : 23.100 fr.
(on a fait remarquer à ce propos que cette
planche, à l'originp, fut publiée à {'.'> sh., soit
18 fr. 75).
Ajoutons quelques prix intéressants :
T.Mii.KAix. — Linnel. The Timber waggon, 36.425 fr.
vente Price, 1892, 81.000 fr.). — Millais. The found
fif miiny water.i, 28.873 fr. (à une vente précédente,
cette peinture avait atteint 75.925 fr.).
Linnel : La Fêle de Jeanne, 42.000 fr. — Foresl
llood, ,i3.590 fr. — Millais. The Frinye of llie moor,
i;S.87.'i fr. — D. W'ilkie. The Colter's saliirday nir/ht.
:;S.,S7.'i Ir. — Aima Tadema. At Ihe close of a joyful
day, 24.130 fr.
EsTA.Mi'ES. — l.ihcr stiidiorum, 71 pi. par Turner,
14.423 Ir. — Portrait de lady Crosbie, grav. par
UIckinsim, d'après Heynolds, l" état, 7.600 fr. —
Mrs. Pelham feediny chic/cens, par les mêmes,
12.600 fr. — Mrs. Stables et ses enfants, par Smith,
d'après Uomney, 8.125 fr.
A Berlin. — 'Vente d'estampes modernes.
— Au début d'avril, MM. Amsler et Uutlianl, de
Kerlin, procédèrent à la dispersion d'une collec-
tion d'estampes modernes dont le produit total
alteignit 123.500 fr. L'intérêt de cette collection
résidait surtout dans la suite abondante d'eaux-
fortes de Max Klinger qu'elle comprenait et qui
se sont vendues de fort bons prix : ainsi, une suite
de 80 pièces. Vie, a fait 8.375 fr., et une autre
série, Mort, 6.125 fr.
Pour les autres artistes, on notera : 50 pièces
de Leibl, 3.107 fr.;— 30 pièces par Millet, 2.276 fr.;
— 20 pièces par Whistler, 7.600 fr.; — 31 pièces
par Seymour lladen, 5.000 fr.
A Nev,r-York. — "Vente Brandus. — La
vente Brandus, que nous avions annoncée
autrefois ici-même, s'est faite les 2 et 3 avril.
Elle a réalisé un total de 639.135 francs.
Sauf les 62.500 francs obtenus par un Corot
{Ville-d'Avray), rien de particulièrement saillant
dans cet agréable pêle-mêle de tableaux de
toutes époques et de toutes écoles ; quelques
prix seulement à retenir :
Bouguereau. Jeunesse, 15.000 fr. — Lawrence.
Mrs. Maa-awrth Pread, 25.500 fr. — Hoppner. Miss
Elisabelh Siifnell, 31.000 fr. — lîcimney. Lady
llamilton, 13.000 fr. — Van Uyck. La Femme au
collier de perles, 12.000 fr. — Winterhalter. La
Duchesse de Kent, 13.500 fr. — Thaulow. l'aysaye
d'hiver, 28.730 fr. — Berne-Bellecour. L'Embarque-
ment, 14.500 fr.
Ces enchères suflisent à montrer la composi-
tion singulière de cette vente américaine, dont
la disparate n'était pas la moindre qualité.
A Amsterdam. — "Vente de tableaux et
objets d'art. — Du 29 avril au l^'mai s'est faite
à Amsterdam, sous la direction de MM. Frédéric
Muller, une intéressante vente d'objets d'art et
de tableaux.
Un bocal en verre taillé, du xvii° siècle, travail
hollandais signé d'Anna Ilœmers (no 145), a
réalisé la jilus forte enchère dans la catégorie
des objets d'art : 15.000 francs. Les faïences
anciennes de Delft, très disputées, ont donné
lieu à de beaux prix, notamment une potiche
ovoïde de Pynaker, décor de Heurs et oiseaux
en rouge et bleu sur fond bleu (n" 183 de la
ventcj, qui a été adjugée 7.200 fr. ; plusieurs
autres pièces ont dépassé 3.O0O francs.
Parmi les tableaux, le no 41, une grande toile
de van (ioyen, la Brise xur le Zuydcrzéc, est
montée jusqu'à 44.000 francs, et un Paysage et
rhiitcau, de S. Ruysdaël, jusqu'à 24.000 francs.
(.1 sxiivrc.l M. .\.
238
LE RUI.LETIN DE L'AHT
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Schœnheyder Mœller (Palais des Beaux-Arts
de Liège). — Au bout d'une élégante charmille
de Versailles ou d'une allée mystérieuse de
Fontainebleau, qui n'a regardé pendant une
seconde, au péril de ses yeux, les rayons allongés
du soleil qui darde encore sur l'horizon, comme
l'œil unique du cyclope ? Quel poète n'a ressenti
secrètement cette éloquence des longs jours?
Mais aucun peintre, depuis Claude et Turner,
n'avait osé fixer sur la toile bise le sourire
lointain de l'étoile immense; sous le berceau
profond des feuillages, cette blessante blancheur
avait découragé même l'impressionnisme...
La musique de la Lumière et l'Étoile victorieuse :
ainsi se désignait, au Salon de 1H97, au Champ-
de-Mars, le double envoi d'un artiste mort jeune
et trop peu remarqué parmi nous quand il vint
régulièrement exposer ici pendant huit ans. De
1895 k Mt03, à la Société Nationale, le soleil fut
le seul thème de ses discrètes symphonies colo-
rées ; et, dans sa conscience à noter l'éphémère,
le paysagiste ajoutait au paysage les taches vertes
où violettes de l'éblouissement. Cette hardiesse
d'un étranger passa méconnue; et son nom difli-
cile ne fut point retenu par le caprice de la
mode : il aura fallu, cette année, l'exposition
rétrospective d'une vingtaine de ses ouvrages,
réunis par son frère, M. Tyge Mœller, au Palais
des Beaux-Arts de Liège, pour évoquer le souvenir
de ses lumineux efforts et résumer la biographie
sans gloire de cet obscur ami du soleil. D'une
famille lettrée et (ils d'une admirable brodeuse,
il était Danois : né le S janvier 1804 au port
d'Aarhus, il fut un autodidacte et délaissa l'école
ou les brumes du ciel natal, malgré l'estivale
beauté des solitudes du Jutland ; observateur déjà
de l'aslre ou de la vague à Skagen, il descendit
avec joie vers la lumière ; ermite à Fontainebleau,
cet Obermann de la palette passa dans la con-
templation les dix dernières années de sa courte
vie : il meurt d'amertume et d'épuisement le
3 mai 190!), à 4-1 ans.
Brève carrière, en face d'un art si long, qui
réclame à la fois la science et l'ivresse ! Mais cet
original vécut assez longtemps pour accroître le
sillon de lumière inauguré par le Lorrain dans la
campagne de Home. Que le musée toujours inédit
du l'aysage. qui raconterait l'histoire des varia-
tions de la clarté de la toile, réserve un coin de
cimaise à celui qui nous apparaissait, dès 1898(1),
comme « un arrière petit-Hls audacieux et doux
du grand Claude » !
Raymond Bouver.
CORRESPONDANCE DE DRESDE
Le Salon artistique.
Le Salon artistique de Dresde s'est ouvert le
!>!'■ mai, il ne fermera que le 15 octobre ; il est
installé dans les bâtiments élevés pour l'usage
des expositions, à l'une des extrémités de l'admi-
rable parc royal, qui est un des charmes de la
ville. On y a rassemblé la peinture, la sculpture,
l'architecture, les arts du dessin, les arts indus-
triels, des collections japonaises, un musée
rétrospectif de la civilisation saxonne. On y a
annexé des spectacles, des jeux ; on y soupe, on
y écoute des concerts. C'est pour les Dresdois
un rendez-vous de plaisir autant que d'étude,
avec un air de fête à la fois élégante et popu-
laire, auquel ne nous ont pas habitués nos expo-
sitions plus graves, j'allais dire plus moroses.
L'arrangement dos salles de peinture et sculp-
ture, laissé à la faniaisie des différents artistes
chargés de les organiser, est très varié. Si quel-
ques-unes paraissent froides, nues, d'autres sont
joliment dé('orées de vieux meubles de style
prêtés par les artistes eux-mêmes; les fleurs y
sont répandues à prorusii>n. On s'y sent presque
dans un chez soi intime ou dans un intérieur où
l'on viendrait en visite.
Sept cents exposants ont envoyé ù peu près
2.300 œuvres au total ; les uns deux ou trois,
certains jus(iu'à vingt-cinq ou trente, ce qui
permet des jugements d'ensemble. Les artistes
ou les écoles de Dresde, Leipzig, Berlin, .Munich,
Stuttgart, Carisrube, Dusseldorf, Hambourg,
Kœnigsberg, etc. (même Vienne), se sont fait
représenter et sont groupés méthodiquement
salle par salle. Synthèse et analyse : l'esprit
allemand, on le sait, tend toujours, comme par
une pente naturelle, à la pédagogie.
J'ai parcouru celte exposition, sous la conduite
de son très aimable et très compétent commis-
(1) Dans nos Suions de l'Artiste et de la Hevue
populaire des Itetiux-Ails: ,■!. (V,i,al,' l.nrniin (Paris,
Laurens, 1905), p. 123.
ANCIEN ET MODERNE
239
saiie général, le Conseiller l'aulus, et il y a bien
(les (l'uvres dont j'aurais aimé à parler. On com-
prendra que je doive ici me borner, non pas
même à un compte rendu sommaire, mais à
i|uelques observations, que je ne donne point
romme neuves. Il n'est peut-être pas mauvais
néanmoins de les renouveler, puisque c'est un
coup d'oeil de plus sur l'étranger.
L'impression générale est celle de quelque
chose de très vivant, avec une extrême com-
[ilexité dans les tendances : classicisme, plus ou
moins traditionnel, modernisme, naturalisme,
impressionnisme, symbolisme, mysticisme, etc.
Imaginons, pour en donner l'idée, un résumé de
nos Salons des Artistes français, de la Société
nationale, des Indépendants, du Salon d'au-
tomne, mais avec un jury préalable établissant
(jueiques barrières, où ne passent ni les témé-
rités outrancières, ni les.. .. inexpériences 11a-
i,'rantes.
A vrai dire, le pur classicisme ne compte plus
que quelques rares artistes, tels von (;ebhardl,qui
expose un iloise frappant le rocher, ou(;l.Meyer,
un Christ devant la docteurs, dont la comparaison
avec le mO-me sujet traité par Max Liebermann
fera une l'ois de plus saisir le renouvellement
dans la manière de traiter les thèmes religieux.
Il y a ensuite, dans ce que j'appellerais les régions
moyennes et tempérées de la peinture, de très
bons artistes connus chez nous aussi, des œuvres
tantôt fortes, tantôt délicates : les vingt por-
traits de Fr. Kaulbach, dans une salle dont la
riche décoration s'harmonise avec la manière
aristO('rali(jue et somptueuse du maître; les pein-
tures ou les dessins, si originaux, si personnels,
de G. Kuehl, l'Entrée d'un château par Orlik, le
portrait de la Comtesse de Kalckreuth par son
mari, la Hue ensoleillée de Fr. Beckert ; les
Chasseurs wurtembergeois, de Ilaug, où l'artiste a
recherché subtilement les accords des verts d'une
prairie avec les verts des uniformes, que relè-
vent çà et là des jaunes d'épauleltes et de fleurs.
Dans ce classement, nécessairement très ap-
proximatif, je trouverais le commencement des
hardiesses avec la Fiancée refusée de Bartels,
gouache forte et savoureuse : une femme en cor-
sage jaune pi([uédepois bleus, figure de paysanne
hàlée, rougeaude, ou avec la Famille aux champs,
de Bantzer, curieuse élude où le peintre a réussi
très heureusement à donner à la fois l'impres-
sion du plein air ensoleillé et des dimanches
joyeux ; avec les Carriers de Sterl, pierres jaunes,
comme brûlées par une lumière éclatante ; avec
les dix ou douze chevaux en raccourci de Hegen-
barth, d'une exécution audacieuse ; avec les por-
traits de Slevogt, de Samberger, heurtés de
dessin et de couleur, tourmentés, mais singu-
lièrement vivants et, pour ainsi dire, ethnogra-
phiques. Puis viendraient certaines étrangetés du
symbolisme mystico-idéaliste ou socialistique :
la frise de Hodler, six femmes assises au milieu
de treilles de fleurs, dans des poses qui peuvent
être aussi bien celle de l'abattement que de la
béatitude; la Danse des morts de Egger-Lienz,
des ouvriers conduits par un squelette.
Comme toujours, la sculpture est plus en équi-
libre; il me semble qu'on pourrait y indiquer,
comme notes dominantes, ou le projet de fon-
taine de Arth. [,ange : l'Eati, source de force, cinq
hommes nus énormes, aux musculatures bos-
suées, enlacés en rond, ou la fontaine de Wrba,
destinée à la ville de Leipzig : le Joueur de flûte.
Dans la première, on retrouverait cette recherche
de la puissance qui a été une des caractéristiques
de l'art allemand au début du siècle précédent,
et, dans la seconde, quelque chose comme le
souvenir persistant de l'Allemagne légendaire,
dont s'inspira jadis Moritz von Schwind.
Oue tout cela ne soit pas entièrement nouveau,
qu'une grande partie de l'inspiration actuelle
vienne d'ailleurs, — de chez nous par exemple, —
autant que de l'Allemagne, cela n'est pas dou-
teux, car les pénétrations de pays à pays se
multiplient aujourd'hui. Deux faits pourtant sont
à signaler, semble-t-il. L'intervention préalable
d'un jury où figurent les représentants avérés
de l'art donne un caractère officiel aux har-
diesses ou aux nouveautés. D'autre part, celles-
ci sont fort souvent l'œuvre non pas d'artistes
jeunes isolés, aventureux et aventurés, sans
attache, mais de professeurs des académies de
peinture, de maîtres par conséquent, reconnus,
consacrés, et ayant ainsi un pouvoir de direction
sur la jeunesse artistique, qu'ils guident mais
ne retiennent pas.
Il semble bien que l'art allemand aille de
plus en plus vers le modernisme : l'étude des
expositions porte à le croire aussi bien que celle
des musées.
Henhy Le.monnier.
rvi) Tvi^ riij rï\)
240
LE BULLETIN DE L'AHT
CORRESPONDANCE DE GRÈCE
L'Ancienne Kalydon.
Des nouvelles de Missoloiighi annoncent d'in-
téressantes trouvailles faites par M. l'éphore
Sotiriadis dans les ruines de l'ancienne Kalydon.
L'emplacement de la ville antique, indiquée
par Pline avec assez de précision, avait déjà été
reconnu près du village d'Evinochori. Un frag-
ment de décret s'était rencontré non loin de là,
qui mentionnait les noms de deux Kalydoniens.
Les trouvailles de ces derniers jours viennent
pleinement confirmer cette opinion.
A l'ouest du village moderne, s'élève la petite
église de la Transfiguration, édifiée sur l'empla-
cement et avec les débris d'une très ancienne
chapelle. M. Sotiriadis y a découvert, encastrée
dans la maçonnerie de l'autel, une grande stèle
de marbre, qui porte six inscriptions difficile-
ment déchiffrables. Ces textes peuvent, paraît-il,
se dater avec certitude de l'année 200 avant notre
ère. Ils sont relatifs à la ville de Kalydon et com-
prennent un décret de proxénie et des actes
d'alfranchissement. La stèle semble provenir du
fameux temple d'Artémis Laphria, dont on croit
avoir retrouvé non loin de là quelques restes.
En donnant quelques coups de pioche auprès
de l'église, on a mis à découvert une sépulture
d'époque hellénistique, qui contenait un riche
mobilier funéraire : figurines de terre cuite, pen-
dants d'oreilles et bracelets d'or, etc.
On s'accordait jusqu'à présent à croire que
l'ancienne Kalydon, complètement ruinée et
ensevelie sous une mince couche de terre, offrait
aux archéologues un maigre champ de recherches.
Il semble que ses ruines ménagent encore quel-
ques surprises aux fouilleurs, et qu'elles ne
soient point si négligeables.
(i. L.
LES REVUES
Feianck
Revue archéologique (m.-u-juin). — M. Jean
Lakan continue la publicalioa de ses recherckes sur
les jiroporlioiis dans la statuaire frauiaise au
XII' sièclr, d'après les moulages du musée de scul-
pture comparée : (11) les lois de groupement; — et
M. R. Vali.ois publie une étude sur les formes
architeclurales, dans les peintures de vases grecs :
colonnes, entablements et frontons.
L'Art et les artistes (août). — A propos du Cen-
tenaire il'lli/lierl-ltobert, qu'il eût été bienséant, dit
M. A. IJavot, de célébrer cette année avec une
certaine solennité, l'auteur rend hommage à ce
« délicieux maître », dont l'œuvre « est comme une
peinture architecturale du passé, égayée par l'imn<:o
du présent ».
• — Courtes notes de MM. Marius-Ary Lf.ui.oxd, sur
llermen Anglada, et de M. Georges Dexoixville, sur
Maxime Maufru.
Art et décoration (août). — M. M.-I'. Vlu.nlcil
consacre un article à la nouvelle école d'art industriel
de Zurich, et un autre au sculpteur Slax Rlondat.
— M. Jean Laban étudie un projet de décoration
pour U71 bureau, de l'architecte Ch. lîlondel.
I!eli;i<,ilk '
Les Arts anciens de Flandre (tome III, .,.,. . _ .
— Suite et (in des études sur l'Exposition de la
Toison d'or : les Tapisseries, par Arnold Gokkix ; la
Médaille flamande, par F. Ai.vin; les Portraits de
l'kilippe le lieau et de Cliarles-Quinl, par Sam'kbe v
MiouKi. ; les Arts du bois et du métal, par C. Tli.-
rixcK.
L'Art public [iv i). — Cette belle rcvut, .^_.;..l
trimi'stricl de l'Institut d'art public, se divise en cinq
parties : Traditions nationales (articles de M.\l. E.
Bki*:hmax, Ed. SAKiiAiiix,etc.); — Sauvegarde des site$
(articles de MM. l\. Cabiox i>k Wiakt, sur l'bilip. c\
L. Du.MOXT-\\ ICDEX, sur le Château de Uioul : —
Évolution artistique des villes (articles de MM. Camille
Le.monxikh, L. Cloqukt, etc.); — Culture esthétique et
Chronique de l'art public.
Allemag.ne
Die Kunst (août). — F. RuMpr. Louis Corintli, a
propos du 50* aniversaire du peintre. Nombreuses
reproductions.
— L. ConiXTii. La Figure isolée, exlrn'ii de l'ouvrage
nouvellement |)aru du peintre : l' Apprentissage de la
peinture.
— G.-J. WoLKK. L' E.iposi lion internationale de l'i
Sécession de Munich.
— E. KAi.KSCiiMU>r. Versonnellement, fantaisie sur
les relations personnelles entre artislos il rrilhiiips
d'art.
— \V. Michel. L'Architecture à l'L.,j
Munich.
— L'E.rposition régionale de la liesse, arl el ml
industriel, à Oarmsladt.
— G.-E. I'azacïkii. L'Exposition d'objets d'^nl
industriel, à l'usage des étudiants, îi Stuttgart. —
G. HCKT.
Le Gérant : H. Dk.ms.
Paru. — Irop. (jeorges l'élit, \î, rue (iodot-de-Uauroi.
Numéro 395.
Samedi 19 Septembre 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Églises et objets d'art
Les vols continuent dans les églises : les vo-
leurs sont parfaitement renseignés; ils savent à
lavance ce que leur rapportera chacune de leur
expéditions : c'est là une nouvelle organisation
de syndicats, — où l'érudition joue son rôle, —
que la loi de séparation n'avait pas prévue.
La Chronique des Arts nous donne, à cet égard,
une statistique particulièrement suggestive : le
nombre des vols commis dans les églises, qui
avait été de 6 en 1905, est monté à 1.3 en 1906,
et à 34 en 1907, pour atteindre le chiffre de 46,
au cours des sept premiers mois de 1908.
La progression est frappante ; le moment est
venu, vraiment, pour le gouvervement de se dé-
cider à prendre un parti.
On a proposé tout d'abord d'attribuer aux
musées les objets d'art conservés dans les
églises; on a parlé aussi de les transférer à
Saint-Germain; notre savant confrère, M. Henri
Vuagneu.x, a même' été jusqu'à dire que « le
meilleur refuge serait encore celui du Louvre »
Faisons bien vite justice de ces dernières pro-
positions. Tout d'abord, nos musées nationaux
sont encombrés et la place y manquerait. Kt puis,
n'est-on pas déjà trop enclin, chez nous, à exa-
gérer la centralisation?
Il convient aussi de ne pas oublier que la plu-
part des œuvres en question ont été données
avec une intention spéciale, que nous n'avons pas
le droit de perdre de vue; d'autre part, elles font
partie d'un passé local qui, lui-même, est quel-
que chose de notre histoire, et que Paris a le
devoir de respecter.
Ce point acquis, — et il est essentiel, — on ne
voit pas pourquoi on préférerait aux églises des
musées, dont un grand nombre ne sont pas mieux
gardés; ce serait choquera plaisir des traditions
respectables, sans avantage sérieux.
La vérité est qu'il n'y a pas ici de principe gé-
néral à poser. Qu'on transfère dans certains
grands musées des tableau.v qui appartiennent
aux départements ou aux communes ; qu'on
groupe, si on veut, dans quelques églises, qui
présenteront des garanties, les objets d'art qui
sont en danger, il n'importe guère. Ce qui est
urgent, c'est qu'on prenne les mesures comman-
dées par la situation; c'est qu'une entente in-
tervienne, suivant les cas, entre les conseils
généraux et les municipalités; c'est, en un mot,
que tout en sauvegardant les souvenirs locaux,
on mette définitivement en sûreté les œuvres
d'art menacées.
Elles constituent, en somme, où qu'elles se
trouvent, une partie du patrimoine national.
Quarante-six vols en sept mois ! Il serait temps
d'aviser !
Stéphane
ÉCHOS ET NOUVELLES
Musée du Louvre. — On va commencer l'instal-
lation des objets recueillis dans la dernière campagne
des fouilles de M. de Morgan en Susiane. Plus de deux
mille objets sont arrivés au Louvre dans quatre-vingt-
deux caisses. On signale particulièrement une statue
du roi Manitchousou, une stèle du roi Sargon, un
millier de vases peints datant du i" siècle.
Les objets provenant des fouilles précédentes ont
été transportés de la salle ouvrant sur le guichet du
Carrousel, dans celles qui font suite aux salles des
antiquités assyriennes.
Musée des Arts décoratifs. — On vient din.s-
taller à rentrée de l'Exposition théâtrale un nouveau
surtout de table que la M.inu facture de Sèvres a ré-
cemment terminé. Ce surtout, dit du Corps de ballet,
est dû à la collaboration du peintre Carrier-Belleuse et
du sculpteur Grégoire Calvet; les pièces représentent
des danseuses, revêtues de la jupe de gaze tradition-
nelle, en différentes poses.
Musée de l'Armée. — Le musée de l'Armée
vient de recevoir plusieurs souvenirs napoléoniens.
242
LE BULLETIN DE L'ART
provenant de rnacicn musée des Souverains et con-
servés dans les réserves du Louvre. 11 a reçu égale-
ment du lieutenant- colonel Pierron, qui commande
les compagnies sahariennes du Toiiat, une collection
d'armes de toutes sortes recueillies dans ce pays,
avec un drapeau pris aux Marocains.
A la Monnaie. — Les six statues allégoriques qui
couronnent la façade de Tllôtel des Monnaies sont
en si mauvais état qu'il va falloir les refaire. Ce
sont des œuvres intéressantes : la Prudence, placée
à l'extrémité de l'atlique, du côté de l'institut, est de
Pigalle; l'Abondance est de Mouchy; la Force, le
Commerce, la Justice et la Paix, sont de Lecomte;
les modèles des .deux dernières, comme l'Abondance
de Mouctiy, figurèrent au Salon de 1773. Toutes ces
statues ont déjà été restaurées et consolidées en
1884. On s'occupe, parait-il, actuellement d'en
prendre des moulages qui serviront pour faire les
sculptures nouvelles. Espérons que les anciennes,
plus heureuses que certaines statues de Versailles,
qui ont disparu lors do leur remplacement par des
copies, feront recueillies dans quelque musée.
Vols dans les églises et les musées. — Dans
l'église de Brodons, prés de Murât, plusieurs étoffes
précieuses, un couvre-ciboire do grande valeur, des
ostensoirs en or, ont été dérobés.
L'antique église du village de Flassans (Var) a été
cambriolée : des bijoux ont été empottés, qui déco-
raient la statue de la Vierge, celle-ci a été brisée.
Au musée d'archéologie de Dijon, a été volée une
couleuvrine à main datant du xv siècle. Cette pièce
d'artillerie fort rare avait été trouvée en 1832, avec
deux boulets, dans un souterrain situé entre le pont
et la porte d'entrée du château, aujourd'hui démoli.
En Algérie. — Le général de Beylié, qui com-
mande en Algérie, occupe les quelques loisirs que
lui laissent ses devoirs militaires à d'heureuses et
habiles découvertes archéologiques. 11 vient de faire
déblayer, à ses frais, le territoire des Beni-Hammad,
pour retrouver la capitale berbère de l'Algérie au
xr siècle, l'ancienne llalua, construite en 1007 par le
sultan Hauiinad, abandonnée en 1090 et rasée par les
Marocains. Les fouilles opérées ont mis à jour le
palais du gouvernement avec ses stalactites, poteries,
parements à rellets métalliques, plâtres sculptés et
peints, etc., etc. D'après une communication faite à
l'Académie des inscriptions par M. Dieulafoy, le
général de Beylié aurait ainsi découvert le proto-
type de l'Alhambra, qui est du xiv siècle. Le pro-
duit des fouilles faites par le général de Beylié sera
partagé par lui entre les musées d'Alger et de Cons-
lantine et le musée des Arts décoratifs de Paris.
Au Caire. — Par suile de fouilles faites, depuis
près d'une année, par le directeur de l'Institut
archéologique allemand du Caire, le docteur Bor-
chardts, dans la plaine d'Abousir, entre les pyramides
de Gizeh et de Saqqarah, on a mis au jour un temple
funéraire, celui du roi Sahoura, de la cinquième
dynastie, qui vécut environ 2.500 ans avant Jésus-
Christ. Dans ce temple, on a trouvé une canalisation
de cuivre, qui est en son genre l'œuvre la plus
ancienne que l'on connaisse, et avec cette canalisa-
tion, d'assez nombreux bas-reliefs décorant le temple
et les colonnes qui supportent les galeries de la cour.
Des plus anciennes, ces colonnes de granit monolithe
sont en iorme de palmiers. Comme sujets sculptés :
le Pharaon conversant avec les dieux, ou bien vain-
queur des Lybiens, ou encore écoutant des princes
et des princesses qui l'implorent agenouillés devant
lui. On y voit aussi une flotte chargée de prisonniers,
précieux document pour l'histoire de la marine égyp-
tienne, des chasses dans le désert, des pêches sur le
Nil. Ces sculptures sont presque toutes en excellent
état.
A Florence. — Prochainement, s'ouvrira à Flo-
rence un musée des plus curieux, dont tous les
éléments ont été' réunis par lord Stibbeat au cours
de plus de quarante années de recherches et de
voyages à travers le monde. Il y aura là une très
riche collection d'armures et de drapeaux datant
des XVI', XVII* et xviii" siècles ; des épées, des cui-
rasses, des éperons de toutes les époques ; des coffrets
et des miniatures de l'époque byzantine ; une quantilé
considérable decalices,de lampes, de crucifix; des usten-
siles de cuisine et de table du xiv* au xvii' siècle,
et enfin une collection sans pareille de costumes
de l'Egypte, du Japon, de la Chine et de l'Inde, montés
sur des mannequins. Cette collection fut léguée par
son propriétaire à la ville de Florence, il y a deux ans.
Un riche Auiéricain en offrit récemment douze mil-
lions, mais la ville refusa de s'en dessaisir.
A Saint-Moritz. — La commune de Saint-Moritz
a élevé un musée à la mémoire de Segantini, le
peintre des cimes et des glaciers. Ce musée sera
inauguré le 28 de ce mois, à l'occasion du neuvième
anniversaire de la mort de l'artiste, décédé à l'âge de
41 ans, au chalet du Schafberg, dans la llaulo-
Eng.idine. Une souscription est ouverte entre 1rs
admirateurs de l'artiste pour parachever cette œuvre.
A 'Vienne. — On parle de la réapparition dune
œuvre importante de Titien. Le peintre viennois Du.î-
sek aurait trouvé au château de Freudenthal une
Madone avec l'Enfant, sur laquelle il aurait fait
reparaître, en enlevant des repeints, le nom de
Titien et la date de 1534. Le tableau mesurerait
1 mètre sur O^eo.
Nécrologie. — le peintre Jules Daiil)an. corres-
pondant de l'Institut, est décédé le 6 septembre au
château de Graveron (Gironde), dans sa 8T année.
Conservateur du musée et directeur de l'École des
beaux-arts d'Angers, inspecteur général du dessin.
ANCIEN ET MODERNE
243
Dauban fut associé par Lenepveu à la décoration du
théâtre d'Anfrers et, avec Appert, à celle de la cha-
pelle de l'hospice Sainte-Marie d'Angers, deux dos
œuvres picturales les plus importantes exécutées en
province dans le dernier tiers du xix* siècle. Sa der-
nière œuvre, tout récemment achevée, est la décora-
tion de l'église de Q\iintin, en Bretagne, qui comprend
six grandes compositions.
— Le peintre Seitz vient do mourir subitement à
Albano, près de Home. Léon XllI l'avait nommé di-
recteur des musées du Vatican et l'avait nirnie chargé
de la restauration des œuvres de Raphaël. Son der-
nier tableau avait été destiné à la décoration de la
chapelle du Saint-Sacrement. Seitz, fils d'un peintre
bavarois, était né à Iloiiie.
— Le peintre Jacques Wagrez est mort à Paria, à
l'âge de 62 ans.
Élève de Pils et de Lehmann à l'École des beaux-
arts, M. Wagrez avait exposé pour la première fois
au Salon de 1870, et bientôt il s'était spécialisé dans
les sujets empruntés à la Renaissance italienne. Plu-
sieurs fois raéduillé et hors concours, quelques-unes
de ses toiles avaient été achetées par l'État.
C'était aussi un aquarelliste et un illustrateur de
talent; il avait illustré en particulier les œuvres de
Boccace, de Banville et de Balzac.
I I I <«&»OCi>aC«
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
Les grandes ventes à l'étranger en 1908
(suite). — A Londres. -- Collection Conyng-
ham (objets d'art, tableaux). — Le 4 mai, à la
première vacalion de la collection Conyngham,
annoncée dans le n*382 du Bulletin, une aiguière
avec plateau en argent doré, repoussé et ciselé,
avec anse et couvercle surmonté d'une statuette
de Romain, travail anglais daté de 1678, a été
poussée jusqu'à lOS.OOO francs.
On a donné : 2{.77o fr. pour un service de
toilette en argent doré et repoussé, époque de
Georges II, travail de A. Vedeau (1753); —
b7.7S0 fr. pour un vase, modèle de Duplessis, en
vieux Sèvres, décoré de bandes bleues en spirale
et de bouquets de fleurs ; — et 55.125 fr. pour
une table à jeu en marqueterie, ornée de bronze,
d'époque Louis XVI.
Autres prix :
Haut-relief albâtre, xvi" siècle, portraits de Cliarles V
et d'Isabelle de Portugal, 11.530 fr, — Deux vases
vieux Sèvres bleu de roi, avec couvercles, 12.600 fr.
— Service à des.sert en vieux Sèvres, 16 pièces, décor
par Lcguay-Rosset (1762), 13.125 fr.
Rien de bien remarquable parmi les tableaux :
le plus haut prix, qui n'a rien d'extraordinaire,
a été celui de 91.175 francs, obtenu par les deux
portraits du banquier Allain et de sa femme
avec leurs enfants.
Produit total de la vente : 800.000 francs.
Collection Humphrey Roberts (tableaux
modernes). — Le 21 mai, commençait chez
Christie la dispersion des peintures composant
la collection Humphrey Roberts, annoncée ici-
même en son temps (voir les n"* 383 et 386 du
Bulletin), Cette journée fut marquée par une
belle enchère, — Ilard hit (Un rude coup),
un tableau célèbre d'Orchardson, ayant atteint
86.62a francs.
Belle plus-value à signaler pour un Millais,
la Femme du joueur, adjugé 23.100 fr. en 1874,
et poussé cette fois jusqu'à 55.125 fr, — Deux
autres œuvres du ra^mc, Stella et thc Moon is up
(la Lune est levée), ont fait 27.550 et 24.925 fr.
Bons prix aussi pour deux Constable : l'Ouverture
du pont de Waterloo par Georges IV, 28.875 fr., et
Vue de lirigliton, 13.900 fr. — Gainsborough. Vue
de Su/fol/i, 16.525 fr., et Portrait de Mrs. Hughes,
26.230 fr. — Iloppner. La liohémienne, 14.425. Par
contre, un Turner, les Trossachs, vendu 15.150 fr.
en 1867, n'a atteint que 5.250 fr.
Citons encore, parmi les peintures de l'école
anglaise moderne : Mason. Paysage, 11.650 fr. —
Walker. La Charrue, 10.500 fr. — Watts. La jolie
Luey liond, 14.425 fr., et Lochness, 11.800 fr.
Dans la vacation consacrée à l'école française,
le nombre des enchères importantes est plus
considérable encore. En tète, vient le Troupeau
de moutons, de Charles Jacque, avec 66.650 fr.,
el la Lisière do Lois, de Corot, avec 56.425 fr. ;
mais ces deux prix ne suffisent pas à donner
une idée de la belle tenue dont ont fait preuve
244
LE BULLETIN DE L'ART
nos maîtres de Fécole de 1830 et quelques-uns
de nos paysagistes contemporains; aussi la liste
suivante a-t-elle son intérêt :
Corot. Paysage (trois paysans ; au loin, vue de
village avec rivière), 30.730 fr. — Êlang avec un
enfant au bord, 22.300 fr. — Paysage boisé, 18.375 fr.
Charles Jacque. Chevaux à l'abreuvoir', 14.775 fr.
— ïroyon. Le Pécheur, 29.550 fr., et Paysage avec
bestiaux, 31.175 fr. — Daubigny. Vue de village
avec rivière, 15.750 fr. — Harpignies. Paysage, effet
du soir, 19.675 fr. — Lhermitte. Le Repas du soir,
21.000 fr. — Cazin. Vue de ferme, la nuit, 9.430 fr. —
Fantin-Latour. Fleurs et fruits, 10.500 fr. — Millet.
Les Ramasseurs de varech, 10.100 fr.
Dans l'école hollandaise, les gros prix ont été
aux œuvres d'Israëls, de Mauve et Maris :
Du premier, une Tête de vieillard atteint 35.425 fr. ;
— Sailing the toy boat, i2M0 fr. ; — le Veuf,
31.000 fr. ; — Jour de lessive, 28.875 fr.
De Mauve, citons : le Laboureur, 25.575 fr., et de
Maris, Labourage, le soir, 14.455 fr.
Enfin, parmi les enchères de la dernière vaca-
tion, consacrée aux aquarelles et dessins de
l'école anglaise, notons les beaux prix des
Turner : le Cimetière de KirkuyLondsale,2i. 000 h.;
le Lac de Genève, 17.325 fr.; Sallanches [Savoie),
15.780 fr. (vente en 1890, 10.500 fr.); Folkestone,
13.650 fr.
Produit total : 1.641.750 fr.
Collection de la marquise d'Ely (porce-
laines anciennes, objets d'art). — Le 28 mai,
a eu lieu, chez Christie, la vente des porcelaines
anciennes et des objets d'art de la collection de
la marquise d'Ely, qui s'est terminée sur un
total de 575.000 francs. Les honneurs de la vente
ont été pour les Sèvres (plus haut prix : 43.300 fr.),
ainsi qu'on va s'en rendre compte par la liste
des enchères ci-après :
Porcelaines. — Chine. — Deux vases, fond noir,
décorés en vert, jaune et aubergine, ép. Kang-Hi,
31.500 fr. — Deux coupes, ép. Ming, décorées en
vert, jaune et aubergine, 34.125 fr. — Autre coupe,
ép. Kang-Ili, 18.375 fr.
Sèvres. — Deux vases peints par ïandard en 1773,
43.300 fr. — linc écuelle, par Dodin cl Baudouin,
12.850 fr. — Un vase, fond gros bleu, 16.275 fr. —
Deux vases forme tulipe, 15.225 fr.
Angleterre. — V«se et couvercle, Chelsea, 9.175 fr.
Objets d'aiit, tapisseries. — Une pendule et deux
candélabres en bronze, ép. Louis XIII, que le cata-
logue disait avoir été achetés en 1793 par la grand'-
nicro de la vendeuse, à la vente des objets des palais
royaux, place de la Concorde, 23.623 fr. — Même prix
pour un salon de douze fauteuils et un canapé, en
anc. tapisserie de Beauvais. — Une commode de
Chippendale, 12.073 fr. — Cinq tapisseries de Bruxelles,
d'après Téniers, 24.975 fr.
Collections Knowle, Loder et divers (ta-
bleaux anciens). — Le 28 mai, se faisait chez
Christie une vente importante de tableaux anciens
provenant des collections Knowle, Loder, etc.
L'événement de la journée fut l'adjudication aux
prix de 1 I9.i25 francs et de 09.550 fr. de deux
tableaux de Gainsborough représentant la femme
et la fille de l'artiste; à la vente Heugh, en 1878,
ces deux toiles avaient été vendues 9.450 et
8.425 francs.
Voici quelques autres enchères :
Attribué à Le Nain. Concert d'enfants, 33.323 fr.
(vente en 1875, 12.325 fr.). — Th. Lawrence. Emily
et Laura Calmady, 14.200 fr. — Cl. Lorrain. Les
Pécheurs, 15.750 fr. — Van de Capelle. te Calme,
27.550 fr. — J. Ruysdaël. Le Calme, 24.150 fr. —
Hoppner : Mrs. Sophia Davison, 24.925 fr., et Mrs.
Sarah Dawson, 17.573 fr.
(A suivre.)
M. N.
<jfûi3fc ûfeOfctjfc<3fc<3fcûfeijfct3ôûlûcjôôK> i^Jlwcjûôfoôiô ûfcditn3tnj|bdit«3fo cIEp
CORRESPONDANCE DE GRÈCE
Les fouilles de Délos en 1908.
Les lecteurs de la Revue et du Bulletin ont été
tenus au courant des fouilles exécutées à Délos,
de 1903 à 1907. Une nouvelle campagne va prendre
fin dans quelques jours, qui n'aura été ni moins
laborieuse, ni moins fructueuse que les précé-
dentes. t;ràce au concours que M. le duc de
I.oubat n'a pas cessé de prêter à cette vaste
entreprise, l'École française d'Athènes a pour-
suivi, cette année encore, le déblaiement de la
ville antique et l'élude des monuments déjà
découverts. La mission militaire, chargée des
levés topographiques et hydrographiques qui
accompagneront la description des ruines, a pu
mener à bonne tin la tache commencée en 1907.
Des fouilles ont été pratiquées sur divers points
de la ville. Elles ont mis à découvert, les unes
des ruines restées inconnues jusqu'à ce jour, les
autres des édifices déjà partiellement explorés.
Les trouvailles les plus curieuses ont été faites,
assez loin du sanctuaire d'Apollon, dans la petite
vallée de l'Inopos, qui relie la ville basse à la
ANCIEN ET MODERNE
245
ville haute. Le fleuve, ou plutôt le ruisseau sacré,
avait si complètement disparu, que certains
explorateurs en cherchaient les traces vers la
pointe nord de l'île, dans la direction opposée à
celle où l'on devait retrouver son lit. On a dé-
couvert rinopos coulant en minces filets d'eau,
sous un amoncellement de ruines et de terres
éboulées. On a pu dégager ses quais de marbre,
ses bassins et les diverses installations antiques
qui servaient à canaliser son cours. Dans le
remblai qui avait comblé sonlit, ont été recueillis,
parmi les débris des édifices établis sur ses bords,
nombre d'inscriptions et de sculptures.
Vers le point où la vallée rejoint la ville
basse, à l'angle nord-est de l'enceinte sacrée, est
apparue une vaste et très ancienne fontaine
publique. Son réservoir est situé en contre-bas
des rues avoisinantes et couvert d'un toit que
soutenaient des colonnes. On y accède par un
large escalier encore intact. Une inscription
encastrée dans la muraille mentionne certaines
défenses relatives à l'usage des eaux.
Dans l'enceinte même du sanctuaire se sont
poursuivis les travaux de déblaiement com-
mencés en 1906. Le téménos d'Apollon, seu-
lement reconnu par les premiers fouilleurs,
est aujourd'hui entièrement dégagé des terres
qui recouvraient ses ruines. Le sol antique a
partout été mis à nu. Les remblais ont été re-
tournés jusqu'au sol vierge. Cette fouille ingrate
et nécessaire, dont on espérait peu de trouvailles,
a cependant récompensé les chercheurs ; sous
les dalles de la terrasse qui borde le port s'est
rencontré un gisement de céramiques archaï-
ques du plus rare intérêt. Ce sont des fragments
analogues à ceux dont était remplie, à Rhénée,
la sépulture commune fouillée par la Société
archéologique d'Athènes. Plusieurs grands vases
pourront être entièrement reconstitués à l'aide
de leurs débris. On sait que les tessons de Rhénée,
série unique en son genre et d'une importance
exceptionnelle pour l'histoire des céramiques
archaïques, attendent encore leur publication.
Au nord du Port Sacré, s'est achevée la fouille
de la Stoa hypostyle, découverte en 1908 et par-
tiellement déblayée. La maison de l'École fran-
çaise ayant été démolie, puis reconstruite à
quelque distance, on a pu mettre partout à nu
les restes de ce vaste et curieux édifice.
Enfin, de pénibles sondages opérés dans les
sables de la côte, ont fait apparaître les quais
antii|ues et les môles qui bordaient le Port
Sacré. La plupart de ces constructions demeu-
reront submergées et n'ont été visibles que quel-
ques heures. On a pu néanmoins en lever un
plan très exact, et l'étude du port de Délos ne
sera pas le moindre chapitre de la publica-
tion d'ensemble dans laquelle l'École française
d'Athènes exposera bientôt les résultats de ses
recherches.
G. L.
CORRESPONDANCE DE MUNICH
Les Expositions d'été au Glas Palast.
Est-ce manque de place ou dissensions inté-
rieures"? Les sociétés munichoises ne sont pas non
plus représentées par un choix d'œuvres aussi
réussies que de coutume. Le groupe Luitpold
s'est scindé et presque tous les meilleurs d'entre
ses membres, les Bartels, Lrban, Bios, F. Kunz,
G. Schuster-Woldan se sont réunis de leur côté
sous le vocable Bayern. Ces divisions regret-
tables ne semblent pas rendre service à la chose
de l'art.
Le groupe Luitpold conserve, il est vrai,
M. Walter Thor, un portraitiste au dessin serré
et probe, à la couleur sobre et pourtant vive,
comme dans sa petite paysanne Lena. M. Cari
Kustner a rarement été aussi heureux que cette
année et ce n'est pas peu dire ; il a surtout
renouvelé sa palette ; son Jour de mai, bleu et
vert, est d'une puissance décorative superbe.
Il y a surtout, cette année, les envois de M, Ru-
dolf Schiesstl d'un tel charme de naïveté alle-
mande d'autrefois et d'une si profonde poésie :
poésie des prés en Heurs et des enfants {l'rin-
tempa) , poésie des vieilles villes ou celle des
courses au long des routes de campagne. Puis
c'est M. K. H. Muller qui aime à fixer le souvenir
des ruelles pittoresques des anciens quartiers
populaires ou des villettes souabes, avec leurs
murailles verdiUres, jaunâtres, leurs toits bas et
leurs fenêtres fleuries {la Cure). Un contraste bien
senti et fortement rendu, dans les Dachauerinnen
de M. J. A. Sailer, entre la tête de la vieille dame,
penchée en avant par la marche, sous son capu-
let noir et celle de la jeune femme détournée
vers le spectateur, le visage en pleine lumière.
Il y a des qualités dans le mantelet de soie
jaune et la touffe de fleurs lilas, délicate, au
corsage de M"'" v. K., par Fr. Stattler. M. Frz.
Horadam a fait autour d'un petit chi'iteau, blotti
24Ô
LE BULLETIN DE L'ART
dans la verdure, de belles pochades d'une cou-
leur chaude, et un menu groupe de Bouleaux,
qui est un rien, mais enlevé de façon savoureuse.
Nous trouvons, à la Kiinstler Cenossenschaft,
M. Mathieu Schiessll, frère de Hudolf, qui a la
m/^me affection pour les sujets moyenAgeux,
mais avec un caractère plus robuste, un trait
plus accentué. Ses Pctetins, — une mère et son fils
arrêtés d'épuisement auprès d'une borne de la
route, tandis qu'au dos de la même borne un
peintre en voyage prend un croquis de la ville
italienne qui s'annonce au fond, — sont d'une
composition originale et heureusement balancée.
M. llans Best a réussi un tableau dans le genre
de MM. Schiessll, avec ses deux têtes de paysans
de Starnberg, réunies dans un même cadre et
surmontées d'un petit paysage, tout sombre, de
leur lac un jour d'orage.
Parmi les portraits, retenons, entre ceux de
M. Wirnhier, de M. A. Erdtelt, et surtout une
Tite de femme en mantille noire, par M°" Edda
Deuss, visage de beauté énergique, d'une intense
mélancolie.
l'armi les portraits officiels mômes, il s'en
trouve de meilleurs qu'à l'ordinaire : celui du
prince Hupprecht, par L. Schrautzler, dans une
attitude très bien saisie ; celui du prince I.udwig,
son père, par M. Al. Fuks, dont est préférable
encore ['Étude d'enfant.
Aux paysages, les Bran de l'har, dans leurs bancs
de sable et avec de jolis fonds de montagnes,
par M. P. Thiem ; l'Entrée d'un bois, aux beaux
troncs de hêtres, par M. Otto Strûlzel; le tour-
nant de sentier planté d'un crucifix, de M. II.
Tillberg ; un curieux sol marécageux, gris vert
sous un ciel de nuages, par M. M. Dœruer ; les
solides paysages alpestres de la Haute-Bavière,
par M. M. Hartwig. Les envois de deux Russes
sont particulièrement intéressants : dans l'idylle
aux champs de M. N. Pimonenko, de Kiew, forte
en couleur, le sentiment est exprimé avec une
grâce tfès naturelle ; M. Eug. Slolitza, d'Ana-
nief, un assidu des Salons de Munich, est tou-
jours très personnel et souvent saisissant ; son
Octolirc, c'est la solitude apeurante d'une izha,
claire sous un ciel d'encre, au fond d'une allée
rouge de feuilles mortes et plantée de hêtres
argentés.
Une mention spéciale doit être réservée, cette
année, à une artiste dont le Clas Palast n'avait
pas jusqu'ici présenté autant d'u'uvres à la fois,
M"" Anna May, l'élève, il faudrait plutôt dire
plutôt le disciple, — et c'était le disciple préféré,
— de Nicolas Gysis. Rien, cependant, parmi ces
huit envois, qui rappelle immédiatement l'in-
fluence altique du maître, sinon dans la fermeté
élégante du dessin et parfois un certain choix de
couleurs ; au contraire, une grande variété de
procédés et de sujets : un Bouquet d'œiltets, qui
garde dans l'inachevé de la facture (à l'huile)
quelque chose du grain même de la fleur ; la
Riherie d'une jeune personne étendue, étude
d'éclairage dans un intérieur [tempera) ; un
portrait de la Baronne v. R. (huile) ; le portrait
debout, à mi-corps, au pastel, du petit prince
Luitpold, visage rêveur d'enfant trop beau ; une
gouache de neige dans un fourré de sapins ;
enfin, trois lithographies originales.
Au groupe Bayern, c'est M. Hermann Urbau
qui occupe à bon droit la place d'honneur et il
faut avouer que la peinture la plus colorée,
comme la plus claire, tient mal ou ne lient plus
du tout, auprès de son Jour sombre, un paysage
presque lunaire au bord du lac de Némi ; la
grandeur simple de la composition, comme
toujours chez cet artiste, se retrouve jusque dans
un simple coin de falaise abrupte du bord de lac
de (iarde.
M. Frit!! Kuntz a réussi dans une formule
hiératique modernisée deux tableaux de pein-
ture religieuse de couleur somptueuse : une
Madone avec deux saints et un Saint Fridolin
pour une église de BAle.
Trois petites expositions nécrologiques réunis-
sent, chacune en une salle, un groupe d'œuvres
de K. A. von Bauer, ancien président de la
Genossenschaft (13 juillet 1851-22 août 1907),
de Anton Mangold (28 décembre 186.3-29 octobre
1907) et Hugo Kotschenreiler (0 janvier 1854-
29 mars 1908); ce dernier, sans doute un élève
de la fameuse école Diez, à en juger par la
qualité des chairs dans son élude de' femme
nue, à mi-corps, est surtout intéressant par ses
intérieurs populaires bavarois ou de Franconie,
très détaillés, dans des éclairages discrets où ne
manque pas le sentiment du plein air.
Marcel Montandon.
NOTES & DOCUMENTS
Une dédicace d'Hervier à Corot défunt.
A propos de la maisonnette de Valmondois
(Seine-et Oise) dont, un beau matin, Daumier se
ANCIEN ET MODERNE
247
réveilla propriétaire i;r<ice au délicieux subter-
fuge de son grand nmi Corot, on a reparlé ré-
remment de la générosité du maître-poète que
dissimulait la plus rare des qualités : la délica-
tesse. Cette générosité ne se montrait qu'ano-
nyme, attention bien 'digne de ce doux génie !
Kn voici textuellement une nouvelle preuve,
extraite d'un catalogue de 41 tableaux par Her-
vier, « dont la vente publique aura lieu Hôtel
Drouot, salle n° 8, le lundi b avril 18'ïb, à trois
heures », sous la direction de MM. Boussaton et
Haro :
// chercha le beau et fit te bien.
A vous qui m'avez encouragé et qui, sans que je
l'aie su, m'avez servi ;
A vuos [sic) dont l'œuvre honore l'Art, la Vie et
1 Humanité;
A vous que la mort nous a enlevé, mais qu'elle
n'a pu prendre tout entier, car l'Immortalité humaine
vous appartient, et vous vous êtes endormi plein de
foi dans l'Autre;
A vous que je n'ai pas môme à nommer pour que
chacun vous nomme.
En témoignage de mon admiration et de ma re-
connaissance, je dédie ces quarante et une toiles.
Heuvier.
Depuis le 22 février, le délicat bienfaiteur
n'était plus. Et, dans son emphase romantique,
le bohème laborieux attestait la sincérité de sa
gratitude envers un procédé tout en nuances, où
Corot se trahissait malgré lui : car l'action, comme
l'œuvre, porte une signature.
Puisque nous évoquons le paysagiste Adolphe
llervier (181 8-1879), vingt-trois fois refusé, dit-on,
par les jurys ofliciels, allirmons que son premier
envoi reçu ne date pas du Salon de 1832, car
nous trouvons son nom dans le livret de 1850,
avec son adresse : 28, rue Montholon. •
Autre document sur ce Parisien farouche et
fantasque. Nous pouvons, semble-t-il, identifier
la très curieuse toile : un Village normand, 18oS
(don de l'Empereur, 1862), que M. Henry Marcel
dénichait, l'année dernière, dans l'opulent petit
musée de Bagnères-de-lîigorre, et que sa belle
franchise analysait en toute sympathie (1) : ce
coîn rustique d'Hervier, c'est le Village de Que-
villy (Sarthe), effet d'automne, reçu au Salon de
l'Exposition universelle de iS'i'6 avec la Rentrée
nu port et déjà décrit avec éloge par Théophile
(1) Les Arts, novembre 1907.
Gautier (1) qui, l'année suivante, à propos de la
première vente faite par l'artiste à l'Hôtel Drouot,
ne craignait point de l'appeler « un pays.ig^ste
d'un talent original, persévérant et sérieux, qui
ne nous paraît guère inférieur à M. Théodore
Rousseau et que nous suivons avec intérêt, de-
puis quelques années, dans nos comptes rendus
du Salon .. « Vingt ans plus tard, Philippe liurty
pensait de même (2); et l'estime du divin Corot
se trouve justifiée à l'égard de ce petit-maître
toujours trop méconnu qui tiendrait sa place dans
une instructive exposition du paysage français.
Uaymo.nd Bouyek.
BIBLIOGRAPHIE
Donatello, par M. Paul Schubbino. Collection des
Klassiker der Kunst, Leipzig, 1907; 220 p. p. ,277 gra-
vures.
La collection des Klassiker der Kunst a pris comme
spécialité de réduire le texte au strict nécessaire et
de donner une illustration aussi belle et aussi com-
plète que possible.
Dans le Donatello de M. Schubring, on trouvera
non seulement les œuvres authentiques du maître,
mais toutes celles qui se rattachent à sa manière, et
qui laissent encore la critique incertaine sur le nom
de leur auteur.
Tout est loin d'être encore dit sur Donatello.
Récemment, M. Venturi, dans l'Arte (fasc. IV, 1907),
a étudié d'une façon toute nouvelle l'œuvre de Dona-
tello à Padoue, et a reconnu la main du maître dans
la bordure du chœur et dans certains pilastres ((ui
faisaient autrefois partie de l'autel. A ce moment,
sans doute, le livre de M. Schubring était déjà
imprimé, et cette nouvelle découverte n'a pu y trouver
|iluce. Ce sera pour une prochaine édition.
S'il fallait faire une critique au livre de M. Schu-
bring, ce ne serait pas d'avoir été incomplet, mais
d'avoir fait une part trop large aux œuvres incon-
nues. Dans lu seconde partie du livre, consacrée aux
œuvres de l'école de Donatello, il y a un certain
nombre de pièces qui auraient pu être heureusement
supprimées, et dans la première partie, consacrée aux
œuvres certaines, il y a une série de plus de 23 Madones,
dont aucune vraiment ne peut être considérée avec
certitude comme étant de la main du maitre.
J'aurais aimé aussi voir classé aux œuvres douteuses,
un buste de Niccolo (la Uzzano qui, par le réalisme
lie sa peinture, fait illusion sur sa vraie beauté.
(i) Les Beaux-Arts en Europe, 185.Ï, 2' série ; —
cf. le Moniteur universel, kmWcion du H février 1856.
(2) Vente du 26 février 1870 (préface du catalogue).
248
LE BULLETIN DE L'ART
Par contre, j'aurais classé, non aux œuvres
d'école, mais aux œuvres certaines, le Buste de San
Rossore, que M. Supino a démontré être du maître.
D'autre part, je suis tieureux de nie rencontrer
avec M. Schubring, au sujet de la Sainte Cécile de
lord Elcho, œuvre d'école, ou imitation moderne, à
laquelle une publicité commerciale a fait une répu-
tation qu'elle ne mérite pas.
Mais sans analyser plus en détail ce livre, ce qui
nous entraînerait à aborder tous les problèmes que
soulève encore la vie de Donatello, nous nous con-
tenterons de signaler cet ouvrage qui rendra les
plus grands services à tous ceux qui voudront
étudier en détail l'œuvre de ce grand maître.
Marcei. Reymond.
LES REVUES
Belgique
Annales de la Société d'émulation de Bruges
(1908, 2' fascicule). — Les peintres de la famille Ben-
son, à Bruges [1S19-1Si!5l, par M. James We.^le. —
Justi a le premier signalé en Espagne un certain
nombre de tableaux évidemment peints par un ar-
tiste du midi, ayant subi l'influence de Gérard David ;
il a cru que ce maître était un Espagnol formé à
Bruges, et il l'a nommé «le maître de Ségovie », parce
que son œuvre principale, un retable de la Déposition
de Croix, se trouvait à Saint-Michel de Ségovie. Un
tableau à Madrid et un autre à Nuremberg, qui pa-
raissaient de la même main, portaient le monogramme:
A B. .M. Hulin pensa que ces divers tableaux étaient
d'un peintre lombard et, en consultant le registre de
la gilde de Saint-Luc de Bruges, il conclut qu'ils de-
vaient être l'œuvre d'un certain Ambroise Benson.
M. Weale publie des documents inédits intéressants
relatifs à ce Benson. Italien, probablement originaire
du Milanais, il vint s'établir à Bruges, acquit le droit
de bourgeoisie et fut admis, en 1519, dans la gilde,
dont il fut à plusieurs reprises conseiller, gouver-
neur et doyen. 11 exposa souvent aux foires qui se
tenaient en janvier et en mai, près du couvent des
Frères Mineurs. C'était un peintre notable, car il tut
deux fois de ceux que le magistrat du Franc appela
pour avoir leur avis sur la décoration du nouveau
Landlmus. 11 est mort en 1350.
De son premier mariage, — il avait épousé succes-
sivement deux Flamandes, — il eut deux fils peintres
comme lui et membres de la gilde de Bruges. Il n'est
pas sans intérêt de remarquer que sa veuve possédait,
avec un portrait de son mari, le portrait d'un Espa-
gnol.
M. Weale pense que, parmi les vingt-trois tableaux
qu'on lui attribue, les deux signés A II. sont certai-
nement de lui, -car il est le seul peintre brugeois qui
porte ces initiales avec Adrien lîraen, mort en 1513.
Pour les autres ouvrages, M. Weale est plus réservé :
il rappelle, en effet, qu'il y avait à liruges plusieurs
artistes de la suite de Gérard David, entre autres
Isenbrant, qui exportaient leurs œuvres en Espagne,
par la voie d'Anvers et de Bilbao.
Italie
L'Arte (juillet-août 1908). — Le baron de Gey-
Mûi.LiîK s'occupe d'Un plan de Sainte-Marie de la
Fleur, à Florence, qui fait partie de la collection de
dessins originaux d'architectes italiens, cédés récem-
ment par lui au musée des Offices, et qui diffère sur
plusieurs points du plan exécuté. Il y reconnaît, con-
trairement à l'opinion de Guasti, qui n'y voyait qu'un
document du xvi* siècle, un dessin facto pe maestri
e dipentori in concordia, présenté en 1366, à la
commission d'architectes et de peintres chargés
d'arrêter le plan définitif de la cathédrale, el dont il
est question dans un procès-verlial du temps.
— M. G. GiovAN.NOxi examine l'œuvre des Vassalelti,
marbriers romains. Partant des œuvres certaines de
cette famille de sculpteurs, le candélabre pascal de
Saint-Paul, le cloître de Saint-Jean-de-Latran, le
tabernacle de Saint-François, à Viterbe, la chaire et
le candélabre de la cathédrale d'Anagni , il leur
attribue plusieurs autres ouvrages dans la basilique
de Saint-Laurent-hors-les-Murs.
— Œuvres d'art conservées dans le palais MarttUo
di Castetlacci, à Raguse [Sicile), par M. Bhlnelli. La
plus importante est une Vierge attribuable à Anto-
nello de Messine.
— Claude Lorrain et son travail d'après nature,
par M. Leandro Ozzola. L'auteur cherche ce que
Claude doit à ses prédécesseurs, — Elsheimer et
l'Albanc en particulier, — et à son maître Tassi. Il
montre que, contrairement à l'opinion commune, il
a pu parfaitement prendre chez celui-ci l'habitude de
l'étude d'après n,ature : les documents nous appren-
nent qu'à plusieurs repri-scs le Tassi exécuta des vues
exactes des environs de Rome. Le principal intérêt de
l'article est dans la publication d'un paysage de
Claude, inédit, qui fait partie de la collection Pallavi-
cino, à Kome : un sous-bois avec un berger jouant
de la flûte. Ce paysage, beaucoup moins « composé »
que la plupart des ouvrages du maître, a un caractère
de vérité assez marqué pour avoir été en grande
partie peint sur place. La chose a d'autant plus d'in-
térêt qu on n'avait pu trouver jusqu'ici aucune pein-
ture de Claude d'après nature, bien qu'on sût par
Baldinucci qu'il en avait fait. Le paysage de la collec-
tion Pallavicino a été exécuté pour le cardinal Hos-
pigliosi, plus tard Clément IX (Liber verilatis, n- 13),
qui devait précisément avoir un poùt particulier pour
les paysage de Claude « dal vero », puisqu'il voulait,
à la lettre, couvrir d'or une certaine vue des environs
de la villa Madame, dont l'artiste ne consentit pas à
se séparer.
Le Gérant : H. Denis,
Pans. — Imp. deorjfeg Peut, ii, nie liodol-de-Mauroi.
Numéro 396.
Samedi 3 Octobre 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
MUSÉES DE PROVINCE
Au Musée de Mâcon.
Le musée île Màcon offre à ses visiteurs peu
nombreux un certain nombre de curiosités fort
remarquables. Installé dans l'hôtel construit, en
176!), pour le comte de Montrevel, il partage
avec les autorités municipales la jouissance d'un
somjitueux escalier que décore une rampe en
Ter forgé aux lignes exquises.
Aux curiosités de l'escalier et du salon d'hon-
neur de l'hôlel de Montrevel, orné, de magni-
liques boiseries Louis XVI, le musée de Màcon
en ajoute d'autres. Voici une galerie de portraits
de prélats, parmi lesquels llenvi-Con>:tance de
Vatrcax, avant-dernier évéque de Màcon, par
i;reu7.e(l); un M. de Malézieux, par de Troy ;
un Cardinal de Rohan, etc. On connaît trop les
effigies de Lamartine pour qu'il soit utile d'en
jiarler, mais on nous saura gré de signaler le Hahe-
lais docteur, digne de prendre place dans l'ico-
nographie que prépa're notre confrère M. Henri
Clouzot.
Plus heureuses que la cathédrale Saint-Vincent
donl elles faisaient l'ornement, les Scènes de la
vie de saint Vincenl,de (iuillaume Perrier, subsis-
tent encore, au musée de Màcon, sans avoir subi
les outrages des restaurateurs. Autour du vieux
maître bourguignon, la générosité d'une parente
du peintre fialimard a permis de grouper quel-
ques œuvres d'Ingies et de ses élèves. Ne citons
que la suave A)ino«''(a<(ond'Amaury iJuval (1800).
Nous ignorons de quel donateur le musée de
Màcon reçut deux «curiosités» d'art religieux du
xvnr" siècle qui méritent un mot de présentation.
Uuoi qu'il en soit, nous les eussions découvertes
sans étonnemenl dans le salon de M. Ilomais.
(1) Il ii^'iire, sous le n" 12C7, .lu Calalogue de
l'fPiivre (le .1.-11. Grriize quo vient de publier M. Jean
Martin, conservateur du musée Greuze, à Tournus
(ia-fol., Paris, ll.ipilly).
Des Sainten Familles de la collection royale -^
la Belle Jardinière de Raphaël, la Viertje ait.v
rochers de Léonard de Vinci, et autres — un
portraitiste anonyme a tiré une Af"»* de Mon-
tespan et ses enfants. Assise dans un jardin, la
marquise tient l'un de ces enfants, assis sur ses
genoux, en .lésus, tandis que l'autre, en Jean-
Baptiste, caresse un agneau. Deux autres, en
anges, sortent de nuages amoncelés au-dessus de
la Montespan(l).Nous connaissions un Louîs XVI
laboureur conduisant une charrue, mais, avant
notre visite au musée de Màcon, il nous eût été
difficile d'évoquer Louis A' V en ange. Dans un petit
médaillon, tel le Gabriel' des Annonciations pri-
mitives, il nous y est apparu agenouillé, souriant,
avec ses ailes roses et sa robe bleue. Il porte un
lis et il bénit... probablement une autre Belle
Jardinière qui n'est pas parvenue au musée de
Màcon.
André Gihodik.
^C ^t ^^ ïpT ^T 7^ ^^ Tjt ^fc Ip ^C TK "^ ^? ^^ 7^ Tp ^fc 7^ î^ 7^ ^»
ÉCHOS ET NOUVELLES
Légion d'honneur. — M. Augiére, architecte,
professeur A l'École des beaux-arts de Nimes, vient
d'être miniuié chevalier de la Légion d'honneur.
•
Commission du 'Vieux Paris. — La commission
du Vieux Paris a en, plus d'une fois, loccasiou de
s'élever contre l'abus des destructions, qui a déjà fait
disparaître plusieurs vieux hôtels parisiens. Elle vient
de protester de nouveau contre la démolition dont
serait menacé l'hôtel de Sens et a demandé à l'aduii-
(1) Le musée Hath, de (ienève, possède une autre
de ces adaptations de pcrsonnafies célèbres aux
scènes de la religion catholique : le portrait du peintre
Hyacinthe Itig.iud, en Jcan-Kaptiste, assis, vu de dos
et nu jusqu'à la ceinture. Il tourne la tête vers le
spectateur et caresse un mouton. Est-il besoin
d'ajouter que l'auteur de ce portrait est Nicolas de
Largilliérc, seul qualiQé pour exiger un tel déshabillé
du grave académicien, son ami ?
2î)0
LE BULLETIN DE L'AKT
nistration des beaux-arts d'intervenir afin de faire
acheter l'hôtel de Sens par la Ville de Paris.
Au Salon d'automne. — Par suite d'une entente
entre l'Autoniobilc-Glulj, qui devait avoir la jouis-
sance du Grand-Palais à partir du 1" novembre, pour
son Salon annuel, et la Sociùté du Salon d'automne,
il vient d'être décidé que ce dernier Salon occupera,
jusqu'au s novembre, les salles de l'avenue d'Antin.
Le Salon d'automne restera ainsi ouvert quarante
jours.
Expositions annoncées. — La galerie Hosen-
berg, 38, avenue de l'Opéra, annonce les expositions
suivantes :
Du 3 au 30 octobre, exposition Zandomeneghi.
Du 3 au 30 novembre, e.xposition rétrospective de
l'œuvre de Guillaumin.
— Le 3 novembre, aux nouvelles galeries Dewam-
bez, 43, boulevard Malesherbes, inauguration de la
première exposition de la Société internationale de la
gravure originale en noir.
A Lille. — Bien présentée, l'exposition de l'Union
artistique du Nord évite l'encombrement; pourtant,
malgré le petit nombre il faut encore faire un tri,
non qu'il n'y ait des peintres de réputation, mais
MM. Chabas, Cottet, Le Touche, Henri Martin et
quelques autres n'ont pas choisi le meilleur dans
leur stock. Ue Cottet, notamment, on retrouve ici le
Deuil, déjà vu au dernier Salon parisien, ce Deuil,
dans lequel il semble avoir plaqué sur un fond marin
bien à lui la tragique mise en scène de l'Assassiné
de Carolus Uuran. Henri et Marie Duhem restent,
dans la discrétion émue qui leur est habituelle, les
traducteurs délicats des paysages septentrionaux de
Flandre et d'Artois. Du premier, un exquis Pavillon
sous lu nei'ie retient par son miroitement d'opale ;
une petite étude grise, Chaumière près de la mer de
M"* Duhem, est d'intense sentiuient dans son cadre
étroit. Au Devant l'hospice, d'un réalisme photogra-
phique, préférons la Ituelle à Itailleul, où M. Jamois
se montre plus coloriste; le coloris «dont abuse
M. Jonas n'enlève rien à la vulgarité des sujets
humoristiques (?) qu'il chérit. N'oublions point de
nommer M"' Adour, pour deux aquarelles; des oli-
viers de M. Borchardl, quelques toiles de MM. Eliot,
Gautier, Grau, llodebert, Robinson, Suréda, Abel
Truchet, Pierre Vaillant et M"" Stettler, ni les aspects
soignés des paysages berrichons chers à M. l'ernand
Maillaud. Surtout, en avant-garde, soutenons le cou-
rage de M. Henri Marret, dont les aquarelles large-
ment teintées sont inégales, mais dont une pochade
à l'huile est lumineuse, et encourageons l'audace de
M. Maurice Marinot, malgré quelque confusion dans
son dessin et quelque complication dans ses taches
encore inharmonieuses.
Une réilexiun pour linir. En cette Union artistique
du Nord, il y a bien peu de gens du Nord ! Mais, hors
les Duhem, peut-être vaudrait-il mieux qu'il n'y en
eût pas du tout I Décentralisation! Régionalisme 1 où
allez-vous? — A.-M. Gosskz.
A Bruxelles. — Le petit Salon annuel de l'Élan,
au Musée royal, d'une tenue un peu trop discrète,
réunit surtout des artistes bruxellois et anvcrsois.
Parmi ces derniers, Emile Valravenz montre quelques
'l'oits, un Intérieur en Campine et surtout une suite
de Cartons décoratifs exécutés pour les écoles commu-
nales d'Anvers, d'une tonalité un peu effacée, mais
d'uu style savoureux et sobre; Alfred Van Ncsle
s'inspire des motifs du l'ort et ses bateaux, quais et
chantiers, sont ])référables à tels de ses intérieurs ou
portraits. D'Alphonse Van der Velde, d'agréables
l'If/nons nu soleil couchant. Henry Hul imite Monet,
non sans maladresse, hélas ! Les deux toiles de Gérard
Jacobs ne cherchent pas à traduire l'objet dans sa
matière; ses eaux sont compactes et ses nuages durs.
M. Emile Gastemans apparaît comme un réaliste
décidé, quoiqu'il recherche le style, voire la symé-
trie, comme dans son Quartier des pêcheurs; malgré
le voulu de la composition, ses toiles dénotent un
tempérament véritable et du caractère.
Parmi les Bruxellois, citons, malgré sa froideur,
M. Meuwis, qui emprunte ses motifs aux paysages du
Brabant ; les études de M. Kurl Peiser; M. Siéron,
trop décidé à la mouochromie: Louis Taverne avec
un triptyque de paysage : Aos dunes, et enfin deux
sculpteurs : Bernard Caillie, dont une Élude d'enfanl
tranche sur le reste de ses envois abondauts,
et Charles de Brichy, délicat traducteur d'un buste
d'enfant au marbre .souple et gracieux. — .\.-M. G.
A 'Vevey. — La petite ville de Vevey (Suisse) i
organisé au musée Jenisch une exposition de por-
celaines dites Vieux-.Nyon. Les recettes provenant
de cette exposition seront exclusivement consacrées
à augmenter les collections du Vieux - Vevey, au
musée, où une nouvelle salle vient d'être ouverte
pour recevoir les meubles et objets anciens de la
Suisse romande, légués par M. Gustave Coindet.
D'autre part, les collections du Vieux - Vevey
viennent de s'enrichir de collections d'antiquités fort
intéressantes, (|ui ont été offertes et léguées par
M. Henri Dor, professeur à Lyon, et ses deux sœurs,
M"" Louise et Julia Dor.
A Heidelberg. — On vient d'inaugurer le mustc
municipal de Heidelberg. Les collections sont ins-
tallées dans un charmant hôtel du xvin* siècle. Le
musée contient une collection d'œuvres régionales,
un cabinet d'eslanipes, une belle collection de porce-
laines de Frankenthal et une collection de peinlures.
léguée par M. E.-C.-L. Posselt, qui ne contient pas
de pièces de premier rang, mais où l'on trouve pour
tant une jolie série de tableaux de l'école hollandaise.
En Pologne. — On a récemment découvert à
Kalisz, au-dessus de l'un des autels de l'église Saint-
ANCIEN ET MODERNE
2ol
Nicolas, une Descente de Croix de Hubens. Le coiute
Gcorf;e Mycielski, professeur d'esthétique à l'Uni-
versité de Cracovie et auteur de travaux estimés sur
l'histoire de l'art^ en Pologne, a certifié l'authenticité
de cette toile. D'après ses recherches historiques, elle
fut peinte par Rubens, en 1621, et donnée a l'église de
Kalisz quelques années plus tard, par Pierre Lerouski,
secrétaire du roi. Elle représente saint Jean et Joseph
d'Ariniathie descendant de la croix le corps du Christ,
auprès duquel se tient la Vierge, tandis qu'à ses pieds
Marie-Madeleine est agenouillée. D'après le comte
Mycielski, ce tableau serait une des plus belles
œuvres de Rubens.
Nécrologie. — Le peintre Albert Maif/nan, qui
vient de mourir à Saint-Prix (Seine-et-Oise), était né
à lieauinont (Sarthe), en 1844. Élève de Luminais et
Noël, il débuta en 1867 par un l'aysaç/e et un Inté-
rieur de ferme, mais il aborda bientôt la peinture
hi^ torique, où il devait donner le meilleur de sa pro-
duction, et, en 1869, il exposa Napoléon et Marie-Louise
parcourant, le jour de leur mariarie, la (jrande r/alerie
du Louvre.
M. Maignan obtint sa première récompense en 1874,
avec le Départ de la flotte normande pour la con-
quête de l'Angleterre. 11 a donné ensuite, entre autres
oeuvres remarquées : Frédéric Barherousse aux pieds
du pape, la Répudiée, les Voix du Tocsin. En 1892, il
obtenait la médaille d'honneur avec la Mort de Car-
peaux. Il a, en outre, exécuté de nombreux cartons
pour les Gobelins. Il était officier de la Légion d'hon-
neur.
— Le peintre décorateur Marcel Jambon, né à Bar-
bezieux le 19 octobre 1848, vient de mourir à Paris.
Élève du décorateur Rubé, puis associé à celui-ci,
Jambon était devenu un des maîtres du décor. Colla-
borateur de l'Expositiim de 1889, il avait contribué à
la décoration de l'Histoire de Vliabitation. 11 était
depuis 1884 le décorateur de la Comédie-Française,
de rOdéon, de l'Opéra, de l'Opéra-Comique, etc.
CHRONIQUE DES VENTES
TA.BLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
Les grandes ventes à l'étranger en 1908
(suite). — A Stuttgart. — Collection Perry
(estampes anciennes). — On a vendu, au mois
de mai, à Stuttgart, la collection Perry, com-
posée d'estampes anciennes des xv«, xvi" et
xvii<! siècles. Plusieurs prix sont à retenir, en
particulier celui de 13.025 francs, payé par le
musée île Berlin pour une estampe jusqu'ici
inconnue, représentant un ciboire gothique, avec
la signature E. S. et la date 14(16; — et celui de
1 V.C87 fr., payé par le même musée pour une
épreuve de la Lutte des payons, par le graveur du
Cabinet d'Amsterdam.
Mais le plus beau prix de la vente a été pour
/es Trois Croix de lîembrandt : 24. .'175 fr . Du
même maître, on peut citer : Pai/sage avec ville,
12.500 fr. — Saint François, 9 000 fr. — La Com-
pnijne du peseitr d'or, 8.125 fr. — Paysage avec
trois maisons, 7.000 fr.
Parmi les autres prix :
Le Prisonnier, gravure italienne du x\" siècle,
7.750 fr. — A. Durer : Saint Hubert, 4.250 fr. — Le
Chevalier, la Mort et le Diable, 5.83.'; fr. — Schon-
gauer. La Naissance du Christ, 6.437 fr. — Drevet.
Portrait de llossuet, 3.625 fr.
A Londres. — Collection Lauderdale (céra-
mique ancienne). — Le 2 juin, au cours de la
vente de porcelaines anciennes de la collection
du comte Lauderdale, une paire de vases en vieux
Sèvres, avec couvercles décorés, sur fond gros
bleu, de paysages avec amours, a été payée
di.iiOO francs.
Les autres prix sont loin de pouvoir rivaliser
avec cette belle enchère ; on se contentera de
citer un service en ancienne porcelaine de Saxe,
vendu 15.775 fr., et une paire de vases à cou-
vercle, Chine, ép. Kang-Hi, famille verte, ven-
dus 10.500 francs.
A Amsterdam — Collection Alfred Boreel
(céramique ancienne, dessins, estampes, etc.).
La collection Alfred Boreel, vendue du 15 au
18 juin, par le ministère de MM. Fred. Muller
et C'", a donné, notamment dans la catégorie
des anciennes porcelaines, quelques prix dignes
d'être signalés ; par exemple :
252
LE BULLETIN DE L'ART
Sa.xe. — 47. Le Baiser, groupe de deux personnages,
9.505 fr. — 67. Jardinier et Marchande, deux sta-
tuettes, 8.400 fr. — t09-13u. Le Concert de singes,
vingt-sept statuettes de singes musiciens, par
J.-J. Kmtdlcr, 9.975 fr.
Hœckst. — Les Musiciens turcs, huit statuettes,
10.275 fr. — 160. Le Chapeau de fleurs, groupe de
deux personnages, et 161. Le Vin, groupe de deux
personnages, 18.690 fr.
Frankenthal. — 177-178. Chasseur et chasseresse et
la Famille du chasseur, deux grands groupes,
7.455 fr.
La Haye. — (96. Service à diner, 156 pièces, por-
cel. de la Haye,' décor polvcliroine à oiseaux exotiques
et européens, 42.000 fr.
belfl. — 205. Garniture de deux vases forme bou-
teille et deux cornets droits évasés, décor polyclironic
d'oiseaux perchés sur des branches, attribué à
Louwys Ficloors t?),vers 1690, 20.160 fr. — 206. Trois
potiches couvertes et deux cornets, décor rouge fer,
bleu et vert, monogramme de Lambertus van Ecn-
hoorn. 1691, 18.270 fr.
Chine. — 263. Grand plat, décor en émaux de la
famille rose, et doré, scène historique, 9.240 fr. —
264. Grande garniture composée de trois potiches
couvertes et de deux cornets, anc. porcelaine dite
japano-chinoise, décor rouge, bleu et or, 9.450 fr.
Les porcelaines françaises d'étaient pas repré-
sentées par de très beaux ni de très nombreux
exemplaires et n'ont fait que des prix médiocres.
La vente comprenait également diverses caté-
gories d'objets d'art, telles que pendules, armes,
bronzes, meubles, etc., où l'on trouve peu de
chose à relever d'intéressant, exception faite
toutefois pour les n"" 268 et ;t04, une horloge-
gaîne en noyer, marqueterie ;i ileurs, décor
rocaille, signée Jan Henkcls, Amsterdam, adjugée
8.92Î) fr., et une paire de candélabres en bronze,
jeune satyre tenant les lumières, vendue 9. '.175 fr.
Rien à signaler parmi les peintures.
— A la suite de cette vente, MM. Frederick
Muller vendirent des dessins appartenant à la
collection Boreel et de diverses autres prove-
nances : le n" 484, une Vite de l'Amstct, vers
l'Omval, par Rembrandt, atteignit 11.130 fr.; ce
fut la plus haute enchère de la calégorie.
Les estampes anciennes n'ont pas atteint de
gros prix : on ne peut guère citer que les 4.;t!iO fr.
obtenus par la suite des douze pièces formant
la première série de la Suite d'estampes pour
servir à rhistoirc des mœurs et du costume français
dans le .WIII' tiède, par Freudeberg (n" 758) ;
— la seconde suite de Moreau le jeune (n" 805),
n'a fait que 2.120 fr.
A Londres. — Collection Stephen Holland
(tableaux modernes). — La vente Stephen
Holland, (|ui commença le 25 juin, chez Christie,
devait être le clou de la saison anglaise de 1008.
Jamais ces galeries, qui ont pourtant vu bien des
enchères fameuses, n'avaient encore été témoins
d'une si vive compétition, tout au moins en ce
qui concerne les œuvres du prestigieux Turner.
A la première vacation de cette collection,
laquelle n'a pas réalisé moins de 1 .634.000 francs
pour celte seule journée, on a payé des peintures
de cet artiste à des prix jusqu'alors inconnus :
c'est ainsi qu'une maison américaine, pour
s'assurer la possession de Mortlake Terraee, qui
avait été payé 1. '16. 500 francs- à la vente Price
en 1895, n'a pas hésité à pousser le tableau jus-
((u'à H:iO. 730 francs ; c'est la plus grosse enchère-
qu'ait Jamais atteinte un Turner.
Le llolbourne Muséum de Bath a acquis, pour
144.375 francs, une autre peinture de Turner,
the Storm; enfin, une troisième œuvre du même
maître, Morning afler the Storm, a été adjugée
202.125 francs.
Un Conslable, Vue de la cathédrale de Salisbury,
a été l'objet, lui aussi, d'une adjudication sensa-
tionnelle, qui s'est arrêtée à 204.730 francs.
Quelques autres très beaux prix achèveront de
donner la physionomie de cette vente, la plus
belle de toute la saison ; ce sont, pour la pre-
mière vacation :
Holland : Vue du Grand Canal, à Venise, 30.173 fr.
— Le Monument du Colleone, 16.275 fr. — Entrée du
Crand Canal, 17.32."i fr.
J. P. Lewis ; Hcole turque au Caire, 32.800 fr.
(adjugé 18.375 fr. en 1895), — Boutique à Scutari,
26.250 fr. — Linnel : Carrying Whent, .50.000 fr.
(vente en 1893, 7.075 fr.) — The Brou- of the hill,
16.275 fr. — Millais. Caller Herrin, 47.250 fr. — Nas-
myth. Vue près de Goslnone, 21.000 fr. — Orchardson.
Sapoléon l" sur le pont du « Beltérophon », réplique
du tableau de la collection Tate, 42.000 fr.
A la seconde vacation, les aquarelles de Tur-
ner ont continué la série de prix extraordinaires
inaugurée par les peintures de ce maitre : la
plus importante. Vue de Heidellicrg, a atteint
It0.i30 francs, le plus beau prix qui ait été
obtenu jusqu'à ce jour par une aquarelle ; elle
avait été adjugée 69.550 francs à la vente Gillott,
en 1872.
A citer également les 70.875 francs payés pour
une aquarelle de Walker, le liac, qui llgura à
notre Exposition universelle de 1878 et fut ache-
tée, en 1892, 29.375 francs.
ANCIEN ET MODERNE
253
Autres prix de la seconde journée :
Aquarelles de Turner : Oifordiiess, 48.350 fr. (vente
Knowles, 1877, 9.825 fr.). — llasting, 42.000 fr. —
Salkish, 27.550 fr. (vente en 1865, S.500 fr. ; et vente
en 1872, 11.700 fr.). — T/ie Hy Sussex, 17.050 fr. —
Torbay froin Brixham, 17.750 fr.
Aquarelles de Walker : The Fishmomjer's Sfiup,
42.000 fr., et The Slreel Cookham, 42.000 fr. égale-
ment.
A(|uarelles par divers : Carret. Tivoli, 17.225 fr. —
Laïuaster. Paix el f/uerre, 23.625 fr. — Fielding. Ben
Uiire, Isle of Mull, 15.450 fr. — Birket-Foster. The
Tiiiiher waygon, 11.610 fr. — J. Holland. Venise, le
Grand Canal, 15.350 fr. — Lewis. Dame recevant des
visiteurs dans une maison du Caire, 15.750 fr. — De
Windt. The Reverl dart, 16.800 fr.
La troisii'me vacation, consacrée aux maîtres
de l'école française, a porté le total de la vente
Stephen Holland au chifire de 3.350.000 francs.
I.es honneurs de la journée ont été pour Dau-
bigny, dont une Vue des bords de l'Oise fut adju-
gée 1)0.628 francs. Le Bac, de Troyon, venait
ensuite avec 81 375 francs, suivi de près par un
Bord de rivière de Corot, 78.730 francs ; par un
Diaz, les Baigneuses, 77.423 francs; et par une
autre Vue des bords de l'Oise de Dauliigny,
70.123 francs.
M IJiermitte représentait admirablement nos
maîtres vivants avec tes Glaneuses, deux tableaux,
l'un effet de soleil et l'autre effet du soir, vendus
respectivement 05.623 et 32.530 francs. M. Ilar-
pignies, non moins bien partagé, voyait son
l'aysarje boise à l'automne atteindre 42.000 francs.
Autres enchères :
Corot. L'Êtany, 57.300 fr. (acquis par le Ihilbourne
Muséum de Batli). — Cli. Jacque ; Moutons à lahreu-
voii-, 32.800 fr. — Moutons au pâturage dans un bois
avec deux beryers, 23.100 fr. — Van Marke. Retour
du pijturaye, 30.625 fr. — Troyon. Dans la forêt de
Meudon, 12.600 fr. — Frère. Le Bénédicité, 11.275 fr.
— Diaz. Paysage boisé, 17.050 fr. — Meissonier. Offi-
cier de h yarde assis, aquarelle, 13.373 fr.
Hien de bien remarquable parmi les objets
d'art qui faisaient partie de la même vente; le
plus gros prix a été pour un service de table en
ancienne porcelaine de Worcester : O.t)30 fr.,
c'est-à-dire bien loin de pouvoir efl'acer l'impres-
sion produite par les enchères fantastiques réa-
lisées par les peintures et aquarelles de Turner,
ni les pri.v plus qu'honorables obtenus par nos
maîtres paysagistes modernes.
(A suivre.) M. N.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
VI» Salon d'autonane (au firand Palais).
— Delacroix écrivait en 1822 : « Ce qui me
manque, je crains, c'est la patience; je suis
trop pressé de produire un résultat. » Depuis
la Barque du Dante, quelle aggravation de cette
hâte maladive dans l'école française et tout l'art
moderne ! Et le plus réel intérêt du Salon d'au-
tomne n'est-il pas de mettre à nu ce mal d'un
siècle qui se définit l'a peu près ?
Ce dernier-né des Salons, les uns l'exaltent,
les autres le ridiculisent : mais son allure plutôt
chétive, en dépit de rares bonheurs et de nou-
veaux efforts, ne mérite aucune de ces hyper-
boles. De ses origines composites, il a gardé le
gotit de réunir l'outrance et la grisaille : il est,
surtout, fort mélangé. C'est un Salon des Indé-
pendants, avec la contradiction d'un jury. C'est
le rendez-vous des poncifs nouveaux : car l'in-
quiétude dont se plaignait Delacroix n'est-elle
pas devenue préméditée ? La paresseuse ébauche
se donne l'air du génie, et l'impatiente ignorance
devient une vertu naïve. Voici les fauves dispersés;
on les parquait hier : auraient-ils cessé de pa-
raître des voisins dangereux? Aussi bien, la
demi-salle offerte à M Henri Matisse, peintre et
sculpteur, ne confirme que sa névrose ! En 1908,
le ridicule ne glorifie plus. C'est un progrès. On
se lasse de tout, et surtout de rencontrer à
chaque tournant de saison les mêmes impro-
visateurs, toujours semblables à eux-mêmes :
loi fatale des cénacles qui s'admirent et des
sociétés qui se ferment. Nos jeunes fa presto se
répètent ou singent leurs aînés : M. Puy cézan-
nise, .M. Derain gauguinise, M. Ouvré japonise
et, sauf le robuste Albert Marque, la plupart des
sculpteurs étrangers ou français rodinisent ; si
plus d'un ébauchoir se veut archaïque, d'autres
pinceaux carriérisent ou monticellisent, et
M. Louis Sue retourne à Fragonard : le pastiche
sévit. Qui donc avançait que l'art avait fait table
rase du passé pour tout rebâtir? Devant la nature,
un peintre n'oublie jamais la peinture. Or, il
vaut mieux songer aux fêtes galantes que de
recommencer la perspective avec les yeux de
Cézanne ; et ce danger de l'a peu près (quand
on n'a pas la main d'un Velazquez ou d'un Corot)
giUe le joli triptyque verdoyant de M. Laprade.
Avec moins de fièvre, M. Dufrénoy renouvellerait
solidement le paysage d'architecture.
Entre tant de déchets de l'impressionnisme ou
2b4
LE BULLETIN DE L'AHT
du symbolisme, on voit d'excellents morceaux;
mais prenez garde qu'ils ont pour signataires
M"" Delasalle ou M. Hochard, MM. Morrice ou
Lavery, Truchetou (Gaston Prunier. Bouchard ou
Landowski, Lenoble ou Bivaud, talents que l'au-
tomne aurait mauvaise grâce à découvrir; les
dessins rehaussés de M. Delliomas ou les bois
nerveux du L»'' Paul Colin ne sont pas plus iné-
dits que les trente-trois portraits de Verlaine,
recueillis par M. fiallimard dans la réconfortante
section du Livre. Observez, cependant, les progrès
lumineux deM.M.llenry OttmannetGeorgel-Faure,
ou le garçonnet lisant de M. Renaudot, non loin
de la fillette ensoleillée par .M. Lebasque : il y a
là des gages de conscience vraiment indépen.
danle et paisible. Et ce n'est pas l'unique surprise
qui nous attend !
Sous couleur de « retour au style », on sait la
contagieuse aberration qui troubla plus d'un
élève de Gustave Moreau : M. (ieorges Houault,
qui promettait un classique, erre en plein cau-
chemar... Mais voici l'imagination qui cherche à
retleurir entre les ruines involontairement accu-
mulées par Cézanne; et le Salon d'automne nous
propose, avec quelque embarras de langage
encore, une leçon qu'on n'espérait plus. M. Hené
Piot décore à fresque, en lettré ipii sait peindre,
une Chambre funéraire sur deux tlièmes litur-
giques: labeurintelligemment plasliqueet coloré,
qui nous présage d'artistes lendemains. Moins
savant et plus tendre, M. Maurice Denis eflleure,
en cinq panneaux trop grands, l' Histoiredc l'mjcké :
rêve méritoire, mais imparfait, d'un primitif qui
ne connaît guère l'anatomie de ses nudités trop
roses! Ici même, en effet, c'est le métier qui fait
tort à l'idéal, et le peintre a trop l'air de croire
que l'Amour exige de son pinceau la mystique
innocence de Psyché... Laissons donc les fauves
crier à l'académisme, et saluons encore cette
convalescence de l'art devant le nu qui repieud
faveur: néréide trop ' rigidement ingriste de
M. Vallolton, pastorale de M. Albert André,
composition de M. Farge qui se refait contem-
porain du Piiinatice et de .Maître Uoux. Pareille
promi'sse en un grand portrait de M. Bussy, dans
un paysage décoratif de M. .Maufra. Et le savoir
d'un bon dessinateur, M. .Milcendeau, nous ache-
mine à renseignement des sections étrangère
on rétrospeclive, que nous interrogerons la pro-
chaine fois.
BaYMONO BOLVKK.
CORRESPONDANCE DE GRÈCE
Les fouilles américaines en Crète.
Un archéologue américain, M. Singer, vient
d'explorer le petit îlot de Moklos, dans la pro-
vince de Lita. Sa première campagne de fouilles
semble avoir donné d'importants résultats et
vaudra au musée de Candie une belle moisson
de petites trouvailles.
M. Singer a reconnu les ruines d'une ville'
mycénienne, ensevelie sous une couche très
haute de remblai. Il a pu déblayer complète-
ment plusieurs maisons et pratiquer des son-
dages dans beaucoup d'autres. Divers objets de
métal ou de terre cuite en ont été retirés, entre
autres de grands talents de bronze, pareils à
ceux qu'avait déjà livrés la fouille d'Aghia Triada.
Vers la pointe méridionale de l'île, sur un pro-
montoire escarpé, le même savant a découvert
une nécropole d'une époque beaucoup plus haute.
Elle daterait, selon lui, du iii« millénaire avant
Jésus-Christ. Vingt-quatre tombeaux, faits de
grandes dalles assemblées, ont été jusqu'à pré-
sent mis au jour. Ils rappellent par leurs formes
les sépultures dS\a période dite » des Cyclades ».
Tous contenaient des armes, des vases et des
bijoux. L'un d'entre eux, particulièrement riche,
a livré, à lui seul, de quoi meubler une vitrine.
M. Singer signale surtout de grandes épingles
d'or, ayant pour têtes des Heurs épanouies ; des
couronnes et des diadèmes d'or, ornés de des-
sins géométriques ou de ligures d'animaux, quel-
ques-uns portant deux yeux en relief; des ban-
delettes d'or et do minces plaques sculptées qui,
sans doute, comme celles de Mycènes, élaieiit
cousues sur les vêtements des morts. A not-ir
aussi des chaînettes d'or, sortes de colliers à
amulettes, où sont suspendus des orneraents en
forme de feuilles. Viennent ensuite des pierrps
gravées, deux grands cachets d'ivoire, puis une
série de vases unique en son genre. Ils sont au
nombre d'une centaine, tous d'albâtre ou de
marbre coloré, de formes diverses, mais la plu-
part sans anses. Les armes, pointes de lances, cl
épées courtes], sont des types (ju'avaient déjà
fait connaître les précédentes fouilles Cretoises.
M. Singer décrit enfin — et c'est le joyau de sa
collection — unebague mycénienned'époque plus
récente, trouvée non pas dans la nécropole du
sud, mais dans une tombe voisine de la ville en
partie fouillée. C'est un anneau d'or massif, dont
ANCIEN ET MODERNE
le chaton, d'une taille insolite, porte tout un
tableau en miniature. Il s'agit d'une scène reli-
gieuse, analogue à celles que montrent certaines
pierres gravées, mais qui comporte des détails
inédits. On y voit un navire dont la proue figure
la tête, et la poupe la queue d'un monstre marin.
Dans ce navire, une femme, déesse ou prêtresse,
est assise, qui élève des deux mains un objet
mystérieux. Tout auprès d'elle, sont un arbre
sacré et un autel cubique. Au second plan, on
aperçoit un temple, dont le navire semble
s'éloigner.
G. L.
©■
Correspondance de Buenos-Aires
Le Salou des Aquarellistes français.
l.'art franiais avait eu, cette année, une excel-
lente saison dans la République Argentine : plu-
sieurs artistes avaient organisé des expositions
de leurs tableaux, le Cercle des peintres français
était venu présenter une série d'œuvres intéres-
santes, le Salon français du Pavillon Argentin
avait également attiré l'attention sur nombre
d'artistes de chez nous, et pour compléter cette
suite de manifestations, tout à l'honneur de
notre école, l'exposition des aquarellistes fran-
çais, ouverte au milieu du mois d'août à la galerie
Fumière et l'ragueiro, a été accueillie par un
succès, on peut dire exceptionnel, puisque plus
du tiers des œuvres exposées ont été vendues.
L'initiative de ce Salon est due à M. Théo
Fumière, qui est, à Buenos-Aires, un ami de
l'art français et qui multiplie ses eflorts pour le
faire connaître du public argentin. Il y a, cette
fois, parfaitement réussi, et on reconnaîtra qu'il
était difficile de faire mieux quand on saura que,
par suite d'une entente avec M. G. Dubufe, pré-
sident de la Société des aquarellistes français,
c'est le dernier Salon tout entier de ces artistes
qui a fait le voyage de l'Amérique du Sud.
J'aurais mauvaise grâce à vouloir « découvrir »
les cent cinquante tableaux qui ont attiré une
foule énorme à la galerie Fumière et Fragueiro,
puisque les Parisiens en ont eu la primeur
l'hiver dernier ; cependant il me faut bien insister
sur certains d'entre eux, qui ont été tout parti-
culièrement remarqués à Buenos-Aires, comme
sans doute ils l'avaient été à Paris, i.e succès a
été tout d'abord au Capitaine de cuirassiera, su-
perbement campé par M. Détaille; à VEros et
P^j/ché de G. Dubufe, un panneau décoratif très
réussi; à la Flore de M. Maxence, dont on con-
naît la virtuosité; à la Comédie au château, une
saynète d'autrefois, pittoresquement reconstituée
par M. M. Leloir; aux fleurs de M. Hivoire.
Parmi les paysagistes, citons MM. Zuber et ses
pages si sobrement et si largement lavées, .lnur-
dain [l'Averse), E. Adan, 1-uigi f.oir, dont les
coins de Paris sont toujours appréciés, Moreau-
Néret, Le Mains, Duhem, etc. MM. Clairin, Aublet,
Scott, Doigneau, représentent ce qu'on appelle à
Paris les « orientalistes ».
Bon accueil encore pour les tableaux de genre
de MM. Calbet, Rochegrosse, Jeanniot, Bourguin ;
pour les enfants de MM. Boulet de Monvel [An
bord de l'eau) et Geoffroy [le Déjeuner du matin);
pour les chats de M"» d'Hazon et les fleurs de
Mme Faux-Froidure.
Cette rapide et trop courte énumération suffira
peut-être à donner une idée de l'importance et
de l'intérêt de ce premier Salon des Aquarellistes
français dans l'Amérique du Sud ; le succès ob-
tenu par nos artistes montre assez combien heu-
reuse était l'initiative (jui a présidé à cet essiii
de grande décentralisation et peinn^t d'esiiérer
que ce Salon ne sera pas sans lendeiiiiiin et i]u"il
deviendra bientôt de tradition à Buenos-Aires
comme à Paris.
A. L.
LES REVUES
Fhainck
Les Arts (.'loùt). — Le iimnéro est ciitièrcnient
consacré à une étude de .VI. Gaston Mkiku.n sur- les
médailles et plaquettes de la collection Gustave
Dreyfus.
(Septembre). — La collection de M. I'. Galliuiurd,
par M. Louis V.\uxcelles (peintures moderues).
Art et décoration (septembre). — M. I.énuce
BÉNKDrrE parle du peintre Alfred Holl, dont l'usuvre
considérable u se présente sous des aspects à la fois
si particuliers d'observation et d'analyse et sous des
cU'ets si générau.v de synthèse ».
— I.e llijou au tnunée Gallieni, par liené Ui.u.M, à
propos de la récente exposition de la l'arure féminine.
— Gaston l'runier, par Tristan Ivi.i.NciSuii. — Miss
Jessie M. Kinij, par M.-l'. Vehmîuii. (cette artiste est
une des personnalités les plus mar(|uantes de l'école
écossaise moderne).
236
LE BULLETIN DE L'ART
Revue alsacienne illustrée (1908, HI). — Jcan-
Ilapliste ^Veylel•, un des artistes miniaturistes que
les récentes expositions de Paris et de Berlin ont
remis en lumière, était un Strasbourf^eois, né en 1747,
et, à ce titre, M. André Gikouie lui consacre une de
ses Biographies alsaciennes.
— L'exposition des jeunes artistes alsaciens-lor-
rains à Strasbourg (avec dix-hyit reproductions).
— A travers cinq siècles d'art régional alsacien,
par K. StatsmaNn.
Russie
Zolotoé Rouno (La Toisond'or).— Cette luxueuse
publication s'est consacrée, depuis trois ans déjà, à
faire connaitre les nouveaux artistes russes, les écri-
vains surtout. La première partie de chaque fascicule
est toujours réservée à des articles, très largement
illustrés, sur les arts plastiques. Des cinq numéros de
cette année-ci, l'un rendit compte d'une des exposi-
tions de Moscou, un autre s'occupa des œuvres de
l'Art persan, qui figurent dans des collections russes.
Dans le fascicule de février, le baron N. Whanoei,
étudia les Miniatures de l'Ermitage. A citer, des
œuvres de Petitot {Louvois, H. de Daillon, M"" de
Combalel, M'' de Canteleu); d'André l!ouc|uet {Ninon
de Lenclos); de Hall et de Liotard (il/"° Favart en
costume oriental, miniature dont il est des répéti-
tions chez M. II. Pannier et en Angleterre). Autres
miniaturistes caractérisés et reproduits : Rihout, Le
Roy, A. Vincent, Augustin Ritt, Viollier ^il s'agit bien
de Viollier et non de Pierre Viollet, comme l'a pensé
indûment une minute, M. Wrangel). Mentionnons
encore Fuger, Stroley, Isabey et Pierre Guérin. —
(Fascicule 5). Iakob Fedorovitch Kapkov (1816-18,^4),
par le baron N. WnANOEf.. Un peu secondaire, ce
peintre, voué sans doute à enrichir malgré lui
l'œuvre de ses rivaux, suivit le sillage des trois
artistes les plus caractéristiques de la période 1830,
K. Rrullov, Fédotov et Bruni. — M. P. Moijratov exa-
mine sympathiquenient l'œuvre du comte Théodore
Tolslcfl (1783-1873). Le iiiédailleursculpteur revit
autant par ses nombreux dessins, que par les Mé-
moires qu'il a laissés. Croyant être « grec », il a été
vraiment du plus beau « style Empire » qui soit.
, L'auteur évoque assez nécessairement à son sujet, le
nom de Flaxmann, encore que Tolstoï, dans ses
illustrations de l'Odyssée et de la fable russifiée de
Psyché, ait pu le dépasser. — Denis Roche.
Staryé Gody (mai). — K. Koi;z.>iixe. Le Tapis
d'Ultraine. On cherche de divers parts, et notamment
à l'école de tissage de la princesse N. G. lacheville,
à faire revivre ce tapis qui dérive du tapis persan pour
le décor et affecte des couleurs pures sur fond vieil
or, cannelle, noir ou bleu.
— E. KoiiscH. Les dernières acquisitions du musée
Clilchçukine.
— V. CiiTCiiAviNSKi. L'extérieur du tableau ancien
(panneaux, toiles, enduits, couleurs, craquelures).
— E. Posse. L'Exposition d'art anglais à l'Acadé-
mie de Berlin (janvier-février 1908).
— N. Rotiistein. Vue vente de porcelaine russe.
Vente Loukhoutine. Nombreuses reproductions de
figurines. L'auteur souhaite la création d'un musée
de la porcelaine russe. La Révolution fit éraigrer
récemment plusieurs collections, celle de Loukhoutine
entre autres, fut à Paris (en caisses) en 1905.
— Max Geisbehg. Un nouveau dessin du maître da
Tlausbucli : Adoration des mages, trouvée an château
de Cobourg.
— V. Vérét.nikov. Influence de. l'Europe sur les '
arts en Russie au XVII' siècle. Commandes d'étoflès,
tentures, meubles, par l'entremise de l'Anglais Ileldon
(16.Ï7-1786) et demande d'ouvriers.
— Denis Roche. Un trait de la vie à l'aris du
pensionnaire de Russie Kipriant Melnikov. 11 inter-
vient en faveur d'un modèle arrêté (août 1786).
(Juin). — L. Maeterlinck. I^s Sculptures satiriques
de Damme. Vauthier van Inghen, en 146o, y a no-
tamment représenté le poète Jacques van Maerlaut,
dans lequel le peuple s'est accoutumé à voir Till
Eulcnspicgcl et des bourgeois fort einb.irassés par
un porc, allusion aux ensablements de la pa.ssc de
Damme, le Zwyn.
— Le Peintre Louis Caravague en Russie. M. V.
Vf:RÉTNiKov redresse, d'après de nouveaux documents,
plusieurs erreurs jadis commises par M. Sobko. Aux
termes de trois contrats, signés de 1715 à 1730, Cara-
vagne vit son traitement tripler. Mais de peintre
proprement dit, il devint en .somme simple décora-
teur. Dès avril 1723, Caravague propose à Pierre le
Grand de créer une académie « telle qu'elle est insti-
tuée à Paris », et il s'engage à former quatre élèves.
Cette petite école fut la première qu'il y eut pour les
peintres en Russie.
— V. VKHKCiiTciiAia:iXE. Les Œuvres de Houdon en
Rvssie. Étude et reproduction dune sorte de ma-
quette en bronze de la statue de Voltaire envoyée
par le sculptenr à Catherine IL et que l'Enuitage
aliéna en 1832. — Liste (peut-être encore incomplète)
des œuvres de Houdon en Russie, au nombre de
vingt-quatre.
— Jean Gdiffrev. L'E.rpo.'.ition des Cent pastels
à l'aris.
— Mouvement des ventes françaises, allemandes,
hollandaises et anglaises, par M. P. V... — hiM.s
Roche.
Le Gérant : H. Denis.
Parts. — Imp. Georges Petit, 12. rue Godot-de-Mauroi.
Numéro 397.
Samedi 17 Octobre 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Le Manuel de l'eau
Après le Manuel de l'arbre, paru l'année der-
nière et dont, à l'heure actuelle, plus de cin-
quante mille exemplaires ont été distribués aux
écoles, le Touring-Club de France publie le
Manuel de Teau,, complément nécessaire du pré-
cédent petit livre(l). Ainsi, notre grande asso-
ciation de tourisme, à qui nous devons déjà tant
pour la protection des monuments et des sites,
poursuit méthodiquement son œuvre de propa-
gande, et aucun de ceux qui entendent " conserver
à notre pays les sources profondes de sa prospé-
rité et de sa beauté », ne saurait marchander ses
encouragements à M. Ballif et à ses distingués
collaborateurs.
C'est M. Onésime Reclus qui s'est chargé
d'écrire cette monographie de la pluie, des
sources, des torrents et des rivières, de montrer
l'alliance indissoluble de l'arbre et de l'eau, de
résumer ces lois de solidarité universelle «qui
rattachent, par les. soucis d'une vie alliée, la
montagne à la forêt, et la forêt à l'eau, qui court
de la montagne à l'Océan», de conclure enfin
que «l'eau étant tout et la vie impossible sans
elle, l'arbre, qui réserve l'eau, est tout, lui aussi ».
Il l'a fait avec l'autorité qu'on lui connaît, unis-
sant la science et la poésie dans la même langue
imagée et donnant de la sorte aux formules une
couleur et un relief saisissants, (|ui les implan-
tent d'un seul coup dans l'esprit le moins pré-
paré.
Nous n'avons pas à suivre l'auteur dans des
considérations économiques d'un intérêt capital,
mais qui ne sont point de notre domaine; et
quelque soin qu'on ait apporté à l'illustration du
Manuel de l'eau, il a d'autres titres à ce compte-
rendu sommaire que celui d'être un ouvrage
élégamment présenté : il pose en maint endroit
(1) Le Manuel de l'arbre a été nnnoncé ici-même,
lors de soq apparition. Voir le n° 348 du Bulletin.
des problèmes d'ordre esthétique terriblement
actuels, en ces temps où « l'on ne sait encore
qu'espérer ou que craindre pour la beauté des
eaux », et c'est par là même qu'il nous touche.
« Il est, en toute PYance, s'écrie pour conclure
M. Onésime Reclus, des monuments auxquels
on ne peut toucher : avenues de menhirs, dol-
mens, arcs-de-triomplie, châteaux forts, cathé-
drales, humbles églises romanes ou ogivales
dans les villages, les hameaux... N'oserons-nous
pas enlever aussi quelques sites élus, grandes
sources, hautes cascades, gorges, cagnons, cin-
gles harmonieux, au domaine immensément
agrandi de l'industrie du xx" siècle ?
« Oubliera-t-on que la « source dans les bois >>
rappelle tout le passé de notre race'? Faudra-t-il
que « l'homme dans l'usine » en résume tout
l'avenir ?
« Sur une terre oîi l'on n'offensera plus la
beauté, puisse l'humanité future entonner un
jour le double hosannah : Gloire à l'Arbre!
Gloire à l'Eau ! ».
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Actes officiels. — Le roi d'Angleterre vient d'ho-
norer d'une distinction tout à fait exceptionnelle
M. Daumet, membre de l'Académie des beaux-arts.
Sur la proposition de l'Institut royal des architectes
britanniques, il a décerné, en elfet, au restaurateur
des châteaux de Chantilly et de Saint-Germain, pour
l'ensemble de ses œuvres, la grande médaille d'or
spéciale, fondée par la reine Victoria, et qui ne fut
que très rarement accordée à des étrangers,
Institut de France. — Voici les dates des séances
publiques annuelles de l'Institut de France :
La séance plénière de l'Institut aura lieu le samedi
24 octobre; la séance de l'Académie des beaux-arts,
le samedi 7 novembre [Lecture sur Verdi, par M. H.
Roujon); la séance publique annuelle de l'Académie
des inscriptions et belles-lettres, le vendredi 20 no-
258
LR BULLETIN DE L'ART
vombre. 11 y sera fait lecture d'une étude, intéressante
au point de vue de l'histoire de l'art, sur In Chine à
Paris au XVIJI' siècle, par M. Cordier.
La séance publique annuelle de l'Académie fran-
çaise se tiendra le jeudi 26 novembre.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 9 octobre). — Le directeur des antiquités
de la Tunisie rend compte à l'Académie des recher-
ches sous-marines qui ont été exécutées au large de
Madhia. avec le concours de la marine française, à
l'endroit, où, l'an dernier, des pi^cheurs d'épongés
avaient trouvé de remarquables statues de bronze.
Les travaux de cette année ont fourni des rensei-
gnements très précis sur la nature du gisement : on
est en présence de bateaux chargés de colonnes, de
chapitaux et d'œuvres d'art, qui a sombré par qua-
rante mètres de fond, à cinq kilomètres environ du
cap Africa. Ils ont aussi amené la découverte de
nombreux objets en bronze ou en marbre, en parti-
culier de fragments ayant appartenu à plusieurs
grands vases monumentaux. L'un de ceux-ci était
un double du célèbre cratère Borghèse, aujourd'hui
au Louvre. Ces fouilles seront continuées.
École d'Athènes. — Deux places de membre de
l'École française d'Athènes sont déclarées vacantes
pour l'année scolaire 1908-1909. Les candidats devront
faire parvenir leurs titres au ministère de l'Instruction
publique (direction de l'enseignement supérieur,2' bu-
reau), avant le a novembre.
Musée du Louvre. — On ouvrira prochainement
au musée du Louvre, dans le pavillon La Trémoille,
unesalle nouvelle, où seront présentées des collections
de céramique antique, formées des dernières pièces
découvertes à Suse, jusqu'à vingt-cinq mètres de
profondeur, par M. de Morgan. Ces œuvres do céra-
mique, trois ou quatre cents vases et coupes, sont
les plus anciennes qui existent, et leur travail est
d'une perfection absolue. Beaucoup sont intactes ; un
grand nombre de celles qui étaient brisées, les plus
grandes, ont pu être reconstituées, on rassemblant
leurs fragments.
— M. Charles Seguin, amateur et collectionneur, a
spécifié dans son testament que les conservateurs du
musée du Louvre et les experts appelés par eux
pourraient choisir parmi les tableaux et objets d'art
composant sa collection, les pièces qu'ils jugeraient
dignes de figurer dans notre musée national.
Musées de province. — Le Conseil général de la
Seinc-lnféricure a décidé que le musée des Antiquités
de la ville de Rouen serait transféré dans les bâtiments
de l'archevêché.
Mime décision ayant été prise par le Conseil gé-
néral de Loir-et-Cher, le conseil municipal de Blois
a voté le transfert du musée, actuellement au châ-
teau, dans les bâtiments de l'évèché.
Monuments et statues. — On a inauguré, le
27 scpiciiibrc : à VaUnciennes, lin monument à la
mémoire du statuaire Gustave Crauk , œuvre de
M. Gauquié; — à Mazamet (Tarn), un monument à la
mémoire d'Edouard Barbey, ancien ministre de la
Marine, œuvre de M. F. Sicard; — à Liart (Ardennes),
un buste de M. Coûtant, ancien sénateur des Ardennes;
— le 4 octobre : à Noisseville, près Metz, un mo-
nument à la mémoire des soldats français tombés à
l'est de Metz, œuvre de M. E. llannaux; — à Nimes,
un monument à la mémoire de M. Bernard Lazare,
œuvre de MM. R. iîloche et II. Lefcbvre; — le U oc-
tobre : à riii'itel de ville de Montauban, un monument
à la mémoire d'Ingres, dû à M. Bourdellc.
A Amsterdam. — Un des projets formés lors du
centenaire de Rembrandt en 1906, fut l'achat et l'amé-
nagement de la maison, sur le Jodenbreeslraat, que
le peintre habita de 1639 à 1658. Une commission
s'est formée, dont font partie MM. Quack, Bredius,
J. Veth et autres. La libéralité d'un riche Amsterda-
mois a permis à cette commission d'acheter la maison ;
elle mettra la commission en état d'y faire exécuter
les travaux essentiels qui, en abattant les cloisons
modernes, permettront de la rétablir, dans les grandes
lignes, telle qu'elle fut du temps de Rembrandt. L'idée
de la commission — idée à laquelle on ne saurait
qu'applaudir — est de compléter ces aménagements
et d'organiser dans la maison une exposition perma-
nente des plus belles eaux-fortes du maître ; on y
joindrait des dessins, des autographes, des documents
et des livres sur Rembrandt et son époque. La
commission fait appel, pour la réalisation de ce plan,
au concours de tous les amis de l'art.
A Genève. — Le liuUelin a annoncé qu'une Asso-
ciation s'était formée, en Suisse, en vue de l'érection,
à Genève, d'un « Monument international de la Ré-
formation ». Un concours international a été ouvert
et un jury nommé, qui comprenait : MM. A. Barlho-
lomé, sculpteur; Ch. Girault, architecte; le professeur
Tuaillon, le professeur Bruno Schmitz, George-J.
Frampton, le professeur GuU, Alfred Cartier, Horace
de Saussure, Lucien Gautier.
Ce jury vient de rendre son jugement sur les Tl
projets qui lui ont été soumis. Le premier prix —
10.000 fr. — a été décerné au projet ayant pour
auteurs MM. Monod et Laverriorc, Taillcns et Dubois,
architectes à Lausanne, et Reyuiond de Broutellcs.
sculpteur à Paris. Le jury considère que ce projet lui
donne satisfaction entière, mais seulement au point
de vue architectural. Aussi, considérant que d'autres
projets primés présentent de très grandes qualités
sculpturales, le jury engage le comité à choisir, pour
la sculpture, parmi certains autres projets.
Les projets plus spécialement remarqués parle jury
à cet égard sont au nombre de trois. D'abord celui qui
a obtenu le deuxième prix (C.OOO fr.) et qui a pour
auteurs M. II. -P. .Nénot, architecte de la Sorbonne,
ANCIEN ET MODERNE
2b9
et MM. Paul Landowski et Henri Bouchard, sculpteurs
à Paris ; puis celui de MM. Charles Plumet, archi-
tecte à Paris, et de Niederhausen-llodo, sculpteur à
Berne; enfin celui de M. Ilorvai Janos, sculpteur a
Budapest. Ces deux projets ont obtenu un 3* prix
ex-a-quo (2.000 fr. ), en mCMue temps que cinq autres
projets, aj'antrespectiveuient pour auteurs MM. Guido
Biauconi, sculpteur àTurin ; — Paul Bêcher, sculpteur
à Berlin; — Edmond Fatio, architecte à Genève;
Adolphe Thiers, architecte à Paris, et A. Seysses,
sculpteur à Paris; — P. lleurtier, architecte à Paris
(collaborateur : M. G. Thorimbert), et F. Sicard, sculp-
teur à Paris icollaborateur : M. L. Baralis); — Jean
Fiault, architecte à Paris, -et André Vermare, sculp-
teur à Paris.
A Venise. — La huitième Exposition interna-
tionale des beaux -arts de Venise sera ouverte du
22 avril au 31 octobre 1909. Elle comprendra des
salles italiennes, des salles étrangères et des salles
internationales. Outre les invités, tout artiste qui
aura envoyé son adhésion, en y joignant un mandat
postal de dix francs, avant le \" janvier 1909, pourra
soumettre ses œuvres au jury d'admission. Celui-ci
sera composé de trois peintres et de deux sculpteurs,
élus par les exposants, parmi les artistes étrangers et
italiens invités aux expositions de Venise. A l'exception
de ces derniers, les artistes ne pourront exposer
chacun que deux œuvres. Les envois seront reçus au
Palais de l'Exposition (Jardin public), du 10 au
2ii mars. Une commission de dix pour cent sera
prélevée sur les ventes. S'adresser, pour tous rensei-
gnements, à M. A. Fradeletto, secrétaire général,
iMunicipio di Venezia, à Venise.
Nécrologie. -^ M. Edmond Lebel, conservateur
honoraire du musée de peinture et ancien directeur
de l'École des boaux-arts de Rouen, vient de mourir
à Amiens, sa ville natale. Né en 1834, élève de Cogniet,
il débuta au Salon che 1861 et envoya pendant les
années qui suivirent des tableaux de genre récom-
pensés en 1872 (méd. de 2* classe) et en 1889 (méd. de
bronze). Il fut un de ceux qui secondèrent le plus
activement Félix Buhot dans la campagne entreprise
par cet artiste en faveur de l'admission de l'estampe
dans les musées de province.
— Le peintre Philippe Jolyet, né à Pierre-de-Bresse
(Saône-et-Loire), ancien élève de l'Ecole des beaux-
arts de Dijon, ancien directeur de l'École des beaux-
arts de Bayonne et conservateur du musée fondé en
£ette ville par M. Bonnat, est mort à Nay (Basses-
Pyrénées), dans sa 76° année. Il exposait de temps à
autre aux Salons parisiens, où il avait obtenu une
mention honorable en 1885; à l'Exposition universelle
de 1889, il reçut une médaille de bronze.
— Le peintre Charles Landelle vient de mourir à l'âge
de 87 ans. Né à Laval en 1821, Landelle avait eu, pen-
dant le second Empire, une réputation des plus bril-
lantes. On lui doit, entre autres œuvres remarquables,
la Sainte Cécile qui est à Saint-Nicolas-des-Champs,
la Sainte Clotilde de Saint-Roch, la décoration de la
chapelle Saint-Joseph, de Saint-Sulpice. Après un
voyage en Orient, il se mit à faire des tableaux de
genre, comme la célèbre femme mauresque, Y Aimée,
etc., et des portraits, comme le portrait d'Alfred
de Mussel, reproduit dans la Kevve (t. XX, p. 463);
celui de l'Amiral Baiidin [m\jsùe de Versailles), etc. Il
exposa jusqu'à ces dernières années au Salon des
artistes français, dont il était un des doyens, avec
E. Hébert, né en 1817, U. Baize, né en 1818, et
Ilarpignies, né en 18)9.
»«eoo»>ni^«i
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
Les grandes ventes à l'étranger en 1908
(fin). — A Londres. — Collection de Sir
Cuthbert Quitter (objets d'art). — Le 2 juillet,
c'était encore l'école française qui triomphait à
la vente de sir Cuthbert (juitter, où un buste de
femme en terre cuite par Marin, daté de 1791,
atteignait la belle cote de 68.250 francs.
Ilien à signaler dans le reste de la vente, sauf
une garniture de trois vases en anc. porcel. de
Chine, ép. Kien-Lung, vendus 37. .'HS fr., et deux
vases en anc. porcel. de Chelsea, 10.800 fr.
■Vente de tableaux anciens. — Le lendemain,
une vente de tableaux anciens provenant de
diverses collections, a donné lieu à quelques
compétitions notables. Une peinture de Ilaeburn,
Portrait de Afrs. Mackcnzie of Drumtochy, a été
adjugée m .000 francs; — un autre Raeburn,
70.000 fr. ; — un portrait de femme en robe
260
LE BULLETIN DE L'ART
blanche brodée d'or, par Reynolds, 52.000 fr. ;
le Portrait de Mrs. Charnock, par Uomney,
49.400 fr. — le Portrait du généi-al James Wolfe,
par Gainsborough, 46.800 fr. ; — le Portrait d'un
gentilhomme, par Rembrandt, 52.000 fr. ; — le
Portrait du cardinal Rivarole, par Van Dyck,
20.280 fr.
Ventes diverses. — Dans une vente d'estampes
anciennes, faite le 15 juillet, une épreuve du
premier état, avant toute lettre, de Mrs. Muaters,
par J. Walker, d'après Romney, a été adjugée
8.125 fr. ; une suite des Douze mois, gr. en coul.
par Bartolozzî et Gardiner, d'après Hamilton, a
atteint 5.100 fr., de même qu'une épreuve du
portrait de Lady Anne Lamhton et sa famille, par
Young, d'après Hoppner.
— La même semaine, on a dispersé une réu-
nion de tableaux modernes, parmi lesquels des
œuvres d'artistes français, qui ont eu les hon-
neurs de la journée. Le plus beau prix a été, en
effet, pour un Charles Jacque : Moutons au pâtu-
rage, avec chien et berger, payé 27.550 fr. ; — un
Paysage boisé avec rivière, par Corot, a été adjugé
8.47b fr.; — et un Sous bois, de Diaz, 8.125 fr.
Du côté de l'école anglaise, on ne voit guère à
citer que The Tree of forgiveness, par Burne-Jones,
vendu 15.225 francs.
— Dans une vente d'objets d'art, un cabinet
d'époque Louis XVI, orné de plaques en ancienne
porcelaine de Sèvres, a été poussé jusqu'à
22.300 fr. et des tjibalières en or du xviii" siècle
ont atteint 7.000 francs.
— Enfin, dans la dernière vente anglaise de
la saison, qui s'est faite le 20 juillet chez Christie,
un tableau par Linnel, Milking time, a été adjugé
7.600 francs.
"Ventes en province — Nous détachons des
résultats d'une vente faite les 7 et 8 août, au
Château de la Gai>de-du-Dord (Puy-de-Dôme), par
le ministère de M"= Chaulard et Gazague et de
M. Raudin, les quelques prix suivants :
Tapisseries. — 29-39. Suite de tapisseries d'Au-
busson. XVIII" siècle. Sujets de chasse et frag-
ments. Onze pièces. 15.000 fr. — 41. Tap. fl
XVII' s., laine et soie : bocage, arbres, oiseaux et
petits animaux, 2.8iOfr. — 43. Tap. d'Aubusson.
xvii"> s., laine et soies, grande pièce et autre pièce
provenant de la même suite. Verdure représen-
tant un paysage chinois avec kiosque (rest.),
3.750 fr.
Ventes annoncées. — A Paris. — Aucune
suite (le vacations sensationnelles, aucune dis-
persion aux enchères publiques d'une collection
réputée, n'est encore signalée. Cependant, on
parle de séances importantes pour novembre et
décembre. Dès à présent. M'- André Couturier et
MM. Paulme et Lasquin annoncent, pour les 18
et 19 novembre, la vente d'une collection d'ob-
jets d'art comprenant des porcelaines anciennes,
certaines montées en bronze, des tableaux, des-
sins, gravures et miniatures du xviii<: siècle,
œuvres notamment de Debucourt, Van Loo, Huet,
Laurent et Sicardi.
A l'étranger. — Hollande et Allemagne. —
Comme les années précédentes^ quelques ventes
ont lieu en Allemagne et en Hollande, en ce
moment de l'année où l'Hôtel Drouot et Christie
n'offrent guère de vacations de nature à nous
intéresser.
— Les 29 et 30 septembre, MM. Roos et G'
ont dispersé, à Amsterdam, un certain nombre
de tableaux et d'aquarelles modernes, provenant
de la collection Van Vliet et de la succession de
feu M. L.-P. Heders, et, dans la même ville,
l'expert J. Schulman a dirigé, du 6 au 9 octobre,
dans l'hôtel de Brakke Grond, la vente des col-
lections de feu M. Allardin et de M. J.-W. M... et
d'objets provenant de diverses successions, tels
que anciennes porcelaines, faïences de Delft,
meubles et tableaux.
— A Munich, le 19 octobre, galerie Helbing, aura
lieu la vente de la collection d'anciennes porce-
laines de M. Emil Grauer. Un catalogue, rédigé
par M. le D'' Braun, donne les indications les plus
complètes sur cette réunion de céramiques euro-
péennes et d'Extrême-Orient (cat. ill.).
— Du 3 au 7 novembre, à Berlin, sous la
direction de M. Rudolf Lepké, vente de la collec-
tion de M. H. Emden, de Hambourg, comprenant
des porcelaines, faïences, verreries et antiquités
diverses, en tout douze cents numéros (cat. ill.).
— Le 9 et le 10 novembre, à Cologne, MM. He-
berle, Lempertz fils, vendront la collection de
portraits, cartes et autres documents relatifs à
l'histoire de r.\mérique, de l'Asie et de l'Afrique,
dépendant de la succession de M. H. Lempertz
senior.
— Enfin, à Munich, galerie Hugo Helbing, le
10 novembre, vente d'une collection d'armes de
guerre et de chasse du xiu* au xviii» siècle, an-
noncée comme provenant d'un amateur anglais
(cat. ill.).
ANCIEN ET MODERNE
261
A Londres. — La saison prochaine verra se
disperser le stock considérable de tableaux an-
ciens et modernes laissé par le vieil antiquaire
londonien récemment décédé ^Martin Coinaglii,
qu'ont bien connu des générations d'artistes et
d'amateurs, l'eu de pièces marquantes, sans
doute; beaucoup de marchandise courante. Vente
intéressante surtout pour les professionnels,
fiappelons à ce propos que feu Martin Coinaghi
a légué à la National Gallery — sauf réserve
d'usufruit au prolit de sa veuve — la coquette
somme de £ 100.000, soit 2.500.000 fr., qui per-
pétuera le souvenir du marchand de tableaux
de Saint-Jaraes Street.
M. N.
ESTAMPES
■Ventes annoncées. — Troisième vente
Laurent-Dumont. — La première vente d'es-
tampes de la saison se fera le 3 novembre, à
l'Hôtel, salle n" 10, par le ministère de M= André
Desvouges, assisté de M. Loys Delteil : un peu
plus de deux cents numéros, estampes et dessins
modernes, formant la troisième partie de la
collection Laurent-Dumont.
A citer quelques pièces de Desboutin, de
N. Gœneutte, trois souvenirs d'Italie de Corot,
de nombreux Charles Jacque ; de Legros, la Mort
dans te poirier, la Mort et le Bûcheron, etc.; des
pièces de Manet (20 numéros, dont le Vohchinelic,
en couleurs) ; quelques Rops.
Parmi les dessins : Forain, Jeanniot, IJartlio-
lomé voisinent avec Ch. Jacque et Millet.
Rien de capital,- comme on voit, dans cette
petite réunion qui a l'honneur d'ouvrir le feu des
enchères.
R. G.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
L'Art finlandais et les Rétrospectives au
Salon d'automne. — Comme si l'étrangeté ne
se suftisait plus, elle multiplie les attractions :
musique, littérature, essais d'arrangement déco-
ratif, sections étrangère ou rétrospective ; total :
3.444 envois. Après l'art russe et l'art belge, au
lieu de l'art allemand promis pour 1908, voici la
peinture finlandaise : il faut faire ample crédit
à cette vingtaine de travailleurs, dont l'aîné
n'a guère dépassé la quarantaine. Leur maître,
Edelfeit (1834-1905), était venu d'Helsingfors à
Paris, pour achever ses études à l'atelier Gérôme;
et ses débuts lumineux remontent à notre
engouement pour le plein-air; il était surtout
portraitiste. A la Centennale de 1900, s'étaient
distingués le fresquiste Enckell et l'illustrateur
de la Légende du Kalèvala, M. Gallen, le plus
Imaginatif de ces honnêtes Finnois, moins appa-
rentés à la Russie qu'à la Suède, et dont la
douceur foncière adopte l'éclaircissement con-
temporain de la palette. Ici, sans parler des
virtuosités de l'Australien Patterson, leur
sagesse un peu lourde tranche sur les portraits
du polonais Gottlieb ou les -fantaisies du Russe
Kousnetzoff. Et regrettons l'absence du statuaire
Vallgren, évoquant avec une si personnelle
poésie la mélancolie natale des lacs et des fleurs.
Auprès de l'avenir, le passé. Rétrospectives
tendancieuses, — ici, l'histoire est écrite ad pro-
handum. En vertu du beau syllogisme : « Des
génies furent contestés, tout contesté donc est
un génie », nos décadents ont résolu de se
donner des ancêtres ; irréguliers évadés de
l'école, coloristes dédaigneux de la forme, vision-
naires guettés par la névrose. En 1905, Ingres
était.convoqué comme devancier de Manet; en
1908, le Greco jouera le rôle d'un Cézanne de
la Renaissance, déformateur exsangue sacrifiant
les souvenirs de la charnelle Venise à l'Espagne
de Torquemada; rapprochées des bohèmes tou-
jours mystérieux, — Monlicelli, Bresdin, — les
gravures de Chifflart seront la modeste apothéose
du prix de Rome qui a mal tourné... La démons-
tration, fort heureusement, se retourne contre
ses organisateurs et prouve à rebours.
Elle est, d'abord, incomplète ou diffuse : il y
a trop peu de Greco, s'il y a trop de Monticelli ;
de la sorte, l'un, qui fut puissamment singulier,
paraît chétif; l'autre, qui fut capricieusement
varié, parait monotone. A part un psychologique
portrait de cardinal ou d'évôque, cette vingtaine
d'échantillons plus ou moins heureusement choi-
sis, — on dirait les plus cézanniens, — a-t-elle la
prétention de ressusciter, aux yeux des Parisiens
de 1908, Domenico Theotocopuli, surnommé le
Greco par les Vénitiens, ses premiers maîtres ?
Sans parler des Greco de nos musées (Louvre,
Amiens, Lyon, Lille, Pau, Rayonne, collection
Ronnat), ni de la très vénitienne Assomption, (jui
passa naguère de la galerie de Don Sébastien de
Bourbon chez Durand-Ruel (1), on aurait pu.
(1) Voir notre note dans la Revue Bleue du 24 dé-
cembre 1904. — L'Assomption est aujourd'hui la pro-
priété de l'Institut de Chicago.
262
LE BULLETIN DE L'ART
sans sortir de Paris, mieux rencontrer cliez
MM. Cherfils, Degas, Detti, Duret, Manzi, Henri
Rouart, Zuloaga...M. Paul Lafond le diraitmieux
que nous.
Par contre, Monticelli foisonne : 177 cadres,
en deux salles et demie, c'est trop pour un
improvisateur, maintes fois pasticlié depuis qu'il
est célèbre, et dont les innombrables poésies
fugitives se sont accrues notablement depuis sa
mort... L'écrin féerique aurait gagné, sans doute,
à ne réunir que les plus authentiques parures
des collections de Marseille ou de Glascow.
Et puis, le résultat déjoue les vœux de la thèse :
en 1905, Maùet et ses hoirs recevaient de
M. Ingres, leur précurseur, une furieuse leçon
de dessin; en 1908, si tous ces révolutionnaires
de jadis ou de naguère exaltent l'imagination
qui nous manque, chacun d'eux atteste une
science préalable, une éducation première et —
que Cézanne me pardonne ! — un métier sans
lequel le plus farouche idéal ne saurait sortir du
chaos. Monticelli lui-même avait appris; on voit
maintenant qu'il savait : la preuve est faite; à
côté de tel portrait digne de Ricard, observez son
évolution depuis la ligne de 1843 jusqu'à la
mosaïque de 1874. Mieux représenté, le Greco
nous dirait ce qu'il garda de la païenne Venise
sous l'exténuation de ses têtes ou dans l'enfer
de ses rEves.
On a connu Chien-Caillou, caricaturé, vers
1845, dans un nouvelle de Champfleury : qui
connaissait Rodolphe Bresdin (1822-l885)?Eaux-
fortes et lithographies qu'on pourrait confondre,
son œuvre introuvable et retrouvé par M. Perri-
chon le montre très graveur, minutieux à force
d'être sincère et fort appliqué dans son jour de
mansarde, alors qu'il datait ses planches « de
la Fosse-aux-Lions » (1) : ce visionnaire avait la
patience. Il fut un primitif du romantisme,
comme le lauréat méconnu, François Chifflart
(1825-1901), fut un romantique dans l'école,
enhardi par Michel-Ange et Victor Hugo : se»
Improvisations sur cuivre ou ses Souvenirs de la
Commune font déplorer l'absence des Travailleurs
de la mer. Sa lierté domina la gent trotte-menu
des illustrateurs ou des néo-grecs. Baudelaire
admirait son souflle; nous estimons sa science :
un adorateur d'Hugo nous rappelle à temps que
le lyrisme n'est point refroidi par la décision de
la pointe. Et ces natures d'exception, qu'on vou-
(1) Nom d'une vieille rue bordelaise, nous dit
M. (tJilon liedon, qui fut l'élève de Bresdin.
drait aujourd'hui donner pour exemples, nous
apprennent seulement, comme les maîtres, que
l'indépendance est fille du savoir.
Expositions diverses. — Plus tôt que jamais,
la saison recommence, et déjà la liste s'allonge...
Avenue de l'Opéra, chez Rosenberg, d'agréables
cadres, peintures ou pastels, de l'intimiste véni-
tien Zandomeneghi, que n'a jamais grisé la capi-
teuse incorrection du Français Renoir ; 20, rue
Royale, à la nouvelle galerie Druet, cent pastels
de M. K.-X. Roussel, le preste et délicat paysa-
giste, aux ciels mouillés, aux mylhologies indé-
cises, le plus savoureux de nos fa presto; chez
Durand-Ruel, de nouvelles peintures décoratives
de M. Georges d'Espagnat; chez'Bernheim jeune,
une sélection rétrospective de cet étrange Tou-
louse-Lautrec (1864-1001), le portraitiste baude-
lairien des Heurs du vice, qui sut dessiner, avant
la folie ; moins inquiétants à la galerie des Artistes
modernes, « les Artistes russes résidant à Paris »,
dont l'éclectisme va de la sagesse de M. Harlu-
molî au cézannisme de M. Belkine, en passant
par le plein-air de M. Tarkhoff et les nocturnes
connus de M. Hirschfeld; enfin, chez Georges
Petit, la V" exposition de la gravure en couleurs,
dont le Bulletin parlera la prochaine fois, en
même temps que de la nouvelle frise décorative
de M. Georges Desvallières à l'hôtel de M. Jacques
Rouché.
Raymond Bouver.
BIBLIOGRAPHIE
Les Vitraux suisses au musée du Louvre,
par W. Waut.mann (1).
Dans la collection où paraissent les dessins du
Louvre, la Librairie centrale dart et d'architecture
vient de publier un volume sur les Vitraux suisses au
musée du Louvre. C'est l'édition illustrée de la thèse
de doctorat que M. Wartniann a présentée récemment
à la Sorbonne.
Tout d'abord, rendons à César ce qui appartient à
César, et sachons gré à M.- Henry Lemonnier d'avoir
encouragé son élève à présenter à la Faculté des
lettres une monographie qui contribue, tout à la fois,
(1) W. Wartmann ; les Vitraux suisses au musée
du Louvre, dans les Archives des musées nationaux
et de l'École du Louvre. Paris [1908], Librairie cen-
trale d'art et d'architecture.
ANCIEN ET MODERNE
263
à mieux faire connaitre une des collections spéciales
(lu Louvre, et à mettre en relief une industrie d'art,
dont l'histoire était encore parsemée de points
obscurs.
M. Wartmann divise son étude en deux parties.
Dans la première partie, qui a un caractère historique,
il donne un .aperçu du milieu social et politique dans
lequel s'est développée cette industrie. La Suisse
n'ayant conquis une réelle indépendance qu'à partir
de la deu?îiènie moitié du xv siècle, ce n'est qu'à
cette époque que put naître un art empruntant à la
contrée une physionomie particulière. Ce fut le cas
pour l'art du vitrail profane, dont la propaçation
durant le xvi° siècle est due surtout à la coutume des
donations. Non seulement les gouvernements de
cmtons et de villes, les associations de métiers se
donnaient entre eux des vitraux, mais les particuliers
suivaient cet exemple dans le but d'embellir leurs
demeures. Ces vitraux portaient généralement les
armes du bénéficiaire et non celles du donateur.
Dans la partie artistique, M. Wartmann nous fait
connaitre les ateliers importants flu xvi' siècle, dans
4esquels l'industrie du vitrail a été poussée, entre
1.^40 et l"i70, jusqu'au plus haut degré de perfection.
Cari von Egeri (mort en 1.563), Niklaus Bluntschli
(mort en 'i60t), les frères Christophe et Jovias Murer,
ainsi que plusieurs autres artistes de talent, ont con-
tribué à donner au vitrail suisse le lustre dont il a
joui pendant longtemps.
La géographie politique de la Suisse, morcelée en
un grand nombre de cantons, qui avaient tous leur
régime souverain, leur idiome propre et leurs tra-
ditions, se reflète dans l'art du vitrail, qui est extrê-
mement varié, suivant les contrées ou les villes dans
lesquelles il se pratique. La collection du musée du
Louvre nous fait connaitre les écoles de Berne, de
Bàle, de Zurich, des ateliers de la Suisse centrale
(Lucerne, Zoug), et de la Suisse orientale (environs
du lac de Constance).
Après nous avoir initiés aux questions de style,
M. Wartmann nous renseigne brièvement sur la
technique, en particulier sur la question des couleurs
qui constitue en quelque sorte la raison d'être du
vitrail. Là aussi, l'industrie suisse s'est distinguée de
de celle des pays voisins par l'application de procédés
spéciaux.
La dernière partie de ce volume, et non la moins
importante, consiste en un catalogue critique dans
lequel les quarante-trois vitraux du Louvre sont
passés au crible d'une analyse minutieuse et rais en
relief par des données nouvelles et intéressantes, que
l'auteur a rassemblées en grande partie dans les
archives locales.
L'illustration de l'ouvrage est abondante et obtenue
par des procédés excellents.
Ainsi que le dit M. Migeon, dans la préface du
volume, ce travail, d'une solide érudition, a un carac-
tère définitif. Quoique traitant d'un sujet spécial, il
est établi sur une base assez large pour intéresser les
amateurs qui ne sont pas spécialement versés dans
l'art du vitrail. Quant à ceux dont les éludes touchent
(le près à ce domaine, ils seront heureux de trouver
enfin, dans l'ouvrage de M. Wartmann, des rensei-
gnements précis et complets, sur un sujet qui n'a été
trop souvent qu'effleuré par des écrivains d'art, et
dont l'histoire a été souvent dénaturée par des
appréciations fausses.
Souhaitons que l'auteur puisse nous fournir une
étude semblable sur les vitraux suisses des autres
musées de Paris.
C. DK Mandacii.
LES REVUES
France
Figaro illustré (août). — Numéro spécial, entiè-
rement consacré à une étude de M. M. -II. Spiklmamn,
sur la Peinture anglaise à l'Exposition de Londres.
« Mênie. si la perfection absolue n'a pas été atteinte,
dit l'éminent critique d'art, il est permis d'affirmer
que, grâce au goût éclairé des membres du comité,
au patriotisme et à la générosité de quelques
hommes et de quelques groupes, on a réuni à Londres
une collection incomparable, dont la rareté et la
magnificence font un voisinage aussi honorable
qu'attrayant à la section française... » La section
britannique prend son point de départ à l'époque où
naît, pour ainsi dire, la peinture nationale en Angle-
terre, avec Ilogarth, et va jusqu'aux artistes contem-
porains. M. Spielmann a donc pu écrire une histoire
de la peinture anglaise en raccourci, qu'il conclut
ainsi : « Notre école peut être complémentaire de
l'école française; elle ne lui est pas supplémentaire.
Elle s'en distingue, comme la comparaison le montre,
non point tant sous un rapport général de qualité ou
d'initiative, mais par une dill'érence de vision abso-
lument inhérente à la race. »
Gazette des beaux-arts (septembre). — Article
de M. Roger Maux, sur l'aquafortiste Malo-Renatit.
(Octobre). — Cliarles liossigneux, architecte-déco-
rateur, par M. L. Desiiaihs.
— M. Paul BoNNEFOx poursuit une étude, commencée
dans le précédent numéro, sur Charles Perraull,
commis de Colhert, et l'administration des arts sous
Louis XIV, d'.après des documents inédits.
Revue lorraine illustrée (juillet-septembre). —
Les artistes lorrains aux Salotis de 190/i, par Gaston
Vabenne. — Le Salon vosgien, à Épinal, par Uené
Perrol't.
— Les châteaux du roi Stanislas, suite de l'étude
de M. Pierre Bové : cet article est consacré au château
de Commercy.
264
LE BULLKTIN DE L'ART
Allemagne
Die Kunst (septembre). — P. Schumann. Im grande
Exposition de Dresde, 1908.
— E. Kalkscumidt. Versonnellemenl. — Sur les
relations du critique d'art avec l'artiste (suite et fin).
— G. J. Kkhn. Walter Leistikow. — Notice nécro-
logique. Leistikow, paysagiste, était un des fonda-
teurs de la « Sécession « de Berlin.
— G. J. WoLF. L'Exposition annuelle de Mtinicli.
— E. SciiuH. Les Lettres de Van Gogh. — A propos
de la 2* édition allemande des lettres du peintre.
Extraits qui caractérisent la nature singulière et
primesautière de l'artiste.
— K. M. KuzMANï. L'Exposition v Kunstschau >< à
Vienne. — Spécimens remarquables de cette expo-
sition, art pur, art décoratif et art industriel.
— E. IIaenei,. Architecture et art industriel à
l'Exposition de Dresde, lOûS.
— (Octobre). — F. von Ostini. Fritz Erler. —
Détails biographiques sur ce peintre (né en 1868),
remarquable comme portraitiste, comme paysagiste
et surtout comme décorateur plein de fantaisie
poétique. Nombreuses illustrations.
— G. WiNKLEB. Le7ibach comme copiste et con-
seiller artistique du comte Schack. — Dans les années
1864-1867, Lenbach séjourna en Italie et en Espagne,
chargé par un Mécène, le comte Schack, de copier les
plus beau.x tableaux anciens des musées ; il donna
en même temps au comte des conseils pour l'arran-
gement de sa galerie. Extraits intéressants de la cor-
respondance de Lenbach.
— 0. VON SciiLEiNiTz. Les Fondateurs du paysage
moderne : Crome, Constable et Turner. — L'auteur
met particulièrement en lumière l'inlluence des Hol-
landais sur les créations du paysage anglais et de
ceux-ci sur la peinture française.
— Photographies de Frank-Eugène Smith. — Repro-
ductions des photographies artistiques de cet artiste
(portraits), extrêmement remarquables, surtout les
portraits d'enfants.
— L'Exposition d'art industriel de Munich, 190ft.
— G. IIUET.
Monatshefte fur Kunts-wissenschaft fjuillet-
aoùt). — l'C Massacre d'Otranle d.uis la peinture du
quattrocento, pur P. Sciiubhinc, d'après des pein-
tures de Matteo di Giovanni, conservées à Sienne (à
San Agostino et aux Servi, 1482 et 1491), à Naples
(Santa Catarina à Formello), à Aix-en-Provence et à
Munich (réplique de Naples).
— La manufacture de l'iaue a. d. Havel, première
émule de la manufacture de Meissen, et ses produits,
par E. ZiMMERMANN (fondée en 1713; elle disparut
entre 1730 et 1740).
— Francesco Guardi, par G. A. Simoxson. — Les
Bustes de Francesco del Nero, trésorier à la cour du
pape Clément Vil, par E. Steinmann.
Belgique
L'Art flamand et hollandais (août). — L'Ex-
position des dessins de Uembraudt à la Bibliothèque
nationale de Paris, par M. K. Schmidt-Dege.ner.
— (Septembre). — Troisième article de M. N. Beets
sur Dirick Jacobsz Vellert, peintre d'Anvers : les
premiers dessins. — L'auteur a étudié naguère dans
la lievue (t. XXI, p. 393), un des dessins de cet artiste
graveur et verrier, lequel avait servi de modèle pour
un vitrail de l'église Saint-Gervais, à Paris.
Italie
Bolletino d'arte del ministero délia P. Istru-
zione (II, 7). — Un bas-relief à paysage, trouvé près
des jardins Colonna, par G. Cultheha. — Il peut être
daté de l'époque impériale; quand" on tient compte,
non des détails, mais de l'ensemble de la composition,
on peut le considérer comme une œuvre originale en
ce genre.
Autres articles : Un imitateur de Gentile da Fabriano
à Ferma, par A. Colasanti ; — la Cloche de S. Marco
de Florence, par G. Cahocci; — la Reconstruction du
Campanile de Venise et de la « loggelta «deSansovino.
— Le Bulletin a déjà eu l'occasion de parler de
l'état de ces travaux de reconstruction, et de la façon
dont on avait procédé pour établir le très curieux
échafaudage mobile qui abrite les ouvriers. En môme
temps, on s'occupe de restaurer, ou plutôt de recons-
tituer les statues de la loggetta, dont on a pu
retrouver les fragments, lors de l'écroulement de
l'édifice : M. P. Zei, conservateur du musée archéo-
logique de Florence, a pu, au bout de cinq mois de
travail, reconstituer ainsi le groupe en terre cuite
dorée, représentant la Sainte Famille, brisée en
milliers de fragments.
Siena monumentale (1908, 1). — Ce supplément
de la liassegnu d'arte senese contient deux parties ;
des planches reproduisant les décorations de la
« Libreria Piccolomini », près du Dôme de Sienne;
et d'autres planches concernant les études sur l'ar-
mature polychrome du toil, à S. Quirico in Osenna,
au moyen-âge (texte, par A. Canestrelli).
Emporium (août). — Artiste.'; contemporains :
Cari Wilhelmson, peintre suédois, né en 1866, à
Skaflo, par V. Pica.
— La Galerie Barberini, par Baldam (25 repro-
ductions). — Les Campaniles de Borne et leurs déco-
rations, traduction en italien, par M. V. Buhti, d'un
article précédemment paru dans le Burlington
Magazine.
Le Gérant : H. Denis.
Parii. — Imp. Oaori;ei Petit, 13, rue Oodot-de-Mturoi.
Numéro 398.
Samedi 31 Octobre 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Au moment de mettre sous presse, nous appre-
nons la mort de réminent graveur Achille
Jacquet, membre de l'Institut, en qui la Revue
perd un collaborateur de la première heure.
Nous ne pouvons aujourd'hui qu'annoncer à
ses admirateurs et amis la douloureuse nouvelle,
nous réservant de rendre plus lard à sa mémoire
l'hommage qui lui est dû.
MUSÉES DE PROVINCE
A propos des vols
du musée de Saint -Dié.
On a déjà eu l'occasion de parler ici du musée
de Saint-Dié(l),il y a quelque deux ans, à propos
de son installation.
Ce qui s'y passe aujourd'hui vaut d'être conté ;
si invraisemblables qu'ils puissent paraître, je
me borne à exposer les faits.
La Revue vient de recevoir du juge d'instruc-
tion de Saint-Dié une lettre faisant connaître
qu'on a volé au musée de celte ville un des-
sin représentant M""^ Roland dans sa prison,
« double ou copie d'une œuvre de Jacques Au-
gustin » ; on nous demande de fournir les
indications que nous jugerions utiles pour faci-
liter sa recherche.
Le juge voudrait savoir, notamment, « si, dans
le dessin volé. M"" Roland est représentée de
face ou de prolil; en buste? en cheveux? Quel
est son costume ? si le dessin est de forme ronde ?
quel est son diamètre et quelle est la nature du
cadre? puis s'il est réellement de Jacques Au-
gustin, ou n'est qu'une simple copie, s'il est signé,
enfin quelle est sa valeur approximative? »
Je n'invente rien, je me suis borné à copier :
l'original de la lettre est à la disposition de qui
voudra le voir.
(1) Voir le Bulletin du 15 décembre 1906.
Ainsi, voilà une ville qui a rang de sous-pré-
fecture, qui possède un tribunal et qui a la pré-
tention de posséder un musée. Et, le jour oh un
dessin disparaît de ce musée, c'est à Paris qu'on
s'adresse pour connaître le sujet de ce dessin,
pour savoir s'il présentait quelque intérêt, s'il
était signé, si même son cadre était rond ou
carré.
Pas de catalogue, ce qui n'est que trop cou-
rant, pas de conservateur, ce qui est encore
assez habituel, mais pas même, parmi les «nota-
bles » de la cité, quelqu'un qui ait jamais vu le
dessin perdu, ceci dépasse toutes les bornes du
comii|ue ; nous sommes en pleine bouffonnerie.
Et dire qu'à la prochaine occasion, le député
de l'endroit insistera pour que le musée de Saint-
Dié ait sa part dans les largesses de l'adminis-
tration des Beaux-Arts, un musée dont les
œuvres n'ont jamais été regardées par un habi-
tant de la ville !
Stéphane
P. -S. — Je ne connais, pour ma part, aucun
portrait de M™" Roland par Augustin. Puisse du
moins la publicité donnée aux questions de
M. le juge d'instruction contribuer à faire re-
trouver l'objet volé !
ÉCHOS ET NOUVELLES
Légion d'honneur, — A l'occasion du rinquante-
naire de la Société chimique de France, M. Charles
Lauth, ancien administrateur de la manufacture na-
tionale de Sèvres, a été promu commandeur de la
Légion d'honneur.
Institut de France. — A la séance publique
annuelle des cinq académies, qui s'est tenue le 24 oc-
tobre, sous la présidence de M. E. Babelon, M. J.-J.
GuiOrey, délégué de l'Académie des beaux-arts, a
fait une lecture sur André Le Nostre, l'architecte des
266
LE BULLETIN DE L'ART
jardins de Louis XIV. Ayant rappelé, d'après l)an-
geau, comment Le Nostre fut pris un jour par te roi
couuue arbitre dans une dispute qu'il avait avec Lou-
vois toucliant les fenêtres de Trianon, M. Guiffrey
retraça les premières années de Le Nostre et montra
que ce fut lui qui, seul, conçut le plan du magni-
fique ensemble des jardins de Versailles. Cette oeuvre
exceptionnelle lui valut d'être appelé par nombre de
seigneurs à dessiner leurs jardins et à décorer leurs
parcs : après Vaux, Chantilly et Meudon, il travailla
à Clagny, à Chaville, à Saint-Germain, à Pontchar-
train, et dans vingt autres endroits des environs
de Paris.
Ces travaux l'avaient longtemps retenu en France,
et c'est à 6.5 ans qu'il entreprit de visiter l'Italie.
M. Guiffrey raconte ce voyage, et comment, reçu
par Innocent XI, le visiteur se serait bravement jeté
au cou du pape et l'aurait embrassé sur les deux joues
en le félicitant de sa bonne mine. A côté de la ver-
sion, sans doute exagérée, de Saint-Simon, la version
du neveu du voyageur, Claude Desgots, nous ren-
seigne d'une façon précise sur les détails de l'entre-
vue : d'enthousiasme, en entendant le pape parler
avec éloge de Louis XIV, Le Nostre l'aurait embrassé,
et quand le roi reçut cette nouvelle, il dit nu duc de
Créqui, qui n'y voulait pas croire et qui gageait qu'il
y avait là quelque exagération : « Ne gage/, pas :
quand je reviens de la campagne. Le Nostre m'em-
brasse ; il a bien pu embrasser le pape ».
M. Guiffrey termine en parlant de Le Nostre col-
lectionneur, et en indiquant très justement quelle
place l'architecte des jardins de Versailles mérite de
prendre, dans le Panthéon des artistes les plus origi-
naux du XVII* siècle, à côté des Le Brun, des Girardon
et des Mansart, pour avoir entouré l'œuvre de ces
derniers d'un cadre incomparable.
Académie des beaux-arts (séance du 10 octobre).
— L'Académie des beaux-arts a décerné le prix Sain-
tour, de la valeur de 2.000 francs, à M. Hussière,
graveur, ancien pensionnaire de l'Académie de France
à Rome.
Les trois annuités, de trois mille francs chacune,
constituant la fondation llenner, sont attribuées à
M. Monchablon, peintre, ancien pensionnaire de
l'Académie de France à Rome.
— (Séance du 17 octobre). — Au cours d'une double
séance qu'elle a tenue le H octobre, à l'École des
beaux-arts, puis à l'Institut, l'Académie a procédé à
l'attribution des grands prix Roux, qui étaient dé-
cernés cette année pour la première fois. Les artistes
français de moins de 32 ans, troisièmes médailles du
Salon, associés àla Nationale, prix du Salon, anciens
logistes ou médaillés des divers grands concours de
l'École, avaient été seuls admis à ce concours. Les
prix ont été ainsi attribués :
Peinture : I" prix, 5.000 fr., M. Jacquier, élève de
Corraon; 2' prix, 2.700 fr., M"' Rondenay, élève de
llumbert ; 3' prix, 2.000 fr., M. Leleuvre, élève de
Jules Lefebvre, prix de Rome de 1908.
Sculplure : l"prix, 3.400 fr., M.Gaumont, de Tours,
prix de Rome de 1908, élève de MM. Goutan et Sicard ;
2' prix, 3.000 fr., M. Villard.élèvedeM. Mercié : 3° prix.
2.000 fr., M. Robert Éloi. élève de M. Mercié; 4' prix,
1.300 fr., M. Menan, élève de M. Coutan.
Arc/iitecluve : 1" prix, 2.700 fr., M. Tournon, élève
de M. Bernier; 2' prix, 1.300 fr., M. Woillez, élève de
M. Marcel Lambert; 3* prix, 1.000 fr., M. Molinier,
élève de M. Deglane.
Gravure en taille- douce : un seul concurrent, pour
trois prix, M. Bouchery, élève de M. Jules Jacquet, a
obtenu le 2" prix qui est de 1.300 fr. De mf'me à la
miniature, un seul prix sur trois, — le premier, qui est
de 1.000 fr., — a été attribué à M"* Routchine, élève de
M. Ferdinand Humbert.
— L'Académie a ensuite décerné le prix Beulé, de
1.500 fr. à M. Raoul Laparra, ancien prix de Rome
de musique, pour son œuvre de sortie de la villa
Médicis.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 23 octobre). — Sont candidats au fauteuil
de M. Barbier de Meynard : MM. Paul Girard, profes-
seuràlaSorbonne; ClémentHuart, professeur à l'École
des langues orientales vivantes; Camille Jullian, pro-
fesseur au collège de France, correspondant de l'Aca-
démie; le R. P. Scheil, professeur à l'École des hautes
études.
— M. le duc de Loubat communique à l'Académie,
de la part de M. IloUcaux, directeur de l'École fran-
çaise d'Athènes, l'annonce d'une découverte impor-
tante faite récemment à Délos par les membres de
l'École d'Athènes.
C'est celle d'un grand bas-relief en bronze représen-
tant un sacrifice à la déesse Hécate. C'est le premier
bas-relief en bronze découvert jusqu'ici à Délos.
— L'Académie est entrée ensuite en comité secret
pour discuter les titres des candidats à la place d'as-
socié étranger, vacante par suite du décès de .M. Théo-
dor von Sickel, de Vienne.
Découvertes parisiennes. — Sur remplacement
de l'ancienne Maison-Dorée, au cours des travaux
qui s'y etl'ectuent pour l'établissement d'un bureau de
poste, on a découvert un gracieux groupe de Jeune
fille à kl chèvre, dont la facture et l'expression sont
tout à fait remarquables. Ce groupe, en bronze, porte
la signature d'un artiste oublié, G.-J. Garraud, qui
fut chef de la direction des beaux-arts en 1848, puis
inspecteur des beaux-arts jusqu'en 1832. L'œuvre
qu'on vient de découvrir valut, d'ailleur», à son
auteur, plusieurs commandes de l'État; elle était
coniplètement oubliée depuis longtemps.
— En démolissant l'ancien Hôtel-Dieu, les terras-
siers viennent de découvrir une tête d'homme, en
ANCIEN ET MODERNE
26*
pierre peinte, qui parait dater de la lin du xv" siècle.
L'expression de la lace est douluureuse; il se pourrait
que l'on eût là le fragment d'une ligure ayant repré-
senté, avec un groupe de personnages, une Mise au
tombeau. Tout à côté, un coup de pioche malheureux
a brisé une vierge en terre cuite. Ces objets, dont la
place semblerait être à Carnavalet, sont réclamés par
l'Assistance publique : elle a inscrit au cahier des
charges que les trouvailles faites au cours des démo-
litions lui appaniendralent de droit.
A Chartres. — Suivant en cela l'exemple de Rouen
et de Blois, la ville de Chartres étudie le moyen
d'installer un musée dans les bâtiments de l'évèché.
A Rouen. — Le sous-secrétaire d'État aux beaux-
arts a fait à Rouen une utile promenade. Il a visité les
vestiges du château de Philippe-Auguste, oii Jeanne
d'Arc fut enfermée. Après la ville et le département,
l'État promet son concours — en tiers — pour le
rachat des terrains. Deux projets sont présentés,
dont l'un a le tort d'être cher, l'autre d'enterrer entre
de futures maisons de rapport les restes que l'on
veut sauvegarder.
Après avoir visité l'ancien palais archiépiscopal,
qui doit devenir le musée départemental d'antiquités,
le sous-secrétaire d'État s'est rendu à la cathédrale
et s'est arrêté dans la cour d'Albane qui, au pied de
la tour Saint-Boniain, sert de chantier de construc-
tion. On sait — et le liullelin a déjà eu à rompre des
lances à ce propos — que les pittoresques masures
de la cour d'Albane (ancien cloître de la cathédrale)
sont menacées depuis bien longtemps. L'intervention
officielle les a-t-elles définitivement préservées '.' Il
faut l'espérer ; on annonce, en ellet, qu'on les con-
solidera et qu'elles pourront continuer de dormir à
l'ombre des clochers leur sommeil séculaire. On a
aussi décidé qu'une grille remplacerait les palissades
qui ferment, du côté de la rue, la cour d'Albane, où
un jardin sera établi.
Un regret : quel dommage que le séjour du sous-
secrétaire d'État ne se soit pas prolongé et qu'il n'ait
pu visiter le musée de peinture par un jour de pluie.
Il aurait eu la surprise — que nous eûmes au début
de septembre dernier — de voir la pluie descendre
dans les salles à travers les plafonds vitrés, jusque
dans deux vastes crachoirs qui recueillaient une partie
des eaux du ciel ; le reste de l'humidité était pour le
parquet, pour l'atmosphère, voire pour les toiles.
— A.-M. G.
A Timgad. — M. Albert Ballu, architecte en chef
des monuments historiques de l'Algérie, annonce la
découverte, à Timgad, d'une jolie mosaïque repré-
sentant une déesse marine assise dans une conque
portée par deux génies ailés. Dans le monastère dont
le déblaiement a été entrepris l'an dernier, on vient
de trouver une très curieuse cuve baptismale de forme
octogonale et entièrement revêtue de mosaïques in-
tactes avec ornements et monogrammes du Christ.
Nécrologie. — Le peintre Frédéric Houbron, qui
s'était fait une spécialité des paysages parisiens, et
à qui la Société nationale avait, il y a quelques
années, réservé une salle spéciale pour une exposi-
tion d'ensemble, vient de mourir à Paris; il avait
obtenu une médaille de bronze à l'Exposition univer-
selle de 1900.
— De Copenhague, on annonce la mort du célèbre
peintre, graveur et illustrateur, Lorentz Frœlich,
âgé de 88 ans; au cours de ses voyages de jeunesse,
il était venu à Paris, où il entra dans l'atelier de
Couture; plus tard, il fut un des habitués de nos
Salons. On lui doit quantité d'illustrations, notam-
ment celles des Contes d'Andersen et des Idylles de
ïhéocrite.
> jij«^oooi > im
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
"Ventes annoncées. — A Paris. — Collection
Henry Say (tableaux, etc.). — Nous n'aurons
pas longtemps à attendre une vacation de pre-
mier ordre, ni des enchères retentissantes. I.a
vente Henry Say, dont l'annonce évoque si natu-
rellement le souvenir de la vente Crouler, d'inou-
bliable mémoire, est assurée, bien que moins
importante sans doute, d'un succès complet.
Pas trop de numéros, — lrente-si.\ par compte
fait — ; des tableaux anciens et modernes, des
objets d'art, des tapisseries : tentures et meubles
en tapisserie du .wiii» siècle; mais des pièces
de choix, certaines hors de pair, telle est la pré-
cieuse collection que dispersera, galerie Georges
Petit, le 30 novembre, M= Lair-Dubreuil, assisté
de MM, llaro, Paulme et Lasquin.
Sans distinguer entre les maîtres anciens et
modernes, signalons du côté des peintures : une
Venise de Canaletto ; le Ckasxew, par Decamps
268
LE BULLETIN DE L'ART
(Salon de i8S5 et collection Khalil-Bevj; la FHe
du village, par De Marne; une Bacchante de Greuze;
la Petite place, par Van der Heyden; Saint-Pierre
de home et Ruinea romaines, deux pendants, par
Hubert-Robert; une Sainte Famille de Murillo ; la
Conversation galante, par Pater; le Fumeur, par
Teniers; la Flotte hollandaise ; enlin le Bal, attri-
bué à Watteau, mais qui pourrait bien être de
Pater (collection de Behague et Sedelmeyer).
Mais il faut mettre hors de pair deux pages im-
portantes de dimensions, comme de qualité, un
Fromentin, le Passage du guê (Tribu nomade en
marche vers les pâturages du Tell), exposé au
Salon de 1866, à l'Exposition Universelle de 1867
et aux Cent chefs-d'œuvre, décrit par Tliéophile
Gautier dans le catalogue de la collection Khalil-
Bey dont il fit partie ; et un Lancret, la FHe cham-
pêtre, qui nous paraît devoir être le clou de la
vente, une page bien connue, celle-là aussi, qui
fit partie des collections de Beurnonville, Febvre
et Tabourier.
Comme objets d'art, nous ne trouvons que
deux numéros: une paire de vases en vieux Chine,
montés en bronze, et un groupe en terre cuite
du xvin= siècle, Renaud et Armidc.
Passons aux tapisseries et notons tout d'abord
une suite de trois tapisseries rectangulaires,
tissées à la manufacture royale des Gobelins,
d'après les cartons de Charles Coypel pour les
tableaux et de Tessier pour les alentours, et
faisant partie de la tenture de l'Histoire de Don
Quichotte ; exécutées au xvin» siècle, ces trois
pièces, qui appartiennent à la troisième tenture
à fond jaune damassé, sont : Bon Quichotte guéri
de sa folie par la Sagesse ; ta Ti'te enchantée et
Don Quichotte chez le$ /illes de l' Hôtellerie ; — puis
une tapisserie rectangulaire de la manufacture
royale de Beauvais, du temps de Louis XV,
d'après un carton de François Boucher, repré-
sentant le Retour de la chasse ; — deux tapisseries
de Beauvais ou des Gobelins du xvni» siècle, à
décor d'attributs, d'arabesques, animaux, fruits
et tleurs ; — une tapisserie rectangulaire, la
Bataille dWrbelles, faisant partie de l'Histoire
d'Alexandre, tissée aux (lobelins, auxviii» 3iècle,
sur un carton de Charles Le Brun ; — une tapis-
serie des Gobelins, du commencement du xviii«
siècle, le Château de Vincennes (juillet), faisant
partie de la tenture dite les Mots ou Maisons
royales ; — une tapisserie rectangulaire de la
manufacture des Gobelins, xyiii» siècle, Neptune
ou l'Eau, faisant partie de la tenture dite les Por-
tières des dieux, d'après Claude Audran ; — enfin,
une autre pièce de la même suite, également sur
fond damassé rose cramoisi, celle-ci représentant
Jupiter ou le Feu.
Il nous reste à signaler les meubles en tapis-
serie, deux numéros, mais de choix : un ameu-
blement de salon couvert en Beauvais de la
manufacture royale, xvui« siècle, composé d'un
canapé, de six fauteuils et de deux chaises, à
décor de fleurs et feuillages ; et, d'autre part, un
grand canapé recouvert en ancienne tapisserie
de la manufacture royale de Beauvais du xviu'
siècle, à décor de bouquets, rinceaux, ileurs,
fruits et oiseaux.
Une vacation à laquelle rien ne manque,
comme on voit, pour provoquer l'ardeur et les
compétitions des professionnels et des amateurs.
Ventes diverses. — Nos confrères, la Gazette
de l'Hôlel Drouot ei, le Journal des Arts annoncent
les ventes suivantes :
— Le 9 novembre. M- Lair-Dubreuil et
MM. Paulme et Lasquin disperseront les objets
d'art, estampes du xviii^ siècle et livres appar-
tenant à M. B...
— Le 12 novembre, salle 7, vente après décès,
de meubles, objets d'art, sculptures et livres
modernes illustrés (M*^ Coutanceau, MM. Paulme,
lasquin et Gouzy).
— LeslG,neH8 novembre, M« Henri Baudoin,
assisté de MM. Mannheim, Ferai et Durel,
dirigera la vente de la collection de feu M. Roth-
kof, ancien antiquaire. Le choix des experts
suffit à indiquer qu'il y aura là des objets d'art,
des tableaux et des livres.
— Collection de il. Lion. — Porcelaines
anciennes, bronzes, etc. Du 23 au 26 novembre,
salle 6, 18 et 19. - M« .\ndré Couturier, et
MM. Paulme et Lasquin.
— Du 23 au 26 novembre, salles 9, 10 et t1,
vente de la collection de il. P..., comprenant des
tableaux modernes, des objets d'art et d'ameu-
blement anciens et modernes (M'* Coutanceau et
Lair-Dubreuil, et MM. Georges Petit, Bonjean,
Caillot, Paulme et Lasquin
— Les 3 et 4 décembre, salle 6, vente de la
surcession de M"' de Genevrayc, faite par M" Del-
vigne et Lair-Dubreuil, et MM. Paulme et Lasquin
et (Juérault, et présentant notamment des
tapisseries anciennes, des tableaux, des meubles
et des bronzes.
— Enfin, sans indication de date, on annonce
pour décembre la vente de la réunion d'objets
ANCIEN ET MODERNE
269
d'art du Japon dépendant de l'importante collec-
tion Gerbeau, qui a fourni déjà plusieurs séries
de vacations au cours de la dernière saison ; —
cette nouvelle vente Gerbeau sera dirigée par
M°» bi/.ouard et Baudoin, et MM. Mannheim et
Bing — ; et également pour décembre, une vente
de tableaux anciens, et une de tableaux mo-
dernes, comprenant, en particulier, une œuvre
importante de Corot, ces deux ventes devant être
faites par le ministère de M= Baudoin et de
M. Ferai.
Ventes annoncées. — A Amsterdam. —
Nous recevons de MM. Fred. Muller et G'", à
Amsterdam, l'annonce des ventes suivantes :
— 10 novembre. Tableaux modernes, prove-
nant des collections G. de Cuyper, G. J. Verburgh,
G. Menalda, J. H van Seghen, etc.
Dans le catalogue illustré, déjà distribué, nous
relevons en particulier : Paysage avec brebis, par
Gh. Jacque ; Soir d'été en Italie, par 0. Achen-
bach ; Jeunesse et ruines, par W. Bouguereau ;
Coin de pâturage, par E. van Marcke; l'Église
dite Hoofjlandsche Kerk à Leyde et l'Église Saint-
Bavon à Haarlem, par J. Bosboom ; Trois vaches
dans une plaine, par W. Maris ; Solitude, par
\V. Hoelop ; le >< Heerengracht •> à Amsterdam, au
XVIU siècle, par G. Springer; les Misères de
Vhiver, par Jozef Israels ; le Renouveau, par A. M.
Gorter ; Fin de Jour, par P. J. G. Gabriel.
— Du 24 au 26 novembre. Collection de
M"" Neisser, à Breslau (Porcelaines et grès de la
Ghine, du Japon et des Indes).
— Du 24 au 27 novembre. Succession Cernuschi
(Porcelaines et grès de l'Extrême-Orient. — Por-
celaines de Ghine, de Saxe, etc. — - Faïences de
Delft, objets d'art, etc., provenant de diverses
collections).
— Les 8 et 9 décembre. Bibliothèque de M. J. F.
A. Lindsen (Livres sur les beaux-arts et les arts
industriels au moyen âge).
— Du 7 au 12 décembre. Livres et gravures,
provenant de diverses successions.
— Du 19 au 12 décembre. Collection Frederiks
(Ornements; estampes et dessins).
— Du 14 au 15 décembre. Manuscrits généalo-
giques, héraldiques et historiques, provenant
des archives de familles nobles des Pays-Bas et
de la Belgique.
— Les IS et 16 décembre. Tableaux anciens,
principalement de l'école hollandaise, provenant
de diverses collections.
En Allemagne. — Gontentons-nous d'indi-
quer sommairement :
A Francfort-sur-le-Mein, M. Rudolf Baugel
procédera aux ventes suivantes : — les .'i et 4 no-
vembre, collection de feu M. le D'' Schmidt-Leda
(objets d'art de la Ghine et du Japon) ; — 10 et
11 novembre, collection de feu M. Broffa (anti-
quités grecques et romaines, tableaux); — 2o et
26 novembre, collection Dohnenberger (tableaux
et antiquités).
A Berlin, enfin, M. Rudolf Lepké dirigera, le
17 novembre, la vente d'une réunion de tableaux
anciens ayant appartenu à sir Gh. Turner, de
Londres; — et MM. Arasler et Ruthardt disper-
seront, du 24 au 28 novembre, une collection de
gravures anciennes et de dessins modernes.
M. N.
ESTAMPES
Ventes annoncées. — A Paris. — M« A. Des-
vouges et M. L. Delteil annoncent pour le 4 no-
vembre, à l'Hôtel, salle 10, un petite vente d'es-
tampes modernes. Au catalogue, des eaux-fortes
de Barye, Bracquemond, Buhot, Whistler et Zorn ;
une série très abondante d'oeuvres de Rops
(n°' 133-216); des lithographies de Daumier,
Fantin-Latour, etc.
A Leipzig. — La collection d'estampes an-
ciennes de M. A. W. Schultze, de Hambourg,
sera vendue à Leipzig, les 10, 11 et 12 novembre,
par les soins de M. G. Boerner. Elle comprend
de fort belles planches d'après des maîtres alle-
mands, hollandais et flamands, et une réunion
de portraits français des xvn« et xvui" siècles, où
figurent tous les maîtres du genre : Audran,
Drevet, R. Nanteuil, G. Mellan, Edelinck, Cochin.
Parmi les artistes les mieux représentés dans
cette collection qui ne compte pas moins de
1.026 numéros, citons : Granach, Durer (n"' 270-
:)13), Uolbein, Rembrandt (n»» 718-749), Lucas de
Leyde, Van Ostade, Berghem, et parmi les mo-
dernes : Ghodowiecki, Dietrich, G. -F. Schmidt,
etc.
Une importante bibliothèque spéciale sera
également dispersée au cours de celte vente.
R. G.
LIVRES
Ventes annoncées. — A Leipzig. — M. G.
G. Boerner procédera, les 13 et 14 novembre, à
270
LE BULLETIN DE L'ART
la dispersion d'une intéressante réunion de mi-
niatures, manuscrits, estampes sur bois, etc.
Les miniatures vont du xiii« au xvi" siècle ; —
parmi les manuscrits, on signalera, comme par-
ticulièrement importants, un Graduel du xiii« siè-
cle provenant de Bohême; un Procesaional italien
de 1488, orné de miniatures ; — les incunables,
fort nombreux, sont pour la plupart enrichis de
gravures sur bois ; — enfin la vente se complète
par une collection de livres imprimés se ratta-
chant à l'histoire de la Réforme.
A Londres. — Chez Sotheby, \Vili<inson et
Hodge, du 3 au 5 novembre, vente de la biblio-
thèque de lord Ancherst.
B. J.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
V" Salon annuel de la Gravure originale
en couleurs (Galeries Georges Petit). — Un vrai
Salon, qui va grandissant : cet art nouveau, pré-
sidé par M. Jean-François Raffaëlli, n'est-il pas
un des signes du temps qui veut démocratiser
l'art et socialiser la beauté ? 326 cadres et 78 expo-
sants : des peintres, plutôt que des graveurs ;
leurs estampes deviennentde véritables tableaux.
Et ne vaudrait-il pas mieux parler d'impression
que de gravure? Ce coloriage est une virtuosité
d'imprimeur. Beaucoup de teintes et peu de
tailles : la poupée fait plus que la pointe ; la
morsure de l'eau-forte est réduite au rôle de
l'invisible trait sous le ton. D'adroits « retrous-
sages » imposent au même sujet le soleil ou la
nuit : c'est de la peinture. Lointaine apparaît,
déjà, la rivalité d'hier entre la gravure mono-
chrome et l'estampe polychrome à laquelle
s'ouvrent les portes des Salons et les largesses
de l'État ; lointaine aussi, la lutte entre les origi-
naux et les interprètes, et la gravure de repro-
duction s'affirme, ici-môme, avec M. Berges, qui
préfère aux classiques beautés du Louvre l'O/i/m-
}iia de Manet. Les » originaux » se répèlent; et
loin des pasticheurs d'Helleu, groupons les
artistes, amis des tons sobres ou des repérages
savants : M. Raoul du Gardier s'absente ; mais
voici de nouveaux Venus : M. Charles Cottet, por-
traitiste-poète d'Avila, de Pont-en-Royans, et
dont le groupe intitulé Douleur respire le môme
parfum puissant d'archaïsme ; M. André Dauchez,
peintre-graveur des landes et des grèves; M. Mi-
chel Cazin, mélancolique héritier du style pater-
nel ; enfin, comme en tout salon, formons une
anthologie avec les (leurs japonisantes de
Mme Marie Gautier; les " états » de M Jacques
Brissaud, oublié par le catalogue; les villes
llamandes, qu'on dirait gouachées, de M. Lui-
gini ; le Fivc o'clock de M. Jeanniot; les mar-
chandes de M. Manuel Robbe ; et, parmi les
étrangers, les nuages de M. Marten van derLoo;
les échoppes de M. Fram-ois Simon : du senti-
ment ou de l'esprit, sous la couleur.
Une frise de M. Georges Desvallières
(1, rue d'Offémont). — Peintures décoratives :
ces deux seuls mots, jadis, au temps des beaux
peintres de 1830, prena:ient un sens péjoratif;
on renvoyait le décorateur aux ryparographes
de Pompéi... Dorénavant, après Puvis de Cha-
vannes, ils signifient revanche de la synthèse et
du style contre toutes les sténographies de l'im-
pressionnisme. Et même le Salon d'automne ne
nous a-t-il pas arrêté d'abord devant .MM. René
Piot et Maurice Denis, sans nous détourner de
M. Lemordant, qui gâte avec un ton lourd un
robuste dessin, ni de M. Georges d'Espagnat,
dont les cartons de tapisserie voudraient styliser
la coiffure et l'allure modernes"? L'hôtel de
M. Jacques Rouché nous ménageait la plus
suggestive antithèse en confiant ses murs à
M.Vl. Georges Desvallières et Maurice Denis : en
vrai Puvisiste, le nouvel historien de Psyché rêve
l'accord entre le mur et la toile marouflée sur
les parois d'un vestibule et retrouve ici les
exquises gaucheries de son Éternel printemps;
en ami de Venise ou d'Anvers, M. Desvallières
redoute moins les oppositions entre la douceur
totale d'une atmosphère artiste et les ardentes
mylholoi;ies de la longue frise qu'il déioule
autour d'un grand salon. De ces deux poètes de
la couleur, l'un cherche timidement la simili-
tude, l'autre vise bravement au contraste. Petit-
fils de ce loyal et fin Legouvé, (lui sauva plus
d'une fois le romantique génie de Berlioz ,
.M. Desvallières est un lettré qui s'exalte : en
redescendant de VOlympe de (lustave Moreau,
son maître, au noctambulisme de Toulouse-Lau-
trec, il nous a souvent fait peur; mais celte
savoureuse décoration nous rassure, en même
temps que le Luxembourg accueille son beau
portrait de sa vieille mère défunte, dont Elle
Delaunay profila purement la brune jeunesse (H.
(1) Portrait daté de t878, revu à Baj,'alelle en 1907.
ANCIEN ET MODERNE
271
Terre promise ou paradis "perdu, — n'est-ce pas
à la lumière seule de la forme que peut s'éclairer
le rêve affectueux que nous remportons avec
nous dans la nuit?
Expositions diverses. — Chez Blet, M Char-
les Lacoste, et M. Francis Jourdain, chez Druet :
deux silencieux qui parleront aux délicats. A
ces poètes, la critique reprochera de ne pas
être assez peintres, et l'ironie qui réservait un
plafond à Meissonier leur confierait seule un
mur à couvrir... Discrètement et diversement,
ils ont, pourtant, un réel instinct décoratif; et
puisque les jeunes voudraient « recommencer
la peinture » en face de la nature, que leurs
yeux approfondissent les plans de la perspective
aérienne oubliée par les Japonais, les valeurs
qui feront fuir leurs vues cavalières par-dessus
la rougeur des toits ! Soyons sévère à la sincérité
qui nous rend exigeant.
Autour du tendre octogénaire Israël», à la
galerie Tooth, les heureux Aquarellistes hollan-
dais semblent ignorer, dans leur sagesse, nos
fièvres impressionnistes et les dessins de M. Ro-
din, visibles, à présent, chez Devambez; depuis
Anton Mauve, aucune aquarelle ne parut plus
touchante que Rotterdam vue par M. J.-H. van
Mastenbru'ck. Enfin, chez Bernheim jeune, pour
contraster avec Toulouse-Lautrec, voici des por-
traits au pastel de Mrs. Clifford Barney.
H.-^YMO.ND BOUYER.
Groupe artistique de la région de Vin-
cennes (hôtel de ville de Vincennes). — Brillante
ouverture de l'exposition de cette société à la
mairie de Vincennes, le .18 octobre. La présence
du sous-secrétaire d'Etat des Beaux-Arts, entouré
de tout ce que Vincennes compte de notabilités,
est une légitime récompense des efforts de cette
vaillante petite société. Cependant la visite de
l'exposition et l'examen des ouvrages laissent
craindre que la marche ascendante qu'elle pour-
suivait depuis plusieurs années ne soit arrivée
à son terme. Nous retrouvons en elîet, cette
année, comme les précédentes, les mêmes artistes
avec des œuvres d'un mérite égal, mais aussi les
mêmes médiocrités. Il semble que se pose à
celte société un problème devant lequel elle
hésite : ou bien rester stationnaire et piétiner
en d'inutiles répétitions avec les mêmes élé-
ments mêlés ; ou bien délibérément s'adjoindre
la totalité des artistes qui habitent l'est de Paris,
par une entente avec les groupements similaires
de Charenton et de Saint-.Maur. A moins que de
sérieuses raisons ne s'y opposent, on verrait
avec plaisir le Groupe artistique de la région de
Vincennes évoluer vers les artistes profession-
nels, quitte à jeter du lest du côté des amateurs.
Que les organisateurs de l'exposition prennent
garde de voir compromise par l'envahissement
des fleurs peintes et autres travaux de jeunes
fillesune installation qu'ils savent faire agréable !
R. G.
'F'P'Pl*''I»'I*1* 'I'1»1' fp 7p ifC Igl Tft ffl Tft yfc IfC 7f! 7p IfC
CORRESPONDANCE DE GRÈCE
Les fouilles de Céphallénie.
Un nouveau « gisement » mycénien, d'une
importance exceptionnelle, vient d'apparaître
au jour, à Céphallénie. Récemment, quelques
trouvailles, que montraient des campagnards,
avaient attiré l'attention des savants sur le petit
village, parfaitement inconnu jusqu'ici, de
Mazarata. L'éphore général des antiquités,
M. Cavvadias, autorisa une fouille méthodique,
qui ne dura que quelques semaines, et dont les
résultats dépassèrent de beaucoup tout ce qu'on
osait espérer.
Depuis les découvertes de Mycènes, l'archéo-
logie préhéllénique n'avait pas eu de meilleure
fortune. Plusieurs centaines de tombes, toutes
inviolées et dans un état de conservation sans
exemple, ont été ouvertes par les fouilleurs. Les
squelettes gisaient intacts parmi les ofirandes
funéraires. Chaque tombe a pu être photogra-
phiée dans l'état où on l'avait mise, il y a plus
de trois raille ans, au jour des funérailles. La
nécropole se divise en plusieurs groupes de
fosses qu'abritent des cavernes, plus ou moins
spacieuses. Les fosses, de profondeur inégale,
recevaient pour la plupart plusieurs corps. Dans
l'une d'elles, on a trouvé jusqu'à neuf squelettes,
intacts, exactement superposés. Il est vraisem-
blable que les tombes d'un même groupe
appartenaient à la même tribu, et les corps
déposés dans une même fosse à la même famille.
La position des squelettes, trop étrange en
général pour être attribuée au hasard, varie non
seulement d'une sépulture à l'autre, mais dans
la même sépulture et dans la même fosse.
272
LE BULLETIN DE L'ART
Les trouvailles d'offrandes funéraires, d'objets
de métal ou de terre cuite, sont moins abon-
dantes qu'à Mycènes. Elles permettent, en tout
cas, d'établir des synchronismes précis avec les
autres gisements mycéniens de la Grèce et des
îles.
En revanche, pour les recherches anthropolo-
giques, la récolte est d'un prix inestimable.
1/étude des squelettes et des usages funéraires,
que facilite l'état de conservation des tombeaux,
fera la lumière, sans nul doute, sur bien des
problèmes que les précédentes découvertes
n'avaient point résolus. Les tombes de Mycènes,
moins nombreuses, moins intactes, et fouillées
avec moins de méthode, avaient livré pour ces
recherches des documents moins précieux. La
question si vivement débattue des origines de la
civilisation crélo-mycénienne, et des races de la
Grèce qui y participèrent, fera peut-Atre, à la
suite de ces trouvailles, un pas décisif.
Au moment où le hasard livrait aux observa-
tions des savants cette nécropole, M. Goekoop,
l'un des Mécènes de l'archéologie hellénique,
consacrait un livre à cette même île de Géphal-
lénie. M. Goekoop, dont ce n'est pas ici le lieu de
discuter les conclusions, tend à résoudre d'une
manière nouvelle le problème ardemment con-
troversé de l'Ithaque homérique. M. Dœrpfeld,
on s'en souvient, voulait reconnaître la patrie
d'Ulysse, non point dans la moderne Ithaque,
mais dans l'île de Leucade. M. Goekoop, pour
des raisons inégalement convaincantes, veut
l'identifier avec Céphallénie. Le débat, je le
crains fort, n'est pas à la veille d'être clos. Et
quand bien même une thèse nouvelle aurait la
fortune de rallier l'unanimité des savants, ne
faudrait-il pas s'attendre à ce qu'une découverte
imprévue, pareille à celle de ces jours derniers,
vienne tout remettre en question? C'est le
défaut ou le privilège des sciences qui sans cesse
découvrent, de voir ruiner en un jour les thèses
qu'on croyait les plus solidement établies.
LES REVUES
Italie
Emporium (septembre). — Deux maîtres seplen-
Irionaux de la gravure : Anders Zorn et Frank
Brangwyn, par V. Pica (avec 19 reproductions).
— Art rétrospectif : Nicola da Guardiagrele, par
Art. Jahn Ruscom. — Étude très complète et très
abondamment illustrée, sur cet orfèvre des Abruzzes
(XV siècle), dont les œuvres sont encore mal connues,
et dont la biographie est semée de lacunes difficiles
à combler. On sait qu'il mourut en 1462, mais on
ignore la date de sa naissance et les particularités
concernant son éducation artistique ; ses œuvres sont
comprises entre 1413 (date de l'o.stensoir de la cathé-
drale de Francavilla a Mare) et 14.Ï5, et ces mons-
trances, ces croix processionnelles, etc., sont, autant
vaut dire,- tout ce que Ion connaît de la vie de cet
artiste, qui porta l'art de l'orfèvrerie dans les
Abruzzes jusqu'à sa perfection, et attira sur lui
l'attention des artistes et des amateurs.
— ïtér/ales de dames, d'après des fresques et des
tableaux anciens de Venise, par A. Segakizzi.
— Notes de M. V. Pica sur la première exposition
artistique de Romagne, à Faenza (avec 35 repro-
ductions).
L'Arte (1908, IV). — Dessin original d'un plan
pour Sainle-Uarie-des-Fleurs, à Florence, conservé
aux Oflîces, publié et étudié par H. de Gkymulleh.
— Verres italiens à décorations d'or du A'I'* et
XVJ' siècle, par P. Toksca. — Ce sont ces verres dorés
et peints qu'on appelait — et qu'on appelle encore
parfois à tort — « verres églomisés»; la collection
Spitzer contenait un nombre important de ces chefs-
d'œuvre précieux et rares; ceu.x qui sont reproduits
dans l'article de M. Toesca appartiennent pour la
plupart au musée civique de Milan et au South Ken-
sington Muséum , quelques autres sont tirés de
collections particulières.
— Quelques œuvres des Vassalletli, marbriers ro-
mains (XJl' et XIII' siècles), par G. Giovannoxi.
— (Buvres d'art du palais Marullo di Castellaci,
à Raguse (Florentins, Memlinc, Uibera, etc.), pnr
E. BauNELLi.
— Claude Lorrain et son élude d'après nature, p.ir
L. Ozzoï.A. — Aucun des écrivains qui ont étudié o le
Virgile de la peinture de paysage » ne s'est préoccupé
de préciser ce que l'art de Claude put emprunter à la
peinture contemporaine ou à celle des artistes qui
l'avaient précédé. L'auteur trouve qu'on a réduit par
trop cette part d'inlluences et il insiste sur le tait
que Claude avait conmiencé sa carrière comme aide
d'un peintre de perspective, Agostino Tassi, el qu'il
dut à ce contact l'habitude de travailler d'après nature;
il donne plusieurs exemples des heureux fruits de cel
enseignement, tirés de la perspective, de l'architecture
des édifices, etc., dans les tableaux du maître.
Le Gérant : H. Denis.
Par». — Imp. George* Petit. 12, rve (iodol-de-Mauroi.
Numéro 399
Samedi 14 Novembre 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
SEMAINE DE DEUIL
M. Luc-Olivier Merson, quand il jeta sur le
papier la première pensée du discours qu'il
devait prononcer le 7 novembre à la séance
publique de l'Académie des beaux-arts, se félicita
sans doute de voir sa présidence toucher à son
terme sans que la Compagnie eût eu à lever une
fois la séance en signe du deuil de l'un des
siens... Hélas ! à deux reprises en moins de huit
jours, la mort est venue frapper dans les rangs
((u'elle avait épargnés, et l'allocution présiden-
tielle a dû s'ouvrir, cette année encore, par un
hommage rendu aux derniers disparus, le gra-
veur Achille Jacquet et le peintre Ernest Hébert.
Tous deux comptaient parmi les amis de cette
maison. Le graveur avait apporté à la Revue, dès
son premier numéro, le concours de l'admirable
talent qu'il mettait au service des vieux maîtres;
et il n'y a pas si longtemps, M. Jules Claretie
consacrait au peintre chargé d'ans et de gloire,
dont il était l'ami,. une monographie que nos
lecteurs n'ont pas oubliée.
C'était un beau sujet que cette existence d'ar-
tiste à laquelle rien n'a manqué, ni les inventions
personnelles d'expression et de coloris, ni les
lOiisécrations ofticielles, ni les succès mondains,
ni la popularité inAme, et qui s'est déroulée,
depuis le prix de Rome de 18.39, avec une telle
sûreté, une sérénité si parfaite qu'elle semble
avoir ignoré les luttes d'écoles et le renouvel-
lement de l'art de peindre. Hébert eut en effet
celle étonnante destinée de rester toute su vie
lidi'le à l'idéal qu'il avait emporté de son premier
séjour en Italie : toutes les qualités de compo-
sition élégante et facile, de coloris harmonieux
it profond, de morbidesse distinguée, de senti-
mentalisme discret, qui avaient fait le succès de
la Mal'aiia, se retrouvent à des degrés divers
dans ces exquises ligures de mondaines, aux-
quelles son talent prêta la grAce maladive des
Cérvnrolle^.
L'art d'Achille Jacquet s'adressait à un public
plus restreint. H comptait pourtant parmi les
meilleurs représentants de cette gravure de
reproduction, qui a valu à notre école une si
belle lignée d'artistes. De son maîlre Henriquel-
Dupont, il avait hérité la forte discipline du
dessin, le goût des œuvres achevées, quelque
longue et délicate que fût la tâche, et cette
sorte de respectueux effacement qui oblige
l'interprète à faire oublier sa manière pour y
substituer celle du maître qu'il traduit. Son clas-
sicisme était sans pédanterie et sans froideur,
et les portraits par lesquels il renouait la tra-
dition du burin original prétendaient à quelque
modernité. Moins heureux que son illustre con-
frère, il est emporté en pleine activité, alors
qu'on pouvait espérer qu'il ajouterait encore à
son œuvre une longue suite de pièces compa-
rables au Calvaire de Mantegna et à. la Pietà de
Villeneuve-lès-.Vvignon ; toutefois, ces deux pages
maîtresses, et d'autres encore qu'il est superllu
de rappeler ici, témoignent qu'il ne disparaît
pas sans avoir pu donner sa mesure.
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des beaux-arts (séance publique an-
nuelle du 7 novembre). — Après l'exécution du mor-
ceau symphonique Norl berrichon, composé par
M. Marcel Kousseau, pensionnaire de Koiue, M. Luc-
Olivier Merson, président, a prononcé un bref discours
dans lequel il a salué en termes émus la uiémoire des
membres de la Couipaf,'nic disparus depuis la dernière
séance publique : Ernest Hébert, doyen d'âge de l'Ins-
titut et doyen d'élection de l'Académie des beaux-arts,
et Achille Jacquet. Puis M. Luc-Olivier Merson a
donné, de la façon la plus spirituelle et la plus fine,
les traditionnels conseils aux prix de Kouie de 1908
qui vont bientôt gagner la Villa Médicis. Après avoir
rappelé la vie laborieuse et bien remplie qu'on mène
à la Villa, il s'est étonné de voir dominer, dans les
LE BULLETIN DE L'ART
œuvres des jeunes iirtistcs d'aujourd'hui, une sorte
(le niélancnlie, résultant en partie du choix de sujets
lugubres, et il s'est efforcé de mettre les pensionaircs
de Home en garde contre la tristesse : « Los maîtres
italiens, leur a-t-il dit en terminant, vivaient à une
époque autrement agitée que la nôtre. 11b nous ont
laissé peu de représentations de sièges, de sacs de
villes, de batailles, d'épidémies, qui, certes, abondaient
de leur temps. Malgré les désastres et les catastrophes
auxquels il assistaient, ils conservaient en eux une
belle sérénité; ils planaient au-dessus des misères
humaines et, se retrempant dans la nature, ils con-
servaient intactes leurs ipialités de charme, de grâce
et d'élégance, et préféraient sculpter ou peindre un
sourire d'enfant, des héros sains et robustes, des
femmes belles et gracieuses, pliilùt que des malades,
des estropiés, des mourants et des morts. Je prends
donc la liberté de vous donner un avis excellent pour
la santé morale et physique : soyez gais. Si le rire
est le propre de l'homme, il doit surtout être celui
d'une jeunesse artiste et studieuse, il doit être le
vôtre. ■>
Les noms des lauréats ont été ensuile proclamés;
puis M. Henry Houjon, secrétaire perpétuel, a lu une
notice sur la vie et les travaux de (iiuseppe Verdi,
membre de l'Académie. Ce sera un joli chapitre de la
seconde série de les (Cuivres et les hommes, que cette
monographie de Verdi, par M. 11. Houjon. Il a retracé
d'une façon très vivante l'enfance « vaillante et aus-
tère » et les débuts du compositeur, débuts, qui dès
l'abord lui valurent des triomphes; il a dit les cha-
grins domestiques qui s'abattirent sur lui, mais
contre lesquels il eut la force de réagir pour conti-
nuer son œuvre; il a montré comment ses opéras
devinrent populaires et comment l'heure de la célé-
brité finit par sonner pour ce travailleur acharne, qui
se renouvela sans cesse.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 6 novembre;. — M. Georges Perrot, secré-
taire perpétuel, communique une lettre de M. Maurice
Besnicr, professeur à la Faculté des lettres de Caen,
sur des découvertes d'aiitiquités romaines, faites au
cours de la campagne du Maroc.
— L'ordre du jour appelle l'élection d'un membre
ordinaire, en remplacement de M. Uarbier de Meynard.
Happelons (|ue les candidats étaient, par ordre alpha-
bétique : M.M. Paul Girard, Clément lluard, Camille
Jullian, Psichari et le P. Scheil. Trente-trois acadé-
miciens prennent part au vote. Majorité : il.
Au second tour, M. Paul Girard est élu par H voix
contre ir> suffrages au P. Scheil, ot 1 a M. .lullian.
— 11 est décidé que les élection» aux f.auteuils
vacants par le décès de MM. Derenbourg et Boissier,
auront lieu le même jour. La (Jiscussion des titres
des candidats est fixée au 27 novcmlire: la double
élection se fera donc, suivant toutes vraisemblances,
le vendredi suivant, 4 décembre.
— M. lîabelon présente, au nom de M. Emile
lîivièrc, directeur à l'École des Hautes-Études, le
premier chapitre d'une Élude hisloiique sur le Ifi'
arrondissement de Paris, an XVI' siècle, d'après des
documents nouveaux. Ce fascicule est consacré à
Passy.
Musée du Louvre. — Les tapisseries et objets
d'art de la collection Seguin, léguée par le célèbre
amateur au musée du Louvre, qui ont été ouvertes
lundi dernier aux membres de la Société des Amis du
Louvre, seront très prochainement accessibles au
public.
L'ensemble des objets choisis par le Louvre, dans
la collection Seguin, représente une valeur de quatre
,i cinq cent mille francs. Il reviendra donc au musée,
conformément aux clauses du testament de M.Seguin,
une somme équivalente en es]ièces,' le testateur ayant
stipulé que la totalité de son legs au Louvre, en
objets d'art ou en espèces, devait atteindre la somme
d'un million.
On rouvrira, à l'occasion de l'inauguration de la
collection Seguin, les salles consacrées aux sculptures
antiques, rapportées récemment de Perse par M. de
Morgan.
Musée du Luxembourg. — L'archilecle chargé
de transformer on musée les bâtiments du séminaire
de Saint-Sulpice,M.Deruaz,aarrèléles plans suivants:
les murs de clôture seront remplacés par d'élégantes
grilles; la salle actuelle des conférences sera suppri-
mée et dés jardins seront plantés sur l'espace qu'elle
occupait. Avec la cour intérieure, qui sera vitrée, la
chapelle sera affectée A la sculpture. Le musée de
peinture sera installé dans un grand hall de huit
mètres de hauteur, formé par la disparition des pla-
fonds actuels des trois étages des l)iitiments. Un crédit
de 1.250.000 francs sera demandé pour la réalisation
des travaux nécessaires, qui, si ce crédit est voté lors
du prochain budget, commenceraient au printemps
de 1909.
Musée Galliera. — L'exposition de verrerie et
(te crislnllerie artistiques, qui devait avoir lieu au
printemps prochain, est remise â 1910. Klle sera
remplacée par une exposition consacrée aux papiers
cl toiles imprimés et pochés. C'est le jury de Galliera,
réuni sous la présidence de .M. Ouentin-Hauchart,
(|ui en a ainsi décidé, en raison de lexpositiiiu inter-
nationale qui doit avoir lien à Nancy, en mai 1909.
Musées de la Ville de Paris. — La Ville de
Paris vient de recevoir, par disposition testamentaire:
de M. Jules Matbias, ses collections de tableaux d
d'objets d'art, notamment son portrait, par J. Lewis
Brown, (|ui figura, sous le titre Genllemun-rider, ,i
l'Exposition des aquarellistes de 1886; et de M. Arthur
Merice. ses collection», de tableaux anciens et mo-
dernes, objets d'art, bijoux et camées, pierres pn -
cieuses, livres, etc.
ANCIEN ET MODERNE
2;b
Le Budget des Beaux-Arts. — Moins de deux
séances du matin, mercredi et jeudi derniers, ont suffit
à la discussion du budget dos Beaux-Arts, dont le
rapporteur était, comme l'an passé, M. IJuyat. Dis-
cussion? A peine Enuméralion des articles, délilé
des toujours vaillants et toujours fidèles délenseurs
des richesses d'art de la France, — MM. Aynard,
Herger, lîngerand, Cliastenct, Hudelle, etc., — ré-
pliques aimables et promesses immenses de M. le
sous-secrétaire d'IClat : spectacle annuel qui a perdu,
dès longtemps, l'attrait do la nouveauté.
(In a dit d'excellentes choses sur l'inventaire des
richesses d'art, la protection de la beauté de Paris, la
reconstruction de l'École des Arts décoratifs, le déve-
loppement de l'enseignement du dessin, le déménage-
ment du ministère des Colonies, etc., etc. M. le
sous-secrotaire d'État n'a pas cessé de se répandre
en approbations et de prendre des engagements. CIn
ne peut que souhaiter de lui en voir tenir au moins
(|uelques-uns. — E. U.
A Nogent-sur-Marne — M. André llallays ayant
signalé dans son feuilleton du Journal des Débat; du
6 novembre que le parc do Watteau, à Nogent-sur-
Marne, était njonaco de destruction par suile du
percement projeté d'un boulevard, la Commission
municipale du Vieux-Paris a décidé d'appuyer la
demande de classement formulée spontanément par
les propriétaires de cette magnifique propriété, en
vertu de la loi récente sur la protection des paysages,
avec autorisation d'accès pour le public à certains
jours.
A Rouen. — Après un portrait brossé non sans
humour par M. P. Dumont, après quelques toiles, dont
plusieurs d'une factgre hardie et très en progrès de
.M. Henocque, voici, à la galerie Legrip', vingt-deux
recherches v.ariées du peintre Théodore Earl Butler:
vues de Norraaudie, — Vornon, Giverny, llonlleur,
Veules-les-Roses et Le Tréport, — intérieurs et natures
mortes. Les intérieurs sont d'un dessin lâché, d'une
lumière froide. Quant aux paysages normands et aux
marines, ils semblent de trois manières et de trois
époques très dissemblables. A la première, d'un
impressionnisme franc, très divisionniste en taches
menues et sûres, se rattachent une série d'oeuvres
solides et bien venues, très influencées par la vision
de Monet : des Feuiltafjes d'automne à Vernon, f'un
des Chemins des Ajoux à Giverny, sont excellents,
l'autre est outrancier et brutal. Après quoi, M. Butler
partit à la recherche de sa personnalité : il faillit la
trouver, comme en attestent une Neige fondante et
un Hiuer ù Giverny, et deux ISords de l'Epte, où
le sentiment n'enlève rien au caractère. Mais il passa
outre et glissa vers une expression qui rappelle cer-
taines toiles des débuts de Gaston Latouche ; ses
harmonies se firent floconneuses, inconsistantes :
que ce soit à Honfleur, au Tréport ou à 'V'eules, les
lumières ou les ombres, au lieu de pénétrer les eaux.
creuses presque toujours, flottent en taches vives sur
l'inconsistante surface.... Et vraiment, car on doit
la vérité à un peintre tel que M. Butler, c'est à se
demander si, parti de l'impressionnisme, il ne va pas
vers la déliquescence. — A. -M. G.
A Florence. — L'Institut français de Florence,
dont le liiilletin a annoncé la création, et auquel il a
eu l'occasion d'exprimer déjà sa sympathie, vient
d'ouvrir très brillamment sa nouvelle saison, par
une conférence de M. André Michel sur les Cathé-
drales françaises. Cette conférence est la première
d'une série consacrée à l'histoire de l'art français, à
laquelle prendront part, dans le cours de l'année,
MM. Bertaux, Petit-lJutaillis, Marcel Reymond, d'au-
tres encore. Le public florentin, très nombreux, qui
assistait à fa conférence, a marqué f'intérêt le plus
vif aux commentaires de M. André Michel, expliquant
la structure et l'iconographie des cathédrales, avec
la forte concision et l'expression vivante qu'il
apporte toujours à ses études, l'ne part de ce succès
s'adressait aussi à M. Julien Luchaire, le promoteur
et le directeur de l'Institut.
— Signalons aussi, à Florence, l'ouverture, au
Musée archéofogi(|ue, de cinq salles nouvelles, consa-
crées au musée topographique étrusque, et inaugurées
à l'occasion du Congrès national des sciences, qui
vient de se tenir à Florence. Ces nouvelles salles
font le plus grand honneur a l'érudition et à l'inces-
sante activité du directeur du musée archéofogique,
M. le professeur Milani, à qui l'on doit déjà tant
d'accroisements et d'améliorations.
A Londres. — L'exposition annuelle de la Society
of portrait painters vient d'ouvrir ses portes à la New
Gallery. P.irrai les œuvres les plus remarquées, citons :
un portrait déjeune fille de M. Sargent, daté de 1890
et qui est un des meilleurs de cet artiste qu'on ait vus
à Londres ; cinq toiles de M. W. Orpen, dont deux
intérieurs avec de petites ligures ; un portrait de
M. Jacques Blanche par lui-même, qu'on s'accorde
à louer pour sa recherche et son goût ; M'" von Meister,
un arrangement en bleu et noir, de M. Lavery; et
diverses toiles de sir W. Q. Orchardson et de M. Ellis
Hobert.
Nécrologie. — Achille Juctjuel, qui est mort à
Paris le 30 octobre dernier, était né en 1846 à Cour-
bevoie; il était plus jeune de cinq ans que son frère
Jules. Ce dernier avait été prix de Rome en 1866;
Achille le fut en 1870. Élève d'IIenriquel-Dupont, il
avait déjà produit (|uolques pièces estimables quand
il partit pour la \illc Éternelle. Dès son retour, la
reproduction en taille-douce de la statue de Paul
Dubois, le Couraye militaire, qui lui avait été com-
mandée par l'État, le mit en évidence et lui valut une
médaille de seconde classe au Salon de 1877. Dès lors,
il fit paraître régulièrement ses interi^rétations, et
en moins de dix ans, il grava, d'après Bouguereau,
270
LE BULLETIN DE L'ART
1.1 l'ose: d'après Cabanel, les douze mois de l'aiiiiéi',
l-'lore et Psyché, Opliélie, Ilébeccn et Eliezer, le por-
trait de iW. Mackay, l'Èduculioii de saint Louis : d'après
le Sodoiua, V Évanouissement de sainte l'otlieiine, une
des œuvres qui lui ont fait le plus honneur; d'après
Lépicië, le portrait de Caile Veinet; d'après Meis-
sonier, le Peintre d'ensejr/nes. A une époque où l'on
s'arracha les gravures d'après Meissonier, surtout en
Angleterre, Achille Jacquet reproduisit un grand
nombre d'œuvres de l'auteur de ISI-'i : te Guide, tes
Henseii/nements, l'Atelier du peintre, etc.
Il travaillait entre temps pour l'État, et on lui doit
quelques bellespièces conservéesà la Chalcographie du
Louvre, enirc autres le Iriplyquedu Calvaire de Man-
tegna (musée du Louvre et musée de Tours). Son
dernier lrav.ail, exposé au Salon de 1908, fut la trans-
cription, également comiuaiulée par l'État, île la
Pietù d'Avignon, qui est maintenant au Louvre.
H avait publié dans la Itevue : le portrait de Jou-
venel des Ursins, d'après J. Fouquet (avril 1897); —
le portrait de Joseph ISertrand, d'après L. Bonnat
(juin 1891); — le portrait de Camille Saint-Suëns,
gravure originale (novembre 1898) ; — John et Theresa,
d'après Uej'nolds (janvier 1899); — Lady Crosbie,
d'après Ueynolds (avril 1902); — Jean Hacitie, d'après
Santerre (décembre 1902); — et le portrait de M. Jan-
sen, gravure originale (janvier 1905).
Achille Jacquet avait obtenu la médaille d'honneur
au Salon de 1889. Il appartenait à l'Académie des
beaux-arts depuis 1892 et il était otlicier de lu Légion
d'honneur.
— Peu de jours après la mort d'Achille Jacquet, on
apprenait celle du peintre Ernest Hébert, membre de
l'Institut, grand-croix de la Légion d'honneur, décédé
le !i novembre à La Tronche, i)rès de Grenoble, des
suites d'un refroidissement qu'il avait contracté en
prenant des croquis dans la campagne. Il était âgé
de 91 ans.
Antoine- Auguste-Ernest Hébert était ne à La
Tronche,' le 3 novembre 1817; il appartenait à une
famille de bourgeoisie cultivée qui le destinait à la
magistrature. A l'âge de 18 ans, il se rendit à Paris
pour faire son droit, mais ses goûts d'art le tirent
bienli'il entrer dans l'atelier de David d'Angers, puis
dans celui de Paul Delaroche, qu'il quitta en 1839,
ayant obtenu cette année-là le prix de Home, sur ce
sujet : la Coupe de Joseph trouvée dans le sac de
Benjamin. Celle même année, il avait exposé au
Salon Le Tasse en jirison (musée de Grenoble,..
De Rome, M. Hébert envoya deux Odalisques qui
furent remarquées. Après son retour à Paris, il exposa
aux Salons de 1847 et 1818 une Héverie orientale, la
Sicile, l'Aimée, etc.; en IS.'iO, lu Malaria (aujourd'hui
au Uiusée du Luxembourg), le Haiser de Judas [Wi^);
puis il voyagea en Italie et en Allemagne. Parmi les
oeuvres qu'il donna ensuite, citons : la Crescenza, les
Fiénaroles, les Filles d'Alvito, Hoso Sera à lu fon-
taine, les Cervarijlles (musée du Luxembourg), une
Hue lie Cervara, Jeune fille ait puits. Adam et Eve
chassés du Paradis, la Muse populaire italienne, la
Sultane, Sainte Ai/nès, Muse, Au.r héros sans r/toire,
le Général de Miribel, le Sommeil de l'Enfant Jésus,
la Vierr/e au chasseur. Fleur d'oubli, l'Addolorala, et
de nombreux portraits, surtout de femmes et d'enfants:
M" E. Hébert. M"' Hotlander, M"' Jules Claretie, la
comtesse GreffuUie, la marguise des Cars, M"' Caune,
etc. Il a exécuté, en outre, le modèle de la mosa'i'que
de l'abside du Panthéon.
M. Ernest Hébert fut deux fois directeur de r.\ca-
déniie de France à Uome. de 1867 à 1873 et de 1885 à
1891. Professeur à l'Ecole des beaux-arts, il avait
obtenu une médaille do 1" classe en 1851, une mé-
daille semblable à l'Exposition universelle de ls58,
une de 2* classe à l'Exposition de 1867. un grand prix
aux Expositions de 1889 et de 1900, et la médaille
d'honneur en 1895 avec le Sommeil de l'Enfant Jésus.
Nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1853, il
fut promu otlicier en 1867, commandeur en 1874,
grand-ollicier en l'JOO, grand-croix en 1903.
M. Hébert était le doyen de l'Académie des beaux-
arts où il avait été appelé à succéder à Couder en 1874.
Rappelons que M. J. Claretie a consacré deux arti-
cles à Ernest Hébert dans la Itevue, t. XX, p. 401 et
t. XXI, p. 53.
— On annonce la mort du peintre et illustrateur
Alfred Paris, décédé à l'âge de 61 ans.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
"Ventes à Paris. — Tapisseries, etc. —
Quelques prix à signaler sinipleineut parmi les
résultats d'une vacation anonyme qui a eu lieu
le 7 novembre, salle 6, sous la direction de
M^: l.air-Dubreuil et de MM. l'aulme et Lasquin,
et a produit 40.227 francs.
Sur la demande de 8.000 fr., a été adjugée
8.150 fr., une tapisserie du xvu* siècle, repré-
sentant un Retour triomphal, d'une fabrication
antérieure à ta création de la Manufacture royale
des Gobelins. Notons encore : Tapiss. tlamande.
ANCIEN ET MODERNE
277
Verdure, 1.700 fr. — Tapis, flamande. Sujet
de l'histoire ancienne, 1.060 fr. — Deux potiches,
anc. porcel. de Chine, personnages, sur fond
vert, à marbrures, 2.400 fr. — Deux potiches,
anc. porcel. du Japon, 11.000 fr. — Bureau plat,
à quatre faces, bois de placage, ép. Louis XV
(sans garantie), 1.800 fr.
Vente de la collection de M. B]adin
(livres, estampes, etc.). — Cette réunion d'ob-
jets d'art anciens de toute espèce, mais de bonne
qualité, a obtenu des prix d'adjudication fort
lionorables. Faite salle 11, le 9 novembre, par
le ministère de M" Lair-Dubreuil et de MM.
l'aulme, Lasquin et I.eclerc, cette vente, qui
avait fait l'objet d'un catalogue illustré, a pro-
duit 'lS.920 francs.
Parmi les recueils de gravures de modes, un
exemplaire complet du Journal des Dames et des
Modes, par La Mésangère, est monté à 6.9bO fr.
sur la demande de i'.OOO ; et sur l'estimation de
4.000 seulement, un Recueil de costumes du
XVII' siècle a été poussé jusqu'à 5.820 francs
On remarquera d'autres bons prix dans la
liste des principales enchères que nous donnons
ci-après. Ce qui prouve que, même en début de
saison, les objets dans le goiit du jour et de belle
condition, comme c'était le cas ici, sont toujours
assurés d'être disputés par les connaisseurs.
Les honneurs de la vacation ont été pour une
des dentelles, un dessus de lit en Venise ancien,
plat et à relief de 2">20 sur 2™ 16, adjugé 8.500 fr.
PRINCIPAUX PRIX
LivKBS A FiouKES. — 3. Bouchef. Uecueil des figures
dessinées par Boucher et gravées par Laurent Cars
pour les œuvre.s de Molière, épr. à 1 état deaux-
fortes, avant lettre, dessins, etc., réunies en un vol.,
1.669 fr. — 5. Galerie universelle, portraits gravés par
Gautier-Dagoty, 2.220 francs.
Recueils ue costu.mes. — 9. Costumes du xvii' s.
(souverains et souveraines, princes et princesses,
prélats), Ui90 à lfi96, 369 pi. en 4 vol., 5.520 fr. (dem.
4.000). — 11. Costumes du xvii' s., 104 pi., 1.000 fr.
— 28. Six pièces coloriées par Dupin, d'après G. de
Saint- Aubin, 1.810 fr. — 40. Costumes et annales
des grands théâtres de Paris. Paris, Janinet, 1786-
1789, 4 vol. 10-4», exempl. en grand papier, 2.000 fr.
— 42. La .Mésangère, Journal des dames et des modes,
1797-1839. E.xempl. de la collection complète des
3.624 planches, 6.950 fr. (deui. 5.000). — 43. Uebu-
court. Modes et manières du jour, 40 pi., grande
marge, 3.305 fr. (dem. 3.000).
Rei.iukes. — 48. Nicolas Viguier. Tiuiclé de l'An-
cien Estai de la Petite Bretagne, 1619, inarocpiiu
olive, semé de fleurs de lis, exempl. aux armes et au
chiffre de Louis XIII, 2.500 fr. — 50. Fr. de Cauvigny.
Histoire universelle de Trogue Pompée, 1623, mar.
rouge, palmes à petits fers, plats couverts de losanges
formés d'un double A, reliure deClovis Eve, exempl.
d'Anne d'Autriche, 3.180 fr. (dem. 2.000).
AcKKiHAPiiEs. — 55. Contrat de mariage de Louis de
Lorraine, duc de Joyeuse et de Françoise-Marie de
Valois, signé par LouisXIVettouslesprinces et grands
diffnilaircs de la Couronne. Compiègne, 8 août 1649,
l..'JOO fr. (dem. 1,500).
Estampes anciennes. — 58. D'après Boucher, Fête
de Flore, grav. en imit. de pastel, par L. Bonnet,
impr. en couL, marge, cadre ancien, 1.250 fr. — 66.
Debucourt La Promenade publique, 1792, impr. en .
coul., cadre anc, 1.400 fr. — 67. La Rose mal défendue,
impr. en coul., remraargée, 1100 fr. — 70. D'après
Dciwnmann. Portrait de la Duchesse de Devonshire,
par F. Bartolozzi, impr. en coul., marge, 2.000 fr. —
87. D'après N. Lavreince. L'Aveu difficile, par Jani-
net, impr. en coul., marge, 1.500 fr. ( dem. 2.000). —
88. La Comparaison, par Janinet, impr. en coul.,
avant toutes lettres, marge (repr. dans la marge),
cadre ancien, 3.200 fr. (dem. 4.500). — 89. D'après
Th. Lawrence. Miss Farren en pied, par F. Bartolozzi,
avant la lettre, impr. en bistre, petite marge, 1,100 fr.
(dem. 2.000). — 93. Lecœur. Les Chagrins de l'en-
fance, d'après Mouchet, impr. en coul., marge,
3.550. — 99. D'après Aug. de Saint-Aubin. Le Bal
paré, le Concert, par Duclos, deux épr. avec l'adresse
de Chéreau, marge, 1.610 fr.
ÉvE.xiAM.s. — 126. Éventail ép. Louis XV, feuille à
laquar., grande composition à sujet mythologique,
1.500 fr. — 128. Éventail ép. Louis XVI, gouache,
composition dans le goût de Lavreince, jeunes
femmes se livrant au plaisir de la pêche à la ligne,
monture écaille gravée et découpée à jour, 1.950 fr.
— 129. Éventail, ép. Louis XVI, feuille soie brodée
dor et de paillettes, trois médaillons sujets galants,
monture découpée, composition : M. de Bellegarde
aux pieds de la reine Marie-Antoinette, 2.500 fr.
Dentelles a.xcienxes. — 133. Volant Venise à relief
(haut., 26 cent., long., 1 m. 20 et 1 m. 15), 1.660 fr. —
134. Dessus de lit, Venise ancien, plat et à relief
(2 m. 20 et 2 m, 16), 8.500 fr. — 136. Fichu Venise,
xvni" siècle, 1.050 fr.
Ventes annoncées. — A Paris. — Tableaux
modernes, etc. — Une vente importante, de
composition très mêlée, aura lieu du 23 au
20 novembre, salles 9, 10 et 11, par le ministère
de M°» Coutanceau et Lair-Dubreuil et de MM. G.
Petit, Th. Bonjean, Caillot, Paulme et Lasquin
fils. Elle comprend des tableaux et dessins mo-
dernes, des gravures du xviii" siècle, des objets
d'art et d'ameublement anciens et modernes, le
tout indiqué comme appartenant à M. X...
278
LE BULLETIN DE LAHT
Un catalogue illustré a été dressé à l'occasion
de cette vente ; nous y remarquons en particulier :
Du côté des tableaux modernes : la Sortie du
lycée Condorcet, par M. Jean Béraud; la Nuit, par
Chaplin; Mer agitée, côte de Hollande, par Clays;
la Chaumière, par Jules Dupré; la Surprise et le
Hepos après le Bain, par Eantin-Latour; Bords de
l'Allier, par Harpignies; Jeune fille en prière
(l'Orpheline), par Henner; le Port à marée basse,
par E. Isabey ; Intérieur de bergerie elle l'oulailler,
par Cb. Jacque; Vue d'Anvers et En Hollande;
clair de lune sur un canal, par Jongkind; la Den-
tellière, par F.Uops; la l'arlic de cartes, par Hoy-
bet; Au pâturuge, par Van Marcke; Venise, quai
des Esclavons et le Grand Canal à Venise, par
Ziem ; enfin, le Départ, par J.-L. Brown.
Du côté des aquarelles, dessins et pastels :
Rêverie, par Chaplin; Retour de chasse, par J.-L.
Brown; Marché aux fleurs, par V. Gilbert; l'Enlè-
vement de Colombine, par Maurice Leloir; la
Moisson, par Veyrassat; Laveuses à Moret et A la
fontaine, par Lhermitte, le Vieux port de Marseille,
par Ziem.
Négligeons les faïences et porcelaines, les gra-
vures et dessins du xviu" siècle, les objets de
vitrine, les ivoires japonais, mais signalons, entre
autres pièces d'orfèvrerie d'argent ancienne et
moderne, une paire d'aiguières ou hanaps en
forme de casques, avec leurs bassins en argent
fondu, ciselé et gravé, en Vieux Paris d'époque
Hégence ; une autre aiguière, mêmes forme et
époque, qui provient de la vente du comte de la
Béraudière; une paire de saucières en Vieux
Paris, du milieu du xvm" siècle, même prove-
nance; une soupière couverte du xviii» siècle ;
enlin, parmi les objets d'art et d'ameublement,
bronzes et meubles anciens et modernes, conten-
tons-nous de signaler une petite pendule et une
paire de petits bougeoirs en porcelaine de Saxe,
montée en bronze, et deux écrans de style
Louis XV! munis de feuilles en ancienne tapis-
serie du xviii» siècle.
.M. N.
ï«?afâ»rfaa«'aeiii3«e(S^(ebe*i»îi»îi>'5»e«'aes»î(j3^,g^^5^
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Société internationale de la gravure ori-
ginale en noir (Nouvelle Galerie Devambez) —
Loi de la vie, la lutte ne chôme jamais; et la
prompte expansion de l'estampe polychrome a
réveillé la gravure monochrome : l'année nous
en aura fourni dfux fois la preuve. Kéuni, dès
janvier, par M. Edouard André, ce nouveau
groupe inaugure sa propagande pour les beaux
noirs, sous la présidence de M. Rodin, le maître
d'énergiques pointes-sèches. Plus soucieux du
détail dans les (ins portraits de M. Frianl, ce
genre de gravure a pour virtuose M. Emile
Lequeux, l'auteur des Cygnes et d'un Soir à
Bruges. Le bois n'est ici représenté que par la
coupe hardie du ])' l'aul Colin; la lithographie,
par le crayonnage audacieux de M. Hochard et
les admirables lavis de .M l.unois. Gravure vrai-
ment gravée, l'eau-forte domine et prouve, une
fois de plus, que la couleur ne relève pas que des
teintes. A côté de plusieurs étrangers nomades,
le Hollandais Evert van .Muyden. le Tchèque
François Simon, les Suédois Schwab, Zoir et
Larsson, l'eau-forte française excelle à retenir
sur le miroir mystérieux du cuivre les reliques
menacées d'autrefois : M. Brunet-Debaines et
M. Ilillekamp chérissent le vieux Rouen, comme
.M. Charles Jouas, du haut des contreforts de
Notre-Dame, observe la lumineuse métamor-
phose où disparaissent la Tour de Dagobert et
le vieil Hôtel-Dieu; M'"» Dominique Jouvet-
iMagron sait le chemin de Saint-Julien-h-Pauvre,
et pénètre au Vieux charnier de Saint-Gervais ;
vu par M. Michel Cazin, le quartier Saint-
Jacques, avec le dôme de Soufflol, prend un
aspect de Rome ; amis des faubourgs ou des men-
diants, .MM. Reneferet Naudin laissent Versailles
aristocratique à M. de Latenay; la province nor-
mande et bretonne attire ou retient M.M. Dalle-
magne, Brémond, Péters-Destéract, Le Meilleur
et Gobô, tandis qu'un voyageur, M. Gabriel,
rattache joliment ses minuscules eaux-fortes de
peintre à la tradition des siècles passés.
Mary Cassatt Igaleries Durand-Ruel |. -
Depuis les heureux intérieurs de Chardin, jus-
qu'aux tragiques intimités de Carrière, les expo-
sitions de 1907 nous proposaient silencieusement
l'histoire de l'Ame framaise dans sa plus pure
expression : le sentiment maternel. A cette
psychologie suggérée par des Ions sur la toile,
une Américaine, élève de M. Degas, apporte,
depuis un quart de siècle, une contribution
robuste. Point d'emphase plébéienne ni d'enji'-
livements mondains! Tableaux ou pastels sem-
blent tous des portraits; et, cependant, chacun
d'eux exalte cet amour qui divinise l'instinct :
sang pose, la mère allaite son bébé paisible: ii
ANCIEN ET MODERNE
279
riieure du bain, la grande sœur rit dans la glace
à la lillette nue. Le regard étreint, comme le
geste. Et la caresse est saine, comme la ligne :
car cette amie de nos impressionnistes a gardé
la religion du dessin, qu'elle retrouve aux heures
plus élégantes de la Loge ou du Thé.
Expositions diverses. — La sincérité com-
mande le respect : témoin rexposition déjà
rétrospective de M. Guillaumin, chez Hosen-
berg, et les récents ouvrages de M. Odilon
Hedon, chez Druet ; depuis plus de (juaranto
ans, on sent, chez le premier, l'amour de la
campagne, troublé par l'orage criard de l'im-
pressionnisme et souvent trahi par de fausses
notes ; et quand l'autre échappe à son cauchemar
hanté par Bresdin et Gustave Moreau, c'est pour
calmer nos yeux avec de tendres harmonies ou
paslelliser amoureusement des Heurs ingénues.
I, 'évolution de l'aquarelle nous conduit de la
galerie des Artistes modernes à la galerie (ieorges
Petit, — des corrections de M. Luis Jimenez, un
Espagnol sédentaire, qui préfère modestement
Pontoise à Séville, aux notes voyageuses et pit-
toresques d'une femme peintre et sculpteur,
Mme Georgelte Agutte (lisez M""^ Marcel Sembat) :
encore une admiratrice de Gustave Moreau, qui
délaisse le rêve pour courir le monde, associant,
dans sa passion du changement, les glaciers de
l'Oberland et le soleil d'Egypte, le Vésuve et la
neige, les roches rouiies du Trayas et les lacs du
Tyrol, miroir de ce Kœnigssee, moins fatal au
regard enivré des peintres qu'à l'illusion senti-
mentale des poètes
UAY.M0ND UoUVEn.
CORRESPONDANCE DE VENISE
Les travaux de restauration
à la basilique de Saint -Marc.
La cliute du campanile de Saint-Marc, en
190:i, provoqua des ci'aintes très vives au sujet
de la basilique. Une commission fut instituée
pour sauvegarder l'antique édifice, et deux
architectes de talent, MM. Manfredi et Louis
Marangoni, furent appelés à diriger les travaux
de restauration jugés imlispensables. Après le
départ de M. Manfredi pour Home, M. Maran-
goni est resté seul à la tête de ces opérations
délicates qui exigent, ainsi qu'on va le voir,
autant de goût que d'esprit d'organisation.
Actuellement, M. Marangoni est en train de
restaurer l'angle nord-ouest de la basilique.
Nous avons pu nous rendre compte, sur place,
du soin avec lequel est conduite l'entreprise.
Pour en comprendre le caractère, il faut se sou-
venir que la construction de la cathédrale de
Saint-Marc a subi deux phases principales. La
première est antérieure à la prise de Constan-
linople par le doge Henri Dandolo en 1204, la
seconde postérieure à cette date. L'église primi-
tive, reconstruite en 970 après un incendie,
avait des murs en briques et ressemblait, par
son appareil, aux cathédrales actuelles de Mu-
rano ou de Torcello. Après la victoire de Dan-
dolo, elle fut agrandie et revêtue de marbres
apportés en grande partfe d'Orient.
L'angle nord-ouest (dit de Sant'Alipio) remonte
à la seconde phase et a été gagné sur un ancien
cimetière, de sorte que les pilotis sur lesquels il
repose ont été plantés dans une terre pleine
d'ossements en putréfaclion. Ce fait n'a pas
tardé à débiliter la construction à cet endroit et,
déjà en 1779, le pilier d'angle s'était affaissé, de
telle sorte qu'on fut obligé de le solidifier par
un tirant de fer accroché à l'intérieur de la
basilique. Ce tirant a empêché le pilier de s'ef-
fondrer, mais non de s'abaisser, et d'entraîner
avec lui les pans avoisinants. lin tel état de
choses ne pouvait durer. Aussi une des pre-
mières entreprises du comité de restauration
fut-elle de remédier à ce danger. M. Marangoni
fut chargé de solidiiier l'appareil du mur on lui
créant une nouvelle base.
Pour pouvoir accomplir sa tâche, l'architecte
n'a négligé aucun soin. Comme il s'agissait avant
tout de dégarnir momentanément les murs de
leur revêtement de marbre, il a établi tout
d'abord un plan sur lequel chaque détail de la
décoration était largement noté au fur et à
mesure que les objets s'enlevaient. Ensuite,
chaque objet (plaque de marbre, colonnette,
chapiteaux, plinthe, niches, etc.) était enveloppé
d'étoupe et de papier et emballé dans des caisses,
ou bien classé dans un petit musée et doté d'un
numéro correspondant à celui du relevé. En
procédant à ce travail de dégarnissage, les archi-
tectes, M. Marangoni et son assistant M. Otto-
lini, ont fait des tiécouvertes intéressantes. Ils
ont letrouvé ici un pilastre de l'éditiae primitif,
là une mosaïque du ix^ siècle, dont la douceur
de teintes est une merveille de goût et met en
280
LE BULLETIN DE L'ART
relief la finesse du sens esthétique chez les habi-
tants primitifs de la lagune vénitienne.
Les anciens pilotis, réduits en poudre par la
moisissure, dont la longueur ne dépassait pas
0™75, ont été remplacés par de fortes poutres
mesurant en longueur 3"'80, ce qui exclut tout
danger à l'avenir, liien n'est plus intéressant que
de voir enfoncer ces pilotis par cinq ou six
ouvriers qui soulèvent un poids et le laissent
retomber sur la poutre. L'un d'entre eux marque
la mesure en chantant une grave mélodie dont
l'accent retombe régulièrement sur le moment
où l'effort principal doit être donné. Ainsi les
plus durs travaux s'accompagnent d'une note
artistique dans cette incomparable Venise, où
tout nous parle d'art et de beauté.
C. DE Mandach.
LES REVUES
Fra.ncf.
Journal des Débats (2.'i septembre). — Article de
M. G. Maspéiu) sur les Fouilles en/reprises par M. Mac
Iver en Nubie, oi'i l'on a découvert, au.\ alentours de
l'ancienne ville de Priinis, l'Ibriiii moderne, des tom-
beaux de personnaj^es nobles, tombeaux probable-
ment postérieurs au n' et antérieurs au v siècle après
Jésus-Christ.
— (27 octobre). — M. André Miciirl, au cours d'un
récent voyage en Italie, a pu voir la Cène de lAonard
de Vinci récemment restaurée, et donne son impres-
sion sur ce travail, qui a été fait avec une conscience
et un soin infinis : au moyen d'un enduit, on a ratta-
ché au uuir d'où elles tombaient les menues par-
celles de peinture, et l'on se propose d'abriter désor-
mais dans une cage de verre ce qui reste ainsi préserve
du Cenitcolo de Saiute-Marie-des-(iràces. Un résultat
inattendu de cette restauration, c'est d'accuser trop
précisément les endroits d'où la peinture esta jamais
partie : le chef-d'œuvre a perdu ce « llou », qui per-
mettait au visiteur de le reconstituer par l'imagination.
(2 novembre). — Compte rendu, par M. G. Miokon,
des dernières fouilles allemandes dans le Turkestan.
(6 novembre). — M. André IIai.lavs consacre son
article hebdomadaire au l'arc de Walleau, à Nogent-
sur-Marne : cette admirable |)ropriélé, téniiiin des
derniers jours de l'auteur de l' Embarquement pour
Cuillère, est menacée de destruction par le percement
projeté d'une avenue. Les propriétaires réclament le
classement, en vertu de la loi sur la protection des
paysages.
Angleterre
Burlington Magazine août). — M. CecilH. Smith
public un buxl(> en bronze de l'empereur Commode,
qui appartient à M. G. Salting, et le date des
années 186-192 environ.
— Un bol de l'époque des Miny, avec une monture
en argent du dernier quart du xvi* siècle, est étudié
par MM. E. A. Jo.nes (pour la monture) et S. W.
BusiiKLt (pour la céramique).
— M. Roger E. V\\^ e-^aaûne les manuscrits anglais
à miniatures ayant figuré à la récente exposit'on du
« Burlington Fine Arts Club >>.
— Le médaitîeur Lijsippe le jeune (qui travaillait
à Home pendant le dernier quart du xv* siècle), par
G. Hn.i., avec le catalogue et la reproduction de ses
œuvres.
— (Septembre). — L'école française à la National
Gallery, à propos des récentes acquisitions de la
National Gallery, qui comprennent plusieurs pein-
tures de l'école française. Le Bulletin les a d'ailleurs
énumérées récemment (n" 393) et il a reproduit à ce
propos une erreur de désignation assez plaisante,
qui a fait le tour de la presse, en donnant pour titre
à la Parade de G. de Saint-Aubin (qui représente une
baraque foraine devant laquelle deux comédiens
attirent le public par des pitreries), le titre de Revue
de troupes qui signifie tout autre chose.
— Un Watteau dans la collection Jones, par Claude
Phu.lips : c'est une peinture, qu'on appelait l'Escar-
polette ou te Printemps et qu'on attribuait jusqu'ici
modestement à l'école française du xvni" siècle, et
que M. Cl. Phillips restitue au maitre de l'Embar-
quement pour Cythère.
— ha coiffure des anciens Grecs, par A. Kobstek,
d'après les statues, les bas-reliefs, etc.
— (Octobre). — L'art sérieux de Thomas Rowland-
son, par Selwyn Imaoe. — Itowlandson est surtout
considéré comme un caricaluriste, mais M. S. Image
le classe parmi les plus grands maîtres de l'école
anglaise et le démontre en étudiant plusieurs de ses
œuvres où il app.irait comme un peintre de mœurs
très liu et très spirituel, où il fait valoir une remar-
quable science du dessin, un sens exquis de la beauté,
surtout de la beauté féminine, et un don véritable de
la couleur, toutes choses sur lesquelles ou n'a pas
assez insislé jusqu'ici.
— Trois peintures île Tiirner, par C. J. Iloi mfs :
le Mutin à Mortlahe, l-i Tempête, Après la tempête
(à MM. Knocdicr).
— Tapis orientaux, pur J. Stb/.vuo«ski.
— Un émail de Monraerni {'!), de la colleclion
Kann, de New- York, ])ar J.-J. Mahiii'kt dk X'asskiih,
représentant le l'Iirisl devant l'ilulv.
Le (iérant : H. Denis.
Pans. — Imp. (jeortîns Hcol. lï, rtie (io<1ol-de-Msiiroi.
Numéro 400.
Samedi 28 Novembre 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
A propos (le la mission llonjaii
Vous rappelez-vous qu'il y eut, au cours de
ces dernières années, un ministère français qui
n'osa pas nommer le Père Scheil à une chaire du
Colli'ge de France "?
Le Père Scheil est le savant qui a tout déchiffré
dans les monuments récemment mis au Jour en
Susiane ; il lit le code d'Ammourabi comme vous
lisez votre journal ; ses découvertes ont renou-
velé l'histoire; grâce à lui, on peut désormais
affirmer avec certitude des faits remontant à
b.OOO ans avant Jésus-Christ.
Il était d'ailleurs présenté en première ligne
par l'assemblée des professeurs.
.Mais il avait le tort irrémissible de porter une
robe de moine : il ne fut pas nommé.
Il aurait pu arriver, la semaine dernière,
quehiue chose d'analogue : sous le prétexte
d'observations présentées par la Cour des
Comptes, la missio'n de M. de Morgan fut vio-
lemment attaquée par quelques membres de
l'exlrèmegauçhe, déguisés, pour celte occasion,
en défenseurs des règlements de comptabilité.
1,e ministre de l'Instiuction publique n'eut
pas de peine à montrer ce qu'il y avait sous ces
manifestations inattehduesen faveur du contrôle
(inancier; il déclara qu'il n'était pas dupe de
certaines indignations, et couvrit hautement
M de .Morgan qui, depuis douze ans, a risijué
sa santé et sa vie pour rapporter au Louvre des
trésors incomparables.
Sur l'intérêt de ces superbes débris du passé,
sur la place à leur assigner dans le développe-
ment de l'humanité, M. de .Morgan a bien voulu
se charger de renseigner lui-même no.s lecteurs,
et la licrue du 10 décembre contiendra son pre-
mier article ; je n'insiste donc pas sur les inap-
préciables services rendus par sa mission.
Je voudrais seulement faire connaître un fait
dont personne n'a parlé : c'est que si le ministre
do l'Inslruction publique, vigoureusement sou-
tenu, d'ailleurs, par son collègue des Finances,
a pu rappeler, aux applaudissements de la
Chambre, ce que le monde savant doit à l'éner-
gie, à la science et au courage de M. de .Morgan,
c'est qu'il avait été mis au courani par le prési-
dent du Conseil en personne.
Sans bruit, en effet, et sans l'ombre d'une
ostentation, .M. Clemenceau avait tenu à voir
et à jugei' par lui-inème ; ne connaissant ni
M. de Morgan, ni aucun de ses collaborateurs,
il était tranquillement venu au Louvre et avait
demandé à examiner, dans les magasins, le
contenu des- cinquante-deux caisses qu'on s'oc-
cupait à déballer.
Il ne lui fallut pas longtemps pour être édifié :
les interpellateurs n'avaient plus qu'à se bien
tcTiir...
L'histoire est inédite ; j'ai trouvé intéress.int
de la raconter : si elle est à l'honneur du prési-
dent du Conseil, elle prouve aussi qu'il n'est pas
sans utilité pour un pays d'avoir à la tète de
son gouvernement un homme (|ui s'intéresse
aux u'uvres de l'espiit et qui a la passion éclairée
des choses de l'art.
StKI'IIANE.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des inscriptions et belles-lettres
(sé.'ince pid)liqiie annuelle du 20 novembre). —
M. Ernesl Hiibelon, président, iiyant ouvert la .séance
par l'allocution d'usage, rendu homiii.-ifje aux memliros
de la Compagnie décèdes penrinnt le <leinier exercice
et résumé les travaux récompensés p.ir l'Académie,
donna la parole à M. (ieorgcs Perrot, secrétaire per-
pétuel, qui lut une notice sm- la vie et les travaux de
(iaston lioissier.
Après quoi, M. Henri Cordier, dans une très curieuse
étude sur la Chine en France au W III' siècle, recher-
cha quelles furent les influences exercées par l'art et
282
LE BULLETIN DE L'ART
la littérature du Céleste Empire en notre pays : c'est
an xvi" siècle que le grand empire de l'Asie orientale
et 8i)n industrie commencèrent à être connus en
Europe, mais c'est au xviii' surtout que l'on montra
en l'rance un véritable engouement pour la Ctiine.
M. 11. Gordior en a donné de nombreux exemples em-
pruntés en particulier au domaine des arts : chinoi-
series et singeries de Watteau, de Boucher, de Chris-
tophe Huet; imitation de porcelaines de la Chine à
Délit, en Saxe, à Chantilly, etc.; tapisseries à décors
ihinois des Gobelins et de lîeauyais, etc.
Musée de 'Versailles. — Les héri tiers du j/rand
lolloctionneur M. Mulb.acher viennent de remettre à
l'État, pour le musée de Versailles à qui il n été k'rtué,
un purlrait de Dncreux par lui iiir'me.
Au Petit Palais. — La quatrième commission du
Conseil municipal a adopté les conclusions d'un rap-
port de M. 11. Turot, tendant à l'organisation de la
collection Dutiiit eji musée du soir, ouvert deux fois
par semaine, du I" janvier au 1" juin 190!). Quin/c
conférences y seront faites par des écrivains darl,
archéologues et collectionneurs, sur les œuvres com-
posant l'ensemble de la collection, et dix promenades-
conférences par le conservateur.
Au Garde- Meuble. — L'administrateur ilu Uarde-
Meuble national, M. Dumontliier, vient de découvrir,
en procédant à un inventaire, une admirable collec-
liou de tentures, aux dessins et aux broderies du style
Kmpire le plus pur. Cette collection représente une
commande faite par Napoléon 1" aux grandes fa-
briques de soieries de Lyon, qui l'exécutèrent et la
livrèrent en 1812 et 1813. Ces tentures étaient desti-
nées au château de Versailles, où l'Empereur voulait
transporter sa cour. Les événements l'empêchèrent
de mettre ce projet à exécution.
École des hautes études sociales. — Les confé-
rences sur les beaux-arts, qui auront lieu à l'École
lies hautes études sociales, 16, rue de la Sorbonne,
.ui courant de l'année scolaire 1908-lii09, se feront le
samedi à quatre heures un quart, et seroni spéciale-
ment consacrées à l'art italien.
Elles ont commencé le 14 novembre, par une confé-
rtnce dé .Vl. Charles Diehl, sur la foriixilion île i'url
Italien; in/liirncex élrangèies el Iradilioii.i nnlio-
tioii'iles; — le 21, M. C. Enlarl a parlé de l'uichi-
Icchire rnmane, et voici l'ordre dans lequel auront
lieu les prochaines séances : tes orii/ines de la sciil-
pline: In famille des l'isano, par M. Emile Bertaux
(28 novembre); — In peiiiUire avant Giotto, par
.M. Charles Diehl (."> décembre); — t'archi lecture
;/i)lliii/iie {le l'alais Vieux de Florence, Milan, firvieto.
In Cnltiédrale de Sienne), par M. Camille Enlart
(12 décembre) ; — Giotto el son école, par M.Conrad
de Vlandach (19 décembre); — lespeinlres de l'école de
Sienne, par M. Pierre Gauthiez (9janvier); — Ghiberli:
.Incnpo delta Quercia. par M. Emile Hertaux (Ifi jan-
vier); — la Sculpture florenline : Donalrllo el son
école, par M. Emile Bertaux (23 janvier); Verrocchio.
par M. Marcel Reymond (30 janvier); — les llell'i
Rohbin, par M. Marcel Reymond (6 février): — In
Peinture florentine : Musaccio, l.ippi, par M. Léon
Rosenthal !l3 février); ^ Fra Anf/elico et son école:
Michelozzo, par M. Henri Cochin (20 février); — liul
ticelli el Ghirlandujo, p.ar AL Henri Ilauvelte (21 fé
vrier) ; — . la Toscane el les Marches : l'iero delln
Francesca, Melozzo da Forli, Sir/norelli, par M. Ilenii
Marcel 6 mars); — les Ombriens : l'érni/in. l'inln-
ricchio, par M. Gabriel Kaure (l'iiuars); — les Véni-
lietis : les Vioarini, Carpacrio, les Hellini. par
M. Léon liosenthal (20 mars) ; — Manlegna el son
école, par .VI. Salomon Ueinach [ï\ mars); — les
f:coles de l'Ilalie du Sord {Vérone, Ferrare, lioloi/ne.
Milan], ]iar M. Pierre Gauthiez (3 *vril ; — la gra-
vure avanl Marc Antoine, par M. Léon Itosentbal
(10 avriL.
Cours et conférences. — .Notre collaboralrice
M"" Louise Pillion reprendra, dans la première se-
maine de décembre, ses cours d'histoire de l'art, qui
seront donnés soit dans une salle de l'institut Iludy
;.i3, avenue d'Antinj, soit dans les musées, soit dans
les monuments mômes qui feront l'objet du cours.
Le cours élémentaire comprendra une hisloire
sommaire de larchileclure et de la sculpture depuis
le moyen âge juscpi'à nos jours en vingt leçons. ave<-
visite de quelques monuments; ces leçons .uironl
lieu le samedi de chaque semaine, à dix heures el
demie, à partir du samedi u décembre.
Le cmirs supérii'ur aura pour sujet l'art des xvr cl
xvii" siècles en dehors de la France. Sur les vingl
leçons, cinq seront données dans les musées. Elles
auront lieu chaque vendredi, à dix heures el ilemie.
à partir du vendredi i décembre.
Les adhésions sont reçues S, rue Ejosnil.
Le legs Charles Landelle. — Le peintre Charhs
Landellc, mort au début de ce mois, a légué à l.i
Société des Artistes frani;ais les meubles, tableaux
et objets d'art garnissant sou appartement et son
atelier, alin qu'il en soit fait une vente, dont le pro-
duit servira n fonder une pension en faveur d'un
artiste de talent, âgé et sans fortune.
Le legs Henri Duval. — In collectionneur de
Liège, récemment décédé, a légué à la Ville de Pnri-;,
pour le musée Carnavalet, la maquelte originale de
(iirardon pour la statue équestre de Louis XIV i{>u
décorait, avant la ccdoune nclueile, le centre de l.i
place Vendôme et qui fut détruite sous la lîévolulion.
Le même amateur laisse au Cabinet des estampes
de la llihliothcque nationale uiu- pièce uniipie di
Callot : te Saint François d'Assise à lu douille croi i
de Lorraine, su|ierbe éprouve pruveuaul du calunel
de Lorengère el connue seulement par la description
de .Mariette et celle du livret de la vente, dit a (irr
saint.
ANCIEN ET MODEKNE
283
Société des Artistes français. — MM. Buisseau,
statuaire, et DawanI, artiste peintre, ont été iiouiiiiés
il riiiinniiiiilé vice-presicleiits ilc la Société des Artistes
Irançais, eu veinplaceiuciil de MM. Alhert Maijjiian et
.\chille Jacquet, décédés.
Société de l'histoire de l'art français (séance
du li noveuibre). — M. Henri Cloiizut présente à la
Société des documents inédits concernant les Toutin
fl les peinlres émailleurs de lllois. On trouvera, dans
le prochain numéro de la Revue, un exposé des dé-
iMiivertes de M. II. Clouzot sur ces artistes.
— M. Lucien Marcliei.t fait une communication sur
les Archives de l'Kci/h^ des beaux-arts.
— M. André Fontaine entretient la Société de la
Succession urtisli(/iieet (icitdéi>iifjiiedeCliiirles Coi/jtel.
— M. l'aul \'itry présente ensuite la l'Iiulixjraphie
d'un buste de Ciiffieri, e.\posé au Salon de 1769 et
représentant M. de la I''aye, vice-directeur de l'Aca-
démie royale de chirurgie.
Commission des sites et monuments naturels.
— La f'.ouimissiou des sites et monuments naturels
du département de la Seine s'est réunie à l'Hôtel de
Ville, sous la présidence de M. le préfet de la Seine.
Elle a prononcé le classement du parc attenant à la
maison de Walteau. à Nogent-sur-Marnc, classement
qui avait été demandé par les propriétaires (voir le
n° 399 du Bulletin).
C'est une mesure à laquelle tous les amis des arts
applaudiront. D'ailleurs, la Commission a pridité de
cette séance pour faire de très l)onne besogne en
classant les quelques paysages parisiens que voici :
1° La pointe occidentale de la Cité, c'est-à-dirr le
tjassin de la Seine entre le pont Neuf et le pont des
Arts, les berges avec leurs plantations et nolanmieiit
les arbres qui s'élèvent au pied du terre-plein du
pont Neuf, le pont et les deu.x luaisous qui forment
l'entrée de la place Uauphine ; — 2" Les arbres des
i)erges rive droite et rive gauche, du pont des Arts au
pont de la Concorde ; — %° Le jardin des Tuileries;
— 4° L'avenue des Champs-Elysées, les jardins du
Cours-la-Heine et des Champs-Elysées, de la place
de la Concorde jusqu'à l'avenue d'Antiu; — o" L'es-
planade des Invalides ; — 6° L'ile de la Folie et l'ile de
l'uteaux.
La réforme de l'enseignement du dessin.— Au
mois de juin dernier, le llullelin l'a aunimcé. le mi-
nistre de llnstiuction publique et des lieaux-Arts,
nomma une commission chargée de réformer l'ensei-
gnement ilu dessiu dans les établissements d'ensei-
gnement secondaire. Après des essais faits dans
divers établissements, la commission qui s'est réunie
le 5 novembre, s'est montrée favorable à un ensei-
gnement moins abstrait et moins uniforme que celui
qui a existé jusqu'ici; elle a été d'avis de lui substi-
tuer un enseigueuienl attrayant, vivant et plus avan-
tageux pour le développement et à la mise en relief
de la personnalité de l'élève. Celui-ci, sans se départir
de la vérité et de la sincérité de l'expression, devra
étudier it rendre la nature dans la variété de ses
formes et de ses couleurs, et l'interpréter avec plus
de liberté et d'intelligence. De plus, le dessin sera
appelé d compléter par ses illustrations les autres
branches d'enseignements, celui de l'histoire, ceux de
la botanique, de la zoologie, de la physique, etc. Cet
enseignement du dessin sera complété lui-même par
des conférences et causeries sur l'art proprement dit.
sur l'archileclure. accompagnées de reproductions
d'd'uvres célèbres et de visites aux monuments.
Ces principes seront soumis, le mois prochain, au
conseil supérieur d'instruction publique.
En Belgique. — Le bon exemple : la Société des
Amis des arbres de Belgique vient de décider l'État
belge à ac(|uérir. moyennant la somme d'un million
deux cent Irente-cinq mille francs, le bois de Colfon-
taine. près Mons, qui était menacé de destruction.
Quand se décidera-t-ou à agir de même chez nous où
tant de l'orèls, — comme celle de Marchenoir, pour ne
citer que l'uue des plus mutilées, — ont été livrées
aux marchands de bois, et où l'on n'est pas sans
incpiiétudc sur le sort de quelques beaux domaines
forestier?, comme celui d'.\mboise?
A Berlin. — Nouvelle tout à fait sensationnelle :
,M. de Tschudi revient à la direction de la Galerie
.Nationale.
On se rappelle que M. de Tschudi, le 1" avril der-
nier, avait pris un congé d'un an et que ce congé fut
considéré partout C(unme une disgrâce. On s'atten-.
dait à la nomination, à son poste, de quelque favori
de l'empereur, qui mènerait la réaction contre lès
tendances estimées trop modernes de l'éiidnent orga-
nisateur auquel la Calerie Nationale doit tout son
prestige actuel, et l'on désignait déjà, pour son rem-
plaçant. M. Anton von Werncr. Mais voici que le
.1/0; i/e/i publie, sous la signature du comte Kessier.
un article combattant ouvertement cette candidature
et un appel pressant au Heichstag. A la suite de
cette démarche olficielle, on affirme, de source sûre,
que M. de Tschudi reprendra ses fonctions comme
par le passé ; on dit même que cette mesure serait
due à une intervention directe et personnelle du
chancelier de lîulow.
C'est là une nouvelle bien laite pour réjouir les
artistes et les amis des arts en Allemagne. On peut
voir, dans cette heureuse issue du cas Tchndi, une
preuve nouvelle des louables dispositions de l'empe-
reur à abdiquer l'indépendance de ses goûts per-
sounels. — M. M.
A Florence. — A l'Institut français de Florence,
lu seconde conférence de M. André Michel, que nous
avions annoncée, a eu le même grand succès que la
première. Léminent conférencier a poursuivi l'étude
de l'iconographie des cathédrales françaises, passant
284
LE BULLETIN DE L'ART
en revue, après la ligure et la vie île la Vierge, la
ligure et les miracles du Christ, la représentalioii des
saints et des prophètes, où la recherche du trait de
plus en plus individuel et réalisle prend conscience
d'elle-même pour s'allirnier jusque dans les tètes
d'expression caricaturales; puis, le vaste cycle de
l'histoire du monde, depuis la Création jusqu'au
Jugement dernier, cycle qui embrasse l'histoire de
l'homme, avec les travaux manuels et les arts libéraux,
et la syiiibolisation des vertus et des vices. De magni-
fiques projections ont lait de ceteniretien un commen-
taire e.xtrèmeuicut vivant de notre sculpture gothique,
et l'Institut français a très brillamuicut ouvert, grâce
à M. André Michel, la série de ses conférences.
A La Haye. — On a annoncé que le D' lircdius,
auquel on doit tant de découvertes intéressantes sur
Hembrandt, venait de mettre au jour une série de
documents inédits sur la vie du maître. Ainsi présen-
tée, la nouvelle n'était pas tout à fait exacte, malheu-
reusement : le D' Bredius a trouvé non pas une
séries de pièces, mais un seul document nouveau. Ce
document, daté de 1671, est le récit d'une visite du
peintre Allart van Everdingen à l'atelier du maître,
en 1669. c'est-à-dire peu de temps avant sa mort, et
de l'entretien qu'il eut avec lui au sujet d'une pein-
ture de Saint Shnéon, encore inachevée, et d'une
série de planches sur lesquelles il voulait encore faire
une Grande Passion. Cette pièce, précieuse comme
toutes celles qui contribuent à jeter un peu plus de
lumière sur l'e.iistence encore si mal connue de
Hembrandt, sera publiée par le U' Uredius dans un
des prochains numéros de la revue Oud Ilolland.
Nécrologie. — M. S. Scheihéeilcli, mort à Paris
le II novembre, était, en même temps qu'un avocat
estimé du barreau de Moscou, un collectionneur et un
amateur érudit. Avant de venir se fixer à Paris, où il
résidait depuis une dizaine d'années, il avait formé
une très belle galerie de livres et d'estampes, qu'il
enrichit encore par des acquisitions intelligentes ; on
lui doit aussi des articles de revues, en particulier
sur des questions d'iconographie.
— .Nous apprenons le décès àuD'Hamy, l'anthropolo-
giste bien connu, conservateur du musée ethnogra-
phique du Trocadéro, membre de. l'.Académie des
inscriptions et belles-belles. H était né à Uoulogne-
sur-Mer le 22 juin 1842 et laisse de nombreux travaux
sur la paléontologie, l'ethnographie, l'archéologie
préhistorique, etc.
— Êiiiile Hiiuinr/nrl, administrateur de la manulac-
ture de Sèvres, ollicicr de la Légion d'honneur, vient
de mourir à Paris, à l'âge de 64 ans. Il était entré en
1867 comme rédacteur à la direction des Beaux-Arts
et avait passé peu de temps après au service des
Monuments historique, où il fut attaché pendant dix
ans Nommé en 1891 administrateur de la manufacture
de Sèvres, en remplacement de Th. Ueck, il sut rap-
peler sur la vieille uiaison l'intérêt du public qui s'en
était peu à peu éloigné, et c'est ^ràce à lui que la
contribution de Sèvres à l'Exposition universelle de
1900 fut remarquée et qu'elle fit bonne ligure à côté
des productions de l'élranger. On doit aussi à
M. Baumgarl la fondation de l'école de ct'raïuique
instituée par le gouvernement dans le local de la
manufacture.
— A Brunswick, sa ville natale, vient d être enlevé
à .35 ans, un dessinateur et caricaturiste de véritable
talent. Hiidolf WiUe, dont la collaboration à la
Jiiffeni/ munichoise date de 1896 et qui a publié dans
Simplicissimiis toute une série de scènes et de types
d'un humour bien allemand, d'une observation plus
joyeuse que satirique.
— Le 2 novembre est mort a Salzbourg, le doyen des
peintres locaux, le Prof. Jos. Mayhurgei; à l'âge de
95 ans. paysagiste amoureux des beautés de son pays,
et qui ne contribua pas peu à la conservation du
pittoresque et aux embellissements de la ville.
— On annonce de Berlin le suicide du peintre et
sculpteur llarro .\la;/iiiis.sen. D'abord élève de .Nicolas
(iysis, à .Munich, il passa bienlc'il dans l'alelier du
sculpteur Eberle, installé à Berlin depuis 1886; il laisse
une série de nnmuments importants dans plusieurs
grandes villes. — M. M.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. - Succession de M. A. L... (ta-
bleaux modernes, tapisseries anciennes). —
Il nous suflira d'indiquer les principales enchères
de celte vente, de peu d'importance, sans doute.
mais qui mérite d'être signalée. Faite salle 1,
les 11 et 12 novembre, elle était dirigée par
.M" Garnaud et Lair-Dubreuil et MM. Petit,
Paulme et Lasquiii.
PRINCIPAUX PRIX
Tableaux moi)F.k.mcs. — 5. A VoUon. Salure morte,
2.620 fr. — 6. Zicui. Venise, 11.000 fr. (deni. 12.0001.
Tapisseries ancikunks. — 7. Tapi^se^ic de Bruxelles,
ANCIEN ET MODERNE
285
ép. Louis XIV, d'après David Téniers, groupes de
buveurs, etc. (restaur.), 5.620 fr. (deni. 10.000'. —
S. Tapisserie Qam. fin xvi" s., sujet guerrier, 1.010 fr.
— 9. Tapisserie des Flandres, ép. Itenaissance, la
BalniLle U'Aibelles, 2.300 fr. — 10. Tapisserie faisant
partie de la même suite, 3 100 fr. — 11. Tapisserie
même fabrique, 2.023 fr. — 14 Décor de peintre,
tapisserie flam., ép. Renaissance, 1 760 fr.
Vente après décès de M. B... (Meubles
anciens, etc.). — Faite salle 7, le 12 novembre.
sous la (lirpclion de M" Coutartceau et de
.\1M. Paulme et Lasquin, celte vente a produit
.ib.OOO francs.
Sur la demande de 8.000 francs, une grande
commode demi-lune en marqueterie de bois de
couleurs, ornée de bronzes d'époque Louis XVI,
portant restampiile de Moreau, avec quelques
bronzes rapportés, est montée à 9,000 francs.
Signalons encore : — Tapisserie du xviii» s.,
sujets de nymphes dans un paysage, signature
.Mercier, à Dresde, .3.500 fr. — Deux bronzes
anciens, femmes et hommes couchés, 2.000 fr.
Atelier Eugène Feyen. — Cette vente, qui
devait comprendre deux vacations, a été arrêtée
après la première, celle du LS novembre, les
héritiers de l'artiste ayant, paraît-il, exigé pour
la seconde que chaque tableau fût mis sur table,
avec mise à pri.x.
Quoi qu'il en soit, la première séance, compre-
nant les numéros impairs du catalogue, a produit
22.78b francs, avec, comme enchère principale,
les 3.100 fr. obtenus par le n" 1, les Régates à
Cancale, sur la demande de 4 000 fr. Le n° 9,
Foire du Mont-Dol de Bretagne, a réalisé 1 200 fr.
Les autres enchères ont varié, pour la plupart,
entre 190 et 400 fr.
Le musée de Nancy a acquis les numéros 183,
213 et 151, l'Escamoteur, Pêcheuses el Marchandes
de poissons.
Dirigée par M^ Lair-Dubreuil et MM. Chaîne et
Simonson, cette vente avait fait l'objet d'un
catalogue illustré de quelques planches.
Collection Lion (objets d'art, etc.l. — Cette
vente, faite les 18 et 19 novembre, salle 6, parle
ministère de M^ André Couturieretde.MM. Paulme
et Lasquin, a produit un total de 128.957 francs,
et donné lieu à quelques enchères intéressantes.
Notons en particulier les résultats suivants :
Dessi.ns anciens. — Debucourt. L'O/frande de bébé,
d.OOO fr. (dem. 6.000). — Huet. O/frande à l'Amour,
1.000 fr. (dem. 2.000).
Miniatlhes. — Arit. Laurent. Jeune femme dans vu
parc. 7.230 fr. (dem. 8.000). — Sicardi. Portrait de
jeune femme, coiffure de dentelle, 3.900 fr. (dem.
3 500). — Purlrail de jeune femme, chapeau noir,
6.800 fr (dem. 4.000). — Portrait d'homme. 3.400 fr.
Tableaux — École française, ép. Régence. Portrait
de jeune femme tenant mie colombe, 2.130 fr. (dem.
3.000). — C van Loo, 1.700 fr. ^dem. 2.300).
Rko.nzes. — Statuette équestre de Charles VII, par
Barye, 3.350 fr.
DivEBS. — ColTret à dentelle en maroquin rouge, à
dentelle en dorure, xvir s., 1.930 fr.
PoiifiEi.AïKKS. — Meunecy-\ illeroi. Grcuie. L<i
Lanterne )nii;ji(jue, pâte tendre, décor en coul.,
7. 600 Ir. (dem. 6.000). — Boite gaufrée à vannerie,
décor de fleurettes en coul.; poi trait du duc de
Villeroy au revers du couvercle, 4.i.30 Ir. (dem 3 000).
Saint- Cloud. Deux pots à crème, pâte tendre,
décor de Chinois et personnages en coul. et dorure,
2:220 fr.
PoHCELAi.NES MONTÉES. — Paire de petits candélabrcs,
formés chacun d'une petite statuette de Bouddha
accroupi, anc. porcel. de Saint-Cloud, avec branches
de lumières et dais en bronzes, orné de fleurettes en
porcel., ép. Louis XV, 7.500 fr. (dem. 10 OOO). —
Deux autres candélabres de composition analogue,
mais moins importants, 3.700 fr.
Faïence. — Grar;d plateau faïence d'Aprey, décor en
coul. d'oiseaux dans un paysage, 5.000 fr. (dem.
1.500).
Ce dernier prix est le plus remarquable de la
vente. De mémoire d'antiquaire on n'avait
jamais vu une [lièce en faïence d'Aprey atteindre
à un pareil prix.
"Ventes à l'étranger. -- En Allemagne. —
A Berlin. — CoUecdon de M. Emden, de
Hambourg (objets d'art et de haute curio-
sité). — Cette vente, qui a eu lieu du 3 au 7
novembre, à Berlin, sous la direction de M. Lepké,
a donné lieu à des prix dignes de remarque.
Signalons les principaux :
I'aie.ncks. — Urbino. Plat à sujets de personnages,
par Giorgio, 23.750 fr. — Plat analogue représentant
Joseph et la femme de Putiphar, 10.000 fr. — Deruta.
Plat à figure d'homme, 5.373 fr. — Plat, sujet mytho-
logique, 6.230 fr. — Xurembery. Pot décoré d'une vue
de ville, monture bronze, 5.623 fr.
PoncELAi.NES. — Saxe. Groupe crinoline de deux
ligures, 7.300 fr. — Groupe par Kœndler, F.urope,
6 230 fr. — Quatre candélabres ornés de iigures,
3.812 fr. — Statuette, Frédéric et son chien, 3.937 Ir.
— lloechst. Deux groupes, personnages et chiens,
7.300 fr. — Ludwiijsbiiry. Six petits groupes à petits
personnages comiques, 6.250 fr. — Vtenne. Deux
groupes de deux personnages galants, 7.300 fr.
286
LE BULLETIN DE L AHT
DivEBB. — Lampe de mosquée arabe, en verre,
3 730 l'r. — Vidrecome, argent repoussé et doré de
travail allemand du xvtr s , S. 625 fr.
Ventes annoncées. — A Paris. — Collec-
tion Hiuri Say. — Cette vente, qui aura lieu
le 30 novemtire, a fait ["(ibjt^l d'un catalogue
illustré, dressé avec un soin tout particulier.
Nous n"avons pas à revenir sur l'iinportunce de
cette collection, que nous avons étudiée ici
avec détails dans une précédente chronique
(voir le n" 398 du Bulletin).
Ateli r Charles Landelle. — L'atelierCharles
Lanilelle sera vendu le-; 3 et 4 décembre, au profit
de 1,1 Société de? Artistes français. Outre les
œuvres du peintre, d'anciennes tapisseries des
Flamlres, des meubles et des objets d'art, celte
vente comprendra des tableaux par Troyon,
Ricard et quelques autres ; une aquarelle de For-
tutiy et un dessin de Decamps. (Galerie Georges
Petit. — iM« Aureauet U. liaudoin, iMM. G. Petit,
J Ferai et Miiiinlieimi.
Sacce sion d3M"""deG navra e (tapisseries
an ie 'nés, etc. — L'inlérét |.aiticuliir de cette
venle, qui se fera les 3 et 4 décembre, salle 0,
sous la dir"Ctiiin de M'»' Delvigne et Lair-Diitireuil
et de MM Pauline et Lasquin fils et Guérault,
consiste en une réiniioii nombreuse et impor-
tante de tapi>s-ries anciennes de diverses épo-
ques, allant de la llenaissance au wnw siècle.
Parmi ces tapisseries, on remarquera une
tapisserie flamande du temps de la Renaissance,
représentant une bataille ; une tapisserie d'Au-
busson représentant la Pêche d'après Lacroix ;
une tapisserie des Flandres d'époque Louis XIV,
à petits personnages, figurant une scène de
chasse ; une suite de trois tapisseries de Bru-
xelles, d'époque Louis XIV, à sujets mythologi-
ques; enfin, une tapisserie de l'époque Louis XII,
la Légende de saint Julien.
Notons auprès des sièges couverts en tapis-
serie : deu.v rhaises en Beauvais, à décor de
bouquets de fleurs et d'oiseaux; trois fauteuils
en Aubusson fin, à décor de sujets d'après Huet:
les Plaisirs champêtres et d'animaux ; quatre fau-
teuils en .Vuhusson d'époque Louis XVI, décor
de guirlandes de fleurs, dessin de Salembier;
enfin, un ameublement de salon, composé d'un
canapé et de six fauteuils en Aubusson fin
d'époque Louis XVI, à sujets d'enfants jardi-
niers d'après Huet, et d'animaux d'après Oudry
Le reste de la vente comprend des tableaux
anciens,- des faïences et porcelaines anciennes,
des bronzes d'ameublemeiit et des pendules,
dont une d'un joli modèle d'époque Louis XVI
In" Ibl), enfin, des meubles anciens et modernes,
dont un petit cabinet-meuble en laque, sur table-
console-support (!n bois sculpté et doré, d'i\i.
Louis XIV.
Vente Chenest (Tableaux anciens, etc.). —
Les 4 et '.> décembre, par le ministère de M^' .Vu-
dré Couturier, aura lieu la dispersion d'une
collection de tableau.x et dessins anciens, objets
de vitrine, porcelaines, etc.. provenant de la
succession de M"" Clienesl.
Collection Chérémétieff ,|Tab'eaux mo-
dernes, etc.) — Cette vente, dont nous avons
déjà (lit un mot dans une précédente chronique,
se fera, salles iO et H, les il et 12 décembre,
par le ministère de M= Boudin, assisté de
MM. Chaîne et Simonson et de M.M. Paulme et
Lasquin. Elle comprend, d'une part, une collec-
tion de tableaux modernes, présentant notam-
ment les noms de Corot, Diaz. Daubigny, Ch.
Jacque, CDUrliet; de l'autre, une réunion d'objets
d'art et d'amenhiemeni anciens, dont des tapis-
series de Flandres et d'Aubusson.
M. .\.
ESTAMPES
Ventes annoncées. — A Paris. — .M° Lmm.
Origet et M. Loys Delteil annoncent pour le
jeudi 3 décembre, à l'Hôtel, salle 7, la vente des
estampes et dessins modernes composant la
collection de feu M. .Iules Honnier. Bracquemond,
et Rops, (^arrière et Kautin-I.iitour, Manet et
Méryon forment le principal attrait de celte
vente, qui compte aussi une série d'estampes
japonaises, deux dessins d'Eugène Delacroix et
un de Constantin (iuvs.
R. G.
tf'^J'^f'î'J'î'f'f'y\*f'f'i-f'i'i'î"%'^t'yi'^f"/'i'f'i'^y'i'f'Y
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Société Internationale d'Aquarellistes (ga-
lerie Georges Petit). — 42 exposants et 321 nu-
méros. Beaucoup de sagesse ; abus des mêmes
motifs ou points de vue. Aux minutieuses froi-
deursde l'aquarplle bourgeoise, l'aquarelle artiste
oppose les impressions de M"'" -Marie (lautier, de
M.M. Lebasque et Marret, ou les visions de
ANCIEN ET MODERNE
287
M. .l-;inès. Ami ilf>s empalements, M. Delesire
ossaip de l'aquarelle sur grosse toile. M. Fouge-
rousso à Venise, M. Oilivier dans un Trianon
a'aulomne, honorent la peinture à l'eau sans
renouveler les sujets. Parmi les virtuoses étran-
i;ers, MM. Ten Cate et Crashaw nous ont montré
mieux; M. Zezzos enjolive la midinette; et, dans
une Hollande encore moins inédite que Venise
"U Versailles, le pinceau de M. Ale.\ander Hobin-
-on gouache vigoureusement des souvenirs ili;
Hringnyn. L'Angleterre vue par M. Horion est
moins ambitieuse et plus délicate. M. de llanzen
u vu la mer démontée qu'il décrit : c'est un
mérite.
Enlln, le compte de cette IV» réunion serait
Mie fait sans la vitrine ornée des classiques
poteries de grand feu » de M. I.enoble et la
>urprise inallendue qui n'en réjouit que plus
intensément l'amoureux d'art : une exposition
l'-trospective, encore trop brève, d'un maître
l'iuarellisle français, le peintre-graveur Adolphe
Ilervier (1818-1879), (|ui fut, discrètement, un
hanmier rnstique.
Société des Artistes décorateurs (Pavillon
lie Marsan . - l.'i^li aiigeté inéme est devenue
banale. De nos jours, oii l,i monnaie des mots
n'a plus (le valeur, on parle indifféremment de
victoire et de faillite, d'apothéose et de krach :
la Uoc.lio Tarpi'ienne n'a jamais été [dus près du
Capilide. Kt la crise de l'art décoratif assagi s'ex-
prime à la nouvelle exposition du .Musée Ralliera;
— dans les ensemble*! que l'Office artixliiiue nous
propose alin de restaurer le goût, frère obscurci
(le nolreantique politesse; — en cette IVTéunion
des Artistes décorateurs au pavillon de Marsan.
Le cadre appelle les comparaisons en justifiant
les réminiscences : à C("ité â'un si long passé, que
découvrir encore, et de viable ? Assez longtemps,
dans le in(diilier surlorit, la splendeur dé l'utile
lut r ernplacé(! par la singularité de l'incommode ;
et malgré les oll'orl-i de MM. Mathieu Callerey,
Maurice Dnfrène, Paul l-'ollot, , HelleryDesfon-
laiiies, la formule vraimeirt moderne et française
à la fois n'(îst point trouvée. C'est toujours Wil-
liam Morris qui hanle les ambitions de M. (iui-
rnard, comme il préoccupait le laberrrdu regretté
Karageoigevitcli. Le détail est plus heureux avec
les belles maliens érujiles de MM. Delaherche,
li.immouse et Derœur, les projets de MM. Vall-
gren, l'ierre Uodie, AmanJean, les liavaux fémi-
nins de Mm" Oiy-Robin, de M"- Cermain : pour-
quoi l'instinct de la femme ne résoudrait-il pas
cette question vitale'.' Goethe le déclarerait proche
parent de l'art.
Emile Lequeux iGalerie d'art décoratif). —
Par ce temps de coloriage sans gravure, il faut
une robuste vaillance pour exposer des pointes-
sèches et surtout pour les produire. Ici, dans un
décor discret qui ne rivalise pas avec les devan-
tures enluminées de la rue Laflltte, l'art d'un
délicat trouve aussitôt son cadre ; et ses planches,
qui réconcilient l'enveloppe de l'impression
brève avec la permanente beauté de la forme,
offrent la meilleure apologie de la gravure
gravée. Les lecteurs de la Revue connaissent le
traducteur étonnant des maternités de Carrière,
interprète dont la virtuosité se guide sur le sen-
trment. N'os yeux estimaient déjà ces souvenirs de
Bruges-la-Morte, or'i le silence murmure entre les
barbes (b; la pointe-sèche; et près des portraits
précis ou des cro(iuis nerveux, les sanguines au-
tomnales de Bar-le-Duc ou de La Frette décèlent
avec la m('rne tendresse un admirateur de Corot.
Maurice Denis (galerie Druet). — Il n'est pas
moinsrassurantdesuivrel'évolution versie mieux
du déformateur de naguère qui traduisait si gau-
chemenld l'expressif parrornemental » etqui rap-
pelle dorénavant, par ses naïvetés surtout, Puvis
de Chavannes. . Voici dessins et cartons de l'iné-
gale Histoire de IHyché qui nous parut inférieure
aux synthèses, profanes ousacrées, d'une Chambre
de musique et de l'Éternel l'rintemp$;\o\ci Fiesole,
Venise, Sienne rose aux volets verts, aimées de
ce Préraphaélite français; Claude et Corot, can-
dides aussi, voyaient une Italie plus radieuse;
mais le Cantique à la Madone, daté d'un matin
(le Fiesole, est une perle émanée d'une larme.
Expositions diverses. — M. Vuillard, chez
Hernheim jeune, et M. Vitelb'schi, chez Georges
Petit. U estcertainqueM. Vuillard est né peintre ;
mais si l'avenir est raisonnable, il le définira
petit peintre et le plus ironiquement ingénieux
de nos fa presto. Plus adroit, dans l'Engadine,
M. Vilelleschi sériantinisc élégamment sous les
auspices (!(> M. le comte Koberl de Montesquieu.
.Nimbés par l'azur des lacs italiens, ses riHos ou
ses portraits demandent à .M. Lévy-Dhurmer un
souvenir de Léonard.
li.^y.Mo.N'r) Hoi'VK.ri.
A Lille. — 4« Exposition de .< l'Ensemble ■>.
— Deux cents numéros qui vont de l'art pur à l'art
photographique, rehaussés par la présence de
288
LE BULLETIN DE L'ART
trente toiles de peintres belges. Cette section
belge, organisée par M. Albert Croquez, vaut à
la Quatrième Exposition de la jeune Société
régionale lilloise la part la plus justifiée de son
succès. Non pas que MM. Géo Bernier, J Polvin,
M. BliPck,Gilsoul,Em.Vierin, nous charment spé-
cialement; mais voici quelques toiles de Georges
Bruysse, qui, pour être inférieures, sans doute,
à celles du musée de Gand, valent cependant
par l'enveloppe et la vérité de la lumière. Un
peu plus loin, un Jeu d'ombre, savamment com-
pliqué par M. Emile Claus, dont les tonalités se
jouent des clartés transparentes. Puis, les
eaux-fortes de M. Alfred Delaunois, figures syn-
thétiques de caract(!re : Jeune Dominicain, le
Taciturne, li Citoyenne, la Religieuse, le Rustre,
gravées d'une pointe forle, avec de larges
réseives." D'une réalisation un peu triste, les
œuvres de M. J. Merckaert sont empreintes de
sentiment : tel son Quai à Bruxelles, sa Rue en
Flandre.
De « l'Ensemble » même, quelques noms à
signaler : d'une touche un peu menue, M. Ancelet
poétise le paysage de Santés et les Bords dé la
C anche ; M. P. Béat montre une grasse Moisson,
à larges touches, très nettes et très vives;
M. Chauleur reste inégal, et ses éludes valent
mieux que ses portraits; M""^ Chauleur-Oz.el se
tient à la facture conventionnelle; M. L. Gifl'ard
affectionne toujours les lumières glaciales;
M. Modeste Carpentier n'est pas en progiès;
M. Jamois peint sur de grandes toiles de petites
scènes humoristiques : c'est ainsi, je pense,
que l'on doit comprendre son Enterrement qui
passe en ombre chinoise sur un pont; M. Baiettr
remplace par une e.iécution sans fau.^-fuyants
l'enveloppe que l'on souhaiterait à ses paysages;
les fleurs de M"° Dubuisson sortent de la banalité
et de la fadeur ordinaire aux aquarelles juvé-
niles ; l'audace, la vigueur et la fraîcheur s'unis-
sent dans des pochades de M. Maurice Decroix,
dont les débuts sont heureux. Citons, enfin,
M"' Maugendre, parmi les sculpteurs.
.\.-M. GossEZ.
LES REVUES
Fra.nce
Les Arts octobre;. — L'E.rposilinn des Cent fm.itels
et (li'K l>ii.ste.<! du XVIII' siècle, par M.\l. P.iiil VjTin- et
P. -A. Lemoisne.
Allem.^g.ne
Die Kunst (Qovembre). — H. SciiMrrr. La Grande
e.Tpu.fition de llerlin en 1908. Analogue au Salon des
Artistes français.
— II. V'oi,i..M.4ii. Comment un rédige un Dictionnaire
des artistes. — A propos du grand AllijemeinesKiinst-
lerlp,.rilton, par U. Thieme et F. Berker, qui se public
à Leipzig. Détails sur l.i façon dont ce grand travail,
qui exige uue multitude de collaborateurs, est conçu
et exécuté et sur les entreprises antérieures dans le
même ordre d'idées.
— Il Wehner. t,' E.rposilion provinciale de la liesse.
^- E. H.\KoN. l.'OEuvre d'Alfred Liclituark. à Ham-
bourg. Aperçu de l'ellort remarquable accompli par
Lichlwark comme directeur du uuisée [Kunslhalle)
de llmnhourg. en partant du principe que la galerie
des tableaux devait être avant t6nt nn niu.sée d'art
local et d'œuvres intéressant la vie locale : portraits
de notabilités hauibourgeoises, aspects du port de Ham-
bourg, couuuandés, en vue du musée, à des niailres
célèbres, etc. Lichtwark est également le fondateur
de t'.'l.ssociation des amis de l'art à Hambourg, qui a
pris plusieurs initiatives iutéressantes.
— E. Walumann. L'Ornementation des salons sur le
transatlantique Priiice-Frédéric-Ijuillaume. .Meubles
de llrutio faut. — fî. IIcet.
Itai.ik
Bolletino d'arte del ministero délia Pubblica
Istruzione 11. 9^. — Sous te liire : Cevacolo «m
ciano, M. Luigi CAVEXAtiiii expose quelles mesures il
a prises pour la restauration de la Cène, de Léonard
de Vinci, dont il a été question dans le dernier liullelin
(voir aux lieuues).
— Les sarcopimges de Ravenne de San Raioaldo,
de San Barbaziano et du bienheureux Piciro Peccalore
et les dernière fouilles, parSanti Miîhatohi.
— Le Sépulcre de Paul II. par Giacouio de Nicoi.a.
— Burger a identifié, dans la chapelle de la Piétà de
Saint-Pierre et dans les grottes valicanes, presque
tous les fragmejits qui manquaient pour reconstituer
-la plus grandiose œuviv de sculpture produite à
Home pendant te quattrocento: il semblait que le der-
nier uuit fi'it dit sur la question. Or voici qu'un dessin
nouvctlcniout découvert dans le Code.r berolinensis
(Cabinet lies estampes de Berlinl. apporte de nouveaux
renseignements sur ce sujet, en montrant, à une date
connue, — les dessins du Code.r ayant été exécutés
par Girolamo Ferrari, à Rome, sous Grégoire XIII
ir>T2-l.")S5),— la figuration détaillée des cliefs-d'œuvii
de Mine da Kriesole et de Giovanni Dalmata.
— Portraits de personninjes historiques dans le
Galerie nationale d'art moderne de Home, par V. Fi.fhi ^
— Sur un tableau de II. Frauceschini \il Volterruu
no), conserve aux Offices et jusqu'ici altribui' .\ i.i"
vanni da San tMovanni, par O.-H. Gku.ioi.i.
Le (iéranl : H. Dkms.
Pan» — Inip- ii«or»rei* Peut, \t, rue (iodol-de-MaurO!,
Numéro 401.
Samedi 5 Décembre 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Pour la place Stanislas
Le liiiUctin a tenu ses lecteurs au courant de
l'inconcevable enlAtement apporté par la muni-
cipalité de Nancy à déslionorer l'un des cliefs-
d'œuvre de rarchiteclure française (1) On avait
espéré d'abord, contre toute vraisemblance, que
le service des Monuments historiques saurait
empêcher l'utilisation du pavillon de la place
Stanislas, naguère encore occupé par l'évrché,
pour la construction d'un nouveau théâtre, tant
il était manifeste que celte transformation devait
défigurer la symétrie si élégante et si harmo-
nieuse de l'œuvre de Héré. Mais l'intervention
attendue ne s'étant point produite, le théâtre
se construira sans doute, à moins qu'une ma-
nœuvre de la dernière heure vienne remettre
toutes choses en question.
Kn ce cas, c'est à la Commission des sites de
Meurthe-et-.VIoselle qu'on serait redevable du
sauvetage, car elle a pris tout récemment une
décision des plus pnopres à faire pièce aux pro-
jets néfastes de la municipalité. Considérant que
l'installation d'un théâtre dans le pavillon de
l'aniien évêché, transformé et surélevé suivant
les besoins de sa nouvelle affectation, néce,ssi-
lera la construction de divers bâtiments annexes,
— entre autres un magasin d'accessoires — sur
un jardin situé en bordure de la promenade
publique de la Pépinière, la Commission a classé
ce jardin, en vertu de l'article 2 de la loi du
i\ avril 1000, d'abord parce qu'il est le dernier
vestige du bastion de Vaudémont et qu'il repré-
sente tout ce qui reste à l'heure présente des
anciennes fortifications de Nancy, et, en second
lieu, parce qu'il est planté d'arbres ii)agnili(|ues
iju'on se proposait d'abattre pour y élever les
annexes du théâtre.
{1; Les ilétiiils qui suivent sont empruntés à une
lies dernières chroniques de M. André llalliiys [les
Déhats, 27 novembre).
On comprend maintenant l'ingéniosité de ce
mouvement tournant : classer le bastion, c'est
rendre impossible l'établissement du théâtre
dans l'ancien évèché ; autrement dit, sauver le
bastion, c'est sauver du même con|i la physio-
nomie de la place Stanislas.
Heste à savoir si cette application de la loi
Beauquier recevra la sanction du préfet et
celle du ministre. Nous verrons bien, et par là
nous jugerons de ce que vaut cette loi, dont
on attendait tant et qui n'a pas encore donné
sa mesure.
E. n.
a/oiy/ocraa/oo!ioayDC(DC»ocracra<yyaa/Da/oc(acra
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des Inscriptions et Belles-Lettres
(séance du 21 novembre). — La séance est consacrée
à l'exposé des titres d<'s candidats aux fauteuils de
MM. Barbier de Meynard et Derenbourg. L'élection se
fera le vendredi 11 décembre.
Musée du Louvre. — Après le bureau de Colbert.
rendu au Louvre par le ministre de la Marine, voici
qu'un autre meuble historique vient de prendre le
même chemin : c'est un superbe bureau de Boulle.
qui se trouvait aux Archives nationales, et que M. \)e-
jean, garde général des Archives, vient d'envoyer au
musée du Louvre.
On sait qu'à la suite d'un discours de M. F. Enge-
rand, prononcé lors de la discussion du budget des
Beaux-Arts, la réintégration du uiobilicr historique a
été l'objet d'une vive approbation de la part de la
Chambre ; il faut espérer i|ue l'exemple naf<nére donné
par M. Clemenceau, puis par M. Alfred Picard et par
M. Dejean, sera suivi et que les ndnistères et les
bureaux qui possèdent des meubles anciens sauront
s'en dessaisir dans l'intérêt de ces meubles eux-
mêmes.
Acquisitions et commandes de l'État. — Le
28 novembre a été inaugurée, à l'École des beaux-arts,
l'exposition des commandes et acquisitions faites par
l'État, ou à lui remises, dans le courant de l'année
290
LE BULLETIN DE L'ART
1908. Cette exposition restera ouverte jusqu'au 20 dé-
cembre. Le catalogue compte 468 numéros.
Cours et conférences d'histoire de l'art. —
Voici les cours et conférences intéressant l'histoire lie
l'art pour l'année 1908-1909.
— Au Collège de France :
Esthétique et histoire de l'art. — M. Georges I.,afe-
nestre : de la vie et de la pensée dans les arts italiens
de la Renaissance; les mardis et jeudis, à 10 h. 1/2, à
partir du 8 décembre.
Numismatique de l'antiquité et du moyen âge. —
M. Ernest Babelon : numismatique de l'empire des
Perses achéménides, les jeudis, à o heures ; — les es-
pèces monétaires- frappées par les Grecs, les samedis,
à 5 heures.
— A la Faculté des lettres :
Archéologie, — M. Max. Collignon : l'art et la civi-
lisation de la Crète ancienne, d'après les découvertes
récentes ; les samedis, a 3 heures.
Histoire de l'art. — M. Henry Lemonaier : l'état de
la science sur les grandes questions de l'histoire de
l'art français ; l'art du xviii" siècle, origines et déve-
loppement ; les jeudis, à 3 h. 1/4.
Histoire de la musique. — M. Romain llolland,
chargé de cours : l'histoire de l'art musical au xyiii"
siècle; Haendel (suite), les oratorios; les jeudis, à
4 h. 1/2.
— Cours libres de la Faculté des lettres :
M. Pierre - Marcel Lévi : les Dessins français du
XVI' siècle ; les lundis, à 4 h. 1/4, à partir du 7 dé-
cembre.
M. C. de Mandach : les Origines et le développement
de la peinture vénitienne au XV' siècle ; les samedis,
à 4 h. 1/4, à partir du 12 décembre.
M. G. Iloudard : le Rythme musical, son passé, son
avenir ; les mercredis, à 4 heures, à partir du 6 jan-
vier.
— A l'École du Louvre :
Archéologie orientale et céramique antique. —
M. Edmond Pottier : 1" semestre, les vases attiques
à figures noires (histoire de la peinture grecque au
temps de Pisislrate) ; 2* semestre, les petits monu-
ments, statuettes, bijoux, vases de la série orientale
(missions de Sarzcc et de Morgan en Chaldée et en
Perse) ; les samedis, à 10 h. 1/2 du matin, A partir du
12 décembre.
Archéologie nationale. — M. 11. Hubert, suppléant:
les époques de Halstatt et de la Tène (technologie et
chronologie relatives); les vendredis, à 10 h. 1/2 du
matin, à partir du 11 décembre.
Histoire de la .iculpture du moyen âge, de la Renais-
sance et des temps moderties. — M. André Michel :
l'histoire de la sculpture au xv° siècle, principalement
en France et en Italie ; les mercredis, à 10 h. 1/2 du
matin, à partir du 9 décembre.
Histoire de la peinture. — M. Paul Lepricur, em-
poché par les travaux du musée, sera remplacé par
M. Salouion Reiiiacli : l'histoire de la peinture depuis
la (in du pontificat de Léon X jusqu'au règne de
Louis XI V; les lundis, à -i heures, galerie Daru, à
partir du 7 décembre.
Histoire des arts appliqués à l'industrie. — M. Gas-
ton Migeon : l'histoire du bois ouvré et sculpté dans
ses applications au mobilier et à la décoration inté-
rieure, depuis le moyen âge jusqu'aux temps moder-
nes; les vendredis, à 2 h. 1/2, à partir du 11 décembre.
Arcliéologie égyptienne. — M. Georges Bénéditi' :
l'histoire de la sculpture égyptienne ; les mardis, à
10 h. 1/2 du matin, à partir du 8 décembre.
— A l'École des chartes :
Archéologie du moyen âge. — M. Eug. Lefèvre-
Pontaiis, suppléant : les mercredis, à 2 h. 1/2, et les
jeudis, a 3 heures.
— A l'École des hautes études : •
Archéologie orientale. — M. Clermont-Ganncau, les
mercredis, à 3 h. 1/2.
— A l'École des beaux-arts :
Eslliélique et histoire de l'art. — >L L. de Four-
caud, les jeudis, à 3 heures 1/2.
A Rouen. — Quelques toiles fort discutées, ici et
là. Six petits elVets tristes et doux de M. Maurice Gos-
selin, dont l'un vaut par un fond de ciel automnal
fort poétique. M. Ch. Fréchon expose une chaumière
en octobre, d'une grande vérité d'atmosphère et d'une
exacte observation des plans. Tout près, trois œuvres
de M. Zaccharie : une Femme qui rit, grimace ; une
autre écrit au milieu du déséquilibre des tonalités.
Plus loin... n'en parlons plus!... Tout cela prépare
l'exposition l'réchon, Dumont, Pinchon, Barbier.
Chauvel ; puis l'exposition des artistes roucnnais ; puis
l'exposition municipale pour le début de 1909. La
Ville vient de voter un crédit de 22.000 francs pour
couvrir les dépenses de l'exposition qu'elle orga-
nise, — A. -M. G.
A Berlin. — Le bruit court que, dans la vente
récemment faite par la Société d'art et de littérature,
les trois tableaux qui ont atteint les plus hauts prix,
— une Madone dç Haphael à 22j.000 marks, un i^aint
l'hilippe baptisant de Rembrandt à 200.000 marks, un
Portrait d'homme de Titien à 30.000 marks, — n'étaient
que des copies anciennes, mais d'une valeur fort
inférieure. La Madone pourrait être l'ouvrage d'im
élève de l'atelier de Raphaël. — M. M.
A Mannheim. — La Kunsthalle vient de s'enrichir
du buste en bronze, récemment terminé par Max
Klinger, du philosophe leipzigois Wilhelm Wundt,
don d'un amateur de la ville ; et de deux tableaux de
Anselme Feuerbach qui se font pendants : Enfants
près d'un jet d'eau et Enfants au bain, commandés
par un particulier de Krancfort-sur-Mein et peints en
1859, ayant appartenu ensuite à M. Ferd. Reiss, de
Karlsruhe. — M. M.
En Sicile. — Le Journal des Débats du 3 décembre
annonce que M. Ficrens-Gcvaert vient de découvrir.
ANCIEN ET MODERNE
291
dans 1 église Santa Maria del Gesu, à Polizzi, non loin
de Païenne, un triptyque qu'il attribue à Mcmlinc.
Le panneau central représente une Vierge assise sur
un trône et tenant l'Enfant Jésus sur ses genoux;
quatre anges entourent le groupe. Sur l'un des volets,
on voit sainte Catherine accompagnée d'un ange; sur
l'autre, sainte Barbe, avec un personnage qui est sans
doute le donateur.
En Suisse. — On sait qu'il existe une Société pour
la protection des paysages suisses. Il ne lui reste,
hélas ! plus grand'chose à sauver. Pourtant elle a
recueilli 70.000 signatures d'opposition au chemin
de fer du Cervin ; elle s'efforce d'empêcher la con-
struction d'une voie ferrée dans le Val de Reuss, où
des ponts métalliques viendraient détruire la sauva-
gerie du fameux pont du Diable ; enfin, elle s'emploie
à conserver sur place la collection ethnographique
de Saint-Moritz, dite Musée d'Engadine, qui rappelle
la vie locale des quatre derniers siècles et dont on a
dit qu'elle allait être vendue à l'étranger. — M. M.
A Munich. — Tandis que le conseil municipal de
Berne passe outre à toutes les représentations des
milieux artistiques et vote la démolition de l'ancien
bâtiment du musée, en faveur duquel le grand
statuaire munichois, A. de Ilildebrand, venait de
publier un chaleureux plaidoyer, les lois allemandes
protègent efficacement l'aspect des rues contre les
envahissements de la construction et de la réclame.
A Munich, le propriétaire d'un grand établissement
de confection consent de bon gré à respecter la façade
de la maison Hans Mielich (Theatinerstrasse) dont il
transforme tout l'intérieur. A Augsbourg, le directeur
d'une Compagnie, qui faisait appliquer des affiches
d'un bleu criard et refusait de les retirer, s'est vu
condanmer à dix marks d'amende et à l'enlèvement
de ses affiches. — M. M.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
Vente de la collection X... (tableaux mo-
dernes, objets d'art, etc.) — Nous avons suf-
fisamment donné de détails sur cette vente, en
l'annonçant ici-même, pour n'être pas tenus
d'ajouter de bien longs commentaires à la liste
des principaux prix que l'on trouvera ci-dessous.
Vente de composition très mêlée ; du bon
second ordre, mais pas de pièces hors de pair,
une bonne tenue et une moyenne de résultats
fort honorables, telle est l'impression (lui se dé-
gage de cette suite de vacations qui ont eu lieu
salles 0, 10 et II, du 2.'i au 26 novembre, sous la
direction de M«' Coutanceau et Lair-Dubreuil, et
de MM. Georges Petit, Bonjean, Caillot, Paulme
et Lasquin, et qui ont abouti à un produit total
de 41i).591 francs.
Notons les enchères les plus saillantes :
Les 17.200 fr. obtenus, sur la demande de 2;i.000,
par le Ch. Jacque, Intérieur de bergerie ; les
15.200 fr., sur la demande de 5.000 seulement,
par la Dentelliùre de Hops, et les 11.210 de l'Or-
pheline de Henner, estimée 10.000 fr. Ceci du
côté des peintures modernes. Parmi les dessins,
le pastel de Lhermitte, Laveuxcis à Moret, a été
adjugé 5.500 fr., sur la demande de 6.000.
; Passons aux objets d'art. Peu de gros prix du
côté des porcelaines, où l'enchère principale est
celle de 6.105 fr., sur la demande de 7.500, pour
une suite de cinq grandes figurines de Saxe, les
Cinq sens, avec restaurations. Rien de bien mar-
quant du côté des faïences ni des estampes an-
ciennes, mais l'argenterie a fourni quelques
bonnes adjudications, certaines inférieures d'ail-
leurs aux demandes.
Ainsi, la paire d'aiguières en argent, avec
leurs bassins, d'époque Régence, on vieux Paris,
sont restées à 8.200 fr., sur la demande de 12.000 ;
et si les deux saucières en vieux Paris xviii" siè-
cle, vendues 3.520 fr., ont ainsi dépassé les
3.000 fr. de la demande, elles n'en sont pas
moins restées fort en dessous de leur ancien
prix de la vente de la Béraudière, soit 6. 050 fr.
Enfin, du côté des meubles, on remarquera
les 10.150 francs obtenus par le meuble de style
Louis XVI, en tapisserie moderne d'Aubusson,
sur la demande de 5.000, et les 3.000 fr. donnés
pour une petite pendule de Lenoir, d'époque
Louis XV, en bronze doré et porcelaine de Saxe,
et deux petits bougeoirs bronze et porcelaine de
Saxe de style Louis XV. Portée au catalogue
comme « de style » simplement, la pendule avait
été déclarée ancienne au moment de la vente.
Atelier Busson. — Faite salle 6, les 27 et
28 novembre, par M' André Couturier et MM.
Chaîne et Simonson, cette vente a produit un
total de 36.989 francs.
202
LE BULLETIN DE L'ART
l'aimi les U'uvres de ce peintre qui ont réalisé
les meilleurs prix, notons : li. Le Loir à Frazay,
i.\m fr. — 10. Orage dans les Landes, 1.350 fr.
— 20. Le Loir à Saint- Martin, 1.000 fr.
Les autres peintures et études se sont vendues
entre îiO et 800 francs.
Vente de la collection Henri Say (tableaux
anciens, etc.). • — Comme 11 était aisé de le pré-
voir, cette vente a remporté le succès le plus
complet, et les résultats ont atteint les prévi-
sions les plus optimistes Pour la plupart des
numéros, les prix d'adjudication ont dépassé
largement les estimations.
Naturellement, la plus grosse enchère de la
vente a été obtenue par Lancrct, la liondc cliam-
p('«rc, adjugée 280.000 fr. sur la demande de
200.000. Mais si ce prix constitue en soi une
enchère remarquable, — surtout si l'on consi-
dère que ce tableau ne réalisait que 112.000 fr.,
en 1898, à la vente Tabourier, sur la demande
de 63.000, — il n'est peut-i'tre pas le plus surpre-
nant de la journée. Même sans la lourdeur
actuelle du marclié, il eût pu être encore dé-
passé. M. H. Say avait, dit-on, refusé 400.000 fr.
de ce tableau, et l'on s'attendait, sinon à ce
chiffre, du moins à une enchère voisine de
300.000'fr. Le Lancret revenaiit, frais compris,
à .308.000 fr, . la prévision était assez juste.
Beaux prix pour le Pater, la Conversation
galante, adjugé 95.000 fr. sur la demande de
HO. 000, et pour le Greuze, Bacchante, vendu
00.000 fr. sur même estimation. Nous ne sommes
guère habitués à voir (ireuze si chèrement coté.
Deux Hubert Robert, vendus 60.000 fr., sont
encore à noter du côté des peintures anciennes.
Côté des modernes. L'important Fromentin,
adjugé 62.000 fr., n'a pas réalisé, à beaucoup
près, le prix de demande, soil 100.000 francs.
De bons prix pour les tapisseries, oii les en-
chères se sont tenues plus régulièrement très
près au-dessus ou au-dessous des prix d'estima-
tion. Seul le salon en tapisserie de lîeauvais est
resté à 31.500 fr., sur la demande de 50.000.
Il nous suffira de donner la liste des enchères
avec les prix de demande et quelques prix obte-
nus antérieurement par les mêmes objets —
renseignements que nous empruntons à notre
confrère la Gazette de l'Hôtel Drouot.
PRINCIPAUX PRIX
T/MiLKAi;x. — 1. liellanger. Le Retour du brave.
2.400 l'r. — 4. Canaletto. Venise, 16.000 fr. ^deui.
12.000). — F. Decaiiips. Le Chasseur au marais.
22.000 fr. {d(,-m. 20.000). — Vente V. J., 1857, 6.000. —
Vente Khalil Bey, 18G8. 8.000). — 6. De Marne. La
Foire au.r hesliaiix, 21.000 fr. (dcui. 10.000). — T. Éc.
franc. Jiiuoit. 2 700 fr. — 8. Fichel. L'Arrestation.
2.600 fr. — 9. Fromentin. Le l'assar/e du yué,
62.000 fr. (dem. 100.000. — Vente Khalil Bey. 1868,
23.500). — 10. Greuzf. Bacchante, 60.000 fr. (dem.
50.000). — 11. Van der Heyd.m. La Petite place,
22.500 fr. (dcui. 20.000). — 12-13. Hubert Itohert.
Sainl-Pier7'e de Home, liuines romaines, 60.000 fr.
(dem. 50.000). — 14. Nicolas Lancret. La Fêle cham-
pêtre, 280.000 fr. (dem. 200.000. — Vente de Beurnon-
ville, 1881, 60.000. — Vente Febvre, 18,S2, 51.000. —
Vente Taliouricr, 1898. 112.000). — 15. Miirillo. Sainte
Famille, 4.500 fr. (dem. 8.000). — 16. Parrucel. Les
Quatre Saisons, décoration en grisaille. 5.000 fr.
(dem. 5.000). — 17. Pater. La Conversation nalanle,
95 000 fr. (dem. 50.000). — 18. SchcUer. Ihiplème nu
village, 5.000 fr. (dem. 3.000). — 19. David Teuiers.
Le Fumeur, 6.000 fr. (dem. 8.000). — 20. G. van de
Velde. La Flotte hollandaise, 23.000 (dem. 20.000). —
21. Attr. à Ant. Watteau. Le liai, 37.000 fr. (dem.
50.000). — 22. Wiekeraberg. E/fet d'/iiver, 2.200 fr.
(dem. 400).
Objets d'aih . — 33. Deu.v vases - baliistre, aiic.
porcel. de Chine, vases bronze ciselé et doré (anses
fract.), 2.400 fr. — 24. Groupe en terre cuite, .xviii" s.,
représentant lienaud et Armide, 7.200 fr.
Tapisskhies. — 23. Suite de trois tnp. des Gobelins,
d'ap. CM. Coypi'l cl Tessier, faisant partie de la ten-
ture de VHistoire de Don Quichotte. Don Quiclwtte
'juéri de sa folie par la Sagesse, 30.000 fr. (dcuj.
25.000). — 26. La Tête encliantée, et 27. Don Qui-
chotte chez les filles de t' Hôtellerie, 81.000 fr. (dem.
80.000). — 28. Tap. de Beauvais. ép. Louis XV, dap.
Boucher. Le Retour de la chasse. 77.000 fr. (deui.
80.000). — 29. Tap. de Beauvais ou des lîobclins du
xviir s., composition décorative, panthères, attriliuts,
Heurs, etc., et 30. Tap. analogue, eu conlre-parlic,
64.000 fr. (dem. 60.000). — 31. Tap. de la tenture de
Vllistoire d'Alexandre le Grand, par Ch. Le Brun,
man. des Gobclins, xvir s., la llataille ti'.lrbelle.^.
11.700 fr. (dem. 12.000). — 32. Tap. des Gobelins, de
la tenture les Mois ou les Maisons royales, le Château
de Vincennes {Juillet), 67.000 fr. (dem. 30.000). —
33. Tap. des Gobclins, xvni* s., de la tenture des
Portières des Dieux, d'après CI. Audran. Septune ou
l'Eau, et 34. Jupiter ou le Feu. 1)4.000 fr. (dem.
120.000). — 34 liis. Suite de quatre tap. des G<d>elins.
ép. Louis XIV, de la Tenture des Indes, a) Le Coiuhiil
d'animaux, 7. .500 fr. (dem. 8.000 . — b) Les Pécheurs.
11.000 fr. — c) Le Roi porté, 10.000 fr. — d) L'Indien
à clieval, 10.000 fr.
Mecblks ks ancien.n'k TAPissKHiB. — 35. Salon, tap.
de Beauvais du xvnr siècle (un canapé, six fauteuils,
deux chaises), médaillon à bouquets de Heurs (rest.),
31.500 fr. (dem. 50.000). — 30. Grand canapé, recouv.
ANCIEN ET MODERNE
29.i
en Lap. de lieauvais du xviii' siècle, médaillon charge
d'un bouquet de lis, 33.300 fr. (dem. 43.000;.
Ventes annoncées. — A Paris. — Collec-
tion de M"'* C. (tableaux, objets d'art). —
Donnons quelques détailï^ sur cette vente, que
nous avons déjà annoncée et qui aura lieu,
>alle 6, les 7 et 8 décembre, par le ministère de
.M' André Couturier et de MM. Ferai, Paulme et
Lasquin.
Parmi les tableau.v et dessins, notons : un
l'ai/Kage de Norvège par Jacob Ruysdaei. prove-
nant de la vente du comte iS'... en 1851; deux
jianneau.K de l'école allemande du xvi<= s., figu-
rant la Messe de saint Grégoire, avec, a.u verso, sur
l'un, Jésus au jardin des Oliviers, et sur l'autre,
la Descente du Saint-Esprit sur les apôtres; deux
vues de Venise par Bellotto; une Adoration de
Hreugliel ; le Retour du marché par De Marne ; la
Promenade des chevaux par Géricault, et d'autres
peintures portant les noms de Desportes, Miéris,
Mouchieron et Oudry ; ceci pour les peintures, et
parmi les dessins : deux a((uarelles, V Arrivée en
calèche et le Carrosse par Eugène I ami, et plu-
sieurs aquarelles, Souvenirs de Home par Nicole,
.win" siècle.
Signalons, du côté des objets d'art et d'ameu-
blement : des faïences de Rhodes, Rouen,
.N'evers, Moustiers; des porcelaines anciennes,
Cliine, Sèvres et Paris; un buste en marbre
blanc, le Berger Paris par Canova (1809); des
bronzes d'ameublement du xvih° siècle; des
objets de curiosité de diverses époques; enfin,
des meubles du xviii= siècle, dont un petit bureau
bonheur-du-Jour de l'époque Louis XVI, portant
l'estamijille R. V. L. C, en la(iue noire, ornée
de bronzes dorés.
Cette vente a fait l'objet d'un catalogue illustré.
Collection de M. X... (tableaux anciens et
modernes). — Un catalogue illustré de quelques
planches nous apporte l'annonce d'une vente que
feront, salle 6, le H décembre. M'' Lair-Dubreuil
et M. Haro.
Nous remarquons en particulier : le Vieil aque-
duc, par (Juardi; le Pacha, par Leprince; la Mar-
(juise de Monlespan, par Mignard (coll. Mercier, de
Mort); l'Oiseau de proie, par Oudry (coll. de la
marquise de Juigné); les Laveuses et la Fontaine
rwitiijue coll. du comte de Reiihac), par Hubert
Robert, et du même, le Torrent et le Ravin, une
autre paire de pendants; enfin, de Ziem, le Soir
sur te grand canal (coll. Zygomalas, de Marseille),
le Coup de canon et Soleil couchant.
Collection de M. Chéréméteff (tableaux,
etc.). — Ajoutons quelques détails à l'annonce
(jue nous avons faite de cette vente qui sera
dirigée, salles 10 et H, les H et 12 décembre,
par M" Boudin et M.M. Chaîne et Simonson et
Paulme et Lasquin.
H nous faut signaler tout au moins, parmi les
tableaux modernes : deux Corot, Rocher dans la
foret de Fontainebleau et Bords de rivière ; un
Couture, Figure académique; trois Diaz, Orage en
mer, Pai/sage au ciel orageux et Intérieur de forêt;
deux .lulien Dupré, Animaux à l'abreuvoir et
l'Heure de ta traite; un Ch. Jacque, Troupeau de
porcs dans la plaine sous un ciel orageux ; enfin,
un Courbet, le Portrait de Gustave Mathieu, de la
Nièvre.
Des dessins et des aquarelles et quelques
peintures anciennes complètent cette partie de
la collection.
Du côté des objets d'art et d'ameublement, on
remarquera une réunion de tapisseries : petits
panneaux des Flandres du xvii« siècle, à sujets
religieux; verdure d'Aubusson, d'ép. Louis XVI,
à oiseaux et pagode dans le goût de Piilement;
tapisserie flamande du xvn^ siècle, à personnages
dans un paysage ; grande tapisserie de Bruxelles,
d'époque Louis XIV, à sujets d'après Téniers;
tapisseries flamandes d'époque Régence; pan-
neaux d'Aubusson d'époque Louis XV, à sujets
de pastorales d'après Huet; enlin, une tenture
de fabricalion llamande de la fin du xvi« siècle,
à décor d'animaux et de ligures au milieu de
paysages.
A Londres. — Collection de Lord Am-
herst of Hackney. — Le 11 décembre, chez
Cluistie, aura lieu une séance intéressante pour
les amateurs de pièces de haute curiosité. Parmi
les objets d'art et d'ameublement anciens qui
composent celte collection, nous remarquons
une série de niajoliques italiennes, notamment
des Urbino, dont un large plat représentant la
Prise de Troie d'après Raphaël, provenant de la
collection Founlaine, des Deruta, des Castel-
Durante. des fiubbio, dont un plat signé de
Maestro Giorgio, représentant la Mort de Lucrèce,
Contenloiis-nous d'indiquer la présence de
quelquesspécimensd'autrescéramiques: faïences
hispano-mauresques et porcelaines de Chine; et
d'un heaume, d'art allemand du xvi= siècle,
provenant des collections Bernai et Fountaine.
La série des émaux de Limoges est d'impor-
tance et présente en particulier : une aiguière
294
LE BULLETIN DE L'ART
par P. Courtois; une paire d'assiettes, l'une,
où l'on voit l'Amour présentant à Psyché Jupiter
et à Junon, l'autre le Festin des dieux, par
PénicaudlII; une autre paire d'assiettes, décorées
des emblèmes des mois de janvier et de septem-
bre, celles-ci par Pierre Raymond — , ces deux
deux derniers numéros provenant de la collec-
tion Fountaine — , parmi maints autres exem-
plaires remarquables des Court, des Courtois, des
Pénicaud et des Raymond.
Quelques meubles anglais et français anciens
seraient encore à signaler. Mais il faut nous
limiter. Contentons-nous d'indiqueren terminant
ces deux numéros d'importance : un meuble de
salon d'époque Louis XV, couvert en tapisserie
des Gobelins, représentant les Fables d'Esope et
comprenant deux canapés et douze fauteuils; ce
meuble, qui appartint originairement à Horace
Walpole, est complété par un autre meuble
analogue, comprenant un canapé et six fauteuils ;
et, d'autre part, une suite de huit panneaux en
tapisserie des Gobelins de la fameuse tenture de
rmstoire du roi, d'après Le Brun et Van der
Meulen ; cette suite provient du château de
Moritzberg, en Saxe.
Une belle séance, comme on voit, et qui a fait
l'objet d'un catalogue illustré, ce qui est rare à
Londres.
A Amsterdam. — Tableaux anciens. ~
Nous recevons le catalogue illustré d'une vente
de tableaux anciens provenant de diverses col-
lections hollandaises, vente qui aura lieu chez"
MM. Frederick Muller et C'", à Amsterdam, les
15 et 16 décembre. Nous donnerons dans notre
prochaine chronique des détails sur cette réunion
de peintures, pour la plupart de l'ancienne école
hollandaise, qui va être ainsi dispersée aux
enchères.
M. N.
ESTAMPES
AParis. — "Vente d'estampes modernes. — La
vente d'estampes modernes (jue nous avions an-
noncée dans un précédent numéro et qui s'est
faite le 4 novembre, par les soins de M° A. Des-
vouges et de M. L. Delleil, a donné 'un produit
total de 21.000 francs.
Beaucoup de petits prix intéressants, mais
que nous n'avons pas la place de signaler. Men-
tionnons seulement les plus grosses enchères,
qui sont celles des Pécheurs de la Tamise (n° 80),
par Seymour Haden, 1.400 fr. ; — des douze
Eaux-fortes sur Paris (n» 114), par .Méryon, 610 fr. ;
— des Bêcheurs, de Millet (n° 116), épreuve du
l»"" état, 1.100 fr. ; — et une épreuve du !«■• état
du portrait tïErnest Renan, par A. Zorn 'n° 240),
8b0 fr.
A Leipzig. — "Vente de la collection A. -AV.
Schultze, de Hambourg (estampes anciennesi .
— Uuel(|ues prix intéressants, à retenir dans la
vente d'estampes anciennes appartenant à A.-W.
Schultze, de Hambourg, que nous avions annon-
cée dans un précédent Bulletin et qui a eu lieu,
parles soins de M. C. G. Bœrner, le 9 novembre,
à Leipzig.
A. Durer : très belle série d'enchères ; nous nous
bornerons aux prix supérieurs à 400 marks. — 274.
Sainte Anne et la Vierge, 405 m. — 276. La Vierge
avec la couronne et le sceptre, 405 ni. — 278. La
Vierge assise avec l'Enfant, 955 m. — 280. La Vierge
au mur, 530 m. — 282. La Vierge au singe, 1.710 m.
— 292. Les Trois paysans, 510 m. Parmi les bois,
citons le n- 303. Vie de la Vierge (20 pi.), 300 m.
Les gravures de II. Holbcin le jeune ont fait entre
100 et i&'A ni. — 576. Lucas de Lcyde. f'ainl Georges,
400 m. — 668. A. van Ostadc. Le Peintre dans son
atelier, 510 m.
Parmi les maîtres de l'École française, on retiendra :
278. Debucourt. La Promenade publique, ila ai. —
497. Janinet. L'Amour rendant hommage à sa mèie,
Vénus et l'Amour, d'après Boucher, 535 m.
Rembrandt : le plus beau prix a été pour une
épreuve de la scène du Christ prêchant, connue sous
le nom de la Petite tombe fn* 720), 1.385 m. Autres
prix : 727. La Grande Fuite en Egypte, 940 m. — 74t.
Le Vieillard en manteau de velours, 810 m. — 742.
Jan Lulma, 760 m. — 748. La Grande fiancée juive,
1.030 m.
Une épreuve du Portement de Croix, dv la Passion
de Martin Schongauer ;838), s'est vendue 340 m.
H. G.
LIVRES
A Leipzig. — Ventes de manuscrits à
miniatures et de livres anciens. — Nous
avons annoncé cette vente faite par M.- G. -G
Bœrner, les 13 et 14 novembre. En voici les en-
chères principales.
Mi.MATUiiKS. — I. Initiale ornée, le Martyre de saint
Sébastien, iv s., 780 m. — 2. Autre, ta Vierge et l'En-
fant, avec deux anges musiciens, x\" s., 1.820 m. —
3. Autre, la Visitation, xv s., 560 m. — 8. Autre,
Martyre de saint André, .xiv's., 600 m.
Maxcscbits. — 55. Graduel de Bohème, xiii' s.,
avec minatures, 3.720 m. — 56. Processionnal (1488),
ANCIEN ET MODERNE
39b
miniatures, 4.850 m — 58. Livres de famille avec
armoiries ^1584-1598), 3.720 m. — 39. Histoire des
princes de la Marche de Brandebotirr/ (1539), 910 m.
— 61. Livre de prières allemand (1629), 800 m.
LiviiF.s ANCIENS. — 73. Avicenne. De Virlutibus
herharum (Venetii.s, 1499), 980 m. — 73. Bible (Nu-
l'einberg, 1483), 780 m. — 84. Uaosvita. Opéra, etc.
Nuremberg, 1501), 660 m. — 99. Schatzbehalter, etc.
(.Nuremberg, 1491), 1.880 m.
B. J.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Société des peintres -graveurs français
(galeries Diirand-Huel). — Après les concurrences
du printemps et de l'automne, voici la VllI» e,\po-
sition de l'aînée des Sociétés où l'on grave : depuis
douze ans, elle ne s'était montrée qu'une seule fois
dans le désert du Grand-Palais; elle se rattrape,
aujourd'hui, dans un musée de l'art moderne :
257 cadres, et 40 e,\posants sur "iS membres.
Non catalogués, ses deux présidents d'honneur
y représentent vigoureusement la pointe-sèche
et l'eau-forte : le romantisme de M. Rodin, por-
traitiste de Victor Hwjo, voisine avec le style de
M. Hracquemond, le précurseur du Battant de
porte. Et, spirituellement, sous la présidence
active de M. Léonce Rénédite, la couleur n'est
pas bannie de cette nouvelle apologie du noir:
témoin les repérages délicats de M. Raoul du
Gardier, les bois en camaïeu du mélomane Jac-
ques Beltrand ou du paysagiste Paul Colin,
robustes héritiers d'Ugo da Carpi. Mais le noir
domine avec le magistral Auguste Lepère, entouré
de MM. Leheutre, Paillard, Béjot, Chahine, Louis
Legrand, Michel Cazin; le noir attire nos pein-
tres, MM. Collet, Dauchez, Prouvé, G. de La-
tenay, Berton, près des virtuoses étrangers,
MM. Storm van S'Gravesande, Zilcken, François
Simon, Baerlsoen, Bone, Hedley Fitton, Anders
Zorn, portraitiste d'Anatole France et de Rodin;
le noir a des amis chez les jeunes, MM. Charles
Heyman, Jacques Beurdeley, Marcel Beltrand,
Loys Delteil.
Expositions diverses. — Mêmes sites rebattus
et mêmes techniques embrumées : chez Georges
Petit, pour succéder à la Bretagne de M. G. Jor-
dic, M. François Haussy descend « de Nurem-
berg à Venise », mais sans rencontrer la grande
ombre d'Albert Diirer; à la galerie des Artistes
modernes, les sanguines de M. Maurice de Lam-
bert, plus adroit qu'ému devant la nature, pré-
sagent un dessinateur de thé.Ure ; enfin, chez
Bernheim jeune, un héritier de Van (iogh,
.M. Kees van Dongen apparaît victime de l'indul-
gence contemporaine pour les tares de la névrose
et les calculs du snobisme.
Raymond Bouyer.
©'
m
BIBLIOGRAPHIE
Friedrich II von Hohenstaufen und die An-
faenge der Architektur der Renaissance in
Italien, von baron lleinrich von GevmOi.i.eh. —
Miinchen, F. Bruckmann, 1908. In-8°, 30 p.
Le baron Henri de Geymùller, bien connu en France
par ses savantes études sur Saint-Pierre de Rome et
sur Bramante, ses deux volumes sur la Renaissance
en France et aussi par ses démêlés avec M. Otto
Piper à propos de la restauration du Ilohkonisburg,
vient de publier une intéressante notice sur l'em-
pereur Frédéric 11 et les origines de l'architecture de
la Renaissance en Italie, où il reprend et complète
les derniers chapitres du bel ouvrage de M. Éiaile
Bertaux sur l'art dans l'Italie méridionale.
Une œuvre d'art, pour apparteuir à la Renaissance,
doit posséder un double caractère gothique et an-
tique. Dans quel pays et à quelle époque rencontre-
t-on pour la première fois ces deux éléments réunis?
Dans le Nord, l'art gothique français est partout bien
accueilli ; en Italie, au contraire, il se heurte à l'esprit
antique qui y survivait encore. L'Italie est donc le
berceau de la Renaissance. Au milieu du xiii* siècle,
un homme y personnifie cette lutte et incarne ainsi
la Renaissance : c'est Frédéric II de Hohenstaufen,
Italien par sa mère, qui inspira directement les ar-
tistes dont il s'entoura, et qui même travailla au
milieu d'eux ; qui fut le véritable « maître de l'œuvre »
de l'arc de triomphe de Capoue et de Castel-del-
Monte, où l'on rencontre, à côté de motifs gothiques,
évidemment inspirés des Cisterciens, des détails
dignes de l'antiquité. Un artiste de génie, Nicola di
Pietro, l'auteur de la chaire du baptistère de Pise,
continuera la tradition qui se poursuivra jusqu'à
Brunelleschi, ordinairement considéré jusqu'ici comme
le père de la Renaissance.
M. de Geymùller constate avec raison qu'il n'y a
pas eu en Italie de style gothique ; il n'y a eu qu'un
mode gothique de la Renaissance, une Renaissance
«vêtue à la gothique ». On pourrait objecter que l'on
rencontre en Italie des monuments purement gothi-
ques ; en effet, mais il faut remarquer que ces monu-
ments ont été construits sous l'influence de l'étranger
et, en particulier, des Cisterciens, comme l'a fort bien
démontré M. Enlart. L'Italie n'a pas eu de style
gothique propre ; la Renaissance, telle que la définit
200
LE BULLETIN DE L'ART
M. de Geymuller, y a suci'ciié directeiuout au roman,
et l'houime qui a rendu possible ce mélange d'art
antique et gothique, qui lui a donné corps, est l'em-
pereur Fiédéric 11.
Mahi'.el Albeivt.
Aug. AunoLLENT. — Le Musée de Clermont-Fer-
rand. — Clermont-Ferr:ind, 1908, in-8*.
Les lecteurs de la Revue connaissent bien le musée
de Clermont-l'errnnd, par l'étude que iM. L. Gonse lui
a consacrée au momeut où les collections venaient
d'être transférées et installées dons un nouveau local,
sous la direction de notre collaborateur, M. Marcel
Nicolle (1).
A l'occasion du congrès de l'Association française
pour l'avancement des sciences récemment tenu à
Clermont-Ferrand, le directeur du musée, M. Auguste
Audollent, a publié une étude d'ensemble sur les col-
lections confiées à sa i,'arde. Tiré à part suus forme de
brochure, cet excellent travail mérite d'être signalé
comme un modèle à suivre pour d'autres de nos col-
lections provinciales, trop peu connues.
Après avoir indiqué l'historique du nuisée, dû
surtout au zèle de Bouillet, et les conditions dans
lesquelles s'etl'ectua, en 1903, le transfert des collec-
tions dans le nouvel édifice rii'i à la générosité de
M. Bargoin, l'auteur rappelle le plan général et les
divisions du classement entrepris par M. Nicolle,
installation à laquelle il n'a pas été touché ; puis il
passe en revue les diverses séries, signalant dans
chacune d'elles les pièces les plus importantes.
Mais si .\L Audollent tient à s'effacer constamment
derrière l'organisaleur du nmsée, il est facile de se
rendre compte que, depuis cinq ans que la collection
lui est contiée, il n'est pas resté inactif. Les illustra-
tions nombreuses et bien choisies qui accompagneut
le te.\te montrent qu'auprès des objets des étiquettes
explicatives ont été placées pour l'instruction du
public, et ce détail seul dénote un conservatcurattentif.
Le spécialiste ne se laisse pas non plus oublier : la
maïuèie dont est présentée, même sommairement,
la collection gallo-romaine, suHirait à rappeler les
titres scientifiques et la valeur d'archéologue du sa-
vant appelé il diriger la collection clerinontoise et qui,
avec raison, s'efforce de lui conserver avant tout un
caractère local.
R. G.
Historique du domaine forestier de Ctiantilly.
— Les Jardins de Betz. par G. .Maçon — Sciilis,
impr. de E. Dufresnc, 1905-1908, 3 vol. in 8°.
Le savant auteur du livre sur les Arts dans ta
maison de Coudé, que la Itevue eut jadis la bonne
fortune de publier en partie, poursuit, dans \psltuUe-
lins (lu Comité arckéolo(jiqiie de Senlis, l'élude du
domaine de Chantilly; c'est une question sur laquelle
les archives du musée Condé lui ont permis d'appor-
(1) Voir la Kevue,t. XIV. p. 365.
ter bien des aperçus nouveaux et définitifs, et on eu
aura une preuve de plus quand on verra, dans les
deux récents volumes qu'il vient de publier, rclfort
grâce auquel le domaine forestier de Chantilly, insi-
gnifiant au moyen âge, s'est développé progressive-
ment pour atteindre toute son ampleur dans le premier
tiers du xrx* siècle. Le premier de ces volumes com-
prend la monographie des forêts de Chantilly et de
Pontarmé; le second, celle des forêts de Coye, Lu-
zarclies, Chaumontel etc. : une carte est jointe à
l'ouvrage et permet de suivre de près le texte si précis
de M Maçon. Les bois du grand parc trouveront place
dans l'étude que l'auteur se propose de consacrer à la
formation des parcs du château.
Les recherches faites en vue de ces ouvrages ont
amené M. G. .Maçon à prendre connaissance d'un
curieux manuscrit de la fin du xviii* siècle, intitulé
Oesciiptinn historique du citdteau de llelz.imrcs, bois,
rivière, jardins et monuinens historiques qu'il ren-
ferme. Ce manuscrit anonyme et non daté appartient
à la bibliothèque du Comité archéologique de Senlis,
et M. G. Maçon a eu la bonne idée de le publier in
extenso. On y verra, décrits de façon pittoresque et
attrayante, les paysages créés de toutes pièces et à
grands frais, de 1780 à 1789. par .Marie-Catherine de Hri-
gnole, princesse de Monaco, sur les domaines de Betz,
de Macquelines et de Lévignen, qu'elle avait ac(|uis
des héritiers de la présidente Le Gendre.
Les jardins de Betz sont célèbres parmi les pins
remarquables de ces «jardins anglais », dont la mode
sévit en France à la fin du xviii* siècle ; ils étaient
dus à la collaboration du duc d'Ilarrourt et du peintre
Hubert Robert, que dirigeait l'ami de la maison < t
de la maiiresse de la maison), le prince de Condc :
une vallée des tombeaux, un ermitage avec sa cha-
pelle, un temple de r.\niitié que décorait le célèbre
groupe de Pigalle, l'Amour et l'.Unitié, un kiosque
et un pont chinois, des ruines d'un château féodal,
un temple rustique, un moulin, un obélisque, etc.,
comptaient parmi les plus curieuses attractions de ce
diuuaine, que Cerutli célébra dans un poème, réédité
à la' fin de la brochure de M. Maçon.
Outre la description des jardins de Betz, on trouvera
dans cette brochure une partie explicative et critique,
rédigée par M. .Maçon d'après les archives de l'Oise
et celles du musée Condé; on y trouvera aussi la
reproduction de quelques-unes des créiitions de
M"" de Monaco, soit d'après des gravures du temps,
soit d'après des photographies de ce qui eu subsiste
actuellement. IVest un petit corpus, sérieusement
documenté et annoté, de ce qui a été écrit snr les
u tableaux variés » et les « riches speclaolcs » que le
domaine de Betz présentait aux regards .le Cerutli,
spectateur lyrique.
1., U.
Le Gérant : H. IJknis.
Paru. — Imp. Ge«r|^« Petit, I!, rue (iodot-de-M<uroi.
Numéro 402.
Samedi 12 Décembre 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
A propos de la vente Landelle
La vente de l'atelier Charles Landelle a fait
quasi autant de bruit que la vente Honry Say,
mais pas pour les mêmes raisons, car il faut bien
avouer qu'elle fut surtout intéressante par oe qui
ne s'y est pas vendu.
On connaît l'affaire. Elle réside tout entière
dans l'interprétation d'une phrase du testament
de Landelle. Ce testament contient une disposi-
tion donnant au musée du Louvre le droit de
choisir une œuvre parmi les tableau,\ de l'artiste ;
mais l'artiste était en même temps collection-
neur, et la question est de savoir si Landelle a
entendu donner à l'État une de ses propres pein-
tures, comme le prétend l'exécuteur testamen-
taire, ou au contraire, comme le soutient le
ministère des Beaux-Arts, s'il a voulu léguer
une toile de sa collection, et singulièrement
celle portant le n" 196 du catalogue de la vente,
— un remarquable portrait d'homme ilgé, pro-
bablement de l'école française du xvui' siècle,
— qu'il avait, paraît-il, maintes fois déclaré qu'il
entendait offrir à l'État.
La revendication formulée par le ministère
des Beaux-Arts a eu pour premier résultat de
faire retirer de la vente le tableau en litige, qui
a été remis au musée du Louvre, constitué
séquestre, en attendant que les tribunaux se
prononcent.
Quoi qu'ils décident, il n'en reste pas moins
acquis que le vieux peintre — qui a, comme on
sait, légué le produit de sa vente à la Société des
.'Vrtistes français — a voulu suivie ce très louable
exemple, qui tend de plus en plus à se généra-
liser chez les collectionneurs et qui est de faire
la part de nos collections nationales dans leurs
dispositions testamentaires. Certes, si son inten-
tion avait été d'user de ce moyen pour entrer
au musée du Louvre, on pourrait trouver que
le bon Landelle avait pensé à lui plutôt qu'à
nous, à sa renommée plutôt qu'à l'enrichisse-
ment de nos collections ; dans ce cas, sa géné-
rosité nous toucherait moins, et même il ne
serait plus du tout question de générosité. Mais
si l'on estime, comme il semble probable, qu'il
a voulu léguer un chef-d'œuvre au musée du
Louvre, il prend place de ce fait parmi les bien-
faiteurs de nos musées, dont le livre d'or, déjà
riche, voit chaque jour augmenter le nombre de
ses feuillets.
A. M.
ECHOS ET NOUVELLES
Académie des beaux-arts (séance du .'j décem-
bre). — Dans sa séance de samedi dernier, l'Académie
des beaux-arts a déclaré la vacance du fauteuil de
M. Achille Jacquet, membre titulaire de la section de
gravure, décédé le 30 octobre. La lecture des lettres
des candidats aura lieu dans la séance d'aujourd'hui,
leur classement dans la séance du 19 décembre, et
l'élection le 26 décembre.
L'Académie a ensuite élu ; )° correspondant dans la
section de composition musicale, en remplacement de
M. Uimsky-lvorsakof, décédé, M. Humperdinck, de
Berlin ; correspondant dans la section de peinture,
en remplacement de M. Uauban, décédé, M. llareux,
de Grenoble.
Musée du Louvre. — Le musée du Louvre vient
de faire une acquisition des plus précieuses au double
point de vue de l'art et de l'aichéologie. Il s'agit
d'une magnifique tête de femme en marbre, de
l'école attique, et datant d'un peu avant 4ri0, c'est-à-
dire contemporaine des premières œuvres de Phidias.
Cette tète, qui se trouvait au palais liorghèse, avant
de devenir, vers 1894, la propriété de M. Ilumphry
Ward, le célèbre amateur anglais, était au surplus
connue des archéologues qui l'ont étudiée et qui ont
relevé les notables similitudes existant entre elle
et la ligure principale du trône Ludovisi. Ceux qui
veulent voir dans le trône Ludovisi une œuvre de
Calamis ont également revendiqué cette tète de
femme pour le même sculpteur.
Le Louvre ne possédait jusqu'ici (|u'un seul mor-
208
LE BDLLETIN DS L'ART
ceaii de celte époque dont il ne nous est parvenu qu'un
nombre très restreint de monuments : c'est la fête
de l'Apollon Choiseul-Gouffier, qui vient d'être
replacée dans la salle grecque et à laquelle la ti'te de
femme récemment acquise fera désormais pendant.
Il convient d'observer toutefois, i|ue la première de
ces œuvres n'est qu'une réplique, au lieu que la
seconde, en beau marbre grec, est certainement un
orijiinal.
Au Petit-Palais. — On vient de placer, dans la
galerie des portraits du Petit-Palais, les deux portraits
de M"" Elirler, peinture par M. Donnât, et deM""Ehrler,
pastel parltiesener, donnés par M"" Soycr,néc Etirler,
à la ville de Pari's.
Le legs de Raineville. — M"" la vicomtesse de
Raineville a légué : au musée du Luxembourg, le
portrait de son mari par Pils, le buste du même par
Paul Dubois et son propre portrait par M. Ferdinand
Humbert ; au musée du Louvre, le portrait de M"" Le-
bel de Fermé par Haoux ; au musée d'Amiens, un
autre portrait de son mari par M. Jules Lefobvre.
Société des amis du palais de Fontainebleau.
— A ci'ité de la Société des amis de la forêt de
Fontainebleau, dont le Bulletin annonça naguère
la fondation, vient de se former une Société des
amis du palais de Fontainebleau, qui s'est donné
pour mission spéciale de contribuer aux restaurations
et embellissements du palais et de ses dépendances,
en même temps que de reconstituer les collections et
de les enrichir. Elle se propose d'organiser des confé-
rences-visites, en vue de faire connaître au public
tout ce qui peut l'intéresser et l'instruire, à Fontai-
nebleau.
A Nevers. — A la fin do la semaine dernière,
M. le sous-.secrétaire d'État des beaux-arts a fait un
voyage à iNevers, où il a visité le musée de peinture,
relégué dans les combles de l'hôtel de ville, et le
musée de céramique, installé dans les mêmes condi-
tions, au dernier étage du palais de justice (ancien
palais ducal), et, faute de surveillance possible, à peu
près inaccessible aux curieux.
Grâce à la générosité du conservateur du musée
des beaux-arts, M. Blandin, qui a mis à cet effet
100.000 francs à la disposition de la municipalité, la
ville de Nevers a pu acheter l'évèché, désaffecté par
suite de la loi de Sép.iration : elle y installera non
seulement les deux musées précités, mais vraisem-
blablei\)ent le musée lapidaire, créé par la Société
archéologique de la ville, très mal installé lui aussi
dans la porte du Croux.
M. le sous-secrétaire d'État, après avoir visité le
futur musée, promis de remplacer la fontaine du
jardin de l'évèché par une statue en marbre « des-
tinée à glorifier .Nevers et le Nivernais ", promis de
fournir les fonds nécessaires à l'achèvement des res-
taurations de la cathédrale, a autorisé la restauration
de la porte du Croux et celle de l'église Saint-Étienne.
Statues et restaurations ! Si les Nivernais ne sont
pas satisfaits...
A Strasbourg. — Les collections d'art de la ville
sont constituées héritières du D' Karl Trubner,
conseiller de commerce, pour la somme de 2.')0.000
marks. Celle somme doit servir à l'achat de belles
œuvres anciennes, à la condition que le choix en soit
soumis à. M. W. Bode ou, après lui, au directeur en
fonction du Kaiser-Friedrich- Muséum. Le legs com-
porte en outre une série d'oeuvres de Botticelli, Bac-
chiacca, Jan Steen. A. van Everdingen, A. vandstade,
Saloraon Ruisdacl, Jacob lluisdacl, Pieter Codde,
U. Teniers le jeune, etc. — M. M.
A 'Weimar. — Dans ce qu'on appelle les heposi-
tovien de l'École grand'ducale des beaux-arts, M. le
Prof. Otto Rasch, cherchant des hiodètes pour sa
classe de dessin, a découvert, parmi les plâtres les
plus disparates, un buste de Gœthe jeune d'une
grande beauté. La finesse de l'expression et du mo-
delé attestent que l'auteur, Martin Klauer, reloucha
l'œuvre personnellement. Chose curieuse : un double
de ce plâtre orne depuis longtemps une cheminée de
l'ancienne maison de M"" de Stein, sans que personne
ne se soit avisé d'y reconnaitre l'etrigie du poète. La
chevelure abondante est relevée par un ruban à l'an-
tique ; la tête repose directement sur le socle. Le
buste ira enrichir les collections du Mu«ée national
Gœthe. — M. M.
A Tolède. — On annonce que le sacristain de
l'église Santa Leocadia, à Tolède, en remuant un
amas de vieux meuble.», dans une dépendance de
l'église, trouva un tableau en bon état, qu'il montra
au curé. Celui-ci crut y reconnaitre la manière du
Gréco et découvrit la signature de Domcnikos Theo-
tokopuli sur un morceau de papier figurant entre des
fleurs au bas de la toile. Celle-ci mesure 2"3.'i sur
1"13, et représente l'Immaculée Conception. La figure
de la Vierge surmonte un groupe de têtes de chéru-
bins et, de chaque coté, se voient deux anges, jouant
l'un de la lyre, l'autre de la cithare. Aux pieds de la
Vierge et à droite, on aperçoit le fondateur de la
chapelle, eu attitude de prière. Au bas et au milieu
du tableau, est représentée la chapelle objet de la
donation, et. à gauche, le rameau de fleurs où est
placée la signature.
Nécrologie. — .\ Berlin est mort, âgé de 72 ans.
le peintre et illustrateur Hermnnn Lîhters : élève du
Prof. Steffeck, connu comme peintre de chevaux; il
fut attaché, pendant la guerre de 1870, au quartier
général du kronprinz Albert de Saxe; il accompagna
l'empereur Guillaume 1" dans nombre de voyages,
dont il rapporta des liasses d'aquarelles, fut en 188.'i
avec l'ciupercur Frédéric en Espagne et, plus tard,
avec Guillaume 11 ,i Conslanlinoplc,à Pétersbourg,en
Italie et en Angleterre. — iM. .\l.
ANCIEN ET MODERNE
299
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
Succession de M"" de Genevraye (tapisse-
ries anciennes, etc.). — Faite salle 6, les :j et
4 décembre, par M" Delvigne et Lair-Dubreuil et
M.M. Paulme, l.asquin et tJuérault, cette vente a
produit un total de 102.200 francs.
Seuls les tapisseries et les meubles couverts
en tapisserie ont donné lieu à des enchères
méritant d'être notées. Les honneurs de la vaca-
tion ont été pour la tapisserie d'époque Louis XII,
Légende de saint Julien, vendue 30. 500 fr. sur la
demande de 20.000, et pour le mobilier de salon
en Aubusson, adjugé 23.000 fr. (dem. 25.000).
Aucune enchère notable du côté des tableaux,
faïences, porcelaines et objets variés.
PRINCIPAUX PRIX
Bbonzes d'a.melblement. — Pendule surmontée d'un
amour sur un nuage, ép. Louis XVI, 4.500 fr. — 152.
Pendule, marbre blanc et noir, ornée bronze, ép.
Louis XVI, 2.000 fr.
Meubles anciens et modehnes. — 164. Petit meuble
en laque décorée en dorure sur fond noir et orné
cuivre, sur table-consoli' bois doré, ép. Louis XIV
(rest.), 1.3S0 fr. (deiii. 1.200). — 166. Commode pla-
cage ornée bronze, ép. Hégence, 1.500 fr. — 171.
Bureau plat, marquet. de coul., garni bronze, style
Régence, 1.565 fr.
Sièges en ancienne tapissekie. — 181. Deux chaises,
tap. de Beauvais; bouquets de fleurs, guirlandes,
rinceaux, oiseaux (sans garantie de nianuf.), 5.100 fr.
— 182. Trois fauteuils, Aubusson, fond crème, sujets
d'après Huet, 13.:i00 fr. (dem. 15.000). — 183. Quatre
fauteuils, Aubusson, ép. Louis XVI, dessins de Sa-
lambier, bouquets de (leurs, 6.300 fr. — 184. Canapé
et six fauteuils, tap. Une dAubusson, ép. Louis XVi,
sujets de Huet aux dossiers, les sièges d'après Oudry,
23.000 fr. (dem. 23.000).
Tapisseries anciennes. — 186. Tap. verdure, ép.
Louis XIV, 1.060 fr. — 187. Tap. Aubusson, ép.
Louis XV, d'après Huet, cinq personnages. 3.400 fr.
— 188. Tap. U. Uenaissance, rcpr.une bataille, 4.250 fr.
189. Deux tap. Aubusson, ép. Louis XIV, sujets de
l'histoire ancienne, 1.320 fr. — 190. Deux tap., ép.
Louis XIII, sujets de l'histoire ancienne, 1.500 fr. —
191. Tap. Aubusson, ép. Louis XV, d'après Huet, la
Diseuse de bonne aventure, 4.130 fr. — 192. Tap. Au-
busson, la l'éche, d'après Lacroix, 7.200 fr. (dem.
10.000). — 193. Tap. Aubusson, ép. Louis XVI, a
Famille de Darius aux pieds d'Alexandre, 2.700 fr.
— 194. Tap. Flandres, ép. Louis XIV, la Chasse au
faucon, petits pcrs., 4.900 fr. — 195. Trois tap., Bru-
xelles, ép. Louis XIV, sujets mythologiques, 9.730 fr.
— 196. Tap., ép. Louis XII, la Légende de saint Julien,
30.500 fr.
Atelier Landelle, — Cette vente, qui com-
prenait d'une part des tableau.x par Landelle, de
l'autre la collection particulière de cet artiste,
a produit 103. 099 francs. Faite à la galerie Georges
Petit, les 3 et 4 décembre, elle était dirigée par
M'"' Aureau et Baudoin et M.M. G.eorges Petit,
Ferai et Mannheim.
La pièce, qui s'annonçait comme le clou de la
vente, le Portrait d'homme âyé, reproduit dans le
catalogue et indiqué comme une œuvre française
du xviii^ siècle, n'a pas passé aux enchères. En
vertu d'une phrase du testament de Landelle, — qui
paraît avoir voulu léguer au I^ouvre cette pein-
ture provenant de la vente Hoqueplan, où elle
fut vendue sous le nom de VVatteau, — le minis-
tère de l'Instruction publique a revendiqué cette
œuvre pour notre grand musée national.
Privée de cet élément de curiosité, la vente
Landelle n'en a pas moins produit quelques
enchères marquantes, notamment du côté des
tapisseries.
La catégorie la moins favorisée a été celle des
tableaux de l'artiste défunt ; aucun n'a atteint
mille francs; les mieux partagés se sont vendus
entre 100 et 600 francs.
PRINCIPAUX PRIX
Tahleaux et dessins. — 198. Kortuny. Copie d'après
un Tiepolo du musée de Madrid, aquar., 3.600 fr. —
200. Ricard Copie d'après la Guirlande de fruits,
2.160 fr. — 203. Troyon. Une clairière, 1.375 fr.
Faïences anciennes. — 211. Pot à deux anses,
grillon en relief, faïence primitive italienne, 2.705 fr.
Objets iuvehs. — 219. Quatre petits lustres bronze,
xviii' s., 1.640 fr. — Deux statuettes, bronze, enfants
debout, xvii* s., 3.030 fr.
.Melbi.es. — 223. Chaise tapisserie à animaux, ép.
Louis XV, 2.100 fr.
Tapissebies. — 230. Tapisserie fin xvi* s , Couron-
nemenl d'un guerrier, 4.100 fr. — 231. Tapisserie,
Bruxelles, xvii" s., Fête sur la glace, atelier de Van
300
LE BULLETIN DE L'ART
den Hecke 12.210 fr. (d. 7.000). 232. — Tapisserie,
xvii' s., palais avec nombreux personnages, mono-
gramme de Marie de Médicis et armes de France,
2.320 fr. — 233.1)euxfresques,xvrs.,figuresde Diane,
génies, etc., 5.500. — 234. Tapisserie, wiw s., sujet
tiré de la légende de Renaud et Armide, S.T.'iO fr.
(dein. 6.000). — 235. Tapisserie, xviii- s., l'Hymen de
deux divinités, etc., 9.030 fr. (dem. 4.000).— 236.Tapis-
serie, xviif s., Scène de sacrifice, 4.780 fr. — 237.
Tapisserie verdure, xviii' s., 2.825 fr. — 238. Deux frag-
ments, XVIII" s., personnages sur le bord de leau,
4.100 fr. — 239. Fragment, xviii» s., Combat
d'Achille et d'Hector, 900 fr. — 240. Tapisserie,
xviH* s., arbustes, pagode et paon, 2.520 fr. — 241.
Tapisserie d'Aubusson, ép. Louis XV, berger et ber-
gère dans la campagne, 6.753 fr. — 242. Deux frag-
ments, XVII' s., cavaliers et scène d'enlèvement.
1.630 fr. — 243. Lot de fragments et de bord., 1.320 fr.
Succession de M"" C... (tableaux anciens,
etc.). — Faite salle 6, les 7 et 8 décembre, sous
la direction de MM. Paulme, Lasquin et Ferai,
cette vente a produit un total de 146.871 francs.
La plus belle enchère a été, comme il était
facile de le prévoir, pour le Jacob Ruysdael,
Paysage de Norvà/e, adjugé .33.800 francs, sur la
demande de 30.000. Ce tableau provenait de la
vente du comte de Narbonne (18B1), où il avait
réalisé 6.300 francs.
Une autre plus-value notable à enregistrer : le
De Marne, te Retour du marché, poussé presqu'à
10.200 francs, sur la demande de 6.000, et qui
est très probablement le tableau vendu 499 francs
à la vente Revil en 1845.
Quelques surprises du côté des faïences et
porcelaines ;sur le prix de départ, plutôt modeste,
de 100 francs, un vase-balustre en vieux Chine à
fond vert, avec arbuste fleuri en bleu, est monli'
à 6.020 francs, et deux petites coupes en faïence
italienne, vendues sans garantie, sont arrivées
de 15 francs à 3.700.
PRINCIPAUX PRIX
Aquarelles et dessins. — 1. Eugène Lauii. L'Ar-
rivée en calèche, 2.450 fr. (dem. 2.000). — 2. Le
Carrosse, 1.850 fr. (dem. 2.000).
Table.mix anciens et modernes. — 14. Bellotto. Le
Grand Canal à Venise, 1.200 fr. — 18. Ureughel de
Velours. L'Adoration des Mayes, 3.\00 fr. (dem. 1.000).
— 19. Desportes. l'ose de fleurs, 2.3S0 fr. (dem.
2.500). — 20. De Marne. Le Retour du tnarclié,
10.200 fr. (dem. 6.000). — 22. Géricault. La Promenade
des chevaux, 4.800 fr. (dem. 5.000). — 24. Marilhat.
Vue d'Orient, 1.030 fr. — 25. Thiéry. Portrait
d'homme, 2.700 fr. — 27. Oudry. Un cliien de chasse,
1.500 fr. — 29. J. Huysdael. Paysage de Norvège,
33.800 fr. (dem. 30.000. — Vente du comte de Nar-
bonne, 1851, 6.300 fr.). — 31-32. École allemande,
xviii' s. Deux pendants. La Messe de saint Grégoire,
1.300 fr.
Faïences et i'Oucelaines. — 33 et 36 Deux coupes
faïence italienne, décorée par comparlinient. rosaces,
etc. (sans garantie), 3.700 fr. — 61. Vase-balustre,
anc. porcel. do Chine, fond verl, arbuste en bleu,
6.020 fr. — 71. Service à thé, anc. porcel. tendre de
Sèvres, décor de festons de fleurs et fruits, sur fond
bleu quadrillé en dorure (fêlure au pot), 2.475 fr.
(dem. 3.500). — 73. Partie de service, porcel. de
Sèvres, décor en coul., une partie au chiffre de
Louis-Philippe, 1.150 fr.
Bronzes. — 95. Pendule d'applique et socle, mar-
queterie cuivre sur corne verte, ornée bronzes, ép.
Louis XV, 1.420 fr. — 97. Petite pendule, marbre
blanc et bronzes dorés, à colonnettes. ép. Louis XVL
1.210 fr. — 102. Deux candélabres en partie ép.
Louis XVI, marbre blanc et bronzes dorés, formés
chacun d'une statuette de jeune femme dans le goût
de Clodion, 2.500 fr. (dem. 2.300). — 103. Deux can-
délabres, groupes de Bacchantes d'après Clodion,
style Louis XVI, 1.000 fr. — 106. Grand lustre bronze,
enrichi de cristaux, 3.200 fr.
Objets variés. — 229. Samovar vermeil, forme
vase, ép. Uestauration, 2.180 fr.
Meubles. — 237. Table-bureau contournée (bronzes
rapportés), ép. Louis XV, 1.120 fr. — 240. Petit
bureau bonheur-du-jour, dessus formant étagère, en
laque noire, décorée en dorure, orné de bronze doré,
dessus marbre blanc, estamp. R. V. L. C. ép.
Louis XVI, 6.400 (dem. 3.000). — 241. Commode
acajou et lilets incrustés, sur quatre pieds fuselés,
ornée bronze doré, ép. Louis XVI, 4.600 fr. (dem.
2.000). — 242. Bureau plat acajou, ép. Louis XVI,
bronze doré, 1.330 fr.
Panneaux primitifs. — Une vente, qui ne
comprenait que deux numéros, a eu lieu salle 3,
le 9 décembre, par le ministère de M» Lemoine
et de MM. Paulme et Lasquin.
Le II" 1, un retable peint, de l'école hispano-
llamande du xv» siècle, formé de cinq panneaux
représentant des Épisodes de la vie et de l'Iiistoirc
de saint Martin, a été adjugé 2.010 francs, sur la
demande de 7.000 ; et le n» 2, une suite de quatre
panneaux du même genre. Épisodes de la vie du
Christ, a réalisé 1.000 francs, sur l'estimalion de
4.000.
■Ventes annoncées. - A Paris. — Collec-
tion de M. J. L... (tableaux anciens). — Un
catalogue illustré de quelques planches nous
apporte l'annonce de cette vente, qui aura lieu
salle 6, le 14 décembre, par le ministère de
M« Baudoin et de M. J. Ferai.
ANCIEN ET MODERNE
301
Les principaux numéros de cette vacation
paraissent être : la Rêveuse, par M"» Bouliar; un
Paysage avec baigneuses au bord d'un cours d'eau,
par Hubert Robert; un Portrait de jeune femme,
par Van Loo, et un Portrait d'homme, page ano-
nyme de l'école hollandaise du xvue siècle.
Collection de M. X. . (porcelaines an-
ciennes, etc.). — Il nous est impossible d'entrer
dans le détail des séries de la vente que dirige-
ront, salle 6, le 15 décembre, Me Lair-Dubreuil
et MM. Paulme et Lasquin fils.
Nous renverrons donc au catalogue illustré, où
sont reproduites les pièces les plus marquantes
de cette réunion de porcelaines anciennes, de
biscuits et de boîtes. Quelques faïences, un
groupe en terre cuite du xvm" siècle, le Goûter,
modèle pour la manufacture de Sèvres; des
bronzesd'ameublementetdes pendules d'époques
Louis XV et Louis XVI ; enlin, quelques meubles
des mêmes époques, notamment une paire d'en-
coignures, marqueterie de bois de couleur et
bronzes, estampillées du maître ébéniste P. Rous-
sel, complètent cet ensemble de « marchandise
très parisienne ».
Objets d'art et d'ameublement. — Plus
mêlée encore de composition, la vente qui aura
lieu, salle 7, les 1-4 et 15 décembre, sous la direc-
tion de M«. Lair-Dubreuil et de M. A. «loche,
comprend des porcelafties et des matières dures
de l'Extrême-Orient, des tableaux anciens et
modernes, des meubles et des tapisseries.
Collection de M. P... (tableaux modernes).
— Cette venle sera faite, salle C, le il décembre,
par M'^ Le Ricque et MM. Georges Petit et Bern-
heimjeune. La collection se compose de tableaux,
quelques-uns anciens, mais en majeure partie
modernes, et parmi ceux-ci des œuvres de Dau-
bigny, Henner, Gh. Jacque, Rousseau, Millet et
Troyon.
A Lyon. — Tapisseries anciennes. — Signa-
lons la vente qui aura lieu le Iti décembre, à Lyon,
hôtel des commissaires-priseurs, parle ministère
de M» L. Gazagne et de M. Randin, de trente-
quatre tapisseries des Flandres et dAubusson
des xvi« et xvn« siècles, provenant des hospices
civils de Lyon.
Un catalogue illustré a été établi à l'occasion
de cette vente.
A Amsterdam. — Tableaux anciens. —
tomme nous l'avons déjà indiqué, MM. Fred.
MulleretCie dirigeront, les 15 et Ki décembre,
une vente de tableaux anciens de diverses prove-
nances
Parmi cette réunion de peintures, du xvw
siècle hollandais pour le plus grand nombre, on
notera en particulier : le Vaisseau « De Beschermer «
devant la rade de Hoorn, par Backhuyzen ; un
Paysage où est représenté r histoire du Jeune Tobie,
par A. RIoemaert; Berger et Bergère, deux pen-
dants, par H. RIoemaert; un Paysage avec moulins,
par A. Cuyp; l'Amstel en hiver, par J.J. Dubbels;
le Portrait d'un capitaine de vaisseau, par N. Elias ;
une Vue de lac par .1. van Goyen; une Compagnie
élégante par Dirck Hais; le Homard, par .I.-Or. de
Heen; le Concert des oiseaux et Querelle d'oiseaux,
par M. d'Hondecoeter; un Grand paysage hollan-
dais, par Knibbergen, un maître rare qui se
rapproche de Ph. de Coninck et de van Goyen;
les Portraits d'un seigneur et de sa femme, deux
pendants par N. Maes ; une Assemblée de peintres
page anonyme flamande du xvii» siècle; le Por-
trait d'un seigneur, peinture française dans le
genre de Corneille de Lyon ; un Po'rfrait de jeune
homme par M.-Jz. Miereveld; un Intérieur hollan-
dais avec famille par M. van Musscher; les por-
traits, se faisant pendant, d'un seigneur et de sa
femme, par C. Netscher; une Réunion élégante,
par A. Palamedesz; le Portrait d'un seigneur, par
F. Pourbus le vieux; un Portrait de famille, par
J.-Az. Roolius.
Vente intéressante comme on voit, surtout
pour les spécialistes de l'ancienne école hollan-
daise, et qui a fait l'objet d'un catalogue illustré.
M. >f.
ESTAMPES
A Paris. — Ventes annoncées. — Signalons
trois petites ventes d'estampes qui auront lieu
la semaine prochaine à l'Hùtel Drouof :
— Le lundi 14. salle 8 : estampes anciennes
en noir et en couleurs, personnages illustres et
célébrités artistiques et littéraires d'Angleterre,
d'Amérique et de France des xvni= et xi.v» siècles
(M« H. Dernier; MM. Paulme et Lasquin);
— Le mardi 15, salle 9 : estampes anciennes
du xvin= siècle, des écoles anglaise et française
(Baudouin, Fragonard, sir Th. Lawrence, La-
vreince, etc.); estampes japonaises de Haî-uno-
bou, Hiroshighé, Hok'saï, Outamaro, etc. (M« À.
Desvouges et M. Loys Delteil) ;
— Le mercredi 10, salle 9 : estampes mo-
dernes, avec, entre autres, des œuvres de Barye,
302
LE BULLETIN DE L'ART
Buhot, Degas, Delacroix, Kantin-Latour, Forain,
Seyraour Haden, Toulouse-Lautrec, Legros, Le-
père, P. Renouard, etc. (M« A. Desvouges et
M. Loys Delteil).
R. G.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Société internationale de peinture et
sculpture (galeries Georges Petit). — On ne
trouve là ni le fameux Lancret, ni même le
Walteau supposé des grandes ventes d'hier ;
mais faut-il que les anciens rendent la critique
injuste envers les modernes? Cosmopolite et
composite avec 6 sculpteurs, 35 peintres el
173 envois catalogués, cette vingt-sixième année
de l'« Internationale » n'apporte, il est vrai, qu'un
faible document sur l'art du nouveau siècle.
Elle contient tout, même l'excellent : témoin
les intimes harmonies de MM. Hubbellet Richard
Miller, deux féministes un peu whistlériens du
nouveau monde, et les harmonieuses colorations
d'un peintre français, M. Raymond Woog, qui
destine ses études variées au plaisir des yeux.
Uuant à M. Bunny, le souvenir seul de ses rêves
passés fait notre sévérité pour ses inlérieurs
présents. En face de la peinture étrangère,
défendue par M. Casas, BorchardI, Mac-Cameron,
Olsson et Frieseke, qui délaisse le boudoir pour
la pelouse, la palette française signale un vir-
tuose voyageur, M. Ilolfbauer, et M. Raoul du
Gardier, ^a^istocratique ami des plages ; M. Mau-
rice Bompard, maintenant peintre de la Hol-
lande, et toujours soucieux de se renouveler,
pendant que M. Avy s'éternise à Versailles ;
M. Calbet, rapide portraitiste de iW. Fallicrcs ;
M. Réalier-Dumas, styliste alangui de la Côte
d'azur ; les deux frères Laurens, fidèles à la
divergence native de leurs visions; M. William
Laparra, regard qui s'éclaire, mais amoureux
constant de l'Espagne vraie, comme son frère le
compositeur, et que l'aride Tolède rend très
supérieur à M. Henri Zo, peintre patient des
pays basques. Un profil de M.' Rondel attire,
parce que c'est un portrait de M. Maurice Barrés.
Sculpteur, M. Landowski semble un portraitiste
éminemment audacieux du romantique violon-
celliste Hotlmann, entre les grâces françaises de
M. Théodore Rivière et les mièvreries italiennes
de M. Canonica. Permanent contraste, qui résume
ici l'art contemporain.
La Comédie humaine (galeries GeorgesPetitj.
— 308 ouvrages et i;j artistes : cette k seconde u
d'un spectacle, annuel désormais, compte beau-
coup de numéros et d'acteurs. Rarement on rit
de la bonne histoire annoncée : aussi bien les
visiteurs sont-ils sérieux... Ils se pressent devant
la I' rétrospective » de Georges Boltini, petit
peintre mort jeune, qui donnait au bas monde
de la perversité l'aspect mystérieux d'une
estampe japonaise et qui soulignait aux pau-
pières battues cette ombre où les poètes croient
voir une mélancolie. Au Tribunal, M. Forain suit
Daumier ; mais, pour garder un peu d'illusion
sur l'éternel féminin, ne faut-il pas fuir ses
Coulisses de l'Opéra pour flirter avec les enjôleuses
poupées de M""^ Laffitte-Daussàt ? MM. Wély,
Brissaud, Miclil, Désiré, Charles Dufresne et
Marcel Clément n'osent guère caricaturer « la
poupée sublime », ainsi que les Concourt, amis
de Gavarni, définissaient la Parisienne MM. Wil-
lette, Steinlen, Jeanniot, Ralfaëlli, Jean Veber,
Abel Faivre et Devambez, ne sont plus de ceux
qu'on découvre ; on connaît moins la préciosité
slave de M. Constantin Somov et la causticité
provinciale de M. Charles Huard. M. Cappiello fait
le portrait de son beau-frère, M. Paul Adam.
M. Vogel est un peintre qui veut réconcilier la
belle p;Ue et l'idée comique. Et voici deux Fan-
taisies très dessinées de M. Détaille, que ne pré-
sageait guère la récente"page d'histoire où les
drapeaux victorieux sont transférés au Luxem-
bourg, dans la froide journée du l''' janvier
1800 1 Mais Carie Vernet ne fut-il pas contempo-
rain de David ?
Dufeu, 1840-1900 (galerie Rosenberg). —
Déjà deux fois, ici-même (1), à propos de deux
" rétrospectives » organisées par M"»» Vve Berne-
Bellecour, nous avons avoué notre penchant pour
ce beau peintre, hier ignoré, pour cet ami de
Venise ou du paysage parisien, pour cet impres-
sionniste romantique à la tonalité richement
lumineuse, que la générosité de M"»': Esuault-
Pelterie a fait pénétrer au Petit-Palais et ipii
prendra place au LouNre futur, à coté du Mar-
seillais Monticelli, des Lyonnais Ravier, Carrand,
Vollon, du Parisien coloriste Adolphe Hervier,
ses aînés dans le raffinement de la matière.
Expositions diverses. — Chez Devambez,
un jeune Breton. M Julien Lemordant, réunit
(t) Voir le liuUetin du 26 novembre 1904 et du
13 avril 190'J.
ANCIEN ET MODERNE
303
ses éludes pour sa décoration de l'hôtel de l'Épée,
à (Juimper, dont nous avions remarqué le dessin
robuste et la couleur épaisse au Salon d'au-
tomne : synthèse outrancière, où les dessins
très supérieurs dénoncent la double influence de
MM. Steinlen et Lucien Simon.
Chez Blot, cinq femmes artistes, qui portent
chacune un nom connu dans le monde de l'in-
telligence : M"« Camille Claudel et ses petits
bronzes romantiques ; M'^" (iaston Dévore et ses
pastels plus tempérés ; M"« Jeanne Eliot, paysa-
giste et brodeuse exquise ; Mm= Alcide Lebeau-
Hassenberg, moins classique, et M"" Edouard
Sarraiiin qui signe de son nom de jeune fille,
Ann Osterlind, des Heurs vapoieusement aqua-
rellées.
Raymo.nd Bouyrr.
CORRESPONDANCE DE MUNICH
Une exposition de peintures françaises.
Sous le titre assez élastique d'Ecole de Barbi-
zon, la galerie Heinemann a groupé un très bel
ensemble d'œuvres françaises de cette grande
époque où le paysage se débarrassait entin de la
sécheresse dont Chateaubriand écrivait qu'il avait
été frappé presque dès son enfance. Ce n'est pas
à dire que les peintres de 1830 aient toujours
mis dans leurs toiles le côté moral et intellectuel
qu'il souhaitait dc'voir là comme dans le portrait,
pour éprouver, à travers l'exécution matérielle,
les rêveries ou les sentiments que font naître les
différents sites; mais ces artistes prennent réel-
lement leurs leçons au milieu des campagnes,
ils découvrent la nature vraie et ils l'aiment avec
sincérité. Leurs peintures, poussées au noir ou
au vert depuis cinquante, soixante ans et plus,
parlent encore avec une émotion dont nous ne
saurons plus retrouver la naïveté ni la franchise.
Il faut regretter comme une profanation et un
véritable dégât matériel les couches de vernis
frais dont la plupart ont été abondamment
enduites et sous lequel la couleur elle-même
prend des apparences de glaçure vitrifiée.
Voici une douzaine de Corot, d'époques très
diverses : un Moine vu à mi-corps, debout et
lisant; une vue du Colisée, d'une pâte ferme mais
grasse, sans la dureté d'autres architectures
d'Italie; des abords de bois aux troncs noueux
et sombres ; des bords de rivières avec des saules
allégés mais mous ; deux charmantes vues de
Rouen dans les bleutés et les mauves ; enfin, une
grande pièce superbe, un Coucher de soleil
d'étrange coloration grise presque unie, d'une
souplesse et d'un velouté incomparables dans
les feuillages qui s'enlèvent comme des ombres
de plumes sur le ciel pâle.
Citons également dix Daubii?ny : Villerville
(1855), il Seine à Conflans (1856), un motif à
Optevoz (1853), un Coucher de soleil (1875), l'Em-
houchurc de la Seine, des Bords de rOise, etc., et
neuf Jules Dupré d'une belle pâte chaude. De
Troyon, un pastel et deux peintures, dont un
Char de foin isolé dans un champ, attelé de deux
chevaux violemment éclairés par un coup de
soleil frisant sous la nuée très noire. Une Chasse
et un Sous-bois de Théodore Rousseau. Une série
de très beaux Diaz : intérieurs de forêts avec
rochers, une meute lancée dans un bois roux
d'automne (18i8); quelques figures : une femme
avec son chien sur les genoux, des femmes
orientales dans de très jolies teintes. De (^-h.
Jacijue, des moutons dans les champs ou à
rétable : éclairages très étudiés Sous des ciels
gris, avec de fines éclaircies dans les lointains.
Auprès d'eux, on a groupé : un Daumier, pau-
vresse et son marmot d'un dessin saisissant; une
Fuite de Loth au pastel de Decamps; trois Dela-
croix, d'une grande fraîcheur; des xXrabes à la
chasse (1854) de Fromentin, dans un paysage
terne aux fonds bleus si transparents; six Isabey :
la Plage de Dieppe (1850), une Tempête à Hon/lcur
(I8i0), un Retour de pêcheurs (1861), aux ciels
meilleurs que l'eau, l'Alchimiste (1857), une Pro-
cession, un Intérieur de cour. Un Retour du marche
d'Emile van Marcke, et jusqu'à des Ziem et à
des Harpignies, dont un Matin d'automne de
cette année môme, d'une robustesse délicate qui
contraste avec le Souvenir de Teverone, aux
arbres et aux nuages découpés en silhouettes
décoratives sur le bleu intense du ciel italien.
M. M.
BIBLIOGRAPHIE
D' A. Bredius. — Rembrantlana.
1 . Testament de Rembrandt et de Saskia, fait un an
après leur mariage (27 novembre 1635). — 2. Extraits
d'inventaires de successions, notamment d'un inven-
taire de 1660, mentionnant, à côté d'autres tableaux
de Uembrundt et de ses contemporains, <■ une grande
304
LE BULLETIN DE L'ART
pièce, étant une Danaé », qui doit être le tableau
actuellement au musée de l'Ermitage. (Extrait de
Oiul llolland.)
G. H.
D'A. BuEDius. — Johannes Sijmonsz Torrentius.
— M. liredius a éclairci en grande partie l'histoire
mal connue de ce malheureux artiste. Né à Amster-
dam en 1,=)89, il se fit une grande réputation, surtout
comme peintre de natures mortes, et put mener joyeuse
vie. Mais une catastrophe intervint. Torrentius était
évidemment, et par sa façon de vivre et par ses idées
religieuses ou anti-religieuses, ce qu'on appelait alors
un libertin. En 1627, étant établi à Haarlem, il fut
accusé d'avoir peint des tableaux obscènes (accusa-
tion qui semble prouvée) et de blasphème {crimen
Isexœ Majeslatis Domini), accusation très grave alors
en pays calviniste. Le malheureux, soumis à une
effroyable torture, n'avoua rien; après une « procé-
dure extraordinaire », il n'en fut pas moins condamné
à vingt ans de prison (l'escoutète avait requis la
mort par le feu !). Cette prison, cependant, ne fut pas
très dure ; le stadhouder Frédéric-Henri et le roi
d'Angleterre Charles 1" intervinrent en sa faveur.
Sur la demande de ce dernier, Frédéric-Henri, en
1630, gracia le peintre, qui séjourna en Angleterre jus-
qu'en 1642 environ. Il mourut à Amsterdam en 1644.
La présente notice, soumise à l'Académie des
Sciences d'Amsterdam, est le résumé d'une étude
plus détaillée qui paraîtra dans Oiul Holland. (Extrait
des Verslugen de l'Académie.)
G. IlUET.
LES REVUES
Allemagne
Zeitschrift fur Geschichte der Architektur
(1, 9, juin). — La Place Louis XV et le projet de
Constant pour la Madeleine de l'avis, par le D' Ro-
bert Bkuck, de Dresde. — Gabriel, en 1763, dessinait
la place Louis XV, ornée d'une statue du roi, par
Bouchardon, avec comme point de vue la Madeleine,
dont Constant avait présenté le projet. On connaît le
plan de cette place rectangulaire, entourée de fossés,
bordée de balustrades, décorée aux angles de petits
monuments portant les statues des Vertus et des
dieux de l'antiquité, reliée aux Champs-Elysées par
trois ponts de pierre, aux terrasses des Tuileries par
un pont-levis et deux escaliers à double révolution,
et encadrée du côté du faubourg Saint-Honoré par
ces deux magnifiques bâtiments, encore en place
aujourd'hui, que sépare la rue Royale. Au fond de
cette rue, l'architecte Constant d'Ivry, qui, avec
SouDlot, avait subi l'influence directe de M— de
Pompadour, avait placé la Madeleine, grand édifice à
colonnes, dont le transept était surmonté d'une
vaste coupole. En façade, un fronton classique, sur
un portique à colonnes, flanqué de deux ailes rectan-
gulaires; sept portes donnaient accès dans la nef et
ses bas-côtés. La disposition la plus remarquable à
l'intérieur était un passage longeant la tête des
chapelles des bas-côtés, des croisillons et du chevet,
et permettant de se rendre de la sacristie dans ces
chapelles, sans traverser la foule. Le maltrc-autel
placé au milieu du carré du transept, sous la coupole,
était visible de partout; le chœur et les stalles se
trouvaient derrière le maltre-autel.
— Étude sur les voiilef centrales idéales de la fin
du « quattrocento » et sur le style « léonordesque »,
par le D' Fritz Hoeber, de Florence. — Étude des
voûtes du carré du transept, généralement coupoles
rondes ou octogones, d'après les tableaux du » quat-
trocento »; renseignements intéressants sur les
tendances de l'architecture de cette époque.
— Santa Maria di Fuori à Empoli, par le D' Hoe-
ber. — Courte note sur cette église, dont le chœur
octogone de 1322 fut couvert d'une coupole en 1613;
en 1621, on y ajouta une nef, bordée d'un petit
portique s'ouvrant à l'extérieur par des arcades en
plein-cintre.
{1, 10, juillet). — Contributions à l'étude de l'arclii-
lecture germanique primitive, par Joseph Sthygowski,
de Graz. — Réponse à un article de Joseph Durm
paru dans le Zeilsclirift fur bildende Kunst, sur le
tombeau de Théodoric à Ravennc, où cet auteur ne
veut voir que des influences romaines et étrusques.
— Le Conseiller et arcliitecte du Comte palatin
Jean Casimir et le château il'lleidelherg, parle D'Ing.
KoiiN, de Dresde. — Étude sur les travaux et l'in-
fluence en Allemagne de l'architecte militaire comte
Rochus de Linar.
(L H, août). — Le Palais de Venise au XVIIP siècle,
par Hermann Eooer, de Vienne. — Étude sur les
transformations du palais au xviii* siècle et particu-
lièrement sur le rôle de Niccolo Duodo, qui dirigea
la restauration. On sait que ce palais est menacé de
disparaître prochainement.
On trouvera, dans la lievue de ce mois, une étude
de M. 11. de Geymdllcr sur les architectes du Palais
de Venise.
— Deux monuments vientiois de J.-B. Fisc/ier von
Erlacti, par Fritz Poli..\k. — Notes sur les œuvres de
cet architecte à \ienne (église des Salésiens, palais
Brcuner, hiblinthèque du palais impérial), à propos
de l'ouvrage d'.Vlexandre Hajdecki ; .. Les familles de
constructeurs italiens et les architectes du style
baroque à Vienne », paru dans les Milleiluiu/en drr
AllertumsgeseUschaft, t. 3t>.
(L 12, septembre). — Complément ii l'étude du
tombeau de Tliéodoric, à Uavenne : lettre de Joseph
DciiM ol réponse de Joseph Stkzvoowski. Conclusion
et rectifications par Bruno Schui.z. — Marcel Aiheiit.
Le Gérant : H. Denis.
Pan*. — Imp. iteorires Pelit, \t, me (iodol-de-Mauroi.
Numéro 403.
Samedi 19 Décembre 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Sur la saisie des œuvres d'art
I,a 7" chambre a eu, la semaine dernière, à
trancher un différend qui intéresse à la fois les
peintres et les graveurs : il s'agissait de savoir
si les études ou esquisses de tableaux et les états
de gravures sont saisissables. Comme il y avait
saisie, dans l'espèce, l'artiste soutenait que cette
saisie était vexatoire dans les deux cas ; le tri-
bunal n'a pas admis cette façon de voir ; il a
distingué, en répondant afiirraativement pour
les ébauches et négativement pour les états, et
voici les arguments qui ont motivé sa décision.
Eu ce qui concerne les tableaux :
« Attendu qu'il résulte de l'examen fait à l'audience
par le tribunal, que ces peintures sont de simples
études à peines ébauchées, n'ayant aucune valeur
marchande, que le peintre peut donc valablement en
demander distraction de la saisie, comme n'étant pas
l'expression complète de sa pensée, de son talent
Quant aux gravures :
« Attendu que le peintre saisi soutient que ces gra-
vures ne sont que des épreuves jias encore mises au
point, qu'elles ne reproduisentpas l'expression entière
de sa pensée ;
« Mais attendu que les états successifs constituent
par eux-mêmes une œuvre artistique, qu'il peut être
intéressant pour l'amateur et le collectionneur de les
rapprocher de leur dernier état; qu'elles ont, par cela
même, une valeur artistique et marchande, et doivent
être retenues dans la saisie... »
Ce bon- juge serait lui-même collectionneur
d'estampes qu'il n'y aurait pas lieu d'en être
surpris, et il a trop exactement caractérisé le
genre d'intérêt qu'attache un connaisseur à pos-
séder la preuve matérielle des transformations
subies par une planche gravée, pour qu'on puisse
chicaner sur sa conclusion.
11 paraît moins bien informé pour ce qui
louche aux esquisses peintes. Ignore-t-il donc
qu'il est, à l'heure actuelle, un bon nombre de
peintres dont la réputation ne repose sur rien
d'autre que sur « de simples études, à peine
ébauchées », — lesquelles, contrairement à ce
qu'il suppose, ont, à défaut de mérites artistiques,
une véritable valeur marchande?
— Hélas! pleurait un huissier, il n'a l'air de
rien, ce Jugement de la 7" chambre, et pourtant,
c'est plus de la moitié du Salon d'automne qu'il
atteint d'un seul coup. En vérité, s'il nous faut
attendre que ces messieurs, dont les études sont
désormais insaisissables, aient produit une oeuvre
qui soit « l'expression complète de leur pensée
et de leur talent », c'est bien fini de nos exploits '
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des Beaux-Arts (séance du 12 dé-
cembre). — L'Académie a reçu communication des
lettres par lesquelles MM. lîuland, Dezarrois, Jules
Jacquet, Laguillerniie, Abel Mignon, Sulpis et Waltner
déclarent poser leur candidature au fauteuil de membre
titulaire de la section de gravure, en remplacement
de M. Achille Jacquet, décédé le 30 octobre dernier.
Le classement a lieu aujourd'hui et l'élection se fera
samedi prochain.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 11 décembre). — L'ordre du jour appelle
l'élection de deux membres ordinaires en remplace-
ment de MM. Derenbourg et Boissier.
Le nombre des votants est de 33. Majorité : 17.
On procède d'abord à l'élection du successeur de
M. Derenbourg : au deuxième tour de scrutin, le
P. Scheil est élu par 30 voix, contre 2 à M. Prou et
1 à M. Jullian.
Pour le fauteuil de M. Boissier, trois tours de scrutin
ont été nécessaires : au troisième tour, M. Camille
Jullian est élu par 18 voix, contre 15 à M. Maurice
Prou.
— L'Académie élit ensuite M. l'abbé Thédenat en
qualité de membre de la commission des inscriptions
et médailles en remplacement de M. Boissier.
306
l,E BULLETIN DE L'A K I
— Sur le rapport de M. Haussoullier, des subven-
tions sont accordées pour la continuation de leurs re-
cherclies.sur la fondation Piot, à M llébrard (1.000 fr),
à M. Grenier (500 fr.) et au docteur Carton (300 fr.).
Musée du Luxembourg. — M. Théodore Reinacli
vient d'ollrir au musée iln Luxembourg une peinture
célèbre de Gustave Moreau, Médée et Jasnn.
Commission du Vieux Paris. — La Commission
du Vieux Paris va proposer au Conseil municipal
d'organiser, dans les jardins de Notre-Dame, une
exposition de tous les motifs de sculpture et d'archi-
tecture qui gisent pêle-mêle autour du monument.
La même Commission a émis le vœu que l'on
classe, au même titre que certains monuments, les
façades d'immeubles parisiens présentant un caractère
artistique reconnu En compensation de cette servitude
imposée aux propriétaires, la Ville se chargerait de
l'entretien desdites façades.
Société de l'histoire de l'art français (séance
du 4 décembre). — M. Jules Guill'rey fait une commu-
nication sur une statue de Le Nostre, qui se trouve
actuellement dans le parc de M. Yates Thompson, à
Septon, près de Liverpool. Il lit ensuite une notice
sur le peintre Goubaud.
— M. François Benoit étudie les Adorations des
herqers des musées de Lille et de Tours et les attribue
aux frères Le Nain.
M. Furcy-Uaynaud lit des documents sur les
Termes du jardin des Tuileries.
— M. Louis Houart présente la photographie d'une
statue de Louis XIV par Desjardina et recherche
ensuite quel peut être l'auteur d'un buste en terre
cuite représentant le marquis de Louvois.
— M. Louis Dimier parle ensuite d'un portr.iil de
G. Budé peint par Jean Clouet.
— M. Léandrc Vaillat étudie quelques œuvres de
Perronneau exposées aux Cent Pasiels.
Société des Amis de Versailles. — Le conseil
d'administration de la Société des Amis de Versailles
s'est réuni au Pavillon de Marsan, pour élire un pré-
sident en remplacement de M. Victorien Sardou,
décédé.
M. Edouard Détaille, vice-président de la Société,
a été élu président et M"" de Ganay, vice-préaidcnte.
Le conseil d'administration a remercié M. de Noihac
qui, à la demande de la Société, a fait procéder au
nettoyage des vases et des statues ilu parc et il a
constaté que les travaux que l'architecte du palais de
Versailles s'était engagé à exécuter sur des fonds
fournis par la Société (consolidation des piédestaux,
enlèvement des immondices et des détritus accumulés
près de la porte des Réservoirs), n'étaient pas encore
commencés. La Société fera à ce sujet une démarche
auprès de M. le sous-secrétaire d'État des Beaux-Arts.
Cours et conférences. — La section de psycho-
logie artistique de l'Institut général psychologique a
inauguré le 16 décembre, par une conférence de
M. L. Dimier, sur Heynolds et ses doctrines d'art.
une série de conférences qui seront données dans
l'ancienne salle de l'Académie de médecine, 49. rue
des Saints-Pères.
La date des conférences suivantes sera fixée ulté-
rieurement : celle de M. A. Fontaine sur Félihien et
les l'oiissinistes, aura lieu en février; — celle de
M. P. Marcel sur. de Viles et les Rubénistes, en mars ;
— celle de M. leD' Maurice de Fleury sur VEslkéliqiiP
et la mémoire, en mai.
Pour tous renseignements et abonnements, s'adresser
il M. Victor Goloubew, au siège de l'Institut général
psychologique, 14, rue de Condé.
Monuments historiques. — La loi de Séparation
du 9 décembre 1903 formulait une disposition
spéciale visant les objets mobiliers contenus dans
les édifices religieux : tous ceux qui n'auraient
pas été classés antérieurement, en vertu de la loi de
1887, devaient faire l'objet d'un classement définitif,
dans le délai de trois ans, à partir de la promulgation
de la loi nouvelle (voir le Uulletin. n" ^25. p. 13, et
326, p. 20).
Or, comme il était à prévoir, le délai de trois ans
vient d'expirer sans qu'on soit parvenu à terminer le
classement de ces objets d'art, qui se trouvent désor-
mais privés de la protection de la loi. et dont les
municipalités pourraient tirer profit, sans souci de
leur valeur historique et artistique. Aussi souhaite-
t-on qu'en attendant l'achèvement de cet important
travail de classement, une diposition de In loi de
finances, qui va venir en discussion au Sénat, prolonge
jusqu'à nouvel ordre le délai de protection (jui vient
de prendre fin.
— Le palais synodal de Sens (Yonne), déjà classé
comme monument historique, vient d'être .illeclé au
service de l'administration des Beaux-Arts
A Nice. — Le Cercle artistique de Nice organise,
pour la fin de janvier prochain, une expositiiui de
l'œuvre de Zicm. Il donnera, à loccasion du 90" anni
versaire du maiti-e, devenu niçois d'adoption, une
fête originale, à laquelle prendront part toutes les
sommités artistiques et littéfaires qui se ir .... •-.-nt
alors en déplacement sur la Côte d'azur.
De nombreux amateurs ont déjà promis iie priiir
au comité d'organisation les principales toiles de
Ziem qu'ils possèdent, et l'artiste lui-même exposer.i.
à celte occasion, une série d'aquarelles inédites.
A Strasbourg. — Le Journal des Débals (15 dé-
cembre) a reçu de son correspondant de Strasbourg
les informations suivantes, relatives à la protection
de l'esthétique des vieilles villes, et en particulier du
vieux Strasbourg : •
« L'administration municipale de Strasbourg s'est
ANCIEN ET MODEKNE
307
enfin décidée à soumettre au Conseil municipiil une
proposition tendant à <lemander à la Délégation d'Al-
sace-Lorraine et au gouvernement d'élaborer une loi
protectrice des villes. 11 s'agit de donner aux maires
le pouvoir de prendre, au moyen d'un statut local,
les mesures nécessaires pour empêcher les construc-
tions fantaisistes c|ui nuisent à l'harmonie et à la
régularité des rues.
)) La première et la troisième commissions du Con-
seil, la Chambre de couîraerce, les syndicats d'archi-
tectes et d'ingénieurs et le comité de l'Union des pro-
priétaires se sont déclarés favorables au projet. Au
cours de sa dernière séance, le Conseil, après un assez
long débat, a adopté à l'unanimité le te.xte proposé
par la commission, en limitant cependant le projet à
la ville de Strasbourg, afin d'en obtenir plus facilement
la réalisation immédiate.
» Il s'agit avant tout de protéger la vieil le ville contre
le vandalisme de certains propriétaires spéculateurs
et de mettre un peu d'unité dans les constructions
des nouveaux quartiers. Malheureusement, le projet
de l'administration arrive un peu tard. L'anarchie la
plus complète régne depuis trente-cinq ans dans l'art
de bâtir. Certains coins pittoresques de la ville sont
.détruits à jamais et aujourd'hui il ne peut plus être
question que d'enrayer le mal. »
A Florence. — Le couvent de San Marco, à Flo-
rence, orné des fresques de Fra Angelico et converti
en musée, a conservé la vieille cloche que lui avait
offerte Côme de Médicis et qu'on nomme la Pleureuse
[la Piagnonn), parce qu'elle tinta le supplice de Savo-
narole. Ou s'est aperçu ({u'elle menaçait ruine, quatre
siècles d'usage ayant rongé l'airain. On vient de la
descendre dans le second cloitre du couvent et de la
remplacer par une. cloche neuve. A cette occa-
sion M. Guido Carocci, conservateur du musée, a
pu l'étudier à loisir. Bien qu'endommagée par le
temps, elle montre encore des inscriptions lisibles et
une décoration dont le principal motif est une frise
d'enfants. M. Carocci estime que cette frise fut exé-
cutée par Michelozzo d'après un modèle de Dcmatello.
— Les collections d'estampes et de dessins du
musée des OUlces se sont augmentées, pendant le
dernier exercice, de plus de 3U0 pièces, parmi les-
quelles : une charmante Madmie et un Hercule el
Alliée de (îiov. Antonio da Brescia; la Fniiiille d'Adam,
.de Robctta; les Quatre saisons, de Jules Romain, des
eaux-fortes précieuses du Arraigianino, de Tiepolo,
des Carraches, etc., et, parmi les modernes, de Millet,
d'Albert Besnard, de Max Klinger, de Baertsoen, de
l'ennel et de Whistler. Du côté des dessins, on citera,
parmi les nouvelles acquisitions, une œuvre du Péru-
.gin, une du Bosso, l'étude A la plume du portrait du
duc d'Urbin par Titien, des dessins de L. Sabatelli,
Donato Creti, N. Barabino, etc.
A Rome. — La direction du .Musée national
(galerie Corsini), vient d'acquérir deux œuvres du
Greco : une Adoration des bergers et un liaptème dv
Christ.
Les fouilles dllerculanum. — La commission
royale établie à Naples pour les fouilles d'IIerculanum
s'est réunie pour examiner la place préliminaire des
travaux destinés à établir quelle partie du pays de
Résina occupe actuellement l'emplacement de l'an-
cienne ville d'IIerculanum, et quels groupes de bâti-
ments il faudrait acheter pour abattre les constructions
et mettre au jour les monuments principaux.
Une galerie de dix-huit niètreç, déjà percée, a permis
à la commission d'examiner le mur de la ville antique.
A Langheim (Bavière). — Le portail roman de
l'église, récemment acheté par un marchand d'anti-
quités de Charlottenbourg et revendu au Raiser-
Friedrich-.Museum, passera, comme le cloitre de
Wurzbourg, au Musée Allemand, d'où émoi daris les
milieux artistiques bavarois, munichois surtout, et
discussions dans la presse. Il ressort toutefois des
explications fournies par la Commission des monu-
ments historiques, que l'État bavarois avait poussé
les démarches aussi loin que possible pour conserver
cette construction, et qu'on s'était buté au naanvais
vouloir du propriétaire. Séparé de l'église, ce portail
perd beaucoup de sa signification et de son impor-
tanc(! : c'était, en réalité une petite chapelle exté-
rieure, comme les couvents cisterciens en offraient à
l'entrée de leurs maisons pour les femmes qui
n'étaient pas admises à pénétrer dans la cour du
couvent ; elle date de la première moitié du xm* siè-
cle. .Mais l'église, désaffectée en 1806, a depuis lors
servi de grange, et un incendie l'avait en outre pas-
sablement endommagée. — M. M.
A "Vienne. — A l'occasion du centième anniver-
saire de la naissance de Daumier, la galerie Miethke a
organisé une exposition de peintures de ce maître, où
l'on compte, parmi les quarante-trois numéros figu-
rant au catalogue, un bon nombre d'œuvres appar-
tenant à des collections parisiennes : Sancho l'ança,
Mère et enfanl. Au Ihéritre, le Drame, etc., et un
portrait de Daumier âgé, attribué à Corot.
Nécrologie. — Le peintre et graveur hollandais
6iebe Ten Cale vient de mourir à Paris, où il était fixé
depuis quel(|ue temps ; il était âgé de 50 ans. On
connaît ses vues de Hollande et ses paysages parisiens,
pris par temps de pluie ou de neige, dont l'un, repré-
sentant une vue de Paris prise de Montmartre, est
aujourd'hui au musée Carnavalet; c'était un peintre
au coloris très délicat et un aquafortiste plein d'ori-
ginalité.
— On annonce la mort de .V. Abel Patoux, ancien
avoué à Saint-Quentin, collectionneur et écrivain
d'art, à qui l'on doit, entre autres ouvrages, un livre
sur le Musée La Tour, à Saint-Quentin, contenant
une étude sur les dernières années du maître; des
monographies de Francis Talleyraiii, Adolphe La-
lauze, etc.
308
LE BULLETIN DE L'ART
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — Collection de M. X... (tableaux
anciens et modernes). — Faite salle 6, le i 1 dé-
cembre, par M" Lair-Dubreuil et M. Haro, cette
vente, qui ne comprenait que vingt numéros, a
produit un total de 95.610 francs.
Les honneurs de la vacation ont été pour un
des Ziem, le Soir sur le Grand Canal, adjugé
30.100 fr. sur la demande de .'iO.OOO. Ce tableau
provenait de la vente Zygomalas, où il avait
réalisé 23.000 francs.
Rien de bien remarquable dans les autres en-
chères, dont il nous suffira de donner la liste.
PRINCIPAUX PRIX
Tableaux anciens et modernes. — 1. Desportes.
Cygnes et canards, 3.100 fr. (dem. 4.000). — 4. Guardi.
Le Vieil aqueduc, 1.550 fr. — 5. Jules Lefebvre. La
Vérité éclairant le monde, 1.500 fr. (dem. 1.000). —
6. Le Prince. Le Pacha, 4.400 fr. (dem. 4.000). — 7.
Mignard. La Marquise de Montespan, 4.000 fr. (dem.
4.000). — 9. Oudry. L'Oiseau de proie, 5.100 fr. (dem.
3.000).
10. Hubert Robert. Les Laveuses, 9.100 fr. (dem.
10.000). — 11. La Fontaine rustique, 10.000 fr. (dem.
10.000). — 12. Le Temple d'Aqrippa, 7.100 fr. (dem.
6.000). — 13. Les Cascades, 3.500 fr. (dem. 3.000). —
14. Le Torrent, et 15. Le Ravin, 12.200 fr. (dem. 12.000).
17. Ziem. Le Soir sur le Grand Canal, 30.100 fr.
(dem. 30.000. — V. Zygomalas, 1901, 23.000 fr.) — 18.
Le Coup de canon, 3.500 fr. (dem. 3.000). — 19. Soleil
couchant, 2.600 fr. — 20. Stamboul, 1.200 fr.
Succession Chéréméteff (tableaux mo-
dernes, etc.). — Dirigée, salles 10 et 11, les 11
et 12 décembre, par M" Boudin et MM. Chaîne
et Simonson, l'aulme et Lasquin, cette vente a
produit un total de 105.000 francs. Composée
d'objets de toute espèce, elle comprenait surtout
des tableaux modernes et des tapisseries an-
ciennes.
Parmi celles-ci, qui se sont bien vendues, une
grande tapisserie en largeur, en Aubusson,
d'époque Louis .\V, à petits personnages et ani-
maux dans un paysage, d'après Huet, est montée
à 13.700 fr. sur la demande de 8. 000 seulement.
Du côté des peintures, lu meilleure enchère
s'est adressée au portrait par Courbet, adjugé
9.500 fr. sur la demande de 7.000. Les autres
numéros n'étaient pour la plupart que des
ébauches ou des études, ce qui explique la mo-
destie des résultats, eu égard aux noms.
PRINCIPAUX PRIX
Faïences. — 130. Bouteille anc. faïence itul., .\vr s.,
1.200 fr.
Tapisseries anciennes. — 195. Tableau tapisserie
tlam., XVI' s. Asfiuénis, Aiiiim et Esther, xvi" s.,
2.020 fr. — 197. Tableau analogue, l'Adoration des
Mages, 1.403 fr. — 198. Tapisserie d'Aubusson, verd.
avec oiseaux et pagode chinoise, dans le goût de
Pillement, ép. Louis XV, 1.900 fr. — 200. Tapisserie
de Bruxelles, d'après Téniers, paysages avec person-
nages, ép. Louis XIV, 4.200 fr. (dem. 4.000). — 201.
Tapisserie llam., ép. Régence, petits person., 4.500 fr.
— 203. Tapisserie flam., Diane sortant du bain. ép.
Régence, 4.850 fr. — 205. Tapisserie d'Aubusson en
trois morceaux, sujet pastoral d'après Huet, cp.
Louis XV, 13.700 fr. — 206-207. Bandeau, corbeille de
Heurs, etc. Fragment rep. des amours, xvii* s.,
1.435 fr. — 208. Tenture llam., fin xvr s., paysages
avec animaux; deux pièces, 7.260 fr. ; une petite,
825 fr. ; une autre, 1 .000 fr. ; une autre, 785 fr.
Tableaux modehnes. — 7. Corot. Les Roches dans
la forêt de Fontainebleau, 3.750 fr. — 8. Bords de
rivière avec laveuse, esquisse, 2.000 fr. dem. 1.800).
— 9. G. Courbet. Portrait présumé de Gustave
Mathieu, poète-chansonnier, 9.500 fr. (dem. 7.000). —
13. Daubigny. Villerville, paysage avec aniinaui,
2.000 fr. (dem. 2.500. — V. Daubigny, 1878, 750 fr.).
— M. Le Pré des Graves, 1.150 fr. (V. Daubigny, 900).
— la. Villerville, 2.000 fr. (dem. 3.300. — V. Dau-
bigny, 1.020). — 19. Diaz. Orage en mer, 1.400 fr.
(dem. 3.000. — V. Diaz, 1877, 1.780). — 20. Paysage,
ciel orageux, 3.100 fr. (dem. 5.000. — V. Diaz, 1.350).
— 22. Julien Dupré. Animaux à l'abreuvoir, 2.000 fr.
— 23. L'Heure de la traite, 1.4Ï0 fr. — 34. Ch. Jacque.
Troupeau de porcs dans la plaine sous un ciel ora-
geux, étude, 2.450 fr.
Dessins. — 107. Ch. Jacque. Berger conduisant un
troupeau de moulons, 1.220 fr.
Collection de M. J. L... (tableaux anciens;.
— Il nous suffira de donner la liste des prix de
cette vacation, composée de pièces de vente cou-
rante. P'aite salle 6, le 14 novembre, par M« Bau-
doin et M. Ferai, cette vente a produit 84.119 fr.,
ANCIEN ET MODERNE
309
avec, comme principale enchère, 4.600 fr. pour un
Portrait de femme par François Lemoine, estimé
3.000 fr., alors que sur la demande de 6.000 le
Paysage avec baigneuse par Hubert Hobert, n"a
réalisé que 3.000 fr.
PRINCIPAUX PRIX
Tableaux anciens. — 8. M"' Bouliar. La Rêveuse,
1.700 fr. idem. 2.300). — t4. De Marne. La Route du
marché, 3.600 fr. (dein. 2.500). — 17. Urolling. Por-
trails présumés de la famille de l'artiste. 1.500 fr. —
24-25. Kerg. Fêle de village. L'Abreuvoir, 1.000 fr. —
33. Van Iluysum. Un vase de fleurs, 1.100 fr. — 36.
Lacroix. Les Raif/iieuses, 1.050 fr. — 38-39. Lagrenée.
Le Juf/ement de l'dris. Le Bain de Vénus, 2.600 (dem.
2.400). — 42. Lallemand. Composition arcliitecturale :
Personnar/es devant un palais, 1.100 fr. — 43. Fr. Le-
moine. Portrait de femme, 4.600 fr. (dem. 3.000). —
47. Le Prince. L'Entrée de Paris à la Villette, 2.440 fr.
(dem. 2.000). — 49. Lericlie. Corbeilles de fleurs, deux
dessus de portes, 1.485 fr.
54. Van der Meulen. La Mêlée, 1.200 fr. (dem. 1.200).
56. École de Mignard. Jeune femme tenant une rose.
2.000 fr. — 38. École de Nattier. Le Trioynphe de
Fioce, 1.900 fr. — 64. Hubert Robert. Paysage avec-
baigneuse au bord d'un cours d'eau, 3.000 fr. (dem.
6.O00). — 65. Scliall. Le Modèle bien disposé, i.SSO fr.
(dem. 1.500). — - 72. Taunay : Le Marché, 1.500 fr.
(dem. 1.200). — 73. Le Passage du gué, 1.065 fr. —
74. Régiment d'artillerie entrant dans une place
forte, 1.560 fr. — 75-76. Orphée et Eurydice. Nymphe
et amour, 1.000 fr. — 80. Attribué à Trinquesse. Por-
trait de jeune femme, 1.500 fr. (dem. 2.000).
81. DeTroy. Jeune femme tenant une orange ,{ .^ii^ h ■
— 84. Carie van Loo. Portrait de femme en Diane,
2.000 fr. (dem. 2.000). — 85. Louis-Micliel van Loo.
Portrait de jeune femme, 4.300 fr. (dem. 3.000). —
86. Josepli Vernet. Vue de Rome, 3.400 fr. (dem. 4.000).
— 88. Vien. Jeune fille dans un parc, 8.555 fr. — 89.
Watteau de Lille : La Chansoti à boire, 1.310 fr. —
90. Le Charlatan, 1.000 fr. — 96. École hollandaise,
xvn* s. Portrait d'homme, 2.050 fr. (dem. 2.500).
Ventes annoncées. — A Paris. — Tableaux
anciens. — M" Henri Baudoin et M. J. Ferai
dirigeront, le 23 décembre, salle 6, une vente de
tableaux et dessins anciens qui a fait l'objet d'un
petit catalogue illustré.
L'intérêt particulier de cette vacation, (jui ne
comprend aucune pièce de premier ordre, sera
de niontrer-à nouveau un certain nombre de
peintures qui ont passé aux enchères publiques
à Paris en ces dernières années, notamment
dans les ventes Sedelmeyer, Edwards, de la prin-
.cesseMathilde, etc. Généralement, les objets d'art,
surtout ceu.K d'ordre secondaire, ne gagnent pas
en valeur à ce second passage sous le feu des
enchères à trop peu de distance de la première
épreuve.
Quoi qu'il en soit, notons en particulier les
numéros suivants : la Vierge, l'Enfant Jésus et
saint Jean, par Fra Bartolommeo ; la Vierge et
l'Enfant Jésus, par Cima da Conegliano; le Por-
trait de J.-V. Landenbern de Landenberg, atitribué
à Hans Holbein le jeune; et le Marchand de
cochons, par David Téniers le jeune.
Anciennes faïences de Perse. — Le même
jour, mais salle 2 et par le ministère de M= Lair-
Dubreuil et de M. R. Duplan, aura lieu, en vertu
d'un jugement, la vente de quatre faïences de
Perse : un grand plat creux, de forme circulaire,
à bords largement évasés, décor à rellets métal-
liques ; un autre plat creux, à décor gros bleu
sur blanc; un grand bol, décor de personnages;
un autre bol à décor bleu irisé. Trois de ces
pièces sont reproduites dans le catalogue dressé
à l'occasion de cette vente.
Collection de feu M. P... (tableaux mo-
dernes, etc.). — Donnons quelques détails sur
cette vente, que nous avons déjà annoncée et qui
aura lieu salle 6, le 21 décembre, par le ministère
de M" Le Ricque et de MM. Georges Petit et
Bernheim jeune.
Bien que comprenant des tableaux anciens,
l'intérêt de cette collection réside dans un choix
de peintures modernes. Parmi celles-ci, nous
remarquons : la Cressonnière à Ventes et la Seine
à Lavaucourt, par Daubigny le père, et du fils
Karl Daubigny, la Bûcheronne et un Étang en
forêt ; le Poulailler et Moutons pri's d'une marc,
par Ch. Jacque ; un Portrait de femme, par Henner;
le Wagon de troisième classe, par Daumier; une
Nature morte, par Philippe Rousseau; un Homme
d'armes, par Tony Robert-Fleury.
Signalons encore une peinture anonyme de
l'école française, une ligure de Rieur, et passons
ensuite aux pastels, aquarelles et dessins, où
nous notons : deux pastels. Portrait de femme et
Femme dormant, portant le nom de Boucher ;
Venise, par Hubert Robert; la Prise du Louvre en
1830, par Raliet; l'Hésitation, par (iavarni; une
Forêt, par Troyon; la Femme cassant du chanvre,
par Millet; et une Cour de ferme, par Ch. Jacque.
M. N.
"Si "^ 'S» "Si
310
LE BULLETIN DE L'ART
EXPOSITIONS ET CONCOURS
L'Éclectique (galerie des Artistes modernes).
— L'annfje dernière, à pareille date, ici-mAme,
un peintre d'intérieurs explorait la cité des
livres, défendue par les grifles dormantes
d'Hamilcar(l) : M. Pierre Calmettes nous intro-
duisait chez Anatole France. Aujourd'hui, ces
deux noms président à l'inauguration d'un nou-
veau groupe, où l'historien des Pingouins oublie
un instant l'horizon noir, pour promettre à nos
yeux la trêve d'une « harmonieuse variété >>.
L'arrangement total ne le dément pas, dès
l'abord; et » l'Éclectique » s'appellerait mieux «le
Synthétiijue », puisqu'il veut réconcilier frater-
nellement les beaux-arts et les arts mineurs. Le
nom d'éclectique évoque trop cette indifl'érence,
que l'austère Alfred de Vigny reprochait au
talent français, et qui serait contraire à l'har-
monie voulue du décor... Si la loyauté <lonnait
du génie, il ne tiendrait qu'à M. liellery-Desfon-
taines de réaliser cet idéal de beauté familière,
où s'efforce encore péniblement l'art nouveau.
Cet art s'humanise ou s'allège avec les ouvrages
connus de MM. Delaherche, Brateau, Dammouse.
Feuillàtre et Bigot. Traditionnels aussi, l'élégant
ferronnier Uobert, et le robuste bijoutier Uivaud.
Un collier de M"" René Jean se poserait sans
désaccord sur une jolie gorge. Et si la tenture ou
le meuble contemporains sont plus réfractaires
au succès, notons, au hasard des réussites, les
bois sculptés de M. Raymond Bigot, quelques
orfèvreries ajourées de M Scheidecker, un faune
de M. Saget, des eaux-fortes de M. Le Meilleur,
et, parmi la peinture, toujours prépondérante,
les rythmes bretons de M. Féau, les études
jurassiennes de M. Grosjean, les dessins
rehaussés de M. Jules Adler, véritable ami du
vrai peuple, le vieux Paris gravé par M"" Dela-
salle, et ses pochades plus résolues que ses
tableaux, la ferrrteté lumineuse de M. Dauchez,
enlin l'admirable lueur répandue par M. Lucien
Simon sur la Jeune violoniste, naïve, à contre-
jour, sous la bougie qui l'éclairé, dans un humble
décor embelli par la tendresse maternelle. En
retournant à la Bihliotht^que d'Anatole France au
sortir du Musée Carnavalet, M. Pierre Calmettes
paye de sa persoRne et nous prouve la survie du
goût français.
^1) Voir If lluiletiii du 30 Udvciubro 1907, p. 293.
Société des peintres-lithographes (galeries
Devambez). — S'il est avéré i\\ie l'équilibre naît
des contrastes, l'eau-forte n'est plus seule à
combattre les progrès de la photographie qui
devient un art, ou la vogue de l'estampe, qui riva-
lise avec la pholographie en couleurs : la sep-
tième exposition dos peintres-lithographes suit
de près la huitième des peintres-graveurs, après
de longues abstenlions ; et M. Léonce Bénédite a
groupé les uns comme les autres avec sa foi sou-
riante en l'avenir. L'heure est passée de la lutte
entre le crayonnage du peintre et le (jrain du
litho : la liberté règne. Absents, MM. Bracque-
mondjChéret, Willette, sans doute retenu jiar la
peinture religieuse ; mais revoici le maître A. Le-
gros et son élève de Londres, Dorolhea Landau,
rappelant tous deux le trait des maîtres anciens;
voici .\1M. Lunois et Léandre, l'un virtuose de la
pierre avec les Tisseuses de burnous ; l'autre,
contemporain poétiquement narquois de Célestin
Nanteuil, au temps dçs bandeaux à la vierge sur
fond de cathédrale et d'ogive. Sœur cadette un
peu bohème de l'eau-forte, la romantique litho-
graphie se fait volontiers montmartroise avec
MM. Dillon, Truchel, Cottlob, Eliot, NeuraonI,
Trigoulel, portraitistes de la Parisienne en son
invraisemblable costume d'Eve; à la femme nue,
l'auteur Henry Battaille préfère ici le déshabillé
moral des portraits. Satirique avec .MM. André
DevambezetJean Veber,paysagisteavec.M.\l. Bour-
gonnier, Morlot, Suréda, (iumery, Delfosse, iné-
galement coloriste ou trop souvent coloriée, la
lithographie renaissante a l'accent du Nord avec
MM. J. Pennell, Jackson, Ch. Shannon et Belle-
roche, féministe plus troublant qu'un tendre
Français, M. Lucien Monod.
Anna Boch (galerie Druet . — Telle, autre-
fois, Mm= Marie Collart, .M""= Anna Boch est une
paysagiste aussi connue dans son pays qu'ignorée
dans le nôtie. Voyageuse, elle quitte pourtant la
Belgique; et, sans s'astreindre à la grasse cam-
pagne llamande que les Goncourt appelaient la
banlieue de la France, elle abandonne sans
regrets la Ferme au.v sautes ou la Cabane des
sahotiers pour le marais de Hollande, le port de
Martigues ou même r.\cropole d".\thènes. C'est
un a-il (in. sensible à la lumière colorée, mais
un instinct qui .saerilie trop à cette rapidité dan-
gereuse, dès qu'elle multiplie les ébauches.
Expositions diverses. — Rue Laflille, une
antithèse imprévue : chez Georges Bernheim,
.Mm= Madeleine Lemaire cultive les jolies (leurs,
ANCIEN ET MODERNE
.TU
et, chez Vollard, M. Jean Puy courtise les
femmes laides. — 12, rue Nouvelle, l'hôtel
désaffecté d'une actrice devient Maison des Arts
et groupe des talents. — Chez. Otto, de petits
paysages empAtés par un nouveau venu, M. Du-
pcrelle, n'annoncent pas un révolutionnaire. -
Suggestive, « l'e.xposition internationale d'art
scolaire », aux murs peu décoratifs de la mairie
voisine de Saint-Sulpice; mais pourvu que tous
ces gentils dessinateurs ne deviennent pas aufant
de peintres 1
Haymond Bouvkh
P. -S. — Le Bulletin parlera, la prochaine fois,
de l'exposition rétrospective de Georges Seurat
(galerie Bornheim jeune), de celle du peintre-
graveur amt'ricain George Aid (galerie H. (iraves)
etde celle du sculpteur Alfred-Jean Haloii l"i, rue
Jacquemont).
NOTES & DOCUMENTS
i
Le musée de Mayence.
Le musée de Mayence devrait figurer, pour
mémoire, dans les livres que nous consacrotis
aux musées de province Avec ceu.v de Bruxelles
etde (Jenève.il lit partie des quinze grands dépôts
de tableaux souhaités par Chaptal avant l'arrêté
du 14 fructidor an VIIL A Bruxelles et à Genève,
le souvenir de notre générosité n'est plus sen-
sible, tant ces deux capitales ont enrichi leurs
musées au xix» siècle. Il se perpétue à Mayence.
Dès que le visiteur pénètre dans la collection de
peintures de cette ville, à l'ancien château des
Électeurs, l'impression qu'il reçoit est toute « dé-
partemfnitale >i. Fut-il distrait, ce visiteur, au point
d'oublier de lire les cartouches des cadres dont
il analyse le contenu, que les braves gardiens
mayençais ne tarderaient pas à lui montrer l'in-
scription fréquente sur ces cartouches: Schenkung
de?' franzosischen Regierung (don du Gouverne-
ment français).
Le musée de .Mayence est donc un musée
français de province, avec cette particularité très
appréciable qu'il n'a souffert ni des reprises des
Alliés, ni des sottises des municipalités vandales,
ni de la fantaisie des conservateurs peintres et des
politiciens amis des arts. L'école française y
garde dévotieusement de grandes machines de
concours par Jacques- François Amand, Jean
Bardin et Pierre Dulin, deux ou trois allégories
de Nicolas Mignard et Pierre-Charles Trémol-
lières, des animaux de Jean-Baptiste Oudry, etc.
Les portraits y sont de premier ordre. Henri IV,
par un maître français du début du xvu* siècle,
apparaît en buste, cuirassé, tel que la Navarre
le connut avant qu'il devînt roi de France,
jeune, le visage allongé par une barbiche gas-
conne : Henrycus Borboniua D. G. Rex Navarre
(sic), dit l'inscription qui accompagne cette
eflîgie. Antoine Penne, par lui-môme, montre une
œuvre qu'il peint ft7t7l. Entre un Hyacinthe
Rigaud et un portrait du chancelier Axel Oxen-
stierne(1645), l'exquise Princesse de Talmont, par
Nattier (1741). Sign»lons encore un religieux
antonite de Jean-Baptiste Van Loo, une véhé-
mente Crucifixion, de Claude Deruet, une Troupe
de Bohémiens d'après Jacques Callot, etc. L'école
llamande abonde également en grandes toiles.
Dans la partie qui nous occupe, ne retenons que
le Jésus parmi les docteurs, de Jordaens (1663). Il
mesure 4"'29 sur S'"30, dimensions redoutables
pour un musée de province. C'est la dernière
œuvre connue du maître d'Anvers. Au moment
où Mayence recevait ce Jordaens, Bordeaux en
recevait un autre qui, faute de place, fut confié
provisoirement à la cathédrale Saint-André, où
il est encore placé dans la nef. Mayence fit mieux
les choses, et l'on admire comment le chclteau
des Électeurs révéla des trésors d'élasticité que
la plupart de nos préfectures, de nos mairies,
réservent exclusivement à leurs bureaucrates.
Enfin, parmi les autres dons du Gouvernement
français, figure une ancienne copie de VAdatn et
Eve, d'Albert Durer (musée du Prado). Plus fidèle
que celle de la Galerie Pitti, elle aurait aujour-
d'hui sa place au musée du Louvre.
En ajoutant aux dons du Gouvernement fran-
çais une galerie d'artistes anciens et modernes
du Rhin central, nombre de documents topogra-
phiques et iconographiques, le musée de Mayence
continue son évolution régionale et peut servir
d'exemple à bien d'autres fondations consulaires.
André Girodie.
LES REVUES
France
L'Art et les artistes (novembre). — Trois mono-
graphies d'artistes en 20 pages : Le Tinloret, par
iJabrit'l .MouRKv; — Hené Piot, par Arsène Ai.exandhk;
— Cari Larsson, par Edouard André.
312
LE BULLETIN DE L'ART
Revue alsacienne illustrée (1908, IV). — M. J.-J.
GuiFFREY continue son étude sur trois tapisse: ies
alsaciennes, de la fin du xv et du commencement du
XVI" siècle ; après avoir parlé de la Vie de sainte
Odile, il traite aujourd'hui de celle de sainte Altale
(église de Saint-Ktienne de Strasbourg) et de saint
Adelplie (église de Neuwiller).
Les Arts (novembre). — Le numéro est consacré
à une étude de M. Arsène Alexandre sur les collec-
tions du comte Isaac de Camondo (art français du
xviu' siècle, sculptures du moyen âge français et
italien, objets d'art d'Extrême-Orient, peintures mo-
dernes de Daumier, Manet, Degas, Jongkind, Puvis
de Chavannes, Si'sley, Monet^etc).
Art et décoration (octobre). — Étude de M. M. -P.
■Verneuil sur des Vitraux étrangers et de M. J. Laran
sur Quelques meubles de G. de Feure, au récent Salon
du mobilier.
(Novembre). — Le Salon d'Automne, par MM. J.-L.
Vaudoyer (peinture, sculpture, etc.). Et. Avenard
(section finlandaise), F. Monod [l'Histoire de Psyché,
de Maurice Denis).
Italie
Emporium (octobre). — Artistes contemporains :
Alexandre Steinlen, par Vittorio Pica.
— Les églises et les abliayes cisterciennes en Italie :
Barletta, Fossanova, Valvisciolo, Casaraari, Viterbe,
San Galgano de Sienne, Amaseno, Ferentino, llome
(S. Maria sopra Minerva), par F. Lacetti.
— Les cités du songe et de la mort : Olympie,
Mycènes, d'après les fouilles récentes, par A. -11. Rossi.
(Novembre). — Artistes contemporains : Bruno
Liljefors, par V. Pica.
— Art rétrospectif : liernardino Lanino à Vercelli,
par G. Marangoni. — En 1910, Verceil célébrera le
quatrième centenaire de la naissance de Bernardino
Lanino ; et, à cette occasion, on en profitera pour
réunir momentanémeut enune seule galerie les nom-
breuses œuvres des maîtres locaux éparses dans les
églises et les galeries privées, peintures des Oldoni,
des Giovannoni et des Lanino, qui attesteront, dans
la ville du Sodoma, le mérite artistique du Piémont.
Russie
Staryé Gody (triple n° d'été, juin-septembre). —
L'Art à l'époque d'Alexandre 1" :
— Baron N. Wrangel. Le romantisme dans ta pein-
ture à l'époque d'Alexandre I"etde la guerre de ISIi.
Sous l'influence des événements, un essai de nationa-
lisme fut tenté dans la peinture russe. Un journal
indique, en 1802, les Faits et les Caractères de l'histoire
russe qui peuvent servir de sujets aux peintres ; 1812,
1813, 1815, thèmes patriotiques donnés par l'Académie
comme sujets de concours. Étuds sur Orlowski, élève
de Norblin et imitateur rapide de J. Vemet. Étude
sur 0. Kiprenski, portraitiste chaleureux que l'Italie
afladit et perdit. Publication complète du Journal de
Kiprenski à l'étranger en iSIl.
— Baron Wra.ngei., Serge Makowski et N. Troob-
NiKov. Araktchéev et l'Art. Visite àGrouzino, retraite
d'Araktchéev, aujourd'hui caserne. Araktchéev avait
placidement embelli sa demeure avec de jolies idées
sentimentales et galantes. Plusieurs de nos artistes
travaillèrent pour lui, Thomas de Tliomon et Agis;
Ledur, Ilulot, de Bay.
— V. Véréchtciiaguine. La femme et la mode à
l'époque d'Alexandre 1". Trois époques de l'histoire
de France, Consulat, Empire, Restauration, se reflètent
dans l'époque d'Alexandre.
— Alexandre Tkoubnikov. Thomas de Thomon. Im-
portantes rectifications à la biographie de notre com-
patriote. Thomon nait à Nancy (non à Paris), le '
21 décembre 1754; il meurt à Pétersbourg le 23 août
1813 (style russe), à la suite d'une chute faite d'un
échafaudage, lors de l'incendie du Grand Théâtre,
qu'il avait bâti. Avant d'arriver en Russie (fin 1798),
il était allé à Vienne et en Hongrie, chez le prince
N. Esterhazy, professeur à l'Académie (classe de pers-
pective), 1802, et classe d'architecture, 1810.
— G . OzAKOvsKi. Le théâtre au temps d'Alexandre 1".
« Théâtre de Voltaire, Ducis, Kniajnine, Ozérov,
Khmelnitski... La Grèce pour thème et la France
dans la réalisation. La France pour l'ensemble et la
Grèce pour quelques détails fortuits. »
— Baron A. de Foklkersamm. La bijouterie au
temps d'Alexandre I". Elle profita d'une double émi-
gration française causée par la Révolution, émigra-
tion d'orfèvres et émigration de leurs œuvres
(lesquelles, du reste, revinrent en France, après la
paix deTilsitt; leur afflux .subit, à une des foires de
Liepzig, fit baisser les prix).
— N. SoLoviov. Les livres illustrés sur la Htissie,
au début du XIX' siècle. OEuvres ou éditions de
Debucourt, Demartrais, liechberg, Iloubigant, At-
kinson, Buddeus, Faber du Faur, etc.
— Baron Wrangel. Les livres sur l'art à l'époque
d'Alexandre I". Premier Journal des beaux-arts,
édité en 1803 par le Français Th. de Boule. Traduc-
tions de Gérardin, Delille. Livres en russe et en fran-
çais, et une dizaine de livres en français.
— Ivan Fo«iXE. Vandalismes courrt?i/.s.Détériorations
à riiApital Marie (archit. Quarenghi); destruction de
la jolie et illustre Datcha Slro'jonov (arch. Voro-
nikhine), dont la Commission du Vieux Pétersbourg
n'a pu que faire prendre les mesures et relever les
moulages ; transformation du Théâtre du Palais de
Tauride en bibliothèque pour la Douma. L'auteur
demande des lois protectrices. — Denis Hoche.
Le Gérant : H. Dknis.
Pans. — Imp. (îeorKtts Petit, 1S, rue (iodol-de-Uauroî.
Numéro 404
Samedi 26 Décembre 1908.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Une Ligue belge
des Amis du Louvre
I
De braves gens de Belgique, émus des dangers
que court le musée du Louvre et des lenteurs
qu'on apporte au déménagement du ministère
dos Colonies, ont pris, ces temps derniers, une
initiative qui dénote chez eux, à défaut d'un sens
très fin des nuances, du moins un désir évident
de manifester leur amour de l'art, — ce qui est
chose louable, après tout — et une ambition
ardente de bien faire, même lorsque le mieux
qu'ils pourraient faire serait de ne rien faire du
tout : ils ont fondé une Ligue internationale
destinée à appeler l'attention du monde civilisé
sur la négligence inconcevable avec laquelle la
France expose ses trésors artistiques à la des-
truction par le feu.
Celte ligue est sans pitié pour nos ministres,
toujours débordants de belles paroles et toujours
ménagers de décisions rapides. La peste soit dis
lanterniers ! Voici que par leur faute le monde
l'ivilisé tout entier va nous montrer du doigt...
Le gouvernement a-t-il senti ce péril et a-t-il
voulu nous épargner cette honte "? Je ne sais,
i'oujours est-il que l'autre jour, à propos de la
discussion du budget au Sénat, M. le sous-secré-
taire d'État des Beaux-Arts a apporté à la tribune
l'affirmation précise que le ministère des Colo-
nies serait transféré dans les immeubles de la
rue Oudinot, dans le courant de l'année prochaine,
et, pour être plus exact, peut-ôtre même dès le
mois de juillet.
Voilà qui va rassurer la Ligue belge et interna-
tionale, à moins qu'elle ne trouve, comme nous,
que c'est montrer une ironie par trop cruelle que
d'annoncer à la tribune du Sénat qu'on accorde
encore au Louvre sept mois pour brûler I
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 18 décembre). — Au début de la séance,
M. Georges Perrot, secrétaire perpétuel, introduit les
deux nouveaux élus, le P. Scheil et .M. Camilfe
Jullian. Le président leur souliaite la bienvenue et
les invite, conformément à la tradition, à prendre
place parmi leurs confrères.
— M. Salomon Reinach communique une note de
M. Seyuiour de Ricci, cliargé d'une mission par le
ministère de l'Instruction publique en Egypte, rela-
tive à plusieurs inscriptions grecques, latines et
cariennes qu'il a recueillies, ainsi qu'à deux belles
statues grecques découvertes à Alexandrie, et à deux
portraits peints sur bois, d'époque romaine.
— L'Académie décide de reporter aux mercredis 23
et 30 décembre les dates de ses séances liebdoma-
daires procliaines.qui coïncideraient avec les lêtes de
Noël et du 1" janvier.
— M. Holleaux. directeur de l'École française
d'Athènes, lit un rapport sur les travaux di' i-etti'
école pendant l'année 19u8.
— La séance se termine en cumilé spcrei pour la
discussion du rapport de la commission chargée de
présenter des candidats aux places vacantes de cor-
respondants étrangers.
Manufacture de Sèvres. — Une commission a
été constituée, sous la présidence du sous-secrétaire
d'Etat des beaux-arts, en vue de la réorganisation de
l'administration de la Manufacture de Sèvres. Elle
est composée de MM. Emile Bourgeois, professeur à
la Sorbonne; Quost, artiste peintre et cératniste ;
Oanimouse, céramiste; René Lalique. orfèvre ; Victor
Cliampier, directeur de l'École des arts décoratifs de
Roubaix; Michel Tardif, maître des requêtes au Con-
seil d'État, et Le Ctievalier-Chevignard, secrétaire de
la Manufacture do Sèvres.
Société des Amis du Louvre. — Les Amis du
Louvre ont visité la semaine dernière, sur le quai de
la Tournelle, le vieil hôtel de Miramion, où sont
installés la pharmacie centrale des hôpitaux et le
muséede l'Assistance publique. Cet hôtel fut construit
au xvit* siècle et acheté en 1610 au financier Martin,
par M»" de Miramion qui, lorsqu'elle eut pris le voile.
.-il 4
LE BULLETIN DE L'ART
y installa les filles de Sainte-Geneviève « les Mira-
miunes ».
Les Amis du Louvre se sont ensuite rendus, tout
près de là, à l'église Saint-Nicolas du Chardonnet, où
sont les tombeaux du peintre Le Brun, de sa mère et
de sa veuve, par Coyzevox, et un superbe Corot :
le liapléme du Christ. Ce tableau, liien connu des
amateurs d'art, fut la seule commande faite à Corot
pendant sa longue carrière. Il présente cette parti-
cularité que c'est le seul tableau du maitre où les
figures soient plus importantes que le paysage.
Société de reproduction des dessins de maî-
tres. — Une réunion d'érudits et d'amateurs vient
de se constituer, sous la présidence de M. Jean Guif-
frey et sous la dénomination de « Société de repro-
duction des dessins de maîtres» : elle se propose de
reproduire, par les procédés les plus exacts, des des-
sins anciens et modernes, français et étrangers,
conservés dans les collections publiques et les galeries
privées.
Le nombre des membres de la Société n'est pas
limité. Le montant de la cotisation annuelle est de
25 francs.
La Société publiera d'abord vingt-cinq dessins par
an, qui paraîtront en cinq fascicules : le premier
fascicule sera distribué vers le la janvier prochain et
contiendra des dessins de Michel-Ange, Fragonard,
Hokousa'i, Degas, et d'un maitre inconnu de l'école
alkniande primitive, appartenant aux collections de
MM. Uoniiat, Jacques Doucet, Rodrigues et Vever.
Le nombre des dessins publiés par la suite augmen-
tera en proportion des souscriptions nouvelles, —
les ressources de chaque année devant être employées
uniquement en reproduction de dessins
Les adhésions sont reçues par M. Jacques Doucet,
trésorier de la Société, 19, rue Spontini, à Paris.
Société d'encouragement à l'art et à l'indus-
trie. — Le sixième concours de bourses d'apprentis-
sage, organisé par la Société d'encouragement à l'art
et à l'industrie, entre les élèves des Écoles des beaux-
arts, d'art décoratif et industriel des départements,
vient d'être jugé.
Le jury chargé de désigner les lauréats comprenait :
M.M. Lucien Layus, président; Paul Colin, rapporteur;
Jean GuiU'roy, secrétaire; et comme membres MM.
Henry Itoujon, G. Trouillot, Félix Follot, G.-Koger
Saiidoz, Louis Bonnier, Itigard-Fabre, Valentino, Ca-
violc-Oumonlin, Tournade, Georges Boin, Ed. Jalla,
Brochard, E. Lévy, Ph. Monduit, Jules Niclausse, de
Uibes-Ghristolle.
Il a classé les candidats comme suit : 1" M. Albert
Brabo, de l'école d'Alais; 2- M. Jean de Ville-d'Avray,
de l'école de Nice; 3" M. Léon Duquenne, de l'école
de Calais.
Le premier nommé reçoit le titre de pupille de la
Société et aura droit, jusqu'à la tin de 1911, à une
bourse annuelle de 1.200 francs. Les deux autres lau-
réats reçoivent des prix en argent de 200 francs et
100 francs. A tous il sera remis une plaquette de la
Société par Roty.
Salon d'automne. — Le Comité du Salon d'au-
tomnes vient de constituer comme suit son bureau
pour l'année 1909 :
Président, M. Frantz-Jouidain ; vice-présidents,
M.M. Georges Desvallières, Camille Lefèvre, Charles
Plumet; trésorier, Géo. Weiss.
Présidents de sections ; peinture, MM. Ch. Guérin ;
sculpture, Alb. Marque; architecture, II. Sauvage;
dessin, M. Dethomas ; gravure, J. Perrichon : art
décoratif. H. llamm.
Membres titulaires : MM. P.-L. Baignières, K. l)u-
champ- Villon, P. Laprade, L. Le Bail, Massoul.
Secrétaire général : M. Etienne Avcnard.
Dons et legs. — M"" V^« Crauk vient d'otlrir à la
mairie du VI' arrondissement le Combat du Centaure,
une des meilleures œuvres du regretté sculpteur
Gustave Crauk.
— M.Frédéric Masson vient d'oflrir à l'État un meuble
de salon, composé d'un canapé et de fauteuils en bois
doré recouverts de velours réséda, les pieds et les
bras ornés de têtes de lions et les dossiers décorés
d'aigles et de couronnes : ce meuble, qui garnissait
la villa .Napoleone, lors de l'exil de l'empereur à l'Ile
d'Elbe, avait été légué en 1905. par la baronne Jérôme
David, à M. Frédéric Masson, à charge pour lui de le
transmettre à un musée, pour éviter qu'il fut vendu
aux enchères.
A Berlin. — C'est demain 27 décembre que s'ouvre,
à Berlin, l'exposition de la Sécession, qui comprend
une importante exposition rétrospective de Ilans von
Marées.
A Moscou. — Un comité s'est récemment constitué
et tient ses séances au musée historique pour fonder
à Moscou un musée consacré aux souvenirs de l'année
1812. Une première exposition des objets recueillis va
avoir lieu dans quelques semaines. Appel est fait aux
donateurs et à toute personne pouvant indiquer des
objets intéressants qui se rapportent à la campagne
de Russie.
A Tournai. — En septembre 1909, à Tournai
(Belgique), s'ouvrira une exposition d'œuvres d'ar-
tistes tournaisicns du xix* siècle, organisée par le
Cercle artistique de Tournai. Pour les renseignements,
s'adresser au secrétaire du Cercle, 10, rue des Cariiers,
à Tournai.
ANCIEN ET MODEKNE
3is:
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — Vente de la collection de
M. X... ^Porcelaines anciennes, etc.). — Cette
vente, intéressante surtout pour les amateurs de
porcelaines anciennes, a produit 105. i94 francs,
le 10 décembre, salle 0, sous la direction de
M= l.air-Dubreuil et de .MM. Paulme et Lasquin.
D'une façon générale, les adjudications se sont
tenues très près des prix de demande, plutôt un
peu au-dessous en général, car pour certains
numéros,— comme legroupen crinoline «envieux
Saxe, qui a réalisé 16.000 francs, sur l'estimation
de 1 11 000, — c'est le contraire cjui s'est produit.
C'est d'ailleurs la plus belle enchère de la vente;
il nous suffira de donner la liste des autres; les
séances de ce genre, d'un intérêt tout spécial,
ne demandant pas de grands commentaires.
Anciennes i'Orcelainfs .ai.lemaniies. — Loiiishoury.
S. Groupe, le Galanl chansevr, en coul., t. 400 fr. —
Fran'kenlhal. iW Groupe, tes Quatre saisons, {.100 fr.
(rest., dem. 1.000).
Anciennes I'okcei.aines de Saxe. — il. Deu.x vases
couverts, forme tulipes, déeorésen coul. . l.SOOfr. rest.,
dem. 2.000). — 42. Vase et couvercle, panse treillagée,
rocailles en relief, anses branchages, 1.10,")fr.— 44. Deux
candélabres formés de statuettes de jardinier et jardi-
nière, en coul., sur terrasse bronze, avec arbuste
porte-lumières, orné de fleurettes en porcel., 1.010 fr.
rest., dem. 1.800!. — 46. Plateau d'écritoire décoré
médaillons en coul., à paysages et personnages à la
bordure, six médaillons camaïeu rose, à paysages et
personnages. 1.200 fr. (dem. 1.500). — 49-50. Berger
tondant un motiton. Berr/ère sur un rocfter jouant
avec un mouton, 3 300 fr. (dem. 5.000). — 53. Groupe
de deux personnages, acteurs de la Comédie italienne,
2.300 fr. {dem. 3.000). — Surtout de six pièces, centre
forme colonne supportant une corbeille ajourée et
entourée d'une ronde de Silène et de Bacchus ; à la
base, figurines ou groupes d'enfants bacchants, faune
et faunesse, 3.300 fr. (fêlures, dem. 6.000). — 55. Cha-
meau marchant, recouvert d'un tapis bleu, 4.160 fr.
rest., dem. 4.000 . —56. Le Tailleur du comte de
ISruhl à califourchon sur un bouc, 3.400 fr. (quelques
accidents, dem. 4.500). — 57. Groupe crinoline. Entre-
tien galant, jeune femme assise, occupée à broder ;
à sa gauche, un seigneur, 16.000 fr. (fractures et
manques, dem. 15.000).
Anciennes pokcklaines iie Chine. — 62. Petit vase à
fond noir, décor en coul., ép. Khang-Hi, 1.200 fr. —
64. Compotier, porcel. mince décorée d'un coq sur un
rocher en coul., revers rouge d'or, ép. Yung-Chen,
2.003 fr. (intact, dein. 1.300).
Anciennes porcelaines. — l'dte tendre. 69. Mennecy.
Deux statuettes. Joueur de flûte et Joueuse de tambou-
rin, en coul., 1.190 fr. (rest., dem. 1.800).
87. Sèvres. Écuelle, couvercle et présentoir, décor
guirlande de lleurs et nœuds de ruban. Micaud déco-
rateur, 3 030 fr. (dem. 4.000).
Anciennes faïences. — 90. Delft. Deux corbeilles
rondes, ajourées, anses dauphins, décor en coul. et
dorure, médaillon la Jeuties.-ie et l'Age mur, costumes
Louis XV, fond de paysage, 2.300 fr. (anses Iract. dem.
3.000).
Tebhe cuite. — 91. Groupe à deux personnages, le
Goûter. Jeune homme assis sur une table, se penchant
vers une Jeune fille, xviii" s. .Modèle réparé en bis-
cuit de Sèvres, 6.000 fr. (dem 6.000).
BnoNZKs DAMEUBLE.MKNT. — 121. Pcudule de carton-
nier, fronton à coquille, guirlandes de fleurs, sur
base à godrons, ép. Régence, 1.300 fr. (dem. 2.000).
Meubles, sièges. — 126. Deux encoignures, mar-
queterie de bois de coul., à trophée d'altributs, bran-
ches de fleurs et feuillages, bronze estampé de
P. Roussel, ép. Louis XV, 3. i05 fr. — 127. Commode
contournée marqueterie à losanges et trophée, est. de
Delorme, ép. Louis XV, ornements bronze rapporté,
4.100 fr. (dem. 10.000). — 128. Huit chaises, bois
sculpté, ép. Louis XV, 1.020 fr.
Vente de dessins et d'objets d'art. — Cette
vente, qui avait fait l'objet d'un catalogue illustré,
a eu lieu salle 6, le 18 décembre, sous la direc-
tion de M" Lair-Dubreuil et de MM. Paulme et
Lasquin, et a donné un produit total de 98.718 fr.
Elle comprenait une réunion assez nombreuse
de dessins anciens, et certains ont atteint à
des enchères plus qu'honorables, dont on trou-
vera ci-dessous les plus importantes Mais c'est
du côté des objets d'ait et d'ameublement, et
dans la catégorie des tapisseries, qu'il faut cher-
cher les plus gros prix de la séance : 12.300 fr.,
sur la demande de 10.000. pour un grand pan-
neau à sujet pastoral d'après Huet, et 6.700 fr.
pour une tapisserie flamande d'époque Régence,
à sujet mythologique.
316
LE BULLETIN DE L'ART
PRINCIPAUX PRIX
Dr.ssiixs. — 12. Fragunard. Jeune lille assise à terre,
2.700 Ir. (dem. 3.000). — IH. Cl. Hoin. Jeune fille à
la corbeille de .fleurs, etc , 2.500 fr. (dem. 3.000). —
19 Lavreince. ie iUa^î'n el 20. L'Innocence en danger,
2.010 Ir. — Prud'hon. 23. Académie de femme, 1.800 fr,
deui. 2.000j. — 24. L'Innocence préfère l'Amour à la
richesse, 1.600 fr. — 33. A. Watteau. Le Matamore,
1.050 fr.
Tableaux. — 49. Ch. Hutia. La Lessiveuse. 1.000 fr.
(dern 2.000). — 50. Ch. de Lafosse. Esquisse pour un
plafond, 1.300 fr. — 35. Jean Pilleinent. La Tempête.
2.500 Ir. (dem. 2.000).— 63. J.Vernet.Pw^saje. 1.253 fr.
ScDLt'ïL'HEs. — 6o-. Statuette de Jeune femme,
plâtre, attribué à Le Moyne, représentant Aimée de
Coigny, 3.210 fr. (dem. 3 000). — 66. Groupe, anc.
terre cuite, attribué à Clodion. Silène avec une foule
d'enfants nus, 2.000 Ir (dem. 6.000) — 67. Deux
bustes terre cuUe, .xviii" s., Jean qui pleure et Jean
qui rit, 1.300 fr. (dem. 2.000 .
Porcelaines et faïences. — 68. Fontaine à partuui
anc. porcel. Saxe, décorée de Heurs en coul., sur ter-
r.isse agrémentée de ligurines, tleurs. volatiles, etr.,
1.150 Ir. (dem. 3.000:i — 72. Déjeuner tête-à-tête,
anc porcel de Sèvres. lietiré. — 74. Groupe. Les Dé-
nicheurs, anc. porcel. tendre de Mennecy cm Cliau-
tllly.en coul., (coup de feu. main détachée et manques;,
3.210 Ir. (dem. 4.000).
Objets ùr. vitbixe. — 96 Boite or éniaillé bleu, à
paysage, ancien travail de Genève, I 015 fr.
Bronzes u'ameuble.mem. — 100. Chenets, modèle
a vases-cassolettes trépieds. Galeries ornées de lau-
rier, ép. Louis XVl, 3.000 fr. (dem. 3.000).
Meuhles anciens. — 111. Salon bois doré (^canapé
et quatre fauteuils), tapis, au point à fond crème,
gerbes de tleurs, 3.100 fr. — 113. Deux fauteuils bois
sculpte, recouverts tapis, d Aubussou. à médaillons
(l'oiseau.N et .•uiiui.ui.s sur fond crèrno, cp. Louis XVl,
1.550 fr.
'rAPis.sEKiïs ANCIENNES, Tapis. — 116. Tapis, ciim.
XVl' s., Diane et Actéon, bordures, 3.800 fr. — 117.
Tapis. Ilaui., svi' s., sujet de I Histoire Hiicicnne,
larges bord., 1.360 fr. — 118. Tapis, de Uru.xellcs, fin
XVI' s, sujet biblique, sans bord., 1.030 fr. — 119.
Tapis, de Bruxelles, xvu' s., sujet mythologique,
larges bord., 2.200 fr.— 121. Tapis. tlaui.,ép. Kégence,
paysage avec composition mythologique, à person-
nages, large bord., 6.700 fr. — 122. Tapis Auhussun,
ep. Louis XV, trajet pastoral, d'après J.-B. Huet,
12.300 fr. (dem. 10.0001. — 123. Euiadremcnt anc.
tapis, llaui., fin xvrs.. tleurs, rinceiuix cl sphin.\ sur
lond jaune, 1.000 fr. — 124. Deux grands bandeaux,
anc. tapis, au point, à personnages, fin xvi" s.,
2.620 fr. — 123. Tapis d Aubusson. com' xix' s., fond
bleu, rosace encadrée d'une couronne de fleurs.
1.700 fr.
Vente de tableaux modernes, etc. — Celte
vacation anonyme, qui a eu lieu salie 1, le
19 décembre, sons la direction de M' Baudoin
et de M. Ferai, a produit 38.000 francs et donné
lieu à quelques enchères qu'il nous suffira de
signaler.
Les honneurs de -la journée ont été pour un
Diaz,/a Clairière en forêt, adjugé 7.700 francs, sur
la demande de o.OOO.
PRINCIPAUX PRIX
AyUAHELLES, ETC. — 10. Harpignies. Vue d'un square
a l'aris, aquar.. 1.320 Ir. — 19. H. Leys Intérieur de
chapelle. 1.000 fr.
Tableaux .modeknes. — 42-43. Ch. Chaplin. Deux
pendants. La Musique et la Poésie, 3.0_30 fr. — 30.
Diaz. La Clairière en forêt. 7.700 fr. (dem. 5.000;. —
52. Dinet. Ouled-Nails, 2.650 Ir. — 69. Emile Lambi-
net. Pâturage traversé par un cours d'eau, 2.500 fr.
— 72. Jules Noël. Entrée de ville, 1.700 Ir. — 75. Ca-
mille Pissarro. Un village sous la neige, 1.260 fr. — 79.
Hochegrosse. Le Kepos au clair de lune. 1.020 Ir
'Vente de la collection de feu M. P.. ta-
bleaux modernes, etc.). — (".elle vente, que
nous avons annoncée avec détails et qui avait
l'ait l'objet d'un catalogue illustré, a produit
82.572 francs, salle 6, le 21 décembre, sous la
direction de M" A. Le Ricque et de MM. Georges
Petit et Bernlieim jeune.
Les prévisions ont été dépassées pour les nu-
méros les plus importants de la vacation, notam-
ment pour le Charles Daubigny, la Cre$sonniere,
a Veiller, adjugé 27.200 francs, sur la demande
de 2S.000, et le Poulailler., par Ch. Jacque,
vfiiihi la. "(M) francs, sur l'estiination de Ili.OOO.
il parait y avoir eu plus de faiblesse sur les
pièces d'ordre secondaire, qui n'ont réalisé que
lie petits prix, et un certain mécompte en ce
qui concerne les deux pastels portant le nom
de Boucher, qui avaient paru assez importants
pour rtre reproduits dans le catalogue de la
vente et qui n'ont même pas réalisé le billet de
mille francs chacun i22. Éc. française. Po'irail
de femme, pastel, 880 Ir. — 23. Femme dormant,
«60 fr.).
PRINCIPAUX PRIX
Tablbacx. — 0. Ch. Uaubigay. La Cressonniêie a
Veules. 27.200 fr. (dem. 23.000). — 6. La Seine à Lava-
court, ifffetdu soir. 3.450 Ir. — 9. D'aumier. te ^'agon
de troisième classe. 6.700 fr. idem. 6.000 fr.). — 13.
Ec. française. Le Hicur. 4.800 fr. (dem. o.OOO). — 13.
Hcuner. Portrait de femme, 8.400 fr. ;denj. 6.000). —
16. Ch. Jacque. Troupeau de moutons près d'une mare.
ANCIEN ET MODERNE
.3r
9.000 fr. — n. Le Poulailler. 13.700 fr. (dem. 15.000\
Pastels et aqcabblles. — 30. Hubert Robert. Venise
(Canal sousnne volite.avec figtires), aqiiar.. 1.130 fr,
(dem. 280).
M. N.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Georges Seurat, 1859-1891 (galerie Bern-
heim jouiie). — Des crayons au clair-obscur
mystérieux, où le blanc du papier grenu joue
son rôle, paysages boisés, ports enchevêtrés,
silhouettes vaeues, mais justes, souvenirs, alors
audacieux, de Fantin-Lalour, intimités et por-
traits (un profil de Af. Signac, coiffé du chapeau
haut de forme adopté, depuis Courbet, par le
réalisme); des marines de Grandcamp, des
Seines claires, pochades plus vibrantes que les
grandes toiles alourdies par une synthèse un peu
caricaturale et refroidies pat la division du ton
i le Cirque ou le Dimanche A la Grande Jatte, déjà
revus, en mars 1892. aux Indépendants) : telle
est la " rétrospective » d'un primitif de la vie
moderne, instaurateur de ce pointillisme qui
devait substituer la rigueur de la science aux
impreasions de l'art, et que la liberté moins
intransigeante de nos décorateurs actuels a
dépassé.
George Aid (galerie C raves). - Est-ci? notre
faute, si nous r.épétons trop souvent les noms de
VVhistler et de Cézanne? Celui-ci domine trop
quelques aberrations continenlales. tandis que
celui-là préside à la délicatesse un peu mysté-
rieuse des peintres-graveurs d'outre-mer. En voici
ti ois, rapprochés par la coïncidence des exposi-
tions. Amouieux de Venise et de la France, ces
whisllériens se réclament, <r.iilleni s, de l'atelier
Laurens,au Salon des Artistes français. A VAme-
l'ican Art Association de la rue Notre-Itame-des-
Champs, c'est un Canadien voyageur, M. Prank-
Milton Armington; boulevard des Capucines, chez
Tooth, c'est un Américain de New-York, épris de
Montmartre, des bords de la Seine et de leau-
forte en couleurs. M. Viiuglian ïrovvbridge; rue
Câumarlin, chez (iraves, où l'amateur a déjà
iioùté les lieaux noirs de MM. Synge et Fitlon.
c'est un Améiicain de l'Illinois, M (ieorge Aid,
peintre et féministe, apprécié du salonnier.
L'aquafortiste n'est que paysagiste, mais avec
encore plus d'ingéniosité : le Salon de 1907 nous
montrait six de ses plus jolies vues de Venise, où
lé voisinage lourd du cuirassé semble agiter la
gondole ironique. Ardente en Espagne et vapo-
reuse en Hollande, la pointe s'aiguise en interro-
geant nos châteaux de la Loire, où les valeurs
savantes de la morsure interprètent lumineuse-
ment la jeunesse française des vieilles pierres.
Halou (IS, rue Jacquemonl). — Dans la crise
tardivement romantique de la sculpture, ce jeune
admirateur de M.Rodin n'a pas oublié Carpeaux,
et lerôve de l'expression ne le brouille pas avec
les délicatesses robustes de la forme : même au
Salon d'automne, il n'éprouve point l'attrait de
décapiter ses modèles; et le masque audacieux
d'une Vision n'est qu'un pur morceau de Carrare.
Il reste français, étant né tourangeau. Compa-
triote et d'abord collaborateur du céramiste
Alexandre Bigot, ce statuaire blaisoisqui connaît
l'émail, qui taille le marbre ou patine le bronze,
a débuté dans la section des objets d'art, en 189tJ,
au Champ-de-Mars. Son œuvre, qui promet,
s'annonce varié : des ligurines, depuis la mère
Camu.s jusqu'à la pelile Aphrodite résignée {\) dans
la transparence du marbre grec; des bustes
vivants (A/"'" Ale.candrinc, octogénaire beauce-
ronne, un Vieux pliilosoplie {2,, ou les Deux
sœiiis, veuves de pêcheurs bretons); enfin, de
grands nus, aspirant à la beauté, depuis le réa-
lisme accroupi de la HcsiQnation jusqu'à la Naïade
virgilienne, alanguie dans la pierre blonde, et
qui valut à son auteur une bourse de voyage en
1907. L'amour du grec la préservera de l'ar-
chaïsme, puisqu'il exige de la cliair pétrifiée la
palpitation de la vie.
Expositions diverses — Elles sont innom-
brables. Seraient-elles le mal dont meurt l'art
moderne '? En attendant la preuve, interrogeons,
chez Sagot, M. Fornerod, un Suisse attiré par
l'Espagne, éclairant ses contemporaines avec le
jour inquiétant du Greco. Dans les galeries Weill
ou Druet, se retrouvent les habitués du Salon
d'automne. A la galerie de l'Art contemporain.
.'(, lue Troncliel, des décorations serrées de
M. Biéler, d'heureux instantanés de l'animalier
l'ierre Christophe, des meubles très sagement
modernes de M. Bouchet, rehaussés de cuivres ou
de fers forgés de M. Brindeau. Puisse ce groupe-
ment discret préserver l'objet d'art de l'édition
commerciale I
Ray-mond Bolyeu.
'1-2, Voir, dans la Het'iie. nus Silon* de sciilpliiif
(l'JO* et 1908;.
318
LE BULLETIN DE L'ART
CORRESPONDANCE DE BERLIN
Les peintures de la salle des séances du
Parlement.— La rivalité artistique entre lAlleniagnc
du Nord et celle du Sud ne perd jamais une occasion
de se manifester; les rétractations de l'empereur en
fait de goûts personnels et le maintien deM.deTschudi
à la Galerie Nationale n'ont pas encore eu le temps
d'exercer une influence salutaire sur le goût berlinois.
Les peintures décoratives que le Prof. Angelo lank, de
Munich, vient d'achever dans la salle des séances du
Parlement, soulèvent les plus vives polémiques et des
protestations qui vont jusqu'à invoquerl'honneur delà
nation et les intérêts de l'art allemand.
Le triptyque exécuté par M. lank, conformément
aux esquisses avec lesquelles il a concouru et rem-
porté le prix à deux reprises, représente : au milieu,
Guillaume I"parcourant le champ de bataille de Sedan;
i'i gauche et adroite, deux scènes du temps de la fon-
dation de l'Empire germanique : Charlemagne rece-
vant à Paderborn les ambassadeurs du khalife de
Cordoue ; Barberousse à cheval, acclamé par une
députation des villes lombardes, tous sujets éminem-
ment aples à mettre en valeur les qualités de l'excel-
lent peintre, dessinateur serré et fougueux coloriste,
qu'est l'arliste munichois. On lui reproche aujourd'hui
le choix de ses sujets, lalurnsplière grise du tableau
central (et l'on sait s'il a plu, cette après-midi du
2 septembre 1870 !), la présence d'un drapeau français
incliné devant le roi qui passe, l'utilisation d'un motif
emprunté à une œuvre antérieure, etc. — critiques,
dont certaines peuvent être fondées, mais qui n'in-
firment en rien, d'ailleurs, la réelle valeur d'art des
peintures. Parmi les détracteurs, il n'est pas jusqu'à
M. Anton von Werner qui n'ait élevé la voix pour
remettre en avant ses propres projets (l'yoclamation
de. L'Empire, fuse de la première pierre du l'arlemenl
pur l'empereur Guillaume I" en 1^34, l'ose de la pierre
terminale par Guillaume 11 en 1X9^1 , refusés aux
mêmes concours où la commission choisissait ceux
de M. lank.
Si MM. les députés, qui prétendent être " maîtres
chez eux « résistent à toules les remontrances des
milieux artistes, les nouvelles décorations en seront
quittes pour aller rejoindre, dans les greniers de la
maison, d'autres œuvres de valeur de M.\l. l'ianz
Stuck et Ad. Ilildebrand, à ne citer encore que des
Munichois. — M. M.
NOTES & DOCUMENTS
A propos d'Adolphe Hervier, 1818-1879.
En 1906, Lami, le compagnon de Carpeaux aux
bals des Tuileries ; en 1908, Hervier, le solitaire
explorateur des marchés normands : applaudis-
sons à ces « rétrospectives » d'aquarellistes fran-
çais, qu'une nouvelle Société internationale
organise à peu près périodiquement dans la
galerie Georges Petit.
11 y a trente-deux ans (1), Philippe Burty di-
sait : « En v.ain, depuis 1838, les divers pelotons
d'exécution qui se sont succédé sous le litre offi-
ciel de jurys se sont transmis le mot d'ordre et
ont refusé vingt-trois fois cet artiste. Son œuvre
est classé. » "Sans doute, classé, mais comme
l'affaire ténébreuse que la justice abandonne...
On continue d'ignorer tout de ce Parisien trfts
villageois, plus riche de prénoms i2) que de rentes,
et qui n'est point né, comme on le répète, en
1821. Hervier meurt subitement le samedi 18 jan-
vier 1879, dans son taudis de la rue des Martyrs,
n" 3, « à l'âge de 61 ans » ; et, seule ressem-
blance du bohème avec le grand Claude, son acte
de décès donne indirectement sa date de nais-
sance : 1818 ; brûlé par la Commune, l'acte est
de ceux i|ui n'ont pas été reconstitués.
Autres documents,-- aquarelles, sépias. crayons,
ne décrivent pas seulement des architectures
provinciales et de vieilles rues, de beaux arbres
et de vilaines gens, des verdures sulfureuses que
tache la coiffure rouge d'une mégère dç hameau ;
ces notes d'art nous racontent une vie d'artiste :
avec sa ferme écriture de peintre-graveur, Her-
vier, tel Jongkind, les date comme une lettre ;
on y peut suivre des yeux son tour de France
incessant. Exemples : 6'6'« croquis du voyage de
CmUancca, 18(i6. novembre; — IS68, logement
de la rue des Martyrs, et cette mention digne de
l'ami de Hresdin : Si Jeannette savait ! On y trouve
la préparation des toiles orageuses, des trois
albums de lithographies, des inégales et nom-
breuses eaux-fortes ; voici l'éTolution de l'obser-
vateui- depuis " un souvenir de Decamps » (18471,
jus(|u'à cet aveu : Hctojnhc dans la nature : Saint-
Germain, le Val, avril ISIO. On y retrouve le
passé : llalUs de Paris; rue de la Vieille-Draperie,
près de la rue du Contrat-Social, (Soi ; l'année
suivante, c'est le Marché aux œufs, avec ses en-
seignes et ses piliers rouges. On y lit le visage
louche d'une échoppe et la physionomie de ces
murs lépreux. Un style romantique a retenu
(1) Préface du catalogue (vente du samedi 26 février
1876).
(2) Louis-Hcnri-Victor-Jules-Krançois-Adolphe, dit
le livret du Salon de 1866.
ANCIEN ET MODERNE
319
n le rayon particulier », « l'angle rare » (1) et
« la minute mystérieuse « en sa précision : par-
fum d'étrangeté, que Baudelaire appelait « le
condiment de toute (ruvre d'art ».
Haymond RorvEH
f"f
LES REVUES
France
Les Débats (20 décembre). — L'Enseignement dit
dessin, par Louis HfujiiTir.Q. — On sait — et le Biillelin
l'a annoncé — que le Conseil supérieur de l'instruction
publique vient de s'occuper de renseignement du
dessin, dont les procédés actuels paraissent détostaliles
et dont les résultats le sont en effet. M. Edmond
Pottier, membre de l'Institut, conservateur an musée
du Louvre, a rédigé les conclusions de la Commission
chargée d'étudier la réforme de cet enseignement et
les a soumises au Conseil supérieur. Et M. L. Ilour-
ticq se demande si c'est une ère nouvelle qui s'ouvre
pour le dessin.
Il constate tout d'abord que les réformateurs sont
d'accord pour demander la suppression des méthodes
actuelles, dont le principe consiste à réduire le dessin
à des opératiens faciles et à les enseigner progressi-
vement : méthode sans attrait, ne développant ni la
curiosité visuelle ni l'esprit d'imitation, à laquelle
certains professeurs ont tenté de remédier en laissant
à l'enfant le elioi.x de ses sujets et de ses moyens.
L'ocneil, c'est que les facultés enfantines d'observation
et de transcription, abandonnées à elles-mêmes, s'.ts-
soupissent ou s.émoussent, se limitant dès lors à un
très petit nombre de formes.
M. L. Ilourticq ne croit pas que c'est la méthode
défectueuse du professeur qui éteint en nous la curio
site visuelle, mais bien l'éducation scolaire qui, en
s'emparant île l'esprit de l'enfant, fixe son attention
sur des notions abstraites et la détourne de toute
observation, sauf pendant les très rares heures consa-
crées à la classe de dessin. Il faudrait trouver le
moyen de concilier la méthode de la nature et la
méthode classique, afin de pouvoir former v de vrais
artistes capables d'exprimer en une langue correcte et
élégante, une imagination originale ; mais on n'en
demande pas tant : il sullirait que l'on apprit à regar-
der et à tenir un crayon ».
D'ailleurs, la question dépasse de beaucoup la que-
relle entre deux procédés pédagogiques; notre sys-
tème scolaire tout entier ignore le langage des formes,
(I) Théophile Gautier, les Itenux-Aiis en limope,
ISo'J, 2' série; et le Moniteur universel, feuilleton du
11 février 1856. — Cf. les Goncourt, Salon de 18.')2, et
le Itulletin de l'Art des 19 septembre et 28 novembre
1908.
notre enseignement est « grand assembleur de mots
et contempteur d'images », et pourtant la pratique du
dessin et l'étude des arts y devraient avoir une place
d'honneur; malheureusement, remarque avec esprit
M. L. Ilourticq, « l'Université est un douairière qui
parle bien, mais qui a la vue basse ». Aux études pro-
fessionnelles, le dessin est de toute nécessité; aux
études désintéressées de l'enseignement secondaire,
les monuments figurés ne sont pas d'une importance
moins considérable que les monuments écrits, avec
ceci, en plus, que le langage des formes est plus abor-
dable et plus "parlant» que celui des mots. Mais
comment le comprendre sans un habituel usage ilu
dessin et une étude de son histoire?
Le remède, c'est de demander au maître de littéra-
ture, d'histoire ou de science, qui est le plus souvent
avec les élèves. <|ui exerce sur eux une plus forte em-
preinte et leur enseigne une matière importante du
programme, « de mêler constauiuu^nt à sou enseigne-
ment des notions plastiques et l'usage du dessin;
l'éducation toute entière doit être imprégnée de
préoccupations visuelles; alors on apprendra à des-
siner comme on apprend à écrire, sans y songer. Le
professeur de dessin n'aura plus qu'à enseigner la
syntaxe de cette langue entrée dans l'usage».
Bulletin des musées de France (n° .'1). — Le
Portrait de Pierre <Jut/ic, par Fru?ii-ms Cluiiet. don
de la Société des .^mis du Louvre, par M. II. Stf.in.
—, Une collection de dessins des Pineau, architectes
parisiens du xviii" siècle, au nmsée des Arts décoratifs,
par L. Metman.
— Dessins de l'époque de la Restauration au musée
de Versatiles, par G. Bkikhe; ils sont relatifs à des
cérémonies funèbres accomplies ,i Saint-Denis, et au
sacre de Charles X.
Allemagne
Zeitschrift fur Geschichte der Architektur
(II, 1, octobre). — Le Mausolée d'Ilalir.anrasse, par
J. BuHLMA.NN. Notice historique sur le monument
funéraire du roi de Carie, élevé en 351 avant .lésus-
Christ, par sa femme Artcmise, et essai de reconsti-
tvition. — C. T. Newton commença, en 185(i, les
fouilles, dont il publia les résultats eu 1SG2 en deux
volumes in-folio. Trois projets de reconstitution ont
été présentés, l'un de Kergusson, un autre d'Adler et
un troisième de M. Bernier, dans Vllisluire de la.
sculpture greci/ue de .M. Colligncm. Tous trois s'ac-
cordent à élever un monument rectangulaire à deux
étages, surmontés d'une pyramide couronnée par un
quadrige ; Fergusson soutient le premier étage par
de gros pilastres que les autres ont remplacés par un
mur plein ; la disposition des sculptures et des con-
structions attenantes au monument principal est très
différente dans les trois projets. M. J. Hiihimann,
reprenant et complétant l'idée de M. Bernier, a pré-
senté des plans, coupes, élévations, vues perspectives
320
LE BULLETIN DE L'ART
et détails d'un projet qui semble définitif : une suite
de terrasses reliées par des escaliers, bordées de lions
et de statues, conduisent de la mer au mausolée ; en
bas, l'Agora, bordé de longs portiques ; au milieu de
la première terrasse un petit temple rond ; au fond,
en liaut. sur la dernière terrasse limitée par un mur,
se détachant sur un cirque de collines, se dresse sur
uu liant soubassement plein le mausolée rectangu-
laire, entouré d'une colonnade et couronné d'une
pyramide élancée. L'ensemble est d'une grande
beauté. L'auteur j'est aidé, pour cette reconstitution,
des constructions analogues encore aujourd hul de-
bout : le monument du lion à Knide, le monument
des .Néréides à Xantos, les grands tombeaux de My-
lasa, d'Agrigente et d'Jgel, près de Trêves, l-es mor-
ceaux de sculpture et les statues qui ornaient le
mausolée ont été retrouvés dons les fondations du
château Petronia, élevé non loin de là, au xv siècle,
et appelé Itudrun par les Turcs depuis 1322.
(11, 2-3, novembre-décembre). — Conslniciions
destinées aux concerts musicaux dans l'antiquité,
par M. Thiebscm, de Fribourg. — Premier article sur
Ips « Iholos », et, CM particulier, sur celui d'Épidaure,
bâtiment circulaire d'environ dix mètres de diamètre,
couvert d une coupole, et doublé d'un bas-cfité étroit.
Tout .intour, un portique circulaire : des fenêtres sont
liercées dans le mur qui sépare le bas-crtté de la
ccdonnade extérieure.
— Bibliographie et clirouique de l'Histoire de i'ar-
( liitectiire en Si/isse, par \l, Joseph Zemp. — Marcel
AlBKhT.
Hf.lgiquk
L'Art flamand et hollandais (15 novembre). —
M. Alphonse iJrhmaix expose l'état de l'art bour-
guignon avant l'avènement de Philippe le Hardi et
recherche quelle a été l'influence des l'aj/s-llns en
liuuri/offne : les artistes tlamands rendirent aux Bour-
guignons du XIV siècle, dont l'art avait dégénéré,
ce qu'ils avaient reçu des Français du xiii". « cet
ensemble de principes et de procédés que les artistes
de l'Ile-de-France auraient l'ait rayonner dans les
Ktats de Bourgogne si, Ips circonstances étant autres,
les ducs les y avaient appelés •>.
— L'Arl du bois, les anciens coffres et coffrets,
suite de l'étude de M. A. Heins.
LrxRMBOURr,
La Revue luxembourgeoise (1908, I). — ■ Le
premier numéro du tome III de celte revue, éditée
par riiniversité populaire de Luxembourg, contient
une étude de M. Louis Gillet sur Itembrandt . L'au-
teur traite Kembrandt « en homme et en artiste, non
en héros ni en penseur » ; il tâche de parler de ce
maître « avec goût et avec bon sens » et se demandé
<< d'où viennent tant d'erreurs et de galimatias aux-
quels on est habitué sur son compte. Il brosse en
quelques traits rapides, siirs et colorés, un portrait de
celui que se» contemporains prirent, et non tout à
fait à tort, pour un excentrique et un maniaque. Il
montre ensuite que cet enfant de Leyde. venu s établir
à Amsterdam, n avait presque rien d'un Hollandais :
il n'a pas fait à son pays l'honneur d un seul tableau :
il a gravé des paysages hollandais, mais « dés qu'il
peint, c'est une autre planète ». De plus, ce peintre
qu'on représente comme ayant voulu prendre en art
le contre-pied de tous les autres, a voulu être au con-
traire, ainsi que maints détails le prouvent, un
humaniste et un italianiste, et ce n'est pas- sa faute
s'il n'y est pas parvenu.
M. Gillet, en analysant les chefs-d'œuvre les plus
traditionnellement admirés du maître, a fait toucher
du doigt à quel point Rembrandt avait su, à propos
d'un l'ait, d'une circonstance, exprimer une vérité
humaine et grande, transformer de l'é'phémère en
quelque chose d'éternel; il a montré aussi à quel point
il fallait se garder de voir en lui un pessimiste et un
apôtre de la soull'rance humaine, l'homme d'un sys-
tème et d'une formule (ceci dit pour ceux qui veulent
expliquer tout Kembrandt par h- clair-obscur).
Qu'est-ce donc alors qui fait le génie de Kembrandt '
.Ne serait-ce pas sa faculté surprenante de tout com-
prendre et de tout aimer :' « Kéaliste et idéaliste, his-
torien et rêveur, portraitiste, dramaturge, poète, sur
quelles pistes du beau ne s'est pas avancé ce chercheur
acharné .' 11 a voulu être tour à tour pathétique comme
Uubens, vrai comme Hais, pur comme Kaphai-1, sty-
liste comme Mantegna, coloriste comme Titien. Et il
n'est pas un d'eux qu'il n'ait égalé séparément chaque
fois qu'il l'a voulu. .Mais il les voulait tous exprimer
d'un seul coup. Il cherchait cette pierre philoso|diale
de la peinture, la synthèse, l'absolu, de tous les élé-
ments di' la vir et du songe, du réi-l ,■[ de I idral ..
Kl'ssie
Staryé Gody (octobre i. — M, S. (Jokhnov rap-
porte les Impressions arlisliijues du roi Stanislas-
.iuffuste ilurant son séjo>ir it Suint -félersl)uurr/.
d'après le journal du roi de Pologne conservé à la
Bibliothèque impériale. Palais, manufactures impé-
riales, théâtres; visites à des artistes (Vigée-Lcbrun.
Kitt, Iliittembrunn).
— M. de LiPHAHT, Les fresques de la Villa Patatinn
à l'Ermitat/e {ancienne Villa Spada sur le Palatin,, —
Appréciations, critiques et résumé de document»
(18.'i1-lK6.'i) se rapportant à l'arquisitinn d'une partie
de la collection Campnna par Guédéonov.
— P. V. l'aris. I. Les Expo.sitions. Exposition théA-
trale, exposition du mobilier. In rétrospective du
Salon d'automne, etc.
— .\. Makarenko. L'art russe méridional au XIV'
t'nn</rè'! archéologique » Tchemigov. — Denis Roche.
Paru
Le Gérant : H. Dcnis
imp. (ïeorirefl Petit. M, rve (io<iot-dp-yaurûi.
TABLE DES MATIÈRES
TABLE DES MATIÈRES
ANNÉE 1908
ARTICLES DIVERS, VARIÉTÉS
NOTES ET DOCUMENTS
Paftcs.
A propos de la mission Morgan, par M. Sté-
phane 281
A propos de la vente Landclle, par M. A. M. . 297
A propos du Velazquez du musée de Rouen, par
M. E. Durand-Gkéville 207
Amis (Les) de !a forêt de Fontainebleau, par
M. E.D 1
Art (L') à l'école, par M. K. i) \gf
Art (L) et la Société industrielle de Mulhouse,
par M. E. D 33
Artistes (Les) à l'Exposition de Londres :
Une lettre de sii- Isidore Spielniann .... lO.'i
Au.\ Gobelins, par M. Stéphane ;i7
Bibliographie l.-i, 136, 246, 262, 29.';, ;i03
Congrès (Le) de la Société française d'arch;;ologic,
par M. Marcel Acbert 20,'i
Contre l'abus des affiches-réclames, par M. E. D. 81
Découverte de soi.xante huit lettres inédites de
Michel-Ange 95
Églises et objets d'art, par M. Stéphane. ... 241
Encore la centralisation ! par M. E. I). . . . 129
Générosités américaines, par M. A. .M 97
Gobelins à tout faire, par M. E. D 2,5
Histoire (L') de l'art français au xix" siècle et les
Archives nationales, par M. E. D ICI
Justice immanente, par M. Eddv 121
" .Manuel (Le) de l'eau .., par M. E. D 257
Mosaïques (Les) byzantines de Sainte-Sophie de
Saloni(|ue, par M. C. D 46
Musées de province :
,1 propos des vols du musée de Snin(-Dié, par
M. Stéphane 26o
.1 Saint-Quentin : Des œuvres d'art Itien gar-
dées, par M. E. D 233
Au musée de A/àcon, par M. André Gihodie. 249
l.e Rapport de la Commission, par M. E. 1). . 185
/.e Régime du bon plaisir [a« musée de Tours],
par M. E. D 133
Pages,
La Salle Puqet au musée de Marseille, par
M. E.D 233
Musées (Les) nationaux en 1907-1 90S. ... 217
Musées payants, par M. Stéphane. ... 9, 17
Notes et documents :
,1 propos d'Adolphe Hevvier, par M. Raymond
HOUYEK 318
. ( propos de Simon Marmion : Pour le peintre
anonyme du retable de Saint-Berlin, par
M. M. IlÉ.NAULT 39
liaumier au Père-Lachaise, par M. Henry La-
pa uze 230
Deux portraits gravés des frères Huaud. par
M. H. C 79
l.e musée de Mnyence, par M. André GiRoniE. 311
Les orfèvres français à Saint-Pétersbourg, de
IIU, à tSI'i, par ^L Denis Roche 119
Les orfèvres de souc/ie française à Saint-Pélers-
hriurg, de ill-'i à IHI-'i, par M Denis Roche. 127
Les orfèvres desouche française à Saint-Pélers-
liourg (i:i',-ISti), par M. André Girouie . . I.'i2
Un portrait du musée Katli et la pseudo « h'nr-
narina » des Offices, par M. E. Dubanh-Gké-
vn.i.E 23, 30
Une dédicace il'IIervier à Corot défunt, par
M. Raymond Bouver 216
Le Velazquez du musée de Rouen, par MM. E.
DuRA>[)-GRÉvn,i.E et Marcel NicoLi-K. . n.l, 207
Les vitraux du musée de Dijon, par M. C. M. 14
Paris et le trolley, par M. Ehdv 4)
Pétition (La) des artistes décorateurs, par M. E.D. 137
Pillage (Le) continue, par M. A. M 169
Pour la place Stanislas, par M. E. D 289
Pour nos forêts, par M. E. D 73
Pour qui sont donc faits les musées'? par M. Sté-
phane m
Questions parisiennes, par M. E. D 201
Récompenses iLcs) du Salon : . 179
Retour de flammes, par M. Ennv 49
Savoir refuser, par M. E. D 89
Semaine de deuil, par M. E. I) 273
Statues, par M. Enov 113
324
BULLETIN DE L'ART
Pages .
Sur la saisie des œuvres d'art, par M. E. D. . 303
Sur un temple désaffecté, par M. E. U. . . . 63
Un nouveau don des Amis du Louvre, par M. A. M. US
Une ligue belge des Amis du Louvre, par M. E. D. :ii3
Une vieille histoire, par M. E. D i09
CHRONIQUE DES VENTES
ipar ordre chronologique).
Tableaux, objets d'art, curiosité
par M. Marcel Nicoi.i.n.
de la culliuliuii Henri
■ A Nancy : — A Hor-
A Paris : Ventes diverses, 3;
Chasies (liste des prix), 4.
deaux, H.
A Paris : vente Henri Chasies tin , 12.
A Berlin : vente Fritz Clemm (objets d'art anciens,
tableaux anciens et modernes', 20.
A Paris : ventes diverses, 27. — \ i-nles annoncées :
à Paris : objets d'art, tableaux anciens, 28.
A Paris : ventes diverses, 35. — A Berlin : ventes de
la collection F. Gerstel (tableaux). — \ entes annon-
cées ; à Londres, 3C.
A Paris : vente de tableaux anciens, 43; — de
tableaux. — Ventes annoncées ; <à Paris, 4-i.
A Paris : vente de t.ableaux anciens, 51 : — de tableaux
anciens ; — de porcelaines anciennes. — A Londres:
vente de la collection du duc rie Sntherland {ta-
bleaux anciens', ."i2. — Ventes annoncées : à Paris;
— à Bordeaux, ri3.
A Paris : vente de la collection A. Albert (liibleanx
• anciens et modernes). — Ventes annoncées : ,i
Paris. .M.
A Paris : vente de la collection de M. X... objets de
vitrine), 07 ; — ventes diverses. — Ventes annoncées :
à Paris, 6S.
A Paris : ventes de tableaux modernes. — Ventes
annoncées : à Paris : collection Jules Croiiier
(tableaux anciens et modernes); — à Bruxelles :
collection Th. Verstraete (tableaux modernes . 7«.
A Paris : vente de tableaux nuidernes, 83; — venti-
Jules Cronier. — Ventes annoncées : à Paris : ateliir
Louis Watelln ; — collection de M"- de P... (tableaux
anciens); — venli's diverses; — en Hollamle: ventes
diverses, Hi.
A Paris: vente Jules Cronier. SI; — d'objets d art.
92; — de l'atelier L. Watelin. — A Bellevne. —
Ventes annoncées : à Paris. 113.
A Paris : vente de la collection de M"* de P...: — de
l'atelier L. Watelin; — de tapisseries; — de la collec-
tion Maury; — de l'atelier Girardet: — de tableaux
anciens et modernes, 100. — A Lvon : vente Boull-
lin (objets d'art). — Ventes annoncées : a Paris :
collection Pierre Barboutau (art japonais); — ventes
diverses, 101.
A Paris : vente de l'atelier Hermann-Léon, 107; —
de la collection Th.. objets d'art, dessins, etc.). —
Ventes annoncées : ;i Paris : tapisseries et objets
d'art, 108; — collection Paul Périer [tableaux moder-
nes;— atelier ftmile Dameron; — tableaux anciens,
109.
A P.iris : vente de violons anciens ; — d'objets d'art,
115; — de la collection P. Barboutau ; — d'objets
d'art, 116; — de la collection Paul Perler. — X'entes
annoncées : à Paris, 117.
.\ Paris: vente d'objets^d'arl ; ■- de l'atelier E. Dame
ron; — de tableaux anciens, 123. — A Marseille :
collection Ch. Nodel (faïences anciennes). — Ventes
annoncées : à P,aris : colletion Cheramy (tableaux
anciens et modernes), )24; — à Amsterdam :
tableaux anciens, 125.
.\ Paris : vente de tableaux anciens; — d'objets d'art,
l'it; — de la collection L. L. (objets de vitrine).
— Ventes annoncées : à Paris : vente de M"' S...
((d)jets d'art et d'ameublement); — à Strasbourg;
— à Cologne, 132.
Ventes annoncées : à l'ari,s : vente Zelikine (objets
-* d'art), 139; — cidiection O. Homberg (objets d'art).
140; — collection de .M. P. M. ^tableaux anciens);
--'à Londres: — à Leipzig, 142.
A Paris : vente de M»' S... (objets d'art), — de la col-
lection J. Gerbeau (1" vente : porcelaines de Chine.
etc.), 147; — vente après décès de M"' X... (objets
d'art) ; — de peintures par Cazin ; — de la collection
Cheramy, 148. — Ventes annoncées : à Paris :
colleilion de feu M. Morsent (serrurerie;, 149; —
collecti(m J. Gerbeau (3* et 4* ventes : tableaux; ; —
à Londres : collection Ihiniphrey Roberts tableaux
modernes), 130.
X Paris : vente de la collection J. Gerbeau (1" vente,
fin-. — Vente Cheramy (liste des prix , 155; —
vente Zelikine (objets d'art), 156; — vente Hom-
lierg. — Ventes annoncées : à Paris : collection
Gerbeau 3' vente: tableaux et dessinsi; — vente
diverses, 158.
.\ Paris : vente île la collection P. M.. Jableanx
anciens , 164; — de la collection Homberg ^suite):
— de la collection Morsent; — de tableaux modernes;
— de la collection J. Gerbeau ;3' vente ; — de
f.aiences anciennes, 165. — Ventes annoncées ; à
Paris: collection du D'G.H. N.(peinturesanciennes ;
— Succession île .M"'- Debacker .tableaux et objets
d'art : — à l'.idogne : tableaux anciens. 166.
.\ Paris : succession 1>... [Uubail. (meubles et tapisse-
ries);—vente de la collection Homberg (liste des prix i.
171 ; — A Londres : vente Humphrey Roberts. —
Vente annoncées: à Paris: succession de .M. X...
(Reitlinger] tableaux, etc. . 172: — collection J.Ger-
ANCIEN ET MODERNE
328
beau :o* vente : objets d'art) ; — succession de
M"" Debacker (tableau?!, objets d art ; —collection
Hélène Chauvin (objets d'art, estauipes), 173; — col-
lection de feu M. de Porto-Riche (tableaux modernes,
etc.); — à Amsterdam : dessins anciens. 174.
A Paris : vente de la collection de Mgr Charuiettant
.objets d'art, etc.); —de porcelaines anciennes; —
de la collection Homberg liste des prix, suite\ 181 ;
— de la collection du D' G. H. N.; — succession de
M'°* Debacker ; — succession de M. X... [Keitlin-
ger], 181.— Ventes annoncées : à Paris : succession
de M"" C. Quéniaux (objets d'art, etc.). 182.
A Paris : vente Hélène Chauvin ; — de deu.v tableaux
(un Fragonard et un Corot i, 188; — de la collec-
tion de Porto-Riche ; — de tapisseries ; — de la col-
lection Homberg (liste des prix, fin), 189. — Ventes
annoncées : à Paris : tableau.x anciens ; — collection
de M"" Bowes de 8aiut-.\niand (objets d'art); —
en Allemagne : collection F. Greb 'objets d'art).
A Paris : vente d'objets d art. 196. — succession de
M»" Quéniaux ; — vente de la collection Coudray
itableaux modernes); — delà collection Thadec
Natanson (tableaux modernes), 197; — de tableaux
modernes; — de la collection Stchoukine (tableaux
anciens); — ventes diverses, 198.
A Paris : succession de .M"° Bowes de Saint-Amand.
203; — succession de M°" Bruant (objets d'art); —
succession Bowes de Saint-Amand (2» vente); —
ventes diverses. — Fin de la saison ; les ventes pro-
chaines, 204.
Les grandes ventes a l'étranger eu i908 . coup d œil
d'ensemble, 220.
Les grandes ventes à 1 étranger en 1908 : à Londres :
collection du duc de Sutherland (tableaux anciens
et modernes;; — . collection HoHord; — ventes di-
verses; — collection Brnikenbridge (objets d'art ;
collection de lord Voung (tableaux), 228; — collec-
tion Dickins (céramique ancienne) ; — collection
Dickins et Tatham (tabltaux modernes), 229.
Les grandes ventes à l'étranger en 1908 : à Londres :
collection Connal (tableaux modernes) ; — collection
(jott (livres anciens); — collection Burnctt (ta-
bleau.x modernes! ; — collection Pousonby (objets
d'art, tableaux), 236; — collection tsmay (objets
d'art, estampes, tableaux;; — à Berlin : vente d'es-
tampes modernes; — à New-York : vente Brandus
tableaux modernes); — à Amsterdam : vente do
tableaux et objets d'art, 2.37.
Les grandes ventes à l'étranger eu 1908 : à Londres :
collection Conynghaiii objets d art, tableaux ; —
collection Huraphrey Koberts (tableaux niùdernes .
243; — collection de la marquise d'Ély (porcelaines
anciennes, objets d'art; ; — collection Knowlc,
Loder et divers (tableaux anciens), 244.
Les grandes ventes à l'étranger en 1908 : à Stuttgart :
collection Perry (estampes anciennes) ; — à Londres :
collection Lauderdale (céramique ancienne); — à
Amsterdam : collection Alfred Boreel (céramique,
dessins, etc.), 251 ; — à Londres : collection Stephen
Hollaud (tableaux modernes), 232.
Les grandes ventes à l'étranger en 1908 : à Londres :
collection de sir Culhbert Quitter objets d'art); —
vente de tableaux anciens, 259; — ventes diverses.
— Ventes en province. — Ventes annoncées : à
Paris, en Hollande et en Allemagne. 260; — à
Londres, 261.
Ventes annoncées : à Paris : collection Henri Say
(tableau.x anciens, tapisseries, etc.), 267; — ventes
diverses, 268 ; — à Amsterdam : ventes diverses: —
en Allemagne, 269.
A Paris : vente de tapisseries, 276; — de la collection
de M. B... [Badin] (livres, estampes, dentelles). —
Ventes annoucées : à Paris : tableaux modernes, 277
A Paris : succession de M. X. L. . tableaux modernes-
tapisseries anciennes), 284; — vente après décès de
M. B...(meublesanciens, etc. ; — de l'atelier Eugène
Feyen (tableaux modernes); — de la collection Lion
(objets d'art . — A Berlin : vente de la collection
Emden objets d art , 285. — Ventes annoncées: à
Paris : collection H. Say ;— atelier Charles Landelle
(tableaux modernes); — succession de M"' de Ge-
nevraye i tapisseries anciennes); — collection Che-
nest (tableaux anciens); — collection Chéréuiétetr
tableaux modernes , 286.
A Paris : vente de la collection X... (tableaux modernes,
(objets d'art); — de l'atelier Busson (tableaux
modernes), 291 ; — de la collection Henri Say, 292.
— N'entes annoncées : à Paris : collection de M"' C...
itableaux, objets d'art); — collection de M. X.,.
(tableaux anciens et modernes ; — collection Chè-
rémétetl' tableaux, ûbjetsd'art' ; —à Londres : col-
lection de lord .\mhcrst of Hackney (objets d'art et
de haute curiosité , 293; —à .Anislerdain : tableaux
anciens, 294.
.A Paris : succession de M"" de (ienevraye ; — vente
de l'atelier Landelle. 299; — succession de M"" C...;
vente <le panneaux décoratifs, 300. — Ventes an-
noncées : à Paris : collection de M. J. L... (tableaux
anciens ;— colledionde M. Z... porcelaines ancien-
nes ; — objets d'art et d'ameublement; — collec-
tion de M. P... tableaux modernesi; — à Lyon:
tapisseries anciennes; — a Amsterdam: tableaux
anciens. 301.
A Paris : vente de la collection de M. X... tableaux
anciens et modernes ; — succession Chéreuiéleir;
— vente de la collection de M. J. L..., 308. — Ventes
annoncées : à Paris : tableaux anciens : — anciennes
faïences de Perse; — collection de feu .M. P...
(tableaux modernes', 309.
A Paris : vente de la collection \... iporculuiues
anciennes) : — de dessins et d'objets d'art, 313; —
de tableaux modernes ; — de la collection de feu
M. P..., 316
326
LE BULLETIN- DE L'ART
liivres.
A Paris : vente P. Leroi, 3.
A Paris : vente de la bibliotlièque du C* A. Werhié
(I" partie: livres modernes), 44. — Ventes annon-
cées : à Paris, 45.
A Paris : vente de la bibliothèque du C" A. Werhié
(2* partie : livres anciens), 53.
A Paris : vente de la bibliothèque de l'eu F. Brunetière ;
— de la bibliothèque de feu M. H. Chasies, 60.
A Londres: vente de la collection J. Gott livres
anciens,, 236.
Ventes annoncées: à Leipzig: manuscrits à miniatures
et livres anciens, 261); — à Londres, 270.
A Paris : vente de la <ollection B... [Badin] (livres et
estampes), 277.
A Leipzig : vente de manuscrits et livres anciens, 294.
Estampes.
Ventes annoncées : à Paris : estampes anciennes et
modernes, 28.
A Paris : vente d'estampes anciennes et modernes, 45.
Ventes annoncées : à Paris : estampes et dessins du
xviii" siècle, 61.
Ventes annoncées : à Paris : ouvrages d'ornementa-
tion anciens, 69.
A Paris : ventes d'ouvrages d'ornementation anciens;
— d'estampes du xviir siècle, 77.
Ventes annoncées : à Paris, 118.
A Paris : ventes d'estampes anciennes des xvii* et
.xvin' siècles, 132. — Ventes annoncées : à Paris ;
estampes anciennes, 133 : — colleclion de Guizclln,
134.
Ventes annoncées : à Paris, 142.
Ventes annoncées: à Paris: collection J. (ierbeau
{2* vente, gravures), 149.
Ventes annoncées : à Paris : vente Hélène Chauvin
(estampes, objets d'art), 173.
A Paris : vente Hélène Chauvin, 188.
A Paris : vente de la collection J. (îerbeau (estampes
anciennes), 212; — (estampes modernes), 221.
A Berlin : vente d'estampes modernes, 237.
A Stuttgart : vente de la collection Perry (estampes
anciennes), 251.
Ventes annoncées : à Paris : 3" vente Laurcnl-Dumonl
(estampes modernes). 261.
Ventes annoncées : à Paris; — à Leipzig: collection
A. W. Schuitze (estampes anciennes), 269.
A Paris : vente de la collection B... [Badin] (livres,
estampes, etc.), 277.
Ventes annoncées : à Paris, 286.
A Paris : ventes d'estampes modernes. — A Leipzig :
vente de la collection A. W. Schuitze, 294.
A Paris : ventes annoncées, 301.
Monnaies et médailles.
A Paris : vente d'une collection de monnaies antiques
d'Italie, 12.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
par M. Raymond Bolvek.
(par ordiT aiphabi'-liquc)
.Xcadémie de la plante et de la fleur, 136; — Aid (G.),
317; — Allègre (li.), 1.59; — Animaliers (Les), 126; —
Aquarellistes fran(;ais(Sociétédes),70; — Aquarellistes
(Société internationale d), 286; — Art(L') linlaiidais
au Salon d'automne, 261 ; — Arts (Les) réunis, 55; —
Audéoud (La collection), 22; — Automobile-Club, 69.
Belleroche, 137 ; — Boch (Anna), 310; — Boudin ^Eu-
gène), 37.
Cadioud (Fernand), 151; —Cassait (Mary), 110, 278:
— Cent pastels, 166; — Cercle de l'Union artistique,
78: — Cercle Volney, 29, 70; — Chaigneau (Ferdi-
nand), 37; — Chénard-Huché (Georges), 62; — Cin-
quante (Les), 167: — Cinquante portraits de l'école
anglaise, 190: — Comédie (La) humaine, 302; — Cros
(Henri), 109.
Décorateurs (Les artistes), 287 ; — Dejean (Louis), 144 ;
— Denis (Maurice), 287; — Desvallières (Une frise
de Georges), 270; — Drésa (Jacques). 21 ; — Dufeu,
302.
Éclectique (L'), 310; — Knsemble (L),.À Lille. 287; —
Knvois (Les) envois de Rome, 205; — Estampe (L'j
moderne au Petit Palais, 214; — Exposition colo-
niale, 45; — Exposition de la gravure originale en
couleurs, 270 ; — Exposition de peintres et de sculp-
teurs (ex-Société nouvelle), 94; — Exposition de
portraits ,à Bagatelle, 159: — Exposition intime, S ;
Exposition rétrospective féminine, 78; — Exposition
théâtrale. I3i: — Expositions diverses, 62. 85. 94,
143,151, 182,215,261,271,279,287, 295, 302,310, 317.
Femmes (Les) artistes. 13; — Fitton (HedIey), 182; —
Flameng (L.), à propos d'une illustration des » Tro-
phées u, 174: — Fleurs et natures mortes. I.'il.
Gay (Waller), 118; — Geoffroy (Charles-Louis), 85; —
GIchn (W. G. de), 119; — Gogh (Vincent van), 13:
— Gravure (La) originale en noir. 270, 278; — Groupe
artistique de la région de Vincennes. 271.
Halou. 317; — HarU (Louis), 182; — Houbron
(Frédéric), 182; — Humoristes (Les), 168.
ANCIEN ET MODERNE
Indépendants (Les), 102.
La Touche (Gaston), 198; — Lcqueux (Emile), 287.
Merson (L.-O.), à propos d'une illustration des « Tro-
phées », 174; — Meunier (Marc- Henry), 144; —
Michel, 37 ; — Mœller (Schœnheyder), 238 ; — Musée
(Le) de l'Estampe moderne, au Petit Palais, 214.
Nicolet (Gabriel), 215; — Noirot (Emile), 199.
Onze (Les), 110; — Orientalistes (Les), 61.
Paris au temps des Romantiques, 222; — Paris mo-
derne (Société des peintres du), lio; — Parure (La)
féminine au musée Galliera,229 ; — Pastellistes (Les),
126; — Peintres (Les) de montagne, 102; — Peintres
(Les) du Paris moderne, 33; — Peintres-graveurs
(Les), 293; — Peintres-lithographes (Les), 310; —
Peintres (Les) orientalistes, 61 ; — Perman (Louise),
110; — Prunier (Gaston), 70.
Quelques, 21.
Kenibrandt (Dessins et gravures de), 142; — Rétros-
pectives (Les) au SaloQ d'autonme, 261; — Roll
(L'œuvre de), 133.
Salon d'automne, 253, 261 ; — Seurat, 317; — Sisley
(AL), 37; — Société d'art français, 45; — Société d'en-
couragement à l'art et à l'industrie, 199; — Société
de pastellistes français, 126; — Société de Saint-Jean,
167 ; — So- ciété des animaliers, 126 ; — Société des
aquarellistes français, 70; — Société des artistes dé-
corateurs. 287; — Société des Artistes indépendants,
102 ; — Société des peintres de montagne, 102; — So-
ciété des peintres du Paris moderne, 55 ; — Société
des peintres-graveurs français, 293 ; — Société des
peintres-lithographes, 310; — Société internationale
d'aquarellistes, 286; — Société internationale de la
gravure originale en noir, 278; — Société interna-
tionale de la peinture à l'eau, 54; — Société inter-
nationale de peinture et de sculpture, 302.
ïornai (Gyula), 13.
Union artistique (Cercle de 1'), 78 ; — Union des
femmes peintres et sculpteurs, 53.
Ville (V. de). 199; — Volney (Cercle), 70.
LES REVUES
En ANGE.
Art (L') décoratif 8^
Art et décoration, 31, 93, 176, 199, 231, 240, 233,
Art(L')etlesartistes, 8, 24, 79, 184,199, 231,240.
Arts (Les) 24,79,110,176,231,235,
Bulletin de la Société de l'histoire de l'art fran-
çais ;
Bulletin de la Société de l'histoire du costume .
Bulletin de la Société française des fouilles ar-
chéologiques
Pïges.
, 72
, 312
, 311
, 312
. 120
. 110
231
l'asi'S.
Bulletin de la Société pour la protection des
paysages 96
Bulletin des musées de France. . . 160. 223, 319
Bulletin hispani((ue 223
Correspondant (Le 72, 120
Figaro illustré 263
France (La) médicale 207
Gazette (Lai des beaux-aris 263
Grande (La) Revue; 207
Journal de l'Université des " Annales 1) . . . . 110
Journal (Lej des Débats _ 208, 280, 319
Mois (Le) littéraire et pittoresque 120
Musées et monuments de France ... 7, 40, 47
Revue alsacienne illustrée . 8, 96, 223, 256, 312
Revue archéologique 87, 223, 240
Revue de synthèse historique 223
Revue des Deux-Mondes . . . . 47,64,110, 222
Revue du mois 231
Revue lorraine illustrée .... 24, 95, 223, 263
Temps (Le) m
.\llemaune.
Kunst (Die), S, 48, 64, 111, 160, 200, 223, 240 264, 288
Monatshefte fur Kunstwissenschaft . . 223, 264
Walhalla 31
Zeitschrift fur Geschichte der Arcliitektur. 199,
304, 319
Zeitschrift fiir historische Walîenkunde. . 111, 144
Angi.etehre.
Burlington (TheJ Magazine . .48,96,111,231, 280
Belgiol'e.
Annales de la Société d'émulation de Bruges. . 248
Art (L') llamand et hollandais, 40, 72, 96, 160, 232,
264, 320
Art (L) public 240
Arts (Les) anciens de Flandres 240
Italie.
Arte (L') 32, 224, 248, 272, 288
Bolletino d'arte del niinistero délia Pubblica
Istruzione . . 72,79,88,112,208,232,264, 288
Emporium 24,61,184,224,264,272. 312
Rassegna d'arte 24
Rassegna d'arte senesc 232
Siena monumentale 96, 264
Vita d'arte 232
LUSE.MBUUHU.
Uevue (La) luxembourgeoise 320
ROUMA.NIE.
Arta româoa 208
Arta romaneasca 88
328
LE BULLETIN DE L'ART
Page»
Junimea literara 'J6, 224
Luceafar 200
Viata romàneasca 96, 200
KrssiE.
Staryé Gody (Les années anciennes), 8, 48, 72,
104, U2, 184, 224,256, 312, 320
Trésors (Les) d'art en Russie 8, 40
Zolotoé Rouno (La Toison d'or) 236
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INFORMATIONS
Echos et nouvelles, 1, 9, 18, 25, 33, 41, 49, 37, 63,
73, 81, 89, 97, 103, 113, 121, 129, 137, 143, 133,
161, 169, 177, 186, 193, 201, 209, 217, 225, 233,
241, 249, 237, 265, 273, 281, 289, 297, 303, 313
Courrier des départements :
Avignon : Nouvelles découvertes au Palais des
papes, par M. A. B 183
Lille : Exposition de « l'Enseuiblf » . par
M. A -M. G. 287
Rouen : Deux expositions, parM. A.-M. Goskez. 103
Rouen : Expositions diverses, par M. A.-M. G. 38
Correspondance d'Egypte, par M. G. L. . . . 131
Correspondance d'Irlande :
L'Inauguration du Musée municipal de Dublin.
par M. A. T ;)k
Correspondance de lierlin :
Exposition de peintres anglais, par M. Marcel
MoxiANuoN 83
Les Peintures de \n salle des séH'i^'ps du Par-
lement 318
l'nrrespondaiice de Hru.relles. par iM. I, Ocmom-
Wll.DEN :
Les Transliiriiialions de Bruxelles 104
Les artistes français à Bruxelles 191
l'aecs
Correspondance de Bucarest :
Expositions d'hiver, par M. Marcel Momamjun. -.7
Correspondance de Buenos-Aires .
L'Exposition des Aquarellistes français, par
M. A. L 255
Correspondance de Dresde :
Le Salon artistique, par M. Henry Le.monmkh. 238
Correspondance de Gand :
Un nouveau musée d'art ancien, par M. L.
MaETEHLI.NCK .ih
Co>'ce*/)onrf«ncerfe Grèce, par M.Gabriel Lehucx
Les dernières fouilles de Pergame 14
Au Céramique 62
Au iiiu.çée de l'Acropole ......... 63
La Vénus de Monemvasia 215
L Ancienne Kalydon 240
Les fouilles de Délos 244
Les fouilles américaines. . 234
Les fouilles de Céphallénie 271
Correspondance de Hollande :
A propos de larh.it de la collection Six, par
M. G. HuKi 2i
Correspondance de Londres, par M. A. i'. :
Expositions d'hiver 30
Exposition des u Portraits of fair woraen ». . 87
Correspondance de Munich, par M. Marcel Mon-
TA.XDUN :
Les Salims : IL La Sécession 6
Expositions d'hiver 70
Les Expositions de printemps: .... 168, 192
Au Glas Palast J06, 216
Les Expositions d'été au Glas Palasl. . . 245
Une exposition de peinture française .... .103
Correspondance de Venise .
Los travaux de restauration à la l)asilii|iie .1.
Saint-Marc, par M. C. \>r. Maxuacii . . . J^ '
Hari». — Inip. G(sori;iu fatit, U, ruo tiodat-de-Uauroi.
N Le Bulletin de l 'art ancien
2 et moderne
.89
1908
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