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Full text of "Le Bulletin de l'art ancien et moderne"

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LE 


BULLETIN   DE    L'ART 


ANCIEN    ET    MODERNE 


LE 


BULLETIN    DE   L'ART 


ANCIEN    ET   MODERNE 


SUPPLÉMENT    HEBDOMADAIRE 


REVUE    DE    L'ART    ANCIEN    ET    MODERNE 


^o-JcT/f 


[■y.&  -Se 


PARIS 


28,    Rue   du    Mont-Thabor,   28 


K' 


Numéro  606. 


Samedi  3  Janvier  1914. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN     ET    MODERNE 


Autour  du  Palais-Royal 


Il  est  de  certaines  gens  qui  ne  peuvent  pas 
admettre  que  le  Palais-Etoyal  demeure  vide  et 
inemployé.  On  a  beau  leur  vanter  le  silence  et 
la  tranquillité  de  ce  refuge  ombreux,  la  noblesse 
des  architectures  qui  encadrent  le  paisible  jar- 
din, et  tant  de  souvenirs  attachés  à  chacune  des 
galeries,  rien  ne  saurait  trouver  grâce  devant  la 
frénésie  d'une  bande  de  sauvages,  dont  l'idée 
fixe  est  de  jeter  bas  ce  qui  reste  du  vieux  Paris, 
pour  donner  de  l'ouvrage  aux  architectes  et  aux 
maçons... 

Comme  le  Palais-Royal  est  mort,  condamné 
par  les  lois  mystérieuses  de  l'évolution  des  villes 
vers  l'est,  il  n'appartient  pas  aux  plus  ingénieux 
de  nos  démolisseurs  de  ramener  la  foule  dans 
les  galeries  désertes  et  de  rouvrir  les  boutiques 
abandonnées.  Mais  on  n'a  pas  perdu  tout  espoir 
de  rendre  une  vie  factice  à  l'une  des  dernit-res 
retraites  qui  s'offrent  aux  promeneurs,  en  faisant 
«  bénéficier  »  le  Palais-Royal  des  «  avantages  » 
de  la  circulation.  A  cet  effet,  les  uns  proposent 
de  le  percer  du  sud  au  nord,  et  les  autres,  de 
l'est  à  l'ouest  ;  celui-ci  ouvre  une  avenue  partant 
du  Théâtre-Français  pour  aller  rejoindre  les  bou- 
levards, et  cet  autre  réunit  la  Bourse  de  com- 
merce à  la  place  de  l'Opéra  par  une  avenue  toute 
semblable.  Encore  ces  enragés  prétendent-ils 
utiliser  les  arcades  et  couper  le  jardin  sans  tou- 
cher à  l'ensemble  des  bâtiments,  se  séparant 
ainsi  des  auteurs  de  projets  monstrueux  dans  le 
goût  de  celui  qui  préconisait  naguère  la  construc- 
tion d'une  Hourse  en  style  monégasque  au  beau 
milieu  du  quadrilatère  historique  I 

Peut-être  nous  reste-l-il  encore  assez  de  bon 
sens  pour  que  celte  énorme  sottise  nous  soit 
épargnée.  Par  contre,  il  sera  nécessaire  de  veiller 
attentivement  à  ce  qu'aucun  des  projets  de  voirie, 
dont  le  programme  des  «  grands  travaux  »  doit 
amener  la  réalisation  prochaine,  ne  vienne  sour- 


noisement menacer  le  Palais-Royal.  Précisons  : 
l'ancien  hôtel  de  la  Chancellerie  d'Orléans,  qui 
donne  à  la  fois  rue  de  Valois  et  rue  des  Bons- 
Enfants,  et  une  partie  des  immeubles  qui  l'avoi- 
sinent,  vont  être  abattus  ;  c'est  le  prélude  ordi- 
naire du  percement  d'une  voie  nouvelle.  Ou  je 
me  trompe  fort,  ou  nous  allons  voir  reparaître 
un  tracé  écornant  ou  traversant  le  Palais- 
Royal. 
Attention  ! 

E.  D. 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie  des  beaux-arts  (séance  du  27  dé- 
cembre). —  M.  C.-M.  Widor  entretient  ses  confrères 
d'une  éventualité  qui  fait,  en  ce  moment,  grand  bruit 
à  Rome^:  il  s'agirait  du  morcellement  et  de  la  vente 
d'une  partie  importante  de  terrains  appartenant  à  la 
France  et  dépendant  de  la  Villa  Médiois,  sur  le  Pincio. 
Cette  entreprise  aurait  pour  résultat  la  construction 
d'une  rangée  d'immeubles  en  bordure  de  la  Villa 
Borghèse  ;  un  plan  de  lotissement  est  même  déjà 
dressé,  et  l'on  a  cru  masquer  l'inconvenance  de  l'en- 
treprise en  promettant  d'allecter  une  partie  des  béné- 
fices produits  par  la  vente  à  la  construction,  pour  le 
moins  inutile,  d'une  école  d'archéologie. 

L'Académie,  profondément  émue  de  cette  commu- 
nication, émet,  à  l'unanimité,  le  vœu  qu'aucune  par- 
celle du  domaine  national  français  à  Rome  ne  soit 
aliénée. 

—  A  propos  de  la  demande  faite  par  le  ministre  de 
l'Agriculture  pour  que  l'Académie  désigne  deux  de 
ses  membres  à  la  commission  consultative  des  séries 
artistiques  dans  les  forêts  domaniales,  le  secrétaire 
perpétuel  communique  une  lettre  par  laquelle  M.  Mo- 
reau-Vauthier  exprime  le  vœu,  au  nom  de  la  Société 
des  Amis  de  la  forêt  de  Fontainebleau,  que  l'Académie 
des  beaux-arts  soit  représentée  dans  cette  commission 
par  im  plus  grand  nombre  de  ses  membres,  afin  que 
l'élément  artistique  prédomine  dans  la  commission 
sur  l'élément  utilitaire. 

L'Académie  procédera  ultérieurement  i  la  désigna- 
tion de  ses  délégués  à  cette  commission. 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


—  L'exécution  des  envois  de  M.  André  Gailhard, 
pensionnaire  musicien  de  la  Villa  Médicis.  est  ren- 
voyée à  l'année  prochaine.  En  19U,  il  y  aura  donc, 
au  Conservatoire,  l'audition  de»  envois  de  M.  Gailhard 
et  de  M.  Mazellier. 

—  Pour  le  concours  Roux  de  miniature  de  1914, 
l'Académie  propose  comme  sujet  une  figure  à  mi- 
corps  :  Saint  Sébastien  attaché  à  un  arbre  et  percé 
de  flèches. 

—  L'Académie  propose  pour  le  concours  d'archi- 
tecture Achille  Leclère,  qui  s'est  ouvert  le  21  décem- 
bre, la  construction  d'un  «  Pavillon  de  la  Ville  de 
Paris  à  l'Exposition  de  Lyon  ". 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
(séance  du  26  décembre).  —  M.  Saloinon  Reinach 
donne  lecture  d'une  note  de  M.  José  de  Figueiredo 
sur  un  grand  tableau  de  Rogier  van  der  Weyden, 
autrefois  conservé  au  couvent  de  Batalha,  en  Por- 
tugal. Ce  chef-d'œuvre  n'est  plus  connu  que  par  un 
croquis  du  xvm'  siècle,  œuvre  du  peintre  portugais 
Arlorio  de  Sequeira.  que  M.  de  Figueiredo  a  eu  la 
bonne  fortune  de  retrouver  dans  un  .nlbum.  La  com- 
position représentait  la  Vierge  et  l'Enfant  adorés, 
d'une  part  par  Isabelle  de  Portugal,  duches-e  de 
Bourgogne,  de  l'antre  par  le  duc  de  Bourgogne,  Phi- 
lippe le  Bon  et  par  son  fils  Charles  le  Téméraire. 
M.  de  Figueiredo  a  pu  démontrer  que  ce  panneau  a 
a  été  peint  vers  1449;  il  est  probable  qu'il  a  été 
détruit  au  cours  des  guerres  qui  ravageaient  le  Por- 
tugal au  début  du  iix*  siècle. 

—  M.  Fougères,  directeur  de  l'École  française 
d'Athènes,  donne  lecture  de  la  suite  de  son  rapport 
sur  les  travaux  effectués  par  les  membres  de  cette 
Ecole.  Après  avoir  résumé  les  découvertes  faites  à 
Délos,  il  parle  des  travaux  entrepris  à  Delphes,  à 
Orchoinène  d'Arcadie,  à  Némée,  à  Tbasos  et  en  Asie- 
Mineure. 

En  terminant,  M.  Fougères  a  rendu  hommage  au 
zèle  savant  des  membres  de  l'École  française  d'Athènes 
qui  se  montrent  vraiment  dignes  du  haut  patronage 
de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres. 

—  L'Académie  a  procédé  au  renouvellement  de 
son  bureau  qui.  pour  1914.  sera  ainsi  constitué  : 
MM.  Châtelain,  président;  Chavannes,  vice-président; 
Georges  Perret,  secrétaire  perpétuel. 

Société  des  Antiquaires  de  France  (séance  du 
24  décembre;  —  M.  F.  Martroye  entretient  la  Société 
de  la  légende  de  Saint-Antide,  où  se  retrouvent  des 
traditions  de  l'époque  des  invasions  barbares  dans 
les  Gaules,  au  m*  siècle.. 

—  M.  Héron  de  Villefosse,  après  avoir  étudié  le 
texte  d'une  inscription  romaine  récemment  décou- 
verte dans  le  Cher,  à  La  Celle-Bruére,  montre  qu'un 
sujet  ligure  au  fond  d'une  des  palèrcs  d'argent  du 
trésor  do  Bernay  représente  Oinphale  endormie  sur 
la  peau  du  lion  de  Néioée  tiré  par  Hercule. 


—  M.  P.  Monceaux  communique  plusieurs  plombs 
de  bulles  byzantines  recueillis  à  Cartbage  par  le  R.  P. 
Delattre. 

—  M.  L.  Mirot  entretient  la  Société  du  voyage  de 
.\icolas  d'Esté,  marquis  de  F'errare.  en  France,  au 
début  du  XIV'  siècle.  Un  récit  fort  intéressant  de 
ce  voyage,  jusqu'à  présent  presque  complètement 
inconnu,  a  été  retrouvé  par  M.  Mirot  dans  les  archives 
de  Modène. 

Société  nationale  des  beaux-arts.  —  Le  Comité 
de  la  Société  nationale  des  beaux-arts,  dont  le  der- 
nier Bulletin  adonné  la  composition,  a  nommé  son 
bureau.  Ont  été  élus  : 

Président  de  la  Société,  M.  Roll  ;  vice-présidents, 
MM.  Bartholomé  et  Jean  Béraud  ;  présidents  de  sec- 
tion :  peinture,  .M,  Aman-Jean;  sculpture,  M.  Rodin: 
gravure,  M.  Waltner;  architecture,  M.  de  Baudot; 
arts  décoratifs,  M.  Agache.  Secrétaires  :  M.Vl.  Bil- 
lolte,  Prinet  et  Aubert;  trésorier,  M.  Georges  Picard. 

Société  d'iconographie  parisienne  (séance  du 
26  décembre).  —  M.  Lucien  Lazard  prononce  l'éloge 
de  M.  Jacques  Mayer,  le  jeune  savant  mort  brusque- 
ment au  mois  d'août  dernier. 

—  M.  le  D'  Daily  fait  une  communication  sur  les 
colonnes,  médaillons  et  autres  accessoires  qui  ser- 
virent, avant  1718,  à  la  décoration  de  la  place  des 
Victoires. 

—  M.  Etienne  Deville  continue  son  enquête  sur  les 
manuscrits  à  peintures  du  xv  siècle,  offrant  des  vues 
de  Paris. 

—  M.  Albert  Vuaflart  présente  et  commente  une 
curieuse  peinture  anonyme  de  la  fin  du  xviii*  siècle, 
appartenant  au  comte  de  Malaitic,  représentant  le 
Carreau  des  Halles,  avec  la  fontaine  et  le  pilori,  lors 
des  réjouissances  populaires  organisées  a  l'occasion 
de  la  naissance  du  duc  de  Normandie,  le  futur 
Louis  XVII.  en  1785.  M.  Vuaflart  attribue  ce  tableau 
à  Duplessis-Bertau.x. 

Musée  du  Louvre.  —  Le  Musée  du  Louvre  s'est 
enrichi  d'une  belle  sculpture  japonaise  du  xvrsiècle, 
une  statue  de  bonze  assis,  tenant  un  chapelet,  en 
bois  doré,  qui  faisait  partie  de  la  collection  Aynard, 
et  qui  était  reproduite  à  la  fin  de  l'article  sur  cette 
collection,  publié  dans  la  Revue  du  mois  de  novembre 
dernier. 

L'antiquaire,  qui  s'était  rendu  acquéreur  de  cette 
sculpture  à  très  bon  compte,  a  bien  voulu  s'en 
dessaisir  au  prix  coûtant,  en  faveur  du  musée. 

Musée  Galliera.  —  Lundi  dernier,  29  décembre, 
la  municipalité  de  Paris  a  inauguré,  au  musée  Gal- 
liera, en  même  temps  que  l'exposition  annuelle  d'art 
appliqué,  le  médaillon  de  M.  Maurice  Quenlin-Bau- 
chart.  ancien  président  de  la  commission  des  Beaux- 
Arts  de  la  Ville  de  Paris.  On  a  joint  à  l'exposition 
habituelle  les  tapisseries  des  saints  Gervais  et  Protais, 


ANCIEN    ET   MODERNE 


reconstituées  dans  leur  état  primitif  par  la  manu- 
facture des  Gobelius,  grâce  au  don  généreux  de 
M.  le  comte  M.  de  Camondo. 

Musée  Guimet.  —  Le  Musée  Guimet  est  rattaché 
ù  l'administration  des  Betiux-Arts  k  partir  du  1"  jan- 
vier 1914. 

La  «  Joconde  »  retrouvée.  —  Dimanche  dernier, 
28  décembre,  dans  la  matinée,  le  secrétaire  de  l'am- 
bassade de  France  à  Kome  s'est  rendu  à  la  Villa  Bor- 
ghèse,  où  M.  Corrado  Ricci  lui  a  remis  la  Joconde.  Le 
tableau  a  été  aussitôt  transporté  au  palais  Farnèse 
et  placé  dans  la  salle  des  Carrache. 

Le  roi  et  la  reine  d'Italie  se  sont  rendus  à  l'ambas- 
sade de  France  pour  voir  encore  une  fois  la  peinture 
avant  son  départ  de  Rome. 

Le  soir  même,  la  Joconde  est  partie  pour  Milan,  où 
elle  a  été  exposée  lundi  et  mardi. 

Mercredi,  elle  est  arrivée  à  Paris.  Jeudi,  1"  janvier, 
elle  a  été  exposée  dans  la  salle  du  rez-de-chaussée  de 
l'École  des  beaux-arts  ;  cette  exposition  payante, 
ouverte  pendant  trois  jours,  est  faite  au  bénéfice  des 
œuvres  italiennes  de  bienfaisance  à  Paris. 

Demain  dimanche,  elle  reprendra  sa  place  au  Musée 
du  Louvre. 

Demande  de  classement.  —  Dans  une  de  ses 
dernières  séances,  le  Comité  des  sites  et  monuments 
pittoresques  du  département  de  la  Seine,  a  émis  un 
avis  favorable  au  classement,  parmi  les  monuments 
historiques,  du  pont  des  Belles-Fontaines,  à  Juvisy. 
Tout  le  monde  connaît  ce  pont  monumental,  jeté  sur 
l'Orge,  qu'on  aperçoit  de  la  ligne  d'Orléans  et  qui, 
composé  de  plusieurs  arches  juxtaposées,  est  sur- 
monté de  deux  fontaines,  ornées  de  sculptures.  Il  fut 
construit  sous  Louis  XV. 

Chronique  du  vandalisme.  —  Par  un  arrêté  du 
20  février  1913,  pris  en  exécution  tant  de  l'article  97 
de  la  loi  municipale  que  de  la  loi  du  21  juin  1898,  le 
maire  d'Orléans  a  ordonné  que  la  vieille  tour  de  l'an- 


cienne église  Saint-Paterne,  qui,  selon  lui,  menaçait 
ruine,  serait  démolie  dans  le  plus  bref  délai.  Le 
Conseil  de  préfecture  du  Loiret,  appelé,  en  vertu  de 
la  loi  de  1898,  à  statuer  sur  le  litige  confirma  l'arrêté 
du  maire. 

Alors,  le  curé  de  l'église  Saint-Paterne  résolut  de 
déférer  ces  arrêtés  au  Conseil  d'État  :  il  demandait  en 
outre  à  la  haute  juridiction  d'ordonner  préalablement 
qu'il  fût  sursis  à  leur  exécution.  Le  Conseil  d'État, 
qui  a  fait  droit  à  cette  demande  de  sursis  en  mars 
1913,  vient  de  statuer  sur  le  fond  du  litige. 

Il  a  décidé  que  la  loi  de  1898  organise  entre  le 
maire  et  le  propriétaire  d'un  édifice  menaçant  ruine 
une  procédure  contradictoire  qui,  par  sa  nature 
même,  est  sans  application  lorsque  l'immeuble  en 
cause  est  la  propriété  de  la  commune. 

Le  maire  d'Orléans  a  donc,  à  tort,  engagé  la  procé- 
dure prévue  par  la  loi  de  1898,  mais  son  arrêté  sub- 
siste en  tant  qu'il  a  été  pris  par  application  de  l'ar- 
ticle 97  de  la  loi  de  1884;  or,  si  la  loi  du  2  janvier 
1907  ne  fait  pas  obstacle  à  ce  que  le  maire,  dans  des 
circonstances  exceptionnelles  et  urgentes,  puisse 
faire  usage  des  pouvoirs  qu'il  tient  de  la  loi  de  1884, 
l'exercice  de  ces  pouvoirs  se  trouve  limité,  tant  que 
la  désaffectation  des  édifices  n'a  pas  été  prononcée, 
à  l'exécution  des  mesures  absolument  nécessaires 
pour  assurer  la  sécurité  publique. 

En  l'espèce,  aucun  décret  n'a  mis  Un  à  l'allectation 
de  la  tour  Saint-Paterne  et  à  l'exercice  du  culte  catho- 
lique. Mais  en  présence  des  contradictions  existant 
entre  les  constatations  et  les  conclusions  des  rapports 
d'architectes,  le  Conseil  d'État  s'est  trouvé  dans  l'im- 
possibilité de  reconnaître  si  l'état  de  la  tour  Saint- 
Paterne  créait  un  danger  tel  pour  la  sécurité  publique 
que  sa  démolition  totale  ou  partielle  s'imposât  immé- 
diatement; il  a  en  conséquence  ordonné  une  vérifi- 
cation complémentaire. 

Expositions  annoncées.  —  La  Société  moderne 
annonce  sa  sixième  exposition,  qui  se  tiendra,  à  la 
galerie  Devambez,  du  3  au  23  février  prochain. 


CHRONIQUE    DES    VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CtJRIOSITÉ 

A  Paris.  —  Vente  de  la  collection  de 
M""  A.  H...  (tableaux,  objets  d'art).  —  Dirigée, 
salles  7  et  8,  les  19  et  20  décembre,  par  M«  Des- 
vouges,  assisté  de  MM.  Caillot,  Duchesne,  Duplan, 


Sortais  et  Loys  Delleil,  cette  vente,  qui  avait 
fait  l'objet  d'un  catalogue  illustré,  a  produit 
28.3.125  francs. 

PRINCIPAUX    PRIX 
Tableaux.  —  42.  N.  Mignard.  Portrait  présumé  de 
Mme  la  duchesse  de  Bourgogne  enfant,  11.800  fr.  —  44. 
Nattier.  Apollon  et  les  Mtises,  18.000  fr.  (dein.  20.000). 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


OwBTS  DE  VITRINE.  —  133.  Montre  or  émaillé,  sujet 
allégorique,  xviii*  s.,  6.250  fr.  (dem.  1.500). 

Scuup-ruKES.  —  142.  Groupe  terre  cuite,  xviii'  s., 
amour  debout.  14.800  fr.  (dem.  6.000). 

SièoEs  ES  TAi'issKRiK.  —  187.  Dsux  petits  fauteuils, 
bois  doré  et  tapiss.  Aubusson,  médaillons  à  person- 
nages et  fables  de  La  Fontaine,  Ti.OOO  fr.  (dem.  3.500  ; 
rest.).  —  190.  Deux  petits  canapés,  bois  doré,  ép. 
Louis  XVI,  anc.  tapiss.  Aubusson,  scènes  mythologi- 
ques et  fables  de  La  Fontaine,  12.100  fr.  (dem.  14.000; 
bois  redoré). 

Tapissekies.  —  194.  Grand  panneau  anc.  tapiss.  de 
liruxclles,  paysage  montagneux,  écusson  d'armoiries, 
12.600  fr.  (dem.  18.000).  —  195.  Panneau  anc.  tapiss. 
Beauvais  ou  Paris,  nymphes  dans  un  médaillon,  com' 
ïn' s.,  14.300  fr.  (dem.  18.0U0;   bordure  rapportée); 

—  197.  Panneau  des  Flandres,  scène  de  bataille, 
XVI'  s.,  e.OlO  fr.  (dem.  7.000). 

Vente  de  la  collection  du  baron  de  C... 
(tableaux,  etc.).  —  Annoncée  également  par  un 
catalogue  illustré,  celte  vente,  faite  salle  6,  par 
M«  llaudoin,  MM  Ferai  et  Mannheim,  le  20  dé- 
cembre, a  produit  194. bOO  francs. 

Notons  le  prix  de  32.500  francs  obtenu,  sur  la 
demande  de  30  000,  par  le  n"  21  :  Drouais,  le 
Portrait  d'un  acteur,  et  contentons-nous  d'enre- 
gistrer les  autres  enchères  dignes  de  remarque. 

PRINCIPAUX    PRIX 

Tableaux  a.\ciens.  —  15.  De  Lacroix.  Vue  d'un  port 
de  la  Méditerranée,  4.000  fr.  (dem.  5.050).  —  50. 
Leyster.  Jeunes  musiciens,  6.100  fr.  (dem.  12.000).  — 
58.  Nattier.  Portrait  de  la  marquise  de  Lenoncourt, 
20.000  fr.  (dem.  20.000).  —  67.  J.  Raoux.  La  Femme 
aux  castagnettes,  !i.200  fr.  —  71.  Uubens.  La  Vierge 
avec  l'Enfant,  8.100  fr.  (dem.  4.000). 

Uhon/.es.  —  133.  Deux  candélabres  bron/.e  doré, 
statuettes,  petite  paysanne  et  petite  paysanne  debout, 
d'après  Boucher, ép.  Louis X VI,  1 9.000  fr.  (dem.  20.000). 

—  135.  Deux  candélabres  bronze,  statuette  d'amour 
debout,  ép.  Louis  XVI,  (i.400  fr.  (dem.  8.000  fr.). 

Les  grandes  ventes  à  l'étranger  en  1913. 

—  A  Londres  {suite i.  —  Nous  mettrons  à  profit 
les  loisirs  que  nous  accorde  l'Hôtel  Drouot,  pour 
en  liniravec  ce  compte  rendu  de  la  saison  étran- 
gère, interrompu  par  la  reprise  des  grandes 
ventes  parisiennes. 

'Ventes  de  tableaux  et  d'estampes.  —  Le 

20  juin,  se  luisaient  deux  ventes  de  tableaux 
anciens,  l'une  clieiSotheby,  l'autre  chez  Chrislie. 
Le  clou  de  la  première  étaitun  Portrait  de  Gentil- 
homme, par  Frans  Hais,  adjugé  22b  000  francs. 
Dans  la  mi'me  vente,  un  dessin  de  Itembrandl 
s'est  vendu  12  000  francs;  l'estampe  célèbre  de 
Uuclos,  d'après  Aug.  de  Saint-Aubin,  le  Concert, 


7.500  francs;  et  le  Portrait  de  Newton,  gravure 
en  couleurs,  de  C.  Turner,  d'après  Raeburn, 
11.250  francs. 

—  De  beaux  prix  ont  marqué  aussi  la  vacation 
faite  chez  Christie  :  ceux  de  149. t)2!)  francs  et  de 
105.000  francs,  le  premier  pour  un  Portrait  de 
femme,  par  F'rans  Hais,  et  le  second  pour  le  Châ- 
teau de  Bentheim,  par  Huysdael  ;  et  les  enchères 
suivantes,  qui  méritent  mention  (en  guinées)  : 

2.  Beechey.  Portrait  de  Mrs  Hall,  1.020  g.  —  15. 
Itaphael.  Portrait  d'un  cardinal,  240  g.  —  30.  A.  van 
Ostade.  Intérieur  de  taverne,  440  g.  —  35.  D.  Teniers. 
Un  Philosophe,  340  g.  —  36.  G.  Ter  Borch.  La  Lettre. 
880  g.  —  47.  A.  van  der  Neer.  liord  de  rivière,  680  g. 

—  00.  S.  Kuysdael.  Bord  de  rivière,  440  g.  —  00.  J  van 
Goyen.  Envii'ons  de  Harlem,  300  g.  —  69.  Judith 
Leyster.  Musiciens,  350  g.  —  73.  Patinir.  Paysage 
rocheux  près  de  la  côte,  290  g.  —  76.  Luttichuys. 
Portrait  d'homme,  580  g.  —  83.  Fabrilius.  Isaac  et 
Hebecc-i.  3.100  g.  (81.375  fr.)  —  86.  École  an}:lnise. 
Portrait  d'enfant,  820  g.  —  90.  Nasmyth.  Paysage, 
520  g.  -^  G.  Morland  :  91.  Bords  de  mer.  1.200  g 
(31. .500  fr.).  —  92.  Paysage,  1.100  g.  28.875  fr.'.  —  93. 
Le  Vieux  Cheval  blanc,  480  g.  —  94.  Hospitalité  afri- 
caine, 500  g. 

103.  Mirevelt.  Portrait  d'un  gentilhomme  et  de  ses 
enfants,  420  g.  —  105.  Moreelse.  Portrait  d'homme  et 
Portrait  de  femme,  2  200  g.  i57.250  fr.).  —  106.  École 
espagnole.  Portrait  de  femme,  750  g.  —  116.  Titien. 
La  Vierge  et  l'Enfant,  280  g.  —  124.  J.  van  Goyen. 
La  Rivière,  950  g  —  125.  Hondeweter.  Le  Poulailler, 
420  g.  —  126.  Les  Frères  Le  Nain.  Les  Astronomes, 
500  g.  —  127.  N.  Macs.  I.a  Dentellière,  260  g.  —  133. 
J.  Kuysdael.  Paysage  avec  cascade,  830  g.  —  134. 
J.  Steen.  Les  Joueurs  de  Iric-lrac,  1.020  g.  (26.775  fr.). 

—  13H.  D.  W'ilkie.  Les  Joueurs  de  cartes,  480  g.  — 
139.  Ph.  Wouwermans.  La  Porte  du  cabaret,  800  g. 

—  Parmi  les  beaux  prix  qui  ont  été  enregistrés 
dans  une  vente  d'eslampes  faite  le  2.')  juin,  lirons 
de  pair  ceux  de  14.700  frams  pour  Villageois  et 
voyageurs,  de  Ward  ;  de  6.975  francs  pour  une 
suite  d'estampes  sur  les  sports,  gravées  par  Alken, 
d'après  Hodges,  et  de  9.450  francs  pour  le  Matin 
et  le  Soir,  par  Grozer. 

Vente  de  la  collection  Murray  Scott 
(tableaux,  objets  d'art).  -  La  irrs  importante 
vente  de  la  rollection  de  Sir  .Murray  Scott,  com- 
posée d'objets  «l'art  et  d'ameublement  anciens 
et  de  tableaux,  a  été  annoncée  dans  le  n"  589  du 
Bulletin.  Elle  a  eu  lieu  du  24  au  27  juin.  Avec 
son  total  de  près  de  trois  millions  et  ses  enchères 
remarquables,  celle  vente  est  comme  le  «  pen- 
dant »  de  la  vente  Oppenheim  à  Londres,  de  la 
vente  Borden  à  New-\ork,  des  ventes  Steengracht 


ANCIEN    ET    MODERNE 


et  Neraes  à  Paris,  et  run  des  grands  événements 
de  la  saison  de  1913. 

La  première  vacation,  à  elle  seule,  a  fourni 
1  million  438.775  francs  d'enchères  :  on  y  a  vu 
quatre  tapisseries  de  Beauvais  du  xvni*  siècle,  à 
sujets  d'animaux  dans  des  paysages,  atteindre  le 
beau  prix  de  472.500  francs.  Lne  statuette  de 
Cupidon  menaçant,  en  bronze,  d'après  Falconet, 
a  trouvé  preneur  à  183.750  francs  Huit  fauteuils 
d'époque  Louis  XVI  en  bois  sculpté,  par  Jacob, 
couverts  en  tapisserie  de  Beauvais  à  décor  de 
vases  et  de  fleurs,  ont  été  poussés  jusqu'à 
HO. 000  francs. 

Les  objets  d'art  ont  contribué  pour  2  millions 
080.525  francs  au  total  de  la  vente. 

Les  tableaux  ont  réalisé  680.675  francs,  avec, 
comme  prix  capital,  les  162.750  francs  obtenus 
par  une  FHe  ihampHre  de  Wattèau,  tableautin' 
de  0  m.  42  sur  0  m.  52  environ  lne  autre  FHe 
v.hiimpèlre,  de  dimensions  analogues,  celle-ci  par 
l'ater,  a  été  adjugée  60.375  francs. 

Voici  une  liste  détaillée  dès  principaux  prix 
(au-dessus  de  200  livres  sterling,  soit  5.000  fr.)  : 

Objets  he  vithinh,  mimaturf.s.  —  H. Tabatière  ronde, 
écaille  avec  miniature,  deux  femmes  dans  un  paysage, 
par  Lawrence,  819  I.  (20.47S  fr.).  —  26.  Maria 
Fagninvi,  marijuise  d'ilerford.  miniature,  262  1.  — 
29.  Nymphes  au  bain,  deux  gouaches  d'après  Bou- 
cher, manière  de  Charlier.  210  I. 

Objets  d'akt  hi  d'amelbi.event  kb.\nçai8  du  xviii*  siè- 
cle. —  31.  Pendule  ép.  Louis  XVL  cadran  tournant, 
vase  sur  socle  en  marbre  b1.,  statuette  de  l'Amour 
indiquant  les  heures,  mont,  bronze,  892  1.  (23.300  fr.). 

—  34.  D'après  Kalconet.  L' Amour  menaçant,  statuette 
br.,  T.S.™  I.  (183.7S0  fr.).  —  35.  Vase  ép.  Louis  XV, 
céladon  craquelé,  mont,  br.,  1.837  1.  (45.252  fr.).  — 
36.  Deux  vases  porcel.  de  Sèvres  gros  bleu,  avec 
couvercle,  mont,  br.,  ép.  Louis  XVL  1.0501.  (26.250  fr.). 

—  38.  Candélabre  br.,  ép.  Louis  XVI,  315  I.  —  39. 
Pendule  br.  doré,  ép.  Louis  XVI  :  Femme  jouant  de 
la  lyre  et  Jeune  homme  jouant  de  la  flûte,  de  chaque 
côté  du  cadran,  651  I.  —  40.  Deux  candélabres, 
l'Amour  et  l'syclié,  bronze,  d'après  Falconet,  ép. 
Louis  XVI,  1.207  I.  (30.175  fr.).  —  41.  Deux  vases 
marbre,  mont,  en  bronze,  ép.  Louis  XVI,  1.050  I. 
(26.250  fr.).  —  42.  Vase  ovale  marbre,  mont,  br.,  ép. 
Louis  XVI.  formant  garniture  avec  les  précédents, 
1.102  I.  ;  fr.).  —  43.  Vase  ovoïde,  porcel.  Sèvres 
gros  bleu,  médaillons  de  personnages  et  bouquets  en 
coul.,  mont.  br..  336  1.  —  44.  Deux  vases  forme 
bateau,  porcel.  Sèvres  gros  bleu,  décor  en  relief, 
mont.  br.  dans  la  manière  de'Duplessis,  ép.  Louis  XVI, 
2.100  I.  (52.500  fr.).  —  45.  Deux  candélabres,  l'Amour 
et  l-.syclié.  br.,  ép.  Louis  XVI,  1.050  1.  (26.250  fr.  — 
46.  Candélabre  br.,  ép.  Louis  XVI,  756  I.  —  47.  Cartel 
et  baromètre  br.   doré,   336   1.   —   49.    Pendule  par 


Lepaute,  vase  ovoïde  en  porcel.  de  Sèvres  gros  bleu, 
mont,  br.,  ép.  Louis  XVI.  997  I.  (24.925  fr.).  —  SO. 
Pendule  marqueterie  de  Boule,  ornée  br.,  231  1.  —  51. 
Commode  ép.  Louis  XV.  marqueterie  à  Heur,  br., 
451  1.  —  52.  Table  ép.  Louis  XVI,  marqueterie  et  br., 
1.572  I.  (64.300  fr.).  —  54.  Secrétaire  droit,  surmonté 
d'une  vitrine,  marqueterie  et  br. ,  signé  Dubois,  ép. 
Louis  XVI,  5.145  1.  (128.625  fr.).  —  55.  Huit  fauteuils 
bois  se.  peint  blanc,  signés  Jacob,  couv.  en  tapiss.  de 
Beauvais  à  vases  de  fleurs,  ép.  Louis  XVI,  4.400  I. 
(110.000  fr.).  —  56.  Deux  cabinets  en  marqueterie  de 
Boule,  ornés  br.,  283  I. 

ScDLPTUBES.  —  Deux  bustes  marbre,  Louis  XVI  et 
Marie-Antoinette,  xvin*  s.,  787  1. 

Tapissebies.  —  64.  Quatre  tap  de  Beauvais,  xviii*  s.; 
sujets  d'animaux  sur  fond  clair,  formant  médaillons, 
encadré  de  portiques  à  verdures  et  à  fleurs;  au-dessus 
de  chaque  portique,  un  trophée  d'attributs  et  de  fleurs, 
18.900  I.  (472.500  fr.). 

Objets  de  vitrine,  porcelaines  de  siîvbes  (suite).  — 
79.  Tabatière  ronde,  bois  d'amboine  avec  miniature, 
288  1.  —  111.  Service  à  thé.  Sèvres,  décor  d'oiseaux 
dans  des  paysages,  fond  œil  de  perdrix,  par  Evans  et 
Massy,  252  I.  —  114.  Service  de  table  et  service  à 
dessert,  Sèvres,  décor  de  fleurs,  193  pièces,  672  I. 

Objets  d'art  et  d'a.meublement  (suite).  —  125.  Deux 
candélabres  br.,  amours  tenant  des  cornes  d'abon- 
dance, ép.  Louis  XVI,  819  I.  —  133.  Deux  candélabres 
br  à  fig.  de  nymphes,  ép.  Louis  XVI,  420  I.  —  134. 
Deux  autres,  analogues,  441  I.  —  135.  Deux  autres, 
378  1.  —  136.  Deux  vases  Empire  br,,  204  I.  —  U6. 
Chenets  ép.  Louis  XVI,  br.,  forme  de  vases,  315  I.  — 
149.  Pendule  marqueterie  de  Boule,  groupe  br.  de 
Persée  et  Pégase,  567  l.  —  150.  Pendule  br  supportée 
par  un  amour,  ép.  Louis  XVI,  262  1.  —  153.  Encrier 
ovale,  br.  doré,  441  I.  —  154.  Deux  chenets  br.  doré, 
325  I.  —  162.  Deux  jardinières  Empire  br.,  336  I.  — 
171.  Table  ovale  acajou  et  br..  ép.  Directoire,  609  1. 

Bronzes,  objets  d'abt.  —  211.  Bacchante  et  petit 
satyre,  statuette  br.,  220  I.  —  215.  Bacchus  et  Flore, 
statues  br.,  grandeur  nat.,  xviii*  s  ,  588  I.  —  219. 
Vénus,  br  ,  Italie,  xvr  s.,  325  1.  —  220.  Vénus  et  un 
Faune,  deux  bustes,  Italie,  xvii'  s.,  220  1. 

234.  Panneau  broderie,  xvii'  siècle,  sujets  de  la 
Vie  de  Salomon,  325  I. 

Objets  d'art  et  d'a.meuble>ient  {fin).  —  244.  Carte 
et  baromètre,  ép.  Louis  XV,  441  I.  —  251.  Un  autre, 
ép.  Louis  XVI,  346  I.  —  257.  Encrier,  ép.  Directoire, 
br.,  décor  d'attributs  militaires,  1.102  1.  (27.550  fr.; 
on  a  fait  remarquer  que  cette  enchère  est  la  plus 
élevée  qu'ait  obtenu,  jusqu'ici,  un  objet  d'art  de  cette 
époque).  —  258.  Pendule  br.  doré,  cadran  tournant, 
sphère  supportée  par  trois  enfants,  241 1.  —  261.  Deux 
chenets  br.  doré,  fig.  de  femmes  et  d'amours,  ép. 
Louis  XVI.  651  I  —  26i.  Encrier  br.  doré,  fig  d'homme 
portant  une  coquille,  304  1.  —  275.  Deux  vases  por- 
phyre, mont,  br.,  367  I.  —  277.  Régulateur  acajou  et 
b.,  ép.  Louis  XVI,  472   l.  —  288.  Deux  tables,  ép. 


LE   BULLETIN    DE   L'ART 


Louis  XVI.  ornées  île  plaques  d'émail  et  de  br.,  325  l. 
— .  29S.  Table-bureau,  iiiurqucterie  de  Boule  sur 
écsille,  et  br.,  945  I. 

Voici  maintenant  les  prix  des  tableaux  et  des- 
sins vendus  le  27  juin,  et  dont  nous  avons  dit  un 
mot  dans  le  compte  rendu  de  la  vente. 

AgUAKFLLBS  ET  PKSsiNs  MOUEBKRS.  —  1.  BoningtOD. 
Le  l'a  lais  des  dogrs  à  Venue,  420  I.  —  17.  Uecamps- 
N;/iiiphes  nu  '<«in,  210  1.  —  Zieni  :  44.  Constantinuple, 
220  I.  —  4.").  Venise.  220  I. 

Tablkaux  .«odek.xks.  —  62  Diaz.  Trois  nymphes  et 
amours,  1.176  I.  (28.400  fr.). 

Taulkaux  et  uessiks  anciens.  —  96.  Charlier. 
Nymphes  et  satyres,  gouaehc,  220  I. 

106.  Goya,  tspagtiols  dansant  le  boléro,  262  I.  — 
109.  Sir  Th.  Lawrence.  Francis-Charles  Seyinour, 
marquis  (/e  IlertfiirJ,  399  I.  —  111.  L.  Parct.  Fête 
dans  une  ville.  693  I. 

114.  L.  Boilly.  l-a  Lettre  d'amour,  iiO  I.  -^  Boucher  : 
115.  Les  Hlaiichisseuses,  1.207  1.  (30.175  fr.).  —  116. 
Le  Couple  yalanl,  231  1.  —  117.  Hergère  et  jeune 
homme,  l.fiiiO  I.  (42.0U0  fr.).  —  119.  Chardin,  hvste  de 
Mercure  et  nature  morte,  283  I.  —  120.  C.-A.  Coypel. 
Jeune  Femme  et  perroquet.  94."i  I.  —  122.  F. -H.  Urouais. 
l'ortrnilde  femme  en  Flore.  336  I.  —  125.  R.  Leièvre. 
l'ortrail  desdeux  fiiles  du  maréchal  l.e/ebvre,  252  1. — 
126.  C.  Vanloo.  La  Musique,  la  Littérature,  la  Guerre. 
trois  peintures,  840  I.  —  133.  Nattier.  Madame  Vic- 
toire, 2.205  I.  (55.125  fr.).  —  134.  Pater.  Fête  cham- 
pêtre. 2.U5  I.  ^60  375  fr  ).  —  «35.  Le  Prince.  Dame 
jouant  de  la  guitare,  294  1.  —  136.  J.  Haoux.  La 
Femme  au  chat.  367  I.  —  138  A.  Watteau.  Fêle  cham- 
pêtre, 6.5101.  (162.730  fr.). 

140.  J.  Buijs.  Les  Fiançailles  et  le  Mariage,  deux 
pendants  (.1774;,  252  I.  —  141.  A.  Cuyp.  Bergers  rame- 
nant leur  troupeau,  283  1.  —  132.  R.  Zeeuian.  Un 
Arsenal,  225  I.  —  133.  J.-G.  Ziesenis.  l'ortrail  de 
gentil/tomme,  220  I. 

M.  N. 


EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Aman -Jean    décorateur    et    portraitiste 

(galerie  Manzi -Joyanl).  —  L'intensité  colorée 
d'Eugène  Delacroix,  rejoignant  dans  l'or  d'un 
plafond  les  Vénitiens  qu'il  n'alla  jamais  voir  à 
Venise;  ou  le  calme  suave  de  Puvis  de  Chavanues, 
retrouvant  sur  la  blancheur  de  la  pierre  la 
fresque  antique  qu'il  devinait  seulement  :  c'est 
entre  ces  deux  poétiques  que  devait  choisir  la 
décoration  moderne,  et  c'est  la  seconde  qu'a 
préférée,  par  un  tacite  penchant  de  son  àme 
rêveuse  et  raffinée,  le  peintre  Aman-Jean.  Déco- 


rateur, le  portraitiste  ou  le  pastelliste  le  fut  dès 
ses  premiers  succès  à  l'unique  Salon  du  Palais 
de  l'Industrie,  depuis  1883  ;  et  la  préseule  expo- 
sition d'un  choix  de  ses  œuvres  nous  attire,  en 
môlaiit  un  souvenir  silencieux  de  notre  jeunesse 
à  ce  chapitre  encore  inédit  d  une  évolution  d'un 
quart  de  siècle,  qu'on  pourrait  intituler  le  retour 
au  style.  Alors,  en  plein  apogée  du  plein-air  et 
des  documents  plus  ou  moins  humains,  un  ancien 
élève  de  Lehraann  était  de  ceux  qui  décou- 
vraient dans  une  douceur  apaisée  leur  personna- 
lité naissante  ;  et  sans  recourir  à  la  division 
du  ton,  comme  son  condisciple  Ernest  Laurent, 
il  trouvait  dans  l'harmonie  d'une  rose  avec  un 
ciel  de  turquoise  un  accord  nouveau.  Portraits 
recueillis  ou  voluptueux  pastels,  la  délicatesse 
native  de  son  œuvre  ressemblait  à  la  lente  éla- 
boration d'un  secret  qui.  depuis  quelques  années, 
se  dévoile  ;  et  c'est  aujourd'hui  le  décorateur  qui 
reparaît  dans  quatre  allégories  composées  pour 
la  salle  des  séances  du  Parlement  chilien  :  Jus- 
titia,  Virtus,  Lex,  Pax  ;  la  Justice,  qui  tient  sa 
balance  rigide;  la  Force  du  guerrier,  qui  reçoit 
l'hommage  de  la  faiblesse;  la  Loi  qui  protège  et 
la  Paix  qui  réconcilie,  en  ravivant  l'antique 
symbole  du  caducée.  Dès  l'abord,  à  distance,  en 
dehors  de  toute  préoccupation  des  sujets,  ce 
rajeunissement  des  thèmes  éternels  parle  dou- 
cement aux  yeux  :  car  la  couleur  a  son  langage, 
et  l'admirateur  de  Velazquez  ajouterait  que 
«  l'art  naît  du  métier  (1)»  ;  mais  ce  métier  n'est 
lui  même  que  la  traduction  d'un  sentiment  inté- 
rieur, que  rellète  le  buste  du  peintre  modelé  par 
le  statuaire  Dampt,  en  une  fraternité  de  mys«* 
tère  et  de  mélancolie. 

1>'«  exposition  du  u  Bon  ton  »  (galerie  Le- 
vesque,  109,  faubourg  Saint-Honoré).  —  Ce  titre 
seul  nous  emporte  un  siècle  en  arrière,  sur  le 
manteau  capricieux  de  la  mode  :  alors,  c'était 
Jean-François  Bosio,  le  frère  aîné  du  sculpteur, 
préconisant  dans  le  Bon  genre  ou  le  Suprême  bon 
ton  "  le  Dàïidisme  en  spencer  (2)  »  et  les  lois 
olympiennes  de  l'antique  appliquées  à  l'éphé- 
mère modernité  ;  maintenant,  c'est  la  miniature 
persane  ou  le  ballet  russe  qui  séduit  les  jeunes 
collaborateurs  de  la  Gazette  du  bon  ton,  réunis 
autour  du  magicien  Léon  Bakst.  L'humour,  qui 
souligne,  a  conduit  les  plus  spirituels  d'entre 
eux  à  la  stylisation,  qui  simplifie;  et  les  sages 

(1)  Voir  Aman-Jean.  Velazquez.  dans  la  collection 
Art  et  Esthétique  (Paris,  Alcao,  1913). 

(2)  Mot  de  RenouTier,  cité  par  M.  Beraldi. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


contemporains  de  La  Mésangère  s'elîarouche- 
raient-ils  des  croquis  de  MM.  Carlèïï;le,  Abel 
Faivre  et  Roubille,  des  dessins  de  M.  Louis 
StrimpI,  des  peintures  de  M.  Hermann  Vogel, 
des  aquarelles  de  M.  Drésa,  des  enluminures  de 
M.  Lepape,  des  pastels  de  M""  Valentine  (Iross, 
inspirée  par  le  Spectre  de  ta  liose,  ou  du  style 
décoratif  de  M.  Gosé?  l.,es  héritiers  du  regretlé 
Boutel  de  Monvel,  son  fils  Bernard,  MM.  l'ierre 
lîrissaud  et  Maurice  Taquiiy,  composent  une 
petite  famille  où  se  perpétue  savamment  la 
désinvolture  rétrospective  des  dandijs  ;  et  quel 
dommage  de  ne  pouvoir  compter  sur  une  lon- 
gévité patriarcale,  alin  de  savoir  comment  se 
travestira  celle  que  les  Concourt  appelaient 
(I  la  poupée  sublime  »  en  2014,  et  quelle  sera  la 
couleur  de  ses  cheveux  ondulés  ! 

Société  des  Peintres  et  Graveurs  de 
«  Paris  »  (galerie  Bruiiner).  —  Montrer  un  por- 
trait de  David  par  lui-même,  dessin  dédié  en  1794 
à  Robes|)ierre,  en  face  de  quelques  vues  bru- 
meuses de  Paris,  datées  de  t898  par  Pissarro  ;  le 
Départ  des  coitcous,  par  Boilly,  près  d'une  eau- 
forte  de  M.  Lepère  ou  d'un  pastel  de  M.  Chéret  ; 
len  Courses,  vues  par  Carie  Vernet,  non  loin  du 
Pesage  de  Longchamp,  transcrit,  en  1880,  par 
M.  Forain  ;  la  Maifon  de  jeu  du  Palais-Hoyal, 
aperçue  par  le  vieil  Isabey,  près  des  cafés  de 
nuit  fréquentés  par  M.  Louis  Legrand  ;  la  crino- 
line chère  à  Constantin  (luys,  à  côté  d'une  élé- 
gante de  Caston  La  Tourbe  ou  des  pâles  midinettes 
de  M.  Steinlen  ;  un  crayon  d'Ingres,  au-dessous 
des  esquisses  décoratives  d'Eugène  Delacroix  ou 
d'un  étonnant  petit  portrait  féminin  de  Manet  : 
—  tel  est  le  bienfait  des  «  rétrospectives  »,  et 
tel  est  l'agrément  de  cette  cinquième  exposition, 
formée,  avec  le  concours  du  collectionneur 
Alfred  Keurdeley,  par  le  président  de  la  Société, 
M.  Georges  Gain.  Pour  le  plaisir  instructif  des 
yeux,  aquarelles  et  croquis  de  Charlet,  de  RafTet, 
de  Laini,  de  Daumier,  de  Daubigiiy,  d'Hervier, 
de  Jongkind,  voisinent  avec  de  récentes  peintures 
ou  gravures  de  MM  Renefer,  Auburtin,  Gillot, 
Girardot,  Vauthrin,  de  la  Gandara,  Charles  Hey- 
man  et  Béjot.  Il  reste  entendu  que  tout  portrait 
ressemble  à  son  portraitiste  encore  plus  qu'au 
modèle  ;  mais,  en  nous  parlant  de  son  art  et  de 
son  temps,  M.  Forain  nous  parle  ici  de  notre 
Paris,  qnand  il  crayonne  l'Idylle  sur  les  forlifs 
ou  lave  magistralement  la  claire  silhouette  du 
Mont  Valerien  vu  de  la  Seine,  sous  l'arche  d'un 
pont. 


BIBLIOGRAPHIE 


■ 


RAYiMOND    BOUYER. 


Autissier,  miniaturiste,  1772-1830, 

par  M.  Lucien  Lemaibe  ;i,ille.  1912). 

A  l'exposition  de  la  Miniature  de  Bruxelles,  en 
1912,  OD  remarquait,  dans  la  section  française,  un 
fort  curieux  portrait  d'officier  de  l'époque  révolution- 
naire signé  Autissier;  d'autres  œuvres,  comme  le 
portrait  de  M"*  Mallait,  daté  de  1820,  bien  que  moins 
importantes,  attiraient  également  notre  attention  sur 
ce  miniaturiste  fort  peu  connu.  Aucun  portrait  de 
lui  n'avait,  en  elfet,  été  exposé  à  la  Bibliothèque 
nationale  en  1906,  et  la  courte  notice  du  catalogue 
de  Bruxelles  ne  nous  permettait  pas  de  satisfaire 
notre  curiosité  sur  cet  artiste  qui,  s'il  n'atteignit 
jamais  la  réputation  de  Dumont,  d'Augustin  ou 
d'Isabey,  mérite  cependant  une  bonne  place  parmi 
les  miniaturistes  de  l'Empire  et  de  la  Restauration. 

Cette  lacune  vient  d'être  heureusement  comblée 
par  l'excellent  livre  que  M.  L.  Leraaire  a  consa- 
cré à  Autissier.  La  carrière  de  ce  Breton,  ué  à 
Vannes  en  1772,  se  passa  presque  t(mte  entière  à 
l'étranger.  En  elfet.  à  part  un  court  séjour,  en  1795, 
à  Paris,  où  il  arrivait  solidement  préparé  à  son 
métier  deminiaturisle  par  l'enseignement  d'un  ancien 
peiutre  du  roi  de  Pologne  nommé  Vautrin,  il  s'éta- 
blit, dès  1796,  à  Bruxelles  et  ne  quitta  guère  cette 
ville  que  pour  la  cour  du  roi  Louis  de  Hollande  (de 
1803  à  1809)  et  pour  un  second  séjour  à  Paris  (de  1818 
à  1S24).  Peut-être  avait-il  compris  qu'à  Paris  il  serait 
toujours  éclipsé  par  les  Isabey,  les  Augustin  et  les 
Dumont,  et  préféra-t-il  être  le  premier  a  liruxelles  !..- 
S'il  lit  ce  calcul  il  eut  raison,  et  ses  succès  aux  expo- 
sitions de  Lille,  detiaud,  de  Bruxelles  et  a  la  cour  du 
roi  Louis,  témoignent  de  la  renommée  qu'il  sut 
acquérir  en  Belgique  et  en  Hollande.  Les  nombreux 
portraits  cités  par  M.  Lemaire,  dont  beaucoup  sont 
reproduits  dans  son  volume,  expliquent  aisément 
cette  réputation  ;  ils  sont  généralement  1res  solide- 
ment construits  et  bien  peints,  et  les  com|jaraisons 
qu'on  peut  faire  montrent  une  heureuse  compréhen- 
sion des  caractères  de  ses  modèles.  Artiste  habile  et 
consciencieux,  Autissier  fut  donc  un  bon  portraitiste, 
parfois  un  peu  lourd,  comuje  Augustin,  qu'il  rap- 
pelle souvent,  mais  généralement  intéres.sant.  Nous 
l'aimons  beaucoup  moins  diins  ses  sujets  mytholo- 
giques ou  de  fantaisie,  comme  l'Amour  el  l'Amitié 
ou  l'Élude  répandani.  des  fleurs  sur  le  Temps,  c'est 
de  beaucoup  la  partie  la  moins  intéressante  de  son 
œuvre,  et  on  l'y  sent  mal  à  son  aise.  M.  Lemaire,  au 
reste,  nous  a  surtout  parlé  d'Autissier  portraitiste,  et 
il  a  bien  fait.  La  seconde  partie  de  son  livre  contient 
une  précieuse  liste  des  élèves  d'Autissier  et  un  cata- 
logue de  l'œuvre  du  miniaturiste  :  elle  sera  un 
instrument  de  travail  des  p  s  utiles  et  complète 
fort  bien   cette  étude,  claire,  précise  et  savamment 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


documentée,  qui  sera  accueillie  avec  recoapais- 
sance  par  tous  ceux  qui  s'intéressent  à  l'art  de  la 
miniature. 

P.-André  Lemoisne. 

LES      REVUES 


Les  Musées  de  France  (1913,  n°  îi).  —  Paul  Vithy. 
Les  Accroissements  de  la  salle  Barye.  —  Nouvelles 
générosités  faites  au  Louvre  par  un  amateur  russe 
qui  désire  garder  l'anonymat,  —  le  même  dont  les 
donations  avaient  permis,  l'an  passé,  la  création  de 
la  salle  Barye. 

—  Louis  Demonts.  Un  Dessin  de  Rembrandt  nou- 
ellement  acquis  par  le  Musée  du  Lottvre.  —  Étude 

de    femme    nue,    provenant   de   la   collection    J.-P. 
Heseltine  (vente  à  Amsterdam,  mai  19)3,  n'  21). 

—  G.  Briére.  Nouvelles  acquisitions  du  musée  de 
Versailles.  —  Médaillon  de  Louis  XIV,  par  Antoine 
Benoist,  bronze  provenant  de  la  vente  Kraemer  ; 
études  pour  le  Serment  du  jeu  de  paume,  dessin 
de  David,  provenant  de  la  vente  Cheramy  ;  portraits 
du  général  comte  Legrand  et  de  la  comtesse  Legrand, 
par  Gros,  don  de  M""  Legrand  ;  portraits  de  Théodore 
de  Banville,  par  Alfred  Dehodencq,  et  de  Claude- 
Théodore  Faultain  de  Banville,  père  du  porte,  par 
Emile  Deroy,  don  de  M.  Georges  Rochegrosse. 

—  René  Schneider.  Le  «  Mariage  de  la  Vierge  »  au 
musée  de  Caen.  —  On  sait  que  ce  chef-d'œuvre  était 
autrefois  attribué  au  Pérugin,  sur  la  foi  de  Vasari,  et 
que  M.  Berenson  a  mis  en  doute  cette  attribution  et 
a  donné  le  tableau  au  Spagna.  Depuis  lors,  des  docu- 
ments découverts  par  M.  W.  Bombe,  à  Pérouse,  ont 
prouvé  que  la  peinture  avait  bien  été  commandée 
au  Pérugin  par  la  Confraternité  de  Saint-Joseph  ; 
M.  Bombe  en  a  conclu  que  le  maître  avait  travaillé 
seul  au  Spozaligio.  M.  Venturi  combat  de  nouveau 
cette  conclusion  et  attribue  le  tableau  à  un  élève  du 
Pérugin  :  Andréa  di  Luigi  d'Assisi,  dit  l'Ingegno. 

—  Henri  Chabelk.  A  propos  de  la  «  Bacchanale  »  de 
Bénigne  Garjnereaux  ilTMi-nyi).  —  Peinture  inache- 
vée de  cet  artiste  dijonnais,  conservée  au  musée  de 
Dijon. 

—  Supplément  :  P.  V.  L'Arl  ancien  dans  les  Flan- 
dres à  l'Exposition  de  Gond;  —  Raymond  Bodver. 
L'Ameublement  et  la  Curiosité  dans  les  grandes  ventes 
récentes. 

(1913,  n'  6).  —  Un  Triptyque  de  Roger  van  der  Wey- 
den  au  musée  du  Louvre.  —  Le  Christ  avec  la  Vierge 
et  saint  Jean  l'Évangéliste.  sur  le  panneau  central  ; 
saint  Jean-Baptiste  et  la  Madeleine,  sur  les  volets 
intérieurs  ;  une  ti'-te  de  mort  et  une  croix  de  marbre, 
sur  les  volets  extérieurs.  L'œuvre  vient  de  la  collec- 
tion du  marquis  de  Westminster,  où  elle  avait  été 
signalée  par  Waagen  en  1851.  Elle  a  été  exécutée 


pour  Catherine  de  Brabant,  après   Uô2,   date  de  la 
mort  de  son  mari,  Jean  Braque. 

—  Louis  Demonts.  Un  Tableau  de  Luca  Signorelli 
au  musée  du  Louvre.  —  C'est  un  Saint  Jérôme  (?) 
Comparaisons  avec  les  œuvres  du  maître  qui  justifient 
l'attribution. 

—  Gaston  Mioeon.  Sculptures  et  céramiques  musul- 
manes au  musée  du  Louvre.  —  Plaque  de  marbre 
provenant  de  Rhagès  ;  plat  de  fa'icnce  à  décor  géo- 
métrique, provenant  de  Bahnasa  iHaute-Égypte)  ; 
fragment  d'azulejo,  mosaiquc  arabe. 

—  Gaston  Briére.  Restauration  de  la  galerie  du 
Grand  Trianon.  —  On  a  replacé,  dans  cette  galerie, 
les  tableaux  qui  en  formaient  la  décoration  primitive, 
œuvres  de  Jean  Cotelle,  Etienne  Allegrain  et  J.-B. 
Martin. 

—  Henri  Chabeif.  Quentin  de  la  Tour  au  musée  de 
Dijon.  —  Portrait  d'un  chanoine  ;  ti''te  d'homme  en 
bonnet  de  nuit  ;  étude  pour  le  maréchal  de  Saxe., 

—  Supplément  :  Le  «  Louis  A7I'»  du  liernin  à  Ver- 
sailles, analyse  d  un  article  de  M.  Marcel  Reymnod, 
réceiinuent  publié  dans  la  Revue;  —  Château  de  Ver- 
sailles, compte  rendu  de  la  réunion  de  la  Commis- 
sion des  monuments  historiques,  tenue  en  juillet 
dernier,  où  l'on  a  examiné  diverses  questions  relatives 
aux  travaux  de  restauration  du  château;  —  Raymond 
BouYEH.  L'Art  antique  et  l'estampe  moderne  dans 
les  grandes  ventes  récentes. 

Italie 

Rassegoa  d'arte  senese  (janvier-juin  1913).  — 
V.  Ll'>im.  iJe  quelques  sculptures  au  Dôme.  —  L'au- 
teur croit  trouver,  dans  l'inlerprétalion  de  quelques 
documents,  la  preuve  que  les  fonts  de  la  chapelle 
Saint-Jean  au  Dôme  sont  les  anciens  «  petits  fonts  • 
du  Baptistère;  il  les  suppose  de  1414-1416  et  de  Jacupo 
délia  Quercia.  Il  attribue  aussi  à  Jacopo  le  bénitier 
qui  se  trouve  à  l'entrée  du  Dôme.  L'auteur  croit 
enfin  que  la  base  de  la  colonne,  à  l'entrée  de  la 
chapelle  Saint  Jean,  est  une  œuvre  antique,  au  con- 
traire de  M.  de  Nicola  qui  a  démontré  qu'il  s'agit  d'un 
travail  quattrocentiste  et,  nomminent.  de  Kederighi. 

—  A.  Canestheli.i.  Mesures  à  prendre  pour  lu 
conservation  des  restes  de  l'abbaye  de  San  Gnlgano, 
proposée  dans  le  rapport  présenté  au  comité  «  l'ro 
Galgano  »,  le  10  mai  I90S.  —  Projet  de  consolidation 
et  de  surveillance  en  partie  exécuté. 

—  V.  LusiNi.  l'our  l'étude  île  la  vie  et  des  œuvres 
de  Vuccio  di  Buoninsegua.  —  Par  une  suite  de  déduc- 
tions un  peu  aventureuses,  l'auteur  conclut  que  la 
Vierge  de  l'église  de  Crevole,  qu'il  croit  de  Duccio, 
est  le  tableau  pour  lequel  un  legs  fut  fait  en  1230  à 
l'église  de  Montepescini. 

—  D.-E.  Merlotti.  L'Aqueduc  siennois,  —  L'auteur 
détermine  une  partie  du  tracé  de  l'ancien  aqueduc 
de  Sienne.  —  L.  G. 

Le  Gérant  :  H    l)».vi.>. 
P  »ri».  —  Imp.  Georges  Petit,  Ii,  rue  Godot-de-&lauroi. 


Numéro  607. 


Samedi  10  Janvier  1914. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


ANCIEN     ET     MODERNE 


Les  Jardins  du  Pincio 


I 


La  protestation  de  l'Académie  des  beaux-arts 
contre  la  vente  de  terrains  sur  le  Pincio,  dépen- 
dant de  la  Villa  Médicis,  a  produit  grande  impres- 
sion, encore  que  le  sous-secrétariat  d'Etat  des 
Beaux-Arts  ait  communiqué  aux  journaux  la 
note  que  voici,  dans  l'intention  de  rassurer  le 
public  : 

Les  ministères  intéressés  étudient  depuis  un  an, 
d'accord  avec  la  municipalité  de  Rome,  la  possibilité 
d'aliéner,  dans  des  conditions  avantageuses  pour  le 
Trésor,  les  terrains  français  qui  bordent  la  Via 
Porta  Pinciana.  et  à  travers  lesquels  le  plan  régula- 
teur prévoit  le  passage  de  voies  publiques.  Ces  ter- 
rains, fort  éloignés  de  la  Trinité-des-Monts,  situés  en 
dehors  des  jardins  de  la  Villa  Médicis,  sont  actuelle- 
ment clôturés  et  loués  à  bas  prix   à  des  maraîchers. 

Le  produit  de  la  vente  serait  consacré  au  dévelop- 
pement des  établissements  français  en  Italie.  Le 
programme  actuel,  élaboré  par  le  département  des 
Alîaires  étrangères  et  celui  de  l'Instruction  publique 
et  des  Beaux-Arts,  prévoit  d'importantes  améliora- 
lions  pour  la  Villa  Médicis,  la  construction  d'un 
pavillon  pour  l'école  d'archéologie,  dont  l'installation 
soulève  depuis  longtemps  les  plus  légitimes  critiques, 
et,  éventuellement,  une  dotation  pour  l'Institut  fran- 
çais de  Florence. 

Le  projet  vient  d'être  soumis  à  l'examen  du  ministre 
des  Finances  et  devra,  s'il  y  est  donné  suite,  être 
présenté  à  l'approbation  du  Parlement. 

Cette  note  est  parfaitement  explicite  et  montre 
à  quel  point  l'émotion  de  l'Institut  était  justifiée. 
Traduite  «  en  clair  »,  elle  signifie  que,  dans  la 
pensée  de  réaliser  une  bonne  spéculation,  l'État 
français  s'est  hâté,  plus  que  de  raison,  de  faire 
siens  les  projets  de  voirie  élaborés  par  une 
municipalité  romaine  en  mal  d'«  haussmannisa- 
tion»  (cette  môme  municipalité,  dont  on  connaît 
les  idées  sur  la  transformation  du  Capitole,  vient 
d'ailleurs  de  démissionner).  Il  y  a  aussi,  dans 
cette  affaire,  un  architecte  qui  désire  construire 
une  école  d'archéologie,  c'est-à-dire  un  palais 


magnifîque  et  coiiteux,  —  et  ceci  encore  explique 
bien  des  choses. 

Le  public,  toutefois,  et  particulièrement  le 
public  parisien,  n'a  pas  été  convaincu  par  toutes 
les  raisons  alléguées  (1).  On  lui  a  montré  com- 
ment les  immeubles  qui  occuperaient  les  terrains 
aliénés  sur  la  colline  du  Pincio  offenseraient  la 
vue  des  hôtes  de  la  Villa  Médicis  et  des  prome- 
neurs de  la  Villa  Borghèse,  et  il  a  assez  l'expé- 
rience de  cet  art  d'embellir  les  villes,  qui  est 
propre  aux  municipalités  d'aujourd'hui,  pour 
avoir  vite  compris  ce  qui  se  préparait  sournoise- 
ment à  Rome,  avec  la  complicité  de  l'État  fran- 
çais. Il  lui  a  paru  inconvenant  que,  pour  faire 
une  bonne  affaire,  nous  prenions  les  devants  dans 
une  opération  de  voirie  dont  la  réalisation  n'était 
point  immédiate. 

Si  l'aliénation  d'une  partie  des  terrains  que 
l'on  a  voulu  vendre  est  inévitable,  comme  on  le 
prétend,  nous  devons  attendre  qu'on  nous  l'im- 
pose et  nous  n'avons  point  à  devancer  les  projets 
des  auteurs  du  «  plan  régulateur  ».  C'est  bieu 
assez  que  nous  ne  puissions  pas  nous  opposer 
aux  enlaidissements  de  Rome,  sans  encore  venir 
y  collaborer  (2). 

E.  D. 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Actes  officiels.  —  Le  Journal  officiel  du  4  jan- 
vier a  publié  les  décrets  par  lesquels  M.  Arsène 
Alexandre,  conservateur  du  palais  de  Couipiègne,  est 
nommé  inspecteur  général  des  musées  des  départe- 
ments, en  remplacement  de  M.  Roger  Marx,  décédé  ; 


(1)  On  lira  plus  loin,  dans  les  Échos,  une  note  que 
nous  recevons  de  notre  correspondant  d'Italie,  et 
qui  montre  que  l'émotion  causée  par  la  nouvelle  de 
la  vente  des  terrains  du  Pincio  n'a  pas  été  moindre 
à  Rome  qu'à  Paris. 

(2)  Dans  le  dernier  Bulletin,  un  lapsus  m'a  fait 
parler  de  l'évolution  des  villes  vers  l'est  :  c'est  vers 
l'ouest  qu'il  fallait  dire  ;  les  lecteurs  auront  certaine- 
ment rectifié  d'eux-mêmes. 


10 


LE    BULLETIN   DE    L'ART 


et    M.   Gabriel   Mourey,  uonservateur   du    palais  de 
Compiègne. 

—  Le  Journal  officiel  du  même  jour  a  publié  le 
texte  de  la  nouvelle  loi  sur  les  monuments  histori- 
ques, dont  le  Bulletin  a  déjà  donné  les  dispositions 
essentielles  (n*  601). 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 

(séance  du  6  janvier).  —  M.  Châtelain,  président  pour 
1914,  est  installé  par  M.  N.  Valois,  président  sortant. 

—  M.  Félix  Sartiaux  expose  les  résultats  des  recher- 
ches qu'il  a  poursuivies,  en  septembre  19)3,  sur  le 
site  de  l'ancienne  Phocée,  la  célèbre  métropole  de 
Marseille,  au  cours  d'une  mission  que  lui  a  confiée  le 
ministre  de  l'Instruction  publique. 

Société  des  Antiquaires  de  France  (séance  du 
31  décembre).  —  M.  Et.  Michon  entretient  la  Société 
d'un  vase  en  verre  peint,  récemment  découvert  dans 
les  fouilles  de  Kertch,  l'ancienne  Panticapée  (Crimée). 
Le  décor  de  ce  vase  se  compose  d'une  double  branche 
d'olivier  et  d'une  vigne  aux  rameaux  luxuriants  et 
aux  pampres  abondants.  Il  rappelle  le  motif  dont  est 
orné  un  bol  en  verre  trouvé  dans  l'Afrique  du  Nord, 
à  Khamina,  et  qui  fut  étudié  en  1873  par  M.  Héron 
de  Villefosse. 

—  M.  J.  Maurice  montre  que  la  vie  de  Constantin, 
par  Eusèbe,  est  l'œuvre  beaucoup  moins  d'un  véri- 
table historien  que  d'un  panégyriste  sans  scrupule. 

Société  des  artistes  français.  —  Le  Comité  de 
Il  Société  des  artistes  français,  réuni  sous  la  prési- 
dence de  M.  E.  Adan,  président  d'âge,  a  procédé  à  la 
nomination  de  son  bureau  pour  l'année  1914.  Ont 
été  élus  : 

M.  Antonin  Mercié,  membre  de  l'Institut,  président; 
M.  F.  Flameng,  membre  de  l'Institut,  vice-président  ; 
M.  Marqueste,  membre  de  l'Institut,  vice-président  ; 
M.  Daniel  Saubès,  secrétaire-rapporteur  ;  M.  Defrasse, 
secrétaire-trésorier;  MM.E.  Renard,  Georges  Lemaire, 
Pascal,  membre  de  l'Institut,  et  Abel  Mignon,  secré- 
taires. 

Le  Conseil  d'administration  pour  l'année  1914  est 
constitué  comme  suit  :  MM.  Antonin  Mercié,  F.  Fla- 
meng, Marqueste,  D.  Saubès,  Defrasse,  E.  Uenard, 
Georges  Lemaire,  Pascal,  Abel  Mignon,  E.  Adan, 
Louis  Bernier,  Boisseau,  J.  Coutan,  Coutheillas,  Da- 
want,  Dété,  V.  Gilbert,  Gosselin,  Guillemet,  Jeannin, 
Maillart,  Olive,  Paulin,  Petitjean,  Saint- Germier, 
Verlet. 

Conseil  des  Musées  nationaux.  —  M.  Max.  Col- 
lignon,  membre  de  l'Institut,  est  nommé  membre  du 
Conseil  des  Musées  nationaux,  en  remplacement  de 
M.  Edouard  Aynard,  décédé. 

Musée  du  Louvre.  —  Les  noms  ci-après  seront 
gravés  sur  les  plaques  placées  dans  la  rotonde  de  la 
galerie  d'Apollon,  à  la  suite  des  noms  de»  principaux 
bienfaiteurs  du  Musée  du  Louvre  : 

Dana/«urs  .' Les  enfants  de  M.  Jean  DoICTus;  Jac- 
ques JoubalotT;  Sechan-Lahens  ;  M"*  Boursin;  M.  et 


M"*  Emile  Masson;  les  donateurs  de  la  collection 
Victor  Gay. 

Missionnaires  :  Mission  Pelliot,  1907-1909. 

—  L'inauguration  des  salles  de  la  collection  Ca- 
mondo  aura  lieu  au  mois  d'avril  prochain. 

Musée  des  arts  décoratifs.  —  Aujourd'hui  samedi 
10  janvier,  a  lieu,  au  Pavillon  de  Marsan,  l'inaugura- 
tion de  l'exposition  des  estampes  japonaises  de 
Toyokuni  et  Iliroshighé,  de  l'œuvre  de  M.  Manzana- 
Pissarro  (peintures,  tapisseries,  etc  )  et  de  l'œuvre  de 
M.  Giraldon  (illustrations,  reliures,  tissus,  etc.). 

Musée  Carnavalet.  —  Une  exposition  du  théâtre 
est  en  préparation  nu  Musée  Carnavalet. 

La  «  Joconde  »  retrouvée.  —  Samedi  soir,  le 
tableau  de  Léonard  a  quitté  l'École  des  beaux-arts, 
où  il  avait  été  exposé  pendant  trois  jours,  pour  le 
Musée  du  Louvre,  où  il  a  repris  sa  place  dans  le 
Salon  carré. 

L'exposition  à  l'École  des  beaux-arts,  faite  au 
bénéfice  des  œuvres  italiennes  de  bienfaisance  à  Paris, 
a  produit  3..Ï00  francs;  c'est  dire  que  le  public  ne  s'est 
guère  dérangé  pour  revoir  la  Joconde,  tant  que  les 
entrées  ont  été  payantes.  Par  contre,  dès  dimanche 
matin,  une  foule  nombreuse  s'est  dirigée  vers  le  Salon 
carré;  on  avait  organisé  un  service  d'ordre  qui  n'a 
point  été  inutile,  l'après-midi  surtout,  où  l'aflluence 
fut  considérable. 

En  Angleterre.  —  M.  Léopold  Salomons  vient 
d'acquérir  et  d'offrir  à  la  nation  anglaise  le  magnifique 
domaine  de  Box-IIill,  situé  aux  environs  de  Londres. 
Le  donateur  ne  met  à  sa  générosité  qu'une  condition, 
c'est  que  Box-Hill,  célèbre  par  la  beauté  de  son  site 
et  par  les  souvenirs  de  l'écrivain  George  Meredith, 
qui  vécut  tout  auprès,  soit  toujours  conservé  comme 
espace  libre  et  soustrait  à  toute  entreprise  susceptible 
d'en  altérer  le  caractère. 

En  Allemagne.  —  Une  statistique,  établie  à  propos 
de  la  participation  de  l'Allemagne  à  l'Exposition  de  San 
Francisco,  dans  l'intention  évidente  de  stimuler  artistes 
et  ouvriers  d'art  à  l'emporter  sur  leurs  concurrents, 
montre  la  baisse  de  l'exportation  artistique  allemande. 
L'Allemagne  n'est  même  plus,  sous  ce  rapport,  le 
pays  d'exportation  qu'elle  était  depuis  cinquante  ans, 
mais  elle  est  passée  pays  d'importation.  Sauf  la 
Suisse  et  l'Amérique,  tous  les  autres  pays  lui  envoient 
plus  d'œuvres  d'art  qu'ils  ne  lui  en  achètent. 

En  1907,  l'Allemagne  achetait  pour  6  millions  de 
plus  qu'elle  ne  vendait,  et  ce  chiffre  s'est  augmenté 
de  5  millions,  c'est-à-dire  a  presque  doublé,  en  ces 
sept  dernières  années,  tandis  que  le  chiffre  des  vente* 
n'augmentait  que  de  4  millions,  en  même  temps  que 
le  nombre  des  artistes  passait  de  4.390  à  14.610. 

Et  même  pour  les  États-Unis,  le  chiffre  des  ventes 
qui  était  de  8.Ô0.000  marks  en  1907,  tombait  à  550.000 
dès  1908.  En  1909.  l'exportation  d'œuvres  d'art  alle- 
mandes aux  États-Unis  ne  représentait  j)as  la  septième 


ANCIEN    ET   MODERNE 


11 


partie  des  œuvres  anglaises  et  pas  la  seizième  partie 
des  œuvres  françaises  qui  s'y  importaient  dans  le 
même  temps.  —  M.  Mtd. 

A  Berlin.  —  Le  Musée  Empereur-Frédéric  vient 
d'exposer  VAdoralion  des  Mages  de  Hugo  van  der 
Goes,  qu'il  a  pu  acquérir  en  Espagne  au  prix  de 
1.180.000  francs.  Le  Huile  tin  a  rappelé  naguère 
(n*  603)  que  l'œuvre,  appartenant  au  couvent  de 
Monforte,  avait  été  l'objet  d'une  revendication  de  la 
part  du  gouvernement  espagnol  et  que  les  difficultés 
n'avaient  pris  fin  que  tout  récemment. 

A  Brescia.  —  On  travaille  actuellement,  aux  frais 
de  l'État  et  de  la  municipalité,  à  la  réorganisation  du 
musée  de  Brescia,  et  l'on  annonce  que  quatre  tableaux 
viennent  d'être  restaurés  par  M.  Cavenaghi,  le  res- 
taurateur bien  connu  du  Cenacolo  du  Vinci  :  deux 
Raphacls,le  Rédempteur eiV Ange  récemmentretrouvé 
qui  faisait  partie  du  retable  de  Città-di-Castello,  un 
Christ  de  Solario,  une  Tête  de  saint  Jérôme  du  Bra- 
mantino.  —  L.  G. 

A  Mantoue.  —  On  vient  d'arrêter  un  des  prêtres 
du  Dôme  qui  avait  coupé,  dans  un  missel  précieux, 
quatre  miniatures  de  l'école  lombarde  du  xv*  siècle, 
pour  les  vendre.  Deux  d'entre  elles  furent  identifiées 
à  Munich,  d'où  l'on  avertit  immédiatement  la  direc- 
tion générale  des  Beaux-Arts  italienne,  qui  fut  mise 
ainsi  sur  la  piste  du  voleur  ;  une  troisième  fut 
retrouvée  dans  la  cellule  du  prêtre  qui  s'était  retiré 
dans  un  couvent  des  environs  de  Mantoue  pour  y 
accomplir  ses  exercices  spirituels;  la  quatrième  avait 
été  vendue  à  un  antiquaire  de  Reggio  Emilia.  —  L.G. 

A  Rome.  —  L'émotion  soulevée  à  Paris  par  le 
projet  de  vente  des  terrains  appartenant  à  la  Villa 
Médicis,  n'a  pas  été  moindre  à  Rome.  M.  Albert  Bes- 
nard  n'a  pas  caché  son  opposition  très  nette  à  ce 
projet,  et  les  élèves  de  l'École  française  de  Rome 
semblent  n'avoir  aucun  désir  de  quitter  le  palais 
Farnèse.  On  sait  qu'il  s'agirait  d'aliéner  les  terrains, 
loués  pour  la  plupart  à  des  horticulteurs,  situés 
au-dessous  de  la  Villa  et  qui  vont  jusqu'au  couvent 
de  la  Trinité-des-Monts;  on  en  retirerait  environ 
deux  millions  et  demi,  dont  une  part  serait  affectée 


à  l'École  française  de  Rome  pour  lui  construire  un 
palais  particulier,  une  autre  servirait  à  des  réparations 
il  la  Villa  Médicis  et  une  troisième  serait  attribuée  à 
l'Institut  français  de  Florence  pour  l'achat  d'un  palais 
où  il  s'installerait. 

Ce  serait  détruire  cette  ceinture  de  verdure  et  de 
Heurs  qui  fait  à  la  Villa  une  si  belle  solitude;  mais  il 
faut  dire,  pour  l'impartialité,  que  les  auteurs  du  projet 
assurent  que  la  perspective  de  la  Villa,  avec  quelques 
précautions,  n'y  perdrait  rien,  tandis  que  les  institu- 
tions françaises  d'Italie  y  gagneraient  beaucoup.  — 
L.  G. 

Nécrologie.  —  M.  Albert  Babeau,  membre  de 
l'Institut,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  ancien 
président  de  la  Société  de  l'histoire  de  Paris  et  de 
l'Ile-de-France  et  de  la  Société  académique  de  l'Aube, 
vient  de  mourir  à  Paris,  âgé  de  79  ans.  Né  à  Cambrai, 
il  s'était  fixé  à  Troyes,  d'où  sa  famille  était  originaire, 
et  c'est  là  qu'il  commença  ses  recherches  et  ses  publi- 
cations historiques;  il  donna  d'abord  des  travaux 
d'histoire  et  d'archéologie  locales,  puis  des  études 
d  histoire  générale  non  moins  estimées.  Il  eut  souvent 
l'occasion  de  traiter  des  questions  relatives  aux  beaux- 
arts;  on  lui  doit,  en  particulier,  un  Catalogue  des 
sculptures  du  musée  de  Troyes  (1882)  et,  parmi  d'in- 
nombrables articles  de  revues,  plusieurs  monographies 
de  châteaux  et  d'églises  du  département  de  l'Aube, 
comme  aussi  des  études  sur  plusieurs  artistes  et 
amateurs  de  la  même  région.  Il  a  publié  un  ouvrage 
plus  important  sur  le  Louvre  et  son  histoire  (1895). 

—  M.  Massillon-Rouvet,  architecte,  archéologue  et 
collectionneur,  vient  de  mourir  à  Nevers,  à  l'âge  de 
67  ans.  Né  à  Saint-Saturnin-lez-Avignon,  le  4  février 
1847,  il  avait  été  élève  de  Viollet-le-Duc,  à  Paris.  11  fut 
longtemps  inspecteur  des  édifices  diocésains  de  .Nevers 
et  des  monuments  historiques  de  la  Nièvre,  et  chargé, 
à  ce  titre,  de  divers  travaux  importants,  notamment 
à  la  cathédrale  de  Nevers. 

—  Le  célèbre  pianiste  et  compositeur  Raoul  l'ugno, 
qui  vient  de  mourir  à  Moscou,  et  le  sportsman  Michel 
Ephrussi  mort  à  Paris  au  début  de  cette  semaine, 
étaient  tous  deux  des  collectionneurs  et  des  habitués 
des  grandes  ventes  publiques. 


CHRONIQUE    DES    VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 

CURIOSITÉ 

Les  grandes  ventes  à  l'étranger  en  1913. 

-—  A  Londres  {fin).  —  'Vente  d'objets  d'art. 

A  signaler,  dans  une  vente  de  sculptures  anti- 


ques et  objets  d'art  du  moyen  âge  et  de  la  Renais- 
sance, faite  ]e  3  juillet  à  Londres,  l'enchère  de 
23.100  francs  obtenue  par  une  suite  de  quatre 
tapisseries  de  Bruxelles,  à  scènes  de  chasses, 
xvii=  siècle.  Parmi  des  antiques,  les  deux  plus 


12 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


beaux  prix  ont  été  pour  une  coupe  en  marbre 
blanc,  à  feuille  d'acanthe  en  relief,  vendue 
6.300  francs,  et  pour  une  tête  de  Dyonisos,  tra- 
vail gréco-romain,  adjugée  5.500  francs. 

Vente  de  la  collection  de  lord  Joicey 
(tableaux  anciens  et  modernes).  —  Cette 
vente,  que  nous  n'avons  pas  eu  le  loisir  d'an- 
noncer, s'est  faite  le  4  juillet.  Elle  a  donné  de 
fort  appréciables  résultas,  et  les  portraits  de 
l'École  anglaise  ont  eu.  une  fois  de  plus,  les 
honneurs  de  la  journée.  Qu'on  en  juge  : 

17a. 87a  francs  pour  celui  de  Richard  Paul 
Jodrell,  par  Gaiiisborougli  ;  157.500  francs,  pour 
celui  de  Mrs.  Haike^  et  son  fils,  par  Homney  ; 
120.750  francs,  pour  celui  de  Lady  Saint-John, 
par  Hoppner;  HO. 250  francs,  pour  celui  de  Lady 
Melbourne,  par  Reynolds.  Voilà  qui  pouvait  suf- 
fire au  succès  de  la  vente  ;  pourtant,  on  peut 
encore  ajouter  les  nombreux  prix  suivants,  qui 
dépassent  5.000  francs.  Ces  prix  nous  sont  com- 
muniqués en  guinées  (26  fr.  25). 

Dessins.  —  1.  G.  Barret.  Après-midi,  323  g.  — 
D.  Cox  :  8.  Malheur,  200  g.  —  9.  Bolswer  Castle, 
250  g.  —  37.  J.  Turner.  Le  Collège  de  Stonhurst,  Lan- 
cashire,  750  g. 

Peintures.  —  52.  Vicat  Cole.  Coin  de  champ,  t95  g. 
56.  Farquharson.  Coucher  de  soleil,  400  g.  —  57. 
P.  Graham.  Rocher  au  bord  de  la  mer,  420  g.  —  64. 
Sir  D.  Wilkie.  Le  Colporteur,  400  g.  —  65.  Wimperis. 
Le  Pâturage,  300  g. 

Dessins  {suite).  —  66.  Israeis.  Temps  calme,  640  g. 
67.  W.  Mario.  Jour  d'été,  270  g. 

Tableaux  {suite). —  77.Schreyer.  Poste unlaque,  650 g. 

—  78.  Israels.  Petit  pêcheur  portant  sa  sœur,  620  g. 

—  80.  Fantin-Latour.  Roses  dans  une  coupe  de  verre, 
270  g.  —  83.  W.  Mario.  Le  Cours  de  la  rivière,  1.200  g. 
(31.500  fr.).  —  Fantin-Latour:  84.  l'ivoines  dans  une 
coupe  de  verre,  660  g.  —  85.  Pétunias,  650  g.  —  86. 
Rotle  de  roses  sur  une  table,  740  g.  —  87.  Roses  dans 
une  coupe,  440  g.  —  88.  Roses  dans  une  coupe  de 
verre,  490  g. 

103.Meissonier.  Cavalier  Louis XIII, 290 g.  —  J.  Tur- 
ner :  104.  Heidelberg,  Vêle,  2.200  g.  (57.775  fr.).  — 
lO'i.  Château  de  Ca'iew,  Pembrokeshire,  400  g.  —  106. 
Thunn,  800  g.  —  107.  Plymouth,  600  g.  —  108.  P.  de 
Wint.  Lincoln,  320  g.  —  G.  F.  Watts  :  113.  Jeune 
fille  personnifiant  l'Espérance,  1.300  g.  (39.375  fr.). — 
114.  V Amour  et  la  Vie,  820  g.  —  115.  L'Amour  et  la 
Mort,  1.000  g.  (26.250  fr.). 

Gainsborough  :  116.  Portrait  de  Richard  Paul 
Jodrell,  6.700  g.  (157.500  fr.).  —  117.  Portrait  du 
vicomte  llampden,  3.300  g.  (68.825  fr.).  —  1 18.  J.  Hopp- 
ner. Portrait  de  R.  B.  Sheridan,  240  g.  —  Sir  J.  Rey- 
nolds :  119.  Portrait  de  lady  Melbourne,  4.200  g. 
(110.210  fr.).  —  120.  Portrait  d'un  gentilhomme,  520  g. 


—  G.  Homney  :  122.  Portrait  de  Mrs  Raikes  et  de  son 
fils,  6.000  g.  (157.500  fr.).  —  123.  Portrait  de  Mrs. 
Rrown,  2.300  g.  (60.375  fr.). 

128.  Mierevelt.  Portrait  de  femme  et  de  gentilhomme, 
380  g.  —  132.  J.  Hoppner.  Portrait  de  lady  Saint- 
John,  4.600  g.  (120.730  fr.).  —  133.  Sir  Th.  Lawrence. 
Portrait  de  lady  Saint-Johnen  Hebé,2M0g.{52.500[r.). 

—  135.  Pater.  Le  Bain  des  nymphes,  1.730  g.  (45.925  fr.). 

—  Raeburn  :    136.  Portrait  de  lady  Gibesone,  700  g. 

—  137.  Portrait  de  Chartes  llope  de  Gran/on,  1.050  g. 
(27.560  fr.).  —  140.  H.  Brosamer.  Portrait^  de  yenlil- 
homme,  1.300  g.  (34.125  fr.). 

Vente  de  la  collection  du  duc  de  Suther- 
land  (tableaux  anciens  et  modernesi.  —  Faite 
le  H  juillet,  chez  Christie,  cette  vente  a  donné 
lieu  à  quelques  enchères  notables,  que  l'on  trou- 
vera ci-dessous  indiquées  en  guinées.  Tirons 
de  pair  la  seule  enchère  vraiment  digne  de 
remarque  de  toute  cette  vente  :  celle  de 
52.500  francs  pour  deux  figures  de  saints,  .Saint 
André  et  Sainte  Rufine,  de  Murillo,  se  faisant 
pendant  ;  après  ces  peintures,  ce  sont  les  deux 
Véronèse  qui  ont  réalisé  les  plus  beaux  prix, 
encore  ne  dépassent-ils  pas,  l'un  26.250  francs 
et  l'autre  34.437  francs. 

15.  P.  Delaroche.  Le  Comte  de  Stra/ford  allant  au 
supplice,  360  g.  —  27.  Ph.  de  Chanipaigne.  Por- 
trait de  Colbert,  300  g.  —  P.  Leiy  :  29.  Portrait  de 
Marie  de  Modène,  400  g.  —  30.  Portrait  de  la  duchesse 
de  Portsmouth,  260  g.  —  35.  N.  Poussin.  Nymphe  et 
satyre,  240  g.—  36.  Heynolds.  Portraits  de  Georges III 
et  de  la  reine  Charlotte  en  costume  du  sacre,  deux 
pendants,  250  g.  —  A.  Watteau  :  37.  Concert,  440  g. 

—  38.  Groupe  de  personnages,  500  g. 

41.  Bissolo.  La  Sainte  Famille  entourée  de  saints 
et  de  saintes.  310  g.  —  73.  Le  Parmesan.  Portrait  de 
jeune  homme,  550  g.  —  84.  Le  Tintoret.  Portrait  du 
doge  Marina  Grimani,120  g.  —  89. Titien.  L'Éducation 
de  l'Amour,  230  g.  —  P.  Véronèse  :  94.  Portrait  d'un 
noble  vénitien,  1.000  g.  (26.250  fr.).  —  95.  Le  Christ 
et  ses  disciples  à  Emmails,  1.350  g.  (33.437  fr.). 

102.  G.  Decker.  Paysage  boisé,  210  g. —  104.  J.  van 
Goyen.  \'ue  de Scheveningue, iiO  g.  —  107.  J.  Ilackaert. 
Vue  des  bois  des  environs  de  La  Haye,  400  g.  —  129. 
E.  de  Witte.  Le  Marché  au-r  poissons,  380  g. 

132.Coello.  Portrait  de  Philippe  II  d'Espagne,  300g. 

—  133.  Murillo.  Saint  Juste  et  Sainte  Rufine,  deux 
pendants,  2.000  g.  (52.500  fr.i.  —  141.  Vclazquez. 
Voyageurs  demandant  leur  chemin  à  un  mendiant, 
720  g.  —  Zurbaran  :  143.  Sainte  Famille,  500  g.  —  144. 
Saint  André,  260  g. 

Vente  de  la  collection  de  la  duchesse  de 
Newcastle  (tableaux).  —  Cette  vente,  terminée 
le  25  juillet,  a  marqué  la  clôture  de  la  saison 
chez  Christie. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


13 


On  ne  trouve  à  relever  que  quelques  prix 
d'importance  secondaire  :  un  Portrait  de  David 
Hartley.  par  Romney,  s'est  vendu  26.250  francs  ; 
un  Portrait  de  femme,  par  Cotes,  12.600  francs  ; 
un  Portrait  de  John  Hunter,  par  Lawrence, 
11.400  francs. 

"Vente  de  la  collection  Fitzhenry.    —  On 

ne  voit  guère  à  signaler,  à  Londres,  pendant  les 
derniers  mois  de  1913,  que  la  vente  des  collec- 
tions de  feu  M.  Fitzhenry,  décédé  peu  de  temps 
après  Pierpont  Morgan,  dont  il  était  le  conseil 
et  l'ami.  Encore  cette  vente,  que  nous  avons 
annoncée  avec  quelques  détails  (n">  600),  n'a- 
t-elle  pas  donné  tous  les  résultats  qu'on  en 
espérait. 

Elle  a  commencé  le  18  novembre  par  la  dis- 
persion des  sculptures  :  les  156  numéros  de  cette 
catégorie  d'œuvres  d'art  ont  produit  un  total  de 
140.000  francs,  avec,  comme  plus  fortes  en- 
chères, le  prix  de  10  000  francs  pour  une  sta- 
tuette de  Marie-Madeleine  en  pierre,  du  xvi»  siècle, 
et  celui  de  7. .350  francs  pour  deux  sphinx  du 
xviu'  siècle. 

Le  19,  parmi  les  objets  d'art,  on  a  remarqué 
une  coupe  sur  pied,  avec  couvercle  en  argent, 
travail  hollandais  du  xvii»  siècle,  vendue  7.07b  fr.; 
une  écuellf^  en  argent,  avec  couvercle  et  plateau, 
d'époque  Louis  XV,  5.000  fr.;  une  aiguière  et  un 
bassin  d'argent,  d'époque  Louis  XV'L  'à. 000  fr.; 
une  pendule  en  marbre  et  bronze  doré,  surmon- 
tée d'un  vase  et  ornée  de  figures  de  nymphes 
avec  l'Amour,  d'époque  Louis  XVI,  10.500  fr.; 
un  Hercule  et  Cacus.  statuette  de  bronze,  Italie, 
xvi«  siècle,  7.350  fr. 

Parmi  les  antiquités,  une  lète  de  Perséphone, 
en  marbre,  de  style  hellénistique,  a  été  adjugée 
7.925  fr. 

M.  N. 


EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


La  Cimaise  (galerie  Georges  Petit).  —  Léonard 
de  Vinci,  Richard  Wagner  :  quelle  que  soit  la 
haute  magie  de  ces  deux  noms  rapprochés,  il  ne 
faudrait  pas  que  les  étrennes  grandioses,  offertes 
aux  Parisiens  par  le  retour  de  la  Joconde  et  la 
venue  de  Parnfal,  rendissent  le  critique  injuste 
pour  les  manifestations  plus  récentes  de  la  moder- 
nité, qui  retournent  si  vite  à  l'oubli  de  la  tombe... 

Aussi  bien,  à  l'espoir  apporté  par  les  vœux  de 


saison,  s'ajoutent  toujours  des  regrets  ;  et  le 
sixième  hiver  de  la  Cimaise  est  solennisé  par  la 
<i  rétrospective  »  de  deux  de  ses  fondateurs  :  le 
peintre  Jean  Rémond  (1868-1913),  que  son  admi- 
ration pour  les  poètes  du  paysage,  Poussin, 
Corot  ou  M.  René  Ménard,  avait  naturellement 
conduit  dans  les  vallons  de  la  Corrèze  ou  les 
ravins  de  Pasajes  ;  et  le  xylographe  amoureux 
de  la  forêt  verte,  Amédée  Joyau  (1871-1913),  qui 
savait  acclimater  à  Fontainebleau  l'estampe  légè- 
rement coloriée  du  Japon.  D'une  année  à  l'autre, 
on  ne  saurait  attendre  un  renouvellement  com- 
plet, qui  serait  inquiétant  pour  la  conviction  des 
artistes  ;  il  faut  saluer  seulement  la  persévérance 
dans  l'effort  vers  le  style,  attestée  par  les  nou- 
velles fresques  de  M.  Henri  Marret  :  de  Petites 
baigneuses   et    des    Natures    mortes    décoratives. 

M.  Gustave  Jaulraes  s'attarde  avec  trop  de  non- 
chalance parmi  les  Plaisirs  d'été.  M"»  Térouanne 
et  M.  Cauvy  poursuivent  la  solution  malaisée  des 
problèmes  lumineux.  Il  y  a  plus  d'accent  dans 
les  bois  en  camaïeu  de  M.  Schmied,  dans  les 
paysages  ou  figures  du  D'  François  De  Hérain, 
peintre,  buriniste  et  sculpteur,  ((ui  se  partage  de 
verve  entre  les  Baux  de  Provence  et  le  Finistère; 
de  M.  Edgar  Chahine,  pastelliste,  aquafortiste  et 
dessinateur,  attiré  par  Montmartre;  de  M.  Paul- 
Emile  Colin,  peintre-graveur,  repris  par  la  Lor- 
raine natale.  Et  toujours  beaucoup  de  notes  de 
voyage,  de  M.  Lechat,  dans  les  petites  villes 
mortes  des  Flandres,  de  M.  Monchablon,  en  pleine 
mer  houleuse,  de  M.  Fornerod,  au  pays  basque, 
de  M.  Jean-Gabriel  Domergue,  à  Tolède,  de  M.  La- 
parra,  devant  la  blancheur  d'Assise,  de  M.  Bernard 
Harrison,  sous  les  nuits  bleues  d'Italie,  des  gra- 
veurs Jacques  Beurdeley,  Jouas-Poutrel  et  Lucien 
Pénat,  dans  la  vieille  France. 

On  connaissait  déjà  les  goûts  plus  sédentaires 
des  peintres  Fernund  Maillaud,  Jean  de  la  Hougue 
et  Calvet;  mais,  dans  le  groupement  présidé  par 
M.  Gaston  Varenne,  on  n'avait  pu  voir  encore,  à 
côté  des  jolis  émaux  coutumiers  de  M.  Feuil- 
làtre,  les  essais  décoratifs  et  les  menus  bronzes 
nerveux  de  M.  Maurice  Charpentier-Mio,  qu'ins- 
pirent les  (1  gestes  dansés  »  par  la  féline  sou- 
plesse de  Nijinsky. 

Société  des  Peintres  du  Paris  moderne 
(galerie  La  Boëtie).  —  La  onzième  exposition 
du  groupe  fondé  par  M.  Jean  Guiffrey,  présidé 
maintenant  par  l'aîné  des  frères  Rosny,  qui 
parle  surtout  du  passé,  dans  la  préface  du  cata- 
logue. A  travers   les  métamorphoses  du  Paris 


14 


LE   BULLETIN   DE   L'ART 


actuel,  Tambition  de  l'artiste  est,  selon  le  mot 
du  nouveau  président,  «  de  créer  des  joies  avec 
des  tristesses  »  et  de  retenir  à  temps  la  lin  de 
Montmartre  ou  l'Ue-Sainl-Louis  menacée  :  de  la 
Seine  à  la  Butte,  ce  rôle  de  témoins  trop  émus 
pour  n'Otre  pas  véridiques  convient  aux  dessi- 
nateurs, MM.  Mantelet-Martel  et  Gabriel  Belot, 
l'un  captivé  par  les  vestiges  moyen-Ageux  des 
vieilles  rues,  l'autre  attiré  par  les  arbres  des 
quais,  dont  l'ombrage  remonte  de  la  boîte  du 
bouquiniste  à  la  façade  sculptée  d'un  hôtel 
désert...  Leurs  crayons  prennent  la  noirceur 
estompée  des  souvenirs.  Et  c'est  un  plaisir,  en 
vérité,  que  de  retrouver  ici  quelques  lins  dessins 
rehaussés  de  M.  Charles  Jouas,  d'ardentes  aqua- 
relles de  M.  Fernand  TrulTaut,  d'émouvantes 
eaux-fortes  de  M.  Bouroux,  des  perspectives  aux 
p;Ues  verdures  de  M.  Igounet  de  Villers,  parmi 
les  planches  ou  les  études  de  MM.  Raoul  Serres, 
Vauthier,  Pinet,  Pavil,  Jean  Lefort,  Bauche  et 
Villard,  près  des  Pauvres  gens  de  M.  Steinlen, 
des  Champs-Elysées  silencieux  de  M.  Duhem  ou 
d'un  mélancolique  Jardin  de  C/tmy,  de  M.  Blanes- 
Viale,  qui  laissent  à  la  littérature  l'impression- 
nisme de  la  locomotion  vertigineuse  et  de  l'en- 
seigne multicolore  aux  feux  intermittents  dans 
la  nuit.  . 

Expositions  diverses.  —  Il  ne  faudrait  pas 
moins  des  quatre-vingts  pages  de  la  Revue  pour 
les  cataloguer  seulement  :  les  o  petits  tableaux  » 
des  très  petits  maîtres  de  1914,  chez  Georges 
Petit;  l'Art  intime,  après  l'Effort,  chez  Marcel 
Bernheim;  la  seconde  année  d'un  o  Retour  de 
vacances  »  des  paysagistes,  chez  Reitiinger,  où 
s'imposent  les  lins  effets  de  neige  de  M.  Berson; 
les  photographies  vraiment  «  artistiques  »  des  éta- 
blissements Boissonnas,  réunies,  .■},  rue  de  Moga- 
dor,  et  supérieures  à  tant  de  tableaux  sans  émo- 
tion, qui  s'en  inspirent  ;  les  œuvres  offertes  par 
les  artistes  ou  par  l'État  pour  former  je  prochain 
musée  de  Tananarive,  chez  Bernheim  jeune  où, 
par  extraordinaire,  on  a  vu  des  toiles  très  civili- 
sée» destinées  à  catéchiser  des  sauvages;  c'est 
plutôt  le  contraire,  habituellement... 

Ailleurs,  les  aquarelles  de  Cézanne,  chez  Blot; 
l'œuvre  posthume  de  F.-S.  Cordey  (1854-19H), 
influencé  par  les  débuts  de  l'impressionnisme, 
à  la  galerie  Choiseul;  l'évolution  paysagiste  de 
M.  Guillaumin,  à  la  galerie  Montaigne;  les  pay- 
sages corses  de  M.  Camille  Boiry,  à  la  galerie 
Vivien  ;  les  impressions  tunisiennes  de  M.  Julius 
Rolshoven,  chez  Allard  ;  çù  et  là,  les  sculptures 


volontairement  archaïques  de  M.  Maillol;  chez 
Hébrard,  les  céramiques  instinctivement  persane» 
de  M.  Méthey;  rue  Lalfitte,  à  la  Galerie  d'Art 
décoratif,  le  tourment  du  style,  apporté  par  ua 
jeune  peintre  tchèque,  M.  Aloïs  Bilek;  rue  Riche- 
panse,  chez  Bernheim  jeune,  les  intimités  cou- 
tumicres  et  les  décorations  nouvelles  d'un  Pari- 
sien, M.  Vuillard,  l'harmoniste  ingénieux,  mais 
insouciant,  de  la  Terrasse  verdoyante  et  de  /a  Dame 
en  mauve,  dont  le  plein-air  aimablement  familier 
se  souvient  sans  remords  des  Japonais,  de  Manet, 
de  M.  Degas. 

Parmi  tant  d'iniluences  d'atelier,  de  poncifs 
nouveaux,  la  passion  de  la  nature  en  sa  naïveté, 
mi^me  un  peu  fruste,  apparaît  la  bienvenue;  et 
voilà  pnurquoi  nous  sommes  restés  longtemps, 
chez  Druet,  devant  les  grands  paysages  d'automne 
et  les  loyales  études  du  peintre  dauphinois  Jules 
Flandrin.  qui  travaille  au  pied  du  Saint-Eynard 
où  s'éveilla  le  cœur  précoce  de  Berlioz  enfant; 
et,  16,  rue  de  Seine,  à  la  galerie  Marseille,  les 
horizons  romains  prolilés  sur  l'azur  par  un  élève 
et  compatriote  de  M  Jules  Flandrin,  M.  Lucien 
Mainssieux,  nous  hantent  par  une  même  ampleur 
de  brosse  et  de  vision.  La  «  ligne  d'Italie  »  relleuri- 
rait-elle  "?  Après  MM.  J.-F  Schnerb  et  P.-L.  Moreau, 
revoici,  chez  Druet,  M.  Henri  Farge  (1),  un  admi- 
rateur de  Claude  et  de  Guardi,  qui  sait  rajeunir 
la  vieille  sépia  traditionnelle  afin  de  résumer  à 
grands  traits  la  magie  de  Venise  ou  la  majesté  de 
Rome  ;  et  la  jeunesse  inquiète  retourne  à  la  terre 
classique  :  "  Que  ne  conduit-elle,  comme  Corot, 
ses  moindres  études  jusqu'à  cette  perfection  de 
matière,  jusqu'à  cet  achèvement  de  toutes  les 
parties  qui  sont  la  suprême  parure  et  la  matu- 
rité de  l'œuvre  d'art?  »  C'est  M.  Maurice  Denis 
qui  parle  (2),  et  souhaitons  qu'en  1914  ce  conseil 
ou  ce  regret  soit  entendu  ! 

Raymond  Bouykr. 


GORRESPONOÂNGE  D'ITALIE 


Les  Restaurations  à  Florence 

On  ne  saurait  assez  louer  l'activité  du  service 
des  Beaux-Arts  en  Italie.  Le  Bulletin  a  souvent 
l'occasion  de  parler  des  travaux  exécutés  par  ses 
soins,  restaurations,  fouilles,  découvertes,  mais 
on  ne  pense  guère,  sans  doute,  en  lisant  ces  brèves 

(il  Voir  \e  Bulletin  du  21  décembre  1912,  p.  311. 
(2)  Dans  la  préface  du  catalogue  de   l'exposition 
Mainisieux,  en  décembre  1913. 


ANCIEN   ET    MODERNE 


15 


notices,  à  l'esprit  de  suite,  à  l'énergie,  à  l'ingénio- 
sitë,  à  la  parfaite  organisation  nécessaires  pour 
mener  à  bien,  sur  tous  les  points  de  la  Pénin- 
sule, un  nombre  aussi  considérable  de  délicates 
et  pénibles  et  coûteuses  opérations.  A  Bologne, 
c'est  la  place  de  Neptune  (]ui  change  d'aspect,  le 
palais  Hu  Podestat  dégagé  des  constructions 
adventices  qui  le  cachaient  en  partie  et  le  désho- 
noraient, des  palais  particuliers  qui  reprennent 
leur  l'orme  primitive.  A  [{orne,  à  Pompéi.  dans 
les  Marches  d'Ancône.  ce  sont  lespatientesrecher- 
ches  des  archéologues.  A  Pienza,  près  Sienne, 
c'est  une  cathédrale  dont  on  refait  les  fondations, 
avec  des  dépenses  énormes.  Dans  l'Italie  entière, 
c'est  partout  un  labeur  opiniâtre,  qui  ne  néglige 
point  les  petites  choses,  pas  plus  qu'il  n'hésite  à 
s'attaquer  aux  grandes. 

Ces  jours  passés,  j'étais  à  Florence  et  je  suis 
resté  émerveillé  de  tout  ce  que  la  Ville  et  l'État 
ont  su  faire  durant  ces  dernières  années.  La 
Revue  a  parlé  des  restaurations  du  Palais-Vieux, 
de  l'ancien  appartement  du  duc  Cosme  et  d'Éléo- 
nore  de  Tolède  ouvert  au  public,  du  Tesoretto 
remis  en  état  (voir  en  particulier  les  articles  de 
M.ErnestForichon,t.  XXV,p.459ett.XXVI,p.307). 

Au  palais  Riccardi,  la  seconde  cour  est  accom- 
modée avec  un  goût  parfait. 

On  rétablit,  au  Baptistère,  l'ancien  autel  roman, 
dont  on  a  retrouvé  des  fragments  dans  des  collec- 
tions diverses;  sous  l'église,  on  fait  des  fouilles 
qui  remettent  à  la  lumière  les  restes  de  maisons 
romaines. 

Le  Cenacolo  de  S.  Apollonia  devient  un  sanc- 
tuaire d'Andréa  del  Castagne;  on  a  repris  aux 
magasins  militaires  la  partie  du  réfectoire  qu'ils 
détenaient  encore  et  l'on  a  pu  disposer,  sur  ses 
vastes  murailles,  les  fresques  provenant  de  la 
villa  de  Legnaia  dans  l'ordre  où  elles  étaient 
primitivement,  reconstituant  de  la  sorte  un 
ensemble  magnifique.  La  Galerie  des  Offices  s'est 
dessaisie,  en  faveur  de  ce  petit  musée,  du  Christ 
en  croix  qu'elle  possédait,  afin  qu'il  soit,  pour 
ainsi  dire,  dans  son  cadre  véritable. 

A  San  Lorenzo,  les  travaux  sont  d'une  impor- 
tance bien  autrement  considérable.  La  vieille 
sacristie  de  Rrunelleschi  avait  été  défigurée;  on 
avait  édifié  des  constructions  sur  sa  coupole  ;  elles 
ont  été  enlevées;  les  lignes  élégantes  de  la  cou- 
pole ont  reparu,  la  lanterne  qui  avait  été  recou- 
verte et  aveuglée  est  de  nouveau  visible.  A  l'inté- 
rieur, des  couches  de  chaux  successives  avaient 
fait  oublier  que  les  bas-reliefs  de  Donatello  étaient 
primitivement  coloriés;  les  couleurs  ont  réapparu; 


des  couches  de  chaux  avaient  également  voilé 
la  décoration  de  la  petite  coupole  de  l'abside  :  on 
y  a  découvert  des  peintures  sur  fond  bleu  repré- 
sentant les  constellations  et  l'on  s'est  aperçu  que 
les  sculptures  ornementales  en  pietra  serena 
étaient  en  parties  dorées.  Et  toujours  à  S.  Lorenzo, 
on  a  d'autres  travaux  en  vue  :  des  décorations 
peintes,  dont  quelques  traces  ont  été  récemment 
découvertes,  changeront  d'une  manière  inat- 
tendue l'aspect  d'un  des  monuments  d'archi- 
tecture les  plus  illustres. 

Est-il  besoin  de  conclure?  Ne  faut-il  pas  envier 
à  l'Italie  l'organisation  de  son  service  des  Beaux- 
Arts,  qui  donne  de  tels  résultats?  Et  cette  orga- 
nisation ne  permet  pas  seulement  de  faire  des 
restaurations  parfaites  ;  elle  empêche,  et  avec 
quelle  claire  volonté!  les  restaurations  mau- 
vaises :  une  banque  qui  veut  s'installer  dans  le 
palais  dei  Pazzi,  à  la  via  del  Proconsolo,  avait 
jugé  bon  de  modifier  certaines  parties  du  cortile  : 
le  ministère  est  intervenu  et  exige  que  rien  ne 
soit  fait  sans  son  autorisation.  Les  journaux 
suivent  les  débats  avec  passion. 

Une  organisation  excellente,  soutenue  par  l'opi- 
nion publique!  L'Italie  est  un  pays  heureux! 

L.    OlELLY. 


LES      REVUES 


Fbatick 
Les  Arts  (octobre).  —  Georges  Lecomïe.  David  et 
ses  élèves.  —  A  propos  de  l'exposition  du  l'elit-l'alais. 

—  Gabriel  Mouhev.   Gaston  La   Touche  [IHô^-l!)!'!]. 

—  Gustave  Fkizzoni.  Sur  les  toiles  agr/inclies  à  la 
qalerie  du  Louvre.  —  Nouvel  exemple,  ajoutés  à  ceux 
précédemment  donnés  par  M.  Ch.  Coppier  :  l'Enlève- 
ment d'Europe,  de  Boucher. 

riR.4XRF.-RRKT.\GNE 

The  Burlington  Magazine  (octobre).  —  Roger 
Fkv.  Quelques  peintures  du  Grèce.  —  Sur  quatre 
peintures  de  ce  maître,  —  un  Christ  en  croix,  une 
l'énitence  du  saint  Pierre,  un  Saint  Tliomas  et  un 
Christ  prenant  congé  de  la  Vierqe,  —  appartenant 
à  M.  Lionel  Marris. 

—  Lionel  Cust.  Un  l'ortrait  de  l'époque  de  la  reine 
Élizabeth.  —  Portrait  anonyme  de  RadciitTe,  comte 
de  Sussex  (collection  L.  Harris),  peint  en  LSAS. 

—  Laurence  Binvon.  Cholscho.  —  A  propos  de  la 
publication,  par  le  D'A.  von  Le  Coq.  des  résultats  de 
la  mission  entreprise  avec  le  D'  Grûnweiicl,  en  1904, 
dans  l'oasis  (Je  Turlan  (Haute-Asie),  et  en  particulier 
dans  les  ruines  de  Chotscho, 


16 


LE   BULLETIN   DE   L'ART 


—  Rev.  A.-C.  IIeadlam.  Oxford.  —  A  propos  du 
livre  de  MM.  Aymer  Vallance  et  Çatsford  sur  les 
vieux  collèges  d'Oxford. 

—  Bernard  Kackham.  Trois  verres  du  temps  de  la 
reine  Élizabeth.  —  L'un  au  British  Muséum,  daté 
1586,  et  les  deux  autres  dans  la  collection  Wilfred 
Buckley,  datés  1580  et  1581. 

—  Gino  FoGOLARi.  Un  Nouveau  primitif  vénitien  à 
V Académie  de  Venise.  —  C'est  une  Vierge  à  l'Enfant, 
derrière  laquelle  deux  anges  voltigent  en  tenant  une 
draperie;  elle  est  du  xiv*  siècle  et  la  plus  ancienne 
peinture  de  la  célèbre  galerie  vénitienne. 

—  O.-M.  Dalton.  Gemmes  gravées  du  moyen-dge  et 
des  siècles  suivants  .au  British  Muséum  (II).  —  Exa- 
men de  seize  camées  reproduits,  portraits  et  têtes  de 
fantaisie,  des  xv-xvi'  siècles. 

—  Tancred  Borenius.  Reconstitution  d'un  polyp- 
tyque de  Lucâ  Signorelli.  —  Polyptyque  peint  pour 
la  chapelle  de  saint  Christophe  à  l'église  Sant'  Agos- 
tino  de  Sienne,  en  1498.  Les  deux  peintures  des  côtés 
du  retable  sont  au  Musée  Empereur-Frédéric,  à  Berlin  : 
leur  identification  est  depuis  longtemps  hors  de  dis- 
cussion. Le  panneau  central  {Baptême  du  Christ) 
serait,  en  partie,  dans  la  collection  de  sir  Frederick 
Cook.  Enfin  la  prédelle  aurait  eu  trois  parties,  qui 
seraient  aujourd'hui  conservées,  l'une  à  la  galerie 
nationale  d'Irlande  [la  Fête  chez  Simon  le  l'harisien), 
une  autre  dans  la  collection  de  sir  John  Stirling- 
Maxwell  (Pieta)  ;  et  la  troisième  dans  la  collection 
E.  A.  V.  Stanley  (Martyre  de  sainte  Catherine). 

—  G.  F.  IliLL.  Notes  sur  des  médailles  italiennes 
(XV).  —  Revers  d'une  médaille  du  nord  de  l'Italie, 
datée  de  1500;  une  Femme  inconnue,  du  premier  quart 
du  xvi'  siècle  ;  médailles  dXJttaviano  Pallavicini  (vers 
1525-1330)  ;  d'Ottavio  Farnèse,  par  Pastorino  ;  de 
Jules  de  la  Rovère,  cardinal  d'Urbin  ;  de  Niccolo 
Madruzzo,  par  Antonio  Abondio  ;  revers  d'une  mé- 
daille de  1582. 

—  Aymer  Vai.lancb.  Mobilier  ancien  (\l\). —  Pan- 
neaux sculptés  de  décorations  imitant  des  linges  plies. 

—  Ethel  Ross  Bahker.  te  Symbolisme  de  certaines 
fresques  des  Catacombes  (I).  —  L'auteur  range  les 
fresques  des  Catacombes  en  trois  groupes,  selon 
qu'elles  sont  relatives  à  la  vie  d'un  défunt  (les  plus 
fréquentes)  à  Notre-Seigneur,  aux  sacrements. 

Roumanie 

Buletinul  Comisiunei  Honumentelor  istorice 

(Bucarest,  VI,  fasc.  21).  —  Notice  sur  l'architecture 
du  Mont-Alhos,  par  G.  Bals.  —  Après  avoir  retracé, 
d'après  les  principaux  ouvrages  spéciaux,  l'histoire 
générale  des  monastères,  l'auteur  donne  une  descrip- 
tion de  chaque  catégorie  de  constructions  qui  com- 
posent l'incomparable  citadelle  monastique. 

Il  y  a  ajouté  des  notes  sur  la  part  qu'ont  prises  les 
voévodes  roumains  —  demeurés  à  peu  prés  seuls  à 
s'en  occuper  A  la  chute  de  l'empire  byzantin  — 
à  rédifirntinn.  'iii\   restaurations  et  embellissements 


des  églises.  A  Protaton,  le  nartex  fut  construit  ea 
1507  aux  frais  de  Bogdan-Voda.  —  A  Ivir,  la  tour  de 
l'horloge  est  élevée  en  1525,  aux  frais  de  Visarion 
de  Bucarest;  Serban-Voda  Cantacuzino  fait  peindre  le 
paraclisen  1683;  un  évangéliaire  à  ferrures  date  de  Mat- 
thieu Bassarabe.  —  Caracal  a  été  restauré  par  Pierre- 
Rares  et  Alex.  Lapusneanu,  xvi*  siècle. —  Lavra,  refait 
par  Matthieu  Bassarabe,  possède,  de  ce  prince  et  de  la 
princesse  Hélène,  sa  femme,  un  évangile  et  une  châsse 
précieuse  (1643).  —  Prodrom,  commencé  parGrégoire- 
Ghica  est  entièrement  roumain.  —  Etienne  le  Grand 
fit  faire  l'aqueduc  de  Saint-Paul  (1500);  à  ses  succes- 
seurs, on  doit  la  tour,  et  à  Brancovan,  en  1708,  les 
cellules,  la  peinture  et  le  paradis  des  SS.  Constantin 
et  Hélène.  —  A  Dionislu,  on  conserve  la  châsse  en 
argent  et  émaux  de  S.  Nifon,  donnée  par  Neagoe-Voda 
(1515)  qui  fit  construire  la  tour;  un  ner  (voile  de  Ven- 
dredi-Saint) et  un  épitraphir  de  Pierre-Rares  (1545); 
la  chapelle  de  S.  Jean  le  Théologue  a  été  peinte  aux 
frais  de  proégoumène  Anton  de  Moldavie  (161:i).  — 
Etienne  de  Moldavie  renouvelle  la  construction  de 
Grégorin  (1500),  qui  possède  une  icône  de  la  Vierge, 
don  de  la  femme  du  prince.  Maria  de  Mangop.  —  Simo- 
petra  est  construit  en  1.599  avec  des  aumônes  recueillies 
en  Roumanie  par  l'égouuiène  Evghenie.  —  Cutlumus, 
qui  s'appelle  le  grand  cloitre  roumain,  a  eu  pour  pro- 
tecteurs les  princes  Radn  et  Neagoe.  .\1ircea-le-Berger 
et  Vintila-Voda.  —  Au  Pantocrator,  une  inscription 
nommait  comme  fondateur  le  grand  logothète  Stan 
d'IIongro-Vlahie  ;  les  logothètes  Barbu  et  Gavril, 
archontes  valaques,  l'ont  restauré;  les  maisons  d'ha- 
bitations furent  édifiées  avec  l'aide  du  grand  logothète 
Gabriel  Trotusanu  en  1537.  Neagoe  fit  reconstruire  la 
chapelle  de  Saint-Amict(  1526'.');  une  plaque  de  marbre 
dans  la  tour  présente  l'effigie,  le  nom  et  les  armes 
d'Etienne  le  Grand  oBrant  l'église  à  la  Vierge  il 496).  — 
Le  Zograf  contenait  des  travaux  dus  au  même  Etienne 
(1495-1. N02),  qui  ont  été  remplacés:  il  possède  encore 
une  icône  de  S.  Georges,  une  bannière,  et  un  aer  brodé 
de  perles,  du  même  temps.  —  Uiochiariu,  restauré 
en  1568  pour  Alex.  Lapusneanu  et  la  princesse  Ruc- 
sandra,  par  le  Métropolite  de  Moldavie  Teofan  qui  y 
est  mort  et  enseveli  (  1  .SGS).—  Xenofonle  a  des  peintures 
de  1545.  de  1504,  dues  à  la  munificence  des  boiers 
roumains,  et  d'autres  de  1637  à  celle  de  Matthieu  Bas- 
sarabe. —  S.  Pantelimon  reçut  tant  de  dons  du  prince 
Callimach  et  de  sa  famille  que  le  monastère  avait 
pris  un  temps  le  nom  de  <•  chinovion  des  Callimach  ». 
Au  reste,  les  documents  du  Mont  Athos  demeurent 
encore  presque  inaccessibles;  les  moines  gardent  la 
plus  grande  méfiance  envers  tous  les  étrangers  qui 
demandent  à  fouiller  dans  leurs  archives  ;  certaines 
expériences  regrettables  leur  donnent  raison.  — 
M.  Mtd. 


Le  Gérant  :  H.  Dïnis. 


P  arii.  —  Imp.  Georg:e«  Petit,  li,  rue  Godot-de-Uauroi. 


Numéro  608. 


'7. 


Samedi  17  Janvier  1914. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN     ET     MODERNE 


Monnaies  et  Timbres-poste 

Il  y  a  quelques  mois,  quand  radministralion 
compétente  annonça  l'ouverture  procliaine  d'un 
concours  pour  l'établissement  d'une  nouvelle 
monnaie  de  nickel,  on  ne  manqua  pas  de  faire 
observer  que  ce  concours  était  une  innovation 
et  de  rappeler  comment,  lors  du  dernier  renou- 
vellement des  types  de  monnaie,  trois  artistes 
éprouvés  —  Chaplain,  Moty  et  Daniel  Dupuis 
—  avaient  été  chargés  d'oflice  de  fournir  les 
modèles,  le  premier  des  pièces  d'or,  le  second 
des  pièces  d'argent  et  le  troisième  de  la  monnaie 
de  bronze. 

Ces  jours  derniers,  on  a  appris  que  le  gouver- 
nement avait  résolu  d'émettre  prochainement 
des  timbres-poste  d'un  nouveau  modèle,  et  que 
l'administration  compétente  avait  décidé  de  con- 
fier l'exécution  de  la  vignette  à  un  artiste  de  son 
choix,  sans  concours  préalable.  Un  communiqué 
exposait  d'ailleurs  au  public  les  raisons  de  cette 
mesure  :  u  Le  dernier  concours  pour  la  création 
d'un  type  de  timbre-poste,  y  lisait-on,  remonte 
au  5  février  1894.  Le  jury,  chargé  de  juger  les 
684  projets  soumis  à  cette  occasion,  a  estimé 
qu'aucun  d'eux  n'était  susceptible  d'être  retenu. 
A  la  suite  de  cet  esiai  infructueux,  le  service 
postal  a  renoncé  à  la  procédure  du  concours  et 
a  décidé,  pour  ses  émission-  nouvelles,  de  faire 
directement  appela  des  arli>tes  éprouvés  ». 

Loin  de  moi  la  pensée  de  discuter  les  conclu- 
sions du  jury  de  1894  !  Toutefois,  n'est-il  pas 
permis  de  trouver  que  l'administration  des  postes 
tire  de  ces  conclusions  un  argument  singulier, 
puisqu'elle  se  retranche  derrière  l'insulfisance 
d'un  concours  ouvert  il  y  a  vingt  ans,  pour  éta- 
blir qu'elle  ne  procédera  plus  désormais  que 
par  voie  de  commande  directe?  Cour  un  «  essai 
infructueux  »,  voilà  au  moins  un  résultat,  et 
inattendu. 

Il  y  a  quelque  chose  de  plus  imprévu  encore 
dans   la  décision   du    service   des   postes  ;   c'est 


qu'elle  supprime  le  concours  pour  un  modèle 
de  vignette  postale  au  moment  précis  où  un  autre 
service  instaure  ce  concours  pour  un  type  de 
monnaie.  Ainsi  les  artistes  sont  prévenus  de  ce 
que  l'Administration  pense  officiellement  des 
concours  :  vérité  pour  la  pièce  de  nickel,  erreur 
pour  le  timbre-poste... 

D'une  part,  nn  nous  dit  :  puisqu'aucun  de  nos 
médailleurs  ne  s'impose  plus  aujourd'hui,  comme 
autrefois  Chaplain  et  Roty,  il  n'est  pas  sans  inté- 
rêt de  faire  appel  à  l'ensemble  des  artistes  et  de 
les  sélectionner  par  voie  de  concours.  De  l'autre 
côté,  on  nous  dit  exactement  la  même  chose  en 
ce  qui  concerne  les  décorateurs  ;  mais,  comme 
ces  artistes  se  sont  montrés  insuffisants  voilà 
vingt  ans,  on  en  conclut  qu'ils  le  seraient  encore 
aujourd'hui  et  l'on  juge  qu'un  concours  entre 
eux  est  inutile... 

Ne  cherchons  pas  à  comprendre  :  à  cette  variété 
dans  les  moyens  choisis  pour  résoudre  le  même 
problème,  on  reconnaît  bien  l'aimablo  fantaisie 
de  notre  Administration. 

E.  D. 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Légion  d'honneur.  —  Sont  promus  ou  nommés, 
dans  l'ordre  de  la  Légion  d'honneur,  sur  la  proposi- 
tion du  ministre  de  l'Instruction  publique  et  des 
Beaux-Arts  : 

Au  grade  d'otlicier  :  M.  Le  Sidaner,  M"*  Virginie 
Demont-Breton,  artistes  peintres  ;  M.  Camille  Erlan- 
ger, compositeur  de  musique;  M.  Valeutino.  chef  de 
division  au  sous-secrétariat  d'État  des   Beaux-Arts  ; 

Au  grade  de  chevalier:  M"'  Sarah  Bernhardt,  artiste 
dramatique  ;  M"*  Vallet-Bisson,  artiste  peintre  ; 
M.  Ernest  Filliard,  aquarelliste:  M.  Hippolyte  Rous- 
sel, stiituaire  ;  MM.  Jacques  Beltrand  et  Léonard  Jar- 
raud,  graveurs;  M.  Charles  Lemaresquier.  architecte 
du  gouvernement;  MM.  Louis  Ganne  et  Reynaido 
Hahn,  compositeurs  de  musique. 

—  Sur  la  proposition  du  ministre  des  Affaires  étran- 
gères, au  titre  étranger  : 


18 


LE    BULLETIN   DE    L'ART 


Au  grade  de  chevalier  :  M.  Pablo  Casais,  sujet  espa- 
gnol, violoncelliste. 

Académie  des  beaux-arts  (séance  du  10  jan- 
vier). —  M.  Dagrian-Bouveret  prend  possession  du 
fauteuil  de  la  présidence. 

—  Après  avoir  reçu  de  nouveaux  éléments  d'infor- 
mation sur  In  question  de  la  vente  des  terrains  du 
Pincio,  qui  appartiennent  au  domaine  national  fran- 
çais, la  Compagnie  confie  l'étude  de  cette  question  à 
une  commission  qui  sera  ainsi  composée  :  M.\l.  Fla- 
raeng,  pour  la  section  de  peinture  ;  Marqueste,  pour 
la  section  de  sculpture  ;  Bernier,  pour  la  section 
d'architecture;  W'altner,  pour  la  section  de  gravure; 
Widor,  pour  la  section  de  composition  musicale  ; 
de  Selves,  pour  la  section  des  académiciens  libres. 
MM.  Nénot  et  Carolus  Duran  sont  adjoints  à  cette 
coniuiission. 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
(séance  du  9  janvier).  —  M.  Sénart  annonie  à  la  Com- 
pagnie le  décès  de  M.  Hubert,  professeur  h  l'École 
d'ExtrC-me-Orient,  dont  les  études  philologiques  de 
sanscrit  et  de  chinois  font  autorité. 

—  M.  J.  Toutain,  directeur  d'études  à  l'École  des 
Hautes  Études,  expose  les  principaux  résultats  de  la 
huitième  campagne  de  fouilles  entreprise  parla  Société 
des  Sciences  de  Semur  sur  l'emplacement  d'Alésia. 

M.  V.  Remet,  qui  dirige  ces  fouilles,  a  découvert 
un  ensemble  de  constructions,  de  très  bonne  époque, 
composé  d'un  bâtiment  rectangulaire  entouré  dan- 
nexes,  dont  la  plus  importante  est  une  salle  sur  cour 
presque  carrée  de  18  mètres  de  long  sur  17  mètres 
de  large. 

A  l'intérieur  de  ces  annexes  et  autour  de  la  salle 
rectangulaire,  ont  été  trouvés  de  nombreu.x  sarco- 
phages et  débris  de  sarcophages  chrétiens  du  haut 
moyen  âge. 

Cet  ensemble,  qui  date  de  l'époque  mérovingienne 
et  du  début  des  tecnps  carolingiens,  représente  un 
lieu  de  culte  chrétien,  établi  autour  d'un  tombeau 
vénéré,  et  doit  être  vraisemblablement  identifié  avec 
la  basilique  primitive  de  sainte  Reine,  connue  par 
des  documents  du  viii*  et  du  ix*  siècle  et  dont  l'em- 
placemeot  était  encore  ignoré. 

Musée  du  Louvre  —  On  vient  d'apposer  au  Musée 
du  Louvre  deux  plaques  commémorativpsqiii  rappel- 
lent comment  le  monument  et  les  collections  furent 
sauvés,  en  1871,  de  l'incendie  allumé  par  In  Comumne. 

Ces  plaques  portent  les  noms  de  Henri  Barbet  de 
Jouy,  du  commandant  de  Sigoyer,  de  Léon  Morand 
et  d'Antoine  Héron  de  Villefosse. 

De  ces  quatre  •  sauveteurs»,  M.  Héron  de  Villefosse, 
membre  de  l'Institut,  est  le  seul  survivant;  on  suit 
qu'il  est  conservateur  du  département  des  Antiquités 
grecques  et  romaines,  auquel  il  appartenait  comme 
jeune  attaché,  lors  des  événements  de  1871. 

—  Ainsi  que  le  Hulletin  la  déjà  annoncé,  l'inaugu- 
ration des  collections  Cauiundu  au  Musée  du  Louvre 
sera  faite  au  mois  d'avril  procbain,  par  M.  le  Prési- 


dent de  la  République.  Le  legs  Camondo  sera  installé 
au  second  étage  du  pavillon  Mollien,  qu'occupaient 
précédemment  les  services  d'architecture  du  musée. 
Il  sera  réparti  dans  sept  salons,  chacun  d'eux  formant 
un  petit  musée  complet,  évoquant  une  période  de 
l'histoire  de  l'art.  C'est  ainsi  qu'il  y  aura  les  salons  du 
moyen  âge,  de  la  Renaissance,  de  l'art  japonais,  de 
l'art  français  moderne  et  contemporain;  enfin,  deux 
salles  renfermeront  des  meubles  et  des  tapisseries 
anciens.  Les  dépenses  d'installation  s'élèvent  à 
100.000  francs.  Cette  somme  a  été.  dans  cette  inten- 
tion, laissée  par  le  généreux  donateur. 

—  En  même  temps  que  la  collection  Camondo,  le 
Louvre  pourra  présenter  au  public  les  œuvres  d'art 
oriental  que  lui  légua  la  baronne  Dclort  de  Gléon. 
On  aménage  en  ce  moment  cette  collection,  à  l'étage 
du  musée  de  Marine,  en  des  salles  qui  ne  furent 
jamais  ouvertes  aux  visiteurs,  pour  la  raison  qu'elles 
faisaient  partie  de  ce  qu'on  a  appelé  les  greniers  du 
Louvre.  La  donatrice  avait  laissé  à  cet  effet  une  cen- 
taine de  mille  francs  et  le  mobilier  spécial  qui  ren- 
fermait chez  elle  sa  collection.  Celle-ci  se  compose  de 
cuivres,  d'étoffes,  de  bijoux,  d'armes,  d'objets  d'art 
arabe  :  aiguières,  chandeliers,  bottes,  bassins;  de 
pièces  de  céramique,  d'ivoire  et  de  bois,  de  verres  émail- 
lés,  de  sabres  et  caparaçons  des  iv'etxvi*  siècles,  etc. 

Musée  de  l'Armée.  —  Le  Musée  de  l'Armée  va 
recevoir  prochainement  une  armure  complète  de 
l'empereur  Charles-Quint,  qui  lui  est  oITerte  par  le  roi 
d'Espagne. 

Quand  Alphonse  XIII  visita  le  Musée  de  l'Armée, 
lors  de  son  dernier  voyage  à  Paris,  il  remarqua 
quelques  pièces  d'une  armure  de  Philippe  11.  qui  était 
conservée  incomplète  à  l'Armeria  Real  de  Madrid,  et 
exprima  le  désir  de  reconstituer  cette  armure,  en 
oQ'rant  en  échange  une  armure  complète  de  (.harles- 
Quint,  l'incomparable  musée  d'armes  de  Madrid  en 
possédant  plusieurs. 

H  va  sans  dire  que  cette  proposition  fut  acceptée. 

Société  nationale  des  antiquaires  de  France 

(séance  du  7  janvier).  —  .M.  Adrien  Blamhet.  prési- 
dent sortant,  prononce  U  discours  d'usage  et  cède  le 
fauteuil  à  M.  Noël  Valois,  président  pour  1914. 

—  M.  René  Cagnat  lit  une  note  de  M.  Lautier,  rela- 
tive à  des  inscriptions  romaines  en  Espagne. 

—  M.  Joseph  du  Teil  communique  un  dessin  italien 
du  xvi*  siècle  qui  représente  Michel-Ange  et  qui  est 
un  des  meilleurs  portraits  du  maître. 

—  M.  Monceaux  entretient  la  Société  de  quelques 
plombs  trouvés  à  Cartbage. 

Expositions  annoncées.  —  Aujourd'hui  samedi 
17  janvier,  a  lieu  l'inauguration  de  l'Exposi'ion 
annuelle  de  peinture  et  de  sculpture  du  Cercle  Volney. 

A  Bruxelles.  —  La  Société  des  Amis  des  musées 
de  l'État  vient  de  faire  don,  au  Musée  ancii  n  de 
Bruxelles,  du  beau  portrait  de  Marguerite  d'Autriche, 
gouvernante  des  Pays-Bas,  attribué  à  Bernard  van 


ANCIEN    ET   MODERNE 


i9 


Orley,  qui    tigiirait  à  la  dernière    Exposition    d'art 
ancien  dans  les  Flandres,  organisée  à  Gand. 

—  Indépendamment  d'une  collection  de  dessins  et 
d'aquarelles,  qui  a  été  versée  au  Musée  ancien,  M°"  de 
Gretz  douairière  a  fait  don  à  l'État  d'environ  cinq 
mille  estampes,  parmi  lesquelles  une  série  d'eaux- 
fortes  de  Rembrandt,  de  nombreuses  gravures  de 
Callot,  de  maitres  italiens,  hollandais,  anglais,  etc., 
ainsi  qu'une  centaim;  de  portraits  qui  offrent,  outre 
leur  valeur  artistique,  un  précieux  intérêt  documen- 
taire. 

Cette  libéralité  apporte  un  important  enrichissement 
au  Cabinetdes  estampes  de  la  Bibliothèque  royale  de 
Belgique. 

En  Italie.  —  Les  vols  d'objets  d'art  continuent 
avec  une  inquiétante  fréquence,  en  dépit  de  l'habileté 
de  la  police  italienne  à  retrouver  les  voleurs.  On 
annonce  la  disparition,  de  l'église  de  Novalesa,  dans 
la  vallée  de  Suse,  d'un  graud  tableau  attribué  à 
Itubens  et  représentant  V Adoration  des  rois.  —  L.  G. 

A  Florence.  —  Le  Cabinet  des  dessins  des  Offices, 
qui  organise  tous  les  ans  plusieurs  expositions  de 
dessins  choisis  dans  ses  cartons,  vient  d'ouvrir  une 
exposition  des  dessins  et  gravures  de  Jean  Callot  qui, 
on  le  sait,  vécut  longtemps  à  Florence.  L'exposition 
comprend,  entre  autres,  les  esquisses  pour  la  fa- 
meuse Foire  de  iimprunela.  On  y  a  joint  des  dessins 
et  gravures  de  Giulio  Parigi,  Stefuno  délia  Bella, 
itemigio  Cautagallina,  qui  n'ont  pas  été  sans  influence 
sur  le  talent  de  Callot. 

On  doit  déjà  aux  organisateurs.  M.  Neriuo  Ferri, 
directeur  du  Cabinet  des  dessins,  et  M.  Filippo  di 
Pietro,  secrétaire,  plusieurs  expositions  analogues  qui 


ont  toujours  été  préparées  avec  beaucoup  de  savoir, 
de  goùl  et  un  soin  minutieux  dont  on  ne  saurait 
assez  les  louer.  —  L.  G. 

A  Rome.  —  M.  Giacomo  Boni,  qui  dirige  les 
fouilles  du  Palatin,  vient  de  faire  une  découverte  de 
grand  intérêt  archéologique  ;  ses  recherches  lui  ont 
permis  de  retrouver  un  des  sanctuaires  les  plus  impor- 
tants de  la  Home  primitive,  le  Mundus,  consacré  à 
Pluton  cl  à  Proserpine,  vénéré  comme  le  centre  de  la 
Homa  (juadrala  et  où  se  conservait,  selon  des  rites 
solennels,  le  grain  des  semences.  —  L.  G. 

Nécrologie.  —  M.  Gaston- Alfred-Manuel  Lecreux, 
artiste  peintre,  vice- président  de  la  Société  des  Pari- 
siens de  Paris,  est  mort  le  9  janvier,  à  l'âge  de  68  ans; 
élève  de  A.  Bouchot  et  J.  Noël,  il  commença  d'ex- 
poser des  aquarelles,  en  1877,  au  Salon  des  Artistes 
français,  auquel  il  demeura  tidèle  jusqu'à  sa  mort, 
car  il  exposait  encore  en  1913  trois  tableaux  de  fleurs. 

—  M.  Jules-Octave  Triquet,  artiste  peintre,  décédé 
le  8  janvier,  à  l'âge  de  46  ans,  était  un  élève  de  Bou- 
guereau  et  de  Tony  Robert-Fleury.  Il  exposait  aux 
Salons  des  Artistes  français  des  portraits,  qui  lui 
avaient  valu  une  médaille  de  3'  classe  en  1894,  une 
médaille  de  3'  classe  en  1897  et  une  médaille  de 
bronze  en  1900. 

—  On  annonce  la  mort  du  grand  brasseur  Cari 
Jiœohsen,  de  Copenhague,  ii  l'âge  de  72  ans.  Il  avait 
fondé  la  Glyptothèque  de  .\y-Carlsberg,  musée  de 
sculpture,  ouvert  au  public,  qui  contient  une  mer- 
veilleuse collection  d'art  grec  et  de  sculpture  française 
moderne,  et  donné  des  millions  pour  d'autres  fonda- 
tions artistiques  ou  charitables. 


CHRONIQUE    DES    VENTES 


i 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

Les  grandes  ventes  à  l'étranger  en  1913 
'finj.  —  A  Amsterdam.  —  'Vente  de  tableaux 
it  d'objets  d'art.  —  >"ous  avions  annoncé  cetlc 
vente,  faite  par  .\1.\1.  l-"rederik  Muller  el  O",  du 
•2'à  au  2S  novembre.  Elle  a  produit  800.000  francs, 
grâce  à  de  belles  enchères,  en  particulier  dans 
la  catégorie  des  tableaux  anciens.  Le  plus  beau 
prix  des  tableaux,  celui  de  39.100  fr.,  pour  une 
Vue  de  rivière à&  VanGoyen(n°343),  aété  presque 
doublé  par  celui  de  deux  grandes  tapisseries  de 
Bruxelles  à  scènes  de  la   Vie  de  ScipioH,  dans  de 


riches  bordures,  vendues  ensemble  60.800  francs. 

Citons  encore,  parmi  les  tableaux  anciens  :  une 
Vue  de  rivière  de  Van  Goyen,  de  format  plus  petit 
que  la  précédente, 27.300  fr.;  —  un  Village  au  bord 
de  l'eau,  de  S.Ruysdael  (n"  383), 30.000  fr.;  —une 
Vue  d'une  de.s  portes  d'Vtrenht,  de  Cuyp  (n»  385), 
22.800fr.;  —  wnPay^ageàak.  vaiiderNeer(no370), 
8.800  fr.; — une  Servante  cecucan* /a  t^aisse/^e,  œuvre 
d'un  maître  inconnu,  16.000fr.;  —  deux  Intérieurs 
de  Brekelenkam,  17.000  et  11.000  fr.;  —  deux  por- 
traits par  J.  van  Ravensteyn,  19.800  fr.;  —  un  por- 
trait miniature,  par  Pot,  b,300  fr.;  —  une  Vierge  à 
l'enfant,  par  Bartolommeo  Montagna,  21.400  fr. 

C'est  un  grand  tableau  de  la  première  manière 


■ 


20 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


lie  .).  hraels,  Méditation, qni&  obtenu  le  plus  haut 
prix  des  peintures  modernes,  12.000  fr.  Deux 
paysages  de  V.  van  Gogh  ont  été  adjugés  7.000  fr. 
chacun. 

Parmi  les  objets  d'art,  outre  les  deux  tapisseries 
déjà  mentionnées,  il  faut  noter  les  prix  de 
9,800  fr.  pour  quatre  vases  rouleaux,  en  ancienne 
porcelaine  de  Chine  à  décor  bleu,  et  de  8.100  fr. 
pour  un  grand  plat,  même  porcelaine,  fond  bleu 
royal,  le  centre  décoré  d'émaux  de  la  famille 
verte;  —  un  service  en  porcelaine  de  La  Haye  a 
lait  20.100  fr.  ;  —  une  collection  de  midzou-irés 
(compte  gouttes  japonais),  8.000 fr.; —  un  dessus 
de  cheminée,  panneau  décoratif  de  Jacob  de 
Witt,  à  sujets  d'amours  entourés  des  attributs 
de  la  navigation,  8.600  fr. 

Des  colliers  de  perles  et  des  bijoux,  qui  ne  sont 
pas  de  notre  domaine,  complétaient  cette  vente, 
formée  des  successions  de  M°"=  V»"  Van  Gogh,  de 
de  M™"  Witsen  Hraalman  douairière,  du  D"'  Noilet, 
et  autres. 

.M.  .\. 
ESTAMPES 

A  Paris.  —  Ventes  diverses.  —  Dans  une 
vente  d'estampes  modernes,  faite,  ainsi  qu'il  a 
été  annoncé  ici-même,  à  l'Hôtel,  le  10  novembre, 
par  M*  Desvouges  et  M.  L.  Delteil,  les  plus  beaux 
prix  ont  été  pour  Meryon  et  pour  Zorn. 

Du  premier,  la  Tour  de  l'horloge  (3*  état)  s'est 
vendue  2.030  f r.  ;  le  Pont-Neuf  [i'  état,  avant  les 
vers),  2.000  fr.;  la  Morgue  {4*  état,  avant  la  lettre) 
2.600  fr.  Du  second,  Zorn  et  sa  femme  (sur  japon) 
a  fait  2.570  fr.,  et  le  Toant'^i"  planche,  sur  papier 
ancien),  2.800  fr. 

—  Beaucoup  plus  intéressante  a  été  la  vente 
d'estampes  du  xvni»  siècle  de  la  collection 
L  G.  R...,  faite  les  20  et  21  novembre,  par  les 
mêmes  commissaire-priseur  et  expert,  et  que 
nous  avions  également  annoncée.  Elle  a  produit 
1111. OUO  francs,  et  dans  cette  somme,  la  seule 
épreuve  de  Diana,  vicomtesse  Crosbie,  par  Dickin- 
son,  d'après  Reynolds,  avant  toute  lettre  et  avec 
les  armes,  entre  pour  la  belle  somme  de  32.100  fr. 
(on  en  demandait  20.000  fr.)  ;  c'est  le  plus  beau 
prix  atteint  par  une  estampe  dans  une  vente 
publique  française. 

f  lusieurs  autres  pièces  se  sont  vendues  à  de 
beaux  prix  :  entre  autres  Mrs.  Mathews,  aussi 
par  Dickinson,  d'après  Reynolds,  15.000  fr.  ; 
Élizabeth,  comtesse  de  Derby,  par  et  d'après  les 
mêmes,  4.000  fr.;  Mrs.  Robinson,  par  Sraitb, 
d'après  Reynolds,  3.400  fr. 

l'armi  les  estampes  françaises,  les  Janinet  ont 


été  fort  disputés  :  Marie-Antoinette,  4.500  fr.; 
M"-!  Duthé,  4.000  fr.;  V Agréable  négligé,  2.005  fr.; 
le  Baiser  de  l'amitié,  2.500  fr. 

Citons  encore  :  Lord  Thurlow,  par  Dickinson, 
d'après  Romney,  2.100  fr.;  sans  parler  des  très 
nombreuses  estampes  qui  ont  dépassé  l'enchère 
courante  de  mille  francs. 

— Janinetdevait, d'ailleurs,  prendre  sa  revanche 
quelques  jours  plus  tard,  à  la  vente  d'estampes 
du  xvi"  au  xviii"  siècle,  provenant  de  la  collec- 
tion B...,  faite  le  a  décembre,  par  M"  Lair- 
Dubreuil  et  Desvouges,  et  M.  L.  Delteil,  et  qui  a 
produit  164.060  francs. 

Le  plus  gros  prix  a  été  celui  de  15.900  francs, 
payé  pour  l'Indiscrétion,  par  Janinet,  d'après 
Lawreince,  épreuve  en  couleur,  à  toutes  marges, 
avant  la  lettre  et  avant  l'un  des  pieds  de  la  femme 
assise. 

D'après  Lawreince  encore,  il  faut  citer  le 
Déjeuner  anglais,  par  Vidal,  vendu  5.400  fr.; 
l'Assemblée  au  roncert  et  l'Assemblée  au  salon,  par 
Dequevauviller  (l"'  état,  à  l'eau-forte  pure), 
9.100  fr.;  Pauvre  Minet,  par  Janinet  (en  coul., 
état  non  décrit),  6.000  fr.;  Qu'en  dit  l'abbé?,  par 
de  Launay  (avant  la  dédicacel,  4.000  fr. 

Une  série  de  douze  estampes  d'après  Moreau 
le  Jeune,  par  divers,  a  été  vendue  9.900  fr. 

Los  célèbres  »  pendants  »  d'Augustin  de  Saint- 
Aubin  :  Louise-Emilie,  baronne  de  ...,  et  Adrienne- 
Sophie,  marquise  de  ...,  épreuves  avant  l'adresse. 
5.800  fr.  ;  Au  moins,  soyez  discret  !  et  Comptez  sur 
mes  serments,  avant  toute  lettre,  6.000  fr. 

Parmi  les  Watteau,  le  plus  beau  prix  a  éti' 
celui  de  2.200  fr.  pour  le  l''  état  de  l'Embarque- 
ment pour  Cythère,  par  Tardieu. 

On  sait  que  la  vente  comprenait  aussi  quelques 
estampes  de  Durer  et  de  Rembrandt;  elles  n'ont 
pas  obtenu  moins  de  succès  que  les  pièces  du 
xvni"  siècle,  l'armi  les  Diirer,  on  notera  :  Adaiu 
et  Eve  (l"  étatl.  3.910  fr.  ;  la  Passion  (16  pièces). 
3.800  fr.  ;  le  Cheval  de  la  Mort,  4.000  fr.  Mieux 
partagés  encore  ont  été  les  Rembrandt:  te  Paysage 
aux  trois  chaumières  (épr.  avec  barbes),  12.900fr.; 
le  Canal,  7.000  fr.  :  la  Chaumière  et  la  grange  <i 
foin,  5.100  fr  .  etc. 

La  place  manque  pour  citer  les  nombreuses 
enchères  de  1.000  et  2.000  francs. 

—  La  vente  de  la  collection  Gustave  Bourcard, 
de  Nantes,  que  nous  avions  annoncée  comme 
devant  se  faire  le  10  décembre  par  le  ministère 
de  M*  Desvouges,  assisté  de  M.  L.  Delteil,  a  pro- 
duit 27.000  francs,  avec,   comme  enchères  prin- 


ANCIKN    ET    MUDEKNE 


21 


cipales,  celle  de  2.800  francs  pour  le  Parlement 
à  9  heures  du  soir,  Londres,  gravure  sur  bois 
d'Auguste  l.epère,  et  celle  de  2.700  francs  pour 
la  Valse,  d'Anders  Zorn. 

Rien  de  saillant  à  noter  dans  le  reste  des 
enchères. 

—  Le  23  décembre,  M"  Desvouges  et  M.  L.  Del- 
teil  dispersaient  un  oeuvre  gravé  d'Antoine  Wat- 
teau.  Il  a  produit  39.159  francs. 

Il  faut  retenir  le  prix  de  3.230  francs  pour 
l'Enseigne  de  Gersaint,  par  Aveline,  et  celui  de 
2.000  pour  la  Finette  et  Vlndifférent,  par  Scotin 
et  B.  Audran,  sur  la  mAme  feuille. 

—  Rappelons  que  la  vente  de  M™»  D...  [Delizy] 
comprenait,  outre  des  objets  d'art  et  des  meubles 
anciens,  une  remarquable  série  d'estampes  fran- 
çaises du  XVIII"  siècle,  vendues  à  de  fort  beaux 
prix,  ainsi  qu'on  a  pu  le  voir  par  la  liste  des 
principales  enchères,  publiée  par  M.  Marcel 
Nicolle  dans  sa  chronique  du  n"  tiOb  du  Bulletin. 

R.  r,, 

MONNAIES    ET   MÉDAILLES 

A  Paris.  —  Ventes  diverses.  —  Dans  une 
vente  de  médailles  et  monnaies  grecques,  faite  à 
l'Hôtel,  les  9  et  10  juin,  par  M"  Desvouges,  assisté 
de  M.  Feuardent.  le  décadrachme  de  Syracuse, 
à  tête  d'Aréthuse,  par  Kimon,  avec  le  quadrige 
au  revers,  a  été  adjugé  4.100  francs,  et  un  tétra- 
drachme  de  Pyrrhus,  roi  d'Épire,  avec  la  tête  de 
Zeus  Dodonéen  au  droit  et  Déméter  assise  au 
revers,  2.G:i0  francs.  Ce  sont  les  deux  plus  impor- 
tantes enchères  de  la  vente. 

—  Dans  une  vente  de  monnaies  romaines,  faite 
du  16  au  18  décembre,  par  M'  Boudin  et  M.  Bour- 
gey,  et  qui  a  produit  un  total  de  137.000  francs, 
il  faut  tirer  de  pair  :  un  aureus  à  l'effigie  de 
Domitia,  avec  le  paon  au  revers,  vendu  2.270  fr.; 
un  autre,  avec  le  buste  radié  de  Constantin  au 
droit,  et  au  revers  Constantin  en  habit  mili- 
taire, '.i.'ii"<0  francs  (au  musée  de  Berlin). 

.1.  F. 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


"VI"  et  dernière  exposition  d'estampes  japo- 
naises :  Toyokuni  et  Hiroshighé  (Musée  des 
Arts  décoratifs).  —  A  la  fin  d'un  beau  spectacle, 
on   devrait   nommer   le   metteur   en    scène;    et 


remercions  d'abord  M.  Raymond  Kœchlin  d'avoir 
déroulé  sous  nos  yeux,  depuis  l'hiver  de  1909, 
tout  le  style  de  l'estampe  japonaise  et  de  nous 
avoir  conduit,  par  les  chemins  variés  de  In  ciâce 
un  peu  mièvre  ou  de  la  ligne  presque  grandiose, 
jusqu'à  l'œuvre  aussi  vaste  qu'original  du  dessi- 
nateur Hokusaï  (1760-1849),  qui  sut  réconcilier 
dans  sa  passion  d'artiste  le  naturalisme  et  la 
fantaisie  En  face  de  ce  vieux  maître,  après  lui, 
que  restait-il?  L'éclectisme  ou  le  paysage;  et  l'un 
s'appellera  Toyokuni  (1768-1825),  l'autre,  Hiro- 
shighé  (1796-1858). 

Toyokuni,  c'est  l'habile  et  fécond  illustrateur 
des  scènes  de  théâtre  et  de  la  vie  des  acteurs, 
dont  la  dextérité  tourne  au  mélodrame;  et  la 
dynastie  de  ses  successeurs, Kunimasa.Kuniyoshi, 
Kunisada,  ne  manquera  point  d'exagérer  sa  der- 
nière manière  anguleuse,  grimaçante  et  gesticu- 
lante. Quant  au  paysage,  il  vient  toujours  tard 
dans  l'histoire;  et  ce  n'est  pas  d'aujourd'hui  que 
nous  savons  que  son  aurore  naïve  coïncide  avec 
les  crépuscules  décadents  :  la  Grèce  alexandrine 
ou  la  peinture  bolonaise  nous  l'ont  dit;  mais, 
dans  une  école  familière  oîi  le  «  paysage  histo- 
rique »  et  le  grand  art  de  la  composition  sont 
inconnus,  ce  retard  est  une  surprise. 

Aussi  bi«n,  longtemps  reléguée  dans  les  fonds, 
la  nature  nipponne  apparaît-elle  déjà  dans  les 
Cent  vues  du  Fujiyama,  plutôt  rêvées  que  notées 
par  le  lyrique  Hokusaï;  et  le  vrai  paysage  se 
rattrape  avec  le  paisible  Hiroshighé  :  témoin  ses 
Huit  vues  du  lac  d'Omi,  ses  Cinquante -trois  stations 
du  Tokaïdo,  la  fameuse  route  côtière  de  Yédo  à 
Kyoto  (1).  Ce  contemporain  lointain  de  noire 
Corot,  c'est  le  bon  Japonais  qui  déménagerait 
volontiers  pour  mieux  voir  le  clair  d»*  lune 
monter  sur  la  noirceur  des  pins;  c'est  l'obser- 
vateur qu'intére.sse.  en  son  jarilinel  fleuri,  le  vol 
d'un  oiseau  de  mer,  le  passaae  d'un  poisson 
volant,  le  frémissement  d'un  insecte  ou  d'une 
branche  de  bambou;  c'est  l'initiateur  de  nos 
impressionnistes,  qui  retient  d'un  pinceau  leste 
et  sans  repentirs  l'horizon  capricieux  et  l'instant 
fugace,  les  golfes  de  saphir  et  le  calme  azuré  de 
la  nuit,  la  brise  qui  tord  les  arbustes  noueux  sur 
le  précipice  ou  la  fin  d'un  beau  jour  répétée  par 
l'onde,  les  flèches  obliques  de  la  pluie  sur  la 
rizière  ou  la  nacre  du  givre  sur  la  route,  que' 
domine  au  loin  le  cône  sacré  du  volcan  neigeux. 

(1)  ?i'i  vues  et  non  pas  36,  comme  nous  l'avions  dit 
par  erreur  en  1913,  en  songeant  à  la  série  très  japo- 
naise (le  M.  Henri  Rivière  sur  la  Tour  Eiffel. 


S2 


LE   BULLETIN    DE   L'ART 


Primesautière  synthèse  de  savoir  et  d'enfantil- 
lage, de  candeur  primitive  et  de  subtilité  colorée, 
qui  s'encadre  en  une  perspective  étrange  et  restée 
chinoise  à  travers  les  siècles  !  Charmante  et 
prompte  véracité,  qu'en  dépit  de  Keisaï  Yeisen, 
les  imitateurs  alourdiront  dan»  leurs  premiers 
plans  encombrés  !  Le  dernier  Toyokuni,  le  cin- 
quième, meurt  en  1895,  le  dernier  Hiroshighé,  le 
troisième,  en  1896;  et,  déjà,  c'en  est  fait  de 
l'originalité  du  Japon. 

Deux  décorateurs  :  Manzana-Pissarro,  — 
Adolphe  Giraldon  (Musée  des  Arts  décoratifs). 
—  Dans  l'opposition  de  ces  deux  décorateurs 
occidentaux,  en  face  des  dernières  lueurs  origi- 
nales de  l'estampe  japonaise,  faut-il  apercevoir 
un  contraste  prémédité  par  la  malicieuse  érudi- 
tion de  M.  Louis  Metman?  Car  il  était  impossible 
de  mieux  définir,  d'une  part,  la  magique  influence 
de  l'Extrême-Orient  sur  un  peintre-graveur  non 
moins  entiché  que  nos  musiciens  des  Mille  et 
une  Nuits  ;  de  l'autre,  la  complète  indépendance 
d'un  illustrateur  des  Églogues  de  Virgile  et  de 
la  Vie  des  Abeilles  à  l'égard  de  ces  lointaines 
séductions  réprouvées  par  les  derniers  amis  du 
latin. 

Depuis  le  romantisme  encore  bourgeois  des 
lithographies  de  1830  où,  «  belle  d'indolence  »,  se 
balançait  Sara  la  baigneuse,  l'idée  que  l'Occident 
se  fait  de  l'Orient  s'est  fort  enrichie  ;  et  n'est-ce 
pas  cette  opulence  un  peu  barbare  que  traduit 
aux  yeux  le  vif  instinct  décoratif  de  .M.  Manzana- 
Pissarro,  dans  un  vitrail,  dans  un  tapis,  dans  un 
laque,  dans  une  détrempe  rehaussée  d'or  qu'en- 
flamme le  bec  empourpré  des  cygnes  noirs  ou 
l'incarnat  d'un  turban  '! 

Ces  curiosités,  ces  carmins,  ces  ors,  ces  au- 
daces techniques,  ces  négligences  volontairement 
naïves  ou  ces  gaucheries  voulues,  M.  Giraldon 
les  sacrifie  de  bonne  grâce  à  la  sage  eurythmie 
du  bois  sacré  qu'il  doit  au  virgilien  souvenir  de 
Puvis  de  Chavannes,  k  l'austère  enseignement 
de  son  maître,  M.  Luc-Olivier  Merson  :  ce  n'est 
qu'avec  précaution  qu'il  admet  la  fantaisie  de  la 
couleur  à  la  décoration  d'un  livre;  et  le  besoin 
d'irréel  qui  nous  est  resté  se  résume  à  ses  yeux 
dans  l'art  ornemental  d'une  belle  reliure  pour 
les  Nuits  passionnément  classiques  d'un  Alfred 
de  Musset  ou  U*  Trophées  d'un  Heredia. 

Raymond  Bouyer. 


VARIÉTÉS 


Chateaubriand  continuateur  de  Le  Nôtre. 

Ln  pan  de  mur  eu  deçà  du  pavillon  de  Marsan, 
du  côté  de  la  cour  du  Carrousel,  rappelait  naguère 
au  regard  fureteur  d'un  Parisien  (1)  que  le  palais 
des  Tuileries  n'avait  jamais  été  terminé  ;  mais, 
ce  n'est  point  d'hier  que  les  amis  de  Paris  médi- 
taient d'achever  l'héritage  compromis  des  siècles 
et  d'harmoniser  l'architecture  avec  la  verdure  ; 
et,  dès  la  première  année  du  règne  de  Louis- 
Philippe,  chacun  fournissait  son  plan.  «  Voilà, 
Monsieur,  sans  autre  préambule,  quel  serait  le 
mien,  si  j'étais  ai-cftifecte  ou  roi  »:  quel,  est  donc  le 
citoyen  qui  se  permettait  d'écrire  ainsi,  le  12  avril 
1831,  "  au  rédacteur  de  l'Artisie»,  c'est-à-dire  à 
Ricourt,  qui  venait  de  commencer  cette  publi- 
cation ?  C'était  M.  de  Chateaubriand. 

En  1795,  une  lettre  datée  de  Londres,  en  plein 
hiver  douloureux,  nous  le  montrait,  à  vingt-sept 
ans,  paysagiste  et  professeur  de  paysage  (2)  ;  en 
1831,  c'est  une  longue  lettre  encore  qui  le  révèle 
architecte,  à  soixante-trois  ans,  et  dessinateur 
de  jardins  toujours  guidé  par  l'instinct  du  paysa- 
giste. Sur  la  transformation  projetée  des  Tui- 
leries, voici  son  plan. 

Pour  isoler  ce  «  charmant»  palais,  .M.  de  Cha- 
teaubriand commence  par  abattre  "  les  deux 
adjonctions  massives  »  qui  relient  les  deux  pavil- 
lons à  l'oeuvre  originelle  de  Philibert  de  l'Orme 
et  rêve  d'étendre  le  jardin  à  l'entour,  "  jusqu'à 
la  huitième  arcade  »  au-delà  de  la  grille  qui 
ferme  la  cour  sur  la  place  du  Carrousel.  11  prévoit 
tout  :  les  deux  façades  nues,  du  nord  et  du  midi, 
qu'il  conviendrait  d'orner  dans  le  style  primitif; 
les  toits  arrondis  qu'il  rase  en  même  temps  que 
toutes  les  autres  <i  constructions  postœuvres  ■■ 
qui  déshonorent,  depuis  Le  Vau,  le  pavillon  cen- 
tral ;  les  deux  nouveaux  pavillons  .'  en  retrait  » 
qu'il  élève  en  coupant  trois  arcades,  afin  de  rem- 
placer les  deux  pavillons  de  Flore  et  .Marsan, 
datant  du  règne  d'Henri  IV,  et  qu'il  faut  jeter 
bas... 

Ni  le  vieux  Fontaine,  ni  ses  deux  successeurs 
immédiats,  Visconti,  depuis  1836,  Lefuel,  à  partir 
de  1853,  ne  rêveront  avec  une  pareille  audace 
un  tel  11  ensemble  d'architecture  se  jouant  au 
milieu  des  arbres  »  ;  il  faudra,  pour  le  réaliser 

(1)  Notre  confrère  L.  Borgex,  dans  Comœdia  (1912). 

(2)  Voir  notre  étude  sur  ce  sujet  dans  la  Petite 
Revue  de»  I"  février  et  !"  mars  1913. 


ANCIEN   ET    MODERNE 


23 


plus  largement,  la  brèche  ouverte  par  les  incen- 
dies de  l'Année  terrible...  La  volonté  du  génie 
devance  de  quarante  ans  la  fatalité  des  révolu- 
lions.  Écoutons-le,  dans  ses  vœux  d'artiste  en 
paysages,  que  ses  rancunes  politiques  n'étoulTent 
point  :  «  Lorsque  je  porte  le  Jardin  des  Tuileries 
jusqu'à  la  huitième  arcade  au-delà  de  la  grille 
du  Carrousel,  c'est  que  je  veux  l'aire  entrer  l'Arc- 
de-Triomphe  dans  le  jardin  mf-me  ;  trop  petit 
comme  monument  dans  un  immense  forum,  il 
serait  charmant  comme  fabrique  dans  un  jardin. 
Ce  jardin  serait  clos  sur  le  Carrousel  par  une 
grille  de  fer  dorée  »... 

La  prédiction  de  l'avenir  ne  s'arrête  pas  à  la 
grille  de  la  cour  pavée  du  palais  des  Tuileries, 
qui  remontait,  comme  l'Arc  lui-même  de  Percier 
et  Fontaine,  aux  jours  glorieux  de  1806  ;  «  à  partir 
de  la  porte  biUie  qui  sépare  l'ancienne  et  la  nou- 
velle galerie  du  Louvre  »,  l'amateur  de  verdure 
veut  planter  un  second  jardin,  pour  faire  dis- 
paraître l'amas  d'hôtels  et  de  maisons  «  qui 
piicombrent  le  reste  de  la  place  ».  Ces  simples 
mots  évoquent  le  noir  Paris  de  1830,  le  Paris  de 
la  jeunesse  romantique  et  des  débuts  d'un  jeune 
provincial,  appelé  Théophile  Gautier,  la  rue  du 
Doyenné,  l'hôtel  de  Nantes,  que  les  eaux-fortes 
de  Martial  nous  montrent  encore,  en  1849... 
Après  leur  démolition,  c'est  entre  deux  magni- 
fiques palais  et  deux  superbes  jardins  que  l'on 
passerait  d'une  rive  à  l'autre,  du  faubourg  Saint- 
Cermain  au  quartier  Saint-  Honoré.  M.  de  Chateau- 
briand a  calculé  l'espace  entre  les  deux  grilles, 
environ  .373  pieds,  et  réclame  de  larges  trottoirs. 

.Mais  rien  ne  coûte  au  poète-architecte  «  pen- 
dant qu'il  a  le  marteau,  la  truelle  et  la  bèrhe  en 
main  »  ;  à  l'est,  en  face  do  la  colonnade  de  Per- 
rault, il  renverse  les  laides  habitations  qui, 
inasi(uanl  la  rivière  et  le  Pont-ÎSeuf,  <  font  la 
moue  »  au  chef-d'œuvre  classique  ;  il  débarrasse 
Saint-Germain-l'Auxerrois  des  masures  accumu- 
lées dans  ses  angles,  et  veut  entourer  darbres 
ce  vénérable  témoin  du  passé  qui  sert  à  «  mesu- 
rer »  la  marche  de  l'art  et  des  siècles  en  face 
des  palais  ;  à  l'ouest,  au  beau  milieu  de  la  place 
Louis  XV,  il  fait  jaillir  une  vaste  fontaine,  «  dont 
les  eaux  perpétuelles,  reçues  dans  un  bassin  de 
marbre  noir,  indiqueraient  assez  ce  que  je  veux 
laver  »...  .4vis  aux  llatteurs  du  nouveau  règne  ! 
Et  plus  inventif  que  le  bon  Cointereaux  en  l'an 
VII  (1),  «  le  courtisan  du  mallieur  »  érige  quatre 

iTi.  Voir  Un  Défenseur  des  espiices  lihrps  ii  l'niis, 
.«OMS  le  Direcloire,  par  M.  r.h.irles  Du  Bus  ilans  la 
Chy.tiiiqve  des  Arts  dq  l.ï  février  191,'),  pj).  :ij-ii4, 


autres  fontaines  aux  quatre  angles  de  la  place 
immense,  alors  déserte  et  délabrée.  Perpendi- 
culairement aux  deux  façades  rectilignes  de 
Gabriel,  il  élève  deux  colonnades  doubles,  ajou- 
rées, sur  les  deux  massifs  des  Champs-Elysées 
de  Le  Nôtre,  à  droite  et  à  gauche,  afin  de  limiter 
la  place  ;  il  achève  la  Madeleine,  «  cela  va  sans 
dire  »,  et  prend  sur  le  pont  Louis  XVI,  qui 
deviendra  celui  de  la  Concorde,  les  colosses  qui 
l'écrasent,  pour  les  aligner  en  avenue.  C'est 
l'avant-cour  du  château  de  Versailles  qui  va 
recueillir  ces  fantômes  géants  de  l'histoire  de 
France  ;  et  le  roi  Louis-Philippe  n'exaucera  pas 
le  vœu  de  son  vieil  adversaire. 

Au  II  point  rond  »  des  Champs-Elysées,  celui-ci 
dresse  un  des  deux  obélisques  qui  nous  viennent 
d'Egypte  et  termine  plus  loin  l'Arc-de-Triomphe 
de  l'Étoile,  en  devançant  de  cinq  années  la  date 
de  son  achèvement  :  de  l'Arc-de-Triomphe  à 
Saint-Germain-l'Auxerrois,  il  lui  semble  que  cette 
foule  de  monuments,  de  statues,  de  jardins,  de 
fontaines,  «  n'aurait  rien  de  pareil  au  monde  »... 
Aussi  bien,  veut-il  moins  édifier  qu'abattre  ;  et 
plus  pratique  dans  ses  rêves  que  dans  sa  vie, 
M.  de  Chateaubriand  a  souci  du  plan  «  le  plus 
économique  ».  Quant  aux  inégalités  de  niveau, 
de  terrain,  aux  défauts  de  symétrie  et  de  paral- 
lélisme des  monuments  du  Louvre  et  des  Tui- 
leries, tout  cela  s'évanouit  «  dans  les  déco- 
rations de  mes  jardins»,  conclut-il;  et  comme 
il  pense  à  tout,  il  assigne  la  forme  pyramidale 
aux  arbres  du  jardin  de  la  cour  du  château 
pour  en  faire  «  une  promenade  d'hiver  au  centre 
de  Paris  ». 

«  Vous  allez  me  demander.  Monsieur,  ce  que 
fais  du  palais  de  Philibert  Delorme  (s/c)?  Un  musée 
de  choix,  où  je  dépose  nos  plus  belles  statues 
antiques  et  les  tahleaux  de  l'école  italienne  »  : 
tel  est  le  rêve  que  le  plus  voyageur  des  Français 
voudrait  réaliser,  pour  n'avoir  plus  rien  n  à  envier 
aux  villas  Borghèse  et  Albani  »  ;  mais,  ici,  les 
révolutions  en  ont  décidé  tout  autrement.  «...  Et 
moi,  qui  suis  architecte  ou  roi,  oîi  me  loge-t-on'? 
Architecte,  dans  une  altique  de  Philibert 
Delorme  ;  roi ,  au  Louvre .  .l'ai  l'honneur 
d'être,  etc..  »  Hautaine  conclusion  d'artiste 
égaré  dans  la  politique,  dont  le  ton  suffirait  à 
faire  deviner  la  signature!  Et  pour  une  fois,  à 
un  obélisque  près,  le  grand  rêveur  a  été  prophète 
en  son  pays  :  depuis  1878,  année  où  les  ruines 
mêmes  ont  péri,  l'art  et  l'histoire  se  sont  chargés 
de  combler  ou  plutôt  de  dépasser,  au  Carrousel, 
les  vœux  de  M,  de  Chateaubriand.  Aussj  bien, 


24 


I,E    BULLETIN   DE   L'ART 


notre  souvenir  prononce  toujours  le  nom  de  ce 
continuateur  improvisé  de  Le  Nôtre,  chaque  fois 
que  nos  yeux  rencontrent  le  petit  aro  romain 
serti,  comme  un  .joyau  de  pierre,  dans  sa  ceinture 
de  fleurs,  avec  ses  colonnettes  roses  sur  la  ver- 
dure. 

Ratmond  Bouykk. 

LES      REVUES 


France 


Les  Arts  (novembre).  —  L.  Gikixy.  La  Galerie 
des  beniix-iirls  de  Sienne.  —  Examen  des  peintures 
et  aperçu  de  l'évolution  de  l'école  siennoise  :  car  il 
ne  faut  chercher  à  Sienne  que  des  œuvres  siennoises 
et  «  l'àine  de  ce  petit  peuple  fier  et  charmant  »  qui 
toujours  mit  son  orgueil  à  fm'e  dn  se,  revit  dans  cette 
galerie,  où  les  œuvres  d'art  sont  si  mal  exposées. 

—  E.  Chartkairk.  Le  Trésor  de  la  cnlhédrale  de 
Sens.  —  Ivoires,  tissus,  ornements  liturgiques,  tapis- 
series, pièces  d'orfèvrerie,  ces  richesses  sont  d'admi- 
rables restes  de  l'ancienne  ville  de  Sénons. 

—  André  Girodie.  Le  Maître  à  l'œitlel.  —  Sur  les 
peintures  sur  bois  de  cet  artiste,  conservées  à  l'an- 
cienne cathédrale  de  Berne,  aujourd'hui  affectée  au 
culte  protestant.  Place  de  cet  artiste  après  Lucus 
Moser,  Conrad  Witz  et  Martin  Schongauer,  parmi  les 
plus  expressifs  de  l'art  du  Haut-Rhin. 

(Décembre).  —  Le  numéro  est  entièrement  consa- 
cré à  une  étude  de  M.  André  Michel  sur  le  Château 
de  Montai,  récemment  donné  à  l'État  par  M.  Maurice 
Fenaille. 

Allemagne 

Die  Kunst  (novembre).  —  G.-J.  Wolf.  La  Sécession 
de  Munich. 

—  Glaseh.  Le  Premier  Salon  d'automne  de  Berlin 
—  Premier  essai  de  ce  genre  en  Allemagne.  Cubistes 
venus  de  Paris.  Extravagances. 

—  F.  BUROER.  La  <•  Pietù  »  de  Ludwig  Herlench.    • 

—  K  Braunoabt.  Julius  Diez  —  Artistes  muni- 
chois,  se  rattachant  quelque  peu  à  l'art  de  Bœcklin. 

—  K.  WiKnusH  Villa  construite  à  Wiesbaden  par 
Varchilecle  Max  Lceiiger. 

—  Riss  Uroit  de  l'auteur  d'une  œuvre  d'art  et  droit 
du  propriétaire  —  A  propos  d'une  sentence  du  Tri- 
bnnnl  d'Empire  dans  un  procès  entre  une  dame  de 
Berlin,  propriétaire  d'une  maison,  ornée  d'une  pein- 
ture murale,  que  cette  dame  avait  fait  repeindre,  et 
l'auteur  du  tableau.  Le  Tribuoal  d'Empire  donna 
raison  au  peintre.  , 


—  H.  Steiobrer.  h.  Obrist.  —  Travaux  de  sculp- 
ture décorative. 

—  Les  Études  de  cavaliers  d'AngeloJanl.-.—  G.  Huet. 

[Décembre).  —  A.  Dreyfus.  Vincent  van  Gogh.  — 
Le  succès  de  Van  Gogh  en  Allemagne  s'explique  par 
l'analogie  de  son  tempérament  avec  celui  des  roman- 
tiques allemand.s.  «  Van  Gogh  n'est  pas  un  commen- 
cement, mais  une  fin:  il  accomplit  l'impressionnisme 
en  l'épuisant.  » 

—  F.  Stahl.  Erich  Wolfsfeld.  —  Jeune  frraveur 
berlinois. 

—  Le  Monument  de  la  Bataille  des  Nations,  à 
Leipzig,  mérite  entre  tous  l'épilhète  «  kolossal  !  ». 

—  J.  Bbnrdbi.  Jacques-Emile  Blanche.  —  Le  talent 
de  Blanche  est  en  dehors  de  toutes  les  classifications. 
Il  a  bien  des  qualités,  et  l'on  ne  trouve  pas  chez  lui 
la  recherche  voulue  de  l'excentrique,  de  l'affectation. 

—  A.  IIeilmeyek  La  Sculpture  munichoi.ie  contem- 
poraine. 

—  E.  H^enel.  Maison  construite  par  l'architecte 
Sandig,  à  Dresde. 

—  .1.  SciiiN.NEREK.  Livres  illustrés  récents.  —  .\pcrçu 
très  intéressant  des  diverses  tendances  de  l'art  de 
l'illustration  en  Allemagne. 

—  L'Art  pour  l'enfance  à  l'aris.  —  A  propos  de 
l'Exposition  au  Musée  Galliera  :  article  très  défavo- 
rable ;  l'auteur  oublie  trop  que  les  goCits  nationaux 
ont  le  droit  de  ditférer,  même  en  matière  de  poupées. 

(Janvier  1914).  —  A.  IIeilmeyer.  La  Sculpture  muni- 
choise  contemporaine  (fin).  —  Spécimens  intéressants, 
notamment  de  travaux  de  Georgii. 

—  L.  Weber.  Albert  Welli.  —  Détails  touchants 
sur  ce  graveur  munichois,  d'origine  suisse,  mort  en 
1912,  à  l'âge  de  cinquante  ans.  Spécimens  de  son 
œuvre  humoristique. 

—  A  Dreyfus.  Gustave  Moreau. — Article  ou  l'admi- 
ration est  tempérée  par  des  critiques  révères  jusqu'à 
l'injustice.  Suivant  l'auteur,  le  tort  de  G.  Moreau  a 
été  de  s'écarter  de  la  voie  indiquée  par  Cbassériau. 

—  C.  GuASER.  Le  Salon  d'automne  beiUnois. 

—  P.  Westheim.  Maison  construite  à  Francfort, 
par  l'architecte  Hugo  Eberhardl. 

—  R.  WinMFB.  Les  Fresques  de  W.  Georgi  dans 
l'église  abbatiale  de  Saint-Btaise.  —  Essais  mtéres- 
sants  de  peinlore  religieuse  modernisée.  Jolies  étude* 
d'enfants,  pour  les  angelots  de  l'Assomption  de  la 
Vierge. 

—  Jardins  dessinés  par  F.  Gildemeisler. 

—  P.  Westhbim.  Sculptures  de  l'aul  Wgnand.  — 
G.  Huet. 

Le  Gérant  :  H    Iunis. 

P«ri».  —  Imp.  Urorfr*»  t>lil.  li,  me  Go<tol-(te-Mauro(. 


Numéro  609. 


Samedi  24  Janvier  1914. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN     ET    MODERNE 


Autour  du  Palais-Royal 


Le  Commencement  de  la  fin. 

bans  sa  séance  du  31  décembre  1913,  le  Conseil 
municipal  de  Paris,  sur  le  rapport  de  M.  Adolphe 
Chérioux,  a  voté,  sans  discussion,  l'ouverture 
d'une  voie  nouvelle,  qui.  partant  de  la  Bourse 
de  Commerce,  viendra  aboutir  rue  de  Valois, 
«  devant  les  toutes  dernières  arcades  du  Palais- 
iloyal,  langentiellement  à  la  galerie  d'Orléans  ». 
Le  Bulletin  municipal  du  8  janvier,  auquel 
J'emprunte  ces  renseignements,  ajoute,  à  propos 
de  cette  rue  :  «  Un  accès  au  Palais-Royal  pour- 
rail  lui  être  assuré  dans  l'avenir  au  travers  des 
arcades  riveraines  de  ce  jardin,  transformé  en 
passage,  sans  apporter  à  ce  site  de  modifications 
apparentes  ". 

C'est  clair  et  précis  :  les  démolitions  qui  bou- 
leversent tout  le  vieux  quartier  compris  entre  la 
rue  Baillif  et  la  rue  Sainl-Honoré  d'une  part,  la 
rue  Croix-des-Petits-Champs  et  la  rue  de  Valois 
de  l'autre,  ont  offert  à  nos  édiles  cette  occasion 
d'une  percée  aboutissant  au  Palais-Royal;  pour 
le  moment,  on  laisse  entendre  que  cette  voie 
pourra  traverser  le  jardin  et  que  le  passage  sera 
réservé  aux  piétons  ;  quand  la  rue  sera  faite, 
elle  devra  forcément,  sous  peine  d'être  inutile, 
se  prolonger  jusqu'à  la  rue  Richelieu  et  l'avenue 
de  l'Opéra,  en  assurant  le  passage  aux  voitures, 
et  elle  sera  le  premier  signal  de  l'éventrement 
du  Palais-Royal,  le  commencement  de  la  (in  de 
ce  jardin  tranquille,  que  la  beauté  de  son  cadre 
et  la  richesse  de  ses  souvenirs  ne  réussiront  pas 
à  sauver  de  la  destruction  ! 

En  effet,  si  de  rares  protestations  se  sont  fait 
entendre  à  l'occasion  de  ce  travail  d'approche, 
donije  signalais  tout  récemment  encore  le  danger 
(n^eoe  du  Bulletin),  des  desiderata  ont  été  expri- 
més par  un  syndicat  qui  se  propose  d'exploiter 
le  Palais-Royal  et  qui  ne  recule  pas  devant  la 
manière   forte   pour  assurer   la  réussite    de    sa 


spéculation.  Ce  syndicat,  tout  en  donnant  son 
approbation  au  projet  dont  on  vient  de  résumer 
les  grandes  lignes,  demande  en  outre  : 

<■  1»  l'ouverture  et  la  construction  d'un  large 
escalier  destiné  à  faire  communiquer  la  rue  des 
Petits-Champs  et  la  rue  de  Valois  élargie  ; 

"  2°  l'ouverture  à  la  circulation  publique 
[entendez  :  à  la  circulation  des  voitures]  des 
arcades  faisant  face  à  la  nouvelle  voie  projetée, 
et  son  prolongement  jusqu'à  la  rue  Richelieu  ; 

■<(  3°  l'ouverture,  à  la  circulation  également,  des 
arcades  centrale»  des  galeries  du  Palais-Royal  pour 
en  faciliter  les  traversées  obliques  ». 

Et  à  cela,  que  répond  la  Ville  ?  Elle  prend  note 
de  ces  desiderata  «  pour  en  tenir  compte  dans 
telle  mesure  qu'il  appartiendra  lorsqu'on  dis- 
posera de  nouvelles  ressources  susceptibles  de 
faire  face  à  la  dépense  qu'occasionnerait  l'exé- 
pution  de  ce  comp\émettt  d'améliorations  ». 

Vous  avez  bien  lu,  Parisiens  :  douze  millions 
sont  prévus  pour  les  expropriations  et  les  tra- 
vaux nécessités  par  le  percement  de  la  nouvelle 
rue,  et  une  fois  le  Palais-Royal  éventré  dans  un 
sens,  on  «  améliorera  »  encore  cet  éventrement 
quand  on  possédera  les  ressources  nécessaires. 
On  peut  être  assuré  que  le  syndicat  susmentionné 
ne  fera  rien  pour  retarder  cet  heureux  événe- 
ment, —  au  contraire  ! 

Voilà  la  dernière  trouvaille  des  Haussmann  au 
petit  pied,  qui  ont  inventé  les  «  grands  travaux 
de  Paris  »  !  Ils  se  sont  essayés  lors  du  per- 
cement du  boulevard  Raspail  ;  ils  viennent  de 
commencer  à  travailler  dans  le  quartier  du 
Palais-Royal  et  l'on  sait  maintenant  quelles 
grandes  choses  ils  y  projettent;  ils  vont  pro- 
chainement saccager  l'île  Saint-l.ouis... 

A  qui  le  tour  ensuite  ?  On  ne  voit  plus  guère 
que  le  Marais,  qui  garde  encore  de  vieux  hôtels 
à  démolir. 

Patience  !  On  y  viendra. 

E.  D. 

P-S.  —  Pour  répondre  à  une  protestation  de 
la  Société  des  Amis  des  monuments  parisiens 


56 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


contre  la  démolition  de  l'hôtel  de  la  Chancellerie 
d'Urléans,  —  démolition  nécessitée  par  le  per- 
cement de  la  rue  dont  on  vient  de  parler,  — 
M.  Chérioux  a  trouvé  quelque  chose  de  tellement 
délicat,  de  tellement  heureux  et  consolant,  que 
je  ne  puis  résister  au  plaisir  de  citer  le  passage 
de  son  rapport  : 

La  valeur  artistique  de  la  Chancellerie  d'Orléans  n'a 
pas  échappé  i  l'administration  municipale,  et  c'est 
pourquoi,  dans  la  convention  conclue  avec  la  Banque 
de  France,  il  a  été  stipulé  que  cet  établissement 
devrait  reconstituer,  dans  son  nouvel  édifice,  toutes 
les  parties  intéressantes  de  ce  joyau  du  passé.  Si  l'on 
peut  regretter  qu'il  n'ait  pas  été  possible  d'éviter 
toute  atteinte  à  ce  monument,  il  faut  du  moins  recon- 
naître que  l'engagement  pris  par  la  Banque  de  France 
(iffre  cet  avantage  d'assurer  la  conservation  défini- 
tive de  toutes  les  richesses  que  contient  cet  immeuble, 
alors  que  l'augmentation  de  valeur  des  terrains  dans 
le  quartier  eût  très  bien  pu  amener  son  propriétaire 
à  en  raser  un  jour  les  constructions  pour  édifier  une 
maison  de  rapport  sur  l'emplacement  de  la  Chancel- 
lerie actuelle. 

Ces  édiles,  tout  de  même,  quels  artistes  !  Et 
dire  qu'il  y  a  de  méchantes  gens  pour  les  traiter 
de  vandales... 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Légion  d'honneur.  —  Parmi  les  nominatioDs 
dans  l'ordre  de  la  Légion  d'honneur,  faites  sur  la 
proposition  du  ministre  du  Commerce,  nous  relevons 
le  nom  de  M.  Wildenstein,  négociant  en  tableaux  et 
objets  d'art. 

Académie  des  beaux-arts  (séance  du  17  jan- 
vier). —  L'Académie  des  beaux-arts  a  appris  avec 
satisfaction  la  nouvelle  —  que  nous  commentons 
d'autre  part  —  de  l'abandon  des  projets  d'aliénation 
des  terrains  du  Pincio,  qui  font  partie  du  domaine 
français  à  Rome. 

—  Le  prix  Doublemard,  destiné  à  u  préparer  les 
élèves  sculpteurs  au  grand  prix  de  Kome  »,  est  ainsi 
partagé  : 

I"  prix  et  1"  médaille  {1.800  fr.)  :  M.  Gazan,  élève 
de  M.  Antonin  Mercié. 

î*  prix  el  8*  médaille  (100  fr.)  :  M.  Casla,  élève  de 
M.  iDJalbert. 

—  Dans  sa  prochaine  séance,  l'Académie  publiera 
les  programmes  des  concours  Roux  de  peinture, 
sculpture  et  architecture. 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
(séance  du  16  janvier).  —  M.  Gagnât  annonce  k  l'Aca- 


démie qu'il  a  reçu  du  D'  Carton,  de  Tunis,  le  texte 
d'une  inscription  découverte  par  lui  au  cours  de 
fouilles  exécutées,  grâce  à  une  subvention  prélevée 
sur  la  fondation  Piot,  dans  les  Thermes  de  Bulla- 
Uegia.  M.  Cagnat  se  propose  de  la  commenter  ulté- 
rieurement devant  l'Académie,  mais  il  tient  à  en 
signaler,  dès  maintenant,  la  découverte  et  à  mettre 
ses  confrères  au  courant  des  progrès  des  recherches 
du  D'  Carton. 

Le  déblaiement  méthodique  du  monument  lui  a 
permis  de  mettre  au  jour  des  parties  très  remarqua- 
bles de  l'édifice  et  notamment  une  construction  sou- 
terraine d'une  disposition  particulière  ;  le  D'  Carton 
se  propose  de  prendre,  au  printemps,  des  vues  des 
détails  les  plus  intéressants  et  de  les  remettre  à  l'Ac.v 
démie. 

—  De  la  part  de  M.  .Iules  Renaut,  architecte  à  Tunis, 
M.  Paul  Monceaux  communique  une  inscription  chré- 
tienne lisible  sur  une  jarre  récemment  découverte  en 
Tunisie,  au  sud-est  d'Hammam-Lif 

—  M.  Louis  Navex  commente  un  passage  de  la 
huitième  églogue  des  Bucoliques. 

—  M.  M.  Pézard,  chargé,  en  1913,  de  pratiquer  des 
fouilles  archéologiques  à  Bender-Boucbir  (golfe  Persi- 
que),  rend  compte  de  sa  mission  qui  a  fixé  d'une 
façon  définitive  l'emplacement  de  l'antique  Liyan, 
l'une  des  places-fortes  de  l'empire  élamite  les  plus 
éloignées  de  la  métropole;  parmi  les  documents 
archéologiques  et  épigraphiques  recueillis,  urnes, 
vases,  textes  sur  brique  et  albâtre,  un  des  plus 
importants  est  une  inscription  relative  au  roi  de 
Suze  lloumbanamana  (milieu  du  deuxième  millé- 
naire). 

En  terminant,  M.  Pézard  rappelle  l'importance,  an 
point  de  vue  de  l'archéologie  musulmane,  du  port  de 
Tahiri,  sur  le  golfe  Persique,  dans  le  voisinage  duquel 
se  trouvent  les  mines  de  la  ville  de  Siraf. 

—  M.  Boussac  commente  un  passage  d'Hérodote 
(II,  18)  où  est  rapportée  une  légende  courante  des 
anciens  Égyptiens  qui  plaçaient  les  sources  du  Nil  à 
Philce. 

Société  nationale  des  antiquaires  de  France 
(séance  du  14  janvier).  —  M.  Buttin  fait  une  com- 
munication au  sujet  de  plusieurs  pièces  provenant 
d'une  armure  de  Philippe  II,  conservée  au  Musée  de 
l'Armée,  et  que  le  gouvernement  français  va  céder  au 
roi  d'Espagne  en  échange  d'une  armure  de  Charles- 
Quint.  Il  montre  l'importance  et  la  valeur  des  pièces 
dont  le  Musée  de  l'Armée  va  se  dessaisir. 

—  M.  Lefèvre-Desnoëttes  présente  divers  objets 
en  fer  trouvés  par  M.  René  de  Saint-Pèrier  dans  la 
grotte  de  Lespugne  (Haute-Garoone). 

Conseil  des  Musées  nationaux.  —  Le  Journal 
officiel  du  18  janvier  a  publié  un  décret  aux  termes 
duquel  sont  nommés  membres  du  Conseil  des  musées 
nationaux,  pour  une  durée  de  trois  ans  h  dater  du 
1"  Janvier  19U  :  MM.  Louis   Barthou,  député,   en 


ANCIEN    ET   MODERNE 


âî 


rpiuplacement  de  M.  Aynard,  décédé  ;  Pierre  Baudin 
sénateur,  en  remplacement  de  M.  Raymond  Poincaré. 

—  D'autre  part,  sont  nommés  membres  temporaires 
du  Conseil  des  musées  nationaux,  pour  une  durée  de 
trois  ans,  à  dater  du  1"  janvier  1914  : 

MM.  Bourgeois,  sénateur;  G.  Leygues,  député- 
Homieu,  conseiller  d'État;  Combarieu,  conseiller 
maître  à  la  Cour  des  Comptes  ;  L.  Bonnat,  membre 
de  l'Institut;  M.  Collignon,  membre  de  l'Institut, 
professeur  à  la  Faculté  des  lettres;  Coutan,  membre 
de  l'Institut;  Guillemet,  membre  du  Conseil  supérieur 
des  beaux-arts;  L.  Gonse,  écrivain  d'art,  membre 
du  Conseil  supérieur  des  beaux-arts;  H.  Kœchlin, 
président  de  la  Société  des  amis  du  Louvre  ;  le  baron 
Edmond  de  Rothschild,  membre  de  l'Institut. 

Société  nationale  des  beaux-arts.  —  La  Société 
nationale  des  beaux-arts  avait  ouvert,  entre  ses  mem- 
bres, un  concours  pour  une  affiche  destinée  au  Salon 
de  la  Société.  Le  jury  de  ce  concours  vient  de  rendre 
son  jugement. 

MM.  Albert  Martine,  Silice,  Cppénauer  et  Carot 
reçoivent  chacun  une  prime  ;  leurs  projets  seront  en 
outre  exposés  au  Salon.  Mais  le  projet  classé  premier, 
ne  donnant  pas  entière  satisfaction,  ne  sera  pas 
exécuté. 

Les  autres  concurrents,  dont  la  Société  ignore  les 
noms,  sont  priés  de  retirer  leurs  œuvres  avant  la  fin 
du  mois. 

Musée  de  l'Armée.  —  Le  llullelin  a  annoncé, 
dans  son  dernier  numéro,  que  le  Musée  de  l'Armée 
allait  se  dessaisir,  au  profit  de  l'Armeria  real  de 
Madrid,  d'un  chanfrein  et  de  quatre  pièces  provenant 
de  l'armure  de  Philippe  11.  L'n  loi  étant  nécessaire 
pour  distraire  d'un  musée  national  un  objet  classé,  le 
décret  du  ministre  de  la  Guerre  précise  que  ces  pièces 
seront  envoyées  à  Madrid  «  à  titre  de  dépôt  »,  mais 
qu'elles  resteront  «propriété  de  la  France». 

Ces  pièces  sont  inestimables,  au  dire  du  spécialiste 
de  l'histoire  des  armes,  M.  Buttin,  car  l'armure  de 
Philippe  II  est  une  des  plus  belles  du  monde;  il  n'avait 
pas  fallu  moins  de  deux  années  (1349-1350)  àDesiderius 
Colman,  le  meilleur  armurier  d'Allemagne,  et  à  Georges 
Siegmann,  l'orfèvre  réputé,  pour  la  parachever. 

C'est  pour  répondre  à  un  désir  exprimé  par  le  roi 
d'Espagne,  lors  de  son  dernier  voyage  à  Paris,  que 
cette  cession  a  été  consentie.  Il  avait  été  convenu 
alors  que  l'Armeria  Real  enverrait  en  échange  au 
Musée  de  l'Armée  une  armure  complète  de  Charles- 
Quint.  Mais, jusqu'ici,  les  seuls  objets  que  le  directeur 
de  l'Armeria  Real  ait  proposés  au  directeur  du  Musée 
de  l'Armée  sont  deux  pistolets  de  fabrication  fran- 
çaise et  une  rondache  de  Philippe  II,  pièces  connues 
et  de  peu  de  valeur. 

La  «  Joconde  »  retrouvée.  —  Le  gouvernement 
français,  pour  témoigner  sa  reconnaissance  à  MM.  Cre- 
daro,  ministre  de  l'Instruction  publique  d'Italie, 
Corrado  Ricci,  directeur  général  des  Beaux-Arts,  et 


G.  Poggi,  directeur  de  la  galerie  des  OEBces,  de  l'ini- 
tiative déployée  par  eux  dans  l'affaire  de  la  Joconde, 
a  nommé,  le  premier  officier,  et  les  deux  autres 
chevaliers  de  la  Légion  d'honneur. 

D'autre  part,  l'antiquaire  florentin.  M.  X.  Geri,  a 
été  non)mé  oUicier  de  l'Instruction  publique,  et  il  a 
reçu  la  somme  de  25.000  francs,  que  les  Amis  du 
Louvre  avaient  promise  à  celui  dont  les  indications 
permettraient  de  retrouver  la  peinture  de  Léonard. 

La  Société  des  Amis  du  Louvre  communique  à  ce 
propos  la  note  suivante  : 

«  La  Société  des  Amis  du  Louvre  a  envoyé  le  21 
janvier,  au  consul  de  France  à  Florence,  pour  être 
remiseàM.Geri,  antiquaire,  la  somme  de  25.000  francs 
qu'elle  avait  décidé,  au  moment  du  vol  de  la  Joconde, 
de  donner  en  prime  à  la  personne  dont  les  rensei- 
gnements décisifs  feraient  rentrer  le  tableau  au  Louvre. 

»  C'est  d'accord  avec  le  ministère  italien  de  l'Ins- 
truction publique  et  l'ambassade  de  France  à  Rome 
que  M.  Geri  a  été  reconnu  par  la  Société  comme 
devant  bénéficier  de  cette  prime. 

»  Les  membres  du  Conseil  d'administration  des 
Amis  du  Louvre  ne  voulant  opérer,  pour  payer  cette 
dette  aucun  prélèvement  sur  les  ressources  ordinaires 
de  la  Société,  ont  ouvert  entre  eux  une  souscription 
qui,  rapidement  conduite,  a  produit  la  somme  néces- 
saire. » 

il  parait,  d'ailleurs,  que  cette  récompense  ne  satis- 
fait point  M.  Geri  :  il  réclame  du  gouvernement 
français  une  allocation  correspondant  à  10  "/,,  de  la 
valeur  du  tableau,  valeur  qui  serait  fixée  par  un  expert 
nommé  par  le  tribunal  civil  de  la  Seine.  A  cet  ellét, 
M.  Geri  vient  d'assigner  le  ministre  de  l'Instruction 
publique  et  des  Beaux-Arts  en  payement  de  cette 
somme,  réclamant  une  provision  immédiate  de 
100.000  francs  à  valoir  sur  l'indemnité  qu'il  demande. 

Paris  qui  s'en  va.  —  Le  Musée  Carnavalet  va  s'en- 
richir de  l'enseigne  Au  Vieuj  satyre,  qui  datait  du 
xvnf  siècle  et  qui  figurait  une  tète  de  faune  barbu  et 
cornu,  surmontée  d'une  corbeille  de  fleurs.  Cette 
enseigne  se  trouvait  au-dessus  de  la  porte  d'une  mai- 
son située  à  l'angle  de  la  rue  Montfaucon  et  de  la  rue 
du  Four,  et  qui  va  disparaître. 

—  Au  coin  du  quai  Conti  et  de  la  rue  de  .Nevers, 
une  autre  vieille  maison  va  disparaître  :  celle  du 
bijoutier  de  Marie-Antoinette,  Grauchez,  marchnnd 
de  curiosités,  à  l'enseigne  :  Au  l'élit  Dunkerque. 
Graucheztransportaensuite  sa  boutique  rueRichelieu, 
mais  son  enseigne  resta  quai  Conti,  au-dessus  de  la 
porte  du  cabaret  qui  remplaça  la  boutique  de  joail- 
lerie. 

A  Besançon.  —  On  a  inaugure  le  10  janvier,  au 
palais  de  justice  de  Besançon,  dune  part,  le  médaillon 
de  l'ancien  bâtonnier  du  barreau  de  Paris,  le  Franc- 
Comtois  Eugène  Pouillet,  dû  à  cet  autre  Franc-Com- 
tois qu'est  le  sculpteur  Gardet,  et,  d'autre  part,  les 
grands  panneaux  décoratifs  exécutés  par  le  peintre 


28 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


local,  M.   Emile  Isembart,  qui  les  a  ofi'erts  à  la  ville 
de  Besançon. 

A  Rome.  —  De  grands  travaux  d'embellissement 
doivent  être  prochainement  entrepris  à  Saint-Pierre 
do  Kome  :  on  va  recouvrir  de  marbres  précieu.x  les 
pilastres  et  les  autres  parties  intérieures  de  l'édifice 
qui  n'en  sont  pas  encore  revêtus. 

Les  Terrains  du  Pincio.  —  A  la  protestation'  de 
l'Académie  des  beaux-arts  contre  l'aliénation  de  ter- 
rains appartenant  au  domaine  national,  —  protesta- 
tion dont  nous  signalions,  il  y  a  quinze  jours,  le 
retentissement,  —  sont  venues  se  joindre  les  pro- 
testations de  M.  Albert  Hesnard  et  des  pensionnaires 
de  la  Villa  Médicis,  et  celles  de  Ma''  Uuchesne  et  des 
membres  de  l'École  de  Home.  Les  journaux  d'Italie 
ont  montré  que  les  Romains  ne  voyaient  pas  très 
favorablement  les  projets  de  l'architecte  du  gouver- 
nement, qui  avait  mis  l'affaire  sur  pied  ;  les  journaux 
français  ont  reproduit  ces  témoignages  de  réprobation  ; 
et  devant  cette  unanimité,  le  gouvernement  n'a  eu 
qu'à  désavouer  son  architecte.  La  vente  des  terrains 
du  Pincio  est  abandonnée  :  le  sous-secrétariat  d'État 


des  beaux-arts  en  a  donné  offlciellement  la  nouvelle, 
le  16  janvier. 

Ce  n'est  d'ailleurs  pas  la  chose  la  moins  singulière 
de  toute  cette  histoire  que  l'aliénation  ait  été  pour- 
suivie, non  seulement  contre  le  gré  de  l'ambassadeur 
de  France  à  Kome  et  du  directeur  de  la  Villa  Médicis, 
mais  même  avant  qu'aucun  projet  de  loi  ne  l'eût  auto- 
risée. Bien  mieux  :  ces  terrains,  occupés  actuellement 
par  des  jardiniers,  et  sur  lesquels  on  projetait,  après 
lotissement,  de  construire  des  immeubles,  on  sait 
aujourd'hui  qu'ils  se  trouvaient  frappés,  en  vertu  de 
la  loi  italienne,  d'une  servitude  non  mdificandi  .. 

Il  faut  remercier  l'Académie  des  beaux-arts  d'avoir 
pris  si  nettement  position,  et.  par  son  attitude  si  ferme, 
d'avoir  épargné  à  notre  pays  le  scandale  qu'eussent 
été  la  vente  et  le  lotissement  de  ces  jardins. 

Nécrologie.  —  Ce  numéro  est  sur  le  point  de 
paraître,  quand  nous  arrive  la  nouvelle  de  la  mort  de 
notre  collaborateur  M.  Dtirand-Grévitle  :  nous  remet- 
tons a  la  semaine  prochaine  la  notice  sur  cet  érudit. 
()ui  a  poursuivi  ses  études  sur  l'histoire  de  l'nrt  .-ivec 
tant  de  conscience  el  de  ténacité. 


CHRONIQUE    DES    VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —  'Vente  de  tableaux  par  Amaa- 
Jean.  —  M°  Baudoin,  assisté  de  M.  Manzi,  a 
vendu,  le  IG  janvier,  galerie  Man/.i,  trente-huit 
peintures  el  pastels  de  .M.  Aman-.lean  :  il  ont 
produit  un  total  de  49.;)8Î)  l'rancs.  La  plus  belle 
enchère  est  celle  de  4.V00  francs  obtenue,  sur 
demande  de  5.000,  par  un  Portrait  en  plein  air 
(n°  11. 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Galerie 
Crespi,  de  Milan.  —  La  vente  de  la  célèbre 
galerie  Oespi,  de  Milan,  dont  il  a  été  maintes 
fois  question  en  ces  dernières  années,  est  aujour- 
d'hui décidée.  Elle  aura  lieu  au  début  de  juin 
prochain,  à  la  galerie  Georges  Petit. 

A  Berlin.  —  Collection  Raffauf  (objets 
d'art,  etc.).  —  .Nous  recevons  le  catalogue  illus- 
tré de  la  collection  du  conseiller  de  légation 
RafTauf,  dont  la  vente  aura  lieu  chez  R.  Lepke, 
,les  3  el  4  février.  Dans  cet  ensemble  d'objets 


d'art  el  d'ameublement  anciens,  on  resnarquera 
des  meubles  et  des  sièges  des  xv»  et  xvi«  siècles, 
d'art  allemand  et  italien;  des  sculptures  en  bois 
des  mêmes  époques,  de  divers  ateliers  germa- 
niques; un  buste  antique  d'époque  romaine; 
une  Sainte  ronversation  de  Rissolo;  une  Madone 
de  R.  .Montagna;  une  autre  Madone  du  .Maitre  île 
Vicence  (vers  1500),  et  divers  autres  tableau.x, 
dont  un  Dirk  van  Deelen,  un  P.  Claesz  et  un 
P.  Molijn;  des  faïences  italiennes  et  orientales; 
quelques  bronzes;  enfin  des  tapis  persans  et  des 
étoiles,  lue  courte  préface  du  Dr.  W.  Rode 
donne  un  intérêt  particulier  au  catalogue  de 
celte  vente,  dont  la  composition  dénote  un  goût 
(l'ameublement  ancien,  —  plutôt  que  de  collec- 
tion, à  proprement  parler,  —  très  répandu  en 
Allemagne. 

Collections  de  feu  le  Baron  Albert  von 
Oppenheim,  de  Cologne  (peintures  et  objets 
d'art.  —  On  annonce  dès  maintenant  que  les 
célèbres  collections  de  feu  le  Baron  Albert  von 
Oppenheim  seront  vendues  à  Berlin,  l'automne 
prochain,  chez  Rudolpli  Lepke,  sous  la  direction 


ANCIEN    ET    MODERNE 


2» 


des  deux  maisons  de  vente,  Hugo  Helbing,  de 
Munich,  et  Rudolph  Lepke. 

La  première  partie  sera  consacrée  aux  pein- 
tures du  xv  au  XVII»  siècle.  Parmi  ces  tableaux, 
il  faut  citer  des  œuvres  de  Petrus  Chrislus,  Quin- 
ten  Metsys,  Gérard  David,  Rembrandt,  Frans  Hais, 
Rubens,  Pieter  de  Hooch,  Van  Dyck,  Hobbema, 
Huisdael,  Jan  Steen,  Ter  Borch,  Teniers,  Guijp. 

La  seconde  partie  comprendra  les  objets  d'art  : 
la  collection  de  cruches,  les  vitraux  gotliiques, 
les  meubles,  les  émaux  de  Limoges,  les  sculptures, 
les  ivoires,  etc. 

Le  catalogue  des  tableaux  sera  rédigé  par  le 
Dr.  Bode;  celui  desobjetsd'artparleDr.  vonFalke. 


M.  N. 


LIVRES 


A  Paris.  -  Vente  de  la  bibliothèque  du 
marquis  de  Piolenc  (livres  anciens  et  mo- 
dernes). —  Les  quelque  six  cents  numéros  qui 
liguraient  au  catalogue  de  la  bibliothèque  de  feu 
le  marquis  de  Piolenc  avaient  de  quoi  satisfaire 
les  goûts  des  bibliophiles  qui  s'attachent  surtout 
aux  livres  du  ïviii'  siècle  et  aux  éditions  origi- 
nales modernes  :  c'était  là,  avec  quelques  clas- 
siques et  des  reliures,  les  deux  grosses  «  séries  » 
de  ce  cabinet  d'amateur,  et  on  a  pu  voir,  à  l'ar- 
deur des  compétitions,  que  le  beau  livre  est 
toujours  assuré  de  se  voir  très  chaudement  dis- 
puté toutes  les  l'ois  qu'il  passe  eu  vente  publique. 

M  n'a  pas  fallu  moins  de  cinq  jours,  du  26  au 
■^O  novembre,  à  M"'  A.  Couturier,  assisté  de 
MM.  Leclerc  et  Blaisot,  pour  disperser  la  biblio- 
thèque du  marquis  de  Piolenc.  La  vente  s'est 
terminée  sur  le  chiflre  coquet  de  399.210  francs, 
et  non  sans  qu'on  ait  eu  l'émotion  de  plusieurs 
enchères  fort  intéressantes. 

Les  quatre  plus  belles  ont  été  celle  de  13.560  fr. 
pour  un  exemplaire  sur  vélin  des  Liaisons  dange- 
reuses, de  Choderlos  de  Laclos  (1796),  avec  les 
figures  de  Monnet,  M"'  Gérard  et  Fragonard  fils, 
en  deux  étals;  celle  de  I3.B00  fr.  pour  un  exem- 
plaire des  Contes  et  nouvelles  de  La  Fontaine  (1795), 
avec  78  figures;  celle  de  10.120  fr.  pour  les  Chan- 
sons de  La  Borde  (1773),  avec  figures  de  Moreau  ; 
et  celle  de  10.000  fr.,  pour  l'Abrégé  chronologique 
de  l'Histoire  de  France,  par  le  président  Hénaut 
(1752),  relié  aux  armes  de  Louis  XV.  De  nom- 
breuses enchères  importantes  sont  encore  à  citer 
que  l'on  trouvera  dans  la  liste  ci-après. 

Avant  de  passer  à  l'énumération  de  ces  beaux 
prix,  disons  un  mot  des  livres  modernes  :  ils  ont 
fait  fort  bonne  ligure,  ainsi  que  le  prouvent  des 


enchères  comme  celle  de  6.000  fr.  pour  la  Cité 
des  eaux,  d'Henri  de  Régniet-,  avec  ligures  de 
Jouas,  et  celle  de  4.900  fr.  pour  Notre-Hame-de- 
Paris,  de  Victor  Hugo  (éd.  Testard,  1889),  avec 
illustrations  par  L.-O.  Merson. 

Les  éditions  originales,  toutes  proportions  gar- 
dées, ont  fait  également  de  fort  beaux  prix  :  on 
a  vu  un  exemplaire  de  Dominique,  édition  de  1863, 
sur  papier  de  Hollande,  avec  reliure  par  Marins  , 
Michel,  poussé  jusqu'à  3.502  francs;  il  avait  fait 
1.520  francs  à  la  vente  Legrand. 

Voici  la  liste  des  prix  au-dessus  de  .i.OOO  francs. 

PRINCIPAUX    PRIX 

(Au-dessus  do  3.000  francs.) 

Aucune  enchère  n'est  à  retenir  parmi  les  livres 
anciens  et  éditions  classiques,  tous  restés  au-dessous 
de  1.000  francs. 

Livres  illustrés  du  xvni'  siècle.  —  31.  Anaeréon, 
Sapho.  Bion  et  Moschus  (Paris,  1773),  fig  par  Eisen, 
rel.  aac,  5.150  fr.  —  34.  Berquin.  Idylles  el  romances 
1775-1776),  lig.  par  Marillier,  rel.  anc,  3.400  fr.  — " 
37.  Choderlos  de  Laclos.  Les  Liaisons  dangereuses 
(1796,  2  vol.),  ex.  sur  vélin,  (ig.  de  Monnet,  M"°  Gérard 
et  Kragonard,  eaux-fortes  et  épr.  avant  la  lettre,  rel. 
de  LeI'ebvre.  13.560  fr.  —  38.  Corneille.  Théâtre  (1764), 
12  vol.,  fig.  par  Gravelot,  rel.  de  Deroine,  17.200  fr. 
—  41.  Uesornieaux.  Histoire  de  la  Maison  de  Bourbon 
(1772-1788),  5  vol.,  fig.  de  Moreau,  Cholîard,  Krago- 
nard, etc.,  rel.  anc.  aux  armes  du  prince  de  Conti, 
,").000  fr.  —  42.  Dorât.  Les  Baisers  (1770),  lig.  par 
Eisen,  rel.  anc,  5.130  fr.  —  43.  Dorât.  Fables  nou- 
velles (1773),  lig.  par  Marillier,  rel.  anc,  8.050  fr.  — 
46.  Gravelot  et  Cochin.  Iconologie  (1791),  rel.  anc, 
3.300  fr.  —  48.  Le  Président  Ilénault.  Nouvel  abrège 
chronologique  de  l'histoire  de  France  (1752),  lig.  par 
Cochin,  rel.  aux  armes  de  Louis  XV,  épreuves  tirées 
dans  des  cadres  ornés,  etc.,  10.000  fr.  —  49.  La  Borde. 
Choix  de  chansons  (1773),  lig.  par  J.-M.  Moreau,  Le 
Barbier,  etc.,  rel.  anc,  10.120  fr. 

51.  La  Fontaine.  Contes  elnouvelles  ^nil.'i),  lig.  par 
Choff'ard,  suite  des  lig.  du  t.  IV  en  deux  états,  rel. 
anc,  13.500  fr.  —  57.  Marmontel.  Contes  moraux 
(1765),  portr.  de  Marmontel  par  Cochin  et  fig.  par 
Cholîard,  rel.  anc.  aux  armes  de  Mérard  de  Saint- 
Just,  4.520  fr.  —  58.  Meunier  de  yuerlon.  Les  Grâces 
(1769),  lig.  par  Moreau,  rel.  anc,  4.950  fr.  —  59. 
Molière.  Œuvres  (1734),  6  vol.,  lig.  par  Boucher,  rel. 
anc,  6.100  fr.  —  61.  Molière.  Œuvres  (1773).  fig.  par 
Moreau  le  jeune,  rel.  anc,  5.700  fr.  —  64.  Ovide.  Les 
Métamorphoses  (1767-1771),  flg.  par  Eisen,  Moreau, 
Boucher,  etc.,  rel.  anc.  8.120  fr.  —  67.  L'abbé  Pré- 
vost. Histoire  de  Manon  Lescaut  et  du  chevalier  Des 
Grieux,  fig.  de  Lefèvre  çn  trois  états,  rel. 'anc., 
4.100  fr.  .        ;       ' 

69.  Racine.  Œuvres  [{160),  portr.  par  Daullé,  lig. 
par  de  Sève,  rel.  anc.  aux  armes  de  Mir.ibeau,  7.020  fr. 


to 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


—  70.  Racine.  CEuvres  (1768),  portr.  par  Santerre. 
fig.  par  Gravelot,  rel.  anc,  3.630  fr.  —  72.  Regnard. 
Œuvres  complètes  (1790).  portr.  par  Rigaud,  fig.  par 
Moreau  et  Marillier.  rel.  anc,  4.020  fr.  —  76.  Le  Sacre 
de  Louis  XV,  etc.,  lig.  et  pi.  par  Audran,  Coctiin  père, 
etc.,  rel.  aux  armes  royales,  3.033  fr. 

Livres  .M0IIFI1NF8.  —  136.  V.  Hugo  Notre-Dame  de 
Paris,  ill.  de  L  -0.  Merson,  gr.  par  Géry-Bichard,  rel. 
de  Marius  Michel,  4.900  fr.  —  137.  Huysmans.  A  Re- 
bours, grav.  sur  bois  en  couleurs  par  A.  Lepère,  rel, 
de  Marius  Michel,  4.200  fr.  —  167.  H.  de  Régnier.  La 
Cité  des  eaur,  eaux-fortes  originales  de  Ch.  Jouas, 
rel.  de  Marins  Michel,  6.000  fr,  —  180.  Virgile.  Les 
Êglogues,  ill.  de  A.  Giraldon,  gr.  en  coul.  par  Florian, 
rel.  de  Cnnape,  4  000  fr. 

Nombreuses  autres  enchères  entre  1.000  et  2.000  fr. 
que  nous  n'avons  pas  la  place  de  signaler. 

Éditions  originales.  —  Dans  cette  série  abondante 
d'ouvrages  de  l'époque  romantique  ou  de  l'époque 
contemporaine,  tous  relativement  très  bien  vendus, 
nous  nous  contenterons  de  citer  : 

316.  E.  Fromentin.  Dominique,  ex.  sur  Hollande, 
rel.  par  Marius  Michel,  3.502  fr.  —  323.  T.  Gautier. 
Mademoiselle  de  Maupin,  rel.  par  Mercier,  3.400  fr. 

—  364.  V.  Hugo.  Noire-Dame  de  l'aris,  rel.  par  Kief- 
fer,  3.200  fr. 

B.  J. 


EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Cercle  "Volney.  —  La«  ligne  d'Italie  »  va-t-elle 
reprendre  possession  de  l'art,  au  début  d'un 
siècle'?  Ici,  comme  à  l'avant-garde,  nous  la  retrou- 
vons dans  une  série  d'études  inégalement  savou- 
reuses, mais  toutes  significatives  par  la  tendance 
qu'elles  expriment;  on  dirait  que  les  deux  gran- 
dioses petites  vues  de  la  Voie  Appienne,  si  large- 
ment brossées  par  M.  René  Ménard,  et  qui 
passèrent  trop  inaperçues  au  Salon  de  1008,  ont 
rouvert  une  fem^tre  oubliée  sur  la  terre  nourri- 
cière de  la  beauté  classique...  En  attendant  de 
nouveaux  Corot,  voici  donc,  ici  même,  l'Église 
San  Giovanni  e  Paolo  qui  se  dore,  en  pleine  verdure 
matinale,  aux  yeux  attendris  du  peinlre-slaluaire 
Jean  Hugues;  le  Monastère  anonyme,  qui  parle 
au  cœur  de  M.  Dambéza,  sous  un  joli  ciel  nuageux 
que  traverse  l'aiguille  noire  des  cyprès  ;  le  Colisce 
formidable  et  blond  et  le  Cœlius  vu  du  Palatin, 
avec  ses  couvents  rosés  sous  la  sombre  eurythmie 
des  pins,  qui  retiennen  t  la  correction  de  M.  Bernard 
Wolff  M.  Bégnault-Sarasin,  que  nous  ne  connais- 
sions pas  encore  non  plus,  colore  avec  plus  d'in- 
tensité les  Eucalyptus  de  la  Campagne  romaine  et 


la  perspective  rocheuse  de  Girgenti,  depuii  le 
temple  de  Castor  et  Pollux;  M,  J.-F.  Bouchor  laisse, 
à  Venise,  M.  Iwill  sur  la  Hazzetta  pluvieuse  et 
M.  Le  Gout-Gérard  devant  la  splendeur  fauve  de 
Saint-Marc,  et  descend  de  la  fontaine  du  Pozzo, 
chère  aux  ramiers,  vers  la  Sicile  où  les  ruines 
harmonieuses  du  Théâtre  antique  de  Taormina  se 
découpent  sur  le  golfe  azuré  que  domine  le  cAne 
lumeux  de  l'Etna;  M.  Gaston  Guignard  reste  en 
Corse,  mais  la  Route  de  Calvi  lui  découvre  l'austère 
noblesse  de  ses  horizons. 

L'histoire  du  paysage  inaugure- t-elle  un 
nouveau  chapitre?  En  tous  cas,  c'est  une  indica- 
tion. Ce  n'est  pas  la  seule,  et  nos  maîtres  (igurisles 
donnent  le  bel  exemple,  avec  le  Chant  du  Soir 
ou  le  Chasseur  et  la  Source  que  M.  Luc-Olivier 
Merson  stylise  comme  des  sonnets  florentins  en 
l'honneur  du  sixième  centenaire  de  Boccace;avec 
les  Mcnades  qu'invoque  M.  Raphaël  Collin  :  daus 
le  rêve  guerrier  que  M.  Fernand  Cormon  précipite 
Vers  la  frontière  avec  l'élan  minutieux  de  ,ses 
petits  poèmes  homériques.  Ni  la  Buveuse 
d'absinthe,  au  corsage  cramoisi,  de  M.  Devambez, 
ni  le  Nu  délicat  de  M.  Décheiiaud  n'affichent  une 
pareille  nostalgie  de  lyrisme  ;  mais  ce  sont  d'excel- 
lents morceaux  de  peinture,  au  même  litre  que 
la  Leçon  de  tissage,  de  M.  Laparra,  le  fiid  enso- 
leillé de  M.  Guillonnet.  les  études  voyageuses  de 
M.  Lauth,  les  poteries  persanes  de  M.  Bompard 
ou  la  symphonie  d'or  vert  que  l'Automne  à  Trianon 
propose  à  M.  Chigot.  D'autres  cherchent  du  nou- 
veau, M.  Montagne,  devant  une  façade  gothique 
ou  sous  les  arches  radieuses  du  Pont  du  Gard 
M.  Pierre  VVaidmann,  sur  les  dunes  du  Nord 
M.  Tattegrain,  dans  une  vieille  rue  villageoise 
M.  Saint-Germier,  dans  un  harem  de  Tunis 
M.  Paul-Thomas  dans  un  patio  de  la  Renais- 
sance espagnole. 

Le  portrait  demeure  paisiblement  égal  à  sa 
tradition  de  charme  virginal  avec  M.  Henri  Royer, 
de  conscience  virile  avec  M.  Gabriel  P'errier, 
d'adresse  loyale  avec  MM.  Pascal  Blanchard  et 
Marcel  Bascliet,  de  brio  capiteux  avec  M.  Paul 
Chabas,  de  tendresse  avec  un  marbre  de  M.  Paul 
Roussel,  de  maitrise  avec  les  bustes  vivants  de 
M.  Denys  Puecb,  portraitiste  du  penseur  Alfred 
Fouillée,  el  de  M.  Sicard,  portraitiste  du  charmeur 
Anatole  France  ;  et,  dans  ce  décor  imprévu  de  si  tes 
italiens,  le  sourire  d'un  sage  ne  nous  suggère-t-il 
pas  que  tout  renouvellement  n'est  qu'un  reflet 
d'autrefois  ? 

Raymond  Bouyeb. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


31 


La  Céramique  ornementale 

en  Haute-Normandie 

à  propos  d'un  livre  récent  ill. 


Dans  la  première  galerie  du  Musée  d'anti- 
quités de  la  Seine-Inférieurp,  à  Rouen,  une  vaste 
armoire  vitrée  présente  une  collection  remar- 
quable, aussi  variée  qu'abondante,  de  carreaux 
émaillés  du  moyen  âge  et  de  la  Renaissance, 
recueillis  dans  la  région  de  la  Haute-Normandie. 
Nous  nous  imaginons  volontiers  que  c'est  dans 
la  vue  journalière  de  (.elte  vitrine  et  l'étude  de 
son  contenu,  on  se  manifeste  un  esprit  déco- 
ratif si  franc,  si  bien  approprié  à  sa  destination 
et  si  moderne,  que  le  directeur  de  ce  musée, 
M  de  Vesly,  a  pris  l'idée  du  présent  livre,  on  il 
a  su  faire  œuvre  à  la  fois  de  savant  et  d'artiste. 

On  est  trop  porté  à  ne  considérer  les  produc- 
tions des  arts  du  feu,  en  Haute -Normandie 
comme  ailleurs,  que  pour  la  période  postérieure 
à  la  Renaissance.  Si  le  Vieux-Rouen,  la  reine 
des  anciennes  faïences  françaises,  mérite  tou- 
jours la  première  place  dans  notre  admiration, 
celle-ci  ne  sera  en  rien  diminuée  par  l'étude  des 
travaux  céramiques  qui  ont  précédé  Abaquesne 
et  les  premiers  essais  de  la  fabrication  rouen- 
naise  proprement  dite.  Laissant  de  côté,  dans 
le  présent  travail,  les  pièces  «  de  forme  »  :  plats, 
vases,  etc.,  dont  le  Musée  des  antiquités  de  la 
Seine-Inférieure  possède  aussi  une  riche  réu- 
nion, bien  digne  d'une  étude  approfondie,  M.  de 
Vesly  s'est  préoccupé  de  montrer  la  diffusion 
de  la  céramique  ornementale  dans  la  Haute- 
.Normandie,  où,  condition  indispensable,  la  ma- 
tière première  ne  faisait  pas  défaut,  —  l'argile, 
fortement  colorée  par  l'oxyde  de  fer,  se  rencon- 
trant en  abondance  dans  la  Seine-Inférieure  et 
dans  l'Eure. 

Les  plus  anciens  carreaux  incrustés  sont  ceux 
trouvés  par  l'auteur  lui-même  dans  des  fouilles 
opérées  à  Boos.  Ces  premiers  essais,  qui  n'ont 
pas  résisté  aux  injures  du  temps,  datent  du 
VI"  siècle.  D'autre  part,  le  musée  d'Evreux  con- 
serve des  carrelages  ornés  de  dessins  gravés, 
mais  sous  couverte.  Ils  proviennent  de  l'abbaye 
de  Saint-Sanson-sur  Risle,et  datent  du  vni«  siècle. 
Les  pavés  émaillés  commencent  à  apparaître  au 

A).  I.n  Céramique  ornementale  en  Haule-Sor- 
mandie,  pendant  le  moyen  dge  et  la  lienaissance, 
par  I..  <|p  VpsIv   (Hniifn,  ^9^^). 


XI»  siècle,  et  dès  le  xw,  nous  avons  un  assem- 
blage de  pavés  formant  des  rosaces,  provenant 
de  l'église  Saint-Ouen,  de  Rouen,  et  aujourd'hui 
au  Musée  des  antiquités  de  la  Seine -Inférieure. 
A  partir  de  cette  époque,  les  parés  vernissés  à 
l'oxyde  de  plomb,  soit  unis,  soit  décorés  d'orne- 
ments, deviennent  tiès  fréquents  en  Haute- 
.\ormandie. 

Si  l'origine  de  ces  carreaux  historiés  «t  ver- 
nissés au  moyen  de  l'oxyde  de  plomb  est  encore 
obscure,  la  Haute-Normandie  a,  du  moins,  livré 
des  vestiges  de  carrelage  qui  se  classent  parmi 
les  premiers  en  date.  D'autre  part,  dans  aucune 
autre  région,  la  fabrication  n'a  été  aussi  floris- 
sante du  xiii"  au  xvi»  siècle  :  carreaux  de  pave- 
ment, pavés  funéraires,  plaques  de  revêtement 
et  briques  ouvragées,  la  céramique  ornementale 
tint  alors,  dans  la  décoration  architectonique, 
une  place  qu'on  aimerait  à  lui  voir  reprendre  di; 
nos  jours.  Mais  le  xvi=  siècle,  qui  vit  apparaître 
les  robustes  pavés  en  grès  de  Brémontier-Massy, 
chefs  d'oeuvre  du  genre,  vit  aussi  venir  d'Italie  le 
pavé  faïence  à  couverte  stannifère  qui  fit  dé- 
laisser le  carreau  émaillé.  Le  procédé  nouveau, 
plus  séduisant,  fut  adopté  immédiatement  en 
Normandie  même,  dans  le  carrelage  bien  connu 
du  château  d'Écouen,  qui  marque  le  début  de  la 
faïence  de  Rouen. 

Aujourd'hui,  si  les  céramistes  modernes  uti- 
lisent de  préférence  une  matière  première  qui 
ne  nécessite  pas  un  éraaillage,  et  si,  par  consé- 
quent, les  procédés  de  fabrication  diffèrent,  on 
revient,  par  contre,  et  avec  raison,  aux  véritables 
modèles  de  décoration  sobre  et  expressive  que 
sont  ces  carreaux  du  moyen  f'ige,  dont  M.  de 
Vesly  nous  donne  aujourd'hui,  en  quelque  sorte, 
un  corpus  régional. 

Nous  ne  pouvons  suivre  l'auteur,  comme  il 
conviendrait,  dans  ses  recherches  archéolo- 
giques sur  les  centres  de  production,  ni  dans  ses 
explications  techniques  sur  les  procédés  usités 
pour  la  fabrication  proprement  dite  et  la  déco- 
ration, selon  qu'il  s'agisse  de  pavés  mats,  de 
pavés  unis,  de  pavés  sigillés  (en  relief  ou  en 
creux),  de  pavés  historiés,  ceux-ci  les  plus  nom- 
breux et  d'ordinaire  en  rouge  et  jaune,  parfois 
en  rouge  et  vert,  ou  noir  et  jaune  ;  enfin,  pavés 
de  Brémontier-Massy,  à  la  fois  très  résistants  et 
d'un  émail  très  coloré,  les  derniers  en  date  en 
Haute-Normandie,  se  plaçant  à  l'époque  de 
Louis  XII  et  de  François  I",  et  qui,  pur  le  fini  de 
l'exécution  et  la  résistance  du  grain,  constituent 
In  perfection  du  "Piipo. 


32 


LE    BULLBTIN   DE    L'ART 


Nous  ne  pouvons  non  plus  passer,  avec  M.  de 
Vesly,  la  revue  des  différents  motifs  d'ornemen- 
tation, si  nombreux  et  si  variés  dès  le  xiii»  siècle, 
employés  sur  ces  pavés,  ni  suivre  l'évolution  de 
cette  grammaire  décorative  à  travers  les  siècles 
suivants.  Mais  il  nous  faut  signaler  le  chapitre 
spécial  consacré  aux  pavés  ou  dallages  funéraires 
qui  furent,  en  Normandie,  une  branche  impor- 
tante de  l'industrie  céramique.  Les  plus  fameux 
sont  ceux  de  l'abbaye  de  Jumièges,  dont  il  ne 
reste  que  quelques  épaves,  mais  dont  l'aspect 
général  est  conservé  dans  les  dessins  de  la  col- 
lection fiaignières,  aujourd'hui  à  Oxford,  et  qui 
sont  ici  reproduits. 

La  dernière  partie  du  travail,  si  consciencieux 
et  si  parfaitement  ordonné,  de  M.  de  Vesly,  con- 
cerne les  applications  de  l'industrie  céramique 
dans  le  revi' lement  des  murailles,  tant  extérieures 
qu'intérieures,  des  bâtimenis.  De  l'emploi,  qui  fut 
si  général  en  Haute-.Normandie,  des  briques 
ouvragées,  des  plaques  céramiques  et  des  tuiles 
historiées,  concourant  tant  à  la  décoration  des 
façades  qu'à  celle  des  toits,  cheminées  et  des 
intérieurs  des  habitations,  certains  spécimens  ont 
subsisté,  attestant  le  développement  et  l'impor- 
tance de  celte  fabrication. 

A  cette  élude  archéologique  si  attachante,  M.  de 
Vesly  a  joint  une  série  de  planches,  la  plu- 
part d'après  ses  propres  dessins,  comprenant 
deux  cents  motifs  de  décorations  usités  dans  ces 
carreaux  vernissés  :  instruments  géométriques, 
rosaces,  entrelacs,  arbres  et  feuillages,  ornements 
conjugués,  flf'urs  de  lys,  chiffres  et  armoiries, 
animaux,  figures  diverses,  personnages,  attestent 
la  fertilité  d'invention,  en  même  temps  que  l'es- 
prit décoratif  des  céramistes  normands.  Si  cette 
dernière  partie  du  travail  de  M.  de  Vesly  com- 
plète très  heureusement,  à  la  manière  d'un  atlas, 
son  étude  archéologique,  elle  ne  mérite  pas 
moins  l'attention  de  tous  ceux  qui  s'intéressent 
à  l'emploi  de  la  céramique  ornementale  dans  la 
décoration  moderne. 

M.  N. 


LES      REVUES 


Russie 

Starye  Gody  (juillct-septembrel.  —  Triple  numéro 
se  rapportant  à  l'histoire  iirtlstique  de  l.i  maison 
lioin.'inov. 


—  A.  MrHÔxov.  L'Authenticité  des  portraits  du 
tsar  Michel.  —  Seul  celui  d'Olearlus  fut  dessiné 
d'après  nature. 

—  P.  MoiBATOv.  J,n  Peinture  d'icônes  sous  le  pre- 
mier tsar  de  la  maison  Homanov.  —  Fin  de  la  belle 
époque  d'iconographie  religieuse  qui,  au  coinmence- 
nient  du  xviii'  siècle,  était  «  retombée  dans  l'en- 
fance ■>. 

—  A.  T.  Documents  pour  servir  ù  l'histoire  des 
collections  impériales,  —  Ces  documents  concernent 
l'Ermitage  :  Al  Copie  des  Loges  de  Raphaël  ;  lij  Lettre 
de  Chodowiecki  ;  C)  Lettre  de  Keynolds  au  sujet  de 
ses  deux  tableaux  ;  D)  Clerisseau  et  Catherine  II. 

—  Baron  N.  Wkanofi,i..  L'Empereur  Mcolas  l"  et 
les  arts.  —  Tableaux  vendus  aux  enchères  ou  donnés. 
•  —  V.  LoUKÔMSKi.  Lettres  d'investiture  du  XVII'  et 
du  XVlll-  siècles. 

—  A.  Brnois  et  N.  Lancekav.  L'Architecture  sous 
Nicolas  /•'. 

—  S.  Iarémitch.  Un  Portrait  [détruit]  du  tsar  Ivan. 
—  il  se  trouvait  sur  une  fresque,  à  Kiev    xvn*  siècle). 

—  D.  Roche.  Les  l'urlrails  de  l'Impératrice  Elisa- 
beth par  Moreau  le  Jeune.  —  Portraits  décrits  par 
.Mahérault  ou  lui  ayant  appartenu  ;  l'un,  à  la  sanguine, 
se  trouve  au  Cabinet  des  Estampes,  à  Paris.  On 
aduieltait.  à  tort,  qu'aucune  œuvre  faite  pendant  le 
séjour  de  Moreau  en  Russie  ne  subsistait. 

—  P.  StolpUnski.  Le  Monument  de  Pierre  le  Grand 
par  liastrelti.  —  C'est  le  monument,  non  inauguré, 
que  Catherine  II  résolut  de  faire  remplacer  par  celui 
de  Falconet;  Paul  1"  le  fit  placer,  en  1800,  devant  le 
palais  qu'il  s'était  fait  bâtir. 

—  Baron  N  W.  Un  Nouveau  portrait  de  Catherine  II 
par  Falconet.  —  Portrait-médaillon  du  Musée  Jar- 
qiiemart-André,  que  la  statue  de  la  Gloire  entoure 
d'une  guirlande. 

—  Baron  .N.  W.  Une  Distraction  artistique  de  l'Im- 
pératrice Marie  Féodorouno.  —  Tableaux  vivants 
en  18^2. 

(Octobre:.  —  A.  Pôi.ovtsov.  Notes  sur  l'art  musul- 
man, d'après  tes  collections  du  musée  Stieglitz. 

—  \.  Lerfda.  La  «  .Madone  llenois  »  de  Léonard  de 
Vinci.  —  Raisons  de  croire  à  laulhenticllé  de  cette 
œuvre  (laquelle  vient  d'être  acquise,  depuis  peu,  par 
l'empereur,  pour  l'Ermitage). 

—  P.  StolpIanski.  Les  Ventes  d'objets  d'art  au 
XVIII'  siècle  à  Sainl-Pélersbourg  [suite). 

—  A.  T.  Un  Paysage  de  Gerrit  van  Hees  au  Palais 
d'hiver.  —  C'est  le  cinquième  tableau  connu  de  ce 
peintre,  dont  beaucoup  dœuvres  sont  manifestement 
attribuées  à  Ruysdael. 

—  P.  Oc;sTi.MoviTCii.  Un  Billet  d'invitation  à  une 
mascarade  chez  le  prince  Potemkine  en  1779.  — 
Reproduit. 

Le  Gérant  :  H.  Demis. 

P»ri«.  —  Itnp.  Ueorge»  Petit,  ti.  rue  Godol-dp-M»uroi . 


Numéro  610. 


5-> 

Samedi  31  Janvier  1914. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


Générosité  excessive 


La  nouvelle  avait  couru  dix  fois,  depuis  le 
retour  de  la  Joconde.  A  la  lîn  de  la  semaine 
dernière,  un  journal  Ta  reprise  et  publiée  avec 
de  tels  détails  que  le  sous-secrétariat  des  Beaux- 
Arts  a  dû  communiquer  un  démenti  catégorique  : 
non,  il  n'est  pas,  il  n'a  jamais  été  question 
d'offrir  à  l'Italie  deux  des  peintures  italiennes 
du  Louvre,  en  reconnaissance  de  la  restitution 
du  chef-d'œuvre  de  Léonard. 

Les  cœurs  généreux,  qui  trouvaient  toute  natu- 
relle cette  manifestation  de  la  gratitude  natio- 
nale, devront  en  faire  leur  deuil.  Mais  n'est-il 
pas  déjà  bien  singulier  qu'une  pareille  question 
ait  pu  ('tre  agitée"? 

On  voudrait  savoir  pourquoi  la  remise  à  la 
France,  légitime  propriétaire,  d'un  tableau  volé, 
entraîne  pour  le  pays  l'obligation  de  manifester 
sa  reconnaissance,  en  offrant  à  l'Italie  une  sorte 
de  compensation  prélevée  sur  le  patrimoine 
national.  Croit-on  que  si  le  voleur  de  la  Vierge 
à  Véloile-,  au  lieu  d'avoir  été  pris  à  Florence 
même,  était  venu  se  faire  arrêter  à  Paris,  nous 
ne  nous  serions  pas  crus  obligés,  par  la  probité 
la  plus  élémentaire,  à  restituer  à  nos  voisins  la 
peinture  de  l'Angelico?  Que  la  restitution  se 
fasse  avec  une  certaine  solennité,  que  l'on  prenne 
texte  des  circonstances  pour  échanger  des  paroles 
de  sympathie,  que  l'on  y  ajoute  mêma  quelques 
décorations,  rien  de  plus  légitime  et  de  plus 
conforme  à  la  courtoisie  internationale.  Mais 
vouloir  que  la  «  récompense  honnête  »  accordée 
à  M.  Geri  soit  également  due  au  pays  de  l'anti- 
quaire llorentin  et  que  l'importance  de  cette 
récompense  soit  calculée  selon  la  proportion  de 
ce  qu'est  une  nation  par  rapport  à  un  individu, 
pour  tout  homme  de  bon  sens  cela  s'appelle 
passer  la  mesure. 

A  supposer,  d'ailleurs,  que  le  principe  d'une 
telle  générosité  fût  hors  de  discussion,  c'est  se 
faire  une  singulière  idée  du  Conseil  supérieur 


des  beaux-arts  que  de  le  croire  autorisé  à  puiser 
dans  le  fonds  des  musées  nationaux  pour  les 
besoins  d'un  échange  nu  d'une   compensation. 

Si  la  nouvelle  d'une  cession  à  l'Italie  de  pein- 
tures du  Louvre  a  pu  rencontrer  quelque  créance, 
en  dépit  de  ce  qu'on  sait  de  l'inviolabilité  des 
musées  nationaux,  cela  vient  de  l'équivoque 
répandue  dans  le  public  sur  les  origines  d'une 
partie  de  nos  collections.  A  en  croire  certains, 
nos  musées  n'existeraient  pas  sans  les  conquêtes 
de  l'Empire  !  On  oublie  que  des  restitutions 
considérables  ont  été  faites  et  que,  pour  le  reste, 
des  traités  sont  intervenus  qui  règlent  la  situa- 
tion actuelle  ;  on  oublie  aussi  qu'il  n'est  peut- 
être  pas  un  grand  musée  au  monde  qui  ne 
tomberait  sous  le  coup  d'une  restitution,  le  jour 
où  l'on  devrait  rendre  à  chacun  ce  qui  lui  appar- 
tient; enfin,  si  l'on  insiste  volontiers  sur  telles 
de  nos  peintures,  autrefois  enlevées  à  l'étranger, 
on  ne  parle  jamais  de  celles  des  œuvres  d'art  qui 
nous  appartenaient  et  qui,  ayant  été  envoyées 
dans  les  musées  d'Anvers,  de  Mayence,  de  Milan, 
par  exemple,  au  temps  où  ces  villes  étaient  fran- 
çaises, y  sont  bel  et  bien  restées  quand  les  fron- 
tières de  notre  pays  se  sont  vues  ramenées  aux 
limites  actuelles. 

Moralité  :  gardons  notre  Centile  da  Fabriano 
que  l'Italie  ne  nous  demande  point,  et  que,  nous 
le  demandât-elle,  nous  ne  pourrions  lui  rendre. 

E.  D. 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 

Légion  d'honneur.  —  Par  décret,  en  date  du 
21  janvier,  M.  Edmond  Borchard,  artiste  peintre, 
inspecteur  de  l'enseignement  du  dessin  et  des  musées, 
a  été  nommé  chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

Académie  des  beaux-arts  (séance  du  24  janvier). 
—  M.  Henry  Lemonnier  donne  lecture  dune  notice 
sur  la  vie  et  les  travaux  de  M.  Jules  Comte,  le  regretté 
fondiiteur  de  la  Revue  de  l'art,  son  prédécesseur  dans 
la  section  des  académiciens  libres. 


34 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


—  L'Académie  propose  les  sujets  suivants  pour  les 
dittérentes  épreuves  dés  concours  Roux  de  1915  : 

Arctiitectura  :  un  Institut  français  dans  une  capi- 
tale étrangère: 

Sculpture  :  Secours  aux  al'/lirjés,  tiré  des  sept 
œuvres  de  miséricorde  du  cloître  de  l'École  des  beaux- 
arts  ; 

Peinture  :  Thésée  a  abandonné  Ariane  et  son  navire 
disparait  à  l'horiion.  Ariane  demeure  éplorée  sur  le 
rivage.  Bacchus,  accompagné  de  son  cortège  habi- 
tuel, survient  alors  et  cherche  à  la  consoler. 

Pour  ce  dernier  concours,  l'Académie  prévient  les 
concurrents  que,  étant  donné  les  dimensions  très 
restreintes  du  tableau  à  faire,  elle  exige  une  toile  qui 
soit,  non  pas  une  simple  pochade,  mais  une  œuvre 
sérieusement  exécutée  et  dont  les  morceaux  résistent 
à  l'examen. 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
(séance  du  23  janvier).  —  M.  René  Gagnât  commu- 
nique, de  la  part  de  M.  Carespins,  professeur  à  l'Uni- 
versité d'Alger,  un  fragment  d'inscription  honorifique 
provenant  de  Constantine. 

-—  M.  André  Boulanger  expose  le  résultat  des 
fouilles  qu'il  a  exécutées,  en  1913,  à  Aphrodisias  de 
Carie  (Asie-Mineure),  au  cours  de  la  mission  qui  lui 
.1  été  confiée  par  lé  ministre  de  l'Instruction  publique. 
Tout  l'eDort  de  la  campagne  a  été  consacré  au  déga- 
gement des  grands  Thermes,  vaste  ensemble  archi- 
tectural de  l'époque  d'Hadrien,  qui  est  peut-être 
l'exemplaire  le  plus  parfait  et  le  mieux  conservé  de  ce 
genre  d'édifice. 

—  M.  Louis  Châtelain  rend  compte  de  la  mission 
dont  il  a  été  chargé,  l'année  dernière,  par  la  direction 
des  Antiquités  et  des  Arts  du  gouvernement  tunisien. 
Poursuivant  ses  recherches  sur  la  partie  du  plateau 
de  Maklar  où  il  avait  découvert,  au  cours  d'une  pré- 
cédente campagne  de  fouilles,  un  macetlum,  ou  mar- 
ché, il  a,  cette  fois,  mis  au  jour  une  vaste  construc- 
tion composée  d'un  péristyle  et  de  plusieurs  salles. 
Une  prochaine  campagne  permettra  de  déblayer  com- 
plètement l'édifice  et  d'en  préciser  la  destination. 

M.  Louis  Châtelain  a  exhumé,  entre  autres  objets, 
une  statue  d'Esculape,  en  marbre,  d'un  travail  curieux. 

—  M.  L.  Havet  continue  ses  commentaires  des  Buco- 
liques. 

Société  nationale  des  antiquaires  de  France 

(séance  du  21  janvier).  —  M.  Marquet  do  Vasselot 
présente  .i  la  Société  un  ivoire  oriental  récemment 
acquis  par  le  Musée  du  Louvre. 

—  M.  Formigé  fait  une  communication  au  sujet 
du  château  de  Salon  (Bouches-du-Rhôue),  dont  il 
montre  un  plan  qu'il  vient  de  relever.  Cet  édifice 
est  malheureusement  menacé  d'une  destruction  assez 
prochaine,  car  il  a  beaucoup  souHert  d'un  tremble- 
ment de  terre  survenu  eo  1909. 

Société  de  l'histoire  de  l'art  français  ;séance 
du   9  janvier).  —  M.  Jules  GuifTrey  entretient  la 


Société  de  la  suite  de  dessins  pour  l'histoire  de  la 
reine  Artémise,  exécutés  à  la  fin  du  xvi*  siècle  par 
Antoine  Caron  et  plusieurs  de  ses  contemporains, 
sous  la  direction  de  Nicolas  llouel.  11  signale,  dans 
une  collection  de  dessins  nouvellement  découverte 
et  achetée  par  un  amateur  parisien,  quatre  feuihets 
se  rapportant  à  l'histoire  d'Artémise,  qui  viennent 
s'ajouter  aux  trente-neuf  dessins  du  Cabinet  des 
Estampes,  aux  trois  du  Louvre  et  aux  six  composi- 
tions du  musée  de  .Madrid  appartenant  à  cette  suite. 

—  .M.  Jean  Locquin  établit  que  les  «  Lettres  de 
C.-N.  Cochin  à  un  jeune  pensionnaire  de  l'Académie 
de  France  à  Rome»  furent  écrites  entre  décembre  1773 
et  avril  1774  et  adressées  à  Pierre-Charles  Jombert, 
prix  de  Rome  en  1772. 

—  M.  François  Monod  communique  des  notes  sur 
un  certain  nombre  d'œuvres  françaises  antérieures 
au  xix'  siècle,  conservées  dans  les  musées  d'Amé- 
rique. 

Commission  du  "Vieux  Paris.  —  La  Commission 
réclame  avec  insistance  une  réparation  devenue 
nécessaire  à  l'Arc  de  Triomphe  du  Carroussel,  dont 
les  inscriptions,  qui  commémorent  les  triomphes  de 
la  Grande-Armée,  sont  devenues  complètement  illi- 
sibles. 

Société  nationale  des  beaux-arts.  —  Samedi 
dernier  a  eu  lieu,  sous  la  présidence  de  M.  Roll, 
l'assemblée  générale  des  sociétaires  de  la  Société 
nationale  des  beaux-arts.  C'est  M.  Bartholoiné,  un 
des  vice-présidents,  qui  a  prononcé  le  discours 
d'usage.  M.  G.  Picard  a  ensuite  lu  le  rapport  finan- 
cier annuel. 

—  La  Société  rappelle  qu'une  section  de  musique  a 
été  créée,  il  y  a  huit  ans,  sur  l'initiative  de  M.  Paul 
Viardot  ;  les  œuvres  soumises  à  l'examen  du  jury  de 
cette  section,  pour  le  prochain  Salon,  devront  être 
déposées  au  siège  de  la  Société,  au  Grand  Palais, 
dans  la  journée  du  samedi  14  février. 

Musée  Carnavalet.  —  Le  service  d'architecture 
du  Musée  du  Louvre  a  cédé  au  Musée  Carnavalet, 
plusieurs  aigles  et  couronnes  impériales  en  bronze 
doré  provenant  de  l'ancien  palais  des  Tuileries. 

La  Grotte  du  Luxembourg.  —  Sur  le  rapport  de 
MM.  Lambeau  et  Mareu.se,  le  Comité  des  inscriptions 
parisiennes  a  arrêté,  dans  sa  dernière  séance,  le  texte 
de  la  nouvelle  inscription  qui  sera  placée  sur  là 
grotte  du  Luxembourg,  dès  que  seront  terminés  les 
travaux  de  réparation  auxquels  est  soumis  actuelle- 
ment ce  monument. 

La  nouvelle  inscription  rappelle  simplement  que  la 
grotte  fut  édifiée  de  1624  à  1630,  qu'elle  fut  rétablie,  à 
l'emplacement  qu'elle  occupe  aujourd'hui,  en  1862, 
par  A.  de  Gisors,  et  qu'on  lui  adossa  alors  une  façade 
où  fut  placé  le  bas-relief  de  la  fontaine  de  la  rue  du 
Regard. 

On  sait  que  la  construction  de  ce  gracieux  monu- 
ment, élevé  sur  l'ordre  de  Marie  de  Médicis  et  appelé 


ANCIEN    ET   MODERNE 


à  tort  fontaine  de  Médicis,   eit  attribuée  à  Jacquet 
de  Brosse. 

Expositions  annoncées.  —  La  Société  artistique 
des  amateurs  prépare,  pour  cette  année,  une  expo- 
sition, qui  aura  lieu,  au  Pavillon  de  l'Alcazar,  du 
4  mars  au  2  avril,  et  qui  sera  accompagnée  d'une 
«  rétrospective  »  analogue  à  celle  qui  eut  tant  de 
succès,  à  la  Galerie  Georges  Petit,  en  1899. 

Dans  cette  rétrospective,  la  Société  se  propose  de 
réunir  le  plus  grand  nombre  possible  d'oeuvres  exé- 
cutées autrefois  par  les  devanciers  des  Amateurs 
d'aujourd'hui  et  ayant  un  mérite  artistique.  Elle 
s'adresse  à  tous,  et  même  au.\  personnes  étrangères 
à  la  Société,  en  vue  d'obtenir  le  plus  de  concours 
possibles  pour  cette  exposition,  qui  s'annonce  comme 
devant  être  fort  curieuse,  à  en  juger  d'après  les 
promesses  déjà  reçues  :  boutons  peints  par  la  reine 
Marie -Antoinette  ;  ornements  d'église  brodés  par 
Madame  Elisabeth;  dessins  ou  peintures  de  Louis  X 111, 
du  prince  de  Joinville,  du  comte  de  Chambord,  du 
prince  impérial,  de  la  reine  Hortcnse,  etc. 

Les  travaux  artistiques  de  toute  espèce  seront  admis 
à  cette  exposition. 

Le  nouveau  billet  de  500  francs.  —  M.  Jean- 
Paul  Laurens  vient  de  terminer  la  composition  du 
nouveau  billet  de  cinq  cents  francs,  recto  et  verso, 
dont  il  avait  été  chargé  par  la  Banque  de  France. 
Voici  la  description  qu'en  donne  le  Figaro  : 

«  Au  recto,  deux  ligures  assises  :  le  travailleur  de  la 
terre  tenant  l'aiguillon  avec  lequel  les  bouviers  diri- 
gent l'attelage  de  la  charrue,  et,  lui  faisant  face,  une 
Gérés  moderne,  une  femme  des  champs  armée  de  la 
faucille  qui  vient  de  coucher  la  moisson.  On  voit,  au 
centre  du  tableau,  des  collines  et  des  champs  labourés 
que  traversent  des  bœufs  achevant  de  tracer  les  sillons, 
une  falaise  coupée  dans  le  roc,  et,  au  loin,  la  nier 
bleue  sur  laquelle  passe  une  voile."  L'entourage  ovale, 
indispensable  dans  le  billet  de  cinq  cents  francs,  est 
formé  d'une  guirlande  de  fruits  de  France.  Le  cadre 
est  une  Une  broderie  bleue  Renaissance.  Gomme  ins- 
cription :  Banque  de  France  et  le  chiffre  SOll  à  droite 
et  à  gauche.  La  teinte  dominante  est  un  violet  bleuté 
sur  lequel  se  détachent  les  verdures  du  chêne  et  du 
laurier  fermant  la  guirlande  de  fruits,  les  couleurs 
vives  de  ces  fruits,  la  mer  azurée,  les  carnations  des 
deux  ligures. 

«  Au  verso,  un  groupe,  —  la  Science  instruisant 
deux  enfants,  —  occupe  le  bas  de  la  composition  que 
deux  médaillons  —  .Mercure  et  Hercule  en  grisaille  — 
et  une  guirlande  de  fruits  très  dilTérente  de  celle  du 
recto,  complètent,  sur  un  semis  en  filigrane  de  mono, 
grammes  de  la  Banque  de  France  et  du  chitire  !>()«■ 
Ce  verso  recevra  au  centre  les  indications  et  signatures 
validant  le  billet.  » 

Souhaitons  à  la  composition  de  M.  Jean-Paul  Lau- 
rens une  gravure  meilleure  que  celle  du  dessin  de 
M.  Luc-Olivier  Merson  pour  le  billet  de  cent  francs, 


aquelle  est  bien  une  des  plus  remarquables  vérilica- 
tions  de  la  vieille  formule  :  Traduttore,  traditorel 

A  Dampierre.  —  Le  magnifique  château  de 
Dampierre  a  failli  être  la  proie  des  llammes  :  heureu- 
sement, l'incendie  a  pu  être  éteint  avant  qu'il  n'ait 
causé  de  trop  grands  ravages;  la  moitié  des  boiseries 
et  toutes  les  tapisseries  de  la  chambre  bleue,  dite  de 
.Marie  Leczinska,  ont  été  détruites. 

A  Copenhague.  —  l  ne  exposition  de  tableaux  et 
dessins  des  principaux  artistes  français  de  1800  à  nos 
jours,  s'ouvrira  le  15  mai.  dans  les  salles  du  musée 
royal  de  Copenhague,  mises  à  la  disposition  des  orga- 
nisateurs par  le  gouvernement  danois. 

Un  comité  de  patronage  est  eu  voie  de  formation, 
où  l'on  relève  déjà  les  noms  de  .MM.  le  ministre  de 
France  à  Copenhague,  Léonce  Bénédite,  conservateur 
du  Musée  du  Luxembourg  ;  R.  Kœchlin,  président  de 
a  Société  des  Amis  du  Louvre  :  Théodore  Duret, 
Ernest  Uouart,  Gallimard,  Moreau-Nélaton,  Olivier 
Sainsére,  Petitdidier,  Alfred  Beurdeley,  1)'  \iau,  Loys 
Delteil,  etc. 

Nécrologie.—  Notre  collaborateur  iM.  K.  Durand- 
Gréville,  mort  la  semaine  dernière  à  Paris,  était  âgé 
de  76  ans.  Il  s'appelait,  en  réalité,  Emile  Durand,  et 
il  était  né  à  Montpellier.  Après  avoir  fait  ses  études, 
il  fit  un  voyage  et  se  fixa  à  Saint-Pétersbourg:  il 
était  professeur  de  français  à  l'École  de  droit  de 
cette  ville,  quand  il  épousa  la  fille  d'un  de  ses 
collègues.  M"'  Alice  Henry,  que  ses  nouvelles  et  ses 
romansavaientdéjà  fait  connaître  sous  le  pseudonyme 
d'Henry  Gréville;  c'est  à  dater  de  ce  mariage  qu'il 
associa  à  son  nom  le  pseudonyme  de  sa  femme  et 
qu'il  collabora  assidûment  aux  principales  revues 
d'art.  H  s'attacha  à  l'histoire  de  la  peinture,  en  parti- 
culier à  celle  des  primitifs,  et  il  a  publié  nombre 
d'articles  sur  les  questions  qui  l'intéressaient;  on 
rappellera,  en  particulier,  ceux  qu'il  a  donnés  à  la 
Hetiue  sur  les  primitifs  ombriens,  sur  Albert  van 
Ouvfater  et  Gérard  de  Saint-Jean,  sur  les  deux  Pelrus 
Christus,  enfin  sur  plusieurs  peintures  de  Kaphaël.  De 
môoie  qu'il  avait  consacré  toute  une  série  d'ingénieux 
articles  à  la  Ronde  de  nuit,  de  même  il  se  donna  pour 
tâche  de  discerner,  dans  l'œuvre  des  Van  Eyck,  la 
part  (jui  revient  à  chacun  des  deux  frères  (le  résultat 
de  ses  recherches  forme  un  gros  volume,  publié 
on  1910);  enfin,  pendant  la  dernière  partie  de  sa  vie, 
il  s'est  elforcé  de  reconstituer  l'oeuvre  de  jeunesse  de 
Raphai'^l,  mise  trop  généreusement,  selon  lui,  sous 
le  nom  du  Pérugin.  C'était  un  homme  affable  et  un 
travailleur  scrupuleux,  qui  apportait,  dans  les  polé- 
miques, autant  de  courtoisie,  qu'il  mettait  de  minu- 
tieuse conscience  dans  ses  observations. 

—  Le  peintre  Gaston  Mêlingue,  mort  le  12  janvier, 
à  Paris,  était  le  fils  du  célèbre  comédien,  qui  fut  anssi 
sculpteur.  Élève  de  Cogniet,  d'Y  von  et  de  son  père, 
il  débuta  au  Salon  de  t863  et  exposa  depuis  iors  des 


36 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


sujets  de  genre  et  des  compositions  historiques.  Il 
avait  reçu  une  mention  honorable  en  1817  et  une 
médaille  de  3°  classe  en  1891. 

—  L'un  des  plus  célèbres  directeurs  des  Musées  d'Al- 
lemagne, Alfred  lAchlwark,  vient  de  mourir  à  Ham- 
bourg, à  l'âge  de  61  ans.  Né  à  Hambourg,  il  y  revint 
en  1886,  après  avoir  fait  ses  études  à  Leipzig  et  à 
Berlin,  où  il  fut  bibliothécaire  du  Musée  d'art  indus- 
triel. On  lui  doit  la  transformation  du  petit  musée 
provincial  de  Hambourg  en  une  des  plus  belles  gale- 
ries modernes  qui  soient.  Il  a  exprimé  ses  idées  sur 
l'art  et  sur  le  rôle  des  musées  en  une  série  de  brochures 
qui  serviront  longtemps  de  guides.  Contrairement  à 
d'autres  célèbres  directeurs  «  modernes  »,  il  favorisa 
l'art  local  :  c'est  à  la  Kunsthalle  de  Hambourg  que 
l'on  peut  le  mieux  étudier  les  maîtres  régionaux, 
depuis  Francke,  au  début  du  xv»  siècle,  jusqu'aux 
plus  récents  ;  mais  il  se  tint  à  l'écart  des  nouveautés 
outrancières.  S'il  fit  la  part  large  aux  peintres  alle- 
mands (il  a  réuni,  en  particulier,  une  remarquable 
collection  d'ouvrages  de  Liebermann),il  n'a  pas  hésité 
à  leur  donner  en  pendants  les  œuvres  françaises  qu'il 
jugeait  nécessaires  pour  compléter  la  galerie.  Enfin, 
il  a  marqué  un  intérêt  des  plus  vifs  pour  les  arts 


graphiques,  et  c'est  encore  à  la  Kunsthalle  de  Ham- 
bourg que  l'on  peut  suivre,  pour  ainsi  dire  sans  lacune, 
le  magnifique  développement  de  la  gravure  moderne 
sous  ses  aspects  si  variés;  Lichtwark  fut,  en  outre, 
un  des  premit;rs  à  mettre  en  œuvre  et  à  présenter  les 
précieux  feuillets  en  véritable  amateur.  —  M.  Mtd. 

—  Le  baron  Michel  Klodt,  qui  vient  de  mourir  à 
Saint-Pétersbourg,  était  né  en  cette  ville,  le  11  »ep- 
tembre  1835.  Fils  d'un  sculpteur  célèbre,  il  se  «on- 
sacra  à  la  peinture  et  se  distingua  par  un  talent  plein 
de  caractère.  Ses  meilleures  œuvres,  à  la  galerie 
Trétiakov,  à  Moscou,  et  au  Musée  Alexandre  III,  à 
Saint-Pétersbourg,  sont  d'une  inspiration  élevée. 
Trop  modeste  pour  prétendre  faire  autre  chose  que 
des  «  scènes  de  genre  »,  il  ne  put  pourtant  pas  empê- 
cher ses  belles  qualités  d'âme  de  se  manifester.  Ses 
œuvres  ne  confinent  jamais  à  l'anecdote;  elles  ont, 
au  contraire,  une  réelle  valeur  historique  ;  plusieurs 
sont  pénétrées  du  sentiuient  religieux  le  plus  sincère. 
Le  baron  Klodt  avait  terminé  sa  formation  artistique 
en  France  vers  1865;  il  gardait  un  amour  profond 
pour  la  France  et  pour  l'art  français.  Il  était  membre 
de  l'Académie  des  beaux -arts  de  Saint-Péters- 
bourg. —  I).  H 


CHRONIQUE    DES    VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —  'Vente  de  bustes  en  bronze 
anciens.  —  Salle  10,  le  28  janvier,  M*  Ballu  et 
M.  Klolz  ont  procédé  à  la  vente  de  deux  bustes 
en  bronze,  représentant  un  jeune  homme  et  une 
jeune  femme.  Annoncés  comme  auciens,  mais 
sans  aucune  désignation  d'époque,  ces  deux 
bustes,  adjugés  d'abord  provisoirement  11.600 
francs  l'un  et  10.000  francs  l'autre,  ont  été  réunis 
en  un  seul  lot,  qui  a  réalisé  26.050  francs. 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Succes- 
sion de  M.  M...  (tableaux,  objets  d'art,  etc.). 
—  Les  2  et  .'1  février,  salle  6,  M"  Oudard  et  Bau- 
doin, assistés  de  MM.  G.  Sortais,  Duchesne  et 
Uuplan,  et  Loys  Delleil,  procéderont  à  la  vente 
des  tableaux,  objets  d'art  et  d'ameublement,  dé- 
pendant de  la  Succession  de  M.  M...  Dans  le  cata- 
logue illustré,  dressé  à  l'occasion  de  ces  vacations, 
nous  remarquons  :  un  pastel  par  A.  Besnard, 
Jeune  femme  de  face,  à  mi-corps,  accordant  une 


mandoline;  un  dessin  rehaussé,  par  Dagnan- 
Bouverel,  Jeune  Bretonne;  deux  gouaches,  par 
Gustave  Moreau,  la  Licorne  et  le  Reitre;  enfin, 
trois  bronzes  de  Barye,  en  épreuves  anciennes, 
Thcsée  combattant  le  centaure  Bienor,  Lion  assis 
(des  Tuileries)  et  Cerf  aux  écoutes. 

Succession  de  M""  la  marquise  du  "V... 
(objets  d'art,  etc  ).  —  Du  2  au  4  février, 
salle  1,  à  l'Hùtel,  .M»  A.  Le  Ricque,  assisté  de 
MM.  Paulme  et  Lasquin,  procédera  à  la  vente 
des  objets  d'art  et  d'ameublement  dépendant 
de  la  Succession  de  M""^  la  marquise  du  V...  L'intérêt 
de  ces  vacations  réside  surtout,  pour  nous,  dans 
une  réunion  de  miniatures,  de  l'époque  du  pre- 
mier Empire,  par  Jacques.  Notons  encore  un 
bureau  plat,  d'époque  Régence,  en  bois  de  pla- 
cage et  bronzes.  (Catalogue  illustré.) 

A  Pau.  —  Collection  Lawrance  (2«  vente). 
—  Contentons-nous  de  signaler  la  vente,  qui 
aura  lieu  à  Pau,  rue  du  Lycée,  du  10  au  14  fé- 
vrier, par   le    ministère  de  M«  Kigoulet   et  de 


ANCIEN    ET    MODERNE 


37 


M.  E.  Descamps,  des  objets  de  vitrine,  d'art  et 
d'ameublement,  argenterie  ancienne,  etc.,  pro- 
venant de  la  Collection  de  feue  M"'«  F.-C.  Latvrance, 
et  renvoyons,  pour  plus  de  détails,  au  catalogue 
illustré  qui  a  été  dressé  à  cette  occasion. 

A  Berlin.  —  Tableaux  modernes,  etc^  — 
Le  10  février,  chez  Lepke,  aura  lieu  une  vente  de 
tableaux  et  d'aquarelles  modernes,  provenant  des 
collections  P.  Friedrich  et  P.  Mohn.  Il  a  été  dressé 
un  catalogue  illustré  à  l'occasionde  cette  vacation 
qui  ne  comprendra  guère  que  des  ouvrages  de 
peintres  allemands  modernes. 

Les  ventes   prochaines.   —    A   Paris.   — 

Dans  le  courant  de  février,  doit  se  faire  la  vente 
des  porcelaines  et  objets  d'art  dépendant  de  la 
Collection  de  feu  M.  Fitzhenry,  que  celui-ci  avait 
naguère  prêtés  au  Musée  des  Arts  décoratifs. 

—  Au  mois  de  mars,  aura  lieu,  à  la  (ialerie 
(ieorges  Petit,  la  première  des  venins  (|iii  doi- 
vent disperser,  par  suite  de  dissolution  de  société, 
le  stock  de  marchandises  commun  à  MM.  Jac- 
ques et  Arnold  Seligmann,  les  antiquaires  pari- 
siens bien  connus. 

—  On  parle  encore,  comme  devant  se  produire 
en  mai,  de  la  vente  des  tableaux,  dessins  et 
objets  d'art  modernes  coraposaut  la  Collection 
de  feu  M.  Roger  Marx,  noire  confrère,  récem- 
ment décédé. 

M.  N. 
ESTAMPES 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  M"  A.  Des- 
vouges  et  M.  L.  Delteil  annoncent,  pour  la 
semaine  prochaine,  deux  ventes  d'estampes  : 

—  La  première  aura  lieu  le  5  février,  salle  10, 
et  comprendra  des  estampes  françaises  et  an- 
glaises du  xvni«  siècle;  au  catalogue  illustré,  qui 
décrit  2a0  numéros,  on  relève,  en  particulier, 
des  œuvres  de  Boucher,  Baudouin,  Bonnet,  De- 
bxicoxirl  (les  Deux  baisers),  Kragonard  (les  Hazards 
heureux  de  l'escarpolette),  Janinet,  Lavreince 
(Qu'en  dit  l'abbé?},  Reynolds  (Lady  Smith  et  ses 
enfants),  G.  Morland  {Constancy.  Variely\. 

—  La  seconde  se  fera  le  10  février,  salle  7,  et 
sera  composée  d'çstampes  modernes  ;  le  cata- 
logue illustré  énumère  203  numéros,  parmi  les- 
quels on  citera  :  un  œuvre  abondant  de  Mary 
Cassait  (n"'  20-41).  de  Daumier  (n". 47-77),  des 
gravures  ou  lithographies  de  Carrière  [Verlainei, 
Daubigny,  Meryou  (n°»  143-163;  la  Morgue,  la 
Rue  des  Mauvais  Garçons,  le  Stry^e,  etc.).  Gail- 
lard, Jacque,  Lepère,  etc. 

R.  G. 


EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


I"  année  de  «  l'Exposition  »  (galerie  Brun- 
ner).  —  Peinture,  sculpture,  objets  d'art,  à  défaut 
de  vocable  disponible,  ainsi  se  désigne  un  groupe 
nouveau;  mais,  sous  ce  titre  vague,  une  bonne 
volonté  se  révèle.  Aussi  loin  de  l'impression- 
nisme expirant  que  du  cubisme  mort-né,  le  fait 
n'est-il  pas  expressif  d'avoir  donné  la  présidence 
au  styliste  discret  d'une  claire  Églogue  virgi- 
lienne,  M.  Francis  .\uburtin?  La  statuaire  d'un 
Catalan,  M.  José  Clara,  ne  décèle  pas  un  moindre 
penchant  pour  l'antique;  et  la  Rome  réelle  appa- 
raît encore  auprès  de  la  Grèce  rêvée  :  c'est 
M.  Robert  Lemonnier  qui  nous  conduit,  à  son 
tour,  au  Mont  Palatin.  Quand  le  sentiment  se 
recueille,  la  lumière  s'apaise  :  le  mystérieux 
portraitiste  G.  de  La  Perche,  une  pastelliste  de 
talent.  M"»  Claude  Marnef,  et  plusieurs  dis- 
ciples de  M.  Ernest  Laurent,  M"«  Suzanne  Jué, 
M.  Maurice  Mathurin,  M.  Descuàé,  M""=  Hertz- 
Eyrolles,  ne  diraient  plus  avec  Delacroix  ou 
Hegnault  :  «  Haine  au  gris  !  ■>  L'Italie  même,  à 
leurs  yeux,  s'embrume;  et  le  paysagiste  André 
Strauss  ne  voit  plus  les  gorges  d'Apremont  avec 
la  profonde  et  méticuleuse  ardeur  d'un  Théodore 
Rousseau,  qui  consternait  la  critique  retarda- 
taire de  1830. 

II»  Salon  des  Artistes  animaliers  (galerie 
La  Boétie).  —  Serait-ce  l'absence  d'une  «  rétro- 
spective »  de  Barye  ou  de  la  faune  exotique  du 
peintre  finlandais  Bruno  Liljefors?  Mais  cette 
seconde  année  paraît  notoirement  inférieure  à 
la  première  (1);  et  malgré  la  préser)ce  d'une 
gouache  érudite  de  M.  Mathurin  Méhent  ou  d'une 
gouache  fantaisiste  de  .M.  Manzana-Pissarro,  la 
palette  des  coloristes  le  cède  à  l'ébauchoir  plus 
savant  des  statuaires,  aux  bronzes  musculeux  de 
M.  Georges  Gardet,  aux  bronzes  palpitants  de 
M.  Rembrandt  Bugatti,  aux  bois  nerveusement 
sculptés  par  M.  Raymond  Bigot,  aux  études 
attentives  de  MM.  Perrault-Harry,  Jacques  Fro- 
ment-Meurioe,  Pierre  Christophe,  Henri  Vallette 
et  Navellier.  Dessinateur  et  sculpteur,  ami  des 
fauves,  des  reptiles  et  des  oiseaux  de  proie, 
M.  Paul  Jouve  domine  la  série  des  croquis  où  se 
distinguent  les  fusains  rehaussés  de  M.  Deluer- 
moz  et  les  observations  ornithologiques  du 
Dr  Joseph  Oberthur;  et,  minets  ou  matous,  les 

(i)  Voir  le  Bulletin  du  1"  mars  1913,  p.  69. 


.)« 


LE   BULLETIN   DE   L'Atlt 


chats  du  peintre-graveur  F.-H.  Oger  raviront,  par 
leur  naturel,  les  amoureux  fervents  ou  les  savants 
austères  qui  réservent  une  prédilection  baude- 
lairienne  au  «  tigre  du  foyer  ». 

L'Évolution  de  l'art  moderne  à  travers  les 
expositions  diverses.  —  l.e  temps  n'est  plus 
où  l'humour  de  Félix  Buhot  nous  emprisonnait 
dans  le  dilemme  du  Whistlérisme  et  du  Pissar- 
risme  [l],  el  les  révolutionnaires  appartiennent 
dorénavant  à  l'histoire.  Ciiez  Manzi,  c'est  Camille 
Pissarro  (1830-1903),  l'aîné  de  nos  impression- 
nistes et  le  plus  près  de  la  réalité  rustique.  Chez 
Bernheim  jeune,  c'est  encore  Cézanne,  depuis 
ses  débuts  inspirés,  comme  ceux  de  Pissarro, 
par  les  robustes  verdures  de  Courbet,  jusqu'à 
son  déclin  douloureux  que  la  jeunesse  a  trop 
regardé.  Cliez  Edouard  Pelletan,  c'est  Carrière 
et  son  Théâtre  populaire,  qui  fut  l'événement 
très  discuté  du  Salon  de  1895,  au  «  Champ-de- 
Mars  »  :  on  l'appelait  alors  le  Théâtre  de  belle- 
ville  ;  on  l'appelle  aujourd'hui  le  Théâtre  des 
Baliç/notlef  ;  et  dix-neuf  ans  ont  patiné  déjà  son 
mystère  inquiétant.  Chez  Paul  Rosenberg,  21,rue 
La  Bnétie,  c'est  Toulouse-Lautrec,  le  noctambule 
encore  plus  troublant  dans  sa  psychologie  clair- 
voyante et  fiévreuse,  qui  contraste  avec  les  objets 
d'art  élégants  de  M.  Paul  Iribe  et  la  belle  santé 
française  du  statuaire  Halou,  qui  se  comprend 
mieux  ici  que  dans  la  cohue  des  Salons. 

Chez  Druet,  c'est  un  jeune  peintre  suisse  dont 
la  Liseuse  nous  arrêtait  au  Salon  d'automne  : 
M.  Charles  Moutag;  il  peut  beaucoup,  s'il  veut 
oublier,  devant  l'émouvante  et  simple  nature,  la 
synthèse  barbare  de  Cézanne  et  des  Cézanniens, 
qui  n'est  qu'un  n  résultat  »  incomplet.  Avis  à 
M.  Itaoul  de  Mathan,  paysagiste  ou  dessinateur 
des  cours  d'assises,  un  des  plus  décevants  parmi 
lesanciensélèvesdu  visionnaire  Gustave  Moreau  ! 

Chez  Georges  Petit,  ce  sont  les  aquarelles  trop 
adroitement  gouachées  de  M.  Kosenstock  et  les 
jolis  petits  pastels  trop  également  vaporeux  de 
M.  André  des  Fontaines.  Chez  Ueitlinger,  ce  sont 
les  <<  impressions  »  de  voyage  de  M.  Charles  Hall 
Thorndike,  qui  descend  de  la  Bretagne  des 
pêcheurs  à  la  Venise  des  Duges,  en  passant  par 
la  Corse,  veuve  de  ses  bandits.  Chez  Devambez. 
après  les  notes  de  voyage  de  M.  François  Pascal, 
que  séduit  Constantiuople,  et  de  M.  Iloberlo 
Ramaugé,  que  le  souvenir  de  Venise  ensorcelle, 
c'est  la  troisième  exposition  du  paysagiste  russe 

(I)  Voir  /*  Journal  des  Arts,  n°  2,  janvier  1888,  à 
propos  de  re.xposition  des  XXXML  cher  Georges  Petit. 


Alexandre  Altmann,  le  peintre  des  aatomnes, 
qui  garde  un  certain  parti  pris  dans  son  àpreté. 
Chez  Marcel  Bernheim,  c'est  la  première  expo- 
sition particulière  du  paysagiste  français  Frnest 
Vauthrin,  qui  dévoile  la  discrète  émotion  de 
sa  sensibilité  native  dans  le  choix  de  ses  motifs 
crépusculaires  au  fin  fond  de  la  Bretagne,  de  la 
Hollande,  de  la  campagne  angevine  ou  de  notre 
vieux  Paris  qui  meurt;  et  parmi  tous  les  cris  du 
cabotinage,  ce  murmure  sincère  est  d'un  charme 
éloquent. 

Nous  parlerons,  dans  un  prochain  numéro, 
de  la  trente-sixième  exposition  des  Aquarellistes 
français,  chez  Georges  Petit,  de  la  neuvième 
année  de  la  Société  internationale  de  la  l'einture 
à  l'eau,  chez  Chaîne  et  Simonson,  et  des  deux 
«  rétrospectives  »  de  Daniel  Vierge  et  de  Gustave 
Doré,  que  la  Société  artistique  de  la  Gravure  sur 
bois  vient  d'organiser  au  Cercle  de  la  Librairie. 

r^AVMOMi    HOUYEB. 

LES 

Églises  romanes  des  Vosges 

à  propos  d'un  livre  récent  (I). 


M.  G.  Durand,  qui  avait  soutenu  en  i883,  à  sa 
sortie  de  l'École  des  Chartes,  une  thèse  sur  T/lrc/a- 
tecture  religieuse  du  pays  de  Vosges  (  /  000-1230),  a 
repris  son  sujet,  complété  son  enquête  et  publié 
sa  thèse  trente  ans  après  la  soutenance.  Avec 
quel  succès  il  a  mené,  dans  l'intervalle,  la  besogne 
archéologique,  lui  seul  ne  s'en  rend  pas  compte. 
Dans  son  introduction,  il  écrit  à  propos  des 
inlluences  :  »  Toutes  ces  questions  sont...  mieux 
à  leur  place  dans  les  œuvres  synthétiques  des 
maîtres,  qui  sont  plus  autorisés  et  mieux  placé** 
pour  voir  les  choses  de  haut.  »  Certes,  l'auteur  à 
qui  est  due  la  magnifique  monographie  de  la 
cathédrale  d'Amiens  est  un  maître.  J'ajoute  que 
voir  les  choses  de  haut,  ce  n'est  pas  toujours  les 
bien  voir  :  on  peut  considérer  nos  architectures 
provinciales  de  si  haut  et  de  si  loin  qu'on  les 
distingue  assez  mal  Fort  heureusement,  mon 
confrère  n'a  pas  suivi  à  la  lettre  son  programme 
et.  plus  d'une  fois,  il  remonte  jusqu'à  l'origine 
des  formes  et  des  procédés. 

(1)  Églises  romanes  des  Vosges,  par  Georges  Duhakd 
(Paris,  Champion,  in-**,  ii-396  pages,  299  figures; 
Supplément  de  la  Hevue  de  l'art  chrétien.  11). 


ANCIEN   ET    MODERNE 


39 


M.  fi.  Durand  étudie  les  églises  romanes.  Certains 
regretteront  peut-i-'tre  qu'il  n'ait  pas  déllni  pins 
nettement  ce  qu'il  entend  par  là;  c'est  un  point 
secondaire  :  de  quelque  nom  qu'on  les  appelle, 
romans  ou  non,  les  édifices  qu'il  examine  forment 
un  ensemble  d'un  remarquable  intér*''t. 

I.e  département  des  Vosges  est  une  partie,  la 
partie  méridionale,  de  l'ancien  royaume  de 
Lorraine;  son  territoire  appartenait  presque  en 
'Mitier  au  diocèse  de  Toul.  Il  n'a  pas  d'églises 
antérieuies  à  l'an  1000,  et  bien  peu  de  la  période 
1000-1  IfiO.  Vers  cette  dernière  date,  on  prit  l'habi- 
tude de  vortter  les  églises,  et  longtemps  on 
employa  les  voûtes  romanes  concurremment  avec 
la  croisée  d'ogives. 

■Le  pays  des  Vosges  n'était  pas  un  foyer  d'art 
dont  le  rayonnement  fiU  intense;  il  a  plus  reçu 
que  donné.  D'où  vient  son  architecture'?  Si  on 
jette  les  yeux  sur  une  carte,  on  voit  que  cette 
architecture  vosgienne  est  placée  dans  le  rayon 
d'influence  de  la  Champagne,  d'une  part,  des 
pays  rhénan  et  germanique,  de  l'autre.  Or, 
M.  G.  Durand  connaît  ces  marches,  ce  qui  lui 
permet  maints  rapprochements  instructifs. 

Le  caractère  »  lombardo-germanique  "  le  plus 
accusé  dans  les  églises  des  Vosges  est  le  plan 
carré  des  travées  de  la  nef,  avec  les  conséquences 
que  ce  plan  entraîne  :  l'alternance  des  supports 
et  les  fenêtres  couplées.  L'usage  des  chapiteaux 
cubiques,  l'absence  de  contreforts  aux  angles 
des  clochers,  la  présence  de  lions  en  avant  des 
portes  sont  encore  des  similitudes  avec  le  style 
germanique.  Par  contre ,  les  architectes  des 
Vosges  ont  renoncé  de  bonne  heure  «  aux  cor- 
dons d'arceaux  et  aux  bandeaux  verticaux  »,  en 
d'autres  termes,  aux  arcatures  et  bandes  lom- 
bardes ;  leurs  tours  centrales  sont  carrées,  comme 
en  Champagne,  et  non  polygonales,  comme  en 
Alsace  et  de  l'autre  côté  du  Rhin. 

Vers  le  v)u°  siècle,  une  architecture  se  serait 
constituée,  que  les  Italiens  dénomment  lom- 
barde, que  M.  de  Lasteyrie  appelle  carolingienne 
et  à  laquelle  M.  Durand  prête  un  rôle  primordial. 
L'art  vosgien  aurait  répudié  certaines  de  ces 
traditions  carolingiennes.  (]ui  se  sont  développées 
dans  les  écoles  normande  et  germanique  ;  il  en 
aurait  conservé  d'autres.  A  la  fîn  du-  xi'  siècle, 
son  originalité  s'affirma;  il  se  tint  en  contact 
avec  l'Ouest  et  le  Midi  plutôt  qu'avec  l'Est  et  le 
Nord,  il  est  plus  français  qu'allemand.  11  pré- 
sente avec  la  Provence  et  l'Italie  quelques  ana- 
logies, dont  il  faudrait  chercher  la  cause  dans 
une  même  origine, 


Cette  idée  d'un  fonds  commun  aux  diverses 
écoles  romanes  revient  plus  d'une  fois  dans  le 
livre.  N'est-ce  pas,  cependant,  moins  une  consta- 
tation positive  qu'une  hypothèse  commode  pour 
donner  la  raison  de  certains  faits".'  Prenons 
comme  exempte  l'alternance  des  supports,  qui 
s'observe  en  divers  pays  et  notamment  en  Nor- 
mandie: on  a  dit  que,  si  les  architectes  normands 
ont  adopté  cette  disposition,  ce  n'est  pas  à  l'imi- 
tation d'autres  écoles,  mais  uniquement  parce 
qu'elle  présentait  des  avantages.  Cette  explica- 
tion est  fort  insuffisante,  parce  que  d'autres 
partis  étaient  possibles,  et  il  s'agit  précisément 
de  savoir  pourquoi  les  Normands  ont  fait  choix 
de  celui-là.  La  question  s'éclaire  si  on  admet 
que  Normands,  Lorrains,  etc.,  ont  pris  cette 
combinaison  dans  le  style  carolingien. 

Par  malheur,  il  n'est  pas  bien  établi  que  ce 
style  ait  existé  ;  M.  de  Lasteyrie  est,  sur  ce  point, 
moins  afiirmatif  que  M.  G.  Durand  (1).  Et,  sans 
doute,  ses  réserves  sont  justifiées  :  l'histoire  du 
vin"  siècle  n'aide  guère  à  comprendre  cette  vaste 
centralisation  artistique,  et  je  ne  sais  pas  si  la 
Renaissance  de  Charlemagne  fut  autre  chose 
qu'un  mouvement  officiel  et  superficiel,  sans 
action  profonde  sur  l'évolution  de  l'architecture. 
Pour  tout  dire,  je  suis  porté  à  faire  la  part  plus 
restreinte  à  l'influence  du  style  carolingien,  plus 
large  aux  échanges  d'école  à  école. 

Qu'on  veuille  bien  le  remarquer,  jo  ne  rejette 
pas  absolument  la  théorie  de  M.  Durand  :  elle 
est  parfois  bien  séduisante.  Mon  confrère  signale, 
dans  une  famille  d'églises  dotées  d'un  clocher  sur 
le  chœur,  un  dispositif  de  piliers  et  d'arcs  longi- 
tudinaux, qui  rappelle  étrangement  un  groupe 
d'églises  archaïques  des  Charentes  et  du  Libour- 
nais.  D'où  peut  bien  provenir  cette  similitude".' 

Il  ne  m'est  pas  possible  de  résumer  le  livre 
très  nourri  dont  je  rends  compte.  Voici,  du  moins, 
quelques  faits.qui  ont  attiré  mon  attention. 

En  plan,  plusieurs  absides  vosgiennes  sont 
courbes  en  dedans,  polygonales  en  dehors.  Les 
déambulatoires  sont  exceptionnels,  aussi  bien 
que  les  triforiums. 

Parmi  les  particularités  de  construction,  je 
note  le  tracé  irrégulier  d'un  grand  nombre  d'ex- 
trados. L'arc  brisé,  inconnu  auxi»  siècle,  est  rare 
au  sue.  L'emploi  de  la  voûte  d'arêtes  est  long- 
temps de  règle  sur  les  bas-côtés,  même  lorscjne 


(1)  \on  l'Archilec/ure  reliffieuxe  en  France  à  l'épo- 
que romane,  p.  36, 


40 


LE    BULLETIN   DE    L'ART 


la  nef  est  voûtée  d'ogives.  Dans  des  croisées 
d'ogives,  l'ogive  est  pointue  à  la  naissance  ;  cette 
foiiibinaison  n'est  pas  inconnue  dans  le  Sud- 
Ouest  :  on  l'observe  dans  l'église  de  Villeneuve- 
de-Marsan  et  dans  la  salle  capitulaire  de  Huerla, 
une  abbaye  fondée  en  Castille  par  les  Bénédictins 
de  Verdun  (Tarn  et-Garonne)  (1).  Dans  presque 
toutes  les  voiites  d'ogives,  l'ossature  seule  est 
appareillée,  les  remplissages  sont  de  moellon- 
nage.  Les  Vosges,  qui  ont  quelques  coupoles 
nervées,  possèdent  un  seul  cul-de-four  sur  ogives. 
Dans  lés  clochers,  les  fenêtres  sont  parfois  gémi- 
nées, et  les  deux  arcs  retombent  sur  une  colonne 
dont  le  tailloir  s'allonge  dans  le  sens  du  tableau, 
de  façon  à  supporter  le  mur  dans  toute  son 
épaisseur. 

La  statuaire  est  mauvaise.  Les  chapiteaux 
cubiques  sont  très  fréquents,  et  les  chapiteaux 
godronnés,  très  rares.  De  l'antiquité,  il  subsiste 
quelques  motifs  :  l'acanthe,  l'ove,  des  colonnes 
torses,  des  baies  carrées  à  chambranle  qui  s'en- 
cadrent bizarrement  dans  les  portes  arquées, 
des  chapileau.x  à  feuilles  de  laurier,  comme  il  en 
existe,  bien  loin  de  là,  au  Musée  d'Oviédo.  Les 
ornemanistes  ont  taillé  volontiers,  sur  les  sur- 
faces planes  qu'ils  voulaient  décorer,  des  étoiles 
à  quatre  rais  imitées  de  l'Orient  et  que  l'on 
retrouve,  très  anciennement,  dans  l'ouest  de 
l'Kspagne. 

Enfin,  le  style  roman  a  persisté  jusqu'à  une 
époque  avancée  :  «  A  défaut  de  documents  pré- 
cis, —  et  ils  sont  rares,  —  les  églises  romanes 
de  la  Lorraine  ne  peuvent,  le  plus  souvent,  être 
datées  qu'avec  la  plus  grande  prudence  et  sous 
les  plus  expresses  réserves».  La  Lorraine  a  cela 
de  commun  avec  bien  d'autres  provinces. 

Le  livre  est  copieusement  illustré  de  dessins 
et  de  photographies,  dont  beaucoup  sont  fort 
Jolies.  Les  dessins  sont  à  une  échelle  constante, 
ce  qui  permet  d'évaluer  plus  aisément  les  di- 
mensions de  chaque  édifice  ;  par  malheur, 
l'échelle  (0°'002b  pour  les  plans)  est  un  peu  petite 
quand  il  s'agit  de  constructions  compliquées. 

En  écrivant  ce  volume,  M.  G.  Durand  a,  une  fois 
de  plus,  donné  un  exemple  qui  mérite  d'être 
suivi.  Les  archéologues  publient  force  monogra- 
phies :  cela,  évidemment,  est  utile;  mais  il  y  a 
mieux  à  faire  :  c'est  d'étudier  des  séries  d'édi- 


(i)  Marquis  de  Cerraibo,  Discurws  leidos  antt  la 
Real  Academiii  de  la  hislona  en  »/  de  mayo  de  I90S, 
pHoche  après  la  p.  252. 


fices,  les  églises  d'un  diocèse  ou  d'un  départe- 
ment. Les  travaux  de  ce  genre  sont  ceux  qui 
nous  manquent  le  plus,  non  pas  les  généralisa- 
tions hâtives,  mais  les  enquêtes,  comme  celle- 
ci,  patiemment  conduites,  longuement  mûries. 
Après  avoir  lu  le  beau  livre  de  l'archiviste  de 
la  Somme,  j'ai  eu  la  curiosité  de  reprendre  les 
positions  de  thèse  de  l'étudiant  de  1883  :  le 
rapprochement  est  instructif;  il  montre  qu'en 
archéologie,  le  temps  est  un  collaborateur  néces- 
saire; il  faut  laisser  les  impressions  se  tasser  et 
revoir,  plusieurs  fois  même  si  l'église  est  com- 
ple.\e  et  le  problème  difficile  ;  entre  deux  voyages, 
on  lit,  oh  compare,  on  réiléchit.  Le  travail  appa- 
rent suppose  un  travail  invisible  et  souterrain 
qui  est  considérable,  comme  en  ces  cathédrales 
gothiques,  dont  les  fondations  «  sont  aussi  colos- 
sales que  le  monument  lui-même  •>  {\).  A  ce  prix, 
M.  Durand  a  construit,  cette  fois  encore,  un  édi- 
fice solide  et  durable  :  certains  détails  pourront 
être  emportés;  le  gros  œuvre  défie  le  temps. 

J.-A.  Bbutails. 

LES      REVUES 


Fra.ncf, 


L'Art  et  les  artistes  (octobre).  —  Marquis  de 
Tbessan.  La  l'einlure  en  Orienlet  enEjrlréme-Oi-ienl. 
—  -Numéro  spécial,  comprenant  la  peinture  chinoise, 
la  peinture  japonaise,  la  peinture  musulmane  (école 
(le  Mésopotamie,  peinture  persane,  peinture  indo- 
musulmane  . 

KussiF. 

Staryé  Godie  inovembre'.  —  Alexandre  Bknois. 
La  Collection  de  dessins  de  M.  larémitch.  —  Toutes 
les  écoles,  depuis  le  xvi*  siècle,  sont  représentées. 
Un  Rembrandt.  Beaucoup  d'oeuvres  françaises. 

—  Baron  A.  de  Foelkkrsam.  Le  Galuchat  et  son 
application  aux  arts  —  Étudié  d  après  les  objets 
appartenant  à  l'Ermitage. 

—  P.  Sroi.plASSKi  Les  Ventes  d'objets  d'art  nu 
XVIII'  siècle  à  Snint-l'éle)sl)ouri/.  (h'inj. 

—  Baron  ÎS.  Wbanoell.  La  Vente  de  la  collection 
Delàrov.  —  Elle  aura  lieu  à  Paris,  dans  le  courant 
de  cette  saison  1914  ;  l'auteur  regrette  que  la  Russie 
ne  l'ait  pas  conservée  —  Denis  Kociic. 

(I)  Durand.  Monographie  de  l'église  Noire-Dame, 
cathédrale  d'Amiens,  t.  I,  p.  202. 

Le  Gérant  :  H.  Di.nis. 

Pari».  —  Imp.  Oeor^s  Petit,  li,  ru«  Godot-de-Uauroi . 


Numéro  611. 


(H 


Samedi  7  Février  1914. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


ANCIEN    ET    MODERNE 


La  Photographie 
dans  les  Musées  nationaux 


La  Question  du  privilège. 

Il  y  a  quelques  mois,  l'administration  des 
Beaux-Arts  a  fait  passer  dans  les  journaux  une 
note  portant  à  la  connaissance  du  public  que  le 
traité  qui  concédait  depuis  trente  ans,  à  une 
maison  d'édition  photographique  de  Paris,  le 
privilège  de  la  photographie  dans  les  Musées 
nationaux,  étant  arrivé  à  un  an  de  son  expira- 
tion, venait  d'être  dénoncé  et  qu'il  allait  être 
procédé  à  une  révision  de  ce  traité,  en  vue  d'une 
adjudication  nouvelle  (1). 

Depuis  lors,  silence  absolu...  (Jue  s'est-il  passé? 
Uuel  accord  est  intervenu  ?  Une  adjudication 
nouvelle  a-t-elle  eu  lieu,  et  sur  quelles  bases? 
Autant  de  questions  que  le  public  se  pose  sans 
qu'on  puisse  lui  fournir  une  réponse  satisfai- 
sante. 

Ces  questions  ne  sont  pourtant  pas  de  celles 
qui  n'intéressent  qu'un  petit  nombre  d'initiés; 
elles  sont  liées  à  quelque  chose  de  plus  élevé 
qu'une  alTaire  commerciale,  et,  comme  on  vou- 
drait le  montrer  en  quelques  articles,  leur  réper- 
cussion peut  se  faire  sentir  bien  au-delà  des 
limites  de  notre  pays.  Il  serait  singulier  qu'elles 
fussent  réglées  sous  le  manteau. 

Pour  en  faire  bien  saisir  la  portée,  il  importe 
tout  d'abord  de  rappeler  les  dispositions  essen- 
tielles du  traité  établissant  le  privilège  de  la 
maison  Braun.  Et,  soit  dit  en  passant,  on  voudra 
bien  croire  qu'il  ne  s'agit  point  ici  d'une  cam- 
pagne dirigée  personnellement  contre  la  maison 
Braun,  avec  laquelle  la  Revue  a  toujours  entre- 
tenu d'excellentes  relations  commerciales  ;  on 
est  bien  obligé  de  la  mettre  en  cause,  puisque 
c'est  en  sa  faveur  que  le  privilège  de  la  photo- 
graphie dans  les  Musées  nationaux  a  été  établi  ; 


I 


(1)  Voir  le  n*  602  du  Bulletin. 


mais,  encore  une  fois,  cette  affaire  est  de  celles 
dont  l'intérêt,  on  peut  dire  :  national,  dépasse 
de  beaucoup  les  questions  de  personnes  ou  de 
firmes. 

Par  traité  en  date  du  3  décembre  1883,  déclaré, 
par  arrêté  ministériel  du  30  mai  1885,  exécutoire 
à  partir  du  1"'  février  de  cette  dernière  année, 
l'Etat  a  concédé  à  la  maison  Braun,  pour  trente 
ans  :  1"  le  droit  de  prendre  le  titre  officie!  de 
photographe  du  .Musée  du  Louvre  et  des  Musées 
nationaux  ;  2»  un  atelier  de  photographie  au 
Louvre;  3"  une  salle  de  vente  des  photographies 
du  Louvre;  et  divers  avantages  accessoires. 

Il  va  de  soi  qu'en  regard  de  ces  avantages,  la 
maison  Braun  se  reconnaissait  tenue  à  divers 
engagements,  portant,  en  particulier,  sur  le  dépôt 
d'un  certain  nombre  d'épreuves,  sur  la  nécessité 
de  s'en  tenir  à  des  prix  de  vente  fixés  par  avance, 
et  surtout  sur  l'abandon  à  l'État,  à  l'expiration 
de  son  contrat,  des  sept  raille  clichés  que  le 
traité  l'obligeait  à  exécuter. 

Chacune  de  ces  questions  mérite  d'être  exa- 
minée en  détails,  et  l'on  y  reviendra. 

Pour  aujourd'hui,  la  seule  qui  importe,  c'est 
la  question  de  principe. 

Admissible,  peut-être  —  et  encore  !  —  dans 
les  conditions  où  la  photographie  se  trouvait  il  y 
a  trente  ans,  un  tel  privilège  est  devenu,  à  la 
longue,  indéfendable,  et  M.  Massé,  dans  son  rap- 
port sur  le  budget  des  Beaux-Arts  à  la  Chambre 
en  1903,  n'a  pas  eu  de  peine  à  montrer  combien 
les  obligations  fixées  par  ce  «  monopole  exorbi- 
tant» étaient  loin  d'être  la  contre-partie  des 
avantages  concédés.  Aujourd'hui,  un  tel  privilège 
est  en  contradiction  non  seulement  avec  la  vul- 
garisation de  la  photographie,  mais  encore  avec 
la  jurisprudence  établie  à  l'étranger  pour  la 
durée  de  protection  des  épreuves  photographi- 
ques, durée  dont  le  minimum  est  de  cinq  ans 
(Hongrie,  Danemark,  Suède)  et  le  maximum  de 
dix  ans  (Allemagne,  Autriche).  Un  tel  privilège 
est  un  obstacle  à  la  grande  trtche  sociale  du  relè- 
vement du  goût  et  de  la  diffusion  du  sentiment 


42 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


artistique.  Un  tel  privilège  est  anti-démocra- 
tique. Enfin,  un  tel  privilège  est  humiliant  pour 
notre  pays,  qui  est  le  seul  au  monde  où  l'on 
rencontre  un  monopole  de  ce  genre,  mais  qui 
n'est  pas  le  seul  à  en  subir  les  fâcheuses  consé- 
quences. 

Voilà  quelques-unes  des  raisons  pour  les- 
quelles le  privilège  de  la  photographie  dans  les 
Musées  nationaux  ne  devrait  pas  t>lre  renouvelé. 

E.  D. 

CfiO<^C«3C0OC0OC«3CraC6OCeOC6OC6QCraC«OOK)C9O 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Actes  officiels.  —  Le  Journal  officiel  du  27  jan- 
vier a  publié  la  liste  de  répartition,  entre  le  Musée 
du  Luxembourg  et  les  musée?  de  province,  des  œuvres 
d'art  acquises  récemment  par  l'État. 

Académie  des  beaux-arts  (séance  du  31  janvier). 
—  L'Académie  est  autorisée  à  accepter  le  legs,  qui 
lui  a  été  fait  par  M.  Daumet,  d'une  rente  de  4.500  fr. 
devant  être  partagée  en  trois  annuités  de  l..'iOO  fr. 
chacune,  qui  seront  servies,  pendant  trois  ans,  à  des 
pensionnaires  architectes,  sortis  de  la  Villa  Médicis 
après  avoir  rempli  toutes  les  obligations  prévues  par 
les  règlements. 

—  MM.  Laloux  et  Cûrmon  sont  délégués  pour  faire 
partie  de  la  commission  des  séries  arti.«liqiies  des 
forêts  domaniales,  récemment  créée  au  ministère  de 
l'Agriculture. 

—  L'Académie  a  procédé  à  la  désignation  des  jurés 
qui  seront  adjoints  aux  membres  des  sections  com- 
pétentes pour  le  jugement  des  diverses  épreuves  des 
concours  de  Rome.  Ont  été  désignés  ; 

Peinture.  —  Titulaires  :  MM.  Muénier,  Schommer, 
Saint-Geruiier,  Chabas,  Gorguet,  Déchenaud,  Roger; 
supplémentaires  :  MM.  Albert  Laurens,  Maxence, 
Henri  Martin,  Renard. 

Sculpture.  —  Titulaires  :  MM.  Boucher,  Hannaux, 
Blondat,  Gasq;  supplémentaires:  MM.  Terroir,  Cor- 
donnier. 

Architecture.  —  Titulaires  :  M.M.  Mayeux,  llanno- 
tin,  Redon,  Guilliero;  supplémentaires  :  MM.  Patouil- 
lard,  Tournaire. 

Gravure  en  taille  douce.  —  Titulaires  :  MM.  Qui- 
dor,  Vyboud;  supplémentaire  :  M.  Patricot. 

Gravure  en  médailles.  —  Titulaires  :  MM  Rotté, 
Henri  Dubois;  supplémentaire  ;  M.  Grégoire. 

Composition  musicale.  —  Titulaires  :  MM.  Puget, 
Charles  Lefebvre,  Bilsser;  supplémentaires  :  MM.  Vi- 
dal, Debussy. 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 

(séance  du  30  janvier).  —   M.  DIeulafuy  rend  compte 
du  résultat  des  recherches  entreprises  à  Saint-Ber- 


trand-de-Comminges,  l'antique  Lugdunum  Convena- 
rum,  par  la  Société  des  fouilles  archéologiques,  et  de 
la  découverte  d'une  basilique  chrétienne  remontant  à 
l'époque  de  Constantin. 

La  première  trouvaille  fut  celle  de  trois  sarcophages 
en  marbre  des  Pyrénées  qui,  par  leilr  forme,  sem- 
blaient remonter  au  v  ou  au  vi*  siècle.  Le  déblaie- 
ment méthodique  entrepris  à  la  suite,  sous  la  direc- 
tion de  M.  Lizop,  permit  de  dégager  onze  nouveaux 
sarcophages  et  de  reconnaître  qu'ils  avaient  tous  été 
placés  dans  l'enceinte  d'une  basilique  chrétienne. 

M.  Dieulafoy  rappelle  que  Luqdunum  Cunveiiarum 
fut,  une  première  fois,  saccagé  par  le»  Vandales, 
vers  409,  et  détruit  de  fond  en  comble  par  les  Bur- 
gondes,  sous  les  ordres  de  leur  roi  Contran,  en  584 
ou  585. 

Or,  les  fouilles  prouvent  qu'on  a  défoncé  le  dallage 
en  marbre  de  l'église  et  ia  couche  de  béton  qui  le  por- 
tait pour  préparer  les  fosses  :  la  basilique  est  donc 
antérieure  au  début  du  vi'  siècle.  Les  fouilles  ont 
nic'me  montré  qu'à  cette  époque  elle  aurait  elle-même 
été  déjà,  sinon  reconstruite,  du  moins  restaurée  et 
agrandie,  et  que  la  primitive  basilique  épousait,  en 
partie,  les  fondations  d'un  édilice  romain  hypoityle. 
Il  y  a  donc  lieu  de  supposer  que  la  basili(|ue  primitive 
fut  en  partie  détruite  par  l'invasion  de  409,  restaurée 
quelques  aunées  plus  tard  et  que  c'est  dans  la  basi- 
lique nouvelle  que  furent  déposés  les  sarcophages. 

On  en  a  la  preuve  dans  ce  fait  qu'on  a  trouvé  sur  le 
sol  de  la  basilique  de  nombreuses  monnaies  frappées 
par  Constantin,  par  Constance  et  par  Gralien,  asseis- 
siué  en  382.  l'ne  pierre  tuumiaire  d'un  prêtre  mort 
sous  le  consulat  de  Dufln  et  d'Eusèbe  (341  fournit  un 
argument  nouveau  de  précision  chronologique. 

La  basilique,  ainsi  datée,  se  composait  d'un  vais- 
seau long  de  32  m.  60,  large  de  13  m.  60,  divisé  en  une 
nefetdeux  collatéraux  par  deux  files  de  huit  colonnes. 

Les  fouilles  ont  dégagé  les  murs  enduits  ilun  crépi 
rose  sur  une  hauteur  variable  mais  toujours  faible, 
les  fondations  de  plusieurs  colonnes,  dos  fragments 
de  vases,  de  ffits,  de  chapiteaux,  plusieurs  carreaux 
de  marbre  blanc  provenant  du  dallage,  les  tuiles  à 
crochets  de  la  toiture  et  des  éclats  extrèweuient  nom- 
breux de  pierres  sculptées.  En  outre,  en  creusant  une 
fosse  dans  le  cimetière  Saint-Julien,  contigu  aux  ex- 
cavations et  à  cinq  mètres  de  l'abside,  on  a  trouvé 
six  fûts  de  colonnes  et  un  chapiteau  à  peu  près 
intact. 

Désormais,  la  restitution  complète  et  certaine  de 
l'édifice  devenait  possible.  M.  Dieulafoy  l'a  effectuée 
et  en  retrace  les  grandes  lipnes  :  il  conclut  en  remar- 
quant que  si  l'édifice  n'était  pas  luxueux,  du  moins 
il  était  vaste  et  bien  aménagé. 

L'intérêt  tout  à  fait  exceptionnel  de  la  découverte 
tient  à  ce  que  la  basilique  de  Liiydimum  Convennrum 
est  de  beaucoup  le  plus  ancien  monument  chrétien 
de  la  Gaule  et  que  sa  fondation  doit  être  placée  à  une 
date  très  voisine  de  celle  de  la  basilique  d'Orléansville. 

—  M.  Pelliot  commente  une  série  de  nouveaux 


ANCIEN    ET   MODERNE 


43 


documents  sur  le  christianisme  en  Asie  centrale  au 
moyen  Age. 

Société  nationale  des  antiquaires  de  France 

(séance  du  28  janvier).  —  M.  Dimier  Tait  une  commu- 
nication au  sujet  de  la  statue  d'Hercule  en  argent, 
commandée  à  Benvenuto  Cellini  par  François  1"  pour 
l'entrée  de  Charles-Quint  à  Paris,  en  1540. 

—  M.  J.J.  Guiffrey  montre  â  la  Société  les  photo- 
graphies d'une  série  de  dessins  français  du  xvi'  siè- 
cle, pour  une  tenture  de  tapisseries  en  l'honneur  des 
rois  de  France,  depuis  François  1"  jusqu'à  Henri  III. 
Ces  dessins  ont  été  exécutés,  comme  ceux  de  la  ten- 
ture d'Artémise,  par  les  soins  de  Nicolas  llouel, 
apothicaire  parisien  ;  s^rtains  d'entre  eux  sont  pro- 
bablement l'œuvre  du  peintre  Antoine  Caron. 

Musées  nationaux.  —  Par  décret  paru  au  Jouninl 
officiel  du  2  février,  le  traitement  de  directeur  des 
Musées  nationaux  et  de  l'École  du  Louvre  est  fixé  à 
15.000  francs. 

Musée  du  Louvre.  —  A  qui  n'est-il  pas  arrivé 
d'être  questionné  sur  l'exposition  et  les  services  de 
la  Chalcographie?  Une  grande  partie  du  public  ignore 
trop  quelles  sont  les  richesses  de  cette  collection  de 
nos  Musées  nationaux  et  la  facilité  qu'on  peut  avoir 
d'y  trouver,  à  des  prix  relativement  modiques,  de 
fort  belles  estampes,  exécutées  d'après  des  chel's- 
d'œuvres  par  des  graveurs  réputés. 

Le  public  l'ignorera  moins  dorénavant  :  M.  Henry 
Marcel,  directeur  des  Musées  nationaux,  vient  de 
faire  établir,  dans  la  galerie  du  bord  de  l'eau,  à  l'en- 
trée des  salles  Rembrandt,  ufl  comptoir  spécial  de 
vente,  où  les  plus  belles  gravures  seront  à  la  disposi- 
tion des  amateurs,  ainsi  que  le  catalogue  de  la  Chal- 
cographie. 

Musée  des  Arts  décoratifs.  —  Le  bas-relief 
<lédié  à  la  mémoire  de  Jules  Maciet  par  ses  amis, 
œuvre  du  sculpteur  Alfred  Lenoir,  vient  d'iHre  achevé 
et  mis  en  place  au  Musée  des  Arts  décoratifs.  Le 
Comité  de  souscription  organise  une  réunion  intimi' 
d'inauguration,  qui  aura  lieu  à  la  Bibliothèque  de 
l'Unioncentrale  des  Arts  décoratifs,  demain  dimanche, 
8  février,  à  10  heures. 

Expositions  annoncées.  —  La  Société  des  pein- 
tres orientalistes  français  a  invité  la  Société  hindoue 
d'art  oriental  à  participer  à  son  exposition  au  Grand 
Palais.  Nous  aurons  ainsi,  du  8  février  au  8  mars, 
une  manifestation  de  l'art  contemporain  de  l'Inde. 
Les  peintres  qui  seront  représentés  sont  ceux  de  l'école 
des  Tagore,  nom  illustré  par  le  grand  poète  lauréat 
du  dernier  prix  Nobel  :  Abanindra-Nath  Tagore,  le 
neveu  de  l'écrivain,  chef  du  groupe,  Gogonendra-Nath 
Tagore,  et  plusieurs  autres  disciples.  Le  succès  obtenu 
en  1912,  au  Pavillon  de  Marsan,  par  une  exposition 
de  peintures  hindoues  et  persanes  fait  prévoir  que  les 
œuvres  envoyées  par  Vlndian  Society  retiendront 
l'attention  du  public. 


La  Rétrospective  de  l'Exposition  de  Lyon.  — 

On  sait  que  Lyon  prépare  pour  le  mois  de  mai  une 
importante  Exposition  internationale.  Cette  Exposi- 
tion aura,  naturellement,  sa  rétrospective,  pour 
laquelle  on  a  demandé  le  concours  de  l'État  et  la 
collaboration  du  Mobilier  national. 

Une  commission  spéciale  s'est  réunie  à  Paris,  en 
vue  d'organiser  cette  rétrospective,  de  concert  avec 
M.  Dumonthier,  administrateur  du  Garde-Meuble. 

M.  Dumonthier  a  présenté  à  la  commission  les 
plans  des  salles  ou  cette  rétrospective  sera  installée  : 
une  galerie  de  cent  mètres,  aux  deux  extrémités  de 
laquelle  pourront  être  reconstitués  des  ensembles 
décoratifs  de  répo(|ue  napoléonienne.  On  sait  que 
notre  Garde-Meuble  est  fort  riche  en  tissus  de  cette 
époque,  et  l'on  se  rappelle  avoir  vu  naguère  à  la  Mal- 
maison, puis  au  musée  des  Arts  décoratifs,  des  expo- 
sitions d'ensemble  de  ces  tissus  qui,  commandés  pour 
le  palais  de  Versailles  à  l'industrie  lyonnaise,  en  1812, 
ne  furent  jamais  utilisés.  Les  petits-fils  de  ceux  qui 
les  créèrent  il  y  a  cent  ans,  vont  donc  les  revoir. 

Le  merveilleux  musée  lyonnais  des  tissus  formera 
comme  le  prolongement  naturel  de  cette  rétrospec- 
tive. 

A  New-York.  —  Aurons-nous  à  annoncer  la 
vente,  assurément  sensationnelle,  de  la  collection 
Pierpont  Morgan'?  On  sait  que  le  célèbre  amateur 
américain  avait  laissé  à  son  fils,  M.  J.  P.  Morgan, 
toute  liberté  de  disposer  de  ses  collections,  en  expri- 
mant le  désir  que  ces  «  collections  pussent  rester, 
d'une  façon  permanente, ji  la  disposition  du  peuple 
américain  pour  son  instruction  et  son  plaisir  ». 
M.  J.  P.  Morgan  avait  d'abord  eu  l'intention  de  placer 
ces  collections  au  Musée  métropolitain  de  New-York 
pour  un  temps  indéfini;  mais  on  dit  maintenant 
qu'ennuyé  par  les  retards  apportés  à  la  réalisation  de 
ce  projet  par  les  autorités  municipales,  il  songerait  à 
vendre  tout  ou  partie  des  collections,  sur  les  instances 
des  marchands.  H  a  déclaré,  du  reste,  n'avoir  pris 
encore  aucune  détermination. 

A  Liège.  —  M.  François  Flameng,  qui  fut,  en 
juillet  dernier,  délégué  par  l'instjtut  aux  fêtes  orga- 
nisées en  l'honneur  de  Grétrj,  à  Liège,  vient  d'oD'rir 
à  l'administration  communale  de  cette  ville  une 
esquisse  très  poussée  de  son  fameux  tableau  repré- 
sentant la  Charrie  de  la  cavalerie  française  sous  le 
commandement  du  maréchal  Ney,  à  Waterloo. 

A  Florence.  —  Le  Conseil  supérieur  des  Beaux- 
Arts,  réuni  à  Florence,  a  refusé  à  la  municipalité  la 
permission  qu'elle  demandait  de  remplacer  par  une 
copie  le  pulto  de  bronze  de  Verrochio,  qui  orne  la 
fontaine  du  corlile  du  Palais-Vieux.  On  aurait  mis  au 
musée, installé  dans  le  palais  même,  l'original  qui  est, 
hélas  !  en  mauvais  état  et  percé  de  trous.  Le  Conseil 
supérieur  invoque,  pour  motiver  son  refus,  des  raisons 
d'art.  Mais  ce  sont  des  raisons  d'art  aussi  qu'on  peut 
invoquer  pour  mettre  en  sûreté  une  œuvre  charmante 


^~ 


44 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


i|uc  rongent  et  détruisent  peu  à  peu  l'huiuidité  et  les 
intempéries,  et  que  par  surcroit  on  voit  assez  mal.  — 
L.  G. 

Le  procès  Perugia.  —  La  section  d'accusation  a 
délinitivement  renvoyé  devant  les  juges  du  tribunal 
de  KIorence,  pour  le  26  février,  Vincenzo  Perugia,  le 
voleilr  de  la  Joconde. 

L'acte  d'accusation  dit  que  Perugia  «  s'est  emparé, 
le  21  août  1911,  du  célèbre  tableau  de  la  Joconde,  de 
Léonard  de  Vinci,  qui  est  estimé  à  environ  un  million 
et  qui  est  la  propriété  de  l'État  français  ». 

Dans  la  liste  des  témoins,  en  outre  de  ceux  qui 
coopérèrent  à  la  découverte  de  la  Joconde^  se  trou- 
vent deux  fonctionnaires  de  la  police  parisienne  et  le 
commissaire  de  la  police  de  l'ambassade  italienne 
à  Paris.  La  peine  que  les  juges  appliqueront  à  Perugia, 
selon  le  Code  italien,  varie  de  trois  mois  à  quatre  ans 
de  prison. 

Comme  on  le  voit,  c'est  pour  rien... 

Nécrologie.  —  Le  peintre  Timoléon  Lobriclion, 
qui  vient  de  mourir  dans  sa  82*  année,  était  né  à 
Corvod  (Jura),  le  26  avril  1831.  Après  avoir  passé  par 
l'atelier  de  Picot,  il  débuta  au  Salon  de  1859  par  des 
tableaux  d'histoire  ;  les  scènes  de  genre,  en  particu- 
lier, les  scènes  enfantines,  et  les  nombreux  portraits 
de  femmes  et  surtout  d'enfants  qu'il  donna  par  la 
suite,  lui  valurent  une  certaine  notoriété  et  plusieurs 
récompenses  (ment,  hon.,  1868;  méd.  de  2»  cl.,  1882). 
11  avait  été  fait  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  en 
1883. 

—  Le  peintre-graveur  Daniel  Mordant,  membre  de 
la  Société   nationale  des   beaux-arts,   qui    vient  de 


mourir  à  Paris,  à  l'âge  de  60  ans,  était  né  à  Quimper. 
Il  s'était  distingué  à  la  fois  dans  l'eau-forte  originale 
et  dans  la  gravure  de  reproduction,  en  même  temps 
qu'il  se  faisait  remarquer  par  ses  peintures  de  paysage. 
M.  D.  Mordant  avait  obtenu  une  médaille  de  3* classe 
en  1883,  une  mention  honorable  à  l'Exposition  uni- 
verselle de  1889  et  une  médaille  d'or  à  celle  de  1900. 
La  Revue  a  publié  une  vigoureuse  eau-forte  de  cet 
artiste.  l'Espérance,  d'après  Watts. 

—  Le  paysagiste  Daniel  Kœchlin,  membre  de  la 
Société  des  artistes  français,  est  mort  à  Kingersheim 
(Alsace),  dans  sa  soixante-neuvième  année.  Né  à 
Mulhouse,  élève  de  Français  et  de  llenner,  il  expo- 
sait régulièrement  aux  Salons  parisiens  depuis  1874. 
Il  était  également  un  des  habitués  du  Cercle  Volney, 
où  on  a  eu  souvent  l'occasion  d'apprécier  ses  marines, 
ses  vues  de  la  vallée  de  Chevreuse  et  de  la  forêt  de 
Fontainebleau. 

—  Le  peintre  Hené  l'rinceteau,  mort  au  château  de 
Pontus,  près  de  Fronsac  (Gironde),  était  âgé  de 
70  ans  ;  né  à  Libourne,  élève  de  Dumont  et  Deloye, 
il  exposait  depuis  de  longues  années  des  portraits, 
des  sujets  de  chasse,  des  peintures  d'histoire  et  des 
paysages  ;  il  s'est  fait  également  remarquer  par  ses 
sculptures.  Récompensé  d'une  mention  en  1881,  il 
avait  reçu  une  médaille  de  3*  classe  en  1883,  une  de 
2*  classe  en  1883,  et  une  de  bronze  à  l'Exposition 
universelle  de  1900. 

—  Le  paysagiste  milanais  Filippo  Careano  vient 
de  mourir  à  l'âge  de  74  ans.  Ce  fut  un  des  chefs  de 
l'école  du  vérisme  et  un  des  maîtres  italiens  dont 
l'inlluence  s'est  fait  davantage  sentir  dans  le  dernier 
quart  du  xix*  siècle. 


CHRONIQUE    DES    VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

"Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  "Vente 
Henriette  Rodggers  (objets  d'art,  etc.).   — 

Mobilier  ancien,  plutôt  que  collection,  la  réunion 
d'objets  d'art  et  d'ameublement,  dont  la  vente 
aura  lieu  salle  11,  le  9  février,  sous  la  direction 
de  M"^  Lair-Dubreuil  et  de  MM.  Mannheim  et  Loys 
Delteil.  a  fait  l'objet  d'un  mince  catalogue  illus- 
tré. Nous  y  remarquons  :  une  table-coiffeuse  en 
marqueterie  de  bois  de  couleurs,  d'époque 
Louis  XV  ;  un  lit  de  milieu,  de  la  même  époque, 


en  bois  sculpté,  à  décor  rocaille,  et,  enfin,  une 
commode  en  marqueterie  de  bois  de  couleurs, 
avec  bronzes,  de  la  fin  de  l'époque  Louis  XV. 

Ventes   prochaines.  —   A  Paris.    —   Aux 

diverses  vacations,  que  nous  avons  précédem- 
ment annoncées,  nous  pouvons  encore  en  ajouter 
quelques-unes  qai  doivent  également  prendre 
place  au  cours  de  cette  saison. 

—  Le  16  février,  salle  6,  M'  A.  Couturier, 
assisté  de  MM.  Mannheim,  Pape  et  Loys  Delteil, 
procédera  à  la  vente  des  objets  d'art  et  d'ameu- 
blement   provenant    de    la     Collection    de    feu 


ANCIEN    ET    HUDERNE 


45 


M.  Rochard,  qui,  pour  cause  d'usufruit,  ne 
lurent  pas  compris  dans  ia  vente  faite  après  le 
décès  de  cet  amateur  en  190!). 

—  Le  20  février,  le  même  commissaire-priseur 
vendra,  boulevard  de  l'Hôpital,  aux  magasins 
des  hôpitaux,  des  Boiseries  anciennes  du  temps 
de  la  Régence,  appartenant  à  l'Assistance  pu- 
blique. 

—  Le  2  mars,  M=  Baudoin  dirigera  une  vente 
de  peintures  du  genre  ultra  moilerne,  apparte- 
nant à  une  Société  dite  »  la  Peau  de  l'Ours  »,  qui 
s'était  formée,  il  y  a  une  quinzaine  d'années, 
dans  le  but  d'acheter  des  ouvrages  de  l'école 
impressionniste  la  plus  avancée. 

—  Le  5  du  même  mois,  à  la  Galerie  (jeorges 
Petit,  le  même  commissaire-priseur  présidera  à 
une  vente  de  tableaux,  objets  d'art  et  tapisseries 
anciennes. 

— •  De  son  côté,  M«  Lair-Dubreuil,  assisté  de 
MM.  Paulme  et  Lasquin,  procédera,  dans  le  cou- 
rant de  mars,  à  la  première  des  nombreuses 
ventes  que  va  nécessiter  la  dispersion  du  stock 
de  marchandises  appartenant  à  M.  Jules  Couderc, 
l'un  des  doyens  du  commerce  parisien  de  la 
curiosité. 

—  Vers  la  lin  du  même  mois  de  mars,  le  même 
commissaire-priseur  dirigera  la  vente  des  ta- 
bleaux, objets  d'art  et  d'ameublement  dépen- 
dant de  la  Succession  de  M.  Lévéque. 

—  Pour  compléter  ce  que  nous  avons  déjà  dit  à 
ce  sujet,  ajoutons  que  la  vente  des  objets  d'art 
et  de  curiosité  provenant  de  la  Succession  de 
M.  Fitzhenry,  aura  lieu  salies  7  et  8,  du  19 
au  21  février,  par  le  ministère  de  M«  Lair- 
Dubreuil  et  de  MM.  Mannheim  et  Léman;  et  que 
les  deux  premières  des  ventes,  qui  vont  disperser 
les  ([uelque  deux  mille  objets  composant  le 
stock  de  MM.  Seligmann,  seront  dirigées,  à  la 
Galerie  Georges  Petit,  du  6  au  17  mars,  par 
M"  Lair-Dubreuil  et  Baudoin. 

M.  N. 


EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Société  des  Aquarellistes  Français  (galerie 
Georges  Petit).  —  Quarante-cinq  exposants,  plus 
de  trois  cents  cadres:  toujours  beaucoup  d'appe- 
lés, mais  peu  d'élus,  du  moins  au  point  de  vue 
de  l'art;  et  pourquoi  l'aquarelle  nous  apparaît- 


elle  toujours  plus  banale  que  sa  voisine  et  sa 
sœur  cadette,  la  peinture  à  l'eau,  qui  la  suit  à 
quelques  jours  près,  rue  Gaumartin  ?  Parce  que 
l'aquarelle  enrôle  moins  d'artistes  que  d'amateurs 
ou  de  spécialistes  trop  préoccupés  du  métier. 
Quelque  galante  que  soit  la  précision  de  notre 
xviii»  siècle,  illustré  parM.  Maurice  Leloir,  leplus 
artistique  succès  de  ce  trente-sixième  hiver  reste 
acquis  à  M.  Pierre  Vignal  :  sous  le  portail  éblouis- 
sant d'une  vieille  église  espagnole  ou  devant  la 
douceur  matinale  des  Ilots  bleus  de  Capri,  c'est 
le  maître  des  limpides  lumières;  et  la  moindre 
réserve  de  blanc,  cernée  par  son  pinceau  de 
martre,  a  cette  justesse  qui  nous  en  fait  oublier 
l'adresse.  A  Versailles,  à  Fontainebleau,  dans  un 
décor  déjà  stylisé  de  pierre  blonde  et  de  verdure, 
M""  Marie-Paule  Carpentier  sait  ennoblir  d'un 
vigoureux  trait  de  crayon  Conté  de  beaux  effets 
d'ombre  et  les  tons  de  l'automne.  La  plupart  du 
temps,  les  «  notes  »  des  peintres-graveurs  et  leurs 
dessins  rehaussés  l'emportent  sur  la  préciosité 
du  fini  :  témoin  VÉmiqrante  de  M.  Jeanniot  et  les 
croquis,  non  catalogués,  que  M.  de  Latenay  re- 
c\i%\\\6  Autour  des  Pardons,  sans  oublier  les  coins 
de  province  ou  de  banlieue  illuminés  par  M.  Luigi 
Loir,  ni  le  Coteau  sombre  empourpré  par  M.  Paul 
Ressert,  et  quel  que  soit  l'esprit  ou  le  talent  de 
MM.Devambez,Maxence,  Julien  Le  Blant,  Georges 
Scott,  du  virtuose  Ernest  Filliard  ou  du  miniatu- 
riste Maurice  Ray. 

Les  Imagiers  modernes  (au  Cercle  de  la 
Librairie).  —  C'est  une  seconde  exposition  de  la 
Société  artistique  de  la  Gravure  sur  bois,  fondée 
en  1885,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  la  Société 
de  la  Gravuresur  bois  originale,  fondée  en  1912.  Ses 
tendances  s'expriment  en  beauté  dans  la  «  rétro- 
spective »  de  deux  maîtres  d'hier,  dont  le  dessin 
contribua  diversement  à  l'évolution  de  la  gravure 
traductrice  :  Gustave  Doré  (1832-1883)  et  Daniel 
Vierge  (1851-1904);  l'un,  romantique  enfant  de 
l'Alsace  et  fécond  illustrateur  de  beaux  livres, 
«  interprété  »  par  Pannemaker  père  ou  par  le 
virtuose  marseillais  Héliodore  Pisan,  qui  substi- 
tua, vers  1860,  la  grisaille  compliquée  des  teintes 
aux  clairs  linéaments  du  fac-similé  ;  l'autre.  Espa- 
gnol ivre  de  soleil  et  fougueux  illustrateur  de 
journaux  où  l'actualité  palpitait  dans  une  coulée 
de  lumière;  et  l'échoppe  du  regretté  Tony  Beltrand 
traduisait  à  souhait  ses  puissants  contrastes. 

Aujourd'hui,  toutes  les  formules  voisinent  :  les 
teintes,  dans  les  traductions  des  maîtres  peintres 
par  MM.  Dété,  Paul  Bornet,  Dutertre,  Emile  de 


46 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


Ruaz  et  Léonard  Jarraud,  qu'il  ne  faut  pas  con- 
fondre avec  le  peiulre  du  inâine  nom;  le  trait, 
dans  les  fac-similé  de  M.  Ernest  Florian  pour 
les  romans  d'Anatole  France  ou  le  chef-d'œuvre 
de  Balzac,  Eugénie  Grandet;  le  camaïeu,  dans 
les  Souvenira  d'Italie,  de  M.  Pierre  Gusman;  la 
couleur,  avec  MM.  Girardot  et  Paul  Baudier;  le 
papier  peint,  avec  M.  Guttero  ;  l'archaïsme  un 
peu  décadent,  avec  M.  Gaspard  Maillol;  la  xylo- 
graphie primitive,  dans  les  bois  originaux  du 
peintre-graveur  Emile  Bernard,  pour  les  Amours 
de  Pierre  de  Ronsart  (sic),  qui  semblent  illustrés 
par  un  contemporain  de  Geoffroy  Tory. 

Société  internationale  de  la  Peinture  à 
l'eau  (galerie  Chaîne  et  Simonsonj.  —  La  vie, 
c'est  la  mort,  observait  un  sage;  et  c'est  aussi 
par  une  importante  «  rétrospective  »  que  se  re- 
commande à  nos  yeux  ce  neuvième  hiver  :  le 
fondateur  de  la  Société,  le  regretté  Gaston  La 
Touche  (1854-1913),  qui  souriait  malicieusement 
à  la  Comédie  humaine,  sç  montre  ici  sous  un 
nouvel  aspect,  ou  plutôt  sous  tous  les  aspects  de 
sa  virtuosité  brillante  et  vagabonde  qui  préférait 
les  fluides  harmonies  de  la  peinture  à  l'eau  pour 
effleurer  tous  les  sujets,  depuis  les  pâmoisons  du 
Calvaire  jusqu'au  Baise-mains  du  five-o'clock,  en 
passant,  dans  une  atmosphère  de  théâtre,  par 
toute  la  féerie  des  heures,  des  mascarades,  des 
corridas,  des  fêtes,  des  flirts,  des  réalités  élé- 
gantes ou  des  rêves  galants. 

Les  vingt-deux  artistes  vivants  qui  l'entourent 
nous  réservent  un  régal  toujours  savoureux,  mais 
pas  inédit,  où  nous  reconnaissons  sans  regret  les 
souvenirs  de  Bretagne  ou  d'Italie,  toujours  large- 
ment colorés,  par  M.  Lucien  Simon;  les  études 
de  danses,  recueillies  par  M.  Francis  Auburtin 
à  l'école  de  Miss  Loïe  Fuller,  rivale  d'Isadora 
Duncan;  les  flgures  symboliques  de  M.  Fernand 
Khnopff  ou  de  M""  Jeanne  Lucien-Simon; -les 
intérieurs  ou  les  parcs  de  M.M.  Walter  Gay,  Franiz 
Charlet  et  Gillol  ;  les  effets  de  lumière  vénitienne, 
moins  vus  que  rêvés  par  M"«  Clara  Montalba; 
les  oiseaux  nettement  stylisés  par  M.  Itayraond 
Bigot;  les  gouaches,  diversement  vigoureuses  ou 
limpides,  de  MM.  Luigini,  Marcette,  Henry  Cas- 
siers,  qui  songe,  en  Hollande,  aux  atmosphères 
nacrées  de  Turner;  l'aquarelle  pure,  et  d'autant 
plus  vive,  de  -M.  Fernand  Truffant,  quittant  son 
vieux  Marseille  animé  pour  Bruges-la-Morle. 

A  côté  de  Versailles  ou  de  Venise,  Rome,  ici  non 
plus,  n'est  pas  absente  et  sa  majesté  se  prêle  aux 
petites  notes  de  M.  Avy,  tandis  que,  sinistre  et 


rosée  devant  son  jardinet  fleuri,  la  Maison  de 
Berlioz  à  Montmartre,  revue  par  un  ami  de  Paris, 
M.  Ernest  Laborde,  évoque  la  prison  d'un  génie 
captif. 

Paul  Madeline  {galerie  Georges  Petit).  — 
Encore  mieux  ici  qu'aux  Salons  d'automne  ou 
qu'à  la  sixième  exposition,  chez  Devambez,  de  la 
Société  moderne  dont  nous  parlerons  bientôt,  se 
perçoit  le  talent  discrètement  lumineux  et  natu- 
rellement harmonieux  de  M.  Paul  Madeline,  un 
délicat  parmi  tant  de  pseudo-violents.  Paysagiste, 
il  trouve  le  calme  et  la  douceur  à  Toulouse  même, 
aux  Martigues,  sous  les  pins  ensoleillés  de  la 
Côte  d'Azur;  dessinateur,  il  obtient  du  modèle 
des  mouvements  heureux,  pareils  au  rythme  de 
ses  horizons  qui  s'élèvent,  sans  complication, 
dans  une  fine  clarté,  de  la  nature  au  décor. 

Raymo.no  Bouter. 


LE   PARTHENON 

d'après  un  livre  récent  (1). 


L'Acropole  d'Athènes  demeure  le  lieu  d'élec- 
tion où  une  âme,  nourrie  de  notre  civilisation, 
se  sent  le  plus  près  de  la  beauté  pure,  et  respire 
le  mieux  le  souffle  de  l'esprit,  dépouillé  de  toute 
contingence  :  là,  un  idéal  mystérieux  et  toujours 
présent  l'appelle  et  l'exalte,  et  fait  monter  en 
elle  la  prière,  dont  Renan  a  écrit  les  versets. 
Qu'y  a-t-il  pourtant,  sur  l'abrupte  colline,  si  ce 
n'est  quelques  colonnes  mutilées  et  quelques 
débris  de  sculpture  '?  Sans  doute.  Mais,  en  cha- 
cun des  fragments  de  ce  qui  fut  la  beauté  par- 
faite, subsiste  quelque  chose  de  divin.  On  trouve, 
dans  nos  musées,  des  morceaux  de  coupes  alti- 
ques  du  v»  siècle,  où  l'on  ne  voit  plus  (]u'une 
silhouette  animée  par  quelques  traits  précis  et 
nerveux  ;  la  scène  a  disparu,  le  sens  est  indé- 
chiffrable ;  mais  ce  qui  survit  sufflt  à  évoquer  le 
plus  beau  printemps  de  l'intelligence  humaine. 
Si  un  débris  de  poterie  du  temps  d'Epictète  ou 
de  Douris  garde  ce  pouvoir,  ne  conroit-on  pas 
ce  que  peuvent  imprimer  dans  notre  esprit  les 
restes  du  chef-d'œuvre  d'Ictinos  et  de  Phidias  '.' 


{l)  Maxime  Coi.honon.  Le  Parthénon,  l'histoire, 
l'architecture,  la  sculpture.  —  Paris,  Machette  et  C'*, 
un  vol.  in-V,  22  pi.,  79  fig. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


47 


Aussi,  l'on  écrira  toujours  sur  un  si  noble 
sujet.  La  curiosité  humaine  ne  se  lassera  pas  de 
fouiller  la  base  du  monument,  ni  d'en  ri^ver  la 
reconstitution.  Il  y  a  une  bibliothèque  entière 
consacrée  à  l'Acropole  d'Athènes  :  mais  elle 
s'augmentera  toujours.  Quel  archéologue,  fervent 
de  l'hellénisme,  ne  vient  pas  un  jour  ou  l'autre 
interroger  la  colline  sacrée  et  lui  demander  l'un 
de  ses  secrets  ?  Mais  à  bien  peu  il  est  réservé  de 
pouvoir  traiter  l'ensemble  du  sujet,  et  de  fixer 
pour  un  temps  l'aspect  du  grand  problème  que 
la  ruine  suscite.  Et  cependant,  pour  l'immense 
public  lettré  auquel  il  n'est  pas  donné  d'aller 
prier  sur  l'Acropole,  quoi  de  plus  précieux  qu'un 
grand  volume  de  synthèse,  qui  lui  raconte  l'his- 
toire de  ces  monuments  détruits  et  les  lui  montre 
tels  qu'ils  étaient  dans  leur  première  jeunesse  ? 

M.  Maxime  Collignon  a  entrepris,  pour  le  Par- 
thénon,  sinon  pour  l'Acropole  entier,  un  pareil 
ouvrage  d'ensemble.  Il  en  avait  donné,  il  y  a 
quelques  années,  une  première  édition  accom- 
pagnant des  planches  d'un  très  grand  format. 
Cet  ouvrage  étant  épuisé,  il  l'a  refondu  tout 
entier,  pour  le  publier  sous  un  format  commode, 
en  le  mettant  au  courant  des  plus ,  récentes 
études  ou  trouvailles.  Aucun  archéologue,  en 
Europe,  n'était  mieux  désigné  pour  condenser 
ainsi,  en  des  pages  aussi  claires  que  substan- 
tielles, ce  que  la  science  la  plus  pénétrante  a 
découvert  sur  l'histoire  du  temple,  et  pour  l'évo- 
quer à  nos  yeux  tel  qu'il  se  dressa  au  plus  beau 
moment  de  l'histoire  d'Athènes,  qui  y  mit  à  la 
fois  tout  son  orgueil  et  tout  son  génie.  Les  lec- 
teurs de  la  Revue  de  l'Art  devinent  avec  quel 
charme  et  quel  délicat  atticisme  est  écrit  ce 
volume,  qui  fait  tant  d'honneur  à  la  science 
française. 

En  parlant  ici  de  ce  beau  volume,  il  ne  nous 
est  pas  possible  de  suivre  l'auteur  pas  à  pas  tout 
au  long  de  ses  recherches.  Nous  renvoyons  le 
lecteur  au  livre  même,  qui  les  séduira  autant 
qu'il  saura  les  instruire.  Nous  voudrions  seule- 
ment souligner  ce  qu'il  enferme  de  tout  à  fait 
nouveau  en  comparaison  des  anciens  ouvrages 
sur  l'Acropole  d'Athènes,  familiers  au  grand 
public,  comme  le  livre  classique  de  Beulé.  En 
elTet,  depuis  une  trentaine  d'années,  l'histoire 
des  temples  athéniens  a  été  renouvelée  par  les 
fouilles  heureuses  pratiquées  à  leurs  bases  Une 
époque,  jadis  mal  connue,  est  ressuscitée,  toute 
parée  d"attraits  singuliers,  où  un  peu  de  barba- 
rie primitive  se  mêle  à  beaucoup  de  raffinement  ; 
un  peuple  de  statues  peintes,  les  coquettes  corés 


aux  robes  tuyautées,  aux  cheveux  calamistrés  et 
enrubannés,  aux  sourires  précieux,  a  surgi  du 
sol  antique  ;  un  ancien  Parthéuon  est  même 
apparu,  qu'on  ne  connaissait  pas. 

Parthénon  n'est  pas  ici  le  nom  qui  convient, 
du  reste.  On  croit  généralement  que  le  nom  du 
temple  vient  de  celui  d'Athéna  Parthénos.  Le 
contraire  serait  plus  vrai.  Au  v»  siècle,  seule  une 
cella  du  temple,  plus  spécialement  réservée  aux 
vierges  qui  jouaient  un  rôle  poétique  et  impor- 
tant dans  les  Panathénées,  était  nommée  «  Par- 
thénon ».  Par  extension,  le  nom  de  cette  ce//ofut 
donné  plus  tard  à  l'édifice  entier. 

Mais  un  temple  d'Athéna,  fondé  vers  S60,  se 
dressait  sur  l'Acropole,  avant  l'invasion  perse,  au 
sud  de  la  «  forte  demeure  d'Erechtée  ».  C'est  cet 
«  Hécatompédon  »,  dont  Dôrpfeld  a  découvert 
l'existence,  en  188b,  édifice  eu  tuf,  dont  les  fron- 
tons étaientdécorés  de  sculptures  peintes,  parmi 
lesquelles  le  groupe  du  triple  Typhon,  minutieu- 
sement étudié  par  M.  Lechat,  dans  ses  beaux 
ouvrages  sur  l'archaïsme  attique,  qui  a  acquis  une 
sorte  de  popularité,  que  légitime  le  style  étrange, 
vigoureux,  allègrement»  primitif»  qui  s'y  mani- 
feste. 

C'est  ce  temple  que  les  Pisistratides  ceignirent 
d'une  colonnade  dorique,  et  ornèrent  de  reliefs 
d'un  style  nouveau,  tout  brillant  d'i'onisme,  dont 
il  reste  quelques  précieux  morceaux,  —  notam- 
ment un  aurige  drapé  d'un  élégant  manteau,  et 
devenu  célèbre.  Les  corés  dont  le  subtil  sourire 
anime  aujourd'hui  le  musée  de  l'Acropole  y 
occupaient  la  cella  occidentale,  où  les  Perses 
massacrèrent  les  trésoriers  d'Athènes. 

L'Hécatompédon  fut  détruit  par  les  Perses. 
Mais,  bien  avant  sa  destruction,  la  démocratie, 
victorieuse  des  Pisistratides,  avait  projeté  d'édi- 
fier à  la  déesse  poliade  un  Temple  nouveau,  dont 
la  spendeur  elTarAt  celle  de  l' Hécatompédon 
agrandi  par  les  tyrans.  Pour  le  construire,  elle 
éleva  de  puissantes  assises,  régularisant  les  iné- 
galités de  la  colline,  au  bord  de  son  abrupte 
déclivité  :  c'est  là  l'emplacement  et  la  base  mi'me 
du  Parthénon  d'Ictinos  Les  Perses  incendièrent 
c-;  nouveau  temple  en  cours  de  construction, 
dont  le  plan  avait  pris,  après  Marathon,  des  pro- 
portions plus  vastes,  en  sorte  que  le  Parthénon 
de  Périclès  est,  non  pas  le  second,  mais,  en  réa- 
lité, le  troisième  Parthénon. 

On  voit,  par  ce  bref  résumé,  quels  problèmes 
suscite  cette  histoire  du  Parthénon  avant  Péri- 
clès. Ce  sont  là  des  questions  enchevêtrées,  sur 
lesquelles  les  spécialistes  ont  discuté  longuement. 


48 


LE   BULLETIN   DE   L'ART 


Sous  la  plume  de  M.  Collignon,  tout  s'éclaire,  et 
la  solution  la  plus  naturelle  se  dégage  comme 
d'elle-même  de  l'exposé  seul  des  faits.  En  même 
temps,  ces  lointaines  époques  revivent,  avec  leurs 
passions,  leur  religion  patriotique,  et  tous  ces 
sentiments  qui  ont  déterminé  la  naissance  de  ces 
chefs-d'œuvre,  —  sentiments  qui,  à  vrai  dire,  ne 
sont  pas  si  éloignés  des  nôtres  :  il  suffit  à  l'auteur 
de  quelques  mots  pour  évoquer  parmi  ces  ruines, 
tout  ce  qui  fut  debout  et  tout  ce  qui  y  fut  vivant, 
et  pour  nous  le  rendre  présent  et  voisin. 

On  devine  que  le  reste  du  livre  consacré  au 
Parthénon  de  Périclès  n'est  pas  moins  attachant  : 
c'est  le  centre  moral  de  toute  l'histoire  d'Athènes, 
au  moment  oh  l'humanité  approcha  le  plus  près 
de  la  perfection  esthétique,  que  M.  Collignon 
décrit  avec  cette  simplicité  où  entre  tant  de  sen- 
sibilité contenue  mais  profonde.  L'auteur  atteint 
même,  à  la  fin  de  cet  ouvrage,  à  un  degré  d'émo- 
tion sans  emphase  où  l'écrivain  se  montre  inti- 
mement artiste  et  poète.  Laissons  au  lecteur  le 
plaisir  de  découvrir  lui-même  tout  l'attrait  de 
cette  étude.  Nous  voudrions  seulement,  en  termi- 
nant, citer  quelques  mots  de  l'auteur  touchant 
certains  projets  de  restauration  qui  ont  menacé 
le  Parthénon,  comme  tant  d'autres  édifices.  Le 
Bulletin  a  souvent  combattu  pour  défendre  les 
chefs-d'œuvre,  aussi  bien  d'un  culte  indiscret 
que  de  la  profanation  des  vandales  :  il  ne  veut 
pas  oublier  de  souligner  que  les  dangers  qui 
menacent  nos  églises  et  nos  palais  de  jadis,  n'ont 
pas  épargné  l'Acropole.  Il  y  a  eu,  pour  le  Parthé- 
non, un  projet  de  restauration  complète,  dû  à 
l'Allemand  von  Klenze,  qui  eût  défiguré  sans 
retour  de  si  nobles  débris.  M.  Collignon  a  défini, 
en  quelques  mots,  l'attitude  qu'il  convient  d'adop- 
ter en  face  de  la  plus  belle  des  ruines,  et  ses 
paroles  nous  serviront  de  conclusion  :  «  Sauve- 
garder ce  qui  reste  du  teinfile  et  n'y  rien  ajouter, 
tel  est  le  vœu  auquel  se  sont  ralliés,  en  1905,  au 
Congrès  archéologique  d'Athènes,  les  plus  fer- 
vents admirateurs  du  monument.  Le  Parthénon 
ne  doit  pas  être  profané  par  des  pierres  neuves. 
Il  doit  rester  ce  qu'en  ont  fait  les  siècles,  la  plus 
noble  et  la  plus  auguste  des  ruines,  enveloppée 
de  poésie,  précisément  parce  que  l'imagination 
seule  la  complète,  parée  d'un  incomparable 
prestige  par  le  temps,  par  son  histoire,  par  sa 
beauté  cruellement  défigurée,  mais  toujours 
vivante,  par  la  grandeur  du  passé  et  par  la  mélan- 
colie du  présent  ». 

J.F. 


LES      REVUES 


France 

L'Art  et  les  artistes  (novembre).—  MIIosMaktbh. 
Un   Gothique  :   le  sculpteur  tchèque  François  Bilek. 

—  Marcel  Sembat.  Albert  Marquet.  —  Notes  sur  ce 
peintre  qui,  ayant  découvert  «  un  aspect  spécial  de  la 
nature,  s'y  est  identifié;  si  bien  qu'on  ne  comprend 
pleinement  certains  paysages  qu'à  la  condition  de  les 
voir  en  Marquet  ». 

—  Emile  Sedevn.  Frank  Boggs.  —  Les  aquarelles 
de  cet  artiste  voyageur,  souvenirs  vivants  de  la  France 
monumentale. 

—  William  Rittbb.  Max  Svabinski.  —  Peintre 
tchèque,  né  en  Moravie,  professeur  à  l'École  des 
beaux-arts  de  Prague;  portraits,  vues  de  villes,  études 
de  nu,  natures  mortes. 

—  Cari  G.  Laubin.  Exposition  de  portraits  d'Idune 
à  Stockholm.  —  Exposition  de  portraits  de  membres 
de  la  société  «  Idune  »,  qui  vient  de  fêter  le  cinquan- 
tième anniversaire  de  sa  fondation. 

—  Lyco  Laoiios.  La  Cité  morte  :  notes  sur  le  Musée 
du  Caire. 

—  Léandre  Vaillat.  I^'Art  décoratif  :  l'art  rus- 
tique en  Savoie. 

Itauk 

Bollettino  d'arte  del  Ministero  délia  P.  Istru- 
zione  (avril).  —  Giulio  Canïala.messa.  Souvelles 
acquisitions  de  la  galerie  llorg/iese.  —  Parmi  ces 
nouvelles  acquisitions  du  beau  musée  de  la  villa 
Borgtiese.M.Cantalamessa  signale  une  Sainte  Famille 
3e  Simone  Cantarini,  peintre  de  Pesaro  [xvir  siècle, 
influencé  par  les  Bolonais  et  le  Caravage,  et  deux 
tableaux  de  Gio.  Benedetto  Castiglione.  le  peintre 
génois  si  célèbre  en  Europe  au  xvii'  siècle  et  trop 
oublié  aujourd'hui  ;  ces  deux  tableaux  représentent 
des  bergers  à  cheval  ou  milieu  de  leurs  troupeaux  en 
marche. 

—  Mario  Salmi.  L'Église  de  San  Donnino,  à  Majano. 
—  Petite  église  romane,  à  trois  lieues  d'Arezzo,  offrant 
de  curieuses  particularités  ;  on  y  trouve  des  fresques 
du  commencement  du  xv  siècle,  d'un  style  d'ailleurs 
retardataire,  notamment  un  Saint  Donnino,  et  une 
Vierge,  du  même  siècle,  en  bois  polychrome. 

—  Giuseppe  Mohktti.  Terres  cuites  inédites  du 
Musée  des  Thermes.  —  Terres  cuites  décoratives 
gréco-romaines. 

—  Vittorio  SPI^AzzoLA  Sur  un  rhinocéros  de  marbre 
du  Musée  national  de  Naples.  —  Bas-relief  de  l'an- 
cienne collection  Borgia,  imite  d'un  modèle  d'Albert 
Diirer,  et  qui  n'a  jamais  passé,  au  Musée  de  Naples, 
ni  pour  antique,  ni  pour  avoir  été  trouvé  à  Pompéi, 
comme  l'a  récemment  affirmé  à  tort  et  avec  grand 
bruit  un  savant  allemand. 

Le  Gérant  :  H    Uïnis. 

Paris.  —  Inip.  Georges  Petit,  ii,  rue  Godot-de-Mauroî. 


Numéro  612. 


Samedi  14  Février  1914. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


ANCIEN    ET    MODERNE 


La   Photographie 
dans   les   Musées  nationaux  (*) 


Le  prix  des  épreuves. 

.)'en  appelle  à  tous  ceux  qui  ont  visité  l'Italie, 
et  je  leur  demande  combien  il  en  est,  parmi 
eux,  qui  sont  revenus  de  leur  voyage  sans  rap- 
porter de  photographies. 

I.a  richesse  des  collections  de  l'excellente 
maison  Alinari,  pour  ne  citer  que  celle-là,  et 
l'extrême  bon  marché  des  épreuves  comptent 
parmi  les  Joies  complémentaires  d'une  prome- 
nade aux  sanctuaires  de  l'art.  Petites  villes  et 
grands  musées,  paysages  illustres,  monuments, 
objets  d'art,  ensembles  ou  détails  de  peintures  et 
de  sculptures,  tout  a  été  photographié  de  ce  qui 
peut  intéresser  le  voyageur,  l'artiste  et  le  savant, 
et  tout  lui  est  livré  sur  sa  demande,  au  format 
qu'il  désire,  et  dans  des  conditions  si  modiques 
que  les  épreuves  les  plus  »  artistiques  »  n'arrivent 
pas  à  grever  sensiblement  le  budget  d'un  touriste. 

Faut-il  donner  des  prix  "? 

Pour  des  épreuves  aux  sels  d'argent  :  format 
58x43  :  5  fr.;  43x33:  2  fr.  bO;  25X.30  :  0  fr.  7b 
(6  fr.  la  douzaine)  ;  14  1/2x9  1/2  :  0  fr.  30  (3  fr. 
la  douzaine).  Il  existe  des  épreuves  au  platine, 
un  peu  plus  chères,  et  des  épreuves  au  charbon, 
procédé  inaltérable,  encore  un  peu  plus  coii- 
teuses  :  12  fr.,  7  fr.,  2  fr.  bO  et  1  fr.  25,  selon  les 
formats. 

Ilien  d'approchant  n'existe  chez  nous.  Il  suffit 
d'avoir  voulu  se  procurer  la  photographie  de  tel 
ou  tel  tableau  appartenant  à  une  de  nos  galeries 
provinciales  pour  savoir  ce  qu'il  en  coûte,  et  ce 
que  vous  livrent  quelquefois  des  opérateurs  sans 
doute  plus  habiles  à  traiter  le  portrait  d'atelier 
qu'à  reproduire  des  peintures  anciennes. 

Mais  là  n'est  pas  la  question,  et  il  faut  se  bor- 
ner pour  aujourd'hui  à  parler  du  Louvre. 

(1)2'  article.  Voir  le  n»  6U  du  BiUlelin. 


Or,  les  prix  des  photographies  vendues  par  la 
maison  concessionnaire  du  privilège  ont  été 
établis  voilà  trente  ans  et  fixés  par  les  articles  5 
et  7  du  traité  du  3  décembre  1883. 

Ce  traité  établissait  une  différence  entre  le 
prix  des  photographies  achetées  dans  les  salles 
mf^mes  du  Louvre  et  le  prix  des  photographies 
achetées  dans  les  magasins  de  l'éditeur.  Singu- 
lière chinoiserie.  Pourquoi,  si,  ayant  employé 
toute  votre  journée  à  visiter  le  musée,  vous  vous 
trouvez  manquer  du  temps  nécessaire  pour  passer 
faire  vos  emplettes  à  la  salle  de  vente  avant  la 
fermeture  des  portes,  seriez-vous  obligés  de  sup- 
porter une  majoration  de  prix  quand  vous  irez 
au  magasin  de  l'éditeur?  Mystère. 

On  pourrait  aussi  se  demander  pourquoi, 
d'après  le  traité,  les  sculptures  et  objets  d'art 
peuvent  être  photographiés  au  format  18x24, 
alors  que  les  tableau,x  n'ont  pas  droit  à  ce  format 
plus  que  suffisant,  et  ne  peuvent  supporter  que 
le  24x  30;  pourquoi,  alors  que  les  épreuves  des 
tableaux  peuvent  être  tirées  aux  sels  d'argent, 
celles  des  sculptures  et  objets  d'art  ne  peuvent 
l'être  qu'au  procédé,  plus  coilteux,  du  charbon  ; 
et  encore  pourquoi  il  n'est,  dans  aucun  cas,  prévu 
d'épreuves  au  format  13x18,  le  format  par  excel- 
lence des  travailleurs. 

Négligeons  ces  questions  de  détail  et  retenons 
seulement  qu'il  est  impossible  de  trouver  une 
photographie  faite  par  la  maison  ayant  1^  privi- 
lège de  la  reproduction  dans  les  Musées  natio- 
naux à  un  prix  inférieur  à  3  francs  pour  une 
épreuve  aux  sels  d'argent  du  format  24x30  et 
à  6  francs  pour  une  épreuve  au  charbon  de 
même  format;  et  que  ces  prix  ont  été  établis 
voilà  trente  ans  et  tixés  sans  tenir  aucun  compte 
du  perfectionnement  incessant  des  procédés 
photographiques  qui  ont  amené  la  reproduction 
à  un  extraordinaire  bon  marché. 

Si  bien  que  le  privilège  de  la  photographie 
dans  les  Musées  nationaux,  au  lieu  de  se  faire 
excuser,  si  l'on  peut  dire,  par  la  modicité  des 
conditions  dans  lesquelles  pourraient  être  livrées 


!iO 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


les  épreuves,  se  double,  en  fait,  d'un  autre  pri- 
vilège, qui  est  de  pouvoir  vendre  ces  épreuves  à 
des  prix,  peut-iHre  acceptables  voilà  trente  ans, 
mais  depuis  longtemps  hors  de  proportions  avec 
la  vulgarisation  de  la  photographie. 

E.  D. 


ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie  des  beaux-arts  (séance  du  7  février). 
—  L'Académie  a  accordé  à  M""  Lili  Boulanger, 
grand-prix  de  Rome  de  composition  musicale,  un 
sursis  pour  se  rendre  à  la  Villa  Médicis. 

—  M.  Henry  Uoujon,  secrétaire  perpétuel,  ayant 
donné  lecture  d'un  télégramme  annonçaDl  la  mort  de 
M.  V'audremer,  M.  Dagnan-Bouveret  rend  un  dernier 
hommage  à  la  mémoire  de  l'éminent  architecte  qui 
était  le  doyen  de  la  Compagnie. 

La  séance  est  ensuite  levée  eb  signe  de  deuil. 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 

(séance  du  6  février).  —  M.  Paul  Pelltot  continue  sa 
communication  sur  le  christianisme  en  Asie  centrale 
et  en  Extrême-Orient  au  moyen  âge. 

—  M.  Pottier  lit  une  note  de  M.  Gaston  Darier,  qui 
a  dirigé,  avec  M.  Nicolle  et  M.  Gauckler,  les  fouilles 
du  Janicule,  à  Rome,  où  a  été  découverte,  dans  un 
sanctuaire  syrien,  une  curieuse  idole  de  bronze  en- 
tourée d'un  serpent  :  on  y  avait  vu  une  image  de  la 
déesse  Atergatis,  mais  le  bronze  a  été  nettoyé  avec 
soin  et  on  a  pu  constater  qu'il  s'agissait  d'une  divinité 
masculine.  In  archéologue  italien,  M.  Pasqui,  a  pro- 
posé d'y  reconnaître  le  dieu  phénicien  Hadad;  mais 
cette  conclusion  ne  s'impose  pas,  car  le  choix  à  faire 
est  assez  large  parmi  les  dieux  du  panthéon  syrien. 

—  M.  Paul  Monceaux  a  donné  lecture  d'une  note 
de  M.  Mer  in,  directeur  du  Service  des  ahtiquités  de 
la  Tunisie,  sur  la  découverte  de  mosaïques  tombales 
à  inscriptions  et  sujets  ligures,  qui  ont  été  trouvées 
au  nord  de  Kourfa  (l'antique  Curubis).  dans  la  pres- 
qu'île du  cap  lion. 

Société  nationale  des  antiquaires  de  France 
(séance  du  4  février).  —  M.  Chapot,  ancien  membre 
de  l'École  d'Athènes,  bibliothécaire  n  la  bibliothèque 
Sainte-Geneviève,  et  M.  Serbat,  ancien  élève  de 
l'École  de»  Chartes,  secrétaire  de  la  Société  fran(;aise 
d'archéologie,  sont  élus  membres  résidents. 

—  M.  Johnny  Uoosval  et  i\I.  le  G"  Sanche  de 
Graniont  sont  élus  associés  correspondants,  le  pre- 
mier à  Stockholm  et  le  second  au  Vigaal  (Basses- 
Pyrénées. 

—  M.  Héron  de  Villefossé  fait  une  communication 
sur  une  partie,  récemment  retrouvée,  du  rempart 
gallo-romain  d'Angers. 


—  M.  Monceaux  étudie  quelques  plombs  récem- 
ment découverts  à  Carthage. 

Société  pour  la  protection  des  paysages.  — 
Dans  sa  dernicre  réunion,  la  Société  pour  la  protection 
des  paysages  a  émis  le  vœu  :  que  des  mesures  immé- 
diates soient  prises  pour  conserver  la  fon't  de  Fon- 
tainebleau et  la  défendre  contre  les  dangers  qui  la 
menacent;  que  la  digue  du  Mont  Saint-Michel  soit 
détruite  ;  et  que  l'ile  Saint-Louis,  dont  l'élargissement 
de  la  rue  des  Deux  Ponts  altérerait  le  caractère,  soit 
maintenue  dans  son  état  traditionnel  et  historique. 

Hélas  !  trois  fois  hélas  ! 

Musée  du  Luxembourg.  —  La  famille  du  peintre 
Damoye  a  offert  au  Musée  du  Luxembourg  le  portrait 
de  cet  artiste  par  M.  .Vlfred  Holl. 

Musée  de  l'Armée.  —  A  la  suite  d'une  réunion 
tenue  la  semaine  dernière,  les  membres  du  Comité 
de  perfectionnement  du  Musée  de  l'Armée,  qui  n'ap- 
partiennent ni  à  l'aduiinistration  ni  à  l'armée,  ont 
adressé  au  ministre  de  la  Guerre  une  lettre  attirant 
son  attention  sur  les  conséquences  que  pourrait  avoir, 
pour  l'avenir  du  Musée,  la  cession,  à  r.\rmeria  Real 
de  Madrid,  de  quelques-unes  de  ses  plus  belles  pièces, 
ayant  fait  partie  de  la  célèbre  armure  de  Philippe  II 
(voir  à  ce  propos  le  n'  609  du  HiiUelIn  . 

Musée  de  'Versailles.  —  11  faut  signaler,  parmi 
les  récents  enrichissements  du  .Musée  de  Versailles, 
la  donation,  faite  par  M""  Jules  Claretie.  d'im  por- 
trait de  .Iules  Claretie.  par  Benjamin-Constant.  Il  sera 
pincé  dans  une  galerie  de  l'attique  du  Nord,  consacrée 
aux  portraits  des  écrivains  de  notre  époque,  où  l'on 
a  reçu,  récemment,  le  portrait  d'Henri  Houssaye,  par 
H.  Bereny,  et  celui  de  Gustave  Flaubert,  par  Giraud. 
On  doit  y  installer  aussi  le  portrait  de  Stendhal,  par 
Si'idermark  ilegs  Cheriimy),  et  celui  d'Henri  Kochefurt, 
peint  par  Courbet  en  Suisse,  à  l'époque  où  le  polé- 
miste revenait  de  la  Nouvelle-Calédonie. 

La  nouvelle  monnaie  de  nickel.  —  Nous  avons 
annoncé,  il  y  a  quelques  mois  déjà,  ijue  lu  monnaie 
de  bronze  et  les  pièces  de  nickel  de  23  centimes, 
fabriquées  en  exécution  de  lu  loi  du  31  mars  1903,  doi- 
vent être  retirées  de  la  circulation  et  remplacées  par 
des  pirces  de  nickel  de  5,  10  et  25  centimes. 

Ln  concours  a  été  ouvert  pour  la  détermination  du 
type  de  la  nouvelle  monnaie.  Ce  concours  porte  sur 
la  pièce  de  25  centimes. 

Sur  les  cent  dessins  qui  lui  ont  été  présentés,  le 
jury  en  a  retenu  dix.  Les  candidats,  admis  à  cette 
épreuve  éliminatoire,  ont  fait  parvenir»  la  Monnaie  : 
un  poinçon  de  la  face,  un  poinçon  du  revers,  deux 
coins  de  la  face  et  deux  coins  du  revers  de  la  pièce 
de  25  centimes.  Des  pièces  ont  été  frappées  avec  les 
coins,  l'exposition  en  a  eu  lieu  cette  semaine  et  le 
jury  se  prononcera  apns  examen. 

Le  jury,  dont  lé  lluUelin  a  donné  la  composition, 
s'est  adjoint  deux   nouveaux  membres  :  M.  Bottée, 


ANCIEN    ET   MODERNE 


51 


graveur,  et  M.  Luc-Olivier  Merson,  l'un  et  l'autre  dé- 
signés par  les  concurrents. 

Les  dix  concurrents  retenus  sont  :  M.  Vernier,  qui 
a  pris  pour  motif  un  •■  coq  gaulois»,  tourné  vers  le 
soleil  ;  M.  Varenne,  qui  a  représenté  un  homme  et 
une  femme  figurant  l'Agriculture  et  l'Industrie  ; 
M.  Prouvé  et  M.  Delpech,  qui  ont  également  employé 
des  figures  allégoriques  ;  M.  PiUet,  qui  a  montré  un 
faisceau  surmonté  d'un  bonnet  phrjgien  ;  M.  Peter, 
un  paysan  près  d'une  charrue  ;  M.  Becker,  une 
balance  près  d'un  bonnet  phrygien  ;  M.  Coudray,  une 
Uépublique  allaitant  un  enfant  ;  M.  Guis,  un  cercle 
entouré  d'un  rameau  d'olivier  ;  et  M.  Liadauer,  un 
cercle  surmonté  d'un  bonnet  phrygien. 

Monuments  historiques.  —  Il  existe  à  Villesalem 
(Vienne),  une  ancienne  église  désaffectée,  possédant 
de  belles  décorations  sculpturales,  dont  le  propriétaire 
négociait  la  vente  à  des  marchands.  La  Commission 
des  Monuments  historiques,  saisie  à  temps,  intervint 
et  introduisit  une  instance  de  classement  devant  le 
Conseil  d'État,  en  vertu  de  la  nouvelle  loi  sur  les  mo- 
numents historiques,  que  l'Administration  des  Beaux- 
Arts  va  appliquer  ainsi  pour  la  première  fois.  On  se 
souvient  que  la  disposition  essentielle  de  cette  loi 
est  de  donner  à  l'État  le  droit  de  prononcer  impérati- 
vement le  classement  d'un  édifice  appartenant  à  un 
particulier,  par  voie  d'un  décret  rendu  au  Conseil 
d'Etat,  sauf  à  payer  une  indemnité  au  propriétaire. 

A  Dijon.  —  Le  umsée  de  Dijon  vient  de  s'enrichir 
d'une  curieuse  peinture  deZiem,  représentant  une  vue 
de  Dijon,  prise  des  hauteurs  dites  les  Perrières,  à 
l'ouest  de  la  ville.  Ce  tableau  anonyme  fut  découvert 
par  M.  Gaston  Joliet,  frère  de  M.  Albert  Joliet,  con- 
servateur du  musée ,  qui  crut  y  voir  la  manière 
de  Ziem  ;  présenté  au  vieux  peintre  bourguignon, 
celui-ci  y  reconnut  une  œuvre  de  sa  jeunesse, 
exécutée  en  1822,  alors  qu'il  avait  21  ans  et  qu'il 
faisait  ses  études  à  Dijon,  et  il  authentiqua  la  pein- 
ture en  y  apposant  sa  signature. 

A  Nantes.  —  Des  antiquaires  étrangers  ayant 
voulu  acheter  un  fragment  de  retable  en  bois  sculpté 
et  peint  du  xv  siècle,  représentant  une  Madone  avec 
l'Enfant  et  des  figures  d'anges,  qui  se  trouve  dans  la 
cour  d'une  vieille  maison  de  la  rue  des  Carmes,  à 
Nantes,  M.  P.  de  Lisle  du  Dreneuc,  conservateur  du 
musée  Dobrée,  se  rendit  acquéreur  du  monument. 

11  se  pourrait  que  cette  œuvre  d'art,  au  lieu  d'être 
transportée  au  musée  Dobrée,  fût  rachetée  par  un 
groupe  de  fidèles  et  prit  place,  après  agrément  de 
1  État,  dans  la  cathédrale  de  .Vante». 

Société  des  Amis  du  'Vieux  Reims.  —  L'as- 
semblée générale  annuelle  de  la  Société  des  Amis  du 
Vieux  Reims  a  eu  lieu  le  samedi  31  janvier  dernier. 

Le  président,  M.  Hugues  KralTt,  en  inaugurant  à 
cette  occasion  les  locaux  supplémentaires,  récem- 
ment aménagés  au  siège  social  et  garnis  de  nom- 
breux  vestiges   décoratifs  d'art  rémois   ancien,    an- 


nonça aux  membres  présents  que,  par  décret  du 
29  décembre  191.1,  la  Société  des  Amis  du  Vieux 
Heim»  avait  été  reconnue  d'utilité  publique. 

Le  rapport  du  secrétaire  général  relata  les  faits  et 
gestes  de  la  Société  en  1913.  et  le  rapport  du  conser- 
vateur constata  les  achats  faits  et  les  dons  reçus,  dont 
le  nombre  porte  actuellement  à  906  les  articles  de  la 
bibliothèque,  à  2.016  ceux  du  lartulaire  et  à  4.")4ceux 
du  musée  de  la  Société. 

Après  avoir  approuvé  les  comptes  de  l'exercice 
écoulé  et  le  projet  de  budget  pour  l'année  1914,  l'as- 
semblée entendit  le  rapport  relatif  au  concours  de 
photographie,  institué  en  1913.  A  la  suite  de  ce  con- 
cours, dont  le  programme  imposait  des  vues  inté- 
rieures et  extérieures  de  maisons  anciennes  ou  de 
monuments  réiuois,  et  qui  a  donné  des  résultats 
extrêmement  intéressants,  plusieurs  membres  de  la 
Société  ont  reçu  des  médailles  d'or  ou  d'argent. 

A  Bruxelles.  —  Le  Salon  de  la  Libre  Esthétique 
s'ouvrira  au  début  de  mars  dans  les  salles  du  Musée 
de  peinture  moderne.  11  comprendra  une  exposition 
rétrospective  du  peintre  Dario  de  Uegoyos.  Pour 
honorer  sa  mémoire,  la  Libre  Esthétique  groupera 
autour  de  ses  œuvres  celles  des  artistes  espagnols 
qui  furent  ses  amis  et  ses  frères  d'armes  :  MM.  Zu- 
loaga,  J.  de  Echevarria,  II.  AngladaCamarasa,  José  et 
Hamiro  Arrue.  Raïuon  Pichot,  Ricardo  Canals,  Juan 
de  la  Pena,  S.  llu3inol,J.Mir,  P.  Durrio  de  Madron,  etc. 

Une  place  importante  sera  réservée  à  la  jeune 
école  belge,  dont  l'orientation  nouvelle  se  précise  par 
des  œuvres  qui,  pour  n'être  peut-être  pas  définitives, 
méritent  néanmoins  de  fixer  par  leurs  tendances 
l'attention  des  artistes  et  du  public. 

Quelques  envois  de  peintres  étrangers  compléteront 
cet  intéressant  ensemble. 

A  'Venise.  —  Des  travaux  de  restauration  ont  été 
entrepris  à  la  chapelle  du  Rosaire,  dans  l'église  des 
SS.  Giovanni  e  Paolo.  (In  sait  que  cette  chapelle, 
élevée  en  souvenir  de  la  bataille  de  Lépante,  fut, 
en  grande  partie,  détruite  par  un  incendie  en  186'!. 
On  ne  tentera  pas  de  reconstituer  l'avant-corps  de  la 
chapelle  dont  la  décoration  consistait  en  peintures  et 
en  lambris  de  bois  sculpté.  Dans  le  «presbytère"  dont 
l'ornementation  était  faite  de  marbre  et  de  stuc,  on 
limitera  la  restauration  aux  parties  architectoniques 
sans  toucher  aux  statues  ni  aux  bas-reliefs.  Les 
travaux  ont  été  confiés  à  l'ingénieur  Marangoni.  qui 
est  également  chargé  de  la  direction  ^es  restaurations 
de  San  Marco.  —  L.  G. 

A  New- York.  —  Un  collectionneur  américain, 
M.  William  liigg»,  vient  de  donner  au  Metropolitan 
Muséum  de  .New-York  une  riche  collection  d'armes  et 
d'armures  de  toutes  les  époques,  qu'il  a  formée  pen- 
dant ses  longs  séjours  en  Europe. 

Nécrologie.  —  M.  Joseph- Auguste-Êmile  Vaudre- 
mer,  qui  vient  de  mourir,  était  né  à  Paris  en  1829. 
Élève  de  Rlouet  et  de  Gilbert,  grand  Prix  de  Ruine  en 


52 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


1854,  plus  tard  inspecteur  général  des  Monuments 
historiques  et  membre  du  Conseil  supérieur  des  bâti- 
ments civils,  il  laisse  d'admirables  uionuments,  remar- 
quables à  la  fois  par  l'élégance  de  la  ligne  et  la  logique 
de  la  construction.  On  lui  doit  la  maison  d'arrêt  et  de 
correction  de  la  Santé,  où  il  s'inspira  des  principes 
posés  par  ses  maîtres  pour  la  construction  des  édilices 
pénitenciaires;  le  groupe  scolaire  de  la  rue  d'Alésia, 
le  lycée  Molière,  pour  les  jeunes  fllles,  à  Passy,  et  le 
lycée  Bullon,  pour  les  garçons,  boulevard  Pasteur;  on 
lui  doit  trois  des  églises  parisiennes,  Saint-Pierre  de 
Montrouge.  son  chef-d'œuvre,  Notre-Dame  d'Auteuil 
et  l'église  grecque  de  la  rue  Bi/et;  on  lui  doit  encore 
une  chapelle  funéraire  à  Saint-Urice  Seine-et-Oise),  le 
palais  épiscopal  de  Beauvais,  la  restauration  du  Con- 
servatoire des  Arts  et  Métiers  (ancien  prieuré  de  Saint- 
Martin-des-Champs),  les  plans  de  la  cathédrale  de 
Marseille,  etc.  Il  restera  comme  une  des  plus  intéres- 
santes figures  de  l'architecture  française  au  xix*  siècle. 
Membre  de  l'Académie  des  beaux-arts  depuis  1879,  il 
était,  depuis  1900,  commandeur  de  la  Légion  d'hon- 
neur. 

—  M.  Edmond  Tuii/uel.  qui  vient  de  mourir  à  Paris, 
était  né  à  Senlis  en  1836.  Après  avoir  fait  ses  études 
de  droit,  il  entra  dans  la  magistrature,  fut  élu  député 
après  la  guorre  de  1870,  et  devint  en  1879  soussecré- 
taire  d'État  aux  Beaux-Arts;  réélu  député  en  1881,  il 
fut  de  nouveau  appelé  à  ce  poste  en  1885  et  l'occupa 


jusqu'en  1887.  C'est  lui  qui  fut  amené,  M.  Armand 
Fallières  étant  ministre  de  l'Instruction  publique,  à 
signer  le  traité,  tout  récemment  dénoncé,  accordant 
à  la  maison  Braun  le  privilège  de  la  photographie 
dans  les  Musées  nationaux. 

—  A  Bucarest,  vient  de  mourir,  dan»  sa  soixante- 
quinzième  année,  Jeati  Kalindéro.  une  des  personna- 
lités les  plus  marquantes  etlesplus  populaires  du  pays. 
Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  parler  de  sa  carrière  de  ma- 
gistral, de  son  activité  d'administrateur  des  Domaines 
de  la  Couronne  (depuis  1884),  ni  des  ouvrages  histo- 
riques qui  lui  ouvrirent,  en  1893,  les  portes  de  l'Aca- 
démie roumaine.  Il  faut  se  borner  à  rappeler  qu'il 
présida  la  Commission  des  monuments  historiques 
depuis  sa  fondation.  Sa  grande  fortune  personnelle 
lui  permit  de  prendre  une  part  prépondérante  au 
mouvement  intellectuel  et  artistique  du  pays,  en 
premier  lieu  par  les  larges  subsides  dont  il  encoura- 
geait les  jeunes  talents  :  puis,  par  les  riches  collec- 
tions qu'il  réunit,  lien  avait  encombré  sa  maison, et 
s'était  vu  obligé,  ces  dernières  années,  de  leur  cons- 
truire un  bâtiment  spécial.  La  Galerie. Kalindéro,  qui 
doit  revenir  àla  ville  de  Bucarest,  contientbon  nombre 
d'œuvres  anciennes,  italiennes  et  françaises,  de  valeur  ; 
mais  elle  vaut  surtout,  pour  la  Roumanie,  par  un 
choix  de  peintures  de  Grigoresco,  recueillies  par  le 
D'  Kalindéro,  frère  du  défunt  et  ami  intime  du  grand 
artiste  national.  —  M.  Mtd. 


CHRONIQUE    DES    VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —  Succession  M...  [Marchand] 
(tableaux,  objets  d'artj.  —  Kaile  salle  6,  les  2  et 
3  février,  par  M"  Oudard  et  Baudoin,  assistés  de 
MM.  Sortais,  Duchesne  et  Duplan,  et  Delteil,  cette 
vente  a  produit  57.900  francs.  Une  seule  enchère 
digne  deremaniue  :  celle  de  9. 100  francs, obtenue, 
sur  la  demande  de  6.000  par  une  gouache  de 
Gustave  Moreau,  la  Licorne. 

Succession  de  la  marquise  du  'V.  .  (objets 
d'art,  etc.).  —  Nous  avions  annoncé  également 
cette  vente.  Dirigée,  salle  1,  du  2  au  4  février, 
par  M"  Lericque  et  MM.  Paulme  et  Lasquin,  ellea 
produit 70.000  francs.  Ici  encore,  une  seule  en- 
chère vaut  d'i'tre  notée,  celle  de  6.500  francs, 
réalisée,  sur  la  demande  de  5.000,  par  une  table- 


bureau,  en  bois  de  placage,  ornée  de  bronzes, 
de  l'époque  de  la  Ilégence. 

■Vente  de  tapisseries, etc.  —  M*  Lair-Dubreuil, 

assisté  de  MM .  Paulme  et  Lasquin,  a  dirigé,  salle 6, 
le  7  février,  une  vacation  anonyme  qui  a  produit 
5". 000  francs.  Deux  enchères  méritent  seules 
d'ôtre  signalées  :  celle  de  7.930  francs,  obtenue, 
sur  la  demande  de  5.000  francs,  par  une  tapisserie 
flamande  de  la  Régence,  à  sujet  mythologique 
dans  un  paysage,  et  celle  de  7.825  francs,  réalisée 
par  deux  tapisseries  de  la  même  suite,  plus  petites. 

■Vente  Henriette  Rodggers  (objets  d'art, 
etc.). —  De  cette  vacation,  dirigée  salle  U,  le  9  cou- 
rant, par  M«  Lair-Dubreuil  et  MM.  Mannheira  et 
Loys  Delteil,  il  nous  suffira  d'indiquer  le  total,  soit 
29.542  francs,  et  l'enchère  de  4.580  francs  obtenue 
sur  la  demande  de  2.000,  par  une  Uble-coifTeuse 


AMCIËN    ET    MODERNE 


53 


en  marqueterie  de  bois  de  couleurs,  d'époque 
Louis  XV,  avec  bronzes  rapportés.  Le  lit  de  milieu 
en  bois  sculpté,  que  nous  avions  signalé,  n'a  pas 
été  vendu. 

Vente  de  tapisseries,  etc  — M=  Lair-Dubreuil, 
assisté  de  MM.  l'aulme  et  Lasquin  et  Portier,  a 
dirigé  le  11  février,  salles  5  et  6,  une  vacation 
anonyme,  qui  a  produit  un  total  d'environ 
100.000  franis.  Lne  suite  de  dix  panneaux,  en 
tapisserie  de  Bruxelles  du  xvi«  siècle,  à  sujets  de 
l'histoire  ancienne,  a  réalisé  25.000  francs,  sur 
la  demande  de  30.000.  Cinq  autres  panneaux 
flamands,  de  la  même  époque,  à  sujets  de  chasse, 
pour  lesquels  il  avait  été  demandé  15.000  francs, 
ont  été  adjugés  14  000.  Six  tapisseries  d'Au- 
busson,  dans  le  goiit  du  xvin'  siècle,  à  sujets 
pastoraux,  ont  été  vendus  8.000  francs.  Notons 
encore  le  prix  de  4.600  francs,  pour  une  verdure 
en  Aubussori  du  xvii"  siècle. 

Vente  de  tableaux  modernes.  —  Une  seule 
enchère  mérite  d'être  signalée  parmi  les  résul- 
tats d'une  vente  anonyme  de  tableaux  et  dessins 
modernes,  à  laquelle  ont  procédé,  salle  10, 
M"  iiaudoin  et  MM.  (iraat  et  Madoulé,  le  11  février 
également.  C'est  le  prix  de  4.800  francs,  obtenu 
par  une  aquarelle  de  Lucien  Simon  :  Pendant  te 
prêche. 

Cette  vacation  a  produit  36.756  francs. 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Collection 
Fitzhenry  (Objets  d'art,  etc.).  —  Nous  avons 
déjà  signalé  la  vente  que  dirigeront,  salles  7  et  8, 
du  18  au  21  courant,  M=  l^air-Dubreuil  assisté  de 
MM.  Mannheim  et  Léman,  des  objets  d'art  et  de 
curiosité  dépendant  de  la  succession  de  M.  Fitz- 
henry. Dans  les  cinq  cent  et  quelques  numéros 
qu'enregistre  le  catalogue  illustré  publié  à  cette 
occasion,  on  remarquera  surtout  une  réunion  de 
miniatures,  certaines  signées  :  Sicard,  Labille- 
Guyard,  Augustin,  etc  ;  un  tableau  par  Heinsius,  le 
Portrait  présumé  d'Eugène  de  Beauharnais,  enfant  ; 
et  parmi  les  objets  de  haute  curiosité,  une  custode 
en  émail  peint  de  Limoges,  du  xvi"  siècle,  à 
sujets  religieux;  un  petit  monument  en  buis 
sculpté  d'art  allemand  de  la  mi'me  époque,  à 
nombreux  personnages  et  deux  coupes  en  ambre 
sculpté  du  xvn*  siècle.  La  plupart  des  objets  com- 
posant cette  vente  ont  figuré  au  Musée  des  Arts 
décoratifs  à  Paris,  prêtés  temporairement  par  le 
collectionneur  anglais  qui  fut  un  des  bienfaiteurs . 
de  ce  musée. 

Tableaux  et  objets  d'art.  —  11  faut  signaler 
les  deux  ventes  de  tableaux  anciens  et  modernes, 


qui  seront  dirigées,  la  semaine  prochaine,  par 
M»  H.  Baudoin  :  la  première,  le  18  février,  avec 
M.  J.  Ferai,  comme  expert,  comprend  un  certain 
nombre  de  peintures,  des  écoles  flamande  et 
française  pour  la  plupart,  avec  les  noms  de 
N.  Berghem,  C.  Coypel,  l.eprince,  Rigaud,  Diaz, 
Troyoïi,  etc.  ;  la  seconde,  les  20  et  21  février,  avec 
M.  (j.  Sortais  et  M.  E.  Pape,  se  compose  de  pein- 
tures, d'objets  d'art  et  d'ameublement,  de  porce- 
laines et  bibelots,  le  tout  provenant  du  chdteau 
de  R... 

M.  N. 
ESTAMPES 

A  Paris.  —  Vente  d'estampes  du  XVIII'  siè- 
cle.—  La  vente  que  nous  avions  annoncée  comme 
devant  être  faite  le  5  février,  par  M°  A.  Des- 
vougesetM.  L.  Delteil,  a  pris  fin  sur  un  total  de 
70.414  francs. 

Il  faut  tirer  de  pair  le  prix  de  9.100  francs, 
obtenu  par  le  n»  62,  les  Deux  baisers,  gravé  en 
couleurs  par  Debucourt,  avec  grandes  marges; 
et  celui  de  4.100  francs,  pour  une  épreuve  avant 
la  lettre  et  avant  le  fleuron  des  Hazards  heureux 
de  l'escarpolette,  gravé  par  N.  de  Launay,  d'après 
Fragonard  (no  98). 

—  Une  autre  vente  d'estampes  du  xvui«  siècle 
a  été  faite,  le  6  février,  par  M"  Lair-Dubreuil  et 
MM.  Paulme  et  Lasquin;  elle  a  produit  63.065 
francs. 

On  ne  trouve  guère  à  retenir  que  le  prix  de 
.■!.500  francs  pour  deux  pièces  en  couleur  d'après 
Morland,  Industry,  Idleness  (n"'  196-197),  celui 
de  2.900  francs  pour  deux  Pastorales,  pendants 
gravés  en  couleur  par  Demarteau,  d'après  J.-B. 
Huet  (n»  77);  et  celui  de  2.350  francs  pour  trois 
pièces  gravées  en  couleur  par  Bonnet  (xi°'  35-37)  : 
Vénus  et  l'Amour,  la  Chemise  enlevée,  les  Trois 
Grâces. 

Dans  ces  deux  ventes,  de  nombreuses  pièces 
ont  dépassé  l'enchère  de  1.000  francs;  mais 
nous  n'avons  pas  la  place  pour  les  signaler. 

R.  G. 


EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


La  Société  moderne  (galerie  Devambez).  — 
Chez  Durand-Ruel,  les  comparaisons  devenaient 
trop  dangereuses,  dans  un  musée  de  l'impres- 
sionnisme, au  milieu  de  morceaux  choisis  par  le 
goût  et  déjà  patines  par  le  temps...  Ici,  la  jeune 
Société  parait  plus  «  moderne  »,  sans  rien  nous 
proposer,  toutefois,  de  nouveau  ;  plus  d'invité 


'6i 


LE   BULLETIN    DE   L'ART 


magistral,  ni  de  sociétaires  inquiétants  :  ce 
sixième  hiver  est  de  tout  repos;  les  délicats  n'y 
semblent  pas  trop  souffrir  du  voisinage  des 
violents.  Ceux-ci  persévèrent  dans  la  synthèse 
brutale  :  M.  Lemordant,  lidèle  à  la  Bretagne  des 
lourdes  Bigoudènes  aux  tabliers  multicolores; 
M.  Carrera,  séduit  par  l'Extrême-Orient  de  Gau- 
guin, comme  nos  musiciens  avides  d'harmonies 
rares  et  de  fausses  notes;  M.  Suréda,  plus  sobre, 
au  pays  mauresque;  M.  Georges  Dorignac,  dessi- 
nateur à  l'instinct  décoratif;  M.  Claude  Rameau, 
paysagiste,  qui  n'est  pas  en  progrès.  Serait-ce  pour 
nous  démontrer  que  le  vieil  Hiroshighé  fut  «  le 
premier  des  impressionnistes  »  moins  par  l'ana- 
lyse de  l'atmosphère  que  par  la  simplification  des 
lignes,  mais,  en  plein  Occident,  M.  Âlluaud  réalise, 
en  teintes  plates,  un  paysage  japonais.  Autour  du 
poète  Francis  Auburtin,  la  délicatesse  un  peu 
grise  appelle  MM.  Marret,  Vauthrin,  Maurice  Eliot, 
William  Horton  et  sa  Vue  de  Vevey,  se  colore  au 
soleil  de  M.  Paul  Madeline,  s'arrête  aux  plages 
bretonnes  avec  M.  Morisset,  préfère  les  parfums 
du  home  avec  M.  Paul  Renaudot,  moins  ambitieux 
que  M.  William  Malherbe,  éclaircit  les  tables 
fleuries  par  M.  Abel  Truchet,  empourpre  les  fleurs 
de  M"""  Galtier-Boissière  ou  se  divertit  malicieu- 
sement dans  une  aquarelle  de  M.  Drésa.  Trois 
noms  résument  les  tendances  de  la  sculp- 
ture: M.  Henry  Bouchard,  assez  vigoureux  pour 
réconcilier  le  savoir  classique  et  la  vie  moderne; 
M.  Quillivic,  lourdement  décadent;  M.  Berthoud, 
maniéré.  Les  bijoux  de  M.  Uivaud  sont  là  pour 
nous  rappeler  que  la  sûreté  du  métier  fait  partie 
de  la  probité  de  l'art. 

Société  des  Peintres  orientalistes  français 
et  quatre  Salons  d'hiver  au  Orand-Palais.  — 

Tandis  que  l'hiver  de  la  nature  a  la  tiédeur  dorée 
d'un  avril,  la  tristesse  glaciale  du  (irand-Palais 
n'est  pas  réchauffée  par  la  peinture  qui  l'en- 
combre :  à  quoi  bon,  dans  ces  demi-ténèbres,  le 
onzième  et  pénible  .Salon  dit  de  l'École  française, 
le  quatorzième  Salon  d'hiver  constitué  par  l'As- 
sociation syndicale  professionnelle  des  peintres 
et  sculpteurs  français,  et  ce  trente-troisième 
Salon  de  l'Union  des  Femmes  peintres  et  sculp- 
teurs, dont  on  n'avait  pas  besoin  pour  apprendre 
que  M"»"  Madeleine  Carpenlier,  Blanche  Moria, 
Bourgonnier-Claude  et  Suzanne  Minier  sont  des 
artistes  ?  Et  serait-il  inconvenant  de  souhaiter  un 
cadre  meilleur  à  la  vingt-deuxième  affirmation 
de  nos  Orientalistes,  trop  nombreux  aussi,  mais 
toajonrs  intéressants? 


Ils  sont  trop,  parce  que  la  peinture  est  le  mal 
du  siècle;  mais,  ici,  dans  un  millier  d'envois, 
l'art  a  vite  reconnu  les  siens,  l'oint  de  rétrospec- 
tive, cette  année,  pour  montrer  à  la  curiosité  du 
présent  le  beau  passé  romantique  des  héritiers 
d'Eugène  Delacroix,  Chassériau,  Dehodencq,  ou 
la  science  ethnographique  et  lumineuse  d'un 
Léon  Belly;  mais  l'Orient  lui-même,  en  face  de 
l'Occident  qui  l'explore,  et  toute  une  salle  réser- 
vée par  M.  Léonce  Bénédite  à  l'École  de  Calcutta  : 
parmi  des  objets  d'art  ancien,  bronzes,  étoffes, 
instruments  de  musique  ou  copies  de  fresque, 
un  art  local  moderne,  inspiré  par  le  souvenir  de 
la  miniature  persane, où  la  légende  est  habituelle 
et  le  portrait  rare;  et  les  enluminures  de  ce 
Tagore,  dont  M""  Andrée  Karpelès  nous  a  trans- 
mis les  traits,  semblent  avoir  influencé  l'illus- 
trateur de  Badourah,  M.  Edmond  Dulac. 

C'est  notre  Algérie  réelle,  plutôt  que  l'Inde 
rêvée,  qui  retient  nos  observateurs  :  le  peintre 
Henry  d'Estienne,  quittant  l'Amirauté  d'Alger 
pour  les  ruelles  lointaines  de  Bou-Sa.ïda,  paysa- 
giste des  heures  respirables  et  lin  portraitiste  au 
pastel  des  jeunes  beautés  tatouées;  les  boursiers, 
MM.  .Migonney,  Charles  Dufresne,  un  Breton  sur- 
tout, le  graveur  Adolphe  Beaufrère,  qui  saisit  le 
style  d'un  site  lumineux  dans  un  croquis  à  l'eau- 
forte  ou  taillé  sur  bois;  .M.  Léon  Cauvy,  dans  les 
marchés  ou  les  cafés  maures;  M.  Suréda,  dans 
l'ombre  des  quartiers  juifs;  M.  ûabat,  confident 
des  danseuses  rouges;  M.  Morerod,  remarquable 
interrogateur  du  caractère,  en  Espagne  autant 
qu'au  Maroc;  M.  Maufra,  qui  descend  toujours 
vers  la  lumière;  M"»  Suzanne  Crépin,  talent 
décoratif  et  spirituellement  français  sous  le  ciel 
de  feu  du  Sénégal  ;  les  paysagistes  Henri  Dabadie, 
Jacques  Simon,  Richard  Black,  Amédée  Buffet, 
moins  romantiques  que  M.  Sydney  Adamson  au 
Cimetière  d'Eyouh;  le  statuaire  P.-M.  l'oisson, 
dont  les  nerveux  petits  bronzes  ne  sont  pas 
écrasés  par  la  puissance  musclée  de  M.  Herbert 
Ward.  Loin  des  peintres  habituels  de  Venise, 
l'Espagne  nous  envoie  deux  sombres  primitifs, 
les  frères  de  Zubiaurre,  Valentin,  plus  concentré 
que  Bamon,  au  pays  basque;  et,  sans  quitter  son 
Ile-Saint-Louis,  le  peintre-sculpteur  Emile  Ber- 
nard a  pu  faire  le  portrait  de  la  danseuse  persane 
Annène  Ohanian,  qui  détrône  dans  les  caprices 
de  la  mode  le  triomphal  souvenir  de  Matahari. 

Jacques-Emile  Blanche  [galerie  Bernheim 
Jeune).  —  Une  note,  au  catalogue,  nous  prévient 
que  cette  exposition  restreinte  ne  devait  com- 


ANCIEN    ET    MODERNE 


S5 


porter  que  des  études  d'Angleterre  ou  d'Italie, 
ces  claires  vues  de  Londres  ou  de  Venise  où  le 
plus  t'Tudit  do  nos  peintres  a  recomposé  ses 
impressions  dans  un  bain  d'ambre  et  d'or  où 
Constable  et  Bonington  respireraient  tout  à  loisir 
un  air  aristocratique;  mais,  vu  le  nombre  insuf- 
fisant de  ces  études,  «  on  a  cru  devoir  ajouter 
des  Heurs  et  des  visages»  :  ces  figures  sont  des 
portraits  datés  de  1913,  qui  nous  prouvent  qu'un 
virtuose  de  la  psychologie  boldinise  avec  goût, 
quand  il  lui  plaît;  et  les  yeux  ne  seraient  pas 
surpris  de  retrouver  la  hautaine  silhouette  de 
cette  jeune  princesse  ou  la  désinvolture  musquée 
de  M.  Jean  Cocteau  parmi  les  élégants  de  la  place 
Saint-Marc,  «à  l'heure  du  thé»,  par  un  temps 

gris. 

Raymond  Bouykr. 


NOTES    &    DOCUMENTS 


Sur  un  bas-relief  du  Louvre 
attribué   à   Francesco    Francia.     , 

Dans  la  salle  de  la  sculpture  italienne,  au 
Musée  du  Louvre,  est  exposé  un  beau  relief  -de 
bronze  où  est  figuré,  dans  un  style  précis,  déli- 
cat et  sobre  à  la  fois,  le  buste  du  cardinal  Fran- 
cesco Alidosi.  Cette  œuvre  excellente  est  attribuée 
à  Francesco  Francia  (1),  qui,  on  le  sait,  aimait 
signer  ses  peintures  :  francia  avrikex,  tenant  à 
rappeler  ainsi  qu'il  avait  été  orfèvre  avant  d'être 
peintre,  —  et  le  beau  bronze  du  Louvre  a  bien 
tous  les  traits  d'un  relief  d'orfèvre. 

Au  demeurant,  Vasari  nous  raconte  que  le 
Francia  était  un  artiste  universel,  et  il  insiste, 
notamment,  sur  les  médailles  qu'on  lui  doit.  Ces 
médailles,  l'artiste  bolonais  ne  les  a  pas  signées; 
aussi,  les  historiens  de  la  médaille  italienne  se 
sont-ils  tous  attachés  à  les  identitier;  et,  préci- 
sément, il  existe  une  très  belle  médaille  du  car- 
dinal Alidosi  que  Friedliender,  suivi  par  Armand, 
a  attribuée  au  Francia.  Sans  doute,  plusieurs 
auteurs,  liode  notamment,  ont  combattu  cette 
attribution.  Elle  n'en  est  pas  moins  passée  dans 
l'usage,  tous  les  rédacteurs  des  catalogues  de 
ventes  l'ont  adoptée,  et  il  est  évident  que,  si  le 
relief  de  bronze  du  Louvre  est  donné  comme  un 
ouvrage    de   F'rancesco   Francia,  c'est  qu'il   est 

(1)  A.  Saglio,  l'Art,  1893,  I,  p.  125. 


nécessairement  de  la  même  main  que  la  mé- 
daille :  en  effet,  le  portrait  du  cardinal  est  si 
pareil  de  style  et  d'aspect  dans  les  deux  monu- 
ments, qu'affirmer  que  le  relief  est  un  premier 
modèle  exécuté  d'après  nature,  par  l'artiste,  en 
vue  de  sa  médaille,  serait  à  peine  une  hypothèse. 

Donc,  relief  et  médaille  n'ont  qu'un  seul  et 
même  auteur.  Mais  cet  auteur  est-il  Francesco 
Francia  ?  A  cela,  une  remarque  permet  de  ré- 
pondre, avec  la  plus  grande  certitude  :  non. 

H  existe  une  autre  médaille  tellement  iden- 
tique de  style  à  celle  de  Francesco  Alidosi,  que 
tous  les  auteurs  ont  noté  cette  identité  et  l'ont 
attribuée  au  même  maître  :  c'est  celle  de  Ber- 
nardo  Rossi,  évéque  de  Trévise,  de  1499  à  1527, 
médaille  d'un  beau  caractère,  net  et  savant,  que 
les  catalogues  de  vente,  suivant  en  cela  Armand, 
donnent  régulièrement  comme  une  œuvre  du 
Francia,  précisément  à  cause  de  sa  similitude 
avec  celle  d'Alidosi.  Cette  similitude  est  d'ail- 
leurs des  plus  convaincantes  :  impossible  de 
disjoindre  les  deux  pièces.  Aussi  bien  les  revers 
que  les  effigies  révèlent,  de  la  façon  la  plus  expli- 
cite, le  faire  d'un  même  artiste.  Aux  deux  revers, 
on  voit  un  char  d'une  forme  très  particulière, 
un  aigle  battant  des  ailes,  pareillement  dessiné 
et  modelé  (1).  La  lettre  même  et  le  grènetia  se 
ressemblent  étroitement  sur  les  deux  médailles. 
Bref,  en  les  attribuant  à  un  seul  médailleur,  on 
ne  fait  qu'obéir  à  l'évidence. 

Mais,  si  l'on  examine  celle  de  Bernardo  Rossi, 
qu'y  remarque-t-on?  Que  la  légende  lui  donne 
le  titre  de  vice-légat  de  Bologne  :  bbh  .  hv  .co.u. 

KPS  .  TAR  .  LE    .   BO   .    VlC  .  GV  .  KT  .  PRAE.,  c'cSt-à-dlre 

Bernardus  Rubcus,  cornes  Berceti,  episcopus  Tarvi- 
ainus,  legationis  Bononiensis  vice  gubernator  et 
praeses,  transcription  qui  nous  est  certifiée  par 
l'inscription  funéraire  de  Bernardo  Rossi,  qu'on 
voit  à  Trévise  et  que  rapporte  Cappelletti  (2).  On 
remarque  encore  que  la  légende  du  revers  :  Ob 
virtutes  in  Flaminiam  restitutas,  fait  allusion  aux 
fonctions  que  Bernardo  Rossi  eut  en  Romagne 
(provincia  Flaminia),  où  le  pape  le  nomma  légat 
en  I'dIT.  Or,  que  suit-il  de  ces  remarques?  C'est 
que  la  médaille  n'est  pas  antérieure  à  1519 
et  date  très  probablement  de  cette  année-là  :  en 


(1)  Dans  le  relief  du  Louvre,  des  aigles  sembinbie» 
ornent  le  cartouche  où  est  inscrit  le  nom  du  cardinal. 

(2)  Cappellelli.  Cliiese  d'Italia,  X,  p.  683  sqq.  «  ller- 
vardo  fiiibeo  Com.  Berceti  episcopo  Taroisino  sub 
Leone Xpont.  max.  Urbispraefect.paulopost  universae 
Flaminiae  praesid,  llononiae  simul  Proteg  »,  etc. 


56 


LE   BULLETIN   DE   L'ART 


effet,  c'est  en  1319,  qu'à  la  mort  du  vice-légat  de 
Bologne,  Lorenzo  Flisco,  Bernardo  Rossi  fut 
nommé  à  sa  place,  et,  probablement,  en  raison 
des  services  qu'il  avait  rendus  en  Romagne, 
06  virtutea  in  Flaminiam  restitutas,  et  de  la  fer- 
meté, allant  jusqu'à  la  hauteur  et  à  la  dureté, 
dont  il  y  avait  fait  preuve  (1).  Mais  Francesco 
Francia  est  mort  le  6  juin  1517  (1818,  nouveau 
style)  (2).  11  n'a  donc  pu  exécuter  la  médaille  de 
Bernardo  Rossi  (3). 

On  voit  la  conséquence  de  ces  remarques. 
Puisque  la  médaille  de  Bernardo  Rossi  ne  peut 
(Hre  de  Francesco  Francia,  celle  du  cardinal 
Francesco  Alidosi  n'est  pas  de  lui,  elle  non  plus, 
etle  relief  du  Louvre  ne  saurait  donc  Hre  attribué 
à  l'artiste  (4).  Francesco  Francia  a  laissé  des  fils 
qui  pratiquèrent  son  art,  et  il  est  permis  de  se 
demander  si  les  œuvres  que  nous  retirons  à  leur 
père  pourraient  leur  être  attribuées,  encore 
qu'ils  fussent  jeunes  à  la  mort  du  cardinal  Ali- 
dosi (tué  en  1511,  et  dont  la  médaille  doit  dater 
de  1507).  Le  but  de  cette  note  n'est  pas,  d'ail- 
leurs, d'émettre  une  hypothèse  quelconque  au 
sujet  des  trois  monuments  dont  nous  avons 
parlé,  mais  seulement  de  ruiner,  d'une  façon 
définitive,  celle  qui  avait  cours  jusqu'ici  (5). 

Jf.a."«  de  Foville. 


(1)  PompeoYhani, Historia,  {Bologne,  1596).Certani, 
La  Verità  vendicala,  etc.  (Bologne,  1659),  p.  301  sqq. 
Litta,  Famigle  celebri  ilaliane,  Rossi. 

(2)  Caivi,  Memorie  inlorno  a  Fr.  Francia  (Bologne, 
1812),  etMllaaesi.p.  547,  n.  4,  de  son  édition  de  Vasarj, 
Vite,  etc.,  t.  III. 

(3)  Cornélius  de  Fabriczy  en  avait  déjà  fait  la 
remarque  en  passant  (Medaillen  der  ital.  Ren., 
p.  45).  mais  sans  en  tirer  toutes  les  déductions  qu'elle 
entraîne.  > 

(4)  On  a  quelquefois  attribué  à  Francesco  l'Yancia 
les  belles  médailles  de  Musotti  et  de  Toniuiaso  Hug- 
gieri,  tous  deux  de  Bologne.  Sans  entrer  dans  la 
discussion  de  cette  hypothèse,  notons  que  les  portraits 
de  ces  deu.x  Bolonais  dilTèrent  profondément  de  ceux 
d'Alidosi  et  de  Bernardo  Rossi  :  ces  médailles  for- 
ment donc  deux  groupes  qu'il  serait  impossible 
d'attribuer  à  un  seul  artiste.  Donc,  en  retirant  au 
Francia  VAUdosi  et  le  Rossi,  nous  ne  touchons  pas 
au  problème  que  suscitent  le  Uusotli  et  le  Ruggieri. 

(5)  M.  Ad.  Venturi  [VArle,  1904,  p.  470,  et  St.  delV 
art.  il.,  VI.  p.  799)  tend  également  à  retirer  au  Francia 
les  médailles  d'Alidosi  et  de  Uossi.  et,  par  conséquent, 
le  relief  du  Louvre,  mais  pour  des  raisons  de  style,  la 
médaille  de  Rossi  lui  semblant  une  œuvre  du  plein 
xvi*  siècle.  Cet  argument  est  toutefois  insulhsant.  à 
lui  seul,  puisque  la  médaille  d'Alidosi,  identique  de 
style  à  celle  de  Rossi,  date  de  la  période  1507-1511,  et 
probablement  de  1507,  dix  ans  avant  la  mort  de 
Francia. 


LES      REVUES 


Franck 

Revue  des  deux  mondes  (1*' janvier).  —  Maurice 
Bahrés.  La  grande  pitié  des  églises  de  France.  — 
C'est  le  troisième  article  sur  la  campagne  entreprise 
par  M.  Barrés  en  faveur  des  églises  menacées  de  ruine 
par  suite  de  la  loi  de  Séparation.  Les  deux  premiers 
ont  été  précédemment  analysés  ici-mème  (n*  605). 

Ce  troisième  article  continue  J'expose  de  la  cam- 
pagne menée  par  le  député  de  Paris  en  1912  :  cam- 
pagne personnelle  dans  les  couloirs  de  la  Chambre, 
réunion  faite  à  Caen,  sur  l'initiative  de  M.  F.  Enge- 
rand,  et  qui  groupait  sur  l'estrade,  aux  côtés  du 
maire  radical  de  la  ville  et  de  l'évoque  de  Bayeux, 
des  professeurs,  des  hommes  politiques,  tous  réunis 
pour  affirmer,  en  dehors  de  toute  division  politique, 
que  les  églises  de  France  devaient  être  sauvées. 

Le  deuxième  discours  des  églises  fut  prononcé  le 
25  novembre  1912.  On  le  trouvera  tout  au  long  dans 
Iq  chapitre  suivant.  11  a  été  analysé  ici  à  son  heure, 
ainsi  que  l'intervention  de  M.  Sembat  en  faveur  de 
la  thèse  de  M.  Barrés  et  la  réponse  du  ministre  de 
l'Intérieur,  M.  Steeg.  On  sait  aussi  les  résultats  du 
vote  sur  l'ordre  du  jour  pur  et  simple  proposé  par  le 
gouvernement,  et  qu'il  eût  suffit  de  déplacer  treize 
voix  pour  sauver  les  églises. 

(13  janvier).  —  Le  quatrième  article  raconte  des 
événements  qui  sont  d'hier  :  l'histoire  de  la  caisse  des 
monuments  historiques,  et  le  troisième  discours  des 
églises,  prononcé  le  13  mars  1913,  quand  le  texte 
vint  en  discussion.  M.  Maurice  Barrés  parla  d'abord 
contre  l'amendement  Landry-Honnorat  qui  créait  une 
caisse  pour  les  monuments  classés  et  une  pour  les 
non  classés,  mais  sans  rien  demander  à  l'État  pour 
l'une  ni  pour  l'autre;  le  député  de  Paris  déposa  un 
sous-amendement,  modifiant  la  proposition  de  ses 
deux  collègues  et  donnant  des  droits  aux  particuliers 
contre  les  communes.  Le  sous-amendement  fut 
repoussé;  M.  Barrés  se  rallia  alors  à  l'amendement 
Landry  qui  fut  adopté. 

(1"  février).  —  L'article  s'ouvre  par  l'ignoble  his- 
toire des  «  uccroupis  de  Vendôme»,  qu'on  a  lue  à 
son  heure  dans  les  Échos  du  bulletin. 

M.  Barrés,  en  guise  de  conclusion,  reproduit  sa 
belle  lettre  à  Charles  Le  Goffic,  qui  lui  avait  demandé 
d'intervenir  en  faveur  des  cimetières  bretons.  «  L'in- 
telligence française,  lui  dit-il,  a  sauvé  son  honneur 
en  se  dressant  contre  les  barbares  devant  l'église  du 
village.  En  cela  un  résultat  certain  a  été  obtenu,  et  les 
parlementaires  se  sentiront  mal  à  l'aise  datlicher  trop 
claircmentun  désaccord  avec  l'élite  des  pcnseurset  des 
artistes  de  notre  pays.  »  Mais,  pour  lui,  la  sauvegarde 
de  l'église,  c'est  la  continuité  de  la  vie  religieuse  au 
village  :  «  les  églises  de  France  ont  besoin  de  saints  ». 

Le  Gérant  :  H.  Dinis. 

Pari*.  —  Imp.  Georges  Petit,  it,  rue  (jodot-de-Mauroi. 


Numéro  613. 


y  7 

Samedi  21  Février  1914. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


ANCIEN     ET    MODERNE 


La  Photographie 
dans   les   Musées  nationaux  (^) 


Le  Droit  de  reproduction. 

Une  jurisprudence  a  fini  par  s'établir  sur  la 
protection  due  à  la  reproduction  des  photogra- 
phies; mais  cette  jurisprudence  varie  avec  les 
pays,  selon  qu'on  a  considéré  ou  non  la  photo- 
graphie comme  une  œuvre  d'art.  Tantôt,  ce  pro- 
cédé est  assimilé  aux  œuvres  artistiques,  comme 
en  Angleterre,  où  le  délai  de  protection  s'étend 
sur  cinquante  années;  tantôt,  il  a  paru  inad- 
missible de  faire  bénéficier  la  photographie  des 
mômes  droits  que  la  peinture,  et  alors  le  délai 
ne  dépasse  pas  cinq  ans  (Hongrie,  Danemark, 
Suède,  etc.),  ou  dix  ans  (Allemagne,  Autriche); 
tantôt,  enfin,  la  question  de  principe  n'a  pas  été 
tranchée,  et  les  tribunaux  examinent  chaque  cas 
en  particulier,  pour  décider  d'abord  si  la  photo- 
graphie relève  ou  non  de  l'œuvre  d'art  (France, 
Belgique,  Italie). 

Quand  il  s'est  agi  de  fixer  un  délai  de  protection, 
en  Allemagne,  on  a  envisagé  certaines  reproduc- 
tions photographiques  dont  le  grand  intérêt  est, 
avant  tout,  de  rendre  accessibles  au  plus  grand 
nombre,  sous  une  forme  convenable,  les  œuvres 
d'art  étrangères;  on  a  estimé  que  les  photogra- 
phies de  cette  espèce  méritaient  d'être  protégées, 
mais  sans  qu'il  faille  aller,  pour  cela,  jusqu'à 
créer  en  leur  faveur  un  monopole  qui  contredi- 
rait à  leurobjetmême  de  vulgarisation  artistique; 
c'est  pourquoi  on  a  limité  la  protection  à  dix  ans, 
à  partir  de  la  création  du  cliché  négatif  ou  de  la 
publication  de  l'épreuve.  La  difficulté  reste, 
pour  les  intéressés,  —  et  c'est  à  la  résoudre  que 
le  Congrès  international  des  éditeurs  emploie 
tous  ses  efforts,  —  d'obtenir  pratiquement  un 
moyen  de  contrôle  permettant  de  savoir  quand 
un  cliché  n'est  plus  sous  le  coup  de  la  protection 
et  tombe,  comme  on  dit,  dans  le  domaine  public. 

(1)  3-  article.  Voir  les  n"  6H  et  612  du  Bulletin. 


Il  serait  infiniment  souhaitable  que  la  juris- 
prudence de  notre  pays  reçût  quelques  précisions. 
Ou  ne  verrait  plus  certaines  maisons  d'éditions 
photographiques  frapper  leurs  épreuves  d'un  droit 
de  reproduction  perpétuel,  contre  lequel  on  ne 
saurait  trop  protester.  Quand  bien  même,  en  effet, 
la  valeur  d'art  de  ces  épreuves  serait  indiscutable, 
n'est-il  pas  inique  d'étendre  ad  perpetuum  la 
protection  d'un  produit  obtenu  objectivement, 
comme  un  cliché,  alors  que  la  protection  des 
œuvres  d'art,  de  création  purement  subjective, 
est  liée  à  la  vie  de  leur  auteur  et  s'éteint  un  cer- 
tain nombre  d'années  après  la  mort  de  celui-ci? 

Enfin,  si  le  droit  de  reproduction  de  la  photo- 
graphie est  un  abus  en  soi,  un  obstacle  à  l'illus- 
tration des  revues  et  des  livres  d'art,  une  entrave 
à  la  vulgarisation  artistique,  comment  admettre 
que  cette  taxe  arbitraire  puisse  s'appliquer  aux 
épreuves  vendues  par  la  maison  concessionnaire 
du  privilège  de  photographier  dans  les  Musées 
nationaux?  Elle  a  le  monopole  de  reproduire  les 
peintures  et  les  sculptures  du  Louvre,  et  cela 
depuis  trente  ans;  et  elle  impose  un  droit  de 
dix  francs  par  épreuve  à  qui  veut  utiliser  dans  un 
journal  ou  dans  un  livre  le  cliché  qu'elle  est  seule 
à  pouvoir  exécuter.  Si  bien  qu'il  n'y  a  rien  de  si 
coûteux  à  acheter  ou  à  publier  chez  nous  que 
la  photographie  des  œuvres  d'art  appartenant  au 
patrimoine  national. 

E.  D. 

P.-S.  —  Nous  avons  reçu  de  la  maison  Braun 
une  demande  de  rectification  portant  sur  un 
pointde  notre  dernier  article,  le  Prix  des  épreuves, 
rectification  que  nous  insérons  bien  volontiers  : 

<i  On  peut  trouver  au  Louvre  et  dans  les  Musées 
nationaux  des  épreuves  photographiques  aux  sels 
d'argent,  format  24x30,  d'après  les  peintures, 
sculptures  ou  objets  d'art,  à  1  fr.  bO  et  non 
3  francs; —  des  épreuves  de  même  format,  au 
charbon,  à  5  francs  et  non  6  francs;  —  et  des 
héliogravures  11x15,  sur  marges  17x25,  à 
1  franc  ». 

Les  prix  de   1883  ont  donc  subi  une  réduc- 


m 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


tion.  Ils  restent  pourtant  encore  deux  fois  plus 
élevés  que  ceux  de  la  maison  italienne  que  nous 
citions  dqns  notre  article,  et  quj,  elje,  n'a  aucun 
privilège. 


ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


I^égiQn  d'honneur.  —  Par  décret  en  date  du 
H  février,  rendu  sur  la  proposition  du  ministre  de 
l'Instruction  publique,  M-  Georges  Costeau,  artiste 
peintre,  a  été  nommé  chevalier  de  la  Légion  d'honneur 

Académie  des  beaux-arts  (séance  du  H  février). 
—  Voici  les  noms  des  candidats  qui  ont  subi  avec 
succès  la  première  épreuve  du  concours  Roux. 

Peinture.  —  MM.  Doœergue  (élève  de  MM,  Hum- 
bert  et  Flameng),  Lagrange  (élève  de  M,  Cormon), 
Parera  (élève  de  M-  Gabriel  Ferrier). 

Sculpture.  —  MM.  Grange  (élève  de  M.  Injalbert), 
Lavrilier  (élève  de  M.  Injalbert),  Mathey  (élève  de 
M.  Injalbert),  Moncassin  (élève  de  M,  A.  Mercié). 

Architecture.  —  MM.  Castel  (élève  de  M.  Bernier). 
Ferrand' (élève  de  M.  Laloux),  Delaon  (élève  de 
M.  Laloux). 

Gravure,  -r-  MM.  Guillez  (élève  de  M.  Donnât), 
Godart  (élève  de  M.  'Waltner),  Berthaud  (élève  de 
M.  Waltner). 

Miniature.  ~r  M,  IJuet  (él^ve  de  M-  L.-O.  Mersqn), 
M"'  Chartran  (élève  de  M.  Ilurabert),  M""  Martin- 
Uegniard  (élève  de  M-  Humbert). 

Le  jugement  définitif  sera  rendu  le  10  octobre. 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
(séance  du  13  février),  -r-  M.  Cagnat  donne  lecture 
d'une  lettre  de  M.  L.-A.  Constans,  membre  de  l'École 
française  de  Rome,  relative  à  la  découverte  faite  par 
M.  Boni,  sur  le  Palatin,  d'un  oavean  que  le  savant 
italien  croit  être  le  munciua  civitalis  palatinae,  la 
fosse  dans  laquelle,  lors  de  la  fondation  d'une  ville, 
on  jetait  quelques  objets  de  bon  augure. 

—  Les  autres  communications  relèvent  de  l'histoire 
littéraire  et  de  la  philologie. 

Société  nationale  des  Antiquaires  de  France 
(séance  du  U  février),  -t  }i.  Awédée  Boinet  lit  une 
étude  sur  les  stalles  de  ta  cathédrale  de  Poitiers 
(xiii*  siècle),  dont  les  panneaux  du  fond  présentent 
un  intérêt  tout  particulier  i^u  point  de  vue  iconogra- 
phique et  (Jonqent  lieu  à  des  comparaisons  avec  les 
sculptures  du  portail  des  églises  contemporaine». 

—  M.  N.  Valois  présente  la  copie  d'un  couteau  de 
poche,  découvert  récemment  dans  le  cimetière  galto- 
romain  des  Longues-Raies,  à  Boissons. 

—  M.  de  Mély  fait  passer  sous  les  yeux  de  la 
Société  ta  photographie  d'une  fresque  de  Saint-Biaise 


de  Brunswick  représentant  la  Danse  de  Salorné  et 
portant  une  inscription  chronogfammatique  donnant 
la  date  de  1246,  qui  convient  parfaitement  aux  carac- 
tères archéologiques  de  la  fresque. 

—  M.  J.  Roman  présente  l'empreinte  de  la  matrice 
d'un  sceau  appartenant  à  M"'  la  comtesse  de  Rof- 
fignac,  à  Périgueux,  et  qui  date  du  xiv  siècle.  Il 
représente  une  cage  contenant  un  oiseau. 

—  M.  Louis  Châtelain  communique  les  photogra- 
phies d'une  statue  d'Escutape  qu'il  a  découverte  à 
Macta,  en  Tunisie,  au  cours  de  ses  dernières  fouilles. 

Société  de  l'histoire  de  l'^rt  français  (séance 
du  6  février).  —  M"'  IngersolUSmouse  communique 
des  notes  sur  un  certain  nombre  d'oeuvres  de  Iloudon 
conservées  en  Amérique. 

—  M.  Paul  Vitry  ajoute  quelques  détails  sur  ces 
œuvres. 

Société  d'iconographie  parisienne  i  séance  du 

30  janvier)  —  M.  Cherrier  présente  cinquante-sept 
boutons  d'habits,  ornés  de  gravures  en  couleurs  pu 
rehaussées  au  pinceau,  représentant  des  vues  de  Paris 
à  la  fin  du  XVIII*  siècle  et  (Jes  vues  des  châteaux  de 
Chpisy  et  de  Bellevue. 

—  M.  René  Farge  évoque  la  physionomie  du  Palais- 
Royal  à  la  fin  du  xviii'  siècle.  On  sait  que  les  docu- 
ments relatifs  aux  boutiques  de  ce  coin  de  Paris, 
autrefois  si  fréquenté,  sont  très  rares.  Il  faut  remon- 
ter à  1786  pour  en  retrouver  trace  dans  un  petit 
volume  :  les  Délices  du  Palais- Royal,  orné  de  dou2e 
figures  de  Dambron,  gravées  par  Queverdo.  fi'ast 
d'après  un  exemplaire  de  cet  almanach,  appartenant 
à  M.  de  Savigny  de  Moneorps,  qu'il  a  été  possible  à 
M-  Fsrge  de  présenter  des  vues  du  salqn  de  Curtiuty 
du  théâtre  des  Comédiens  de  hois,  da  café  du  Caveau, 
ouvert  par  Dubuisson  en  1783,  du  théâtre  Séraphin 
de  1785,  des  Bains  de  santé,  etc. 

—  A  la  suite  de  cette  communication,  et  en  manière 
de  conclusion,  M.  Farge  a  proposé  à  la  Société,  qui 
l'a  adopté  à  l'unanimité,  le  vœu  suivant  : 

«  La  Société  d'Iconographie  parisienne,  émue  par 
le  projet  présenté  au  Conseil  municipal  de  Pari»,  le 

31  décembre  1913  et  adopté  le  môme  jour  par  cette 
assemblée,  qui  s'est  déclarée  favorable  à  l'ouverturp, 
dans  l'axe  de  la  Bourse  du  Commerce,  et  à  la  hauteur 
des  dernières  arcade»  du  Palaii-Royal,  d'une  voie 
publique  reliant  la  rue  Crois-des-Petits-Champs  à  la 
rue  de  Valois  et  pouvant  se  prolonger,  à  travers  tes 
jardins  du  Palais-Royal,  pour  aboutir  à  l'avenue  de 
l'Opéra,  émet  le  vœu  : 

0  1*  que,  conformément  aux  prévisions  du  rapport 
de  M.  Chérioux  au  Conseil  municipal  de  Pari»,  cette 
voie  nouvelle  reste  inaccessible  aux  voiture»  dan»  sa 
traverȎe  du  jardin  du  Palais-Royal  ; 

«  a»  que  l'ouverture  à  la  circulalinn  des  bâtiments 
du  Pqlais-Royat  faisant  f^ce  à  la  nouvelle  voie  n'en- 
traîne aucune  modification  de  l'aspect  extérieur  de» 
arcadts  i 


ANCIEN   ET  MODERNE 


6» 


"  3°  que  l'aspect  du  jardin  lui-même  ne  subisse 
aucune  atteinte  par  la  construction  d'un  mur,  d'une 
grille  ou  de  toute  autre  barrière  destinée  à  séparer  le 
jardin  de  la  nouvelle  voie  publique  ». 

Congrès  des  Sociétés  d'histoire  de  PaHs.  ^ 

Le  prochain  Congrès  dés  Sociétés  d'histoire  de  t'arin 
se  tiendra,  au  mois  de  mai,  dans  les  nouveaux  locaux 
de  la  Bibliothèque  Le  Pelelier  de  Saint-Fargeau.  rue 
de  Sévigné. 

Présidée  par  M.  Jules  Guiffrey,  membre  de  l'Institut, 
la  Commission  permanente  d'organisation,  formée  à 
la  suite  du  CongrÔS  de  l'an  dernier,  vient  de  publier 
une  liste  des  questions  qu'elle  soumet  aux  études  des 
membres  des  diverses  Sociétés  parisiennes. 

Ces  questions  sont  divisées  en  deux  sections.  La 
première,  la  section  d'histoire,  comprend  les  mono- 
graphies des  rues  de  la  capitale,  les  travaux  sur  les 
anciens  cimetières,  les  foires  disparues,  les  jardins 
d'autrefois,  les  moyens  de  transport  de  jadis,  les 
numérotages  des  maisons,  la  voirie  urbaine  et  fluviale, 
les  études  sur  les  anciens  membres  des  corps  muni- 
cipaux. La  deuxième  section,  celle  d'archéologie, 
réunira  les  communications  sur  les  monuaients  dis- 
parus, les  vieux  hôtels  démolis  ou  menacés  de  démo- 
lition, les  statues,  enseignes,  fontaines  qui  survivent 
encore,  les  monographies  des  îiiicleftS  corps  de  métief, 
'étude  des  œuvres  d'art  TOnSerVées  dans  les  églises, 
cimetières  ou  théâtres. 

Le  Budget  des  Beaux-Arts.  —  Le  rapport  sur 
le  budget  des  Beaux-Arts,  dû  à  M.  Simyan,  a  été 
distribué  à  la  Chambre  des  Députés  le  13  février. 

Le  budget  des  Beaux-Arts  à  été  expédié  daiis  la 
Séance  da  matitt  du  lî  février,  autant  vaut  dire  sans 
discussion.  Il  y  a  eu  quelques  «  échanges  de  vues  » 
sur  la  reconstruction  de  l'École  des  arts  décoratifs, 
sur  les  théâtres  subventionnés,  sur  les  concerts  popu- 
laires de  la  salle  du  Jeu  de  paume  des  Tuileries,  sur 
l'autonomie  des  manufactures  des  Gobelins  et  de 
Beauvais,  sur  le  Mont  Saint-Michel,  et  sur  la  sur- 
veillance des  gisements  préhistoriques. 

En  ce  qui  concerne  la  coupure  de  la  digue  du 
Mont  Saint-Michel,  retenons  cette  déclaration  du 
sous-secrétaire  d'État  des  Beaux-Arts  :  «  le  projet  est 
revenu  des  Travaux  publics  et  sera  incessamment 
déposé  ». 

Manufactute  des  Gobelliis.  —  Les  ateliers  de 
haute  lisse  de  la  Manufacture  des  GobelinS  travaillent 
èh  ce  moment  à  l'exécution  de  plusieurs  tapisseries, 
d'après  des  cartons  d'artistes  contemporains,  qui  sont: 
le  Général  José  de  San  Martin  au  passage  des  Andes, 
par  Roll,  tapisserie  destinée  à  la  République  Argen- 
tine; Toulouse,  par  II.  Rachou,  poUr  le  Capitole  de 
Toulouse;  la  Bretagne,  par  Raflaclli,  pour  le  Parle- 
ment de  Rennes;  les  Pàmprts,  par  Jules  Ghéret;  la 
Bourgogne,  par  Louis  Attquetitt;  Psyché  servie  par 
lés  Grdees,  par  Zo,  pouHe  Luxembourg;  la  Bélin  au 


boit  dormant,  d'après  ieitx  Vebet;  des  écrans  et  des 
paravents  pAr  Félix  Bracquemond. 

La  Chancellerie  d'Orléans.  —  On  sait  que  l'admi' 
rable  hôtel  du  xvm'  siècle  qu'est  la  Chancellerie 
d'Orléans  .se  trouve  menacé  d'être  jeté  bas  pour  faire 
place  à  la  fameuse  rue  nouvelle  qui,  partant  de  la 
Bourse  du  commerce,  aboutira  au  Palais-Royal.  On 
sait  aliisi  ^  et  le  Bulletin  a  cité,  datis  Soti  n-  609, 
le  passage  du  tapport  présenté  sur  celle  question, 
par  M.  Chérioux,  au  Conseil  municipal  —  que,  pour 
faire  excuser  la  déniolilion  de  cette  belle  demeure, 
on  a  prétendu  qu'elle  bê  niourfait  paS  tout  entière, 
puisque  la  Banque  de  France  devait  recueillir  tout 
ce  qu'elle  renferuie  d'intéressant  !  «  Qu'on  ne  se  dé- 
sole qu'à  demi,  a  dit  en  substance  M.  Chérioux, 
puisqu'il  restera  ainsi  quelque  chose  de  la  Ch&ûcel- 
lerie,  alors  que  son  propriétaire  eftl  très  bien  pu  la 
raser,  après  avoir  dispersé  les  peintures  de  Goypel  et 
les  décorations  de  Boffrand.  » 

M.  Chérioux  ne  nous  dirait  pas  qu'il  aurait  été 
possible  et  facile  de  S'opposer  à  Cêâ  sauvages  desseins, 
à  supposer  que  le  propriétaire  les  eût  formés  :  c'était 
tout  simplement  de  recourir  au  classement  du  vieil 
hôtel  comme  monument  historique. 

Or,  on  annonce  que,  dans  une  de  ses  dernières 
séances,  la  Commission  des  monuments  historiques 
s'est  prononcée  à  l'unanimité  en  faveur  de  ce  clas- 
sement. 

La  Monnaie  de  Nickel.  —  Le  jury  du  concours 
pour  la  monnaie  de  nickel  a  fait  connaître  jeudi  son 
jugement. 

Il  a  attribué  le  premier  prix  (20.000  fr.)  à  M.  E.  Lin- 
dauer,  le  deuxième  prix  (2.000  fr.)  à  M.  Peter,  et  le 
troisième  prix  (1.000  ff.)  à  M.  Becker. 

Le  projet  dii  lauréàl,  M.  Llhdauet-,  comporte  âl'avèr», 
dans  l'encadrement  d'une  couronne  de  chêne  et  de  lau^ 
rier,  lès  initiales  R.  F.  séparées  par  le  disque  central 
de  la  pièce  perforée,  et  surmontées  du  bonnet  phry- 
gien ;  au  revers,  le  chiffre  de  la  valeur,  entre  la  devise 
républicaine  et  la  date  d'émission. 

A  Annecy.  -^  On  Sait  qU'uh  monument  doll  ètïe 
élevé,  à  Annecy,  à  la  mémoire  de  saint  François  de 
Sales.  C'est  l'Académie  florimontarte,  fondée  en  1606 
par  le  saint  évêque  de  Genève,  qui  a  pris  l'initiative 
de  cette  érection.  Elle  avait  ouvert,  à  cet  elfet,  un 
concours  auquel  quinze  artistes  ont  répondu  avec 
vingt-deux  projets.  Après  une  première  élimination, 
trois  ce  ces  projets  restèrent  en  présence,  sur  lesquels 
le  jury  du  concours  a  rendu  son  jugement.  Le  pre- 
mier prix  a  été  attribué  à  M.  Descatoires,  le  deuxième 
à  M.  Noël,  le  troisième  à  M.  Lamberton.  C'est  M.  Des- 
catoires, jeune  sculpteur  connu  déjà  par  son  monu- 
ment de  Jean  Bologne,  à  Douai,  qui  est,  en  consé- 
quence, chargé  de  l'exécution  du  monument. 

A  Limoges.  ^  Le  ministre  de  l'Instruction  pu- 
blique et  des  Beaux-Arts  est  autorisé  à  accepter,  pour 


60 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


le  musée  national  Adrien  Dubouché,  à  Limoges,  une 
somme  de  40.000  francs,  léguée  à  cet  établissement 
par  M""  Jeanne-Krançoise-Ermance  Bisquit,  veuve  de 
M.  Adrien-François-Louis  Bourcin-Dubouché.  Cette 
somme  sera  convertie  en  reote  sur  l'État  français,  et 
les  arrérages  serviront  à  l'acquisition  d'objets  des- 
tinés à  enriciiir  le  musée. 

A  Florence.  —  On  vient  d'exposer,  dans  la  grande 
salie  des  marbres  du  Musée  du  Bargcllo,  une  statue 
de  marbre  représentant  la  Vierge  et  l'Enfant,  œuvre 
sicilienne  du  xv*  siècle,  donnée  au  musée  par  le 
marquis  Eduardo  Albites  di  San  Paleruiano.  —  L.  G. 

A  Rome.  —  La  Surintendance  des  Monuments 
vient  de  terminer  la  restauration  de  l'église  et  du 
cloître  des  SS.  Quattro  Coronati  qui  a  donné  des  ré- 
sultats fort  intéressants;  le  cloître  du  xiu*  siècle,  qui 
avait  été  complètement  défiguré  au  xvn*,  a  repris  son 
aspect  primitif;  on  a  découvert  dans  l'église  des 
peintures  fort  anciennes  ;  la  crypte,  qui  remonte  au 
II*  siècle,  est  curieusement  pavée   de  colonnes  an- 


tiques disposées  horizontalement;  dans  une  salle  du 
couvent,  on  a  trouvé,  peint  à  fresque  sous  une  couche 
de  chaux,  un  calendrier  du  xiii'  siècle,  d'une  grande 
importance  liturgique.  Enfin,  on  s'était  servi  pour 
le  dallage  de  l'église,  en  les  retournant,  de  pierres 
tombales,  de  bas-reliefs,  de  plaques  de  clôture  de 
chœur,  etc.,  que  les  récents  travaux  ont  dégagés,  et 
qui  permettent  de  reconstituer  la  Sckola  cantorum 
médiévale.  C'est  à  M.  Munoz,  inspecteur  des  Monu- 
ments, qu'a  été  confiée  la  direction  de  cette  impor- 
tante restauration.  —  L.  G. 

Nécrologie.  —  Le  D'  Hippolyif  Mireitr,  qui  vient 
de  mourir  à  Marseille  à  l'âge  de  72  ans,  était  un  ama- 
teur d'art  bien  connu  par  le  Dictionnaire  des  ventes 
d'art  en  France  et  à  l'étranger  au  XVIII'  et  au 
XIX'  siècle,  important  travail  auquel  il  a  consacré  une 
bonne  part  de  sa  vie  et  qui,  malgré  des  lacunes  diffi- 
ciles à  éviter  dans  un  ouvrage  de  cette  ampleur,  rend 
encore  de  grands  services  aux  travailleurs  et  aux 
curieux.  Le  D'  Mireur  était  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur. 


CHRONIQUE    DES    VENTES 


TABLEAUX   —    OBJETS   D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —  'Vente  de  tableaux  anciens.  — 
M"  Lair-Dubreuil  et  Baudoin,  assistés  de  MM.  Sor- 
tais et  Ferai,  ont  dirigé,  le  15  février,  salle  7, 
une  vacation  anonyme  qui  a  produit  28.085  francs 
pour  dix  numéros.  Un  seul  prix  à  retenir,  celui 
de  8.100  francs,  pour  une  Vierge  à  l'Enfant  de 
l'école  flamande  du  xV  siècle.  Reproduit  dans  le 
catalogue  de  la  vente,  ce  panneau  avait  réalisé 
1.800  francs  en  1892,  comme  appartenant  à 
l'école  de  Van  Eyck,  et,  plus  récemment,  à  la 
vente  Dollfus  en  1912,  où  il  fut  vendu  comme 
Petrus  Ghristus,  23.200  francs. 

■Vente  d'objets  d'art.  —  Une  seule  enchère  à 
signaler  également,  dans  une  vacation  anonyme 
dirigée,  le  même  jour,  salle  1,  par  M*  Hémard  et 
M.  Guillaume,  celle  de  7.100  francs,  obtenue  par 
une  tapisserie  d'Aubusson  du  xviii»  siècle,  repré- 
sentant Flore  et  des  enfants  bacchants,  dans  un 
paysage.  • 

'Vente  de  la  collection  Rochard  (objets 
d'art,  etc.).  —  Le  16  février,  M*  André  Couturier 


et  MM.  Mannheim,  Pape  et  Delteil,  ont  procédé, 
salle  6,  à  la  vente  que  nous  avons  annoncée  des 
objets  ayant  fait  partie  de  la  collection  de  feu 
M.  Rochard. 

Cette  vacation  a  produit  199.251  francs,  avec, 
comme  enchère  maîtresse,  les  47.000  francs  réa- 
lisés, sur  la  demande  de  40.000,  par  un  triptyque 
en  émail  de  Limoges,  de  Nardon  Pénicaud. 

PRINCIPAUX   PRIX 

Porcelaines  DE  LA  Chine.  —  74.  Deux  potiches,  Kien- 
lung,  réserves  fieurs  et  scènes  familiales  sur  fond 
côtelé  polychr.,  8.320  fr.  (dem.  4.000;  couvercle  dé- 
fectueux). —  76.  Vase-rouleau,  fond  corail,  7.200  fr. 
(pas  de  demande,  fêlé). 

Objets  varias.  —  87.  Triptyque,  émail  peint  de 
Limoges,  par  N.  Pénicaud,  fin  xv  s.,  l'Annonciation 
et  deux  saints  personnages  debout,  47.000  fr.  (dem. 
40.000). 

Tapisseries.  —  117.  Petit  panneau,  tapiss.  flam., 
xV  s.,  tissée  de  métal,  la  Présentation  au  Temple, 
20.000  fr.  (dem.i5.000;rest.).  — 118.  Fragment  tapiss. 
Qam.,  commencement  xvi*  s.,  tissée  de  métal, groupe 
de  dix-sept  personnages,  fond  de  paysage,  12.000  fr. 
(dem.  15  000).  —  Trois  tapiss.  flam.,  xvr  s.,  allégories 
des  mois  de  janvier  et   février,  mari  et  avril,  sep- 


ANCIEN    ET    MODERNE 


61 


tembre  et  octobre,  nombreux  personnages,  bord., 
27.000  Ir.  (dem.  40.000;  parties  mod.).  —  120.  Deux 
cantiinières  llain.,  xvi*  s.,  fig.  allég.,  fruits,  fleurs, 
9.350  fr.  (deiii.  4.000;  parties  mod.). 

Vente  de  tableaux  anciens.  —  Une  seule 
enchère  mérite  dVUre  notée  parmi  les  résultats 
d'une  vente  anonyme,  dirigée  salle  6,  le  18  février, 
par  M"  Baudoin  et  M.  Péral.  Composée  de  tableaux 
anciens  et  de  quelques  dessins  et  gravures  en  cou- 
leurs, cette  séance  a  réalisé  50.519  francs.  Le 
Portrait  d'un  gentilhomme,  par  Heinsius,  seul 
tableau  reproduit  dans  le  catalogue,  a  été  vendu 
8.210  francs. 

A  Londres.  —  Vente  d'argenterie  anglaise 
ancienne.  —  Le  4  février,  a  eu  lieu,  chez  Christie, 
une  vente  de  vieille  argenterie  anglaise,  dans 
laquelle  ont  passé  deux  objets  historiques,  très 
chaudement  disputés.  Le  premier  est  une  coupe 
avec  couvercle  en  argent  doré,  datée  de  1611  et 
portant  le  monogramme  de  Tyl  ;  cette  coupe, 
très  finement  gravée,  fut  offerte,  en  1620,  par  la 
Corporation  des  tailleurs  à  John  Plomer  de  New- 
Windsor,  à  l'occasion  de  son  mariage  avec  Anne 
Gérard.  A  la  même  occasion,  John  Plomer  reçut 
un  plat  et  une  aiguière  en  argent  doré,  exécutés 
en  1618.  La  coupe  a  été  adjugée  112.500  francs; 
le  plat  et  l'aiguière,  41.250  francs. 

Ventes  annoncées.  — A  Paris.  —  On  annonce 
comme  devant  avoir  lieu,  le  20  mai,  la  vente  de 
la  collection  formée  par  M.  Anthony  Roux,  le 
collectionneur  de  Marseille;  elle  comprend  d'im- 
portants tableaux  modernes  et  une  série  de 
sculptures  de  Rodin. 

A  Berlin.  —  Tableaux  anciens.  —  Nous 
recevons  d'Allemagne  les  catalogues  illustrés  de 
plusieurs  ventes  prochaines.  Et  d'abord,  celui 
d'une  vacation  anonyme  qui  aura  lieu  chez 
R.  Lepke,  le  24  février,  et  qui  comprend  des 
tableaux  anciens  provenant  de  collections  pri- 
vées. Des  œuvres  d'art  d'ordre  secondaire,  à  en 
juger  par  les  reproductions. 

Collection  L.  von  Schacky  (objets  d'art). 
—  Plus  importante  est  la  vente  de  la  seconde 
partie  de  la  Collection  du  baron  L.  von  Schacky  de 
Schu'nfeld. 

Composée  d'objets  d'art  et  d'ameublement,  elle 
aura  lieu,  toujours  chez  R.  Lepke, leslOet  11  mars. 
De  composition  très  variée,  elle  comprend  des 
sculptures  en  bois,  dont  une  Madone  de  l'école  du 
Tyrol  de  la  (in  'du  xv  siècle  ;  des  meubles,  des 
tapisseries  et   des   porcelaines,  des  orfèvreries 


allemandes  des  xvi'  et  xvii'  siècles;  des  émaux;  des 
plaquettes  italiennes  et  des  bronzes,  également 
d'art  italien,  du  xvi"  siècle;  une  réunion  intéres- 
sante de  majoliques  italiennes  de  Deruta,  Urbino, 
Gubbio,  etc;  des  faïences  hispano-mauresques; 
des  faïences  persanes  et  des  faïences  de  Rhodes  ; 
des  sculptures  antiques;  des  vases  grecs;  des 
bronzes  antiques  et  des  statuettes  de  Tanagra. 

M.  N. 
ESTAMPES 

A  Paris.  —  Vente  d'estampes  modernes. 
—  La  vente  d'estampes  modernes  que  nous  avions 
annoncée  comme  devant  être  faite  le  11  février 
par  M'  A.  Desvouges  et  M.  L.  Delteil,  a  produit 
31.351  francs  Trois  estampes  de  Meryon  :  laTour 
de  l'horloge  (3"  état,  sur  papier  verdâtre),  la  Tou- 
relle de  la  rue  de  la  Tixéranderie  (2"  état,  avant  la 
lettre,  sur  papier  verditre),  et  Saint-Ètienne-du- 
Mont  (avant  la  lettre,  papier  verdâtre),  toutes  les 
trois  avec  légende  manuscrite  de  l'auteur,  ont 
été  adjugées  2000  francs  chacune.  Ce  sont  les 
plus  beaux  prix  de  la  vente. 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Estampes 
modernes.  —  Dans  la  collection  d'estampes 
modernes,  que  dispersera,  le  28  février.  M»  A. 
Desvouges,  assisté  de  M.  L.  Delteil,  ce  qu'il  faut 
remarquer  surtout  c'est  un  œuvre  abondant  de 
Fantin-Latour  (n»»  40-80)  et  de  Toulouse-Lautrec 
(158-215  bis).  Des  pièces  par  Forain,  Mary  Cassatt, 
Degas,  Carrière,  Lepère,  H.  Rivière,  Steinlen  et 
Zorn,  pour  ne  citer  que  ceux-là,  complètent  le 
catalogue,  qui  comprend  228  numéros. 

A  Berlin.  —  Un  mince  catalogue  illustré  a 
été  dressé  à  l'occasion  d'une  vente  qui  aura  lieu 
chez  R.  Lepke,  les  3  et  4  mars,  d'une  réunion 
de  gravures,  de  lithographies,  et  de  quelques 
dessins.  Des  pièces  imprimées  en  couleurs,  des 
écoles  française  et  anglaise  du  xviii'  siècle  ;  des 
pièces  en  noir  des  mêmes  écoles  et  de  la  môme 
époque  ;  enfin  des  pièces  d'autres  maîtres  anciens, 
Rembrandt,  van  Ostade,  etc.,  paraissent  être  le 
principal  attrait  de  cette  vente. 

R   G. 

1^1^  j»î  .s^  js^  jQ^^is^  ij3^«stets^«s^t^^i)g^<a^ts^is^ 
EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Les  Pastellistes  français  (galerie  Georges 
Petit).  —  Vous  souvient-il  (c'était  au  début  de 
l'année  dernière)  de  l'unique  exposition  des 
«  Pompiers  »?  Telle  est  la  physionomie  de  cette 


63 


LÉ   BULLETIN   DE   L'ART 


it  première  exposition  »  d'une  brillante  Sôeiétéj 
fnoins  réellement  nouvelle  qu'entièrement  re- 
nouvelée par  son  nouveau  président,  M.  Henri 
GerveXj  qui  se  plaît  à  rapprocher  ses  anciens 
voisins  de  la  Société  nationale  de  ses  récents 
collègues  de  l'Institut;  le  pastel,  qUi  n'a  pas 
Oublié  son  passé  glorieux,  se  priHe  élégamment  â 
cette  réconciliation  de  la  sagesse  avec  l'audace 
et  trouve  en  ce  rapprochement  délicat,  dans  tous 
les  sens  du  terme,  un  nouvel  aspect  de  ses 
destinées  :  voici  donc  Guelfes  et  Gibelim,  sombre 
dessin  rehaussé  de  rouge  tragique  et  de  noir  fauve 
par  M.  Jean-Paul  Laurens,  en  face  de  la  Procession 
à  Plougastel-Daoulas,  largement  ensoleillée  par 
M.  Charles  Cottet;  la  Femme  en  deuil,  un  des 
portraits  les  plus  purement  stylisés  par  M.  Dagnan- 
Bouveret,  non  loin  des  croquis  endiablés  de 
M.  Forain;  le  Aficotr  ardent  de  M.  Besnard,  à  côté 
du  plein-air  mondain  de  M.  Flameng  qui  ne 
rivalise  pas  plus,  au  pesage,  avec  M.  Degas,  que 
M.  Guirand  de  Scévola,  dans  le  froid  des  coulisses 
désenchantées,  ne  sera  pris  pour  Toulouse- 
Lautrec... 

Ici  corahie  à  la  Société  nouvelle,  uh  artiste 
s'impose;  une  œuvre  d'art,  vraiment  digne  de  ce 
nom,  le  désigne  :  et,  parmi  tant  de  parfums  de 
théâtre  ou  de  boudoir,  lèS  bryades  de  M.  René 
Ménardnousapportertt  la  robuste  et  réconfortante 
senteur  Ju  bois  sacré  :  telle  est  la  toute-puissance 
silencieuse  du  crayon,  quand  il  enveloppe  le 
rythme  athénien  des  lignes  dans  les  frissons 
mordorés  de  l'aulomne  où  la  nuit  qui  vient  fait 
luire  une  eau  pâle...  Après  Henner  et  PUvis  de 
Chavannes,  le  poète  René  Ménârd  ajoute  sa  tra- 
duction personnelle  à  nos  réminiscences  de  la 
Grèce  divine.  Pareille  loyauté  chez  un  maître  du 
portrait  dessiné,  M.  Marcel  Baschet  :  depuis 
Henner  portraitiste,  on  avait  trop  oublié  cette 
simplicité  lumineuse  où  s'éclaire  sans  effort  le 
secret  d'un  visage^  où  parle  aux  yeux  le  blanc 
sourire  d'une  (illette  ou  la  ressemblance  du  «  bon 
maître  >>  Jules  Lefebvre  en  190b,  de  Hoche  fort, 
dans  sa  blême  vieillesse,  de  Jf,  Poinèaré,  prési- 
dent de  la  République,  de  MM.  Henri  Lavedan, 
Maurice  Donnay,  Jean  Richepin. 

Parmi  les  portraits  romanesques  de  MM.  Loup 
et  Léandre  et  les  nus  diversement  voluptueux  de 
MM.  Abel  Faivreet  Prinet,  la  vie  rustique  vue  par 
M.  Lhermitte  et  des  paysages  de  MM.  Luigini, 
Dauchez.  Le  Sidaner,  Ulmann  et  René  Billotte 
font  honneur  à  la  maestria  de  nos  pastellistes 
toujours  groupés  sous  le  patronage  de  M""  la 
marquise  de  Gan&y. 


Un  II"  groupe  de  graveurs  sur  bois  (galerie 
Grandhomme).  — Emile  Roustan  (galerie  Blot). 
—  La  photographie  n'a  pas  tué  l'estampe  ;  et  le 
vaillant  peintre-graveur  Paul-Emile  Colin  ne  se 
Contente  pas  de  terminer  un  nouvel  album  où 
Diai  aspects  de  la  Lorraine  seront  commentés  par 
un  texte  de  M.  Maurice  Barrés,  en  attendant 
l'illustration  de  là  Colline  inspirée,  mais  il  réunit 
autour  de  ses  bois  imposants  les  essais  des  jeunes  : 
le  bon  dessinateur  Alfred  Latour,  fidèle  à  l'Ile 
Saint-Louis;  l'érudit  critique  Louis  llautecœurt 
l'auteur  de  Rome,  qui  prépare  un  livre,  illustré 
par  lui,  sur  les  Types  russes  ;  M""  Bertha  Zuricher, 
et  de  nouveaux  venus  plus  farouches,  MM.  Amédée 
VVetter,  Berdon,  Berthet,  Roger  (ïrilion. 

C'est  la  lithographie  délicatement  colorée  de 
nuances  discrètes  et  poétiquement  appliquée  au 
paysage,  à  la  nature  morte,  à  la  fleur,  que  préfère 
le  peintre  Emile  Roustan  :  depuis  1906,  nous 
connaissions  quelques-uns  de  ces  thèmes  fami- 
liers qu'un  des  meilleurs  élèves  d'Eugène  Carrière 
enveloppe  mystérieusement  d'une  atmosphère 
décorative. 

XXI 1°  Exposition  internationale  des 
beaux-arts  de  Monaco.  —  Je  n'oserais  affirmer 
que  les  Sirènes  dont  M.  Lalyre  a  décrit  le  sommeil 
soient  les  charmeuses  que  le  regard  des  anciens 
imaginait  sous  les  rellets  irisés  des  Ilots  bleus; 
mais,  dans  cette  lumière,  on  comprend  mieux  la 
préoccupation  constante  d'un  comité  de  direction 
présidé  par  le  maître  Léon  Bonuat,  de  n'admettre 
ici  que  des  deuvres  sages,  à  défaut  d'œuvres  par** 
faites,  et  qui  laissent  à  nos  brouillards  septen- 
trionaux les  essais  informes,  les  ruines  volon- 
taires, les  songes  décadents.  Ici,  pour  relleurir, 
l'année  n'a  pas  attendu  la  reprise  de  Panifal  ni 
son  mélodieux  «  enchantement  du  Vendredi- 
Saint));  mais  qu'elle  soit  de  Richard  Wagner  oude 
nos  maîtres  plus  discrets,  Saint-Saèns  ou  Fauré, 
la  musique,  au  Théâtre,  fait  toujours  une  redou- 
table concurrence  aux  œuvres  d'art  groupées  par 
le  bon  goût  de  M.  Marins  Jacquier  dans  le  Palais 
lumineux  de  Mohte-Carlo. 

L'hiver  artistique  de  1914  tt'y  réunit  qu'une 
excellente  moyenne,  et  les  grands  ouvrages  déjà 
consacrés  par  la  vogue  ou  par  les  ans  y  font  un 
peU  trop  défaut;  mais,  à  côté  d'une  pAle  Jéatine 
d'Arc  de  M.  Lynch,  des  danseuses  plus  ou  moins 
antiques  de  M.M.  Rochegrosse  et  Comerre  et  de 
l'intimité  richement  costumée  par  M.  Roybel,  utt 
Couple  de  Chevnnx  cônes,  brossé  eh  pleine  pâle 
mouvante  par  la  belle  futiU  ffnncesè  du  maître 


AIVGIEN  ET   MODERNE 


Alfred  Holl  nous  rappelle  que  le  style  n'est  pas 
fatalement  l'ennemi  juré  de  la  vie,  encore  que  la 
noblesse  native  de  ces  coursiers  ne  doive  rien  de 
sa  fougue  aux  classiques  souvenirs  du  Parthénon  ! 

Nul  Pc^gase,  aujourd'hui,  ne  survient  pour  leur 
tenir  t(*'te  et  nous  emporter  dans  l'idéal  au  vent 
de  sa  crinicre  ensoleillée;  le  rêve  manque,  et  le 
soleil  ne  parattplus  suffire  aie  ressusciter:  un  des 
mieux  doués  de  nos  prix  de  Ilome,  qui  sait  tra- 
duire les  horizons  de  la  canjpagne  poussinesque, 
le  bois  virgilien  de  la  Villa  Médicis  et  l'automne 
sous  les  pins  de  la  Villa  Borghèse,  M,  Georges 
l.eroux,  fait  simplement  le  portrait  d'une  Fçynme 
des  Abruzzes,  laissait  à  la  douceur  de  M.  Guinier 
le  soin  de  prêter  un?  forme  à  la  Poésie  du  soir. 

L'histoire,  cette  lointaine  réalité  rêvée,  ne 
brillerait  guère  non  pliis  que  par  sop  absence, 
sans  la  petite  Salammbô  que  la  palette  de  M.  Albert 
Charpentier  fait  apparaître  "  au  festin  des  bar- 
bares »  ;  et  les  aquarelles  de  M.  Maurice  Orange* 
ne  sont  que  des  anecdotes,  bien  qu'elles  veuillent 
évoquerles  «bleus  »  de  i794ou  les  braves  del812. 
Contemporain  du  romancier  polonais  Sienkiewicï, 
le  peintre  hongrois  Jan  Styka,  qui  a  lu  Par  le  fer 
et  par  le  fev,,  réunit  devant  Kowno  qui  llambe  en 
Tan  i'i%2.  les  prince?  slaves  jurant  de  tirer  ven^ 
geance  de  l'ordre  teutonique  ;  à  côté,  c'est  Vrsus 
terrassant  l'auroch,  comme  dans  Quo  vadis;  et  ces 
ambitieux  décors  d'opéra,  qui  nous  ramènent  au 
temps  des  Makart  et  des  Munkacsy,  sont  seuls  à 
parler  aux  yeux  de  nos  Salons  d'autrefois.  Le  fils 
de  Jan,  M.  Tadé  Styka,  se  montre  pareillement 
historien,  mais  plus  moderne,  en  groupant  les 
portraits  ressemblants  du  célèbre  trio  masculin, 
Titta  Ruffo,  Ckaliapine  et  Caruso,  pendant  leur 
séjour  à  Paris,  en  1912.  Nous  avions  déjà  vu  l'ou- 
vrage au  dernier  Salon  de  la  Société  nationale  ;  et 
c'est  un  document  pour  l'avenir. 

Le  portrait,  cet  instant  d'une  réalité  retenu  par 
l'art,  réserve  ici  d'autres  documents  à  l'histoire 
future,  car  voici  Son  Altesse  royale  Monseigneur 
te  prince  Don  Jaime  de  Bourbon,  par  M.  Henry 
Jacquier;  Sa  Grandeur  Monseigneur  du  Curel, 
évéque  de  Monaco,  par  M.  Robert  de  Cuvillon;  le 
poète  Jean  Rameau,  barbu  comme  Lucius  Verus, 
par  le  vieux  peintre  Diogène  Maillart,  sans  oublier 
l'allure  de  it/"f  Geneviève  Vix,  de  l' Opéra-Comique, 
stylisée  par  M.  Jean  Corabœuf,  ni  la  gri'ice  de 
.M"''  Berthc  Cerny,  de  la  Comédie-Française,  édul- 
corée  par  M.  Jules  Cayron.  Nommer  une  fois  de 
plus  MM.  Gabrief  Ferrier,  Dawant,  Henri  Hoyer, 
Girardot,  Jef  Leempoels,  la  princesse  Gagarine- 
Stourdïa,  M"»  Demont-Breton,  c'est  parcourir, 


avec  le  talent  pour  guide,  une  évolution  du 
portrait;  et,  parmi  tant  de  paysages, n'est-ce  pas 
une  leçon  toujours  instructive  que  de  comparer 
sur  le  vif  le  portrait  de  la  nature  avec  la  splendeur 
de  l'original?  Tel  est  le  divertissement  que  nous 
proposent  les  Oliviers  à  Villefranche,  de  M.  Isen- 
bart,  la  Principauté  de  Monaco  vu?  du  cap  Martin, 
par  M,  LaqreiU-Gsell,  les  horizons  corses,  aimés 
de  MM,  Guignard  et  Nuzal,  les  Martigues  de 
M.  Ponehin.  les  crépuscules  de  la  Côte  d'Azur 
notés  par  M,  Paulin  Bertrand  et,  surtout,  le  Soir 
sur  les  bords  du  Gardon,  par  M.  Montagne,  non 
loin  des  nombreux  peintres  de  Venise  où  se 
distinguent  MM.  Gaston  Roullet,  Brugairolles, 
Iwill  et  Maurice  Bompard. 

Après  avoir  interrogé  l'aquarelle  ou  l'eau-forte 
en  couleurs,  ou  Bonie  se  découvre  à  M.  Pierre 
Labrouche  au  tournant  d'un  Pont  sur  le  Tibre,  il 
faudrait  s'arrêter  longteirips,  à  la  sculpture, 
devant  les  faunes  rieurs  de  M.  Injalbert,  l'Aurore 
et  les  nymphes  de  marbre  de  M.  Denys  Puech, 
les  danseuses  de  bronze,  aux  rythmes  dionysia- 
ques, de  M.  Piron,  l'Ptreinte  de  M.  Béguine, 
admirée  des  Parisiens,  au  printepips  de  1913,  et 
les  statuettes  de  MM.  Michelet,  Bacqué,  Sandozet 
Gaumont,  pour  mieux  apprécier  les  antiques 
sympathies  de  la  forme  plastique  avec  un  climat 
favorable; et  le  buste  du  regretté  maîtreMas.senet, 
par  M.  Bernstamm,  ajoute  à  la  clarté  du  décor  la 
mélancolie  du  souvenir. 

Raymond  Rouyer, 

L.ES      REVUES 


Franck 


L'Écho  de  Paris  (24  janvier).  —  Gomme  corol- 
laire à  ses  articles  de  la  Hevue  des  Deux-Mondes, 
M.  Maurice  Bahrks  plaide,  dans  \'Écho  de  Paris, 
auprès  du  nouveau  sous-secrétaire  d'État  aux  Beaux- 
Arts,  la  cause  des  «  églises  qui  meurent".  M.  Barrés 
a  obtenu  tout  ce  qu'il  pouvait  attendre  d'un  débat 
public  :  «  Au  dehors  du  Parlement,  l'opinion  est 
faite  :  elle  est  toute  favorable  aux  églises...  La 
parole  n'est  plus  à  M.  Barrés.  Elle  est  au  gouver- 
nement ».  Pour  lui  rappeler  son  devoir,  M.  Barrés 
lui  communique  «  quelques  pièces  les  plus  récentes 
de  son  dossier,  quelques  cas  tout  à  fait  dégoûtants  » 
et  qui  attestent  que  ce  qu'il  faut  vaincre  c'est  l'incurie 
ou  l'hostilité  des  municipalités,  h  Je  demande  que  les 
communes  ne  puissent  pas  s'opposer,  coqiitie  elle»  te 
fo{it  aujourd'hui,  au  classement  de  leuï  église  réclamé 


64 


LE   BULLETIN   DE   L'ART 


par  la  Commission  des  monuments  historiques.  Enfin, 
je  demande  la  constitution  de  ce  fond  de  secours  pro- 
mis solennellement  au  cours  des  débats  de  la  sépa- 
ration et  qui  a  fait  l'objet  d'un  projet  gouvernemental 
signé  de  MM.  Clemenceau,  Caillaux  et  Briand.  »  C'est 
sur  ce  projet,  inspiré  de  la  nécessité  du  concours  de 
l'État,  que  M.  Barrés  attire  l'attention  du  gouverne- 
ment. «  Jamais  ce  projet  n'a  fait  l'objet  d'un  rapport. 
11  n'y  a  qu'à  le  reprendre.  »  Les  subventions  que 
suppose  ce  concours  seront  aisées  à  trouver.  11  n'y 
a  qu'à  leur  affecter  les  sommes  rendues  disponibles 
chaque  année  par  la  suppression  du  budget  des  cultes. 
«  Je  suis  tout  prêt,  conclut  M.  Barrée,  à  causer  avec 
vous...  Si  j'étais  à  votre  place,  je  demanderais  à  cinq 
ou  six  députés  de  tous  les  partis  de  se  rendre  à  mon 
cabinet  et  nous  examinerions  la  situation  avec  le  désir 
d'aboutir.  Le  problème  est  si  clair  (et  si  douloureux), 
que  tout  individu  qui  n'est  pas  une  brute,  conviendra 
qu'il  faut  le  régler  et  que  c'est  facile.  » 

Grande-Bretagne 

The  Burlington  magazine  (novembre).  —  Cor- 
rado  Ricci,  liarnaba  da  Modena.  —  Notice  sur  ce 
maître,  né  entre  1.335  et  1340,  et  dont  les  œuvres 
montrent  une  considérable  influence  siennoise  ;  à 
propos  de  la  donation  faite  à  la  National  Gallery,  par 
la  comtesse  de  Carlisle,  d'une  peinture  à  six  compar- 
timents, signée  et  datée  1374,  c'est-à-dire  appartenant 
à  la  dernière  période  de  la  vie  de  l'artiste,  dont  on 
n'entend  plus  parler  après  le  3  novembre  1383. 

—  Frank  Jewet  Mathkr.  Quelques  coffres  sculptés 
de  la  Renaissance.  —  En  particulier,  trois  coffres  ita- 
liens du  xvf  siècle,  en  noyer,  les  uns  attribués  à 
Tatti  et  le  troisième  signé  Baccio  Bandinelli  et  daté 
1^36  (ancienne  collection  de  Mrs.  Lydig);  les  deux 
premiers  sont  sculptés  d'ornements  et  d'armoiries,  le 
troisième  représente  l'histoire  des  .Miobides. 

—  Tancred  Borknius.  Deux  ■  natures  mortes  de 
Murillo  (?).  —  Une  Cour  de  poulailler  (coll.  de 
Mrs.  Odell);  un  Intérieur  de  garde-manger  (coll.  de 
sir  Frederick  Cook). 

—  José  PiJOAN.  Primitifs  aragonais.  —  Étude,  en 
particulier,  d'une  peinture  représentant  Saint  Pierre 
Martyr  avec  des  scènes  de  sa  vie  (provenant  de  Sixena 
et  aujourd'hui  au  musée  de  Barcelone);  d'une  autre 
peinture  représentantSain/Dominiçueavecdes scènes 
de  sa  vie  (ancien  «  antependium  »  de  Tamarite  ;  au- 
jourd'hui au  musée  de  Barcelone);  d'une  Vierge  à 
l'Enfant,  avec  des  scènes  de  la  vie  de  la  Vierge  (ancien 
«  antependium  »  de  Rudèle  ;  aujourd'hui  coll.  Lionel 
Ilarris);  de  trois  pièces  provenant  d'un  plafond  de 
bois  peint,  trouvées  dans  la  province  de  ïernel  (musée 
de  Barcelone).  Toutes  ces  peintures  remontent  au 
xiv  siècle. 

—  Sir  Martin  Conwav.  Une  dangereuse  méthode 
archéologique  (11).  —  Fin  de  cet  article  contre  les 
méthodes  de  rajeunissement  excessif  employées  par 


certains    archéologues,    à    propos    des    travaux    de 
M.  Marignan  et  de  M.  A. -S.  Cook. 

—  L.  DiMiER.  Un  Portrait  idéalisé  de  Diane  de 
Po\liers,  dans  la  collection  du  comte  Spencer,  à 
Althorp,  rapproché  d'un  crayon  de  1560,  au  Musée 
Condé  ;  iconographie  chronologique  de  Diane  de  Poi- 
tiers. 

—  K.  A.  C.  Creswell.  Les  Origines  du  double  dôme 
persan  (I).  —  Ce  double  dôme,  légèrement  bulbeux, 
est  une  des  caractéristiques  de  l'architecture  persane; 
il  n'apparaît  pas  avant  Timour  (fin  xiv  siècle);  l'au- 
teur étudie  la  possibilité  de  rattacher  cette  forme  à 
l'art  hindou. 

—  G.  BaldwinBnowN.  Une  ancienne  cuiller  trouvée 
dans  le  Kent.  —  Rapprochée  d'objets  analogues,  cette 
cuiller  d'argent  parait  être  un  travail  anglo-saxon,  de 
la  seconde  moitié  du  v  siècle. 

—  Ethel  Ross  Barker.  Le  Symbolisme  de  certaines 
fresques  des  catacombes  (11). 

BoUettino  d'arte  del  Ministero  délia  P.  Istru- 
zione  (mai).  —  li.  Paribbxi.  Nouveaux  monuments 
exposés  au  Musée  national  romain.  —  A  signaler  :  un 
fragment  de  vase  de  marbre  antique,  avec  une  belle 
figure  de  Pailas  Nicéphore,  une  très  belle  tête  de 
Lucius  Verus,  d'autres  bustes  romains,  un  curieux 
masque  comique,  une  grande  mosaïque,  ornée  d'une 
tête  de  Méduse  d'un  style  élégant  et  pathétique,  une 
margelle  de  terre  cuite  où  sont  sculptées  de  sveltes 
figures  féminines  ailées  tenant  des  thyrses,  et  de 
nombreux  objets  moins  importants,  datant  de  l'épo- 
que impériale. 

—  Qinto  ToSATTi.  L'Évolution  du  monument  funé- 
raire à  l'époque  de  floraison  du  style  baroque.  — 
Monuments  funéraires  du  xvii-  siècle,  à  pyramides  de 
marbre  de  couleur,  devant  lesquelles  sont  groupées 
des  figures  de  marbre  blanc.  Nombreux  exemples, 
surtout  à  Rome. 

—  Giulio  C>iXTM.JiytB»sk.  Deux  peintures  de  Giovanni 
Lanfranco.  —  Il  s'agit  de  deux  tableaux  décoratifs  de 
Lanfranco,  peu  connus  jusqu'ici,  la  Pentecôte  du 
palais  Ginnasi,  à  Rome,  et  un  Saint  François,  auquel 
la  Vierge,  apparaissant  dans  une  nuée,  remet  l'Enfant 
Jésus,  grand  tableau  habilement  composé,  qui  fait 
penser  à  la  fois  à  Corrège  et  à  Murillo,  conservé  à 
Sezze  (province  de  Rome). 

—  Alfredo  Luxoro.  A  propos  d'une  arrienne  sculp- 
ture sur  bois,  en  Ligurie.  —  Très  beau  retable  tlauiand 
du  XVI'  siècle,  avec  la  représentation  du  Calvaire, 
conservé  dans  l'église  de  Tcstana  (province  de  Gênes), 
œuvre  dont  l'origine  est  inconnue,  et  que  l'auteur 
souhaite  voir  transférée  au  palais  Blanc,  à  Gênes. 


Le  Gérant  :  H.  Oinis. 

Paris.  —  Irap.  Georges  Petit,  1:2,  rue  Godot-de-Uauroi . 


Numéro  614. 


é/ 


Samedi  28  Février  1914. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


La   Photographie 
dans   les   Musées  nationaux  (^) 


Les  sept  mille  clichés  appartenant  à  l'État. 

Ainsi  présentés,  les  principaux  arguments  qui 
militent  contre  le  privilège  de  photographier  dans 
les  Musées  nationaux  apparaissent  irréfutables; 
mais  si  on  les  a  exposés  en  détail,  c'est  moins 
dans  la  crainte  de  voir  le  privili'ge  renouvelé  sur 
les  mêmes  bases  draconiennes,  que  dans  l'espoir 
qu'il  sera  tenu  compte  de  ces  critiques,  sur  les- 
quelles l'opinion  est  unanime,  quand  il  s'agira  — 
ce  qui  ne  saurait  tarder —  de  régler  la  question 
des  sept  mille  clichés  qni  vont  devenir  propriété 
de  l'État. 

Rappelons,  en  deux  mots,  cette  question. 

Au  cours  de  ses  trente  années  de  privilège,  la 
maison  concessionnaire  était  tenue,  par  traité, 
d'exécuter  sept  mille  clichés  (art.  3),  —  ces  clichés 
devant  devenir  la  propriété  de  l'Etat  à  l'expi- 
ration du  contrat  (art.  H). 

Un  an  avant  l'expiration  du  traité  [c'est-à-dire  le 
1"  février  19141,  ajoute  l'article  16,  l'Administration 
mettra  en  adjudication  l'exploitation  des  clichés  dont 
l'État  aura  alors  la  toute  propriété. 

En  considération  de  la  participation  de  M.  Braun 
et  C'*  à  la  confection  de  ces  clichés  et  de  l'exécution 
par  lui  du  traité  pendant  toute  sa  durée,  l'Adminis- 
tration lui  accorde  la  faculté  de  se  rendre  adjudicataire 
du  droit  d'exploitation  des  clichés,  par  préférence  à 
tous  autres,  aux  conditions  suivantes  : 

Au  jour  de  l'adjudication,  la  Société  Ad.  Braun 
et  C'*  aura  le  droit,  qu'elle  ait  ou  non  participé  à  cette 
adjudication,  de  déclarer  qu'elle  entend  exécuter,  aux 
lieu  et  place  de  celui  qui  aura  été  désif^né  comme 
adjudicataire,  aux  conditions  faites  par  celui-ci,  et  de 
prendre,  pour  son  compte,  l'adjudication. 

Cette  déclaration  devra  être  laite  au  moment  de 
l'adjudication. 

Pour  ces  mêmes  considérations  qui  viennent  d'être 
indrquées,  elle  sera  dispensée  de  fournir  le  caution- 

(t)  4-  article.  Voiries  n-  611,  612  et  613  du  Bulletin. 


nement  auquel  seront  tenues  toutes  autres  personnes 
adjudicataires,  etc. 

...Dans  le  cas  où  la  mise  en  adjudication  ne  donnerait 
pas  de  résultat,  l'Administration  des  musées  serait 
dégagée  envers  la  Société  Ad.  Braun  et  C'*  et  aurait  la 
faculté  de  traiter,  même  par  voie  de  concession,  avec 
telle  personne  que  bon  lui  semblerait. 

Comme  on  le  voit,  la  maison  Braun  a  obtenu, 
en  188,3,  un  droit  de  préemption  tel  qu'il  paraît 
difficile  que  l'exploitation  des  sept  mille  clichés, 
propriété  de  l'pitat,  puisse  lui  échapper.  Sans 
doute,  il  faut  prévoir  le  cas  où,  aucun  adjudica- 
taire ne  se  présentant,  l'Administration  des 
musées  se  trouverait  dégagée  vis-à-vis  de  la  mai- 
son privilégiée  et  pourrait  alors,  non  pas  concéder 
l'exploitation  de  ces  clichés,  mais  les  exploiter 
elle-même,  —  ainsi  que  procède,  par  exemple,  la 
direction  de  la  collection  Wallace.à  Londres,  — 
en  réunissant  à  la  Chalcographie  l'atelier  actuel- 
lement occupé  par  la  maison  Braun;  on  aura, 
d'ailleurs,  l'occasion  de  revenir  sur  cette  solu- 
tion si  simple  et  si  logique  à  tous  égards,  quand 
on  parlera  ici  de  la  photographie  au  Cabinet  des 
manuscrits  et  au  Cabinet  des  Estampes  de  la 
Bibliothèque  nationale. 

Pour  aujourd'hui,  il  suffit  d'envisager  le  cas  le 
plus  vraisemblable,  c'est-à-dire  celui  oi!i  la  mai- 
son Ifraun  conservera  l'exploitation  des  sept  mille 
clichés  appartenant  à  l'État.  Trente  ans  de  privi- 
lège exercé  dans  les  conditions  que  l'on  a  dites 
constituent  une  expérience  suffisante  et  dont  le 
public  a  suffisamment  payé  les  frais;  l'Adminis- 
tration est  donc  fondée  à  montrer  quelques  exi- 
gences dans  l'établissement  de  son  cahier  des 
charges;  elle  doit  obtenir,  avant  tout,  deux  amé- 
liorations capitales;  savoir: 

1°  que  le  prix  des  épreuves  de  clichés  depuis  si 
longtemps  amortis  soit  établi  suivant  le  tarif  le 
plus  réduit,  et  proportionné  au  peu  de  frais  de 
revient  du  tirage  actuel  sur  papier  au  citrate  ou 
au  gélatino-bromure-;  quelque  chose  comme  cin- 
quante centimes  au  maximum. 

2°  que,  pour  ces  clichés,  exécutés  d'après  des 


66 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


œuvres  d'art  appartenant  au  patrimoine  national 
et  devenus  propriété  de  l'État,  le  droit  de 
reproduction  soit  purement  et  simplement  sup- 
primé. 

Ces    demandes  n'ont   rien  d'exagéré,  certes, 
mais  ce  serait  déjà  beaucoup  si  l'on  y  faisait  droit. 

E.  D. 


ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie  des  beaux-arts  (séance  du  21  février). 
—  Au  nom  de  MM.  Arthur  Dillon,  élève  de  M.  Pascal; 
Hugh  Mac  Lellon,  élève  de  M.  Deglane;  Henry  L. 
Beadel,  élève  de  M.  Laloux,  architectes  américains, 
anciens  élèves  de  rÉcole  des  Beaux-Arts  de  Paris, 
M.  Germon  fait  hommage  à  l'Académie  de  dessins  de 
ces  artistes  pour  les  deux  monuments  élevés  dans 
l'État  de  New-York  à  la  mémoire  de  Samuel  Cham- 
plain,  gouverneur  du  Canada. 

Les  architectes  américains,  dans  leur  lettre  d'envoi, 
s'expriment  ainsi  : 

«  Nous  sommes  heureux  que  cette  occasion  nous 
permette  de  vous  expriraei"  combien  nous  apprécions 
l'honneur  que  nous  avons  eu  de  contribuer  par  notre 
œuvre  à  la  mémoire  de  votre  grand  compatriote 
Ghaniplain.  Nous  regardons  l'accomplissement  de 
notre  tâche  comme  une  expression  de  gratitude 
envers  la  France,  à  laquelle  nous  devons  notre  édu- 
cation d'architectes;  nous  avons  fait  de  notre  mieux  et, 
avec  la  plus  grande  satisfaction  personnelle,  pour  que 
ce  travail  soit  digne  de  cette  occasion.  Nous  n'oublions 
jamais  que,  s'il  y  a  quelque  chose  de  bien  dans  notre 
œuvre,  nous  le  devons  à  l'enseignement  inappréciable 
de  nos  maîtres  français,  a 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 

(séance  du  20  février).  —  M.  Camille  Jullian  annonce 
que  M.  Dubalen,  conservateur  du  musée  de  Mont-de- 
Marsan,  a  entrepris  des  fouilles  dans  des  tumuli  du 
département  des  Landes  11  a  découvert  dans  l'un 
d'eux,  à  Aubagnon,  une  tombe  de  guerrier  renfermant 
un  grand  vase  contenant  une  urne  remplie  de  cendres 
fines  et,  à  côté,  une  cotte  de  mailles  faite  de  petits 
anneaux  de  fer  et  de  bronze  ;  enchâssée  en  partie 
dans  cette  cotte,  se  trouvait  une  lamelle  d'argent 
présentant  une  inscription  en  repoussé  dont  M.  Duba- 
len envoie  la  description  et  le  moulage.  C'est  une 
inscription  en  caractères  dits  celtibériques  très  nets, 
ce  qui  permet  de  reporter  la  tombe  aux  temps  qui 
ont  précédé  la  conquête  romaine. 

—  M.  le  comte  Durrieu  expose  qu'il  a  entrepris  des 
recherches  à  travers  toute  l'Europe  pour  retrouver  les 
manuscrits  qui  renferment  des  œuvres  littéraires  du 
roi  René  d'Anjou  :  les  écrits  du  bon  roi  René  ont  été 
publiés  ou  analysés  à  diver.ses  reprises,  mais  les 
érudits  qui  s'en  sont  occupés  n'ont  presque  jamais  eu 


entre  les  mains  les  meilleurs  manuscrits.  Ces  exem- 
plaires cependant  sont  d'autant  plus  dignes  d'être 
étudiés  que  les  compositions  littéraires  du  roi  René 
constituaient  des  «  livres  illustrés  »  ornés  d'images 
d'un  très  grand  intérêt  pour  l'histoire  de  l'art  français 
au  XV'  siècle. 

On  y  rencontre  des  représentations  précieuses  au 
point  de  vue  historique  et  archéologique.  M  Durrieu 
cite  à  cet  égard  le  récit  d'un  tournoi  donné  par  le  roi 
René  en  1446,  récit  dont  le  manuscrit  existait  au  milieu 
du  xvir  siècle  chez  le  chancelier  Séguier  :  tous  les 
historiens  récents  du  roi  René  ont  considéré  ce 
manuscrit  comme  perdu,  sinon  détruit;  il  était  passé 
à  la  Bibliothèque  impériale  de  Saint-Pétersbourg  où 
M.  Durrieu  a  pu  l'examiner. 

—  M.  Cagnat  commente  une  inscription  latine 
trouvée  à  BuUa  Regia,  en  Tunisie,  par  M.  le  D' 
Carton,  mentionnant  la  série  des  fonctions  exercées 
à  la  fm  du  ii'  siècle  de  notre  ère  par  )in  chevalier 
romain,  intendant  de  l'armée  de  Septime  Sévère  lors 
de  son  expédition  en  Gaule  contre  Claudius  Albinus. 

—  M.  Pierre  Paris  communique,  par  l'intermédiaire 
de  M.  Jullian,  les  récentes  découvertes,  faites  à  Mérida, 
d'idoles  néolithiques  en  os  qui  prouvent  que  la  ville 
latine  d'Augusta  Emerila  a  dlî  être  habitée  dès  les 
temps  les  plus  reculés. 

Société  nationale  des  Antiquaires  de  France 

(séance  du  18  février).  —  M.  Kormigé  communique  à 
la  Société  des  photographies  et  relevés  de  cabanes  en 
pierres  sèches  du  département  de  Vaucluse,  et  dis- 
cute la  date  de  ces  constructions. 

—  M.  Max  Prinet  signale  le  seing  manuel  de  Robert 
d'Esnes  (1408),  qui  est  constitué  par  l'image  du 
heaume  héraldique  de  ce  personnage. 

—  M  Monceaux  montre  quelques  plombs  bilingues 
découverts  récemment  à  Carthage. 

—  M.  Cagnat  donne  lecture  d'un  mémoire  de 
M.  J.  Bayet  sur  quelques  statues  d'Hercule,  décou- 
vertes dans  la  salle  froide  des  Grands  Thermes  de 
Lambesc. 

—  M.  Demaison  présente  des  photographies  de  plu- 
sieurs vases  gallo-romains  conservés  au  musée  de 
Reims. 

L'École  des  arts  décoratifs.  —  On  s'est  étonné 
d'entendre  M.  le  sous-secrétaire  d'État  des  Beaux-.\rt»' 
dans  la  discussion  sur  le  budget  qui  a  eu  lieu  la 
semaine  dernière  à  la  Chambre,  parler  de  la  recons- 
truction de  l'École  des  arts  décoratifs  comme  d'une 
question  à  l'étude. 

Elle  a  été  si  longtemps  à  l'étude,  cette  question, 
que  l'on  s'est  sans  doute  accoutumé,  en  haut  lieu,  à 
cette  formule  vague  et  commode.  Il  faut  pourtant  rap- 
peler que  la  Ville  de  Paris  procède,  en  ce  moment 
même,  a  l'enquête  d'utilité  publique  sur  la  réédifica- 
tion de  celle  école  et  le  dégagement  de  l'église  Saint- 
Julien-le-Pauvre.  Le  projet  qu'il  s'agit  de  réaliser  a 
été  approuvé  par  le  sous-secrétariat  des  BeauxArts, 


ANCIEN    ET   MODERNE 


67 


il  y  a  deux  ans  ;  son  exécution  a  été  retardée  par  les 
formalités  administratives ,  aussi  longues  rue  de 
Valois  qu'à  Iflùtel-de-Ville. 

L'enquête  sera  close  le  4  mars,  à  la  mairie  du 
V'  arrondissement,  où  le  commissaire-enquêteur  rece- 
vra, de  deux  heures  à  quatre  heures,  les  2,  3  et 
4  mars,  les  observations  qui  lui  seront  apportées.  Un 
crédit  de  trois  millions  et  demi,  prévu  sur  la  deuxième 
tranche  de  l'emprunt  de  900  millions,  garantit  la  par- 
ticipation de  la  Ville  à  cette  opération. 

Le  Prolongement  de  la  rue  de  Rennes.  — 
Cette  absurde,  coûteuse  et  dangereuse  opération  a  été 
annoncée  et  critiquée  ici-même  (n"  596  du  ItuUetin). 
Nous  ne  reviendrons  pas  sur  le  détail  du  projet  et 
nous  nous  bornerons  à  rappeler  qu'il  comprend  le 
dégagement  de  l'Institut  et  la  reconstruction  d'une 
partie  de  ses  bâtiments. 

Ur,  la  Ville  de  Paris  trouvant  que  le  vieux  projet 
d'Ilaussmann.  repris  en  la  circonstance,  se  montrait 
beaucoup  trop  généreux  pour  l'Institut  et  lui  accor- 
dait une  surface  trop  grande,  revient  sur  ses  propo- 
sitions, acceptées  par  l'Institut,  et  propose  une  sur- 
face beaucoup  moindre. 

1/Institut  refuse  d'admettre  les  nouvelles  conditions 
qu'on  veut  lui  imposer  et,  en  outre,  il  a  émis  le  vœu 
que  les  bâtiments  condamnés  à  disparaître  ne  soient 
démolis  que  successivement,  au  fur  et  à  mesure  que 
les  nouvelles  constructions  seront  achevées.  C'est 
une  précaution  fort  sage,  car,  les  travaux  projetés 
devant  être  répartis  en  plusieurs  <■  tranches  »,  l'Ins- 
titut serait  condamné,  s'il  n'obtenait  pas  cette  garan- 
tie, à  vivre  de  longues  années  au  milieu  des  démo- 
litions et  des  échafaudages,  ou  dans  des  installations 
provisoires. 

M.  André  Hallays  montrait  encore,  l'autre  jour,  à 
quel  point  cette  opération  du  prolongement  de  la 
rue  de  Uennes  est  néfaste  de  toutes  les  manières  : 
«  Si  elle  consiste  simplement  à  relier  la  place  Saint- 
Germain-des-Prés  aux  quais  par  deux  grandes  rues, 
elle  est  coûteuse  et  ne  sert  à  rien.  Si  elle  s'achève, 
comme  le  veut  la  togique,  par  la  construction  d'un 
pont,  elle  anéantit  le  plus  magnifique  des  aspects 
de  Paris.  Et  voici  maintenant  qu'une  de  ses  consé- 
quences inévitables  est  de  forcer  la  Ville  à  offrir  un 
palais  neuf  aux  cinq  Académies.  Tout  cela  n'a  pas  le 
sens  commun.  » 

Expositions  annoncées.  —L'Exposition  annuelle 
de  la  Société  des  Artistes  décorateurs,  au  Pavillon  de 
Marsan,  a  été  inaugurée  hier  27  février. 

— -  Le  prochain  Salon  des  Artistes  indépendants 
aura  lieu,  cette  année,  au  Champ-de-Mars  (près  l'École 
militaire)  et  ouvrira  ses  portes  demain  dimanche 
1"  mars. 

—  Le  Salon  de  l'Automobile-Club  sera  ouvert  du 
7  au  25  mars. 

A  'Wurzbourg.  —  Les  archives  très  importantes 
du  célèbre  hôpital  fondé  par  le  prince-évêque  Julius 


Echter  de  Mespelbrunn  ^xvi'  siècle),  viennent  d'être, 
pour  la  première  fois,  inventoriées  :  l'archiviste,  le 
D'  Solleder,  de  Munich,  y  a  passé  seize  mois.  Mais 
voici  livrée  aux  investigations  des  érudits  une  des 
archives  privées  les  plus  importantes  de  toute  l'Alle- 
magne du  Sud,  particulièrement  riche  en  renseigne- 
ments sur  l'histoire  et  les  arts,  non  seulement  du 
duché  de  Franconie,  mais  des  pays  avoisinants.  Ce 
sont  2.000  documents  et  plans,  22.800  fascicules  d'actes 
et  27.900  volumes,  qui  remontent  jusqu'à  l'époque  de 
Frédéric  Barberousse,  et  dont  fort  peu,  jusqu'ici, 
avaient  été  étudiés  ou  utilisés.  —  M.  Mtd. 

A  Prague.  —  La  Société  des  Artistes  tchèques 
Martes  étant  sur  le  point  de  publier,  dans  sa  collec- 
tion Zlatoroh  (la  Corne  d'abondance),  un  catalogue 
raisonné  de  la  Galerie  du  Hudolfinutn,  dû  à  M.  Ma- 
tejcek,  l'Administration  allemande  de  ce  musée  d'art 
moderne  s'empressa  de  changer  toute  la  numérota- 
tion des  œuvres  de  la  Galerie.  Charmante  manière 
d'entretenir  les  bonnes  relations  tchéco-allemandes  ! 

Malheureusement,  l'Administration  allemande  s'était 
trop  tôt  réjouie  :  dans  sa  hùte,  elle  n'a  pas  attendu 
que  le  livre  fût  mis  en  vente,  et  la  Société  Mânes 
put  encore,  au  brochage,  faire  ajouter  au  volume 
un  carton  qui  indique  la  concordance  de  la  nouvelle 
numérotation  et  de  l'ancienne.  —  M.  Mtd. 

A  Naples.  —  (Jn  restaure  actuellement  les  deux 
fragments  du  tableau  que  Raphai'l  peignit  pour  l'église 
des  Augustins,  à  Città  di  Castêllo,  et  qu'on  a  récem- 
ment retrouvés  au  Musée  national  de  Naples.  Le 
premier  fragment,  représentant  le  l'ère  Éternel,  fut 
identifié,  comme  on  sait,  par  M.  Oscar  Fischel.  Le 
second  fragment,  la  Vierge  tendant  une  couronne, 
fut  découvert  tout  dernièrement  dans  les  magasins 
du  musée  et  ferait  partie  du  même  retable,  selon 
M.  Vittorio  Spinazzola,  directeur  du  Musée  national. 
Il  mesure  51  centimètres  sur  41.  On  enlève,  présen- 
tement, des  repeints  ajoutés  par  de  précédents  res- 
taurateurs et  on  redresse  les  panneaux  qui  avaient 
gondolé.  —  L.  G. 

Nécrologie.  —  Le  directeur  du  Musée  national 
bavarois,  le  D'  Hans  Stegmann,  vient  de  mourir 
subitement  à  Munich.  Bien  qu'il  ait  trouvé  le  musée 
tout  prêt,  lorsqu'il  y  fut  appelé  en  1909,  c'est  à  lui 
que  revient  le  mérite  de  l'organisation  intérieure  et  du 
classement  rationnel  des  trésors  qui  y  sont  amassés. 
II  s'était  préparé  à  cette  tâche  au  Musée  germanique 
de  Nuremberg,  dont  il  fut  conservateur  (1 893-1905), 
puis  second  directeur  (1905-1909).  Fils  du  D'  K.  M. 
von  Stegmann,  directeur  du  Musée  d'art  industriel  de 
Nuremberg,  Hans  Stegmann,  né  à  Weimar  en  1862, 
avait  fait  ses  études  à  léna  et  à  Munich,  et  de  longs 
séjours  en  Italie.  Sa  thèse  de  doctorat  étudiait  la 
Chapelle  Saint-Roch  à  Nuremberg  et  sa  décoration 
artistique.  Nommé  professeur  d'histoire  de  l'art 
moderne  à  l'Université  de  Munich  (1888-1894),  il  fit 
partie,  en  même  temps,  de  la  Commission  des  Monu- 
ments historiques  de  Bavière,  ce  qui  le  mit  au  cou- 


68 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


rant  des  antiquités  dupays.Stegmann  a  publié  diverses 
études  sur  les  Meubles  et  boiseries,  sur  les  Dentelles, 
broderies  et  passementeries  du  Musée  germanique, 
sur  les  Meubles  de  la  collection  Fir/dor  (Vienne),  un 
excellent  travail  sur  les  Arts  plastiques  d'Occident, 
un  volume  des  chefs-d'œuvres  de  l'art  et  des  arts 
appliqués  depuis  le  Moyen  âge  jusqu'à  l'époque  du 
rococo,  et,  en  collaboration  avec  son  père  et  M.  de 


Geymûller,  un  grand  ouvrage  illustré  sur  ïArchitec- 
lure  de  la  Renaissance  en  Toscane.  —  M.  Mtd. 

—  A  Berlin,  vient  de  mourir,  âgé  de  40  ans,  le 
peintre  munichois^do//"//e//er,  qui  s'était  fait  remar- 
quer par  ses  intérieurs  d'autrefois  avec  personnages, 
et  ses  portraits.  Né  à  Hambourg,  il  avait  étudié  avec 
Peter  Jaussen,  à  Dusseldorr,  puis  à  Munich  et  Paris. 
—  M.  M. 


CHRONIQUE    DES    VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —  Vente  de  la  collection  Fitz- 
henry  (objets  d'art,  etc.).  —  Faite  salles  7  et8, 
du  18  au  21  février,  par  M"  Lair-Dubreuil,  assisté 
de  MM.  Mannheim  et  Léman,  cette  vente  a  pro- 
duit un  total  de  245.253  francs,  mais  n'a  pas 
donné  lieu  à  des  enchères  bien  marquantes.  Il 
nous  suffira  d'indiquer  les  plus  élevées. 

PRINCIPAUX    PRIX 

Porcelaines  anciennes.  —  m.  Sèvres.  Aiguière  et 
bassin,  décor  de  guirlandes  de  Heurs,  cama'ieu  bleu, 
4.800  fr.  (au  Musée  des  Arts  décoratifs). 

Boites.  —  278.  Boite  or  émaillée,  queue  de  paon, 
miniat.,  portrait  de  Louis  XVI,  inscription  :  Donnée 
par  Louis  XVI  à  Dumouriez,  ép.  Louis  XVI,  poinçons 
de  Clavel,  7.010  fr.  (dem.  7.000;  rest.). 

Miniatures.  —  324.  Portrait  de  femme  vêtue  de 
blanc,  avec  ceinture  rayée,  par  Sicardi,  9.200  fr. 
(dem.  5.000).  —  333.  Portrait  de  femme,  à  mi-jambes, 
vêtue  de  blanc,  fond  de  paysage,  par  Augustin, 
6.100  fr.  (dem.  3.000). 

Tableaux. —  3i>0.  Ileinsius.  Portrait  présumé  d'Eu- 
gène de  Beauharnais  enfant,  9.000  fr.  (dem.  8.000). 

Objets  uivehs.  —  409.  Custode,  émail  peint  de 
Limoges,  xti*  s.,  compos.  à  nombreux  personnages; 
émaux  de  coul.,  rehaussés  d'or,  mont,  argent  doré, 
5.900  fr.  (dem.  5.000;  rest.l. 

Sculptures.  —  491.  Statue  terre  cuite,  d'après  Coy- 
sevox,  chasseur  assis,  5.000  fr.  (dem.  5.000). 

'Vente  d'objets  provenant  du  château 
de  R...  [Roquencourt],  2*  vente.  —  Dirigée 
salle  6,  les  20  et  21  février,  par  M«  Baudoin  et 
MM.  Sortais  et  Pape,  cette  vente  a  réalisé 
130.000  francs. 

Peu  de  prix  a  signaler.  Du  cdté  des  tableaux, 


le  n»  6,  le  Moulin  à  eau,  par  Van  Everdingen,  a 
été  adjugé  8.000  francs,  sur  la  demande  de 
10.000.  Ce  même  tableau  avait  été  vendu  1.100  fr. 
à  la  vente  Piérard,  en  1860,  et  6.800  à  la  vente 
de  Morny  en  1865.  Du  côté  des  sculptures  et 
objets  d'ameublement,  notons  :  86.  Quatre  sta- 
tues de  femmes  portant  une  corne  d'abondance, 
bois  sculpté  et  doré,  xviii=  s.,  25.750  fr.  (dem. 
15.000).  —  149.  Quatre  chaises,  bois  sculpté  et 
doré,  lauriers,  rais  de  cœur  et  cordelettes,  etc., 
ép.  Louis  XVI,  10.000  fr.  (dem.  8.000).  —  150. 
Très  petit  canapé,  bois  sculpté  et  doré,  décor 
rocaille,  ép.  Louis  XV,  9.000  fr.  (dem.  4.000). 

Vente  de  tableaux  modernes.  —  Ln  seul 
prix  vaut  d'i'tre  signalé  parmi  les  résultats  d'une 
vente  anonyme  dirigée  salle  10,  le  19  février, 
par  M«  Bignon  et  M.  Marboutin,  les  5.400  francs, 
obtenus  sur  la  demande  de  5.000.  par  un  tableau 
de  Corot,  la  Prairie,  le  soir. 

Vente    de    boiseries    anciennes.    —    Nous 

avions  annoncé  la  vente  qui  devait  avoir  lieu,  le 
20  février,  boulevard  de  l'Hopilal,  de  boiseries 
anciennes  provenant  de  l'ancienne  chapelle  de 
la  Pitié.  Ces  boiseries  ayant  été  réclamées,  au 
dernier  moment,  par  le  Musée  Carnavalet,  la 
vente  n'a  pu  se  faire. 

Ventes  annoncées.  —  AParis.  —  Collection 
de  u  la  Peau  de  l'Ours  n  (tableaux  modernesi. 
—  Cette  vente,  dont  nous  avons  déjà  parlé,  aura 
lieu,  salles  7  et  8,  le  2  mars,  sous  la  direction  de 
M*  H.  Baudoin,  assisté  de  MM.  Bernheim  jeune 
et  Druet.  On  sait  que  le  titre  que  porte  la  collec- 
tion est  inspiré  des  conditions  mêmes  dans  les- 
quelles elle  fut  formée  Quelques  amis,  amateurs 
d'art  moderne,  et  même  du  plus  moderne,  ache- 


ANCIEN    ET    MODERNE 


69 


lurent  en  société,  l'une  après  l'autre,  quelque 
cent  cinquante  œuvres,  tant  peintures  qu'aqua- 
relles et  dessins,  au  cours  de  ces  dix  dernières 
années.  Dès  l'origine  de  cette  opération,  il  avait 
été  entendu  qu'une  vente  publique  apporlerail, 
en  lin  de  compte,  la  sanction  à  cette  expérience, 
plus  curieuse,  d'ailleurs,  que  concluante,  car  on 
prévoit  bien  que  si  chacun,  ou  la  plupart,  de  ces 
mutualistes  d'un  genre  spécial  s'efforce  de  con- 
server pour  lui-même  les  morceaux  qui  lui 
plaisaient  davantage  dans  le  patrimoine  commun, 
il  en  sera  de  cette  vente  comme  de  celle  où  les 
héritiers  se  disputent  chèrement  les  pièces  qu'ils 
convoitent  dans  une  succession.  D'autre  part, 
trop  de  personnes,  aujourd'hui,  sont  intéressées 
là  la  plus  value  des  productions  qui  composent 
cette  collection  pour  que  l'on  puisse  vraiment 
savoir,  d'un  jugement  public  et  impartial,  si  «  la 
Peau  de  l'Ours  »  a  été  ou  non  vendue  par  avance. 
N'ayant  pas  reçu  le  catalogue  illustré  de  la  vente, 
nous  ne  pouvons  en  signaler  les  numéros  princi- 
paux. Contentons-nous  de  noter  les  noms  de 
De  la  Fresnaye,  P.  Gauguin,  Henri  Malisse, 
P.  Laprade,  Laurencin,  Mauguin,  Picasso,  Puy, 
K.-X.  Houssel,  qui,  auprès  de  ceux  de  Forain  et 
de  C  Guys,  indiquent  suffisamment  la  compo- 
sition de  cette  vente,  à  laquelle  il  n'est  pas 
difficile  de  prédire  un  vif  succès   de   curiosité. 

Objets  d'art  et  d'ameublement.  —  Un  mince 
catalogue  illustré  nous  apporte  l'annonce  de  la 
vacation  anonyme  que  dirigeront,  salle  6,  le 
.3  mars.  M"  H.  Baudoin  et  MM.  Manuheim.  Les 
numéros  les  plus  marquants  de  cette  réunion 
d'objets  d'art  et  d'ameublement,  paraissent  être 
une  pendule  sur  socle  et  deux  candélabres  à 
quatre  lumières,  en  ancienne  porcelaine  de  Saxe, 
à  décor  fleuri,  et  un  tapis  oriental  du  xvi"  siècle 
à  grosses  fleurs  sur  fond  rouge. 

Objets  d'art,  etc.,  appartenant  à  M™»  X...  — 
Plus  importante  est  la  vente  à  laquelle  les  mêmes 
commissaire-priseur  et  experts,  et  MM.  Bernheim 
jeune,  procéderont,  à  la  galerie  Georges  Petit,  le 
5  mars.  Dans  le  catalogue  illustré,  dressé  à  cette 
occasion,  nous  remarquons,  tout  d'abord,  du 
côté  des  peintures  :  la  Vierge,  l'Enfant  Jésus  et 
sainte  Anne,  sous  un  portique,  œuvre  anonyme  de 
l'école  néerlandaise  du  xvi"  siècle;  un  Effet  de 
nuit  au  bord  de  ta  rivière,  par  A.  van  der  Neer; 
le  Bravo,  par  F.  Roybet;  une  Scène  rustique  en 
Hollande,  par  P.  Wouwermans  ;  et  Devant  lepalais 
des  Doges,  par  Ziem  ;  puis,  du  côté  des  objets  d'art 
et  d'ameublement  :  des  majoliques  italiennes  de 


Faenza  et  de  Derufa,  des  statuettes  et  des  groupes 
en  ancienne  porcelaine  de  Saxe;  deux  cache-pots 
en  ancienne  porcelaine  tendre  de  Vincennes,  et 
une  jardinière  en  Chantilly;  un  meuble  de  salon 
en  tapisserie  à  corbeilles  de  (leurs  et  guirlandes, 
d'époque  Louis  XVI;  une  tapisserie  flamande  du 
xvi« siècle,  présen tant Salomoii  etlareinedeSaba; 
trois  tapisseries  de  Bruxelles,  du  xvi'  siècle,  à 
sujets  tirés  de  l'histoire  romaine;  une  grande 
tapisserie,  même  fabrication  et  même  époque, 
présentant  le  triomphe  d'un  souverain  victorieux; 
un  fragment  de  tapisserie  flamande  du  xvi«  siècle, 
présentant  Salomon  et  la  reine  de  Saba;  quatre 
panneaux  en  tapisserie  de  la  manufacture  royale 
d'Aubusson,  atelier  de  Picou,  d'après  François 
Boucher,  à  sujets  chinois  :  le  Thé,  le  Marchand 
d'oiseaux,  la  Pêche  et  le  Jardinage;  trois  tapisse- 
ries flamandes  de  la  fin  du  xvi"  siècle,  à  compo- 
sitions champêtres;  enfin,  un  tapis  d'ancien 
travail  oriental  à  grosses  fleurs  sur  fond  rouge. 

"Ventes  prochaines.  —  A  Paris.  —  Collec- 
tion Sambou.  —  Aux  grandes  ventes  que  nous 
avons  annoncées  pour  la  saison  qui  commence, 
il  convient  d'ajouter  celle  des  collections  d'objets 
d'art  et  de  haute  curiosité  appartenant  à  l'anti- 
quaire parisien,  M.  Sambon.  Cette  vente  aura 
lieu  du  25  au  28  mai,  à  la  galerie  Georges  Petit, 
sous  la  direction  de  M«  Lair-Dubreuil. 

A  Londres.  —  Tableaux  anciens.  —  Parmi 

les  tableaux  anciens,  provenantde  diverses  collec- 
tions, qui  seront  vendus,  le  6  mars,  chez  Christie, 
notons  :  le  Portrait  d'une  jeune  dame,  par  F.  Bol; 
un  Bord  de  rivière,  effet  de  lune,  par  A.  van  der 
Neer;  le  Portrait  de  William  Gomm,  par  Beynolds; 
celui  de  Mrs  William  Gomm,  par  Romney;  une 
Vue  de  la  Tamise  à  Westminster  et  une  Vue  du 
vieux  port  de  Londres,  par  Samuel  Scott;  une 
Scène  rustique,  parD.Teniers;une  Flotte  à  l'ancre, 
par  W.  van  de  "Velde  ;  le  Portrait  de  Mrs  Ann 
Fisher,  par  Liotard  ;  des  Vieilles  Maisons  au  bord 
d'une  mare,  par  Van  Goyen;  le  Portrait  du  Rev. 
Robert  Walker,  par  Raeburn  ;  le  Port»*at(  de  Miss 
Dee,  par  J.  Opie  ;  les  Portraits  des  trois  Miss 
Kenrick,  par  J.  Highmore;  le  Portrait  de  Marie- 
Christine,  lady  Arundell,  celui  d'Henry,  huitième 
baron  Arundell,  de  Marie,  lady  Arundell,  et 
d'Henry,  septième  baron  Arundell,  tous  les  quatre 
par  Reynolds. 

Un  catalogue  illustré  de  deux  planches  a  été 
dressé  à  l'occasion  de  cette  vente. 

M.  N. 


1 


70 


LE   BULLETIN    DE    L'ART 


ESTAMPES 

A  Paris.  —  Vente  d'estampes  du  XVIII" 
siècle.  —  La  vente  faite  le  23  février,  par  M'  A. 
Desvouges  et  M.  L.  Delteil,  que  nous  avions 
annoncée,  a  produit  29.996  francs. 

Il  faut  retenir  l'enchère  de  3  020  francs 
obtenue  par  deux  pastorales  gravées  par  Demar- 
teau,  d'après  Huet,  et  celle  de  5.720  francs  payée 
pour  une  suite  de  pièces  d'après  Moreau  le  jeune 
(n"  128-139). 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Estampes 
modernes.  —  Le  5  mars,  les  mêmes  commis- 
saire-priseur  et  expert  vendront  une  réunion 
d'estampes  modernes,  où  Charlet,  .lacque.  Car- 
rière, Meryon,  Daumier,  Daubigny,  Leheutre, 
Lepère,  0.  Hedon,  sont  parmi  les  mieux  repré- 
sentés. 

R.  G. 
LIVRES 

A  Paris.  —  Vente  de  la  bibliothèque 
de  M.  G...  (livres  modernes).  —  Les  19  et 
20  février,  M«  André  Desvouges  et  M.  A.  Blaizot 
ont  dispersé  les  livres  modernes  formant  la 
bibliothèque  de  M.  G...  La  vente  s'estterminée  sur 
un  total  de  9S.326  francs,  et  voici  les  enchères 
les  plus  importantes  : 

8.  Th.  de  Banville.  Les  Princesses,  ill.  de  Roche- 
grosse,  gr.  en  coul.  par  Decisy;  ex.  sur  Japon  ;  ill.  en 
3  états  et  aquarelles  originales  hors  texte  ;  rel.  de 
Chambolle-Duru,  5.510  fr.  —  86.  G.  Flaubert.  Sa- 
lammbâ,  ex.  sur  J«pon  de  l'éd.  Quantin,  aquarelles 
orig.  de  J.  Wagrez  hors  texte  et  dans  le  texte  ;  rel. 
de  Chambolle-Duru,  6.350  fr.  —  233.  A.  de  Musset. 
Lorenzaccio,  ex.  unique  sur  vélin;  aquarelles  orig.  de 
Itubaudi  ;  rel.  de  Cuzin,  5.500  fr.  —  295.  E.  Rostand. 
Cyrano  de  Bergerac,  ex.  unique  sur  vélin  ;  aqua- 
relles de  J.  Wagrez  ;  rel.  de  Kieffer,  5.000  fr.  —  325. 
Trois  comédies  de  l'amour  :  Molière,  l'Amour  méde- 
cin ;  Marivaux,  le  Jeu  de  l'amour  el  du  hasard; 
A.  de  Musset,  On  ne  badine  pas  avec  l'amour,  ex. 
unique  ;  eaux-fortes  en  trois  états,  et  aquarelles  orig. 
de  Maurice  Leloir,  L.-E.  Fournier,  A.  Moreau  ;  rel.  de 
Rieffer,  5.000  fr. 

B.  J. 

C«3CKX:œC«3C9OC9OC&OCO3C0OCOQCOQCOOC9DCOOCOO 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


La  Phalange  (galerie  J.  Chaîne  et  Simonson). 
—  Groupes  divers.  —  De  ces  trop  nombreuses 
sociétés  qui  ne  se  piquent  nullement  de  puritaine 
homogénéité,  mais  que  le  hasard  des  intérêts  ou 


des  camaraderies  a  fait  naître,  la  Phalange  est, 
malgré  son  nom  solennel  et  lourd  de  promesse», 
une  des  plus  réellement  intéressantes;  car  elle 
offre  un  choix  discret  de  bonnes  peintures  et  de 
bons  peintres.  A  défaut  d'inédit,  c'est  une  rare 
joie,  par  ce  temps  de  détrempe  et  de  grisaille, 
que  de  retrouver  un  coloriste  qui  semble  pétrir  la 
montagne  brune  ou  bleudtre  avec  des  éclats  de 
pierres  précieuses,  et  tel  est  le  cas  particulier  de 
M.  Communal;  par  ce  temps  d'ambitions  infor- 
mes, c'est  un  heureux  enseignement  que  nous 
proposent  quelques  dessinateurs  :  M.  Charles 
Jouas,  chroniqueur  avisé  du  vieux  Paris  qui  s'en 
va;  M.  Herman  Webster,  amoureux  des  vieux 
quartiers  de  Meryon  ;  M.  Bernard  Naudin,  crayon- 
nant ses  rôves  ;  M.  Jules  Adier,  rehaussant  le  por- 
trait des  humbles  ;  M.  Grosjean,  profilant  les  som- 
bres horizons  du  Jura.  MM.  Degallaix  et  Henri 
Dumontsonldeuxpoètesdelalleur.  SiMM.Berson 
et  Boggio  signent  des  jours  de  neige  qui  pourraient 
illustrer  les  contes  d'Andersen,  MM.  .Montagne, 
Bourillon,  Llano-Florez,Cauvy,  Raoul  duGardier, 
préfèrent  la  lumière  chantée  par  Mistral;  de  la 
Bretagne,  M.  Gaston  Balande  descend  jusqu'au 
Pont  de  Tolède  que  reflète  à  peine  une  eau  métal- 
lique; et  la  ligne  d'Italie,  définitivement  recon- 
quise, retient  deux  anciens  prix  de  Rome  qui 
portent  le  même  nom  sans  être  parents  :  M.  Au- 
guste Leroux,  retrouvant  Hubert  Robert  aux 
Thermes  de  Poinpéi;  M.  Georges  Leroux,  osant 
peindre  la  verdure  et,  plus  hardi  que  les  Bolonais, 
notant  la  tiède  clarté  des  heures  blondes,  du 
haut  des  ravins  de  la  Sabine  ou  de  la  terrasse 
ombreuse  du  Pincio. 

Si  la  troisième  exposition  de  la  Phalange  nous 
rassure,  en  reconduisant  nos  pas  sur  les  chemins 
radieux  de  la  Ville  Éternelle,  la  cinquième  année 
du  Groupe  libre,  réuni  chez  Bernheim  jeune,  nous 
inquiète,  en  s'éternisant  dans  les  sentiers  déca- 
dents de  tous  les  poncifs  nouveaux  :  le  ciel  de 
Naples  ou  de  Nice  n'a  pas  encore  converti 
MM.  Frédéric  Fiebig  et  Jean  Peské;  le  ciel  de 
France  aurait  beaucoup  à  dire  à  MM.  Batigne  et 
Jacquemot...  Cependant,  M.  Marcel  Bach  com- 
prend la  majesté  crépusculaire  de  la  Vallée  du  Lot, 
M.  Offner  entrevoit  la  poésie  de  la  lumière, 
M.  Paul  Baudier  reste  un  intelligent  xylographe, 
et  le  sculpteur  Despiau  s'est  déjà  révélé  comme 
le  plus  savoureux  des  portraitistes  que  l'ar- 
chaïsme a  séduits. 

16,  rue  de  Balzac,  chez  Hessèle,  /e.s  Artiftes- 
Peintres  de  Versailles  ont  transporté  leur  seconde 
exposition  pour  décrire,  une  fois  de  plus,  «  la  Cité 


ANCIEN    ET    MODERNE 


71 


des  Eaux  »,  son  parc  immense  où  son  immense 
château  met,  vers  le  soir,  la  lueur  allongée  d'un 
nuage  lointain;  M.  Maurice  Delcourt  s'y  distingue, 
à  côté  de  M"''  Pauline  Adour  et  Zuber  et  de 
M.  Henri  de  Nothac  dont  le  nom,  comme  noblesse, 
oblige. 

L'annuelle  exhibition  de  la  Société  de  la  Minia- 
ture, de  l'Aquarelle  et  des  Arts  précieux,  chez 
Brunner,  nous  permet  d'apprécier  le  dessin  dans 
la  docte  personne  du  peintre-graveur  Jean  Cora- 
bœuf  ;  et  c'est  le  dessin  qui  nous  appelle,  en  plein 
carnaval,  à  la  seconde  et  toujours  discrète  expo- 
sition du  Cercle  Volney,  car  cette  pureté  du  trait 
devient  aussi  rare  qu'une  vertu  dont  on  parle 
trop  souvent  pour  la  posséder!  La  voici,  pourtant, 
qui  réserve  sa  douceur  aux  fins  crayons  du  por- 
traitiste Henri  Rover,  parmi  les  vesprées  roman- 
tiques de  M.  Gaston  Guignard,  les  petites  eaux- 
fortes  de  M.  MariusBorrel,  les  aquarelles  romaines 
du  statuaire  Jean  Hugues,  les  vues  de  Vérone  de 
M.  Pierre  Vinit  et  les  notes  de  voyage  où  le 
maître  Pierre  Vignal  prend  une  liberté  de  grand 
artiste  à  travers  les  ombrages  virgiliens  de  la 
Villa  d'Esté  et  les  splendeurs  nacrées  de  Capri. 

Fyzee-Rah.amin  (galerie  Georges  Petit).  — 
C'est  un  peintre  indou  mélomane,  illustrant  naï- 
vement douzes  mélodies  sacrées  qui  se  chantent, 
comme  notre  angélus,  à  certains  instants  de  l'au- 
rore ou  du  crépuscule...  Il  a  trente  ans;  très  jeune, 
il  visita  l'Europe  et  reçut,  en  Angleterre,  les  con- 
seils de  M.John  Sargent;  mais  son  art  se  réclame, 
avant  tout,  de  la  miniature  indo-persane.  C'est  la 
première  fois  qu'il  vient  exposer  au  milieu  des 
Occidentaux;  et  Paris,  après  Londres,  prendra 
plaisir  à  l'opulente  sobriété  de  ses  aquarelles 
musicales,  rehaussées  d'or  et  d'argent,  qu'il  inti- 
tule en  anglais  the  Music  Séries,  —  sans  négliger 
ses  autres  peintures  oii  l'étrangeté  de  la  fable 
légendaire  et  religieuse  alterne  avec  le  portrait, 
le  paysage  et  l'intimité  la  plus  contemporaine.  On 
dirait  parfois  d'un  Gustave  Moreau  moins  érudit, 
plus  candide;  aussi  bien,  rien  ne  rappelle  ici 
l'Inde  rutilante  aperçue  par  M.  Besnard. 

Expositions  diverses.  —  Parmi  les  innom- 
brables Occidentaux,  nommons  M  et  M™«Fernand 
Maillaud  et  le  statuaire  Jean  Baffier  qui  repré- 
sentent l'art  berrichon  à  la  galerie  Montaigne; 
le  peintre  Maximilien  Luce  et  le  statuaire  Paul 
Moreau-Vauthier,  l'auteur  du  Mur  des  fédérés,  qui 
Toudraientglorifier  le  travail  à  la  galerie  Choiseul  ; 
un  dessinateur  que  hante  le  rêve.  M,  Ciolkowski, 


déjà  remarqué  pour  son  penchant  décoratif  au 
SaloQ  d'automne;  enfin,  chez  Marcel  Bernheim, 
un  peintre  de  Paris,  M.  Georges  Souillet,  qu'attire 
à  son  tour  l'Italie  des  cloîtres  ensoleillés  et  des 
ruines  :  San  Gtmtginano,  décidément,  possède  une 
vertu  magique. 

Raymond  Bouyer. 

7^   yjt  7^   ffC  7ft  y^   tJc   ffc  yfc   ift   ip   spr   Jfc   t^   fp   tjç   îjt   yp   îjt   t|ç   tjt   ijc 

CORRESPONDANCE  DE  MUNICH 


A  propos  du  M  Petit  pâtre  «  de  Lenbach. 
La  Galerie  municipale  de  Rosenheim. 

Le  fameux  tableau  de  Lenbach  à  la  Galerie 
Schack,  le  Vêtit  paire  étendu  sur  le  dos  en  plein 
soleil,  dont  il  se  vend,  bon  an  mal  an,  une  cin- 
quantaine de  copies  et  pour  environ  cinq  mille 
marks  de  reproductions  de  tous  formats,  avait 
sa  légende. 

Une  version,  accréditée  depuis  longtemps, 
assurait  que  Bocklin  y  avait  autant  travaillé, 
sinon  plus,  que  Lenbach  lui-même.  Celui-ci 
n'avait  que  vingt-quatre  ans  lorsqu'il  signa  cette 
œuvre,  devenue  par  la  suite  si  populaire,  et  dont  la 
facture  paraît  répondre  si  peu  à  celle  de  la  pein- 
ture habituelle  de  l'auteur  dont  il  porte  le  nom. 
M™"  Bocklin,  dans  ses  Mémoires,  ne  craignit  pas 
d'affirmer  que  son  mari  termina  le  tableau  pour 
Lenbach;  et  l'on  cite,  en  outre,  plusieurs  lettres 
de  Lenbach  où  l'artiste  parle  à  Bocklin  de  «son» 
pâtre.  Cependant  la  toile  est  signée  du  seul 
F.  Lenbach  et  datée  1860,  et  l'on  a  voulu  voir 
là  l'origine  d'un  différend  qui  refroidit  les  rela- 
tions des  deux  artistes. 

Il  n'en  est  rien.  Un  contemporain  de  Len- 
bach, M.  Alex,  von  Wagner,  rapporte  l'avoir  vu, 
de  ses  yeux,  peindre  ce  Petit  pâtre  au  village 
d'Aresing,  d'où  il  rapporta  son  tableau  achevé  à 
Munich.  Toutes  les  études  de  ce  temps  ont  le 
coloris  dur  dont  Lenbach  ne  devait  se  défaire 
qu'en  copiant,  pour  le  comte  Schack,  en  Italie 
et  en  Espagne,  tant  de  chefs-d'œuvre  des  vieux 
maîtres. 

Quant  à  M"'  Bocklin,  elle  a  confondu  avec  un 
autre  jeune  pâtre,  qui  est  bien  du  maître  bâiois, 
celui-là,  et  qui  figure  également  à  la  galerie 
Schack,  mais  qui  représente  un  chevrier  courant 
à  toutes  jambes,  effrayé  par  une  apparition  du 
Grand  Pan  au  sommet  de  la  montagne. 


72 


LE   BULLETIN   DE   L'ART 


La  petite  ville  de  Rosenlieim,  en  Bavière,  qui 
compte  à  peine  16.000  habitants  et  qui  n'a  d'im- 
portance que  comme  point  d'intersection  des 
lignes  de  chemins  de  fer  de  Salzbourg  et  du  Tyrol, 
inaugurait  dernièrement  une  Galerie  municipale 
de  peinture.  Disposée  avec  une  jolie  entente  déco- 
rative dans  l'ancienne  chapelle  Saint-Michel  désaf- 
fectée, dont  les  murs  ont  été  tendus  d'étoffe  d'un 
ton  brun  violacé  qui  met  aussi  bien  en  valeur  les 
couleurs  sombres  des  tableaux  anciens  que  les 
claires  de  la  peinture  moderne,  cette  galerie 
réunit  environ  cent  vingt  toiles  et  une  trentaine 
de  dessins  qui  représentent,  presque  sans  lacune, 
l'école  d'art  bavaroise  de  la  seconde  moitié  du 
xix«  siècle. 

On  y  voit  un  des  paysages  si  frais,  de  l'humoriste 
Spitzweg;  les  Charretiers  de  W.  Diez,  d'un  sobre 
réalisme  ;  deux  Chasseurs,  de  Defregger,  robuste 
ébauche  qui  vaut  infiniment  mieux  que  ses 
paysanneries  composées;  un  Christ  de  Makart; 
des  paysages  de  Schleich,  Willroider,  Wenglein. 
Parmi  les  peintres  les  plus  récents,  on  citera 
Stuck  avec  une  séduisante  tête  de  femme;  Léo 
Samberger,  avec  deux  de  ses  puissants  dessins; 
Zumbusch,  Hermann  Urban,  Marr,  Hayek,  etc.; 
en  un  mot,  rien  que  des  noms  signilicatifs. 

Mais  ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable  dans  cette 
intéressante  collection  dont  s'orne  une  petite  ville 
de  province,  c'est  qu'elle  a  été  réunie  avec  autant 
de  goût  que  de  désintéressement,  par  un  simple 
particulier,  M.  Max  Bram,  qui  en  a  fait  don  à  sa 
ville  natale.  Combien  de  centres  plus  importants 
pourraient  envier  Rosenheim  ! 

,      Marcel  Montandon. 


LES      REVUES 


Italie 

BoUettino  d'arte  del  Ministero  délia  P.  Istru- 
zione  Juin). —  Corrado  Hicci.  Noies  d'art.  I.  Fresques 
de  Piero  délia  Francesca,  à  Ferrare.  II.  Le  a  Musi- 
cien «  de  la  Hibliolhèque  Amhrosienne,  à  Milan.  —  1. 
M.  Mazzolani  a  fait  réceiniuent  détacher  de  la  muraille 
où  elles  étaient  peintes,  et  transférer  dans  la  Pinaco- 
thèque de  Ferrare,  des  fresques  de  l'ancienne  église 
Saint-André,  l'une  des  plus  riches  de  cette  ville,  jadis, 
mais  fermée  et  désaffectée  depuis  1865.  Or.  parmi  ces 
fragments  de  peinture  murale,  M.  Corrado  Ricci  a 
étudié  deux  figures,  un  Saint  Christophe  et  un  Saint 


Sébastien,  qu'il  croit  pouvoir  attribuer  à  Piero  délia 
Francesca.  —  II.  Dans  une  seconde  note,  M.  Corrado 
Ricci  rapproche  un  dessin  de  Léonard,  conservé  au 
Louvre,  du  tableau  de  l'Ambrosienne  intitulé  autre- 
fois: Un  duc  de  Mt/an,  attribué  tantôt  à  Luini,  tantôt 
à  Ambrogio  de'  Prédis,  et  récemment  dépouillé  de  ses 
repeints  par  M.  Cavenaghi,  qui  a  ainsi  montré  qu'il 
s'agissait  d'un  portrait  de  Musicien.  M.  Corrado  Hicci 
voudrait,  par  ce  rapprochement,  démontrer  que  le 
tableau  est  de  la  main  même  de  Léonard  de  Vinci. 

—  Arduino  Colasanti.  Un  Palimpseste  inconnu  de 
Federico  liaroccio.  —  Autour  d'un  tableau  du  Baroche 
se  trouvant  à  Rome  dans  une  collection  particulière. 

—  U.  Fi.KHES.  Pour  la  réédification  de  Messine. 

—  Enrico  Maucehi.  A  propos  d'un  précieux  petit 
triptyque  et  de  quelques  autres  peintures  de  l'école 
byzantine.  —  Triptyque  d'art  byzantino-slave  du 
XV*  siècle,  récemment  acquis  par  le  musée  de  Syrai* 
cuse.  Autres  peintures  du  même  musée  appartenant 
à  la  même  école. 

(Juillet).  —  Lucio  Mariani.  Statuette  en  bron'ze 
de  Sutri.  —  Il  s'agit  de  VEphibede  Sutri  dont  M.  Ales- 
sandro  Moriacii  a  parlé  dans  la  Revue,  le  10  août  1913. 

—  Ant.  McNoz.  Monuments  d'art  de  la  province 
romaine.  Études  et  restaurations.  —  Fresques  du 
XV'  siècle  de  l'église  Saint-François,  à  Angulllara. 
L'église  de  San  Martine  al  Cimino.  Fresque  de  l'église 
Saint-Fiançois,  àNettuno.Trevignano,  le  ch&teau-fort 
ruiné  de  la  famille  Vico,  et  les  églises. 

—  O.  Valenti.m.  i^'ur  un  polyptyque  de  Jacobello  del 
Fiore  conservé  à  Lecce.  —  Polyptyque  figuraut,  au 
centre,  la  Vierge  et  l'Enfant,  et  dans  les  comparti- 
ments, des  saints  debout,  commandé  vers  1420  au 
vieux  peintre  vénitien  par  Marie  d'Enghien,  comtesse 
de  Lecce,  plus  tard  reine  de  Naples. 

(31  août  1913).  —  Giacomo  Dk  Nicola.  Le  a  Saint- 
Jean  des  Martelli  ••  de  Vonalello.  —  A  propos  de 
l'entrée  au  Bargello  du  fameux  Saint  Jean  des  Martelli, 
dont  M.  Emile  Bertaux  a  parlé  dans  le  numéro  du 
10  août  de  la  Revue. 

—  Corrado  Ricci.  Notes  d'art.  I.  La  «  Coupe  de 
l'ilale  ».  II.  Le  premier  projet  de  Domenico  Tibaldi 
pour  la  porte  du  Palais  Public  à  llologne.  III.  Les 
croix  dans  les  pavements.  —  I.  Cette  vasque  conservée 
dans  l'église  San  Stefano  de  Bologne  est  une  œuvre 
du  XVI*  siècle  et  non  du  viii*.  il.  Dessin  conservé  au 
musée  de  Naples.  III.  Étude  sur  les  croix  des  pave- 
ments en  mosaïque  de  l'époque  chrétienne. 

—  Antonio  Mcnoz.  Monuments  d'art  de  la  province 
romaine.  Etudes  et  restaurations  ;fin).  —  Églises, 
couvents  et  palais  de  Vilerbe.  Bas-relief  daté  de  1303. 
Fresque  du  xv*  siècle.  CEuvres  d'Antonio  del  Massaro. 


Le  Gérant  :  H.  Dbnis. 


Paris.  —  Imp.  Georges  Petit,  li,  rue  tiodot-de-Hauroi. 


Numéro  615. 


•^2>. 


Samedi  7  Mars  1914. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


ANCIEN     ET     MODERNE 


L'Armure  de  Philippe  II 


Le  Bulletin  a  annoncé  (n»  609),  que  cinq  pièces 
provenant  de  la  célèbre  armure  de  Philippe  II, 
conservées  au  Musée  de  l'Armée,  avaient  été 
offertes  à  la  Real  Armeria  de  Madrid,  où  se 
trouve  le  reste  de  l'armure  ;  il  a  enregistré  les 
protestations  qui  se  sont  élevées  contre  l'abandon 
de  ces  merveilleux  spécimens  de  l'art  du  repoussé 
et  de  la  damasquine,  envoyés,  par  décret  spécial, 
«  en  dépôt»  dans  un  musée  étranger. 

On  avait  espéré,  un  moment,  que  la  décision 
n'était  pas  irrévocable  et  que  les  engagements 
pris  par  le  Gouvernement  n'étaient  pas  à  ce  point 
impératifs  qu'on  ne  pût  remplacer  les  pièces 
manquant  à  l'armure  de  Madrid  par  une  repro- 
duction en  galvanoplastie  de  celles  du  Musée  de 
l'Armée.  On  sait  aujourd'hui  que  ces  espérances 
étaient  vaines,  et  l'on  doit  se  résigner  au  départ 
du  chanfrein,  des  deux  rondelles  et  des  deux 
cubitières  qui  l'accompagnent. 

A  celte  occasion,  l'un  des  spécialistes  les  plus 
autorisés  en  la  matière,  M.  Ch.  Buttin,  con- 
sacre un  article  de  la  Revue  du  présent  mois  de 
mars  à  l'étude  de  cette  armure  illustre  et  magni- 
fique. On  trouvera  dans  cette  étude  tout  ce  qui 
concerne  l'histoire  et  l'art;  mais  il  reste  encore 
quelque  chose  à  dire,  que  M.  Buttin  n'a  pas  dit, 
et  qui  ne  doit  pourtant  pas  être  passé  sous 
silence,  surtout  après  la  note  officielle  que  le 
Gouvernement  a  communiquée  cette  semaine  aux 
journaux. 

Voici  d'abord  cette  note  : 

La  remise,  à  titre  de  dépôt,  à  l'Armurerie  royale  de 
Madrid,  des  pièces  d'une  armure  ayant  appartenu  à 
Philippe  II,  roi  d'Espagne,  a  donné  lieu,  dans  la  presse, 
à  des  commentaires  divers. 

Il  parait  nécessaire  de  préciser  exactement  les 
circonstances  qui  ont  conduit  le  ministre  de  la  Guerre 
actuel  à  tenir  la  promesse  faite  par  le  Gouvernement 
précédent. 

L'opération  dont  il    s'agit   a  été  décidée  dans  le 


courant  de  novembre  1913,  et  elle  a  été  régulièrement 
instruite  par  les  services  des  ministères  des  Affaires 
étrangères,  de  la  Guerre  et  de  l'Instruction  publique, 
en  dehors  de  toute  intervention  du  chef  de  l'État. 

En  outre,  M.  le  général  Niox,  directeur  du  Musée 
de  l'Armée,  appelé,  dès  le  2  décembre  19t3,  à  faire 
connaître  les  observations  qu'il  aurait  à  présenter, 
n'a  cru  devoir,  dans  sa  réponse,  ni  formuler  d'objec- 
tions contre  la  mesure  elle-même,  ni  proposer  de 
soumettre  cette  mesure  à  l'examen  du  Comité  consul- 
tatif. 

Le  ministre  de  la  Guerre  actuel  ne  pouvait  donc 
que  prendre  acte  des  engagements  pris  avant  son 
arrivée  au  ministère  et  régulariser  une  question  ainsi 
engagée. 

Il  y  a  lieu  aussi  de  remarquer  que  les  pièces  d'ar- 
mure dont  il  s'agit,  ne  figurant  pas  sur  la  liste  des 
objets  mobiliers  classés  en  vertu  de  la  loi  du  30  mars 
1887,  ne  sont  pas  inaliénables,  ainsi  qu'il  résulte 
d'un  avis  de  l'administration  des  Beaux-Arts. 

C'est,  du  reste,  seulement  a  titre  de  dépôt  que  les 
pièces  d'armure  ont  été  mises  à  la  disposition  du 
Musée  de  Madrid. 

Nous  n'avons  pas  à  savoir  qui  a  promis  ces 
pièces  d'armure,  et  peu  importe,  en  vérité  !  Ce 
qu'il  y  a  de  certain,  c'est  qu'on  a  fait  cette  pro- 
messe et  qu'on  a  «instruit  régulièrement  l'affaire» 
dans  trois  ministères,  sans  avoir  la  moindre  idée 
de  la  valeur  et  de  l'intérêt  des  pièces  promises. 

Second  point  :  le  directeur  du  Musée  de 
l'Armée,  consulté,  n'a  formulé  aucune  objection 
à  la  cession  des  objets  dont  il  avait  la  garde.  De 
deux  choses  l'une  :  ou  bien  il  connaissait  le  prix 
de  ce  qu'on  lui  demandait  d'abandonner,  et  alors 
il  est  incroyable  qu'il  ait  accepté  celte  demande 
comme  une  chose  toute  naturelle  ;  ou  bien  il 
l'ignorait,  et  alors  on  ne  comprend  pas  pourquoi 
il  n'a  pas  demandé  l'avis  du  Comité  consultatif. 

On  s'étonne  de  celle  dernière  hypothèse?  Elle 
est  pourtant  parfaitement  plausible.  Le  directeur 
du  Musée  de  l'Armée  aurait  ignoré  à  quel  point 
ces  pièces  d'armure  étaient  rares  et  précieuses, 
qu'il  n'y  aurait  là  rien  d'invraisemblable  :  on 
peut  être  un  excellent  organisateur,  d'une  com- 
pétence indiscutable  en  tout  autre  domaine,  et 


74 


LE    BULLETIN   DE    L'ART 


n'f'tre  pas  pxarlfraent  renseigné  sur  les  questions 
d'armures  qui  exigent,  des  études  particulières. 
Or,  le  Musée  de  l'Armée  est  organisé  de  telle 
fai'on  qu'il  ne  comprend  pas  seulement  une  col- 
lection de  costumes  militaires,  de  tableaux  de 
batailles  et  de  reliques  historiques;  mais  qu'il 
est  formé,  pour  une  bonne  part,  du  Musée  d'Ar- 
tillerie, lequel  devrait  avoir  à  sa  tête  un  conser- 
vateur qui  fût  un  spécialiste.  Cette  organisation 
défectueuse  nous  coûte  assez  cher  aujourd'hui 
pour  qu'une  réforme  soit  étudiée  ;  et  quand  on 
devrait,  comme  le  voulait  Emile  Molinier,  réunir 
i\  celles  que  possède  le  Musée  du  Louvre  les 
armes  et  armures  les  plus  précieuses  du  Musée 
de  l'Armée,  cela  ne  vaudrait-il  pas  mieux  que 
de  les  voir  exposées  à  être  cédées  à  la  première 
demande  ? 

On  nous  dit  que  ces  pièces  ne  figurent  pas 
sur  la  liste  de*  objets  classés  comme  monuments 
historiques,  et  donc  qu'elles  ne  sont  pas  inalié- 
nables. Le  bon  billet!  Comme  s'il  était  besoin  d'un 
arrêté  de  classement  pour  les  œuvres  d'art  con- 
servées dans  les  Musées  nationaux  et  devenues, 
par  là-mème,  propriété  de  l'État! 

Il  semble,  d'ailleurs,  qu'on  ne  soit  pas  très  sûr 
de  la  valeur  de  cet  argument,  puisqu'un  dernier 
paragraphe  de  la  note  officielle  ajoute  :  c  C'est, 
du  reste,  seulement  à  titre  de  dépôt  que  les 
pièces  d'armure  ont  été  mises  à  la  disposition 
du  Musée  de  Madrid  »,  —  paragraphe,  en  vérité 
bien  inutile,  si  l'on  admet  que  les  objets  peu 
vent  être  aliénés. 

Quoiqu'il  en  soit,  voici  ces  pièces  parties 
Est-ce  sans  espoir  de  retour"?  1,'opinion  se  refuse 
à  le  croire.  Elle  ne  peut  pas  admettre  que  le  roi 
d'Espagne,  avec  le  caractère  qu'on  lui  connaît 
consente  à  profiter  d'une  méprise  pour  accroître 
de  cinq  objets  la  plus  riche  Armeria  du  monde. 

Et  puisque  ces  pièces  sont  envoyées  à  Madrid 
«  en  dépôt  »,  pourquoi  la  durée  de  ce  dépôt  ne 
serait-elle  pas  limitée,  —  à  un  an,  par  exemple, 
—  et  pourquoi,  lorsque  la  curiosité  serait  satis- 
faite en  Espagne,  ne  reprendraient-elles  pas  la 
place  qu'elles  n'auraient  jamais  dû  quitter? 

E.  D. 

ÉCHOS    ET   NOUVELLES 


Académie  des  beaux-arts  (séance  du  28  février). 
—  L'Académie  fixe  au  samedi  9  mai  la  date  de  la 
déclaration  de  vacance  du  fauteuil  que  M.  Vaudremer. 


décédé,  occupait  dans  la  section  d'architecture  ; 
l'clection  aura  lieu  le  samedi  .30  mai. 

—  Lecture  est  donnée,  au  nom  de  la  section  de 
peinture,  d'un  rapport  sur  l'envol  de  M.  Billautey, 
ancien  pensionnaire  de  la  Villa  Médicis  ;  cet  envoi, 
intitulé  Hélène,  est  destiné  su  musée  de  la  fondation 
de  Caen. 

—  Sur  les  arrérages  de  la  fondation  Dcbrousse. 
l'Académie  des  beaux-arts  propose  les  attributions 
suivantes  :  2.îi00  francs  pour  la  continuation  de  la 
publication  des  procès-verbaux  de  l'ancienne  Aca- 
démie d'architecture;  l.ôOO  francs  pour  l'inventaire 
des  dessins  du  Musée  du  Louvre;  2..')00  francs  pour 
le  relevé  des  plans  de  la  partie  des  bi'itiments  de  l'In- 
stitut qui  sont  appelés  ^  disparaître. 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 

(séance  du  27  février).  —  M.  le  comte  Durrieu  continue 
sa  communication  sur  les  manuscrits  contenant  des 
oeuvres  littéraires  du  roi  Uené.  Il  signale,  en  parti- 
culier, un  exemplaire  d'un  des  «romans»  composés 
par  René  d'Anjou,  le  Cœur  d'amour  épris,  qui  se 
trouve  à  la  Bibliothèque  impériale  de  Vienne. 

Ce  manuscrit  est  enrichi  de  miniatures  admirables 
et  qui  ne  peuvent  avoir  été  exécutées  que  par  un 
artiste  ayant  fréquenté  la  cour  du  roi  René. 

—  M.  Ilomolle  expose  les  recherches  nouvelles  de 
M.  Courby  sur  le  temple  d'Apollon,  à  Delphes  :  le 
sanctuaire,  qui  a  été  déblayé  de  1894  à  189.5.  a  été 
l'objet  des  minutieuses  études  de  M.  Courby,  qui  a 
vérifié  et  complété  les  mesures  et  les  plans  établis  il 
y  a  vingt  ans.  Deux  sanctuaires,  on  le  sait,  sont 
superposés  :  le  premier,  qui  a  été  détruit  par  un 
incendie  ou  un  treinbleraent  de  terre,  a  été  édifié  de 
548  à  515  av.  J.-C  ;  le  second  remonte  à  la  fin  du 
IV*  siècle.  M.  Courby  a  constaté  que  les  fondations 
du  premier  sanctuaire  ont  été  utilisées  en  entier  pour 
la  construction  du  second,  qui  en  épouse  tns  cthc- 
tement  le  plan. 

Société  nationale  des  Antiquaires  de  France 
(séance  du  25  févricrj.  —  M.  L.  .Mirot  étudie  deux 
documents  relatifs  au  peintre  Jean  Malouel,  datés  de 
1406  et  1409. 

—  M.  le  comte  de  Loisne  communique  le  sceau  de 
Pierre,  fou  de  la  comtesse  d'Artois,  apposé  à  une 
quittance  de  l'an  l.'iOO. 

—  M  le  comte  Durrieu  entretient  la  Société  du  récit 
d'un  tournoi  présidé  par  le  roi  René  en  1446.  près  de 
Saumur.  Le  manuscrit  enluminé  de  ce  récit,  que  l'on 
a,  pendant  longtemps,  considéré  comme  perdu,  a  été 
retrouvé  par  M.  le  comte  Durrieu  à  la  Bibliothèque 
impériale  de  Saint-Pétersbourg. 

—  M.  Dimier  signale  quelques  portraits  peints  du 
XVIII*  siècle  dont  l'authenticité  lui  semble  tout  à  fait 
douteuse. 

Musée  du  Louvre.  —  Le  Musée  du  Louvre  pos- 
sède, depuis  mardi  dernier,  une  nouvelle  salle  Barye. 


ANCIEN    ET   MODERNE 


■K 


MM.  Gaston  Migeon  et  Carie  Dreyfus,  conservateur 
et  conservateur-adjoint  du  Département  des  objets 
(l'art,  qui  ont  organisé  cette  salle,  l'ont  consacrée  à 
des  œuvres  du  grand  sculpteur  animalier  données  à 
l'État,  comme  celles  qui  constituent  la  première  salle 
Barye,  ouverte  l'an  dernier,  par  un  ami  du  Louvre, 
M.  J.  Zuubaloff.  La  nouvelle  salle,  i(uiest,  dès  mainte- 
nant, accessible  au  public,  contient  toute  une  série 
de  sculptures  de  petite  dimension,  19  bronzes.  22  plâ- 
tres, et  autant  de  tableau.x  et  aquarelles  du   maître. 

—  Grâce  à  une  donation  faite  à  la  Caisse  des 
musées  par  les  enfants  de  M.  Edouard  Aynard,  en 
souvenir  de  leur  père,  le  Musée  du  Louvre  s'est 
enrichi  d'une  belle  statue  en  bois  de  prêtre  bouddhi- 
que et  d'un  magnifique  buste  en  pierre  du  xiif  siècle. 
La  statue  de  bois  faisait  partie  de  la  collection  Edouard 
Aynard  ;  elle  a  été  reproduite  à  la  fin  de  l'article 
publié  par  M.  Leiarge-Desar  sur  cette  collection,  dans 
la  Revue  du  10  novembre  1913.  Le  buste  de  pierre 
représente  un  homme  encapuchonné,  du  plus  beau 
style  et  du  réalisme  le  plus  puissant  ;  il  avait  été 
signalé  à  M.  André  Michel  par  M.  Edouard  Aynard, 
qui  l'avait  baptisé  le  Bourreau,  et  le  conservateur  de 
la  sculpture  au  Musée  du  Louvre  a  aussitôt  pensé  à 
acquérir  ce  beau  morceau,  quand  on  lui  eût  annoncé 
la  donation  faite  par  les  enfants  de  M.  Aynard. 

—  Le  Musée  du  Louvre  a  été  autorisé,  récemment, 
à  recevoir,  entre  autres  dons,  pour  le  département  des 
Antiquités,  une  stèle  funéraire  du  jv  siècle,  offrant, 
en  haut-relief  un  vase  dit  loutrophore,  don  de  la 
Société  des  Amis  du  Louvre;  et  pour  la  galerie 
d'Apollon,  un  reliquaire  en  argent  niellé,  de  la  fin  du 
XIII"  siècle. 

Société  nationale  des  beaux-arts.  —  Le  comité 
de  la  Société  nationale  des  beaux-arts  a  décidé,  dans 
sa  dernière  réunion,  de  donner  à  la  Société  coloniale 
des  artistes  français  une  salle  pour  y  organiser,  cette 
année,  une  exposition  rétrospective  des  boursiers 
coloniaux. 

Le  Droit  de  suite.  —  M.  Abel  Ferry  a  déposé  sur 
le  bureau  de  la  Chambre  son  rapport  sur  la  proposi- 
tion de  loi  du  Droit  de  suite,  destinée  à  assurer  aux 
artistes  un  pourcentage  sur  les  plus-value  de  leurs 
œuvres  en  ventes  publiques.  I^a  loi  a  été  votée  dès 
cette  semaine. 

Le  Delacroix  de  l'église  Saint-Paul.  —  Un 
tableau  de  Delacroix,  voilé  depuis  de  longues  années 
par  une  épaisse  couche  d'erabu  et  de  poussière,  vient 
d'être  nettoyé  par  les  soins  de  la  Ville  de  Paris  et  de 
reprendre  son  premier  éclat.  Il  s'agit  d'une  toile  repré- 
sentant Jésus  au  Jardin  des  Oliviers,  commandée 
sous  Charles  X.  Exposé  au  Salon  de  1827,  le  tableau 
reparut  à  l'Exposition  universelle  de  1 8.55  et  à  l'Expo- 
sition de  la  Ville  de  Paris  en  1878.  Dans  la  chapelle 
du  transept  gauche  de  l'église  Saint-Paul,  où  il  est 
placé,  on  le  voyait  fort  mal  sous  la  patine  du  temps 
qui  vient  heureusement  de  lui  être  enlevée. 


Chronique  du  vandalisme.  —  Le  village  de  Bar- 
gemon,  situé  dans  l'arrondissement  de  Draguignan,  et 
un  de»  plos  pittoresques  de  la  Provence,  possède  pour 
unique  monument  une  élégante  église  du  xv  siècle, 
qui  n'a  jamais  été  ni  remaniée  ni  restaurée.  Sous 
prétexte  d'adoucir  la  pente  d'une  route  qui  longe  l'édi- 
fice et  qu'on  voudrait  faire  passer  sur  l'emplacement 
de  celui-ci,  le  ministre  de  l'Intérieur  demande  aux 
Chambres  de  «  désaffecter  ■>  cette  église  du  xv  siècle, 
d'une  solidité  à  défier  les  siècles.  Entendez  bien  ce 
que  signifie, ici,  «  désaffecter»:  c'est  la  démolition  pure 
et  simple. 

—  Des  malfaiteurs,  qui  se  sont  introduits,  la  nuit, 
dans  l'église  Saint-()utrille,  de  Bourges,  édifice  classé 
comme  monument  historique  et  datant  du  xiv  siècle, 
ont  brisé  des  vitraux  et  renversé  des  statues;  ils 
ont  volé  les  couronnes  d'or  placées  sur  la  tête  des 
statues  de  la  Vierge  et  de  sainte  Solange. 

A  Dijon  —  D'accord  avec  l'administration  des 
Beaux-Arts  qui  participera  pour  moitié  dans  le  prix 
d'achat  et  assume  les  frais  de  réparation,  le  Conseil 
municipal  de  Dijon  vient  de  voter  l'acquisition  d'un 
ancien  cellier  de  l'abbaye  de  Clairvaux,  situé  rue 
James-Uemontry.  Cet  édifice,  qui  date  de  1130,  avait 
été  classé  par  la  Commission  des  monuments  histo- 
riques, enl912.  C'est  un  des  spécimens  les  plus  curieux 
de  l'art  du  constructeur  pendant  la  période  romane. 
La  ville  de  Dijon  l'acquiert  pour  37. .500  francs. 

Nécrologie.  —  M.  h'élix  Julien,  architecte  du 
Gouvernement,  professeur  à  l'École  nationale  des 
beaux-arts,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  vient 
de  mourir  à  Paris.  Né  en  1840,  élève  de  Louvet,  Lebas 
et  Paccard,  il  collabora  à  presque  toutes  les  grandes 
constructions  élevées  à  Paris  pendant  la  seconde 
moitié  du  xix"  siècle,  notamment  au  Pavillon  de 
Marsan  (1873-1877),  à  Saint-Ambroise,  à  la  Trinité, 
au  Collège  Chaptal,  à  la  Caisse  des  Dépôts  et  Consi- 
gnations, etc. 

—  Sij-  John  Tenniel,  qui  vient  de  mourir  à  l'âge  de 
94  ans,  était  le  plus  célèbre  dessinateur  politique 
anglais.  Le  terme  de  carloonist,  dont  on  le  dési- 
gnait ordinairement,  correspond  à  une  idée  plus  sé- 
rieuse que  celle  de  la  caricature  et,  le  plus  souvent, 
les  dessins  de  John  Tenniel,  qni  fut  créé  baronnet, 
n'avaient  pas  l'intention  de  taire  rire,  mais  de  faire 
rétléchir.  Il  dessina  le  cartoon  de  la  première  page 
du  Punch,  toutes  les  semaines,  pendant  près  de  cin- 
quante ans,  de  1853  à  1901.  Son  dessin  classique 
avait  quelque  chose  de  la  sécheresse  des  gravures  de 
Ifogarth;  ses  figures  symboliques  de  Britannia  et  de 
Marianne  rebutent  par  leur  monotonie.  Mai.s  la  pensée 
de  la  légende  était  écrite  d'une  façon  saisissante  dans 
son  dessin,  et  la  légende  souvent  remarquable  par  sa 
force  et  sa  brièveté.  11  a  illustré  un  grand  nombre  de 
livres  et  s'est  exercé  aussi  à  la  peinture  historique. 


76 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


CHRONIQUE    DES    VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —  Vente  d'objets  d'art,  etc.  — 
Un  seul  prix  à  signaler  parmi  les  résultats  d'une 
vacation  anonyme  dirigée,  salle  H,  le  27  février, 
par  M=  Bignon  et  M.  Bataille,  les  5.100  francs, 
obtenus,  sur  la  demande  de  4.000,  par  une 
console-desserte  en  acajou  patiné,  d'époque 
Louis  XVI,  portant  l'estampille  de  l'ébéniste 
Dautriche. 

Vente  de  tapisseries.  —  Une  vente  d'objets 
d'art  et  d'ameublement  dirigée,  salle  6,  le  28  fé- 
vrier, par  M=  Lair-Dubreuil  et  MM.  Paulme  et 
Lasquin,  a  produit  98.400  francs.  Quelques  prix: 
trois  verdures  flamandes  du  xviii"  siècle,  avec 
volatiles  et  encadrements  de  bordures,  14.100  fr. 
(dem.  10.000).  —  Panneau  de  tapisserie  du 
XVI»  siècle,  représentant  une  chasse  au  cerf, 
12.300  fr.  —  Tapisserie  de  Bruxelles  duxviii*  siè- 
cle, représentant  Diane  et  une  suivante  dans 
un  paysage,  9.075  fr.  —  Buste  en  marbre, 
5.400  fr. 

Vente  de  «  la  Peau  de  l'ours  w  (tableaux 
modernes).  —  Cette  vente  qui  a  eu  lieu,  salles 
7  et  8,  le  l"  mars,  par  le  ministère  de  M«  Baudoin 
et  de  MM.  Bernheim  et  Druet,  a  obtenu  le  succès 
de  curiosité  qu'il  était  facile  de  prévoir.  Elle 
a  produit  106.350  francs  pour  145  numéros. 
Contentons-nous  de  signaler,  parmi  les  pein- 
tures :  Picasso.  Les  Bateleurs,  11.500  fr.  (dem. 
8.000).  —  H.  Matisse.  Compotier  de  pommes  et 
d'oranges,  5.000  fr.  (dem.  2.000);  —  et  parmi  les 
dessins  :  Picasso.  Les  Trois  Hollandaises,  gouache, 
5.200  fr.  (dem.  2.000). 

Un  catalogue  illustré  dressé  pour  la  circon- 
stance, conservera,  dans  la  bibliothèque  des 
curieux,  le  souvenir  de  cette  vacation  peu  banale. 

Vente  d'objets  d'art.  —  Nous  avons  annoncé, 
dans  notre  dernière  chronique,  cette  vacation  à 
laquelle  ont  présidé,  salle  6,  le  :!  mars.  M»  Bau- 
doin et  MM.  Mannheim.  Elle  a  produit  136.. (53  fr. 
Il  nous  suffira  d'indiquer  ces  quelques  prix  :  70. 
Pendule  à  cadran  tournant,  br.  doré,  composée 
d'un  vase,  ép.  Louis  .XVI,  6.500  fr.  —  88.  Secré- 
taire à  abattant  en  marqueterie  de  couleurs  à 


bouquets  de  fleurs,  fin  ép.  Louis  XV,  7.100  fr.  — 
(Sans  numéro).  Tapisserie-verdure  avec  chilteau, 
parc  et  volatiles,  5.100  fr.  —  121.  Tapis  oriental, 
XVI"  siècle,  à  fleurs  sur  fond  rouge,  9.200  fr. 
(dem.  8.000).  —  122.  Tapis  oriental,  xvi"  siècle, 
à  grosses  fleurs  sur  fond  rouge,  9.100  fr. 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Liquida- 
tion Seligmann  (1"  vente  :  objets  d'art,  etc. |. 
—  S'il  fallait  juger  de  l'importance  des  ventes 
d'après  la  taille  et  l'épaisseur  des  catalogues  qui 
les  annoncent,  les  vacations  que  dirigeront,  du  9 
au  12  mars,  à  la  galerie  Georges  Petit.  M"  Lair- 
Dubreuil  et  Baudoin,  assistés  de  MM.  G.  Sortais, 
Ferai,  Mannheim,  Paulme  et  Lasquin,  ne  sem- 
bleraient pas  devoir  dépasser  le  niveau  de  cer- 
taines ventes,  abondantes  en  numéros,  mais 
d'intérêt  plutôt  secondaire,  comme  on  en  voit  se 
succéder,  chaque  saison,  à  l'Hôtel  Drouot.  Mais 
il  est  facile  de  comprendre  que,  pour  une  vente 
qui  n'est,  après  tout,  qu'un  mode  de  partage,  rendu 
nécessaire,  d'un  stock  immense  de  marchandises, 
on  ait  réduit  au  minimum  les  frais  du  catalogue, 
alors  qu'en  d'autres  circonstances,  tels  des 
mêmes  objets  passant  aux  enchères,  les  tapisse- 
ries notamment,  auraient  appelé  une  édition  et 
une  illustration  tout  autres. 

Nous  ne  pouvons  nous  étendre  comme  il  con- 
viendrait, sur  les  plus  importants  des  quatre 
cent  et  quelques  numéros  qui  vont  être  dis- 
persés. Contentons- nous  d'attirer  l'attention 
sur  la  riche  série  de  porcelaines  de  Chine  par 
quoi  s'ouvre  cette  première  vente,  et  où  l'on 
remarquera,  en  particulier,  deux  vases-rouleaux 
d'époque  Kang-hi,  décoré,  l'un  (no  25),  de  person- 
nages et  de  divinités,  l'autre  (n«  26),  d'oiseaux  et 
d'insectes  dans  des  rochers,  et  deux  statuettes 
d'homme  et  de  femme  debout,  sur  des  socles  de 
forme  haute,  d'époque  Kien-lung  (n"  104).  De 
même,  nous  devons  renoncer  à  passer  la  revue 
des  meilleurs  des  spécimens  ici  réunis  de  porce- 
laines de  Saxe,  de  Vincennes,  de  Sèvres,  etc.,  et 
nous  devons  encore  renvoyer  au  catalogue  pour 
la  série  précieuse  des  boîtes  et  autres  objets  de 
vitrine;  mais  il  nous  faut,  cependant,  parmi  les 
émaux,  tirer  de  pair  le  Portrait  de  George  IV,  roi 
d'Ângletetre,  par  Bone,  et  parmi  les  miniatures. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


le  Portrait  présumé  de  ta  marquise  de  Louvencourt 
par  Hall,  et  deux  portraits  de  femmes,  parisabey, 
et  parmi  les  sculptures,  le  petit  monument  funé- 
raire à  la  mémoire  d'un  chien,  terre  cuite,  par 
Clodion.  De  même,  indiquons  simplement,  en 
passant,  la  richesse  de  la  réunion  des  bronzes 
d'ameublement  et  des  pendules  des  époques 
Louis  XV,  Louis  XVI  et  Empire.  Parmi  les 
meubles,  notons  :  un  bureau  bonheur  du  jour,  en 
marqueterie  de  bois  de  couleurs,  d'époque 
Louis  XV;  un  meuble  à  trois  rangs  de  tiroirs,  en 
marqueterie  de  bois  de  couleurs,  orné  de  bronzes 
redorés,  de  la  fin  de  l'époque  Louis  XV;  et  un 
secrétaire  droit  à  abattant,  en  marqueterie  de 
bois  de  couleurs,  avec  bronzes,  d'époque 
Louis  XVI.  Nous  arrivons  ainsi  à  la  catégorie  des 
meubles  en  tapisserie,  où  nous  remarquons  un 
écran  à  feuille  en  Beauvais,  de  la  Manufacture 
royale,  du  temps  de  la  Régence,  à  personnage 
antique,  et  un  autre  écran  à  feuille  en  tapisserie 
du  temps  de  Louis  XV,  représentant  le  Lion  et  le 
moucheron,  d'après  La  Fontaine,  un  canapé  et 
deux  fauteuils  couverts  en  Aubusson,  du  temps 
de  Louis  XVI,  à  bouquets  de  fleurs  et  rubans  sur 
fond  blanc,  et  un  grand  paravent  à  six  feuilles  en 
Savonnerie  d'époque  Régence,  à  décors  d'oiseaux 
et  d'attributs. 

Les  tapisseries  proprement  dites  seront  un  des 
gros  attraits  de  la  vente.  Peu  de  numéros,  mais 
de  choix.  Notons  :  un  panneau  ovale  en  Gobelins, 
le  Portrait  du  roi  Louis  XV,  en  buste,  travail  de 
l'époque  ;  une  tapisserie  en  Gobelins  du  xvm"  siè- 
cle, les  Enfants  jardiniers,  d'après  Le  Brun  ;  un 
plafond  également  en  Gobelins,  signé  de  Cozette, 
et  daté  1766  ;  une  tapisserie  de  la  manufacture 
royale  de  Beauvais,  Mars  et  Vénus,  de  la  tenture 
des  Amours  des  Dieux,  d'après  Boucher,  xvni«  siè- 
cle ;  enfin,  une  tapisserie  de  la  même  manufac- 
ture, de  la  tenture  des  Bohémiens,  d'après  Casa- 
nova, représentant  le  Vol  de  la  malle  et  exécutée 
sous  la  direction  de  Charron,  xviii»  siècle. 

Il  nous  reste  à  dire  quelques  mots  des  tableaux 
qui  constituent'la  seconde  partie  de  cette  vente. 
Tout  d'abord,  du  côté  des  écoles  primitives,  nous 
remarquons  :  le  Portrait  d'un  homme  jeune,  par 
Corneille  de  Lyon  ;  Jésus  et  les  enfants,  par  Lucas 
Cranach  ;  enfin,  deux  panneaux  de  l'école  fla- 
mande du  xv=  siècle  :  le  Portrait  d'une  donatrice, 
assistée  d'une  suivante  portant  une  couronne  et 
la  Vierge  et  l'Enfant  Jésus;  et  un  double  panneau 
de  l'école  llorentine  du  xvi»  siècle,  Saint  Domi- 
nique, abbé  mitre,  et  saint  Grégoire,  pape  ;  puis,  du 
côté  des  écoles  des  xvii<^et  xvin»  siècles  :  le  Clavecin, 


par  Boilly  ;  deux  pendants,  Oiseaux  exotiques  dans 
des  paysages,  parJ.-B.  Huet;  une  Récréation  dans 
le  parc,  par  J.  de  Lajoue  ;  le  Portrait  de  la  comtesse 
Hegnault  de  Saint-Jean  d'Angély,  par  M"""  Vigée 
Le  Brun  ;  le  Lièvre  et  Après  la  chasse,  par  Oudry  ; 
l'Escalier  en  ruines,  par  Hubert  Robert  ;  le  Por- 
trait de  M™^  Roslin,  née  Suzanne  Giroust,  et  le 
Portrait  du  peintre  par  lui-même,  par  Roslin  ;  le 
Buveur  galant,  par  J.  Steen  ;  enfin,  seul  spéci- 
men de  l'école  moderne,  David  jouant  de  la  harpe 
devant  Saûl,  par  Monticelli.  Parmi  les  dessins, 
notons  encore,  en  terminant  :  une  gouache  de 
Boucher,  les  Pêcheurs;  un  crayon  rehaussé  de 
Edridge,  la  Comtesse  de  Wilson  et  son  fils  ;  un 
Portrait  de  femme,  pastel  par  Valade,  et  deux 
portraits  de  jeunes  femmes,  également  au  pastel, 
par  Louis  Vigée. 

Collection  de  M.  X...  (objets  d'art,  etc.).  — 
Un  mince  catalogue  illustré  attire  notre  attention 
sur  la  vente,  que  dirigeront,  salle  11,  le  9  mars, 
M»  G.  François  et  M.  G.  Guillaume,  des  objets 
d'art  et  d'ameublement  composant  la  Collection 
de  M.  X...  Des  porcelaines  et  des  faïences  an- 
ciennes, des  meubles  et  sièges  des  époques 
Louis  XV  et  Louis  XVI,  constituent  le  principal 
intérêt  de  cette  vacation. 

Collection  de  Mm"  L.  H.  R...  (tableaux).  — 

Nous  recevons  le  catalogue  illustré  des  tableaux 
anciens  et  modernes  dépendant  de  la  succession 
de  M™"  L.  H.  R...  et  provenant,  en  partie,  de  la 
galerie  du  marquis  de  Salamanca,  dont  la  vente 
aura  lieu,  salle  1,  le  d.3  mars,  par  le  ministère  de 
M"  Lair-Dubreuil  et  Albinet,  assistés  de  M.  Ferai. 
On  remarquera,  en  particulier,  dans  cette  vaca- 
tion :  le  Portrait  de  l'Impératrice  Isabellede  Portugal, 
épouse  de  Charles-Quint,  par  A  S.  Coello;  David 
pardonne  à  Absalon,  par  B,  Fabritius;  Toréadors 
devant  la  Madone,  par  Eugenio  Lucas  ;  le  Reniement 
de  saint  Pierre,  par  B.  Manfredi;  le  Portrait  de 
l'Infante  Marie-Thérèse,  par  J  B.  del  Mazo  ;  le  Songe 
de  saint  Joseph,  par  Murillo  ;  la  Lecture  de  la  lettre, 
par  C.  Netscher  ;  les  Cinq  Sens  et  la  Partie  de  tric- 
trac, par  G.  Seghers;  et,  enfin,  la  Moisson,  par 
Veyrassat. 

M.  N. 


EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Cercle  de  l'Union  artistique.  —  Qui  donc 
affirmait  que  l'horloge  de  l'art  moderne  aime 
à  retarder  un  peu  dans  les  brillants  salons  de 


78 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


la  rue  Itoissy-d'Anglas '?  Si  l'on  découvre  avec 
(luelque  bonne  volonté  la  sagesse  el  le  savoir 
parmi  les  3626  envois  catalogués  au  trentième 
Salon  des  Indépendants,  on  trouve  immédiate- 
ment, ici,  l'audace  non  moins  savante  parmi 
les  102  numéros  seulement  qui  composent  la 
paisible  «exposition  de  1914»  :  il  suffit  de  signaler 
la  présence  de  MM.  Roll  et  Forain;  l'un,  maître 
du  plein  air  et  continuateur  de  Manet,  comme 
peintre  de  la  chair  ensoleillée  dans  un  portrait 
plantureux  ou  plus  finement  embrumée  dans 
une  de  ces  ligures  que  l'auteur  d'une  série  de 
femmes  symboliques  intitule  aujourd'hui  l'Adieu; 
l'autre,  observateur  de  l'atmosphère  irrespirable 
des  prétoires  et  vigoureux  héritier  d'Honoré  Dau- 
rnier,  comme  peintre  à  la  fois  humoristique  et 
compatissant  de  l'emphatique  Plaidoirie  qui  fait 
sangloter  l'accusée...  Ici,  comme  aux  Pastellistes 
fiançais,  l'audace  voisine  avec  la  sagesse.  Dans 
une  gamme  moins  noire,  M.  Priant  détaille 
la  frimousse  montmartroise  et  la  désinvolture 
hardie  du  Modèle  ou  la  danse  demi-nue  devant 
le  miroir,  c'est-à-dire  devant  la  glace  complai- 
sante de  la  Psyché.  La  tec/wre  de  M.  Harlamoff  et 
les  éludes  de  M.  R.  deChabuud-La  Tour  relèvent 
plus  cruellement  du  réalisme.  Un  petit  triptyque 
où  M.  Fournier-.Sarvolèze  dit  aux  paysans  déra- 
cinés :  licvenez  à  la  terre!  est  un  amusant  discours 
en  trois  points  en  faveur  du  dégrèvement  rural. 
Aussi  bien,  cette  année,  la  nature,  à  son  tour, 
nous  emporte  loin  des  portraits  flattés  ou  des 
sujets  mondains;  et  «  la  ligne  d'Italie»  s'impose, 
ici  comme  ailleurs,  dans  le  plus  fin  paysage 
méridional  qu'un  peintre  habituel  de  l'automne 
ou  de  l'hiver  ait  encore  signé  :  par  sa  pdie 
perspective  verdiUre  qui  devient  mauve  à  l'hori- 
zon, dans  l'intervalle  heureusement  cadencé  des 
tristes  cyprès,  la  Plaine  d'Assise  éclaire  soudain 
le  nom  de  M.  J.-F.  Bouchon;  le  rêve,  embrasé 
par  l'azur  de  Sicile,  éveille  chez  M.  André 
Humbert  le  souvenir  des  bergers  de  Théocrite; 
les  ruines  du  Temple  de  la  Sibylle,  à  Tivoli, 
semblent  avoir  moins  ému  le  regard  de  M.  Schom- 
mer;  mais  le  plus  franc  parfum  du  paysage 
rustique  enveloppe  une  Matinée  à  Middleburg 
(Hollande),  tout  emperlée  de  rosée  par  M.  Gaston 
(luignard,  un  pur  Lever  de  lune,  aperçu  dans  un 
ciel  ardoisé  par  M.  René  Killotte,  et  les  sierras 
espagnoles  de  M.  Pedro  (iil,  et  môme  le  Versailles 
sous  la  neige,  de  M.  (iuirand  de  Scevola.  C'est  la 
fraîcheur  du  sentiment  qui  nous  désigne  les 
fleurs  estompées  de  M.  Henri  Dumont,  les  fleurs 
précises  de  M.  de  Lassuchette,  les  jardinets  prin- 


taniers  de  M.  Nozal,  les  intérieurs  silencieux  de 
M.  Réalier-Dumas,  qui  change  de  sujets,  le  vieux 
Nohant  exploré  par  M.  Lauth,  un  Salon  du  Musée 
Jacquemart- André,  décrit  par  M.  Paul  Thomas, 
l'Autel  de  la  Vierge,  retenu  par  .M.  Jacques 
Baugnies,  sans  oublier  l'esquisse  du  Saint-Sépulcre 
à  Saint-Jacques  de  Dieppe,  par  M.  (Jervex,  ni  la 
Symphonie  en  blanc  de  M.  Walter  (jay. 

La  jolie  Distraite  de  M.  Antonin  Mercié,  l'austère 
Sérénité  de  M.  Maxence  sont  des  figures  de  fan- 
taisie; mais  «  le  Salon  du  portrait  »  reste  fidèle 
à  sa  tradition  représentée  par  quelques-uns  de 
nos  maîtres  :  M.  Léon  Bonnat,  portraitiste  octo- 
génaire et  toujours  vigoureux  de  Af.  le  Marquis  de 
Ségur,  président  du  Cercle;  M.  (Jabriei  Ferricr, 
portraitiste  toujours  scrupuleux  de  M'  Du  Huit, 
ancien  bâtonnier;  M  François  Flameng,  portrai- 
tiste exalté  par  le  profil  rose  d'une  blonde  miss 
penchée  sur  sa  petite  glace.  M.  Ferdinand  Hum- 
bert, qui  ne  répugne  pas  au  portrait  masculin, 
donne  l'exemple  à  M.  Guiiiier,  notant  la  ressem- 
blance du  Lieutenant- colonel  Rimailho  en  petite 
tenue  Le  portrait  de  Jf"""  la  princesse  Anina 
Gagarine-Stourdza  peignant,  statuette  en  bronze 
de  M.  Denys  Puech,  et  le  buste  en  marbre  de 
M.  Mayen,  par  M.  Raoul  Verlet,  se  distinguent 
parmi  (|uelques  morceaux  de  sculpture  oi'i  se  lit 
la  signature  du  vice-amiral  de  Jonquières. 

IX°  Salon  de  la  Société  des  Artistes 
décorateurs  (Musée  des  Arts  décoratifs).  —  l".e 
n'est  pas  d'un  hiver  à  l'autre  que  l'insensible 
élaboration  d'un  nouveau  style,  h  ses  débuts, 
peut  manifester  des  avatars  subits  et  de  sur- 
prenantes métamorphoses;  et  la  plupart  de  nos 
«  artistes-décorateurs», que  nous  avons  retrouvés 
d'ailleurs  au  Salon  d'automne,  avant  de  les  revoir 
à  la  treizième  exposition  ponctuelle  du  Musée 
Galliera,  restent  aujourd'hui  ce  qu'ils  étaient 
hier,  et  tels  que  notre  confrère  Henri  Clouzot  les 
a  présentés  plusieurs  fois  aux  lecteurs  de  la 
Revue. 

En  effet,  si  le  découragement  du  pessimisme 
est  seul  à  répéter  que  «  tout  est  dit  »  et  que  l'on 
vient  «  trop  tard  »  pour  sortir  de  l'ornière  des 
pastiches  nonchalants  et  des  camelotes  frelatées, 
il  ne  serait  pas  moins  dangereux  de  vouloir 
constamment  jeter  de  l'inédit  en  pâture  à  tous 
les  snobismes  :  l'effort  moderne,  —  comme  l'in- 
dique à  propos,  dans  la  préface  du  catalogue,  le 
nouveau  président  de  la  Société,  .M.  Paul  Vilry,  — 
l'effort  de  quelques-uns  pour  créer  à  la  vie 
actuelle  <■  un  cadre  en  harmonie  avec  son  carac- 


ANCIEN    ET    MODERNE 


79 


tère  »,  est  fait  beaucoup  plus  de  studieuse  per- 
sév(5rance  que  d'excentrique  et  perpétuelle 
inquiétude  ;  et  ce  qu'il  faut  d'abord  estimer, 
chez  plus  d'un  novateur  de  la  veille,  c'est  un 
retour  à  cette  »  longue  patience  >>  qui  ne  rem- 
place jamais,  mais  qui  n'exclut  pas  davantage 
l'instinct  du  génie.  Après  avoir  distingué  les 
«  ensembles»  de  M.  Eugène  Gaillard,  un  clas- 
sique du  genre,  et  de  M.  Mathieu  Gallerey,  probe 
et  lumineux  artisan  du  meuble,  nous  nous  arrê- 
terons donc,  entre  tant  de  salles  à  manger  qui 
nous  invitent  au  frugal  repas  des  yeux,  devant 
celle,  en  bois  d'orme,  que  destine  à  la  campagne 
M.  André  Groult  ;  et  si  la  Chambre  d'homme, 
composée  par  M.  Paul  Follot,  ne  peut  nous  faire 
oublier  sa  poétique  Chambre  de  dame  du  Salon 
d'automne,  la  chambre  de  M.  André  Mare  appa- 
raît plus  habitable  que  ses  inventions  précé- 
dentes, en  dépit  de  certains  accords  de  bleu- 
vert  et  de  iilas  qui  font  songer,  en  Bretagne,  à 
l'Extrême-Orient...  Au  contraire,  le  Salon  de 
repos  de  M.  Louis  Sue  ne  nous  retient  pas  ;  et  le 
Tiureau  d'architecte  de  M.  Maurice  Quénioux  est 
clair,  mais  glacial. 

Retenons  encore  le  bureau  de  M.  Maurice 
Dufrône,  les  impressions  sur  étoffes  de  M.  Georges 
de  Feure,  la  multiple  imagination  de  M.  Clément 
Mère,  le  beau  vase  en  cuivre  oxydé  de  M.  Jean 
Dunand,  les  ferronneries  de  MM.  Laurent  Mal- 
clès  et  Szabo,  les  bibelots  de  M""  O'Kin,  les  ver- 
reries émaillées  de  M.  Marinot,  et,  près  des 
toujours  belles  poteries  de  grand  feu  de  M.  Le- 
noble,  les  faïences  décorées  par  notre  confrère 
Etienne  Avenard  ou  par  M.  Maurice  Dhomme  qui 
songe,  en  plein  xx"  siècle,  au  mystère  des  «  rus- 
tiques ligulines  »  de  notre  vieux  Bernard  Palissy, 

Marie-Paule  Carpentier  (galerie  Georges 
Petit).  —  Diverses  expositions  d'aquarel- 
listes. —  Entre  toutes  les  femmes  peintres  de 
la  Société  nationale  ou  du  Salon  d'automne,  un 
grand  sentiment  de  la  couleur  sertie  dans  la 
majesté  des  lignes  tiendrait  lieu  de  signature  à 
M"°  Marie-Paule  Carpentier  :  ce  n'est  pas  la 
première  fois  que  le  regard  trouve  un  noble 
plaisir  à  se  poser  sur  ses  vues  de  Versailles  et 
de  Trianon,  sans  préjudice  de  ses  études  inspi- 
rées par  le  vieux  Paris,  la  campagne  française 
ou  la  lumière  méridionale,  sous  les  pins  gris  de 
la  Côte  d'émeraude  ou  les  pins  ensoleillés  de  la 
Côte  d'Azur.  Au  service  du  style,  son  procédé 
même  est  personnel  :  c'est  la  peinture  à  l'eau 
reprise    au   crayon,  qui   fait  de   ses   aquarelles 


autant  de  dessins  rehaussés  où  le  métier  traduit 
impérieusement  l'émotion,  dans  le  sobre  éclat 
des  printemps  verts  ou  des  tons  de  l'automne. 
C'est  aussi  l'aquarelle  qui  sert  de  langage 
rapide  et  limpide  à  la  vivacité  voyageuse  de 
M.  Fernànd  Truffant,  galerie  Vivien  ;  à  la  préci- 
sion linéaire  de  M.  Jacques  Brissaud.  galerie 
Louis-le-Grand;  à  l'ardeur  visionnaire  d'un  colo- 
riste polonais,  M.  Boleslas  Buyko,  dans  son  ale- 
lier  du  square  Delambre.  où  ses  vues  de  Rome, 
de  Sienne  et  de  Venise  nous  rappellent  avec  pas- 
sion que  le  paysage  exprime  moins  la  nature  que 
le  songe  intérieur  du  paysagiste. 

R.^YMONI)    BouvRn. 

P. -S.  —  L'abondance  des  expositions  nous  force 
à  remettre  à  un  prochain  numéro  la  X"  exposi- 
tion de  la  Société  artistique  des  Amateurs,  accom- 
pagnée de  sa  rétrospective  (à  l'Alcazar,  M,  avenue 
Gabriel);  les  Indépendants;  l'Automobile-Club  ; 
et  divers  salonnets  de  moindre  importance. 


LES      REVUES 


Fra.nce 
Revue  lorraine  illustrée  (t  913.  n° 3). —  Ch.PnsTER. 
Un  l'ortrail  du  duc  Antoine.  —  Peinture  sur  bois,  de 
la  collection  de  M.  Moreau-N'élaton.  L'auteur  le  rap- 
proche des  trois  autres  portraits  authentiques  du  duc 
Antoine  de  Lorraine,  qui  nous  sont  parvenus,  et  le 
date  de  1525-1530. 

—  Général  J.  Dbnnery.  Vieilles  silhouettes  mes- 
sines :  Lepetit,  cordonnier  et  modeleur  (ISDG-Iflîtl}. 

—  Abbé  L.  Bigot.  l.'Êvangéliaire  de  saint  Gauzelin. 
—  Commencement  d'une  étude  sur  ce  précieux  ma- 
nuscrit du  trésor  de  la  cathédrale  de  Nancy.  La  pre- 
mière partie  est  consacrée  à  «  l'âge  du  manuscrit,  son 
lieu  d'origine  et  son  premier  possesseur,  sis  vicissi- 
tudes et  son  histoire  »  ;  le  deuxième  chapitre,  à  la 
«  calligraphie  du  manuscrit  :  minuscule,  onciale, 
semi-onciale,  capitale,  grandes  initiales  ». 

(in.XNIIR-BRRT.^GNK 

The  Burlington  Magazine  (décembre).  —  A.  de 
liKiiUF.TE  V  MoHKT.  Un  Velazqiiez  jusqu'ici  inconnu.  — 
La  Cuisinière,  de  la  collection  Otto  Beit,  récemment 
exposée  à  l'exposition  des  anciens  maîtres  espagnols 
a  Londres. 

—  Alice  Baibi).  La  «  Colonna  Santa  ».  —  Sur  la 
colonne  torse,  conservée  dans  la  chapelle  de  la 
l'ietà,  à  Saint-Pierre  de  Rome,  où  elle  a  été  placée 
en  1438  par  le  Cardinal  Orsini.  Autres  exemples  de 
ce  même  genre  de  colonnes,  uolamment  sur  un  reli- 
quaire d'ivoire  trouvé  à  Samagher,  près  de  Pola,  et 
datant  du  iv*  ou  v*  siècle  de  notre  ère- 


80 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


—  Morton  Bebnath.  Le  Livre  de  prières  d'une  sainte. 
—  Ce  livre  d'heures,  qui  a  fait  partie  de  la  collection 
von  Lanna,  récemment  vendue  en  Allemagne,  est  un 
manuscrit  à  miniatures,  écrit  entre  1368  et  1312,  et 
provenant  du  monastère  franciscain  d'Apt  (Vauclusej. 
Il  a  été  vraisemblablement  exécuté  pour  sainte  Del- 
phine, femme  de  saint  Eb.éar.  mort  en  1329  et  cano- 
nisé en  1368. 

—  Arthur  M.  IIind.  Giovanni  liallisla  Hiranesi, 
notes  complémentaires  et  liste  de  ses  ouvrages  (à 
suivre).  —  Études  relatives  aux  dates  des  principales 
gravures  de  Piranèse;  précisions  à  ce  sujet. 

—  W.  R.  Lethaby.  Soies  byzantines  dans  les  musées 
de  Londres  (à  suivre).  —  Examen  des  principales 
pièces  conservées  dans  les  musées  de  Londres,  pour 
établir  une  base  sûre  dans  les  questions  si  contro- 
versées des  dates  et  des  origines  des  décors  de  ces 
tissus. 

—  Aymer  Vallance.  Mobilier  ancien  (XIII).  —  Les 
panneaux  à  décors  imitant  des  linges  plies. 

—  Francis  Stewart  Kekshaw.  Le  Vase  à  inscriptions 
de  la  collection  Uana.  —  Vase  chinois  de  l'époque 
des  llan,  dont  l'inscription  ludique  qu'il  a  été  fait 
pour  la  tombe  de  l'empereur  Wu,en  une  année  qui 
correspond  à  133  avant  J.-C. 

—  K.  A.  C.  Creswell.  L'Origine  du  double  dôme 
persan  (fin). 

—  Sir  Claude  Pbillips.  Quelques  portraits  par 
Cariant. —  Le  portrait  de  deux  Vénitiens,  du  Louvre, 
(autrefois  attribué  à  Gentile  Bellini  et  intitulé  les 
Deux  Bellini),  est  rapproché  d'un  double  portraitana- 
logue,  au  Musée  Empereur-Frédéric,  à  Berlin,  attri- 
bué par  le  catalogue  à  l'école  de  Giovanni  Bellini. 

—  Edouard  Speyek.  Le  Buste  de  Beethoven  de  la 
Société  ptiilharmonique.  —  Buste  en  plâtre,  œuvre  de 
J.  Schaller,  de  Vienne,  offert,  en  1871,  à  la  Société 
philharmonique  de  Londres;  c'est  une  sculpture  fort 
conventionnelle,  académique  et  idéalisée,  exécutée 
pour  Cari  Holz,  l'ami  de  Beethoven. 

—  Egerton  Beck.  Notes  a  ecclésiologiques  »  au 
catalogue  des  Anciens  maîtres  espagnols.  —  Rectifi- 
cations de  descriptions  incorrectes  au  point  de  vue 
du  costume  des  religieux,  cardinaux,  papes,  et  des 
accessoires  religieux  :  croix,  crosses,  etc.;  discussion 
de  la  scène  figurée  sur  un  tableau  de  Valdès  Léal 
(collection  Frederick  Cook),  que  le  catalogue  dit 
représenter  «  snint  Bonaventure,  après  sa  mort,  écri- 
vant les  mémoires  de  saint  François  ». 

(Janvier).  —  Le  «  Repos  de  la  Sainte  Famille  »,  de 
Blake.  —  Note  sur  un  dessin  lavé,  signé  et  daté  1806^ 
aujourd'hui  au  Metropolitan  Muséum  de  New- York. 

—  W.  R.  Lethaby.  .Soies  byzantines  dans  les  musées 
de  Londres  (fin).  —  Examen  des  motifs  principaux  . 
dragon  sassanide,  lions  affrontés,  grand  griffon,  mo- 
dèles arabes,  etc. 

—  Arthur  M.  IIind.  G.  B.  Piranesi.  notes  complé- 
mentaires et  liste  de  ses  œuvres  (suite).  —  L'auteur 
commence  la  publication  de  la  liste  de  l'œuvre  consi- 


dérable du  graveur  des  Carceri,   dressée  par  ordre 
chronologique  (1143-1778). 

—  Aymer  Vallance.  Mobilier  ancien  (XIV).  — 
Panneaux  sculptés  de  motifs  inspirés  du  linge  plié. 

—  Ananda  K.  Coomabaswamy.  Les  Mains  et  lespieds 
dans  l'art  hindou.  —  11  existe,  dans  l'art  hindou,  un 
langage  conventionnel  des  mains  et  des  pieds,  cons- 
tamment utilisé  dans  la  peinture  et  la  sculpture  ; 
l'auteur  l'explique  par  des  figures  choisies  dans  une 
vingtaine  de  monuments. 

—  G.  F.  HiLL.  Notes  sur  des  médailles  italiennes 
(XVI).  —  Médaille  dite  de  Raphaël  Martinus  Gotha- 
laniis  (Raphaël  Martin,  catalan),  école  florentine,  fin 
du  XVI*  siècle  ;  médaille  de  Bartolommeo  Cepola, 
attribuée  à  Bellano.  ^ 

—  Abraham  Bkediis.  Encore  le  •  Portrait  d'Elisa- 
beth Bas  ».  —  Ce  portrait,  conservé  dans  la  Galerie 
royale  de  Dresde,  et  autrefois  attribué  à  Rembrandt, 
a  été  donné,  récemment,  à  Ferdinand  Bol,  par  M.  Bre- 
dius,  dont  plusieurs  érudits  ont  accepté  les  conclu- 
sions. Le  savant  critique  hollandais  apporte  deux 
nouvelles  preuves  en  faveur  de  son  attribution  :  l'une 
tirée  de  la  facture  des  plis  larges,  qu'on  cherche  en 
vain  chez  Rembrandt  ;  l'autre,  de  la  facture  des  mains 
d'Elisabeth  Bas,  entièrement  différente  de  celle  de 
Rembrandt  et,  au  contraire,  rappelant  exactement  la 
technique  du  Repos  de  la  Sainte  Famille  de  Bol, 
conservé  aussi  à  Dresde  et  peint  en  1644,  environ 
cinq  ans  après  le  portrait. 

—  Thomas  Asiiby.  Turner  à  Rome.—  Vues  de  Rome, 
tirées  de  la  collection  des  dessins  légués  par  Turner  à 
la  nation  britannique  et  dont  le  catalogue  vient  d'être 
dressé  par  M.  Finbcrg.  Cette  collection  compte  plus 
19.000  pièces,  d'une  extrême  variété.  Les  plus  inté- 
ressants de  ces  dessins  sont  ceux  qu'il  exécuta  lors 
de  son  voyage  à  Rome,  en  1819,  quand  il  était  en 
pleine  possession  de  son  talent.  L'auteur  en  repro- 
duit quelques-uns. 

—  Friedrich  Winkleb.  Quelques  dessins  de  pri- 
mitifs néerlandais.  —  Les  Sept  Sacrements,  dessins 
à  la  pointe  d'a,rgent  publiés  par  la  Vasari  Society  ; 
ils  sont  très  voisins  de  Roger  van  der  Weyden.  — 
Un  Portrait  d'homme  de  la  collection  Salting  ;  le 
dessin  original  est  conservé  au  Cabinet  des  Estampes 
de  Berlin  ;  il  appartient  à  l'entourage  de  Jean  van 
Eyck. —  Un  Triptyque  d'après  Roger  van  der  Weyden: 
un  ancien  dessin  du  Louvre  dérive  d'une  peinture  de 
Van  der  Weyden  qui  a  été  maintes  fois  copiée  au 
ivi*  siècle;  le  centre  est  une  Déposition  de  la  croix; 
et  le  dessin  d'un  des  volets,  un  Portement  de  croix, 
appartient  à  M.  Becker,  de  Leipzig. 

—  August  L.  Mayeb.  Un  Portrait  inconnu  de  Mu- 
rillo.  —  Portrait  en  pied  d'un  gentilhomme  de  Séville  ; 
collection  Julius  Bôhler,  de  Munich. 

Le  Gérant  :  H.  Uims. 

Parii.  -^  Imp.  Oeorgo  Petit,  IS,  rue  Uodol-de-Uauroi. 


^1 


Numéro  616. 


Samedi  14  Mars  1914. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


Le  Parc  de  Watteau 

au  Conseil  d'État 


Depuis  le  vote  de  la  loi  de  1906  sur  la  protection 
des  paysages,  il  ne  s'est  pas  passé  d'année  sans 
que  l'on  ait  eu  à  constater  combien  l'administra- 
tion apportait  de  mauvaise  grice,  pour  ne  pas 
dire  d'hostilité,  à  classer  les  sites  pittoresques 
et  surtout  à  faire  respecter  leur  classement.  On 
l'a  dit  vingt  fois  ici  :  la  loi  de  1906  est  restée 
lettre  morte,  et  la  preuve  en  est  dans  le  nombre 
ridiculement  infime  des  paysages  classés  du 
département  de  la  Seine  :  deux  à  Paris,  les 
Champs-Elysées  et  le  Gours-la-Reine  (encore  le 
classement  n'a-t-il  pas  empêché  les  travaux  qui 
ont  bouleversé  la  dernière  de  ces  promenades), 
et  un  dans  le  département,  le  seul  exemple  de 
classement  d'un  paysage  appartenant  à  des  par- 
ticuliers :  celui  du  parc  de  Watteau,  à  Nogent- 
sur-Marne. 

Nous  avons  raconté,  en  1908,  l'histoire  de  cette 
municipalité  de  Nogent  qui,  hantée  de  spéculation 
et  de  bâtisses,  avait  formé  le  projet  de  couper 
d'un  boulevard  ce  qui  reste  de  l'ancien  parc  de 
l'intendantdesMenus  LeFèvre.L'endroitest  char- 
mant :  les  pelouses  et  les  frondaisons  descendent 
en  pente  douce  jusqu'aux  bords  de  la  Marne;  du 
pavillon  bâti  vers  le  sommet  du  coteau,  le  regard 
embrasse  un  merveilleux  panorama,  et  les  échap- 
pées que  l'on  prend  sur  la  rivière  rappellent  plus 
vivement  le  souvenir  mélancolique  de  Watteau, 
qui  vint  vivre  ses  derniers  jours  et  mourir  ici, 
au  milieu  de  ses  amis  les  plus  chers. 

Aux  projets  saugrenus  de  la  municipalité 
nogentaise,  moins  sensible  à  ces  rêveries  qu'à 
de  plus  immédiates  réalisations,  et  peu  soucieuse, 
au  surplus,  de  respecter  «  l'espace  libre  »  que 
constitue  ce  parc  magnifique,  le  propriétaire 
opposa  la  loi  de  1906  et  obtint  le  classement  de 
son  domaine,  dont  l'accès  fut  permis  à  tout 
venant. 


Nous  nous  sommes  réjouis  alors  sans  réserves. 
Nous  pensions  que  les  projets  de  boulevard  se 
trouvaient  définitivement  anéantis  par  l'article  b 
de  la  loi  qui  interdit,  »  après  l'établissement  de 
la  servitude,  toute  modification  des  lieux  «  sans 
autorisation  spéciale  de  la  commission  de  clas- 
sement. 

Mais  c'était  compter  sans  la  ténacité  des  van- 
dales. On  apprend  aujourd'hui  que  la  municipa- 
lité de  Nogent  et  le  Conseil  général  de  la  Seine, 
après  diverses  manœuvres  préliminaires,  s'adres- 
sentauConseild'Étatetluideraandentdedéclarer 
d'utilité  publique  les  travaux  du  boulevard,  autre- 
ment dit  de  détruire  un  paysage  admirable, 
devenu  parc  public  et  régulièrement  classé. 

Les  propriétaires  ont  de  solides  arguments  à 
opposerlà  contre  :  ils  invoquent  l'intérêt  général, 
d'abord,  qui  prime  celui  de  la  commune  ;  ils  rap- 
pellent à  l'État  la  donation  récente  d'une  riche 
bibliothèque,  donation  faite  sous  la  condition  que 
le  parc  de  Watteau  resterait  intact  à  jamais... 

La  réponse  du  Conseil  d'État  sera  d'un  intérêt 
capital  et  sa  portée  dépassera  de  beaucoup  le  cas 
particulier  que  l'on  vient  d'exposer  :  c'est  une 
question  de  vie  ou  de  mort  pour  la  loi  de  1906.  Si 
le  Conseil  d'État  donne  raison  aux  propriétaires 
du  parc,  sa  réponse  viendra  renforcer  heureu- 
sement une  loi  mal  connue,  mal  appliquée  et 
mal  défendue.  S'il  conclut  en  faveur  des  adver- 
saire du  classement,  c'en  est  fait  de  la  loi  ;  il 
n'en  restera  plus  rien. 

E.  D. 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie  des  beaux-arts  (séance  du  7  mars). 

M.  J.-L.  Pascal,  qui  fait  fonction  de  secrétaire  perpé- 
tuel, en  l'absence  de  M.  II.  Roujon,  donne  lecture 
d'une  lettre  de  M"  Jullemier,  exécuteur  testamentaire 
ii'Édouard  Détaille  :  celui-ci  a  légué  à  l'Institut  son 
buste,  œuvre  de  M.  de  Saint-Marceaux. 


82 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


Académie  des'  inscriptions  et  belles-lettres 
(séance  du  6  mars).  —  M.  Héron  de  Villefosse  com- 
munique, au  nom  de  MM.  Philippe  Fabia,  corres- 
pondant de  l'Académie,  et  Germain  de  Montauzon, 
tous  deux  professeurs  à  l'Université  de  Lyon,  une 
note  relative  aux  fouilles  qu'ils  ont  pratiquées  à 
Fourvières,  cet  hiver,  dans  le  clos  du  Calvaire.  Ils  y 
ont  retrouvé  les  vestiges  d'un  quartier  de  la  ville 
romaine,  spécialement  ceux  d'une  riche  habitation, 
plusieurs  salles,  dont  deux  pavées,  l'une  en  mosaïque, 
l'autre  en  mosaïque  et  en  marbre;  des  fragments  de 
céramique  et  des  monnaies,  fournis  par  le  remblai, 
prouvent  que  ce  quartier  fut  habité  au  moins  pendant 
les  trois  premiers  siècles  de  notre  ère. 

—  M.  le  comte  Paul  Durrieu  termine  sa  communi- 
cation sur  les  manuscrits  des  œuvres  du  roi  René,  en 
parlant  du  Traité  des  Tounois.  Sur  un  exemplaire  de 
ce  traité,  acheté  par  le  roi  Louis  XV,  en  1766,  il  a 
découvert  qu'une  signature  de  possesseur,  autrefois 
grattée,  portait  le  nom  de  la  belle-sœur  du  roi  René, 
femme  du  comte  du  Maine,  à  qui  le  roi  René  avait 
dédié  le  traité.  Cet  exemplaire  est  orné  de  grands 
dessins  rehaussés  d'aquarelle,  que  M.  Durrieu  attribue 
au  même  auteur  que  les  merveilleuses  miniatures 
contenues  dans  le  manuscrit  du  Cœur  d'amour  épris, 
de  la  Bibliothèque  impériale  de  Vienne,  Barthélémy 
de  Clerc. 

—  M.  Edmond  Pottier  présente,  de  la  part  de 
M.  F.  Cumont,  membre  associé  étranger  de  l'Aca- 
démie, une  inscription  latine  découverte  à  Côme 
(Italie). 

—  M.  Ernest  Hébrard,  architecte,  expose  le  résul- 
tat de  la  mission  qui  lui  a  été  confiée  par  le  minis- 
tère de  l'Instruction  publique,  pour  l'étude  des  monu- 
ments construits  par  les  Turcs  Seidjoukides,  àKonia, 
en  Asie-Mineure  ;  quatre  monuments  très  intércssanla 
ont  été  relevés  et  dessinés  minutieusement  :  la  mos- 
quée Ala  Eddine,  les  médressés  Karataï,  Indjé  Minaret, 
et  les  ruines  du  Palais  des  sultans  Seidjoukides.  Des 
fouilles  ont  complété  ces  travaux. 

Société  de  l'histoire  de  l'art  français  (séance 
du  6  mars).  —  M.  Georges  Pélissier  communique 
l'inventaire  dressé  après  le  décès  de  J.-B.  Pigalle. 

—  M.  Louis  Réau  entretient  la  Société  de  l'œuvre 
de  Iloudon  eu  Russie.  Houdon  n'est  jamais  allé  en 
Russie,  mais  une  vingtaine  de  ses  œuvres  sont  con- 
servées à  Saint-Pétersbourg  et  à  Moscou,  parmi  les- 
quelles des  chefs-d'œuvre  comme  le  Voltaire  assis  et 
la  Diane  en  marbre  qui  se  trouvent  au  musée  de  l'Er- 
mitage. 

Société  d'iconog;raphie  parisienne  (séance  du 
2'J  février).  —  M.  le  U'  Daily  termine  sa  couununjca- 
tion  sur  l'iconographie  de  Belleville  :  il  étudie  d'abord 
des  portrait»  de  personnages  marquants  (le  Père 
Enfantin,  Debucourt,  Favart,  Ramponneau);  puis  il 
parle  des  vues  de  guinguettes,  du  bal  Favier,  du 
lac  Saint-Fargeau,  du  potager  du  chftteau  de  Ménil» 
montant,  etc. 


—  M.  Etienne  Deville  continue  l'exposé  de  ses 
recherches  sur  le»  miniatures  de»  xvr  et  xvir  siècles, 
représentant  des  vues  de  Paris.  Il  étudie  quatre  nou- 
velles pièces  empruntées  aux  Passages  faiz  oullre 
mer,  de  S.  Mamerot;  au  Livre  des  faiz  Monseigneur 
Sainl  Loys;  à  un  manuscrit  attribué  au  roi  René,  et 
à  un  Commynes,  conservé  au  musée  Dobrée,  de 
Nantes. 

—  M.  Emile  Dacier  étudie  une  peinture  d'Hubert 
Robert,  conservée  au  musée  de  Dijon,  dont  le  dessin 
préparatoire  à  la  sanguine  appartient  au  musée  de 
Valence.  Le  rapprochement  de  celte  peinture  avec 
divers  dessins  de  G.  de  Saint-Aubin  et  des  gravures 
permet  de  reconnaître  dans  cette  peinture  une  vue 
des  Thermes  de  Julien  à  Paris,  représentés  à  la  fin  du 
xviii'  siècle,  au  temps  où  ce  vénérable  monument 
servait  de  magasin  à  un  tonnelier. 

Musée  du  Luxembourg.  —  Dans  sa  dernière 
séance,  le  Conseil  des  Musées  nationaux  a  accepté 
les  dons  suivants  pour  le  Musée  du  Luxembourg  : 

Une  grande  aquarelle  du  peintre  suédois  .Cari 
Larsson,  représentant  une  jeune  fille  endormie  ;  un 
portrait  de  M.  Wertheimcr,  peinture  de  J.-E.  Millais, 
datée  1888,  offert  par  M"*  Wertheiuier  ;  un  portrait 
de  femme,  peinture  de  Louis  Devedeux,  don  de 
M.  Clémentel  ;  une  Fêle  champêtre,  peinture  de 
M.  Dagnan-Bouveret,  datée  de  1892. 

Les  trouvailles  de  M.  Mithouard  —  M.  Adrien 
Mithouard,  conseiller  municipal  de  Paris,  au  cours 
d'un  examen  des  œuvres  entassées  dans  le  dépôt 
des  beaux-arts  de  la  Ville  de  Paris,  i  Auteuil.  a  attiré 
l'attention  sur  un  certain  nombre  de  peintures,  d'un 
intérêt  indéniable,  qui  ont  échappé  aux  prélève- 
ments faits,  naguère,  par  la  commission  spéciale 
nommée  pour  organiser  le  musée  municipal  du 
Petit  Palais. 

Il  faut  citer  en  particulier  :  l'Adoration  des  bergers, 
mentionnée  au  catalogue  des  œuvres  de  la  Ville  de 
Paris  comme  appartenant  à  l'ancienne  église  d'Au- 
teuil  ;  M.  Mithouard  l'attribue  au  Tintoret  ;  —  Jésus 
chassant  les  vendeurs  du  Temple,  qui  a  appartenu  A 
l'ancienne  église  paroissiale  des  Missions  étrangères, 
et  qui  serait  de  Kcstout  ou  de  Boulogne  l'aîné  :  —  un 
Saint  Jacques,  de  l'Ecole  de  Rubens  ;  —  une  Sainte 
Isabelle,  fondatrice  de  l'abbaye  de  Longchamp,  pein- 
ture médiocre  de  Philippe  de  Champaigne.  mais  très 
intéressante  au  point  de  vue  de  l'histoire  de  Paris;  — 
ta  Flagellation,  peinture  d'un  artiste  allemand  in- 
fluencé' par  l'Italie  ;  —  plus  une  douzaine  d'autres 
tableaux  fort  honorables  et  qui  méritent  mieux  que 
d'être  relégués  là  oiï  ils  le  font. 

Découvertes  artistiques.  —  Au  cours  des  travaux 
de  réfection  de  la  façade  de  l'église  Saint-l.ouis-en- 
rile.  on  vient  de  découvrir  de  fort  belles  sculptures 
sur  bois  du  xvii*  siècle,  dissimulées  sous  une  épaisse 
couche  de  peinture.  On  sait  que  l'église  Saint-Louls- 
en-l'Ue  fut  reconstruite  en  1664  sur  l'emplacement 


ANCIEN    ET   MODERNE 


83 


d'une  ancienne  chapelle  érigée  en  paroisse,  en  1623, 
par  Jean-François  de  Gondi,  et  devenue  insuffisante; 
le  chœur  fut  achevé  en  1679,  la  nef  en  1723  et  la  cou- 
pole en  1725.  Cette  église  commencée  sur  les  dessins 
de  Louis  Le  Vau,  premier  architecte  du  roi,  fut  conti- 
nuée par  Gabriel  Le  Duc.  <€  C'est  sur  les  dessins  de  ce 
dernier  que  la  grande  porte  a  été  élevée,  dit  le  Dic- 
tionnaire hisloriqtie  de  la  Ville  de  l'aris,  de  Ilurtaut 
et  Magny.  Quant  aux  ornements  de  sculpture  qui 
embellissent  cet  édifice,  Jean-Baptiste  de  Champaigne, 
peintre  et  neveu  de  Philippe  de  Champaigne,  en  a 
donné  les  dessins.  » 

A  Rouen.  —  Le  maire  de  Rouen  vient  de  prendre 
un  arrêté  des  plus  intéressants  en  matière  d'esthé- 
tique des  villes.  Le  règlement  de  1881  relatif  à  l'ali- 
gnement des  rues  ne  lient  aucunement  compte  ni  du 
pittoresque  ni  de  l'histoire.  Son  application  à  Rouen 
avait  fini  par  constituer  une  menace  pour  ce  qui  fait 
le  charme  et  l'intérêt  archéologique  de  cette  admi- 
rable ville.  C'est  pour  parer  à  ce  danger  que  le  maire 
de  Rouen  vient  de  constituer  une  commission  muni- 
cipale «  chargée  de  désigner  et  de  cataloguer  les  bâti- 
ments publics,  immeubles  privés  ou  sites  de  la  ville 
de  Rouen,  qui,  en  dehors  des  monuments  historiques 
classés,  offrent  assez  d'intérêt,  tant  au  point  de  vue 
architectural  qu'archéologique,  historique  ou  artis- 
tique, pour  que  le  Conseil  municipal  en  assure  la 
conservation  par  une  modification  des  alignements  ». 

Nous  avons  trop  souvent  protesté  ici  contre  la  né- 
gligence —  pour  ne  pas  dire  plus,  —  des  administra- 
tions municipales  en  matière  d'esthétique  urbaine, 
pour  ne  pas  féliciter  le  maire  de  Rouen  de  son  intel- 
ligente initiative  et  souhaiter  de  voir  suivre  l'exemple 
donné  par  la  belle  capitale  normande. 

A  Londres.  —  Mardi  dernier,  10  mars,  une  suffra- 
gette du  nom  de  Mary  Richardson  est  entrée,  à  onze 
heures  du  matin,  dans  la  salle  de  la  National  Gallery 
où  se  trouve  e.x  posée  la  Vétius  au  miroir  de  Velazquez, 
et  tirant  de  son  manchon  une  hachette,  elle  a  brisé  la 
glace  et  tailladé  la  toile,  déchirant  le  dos  de  la  Vénus 


à  la  hauteur  de  l'épaule.  La  suffragette  arrêtée  aussi- 
tôt, a  été  condamnée  à  six  mois  de  prison. 

On  sait  que  la  Vénus  au  miroir,  dite  Vénus  Rokeby, 
du  nom  de  Rokeby  Hall  dont  elle  fut,  pendant  près 
d'un  siècle,  l'un  des  joyaux,  et  attribuée  par  les  uns 
à  Velazquez  et  par  les  autres  à  J.  B  del  Mazo,  a  été 
acquise,  pour  plus  d'un  million,  en  1907,  par  souscrip- 
tion nationale,  au  moment  où  l'antiquaire  qui  en  était 
devenu  possesseur  allait  la  vendre  à  un  collectionneur 
américain.  Elle  a  été  alors  étudiée  dans  la  Revue  et 
gravée  par  M.  R.  Favier  (t.  XXII,  p.  413). 

A  Bruxelles.  —  On  a  installé  récemment,  au  Musée 
ancien  de  Bruxelles,  par  les  soin»  de  M.  Fierens- 
Gevaert,  secrétaire  des  Musées  royaux,  les  pièce»  les 
plus  remarquables  de  la  collection  de  dessins  et  d'aqua- 
relles donnée  à  l'État  belge  par  M"*  de  Grez  douai- 
rière. L'école  française  est  représentée  par  Callot, 
Boucher,  Parrocel,  Eustache  Lesueuret  Natoire;  l'école 
Mamande,  par  des  aquarelles  et  des  sanguines  de 
Jordaens.  Du  côté  des  Italiens  :  G.-B.  Castiglione, 
plusieurs  dessins  du  Bernin,  un  Bronzino  (Empe- 
reur romain  acclamé  par  des  soldats),  une  tête 
de  vieillard  d'Annibal  Carrache  et  VAdoration  des 
Mages,  de  Taddeo  Zucchero.  Parmi  les  Hollandais  : 
une  vue  de  Middelbourg,  par  Jan  van  der  lleyden, 
une  sanguine  et  des  dessins  à  la  pierre  noire  de  Paul 
Potter,  de  fins  portraits  par  Cornelis  Troost,  des  aqua- 
relles et  des  sépias  de  Jan  Bosboom,  plusieurs  Van 
O-itade,  des  vues  de  villes  par  Jan  van  Goyen  et,  de 
Rembrandt,  un  dessin  représentant  une  jeune  femme 
assise  devant  son  miroir. 

A  Florence.  —  M.  Philippe  di  Pietro,  secrétaire 
du  Cabinet  des  dessins  des  Offices,  a  eu  la  bonne 
fortune  de  découvrir  chez  le  marquis  A. -P.  Lotta- 
ringhi  délia  Stufa,  un  tableau  du  Caravage  qu'on  ne 
connaissait  plus  que  par  une  gravure  et  qu'on 
croyait  perdu  ;  c'est  une  des  œuvres  importantes  du 
maître,  le  Concerto  di  giovani  ritratti,  représentant 
cinq  jeunes  gens  faisant  de  la  musique  et  un  sixième 
personnage  écoutant.  Le  tableau  est  peint  sur  toile  et 
mesure  2-40  x  1"50.  —  L.  G. 


CHRONIQUE    DES    VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 
A   Paris.   —   'Vente   de  la    collection   de 
M°'«  X...   [M"'«  H.  Menier],  —  La  vente  des 
tableaux,  objets  d'art  et  d'ameublement,  appar- 
tenant à  M°ie  Henri  Menier  a  produit  456.440  l'r., 


à  la  galerie  Georges  Petit,  le  5  mars,  sous  la 
direction  de  M"  Baudoin  et  de  MM.  Mannheim  et 
Bernheim  jeune.  Une  belle  enchère  à  retenir,  les 
90.1,00  fr.  réalisés,  sur  la  demande  de  100.000, 
par  la  suite  de  quatre  panneaux  en  Aubusson, 
d'époque  Louis  XV,  à  sujets  chinois. 


84 


LE    BULLETIN   DE    L'ART 


PRINCIPAUX   PRIX 

Tableaux.  —  12.  J.  Uomani.  La  Belle  rousse, 
5.300  fr.  (dem.  2.000).  —  1.5.  Wùuwermans.  Scène 
rustique  en  Hollande,  4.800  fr.  (dem.  8.000).  —  \1. 
Ziem.  Devant  le  palais  des  Doges,  11.800  fr.  (dem. 
10.000). 

Mbhbles.  —  Salon  (canapé  et  six  faut.),  bois  sculpté 
et  redoré,  couv.  tapiss.  à  corbeilles  de  fleurs  et  guir- 
landes sur  fond  blanc,  ép.  Louis  XVI,  45.500  fr. 
(dem.  40.000). 

Tapissehiks,  etc.  —  92.  Tapiss.  flam., xvi* s.,  Salomon 
et  la  reine  de  Saba,  etc.,  13.000  fr.  (dem.  12.0001.  — 
93.  Tapiss.  Bruxelles,  xvi»  s..  Combat  de  style  antique 
dans  un  paysage,  16.000  fr.  (dem.  10.000).  —  94-96. 
Trois  tapiss.  Hruxelles,  xvp  s.,  sujets  de  l'histoire 
romaine,  bordures,  fig.  allégoriques,  etc.,  46  000  fr. 
(dem.  45  000).  —  97-99.  Tapiss.  Bruxelles,  xvi'  s.,  le 
Triomphe  d'un  souverain  victorieux,  large  bordure; 
deux  tapiss.  flam.  comp.  de  l'histoire  ancienne,  nom- 
breux person.,  large  bordure,  34.005  fr.  (dem.  30.000\ 

—  100.  Deux  cantonnières  composées  de  bord,  de 
tapiss.  flam.,  fin  xvi-  s.,  19.000  fr.  (dem.  10.000).  — 
101.  Fragment  de  tapiss.  flam.  du  xvi'  s.,  Salomon  et 
la  reine  de  Saba,  10.500  fr.  (dem.  12.000).  —  102-105. 
Quatre  tapiss.  d'Aubusson,  atelier  de  Picon,  d'après 
Boucher,  ép.  Louis  XV,  scènes  chinoises,  le  Thé,  le 
Marchand  d'oiseaux,  là  Pêche  et  le  Jardinage, 
90.100  fr.  (dem.  100.000;  rest.).  —  106-108.  Trois  tapiss. 
llara.,  XVI*  s.,  compos.  champêtres,  nomb.  person. 
dans  la  campagne,  bordure  cadre,  28.200  fr.  (deiii. 
45.000;  rest.  et  parties  mod.).  —  109.  Tapiss.,  anc. 
trav.  oriental,  fleurs  sur  fond  rouge,  31.000  fr.  (dem. 
15.000). 

Liquidation  A.  et  J.  Seligmann.  —  Celle 
vente,  que  nous  avions  annoncée  avec  quel- 
ques détails,  a  pris  tin  jeudi  sur  un  total  de 
1.800.560  francs,  pour  les  quatres  journées  de 
la  première  vente.  Nous  donnerons,  la  semaine 
prochaine,  un  compte  rendu  complet  avec  la 
liste  des  principaux  prix  ;  contentons-nous  de 
signaler,  pour  aujourd'hui,  les  plus  belles  en- 
chères qui  sont  celles  des  tapisseries  :  Mars  et 
Vénus,  tapisserie  de  Beauvais,  xviii*  siècle,  de  la 
suite  des  Amours  des  dieux,  de  Boucher,  193.600  fr. 
(dem.  IbO.OOO);  le  Vol  de  la  malle,  tapisserie  de 
Beauvais,  de  la  suite  des  Bohémiens,  de  Casanova, 
187.000  fr.  (dem.  100.000);  un  paravent  de  la 
Savonnerie,  à  décor  d'oiseaux  et  d'attributs,  ép. 
Régence,  167.200  fr.  (dem.  100.000). 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris  —  Liqui- 
dation Seligmann  (2»  vente  :  obj  ets  d'art,  etc.  ) . 

—  Les  16  et  17  mars,  M"  Lair-lJubreuil  et  Bau- 
doin, assistés  de  MM.  Mannheim  et  Léman,  pro- 
céderont à  la  vente  des  objets  d'art  et  de  haute 
curiosité,  composant  la  seconde   partie   de   la 


liquidation  de  l'ancienne  Société  Seligmann. 
Majoliques  italiennes,  faïences  persanes  et  his- 
pano-mauresques, terres  cuites  émaillées  des 
Délia  Robbia,  ivoires,  émaux  champlevés  et  émaux 
peints,  dont  un  plat  ovale,  par  Jean  Courtoys 
(Limoges,  xvi»  siècle),  orfèvrerie  et  bijoux  du 
xvi"  siècle;  sculptures,  notamment  un  buste  en 
bronze  du  roi  Louis  XIII  ;  et  meubles,  —  autant  de 
catégories  où  les  amateurs  trouveront  ample 
choix  de  pièces  intéressantes.  Mais  nous  ne  pou- 
vons nous  étendre  davantage  et  nous  devons 
renvoyer  au  catalogue  illustré.  Comme  dans  la 
précédente  vente  Seligmann ,  les  tapisseries 
forment  la  partie  la  plus  importante.  Notons  en 
particulier  :  deux  panneaux  d'art  llamand,  de  la 
fin  du  xv«  siècle;  une  tapisserie  tlamande  du 
commencement  du  xvi«  siècle,  tissée  d'or,  repré- 
sentant la  nativité  et  l'Adoration  des  Rois  Mages; 
d'autres  tapisseries  flamandes  du  xvi»  siècle,  et 
une  tapisserie  française  de  la  même  époque,  à 
composition  allégorique,  figurant  le  mois  de 
Juillet. 

Objets  d'art,  etc.  —  M»  H.  Baudoin  et  M.  E. 
Pape  dirigeront,  salle  6,  le  16  mars,  une  vente 
de  faïences,  porcelaines,  etc.,  appartenant  à 
M"^  iV...  Dans  cette  vacation,  qui  a  fait  l'objet 
d'un  catalogue  illustré,  se  rencontrent  quelques 
miniatures,  notamment  un  Portrait  présumé  du 
Dauphin  Lotiis  X  VII,  signé  Heinsius. 

Objets  d'art,  etc.  —  Contentons-nous  de 
signaler  la  vacation  anonyme,  qui  aura  lieu,  le 
18  mars,  salle  6,  sous  la  direction  de  M«  Lair- 
Dubreuil  et  de  MM.  Paulme  et  Lasquin,  et  dont 
le  principal  intérêt  parait  consister  en  la  pré- 
sence de  tapisseries  du  xviii»  siècle;  certaines 
d'entre  elles  sont  reproduites  dans  le  mince 
catalogue  illustré  de  cette  vente. 

Tableaux  et  objets  d'art  provenant  du  châ- 
teau de  N...  —  l.e  27  mars,  salle  9,  M»  A.  Des- 
vouges,  assisté  de  MM.  G.  Sortais,  Duchesne  et 
Duplan,  dirigera  la  vente  des  tableaux  anciens, 
meubles,  etc.,  provenant  du  château  de  N...  Dans 
le  catalogue  illustré  dressé  à  cette  occasion,  nous 
remarquons,  tout  d'abord,  du  côté  des  tableaux  : 
un  Paysage,  soleil  couchant,  par  David  Teniers; 
puis,  parmi  les  meubles  :  une  commode  en  aca- 
jou, avec  bronzes  ciselés  et  dorés,  signée  de 
P.  Garnier,  et  deux  encoignures,  également  en 
acajou,  de  même  décor  que  la  commode  et  signées 
du  même  nom;  enfin,  deux  panneaux  en  an- 
cienne tapisserie  Une  de  Bruxelles. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


85 


Les  ventes  prochaines.  —  A  Paris.  —  Nous 
empruntons  à  notre  confrère  la  Gazette  de  l'Hôtel 
Drouot,  les  renseignements  qui  suivent,  concer- 
nant les  grandes  ventes  de  la  saison,  dont  les 
dates  sont  déjà  fixées.  Ces  renseignements  com- 
plètent ceux  que  nous  avons  publiés  à  plusieurs 
reprises  sur  ce  sujet. 

A  l'Hôtel  Drouot,  le  26  mars,  M«  Lair-Dubreuil 
vendra  les  objets  d'art  de  la  collection  du  comte 
de  F...;  et  le  31,  le  même  commisaire-priseur 
dirigera  une  vente  composée  d'objets  apparte- 
nant à  divers  amateurs  et  d'un  salon  provenant 
de  la  succession  du  marquis  d'ivry. 

Dans  le  courant  d'avril,  M"  Lair-Dubreuil  et 
Doublot  dirigeront,  à  la  galerie  Georges  Petit,  la 
première  des  ventes  qui  disperseront  la  collection 
Delaroff.  de  Saint-Pétersbourg.  Troisautres  ventes 
qui  auront  lieu  à  l'Hôtel  Drouot,  du  27  avril  au 
6  mai,  seront  nécessaires  pour  épuiser  cette  réu- 
nion considérable  —  plus  de  mille  numéros  — 
de  tableaux,  de  dessins  et  objets  d'art. 

Nous  avons  déjà  annoncé  la  vente  des  collec- 
tions de  notre  confrère  récemment  décédé, 
M.  Roger  Marx.  Les  estampes  modernes  feront 
l'objet  (l'une  première  série  de  vacations,  que 
présideront,  du  27  avril  au  2  mai.  M"'  Lair- 
Dubreuil  et  Baudoin;  les  tableaux  et  objets  d'art 
seront  vendus  à  la  Galerie  Manzi.du  H  au  13  mai. 

En  avril,  et  toujours  sous  la  direction  des  deux 
mêmes  commissaires-priseurs,  auront  lieu,  le  27, 
la  vente  des  tableaux  anciens  et  modernes,  com- 
posant la  collection  de  feu  M.  Willems,  et  le  30, 
celle  des  dessins  anciens,  dépendant  de  la  collec- 
tion de  M.  Hodgkins. 

Notons  dans  le  courant  de  mai  ;  le  7,  vente  des 
meubles  anciens  et  estampes  de  M™*  Délia  Torre  ; 
le  8,  des  tableaux  modernes  et  dessins,  compo- 
sant la  collection  Jules  Claretie;  les  14  et  15,  des 
tableaux  anciens  et  modernes,  objets  d'art  et 
tapisseries,  dépendant  de  la  succession  de  M"""  H. 

Nous  avons  déjà  annoncé  la  vente  de  la  collec- 
tion Antliony  Roux,  comprenant  des  tableaux 
modernes  et  des  bronzes  de  Barye.  Elle  aura  lieu 
le  20  mai,  à  la  Galerie  Georges  Petit,  où  cinq 
jours  après,  se  fera  la  vente  de  la  collection  Sam- 
hon,  dont  nous  avons  déjà  dit  un  mot. 

En  juin,  la  vente,  déjà  annoncée,  des  tableaux 
anciens  de  la  collection  Crespi,  de  Milan,  aura 
lieu,  le  4,  à  la  Galerie  Georges  Petit,  où,  du  8  au 
11  juin.  M"  Lair-Dubreuil  et  Baudoin  disper- 
seront les  dessins,  tableaux,  sculptures,  objets 
d'art  et  meubles  du  xviii«  siècle,  provenant  des 
collections  du  Marquis  de  Biron. 


A  Leipzig.  —  Dessins  anciens.  —  Nous 
recevons  le  catalogue  illustré  d'une  vente  de 
dessins  anciens,  qui  aura  lieu  à  Leipzig,  les  19  et 
20  mars,  par  les  soins  de  la  maison  Bœrner.  Cette 
réunion  de  dessins,  qui  provient  de  la  collection 
Arnold  Otto  Meyer,  de  Hambourg,  et  de  divers 
autres  amateurs,  comprend,  tout  d'abord,  une 
réunion  importante  d'œuvres  d'Anton  Grafî 
(Winterihur.  1736-Dresde,  1813).  Ce  sont,  pour 
la  plupart,  des  portraits  au  crayon,  dont  un  pro- 
fil de  Frédéric  11,  et  aussi  des  études  de  figures  et 
même  de  paysage.  Dans  le  reste  de  la  vente,  on 
remarquera  des  dessins  allemands  du  xvi»  siècle, 
dont  une  feuille  d'Aldorfer  et  une  d'Hans  Burk- 
msir,  des  dessins  hollandais  du  xvii"  siècle,  por- 
tant les  noms  de  Cuyp,  Bakhuysen,  Everdingen, 
Hobbema,  Van  Goyeu,  Mieris,  A.  van  Ostade, 
J.  et  S.  Ruysdael,  Ter  Borch,  Esaias  et  W.  van  de 
Velde,  et  Rembrandt;  quelques  dessins  de  l'école 
italienne  et  des  primitifs  des  écoles  du  Nord  com- 
plètent cette  intéressante  réunion. 

A  Milan.  —  Collection  Battistelli  —  Du  23 
au  26  mars,  MM.  Lino  Pesaro  et  Carlo  Clerici 
dirigeront,  à  Milan,  au  palais  Cova,  la  vente  des 
tableaux,  dessins,  objets  d'art  et  d'ameublement, 
composant  la  collection  de  M.  Luigi  Battistelli.  A 
en  juger  par  les  noms  inscrits  au  catalogue,  où 
nous  relevons  ceux  de  P.  P.  Rubens,  Holbein, 
Michel-Ange,  Paris  Bordone,  Van  Dyck,  A.  Moro, 
et  même  Lancret  et  Watteau,  la  galerie  serait 
de  premier  ordre  ;  elle  se  complète  encore  de 
quelques  sculptures,  dont  un  putto  donné  à  Mino 
de  Fiesole,  de  meubles  italiens  du  xvi"  siècle, 
de  faïences,  de  tapisseries,  etc.  Mais  rien  qu'à 
examiner  les  reproductions  qui  enrichissent  le 
catalogue  de  cette  vente,  il  est  facile  de  se  ren- 
dre compte  que  ces  attributions  trop  magnifiques 
n'ont,  sans  doute,  que  la  valeur  d'une  indication. 

M.  N. 
ESTAMPES 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Succes- 
sion Paul  Delaroff,  de  Saint-Pétersbourg 
(estampes  anciennes).  —  En  attendant  la  pro- 
chaine dispersion  de  l'importante  collection  de 
peintures  provenant  de  la  succession  Paul  Dela- 
rofl'.  M"  Lair-Dubreuil  et  C.  Doublot,  assistés  de 
M.  L.  Delteil  vendront,  le  17  mars,  des  estampes 
anciennes  qui  s'ajoutaient  à  la  collection  de 
l'amateur  russe. 

Le  catalogue  compte  184  numéros,  et  les  pièces 
les  plus  dignes  d'intérêt  sont  :  le  Jardinier  ga- 


86 


LE   BULLETIN    DE   L'ART 


lant,  gravé  par  Heleman,  d'après  Baudouin  ; 
Mrs.  Duff  et  Lady  Heathcote,  deux  pièces  gravées 
en  deux  tons  par  J.  Agar,  d'après  Cosway  ;  plu- 
sieurs Drevet  et  Edelinck  ;  parmi  les  premiers, 
le  portrait  d'Hyacinthe  Rigaud  par  lui-même, 
rare  épreuve  du  premier  état  avant  toute  lettre  ; 
une  gravure  de  Samuel  van  Hoogstraten  non  r,a- 
taloguée  par  Rovinski,  la  Présentation  au  Temple. 
avec  un  paysage  dans  le  haut  de  la  planche  ;  une 
suite  importante  de  Robert  Nanteuil,  parmi  les- 
quels le  portrait  de  Pompone  de  Bellièvre  en  très 
belle  épreuve  ;  Qu'en  dit  l'abbé  !  gravé  par 
ti.  de  Launay,  d'après  Lavreince,  épreuve  après 
la  dédicace. 

H.  G. 
LIVRES 

A  Paris.  —  Vente  des  livres  de  la  succes- 
sion  S...  (livres   anciens   et  modernes).   — 

Faite  le  6  mars,  par  M"  Gabriel  et  Auboyer,  et 
M.  Reinach,  la  vente  des  livres,  qui  figuraient 
dans  la  succession  P...,  a  produit  30.000  francs. 
Un  Orlando  furioso,  sur  grand  papier,  avec 
46  estampes  de  Cochin,  Eisen,  Moreau,  etc., 
dans  une  reliure  du  xviii»  siècle,  a  atteint 
5.350  fr.  ;  l'Heureux  jour,  par  le  marquis  de 
Pezay  (1768),  avec  4  dessins  originaux  d'Eisen, 
2.200  fr.;  même  prix  pour  le  Quadrille  de  Marie 
SÉ«arî,  27  planches  sur  Chine,  d'Eugène  Lami. 

R.  .1. 


EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Société  artistique  des  Amateurs  (Pavillon  de 
l'Alcazar,  avenue  Gabriel).  —  «  Pour  qu'une 
page  de  Michelet  soit  tout  à  fait  admirable,  en- 
core faut-il  qu'elle  soit  signée  »  :  si  la  sagesse  a 
dit  vrai,  le  prestige  des  noms  suffirait  à  glorifier 
la  «  rétrospective  »  qui  rehausse  d'œuvres  au- 
thentiques, rares,  curieuses,  et  plus  d'une  fois 
excellentes,  la  dixième  exposition  de  la  Société 
des  Amateurs,  depuis  les  portraits  crayonnés  par 
le  roi  Louis  XIII  jusqu'aux  militaires  coloriés  par 
le  Prince  impérial,  en  1864,  à  l'âge  de  huit  ans. 

L'art  nous  désigne  aussitôt  un  petit  intérieur 
gouache  par  la  princesse  de  Lamballe,  une  inti- 
mité romanesque  et  silencieuse  où  «  la  douceur 
de  vivre  »  ne  sera  troublée  que  par  l'intrusion 
des  Septembriseurs...  Et  voici  des  boutons  déco- 
rés par  la  reine  Marie-Antoinette  ;  une  chasuble 
brodée,  peut-être  au  Temple,  par  sa  belle-sœur, 


M""  Elisabeth  ;  des  pêches  peintes  par  la  du- 
chesse de  Berry  ;  des  sépias  lavées  par  son  jeune 
fils,  le  comte  de  Chambord  ;  des  gravures  exécu- 
tées par  la  princesse  Charlotte  Bonaparte,  la  fille 
du  roi  Joseph  ;  des  portraits  de  famille  dessinés, 
en  1805,  par  un  émigré  qui  sera  le  roi  Louis- 
Philippe  ;  des  croquis  rehaussés,  au  fort  de  Ham, 
par  un  prisonnier  qui  sera  l'empereur  Napo- 
léon III  ;  un  paysage  de  l'impératrice  Eugénie  ; 
des  aquarelles  de  la  princesse  Mathilde  ;  une  sé- 
pia  datée  de  1847  par  la  reine  d'Espagne  Isa- 
belle ;  des  cadres  signés  de  l'empereur  du  Brésil 
ou  de  la  princesse  Marie-Louise  de  Bulgarie. 

Des  raretés  encore  :  un  éventail  offert  par  les 
demoiselles  de  Saint-Cyr,  à  M°"  de  Maintenon,  le 
jour  de  sa  fête,  le  2  avril  1699  ;  un  croquis  fait  à 
Constantinople  par  l'ambassadeur  Cboiseul- 
Gouffier  ;  des  paysages  fignolés  en  1816  par  le 
compositeur  Adrien  Boïeldieu,  la  même  année 
que  le  boudoir  austère  aquarelle  par  M"«  Ter- 
naux...  Si  l'âge  du  romantisme  a  mis  son  em- 
preinte sur  les  vues  de  Venise  ou  du  vieil  Heidel- 
berg  aquarellées  par  Tony  Hélyd'Oissel,  auditeur, 
en  1840,  au  Conseil  d'État,  la  plus  classique 
«  probité  de  l'art»  recommande  les  dessins  pro- 
vençaux de  Max  de  la  Sizeraune  (1825-1906);  les 
salonniers  de  naguère  connaissaient  le  baron 
Charles  de  Coubertin,  élève  de  Picot,  le  coiole 
Albert  de  Balleroy,  peintre  de  chasses  et  de  che- 
vaux, dont  le  portrait  figure  dans  l'Hommage  à 
Delacroix  de  Fantin-Latour.  L'esprit  ou  le  talent 
signale  les  petites  gouaches  du  comte  Eugène 
Le  Bon,  les  croquis  de  Mer  de  Ségur,  les  pein- 
tures de  la  comtesse  d'Arjuzon,  les  enlumfnures 
du  comte  Georges  d'Aramon.  A  défaut  de 
M.  de  Chateaubriand  dessinateur,  ce  n'étaient 
pas  des  «  amateurs  »  ordinaires  que  le  portrai- 
tiste Prosper  Mérimée,  que  le  paysagiste  Victor 
Hugo,  dont  la  plume,  entre  deux  rimes,  silhouet- 
tait les  Bords  du  Rhin,  le  20  novembre  1842... 

Le  présent  ne  se  montre  pas  inférieur  au 
passé  quand  il  nous  apporte  les  vues  de  châteaux 
prises  par  S.  A.  R.  M°>«  la  duchesse  de  Ven- 
dôme, qui  signe  Henriette,  non  loin  d'un  éventail 
illustré  par  M.  Pierre  Loti  ;  le  portrait  que 
S.  A.  R.  M™*  le  princesse  Mathilde,  duchesse  de 
Saxe,  a  tracé  d'elle-même  à  son  bureau,  dans  la 
familière  clarté  du  matin;  les  gouaches  colorées, 
où  M.  Fournier-Sarlovèze  évoque  l'Orient  et 
continue  les  Mille  et  une  nuits  avec  la  malice  de 
notre  xviii*  siècle,  et  ses  petits  triptyques  où  la 
Croix- Rouge  aux  inondations  de  /,9<0  fait  pendant 
aux  paysans  déracinés  ou  déchus  que  le  peintre 


ANCIEN   ET    MODERNE 


87 


^Tb  c 


veut  rendre  o  à  la  terre  «  ;  et  le  second  terme  de 
la  belle  devise  An  et  Caritas  est  superflu  pour 
nous  recommander  les  pastels  de  M""  la  baronne 
Lambert,  née  de  Rothschild,  portraitiste  de 
S.  M.  le  Roi  des  Belges  et  de  Mfr  Duchesne;  les  in- 
ti  rieurs  de  M""  la  comtesse  Pierre  de  Cossé^ 
lirissac,  les  scènes  historiques  de  M.  le  prince 
Jacques  de  Broglie,  les  fleurs  de  M""  la  duchesse 
d'Estissac,  de  M.  de  Lassuchetleet  de  M.  le  comte 
de  Vibraye  ;  les  crayons  rehaussés  de  M™»  Elle  de 
Beaumont  et  de  M"'  Alice  de  Bertier  de  Sauvi- 
gny  ;  les  trois  jolies  «  esquisses  »  modelées  par 
M°"  Christine  de  Coupray,  les  médaillons  de 
Mme  Edgard  Slern,  le  Poète  Gilbert  de  M>""  la  du- 
chesse d'Czès,  un  buste  élégant  de  M""  de  Char- 
donnet  ;  les  études  de  M.  Warden  et  du  D'  Hans 

bl  ;  les  broderies  de  M™"  Adolphe  Javal,  les 
aux  de  M""  la  marquise  de  Courtarvel  et  de 
le  comte  du  Suau  de  la  Croix,  les  reports  col- 
lograpldques  coloriés  par  M.  Robert  Demachy,  le 
portrait  de  M.  Maurice  Barrés,  photographie  vrai- 

eiit  artistique  de  M""  Bugnion-Lagouarde.  Les 
alides  sous  la  neige,  vus  par  M"'  Brouardel,  et 

clair  paysage  lavé  par  M"'^  Gaston  Gouin,  la 
meilleure  des  élèves  nombreuses  du  maître 
Vignal,  se  distinguent  parmi  les  aquarelles  du 
regretté  comte  Guy  de  La  Rochefoucauld,  de 
M"'^  la  comtesse  Em.  de  La  Rochefoucauld,  de 
M.  le  comte  de  Fossa,  de  M""  la  duchesse  de  Tré- 
vise  et  de  M"«  Marthe  Richard,  qui  nous  mène,  à 
son  tour,  vers  la  ville  aux  sept  collines  par  les 
ruelles  ensoleillées  du  Mont  Palatin. 

i 

"^Automobile-Club.    —   Loin    de    contredire, 

sous  l'éclat  de  ses  lustres,  son  imposante  voisine 
de  la  rue  Boissy-d'Anglas,  la  treizième  exposi- 
tion du  Cercle  de  la  place  de  la  Concorde  offre 
de  nouvelles  preuves  à  nos  arguments  :  revoici  le 
maître  Alfred  Roll,  ici  peintre  et  sculpteur, 
brossant  sur  un  fond  de  cinabre  et  d'incarnat 
une  primesautière  étude  pour  un  portrait 
d'homme,  ou  caressant  le  marbre  coquet  de 
l'Indifférence  ;  revoici  M.  Priant,  cette  fois  dessi- 
nateur de  spirituels  et  savants  portraits,  datés 
d'amicaux  souvenirs  ;  revoici  la  précision  de 
M.  Gabriel  Ferrier,  près  de  jolies  figures  virgi- 
nales, retenues  par  MM.  Georges  Lavergne  et 
Walhain  ;  revoici  la  nature  italienne,  avec 
M.  J.-F.  Bouchor,  le  frère  du  poète,  interrogeant 
la  lumière  sur  la  vieille  place  Saint-François, 
dans  le  silence  d'Assise,  ou  devant  le  Grand 
Canal  de  Venise,  au  palais  Dario.  C'est  encore  de 
l'Italie  que  s'inspirent  les  études  plus  chaudes 


de  M.  Lauth  et  les  notes  plus- pâles  d'un  ancien 
lauréat,  M.  Henri  Danger,  qui  s'arrête  à  Ronci- 
glione,  sur  le  chemin  de  Rome,  où  Victor  Bertin 
travaillait  plus  naïvement  pour  le  Salon  de  1808. 
Le  voyageur  Le  Goût-Gérard  et  le  poète  Cachoud, 
qui  viennent  de  nous  convier  à  leur  exposition 
particulière  chez  Georges  Petit,  redisent  leurs 
thèmes  favoris  à  côté  de  MM.  Guinier,  Moisset, 
Dambéza,  Foreau,  Johannès  Son.  Loin  des  lampes 
chères  à  MM.  Rieder  et  V.  Lecomte,  M.  Cazaban 
s*?  manifeste  un  lumineux  intimiste;  M  Lionel 
Royer  décrit  en  miniature  une  Fête  enfantine  au 
Cercle;  et  quand  M.  Zwiller  veut  bien  oublier 
Henner,  la  réalité  lui  propose  une  savoureuse 
nature  morte.  Ici,  les  arts  qui  s'intitulent  "  pré- 
cieux »  complètent  la  sculpture  :  une  aimable 
statuette  d'albâtre,  de  M.  Jacques  Loysel,  de 
petits  sangliers  de  bronze,  de  M.  Georges  Gardet, 
voisinent  avec  des  bijoux  de  MM.  Vever  et  Fou- 
quet.  L'orfèvrerie  se  fait  symbolique  avec 
M.  André  Falize.qui  traite  avec  talent  deux  sujets 
d'actualité  :  le  Saint-Graal  et  le  Calvaire  des 
pauvres  vieux  chevaux  anglais. 

R.WMO.ND    BOUYER. 

NOTES    &    DOCUMENTS 


L'Acte  de  naissance 
de  Philippe  de  Champaigne. 

Une  série  d'études  et  de  recherches  nouvelles 
auront  servi,  pendant  ces  vingt  dernières  années, 
à  compléter  et  à  éclaircir  la  figure  d'un  grand 
peintre  du  xvn«  siècle,  longtemps  négligé  par  la 
critique,  comme  la  plupart  des  artistes  de  son 
époque  :  Philippe  de  Champaigne. 

MM.  Henri  Stein  {Philippe  de  Champaigne  et  ses 
relations  avec  Port-Royal. P\on,  1891);  —  A.Gazier 
{Philippe  et  Jean-Baptiste  de  Champaigne.  Libr.  de 
l'Art,  1893);  —  Henri  Lemonnier  {L'Art  français 
au  temps  de  Richelieu  et  de  Mazarin.  Hachette, 
189.3);  —  Ch.  Gailly  de  Taurines  {Père  et  ftlle  : 
Philippe  de  Champaigne  et  Sœur  Catherine  de 
Sainte-Suzanne,  à  Port-Royal.  Hachette,  1909);  — 
André  Hallays  dans  divers  articles,  —  pour  ne 
citer  que  les  principaux  parmi  ceux  qui  se  sont 
occupés  de  ce  peintre,  nous  ont  donné  une  image 
très  nette  et  très  précise  de  ce  que  fut  la  vie  de 
ce  grand  ami  des  Jansénistes. 

Un  document  important  a  cependant  toujours 
échappé  à  leurs  investigations,  c'est  son  acte  de 


I 


88 


LE   BULLETIN   DE   L'ART 


naissance.    Comment    expliquer   cette    lacune? 

Déjà,  en  1872,  A.  Jal  écrivait  :  «  Papillon  de  la 
Ferté,  après  les  premiers  biographes  de  l'hiiippe 
de  Champaigne,  et  les  biographes  modernes,  après 
Papillon  de  la  F'erté,  disent  que  l'illustre  peintre 
naquit  à  Bruxelles  en  1602  et  qu'il  mourut  à 
Paris  le  12  août  1674.  J'ai  essayé  de  me  procurer 
l'acte  de  bapt(5me  du  grand  artiste,  mais  on  n'a 
pu  me  l'adresser  »  {Dictionnaire  critique  de  bio- 
graphie et  d'histoire.  Paris,  1872). 

En  1873,  A.  V/auters  {Biographie  nationale, 
t.  III,  p.  411  ;  Bruxelles,  1873),  parlant  de  Jean- 
Baptiste  de  Champaigne,  le  neveu  de  notre  pein- 
tre, nous  avait  donné  son  acte  de  naissance  ainsi 
rédigé  : 

«  Jean-Baptiste  de  Champagne,  peintre  de 
renom,  fut  baptisé  à  Bruxelles  (Coudenberg),  le 
10  septembre  1631.  Parrain  :  Etienne  van  der 
Schrieck  ;  marraine  :  Barbe  fHuys.  Il  mourut  à 
Paris,  le  29  octobre  1681  et  fut  inhumé  à  S.  Ger- 
vais,  en  cette  ville.  » 

L'Indicateur  généalogique,  héraldique  et  bio- 
graphique (Bruxelles,  1913)  a  reproduit,  à  son 
tour,  l'acte  de  naissance  de  Jean-Baptiste  de 
Champaigne,  tel  qu'il  avait  été  donné  par  A.Wau- 
ters,  mais  sans  retrouver  non  plus  celui  de 
Philippe. 

Grâce  à  l'extrême  obligeance  de  M.  G.  Des  Ma- 
re?,, archiviste  de  la  ville  de  Bruxelles,  nous 
avons  pu  retrouver  le  document  qui  avait  jusqu'à 
présent  échappé  à  toutes  les  recherches.  Il  a 
dû  être  connu,  cependant,  soit  de  A.  Wauters 
lui-même,  soit  de  l'un  de  ses  secrétaires,  cardans 
l'acte  de  naissance  de  Jean-Baptiste  de  Cham- 
paigne, cité  par  A.  Wauters  et  reproduit  par 
l'Indicateur,  les  noms  des  parrains  de  Jean- 
Baptiste  se  trouvent  être,  en  réalité,  ceux  de 
Philippe  :  il  y  a  eu  confusion  entre  les  deux 
actes. 

En  effet,  l'acte  de  baptême  de  Jean-Baptiste  de 
Champaigne,  tel  que  nous  l'avons  relevé  dans  le 
registre  des  actes  de  naissance  de  la  paroisse 
Saint-Jacques  sur  Coudenberg,  à  Bruxelles,  con- 
servé actuellement  à  l'Hôtel  de  Ville,  est  ainsi 
rédigé  : 

Il  iO"  septembris  I6S1 .  Eodem  die  baptiaatus  est 
Jo[ann]es  liap[tis]ta  filius  Icgitimus  Everardi  Cham- 
pagne et  Catharime  Bemmerye  conjugum.  Susceptor 
Jo[ann]es  Bàp\tis]ta  Champaigne.  Susceptrix  Maria 
du  Bois,  no[mi]ne  Uagdalenœ  du  Bois  a . 

Et  voici,  par  contre,  celui  de  Philippe  de 
Champaigne,  qui  se  trouve  dans  le  registre  des 
actes  de  baptême  de   la  Collégiale  de   Sainte- 


Gudule,  à  Bruxelles,  également  conservé  aujour- 
d'hui à  l'Hôtel  de  Ville  (Registrum  baptizatorum 
in  hac  eccl[esi]a  D.  Gudule  oppidi  bruxellen.;  quod 
incepit  a  septima  Martij  ipso  D.  Thome  de  Aquino 
Anno  1602) : 

26  Mai  1602. 

Philipp[u]s  fil[iu]s  fle[n]nc»  Shampaine  et  Eliza- 
bet.  S.  Stefanus  vand  Schrieck  Barbara  t  huys; 
c'est-à-dire  :  Philippus  filius  Henrici  Shampaine  et 
Elizabet.  Susceptores  :  Stefanus  van  der  Schrieck, 
Barbara  Thuys. 

On  remarquera  que,  dans  cet  acte  de  naissance, 
la  mère  de  Philippe  est  indiquée  par  son  seul 
prénom:  Elizabet;  mais  nous  savons  par  l'acte  de 
mariage  de  Henri  de  Champaigne,  père  de 
Philippe,  que  sa  femme  s'appelait  Elisabeth  de 
Troch  (7  janvier  1597). 

Voilàdonc  comblée,  pour  l'histoirede  l'art,  une 
lacune  qui  complète  définitivement  la  biographie 
du  peintre  de  Port-Uoyal. 

Albert  S.  Hknraix. 

LES      REVUES 


France 


Les  Arts  (janvier).  —  André-Charles  Coppibk.  La 
ejoconde  »  est-elle  le  portrait  de  Mono  Usa  ?  —  Pour 
l'auteur,  la  Joconde  n'est  pas  le  portrait  de  Mona 
Lisa;  c'est  «  l'idéale  conception  du  plus  grand  maître 
de  la  Renaissance  ». 

—  René  Jban.  Une  Collection  d'art  analique  :  la 
Collection  Victor  Goloubew. 

(Février).  —  Seymour  de  Ricci.  Musée  Jacquemart- 
André  :  les  Peintures. 

La  Revue  lorraine  illustrée  (octobre-décembre 
1913).  —  Henri  Poulet.  Vieitles  abbayes  de  Lorraine  : 
Sainl-llenoil-en-Woëvre. 

—  Abbé  L.  Bigot.  L'Êvangéliaire  de  saint  Gauzelin 
(fin).  —  L'auteur  consacre  son  troisième  chapitre  à  la 
décoration  du  manuscrit  :  enluminure,  initiales  ornées, 
canons  d'Eusèbe,  bandes  et  encadrements. 

—  Commandant  Ciiavannk.  La  Tour  Saint-Jean  à 
Sancy.  —  A  propos  d'une  aquarelle  de  Collignon, 
représentant  la  chapelle  et  la  tour  de  l'ancienne 
comnianderie  de  Saint-Jean,  en  1873. 


Le  Gérant  :  H.  Iirmis. 

Paris.  .^  Imp.  Georgci  Petit,  li,  rue  Godot-de-Uauro) . 


Numéro  617. 


ï1 
Samedi  21  Mars  1914. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


ANCIEN     ET    MODERNE 


La  Photographie 
lans   les   Musées  nationaux  (0 


Une  Chalcographie  moderne. 

11  y  aura,  dans  quelques  jours,  deux  mois  que 
traité  Braun,  dénoncé  dès  novembre  1913,  est 
rrivé  au  terme  fixé  par  la  loi  pour  sa  revision, 
l'administration  des  Heaux-Arts  ne  se  montre 
astres  préoccupée  de  mettre  fin  à  une  période 
bansitoire  qui  peut  présenter  toutes  sortes  de 
|5sagréments,  tant  pour  la  direction  des  Musées 
îationaux  que  pour  le  public.  On  ne  sait  rien  des 
intentions  ni  des  projets  de  l'administration,  à 
ipposer  qu'elle  en  ait  ;  et  son  silence  nous  auto- 
ise  à  reprendre  aujourd'hui  un  des  points  qui 
S'ont  été  qu'effleurés  dans  un  précédent  article. 
•  Le  Louvre  possède   une  Chalcographie,  dont 
origine  remonte  à  Louis  XIV,  mais  qui  ne  fut 
églementée  que  sous  la  Révolution  :  ce  n'est  pas 
eulement  un  musée  de  gravures,  c'est  aussi  un 
délier  pour  le  tirage  des  planches  et  une  salle 
pour  leur  mise  en  vente.  Alimenté  par  les  com- 
mandes de   l'État,   enrichi  en  1902  par  le  don 
géné^eux  des  planches  de  la  Société  de  gravure 
_au  burin,  le  fond  de  l'ancien  cabinet  du  Roi  est 
Bvenu,  selon  le  mot  de  M.  Jean  finiffrey,  «  une 
Brte  de  Panthéon  de  la  gravure  française  »;  et 
l^algré  les  prix  modiques  auxquels  sont  vendues 
fes  estampes  de  la  Chalcographie,  le  public  a  si 
lien  pris  goût  à  cette  annexe  du  Louvre,  que  la 
|ente  des  gravures  y  atteint  maintenant  une  cin- 
lantaine  de  mille  francs  par  an,  appoint  fort 
ppréciable  pour  la  Caisse  des  Musées  nationaux. 
Or,  à  l'heure  actuelle,  la  gravure  a  une  terrible 
[Svale,avec  laquelle  elle  est  bien  obligée  de  com- 
poser :  c'est  la  photographie.  Procédé  mécanique, 
simple,  d'une  fidélité,  en  certains  cas,  absolue, 
permettant  des  reproductions  innombrables,  à 
toutes  les  échelles  voulues,  inaltérables  si  on  le 


(1)  Cinquième  article.   Voir  les  numéros  6U  à  614 
du  Bulletin. 


désire,  et  au  demeurant  peu  coûteuses,  la  photo- 
graphie est  un  admirable  moyen  de  vulgarisation 
des  œuvres  d'art  et  un  excellent  adjuvant  des 
études  artistiques.  Tout  le  monde  en  use,  depuis 
le  savant  à  qui  elle  facilite  des  rapprochements 
impossibles  sans  elle,  jusqu'au  plus  modeste  des 
visiteurs  de  musées  qui  emporte  un  souvenir  de 
sa  promenade  sous  la  forme  d'une  carte-postale 
illustrée. 

Une  Chalcographie  bien  entendue  devrait  donc 
comprendre  aujourd'hui  un  atelier  de  photogra- 
phie. Bien  plus,  tous  les  établissements  scienti- 
fiques, musées  ou  bibliothèques,  instituts  médi- 
caux, muséums  d'histoire  naturelle, etc.,  devraient 
s'adjoindre  cette  annexe  indispensable,  et  se 
l'adjoindre  non  pas  comme  un  service  o  en 
marge  »,  mais  comme  un  rouage  officiel  et  régu- 
lier. M.  Jacques  Doucet  l'a  si  bien  compris  qu'il 
a  attaché  à  sa  Bibliothèque  d'art  et  d'archéo- 
logie, un  véritable  artiste  photographe,  dont  le 
concours  rend,  chaque  jour,  les  plus  précieux 
services  aux  travailleurs. 

Or,  voici  que  l'État  va  entrer  en  possession  des 
sept  mille  clichés,  exécutés  depuis  trente  ans  par 
la  maison  concessionnaire  de  la  photographie 
dans  les  Musées  nationaux,  laquelle  avait  à  sa 
disposition,  par  traité,  un  atelier  de  photographie 
et  une  salle  de  vente  dans  le  Louvre. 

Que  va-t-il  advenir  de  cet  atelier,  de  cette  salle 
de  vente  et  de  ces  sept  mille  clichés?  On  persiste 
à  ne  pas  nous  le  dire. 

Mais  nous,  nous  avons  le  droit  de  nous  deman- 
der s'il  n'y  aurait  pas  tout  avantage  pour  l'admi- 
nistration des  Beaux-Arts  à  exploiter  elle-même 
le  fond  dont  elle  va  devenir  propriétaire  et  à 
doubler  son  ancienne  Chalcographie,  réservée 
aux  estampes,  d'une  Chalcographie  moderne, 
consacrée  aux  photographies.  Non  seulement  la 
Caisse  des  Musées  y  trouverait  son  profit,  mais 
l'exploitation  fournirait  encore  largement  de 
quoi  payer  les  employés  nécessaires  au  nouveau 
service.  Et  quant  au  public,  tout  lui  semblera 
préférable  à  la  situation  actuelle.  g    p 


I 


90 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie  des  beaux-arts  (séance du  14 mars).— 
L'Académie  apprend  avec  regret  la  mort  de  M.  Anto- 
nino  Salinas,  directeur  du  Musée  national  de  Palerme, 
qui  était  correspondant  libre  de  la  Compagnie  depuis 
vingt-huit  ans. 

—  A  la  suite  des  épreuves  d'essai  pour  le  concours 
de  Home  d'architecture,  sont  admis  en  loge  : 

MM.  Bray  (élève  de  M.  Pascal)  ;  Girault  (Dufresne  et 
Recoura);  Haffner  (Laloux);  Marleix  (Redon);  André 
Maurice  (fléraud);  Fromage  (Defrasse);  Chicandard 
(Duquesne  et  Recoura);  Ferran  (Laloux);  Vian  (De- 
glane);  Grapin  (Louis  Bernierj. 

—  Sont  admis  en  loge  pour  le  concours  de  Rome 
de  gravure  en  taille-douce  : 

MM.  Rigal(élèvedeMM.Sulpis,G.  Ferrier,  Baschel); 
Manchon  (Waltner  et  Ferrier);  Bouflanais  (Laguiller- 
mie,  Cormon  et  Jean-Paul  Laurens)  ;  Godard  (Waltner 
et  Ferrier);  Paulin  (Laguillermie,  Ferrier,  Brémond  et 
CoUin);  Binet  (Laguillermie,  Collin  et  Dezarrois)  ; 
Buthaud  (Waltner  et  Ferrier);  Matossy  (Waltner  et 
Ferrier). 

—  Un  membre  de  l'Académie  saisit  ses  confrères 
d'un  avant-projet  tendant  à  la  constitution  d'une 
Société  d'artistes,  analogue  aux  Sociétés  des  Auteurs 
dramatiques  et  des  Gens  de  lettres,  qui  aurait  pour 
mission  de  percevoir  des  droits  d'auteur  sur  les 
œuvres  des  peintres,  sculpteurs,  etc.,  passant  en  vente. 

L'Académie  fait  \et  plus  chaleureux  accueil  à  cette 
proposition  qui  concorde  avec  le  projet  de  loi  Abel 
Ferry,  concernant  le  droit  de  suite  sur  les  ventes 
d'œuvres  d'artistes. 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 

(séance  du  13  mars).  —  M.  Dieulafoy  étudie  la  tour  à 
étages  dégagée  par  M.  Place,  à  Kougondjik,  l'antique 
Dour  Charrsukin  que  Sargon  avait  fondée  au  nord  de 
Ninive. 

—  M.  Gagnât  analyse  une  note  qui  lui  a  été  envoyée 
par  M.  A.  L.  Constans,  membre  de  l'école  franoai.«e 
de  Rome,  relativement  aux  fouilles  pratiquées  par  le 
gouvernement  italien  à  Licenza,  sur  l'emplacement 
de  la  soi-disant  villa  d'Horace.  Les  constructions 
déblayées  se  composent  de  trois  groupes  :  des  bâti- 
ments du  début  de  l'Empire,  qui  faisaient  partie  d'une 
maison  de  plaisance,  un  établissement  de  bains  qui 
date  de  la  lin  du  i"  siècle  et  un  deuxième  établisse- 
ment similaire,  du  ii*  siècle.  Aucun  des  objets  trouvés 
au  cours  des  recherches  ne  prouve  que  l'on  se  trouve 
sur   l'emplacement  de   la   villa   d'Horace 

—  M.  Schlouch,  docteur  ès-letlres,  fait  connaître 
les  résultats  historiques  et  épigraphiques  de  sa  mis- 
sion dans  le  Grand  Atlas. 

Société  nationale  des  antiquaires  de  France 

(séance  du  11  mars;.  —  M.  Serbat  présente  un  dessin 
ancien,  représentant  l'église  Saint-Paul  d'Issoire  et 
antérieur  aux  restaurations  que  cet  édiûce  a  subies. 


—  M.  Roy  lit  une  note  sur  des  travaux  eitécutés  au 
château  de  Fontainebleau,  par  Philibert  Delorme, 
sous  le  régne  de  Henri  11.  Ces  documents  inédits  sont 
extraits  des  minutes  de  divers  notaires  parisiens. 

—  M.  Monceaux  signale  quelques  plombs  byzantins 
récemment  découverts  àCarthage  par  le  R.  P.  Delattre. 

—  M.  Dieudonné  étudie  quelques  monnaies  royales 
françaises  du  xv  siècle,  de  la  série  appelée  testons 
nouveaux. 

Musée  des  Arts  décoratifs.  —  Après  l'expo- 
sition annuelle  des  Artistes  décorateurs,  actuellement 
ouverte,  l'Union  centrale  organisera,  avec  le  concours 
du  gouvernement  anglais,  une  exposition  d'art  déco- 
ratif anglais  moderne,  qui  sera  inaugurée  pendant  le 
séjour  du  roi  Georges  V  à  Paris  et  qui  restera  ouverte 
tout  l'été. 

Elle  comprendra  tout  le  mouvement  d'art  décoratif 
anglais,  depuis  l'initiateur  moderne  William  Morris 
jusqu'à  nos  jours,  représenté  dans  toutes  ses  mani- 
festations :  tapisseries,  vitraux,  décorations  de  livres, 
meubles,  bibelots,  etc.  Le  choix  des  œuvres  a  été  fait 
par  des  artistes  compétents,  ceux-là  mêmes  qui  avaient 
organisé,  l'an  dernier,  la  section  anglaise  si  remarquée 
de  l'exposition  de.Gand. 

L'Armure  de  Philippe  II.  —  La  semaine  der- 
nière, M.  Emile  Constant,  député,  a  déposé  sur  le 
bureau  de  la  Chambre  la  proposition  de  loi  suivante  : 

«  Le  gouvernement  de  la  République,  ayant  pris 
l'initiative  de  déposer  à  l'Armeria  real  de  Madrid  le 
chanfrein  et  les  pièces  accessoires  de  l'armure  de 
Philippe  11,  le  Parlement  tient  à  associer  le  pays  à  ce 
témoignage  des  sentiments  d'amitié  qui  unissent  la 
France  et  l'Espagne. 

En  conséquence,  nous  avons  l'honneur  de  vous 
proposer  l'article  de  loi  suivant  : 

Article  unique.  —  Le  ministre  des  Affaires  étran- 
gères est  autorisé  à  oB'rir  au  gouvernement  espagnol 
le  chanfrein  et  les  pièces  accessoires  de  l'armure  de 
Philippe  II,  actuellement  conservés  au  Musée  de 
l'Armée.  » 

Cette  proposition  a  été  votée  à  mains  levées  :  elle 
confirme  non  le  dép6t,  dont  on  avait  parlé,  mais  la 
donation  des  pièces  d'armures  du  Musée  de  l'Armée 
à  l'Armeria  real  de  Madrid. 

Nous  ne  reprendrons  pas  aujourd'hui  une  question 
qui  a  été  traitée  naguère  ici  (n°  61.5,i,  mais  il  nous  sera 
bien  permis  de  dire  que  le  vote  de  la  Chambre  n'a 
rien  changé  à  notre  sentiment  sur  cette  regrettable 
affaire,  et  tous  ceux  qui  auront  lu  l'article  de  M.  Ch. 
Buttin,  dans  la  Revue  de  ce  mois,  seront  de  noire  avis. 

La  Donation  de  M"'  Arconati-'Visconti.  — 

Dans  la  séance  du  Conseil  des  ministres  de  jeudi,  le 
ministre  de  l'Instruction  publique  a  annoncé  que 
M"*  la  marquise  Arconati-Visconti,  dont  on  connaît 
les  nombreuses  générosités  en  faveur  des  musées 
et  des  établissements  scientifiques  français,  donnait 
au  Musée  du  Louvre  toutes  ses  collectioni  de  pein- 
tures, sculptures  et  objets  d'art. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


91 


Le  Legs  Gaston  Mélingue.  —  Le  peintre  Gaston 
Mélingue,  dernier  du  nom,  mort  récemment,  a  légué 
à  la  Ville  de  Paris,  l'hôtel  familial,  sis  rue  Delessert, 
avec  le  jardin  qui  l'entoure,  et  toute  sa  fortune,  à  part 
une  dizaine  de  mille  francs,  destinés  aux  pauvres  de 
Caen,  ville  natale  de  son  père.  Quant  aux  collections, 
«lies  seront   réparties  entre  le   Louvre,   Carnavalet, 

uny,  le  Musée  de  l'Armée,  la  Comédie-Française, 
t'Odéon,  les  musées  de  Rouen,  de  Caen,  de  Clermont- 
Ferrand  et  de  Menton. 

Concours  annoncés.  —  La  Chambre  syndicale  et 
la  Société  d'encouragement  de  la  bijouterie,  de  la 
joaillerie  et  de  l'orfèvrerie  ouvrent,  entre  tous  les  artis- 
tes français,  un  concours  pour  un  projet  de  parure  de 
dame  pour  toilette  de  jour,  destiné  à  être  exécuté  en 
métaux  précieux  et  pierreries. 

Les  dessins  seront  reçus  jusqu'au  mardi  20  avril 
rochain,  au  secrétariat  de  la  Chambre  syndicale, 
2  bis.  rue  de  la  Jiissienne,  et  l'exposition  des  dessins 
aura  lieu  au  Musée  des  Arts  décoratifs,  du  tO  au 
2o  mai. 

Des  prix  de  1.000,  400  et  100  francs  seront  décernés 
aux  trois  meilleurs  projets. 

RPour  les  renseignements  complémentaires,  s'adres- 
er  à  M.  Maurice  Hénin,  président  de  la  commission, 
\l,  rue  des  Archives. 
A  Aire-sur-la-Lys.  —  Un  incendie  vient  de  dé- 
ruire  le  beffroi  d'Aire-sur-la-Lys  qui  datait  de  1724. 
il  n'avait,  depuis  lors,  subi  que  de  légères  atteintes  et 
les  Airois  se  ilatlaient  d'échapper  à  la  malchance  qui 
poursuit  les  beffrois  de  leur  petite  cité,  les  uns  détruits 
successivement  par  des  incendies  en  1373  et  1405,  un 
autre  renversé  par  une  bourrasque  en  1410,  et  le  troi- 
sième écroulé  au  début  du  xviii«  siècle. 

A  Bruxelles.  —  La  ville  de  Bruxelles  vient  d'ac- 
érir,  au  prix  de  S'iO.OOO   francs,  pour  y  loger  les 
rvices  de  la  comptabilité  communale.  la  Maison  des 
rasseurs,  l'une  des  plus  belles  maisons  historiques 
de  la  Grand'  Place.  La  façade  en  est  surmontée  d'une 
atue  du  prince  Charles  de  Lorraine,  due  au  ciseau 
fe  Jacquet   Très  anciennement,  cette  maison  s'appe- 
lait «  l'Enfer  »  ;  puis  on  la  dénomma  «  l'Arbre  d'Or  »  ; 
elle  appartenait  alors  à  la  Corporation  des  tapissiers 
de  haute  et  de  basse  lisse;  entièrement  construite  en 
pierre,   elle  s'ornait  d'un  fronton  triangulaire  à  cré- 


neaux.  Achetée  par  la  puissante  compagnie  des  bras- 
seurs, elle  fut  restaurée  en  1678.  Les  «  doyens  >■ 
commandèrent  à  Marc  de  Vos  le  Vieux  une  statue 
équestre  de  Maximilien  Emmanuel,  électeur  de 
Bavière,  qui  fut  placée  au  faite  de  l'édifice  et  qui, 
renversée  par  le  vent,  en  1751,  fut  remplacée,  le 
16  juin  1832,  par  une  statue  de  Charles  de  Lorraine, 
supportée  par  un  piédouche  que  décore  l'image  de 
saint  Arnold,  patron  des  brasseurs. 

A  Constantinople.  —  Les  fouilles  commencées 
en  1906,  par  l'Institut  archéologique  russe  de  Cons- 
tantinople, sur  le  site  de  l'ancien  couvent  byzantin 
de  Stoudion,  ont  donné,  quoique  prématurément 
inlerrompues,  des  résultats  importants.  L'emplace- 
ment de  l'église  du  couvent  est  occupé  aujourd'hui 
par  la  mosquée  en  ruines  dite  Miz-Akhor-l)jami 
(mosquée  de  l'Ecuyer)  dans  le  quartier  de  Narli-Kapou, 
près  de  Yédi-Koulé,  L'église  se  trouvait  autrefois  sur 
la  voie  triomphale  qui  conduisait  de  la  Porte  Dorée 
au  Palais  Impérial.  On  a  retrouve  le  plan  de  l'édilice, 
élevé  sous  Léon  le  Grand,  en  436,  par  le  patrice  Stu- 
dius.  Ce  plan  rappelle  celui  des  anciennes  basiliques 
romaines,  notamment  Saint-Laurent-llors-les-Murs. 
—  Ch.  P. 

A  Dresde.  —  La  municipalité  de  Dresde  a  voté  un 
crédit  de  430.000  marks  (365.000  fr.)  pour  la  création 
d'un  musée  de  peinture  moderne. 

A  'Venise.  —  La  municipalité  de  Venise  annonce, 
pour  le  13  avril,  prochain  l'ouverture  de  sa  XI*  expo- 
sition internationale  des  beaux -arts,  qui  durera 
jusqu'au  31  octobre. 

L'affiche,  comme  celle  des  expositions  précédentes, 
est  due  à  M.  Auguste  Sézanne,  qui,  avec  la  fantaisie 
et  le  sens  de  la  décoration  qui  lui  sont  habituels,  a 
représenté  le  Rialto,  transfiguré  par  une  vision  toute 
personnelle,  mêlée  d'histoire  et  de  poésie. 

Nécrologie.  —  Le  graveur  Louis-Eugène  Mouchon, 
qui  est  mort  le  3  mars  à  Paris,  dans  sa  soixante  et 
onzième  année,  plusieurs  fois  récompensé  aux  Salons, 
notamment  en  1888  et  en  1894,  est  surtout  connu  par 
la  gravure  de  l'ancien  timbre-poste  de  Sage  (1876), 
qui  représente  la  Paix  et  le  Commerce  s'unissant  et 
régnant  sur  le  monde,  du  timbre  qui  lui  succéda  et 
de  celui  de  la  Semeuse,  enfin  du  timbre  proportionnel, 
d'après  Oudiné. 


CHRONIQUE    DES    VENTES 


TABLEAUX    —    OR  JETS    D'ART 
CURIOSITi. 

A  Paris.  —  Liquidation  de  la  Société 
A.  et  J.  Seligmann  (Ire  vente).  —  Dans  notre 
dernière  chronique,  nous  n'avons  pu  que  donner 


le  chiffre  total  de  cette  vente,  faite,  du  9  nu  12  mars, 
à  la  galerie  Georges  Petit,  par  M"  Lair-Dubreuil 
et  H.  Baudoin,  MM.  "Portais.  Ferai.  Maniiheim, 
Paulme  et  i.asquin.  Nous  avons  (5gaiem"nt  indi- 
qué les  plus  hauts  prix  obtenus,  qui  ont  nota-- 


92 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


blement  dépassé  les  demandes,  et  qui  se  trouvent 
tous  dans  la  catégorie  des  tapisseries. 

Avant  de  publier  une  liste  des  enchères  prin- 
cipales, il  faut  tirer  de  pair  les  prix  les  plus 
élevés  dans  les  autres  séries  de  la  vente;  ce  sont, 
parmi  les  porcelaines  de  la  Chine,  très  nom- 
breuses et  particulièrement  disputées,  celui  de 
20.0S0  fr.  (sur  demande  de  2S.O0O,  il  est  vrai), 
obtenu  par  un  vase-balustre,  d'époque  Kang-hi, 
à  sujets  de  mandarin,  femme  et  enfants;  parmi 
les  porcelaines  de  Vincennes  et  de  Sèvres,  celui 
de  10.000  fr.  (sur  demande  de  18.000)  pour  un 
service  à  zones  bleu  clair  et  rinceaux  dorés, 
daté  179i;  parmi  les  objets  de  vitrine  et  les 
miniatures,  celui  de  9.2W  fr.  pour  une  boîte 
ovale  en  or  émaillé,  ornée,  par  Degault,  d'une 
miniature  en  grisaille,  à  sujet  de  bacchanale; 
parmi  les  sculptures,  celui  de  14.000  fr.  pour  un 
groupe  en  plâtre  de  deux  femmes  nues  portant 
une  coupe,  de  l'atelier  de  Marin;  parmi  les 
très  nombreux  bronzes  et  pendules,  l'enchère 
remarquable  de  28.500  fr.  (sur  demande  de 
12.000  seulement),  pour  une  pendule  à  musique 
du  XVIII"  siècle,  en  bronze  ciselé  et  doré;  on 
trouvera  aussi  des  prix  notables  parmi  les 
meubles,  en  particulier  celui  de  15.100  fr.  par 
un  secrétaire  en  marqueterie  et  bronze,  de 
l'époque  Louis  XVI;  nous  ne  reviendrons  pas 
sur  les  écrans  et  les  tapisseries  où  presque  tous 
les  prix  seraient  à  mentionner  ici. 

Quelques  tableaux  complétaient  la  vente  : 
tirons  de  pair  le  Portrait  de  Roslin  et  celui  de 
M""  Roslin,  née  Suzanne  GirouU,  tous  deux  par 
Roslin,  qui  ont  atteint  72.550  fr.,  sur  demande 
de  65.000. 

PRINCIPAUX    PRIX 
(Au-dessus  de  5.000  francs.) 

Porcelaines  de  Chine.  —  2.  Deux  potiches,  rochers 
et  fleurs,  fond  violet  vermiculé  noir,  ép.  des  Ming, 
9.000  fr.  —  7.  Deux  vases-balustres  côtelés,  émaux 
verts,  jaunes  et  violets,  ép.  Wan-li,  8.000  fr.  — 
10.  Deux  vases-rouleaux:  mandarin  sur  une  estrade, 
guerriers  et  sujet  militaire,  ép.  Kang-hi,  7.500  fr.  — 
14.  Deux  vases  ovoïdes,  décors  variés,  ép.  Kang-hi, 
5.800  fr.  —  15.  Vase:  personnages  avec  le  cerf  et  la 
grue  de  longévité,  ép.  Kang-hi,  6.500  fr.  —  16.  Vase: 
fen)mes  et  enfants,  ép.  Kang-hi,  5.200  fr.  —  19.  Deux 
potiches  émaillées  sur  biscuit;  décor  de  fleurs  et 
quadrillés  en  vert,  jaune  et  violet,  ép.  Kang-hi, 
11.400  fr.  (dem.  6.000).  —  24.  Vase-rouleau  et  paysage 
animé,  inscription  sur  fond  noir,  ép.  Kang-hi,  10.000  fr. 
(dem.  6.000).  —  25.  Vase-balustre;  mandarin,  femme 
et  enfants,  ép.  Kang-hi,  20.050  fr.  (dem.  25.000).  — 
26.  Vase-balustre  à  rochers,  fleurs,  oiseaux  et  insectes, 
ép.  Kang-hi,  13.000  fr.  —  31.  Vase-rouleau  ;  personnage 


sur  un  mulet  et  enfant,  ép.  Kang-hi,  8. .500  fr.  —  34. 
Vase-rouleau;  fond  bleu  fouetté,  lettré  assis  et  pay- 
sage animé,  ép.  Kang-hi,  6.200  fr.  —  36.  Deux  pots 
ovoïdes,  ép.  Kang-hi,  à  rinceaux  fleuri»  en  vert  sur 
fond  jaune  clair,  9.100  fr.  —  43.  Jardinière  ronde; 
scènes  familiales  et  personnages  sur  fond  de  rinceaux 
et  de  fleurs,  ép.  Kang-hi,  5.000  fr.  —  58.  Deux  pots 
ovoïdes,  à  branches  fleuries,  insectes  et  oiseaux,  ép. 
Kang-hi,  6.400  fr.  —  76.  Vase-rouleau,  paysages,  per- 
sonnages, etc.,  sur  fond  de  rinceaux,  ép.  Kang-hi. 
6  300  fr.  —  104.  Deux  statuettes  :  homme  et  femme 
debout,  souriant,  ép.  Kien-lung,  5.100  fr.  —  140.  Deux 
potiches  à  scènes  familiales  dans  des  paysages,  ép, 
Kien-lung,  6.000  fr. 

PoilCELAINES    DE    ViNCENNES    ET     DE     SÈVhES.    —     187. 

Deux  vases,  roses  semées  sur  fond  vert;  monture 
br.  doré,  ép.  Louis  XVI,  8.000  fr.  —  193.  Service,  à 
zones  bleu  clair  et  rinceaux  dorés,  1791,  10.100  fr. 
(dem.  18.000).  —  194.  Boite  rectangulaire  montée  à 
cage,  en  or  gravé  et  six  plaques  en  ancienne  porce- 
laine tendre  de  Sèvres,  6.000  fr. 

Objets  de  vitrine.  —  197.  Botte  oblongue  à  pans 
coupés  en  or  émaillé.  médaillon  repercé,  peint  sur 
émail,  femme  occupée  à  coudre,  ép.  Louis  XV, 
9.100  fr..  —  207.  Boite  pans  coupés,  panneaux  de 
nacre,  monture  en  or  ciselé,  composition  mytholo- 
gique en  grisaille  sur  fond  rose,  ép.  Louis  XV, 
6.900  fr.  —  214.  Boite  en  or  ciselé  à  paysage  animé  et 
entrelacs;  George,  à  Paris,  ép.  Louis  XV,  5.000  fr.  — 
218.  Boite  ovale  en  or  émaillé,  miniatures  en  grisaille 
à  sujets  de  bacchanale,  par  Degault,  ép.  Louis  XVI, 
9.200  fr.  —  225.  Corbeille  simulée  en  or  ciselé,  et 
montre;  Genève,  xviii'  s.,  5.800  fr.  —  231.  Boite  ovale 
en  or  ciselé  et  gravé,  plaques  émaillées,  le  Combat 
naval  de  Trafalr/nr,  armoiries  et  attributs;  commen- 
cement du  xix*  s.,  6.800  fr. 

Miniatures.  —  233.  Miniat.  ronde,  par  Hall  :  portr. 
présumé  de  la  marquise  de  Louvencourt,  8.600  fr. 

Objets  variés,  orfèvrerie.  —  250.  Deux  vases, 
ancien  émail  cloisonné  de  la  Chine,  7.500  fr. 

ScULPTL'RES.  —  252.  Deux  statues  marbre  blanc 
enfants  personnifiant  :  VArchileclure  et  une  Saison; 
signées  et  datées  :  L.  Willemssens,  fecit  1700;  ancien 
travail  flamand,  7.000  fr.  —  264.  Cheminée  marbre 
blanc  et  bronze  doré,  ép  Louis  XVI,  6.060  fr.  —  267. 
Groupe  marbre  blanc,  deux  amours  luttant  pour  la 
possession  d'un  cœur,  xviir  s.,  5.000  fr.  —  269.  Groupe 
plâtre:  deux  femmes  nues,  debout,  portant  une  coupe, 
atelier  de  Marin,  14.000  fr. 

Bronzes,  pendules.  —  274.  Deux  vases  de  jardin  à 
coinpos.  inyth.,  xvii'  s.,  8.000  fr.  —  275.  Pendule  br. 
doré  et  bois,  amour,  dragons,  rocailles  ;  cadran  signé  : 
J.-Baptiste  Bâillon,  ép.  Louis  XV,  13.000  fr.  —  278. 
Deux  chenets,  rocailles  fleuries  et  enfants,  ép. Louis  XV, 
6.500.  —  279.  Quatre  appliques,  ép.  Louis  XV, 6.200  fr. 
—  281.  Pendule  à  rocailles  et  arbustes,  éléphant 
monté  par  un  personnage,  en  Saxe  ;  signé  :  Wul- 
liamy,  London,  ép.  Louis  XV,  8.000  fr.  —  290.  Deux 


ANCIEN    ET    MODERNE 


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1^ 


candélabres  à  cariatides  adossées,  ép.  Louis  XVI, 
7.100  fr.  —  291.  Trois  bouteilles,  Chine,  à  dragons  et 
oiseaux,  monture  bronze,  ép.  Louis  XVI,  6.300  fr.  — 
294.  Pendule,  personnage  jouant  de  la  lyre  et  deux 
femmes  faisant  de  la  nmsique  ;  signé  :  Dubuc  le  jeune, 
à  Paris,  ép.  Louis  XVI,  13.000  fr.  —  296.  Pendule, 
volumes  et  muse  assise  personnifiant  VAstrotiomie  : 
signé  :  Charles  Leroy,   ép.    Louis  XVI,  7.100   fr.    — 

199.  Pendule,  amour  tenant  un  livre,  et  coq  perché  ; 

igné  :  Leblond  l'ainé,  ép.  Louis  XVI,  9.200  fr.  — 
302.  Pendule  à  musique,  br.  doré,  à  trois  cadrans, 
panache  et  dais  entre  deux  sphinx,  xviii"  s.,  25.S00  fr. 
(dem.  12.000).  —  306.  Deux  candélabres,  à  trépied, 
vases  à  têtes  d'aigles,  ép.  Empire,  7.2.Ï0  fr.  —  307. 
Pendule  et  deux  aiguières,  à  cariatides  de  femmes 
ailées;  signé  :  Thonisson,  à  Paris,  ép.  Empire, 7.000  fr. 

Meubles.  —  318.  Commode  marqueterie  de  bois, 
encadremements  en  bronze  ;  signé  :  iioussel,  ép. 
Louis  JCV,  5.000  fr.  —  319.  Bureau  à  dos  d'âne,  mar- 
queterie, garni  de  bronzes,  ép.  Louis  XV,  6.700  fr.  — 
320.  Deux  encoignures  marqueterie,  ép.  Louis  XV, 
5.100  fr.  —  321.  Meuble  marqueterie  orné  de  bronzes 
redorés,  ép.  Louis  XV,  9.700  fr.  —  326.  Deux  encoi- 
gnures acajou  et  bronzes  dorés,  dessus  marbre,  ép. 
Louis  XVI,  5.100  fr.  —  327.  Bibliothèque,  marqueterie 
de  bois  de  couleur  et  bronzes  dorés,  dessus  marbre, 
ép.  Louis  XVI,  24.000  fr.  (dem.  13.000).  —  332.  Secré- 
taire droit,  marqueterie  .et  bronzes  dorés,  dessus 
marbre,  ép.  Louis  XVI,  15.100  fr. 

ÉcR.tNS  ET  SIÈGES  EN  TAPIS8EBIE.  —   PaBAVESÏ    OE    LA 

Savonnerie. —  333.  Canapé  bois  sculpté,  couvert  en 
tapiss.  à  bouquets  de  fleurs,  xvicr  s..  14.700  fr.  — 
339.  Canapé  bois  sculpté,  couvçit  en  tapiss.  à  cor- 
beilles de  fleurs,  ép.  Louis  XV,  10.100  fr.  —  341.  Six 
fauteuils  bois  sculpté,  couverts  en  tapiss.  d'Aubusson 
à  fleurs,  ép.  Louis  XVI,  10  903  fr.  —  342.  Canapé  et 
deux  fauteuils  bois  sculpté  et  doré,  et  tapiss.  d'Au- 
busson à  bouquets  de  fleurs,  ép.  Louis  XVI,  19.000  fr 

—  343.  Paravent  à  six  feuilles,  en  tissu  de  la  Savon- 
nerie :  oiseaux  sur  fond  jaune  chargé  d'attributs,  ép. 
Régence,  132.000  fr.  (dem.  100.000). 

Tapisseries.  —  344.  Panneau  ovale,  tapiss.  des 
Gobelins  :  portrait  de  Louis  XV  en  buste,  ép.  Louis  XV, 
6.200  fr.  —  346.  Tapiss.  des  Gobelins  :  les  Enfants  jar- 
diniers, d'après  Le  Brun  ;  bordure  de  feuilles,  fleurs, 
avec  cartouches  xviir  s.,  24.600  fr.  —  347.  Plafond 
tapiss.  des  Gobelins,  direction  de  Cozette,  1766,  signé 
et  daté  :  divinité  montée  sur  un  dragon  ailé,  temple, 
et  amours,  écusson  avec  monogramme  A.  H.,  10.100  fr. 

—  348.  Tapiss.  de  Beauvais  de  la  tenture  des  Amours 
des  dieux,  d'après  Boucher  :  Mars  et  Vénus;  bordure 
simulant  un  cadre  aux  armes  de  France  et  de  Navarre, 
xviii"  s.,  176.000  fr.  (dem.  130.000).  —  349.  Tapiss. 
Beauvais.  direction  de  Charron  :  le  Vol  de  la  malle, 
de  la  tenture  des  Bo/iémtens,  d'après  Casanova;  bordure 
simulant  un  cadre,  avec  la  signature  :  H.  C.  C.  Beau- 
vais, précédée  d'une  fleur  de  lys,  xviii"  s.,  170.000  fr. 
(dem.   100.000).  —  351.  Deux  tapisseries  de   travail 


italien,  xviii'  s.,  personnages  de  la  Comédie  Italienne, 
dansant  dans  la  campagne,  jouant  à  l'escarpolette; 
fond  de  paysage;  bordure  simulant  un  cadre,  30,700  fr. 
(dem.  20.000). 

Tableaux  anciens.  —  362.  L.  Cranach.  Jésus  et  les 
enfants,  19.400  fr.  —  373.  L.  Boilly.  Le  Clavecin, 
21.100  fr.  —  376.  Ch.  Challes.  Deux  peintures  déco- 
ratives à  sujets  allégoriques,  5.000  fr.  —  378.  J.-B. 
Huet.  Oiseaux  exotiques  dans  des  paysages,  deux 
pendants,  5.000  fr.  —  381.  M"V,L.-E.  Vigée-Le  Brun. 
Portrait  de  la  Comtesse  Regnault  de  Saint-Jean 
d'Angély  iLaure  de  Bonneiiil),  17.000  fr.  —  383. 
J.-B.  Oudry.  Après  la  chasse,  5.000  fr.  —  386.  Hubert 
Hobert.  L'Escalier  en  ruines,  5.400  fr.  —  A.  Roslin  : 
388.  Portrait  de  Mme  Roslin,  née  Suzanne  Girousl; 
et  389.  Portrait  du  peintre  par  lui-même,  72.550  fr. 
(dem.  65.000).  —  396.  Van  Blarenberghe.  Bataille, 
gouache  ovale,  7.100  fr. 

Produit  total  de  la  première  vente  :  I  million 
800.560  francs. 

'Vente  de  la  collection  de  M""  L.  H.  R... 
(tableaux).  —  Faite,  salle  I.  le  13  mars,  sous  la 
direction  de  M"  Lair-Dubreuil  et  Albinet  et  de 
M.  Ferai,  cette  vente  a  produit  un  total  de 
99.300  francs. 

Tableaux.  —  8.  Coello.  Portrait  de  l'impératrice 
Isabelle  de  Portugal,  épouse  de  Charles-Quint, 
5.000  fr.  (dem.  5.000).  —  16.  Fabritius  David  par- 
donne à  Absalon,  7.400  fr.  (dem.  5.000).  —  25.  Man- 
fredi.  Le  Reniement  de  saint  Pierre,  6.300  fr.  (dem. 
1.500).  —  26.  Mazo  Martinez.  Portrait  de  l'infante 
Marguerite-Tliérèse,  13.200  fr  (dem.  3.000).  —  38-39. 
G.  Seghers,  Les  Cinq  Sens,  la  Partie  de  tric-trac, 
7.000  fr.  —  43.  Snyders.  Loup  défendant  sa  proie, 
5.400  fr.  (dem.  2.000).  —  47.  Veyrassat.  Moisson, 
8.500  fr.  (dem.  10.000). 

■Vente  de  sièges.  —  Dans  une  vacation  ano- 
nyme dirigée,  le  même  jour,  par  M*  Baudoin  et 
MM.  Mannheim,  un  petit  mobilier  de  salon, 
composé  de  :  un  canapé,  deux  fauteuils  et  quatre 
chaises,  en  bois  sculpté  et  redoré,  d'époque 
Louis  XVI,  signés  Boulard,  a  été  adjugé  37.000  fr. 
sur  la  demande  de  25.000.  Hien  d'autre  à  signaler 
dans  cette  vente,  qui  a  produit  70.000  francs. 

■Vente  d'une  pendule.  — Une  enchère  impor- 
tante est  à  signaler  dans  une  vente  après  décès, 
faite,  salle  5,  le  13  mars,  par  M>=  Trouillet,  les 
27.000  francs  obtenus  par  une  pendule  en  marbre 
blanc  et  bronze  doré  et  deux  candélabres  en 
bronze  doré,  d'époque  Louis  XVI. 

Vente  de  la  collection  du  marquis  de  M... 
[Marmier]  (tableaux  anciens).  —  Cette  vente, 
qui  avait  fait  l'objet  d'un  catalogue  illustré  de 


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LE   BULLETIN   DE   L'ART 


quelques  planches,  a  produit  89  018  francs, 
salle  10,  le  14  mars,  sous  la  direction  de  M"  Lair- 
Dubreuil  et  de  M.  Sortais.  Notons  :  61.  Le  Nain. 
Le  Repas  de  famille,  12.900  fr.  (dem.  8  000).  — 
64.  Oudry.  Panneau  décoratif.  8.050  fr.  (dera. 
8.000). 

Vente  d'objets  d'art,  etc.  —  Dans  une  vaca- 
tion anonyme,  qui  a  réalisé  52.000  francs,  salle  6, 
le  16  mars,  sous  la  direction  de  M»  Baudoin  et  de 
M.  Pape,  une  tapisserie  d'époque  Louis  XVI, 
représentant  un  berger  et  une  bergère  dans  un 
paysage,  a  élé  adjugée  18.000  francs,  sur  la 
demande  de  15.000. 

Liquidation  A.  et  J.  Seligmann  (2e  vente). 

—  Elle  s'est  faite,  à  la  galerie  Georges  Petit,  les 
16  et  17  mars,  sous  la  direction  de  M"  Lair- 
Dubreuil  et  H.  Baudoin  et  de  MM.  Mannheim 
et  Léman,  et  elle  a  pris  flu  sur  un  total  de 
1.242.395  francs;  ce  qui  fait  3.042.965  francs 
pour  les  deux  premières  ventes. 

Obligés  de  remettre  à  une  prochaine  chronique 
la  liste  détaillée  des  prix  les  plus  importants, 
citons  les  plus  grosses  enchères  :  celle  de 
112.500  fr.  (sur  demande  de  80.000),  pour  un 
plat  ovale  en  émail  de  Limoges,  par  J.  Courtoys, 
xvi"  siècle,  représentant  le  Sacrifice  d'Iphigénie; 
et  celle  de  150.000  fr  (demande  70  000),  pour  une 
tapisserie  flamande  du  x\i'  siècle,  tissée  d'or,  à 
compositions  juxtaposées,  la  Nativité  et  l'Adora- 
tion des  Mages. 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Collec- 
tion de  M.  G.  V...  (tableaux,  etc.).  — M=A.Des- 

vouges  et  M.  Loys  Delteil  procéderont,  salle  7,  le 
23  mars,  à  la  vente  des  tableaux,  dessins  et  objets 
d'art  composant  la  Collection  de  M.  G.  V...  Dans 
le  mince  catalogue  illustré  de  cette  vacation, 
nous  remarquons,  tout  d'abord  du  côté  des  pein- 
tures :  uti  Christ  en  croix,  de  l'école  française  du 
xv  siècle;  un  Portrait  de  jeune  garçon,  de  la 
même  école,  mais  de  la  fin  du  xvie  siècle  ;  un 
Portrait  de  femme  âgée,  également  français,  du 
xviii»  siècle:  un  paysage  par  Demarne,  te  Bouquet 
d'arbres  au  bord  d'une  rivi&re  ;  le  Retour  du  chas- 
seur, par  S.  Lundens  ;  la  Source  et  sa  famille,  par 
F.  Lemoyne;  et  un  Intérieur  d'église  parj.  Nic- 
kelé ;  puis,  parmi  les  dessins  :  la  Sainte  Trinité, 
par  F.  Boucher;  une  Bacchanale,  par  Clodion  ; 
et  l'Approche  de  l'orage,  gouache,  par  L.  Moreau. 

Objets  d'art,  etc.  —  M»  Baudoin,  assisté  de 
MM.   Mannheim,  procédera,  les  23  et  24  mars, 


salles  5  et  6,  à  la  vente  des  objets  d'art  et  d'ameu- 
blement appartenant  à  Af"»  X...  Signalons  les 
deux  numéros  reproduits  au  catalogue  :  une 
tapisserie  flamande  du  xvi«  siècle,  présentant 
l'Enlèvement  d'Hélène,  et  une  cantonnière,  com- 
posée d'une  bordure  de  tapisserie  flamande  du 
XVII»  siècle  à  médaillons  et  arabesques. 

Objets  d'art,  etc.  —  Avec  le  concours,  celte 
fois,  de  M.  E.  Pape,  le  même  commissaire-priseur 
dirigera,  le  25  mars,  salle  10.  une  vacation  ano- 
nyme, comprenant  des  porcelaines  et  faïences 
anciennes,  quelques  pièces  d'argenterie  Vieux 
Paris,  et  enfin  huit  fauteuils  eu  bois  sculpté  du 
temps  de  Louis  XV,  recouverts  en  tapisserie  du 
xviii"  siècle  à  dessins  d'ornements  dans  le  goût 
de  Salembier  (catalogue  illustré). 

Miniatures.  —  Le  même  jour,  salle  11 ,  M«  Lair- 
Dubreuil  et  MM.  Mannheim  procéderont  à  la 
vente  de  plus  d'une  centaine  de  miniatures, 
appartenant  à  M.  X...  Les  meilleurs  noms  des 
écoles  française  et  anglaise  du  xviii"  siècle  sont 
représentés  dans  cette  collection,  qui  a  fait 
l'objet  d'un  catalogue  illustré. 

Collection  du  comte  de  F...  (tableaux, 
objets  d'art).  —  Dans  le  catalogue  illustré  de 
cette  vente,  que  dirigera,  salles  7  et  8,  le  26  mars. 
M»  Lair-Dubreuil,  assisté  de  MM.  Ferai  et  .Man- 
nheim, quelques  dessins  anciens  sont  à  signaler: 
le  Festin,  par  Oudry,  et,  du  même  artiste,  une 
suite  de  quatre  compositions  pour  l'illustration 
du  Roman  comique,  de  Scarron  ;  aussi  quelques 
tableaux  anciens  :  les  Deux  cages,  ou  la  plus  heu- 
reuse, peinture  attribuée  à  Lavreince  ;  le  Colom- 
bier ei  le  Moulin,  deux  pendants,  par  Pillement; 
et,  enfin,  deux  tapisseries  de  la  Manufacture 
royale  d'Aubusson,  du  temps  de  Louis  XV, 
d'après  Boucher  :  la  Danse  chinoise  et  r Audience 
impériale. 

Succession  Cb.  Levesque  (tableaux,  objets 
d'art,  etc.).  —  Le  nom  que  porte  cette  vente  est 
bien  connu  du  monde'  des  amateurs,  où  l'on  se 
souvient  que  M.  Levesque  fut,  pendant  un  temps, 
l'heureux  possesseur  de  ces  deux  toiles  célèbres, 
le  BartoHni  d'Ingres  et  la  Danac  de  Greuze, 
qui  figurèrent  à  diverses  expositions.  Si  les  cir- 
constances amenèrent  le  collectionneur  parisien 
à  se  séparer  de  ces  deux  pages,  d'un  format  un 
peu  encombrant,  il  conserva  du  moins  une  réu- 
nion de  tableaux  anciens  et  modernes,  d'objets 
d'art  et  d'ameublement  qui   seront  dispersés, 


ANCIEN   ET   MODERNE 


9» 


salle  6,  les  27  et  28  mars,  par  ie  ministère  de 
M'  Lair-Dubreuil  et  de  MM.  H.  Brame,  Paulme  et 
Lasquin. 

Dans  le  catalogue  illustré  de  cette  vente,  on 
notera  tout  d'abord  parmi  les  dessins  anciens  : 
quatre  gouaches,  /es  Saisons,  par  Jacob  van  Bla- 

Irenberghe,  le  premier  en  date  et  le  moins  connu 
des  trois  artistes  de  ce  nom;  un  dessin  de  l'école 
française  de  la  fin  du  xviii»  siècle,  le  Portrait 
d'une  jeune  femme;  puis,  parmi  les  peintures 
anciennes  :  un  l'ortrait  de  jeune  homme,  de  l'école 
hollandaise  du  xvii"  siècle  ;  le  l'iqueuret  ses  chiens, 
par  J.  Jordaens;  les  Plaisirs  du  camp,  par  Pater  et 
d'après  le  même  artiste,  une  répétition  ancienne 
de  la  composition  gravée  par  Voyez  sous  le  titre  : 
Essay  de  bain  ;  le  Portrait  de  Philibert  Orry, 
par  H.  Rigaud,  gravé  par  Lépicié;  le  Contrat  de 
mariage,  par  J.  Steen,  répétition,  avec  variantes 
et  dans  de  plus  petites  dimensions,  du  tableau 

I célèbre  de  Brunswick;  enfin,  parmi  les  tableaux 
modernes,  la  Fontaine  Jacob,  Alise-Sainte-Reine, 
j>ar  Corot;  le  Braconnier,  par  G.  Courbet;  Hélio- 
iore  chassé  du  temple  et  la  Lutte  de  Jacob  avec  l'ange, 
les  deux  esquisses  des  fresques  célèbres  de  Saint- 
..Sulpice,  par  Ingres;  la  Meuse  aux  environs  de 
^ordrecht,  par  Jongkind;  une  Vue  de  Rouen,  par 
Lépine;  une  Troupe  de  mousquetaires,  par  Meis- 
sonier;  Saint  Sébastien,  par  G.  Moreau;  tes  Ruines 
du  château    de    Mallièvre,    par   Th.    Uousseau; 
^^^V Abandonnée  et    Bacchus  et   Erigone,   par  Tas- 
^^baert;  un  Paysage  de  Hollande,   par  Troyon,  et 
^^^Be  Jardin  français  à  Venise,  par  Ziem. 
I^f    Du  côté  des  objets  d'art  et  d'ameublement, 
nous  ne  trouvons  à  signaler  qu'un  grand  écran 
en  ancienne  tapisserie,  genre  Gobelins,  repré- 
sentant Amphilrite. 

Les  Ventes  prochaines.  —  A  Paris.  —  Il 

convient  d'ajouter  aux  listes  que  nous  en  avons 
déjà  données,  la  vente  de  la  Collection  du  baron 
Michel  de  Gunzburg,  composée  de  tableaux,  objets 
d'art  et  d'ameublemet  du  xviii»  siècle,  que  M»  Bau- 
doin dirigera  les  4  et  5  mai,  et  la  vente  de  la 
Collection  de  M'^e  Charles  André,  dessins  anciens, 
bois  sculptés  des  xv«  et  xvi»  siècles  et  tapisseries 
gothiques,  qui  aura  lieu  les  18  et  19  mai. 


M.  N. 


ESTAMPES 


A  Paris.  -—  Ventes  annoncées.  —  Estampes 
du  XVIII»  siècle.  —  Le  28  mars.  M"  A.  Des- 
vouges  et  M.  L.  Delteil  disperseront  une  réunion 


d'estampes   du  xviii«  siècle,  comptant  220   nu- 
méros. 

Au  catalogue  illustré,  on  remarque  :  Lavinia, 
comtesse  Spencer,  par  Ch.  Turner,  d'après  M.  A. 
Shee  ;  la  Blanchisseuse  et  la  Fontaine,  deux 
planches  de  Cochin,  d'après  Chardin,  avec  la 
première  adresse;  Tête  de  Flore  (M'"«  Baudouin?) 
et  M'^o  Coypel  ("?),  deux  planches  par  Bonnet, 
d'après  Boucher,  en  manière  de  pastel  ;  la  Villa 
Médicis,  gravé  en  couleurs  par  Janinet,  d'après 
H.  Hobert;  le  Bal  masqué  et  le  Festin  royal,  deux 
pendants  par  Moreau  le  jeune;  l'Escalade  ou  les 
Adieux  du  matin,  par  Debucourt,  en  couleurs  ; 
Vénus  désarmée  par  les  amours,  gravé  par  Demar- 
teau,  d'après  Boucher  et  tirée  en  trois  tons  ;  le 
Jeu  du  pied  de  beuf,  gravé  par  N.  de  Larmessin, 
d'après  Laiicret;  Foire  de  village,  J\'oce  de  villaç/e, 
deux  pendants  gravés  en  couleurs  par  C.  Des- 
courtis,  d'après  Taunay;  le  Fawcon,  gravé  en  cou- 
leurs par  Bonnet,  d'après  Huet  ;  le  Lever,  gravé 
en  couleurs  par  Regnault  ;  et,  parmi  plusieurs 
gravures  d'après  Watteau,  le  Mezzetin,  gravé  par 
Audran. 

II.  G. 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


XXX"  Salon  de  la  Société  des  Artistes 
indépendants  (au  Ghamp-de-.Mars,  devant  l'École 
militaire).  —  Pendant  que  la  théorie,  mise  en 
goût  par  le  succès  des  conférences,  s'amuse  à 
comparer,  dans  l'atelier  d'un  peintre  érudit,  la 
Vénus  du  Titien,  l'Odalisque  d'Ingres  et  VOlympia 
de  Manet,  la  pratique  de  l'art  s'exaspère  sans 
tr(''ve,  et  la  joie  de  peindre  ou  de  modeler  vient 
encore  d'enfanter  3.626  ouvrages  catalogués  par 
le  trentième  Salon  de  l'indépendance.  Aussi  bien, 
la  surenchère  en  faveur  dans  les  ventes  ne  paraît 
pas  étrangère  à  cette  surproduction  pénible,  et 
les  11.500  francs  obtenus  hier  par  les  Arlequins 
de  l'intransigeant  Picasso  semblent  autoriser  la 
contagion  de  l'outrance.  Ici,  rien  de  changé  dans 
ce  vaste  désert  d'oeuvres,  aujourd'hui  voisin  des 
«  mansardes  philosophiques  »  de  l'École  militaire, 
que  M.  de  Chateaubriand  trouvait  bien  prosaïques 
et  bien  basses  en  regard  du  «pinacle  religieux  » 
des  Invalides  :  l'extrême  banalité  toujours,*mêlée 
à  l'extrême  extravagance;  toujours  de  pseudo- 
Cézannes  ou  de  faux  Grecos,  sans  parler  des  ves- 
tiges morts-nés  de  l'orphisme,  du  cubisme  ou  du 


dô 


LE   BULLETIN   DE   L'ART 


synchromismequi,  dans  une  symphonie  d'orange 

ou  de  pourpre,  conçoit  la  Création  de  Vhomme 
0  comme  le  résultat  d'une  force  génératrice  natu- 
relle »  et  la  fait  ressembler  seulement  à  l'en- 
seigne géométrique  et  versicolore  d'un  marchand 
de  couleurs... 

Passons,  car  on  peut  trouver  mieux,  en  chemi- 
nant péniblement  sur  la  terre  glacée  de  ces  bara- 
quements :  la  peinture  décorative,  ou  plutôt  la 
grande  peinture  (qui  ne  se  mesure  jamais  aux 
dimensions  d'un  cadre)  n'en  est  pas  absente  ;  elle 
se  réclame  ici  de  M.M.  Claudius  Dalbaniie  et  Gus- 
tave Florot.  Le  jour  où  nous  avons  déchiffré  sur 
une  toile  sans  numéro  le  nom  trop  obscur  de 
M.  Florot,  notre  regard  devinait  dans  ce  jeune 
peintre,  ami  de  Florence  et  desiîeuces  du  Poussin, 
l'un  des  rénovateurs  possibles  de  l'éternelle  tra- 
dition :  cette  année,  la  ronde  poétiquement 
nuancée,  qu'il  intitule  les  Grâces  dansent,  vient 
heureusement  confirmer  notre  espoir  et  nos  pré- 
visions, dans  une  tonalité  fanée  de  topaze  et 
d'améliiyste,  de  rubis  et  d'émeraude,  qui  fait 
songer  à  quelque  ancien  fragment  de  fresque  ou 
de  tapisserie.  Plus  austère,  avec  un  évident  souve- 
nir de  la  Sixtine,  le  Songe  de  l'homme,  imaginé 
par  M.  Dalbanne,  est  l'invention  d'un  pur  idéa- 
liste lyonnais  qui  doit  se  plaire  au  «  parfum 
dantesque  »  de  Louis  Janmot,  l'élève  d'Ingres  et 
le  préraphaélite  français. 

Ces  deux  ouvrages  et  ces  deux  peintres  ne  sont 
pas  les  seuls  à  représenter  dans  ces  parages  loin- 
tains l'exil  de  la  Beauté;  car  les  Fiançailles, 
nouvel  et  séduisant  carton  de  tapisserie  de  l'au- 
teur des  Syracusaines  de  1913,  M.  Dusouchet, 
voisinent  dans  une  parenté  de  style  volontaire  et 
quelque  peu  rude  avec  VÈve  décorative  de 
M.  Michel  Silvany. 

Ce  n'est  pas  tout  :  tâchons  d'oublier  les  accès 
trop  répétés  du  delirium  tremens  qu'une  avant- 
garde  retardataire  osa  prendre  pour  du  génie,  et 
saluons  au  passage  la  bonne  peinture,  quand  elle 
se  présente  à  nos  yeux  sous  les  aspects  d'un 
mystérieux  effet  de  neige  ouaté  par  MM.  Hazledine 
ou  Gabriel  Belot,  d'un  site  italien  coloré  par 
M.  Lucien  Mainssieux  ou  par  M"""  Suzanne  Pichon, 
d'une  étude  largement  caractérisée  par  le  pein- 
tre-écrivain Tristan  Klingsor,  d'un  crépuscule 
sous  les  cyprès  stylisés  par  M.  Auguste  Fabre, 
d'un  nocturne  de  M.  Louis  Massin,  d'un  petit  nu 
lumineux  de  M"»  Olga  Bing,  d'un  paysage  de 
MM.  Wittmann,  Arnavielle  ou  Pâtisson,  d'une 
nature  morte  de  M.  Rougeot,  d'une  pochade  même 
de  M.  Georges  Bouche,  de  M""»  Jeanne  Peinte  ou 


de  M.  Georges  Fournier.  N'allons  pas  oublier  une 
fraîche  décoration  de  M"»»  Marval,  les  décors  de 
théâtre  de  M.  Ciolkowski,  des  marines  de  MM.  Bel- 
lan-Gilbert  et  Ladureau,  des  dessins  de  .M.  Rou- 
quayrol  et  de  M"'  Marie  Baudet,  des  bois  de 
M.  Lespinasse,  une  des  plus  suaves  lithographies 
en  couleurs  de  M.  Emile  Roustan. 

La  sculpture,  qui  s'inspire  trop  fréquemment 
des  aberrations  préméditées  du  peintre-statuaire 
Henri  Matisse,  prend,  ici  même,  sa  revanche  avec 
le  petit  bronze  classique  oîi  M.  Georges  Caron 
symbolise  le  Temps;  avec  le  grand  plAtre,  énergi- 
quement  réaliste,  que  M.  Jacopin,  déjà  couturaier 
du  fait,  appelle  l'Expiation  :  le  visage  du  con- 
damné s'éclaire  étrangement  comme  le  masque 
d'un  Pierrot  blême,  et  cette  figure  convulsée  dans 
ses  liens  semble  évadée  d'une  pantomime  pathé- 
tique... Le  buste  en  bronze  du  poète  Emile  Verhae- 
ren,  par  M.  Marins  Cladel,  le  fils  du  grand  écri- 
vain méridional,  ajoute  l'âm*  à  la  ressemblance; 
et  les  Chats  au  repos  de  M.  Edwin  Rucher  ne 
dépareraient  aucun  Salon  des  Animaliers. 

Claude  Monet  (galeries  Durand-Ruel).  — 
Rien  de  plus  instructif  que  ces  fragments  d'expo- 
sition rétrospective,  —  disjecti  membra  poetx,  — 
rapprochant  quelques  échantillons  des  fériés 
les  plus  fameuses  d'un  «  sténographe  d'atmos- 
phères »  qui  paraît  toujours  faire  des  éludes 
pour  des  tableaux  jamais  exécutés...  Des  toiles, 
datées  de  1873,  ont  déjà  pris  un  vernis  de  musée  ; 
dorés  par  vingt-trois  ans  de  patine,  depuis  1891, 
les  Peupliers  au  bord  de  l'Epte,  au  soleil  couchant, 
nous  rappellent  le  classique  effroi  d'un  vieil 
élève  d'Ingres,  quand  notre  jeunesse  osait 
admettre  leur  «  impressionnisme  »  dans  l'évolu- 
tion du  paysage  (1)  ;  et  de  1886  à  1908,  des  Fa- 
daises de  Pourville  aux  Palais  de  Venise,  en  passant 
par  tel  spécimen  des  Meules,  des  Cathédrales,  de 
la  Tamise  ou  des  Nymphéas,  chacune  de  ces 
variations  de  l'heure  ou  ilu  «  point  de  vue  »  sur 
un  thème  unique  semble  extraite  du  diction- 
naire des  nuances  fugitives  ou  du  catalogue  des 
effets  lumineux. 

Raymond  Bouyer. 

(1).  V.  le  Paysage  dans  l'Art  (Paris,  l'Arlisle,  1893). 


Le  Gérant  :  H.  Denis. 


Paris.  —  Imp.  Georges  Petit,  li,  rue  Godot-de-Msuroi. 


Il 


'7 


Numéro  6lâ. 


Samedi  28  Mars  I9l4. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


I 


ANCIEN    ET    MODERNE 


A   propos 
d'une  donation  nouvelle 


Le  dernier  numéro  du  Bulletin  annonçait 
brièvement  la  donation  faite  au  Louvre,  par 
M"»  la  marquise  Arconati-Visconti,  de  la  totalité 
de  ses  collections. 

Ce  n'est  pas  d'aujourd'hui  que  la  donatrice 
s'intéresse  à  nos  grands  établissements  scienti- 
fiques et  artistiques  :  ses  fondations  à  l'École  des 
Chartes,  pour  ne  citer  que  celles-là,  lui  ont  valu 
depuis  longtemps  la  reconnaissance  des  érudits, 
et  tout  récemment  encore,  le  don  du  Portrait  du 
général  Milhaud,  par  David,  venait  enrichir  le 
Louvre  d'une  peinture  précieuse  pour  l'art  et 
pour  l'histoire  (1). 

Mais  qu'est  cela  auprès  de  la  réunion  d'œuvres 
rares  et  choisies  dont  M°"  la  marquise  Arconati- 
Visconti  va  se  dessaisir  en  faveur  de  nos  galeries 
nationales?  Les  amateurs  connaissent  déjà,  de 
réputation  tout  au  moins,  les  pièces  principales 
ui  composent  cette  collection  oii,  parmi  des 
sculptures  décoratives  lombardes,  des  meubles 
italiens,  des  céramiques  de  Faenza,  des  tableaux 
de  Ghirlandajo,  de  Luini,  de  Mainardi,  resplendit 
un  tondo  célèbre  de  Desiderio  da  Settignano, 
l'Enfant  Jésus  accompagné  du  petit  saint  Jean, 
accompagné  des  deux  statuettes  de  petits  pages 
qui  ornaient  le  mausolée  du  général  Emo,  dans 
une  église  vénitienne.  Parallèlement,  se  déploie 
la  richesse  deséries  françaises  analogues:  émaux, 
ivoires,  sculptures  et  meubles  de  la  Renaissance, 
en  particulier  la  fameuse  armoire  de  Hugues 
Sambin,  si  admirée  à  l'Exposition  rétrospective 
de  1900;  et  pour  finir,  la  seule  pièce  qui  ne  soit 
pas  de  la  Renaissance,  un  portrait  de  fillette  au 
pastel,  par  La  Tour. 

Loué  soit  donc  le  généreux  abandon  à  tous  de 
ces  chefs-d'œuvre  jusqu'ici  réservés  à  l'admi- 
ration de  quelques  privilégiés  ! 

(1)  Sur  ce  portrait,  voir  l'article  de  M.  Jean  Guiffrev, 
dans  la  Revue,  t.  XXXIV,  p.  41. 


Et  pourtant,  notre  joie  n'est  pas  sans  mélange. 
Bien  que  les  conditions  de  la  donation  n'aient 
pas  été  précisées,  nous  croyons  savoir  que  la 
collection  de  M"»  la  marquise  Arconati-Visconti 
devra  être  exposée  dans  une  salle,  ou  une  suite 
de  salles  spécialement  aménagées  à  cet  effet.  Il 
nous  sera  permis  de  regretter  une  disposition, 
qui  n'est  pas  nouvelle  sans  doute,  mais  qui  tend 
à  se  généraliser  chez  les  amateurs  soucieux 
d'assurer  à  leurs  collections  la  perpétuité  et  la 
consécration  des  musées  nationaux. 

Au  temps  jadis,  quand  Sauvageot  ou  Davillier 
offraient  des  œuvres  d'art  au  Louvre,  ils  travail- 
laient modestement  à  l'enrichissement  du  musée, 
et  La  Gaze  lui-même,  quand  il  fi  t  l'admirable  dona- 
tion que  l'on  sait,  laissa  les  conservateurs  libres 
non  seulement  de  choisir,  parmi  sa  collection, 
les  pièces  qui  leur  conviendraient,  mais  même 
de  les  répartir  entre  les  diverses  salles,  s'ils  le 
jugeaient  opportun. 

Depuis  lors,  combien  de  dons  inestimables 
sont  venus  enrichir  et  bouleverser  à  la  fois  le 
Musée  du  Louvre  !  Et  de  combien  de  «  petites 
chapelles»,  de  petits  «musées  dans  le  musée  «, 
sera  constituée  un  jour  notre  galerie,  si  les  dona- 
teurs continuent  d'imposer  ainsi,  sans  les  tem- 
péraments apportés  en  pareil  cas  par  le  comte 
de  Camondo  (1),  une  disposition  aussi  préjudi- 
ciable à  la  logique  et  aux  fins  d'un  musée  ! 

E.  D. 


tCHOii    £ 


KJ 


VLLLti 


Académie  des  beaux-arts  (séance  du  21  mars). 
—  L'Académie  rend  son  jugement  sur  le  concours 
Achille  Leclère,  dont  le  sujet  était  :  «  le  Pavillon  de 

(1)  La  collection  du  comte  Isaac  de  Camondo,  qui 
sera  inaugurée  prochainement,  a  été  donnée  au 
Louvre  à  condition  qu'elle  resterait  exposée  pendant 
cinquante  ans  dans  son  entier;  après  quoi,  toutes  les 
pièces  qui  la  composent  seront  fondues  dans  lis 
autres  séries  du  musée,  auxquelles  elles  appartien- 
nent. 


LE    BULLETIN   DE    L'AftT 


la  Ville  de  Paris  à  l'exposition  de  Lyon  »;  le  prix  de 
1913  restant  à  attribuer,  deux  prix  de  1.000  franc» 
sont  décernés  {ex  aequo)  à  MM.  André  Bernard,  élève 
de  M.  Bernicr,  et  Marcel  Périn,  élève  de  M.  Laloux. 
En  outre,  M.  Texereau,  élève  de  M.  Laloux,  obtient 
une  mention  honorable. 

—  La  section  de  gravure  de  l'Académie  des  beaux- 
arts  et  les  jurés  adjoints  ont  statué  sur  le  concours 
des  grands  prix  de  Rome  de  gravure  en  médailles.  Ce 
concours  ne  se  renouvelle  que  tous  les  deux  ans.  Le 
jury  a  admis  aux  épreuves  définitives  les  logistes 
suivants,  par  ordre  de  mérite  : 

MM.  A.  Lavrillier  (élève  de  MM.  Vernon  et  Patey), 
G.  Lavrillier  (Vernon  et  Patey),  J.  Martin  (Patey  et 
Coutan),  Jouret  (Coutan  et  Eustache),  Bargas  (Vernon 
et  Patey),  et  Turin  (Vernon  et  Patey). 

—  Par  décret  en  date  du  9  mars,  le  secrétaire  per- 
pétuel de  l'Académie  des  Beaux-Arts  est  autorisé,  au 
nom  de  cette  Académie,  à  accepter,  sous  bénéfice 
d'inventaire,  le  legs  universel  qui  lui  a  été  fait  par 
M"'  Besche  (Eugénie-Arsène),  veuve  de  M.  Cellier,  «  à 
charge,  après  placement  en  obligations  de  chemins  de 
fer,  des  fonds  provenant  de  la  liquidation,  de  dési- 
gner une  veuve  d'artiste  peintre  de  mérite  se  trouvant 
dans  le  besoin  et  dont  l'honorabilité  sera  constatée, 
pour  toucher  jusqu'à  son  décès,  depuis  le  décès  de  la 
testatrice,  les  intérêts  de  ces  obligations,  et,  au  décès 
de  cette  première  veuve,  d'en  indiquer  une  autre  dans 
les  conditions  ci-dessus  pour  toucher,  sa  vie  durant, 
les  intérêts  des  mêmes  obligations,  et  ainsi  à  perpé- 
tuité ». 

Académie  des   inscriptions  et  belles-lettres 

(séance  du  20  mars).  —  M.  Loth,  professeur  au  Collège 
de  France,  donne  lecture  d'une  élude  intitulée  :  «  Le 
dieu  Lug,  les  Lugoves  et  les  vestiges  des  cultes 
chtoniens  ». 

—  M.  Charles  Samaran,  archiviste  aux  Archives 
nationales,  étudie  une  peinture  sur  bois  du  musée  de 
Versailles,  où  un  grand  nombre  d'historiens  de  Jeanne 
d'Arc,  depuis  Jules  Quicherat,  jusqu'à  M.  Anatole 
France,  ont  pensé  qu'on  pouvait  voir  la  Vierge  entre 
saint  Michel  et  Jeanne  d'Arc.  M.  Samaran  montre  que 
l'inscription  mutilée  qui  se  trouve  sur   le   socle  du 

rônedela  Vierge,  où  on  lisait  les  mots  Jehanne  d'Arc, 
n'est  en  réalité,  ni  en  français,  ni  en  latin,  mais  en 
provençal,  qu'elle  contient  un  simple  appel  à  la 
miséricorde  et  à  la  pitié  de  la  Vierge  Marie,  et  qu'il 
n'y  est  en  aucune  manière  question  de  la  Pucelle.  Il 
estime  aussi  que  le  bouclier  et  l'étendard  du  saint 
placé  à  la  gauche  de  la  Vierge  ne  portent  pas,  comme 
on  l'a  cru,  les  armes  et  les  insignes  de  Jeanne  d'Arc, 
et  que  ce  personnage  n'est  autre  qu'un  saint  militairei 
saint  Georges,  selon  toute  vraisemblance. 

—  M.  le  comte  Paul  Durrieu  ajoute  de  piquantes 
indications  sur  l'imagination  du  collectionneur  qui  a 
vendu  le  tableau  en  question  aux  Musées  nationaux. 

Société  nationale  des  antiquaires  de  France. 
(séance  du   18   mars).  —  M.  Koy,  continue   la  lec- 


ture de  son  mémoire  sur  les  travaux  exécutés  au 
ch&teau  de  Fontainebleau  sous  la  direction  de  Philibert 
Delorme.  11  décrit  le  nouveau  logis  d'Henri  II  et 
montre,  avec  documents  à  l'appui,  que  la  chapelle  de 
la  Trinité  ne  remonte  pas  au  règne  de  François  I", 
mais  qu'elle  a  été  construite  par  Philibert  Delorme 
sur  les  fondations  de  l'ancienne  église  des  Mathurins. 

—  M.  R.  Fage,  étudiant  la  signification  du  mot 
«  capmanse  »  d'après  les  cartulaires  du  Bas-Limousin 
du  x°  siècle,  en  arrive  à  la  conclusion,  que  ce  terme, 
à  partir  de  cette  époque,  ne  désigne  plus  un  chef-lieu 
d'exploitation,  mais  une  simple  tenure  qui  ne  dill'ère 
plus  du  manse  ordinaire. 

—  M.  d'Allemagne  communique  une  bague  trouvée 
récemment  à  Cherchell  et  portant  l'inscription  :  Cres- 
cens.  Au-dessous,  est  représenté  un  cœur  percé  d'une 
flèche. 

—  M.  Formigé  communique  trois  inscriptions  funé- 
raires qu'il  a  découvertes  à  Die  (Drôme),  et  une 
marque  de  pottier  gallo-romain  portée  par  une  brique 
qu'il  a  mise  au  jour  au  même  lieu. 

Conseil  supérieur  de  l'ensei|;nement  des 
beaux-arts.  —  Par  arrêté  du  ministre  de  l'Instruc- 
tion publique,  en  date  du  il  mars,  M.  Girault,  archi- 
tecte, membre  de  l'Institut,  inspecteur  général  des 
bâtiments  civils,  est  nommé  membre  du  conseil 
supérieur  de  l'enseignement  des  beaux-arts,  en  rem- 
placement de  M.  Vaudremer,  décédé. 

Musée  du  Louvre.  —  La  France,  qui  ne  possédait 
qu'un  nombre  fort  restreint  de  dessins  de  Claude  Lor- 
rain, s'est  enrichie,  tout  récemment,  d'une  notable 
série  de  magnifiques  dessins  de  ce  maître,  —  exac- 
tement trente-huit. 

L'an  dernier,  lors  de  la  dispersion  des  collections  du 
grand  amateur  anglais,  M.  J.  P.  Ueacitine,  M.  Paul 
Leprieur,  conservateur  du  département  des  peintures 
et  dessins,  entreprit  des  négociations  en  vue  d'assurer 
au  Louvre  cette  suite  précieuse  à  tous  égards,  et, 
grâce  au  concours  de  la  Société  des  Amis  du  Louvre 
et  à  l'appui  de  celui  qu'on  trouve  toujours  prêt  à 
contribuer  généreusement  à  l'enrichissement  des 
collections  nationales,  —  M.  Maurice  Kenaille  —,  il 
fut  assez  heureux  pour  retenir  les  dessins  convoités. 

L'all'aire  est  aujourd'hui  conclue;  mais  le  public 
devra  attendre  quelque  temps  encore  avant  d'être 
convié  à  admirer  ces  dessins,  qui  viendront  sjajouter 
aux  quelques  pièces  dessinées  de  Claude  que  possédait 
déjà  le  Louvre.  C'est  seulement,  en  eiTet,  après  qu'une 
publication  de  ces  dessins  aura  été  préparée  et  que  les 
reproductions  auront  été  faites,  qu'ils  seront  remis  au 
musée  et  montés  pour  leur  exposition  temporaire. 

\jne  Protestation  des  artistes.  —  La  Société 
nationale  des  beaux-arts  et  la  Société  des  artistes 
français  ont  adressé  au  sous-secrétaire  d'État  des 
Beaux-Arts  une  protestation  contre  le  projet,  récem- 
ment émis,  d'une  exposition  internationale  quater- 
nale  ou  quinquennale,  estimant  la  réalisation  do  ce 


I 


ANCIEN    ET    MODERNE 


99 


g 


i 


projet  préjudiciable  aux  intérêts  des  grands  groupe- 
ments d'artistes. 

Prix  national  et  bourses   de   voyage.   —    Les 

artistes  qui  ont  l'intention  de  solliciter,  soit  le  Prix 
National,  soit  une  bourse  de  voyage  ou  un  encou- 
ragement spécial,  sont  informés  qu'ils  devront  se  pré- 
senter,   munis     de    pièces    justificatives    d'identité 
xtrait  d'acte  de  naissance,  carte  d'électeur,  etc.,  éta- 
lissant  qu'ils  sont  Français  et  n'ont  pas  atteint  l'âge 
le  trente-deux    ans  au    i"  janvier   1914),  au   sous- 
•ecrétariat  d'État  des  beaux-arts,  bureau  des  travaux 
'art,  musées  et  expositions,  avant  le  8  mai  1914. 
Passé  ce   délai,  aucune    inscription  ne  sera  plus 
idmise. 

Les  demandes  seront  reçues  tous  les  jours,  de  dix 
leures  à  cinq  heures,  et  consignées  sur  un  registre 
lar  les  artistes  eux-mêmes. 
Cette  formalité  n'est  applicable  qu'aux    candidats 
habitant  Paris  et  la  banlieue   Seuls,  les  artistes  rési- 
dant en  province  conservent  le  droit  d'adresser  leur 
eoiande  d'inscription  par  correspondance. 
La  même  date  (8  mai  1914)  reste  fixée  comme  dernier 
élai  pour  la  réception  des  demandes  d'achat  par  l'Étnt 
d'oeuvres  exposées  aux  Salons.  Ces  demandes  pour- 
ront être  faites  par  lettre. 

Bourse  de  voyage  au  Maroc.  —  Le  gouverneur 
général  du  Maroc  vient  de  créer  une  bourse  de  voyage 
destinée  aux  peintres  ou  sculpteurs  orientalistes  qui 
désireraient  aller  passer  quelques  mois  d'études  au 
Maroc.  En  cela,  le  général  Lyautey  a  suivi  l'exemple 
des  gouverneurs  de  l'Indo-Chine,  de  l'Afrique  occi- 
lentale,  de  Madagascar,  de  la  Réunion  et  du  gouver- 
eur  de  l'Afrique  équatoriale,  qui  ont  créé  des  fon- 
ations  semblables  au  profit  de  la  Société  coloniale 
des  artistes  français.  C'est  à  M.  Louis  Dumoulin,  pré- 
sident de  cette  Société,  que  le  général  Lyautey  s'est 
adressé,  à  l'elfet  d'instituer  la  bourse  de  voyage  au 
Maroc,  qui  sera  attribuée  dès  le  mois  de  mai,  après 
is  deux  Salons  prochains. 

A  Arles.  —  Le  Bulletin  publiait  naguère  (n*  581), 

sous  le  titre  :  Une  Ville  d'art  déchue,  un  petit  article 

résumant  quelques-unes  des  tristesses   qui   accom- 

agnent  le  visiteur  au  cours  d'une  promenade  à  travers 

les  monuments  d'Arles. 

L'aU'aire  des  Alyscamps  a  fait  assez  de  bruit  l'an 
dernier.  Mais  les  Alyscamps  mis  à  part,  que  de  monu- 
ments, témoins  de  la  splendeur  de  la  cité  de  Cons- 
tantin, sont  dans  une  lamentable  situation.  Voici  les 
nouvelles  que  publiait  la  semaine  dernière,  le  Journal 
des  Débats  : 

«  Le  grandiose  et  magnifique  vaisseau  architectural 
de  l'église  des  Dominicains  ou  des  Prêcheurs,  de  style 
gothiques  et  qui  a  de  belles  ogives,  est  dans  un  com- 
plet état  d'abandon.  La  nef  principale  sert  de  dépôt 
de  fumiers. 

(I  Le  Grand  Prieuré,  qui  date  de  la  Renaissance  et 
qui  est  superbe  avec  ses  fenêtres  à  meneaux,  ses 
gargouilles  à  têtes  de  chimères  et  de  gorgones,  ses 


poivrières  d'angle,  est  chaque  jour  mutilé,  sauf  l'aile 
occupée  par  le  musée  ;  on  y  a  installé  le  .\lont-de-Piété, 
et  il  y  a  deux  ans,  on  y  a  coupé  une  cheminée  monu- 
mentale; déjà,  en  1904,  une  autre  cheminée  Renais- 
sance avait  été  détruite. 

n  Cet  édifice  qui  abrita  les  Templiers  et  les  chevaliers 
de  Malle,  n'est  pas  même  classé. 

«  D'autre  part,  l'église  Saint-Biaise,  qui  pourtant 
est  classée,  est  abandonnée  aux  pompes  funèbres  Cette 
égli.se,  de  style  roman,  et  dont  Mistral  parle  dans  son 
poème  Nerto,  contientla  fameuse  épitaphe  d'Eudiarde 
qui  se  trouve  ainsi  à  la  disposition  du  premier  vandale 
venu. 

«  Enfin,  la  charmante  église  de  Saint-Jean-de- 
Moustiers,  romane  elle  aussi,  et  datant  du  xii'  siècle, 
aurait  pu  être  acheté  pour  quelques  milliers  de  francs  • 
on  ne  l'a  pas  fait  et  les  dégradations  continuent.  » 

A  Bayonne.  —  Une  intéressante  initiative  vient 
de  se  produire  à  Bayonne,  dont  la  municipalité  a 
chargé  la  Société  des  Amis  des  arts  de  Bayonne- 
Biarritz  d'organiser,  pour  les  mois  d'aoùt-septembre, 
une  importante  exposition  franco-espagnole.  M.  Léon 
Bonnat  en  a  accepté  la  présidence  d'honneur.  De 
nombreux  artistes  français  ont  déjà  promis  d'exposer, 
et  notamment,  parmi  les  sculpteurs,  MM.  Rodin, 
Bouchard,  Bourdelle,  Jean  Baffier,  Cariés,  Landowski, 
Froment-Meurice,  Quillivic,  etc.;  et  parmi  les  peintres, 
MM.  Léon  Bonnat,  Albert  Besnard,  Roll,  Jean-i'aul 
Laurens,  Henri  Martin,  Aman  Jean,  Cottet,  Simon, 
Laparra,  Désiré-Lucas,  etc.  Les  meilleurs  parmi  les 
artistes  espagnols  ont  également  promis  leur  concours. 
M.  Foitzer,  secrétaire  général  de  la  Société  des  Amis 
des  arts,  rue  Jacques  Laffitte,  à  Bayonne,  se  fera  un 
devoir  de  fournir  les  renseignements  utiles. 

A  Florence.  —  On  annonce  de  Florence  que  le 
tribunal  a  chargé  le  professeur  Amalfi,  directeur  de 
la  maison  d'aliénés  de  San  Salvi,  de  procéder  à  l'exa- 
men mental  de  Perrugia,  l'auteur  du  vol  de  la  Joconde, 

En  conséquence,  le  procès  a  été  ajourné. 

A  Constantinople.  —  Les  travaux  entrepris  pour 
transformer  en  jardin  public  l'espace  dit  Pointe  du 
Sérail  (Sera'i-Bournou)  à  Stamboul,  ont  fait  découvrir 
les  restes  d'une  très  vaste  église,  en  contre-bas  de  l'en- 
trée du  Vieux  Sérail  qui  fait  face  au  Bosphore,  au- 
dessous  du  Pavillon  dit  Kiosque  de  Bagdad,  non  loin 
de  la  colonne  de  Théodose  ou  de  Claude  le  Gothique. 
L'église  découverte,  et  dont  une  quinzaine  de  colonnes 
sont  encore  debout  en  place,  serait  peut-être  celle  de 
Saint-Démétrios,  mentionnée  déjà  à  cet  endroit,  par 
la  topographie  du  patriarche  Constantios  1"(1840-1 834). 

Dans  le  4'  fascicule  du  Jahrb.  d.  K.  d.  arc/i.  Insti- 
tuts, xxvni  (1913),  p  370-396,  K.  Wulzinger,  consacre 
un  article  aux  substructions  byzantines  récemment 
découvertes  à  Constantinople  :  ces  constructions  sont 
des  citernes  souterraines,  actuellement  recouvertes 
par  des  mosquées  ou  des  casernes.  —  Ch.  P. 


I 


100 


LE    BULLETIN   DE    L'ART 


CHRONIQUE    DES    VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITE 

A  Paris. — Liquidation  Seligmann  (2°  vente: 
objets  d'art,  etc.).  —  Nous  avons  déjà  indiqué  ie 
produit  total  et  les  plus  grosses  enchères  de  cette 
seconde  vente  Seligmann.  La  liste  que  nous  don- 
nons ci-dessous  des  autres  adjudications  dignes 
de  remarque,  nous  dispensera  d'un  plus  long 
commentaire. 

PRINCIPAUX   PRIX 

Faïences  anciennes.  —  4.  Plat  de  Damas,  œillets  et 
pivoines,  etc.,  9.200  fr.  (dem.  8.000;  l'ract.).  —  5. 
Faenza.  Plat  présentant  deux  forgerons,  4.600  fr. 
(dem.  5  000).  —  10.  Deux  aiguières  décorées  bustes  de 
personnages,  6. 250  fr.  (dem.  8.000;  fêl.,  rest.).  —  13. 
Derula.  Plat  creux,  décor  bleu  et  reflets,  au  fond  : 
femme,  etc.,  inscriptions,  6.500  fr.  (dem.  8.000).  — 
21.  Caslel-Duranle.  Grand  plat,  reflets  métalliques,  au 
fond  :  amour  tenant  un  arc,  8.000  fr.  (rest.,  dem.  4.000). 
—  2.Ï.  Urbino.  Vasque  trilobée,  person.  occupés  à  la 
pêche,  7.600  fr.  (dem.  5.000;  rest.).  —  26.  Grande 
vasque  trilobée,  le  Jugement  de  Paris,  etc.,  10.000  fr. 
(dem.  5.000  ;  rest.).  —  30.  Coupe  à  reflets,  personnages 
assistant  au  supplice  d'une  femme,  7.150  fr.  (dem. 
10  000;  rest).  —  33.  Grande  amphore  terre  vernissée 
allem.,  atelier  de  llirschvogel,  groupes  allégoriques 
sous  des  arcades,  9.100  fr.  (dem.  4.000;  ace). 

Terres  émaillées  des  Rodbia.  —  35.  Haut-relief,  la 
Vierge  assise  tenant  l'Enfant  Jésus,  niche  ornée  de 
têtes  de  chérubins,  5.100  fr.  (dem.  5.000).  —  36.  Grand 
médaillon,  xvi'  s.  Buste  d'empereur  romain,  10.100  fr. 
(dem.  3.000;  rest.).  —  37.  Grand  haut-relief,  le  Christ 
au  mont  des  Oliviers,  28.500  fr.  (dem.  15.000;  rest.). 

Ivoires.  —  40.  Plaque  de  cuivre,  le  Christ  en  croix, 
la  Vierge  et  saint  Jean,  ép.  romane,  8  300  fr.  (dem. 
6.000). 

É.MAUX  CHAMPLEVÉs  DU  XIII*  SIÈCLE.  —  Limoges.  32. 
Châsse  présentant  le  Martyre  de  Thomas  Becket  et  le 
Christ  de  pitié,  8.550  fr.  —  60.  Châsse  forme  maison, 
ornée  d'angelots  à  mi-corps,  9.500  fr.  (dem  10.000; 
crête  moderne). 

Émaux  peints  de  Limoges  —  61.  Plat  ovale  en  coul. 
avec  rehauts  dorure  et  paillons,  par  Jean  Courtoys, 
présentant  le  Sacrifice  d'Iphigénie,  d'après  Polydore 
de  Caravage,  112.500  fr.  (dem.  80.000).  —  62.  Plaque, 
atelier  de  Nardon  Pénicaud,  l'Adoration  des  Rois 
Mages,  6.600  fr.  —  63.  Deux  plaques  en  grisaille, 
atelier  des  Pénicaud,  combat  de  cavaliers,  9.000  fr. 


(dem.  3.000).  —  68.  Plaque  en  coul.,  atelier  de  Léonard 
Limosin,  le  Jugement  de  l'dris,  5.600  fr.  —  71.  Six 
assiettes  en  grisaille  par  Pierre  Reymond,  allégories 
des  Mois  de  l'année,  6.700  fr.  (dem.  6.000).  —  74.  Six 
assiettes  en  grisaille,  atelier  de  F.  Courteys,  suj. 
allég.  avec  légende,  5.050  fr.  (dem.  4.000). 

Orfèvrerie.  —  86.  Calice  argent  doré,  sur  pied 
décoré  émaux  translucides,  travail  italien,  iiv*  s., 
8.600  fr.  (dem.  7  000).  —  92.  Nef  argent  gravé  et  doré, 
montée  par  trois  personnages,  trav.  de  Nuremberg, 
commenc.  xvii*  s.,  poinçon  de  Tobias  Woltf,  5  400  fr. 
(dem.  2.500). 

Bijoux.  —  101.  Collier  composé  de  onze  maillons  et 
de  trois  pendeloques  en  or  ajouré  et  émaillé  avec 
pierres  de  couleurs  et  perles,  travail  italien  xvi*  s., 
35.000  fr.  (dem.  30.000).  —  102.  Médaillon-pendeloque, 
or  émaillé  et  pierres  de  couleurs.  Italie,  fin  ivi*  s., 
6.000  fr.  (dem.  15.000).  —  108.  Statuette  de  paysan 
debout,  formée  d'une  perle  baroque  et  d'or  émaillé, 
travail  allemand  ivii*  s  ,  attr.  à  Dinglinger,  6.100  fr. 
(dem.  2.500). 

Cristaux  de  roche.  —  112.  Bocal  monté  argent  doré, 
Nuremberg,  poinçon  de  Jacob  Frohlich,  xvi*  s., 
15.000  fr.  (dem.  10.000).  —  117.  Coupe  forme  canard, 
raont.  or  émaillé,  5.100  fr. 

Objets  variés.  —  H9.  Calice  cuivre  doré,  orné 
émaux  sujets  saints,  signé  Guerbini,  travail  italien, 
fin  XIV  s.,  7.300  fr.  (dem.  6.000).  —  120.  Hanap  for- 
mant coupe,  Allemagne,  xvi*  s.,  8.100  fr.  (dem.  3.500). 
—  121.  Volume  simulé  formant  boite,  enrichi  orne- 
ments de  reliure,  travail  italien  xvi*  s.,  5.500  fr.  (dem- 
5.000).  —  123.  Petit  cabinet  architectural  ébène,  décoré 
appliques  en  or  ajouré  et  émaillé,  travail  italien,  fin 
XVI*  s.,  12.000  fr.  (dem.  20.000;  parties  refaites).  — 
124.  Horloge  de  table,  br.  cis.  et  doré,  travail  allemand, 
XVI*  ».,  7.100  fr.  (dem.  3.000).  —  126.  Coffret  br.  doré 
et  arg.,  sujet  allég.,  Italie,  ivi*  s.,  5.100  fr.  (dem.  3.000)- 

Sculptures.  —  178.  Statues  marbre,  Portraits  pré- 
sumés d'Antonio  Cabeza  de  Vacael  de Mariade  Castro, 
attr.  à  Pedro  de  Cuadra,  xvii*  s.,  8.500  fr.  (dem. 8  000). 

Bronzes.  —  Antique.  179.  Buste  d'adolescent,  trav. 
romain,  7.000  fr.  (dem.  4.000). 

Italie,  XVI'  siècle.  —  188.  Petit  groupe,  monstre 
marin  supportant  une  statuette  de  Neptune,  5.020  fr. 
(dem.  3.000).  —  189.  Satuette,  Vénus  nue  et  debout, 
XVI*  s.,  13.500  fr.  (dem.  8.000).  —  191.  Deux  bustes, 
empereur  romain  drapé,  16.500  fr.  (dem.  15.000).  — 
194.  Statuette,  chasseur  debout,  travail  allemand, 
xvi*  siècle.,  13.000  fr.  (dem.  20.000).  —  197.  Statuette, 
guerrier  debout  et  nu  d'après  l'antique,  5.000  fr. 
(dem.  2.000). 


ANCIEN    ET    MODERNE 


(01 


t 
I 


XVII'  siècle.  —  Buste  grandeur  naturelle,  le  roi 
Louis  XIII,  ép.  Louis  XllI,  29.500  fr.  (dem.  40.000).  — 
205.  Phénix,  les  ailes  éployées,  5.000  Ir.  (dem.  3.000). 

Meubles.  —  213.  Meuble  à  deux  corps,  bois  sculpté, 
fin  xvr  s.,  8.200  fr.  (dem.  8,000), 

Tapissekies.  — 216.  Tapiss.  flam.,  fin  xV  s.,compos. 
à  personnages  richement  vêtus,  31.200  fr.  (dem. 
40.000;  rest.).  —  217.  Tapiss.  flam.,  fin  du  xV  s.,  pré- 
sentant quatre  compositions  à  personnages,  tirées 
'un  roman,  80.000  fr.  (dem.  80  000).  —  218.  Tapiss. 
flam.,  comm' XVI'  s.,  tissée  d'or,  la  Nativité  et  l'Ado- 
ration des  Mages,  bordures,  150.000  fr.  (dem.  70.000; 
graves  restaurations).  —  220.  Tapiss.  flam.,  xvi-  s., 
personnage  essayant  son  armure,  etc.,  15.100  fr. 
(dem.  15.000).  —  221.  Tapiss.  flam.,  xvi*  s.,  sujet  de 
chasse,  etc.,  large  bord.,  11.800  fr.  (dem.  10.0001.  — 
222-223.  Tapiss.,  trav.  franc.,  xvi'  s.,  allégorie  du 
mois  de  Février.  Autre  analogue,  mois  de  Juillet, 
66.000  (dem.  30.000).  —  224.  Tapiss.  flam.,  comm'  du 
XVI'  s.,  deux  compos.  à  personnages,  juxtaposées, 
33.700  fr.  (dem.  40.000).  —  22.").  Tapiss.  flam.,  xvii'  s., 
le  Jugement  de  Satomon,  large  bord.,  15.100  fr.  (dem. 
12.000). 

Tapis.—  226.  Tapis  d'ancien  trav.  polonais,  14.350  fr. 
;dem.  10.000). 

Le  total  des  deux  premières  ventes  Seligmann 
s'élève  à  .3.042.955  francs.  —  Une  troisième  aura 
lieu  à  l'Hôtel  Drouot,  le  6  mai. 

Vente  de  tapisseries,  etc.  —  Parmi  les  résul- 
tats d'une  vacation  anonyme,  dirigée  le  18  mars, 
«aile  6,  par  M»  Lair-Dubreuil  et  MM.  Paulme  et 
Lasquin,  il  y  a  lieu  de  relever  le  prix  de  6.030  fr., 
sur  la  demande  de  6.000,  pour  un  écran  en 
tapisserie  du  temps  de  la  Régence,  présentant 
deux  jeunes  filles  dans  un  paysage,  et  celui  de 


P8.000  francs,  sur  la  demande  de  2.500,  pour  une 
I 


I 


tapisserie  flamande  du  début  du  xviii»  siècle,  à 
médaillon  sur  fond  noir  chargé  de  fleurs. 
Produit  total  de  la  vente  :  57.745  francs. 

"Ventes  annoncées.  -  A  Paris.  —  Tableaux 
objets  d'art,  etc.  —  M"  Lair-Dubreuil,  assisté 
de  M.  Georges  Petit  et  de  M.M.  Paulme  et  Las- 
quin et  H.  Léman,  dirigera,  salle  6,1e  31  mars, 
une  vacation  composée  de  numéros  appartenant 
aux  genres  les  plus  divers  et  provenant  de  divers 
amateurs. 

Les  tableaux  et  dessins,  tant  anciens  que  mo- 
dernes, occupent  la  bonne  part  du  catalogue  de 
cette  vente.  Nous  remarquons  tout  d'abord, 
parmi  les  peintures  modernes  :  le  Chemin,  par 
Corot  ;  la  Mare  dans  la  vallée,  par  Diaz  ;  le  Crépus- 
cule, par  Gustave  Doré  ;  le  Marchand  de  chevaux 
et  la  Fantasia,  par  Fromentin.  Puis,  parmi  les 
dessins  modernes  :  Saint  Symphorien,  par  Ingres. 


Passant  aux  dessins  anciens,  quelques  feuilles 
sollicitent  notre  attention  :  le  Savetier  et  une 
Fontaine  dans  le  parc  d'une  villa  italienne,  par 
H.  Fragonard  ;  le  Portrait  d'une  jeune  femme  ei 
le  Portrait  de  l'un  des  fils  Adelon,  pastels  par  Hoin, 
et  du  même,  les  portraits  de  l'artiste  par  lui- 
même,  ceux  de  son  frère  et  de  sa  belle-sœur, 
et  encore  un  portrait  d'homme,  dessinés  au 
crayon.  Quelques  tableaux  anciens  sont  aussi  à 
citer  :  les  Enfants  au  perroquet  et  les  Enfants  aux 
colombes,  deux  pendants,  par  Ch.  Goypel  ;  une 
Marine,  parJ.  Van  Goyen  ;  le  Portrait  de  M.  de 
Laforcade,  par  M.  de  Largillière  ;  le  Port,  par 
J.  B.  Weenix. 

Du  côté  des  objets  d'ameublement,  il  faut 
mettre  à  part  le  salon,  composé  d'un  canapé 
et  de  huit  fauteuils,  du  temps  de  Louis  XV, 
couverts  d'ancienne  tapisserie  à  fleurs  sur  fond 
jaune;  puis,  une  table-étagère  en  bronze  vert 
d'époque  Louis  XVI,  n»  313  de  la  vente  Doucet  ; 
une  petite  console  d'entre-deux,  de  la  fin  du 
xviM°  siècle  ou  du  commencement  du  xix",  en 
rtiarqueterie  de  bois  de  citronier,  avec  plaques 
de  porcelaine  décorée  en  camaïeu  dans  le  goût 
de  Sauvage  ;  une  tapisserie  de  Bruxelles  du 
xvi«  siècle,  à  composition  de  l'histoire  ancienne, 
à  grands  personnages  ;  une  tapisserie  du  temps 
de  la  Régence,  présentantDiane  dans  un  paysage, 
et  entourée  d'une  belle  bordure  ;  enfin,  un  tapis 
d'ancien  travail  oriental  à  rosace,  médaillons 
et  animaux. 

Tableaux,  dessins.  —  Un  mince  catalogue, 
enrichi  de  quelques  illustrations,  nous  apporte 
l'annonce  de  la  vacation  anonyme  que  dirige- 
ront, salle  10,  le  1"  avril,  M«  Gh.  Dubourg  et 
M.  E.  Martini.  Dans  cette  réunion  de  tableaux  et 
dessins  anciens  et  modernes,  nous  remarquons: 
la  Flotte  des  Croisés,  par  i.  Bennetter;  le  Portrait 
de  Louis  Blanc,  par  H.  Daumier  ;  les  Bûcherons, 
toile  attribuée  à  N.  Diaz  ;  le  Dessinateur  aux 
champs,  par  Ten  Cate  ;  Vaches  au  pâturage,  par 
W.  Maris  ;  la  Batteuse  et  la  Rue  Lepic,  par  Piette  ; 
le  Troupeau  surpris  par  la  neige,  par  Schenck  ; 
le  Gourbi,  par  Veyrassat  ;  la  Moisson,  par  Webb  ; 
le  Passage  du  ruisseau,  par  Berghem  ;  l'Entrée 
triomphale  de  Napoléon  I^r  à  Amsterdam,  par 
Brée  ;  un  Portrait  de  jeune  femme,  de  l'école  de 
1...  David  ;  un  Portrait  de  jeune  femme,  pastel  de 
i'école  française  du  xviii"  siècle,  et  une  Jeune 
Femme  viHue  de  rouge,  par  Girodet-Trioson. 

Tableaux,  dessins.  —  Une  autre  vacation 
anonyme  du  même  genre  et  qui  a  fait,  elle  aUssi, 


102 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


l'objet  d'un  petit  catalogue  illustré,  sera  dirigée 
salle  7,  le  i"  avril,  par  M"  A.  Desvouges,  assisté 
de  M.  Loys  Delteil.  Parmi  les  peintures  et  des- 
sins la  composant,  notons  :  un  dessin  de  Corot, 
Portrait  du  grand-père  Roussieau,  et  une  peiïiture, 
le  Village,  attribuée  au  mt'me  artiste  ;  un  Portrait 
de  femme,  par  Danioux  ;  un  Portrait  de  jeune 
homme,  par  A.  Devéria  ;  la  Bergère  et  le  Berger, 
par  J.-B.  Huet;  V Impératrice  M arie- Louise,  tninisi-' 
ture,  par  Isabey  ;  les  Deux  Barques  et  les  Chau- 
mières, la  Rivière,  le  Retour  du  voyageur  et  la 
Ferme,  par  E.  Moreau  l'aîné  ;  un  Portrait  d'homme, 
par  Moreau  le  jeune  ;  la  Forge,  par  Pillement  ; 
le  Commissionnaire,  par  Portail  ;  les  Cinq  Cochons, 
par  P.  Potter  ;  le  Cruel  rit  des  pleurs  qu'il  fait 
verser,  par  P. -P.  Prudhon  ;  Saint  Martin,  par 
Rembrandt;  le  Temple  antique,  par  II.  Robert  ; 
Prométhée,  par  P. -P.  Rubens,  et  Jeune  Homme 
assis,  par  A.  Watteau. 

A  Berlin.  —  Tableaux  anciens.  —  Nous 
recevons  le  catalogue  illustré  d'une  vente  qui 
aura  lieu  chez  R.  Lepké,  à  Berlin,  le  31  mars. 
Composée  de  tableaux  anciens,  provenant  en 
partie  de  la  Collection  de  Sir  Charles  Robinson,  de 
Londres,  et  pour  le  reste  de  divers  amateurs; 
elle  comprend  des  spécimens  de  diverses  écoles 
et  époques  du  xiv»  au  xviii»  siècle,  portant 
notamment  les  noms  de  Juan  de  Burgos,  Ercole 
Grandi,  Francesco  Francia,  Titien,  J.  J.  de  Espi- 
nosa,  D.  van  Alsloot,  J.  Siberecbts,  F.  Le  Moyne, 
Canaletto,  Pablo  Aregio,  Diego  Correa,  Rem- 
brandt, Velazquez,  B.  Fabritius,  A.  Mor,  le  Péru- 
gin,  Teniers,  Everdingen,  etc.,  et  même  de 
Michel-Ange,  ce  dernier  représenté  par  une 
feuille  de  dessins  d'ornements. 

A  Londres.  —  Tableaux  anciens.  —   Le 

3  avril,  chez  Christie,  aura  lieu  une  vacation 
composée  de  tableaux  anciens  provenant  des 
collections  du  Comte  d'Ellenhorough,  de  M.  A. 
Mailland  Wilson  et  de  divers  autres  amateurs. 
Un  catalogue  illustré  a  été  dressé  à  l'occasion  de 
cette  séance  ;  nous  y  remarquons  :  le  Quai,  par 
S.  van  Ruysdael  ;  l'Adoration  des  Mages,  par  J. 
Bosch  ;  la  Mort  d'un  saint,  panneau  de  l'école  de 
Simon  Marmion  ;  le  Portrait  d'un  seigneur  et  le 
Portrait  d'une  dame,  par  le  Maître  de  la  Mort  de 
Marie  ;  et  une  Vierge  sur  le  trône  avec  l'Enfant, 
de  l'école  de  Memling. 

A  Bruxelles.  —  Tableaux,  etc.  —  Nous 
recevons  le  catalogue  illustré  d'une  vente  de 
tableaux,  objets  d'art  et  d'ameublement,  appar- 


tenant à  un  amateur  et  à  M.  Jules  de  Pauw,  vente 
qui  aura  lieu  Galerie  Le  Roy,  à  Bruxelles,  les 
3  et  4  avril.  Notons  parmi  les  tableaux  :  le  Retour 
de  la  pêche,  par  J.  Aigelyn  ;  l'Hiver,  par  J.  Beer- 
straaten  ;  le  Cortège  nuptial,  par  P.  Breughel  le 
jeune  ;  une  Jeune  Marchande  de  fruits,  par  .1. 
Northcote  ;  un  Portrait  de  gentilhomme,  attribué 
à  F.  Pourbus;  un  Paysage  boisé,  par  Isaac  Ruys- 
dael ;  un  Paysage,  par  T.  van  Bergen  ;  une  Marine 
par  un  gros  temps,  par  J.  van  der  Croos  ;  le  Cou- 
cher du  soleil,  par  A.  van  der  Neer  ;  et,  parmi  les 
objets  d'ameublement,  une  tapisserie  flamande 
du  xviie  siècle,  à  personnages  dans  un  paysage. 

M.  x\. 

MONNAIES    ET   MÉDAILLES 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Collec- 
tion de  Traynel  (monnaies  romaines,  objets 
d'art).  —  M«  A.  Desvouges  et  M. M.  Feuardcnl  et 
H.  Léman  procéderont,  salle  '.),  du  2  au  4  avril, 
à  la  vente  des  monnaies  romaines  et  des  objets 
d'art  du  xvu«  siècle,  composant  la  Collection  du 
Marquis  de  Traynel.  Pour  la  partie  numismatique, 
de  beaucoup  plus  importante,  de  ce  cabinet,  force 
nous  est  de  renvoyer  au  catalogue  illustré  qui  en 
a  été  dressé.  Parmi  les  objets  d'art,  signalons 
une  statuette  équestre  du  roi  Louis  XIII,  en 
ivoire  sculpté,  travail  du  xvii«  siècle. 

L.  D. 


EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


La  Société  nouvelle  (galerie  Georges  Petit). 
—  Que  si  la  critique  voulait  s'adonner  au  jeu 
facile  des  concetti,  ne  pourrait-elle  avancer  que 
la  quinzième  exposition  de  la  Société  nouvelle 
manque  de  nouveauté?  Le  reproche  serait,  dan» 
tous  les  cas,  aussi  banal  qu'injuste  :  car  il  est 
impossible  ù  des  artistes  connus,  et  même 
consacrés  pour  la  plupart,  de  se  renouveler  sans 
trêve,  d'un  printemps  à  l'autre,  et  de  rivaliser 
avec  ces  figurants  d'opéra  qui  repassent  inces- 
samment sous  le  regard  des  spectateurs  en  chan- 
geant de  costume  ;  et  les  conditions  mêmes  d'une 
Société  pareille  l'obligent  à  quelque  périodique 
uniformité.  L'important,  c'est  de  fournir  des 
œuvres,  et  cette  exposition  nous  en  montre  plu- 
sieurs. Deux  maîtres,  le  peintre  de  l'Inde,  Albert 
Besnard,  et  le  statuaire  d'Aphrodite,  Auguste 
Rodin,  ne  figurent  encore  cette  fois  qu'au  cata- 


ANCIEN   ET    MODERNE 


103 


logU€  ;  et,  sur  trente  et  un  sociétaires,  on  pour- 
rait compter  au  moins  dix  absences  ;  mais  conso- 
lons-nous par  la  présence  de  trois  compositions  : 
une  Bucolique,  de  M.  René  Ménard,  les  Carrioles  de 
M.  Lucien  Simon,  Don  Quichotte  et  Sanclio,  de 
M.  de  LaGandara,  sans  parler  de  plusieurs  beaux 
paysages  ou  de  quelques  vivants  morceaux  de 
sculpture. 

Le  Flamand  voyageur  Herman  van  Swanevelt 
ou  l'Anglais  fantaisiste  William  Turner  n'auront 
as    été   les   seuls  ou  les  derniers  héritiers   de 
Claude;   et  son  soleil    mystérieux,   à  force   de 
clarté,  rayonne  encore  au  fond  du  ciel  crépus- 
culaire où  s'allume  obscurément  la  fin  d'un  beau 
Ijour  :  au   bout  du   promontoire,  et  parmi  les 
troupeaux  épars,  des  pâtres  demi-nus  jouent  de 
la  double  flûte  ;  mais  ce  n'est  pas  «  l'oubli  »  qui 
rêve  sur  les  ruines  ensoleillées,  comme  en  un 
Bonnet  fameux  de  José-Maria  de  Heredia  ;  c'est 
une  réminiscence  nouvelle  de  «  l'dge  d'or  »  vir- 
gilien,  vers  l'heure  où  l'ombre  est  plus  longue  : 
V  majoresque  cadunt  de  montibus  umbrœ  ;  dans  son 
^^  atmosphère  d'ambre  et  d'opale,  cette  Bucolique 
^Bbous  montre  M.  René  Ménard   fidèle   à  l'idéal 
^'^austère  et  paisible  de  ses  débuts,  et  cette  fidélité 
n'est  pas  la  moindre  preuve  de  la  sincérité  de  sa 
haute  inspiration. 
Dans  l'antique  familiarité  de  leur  décor  breton. 

Blés  Carrioles  aussi  portent  bien  la  marque  de 
leur  peintre  :  étrangement  rouges  sur  la  lande 
fauve,  elles  suivent  l'interminable  ruban  du 
chemin  montant,  dans  une  de  ces  lumières  de 
plein-air  qui  préoccupent  depuis  des  années  la 
magistrale    inquiétude    de   M.    Lucien    Simon. 

Maigre,  livide,  efllanqué  comme  l'idéal  à  jeun, 
près  de  son  écuyer  rubicond  et  ventripotent,  le 
Don  Quichotte  de  M.  de  La  Gandara  défend,  parmi 
tant  d'études  sur  nature,  les  droits,  de  jour  en 
jour  méconnus,  de  l'imagination  :  l'Espagne  de 
Cervantes  aurait  beaucoup  à  nous  rapprendre... 

Il  suffit,  cependant,  à  M.  Charles  Cottet,  de 
styliser  à  nos  yeux  l'Anse  de  Goulphar  pour  nous 
suggérer  la  tristesse  foncière  de  son  âme  et  toute 
la  mélancolie  d'Armor  :  ce  coin  sinistre  est 
devenu  sur  la  toile  une  œuvre  superbe.  Il  suffit 
à  M.  Henri  Martin  de  faire  son  portrait  dans  la 
splendeur  de  la  Pergola  matinale,  à  M.  Le  Si- 
daner  de  colorer  des  rayons  d'un  soir  rose  et 
gris  la  Fontaine  de  Pontrieux.  à  M.  Raoul  Ulmann 
de  retrouver  les  maîtres  anciens  sous  le  ciel 
nuageux  de  Dordrecht,  pour  nous  rappeler,  en 
pleine  nature,  l'autonomie  du  paysagiste.  Un 
Vase  du  parc  de  Versailles  dans  un  bosquet  fleuri, 


c'est  assez  pour  que  M.  Maurice  Lobre  apparaisse, 
une  fois  de  plus,  le  poète  de  la  nature  morte  ; 
une  Pendule  en  bronze  doré  dans  un  vieil  inté- 
rieur, c'est  assez  pour  que  M.  Walter  Gay  détaille 
son  goût  de  collectionneur.  Meilleure,  ici,  qu'au 
Salon  d'automne,  la  fantaisie  vagabonde  du  colo- 
riste canadien  J.  \V.  Morrice  se  reconnaît  d'em- 
blée parmi  de  bons  paysages  de  MM.  Dauchez, 
Georges  Griveau,  Duhem,  Claus  et  Prinet  ;  et, 
près  d'une  petite  Eve  de  bronze  de  M.  Desbois, 
les  études  ou  les  bustes  du  statuaire  Ségoffln, 
portraitiste  étonnant  de  feu  Dujardin-Beaumetz, 
suffiraient,  par  leur  accent  viril,  à  soutenir 
l'honneur,  trop  souvent  compromis,  de  la  sculp- 
ture française. 

n«  Exposition  d'art  décoratif  (galerie  Man zi  ) . 
—  Malgré  la  présence  des  plus  originaux  de  nos 
c<  artistes  décorateurs  »,  que  nous  venons  d'ap- 
précier au  pavillon  de  Marsan,  c'est  une  véritable 
Il  exposition  d'art  contemporain  »,  qui  prend  des 
aspects  anticipés  de  musée  quand  elle  remet 
sous  nos  yeux  émus  les  grands  cartons  harmo- 
nieux du  poète  de  la  décoration,  Puvis  de  Cha- 
vannes,  la  sérénité  sévère  de  leurs  camaïeux,  la 
suave  candeur  des  pures  compositions  pour  la 
Bibliothèque  de  Boston,  les  Muses  inspiratrices 
qui  figuraient,  en  1895,  à  l'un  des  derniers  Salons 
de  la  galerie  Rapp,  les  allégories  si  noblement 
ingénieuses  du  progrès  moderne,  voisinant  avec 
les  souvenirs  virgiliens.  De  frissonnantes  mater- 
nités d'Eugène  Carrière,  d'impalpables  Ca(/iédra/es 
de  Rouen,  de  M.  Claude  Monet,  plusieurs  pastels 
ironiques  de  M.  Degas  et  son  Violoncelliste  qui 
bouleverserait  les  enchères,  des  portraits  au 
crayon,  plutôt  devinés  que  regardés  par  Tou- 
louse-Lautrec, composentalentour  une  anthologie 
significative,  où  l'intimité  fantaisiste  de  MM.  Vuil- 
lard  et  Bonnard,  les  bois  en  couleurs  de  M  Schmied, 
les  masques  en  terre  cuite  de  M.  Desbois,  les  frises 
intensément  fleuries  par  M"""  Galtier-Boissière  et 
les  lumineux  cartons  de  tapisserie  du  plus  clas- 
sique des  novateurs,  M.  Henri  Martin,  semblent 
autant  de  documents  ofTerts  à  l'historien  qui 
saura  débrouiller  le  chaos  opulent  de  notre 
époque. 

A.-E.  Gumery  (galerie  Georges  Petit).  —  On 
n'a  pas  oublié  le  peintre-lithographe  qui  notait 
naguère  l'extase  inconsciente  des  mélomanes  au 
promenoir  de  nos  concerts  dominicaux;  c'est  un 
ami  de  la  couleur,  d'humeur  voyageuse  et  de 
goûts  toujours  variés,  qui  réconcilie  l'imagination 
et  l'observation  quand  il  esquisse   t'Attente  du 


104 


LE   BULLEtIN   DE   L'ART 


miracle  aux  Saintes-Maries-de'la-Mer,  après  avoir 
décrit  les  Hospitalisés  de  la  Chartreuse  de  Neuville. 
Il  quitte  souvent  l'intérieur  pour  la  nature  et 
peint  avec  un  visible  plaisir  l'Espagne  ou  la  Bre- 
tagne, un  blême  lever  de  lune  à  la  fin  d'une 
après-midi  d'automne,  la  Neige  mystérieuse  ou 
le  Départ  des  sardiniers  aux  premiers  feux  de 
l'aube. 

Raymond  Bouyeb. 

1-ES      REVUES 


Franck 


Les  Musées  de  France  (1914,  n*  1).  —  André 
Michel.  Dons  de  la  famille  de  M.  Edouard  Aynard 
au  Musée  du  Louvre.  —  Statue  de  bois,  de  prêtre 
bouddhique,  ayant  fait  partie  de  la  collection  Aynard  ; 
buste  d'homme  encapuchonné,  sculpture  française 
du  xtii'  siècle,  en  pierre. 

—  Gaston  Migeon.  Bas-relief  en  pierre  sculptée  de 
la  dynastie  chinoise  des  Han  (ii*  siècle  de  l'ère)  au 
Musée  du  Louvre.  —  Récente  acquisition. 

—  Etienne  Michon.  Vase  en  marbre  provenant 
d'Athènes,  au  Musée  du  Louvre.  —  Vase  votif,  ayant 
la  forme  extérieure  d'une  œnochoé  à  embouchure 
trilobée,  avec  une  anse  et  un  petit  bas-relief. 

—  P.  Clamoroan.  Le  Musée  Jacquemart-André. 

—  Conrad  dk  Mandach.  Une  Madone  de  Giovanni 
Bellini,  copiée  par  Barlolommeo  Montagna,  au 
Musée  de  Lyon.  —  L'original  est  au  Musée  Brera,  à 
Milan. 

—  Jean  Locqoin.  Le  nouveau  Musée  de  Nevers.  — 
11  est  installé  dans  l'ancien  évêché  et  va  prochaine- 
ment ouvrir  ses  portes. 

Italie 

BoUetino  d'arte  des  ministère  délia  P.  Istru- 
zione  (septembre  1913).  —  Corrado  Ricci.  Notes  d'art: 
I.  Un  petit  tableau  du  Greco  à  Hergame.  II.  Un  tableau 
du  Cerano.  —  I.  L'auteur  revendique  pour  le  Greco, 
et  avec  raison,  un  petit  tableau  conservé  dans  l'Aca- 
démie Carrara,  à  Bcrgame,  provenant  de  la  collection 
Lochis,  et  donné,  par  le  catalogue  de  1881,  comme 
un  Titien.  C'est  un  Saint  François  d'Assise  recevant 
les  stigmates,  assez  voisin  de  sentiment  et  d'arrange- 
ment du  tableau  de  la  collection  de  Zuloaga  figurant 
le  même  sujet,  et  publié  le  10  janvier  1913  dans  la 
Revue,  par  M.  Emile  Bertaux.  —  11.  Giambattista 
Crespi,  né  en  1557,  à  Cerano,  dans  la  province  de 
Novare,  est  un  imitateur  du  Baroche,  en  qui  M.  Cor- 
rado Ricci  retrouve  quelques  traits  de  son  compa- 
triote, le  Piémontais  Gaudenzio  Ferrari.  Le  ministère 
des  beaux-arts  d'Italie  vient  d'acheter  à  Lucques,  un 
tableau  de  ce  maître,  qu'il  destine  à  l'un  des  musées 


de  Florence.  C'est  une  Vierge  entourée  de  saints, 
longtemps  attribuée  à  Van  Dyck,  mais  où  il  n'est  pas 
douteux  qu'il  faille  reconnaître  une  des  plus  belles 
toiles  du  Cerano. 

—  Francesco  Filipcim.  Francesco  del  Cossa  sculp- 
teur. -^  L'auteur  attribue  au  célèbre  peintre,  qui  s'est 
illustré  à  Ferrare,  le  monument  funéraire  de  Dome- 
nico  Garganelli,  de  Bologne,  dont  plusieurs  documents 
signalent  l'amitié  pour  l'artiste.  Il  ne  subsiste  de  ce 
monument,  qu'une  dalle  de  marbre,  avec  un  gisant 
et  deux  angelots.  Le  style  en  a  des  analogies  frap- 
pantes avec  celui  de  certaines  peintures  de  Fr.  Cossa. 

—  Alessandro  Del  Vita.  Fresque  découverte  à 
Arezzo,  dans  l'église  de  l'Annunziata.  —  Curieuse 
peinture  d'un  oublié,  ce  Niccolo  Soggi,  dont  Vasari  a 
parlé  et  dont  il  a  cité  cette  fresque  Cgurant  la  Vision 
d'Octavien,  c'est-à-dire  la  scène  légendaire  de  l'appa- 
rition de  la  Vierge  à  Auguste,  lorsqu'il  consulta  la 
Sibylle  de  Tibur. 

—  Roberto  Papiki.  Peintures  inédites  du  Sodomaet 
de  Beccafumi.  —  L'auteur  commente  trois  peintures 
figurant  la  Montée  au  Calvaire,  l'une  conservée  au 
château  de  Beauregard  (lac  de  Genève),  l'autre  à  Gênes, 
dans  la  collection  Viazzi,  la  troisième  à  Rome,  dans 
l'église  Sainte-Marie-Majeure,  et  toutes  trois  très  ana- 
logues, œuvres  certaines  du  Sodoma  et  de  ses  pre- 
miers imitateurs.  A  Sainte-Marie-Majeure,  dans  la 
même  chapelle,  on  trouve  une  Madone  maniérée  qu'il 
faut  certainement  attribuer  à  Beccafumi. 

—  Pietro  GiA.NLizzi.  Marina  di  Marco  Cedrino,  de 
Venise,  ingénieur,  arcliitecte  et  sculpteur.  —  Cet 
obscur  artiste,  qui  vivait  au  milieu  du  xv*  siècle,  est 
l'auteur  du  portail  de  l'ancienne  cathédrale  de  Forli, 
d'un  autre  portail  d'église,  à  Amandola,  et  a  travaillé 
à  la  basilique  de  Lorette. 

(Octobre).  —  G.  G.  Pohro.  Le  Prétoire  de  Gortyne. 
—  Au  cours  d'une  campagne  de  fouilles,  en  Crète, 
M.  Porro  a  mis  au  jour,  à  Gortyne,  des  monuments 
de  l'époque  impériale  romaine,  des  statues  de  ma- 
gistrats et  des  inscriptions.  A  signaler  aussi  de  belles 
statues  d'Artémis  et  de  l'Isis-Fortune. 

—  Lorenzo  Fiocca.  Eglise  et  abbaye  de  S.  Maria  di 
Valdiponle,  dite  «  de  Monlelabate  ».  —  Cette  ancienne 
abbaye  fortifiée,  voisine  de  Pérouse,  a  une  crypte 
romane  et  un  beau  cloître  du  iii*  siècle;  l'église, 
commencée  au  xii',  fut  voûtée  au  xiii»,  en  style  ogival. 
Elle  possède  des  fresques  de  l'obscur  Mco  de  Sienne 
(fin  du  xin-  siècle),  et  de  peintres  ombriens  du 
quattrocento. 

—  Antonino  Sorrentino.  Une  esquisse  de  Giacomo 
Serpotta  au  musée  de  Trapani.  —  Statuette  équestre 
de  ce  sculpteur  palermitain  du  xviii*  siècle,  esquisse 
d'un  monument  à  Charles  II  de  Bourbon. 


Le  Gérant  :  H.  Dïnis. 


P»ri».  —  Inip.  George»  Petit,  IS,  rue  Godol-de-Mauroi . 


Numéro  619 


Samedi  4  Avril  1914. 


I 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


«  Les  Amis   du   Palais  » 
et  le  Palais 


Des  magistrats,  des  avocats,  des  avoués,  des 
huissiers,  des  greffiers  viennent  de  fonder  la 
ociété  des  Amis  du  Palais.  C'est  une  bonne 
idée  :  les  Amis  du  Palais  nous  manquaient;  ils 
■■nous  manquaient  môme  terriblement,  et,  si  l'on 
en  croit  les  communiqués  relatifs  à  leurs  inten- 
tions, il  faut  regretter  que  cette  bonne  idée 
I d'affirmer  ainsi  leur  «amitié  »  ne  soit  pas  venue 
un  peu  plus  tôt  aux  Amis  du  Palais. 
Quel  est,  en  effet,  l'objet  de  la  Société  ?  Elle 
se  propose  de  «  veiller  à  la  conservation  artistique 
du  Palais  de  justice  »,  de  rechercher  les  docu- 
ments relatifs  à  son  histoire,  de  «  faire  aimer  et 
Jirotéger  leur  maison  par  tous  les  membres  de  la 
grande  famille  judiciaire,  associés  dans  le  culte 
du  souvenir». 
Voilà  qui  va  des  mieux.  Par  malheur,  il  est 
trop  tard  :  l'aile  du  Palais,  en  façade  sur  le  quai 
des  Orfèvres,  est  achevée... 
Elle  est  achevée  et  elle  est  hideuse.  Et  à  mesure 
que  la  bâtisse  sort  des  échafaudages,  elle  étale 
l'incroyable  pauvreté  de  ses  lignes  et  la  déso- 

Ilante  prétention  de  ses  sculptures.  Allez,  la  voir, 
allez  prendre  la  leçon  de  style  et  de  goût  que 
vous  offre  l'archilecture  officielle.  Depuis  le  pan 
coupé,  à  l'angle  du  quai  des  Orfèvres  et  du  bou- 
levard du  Palais,  avec  ses  deux  tristes  fenêtres 
et  la  poivrière  qui  le  llanque,  jusqu'à  la  tour 
carrée  qui  s'élève  à  l'extrémité  des  nouveaux 
bâtiments  et  dont  on  entrevoit  déjà  les  pâtisseries 
allégoriques,  que  de  trouvailles  et  que  d'à-propos  ! 
La  lourde  grecque  courant  au-dessus  du  rez-de- 
chaussée,  les  niches  à  statues  avec  leurs  absurdes 
consoles,  les  guirlandes  qui  encadrent  et  souli- 
gnent les  fenêtres,  les  cariatides  de  la  porte 
d'entrée,  la  frise  où  des  glaives  de  la  loi,  entre- 
mêlés de  branches  de  chêne,  alternent  avec  des 
mascarons  à  têtes  de  Jupiter  tonnant,  il  n'est 
rien  qui  ne  mérite  un  attentif  examen. 


Mais  le  détail  n'est  pas  tout,  et  la  vue  de  l'en- 
semble réserve  d'autres  surprises.  Passez  le  pont 
Saint-Michel  et  regardez  :  les  combles  aigus  et 
surélevés  de  la  construction  nouvelle  masquent 
entièrement  la  Sainte-Chapelle,  dont  on  n'aper- 
çoit plus  que  le  sommet  de  la  flèche.  Gloire  à 
l'architecte  du  Palais  de  Justice  :  il  ne  s'est  pas 
contenté  de  faire  laid,  il  a  pris  soin  de  cacher  à 
nos  yeux  ce  qu'il  y  avait  de  beauté  dans  le  pano- 
rama du  Palais  vu  de  la  place  Saint-Michel!  Il  a 
d'ailleurs  commis  sciemment  son  erreur,  puisque, 
quand  il  a  eu  à  figurer  l'élévation  de  sa  façade 
sur  un  savant  lavis,  complaisamnient  offert  à 
notre  admiration  (1),  il  a  pris  spin  de  placer  son 
angle  de  vision  à  peu  près  à  la  hauteur  d'un  troi- 
sième étage,  —  artifice  ingénieux,  qui  lui  a  permis 
de  montrer  le  toit  et  toute  la  flèche  de  la  Sainte- 
Chapelle  dominant  les  bâtiments  du  quai  des 
Orfèvres.  Le  malheur  esl  que  le  commun  des 
mortels  a  un  autre  point  de  vue,  et  qui  est  moins 
flatteur,  comme  il  sera  facile  à  chacun  de  s'en 
rendre  compte. 

Après  cela,  les  Amis  du  Palais  pourront  tou- 
jours »  faire  aimer  et  protéger  leur  maison  »  et 
veiller,  comme  ils  disent,  «  à  sa  conservation 
artistique  )>... 

E.  D. 


ÉCHOS    ET   NOUVELLES 


Institut  de  France  (séance  trimestrielle  du  l"avril). 
—  M.  Appell,  président,  met  l'assemblée  au  courant 
des  démarches  qui  ont  été  faites  au  sujet  du  projet  de 
reconstruction  de  l'Institut  :  copie  a  été  envoyée  au 
ministre  de  l'Instruction  pubUque  du  voeu  émis  à 
l'unanimité  par  la  commission  centrale  administrative 
et  par  l'assemblée  plénière,  vœu  demandant  qu'on 
donne  à  l'Institut  le  périmètre  prévu  par  le  baron 
Ilaussraann  (voir  le  n°  614  du  liullelln). 

Le  bureau  de  l'Institut  s'est  ensuite  rendu  auprès 

j  ■ 

(1)  On  le  trouvera  reproduit  dans  le  livre  de 
M.  H.  Stein,  snr  le  Palais  de  Justice. 


i06 


LE    BULLEÎIN   DE    L'ART 


du  ministre  et,  après  lui  avoir  rappelé  ce  vœu,  a 
insisté  sur  ce  point  que  la  question  est  essentielle- 
ment d'ordre  gouvernemental  :  quelle  que  soit  la 
décision  du  Conseil  municipal,  cette  décision  doit 
être  soumise  à  la  ratification  du  préfet  et,  en  dernier 
lieu,  du  ministre,  puisque  l'Institut  est  une  pro- 
priété de  l'État.  Le  ministre  a  promis  d'étudier  le 
dossier  dans  cet  esprit. 

A  son  tour,  M.  Ribot  a  dit  ce  qu'il  avait  fait  au 
Sénat  :  malheureusement  une  solution  ferme  n'est 
pas  encore  intervenue.  Le  Conseil  municipal,  après 
une  délibération  secrète,  serait  disposé  à  commencer 
les  travaux  selon  le  projet  nouveau.  On  ne  peut 
accepter  cette  proposition  et  laisser  entreprendre  les 
travaux  sans  que  le  ministre  donne  son  autorisation 
formelle. 

—  Sur  les  arrérages  des  fondations  Debrousse  et 
Gas,  l'Académie  des  beaux-arts  reçoit  :  2.500  francs 
pour  la  publication  des  Procès-verbaux  de  l'ancienne 
Académie  d'archileclure,  et  ).500  francs  pour  la 
publication  du  Catalogue  des  dessins  du  musée  du 
Louvre. 

—  En  fin  de  séance,  M.  R.  Stourm  a  donné  lecture 
du  rapport  annuel  sur  le  domaine  de  Chantilly. 

Académie  des  beaux-arts  (séance  du  28  mars). 
—  M.  Pascal,  qui  fait  fonction  de  secrétaire  des 
séances  en  l'absence  de  M.  Henry  Uoujon,  secrétaire 
perpétuel,  donne  lecture  d'un  décret  autorisant  l'Aca- 
démie à  accepter  le  legs  qui  lui  a  été  fait,  comme  il 
a  été  annoncé  précédemment,  par  M""  veuve  Cellier, 
pour  créer  un  fonds  destiné  à  donner  des  secours 
aux  veuves  d'artistes  dans  le  besoin. 

—  Le  Prix  Duc,  de  la  valeur  de  3.'700  francs,  est 
attribué  à  M.  L.  Bonnier,  inspecteur  des  services 
d'architecture  de  la  Ville  de  Paris,  pour  ses  plans  du 
groupe  scolaire  de  Grenelle. 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 

(séance  du  21  mars).  —  M.  le  marquis  de  Vogué 
attire  l'attention  de  ses  confrères  sur  l'intériM  que 
présente  Bethléem,  l'ouvrage  des  PP.  Vincent  et  Abel, 
professeurs  à  l'École  biblique  de  Jérusalem,  qui  a 
été  offert  à  l'Académie. 

—  La  commission  de  la  Fondation  Duchalais,  con- 
stituée en  faveur  de  la  numismatique  médiévale,  a 
décerné,  cette  année,  le  prix  à.  l'ouvrage  intitulé  : 
Corpus  nummarum  italicarum  ;  quatre  volumes  in-4° 
de  ce  vaste  recueil  ont  paru  depuis  1910.  11  a  été 
entrepris  sur  l'initiative  personnelle  de  S.  M.  le  Roi 
d'Italie,  et  la  rédaction  s'est  poursuivie  sous  sa  haute 
direction. 

La  commission  du  Prix  Edmond  Drouin,  destiné 
à  la  numismatique  orientale,  a  attribué  ce  prix  à 
M.  R.-A.  Whitbread,  membre  du  service  civil  des 
Indes  anglaises,  pour  son  Catalogue  of  coins  of 
Pendjab  ( Lahore  muséum). 

-^  M.  Colllgnon  communique  à  l'Académie  un 
rapport  de  M.  Comby  sur  la  mission  qu'il  a  accomplie 


à  Delphes  de  juin  à  octobre  1913,  pour  y  poursuivre 
des  recherches  en  vue  de  la  publication  officielle  des 
fouilles  de  Delphes. 

M.  Comby  s'est  attaché  à  mettre  au  point  son  travail 
sur  les  deux  temples  d'Apollon  du  vi*  et  du  v*  siècles 
et  surtout  à  étudier  la  région  comprise  entre  la  Voie 
Sacrée  à  l'Est,  le  mur  de  soutènement  au  Nord,  l'en- 
ceinte à  l'Ouest  et  le  mur  polygonal  au  Sud. 

—  M.  Jullian  combat  une  opinion  qui,  depuis 
quelques  années,  tend  à  se  répandre  dans  le  monde 
savant  au  sujet  des  textes  de  Slrabon  et  de  César, 
relatifs  au  peuple  gaulois  des  Médiomathiques,  dont  le 
pays,  qui  comprend  aujourd'hui  Metz  et  la  Lorraine, 
s'étendait  jusqu'au  Rhin. 

—  M.  Henri  Cordier  a  donné  lecture  d'une  élude 
de  MM.  G.  de  Créqui-Monfort  et  du  D'  P.  Rivet  sur 
l'origine  des  aborigènes  du  Pérou  et  de  la  Bolivie. 

Musée  Carnavalet.  —  Sur  l'intervention  de 
MM.  A.  Mithouard  et  d'Andigné,  conseillers  muni- 
cipaux, l'Assistance  publique  a  fait  déposer  au  musée 
Carnavalet,  par  l'Administration  des  Beaux-Arts,  les 
boiseries  anciennes  qui  ornaient  la  chapelle  de  l'hô- 
pital de  la  Pitié.  L'Assistance  publique  reste,  d'ailleurs, 
propriétaire  de  ces  boiseries,  de  dimensions  fort  im- 
portantes et  qui  auraient  nécessité  de  gros  frais  de 
réparation  et  de  remise  en  place  après  la  démolition 
de  la  Pitié;  mais  la  solution  actuelle  est,  en  tout  cas, 
préférable  à  la  mise  en  vente  de  ces  œuvres  d'art,  dont, 
un  moment,  il  avait  été  question. 

Musée  Galliera.  —  L'exposition  ordinaire  d'art 
appliqué  a  fermé  ses  portes  le  29  mars,  et  l'on  procède 
maintenant  à  l'organisation  de  l'exposition  spéciale 
annuelle,  qui  sera  consacrée,  rappelons-le,  à  la  sta- 
tuette et  au  meuble  destiné  à  la  présenter.  Les  envois 
sont  reçus  jusqu'au  18  avril,  sauf  le  dimanche. 

Le   Musée  Jacquemart-André   à   Châalis.  — 

L'abbaye  et  le  château  de  Chialis,  légués  à  l'Institut 
par  M"*  Edouard  André,  en  même  temps  que  l'hôtel 
du  boulevard  liaussmann  et  ses  collections,  seront 
ouverts  au  public  dans  la  seconde  quinzaine  d'avril. 
Le  catalogue  est  maintenant  sous  presse,  et  le  règle- 
ment, analogue  à  celui  du  musée  Coudé,  à  Chan- 
tilly, sera  prochainement  publié. 

École  nationale  des  beaux-arts.  —  Par  arrêté 
du  ministre  de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux- 
Arts  en  date  du  30  mars  1914,  M.  Paul  Guadet,  archi- 
tecte du  Gouvernement,  a  été  nommé  professeur  de 
perspective  à  l'École  nationale  des  beaux-arts,  en 
remplacement  de  M.  Julien,  décédé. 

Les  Legs  Delort  de  Gléon.  —  Un  décret  récent 
vient  d'autoriser  le  ministre  de  l'Instruction  publique 
à  accepter,  au  nom  de  l'État,  pour  le  musée  du  Louvre, 
avec  le  portrait  de  M.  Delort  de  Gléon  par  Gérôme,  et 
son  buste  par  Gasq,  les  enivres  arabes,  armes,  verre» 
émaillés,  céramiques,  ivoires,  étoffes,  bijoux,  bronzes 
et  œuvres  d'art,  les  armoires,  vitrines,  vitraux,  pla- 


ANCIEN    ET   MODERNE 


407 


I 


fonds,  boiseries,  décorations,  meubles  et  immeubles 
par  destination,  laissés  à  cet  établissement  par  M"'  De- 
lort  de  Gléon,  sous  condilidn  que  le  musée  fera  installer 
au  palais  du  Louvre,  dans  le  délai  d'un  an,  à  compter 
du  présent  décret,  une  salle  arabe  portant  le  nom  de 
«  salle  Delort  de  Gléon  »  où  seront  groupés  tous  les 
objets  légués  au  Louvre. 

Le  ministre  est  autorisé  à  accepter  en  outre  une 
somme  de  100.000  francs,  affectée  aux  frais  d'enlè- 
vement, de  transport  et  de  réinstallation  des  objets 
légués. 

Encore  une  louable  générosité,  mais  faite,  comme 
le  Bulletin  le  montrait  dans  son  dernier  numéro,  à 
des  conditions  qu'on  ne  peut  que  déplorer,  puis- 
qu'elles tendent  à  ouvrir  une  nouvelle  «chapelle» 
dans  le  Musée  ! 

Concours  pour  un  jardin.  —  Un  concours  d'un 
genre  assez  particulier  vient  d  être  organisé,  entre  les 
artistes  français,  par  la  Société  des  amateurs  de 
jardins,  pour  l'établissement  d'un  parc  dans  la  pro- 
priété acquise  à  la  Muette,  par  M.  le  Baron  Henri  de 
Rothschild. 

Les  concurrents  devront  tenir  compte  des  allées 
existantes,  qu'ils  pourront  modifier,  mais  dont  ils 
seront  tenus  à  préserver  les  arbres;  on  leur  rappelle, 
en  outre,  que  le  château,  édifié  sur  un  emplacement 
désigné  sur  le  plan  joint  au  programme,  sera  inspiré 
du  style  Louis  XIV;  on  leur  demande, enfin,  de  joindre 
à  leur  projet  un  mémoire  indiquant  les  méthodes 
préconisées  et  un  état  de  plantation. 

Les  projets  devront  être  déposés  au  Pavillon  de 
Marsan,  au  siège  de  la  Société  des  amateurs  de  jardins, 
le  i"  mai  1914,  de  10  h.  à  5  h.  Une  exposition  publique 
aura  lieu  du  2  au  14  mai;  le  jugement  sera  rendu  le 
8  mai.  Trois  primes  seront  allouées  de  3.000,  1.500  et 
500  fr.  chacune,  et  les  projets  primés  deviendront  la 
propriété  de  la  Société. 

Pour  obtenir  communication  des  plans  et  de  tous  les 
renseignements  pouvant  leur  faciliter  leur  travail,  les 
concurrents  devront  s'adresser  sur  place  aux  jardins 
de  la  Muette,  à  l'agence  des  travaux,  rue  de  Franque- 
ville,  qui  leur  délivrera  un  permis  pour  visiter  le 
terrain,  s'ils  le  désirent. 

Les  Amis  de  'Vincennes.  —  La  Société  des  Amis 
de  Vincennes  s'est  réunie,  dimanche  dernier,  dans 
une  des  salles  du  donjon,  dite  «  la  Chambre  de  la 
Reine  ». 

Après  l'approbation  des  comptes  de  l'exercice  écoulé, 
M.  Lefèvre-Pontalis  a  pris  la  parole  pour  exposer  suc- 
cinctement le  plan  des  travau.ic  entrepris  récemment 
au  château. 

Il  n'est  pas  question  d'entreprendre  une  restaura- 
tion :  il  s'agit  simplement  de  débarrasser  le  monument 
de  tout  ce  qui  y  fut  ajouté  après  coup  et  de  tout  ce  qui 
le  dénature.  Les  résultats  de  ces  travaux  sont  déjà 
fort  remarquables  :  sous  de  faux  plafonds,  on  a 
retrouvé  des  sculptures   et  des   votites  sur  croisée 


d'ogiTes;  des  portes  murées  depuis  de  longues  années 
ont  été  rétablies,  et  la  base  primitive  de  l'escalier  de 
service  du  donjon  a  été  retrouvée. 

On  s'occupe  actuellement  de  percer,  au  premier 
étage,  la  porte  par  laquelle,  après  avoir  franchi  la 
passerelle,  le  public  avait  accès  dans  le  chàtelet.  Puis 
on  rétablira  l'entrée  principale,  conformément  aux 
décisions  de  la  commission  interministérielle. 

On  pense  pouvoir,  au  mois  de  juin,  permettre  de 
nouveau  la  visite  du  monument  et  de  la  collection 
iconographique. 

M.  le  commandant  de  Fossa  a  évoqué,  en  fin  de 
séance,  les  souvenirs  historiques  se  rapportant  à 
toute  cette  partie  du  donjon,  dénommée  les  Appar- 
tements de  la  Reine,  notamment  ceux  relatifs  à  la 
pièce  où  avait  lieu  la  réunion. 

Médailles  et  plaquettes.  —  Après  avoir  frappé 
la  médaille  du  graveur  Lamourdedieu,  commémorant 
le  Congrès  de  Versailles  qui  a  élu  M.  R.  Poincaré 
président  de  la  République,  la  Monnaie  va  procéder 
à  la  frappe  de  la  médaille  qui  doit,  selon  la  tradition, 
reproduire  les  traits  du  Président;  elle  est  l'œuvre  du 
graveur  Léon  Deschanips. 

L'Église  Saint-Louis-en-1'Ile.  —  Le  Bulletin 
a  reproduit  (n"  616)  une  note  qui  a  fait  le  tour  de  la 
presse  et  d'après  laquelle,  en  procédant  à  des  travaux 
de  réfection  à  la  façade  de  l'église  Saint-Louis-en- 
rile,  on  aurait  retrouvé,  sous  une  couche  de  peinture, 
de  fort  belles  sculptures  sur  bois  du  xvii"  siècle. 

Ainsi  présentée,  cette  information  est  inexacte.  Le 
travail  dont  il  s'agit  est  celui  du  grattage  et  du  net- 
toyage des  trois  portes  sculptées  de  l'église,  —  les 
deux  portes  latérales,  qui  datent,  non  du  xvii',  mais 
du  début  du  xviri*  siècle,  et  la  petite  porte  du  clocher, 
moins  ancienne  (1741).  L'intérêt  des  remarquables 
sculptures  de  ces  portes,  empâtées  et  alourdies  par 
de  nombreuses  couches  de  peinture,  était  difficile- 
ment appréciable  ;  et  si  aucun  de  leurs  motifs  ne 
disparaissaient  au  point  qu'il  faille  prononcer  aujour- 
d'hui le  mot  de  découverte,  la  beauté  des  ornements 
dégagés  par  le  nettoyage  sera  pour  les  curieux  une 
véritable  révélation. 

Chronique  du  vandalisme.  —  Depuis  quelques 
années,  les  architectes  des  monuments  historiques 
s'acharnaient  à  défigurer  l'admirable  ensemble  que 
forment,  à  l'entrée  du  port  de  la  Rochelle,  les  tours 
de  Saint-Nicolas  et  de  la  Lanterne,  refaites  dans  le 
«  style  primitjf  »,  selon  la  marotte  des  restaurateurs. 
Aujourd'hui,  voici  qu'ils  s'en  prennent  à  la  tour  de  la 
Chaîne,  qui  s'élève  en  face  de  la  tourSaint-.Nicolas,  de 
l'autre  côté  de  la  passe. 

o  Elle  date  de  la  fin  du  xiv  siècle,  écrit  M.  André 
Ilallays  dans  le  Journal  des  Débats;  mais,  durant  la 
Fronde,  le  comte  du  Daugnon,  un  aventurier  révolté 
contre  le  roi,  la  fit  sauter,  et  elle  resta  à  demi  ruinée 
jusqu'au  xviii*  siècle;  alors  on  la  répara  tant  bien  que 
mal.  Elle  a  perdu  créneaux  et  mâchicoulis;  à  l'inté^ 


108 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


rieur,  toutes  les  voûtes,  sauf  celles  du  rez-de-chaussée, 
se  sont  écroulées.  On  va  donc  la  reconstruire;  non  pas 
la  consolider,  mais  la  reconstruire.  On  la  surélèvera 
de  cinq  mètres,  on  lui  rendra  sa  couronne  de  créneaux 
et  de  mac/ncouliset  on  la  coiffera  d'une  toiture  conique 
en  ardoise.  Nous  ignorons  combien  coûtera  cetouvrage 
niais  et  inutile;  mais  nous  sommes  sûrs  que,  pendant 
que  nos  gens  s'évertueront  à  remettre  la  tour  de  la 
Chaîne  dans  l'état  où  elle  se  trouvait  avant  l'exploit 
du  comte  du  Daugnon,  ils  laisseront  périr  de  belles  et 
vieilles  églises  et,  pour  s'en  excuser,  ils  allégueront 
la  pénurie  de  leur  budget. 

«  Tandis  que  les  architectes  fabriquent  du  vieux- 
neuf,  dans  la  même  ville,  on  démolit  les  beaux 
ouvrages  de  Vauban  qui  rendaient  si  pittoresques  les 
dehors  de  la  place  de  guerre.  » 

A  Tolède.  —  La  ville  de  Tolède  s'apprête  à  célé- 
brer, pendant  la  Semaine  Sainte,  le  troisième  cente- 
naire du  Greco.  Une  exposition  de  tableaux  et  de 
photographies  a  été  organisée  au  musée  du  Greco  et 
sera  ouverte  le  dimanche  5  avril.  Des  conférences  sur 
l'œuvre  de  l'arliste  auront  lieu  le  même  jour,  ainsi 
qu'une  réception  à  l'Hôtel  de  Ville  de  Tolède.  11  y 
aura  séance  académique,  service  funèbre  au  couvent 
de  Santo  Domingo  el  Antiguo  et  concert  le  lundi 
6  avril.  Le  mardi  1,  une  messe  de  Hequiem  sera  dite  à 
la  cathédrale  ;  on  inaugurera  un  monument  du  Greco  ; 
une  fête  littéraire  au  théâtre  de  Rojas  couronnera  les 
cérémonies. 

A  Éphèse.  —  Les  fouilles  autrichiennes  d'Éphèse, 
en  1913,  ont  dégagé  les  ruines  voisines  de  la  Biblio- 
thèque, ruines  désignées,  jusqu'ici,  sous  le  nom  de 
temple  de  Claude;  l'édifice  est,  en  réalité,  uniV^mpAeum 
de  l'époque  antonine.  A  part  cette  trouvaille  —  néga- 


tive, —  les  fouilles  n'ont  pas  donné  de  résultats 
importants.  Les  travaux  d'Éphèse  ne  seront  pas  repris 
en  1914. —  Ch.  1>. 

A  Rhodes.  —  Un  décret  récent  autorise  l'accep- 
tation par  l'État  de  la  donation,  faite  l'an  dernier, 
par  M.  Bompard,  ambassadeur  de  France  à  Constan- 
tinople,  de  1'  «  Auberge  de  France  »,  à  Hhodes,  la  plus 
belle  demeure  des  anciens  chevaliers  de  Rhodes,  qui 
date  de  1480  et  porte,  au  centre  de  sa  façade,  les 
armes  de  Pierre  d'Aubusson,  avec  la  devise:  Monljoye 
Saint-Denis. 

Nécrologie.  —  L'illustre  poète  Frédéric  Mistral, 
qui  vient  de  mourir,  le  25  mars,  àMaillane,  où  il  était 
né  le  8  septembre  1830,  avait  consacré  toute  une  part 
de  sa  vie  à  la  restauration  des  traditions  locales  de 
sa  petite  patrie.  Parmi  se»  nombreuses  initiatives  en 
ce  sens,  il  nous  faut  signaler  ici  la  création  du  Muséon 
Arlalen,  consacré  à  l'ancien  art  provençal,  et  qui 
reste  le  véritable  modèle  des  musées  régionaux. 

—  Le  Comte  Frédéric-Emmanuel-Enguerrand  du 
Suau  de  la  Croix,  né  à  Petit- Val  (Seine-Inférieure), 
est  mort  le  19  mars,  à  Paris,  dans  sa  soixante-quin- 
zième année.  Les  émaux  translucides  de  cet  artiste 
furent  souvent  remarqués  et  récompensés  aux  Salons 
(ment,  hon.,  1899;  méd.  3'  cl.,  1902). 

—  Le  graveur  Ernest  Florian,  né  en  Suisse  et  natu- 
ralisé Français,  qui  appartenait  à  une  bonne  lignée  de 
graveurs  sur  bois,  vient  de  mourir  à  Paris.  On  lui  doit 
la  traduction  de  nombreuses  illustrations,  telles  que 
celles  pour  Eugénie  Grandet  (1912j  et  celles  pour  la 
Udlisserie  de  la  reine  l'édauque  (1913),  pour  ne  citer 
que  les  plus  récentes.  Hécompensé  plusieurs  fois  aux 
Salons  parisiens,  Ernest  Florian  avait  reçu  une 
médaille  d'argent  à  l'Exposition  universelle  de  1900. 


CHRONIQUE    DES    VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —  Vente  d'objets  appartenant  à 

M™' J...— Faite, salies 7  et 8,  les  20  et  21  mars, par 
yi"  Engelmann  et  Baudoin,  assistés  de  M.M.  Man- 
nheim  et  Simons,  cette  vente  a  produit  133.000  fr. 
Trois  enchères  seulement  sont  à  signaler  :  234. 
Tapisserie  flamande,  xvi«  siècle,  animaux  dans 
une  forêt,  10.500  fr.  (dem.  12.000).  —  235.  Tapis- 
serie flamande,  -xvi°  siècle,  cortège  de  guerriers 
dans  la  campagne,  5.210  fr.  —  239.  Tapisserie 


flamande,   xvii"  siècle,   panthère    guettant   des 
singes  dans  une  forêt,  7.600  fr.  (dera.  8000). 

"Vente  d'objets  appartenant  à  M""  X... 
[Méuier]  (2"  vente).  —  Cette  vente,  dirigée, 
salles  5  et  6,  les  23  et  24  mars,  par  M"  Baudoin 
et  MM.  Mannheim,  a  produit  167.000  francs.  Ici 
encore  quelques  prix  seulement  sont  à  retenir 
dans  la  catégorie  des  tapisseries  : 

Flandres,  Xi'l'  siècle  :  277.  Tapisserie,  combat  de 
style  antique,  large  bordure,  8.900  fr.  (dem.  7.000; 
rest.).  —  278.  Cantonnière,  composée  d'unfe  bordure 


ANCIEN    ET    MODERNE 


109 


eu 


à  compositions  galantes,  etc.,  6.300  fr.  (deui.  6  000). 
—  279.  Tapisserie,  animaux  dans  un  jardin,  large 
bordure,  9.400  fr.  (dcm.  8.000).  —  280.  Tapisserie, 
l'Enlèvement  d'Hélène,  bordure  figures,  12.050  fr. 
(deni.  8.000).  —  284-283.  Fragment,  saints  personnages 
avec  monuments,  fragment,  vue  d'un  port  de  mer 
avec  grands  personnages,  4.700  fr.  {dem.  3.000). 

AV7/"  siècle.  —  287.  Grande  tapisserie,  Antoine  et 
Cléopdtie,   bordure,  8.400  fr.  (déni-   6.000;    mauvais 
tat).  —  288.  Cantonnière,  médaillons  à  sujets  bibli- 
es,  etc.,  8.S60  fr. 

XVIII'  siècle.  —  293.  Tapisserie,  paysage  avec  mare 
nimée  de  deu.\  canards,  4.715  fr.  (dem.  4.000). 


I 


» 


Vente  d'objets  d'art,  etc.  —  M«  Baudoin  et 
M.  Pape  ont  dirigé,  salle  10,  le  25  mars,  une  vaca- 

ilion  anonyme  qui  a  produit  73.604  francs.  Une 
beule  enchère  vaut  d'être  notée,  les  39.000  francs 

'obtenus  sur  la  demande  de  35.000,  par  une 
série  de  huit  fauteuils  en  bois  sculpté,  d'époque 
Louis  XVI,  signés  Courtois,  couverts  en  tapisserie 
lu  XVIII"  siècle  à  vases  fleuris  sur  fond  clair. 

Vente  de  la  collection  de  M.  X...  (minia- 
Inres).    —    Le    25   mars.   M'    Lair-Dubreuil    et 

IM.   Mannheim  ont  procédé  à  cette  vente  qui  a 

éalisé  82.000  francs.  Deux  prix  à  retenir  : 
^abey:  '32. Portrait  préfiuiné  d'Elisabeth  Alexieivna, 

npératrice  de  liussie,  4.000  fr.  (dem.  5.000).  — 
Portrait  de  l'impératrice  Joséphine,  5.400  fr. 
|dem.  5.000). 

Vente  d'objets  provenant  du  château  de 

—  Annoncée  par  un  mince  catalogue  ilius- 
|ré,  cette  vente,  dirigée,  salle  6,  le  27  mars,  par 
I'  Desvouges  et  MM.  Sortais,  Duchesne  et  Du- 
plan,  a  produit  70.000  francs. 


PRINCIPAUX    PRIX 

Tableaux.  —  3.  U.  Teniers.  Paysage,  soleil  cou- 
chant, 7.300  fr.  (dem.  8.000). 

Meubi.es.  —  4-5.  Commode  en  acajou  à  pans  coupés, 
pieds  forme  carquois,  ornements  en  bronze  ciselé  et 
doré,  signée  de  P.  Garnier,  ép.  Louis  XVI.  Deux  encoi- 
gnures en  acajou,  ornements  bronze  doré,  signées  de 
Garnier,  ép.  Louis  XVI,  30.700  fr.  (dem.  32.000). 

Tapissebies.  —  6.  Panneau,  ancienne  et  fine  tapis- 
lerie-verdure  de  Bruxelles,  perspective  d'un  jardin  à 
a  française,  décoré  de  portiques,  10.300  fr.  (dem. 
10.000).  —  7.  Panneau,  ancienne  et  fine  tapisserie- 
verdure  de  Bruxelles,  sujet  analogue,  bordure  à  guir- 
landes, etc.,  18.500  fr.  (dem.  22.000). 


Vente  de  la  collection  du  Comte  de  F... 
(tableaux,  objets  d'art).  —  Faite,  salles  7  et  8, 
par  M"  Lair-Dubreuil  et  MM.  Ferai  et  Mannheim, 
cette  vente  a  produit  182.855  francs. 


PRINCIPAUX    PRIX 

Tableaux  anciens.  —  25.  Huet.  Le  Colombier,  5.030  fr. 
(dem.  4.000).  —  31.  Attr.  à  N.  Lawreince.  Les  Deux 
cages  ou  la  Plus  heureuse,  8.430  fr.  (dem.  8.000).  — 
38-39.  Pillement.  Le  Colombier,  le  Moulin,  6.230  fr. 
(dem.  4.000). 

Faie.nces.  —  Delft.  63.  Assiette  décorée  fleurs, 
4.600  fr.  (dem.  3  000). 

Tapissehies,  tapis.  —  125.  Tapiss.  d'Aubusson,  ép. 
Louis  XV,  d'ap.  Boucher,  La  Datise  chinoise,  32.000  fr. 
(dem.  40  000).  —  126.  Tapiss.  d'Aubusson, ép.  Louis  XV, 
d'ap.  Boucher,  L'Audience  impériale,  16.200  fr.  (dem. 
20.008).  —  127.  Tapiss  d'Aubusson,  ép.  Louis  XV, 
paysage  avec  château  et  chiens  poursuivant  un  lièvre, 
9  000  fr.  (dem.  8.000).  —  133.  Deux  bandeaux  et  quatre 
montants,  bordures  tapiss.  Dam.,  xvi*  s.,  6.100  fr. 
(dem.  10.000)  et  6.100  fr   (dem.  8.000). 

Succession  Levesque  (tableaux,  objets 
d'art).  —  Faite  salle  6,  les  27  et  28  mars,  par 
M'  Lair-Dubreuil,  assisté  de  MM.  Brame,  Paulme 
et  Lasquin,  cette  vente  a  produit  308.558  francs. 
Les  détails  que  nous  avons  donnés  en  l'annon- 
çant, nous  dispenseront  d'ajouter  un  long  com- 
mentaire à  la  liste  des  enchères  les  plus  élevées. 

PRINCIPAUX    PRIX 

Tableaux  anciens.  —  1.  Jacob  van  Blarenberghe. 
Les  Quatre  saisons,  quatre  gouaches,  41.000  fr.  (dem. 
26.000;  V.  Evrard-Rhoné,  1861,  500  fr.  ;  v.  Lévy-Cré- 
mieu,  1886,  29.000  fr.).  —  9.  J.  Jordaens.  Le  Piqueur 
et  ses  chiens,  6.700  fr.  (dem.  8.000).  —  10.  Pater.  Les 
Plaisirs  du  camp,  36.100  fr.  (dem.  25.000;  v.  Wilson, 
1881,  17.500  fr.).  —  13.  Rigaud.  Philibert  Orry,  comte 
de  Vignory,  et  14.  D'après  Rigaud.  Philibert  Orry, 
gravure  par  B.  Lépicié,  10.300  fr.  (dem.  15.000;  v.  de 
la  comtesse  de  la  Kerronnays,  1897,  6.400  fr.).  —  15. 
J.  Steen.  Le  Contrat  de  mariage,  13.500  fr.  (dem. 
20.000). 

Tableaux  modernes.  —  19.  Corot.  La  Fontaine  Jacob, 
A  lise- Sain  le- Heine,  5.000  fr.  (dem.  10.000).  —  E.  Dela- 
croix :  21.  llélioilore  chassé  du  temple,  14.000  fr.  (dem. 
15.000;  V.  Delacroix,  1864,  1.050  fr.  ;  v.  de  La  Roche- 
boisseau,  1873,7.500  fr.;  v.Tabourier,  1898,  15.500  fr.). 
—  22.  Lutte  de  Jacob  avec  l'ange,  20.000  fr.  (dem. 
15.000;  V.  Tabourier,  13.500  fr.).  —  28.  Meissonier. 
Troupe  de  mousquetaires,  14.500  fr.  (dem.  15.000; 
V.  Secrétan,  1889,  36.600  fr.).  —29.  G.  Moreau.  S^aint- 
Sébastien,  24.200  fr.  (dem.  20.000).  —  37.  Troyoïji.  Pay- 
sage de  Hollande,  6.200  fr.  (dem.  10.000).  —  38.  Ziem. 
Le  Jardin  français  à  Venise,  5.000  fr.  (dem.  10.000). 

Objets  vabiés.  —  81.  Deux  vases  simulés  marbre 
gris-bleu  veiné  de  blanc  et  monture  bronze  ciselé  et 
doré,  style  Louis  XVI,  6.810  fr. 

Tapisseries  anciennes.  —  144.  Grand  écran,  anc. 
tapiss.  de  Saint-Pétersbourg,  genre  Gobelins,  Amphi- 
trite, etc., 7.000  fr.  (dem.  8.000;  —  au  musée Stiglitz, de 


I 


ilO 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


Saint-Pétersbourg).  — U5-1 48.  Quatre  tapiss. -verdures, 
Louis  XIV,  paysages  avec  volatiles,  bordures  à  Qeurs, 
16.000  fr.  (dem.  10.000). 

Vente  d'objets  d'art,  etc.  —  M«  Lair-Dubreuil 
et  M.  Léman  ont  dirigé,  le  ,30  mars,  salle  7,  une 
vacation  anonyme  comprenant  des  objets  de 
haute  curiosité,  d'ordre  secondaire.  Cette  vente 
a  produit  42.000  francs,  avec,  comme  prix  prin- 
cipal, les  b.COO  francs  réalisés  par  une  tapisserie 
de  la  fin  du  xv  siècle,  offrant  des  animaux, 
oiseaux  et  fleurettes  sur  fond  bleu. 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Collection 
J.  Couderc(l"  vente  ;  objets  d'art).  —  Un  des 
doyens  du  monde  des  antiquaires  parisiens, 
M.  JulesCouderc,  poète  à  ses  heures,  ayant  décidé 
de  prendre  sa  retraite,  va  faire  passer  au  feu  des 
enchères  les  objets  d'art,  d'ameublement  et  de 
curiosité,  de  toute  époque  et  de  toute  espèce, 
qui  composent  son  stock  de  marchandises.  La 
première  vente  qui  va  commencer  cette  disper- 
sion, aura  lieu  salle  i,  les  6  et  7  avril,  parle 
ministère  de  M"  Lair-Dubreuil  et  Baudoin,  assis- 
tés de  MM.  Paulmeet  Lasquin. 

Dans  le  catalogue  illustré,  nous  remarquons  : 
une  pendule  en  bronze  ciselé  et  doré,  dite  Au 
Déserteur,  d'époque  Louis  XVI,  et  une  autre,  du 
même  temps,  en  marbre  blanc  et  bronze,  com- 
posée d'une  pyramide  flanquée  de  sphinx  ;  une 
commode  en  marqueterie  de  bois  de  couleurs, 
avec  bronzes,  d'époque  Louis  XVI;  puis,  parmi 
les  dentelles,  une  aube  en  ancien  point  deFrance, 
ép.  Louis  XIV,  à  grands  ramages  ;  enfin,  parmi 
les  tapisseries,  deux  tapisseries  flamandes  du 
xvi»  siècle,  à  nombreux  petits  personnages,  re- 
présentant, l'une,  une  fête  dans  le  parc  d'un 
château,  l'autre,  une  fête  de  village,  toutes  deux 
avec  bordures. 

Collection  William  (tableaux  anciens  et 
modernes).  —  Le  27  avril,  à  la  galerie  Georges 
Petit,  M"'  Lair-Dubreuil  et  Baudoin,  assistés  de 
MM.  Georges  Petit  et  Ferai,  procéderont  à  la 
vente  de  la  Collection  de  M.  Alphonse  William, 
de  Bruxelles,  composée  de  peintures  de  l'école 
de  1830,  dont  un  important  Corot,  les  Bergers 
d'Arcadie,  et  de  quelques  tableaux  anciens. 

A  Amsterdam.  —  Dès  à  présent,  MM.  Fred. 
Muller  et  C",  prennent  date  pour  les  ventes  sui- 
vantes : 

—  Le  29  avril,  vente  de  tableaux  modernes 
provenant  de  diverses  collections. 


—  Du  12  au  Ib  mai,  vente  d'antiquités  et  d'ob- 
jets d'art  européens,  orientaux  et  d'Extrême- 
Orient,  appartenant  à  divers  amateurs. 

—  Les  26  et  27  mai,  vente  de  tableaux  anciens 
comprenant  la  Collection  PeUzer,  de  Cologne,  et 
des  tableaux  de  diverses  provenances,  en  majeure 
partie  de  l'ancienne  école  hollandaise. 

Ces  ventes  fcymeront  l'objet  de  catalogues 
illustrés. 

A  Berlin.  —  Armes.  —  Lne  vente  d'armes 
européennes  et  exotiques,  provenant  de  diverses 
collections,  aura  lieu  à  Berlin,  chez  R.  Lepke,  les 
7  et  8  avril.  Quelques  planches,  jointes  au  cata- 
logue, reproduisent  les  numéros  les  plus  mar- 
quants de  cette  réunion  d'armes  et  de  pièces 
d'armures. 

A  Milan.  —  Collection  Félissent.   —  Les 

experts  Carlo  et  CesareClerici  dirigeront,  à. Milan, 
dans  un  des  salons  du  Palais  Cova,  le  27  avril  et 
les  jours  suivants,  la  vente  du  véritable  musée 
napoléonien,  jusqu'ici  conservé  dans  la  célèbre 
villa  Corner,  près  de  Trévise.  Commencée  par 
le  comte  Jean-.lacques  Gayet  de  Félissent,  capi- 
taine dechasseurs  dans  la  Grande  Armée,  etconti- 
nuéeparson  petit-fils, cette  collection  comprend, 
d'une  part,  des  séries  numismatiques,  de  l'autre, 
des  estampes,  autographes,  livres,  enfin  des 
curiosités  historiques  et  des  objets  d'art,  le  tout 
se  rapportant  à  Napoléon  I"''  et  à  son  temps. 
(Catalogue  illustré.) 

M.  N. 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


IV"  Salon  de  la  Société  des  Dessinateurs- 
Humoristes  (galerie  La  Boétie).  —  C'est  un 
aimable  divertissement  de  véritables  dessina- 
teurs, et  qui  contient  un  chef-d'œuvre,  une  page 
d'actualité  politique  à  qui  l'art  prête  un  peu  de 
son  éternité  :  l'Abîme,  de  Willette;  avec  sa  nudité 
tragique  et  les  raccourcis  épais  de  ses  membres 
raidis,  la  République,  qui  glisse  au  gouffre  sous 
les  coups  des  sacs  d'or  et  des  pots  de  vin  brandis 
sur  sa  coiffe  phrygienne,  évoque  le  réalisme  élo- 
quent de  la  Hue  Transnonain...  C'est  une  haute 
leçon  donnée  par  l'humour  ;  et  Willette,  ici,  n'est 
pas  le  seul  héritier  de  notre  Daumier  :  voici 
F'orain.  qui  connaît  l'envers  du  théâtre  aussi 
bien  que  la  tragi-comédie  des  tribunaux  ;  Stein- 
len, ami  compatissant  de  la  Bouquetière  gogue- 


ANCIEN   ET    MODERNE 


Hl 


|t 


m' 


narde  ou  des  pitoyables  lavandières  ;  Dethomas, 
cruel  observateur  de  Vavara  meretrix  ;  Hobert 
Noir,  ami  moins  connu  de  la  misère  ;  Bernard 
Naudin,  confident  des  gueux,  plutôt  hanté  d'Hol- 
bein  ou  de  Goya.  L'optimisme  apaisant  du  sourire 
s'est  réfugié  dans  une  vaporeuse  eau-forte,  duo 
d'amour  printanier  que  Maurice  N'eumont,  peut- 
t'tre  en  musical  souvenir  de  Louise,  intitule  Mont- 
martre. On  songe  à  l'Alsace  de  jadis  en  regardant 
l'Alsace  d'aujourd'hui,  décrite  par  le  crayon 
coloré  de  Hansi.  Depuis  Chéret  jusqu'à  Drésa, 
c'est  le  XVIII"  siècle  qui  se  réveille  et  qui  voudrait 
pposer  sa  grdce  malicieuse  à  la  fantaisie  plus 
ou  moins  romantique  ou  romanesque  de  Louis 
Morin,  de  Léandre  et  d'Abel  Truchet.  Le  talent 
surabonde  ici  comme  ailleurs  ;  et  les  petites 
femmes  entravées  par  Carlègle  apprendront  à 
l'avenir  étonné  la  tyrannie  de  la  mode. 


^P  Société  des  Peintres  de  montagne  (au 
Cercle  de  la  Librairie).  —  »  Pour  la  patrie,  par 
la  montagne  »,  cette  dix-seplièrae  exposition 
d'une  Société  de  plus  en  plus  discrètement  fidèle 

Pi  sa  flère  devise  n'apporte  aucune  révélation  ; 
mais,  ici  plus  qu'ailleurs,  la  palette  de  M.  Joseph 
Communal  ressemble  aux  écrins  d'un  lapidaire, 
et  l'anneau  de  saphir  qui  sertit  son  Lac  du  Bour- 
get,  vu  de  la  Serra:,  apparaît  magique.  Atmo- 
sphère plus  trouble,  les  crépuscules  nuageux  de 
M.  Lévy-Dhurmer  font  songer  aux  décors  wagné- 
riens.  M.  Nozal  peint  les  glaciers  bleus  et  la  lune 
de  soufre  au  ciel  mauve,  qu'Obermann  a  vu 
«  monter  au-dessus  du  Velan  ».  Fidèle  à  sa  devise 
britannique,  M.  Iwill  se  dislingue  toujours  à  côté 
.  de  M.M.  Gharreton,  Cachoud,  l'ierre  Waidmann, 
Lemaître  et  Noirot.  Les  bruyères  continuent  de 
nommer  M.  Didier-Pouget,  comme  les  peupliers 
annoncent  l'eau.  L'aquarelle  réclame  une  magis- 
trale petite  Vue  d'Assise,  de  M.  Pierre  Vignal,  et 
^■les  notes  neigeuses  de  M.  Schrader  ;  la  gravure, 
^^  les  «  estampes  décoratives  »  et  curieusement 
auvergnates  de  M,  Maurice  Basset,  les  eaux-fortes 
de  M.  Etienne  de  Martenne  et  les  essais  de  «  gra- 
vure au  marteau  »  de  M.  Edouard  Monod- 
Herzen  (I).  A  côté  des  études  de  Jacques  Huch 
et  des  synthèses  de  Gabriel  Loppé,  la  section 
rétrospective  nous  rappelle,  toujours  discrète- 
ment, que  notre  ancien  condisciple  Henri  Havet 
(1862-191.3)  aimait  à  prendre  le  rude  chemin  des 
Alpes  pour  aller  admirer  le  Soir  au  Forum. 

(1)  Voir,  dans  la  Gazelle  des  Beaux-Arts  de  mars 
1914,  l'étude  écrite  par  l'artiste  sur  cette  technique 
nouvelle. 


Les  Peintres  de  neige  (galerie  A. -M.  Reitlin- 
ger)  et  Groupes  divers.  —  Puisque  le  paysage, 
entre  tous  les  arts,  est  «  l'homme  qui  s'ajoute  à 
la  nature  »,  ce  n'est  pas  une  fâcheuse  idée  de 
confronter  les  peintres  d'un  genre  ;  et,  dans  la 
mystérieuse  monotonie  du  thème,  les  variations 
exécutées  par  chacun  d'eux  sur  la  blancheur 
irisée  de  la  neige  nous  auront  permis  de  mieux 
sentir  l'accent  magistral  du  peintre-graveur  gan- 
tois, M.  Albert  Baertsoen,  et  de  ses  grandes  aqua- 
tintes, la  saveur  originale  de  M.  Gustave  Pierre, 
un  élève  de  Gustave  Moreau  retiré  dans  sa  pro- 
vince, mais  remarqué  dans  la  cohue  de  nos 
Salons  parisiens,  la  belle  pAte  de  MM.  Henry 
Gassiers  et  Victor  Gharreton,  les  humides  atmo- 
sphères de  MM.  Lebourg  et  Luigini,  la  Hollande 
de  M.  Gorter,  le  Tyrol  de  M.  Lachman,  le  Canada 
de  M.  Clarence  Gagnon,  l'Auvergne  de  M.  de  Ter- 
likowsky,  l'Espagne  de  M.  Gaston  Balande,  qui 
trouve  Avila  sous  un  lourd  linceul  que  n'avait 
pu  voir  M.  Chartes  Cottet  ;  et  la  neige  nous  fait 
déplorer  l'absence  de  M.  Berson. 

Signalons  seulement  plusieurs  groupes  nou- 
veaux :  chez  Manoury,  rue  Boissy-d'Aiiglas,  les 
Rémois,  où  nous  avons  plaisir  à  reti-ouver  M.  Gus- 
tave Pierre,  à  côté  de  M.  Paul  Bocquet;  chez 
Guérault,  rue  Roquépine,  les  Bretons,  sauf 
M.  Pierre  Bertrand,  qui  s'est  volontairement 
isolé  chez  Devambez  ;  chez  Marcel  Bernheim,  rue 
Caumartin,  le  premier  «  Salon  international  de 
la  gravure  originale  en  noir  et  en  couleurs  »,  qui 
nous  répète  les  mérites  variés  de  M™«  Hopkins 
et  de  M.M.  Paul-Émile  Colin,  Gobo,  Gagnon,  Le 
Petit,  Achener  et  Roger  Grillon.  Les  peintres- 
graveurs  se  rassemblent  à  la  galerie  Levesque  ; 
les  dessinateurs,  à  la  galerie  Grandhomme  ;  les 
décorateurs,  à  la  galerie  Groult.  Après  les  Peintres 
de  Versailles  et  les  Intimistes,  où  se  distinguaient 
les  jolies  aquarelles  de  M.  Ernest  Herscher,  la 
nouvelle  galerie  Hessèle  accueille,  rue  Balzac, 
les  Peintres  de  nu,  dont  nous  reparlerons  très 
prochainement. 

L'art  ne  chôme  pas  et,  pour  suppléer  aux 
bourgeons  tardifs,  le  paysage  abonde  ;  mais  qui 
ne  sut  se  borner  ne  sut  jamais  faire  de  critique: 
il  faut  résolument  choisir  et  se  contenter  de 
retenir,  parmi  trop  de  paysagistes,  «  les  trois 
mois  à  Séville  »  que  nous  raconte,  chez  Allard, 
au  milieu  des  bosquets  fleuris  d'amaranthes, 
l'entrain  de  M.  Georges  Berges  et  «  le  voyage  en 
Flandre  et  en  Picardie  »  que  nous  propose,  chez 
Georges  Petit,  dans  la  pâleur  des  ciels  pluvieux, 
la  gravité  de  M.  Michel  Cazin,  sans  oublier  l'aride 


112 


LE   BULLETIN   DE   L'ART 


splendeur  de  la  Provence  hardiment  disséquée, 
chez  Paul  Mosenberg,  par  l'âpreté  de  M.  René 
Seyssaud...  Au  demeurant,  n'est-ce  pas  en  art, 
en  peinture  surtout,  que  le  philosophe  Scho- 
penhauer  aurait  eu  bien  raison  d'assigner  des 
limites  à  notre  capacité  de  sentir'? 

Études  de  ciels,  par  Louis  Braquaval  (gale- 
rie Chaîne  et  Simonson).  —  Entre  tant  d'expo- 
sitions particulières,  il  faut  remarquer  ces  très 
fines  études  d'atmosphère  et  d'espace,  exécutées 
par  un  ami  du  ciel  sur  la  baie  de  la  Somme. 
Après  Turner  et  Delacroix,  en  même  temps  que 
Whistier  et  Jongkind,  Eugène  Boudin  s'était  déjà 
fait  le  conlident  de  ces  heures  pâles  et  de  ces 
nuages  dans  de  simples  notes  que  célébrait 
Baudelaire  au  Salon  de  1859  ;  et  c'est  Boudin, 
surtout,  que  rappelle  la  délicatesse  de  M.  Bra- 
quaval, avec  autant  de  précision,  mais  avec  moins 
d'enveloppe  dans  la  gamme  des  gris  nacrés. 

Raymond  Bouyer. 

LES     REVUES 


France 


Les  Arts  (mars).  —  Gabriel  Moukey.  Trois  pasto- 
rales de  Boucher.  —  Elles  font  partie  de  la  collection 
Demotte. 

—  Achille  Seoard.  Fresques  inédites  de  l'tivis  de 
C/iavannes.  —  Elles  datent  de  1835  et  ont  été  exécutées 
pour  la  maison  de  campagne  du  frère  de  l'artiste,  à 
Cuiseaux  (Saône-et-Loire).  Les  Quatre  Saisons,  avec 
un  panneau  central,  le  Retour  de  l'enfant  prodigue, 
décorent  la  salle  à  manger;  il  y  a  également  quatre 
dessus  de  portes,  un  Clirist  aux  outrages,  daté  de  1858, 
et  enfin  une  série  de  décorations  extérieures  sur  les 
murs  des  écuries,  représentant  des  personnages  et 
des  animaux. 

—  Charles  Saunier.  Un  Revenant  :  Julien  Le  Blant. 

—  A  propos  des  envois  de  cet  artiste  à.  la  dernière 
exposition  des  Aquarellistes  :  l'ancien  peintre  militaire 
a  trouvé  une  voie  nouvelle  dans  les  représentations 
de  marchés  et  de  paysages  corréziens. 

—  E.  Ciiahtkaire.  L'Autel  de  Notre-Dame  de  Beth- 
léem, à  Ferrières-en-Gdtinais.  —  Sculptures  de  Gilles 
Guérin,  né  en  1606,  exécutées  en  1650. 

—  Maurice  Hamel.  Camille  l'issarro,  exposition 
rétrospective  de  ses  œuvres. 

Allemagne 

DieKun8t(février).  —  J.-A.Uerinuer.  H.  A.  Biihler. 

—  Peintre,  né  en  1877;  art  symbolique,  monumental. 


très  allemand;  nombreuses  reproductions;  le  Pro- 
méthée  est  une  composition  singulière,  mais  inté- 
ressante. 

—  M.  K.  Roue.  Le  Salon  d'hiver  de  la  Sécession  de 
Munich. 

—  II.  Pai.lmans.  Fritz  Sckwarlz.  —  Notice  nécro- 
logique ;  Fritz  Schwartz  était  le  rédacteur  en  chef  de 
la  Kunst  et  le  directeur  de  la  maison  Bruckmann,  de 
Munich. 

—  A.  Castell.  E.-A.  Bourdelle.  —  Aperçu  général 
de  l'œuvre.  L'auteur  apprécie  surtout  les  sculptures 
du  Théâtre  des  Champs-Elysées,  «  la  seule  œuvre 
architecturale  de  la  sculpture  française  moderne  ». 

—  Deux  acquisitions  pour  des  musées. —  Le  Concert 
d'enfants  de  A.  Keuerbach,  acheté  185.000  marks  pour 
le  Musée  de  Hanovre,  et  le  fameux  Hugo  van  der 
Goes,  de  Monforte,  acheté  pour  le  musée  de  Berlin. 

—  R.  Braunoaht.  «  La  Lutte  des  Éléments  »,  par 
R.  M.  Eichler.  —  Fresque  exécutée  dans  le  bâtiment 
de  la  Compagnie  de  Réassurances,  de  Munich.  Repro- 
ductions de  l'ensemble  et  des  détails  de  la  composi- 
tion. 

—  II.  E.  Wallsee.  Alfred  Lichtwark.  —  Notice 
nécrologique  sur  le  décorateur  du  Musée  de  Ham- 
bourg. 

—  P.  ScHOMANN.  Deux  nouvelles  muvres  du  sculp- 
teur Max  Klinyer. 

—  II.  Kaiser.  Le  Nouvel  hélel  de  ville  de  Hanovre. 

—  Construit  par  l'architecte  Halmbuber;  peintures 
décoratives  par  Ilerler  et  Engeler;  sculptures  par 
Bredow  et  autres. 

—  G.  Amma.n.n.  Nouveaux  jardins. 

—  P.  Westheim.  Franziska  Bruch  et  son  école  de 
décoration  florale,  à  Berlin. 

(Mars).  —  H.  Fietz  :  Oskar  Laske.  —  Étude  d'en- 
semble sur  l'œuvre  de  cet  humoriste  original,  qui 
excelle  à  peindre  la  foule  individualisée. 

—  F.  E.  Washrurn  Frelnd.  .Aquafortistes  anglais. 

—  Muirhead  Bone,  J.  Penuel,Cameron.  MacLaughIan, 
Brangwvo,  etc. 

—  G.  i.  WoLF.  Anselm   Feuerbach  et  notre  temps. 

—  Ce  qui,  de  nos  jours,  plaît  le  mieux  dans  l'œuvre 
de  Feuerbach,  ce  sont  les  études,  les  tableaux  peints 
dans  les  intervalles  des  grandes  machines,  bien  plus 
que  ces  machines  elles-mêmes. 

—  La  Collection  A.  0.  Meyer.  —  Romantiques 
allemands. 

—  SciiMinr.  Maisons  construites  par  F.  Krilger.  — 
A  Cologne. 

—  Travaux  de  H.  Schmilhals.  —  Tapis. 

—  W.  FoiTzicK.  Faïences  et  majoliques  de  la 
fabrique  von  Debschitz,  à  Munich.  —  G.  Hl'BT. 


Le  Gérant  :  H.  Dinis. 


Paris.  —  Imp.  Georges  Petit,  \î,  rue  Godot-de-M«uroi. 


Numéro  620 


1/^ 
Samedi  11  Avril  1914. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


ANCIEN    ET    MODERNE 


L'Institut 
et  la  Ville  de  Paris 


A  diverses  reprises,  il  a  été  question,  dans  ce 
Bulletin,  du  prolongement  de  la  rue  de  Rennes 
et  des  travaux  qui  doivent  en  être  la  consé- 
quence :  percement  de  voies  nouvelles,  recon- 
struction partielle  de  l'Institut,  pont  sur  la  Seine, 
etc.  (1);  il  y  a  huit  jours  encore,  le  compte  rendu 
de  la  séance  plénière  de  l'Institut  était  presque 
entièrement  consacré  aux  difficultés  survenues 
à  ce  propos  entre  les  administrateurs  du  Palais 
Mazarin  et  la  Ville  de  Paris  M.  Alexandre  Ribot 
ayant  porté  l'afTaire  à  la  tribune  du  Sénat,  le 
2  avril,  sous  forme  d'une  question  adressée  au 
ministre  de  l'Instruction  publique,  il  n'est  pas 
sans  intérêt  de  mettre,  une  fois  de  plus,  le 
public  en  présence  des  faits  de  la  cause. 

l'n  projet  d'Haussmann,  qui  date  de  1866,  a 
dit  en  substance  M.  Ribot,  a  été  repris,  il  y  a 
quelques  années,  par  la  Ville  de  Paris  :  il  com- 
prend essentiellement  une  voie  qui  doit  partir 
de  la  place  Saint-Germain-des-Prés  pour  aboutir 
à  la  Seine,  au  quai  Conli,  près  de  la  Monnaie; 
sur  cette  voie  doit  s'embrancher,  à  peu  près  à  la 
hauteur  de  la  rue  des  Beaux-Arts,  une  autre  voie 
qui  atteindra  le  quai  Malaquais,  entre  le  palais 
de  l'Institut  et  la  rue  Bonaparte,  On  se  rappelle 
que  la  première  de  ces  deux  voies  devait  se 
continuer  par  un  pont  biais,  entre  la  Cité  et  le 
pont  des  Arts  ;  les  protestations  qui  se  sont 
élevées  contre  ce  projet  néfaste  l'ont  fait  aban- 
donner; on  propose  maintenant  de  transformer 
le  pont  des  Arts  en  un  pont  carrossable. 

l,a  voie  aboutissant  au  quai  Conti  traverserai 
partie  des  bâtiments  de  l'Institut  où  se  trouvent  la 
salle  des  séances,  les  salles  de  commission  et  la 
bibliothèque.  L'Institut  ne  fait  pas  d'opposition 
à  ce  bouleversement;  il  accepte  le  projet  d'Hauss- 


I 


(1)  Voir,  en  particulier,  le  n°  596  du  liullelin. 


mann,  d'après  lequel  le  palais  doit  être  recon- 
struit derrière  sa  façade  actuelle  et  bordé  par 
les  deux  rues  qui  aboutiront  l'une  au  quai  Conti, 
l'autre  au  quai  Malaquais;  il  l'accepte  surtout 
parce  qu'il  y  trouve  un  accroissement  de  surface, 
cette  transformation  lui  donnant  H.900  mètres 
carrés  couverts,  au  lieu  des  8.600  qu'il  occupe 
actuellement. 

Mais  la  Ville  de  Paris,  elle,  n'accepte  plus  le 
projet  d'Haussmann  dans  son  intégralité,  et  voici 
pourquoi  :  ayant  prévu  trente-huit  millions  pour 
prolonger  la  rue  de  Rennes  et  bâtir  un  pont, 
elle  se  rend  compte  que  cette  somme  est  insuf- 
fisante et  voudrait  combler  une  partie  de  son 
déficit  en  rognant  sur  les  terrains  attribués  à 
l'Institut.  Celui-ci  a  protesté  avec  énergie  et  s'est 
adressé  à  l'État,  propriétaire  du  Palais  Mazarin. 
Le  Conseil  municipal  a  répondu  alors  par  une 
illégalité  ;  il  s'est  constitué  en  comité  secret  et 
il  a  décidé  que  les  travaux  de  piolongement  de 
la  rue  de  Rennes  seraient  entrepris  immédia- 
tement jusqu'à  la  rue  des  Beaux-Arts,  c'est- 
à-dire  jusqu'au  point  d'où  partiront  les  deux 
voies  nouvelles  aboutissant  aux  quais.  Sans 
doute,  espérait-il  ainsi  mettre  l'Institut  devant 
le  fait  accompli  et  lui  forcer  la  main  ;  mais  l'In- 
stitut n'est  pas  d'humeur  à  se  laisser  jouer,  et 
le  Conseil  municipal  a  dû  le  comprendre  en 
lisant  le  discours  très  mesuré,  mais  très  ferme, 
prononcé  par  M.  Ribot  à  la  tribune  du  Sénat. 

M.  Ribot  a  demandé  au  ministre  :  que  rien  ne 
soit  fait  ni  autorisé  en  dehors  des  termes  du 
décret  de  1866,  tant  que  ce  décret  n'aura  pas 
été  modifié;  que  ce  décret  soit  précédé  d'un 
accord  financier  entre  l'État  et  la  Ville;  enfin 
que  l'Institut  et  ses  représentants  ne  soient  pas 
laissés  seuls  en  face  de  la  Ville  de  Paris,  et  que 
l'Etat  prenne  en  mains  l'affaire,  comme  il  est  de 
son  devoir.  Tout  en  faisant  ses  réserves  sur  la 
seconde  demande,  le  ministre  a  très  nettement 
donné  aux  deux  autres  la  réponse  favorable 
qu'on  attendait  de  lui. 

«  Que  l'Institut  tienne  bon,  écrivait  l'autre  jour 


m 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


M.  André  Hallays,  et  le  ministre  fera  comprendre 
à  la  Ville  la  folie  d'entreprendre  aujourd'hui  un 
travail  qu'elle  ne  pourra  peut-être  pas  achever, 
faute  de  ressources.  Si,  pour  la  bonne  règle 
électorale,  il  est  indispensable  que  ce  quartier 
soit  bouleversé  comme  les  autres  quartiers  de 
Paris,  on  pourrait  s'en  tenir  à  l'élargissement 
de  la  rue  Bonaparte  entre  Saint-Germain-des- 
J*rés  et  le  quai  Malaquais.  Ce  ne  serait  peut-être 
pas  beaucoup  plus  utile,  mais  ce  serait  moins 
cher  et  moins  désastreux.  Voici  douze  ans  que 
nous  ne  cessons  de  recommander  cette  solutiori- 
là.  Il  n'est  pas  encore  trop  tard  pour  y  revenir.  » 

É.  I). 


ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie  des  beaux-arts  (séance  du  4  avril). 

—  Le  président  annonce  à  ses  confrères  le  décès  de 
Sir  Hubert  Ilerkomer,  de  Londres,  associé  étranger 
de  l'Académie  des  beaux-arts  depuis  1896. 

—  La  Compagnie  commence  l'étude  des  amélio- 
rations à  apporter  dans  l'aménagement  du  musée  de 
la  fondation  de  Gaen,  annexe  de  l'Institut. 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 

—  M.  Héron  de  Villelosse  signale  une  inscription 
latine  découverte  à  Thibiuca,  dans  la  vallée  de  la 
Medjerda,  par  M.  Fleury  du  Sert,  maire  de  Tebourba 
(Tunisie). 

—  M.  Paul  Monceaux  donne  lecture  d'une  note  de 
M.  Carcopino,  professeur  à  l'Université  d'Alger,  direc- 
teur du  musée  des  Antiquités  algériennes,  sur  une 
mosa'ique  tombale  découverte  à  Tipasa  (Algérie)  dans 
la  basilique  dite  d'Alexandre,  par  l'abbé  Dubosq  :  cette 
mosa'ique  nous  fait  connaître  le  nom  d'un  certain, 
Renatus,  évêque  de  Tipasa  au  iv  siècle. 

—  M.  Homo,  ancien  membre  de  l'École  française 
de  Rouie,  donne  lecture  d'une  étude  sur  les  maisons 
de  rapport  et  la  crise  des  loyers  dans  la  Home  impé- 
riale. 

Société  nationale  des  antiquaires  de  France 

(séance  du  2.'i  mors)  —  M.  Maurice  Roy  continue  sa 
communication  sur  les  travaux  elfeclués  par  Philibert 
Uelorme  au  château  de  Fontainebleau  pendant  les 
années  15.'H-1S59,  comprenant  la  reconstruction  de  la 
partie  entre  la  chapelle  de  la  Trinité  et  le  pavillon 
des  Poêles.  Le  dernier  ouvrage  parait  avoir  été  l'amé- 
nagement de  la  salle  de  l'armurier  du  roi. 

—  M.  V.  Chapot  étudie  un  bas-relief  de  Terraci^c, 
publié  par  La  Blanchère,  et  représentant  un  vaisseau 
avec  une  inscription  dont  il  détermine  le  sens. 

—  M.  le  commandant  Lefèvre  des  Noc'ttes  étudie 
les  casques  à  nasal  et  prouve,  à  l'aide  de  documents  < 


tirés  des  manuscrits  à  miniatures  des  xv  xi'  et 
XII*  siècles,  que  ce  n'est  qu'à  partir  de  cette  dernière 
époque  que  ce  genre  de  casque  a  été  porté  d'une  façon 
à  peu  près  générale.  Il  persista  jusqu'à  la  seconde 
moitié  du  xnr  siècle. 

—  M.  Paul  Monceaux  communique  des  sceaux 
chrétiens,  découverts  à  Carthage  par  le  R.  P.  Delattre. 

(Séance  du  1"  avril).  —  MM.  Prou  et  Blanchet  font 
une  communication  relative  à  des  inscriptions  latines 
dont  la  copie  est  conservée  dans  la  correspondance 
de  Mabillon. 

—  M.  le  comte  de  Loisne  signale  un  intéressant 
manuscrit  du  xv  siècle;  c'est  un  bréviaire  à  l'usage 
de  Thérouanne,  qui  a  été  exécuté  pour  Henri  de  Lor- 
raine, évêque  de  Thérouanne  de  1456  à  1485 

—  M.  l'abbé  Corbière  lit  une  note  relative  à  une 
attestation  authentiquant  un  sceau  en  1371. 

Société  d'encouragement  à  l'art  et  à  l'indus- 
trie. —  Le  jury  de  la  Société  vient  d'attribuer  ses 
primes  d'encouragement  à  des  artistes  ayant  exposé 
au  9*  Salon  de  la  Société  des  artistes  décorateurs.  Les 
concurrents  devaient  être  Français  et  avoir  exposé 
«un  objet  d'usage  pratique,  un  ensemble  de  mobilier 
et  de  décoration  intérieure,  ou  un  projet  d'architec- 
ture extérieure  ». 

Voici  la  liste  des  lauréats  : 

1"  prime  de  300  francs  et  une  plaquette  d'argent  : 
M.  Laurent  Malclès  (serrurerie  décorative  en  bronze 
ciselé)  ; 

2*  prime  de  200  francs  et  une  plaquette  de  bronze  ; 
M.  Jules  Coudyser  (série  de  tissus  et  stores); 

3*  prime  de  200  francs  et  une  plaquette  de  bronze  : 
M.  Louis-Philippe  Sézille,  architecte  (maquette  d'une 
maison  de  campagne  et  de  jardins); 

4"  prime  de  200  francs  (don  de  MM.  Isidore  Leroy 
et  Paul  Parquet)  et  une  plaquette  de  bronze:  M.  André 
Mare  (ensemble  de  mobilier); 

5*  prime  de  100  francs  (fondation  de  M.  James  H. 
Hyde)  et  une  plaquette  de  bronze  :  M.  Etienne  Ave- 
nard  (faïences  décorées); 

6*  prime  de  100  francs  (don  de  M.  G. -Roger  Sandoz) 
et  une  plaquette  de  bronze  ;  M.  Loys  Brachet,  archi- 
tecte (projet  de  villa  démontable)  ; 

■7*  prime  de  100  francs  (don  de  M.  Pierre  Laguionie) 
et  une  plaquette  de  bronze  :  M.  Emile  Bernaux,  sculp- 
teur (meubles  de  salle  à  manger); 

8"  prime  de  100  francs  (don  de  M.  Fcnaille)  et  une 
plaquette  de  bronze  :  M.  Raoul  Lachenal  (grès  décorés 
grand  feu)  ; 

9*  prime  de  100  francs  (don  de*M.  Fernand  George) 
et  une  plaquette  de  bronze  :  M.  Auguste- Henri 
Thomas   (modèles  de   tissus)  ; 

10*  prime  de  100  francs  et  une  plaquette  de  bronze  : 
M.  Maurice  Quénioux  (ctolfes.  velours  et  soieries); 

11*  prime  de  50  francs  et  une  plaquette  de  bronze  : 
M"*  Colette  Myrtille  (broderies). 

Une  plaque    de   bronze   a   été  attribuée,    comme 


ANCIEN    ET    MODERNE 


H5 


récompense  spéciale,  à  M.  François  Decorcheniont, 
pour  ses  pâtes  de  verre,  et  un  rappel  de  plaquette 
d'honneur  en  vermeil  a  été,  en  outre,  voté  en  laveur 
de  M.  Emile  Gagnant,  éditeur  de  serrurerie  d'art. 

Musées  nationaux.  —  M.  Cormon,  membre  de 
l'Institut,  a  offert  à  l'État,  pour  le  musée  du  Lu.Kcm- 
bourg  ou  celui  de  Versailles,  le  portrait  de  l'aiil 
Déroiilède  prononçant  son  discours  «  Champigny, 
qu'il  exposa  au  Salon  de  l'année  dernière.  Le  Conseil 
des  musées  a  accepté  le  don  du  tuaitre. 

Musée  du  Louvre.  —  Dans  sa  dernière  séance,  le 
Conseil  des  musées  nationaux  a  adopté  un  projet 
relatif  à  la  réorganisation  des  ateliers  de  moulage  et 
de  chalcographie  du  Louvre. 

Le  Conseil,  désireux  de  développer  la  production 
de  ces  ateliers,  a  voté  en  leur  faveur  une  augmen- 
tation de  crédit  de  20.000  francs,  qui  sera  fournie  par 
la  caisse  autonome  des  Musées  nationaux.  Dès  à  pré- 
sent, la  direction  s'occupe  de  recruter  des  ouvriers 
mouleurs  à  bon  creux,  praticiens  expérimentés  et 
sûrs,  pour  rénover  les  procédés  d'exécution.  Le  con- 
seil escompte  un  notable  accroissement  de  recettes, 
en  même  temps  qu'un  regain  d'activité  qui  permettra 
au  Louvre  de  participer  en  de  bonnes  conditions  à  la 
vulgarisation  des  chefs-d'œuvre  qu'il  possède. 

École  du  Louvre.  —  M.  Marquet  de  Vasselot, 
conservateur-adjoint  au  musée  du  Louvre,  fera  après 
Pâques  quelques  conférences  sur  les  arts  du  métal,  le 
lundi  à  2  h.  t/2,  dans  les  salles  du  musée.  La  première 
leçon  aura  lieu  le  lundi  20  avril. 

Les  Œuvres  d'art  de  la  ville  de  Paris.  —  Dans 
une  de  ses  dernières  séances,  le  Conseil  municipal  de 
Paris  a  adopté  plusieurs  propositions  tendant  à 
l'acquisition  de  diverses  œuvres  d'art;  à  la  partici- 
pation financière,  pour  une  somme  de  S. 000  francs,  à 
l'exposition  rétrospective  du  paysage  français  de  Pous- 
sin à  Corot,  prévue  pour  le  printemps  de  1915,  au 
Petit  Palais;  à  l'ouverture  d'un  crédit  de  40.000  francs 
pour  l'aménagement  des  collections  de  dessins  et 
gravures  léguées  par  Dutuit  au  Petit-Palais;  à  l'ouver- 
ture d'un  crédit  de  13.000  francs  pour  les  travaux  de 
réfection  du  musée  Carnavalet. 

La  Caisse  des  monuments  historiques  et  l'Of- 
fice  des   monuments   non   classés.   —  Dans  sa 

séance  du  2  avril,  la  Chambre  n  adopté  : 

1°  Le  projet  de  loi,  précédemment  voté  par  la 
Chambre,  sur  le  rapport  de  M.  Théodore  lieinach,  et 
adopté  avec  modifications  par  le  Sénat,  tendant  à  la 
création  d'une  Caisse  des  monuments  historiques  et 
préhistoriques  ; 

2°  L'ne  proposition  de  loi  de  M.  Georges  Lejgues  et 
plusieurs  de  ses  collègues,  portant  création,  au  minis- 
tère de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts,  d'un 
Ollice  des  monuments  ayant  un  caractère  esthétique 
ou  historique,  non  classés  par  les  lois  du  30  mars  1887 
et  du  31  décembre  1913. 


Nous  publierons  prochainement  le  texte  de  ces 
deux  lois. 

L'Armure  de  Philippe  II.  —  Le  Sénat,  dans  sa 
séance  du  2  avril,  a  voté  le  projet  de  loi,  déjà  adopté 
par  la  Chambre  (voir  n"  617  du  HuUelin\  «  autorisant 
le  ministre  des  Affaires  étrangères  à  offrir  au  gouver- 
nement espagnol  le  chanfrein  de  l'armure  de  Phi- 
lippe II  ». 

Mais  alors  que  la  Chambre  avait  adopté  cette  loi 
en  cinq  minutes  et  sans  discussion,  le  Sénat  a  entendu 
une  vigoureuse  protestation  de  M.  Dominique  Dela- 
haye,  qui  s'est  élevé  contre  cette  aliénation  regret- 
table, et  a  proposé  d'envoyer  àl'Armeria  Real,  non  les 
pièces  originales,  mais  la  reproduction  par  la  gal- 
vanoplastie du  chanfrein  et  de  ses  accessoires.  Le 
ministre,  dans  sa  réponse,  a  donné  quelques  explica- 
tions pour  bien  mettre  en  évidence  qu'il  ne  s'agissait 
plus,  comme  il  en  avait  été  question  tout  d'abord, 
d'un  dépôt  des  pièces  d'armure  dans  un  musée  étran- 
ger, mais  d'une  véritable  aliénation  faite  par  le  Par- 
lement, «  qui  a  qualité  pour  porter  atteinte  aux  lois 
précédentes  et  pour  prendre  ses  responsabilités  ». 

Voilà  dit  le  dernier  mot  sur  cet  «  acte  de  courtoi- 
sie »  que  nous  serions  heureux,  pour  parler  comme 
M.  Viviani,  «  d'accomplir  vis-à-vis  de  la  noble  et 
chevaleresque  nation  espagnole  »,  si  nous  ne  persis- 
tions à  le  considérer  comme  le  plus  regrettable  des 
précédents. 

Concours  pour  lareconstruction  de  la  Chambre 
de  commerce  de  Paris.  —  Le  registre  des  inscrip- 
tions pour  le  concours  ouvert  entre  tous  les  architectes 
français  par  la  Chambre  de  commerce  de  Paris,  2,  place 
de  la  Bourse,  sera  clos  le  1"  juin  prochain. 

Les  projets  doivent  être  déposés  du  mardi  9  juin  au 
samedi  13  juin,  dans  un  local  qui  sera  indiqué  ulté- 
rieurement. 

Le  jugement  sera  rendu  le  mardi  7  juillet  au 
plus  tard.  Il  y  aura  une  exposition  publique  après  le 
jugement. 

Les  primes  suivantes  pourront  être  allouées  : 

1°  une  prime  de  30.000  fr.;  2°  une  prime  de  20.000  fr.; 
3°  une  prime  de  15.000  fr  ;  4°  une  prime  de  10.000  fr  ; 
5°  cinq  primes  de  5.000  fr. 

Expositions  annoncées.  —  Le  vernissage  du 
Salon  de  la  Société  nationale  des  beaux-arts  aura 
lieu  le  dimanche  12  avril  ;  ouverture  au  public,  le 
lundi  13. 

—  Du  20  avril  au  3  mai,  à  la  galerie  Edmond  Sagot, 
39  bis,  rue  de  Chateaudun,  exposition  de  nouvelles 
peintures  et  gravures  d'Auguste  Lepère. 

A  Montpellier.  —  L'administration  des  Beaux- 
Arts  vient  d'introduire  une  instance  de  classement  en 
faveur  de  la  célèbre  promenade  du  Peyrou,  commencée 
en  1689  par  Davilez  et  achevée  eu  178."i  par  Gérai  et 
Dormat. 

A  Athènes.  —  11  y  a  trente  ans,  disparut  de 
l'Acropole   un  fragment  de  plaque  d'argile  décorée 


H6 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


d'un  Héraclès  debout  près  d'un  char  :  l'œuvre  tirait 
la  plus  grande  partie  de  son  intérêt  du  fait  qu'elle 
portait  la  signature  d'un  artiste  connu,  Skjthas.  Le 
Messager  d'Athènes  annonce  qu'elle  vient  d'être 
retrouvée  au  musée  de  Boston,  auquel  un  amateur 
américain  l'avait  offerte,  après  l'avoir  achetée  à  Paris. 
Elle  va  revenir  à  Athènes,  le  musée  de  Boston  en 
ayant  gracieusement  proposé  la  restitution  au  gou- 
vernement hellénique. 

A  Bâle.  —  Le  musée  de  Bâle  vient  de  s'enrichir 
d'une  importante  collection  de  près  de  300  tableaux 
anciens  qui  provient  de  la  succession  de  feu  le  profes- 
seur Bachofen-Burchhardt.  Cette  collection  comprend 
quelques  pièces  de  tout  premier  ordre.  A  côté  de 
plusieurs  Primitifs  allemands  et  d'un  Crucifiement 
de  l'école  d'Avignon,  remarquable  par  la  beauté  de 
son  coloris,  un  Saint  Jéi'ôme  de  Memling,  une  Vierge 
à  l'Enfant  que  l'on  croit  pouvoir  attribuer  à  Quentin 
Metsys,  et  deux  Rubens,  représentent  l'école  flamande. 
Quelques  italiens  des  xv*  et  xvi'  siècles,  entre 
autres  un  Portrait  de  VArétin  par  Sébastien  del 
Piombo,  rivalisent  avec  une  belle  série  de  Hollandais 
du  xvii*  siècle,  parmi  lesquels  un  Rembrandt,  un 
K.  Bol,  un  N.  Maes,  un  van  Goyen,  etc.  Parmi  les 
maîtres  français  du  xviii*  siècle,  on  trouve  un  Liotard 
et  un  Boilly. 

M""  Bachofen-Burchhardt,  qui  a  fait  don  à  la  ville 
de  Bùle  de  la  galerie  de  tableaux  de  son  mari,  la 
conservera  encore  jusqu'à  l'achèvement  du  nouveau 
musée,  dont  la  construction  va  commencer. 

A  Rome.  —  Les  derniers  travaux  exécutés  sous  la 
direction  de  M.  Giacomo  Boni  ont  mis  au  jour,  dans  les 
anciens  Orti  Farnesiani,  les  restes  des  constructions 
que  le  cardinal  Alexandre  Farnèse,  sur  les  plans  de 
Michel-Ange,  fit  élever  au  bas  du  palais  de  Domitien. 


On  a  déjà  dégagé  un  nymphée  de  Torme  absidiale, 
avec  des  décorations  de  stalactites  et  de  mosaïques, 
un  escalier  de.  serpentin  vert  encadré  de  porphyre 
rouge,  la  conduite  d'eau  qui  conduisait  à  la  grande 
vasque.  Les  ruines  Renaissance  avoisinent  ainsi  les 
ruines  romaines.  —  L.  G. 

Nécrologie.  —  On  annonce  la  mort  de  M.  Joseph 
Chatrousse,  architecte  départemental  de  l'Isère,  âgé 
de  66  ans  ;  et  celle  M.  Joseph  Gardel,  statuaire,  père 
de  M.  Georges  Gardet,  le  sculpteur  animalier. 

—  On  annonce  la  mort  à  Nimes,  où  il  était  depuis 
près  de  vingt  ans  directeur  de  l'école  des  beaux-arts 
et  conservateur  du  musée,  du  peintre  Alexis  La  Haye, 
né  à  Paris  en  1850,  élève  de  Pils  et  Carolus-Duran. 
H  exposait  au  Salon,  depuis  1876,  des  paysages  et  des 
portraits.  11  était  membre  correspondant  de  l'Aca- 
démie des  beaux-arts. 

—  Né  en  Bavière,  le  26  mai  1849,  le  peintre  Hubert 
Herkomer,  que  ses  portraits  d'Archibald  Forbes, 
de  Tennyson,  de  Ruskin,  de  Richard  Wagner,  de 
Miss  Catherine  Grant  (la  Dame  en  blanc)  ont  rendu 
célèbre,  est  mort  le  31  mars  dernier  dans  le  De- 
vonshire,  à  Budieigh.  Depuis  l'âge  de  huit  ans,  il 
habitait  l'Angleterre,  oii  son  père,  sculpteur  sur  bois, 
était  venu  s'établir,  après  un  court  séjour  en  Amérique 
et  où  le  jeune  artiste  commença  par  travailler  aux 
peintures  décoratives  du  Kensington  Muséum  à  raison 
d'un  salaire  infime.  Après  avoir  débuté  au  Graphie  et 
signé  divers  tableaux  de  genre,  notamment  le  Der- 
nier appel,  exposé  en  187.';,  il  se  fit  remarquer  par  ses 
portraits,  qui  lui  valurent  une  renommée  considérable. 

11  avait  succédé  à  Ruskin  dans  la  chaire  d'esthétique 
de  l'Université  d'Oxford,  qu'il  occupa  avec  distinction 
pendant  neuf  années.  Il  était  associé  étranger  de 
l'Académie  des  beaux-arts. 


CHRONIQUE    DES    VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —  Vente  de  tableaux.  —  Dans  la 
vente  de  la  Collection  C.  H...,  faite,  salle  12,  par 
M*  Albinet  et  M.  Guillaume,  le  30  mars,  nous 
remarquons  le  prix  de  5.900  fr.,  obtenu  par  le 
Portrait  d'un  ménestrel,  par  Holbein. 

Vente  d'objets  d'art.  —  Une  vente  faite, 
salle  6,  le  31  mars,  par  M<  Lair-Dubreuil,  assisté 
de  MM.  Georges  Petit,  Paulme,  Lasquin  et  Léman, 
a  produit  409.414  francs. 


Dans  la  liste  des  enchères  les  plus  notables 
que  nous  donnons,  on  remarquera  surtout  celles 
obtenues  par  les  deux  mobiliers  en  tapisserie 
qui  étaient  les  deux  numéros  les  plus  impor- 
tants de  celle  vente,  composée  de  tableaux  et 
dessins  anciens  et  modernes  et  d'objels  d'art  et 
d'ameublement,  la  plupart  du  xvui'  siècle,  appar- 
tenant à  divers  amateurs. 

PRINCIPAUX   PRIX 
Tablbadx  modernes.  —  4.   Uiaz.   La  Mare  dans  la 
vallée,  31.000  fr.  (dem.  30.000). 
Dessins  anciens.  —  26.   Fragonard.  Le  Savetier, 


ANCIEN    ET    MODERNE 


m 


dessin  pour  les  Contes  de  La  Fonlaive,  6.500  fr.  (dem. 
7.000).  —  27.  Fontaine  dans  le  parc  d'une  villa  ita- 
lienne, 5.200  fr.  (dem.  2.500). 

Tableaux  anciens.  —  60.  H.  Fragonard.  Troupeau 
fuyant  devant  l'orar/e,  18.000  fr.  (dem.  18.000).  —  64. 
Van  Goyen.  Marine,  14.200  fr.  (dem.  10.000).  —  67. 
Largillière.  Portrait  de  M.  Forcade,  cadre  bois 
sculpté,  ép.  Louis  XV,  4.700  fr. 

OB.IETS  DE  VITRINE.  —  89.  Boltc  oF  guilloctié,  ciselé 
et  émaillé  en  plein,  lilas,  couvercle  orné  sujet  allég., 
fin  ép.  Louis  XV,  4.905  fr.  (dem.  8.000). 

Objets  vakiés.  —  92.  Deux  bouteilles,  anc  porcel. 
Chine,  réserves  sur  fond  bleu  fouetté,  4.900  fr.  (dem. 
1.000). 

Bhonzes.  —  97.  Pendule,  branchages  Heurs  et  fleu- 
rettes, statuette  de  femme  et  animaux,  anc.  porcel' 
Saxe,  ép.  Louis  XV,  6.600  fr.  (dem.  8.000). 

Salons  en  tapisserie.  —  Succession  de  M.  le  Mar- 
quis d'Ivry.  115.  Salon  (canapé  et  huit  fauteuils), 
bois  sculpté,  ép.  Louis  XV,  anc.  tapiss.  à  fleurs  sur 
fond  jaune,  43.000  fr.  (dem  40.000).  —  115  bis.  Salon, 
appartenant  à  M"'  X...  (un  canapé  et  huit  fauteuils), 
tapiss.  du  xviii'  s.,  composit.  à  animaux,  des  fables 
de  La  Fontaine,  bois  sculpté  et  doré,  73.450  fr. 
(dem.  70.000). 

Meubles.  —  120.  Grande  commode  droite,  marquet. 
bois  de  coul.,  médaillons,  etc.,  fin  ép.  Louis  XV, 
7.020  fr.  (dem.  S.fiOO;  rect.).  —  123.  Table-étagère, 
br.  vert,  à  deux  tablettes  ^de  granit  rose,  ép.  Louis  XVI, 
11.000  fr.  (dem.  12.000;  v.  Doucet,  1912,  20.500  fr.). 

Tapisseries,  ETC.  — 130.  Tapiss.  Bruxelles  xvi*  s., 
composit.  à  grands  personnages,  sujet  de  l'histoire 
anc,  bordure  fleurs  et  fruits,  5.900  fr.  (dem.  6.000).  — 
133.  Panneau  tapiss.  flamande,  xvii'  s.,  paysage  avec 
personnages  dansant,  d'après  Téniers,  5.000  fr.  (dem. 
7.000).  —  135.  Tapiss.,  ép.  Régence,  Diane  et  une 
compagne  dans  un  paysage,  bordure  encadrement, 
10.005  fr.  (dem.  12.000).  —  138.  Tapiss.  d'anc.  travail 
oriental,  fond  vert  clair,  fleurs,  lions,  etc.,  5.000  fr. 
(dem.  10.000). 

Collection  Victor  Margueritte  (tableaux). 

—  Cette  vente  qui  devait  être  dirigée,  salle  1,  le 
2  avril,  par  le  ministère  de  M"  Tixier,  assisté 
de  M.  Max  Bine,  n'a  pas  eu  lieu.  Elle  avait  fait 
l'objet  d'un  catalogu'e  illustré  reproduisant  un 
certain  nombre  des  tableaux,  tant  anciens  que 
modernes,  au  nombre  d'environ  soixante,  qui 
composaient  la  collection. 

Vente  de  la  collection  du  Marquis  de 
Traynel  (monnaies  antiques,    objets  d'art). 

—  Faite,  salle  il,  les  2,  3,  et  4  avril,  par  le 
ministère  de  M«  Desvouges,  assisté  de  MM.  Feuar- 
dent  et  Léman,  cette  vente  a  produit  environ 
33.000  francs.  Une  seulf  rnchère  est  à  retenir, 
celle  de  4.900  francs,  jju.a  le  numéro  440,  une 


pièce  d'or  de  Manlia  Scantilla,  avet,  au  revers, 
Junon  debout. 

Ventes  de  tapisseries.  —  Le  4  avril,  dans 
une  vente  anonyme  d'objets  d'art  et  d'ameuble- 
ment, dirigée,  salie  6,  par  M«  Lair-Dubreuil  et 
M.M.  Paulme  et  Lasquin,  une  petite  tapisserie 
d'Aubusson,  d'époque  Louis  XV,  le  Jeu  du  Colin- 
Maillard  a  réalisé  juste  son  prix  de  demande  de 
10.000  francs. 

—  Dans  une  vacation,  également  anonyme, 
qui  a  eu  lieu  le  môme  jour,  par  les  soins  de 
M"  Baudoin  et  de  MM.  Maunheim,  une  tapisserie 
flamande  du  xviii»  siècle,  représentant  des 
paysans  dansant  dans  un  jardin,  a  été  adjugée 
7.360  fr.  Un  meuble  de  salon  couvert  en  tapis- 
serie au  point,  en  partie  du  xvii<:  siècle,  a  réalisé 

b.OOO  fr. 

M.  N. 


EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Éva  Gonzalès.  1852-1883  (galerie  Bernheim 
jeune)  et  Berthe  Morisot,  1841-1895  (galerie 
Manzi).  —  Deux  exquises  «  rétrospectives  >>,  qui 
nous  proposent  parallèlement  une  définition  de 
la  véritable  peinture  féminine  où  s'illustrèrent, 
jadis  ou  naguère,  la  Hosalba,  M""  Vigée-l.e  Brun, 
Marie  BashkirtsefF  :  heureuse  et  discrète  résur- 
rection de  deux  talents  essentiellement  féminins, 
de  deux  sincères  admiratrices  de  ce  Manet  dont 
les  grandes  qualités  ne  nous  cachent  point  les 
petits  défauts,  et  que  nous  avons  conscience 
d'aimer  beaucoup  mieux  que  les  thuriféraires 
intéressés  qui  le  desservent. 

Mortes  prématurément,  l'une,  à  la  fleur  de 
l'iVge,  à  31  ans,  l'autre,  en  pleine  maturité  char- 
mante et  studieuse,  à  84  ans,  Éva  Gonzalès  et 
Berthe  Morisot,  qui  se  ressemblent  par  leur  pen- 
chant pour  l'intimité  doucement  lumineuse  et 
familièrement  élégante,  n'accusent  d'autres  dif- 
férences que  les  nuances  particulières  de  leurs 
dispositions  natives  :  si  la  plus  jeune  a  l'air  d't^fre 
la  plus  âgée,  c'est  que  l'élève  de  Chaplin,  deve- 
nue la  belle-sœur  du  peintre-graveur  Henry 
(luérard,  resta  toujours  plus  appliquée,  sinon 
plus  timide,  devant  la  soudaine  révélation  de  la 
lumière  et  le  paisible  enchantement  de  la  vie  ; 
et  si  la  Parisienne  apparaît  moins  hardie  que  la 
provinciale,  c'est  que  la  brève  carrière  d'Eva 
Gonzalès  ne  lui  permit  pas  de  manifester  toute 


118 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


l'audacieuse  ingénuité  de  ses  dons  :  déjà  patinée 
par  les  ans,  la  Loge  avoue  l'influence,  encore  un 
peu  charbonneuse,  de  l'école  espagnole,  alors 
toute  puissante  sur  les  premières  innovations 
de  M.  Renoir,  de  Whistler  et  de  Manet  ;  mais  la 
Jeune  Femme  à  la  fenêtre,  avec  sa  robe  mauve  et 
son  éventail  rouge  encadré  par  la  verdure,  les 
pastels,  et  surtout  la  Jeune  Fille  en  blanc,  qui 
semble  immatérielle  dans  le  frou-frou  des  frottis 
légers,  font  à  la  mort  trop  tôt  venue  de  cruels 
reproches... 

Née  à  Bourges,  et  d'abord  élève  du  peintre 
lyonnais  Joseph  Guichard,  comme  le  futur  maître 
Bracquemond,  Berthe  Morisot  apparaît,  parmi 
les  plus  modernes  femmes  peintres,  la  Pari- 
sienne accomplie  :  en  vérité,  la  belle-sœur 
d'Edouard  Manet  n'est-elle  pas  la  plus  directe 
héritière  de  notre  xvni"  siècle,  dont  elle  a  retrouvé 
la  fantaisie  vivante  dans  la  nouveauté  du  plein 
air?  Et  l'impressionnisme  ne  serait-il  point,  par 
excellence,  «  de  la  peinture  de  femme  (I)  »,  étant 
un  art  superficiel  et  prompt,  qui  pénètre  les 
choses  et  les  âmes  sans  avoir  l'air  d'y  toucher? 
Nous  avons  déjà  vu,  déjà  dit  l'art  singulier  de 
cette  peintresse  à  nous  suggérer  la  perfection  de 
l'ébauche,  la  fraîcheur  de  la  sensation  vive  et  du 
ton,  le  parfum  grisant  d'un  intérieur  virginal  ou 
d'un  jardinet  vert,  illuminé  de  roses  thé  ;  mais, 
aujourd'hui,  mieux  qu'à  la  Cenlennale  de  1900, 
mieux  qu'au  Salon  d'automne  de  1907  (2),  nous 
dirons  :  c'est  de  la  peinture,  et  c'est  autre  chose 
encore  ;  c'est  comme  un  chapitre,  lui-même 
rétrospectif,  mais  toujours  étonnamment  frais, 
de  la  modernité  d'hier  qui  fut  le  décor  déjà  loin- 
tain de  nos  jeunes  années. 

XVIII"  Salon  international  du  Photo- 
Club  de  Paris  (au  Cercle  Volney).  —  Exposi- 
tions diverses.  —  Sans  évoquer  l'An  22i0  avec 
ce  Sébastien  Mercier  qui  mourut,  trop  oublié 
déjà,  quoique  journaliste,  le  25  avril  1814,  ce 
Salon  très  spécial  nous  semble  redoutable  à 
l'avenir  de  l'art,  encore  plus  menacé  par  la 
science  exacte  que  par  la  démocratie  positive; 
mais  aujourd'hui  que  la  plupart  des  peintres  ne 
sont  que  des  photographes,  pourquoi  les  photo- 
graphes n'oseraient-ils  pas  se  montrer  artistes? 
Et  ces  reports  coloriés,  ces  photolithographies  sur 
pierre,  composées  par  M.  Robert  Demachy  dans 


(1)  V.  Teodor  de    Wyzewa,   Peintres  de  jadis  et 
d'aujourd'hui. 

(2)  Cf.  le  Bulletin  du  11  février  1905  et  du  5  octobre 
1907. 


les  vieilles  rues  de  Rouen,  d'Amsterdam  ou  de 
Montmartre,  ne  sont-elles  pas  de  vraies  œuvres 
d'art?  La  Leçon  de  lecture,  de  M.  Biendiné,  ne 
surpasse  pointTerburgouMetsu  •,1a  pâle  Académie 
de  M.  Park-Bertram  ne  remplace  point  les 
crayons  d'Ingres;  mais  la  vue  prise  à  Rapallo, 
par  M.  le  comte  de  Montgermont,  et  les  notes 
rapportées  de  voyage  par  M.M.  Schneeberger, 
Puyo,  Tucker,  Bourgeois  et  Darnault  relèvent 
évidemment  de  l'art  du  paysage. 

Sans  recourir  encore  au  cliché,  les  Peintres  de 
Nu,  groupés,  cette  fois,  chez  Hessèle,  idéalisent 
moins  volontiers  la  nature  qu'ils  ne  la  copient  : 
à  part  une  des  femmes  symboliques  du  maître 
RoU.une  étude  datée  IS'T"  par  M.  Helleu,  les  fées 
de  M.  Lévy-Dhurmer,  ou  les  belles  stylisations 
musculeuses  du  peintre-graveur  Migonney,  c'est 
la  seule  réalité  que  traduisent  les  meilleurs 
artistes,  tels  que  MM.  Jeanniot,  Ernest  Rouard 
et  Payret-Dortail. 

Nous  connaissions  déjà  le  Suédois  Hans  Eke- 
gardh,  qui  monticellise  toujours,  ainsi  qu'on  peut 
le  voir  à  son  exposition  de  la  galerie  Montaigne; 
et,  parmi  tant  d'exposants,  n'oublions  pas  un 
couple  vaillant  de  peintres-graveurs  canadiens, 
M.  et  Mm»  Frank  M.  Armington,  qui  viennent 
de  réunir,  dans  leur  atelier,  boulevard  du  Mont- 
Parnasse,  leurs  inspirations  voyageuses  depuis 
Gonstantine  et  Venise  jusqu'aux  brumes  de  Lon- 
dres, en  passant  par  le  vieux  Paris. 

Raymond  Bouyeb. 


COURRIER  DES  DÉPARTEMENTS 


A  Bordeaux  : 
Une  exposition  John  Lewis  Bro'wn 

Une  seconde  rétrospective  des  œuvres  de 
J.  L.  Brown  vient  de  s'ouvrir  à  Bordeaux,  dans 
la  Galerie  du  Jardin  public.  On  y  peut  voir  ras- 
semblés, avec  64  toiles,  aquarelles  ou  dessins 
appartenant  à  M.  Durand-Ruel,  un  plus  grand 
nombre  de  tableaux  prêtés  par  des  amateurs 
bordelais. 

On  sait  que  J.  L.  Brown  naquit  à  Bordeaux, 
d'un  père  écossais,  et  que  beaucoup  de  ses 
œuvres  n'ont  jamais  quitté  sa  ville  natale.  C'est 
dans  la  campagne  girondine  qu'il  se  familiarisa, 
tout  enfant,  avec  le  cheval  de  race  et  qu'il  eut 
ses  premières  visions  des  bois  et  des  clairières 
traversés  par  les  chasses  à  courre. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


119 


L'exposition  d'aujourd'hui  nous  montre  par 
quels  essais  successifs,  après  quelles  hésitations 
l'artiste  a  mûri  la  manière  diaphane  et  brillante 
qui  est  celle  de  ses  meilleures  toiles.  Ses  pre- 
mières esquisses  rappellent  souvent  Bonnington. 
Mais  un  souci  excessif  du  fini  le  condamne,  pen- 
dant assez  longtemps,  à  n'utiliser  d'excellents 
croquis  que  pour  des  peintures  médiocres.  Puis  ce 
sont  les  sujets  militaires,  quelques-uns  traités 
dans  les  tons  sombres  et  conventionnels  qui  res- 
taient à  la  mode  chez  les  disciples  de  Vernet,  les 
derniers s'éclairant  peu  à  peu.  Beaucoup  de  petits 
épisodes  font  songer  à  Meissonier,  tant  par  la 
tendance  à  la  miniature  que  par  la  clarté  tran- 
quille et  colorée  des  fonds.  Viennent  enfin  les 
œuvres  de  la  dernière  période,  qui  nous  révèlent 
dans  J.  L.  Brown,  à  côté  d'un  animalier  de  pre- 
mier ordre,  un  paysagiste  personnel  et  sincère. 

Le  peintre  avait  beaucoup  fréquenté  les  im- 
pressionnistes. Il  a  même  fini  par  se  croire  l'un 
des  leurs  A  vrai  dire,  il  ne  leur  emprunté 
rien  de  leur  technique  particulière,  mais  il 
a  retenu  leur  goût  des  tonalités  pures,  des 
harmonies  claires.  En  quelques  années,  il  a 
décrassé  sa  palette,  et  ses  verdures  ont  pris  une 
fraîcheur  transparente.  Au  reste,  il  ne  faut  plus 
dire  de  lui  que  c'est  un  méconnu;  nous  lui  fai- 
sons aujourd'hui  la  place  dont  il  est  digue  parmi 
les  petits  maîtres  du  xix«  siècle.  Son  œuvre  est 
inégal,  comme  celui  d'un  artiste  amateur  qui 
peint  de  verve  et  répugne  à  se  corriger.  Nous 
nous  serions  bien  passés  de  revoir  à  Bordeaux 
son  regrettable  Mont  Saint-Michel.  Telle  de  ses 
toiles  étonne  parladuretédesfonds, l'incohérence 
plate  des  valeurs  et  des  couleurs,  et  l'on  doute 
que  le  même  artiste  ait  pu  signer  l'œuvre  voisine, 
où  tant  de  fraîcheur  lumineuse  baigne  l'alerte 
silhouette  des  cavaliers. 

G.  L. 

CORRESPONDANCE  DE  ROUMANIE 


Le   Quatrième   centenaire  d'un  livre. 
Le  Musée  Grigoresco  à  Bucarest. 

Il  y  a  quatre  cents  ans,  celte  année,  que  parut, 
sur  l'ordre  du  vénérable  voévodeMatei  Basarabe, 
le  premier  livre  imprimé  en  roumain.  On  ne  sait 
pas  exactement  de  quelles  presses  il  sortit,  mais 
on  l'attribue  avec  vraisemblance  aux  moines  du 
monastère   de  Govora  (Olténie),  dont  plusieurs 


étaient  allés  étudier  l'art  de  la  typographie  à 
Venise. 

C'est  un  évangéliaire  in-octavo,  de  très  grand 
luxe,  imprimé  sur  parchemin,  qui  se  trouve 
aujourd'hui  au  Musée  d'art  religieux  de  Bucarest, 
en  compagnie  de  deux  autres  volumes,  un  missel 
et  un  autre  évangéliaire,  à  peine  postérieurs 
sans  doute,  et  imprimés  avec  le  même  soin.  Les 
caractères  très  nets,  d'une  fonte  élégante,  sont 
de  vingt  points.  L'impression  en  noir  s'orne  de 
frontispices  et  d'encadrements  enluminés  à  la 
main,  en  rouge  et  en  bleu,  rehaussés  d'or.  La 
première  page  porte  les  armes  princières  du 
pays  roumain,  l'aigle  aux  ailes  éployées  tenant 
la  croix  dans  son  bec. 


Le  nouveau  ministre  de  l'Instruction  et  des 
cultes,  M.  J.  G.  Duca,  a  décidé  de  réunir  les 
œuvres  du  premier  artiste  roumain^  N.  J.  Grigo- 
resco, en  un  musée  spécial.  Elles  viennent  donc 
de  quitter  le  Palais  des  beaux-arts  de  Filaret,  où 
l'humidité  risquait  de  les  détériorer  à  la  longue, 
et  elles  ont  trouvé  un  asile  dans  une  salle  de 
l'Athénée  roumain,  spécialement  aménagée  en 
vue  d'un  musée.  Cette  salle  a  été  inaugurée  offi- 
ciellement le  tî)  mars,  et  depuis,  un  public  nom- 
breux s'y  presse.  Le  ministre  a  invité  les  autori- 
tés, les  ministères,  la  Chambre,  divers  Instituts, 
à  remettre  au  musée  les  œuvres  du  maître  qu'ils 
possèdent,  et  l'on  espère  ainsi  réunir  un  ensem- 
ble complet  qui  permettra  de  faire  connaître  et 
admirer,  sous  tous  les  aspects  de  son  talent  si 
varié,  le  grand  peintre  national  :  ses  toiles  appar- 
tiennent déjà  à  l'histoire;  demain  les  scènes 
qu'elles  retracent  auront  cessé  de  se  retrouver 
dans  le  pays. 

Mahckl  Montanijon. 


LES      REVUES 


Fra.nce 

L'Art  et  les  artistes  (décembre).  —  Gabriel  Mou- 
iiBv.  L«  Chartreuse  de  Pavie.  —  Visite  du  monument 
somptueux  et  singulier  ;  analyse  de  ses  principales 
richesses  ;  l'œuvre  d'Amadeo  et  de  Borgogoone. 

—  Georges  Lecomte.  l'aul  Renouard.  —  Notes  sur 
cet  admirable  dessinateur,  qui  a  le  don  de  représenter 
la  vie  avec  tant  de  justesse  et  de  caractère. 

—  Max  GoTH.  Olga  de  lioznanska.  Les  portraits  de 
cette  artiste  slave,  «  d'un  art  si  humain,  si  tendre  et 
si  compréhensif». 


120 


LE   BULLETIN   DE   L'ART 


—  Georges  Vidalenc.  L'Art  décoratif  de  Burne- 
Jones.  —  Article  particulièrement  consacré  à  l'art  du 
vitrail. 

Grande-Bretagne 

The  Burlington  Magazine  (février).  —  Tancred 
BoRENiLS.  Deux  anges  musiciens.  —  Peinture  inédite 
appartenant  à  M.  R.  H.  Benson,  et  qui  dut  originai- 
rement faire  partie  d'un  retable.  L'auteur  l'attribue  à 
Lorenzo  Monaco. 

—  D.  T.  B.  WooD.  Les  Tapissei'ies  du  «  Credo  »  (à 
suivre).  —  Premier  travail  d'ensemble  sur  ces  tapis- 
series qu'on  rencontre  du  xiv*  au  xvi°  siècle  et  qui 
avaient  pour  sujet,  selon  le  mot  d'un  de,  ceux  qui  les 
ont  étudiées,  M.  Barbier  de  Montault,  «le  Credo  en 
action  ».  L'auteur  décrit  une  de  ces  tapisseries  autre- 
fois offerte  par  la  reine  Marie-Christine  à  Léon  XIII  et 
aujourd'hui  au  Vatican  (milieu  duiv"  siècle);  et  une 
autre,  qui  est  au  musée  de  Boston  (dernier  quart  du 
XV'  siècle). 

—  Lionel  Cust.  Notes  sur  des  peintures  des  collec- 
tions royales  :  XXVII.  La  Collection  du  duc  de  Man- 
toue  et  Charles  I".  —  Histoire  de  la  vente,  au  roi 
Charles  I",  de  la  galerie  des  ducs  de  Mantoue,  en 
1627-1628.  En  1649,  après  la  chute  de  la  monarchie  et 
la  mort  du  roi,  les  collections  de  Charles  I"  furent 
vendues  et  une  partie  des  plus  célèbres  peintures  qui 
les  composaient  passèrent  à  nouveau  la  mer;  si 
l'Angleterre  en  a  gardé  une  bonne  part,  recouvrée 
en  1660,  à  la  restauration  de  la  monarchie,  l'Espagne, 
l'Autriche  et  surtout  la  France  ont  hérité  des  princi- 
paux chefs-d'œuvre  des  anciennes  collections  des 
ducs  de  Mantoue. 

—  Eric  Maclaoan.  Deux  portraits  italiens  en  relief 
du  musée  Victoria  et  Albert.  —  Un  portrait  du  poète 
Francesco  Cinthio,  de  profil,  en  marbre;  dernier  quart 
du  IV*  siècle;  —  un  portrait  de  Cosme  1",  de  profil, 
en  porphyre,  par  Francesco  del  Tadda. 

—  Arthur  M.  IIind.  Giovanni  Boltista  Piranesi,  notes 
complémentaires  et  liste  de  ses  œuvres  (fin).  —  Article 
spécialement  consacré  aux  Vedute  di  Roma;  liste  des 
137  planches  comprenant  cet  ouvrage,  avec  leurs  dates. 

—  Bernard  Rackiiau.  Fuiences  et  grès  anglais,  au 
Burlington  fine  arts  club.  —  L'ensemble  actuellement 
exposé  est  le  plus  complet  qu'on  ait  jamais  réuni  sur 
les  anciennes  périodes  de  l'art  du  potier  en  Angleterre. 
L'auteur  examine  en  détail  les  diverses  séries,  dont 
il  reproduit  les  principales  pièces. 

—  C.  J.  Holmes.  L'Atelier  de  Verrochio.  —  A  propos 
d'un  livre  récent  du  D'  Jens  Thiis,  Leonardo  da  Vinci, 
the  Florentine  years  of  Leonardo  and  Verrochio. 

—  Charles  Oulmont.  «  V Académie  particulière  »  de 
Gabriel  de  Saint-Aubin.  —  La  peinture  de  l'ancienne 
collection  Jacques  Doucet  (aujourd'hui,  collection 
Mortimer  Schiil),  est  rapprochée,  par  l'auteur,  d'une 
peinture  en  tous  points  semblable,  quoique  de  ditnen- 
sions  différentes  (toile;  \\.  25  cent,  sur  L.  31  cent., 
au  lieu  de  :  bois;  H.  17  cent,  sur  L.  27  cent.),  qui 
fait  partie  d'une  collection  particulière,  à  Paris. 


—  AymerVALLARCE.  4fo6i7zer  ancien;  AT.  Berceaux 
et  lits. 

—  Lettres  aux  éditeurs  :  Egerton  Beck.  Le  livre  de 
prières  d'un  saint.  —  A  propos  d'un  article  précédem- 
ment publié  par  M.  Bernath;  lettre  de  M.  Walter 
W.  Seton,  surle  même  sujetet  réponse  de  M.  Bernath; 

—  W.  H.  St.John  HoPE.  L'usage  du  châtaignier 
dans  les  constructions  du  moyen  âge.  —  A  propos  de 
l'article  de  M.  Creswell  sur  VOrigine  du  double  dôme 
persan. 

(Mars).  —  André  Girodie.  Notes  biographiques  sur 
Aimée  Duvivier.  —  A  propos  d'un  portrait  de  jeune 
homme,  peut-être  le  marquis  d'Acqueville,  peint  par 
Aimée  Duvivier  entre  1786  et  1791  (à  MM.  Ehrich,  de 
New-York);  cette  œuvre  remarquable  suffirait  à  tirer 
de  l'oubli  cette  artiste  sur  laquelle  on  savait  fort  peu 
de  chose  avant  la  publication  du  présent  article  et  qui 
était  la  fille  de  Pierre-Charles  Duvivier,  directeur  de 
la  manufacture  de  la  Savonnerie;  elle  exposa  de  1786 
à  1822  et  elle  vivait  encore  en  1824. 

—  D.  T.  B.  WooD.  Les  Tapisseries  du  <•  Credo»  (fin). 
—  Examen  de  deux  tapisseries  du  même  genre  :  l'une 
autrefois  dans  la  cathédrale  de  Tolède,  et  dont  le 
possesseur  actuel  est  inconnu;  une  autre,  dans  la 
collection  F.  Schutz,  à  Paris  ;  rapprochement  avec  des 
œuvres  analogues. 

'  —  R.  L.  HoBSON.  Céramiques  de  l'époque  des  Sung 
et  des  Ytlan  à  l'exposition  de  Neiv-York. 

—  Osvald  SiaÉN.  Un  des  derniers  poètes  gothiques 
di  la  ligne  (à  suivre).  —  A  propos  des  fresques  peintes 
sur  les  murs  de  l'église  de  Figline,  petite  ville  à 
mi-chemin  entre  Florence  et  Arezzo  :  ce  sont  des 
œuvres  de  l'école  de  Lorenzo  Monaco.  L'auteur  a 
retrouvé  plusieurs  œuvres  du  maître  inconnu  qui  est 
l'auteur  de  ces  fresques,  dans  les  musées  et  les  collec- 
tions particulières. 

—  Roger  Fhv.  L'Art  de  la  céramique  en  Angleterre. 

—  Egerton  Beck  La  Crosse  dans  l'art  héraldique 
et  dans  l'ornementation. 

—  Lionel  Cust  Un  portrait  intitulé  «  Henry,  prince 
de  Galles  n,  par  Isaac  Oliver.  —  Ce  portrait,  extrême- 
ment curieux,  a  figuré  à  la  récente  Exposition  des 
Maîtres  anciens,  à  Londres  (coll.  Godfrey  Williams, 
de  St.  Donat's  Castle;  il  est  reproduit  dans  le  numéro 
d'avril  de  la  Revue).  11  passait  pour  le  portrait  d'Henry, 
fils  atné  du  roi  Jacques  I"  et  de  la  relue  Anne  de 
Danemark,  qui  fut  prince  de  Galles  du  4  juin  1610  au 
6  novembre  1612:  l'auteur  y  voit,  au  contraire,  un 
portrait  du  prince  Charles,  le  jeune  frère  du  précé- 
dent, prince  de  Galles  le  3  novembre  1616;  il  l'attribue 
non  à  Isaac  Oliver,  mais  à  Paul  van  Somer,  et  le 
date  de  1616. 


Le  Gérant  :  H.  Ûims. 


Parii.  —  Imp.  Georges  Petit,  12,  rue  (iodot-dc-Uauroi. 


Numéro  621. 


Samedi  18  Avril  1914. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


ANCIEN     ET    MODERNE 


La   Photographie 
dans   les   Musées  nationaux  (0 


Il  nous  est  arrivé  déjà,  au  cours  de  ces  articles, 
de  citer  l'exemple  de  l'Italie,  quand  nous  avons 
voulu  établir  une  comparaison  entre  le  prix  des 
reproductions,  relativement  coûteuses,  vendues 
par  la  maison  qui  possède  le  privilège  de  photo- 
graphier dans  nos  Musées  nationaux,  et  le  bon 
marché  des  épreuves  publiées  par  certains  édi- 
teurs photographiques  de  la  péninsule,  la  maison 
Aliuari  entre  autres. 

Ayant  ensuite  montré  tout  ce  qu'a  de  suranné 
notre  régime  actuel,  et  combien  il  est  indigne 
d'une  démocratie  qui  se  pique  à  ce  point  de  libé- 
ralisme qu'elle  n'a  jamais  voulu  établir  le  tour- 
niquet payant  à  la  porte  de  ses  Musées,  on  a 
envisagé  la  possibilité  de  doubler  l'atelier  de 
chalcographie,  présentement  réservé  à  la  gra- 
vure, d'un  laboratoire  de  photographie,  oîi  se- 
raient exploités  les  sept  mille  clichés  apparte- 
nant à  l'État. 

En  recherchant  ce  qui  se  fait  hors  de  France, 
nous  voici  ramenés  aujourd'hui  à  citer  encore 
une  fois  l'Italie,  non  plus  pour  vanter  les  mérites 
de  ses  entreprises  particulières,  mais  pour  expo- 
ser les  intelligentes  dispositions  prises  par  la 
Direction  générale  des  antiquités  et  des  beaux- 
arts  en  ce  qui  concerne  la  photographie  des 
œuvres  d'art. 

On  connaît  l'heureuse  organisation  de  cette 
administration,  et  notre  collaborateur,  M.  Louis 
Gielly,  quand  il  en  a  démontré  ici  même  les 
rouages  et  expliqué  le  fonctionnement,  n'a  pas 
manqué  d'insister  très  justement  sur  la  science, 
la  méthode  et  l'activité  des  fonctionnaires  qui 
ont  la  surveillance  et  la  garde  des  innombrables 
chefs-d'œuvre  de  toutes  sortes  conservés  dans  la 
péninsule.  La  question  de  la  photographie  docu- 

1.  Sixième  article.  Voiries  n"  611  à  614  et  617  du 
Bulletin. 


mentaire  ne  pouvait  les  laisser  indifférents,  et 
voici,  traduite  m  extenso,  la  note  que  publiait 
tout  récemment  à  ce  sujet  le  Bollettino  d'Arte, 
organe  officiel  du  ministère  de  l'Instruction 
publique  : 

C'est  une  chose  aujourd'hui  connue  de  tous  les  tra- 
vailleurs que  le  ministère  de  l'Instruction  publique 
possède  un  cabinet  photographique,  qui  s'est  spécia- 
lisé dans  la  reproduction  des  monuments  et  des 
œuvres  d'art.  Outre  qu'il  a  été  largement  pourvu  de 
tous  les  plus  récents  perfectionnements  techniques  et 
qu'il  a  des  opérateurs  d'une  habileté  éprouvée,  cet 
organe  de  l'administration  ofl're  ceci  de  vraiment 
précieux  que  ses  photographies  peuvent  être  exécu- 
tées pour  une  un  purement  scientifique,  et  non  dans 
un  but  commercial. 

Toutes  les  grandes  maisons  d'édition  de  photogra- 
phies artistiques,  en  effet,  ne  peuvent  tenir  compte 
des  désirs  de  cette  partie  restreinte  du  public  que 
constituent  les  spécialistes,  du  besoin  d'un  seul  cher- 
cheur peut-être;  elles  doivent  se  limiter  aux  repro- 
ductions qui  trouvent  le  meilleur  accueil  auprès  de 
la  foule  des  amateurs. 

Le  cabinet  photographique  du  ministère  de  l'Ins- 
truction publique,  nu  contraire,  sans  faire  fi  des 
préférences  de  la  généralité  des  acheteurs,  s'est  pro- 
posé, plus  spécialement,  de  satisfaire  les  exigences 
des  travailleurs.  C'est  pourquoi,  de  chaque  monu- 
ment, de  chaque  tableau,  de  chaque  sculpture,  il  a 
reproduit  les  particularités  les  plus  minutieuses,  pre- 
nant pour  direction  de  son  activité,  les  considéra- 
tions non  seulement  esthétiques,  mais  aussi  histo- 
riques, et  recherchant  les  œuvres  ignorées  et  perdues 
dans  les  petits  pays  et  dans  les  églises  lointaines  de 
la  montagne. 

Pour  mettre  plus  facilement  à  la  portée  du  public 
ce  matériel  énorme  et  précieux,  la  maison  Calzone 
(6,  via  del  Collegio  romano,  à  Home)  a  assumé  la 
revente  des  photographies  exécutées  par  le  cabinet 
photographique  du  ministère,  sans  augmentation  de 
prix  et  en  conformité  avec  les  tarifs  les  plus  réduits, 
approuvés  par  la  Direction  générale  des  antiquités  et 
des  beaux-arts. 

La  maison  Calzone  mettra  incessamment  sous 
presse  le  catalogue  illustré  de  ces  photographies, 
qu'elle  promet  de  tenir  à  jour  par  de.s  suppléments 
périodiques. 


122 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


On  le  voit,  le  système  italien  est  une  sorte  de 
compromis  entre  -  ia  Chalcographie  moderne  », 
dont  nous  parlions,  il  y  a  quelques  semaines,  et 
l'exploitation  par  une  maison  privilégiée  :  la 
Direction  des  beaux-arts  possède  son  cabinet 
photographique,  «  organe  de  l'administration  »  ; 
les  clichés  sont  établis  par  ses  soins  et  sous  sa 
surveillance;  la  maison  commerciale  d'édition 
n'intervient  qu'à  titre  d'intermédiaire  pour  la 
vente  des  épreuves,  et  cela  aux  conditions  les 
plus  minimes.  Cet  arrangement  est  assez  ana- 
logue aux  conditions  dans  lesquelles  se  fait  la 
vente  des  photographies  de  notre  service  des 
Monuments  historiques,  et  comme,  précisément, 
ce  service  vient  de  publier  son  nouveau  cata- 
logue, travail  considérable  dû  à  M.Jules  Roussel, 
nous  aurons  l'occasion  d'insister  sur  ce  rappro- 
chement, dans  un  prochain  article. 

E.  D. 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie  des  beaux-arts  (séance  du  11  avril). 
—  Dans  la  courte  séance  qu'elle  a  tenue  la  veille  de 
Pâques,  l'Académie  des  beaux-arts  a  classé,  après 
concours,  comme  logistes  pour  le  grand  prix  de 
Home  de.  peinture  : 

MM.  BoulTanais  (élève  de  MM.  Cormon  et  J.-P. 
Laurens)  ;  Despujols  (Gabriel  Ferrier)  ;  Domergue 
(F.  Humbert  et  François  Flameng)  ;  Hillemacher 
(Baschel  et  Schommer)  ;  Giraud  (G.  Ferrier)  ;  Font 
(Cormon)  ;  Geny  (F.  Flameng,  R  Collin  et  Déche- 
naud);  Berthon  (Flameng,  Baschet,  Royer  et  Déche- 
naud)  ;  Pongheon  (J.-P.  Laurens  et  Albcrt-P.  Lau- 
rens) ;  Barthélémy  (Cormon). 

L'entrée  en  loges  a  eu  lieu  le  mercredi  IS  avril. 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
(séance  du  8  avril).  —  Le  11.  P.  Schell  lit,  au  nom  de 
AI.  Montet,  une  note  donnant  le  résultat  des  fouilles 
dirigées  par  lui,  en  Egypte,  à  Abou-Roach,  localité 
qui  se  trouve  à  cinq  kilomètres  des  pyramides  deGiseh. 
Ces  travaux  ont  mis  au  jour  deux  mastabas  et  onze 
tombeaux  de  style  archaïque  Ces  sépultures,  déjà 
fouillées  et  pillées  pour  la  plupart,  sont  dans  un 
grand  état  de  délabrement.  Ce  qui  subsiste  de  leur 
mobilier  offre  cependant  le  plus  grand  intérêt.  Outre 
(le  nombreuses  poteries,  on  y  a  retrouvé  des  frag- 
ments de  vases  en  albâtre  et  en  pierre  calcaire,  des 
outils  en  silex,  des  couteaux  de  bronze  et,  même, 
une  perle  d'or.  Sur  des  opercules  de  vases,  subsistent 
les  sceaux  que  des  fonctionnaires  royaux  y  avaient 
apposés  en  y  imprimant  leurs  cylindres.  Ces  fonc- 
tionnaires se  trouvaient  au  service  du  roi  Den  que 
l'on  peut  identifier,  semble-t-il,  avec   l'Ousaphais  de 


la  tradition  grecque,  c'est-à-dire  avec  le  quatrième 
successeur  de  Menés  lui-même.  La  nécropole  d'Abon- 
Roach  remonterait  ainsi  aux  débuts  de  la  première 
dynastie  historique  de  l'Egypte. 

—  M.  Monceaux  décrit  la  mosaïque  tombale,  ré- 
cemment découverte,  d'un  évêque  de  Tipasa  ;  il 
cherche  à  préciser  la  date  de  ce  monument. 

Société  nationale  des  antiquaires  de  France 
(séance  du  8  avril).  —  M.  L.  Bonnard  fait  une  com- 
munication sur  la  source  de  Saulx  (près  de  Decize, 
Nièvre),  et  de  son  captage  à  l'époque  romaine. 

—  M.  Buttin  étudie  une  serrure  en  fer  forgé  de  la 
seconde  moitié  du  iv  siècle,  qui  porte  un  écu  parti 
de  France  et  de  Dauphiné.  Elle  fait  partie  de  la  col- 
lection de  M.  Pauilhac. 

—  M.  de  Mély  rapproche  une  miniature  représen- 
tant saint  François  de  Paule  {collection  de  M.  Ro- 
neau)  d'une  gravure  de  Michel  Lasne  qui  reproduit 
une  peinture  disparue  de  Bourdichon. 

Au  Musée  Carnavalet.  —  On  nous  prie  d'annon- 
cer que  le  .Musée  Carnavalet,  en  raison  d'importants 
travaux  intérieurs  nécessités  par  la  construction  de 
galeries  nouvelles,  se  trouve  fermé  pour  quelque 
temps  au  public,  depuis  le  début  de  la  semaine  der- 
nière. 

A  Bagatelle. —  La  Société  des  Artistes  de  Neuilly, 
dont  le  président  est  notre  confrère  Maurice  Guille- 
mot, a  obtenu  les  Palais  de  Bagatelle  pour  sa  10' expo- 
sition annuelle  qui  aura  lieu  du  13  avril  au  15  juin. 
Aux  envois  de  la  très  nombreuse  colonie  artistique 
de  Neuilly,  s'ajoutent  des  rétrospectives  importantes 
d'Edouard  Détaille  et  du  sculpteur  Pierre  Granet. 

Le  prochain  Congrès  archéologique  de 
France.  —  Le  prochain  Congrès  organisé  par  la 
vieille  Société  française  d'archéologie  doit  se  tenir 
cette  année  dans  le  Finistère  et  le  Morbihan,  du  16 
au  24  juin. 

Le  Congrès  s'ouvrira  à  Brest,  d'où  il  gagnera  Mor- 
laix,  visitant  toutes  les  merveilles  d'archéologie  de 
cette  partie  de  la  Bretagne  :  calvaires,  églises,  châ- 
teaux, Saint-Pol-de-Léon,  Le  FolgoOt,  Plougastel, 
Landerneau,  Lampaul,  Saiut-Thégonnec,  etc.  Vannes 
est  le  deuxième  centre  des  réunions  du  Congrès  ;  et, 
de  Vannes,  les  congressistes  iront  visiter  et  étudier 
Carnac,  Ploermel.  Josselin,  Guéméné-sur-Scortf,  Rer- 
nascleden,  Saint-Fiacre-du-Faouët,  etc. 

Le  23  juin  aura  lieu  la  séance  de  clôture,  salle  du 
Château-Gaillard  ;  puis,  le  lendemain,  les  membres 
du  Congrès  s'embarqueront  pour  se  rendre,  à  travers 
la  baie  du  .Morbihan,  à  Port-.Navalo,  Saint-Gildas-de- 
Rhuys  et  enfin  aux  ruines  célèbres  du  château  de 
Sucinio,  ancienne  résidence  d'été  des  ducs  de  Bre- 
tagne, et  qui  aujourd'hui  appartient  à  ia  famille  de 
Francheville. 

A  Charleville.  —  Une  société  locale,  l'Union 
artistique  des  Ardennes,  annonce  pour  le  38  juin  1914 


ANCIEN    ET   MODERNE 


I2S 


l'ouverture  de  sa  treizième  «  Exposition  des   beaux- 
arts  1). 

L'Exposition  comprendra  les  genres  suivants  : 
peinture,  pastel,  aquarelle,  dessins,  cartons,  gravu- 
res, architecture,  sculpture,  etc..  Les  photographies 
ayant  un  caractère  artistique  pourront  être  également 
ailmises.  Les  œuvres  envoyées  à  l'Exposition  devront 
parvenir  avant  le  20  juin  à  Charleville.  L'Exposition 
durera  jusqu'au  28  juillet. 

A  Lyon.  ^—  On  annonce  qu'à  l'Exposition  inter- 
nationale de  Lyon,  qui  sçra  ouverte  cet  été,  une  place 
toute  particulière  sera  réservée  aux  étoiles  lyonnaises 
contemporaines  des  règnes  de  Louis  XIV,  de  Napo- 
léon et  de  Louis  X\1II,  et  que  possède  le  Garde- 
Meuble. 

Grâce  aux  patients  elTorts  et  aux  découvertes  heu- 
reuses faites  dans  les  réserves  du  Garde-.Meuble  par 
M.  Dumonthier,  administrateur  du  Mobilier  national, 
^  cette  Exposition  revêtira  un  caractère  unique  et 
pourra  oUrir  aux  visiteurs  des  reconstitutions  com- 
plètement inédites  En  1907,  M.  Dumonthier  décou- 
vrait, dans  un  état  de  fraîcheur  absolue,  toutes  les 
étoiles  que  commanda  Napoléon  I"  à  la  fabrique 
lyonnaise,  entre  tStI  et  1813,  et  que  les  événements 
politiques  et  militaires  ne  permirent  pas  d'utiliser; 
elles  figureront  dans  la  Galerie  de  cent  mètres  de 
rEx()(isition  de  Lyon. 

En  même  temps  que  les  étotîes  du  temps  de 
Louis  XIV  que  M.  Dumonthier  envoie  à  Lyon,  seront 
exposées  les  plus  belles  tapisseries  des  Gobelins  tis- 
sées sur  les  cartons  de  Le  Brun,  de  Mignard  et  de 
Goypel. 

En  Suisse.  —  Le  Journal  des  Débats  a  publié  la 
note  suivante,  qui  lui  a  été  adressée  par  son  corres- 
pondant de  Suisse,  touchant  la  protection  des  objets 
d'art  religieux  en  ce  pays  : 

"  Mgi'  Bovet,  évêque  de  Lausanne  et  Genève,  vient, 
par  une  ordonnance  épiscopale,  d'appeler  l'attention 
de  son  clergé  sur  les  manquements  qu'il  a  constatés 
aux  rèfcles  du  droit,  tant  ecclésiastique  que  civil,  en 
matière  d'aliénation  de  biens  d'église.  De  graves  abus 
se  produisent  notamment  en  ce  qui  concerne  les 
richesses  artistiques  placées  sous  la  garde  du  clergé; 
ils  imposent  au  prélat  «  de  prendre  des  mesures 
"  précises  et  efficaces  pour  les  combattre  ». 

»  Mgr  Bovet  informe  donc  ses  prêtres  qu'il  a  décidé 
de  faire  dresser  un  inventaire  de  tous  les  objets 
appartenant  aux  églises,  chapelles  et  sacristies,  pré- 
cieux par  leur  matière  ou  par  leur  valeur  artistique, 
archéologique  ou  historique,  soit  dans  nos  paroisses, 
soit  dans  les  couvents  soumis  à  notre  juridiction  Un 
catalogue  photographique  de  ces  objets  sera  établi  par 
les  Soins  d'un  prêtre  qualifié  et  compétent  que  nous 
désignerons  et  à  qui  nous  donnerons,  en  exécution 
de  la  présente  ordonnance,  la  faculté  d'entrer  dans 
la  clôture  des  couvents,  si  cela  est  nécessaire  pour 
l'accomplissement  de  sa  tâche». 

«  L'évêque  ne  doute  pas  d'être  obéi,  mais,  dans  le 


cas  contraire,  il  «  prendrait  effectivement  des  mesures 
sévères».  C'est  l'évêché  qui  supportera  les  frais  de 
l'mventaire.  Dès  que  celui-ci  sera  établi,  Mg"-  Bovet 
nommera  »  une  commission  compétente  qui  sera 
chargée  d'estimer  les  objets  inventoriés,  de  les  classer 
méthodiquement  et  de  préaviser  sur  les  demandes 
éventuelles  d'aliénation  u  Le  catalogue  des  objets  d'art 
religieux  sera  tiré  à  trois  exemplaires,  l'un  pour 
l'évêché,  le  second  pour  la  paroisse  ou  le  couvent 
inventorié,  le  troisième  pour  être  mis  à  la  disposition 
du  délégué  épiscopal. 

L'Etat  de  Fribourg,  de  son  côté,  a,  par  une  loi  du 
22  novembre  19H,  subordonné  à  l'autorisation  du 
Conseil  d'Etat  toute  aliénation  d'objets  «  offrant  un 
intérêt  artistique,  historique  ou  scientifique».  Confor- 
mément à  une  entente  intervenue  sur  ce  point  entre 
les  autorités  civile  et  ecclésiastique,  Mg"'  Bovet  prescrit 
que  0  loute  demande  d'autorisation  en  vue  d'aliéner 
des  objets  d'art  religieux  sera  adressée  à  l'autorilé 
diocésaine  qui,  après  avoir  entendu  la  commission, 
traitera  avec  l'autorilé  civile».  Enfin,  l'évêque  rap- 
pelle qu'  «  indépendamment  des  lois  canoniques,  la 
loi  civile  fournit  le  moyen  d'assurer  efficacement 
l'observation  des  défenses  portées  par  l'Église... 
Toutes  les  fois  que  notre  commission  sera  avertie  d'une 
vente  illicite,  elle  ne  manquera  pas,  au  besoin,  de 
demander  l'application  de  la  loi  civile  ». 

A  Florence.  —  On  vient  d'exposer  dans  la  salle 
des  Auloritralli  du  Musée  des  Offices,  le  portrait 
d'Eugène  Delacroix,  par  lui-même,  exécuté  vers  18o0 
et  légué  à  la  galerie  florentine  par  M.  P.-A  Chéramy. 
Selon  la  volonté  du  testateur,  le  portrait  a  été  placé 
à  côté  du  portrait  d'Ingres.  —  L.  G. 

A  Olympie.  —  Une  commission  grecque  vient 
d'être  envoyée  à  Olympie  pour  examiner  les  remèdes 
à  apporter  d'urgence  à  l'état  du  Musée  Syngros,  qui 
abrite  les  chefs-d'œuvre  découverts  pendant  les 
fouilles,  en  particulier  les  sculptures  du  temple  de 
Zeus,  la  Niké  de  Paeonios  de  Mendé,  et  l'Ilerinès 
portant  Dionysos  enfant,  attribué  à  Praxitèle.  Selon 
le  rapport  officiel,  les  murs  de  la  salle  centrale  {Niké 
de  Paeonios,  et  sculptures  du  temple  de  Zeus)  sont 
intacts.  La  toiture  est  en  bon  état.  Mais  les  ailes  est, 
ouest  et  nord  (au  milieu  de  cette  dernière  se  trouve 
la  salle  réservée  à  l'Hermès  praxitélien)  montrent  de 
profondes  dégradations.  Les  murs  extérieurs  sont 
largement  crevassés,  des  brèches  se  sont  ouvertes  à 
cause  de  l'insufllsance  des  fondations,  ou  de  tasse- 
ments du  sol  occasionnés  par  des  secousses  sis- 
miques.  Des  vices  originels  de  construction  ont  amené 
le  fléchissement  des  toits  sur  les  ailes  est  et  ouest,  où 
les  poutres  sont  pourries  par  rinfiltra(i«n  des  eaux. 
La  situation  de  l'Hermès  est  partiiuilièreiueut  cri- 
tique ;  chaque  secousse  sismique  ébranle  les  barres, 
de  fer  qui  le  soutiennent,  et  le  premier  séisme  peut 
amener  une  catastrophe,  le  Musée  ayant  été  liàli  sur 
un  terrain  particulièrement  sensible  aux  trtriihle 
ments  de  terre.  Plus  loin,  dans   la    fouille  même, 


424 


LE    BULLETIN   DE    L'ART 


l'Alphéos  et  le  Cladeos,  qui  arrosent  l'Altio,  ont  re- 
commencé leur  œuvre  destructrice.  Le  Cladeos  a  der- 
nièrement emporté  une  partie  du  Gymnase.  L'Alphéos, 
qui  s'est  creusé  à  nouveau  un  lit,  menace  le  Stade  et 
peut-être  l'Altio.  En  attendant  la  construction,  dési- 
rable, d'un  nouveau  musée,  la  commission  a  proposé 
pour  l'Hermès  l'érection  d'un  abri  spécial,  à  l'est  du 
musée,  selon  les  règles  adoptées  pour  les  construc- 
tions antisismiques.  Un  crédit  de  40.000  drachmes  a 
été  demandé.  —  Ch.  P. 

Les  Amis  de  StambouL  —  Sous  la  présidence 
de  M"'  Bompard,  ambassadrice  de  France  à  Constan- 
tinuple,  et  avec  le  concours  de  MM.  Gustave  Schlum- 
berger,  Ch.  Diehl,  Omont,  membres  de  l'Institut,  et 
de  M.  Saladin,  architecte  diplômé  du  gouvernement, 
il  vient  de  se  fonder  à  Paris,  une  section  de  la  Société 
des  Amis  de  Stamboul.  Le  but  de  cette  section  est  de 
soutenir  la  Société,  qui  a  son  siège  à  Constantinople, 
en  faisant  appel  à  la  collaboration  de  tous  les  amis 
de  l'Orient  : 

Il  Constantinople  est  à  la  veille  de  se  transformer, 
écrivait  M.  Charles  Diehl,  à  propos  de  la  fondation 
de  la  Société  De  grands  travaux  sont  projetés  qui, 
à  travers  le  vieux  Stamboul,  ouvriront  de  larges 
percées  nouvelles...  11  faudra,  en  mille  endroits, 
éventrer  le  sol  de  l'antique  capitale  et  sans  mécon- 
naître l'utilité,  la  nécessité  de  telles  entreprises,  nous 
savons  de  reste  ce  qu'en  mainte  ville  elles  ont  coûté 
à  l'art  et  laissé  derrière  elle  de  ruines  et  de  regrets. 
11  importe  qu'à  Constantinople,  il  en  aille  un  peu 
différemment.  11  faut  qu'au  cours  de  ces  travaux  où 
tant  de  monuments  du  passé  risquent  de  disparaître 
—  et  quelques-uns  ont  déjà  disparu  —  une  main 
attentive  et  pieuse  s'applique  à  sauver,  à  préserver 
tout  ce  qui  peut  l'être  et  qui  mérite  de  l'être...  C'est 
cette  main  attentive,  cet  œil  toujours  en  éveil,  que 
la  Société  des  Amis  de  Stamboul  nous  apporte...   » 

Ce  programme  a  été  rempli.  Déjà,  sur  les  instances 


de  la  Société,  la  mosquée  d'Ibrahim  Pacha,  les  tom- 
beaux de  la  Suleimanieb  et  de  la  Chehzadé  ont  été 
réparés;  de  grandes  affiches  qui  déshonoraient  la 
Pointe  du  Sérail  ont  disparu;  des  conférences  ont  été 
faites  et  des  études  publiées  sur  des  monuments  de 
Constantinople;  un  crédit  à  été  voté  pour  opérer  des 
fouilles  sur  l'emplacement  de  la  maison  dite  de  Jus- 
tinien,  où  l'on  a  découvert  d'intéressants  fragments 
d'architecture,  des  mosaïques  et  des  bas-reliefs. 

En  présence  des  résultats  obtenus  avec  des  res- 
sources encore  insuffisantes,  tous  les  amis  de  l'art  du 
passé  voudront  donner  leur  adhésion  à  la  section 
française  de  la  Société,  afin  de  contribuer  pour  leur 
part,  à  la  sauvegarde  de  Constantinople. 

Les  membres  titulaires  paient  une  cotisation 
annuelle  de  1  livre  turque  (23  francs). 

Prière  d'envoyer  les  adhésions  à  M.  II.  de  Pontaud, 
secrétaire  général,  20,  rue  Dufrénoy,  Paris,  ou  au 
Musée  des  arts  décoratifs,  pavillon  de  Marsan,  au 
Louvre. 

Nécrologie.  —  M.  Luiqi  Chialivo,  artiste  peintre, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  est  mort  samedi 
dernier,  11  avril,  à  l'âge  de  soixante-douze  ans.  Il 
était  le  père  de  l'architecte  diplômé  du  gouverne- 
ment. 11  exposait  à  la  Société  Nationale,  où  on  verra 
de  lui,  cette  année,  quatre  toiles  ayant  pour  titres  : 
Cour  commune  dans  le  Dauphiné,  Vacfie  normatide, 
Itoute  près  d'Uriage,  Hennequeville.  H  était  membre 
sociétaire  de  la  Nationale  depuis  1912,  année  où  il 
avait  exposé  trois  toiles  :  Printemps,  Sortie  des 
troupeaux  et  Retour  au  bercail. 

—  On  annonce  la  mort  de  M.  Joseph  Gardet. 
sculpteur,  décédé  à  Paris,  à  l'âge  de  quatre-vingt- 
cinq  ans.  11  était  le  père  de  M.  Georges  Gardet,  le 
sculpteur  animalier. 

—  On  annonce  la  mort  d'un  des  doyens  de  la 
Curiosité  à  Paris,  M.  Gilbert  Romeuf,  décédé  à  l'âge 
de  soixante-quinze  ans. 


CHRONIQUE    DES    VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —  'Vente  Jules  Couderc  {objets 
d'art,  etc.).  —  Faite  salle  1,  les  6  et  7  avril,  par 
M"  Lair-Dubreuii  et  Baudoin  et  MM.  Pauime  et 
Lasquin,  cette  première  vente,  portant  le  nom 
de  l'antiquaire  parisien,  a  produit  96.000  francs. 

Peu  d'enchères  dignes  de  remarque.  Citons  : 

163.  Dentelle.  Aube  en  ancien  point  de  France 
Louis  XI  Y,  décor  de  grands  ramages,  fruits,  coquilles, 


9.000  fr.  (dcm.  12.000).  —  185.  Tapisserie  des  Flan- 
dres, XVI'  s.  :  Fête  dans  le  parc  d'un  château,  nom- 
breux personnages,  bordure,  9.100  fr.  (dem.  12.000). 
—  186.  Tapisserie  des  Flandres,  ivi-  s.  :  Fête  de  vil- 
lage, petits  personnages,  bordure.  9.100  fr.  (dem. 
12.000).  —  192  193.  Deux  tapisseries-verdures  des 
Flandres,  xvii*  s.,  5.400  fr.  (dem.  10.000). 

■Vente  de  tableaux.  — -  Parmi  les  résultats 
d'une  vacation  anonyme,  dirigée  salle  6,  le  Savril, 
par  M»  Ballu  et  .M.  Marboulin,  nous  ne  trouvons 
qu'un  seul  prix  à  signaler,  celui  de  5.000  francs 


ANCIEN    ET    MODERNE 


t25 


obtenu  par  un  Portrait  de  l'impératrice  Catherine 
de  Russie,  par  Roslin. 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  -  Collec- 
tion Paul  Delaroff  (1"  vente  :  tableaux 
anciens).  —  Les  23  et  24  avril,  M=sLair-Dubreuil 
et  Doublot,  assistés  de  M.  G.  Sortais,  dirigeront, 
à  la  galerie  Georges  Petit,  la  première  vente  de 
la  Collection  Paul  Delaroff.  Dans  )a  préface  qu'il 
a  écrite  pour  le  catalogue  illustré,  M.  Roger- 
Miles  rappelle,  en  même  temps  que  le  souvenir 
de  l'amateur  russe,  le  caractère  de  sa  collection, 
d'une  abondance  de  numéros  incroyable  —  plus 
d'un  millier  —  et  sa  prédilection  pour  les  maîtres 
des  écoles  du  Nord,  les  portraitistes  surtout. 

Dans  cette  première  vente  Delaroff,  qui  ne 
comprend  que  des  tableaux  anciens,  nous 
notons  tout  d'abord,  du  côté  de  l'école  alle- 
mande :  la  Vierge  allaitant  l'Enfant  Jésus  et  la 
Justice,  par  L.  Cranach  ;  le  Portrait  de  l'artiste, 
par  J.  Kupetski  ;  puis,  parmi  les  flamands  :  te 
Diable  semant  l'ivraie,  par  P.  Baitens;  Haisin  et 
cafetière,  par  J  -P.  Gillemans  ;  Diane  et  ses  Nym- 
phes, par  J.  Jordaens;  les  Trois  dges,  par  J.  Sus- 
termans;  Réunion  dans  un  cafcacet,  par  D.  Téniers. 

Passant  à  l'école  française,  nous  remarquons  : 
la  Bacchante  couchée,  par  Berthélemy  ;  Achille 
blessé,  par  F.  Doucher  ;  l'Heureuse  famille,  par 
L.-L.  Boilly  ;  le  Pas  d'Arlequin  et  le  Festin  de 
Scaramouche,  par  Debucourt  ;  Portraits  d'enfants 
royaux,  par  Drouais  ;  Paysage  italien,  par  Frago- 
nard;  Offrande  à  Vénus,  par  Le  Barbier  ;  Hercule 
aux  pieds  d'Omphale  et  Pygmation  et  Galatée,  par 
Le  Prince  ;  Chinois  tenant  une  flèche,  par  Nattier; 
la  Passerelle  au-dessus  de  la  cascade  et  Dans  le  parc 
après  l'ouragan,  par  H.  Robert. 

Nous  arrivons  ainsi  à  l'école  hollandaise,  qui 
comprend  à  elle  seule  à  peu  près  la  moitié  des 
numéros  de  la  présente  vente  ;  parmi  ceux-ci  il 
faut  citer  :  Jésus  et  la  femme  adultère,  par  P.  Aert- 
sens  ;  la  Femme  aux  perroquets,  par  G.  Bisshop; 
un  Portrait  de  famille  à  expression  allégorique, 
par  F.  Bol  ;  des  Poissons,  par  Dirven  ;  la  Passe- 
relle, par  Van  Goyen  ;  le  Verre  de  Bohême,  par 
P.  Claesz  ;  Suzanne  entre  les  deux  vieillards,  par 
P.  Lastmann  ;  le  Portrait  de  la  princesse  Hedwige  de 
Brunswick  avec  ses  trois  enfants,  par  P.  Moreelse  ; 
l'Enfant  Jésus  parmi  les  Docteurs  et  le  Portrait 
d'une  femme  âgée,  attribués  à  Rembrandt  ;  une 
Joyeuse  compagnie,  l'Idylle  interrompue  et  une 
Rixe  de  paysans,  par  J.  Steen  ;  un  Portrait  de 
vieillard,  par  P.  Quast,  et  le  Jeune  Garçon  au 
pichet  de  grès,  par  G.  Ter  Borch. 


Moins  abondamment  représentées,  les  écoles 
italiennes  n'en  contiennent  pas  moins  quelques 
morceaux  à  signaler  :  une  Tête  de  Christ  à  la 
couronne  d'épines,  attribuée  à  Antonello  de  Mes- 
sine ;  le  Martyre  de  saint  Laurent,  par  P.  Véro- 
nèse  ;  un  Ecce  Homo,  par  Marco  Basaili,  et  le  Christ 
mort  assis  au  bord  du  tombeau,  par  Cima  da  Cone- 
gliano  ;  un  Palais  en  ruines  et  un  Pont  sur  un 
canal  à  Venise,  par  Guardi  ;  Jésus  bénissant  et 
la  Vierge  et  l'Enfant  Jésus,  par  B.  Montagna  ;  Saint 
Nicolas  de  Myre  et  Saint  Augustin  de  Gazothis,  par 
Bonvicini  ;  la  Vierge  portant  le  Christ  mort,  par 
G.  Tura  ;  la  Vierge  et  l'Enfant  Jésus,  par  A.  Viva- 
rini  ;  enfin'. feus  descendu  de  la  croix,  page  ano- 
nyme de  l'école  italienne  du  xvi=  siècle. 

Collection  Paul  Delaroff  (2«  vente.  Ta- 
bleaux anciens,  objets  d'art).— Cette  deuxième 
vente  d'objets  provenant  de  la  collection  de 
l'amateur  de  Saint-Pétersbourg  aura  lieu  salle  6, 
du  27  au  30  avril  et  le  2  mai,  par  le  ministère 
des  mêmes  commissaires-priseurs  et  experts,  et 
de  MM.  Duchesne  et  Duplan. 

Parmi  les  tableaux  anciens,  il  nous  faut  signa- 
ler :  la  Partie  de  cartes,  par  N.  Belau  ;  une  Halte 
d'un  cavalier  et  un  Paysage,  par  A.  Guyp  ;  les 
Ruines  du  monastère,  par  G.  Dekker  ;  le  Buveur, 
par  G.  Rrekelenkara  ;  le  Visiteur  entreprenant, 
par  J.  Steen  ;  un  Village  sous  la  neige,  de  l'école 
hollandaise  du  xvii*  siècle  ;  l'Homme  au  pourpoint 
héliotrope,  par  A.  Allori  ;  Madeleine  en  contempla- 
tion devant  le  Crucifié,  par  Procaccini  ;  la  Vierge 
et  l'Enfant  Jésus,  par  Murillo  ;  le  Vase  et  la  Pyra- 
mide, par  Pannini  ;  parmi  les  dessins  et  aqua- 
relles, on  remarquera  deux  feuilles  par  Gavarni  : 
un  Boueux  et  Nécessité  n'a  pas  de  loi,  et  V Intérieur 
d'une  église,  par  Ziem. 

Cette  seconde  vente  comprend  quelques  sculp- 
tures, notamment  un  Bacchus  en  terre  cuite,  par 
Clodion,  et  quelques  anciens  bronzes  italiens. 

Collection  Willems  (tableaux  modernes). 
—  La  vente  de  la  Collection  Willems,  de  Bruxelles, 
qui  devait  avoir  lieu,  à  la  galerie  Georges  Petit, 
le  27  avril,  par  le  ministère  de  M"  LairDubreuil 
et  Baudoin  et  de  MM.  Georges  Petit  et  Ferai,  est 
remise  à  une  date  ultérieure 

Collection  Hodgkins  (dessins  anciens).  — 
Le  30  avril,  à  la  galerie  Georges  Petit,  M"  Lair- 
Dubreuil et  Baudoin,  assistés  de  MM.  J.  Ferai  et 
Paulme  et  Lasquin,  procéderont  à  la  vente  des 
dessins,  aquarelles  et  gouaches  composant  la 
Collection  particulière  de  M.  E.  M.  Hodgkins, 
l'antiquaire  londonien  bien  connu.  Les  feuilles 


J26 


LE   BULLETIN    DE   L'ART 


signées  des  noms  les  plus  recherchés  du  xviii*  siècle 
français  dominent  dans  cette  vente  sur  laquelle 
nous  reviendrons  d'ici  peu  avec  plus  de  détails, 
quand  le  catalogue  illustré  en  aura  été  distribué- 

A  Berlin.  —  Collection  O.  von  Kanneke 
(tableaux  modernes).  —  Le  21  avril,  chez  U. 
Lepke,  aura  lieu  la  vente  de  la  Collection  du 
peintre  0.  von  Kanneke,  de  Berlin.  Presque  exclu- 
sivement composée  d'ouvrages  de  Técole  alle- 
mande du  XIX"  siècle,  les  tendances  les  plus 
opposées  en  art  se  rencontrent  dans  cette  galerie 
de  peintures  modernes  :  J.  Sperl  auprès  de  E.  von 
(■ebhardt,  Andréas  et  Oswald  Achenbach  auprès 
de  H.  Thoma  et  de  Fr.  von  Stuck,  Lenbach  auprès 
de  Hodier.  Même  éclectisme  parmi  les  quelque^ 
noms  étrangers  à  l'Allemagne  qui  se  rencontrent 
dans  le  catalogue  :  Pradilla-Ortiz  entre  Daumier 
et  Monticelli,  par  exemple. 

M.  N. 

La  Loi  portant  création  d'une 
Caisse  des  monuments  historiques 


Voici  le  texte  de  la  loi  portant  création  d'une 
Caisse  des  monuments  historiques  et  préhisto- 
riques; cette  loi,  adoptée  par  la  Chambre  des 
Députés,  sur  le  rapport  de  M.  Théodore  Reinach, 
votée  ensuite  avec  quelques  modifications  par  le 
Sénat,  est  revenue  le  2  avril  devant  la  Chambre 
qui  l'a  votée  sans  discussion  : 

Art.  1".  —  Il  est  créé,  sous  le  titre  de  Caisse  natio- 
nale des  nionuuients  historiques,  un  établissement 
public  doté  de  l'autonomie  financière,  ayant  pour 
objet  exclusif  de  recueillir  et  de  gérer  des  fonds 
destinés  : 

1*  A  être  mis  à  la  disposition  du  ministre  de  l'Ins- 
truction publique  et  des  Beaux-Arts  en  vue  de  la 
conservation  et  de  l'acquisition  des  immeubles  et 
meubles  classés; 

2°  A  subvenir  aux  frais  inhérents  à  la  gestion  de  la 
caisse. 

Art.  2.  —  La  Caisse  est  administrée  par  un  conseil 
composé  ainsi  qu'il  suit  : 

Un  sénateur  élu  par  le  Sénat. 

Un  député  élu  par  la  Chambre  de»  députés. 

Un  conseiller  d'État  élu  par  le  Conseil  d'État. 

Un  conseiller  maître  à  la  cour  des  comptes  élu  par 
celle-ci. 

Un  membre  de  l'Académie  des  beaux-arts  et  un 
membre  de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres, 
élus  par  leurs  Académies  respectives. 

Deux  membres  pris  parmi  les  personnes  qae  dési- 


gnent leurs  travaux  et  leurs  connaissances  spécinles 
en  histoire  de  l'art,  archéologie  ou  préhistoire. 
■    Un  représentant  du  ministre  de  l'Intérieur. 

Deux  représentants  du  ministre  des  Finances,  dont 
un  spécialement  pour  les  domaines. 

Deux  représentants  du  ministre  de  l'Instruction 
publique  et  des  Beaux-Arts. 

Les  membres  qui  ne  sont  pas  choisis  à  l'élection 
sont  nommés  par  un  décret  du  Président  de  la  Répu- 
blique, rendu  sur  la  proposition  du  ministre  de  l'Ins- 
truction publique  et  des  Ueaux-Arls.  Ce  même  décret 
désigne  le  président  et  les  vice-présidents  du  conseil. 
Le  chef  du  bureau  des  Monuments  historiques  remplit 
les  fonclinns  de  secrétaire. 

La  durée  des  fonctions  des  membres  du  conseil  est 
de  quatre  ans;  elles  sont  renouvelables. 

Aht.  3.  —  Les  ressources  de  la  Caisse  comprennent  : 

!•  Les  subventions,  avec  aQectation  spéciale,  de 
l'État,  des  départements,  des  communes  et  des  éta- 
blissements publics; 

2°  Une  allocation  fixée  annuellement  sur  la  propo- 
sition du  ministre  de  l'Instruction  publique  et  des 
Beaux-Arts  par  lacomniision  chargée  de  répartir  entre 
les  œuvres  d'intérêt  public  le  produit  du  prélèvement 
opéré  sur  les  jeux  de  hasard,  sans  que  cette  allocation 
puisse  être  inférieure  à  300.000  fr.  ; 

3°  Les  dons  et  legs: 

4°  Les  versements  faits  à  titre  de  souscriptions 
individuelles  ou  collectives;  si  ces  souscriptions 
comportent  une  affectation  spéciale,  l'objet  de  l'affec- 
tation devra  être  approuvé  par  le  ministre  de  l'Ins- 
truction publique  et  des  Beaux-Arts  ; 

5°  L'intérêt  des  capitaux  ou  autres  fonds  qui  devront 
être  placés  en  rentes  sur  l'État  ou  valeurs  garanties 
par  l'État,  ou  être  versés  en  compte  courant  au  Trésor; 

6'  Toutes  autres  ressources  qui  pourront  lui  être 
affectées  par  la  loi. 

La  Caisse  pourra  constituer  un  fonds  de  réserve 
dont  le  conseil  fixera  lui-même  le  montant  et  les 
conditions  exceptionnelles  d'emploi. 

Art.  4.  —  Avant  l'expiration  du  premier  trimestre 
de  chaque  annnée,  le  président  du  conseil  de  la  Caisse 
adresse  au  Président  de  la  République  un  rapport  ren- 
dant compte  des  opérations  de  l.a Caisse  pendant  l'année 
précédente.  Ce  rapport  est  inséré  au  Journal  officiel. 

A  HT.  5.  —  Un  règlement  d'administration  déter- 
minera les  conditions  d'application  de  la  présente  loi.- 

VARIÉTÉS 


Chateaubriand 
précurseur  de  M.  Maurice  Barrés  (1). 

On  doit  commencer  la  démolition   de  Saint- 
Gerraain-l'Auxerrois  le  14  juillet.  iNous  sommes 

{l)Voir,dans  le  lluUetin  du  njanvier  1914, pp. 22-24,  • 
Chateaubriand  continuateur  de  Le  Sôtre. 


ANCIEN   ET    MODERNE 


127 


en  1831,  l'année  où  Victor  Hugo  vient  de  publier 
Kotre-Dame-de-Paris  {{),  où  Delacroix  expose  la 
Liberté  sur  les  barricades  :  deux  ouvrages  singu- 
lièrement expressifs,  qui  résument  assez  bien 
«  TelTroyable  bigarrure  »  de  l'âge  romantique... 
Et  la  condamnation  d'une  église  déjà  dévastée 
pendant  «  les  trois  Glorieuses  »  émeut,  dans  son 
nouvel  exil,  celui  qui,  vingt-neuf  années  aupa- 
ravant, avait  si  brillamment  plaidé  pour  le 
«  génie  »  renaissant  du  christianisme... 

Aussitôt,  de  Genève,  le  H  juillet,  «une  heure 
avant  le  départ  du  courrier  »,  M.  de  Chateau- 
briand «  griffonne  ab  irato  »,  dans  sa  chambre 
d'hôtel,  une  lettre  véhémente  à  M™«  **',  sans 
doute  à  celle  qu'il  ira  voir  tous  les  jours,  pendant 
les  quinze  dernières  années  de  sa  vie,  àl'Abbaye- 
au-Bois  (2)  :  «  A  qui  conterais-je  mes  peines  et 
mes  idées,  si  ce  n'est  à  vous?  »,  écrit  le  vieux 
chevalier  romanesque  à  la  Dame  de  ses  pensées. 
En  1831,  M.  de  Chateaubriand  a  soixante-trois 
ans.  On  l'imagine  à  peu  près  tel  qu'il  apparaît  de 
profil,  au  premier  plan  du  célèbre  tableau  de 
portraits  groupés  par  Heim  |3);  mais  l'âge  qui 
vient  n'a  pas  refroidi  son  pieux  patriotisme  et 
ses  saintes  colères  :  à  l'annonce  d'un  nouveau 
méfait  commis  par  la  royauté  bourgeoise  de 
«  Philippe  »,  le  noble  exilé  s'enflamme  ;  et  sa 
lettre  est  comme  un  chapitre  anticipé  de  la 
Grande  Pitié  des  Églises  de  France  (4). 

Donc,  on  veut  abattre  une  vieille  basilique  le 
jour  anniversaire  de  la  prise  de  la  Bastille... 
Noble  manière,  eu  vérité,  «  d'inaugurer  la  mo- 
narchie élective  »,  et  cela  de  sang-froid,  sans 
l'excuse  du  vandalisme  révolutionnaire  exaspéré 
par  la  «  fièvre  »  !  Le  grand  devancier  de  M.  Mau- 
rice Barrés  s'élève  plus  généralement  contre 
cette  «  slupide  manie  »  de  quelques-uns  de  nos 
gouvernants,  depuis  quarante  ans  (5),  «  décompter 
pour  rien  les  idées  religieuses  et  de  les  croire 
éteintes  partout  comme  elles  le  sont  dans  leur 
étroit  cerveau  »... 


(1)  La  préface  de  la  1"  édition  est  datée  par  l'au- 
teur de  mars  18SI. 

(2^  De  1833  à  1848,  le  vieux  M.  de  Chateaubriand 
rendra  chaque  jour  une  visite  à  la  vieille  M"*  Réca- 
mier  presque  aveugle. 

(3)  Une  lecture  d'Andrieux  à  la  Comédie  française 
(Salon  de  1847}  ;  aujourd'hui  visible  au  Musée  de 
Versailles. 

(4)  Titre  des  admirables  articles  de  M.  Maurice 
Barrés,  parus  dans  la  lievue  des  Deux-Mondes  (1913- 
1914),  analysés  dans  le  Bulletin  et  réunis  en  volume 
en  février  dernier  (Paris,  Émile-Paul  frères). 

(5)  C'est-à-dire  de  1789  à  1831. 


Suit  une  vraie  page  d'histoire,  où  le  poète  de  la 
politique  analyse  à  grands  traits  dédaigneux  les 
maladroites  flatteries  du  nouveau  régime  :  on  y 
reconnaît  «  le  courtisan  du  malheur  ",  qui  parle 
au  nom  de  toutes  ses  craintes  pour  l'avenir  et  de 
tous  ses  regrets  du  passé;  le  catholique  libéral, 
que  «  la  sainte  canaille  »  de  1830  a  porté  soudain 
en  triomphe  à  son  retour  de  Dieppe,  pour  avoir 
osé  défendre  contre  les  ultras  la  liberté  de  la 
presse,  mais  aussi  le  pair  de  France,  qui  s'est  ruiné 
courageusement  en  donnant  sa  démission  dans 
la  séance  solennelle  du  7  août,  après  avoir  lu  sa 
protestation  contre  «  l'usurpateur»...  Le  polilique 
parle  avant  l'artiste  et  conclut  :  «  Nos  démolitions 
religieuses  sont  à  la  fois  une  ignorance  historique 
et  un  contre-sens  politique  ». 

Mais  voici  l'artiste,  et  la  plume  qui  rédigea  de 
verve  le  Génie  du  Christianisme  ajoute  avec  une 
ironie  grandiose  :  «  Que  sont  donc  devenus  vos 
romantiques?  On  porte  le  marteau  dans  une 
église,  et  ils  se  taisent...  0  mes  fils  !  Combien 
vous  êtes  dégénérés  !  Faut-il  que  votre  grand- 
père  élève  seul  sa  voix  cassée  en  faveur  de  vos 
temples?  Vous  ferez  une  ode,  mais  durera-t-elle 
autant  qu'une  ogive  de  Saint  Germain-l'Auxer- 
rois?  »  Pour  être  juste,  à  distance,  il  faut  se 
rappeler  que  l'auteur  de  Kotre-Dame-de-Paris  a 
fait  plus  qu'une  ode  et  qu'il  s'indigne  contre  tous 
ces  maçons  «  qui  se  prétendent  architectes  »,  à 
la  fia  de  la  note  ajoutée  à  la  huitième  édition  de 
son  dramatique  et  moyen-àgeux  roman  (1);  mais 
le  vieux  Chateaubriand  devance  encore  sur  ce 
point  le  jeune  Hugo.  Détruire,  écrit-il,  est  une 
besogne  facile  et  chère  aux  Français  qui  n'ont 
jamais  tant  d'empressement  que  pour  ces  jeux 
de  massacre;  «  mais  reconstruire!  Qu'ont-ils 
bâti  depuis  quarante  ans?  »  Cette  impuissance 
de  lart  moderne  à  bâtir  est  une  des  opinions 
favorites  de  l'admirateur  du  «  grand  siècle  »,  qui 
trouvait,  dès  1802,  les  «  mansardes  philoso- 
phiques »  de  l'Ecole  militaire  bien  basses  au- 
dessous  du  «  pinacle  religieux  »  des  Invalides  et 
qui  savait,  dès  lors,  que  "  l'incrédulité  est  la 
principale  cause  de  la  décadence  du  goût  et  du 
génie  »  (2i.  «Que  ne  fait-on  ce  que  j'ai  proposé?» 
continue  l'auteur  de  la  précédente  lettre  au  rédac- 
teur de /'A/'^isïe  (3);  aussi  bien,  l'architecte  impro- 
visé voulait-.ildéjàcmasquerréglisepardes  arbres, 


(1)  Note  datée  de  Paris,  SO  octobre  1332. 

(2)  Titre  d'un  chapitre  de  la  lll*  partie  du  Génie  dn 
Christianisme  (1802). 

(3)  Lettre  datée  de  Paris,  ii  avril  1831. 


128 


LE   BULLETIN   DE   L'ART 


en  la  laissant  subsister  en  face  du  Louvre,  comme 
échelle  et  témoin  de  la  marche  de  l'art  »  (i).  Il 
insiste,  à  présent  :  «  Saint-Germain-l'Auxerrois 
est  un  des  plus  vieux  monuments  de  Paris;  il  est 
d'une  époque  dont  il  ne  reste  presque  rien  ».  Le 
but  avoué  par  l'édilité  de  l'époque  est  de  percer 
une  rue;  très  bien,  mais  «  commencez  les  abatis 
par  le  côté  opposé  au  Louvre,  par  la  place  de 
Grève,  cela  vous  donnera  du  temps  »  (2);  l'ima- 
gination de  Chateaubriand  parle  au  nom  de  la 
raison  qui  conseille  d'attendre,  de  surseoir  à  la 
destruction  de  pierres  vénérables;  on  les  démo- 
lira plus  tard,  si  Ton  ne  peut  faire  autrement... 
Ici  comme  aux  Tuileries,  l'avocat  de  notre  archi- 
tecture nationale  devance  l'avenir  en  défendant 
le  passé  ;  son  regard  entrevoit  la  future  avenue 
Victoria,  que  le  Second  Empire  inaugurera 
vingt-quatre  ans  plus  tard,  le  23  août  18S5,  et 
qui  ne  sera  jamais  achevée  ni  prolongée  jus- 
qu'à   Saint-Germain-l'Auxerrois  ! 

Ce  qu'il  faut  éviter  à  tout  prix,  c'est  de  multi- 
plier les  décombres  «  contre  lesquels  s'amas- 
seront des  immondices  ou  des  échoppes»...  Le 
plus  libéral  des  survivants  de  l'ancien  régime 
rappelle  la  Bastille  abattue,  —  démolition  fort 
opportune  et  tout  à  fait  légitime,  —  car  «  c'était 
une  prison  »  ;  mais  par  quoi  l'a-t-on  remplacé,  ce 
donjon  d'un  autre  âge  ?  Par  un  arbre  de  la 
Liberté,  que  remplace  aujourd'hui  la  masse 
provisoire  d'un  éléphant  d'argile...  «  Et  tout  cela, 
vous  le  savez,  était  à  toujours,  pour  les  siècles, 
pour  l'éternité,  comme  nos  serments  ».  Buona- 
parte,  non  plus,  n'a  pas  vu  la  fin  des  travaux 
commencés,  sous  son  règne  aussi  funeste 
qu'éphémère,  au  Carrousel,  et  la  rue  de  Rivoli 
reste  inachevée...  «  Qui  vous  répond  que  la 
nouvelle  monarchie  ira  jusqu'au  bout  de  la  rue 
qu'elle  va  ouvrir  par  une  ruine?  ». 

On  sait  que  l'auteur  du  Génie  du  Christianisme 
distingue  les  ruines  faites  par  le  temps  des  ruines 
accumulées  par  les  hommes,  et  qu'il  préfère  la 
mélancolique  poésie  des  premières...  Mais  les 
Français  nés  prosaïques  semblent  donner  la 
préférence  aux  secondes  :  «  Nous  autres  Fran- 
çais, nous  sommes  trop  conséquents  dans  le  mal 
et  pas  assez  logiques  dans  le  bien  ».  Au  regard 


(1)  «  Comme  mesure  et  échelle  de  l'art  et  des  siècles 
en  face  de  la  Colonnade  du  Louvre  »,  écrivait  Chateau- 
briand dans  sa  lettre  du  12  avril. 

(2)  Voir,  dans  le  Bulletin  du  30  décembre  1911, 
pp.  316-318,  notre  étude  sur  l'Hôtel  de  Ville  de 
Paris, 


des  inspirés,  la  France  ne  fut  longtemps  ni  poète, 
ni  artiste  ;  et  le  grand-père  des  romantiques  inau- 
gure ici  les  anathèmes  plus  ou  moins  discrets  ou 
méprisants  de  la  race  irritable  des  poètes  :  Vigny, 
sincèrement  épouvanté  par  l'insouciance  et  par 
le  peu  de  «  conviction  »  de  l'Ame  française  ; 
Théophile  Gautier  célébrant  Victor  Hugo,  Bau- 
delaire exaltant  Théophile  Gautier,  comme  des 
miracles  littéraires  dans  le  Paris  de  Louis- 
Philippe  ;  Berlioz  traitant  les  Parisiens  de  cra- 
pauds et  la  France  de  marais  (1)... 

M.  de  Chateaubriand  n'est  guère  plus  tendre 
pour  ces  Parisiens  qui  ne  peuvent  s'amuser 
«  sans  jeter  les  meubles  par  les  fenêtres  ou  sans 
abattre  les  monuments  publics  »...  Cette  ardeur 
légèrement  vulgaire,  cette  jovialité  tapageuse  et 
subversive  des  fils  de  la  Révolution  s'accommode 
fort  mal  avec  la  haute  littérature  qui  voit  «  appa- 
raître l'âge  immortel  de  la  France  »  sur  le  dôme 
des  Invalides  «  enflé  dans  la  vapeur  du  soir  »;  et 
le  projet  de  démolition,  qui  suitle  fait  d'une  pro- 
fanation, ranime  la  «  grande  colère  »  de  l'exilé  : 
ne  pourrait-on  mieux  honorer  les  héros  de 
Juillet?  Le  beau  mérite,  en  vérité,  d'enfoncer  le 
chapeau  sur  la  tête  pour  aller  mettre  à  sac  un 
presbytère  habité  par  uh  vieux  prêtre  et  pour 
0  monter  à  l'assaut  d'un  clocher  »  ! 

Franchement,  la  France  nouvelle  n'aurail-elle 
pas  de  meilleures  occasions  de  montrer  sa  force  ? 
Ici,  le  diplomate  faiL  cause  commune  avec  l'ar- 
chitecte et  s'emporte  avec  la  même  indignation 
contre  ce  peuple  avide  de  ruines,  qui  ne  mettrait 
chapeau  bas  que  devant  «  l'insolence  étrangère  ». 

Qui  aime  bien  châtie  bien  :  malgré  tout,  le 
défenseur  de  notre  vieille  architecture  se  dit 
Français  «  jusque  dans  la  moelle  des  os  »  et 
termine  sa  lettre  par  cette  fervente  profession 
de  foi  nationaliste  où  nous  découvrons  à  M.  Mau- 
rice Barrés  un  précurseur  :  <<  J'aurais  cent  ans 
que  mon  cœur  battrait  encore  pour  la  gloire, 
l'honneur  et   l'indépendance   de   mon   pays  ». 

Aussi  bien,  ce  «  griffonnage  »  est-il  toujours 
d'actualité. 

Raymond  Bouybr. 


(I)  Voir,  dans  la  Revue  bleue  du  19  octobre  190", 
notre  article  intitulé  :  le  Caractère  français  jug^  par 
l'Idéal  romantique. 


Le  Gérant  :  H    ûcnis. 


Paris.  —  Imp.  Georges  Petit,  1^,  rue  Godot  de-Uauroi. 


Numéro  622. 


Samedi  25  Avril  1914. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


Le  Don  du  roi  Georges  V 
à  la  France 


Au  cours  de  la  réception  donnée  à  l'Elysée,  le 
soir  de  son  arrivée  à  Paris,  le  roi  Georges  V  a 
annoncé  au  président  de  la  République  qu'à 
l'occasion  de  son  voyage  en  France,  il  se  faisaii 
un  plaisir  de  remettre  au  gouvernement  français 
cinq  médaillons  de  bronze,  dus  au  sculptem 
Desjardins,  qui  faisaient  autrefois  partie  du  mo- 
nument de  Louis  XIV  sur  la  place  des  Victoires 
et  qui,  après  être  restés  longtemps  à  Kew,  dans 
une  maison  de  campagne  du  roi  Georges  III,  se 
trouvent  aujourd'hui  dans  les  collections  royales, 
au  château  de  Windsor. 

Pour  apprécier  à  sa  valeur  le  geste  du  roi 
d'Angleterre,  —  charmante  manifestation  de 
l'entente  cordiale,  qui  ne  manquera  pas  d'être 
chaleureusement  accueillie  des  deux  côtés  du 
détroit,  —  il  est  nécessaire  de  rappeler  briève- 
ment l'origine  de  ces  bronzes. 

Le  28  mars  1686,  fut  inauguré,  sur  la  place  d(  s 
Victoires,  un  magnifique  monument  en  l'hon- 
neur de  Louis  XIV,  élevé  aux  frais  du  maréchal 
duc  de  La  FeuiUade,  et  qui  fut  dépecé  et  en  partie 
détruit  par  la  Révolution.  Sur  un  piédestal  de 
marbre  blanc  veiné,  haut  de  vingt-deux  pieds,  se 
dressait  une  statue  du  roi,  en  bronze  doré,  de 
treize  pieds  de  haut.  Louis  XIV  était  représenté  en 
grand  habit  du  sacre,  foulant  aux  pieds  un  Cer- 
bère dont  les  trois  têtes  symbolisaient  la  tripla 
alliance  formée  par  les  ennemis  de  la  France  ; 
derrière  lui,  une  statue  de  la  Victoire,  également 
en  bronze  doré,  le  pied  posé  sur  un  globe  «  et  le 
reste  du  corps  en  l'air  »,  —  suivant  le  mot  de  Piga- 
niol  de  La  Force,  à  qui  j'emprunte  cette  descrip- 
tion, —  tenait  d'une  main  une  couronne  de  lau- 
rier au-dessus  de  la  tête  du  roi,  et  de  l'autre  un 
faisceau  de  palmes  et  de  branches  d'olivier.  Ces 
deux  statues  et  les  divers  accessoires  qui  les 
complétaient,  —  bouclier,  faisceau  d'armes, 
massue  d'Hercule,  etc.,  —  formaient  un  groupe 


de  bronze  fondu  d'un  seul  jet,  sous  la  direction 
de  l'auteur,  Martin  van  den  Rogaert,  dit  Desjar- 
dins (1640-1694),  dont  ce  monument  était  l'œuvre 
la  plus  considérable. 

C'est  Desjardins  aussi  qui  avait  donné  les  des- 
sins et  conduit  la  fonte  des  figures  et  ornements 
entourant  le  piédestal.  Sur  les  quatre  corps 
avancés  du  soubassement  servant  d'empâtement 
à  ce  piédestal,  quatre  esclaves  de  bronze,  assis  et 
enchaînés,  représentaient  les  nations  dont  la 
France  avait  triomphé  sous  Louis  XIV;  six  bas- 
reliefs  de  bronze  ornaient  le  piédestal  et  rappe- 
laient quelques  dates  mémorables  du  règne  :  la 
Préséance  de  la  France  reconnue  par  l'Espagne 
(1662), /e  Passage  du  Rhin  (1672),  la  Conquête  de 
la  Franche-Comté  (1674),  la  Paix  de  Nimègue 
(1678),  les  Duels  abolis,  l'Hérésie  détruite  (1685); 
enfin  des  fanaux,  portés  sur  des  colonnes  de 
marbre  et  ornés  de  médaillons  ovales  de  bronze, 
éclairaient  la  place  pendant  la  nuit. 

Aujourd'hui,  la  statue  du  grand  Roi  et  celle  de 
la  Victoire  n'existent  plus  ;  les  quatre  esclaves 
ornent  la  façade  de  l'Hôtel  des  Invalides,  du 
côté  de  l'Esplanade  ;  les  six  bas-reliefs  de  bronze 
sont  au  Louvre  ;  les  fanaux  ayant  été  démolis 
dès  1718,  les  colonnes  qui  les  soutenaient  furent 
données  à  la  cathédrale  de  Sens,  et  les  médail- 
lons qui  les  ornaient  passèrent  en  Angleterre. 

Lorsque  M.  Paul  Cambon  présenta  les  lettres 
l'accréditant  comme  ambassadeur  de  France  en 
Angleterre,  la  reine  Victoria  lui  fit  remarquer 
ces  médaillons,  dont  on  ignorait  la  provenance; 
M.  Cambon  s'enquit,  et  l'identification  fut 
bientôt  faite  de  la  façon  la  plus  certaine.  Un  de 
ceux  qui  contribuèrent  à  cette  identification, 
M.  Georges  Cain,  obtint  de  la  reine  Victoria  que 
ces  cinq  pièces  fussent  prêtées  à  l'Exposition 
rétrospective  de  la  Ville  de  Paris,  en  1900,  où 
l'on  put  les  admirer. 

Ce  sont  ces  médaillons  qui  reviennent  en 
France  aujourd'hui,  et  cette  fois  pour  toujours, 
grâce  au  don  généreux  du  roi  Georges  V. 

E.  D. 


i;îo 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie  des  beaux-arts  (séance  du  18  avril). 
—  M.  Dagnan-Bouveret,  président,  prononce  l'éloge 
de  M.  La  Haye,  directeur  de  l'École  des  beaux-arts  de 
Nîmes,  correspondant  de  la  Compagnie,  qui  vient  de 
mourir. 

—  M.  Pascal,  qui  fait  fonctions  de  secrétaire  des 
séances  en  l'absence  de  M.  Henry  Koujon,  annonce 
que  l'exécution  de  la  cantate  qui  a  obtenu  le  l'rii^ 
Hossini  aura  lieu  le  lundi  4  mai,  au  Conservatoire; 
l'auteur  de  cette  cantate,  M.  Laporte,  entrera  en  loge 
le  lendemain,  au  palais  de  Compiègne,  pour  le  con- 
cours du  Prix  de  Rome  de  composition  musicale. 

—  Ont  été  admis  en  loges,  pour  le  concours  du 
Prix  de  Rome  de  sculpture  :  MM.  Silvestre  (élève  de 
MM.  Mercié  et  Cariés);  Mathey  (Injalbert,  Hannaux); 
Ambroise  Donnet  (Mercié,  Cariés);  Cassou  iCoutan): 
Aubine  (Coutan);  Petit  (Injalbert);  Merigoargues 
(Mercié);  Leriche  (Injalbert.  Hannaux);  Cellier  (Cou- 
tan, Larche);  SarrabezoUes  (Mercié,  Marqueste). 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
(séance  du  17  avril).  —  M.  de  Mély  examine  la  com- 
position du  célèbre  retable  du  Parlement  qui,  depuis 
1904,  a  quitté  le  Palais  de  justice  pour  Mre  exposé 
au  Louvre.  On  a  attribué  à  beaucoup  de  peintres 
divers  celte  œuvre  qui  aurait  été  exécutée  entre  U4.'i 
et  1505;  on  ne  sait  même  s'il  faut  y  reconnaître 
Charles  VU  ou  Louis  XI.  En  réalité,  ce  tableau  fut 
commandé,  en  1454,  par  le  Parlement  qui  chargea  le 
conseiller  Jean  Paillard  d'en  surveiller  l'exécution  ; 
à  la  mort  de  celui-ci,  en  1455,  la  Cour  ordonna,  le 
2  juillet,  de  réclamer  à  sa  succession  143  livres  4  sols 
4  deniers  qui,  n'ayant  pas  été  payés  à  l'artiste,  devaient 
lui  être  soldés.  Quant  au  nom  de  l'artiste,  sur  le 
collet  du  vêtement  du  valet,  Oaesbi  ko,  qu'on  a  inter- 
prété par  Johannes  Brugensis,  il  faut  le  lire  caksbkut, 
nom  d'un  artiste  flamand  qui  se  retrouve  à  Bruges, 
en  1459,  entouré  de  ses  élèves. 

—  M.  Jean  Six,  professeur  à  l'Université  d'Amster- 
dam, fait  une  communication  relative  au  sculpteur 
Calamis.  Dans  l'histoire  naturelle  de  Pline,  une  statue 
lui  est  attribuée  que  le  récit  désigne  sous  le  nom 
d'Alcumène,  mot  que  les  éditeurs  ont  corrigé  en 
Alcmène.  M.  Six  pense  qu'il  faut  lire  Algoumene, 
«  la  douloureuse  ».  En  effet,  dans  le  passage  de  Pline 
où  est  mentionnée  celte  statue,  il  en  est  plusieur.» 
autres  qui  sont  désignées  par  des  épithètes  ou  des 
périphrases  marquant  leur  action  ou  leur  attitude. 
Cette  expression  de  la  douleur  serait  l'original  de  la 
statue  dite  Pénélope,  au  Vatican,  qui  oll're  des  ana- 
logies de  style  très  frappantes  avec  l'aurige  de  Delphes 
et  avec  les  trônes  sculptés  de  l'ancienne  collection 
Ludovisi,  œuvres  qui  ont  déjà  été  attribuées  àCalamis. 

Société  de  l'histoire  de  l'art  français  (séance 
du    3    avril).    —    M.    Alphonse    Roux    communique 


quelques  notes  sur  le  livre  d'heures  de  Roucicaut  du 
Musée  André;  il  montre  comment  ce  livre  put  passer 
de  chez  Diane  de  Poitiers  et  ses  descendants  chez  la 
marquise  de  Verneuil. 

—  M.  François  Monod  étudie  les  principales  œuvres 
françaises,  antérieures  au  xix*  siècle,  qui  se  trouvent 
au  Musée  métropolitain  de  .New-York  .  et  dans  ta 
collection  John  S.  Johnson,  à  Philadelphie. 

Société  nationale  des  antiquaires  de  France 
(séance  du  15  avril).  —  M  .Max  Prinet  examine  le 
sceau  d'un  abbé  de  Stavelot  et  de  Malmedy  au 
iiv  siècle  qui  était  un  membre  de  la  famille  von 
Bougard. 

—  M.  Germain  Bapst  annonce  qu'il  a  retrouvé 
l'origine  du  médaillon  en  bronze  doré  du  Grand 
Condé  conservé  à  Chantilly;  ce  médaillon  a  servi  à  la 
décoration  du  catafalque  du  prince  à  Noire-Dame. 

—  M.  Pasquier  présente  une  miniature  française 
du  xv  siècle  représentant  sainte  Catherine. 

—  .M.  le  comte  de  Loisne  complète  la  communica- 
tion qu'il  avait  faite  à  une  précédente  séance  sur  un 
bréviaire  exécuté  au  xv  siècle  pour  Henri  de  Lorraine, 
évêque  de  Thérouanne. 

Musée  des   Arts  décoratifs.   —  Jeudi  dernier, 

23  avril,  s'est  ouverte,  au  Musée  d«s  Arts  décoratif» 
(Pavillon  de  Marsan),  l'exposition  anglaise  d'art  déco- 
ratif moderne,  que  nous  avions  annoncée.  On  sait 
qu'elle  offre  l'intérêt  particulier  d'avoir  été  organisée 
par  la  section,  récemment  créée  au  minisière  du 
(iOmmerce  anglai."!,  pour  assurer  aux  expositions 
laites  à  l'étranger  une  unité  et  une  continuité  de 
direction  qui  leur  avaient  manqué  jusqu'à  ces  der- 
nières années.  C'est  la  première  occasion  qui  se  pré- 
sente pour  la  France  de  connaître  les  progrès  accomplis 
en  Angleterre,  dans  le  domaine  de  l'art  décoratif, 
depuis  les  débuts  du  mouvement  moderne  qui,  ayant 
pris  naissance  avec  William  Morris,  Uossetti.  Biirne 
Jones  et  leurs  amis,  s'est  étendu  à  toute  l'Europe. 

Le  bulletin  et  la  lievue  reviendront  sur  ce  sujet. 
Contentons-nous  d'indiquer  aujourd'hui  que  l'exposi- 
tion comprend  d'abord  une  partie  rétrospective  où 
figurent  les  célèbres  tapisseries  de  Morris  et  de  Burne 
Jones:  un  choix  de  tentures,  de  papiers  cl  de  meuble» 
exécutés  dans  les  ateliers  de  Morris;  des  poteries  de 
William  de  Morgan,  etc. 

La  section  du  livre  montre,  à  côté  des  chefs-d'œuvre 
de  la  Kelmscott  Press,  les  belles  impressions  et  les 
reliures  pour  lesquelles  l'Angleterre  tient  aujourd'hui 
encore  une  place  prépondérante. 

L'exposition  comprend,  en  oulre.  des  sections  d'aria 
graphiques,  de  céramique,  d'argenterie  et  bijouterie, 
de  lissus  et  de  dentelles. 

Les  objets  figurant  dans  ces  diverses  sections  ont 
été  choisis  sous  la  direction  de  Sir  Isidore  Spielmann, 
directeur,  pour  les  Beaux-Arts,  du  service  des  exposi- 
tions au  ministère  du  Commerce,  par  un  Comité  dont 


ANCIEN    ET   MODERNE 


131 


le  présicient  est  Sir  Cecil  Ilarcourt  Smith,  directeur  du 
Musée  Victoria  et  Albert  à  South  Kensington,  et  le 
vice-président,  le  célèbre  artiste  W'alter  Crâne. 

Les  salles  du  Musée  dans  lesquelles  a  été  aménagée 
l'exposition  anglaise  ont  été  complètement  transfor- 
mées en  vue  de  leur  donner  un  cadre  conforme  au 
caractère  national.  Leur  installation  a  été  faite  d'après 
l«s  plans  et  dessins  de  M.  Henry  W'ilson  qui,  avec 
l'aide  de  MM.  Walter  Crâne,  Anning  Bell,  Cockerell, 
et  plusieurs  autres  collaborateurs,  y  ont  travaillé 
activement  pendant  près  d'un  mois. 

Le  foi  et  la  reine  d'Angleterre,  qui  s'intéressent  tout 
spécialement  à  l'art  décoratif,  ayant  exprimé  le  désir 
de  visiter  l'exposition  durant  leur  séjour  à  Paria,  se 
sont  rendus  au  Pavillon  de  Marsan,  dans  la  matinée 
du  jeudi  23. 

L'exposition  restera  ouverte  tout  l'été. 

Salon  de  la  Société  des  Artistes  français.  — 
Le  vernissage  du  Salon  des  Artistes  français  aura  lieu, 
au  Grand  Palais  des  Champs-Elysées,  le  jeudi  30  avril. 

Exposition  des  Artistes  indépendants.  — 
L'exposition  des  Indépendants  est  prolongée  jusqu'au 
3  mai. 

A  Belgrade.  —  La  reine  Nathalie  de  Serbie  vient 
de  donner  au  Musée  national  de  son  pays  deux 
collections  d'armes  ayant  appartenu  aux  rois  Milan  et 
Alexandre  Obrenovitch,  et  qui  comprennent,  entre 
autres  pièces  remarquables,  le  sabre  d'Abver  Pacha, 
ancien  gouverneur  ottoman  de  Belgrade,  que  ce 
dernier  remit  au  prince  Michel,  lors  de  la  prise  de  la 
ville  par  les  Serbe»,  et  deux  pistolets  ayant  appartenu 
au  général  autrichien  Landon,  qui  prit  Belgrade  aux 
Turcs,  au  xviu'  siècle. 

Elle  a  donné  aussi  à  l'Académie  des  sciences  la 
bibliothèques  des  rois  Milan  et  Alexandre. 

A  Copenhague.  —  Le  Bulletin  a  déjà  annoncé 
brièvement  qu'une  exposition  de  peintures  et  dessins 
de»  principaux  artistes  français,  de  1800  à  nos  jours, 
était  en  cours  d'organisation.  Elle  s'ouvrira  le  15  mai 
prochain,  dans  les  salles  du  Musée  royal  de  Copen- 
hague, mises  à  la  disposition  des  organisateurs  par 
le  gouvernement  danois. 

Le  Comité  d'organisation  danois,  composé  de 
MM.  Karl  .Madsen,  directeur  du  Musée  royal,  prési- 
dent du  Comité  ;  A. -P.  Weis,  directeur  au  ministère 
de  l'Instruction  publique,  des  Cultes  et  des  Beaux- 
Arts;  L.  Zeuthen,  président  de  la  Société  de»  Ami» 
du  Musée,  trésorier  du  Comité  ;  Tige  Millier,  secré- 
taire général  du  Comité,  a  trouvé  auprès  des  gou- 
vernements français  et  danois  l'accueil  le  plus  favo- 
rable et  les  concours  les  plus  empressés. 

Le  Comité  d'organisation  et  son  délégué,  M.  Tige 
Moller,  chargé  de  recueillir  les  adhésions  et  de  réunir 
les  œuvres,  à  Paris,  ont  rencontré  le  concours  le  plus 
cordial,  le  pluî  actif  auprès  'de  toutes  les  personna- 
lité» marquantes  du  monde  des  arts. 


Le  Comité  français  est  ainsi  composé  :  MM.  Léonce 
Bénédite,  Georges  Bernheim,  Bernheim  jeune,  E.  Ber- 
taux,  Alfred  Beurdeley,  M"'  Blanchi,  MM  Eugène 
Blot,  H.  Brame,  M»-  J.-Th.  Couture,  MM.  Emile 
Dacier,  Armand  Dayot,  Loys  Delteil,  M"'  Diéterle, 
MM.  Durand-Buel,  Théodore  Duret,  Paul  Gallimard, 
V.  de  Coloubew,  René  Jean,  Frantz  Jourdain, 
Alphonse  Kann,  Raymond  Kœchlin,  Henry  La- 
pauze,  P.  Leprieur,  Henry  Marcel,  André  Michel, 
Claude  Monet,  François  Monod,  Moreau-Nélaton, 
Georges  Petit,  Petitdidier,  J.  Peytel,  Auguste  Renoir, 
Joseph  Regnault,  F.  Roches,  Auguste  Rodin,  P.  Rû- 
senberg,  Ernest  Rouart,  Louis  Houart,  M""  E.  Rouart, 
MM.  0.  Sainsère,  André  Schœller,  Alfred  Strolin, 
Tempelaere,  Tauber,  Trotti,  Vildrac,  VoUard. 

Grâce  à  tant  de  bonnes  volontés,  il  a  été  possible 
de  réunir  un  ensemble  imposant  des  plus  belles 
œuvres  de  l'art  français  au  xix*  siècle,  et  l'exposition 
du  Musée  royal  de  Copenhague  s'annonce  comme 
devant  être  l'une  des  plu»  belles  manifestations  du 
génie  français  qui  aura  eu  lieu  hors  de  Paris 

Nécrologie.  —  M.  Euyène  Pujalel,  directeur  de 
la  sûreté  générale,  décédé  le  13  avril,  à  l'âge  de 
46  ans,  était  contrôleur  de»  services  extérieurs  et 
inspecteur  des  services  administratifs  au  ministère  de 
l'Intérieur,  lorsqu'eut  lieu  le  vol  de  la  Joconde.  Il  fut 
appelé  alors  à  remplacer  M.  HomoUe  comme  direc- 
teur des  Musées  nationaux,  et  pendant  le  temps  qu'il 
passa  au  Louvre,  avant  la  nomination  de  M.  Henry 
Marcel,  il  travailla  avec  beaucoup  de  tact  et  d'énergie 
a  la  réorganisation  de  certains  services.  En  ces  cir- 
constances délicates,  son  action  fut  très  heureuse  et 
très  appréciée. 

—  Af.  Louis  Carrière,  ancien  capitaine  de  tirailleurs 
en  Crimée  et  en  Algérie,  conservateur  honoraire  des 
.Musées  nationaux,  décédé  à  Fontainebleau,  à  l'âge 
de  68  ans,  avait  été  régisseur  du  palais  de  Fontai- 
nebleau de  1882  il  1896,  puis  conservateur  jusqu'à  sa 
retraite,  en  1902. 

—  Un  des  plus  grands  peintres  polonai»,  Joseph 
Chelrnonski,  vient  de  mourir  à  Kukloroska,  près  de 
Varsovie,  dans  sa  cinquante-cinquième  année.  Né  à 
Borki  (Pologne  russe)  en  1849,  il  avait  fait  ses  études 
à  Varsovie,  à  Berlin,  à  Munich  et  à  Paris,  où  il  sé- 
journa de  187,5  à  1889,  exposant  régulièrement  aux 
Salons.  L'originalité  et  la  vigueur  avec  lesquelles  il 
représentait  les  scènes  et  les  paysages  de  son  pays 
lui  valurent  une  mention  honorable  en  1882  et  un 
grand  prix  à  l'Exposition  universelle  de  1889.  Ses  con- 
tinuels voyages  à  travers  l'Europe  et  l'Amérique  ne 
furent  pas  sans  influer  sur  la  force  et  la  sincérité  de 
son  talent.  Il  exposait  encore  en  1911,  au  Salon  de  la 
Société  de»  Artistes  français,  un  épisode  de  la  cam- 
pagne de  1812. 


132 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


CHRONIQUE    DES    VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Collec- 
tion Hodgkius  (dessins  anciens).  —  Un  cata- 
logue illustré,  de  belle  taille,  établi  sur  le  type 
du  catalogue  de  la  vente  Doucet,  nous  apporte 
les  détails  les  plus  complets  sur  la  réunion  de 
dessins,  aquarelles  et  gouaches  de  l'école  fran- 
çaise du  xviii*  siècle,  composant  la  Collection 
particulière  de  M.  E.  M.  Hodgkins,  dont  la  vente 
aura  lieu,  comme  nous  l'avons  déjà  indiqué,  à  la 
galerie  Georges  Petit,  le  30  avril,  par  le  ministère 
de  M"  Lair-Dubreuil  et  H.  Baudoin  etde  MM.  Jules 
Ferai,  Paulme  et  Lasquin. 

Parmi  les  cinquante-cinq  numéros  qui  com- 
posent cette  vacation,  assurée  d'avance  du  succès, 
signalons  en  particulier  :  le  Mariage  rompu,  par 
E.  Aubry  ;  une  Noce  de  village,  par  L.  van  Bla- 
renberghe  ;  le  Baiser,  la  Lecture  du  omième  Bul- 
letin de  la  Grande  Armée, un  Café  de  Parisen  1815, 
et  un  Cabaret  de  Paris  en  1815,  par  L.-L.  Boilly  ; 
le  Gage  touché  et  le  Colin-Maillard,  par  A.  Borel  ; 
Vénus  aux  colombes,  par  F.  Boucher;  Jeune  femme 
assise  de  côté  dans  un  fauteuil  et  Femme  assise  sur 
un  fauteuil,  par  Chasselat  ;  Illuminations  des 
écuries  de  Versailles  à  l'occasion  du  second  mariage 
du  Dauphin  [9  février  17i7),  par  Cochin  le  fils; 
le  Sacrifice  au  Minotaure,  Jeune  femme  assise,  la 
Visite  au  grand-père.  Buste  de  Napolitaine,  par 
J.-H.  Fragonard  ;  l'Entretien  galant,  par  Gra- 
velot  ;  la  Consultation  de  l'oracle,  par  Hoin  ;  le 
Petit  Coblentz  (  Vue  du  boulevard  de  Gand  sous  le 
Directoire),  par  Isabey  ;  Feuille  d'étude,  par  Lan- 
cret  ;  les  Trois  sœurs  au  parc  de  Saint-Cloud  et 
le  Petit  lever,  par  N.  Lavreince  ;  Vue  du  Grand 
Trianon,  en  1780,  par  N.  de  Lespinasse  ;  la 
Tireuse  de  cartes  et  le  Petit  déjeuner,  par  J.-B. 
Mallet  ;  Intérieur  de  palais,  par  Maréchal  ;  Expo- 
sition de  tableaux  sur  la  place  Dauphine,  par 
Maucert  ;  la  Marchande  d'oranges  et  la  Marchande 
d'huîtres,  par  G.  Opiz  ;  la  Musique  de  chambre, 
par  Portail  ;  le  Visiteur  attendu,  par  Van  Gorp, 
et  deux  Feuilles  d'étude,  l'une  de  sept  têtes, 
l'autre  de  trois  têtes,  par  A.  Watteau. 

La  plupart  de  ces  dessins  proviennent  de  ventes 
récentes,  notamment  des  collections  P.  Decour- 


celle  et  J.  Doucet.  Il  sera  piquant  de  constater 
comment  ils  se  comporteront  à  nouveau  sous  le 
feu  des  enchères. 

Collection  délia  Torre  (estampes,  objets 
d'art).  —  Le  7  mai,  salles  7  et  8,  M"  Lair-Dubreuil 
et  H.  Baudoin,  assistés  de  MM.  Danlos,  Paulme  et 
Lasquin,  procéderont  à  la  vente  des  estampes  du 
xviii"  siècle  et  des  objets  d'art  et  d'ameublement 
de  la  même  époque  composant  la  Collection  de 
jjf"«  délia  Torre. 

Dans  la  première  partie  de  la  vente,  nous 
remarquons  :  le  Portrait,  grandeur  nature  de 
M""  Baudoin  et  le  Portrait,  grandeur  nature,  d» 
A/'"«  Deshays.  deux  gravures  en  imitation  de  pastel 
par  L.  Bonnet,  d'après  F.  Boucher;  les  Deux  bai- 
sers, par  Debucourt,  en  couleurs  ;  Jeune  Fille  lisant 
Abailard,  d'après  Boucher,  par  Demarteau,  en 
plusieurs  tons,  et  Jeune  Fille  à  la  rose,  épreuve 
en  plusieurs  tons,  par  les  mômes  artistes  ;  Fré- 
dérique- Louise- Wilhelmine  de  Prusse,  femme  de 
Guillaume  !<"",  roi  des  Pays-Bas  et  Frédérique-Louise- 
Wilhelminede  Prusse,  princesse  héréditaire  d'Orange 
et  de  Nassau,  par  Descourtis  ;  Mrs  Benwetl,  par 
\V.  Ward,  d'après  Hoppner,  en  couleurs; 
Elisabeth,  countess  of  Mexborough,  également  en 
couleurs,  par  le  môme,  d'après  le  môme;  Marie- 
Antoinette  d'Autriche,  reine  de  France  et  de 
Navarre,  par  Janinet,  et  Nina,  par  le  même, 
d'après  Hoin,  ces  deux  pièces  en  couleurs;  the 
Right  Honorable,  the  Countess  of  Derby,  d'après 
Lawreince,  par  Bartolozzi,  en  couleurs;  l'Indis- 
crétion, par  Janinet,  d'après  Lavreince,  en 
couleurs  ;  les  Chagrins  de  l'enfance,  par  Le  Cœur, 
d'après  Mouchet,  en  couleurs;  A  Bacchante  et 
Nature,  par  J.  R.  Smith,  d'après  Reynolds,  en 
couleurs;  Mademoiselle  Parisot,  par  J.  U.  Smith, 
d'après  Dewis,  en  couleurs  ;  What  you  tiill  —  Ce 
qui  vous  plaira,  par  J.  R.  Smith,  en  couleurs; 
enfin  Master  Lambton,  d'aprè»  Lawrence,  par 
S.  Cousins,  en  couleurs. 

La  seconde  partie  de  la  vente  comprend  des 
anciennes  porcelaines  de  Saxe  et  de  Chine;  des 
bronzes  du  xviii«  siècle  ;  un  mobilier  de  salon, 
—  canapé  et  six  fauteuils,  —  en  ancienne 
tapisserie  d'Aubusson,  à  corbeilles  de  fleurs, 
d'époque   Louis   X.VI  ;   deux   fauteuils  couverts 


ANCIEN    ET   MODERNE 


(33 


en  tapisserie  Une  des  Gobelins  ou  de  Beauvais 
du  temps  de  la  Régence,  à  bouquets  de  Heurs 
et  de  fruits;  enfin,  une  réunion  riche  et  variée 
de  meubles  des  époques  Louis  XV  et  Louis  XVL 
en  marqueterie  et  bronzes,  certains  portant  des 
estampilles  d'ébénistes  connus;  les  plus  remar- 
quables sont  reproduits  dans  le  catalogue  illustré 
de  cette  vente. 

A  Amsterdam.  —  Tableaux  modernes.  — 

Nous  recevons  les  catalogues  illustrés  de  trois 
ventes  de  tableaux,  dessins  et  aquarelles  moder- 
nes, qui  auront  lieu  toutes  trois  chez  Fred.  Muller 
et  C'',  à  Amsterdam,  le  29  avril. 

—  Le  premier  catalogue  comprend  les  tableaux, 
aquarelles  et  dessins  modernes  provenant  de  la 
Collection  J.  H.  C.  Heyse,  de  Middelburg,  et  de 
quelques  autres  successions.  Dans  la  première 
partie  de  cette  vente,  nous  remarquons  les  noms 
de  :  Allebé,  Blommers,  Th.  de  Bock,  Bosboom, 
Breitner,  J.  Israels,  W.  Maris,  A.  Neuhuys,  Wijs- 
muller,  Klinkenberg  et  Mesdag.  Ce  sont  à  peu 
près  les  mêmes  noms  que  nous  retrouvons  dans 
la  seconde  partie  du  catalogue,  avec  ceux  de  : 
V.  van  Gogh,  Gorter,  Innocenti  et  Schildt. 

—  L'école  néerlandaise  moderne  domine 
moins  exclusivement  dans  la  Collection  de  feu 
M.  J.  H.  L.  de  Haas,  de  Bruxelles,  où  nous  notons 
des  scènes  de  genre  de  Bakker  Korf,  des  pay- 
sages de  F.  Courtens,  Daubigny  et  Diaz,  Une 
Alerte,  de  Fromentin,  un  Bord  de  mare,  de 
P.-J.-G.  Gabriel,  des  têtes  de  jeunes  femmes, 
de  la  première  manière  de  J.  Israels,  et  une 
aquarelle,  le  Retour,  du  même  artiste,  des  poules 
de  Ch.  Jacques,  le  Portrait  du  prince  Luitpold  de 
Bavière,  par  F.  Lenbach,  une  Vue  à  Dordrecht  de 
J.  Maris,  enfin  des  paysages  de  Roelofs,  Th.  Rous- 
seau et  Troyon. 

—  Enfin,  la  troisième  vente  est  celle  de  l'ate- 
lier John  F.  Hulk,  le  peintre  animalier  hollandais, 
né  à  Amsterdam  en  1855,  mort  en  1913.  Cultivant 
à  la  fois  la  peinture  à  l'huile  et  l'aquarelle,  il 
traite  cette  dernière  dans  la  manière  large  et 
fondue  de  l'école  hollandaise  moderne.  Sans 
négliger  les  modestes  habitants  des  basses-cours, 
canards,  lapins  et  cochons,  il  peignit  de  ces  sujets 
cynégétiques  qui  ont  tant  de  succès  auprès  d'une 
certaine  catégorie  d'amateurs,  en  particulier  les 
chasses  au  renard,  dont  la  présente  vente  nous 
offre  divers  spécimens. 

M.  N. 


ESTAMPES 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Collec- 
tion Roger  Marx  (1''°  vente  :  estampes  mo- 
dernes). —  Du  27  avril  au  2  mai,  à  Ihôtel  Drouot, 
salle  7,  M"  Lair-Dubreuil  et  H.  Baudoin,  assistés 
de  M.  L.  Delteil,  disperseront  les  estampes  mo- 
dernes faisant  partie  de  la  collection  de  M.  Roger 
Marx,  récemment  décédé. 

Le  catalogue  illustré  comprend  plus  de  1500  nu- 
méros, et  quand  on  se  rappelle  avec  quel  enthou- 
siasme Roger  Marx  a  aimé  l'estampe  originale 
moderne,  avec  quel  talent  et  quelle  pénétration 
il  en  a  écrit,  avec  quelle  ténacité  il  s'est  attaché 
à  mettre  en  valeur  les  graveurs  et  les  lithographes 
les  plus  personnels  de  la  seconde  moitié  du  der- 
nier siècle,  on  peut  se  faire  une  idée  de  la  beauté 
et  de  l'intérêt  de  cette  collection,  —  sans  doute 
la  plus  remarquable  du  genre  qui  ait  jamais 
passé  en  vente  publique. 

L'homme  qui  rappela  les  mérites  de  l'œuvre 
gravé  de  Ghassériau,  qui  catalogua  les  pointes 
sèches  de  Rodin  dès  1902,  qui  fit  connaître 
Jongkind  comme  graveur,  qui  rechercha  les  gra- 
vures d'Adolphe  Hervier  et  de  Théodule  Ribot, 
qui  eut  un  véritable  culte  pour  le  maître  Ferdi- 
nand Gaillard  ;  l'écrivain  qui  sut  deviner  le  talent 
de  tant  de  graveurs  et  de  lithographes,  et  qui  les 
fit  connaître  au  public  par  des  notices,  des  pré- 
faces de  catalogues,  des  articles  de  revues,  ne 
pouvait  manquer  de  prêcher  d'exemple  et  de 
recueillir  en  ses  cartons  les  œuvres  les  plus 
belles  et  les  plus  rares  de  ses  artistes  de  prédi- 
lection. C'est  ainsi  qu'on  retrouvera,  dans  le 
catalogue  très  soigneusement  établi,  les  noms  de 
tous  ceux  à  qui  il  a  consacré  des  monographies  : 
à  ceux  qu'on  a  déjà  cités,  il  faut  ajouter  Fantin- 
Latour,  Henry  Guérard,  Alphonse  Legros,  Eugène 
Carrière,  Auguste  Lepère,  Gustave  Leheutre, 
Eugène  Béjot,  Franck  Laing,  Edgar  Chahine, 
Frank  Brangwyn,  Pieter  Dupont,  Albert  Belle- 
roche,  Paul-Émile  Colin,  H.  Vergéssarat,  Jean 
Patricot,  M""  Jeanne  Bardey,  etc. 

Mais  bien  d'autres  artistes  se  rencontrent  avec 
ceux-là  pour  prouver,  selon  le  mot  de  M.  L.  Del- 
teil dans  la  préface  du  catalogue,  que,  chez  Roger 
Marx,  «  le  critique  fut  constamment  d'accord  avec 
le  collectionneur».  Il  est  difficile  de  les  citer 
tous,  d'autant  qu'il  est  de  peu  d'intérêt  d'aligner 
des  noms,  quand  on  ne  peut  énumérer  les 
pièces,  préciser  leurs  états,  dire  leurs  qualités, 
vanter  souvent  leur  rareté  et  ce  que  leur  ajoutent 
ces  signatures,  ces  remarques,  ces  dédicaces. 


134 


LE   BDLLKTIN    DE   L'ART 


toujours  extrêmement  précieuses  aux  yeux  des 
amateurs. 

Il  faut  pourtant  indiquer  les  séries  les  plus 
abondantes,  qui  sont  celles  d'Alhert  Besnard,  de 
Félix  Bracquemond,  de  ï'élix  Buhot,  de  Miss  Mary 
Cassait,  d'Edgar  Degas,  de  Forain,  d'Helleu,  de 
Louis  Legrand,  d'Edouard  Manet,  d'Odilon  Hedon, 
de  Steinlen,  de  Toulouse-Lautrec,  de  VVhistier... 

Encore  une  fois,  on  ne  peut  pas  tous  les  nom- 
mer; on  doit  renvoyer  au  catalogue,  sous  peine 
de  ne  donner  qu'une  idée  bien  imparfaite  de  ce 
véritable  cabinet  de  l'estampe  originale  moderne, 
où  toutes  les  manifestations  vraiment  person- 
nelles de  l'art  du  peintre-graveur  et  du  peintre- 
lithographe  de  ces  cinquante  dernières  années  se 
trouvent  échantillonnées  en  pièces  de  choix,  et 
parfois  d'une  insigne  rareté. 

Les  amateurs  vont  avoir  une  belle  semaine,  et 
le  résultat  de  cette  vente —  la  première  de  celles 
qui  doivent  disperser  les  collections  du  critique 
d'art  —  ne  saurait  manquer  d'être  curieux  et 
instructif  pour  tous  ceux  qui  s'intéressent  à  la 
gravure;  nous  allons  avoir  une  «  cote  »  pour 
certains  artistes  qu'on  n'a  pas  souvent  l'occasion 
de  rencontrer  si  abondamment  ni  si  remarqua- 
blement représentés  en  ventes  publiques. 

R.  G. 

Li'i'i?  iTi  iT  'I'    "  "T  'I  r  "M  '       I  i"iim  rm  ipi 
EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Eugène  Viala,  1859-1913  (galerie  Manzi). 
—  De  r  Encre,  de  l'Acide  et  de  la  Souffrance  : 
c'était  le  litre  du  premier  album  d'eaux-forles 
composé  par  ce  peintre  graveur  et  poêle,  mort 
au  printemps  dernier,  sans  avoir  connu  son 
heure  de  gloire  et  qui  s'intitulait  lui-même  «  un 
sauvage  ».  Un  lettré,  pourtant,  mais  qui  ne  fré- 
quenta jamais  que  la  solitude  natale  de  son 
Rouergue  aussi  sombre  que  lui  ;  bref,  un  Alceste, 
un  peu  comme  Alphonse  Legros  dont  il  retrou- 
vait l'amertume  dans  le  décor  broussailleux  de 
ses  ravins  boisés  :  tant  il  est  vrai  que  le  paysage 
n'est  que  le  miroir  d'un  songe  intérieur!  Sonnet- 
tiste  et  symboliste,  entre  deux  études  peintes 
ou  gravées,  paysagiste  en  prose  poétique  ou  la 
palette  au  pouce,  sous  le  vent  hallucinant  des 
causses,  il  animait  la  tristesse  de  la  nature  à  la 
tristesse  de  son  Ame  :  uniforme  et  perpétuel 
éthange,  où  s'absorbait  silencieusement  l'ami  de 
ces  Humbles  terres  qui  passaient  trop  inaperçues 
à  la  Société  nationale,  en  1902  !  Le  ciel  orageux, 


les  nuées,  les  coups  de  soleil,  l'éclair  d'une  ean 
dormante  au  pied  des  collines,  les  rabougris 
sur  le  bord  d'un  sentier  solitaire,  l'aube  appa- 
raissant «  sur  le  dos  amarante  et  nu  de  la  mon- 
tagne »,  les  noirs  corbeaux  sur  la  glèbe  entamée 
par  les  grands  bœufs,  les  chênes  épandus  sur  les 
grès,  les  rêves  d'un  homme  éveillé,  le  roman- 
tisme de  l'ombre  et  du  soir,  tel  était  son  mé- 
lancolique et  singulier  royaume,  qui  ne  s'éclai- 
rait parfois  que  dans  une  fraîcheur  d'aquarelle... 
Enlrevu  chez  Hessèle,  rue  Laffitte,  en  1904,  h 
côté  du  lithographe  Auguste  Fabre  et  du  graveur 
Fritz  Overbeck,  aussitôt  deviné  par  la  sympathie 
de  M.  Arsène  Alexandre,  Viala,  devenu  décora- 
teur, avait  travaillé  pour  le  musée  de  Rodez, 
pour  la  vénerie  de  MM.  Menier,  pour  l'hôtel  de 
M.  Fenaille  ;  et  si,  comme  l'assure  notre  confrère 
Clément- Janin  dans  sa  préface  du  catalogue, 
«  il  n'y  a  plus  d'Horace  pour  chanter  les  Mé- 
cènes 11,  les  Virgiles  obscurs  au  fond  de  leur 
province  ne  meurent  pas  tout  entiers  dans  le 
souvenir  des  amoureux  d'art. 

l'V"  exposition  de  «  l'Acanthe  »  (galerie 
Devambez).  —  A  l'instar  de  la  Phalange,  cette 
élégante  réunion  de  boursiers  de  voyage  et  de 
prix  de  Rome  ne  dément  pas  son  beau  nom 
corinthien,  quand  elle  nous  propose  les  figurines 
dionysiaques  de  M.  André  Verraare  et  son  vigou- 
reux fragment  du  Rhône,  les  héros  antiques  de 
M.  Constant  Roux,  les  petites  faunesses  et  les 
danseuses  non  moins  grecques  de  M.  Eugène 
Piron,  l'héritier  du  joyeux  poète  dijounais,  sans 
oublier  les  plaquettes  de  M.  Pierre  Dautel  et 
Morlon,  les  dessins  rehaussés  de  M"*  Marguerite 
Delorme  et  de  M.  Lucien  Pénat,  les  paysages  dé- 
coratifs de  M.  Maurice  Roganeau,  qui  voyage  en 
Espagne,  et  de  M.  Georges  Leroux,  qui  retrouve 
à  notre  Luxembourg  fleuri  les  jardins  Borghèse,  le» 
loyales  éludes,  toutes  françaises,  de  M.  Jean-Pierre 
Laurens,  portraitiste  du  maître  Pierre  Vignal,  et 
de  M.  Emmanuel  Fougerat,  l'admirateur  et  Je 
biographe  le  plus  récent  de  Holbein,  ce  maître 
de  la  conscipnce  et  de  la  forme. 

«  Estampes  et  Dessins  »  (galerie  A. -.M.  Reit- 
linger).  —  On  dessine  encore,  et  la  preuve  n'est 
pas  seulement  contenue  dans  ce  titre  d'une  nou- 
velle Société  de  peintres  dessinateurs  et  graveurs, 
fondée  à  Paris,  au  mois  d'août  1913,  sous  la  pré- 
sidence de  M.  Alexandre  Lunois.  pour  ne  mon- 
trer aux  amateurs  que  des  dessins  originaux  et 
des  estampes  inédiles.  Le  but  est  louable  ;  et  le 
résultat    ne    s'aflirme    pas    moins    intéressant, 


ANCIEN    ET    MODERNE 


d3S 


puisque  cette  «  première  exposition  annuelle  » 
offre  à  nos  yeux  un  peu  las  de  peinture  et  de 
polychromie  les  plus  belles  épreuves  orientales 
de  M.  Lunois,  les  sanguines  de  M.  Lequeux,doux 
interrogateur  des  couvents  d'Assise,  les  dessins 
rehaussés  de  M.  Charles  Jouas,  spirituel  histo- 
riographe de  Versailles  ou  de  sa  vieille  Cour  de 
liohan,  les  fins  portraits  de  M.  Henri  Royer,  les 
libres  croquis  de  M  Bernard  Naudin  et  de  son 
nouvel  émule,  M.  Georges  Gobo,  les  patientes 
études  rustiques  du  D''  François  De  Hérain.  conli- 
dent  des  Baux  de  Provence,  les  intimités  silen- 
cieuses de  M.  Guiguet,  ce  poète  attendri  du  réa- 
lisme, qui  dessine  aux  trois  crayons  la  jeune 
brodeuse  ou  la  petite  couseuse  appliquée  comme 
le  plus  savant  contemporain  de  Greuze  ou  de 
Chardin,  —  sans  négliger  les  amants  de  Venise, 
MM.  .I.-J.  Gabriel  et  Georges  Le  Meilleur,  ni 
MM.  Jacques  Simon,  Damblans,  Willaume,  Camo- 
reyt,  Péters-Destéract  et  Marten  van  der  Loo.  Le 
dessin  n'est  pas  le  seul  apanage  des  <c  rétrospec- 
tives »  ou  des  «  grandes  ventes  »  ;  et  cette  vue 
rassure  et  console. 

Le  Dessin  dans  les  expositions  diverses. 

—  En  attendant  la  nouvelle  exposition  du  maître 
Auguste  Lepère,  —  qui  se  trouve  remise  au  4  mai 
prochain,  chez  Sagot,  —  signalons  seulement, 
aujourd'hui,  parmi  les  dessinateurs  encore  dignes 
de  ce  nom,  les  peintres-graveurs  P.-E.  Vibert  et 
Paul-Émile  Colin,  qui  montrent  pour  la  pre- 
mière fois  leurs  croquis  chez  Grandhomme  ;  l'un 
des  virtuoses  de  l'aquarelle  et  de  la  gravure  en 
couleurs,  M.  Henri  Jourdain  qui  réunit  ses  vues 
élégamment  froides  de  canaux  solitaires  et  de' 
vieux  châteaux  chez  Georges  Petit  ;  un  étranger, 
M.  E.  van  Saanen-Algi,  remarquable  par  la  cer- 
titude rapide  de  ses  Études  de  danses,  chez  De- 
varabez  ;  enfin,  le  Vllh  Salon  des  Artistes  humo- 
ristes, au  Palais  de  Glace,  abondant  toujours, 
mais  inégal,  oîi  les  dessinateurs  ne  dessinent 
pas  tous,  mais  oîi  se  distinguent  aussitôt  MM.Sem, 
Abel  Faivre,  André  Devambez  et  Alfred  Le  Petit, 
non  loin  d'une  touchante  évocation  du  bon  vieux 
temps  dans  la  «  rétrospective  >>  de  Boilly. 

Alfred  Sisley,  4839-1899  (galeries  Durand- 
Ruel).  —  N'est-ce  pas  une  opportune  leçon  de 
peinture  que  cette  «  rétrospective  »  où  des  mor- 
ceaux scrupuleusement  choisis  nous  rappellent 
les  bienfaits  et  les  dangers  de  cet  affranchisse- 
ment déjà  lointain  qui  fut  l'impressionnisme  ?  Au 
surplus,  l'évolution  d«  la  clarté  sur  la  toile  est 
suggestive,  de  1872  à  la  fin  du  siècle  dernier, 


depuis  les  bords  de  Seine  à  Bougival  et  les  inon- 
dations de  Marly  jusqu'aux  verdures  trop 
bleuAtres  et  trop  déchiquetées  de  Moret  et  des 
bords  du  Loing;  mais,  entre  toutes  ces  brèves  et 
familières  impressions, de  nature  française,  l'Au- 
tomne, datée  de  1881,  et  les  Coteaux  de  Venetix, 
vus  de  Saint-Mammès,  au  printemps  de  1884.  res- 
teront comme  les  témoins  les  plus  lumineux 
d'une  heure  décisive. 

Raymond  Bouyf.r. 

Erratum.  —  Éva  Gonzalès  était  non  point  la 
belle-sœur,  mais  la  femme  du  peintre-graveur 
Henri  Guérard,  qu'elle  avait  épousé  en  1879,  et 
sur  le  talent  duquel  la  pastelliste  exerça,  comme 
lelir  ami  Manet,  une  influence  notoire  (1|. 

R.  B. 

Le 
52'  Congrès  des  Sociétés  savantes 


Le  52"  Congrès  aanuel  des  Sociétés  savantes  s'est 
ouvert  le  14  avril,  dans  l'amphithéâtre  Richelieu,  à  la 
Sorbonne,  sous  la  présidence  de  ,M.  II.  Cordier,  mem- 
bre de  l'Institut,  qui  a  souhaité  la  bienvenue  aux 
membres  présents.  Les  sections  se  sont  ensuite 
constituées  et  ont  commencé  leurs  travaux. 

Nous  rappellerons  ici'  les  communications  faites 
dans  la  section  d'archéologie  : 

Séance  du  15  avril  (présidence  de  M.  Babelon, 
membre  de  l'Institut).  —  MM.  Espérandieu  et  le 
D'  Emery  :  les  fouilles  de  la  Croix-Saint-Charles,  au 
mont  Auxois  (Alésia); 

MM.  le  commandant  Lalance,  Mazaurie,  Minouflet, 
G.  Poulain  et  de  Vesly  :  le  caslrum  de  Juliobona 
(Lillebonne). 

Séaiice  du  16  avril  (présidence  de  M.  E  Lefèvre- 
l'ontalis).  —  MM.  Brousse  et  Lejeune  :  un  recueil 
d'inscriptions  du  déparlement  de  la  Corréze; 

M.  Etienne  Devillé  :  vues  inédites  du  château  de 
Valinont  (Seine-Inférieure)  ; 

M.  l'abbé  Chaillan  :  curiosités  archéologiques  de 
l'église  Saint-Jean,  près  de  Brignoles  (pierre  d'autel 
de  l'époque  carolingienne,  stèle  avec  sculptures  de 
l'époque  barbare,  porte  en  bois  de  la  fin  du  xv  siè- 
cle, etc.) 

Séance  du  17  avril  (présidence  de  M.  II.  Stein).  — 
M.  Maury  :  le  répertoire  archéologique  de  l'arrondis- 
sement de  Bar-sur-Aube; 

(1)  Voir  le  Bulletin  du  H  avril  1914,  p.  117. 


136 


LE   BULLETIN   DE   L'ART 


M.  Pasquier  :  une  miniature  du  iv  siècle  repré- 
sentant sainte  Catherine; 

M.  le  colonel  Hannezo  :  une  urne  funéraire  en  verre 
trouvée  à  Malay  (Saône-et-Loire)  ; 

M.  l'abbé  Parât  :  le  temple  antique  de  Montmartre, 
près  d'Avallon; 

M.  Edouard  Salin:  les  fouilles  du  cimetière  barbare 
découvert  à  Lezeville  (Haute-Marne)  en  1911. 

M.  J.  Toutain  :  un  bas-relief  trouvé  en  1913  sur  le 
mont  Auxois,  dans  les  fouilles  exécutées  par  la  So- 
ciété des  sciences  de  Semur; 

M.  P. -M.  Emard  :  le  monument  des  Gondy,  dans 
l'église  Saint-Rémy  des  Quinze- Vingts. 

La  séance  plénière  de  clôture  a  eu  lieu  le  18  avril 
sous  la  présidence  de  M.  Bienvenu  Martin,  ministre 
de  la  Justice  qui,  après  avoir  excusé  l'absence  du 
ministre  de  l'Instruction  publique,  résuma  les  travaux 
présentés  dans  les  diverses  sections,  rendit  hommage 
à  la  mémoire  des  membres  décédés  et  termina  en 
faisant  l'éloge  du  rôle  des  Sociétés  savantes,  qui 
répandent  dans  nos  provinces  le  goût  des  choses  de 
l'esprit,  le  culte  des  lettres  et  concourent  à  la  mission 
décentralisatrice  dont  nos  Universités  ont  reçu  la 
charge. 

L-ES      REVUES 


Franck 


L'Art  et  les  artistes  (janvier).  —  Robert  Hénard. 
Andréa  Palladio.  —  L'architecte  de  Saint-Georges- 
Majeur  (1518-1580)  a  énormément  construit,  surtout 
à  Vicence,  sa  ville  natale;  Venise  et  le  Vénétin  possè- 
dent encore  des  palais  et  des  villas  célèbres  qui  lui 
sont  dus.  Son  inlluence  a  été  considérable  ;  elle 
s'explique  par  ce  qu'a  d'exquis  son  interprétation 
moderne  de  l'antiquité. 

—  Tristan  Leclère.  Charles  Milcendeau.  —  Artiste 
original  et  chercheur,  dont  les  peintures,  les  pastels, 
les  dessins,  les  gouaches,  unisscot  «  la  tenue  sobre 
de  l'art  de  France  à  la  forte  saveur  particulière  au 
pays  vendéen  ». 

—  M.  Nelkkn.  Eduardo  Chicharro.  —  Un  des  plus 
remarquables  peintres  de  l'Espagne  contemporaine. 

—  A.  Seaton-Schmidt.  Charles  W.  Hawthome.  — 
Portraitiste  américain. 

—  Léandre  Vaillat.  L'art  décoratif  au  Salon  d'au- 
tomne. 

(Février).  —  Roger  Rebousbin.  Les  animaux  dans 
Vasuvie  d'Eugène  Delacroix.  —  Ces  animaux  si 
réalistes  et  si  bien  observés,  comme  en  témoignent 
tant  d'études  d'après  nature,  reparaissent  aussi 
vivants  dans  les  grandes  compositions  du  maître, 
au  mouvement  desquelles  ils  contribuent  puissam- 
ment. 


—  Gustave  Gkffroy.  Le  Plafond  du  théâtre  de 
Rennes.  —  Figures  et  planche  en  couleur,  d'après 
des  études  et  des  ensembles  de  l'auteur  du  plafond, 
M.  i.-i.  Lemordant,  lequel  représente  une  longue 
théorie  dansante  de  Bretons  et  de  Bretonnes,  dans 
les  principaux  costumes  du  pays. 

—  Robert  Hé.nakd.  Un  Tableau  de  Tiepolo  re- 
trouvé. —  Figure  de  hallebardier  qui  formait  origi- 
nairement la  partie  droite  d'un  tableau  de  Tiepolo, 
conservé  au  musée  d'Edimbourg,  et  dont  l'esquisse 
peinte  appartient  au  musée  de  Stuttgart. 

—  Walter  Pach.  L'art  de  John  Sloan.  —  Peintre  et 
aquafortiste  américain. 

—  A.  S.  GoMPERTZ.  Variétés  :  De  la  porcelaine  et 
de  la  faïence. 

—  Léandre  Vaillat.  L'art  décoratif  :  Gustave 
Jaulmes.  —  Peintures  pour  l'Hôtel  royal  et  le  casino 
d'Évian-les-Bains  ;  décoration  de  divers  hôtels  parti- 
culiers. 

Italie 

BoUetino  d'arle  des  ministero  délia  P.  Istru- 
zione  (novembre).  —  Corrado  Ricci.  Le  Sépulcre  de 
Galla  Placidia,  à  Ravenne  (I).  —  M.  Corrado  Ricci 
reprend  l'étude  de  ce  monument  célèbre  et  détruit  de 
nombreuses  erreurs  répétées  traditionnellement  à 
propos  de  lui. 

—  I.  A.  F.  Orbaar.  Extraits  des  comptes  de  Dome- 
nico  Fontana  {15S5-I5SS).  —  Etude  sur  la  topogra- 
phie de  Rome  au  temps  de  Grégoire  Xlll  et  sur  les 
constructions  du  grand  architecte,  faite  à  la  lumière 
de  comptes  découverts  dans  les  archives  romaines. 

(Décembre).  —  Le  Sépulcre  de  Galla  Placidia,  à  Ra- 
venne (II).  —  Suite  de  l'étude  d'ensemble  de  M.  Cor- 
rado Ricci.  Le  mausolée  et  l'église  Sainte-Croix. 
L'état  des  lieux  au  v  siècle,  et  jusqu'en  1602.  Les 
modifications  apportées  par  les  moines  de  Saint- 
Vital.  Galla  Placidia  repose-t-elle  dans  son  mausolée? 
Raisons  qu'il  y  a  pour  le  croire. 

—  Enrico  Mauceki.  Œuvres  d'art  inédites  du 
musée  de  Syracuse.  —  Vieux  retables  des  xiv  et 
XV*  siècles,  ruinés  en  majeure  partie.  Peintures  sici- 
liennes et  napolitaines  des  xvi*,  xvir  et  xviii-  siècles. 
Etoffes,  carosses.  Plats  hispano-mauresques. 

—  Pompeo  MoLMKNTi.  Le  tableau  de  Domenico 
Morone  de  la  collection  Crespi.  —  Il  s'agit  du  fameux 
tableau  intitule  :  la  Chute  des  llonacolsi,  peint  pour 
François  de  Gonzague,  en  1494,  en  souvenir  de  la 
victoire  de  sa  famille  sur  les  anciens  seigneurs  de 
Mantoue.  Le  gouvernement  italien  vient  d'acquérir 
cette  très  importante  peinture  qui  faisait  partie  de 
la  collection  Crespi,  de  Milan,  dont  la  majeure  partie 
sera  prochainement  vendue  à  Paris.  Le  tableau  doit 
être  exposé  dans  le  palais  des  Gonzague,  à  Mantoue. 

Le  Gérant  :  H.  Dknis. 

Paris.  —  Imp.  Georges  Petit.  M,  rue  Godot-dc-Mauroi. 


Numéro  623. 


Samedi  2  Mai  1914. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


dans 


La  Photographie 
les   Musées  nationaux  (^) 


L'Exemple  des  Monuments  historiques 

A  la  fin  d'un  précédent  article,  où  Ton  propo- 
sait l'exemple  de  l'Italie,  on  a  fait  remarquer 
que  notre  service  des  Monuments  historiques 
avait,  en  ce  qui  regarde  les  photographies  qu'il 
fait  exécuter  et  mettre  en  vente,  une  organisation 
à  certains  égards  analogue  au  système  ingénieux 
de  la  Direction  générale  des  beaux-arts  de  la 
Péninsule. 

En  Italie,  en  effet,  le  cabinet  photographique 
des  Beaux-Arts,  est  un  «  organe  de  l'adminis- 
tration «  travaillant  spécialement  à  l'intention 
des  érudits,  et  reproduisant  indistinctement 
peintures  et  sculptures,  architectures  et  objets 
d'art,  ensembles  et  détails  de  monuments;  une 
maison  d'édition  est  chargée  de  la  vente  des 
épreuves  au  public,  à  des  conditions  extrême- 
ment modiques. 

Chez  nous,  les  photographes  des  Monuments 
historiques,  sans  être  de  véritables  fonctionnaires 
ayant  une  mission  officielle,  jouissent,  néan- 
moins, de  certaines  prérogatives;  ils  reproduisent 
surtout  des  monuments  et  des  détails  de  scul- 
ptures, quelquefois  des  objets  d'art  et  plus  rare- 
ment des  peintures;  leurs  clichés  sont  remis  à 
la  maison  Neurdein  qui  se  charge  de  tirer  et  de 
vendre  les  épreuves. 

Précisément,  M.  Jules  Roussel,  conservateur- 
adjoint  du  Musée  de  sculpture  comparée,  vient 
de  publier  un  nouveau  catalogue  des  photogra- 
phies que  le  service  des  Monuments  historiques 
met  ainsi  à  la  disposition  du  public.  C'est  un 
gros  livre  de   plus  de  six  cents  pages,  où  les 


(1)  Septième  article.  Voir  les  n"  6H  à  614,  617  et 
621  du  liulletin.  —  C'est  par  inadvertance  que  le  sous- 
titre  du  dernier  article  ;  l'Exemple  de  l  Italie,  qui 
figurait  au  sommaire,  n'a  pas  été  imprimé  en  tête  de 
larticle. 


photographies  sont  rangées  suivant  l'ordre  le  plus 
logique,  c'est-à-dire  celui  des  départements,  et 
pour  chaque  département,  dans  l'ordre  alpha- 
bétique des  localités.  Un  excellent  index  ana- 
lytique, qui  a  dû  demander  à  l'auteur  beaucoup 
de  temps  et  de  soin,  permet  au  travailleur  de  se 
documenter  rapidement  d'après  les  sujets  qui 
l'intéressent,  et  une  table  alphabétique  générale 
complète  l'ouvrage,  illustré  de  quelques  petites 
reproductions  réunies  sur  une  môme   page,   à 
titre  de  spécimens.  Il  y  a  là  une  mine  d'une 
richesse  considérable,  et  d'ailleurs  insoupçonnée 
de  bien  des  amateurs  qui,  dernier  avantage,  peu- 
vent se  procurer  des  épreuves  à  des  prix  comme  on 
voudrait  en  avoir  de  semblables  pour  les  photo- 
graphies des  œuvres  d'art  conservées  dans  nos 
Musées   nationaux  :   ainsi,  pour  s'en   tenir  aux 
épreuves  au  gélatino-bromure  ou  sur  papier  albu- 
miné, dont  les  prix  sont  identiques,  on  trouve 
un  18x24  pourO  fr.  50;  un  21x27  pourOfr.75; 
un  24x30  pour  \  fr.  ;  et  un  30x40  pour  1  fr.  SO. 
Enfin,  contrairement  à  ce  qui  se  passe  pour  les 
clichés  exécutés  par  la  maison  concessionnaire 
du  privilège  de  la  photographie  dans  les  Musées 
nationaux,    amun    droit   de    reproduction   n'est 
exigé(i);  il  suffit  de  mentionner  l'indication  de 
la  provenance. 

Il  y  a  là  un  ensemble  de  mesures  fort  libérales, 
dont  l'administration  des  Beaux-Arts  pourra 
utilement  s'inspirer,  quand  elle  daignera  accor- 
der sa  précieuse  attention  à  ces  questions  qu'il 
faudra  tout  de  même  bien  qu'elle  étudie  et  règle 
un  jour  prochain.  Il  est  vrai  que,  quelque  soit 
alors  sa  décision,  qu'elle  organise  une  Chalco- 
graphie photographique,  qu'elle  s'inspire  de 
l'exemple  de  l'Italie  ou  du  système  des  Monuments 
historiques,  la  moins  bonne  combinaison  sera 
encore  préférable  à  l'organisation  actuelle. 

E.  D. 


(1)  Un  régime  spécial  est  établi  pour  les  relevés 
d  architectes,  propriété  de  l'administration  des  Beaux- 
Arts. 


138 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie  des  beaux-arts  (séance  (Jp  25  avril).  — 
Le  président  rend  un  dernier  hommage  à  la  mémoire 
de  MM.  Carapanos,  d'Athènes,  correspondant  libre,  et 
Leenhoff,  d'Amsterdam,  correspondant  de  la  section 
de  sculpture,  qui  viennent  de  mourir. 

—  L'Académie  procède  à  l'élection  des  membres  de 
la  commission  mixte  chargée  de  décerner  le  Prix 
quinquennal  Estradle-Delcros  (8.000  fr.),  destiné  à 
récompenser  «un  travail  rentrant  dans  les  ordres 
d'études  dont  l'Académie  des  beaux-arts  s'occupe  ». 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
(séance  du  24  avril).  —  Le  R.  P.  Scheil  fait  une 
communication  préliminaire  sur  la  dernière  campagne 
des  fouilles  qui  ont  été  faites  àSuze.  M.  de  Mecquenem 
a  découvert  une  vaste  nécropole  du  vu*  ou  viir  siècle 
avant  notre  ère.  Les  tombes  y  sont,  en  général,  de 
petites  constructions  en  briques  et  contiennent,  pour 
la  plupart,  joint  aux  ossements,  un  mobilier  de  vases, 
d'outils  professionnels,  de  bijoux.  Le  déblaiement  n'en 
est  pas  complet  encore.  Les  chantiers  de  l'acropole,  de 
la  ville  royale  et  des  palais  achéménides  ont  également 
donné  des  résultats  qui  sont  remarquables. 

—  M.  Henri  Cordier  communique  des  renseigne- 
ments sur  la  mission  dont  M.  le  U'  Victor  Segalen 
a  été  chargé  par  l'Académie  en  Chine  :  deux  scul- 
ptures intéressantes  sont  signalées  par  lui.  Ce  sont 
un  cheval  ailé  et  un  cheval  piétinant  un  barbare, 
groupe  daté  de  l'an  tn  avant  notre  ère. 

—  M.  Héron  de  Villefosse  communique  à  l'Académie 
un  fragment  d'inscription  grecque  récemment  décou- 
vertà  Narbonne  et  envoyé  par  M.  Uouzaud.  Ce  fragment 
appartient  à  un  cartel  rectangulaire  qui  ornait  le  socle 
en  marbre  blanc  d'un  buste  de  l'empereur  Antonin.  Ce 
buste,  malheureusement,  n'a  pas  été  retrouvé  :  il  avait 
été  élevé  par  deux  médecins  de  Narbonne  appartenant 
à  la  famille  Pompéia,  tous  deux  affranchis;  l'un  d'eux 
s'appelait  Fortunatus,  le  nom  de  l'autre  a  disparu. 

—  Le  Prix  Bordin  (antiquité  grecque  et  romaine) 
de  3.000  fr.  est  ainsi  partagé  ; 

1.000  fr.  à  M.  Eugène  de  Paye  {Gnostiques  et  Gnos- 
ticisme);  i.OOO  fr.  à  M.  Deonna  {l'Archéologie,  sa 
valeur,  ses  méthodes);  500  fr.  à  M.  Lesquier  {les  Insti- 
tutions militaires  de  l'Egypte  sous  les  Lagides); 
500  fr.  à  M.  Billiard  {la  Vigne  dans  l'antiquité). 

Une  mention  est  accordée  à  M.  Morin-Jean  {la 
Verrerie  en  Gaule  sous  l'empire  romain). 

—  Le  prix  ordinaire  dont  le  sujet  était  l'Espagne  à 
l'époque  romaine  est  décerné  aux  l'romenades  archéo- 
logiques en  Espagne,  de  notre  collaborateur  M.  Pierre 
Paris. 

—  M.  Préchac  étudie  les  dimensions  et  les  transports 
successifs  du  colosse  de  Néron,  d'après  les  indications 
de  la  numismatique  :  ce  colosse  était  primitivement 
placé  dans  le  vestibule  de  la  maison  d'or  de  Néron. 


L'empereur  était  figuré  debout  montant  sur  le  quadrige 
d'Hélios  que  ses  coursiers  emportaient  au  galop. 

—  M.  Cordier  lit  deux  notes  de  M.  Bonnel  deMézières 
en  mission  dans  l'Afrique  Occidentale.  La  première 
concerne  la  découverte  de  la  ville  de  Tiregga  dont  la 
réputation  fut  très  grande  chez  les  noirs  du  Soudan, 
chez  les  Arabes  et  les  Berbères  de  la  région  saharienne. 
La  seconde  traite  de  Tendirma,  résidence,  à  partir  du 
xv  siècle,  des  Kourmina,  Fari  ou  Kanfari  qui  étaient 
les  premiers  dignitaires  de  l'empire  de  Gao.  Cette 
ville  était  autrefois  le  siège  d'une  puissante  colonie 
Israélite  dont  les  habitations  s'étendaient  depuis  le 
bord  du  fleuve  Niger  jusqu'à  une  demi  journée  de 
marche  de  celui-ci. 

—  M.  Collignon  signale  l'intérêt  d'une  plaque  de 
terre  cuite  à  relief  d'ancien  style  crétois  acquise  par 
le  Louvre  et  représentant  la  grande  déesse  qui  domi- 
nait les  bètes  fauves. 

—  M.  Monceaux  lit,  de  la  part  de  M.  l'abbé  Bayard, 
une  note  proposant  une  correction  au  texte  de  saint 
Irénée  concernant  l'église  romaine. 

Société  des  antiquaires  de  France  (séance  du 
22  avril).  —  M.  Pallu  de  Lessert  étudie  les  colonies 
romaines  d'Espagne  dont  la  fondation  est  attribuée 
à  César  ou  à  Auguste. 

—  M.  Deshoulières  cherche  à  préciser  l'origine  du 
profil  de  certains  tailloirs  à  l'époque  romane. 

—  M.  Pasquier  résume  les  résultats  qu'ont  donnés 
les  fouilles  récentes  faites  à  Saint-Bertrand-de-Com- 
minges. 

Société  d'iconographie  parisienne  (séance  du 
24  avril).  —  A  propos  de  la  donation  faite  à  la  France 
par  le  roi  Georges  V,  donation  dont  il  a  été  parlé  dans 
le  dernier  numéro  du  Bulletin,  M.  le  D'  Daily,  tant 
en  son  nom  qu'au  nom  de  M.  Albert  Vuaflnrt,  reprend 
et  complète  ses  communications  antérieures,  notam- 
ment celles  de  novembre  et  décembre  1913,  sur  la 
décoration  de  la  place  des  Victoires,  en  les  appuyant 
de  la  production  d'estampes  et  de  photographies. 

En  ce  qui  concerne  les  médaillons  représentant  des 
faits  mémorables  du  règne  de  Louis  XIV,  M.  le 
D'Ually  rappelle  qu'ils  étaient  au  nombre  de  douze; 
cinq  seulement  existent  encore  (ce  sont  ceux  que  le 
roi  Georges  V  a  offert  à  la  France)  ;  le  sort  des  autres 
est  inconnu.  M.  le  D'  Daily  a  retrouvé,  dans  un 
minutier  parisien,  le  marché  passé  pour  leur  exécu- 
tion :  ils  étaient  l'œuvre  du  sculpteur  Jean  Arnoux 
et  du  fondeur  Pierre  Le  Nègre,  qui  travaillèrent 
d'après  des  dessins  de  Pierre  Mignard. 

—  M.  Etienne  Deville  présente  et  étudie  deux  dessins 
du  iviii"  siècle,  offrant  deux  aspects  de  l'Exposition 
de  la  Jeunesse,  qui  se  tenait,  chaque  année,  sur  la 
place  Dauphine,  le  jour  de  la  Fête-Dieu.  L'un  de  ces 
dessins  est  un  crayon  de  Duché  de  Vancy,  daté  de 
mai  nSO,  conservé  au  Musée  Carnavalet;  l'autre, 
signé  :  A.  Maucert,  l'Si,  a  passé  de  la  collection  de 
M"*  Leiong,  dans  la  collection  Ilodgkins,  qui  a  été 


ANCIEN    ET   MODERNE 


d39 


dispersée  cette  semaine.  M.  Et.  Deville  ajoute  quelques 
détails  sur  l'Exposition  de  la  Jeunesse  et  sur  les 
auteurs  de  ces  dessins. 

Musée  du  Louvre.  —  Un  décret  paru  à  VOfficiel 
annonce  que  les  noms  ci-après  seront  gravés  sur  les 
plaques  placées  dans  la  rotonde  de  la  galerie  d'Apollon, 
en  l'honneur  des  nouveaux  bienfaiteurs  du  Musée  du 
Louvre  : 

Baronne  Delorl  de  Gléon. 

M.  el  M"'  Martin  Le  Roy. 

Le  Bulletin  a  eu  l'occasion  d'annoncer  précédem- 
ment que  M""  la  baronne  Delort  de  Gléon  avait  offert 
au  Musée  une  collection  d'objets  d'art  musulman,  et 
que  M.  et  M"*  Martin  Le  Roy  s'étaient  dessaisis,  en 
faveur  du  Louvre,  d'une  importante  série  d'objets 
d'art  du  moyen  âge  et  de  la  Renaissance. 

Manufacture  des  Gobelins.  —  Par  un  décret 
récemment  paru,  les  fonctions  de  conservateur  du 
musée  de  la  Manufacture  des  Gobelins  sont  confiées 
à  un  des  fonctionnaires  du  personnel  administratif  de 
la  manufacture,  désigné  par  un  arrêté  ministériel.  Ce 
fonctionnaire  reçoit  à  ce  titre,  un  supplément  de  trai- 
tement de  l.SOO  francs. 

A  Bruxelles.  —  On  écrit  de  Bruxelles  qu'à  la  suite 
d'un  accord  entre  les  filles  du  feu  roi  Léopold  H  et 
l'État  belge,  celui  ci  entre  en  possession  d'un  tableau 
célèbre  de  Rubens,  les  Miracles  de  saint  Benoit.  Au 
moment  do  la  mort  du  roi,  le  tableau  était  en  Amérique, 
ayant  été  mis  en  vente.  L'Etat  belge  réclama  le  rapa- 
triement de  l'œuvre  qui  fut  mise  sous  séquestre  en 
attendant  la  liquidation  de  la  succession.  11  vient  d'être 
cédé  en  propriété  définitive  au  musée  de  Bruxelles, 
où  il  sera  exposé  cette  semaine. 

A  Corfou.  —  Les  fouilles  qui  se  poursuivent  en 
ce  moment  à  Corfou,  sous  la  surveillance  presque 
quotidienne  de  l'empereur  d'Allemagne,  ont  donné, 
d'après  des  renseignements  oraux,  quelques  résultats 
importants.  Sur  l'emplacement  du  grand  temple  de 


Palaeopolis,  d'oVi  proviennent  les  gigantesques  restes 
d'un  fronton  archaïque  (première  moitié  du  vi*  siècle 
avant  J.-C),  on  a  trouvé  des  décors  architectoniques 
d'une  cimaise  corinthienne  en  terre  cuite,  appartenant 
à  un  grand  temple  antérieur,  du  vu'  siècle,  et  dont 
l'entablement  était  en  bois.  Dans  le  parc  de  Mon 
Repos,  la  découverte  de  chapiteaux  archaïques  fait 
pressentir  le  voisinage  d'un  temple,  ou  peut  être 
même  de  deux  édifices  distincts.  Un  mur  découvert 
est  peut-être  celui  d'une  Acropole  antique.  —  Cii.  P. 

A  Florence.  —  Une  exposition  consacrée  à  l'art 
des  jardins  en  Italie  se  tiendra  l'année  prochaine  à 
Florence,  au  Palais  Vieux.  Elle  comprendra  une 
section  rétrospective.  Des  excursions  archéologiques 
seront  organisées  dans  les  jardins  et  villas  historiques, 
et,  dans  la  section  moderne,  il  y  aura  une  exposition 
de  projets  de  jardins. 

A  Munich.  —  Un  projet  de  loi  relatif  à  l'acquisi- 
tion par  l'Etat  de  la  Nouvelle  Pinacothèque  de  Mu- 
nich a  été  déposé  par  le  gouvernement  au  Parlement 
bavarois.  La  collection  était,jusqu'à  présent,  propriété 
de  la  famille  royale.  Le  roi  a  consenti  à  s'en  défaire 
moyennant  le  payement  de  un  million  de  marks  qui 
représente  la  somme  dépensée  jadis  par  Louis  I"  pour 
achats  de  terrains  et  frais  de  construction  du  palais. 

Nécrologie.  —  Le  peintre  Léo7i  Girardot,  qui  est 
mort  à  Paris  le  2t  avril,  était  originaire  de  Besançon. 
Élève  d'Albert  Maignan,  il  exposait  au  Salon  de  la 
Société  des  Artistes  français,  où  ses  peintures  de  genre 
furent  plusieurs  lois  remarquées  :  mentionné  en  1893, 
il  avait  reçu  une  médaille  de  3"  classe  en  1896  et  une 
de  2*  classe  en  1907. 

—  Le  statuaire  hollandais  Ferdinand  Leenhoff  est 
mort  à  Nice,  à  l'âge  de  73  ans.  Professeur  de  l'Aca- 
démie des  beaux-arts  d'Amsterdam,  membre  corres- 
pondant de  l'Institut  de  France,  il  faisait  partie  de  la 
Société  des  Artistes  français,  aux  Salons  de  laquelle  il 
obtint  plusieurs  récompenses.  11  était  officier  de  la 
Légion  d'honneur. 


CHRONIQUE    DES    VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —  "Vente  de  la  collection  Paul 
Delaroff  (tableaux  anciens).  —  Faite  à  la 
galerie  Georges  Petit,  les  2:i  et  24  avril,  par 
M"  Lair-Dubreuil  et  Doublet,  et  M.  Sortais,  cette 
première  vente  Delarofïa  produit  b07.550  francs, 
avec,  comme  principale  enciière,  les  i2.bOO  francs 


obtenus,  sur  la  demande  de  40.000,  par  le  Jan 
Steen,  la  Joyeuse  compagnie. 

PRINCIPAUX   PRIX 

Tableaux  anciens.  —  Ecole  française.  55.  Boilly. 
L'Heureuse  Famille,  5.000  fr.  (dem.  5  000).  —  57.  Bou- 
cher. Achille  blessé,  28.100  fr.  (dem  25  000).  —  59-60. 
Debucourt.  Le  l'as  d'Arlequin.  Le  Festin  de  Scara- 
mouche,  9.500  fr.  (dem.  10.000).  —  62.  Drouais  le  ûls. 


140 


LE    BULLETIN    BE    L'ART 


Portraits  d'enfants  royaux,  H. 000  fr.  (dem.  25  000). 

—  Fragonard  :  65.  Paysar/e  italien,  8.150  fr.  {dem. 
8  000).  —  66.  IJernier  sacrifice,  5  300  fr.  (dem.  4.000). 

—  79-80.  Oudry.  Chien  levant  des  perdrix.  Chienne 
blanche  et  poule  faisane,  5.300  fr.  (dem.  5.000).  —  82. 
Hubert  Hobert.  Dans  le  parc  après  l'ouragan,  5.T00  fr. 
(dem.  6.000). 

ficole  hollandaise.  —  91.  Berckheyde  et  Ilughten- 
burgh.  Le  Dam  ou  Place  de  ville  à  Amsterdam,  6.2.Ï0  fr. 
(dem.  4.000).  —  Van  Goyen  :  128.  La  Meuse  prés  de 
Dordrecht,  12.000  fr.  (dem.  10.000).  —  132.  La  l'asse- 
relle,  6.020  fr.  (dem.  8  000).  —  146.  llondius.  La  Chasse 
à  l'ours,  8.600  fr.  (dem.  8.000).  —  147.  De  Hooch.  Les 
Mendiants  au  bord  du  cliemin,  5.500  fr.  (dem.  6.000). 

—  155.  Lastmaon.  Suzanne  entre  les  deux  vieillards, 
10.600  fr.  (dem.  6.000).  —  167.  Moreelse.  Portrait  de 
la  princesse  Hedwig  de  lirunswick,  10.500  fr.  (dem 
12.000).  —  169.  Van  der  Neer.  Le  Lever  de  la  lune^ 
5.000  fr.  (dem.  5.000).  —  180.  Quast.  Portrait  de  vieil- 
lard, 5.000  fr.  (dem.  4.000).  —  183.  Attr.  à  Rembrandt 
L'Enfant  Jésus  parmi  les  docteurs  au  temple,  8.000  fr. 
(dem. 8.000).  —  184.  Attr.  a  Rembrandt.  Portrait  d'une 
femme  dgée,  7.100  fr.  ("dem.  8.000).  —  192.  Jan  Steen. 
Joyeuse  Compagnie,  42.500  fr.  (dem.  40.000).  —  198. 
Ter  Borch.te  Jeune  Garçon  au  pichet,  7.300  (dem. 8. 000). 

Écoles  italiennes. —  211.  Attr.  à  Antonellode  Messine. 
Tête  de  Christ  à  la  couronne  d'épines,  7.100  fr.  (dem. 
10.000).  —  219.  Conegliano.  Le  Christ  mort  assis  au 
bord  du  tombeau,  5.000  fr.  (dem.  8.000).  —  Guardi  : 
223-224.  Le  Moulin  à  eau.  Cavaliers  à  l'entrée  d'un 
village,  9.500  fr.  (dem.  4.000).  —  225.  Palais  en  ruines, 
6.000  fr.  (dem.  4.000).  —  Montagna  :  229.  Jésus  bénis- 
sant, 22.000  fr.  (dem.  25.000).  —  230.  La  Vierge  et 
l'Enfant  Jésus,  9.000  fr.  (dem.  12.000).  —  233.  Tura. 
La  Vierge  portant  le  Christ  mort,  5.700  fr. 

Porcelaines  de  Chine,  etc.  —  M«  Baudoin  et 
MM.  Mannheim  ont  procédé,  salle  1,  les  23  et 
24  avril,  à  une  vente  composée  de  porcelaines 
et  faïences  anciennes  et  d'une  tenture  provenant 
du  château  de  Gaibach.  Cette  vente,  qui  avait 
fait  l'objet  d'un  catalogue  illustré,  a  produit 
189.265  francs  et  donné  lieu  à  quelques  enchères 
dignes  d'f'tres  notées,  mais  dont  il  nous  suffira 
de  donner  la  liste. 

PRINCIPAUX    PRIX 

Porcelaines  de  la  Chine.  —  27.  Six  bouteilles, 
réserves  à  vases  et  ustensiles,  sur  fond  bleu  fouetté, 
5.000  fr.  (dem.  4.000).  —  36.  Six  petits  vases-rouleaux, 
décorés  en  bleu,- 6.000  fr.  (dem.  5.000).  —  61.  Neuf 
plats  décorés  vases  Oeuris  et  ustensiles  au  marli.  six 
réserves  à  fleurs,  6.000  fr^  —  70.  Six  petits  vuses 
Kang-shi,  compartiments,  rochers  et  ustensiles,  6  310  fr. 
(dem.  4.000).  —  77.  Deux  bouteilles,  Kang-shi,  décor 
de  réserves,  fond  bleu  fouetté,  9.000  fr.  (dem.  6.000). 

—  78.  Six  plats  Kang-shi,  décorés  vase  fleuri,  9.000  fr. 
(dem.  4.000).  —  82.  Six  plats  décorés  réserves  forme 
fruits  sur  fond  rouge,  ép.  Ksng-sbi,9,400  fr.  (dem.  5.000). 


Faïences.  —  220.  Grosse  potiche,  avec  couvercle  et 
cornet,  anc.  faïence  de  Delft,  décor  en  bleu,  enfants, 
oiseaux,  etc.,  7.100  fr.  —  222.  Cornet,  deux  vases  et 
deux  bouteilles,  faïence  holl.,  13.900  fr.  (dem.  8.000). 

Tenture.  —  224.  Tenture  de  cinq  panneaux  satin 
blanc  chenille,  décor  de  corbeilles  de  fleurs,  etc  ,  ép. 
Louis  XVI,  9.000  fr.  (dem.  12.000). 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Objets 
d'art,  etc.,  appartenant  au    Baron  de   G... 

—  M"  H.  Baudoin,  assisté  de  M.M.  Mannheim 
et  J.  Ferai,  dirigera,  les  4  et  b  mai,  salle  n"  1,  la 
vente  des  objets  d'art  et  d'ameublement,  tableaux 
et  dessins  anciens,  elc, appartenant  àil.  le  Baron 
de  G...  Un  catalogue  illustré,  nous  permet  dé 
nous  rendre  compte  de  l'intérêt  de  cette  réunion 
de  pièces  du  xviii'  siècle,  choisies  avec  goût. 
Bronzes,  meubles  en  marqueterie,  mobilier  de 
salon  en  Aubusson  d'époque  Louis  XVI  à  sujets 
de  petits  personnages  et  d'animaux,  forment  un 
ensemble  de  marchandise  tout  ;i  fait  à  la  mode,  et 
que  complètent  encore  du  côté  des  dessins  :  une 
Jeune  femme  en  buste,  par  Ducreux  et  le  Mar- 
chand de  gimbleltcs,  par  J.-B.  Huet,  et,  du  côté 
des  peintures  :  le  Déjeuner  à  l'auberge,  par 
J.-B.  Charpentier,  un  Portrait  de  jeune  femme. 
par  Daniou.v  et  la  Promeneuse,  par  Schall. 

Liquidation  Seligmann  (3*  vente.  —  Objets 
d'art,  etc.).  —  Cette  troisième  vente  Seligmann, 
que  dirigeront,  salle  6,  les  !>  et  6  mai.  M"  Lair- 
Dubreuil  et  Baudoin  et  MM.  Mannheim  et  Léman, 
comprend  des  objets  d'art  et  de  haute  curio- 
sité, des  époques  du  Moyen  âge  et  de  la  Henais- 
sance  pour  la  plupart,  dépendant  de  la  liquida- 
tion des  antiquaires  de  la  place  Vendôme.  Sans 
atteindre  à  l'importance  des  vacations  du  même 
genre,  qui  ont  récemment  commencé  à  la  galerie 
Georges  Petit,  la  dispersion  du  stock  de  l'ancienne 
Société  Seligmann,  celles-ci  contiennent  encore 
un  certain  nombre  de  pièces  dignes  d'attention, 
surtout  dans  les  catégories  des  faïences  ita- 
liennes et  des  émaux  peints.  Les  meilleurs  de 
ces  numéros  sont  reproduits  dans  les  deux 
planches  qui  illustrent  le  petit  catalogue  de  cette 
vente. 

Liquidation  Seligmann  (4*  vente.  —  Objets 
d'art,  etc.).  —  Les  mômes  commissaires-pri- 
seurs,  assistés  de  MM.  Mannheim,  Paulme  et 
Lasquin,  procéderont, les 8 et  K  mai,  salle  I,  aune 
quatrième  vente  d'objets  provenant  de  la  liqui- 
dation Seligmann.  Ces  deux  vacations  com- 
prennent des  objets  d'art  et  d'ameublement,  pour 
la  plupart  du   xviii*  siècle,  des  porcelaines  de 


ANCIEN    ET    MODERNE 


m 


Chine,  des  objets  de  vitrine,  etc.  Un  mince  cata- 
logue, illustré  de  deux  planches,  a  été  également 
dressé  à  l'occasion  de  cette  vente. 

Collection  Jules  Claretie  (tableaux  moder- 
nes, etc.).  —  Le  8  mai,  salle  6,  M»  Lair-Dubreuil 
et  M.  H.  Brame,  procéderont  à  la  vente  de  la 
Collection  de  feu  M.  Jules  Claretie.  La  personnalité 
si  connue  de  l'amateur  suffirait  déjà  à  donner  un 
intérêt  particulier  à  cette  vacation  qui,  à  d'autres 
titres  également,  mérite  l'attention.  Dans  le 
catalogue  illustré  de  cette  vente,  nous  remar- 
quons, en  effet,  tout  d'abord  du  côté  des  pein- 
tures: une  étude  par  Corot,  Douai,  glacif,  des  forti- 
fications près  la  porte  Notre-Dame,  septembre  I83i  ; 
un  Breton,  par  Dagnan-Bouveret;  Églogue,  par 
Ilenner;  une  Scène  de  ballet,  par  Degas;  une 
Marine,  environs  de  Cayeux,  par  Jules  Dupré  ; 
une  Nature  morte,  par  Fantin-Latour ;  l'Enfant 
Jésus  et  Tète  d'enfant,  par  Hébert;  un  Épisode  de 
la  Campagne  de  France  [1 81  i),  par  Meunier;  la 
Jeune  convalescente,  par  ïassaert  ;  le  Pont  de 
Vignole,  à  Venise,  par  Ziera;  puis  parmi  les 
dessins  :  une  Hue  de  village,  effet  de  nuit,  par 
Cazin  ;  le  Portrait  de  ^/"t's  Harvey,  par  Ingres  ;  le 
Palais  de  Versailles  sous  Louis  XIII,  par  Eugène 
Lami. 

A  Berlin.  —  Tableaux.  —  Nous  avons  reçu 
le  catalogue  illustré  d'une  vacation  anonyme  qui 
aura  lieu  chez  Lepké,  le  S  mai.  A  en  juger  par 
les  reproductions,  des  meilleures  sans  doute  de 
ces  peintures  anciennes  et  modernes,  apparte- 
nant un  peu  à  toutes  les  écoles  qui  la  composent, 
le  niveau  de  cette  réunion  de  tableaux  est  plutôt 
d'ordre  secondaire. 

Collection  Hormoz-Mirza  (antiquités  orien- 
tales). —  Les  6  et  7  mai,  également  à  Berlin,  la 
maison  Lepké  procédera  à  la  vente  de  la  Collection 
Hormoz-Mirza,  de  Téhéran.  Celle-ci  a  fait  aussi 
l'objet  d'un  catalogue  illustré,  où  sont  reproduits 
les  numéros  principaux  des  faïences,  verreries, 
miniatures,  tapis  et  broderies,  et  autres  objets 
d'ancien  art  persan,  qui  forment  celte  collec- 
tion. 

A  Milan.  -  Galerie  Pisani  (tableaux  mo- 
dernes). —  La  galerie  Pisani.  de  Florence,  est 
bien  connue,  depuis  nombre  d'années  déjà.  Dans 
le  palais  qu'elle  occupait,  place  Manin,  ont  passé 
des  milliers  de  tableaux  et  d'aquarelles,  portant 
les  noms  des  praticiens  les  plus  réputés  de  l'Italie 
moderne.  Par  suite  de  la  mortdu  commandeur 
Louis  Pisani,  le  fondateur  de  la  maison,  celle-ci 


a  été  fermée  et  la  collection  va  être  dispersée. 
Le  gouvernement  italien  en  a  déjà  acheté  une 
partie  pour  la  Galerie  nationale  d'Art  moderne, 
à  Rome  ;  le  reste  va  passer  aux  enchères.  Une 
première  vente  en  sera  faite,  du  H  au  14  mai, 
au  Palais  Cova,  à  Milan,  par  les  soins  de  la 
maison  Lirio  Pesaro,  de  cette  ville. 

Dans  la  préface  qu'il  a  écrite  pour  le  catalogue 
de  cette  vente,  M.  Vittorio  Pica  souligne  l'intérêt 
qu'offre,  pour  l'étude  de  la  peinture  italienne  à 
la  fin  du  xw  siècle,  la  collection  Pisani.  Dans 
la  galerie  du  marchand  florentin,  se  rencon- 
traient, fort  bien  représentés  pour  la  plupart, 
les  noms  de  Domenico  Morelli,  Palizzi,  Michetli, 
Signorini,  Segantini,  Boldini,  Mosé  Blanchi, Ettore 
Tito,  Carcano,  etc.,  bref,  de  tous  ceux,  peintres 
ou  dessinateurs,  qui  comptent  dans  l'art  de  la 
Péninsule,  de  1850  à  1900  environ.  En  plus  de 
cette  instructive  préface,  des  notes  biographiques 
sur  les  artistes,  assez  étendues,  ainsi  qu'une 
illustration  abondante  et  soignée,  recommandent 
le  catalogue  de  la  présente  vente  à  l'attention 
des  amateurs. 

M.  N. 
LIVRES 

"Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Biblio- 
thèque de  M.  Alphonse  Willems.  —  Les  4,  5, 
6  et  7  mai,  à  l'Hôtel,  salle  no  10,  M»  A.  Desvouges, 
avec  M.  Henri  Leclerc  comme  expert,  dispersera 
la  bibliothèque  de  livres  anciens  de  feu  M.  Alphonse 
Willems,  membre  de  l'Académie  de  Belgique.  Le 
catalogue  de  ce  cabinet  d'historien  décrit  CH  nu- 
méros :  poètes  français  des  xvi'  et  xvii"  siècles; 
romans  de  chevalerie,  poètes  et  chansonniers 
flamands;  pièces  et  ouvrages  relatifs  à  l'histoire 
des  Pays-Bas;  classiques  grecs  et  latins;  enfin 
toute  une  série  d'ouvrages  publiés  par  les  EIzevier, 
ce  qui  ne  saurait  surprendre  dans  la  bibliothèque 
de  l'historien  des  célèbres  typographes. 

B    .1. 


EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Les  Arts  décoratifs  de  Grande-Bretagne 
et  d'Irlande  (au  Pavillon  de  Marsan)  —  Uuand 
l'ironie  française,  ou  plutôt  parisienne,  a  dit  : 
u  Les  Anglais  sont  de  grands  musiciens,  on  ne 
saurait  tout  avoir  »,  elle  ne  se  doutait  guère  de 
leur  prédominance  musicale  au  moyen  âge,  dont 
lesouvenirs'estperpétué  dans  les  grands  festivals 
de  Birmingham;  et,  sans  parler  des  grâces  sen^- 


142 


LE   BULLETIN    DE   L'ART 


timentales  de  la  fin  du  xviii"  siècle,  qui  s'épa- 
nouirent si  poétiquement  dans  leur  école  de  pein- 
ture, ces  Anglais  qui  passaient,  comme  les 
Komains  de  l'antiquité,  pour  des  gens  aussi 
positifs  que  médiocrement  doués  pour  l'art,  ne 
devaient-ils  pas  inaugurer  la  réhabilitation  des 
arts  décoratifs?  Plus  heureux  que  le  nôtre,  parce 
qu'il  fut  plus  pratique,  le  romantisme  d'oulre- 
Manche  eut  l'honneur  de  favoriser  cette  revanche 
imprévue  des  «  arts  mineurs  »  par  l'intermédiaire 
du  petit  groupe  subtil  et  savant  qui  s'est  intitulé 
préraphaélite.  Ici,  depuis  la  première  Exposition 
universelle  de  ^855  jusqu'aux  premiers  Salons 
dissidents  du  «  Champ-de-Mars  »,  on  avait  en- 
trevu quelques  peintres  du  groupe  et  surtout  le 
plus  italianisant  de  tous.  Sir  Edward  Burne-Jones; 
mais  on  ne  connaissait  que  de  nom  le  véritable 
initiateur  d'un  renouveau  qui  remonte  à  1861  : 
William  Morris. 

Or,  ce  n'est  pas  le  moindre  enseignement  de 
la  présente  exposition  d'art  moderne,  organisée 
par  le  Board  of  Trade  londonien  dans  les  locaux 
hospitaliers  du  Pavillon  de  Marsan,  que  la 
«  rétrospective  »  consacrée  par  les  disciples  aux 
promoteurs  d'une  renaissance,  d'abord  discrète 
et  purement  locale,  que  l'anglomanie  du  conti- 
nent devait  baptiser  le  modem  style. 

Dès  l'entrée,  dans  une  salle  somptueuse  et  sévère, 
la  flore  naïvement  précise  et  précieuse  des  étoffes, 
la  chaude  marqueterie  des  meubles,  les  cartons 
de  vitraux,  d'imposantes  tapisseries  de  haute  lice, 
inspirées  de  nos  vieilles  légendes  de  la  Mort 
d'Arthur  ou  de  l'Aventure  du  Saint-Graal,  nous 
présentent  William  Morris,  grand  poète  et  dessi- 
nateur industriel,  comme  un  moderne  Hans 
Sachs  rénovant  «  la  fiuilde  des  ouvriers  d'art  >', 
ou  mieux  encore,  comme  un  Richard  Wagner  du 
romantisme  ornemental,  illustrant  les  romans 
de  chevalerie  avec  les  méthodes  reconquises  des 
anciens  métiers.  Aussi  bien,  dans  cette  atmo- 
sphère de  science  et  de  candeur,  est-ce  une  im- 
pression très  moyenâgeuse  que  suggère  ce  nova- 
teur entouré  de  ses  collaborateurs  familiers  :  le 
peintre-poète  Dante-Gabriel  Rossetti,  qui  fut  plus 
poète  que  peintre,  les  peintres  Madox  Brown  et 
Burne-Jones,  dont  le  premier  mériterait  encore 
plus  de  renommée  que  le  second,  et  l'architecte 
Philip  VVebb,  le  décorateur  de  Hed  House,  maison 
de  Morris,  bâiie  en  1889,  à  Oxford,  —  sans  oublier 
John  Ruskin,  qui  fut  l'apôtre  et  le  conférencier 
de  l'Union-Club  à  ses  débuts.  Mais  qu'elles  vien- 
nent de  notre  Gaule  chevaleresque,  ou  du  got/iigue 
anglais,  si  personnel,  ou  môme  de  la  Florence 


lointaine  du  quattrocento,  ces  influences  coalisées 
du  passé  n'ont  pas  empêché  cette  «  renaissance  » 
de  se  manifester  aussitôt  nationale  et  foncière- 
ment britannique,  —  genuine,  comme  on  dit  en 
cet  heureux  pays,  à  la  fois  traditionaliste  et 
moderniste,  où  Taine  avait  su  voir  que  «  les 
réformes  se  superposent  aux  institutions  >>  (1). 

Dès  ses  origines  assez  composites,  cet  art  nou- 
veau fut  très  anglais  :  il  montra  donc,  sans  effort, 
cette  unité  sans  laquelle  il  n'y  a  jamais  d'art 
décoratif  et  qui  caractérise  encore  aujourd'hui 
la  très  moderne  exposition  des  arts  britanniques 
réunis  pour  la  seconde  fois  sur  le  continent, 
mais  pour  la  première  fois  à  Paris.  Cette  unité, 
nous  la  retrouvons  dans  la  décoration  du  hall  oii 
l'architecte  Wilson  a  figuré,  comme  à  Gand,  tout 
un  raccourci  de  la  vie  anglaise,  depuis  le  confort 
du  home  jusqu'à  la  majesté  du  temple,  et  dans  la 
disposition  des  différentes  sections  parallèles, 
organisées  par  le  directeur  du  musée  de  South 
Kensington,  Sir  Cecil  Harcourt  Smith,  et  par  le 
«  coramendatore  »  Walter  Crâne,  ce  délicieux 
illustrateur  des  Contes  de  fées,  dont  l'humour 
Imaginatif  ou  réaliste  exhala  plus  d'une  foisn  un 
franc  goût  de  terroir  »  à  nos  Salons,  depuis 
1881  (2);  cette  unité  met  son  empreinte  sur 
l'élégante  argenterie  d'un  Paul  Cooper  et  de  ses 
émules,  sur  les  fines  verreries  d'un  James  Powell, 
sur  les  riches  poteries  d'un  Wedgwood,  sur  les 
grès  raffinés  d'un  Bernard  Moore,  sur  les  cartons 
de  vitraux  d'un  Robert  Anning  Bell,  sur  la  céra- 
mique originale  des  quatre  frères  Martin,  con- 
nue, depuis  1872,  sous  le  nom  de  Martin  Ware  ei 
proche  parente  des  essais  de  nos  chercheurs, 
Carriès  ou  Cazin,  qui  se  fit  céramiste  en  1871, 
pendant  son  séjour  à  Londres.  Même  caractère 
dans  les  travaux  de  la  Kelmscott  Press,  qui 
remonte  à  William  Morris,  dans  toute  la  sec- 
tion de  la  reliure  et  du  livre,  organisée  par 
Mr.  Douglas  Gockerell.Si  la  gravure  sur  bois  se 
veut  très  moyenâgeuse,  l'eau-forte  reste  prime- 
sautière  au  pays  du  D'' Seymour-Haden;  seule, 
la  sculpture  apparaît  mièvre  et  timide,  à  côté  des 
illustrations  savoureuses  d'Arthur  Rackham  et 
de  la  fantaisie  posthifme  d'un  Charles  Conder  ou 
d'un  Aubrey  Beardsiey. 

Cette  union,  ((ui  fait  le  mérite  et  la  Torce  des 
arts  d'outre-Manche,  enfermait  un  danger  pour 
les  imitateurs  du  continent,  qui  n'ont  pas  assez 

(1).  Taine,  Notes  sur  l'Angleterre  (Paris,  1872).  — 
Cr.  Jean  Lahor,  \\ilUam  Morris  (Genève,  1897). 

(2).  Voir  J.-K.  Huysinans,  l'Art  moderne  (Paris, 
18S3),  pp.  190-201. 


ANCIEN   ET    MODERNE 


143 


promptement  démêlé  dans  un  style  moderne 
l'élément  anglais;  et,  plus  décisive  encore  que 
les  suggestions  de  l'industrie  munichoise  au  Salon 
d'automne  de  1910,  telle  est  la  leçon  que  nous 
propose  l'Angleterre  à  notre  Musée  des  Arts 
décoratifs  ouvert,  en  1914,  à  l'Entente  cordiale. 

Raymond  Bouyer. 


BIBLIOGRAPHIE 


Pedro  de  Mena  (i). 

Le  grand  et  pathétique  sculpteur  espagnol  du 
XVII"  siècle  est  bien  peu  connu  en  France,  et  il  serait 
à  souhaiter  que  l'important  volume  que  vient  de  con- 
sacrer à  sa  vie  et  à  son  œuvre  M.  de  Orueta  fit  mieux 
connaître  ce  maître  si  foncièrement  espagnol,  qui  a 
donné  à  l'art  de  la  contre-réforme,  dans  le  pays  de 
Velasquez  et  de  Murillo,  sou  expression  la  plus 
achevée. 

La  gloire  de  Pedro  de  Mena  est  d'autant  plus  ignorée 
en  France  que  la  seule  de  ses  œuvres  que  des 
reproductions  aient  popularisée  chez  nous,  le  Saint 
François  d'Assise  de  la  cathédrale  de  Tolède,  y  est 
régulièrement  donnée  comme  un  ouvrage  d'Alonso 
Cano,  son  maître,  à  qui  elle  a  été  longtemps  attribuée 
par  erreur.  Mais  ce  sculpteur  est  fait  cependant  pour 
émouvoir  particulièrement  notre  époque  :  dans  ses 
marbres  polychromes,  d'un  réalisme  si  exact  qu'ils 
font  parfois  penser  à  des  figures  de  cire,  une  distinc- 
tion nerveuse  se  combine  avec  un  naturalisme  presque 
populaire;  la  tradition  d'un  Guido  Mazzoni  semble  s'y 
mêler  au  pathétique  aigu  que  retrouvera  Goya.  Très 
espagnole,  et  nullement  révolutionnaire,  son  œuvre 
nous  parait  en  même  temps  très  moderne.  Il  n'a 
sculpté  que  des  Christs,  des  Madones  et  des  saints,  et 
surtout  les  plus  douloureux,  les  plus  sévères,  les  plus 
tragiques;  il  lui  plait  de  noyer  de  larmes  les  beaux 
yeux  passionnés  de  la  Mater  dolorosa,  et  de  marquer 
sur  le  corps  de  Jésus  flagellé,  les  meurtrissures 
violettes  et  les  ruisseaux  de  sang.  Son  imagination 
est  un  jardin  de  supplices;  et  pourtant  il  n'a  rien  de 
la  brutalité  dcRibera:  ses  martyres  et  ses  ascètes  nous 
montrent  des  corps  affinés  au  rythme  harmonieux, 
et  d'admirables  visages  où  la  passion  et  la  souffrance 
n'abolissent  rien  d'une  beauté  précieuse  ou  touchante. 
Comme  le  dit  M.  de  Orueta,  jamais  le  naturalisme  ne 
s'est  si  clairement  distingué  du  matérialisme. 

Pedro  de  Mena  est  né  à  Grenade,  au  mois  d'août  de 
l'année  1628,  de  Alonso  de  Mena  et  de  dona  Joana  de 
Medrano.  L'artiste,  élevé  dans  sa  ville  natale,  où  il 
se  maria,  passa  cependant,  à  partir  de  sa  trentième 


[l)  La  Vila  y  la  obra  de  Pedro  de  Mena  y  Medrano, 
par  Ricardo  de  Orubta  y  Uuakte,  Madrid,  Blass  et  C'«, 
un  vol.  gr.  in-8». 


année,  la  majeure  partie  de  son  existence  à  Malaga, 
qui  possède  tant  de  ses  œuvres,  et  c'est  à  Malaga 
qu'il  mourut,  le  13  octobre  1688.  M.  de  Orueta  a 
poussé  très  loin  ses  recherches,  dans  les  archives,  et 
a  pu  reconstituer  ainsi  la  vie  de  l'artiste  et  celle  des 
siens  :  son  travail  est  tout  entier  soutenu  par  une 
riche  documentation.  11  a  complété  la  biographie  de 
Pedro  de  Mena  et  l'étude  de  son  style  par  un  catalogue 
de  son  œuvre,  qui  pourra  être  augmenté,  mais  qui 
contient  déjà  un  nombre  considérable  de  sculptures. 
Grenade, Malaga,  Madrid,Cordoue, Tolède,  Séville,  Mar- 
chena  en  possèdent  la  majeure  partie. C'est  le  chœur  de 
la  cathédrale  de  Malaga  qui  en  groupe  l'ensemble  le 
plus  important,  exécuté  entre  l'été  de  1658  et  le  début 
de  1662,  série  de  statuettes  représentant  des  saints  et 
occupant  les  niches  ménagées  entre  les  colonnes  de  la 
décoration  des  parois.  Pedro  de  Mena,  formé  par 
Alonso  Caiio  selon  les  principes  de  ce  que  nous 
appelons  l'art  baroque,  commence,  avec  cette  œuvre, 
à  se  dégager  des  enseignements  de  son  maître,  et  à  se 
montrer  plus  véridique,  plus  simple,  plus  ému.  Mais 
ce  sont  surtout  les  œuvres  suivantes  qui  nous  donnent 
l'expression  la  plus  parfaite  de  son  génie  :  ces  Vierges 
de  douleur  ou  ces  Vierges  de  l'itié,  ces  François 
d'Assise  et  ces  Saint  Pierre  d'Alcanlara,  où  le  pathé- 
tique s'exprime  en  des  lignes  si  simples,  si  rigides 
parfois,  et  où  le  réalisme  est  relevé  par  tant  de  dou- 
loureuse noblesse. 

Le  public  français  doit  apprendre  de  M.  de  Orueta  à 
aimer  ce  grand  arliste  qui  nous  donne  —  autant  que 
Murillo  —  une  image  précise  de  l'Espagne  religieuse 
du  xvii'  siècle,  après  Velasquez.  Il  souhaitera  égale- 
ment que  ce  maître,  ai  difficile  à  connaître  hors 
d'Espagne,  puisse  être  représenté  bientôt  dans  nos 
musées. 

Jra.n  de  Foville. 


Les  grands  graveurs  : 

A.  Durer,  Rembrandt,  AVatteau  et  Boucher, 

J.-R.  Smith  (1) 

Cette  élégante  collection  a  déjà  fait  l'objet  d'une 
petite  notice  dans  la  Hevue,  lors  de  l'apparition  des 
deux  premiers  volumes  consacrés,  l'un  à  Van  Dyck 
et  l'autre  à  Goya.  Quatre  nouveaux  recueils  s'ajoutent 
aujourd'hui  à  ceux  qu'on  vient  de  citer  :  ce  sont 
d'agréables  albums  de  planches,  précédés  d'une  courte 
introduction  historique  et  d'un  répertoire  bibliogra- 
phique L'introduction  rappelle  la  vie  de  l'artiste, 
expose  son  rôle  et  son  influence  en  tant  que  graveur, 
et  résume  sa  technique  et  l'évolution  de  ses  procédés. 
Une  soixantaine  de  reproductions,  avec  des  »  légendes  » 
détaillées,  viennent  à  l'appui  du  texte. 

L'intention  des  éditeurs  parait  avoir  été  surtout  de 
caractériser  les  différentes  périodes  de  la  gravure, 
plutôt  que  de  consacrer  un  volume  à  chacun  des  grands 


(1)  Paris,  Hachette,  4  vol.  in-16. 


144 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


graveurs.  Ils  ont  ainsi  désigné  les  principales  époques 
par  le  nom  de  l'artiste  qui  leur  a  semblé  dominer 
chaque  période  et  avoir  eu  la  plus  grande  inOuence 
sur  la  gravure  de  son  temps.  Il  ne  faut  donc  pas  se 
fier  aux  titres  de  ces  petits  livres,  qui  ne  donnent  pas 
toujours  une  idée  exacte  de  ce  qu'on  trouve  dans  leurs 
feuillets. 

Sans  doute,  Durer,  Rembrandt,  Goya  ont  fourni  à 
eux  seuls  la  matière  d'un  volume,  et  chacun  de  ces 
volumes  peut  oll'rir  aux  amateurs  de  gravures  l'intérêt 
d'un  répertoire  complet,  puisque  les  éditeurs  ont  fait 
précéder  leurs  reproductions,  pour  Durer,  du  catalogue 
de  ses  gravures  en  taille-douce  et  de  ses  gravures  sur 
bois  (par  ordre  chronologique,  et  avec  références  aux 
catalogues  classiques  de  Bartsch.  Passavant,  Campbell 
Dodgson,  etc.)  ;  pour  Rembrandt,  du  catalogue  chrono- 
logique de  ses  eaux-fortes  (conforme  à  celui  de  Arthur 
M.  Hind  et  avec  renvois  à  Bartsch);  enfin,  pour  Goya, 
du  catalogue  des  Caprices,  de  la  Tauromac/iie,  des 
l'roverbes,  des  Uésaslres  de  la  guerre  et  des  lithogra- 
phies de  l'artiste. 

Par  contre,  dans  le  recueil  intitulé  Vnn  Dyck,  on 
trouvera  non  seulement  les  raaitres-graveurs  llamands 
de  l'entourage  de  Rubens,  mais  aussi  les  grands 
graveurs  portraitistes  du  xvii*  siècle  français  • 
CI.  Mellnn,  J.  Morin,  R.  .Nanteuil,  G.  Edelinek,  A.  .Mas. 
son,  les  Drevet,  etc  ,  dont  le  lien  avec  les  précédents 
est  certainement  des  plus  minces  et  le  rapprochement 
des  plus  factices.  Le  volume  suivant  défend  mieux 
son  titre,  puisqu'il  réunit,  autour  de  Watteau,  dont 
il  nous  oUre  les  rares  et  précieuses  eaux-fortes, 
la  plupart  des  admirables  traducteurs  du  peintre  des 
,  fêtes  galantes,  à  commencer  par  Boucher,  virtuose 
de  la  pointe  dans  la  reproduction  des  dessins  des 
Figures  des  différents  caractères,  et  en  y  comprenant 
Claude  Gillot  et  ses  eaux-fortes  originales,  les  gravures 
en  manière  de  crayon  d'après  Boucher,  et  jusqu'à  des 
spécimens  de  la  manière  de  Gravelot  :  un  ensemble 
assez  composite,  comme  on  voit,  où  l'on  trouve  repré- 
sentées des  techniques  et  des  inspirations  fort  dis- 
semblables. Au  contraire,  le  recueil  intitulé  John 
Uaphaël  Smilli  ne  comprend  qu'un  seul  procédé  : 
celui  de  la  «  manière  noire  »,  triomphe  de  l'école 
anglaise  de  gravure  au  xviii*  siècle.  On  a  pris  pour 
vedette  l'artiste  qui  s'est  montré  le  plus  admirable 
représentant  du  genre  au  temps  de  Reynolds,  et  on 
l'a  entouré  des  plus  grands  spécialistes  du  mezzotinto  : 
Valenline  Green,  J.  Ward,  J.  et  T.  Watson,  W.  Dic- 
kinson,  G.  Keating,  S.  W.  Reynolds,  J.  M.  W.  Turner, 
et  bien  d'autres  ;  il  y  a  là  un  ensemble  très  homogène, 
dont  les  64  reproductions  du  recueil  donnent  une  idée 
assez  complète. 

Six  autres  volumes  restent  à  paraître.  Je  n'irai  pas 
jusqu'à  dire,  avec  le  «prière  d'insérer»  des  éditeurs, 
que  cet  ensemble  de  petits  manuels  formeront  l'histoire 
complète  de  la  gravure  et  que,  «  par  leur  documentatios 
incomparable,  il  seront,  pour  les  amateurs  et  les  cri- 
tiques d'art,  un  élément  de  recherches  tnappcécia6/es». 
N'exagérons  rien  :  ces  douze  petits  albums  ne  doivent 


pas  prétendre  à  tant  d'ambition;  il  serait  un  peu 
excessif  d'écrire  qu'ils  comblent  une  lacune  et  qu'ils 
peuvent  tenir  lieu  de  toute  une  bibliothèque  spéciale. 
Il  sont  agréables,  commodes,  bien  présentés,  c'est 
vrai  ;  mais  ce  ne  sont,  après  tout  que  de  jolis  aide- 
mémoire,  et  pas  autre  chose. 

E.  D. 

^^■•9^'^Ôs^9kk'^3».''#9^'^9K^9k'^3».^$^*ft<'^9v'^^^3fc^^'^^*^.^9k'^9K^^ 

UEIS      REVUES 


Franck 
L'Art  et  les  artistes  (mars).  —  William  Hitteh. 
La  Villa  Valmarana.  —  La  villa  Valmarana,  de  Vi- 
cence,  et  sa  décoration  magnifique,  par  Tiepolo  : 
décors  de  la  fable  (salle  de  l'Iliade,  salle  du  Tasse,  etc.), 
décors  de  scènes  rustiques  et  de  scènes  de  mœurk 
vénitiennes  <\e  Charlatan,  la  Foire). 

—  Jean-Marie  Cahhé.  L.-G.  Carré.  — Peintre,  dessi- 
nateur et  aquafortiste,  qui  a  trouvé  une  inspiration 
originale  dans  les  scènes  et  les  types  algériens  et 
espagnols. 

—  J.-F.  Louis  Mkrlet.  Le  Musée  provincial  de 
liurgos.  —  Figures  d'après  un  retable  byzantin  et  des 
sculptures. 

—  J.  LoKTKL.  David  caricaturiste.  —  Deux  carica- 
tures contre  l'Angleterre,  dont  les  originaux  sont  con- 
servés aux  Archives  nationales. 

—  Léandre  Vaillat.  L'Art  décoratif:  Clément  Mère. 

—  Figures  d'après  des  boites,  des  cuirs  laqués,  de 
petits  meubles,  des  panneaux  d'ivoire,  etc..  tous  ces 
délicieux  bibelots  qui  sont  toujours  si  remarqués  aux 
Salons  où  expose  cet  ingénieux  et  exquis  décorateur 

Allemagne 
Die  Kunst  (avril).  —  G.  J.  Wolf.  Hermann  Hahu. 

—  Sculpteur  munichois,  aperçu  général  de   l'œuvre. 

—  Lettres  de  Karl  Stauffer  à  sa  famille. 

—  M.-K.  RoHE.  Le  Nouvel  arrangement  de  la  Nou- 
velle Pinacothèque  [Musée  d'Art  moderne  de  Munich). 

—  Un  a  pris  pour  principe  de  réunir  autant  que  pos- 
sible les  œuvres  d'un  même  artiste  ou  de  son 
groupe. 

—  C.  Glaskh.  l'our  iéternilé.  —  L'homme  mo- 
derne et  surtout  l'artiste,  a  une  idée  excessive  de  son 
importance  personnelle;  l'idée  qu'il  travaille  pour 
l'Avenir,  pour  l'Éternité  ne  le  quitte  pas. 

—  A  voN  Gi,eichkn-Rdsswub!1.   Une  ville  moderne. 

—  Construite  par  l'architecte  llaiger  près  de  Coblence. 

—  P.  Westheim.  Sculptures  en  buis.  —  Renaissance 
de  cet  art,  jadis  populaire  en  Allemagne.  Spécimens 
intéressants  de  l'œuvre  de  Taschner,  Dell'  Antonio, 
Langer,  Basiach,  Wackerlé,  etc. 

—  W.  FoRTZicii.  Travaux  de  ferronnerie  de 
W.  Hazgenmacher.  —  G.  Hlet. 

Le  Gérant  :  H.  Dcnis. 

I         Paria.  —  Imp.  Georges  Petit,  11,  rue  Godot-de-Uauroi . 


Numéro  624 


Samedi  9  Mai  1914. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN     ET    MODERNE 


Chronique  du  Vandalisme 


Le  Pont  d'Héricy. 

Le  Matin  a  publié,  il  y  a  quelques  semaines, 
une  vue  du  pont  métallique  projeté  pour  réunir 
Héricy  et  Samois,  —  une  abominable  ferraille, 
haute  de  18  mètres  et  longue  de  566,  qui  va  sac- 
cager un  des  plus  charmants  paysages  des  bords 
de  la  Seine. 

M.  André  Hallays  a  dit,  depuis  lors,  dans  tes 
Débats,  ce  qu'il  fallait  penser  de  ce  projet  sau- 
vage, de  la  laideur  et  de  l'incommodité  du  futur 
pont,  et  de  son  inutilité.  Il  a  tracé  un  exquis  ta- 
bleau du  paysage  menacé  :  «  Gentiment  posé  sur 
sa  petite  falaise,  le  village  de  Samois  fait  face  à 
celui  d'Héricy,  qui  s'étend  sur  la  pente  plus 
douce  de  la  rive  opposée.  Deux  îles  toutes  ver- 
doyantes partagent  le  courant  du  fleuve.  Dans  ce 
tableau,  tout  est  grâce,  délicatesse  et  secrète 
élégance  ».  11  a  montré  que  la  construction  d'un 
pont—  et  d'un  pareil  pont  !  —  en  un  pareil  endroit 
ne  s'expliquait  nullement  par  les  nécessités  de 
la  circulation  :  «  A  deux  kilomètres  en  amont,  le 
pont  de  Valvins  permet  à  Héricy  de  communi- 
quer avec  Avon  et  Fontainebleau;  à  quatre  kilo- 
mètres en  aval,  il  y  a  le  pont  de  Fontaine-le-Port. 
Le  passeur,  dont  la  barque  va  et  vient  entre 
Samois  et  Héricy,  suffit  à  assurer  la  communica- 
tion entre  les  deux  villages  ».  Du  reste,  Samois 
se  soucie  fort  peu  de  ce  pont,  et  c'est  Héricy 
(1.200  habitants)  qui  supportera  la  plus  grosse 
dépense  et  grèvera  son  budget  d'une  centaine  de 
mille  francs. 

On  chercherait  longtemps  quelles  sont  les  rai- 
sons mystérieuses  de  ce  projet,  si  l'on  ne  savait 
que,  sur  la  rive  droite,  le  pont  et  sa  rampe  d'accès 
se  dresseront  devant  la  terrasse  du  château 
d'Héricy.  Or,  il  y  a  là,  comme  à  Nogent-sur- 
Marne,  un  maire  entrepreneur  de  maçonnerie 
qui  cherche  «  la  bonne  affaire  ».  Il  se  dit  que,  le 
jour  où   les  propriétaires   du  château  n'auront 


plus  à  contempler  que  des  piles  de  ciment  sur- 
montées de  lourdes  travées  de  fer,  ils  s'empresse- 
ront de  quitter  le  pays  et  de  vendre  leur  domaine. 
Ce  domaine,  on  ne  manquera  pas  de  le  lotir; 
on  y  élèvera  de  petits  pavillons;  et  la  triste  comé- 
die sera  jouée  une  fois  de  plus  :  le  pont  d'Héricy, 
inutile  en  soi,  aura  eu  pour  effet  «  non  seule- 
ment de  massacrer  un  beau  paysage,  mais  en- 
core de  détruire,  dans  un  délai  très  rapproché, 
une  délicieuse  propriété  d'autrefois  ». 

M.  André  Hallays  rapporte  que,  devant  l'indi- 
gnation soulevée  par  ce  projet,  le  préfet  de 
Seine-et-Marne  a  décidé  de  consulter  la  Commis- 
sion des  sites  :  il  suffirait  qu'elle  classât  la  déli- 
cieuse île  aux  Barbiers,  que  le  pont  doit  traver- 
ser, pour  que  les  rêves  de  M.  le  Maire  s'en  aillent 
à  vau-l'eau. 

Souhaitons  que  cette  heureuse  solution  iiiler- 
.vienne  et  qu'un  méfait  nouveau  ne  s'ajoute  pas 
à  la  liste  déjà  trop  longue  de  ceux  qui  défigurent 
et  salissent  comme  à  plaisir  le  visage  de  la  vieille 
France. 

E.  D. 


ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie  des  beaux-arts  (séance  du  2  mai).  — 
Le  président  annonce  que  le  ministre  de  l'Instruction 
publique,  conformément  à  la  demande  qui  lui  en  avait 
été  faite,  met  la  salle  du  Jeu  de  Paume  du  jardin  des 
Tuileries  à  la  disposition  de  la  Compagnie  pour  y 
organiser,  tous  les  deu.i  aus,  une  exposition  des 
œuvres  des  membres  de  l'Académie  des  Beaux-Arts 
et  d'un  certain  nombre  d'artistes  qui  seront  désignés 
au  scrutin  par  les  différentes  sections  de  l'Académie. 

—  Le  5  mai,  a  commencé  au  Palais  de  Compiègne, 
le  concours  d'essai  pour  le  prix  de  Uome  de  compo- 
sition musicale  ;  y  ont  pris  part  :  MM.  Mignan, 
Déré,  Saint-Aulaire-la-Durantine,  de  Pesser,  Noyan, 
M"'  Guyot,  MM.  Dupré,  Grandjarry,  de  Lapresle, 
Delmas,  Scotto,  Laporte  et  M"'  Canal. 

Le  jugement  du  concours  d'essai  aura  lieu  le 
mardi  12  mai  au  Conservatoire. 


146 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


Académie  des   inscriptions  et  belles-lettres 

(sénnce  du  1"  mai).  —  M.  II.  Cordier  donne  des  nou- 
velles de  la  mission  de  M.  lionnel  de  Mézières  en 
Afrique. 

—  M.  Collignon  communique  un  rapport  de 
MM.  Manidy  Bey,  conservateur  des  Musées  ottomans, 
et  Charles  Picard,  membre  de  l'École  française 
d'Athènes,  adressé  à  l'Académie  par  M.  Fougères,  di- 
recteur de  l'École  d'Athènes. 

Ce  rapport  expose  les  résultats  de  la  première  cam- 
pagne de  fouilles  dirigée  en  1913  à  Colophon  sur 
l'emplacement  du  Ilieron  d'Apollon  Claros.  Les  tra- 
vaux ont  permis  de  reconnaître  la  situation  exacte  du 
temple  principal,  construit  dans  la  plaine,  à  proxi- 
mité de  la  mer,  alors  que  la  célèbre  grotte  prophé- 
ti(|ue  se  trouve  dans  la  montagne.  On  a  dégagé  en 
partie  les  Propylées  et  mis  complètement  au  jour  une 
vaste  exèdre  située  à  l'alignement  de  la  façade.  Les 
fouilles  ont  livré,  en  outre,  une  riche  série  d'ins- 
criptions d'un  grand  intérêt  historique.  Parmi  les  plus 
précieuses,  il  faut  signaler  les  proscynèmes  des  villes 
qui  avaient  envoyé  des  délégations  à  l'Apollon  Cla- 
ros et  qui  sont  gravés  sur  les  murs  et  les  colonnes 
des  Propylées.  11  y  a  lieu  d'attendre  beaucoup  de  ces 
fouilles  entreprises  en  Asie-Mineure  par  l'École 
d'Athènes.  Les  premiers  résultats  promettent  la  dé- 
couverte d'un  temple  d'Apollon  dont  Pausanias 
signale  la  grandeur  et  la  richesse  et  qu'il  compare  à 
ceux  de  l'Artémis  d'Ephèse,  de  la  Héra  de  Samos  et 
au  Didyméion  de  Milet. 

—  M.  Collignon  donne  ensuite  lecture  d'un  rapport 
de  M.  Coinby  relatif  é  une  importante  découverte 
faite  par  l'auteur  dans  les  ruines  du  temple  d'Apollon 
à  Delphes  au  cours  d'une  mission  accomplie  en  1913. 
A  laide  de  photographies  donnant  l'état  des  fouilles 
en  1894,  M.  Comby  identifie  l'adyton  du  temple  avec 
une  construction  qui  coupe  d'une  manière  assez  im- 
prévue la  colonnade  Sud.  Or,  au  même  endroit,  dans 
la  profondeur  du  remblai,  il  a  retrouvé  un  Omphalos 
en  pierre  calcaire,  de  travail  très  fruste,  portant  le 
nom  de  la  déesse  Gaïa  gravé  en  caractères  archaïques. 
Il  expose  les  raisons  qui  lui  permettent  de  reconnaître 
le  véritable  Omphalos  de  Delphes,  la  pierre  sacrée 
pl.icée  dans  l'adyton  et  invisible  pour  le  public. 
Celui-ci  ne  pouvait  en  voir  qu'une  copie  en  marbre 
exposée  à  l'extérieur  et  que  M.  Ilomolle  a  découverte 
sur  l'esplanade  orientale  du  temple. 

Société  des  antiquaires  de  France  (séance  du 
22  avril).  —  M.  Henri  Martin,  trésorier  de  la  Société, 
lit  sou  rapport  sur  l'exercice  1913. 

—  M.  Max  Prinet  étudie  des  fers  de  reliure  qui  ont 
été  altribués  au  maréchal  Strozzi  et  au  chancelier 
l'Hôpital. 

—  M.  Robert  Toutain  lit  une  note  de  M.  R.  de  I.aunay 
sur  les  labyrinthes  au  moyen  âge,  où  il  est  prouvé 
que  ces  représentations  sont  originaires  du  nord  de 
l'Europe. 

—  M.  de  Mély  annonce  qu'il  a  relevé  sur  le  vêtement 


d'un  personnage,  dans  un  tableau  du  Louvre  attribué 
au  maître  de  Saint-Séverin,  une  inscription  qui  don- 
nerait le  nom  de  l'artiste  Galo. 

—  M.  Babelon  montre  un  petit  buste  en  argent 
provenant  du  trésor  de  Berthouville  qui  représente 
probablement  la  déesse  Maïa. 

—  M.  de  Villefosse  présente,  de  la  part  de  M.  Maxime 
Legrand,  un  moule  trouvé  en  Afrique  qui  a  du  servir 
à  fabriquer  une  boucle  de  l'époque  mérovingienne. 

Musée  des  Arts  décoratifs.  —  L'Union  centrale 
des  Arts  décoratifs  vient  d'exposer  au  pavillon  de 
Marsan  une  série  de  dessins,  récemment  acquis, 
dus  à  l'architecte  décorateur  Gilles-Marie  Oppenord. 
Ces  dessins,  exécutés  à  la  plume  d'oie  trempée  dans 
cette  encre  d'un  rouge  violacé  dite  «  encre  véni- 
tienne »,  et  traités  avec  une  extrême  liberté,  ont  trait 
à  un  projet  d'hôtel,  dit  hôtel  du  Trésor  royal,  com- 
mandé par  M.  de  Gandion  pour  être  édifié  au  Marais 
à  Paris. 

Musée  Jacquemart-André  à  Châalis.  —  L'Ins- 
titut de  France  a  communiqué  aux  journaux  une 
information,  concernant  l'ouverture  du  château  et  du 
domaine  de  Chàalis. 

«  Le  château  et  le  domaine  de  Ch&alis  seront 
ouverts  au  public,  le  jeudi  7  mai  et  les  jeudis  suivants 
de  midi  à  cinq  heures  jusqu'au  31  août,  et  de  midi  à 
quatre  heures  et  demie  du!"  septembre  au  i~>  octobre. 
Les  moyens  de  communication  sont  les  suivants  : 

I.  Par  chemin  de  fer  (Compagnie  du  Nord)  : 

1"  Parle  Plessis-Belleville  (en  45  minutes)  :  gare  du 
Nord  :  trains  de  7  h.  5o  ;  12  h.  15  ;  et  14  h.  48. 

Voitures  au  Plessis-Belleville.  —  Automobile  de 
l'hôtel  de  l'Ermitage  (tél.  Ermenonville)  ;  distance, 
9  kil. 

2°  Par  Senlis  (en  une  heure)  : 

Gare  du  Nord  :  trains  de  10  h.  25  (changement  à 
Chantilly)  et  de  12  h    3. 

Automobiles.  —  Hôtel  du  Grand-Cerf  ou  chez  Per- 
séguers,  route  de  la  République;  distance,  (I  kil. 

II.  Par  la  route  :  45  kil. 
Itinéraire  : 

Porte  de  Flandre,  Louvre»,  Plailly,  Mortefontaine, 
Ermenonville   » 

On  voit  que  le  nouveau  musée  ne  bénéficie  même 
pas  de  la  mesure  appliquée  au  Musée  Condé,  à  Chan- 
tilly, qui,  lui,  est  ouvert  pendant  les  dimanches  d'été, 
exception  faite  pour  les  jours  de  courses. 

C'est  restreindre  singulièrement  l'accès  du  domaine 
que  de  n'en  autoriser  la  visite  qu'un  jour  en  semaine. 

Salon  des  Artistes  français.  —  Pour  le  vote  des 
récompenses  et  pour  certains  travaux  intérieurs,  le 
Salon  des  Artistes  français,  au  Gr.'ind  Palais,  sera 
fermé  au  public  le  8  juin. 

La  réouverture  aura  lieu  le  lendemain  à  raidi. 

Les  Peintres  du  ministère  de  la  Guerre.  —  L'n 

récent  arrêté  du  ministre  de  la  Guerre  a  fixé  les  con- 
ditions dans  lesquelles  le  titre  de  «  peintre,  sculpteur, 


ANCIEN    ET   MODERNE 


147 


graveur  ou  architecte  du  ministère  de  la  Guerre  » 
peut  être  conféré  aux  artistes  français  qui  en  font  la 
demande 

Ce  titre  est  purement  honorifique.  Il  ne  lie  en  rien  le 
ministère  de  la  Guerre  au  point  de  vue  des  commandes. 
En  aucun  cas,  il  n'équivaudra  à  un  emploi  et  ne  confé- 
rera un  traitement.  Dans  la  mesure  compatible  avec 
les  exigences  du  service,  les  artistes  accrédités  peuvent 
ôtre  admis  par  les  autorités  militaires  compétentes  à 
assister  aux  revues  et  aux  manœuvres. 

Le  Vol  de  «  la  Joconde  ».  —  M  Drioux,  juge 
d'instruction,  a  rendu  une  ordonnance  de  non-lieu 
en  faveur  des  frères  Lancellotti  et  de  M"*  Clamage- 
rand,  arrêtés  tous  les  trois  pour  complicité  dans  le  vol 
de  la  Joconde. 

Les  Amis  du  Mont  Saint-Michel.  —  La  cam- 
pagne menée  avec  tant  d'activité  par  l'Association 
des  Amis  du  Mont  Saint-Michel  commence  à  porter 
ses  fruits.  L'administration  des  Travaux  publics, 
entrant  dans  la  voie  des  réalisations,  vient  de  pres- 
crire l'enquête  d'utilité  publique  relative  à  l'exécution, 
pourune  somme  de  500. 000  francs,  des  travaux  suivants, 
destinés  à  assurer  l'insularité  du  Mont  Saint- Michel  : 
1°  abaissement  de  la  digue  insubmersible  en  pente 
douce  jusqu'à  l'entrée  du  Mont;  2°  dérasement  partiel 
et  par  couches  successives  de  la  digue  submersible  de 
Roche-Torin  entre  le  kilomètre  1  kil.  200  et  l'extrémité 
ouest  de  ce  remblai. 

A  Avignon.  —  Grâce  à  la  Société  des  Amis  du 
Palais  des  Papes  et  des  monuments  d'Avignon,  dont 
l'activité  est  des  plus  fécondes,  l'utilisation  du  Palais 
des  Papes  —  puisque,  parait-il,  il  faut  à  tout  prix 
l'utiliser  —  va  prendre  un  ^caractère  plus  digne  de 
l'illustre  pionument  que  certaines  exhibitions  dont 
on  n'a  pas  perdu  le  souvenir. 

Tout  d'abord,  la  Commission  consultative  du  Palais 
des  Papes,  créée  par  la  municipalité  précisément 
pour  étudier  et  réaliser  l'utilisation  de  l'édifice,  et 
dont  les  membres  appartiennent  presque  tous  à  la 
Société  des  Amis  du  Palais,  avait  proposé  la  fonda- 
tion d'un  musée  médiéval  de  la  région  du  Midi,  com- 
posé surtout  de  moulages  Mais  déjà  des  dons  étaient 
venus,  d'œuvres  d'art  des  xvii',  xviii"  et  même 
XIX*  siècles.  Pour  ne  pas  décourager  les  bonnes  volon- 
tés, on  a  résolu  de  constituer  un  triple  musée  : 
musée  médiéval,  musée  des  xvii'  et  xviii*  siècles, 
musée  des  œuvres  modernes  ;  sans  doute,  le  premier 
de  ces  musées  comprendra-t-il  aussi  les  œuvres  de  la 
Henaissance. 

La  tâche  ainsi  fixée  a  reçu  un  commencement 
de  réalisation.  M.  l'abbé  Requin,  correspondant  de 
l'Institut,  a  été  nommé  conservateur  des  futures 
collections,  et  le  Palais  des  Papes  s'est  enrichi  de 
plusieurs  morceaux  importants,  dans  les  trois  séries 
du  musée  projeté. 

Le  musée  médiéval  a  reçu  le  moulage  du  tombeau 
de  Clément  VI,  dont  l'original,  conservé  à  l'abbaye 


de  la  Chaise-Dieu,  reproduit  le  tombeau  d'un  évêque, 
qui  se  trouve  dans  la  même  église  et  qui  est  dû  à  des 
artistes  avignonnais  du  xiv  siècle  ;  le  moulage  du 
buste  de  Benoît  XII,  œuvre  de  Paul  de  Sienne  (1341), 
qui  ornait  jadis  la  façade  de  l'ancienne  église  Saint- 
Pierre  ;  enfin  une  collection  de  relevés  de  fresques 
des  iiii-,  xiv*  et  xv  siècles,  offerte  par  M.  Nodct. 

Pour  le  musée  des  xvii*  et  xviii*  siècles,  les  mem- 
bres de  la  Société  des  Amis  du  Palais  ont  pu  acquérir 
la  cheminée  qui  décorait  la  grande  salle  de  l'hôtelle- 
rie à  la  Chartreuse  de  Villeneuve-les-Avignon,  chemi- 
née haute  de  cinq  mètres,  appartenant  à  la  seconde 
moitié  du  xviii"  siècle. 

La  collection  moderne  comprend  le  Triptyque  de 
saint  Gens,  peinture  de  P.  Vayson  ;  le  buste  de  cet 
artiste,  par  Charpentier  ;  des  maquettes,  dessins, 
plans,  etc.,  provenant  de  l'archevêché. 

L'Annuaire,  que  vient  de  publier  la  Société  des 
Amis  du  Palais  des  Papes,  témoigne  que  ce  groupe- 
ment entend  justifier  son  titre  et  étendre  sa  sollicitude 
aux  autres  monuments  d'Avignon  :  elle  a  demandé  le 
nettoyage  des  portes  et  le  dégagement  du  clocher  de 
l'église  Saint-Pierre,  le  classement  de  la  chapelle  du 
lycée  ;  elle  a  attiré  l'attention  de  la  municipalité  sur 
le  petit  Palais,  élevé  au  xv  siècle,  et  aujourd'hui 
occupé  par  une  école  primaire  supérieure  ;  elle  s'est 
préoccupée  de  la  propreté  des  remparts  ;  enfin,  elle 
exerce  sa  surveillance  sur  les  travaux  de  restauration 
qui  se  continuent  au  Palais. 

A  Lille.  —  Mardi  dernier,  un  accident  a  provoqué 
la  destruction  d'une  œuvre  de  Frémiet,  conservée  au 
musée  de  Lille,  le  Chevalier  errant,  groupe  équestre 
en  plâtre,  haut  de  3  m.  50  Des  gardiens  remplaçaient 
le  vélum  de  la  galerie  de  sculpture  du  musée  ;  le  câble 
qui  maintenait  l'armature  du  vélum  ayant  échappé 
à  l'un  d'eux,  les  deux  autres  durent  à  leur  tour  lâcher 
prise,  et  la  lourde  armature  métallique  tomba  sur 
le  plâtre  de  Frémiet,  qui  fut  écrasé. 

A  Florence.  —  La  Galerie  des  Offices  vient  d'ache- 
ter un  tableau  du  quattrocentiste  siennois  Matleo  di 
Giovanni,  représentant  la  Vierge  et  l'Enfant  avec 
deux  saints  et  deux  anges,  et  qui  appartenait  à  l'église 
de  la  Selva,  à  Sienne. 

M.  Poggi,  surintendant  des  galeries  llorentines,  a 
l'intention  de  créer  aux  Offices  une  salle  siennoise 
où  il  réunira  les  diverses  œuvres  de  l'école  éparses 
dans  les  musées  de  Florence  ;  on  y  trouvera  trois 
Lorenzetti  (deux  Pietro  et  un  Ambrogio),  la  fameuse 
Annonciation  de  Simone  Martini,  les  prédelles  de 
Francesco  di  Giorgio  et  de  Neroccio,  le  Matteo  di 
Giovanni  dont  on  vient  de  parler,  un  Girolamo  del 
Pacchia,  un  Beccafumi,  et  enfin  le  Saint  Sébastien 
du  Sodoma. 

Au  Musée  National,  le  directeur,  M.  G.  de  Nicola,  tra- 
vaille à  une  réorganisation.  On  enlèvera  de  la  grande 
salle  les  Donatello  pour  les  mettre,  avec  d'autres 
morceaux  de  sculpture  quattrocentiste,  dans  deux 


148 


LE    nULLETIN    DE    L'ART 


salles  nouvellement  ouvertes.  Itien  n'est  décidé  au 
sujet  (le  la  destination  nouvelle  de  la  grande  salle  ; 
peut-être  y  installera-t-on  la  collection  Carrand,  mais 
ce  projet  n'est  pas  encore  définitif. 

On  parle  d'un  autre  projet,  qu'il  faut  espérer  qu'on 
pourra  réaliser.  Le  Palazzo  Non-Finito,  occupé  pré- 
sentement par  les  bureaux  du  télégraphe,  sera  bientôt 
vacant;  il  est  tout  près  du  Musée  National  et  on 
voudrait  qu'il  soit  destiné  à  agrandir  ce  musée,  dont 
les  salles  regorgent  d'objets  d'art  et  qui  ne  sait  où 
placer  ses  dernières  acquisitions.  On  mettrait  dans 
cette  sorte  de  succursale  du  musée  les  médailles,  les 
étoiles,  les  majoliques,  et  on  pourrait  ordonner  au 
Bargello,  avec  l'ampleur  et  la  précision  nécessaires, 
les  bronzes  et  les  marbres.  —  L.  G. 


A  'Vicence.  —  On  vient  de  rouvrir  la  galerie  de 
Vicence  que  la  municipalité  a  fait  réorganiser. 

Les  unes  après  les  autres,  toutes  les  petites  ville» 
d'Italie  donnent  à  leurs  collections  des  soins  intel- 
ligents, dépensant  sans  compter  pour  que  les  œuvres 
d'art  soient  disposées  dans  des  salles  spacieuses  et 
dans  l'ordre  convenable,  revisant  les  attributions 
traditionnelles,  refondant  les  catalogues.  Le  Bulletin 
a  souvent  eu  l'occasion  de  signaler  des  travaux 
de  ce  genre  et  on  ne  saurait  assez  louer —  et  envier  — 
les  initiatives  si  intelligemment  prises,  ces  dernières 
années,  dans  l'Italie  entière  et  jusque  par  les  plus 
petites   villes. 

A  Vicence  encore,  la  restauration  de  l'église  de 
S.  Lorenzo  vient  d'être  terminée.  —  L.  G. 


CHRONIQUE    DES    VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —  'Vente  de  la  collection  Hodgkins 
(dessins  anciens).  —  Dirigée,  galerie  Georges 
Petit,  le  30  avril,  par  M"  Lair-Dubreuil  et  Bau- 
doin et  MM.  Ferai,  Paulme  et  Lasquin,  cette 
vente  a  produit  400.188  francs,  pour  55  numéros. 
Ce  résultat  doit  être  considéré  comme  très  satis- 
faisant, si  l'on  lient  compte,  d'une  part,  des 
mauvaises  conditions  présentes  du  marché  de 
la  curiosité,  de  l'autre  de  cette  circonstance,  — 
que  nous  avons  déjà  signalée  en  annonçant  la 
vente,  —  que  la  plupart  des  dessins  composant 
la  collection,  avaient  déjà  passé  aux  enchères, 
en  ces  dernières  années,  à  Paris  môme.  Or  c'est 
un  fait  d'observation  courante,  que  les  œuvres 
d'art  provenant  de  ventes  célèbres,  s'ils  repas- 
sent à  peu  de  temps  d'intervalle  sous  le  mar- 
teau du  commissaire-priseur,  ne  retrouvent  pas 
des  prix  équivalents  à  ceux  qu'ils  ont  précé- 
demment obtenus. 

Il  ne  faut  donc  pas  s'étonner  que  la  Feuille  d'étude 
de  sept  ttUcs,  de  Watteau,  adjugée  71  000  francs  à 
la  vente  Doucet,  en  1912,  n'ait  réalisé  ici  que 
60.000  francs,  ni  que  la  gouache  de  Van  Hlaren- 
berghe,  une  Noce  de  village,  poussée  à  62.000  francs, 
l'an  dernier,  à  la  vente  Béer,  n'ait  pas  dépassé 
54.000  francs,  cette  fois.  Au  contraire,  on  pré- 
voyait plutôt  des  différences  plus  marquées. Même 
deux  dessins  —  de  moindre  importance,  il  est 


vrai,  —   ont  dépassé  leurs  prix  d'adjudication 
antérieurs. 

PRINCIPAUX  PRIX 
Dessins  dd  xviii'  sitcLR.  —  2.  L.  van  Blarenberghe. 
Une  Noce  de  village,  gouache,  54.000  fr.  (dem.  50.000; 
vente  Béer,  1913,  62.000  fr.).  —  Boilly  :  1.  La  Lecture 
du  onzième  bulletin  de  la  Grande  Armée,  lavis, 
10.000  fr.  (dem.  12.000).  —  5.  Un  Café  de  l'aris,  des- 
sin, 11.000  fr.  (dem.  l.ï.OOO).  —  6.  Un  Cabaret  de  Paris 
en  ISIS.  tl.OOO  fr.  (dem.  10  000).  —  7-8.  Corel.  Le 
Gage  louché,  le  Colin-Maillard,  aquar.,  15  000  fr. 
(dem.  15.000;.  —  9.  Boucher.  Vénus  aux  colombes, 
dessin  aux  trois  crayons,  6.000  fr.  (dem.  6.000).  —  19. 
Cochin  le  fils.  Illuminations  des  écuries  de  Versailles 
à  l'occasion  du  second  mariage  du  Dauphin  (9  fé- 
vrier <74'),  lavis,  13. 000 fr. (dem.  12  000;  vente  Doucet, 
1912,  14.000  fr.).  —  21.  École  franc  Les  Trois  sœurs, 
gouache,  7.000  fr.  (dem.  6.000).  —  Krngonard  :  25. 
Le  Sacrifice  au  Minolaure,  bistre  et  aquar.,  40.000  fr. 
(dem.  40.000;  vente  Brun-Neergard,  1814,  50  fr.;  vente 
Doucet,  1912,  48. .500  fr.).  —  27.  La  Visite  au  grand- 
père,  sépia,  15.500  fr.  (dem.  20.0001.  —  32.  Hoin.  La 
Consultation  de  Voracle,  14.000  fr.  (dem.  15.000; 
vente  Mulhbacher,  1899,  5.600  fr.;  vente  Mandl,  1905, 
16  000  fr  ).  —  33.  Isabey.  Le  l'etit  Coblentz,  vue  du 
boulevard  de  Gand  sous  le  Directoire],  plume  re- 
hausséed'aquar.,10.500fr.(dem.l5.000;  vente  Richard 
Lion,  1886,  805  fr  ).  —  38.  N.  Lawreince.  Les  Trois 
sœurs  au  parc  de  Saint-Cloud,  aquar.  gouachée, 
15.200  fr.  (dem.  6.000).  —  40.  Lespinasse.  Vue  du 
Grand  Trianon,  prise  du  côté  de  l'entrée,  en  17/10, 
aquar.  et  gouache,  10.000  fr.  (dem.  10.000  ;  vente 
Doucet,  1912, 11.000  fr.).  —  Mallet  :  41.  i^  Tireuse  de 


ANCIEN    ET    MODEKJVE 


149 


caries,  gouache,  6.200  fr.  (dem.  5.000).  —  42.  Le  Petit 
déjeuner,  gouache,  5.500  fr.  (dem.  5.000).  —  43. 
Maréchal.  Intérieur  de  palais,  8.000  fr.  (dem  6.000; 
vente  Doucet,  1912,  6  700  fr.).  —  44.  Maucert.  Expo- 
sition de  tableaux  sur  la  place  Dauphine,  lavis  de 
sépia,  11.000  fr.  (dem.  10.000;  vente  Leiong,  1903, 
9.000  fr.).  —  48.  Portail.  La  Musique  de  chambre,  san- 
guine, 8.200  fr.  (dem.  5.000;  vente  Decourcelle,  1911, 
4.800  fr.).  —  52.  Van  Gorp.  Le  Visiteur  attendu, 
gouache,  9.000  fr.  (dem.  8.000).  —  A.  Watteau  :  54. 
Feuille  d'éludé,  sept  têtes,  trois  crayons,  60.000  fr. 
(dem.  60.000;  vente  Concourt,  1897,  17.500  fr.;  vente 
Doucet,  1912,  71.000  fr.).—  55.  Feuille  de  trois  têtes, 
sang.,  8.000  fr. 

Vente  de  la  collection  Delaroff  (2»  vente  : 
tableaux  anciens,  etc.).  —  Faite,  salle  6,  du 
27  avril  au  2  mai,  par  les  soins  de  M«'  Lair- 
Dubreuil  et  Doublet  et  de  MM.  Sortais,  Duchesne 
et  Duplan,  cette  deuxième  vente  Delaroff  a  pro- 
duit 201.713  francs,  qui,  Joints  aux  507,550  francs 
réalisés  par  la  première  vente,  donnent  le  total 
de  709.263  francs,  pour  ce  qui  a  été  dispersé  jus- 
qu'ici de  la  collection  de  l'amateur  russe. 

Dès  à  présent,  une  dernière  vente  est  annon- 
cée pour  l'année  prochaine. 

Deux  prix,  ici,  sont  seulement  à  retenir  :  147. 
A.  Cuyp.  Halte  d'un  cavalier,  7.300  fr.  —  502. 
Clodion.  Bacchvs,  groupe  en  terre  cuite,  20.800 fr. 

■Vente  d'objets  d'art.  —  Notons,  parmi  les 
résultats  d'une  vacation  anonyme,  dirigée  salle  8, 
le  i"'  mai,  par  M«  Dubourg  et  M.  l'ape,  les 
6.700  francs  obtenus  par  deux  potiches  en  an- 
cienne porcelaine  de  Chine  Kang-hi,  à  réserves 
de  paysages  avec  oiseaux. 

Succession  Mauzaize  (objets  d'art,  etc.).  — 
Une  seule  enchère  vaut  aussi  d'être  notée  dans 
la  vente  faite,  salle  12,  le  4  mai,  par  M"  Baudoin 
et  Albinet  et  M.  Pape,  celle  de  9.050  francs,  obte- 
nue sur  la  demande  de  4.000,  par  une  commode 
en  bois  de  placage  et  marqueterie,  d'époque 
Louis  XV,  ornée  de  bronzes  et  signée  Dubois. 

Vente  de  tableaux  modernes.  —  De  même 
nous  ne  trouvons  qu'un  seul  prix  à  signaler, 
dans  la  vacation  anonyme,  dirigée  le  même  jour, 
salle  7,  par  M»  Lair-Dubreuil  et  M.  G.  Petit,  celui 
de  7.600  francs  pour  les  Bords  de  la  Seine,  par 
Pissarro,  estimé  7.000.  Cette  vente  a  produit  un 
total  de  49.670  francs. 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Collec- 
tion Roger  Marx  (2"  ven+e  :  tableaux,  des- 
sins, aquarelles,  etc.,  m  /Jjrnes).  —  Les  H  et 
12  mai,  à  la  galerie  Manzi,  M"  Lair-Dubreuil  et 


Baudoin,  assistés  de  MM.  Durand-Ruel  et  Ber- 
nheim  jeune,  procéderontàla  vente  des  tableaux, 
dessins  et  sculptures  modernes  faisant  partie  de 
la  collection  Roger  Marx.  Le  catalogue  illustré 
de  cette  vente  est  précédé  de  quelques  lignes  où 
M.  Anatole  France  donne  un  dernier  souvenir  à 
notre  confrère,  dont,  dans  les  quelques  pages  de 
préface  qui  suivent,  M.  Arsène  Alexandre  rap- 
pelle la  carrière  administrative  et  le  rôle  comme 
critique,  en  même  temps  qu'il  définit  son  goûl 
comme  amateur. 

La  place  nous  est  trop  mesurée  ici  pour  sou- 
ligner comme  il  conviendrait  combien,  chez 
Roger  Marx,  l'unité  fut  complète.  Fonctionnaire 
de  l'administration  des  Beaux-Arts,  écrivain  d'art 
et  collectionneur,  un  même  esprit  dirigea  ces 
trois  rôles  où  il  déploya  une  égale  activité.  Les 
mêmes  artistes  qu'il  soutint  de  son  autorité, 
qu'il  défendit  ou  célébra  par  la  plume,  sont  ceux 
dont  il  voulut  avoir  des  productions.  Aussi,  dans 
la  présente  vente,  retrouvera-t-on  les  mêmes 
préférences  qui  s'affirmaient  dans  la  riche  col- 
lection d'estampes  modernes  dispersée  ces  jours 
derniers,  et  les  mêmes  noms,  —  ceux  des  artistes 
que  Roger  Marx  fut  des  premiers  à  connaître  et 
à  faire  conuaitre  :  Manet  et  Toulouse-Lautrec, 
Carrière  et  Pantin,  et  bien  d'autres. 

C'est  donc  l'art  le  plus  moderne,  qui  est  ici 
représenté  par  deux  cent  cinquante  et  quelques 
numéros,  dont  certains  très  importants. 

Signalons  tout  d'abord,  du  côté  des  peintures: 
l'Orgue  de  Barbarie  et  la  Tasse  de  café,  par  P.  Bon- 
nard;  les  portraits  d'Edmond  de  Goncourt  et  de 
M.  Cliarles  Morice,  la  Leçon  d'écriture  et  un  Masque 
d'enfant  (iS86),  par  Carrière;  la  Femme  au  tour- 
nesol, par  Mary  Cassatt  ;  la  Procession  sous  les 
arbres,  par  M.  Denis;  l'Apothéose  de  Berliot  et  la 
Vision',  par  Fantin  Latour  ;  Femmes  nues  au  bord 
de  l'eau,  par  Gauguin  ;  les  Anémones,  par  E.  Lau- 
rent ;  Quai  de  la  Seine  (matin  de  printemps)  et 
Rouen  {la  Côte  Sainte-Catherine),  par  Lebourg; 
le  Petit  bras  de  la  Seine,  quai  de  Béthune,  par 
Lépine  ;  la  Sultane,  par  Manet  ;  le  Pont  d'Argen- 
teuil  {1872),  par  Monet;  une  Femme  arabe  (1882), 
Jeune  femme  en  bleu  et  un  Buste  de  femme,  par 
Renoir  ;  Dans  le  lit,  Au  Moulin-Rouge  et  les  Deux 
femmes  au  bar,  par  Toulouse-Lautrec  ;  le  Manteau 
noir  et  une  Cour  en  automne,  par  Vuilliard  ;  puis, 
du  côté  des  dessins  :  une  Femme  vue  de  dos,  par 
Besnard  ;  la  Lecture,  par  Mary  Cassatt  ;  le  Village 
et  le  Moulin  à  Equihen,  par  J.-C.  Cazin  ;  Détresse, 
le  Conducteur  de  chevaux,  Homme  assis  dans  un 
fauteuil  et  le  Malade  imaginaire,  par  Daumier  ; 


iso 


LE   BULLETIN   DE   L'ART 


Dans  l'atelier  de  la  modiste,  l'Éventail  au  portant 
de  théâtre,  Trois  danseuses,  la  Toilette,  Femme  se 
grattant  et  Groupe  de  danseuses,  par  Degas;  Filles 
du  Rhin  et  la  Jeune  femme  à  l'éventail,  par  Faiilin- 
Latour  ;  Au  Théâtre,  par  Forain  ;  Devant  le  comp- 
toir, Jeune  femme,  la  Femme  au  panier  et  Femme 
au  tablier  bleu,  par  C,  fiuys  ;  le  Port  de  Uonfleur 
et  un  Port  en  Hollande,  par  Jongkind  ;  la  Place 
dic  Marché  à  Rouen  et  la  Construction  du  pont 
transbordeur  à  Rouen,  par  Lepère  ;  la  Paix  (étude 
décorative  pour  le  Musée  d'Amiens,  par  Puvis  de 
Chavannes  ;  la  Femme  en  rose  et  des  croquis,  par 
Renoir  ;  des  dessins  de  Rodin  ;  la  Bacchante  nue 
et  un  Music-hall,  par  F.  Rops  ;  la  Blanchisseuse, 
par  Toulouse-Lautrec  ;  enfin,  du  côté  des  sculp- 
tures :  les  Émigrants,  par  Daumier  ;  la  Glèbe,  par 
G.  Meunier  ;  le  Baiser  [ISSS'f  et  Femme  nue,  par 
Rodin. 

Collection  Roger  Marx  {3«  vente  :  objets 
d'art  moderne).  —  On  sait  quel  fut  le  rôle  de 
Roger  Marx  dans  le  mouvement  de  rénovation 
de  l'art  décoratif  moderne.  Plus  que  tout  autre 
critique,  il  contribua  au  développement  de  l'objet 
d'art,  à  cette  suite  de  recherches,  de  tentatives, 
aussi  de  réalisations  qui  se  sont  succédées  depuis 
quelque  trente  années.  C'est  au  lendemain  de 
l'Exposition  de  1889,  — où,  dans  une  conférence 
dont  le  souvenir  restera,  Roger  Marx  avait  signalé 
les  premiers  efforts  vers  un  art  décoratif  nou- 
veau, original,  dégagé  de  la  tradition,  œuvre 
d'artiste  et  non  de  praticien  asservi  à  une  rou- 
tine, —  qu'avec  la  fondation  de  la  Société  natio- 
nale, l'objet  d'art  ou  d'ameublement  eut  sa 
section  dans  une  exposition  au  môme  titre  qu'un 
tableau,  une  statue,  une  gravure  ou  un  dessin 
d'architecte.  Depuis,  cette  innovation  a  été  suivie, 
et  par  la  Société  des  Artistes  français,  et  par  tous 
les  autres  Salons  à  l'étranger  comme  en  France. 
On  ne  conçoit  plus  une  exposition  d'art  moderne 
sans  une  section  d'art  décoratif.  Cette  idée  si 
simple,  qui  paraît  toute  naturelle  aujourd'hui, 
il  semble  bien  que  ce  soit  Roger  Marx  qui  l'ait 
eue  le  premier.  En  tout  cas,  plus  qu'aucun  autre 
de  ses  confrères,  il  se  dépensa  pour  faire  con- 
naître, aimer  et  apprécier  les  travaux  des  artistes 
modernes,  céramistes,  verriers,  orfèvres,  émail- 
leurs,  ébénistes,  ferronniers,  dont  il  encouragea 
les  travaux  comme  ceux  des  graveurs,  des  pein- 
tres ou  des  sculpteurs  contemporains  qu'il  avait 
été  des  premiers  à  découvrir  et  à  comprendre. 

Rien  de  plus  naturel  que  de  rencontrer  dans 
les  collectious  de  Roger  Marx,  auprès  de  ce  riche 


cabinet  d'estampes  modernes  déjà  dispersé,  de 
ces  réunions  de  peintures,  dessins  et  sculptures 
dont  nous  venons  de  parler.  —  auprès  de  cette 
collection  de  médailles  qui,  si  elles  passent  en 
vente,  rappelleront  quelle  fut  l'influence  de 
notre  confrère  sur  la  résurrection  de  l'art  de  la 
médaille,  à  laquelle  nous  avons  assisté  en  ces 
dernières  années,  —  de  rencontrer  un  choix 
d'objets  d'art  moderne  portant  ces  noms  que  les 
articles  de  Roger  Marx  ont  tant  contribué  à  faire 
connaître.  Et  c'est  ici  encore  une  fois  une  affir- 
mation de  l'unité  de  vues  de  ce  critique. 

Renvoyant  pour  plus  de  détails  au  catalogue 
illustré,  dressé  à  l'occasion  de  cette  vente  qui 
aura  lieu,  galerie  Manzi,  le  13  mai,  par  le  minis- 
tère de  M"  Lair-Dubreuil  et  Baudoin  et  de  M.  Geo 
Rouard,  contentons-nous  de  signaler  la  présence 
de  grès  et  de  porcelaines  d'Ernest  Chaplet,  de 
pâtes  de  verre  d'Henri  Gros,  de  grès  et  de  porce- 
laines d'Albert  Dammouse,  de  grès  et  de  porce- 
laines d'Auguste  Delaherche,  d'une  collection  de 
quarante  pièces  de  verrerie  d'Emile  Callé.  appar- 
tenant aux  diverses  époques  de  la  production  du 
maître  nancéen,  de  1884  à  1904,  des  émaux  de 
Grandhomme  et  Garnier,  des  porcelaines  de 
Sèvres  à  sujets  modelés  par  Rodin,  et  aussi  par 
Rodin  et  Desbois. 

L'intérêt  de  cette  collection,  en  dehors  même 
du  nom  qu'elle  porte,  de  la  qualité  des  objets  qui 
la  composent  et  du  goùl  qui  a  présidé  leur  réu- 
nion, est  d'ôtre  la  première  du  genre  qui  passe 
au  feu  des  enchères.  A  ce  titre  les  résultats  en 
seront  d'autant  plus  curieux  à  recueillir. 

Objets  d'art  de  la  Chine.  —  M«  Ch.  Dubourg 

et  M.  A.  Portier  dirigeront,  salle  7,  les  H  et 
12  mai,  et  salle  9,  les  1,3  et  14  mai,  une  vente 
anonyme  composée  de  céramique  chinoise,  émaux 
peints  de  Canton,  ivoires,  pierres  dures,  etc.,  qui 
a  fait  l'objet  d'un  catalogue  illustré. 

Succession  de  M"»  H...  (objets  d'art,  ta- 
bleaux). —  Cette  vente,  qui  aura  lieu,  salle  6, 
du  14  au  16  mai,  par  le  ministère  de  M*  Lair- 
Dubreuil  et  de  MM.  Mannheim,  Ferai,  Falken- 
berg  et  Linzeler,  comprend  des  objets  d'art  et 
d'ameublement,  parmi  lesquels  nous  remarquons 
deux  tapisseries  d'Aubusson  du  temps  de  Louis  XV, 
l'une  présentant  le  Jeu  du  cheval  fondu,  l'autre 
un  Chasseur  tirant  sur  un  oiseau,  et  des  tableaux 
modernes  et  anciens,  parmi  lesquels  nous  notons: 
des  Maisons  au  bord  d'une  rivière,  par  Corot  ;  le 
Portrait  d'un  gentilhomme,  attribué  à  F.  Clouet  ; 
le  Portrait  d'Ulrich  Zicingle,  par  un  maître  de 


ANCIEN    ET    MODERNE 


m 


l'école  allemande  du  xvi"  siècle  ;  la  Vierge  et 
l'Enfant  Jésus,  panneau  de  l'école  flamande  du 
début  du  XVI»  siècle  ;  le  Portrait  d'un  jeune  sei- 
gneur, peinture  italienne  du  xvi=  siècle  ;  un 
Intérieur  de  ville,  par  J.  van  der  Heyden  ;  un 
Intérieur  hollandais,  par  J.  Kœdyck,  et  l'Oiseau 
prisonnier,  par  N.  Lancret.  (Catalogue  illustré.) 

Ventes  prochaines.  —  A  titre  d'information, 
signalons  les  ventes  suivantes,  qui  doivent  avoir 
lieu  prochainement,  et  dont  les  catalogues  sont 
en  distribution  :  —  le  18  mai,  salles  7  et  8,  par 
le  ministère  de  M«  Bignon  et  de  M.  Bataille, 
vente  après  départ  de  M"'^  X...,  comprenant 
des  tableaux  anciens  et  modernes,  et  objets 
d'art  et  d'ameublement,  notamment  des  tapis- 
series d'Aubusson  et  des  Flandres  des  xvi», 
Kvw  et  xviii«  siècles;  —  le  Itj  mai,  sous  la  di- 
rection de  M»  Baudoin  et  de  MM.  Bernheim, vente 
de  la  Collection  Herbert  Kullmann,  de  Manchester, 
composée  de  tableaux  de  l'école  impressionniste; 
—  le  18,  salle  9,  par  M'  Desvouges  et  M.  Giaco- 
metti,  vente  de  quatre  bustes  par  Houdon,  dont 
deux  portraits  de  l'artiste  par  lui-même. 

M.  N. 
ESTAMPES 

Nous  remettons,  faute  de  place,  le  compte 
rendu  de  la  vente  Roger  Marx,  qui  s'est  terminée 
sur  le  total  de  262.031  francs. 

Ventes  annoncées. —  A  Paris.  —  Estampes 
anciennes  et  modernes.  —  Les  11  et  12  mai,  à 
l'Hôtel,  salle  9,  M"»  J.  Huguet  et  A.  Desvouges, 
avec  M.  L.  Delteil  comme  expert,  disperseront 
une  réunion  d'estampes  anciennes  et  modernes 
dont  le  catalogue  illustré  compte  444  numéros. 

Citons,  parmi  les  pièces  les  plus  intéressantes, 
du  côté  des  anciens  :  plusieurs  Durer,  notam- 
ment l'Empereur  Maximilien  {2"  planche)  et  le 
Petit  cheval;  —  et,  parmi  les  modernes  :  des 
Naudin,  dont  la  Roulotte,  l'Abside  de  St.  Wal- 
burgh  de  Brangwyn  ;  plusieurs  Buhot,  dont  une 
épreuve  de  Westminster  palace  «  in  progress  »  ; 
le  Verlaine  de  Carrière  ;  plusieurs  Corot,  dont 
le  Songeur;  une  abondante  série  de  lithographies 
de  Daumier  ;  la  Sortie  du  bain  de  Degas  ;  un 
Jockey  anglais  de  Géricault  ;  plusieurs  Charles 
Jacque,  dont  le  Grand  abreuvoir  aux  moutons  ; 
une  série  de  bois  et  d'eaux-fortes  de  Lepère  ;  la 
Pompe  Notre-Dame  de  Meryon;  plusieurs  Millet, 
parmi  lesquels  la  Grande  Bergère,  le  Départ  pour 
le  travail,  la  Précaution  maternelle,  etc.  ;  des 
Whistler,  notamment  Ponte  del  Povian,  etc. 

R.  G. 


LIVRES 

Nous  rendrons  compte  prochainement  de  la 
vente  Alphonse  Willems,  qui  a  produit  31 7.084  fr. 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Biblio- 
thèque de  feu  M.  Pierre  Dauze  (!■■«  partie  : 
livres  modernes).  ~  Grande  attraction  pour  les 
amateurs  de  livres  modernes  !  Du  11  au  16  mai, 
à  l'Hôtel,  salle  10,  M'  A.  Desvouges,  assisté  de 
MM.  H.  Leclerc  et  A.  Blaizot,  dispersera  la  pre- 
mière partie  du  cabinet  de  feu  Pierre-Louis  Drey- 
fus-Bing,  dit  Pierre  Dauze,  président  de  la 
Société  «  les  XX  »,  vice-président  de  la  Société  de 
propagation  du  livre  d'art  et  de  la  Société  «  le 
Livre  contemporain  »,  membre  des  «  Cent  biblio- 
philes ».  Le  nom  de  cet  amateur,  à  qui  l'on  doit 
le  précieux  Répertoire  des  ventes  publiques  de 
livres,  est  un  sûr  garant  de  l'intérêt  que  présen- 
teront, pour  les  spécialistes,  les  éditions  origi- 
nales d'auteurs  du  xix°  siècle  et  d'auteurs  contem- 
porains, la  plupart  avec  lettres  ou  envois 
autographes,  qui  forment,  avec  une  partie  des 
manuscrits,  le  principal  objet  de  cette  vente. 

B.  J. 

Le  Gérant  :  H.  Dknis. 

Paris.  —  Imp.  Georges  Petit,  12,  rue  Godot-de-Mauroi. 


OFFICIERS  MINISTÉRIELS 


Maison  ITT  TKTijT  30 ;r.Laugier,26el Villa Niel, 
angle  AV.  WiCL G"  321-20.  Kev.  br.;  44.965  fr.  60. 
M.  à  p.:  450.000  f.  Adj.  1  ench.  Ch.Nol.,9  Juin.  S'ad. 
not.  :  M«>  DuFOUR  et  MOISY,  9,  r.  Grenelle,  dép.  ench 

VENTE  au   Palais,   le   301  Mai  1914,  à  deux  heures. 
PRnPBTFTTî  ^, .N®i"*ly-sur-Seine,    bould 


env.   liev.   23.383 


d'Argenson,  14.  Cont.  4.000  m. 
fr.  environ.   M.  à  p.  250.000  fr. 


1/r  1  iCniff  àNeuiJly-sur-Seine,av.  Ste-Foy,  4. 
2°  inAloUll  Gont.  684  m.  38  env.  Rev.  13.107  fr. 
env.  M.  à  p.:  160.000  fr.  3°  MAISON  A  PARIS, 

Rue  TTTDEItfMC  0  Cont.  167  m.  52.  Hev.  18.800  fr. 
de  1  UnCillllj,  Z  env.  M.  à  p.  :  220.000  fr. 
4»  Villa  àMERS-LES-BAINS.  M.  à  p.:  10.000  fr. 
5°  Terrain  à  MERS-LES-BAINS.  Gont.  173  m. 
M.  à  p.  :  2.000  fr.  S'adresser  à  M's  DOYÈ  et  Brillatz, 
av.;  à  l'étude  de  M=  Ue.naudin,  not.  à  Sceaux,  et  à 
M»  Gkange,  not.  à  Paris. 


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BIBLIOTHÈQUE 


DE 


FEU   M     PIERRE    DAUZE 

Président  de  la  Société  «  Les  XX  »  et  Vice-Président  de  la  Société  «  Le  Livre  contemporain  » 

et  de  la  «  Société  de  Propagation   du   Livre  d'art  » 

Membre  de  la  Société  «  Les  Cent  Bibliophiles  » 


PREMIÈRE    PARTIE 

Éditions  originales  d'auteurs  du  XIX""  siècle  et  d'auteurs  contemporains 

la  plupart  avec  lettres  ou  envois  autographes  manuscrits. 

A-L 

■Vexxte     ÏÎOXEL     DFIOUOT,     Salle     N"     lO 

/>M  Lundi  i  i  au  Samedi  16  Mai  1914,  à  2  heures  précises. 


C0MM1SSAIHE-PBI8EUR    : 

JO.'    i%.IVDRÛ    «EStVOCJGES*,    26,  rue  Grange-Batelièrp. 

assisté  de 

il9,  rue    Sainl-Honoré.  '  21,  boulevard  flaussmann 


QUATRE   BUSTES 

PAR 

JEAN -ANTOINE    HOUDON 

(1741-1828) 

VENTE    CAR    SUITE    DU    DÉCÈS    DE 

Feu  Monsieur  PERRIN-HOUDON,  son  arrière-petit-fils 

HOTEI-,     IDISOTJOT,     Sa,lle     IST^     ±0 

Le  Lundi   18  Mai   1914,  à  4  heures. 


COMMISSAIRE-PRISEIIR    : 

IM»    iVIVURÉ     I>E:a(^OUOE:«» 

SueeetKur  de  M.  Maurice  DBLBSTRIS 
26,  rue  Grange-Batelière. 


EXPERT  : 
1»1.    OEORO^ES    OIi%.CO.>I£:T"ri 

Sculpteur' Expert  prè»  le  Tribunal  civil 
2i,  rue  Vcniiar. 


EXPOSITION     PUBLIQUE 
Le  Dimanche  17  Mai  1914,  de  2  heures  à  6  heures,  et  le  jour  de  la  vente,  de  2  heures  à  4  heures. 


Numéro  62& 


Samedi  16  Mai  1914. 


LE    BULLETIN    DE    LART 


ANCIEN    ET    MODERNE 


Sur  l'Exposition  d'art  français 
de  Copenhague 


Hier  vendredi  18  mai,  a  eu  lieu,  au  Musée  royal 
de  Copenhague,  une  exposition  de  l'art  français 
au  xix»  siècle,  qui  va  rester  ouverte  jusqu'à  la 
fin  de  juin. 

A  en  juger  par  le  catalogue,  elle  a  été  organi- 
sée avec  beaucoup  de  méthode  et  de  goût,  et  il 
semble  bien  que  l'objet  que  se  proposaient  ceux 
qui  ont  pris  l'initiative  de  cette  manifestation 
ait  été  presque  complètement  réalisé  :  «  Il  ne 
s'agissait  pas  moins,  en  effet,  écrit  M.  Karl  Madsen 
dans  la  préface  du  catalogue,  que  de  former  une 
réunion  de  tableaux  qui,  par  une  représentation 
copieuse,  multiple  et  caractéristique  des  princi- 
paux artistes,  et  surtout  des  grands  noms  connus 
du  monde  entier,  pût  éclairer  les  sommets  de 
l'histoire  de  la  peinture  française  au  cours  du 
siècle  dernier  ». 

Pour  la  partie  proprement  rétrospective  de 
l'exposition,  ce  programme  a  été  suivi  de  très 
près.  Le  concours  de  collectionneurs  réputés, 
qui  ne  se  sont  pas  contentés  d'envoyer  de  sim- 
ples cartes  de  visite,  et  de  marchands  connus, 
qui  ont  su  choisir  autre  chose  que  des  fonds  de 
boutique  par  trop  défraîchis,  a  permis  de  réunir 
un  ensemble  d'œuvres  de  belle  tenue,  non  seu- 
lement pleines  d'intérêt  pour  des  visiteurs  étran- 
gers, mais  dignes,  en  général,  de  représenter 
honorablement  les  aspects  multiformes  de  l'art 
français  des  cent  dernières  années.  A  peine  si, 
par  ci  par  là,  on  relève  quelques  lacunes  qu'il 
n'a  peut-être  pas  tenu  qu'aux  organisateurs  de 
pouvoir  combler  :  ainsi,  pour  s'en  tenir  à  l'école 
de  1830,  on  aurait  pu  faire  place  à  des  animaliers 
comme  Troyon  et  Charles  Jacque,  et  trouver, 
pour  Jules  Dupré  et  Diaz,  autre  chose  qu'un 
dessin  de  chacun  de  ces  artistes. 

Les  impressionnistes  sont  à  leur  rang  logique, 
et  leur  <c  représentation  proportionnelle  »  paraît 


très  judicieusement  établie.  L'exposition  «offre 
encore  des  spécimens  marquants  de  l'art  fran- 
çais le  plus  récent,  des  jeunes  et  des  plus  jeunes, 
déjà  célèbres,  ou  de  ceux  qui  ne  le  sont  pas 
encore  ».  On  n'a  exclu  que  les  «  Futuristes  ■>  et 
les  «  Synchroraistes  »,  —  en  quoi  l'on  a  eu  gran- 
dement raison  :  avant  de  présenter  cette  bande 
de  farceurs  dans  les  expositions  d'ensemble  de 
la  peinture  française  à  l'étranger,  il  convient  de 
laisser  le  temps  faire  justice  de  leurs  plaisan- 
teries. 

Tout  serait  donc  pour  le  mieux,  si  l'exposi- 
tion, qui  montre  les  débuts  de  notre  école 
moderne  et  son  aboutissement,  ne  négligeait 
pas,  avec  un  évident  parti  pris,  une  étape  tout 
entière.  Entre  les  impressionnistes  et  les  plus 
jeunes  de  nos  jeunes  gloires, il  estune  génération 
d'artistes  dont  nous  avons  tout  lieu  d'être  fiers  et 
qu'on  n'a  pas  le  droit  de  passer  sous  silence 
quand  on  se  propose  de  réunir  «  des  spécimens, 
particulièrement  représentatifs  »  de  notre  art 
contemporain  ;  or,  ceux-là  ont  été  délibérément 
écartés  de  l'exposition.  Pour  ne  parler  que  des' 
vivants,  on  peut  se  demander  pourquoi  ni  Harpi- 
gnies,  ni  Henri  Martin,  ni  René  Ménard,  ni  Rollj 
ni  Cottet  n'ont  pu  trouver  place  dans  un  en- 
semble où  figurent  des  M.  Asselin,  des  H.  Doucet, 
des  A.  Sinet  et  autres  Picart  Le  Doux.  Pourquoi 
un  petit  Albert  Besnard  pour  quatre  Matisse,  un 
Lucien  Simon  pour  quatre  Marquet?  A  quel  titre 
M.  Othon  Friesz  représente-t-il  l'école  française, 
dans  une  exposition  dont  les  organisateurs  ont 
omis  l'auteur  de  l'Assassiné  et  de  la  Femme 
au  gant  ? 

On  est  fâché  d'avoir  à  faire  de  semblables 
réserves  dans  les  éloges  que  mérite  une  entre- 
prise aussi  intelligemment  conduite  et,  à  certains 
égards,  aussi  réussie. 

Mais  c'est  le  sort  commun  de  toutes  les  expo- 
sitions d'art  français  moderne  à  l'étranger  d'être 
à  la  fois  très  pauvres  en  artistes  d'hier  et  d'au- 
jourd'hui, et  trop  riches  en  artistes  de  demain. 
Et  les  organisateurs  de  celle-ci  auront  beau  ré- 


m 


LE    bULLEtïN   bE   L^aRT 


pondre  qu'il  leur  a  été  impossible  de  se  procurer 
des  œuvres  de  tels  et  tels  artistes  dont  on  regrette 
l'absence,  ils  n'arriveront  pas  à  justifier  du  m<^me 
coup  l'intrusion  de  tels  et  tels  autres  dont  la  pré- 
sence est  à  tout  le  moins  singulière  et  qui  ne  sont 
représentatifs  de  quelque  chose  pour  personne, 
sauf  pour  les  marchands  qui  les  ont  »  en  stock  » 
et  qui  les  vendent  très  cher. 

Or,  s'il  est  parfaitement  équitable  que  les  mar- 
chands soient  intéressés  à  la  réussite  de  ces 
expositions  et  tirent  un  profit  matériel  du  con- 
cours qu'ils  leur  prêtent,  on  trouvera  sans"doute 
excessif  qu'ils  aillent  jusqu'à  fausser  l'esprit  du 
public  étranger,  en  arrangeant  l'histoire  de  l'art 
français  au  gré  de  leurs  convenances  commer- 
ciales. 

E.  D. 


ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie  des  beaux-arts  (séance  du  9  mai). 
—  L'Académie  déclare  la  vacance  du  fauteuil  que 
M.  Vaudreuier,  décédé,  occupait  dans  la  section 
d'architecture.  L'élection  aura  lieu  le  samedi  6  juin. 

—  M.  de  Fourcaud,  membre  libre,  donne  lecture 
d'un  projet  de  règlement  du  «  Salon  de  l'Académie  • 
qui  aura  lieu  tous  les  deux  ans  dans  la  salle  du  Jeu 
de  Paume  du  jardin  des  Tuileries.  Ce  p*rojet  sera  dis- 
cuté au  cours  de  la  prochaine  séance. 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 

(séance  du  8  mai).  —  M.  Cagnat  lit  une  lettre  de 
M.  Théodore  Reinach  commentant  le  dixième  volume 
des  l'apyrus  d'Oxyrht/nchus,  dont  la  publication 
vient  d'être  faite.. 

—  M.  Collignon  communique  un  rapport  de  M.  Pou. 
gères,  directeur  de  l'École  d'Athènes,  sur  les  fouilles 
exécutées  à  Thasos  en  1913.  MM.  Ch.  Picard  et  Ave- 
zou,  tous  deux  collaborateurs  de  la  Revue,  y  ont 
continué  les  dégagements  entrepris  par  eux  en  1911. 
Une  nouvelle  porte  de  l'enceinte,  les  dimensions  de 
la  salle  hypostyle  ont  été  reconnues;  un  autel  de 
Cybèle  orné  de  fruits  en  relief  a  été  mis  au  jour.  Le 
résultat  le  plus  important  de  ces  travaux  est  la  déter- 
mination du  Prytanée  primitif,  qui  remonte  au  début 
du  cinquième  siècle  :  ce  bâtiment  carré,  analogue  au 
Prytanée  d'Olympie,  est  décoré  de  terres  cuites  archi- 
tectoniques  où  se  remarquent,  avec  des  antéfixes  à 
tète  de  Gorgone,  une  intéressante  frise  représentant 
des  cavaliers  au  galop,  escortés  de  chiens  et  poursui- 
vant desli  èvres.  En  outre,  de  nombreuses  inscriptions 
ont  été  relevées. 

—  M.  Jullian  communique,  de  la  part  de  M.  Robert 
Triger,  président  de  la  Société  archéologique  du 
Mans,  un  bronze  gallo-romain  figurant  un  rhinocéros. 


On  ne  connaissait,  jusqu'ici,  qu'une  seule  image  de 
cet  animal,  remontant  à  cette  époque;  elle  est  con- 
servée au  musée  de  Saint-Germain. 

—  M.  P.  Girard  cherche  à  établir  la  raison  de 
l'échec  qu'éprouva  la  célèbre  comédie  des  Suées, 
présentée  par  Aristophane  au  concours  public  et  à 
laquelle  le  jury  grec  préféra  une  pièce  de  Cratinos. 

—  Le  prix  La  Fons  Melicocq  (1.800  fr.)  est  attribué 
à  M.  V.  Leblond  pour  ses  Noies  sur  le  nobiliaire  de 
Beauvaisis. 

Société  des  antiquaires  de  France  (séance  du 
6  mai).  —  M.  le  baron  de  Baye  communique  à  la 
Société  les  conclusions  d'un  travail  de  M.  Farma- 
kowsky  sur  un  plat  d'argent  du  trésor  de  Poltava. 

—  M.  Roman  étudie  une  matrice  de  sceau  du 
xiv*  siècle,  trouvé  en  Savoie,  qui  porte  le  nom  de 
Saint-Anateur  de  Viateur. 

— M.  le  baron  J.  du  Teil  signale  un  manuscrit 
unique  du  troisième  livre  de  la  Toison  d'Or,  qui  est 
conservé  à  la  bibliothèque  de  Copenhague;  il  a  été 
exécuté  pour  Charles  le  Téméraire,  et  Philippe  de 
Clèves  a  substitué  ses  armes  à  celles  de  Rourgogne. 

—  M.  Mirot  montre  à  quelle  date  le  roi  Charles  VI, 
qui  a  eu  successivement  deux  signatures,  a  adopté  la 
seconde.  C'est  à  la  suite  d'une  crise  grave  de  sa 
maladie,  en  avril  1393. 

Musée  du  Luxembourg.  —  A  la  vente  Roger 
Marx,  un  dessin  de  Puvis  de  Chavannes,  la  Paix, 
adjugé  n.500  francs,  a  été  racheté  par  les  héritiers 
et  offert  au  Musée  du  Luxembourg. 

Musée  Jacquemart-André.  —     Du   10    mai   au 

1"  octobre,  le  Musée  Jacquemart-André.  l.'iS,  boule- 
vard llaussmann,  sera  ouvert  au  public  le  dimanche, 
de  1  heure  à  5  heures  (au  lieu  de  4,  dans  l'horaire 
d'hiver),  et  le  jeudi,  moyennant  1  franc,  de  11  heures 
à  5  heures. 

Une  Exposition  d'architecture.  —  Hier,  ven- 
dredi 15  mai,  a  eu  lieu,  au  Pavillon  du  Jeu  de  Paume, 
aux  Tuileries,  mis  gracieusement  à  la  disposition  de 
Il  Société  des  architectes  diplômés  par  le  gouverne- 
ment, l'inauguration  d'une  exposition  d'œuvres  mo- 
dernes d'architectes  anglais,  présentées  en  photogra- 
phies et  en  dessins  géométraux  et  perspectifs.  Une 
section  rétrospective,  organisée  avec  un  soin  particu- 
lier, y  montre  aussi,  classés  avec  méthode  et  sélec- 
tionnés, tous  les  édifices  types  qui  marquent  les 
étapes  de  l'évolution  de  l'architecture  en  Angleterre 
depuis  l'époque  gothique  jusqu'à  nos  jours. 

Cette  exposition,  placée  sous  le  haut  patronage  de 
M.  le  Président  de  la  République  et  de  S.  M.  Georges  V, 
est  la  suite  de  celle  que  nos  architectes  diplômés  firent 
à  Londres,  au  mois  de  mai  de  l'année  dernière,  et  qui 
obtint  un  si  vif  succès.  Elle  a  été  organisée  en  Angle- 
terre par  l'Institut  royal  des  architectes  britanniques 
et  l'Architectural  Association. 

Elle  restera  ouverte  jusqu'au  28  mai. 


ANCIEN    ET   MODERNE 


155 


Le  Concours  pour  le  parc  de  la  Muette.  —  Le 

Bulletin  a  résumé  naguère  les  conditions  du  concours 
institué  par  les  Amateurs  de  Jardins,  pour  le  tracé  du 
nouveau  parc  de  la  Muette,  dans  la  propriété  de  M.  le 
baron  H.  de  Rothschild. 

Ce  concours  a  été  jugé  la  semaine  dernière,  et  le 
jury,  qui  réunissait  un  certain  nombre  d'artistes  et 
d'amateurs  formant  le  bureau  de  la  Société  des  Ama- 
teurs de  jardins,  a  reconnu  la  réelle  valeur  et  l'intérêt 
des  plans  soumis  à  son  appréciation.  Il  a  constaté 
combien  ce  concours  était  supérieur  à  ceux  que  la 
Société  avait  organisés  les  années  précédentes,  et  il 
a  été  fort  hésitant  entre  les  trois  plus  intéressants  des 
projets  exposés.  Après  plusieurs  tours  de  scrutin, 
le  premier  prix  (3.000  fr.)  a  été  donné  à  M.  Raoul 
Saint-Martin,  élève  de  M.  Duchène  ;  le  second 
(1.500  fr.),  à  M.  Henri  Guillaume,  élève  de  M.  Dû- 
chêne,  également  ;  le  troisième  (SOO  fr.),  à  MM.  Blo- 
cus, Hourboldt  et  Zaborski.  Enfin,  une  mention  a  été 
décernée  à  M.  Emile  Dresde. 

Si  M.  le  baron  H.  de  Rothschild  fait  exécuter  un  de 
ces  plans  à  la  Muette,  ou  s'il  veut  combiner  plusieurs 
des  idées  apportées  par  les  différents  concurrents,  qui 
tous  ont  respecté  les  arbres  du  domaine,  les  Parisiens 
peuvent  être  certains  que  ce  parc  historique  ne  sera 
point  déshonoré. 

Le  Centenaire  de  J.-F.  Ifillet.  —  Un  comité 
vient  de  se  former  à  Cherbourg  pour  la  célébration  du 
centenaire  de  Jean-François  Millet,  né  à  Gréville 
(Manche),  où  des  fêtes  sont  projetées  pour  le  1"  août 
prochain.  Pour  plus  amples  renseignements,  on  peut 
s'adresser  à  M.  le  capitaine  de  frégate  Albert  Héron, 
vice-président  du  comité,  47,  rue  de  la  Duché,  à 
Cherbourg. 

Les  Artistes  provinciaux.  —  Dans  une  réunion 
qui  vient  d'avoir  lieu  à  Paris,  les  artistes  provinciaux 
se  sont  associés  en  un  groupement  amical. 

M.  Emmanuel  Fougerat,  directeur  de  l'école  des 
beaux-arts  de  Nantes  et  promoteur  de  ce  mouvement, 
a  été  élu  président;  MM.  de  Winter,  de  Lille,  Quinsac, 
de  Bordeaux,  Gibert,  de  Marseille,  Rachou,  de  Tou- 


louse, Bastet,  de  Grenoble,  et  Tony  Tollet,  de  Lyon, 
ont  été  élus  vice-présidents. 

Un  bulletin  périodique  défendra  les  intérêts  maté- 
riels et  moraux  des  artistes  peintres,  sculpteurs  et 
professeurs  de  dessin,  trop  isolés  souvent  dans  leurs 
villes  respectives. 

A  Londres.  —  Le  roi  d'Angleterre  s'est  rendu,  le 
7  mai,  au  Musée  Britannique,  pour  l'inauguration  d'un 
buste  en  bronze  du  roi  Edouard  VII,  et  celle  des  nou- 
velles galeries  dont  la  première  pierre  fut  posée,  en 
1907,  par  le  monarque  défunt. 

Ces  nouvelles  salles  qui  porteront  le  nom  de  «  Gale- 
ries du  roi  Edouard  VU  »  serviront  à  l'exhibition  de 
la  célèbre  collection  de  peintures  japonaises  et  chi- 
noises d'Arthur  Morrison;  elles  renferment  aussi  une 
exposition  permanente  de  gravures  anciennes  de 
toutes  les  écoles  et  de  tous  les  procédés,  une  salle  de 
dessins  et  les  collections  rapportées  du  Turkestan  par 
M.  Aurel  Stein  et  ses  collaborateurs. 

—  Grâce  à  la  générosité  de  la  comtesse  de  Carlisle.  la 
Galerie  Nationale  de  Londres  vient  d'acquérir  un  des 
plus  beaux  portraits  peints  par  Rubens  :  celui  du 
comte  d'Arundel.  M.  Max  Rooses,  dans  son  grand 
ouvrage  sur  Rubens,  l'identifie  avec  le  n"  97  des  pein- 
tures restées  en  possession  de  l'artiste  et  figurant  dans 
son  inventaire.  Le  portrait,  qui  fut  gravé  au  xviii' siècle 
ne  parait  pas  avoir  jamais  quitté  l'Angleterre. 

Nécrologie.  —  Mme  la  comtesse  Edmond  fie  l'our- 
talès,  qui  vient  de  mourir  en  son  hôtel  de  la  rue 
Tronchet,  n'a  pas  été  seulement  une  des  personnalités 
les  plus  remarquables  de  la  haute  société  parisienne, 
le  monde  de  la  curiosité  peut  également  la  revendi- 
quer. Alsacienne  par  sa  mère,  elle  était  fille  du 
baron  Renouard  de  Bussière,  une  notoriété  parmi 
les  amateurs  d'autrefois,  et  elle  avait  reçu  de  son 
père  le  goût  des  choses  de  l'art.  Bien  qu'on  y  eût 
fait,  en  1865,  trois  ventes  demeurées  célèbres,  l'hôtel 
de  la  rue  Tronchet  était  resté  un  véritable  musée,  très 
riche  en  œuvres  d'art  ancien  de  toute  sorte,  et  sa 
propriétaire  comptait  parmi  les  habituées  des  grandes 
ventes  parisiennes. 


CHRONIQUE    DES    VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —  Vente  de  la  collection  du 
baron  M.  de  G...  [Michel  de  Gunzbourg] 
(tableaux  anciens,  objets  d'art).  —  Dirigée, 


salle  1,  les  4  et  5  mai,  par  M*  H.  Baudoin,  secondé 
par  MM.  Ferai  et  Mannheim,  cette  vente  à  produit 
^36.226  francs.  Composée  tout  à  fait  dans  le  goût 
(lu  jour,  de  peintures  et  d'objets  d'ameublement 
(lu  xviii"  siècle,  elle  a  eu  le  succès  qu'il  était  facile 
de  prévoir. 


156 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


PRINCIPAUX    PRIX 

Tableaux  anciens.  —  204.  Danloux.  Portrait  de 
jeune  femme,  11.700  fr.  (dein.  8.000).  —  214.  Schall. 
La  Promeneuse,  10.110  fr.  (dem   8.000). 

Bronzes.  —  Époque  Louis  XVI.  —  96.  Pendule  br. 
patiné  et  doré  et  inarbre  blanc,  vase  surmonté  d'une 
statuette  d'amour,  etc.,  7.820  fr.  (dem.  7.000).  —  97. 
Deuxcandélabres.statuettede  nymphe  debout,  5.720  fr. 
(dem.  7.000). 

Sièges  et  meubles.  —  Fin  de  l'époque  Louis  XV.  — 
133.  Petite  commode  marqueterie  à  rosaces,  5.200  fr. 
(dem.  2.000). 

Époque  Louis  XVI.  —  141.  Canapé,  deux  bergères 
et  six  fauteuils  redorés,  couvert  tapiss.  Aubusson  à 
personnages  et  animaux,  14.600  fr.  (dem.  18.000).  — 
142.  Console  contournée,  bois  de  placage,  signée 
C.  Topino,  15.200  fr.  (dem.  12.000).  —  153.  Secrétaire 
droit  acajou,  6.800  fr.  (dem.  8.000).  —  154.  Bergère  et 
fauteuil,  4.710  fr.  (dem.  4.000). 

Liquidation  Seligmann  (3«  et  4"^  ventes).  — 
De  lai  troisième  vente  Seligmann,  composée  d'ob- 
jets d'art  et  de  haute  curiosité,  qui  a  eu  lieu, 
salle  5,  les  5  et  6  mai,  par  le  ministère  de 
M»'  Lair-Dubreull  et  Baudoin  et  de  MM.  Léman 
et  Mannheim,  il  n'y  a  à  retenir  que  le  produit 
total,  soit  120.254  francs. 

La  quatrième  vente,  comprenant  des  objets  du 
xvni"  siècle  et  faite  salle  1,  les  7,  8  et  9  mai,  par 
les  mêmes  commissaires-priseurs,  assistés  de 
MM.  Mannheim,  Paulme  et  Lasquin,  a  donné  un 
total  de  203.284  francs.  Trois  prix  seulement 
sont  à  retenir  :  celuj  de  7.300  francs  pour  un 
secrétaire  en  marqueterie  et  bronzes,  d'époque 
Louis  XVI,  estimé  6.000  francs  ;  celui  de  6.200  fr. 
pour  un  canapé  et  six  fauteuils  en  tapisserie, 
en  partie  du  xvii^  siècle,  dont  on  demandait 
10.000  francs  ;  et  celui  de  5.050  francs  pour  une 
table  ovale  et  deux  jardinières,  d'époque  Empire. 

Le  total  général  des  quatre  ventes  Seligmann 
atteint  3.412.493  francs. 

"Vente  de  la  collection  de  MUe  délia  Torre 
(objets  d'art,  estampes  du  X'VIII»  siècle).  — 

Faite,  salles  7  et  8,  le  7  mai,  par  M"  Lair- 
Dubreuil  et  Baudoin,  et  MM.  Danlos,  Paulme  et 
Lasquin,  cette  vente  a  produit  457.275  francs, 
dont  227.100  francs  pour  les  seules  estampes. 
Ce  résultat  a  dépassé  les  prévisions,  ce  qui 
prouve  que  le  mauvais  état  du  marché  n'a  pas 
d'influence  sur  l'Hôtel  Drouot,  en  ce  qui  concerne 
le  xviir  siècle  français.  Estampes  en  couleurs  et 
petits  meubles  se  sont  vendus  chèrement,  comme 
on  pourra  s'en  rendre  compte  en  comparant  les 
chiffres  d'adjudications  avec  ceux  des  demandes, 


dans  la  liste  ci-dessous,  qui  comprend  les  enchères 
supérieures  à  4.500  francs.  On  notera  tout  spécia- 
lement le  beau  prix  de  16.100  francs  payé  pour 
le  Portrait  de  AI""  Baudouin,  d'après  Boucher, 
gravé  en  imitation  de  pastel  par  L.  Bonnet,  et  les 
enchères  de  13.600  francs  pour  les  Deux  baiser», 
de  Debucourt,  et  de  12.100  francs  pour  le  Portrait 
de  JM"e  Parisot,  par  Smith. 

Estampes  du  xviii*  siècle  i.mphi.mées  en  couleurs. 
—  7.  D'après  Boucher.  Portrait  de  M"'  Baudouin, 
imitation  de  pastel,  par  L.  Bonnet,  épr.  avant  toutes 
retouches,  impr.  avec  ses  huit  planches  de  cou- 
leurs, 16.100  fr.  (dem.  8.500  fr.).  —  8.  Portrait  de 
Af"*  Deshays,  imitation  de  pastel,  marge,  5.000  fr. 
(dem.  à  3.000).  —  Debucourt  :  14.  Les  Deux  baisers, 
13.600  fr.  (dem.  10.200).  —  15.  Le  Menuet  de  la 
Mariée,  la  Noce  au  château,  5  300  fr.  —  16.  Promenade 
de  la  gallerie  du  Palais-lioyal,  4.900  fr.  —  \i.La Main, 
6.000  fr.  —  20.  La  Croisée,  4.930  fr.  —  Deiiiarteau  :  34. 
Jeune  fille  à  la  rose,  imitation  de  crayon,  d'après 
Boucher,  tiré  en  plusieurs  tons,  papier  teinté  vert, 
5.600  fr.  —  37.  Petites  pastorales,  quatre  estampes 
d'après  Huet  (une  remargée),  7.600  fr.  (dem.  4.000). 

47.  D'après  Hoppner.  Mrs  Benwell,  par  W.  Ward, 
4.600  fr.  —  53.  Jnninet.  Marie-Antoinette  d'Autriche, 
4.600  fr.  —  71.  D'après  G.  Morland.  A  Visit  ni  the 
boarding  school,  a  Visit  at  the  child  at  nurse,  gravé 
par  W.  Ward  iremargées),  6.000  fr.  —  75.  D'après 
Reynolds.  A  Bacchante  {portrait  de  lady  llamilton), 
gravé  par  J.  R.  Smith  (sans  marges),  et  76.  D'après 
Uomney.  Nature  {portrait  de  lady  Hamilton),  par 
Smith  (sans  marges),  8.175  fr.  —  81.  Smith.  M»'  Pari- 
sot,  d'après  Dewis,  12.100  fr.  (dem.  6.000). 

Porcelaines  de  Saxe.  —  100.  Deux  cornets,  décor 
goût  chinois,  oiseaux  et  branchages,  fond  vert  olive, 
7.600  fr. 

Sièges,  meubles.  —  107.  Salon  bois  se,  canapé  et 
six  fauteuils  garnis  en  tapiss.  d'Aubusson  à  corbeilles 
de  Heurs,  ép.  Louis  XVI,  62.000  fr.  (dem.  50.000).— 
108.  Deux  fauteuils  bois  se,  l'un  ép.  Louis  XVI, 
recouvert  en  tapiss.  de  Beauvais  ou  des  Gobelins  de 
la  Régence,  et  bouquets  de  fleurs  et  fruits,  17.000  fr. 
(dem.  25.000).  —  110.  Petite  commode  étroite,  marque- 
terie, ép.  Louis  XV,  estampille  de  Tuarl,  11.000  fr. 
(dem.  6.000).  —  111.  Secrétaire  droit,  marqueterie,  ép. 
Louis  XV,  8.800  fr.  —  112.  Petit  meuble  de  milieu, 
marqueterie  et  bronzes,  ép.  Louis  XV,  11.000  fr.  — 
113.  Petit  bureau  de  dame,  marqueterie,  ép.  Louis  XV, 
7.100  fr.  —  114.  Table  poudreuse,  forme  cœur,  mar- 
queterie, ép.  Louis  XV,  15  000  fr.  (dem.  10.000).  —  118. 
Petit  meuble  d'entre-deux,  bois  de  rose  et  bronzes, 
estampille  de  Garnier,  fin  ép.  Louis  XV,  7.200  fr.  — 
1 20.  Petite  table,  marqueterie  et  bronzes,  ép.  Louis XVI, 
7.600  fr.  —  121.  Petit  meuble  d'entre-deux,  formant 
secrétaire,  acajou  avec  côtés  cintrés  et  munis  de 
tablettes  de  marbre,  ép.  Louis  XVI,  9.900  fr  —  122. 
Petit  bureau  de  dame,  bonheur-du-jour,  marqueterie, 


ANCIEN    ET    MODERNE 


157 


estampille  de  Roussel,   13.910   fr.  —   1::3.  Commode 
marqueterie  et  bronzes,  ép.  Louis  XVI,  8.800  fr. 

Vente  de  la  collection  Jules  Claretie  (ta- 
bleaux modernes).  —  P'aite,.  comme  nous 
l'avions  annoncé,  à  l'Hôtel,  salle  6,  le  8  mai, 
par  le  ministère  de  M'  Lair-Dubreuii,  assisté  de 
M.  Brame,  la  vente  Jules  Claretie  s'est  terminée 
sur  un  total  de  123.800  francs.  Nous  n'avons 
guère  à  retenir  dans  ce  total  que  les  3.3.000  francs 
réalisés  par  le  n"  10,  Scène  de  ballet,  de  Degas, 
dont  on  demandai  125. 000  francs,  et  les  5. SOO  francs 
obtenus,  sur  demande  de  b.OOO,  par  une  Nature 
morte,  de  Fantin-Latour  (n°  21). 

Nous  ne  pouvons,  faute  de  place,  entrer  dans 
le  détail  des  autres  prix,  tous  inférieurs  à 
B.OOO  francs. 

Vente  d'objets  d'art.  —  Dans  une  vacation 
anonyme,  dirigée  salle  6,  le  11  mai,  parM"  Lair- 
Dubreuil  et  MM.  Paulme  et  Lasquin,  une  boiserie 
de  salon  d'époque  Louis  XV,  avec  peintures  déco- 
ratives, a  été  vendue  7.950  francs. 

Vente  de  la  collection  Roger  Marx  (2«  et 
3"  ventes).  —  Faite  galerie  Manzi,  les  H  et  12 
mai,  par  M«'  Lair-Dubreuil  et  H.  Baudoin,  et 
MM.  Durand-Ruel  et  Bernheim  jeune,  la  deuxième 
vente  Roger  Marx,  comprenant  les  peintures, 
dessins  et  aquarelles  modernes,  a  obtenu  le  suc- 
cès que  nous  avions  fait  prévoir  :  elle  a  pris  fin 
sur  un  total  de  719.170  francs.  En  attendant  la 
liste  des  principales  enchères,  que  le  manque  de 
place  nous  empêchede  donneraujourd'hui,  lirons 
de  pair  les  deux  prix  les  plus  importants  de  la 
vente  :  celui  de  74.000  francs  atteint  par  la  Sul- 
tane de  Manet,  sur  demande  de  60.000  ;  et  celui 
de  101.000  francs,  sur  la  demande  de  80.000, 
obtenu  par  un  pastel  de  Degas,  la  Toilette. 

La  troisième  vente  était,  comme  nous  l'avons 
dit,  consacrée  aux  objets  d'art  ;  elle  a  eu  lieu  le 
13  mai,  à  la  galerie  Manzi,  par  les  soins  des 
mêmes  commissaires-priseurs  que  la  précédente, 
avec  M  Céo  Rouard  comme  expert,  et  elle  a  pro- 
duit 62.990  francs.  Une  urne  en  verre  de  Galle  a 
été  adjugée  5.060  francs. 

Le  total  des  trois  ventes  s'élève  à  1.044.000  fr. 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Succes- 
sion Charles  André  (  dessins  anciens  et 
modernes,  objets  d'art,  etc.).  —  La  Collection 
de  feu  ^f.  Charles  André,  que  dispersera,  salles  7 
et  8,  les  18  et  19  mai.  M"  Henri  Baudoin,  assisté 
de  MM.  Ferai  et  Mànnheim,  est  surtout  intéres- 


sante pour  la  réunion  de  dessins  anciens  et 
modernes  qu'elle  renferme. 

Signalons  :  de  l'école  néerlandaise  ancienne, 
une  feuille  anonyme  du  début  du  xvi"  siècle,  la 
Vierge  entourée  de  saints  personnages  ;  puis,  du 
côté  des  écoles  française  et  anglaise  :  un  Portrait 
déjeune  femme,  par  Augustin  i  les  Présents,  par 
Bosio  ;  une  Femme  nue  vue  de  dos  et  la  Jeune 
mère,  par  F.  Boucher  ;  l'Enlèvement  de  la  nymphe 
Orithye  par  Borée,  par  Clodion  ;  la  Chanteuse, 
parDaumier;  le  Philosophe,  Saint  Jérôme  et  la 
Jolie  ménagère,  par  Fragonard  ;  un  Portrait 
d'homme,  par  Lagneau  ;  un  Jeune  homme  aidant 
une  jeune  femme  à  se  relever,  par  Lancret;  une 
Tête  d'acteur,  par  Watteau  ;  Danses  espagnoles, 
par  Manet;  la  Chanteuse,  par  Daumier;  enfin,  du 
côté  de  l'école  italienne,  une  Allégorie,  par  G.  B. 
Tiepolo. 

Dans  le  reste  delà  collection,  notons  :  une  pein- 
ture. Portrait  d'homme,  par  Duplessis  ;  quelques 
bois  sculptés  du  xvi»  siècle,  notamment  un  Christ 
mortentouré  de  personnages,  etun  saintGeorges  ; 
des  tapisseries,  l'une  française,  de  la  fin  du 
xv  siècle,  présentant  une  chasse  allégorique  au 
cerf,  et  une  autre,  flamande,  du  temps  de 
Louis  XII,  à  sujet  de  chasse  ;  enfin,  deux  frag- 
ments de  mêmes  époque  et  fabrication,  à  nom- 
breux personnages  en  riches  costumes.  Cette 
vente  a  fait  l'objet  d'un  catalogue  illustré. 

Quatre  bustes  par  J.-A.  Houdon.  —  Le 
18  mai,  à  l'Hôtel,  salle  10,  M»  A.  Desvouges,  avec 
M.  Giacometti  comme  expert,  vendra  quatre 
bustes  de  Houdon,  qui  ne  sont  jamais  sortis 
de  la  famille  du  grand  sculpteur  et  se  trouvaient, 
■en  dernier  lieu,  en  la  possession  de  M.  Perrin- 
Houdon,  son  arrière-petit-fils,  récemment  décédé. 

Deux  de  ces  bustes,  de  petites  dimensions, 
représentent  le  sculpteur  lui-même  :  dans  l'un, 
de  15  cent,  de  haut,  il  est  vu  en  buste,  le  torse 
de  face  et  la  tête  tournée  vers  la  gauche;  dans 
l'autre,  haut  de  31  cent.,  il  est  vu  à  mi-corps,  la 
tête  tournée  vers  la  gauche,  les  bras  croisés  sur 
la  poitrine,  tenant  de  la  main  droite  la  masse  et 
de  la  gauche  un  ciseau  à  marbre.  Ces  deux  bustes 
sont  deux  terres  cuites  originales  :  il  n'avaient 
jamais  été  reproduits  avant  de  figurer  dans  le 
catalogue  illustré  de  la  vente. 

Les  deux  autres  sculptures,  également  repro- 
duites au  catalogue,  sont  bien  connues  par  les 
états  dilTérents  qui  en  existent  dans  les  musées 
ou  les  collections  particulières  :  l'un  est  celui  de 
la  petite  Claudine  Houdon,  en  terre  cuite  palinée 


158 


LE    BULLETIN    DE   L'ART 


(hauteur  :  36  cent.);  l'autre,  celui  de  Anne-Ange 
Houdon  (hauteur  :  38  cent.),  plâtre  teinté.  De  ce 
dernier  buste,  le  pliUre  original  semble  être  celui 
du  Musée  du  Louvre  (voir  P.  Vitry,  Houdon  por- 
traitiste de  sa  femme  et  de  ses  enfants,  dans  la 
Revue,  t  XIX,  1906,  p.  349)  ;  du  buste  de  Claudine, 
on  se  rappelle  avoir  vu  passer  un  exemplaire  en 
pliltredans  la  vente  J.  Doucet  de  1912  (voir  aussi 
l'article  de  P.  Vitry,  op.  cit.,  p.  351). 

Collection  Antony  Roux  (peintures  et 
sculptures  modernes,  objets  d'art,  etc.)  — 
Un  fort  volume,  copieusement  illustré,  qui 
continue  dignement  la  série  des  belles  publi- 
cations analogues,  sorties  des  presses  de  l'impri- 
merie Georges  Petit,  forme  le  catalogue  de  la 
Collection  Antony  Roux,  dont  la  vente,  dirigée 
par  M«»  Lair-Dubreuil  et  Baudoin,  assistés  de 
MM.  Georges  Petit,  H.  Brame,  Paulme  et  Lasquin, 
aura  lieu,  les  19  et  20  mai,  à  la  galerie  Georges 
Petit. 

Dans  la  préface  de  ce  superbe  volume,  les 
goûts  du  collectionneur,  ses  préférences  marquées 
pour  Gustave  Moreau,  Th.  Rousseau,  Corot  et 
Ziem,  parmi  les  peintres  modernes,  pour  Barye 
et  Rodin,  parmi  les  sculpteurs,  sont  rappelés 
en  quelques  pages,  qui  mettent  en  relief  les  prin- 
cipales pièces  de  la  collection.  A  cet  ensemble, 
manque  cependant  un  de  ses  joyaux  les  plus 
précieux  :  la  suite  fameuse  des  soixante-trois 
aquarelles  de  Gustave  Moreau  sur  les  Fables  de 
La  Fontaine.  Cette  œuvre  -capitale,  que  le  grand 
artiste  avait  entreprise  à  la  demande  de  son 
ami  Antony  Roux,  a  trouvé  déjà  sa  place  dans 
une  des  plus  grandes  collections  parisiennes. 
Mais  il  faut  vraiment  être  prévenu  pour  s'aper- 
cevoir qu'il  manque  quelque  chose  dans  la  belle 
réunion  de  peintures,  aquarelles  et  sculptures 
qui  composent  la  présente  vente. 

Voici  tout  d'abord  de  Corot  :  le  Pécheur  au 
bord  d'un  étang,  la  Charrette,  le  Fort  Saint-Ange, 
la  Vue  de  Gênes  prise  du  palais  Doria,  les  Bords 
d'une  rivière  sous  les  arbres,  la  Prairie  sur  la 
falaise,  un  Tournant  de  rivière,  Mothois  (Oise), 
près  Gournay-en-Bray,  un  Coin  d'étang  à  Ville- 
d'Avray  et  Méditation  ;  puis,  de  Delacroix,  le 
Marocain  et  son  cheval. 

Gustave  Moreau  est  représenté  par  des  pages 
importantes  :  Moïse  exposé,  Oreste  et  les  Érynnies, 
l'Égalité  devant  la  Mort,  l'Apparition,  la  Fiancée 
de  la  Nuit  ou  le  Cantique  des  Cantiques,  Hercule  et 
l'Hydre,  Femme  à  son  lever,  Femme  persane  à  sa 
toilette,  Persce  et  Andromède,  Madeleine  en  prii-re. 


Notons  encore  :  une  Tête  de  jeune  femme,  par 
G.  Ricard;  le  Mont  Blanc  vu  de  la  Faucille  (effet 
d'orage),  la  Jetée  et  le  port  de  Granville  et  les  Der- 
nières maisons  de  Port-en-Bessin  (Calvados),  par 
Th.  Rousseau  ;  Illusion  perdue,  la  Visite  et  Cache- 
Cache,  par  A.  Stevens;  le  Pont  des  Arts  et  l'Institut 
et  l'Hiver  au  bas  de  la  Butte,  par  Antoine  Vollon  ; 
enfin,  Santa  Maria  délia  Salute,  Moulins  au  bord 
de  l'Escaut,  le  Bucentaure,  Embouchure  de  la  Meuse, 
Venise  (San  Simeone  il  Piccolo),  FEntrée  du  vieux 
port  de  Marseille,  le  Pont  Royal,  le  Pont  des  Arts 
et  Voilier  en  vue  de  Stamboul  {effet  du  soir), 
par  Ziem. 

Passons  aux  aquarelles,  où  nous  relevons  :  le 
Taureau,  un  Éléphant  marchant  et  un  Tigre  royal 
couché,  par  Barye.  Du  maître  animalier,  la  collec- 
tion Antony  Roux  contient  une  série  de  bronzes 
remarquables,  notamment  :  l'Ours  debout,  la  Pan- 
thère  terrassant  un  zibet  et  la  Panthère  de  l'Inde. 
Nous  arrivons  ainsi  à  l'importante  réunion  de 
sculptures  de  Rodin  :  des  bronzes,  parmi  les- 
quels il  faut  citer  :  Amor  fugit,  l'Idylle,  Celle  qui 
fut  Haulmière,  Volupté  (les  Fleurs  du  mal},  C Homme 
au  serpent,  la  Baigneuse,  Iris,  et  une  ligure  en 
pierre,  la  Femme  et  la  peur. 

Des  objets  d'art  et  d'ameublement  ancien,  où 
nous  remarquons  une  console  en  marqueterie 
de  bois  de  couleur,  avec  bronzes,  d'époque 
Louis  XV,  complètent  cette  vente  qui  sera,  sans 
contredit,  une  des  plus  importantes  de  l'année. 

Tableaux  anciens.  —  Un  mince  catalogue 
illustré  nous  apporte  l'annonce  de  la  vente  de 
tableaux  anciens  provenant  de  la  Collection  de 
M.  X...,  qui  aura  lieu  salle  7.  le  22  mai,  par  le 
ministère  de  M"  Lair-Dubreuil  et  Pecquet,  assistés 
de  MM.  Malhey  et  Georges  Petit.  Cette  vacation 
anonyme  comprend  un  pastel  de  La  Tour,  Portrait 
de  femme,  et  quelques  peintures  de  maîtres  pri- 
rnitifs,  notamment  un  panneau  de  l'école  du 
Haut-Rhin  du  xv«  siècle,  la  Vierge  et  l'Enfant 
Jésus,  et  deux  panneaux  formant  pendants,  le 
Chnst  couronné  d'épines  et  la  Vierge  de  douleun, 
de  l'école  de  Van  der  Weyden. 

Collection    A.    Sambon    (objets   d'art  «t 

tableaux  anciens).  —  C'est  un  véritable  musée 
d'art  ancien,  où  toutes  les  catégories  d'objets 
sont  représentées,  que  cette  Collection  de 
M.  Arthur  Sambon,  dont  la  vente  ne  nécessitera 
pas  moins  de  quatre  vacations,  qui  auront  lieu  à 
la  galerie  Georgt-s  Petit,  du  25  au  28  mai,  sous  la 
direction  de  M"  Lair-Dubreuil  et  de  MM.J.  Hirsch, 
Meyer-Riefstahl,  Mannheim  et  Ferai. 


ANCIEN   ET    MODEftNE 


m 


Le  catalogue  illustré  débute  par  les  antiquités 
égyptiennes,  parmi  lesquelles  nous  remarquons  : 
un  groupe  en  calcaire  peint,  représentant  un 
homme  et  une  femme  et  provenant  du  tombeau 
de  Neofrit-Abit,  fille  de  Chéops  I".  Cette  sculp- 
ture date  des  débuts  de  la  III"  dynastie,  comme 
cette  statue  d'une  pétrisseuse  de  pain,  également 
en  calcaire,' des  mêmes  époque  et  provenance. 
Citons  encore  :  une  statuette  en  basalte  noir  de 
la  XXVI=  dynastie,  représentant  le  prophète 
d'Ammon,  Oua-habrà,  et  un  bas-relief  en  granit 
rouge  de  l'époque  saïte,  représentant  un  buste 
de  jeune  femme,  à  gauche.  Pour  le  chapitre  de 
l'art  égyptien,  contentons-nous  de  signaler  encore 
la  présence  de  faïences,  de  verreries,  de  sculp- 
tures sur  bois  et  de  bronzes. 

Passons  aux  sculptures  grecques  et  romaines, 
et  notons  :  une  statue  grecque  de  cariatide,  du 
v«  siècle  avant  Jésus-Christ  ;  un  satyre  cymba- 
liste  en  marbre  de  Paros,  du  lu»  siècle  avant 
Jésus-Christ  ;  plusieurs  têtes  d'art  grec  ;  un  buste 
de  Garacalla,  marbre  alexandrin  du  ni"  siècle  ; 
puis,  parmi  les  bronzes  grecs  et  romains  :  une 
Aphrodite  «au  kestos  »,  du  iv"-iii"  siècle  avant 
Jésus-Christ,  et  une  statuette  d'archer  de  l'épo- 
que alexandrine  ;  enfin,  une  tête  d' Agrippa,  d'art 
romain.  La  place  nous  est  trop  limitée  pour  que 
nous  puissions  nous  étendre  comme  il  convien- 
drait sur  la  céramique  antique,  vases  et  sta- 
tuettes de  terre  cuite,  qui  forme  une  partie  fort 
intéressante  de  la  collection. 

Outre  cette  réunion  d'antiquités,  qui  comprend 
encore  des  pièces  d'orfèvrerie  et  des  objets 
divers,  la  présente  vente  contient  des  spécimens 
remarquables  d'art  musulman  :  tout  d'abord  une 
série  de  faïences  émaillées,  des  xiii"  et  xiv"  siècles, 
des  fabriques  de  Rhagès  et  de  Sultanabad  ;  puis 
des  verres  arabes  émaillés,  des  xiii"  et  xiv^  siècles  ; 
enfin,  des  faïences  et  porcelaines  orientales,  de 
Damas  et  d'Anatolie,  des  xvi"  et  xvii"  siècles. 
Auprès  de  cette  réunion  de  céramiques,  notons 
des  bronzes  incrustés  d'or  et  d'argent,  des  xii=, 
xiii«  et  xive  siècles,  et  des  manuscrits  enrichis  de 
miniatures  persanes,  des  xv  et  xvi«  siècles. 

Après  l'art  musulman,  voici  l'art  chinois,  re- 
présenté surtout  par  des  peintures,  et  l'art 
japonais,  qui  ne  se  manifeste  ici  que  par  un 
grand  paravent  décoré  de  peintures, duxvi^siècle. 

Si  nous  en  venons  aux  tableaux  anciens,  nous 
remarquons  :  le  Portrait  d'une  jeune  princesse, 
peinture  anonyme  française  du  xvi"  siècle  ;  la 
Mort  de  la  Vierge,  de  l'école  florentine  du  com- 
mencement du  XV»  siècle  ;  la  Vicr je  et  l'Enfant 


Jésus,  de  l'école  siennoise  de  la  fin  du  xiii"  siècle  ; 
le  Portrait  de  la  comtesse  Friese  et  le  Portrait  du 
comte  Friese,  deux  pendants,  par  Liotard  ;  une 
Réunion  dans  un  palais,  par  Ph.  Meusnier  et  Pater  ; 
enfin,  une  suite  de  trois  panneaux,  représentant 
des  saints  personnages,  de  l'école  d'Andréa  Ver- 
rocchio. 

Parmi  les  objets  d'art  et  de  curiosité  qui  com- 
posent la  dernière  partie  de  la  vente,  il  faut 
encore  mentionner  :  une  série  de  faïences  ita- 
liennes des  diverses  fabriques  des  xv»  et  xvi» 
siècles,  dont  un  bas-relief,  attribué  à  Andréa 
délia  Robbia,  représentant  la  Vierge  agenouillée 
devant  l'Enfant  ;  des  porcelaines  anciennes, 
notamment  des  groupes  et  statuettes  de  Saxe  et 
de  Capo  di  Monte;  des  ivoires;  des  bijoux  du 
moyenâge  et  de  la  Renaissance  ;  des  bois  sculptés 
des  xv»  et  xvi«  siècles,  d'art  flamand,  allemand 
et  italien  ;  des  sculptures,  dont  une  Madone  en 
haut-relief,  en  marbre  blanc,  attribuée  à  Mino 
da  Fiesole  ;  enfin,  des  bronzes  italiens  des  xv»  et 
xvi»  siècles. 

N'est-il  pas  vrai  de  dire  qu'elle  constitue  un 
véritable  musée  d'art  ancien,  cette  collection 
Sambon,  dont  la  dispersion  ne  manquera  pas 
d'intéresser  vivement  les  amateurs  de  toutes  les 
catégories  d'œuvres  d'art  du  genre  sérieux. 

Collection  Fairfax  Murray  (tableaux  an- 
ciens). —  On  annonce,  pour  le  18  juin,  la  vente 
de  la  coIlccLion  de  l'amateur  anglais  bien  connu, 
M.  Fairfax  Murray  ;  elle  aura  lieu  à  la  galerie 
Georges  Petit,  et  nous  reviendrons  en  détail  sur 
cette  importante  vacation  quand  le  catalogue 
nous  sera  parvenu. 

M.  N. 
ESTAMPES 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Estampes 
anciennes  et  modernes.  —  M"  A.  Desvouges, 
avec  M.  P.  Bihn,  comme  expert,  dispersera,  les 
19  et  20  mai,  à  l'Hôtel,  salle  10,  la  première  par- 
tie d'une  collection  d'estampes  anciennes  et  mo- 
dernes, comprenant  420  numéros. 

On  peut  citer,  parmi  les  œuvres  les  plus  impor- 
tantes et  les  artistes  les  mieux  représentés  : 
Baudouin,  Bonnet,  Chardin,  Demarteau,  Frago- 
nard,  Lancret,  Lavreince,  Moreau  le  jeune  et 
surtout  Watteau;  et,  parmi  les  modernes  :  Brac- 
quemond,  Buhot,  Chahine,  Delacroix,  Fan- 
tin-Latour,  Helleu,  Seymour  Haden,  Toulouse- 
Lautrec,  L.  Legrand,  Lepère,  Millet,  Raffet, 
Rodin,  Whistler  et  Zorn. 

R.  G. 


m 


LB   BULLETIN   Dfc;   L'Ahî 


EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Guillaume  Régamey,  1837-1875  (galerie 
Bernheim  jeune).  —  Ici,  l'heure  est  aux  «  rétro- 
spectives »,  peut-être  afin  de  nous  reposer  des 
«  derniers  cris  »  de  l'outrance...  Après  Éva  Gon- 
zalès,  r.uillaurae  Uégamey  ;  né  le  22  septembre 
1837,  mort,  à  trente-huit  ans,  le  .3  janvier  1875, 
ce  Parisien  de  naissance  et  de  nature  avait 
reparu,  comme  peintre  militaire,  à  la  Gentennale 
de  1900,  parmi  les  ressuscites  comme  Eugène 
Larivière,  Boissard  de  Boisdenier,  Félix  Trutat, 
Dehodencq,  Bazille  et  Paul  Guigou,  —  puis,  en 
mars  1907,  comme  puissant  dessinateur,  quai  du 
Marché-Neuf,  à  l'éphémère  Cité  des  Arts  :  aussi- 
tôt, ses  croquis  de  souvenir,  à  la  mine  de  plomb, 
ses  beaux  dessins  au  crayon  noir  sur  papier 
grenu,  tels  que  la  Forge  ou  le  Fardier.  les  Démo- 
litions du  vieux  Paris  ou  l'Incendie,  rue  Mouffe- 
tard,  nous  avaient  parlé  d'un  émule  des  Cazin, 
des  Lhermitte  et  des  Fantin-Latour  (1)  ;  et 
ce  sont  bien  là  les  condisciples  que  l'élève  et 
l'ami  de  François  Bonvin,  coudoyait  à  la  «  petite 
école  »  de  cet  étonnant  Lecoq  de  Boisbaudran 
qui  s'ingéniait,  en  développant  la  mémoire  de 
l'œil,  à  former  presque  tous  nos  maîtres;  ce  sont 
les  meilleurs  de  ceux-là  qui  l'accompagnaient  au 
fameux  Salon  des  Refusés  de  1863.  Ici,  des 
crayons  datés  de  1855  nous  montrent  Fantin- 
Latour  au  Louvre  ou  dans  sa  mansarde,  et  très 
ressemblant  au  rarissime  petit  portrait  gravé  par 
Bracquemond;  Horace  Vernet,  professant  à 
l'École;  Charles  Cuisin,  peignant  à  l'atelier; 
Legros,  dessinant  en  plein-air  :  toute  une  époque 
disparue...  Les  chevaux  et  leurs  cavaliers,  le 
maréchal-ferrant,  les  grenadiers  au  bonnet  à 
poil,  les  sapeurs  barbus,  les  noirs  turcos  et  les 
tirailleurs  algériens,  les  Zouaves  sortant  de  la 
place  du  Carrousel,  le  29  octobre  1839,  rem- 
plissent les  pages  les  plus  nerveusement  crayon- 
nées. Dans  ses  toiles  ou  dans  ses  pastels  blafards 
sous  un  ciel  d'orage,  l'artiste  que  les  Cuirassiers 
au  caôacef  (1874)  représentent  médiocrement  au 
Luxembourg  est  un  peintre  militaire  qui  re- 
monte volontiers  à  Gros,  à  Géricault,  un  réaliste 
qui  songe  aux  frissons  de  l'aube  épique  pendant 
les  soirs  plus  silencieux  de  l'Année  terrible... 

Auguste  Lepère  (chez  Edmond  Sagot).  — 
C'est    toujours    une    joie     pour   «   l'amoureux 

1.  Voir  le  Bulletin  du  6  avril  1907,  p.  109. 


d'art  »,  en  mt';me  temps  qu'une  belle  revanche 
ingénue  du  dessin,  que  l'exposition  des  œnvreà 
les  plus  récentes  de  ce  spirituel  et  modeste  maître 
qui  nous  propose  aujourd'hui  la  meilleure  défi- 
nition de  l'artiste  mode.rne;  et,  cette  année, 
voilà  la  suite  logique  ou  le  complément  naturel 
de  la  collection  Roger  Marx,  qui  nous  racontait 
de  la  façon  la  plus  vivante  et  la  plus  homogène, 
avant  sa  dispersion,  les  quarante  dernières  an- 
nées de  l'estampe  contemporaine.  Instinct,  naï- 
veté, conviction,  liberté  du  savoir  :  tel  est  le 
langage  de  quatorze  eaux-fortes,  voisines  de 
trente-quatre  peintures,  reflet  nouveau  de 
l'heure  et  du  ciel;  et  ce  que  le  xytographe  était 
hier,  quand  il  gravait  les  Paysages  parisiens  '^  pour 
Henri  Beraldi  »,  l'aquafortiste  l'est  aujourd'hui 
quand  il  décrit  la  Seine  au  Pont  National,  la  noce 
vendéenne, la  promenade  dominicale  àCrèvecœur 
ou  la  vue  panoramique  d'Angers  avec  une  admi- 
rable sensibilité  dans  la  lumière. 

Expositions  diverses.  —  A  la  galerie  Georges 
Petit,  nous  avions  déjà  vu  naguère  M.  Joseph 
Communal,  un  coloriste  qui  rêve  de  conti- 
nuer Diaz  ou  de  devenir  le  Monticelli  de  la 
montagne  et  qui,  pour  «  annexer  »  la  Savoie  au 
paysage  français,  cimente  de  hautes  murailles 
de  jaspe  et  de  saphir,  au  risque  de  sacrifier  l'air 
fluide  à  rémail  de  la  belle  matière.  Près  de  lui, 
M.  Sigismond  de  Nagy,  peintre  des  paysans  hon- 
grois, comme  M.  Paul-Franz  Namur,  symboliste 
encore  plus  ambitieux,  chez  Devambez,  cherchent 
trop  l'éclat  au  détriment  de  la  sincérité  :  Char- 
din, s'ils  l'écoutaient,  pourrait  leur  dire  bien 
des  choses... 

Chez  Lorenceau,  rue  La  Boétie,  nous  revoyons 
avec  plaisir  la  claire  palette  de  M.  Pierre  Ladu- 
reau,  peintre  de  plages  ;  —  chez  Tooth,  les  des- 
sins et  les  fines  eaux-fortes  de  M.  R.-P.  Grouiller, 
peintre-graveur  parisien,  qui  demande  le  pitto- 
resque aux  derniers  recoins  du  vieux  Montmartre 
et  de  nos  vieilles  cités  provinciales  ;  —  galerie 
Haussmann,  les  crayons  nerveusement  rehaussés 
et  les  bronzes  du  dessinateur  Paul  Jouve,  illus- 
trateur tout  désigné  du  Litre  de  la  Jungle,  de 
Rudyard  Kipling,  et  robuste  animalier  d'instinct 
sculptural,  qui  doit  goûter  le  style  de  Michelet; 
et,  cette  fois  encore,  la  statuaire,  l'estampe  et 
le  dessin  nous  ont  quelque  peu  vengés  des  indis- 
crétions de  la  peinture. 

Raymond   Bouyeb. 


Le  Gérant  :  H.  Dinis. 


Paris.  —  Imp.  Ueorges  l'etit,  li,  rue  (iodot-de-U«aroi . 


Numéro  626. 


Samedi  23  Mai  1914. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


ANCIEN     ET     MODERNE 


Inquiétantes  Galéjades 


Les  Provençaux  veulent  élever  un  monument 
à  Mistral  :  il  paraît  que  la  statue  de  bronze  érigée 
sur  la  place  du  Forum,  à  Arles,  n'est  pas  à  la 
taille  du  poète  du  Hhône  et  de  Calendal,  et  les 
projets  les  plus  saugrenus  sont  présentés  le  plus 
sérieusement  du  monde. 

Les  uns  rêvent  de  dresser  au  sommet  du  Ven- 
toux  un  agrandissement,  haut  de  trente  mètres, 
de  la  statue  d'Arles,  laquelle  a  déjà  le  défaut 
d'être  un  agrandissement  d'une  charmante  sta- 
tuette de  Théodore  Rivière. 

D'autres  renchérissent,  et  voici  en  quels  termes 
le  Petit  Marseillais  se  fait  l'écho  de  leurs  imagi- 
nations dévergondées  : 

«  Si  quelque  monument  durable  doit  être 
dressé  parmi  les  fluctuations  et  les  variations  de 
ce  monde  périssable,  c'est  bien  à  la  terre  même 
de  Provence,  à  la  pierre  de  ses  rochers  qu'il  faut 
en  confier  la  gloire,  c'est  à  la  chaîne  bleue  des 
Alpilles  qui  forme  l'horizon  familier  de  la  plaine 
de  Maillane,  où  se  déroula  simplement  la  vie 
idéale  et  biblique  du  poète,  que  doit  appartenir 
l'honneur  de  conserver  cette  physionomie  popu- 
laire dont  le  souvenir  doit  se  confondre  avec  les 
temps.  C'est,  en  un  mot,  au  Lion  d'Arles,  ce 
mont  rocailleux  du  Gaussier,  isolé  et  superbe, 
qui  surplombe  l'immense  plaine  courant  des 
monuments  romains  de  Saint-Remy  aux  rem- 
parts féodaux  d'Avignon,  au  cœur  de  ce  Lion 
d'Arles  que  Mistral  a  chanté  en  strophes  magni- 
liques  dans  ses  Isclo  d'Or,  comme  par  un  pres- 
sentiment de  leurs  destinées  associées,  qu'il  faut 
appuyer  la  figure  mistralienne... 

»  Tout  le  jardin  de  Provence  respirera  comme 
une  Heur  ouverte  devant  ce  médaillon  resplen- 
dissant. Et  ce  médaillon  mégalithique,  taillé  dans 
2.000  mètres  carrés  de  rochers,  30  mètres  de  haut, 
-'lO  mètres  de  large,  rayonnera  comme  un  disque 
de  soleil  sur  cet  horizon  reposant,  d'oii  l'œil  sur- 


pris et  charmé  reconnaîtra  de  très  loin,  de  n'im- 
porte quel  point  du  segment,  le  poète  en  pleine 
force,  le  feutre  en  bataille,  la  moustache,  la  bar- 
biche et  la  cravate  flottante,  fétiche  éternel  de  la 
Provence,  sphinx  humain  ayant  jeté,  toute  sa 
vie,  au  vent  du  patriotisme  et  de  l'art,  tous  ses 
symboliques  secrets...  « 

En  vérité,  ces  Méridionaux  outrepassent  le 
droit  qu'ils  ont  d'exagérer. 

Jusqu'ici  nous  ne  perdions  pas  une  occasion 
de  plaisanter  les  Allemands  sur  leur  got'it  du 
«  colossal  ».  Comment  pourrons-nous,  désormais, 
reprocher  ce  ridicule  à  nos  voisins  d'outre-lîhin 
si  les  Provençaux  leur  dament  le  pion,  en  taillant 
les  montagnes  à  l'effigie  de  Mistral  ? 

E.  1). 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie  des  beaux-arts  (séance  du  16  mai). 
—  M.  Pascal,  qui  fait  l'intérim  du  secrétariat  des 
séances,  donne  lecture  des  lettres  par  lesquelles 
MM.  Deglane,  Lambert,  Redon,  A.  Baliu.  Blavette, 
J.  Hermant,  Benard,  Defrasse,  Forniigé  et  Tournaire, 
déclarent  poser  leur  candidature  au  fauteuil  laissé 
vacant  dans  la  section  d'architecture  par  le  décès  de 
M.  Vaudremer. 

—  Le  prix  lîossini  (Poésie),  de  la  valeur  de  3  000  Ir., 
est  attribué  à  M.  Fernand  Besnier,  pour  son  poème 
intitulé  :  les  Voir  de  la  mer. 

—  Le  prix  Trémont,  de  la  valeur  de  2.000  fr.,  est 
partagé  entre  MM.  Imbs  et  Lehuédé. 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
(séance  du  15  mai)  —  M.  Salomou  Keinach  lit  une 
lettre  de  M.  de  Mély  relative  à  l'inscription  soi-disant 
hébraïque  du  retable  de  Roger  vander  Weyden,  acquis 
l'an  dernier  par  le  Louvre.  Cette  inscription  se  com- 
pose de  quatre  mots  que  M.  de  Mély  interprète  ainsi  ; 
Son  œuvre  de  peinture  Weyden  a  terminé. 

M.  le  comte  P.  Durrieu  présente  quelques  observa- 
tions et  fait  des  réserves  sur  cette  lecture. 


162 


LE    BULLETIN   DE    L'ART 


—  M.  Héron  de  Villefosse,  de  la  part  de  M.  le  doc- 
teur Carton,  correspondant  de  l'Académie,  annonce  à 
l'Académie  le  résultat  des  récentes  fouilles  de  BuUa 
llegia.  En  dehors  des  thermes,  M.  Carton  a  entrepris 
de  dégager  un  monument  important  dont  l'emplace- 
ment lui  avait  été  signalé,  il  y  a  vingt-cinq  ans,  par 
une  pierre  ornée  de  reliefs  sur  trois  de  ses  faces.  Ses 
murs  ont  deux  mètres  d'épaisseur;  ses  colonnes  de 
marbre  sont  ornées  de  chapiteaux  corinthiens.  Dans 
l'intérieur,  gisent  des  centaines  d'amphores  de  grandes 
dimensions,  remplies  de  blé,  d'amandes,  etc.  ;  des  vases 
ou  ustensiles  de  bronze  voisinent  avec  une  énorme 
quantité  de  verres  brisés.  Un  incendie  a  dû  détruire  le 
toit  dont  les  poutres,  en  tombant,  ont  écrasé  le  sommet 
des  amphores.  Parmi  tous  ces  objets,  s'est  rencontrée 
une  croix  de  bronze  argenté  mesurant  25  centimètres 
de  hauteur,  dont  les  bras  portent  des  caractères  grecs. 

M.  Carton  pense  que  cet  édifice,  d'abord  païen,  a 
dû  être  transformé  en  église. 

—  M.  le  comte  Durrieu  analyse  une  peinture  laissée 
par  quelque  pèlerin  chrétien  du  moyen  âge  dans  l'église 
de  la  Nativité,  à  Bethléem,  et  représentant  un  heaume 
de  chevalier  dont  le  cimier  est  une  tête  de  More.  Cet 
emblème  a  été  pris  par  les  familles  dont  des  membres 
s'étaient  signalés  en  Orient  dans  des  combats  contre 
les  Musulmans. 

—  M.  Joseph  Déchelette,  correspondant  de  l'Acadé- 
mie, étudie  la  répartition,  dans  les  régions  situées  au 
nord  des  Alpes,  des  trouvailles  d'objets  de  provenance 
grecque,  italo-grecque  et  étrusque  du  vu*  au  iv  siècle 
avant  notre  ère.  Ce  relevé  statistique  met  en  évidence 
larégularité  et  l'importance  des  relations  commerciales 
qu'entretenaient  alors  indirectement  les  habitants  des 
pays  celtiques  avec  l'Italie  méridionale. 

—  Le  prix  Fould  (5.000  fr.)  est  partagé  entre 
MM.  Ilébrard  et  Zeiller  (2.000  fr.),  Spalaio,  le  palais 
de  Dioclétien ;  MM.  Ebersold  et  Thiers  (1.500  fr.),  les 
Églises  de  Conslantinople ;  notre  collaborateur  M.  Ga- 
briel Leroux  (1.500  fr.),  les  Origines  de  l'édifice  hypo- 
style  en  Grèce  et  chez  les  Romains;  M.  P.  Macler(500  fr.). 
Miniatures  arméniennes  ;  M.  Ph.  des  Forts  (500  fr.),  le 
Château  de  Villebon. 

—  La  médaille  de  la  Société  centrale  des  architectes 
est  attribuée  à  M.  Plassart,  membre  de  l'École  d'Athènes, 
pour  ses  fouilles  à  Orchomène  d'Arcadie  et  à  Délos. 

Société  des  antiquaires  de  France  (séance  du 
13  mai).  —  M.  Lefèvre  des  Noettes  montre  comment 
les  anciens  Égyptiens  ont  quelquefois  essayé  de  mo- 
difier le  harnachement  des  chevaux  pour  leur  faire 
traîner  des  voitures  plus  pesamment  chargées. 

—  M.  Pallu  de  Lessert  commente  une  inscription 
récemment  découverte  à  Taoura  et  relative  à  un  pro- 
consul d'Afrique  mentionné  par  Apulée. 

Société  de  l'histoire  de  l'art  français  (assem- 
blée générale  du  8  mai).  —  Après  le  discours  de 
M.  Jules  Guillrey,  président,  les  rapports  de  M.  A. 
Tuetey,   trésorier,   et   Pierre    Marcel,   secrétaire,   la 


Société  nomme  cinq  membres  du  Comité-directeur. 
Sont  élus  :  MM.  Paul  Lacombe,  Jean  Laran,  Henry 
Martin,  André  Ramet,  Louis  Réau. 

—  M.  Henri  Clouzot  communique  des  documents 
inédits  sur  Jean  Petitot,  peintre  en  émail. 

—  M.  J.-J.  .Marquet  de  Vasselot  entretient  la  Société 
de  quelques  émaux  de  Colin  Noylicr  et  de  leurs  mo- 
dèles gravés. 

Musée  du  Louvre.  —  L'administration  des  Beaux- 
Arts,  avant  de  renvoyer  à  l'église  Saint-Just  de  .Nar- 
bonne  et  à  l'abbaye  de  La  Chaise-bieu  les  tapisseries 
dont  la  manufacture  des  Gobelins  vient  d'achever  si 
remarquablement  la  restauration,  a  voulu  que  le  pu- 
blic parisien  put  les  admirer  pendant  quelques  jours. 
Elles  sont  exposées  jusqu'au  5  juin,  dans  la  salle  des 
fa'iences  italiennes  au  Musée  du  Louvre  (Colonnade). 

La  grande  tenture  de  l'église  Saint-Just  est  une 
tapisserie  bruxelloise  du  début  du  xvi*  siècle,  de  la 
suite  de  la  Genèse;  elle  représente  la  Création.  Les 
deux  tapisseries  de  La  Chaise-Dieu,  l'une  en  bande 
longue  et  étroite,  l'autre  en  hauteur,  appartiennent  à 
la  série  de  ta  Vie  du  Christ  et  des  sujets  de  l'Ancien 
Testament.  Tissées  en  quatorze  pièces,  elles  portent 
les  armoiries  de  Jacques  de  Senccterre,  trente- 
sixième  abbé  de  La  Chaise-Dieu  (1492-1518). 

Musée  du  Luxembourg.  —  Le  Times  a  annoncé 
que  M.  Edmund  Davis  avait  l'intention  d'offrir  au 
gouvernement  français,  pour  le  musée  du  Luxera- 
bourg,  un  portrait  de  femme  par  sir  John  Everelt 
Millais,  actuellement  exposé  à  la  Grosvcnor  Gallery, 
à  Londres.  Millais,  un  des  membres  les  plus  actifs  de 
la  Pre-liaphaelite  lirotherhood  et  l'un  des  meilleurs 
peintres  anglais  du  milieu  du  xix'  siècle  (autrefois 
étudié  dans  la  Revue  par  M.  M.  H.  Spielmann,  t.  XII, 
pp.  33  et  95)  a  souvent  exposé  aux  Salons  français, 
où  il  reçut  une  médaille  en  18S3,  mais  il  n'est  repré- 
senté dans  aucun  musée  de  France. 

A  Angers.  —  Les  tapisseries  de  la  cathédrale 
d'Angers,  universellement  célèbres,  viennent  d'être 
exposées  dans  l'ancien  évêché  de  la  ville,  par  les 
soins  de  l'administration  des  Beaux-Arts,  et  c'est  là 
que  les  visiteurs  auront  tout  loisir  de  les  admirer  dé- 
sormais ;  ces  suites,  à  sujets  de  l'Apocalypse,  de  la  Vie 
de  saint  Maurille,  de  la  Passion,  de  la  Vie  de  saint 
Martin,  de  saint  Jean-Baptiste,  de  saint  Saturnin,  de 
l'Histoire  de  Tobie,  de  Samsoti,  de  l'Invention  de  la 
croix,  de  ta  Vie  de  Notre-Seigneur,  etc.,  s'étendent  du 
iiv*  au  XVIII*  siècles  et  forment  un  des  plus  beaux 
ensembles  que  l'on  connaisse  de  l'art  de  la  tapisserie. 

A  Nantes.  —  La  cathédrale  de  Nantes  est  dans 
un  tel  état  de  vétusté  qu'elle  offre  des  dangers  crois- 
sants pour  la  sécurité  publique.  Une  délégation  de  la 
Commission  des  Monuments  historiques  s'est  rendue 
sur  place  pour  y  étudier  les  mesures  qui  s'imposent 
d'urgence  et  arrêter  les  travaux  à  entreprendre. 

A  l'intérieur,  on  va  procéder  à  une  visite  minu- 
tieuse de  la  voûte  de  la  grande  nef  et  à  la  réfection 


ANCIEN    ET   MODERNE 


1«3 


des  meneaux  des  verrières  du  côté  nord.  11  serait 
cependant  déplorable  que  toute  idée  artistique  fût 
bannie  de  ces  travaux,  et  que  l'on  remplaçât,  coBame 
M.  de  Baudot  la  proposé,  les  meneaux  en  pierre  par 
une  armature  en  fer,  —  solution  évidemment  écono- 
mique, mais  qui  détruirait  toute  la  beauté  architec- 
turale de  l'édifice  du  coté  nord.  A  l'extérieur,  on 
restaurera  également  les  contreforts  nord  qui  mena- 
cent ruine. 

Nécrologie.  —  On  annonce  la  mort  de  M.  Marcel 
Cogniel,  artiste  peintre,  décédé  à  Paris;  —  de 
M.  Alphonse  Lamotle,  graveur,  né  au  Havre  en  1844, 


élève  de  S.  Outhwaite  et  d'Henriquel-Dupont,  sou- 
vent récompensé  aux  Salons  et  qui  avait  obtenu  une 
médaille  d'or  et  reçu  la  croix  de  la  Légion  d'honneur 
à  l'occasion  de  l'Exposition  universelle  de  1889;  de- 
puis 1900,  il  était  conservateur  du  Musée  du  Havre  et 
directeur  de  l'école  des  beaux-arts  de  cette  ville;  — 
du  peintre  paysagiste  Eugène  d'Argence,  mort  le 
8  mai  à  Issy-les-Moulineaux  ;  né  à  Paris,  élève  de 
Eug.  Giraudet  et  de  liusson,  il  débuta  au  Salon  de 
1881  et  devint,  après  la  scission,  un  des  habitués  des 
expositions  de  la  Société  nationale;  il  avait  été 
récompensé  d'une  mention  honorable  à  l'Exposition 
universelle  de  1889. 


CHRONIQUE    DES    VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —  Vente  de  la  collection  Roger 
Marx  (tableaux,  etc.  —  Liste  des  -prix).  — 

Nous  avons  déjà  signalé  les  résultats  de  la  seconde 
et  de  la  troisième  ventes  de  la  collection  Roger 
Marx.  Contentons-nous  de  rappeler  qu'elles  ont 
produit  ensemble  un  total  de  773.160  francs, 
dont  710.170  francs  pour  les  tableaux,  dessins  et 
sculptures,  qui  composaient  la  seconde  vente,  et 
62.990  francs  pour  les  objets  d'art,  qui  compo- 
saient la  troisième  vente.  Les  estampes  modernes, 
ayant  fait  l'objet  d'une  vente  précédente,  qui  a 
produit  un  total  de  261.900  francs,  la  collection 
Roger  Marx  a  donc  réalisé  un  peu  plus  d'un 
million,  chiffre  auquel  il  y  aura  lieu  d'ajouter 
le  produit  d'une  vente  de  tableaux  et  de  dessins 
qui  aura  lieu  en  juin,  à  l'Hôtel  Drouot. 

PRINCIPAUX  'PRIX 

Tableaux  modebnïs.  —  Carrière  ;  9.  Portrait  d'Ed- 
mond de  Goncourt,  6.100  fr.  (dem.  5.000).  —  11.  La 
Leçon  d'écriture,  11.200  fr.  (dem.  8.000).  —  15.  Mary 
Cassatt.  La  Femme  au  tournesol,  15.500  fr.  (dem. 
12.000).  —  23.  Fantin-Latour.  les  Brodeuses,  5.800  fr. 
(dem.  4.000).  —  28.  Gauguin.  Femmes  .nues  au  bord 
de  l'eau,  10.050  fr.  (dem.  7.000).  —  57.  Lépine.  Le 
Petit  bras  de  la  Seine,  quai  de  liétliune,  5.865  fr. 
(dem.  5.000).  —  60.  Manet.  La  Sultane,  74.000  fr. 
(dem.  60.000).  —  61.  Cl.  Monet.  Le  Pont  d'Argenteuil, 
6.700  fr.  (dem.  6.000).  —  68.  Henoir.  Jeune  femme  en 
bleu,  6.000  fr.  (dem.  4.000).  —  73.  L.  Simon.  Bigou- 
dènes,  7.000  fr.  (dem.  5.000).  —  Toulouse-Lautrec  ; 


75.  Dans  le  lit,  15.000  fr.  (dem.  10.000).  —  76.  Au 
Moulin-Rouge,  5.100  fr.  (dem.  5.000). 

Pastels,  aquabelles,  dessins.  —  101.  Mary  Cassait. 
La  Lecture,  6.500  fr.  (dem.  5.000).  —  Degas  :  122.  Dans 
l'atelier  de  la  modiste,  12.000  fr.  (dem.  10.000).  — 
124.  Trois  danseuses,  9.100  fr.  (dem.  6.000).  —  125.  La 
Toilette,  101.000  fr.  (dem.  80.000).  —  126.  Femme  se 
grattant,  6.000  fr.  (dem.  5.000).  —  127.  Groupe  de 
danseuses,  6.800  (dem.  10.000).  —  136.  Fantin-Latour. 
Jeune  femme  à  l'éventail,  9.800  fr.  (dem.  6.000).  — 
181.  —  Puvis  de  Chavannes.  La  Paix.  Étude  pour  les 
décorations  du  musée  d'Amiens,  17.500 fr.  (dem.  10.000; 
ce  dessin,  racheté  par  les  héritiers,  ainsi  que  le  Bul- 
letin l'a  annoncé  dans  son  dernier  numéro,  a  été 
offert  par  eux  au  musée  du  Luxembourg.)  —  194.  Re- 
noir. Femme  en  rose,  15.500  fr.  (dem.  8.000).  —  Tou- 
louse-Lautrec :  216.  A  l'Opéra,  9.200  fr.  (dem.  10.000). 

—  218.  La  Boue,  5.300  fr.  (dem.  5.000).  —  222.  La  Blan- 
chisseuse, 7.000  fr.  (dem.  3.000).  —  224.  Dans  l'atelier 
{Portrait  de  M.  S...),  8.500  fr.  (dem.  8.000). 

Sculptures.  —  Aug.  Rodin  :  249.  Le  Baiser  (1886), 
br.,  20.300  (dem.  15.000).  —  250.  Désespoir,  marbre, 
4.900  fr.  (dem.  5.000).  —  251.  Cariatide  (1891),  marbre, 
10.000  fr.  —  2Ï2.  Femme  nue,  16.000  fr.  (dem.  8.000). 

—  253.  Femme  à  l'épine,  15.100  fr.  (dem.  5.000). 
Objets  d'abt  modernes.  —  74.  E.  Galle.  Verrerie, 

Eaux  dormantes.  Urne  de  verre  bleu  efvert,  5.060  fr. 
(dem.  3.000). 

Ce  dernier  prix  est  la  seule  enchère  supérieure 
àb.OOO  francs  que  l'on  trouve  à  relever  parmi  les 
objets  d'art  modernes  ;  nous  avons  dit,  en  annon- 
çant la  vente,  quel  était  l'intérêt  particulier  de 
ces  objets  d'art,  tous  dus  à  des  artistes  contem- 
porains, dont  les  œuvres  n'avaient  pas  encore 


164 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


passé  aux  enchères  publiques.  Il  faut  reconnaître 
que  leur  tenue  générale  a  été  remarquable  et 
que  plusieurs  d'entre  les  numéros  vendus  ont  été 
fort  disputés. 

Vente  d'objets  d'art.  —  Dans  une  vente 
anonyme,  dirigée,  salle  1,  les  12  et  13  mai,  par 
M"  Lair-Dubreuil  et  Baudoin  et  MM.  Mannheim, 
notons  le  prix  de  18.000  francs  obtenu  par  le 
n"  78,  un  calice  en  argent  repoussé  et  gravé,  à 
motifs  religieux,  avec  inscriptions,  vendu  sans 
indication  d'époque.  Cette  vente  a  produit  un 
total  de  76.987  francs. 

Succession  de  M°>«  H...  (tableaux,  etc.).  — 

Cette  vente,  dirigée,  salle  6,  du  14  au  16  mai 
par  M»  Lair-Dubreuil,  assisté  de  MM.  Mann- 
heim, P'éral,  Falkenberg  et  Linzeler,  a  produit 
254.847  francs. 

PRINCIPAUX   PRIX 

F'aiencks.  —  43.  Delfl.  Deux  bout.,  décor  de  Heurs, 
6.610  fr.  —  50.  Faenza.  Deux  bout,  de  pharmacie, 
Lucrèce  et  Saint  Jérôme,  5.000  fr. 

Meubles.  —  190.  Commode,  marquet.  de  coul.  à 
damier,  ornée  br.,  signée:  L.  Aubry,ùtiép.  Louis XV, 
10.100  fr.  (dem.  10.000  ;  rest.). 

Tapisseries.   —   218.    Tapisserie   d'Aubusson,  ép. 
Louis  XV,  le  Jeu  du  cheval  fondu,  fond  de  verd., 
21.505  fr.   (dem.  20.000).  —  219.  Tapiss.  d'Aubusson," 
ép.  Louis  XV,  Chasseur  tirant  un  oiseau,  etc.,  16.050  fr. 
(dem.  12  600). 

Tableaux  .modernes. —  250.  Corot.  Maisons  au  bord 
d'une  rivière,  6.150  fr.  (dem.  6.000). 

Tableaux  anciens.  —  264.  École  allem.,  xvi'  s., 
Portrait  d'Ulrich  Zwingli,  8.000  fr.  (dem.  8.000).  — 
265.  École  flam.,  xvi»  s.  La  Vierge  et  l'Enfant,  5.800  fr. 
(dem.  5.000).  —  276.  Van  der  Heyden.  Intérieur  de 
ville,  10.000  fr.  (dem.  5.000).  —  280.  Isaac  Kœdyck. 
Intérieur  hollandais,  9.200  fr.  (dem.  8.000). 

"Vente  de  M™»  X...  (tableaux,  etc.).  —  Faite, 
salles  7  et  8,  le  15  mai,  par  M»  Bignon  et  M.  Ba- 
taille, celte  vente  a  produit  160.000  francs  et 
donné  lieu  à  quelques  enchères  dignes  de  remar- 
que, surtout  dans  la  catégorie  des  tapisseries. 

PRINCIPAUX   PRIX 

Tableaux.  —  18.  Corot.  Marais  aux  environs  d'Ar- 
ras,  8.700  fr.  (dem.  12.000).  —  19.  Daubigny.  Les 
Bords  de  l'Oise  à  Saint-Leu,   8.000   fr.  (dem.  12.000). 

Tapissebies.  —  101.  Tapiss.  d'Aubusson,  xviii*  s., 
paysage  animé,  chasse  au  lièvre,  8.400  fr.  (dem. 
12.000).  —  102.  Tapiss.  des  Flandres,  xvu*  s.,  concert 
devant  un  palais,  bord.,  18.000  fr.  (dem.  20.000;  par- 
tie refaite).  —  103.  Tapiss.  tlam.,  xvii*  s.,  l'Enlève- 
ment de  Bacchus,  bord.,  20.000  fr.  (dem.  20.000).  — 
105.  Tapiss.  Uam.  Renaissance,  la  Visite  du  marchand 
de  bijoux,  13.000  fr.   (dem.  25.000).  —   106.  Tapiss. 


flam.  XVI*  8.,  scènes  de  chasse  au  cerf,  bord.,  20.405  fr. 
(dem.  20.000). 

Succession  de  la  baronne  de  H...  (objets 
d'art,  etc.).  —  L'ne  seule  en(Aère  à  noter  dans 
cette  vente,  faite  salle  1,  le  15  mai,  par  M"  Boudu 
et  M.  Bertier,  celle  de  0.505  francs  pour  une 
tapisserie  de  Bruxelles  du  xvii«  siècle,  à  sujet  de 
VHktoire  d'Ulysse. 

"Vente  de  la  collection  H.  Kullmann  (ta- 
bleaux modernes).  —  La  vente  de  la  Collection 
Herbert  Kullmann,  de  Mancliester,  avait  fait  l'objet 
d'un  catalogue  illustré  qui  nous  est  parvenu  trop 
tard  pour  qu'il  nous  ait  été  possible  de  parler  ici 
des  tableaux,  appartenant  au  genre  moderne  le 
plus  avancé,  qui  s'/  trouvaient  décrits.  On  y 
rencontrait  même  une  page  connue  du  peintre 
douanier  Henri  Rousseau,  de  fameuse  mémoire. 
Cette  Chasse  au  tigre  qui,  à  un  Salon  d'automne,  si 
nos  souvenirs  sont  exacts,  voisinait  avec  des 
œuvres  d'Ingres,  a  trouvé  acheteur  en  la  personne 
des  experts  dirigeant  la  vente,  pour  7.500  francs, 
sur  la  demande  de  8.000.  La  vacation,  dirigée 
salle  1,  le  10  mai,  par  .M"  Baudoin  et  MM.  Bern- 
heim  jeune,  à  produit  112.020  francs. 

PRINCIPAUX  PRIX 
Tableabx.  —  2.  Cézanne.  Le  Village  à  travers  Us 
arbres,  28.000  fr.  (dem.  23.000).  —  6.  Van  Gogh. 
L'Escalier  à  Anvers,  12.300  fr.  (dem.  12.000).  — 
A.  Renoir:  S.  Baigneuse,  38.500  fr.  (dem.  35.000).  — 
9.  Au  bord  de  la  rivière,  7.800  fr.  (dem.  5.000).  —  10. 
Henri  Rousseau.  Éclaireurs  attaqués  par  un  tigre, 
7.500  fr.  (dem.  8.000). 

Vente  de  bustes  par  Houdon.  —  Il  nous 
suffira  de  donner  les  résultats  de  cette  vente 
que  nous  avons  annoncée  avec  détails  et  (jui  a 
eu  lieu,  le  18  mai,  par  le  ministère  de  M'  Des- 
vouges  et  de  M.  (liacoinetti. 

Bustes  par  HounoN.  —  1.  Claudine  Houdon,  terre 
cuite,  20.100  fr.  (dem.  15.000  ;  patine  post.).  —  2.  Houdon 
par  lui-même,  terre  cuite,  9.200  fr.  (dem.  18.000).  — 
3.  Anne-Ange  «oudon,  plâtre,  25.400  fr.  (dem.  30.000). 
—  4.  Houdon  par  lui-même,  terre  cuite,  35.100  fr. 
(dem.  40.000). 

Succession  Clavière  (objets  d'art,  etc.).  — 
Dans  les  résultats  de  cette  vente,  qui  a  produit 
45.600  francs,  salle  2,  le  18  mai,  sous  la  direction 
de  M«  A.  Couturier  et  de  M.  Guillaume,  nous  ne 
trouvons  à  signaler  que  deux  prix,  celui  de 
b.OOO  francs  pour  un  secrétaire  d'époque  Louis  XV, 
en  marqueterie  à  fleurs,  et  celui  de  5.200  francs 
pour  une  commode  de  même  époque,  égalenipnl 
en  marqueterie  et  avec  bronzes. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


165 


Succession  Charles  André  (dessins,  objets 
d'art).  —  La  vonte  Charles  Aiulré,  annoncée  ici 
même  avec  détails,  et  faile  les  18  et  19  mai,  par 
M»  Henri  Baudoin  et  MM.  Ferai  et  Mannheim, 
s'est  terminée  sur  un  total  de  176.01 7  francs;  nous 
donnerons  prochainement  la  liste  des  enchères 
principales,  presque  toutes  obtenues  par  les 
tapisseries,  et  dont  la  plus  importante  — 
46.000  francs  —  a  été  pour  une  Chasse  allégorique 
au  cerf,  tenture  française  du  xv"  siècle,  dont  on 
demandait  bO.OOO  francs. 

Vente  de  la  collection  Antony  Roux  (pein- 
tures, sculptures  et  objets  d'art  anciens  et 
modernes).  —  De  même,  le  manque  de  place 
nous  oblige  à  remettre  à  une  prochaine  chronique 
le  compte  rendudétaillédelavente  Antony  Roux, 
précédemment  annoncée  ici. 

La  première  vacation,  faite  le  19  mai.  et  con- 
sacrée aux  peintures,  a  produit  80.3  .330  francs. 
Les  plus  beaux  prix  ont  été  pour  les  Corot,  les 
Gustave  Moreau  et  les  Ziem  ;  une  vue  de  la  Sainte, 
de  ce  dernier,  a  atteint  64.000  francs,  sur  demande 
de  70.000. 

La  seconde  vacation,  faite  le  20  mai,  a  produit 
291. 46S  francs;  elle  comprenait  les  sculptures, 
—  qui  ont  donné,  à  elles  seules,  260.000  francs,  — 
et  les  objets  d'art.  Citons,  en  particulier,  le  prix 
de  .34.000  fr.,  sur  demande  de  20.000,  atteint  par 
la  Femme  et  la  fleur,  statue  pierre,  de  Rodin. 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Galerie 
Crespi,  de  Milan  (tableaux  anciens).  —  La 
chronique  artistique  a  eu  maintes  fois  l'occasion, 
en  ces  dernières  années,  de  s'occuper  de  la  galerie 
Crespi,  de  Milan,  bien  connue  de  tous  ceux  qui 
ont  visité  cette  ville,  comme  de  tous  les  amateurs 
d'ancienne  peinture  italienne.  La  dispersion  de 
cette  collection  aura  lieu,  à  la  galerie  Ceorges 
Petit,  le  4  juin,  sous  la  direction  de  M*'  Lair- 
Dubreuil  et  Baudoin,  assistés  de  MM.  Trotti  et  C'" 
et  de  M.  Ferai. 

Il  ae  nous  appartient  pas  de  faire  l'éloge  du 
catalogue  illustré  que  nous  avons  dressé  en  col- 
laboration avec  notre  ami  Dacier,  à  l'occasion  de 
cette  vente.  Mais  nous  pouvons  tout  au  moins 
féliciter  l'imprimerie  Georges  Petit  du  soin  qu'elle 
a  apporté  à  la  typographie  et  à  l'illustration  de 
ce  gros  volume. 

Dans  la  préface  de  ce  catalogue,  préface  dont 
nous  avons  tiré  la  matière  d'un  article  pour  le 
numéro  de  la  Revue  de  ce  mois,  nous  avons  rap- 
pelé le  souvenir  de  la  galerie,  largement  ouverte 
au  public,  et  qui  fut,  pendant  un  bon  quart  de 


siècle,  une  des  curiosités  de  Milan,  expliqué  à 
quel  heureux  concours  de  circonstances  elle 
avait  dû  son  développement  si  rapide  et  si  impor- 
tant, indiqué,  enfin,  les  difficultés  que  ses  pro- 
priétaires eurent  à  surmonter  pour  la  faire  sortir 
de  l'Italie,  par  les  voies  licites,  une  fois  que  la 
vente  en  eût  été  décidée.  Pour  plus  de  rensei- 
gnements, nous  renverrons  donc  le  lecteur  à 
cette  préface,  et  aussi  au  corps  du  catalogue,  oi!i 
chaque  numéro  est  accompagné  de  références 
fort  nombreuses,  rappelant  les  auteurs  qui  l'ont 
spécialement  étudié.  Contentons-nous,  ici,  d'en 
signaler  les  pièces  les  plus  importantes. 

Ce  sont  tout  d'abord,  du  côté  des  écoles  d'Italie 
des  xv  et  xvi=  siècles,  les  plus  abondamment 
représentées  dans  la  galerie  Crespi  :  un  Saint 
Sébastien,  de  l'école  d'Antonello  de  Messine;  la 
\  ierge  à  la  ferronnière  et  l'Adoration  des  Mages, 
par  le  Bacchiacca;  la  Vierge  et  l'Enfant  dans  un 
paysage,  par  Bartolommeo  Veneto;  une  Vierge 
avec  l'Enfant,  entre  saint  Sébastien  et  une  sainte 
martyre,  par  Marco  Basaïli;  la  Vierge  à  l'oiseau, 
pur  Boccaccio  Boccaccino  ;  la  Vierge  au  turban, 
par  le  »  Pseudo-Boccaccino  »;  la  Vierge  au  livre, 
pni  Boltraffio;  un  Berger  et  une  nymphe  couronnés 
par  un  amour,  par  Pu  ris  Bordone  ;  ta  Nativité,  par 
l:  Borgognone;  la  Fuite  en  Egypte,  par  Giulio 
C  impi  ;  uue  Sainte  Famille,  par  Francesco  Caroti  ; 
1  ■  l'ortrait  présumé  d'un  luthier  el  la  Vierge  allai- 
tmt  l'Enfant,  par  Bernardino  de'  Conti;  «Mater 
amahitis»,  parle  Corrège  ;  le  Portrait  d'un  seigneur, 
par  Batlista  del  Dosso  ;  une  Pietà  et  la  Vierge  au 
coussin  bleu,  pur  Gaudenzio  Ferrari;  une  Vierge  à 
l'Enfant  tenant  un  Zirj-e,  par  Foppa;  Sainte  Barbe, 
par  Francesco  Francia;  un  triptyque  :  la  Nativité 
et  des  saints  personnages,  par  Ridoifo  Ghirlandujo; 
la  VJt'j'yc  à  la  grenade  et  la  Vierge  avec  l'Enfant 
Jésus  et  le  petit  saint  Jean,  par  Gianpielrino;  une 
Sainte  Conversation,  par  Innocenzo  da  Imola;  la 
Calomnie  d'Apelle,  par  Leonbruno  ;  la  Vicige 
adorant  l'Enfant,  par  Libérale  da  Verona;  la 
Vierge  et  l'Enfant  adorés  par  des  saints  person- 
nages, par  Don  Lorenzo  Monaco;  une  Sainte 
Famille  et  le  Portrait  de  Niccolo  Leoniceno,  célèbre 
médecin  de  Ferrare,  par  Lorenzo  Lolto  ;  un  Saint 
Jérômeetle  Rédempteur,  par  Bernai  dino  Luini  ;  le 
Christ  en  croix  entouré  de  saints  personnages  et  la 
Purification,  de  l'école  du  même  maître;  le  Cou- 
ronnement de  la  Vierge,  par  Giovanni  Mansueti; 
une  Déposition  de  la  croix  avec  les  portraits  des 
donateurs,  par  Marco  Marziale;  la  Résurrection  de 
Lazare,  par  Mazzolino  ;  la  Madone  Crespi,  attribuée 
à  Michel-Ange  ;  la  Vierge  à  l'Enfant  avec  une  sainte 


166 


LB  BULLETIN   DE   L'ART 


religieuse  et  un  chartreux,  par  Cristoforo  Morettis; 
la  Visitation,  par  le  Moretto  da  Brescia;  deux 
triptyques  par  Marco  d'Oggiono,  l'un  représentant 
la  Vierge  et  l'Enfant  avec  deux  donateurs  et  leurs 
saints  patrons,  l'autre  un  Saint  évique,  entre  saint 
Gualbert  et  sainte  Claire  :  ces  deux  triptyques, 
superposés,  formaient  originairement  un  grand 
retable  d'autel;  et  encore  un  Saint  Etienne  et  un 
Saint  Bonaventure,  également  par  Marco  d'Og- 
giono;  le  Christ  ressuscité,  par  Palma  Vecchio; 
un  triptyque  à  saints  personnages  et  une  Annon- 
ciation,en  deux  tableaux,  par  Albertino  et  Mar- 
tine Piazia  ;  la  Sainte  Famille  avec  saint  Antoine 
de  Padoue,  et  ta  Vierge  avec  l'Enfant  et  le  petit 
saint  Jean,  par  Bernardino  Ijcinio,  dit  le  Porde- 
none  ;  te  Christ  portant  la  croix,  par  Homanino  ; 
Saint  Paui  et  saint  Jacques  le  Majeur,  et  Saint 
Sébastien  et  saint  Matthieu,  par  <îirolamo  da 
Santa  Croce  ;  la  Nativité,  par  Savoldo  ;  la  Madone 
Pilti,  l'a  Addolorata  »,  un  Ecee  Homo  et  un  Christ 
bénissant,  par  Andréa  Solario  ;  une  Déposition  de 
croix,  de  l'école  de  Paul  Véronèse  ;  la  Vierge  de 
i'v  Ave  Maria  «,  de  rateli«r  de  Léonard  de  Vinci  ; 
et  le  Christ  au  tombeau,  adoré  par  deux  anges,  par 
Bartolommeo  Vivarini. 

Dans  la  seconde  partie  delà  collection,  com- 
prenant les  tableaux  des  écoles  d'Italie  et  d'Es- 
pagne, des  xvi)'  et  xvni«  siècles,  on  remarquera 
quatre  vues  de  Venise  :  le  Grand  Canal  et  Ventrée 
du  Canareggio,  le  Grand  Canal  entre  le  palais 
Moro-Lin  et  le  palais  Foscari,  le  Grand  Canal  en 
face  de  la  Croce  di  Venezia,  et  le  Grand  Canal 
devant  S.  Stae,  par  Antonio  Canaletto  ;  la  Flagel- 
ialion,  par  Daniele  Crespi  ;  1«  Portrait  de  Fartiste 
et  une  Scène  de  genre,  par  Gfuseppe  Maria  Crespi; 
'deux  Paysages  animés,  par  Francesco  Guardi  ;  un 
Saint  Jérôme,  par  Ribera  ;  la  Vision  de  Sainte 
Anne,  par  G.  B.  Tiepolo,  l'esquisse  du  mfime 
tableau,  et  encore,  du  mf-me  maître,  îa  «  Beata 
Ludvina  »  ;  la  Communion  de  sainte  Lucie,  par 
Sebastrano  Ricci  ;  et  deux  Pastorales,  par  Zucca- 
relli. 

Enfin,  dans  les  tableaux  des  écoles  allemande, 
flamande  et  hollandaise,  qui  composent  la  troi- 
sième partie,  il  nous  faut  citer  le  Portrait  du 
théologien  Antoine  de  Wale,  recteur  de  l'Académie 
de  Leydc,  par  David  Bailly  ;  l'Escamoteur,  par 
Jérôme  Bosch  ;  le  Poi'trait  d'un  jeune  seigneur, 
par  B.  Bruyn  ;  une  TlHe  de  Vierge,  par  Cranach 
le  Vieux  ;  une  Pietd,  d'après  Quentin  Mëtsys,  «ft 
la  Vierge  à  l'Enfant,  avec  saint  Joseph,  saint  Paul 
et  un  donateur,  par  Tiogier  ran  der  Weyden. 

Après  une  telle  éntimèration,  il  e^  superihi 


d'insister  sur  l'intérAl  particulier  qu'offre  aux 
amateurs  de  tableaux  anciens  la  dispersion  de 
la  galerie  Crespi.  Certains  des  noms  qu'elle  pré- 
sente sont  de  ceux  rjue  l'on  a  de  moins  en  moins 
l'occasion  de  rencontrer  dans  les  ventes  publi- 
ques, où,  à  Paris,  plus  encore  tju'à  Londres,  les 
vieux  maîtres  italiens  n'apparaissent  guère  qu'à 
de  rares  intervalles.  Aussi  la  vente  Crespi,  dont 
il  a  été  si  souvent  question  avant  qu'elle  ne  fût 
même  décidée,  est-elle  attendue  avec  impatience 
par  les  musées  et  les  collectionneurs,  qui  auront 
là  une  chance,  qui  ne  se  retrouvera  pas  de  sitôt, 
de  compléter  leurs  séries  par  des  œuvres  répu- 
tées et  dont,  longtemps  encore,  on  chercherait 
vainement  l'équivalent. 

A  Amsterdam.  —  Tableaux  auciens.  —  Un 
fort  volume,  Uès  abondamment  illustré,  nous 
apporte  l'annonce  de  la  vente  que  dirigeront,  à 
Amsterdam,  MM.  Fred.  Muller  et  C'*,  les  26  et 
27  mai.  Cette  vente  comprend  deux  parties  : 
d'abord  Ja  Galerie  Rudolf  Peltzer,  de  Cologne,  puis 
des  tableaux  de  diverses  provenances. 

Quelques  mots,  placés  en  manière  de  préface 
en  tête  du  catalogue,  rappellent  l'importance  du 
commerce  des  tableaux  anciens  h  Cologne  vers 
le  milieu  du  xjx"  siècle,  c'est-à-dire  à  l'époque 
où  fut  composée  la  galerie  Rudolf  Peltzer.  Celle- 
ci,  riche  ici  de  près  de  trois  cents  numéros  —  et 
encore  comprend-elle  une  seconde  partie  qui 
formera  l'objet  d'^i>e  vente  ultérieure,  — est  un 
véritable  musée  où  dominent ieeëooles  du  A'ord, 
les  maîtres  primitifs  des  éoel«s  «Demandes,  de 
l'écol*  de  Cologne  -surtout  et  de  l'éoole  'ftsmande, 
puis  tes  maîtres  des  écoles  des  Pays-Bts  da 
XVII"  siècle.  Il  nous  est  vraiment  impawiUe, 
dans  le  peu  de  place  dont  nous  disposons,  de 
passer  la  revue  d'nn  aussi  vaste  ensemble,  et 
force  nous  est  de  renvoyer  ati  catalogue,  copieu- 
sement documenté,  où  la  plupart  des  ««mépos 
sont  reproduits. 

Tirons  de  pair,  parmi  oeni-ci  :  un  Portrait  de 
femme,  par  le  «Maître  du  Soinï  Severin»'',  des 
portraits,  par  Cratrach  4e  Vien-x  et  par  François 
Pont'bus  le  Jeune;  la  Partie  de  musique,  par 
P.  'Cadde;  des  portraits,  de  G.  Coques  et  de  A. 
Palamedesz.  ;  une  tiHe  de  Saint  Jean,  par  Vaa 
Dyck  ;  des  natures  mortes  de  J.  Weeiiix  etde  F yt; 
un  paysage,  le  Tertre,  par  Van  tioyen  ;  le  Portrait 
pi-ésumé  au  pervtre  Janstm  van  Ceulen,  de  son 
épouse  et  de  mn  enfant,  par  Adriaen  Hamiemon  ; 
afm.se  sauvé  des  eaux,  parCornelis  Holslevu;  une 
nature  moite  —  la  seule  connue  —  de  Matthijs 


ANCIEN   ET   MODERNE 


167 


Naiveu  ;une  Famille  dépaysant,  par  J.  van  Ostade  ; 
deux  portraits,  homme  et  femme,  par  J.  A.  van 
Uavesteyn;  le  Fossé,  par  S.  van  Ruysdael;  enfin, 
les  a  Rhftoiiqueicrs  »,  par  J.  Steen,  page  célèbre 
du  maître  qui  a  figuré  aux  «  Trésors  d'art  »,  à 
Manchester,  en  1857. 

Dans  la  seconde  partie  de  la  vente,  notons  : 
deux  natures  mortes,  par  W.  Van  Aelst;  des 
paysages  ou  marines  de  Backhuysen,  A.  van  der 
Neer,  Berckheyde;  une  TMe  de  jeune  garçonriant, 
par  Salomou  de  Bray  ;  la  l'artie  de  Musique,  par 
J .  Duck  ;  tes  Syndics  de  la  Confrérie  des  marchands 
de  vin  à  Amsterdam,  page  importante  de  Nicolas 
Elias,  dit  Pickenoy  ;  une  Vue  de  la  ville 
d'Arnhem,  l'Orage  et  l'Hiver,  par  J.  van  Goyen  ;  la 
Fêle  au  château,  par  Dirck  Hais  ;  le  Portrait  d'une 
dame  de  la  famille  Deljaart,  par  P.  Hennekijn;  un 
Vieux  château  dans  la  verdure,  par  J.  van  der 
Heyde  ;  la  Collation,  par  P.  de  Hooch,  qui  provient 
de  la  collection  Steengracht;  un  Vaste  paysage 
panoramique,  par  Ph.  Koninck;  un  Portrait  de 
famille,  par  Judith  Leyster;  deux  portraits  par 
Nicolas  Maes;  le  Portrait  de  Engelbcrt  II,  comte  de 
Nassau,  par  un  maître  primitif  du  xv"  siècle;  le 
Moulin  à  eau,  par  Jacob  van  Huisdael;  la  Leçon 
de  lecture  au  chat  et  les  Joueurs  de  boules,  par 
J.  Steen;  les  Portraits  du  peintre,  de  son  épouse  et 
de  son  enfant,  deux  pendants,  par  David  Teuiers; 
des  marines  de  Willem  van  de  Velde  le  .jeu.iie  et 
de  Simon  de  Vlieger,  et  un  Bord  de  mer,  par  Phi- 
lips Wouwermans. 

Vente  très  importante  comme  on  voit,  pour 
les  amateurs  des  anciens  peintres  des  écoles  du 
Nord,  où  se  rencontrent  des  spécimens  de  maîtres 
rares  du  xvii"  siècle  hollandais. 

M.  N. 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Alessandro  Magnasco  (galerie  Levesque).  — 
Ce  n'est  pas  un  futuriste  de  l'Italie  contemporaine 
et  de  nos  Salons  des  Indépendants;  c'est  un 
peintre  génois  de  jadis,  dont  notre  Louvre  ignore 
tout,  l'origine  obscure  et  l'originalité  curieuse, 
les  dates  (1667-1749)  et  le  nom.  Son  talent  sombre 
attire  l'historien,  car  il  n'est  pas  seulement  «un 
moment  de  la  sensibilité  humaine  »,  c'est-à-dire 
de  l'histoire  de  l'art  qui  la  reflète  sans  trêve 
en  recommençant  indéfiniment  son  long  cercle 
d'efforts,  —  mais  l'aveu  d'une  âme  singulièrement 
personnelle  et  sourdement  passionnée,  parmi  les 


poncifs  nouveaux  de  son  temps.  En  nous  montrant 
l'Italie  des  grottes  et  des  ruines,  des  idylles 
funèbres  et  des  intimités  fantastiques,  ce  Génois 
complète  et  corrige  le  chapitre  plein  d'ombres 
de  l'invasion  du  réalisme  tragique  dans  l'art  ita- 
lien, longtemps  céleste  et  si  pur  chez  ses  primi- 
tifs et  ses  maîtres.  Comme  les  hambochades  des 
Hollandais  italianisés, comme  autrefois  les  menus 
décors  des  ryparographcs  alexandrins  de  Pompéi, 
son  œuvre  alterne  donc  entre  le  paysage  et  le 
genre;  mais  la  mélancolie  de  son  ciel  dramatise 
aussitôt  tout  ce  qu'il  emprunte  :  sans  doute,  ses 
paysages  peuplés  de  bergers  ou  de  brigands  attes- 
tent ce  que  le  ragoût  d'un  Salvator  Rosa  gardait 
de  la  cuisine  bolonaise  ;  mais  ses  ruines  présagent 
ce  que  l'ingéniosité  d'un  Pauini  saura  transmettre 
à  nos  poètes  descriptifs  de  la  palette, Fragonard, 
Hubert  Robert  et  Joseph  Vernet;dans  leurs  fonds 
de  topaze  crépusculaire  et  de  nocturne  saphir  et 
sur  leurs  premiers  plans  mouvementés,  ses 
marines  avouent  l'héritage  de  ce  Pieter  Molyn, 
le  Jeune,  surnommé  Tempesta,  qui  vécut  à  Gènes; 
mais  le  Sermon  de  saint  Antoine  de  Padoue  aux 
poissons  est  une  marine  à  la  fois  historique  et 
romantique  que  Tempesta  ne  soupçonnait  guère. 
Sans  doute,  ce  peintre  de  genre  a  peint  des 
auberges  et  des  couvents,  des  ateliers  et  des  corps 
de  garde,  des  mascarades  et  des  bacchanales,  des 
arlequins  et  des  faunes,  des  reîtres  et  des  moines, 
des  bandits  et  des  rustres  ;  mais,  supérieurs  à  tous 
leurs  voisins,  ses  religieux  aux  mains  décharnées 
s'élèvent  volontiers  d'un  humble  labeur  ou  d'un 
repas  frugal  à  la  prière  et  de  la  prière  à  l'extase; 
et  l'Enterrement  d'un  moine  (1703),  la  Réunion 
extatique  de  1712,  une  petite  Crucifixion,  surtout 
la  Mort  de  saint  François,  sont  la  meilleure  apologie 
de  cette  grisaille  fauve  et  zébrée  d'éclairs  de  pâte 
sèche  sur  un  fond  noir  d'orage  ou  de  nuit  :  ainsi 
la  morose  Italie  du  Caravage  se  trouve  apparentée 
à  l'Espagne  toujours  pathétique,  du  Grèce  à  Goya. 
Féconde  leçon  d'art  et  d'histoire  que  ce  Génois 
tardivementressuscité  par  l'érudition  de  M.  Benno 
Geiger(l)  oppose  à  la  claire  insouciance  de  notre 
impressionnisme  ! 

Italico  Brass  (galerie  Georges  Petit).  —  Expo- 
sitions diverses.  —  Très  inégales  de  facture  et 
de  format,  plus  de  cent  toiles,  consacrées 
à  Venise  par  un  peintre  autrichien  de  Goritz  nous 
ont  rappris  le  nom  de  .M.  Italico  Brass,  qui  passa 
fort  inaperçu  tant  à  nos  Salons  depuis  1894  qu'à 

(1)  Alessandro  Magnasco  (Berlin,  1914). 


168 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


la  section  italienne  de  la  Décennale  de  1900  : 
adroit,  mais  superficiel,  c'est  un  vériate  qui  n'af- 
fiche point  les  prétentions  tapageuses  des  roman- 
ciers ou  des  musiciens  d'outre-monts;  c'est  un 
explorateur,  amusant  parfois,  et  toujours  amusé, 
de  la  Venise  réelle  et  vivante,  de  ^es  monuments, 
de  ses  baraques,  de  ses  illuminations,  de  ses 
cafés,  de  ses  mascarades  et  de  ses  filles  au  châle 
ingénument  provocant  ;  c'est  un  spectateur  qui 
rédige,  pour  la  nécropole  des  Doges,  la  chronique 
journalière  qu'un  Sorolla  y  Bastida  tient  plus 
ardemment  pour  son  Espagne  et  qui  laisse  le 
frisson  du  mystère  nocturne  au  raffinement  des 
Sickert  ou  des  Innocenti. 

En  face  de  la  Venise  d'aujourd'hui,  l'exposition 
rétrospective  des  Peintres  de  Venise  des  xvin*  et 
xix"  siècles,  qui  vient  de  s'ouvrir  à  la  galerie 
Brunner  (Id,  rue  Royale),  au  profit  de  l'oeuvre 
de  «  la  Fraternité  artistique  »,  nous  offre  une 
réunion  suggestive,  depuis  Tiepolo  et  Ganaletto 
jusqu'à  Bonington,  Corot  et  Whistler.  Nous  en 
reparlerons  prochainement. 

Raymond  Bouykr. 


LES      REVUES 


Russie 

Staryé  Gody  (janvier  1914).  —S.  Eknst.  Lossenko 
et  son  œuvre.  —  Comment  juger,  aujourd'hui,  ce 
peintre  académique,  élève,  à  Paris,  de  Hestout  et  de 
Vien. 

—  Baron  N.  Wranoell.  Notes  sur  la  peinture  espa- 
gnole à  l'Ermitage.  —  Examen  de  chaque  tableau  de 
celte  série  impartante. 

—  S.  Iaiikmitch.  Les  .Manuscrits  à  miniatures  de  la 
Bibliothèque  impériale  publique  de  Saint-Péters- 
bourg. —  A  propos  du  centenaire  de  la  Bibliothèque. 
Indication  sommaire  des  principaux  manuscrits 
français  et  italiens  (iiii'-xvi*  siècles). 

—  A.  CiiAMBEBS.  Exposition  de  dessins  français  de 
la  fin  du  XVIII'  siècle  et  du  commencement  du 
XIX'.  —  La  seconde  exposition  annuelle  du  Musée 
Stieglitz,  à  Saint-Pétersbourg,  a  été  constituée  au 
moyen  de  dessins  français,  provenant  de  l'ancienne 
collection  Bcurdeley. 

Le  Gérant  :  H.  Dknis. 

Paris.  —  Imp.  Georges  Petit,  it,  rue  Godot-de-Mauroi. 


GALERIE     CRESPI 

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Écoles    Italienne,    Espagnole 
Allemande,    Flamande    et    Hollandaise 

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M-     F.     L.  Al  R-DUBREUI  I-  ]  M*     HENRI     BAUDOIN 

6,  rue  Favart,  6  |  10,  rue  Grange-Balelièro,  lu 

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MM.      TROTTI      &     C''  1  M.      JULES      F  É  R  A  l_ 

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Chez  lesquels  se  distribue  le  catalogue. 


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Numéro  627. 


Samedi  30  Mai  1914. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


L'Affaire  du  pont  d'Héricy 

(Suite.) 


Nous  avons  laissé  cette  curieuse  affaire  au 
moment  où  le  préfet  de  Seine-et-Marne  allait 
saisir  la  commission  départementale  des  sites  (t  ). 

Disons  tout  de  suite  que  cette  commission, 
réunie  le  17  avril,  s'est  montrée  sourde  et  aveugle  : 
les  protestations  soulevées  par  le  projet  d'un 
pont  en  fer  sur  la  Seine,  entre  Héricy  et  Samois, 
ne  l'ont  pas  émue  le  moins  du  monde,  et  elle 
«  n'a  pas  cru  devoir  émettre  un  avis  défavorable 
au  projet,  qu'elle  considère  comme  le  moins 
critiquable  au  point  de  vue  esthétique  ». 

Tout  de  même,  le  préfet  voulut  dégager  sa 
responsabilité.  Il  avait  pour  lui  une  première  déli- 
bération du  Conseil  général,  l'avis  de  la  commis- 
sion des  sites,  les  délibérations  des  conseils 
municipaux  d'Héricy  et  de  Samois,  les  rapports 
du  service  des  ponts  et  chaussées  ;  il  se  refusa  à 
laisser  entreprendre  les  travaux  avant  une  nou- 
velle approbation  du  Conseil  général.  Il  y  avait 
là  un  petit  espoir  encore  pour  les  amis  du 
paysage  menacé. 

Cet  espoir,  ils  ne  le  gardèrent  pas  longtemps. 
Comme  on  pouvait  le  craindre,  le  Conseil  géné- 
ral, éclairé  par  tant  d'avis  favorables  au  projet, 
refusa  de  revenirsur  sa  première  décision.  C'était 
fini  ;  le  dernier  mot  restait  aux  politiciens  et  aux 
ingénieurs,  associés,  une  fois  de  plus,  pour  sacca- 
ger un  beau  site  ;  et  les  travaux  allaient  com- 
mencer, quand  soudain,  cette  semaine  même, 
l'affaire  entra  dans  une  nouvelle  voie. 

Un  certain  nombre  d'habitants  d'Héricy  protes- 
tent contre  l'emprunt  de  cent  mille  francs  que  la 
commune  a  été  autorisée  à  contracter  pour  la 
construction  du  fameux  pont  et  contre* l'impôt 
extraordinaire  de  32  centimes  additionnels,  que 
les  contribuables  devront  supporter  à  cette  fin 
pendant  cinquante  ans.  Ils  protestent  d'autant 

(1)  Voir  le  n°  624  du  Bulletin. 


plus  vigoureusement  qu'ils  découvrent  aujour- 
d'hui, à  l'établissement  du  pont,  des  conséquences 
inattendues  :  ce  pont  une  fois  construit,  il  faudra 
lui  ouvrir  une  voie  d'accès,  et  pour  ce  faire, 
agrandir  la  principale  rue  du  village,  ce  qui 
demandera  bien  une  seconde  centaine  de  mille 
francs  de  frais,  nécessités  par  les  expropria- 
tions, et  ce  qui  doublera  les  centimes  addition- 
nels à  percevoir  sur  les  habitants.  On  conçoit 
sans  peine  que  certains  de  ceux-ci  rechignent  à 
ces  taxes  extraordinaires,  étant  donné  la  parfaite 
inutilité  de  la  dépense. 

Pour  donner  une  base  à  leurs  revendications, 
ils  se  sont  appuyés  sur  l'article  40  du  décret  du 
11  juin  1806,  en  vertu  duquel  un  particulier, 
lésé  dans  ses  droits  ou  sa  propriété  par  l'effet 
d'une  décision  du  Conseil  d'État  rendue  en 
matière  non  contentieuse,  peut  saisir  le  chef  de 
l'Ktat  d'une  requête  tendant  à  ce  que  l'affaire 
soit  renvoyée,  s'il  y  a  lieu,  soit  devant  le  Conseil 
d'État,  soit  devant  une  commission. 

La  requête  des  protestataires  a  été  remise  le 
25  mai  au  Président  de  la  République,  qui  dira 
si  les  contribuables  de  la  commune  d'Héricy  lui 
semblent  ou  non  lésés  et  si  leurs  intérêts  doivent 
ou  non  être  examinés  à  nouveau  par  le  Conseil 
d'État. 

Tout  cela,  dira-t-on,  n'a  que  de  lointains  raj.- 
ports  avec  la  protection  des  paysages  comme  ou 
l'entend,  ou  plutôt  comme  on  devrait  l'entendre 
généralement.  Mais,  dès  que  ceux  qui  ont  la 
charge  de  défendre  les  beautés  naturelles  se 
dérobent  à  leur  devoir,  tous  les  moyens  légaux 
sont  bons  de  contrecarrer  un  projet  néfaste  et 
d'autant  plus  odieux  qu'il  est  plus  inutile. 

Si  donc  le  Président  de  la  République  renvoie 
l'affaire  au  Conseil  d'État  et  que  le  Conseil,  en 
présence  des  protestations  soulevées  parle  projet 
du  pont  d'Héricy,  casse  l'arrêté  du  préfet  de 
Seine-et-Marne  autorisant  les  travaux,  nous  ne 
serons  pas  les  derniers  à  nous  en  réjouir. 

E.  D. 


470 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Légion  d'honneur.  —  A  l'occasion  de  l'Exposition 

internationale  de  Gand  de  1913,  sont  promus  ou  nom- 
més dans  l'Ordre  de  la  Légion  d'honneur,  sur  la  pro- 
position du  ministre  de  l'Instruction  publique  et  des 
Beaux-Arts,  aux  grades  de  : 

Commandeurs  :  MM.  Henri  Martin,  Weerts,  peintres. 

Officiers:  MM.  Maurice  Boni  pard.Guirand  de  Scé  vola, 
Tattegrain,  peintres;  Ernest  Baudin,  chef  des  ateliers 
de  la  fabrication  de  la  Manufacture  de  Sèvres. 

Chevaliers  :  MM.  Louis  Braquaval,Charreton,  David- 
Nillet,  Henri  Dumont,  Léon  Félix,  Guinier,  Henry 
Jacquier,  Marcel  Béronneau,  Mondineu,  Henaudot, 
peintres;  Paul  Steck,  peintre,  inspecteur  de  l'ensei- 
gnement du  dessin  et  des  musées  nationaux;  Jacques 
Froment -Meurice,  Laniourdedieu,  Marcel-Jacques, 
statuaires  ;  Gabriel  Héraud,  architecte. 

Sur  la  proposition  du  ministre  du  Commerce  : 

Officiers  :  MM.  Falcou,  directeur  des  beaux-arts  et 
des  musées  de  la  Ville  de  Paris,  et  Nelson,  statuaire- 
décorateur. 

Chevaliers  :  MM.  Barbaud  et  Lauzanne,  architectes  ; 
Duthoit,  peintre  décorateur;  L.  Morin,  dessinateur  et 
homme  de  lettres;  Robert,  ferronnier  d'art;  Sudre, 
statuaire. 

—  Par  décret  en  date  du  16  mai,  rendu  sur  la 
proposition  du  ministre  de»  Affaires  étrangères, 
M.  Leonetto  Cappiello,  sujet  italien,  artiste  peintre, 
a  été  nommé  chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

Académie  des  beaux-arts  (séance  du  23  mai). 
—  L'Académie  entend  le»  conclusions  de  la  section 
d'architecture  sur  les  titres  des  candidats  au  fauteuil 
laissé  vacant  dans  cette  section  par  le  décès  de  M.  Vau- 
dremer,  et  prend  connaissance  de  la  liste  de  présen- 
tation qui  comprend  les  noms  de  MM.  Bénard. 
Oeglane,  Formigé,  Lambert  et  lledon  A  ces  noms,  la 
Compagnie  ajoute  ceux  de  MM.  Ballu,  Blavette, 
Defrasse,  Hermant  et  Tournaire. 

—  L'Académie  rend  son  jugement  sur  les  prix 
suivants  : 

Prix  Monbinne  (3.000  fr.).,  partagé  entre  M.  H .  Février 
et  M.  IL  Rabaud. 

Prix  Chartier  (500  fr.),  M.  A.  Chapuis. 

Prix  Tremont  (1.000  fr.),  partagé  entre  M.  Raoul 
Laparra  et  M.  Marc-Samuel  Rousseau. 

Prix  Marinier  de  Lapeyrouse  (1.600  fr.),  partagé 
entre  M.  H.  Debrie,  M»'  Odette  Fagel  et  M""  Doucet- 
Bussière 

Prix  Buchère  (700  fr.),  partagé  entre  M»'  Marilliette 
et  M"*  Marlien. 

Prix  Deschaume»  (1.500  fr.)  partagé  entre  MM.  Pari- 
zet  et  Uumail. 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 

(séance  du  22  mai).  —  M.  G.  Bénédite,  conservateur 
du  département  des  antiquités  égyptiennes  du  Musée 
du  Louvre,  présente  à  l'Académie  un  couteau  en  silex 


muni  d'un  manche  en  ivoire  d'une  grande  beauté. 
L'intérêt  de  cet  objet  préhistorique  réside  dans  les 
repréientations  qui  décorent  le  manche  :  d'un  côté, 
une  scène  de  guerre  où  l'on  voit  aux  prises  des 
Égyptiens  et  des  Libyens  (cette  scène  e»t  complé- 
tée par  une  représentation  de  deux  flottes  opposées 
l'une  à  l'autre)  ;  et  de  l'autre  côté,  une  scène  du  désert, 
montrant  un  pêle-mêle  d'animaux  sauvages. 

L'ftge  de  ce  précieux  monument  est  donné  par  l'em- 
ploi qui  y  est  fait  d'un  typede  silex  à  éclats  réguliers 
dont  il  n'est  plus  trouvé  trace  dans  les  tombes  de 
l'époque  thinite  C'est  donc  un  peu  avant  cet  âge  qu'il 
convient  de  le  placer. 

—  M.  Jules  Maurice  étudie  le  rôle  des  r.iiiii.ilpn 
impériales  sou»  Constantin-le-Grand. 

Société  des  antiquaires  de  France  (séance  du 
20  mai).  —  M.  Lauer  lit  une  notice  sur  son  prédéces- 
seur, M.  l'abbé  Beurlier,  auteur  de  savants  travaux 
sur  l'antiquité  classique. 

—  M.  Héron  de  Villefosse  demande  et  obtient  l'auto- 
risation de  déposer  au  musée  de  Saint-Germain  un 
buste  d'Auguste,  en  marbre  blanc,  qui  a  été  trouvé 
jadis  à  Marseille  et  offert  à  la  Société,  en  1872,  par 
M.  Parrocel. 

—  M.  le  comte  Durrieu  examine  les  rapports  entre 
les  peintures  d'un  manuscrit  de  fite  Live,  dit  de 
Rochechouart,  et  l'atelier  de  Jean  Fouquet.  Il  étudie 
spécialement  une  miniature  représentant  le  Forum  de 
Rome. 

—  M.  Monceaux  présente,  de  la  part  du  H.  P.  Detattre, 
quelques  plombs  récemment  trouvés  à  Carthage 

Société  pour  l'étude  de  la  gravure  française. 
—  L'assemblée  générale  de  la  Société  pour  l'élude  de 
la  gravure  française  a  eu  lieu  le  26  mai,  sous  la  pré- 
sidence de  M.  Maurice  Fenaille,  président. 

M.  Henri  Bourin,  secrétaire,  a  donné  lecture  de  son 
rapport  :  il  a  rappelé  que  les  deux  ouvrages  publiés 
par  la  Société  pendant  la  dernière  année  —  Odilon 
Redon,  par  M.  André  Mellerio,  et  l'Œuvre  gravé  de 
Gabriel  de  Saint-Aubin,  par  M.  Emile  Dacier  —  se 
référaient  aux  exercices  1912  et  1913;  il  n  annoncé 
l'apparition  prochaine  de  diverses  publications  en 
cours,  en  particulier  de  VAnnuaire,  dont  il  a  fait 
entrevoir  l'intérêt;  enfin,  il  a  rendu  hommage  aux 
membres  de  la  Société  décèdes  pendant  l'année. 

Après  lecture  des  comptes,  par  M.  Jacques  Doucet, 
trésorier,  et  renouvellement  du  bureau  par  accla- 
mations, M.  le  D'  Daily  a  fait  une  causerie  fort  inté- 
ressante sur  le  physionolrace  inventé  par  Gilles-Louis 
Chrétien  à  la  fin  du  ivnr  siècle. 

Musée  du  Louvre.  —  Le  Président  de  la  Répu- 
blique, accompagné  du  minisire  de  l'Instruction 
publique  et  du  sous-secrétaire  d'Étal  des  Beaux-Arfs, 
inaugurera,  le  4  juin,  les  salles  du  Louvre  on  viennent 
d'être  installées  les  collections  Isaac  de  Camondo,  sur 
lesquelles  on  trouvera  une  étude  dan»  le  prochain 
numéro  de  la  Revue. 


ANCIEN    ET   MODERNE 


m 


En  même  temps,  aura  lieu  l'inauguration  du  grand 
escalier  Mollien,  exécuté  par  M.  Blavette,  architecte 
du  Louvre,  d'après  les  plans  de  Lefuel. 

Chronique  du  vandalisme.  —  11  y  a  quelques 
jours,  des  malfaiteurs  se  sont  amusés  à  mutiler  deux 
des  dauphins  qui  crachent  de  l'eau  dans  la  jolie  fon- 
taine des  Quatre-Dauphins,  à  Aix-en-Provence.  Un 
journal  d'Aix  ayant  signalé  cet  acte  de  vandalisme, 
particulièrement  stupide,  l'Association  des  étudiants 
se  crut  visée  et  protesta;  mais  alors,  dans  la  nuit  du 
11  au  12  mai,  les  mêmes  sauvages  revinrent,  et, 
comme  pour  protester  à  leur  tour  contre  le  mépris 
que  leur  avait  témoigné  l'Association  des  étudiants, 
enlevèrent  dans  une  rue  voisine  la  plaque  de  fonte 
d'une  prise  d'eau  et  la  lancèrent  sur  les  sculptures 
qu'ils  brisèrent  complètement. 

Le  plus  singulier  de  cette  affaire,  remarque  M.  André 
Ilallays  dansées  Dé6a/«,  c'est  que  la  municipalité  d'Aix 
a  montré  la  plus  scandaleuse  incurie  :  aucune  surveil- 
lance après  le  premier  attentat,  aucune  plainte,  aucune 
enquête  ;  l'architecte  des  monuments  historiques  (la 
fontaine  des  Quatre-Dauphins  est  classée)  ne  s'est 
même  pas  dérangé  ! 

A  Caasel.  —  Les  rues  de  la  ville  de  Cassel  s'élar- 
gissent et  les  vieilles  demeures  disparaissent.  La  mu- 
nicipalité a  exproprié  tout  le  côté  nord  de  la  rue  du 
Marché  sur  le  tiers  inférieur  de  sa  longueur,  pour 
reconstruire  en  retrait.  Cependant  les  édiles  ont  eu  le 
bon  esprit  d'excepter,  parmi  ces  maisons,  les  plus 
anciennes  et  les  plus  pittoresques  de  la  ville,  celle 
qu'habitèrent  les  frères  Grimm  et  où.  de  1805  à  1814, 
ils  ont  écrit  les  contes  qui  ont  plus  fait  pour  leur 
gloire  que  leurs  travaux  de  linguistique.  Comme  cette 
maison,  qu'on  appelle  aussi  la  o  Maison  des  Contes  », 
dépassera  l'alignement,  elle  sera  percée,  au  rez-de- 
chaussée,  d'arcades  qui  laisseront  passage  au  trot- 
toir. —  M.  Mtd. 

A  Londres.  —  Le  22  mai,  une  suffragette  a  brisé 
les  glaces  de  cinq  tableaux  des  Bellini,  à  la  Galerie 


nationale,  et  assez  sérieusement  endommagé  les 
peintures. 

Presque  à  la  même  heure,  deux  tableaux  étaient 
détériorés  par  une  autre  suffragette  au  Salon  de  la 
lioyal  Academy. 

—  Un  événement  qui  le  produit  rarement,  —  la  sus- 
pension d'une  vente  publique,  —  a  eu  lieu,  la  semaine 
dernière,  à  Londres  où,  après  un  jour  de  vente,  la 
dispersion  des  bronzes  et  des  sculptures  de  la  Renais- 
sance de  la  collection  Max  Lyon,  a  été  arrêtée.  Quoique 
certains  numéros  aient  atteints  de  hauts  prix,  les 
enchères  ne  paraissant  pas  en  rapport  avec  les  estima- 
tions des  vendeurs,  ceux-ci  décidèrent  d'arrêter  la 
vente. 

Au  Canada  —  Le  Comité  du  tricentenairedeCham- 
plain  ouvre  un  concours  pour  élever  un  monument  à 
Samuel  de  Champlain,  à  Orillo  (Canada).  Le  prix  est 
de  100.000  francs.  Le  Canada  et  la  province  de  l'Ontario 
offrent  aussi  une  subvention  importante.  Les  artistes 
français  et  anglais  peuvent  participer  à  ce  concours, 
qui  sera  clos  le  20  juin  prochain.  Pour  tous  renseigne- 
ments, s'adresser  au  connnissariat  général  du  Canada, 
19,  boulevard  des  Capucines,  à  Paris. 

En  Cyrénaïque. —  Des  soldats  italiens,  en  creusant 
une  tranchée  à  Aïn-Sciahat,  ont  eu  la  bonne  fortune  de 
découvrir  un  merveilleux  marbre  grec  représentant  la 
Vénus  Anadyomène,  qui  comptera  parmi  les  plus  beaux 
antiques  qui  nous  soient  parvenus.  On  suppose  qu'il 
date  du  iv  siècle  avant  notre  ère,  et  on  l'estime  plus 
près  de  Polycléte  que  de  Praxitèle.  Vénus  est  entiè- 
rement nue;  il  lui  manque  la  tête  et  les  bras,  mais 
on  sait,  par  plusieurs  œuvres  inspirées  de  cette 
statue,  que  la  déesse  était  occupée  à  se  coiffer. 

La  statue,  qui  a  été  transportée  à  Benghasi,  sera 
apportée  àjlome  en  juin  prochain  et  sans  doute  destinée 
au  musée  des  Thermes.  M.  Ghislanzoni,  surintendant 
des  antiquités  en  Cyrénaïque,  procède  à  des  fouilles 
systématiques  près  du  lieu  où  la  statue  a  été  décou- 
verte et  qui  devait  être  l'emplacement  d'un  temple 
d'Apollon.  —  L.  G. 


CHRONIQUE    DES    VENTES 


TABLEAUX   —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —  Succession  Charles  André 
(dessins,  tapisseries,  etc.)  —  Cette  vente  a  eu 
lieu,  comme  nous  l'avions  annoncé,  salies  7  et  8, 
les  18  et  19  mai,  sous  la  direction  de  M"  Baudoin, 
assisté  de  MM.  Ferai  et  Mannheim.  Elle  a  produit 


un  total  de  176.017  francs  et  donné  lieu  à  quelques 
enchères  notables  dans  la  catégorie  des  tapisse- 
ries gothiques  qu'elle  contenait. 

PRINCIPAUX    PRIX 

DissiNs.  —  51.  Fragonard  :  Le  Philosophe,  5.000  fr. 
(dem.  5.000).  —  63.  l.a  Jolie  ménagère,  4.700  fr.  (dem. 
5.000).  —  76.  E.  Mauet.  Danses  espagnoles,  5.000  fr 


172 


LE    BULLETIN    DI    L'ART 


(deiu.  4.000).  —  A.  Watteau.  Un  Acteur  de  la  Comédie 
italienne,  5.100  fr.  (detn.  3.000). 

Tapissebies.  —  180.  Tapiss.  franc.,  xv*  s.,  chasse 
allégorique  au  cerf,  avec  deux  figures  de  femmes, 
inscriptions,  46  000  fr.  (dem.  50.000).  —  181.  Tapiss. 
flam.,  ép.  Louis  XII,  sujet  de  chasse,  17.100  fr.  (dem. 
20.000).  —  182.  Fragment  de  tapiss.  Oam  ,  ép.  Louis  XII, 
nombreux  personnages  en  présence  d'un  évêque  assis 
sous  un  dais,  10.000  fr.  —  183.  Fragment  de  tapiss. 
flam.,  ép.  Louis  XII,  personnages  en  riches  costumes 
en  présence  d'un  souverain  debout,  17.500  fr.  (dem. 
20.000). 

Vente  de  la  collection  Antony  Roux 
(tableaux  modernes,  etc.).  —  Comme  nous 
l'avons  déjà  indiqué  dans  notre  dernière  chro- 
nique, cette  vente,  dirigée,  à  la  galerie  Georges 
Petit,  les  19  et  20  mai,  par  M"  Lair-Dubreuil  et 
Baudoin,  et  MM.  G.  Petit,  Brame,  Paulme  et  Las- 
quin,  a  produit  1.094.81b  francs.  Les  résultats  en 
sont  d'autant  plus  satisfaisants  que  l'état  du 
marché  de  la  curiosité  est  plutôt  calme  en  ce 
moment.  Mais  c'est  un  phénomène  d'observation 
courante  à  Paris  que,  mi^me  lorsque  les  trans- 
actions privées  ont  à  souffrir  du  malaise  général 
des  affaires,  la  cote  des  œuvres  d'art,  à  l'Hôtel 
Drouot,  n'en  subit  guère  les  conséquences.  Il  suffit 
de  parcourir  la  liste  d'enchères  que  nous  donnons 
ci-après,  pour  constater  qu'à  part  quelques  rares 
moins-values  sur  les  estimations,  —  pour  les 
Alfred  Stevens  en  particulier, —  les  adjudications 
ont  dépassé,  et  certaines  de  façon  très  notable,  les 
demandes  et  que  les  prix  se  sont  affirmés  plus 
élevés  que  précédemment  en  ce  qui  concerne  les 
tableaux  de  Corot  et  de  Ziem  et  les  sculptures 
de  Rodin.  Cette  constatation  est  du  meilleur 
augure,  car  elle  implique,  de  la  part  des  ache- 
teurs, de  la  confiance,  et  pour  la  présente  saison 
et  pour  l'avenir  des  affaires  qui  ne  peuvent  tarder 
à  reprendre  très  actives,  après  la  période  de 
torpeur  que  nous  traversons  actuellement. 

PRINCIPAUX  PRIX 
Tableaux  modbbnes.  —  Corot  :  1.  La  Plage  d'Yporl, 
27.000  fr.  (dem.  25.000;  vente  Doria,  1899,  20.300  fr.). 

—  2.  Pêcheur  au  bord  d'un  étang,  45.000  fr.  (dem. 
50.000).  —  3.  La  Charrette,  entrée  d'Abbeville. 
37.000  fr.  (dem.  35.000;  vente  Lazare  Weiller,  1901, 
17.500  fr.).  —  4.  Le  Fort  Saint-Ange,  50.100  fr.  (dem 
50.000;  vente  Ernest  May,  1890,  21.100  fr.).  —  5.  Vue 
de  Gênes,  prise  du  palais  Doria,  21.000  fr.  (dem 
15.000).  —  7.  La  Prairie  sur  la  falaise,  10.200  fr. 
(dem.  12.000)  —  8.  Tournant  de  rivière,  5.000  fr. 
(dem.  7.000).  —  9.  Molhois  (Oise),  près  Gournay-en- 
Bvat/,  6.000  fr.  (dem.  8.000;  vente  Tillet.  1895,5.200  fr.l. 

—  10.   Un  Corn  d'étang  à    Ville-d'Avray,   17.500   fr. 


(dem.  l.'i.OOO;  vente  Berthelier,  1889,  3.900  fr.j.  —  12. . 
Roses  dans  un  verre,  7.100  fr.  (dem.  3.000;  vente  Ber- 
thelier, 1889,  480  fr.).  —  13.  Saint-Nicolas-Us-Arras, 
5.100  fr.  (dem.  6.000;  vente  Robaut,  1907,  5.100  fr.). 

14.  Delacroix.  Marocain  et  son  cheval,  38.000  fr. 
(dem.  35.000).  —  19.  Lépine.  Paris  vu  des  hauteurs 
de  Montmartre,  9.500  fr.  (dem.  8.000). 

G.  Moreau  :  22.  Moise  exposé,  23.100  fr.  (dem. 
30.000).  —  23.  Oresle  et  les  Erynnies,  20.000  fr.  (dem. 
25.000).  —  24.  L'Égalité  devant  la  mort.  31.000  fr. 
(dem.  30.000).  —  25.  L'Apparition,  5.400  fr.  (dem. 
4.000).  —  26.  La  Fiancée  de  la  Nuit  ou  le  Cantique 
des  Cantiques,  8.200  fr.  (dem.  8.000).  —  27.  Hercule 
et  l'Hydre,  6.500  fr.  (dem.  10  000).  —  28.  Femme  à 
son  lever,  11.000  fr.  (dem.  8.000)  —  29.  Femme  per- 
sane à  sa  toilette,  6.000  fr.  (dem.  8.000).  —  30.  Persée 
et  Andromède,  4.900  fr.  —  31.  Madeleine  en  prière, 
8.450  fr.  (dem.  8.000).  —  32.  Le  Christ  dans  le  jardin 
des  Oliviers,  5.000  fr.  (dem.  6  000). 

36.  Ricard.  Tête  de  jeune  femme,  29.800  fr.  (dem. 
30.000).  —  Th.  Rousseau  :  38.  Le  Mont  Ulanc  vu  de  la 
Faucille,  effet  d'orage,  16.100  fr.  (dem.  25.000).  —  39. 
Dernières  maisons  de  Port-en-Bessin  (Calvados), 
5.000  fr.  (dem.  10.000).  —  40.  La  Jetée  et  le  port  de 
Granville,  7.800  fr.  (dem.  7.000).  —  A.  Stevens  :  43. 
Illusion  perdue,  20.100  fr.  (dem.  25.000).  —  44.  En 
visite,  11.500  fr.  (dem.  15.000).  —  45.  Cache-cache, 
10.400  fr.  (dem.  15.000).  —  49.  Vollon.  L'Hiver  au  bas 
de  la  Butte,  6.500  fr.  (dem.  5.000). 

Ziem  :  53.  Moulins  au  bord  de  l'Escaut,  42.000  fr. 
(dem.  35.000).  —  55.  L'Entrée  du  vieux  port  à  Mar- 
seille, 5.700  fr.  (dem.  4.000).  —  56.  Embouchure  de 
la  Meuse,  8.100  fr.  (dem.  10.000).  —  57.  Venise:  San 
Simeone  il  Piccolo,  11.000  fr.  (dem.  10.000).  —  58. 
Le  Pont  Royal,  6.650  fr.  (dem.  8.000).  —  59.  Le  Rio  di 
Palazzo,  6.000  fr.  (dem.  5.000).  —  61.  Tartane  aux 
Martigues,  4.550  fr.  (dem.  2.500).  —  72.  Voilier  en  vue 
de  Stamboul,  effet  du  soir,  5.700  fr.  (dem.  5.000).  — 
83.  Santa  Maria  delta  Salute,  64.000  fr.'(dem.  70.000). 

—  84.  La  Frégate  au  grand  pavois,  8.000  fr.  fdem. 
8.000).  —  88.  Le  Pont  des  Arts,  5.550  fr.  (dem.  4.000). 

Aquarelles,  etc.  —  Barye:  89.  Le  Taureau,lAOO  fr. 

—  90.  Éléphant  marchant,  8.800  fr.  (dem.  6.000).  — 
91.  Tigre  royal  couché,  8.000  fr.  (dem.  8.000).  —  «7. 
G.  Moreau.  Le  Christ,  7.000  fr.  (dem.  5.000) 

ScuLPTUBES.  —  Barye  :  102-103.  Tigre  marchant. 
Lion  marchant,  6.400  fr.  (dem.  8.000).  —  109.  Pan- 
thère terrassant  un  zibet,  4.600  fr.  (dem.  5.000). 

Rodin  :  126.  Jeune  Fille  confiant  son  secret  à  la 
nature,  br.,  12.500  fr.  (dem.  8  000).—  127.  L'Éternelle 
Idole,  br.,  8.300  fr.  (dem.  7.000).  —  128.  Celle  qui  fut 
Haulmière,  br.,  4.700  fr.  (dem.  10.000).  —  129.  Amor 
fugit,  8.700  fr.  (dem.  8.000).  —  132.  Les  Damnées,  br., 
4.800  fr.  (dem.  4.000).  —  133.  L'Idylle,  br..  17.350  fr. 
fdem.  12.000).  —  134.  La  Femme  et  la  Fleur,  pierre, 
34.000  fr.  (dem.  20.000).  —  136.  Iris,  br.,  4.900  fr. 
(dem.  7.000).  —  138.  Fauntsse,  br..  4.700  fr.  (dem. 
3.500).  —  140.  Nymphe  et  faune,  br..  5.750  fr.  (dem. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


)73 


6.000).  — 1-44.  Volupté. LesFleursdumal,hr.,  H.OOOfr. 
(dein.  12.000).  —  145.  L'Homme  au  serpent,  bronze, 
31.600  fr.  (dera.  25  000).  —  146.  L'Homme  au  serpent. 
plâtre  orig  ,  25.100  fr.  {dem.  15.000).  —  147.  La  Bai- 
gneuse, br.,  11.500  fr.  (dem  10.000).  —  148.  La  Bai- 
gneuse, plâtre  orig.,  10.0.50  fr.  (dem.  10  000).  —  149. 
Glnucus,  br.,  8.050  fr.  (dem.  5.000). 

Objets  d'abt,  etc.  —  162.  Deux  gr.  bergères,  bois 
sculpté  et  doré,  ép.  Louis  XVI,  estampille  de  Julien, 
3.800  fr.  (dem.  8.000).  —  163.  Sept  chaises,  bois  sculpté 
ciré,  rectiampies  de  dorure,  garnit,  anc.  tapiss.  au 
point  et  au  petit  point,  xviir  s.,  5.400  l'r.  (dem.  5.000). 
—  164.  Commode  contournée  marquet.  bois  de  coul., 
à  tleurs  et  oiseaux,  garnit,  br.,  ép.  Louis  XV,  5.600  fr. 
(dem.  7.000). 

Vente  de  tableaux  anciens.  —  Dans  une 
vacation  anonyme,  dirigée  salle  6,  le  20  mai, 
par  M»  Lair-Dubreuil  et  M.  Ferai,  nous  trouvons 
à  signaler  les  deux  prix  suivants  :  108.  H.  Robert. 
La  Cascade,  5.100  fr.  (dem.  7.000  fr.).  —  119. 
J.  Vernet.  Pécheurs  au  bord  de  la  mer,  5.150  fr. 

Cette  vente  a  produit  un  total  de  44.000  francs. 

Vente  de  tableaux  anciens.  —Deux  prixseu- 
lement  valent  aussi  d'être  notés  parmi  les  résul- 
tats de  la  vente  faite  salle  7,  le  22  mai,  par 
M='  Lair-Dubreuil  et  Pecquet,  assistés  de  MM.  Ma- 
they  et  Georges  Petit  :  1.  M.-Q.  de  La  Tour. 
Portrait  de  femme,  29.500  fr.  (Jem.  50.000).  — 
3.  École  du  Haut-Rhin,  xv»  s.  La  Vierge  et  l'Enfant- 
Jésus,  20.500  fr.  (dem    15.000). 

Produit  de  la  vente  :  60.625  francs. 

Vente  de  la  collection  Bertrand  de  Les- 
seps  (tableaux  modernes).  —  Cette  vente,  qui 
a  eu  lieu  salle  6,  le  23  mai,  sous  la  direction  de 
M"  Baudoin  et  de  M.  Georges  Petit,  offrait  l'in- 
térêt de  faire  passer  aux  enchères  un  certain 
nombre  des  peintres  dits  «  les  petits  maîtres  de 
1830  11,  dont  une  exposition  récente  nous  a  rap- 
pelé les  noms  et  le  talent.  La  cote  n'en  est  pas 
encore  bien  élevée,  encore  qu'elle  ait  sensible- 
ment monté  en  ces  dernières  années.  Dans  cette 
vente,  qui  a  produit  47  673  francs,  un  seul  prix 
mérite  d'être  signalé,  celui  de  11.000  francs  ob- 
tenu par  le  n"  76,  Miss  Fauvette,  par  A.  Stevens. 

Vente  de  la  colleciion  Arthur  Sambon 
(objets  d'art  et  de  haute  curiosité,  tableaux, 
sculptures,  etc  )  —  Longuement  annoncée  ici- 
même,  la  vente  Sambon  s'est  faite  à  la  galerie 
Georges  Petit,  les  25,  26,  27  et  28  mai.  Un  total 
de  975.794  francs  a  marqué  la  fin  de  ces  impor- 
tantes vacations. 

Nous  donnerons  prochainement  la  liste  des 
principales  enchères.  Pour  aujourd'hui,  tirons  de 


pair  celle  de  33.600  francs,  pour  un  buste  de 
Caracalla,  marbre  alexandrin  du  iit«  siècle 
(dem.  5.000);  celle  de  39.500  francs,  pour  un 
gobelet  en  faïence  persane  de  Rhagès  (dem. 
40.000);  celle  de  65.000  francs,  pour  un  manus- 
crit des  poèmes  de  Hafiz  enluminé  par  plusieurs 
artistes  persans  du  xvi°  siècle  (dem.  70.000)  ; 
celle  de  19.000  francs,  pour  un  tabouret  de  bronze 
gravé  et  incrusté  d'argent,  travail  de  Mossoul, 
xiii»  siècle  (dem.  25.000)  ;  et  celle  de  49.500  francs 
pour  la  Vierge  à  l'Enfant,  bas-relief  de  marbre 
blanc,  attribué  à  Mino  da  Fiesole  (dem.  60.000). 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Collec- 
tion du  Marquis  de  Biron  (1"  vente  :  des- 
sins, tableaux,   objets  d'art,    etc.,  anciens). 

—  Le  nom  que  porte  cette  vente  est  celui  d'un 
des  amateurs  les  plus  connus  de  Paris.  La  dis- 
persion de  sa  collection  constitue  un  événement 
dans  le  monde  de  la  curiosité.  La  première  vente, 
que  dirigeront,  du  9  au  11  juin,  à  la  galerie 
Georges  Petit,  U"'  Lair-Dubreuil  et  Baudoin, 
assistés  de  MM.  Paulme  et  Lasquin,  Ferai  et 
Mannheim,  comprend  les  dessins,  tableaux, 
sculptures,  objets  d'art  et  d'ameublement  an- 
ciens, —  à  l'exception  des  peintures  et  dessins 
par  les  Tiepolo,  Piazzetta  et  Guardi,  qui  forme- 
ront l'objet  d'une  seconde  vente  fixée,  dès  à 
présent,  à  la  flp  de  l'année. 

Le  catalogue  illustré  de  la  présente  vente, 
composé  tout  à  fait  dans  l'esprit  du  catalogue  de 
la  collection  J.  Doucet,  tant  pour  le  soin  de  sa 
documentation  que  pour  son  aspect  extérieur,  fait 
grand  honneur  aux  érudits,  demeurés  anonymes, 
qui  l'ont  rédigé,  et  à  l'imprimerie  Georges  Petit 
qui  l'a  superbement  édité. 

La  place  nous  est  trop  mesurée  pour  que  nous 
puissions  nous  étendre  comme  il  conviendrait, 
ne  fût-ce  que  sur  les  pièces  les  plus  importantes 
de  cette  collection,  où  domine  presqu'exclusive- 
ment  l'art  français  du  xviu"  siècle.  Contentons- 
nous  d'une  énumération  qui  donnera  tout  au 
moins  l'idée  de  l'abondance  de  ce  magnifique 
ensemble. 

Tout  d'abord,  du  côté  des  dessins,  nous  remar- 
quons: diverses  feuilles  d'études,  par  L.-L  Boilly  ; 
une  Bacchante,  un  Projet  de  fontaine  et  deux 
feuilles  d'Amours  soutenant  une  corbeille,  par  F. 
Boucher  ;  une  Étude  d'enfant  et  le  Garde-manger, 
par  Chardin  ;  des  Petits  Satyres,  par  Clodion  ;  le 
Portrait  de  Jeanbon  Saint-André  et  le  Portrait 
d'un  général  de  la  République,  par  David  ;  un  Jet 
d'eau  dans  un  parc,  les  Jardins  de  la  Villa  Negroni, 


i74 


LE    BULLETIN    DE   L'ART 


d  Rome,  une  Villa  dans  un  paysage  du  Midi  de  la 
France,  une  Péte  galante,  l'Étable,  Notre-Dame  de 
Paris  et  l'Amour  de  l'or,  par  Fragonard  ;  l'Amour 
aux  colombes,  par  Greuze  ;  M""*  Verhwckhoven, 
Joséphine  Lacroix,  une  Étude  pour  «  Raphaël  et  la 
Fornarine  »,  M.  Lavergne,  M""-'  Lavergne,  une 
Étude  pour  «  la  Source  »,  une  feuille  d'Études 
pour  l'Enfant  Jésus  du  «  Vou  de  Louis  Xlll  »,  une 
autre  d'Études  pour  «  l'Odalisque  à  l'esclave  »  et 
J/me  Gallois,  par  Ingres  ;  M"'«  Dorizon,  née  Masse, 
Dumont  le  Romain,  deux  préparations,  et  une 
feuille  d'Études  de  mains  d'homme,  par  La  Tour; 
une  Étude  pour  l'Assomption  de  la  Vierge,  une 
feuille  d'Études  pour  <<  le  Rêve  du  bonheur  »  de 
iM"«  Mayer  et  une  Académie  de  femme,  par 
Prud'hon  ;  une  Scène  biblique,  par  Rembrandt  ; 
la  Fontaine,  etplusieurs  sujets  de  ruines  antiques, 
par  II.  Robert;  Béatrice  de  Choiseul-Stainville, 
duchesse  de  Grammont,  par  A.  Roslin  ;  un  Portrait 
de  femme,  par  Rubens  ;  le  Triomphe  de  l'Amour, 
Gabriel  de  Saint-Aubin  dessinant  le  portrait  de 
Vévique  de  Chartres,  une  Allégorie  sur  le  mariage 
de  Marie- Antoinette  et  une  Scène  de  théâtre,  par 
G.  de  Saint-Aubin  ;  des  Éludes  de  mains  de  femme, 
par  G.  Vanloo  ;  une  Tête  de  Mezzetin,  par  A.  VVat- 
teau  ;  enfin  une  préparation  au  pastel.  Portrait 
de  femme,  et  un  dessin,  Diderot,  tous  deux  de 
l'école  française  du  xviii"  siècle. 

Parmi  les  peintures,  notons  :  le  portrait  de 
JM""  d'E...  et  son  fils,  par  L.-E.  Dubufe  ;  une  Étude 
pour  la  tête  du  Pindare  de  «  l'Apotliéose  d'Homère  », 
par  Ingres  ;  un  Portrait  de  jeune  femme,  par 
Lawrence  ;  le  Parc  de  Saint-Cloud,  le  Pont,  Ruines 
de  temple  antique,  la  Villa  Médicis,  Intérieur  d'un 
édifice  antique.  Cascade  prèi  d'une  basilique  et 
Entrée  dans  un  édifice  antique,  par  H.  Robert. 

La  réunion  de  sculptures,  en  terre  cuite  pour 
la  plupart,  n'est  pas  moins  riche.  Signalons  : 
quatre  maquettes  pour  les  Dessus  de  portes  du 
boudoir  de  Marie- Antoinette  au  palais  de  Fontai- 
nebleau, par  Beauvais  ;  Sainte  Bibiane  et  le  Buste 
d'un  cardinal,  par  le  Bernin  ;  te  Coup  de  vent,  par 
Boizot;  des  médaillons  de  Chinard  et  de  Nini; 
Hermès  et  Dryope  et  le  Centaure  et  la  Bacchante, 
par  Clodion  ;  un  Petit  Buste  de  Voltaire,  par  Hou- 
don  ;  le  Réveil  de  l'Amour,  par  La  Rue  ;  un  Projet 
pour  une  girandole  et  l'Enlèvetnent  d'Hélène,  par 
Le  Comte;  le  Maréchal  de  Lowendal,  par  Le 
Moyne  ;  Enée  et  Anchise,  par  Le  Paulre  ;  un  Buste 
de  femme,  par  Quénard  ;  enfin,  deux  ouvrages 
anonymes  de  l'école  française  du  xvin'  siècle, 
Diane  et  Endymion  et  une  Maquette  pour  une 
statue  de  J.-J.  Rousseau. 


Bon  nombre  des  ouvrages  que  nous  avons  déjà 
mentionnés,  dessins,  tableaux  ou  bas-reliefs, 
empruntent  encore  une  valeur  particulière  aux 
riches  cadres  anciens  qui  les  accompagnent.  Mais, 
en  dehors  de  ces  bordures  qui  feront  l'admiration 
des  connaisseurs,  on  verra  passer  en  vente  une 
collection  exceptionnelle,  sinon  unique,  de  cadres 
anciens,  les  uns  en  bronze  doré  et  les  autres  eu 
bois  sculpté  et  doré.  Nous  ne  pouvons  entrer 
dans  le  détail  de  cette  riche  série  —  cinquante 
numéros,  la  plupart  fort  remarquables,  —  qui  va 
de  l'époque  Louis  XIII  à  l'époque  Louis  .XVI,  ni 
parler,  comme  il  conviendrait,  des  bois  sculptés, 
des  socles,  des  gaines,  etc.,  qui  la  complètent. 
De  même  nous  faut-il  renvoyer  au  catalogue  pour 
le  détail  de  la  collection  des  bronzes  d'ornement 
(le  toutes  sortes,  qui  comprend  plus  d'une  centaine 
de  pièces  des  xviie  et  xviii»  siècles  et  de  l'époque 
du  Premier  Empire.  On  voudrait  pouvoir  citer 
aussi  quelques-uns  des  bronzes  d'ameublement: 
chenets,  brûle-parfums,  candélabres,  etc.,  des 
époques  Louis  XVI  et  Premier  Empire,  qui 
s'ajoutent  à  cette  partie  de  la  collection. 

Parmi  les  sièges,  il  faut  noter  :  un  grand 
canapé,  d'époque  Louis  XV,  dans  la  manière  de 
Nicolas  Pineau;  deux  petites  banquettes  et  deux 
tabourets  ovales,  d'époque  Louis  XVI;  deux 
grands  fauteuils,  de  l'époque  du  Consulat,  par 
Jacob  frères;  et,  parmi  les  meubles  :  un  grand 
bureau  plat,  en  bois  de  rose,  avec  bronzes,  sur- 
monté d'un  cartonnier,  signé  P.  Garnier,  du 
début  de  l'époque  Louis  XVI;  un  meuble  à  hau- 
teur d'appui,  à  décor  en  dorure  de  style  chinois, 
avec  bronzes,  signé  Héricourt,  d'époque  Louis  XVI  ; 
un  petit  bureau  bonheur-du-jouren  marqueterie, 
par  Cremer;  un  meuble  d'enlre-deux,  plaqué 
d'ébène,  à  panneaux  de  laque  dans  le  goiU  chi- 
nois et  garni  de  bronzes,  par  Saunier;  un  meuble 
d'entre-deux  formant  étagère,  également  avec 
bronzes,  par  le  môme;  un  petit-bureau  de  dame, 
en  acajou,  avec  bronze,  signé  Riesencr;  un  petit 
bureau  bon  heur-du-jour,  en  acajou,  avec  bronzes, 
par  le  même  ;  une  commode  en  acajou,  avec 
bronzes,  par  Levasseur;  une  console  demi-lune, 
en  bois  sculpté,  peint  gris  et  doré;  un  brûle- 
parfums  en  albâtre  et  marbre,  avec  bronzes  ;  un 
grand  brûle-parfums  en  bronze,  —  tous  ces 
meubles  de  l'époque  Louis  XVI.  A  la  fin  de  cette 
même  époque  appartiennent  une  paire  de  grandes 
jardinières  en  marbre,  ornées  de  bronxe  ciselé, 
attribuées  à  Forestier  ;  et  une  table  en  stun  et 
marbre  à  pieds  en  bronze.  De  la  lin  du  xviii»  siè- 
cle, signalons  encore  :  un  petit  secrétaire  à  abat- 


ANCIEN   ET    MODERNE 


175 


tant,  en  acajou  garni  de  bronzes,  signé  Lemar- 
chand  ;  un  autre  secrétaire,  du  même  genre,  par 
le  mAme;  et  un  meuble  d'entre-deux  en  acajou 
et  bronzes.  Du  commencement  du  xix"  siècle, 
sont  deux  petites  tables  de  travail  de  dame,  en 
forme  de  guéridons  ronds,  l'une  en  acajou, 
l'autre  en  racine  d'érable,  portées  sur  des  tré- 
pieds en  bronze  doré,  par  Jacob  frères,  sur  un 
modèle  de  l'ercier  et  Fontaine;  enfin,  de  l'époque 
du  Premier  Empire,  signalons  :  une  grande  biblio- 
thèque en  acajou  avec  bronzes  ;  deux  meubles 
à  hauteur  d'appui  et  un  secrétaire  droit  s'abai- 
lant,  en  acajou  avec  bronzes,  par  Jacob  Dt'^- 
malter  ;  une  commode  et  un  secrétaire  droit  à 
abattant,  en  acajou  avec  bronzes,  par  Ileckcl  ; 
un  bureau  plat  de  milieu,  en  acajou  et  bronzes, 
et  une  grande  psyché  en  placage  de  racine, 
richement  garnie  de  bronzes,  par  Jacob  Des- 
malter. 

11  serait  superflu  d'insister  sur  l'importance 
de  cette  vente.  Le  nom  qu'elle  porte,  le  genre  et 
la  qualité  des  objets  qui  la  composent  sont  de 
sûrs  garants  du  succès  que  nous  aurons  à  enre- 
gistrer dans  une  de  nos  prochaines  chroniques. 

Galerie  Crespi (2°  vente:  tableaux  anciens). 

—  La  vacation  que  dirigeront,  à  la  galerie  Georges 
Petit,  le  4  juin,  M"  Lair-Dubreuil  et  Baudoin, 
assistés  de  MM.  Trotti  et  C"  et  F'éral,  comme 
nous  l'avons  annoncé,  n'aura  pas  épuisé  ce  véri- 
table musée  de  peinture  ancienne  qu'était  la 
(ialerie  Grespi,  de  Milan.  Une  seconde  vacation, 
conduite  par  les  mêmes  commissaires-priseurs 
et  experts  que  la  première,  à  l'Hôtel,  salles  9etiO, 
le  6  juin,  achèvera  la  dispersion  de  cette  collec- 
tion. Cette  deuxième  vente  Crespi  a  fait  l'objet 
d'un  catalogue  illustré  de  quelques  planches, 
reproduisant,  parmi  les  tableaux  italiens  qui 
forment  encore  ici  la  majorité  :  une  Bacchanale, 
par  Carpioni;  une  Vue  de  Venise  :  le  Bassin  de 
Saint-Marc,  par  Marieschi  ;  une  Sainte  conversa- 
tion, par  Talpino,  et  le  Portrait  d'un  homme  de 
(juerre,  page  anonyme  d'un  maître  présumé  ber- 
gamasque  du  xvi»  siècle;  et,  parmi  les  peintures 
<les  écoles  du  Nord  qui  composent  la  secohde 
partie  de  cette  vente  :  le  Massacre  des  Innocents. 
par  Karel  van  Mander  le  Vieux;  la  Grotte  de 
Sainte-Marie-Madeleine,  par  R.  Savery  ;  un  Inté- 
rieur d'église,  par  Steenwijck  le  Vieux  ;  la  Bac- 
i/iante  au  singe,  par  Terbruggen;  la  Grand'route, 
par  A.  van  der  Venne,  et  le  Chirurgien,  par 
D.  Rijckaert. 

M.  N. 


LIVRES 

"Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Livres 
d'architecture   et   recueils   d'ornements.   — 

La  collection  que  M'  A.  fJesvouges,  assisté  de 
M.  A.  Besombes,  va  vendre  à  l'Hôtel,  «lu  .3  au 
6  juin,  est  une  des  plus  importantes  du  genre 
que  l'on  puisse  rencontrer,  sans  mftrae  excepter 
les  bibliothèques  publiques.  L'amateur  qui  l'a 
constituée,  et  dont  tous  les  volumes  et  recueils 
portent  Vex-lihris,  M.  E.  Foule,  a  mis  un  demi- 
siècle  à  la  réunir,  et  tous  ces  architectes  et  ces 
maîtres  ornemanistes  français  et  étrangers,  de- 
puis le  xvi»  jusqu'à  la  fin  du  xviii"  siècle,  dont  i! 
a  rassemblé  les  recueils,  sont  devenus  si  rares  à 
rencontrer  aujourd'hui  qu'il  serait  bien  malaisé, 
pour  ne  pas  dire  impossible,  à  l'heure  actuelle, 
de  reprendre  la  tâche  et  de'  reconstituer  un 
pareil  ensemble. 

Un  excellent  catalogue,  fort  bien  rédigé,  fort 
bien  imprimé  et  illustré,  accompagné  d'une  table 
des  noiris  d'artistes,  conservera  le  souvenir  de 
cette  collection,  dans  le  détail  de  laquelle  il  nous 
est  difficile  d'entrer  ici,  et  qui  se  complète  par 
une  remarquable  série  de  livres  illustrés  de 
figures  sur  bois  et  sur  cuivre,  et  par  quelques 
dessins.  C'est  à  peine  si  nous  pourrons  donner 
un  aperçu  de  la  richesse  et  de  l'intérêt  de  cette 
bibliothèque  spéciale,  en  énumérant  brièvement 
les  principales  divisions  du  catalogue  et  les  noms 
les  plus  importants  des  artistes  qu'on  y  rencontre. 

La  première  partie  est  consacrée  aux  ouvrages 
sur  les  beaux-arts  :  dessin,  perspective,  architec- 
ture, recueils  topographiques,  galeries  ;  Blondel, 
Hoflrand,  Du  Cerceau,  A.  DUrer,  Sambin,  et  bien 
d'autres,  s'y  trouvent  en  exemplaires  de  choix. 
La  seconde  partie  comprend  les  recueils  d'orne- 
.ments  propres  à  la  décoration  des  monuments 
et  aux  arts  industriels  ;  c'est  de  beaucoup  le  plus 
gros  morceau  de  la  collection.  On  y  rencontre 
d'abord  les  açtistes  français  du  xvi"  siècle  (Boy- 
vin,  Delaune,  Du  Cerceau,  Foillet,  D.  Mignot, 
Woeiriot.  etc.),  ceux  du  xvii"  siècle  (Audran, 
Bérain,  Bonnart,  Roquet,  Bourguet,  Jacquard 
Le  Pautre,  etc.),  et  ceux  du  xviii"  siècle  (Bou- 
chardon.  Boucher,  Choffart,  les  Cuvilliès,  J.-Ch. 
Delafosse,  Forty,  A.  Gillot,  J.-B.  'Huet,  Huquier, 
La  Joue,  Lalonde,  Le  Canu,  Liard,  Marillier, 
Mondon,  Oppenord,  Pillement,  les  Pineau,  Uan- 
son,  Salembier,  Toro,  Ant.  W'atteau,  etc.)  ;  vien- 
nent ensuite  les  artistes  allemands  des  mêmes 
époques  :  Brosamer,  Th.  de  Bry  et  ses  fils,  FbH- 
ner,  Zundt,  le  Maître  de  1551,  Morisson,  etc.;  les 


176 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


artistes  des  Pays-Bas  ont  leur  paragraphe  spé- 
cial, où  se  remarquent  les  noms  de  Michel  Le 
Blon,  de  CoUaert,  de  Munting,  de  Vredeman  de 
Vriese  ;  la  série  des  Italiens  n'est  pas  moins  bien 
fournie  :  B.  Bossi,  Stefano  délia  Bella,  Paganino, 
Ugo  da  Garpi,  Vecelio,  etc.,  y  sont  parmi  les 
plus  marquants  ;  enfin,  Gribelin,  Pearce  et  Rus- 
sell  représentent  les  artistes  anglais. 

Le  collectionneur  a  réuni  également,  sous  le 
titre  de  Petits  Maîtres  des  XVI'  et  XVIII'  siècles, 
1.147  pièces  d'œuvres  d'artistes  ornemanistes, 
dont  les  productions  sont  peu  nombreuses,  peu 
connues  et  fort  rares  ;  ce  n"  479,  dont  la  descrip- 
tion ne  remplit  pas  moins  de  22  pages  du  cata- 
logue, Sera  certainement  l'un  des  clous  de  la  vente. 

Gomme  on  l'a  déjà  dit,  des  livres  italiens  à 
figures  sur  bois  des  xv»  et  xvi»  siècles,  des  livres 
illustrés  en  tous  genres  des  xvi«,  xvii"  et  xviii"  siè- 
cles, parmi  lesquels  plusieurs  ont  conservé  leur 
belle  reliure  du  temps  ;  des  reliures  isolées  des 
xvii«  et  xviii*  siècles  ;  enfin  quelques  estampes 
et  dessins,  la  plupart  représentant  des  motifs 
d'ornements  et  se  rattachant,  par  conséquent, 
au  reste  du  cabinet,  complètent  cette  collection, 
dont  le  catalogue  atteint  près  de  700  numéros, 
et  dont  la  dispersion  sera  sans  doute  marquée 
par  de  sensationnelles  enchères  etpar  un  résultat 
total  impressionnant.  B.  J. 


EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Exposition  rétrospective  des  h  Peintres 
de  Venise  »  (galerie  Brunner).  —  G'est  une  joie 
mélancolique,  comme  toutes  les  joies,  qu'apporte 
la  réalisation  d'un  rêve  ou  d'un  projet  caressé 
longtemps  (1);  et,  dans  ce  Musée  toujours  inédit 
du  Paysage,  qui  nous  parlerait  moins  du  ciel 
éternel  que  de  l'homme  éphémère, nous  réservions 
une  salle  à  ces  Peintres  de  Venise  que  groupe 
aujourd'hui,  sommairement,  mais  intelligem- 
ment, l'artistique  initiative  d'une  bonne  œuvre. 

Les  peintres  de  Venise  :  il  faut  d'abord  distin- 
guer, car  cette  rubrique  attrayante  peut  aussi 
bien  désigner  les  peintres  nés  Vénitiens  que  les 
artistes,  Vénitiens  ou  non,  dont  l'œuvre  nous 
transmet  la  vision  qu'ils  ont  retenue  de  la  cité 
des  Doges  et  de  sa  beauté  particulière,  triste- 
ment silencieuse  et  fanée  comme  un  lendemain 
de  mascarade...  Ici,  la  distinction  n'est  pas  abso- 

(1)  Voir,  dans  la  Petite  Revue  du  15  décembre  1911, 
n"  1,  notre  étude  sur  Ziem  et  les  Peintres  de  Venise. 


lue,  puisqu'on  trouve  quelques  dessins  anciens 
de  Jean  Belin,  de  Véronèse,  de  Titien,  portrai- 
tiste précis  et  romanesque  du  sol  natal  de  Gadore, 
un  petit  bronze  de  Pietro  Tacca,  deux  pastels  de 
la  Rosalba,  plusieurs  échantillons  de  Tiepolo,  ce 
décorateur  deux  fois  sensuel,  comme  sa  ville  et 
comme  son  siècle,  mythologique  et  brillant  devan- 
cier de  notre  Boucher  ;  mais  la  majorité  des 
cadres  nous  offre  des  portraits  de  Venise  aux 
heures  changeantes  de  son  histoire  pittoresque. 
Aussi  bien,  un  même  motif  varie-t-il  indéfini- 
ment, selon  les  points  de  vue  ;  et  chaque  portrai- 
tiste croit  remporter  la  réalité  tout  entière,  alors 
qu'il  ne  traduit  plus  ou  moins  littéralement  qu'un 
aspect  de  son  émotion.  Garpaccio  nous  manque 
pour  évoquer  la  Venise  primitive  et  le  décor 
naïvement  anachronique  de  Sainte-Ursule  ou  de 
Saint-Georges  ;  mais,  à  côté  de  Venise  à  vol  d'oi- 
seau, plan  donné  par  la  Sérénissime  République 
à  Louis  XIV  et  venu  du  musée  de  Versailles, 
voici  l'ancêtre  Luca  Carlevaris,  peintre  du  Bwcen- 
taure  et  des  fêtes,  Ganaletto,  dont  la  Salute  n'est 
pas  inférieure  au  grand  tableau  du  Louvre,  et 
son  groupe,  les  Belotto,  les  Guardi,  scrupuleux 
dans  la  fantaisie  même  et  dans  la  liberté  magis- 
trale des  sépias  ;  contemporain  de  Tiepolo,  voici 
Longhi,  le  mystérieux  confident  des  masques  ; 
voici  les  petits  descriptifs,  Ramberg,  Joseph 
Nicolle,  et  ce  Vincent  Ghilone  (1758-1839),  que 
son  biographe  Locatelli  félicite  d'être  «  simple  et 
vrai  »  :  son  entourage  ne  l'était  donc  pas  tou- 
jours? Voici  Gorot,  discrètement  argentin,  comme 
à  Gênes  ;  Bonington,  gris  perle  et  blond  ;  Joyant, 
déjà  coloré  ;  Ziem,  essayant  ses  feux  d'artifice 
et  trouvant  mieux  qu'à  Marseille  «  la  porte  de 
l'Orient  »  ;  Jules  de  Goncourt,  son  admirateur 
comme  salonnier  de  1852,  lavant  une  rose  aqua- 
relle au  Palais  ducal;  Louis  Mouchot,  peignant 
Venise  la  bleue,  à  défaut  de  Manet;  Edouard  Dufeu, 
coloriste  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  Henri 
Duvieux,  qui  monticellise  ;  Eugène  Boudin,  leur 
aîné,  mais  qui  n'entrevit  les  lagunes  que  dans  sa 
douce  vieillesse,  en  1895;  Whistler,  enfin,  l'aqua- 
fortiste de  la  réalité  s'enveloppant  de  la  magie 
du  rêve...  Et  la  symbolique  Venise  ailée  de  Gus- 
tave Moreau,  qui  fut  l'un  des  joyaux  donnés  par 
le  regretté  Gharles  Hayem  au  Luxembourg,  aurait 
trouvé  grâce  devant  Lord  Byron,  qui  disait  pré- 
férer la  réalité  lumineuse  à  la  meilleure  peinture. 

Raymond  Bolykr. 

Le  Gérant  :  H.  Dknis. 
Paris.  —  Imp.  Georges  Petil,  l±,  rue  Godot-de-Uauroi. 


Numéro  628. 


m 

Samedi  6  Juin  1914. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


ANCIEN    ET    MODERNE 


L'Inauguration 
des  salles  Camondo 


Les  collections  du  Comte  Isaac  de  Camondo, 
léguées  à  la  France  par  testament  en  date  du 
18  décembre  1908  et  entrées  en  possession  de  la 
direction  des  Musées  nationaux  après  la  mort  de 
l'amateur,  survenue  le  7  avril  1911,  ont  été  mises, 
cette  semaine,  sous  les  yeux  du  public.  Elles 
occupent  une  suite  de  salles  aménagées  avec  un 
soin  tout  particulier  et  un  goût  que  les  visiteurs 
se  sont  plu  à  reconnaître.  Ce  don  magnifique  a 
reçu  un  cadre  digne  de  lui. 

C'est  à  la  fleuue  qu'il  appartiendra,  en  une  série 
d'articles  dont  le  premier  paraît  dans  le  numéro 
de  ce  mois-même,  d'étudier,  avec  tout  le  détail 
qui  convient,  les  diverses  catégories  d'œuvres 
d'art  qui  composent  la  collection  :  sculptures  et 
objets  d'art  du  moyen  âge  et  de  la  Renaissance; 
pastels,  dessins,  gouaches,  meubles,  tapisseries 
et  objets  d'art  du  xviii»  siècle  français;  peintures, 
sculptures  et  estampes  de  l'Extrême-Orient; 
faïences  françaises;  enfin  peintures  modernes,  de 
Corot  et  Delacroix  à  Cézanne  et  Van  Gogh  inclus. 

On  se  bornera  ici,  en  manière  d'hommage  au 
bienfaiteur  de  nos  collections  nationales,  à  rap- 
peler les  deux  circonstances  qui  rendent  cette 
donation  plus  particulièrement  précieuse  aux 
amis  du  Musée  du  Louvre  :  à  savoir,  d'abord  que 
la  collection  Camondo  a  été  réunie,  comme  le 
dit  M.  Gaston  Migeon  dans  la  préface  du  cata- 
logue, «  avec  une  intelligence  constante  de  l'in- 
térêt réel  du  Musée  »,  et,  en  second  lieu,  que  le 
groupement  de  ces  œuvres  d'art  en  une  suite  de 
salles  portant  le  nom  du  donateur  ne  sera  main- 
tenu, de  par  la  volonté  même  de  celui-ci,  que 
pendant  une  période  de  cinquante  années  ; 
après  quoi  chaque  série  sera  fondue  dans  le 
département  du  Musée  auquel  elle  ressortit. 

J'ai  parlé  du  catalogue  :  la  collection  Camondo 
a  son  catalogue,  en  effet,  et  qui  était  en  distri- 


bution le  jour  même  de  l'ouverture  des  salles, 
comme,  voilà  quatre  ans,  celui  de  la  collection 
Chauchard,  et  comme,  voilà  quelques  mois,  celui 
du  Musée  Jacquemart-André. 

Il  est  très  bien,  ce  catalogue  :  il  est  sobre,  il 
est  clair  et  précis,  il  est  soigneusement  imprimé 
et  illustré  de  bonnes  reproductions.  La  seule 
chose  qu'on  puisse  lui  reprocher,  c'est  un  manque 
d'unité  dans  sa  rédaction.  Ainsi,  pour  les  sculp- 
tures et  objets  d'art  du  moyen  âge,  de  la  Henais- 
sance  et  du  xviii»  siècle,  il  est  sec  et  sommaire  à 
l'excès,  puisque,  dans  la  plupart  des  cas,  la  seule 
indication  accessoire  qu'il  fournisse,  en  dehors 
du  titre,  de  la  date,  de  la  matière  et  des  dimen- 
sions de  l'œuvre,  est  celle  qui  importe  le  moins 
au  visiteur  :  la  mention  du  numéro  d'inven- 
taire du  Musée.  Par  contre,  pour  les  dessins  du 
xviiii'  siècle  et  les  peintures  modernes,  il  con- 
tient, sous  la  forme  la  plus  ramassée,  une 
foule  de  renseignements  sur  la  provenance 
de  l'œuvre,  les  collections  dans  lesquelles  elle  a 
passé,  les  expositions  auxquelles  elle  a  figuré, 
les  répétitions  ou  préparations  qu'on  en  connaît, 
les  reproductions  qu'on  en  a  données,  et  jusqu'à 
des  renvois  bibliographiques  très  succincts  aux 
ouvrages  les  plus  importants  qui  l'ont  citée. 

Les  rédacteurs  de  cette  partie  du  catalogue  ont 
poussé  le  scrupule  jusqu'à  proposer  un  classement 
des  œuvres  de  chaque  artiste  d'après  leur  ordre 
chronologique,  ce  qui  a  dû  leur  demander  des 
recherches  fort  longues,  mais  ce  qui  ajoute  cer- 
tainement à  l'intérêt  de  la  collection.  C'est  la 

bonne  formule. 

E.  I). 


ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie  des  beaux-arts  (séance  du  30  mai). 
—  L'Académie  procède  à  l'élection  d'un  membre  titu- 
laire dans  1,1  section  d'architecture  en  remplacement 
de  M.  Vaudreraer,  décédé. 

La  section  présente   MM.   Bénard,    Deglane,  For- 


178 


LE    BULLETIN   DE    L'ART 


migé,  Lambert  et  Redon.  A  ces  noms,  l'Académie  a 
ajouté  ceux  de  MM.  Ballu,  Blavette,  Defrasse.  Tour- 
naire  et  Hermant. 

Il  y  a  trente-cinq  votants  dont  les  voix,  au  premier 
tour, se  répartissent  ainsi  :  MM.  Hedon,7;  Formigé,6; 
Bénard,  4;  Lambert,  4;  Tournaire,  4  ;  Hermant,  3  ; 
Deglane,  2;  Ballu,  2;  Blavette,  2;  Defrasse,  1. 

M.  Redon  est  élu  au  septième  tour  de  scrutin,  par 
18  voix.  Ont  obtenu,  en  outre  :  MM.  Tournaire,  9  ; 
Bénard,  6;  Deglane,  2. 

—  Par  décret  du  Président  de  la  République,  l'ate- 
lier laissé  vacant  dans  le  palais  de  l'Institut,  par  la 
mort  de  M.  Emile  Vaudremer,  est  attribué  à  M.  Louis 
Bernier,  membre  de  l'Académie  des  beaux-arts. 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
(séance  du  29  mai)  —  M.  Raymond  Weill  rend  compte 
des  fouilles  qu'il  a  exécutées  l'hiver  dernier  A  Jéru- 
salem pour  le  compte  du  baron  Edmond  de  Roths- 
child. Le  terrain  des  fouilles  était  l'emplacement, 
aujourd'hui  abandonné,  de  la  «Cité  de  David»,  la 
vieille  acropole  chananéenne  que  prit  d'assaut  le 
conquérant  Israélite,  fondateur  de  la  royauté,  et  dans 
l'enceinte  de  laquelle  il  devait  être  enseveli,  ainsi  que 
tous  ses  successeurs. 

M.  Weill  a  mis  au  jour  ce  qui  reste  de  ces  tombeaux, 
dévastés  dès  une  époque  ancienne.  Il  a  également 
reconnu  les  murs  de  l'enceinte  archaïque  qui  cou- 
ronnait les  ravins  de  la  périphérie  et  le  système  de 
défense  de  cette  forteresse.  Les  systèmes  d'aqueducs 
souterrains  qui,  par-dessous  la  montagne,  condui- 
saient l'eau  dans  un  bassin  protégé  contre  les  atta- 
ques, ont  été  dégagés  sur  de  grandes  étendues.  Enfin, 
il  a  été  découvert,  dans  les  fouille»,  d'importants  docu- 
ments sur  l'histoire  de  la  ville  juive  à  l'époque 
romaine. 

—  L'Académie  partage  le  prix  l'rost,  de  la  façon 
suivante  :  500  fr.  à  M.  Jean-Julien  Barbé  pour  son 
ouvrage  intitulé  :  A  travers  le  vieux  Metz  :  les  mai- 
sons historiques  ;  —  400  fr.  à  l'Austrasie,  revue  du 
Pays  messin  et  de  Lorraine;  —  300  fr.  à  M.  René 
Perrin  pour  son  ouvrage  intitulé  :  l'Esprit  public 
dans  le  département  de  la  Meurthe. 

Société  des  antiquaires  de  France  (séance  du 
27  mai).  —  M.  Lafage  examine  les  sources  d'une  tra- 
dition d'après  laquelle  une  statue  d'Isis  aurait  été 
conservée  au  moyen  âge  à  l'abbaye  de  Saint-Germain- 
des-Prés. 

—  M.  Henri  Martin  étudie  le  premier  inventaire  des 
manuscrits  qui  composaient,  au  iv*  siècle,  la  célèbre 
bibliothèque  de  Bourgogne  et  cherche  à  préciser  sa 
date. 

Société  d'iconographie  parisienne  (séance  du 
i9  mai).  —  M.  Morand  étudie  le  monument  de  Lan- 
guet  de  Gergy,  qui  fut  curé  de  Saint-Sulpice  pendant 
près  de  trente-cinq  ans  et  qui  peut  être  regardé 
comme  le  véritable  constructeur  de  l'église.  Ce  monu- 
ment, que  l'on  voit  encore  aujourd'hui  dans  la  cha- 


pelle Saint-Jean-Baptiste  de  I  église  Saint-Sulpice,  fut 
commandé  par  les  fabriciens  au  sculpteur  Michel- 
Ange  Slodtiî  le  6  décembre  1750  (Languet  de  Cergy 
était  mort  le  10  octobre  précédent).  M.  Morand  a 
retracé  avec  beaucoup  de  soin  les  dlU'érentes  phases 
de  l'existence  du  tombeau,  en  partie  sauvé  par  Lenoir 
lors  de  la  Révolution,  et  indiqué  les  mutilations  qu'il 
eut  à  subir  à  cette  époque. 

—  M.  Fernand  Mazerolle  communique  la  reproduc- 
tion d'un  dessin  à  la  sanguine  conserve  au  Musée  de 
Montpellier,  représentant  le  modèle  dun  jeton  pour 
les  commissaires  des  pauvres  de  la  paroisse  Saint- 
Paul,  en  1746.  Ce  dessin  offre  une  effigie  de  l'apôtre 
avec  une  inscription  se  rapportant  à  la  légende  de  la 
vie  du  saint. 

—  M.  Albert  Vuaflart  présente  une  série  de  docu- 
ments iconographiques.  Ce  sont  d'abord  trois  aqua- 
relles représentant  la  Nymphée  de  C/iatou,  dan»  le 
château  que  Berlin  fit  construire  à  cet  endroit.  Cette 
nymphée,  morceau  d'architecture  fort  décoratif, 
œuvre  de  Soufflot,  se  recommande  surtout  par  sa 
polychromie  du  plus  curieux  effet. 

Grâce  à  l'obligeance  du  grand  collectionneur  anglais 
M.  Fairfax  Murray,  M.  Vuaflart  a  pu  faire  photogra- 
phier quinze  dessins  d'Etienne  de  La  Belle,  remontant 
à  l'époque  de  sa  venue  à  Paris,  en  1640;  ils  repré- 
sentent des  l'aysages  pris  à  Charenlon,  le  Gibet  de 
Montfaucon,  le  Bastion  de  la  Bastille,  Notre-Dame  et 
le  quai  Saint-Bernard ,  le  Luxembourg,  le  Château  de 
Saint-Maur,  etc. 

M.  Vuaflart  communique  enfin  les  photographies 
de  neuf  aquarelles  de  Turner,  conservées  à  la  Galerie 
Nationale  de  Londres  et  se  rapportante  l'iconographie 
parisienne:  la  Pompe  Notre-Dame,  le  Pont-Neuf  et 
la  Cité,  la  Barrière  de  Passy,  le  Pont  au  Change  et  It 
Palais,  la  Seine  vue  de  de  la  Terrasse  île  Saint- 
Germain,  Vue  de  Saint-Denis,  Parc  de  Saint-Cloud, 
le  Pont  de  Sèvres.  Tous  ces  documents  feront  l'objet 
de  prochaines  communications. 

Conseil  supérieur  des  beaux- arts.  —  Sont 
nommés  membre  du  Conseil  supérieur  des  beaux- 
arts  :  MM.  Raphaël  Collin,  artiste  peintre,  membre  de 
l'Institut;  Coltet,  artiste  peintre;  Sicard,  statuaire; 
Saisset-Schneider,  conseiller  d'État. 

Musée  de  l'Armée.  —  Le  30  mai  au  soir,  on  a 
constaté  qu'un  vol  important  avait  été  commis  au 
Musée  de  l'Armée,  fermé  ce  jour-là,  comme  tous  les 
samedis. 

On  sait  que  le  Musée  occupe  le  rez-de-chaussée  et 
les  deux  étages  d'un  corps  de  bâtiment  qui  donne  sur 
la  cour  d'honneur  des  Invalides  (cAté  de  l'ouest)  et 
sur  la  cour  d'Austerlitz.  La  salle  d'Aumale,  située  an 
deuxième  étage  de  cette  partie  du  palais,  comprend 
plusieurs  pièces  où  sont  rangées  les  collections  mal- 
gaches, sénégalaises  et  orientales. 

Dans  cette  dernière  pièce,  la  grande  vitrine  renfer- 
mant l'habit  de  guerre  de  l'empereur  de  Chine  a  été 
brisée  et  le  voleur  a  dérobé  un  poignard  en  or  d'une 


ANCIEN    ET   MODERNE 


179 


grande  valeur.  Le  manche,  couleur  jaspe  sanguin,  est 
constitué  par  une  monture  enor,  émaillée  et  incrustée 
de  rubis,  émeraudes  et  diamants  ;  le  talon  de  la 
lame  est  décoré  d'ornements  ciselés  en  relief  plat  sur 
or  vert  et  jaune  :  le  fourreau  est  tout  en  or  jaune 
émaillé  de  fleurs  bleues  et  de  filets  blancs.  De  fabri- 
cation européenne  et  datant  de  l'époque  de  Louis  XIV. 
cette  arme  a  été  donnée,  croit-on,  en  cadeau  à  l'em- 
pereur de  Chine  par  une  ambassade,  (".'est  Napoléon  111 
qui,  en  1860,  fit  don  de  ce  précieux  objet  au  Musée  de 
l'Armée. 

En  outre,  dans  une  table-vitrine  de  la  pièce  voisine, 
où  était  rangé  le  trésor  d'El  Iladj  Omar,  le  voleur 
s'est  emparé  de  bijoux  d'or  et  d'argent,  dont  voici  la 
description  : 

Un  bracelet  mi-jonc  creux,  avec  boules  en  or  (in, 
pesant  100  grammes  ;  un  deuxième,  pesant  105  gram- 
mes ;  un  autre  bracelet,  forgé  tordu,  en  or  fin,  de 
418  grammes  ;  sept  plaques  en  travail  repoussé,  de 
430  grammes;  un  collier  cuir  plaqué  or,  de  30  grammes; 
un  porte-amulette  rectangulaire,  en  or  (in,  de  171  gram- 
mes ;  deux  boutons  d'oreilles  massifs  forgés,  boule  en 
or,  de  162  grammes  ;  un  collier  en  cuir  avec  plaque 
filigrane  or,  75  grammes  ;  un  collier,  composé  de  cinq 
plaquettes  de  croix  roses  et  de  deux  plaquettes  de 
forme  triangulaire,  filigrane  or  fin,  230  grammes;  un 
grand  porte-amulette  ou  gris-gris,  forme  de  la  lettre  M, 
en  or  fin,  210  grammes  ;  un  collier  avec  une  plaquette 
étoile  à  six  branches,  et  deux  boules  filigrane  or  fin, 
60  grammes  ;  un  collier  avec  une  plaquette  or  fili- 
grane, deux  anneaux,  dont  un  argenté  à  l'extérieur, 
avec  fermoir  en  or  fin,  60  grammes;  un  collier  vert, 
dix  boules  et  plaquettes  en  or  fin,  35  grammes  ;  un 
collier  avec  deux  plaquettes,  une  rose  et  une  de 
forme,  travail  filigrane  en  or  fin,  80  grammes  ;  enfin, 
un  collier  et  trois  plaquettes  en  or  fin,  60  grammes. 

Il  est  à  remarquer  que  la  vitrine  renfermant  l'habit 
de  guerre  chinois  avait  déjà  été  l'objet  d'une  première 
tentative  de  vol,  au  mois  d'octobre  dernier  :  le  cam- 
brioleur avait  fait  disparaître  la  plaque  de  ceinturon 
et  le  fourreau  du  sabre,  ornés  de  brillants.  A  ta  suite 
de  ce  vol,  toutes  les  serrures  du  musée  avaient  été 
changées.  Or,  aucune  porte  ne  présente  de  traces 
d'elfraction,  ce  qui  donne  à  penser  que  l'auteur  du  vol 
possédait  les  nouvelles  clefs.  S'il  a  brisé  un  carreau 
et  laissé  une  fenêtre  ouverte,  c'est  vraisemblable- 
ment pour  donner  le  change,  car  l'escalade  de  la  salle, 
située  au  deuxième  étage,  serait  des  plus  difficiles. 

L'Institut  et  la  ViUe  de  Paris.  —  On  se  rappelle 
le  conflit  qui  a  mis  un  moment  aux  prises  l'Institut 
et  la  Ville  de  Paris,  à  propos  du  prolongement  de  la 
rue  de  Rennes  (voir  le  n°  620  du  Bulletin).  L'Institut 
n'admettait  pas  un  projet  de  la  municipalité,  d'après 
lequel  les  bâtiments  du  palais  Mazarin  devaient  se 
trouver  reconstruits  sur  une  surface  moindre  que 
celle  qui  leur  était  réservée  dans  un  projet  d'Iiauss- 
mann,  élaboré  en  1866,  et  qui  avait  servi  de  base  à 
l'entente  entre  l'Institut  et  la  Ville. 


On  annonce  aujourd'hui  que  la  Commission  admi- 
nistrative de  l'Institut  a  présenté  au  ministre  de 
l'Instruction  publique,  le  plan  des  transformations 
du  Palais  Mazarin  telles  qu'elle  les  juge  acceptables. 
Le  ministère  et  la  Préfecture  de  la  Seine  ont  accepté 
ce  plan.  Reste  à  savoir  ce  que  la  Ville  en  pense. 

La  Croix  de  pierre.  —  Tel  est  le  titre  d'une  société 
qu'un  groupe  d'artistes  se  propose  de  fonder  en  vue 
de  réparer  et  de  sauver  de  la  ruine  les  églises  chan- 
celantes et  qui  ne  sont  pas  classées.  M.  Péladan,  qui 
a  pris  l'initiative  de  ce  groupement,  se  propose  de 
faire  une  suite  de  conférences,  où  il  exposera  son 
programme  complet  et  précis  à  propos  de  «  la  Croix 
de  pierre  ». 

En  Egypte.  —  M.  Gaston  Maspero,  délégué  par  le 
gouvernement  français  en  1880  pour  fonder  l'Institut 
d'archéologie  orientale  du  Caire,  et  devenu  bientôt 
après  directeur  général  du  service  des  antiquités 
d'Egypte,  a  résolu  de  prendre,  au  mois  d'octobre  pro- 
chain, une  retraite  que  ses  longs  et  admirables  tra- 
vaux lui  imposent,  mais  que  regretteront  tous  ceux, 
—  et  les  lecteurs  de  la  Revue  sont  du  nombre,  —  qui 
ont  pu  apprécier  les  précieux  services  rendus  à 
l'égyptologie  par  notre  éminent  collaborateur. 

Les  gouvernements  français,  anglais  et  égyptien 
sont  d'accord  sur  le  choix  de  M.  Pierre  Lacau,  direc- 
teur de  l'Institut  français  du  Caire,  pour  succéder  à 
M.  Maspero. 

Nécrologie  :  Henry  Roujon. 

M.  Henry  Roujon,  membre  de  l'Académie  française, 
secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  des  beaux-arts, 
commandeur  de  la  Légion  d'honneur,  a  succombé  le 
1"  juin  à  la  maladie  dont  il  avait  ressenti  les  premières 
atteintes,  il  y  a  quelques  semaines,  à  Cannes  où  il 
avait  passé  l'hiver,  et  qui  donnait,  depuis  le  retour 
du  malade  à  Paris,  tant  d'inquiétudes  à  son  entou- 
rage. Il  y  a  trois  ans,  au  moment  de  son  élection  au 
fauteuil  de  M"  Barboux  à  l'Académie  française, 
M.  Henry  Roujon  avait  été  très  gravement  malade; 
par  bonheur,  il  avait  pu  se  remettre,  et  assez  complè- 
tement pour  reprendre,  non  seulement  ses  fonctions 
très  absorbantes  de  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  - 
des  beaux-arts,  mais  sa  tâche  d'écrivain  et  de  confé- 
rencier à  laquelle  il  donnait,  depuis  de  longues  années, 
toute  une  part  de  sa  vie. 

M.  Henry  Roujon  était  né  à  Paris  en  1853.  Entré 
eu  1876  au  ministère  de  l'Instruction  publique,  il 
devint,  en  1880,  secrétaire  particulier  de  Jules  Ferry, 
et  en  1882,  chef  de  bureau  au  cabinet  du  ministre. 
11  occupa  cette  fonction  jusqu'en  1891,  époque  où  il 
l'ut  nommé  par  M.  Léon  Bourgeois,  directeur  des 
Beaux-Arts.  En  1899,  l'Académie  des  beaux-arts  le 
choisit  comme  membre  libre,  en  remplacement  du 
marquis  de  Chennevières,  et  en  1903  elle  lui  confia 
les  fonctions  de  secrétaire  perpétuel  en  remplacement 
de  Gustave  Larroumet,  décédé.  En  1911,  il  fnt  élu 


180 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


membre  de  l'Académie  française,  et  M.  P'rédéric 
Masson,  qui  fut  chargé  de  le  recevoir,  au  début  de 
1912,  a  très  Justement  caractérisé,  dans  son  discours, 
l'œuvre  en  partie  double  du  fonctionnaire  et  de 
l'écrivain. 

L'écrivain  avait  débuté  de  bonne  heure.  D'abord 
secrétaire  de  la  rédaction  de  la  République  des  Lettres, 
revuefondéeen  1875parCatuIleMendcs,  Henry  Uoujon 
collabora  ensuite  assidûment  au  Voltaire  et  à  la 
Revue  Bleue.  11  publia,  en  1887,  une  fantaisie  littéraire  : 
Miremonde,  dont  Alexandre  Dumas  fils  a  pu  dire,  dans 
la  préface,  qu'elle  est  un  chef-d'œuvre.  Depuis  qu'il 
n'était  plus  directeur  <ies  Beaux-Arts,  il  collaborait  à 
divers  journaux,  notamment  au  Figaro  et  au  Temps, 
où  l'on  aimait  à  retrouver  régulièrement  ses  En  marge. 
En  ces  chroniques  toujours  brillantes,  il  prenait  texte 
d'un  anniversaire,  d'un  livre,  d'un  «  fait  du  jour»  pour 
montrer  sa  connaissance  des  hommes  et  son  amour 
du  passé  :  c'étaient  autant  d'«  essais»  achevés,  où  il 
était  servi  par  la  plus  riche  culture  alliée  à  une  curio- 
sité de  tout,  qui  était  à  sa  louange,  et  où  le  goût  le 
plus  sûr  s'accordait  avec  l'esprit  le  plus  pénétrant; 
réunis  en  volumes  {Au  milieu  des  hommes,  la  Galerie 


des  bustes.  Dames  d'autrefois,  etc.),  ces  articles  por- 
teront témoignage  du  talent  de  cet  écrivain  de  pure 
tradition  française.  Il  excellait  aussi  dans  les  o  por- 
traits u,  et,  en  qualité  de  secrétaire  perpétuel,  il  en  a 
tracé  d'exquis  :  tels  sont  ceux  du  marquis  de  Chen- 
nevières,  de  Larroumet,  d'Hébert,  de  Gérôioe,  de 
Reyer,  etc. 

On  a  déjà  eu  l'occasion  de  rappeler  ici  les  résultats 
heureux  du  passage  de  M.  Henry  Roujon  à  la  direction 
des  Beaux-Arts  :  entre  tous,  l'organisation  de  l'Expo- 
sition rétrospective  de  l'art  français  en  1900  restera 
comme  une  date  inoubliable. 

U  faudrait  parler  encore  do  la  bienveillance  de  soc 
accueil  et  de  la  sûreté  de  ses  relations  :  «  C'est  le 
travers  de  Uoujon,  a  dit  M.  Hanotaux  (et  ce  mot  est 
emprunté  au  discours  de  M.  Frédéric  Masson  que  l'on 
citait  tout  à  l'heure)  :  on  lui  en  veut  un  peu  de  cette 
obligeance  universelle  qui  l'a  fait  regretter  partout  où 
il  a  passé  ».  Et,  de  fait,  il  n'est  pas  un  de  ceux  qui 
l'ont  approché  qui  ne  garde  le  souvenir  le  plus  ému 
d'Henry  Roujon  et  qui  n'ait  appris  sa  tin  avec  la 
même  profonde  tristesse  que  cause  la  perte  d'un 
ami.  —  E.  D. 


CHRONIQUE    DES    VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —  "Vente  de  la  collection  A.  Sam- 
bon  (liste  des  prix.).  —  Nous  avons  déjà 
donné  le  produit  total,  soit  97S.974  francs,  ainsi 
que  les  plus  gros  prix  de  cette  vente,  faite 
galerie  (ieorges  Petit,  du  25  au  28  mai,  par 
M"  Lair-Dubreuil,  assisté  de  MM.  Hirsch,  Man- 
nheim,  Meyer-Riefslahl  et  Ferai.  Comme  on 
pourra  s'en  rendre  compte  par  la  liste  ci-des- 
sous, les  prix  d'adjudication  ont  été,  d'une  façon 
générale,  inférieurs,  —  certains  même  très  sen- 
siblement, —  aux  prix  de  dernande.  Il  ne  fau- 
drait pas  attribuer  seulement  aux  conditions 
actuelles  du  marché  de  la  curiosité,  cette  fai- 
blesse dans  les  résultats.  Si  elle  est  beaucoup 
plus  accentuée  dans  le  cas  présent  que  dans  les 
diverses  vacations  dont  nous  avons  rendu  compte 
dans  nos  dernières  chroniques,  c'est  qu'il  s'agis- 
sait ici  de  la  vente,  volontairement  faite  par  un 
marchand,  de  son  propre  stock,  et  que  ces  sortes 
de  liquidations  n'obtiennent  jamais  un  succès 
complet,  quel  que  soit  l'état  de  prospérité  des 


affaires.  Aussi,  en  considérant  dans  quelles  con- 
ditions doublement  défavorables  s'est  dispersée 
cette  réunion  d'œuvres  d'art  de  toute  sorte,  on 
doit  en  estimer  la  tenue  comme  bonne  et  en 
tenir  les  résultats  pour  satisfaisants. 

PRINCIPAUX    PRIX 

Art  antique.  —  Art  égyptien.  —  1.  Groupe  calcaire 
peint, //ommejeunensii«e/sa/'<'»ime,sculpt.  archaïque, 
débuts  de  la  ni*  dynastie,  22.500  fr.  —  2.  Jeune  femme 
assise,  calcaire  blanc,  traces  de  coul.,  m*  dynastie, 
8.000  fr.  —  3.  Pétrisseuse  de  pain,  m'  dynastie, 
7.500  fr. 

Sculptures  grecques  et  romaines.  —  27.  Statue 
grecque  (acéphale),  v  s.  av.  J.-C..  8.700  fr.  —  28. 
Satyre  cymbalisle,  marbre  de  Paros,  trav.  hellénistique, 
m-  s.  av.  J.-C,  9.700  fr.  —  38.  Buste  de  Caracalla, 
marbre  alexandrin,  lir  s.,  33.600  fr.  (dem.  50.000^. 

bronzes  grecs  et  romains.  —  49.  Bouc  se  dressant, 
br.  grec,  v  s.  av.  J.-C,  7.800  fr.  —  51.  Aphrodite  au 
kestos,  figurine,  iv'-iii*  s.  av.  J.-C,  7.600  fr.  —  61. 
Archer  debout,  statuette  alexandrine,  20.."i00  fr.  —  71. 
Tête  d' Agrippa,  br.  romain,  29.100  fr. 

Aucune  enchère  au-dessus  de  5.000  fr.  dans  la  série 
des  armes,  des  vases,  des  terres  cuites  cl  des  objets 
d'orfèvrerie. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


181 


Abt  musdlman.  —  Faïences  émailUes  des  XIII'  et 
XIV'  siècles.  —  i52.  Gobelet  en  faïence,  décor  poly- 
chrome à  sujet  tiré  d'un  roman  persan,  Khagès, 
39.500  fr.  (dem.  40.000).  —  15.3.  Gobelet  en  faïence, 
décor  polychrome,  personnages  nimbés  etornements, 
Uhagés,  10.500  fr.  —  16).  Vase-balustre,  décor  mor- 
doré sur  fond  blanc,  Rhagès,  12.000  fr.  —  164.  Assiette 
à  rellets  métalliques,  fouilles  de  l'Arag,  5.000  fr.  —  171. 
Aiguière  faïence  à  émail  bleu  turquoise  et  dessin  en 
noir  et  bleu  cobalt,  Rhagès,  12.000  fr. 

Faïences  et  porcelaines  orientales  des  XVI'  et 
XVII'  siècles.  —  m.  Cruche  sphérique  à  médaillons, 
Damas,  6.000  fr.  —  182.  Bol  de  Kutahia,  à  peintures, 
14.600  fr. 

Bronzes  incrustés.  —  186.  Tabouret  en  bronze  gravé 
et  incrusté  d'argent,  Mésopotamie  (Mossoul),  xiii*  s., 
19.000  fr.  (dem.  25.000). 

.Manuscrits.  —  189.  Manuscrits  des  Poèmes  de  Hafiz, 
enluminé  parScheik-Sadé,  Sultan-Mohammed  etMirek, 
début  du  XVI'  s.,  65.300  fr.  (dem.  70.000). 

Akt  chinois.  —  198.  Tête  de  Bouddha,  granit  noir, 
période  Wei,  5.500  fr.  —  199.  Statue  de  Kwan-yin  ou 
de  donatrice,  marbre  blanc,  période  Tang,  9.600  fr.  — 
203.  Cygne  blanc  volant,  peinture,  période  Sung  ou 
Yuan,  5.100  fr. 

Tableaux  anciens.  —  213.  École  florentine,  xv"  s. 
La  Mort  de  la  Vierge, i^.OOOk.  —  214.  École  siennoise, 
xiii"  s.  La  Vierge  et  l'Enfant  Jésus,  10.000  fr.  —  Lio- 
tard  :  217.  Portrait  de  la  Comtesse  Friese,  et  218. 
Portrait  du  Comte  Friese,  13.000  fr.  (dem.  20.000).  — 
219.  Meusnier  et  Pater.  Réunion  dans  un  palais, 
18.000  fr.  (dem.  20.000).—  221.  École  d'Andréa  Verroc- 
chio.  Suite  de  trois  panneaux  :  la  Vierge  et  l'Enfant 
Jésus  avec  deux  anges;  un  Archange  ;  une  Religieuse, 
15.550  fr. 

Faïences.  —  Italie,  fin  du  XV'  siècle.  236.  Cornet 
de  pharmacie,  armoiries  encadrées  de  rinceaux, 
11.700  fr.  (dem.  6.000;  fêlure).  —  240-242.  Deux  cor- 
nets de  pharmacie,  prés,  des  bustes  de  personnages, 
20.000  fr.  (dem.  20.000).  —  241.  Large  cornet  phar- 
mac,  quatre  bustes  de  personnages,  7.000  fr.  (dem. 
10.000  ;  rest.).  —  Fabriques  diverses.  269  Bas-relief, 
attribué  à  Andréa  délia  Robbia,  la  Vierge  en  prière, 
XVI*  s.,  14.000  fr.  (dem.  15.000). 

Ivoihes.  —  302.  Volet  :  l'Annonciation,  la  Visitation 
et  l'Adoration  des  rois  mages,  xiv"  s.,  16.100  fr.  (dem. 
18.000).  —  303.  Groupe  :  la  Vierge  debout  tenant  l'En- 
fant, XIV  s.,  7.200  fr.  (dem.  12.000). 

Bijoux.  —  335.  Croix  agate  rubanée.  Christ  or  et 
garnit,  or  éraaillé,  enrichie  de  deux  camées,  attribuée 
à  Jacopo  da  Trezzo,  xvi»  s.,  16.000  fr.  (dem.  15.000). 

Sculptures.—  XIV'  siècle.  400.  Haut-relief  marbre, 
la  Vierge  assise  sur  un  trône  et  portant  l'Enfant 
Jésus,  11.500  fr.  (dem.  15.000).  —  AT' szèWe.  402.  Haut- 
relief  uLirbre,  Vierge  berçant  l'Enfant,  attr.  à  Mino 
da  Fiesole,  49.500  fr.  (dem.  60.000).  —  403.  Bas-relief, 
stuc  peint  et  doré,  la  Vierge  assise  tenant  l'Enfant 
Jésus,  école  de  Rossellino,  6.100  fr. 


Bois  SCULPTÉS.  —  390.  Parties  latérales  d'un  orgue, 
bois  sculpté,  peint  et  doré,  fin  xv  s.,  5.500  fr.  —  394. 
Haut-relief,  bois  sculpté,  peint  et  doré  ;  Moine  prê- 
chant, entouré  de  personnages,  travail  du  Nord  de 
l'Italie,  xvi°  s.,  4.450  fr. 

Bronzes  italiens.  —  419.  Statuette  de  Vulcain  age- 
nouillé, attr.  à  Bertoldo,  6.700  fr.  —  420.  Statuette 
attr.  à  Francesco  di  Sant'Agata.  Adolescent  porté  par 
un  cheval  marin,  15.500  fr.  (dem.  18.000).  —  421.  Sta- 
tuette attr.  à  Andréa  Briosco,  dit  il  Riccio,  le  Tireur 
d'épines,  20.500  fr.  (dem.  20.000).  —  452.  Deux  porte- 
lumières-appliques.  5.000  fr. 

Vente  de  tableaux  et  d'objets  d'art.  —  Une 

vacation  anonyme,  qui  avait  fait  l'objet  d'un 
catalogue  illustré,  a  eu  lieu,  salle  6,  le  29  mai, 
sous  la  direction  de  M^  Baudoin,  assisté  de 
MM.  Ferai  et  Mannheim.  Composée  de  tableaux 
et  d'objets  d'art  et  d'ameublement  de  diverses 
provenances,  elle  a  produit  un  total  de  401.250  fr. 

PRINCIPAUX   PRIX 

Tableaux  ANCIENS.—  10.  VaaGoyen.  liords derivière, 
8.100  fr.  (dem.  12.000).  —  11.  M""  Labille-Guiard. 
Portrait  d'une  artiste,  9.600  fr.  (dem.  10  000).  —  12. 
M'»'  Vigée-Lebrun.  Portrait  de  femme,  12.500  fr. 
(dem.  15.000).  —  Hubert  Robert  :  18.  Laveuses  dans 
un  parc,  13.000  fr.  (dem.  8.000).  —  19.  L'Abreuvoir, 
16.610  fr.  (dem.  10.000).  -  20.  La  Fontaine.  11.600  fr. 
(dem.  12.000).  —  21.  La  Carrière,  3.500  fr.  (dem.  5.000). 

Faïences.  —  23  bis.  Potiche,  deux  cornets  et  deux 
bouteilles,  Delft,  décor  polychr  de  fleurs,  oiseaux,  sur 
fond  côtelé,  11.000  fr,  (dem.  12.000). 

Terres  cuites.  —  30.  Statuette  de  jeune  femme 
debout  drapée,  par  Clodion,  16.200  fr.  (dem.  18.000; 
rest.).  —  31.  Groupe,  faunesse  nue  assise,  jouant  avec 
deux  petits  faunes,  8.000  fr.  (dem.  8.000).  —  32.  Sta- 
tuette de  source,  figurée  par  une  nymphe,  fin  xvni'  s., 
5.000  fr.  (dem.  3.000).  —  34.  Groupe,  bacchante  nue 
debout  et  regardant  un  petit  bacchant,  par  Marin, 
15.450  fr.  (dem.  18.000;  rest.). 

Meubles.  —  40.  Meuble  à  hauteur  d'appui,  bois  de 
placage,  déc.  au  vernis,  sujets  de  paysages  animés 
de  style  chinois,  fin  ép.  Louis  XV,  initiale  de  De  La- 
croix, 31.500  fr. 

Meubles  couverts  en  tapisserie.  —  56.  Salon  de 
un  canapé  et  huit  fauteuils,  couverts  tapiss.  Aubus- 
son,  fin  ép.  Louis  XV,  médaillons  personnages  et 
animaux  encadrés  de  guirlandes,  39.500  fr.  (dem. 
50.000).  —  38.  Canapé  et  huit  fauteuils,  acajou,  cou- 
verte en  tapisserie  Louis  XVI,  personnages  et  oiseaux, 
23.300  fr.  —  59.  Six  fauteuils  peints  blanc,  tapiss. 
sujets  d'animaux  dans  des  médaillons,  ép.  Louis  XVI, 
16.500  fr.  (dem.  18.000). 

Tapisseries.—  60. Tapiss. d'Aubusson.ép.  LouisXV, 
la  Comédie  en  plein  vent,  17.500  fr.  (dem.  20.000).  — 
63.  Tapiss.  des  Gobelins,  xviii'  s.,  l'Éléphant,  de  la 


182 


LE   BULLETIN   DE   L'ART 


tenture  des  Nouvelles  Indes,  d'après  Desportes, 
31  200  (dem  25.000).  —  64.  Tapiss.  flam.,  xvi*  s., 
sujet  de  chasse  dans  un  parc,  7.700  fr.  (dena.  10.000). 
—  63.  Tapiss.  flam.,  xviti*  s.,  deux  chasseurs  assis 
auprès  d'un  tonneau,  11.500  fr.  (deni.  12.000).  —  66. 
Tapiss.  ilam.,  xviii*  s.,  paysans  marchant  dans  une 
forêt,  11.000  fr.  (dem.  15.000).  —  67.  Tapiss.  flam., 
xvni*  s.,  jeune  femme  dans  un  parc,  etc.,  7.300  fr 
(dem.  10.000).  —  68-70.  Trois  tapiss.  tissées  de  métal, 
fin  XVI*  s.,  personnages  chassant  au  faucon,  etc., 
14.005  fr.  (dem.  20.000). 

"Vente  d'un  pastel  par  La  Tour.  —  Numéro 
unique  d'une  vacation  conduite,  salle  7,  le  29  mai, 
par  M»  Marlio  et  M.  Sortais,  le  pastel  par  La  Tour, 
Portrait  de  l'artiste  par  lui-même,  a  réalisé 
6.000  francs  sur  la  demande  de  12.000.  (Catalogue 
illustré.) 

"Vente  d'un  tableau  par  Fragonard.  —  Autre 
numéro  unique,  d'une  vacation  dirigée  même 
salle,  le  même  jour,  par  le  même  expert,  adjoint, 
cette  fois,  à  M"  Desvouges,  un  tableau  par  Fra- 
gonard, Jésus  chassant  les  marchands  du  Temple, 
a  été  adjugé  11.000  francs  sur  la  demande  de 
12.000.  (Catalogue  illustré). 

Succession  Liandier.  —  Faite  salle  2,  le 
26  mai,  par  M»  H.  Baudoin  et  MM.  Paulme  et 
Lasquin,  la  vente  des  estampes,  tableaux,  objets 
d'art,  etc.,  composant  la  Successionde  M.  Liandier, 
antiquaire,  a  produit  61.400  francs. 

Notons  :  40.  Ch.  Chaplin.  Baigneuse,  6.700  fr. 
(dem.  4.000).  —  59.  Louis  \igée.  Portrait  présumé 
de  Philippe,  duc  de  Mouchy,  gouverneur  de  la 
Guyenne,  pastel,  7.300  fr.  (dem.  8.000). 

Cette  vente  avait  fait  l'objet  d'un  petit  cata- 
logue illustré. 

Vente  de  la  Galerie  Crespi  (!«  vente  ; 
tableaux  anciens).  —  La  première  vente  de  la 
Galerie  Crespi,  de  Milan,  longuement  annoncée 
ici,  a  eu  lieu,  à  la  Galerie  Georges  Petit,  le  4  juin. 
M"  Lair-Dubreuil  et  Baudoin,  qui  la  dirigèrent, 
assistés  de  MM.  Trotti  et  C»  et  J.  Ferai,  ont  enre- 
gistré le  total  de  1.207.350  francs  pour  cette 
unique  vacation. 

En  attendant  la  liste  des  principales  enchères 
que  nous  donnerons  prochainement,  citons  les 
plus  gros  prix  de  la  journée  :  la  Vierge  de  l'Ave 
Maria,  de  l'atelier  de  Léonard  de  Vinci,  a  été 
poussée  jusqu'à  141.006  francs,  sur  demande  de 
200.000  ;  la  Madone  Crespi,  attribuée  à  Michel-Ange, 
s'est  vendue  136.000  francs,  sur  demande  de 
200.000;  la  Vision  de  sainte  Anne,  par  G.  B.  Tiepolo, 
a  trouvé  acquéreur  à  70.000  francs   (demande 


100.000);  l'important  triptyque  de  Marco  d'Og- 
giono,  Vierge  à  l'Enfant,  avec  des  donateurs  et 
leurs  saints  patrons,  a  été  adjugé  70.500  francs 
(demande  80.000)  ;  la  Vierge  à  la  grenade,  de 
Gianpietrino,  a  fait  66.000  francs  (demande 
80.000)  ;  la  Sainte  barbe,  de  Francia,  53.000  fr. 
(demande  80.000)  ;  la  Nativité,  de  Borgognone, 
40.000  francs  (demande  60.000). 

Le  résultat  est  tout  à  fait  appréciable,  comme 
on  voit,  surtout  quand  on  tient  compte  de  l'étal 
actuel  du  marché,  en  cette  fin  de  saison  particu- 
lièrement chargée. 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Collection 
Ch.  Fairfax  Murray  (tableaux  anciens).  — 
Avant  de  passer  une  revue  rapide  des  tableaux 
composant  la  collection  de  M.  Charles  Fairfax 
Murray,  de  Londres,  dont  la  vente  se  fera,  à  la 
galerie  Georges  Petit,  le  15  juin,  par  le  minis- 
tère de  M*»  Lair-Dubreuil  et  Baudoin,  assistés  de 
M.  J.  Ferai,  il  convient  de  souligner  tout  parti- 
culièrement ce  fait  qu'une  telle  vente  ait  lieu  à 
Paris.  Après  la  galerie  Steengracht,  de  La  Haye, 
dispersée  l'an  passé  à  pareille  époque,  après  la 
galerie  Crespi,  de  Milan,  vendue  cette  semaine 
même,  —  pour  ne  citer  que  des  exemples  récents 
et  célèbres,  —  voici  qu'une  collection  apparte- 
nant à  un  amateur,  très  activement  mêlé  au 
mouvement  de  la  curiosité  de  Londres,  va  passer 
aux  enchères  sur  le  marché  parisien,  centre 
aujourd'hui  universellement  reconnu  de  ces 
grandes  tractations  du  commerce  des  œuvres 
d'art. 

Si  Paris  se  trouve  ainsi  à  la  tête  du  marché  de 
la  curiosité,  il  faut  reconnaître  que  c'est  justice, 
quand  on  voit  avec  quel  soin  les  ventes  d'œuvres 
d'art  y  sont  préparées,  avec  quel  luxe  les  catalo- 
gues y  sont  édités,  et  tout  ce  que  ces  ouvrages 
représentent  souvent  de  savoir  et  de  recherches. 
Le  catalogue  de  la  vente  Fairfax  Murray,  imprimé 
par  la  maison  Georges  Petit  avec  ce  goût  de  la 
belle  typographie  que  nous  avons  si  souvent 
l'occasion  de  louer,  est  illustré  d'héliogravures 
exécutées  par  la  maison  Braun,  qui  sont  certai- 
nement parmi  ce  qu'on  a  fait  de  mieux  jusqu'ici 
dans  le  genre  ;  quant  au  texte,  il  est  riche  de 
renseignements  et  de  références,  et  lorsqu'on 
sait,  par  expérience,  dans  quelles  cqnditions  de 
rapidité  doivent  être  le  plus  souvent  établis  ces 
importants  ouvrages,  on  doit  féliciter  l'auteur 
anonyme  d'avoir  mené  à  bien  ce  travail  ingrat. 

La  collection  Fairfax  Murray  ne  comprend  pas 
même  trente  numéros,  mais  presque  tous  sont  à 


ANCIEN    ET    MODERNE 


183 


citer  ù  cause  de  leur  importance,  de  leur  prove- 
nance parfois  illustre,  des  expositions  retentis- 
santes où  on  les  a  vu  figurer.  Notons  donc  :  un 
Saint  Sébastien,  par  Antouello  de  Messine  ;  Vénus 
à  sa  toilette,  par  Giovanni  IJellini  ;  la  Vierge,  l'En- 
fant Jésus  et  saint  Jean,  par  Botlicelli  ;  le  Fumeur 
endormi,  par  A.  Brouwer  ;  le  Portrait  d'une  jeune 
dame,  par  J.  Dellf,  daté  1639  :  Salvator  Mundi,  par 
A.  Durer,  que  l'on  dit  provenir  de  la  collection 
de  \V.  Imhof,  petit-lils  de  l'humaniste  nurem- 
bergeois  du  xvi"  siècle,  W.  Pirckheinier  ;  le  Por- 
trait de  Lucas  Vosterman  le  Vieux,  par  Van  Dyck, 
qui  a  été  gravé  par  L.  Vosterman  le  jeune  ;  la 
Vierge  et  l'Enfant,  peinture  llamande  du  commen- 
cement du  XVI"  siècle  ;  le  Portrait  d'un  gentil- 
homme, de  l'école  llamande  du  xvii=  siècle  ;  un 
diptyque,  la  Vierge  aux  donateurs,  de  l'école 
française,  daté  1486;  le  Portrait  de  l'artiste  et  le 
Portrait  de  Thomas  Haviland,  par  tiainsborough  ; 
le  Portrait  d'une  dame,  par  H.  van  der  Helst  ;  un 
Combat  entre  un  coq  et  un  dindon,  par  M.  d'Hon- 
liecoeter  ;  une  Danse  champêtre,  par  Lancret  ;  la 
Crucifixion,  par  P.  Lorenzetti  ;  un  Portrait  de 
jeune  dame,  par  A.  Moro  ;  le  Portrait  de  Pancra- 
tius  von  Freybergt  zu  Aschau,  par  H.  Miielicli, 
signé  et  daté  1545  ;  le  Portrait  présumé  du  frère 
de  l'artiste  et  un  Savant  lisant  à  la  chandelle,  par 
Rembrandt;  la  Mort  de  Didon,  par  Sir  J.  Rey- 
nolds, plusieurs  fois  gravé  ;  et  une  Annonciation, 
par  A.  Solario. 

Il  faut  encore  citer  une  Jeune  femme  étendue 
sur  un  sopha,  par  F.  Boucher,  peinture  signée  et 
datée  1751.  L'auteur  du  catalogue  déclare  dans 
sa  substantielle  notice  qu'il  ne  connaît  aucune 
réplique  de  ce  tableau.  Or,  nous  pouvons  en  citer 
deux  :  d'abord  un  tableau  naguère  conservé  au 
château  de  .Schleissen  (n"  756)  et  transporté  au 
Musée  de  Munich,  lors  du  remaniement  des  col- 
lections publiques  bavaroises  en  1909;  il  est 
décrit  et  reproduit,  sous  le  n"  1448,  dans  le  cata- 
logue de  ce  Musée  (édit.  de  19H)  ;  et,  en  second 
lieu,  un  tableau  analogue,  conservé  au  musée  de 
Besançon  (cat.  de  1886,  n°  .39).  Suivant  le  rédac- 
teur du  livret  de  Munich,  la  jeune  femme  repré- 
sentée serait  «  Nelly  O'Morphie  »,  et  il  serait  fait 
mention  de  cette  peinture  dans  les  Mémoires  de 
Casanova  (t.  II,  chap.  13).  Ajoutons  encore  qu'une 
petite  copie  ancienne  de  ce  même  sujet  se  trouve 
au  Musée  de  Toulon  (cat.  1900,  n"  17). 

Comme  le  fait  remarquer  avec  raison  le  rédac- 
teur du  catalogue  de  la  vente  Fairfax  .Murray,  la 
pose  de  la  jeune  femme,  dans  l'exemplaire  qu'il 
décrit  —  et  partant  dans  les  répliques  que  nous 


venons  de  citer,  —  n'est  pas  la  même  que  celle 
du  modèle  qui  a  été  représenté  par  Boucher  dans 
une  composition  analogue,  désignée  tantôt  sous 
le  litre  de  l'Odalisque  et  tantôt  sous  le  nom  de 
Victoire  O'Murphy,  et  dont  on  connaît  trois 
répliques  (collection  du  baron  de  Schlichting, 
collection  Marnier-LapostoUe  et  ancienne  collec- 
tion Maurice  de  Rothschild). 

"Ventes  diverses.  —  La  semaine  prochaine, 
outre  la  vente  des  collections  du  marquis  de 
Biron  qui  a  été  annoncée  précédemment  et  qui 
est  un  des  plus  importants  events  de  la  saison, 
il  faut  encore  citer  : 

—  La  vente  des  objets  d'art  et  d'ameublement, 
tableaux  modernes,  estampes  du  xviii"  siècle, 
objets  de  vitrine,  etc.,  dépendant  de  la  Succession 
de  M""' Jeanne  Demay  ;  à  l'Hôtel,  salles  9,  10 et  11, 
du  10  au  13  juin,  et  les  15  et  16  juin  dans  la 
salle  11  seulement  (M>^'  L.  de  Cagny  etit.  Bignon; 
MM.  Aucoc  et  J.  Bataille); 

—  La  vente  de  la  Collection  Henri  M...,  formée 
d'objets  d'art  du  Japon,  laques,  estampes,  etc.;  à 
l'Hôtel,  salle  7,  les  10  et  11  juin  (M*  F.  Lair- 
Dubreuil  et  M.  A.  Fortier); 

—  Une  vente  anonyme  de  tableaux  anciens  et 
modernes,  dessins  et  gravures  ;  à  l'Hôtel,  salle  0, 
le  12  juin  (M"  H.  Baudoin,  M.  J    Ferai). 

—  La  quatrième  vente  Roger  Marx,  qui  se  fera 
à  l'Hôtel,  salle  1,  les  12  et  13  juin  {W'  Lair- 
Dubreuil  et  II.  Baudoin;  MM.  Durand-Ruel  et 
fils,  J.  et  G.  Bernheim  jeune);  cette  vente  com- 
prend une  réunion  de  tableaux,  pastels,  dessins, 
aquarelles  et  sculptures  modernes,  et  l'on  re- 
marque au  catalogue,  entre  beaucoup  d'autres, 
les  noms  de  Besnard,  Carrière,  Cazin,  Fantin- 
Latour,  Forain,  Helleu,  Jongkind,  E.  Laurent, 
Lebourg,  Millet,  G.  Moreau,  Renoir,  Rodin,  Tou- 
louse-Lautrec, Willette,  etc. 

M.  N. 


EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Portraits  d'actrices  (galerie  Charles  Hessèle). 
—  «  De  Rachel  à  Sarah-Bernhardt  »,  depuis  la 
tragédienne  du  siècle  dernier,  que  Karl  Girardet 
n'a  pas  dû  llatter,  jusqu'à  la  tragédienne  de  ce 
temps,  que  M.  SValter  Spindier  enveloppe  d'un 
nimbe  de  mystère,  cette  réunion  de  portraits 
groupés,  16,  rue  Balzac,  au  bénéfice  de  l'œuvre 
de  rapatriement  des  artistes  lyriques  et  drama- 


184 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


tiques,  nous  procure  moins  d'étonnement  que  de 
mélancolie,  car  elle  nous  rapprend  que  tout  cliange 
et  passe  ici-bas,  l'art  du  peintre  autant  que  la 
mode,  inutile  parure  de  la  beauté...  «  Les  mortes 
d'aujourd'hui  furent  jadis  les  belles  »  :  et  c'est 
ici  Delphine  Vgalde,  lithographiée  par  Léon  Noël, 
en  1854-,  ou  crayonnée  plus  nerveusement  par 
Thomas  Couture  ;  c'est  Af  »'«  Doche,  très  «  dame 
aux  camélias  »  en  ses  atours  surannés,  décrits 
par  R.  Buchner;  c'est  Emma  Fleury,  très  roman- 
tique sous  le  froid  pinceau  d'un  élève  d'Ingres, 
Araaury  Duval  ;  c'est  Gabrielle  Krausa,  silhouet- 
tée par  Gustave  Moreau,  le  soir  de  la  reprise 
de  la  Sapho  néo-grecque  de  Gounod  ;  et  s'il 
est  vrai  que  tout  portrait  n'est  qu'un  modèle 
«  compliqué  d'un  artiste  »,  la  prolongation  d'un 
sourire  se  rehausse  au  brio  de  la  peinture,  depuis 
l'heure,  déjà  lointaine,  où  M.  Carolus-Duran 
datait  de  1882  son  dernier  portrait  de  Croizette. 
Antithèse  d'autant  plus  suggestive  qu'elle  appa- 
raît involontaire.  Carrière  évoque  la  fierté  de 
JI/"«  Lucienne  Bréval  en  grisaille.  Entre  tant  de 
contemporaines  à  qui  leurs  peintres  ne  pour- 
raient donner  l'immortalité,  des  noms  s'impo- 
sent :  M™"  Rcjane,  mieux  vue  par  M.  Boldini  que 
M'««  Bartet  par  M.  Maurice  Heyman;  A/""^  Génial, 
miniaturée  mystérieusement  par  M.  de  la  Perche  ; 
A/'/e  Marcelle  Lender,  étudiée  par  M.  Helleu,  le 
peintre-  graveur  de  la  femme  moderne  ;  Af"<  Gene- 
viève VLt,  par  M.  Jean  Corabœuf  ;  A/"'  Eve  Laval- 
lière, par  M.  Synave  ;  A/'^«  Paule  Amiral,  par 
M.  Victor  Gilsoul;  A/'"'»  Carlier,  Marie  Leconte  et 
Moreno,  par  M.  Lévy-Dhurmer;  M""!  Suzanne 
Després,  par  M.  Vuillard,  sans  oublier  Miss  Loie 
Fuller,  devenue  figurine  de  Tanagra  sous  l'ébau- 
choir  savant  de  feu  Théodore  Rivière. 

Aquarelles  d'Henri  Harpignies  (galerie 
J.  Chaîne  et  Simonson).  — C'est  une  grande  leçon 
de  style  que  nous  propose  un  observateur  de  la 
nature  en  une  cinquantaine  de  petits  cadres, 
dont  les  plus  anciens  remontent  à  quarante  ans. 
Au  surplus,  l'aquarelle  semblait  faite  pour  celui 
que  nous  avons  appelé  le  Saint-Saëns  du  paysage 
par  rapport  à  son  devancier  Corot,  qui,  par 
la  poésie  de  l'exécution,  rappellerait  plutôt  le 
romantisme  virgilien  de  Berlioz,  à  ses  heures 
suaves,  ou  de  Gounod...  Finesse  limpide  et  lon- 
gévité juvénile,  fermeté  dans  la  douceur  et  conci-. 
sion  dans  la  clarté,  —  le  doyen  de  nos  peintres 
partage  avec  l'aîné  de  nos  musiciens  une  indéfi- 
nissable nuance  de  goût  français  quand  il  reprend 
d'un  pinceau  léger  la  tradition  du  paysage  romain, 


sans  oublier  un  instant  la  France  ou  Paris,  asso- 
ciant dans  ses  tons  discrets  les  bords  de  la  Loire 
et  les  bords  du  Tibre,  les  palais  ou  les  ponts 
antiques  et  le  Parc  Saint-Fargcau,  la  Provence 
très  italienne  et  les  ruines  joyeuses  de  Clisson, 
la  majesté  des  soirs  d'or  et  la  tendresse  des  prin- 
temps verts. 

Expositions  diverses.  —  Elles  se  multiplient 
sans  pitié...  Retenons  seulement,  chez  Allard,  le 
réalisme  provincial  et  trop  adroitement  vulgaire 
de  M.  Lucien  Jonas,  portraitiste  du  maître  Harpi- 
gnies; chez  Manzi,  la  réelle  puissance  du  statuaire 
Joseph  Bernard,  malheureusement  médusé  par 
l'écueil  de  l'archaïsme;  et,  surtout,  les  quatre 
grands  panneaux  radieux  que  M.  Georges  Leroux 
vient  d'exposer  dans  son  atelier  du  boulevard 
Saint  Jacques  et  qu'il  destine  à  la  décoration  d'un 
ameublement  italien  :  par  la  vérité  de  leur  cou- 
leur ardente,  ces  vues,  très  composées,  du  Colisée 
et  des  vertes  villas  romaines  rajeunissent  à  pro- 
pos la  suprématie,  trop  longtemps  méconnue, 
du  paysage  de  style. 

A  l'École  des  Beaux-Arts,  le  paysage  moderne 
est  introduit  par  l'importante  exposition  pos- 
thume du  peintre  Jean  Réiuond  (1872-1913),  un 
Lorrain  de  Nancy  qui  commençait  à  dégager  sa 
personnalité  de  ses  nombreux  souvenirs,  et  dont 
les  vues  très  stylisées  de  la  Corrèze  ou  des  Pyré- 
nées espagnoles  manifestaient  tout  récemment, 
à  nos  Salons,  plus  de  caractère  que  tous  ses  cré- 
puscules de  Bretagne. 

Raymo.nd  Bouyer. 

cracracracraoracracsDcraoracœxMDcracraaocra 

l.e:s    revues 


Framcr 


L'Art   et   les  artistes   (n*  spécial).  —  .Numéro 
spécial  consacré  à  Auguste  lioUin,  l'homme  et  l'iruvre: 

—  Octave  MiBBKAi).  Auguste  Hodin  ;  —  Essai  biogra- 
phique ;  —  Paul  GsEi.L.  En  haut  de  la  colline  :  —  L. 
BEKNABDiNi-SjOKSTKnT.  L'Atelier  lie  Hodin  à  Meudon  ; 

—  A.  RoDiN.  Pensées  inédiles;  —  Le  Musée  Hodin  ;  — 
Judith  Cladki-.  L'IMtel  Biron  ;  —  Francis  de  Mio- 
MANDRK.  Les  Dessins  de  Rodin  ;  —  Léonce  Bénéuitb. 
Propos  sur  Rodin  ;—  A.  Rodin.  Vénus  ;  —  Les  Œuvres 
de  Rodin  en  France  et  à  l'étranger  :  —  Essai  biblio- 
graphique. 

Le  Gérant  :  H.  Dinis. 

Pari».  —  Imp.  George»  Petil,  12,  rue  Godol-dc-M»uroi. 


Numéro  629. 


Samedi  13  Juin  1914. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


A  dater  d'aujourd'hui,  le  Bulletin  ne  paraîtra 
plus  qui:  loua  Icx  quinze  jours,  suivant  l'usage 
adopté  pour  la  saison  d'été.  Le  prochain  numéro 
(n°  HSO)  portera  donc,  la  date  du  27  juin. 


Estampes  et  Dessins 


L'exposition  des  admirables  estampes  japo- 
naises de  la  collection  Camondo,  qu'on  ne  peut 
voir  dans  leurs  cadres  sans  redouter  les  atteintes 
de  la  lumière  pour  leurs  tendres  et  légères  cou- 
leurs d'aquarelle,  ramène  l'attention  sur  un  des 
problèmes  les  plus  délicats  qui  se  posent  aux 
conservateurs  de  musées. 

S'il  est  du  devoir  d'une  galerie  publique  de 
mettre  ses  collections  en  valeur  et  d'en  faire 
profiter  les  curieux,  il  va  de  soi  que  ces  obliga- 
tions ont  pour  limite  la  bonne  conservation  des 
œuvres  d'art  ;  or,  il  est  incontestable  qu'une 
exposilion  permanente  au  grand  jour  cause  à 
des  pièces  aussi  fragiles  que  les  estampes  et  les 
dessins,  des  dommages  irréparables.  Alors  ? 

Il  n'y  a  guère  que  les  journalistes  en  quête 
d'articles  tout  faits  pour  traiter  sans  hésitation 
ces  questions  difliciles.  Que  de  fois  ne  l'avons- 
nous  pas  lue,  celle  chronique,  peu  bienveillante 
pour  la  conservation  du  Louvre,  où  l'on  déplo- 
rait qu'un  aussi  petit  nombre  de  salles  fussent 
réservées  aux  dessins  et  où  l'on  demandait  qu'on 
mît  sous  les  yeux  du  public  la  majeure  partie 
des  pièces  qui  restent  en  cartons  !  Comme  si 
c'était  simple  de  trouver  de  la  place  pour  des 
dessins,  dans  un  musée  où  l'on  a  peine  à  caser 
les  peintures  !  Comme  si  c'était  prouvé  que  le 
public  —  j'entends  le  grand  public,  le  gros  des 
visiteurs  —  s'intéresse  aux  dessins  !  Et  surtout, 
comme  si  c'était  rendre  service  à  une  collection 
de  dessins  que  d'en  réclamer  l'exposition  ! 

Il  suffit  de  constater  les  fâcheux  effets  de  la 
lumière  du  jour  sur  le  papier  qui  jaunit  et  les 


couleurs  qui  «  se  mangent  »,  pour  faire  souhaiter, 
au  contraire,  qu'on  n'augmente  pas  le  nombre 
des  dessins  exposés.  Et  ce  qui  est  vrai  des  des- 
sins l'est  aussi  des  estampes,  singulièrement  des 
estampes  japonaises,  telles  que  celles  qu'on  peut 
voir  dans  les  salles  Camondo  :  si  surprenant  que 
soit  leur  état  de  conservation,  elles  ont  déjà  pâli  ; 
elles  pâliraient  encore,  si  elles  devaient  rester 
longtemps  exposées. 

On  sait,  du  reste,  que  le  conservateur,  en 
homme  prudent  et  avisé,  se  propose  d'organiser 
un  roulement  pour  ne  pas  laisser  toujours  les 
mêmes  pièces  à  la  lumière.  C'est  une  louable 
mesure,  et  la  seule  permettant  de  mettre  ce  qu'on 
est  convenu  d'appeler  les  désirs  du  public  d'ac- 
cord avec  les  nécessités  qu'impose  la  conserva- 
lion  de  ces  précieux  feuillets.  On  ne  voit  pas 
ce  qui  empêcherait  de  l'appliquer  aussi  aux 
dessins. 

L'inventaire  de  MM.  Jean  Guiffrey  et  Pierre 
Marcel,  dont  la  publication  se  poursuit  métho- 
diquement, donne  une  idée  de  l'étendue  et  de 
la  variété  des  collections  de  dessins  des  Musées 
nationaux,  rien  qu'en  ce  qui  regarde  l'école  fran- 
çaise. Il  y  aurait  double  avantage  à  puiser  dans 
ces  riches  réserves,  non  pas,  encore  une  fois, 
pour  augmenter  le  nombre  des  dessins  exposés, 
mais  pour  renouveler  l'exposition  actuelle  :  d'une 
part,  on  ferait  ainsi  connaître  aux  curieux  des 
œuvres  d'art  qui  leur  sont  difficilement  acces- 
sibles; et  de  l'autre,  on  mettrait  momentanément 
à  l'abri  un  choix  de  pièces  exceptionnelles,  depuis 
longtemps  sous  verre,  et  qui  risquent,  à  rester 
toujours  dans  des  cadres,  de  s'abîmer  irrémé- 
diablement. 

E.  D. 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie  des  beauz-arts  (séance  du  G  juin). 
—  Le  président  rend  undernierhoiuinage  àla  mémoire 
de  M.  Henry  Roujon,  dont  les  obsèques  ont  été  celé- 


188 


LE    BDLLETIN   DE   L'ART 


brées  la  veille,  et  de  M.  Gabriel  Ferrier,  qui  est  mort 
dans  la  nuit  du  5  au  6  juin. 
La  séance  est  aussitôt  leTée  en  signe  de  deuil. 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 

(séance  du  7  juin).  —  M.  Max  Collignon  communique 
à  l'Académie  des  photographies  de  la  statue  de  marbre, 
récemment  découverte  par  des  soldats  italiens  à  Aïn- 
Sciahat,  en  Tripolitaine  (voir  le  n°  627  du  Bulletin). 
Cette  admirable  statue  est-elle  une  Vénus  Anadyomène, 
comme  le  croit  M.  Lucio  Mariani,  le  directeur  des 
Antiquités  en  Gyrénaïque?  M.  Collignon  suspend  son 
Jugement  jusqu'au  jour  où  il  pourra  examiner  la 
statue  complètement  rajustée.  Mais  le  mouvement 
général  de  la  figure  et  la  Composition  du  groupe 
semblent  confirmer  l'hypothèse  du  savant  italien. 
M.  Mariani  place  cette  œuvre  d'art  au  iv  siècle. 
L'impression  de  M.  Collignon  est  analogue,  &  peu  de 
choses  près. 

—  Parmi  le»  ouvrslgei  récompensé»  sur  le  prix 
Saintour,  citons  le  seul  qui  intéresse  le»  beaux-art», 
l'Église  Notre-Dame  d'Ècouis,  par  M.  Louis  Régnier, 
honoré  de  la  troisième  médaille. 

—  M.  Théodore  Reinach  termine  la  séance  en  étu- 
diant des  monnaies  de  Nicopolis. 

Société  de  l'histoire  de  l'art  français  (séance 
du  5  juin).  —  M.  G.  Brière  esquisse  l'histoire  de 
l'ancien  château  de  Sceaux,  construit  pour  Golbert 
vers  1672  ;  il  en  décrit  les  vestiges,  notamment  le 
célèbre  pavillon  de  l'Aurore,  intégralement  conservé 
dans  son  architecture,  et  où  l'on  voit  encore  des 
peintures  de  Le  Brun. 

—  M.  H.  Prunlères  révèle,  d'après  une  lettre  tirée 
des  archives  de  Florence,  une  raison,  jusqu'à  présent 
insoupçonnée,  de  la  disgrâce  de  Le  Brun  en  1683.  Le 
premier  peintre  était  accuié  de  malversation»,  com- 
mises peut-être  à  l'instigation  de  Colbert. 

MM.  Guiilrey,  Lemonnier,  André  Michel,  Pierre 
Marcel  examinent  la  vraisemblance  de  cette  accusa- 
tion. M.  Prunières  cite  un  incident  analogue  dans  la 
vie  de  LuUi. 

Il  signale  à  ce  propos  que  le  buste  de  Lulli  est 
exposé  actuellement  dans  l'église  des  Petits-Pères 
dans  des  conditions  qui  en  rendent  l'examen  impos- 
sible. La  Société  émet  aussitôt  le  vœu  que  ce  chef- 
d'œuvre  de  Goy»evox  reçoive  une  préteatatlon  digne 
de  lui. 

Conseil  supérieur  des  beaux-arts.  —  M.  Ilébrard 
de  Villeneuve,  président  de  section  au  Conseil  d'État, 
est  nommé  membre  du  Conseil  supérieur  des  beaux- 
arts. 

Société  des  antiquaires  de  France  (séance  du 
3  juin).  —  M.  Joulin  résume  ce  que  l'on  sait  actuel- 
lement sur  les  civilisations  des  âges  préhistoriques 
en  Europe. 

—  M.  le  karon  de  Baye  examine  certain»  bijoux  de 
l'époque  barbare  trouvés  à  Bôneetà  La  Callo  (Algérie). 


Musées  nationaux.  —  M.  J.  Peytel,  vjce-pré»i- 
dent  de  l'Union  centrale  des  arts  décoratifs,  a  donné 
aux  Musées  nationaux  vingt  pièces  de  ses  collection», 
dont  il  se  réserve  l'usufruit,  et  qui  vont  de  l'art  égyp- 
tien jusqu'à  l'époque  contemporaine,  en  passant  par 
Watteau  et  i.-V.  Millet. 

Petit  Palais.  —  La  "V'ille  de  Paris  vient  d'accepter, 
pour  le  musée  du  Petit  Palais,  un  nouveau  don  de 
M.  Théodore  Duret.  Il  s'agit  du  portrait  de  M.  André  ' 
liivoire,  par  Toulouse-Lautrec. 

En  même  temps,  la  Ville  de  Paris  a  accepté  le  don 
d'un  portrait  de  M"'  Gadilîet- Gaillard,  née  Sipiere, 
par  Ary  Schetler,  et  d'un  portrait  de  M.  Edouard 
Gaillard,  par  Victor  Mettez. 

Signalons  encore,  parmi  les  dons  récents,  la  ma- 
quette du  monument  à  Charlei  Floquet,  par  Dalon, 
oB'ert  au  Petit  Palais  par  M.  Hisler,  maire  du  VII*  ar- 
rondissement, et  un  très  beau  buste  en  marbre  de 
M.  Paul  Paulin,  représentant  M.  A.  Duquesne. 

Ajoutons  que  l'on  vient  de  mettre  en  place,  dans 
les  salles  de  la  collection  Dutuit,  les  tapisseries  du 
moyen  âge  acquises  à  la  vente  Aynard  sur  les  fonds 
Dutuit,  et  qui  représentent  différents  sujets  de  Vtlis- 
toire  (l'Alexandre  el  de  Nicolas,  roi  de  Césaire. 

Enfin,  on  peut  voir  exposée,  en  ce  moment,  une 
suite  de  sept  remarquables  tapisseries  de  la  série  de 
l'Histoire  de  Conslanlin,  tissées  à  l'atelier  de  La 
Planche  dans  la  première  moitié  du  xvir  siècle  ;  elle» 
sont  mises  à  la  disposition  de  la  Ville  de  Paris  parle 
Mobilier  national. 

Expositions  provinciales.  —  La  39'  exposition 
de  la  Société  des  Amis  des  arts  du  département  de  la 
Somme  a  ouvert  ses  portes  le  6  juin.  Outre  les  œuvres 
des  exposants  habituels,  on  y  peut  voir  une  intéres- 
sante rétrospective  du  peintre  Paul  Sautai,  compre- 
nant une  soixantaine  de  peinture»  et  dessin». 

—  La  34*  exposition  de  la  Société  artistique  de 
Houbaix-Tourcoing  aura  lieu,  du  20  septembre  au 
15  novembre  prochain,  dans  les  salles  du  musée  (fe  la 
ville  de  Roubaix. 

Le  'Vol  de  la  Joconde.  —  Jeudi  et  vendredi  de 
la  semaine  dernière,  avaient  lieu,  au  tribunal  correc- 
tionnel de  Florence,  les  débats  relatifs  au  vol  de  la 
Joconde.  VIncenzo  Perugla  s'est  entendu  condamner 
à  un  an  et  quinze  Jours  de  détention  et  aux  dépens. 

Nécrologie  s  Gabriel  Ferrier. 

M.  Gabriel  Ferrier  assistait  le  vendredi  5  juin  aux 
obsèques  de  M.  Henry  Roujon,  et  ce  fut  avec  une 
douloureuse  surprise  qu'on  apprit,  par  les  journaux 
de  samedi  soir,  que  le  peintre  était  tnort  subitement 
la  nuit  précédente. 

Il  était  né  à  Nimes.  le  28  septembre  1847.  Élève  de 
Pils  et  d'Hébert,  &  l'École  des  beaux-arts.  Il  avait 
obtenu  le  prix  de  Rome  à  vingt-cinq  ans,  en  1872,  et, 


ANCIEN    ET   MODERNE 


187 


depuis  IS^e,  il  exposait  au  Salon  de  la  Société  des 
Artistes  français,  où  il  avait  conquis  régulièrement 
tous  les  titres  habituels,  —  2'  médaille  en  1876,  1" 
médaille  en  1878,  —  jusqu'à  la  médaille  d'honneur 
qu'il  se  vit  décerner  en  1903  ;  il  avait  obtenu  une 
médaille  d'or  à  l'Exposition  universelle  de  1889,  et  il 
fut  mis  hors  concours  à  l'Exposition  universelle  de  1900. 

11  avait  commencé  par  peindre  des  niytbolopes  et 
des  tableaux  d'histoire,  mais  c'est  comme  portraitiste 
qu'il  a  acquis  sa  véritable  renommée.  Dessinateur 
extr^^mement  sûr  et  consciencieux  jusqu'à  la  minutie, 
il  excellait  à  saisir  la  ressemblance  et  à  mettre  en 
relief  le  visage  et  les  mains  de  ses  modèles  ;  coloriste 
assez  pauvre,  ses  meilleurs  portraits  sont  ceux  où  il 
s'est  borné  à  employer  des  noirs,  des  blancs  et  des 
gris.  On  cite,  parmi  ses  peintures  les  plus  remarquées, 
les  portraits  du  pape  Pie  X,  du  général  André,  de  Jules 
Claretie,  des  princes  Victor  et  Louis  Bonaparte,  des 
enfants  du  duc  de  Chartres.  d'Edouard  Aynard,  de 
Gaston  Boissier,  de  M.  Jules  Cambon,  de  M.  Forichon, 
de  M.  Ribot,  etc.  On  lui  doit  aussi  une  partie  de» 
peintures  décoratives  de  l'Hôtel  de  Ville  de  Paris,  de 
rOpéra-Comique,  du  Palais  d'Orsay,  du  théâtre  de 
Nîmes,  de  l'ambassade  de  France  à  Berlin. 

Il  avait  été  élu  membre  de  l'Académie  des  beaux- 
arts  en  1906,  en  remplacement  de  Jules  Breton;  il  était 
professeur  à  l'École  des  beaux-arts  et  commandeur 
de  la  Légion  d'honneur. 

—  On  annonce  également  la  mort  de  M.  Henri 
Poinsot,  artiste  peintre,  décédé  dans  sa  quatre-vingt- 
quatrième  année;  né  à  Paris,  élève  de  Ciceri  et  lîubé, 
il  exposa  pour  la  première  fois  au  Salon  de  1857  et 
se  fit  assez  rapidement  un  nom  comme  paysagiste; 
il  n'envoyait  plus  rien  au  Salon  depuis  quelques 
années;  —  du  peintre  Èlienne  Duval,  mort  n  Genève, 
le  27  mai;  il  était  né  le  26  janvier  1824  et  avait  été 
élève  de  Calame,  qu'il  accompagna  en  Italie  en  1844; 
il  voyagea  également  en  Grèce  et  en  Egypte,  et 
rapporta  de  ces  expéditions  le  goût  des  paysages  his- 
toriques où  la  figure  tenait  peu  de  place  et  où  tout 
était  subordonné  à  la  pureté  des  lignes  et  à  l'équilibre 
des  masses;  ces  paysages  furent  récompensés  d'une 
médaille  à  l'Exposition  universelle  de  1889;  —  de 
M.  Emile  Jacobsen,  né  à  Copenhague  vers  1860  et  bien 
connu  par  ses  études  sur  la  peinture,  en  particulier 
sur  divers  maîtres  hollandais  et  sur  plusieurs  musées 
italiens. 


LES  RECOMPENSES  DU  SALON 


Société  des  Artistes  français 

Peiktube.  —  Médaille  d'honneur.  —  Au  troisième 
tour  de  scrutin,  la  médaille  d'honneur  de  peinture  a 
été  décernée  à  M.  Edgar  Maxence,  qui  expose  cette 
année  les  Oraisons,  un  des  succès   du  Salon.   C'est 


M.  Adler  qui  réunissait  ensuite  le  plus  grand  nombre 
de  voix. 

/"  médaille.  —  MM.  Paul-Louis  Berges,  Jean  Lefeu- 
vre,  Georges  Maury,  Louis  Jourdan,  Jeanne  Burdy, 
Henri  Calvet,  Jules  Joi'ts,  Albert  Matignon,  Alexandre 
Jacob,  Gustave -Lucien  Dennery,  Cyprien  Boulet, 
M""  Bourillon-Tournay. 

i'  médaille.  —  M""  llurel  ;  MM.  Narbonne,  Arthur 
Midy,  Brisard,  Loriol,  Lucien  Pillot,  Emile  Uagot, 
René  Choquet,  Neilson,  Bernard  Berloletti,  Hervé, 
Paul  Prévôt,  Uelabarre,  Kouard,  H.  Guy;  M"' Rosen- 
berg  ;  MM.  Louis  Petit,  Xavier  Bricard,  Signoret, 
Antonio  Alice  ;  M"*  Héol  ;  MM.  Jean  Cottenet,  Per- 
nelle,  Manceaux,  René  Devillario,  Young-Hunter, 
EustacheStoenesco;M'°'LBuvernay-Petitjean;  M.Wal- 
ter  Webster;  M»*  Amen. 

S' médaille.  —  M.  John  William  Leech;  M"*"  Burdy, 
Routchine  ;  MM.  Hubert-Gauthier,  Krause  ;  M""  Mer- 
cère  Blanca;  M.  Gaston  Simoes  da  Fonseca;  M°"  Edith 
Morgan  ;  MM.  James  Hill,  Louis  Fidrit  ;  M"'°  Bret- 
Charbonnier  ;  MM.  Roustan,  Herniann-Delpech,  Raoul 
Dreyfus,  André  Prévot-Valeri  ;  M"*  Gallet-Levadé  ; 
MM.  Ilassep  Pushmann,  Jacques  Madyol. 

ScuLPTt'BE.  —  Médaille  d'honneur.  —  La  médaille 
d'honneur  de  sculpture  n'a  pas  été  attribuée,  aucun 
des  concurrents  n'ayant  obtenu  la  majorité  au  troi- 
sième tour  de  scrutin.  M.  Marquât  est  arrivé  en  tête 
aux  trois  tours. 

/'"  médaille.  —  MM.  Félix-Alfred  Desruelles,  Eugène- 
Paul  Bénet,  Corneille  Theunisscn,  Albert  Roze,  Henri 
Schmid. 

i'  médaille.  —  MM,  René  Paris,  Desvergnes,  Léon 
Morice,  C.  Alaphilippe,  Legoll',  Magrou. 

,?"  médaille.  —  MM.  Robert  Busnel,  Cellier,  Beaufils, 
Atmel,  Fœrster.  Boudarel,  Grange,  Jondet,  Févola, 
Evans,  Merculiano,  M°"  Daillon. 

Gbavubk  et  LiTHOGHAPiiiE.  —  Médaille  d'honneur.  — 
La  médaille  d'honneur  de  la  section  de  gravure  est 
revenue  à  M.  Louis  Bussière,  après  deux  tours  de 
scrutin  ;  cet  artiste  expose  une  gravure  au  burin 
d'après  la  Nuit,  du  Corrège. 

I"  médaille.  —  MM.  Orner  Bouchery  et  Carie 
Dupont. 

i'  médaille.  —  MM.  Leroy,  Aubert,  Louis  Colas, 
Clairet,  F.  Duluard,  Humblot,  Ch.  Pinet,  Mercadier. 

:)'  médaille.  —  M.  Brauer;  M"*  L.  Delécluze;  MM.  de 
Feuerstein ,  L'Hoste ,  Desgranges  ;  M"'  Blariaux- 
Lebacq  ;  MM.  Dallemagne,  Manchon,  Peccard. 

Akchitecture.  —  Médaille  d'honneur.  —  Cette 
médaille  n'a  pas  été  décernée  cette  année. 

/'•  médaille.  —  MM.  Charles-L.  Boussoi»,  Charles 
Roussi,  Maurice-Louis  Pillet,  Edmond  Thoumy. 

t°  médaille.  —  MM-  Cauiille-Julien  Bernard,  Geor- 
ges-Robert Lefort,  Paul-Louis  Galeron. 

S'' médaille.—  Ernest-llenri-J.  Barbier.RenéDupart, 
Louis  Charles,  André-Louis  Feret,  Édouard-Jules 
Deslaudes 

Gkavube  en  médailles  et  sur  pierres  fines.  — 
Médaille  d'honneur.  —  C'est  à  M.   Louis-Alexandre 


18S 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


Bottée,  içraveur  en  médailles,  que  la  médaille  d'hon- 
neur de  cette  section  a  été  attribuée. 

Ahts  appliqués.  —  2'  médaille.  —  MM.  Michel  et 
Jules  Nies  frères,  Uaoul  Lachenal,  Jules  Coudyser, 
M"°  Jeanne  Mayonnade. 

.•;•  médaille.  —  MM.  Louis  Dalbet,  Georges  Dumou- 
lin, Ernest-Édouard  Duru,  Charles -Eugène  Feuillatre. 

De  nombreuses  mentions  honorables  ont  également 
été  décernées. 

Prix  IIknnek.  —  Ce  pri.x,  qui  doit  être  attribué  à  un 
artiste  français,  peintre  de  figures,  âgé  de  plus  de 
trente  ans,  exposant  au  Salon  des  Artistes  français, 
a  été  décerné,  le  jeudi  \\  juin,  à  M.  Joseph  Berges. 

Pkix  Beii.in-Dollet.  —  Ce  prix  a  été  attribué,  par 
le  comité  de  la  section  de  gravure  et  lithographie,  à 
M.  G.-A.  Barlangue. 

Prix  Rollé.  —  M"'  Alice  Delage. 

Prix  Leiebvre-Glaizk.  —  M.  Paul-Pierre  Prévôt. 

Prix  Rosa  Bonheur.  —  M""  Jouclard. 

Prix  Galimard-Jauhert.  —  M"'  H.  Maugendre. 


Société  Nationale  des  beaux-arts. 

Ont  été  élus  sociétaires,  à  l'occasion  du  Salon  de 
1914: 

Peinture.  —  MM.  Andreau,  Chapuy,  Chariot,  Geor- 
get,  Gilsoul,  Guérin. 

Sculpture.  —  MM.  Binder,  Quillivic,  Wlerick. 

Gravure.  —  M.  Perrichon. 

Architecture.  —  M.  Sotrez. 

Arif!  décoratifs.  —  MM.  Capon,  Georges,  Jacquiu, 
Lalique,  Malclès. 

Ont  été  élus  associés  : 

/'«injure.  — MM.  Agard,  Avelot.M"  Degen,  M"'Del- 
gobe,  Durand,  Martin,  Claude  René,  Méret,  Santa- 
Maria,  Vasquez  Diaz,  Wery. 

Sculpture.  —  M.  de  Charraoy,  M—  Demagnez, 
M.  Giovannini. 

Gravure  en  médailles.  —  M.  Fonfreide. 

Gravure.  —  MM.  Beaufrère,  Coppicr,  Ilanotaux. 

Architecture.  —  MM.  Mangin,  Rouge. 

Arts  décoratifs.  —  MM.  Chapleau,  M"*  Maillaad, 
M"'  Morisset,  Simmen,  Thomas. 


CHRONIQUE    DES    VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  —  Vente  de  la  Galerie  Crespi 
(1"  et  2'  ventes  :  tableaux  anciens).  —  Faite 
galerie  Georges  Petit,  le  4  juin,  par  M"  Lair- 
Dubreuil  et  Baudoin,  et  MM.  Trotti  et  Ferai,  la 
première  vente  de  la  (ialerie  Crespi  a  produit 
1.207.380  francs.  D'une  façon  générale,  les  prix 
de  demande  n'ont  pas  été  alleints,  ce  qui  n'a 
rien  qui  doive  surprendre.  A  la  situation  géné- 
rale du  marché  de  la  curiosité,  —  assez  lourde 
en  ce  moment,  comme  nous  l'avons  constaté 
plusieurs  fois  dans  nos  dernières  chroniques,  — 
s'ajoutait,  en  effet,  dans  le  cas  présent,  deux 
autres  circonstances  défavorables  :  d'abord  la 
composition  très  particulière  de  la  collection, 
d'un  genre  sérieux  et  mt^me  un  peu  sévère, 
auquel  on  est  peu  habitué  à  Paris  ;  et,  en  second 
lieu,  ce  fait  bien  connu  que  quelques-unes  des 
pièces  les  plus  célèbres  do  la  Galerie  Crespi 
avaient  été' vendues  à  l'amiable  en  ces  dernières 
années,  ce  qui  a  contribué  à  répandre  dans  le 
public  cette  opinion,  d'ailleurs  erronée,  que  la 
collection,  ainsi    découronnée,    ne    comprenait 


plus  rien  d'intéressant.  Dans  ces  conditions, 
comme  nous  le  disions  il  y  a  huit  jours  en  don- 
nant le  produit  total  ef  quelques-uns  des  prin- 
cipaux prix,  on  doit  considérer  les  résultats 
obtenus  comme  très  satisfaisants. 

PRINCIPAUX  PRIX 

Tableaux  anciens.  —  Écoles  d'Italie,  XV'  et 
XVI'  siècles.  —  2.  Bacchiacca.  La  Vierge  à  la  fer- 
ronnière,  6.500  fr.  (dem.  10.000).  —  5.  Bartolommeo 
Veneto.  La  Vierge  avec  l'Enfant  dans  un  paysage, 
.n.SOO  fr.  (dem.  10.000).—  6.  M.  Basa'iti.  La  Vierge  à 
l'Enfant,  entre  saint  Sébastien  et  une  sainte  martyre, 
9.000  fr.  (dem  10.000).  —  7.  Boccaccino.  La  Vierge  à 
l'oiseau,  12.600  fr.  (dem.  20.000).  —  8.  Pseudo  Boccac- 
cino. La  Vierge  au  turban,  5.500  fr.  (dem.  5  000).  — 
10.  Bordone.  Un  Berger  et  une  nymphe  couronnés  par 
un  amour,  8.000  fr.  (dem.  10.000).—  11.  Borgognone. 
La  Nativité,  40.000  fr.  (dem.  50.000).  —  14.  Cnroto. 
Sainte  Famille,  6.100  fr.  (dem.  5.000).  —  17.  Le  Cor- 
rège.  «  Mater  amabilis  ».  22.5000  fr.  (dem.  25.000).  — 
Ferrari  :  19.  Pietà.  .'iO.OOO  fr.  (dem.  50.000).  —  20.  La 
Vierge  au  coussin  bleu,  6.200  fr.  (dem.  3.000).  —  22. 
Francia.  Sainte  Barbe,  53.000  fr.  —  Gianpietrino  :  25. 
La  Vierge  à  la  grenade,  61.000  fr.  —  26.  La  Vierge 
avec  l'Enfant  Jésus  et  le  petit  saint  Jean,  4.900  fr. 
(dem.  10.000).  —  30.  L.  Monaco.  La  Vierge  el  l'Enfant 


A.NCIEN    ET    MODERNE 


189 


adorés  par  des  saints  personnages.  14.000  fr.  (dem. 
15.000).  —  31.  L.  Lotto.  Sainte  Famille,  26.500  fr. 
(dem.  30.000).—  34.  B.  Luini.  Le  Rédempteur,  5.200  fr. 
(dem. 3.000).  —  38.  M.  Marziale.  Déposition  de  la  croix 
avec  les  portraits  des  donateurs,  6.000  fr.  (dem.  8  000). 

—  40.  Attr.  à  Michel-Ange.  I.a  Madone  Crespi, 
136.000  fr.  (dem.  200.000).  —  41.  Moretis.  La  Vierge  à 
VEnfant  avec  une  religieuse  et  un  chartreux,  16.100 fr. 
(dem.  15.000). —  42.  Moretto  da  Brescia.  La  Visitation, 
22.000  fr.  (dem.  20.000).  —  43.  Marco  d'Oggionno. 
Triptjque  :  la  Vierge  à  l'Enfant,  avec  deux  dona- 
teurs et  leurs  patrons,  70.Ï00  fr.  (dem.  80.000).  —  44. 
Triptj'que  :  un  Saint  Evêque  entre  saint  Guatbert  et 
sainte  Claire.  14.100  fr.  (dem.  30.000).  —  48.  Piazza. 
Triptyque  à  saints  personnages,  21.000  fr.  (dem. 
30.000  fr.).  —  53-54.  Santa  Croce.  Saint  Paul  et  saint 
Jacques  le  Majeur.  Saint  Sébastien  et  Saint  Matthieu, 
9.500  (dem.  15.000).  —  Solario  :  57.  La  Madone  Pitti, 
24.000  fr.  (dem.  30.000).  —  58.  L'Addolorata,  40  000  fr. 
(dem.  40.000).  —  59.  Ecce  Homo,  22.500  fr*  (dem. 
25.000).  —  60.  Christ  bénissant,  9.200  fr.  (dem.  15.000). 

—  62.  Atelier  de  Léonard  de  Vinci.  La  Vierge  de  l'Ave 
Maria,  141.000  fr.  (dem.  150.000). 

Écoles  d'Italie  et  Ecole  espagnole,  XVII'  et  XVlIh 
siècles.  —  Canaletto  :  64.  Venise,  le  Grand  Canal  et 
l'entrée  du  Canareggio,  20.000  fr.  (dem.  25.000).— 65. 
Le  Grand  Cnnnl,  entre  le  palais  Moro-Lin  et  le  palais 
Foscari,  11.200  fr.  (dem.  25.000).  —  66.  Le  Grand 
Canal  en  face  de  la  Croce  di  Venezia,  6.800  fr.  (dem. 
15.000).- 67.  te  Grand  Canal  devant  S.  S/ae,  6.800  fr. 
(dem.  15.000).  —  69.  D.  Crespi.  La  Flagellation, 
9.500  fr.  (dem.  10.000).—  ^^3-'l'^.Gn!t.lAi.  Deux  paysages 
animés,  8.100  fr.  (dem.  10.000).  —  Tiepolo  :  83.  La 
Vision  de  sainte  Anne,  87.000  fr.  (dem.  100.000).  — 
85.  La  Vision  de  sainte  Anne,  esquisse  du  tableau 
précédent,  27.000  fr.  —86.  La  Beata  Ludvina,  9.000  fr. 
(dem.  8.000). 

Écoles  allemande,  flamande  et  hollandaise.  —  91. 
Bailly.  Portrait  du  théologien  Antoine  de  Wale, 
5.000  fr.  (demande 6.000).  —  92.  J.  Bosch.  L'Escamotoo-, 
6.000  fr.  (dem.  10.000).  —  96.  Rogier  de  la  Pasture  ou 
Van  der  Weyden.  Vierge  à  l'Enfant,  avec  saint 
Joseph,  saint  Paul  et  un  donateur,  30.000  fr.  (dem. 
40.000). 

—  De  la  seconde  vente  Crespi,  faite  à  l'Hôtel, 
le  6  juin,  par  les  mêmes  commissaires-priseurs 
et  e.tperts,  il  n'y  a  à  retenir  que  le  chiffre  du 
produit  total,  soit  20.125  francs. 

Ventes  diverses.  —  Objets  d'art,  etc.  — 
Faite,  salle  6,  le  2  juin,  par  M"  Lair-Dubreuil  et 
Desvouges  et  MM.  Paulme  et  Lasquin,  la  vente 
après  ledépartde  M""'L...,a.  produit  37.000  francs. 
Un  seul  prix  à  noter  :  les  9.650  francs  réalisés 
par  un  salon  d'époque  Louis  XVI  en  bois  sculpté 
et  peint  gris,  couvert  eu  lampas. 

—  Un  seul  prix  vaut  d'être  signalé  parmi  les 


résultats  d'une  vacation  anonyme,  dirigée  salle  i, 
le  6  juin,  par  M"  H.  Baudoin  et  .M.  M.  Waltlier, 
assistés  de  M.  Guillaume,  celui  de  5.500  francs 
obtenu  par  une  tapisserie  d'Aubusson,  d'époque 
Régence,  représentant  Diane  et  Endymion  dans 
un  paysage.  Cette  séance  a  produit  un  total  de 
62.000  francs  environ. 

Vente  de  la  collection  du  marquis  de 
Biron  (1"  vente  :  dessins,  peintures,  sculp- 
tures, etc.)  —  La  première  vente  des  collections 
du  marquis  de  Biron,  comprenant  la  magnifique 
réunion  d'oeuvres  d'art,  principalement  de  l'école 
française  du  ivui"  siècle,  que  nous  avons  passée 
eu  revue  dans  une  de  nos  précédentes  chroni- 
ques, s'est  faite,  à  la  galerie  Georges  Petit,  les 
9,  10  et  11  juin.  M"»  Lair-Dubreuil  et  Baudoin 
dirigeaient  les  vacations,  assistés  de  MM.  Paulme 
et  Lasquin,  Ferai  et  Mannheim.  Le  total  de 
2.081.683  francs  est  à  retenir  et  suffit  à  témoi- 
gner de  l'accueil  obtenu  par  ces  dessins,  pein- 
tures, sculptures,  bronzes  et  meubles,  apparte- 
nant à  une  époque  plus  que  jamais  au  goût  du 
jour  et  dont  le  succès  ne  se  dément  point. 

Le  jour  de  la  première  vacation,  consacrée 
aux  dessins  et  peintures,  et  qui  a  produit  à  elle 
seule  809.200  francs,  on  a  vu  les  prix  de  demande 
presque  tous  dépassés,  et  quelques-uns  de  fort 
loin,  comme  celui  de  la  petite  peinture  d'Hubert 
Robert,  le  Parc  de  Saint-Cloud.  adjugée  50  000  fr. 
sur  demande  de  30  000;  ce  prix  est  le  plus  beau 
de  la  journée,  avec  celui  d'une  esquisse  peinte 
de  sir  Th.  Lawrence,  Portrait  de  femme,  qui  a 
atteint  46.000  francs.  Les  dessins  ont  obtenu  le 
succès  le  plus  complet  :  une  ft-uille  au  bistte  de 
Fragonard,  Fête  galante,  a  réalisé  29  500  francs 
sur  demande  de  25.000  ;  la  Villa  Kegroni  du  même, 
24.000  francs  (demande  20.000)  ;  les  trois  études 
de  Mains  d'homme,  au  pastel,  par  La  Tour,  se 
sont  vendues  28.900  francs  sur  demande  de 
15.000;  le  Triomplie  de  l'amour,  de  G.  de  Saint- 
Aubin,  a  fait  26.500  francs  ;  parmi  les  dessins^e 
Boucher  et  d'Ingres,  on  trouve  aussi  des  enchères 
supérieures  à '20.000  francs. 

Le  Musée  des  Arts  décoratifs,  le  Petit  Palais 
(notamment  pour  les  trois  dessinsd'Ingres,  n"*30, 
31  et  34),  le  Musée  de  Lyon,  comptent  parmi  les 
acquéreurs. 

Voici  -d'ailleurs  les  prix  de  cette  vacation  qui 
dépassent  5.000  francs.  Nous  y  joignons  les  prix 
de  demande  et  les  prix  obtenus  dans  les  ventes 
précédentes,  que  nous  empruntons  à  notre 
confrère,  la  Gazette  de  l'Hôtel  Drouot. 


190 


LE   BULLETIN    DE   L'ART 


Uesstns,  Pastels,  Aquakelles.  —  K.  Boucher  :  5. 
Bacchanle.  d.,  23.500  fr.  (deiu.  15.000  ;  v.  du  Baron 
d'ivry,  1884,  1.000  fr.).  —  6.  l'rojel  de  fontaine  en 
forme  de  vase,  d.,  5.100  fr.  (dena.  5.000;  v.  Concourt, 
1897,  870  fr,).  —  7-8.  Amours  soutenant  une  corbeille, 
deux  pendants,  d.,  11.500  fr.  (dem.  6.000).  —  Chardin  : 
9.  Elude  d'enfant,  d.,  5.000  fr.  (dem.  5.000).  —  10.  le 
Garde-manger,  d.,  6.100  fr.  (dem.  6.000;  v.  Chenne- 
vicres,  1898,  1.220  fr.).  —  11.  Clodiou.  Petits  Satyres, 
d.,  n..500  fr.  (dem.  15  000).  —  L.  David  :  12.  Portrait 
de  Jeanbon  Saint-André,  d.,  10.100  fr.  (dem.  10.000). 
—  13.  Portrait  d'un  général  de  la  République,  d., 
6.000  fr.  (dem.  5.000  ;  v.  Destaillenr,  1896,  950  fr.). 

Fragonard  :  16.  Jet  d'eau  dans  un  parc,  d.,  9.000  fr. 
(dem.  10.000).  —  17.  Les  Jardins  de  la  Villa  Negroni, 
à  Home,  d.,  24.000  fr.(dem.  20.000).—  19.  Fêle  galante, 
d.,  29.500  fr.  (dem.  25.000;  v.  Norblin,  1860,  42  fr.  ; 
V.  Muhlbacher,  1899,  10.000  fr.).  —  20.  L'Èlable,  d., 
13.700  fr.  (dem.  15.000  ;  v.  du  Baron  Schwiter,  1883, 
500  fr.).  —  21.  Notre-Dame  de  Paris,  d.,  5.100  fr. 
(deui.  4.000).  —  22.  L'Amour  de  l'or,  past.,  5.3S0  fr. 
(dom.  4.000;  v.  Fr.  Villot,  1859,  24  fr.  ;  v.  Goncourt. 
1897,  1.600  fr.).  —  24.  Greuze.  L'Amour  aux  colombes, 
d.,  5.600  fr.  (dem.  6.000). 

Ingres  :  27.  Af""  Verbœckhoven,  d.,  15.000  fr.  (dem. 
15.000).  —  28.  Joséphine  Lacroix,  A.,  9.100  fr.  (v.  Le- 
comte,  1906,  4.000  fr.).  —  30.  M.  Lavergne,  d.,  15.000  fr. 
(dem.  10.000).  —  31.  A/™"  Lavergne,  d.,  15.000  fr.  (dem. 
15.000).  —  34.  Éludes  pour  «  l'Odalisque  à  l'esclave  », 
d.,  24.500  fr.  (dem.  15.000).  —  35.  M—  Gallois,  d., 
9.100  fr.  (dem.  10.000).  —  M.-Q.  de  La  Tour  :  37. 
M"'  Dorizon,  née  Masse,  préparation,  past.,  20.100  fr. 
(dem.  20.000).  —  38.  Vumonl  le  Romain,  préparation, 
past.,  11.500  fr.  (dem.  11.000;  v.  Goncourt,  1897, 
2.100  fr.).  —  39.  Études  de  mains  d'hommes,  past., 
28.900  fr.  (dem.  15.000). 

Prud'hon  :  43.  Étude  pour  «  l'Assomption  de  la 
Vierge»,  à.,  12.500  fr.  (dem.  12.000;  v.  Boisfremont, 
1870,  1.450  fr.;  v.  Casimir  Périer,  1898,  3.050  fr.).  — 
44.  Étude  pour  «  l'Ame  brisant  les  liens  qui  l'atta- 
chent à  la  terre  »,  d.,  9.000  fr.  (dem.  6.000  ;  v.  Bois- 
fremont, 1864,  241  fr.  ;  v.  Delessert,  1898,  700  fr.).  — 
46.  Éludes  pour  «  le  Rêve  du  bonheur  »,  de  Ai"'  Mayer, 
d.,  10.500  fr.  (dem.  8.000).  —  47.  Académie  de  femme, 
d.,  n.500  fr.  (dem.  10.000).  —  50'.  Rembrandt.  Scène 
biblique,  d.,  15.000  fr.  (dem.  10.000). 

Hubert  Robert  :  52.  La  Fontaine,  aq.,  8.300  fr. 
dem.  8.000).  —  53.  Réservoir  sous  les  voûtes  d'un 
édifice  antique,  aq.,  11.000  fr.  rdem.  5.000).  —  55. 
A  Roslin.  Béatrix  de  Choiseul-Stainville,  duchesse 
de  Gramont,  past.,  11.200  fr.  (dem.  12.000).  —  56. 
Rubens.  Portrait  de  femme,  d.,  14.600  fr.  dem.  15.000). 

Gabriel  de  Saint-Aubin  :  57.  te  Triomphe  de  l'amour, 
d.,  26.500  fr.  (dem.  25.000).  —  58.  Gabriel  de  Saint- 
Aubin  dessinant  le  portrait  de  l'évêque  de  Cliartres, 
d.,  10.200  fr.  (dem.  12.000).  —  59.  Allégorie  sur  le 
mariage  de  Marie-Antoinette,  d.,  9.000  fr.  (dem. 
8.000;  v..Thévenin,  1906,  1.300  fr.).  —  60.  Scène  de 
théâtre,  aq.,  5.000  fr.  (dem.  8.000;  v.  Beurdeley,  1908, 


2.285  fr.).  —  61.  G.  de  Sainl-Aubin  et  Ch.  Eisen. 
Vignettes,  neuf  vignettes  dans  un  même  cadre,  d., 
14.500  fr.  (dem.  8.000).  —  63.  Watteau.  Télé  de  Mez- 
zetin,  d.,  19.000  fr.  (dem.  18.000).  —  66.  École  franc., 
xviii"  s.  Diderot,  A.,  9.000  fr.  (dem.  8.000). 

Peintubes.  —  L.-E.  Dubufe  :  68.  M"  d'E...  et  son  fils, 
9.000  fr.  (dem.  6.000).—  69.  Violettes,  5.000  fr. —  11. 
Sir  Th.  Lawrence.  Portrait  déjeune  femme,  46.000  fr. 
(dem.  40.000).  —  72.  Le  Maître  des  demi-figure»  de 
femmes.  Portrait  déjeune  femme,  5.200  fr.  (dem.  6.000). 

Hubert  Robert:74  Le  Parc  deSaint-Cloud, SO.QOOfr. 
(dem.  30.000).  -75.  Le  l'ont.  23.000  fr.  (dem.  20.000). 
76.  Rtiines  de  temple  antique.  14.000  fr.  (dem.  12.000). 

—  77.  La  Villa  Médicis,  13.600  fr.  (dem.  8.000).  —  78. 
Intérieur  d'un  édifice  antique,  8  000  fr.  idem.  8.000). 

—  79.  Cascade  près  d'une  basilique,  8.400  fr.  (dem. 
5.000).  —  80.  Escalier  dans  un  édifice  antique, 
13.600  fr.  (dem.  6.000).  —  83-84.  École  française, 
xviii'  s.  Jeux  d'amours,  panneaux  décoratif»,  deux 
pendants,  8.000  fr.  (dem.  5.000). 

Il  est  bon  de  rappeler  que  toutes  ces  pein- 
tures et  tous  ces  dessins  ont  été  vendus  encadrés 
dans  de  riches  bordures,  la  plupart  du  xvni"  siè- 
cle, dont  la  description  minutieuse  était  donnée 
par  le  catalogue,  au  même  titre  que  celles  des 
cadres  vendus  isolément. 

La  seconde  vacation  a  produit  3"S.195  francs. 
Elle  était  consacrée  aux  bois  sculptés,  aux  cadres 
en  bois  sculpté  et  doré,  aux  cadres  en  bronze, 
enfin  aux  sculptures.  Les  honneurs  de  la  journée 
furent  pour  le  buste  du  Maréchal  de  Lowendal, 
terre-cuite  de  J.-B.  Le  Moyne,  adjugé  39.000  fr., 
sur  demande  de  40.000.  Le  Centaure  et  la  Bac- 
chante, terre-cuite  de  Clodion,  dont  on  demandait 
20.000  fr.,  s'est  vendu  26.000.  Le  plus  beau  prix 
pour  les  cadres  en  bois  sculpté  a  été  celui  de 
14.500  fr.,  sur  demande  de  13.000,  pour  un  cadre 
Louis  XVI,  dans  le  style  de  La  Londe  (n"  171);  et 
pour  les  cadres  en  bronze  doré,  celui  de  14.700, 
sur  môme  demande  de  15  000.  pour  un  grand 
cadre  Louis  XVI  (n»  334). 

Ci-dessouB,  les  prix  supérieurs  à  5.000  francs 
de  cette  seconde  journée  : 

Sculptures.  —  85-88.  J.-Ph.  de  Beauvais.  (luatre 
dessus  de  portes  pour  le  boudoir  de  Marie-Antoinette 
au  Palais  de  Fontainebleau  :  la  Science  et  le  Commerce, 
la  Poésie,  la  Musique,  le  Drame  et  la  Comédie,  ma- 
quettes terre-cuite,  10.050  fr.  (dem.  6.000).  —  Le  Ber- 
nin  :  89.  Sainte  Bibiane.  maquette  terre-cuite,  7.600  fr. 
(dem  6.000).  —  90.  Buste  d'un  cardinal,  terre-cuite, 
11.500  fr.  (dem  12.000).  —  91.  Boizot.  Le  Coup  de  vent, 
statuette  terre-cuite,  15.010  fr.  (dem.  12.000:.  —  94. 
Attr.  à  Bosio.  Buste  d'une  jeune  femme,  marbre  bl., 
6.000  fr.  (dem.  6.000).  — Clodion  :  98.  Hermès  et  Dryope, 
terre  cuite,  11  500  fr.  (dem.  12.000).  —  99.  Le  Centaure 


ANCIEN   ET    MODERNE 


191 


et  la  Bacchante,  terre  cuite,  26.000  fr.  (dem.  20.000).  — 
101.  Iloiiddti.  Voltaire,  petit  buste  terre  cuite,  0.000  lï. 
(det'i.  3  000).  —  104  Le  Comte.  l'Enlèvement  d'Hélène, 
terre  cuite,  10  OuO  fr.  (deui.  8.000).  —  iOâ.  Le  Moync 
Le  Maréchal  de  Lowenital,  buste  terre  cuite,  39.000  fr. 
(deui.  40.000).  —  117.  École  française,  fin  xviii"  s.  Ma- 
guette  d'une  statue  f>  Jean-Jacques  Rousseau,  6.000  fr. 
(dem.  8.000). 

Caorks  en  bois  bculpté.  —  129.  Petit  cadre  rectan- 
gulaire, époque  Régence,  rinceaux,  rosaces  aux  angles, 
coquilles  et  rocailles  à  chaque  milieu,  5.000  fr.  (dem. 
5.000). —  147.  Cadre rectangul.,ép.  Louis  XV;  cartouche 
à  rocailles  au  milieu  de  chaque  face;  fleurs  aux  angles, 
5.0.W  fr.  (dem.  2  000).  —  153.  Cadre  rectangul.  ép. 
Louis  XVI,  à  crossettes;  à  la  partie  sup.,  cartouche 
encadré  de  lauriers  et  de  fleurs,  6.000  fr.  (dem.  5.000).  — 
169.  Grand  cadre  rectangul.  en  hauteur,  ép.  Louis  XVI  ; 
au  fronton,  oiseau  aux  ailes  éployées  tenant  dans  ses 
serres  une  branche  de  laurier  ;  guirlandes  de  fleurs, 
etc.,  12.500  fr.  (dem.  7.000).  —  171.  Grand  cadre  rec- 
tangul. en  hauteur,  ép.  Louis  XVI  ;  fronton  composé 
d'un  cartouche  surmonté  d'une  couronne  de  laurier 
et  rubans;  rosaces  aux  angles,  etc.;  style  de  La  Londe, 
14.500  fr.  (dem.  13.000). 

Bois  sculptés.  —  178.  Deux  panneaux  dessus  de 
portes  en  largeur,  chêne  sculpté  de  branchages  et  de 
lleurs,  attr.  à  Aubert  Parent,  ép.  Louis  XVI,  7.600  fr. 
(dem.  6  000) 

Cadkes  en  bronze  doré.  —  333.  Grand  cadre  rectan- 
gul., entrelacs  inscrivant  des  rosaces,  ép.  Louis  XVI, 
10.000  fr.  (dem.  10.000).  —  334.  Grand  cadre  rectan- 
gul., disques  juxtaposés  séparés  par  des  branches  de 
laurier,  surmonté  d'un  nœud  de  ruban,  ép.  Louis  XVI, 
15.000  fr.  (dem.  14.700). 

Nous  remettons  à  une  prochaine  chronique  la 
liste  détaillée  des  enchères  de  la  troisième  vaca- 
tion, comportant  les  objets  variés,  socles,  bronzes 
d'ameublement,  sièges,  meubles,  vitrines,  et  la 
rare  et  importante  réunion  de  bronzes  d'orne- 
ment, riciie  de  113  numéros. 

Cette  vacation  s'est  terminée  sur  un  total  de 
897.290  francs.  On  y  remarque,  en  particulier, 
l'enchère  de  141.000  francs,  sur  demande  de 
ISO. 000,  obtenue  par  un  grand  bureau  plat,  avec 
cartonnier  et  écritoire,  d'époque  Louis  XVI,  en 
bois  de  rose  et  bronzes,  signé  :  P.  Garnier. 
Citons  aussi  les  prix  de  50.000  francs  pour  un 
meuble  d'entre-deux,  d'époque  Louis  XVl,  signé 
Saunier,  et  de  46.000  francs  pour  un  bureau  de 
dame,  de  même  époque,  signé  Biesener. 

"Ventes  annoncées.  — A  Paris.  —Tableaux, 
objets  d'art  et  d'ameublement.  —  Les  15  et 
10  juin,  à  l'Hôtel,  sall.e  n"  6,  M=  H.  Baudoin, 
assisté  de  MM.  Mannheim  et  Ferai,  dispersera 
une  collection  d'objets  d'art  et  d'ameublement, 
faïences,  porcelaines  de  Chine  et  européennes, 


avec  quelques  tableaux  ancien»  et  modernes, 
aiqxirtenant  à  M.  L...  On  y  remarquera,  en  par- 
ticulier, quelques  tapisseries  intéressantes,  parmi 
lesquelles  trois  tapisseries  en  Aubusson,  du 
temps  de  Louis  XV,  présentant  chacune  un 
paysage  maritime,  animé  de  personnages  ;  une 
de  ces  tentures  est  reproduite  au  catalogue. 

Collection  de  feu  M.  Bourée  (objets  d'art, 
tableaux).  —  Les  17  et  ISjuin,  à  l'Hôtel,  salle  10, 
M=  H.  Baudoin,  avec  MM.  Mannheim  et  M.  Georges 
Petit  comme  expert,  vendra  les  objets  d'art  et 
tableaux  modernes  formant  la  collection  de  feu 
M.  Bourée.  Une  série  de  porcelaines  de  la  Chine, 
dont  plusieurs  sont  reproduites  au  catalogue, 
des  flacons,  tabatières,  bibelots,  bronzes  et  meu- 
bles de  même  provenance  ;  quelques  tableaux 
modernes  complètent  la  vente. 

Succession  de  M™"  N.  D...  (tableaux,  objets 
d'art). —  M'Lair-Dubreuil,  assisté  de  MM.  Paulme 
et  Lasquin  et  Duchesne  et  Duplan,  procédera, 
salle  1,  les  17  et  18  juin,  à  la  vente  des  tableaux 
et  objets  d'art  et  d'ameublement,  dépendant  de 
la  Succession  de  M'««  IV.  D...  Dans  le  catalogue 
illustré  de  cette  collection,  nous  remarquons 
tout  d'abord,  du  côté  des  tableaux  et  dessins  : 
les  Catalans,  près  de  Marseille,  par  Decamps  ;  un 
Paysage,  par  Jules  Dupré,  parmi  les  modernes  ; 
puis,  du  côté  des  anciens  :  des  Fruits  et  gibiers, 
par  Fyt  ;  la  Bonne  mère,  par  J.-B.  Huet  ;  le  Por- 
trait présumé  de  la  duchesse  de  Montbazon,  par 
N.  de  Largillière;  les  Joueurs  de  dés,  par  Eisen; 
un  Intérieur  rustique,  par  II.  Robert  ;  Minerve  et 
Thétis,pa.r  P.  Rubens,/a  Grande  mare, parJ.  Ruys- 
dael  ;  enfin,  les  Danseurs,  par  D.  Téniers  le  jeune. 

Dans  les  objets  d'art  et  d'ameublement  qui 
composent  la  seconde  partie  de  la  vente,  notons  : 
une  plaque  rectangulaire  ancienne,, en  faïence 
de  Gubbio,  offrant  en  bas-relief  la.yierge  et 
l'Enfant  Jésus,  et  une  tapisserie  de  Bruxelles  du 
xvii'^  siècle,  le  Départ  pour  le  Carrousel. 

M.  N. 
LIVRES 

A  Paris.  —  "Vente  d'une  collection  de 
livres  d'architecture  et  de  recueils  d'orne- 
ments. —  Nous  aurons  à  revenir  plus  longue- 
ment sur  cette  belle  vente,  que  nous  avions 
annoncée  avec  quelques  détails  et  qui  s'est  faite, 
du  3  au  6  juin,  à  l'Hôtel,  par  le  ministère  de 
M*  A.  Desvouges  et  de  M.  A.  Besombes.  Le  beau 
total  de  631.467  francs  dit  assez  quel  a  été  l'in- 
térêt témoigné  par  les  amateurs  à  ces  raretés  de 
l'histoire  de  l'art  et  du  livre. 


192 


LE    BULLETIN    DE    L'AKT 


Dans  une  chronique  prochaine,  où  il  nous 
faudra  reprendre  le  compte  rendu  elles  prix  des 
ventes  Alphonse  Willems  et  Pierre  Dauze,  nous 
donnerons  une  liste  des  principales  enchères  de 
ces  recueils  d'architecture  et  d'ornements.  Bor- 
nons-nous à  tirer  de  pair  les  deux  plus  remar- 
quables :  celle  de  51.000  francs  (sur  demande  de 
40.000)  pour  un  recueil  de  1 .276  pièces  de  Jacques 
Androuet  Du  Cerceau,  relatives  à  l'ameublement, 
à  l'orfèvrerie  et  à  la  décoration  des  (édifices  et 
formant  la  plus  grande  partie  de  l'œuvre  du 
maître  (n°  75);  —  et  celle  de  28.000  francs  pour 
riEuorc  gravé  de  Watleau,  publié  par  M.  de 
Julienne,  en  quatre  volumes,  dans  une  reliure 
de  l'époque. 

La  Bibliothèque  d'art  et  d'archéologie,  fondée 
par  M.  Jacques  Doucet,  a  fait  d'importants  achats 
à  cette  vente;  elle  entre  pour  une  bonne  moitié 
dans  le  total  des  enchères. 

B.  J. 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Severino  Rappa  (galerie  J.  Chaîne  et  Simon- 
son).  —  Depuis  près  de  dix  ans,  la  surprise 
n'était  jamais  méprisable  de  rencontrer,  dans  la 
fatigante  cohue  des  Indépendants,  ce  dessinateur 
qui  sait  tenir  un  crayon,  ce  portraitiste  qui 
devine  l'àme  visible  d'une  physionomie  particu- 
lière et  la  mélodie  silencieuse  d'un  visage  humain. 
Nettement  et  délicatement,  avec  le  crayon  gras 
sur  la  pierre  lithographique  ou  la  pointe  aiguisée 
de  la  mine  de  plomb  sur  le  papier  blanc,  ce 
modeste  et  courageux  Piémontais,  qui  fut  d'abord 
ouvrier,  puis  graveur  sur  bois,  possède  le  secret 
de  lire  le  caractère  vivant  d'un  être  et  de  le  fixer 
dans  un  canevas  léger  de  hachures  fines  et  de 
traits  pâles,  pour  en  prolonger  sous  nos  yeux 
l'éloquence  fragile  et  le  rythme  éphémère  :  Ars 
longa,  vita  bvevis,  a-t-il  écrit  lui-même  en  marge 
de  son  portrait,  daté  de  juin  1904.  Etqu'il  retienne 
l'enfance  heureuse  ou  la  vieillesse  ridée,  l'élé- 
gance discrète  ou  la  pensée  loyale,  qu'il  interroge 
Mme  Florence  Bartholomé,  Jtf""*  Cécile  Fournery- 
Coquard,  le  peintre  Maximilien  Luce,  le  statuaire 
Albert  Marque,  le  sculpteur  sur  bois  Edmond 
Becker,  nos  confrères  J.-G.  Prod' homme,  Hugo 
Thieme  ou  Gustave  Geffroy,  son  savoir  ému  nous 
propose  une  définition  neuve  de  cet  art  indéfinis- 
sable qu'on  nomme  le  dessin,  car  il  y  a  plus  d'une 
formule  possible  entre  la  pure  ligne  d'Ingres  et 
l'estompe  magique  de  Prud'hon. 


Groupes  divers.  —  Les  groupes,  dorénavant, 
veulent  croître  et  multiplier,  comme  les  indi- 
vidus :  chez  Crandhomme  ou  chez  Hessèle, 
quelques  peintres  et  dessinateurs  de  Paris,  depuis 
feu  Camille  Pissarro  jusqu'à  M.  Renéfer  et 
M""  Delasalle;  chez  Marcel  Bernheim,  quelques 
peintres  russes,  et  des  noms  nouveaux  :  Paris 
ignorait  M.  Gorbatov,  mais  nous  connaissions 
déjà  M.  Ivan  Thiele,  dont  le  Paysage  héroïque 
est  sévèrement  composé  comme  ses  beaux  por- 
traits. .\nx  pavillons  de  Bagatelle,  la  dixième 
réunion  de  la  Société  des  artistes  de  Neuilly 
nous  recommande  la  céramique  de  Copenhague, 
de  fins  paysages  de  M.  Emile  Barau,  la  vue  prise 
par  Miss  Malone  de  l'Erechtheion  dominant  les 
flots  bleus,  la  brève  «  rétrospective  »  du  statuaire 
Pierre  Granet  et  d'Edouard  Détaille,  qui  datait  de 
1878  son  Bonaparte  en  Egypte. 

Tandis  que  le  paysage  du  Midi  veut  rayonner 
chez  Bernheim  jeune,  chez  Moleux,  boulevard 
Malesherbes,  les  Rosati  font  une  troisième  expo- 
sition d'art  septentrional,  où  se  distingue,  presque 
seuljlepeintre-graveurdes  villes  mortes, M.  Albert 
Lechat.  Galerie  La  Boétie,  le  Syndicat  des  femmes 
peintres  et  sculpteurs  n'avait  rien  à  nous 
apprendre,  et  l'Union  des  Arts  est  un  groupe 
nouveau  composé  de  noms  connus;  mais  on  voit 
sans  déplaisir  les  études  loyales  de  M.  Henry 
d'Estienne,  les  planches  ou  les  dessins  de  MM.  Le 
Meilleur,  Armington,  Corabœuf  et  Mayeur,  et 
les  médailles  de  M.  Yencesse  ;  enfin,  la  galerie 
Chaîne  et  Simonson  vient  de  nous  offrir  une  pre- 
mière exposition  d'esquisses,  groupées  par  le 
peintre  Léonce  Furt,  où  la  subtile  Venus  nais- 
sance de  M.  Roganeau  mettait,  comme  au  Salon, 
sa  nudité  frêle  et  sa  douceur  nacrée. 

Actuellement,  l'art  est  aux  Salons,  et  plus 
encore  dans  les  grandes  ventes,  à  la  Centennale 
française  de  Copenhague  ou  dans  les  nouvelles 
salles  de  la  collection  Camondo;  cependant,  chez 
Georges  Petit,  M.  Léon  Arnoult  cultive  le  paysage 
romantique  et  le  crépuscule  cher  à  la  Société 
Nationale;  chez  Bernheim  jeune,  M.  William 
Horton  préfère  les  clartés  de  l'impressionnisme; 
et  chez  Druet,  après  M.  Dufrénoy,  souvent  lourd, 
après  M.  Marquet,  parfois  très  fin,  le  décorateur 
G.-I^.  Jaulmes  nous  rappelle  en  termes  choisis 
que  la  peinture  a  d'autres  horizons  que  la  som- 
maire brutalité  des  intransigeants. 

Raymond  Rouvbb. 

Le  Gérant  :  H.  Dïnis. 

Paris.  —  Imp.  Georges  Petit,  li.  rue  Godol-dc-Uauroi. 


Numéro  630. 


Samedi  27  Juin  1914. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


ANCIEN    ET    MODERNE 


Deux  arrêts  du  Conseil  d'État 


Dimanche  dernier,  on  a  posé  la  première  pierre 
(lu  pont  d'Héricy  :  temps  maussade,  assistance 
clairsemée,  cérémonie  sans  éclat  que  le  préfet 
du  département  ne  daigna  point  honorer  de  sa 
présence,  encore  qu'il  eût,  on  le  sait,  tous  les 
titres  à  tenir  la  truelle  en  ce  grand  jour  il). 

Consolons-nous  de  ce  qui  se  prépare  là-bas,  en 
résumant  deux  arrêts  nouvellement  rendus  par  le 
Conseil  d'État  et  bien  faits  pour  réjouir  les  amis 
des  monuments  et  des  sites,  qui  pourront  s'en 
prévaloir  à  l'occasion. 

Il  existe  à  Nîmes  une  porte  romaine  dite  Porte 
d'Auguste,  classée  comme  monument  historique, 
et  dont  l'aspect  était  complètement  défiguré  par 
les  murs  couverts  d'affiches  des  deux  maisons 
qui  la  dominent.  En  vertudelaloi  du20avriH910, 
qui  confère  aux  préfets  le  droit  de  fixer  la  zone 
dans  laquelle  l'affichage  est  interdit  aux  abords 
des  monuments  ayant  un  caractère  artistique  et 
classés  comme  tels,  le  préfet  du  Gard  prit  un 
arrêté  interdisant  l'affichage  dans  un  périmètre 
de  six  mètres  autour  de  la  Porte  d'Auguste.  Les 
propriétaires  des  deux  maisons  visées,  alléguant 
le  respect  de  la  propriété  privée,  déférèrent  l'ar- 
rêté préfectoral  au  Conseil  d'État.  Celui-ci  a 
rejeté  leur  pourvoi,  en  déclarant  que  la  loi  du 
20  avril  1910  «  n'a  point  entendu  subordonner 
l'exécution  des  mesures  prévues  par  elle  à  l'adhé- 
sion des  propriétaires  ou  à  la  procédure  d'expro- 
priation, mais  édicter,  dans  un  but  d'intérêt 
général,  une  servitude  qui  grève  directement, 
sans  indemnité,  la  propriété  immobilière  dans  le 
périmètre  défini  ». 

Cette  jurisprudence  peut  avoir  les  plus  heu- 
reuses conséquences,  et  il  faut  se  féliciter  que  le 
préfet  du  Gard  ait  eu  gain  de  cause.  Son  collègue 

(1)  Voir  le  Bulletin,  a"  624  et  627. 


du  Loir-et-Cher  n'a  pas  eu  le  môme  succès,  mais 
c'est  précisément  son  échec  que  nous  enregistrons 
avec  un  vif  plaisir. 

Un  incendie  ayant  partiellement  détruit  la 
vieille  église  de  Morée,  la  commune  reçut  de 
sa  Compagnie  d'assurances  une  indemnité  de 
20. .300  francs,  sur  laquelle  le  Conseil  municipal 
décida  de  prélever  5.100  francs  et  d'employer 
cette  somme  à  combler  les  anciens  fossés  du  vil- 
lage Notons,  en  passant,  que  ces  fossés  sont  fort 
curieux  et  que  les  archéologues  s'efforçaient  de 
les  conserver. 

Plusieurs  habitants  de  Morée  demandèrent 
alors  l'annulation  de  la  délibération  du  Conseil 
municipal  au  préfet  du  Loir-et-Cher  qui  s'y 
refusa.  Saisi  d'un  pourvoi,  le  Conseil  d'État  a 
confondu  la  délibération  municipale  et  l'arrêté 
préfectoral  dans  une  même  annulation,  basée 
sur  les  remarques  suivantes  :  étant  donné,  d'une 
part,  que  les  édifices  affectés  au  culte  sont, 
d'après  la  loi  du  2  janvier  1907,  à  la  libre  dispo- 
sition des  ministres  du  culte  et  des  fidèles  pour 
la  pratique  de  leur  religion,  et,  d'autre  part, 
qu'en  cas  d'incendie,  il  résulte  de  l'esprit  des 
lois  du  19  février  1889  et  28  mai  1913  que,  dans 
les  rapports  entre  l'assuré  et  les  tiers,  l'indem- 
nité d'assurance  se  substitue  à  la  chose  assurée, 
il  s'ensuit  que  le  Conseil  municipal  n'avait  pas  la 
libre  disposition  de  l'indemnité  versée  à  la  com- 
mune et  devait,  non  pas  l'employer  à  son  gré, 
mais  l'affecter  à  la  reconstruction  de  l'église. 

Bonne  semaine,  décidément,  pour  les  pauvres 
défenseurs  des  paysages  et  des  monuments! 

E.  D. 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Légion  d'honneur,  —  Sont  nommés  chevaliers 
de  la  Légion  d'honneur,  sur  la  proposition  du  ministre 
de  l'Instruction  publique,  à  roccasion  de  l'E.xposition 
de  Gand,  MM.  II.  d'Estienne  et  E.-A.  Moullé,  artistes 
peintres. 


tm 


LE    BULLETIN   DE    L'ART 


—  A  l'occasion  de  l'Exposition  de  Gand,  M.  Léon 
R?6f6r,  fichmme  de  (ettrés,  secrétàfré  géAéfal  et  forida- 
teàr  de  là  Soci^é  de  l'art  à  l'école,  a  éfe  promu  éiu 
grade  d'omcîer  de  la  Légion  d'honneur,  sur  la  propo- 
sition du  ministre  du  Commerce. 

Sous-secrétariat  d'Étjrt  dés  'Éea.nt-Atis.  —  Par 
décret  en  date  du  14  juin,  M.  Daliniier,  député  de 
Seine-et-Oise,  a  été  nommé  sous-secrétaire  d'État  des 
Beaux-Arts  du  Cabinet  Viviani,  en  remplacement  de 
M.  Jacquier,  membre  du  Cabinet  Doumergue,  démis- 
sionnaire. 

M.  Uibot,  pendant  son  court  passage  à  la  présidence 
du  Conseil,  n'avait  pas  pourvu  au  remplacement  de 
M.  Jacquier. 

Académie  des  beaux-arts  (séance  du  13  juin). 
—  M.  Redon,  élu  la  semaine  précédente  en  rempla- 
cement de  M.  Vaùdrémer,  est  admis  aux  ho'fanetirs 
de  la  séance  avec  le  cérémonial  accoutumé. 

—  L'Académie  s'entretient  du  Salon  qu'elle  a 
résolu  d'organiser  et  pour  lequel  elle  vient  d'obtenir 
la  concession  du  Jeu  de  Paume  des  Tuileries. 

Elle  a  décidé  que  cette  exposition  n'aurait  pas  lieu 
tous  les  deux  ans,  mais  seulement  tous  les  trois  ans. 

(Séance  du  20  juin).  —  L'Académie  décerne  le  prix 
Bordin  (3.600  francs),  à  notre  collaborateur  M.  Fran- 
çois tlourboin,  conservateur  du  département  des 
Estampes  dé  la  BibliOthèqile  nationale,  pour  son  livré 
sur  la  Gravure  française  du  XV III'  siècle. 

—  Le  prix  Brizard  (3.000  francs),  est  attribué  à 
M"*  Marcelle  Noyon  ;  le  prix  Maxime  David  (400  francs), 
à  M"*  Bastide;  le  pi-ix  Ardoin  (1.600  francs);  est  par- 
tagé également  entre  M""  Mège,  Menier*  de  Bourgade 
et  Charton. 

—  M.  Patey  est  délégué  pour  représenter  l'Académie, 
le  1^  juillet,  à  l'inauguration  du  monument  élevé,  à 
Mortàgnë,  à  la  mémoire  de  Chaplain. 

Abadémie  des  inscriptidns  et  belles-lettreti 
(séance  du  12  juin).  —  Le  P.  Scheil  achève  sa  com- 
munication sur  les  fouilles  opérées  à  Jérusalem  dans 
la  cité  primitive,  remontant  à  l'époque  chananéenne. 
il  étudie  le  dispositif  employé  pour  l'adduction  de 
l'eàii  nécessaire  à  l'approvisionnement  de  la  ville  et 
le  systêiae  âes  enceiiites  successives,  brie  inscription 
grétouë  f^enconti'ëe  dditiS  lé^  fbuillës  et  relatant  la 
conslrdcllon  d'une  sjmégb^e  et  d'iihe  hôtellerie 
pour  les  étrangers  par  un  certain  Théodote,  appelle 
diverses  observations  de  la  part  de  MM.  Çroiset, 
Monfceaux,  bleftlioht-tîânHéaii  et  Baijéidri. 

(Séance  du  19  juin).  —  L'Académie  apprend  la  mort 
de  son  correspondant  M.  fiàrclay  Vincent  Head, 
conservateur  honoraire  des  Médailles  au  Musée  Bri- 
tannique. 

—  Sur  le  prix  Gobert,  1.000  francs  sont  attribués  à 
M.  le  commandant  Espérandieu  pour  son  Recueil  de 
bas-reliefs  de  la  Gaule  romaine. 

—  M.  Chavannes  donne  des  nouvelles  de  la  mission 


de   MM.  Segalen,  Lartigue  et  Gilbert  de  Voisins  en 
Cliin*  occidentale. 

—  M.  Caignat  expose  les  résuHats  obtenus  par 
MM.  Ph.  Fabia  et  G.  de  Montauzan,  professeurs  à  la 
Faculté  des  Lettres  de  Lj-on,  qui  travaillent  au  déga- 
gement d'une  importante  villa  romaine  sur  la  colline 
de  Fourvières.  En  explorant  les  abords  de  l'endroit 
où  ils  avaient  trouvé  la  grande  mosaïque  acquise  l'an 
dernier  par  le  Musée  de  Lyon,  ils  ont  découvert  six 
nouvelles  mosaïques,  dont  trois  surtout  sont  remar- 
quables :  l'une,  blanche  et  noire,  par  la  variété  et  la 
beauté  dé  ses  desèins  gêoimétrtfjué*  ;  la  de'iixiême, 
polychrome,  par  la  finesse  d'une  frise  de  feuillage,  de 
fleurs  et  d'oiseaux  ;  la  troisième,  par  surface  qui  n'est 
pas  inférieure  à  ni  mètres  carrés  et  par  les  restes 
d'un  grand  tableao  central  représentant  une  scène  de 
marine.  Toutes  appartenaient  à  un  ensemble  et  se 
rattachaient  sans  doute  à  un  grand  bassin  central 
pavé  en  opus  spicatum  qui  fut  déblayé  en  1911.  Les 
vestiges  de  cette  habitation  magnifique  couvrent 
3.460  mètres  carrés. 

—  M.  M.  Dieulafoy  montre  que  les  plans  du  temple 
et  de  la  pyramide  de  Bal  Mardouk.  levés  par  M.  Kol- 
dewey,  directeur  de  la  mission  allemande,  sont 
d'accord  avec  les  calculs  faits  par  le  P.  Scheil  et  lui- 
même,  d'après  la  tablette  du  scribe  babylohieil  AriOu- 
Belchounor. 

—  M.  Mesguich,  architecte  de  l'École  des  beaux- 
arts  de  Paris,  rend  coiiipte  des  fouilles  qtii  lui  ont 
petttiii  de  mettre  M  j«iir  un  pftlais  de  Byzariee^  qiie 
l'dû  croit  pouvoir  IdfenIHiér  avec  la  maison  de  Jiisti- 
nien,  habitée  par  ce  prihce  avant  de  ceindre  la  cou- 
ronne impériale.  Cet  édifice,  extrêmement  fiche  en 
mosaïques  du  style  le  plus  pur,  bâti  probablement 
par  Constantin,  fut  éventré  en  1871  par  la  construc- 
tion d'un  chemin  de  fer.  Certains  travaux  d'édililé 
menacent  ce  qui  en  reste,  et  M.  Mesguich,  soutenu 
jusqu'à  présent  dans  sori  entreprise  par  les  Amis  de 
Stamboul,  souhaite  d'attirer  l'attention  des  savants 
du  monde  entier  sut  ce  monumelit  et  de  le*  intéres- 
ser à  sa  préservation: 

Société  des  antiquaires  de  France  (séance  du 
10  juin).  —  M.  Jules  Formigé  examine  la  disposition 
de  l'aulisum  dans  les  théâtres  romains  et  signale  à 
ce  sujet  des  bas-reliefs  conservés  au  Musée  de  Naptes 
et  au  Musée  du  Louvre. 

—  M.  Lefévre  des  Nouettes  /ait  cortstater  que  le 
cheval  n'a  Jariiais  élé,  dans  I  antiquité,  utilisé  pour 
Ife   labouf,   et  il    {jropose  de  corriger  Sur  ce  point 

rext)lication  d'iiii  bas-relief  egj-t>tient>ublié  pd)- Prisse 
d'Avenue. 

—  M.  de  Mély  signale  l'inscription  d'un  tableau 
prittiitif  BJtposé  sti  Lolivre  comme  Uhe  peinture  lla- 
mande,  l'Instruction  pnsloralt;  «t  ((ui  porte  le  Htttt 
d'an  peintre  italien  Apelle  Vitali. 

—  M.  de  Mandach  précise  le  sens  de  plusieurs  des- 
sins de  Jacopo  Bellini  conservés  au  Lotivi'e; 


ANGIEM   ET   MODERNE 


1«S 


—  M.  Monceaux  examine  quel^^^ues  pjoaibs  récem- 
ment découverts  à  Cartbage  par  ie  R.  P.  Delatlre. 

(Séance  du  17  juin).  —  M.  Robert  Michel  étudie  les 
fresques  découvertes  il  y  a  peu  d'années  à  Avignon, 
au  château  des  Papes,  dans  la  Tour  de  la  garde-robe. 
Ces  curieuses  peintures  doivent  dater  du  pontificat 
de  Clément  VI,  probablement  de  1343. 

.Congrès  archéoiogique  de  France.  — La  81* 

session  du  Congrès  archéologique  de  France  s'est 
ouverte  le  16  juin,  à  Brest,  sous  la  présidence  de 
XI.  E.  Lefèvre-Pontalis,  directeur  de  la  Société  fran- 
çaise d'archéologie,  assisté  de  M.  Héron  de  Villefosse, 
membre  de  l'Institut,  délégué  du  ministre  de  l'Instruc- 
tion publiqye. 

Les  visites  archéologiques  aux  principaux  monu- 
ments de  la  région,  coupées  de  séances  où  l'on  enten- 
dit de  très  intéressantes  communications,  ont  pris  fin 
le  lit  juin  au  soir. 

Congrès  des  Sociétés  d'histoire  de  Paris.  — 
Le  deuxième  congrès  des  Sociétés  d'histoire  de  Paris 
s'est  tenu  du  9  au  12  juin,  à  l'hôtel  Le  Peletier  de 
Saint-Fargeau,  sous  la  présidence  de  M.  J.-d.<iuilîrey, 
membre  de  >l 'Institut. 

Musée  QalUera.  —  Le  mercredi  24  juin,  a  été  inau- 
gurée, au  Musée  Galliera,  l'exposition  particulière 
annuelle,  consacrée  à  •<  la  Statuette  c)t  au  i^e^ble  ,qui 
la  présente  ou  l'accompagne  ». 

Nous  aurons  l'occasion  de  revenir  sur  l'intéressant 
ensemble  très  heureusement  réuni  et  présenté  à 
Galliera. 

Budget  des  Beaux-Arts.  —  Dans  sa  séance  du 
23  juin,  le  Sénat  a  voté  le  budget  des  Beaux-Arts 
de  1914,  sans  que  la  courte  discussion  ait  rien  apporté 
de  nouveau  sur  les  questions  en  cours. 

La  donation  J.  Pe.y-tel.  —  Le  Bullelin  a  annoncé 
brièvemeDt  la  donation  faite  aux  Musées  nationaux 
par  le  collectionneur  parisien  M.  Joanny  Peytel,  vice- 
président  de  l'Union  centrale  des  arts  décoratif».  Cette 
donation  se  compose  de  vingt  pièces,  dont  l'amateur 
se  réserve  l'usufruit,  et  qui  enrichiront  un  jour  les 
diUérentes  séries  des  collections  nationales. 

Les  peintures  comprennent  :  une  Singerie  de  VVat- 
teau;  un  l'ortraii  de  Millet,  par  lui-même;  [e  l'.orlrait 
d'Alphonse  Daudet  et  de  sa  fille,  par  Carrière  ; 
Allée  à  l'automne,  par  Sisley  ;  le  J'or.lrait  du  prince 
de  Galles  Je  futur  Edouard  VU),  par  Bastien-Lepage. 

Aux  autres  départements  du  Musée  du  Louvie 
iront  :  ,up  riche  pendentif  égyptien,  figurant  une  tôte 
de  crocodile  en  bronze  damasquiné  d'oT  ;  ,un  buste 
d'homme  en  calcaire  peint  de  l'époque  thébaine  ;  un 
vase  grec  à  curieuses  peintures  noires,  représentant 
une  scène  de  clinique  ;  un  groupe  hellénistique  de 
bronze,  trouvé  à  Kbodes  et  figurant  Êros  et  Psyché  ; 
un  tapis  persan  du  moyen  âge  à  combat  d'animaux  ; 
une  grande  clef  de  fer  incrusté  d'or,  provenant   du 


tombesM  de  Barkouk  ;  un  plat  hispano-mauresque  à 
décor  de  clefs  ;  enfin  plusieurs  autres  objets  i'aH 
musuluiaa,  no^  moins  importants. 

J5ocji,été  4'e)9,cow'agein,e.ç,t  à  y,aft  pt  à  l'ifl,d,i;i,a- 

tri,e.  —  Le  12  j|Uin,  a  été  jugé  le  X^V*  concQUj-y 
général  de  composition  décojf^tiye  organisé  par  jla 
Sçciété  ^'encouragement  à  l'syrt  et  à  ,r;çdu«tr^e,  dofiX 
le  s\ijet  était  :  un  vase  placé  jur  w^  focle  ;  à  cfi 
concjjufs  deux  cents  a.rtistes  9yavefl,t  j)jr,i?  p,w;t.  )^ep 
prix  ont  été  attribués  c.çnime  s,u.^t  : 

1"  prix  (500  fr.),  {kI"*Leca^pi9n  (î^ç.  .des  arts  déco- 
ratifs, Paris);  2*  prix  (400  fr.),  M""  i-  Levy  (JÈc.  ^es 
arts  décoratifs,  Paris)  ;  3*  prix  (300  if.),  ^.  Ç.  i^- 
risset  (Éc.  des  beaux-arts,  Tours)  ;  4*  prix  (20p  ^0, 
M.  J.  Feuillâtre  (Éc.  des  arts  décoratis,  Paris)  ;  5"  prix 
(200  fr),  M.  R.  Guérard  (Éc.  des  arts  (iécora  tifs,  Paris)  ; 
6*  prix  (200  fr.),  M.  B.  Damamme  (Éc  des  beaux-arts, 
Uouen)  ;  1'  prix  (150  tr.),  .^1.  fii<.uicilon  (Éc  des  l^eçiux- 
arts,  Nice);8'  prix  (<100  fr.),  M.  fi.  Mair«t  (Éc.  des 
arts  décoratifs,  Paris)  ;  9*  .{aix  (100  fr.),  M.  M.  Seux 
(Éc.  des  arts  décoratifs,  Paris)  ;  10"  prix  (50  fr.), 
M.  A.  Marre  (Le.  municipale  de  dessin  d'Abbeville)  ; 
11°  prix  (50  fr.),  M.  M.  Patoiseau  (Éc.  desiieaux-asts, 
Nantes)  ;  2*  prix  (50  fr.),  M"'  M.  Hamfll  (Éc.  des  beaux- 
arts,  Kouen);  13*  prix  (25  fr.),  M.  G.  ilerard  (jÉc. 
BouUe,  Paris);  d"  mention,  M.  P.  Adam  (Éc.  des 
beaux-arts.  Rennes);  2*  mention,  M.  J.  Tiaseyre  (Éc. 
Boulle,  Paris). 

Outre  les  prix  en  espèces,  chacun  des  concurrents 
récompensés  recevait  une  ou  plusieurs  plaquettes  et 
médailles. 

A  Londres.  —  M.  Jean-Louis  Pascal,  membre  de 
l'Institut,  professeur  à  l'École  des  beaux-arts,  vient 
de  recevoir  la  médaille  d'or  de  l'Institut  royal  des 
architectes  anglais.  Cette  récompense  est  la  plus  iiaute 
qui  puisse  être  attribuée  à  un  architecte  en  Angleterre. 
Avant  d'être  oflerte.àM.  Pascal,  la  médaille  d'or  avait 
été  autrefois  donnée  à  M.  Dauniet,  l'architecte  de 
Chantilly,  et  à  Charles  Garnier,  l'architecte  de  l'Opéra. 

Nécrologie.  —  On  annonce  la  mort  de  M.  Eug^nf 
Engiand,  ancien  président  de  la  Chambre  des  avoués 
de  Paris,  président  de  la  Société  des  amis  du  châ- 
teau de  Maisons-Laflitte,  qu'il  avait  fondée,  apcès 
avoir  contribué,  pour  une  bonne  part,  au  mouvement 
d'opinion  qui  aboutit,  en  1904-1905,  à  la  sauvegtkrde 
du  chef-d'œuvre  de  François  Mansard,  à  Maisons. 

—  M.  Auguste-Alfred  Vaudet,  graveur  en  médailles 
et  sur  pierres  fines,  vient  de  mourir  à  l'âge  de  16  ans. 
Né  à  Paris,  élève  de  Lequien  père,  il  avait  débuté  au 
Salon  de  1 868  et  il  exposa,  par  la  suite,  de  nombreuses 
compositions  et  poitraits,  parmi  lesquels  une  inter- 
prétation sur  pierres  fines  de  la  Marseillaise  de  Him1«, 
qui  l'occupa  pendant  plusieurs  années.  Médaillé  au 
Salon  de  1880,  il  avait  été  nommé  chevalier  de -la 
Légion  d'honneur  en  1912. 

—  M.  Charles  Giron,  \e  peintre  récemment  décédé 
à  Genthod-Bellevue   (Suisse),  était  un  des  représen- 


196 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


tants  les  plus  en  vue  de  l'école  suisse  contemporaine 
et  un  habitué  de  nos  Salons  ;  il  y  exposait  réguliè- 
rement des  toiles  importantes  où  il  s'appliquait,  avec 
beaucoup  de  conscience  et  de  gravité,  à  rendre  l'im- 
pression des  paysages  montagnards;  on  lui  doit  aussi 
de  robustes  portraits  :  M"'  Judic,  Worlh,  Edouard 
Rod,  Coquelin  aîné,  etc.;  et  des  décorations,  comme 
celles  du  Parlement  suisse.  Après  avoir  longtemps 
exposé  au  Salon  des  Artistes  français,  où  il  reçut 
plusieurs  récompenses  (méd.  de  3"  classe  en  1879  ;  de 
2*  classe  en  1883),  après  avoir  obtenu  une  médaille 
d'or  à  l'Exposition  de  1889  et  fait  partie  du  jury  à 
celle  de  1900,  il  était  passé  à  la  Société  nationale  en 
1906.  11  avait  été  fait  chevalier  de  la  Légion  d'hon- 
neur en  1888. 


LES  RÉCOMPENSES  DU  SALON 

(Suite.) 


Prix  National  (10.000  fr.).  —  M.  Jules-Arthur  Joets, 
artiste  peintre  (S.  A.  F.). 

M.  Joets  expose  cette  année  deux  peintures  :  l'En- 
lerrement  de  sept  heures  /Petites  sœurs  des  pauvres 
de  Saint-Omer)  et  le  Portrait  de  sa  mère;  celle-ci  a 
été  reproduite  en  hors-texte  dans  le  dernier  numéro 
de  la  Revue. 

Bourses  de  voyage.  —  Peinture,  —  M.  Joseph- 
Alexis  Tranchant  (S.  A.  F.),  M"'  Suzanne-Marie-Carmen 
Labatut  (S.  A.  F.),  M.  Jean -Louis -Marie  Bédorez 
(S.  A.  F  ). 

Sculpture.  —  M.  René  Paris  (S.  A.  F.),  M.  Paul-Henri 
Le  GoU'  (S.  A.  F.). 

Architecture.  —  M.  Deslandes  (S.  A.  F.). 

Gravure.  —  M.  Orner  Bouchery  (S.  A.  F.). 

M.  Bouchery  est  un  collaborateur  de  la  Revue,  où  il 
a  donné  une  eau-forte  originale,  Fives-Lilles  (t.  XXXil, 
p.  36.3)  et  une  gravure  d'après  la  Conversation  de  Pieter 
Codde,  au  musée  de  Lille  (t.  XXXV,  p.  25). 

Arts  décoratifs.  —  M.  Eugène  Capon  (S.  N.). 

Primes  d'encouragement  du  sous-secrétariat 
d'État  des  Beaux-Arts.  —  La  Commission  supé- 
rieure des  beaux-arts  a  décerné  les  récompenses 
suivantes  : 

Encouragement  de  1.000  francs.  —  Peinture  : 
M°"  Fournier  des  Corats,  MM.  Stœckel,  Martin- 
Gauthereau,  Narbonne,  Mariel,  Maurice  Laurent, 
M"'  Jeanne  Marévery. 

Sculpture  :  MM.  Silvestre,  MuUer,  Proszinski,  Bau- 
dot, Fournier,  Leyritz. 

Gravure  et  lithographie  :  MM.  Desgranges,  Louveau- 
Rouveyre. 

Architecture  :  M.  CasteL 

An  décoratif  :  M.  Lachenal. 

ENCoaRAOEMENT  DE  SOOrflANCs. — Peinture:  MM.  René 


Martin,  Rigal,  Imbs,  M""  Aube,  Jué  de  Roveredo, 
Decœur,  MM.  Roustan,  Fouard,  Roux,  M"*  Corlin, 
M"'  Casttélaz. 

Sculpture  :  MM.  Pimienta,  Cellier,  Beaufils,  Pau- 
pion,  Patriarche,  Lenoir. 

Architecture  :  MM.  Mouret,  Varin,  Moutariol. 

Gravure  et  médailles  :  M.  Dropsy. 

Art  décoratif:  M.  Fer. 

Gravure  et  lithographie  :  MM.  Léopold-Lévy, 
Degorce,   Dufour. 

Prix  coloniaux.  —  Prix  de  l'Indo-Chine.  — 
M  Charles  Fouqueray,  artiste  peintre  (S.  A.  F.). 

Prix  de  l'Afrique  occidentale  française.  —  M.  Ray- 
mond Renefer,  artiste  peintre  (S.  N.). 

Prix  de  l'Afrique  équatoriale.  —  M.  Paul  Jouve, 
artiste  peintre  (S.  N.). 

Prix  de  Madagascar  [Réunion).  —  M.  René  Quillivic, 
sculpteur  (S.  N.). 

l'rix  du  Maroc.  —  M"'  Marcelle  Ackein,  artiste 
peintre  (S.  A.  F.). 

Pour  le  cas  où  l'un  des  titulaires  serait  empêché, 
les  bureaux  ont  désigné  comme  supplémentaires  : 

M.  Raymond  Glaize,  artiste  peintre  (S.  A.  F.),  pour 
l'Indo-Chine  ;  M.  Albert  Leroy,  artiste  peintre  (S.  A.  F.), 
pour  l'Afrique  occidentale  française  ;  M.  Lucien  Lau- 
rent-Gsell,  artiste  peintre  {S.  N'.),  pour  l'Afrique  équa- 
toriale; M.  Georges  Capron,  artiste  peintre  (S.  A.  F.), 
pour  Madagascar  (Réunion)  ;  M.  André  Martin-Gauthe- 
reau,  artiste  peintre  (S.  A.  F.),  pour  le  Maroc. 

Bourses  de  voyage  coloniales  —  Des  bourses  de 
voyages  coloniales  ont  été,  en  outre,  attribuées  à  ; 

MM.  Charles  Rivaud,  artiste  décorateur  (S.  N.); 
Henri  de  Nolhac,  artiste  peintre  (S.  N.)  ;  Jean  Tarrit, 
sculpteur  (S.  A.  F.);  M"'  Gabrielle  Frasez,  artiste 
peintre  (S.  A.  F.);  M.  Rémi  Peignot,  artiste  peintre 
(S.  N.). 

Prix  divers  de  la  Société  des  Artistes  fran- 
çais. —  A  la  liste  publiée  dans  le  dernier  numéro  du 
Bulletin,  il  faut  ajouter: 

Prix  James  Bertrand  (3.860  fr.).  —  M.  Charles 
Fouqueray,  peintre. 

Prix  de  Kaigecourt-Goyon  (1.000  fr.).  —  M.  Ernest- 
Marie  Pernelle,  peintre. 

Prix  Marie-Bashkirtse/f  (500  fr.).  —  M.  Georges 
Maury,  peintre. 

Prix  de  l'Association  amicale  des  paysagistes  fran- 
çais. —  M.  Émile-Jean-Baptiste-Frédéric  Ragot. 

Ajoutons  encore  à  la  liste  des  médailles,  précédem- 
ment publiée,  que,  dans  la  section  d'architecture, 
des  médailles  de  bronze  ont  été  attribuées  à  M.  Paul 
Morice  et  à  M.  Paul  Tissier. 

Primes  de  la  Société  d'encouragement  à  l'art 
et  à  l'industrie.  —  Les  primes  suivantes  ont  été  attri- 
buées par  la  Société  d'encouragement  à  l'art  et  à 
l'industrie,  à  des  artistes  français  âgés  de  40  ans  : 

Société  des  artistes  français.  —  Prime  de  300  fr., 


ANCIEN    ET    MODERNE 


197 


M.  G.  Bigard  (uiétaux  de  couleur  et  objets  d'art)  ;  de 
100  fr.,   MM.   Daurat  (objets  d'art)  ;  de  100  fr.,  M.  E. 
Duru  (bibliothèque);  mention,  M.  Sénart  (étains). 
Société  nationale  des  beaux-arts.  —  Prime  de  300  fr., 


M.  Eug.  Capon  (vases  en  métal);  de  200  fr.,  M"*  J. 
Morice  (broderies)  ;  mention,  M.  R.  Massé  (toiles  de 
couleur  en  application),  en  collaboration  avec  M'"*  R. 
Massé. 


CHRONIQUE    DES    VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris.  -  Vente  de  la  collection  du  Mar- 
quis de  Biron  [fin).  —  Nous  avons  donné,  dans 
notre  dernière  chronique,  le  produit  total  de 
cette  vente  et  les  principaux  prix  des  deux  pre- 
mières vacations;  il  nous  reste  à  publier  une 
liste  des  plus  importantes  enchères  de  la  troi- 
sième journée,  consacrée  aux  bronzes  d'ameu- 
blement et  aux  meubles. 

Dans  la  riche  série  de  bronzes  d'ornement,  nous 
ne  trouvons  à  signaler,  comme  enchères  de  quelque 
importance,  que  celle  de  6.900  fr.,  pour  deux  bases  de 
pilastres  (n"  266),  et  celle  de  4.500  fr.  pour  un  motif 
provenant  d'une  cheminée  (n°  260);  quatre  grilles  de 
médailles,  timbrées  de  fleurs  de  lis  et  de  couronnes 
royales  ont  atteint  3.000  fr.  (n'  224),  et  deux  mascarons, 
satyres  barbus,  3.5tO  fr.  (n°  252). 

Bkonzes  d'ameublement.  —  344.  Sphinx  et  sphinge, 
bases  marbre  vert,  ép.  Louis  XVI,  8.000  fr.  —  345. 
Paire  de  chenets,  chien  et  chat  assis,  ép.  Louis  XVl, 
19.500  fr.  (dem.  20.000).  —  346.  Paire  de  chenets,  cas- 
solette enflammée,  têtes  de  lions  et  guirlandes  de  fruits, 
ép.  Louis  XVI,  n.500  fr.  (dem.  10.000).  —  347.  Pendule, 
torche  ailée  et  aigle  aux  ailes  éployées  ;  à  la  base  :  l'En- 
lèvement d'Europe,  ép.  Louis  XVI,  6.000  fr.  —  348.  Deux 
brûle-parfums,  dits  «  athéniennes  »,  fin  ép.  Louis  XVl, 
n.800  Ir.  (dem.  20.000).  —  349.  Douze  figures  haut- 
relief,  formant  appliques,  de  danseuses  de  style 
antique,  ép.  Louis  XVI,  22.100  fr.  (dem.  10.000).  — 
350.  Deux  candélabres  à  figures  de  femmes  debout, 
drapées  à  l'antique,  début  xix'  s.,  7.900  fr.  —  351. 
Galerie  de  foyer,  à  rinceaux  et  statuettes  d'amours, 
ép.  Premier  Empire,  5.000  fr.  —  352.  Deux  candé- 
labres, statuettes  de  prêtresses  debout,  drapées  à 
l'antique,  ép.  Premier  Empire,  5.000  fr.  —  353.  Deux 
vases,  forme  Médicis,  en  malachite,  garnis  d'appliques 
de  br.  doré,  personnages  de  style  antique,  ép.  Premier 
Empire,  5.100  fr. 

Sièges.  —  354.  Canapé  à  joues,  bois  se;  manière 
dé  N.  Pineau;  recouvert  d'ancien  damas  crème;  ép. 
Louis  XV,  18.000  fr.  (dem.  20.000).  —  355.  Deux  ban- 


quettes bois  se,  entrelacs  et  feuillages  ;  couverts  d'anc. 
larapas  à  décor  camaïeu,  l'Atelier  de  Vulcain,  dans  le 
goût  de  Ph.  de  Lassalle,  17.300  fr.  (dem.  15.000).  — 
357.  Lit  de  repos,  bois  se.  et  doré,  attr.  à  Pluvinet, 
ép.  Louis  XVl,  5.500  fr.  —  362.  Deux  grands  fauteuils 
bois  se.  et  doré,  à  cariatides  de  femmes  ailées,  par 
Jacob  frères,  ép.  du  Consulat,  7.000  fr.  (dem.  8.000). 
Meubles.  —  363-364.  Bureau  plat,  surmonté  d'un 
cartonnier,  en  bois  de  rose  et  bois  satiné,  garni  br. 
ciselés  et  dorés;  signé  :  P.  Garnier,  début  de  l'ép. 
Louis  XVI;  écritoire  en  bois  satiné  et  br.,  141.600  fr. 
(dem.  150.000). —  365.  Meuble  à  haut,  d'appui,  arrondi, 
en  laque  à  décor  en  dorure  de  style  chinois  sur  fond 
noir,  br.  ciselé  et  doré  ;  signé  :  Héricourt,  ép.  Louis  XVI, 
18.000  fr.  (dem.  15.000).  —  366. Bureau bonheur-du-jour, 
marqueterie  bois  clair,  bordure  et  galerie  cuivre,  ép. 
Louis  XVI,  16.100  fr.  (dem.  15.000).  —  367.  Meuble 
d'entre-deux  à  hauteur  d'appui,  plaqué  d'ébène  et 
garni  de  br.,  panneau  de  laque  à  fond  noir  et  décor 
de  style  chinois,  signé  :  C.-C.  Saunier,  ép.  Louis  XVI, 
50.000  fr.  (dem.  50.000).  —  368.  Meuble  d'entre-deux 
à  hauteur  d'appui,  formant  étagère,  plaqué  d'ébène 
et  garni  br.,  signé  :  C.-C.  Saunier,  ép.  Louis  XVI, 
25.000  fr.  (dem.  25.000).  —  369.  Bureau  de  dame 
bonheur-du-jour,  surmonté  de  deux  étagères  aca- 
jou, garni  de  br.,  signé  :  Riesener,  ép.  Louis  XVI, 
46.100  fr.  (dem.  40.000). 

370.  Bureau  bonheur-du-jour,  acajou  et  br.,  dessus 
marbre  bl.,  galerie  cuivre,  par  Riesener,  ép.  Louis  XVl, 
17.500  fr.  (dem.  20.000).  —  371.  Table  ovale,  acajou  et 
cuivre,  attr.  à  Montigny,  ép.  Louis  XVl,  7.200  fr. 
(dem.  8.000).  —  372.  Commode  acajou  et  br.,  par 
Levasseur,  ép.  Louis  XVI,  28.700  fr.  (dem.  35.000).  — 
374.  Brille-parfums  en  albâtre,  trépied  marbre  vert, 
base  albâtre  et  marbre  de  coul.,  ép.  Louis  XVI, 
27.500  fr.  (dem.  15.000).  —  375.  Brûle-parfums  en  br. 
doré,  femmes  ailées,  ép.  Louis  XVI,  22.500  fr.  (dem. 
30.000).  —  376.  Deux  jardinières  en  marbre  blanc 
et  bleu  turquin,  ornées  d'appliques  de  br.  ciselé  et 
doré,  à  Qg.  de  style  antique,  attr.  à  Forestier,  fin  ép. 
Louis  XVl,  49.000  fr.  (dem.  45.000).  —  377.  Table  rec- 
tangulaire, dessus  en  stuc  et  marbre  de  coul.,  coinposil. 
de  style  antique,  fin  ép.  Louis  XVI,  33.500  fr.  (dem. 
30.000).  —  378.  Petit  secrétaire,  acajou  moucheté  et 
br.,  dessus  marbre  brocatelle,  signé  :  Lemarchand, 


198 


LE  8CJLLBTIN    DE   L'ART 


l'viii*  s.,  11.000  fr.  (<iem.  12.089).  —  379.  Petit  ««cré- 
taire  droit,  acajou  et  br.,  paf  Lemarchand,  xvm'  t., 
7.500  fr. 

380.  Meuble  d'entre-deux  à  hauteur  d'appui,  acajou 
et  br.,  tablette  plaquée  marbre,  xvm'  s.,  10.000  fr.  — 
382.  Deux  tables  de  travail  de  dame,  acajou  et  raeioe 
d'érable,  à  trépied,  en  br.,  modèle  de  Percier  et  Fon- 
taine, par  Jacob  frères,  xix'  s.,  14.500  fr.  et  14.500  fr. 
(dem.  30.000).  —  387.  Seçr«tai-r«  droit,  acajou  lir.  dorés, 
tablette  marbre  blanc,  par  Jacofc  liesnialter,  ép.  Pre- 
mier Empire,  6.950  fr.  —  390.  Bureau  plat  de  milieu, 
acajou  et  br.,  ép.  Premier  Empire,  8.000  fr.  —  .39J1.. 
Psyché,  placage  de  racine  et  br.,  fig.  de  génies  ailés, 
par  Jacob  Desmalter,  32  000  fr.  (dem.  30.000). 

V<ent«    de    la    collection    Roger    MarK 
(IV*  vwite  :  tableaux  et  dessins  modernes). 

—  'De  la  seconde  vente  des  tableaux  et  dessins 
modernes  ayant  appartenu  à  M.  Roger  Marx  (la 
quatrième  de  la  collection  du  critique  d'art),  il 
n'y  a  à  retenir  que  le  tptal  de  77.268  francs. 
Rappelons  que  cette  ye*te,  ajftoouc.ée  par  un 
catalogue  illustré,  a  eu  lieu  salle  1,  les  12  et  13 
juin,  par  le  ministère  de  M"»  Lair-Dahreuil  et 
Baudoin,  assistés  de  MM.  Durand-Ruel  «t  Bern- 
heim  jeune. 

Vente  d'objets  d'art,  etc.  —  Parmi  les  résul- 
tats d'une  vacation  anonyme,  dirigée  salle  1,  le 
13  juin,  par  M"  Lair-Dubreuil  et  MM.  Paulme  et 
B.  Lasquin,  nous  trouvons  à  signaler  le  prix  de 
8.900  francs  obtenu  par  six  fauteuils  et  une  her- 
gère  ù  dossier  médaillon  peint  blanc,  garnis 
d'ancienne  ta{>i8s^ie  d'Âubusson,  à  bouquets  de 
ileurs,  formant  les  n*"  127  et  d^.de  la  vente. 

Vente  de  la  collection  de  M.  ]Li...  (objets 

d'art,  etc.). —  Faite  salle  6,  les  15  et  16  juin,  par 
M»  H.  Baudoin  et  MM.  Mannheim  et  Ferai,  cette 
vente  a  produit  79.829  francs.  Notons  :  204. 
Quatre  fauteuils  couverts  en  tapisserie  au  point, 
à  personnages,  xvn*  siècle,  4.900  francs  (dem. 
4.000).  —  211-213.  Trois  tapisseries  d'Aubussen, 
époque  Louis  XV,  paysage  maritime  animé  de 
.personnages,  10.300,  7.000  et  îi.ôSO  francs  (dwn. 
18-000). 

Tente  de  la  collection  Fairfax  Murray 
(tableaux  anciens).  —  Farte  galerie  Georges 
Petit,  le  15  juin,  par  M«*  Lair-Dubreuil  et  Bau- 
doin, assistés  de  M.  Ferai,  cette  vente  a  produit 
1.668.800  francs  pour  vingt-neuf  auraéros.  D'une 
façon  générale,  les  prix  d'adjudication  ont 
dépassé  les  demandes.  Les  honneurs  de  la  vaca- 
tion ont  été  pour  le  Portrait  présumé  du  père  de 


Kembremdt ,  par  Reflabrandt ,  qui  a  réalisé 
315.000  francs,  sur  la  demande  de  300.000.  Une 
belle  plus-value  a  été  obtenue  par  le  tableau  de 
Boucher  :  Jeune  Femme  étendue  sur  un  sopha, 
qui  est  monté  à  190.500  francs,  sur  la  demande 
de  100.000. 

PRINCIPAUX  PRIX 

•TABtEAiCi  ANCIEN*,  r-r  i  Antoaello  de  Messine.  Saint 
Sébastien,  50.009  fr.  <dem.  80.000).  —  2.  Giovanni 
Bellini.  Vénus  à  sa  toilette,  92.000   fr.  (dem.  150.000). 

—  4.  Sandre  Botticelli.  La  Vierge,  l'Enfant  Jésus  et 
saint  Jean,  91.000  fr.  (dem.  150.000).  —  5.  F.  Boucher. 
Jeune  Femme  étendue  sur  un  sopha,  190.500  fr.  (dem. 
100. 000).  —  6.  Brouwer.  Le  Fumeur  «ndermi,  ti.OOO  fr. 
(dem.  50.000).  —  7.  C.  iacojt)  Delft.  Portrait  d'une 
jeune  dame,  15.000  fr.  (dem.  12.000).  —  8.  Durer.  Sal- 
vator  l/undi,  72.000  fr.  (dem.  lOO.OOO;.  —  9.  A.  van 
Dyck .  Portrait  de  Lucas  Voslernuin  le  Vieux , 
130.000  fr.  (dew.  130.000;.  -^  10.  École  flumandej 
commencement  iiu  xvi-  s.  La  Vierge  el  VEnfgjnl, 
40.000  fr.  (dem.  30.000).  —  11.  École  flamande,  xvic  s 
l'ortrait  d'un  gentilkomme,  10.000  fr.  (dem.  10.000). 

—  12.  École  française,  xv  s.  La  Vierge  aux  donateurs, 
diptyque,  50.000  fr.  (dem.  50.000;.  —  13.  Etty.  La 
Danse,  6.400  fr.  (dem.  10.000).  —  Gaiosborough  :  14. 
l'ortrait  de  l'artiste  à  vingt-huit  ans,  96.500  fr.  (dem. 
60.000;  vente  Geo  Richmond,  Londres,  1897,  I5.000.fr.). 
15.  Portrait  de  Thomas  Haviland,  25.000  fr.  (dem. 
25.000).  —  16.  Van  der  Helst.  Portrait  d'une  dame, 
14.000  fr.  (dem.  15.000;  v.   Mniszech,  1902,  9.500  fr.). 

—  17.  Hondecœter.  Combat  entre  un  coq  et  un  dindon, 
42.500  fr.  (dem.  40.000).  —  18.  X.  Lancrel.  Danse 
champêtre,  38.000  fr.  (dem.  50.000;  v.  Reginald  Vaile, 
Londres,  1903,  65.625  fr.).  —  19.  Largillière.  Portrait 
du  Comte  de  Richebourg,  15.600  fr.  (dem.  12.000).  — 
2.0.  P.  Lorenzetti.  La  Crucifixion,  19.000  fr.  (dem. 
20.000).  —  21.  A.  Moro.  Portrait  de  jeune  dame, 
19.000  fr.  (dem.  20.000;  v.  Pallavicino  Grimaldi, 
Gènes,  1899,  8.000  fr.).  —  22.  Uans  Mielich.  Portrait 
de  Pancratius  von  Freyburg  zu  Aschau,  67.000  fr. 
(dem.  60.000).  —  23.  Rembrandt.  Portrait  présumé 
du  père  de  l'artiste,  315.000  fr.  (dem.  300.000).  —.24. 
Un  Savant  tisa7it  à  la  chandelle,  71.000  fr.  (dem. 
80.000).  —  25.  J.  Reynolds.  Im  Mort  de  Didon,  30.000  fr. 
(dem.  30.000).  —  .26.  A.  Salaino.  La  Toilette  de 
l'Enfant  Jésus,  5.000  fr.  (dem.  4.000).  —  28.  A.  Solario. 
L'Annonciation,  103.000  fr.  (dem.  100.000;  v.  Yerkes, 
New  York,  1910,  56.500  fr.).  —  29.  VUel.  Un  Jeune 
officier,  5.000  (r.  (dem.  5.000). 

Succession  de  M"""  N...-D...  'Nonette- 
DelormeJ  (tableaux,  objets  d'art,  etc.).  — 
Annoncée  par  un  catalogue  illustré,  cette  vente, 
qui  a  eu  lieu,  salle  1,  les  17  et  18  juin,  sous  la 
direction  de  M*  Lair-Dubreuil  et  de  MM.  Paulme, 
Lasquin,  Duchesne  et  Duplan.a  produit  un  total 
de  234.780  francs. 


ANCIEN   ET    MODERNE 


199 


PniNOlP^Ull   PRIX 

Tableaux  et  dbsstns  «lorrtRNïs.  -^  7.  Jul««  Dupré. 
Payunr/e,  H. 700  fr.  (dem.  8.000;  v.  Sabatier,  1883, 
6.800  fr.). 

Tablïaox  *t  bessins  ancibns.  —  16.  H.  Met  deBlè». 
La  Vierge  à  l'œillet  tenant  l'Enfant^  12.000  fr.  (dem. 
1.200).  —  29.  EiseD.  Les  Joueurs  de  dés,  6.000  fr.  (dem. 
6.000  ;  V.  Jules  Barat,  2.6.")0  fr.).  —  30.  Fyt.  Fruits  el 
gibiers,  T.200  fr.  (dem.  8.000  ;  v.  fiolhan,  1890, 
4.200  fr.).  —  36.  Largillière.  Portrait  présumé  de  la 
duchesse  de  Montbazon,  S.900  ff.  (dem.  lÔ.ÛOO;  v.  de 
La  Béraudière,  1882.  3.200  fr.—  38.  C.  Tan  Loo.  Por- 
trait de  jeune  femme,  4.900  fr.  (dem.  2.300  ;  v.  Beur- 
nonville,  1881,  2.200  fr.).  —  40.  Hubert  Robert. 
Intérieur  rustique,  14.000  fr.  (dem.  10^000;  v.  du  8  mai 
1886,  610  fr.).  —  41.  Rubens.  Minerve  et  Thétis, 
(0.000  fr.  (dem.  8.000;  v.  Beurnonvilfe,  1881,  ^.05fl  fr.). 
—  42.  Jacob  RUysdaël.  La  Grande  Mare,  7.500  ff. 
(dem.  12.000  ;  v.  \ViIson,  188),  12.300  fr.).  —  44. 
Téniers  le  jeune.  Lés  Danseurs,  10.700  fr.  (dem.  8.000; 
T.  Nieuvenhuys,  1881,  8.000  fr.)< 

Tapissbribs.  —  233.  Tâpiss.  de  Bruxelles,  xvii»  »., 
le  Ùépnrt  pour  le  enrrousel,  grands  personnages, 
bord,  à  fleurs,  16,900  fr-  (dem.  20.000  ;  t.  de  la  vicoJB- 
tesse  de  La  Panouse,  1882,  7.000  fr.). 

Vente  de  la  collection  Bourée  (objets 
d'art,  etc.).  —  Comprenant  quelques  tableaux 
modernes  et  surtout  des  objets  d'art  de  i'E.\  tr«;me- 
Orient,  celte  vente,  dirigée  salle  10,  les  17  et  18 
juin,  par  M"  Baudoin  et  MM.  Mannheitn  et  Georges 
Petit,  a  produit  81.161  francs.  Notons  :  10.  Deux 
vases  rouleaux  Kang-shi,  décor  à  réserves  de 
branches,  oiseaux  et  paysages,  8.000  fr.  (dem. 
g  000).  —  11.  Ceux  potiches  Kang-shi,  fond  rouge 
chargé  de  chrysanthèmes,  réserves  de  corbeilles 
de  Oeufs  et  animaux,  6.200  fr.  (dem.  8.000). 

Vente  de  boiseries.  —  Annoncée  par  un 
catalogue  illustré,  la  vente  des  boiseries  de  l'hùtel 
Delide-Mansard  a  produit  52.000  francs,  salle  12, 
le  19  juin,  sous  la  direction  de  M«  Lair-Dubreuil 
et  de  MM.  Paulme  et  Lasquin. 

PRINCIPAUX    PRIX 

BoiSEKiBs.  —  Petit  salon  rond.  Boiserie  comprenant 
trois  chambranles  de  portes,  un  trumeau  de  cheminée 
avec  glace,  huit  panneaux,  quatre  dessus  de  portes 
peints  à  sujets  pastoraux,  d'après  Boucher,  décor 
peint  et  partiellement  doré,  1"  moitié  du  xviii'  s., 
19.000  fr.  (dem.  12.000). 

Grand  salon  rectangulaire.  —  3.  Boiserie  compre- 
nant ;  un  chambranle  de  porte  à  deux  vantaux,  deux 
petites  portes  à  un  seul  vantail,  une  glace,  six  pan- 
neaux, etc. ^  1"  moitié  du  xvm*  s.,  21.000  fr.  (dem. 
12.000). 

Petit  boudoir  rectangulaire.  —  5,  Boiserie  compre- 


nant trois  portes  à  un  Taniail,  cinq  pannMux.un  petit 
trumeau  de  cheminée,  etc.,  l"  moitié  du  xviii*  »., 
6.800  fr.  (dem.  5.000). 

Vente  de  tableaux  modernes.  —  Parmi  les 

prit  r(*alisés  au  cotirs  d'une  vacation  anonyme, 
dirigée  salle  6,  le  19jnin,  par  M'  Lair-Dubreuil  et 
M.  Georges  Petit,  tioùs  tfotitôns  à  signaler  les 
suivants  :  30.  Dîâz.  La  Mare  dam  la  dairUre, 
3.900  fr.  (dem.  7.000).  —  37.  Fantin-Latour.  Le 
hcpoi,  6.020  ff.  (dem.  S. 000).  —  60.  Jotigkind. 
Lever  de  luné  en  Hollande,  4.800  ff. 
Produit  total  de  la  vente  :  73.551  francs. 

Vente  de  la  collection  Eoger  Marx 
(V«  vente  :  médailles  et  plaquettes).  —  Les 
22  et  23  juin,  salle  8,  M"  Lair-Dubreuil  et  H.  Bau- 
doin et  M.  V.  S.  Canale,  ont  dispersé  la  collection 
de  médailles  et  plaquettes  qu'avait  réunie  l'auteur 
de  /es  Médaillenrs  français  au  XIX^  siècle.  Cet  en- 
semble a  réalisé  11.600  francs.  Le  plus  beau  prix 
a  été  pour  une  Bergère  debout,  galvano  de  bronze 
argenté,  de  Hoty,  500  francs;  même  prix  pour  un 
Milon  de  Crotone,  médaillon  de  Barye. 

Ventes  annoncées.  —  A  Paris.  —  Collection 
Besselièvre  (VI'  vente  :  étoffes  anciennes). 
M«  H.  Baudoin,  assisté  de  MM.  Mannheim,  ven- 
dra les  29  et  30  juin,  à  l'Hôtel,  salle  6.  une 
série  d'étoffes  anciennes,  les  unes  orientales  et 
les  autres  européennes,  provenant  de  la  collec- 
tion Besselièvre.  Au  total,  262  numéros,  décrits 
par  un  catalogue  oîi  sont  reproduites  les  plus 
remarquables  pièces,  parmi  lesquelles  des  velours 
persans  et  des  velours  vénitiens  du  xv«  siècle, 
des  soies  tissées  de  métal  (xiï«  siècle),  retien- 
dront l'attention  des  spécialistes. 

M.  N. 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


René  Ménard  (galerie  Georges  Petit).  --  La 
haute  émotion  que  nous  impose  un  poème  isolé 
de  Puvis  de  Ghavannes,  /c«  Jeimes  fMei  a:u  bord 
de  la  mer,  parmi  les  vingt-cinq  Degas  de  la  col- 
lection Garaondo,  la  poésie  abondante,  ombreuse, 
austère  et  sereine  de  M.  René  Ménard  nous  la 
procure  aujourd'hui,  comme  dirait  Poussin, 
dans  un  autre  (cmode»;  et  si  la  victoire  de 
l'idéal  est  toujours  Un  fait  exceptionnel,  il  faut 
souligner  plu»  que  jamais  cette  revanche  de 
l'imagination  sur  l'observation. 

Au  surplus,  ici,  le  nom  d«  Puyis  est  à  sa  place, 


200 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


car  c'est  le  nom  qu'opposait  à  la  banalité  des 
Salons  la  jeunesse  de  son  admirateur  ;  mais  cette 
vigueur  dans  le  style,  qui  ne  ressemble  guère  à 
la  suavité  de  l'évocateur  de  Sainte  Geneviève, 
s'explique  par  les  origines  de  M.  René  Ménard, 
élevé  dans  une  rare  atmosphère  de  culture  clas- 
sique et  de  paysage  romantique  :  il  suffit  de  rap- 
peler son  grand-père,  qui  fut  libraire  place  de  la 
Sorbonne;  son  père,  auteur  de  la  Mxjthologie 
dans  l'art  et  paysagiste  ami  des  maîtres  de  Barbi- 
zon  ;  son  oncle  surtout,  le  savant  helléniste  Louis 
Ménard,  un  original,  peintre  à  ses  heures,  et  qui 
connut  Théodore  Rousseau;  prêté  par  le  Luxem- 
bourg, son  portrait  pensif  atteste  encore  l'in- 
fluence du  vieux  poète  qui,  dans  ses  Rêveries  d'un 
païen  mystique,  exprime  le  regret  d'avoir  «  laissé 
passer  l'heure  »...  Il  appartenait  à  la  robustesse 
de  son  neveu  de  réaliser  son  rêve,  en  rajeunis- 
sant le  paysage  historique,  qui  peut  se  définir 
l'accord  de  la  Grèce  défunte  avec  la  nature  éter- 
nelle. Alors,  au  temps  de  son  adolescence,  qui 
fut  le  temps  de  la  nôtre,  on  n'admettait  sur  la 
toile  de  l'artiste,  comme  sur  la  page  de  l'écrivain, 
que  i<  la  chose  vue  »  :  la  poésie  était  suspecte,  et 
l'hamadryade  proscrite  au  nom  de  «  la  vérité 
pure  »•,  mais  la  tyrannie  du  naturalisme,  qui  re- 
tenait même  les  poètes,  n'a  pas  empêché  le 
peintre  René  Ménard  de  poursuivre  harmonieu- 
sement sa  route  vers  la  beauté  calme;  et,  depuis 
VHomère  ou  l'Éden  de  ses  débuts,  son  art  n'aura 
subi  d'autre  métamorphose  qu'un  surcroît  de 
santé  technique.  Fidélité  méritoire,  et  gage  de 
sincérité  parmi  toutes  les  palinodies  et  contra- 
dictions de  l'époque  ! 

En  le  voyant  mener  de  front  le  paysage  rus- 
tique et  le  paysage  historique,  son  père  lui  signa- 
lait le  danger  de  conduire  un  char  à  deux  che- 
vaux; mais,  plus  heureux  que  Phaéton,  le  pein- 
tre voyageur  et  lettré  de  l'Acropole  et  de  l'Age 
d'or  a  marché  droit  sur  la  trace  de  Claude,  dans  le 
chemin  du  soleil;  et  ne  sait-il  point  réconcilier 
les  deux  genres,  quand  il  illustre  les  beaux  soirs 
avec  la  magie  des  vieux  livres,  ou  qu'il  aperçoit 
les  ruines  plus  émouvantes  sous  l'étrange  réver- 
bération des  grands  nuages?  Ne  veut-il  pas  abro- 
ger cette  loi  fatale  qui,  dans  l'histoire  du 
paysage,  semble  éternellement  opposer  la  poésie 
de  l'atmosphère  à  la  poésie  du  rythme  ?  Observez, 
chez  ce  poète  des  formes  et  des  heures,  ce  puis- 
sant accent  de  nature  qui  fait  resplendir  obscu- 
rément dryades  ou  baigneuses  au  souffle  des 
mers  et  des  bois  :  point  de  titres  ni  de  sujets 
dans  son  œuvre,  mai»  le  recueillement  d'un  pro- 


fond panthéisme,  qui  se  traduit  aux  yeux  dans 
une  sanguine,  un  camaïeu,  le  pur  dessin  d'une 
figure  ou  la  première  pensée  d'une  décoration 
pour  la  Sorbonne  ou  l'École  de  droit;  et,  parmi 
ses  récents  ouvrages,  les  pastels  s'imposent  tant 
par  une  délicate  richesse  de  teintes  que  par  l'au- 
guste ampleur  du  modelé.  Partout,  ce  fils  des 
Grecs  revoit  la  <>  terre  antique  >>,  même  au  pays 
d'Armor,  oîi  son  ami  Charles  Cottet  n'entend, 
sous  le  ciel  noir,  que  l'àme  des  adieux... 

11°  Exposition  des  u  Intimistes  n  (galerie 
Devambez).  —  Nous  disions,  l'année  dernière, 
l'aménité,  mais  aussi  l'inégalité  de  ce  chœur  très 
restreint  d 'artistes  groupés  autour  du  quatuor  har- 
monieux que  forment  M"»»  Olga  de  Boznanska  et 
Béatrice  Hew,  MM.  Aman-Jean  et  Ernest  Laurent; 
au  tapage  du  dehors,  on  préfère  ici  les  nuances 
en  demi-teinte  et  le  pianissimo  des  gris.  Le  soleil 
sonne  avec  le  maître  Henri  Martin,  qui  décrit 
familièrement,  comme  autrefois  Manet,  son  jar- 
din, sa  treille,  sa  porte  rustique,  moirée  d'ombres 
bleues;  mais  la  comparaison  permet  d'évaluer 
les  raffinements  lumineux  de  l'évolution  par- 
courue depuis  quarante  ans.  Le  statuaire  Bour- 
delie  remonte  à  l'archaïsme.  Quelques  nouveaux 
éléments  plus  ou  moins  vulgaires,  et  d'une  justesse 
douteuse,  n'arrivent  pas  à  faire  détonner  l'en- 
semble; et  quel  dommage  que  M.  Ernest  T.  Rosen 
se  croit  tenu  de  confondre  le  maniérisme  avec  le 
charme! 

Raymond  Bouybr. 

Signalons  seulement,  aujourd'hui,  les  exposi- 
tions de  Toulouse-Lautrec,  chez  Manzi  ;  de  Miss 
Mary  Cassatt,  chez  Durand-Ruel;  d'une  coloriste 
vénitienne  M"«  Emma  Ciardi,chez  Georges  Petit; 
et  du  véritable  dessinateur  Charles  Milcendeau, 
chez  Druet,  dont  nous  reparlerons. 

LES      REVUES 


Franck 
Les  Arts  (mai).  —  Skymoub  de  Ricci.  La  Collection 
du  Marquis  de  Biron,   qui  vient  d'être  dispersée  en 
vente  publique. 

—  Gabriel  Mouhev.  Luigi  Chialiva  (1842-1914).  — 
Notice  sur  ce  paysa{<istc,  originaire  de  Caslano,  canton 
du  Tessin,  et  qui  est  mort  récemment. 

—  Maurice  Hambi..  Le  Salonde  la  Société  des  artistes 
français. 

Le  Gérant  :  H.  Liïni». 

Pkrii.  —  Imp.  Uearges  Petit,  li,  rue  Uad«t-dc-Mauroi. 


Numéro  631. 


toi 

Samedi  11  Juillet  1914. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


ANCIEN    ET    MODERNE 


Monuments  et  Musées 


M.  André  Hallays  vient  de  prendre,  une  fois  de 
plus,  la  défense  du  château  de  Versailles  contre 
les  fantaisies  des  architectes  des  Monuments 
historiques.  Il  a  appris  au  public  stupéfié  que 
Ton  s'apprAtait  à  reconstruire  un  des  anciens 
biltiments  de  Louis  XIV,  élevé  par  Le  Vau  sur  la 
cour  des  Princes,  et  qu'on  a  laissé  tomber  en 
ruines,  —  oui,  à  le  reconstruire  en  plus  graiid, 
sur  une  ordonnance  nouvelle,  en  combinant  une 
façade  dans  le  style  de  l'architecture  de  Mansarl 
qui  forme  le  fond  de  la  cour,  et  un  comble  dans 
le  goût  de  Le  Vau  :  tout  cela,  sous  prétexte  que 
l'architecte  a  besoin  d'une  grande  galerie  pour 
loger  huit  tapisseries  des  Gobelins  et  deux  globes 
de  Coronelli,  —  ces  deux  globes  indésirables  qui 
ont  déjà  failli  faire  commettre  une  bévue  monu- 
mentale à  la  Bibliothèque  nationale  et  qui, 
expulsés  de  la  rue  Vivienne,  ont  failli  causer  ce 
que  M.  André  Hallays  a  justement  appelé  un 
nouveau  «  tripatouillage  de  Versailles  ». 

M.  Hallays  s'est  montré  si  logique,  si  pressant, 
si  éloquent,  que  la  Commission  des  monuments 
historiques  s'est  prononcée  contre  les  projets  de 
l'architecte;  et  il  est  à  souhaiter  que  celui-ci  se 
rappelle  cette  polémique  dans  laquelle  il  n'a  pas 
eu  le  meilleur,  chaque  fois  qu'il  sera  tenté  d'en- 
treprendre un  travail  «  à  la  ViolIet-le-Duc  »,  et 
qu'il  retienne  ce  que  M.  Hallays  a  écrit  sur  le 
respect  qu'on  doit  à  des  monuments  comme  Ver- 
sailles :  "  Pour  nous,  Versailles  n'est  plus  qu'un 
palais  désaffecté,  l'emblème  d'une  monarchie 
écroulée,  de  l'histoire  et  de  la  beauté.  Vénérons 
cette  histoire  et  veillons  sur  cette  beauté,  mais 
n'avilissons  jamais  ces  choses  magnifiques  et 
touchantes  en  plaçant  parmi  elles  de  misé- 
rables pastiches.  Nous  n'avons  plus  le  droit  de 
rebâtir  Versailles;  nous  le  devons  seulement 
conserver  et  entretenir,  tel  que  nous  l'avons 
reçu  ». 


Cependant,  le  Louvre  s'enrichit,  ce  qui  serait 
pour  nous  réjouir,  si  ces  enrichissements  ne  se 
faisaient  maintenant,  d'une  façon  presque  régu- 
lière, au  détriment  de  la  province. 

Tout  au  Louvre  !  C'est  le  mot  d'ordre. 

Un  jour,  Pierpont  Morgan  rendit  à  la  France 
le  «chef»  de  Saint-Martin  de  Soudeilles;  mais 
onques  le  revit  Soudeilles  :  il  resta  au  Louvre, 
comme  y  était  restée  la  Pietà  de  Villeneuve-lès- 
Avignon,  après  l'exposition  des  Primitifs  français 
de  1904.  Un  autre  jour,  l'État  acquit  de  la  ville 
d'Aigueperse,  où  il  était  parfaitement  en  sûreté 
et  parfaitement  exposé,  le  Saint  Sébastien  de 
Mantegna  :  il  est  au  Louvre.  Au  Louvre,  on  a  vu 
venir  naguère  le  tapis  persan  de  la  cathédrale 
de  Mantes  et  les  deux  tapisseries  de  Salins. 
Au  Louvre,  entre  aujourd'hui  le  reliquaire  de 
Jaucourt. 

Tout  au  Louvre  ! 

Justement,  voilà  qu'un  «  donateur  généreux  » 
vient  de  léguer  un  million  à  la  Caisse  des  musées 
nationaux.  Vous  verrez  qu'au  lieu  d'empAcher 
l'exode  de  quelque  chef-d'œuvre,  on  trouvera  le 
moyen  de  continuer  à  dépouiller  la  province  de 
ses  objets  d'art  dilment  classés,  et  qu'on  emploiera 
cette  somme  à  acquérir  la  Sainte  Foy  de  Conques 
ou  la  châsse  de  Mozac. 


Pour  en  finir  avec  le  chanfrein. 

Le  chanfrein  de  Philippe  II  et  ses  pièces 
accessoires  ont  pris  le  chemin  de  l'Espagne  «  par 
la  valise  diplomatique».  Vous  vous  étonnez  sans 
doute,  croyant  l'affaire  depuis  longtemps  terminée 
et  l'expédition  faite. 

Mais  non  !  Il  fallait  attendre  que  l'orfèvre  eût 
terminé  la  copie  qui  nous  reste. . .  Car  nous  gardons 
une  copie,  —  une  copie  que  nous  avons  fait  exé- 
cuter à  nos  frais,  cela  va  sans  dire. 

A  quoi  rime  cette  copie? 

Les  pièces  originales,  détachées  de  celte 
armure  incomparable,  et   que  le  hasard  avait 


202 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


amenées  à  Paris,  pouvaient  présenter  un  intérêt; 

une  copie  de  l'ensemble  de  l'armure  aurait  eu 

aussi  un  ïnlérH;  mais  une  copie  du  fragment,  à 

quelle  lin  cela  peut-il   bien  répondre,   sinon  à 

comm('morer  Tune  des  plus  belles  «  gafTes  »  que 

l'administration  des  Beaux-Arts  ait  commises  en 

ces  dernières  années? 

Peut- être    eftt-il   été    préférable    de  la   faire 

oublier. 

E.  [). 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Légion  d'honneur.  —  Par  décret  paru  à  VO/'ficiel 
du  9  juillet,  M.  Jean  Boucher,  statuaire,  auteur  du 
monument  de  Victor  Hugo  inauguré  cette  semaine  à 
Guernesey,  a  été  promu  au  grade  d'oUicier  de  la 
Légion  d'honneur. 

Académie  française  (séance  du  25  juin).  —  Sur 
le  prix  Jofst  (2.000  francs),  500  francs  sont  attribués 
à  M.  J.  Péladan  pour  son  livre  :  Nos  égliies arlisUquea 
et  historiques,  et  500  francs  à  M.  Etienne  Moreau- 
Nélaton  pour  son  livre  :  Eglises  de  chez  nous. 

—  Le  prix  Charles  Blanc  (1.900  francs)  est  partagé 
de  la  façon  suivante  : 

MM.  L.  Gallet,  Alexis  Forel  et  Edouard -André,  cha- 
cun 500  francs  ;  et  400  francs  à  M"*  Marie  Bengesco 
{Éludes  d'art  français). 

(Séance  du  2  juillet).  —  Sur  le  prix  .Marcellin  Gué- 
rin  (5.000  francs),  500  francs  sont  attribués  à  M.  Marcel 
Poilte  pour  son  livre  :  la  Promenade  ù  Paris  au 
XVIll'  siècle. 

Sur  le  prix  Bordin  (3.000  francs),  300  francs  sont 
attribués  à  M.  Henry  Prunières  pour  son  livre  :  l'Opéra 
italien  en  Franc*  avant  hulli. 

Académie  des  beaux-arts  (séance  du  27  juin). 
—  Après  uue  longue  discussion,  IWcadémie  vote  les 
différents  articles  du  règlement  du  prochain  «  Salon 
de  l'Académie»,  qui  se  tiendra,  comme  on  sait,  tous 
les  trois  ans,  dans  la  salle  du  Jeu-de-Paume  du  jardin 
des  Tuileries. 

—  L'Académie  attribue  les  prix  suivants  : 

Prix  Estrade-Delcros,  de  la  valeur  de  8.000  francs  : 
M.  Bigot,  pour  son  plan  en  relief  de  la  Rome  impé- 
riale. 

Prix  Meurand  :  M.  Loriol,  pour  ion  tableau  Sa^omé. 

Prix  Leclerc-Maria  Bouland  :  M.  Longa,  pour  son 
tableau  la  Sieste. 

Prix  Edouard  Leuialtre  :  M.  Cbarrière,  pour  son 
tableau  Avant  le  départ. 

Prix  Alphonse  de  Neuville  :M.  Malespina,  pour  son 
tableau  Waterloo. 


Prix  Sanford-Saltus  :  M.  Arus,  pour  son  tableau 
léna. 

Prix  Desprez  :  M.  René  Paris,  pour  son  groupe 
Lévrier  et  lièvre. 

Prix  Piot  :  M.  Dufresne,  pour  son  groupe  Tendresse 
fraternelle. 

Prix  de  la  Société  française  de  gravure  :  M.  Penne- 
quin,  pour  ses  gravures  d'après  des  œuvres  de  Henner. 

—  L'Académie  procède  ensuite  à  l'élection  d'une 
commission  mixte  chargée  de  dresser  la  liste  des 
candidats  aux  fonctions  de  secrétaire  perpétuel  laissées 
vacantes  par  le  décès  de  M.  Henry  Roujon.  Sont  dési- 
gnés :  MM.  Bonnat  (peinture),  Mercié  (sculpture), 
Pascal  (architecture),  Waltner  (gravure),  Théodore 
DHbois  (composition  musicale).  L'élection  aura  lieu 
le  18  juillet. 

(Séance  du  4  juillet).  —  M.  Bonnat,  vice-pésident, 
qui  fait  fonction  de  secrétaire  des  séances,  donne  lec- 
ture d'une  lettre  par  laquelle  M.  Widor  déclare  poser 
sa  candidature  aux  fonctions  de  secrétaire  perpétuel. 

—  L'Académie  entend  ensuite  les  cantates  des  six 
candidats  du  Prix  de  Rome  de  composition  musicale. 
Après  quoi,  elle  procède  au  jugement  définitif.  Sont 
proclamés  : 

Premier  grand  prix  :  M.  Marcel  Oupré,  élève  de 
M.  Widor,  né  à  Rouen,  le  3  mai  1886. 

Premiersecondprix:M.de  Pezzer, élèvedeM.  Widor, 
né  à  Paris,  le  25  novembre  1885. 

Deuxième  second  prix  :  M.  Laporte,  élève  de 
M.  Paul  Vidal,  né  à  Paris,  le  19  mai  1889. 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
(séance  du  26  juin). —  M.  Maurice  Prou  donne  lecture 
d'uu  mémoire  sur  un  prétendu  précepte  de  (Charles  le 
<;hauve  relatif  à  Monlier-en-Der. 

—  M.  F.  Thureau-Dangin  communique  un  document 
inédit  relatif  à  la  dynastie  de  Larsa,  qui  régna  en 
Chaldée  pendant  deux  siècles  et  demi  et  fut  ren- 
versé par  Hammourabi  en  l'an  2049  avant  notre  ère. 

(Séance  du  3  juillet).  —  La  séance  a  été  remise  en 
raison  des  obsèques  de  M.  Georges  Perrot,  secrétaire 
perpétuel. 

Société  des  antiquaires  de  France  (séance  du 
24  juin).  —  M.  Robert  Michel  complète  la  communi- 
cation qu'il  avait  commencée  à  la  séance  précédente 
sur  les  fresques  du  xiv*  siècle  conservées  à  la  tour  de 
la  Gsrde-Robe,  au  château  des  Papes,  à  Avignon.  11 
montre  que  ces  fresques  sont  l'œuvre  d'un  atelier 
composé  d'artistes  italiens  et  français,  mais  dirigé  par 
un  italien,  Matteo  de  Viterbe. 

—  M.  de  Mély  signale  un  texte  de  Roger  Bacon  qui 
explique  que  des  artistes  du  moyen  Age  ont  parfois 
signé  avec  des  lettres  ou  des  mots  de  langues  diffé- 
rentes. 

—  M.  Gagnât  étudie  une  borne  miliaire  du  temps 
de  Caracalla,  récemment  découverte  par  l'armée  ita- 
lienne au  sud  de  Tripoli. 

—  M.  Valois  communique  une  dépêche  d'un  anibas- 


ANCIEN    ET   MODERNE 


203 


sadeur  espagnol  relative  à  une  visite  faite  par  Cathe- 
riiie  de  Médicis  au  peintre  Janet  (François  Clouet), 
en  1563. 

(Séance  du  1"  juillet).  —  .M.  Marcel  Aubert  attire 
("attention  sur  certaines  basiliques  du  vi*  siècle,  décou- 
vertes par  Gauckler  en  Tunisie,  et  dont  le  chœur  est 
entouré  d'une  galerie  circulaire,  prototype  peut-être 
des  déambulatoires  de  nos  grandes  églises  romanes 
du  X'  siècle. 

—  M.  de  Mély  étudie  un  retable  peint  du  Louvre, 
attribué  au  »  .Maître  de  la  Parenté  de  la  Vierge  »  et 
propose  de  le  donner  à  un  artiste  (Ifanand  de  la 
famille  des  Van  Huist  à  cause  des  feuilles  de  houx 
(en  flamand  Hnist)  qu'il  relève  sur  le  pavage. 

Société  de  l'histoire  de  l'art  français  (séance 
du  3  juillet).  —  .M.  A.  Vuaflart  entretient  la  Société 
des  médaillons  de  bronze  de  la  place  des  Victoires, 
qui  ont  été  récemment  donnés  à  la  France  par  le  roi 
d'Angleterre. 

—  M.  Alazard  communique  une  correspondance 
inédite  de  Colbert  et  de  l'abbé  Luigi  Strozzi. 

Musée  du  Louvre.  —  Un  Languedocien,  récem- 
ment décédé  à  Florence,  .M.  .\chille  Baille,  a  légué  au 
Musée  du  Louvre  une  somme  d'un  million.  Voici  les 
stipulations  du  testateur  : 

"Je  donne  au  Musée  du  Louvre  un  million  de  francs. 
Le  capital  sera  inaliénable  et  le  revenu  annuel  ser- 
vira à  enrichir  le  Musée  par  l'achat  de  tableaux  de 
grands  maîtres  ou  de  mérite  supérieur. 

•  Lorsque,  par  insuffisance  de  fonds  ou  par  quelque 
autre  motif,  l'administration  du  musée  ne  pourra  pas 
employer  le  revenu,  celui-ci  sera  capitalisé  sous  forme 
de  réserve  jusqu'à  ce  que  l'occasion  se  présente 
d'employer  la  somme  accumulée  à  combler  quelques 
lacunes  de  la  collection.  » 

—  Le  département  des  Objets  d'art  du  Musée  du 
Louvre  vient  de  s'enrichir  dn  reliquaire  dit  de  la 
Vraie  Croix ,  jusqu'ici  conservé  dans  l'église  de 
Jaucourt  (Aube)  ;  ce  chef-d'œuvre  de  l'orfèvrerie 
ancienne  sera  placé  prochsùnement  dans  une  vitrine 
de  la  galerie  d'Apollon. 

Le  reliquaire  de  Jaucourt  date  du  xii*  siècle  pour  la 
partie  du  reliquaire  proprement  dit  —  une  boite  à 
coulisse,  de  travail  grec,  dont  le  fond  est  creusé  d'une 
croix  à  double  traverse,  entourée  de  figures  à  mi-corps 
de  Constantin  et  d'Hélène,  au-dessus  desquels  planent 
deux  angelots  —  et  du  xiv"  siècle  pour  le  support, 
formé  de  deux  anges,  en  argent  doré,  agenouillés  sur 
une  plate-forme  portée  par  quatre  lions  couchés;  ces 
angelots  maintiennen'.  le  reliquaire  de  leur»  bras 
levés.  Une  inscription,  gravée  sur  la  tranche  de  la 
plate-forme,  fournit  le  nom  de  la  dame  qui  lit  ainsi 
monter  le  reliquaire  :  «  Madame  .Marguerite  Oare, 
dame  de  Jaucourt  »,  dont  l'écu  est  appliqué  sur  la 
terrasse. 

—  Le  catalogue  illustré  des  pièces  d'orfèvrerie, 
d'éroaillerie  et  des  gemmes  du  Mutée  du  Loovre,  du 


moyen  âge  au  xvir  siècle,  vient  de  paraître.  11  a  pour 
auteur  notre  collaborateur  .M.  J.-J.  Marquet  de  Vasselot, 
conservateur-adjoint  du  département  des  Objets  d'art. 

Musée  du  Luxembourg.  —  Le  Musée  du  Luxem- 
bourg a  reçu  un  l'artrail  de  M.  Gabriel  d'Annunsio 
par  M"'  H.  Urooks. 

Musée  Carnavalet.  —  Le  Président  de  la  Répu- 
blique, accompagné  du  sous-secrétaire  d'État  aux 
Beaux-Arts,  de  MM.  Adrien  .Mithouard,  président  du 
conseil  municipal  de  Paris,  et  Delanney,  préfet  de  la 
Seine,  a  inauguré,  le  4  juillet,  les  nouvelles  salles  du 
musée  Carnavalet. 

Des  améliorations  considérables  ont  été  apportées 
aux  salles  de  la  Révolution  par  le  conservateur, 
.M.  Georges  Cain,  et  une  salle  entière  a  été  consacrée 
au  théâtre.  En  outre,  on  a  aménagé  d'une  façon  tout 
à  fait  instructive  et  plaisante  la  collection  des  en- 
seignes parisiennes. 

—  Le  Musée  Carnavalet  recevra  prochainement  un 
buste  en  bronze  du  Prince  Impérial,  œuvre  deCarpeaux, 
que  le  lycée  de  Vanves,  placé,  en  1864,  sous  le  patro- 
nage du  fils  de  .Napoléon  m,  avait  reçue  et  installée  à 
l'entrée  des  bâtiments  neufs.  Mutilé  en  ISTl,  quand  le 
lycée  fut  envahi  par  les  partisans  de  la  Commune,  le 
buste  resta  depuis  lors  abandonné  dan»  un  grenier, 
d'où  l'on  vient  de  le  tirer. 

Musée  Jacquemart-André.  —  Pour  cause  de 
réparations,  le  Musée  Jacquemart-André  sera  fermé 
du  15  juillet  au  15  septembre. 

École  nationale  des  beaux-arts.  —  L'exposition 
annuelle  des  envois  de  Rome  a  ouvert  ses  portes  le 
5  juillet  à  l'École  des  beaux-arts. 

Le  «  Groupe  de  l'art  ».  —  Il  existe  à  la  Chtmbre 
des  députés  un  >  groupe  de  l'art  »,  qni,  à  la  suite  des 
dernières  élections,  a  constitué  son  bureau  ainsi  qu'il 
suit  : 

Président  :  M.  Georges  Leygues  ;  vice-présidents  ; 
MM.  Marcel  Sembat,  Albert  Sarrant,  Sibille  et  Léon 
Bérard  ;  secrétaires  :  MM.  Paul  Escudier,  Henry  Simon, 
Alexandre  Blanc,  Amiard. 

Les  Amis  de  la  bibliothèque  Forney.  —  Sur 

l'initiative  de  notre  collaborateur,  .M.  Henri  Clouzot, 
conservateur  de  la  bibliothèque  Forney,  un  nouveau 
groupement  d'  «  amis  »  vient  de  se  fonder,  qui  se  pro- 
pose, entre  autres  choses,  l'enrichissement  de  cet 
établissement  municipal  qui  rend  de  si  grands  services 
aux  ouvriers  d'art,  la  création  d'un  office  intermé- 
diaire entre  les  chefs  d'industrie  et  les  dessinateurs, 
et  l'élablissemenl  d'un  olHce  de  renseignements  pour 
toutes  les  questions  d'art  industriel  ancien. 

Les  Récompenses  du  Salon  {suite).  —  Le  Co- 
mité de  la  Société  nationale  des  beaux-arts  a  réparti 
ainsi  ses  prix  annuels  : 

Prix  Paquin  :  .M.  Escoula. 

Prix  Leerenx  :  M"**  Carpentier  et  d'Heureux. 


204 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


Prix  Bernheini  jeune  :  MM.  Georget  et  Deluermoz. 

Prix  G  ..  :  M.  Claudius  Denis. 

Prix  Rouffîo  :  MM   Vannier  et  Bonamy. 

A  Orléans.  —  Le  Bulletin  a  raconté  (n°  606)  comment, 
par  un  arrêté  en  date  du  20  février  19t3,  le  maire  d'Or- 
léans avait  prescrit  la  démolition  de  la  vieille  tour  de 
l'église  Saint-Paterne,  sous  prétexte  que  l'état  de  ce 
monument  était  un  danger  pour  la  sécurité  publique. 
En  conséquence,  une  loi  était  intervenue  le  8  avril 
dernier,  désaU'ectant  la  tour. 

Mais  un  pourvoi  avait  été  formé  contre  l'arrêté  du 
maire,  et  le  Conseil  d'État,  sur  le  rapport  de  M.  Louis 
Bernier,  architecte,  membre  de  l'Institut,  qu'il  avait 
chargé  d'une  enquête  sur  l'état  de  la  tour  de  Saint- 
Paterne,  vient  de  déclarer  que  le  maire  avait  excédé 
ses  pouvoirs. 

Les  frais  de  l'enquête  faite  par  M.  Bernier  et  ceux 
du  recours  au  Conseil  d'État  sont  mis  à  la  charge  de 
la  ville  d'Orléans. 

A  Senlis.  —  L'église  de  Saint-Frambourg,  à  Sentis, 
désaffectée  depuis  longtemps  et  classée  comme  monu- 
ment historique,  a  conservé  une  nef  unique,  terminée 
par  une  abside  en  hémicycle  qui  est  un  véritable 
chef-d'œuvre  d'architecture. 

Or,  la  toiture  de  l'édifice  s'est  écroulée,  il  y  a  quel- 
ques jours,  par  suite  de  la  négligence  du  service  des 
Monuments  historiques  ;  si  bien  que  les  réparations, 
qui  n'auraient  guère  coûté  que  deux  ou  trois  raille 
francs,  vont  s'élever  à  une  trentaine  de  mille. 

A  Nuremberg.  —  L'archiviste  D'  Mummenbof  a 
pu  établir  récemment  que  la  maison  natale  du  cor- 
donnier-poète Hans  Sachs  était  située  au  n°  23  de  la 
Brunnengasse  (rue  de  la  Fontaine)  —  autrefois  Kot- 
gasse  <rue  de  la  Botte)  —  grâce  aux  actes  de  propriété 
d'un  tonnelier  II  ans  Besler,  qui  était  son  voisin  au 
n*  25,  en  1551.  Cette  maison  faisait  partie  de  la  dot  de 
la  mère  de  Hans  Sachs,  lequel  la  reçut  pour  son  ma- 
riage en  1519;  il  y  habita  jusqu'en  1542,  époque  où  il 
acquit  la  maison  de  la  ruelle  de  la  Farine  (Mehlgass- 
lein),  aujourd'hui  rue  Mans  Sachs,  et  elle  demeura 
sa  propriété  jusqu'à  sa  mort  (1576).  Malheureuse- 
ment la  maison  de  la  Brunnengasse  a  été  démolie  en 
1874,  avec  une  maison  voisine,  et  ces  deux  maisons 
ont  été  remplacées  par  une  unique  bâtisse,  de  sorte 
que  le  conseil  municipal  a  dû  renoncer,  après  un 
court  débat,  à  poser  sur  la  façade  insignifiante  de 
l'immeuble  moderne  une  plaque  commémorative  qui 
aurait  eu  l'avantage  d'attirer  les  visiteur»  dans  une 
rue  où  aucun  étranger  ne  passe  jamais.  —  M.  Mtd. 

A  Fiesole.  —  En  procédant  à  des  travaux  de  terras- 
sement pour  l'agrandissement  du  cimetière,  on  a 
découvert  les  restes  d'une  route  romaine  et  les  murs 
de  fondation  d'un  grand  édifice  qu'on  suppose  re- 
monter à  la  fin  de  la  République.  —  L.  G. 

A  Milan.  —  On  sait  que  le  polyptyque  de  Girolamo 
di  Giovanni  da  Camerino,  au  dôme  de  Gualdo  Tadino, 


en  Ombrie,  avait  été  divisé  et  que,  tandis  que  Gualdo 
avait  conservé  le  Crucifiement  et  quatre  saints,  le 
Musée  Poldi-Pezzoli,  de  Milan,  avait  acquis  une 
.Madone,  et  un  antiquaire  anglais  quatre  autres  saints 
qui  complétaient  le  polyptyque.  La  direction  du 
musée  Poldi-Pezzoli  vient  d'avoir  la  bonne  fortune 
de  reconstituer  à  son  profit  le  retable  entier.  En  dépit 
des  difficultés  pécuniaires  et  légales,  elle  a  réussi  à 
obtenir  du  dôme  de  Gualdo  la  cession  des  cinq  frag- 
ments qui  étaient  en  sa  possession,  et  elle  a  acheté 
les  quatre  saints  à  MM.  Dowdeswell,  de  Londres, 
grâce  à  l'aide  de  M.  G.  Cagnola,  directeur  de  la  Ras- 
segna  d'arte,  qui  n'en  est  pas  à  sa  première  généro- 
sité. Le  polyptyque  reconstitué  sera  prochainement 
exposé  en  public.  —  L.  G. 

A  'Venise.  —  Un  mémoire  vient  d'être  présenté  au 
ministre  de  l'Instruction  publique  par  plusieurs  per- 
sonnalités vénitiennes,  parmi  lesquelles  le  maire  et  le 
surintendant  des  monuments.  On  a  installé  dans  les 
locaux  qu'occupait  autrefois  la  bibliothèque  un  petit 
musée  archéologique.  L'idée  vint  d'abord  de  le  com- 
pléter par  les  armes  et  les  drapeaux  du  musée  de 
l'Arsenal  et  du  musée  Correr.  Pour  ce  qui  concerne  les 
collections  de  l'Arsenal,  l'autorisation  du  ministère  de 
la  Marine  a  déjà  été  obtenue.  Pour  le  musée  Correr, 
le  projet  s'est  agrandi;  il  ne  s'agit  rien  moins  mainte- 
nant —  et  c'est  l'objet  du  mémoire  présenté  au  ministre 
de  l'Instruction  publique  —  que  de  transporter  au 
Palais  ducal  le  musée  Correr  tout  entier.  Pour  avoir 
les  locaux  sullisants,  on  voudrait  acquérir  au  musée 
à  la  fois  les  Prisons  du  Ponte  délia  Paglia  et  les  édi- 
fices qui  entourent  le  cloître  roman  de  Sant'Apollonia 
qu'on  restaurerait. 

On  voit  qu'on  ne  cesse  pas,  dans  l'Italie  tout  entière, 
de  travailler  à  la  meilleure  organisation  des  richesses 
artistiques  du  pays.  —  L.  G. 

Nécrologie  :  Georges  Perrot. 

C'est  avec  une  profonde  tristesse  que  nous  avons 
appris  la  mort  de  notre  éminenf  collaborateur  M.  Geor- 
ges Perrot,  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  des 
inscriptions  et  belles-lettres,  grand  officier  de  la 
Légion  d'honneur,  qui  s'est  éteint  subitement  le  30 
juin. 

Né  à  Villeneuve-Saint-Georges,  le  12  novembre 
1832,  Georges  Perrot  commença,  au  sortir  de  l'École 
normale  supérieure,  en  1855,  comme  membre  de 
l'École  d'Athènes,  ces  travaux  d'histoire  et  d'archéo- 
logie qui  devaient  remplir  toute  sa  vie.  Revenu  en 
France,  il  professa  dans  diverses  villes  de  province, 
puis  devint  professeur  de  rhétorique  à  Louis-le-Grand, 
maître  de  conférences  à  l'École  normale  supérieure 
et  enfin,  en  (877,  professeur  d'archéologie  à  la  Faculté 
des  lettres.  En  1883,  il  succédait  à  Fustel  de  Coulanges 
conmie  directeur  de  l'École  normale  supérieure  ;  il 
devait  occuper  ce  poste  pendant  vingt  ans,  menant 
une  existence  active  et  réglée  de  savant  et  d'admi- 
nistrateur, et  laissant  aux   nombreuse»  génération» 


ANCIEN    ET    MODERNE 


20b 


d'élèves  qui  l'ont  connu  le  souvenir  d'un  homme  d'une 
grande  bienveillance  et  d'une  grande  indépendance 
d'esprit,  toujours  prêt,  par  ses  conseils  et  ses  démar- 
ches, à  prolonger  hors  de  l'École  l'intérêt  qu'il  témoi- 
gnait à  tous  ceux  qui  passaient  par  la  rue  d'Ulm. 
Défenseur  ardent  de  la  culture  classique,  il  savait  à 
l'occasion  prendre  ses  responsabilités  contre  la  tradi- 
tion, pour  le  mieux  des  humanités  qui  lui  étaient 
chères  :  ce  fut  lui  qui  appela  Brunetière  à  l'École 
normale  et  qui  confia  au  poète  Frédéric  Plessis  la 
chaire  de  littérature  latine.  Lors  des  transformations 
de  l'École  normale,  en  1904,  il  se  retira  sans  bruit, 
et  il  s'apprêtait  à  continuer  ses  travaux  d'historien, 
quand  l'Académie  des  inscriptions,  à  laquelle  il  appar- 
tenait depuis  1874,  l'appela  au  secrétariat  perpétuel. 
On  a  rappelé,  ces  jours  derniers,  que  Georges  Per- 
rot,  grand  voyageur,  avait  commencé  de  se  faire 
connaître  par  des  travaux  tout  de  suite  très  person- 
nels et  marquants,  pour  ainsi  dire  documentés  sur 
place,  tels  que  le  Monument  d'Ancyre  (1863),  l'Ile 
de  Crète  (1866),  le  Droit  privé  et  public  de  la  Répu- 
blique athénienne  (t867),  l'Éloquence  politique  à 
Athènes  (1873)  ;  mais  la  grande  œuvre  de  Georges 
l'errot,  celle  qui  lui  valut  sa  renommée  dans  le  monde 
savant  tout  entier,  c'est  cette  vaste  liistoire  de  l'nrt 
dans  l'antiquité,  entreprise  en  «ollaboration  avec 
M.  Chipiez,  et  à  laquelle  il  travaillait  encore  quand  la 
mort  l'a  frappé.  Nous  ne  devons  pas  oublier  ici  les 
articles  qu'il  nous  avait  donnés  sur  le  Musée  du  Bardo, 
à  Tunis,  et  les  fouilles  de  M.  Gauckler  (t.  VI  de  la 
Revue),  ni  ce  petit  livre  sur  l'Histoire  de  l'art  dans 
l'enseignement  secondaire  (1900),  dont  il  a  été  rendu 
compte  dans  le  Bulletin.  Au  reste,  la  Revue  des  deux 


mondes,  le  Journal  des  savants,  la  Revue  archéolo- 
gique, s'honoraient  de  l'avoir  pour  collaborateur,  et 
ce  que  nous  citons  ici  n'est  qu'une  faible  part  de  ses 
nombreux  mémoires  et  publications. 

La  disparition  de  cet  homme  laborieux,  simple  et 
bon,  de  cet  érudit  aux  vastes  connaissances,  de  ce 
visiteur  infatigable  des  fouilles  et  des  musées,  de  ce 
curieux  de  toutes  les  choses  du  passé,  laissera  un 
grand  vide  dans  le  monde  savant  ;  elle  laissera  uu 
plus  grand  vide  encore  dans  la  famille  de  Georges 
l'errot,  qui  fut,  avec  la  joie  du  travail,  le  grand 
bonheur  de  cette  belle  vie. 

—  A  Nice,  est  mort  le  paysagiste  Gustave- Césaire 
Garaud,âgé  de  soixante-dix  ans.  Né  à  Toulon,  en  1844, 
élève  de  Français,  il  exposa  poar  la  première  fois  au 
Salon  de  1878  des  paysages  d'Italie  et,  cette  année 
encore,  il  était  représenté  au  Salon  par  deux  toiles. 
Il  avait  obtenu  une  mention  honorable  en  1881,  une 
médaille  de  3'  classe  en  1889,  une  de  2'  classe  en  1 893, 
et  une  médaille  de  bronze  à  l'Exposition  universelle 
de  1900. 

—  Le  peintre  Charles  Maurin,  décédé  à  Grasse  le 
22  juin,  était  né  au  Puy  et  s'était  fait  connaître  aux 
Salons  parisiens,  où  il  avait  conquis  ses  grades  : 
mention  honorable  en  1882,  médaille  de  3'  classe  en 
1884,  médaille  de  bronze  à  l'Exposition  de  1889;  depuis 
cette  date,  on  ne  le  voyait  que  rarement  aux  Salons, 
et  c'est  chez  les  éditeurs  d'estampes  qu'on  pouvait 
suivre  le  développement  de  son  talent  original  et 
châtié.  C'était  un  artiste  modeste,  difficile  pour  lui- 
même,  ignoré  du  grand  public  et  dont  les  productions 
étaient  ajuste  titre  recherchées  des  amateurs. 


CHRONIQUE    DES    VENTES 


TABLEAUX    —    OBJETS    D'ART 
CURIOSITÉ 

A  Paris. —  "Ventes  de  tapisseries  et  d'objets 
d'art.  —  Le  2'6  juin,  à  l'Hôtel  Drouot,  M"^  H.  Bau- 
doin et  MM.  Mannheim  ont  dispersé  une  réunion 
d'objets  d'art  et  de  tapisseries,  qui  ont  produit 
un  total  de  107  000  francs. 

Le  plus  beau  prix  a  été  pour  une  série  de  cinq 
verdures  en  Aubusson  du  xvin"  siècle,  dont  l'en- 
semble a  atteint  26.8a0  francs  sur  demande  de 
28.000,  la  mieux  vendue  ayant  fait  13.200  francs. 

Voici  la  liste  des  enchères  au-dessus  de 
5.000  francs. 


155.  Tapisseries  d'Aubusson,  ép.  Louis  XV,  Couple 
de  danseurs  dans  un  paysage,  7.500  fr.  —  139-163. 
Cinq  tapisseries  d'Aubusson,  xviii"  s.,  paysages  avec 
animaux,  ruines,  habitations,  cours  d'eau,  13.200. 
5.700,  4.500,  2.550  et  900  fr.  —  165.  Tapisserie  d'Au- 
busson, xviii*  s.,  personnages  près  une  fontaine  avec 
un  troupeau,  9.000  fr.  —  166.  Tapisserie-verdure  d'Au- 
busson, xviii'  s.,  fleurs,  oiseaux  et  lièvre,  5.000  fr.  — 
167.  Tapis,  rosace  encadrée  de  fleurs,  commencement 
du  XIX*  s.,  5.033  fr 

Rien  à  signaler  dans  la  catégorie  des  meubles  et 
des  objets  d'art. 

—  Le  même  jour.  M'  Petit  vendait,  à  l'Hôtel, 
des  objets  d'art,  meubles  et  tapisseries  prove- 
nant d'un  château.   11   n'y  a   guère  à  retenir, 


.  206 


LE   BULLETIN   DE   L'ART 


dans  cette  vente,  que  l'enchère  de  12.600  francs 
obtenue  par  une  tapisserie-verdure,  en  Aubusson 
du  xviii»  siècle,  à  sujet  de  chasse. 

Au  Havre.  —  Succession  Letellier  (ta- 
bleaux, objets  d'art).  —  La  vente  Letellier, 
faite  au  Havre  du  30  juin  au  2  juillet,  a  produit 
un  total  de  181,000  francs.  Elle  était  dirigée  par 
M"(îuillemette,  assisté  de  M.  Sandoz. 

Le  «  clou  »  de  la  vente  était  un  mobilier  de 
salon,  composé  d'un  canapé  et  de  six  fauteuils, 
couverts  en  tapisserie  de  Beauvais  de  l'époque 
Louis  XVI,  à  dessins,  dans  la  manière  de  Sa- 
lembier,  de  fleurs,  guirlandes  et  rinceaux,  sur 
fond  crème  :  il  a  atteint  70.500  francs.  On  ne 
voit  guère  à  signaler,  dans  le  reste  des  prix,  que 
celui  de  9.150  francs  pour  un  dossier  de  canapé, 
scène  de  fable  d'après  Oudry,  tapisserie  de  Beau- 
vais de  l'époque  Louis  XVI. 

M.  N. 

ESTAMPES 
A  Paris.  —  Nous  reprenons  le  compte  rendu 
des  principales   ventes  d'estampes,  dont  nous 
n'avons  pas  eu  la  place  de  publier  les  résultats 
en  leur  temps. 

Ventes  diverses.  —  Dans  une  vente  d'es- 
tampes du  xviii°  siècle,  faite  à  l'Hôtel,  le  28  mars, 
par  U."  A.  Desvouges  et  M.  L.  Delteil,  et  qui  apro- 
duit  47.266  francs,  une  Tête  d*  Flore,  de  L.-M. 
Bonnet,  gravée  en  manière  de  pastel  d'api-ès 
Boucher, portrait  présumé  de  M""  Baudouin  ou  de 
M""  Coypel,  s'est  vendu  4. 300  francs. 

—  Dans  une  vente  faite  à  l'Hôtel  le  23  avril, 
par  M"  André  Desvouges  et  M.  L.  Delteil,  une 
épreuve  du  Saint  Hubert  (ou  Saint  Sustache)  d'Al- 
bert Diirer  (n»  67)  a  été  adjugée  2.900  fr.,  et  une 
épreuve  du  Grand  Cheval  (n"  88),  2.500  fr.;  Jésus- 
Christ  préchant  ou  la  Petite  Tombe,  l'eau-forte 
célèbre  de  Rembrandt  (n°  119),  a  été  vendue 
2.400  fr.,  et  la  Vue  d'Omval,  du  m?me,  épreuve 
du  l""  état,  avec  le  fond  sale  et  des  essais  de 
pointe  (n»  130),  2.100  fr. 

Produit  total  :  29.456  francs 

Vente  de  la  collection  Roger  Marx.  —  La 
vente  d'estampes  modernes  de  laeolleclion  Roger 
Marx  a  obtenu  le  grand  succès  que  nous  avions 
fait  prévoir  ;  elle  a  même  dépassé  les  prérisions 
les  plus  optimistes  et  s'est  terminée  sur  le  beau 
total  de  202.031  francs. 

L'estampe  moderne  se  présentait  là,  nous 
l'avons  dit  en  annonçant  la  vente  (1),  dans  ce 

(l)  Voir  le  n»  622  du  Bulletin. 


qu'elle  a  de  plus  original  comme  inspiration, 
de  plus  parfait  comme  technique,  de  plus  rare 
comme  épreuves  ;  les  amateurs  se  sont  disputés 
ces  belles  pièces,  et  bien  leur  a  pris  de  s'assurer 
la  possession  de  certaines  d'entre  elles,  car  il 
en  était  dont  on  n'a  pas  souvent  à  signaler  le 
passage  en  vente  publique,  et  dont  chaque  pas- 
sage en  vente  est  marqué  par  une  notable  plus- 
value. 

Les  deux  maîtres  les  plus  favorisés  à  cet  égard 
sont  tous  deux  vivants  :  Edgar  Degas  et  Auguste 
Rodin.  Du  premier,  on  a  vu  la  Femme  nue  à  la 
porte  de  sa  chambre,  une  lithographie  de  très 
petit  format,  monter  à  4.400  francs,  et  une  autre 
lithographie.  Chanteuse  de  café-concert,  trois 
scènes  sur  la  même  planche,  a  été  poussée  jus- 
qu'à 4.600  francs  ;  plusieurs  autres  lithographies 
ont  atteint  3.500,  3.000,  2.800,  2.500,  etc.  Rodin 
a  été  presqu'aussi  bien  partagé  :  le  !•'  état,  avec 
dédicace,  du  portrait  d'Henri  Becque,  à  Peau- 
forte,  s'est  vendu  3.600  francs  ;  le  3*  état  de 
Victor  Hugo  de  trois-quarts,  3.000  francs  ;  d'autres 
eaux-fortes,  2.600,  2.200,  etc. 

Outre  ces  deux  maîtres,  les  artistes  qui  ont 
réalisé  les  plus  beaux  prix  sont  Albert  Besnard, 
Fanlin-Latour  et  Toulouse-Lautrec. 

Voici  d'ailleurs  une  liste  assez  détaillée  de» 
principales  enchères.  Il  est  intéressant,  en  effet, 
étant  donné  la  composition  toute  particulière  de 
cette  vente,  de  s'arrt^ler  sur  des  prix  qu'on 
néglige  d'ordinaire  quand  ils  se  rencontrent  dans 
des  ventes  de  peintures  ou  d'objets  d'art  anciens, 
et  qui  prennent  un  tout  autre  enseignement 
quand  on  les  relève  dans  une  vente  d'estampes 
dont  les  auteurs  appartiennent  aux  dernières 
années  du  xix'  siècle  ou  mi"'rae  aux  premières 
du  XX'. 

Rappelons  que  la  vente  s'est  faite,  du  27  avril 
au  2  mai,  par  le  ministère  de  M«'  Lair-Dubreuil 
et  Baudoin,  assistés  de  M.  L.  Delteil. 

La  Mère  malade,  eau-forte  d'Albert  Besnard  (n*  64), 
a  atteint  1.520  fr. 

Parmi  les  Bracquemond,  on  ne  trouve  rien  de  mieux 
à  citer  que  le  Portrait  d'Edmond  de  Gonctmrt  {n'  tëO), 
1"  état,  dédicace,  420  fr. 

Treize  planches  de  R.  Bresdin,  sujets  divers  et  pay- 
sages (n°  166),  se  sont  vendues,  3U  fr.  ;  Chien-Caillou 
eût  été  le  premier  surpris  de  cette  «ncbùrc  ! 

Parmi  les  FéUx  Bubot,  les  pendants  bien  connus, 
Westminster  palace  et  Westminster  bridge,  avec 
dédicaces  (n*  194),  681  fr. 

Les  lithographies  de  Carrière  étaient  fort  bien  repré- 
sentées; elles  se  sont  vendues  au-dessus  de  300  fr.  et 
deux  d'entre  elles  ont  même  dépassé  le  t>illet  de  mille  : 


ANCIEN    ET    MODERNE 


207 


228.  Paul  Verlaine,  sur  Chine  (n«  228),  l.lH  fr.,  et  le 
même  portrait,  sur  Chine  appliqué  sur  Jspon  (n«  229), 
1.144  fr. 

Une  suite  de  10  pi.  de  Miss  Mary  Cassait,  scènes  de 
genre  (n*  248),  en  couleurs,  ont  été  adjugées  1.400  fr. 
Plusieurs  autres  estampes  de  la  même  artiste  se  sont 
vendues  au-dessus  de  300  fr. 

Le  Chemineau,  de  Chahine  (n*  324),  555  (t.  —  lîien 
à  noter  de  remarquable  pour  les  Cézanne. 

Le  plus  beau  prix  des  Corot  a  été  pour  le  Dôme 
florentin,  1"  état,  sur  Japon  (n-  .375),  410  fr. 

Parmi  les  Daumier,  on  citera  le  prix  de  610  fr.  pour 
le  Temps  éprouvant,  lui  aussi,  le  besoin  de  s'équiper 
à  la  mode,  l"état  (n°  386). 

Gros,  très  gros  succès  pour  les  Degas  :  389.  Degas, 
par  lui-même,  eau-forte,  avant  le  fond  nettoyé  et 
avant  diverses  retouches  dans  la  figure,  2.550  fr.  — 
391.  Danseuse  de  dos,  monotype,  1.100  fr.  —  394.  Au 
Louvre,  musée  des  anliqxtes,  1"  état,  avant  le  fond, 
2.800  fr.  —  401.  Au  cirque,  lithographie,  1.100  fr.  — 
402.  Chanteuse  de  café-concerl,  lithographie,  3.500  fr. 

—  403.  Chanteuse  de  café-concerl,  lithographie, 
1.700  fr.  —  404.  Chanteuse  de  calé-concert,  trois 
scènes  sur  la  même  planche,  lithographie,  4.600  fr. 

—  405.  Quatre  tètes  de  femmes,  lithographie,  3.000  fr. 

—  406.  Femme  nue  à  la  porte  de  sa  chambre,  litho- 
graphie, 4.400  fr.  —  408.  Loge  d'avanl-scène,  lithogra- 
phie, 2.500  fr. 

Un  exemplaire  exceptionnel  de  l'Estampe  originale, 
texte  de  Roger  Marx,  publié  par  André  Marty  conte- 
nant diverses  épreuves  d'essai  (n°  443),  1.820  fr. 

Les  Fantin-Latonr  ont  réalisé  des  prix  fort  hono- 
rables, se  tenant  pour  la  plupart,  entre  500  et  1.000  fr.; 
les  Brodeuses,  1"  planche  (n*  449),  a  fait  1.205  fr.  et 
le  liouquet  de  roses  (n'  457),  1.700  fr. 

Parmi  les  Forain,  dont  plusieurs  ont  dépassé 
500  fr.,  citons  le  n»  514,  l'Hôtel,  1.020  fr.  qui  est  le 
meilleur  prix. 

Le  Dom  Guéranger  de  F.  Gaillard,  avant  lettre,  sur 
Chine  (n"  550)  et  la  Sœur  Rosalie,  du  même,  en  état 
analogue  (n"  566)  ont  fait  respectivement  771  et 
777  francs. 

Parmi  les  Goya,  la  Tauromachie,  suite  complète  des 
33  eaux-fortes,  avec  la  table  typographique  (n*  577), 
2.550  fr. 

Le  meilleur  prix  des  Helleu  a  été  pour  la  Tasse 
(n-  623),  vendue  400  fr.  Un  cahier  de  six  eaux-fortes  de 
Jongkind,  Vues  de  Hollande  (n°  688)  a  été  adjugé 
600  fr. 

Les  Louis  Legrand  n'ont  pas  été  très  poussés  et  se 
sont  tenus  pour  la  plupart  entre  200  et  300  francs  ;  no- 
tons pourtant  le  Beau  soir  (n°  931),  1.100  fr. 

Les  eaux-fortes  de  Lepère  étaient  extrêmement  abon- 
dantes et  se  sont  en  général  bien  vendues  :  on 
notera,  en  particulier,  le  Malin,  carrefour  des  forts  de 
Marlolte  (n°  846),  épreuve  de  premier  état  sur  Japon 
pelure,  1.150  fr. 

Un  album  de  14  planches  de  Max  Liebermann,  avec 


texte  (n»  880),  intitulé  Max  Liebermann  Radirungen, 
600  fr. 

Les  Manet  ont  suscité  également  de  belles  compé- 
titions et  ont  presque  tous  été  vendus  au-dessus  de 
500  fr.;  les  Courses,  i"  état  (a'  912)  ont  fait  1.100  fr. 
Les  Raffaëlli  n'ont  pas  existé. 

Les  lithographie»  d'Odilon  Redon  se  sont  commu- 
nément tenues  entre  deux  et  trois  cents  francs;  la 
Tentation  de  saint  Antoine,  24  planches  (n*  1029), 
520  fr.  :  Yeux  clos,  sur  Chine,  (n"  1021),  480  fr. 

Neuf  Paysages  sur  Japon,  en  couleurs,  d'Henri 
Rivière,  ont  été  poussés  jusqu'à  700  francs. 

Pour  les  Rodin,  voici  les  prix  au-dessus  de  1.000  fr.  : 
1073.  Les  Amours  conduisant  le  monde,  1"  état, 
2.200  fr.  —  1080.  La  Bonde,  i"  état,  2.200  fr.  —  1082. 
Victor  Hugo  de  Irois-quarts,  3'  état,  3.000  fr.  —  1083. 
Victor  Hugo  de  face,  1.600  fr.  —  1090.  Henri  fiecque, 
\"  état,  dédicace,  3.600  fr.  —  1091.  Antonin  l'rousl, 
i"  état,  1.900  fr.  —  1092.  La  même  estampe,  2*  état, 
avant  divers  travaux,  2.600  fr. 

Parmi  les  Toulouse-Lautrec,  une  des  séries  les  plus 
abondantes  de  la  collection,  et  les  plus  disputées,  on 
relève  aussi  plusieurs  enchères  supérieures  à  1.000  fr.: 
1181.  La  Grande  Loge,  en  couleurs,  2.300  fr.  —  1184. 
Eisa  la  Viennoise,  1.000  fr.  —  1191.  Elles,  suite  de 
dix  planches,  avec  le  frontispice,  1.000  fr.  —  1193. 
Blanche  et  noire,  sur  Japon,  1.620  fr. 

Plusieurs  eaux-fortes  et  lithographies  de  Whistler 
ont  été  assez  recherchées  :  le  n°  1425,  Figure  drapée, 
asuise,  a  fait  900  fr.,  et  le  n»  1426,  Modèle  nu,  couché, 
1.000  fr. 

Rien  de  bien  remarquable  à  signaler  parmi  les 
albums  qui  formaient  les  n"  1435  et  suivants  ;  le 
plus  haut  prix,  850  fr.,  a  été  pour  Germinal,  album 
de  20  planches  originales,  par  Toulouse-Lautrec, 
Carrière,  M.  Denis,  Gauguin,  Liebermann,  Renoir, 
etc.  (n°  1439). 

Produit  total  :  262.031  francs. 

■Ventes  diverses.  —  Une  vente  d'estampes 
anciennes  et  modernes,  faite  à  l'Hôtel  les  H  et 
12  mai  par  M"  Huguet  et  A.  Desvouges,  assistés 
de  M.  Loys  Delteil,  a  produit  49.830  francs. 

Citons  l'enchère  de  4.900  francs,  obtenue  par 
le  Départ  pour  le  travail,  de  J.-F.  Millet,  l"  état, 
avant  le  nom  de  l'artiste. 

—  Les  19  et  20  mai,  M"  A.  Desvouges,  avec 
MM.  Paul  Ùilin  et  L.  Huteau  comme  experts,  a 
vendu  une  réunion  d'estampes  anciennes  et 
modernes,  de  composition  assez  variée,  qui  a 
produit  m. 743  francs  au  total. 

Quelques  prix,  parmi  les  anciens  ; 

58.  Demarteau.  Le  Matin,  le  Midi,  l'Après-midi,  le 
Soir,  gr.  d'après  Iluet,  en  manière  de  crayon,  2.750  fr. 
—  61.  Descourtis.  L'Amant  surpris,  les  Espiègles, 
gr.  en  conl.  d'après  Schall,  3.850  fr.  —  105.  D'après 


208 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


Huet.  l'Amant  pressant,  la  Déclaration,  gr.  en  coul. 
par  Legrand,  2.060  fr. 

Et  parmi  les  modernes  : 

362.  A.  Lepère.Le  Parlement  à  neuf  heures  dn  soir, 
Londres,  épr.  sur  Japon  mince,  2  200  fr.  —  A.  Zorn  : 
409.  y.orn  et  sa  femme,  2.600  fr.  —  410.  M"'  Armand 
Vayot,  2.100  fr.  —  412.  La  Valse,  ou  Soirée  dansante, 
2.950  fr.  —  413.  M-  Olga  lirait,  2.800  fr.  —  414. 
Henri  Marquand,  2.000  fr. 

—  Le  20  juin,  une  vente  d'estampes  anciennes, 
faite  par  M»  Lair-Dubreuil  et  M  Léo  Delteil,  a 
réalisé  quelques  très  beaux  prix,  et  même  une 
enchère  tout  à  fait  exceptionnelle 

Une  épreuve  de  l'Aveu  difficile,  gravé  par 
Janinet  (1787),  d'après  N.  Lawreince,  en  couleurs 
et  avant  toute  lettre,  avec  seulement  le  nom  de 
Janinet  à  la  pointe,  à  droite,  au-dessous  du  trait 
carré,  grandes  marges;  et  une  épreuve  de  l'In- 
discrétion, par  etd'après  les  mêmes  artistes  (1788), 
d'un  état  semblable,  ont  atteint  ensemble  (n^'S-O), 
le  beau  prix  de  22,000  francs,  sur  demande  de 
18.000. 

Plusieurs  enchères  de  quatre,  cinq,  six  et 
sept  mille  francs  sont  encore  à  citer  dans  cette 
vente,  qui  s'est  terminée  sur  un  total  de 
71.325  francs.  Les  voici  : 

Debucourt  :  1.  Le  Menuet  de  la  mariée,  la  Noce  au 
clidteau.  deux  pendants,  en  coul.,  avant  toute  lettre, 
seulement  les  inscriptions  à  la  pointe,  marges,  5.400  fr. 

—  2.  Promenade  de  la  r/allerie  du  l'alais-RoyalUlSI), 
en  coul.,  1"  tirage  avant  la  correction  du  mot  : 
imprimé,  4.900  fr.  —  3.  Heur  et  malheur  ou  la  Cruche 
cassée,  l'Escalade  ou  les  Adieux  du  matin,  deux 
pendants  (1787),  en  coul.,  4.500  fr.  —  5.  La  Prome- 
nade publique  (1792),  en  coul.,  avant  la  lettre,  6.750  fr. 

—  6    Minet  aux  aguets,  en  coul.,  3.610  fr. 

10.  L.  Le  Cœur  (attribué  aussi  à  Janinet,  d'après 
Lawreince).  Le  Colin-Maillard,  en  coul,,  avant  toute 
lettre  et  avant  les  armes,  7.000  fr. 

R.  r.. 

LES      REVUES 


Franck 

Les  Musées  de  France  (19(4,  n''2).—  Une  nouvelle 
donation  d'œuvres  de  Barye  au  musée  du  Louvre.  — 
Le  même  généreux  amateur,  à  qui  le  Musée  du  Louvre 
doit  les  importantes  sculptures  de  Barye  entrées  en 
1912  et  réunies  dans  une  salle  du  rez-de-chaussée,  à  la 
suite  de  la  salle  Carpeaux,  vient  d'offrir  une  nouvelle 
série  d'œuvres  du  grand  artiste  :  des  modèles  en  plâtre, 
des  bronzes  originaux,  quatre  peintures,  douze  aqua- 
relles, et  dix-huit  dessins. 

—  Gaston  Migkon.  Une  plaque  d'ivoire  musulman 


au  musée  du  Louvre.  —  Sculptée,  sur  se»  deux  faces, 
de  personnages  rappelant  l'art  sassanide. 

—  Acquisitions  du  département  de  la  céramique 
antique  et  des  antiquités  orientales  en  i9li.  —  Céra- 
mique antique  :  Grèce;  terres-cuites,  vases. 

—  F.  beMontremy.  Une  dalle  funéraire  du  XIV'  siècle 
au  musée  de  Cluny.  —  Elle  a  abrité  les  restes  d'un 
enfant  de  la  famille  des  Lusignan  et  elle  offre  cette 
particularité  que  la  figure  gravée  de  la  Vierge  y  rem- 
place la  figure  habituelle  du  défunt. 

—  Musées  nationaux  :  acquisitions  et  dons;  docu- 
ments et  nouvelles. 

—  Haymond  K(jkchlin.  L'Exposition  Toyokuni  et 
lliroshighé  au  musée  des  Arts  décoratifs.  —  Cinquième 
et  dernière  exposition  relative  à  l'histoire  de  l'estampe 
japonaise. 

—  Paul  Jamot.  Le  Musée  des  beaux-arts  de  Reims. 
—  «  Dès  maintenant,  malgré  ce  poids  mort  d'ouvrages 
médiocres  ou  douteux  qui  est  le  fléau  des  collections 
provinciales,  le  musée  de  Heims  occupe,  parmi  les 
galeries  françaises  hors  Paris,  un  rang  digne  d'une 
illustre  et  antique  cité.  » 

—  André  Fontaine.  Les  Nouvelles  salles  du  Musée 
Ingres  à  Montauban.  —  Organisées  grâce  aux  bénéfices 
réalisés  par  l'exposition  Ingres  de  1912  et  inaugurées 
le  5  octobre  dernier,  elles  permettent  d'exposer  la  plu» 
grande  partie  des  dessins  légués  par  le  maître  à  ses 
compatriotes. 

—  Etienne  Deville.  Le  Musée  de  Bemay  (Eure). 

—  Supplément  :  les  Ventes  récentes.  —  Collections 
Rochard,  Fitz-Henry,  Seligmann,  etc. 

HussiE 
Staryé  Gody  (février).  —  P.  .Néradovski,  l.esNou- 
velles  acquisitions  du  Musée  Alexandre  III.  —  Por- 
traits par  D.-G.  Levitski,  J.  Argounov,  Uokotov,  etc. 

—  Denis  Roche.  Le  Peintre  Pierre- Alexandre 
Parisot  et  son  séjour  en  Russie.  —  Né  à  Paris  en 
17.'i0,  Parisot  meurt  à  Moscou  en  mars  1820.  Il  y 
arriva  en  1792.  Sa  correspondance  avec  sa  fille  et  son 
gendre,  demeurant  à  Montauban,  a  fourni  les  élé- 
ments de  l'article.  Reproduction  de  quatorze  œuvres 
et  de  trois  portraits. 

—  Baron  A.  OE  Foelkeksa.m.  Le  Corail  et  son  appli- 
cation aux  arts.  —  Suite  des  études  de  cet  auteur 
sur  les  matières  précieuses. 

—  V.  Chtchavinski.  Un  Nouveau  portrait  de  Pierre- 
le-Grand.  — C'est  un  dessin  de  J.  Frans  van  Douvers 
à  l'Ancienne  Pinacothèque  de  Munich.  L'auteur  com- 
pare le  profil  du  personnage  représenté  avec  le 
masque  de  Pierre-le-Grand  et  le  seul  portrait  de  profil 
que  l'on  ait  du  tsar 

—  N.  Makabbnko.  Le  Mouvement  archéologique 
(russe)  en  I9IS.  —  Le  tumulus  de  Solokha,  dans  le 
gouvernement  de  Tauride,  a  donné  les  objets  les  plus 
importants  (peigne  et  plaques  en  or  du  iv  siècle). 
Résultat  des  fouilles  d'Olbia  et  d'Ani.  —  Denis  Roche. 

Le  Gérant  :  H.  Dknis. 

Paris.  —  Imp.  Georges  Petit,  12,  rue  Godot-de-Mauroi. 


Numéro  632. 


Samedi  25  Juillet  1914. 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


L'Internationale  de  1916 


L'Exposition  internationale  d'art  décoratif,  qui 
devait  avoir  lieu  en  1916,  se  trouvant  forcément 
reculée,  —  c'est  le  résultat  de  l'obstruction  faite 
aux  décorateurs  modernes  par  quelques  com- 
merçants routiniers,  —  on  a  repris,  sous  une 
autre  l'orme,  l'idée  d'une  manifestation  interna- 
tionale à  la  date  primitivement  choisie  :  il  s'agit 
d'une  exposition  réunissant  ce  que  la  France  et 
l'étranger  ont  produit  de  plus  remarquable  dans 
les  arts  plastiques  depuis  une  quinzaine  d'années. 
C'est  le  projet  Dayot,  et  c'est  un  excellent  projet. 
Il  n'en  a  pas  moins  rencontré  une  opposition 
inattendue  de  la  part  de  certains  artistes.  Comme 
l'Internationale  doit  se  faire  au  Grand  Palais, 
ils  ont  vu,  dans  son  organisation,  une  atteinte 
portée  aux  Salons  annuels  et  ils  ont  protesté  si 
vivement  que  les  présidents  des  deux  grandes 
Sociétés  ont  été  amenés  à  intervenir. 

Mais,  d'abord,  comme  l'a  fait  remarquer  M.  Léon 
Bérard,  le  (irand  Palais  n'est  occupé,  tous  les  ans, 
par  les  groupements  d'artistes,  qu'  »  en  vertu 
<rune  concession  administrative  essentiellement 
précaire  et  révocable  ».  Si  le  gouvernement  prend 
l'initiative  d'une  exposition  internationale  au 
Grand  Palais,  en  1916,  la  Société  nationale  et 
celle  des  Artistes  français  n'auront  qu'à  s'incliner. 
Peut-tHre  décideront-elles  de  faire  leur  Salon 
ailleurs  :  la  Société  des  Artistes  français  a  créé, 
comme  on  dit,  un  précédent,  quand  elle  s'est 
établie,  en  1900,  dans  ces  baraquements  de  Gre- 
nelle, dont  nul  n'a  oublié  la  solitude  et  le  mortel 
ennui.  Mais,  en  vérité,  les  artistes  se  font  une 
idée  par  trop  avantageuse  de  la  place  que  tiennent 
les  Salons  dans  les  préoccupations  du  public,  s'ils 
croient  que  le  public  s'apercevrait  de  la  suppres- 
sion des  Salons,  l'année  où  il  serait  convié  à  une 
exposition  internationale!  Bien  plus,  cette  Inter- 
nationale ne  devrait-elle,  comme  l'a  écrit 
M.  L.-O.  Merson,  que  «  nous  délivrer,  au  moins 
pour  une  fois,  du  Salon  annuel  et  de  son  débal- 


lage de  peintures  hâtives  et  de  récompenses 
écœurantes  »,  qu'elle  mériterait  d'être  organisée. 
D  autres  raisons  militent  en  sa  faveur. 
Le  public,  excédé  par  les  mille  et  quelques 
salonnets  où  l'on  s'efforce  de  l'attirer  chaque 
année,  se  dégoûte  de  ce  qu'on  lui  ressasse  à 
perpétuité;  s'il  fréquente  encore  les  Salons,  c'est 
comme  on  fait  certains  gestes,  par  réflexe,  et 
sans  y  prêter  attention.  Sa  curiosité  est  endormie, 
et  seule  une  Internationale  peut  la  réveiller. 

Et  les  artistes?  Ils  vivent  chez  eux  (au  fait, 
vivent-ils?),  sans  rien  savoir  de  ce  qui  se  passe 
au  dehors.  Des  villes  d'art  comme  Munich  et 
Venise  ont  leurs  expositions  internationales 
périodiques,  auxquelles  sont  invités  quelques-uns 
de  nos  représentants.  Chez  nous,  rien  de  pareil. 
Seule,  une  Internationale  peut  secouer  nos  ar- 
tistes trop  casaniers,  les  exciter,  les  piquer 
au  vif. 

Pour  le  public,  pour  les  artistes,  et,  disons-le, 
pour  l'art  français,  une  pareille  exposition  serait 
éminemment  profitable.  Elle  est  le  seul  moyen 
pour  nous  de  sortir  d'un  isolement  qui  n'a  plus 
rien  de  splendide.  En  regard  de  ce  qu'elle  peut 
nous  apporter,  il  n'est  pas  de  Salons  qui  tiennent. 
Et  quand  l'Académie  des  beaux-arts,  élaborant  le 
règlement  de  son  exposition  triennale,  prend  soin 
de  stipuler  que  la  liste  des  participants  étrangers 
à  l'Institut  sera  établie  une  fois  pour  toutes,  il  n'est 
pas  défendu  de  chercher  à  faire  ailleurs  quelque 
chose  d'original  et  de  nouveau. 

E.  D. 

ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


Académie  des  beaux-arts  (séance  du  11  juillet). 
—  L'Académie  décide  de  renvoyer  à  la  séance  du 
10  octobre  la  déclaration  de  vacance  du  fauteuil  que 
M.  Gabriel  Ferrier,  récemment  décédé,  occupait  dans 
la  section  de  peinture.  La  lecture  des  lettres  des  can- 
didats aura  lieu  le  17  octobre  et,  selon  les  règlements, 


210 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


la  section  de  peinture  dressera  dans  la  séance  sui- 
vante une  liste  de  présentation  de  cinq  noms.  L'élec- 
tion aura  lieu  le  samedi  suivant  31  octobre. 

—  Le  prix  Ilaumont,  de  la  valeur  de  1.800  francs 
"  à  décerner  à  un  tableau  de  paysage  à  la  suite  d'un 
concours», a  été  ainsi  partagé  :  1.000 francs  à  M.Ducos 
de  la  Haille,  élève  de  .M.  Raphai-1  CoUin;  800  francs 
à  M.  Séné,  élève  de  M.  Cormon.  Une  mention  tiono- 
rable  est  attribuée  à  M.  Houx,  élève  de  M.  J.-P.  Lau- 
rens. 

—  La  commission  mixte,  chargée  de  dresser  la  liste 
de  présentation  des  candidats  aux  fonctions  de  secré- 
taire perpétuel  laissées  vacantes  par  le  décès  de 
M.  Henry  Roujon,  a  décidé  à  l'unanimité  de  présen- 
ter M.  Widor,  candida*  unique.  L'élection  aura  lieu  a 
la  séance  suivante. 

(Séance  du  18  juillet).  —  L'Académie  entend  les 
rapports  sur  les  envois  de  Rome  qui  sont  faits  par 
MM.  Gervex,  pour  la  peinture;  A.  Mercié,  pour  la 
sculpture;  Redon,  pour  l'architecture. 

—  A  la  fin  de  la  séance,  conformément  au  règlement, 
l'Académie  procède  à  l'élection  d'un  secrétaire  perpé- 
tuel, en  remplacement  de  M.  Henry  Roujon,  décédé  : 
M.  Charles  Widor,  qui  appartient  à  la  section  de  compo- 
sition musicale  depuis  1910,  est  élu  à  l'unanimité. 

—  L'Académie  urrêle  le  règlement  de  son  exposition 
qui  aura  lieu  tous  les  trois  ans  au  Jeu  de  Paume  des 
Tuileries.  On  trouvera  plus  loin  ce  règlement  tn  extenso. 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
(séance  du  10  juillet).  — M.  Héron  de  Villefossc  décrit 
les  fouilles  faites,  cette  année,  sur  le  plateau  d'Alise- 
Sainte-Reine,  par  le  commandant  Espérandieu  et  le 
docteur  Épery;  il  commente  ensuite,  au  nom  de 
M.  Michel  Clerc,  directeur  du  musée  Borély,  une  in- 
scription grecque  trouvée  à  Marseille  au  cours  des 
travaux  de  démolition  exécutés  derrière  la  Bourse. 

—  M.  Salomon  Reinach  constate  que  les  anciens, 
comme  nous,  lisaient  en  voiture;  il  donne  des 
exemples  empruntés  aux  textes  et  en  tire  l'explication 
d'un  vers,  resté  incompris,  de  l'épitaphe  d'Abercius, 
évoque  de  Phrygis,  au  ir  siècle. 

—  Le  P.  Scheil  attire  l'attention  de  ses  confrères 
sur  les  vocabulaires  babylono-hittites  découverts,  en 
1907,  en  Cappadoce,  par  M.  Wenckler  et  récemment 
publiés  par  M.  Friedrich  Delitzeh,  correspondant  de  la 
Compagnie. 

—  M.  Brutails,  archiviste  du  département  de  la 
Gironde,  étudie  certaines  églises  de  ce  département 
et,  en  particulier,  l'église  de  Krancs,  on  on  constate 
la  survivance  de  caractéristiques  architecturales,  ap- 
partenant à  des  époques  parfois  fort  éloignées  de 
celles  011  le  monument  a  été  construit. 

—  M.  J.  Toutain  présente  à  l'Académie  les  photo- 
graphies d'une  statue  de  pierre  découverte  en  octobre 
1913,  dans  les  fouilles  que  la  Société  des  sciences 
de  Semur  poursuit  sur  l'emplacement  d'Alésia.  Cette 
statue,  malheureusement  incomplète,  est  une  réplique 
du  Satyre  au  repos,  qui  fut  si  populaire  dans  l'anti- 


quité. Elle  représente  un  jeune  satyre  nu,  sauf  une 
draperie  qui  couvre  son  épaule  gauche,  les  jambes 
croisées,  et  accompagné  d'un  animal,  vraisemblable- 
ment une  panthère,  levant  une  patte  vers  lui. 

M.  Toutain  montre  que  cette  réplique  dilTére  par 
quelques  détails  des  statues  du  même  type  qui  se 
trouvent  au  musée  du  Louvre,  au  musée  du  Vatican, 
au  musée  des  Thermes,  à  Rome;  il  fait  remarquer  que 
la  statue  découverte  sur  le  mont  Auxois  est  la  pre- 
mière réplique,  trouvée  en  Gaule,  de  ce  type,  dont 
l'invention  est  communément  attribuée  à  Praxitèle. 
L'intérêt  de  la  découverte  est  donc  considérable. 

—  La  Compagnie  déclare  la  vacance  du  siège  de 
secrétaire  perpétuel  occupé  par  M.  Georges  Perrot, 
qui  vient  de  mourir.  L'élection,  destinée  à  pourvoir  n 
cette  vacance,  aura  lieu  le  vendredi  24  juillet. 

(Séance  du  17  juilletl.  —  M.  Henri  Cordier  donne 
des  nouvelles  des  missions  du  U'  Segalen  et  de 
M.  Gilbert  de  Voisins,  au  Thibet,  et  de  M.  A.  Bonnet 
de  Mézières,  en  Sénégal. 

—  M.  Héron  de  Villefosse  annoDce  que  le  0'  Carton, 
correspondant  de  l'Institut,  en  continuant  ses  fouilles 
dans  les  thermes  de  Bulla  Refria  (Tunisie  ,  a  recueilli 
divers  objets  intéressants,  à  l'endroit  même  où  il  avait 
signalé  l'existence  d'un  grand  dépi'itd'amphores.  Parmi 
ces  objets  se  trouvent  un  chandelier  de  bronze,  un 
reliquaire  de  plomb  orné  d'une  croix,  trois  plaques  de 
ceinturon  vandales,  plusieurs  amphores  portant  des 
inscriptions  à  la  pointe,  une  série  de  belles  poteries 
qui  paraissent  appartenir  aux  derniers  temps  de  la 
domination  romaine.  Actuellement  dix  salles  présen- 
tant d'intéressantes  dispositions  sont  déblayées, 
notamment  une  salle  souterraine,  en  communication 
avec  six  antres  pièces  voûtées,  on  il  a  été  trouvé  une 
dédicace  en  l'honneur  de  Diane. 

—  M.  Héron  de  Villefosse  expose  ensuite  le  résultat 
des  recherches  du  chef  de  bataillon  Uonau,  comman- 
dant militaire  du  Sud  tunisien,  qui.  l'année  dernière, 
a  obtenu  de  l'Académie  une  subvention  pour  continuer 
à  Reiiiada  les  fouilles  qu'il  avait  commencées  avec 
ses  propres  ressources. 

—  M.  Lpth,  professeur  au  Collège  de  France,  donne 
lecture  d'une  étude  sur  «  la  croyance  à  un  oinphalns 
de  la  terre  chez  les  Celtes  ». 

—  Le  P.  Scheil  étudie,  au  nom  de  M.  Henri  Gauthier, 
membre  et  secrétaire  de  l'Institut  français  d'archéologie 
orientale  du  Caire,  un  document  fameux  en  égypto- 
logie,  la  Pierre  de  l'alerme  qui  relate,  année  par  année, 
les  principaux  événements  des  règnes  de  la  première 
à  la  cinquième  dynastie  :  de  nouveaux  fragments  de 
ce  monument  viennent  d'être  découverts  et  ont  été 
placés  au  musée  du  Caire:  ils  se  rapportent  aux  rois 
de  Haute  et  Bassc-Ëgyptc  antérieurs  à  l'unitication  de 
la  monarchie  qui  fut  accomplie  sous  Menés. 

Société  des  antiquaires  de  France  (séance  du 
8  juillet).  —  M.  Héron  do  Villefosse  revient  sur  une 
inscription  du  Cher,  dont  il  a  obtenu  une  meilleure 
copie   et   communique    une    dédicace   à    Satronmis 


ANCIEN   ET   MODERNE 


211 


Privatensis,  dont  le  texte   lui  a  été  adressé   par  le 
n.  P.  Delattre. 

—  M.  C.  de  .Mandach  réfute  le  rapprochement  qu'on 
a  voulu  établir  entre  le  peintre  suisse  Conrad  ^^'iiz  et 
un  Rodulphus  Sapientis,  qui  était^  non  de  Constance, 
mais  de  Coutances  (Normandie)  ;  il  maintient  que 
Conrad  Wilz  a  dfi  être  le  fils  de  Mans  Witz,  originaire 
aussi  de  pays  allemands  et  qui  vécut  à  Genève  dans 
la  seconde  moitié  du  xv"  siècle;  il  cite  enfin  quelques 
ouvrages  qui  pourraient  être  attribués  à  cet  artiste. 

(Séance  du  lo  juillet).  —  M.  R.  Page  étudie  une 
cuve  baptismale  pour  baptême  par  immersion,  dans 
l'église  de  Dorât,  xr  siècle. 

—  M.  Chenon  annonce  qu'en  démolissant  le  Petit 
Séminaire  de  Saint-Nicolas  du-Chardonnet,  on  a 
retrouvé  une  vieille  fenêtre  du  xvi*  siècle,  provenant 
de  l'ancienne  église. 

—  M.  Paul  Vitry  fait  part  de  l'entrée  au  I^ouvre  de 
trois  morceaux  de  sculpture  du  xii*  siècle,  provenant 
de  la  façade  d'une  église  détruite,  N'otre-Dame-de-la- 
Coudre,  à  Parthenay  (Deu.\-Sèvres). 

Conseil  des  Musées  nationaux.  —  En  même 
teuips  que  l'acquisition  du  reliquaire  de  Jaucourt, 
dont  le  Bulletin  a  parlé  dans  son  dernier  numéro,  le 
Conseil  des  musées  a  ratifié  l'achat  :  de  trois  frag- 
ments de  sculpture  provenant  de  Parthenay  et  repré- 
sentant V Annonciation  aux  bergers  et  deux  figures  de 
prophètes  i^la  Société  des  Amis  du  Louvre  a  concouru 
pour  un  tiers  à  cette  acquisition)  ;  et  d'une  petite 
esquisse  en  terre  cuite  de  la  statue  de  Sainte  Bibiane, 
exécutée  en  1626  par  le  Bernin,  pour  l'église  Sainte- 
Bibiane,  à  Rome  (cette  statuette,  qui  provient  de  la 
vente  du  marquis  de  Biron,  a  été  achetée  avec  la  par- 
ticipation de  M.  Fenaille). 

Le  Conseil  a  accepté  les  dons  faits  par  M.  lleuzey, 
de  terres  cuites  chypriotes,  et  par  la  Société  des  Amis 
du  Louvre,  d'une  aquarelle  de  Dauzats  datée  de  1835 
et  représentant  une  Rue  de  Cadix. 

Les  Prix  de  Rome.  —  Le  dernier  numéro  du 
Bulletin  a  donné  le  jugement  du  concours  de  Kome 
pour  la  musique,  promulgué  à  la  séance  de  l'Académie 
des  beaux-arts  du  4  juillet.  Voici  les  résultats  des 
autres  concours,  actuellement  jugés  ; 

Peinture.  —  L'Académie  des  beaux-arts,  par  suite 
de  circonstances  exceptionnelles,  avait  la  possibilité 
de  décerner  cette  année  trois  Grands  Prix  de  peinture  : 
1"  celui  de  celte  année  :  2°  celui  de  l'année  1913,  qui 
avait  été  réservé  par  suite  d'insuflisance  des  concours, 
et  3°  celui  obtenu  en  19H  par  M.  Marco  de  Gastyne, 
qui  donna  sa  démission  en  1913. 

L'Académie  a  accordé  les  récompenses  suivantes  : 

1"  Grand  Prix  de  Rome  1914  :  M.  Robert-Eugène 
Poughéon,  élève  de  MM.  Cornion  et  J.-P    Laurens. 

2*  Grand  Prix  1913  :  M.  Jean  Despujols,  élève  de 
M.  Gabriel  Ferrier. 

3- Grand  Prix  1911  :  .M.  Jean-Biaise  Giraud,  élève 
le  M.  Gabriel  Ferrier. 


1"  Second  Grand  Prix  :  M.  Émilien- Victor  Barthé- 
lémy, élève  de  M.  Cormon. 

2'  Second  Grand  Prix  :  M.  Paul-Maurice  Geny, 
élève  de  MM.  François  Flameng,  Raphaël  Collin  et 
Déchenaud. 

M.  Poughéon  séjournera  quatre  années,  .M.  Despu- 
jols trois  ans  et  M.  Giraud  deux  ans  seulement  à  la 
Villa  Médicis. 

Gravure  en  médailles  et  sur  pierres  fines.  —  Grand 
Prix  de  Rome  :  M.  André  Lavrillier,  élève  de  MM.  Cha- 
plain,  Vernon  et  Patey. 

1"  Second  Grand  Prix  :  M.  Jacques  Martin,  élève 
de  MM.  Patey  et  Coutan. 

2"  Second  Grand  Prix  :  .M.  Turin,  élève  de  MM.  Ver- 
non,  Patey  et  Coutan. 

(iravure.  —  1"  Grand  Prix  :  M.  Manchon,  élève  de 
M.\l.  Waltner,  G.  Ferrier  et  Gervex. 

1"  Second  Grand  Prix  :  M.  Buthaud,  élève  de 
MM.  Waltner,  G.  Ferrier  et  Humbert. 

2'  Second  Grand  Prix  :  M.  Bouffanais,  élève  de 
MM.  Laguillermie,  Cormon  et  J.-P.  Laurens. 

Fouilles  du  mont  Auxois.  —  Les  fouilles  de  la 
Société  des  Sciences  de  Semur,  sur  le  mont  Auxois, 
se  montrent,  cette  année,  particulièrement  fécondes. 

La  même  tranchée  n°  5,  d'où  M  l'ernet  a  récem- 
ment exhumé  une  belle  tête  de  félin  en  bronze,  vient 
(le  ramener  au  jour  une  importante  collection  d'objets 
en  bronze,  en  pierre,  en  fer,  en  os,  en  terre  cuite 
Parmi  les  plus  importants,  citons  plus  de  vingt  figu- 
rines en  terre  blanche  de  l'Allier,  dont  plusieurs  sont 
signées;  une  bague  avec  intaillc,  une  roue  dentée 
en  bronze,  deux  fibules  identiques  en  forme  de  pierre; 
enfin,  une  belle  tête  de  cheval  en  pierre,  sur  la  cri- 
nière dé  laquelle  se  joue  la  main  d'un  cavalier  dont 
le  bras  est  recouvert  d'une  draperie,  etc. 

A  Ajaccio.  —  M.  Ogiiastroni,  directeur  de  la  cir- 
conscription pénitentiaire  du  Rhône,  vient  de  faire 
don  au  musée  d'Ajaccio,  d'une  pièce  intéressante 
pour  l'histoire. 

Il  s'iigit  d'un  dessin  aquarelle  représentant  l'em- 
pereur Napoléon  à  Sainte-Hélène.  Ce  dessin  tire 
sa  principale  curiosité  de  ce  qu'il  est  attribué  à 
lludson  Loue  lui-même.  Il  porte  en  bas  :  Taken  al 
Sainte-Hélène,  M  march.  Sainte-Hélène,  Ifll7.  En 
marge,  la  note  manuscrite  suivante  :  M'a  été  donné 
par  Godefroy  Cavnignac,  à  Londres,  en  lflS9.  Ce 
dessin  provient  de  la  vente  du  comte  Léon,  décédé 
en  avril  1881,  il  avait  été  donné  à  M.  Ogiiastroni,  par 
le  professeur  Lacassagne. 

A  Cholet.  —  Un  récent  décret  vient  d'attribuer  au 
musée  de  Cholet  les  portraits  des  principaux  généraux 
vendéens,  qui  avaient  été  commandés  par  Louis  XVIII 
etqui.jusqu'àces  derniers  temps,  figuraient  au  Musée 
de  Versailles.  Ils  formeront  les  premiers  éléments 
d'un  musée  historique  de  la  Vendée  militaire. 

Ces  portraits  sont  ceux  de  Bonchamps  et  de  Cathe- 
lineau,  par  Girodet;  de  Charette  et  de  d'Elbée,  par 


212 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


Paulin Guérin;  des  deux  La  Uochejaquelein,  par  Pierre 
Guérin,  auquel  est  attribué  aussi  celui,  non  signé, 
de  La  Trémoïlle;  de  Lescur'e,  par  Robert  Lelcbvre;  de 
Cadoudal,  par  Coutan;  de  Louis  de  Frotté,  par  Louise 
de  Bouteiller;  de  Précy,  par  Dassy,  et  de  Suzannet, 
par  Mauzalse. 

A  Anvers.  —  On  lit  dans  les  Débats  : 
<c  La  maison  de  Rubens,  ii  Angers,  sera  conservée. 
Le  propriétaire  actuel,  empêché  par  les  voisins  d'y 
installer  une  industrie  avec  machine  à  vapeur,  se 
proposait  de  démolir  la  vieille  bâtisse  et  de  vendre  à 
des  particuliers  le  pavillon,  avec  les  ligures  de  Bac- 
chus  et  de  Gérés,  que  Kubens  avait  lait  construire 
lui-même  dans  le  jardin,  ainsi  que  la  vieille  porte 
dont  on  lui  proposait  un  bon  prix.  Mais,  au  dernier 
moment,  un  Comité  qui  s'était  constitué  en  vue  de 
conserver  la  maison  parvint  à  lui  faire  entendre 
raison.  Au  prix  d'une  cinquantaine  de  mille  francs,  à 
verser  en  vingt  annuités,  le  propriétaire  cédera  l'im- 
meuble et  le  jardin. 

Mais  une  nouvelle  calamité  menace  maintenant  la 
maison  de  Rubens.  A  l'Exposition  de  Bruxelles,  en 
1910,  la  ville  d'Anvers  avait  fait  édifier  une  construc- 
tion de  fantaisie  représentant,  d'après  de  vieilles 
gravures,  l'atelier  du  peintre.  Ce  bric-à-brac  germa- 
nique avait  enthousiasmé  les  bons  Flamands  qui 
rf'vent  maintenant  de  faire,  à  Anvers  même,  une 
installation  du  même  goût  Après  avoir  échappé  à  la 
destruction,  la  maison  de  Rubens  deviendra-t-elle  la 
proie  des  restaurateurs  ?  » 

A  Pise.  —  La  seconde  section  du  Conseil  supérieur 
des  Beaux-Arts,  d'accord  avec  M.  P.  Bacci,  surinten- 
dant des  monuments,  a  pris  un  certain  nombre  de 
décisions  concernant  les  restaurations  et  la  réorgani- 
sation du  Campo  Santo.  On  construira,  entre  le  Campo 
Santo  et  les  murs  de  la  ville,  plusieurs  salles  où  seront 
disposées  et  classées  les  sculptures  grec(|ues,  romaines, 
pisanes  et  llorentines,  qui  se  trouvent  actuellement 
sous  les  portiques  du  Campo  Santo  ;  une  salle  sera 
réservée  aux  sculptures  du  xix*  siècle,  qui  comptent 
quelques  pièces  intéressantes  de  Uupré,  Bartolini  et 
Thorwaldsen.  On  ne  laissera  sous  les  portiques  que 
les  sarcophages  romains. 

En  outre,  M.  Cavenaghi,  le  restaurateur  bien  connu, 
va  procéder  ii  des  essais  pour  savoir  si  l'on  peut  res- 
taurer les  fresques  de  Gozzoli  sans  les  détacher,  et 
l'on  va  prendre  immédiatement  des  mesures  pour 
protéger  le  mur  nord  du  Campo  Santo  contre  l'hu- 
midité. 

Enfin,  le  Conseil  supérieur  a  approuvé  le  projet  de 
reconstitution  du  monument  d'Henri  VII  de  Luxem- 
bourg, dans  le  Dôme,  qu'a  proposé  M.  P.  Bacci. —  L.G. 

A  Cologne.  —  La  collection  d'objets  d'art  de  feu 
le  baron  Albert  von  Oppenheim,  qui  sera  vendue  à  la 


fin  de  cette  année,  en  même  temps  que  i-  galerie  de 
table-iux  anciens  du  même  amateur,  est  exposée, 
depuis  le  l.'i  juillet,  au  Musée  municipal  des  indus- 
tries d'art  de  Cologne. 

Nous  aurons  l'occasion  de  signaler  les  principales 
pièces  de  cette  collection,  tant  peintures  qu'objets 
d'art,  quand  nous  annoncerons  ici  la  vente,  qui  sera 
certainement  un  des  événements  de  la  prochaine 
saison. 

Nécrologie.  —  Le  peintre  Gaston  Fanly-Lescure, 
qui  vient  de  mourir,  avait  été  élève  de  .M.  Cormon  ; 
il  exposait  depuis  1880,  au  Salon  des  Artistes  français, 
des  natures  mortes  et  des  figures  de  genre  (ment,  hon., 
1903;  méd.  3'  cl.,  1910;  méd.  2-  cl.,  1912). 

—  Le  It.  /'.  Ga/j're  n'était  pas  seulement  un  écrivain 
catholique  et  un  des  maîtres  de  la  chaire  contempo- 
raine ;  il  avait  aussi  un  réel  talent  de  sculpteur  :  on 
lui  doit,  en  particulier,  un  Clirist,  et  une  statue  de 
Jeanne  d'Arc  au  bûcher,  qui  sera,  un  jour,  érigée  s«r 
la  place  du  Marché,  à  Rouen. 

—  Le  peintre-graveur  Fernand  Uesmoulin  est  mort 
à  Venise,  à  l'âge  de  ;il  ans.  11  était  né  à  Javerlhac 
(Dordogne)  et  s'était  fait  remarquer  dès  ses  débuts  au 
Salon  :  il  avait  obtenu  une  mention  honorable  au 
Salon  de  1885,  une  médaille  de  3*  classe  en  1889,  une 
médaille  de  bronze  à  l'Exposition  universelle  de  la 
même  année,  une  médaille  d'argent  à  celle  de  1900, 
en  même  temps  qu'il  était  promu  officier  de  la  Légion 
d'honneur.  Le  public  connaît  surtout  son  œuvre  gravé, 
ses  portraits  consciencieux  et  solides  (Renan,  Théo- 
dore de  Banville,  Emile  Zola)  et  ses  paysages,  comme 
les  vues  de  Venise  qu'il  exposait  encore,  cette  année, 
au  Salon  de  la  Société  nationale.  On  lui  doit  aussi 
quelques  illustrations  :  les  Soirées  de  Médan,  les 
Grands  médecins  d'aujourd'hui.  Philanthrope  d'un 
dévouement  sans  bornes,  Oesmoulins  se  consacrait, 
depuis  quelques  années,  à  améliorer  la  situation 
matérielle  et  surtout  les  dispositions  morales  des 
détenus  dans  les  prisons. 

—  Avec  M.  Mai-  Hooses,  le  conservateur  du  musée 
Plantin,  qui  vient  de  mourir  à  Anvers,  âgé  de  soixante- 
quinze  ans,  la  Belgique  perd  un  des  historiens  d'art 
qui  lui  faisaient  le  plus  grand  honneur.  Parmi  ses  publi- 
cations, abondantes  et  diverses,  il  est  des  ouvrages, 
comme  celui  sur  VOEuvre  de  Rubens,  en  5  volumes 
in-4*  (1886-1892),  qui  sont  bien  vite  devenus  clas- 
siques; on  lui  doit  encore  la  publication  de  la 
Correspondance  de  Rubens  (1887-1897,  2  vol.);  une 
monographie  de  Christophe  Plantin  (1883,  in-fol.), 
et  la  publication  de  la  correspondance  de  l'illustre 
imprimeur  anversois;  une  monographie  de  Jacques 
Jordaens  (1885);  une  histoire  de  la  peinture  anver- 
soise,  en  llamand.  un  livre  sur  le  Vieil  Anvers  (1894), 
une  publication  sur  les  l'einlres  néerlandais  du 
XIX-  siècle  (1899),  etc. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


213 


CHRONIQUE    DES    VENTES 


LIVRES 

A  Paris.  —  Reprenons  le  compte  rendu  des 
principales  ventes  de  livres  de  cette  saison, 
comme  nous  l'avons  fait,  dans  notre  dernier 
numéro,  pour  les  ventes  d'estampes. 

Bibliothèque  de  feu  M.  Alphonse  Willems, 
de  Bruxelles  (livres  anciens).  —  Nous  avons 
annoncé  cette  vente  de  la  bibliothèque  du  savant 
auteur  de  l'histoire  des  Elzévier  et  nous  en  avons 
donné  le  résultat  total,  soit  317.057  francs.  Rap- 
pelons qu'elle  s'est  faite  à  l'Hôtel,  du  4  au  7  mai, 
par  les  soins  de  M'  A.  Desvouges  et  de  M.  Leclerc 
et  donnons  la  liste  des  principales  enchères,  qui 
ont  été  pour  les  beaux  exemplaires  des  éditions 
eizéviriennes,  ornées  de  reliures  de  bonne  sorte, 
particulièrement  nombreuses  en  ce  cabinet  de 
travailleur  bibliophile,  —  le  tout  d'une  tenue  un 
peu  grave,  mais  qui  nous  a  heureusement  changés 
des  livres  illustrés  du  xvni^  siècle  et  des  éditions 
de  la  bibliophilie  moderne. 

Un  Virgile,  publié  en  1676,  par  Daniel  Elzévier, 
exemplaire  sur  grand  papier,  offert  au  Grand 
Dauphin,  tils  de  Louis  XIV,  par  l'éditeur  N.  Hein- 
sius,  qui  a  écrit  une  dédicace  de  six  vers  latins 
sur  la  feuille  de  garde,  enrichi  d'une  belle 
reliure  ancienne  en  maroquin  olive,  a  été  adjugé 
8.000  francs;  un  Alexander  Magmis,  de  1488, 
8.100  fr.;  une  Historié  van  Rei/naert,  de  1483, 
8.;)00  fr.  ;  un  Jason  et  Hercules,  par  Le  Kebvre, 
l:i2l,  8  100  fr.  ;  enlin,  un  Ogier  le  Danois,  éd.  de 
Lyon,  1523,  a  été  poussé  jusqu'à  8.950  francs; 
c'est  ici  le  plus  beau  prix  de  la  vente. 

Citons  encore  les  prix  au-des>us  ie  2.000  francs 
suivants  : 

Érasme,  1533,  exemplaire  de  Grolier,  7.050  fr. — 
Les  Sentences  et  maximes  de  La  Kochefoucauld,  éd. 
originale  de  1664,  5.000  fr.  —  Isocrales,  1550,  exem- 
plaire aux  armes  de  la  reine  Elisabeth  d'Angleterre, 
ii.lSO  fr.  —  Le  Champion  des  dames,  de  Martin  Franc, 
l"éd.,  1485,  avec  62  lig.  sur  bois,  6.700  fr.  —  Le 
Cluileau  de  labour,  de  Gringoire,  1500,  avec  la  mar- 
que de  Pigouchet,  3.500  fr.  —  Œuvres  de  Baïf,  1573, 
2.010  fr.  —  Plainte  d'Acanle,  par  Tristan  l'Hcrmite, 
manuscrit,  2.160  fr.  —  Boecxken,  premier  livre  avec 
musique  publié  aux  Pays-Bas,  seul  exemplaire  connu, 
2.805  fr. 


Œuvres  de  Regnard,  éd.  de  1790,  avec  les  fig.  de 
Moreau  le  jeune  et  de  Marillier,  4.050  fr. 

Saint  Graal,  2°  éd.,  1523,  6.000  fr.  —  l'erceval  le 
Galloys,  1530,  5.020  fr.  —  Tristan,  3'  éd.,  6.120  fr.  — 
Les  Quatre  Fils  Aymon,  1539,3.100  fr  —  Godefroy 
de  Houillon,  1511,  6.850  fr.  —  Baudoin,  3-  éd.,  1483, 
6.020  fr.  —  Gargantua,  de  Uabelais,  1542,  3.500  fr. 

Gil  Blas,  de  Le  Sage,  1725,  avec  dessins  originaux 
de  Monnet,  1.000  fr. 

Alexander  Magnus,  1488,  8.100  fr.  —  Historié  van 
der  Destrucion  van  Troyen,  par  Guido  de  Columna, 
Amsterdam,  vers  1500,  7.900  fr.  —  Historié  van  Rey- 
naert,  1485,  8.500  fr.  —  Jason  et  Hercules,  par  Le 
Kebvre,  Anvers,  1521,  8.100  fr.  —  Gyron  le  Courtoys, 
éd.  de  Vérard,  1501,  avec  fig.  sur  bois,  7.950  fr. 

Vente  de  la  bibliothèque  de  feu  M.  Pierre 
Dauze  (livres  modernes).  —  L'intérêt  de  cette 
vente  résidait  dans  sa  composition  tout  à  fait 
spéciale  :  elle  ne  comprenait,  en  efl'et,  comme 
nous  l'avons  dit  en  l'annonçant,  que  des  livres 
modernes  en  éditions  originales,  et  la  plupart 
avec  envois  autographes  d'auteurs  et  manuscrits 
ajoutés.  Un  total  de  105.000  francs  a  marqué  la 
fin  des  vacations  de  la  première  partie  de  la 
vente,  qui  ont  eu  lieu  à  l'Hôtel,  par  les  soins  de 
Me  Desvouges  et  de  M.  Leclerc,  du  H  au  16  mai. 
Toutes  proportions  gardées,  ces  livres  se  sont 
bien  vendus  et  un  grand  nombre  ont  atteint  et 
dépassé  1.000  francs. 

On  citera,  en  particulier  : 

Les  Fleurs  du  mal,  de  Baudelaire,  1.260  fr.,  avec 
manuscrits  originaux,  et  560  fr.  pour  l'édition  origi- 
nale seule  ;  —  le  manuscrit  original  des  Mémoires  d'un 
fou,  de  G.  Flaubert,  2.700  fr.  ;  —  l'édition  originale  de 
Salammbô  (1863),  ex.  sur  hollande,  1.300  fr.;  —  un 
recueil  de  manuscrits  publiés  fUT  le  Centaure,  1.610fr.  ; 

—  le  manuscrit  original  du  Mannequin  d'osier,  d'Ana- 
tole France,  3.100  fr.;  —  celui  de  l'Orme  du  mail, 
2.100  fr.,  et  celui  de  l'Anneau  d'améthyste,  2.000  fr.  ; 

—  une  édition  originale  de  l'Étui  de  nacre,  du  même 
auteur,  sur  japon,  avec  autographes,  1.080  fr.  ;  —  les 
autres  éditions  originales  de  A.  France  ont  fait  de  500 
à  1  000  fr.  Autres  éditions  originales  :  Dominique,  de 
Fromentin,  sur  japon,  1.000  fr.  (sur  papier  ordinaire, 
135  fr.);  —  .Sac  au  dos,  de  Huysmans,  1.505  fr.  —  Du 
môme  Huysmans,  les  manuscrits  autographes  de  les 
Gobelins,  1.000  fr.,  et  de  A  vau  l'eau,  1.105  fr.  ;  — 
celui  de  le  Sang  des  crépuscules,  par  Ch.  Guérin, 
1.220  fr. 


214 


LE    BULLETIN   DE    L'ART 


—  La  seconde  partie  de  la  collection  a  été  dis- 
persée du  26  au  30  mai.  Elle  a  produitOb. 000  francs, 
soit  200.500  francs  pour  les  deux  parties  réunies. 

C'est  dans  cette  série  de  vacations  qu'on  a  eu  à 
enregistrer  les  deux  plus  beaux  prix  de  la  collec- 
tion :  celui  de  7.620  francs,  pour  le  manuscrit 
Autographe  de  Aux  flancs  du  vase,  d'Albert  .Samain, 
publié,  en  18'.H ,  par  le  Mercure  de  France;  et  celui 
de  6.800  francs,  pour  une  collection  des  ouvrages 
publiés  par  la  Société  «  les  XX.»,  avec  signatures 
autographes  des  auteurs. 

Citons  encore  : 

Un  recueil  de  manuscrits  autographes  d'Arthur 
Rimbaud,  2.450  francs  ;  —  le  manuscrit  autographe 
de  la  Double  maîtresse,  de  H.  de  Régnier,  1.950  fr.  ;  — 
l'édition  originale,  avec  une  partie  du  manuscrit,  de 
Au  jardin  de  l'infante,  d'Albert  Samain,  1.100  fr  ;  — 
le  manuscrit  autographe  de  la  Consultation  du  Doc- 
teur noir,  d'Alfred  de  Vigny,  3.000  fr.  ;  —  et  celui  de 
Jacques  Damour,  de  Zola,  1.510  fr. 

Vente  d'une  collection  de  livres  d'archi- 
tecture et  de  recueils  d'ornements.  —  Nous 
avons  longuement  annoncé  cette  vente,  d'un 
intérêt  exceptionnel  (n"  627),  et  nous  avons 
signalé  le  grand  et  légitime  succès  qu'elle  avait 
obtenu  (n"  629)  :  du  reste,  la  rareté  des  pièces 
et  la  richesse  des  recueils  étaient  les  plus  sûrs 
garants  des  vives  compétitions  que  devaient 
susciter,  parmi  les  amateurs,  cette  réunion  de 
documents,  qui  n'avait  pas  coûté  moins  d'un 
demi-siècle  de  recherches  au  collectionneur  dont 
tous  les  volumes  portaient  l'ea;-/î6ns,  M.  E.  Foule. 
Il  faut  se  réjouir  de  ce  que  la  plus  grande  partie 
de  ce  précieux  cabinet  ait  trouvé  asile  dans  la 
Bibliothèque  d'art  et  d'archéologie,  fondée  par 
M.  .lacques  Doucet,  où  ces  pièces,  désormais 
sauvées  de  la  dispersion,  resteront  à  la  disposi- 
tion des  travailleurs. 

On  a  déjà  dit  ici  que  la  vente,  faite  du  3  au 
6  juin,  par  M"  A.  Desvouges,  assisté  de  M.  A.  Be- 
sombes,  avait  produit  un  total  de  681.376  francs. 
Dans  ce  total,  plusieurs  grosses  enchères  sont  à 
tirer  de  pair  :  un  (JEuvre  de  Jacques  Androuet 
Du  Cerceau,  composé  de  1276  pièces  (exception 
faite  pour  les  volumes  des  Plus  excellents  basti- 
ments  de  France),  s'est  vendu  51.000  francs  ;  un 
Œuvre  de  W'atleau,  gravé  par  les  soins  de  Julienne 
et  comprenant  637  planches,  a  fait  28.100  francs; 
un  recueil  de  1147  planches  de  petits  maitres 
décorateurs  français,  allemands,  flamands,  hol- 
landais et  italiens,  des  xv*  et  xvii»  siècles,  a  été 
poussé  jusqu'à  37.000  francs. 


Mais  ces  gros  prix,  tout  importants  qu'ils  soient, 
ne  sont  rien  en  comparaison  des  trois,  cinq,  huit 
mille  francs,  obtenus  par  les  recueils  de  planches, 
quelquefois  fort  minces  et  le  plus  souvent  raris- 
simes, de  certains  décorateurs  français  et  étran- 
gers. C'est  pourquoi  on  ne  lira  pas  sans  curiosité 
la  liste  suivante,  où  nous  avons  réuni  tous  les 
prix  supérieurs  à  2.000  francs,  dans  les  diverses 
catégories  d'une  vente  comme  on  n'est  assuré- 
ment pas  près  d'en  revoir  une  pareille. 

Voici  cette  liste  : 

OuvKAOES  SUR  LES  BEAUX-ARTS.  —  2.  L' Architecture 
/■ranpoise,  recueil  d'architecture  des  époques  Louis  XIV 
et  Louis  XV,  1727,  3  vol.  in-fol.,  rel.  anc,  IMO  fr.  — 
7.  J.-Kr.  Blondel.  Architecture  françoise,  n">2-n56, 
4  vol.  in-fol.,  rel.  anc,  499  pi.,  hôtels  et  monuments 
de  Paris  et  des  environs  au  xviii"  siècle,  5.800  fr.  — 
23.  J.-A.  Du  Cerceau. /^e  Premier  (et  le  second)  volume 
des  plus  excellents  bastiments  de  France,  lîi76-1579, 
4.500  fr.  —  43.  De  Neufforge.  Recueil  élémentaire 
d'architecture,  1757-1780,  8  vol.  in-fol.,  rel.  anc  , 
3.425  fr. 

La  catégorie  la  plus  abondante  et  la  plus  riche 
était  celle  des  recueils  d'ornements  propres  à  la 
décoration  des  édifices  et  aux  arts  industriels, 
qui  comprenait  des  recueils  appartenant  à  tous 
les  pays  de  l'Europe  occidentale,  du  .xvi«  au 
xviii»  siècle. 

Recueils  d'orne.ments  propres  a  la  décoration  des 
ÉDIFICES  ET  AUX  ARTS  INDUSTRIELS.  —  Arlistes  français. 
XVI'  siècle.  —  70.  R.  Boyvin.  Dessins  de  Joaillerie  et 
de  bijouterie,  vers  1570,  in-4*  obi.,  rel.  de  Cuzin, 
5.000  fr.  —  71.  R.  Boyvin.  Orfèvrerie,  vers  1575,  in-4', 
2.000  fr.  —  72.  Diverses  coiffures  d'hommes  et'  de 
femmes  pour  des  ballets,  d'après  Maître  Hous,  in-i*, 
2.200  fr.  —  74.  Etienne  Delaulne.  Œuvres  d'ornements 
pour  l'orfèvrerie,  et  autres  compositions,  6  vol.  in-fol. 
et  in-8»  obl.,  9.000  fr. 

75.  Œuvres  de  Jacques  Androuet  Du  Cerceau  rela- 
tives à  l'ameublement,  à  l'orfèvrerie,  à  la  décoration 
des  édifices  et  à  l'architecture  (à  l'exception  des  Plus 
excellents  bastiments  de  /■Vance), recueil  de  1276  pièces 
formant  la  plus  grande  partie  de  l'œuvre  du  maître, 
5). 000  fr. 

76.  J.  Foillet.  Nouveaux  pourtraits  de  point  coupé 
et  dantelles,  1598,  in-4°,  3.650  fr.  —  78.  Maître  au 
monogramme  L  R.  Moresques  ou  damasquinures, 
43  pièces,  2.050  fr.  —  79.  D.  Mignot.  Dessins  pour  la 
joaillerie  et  l'orfèvrerie,  1,593-1616,  6  vol.  in-4'>  et 
in-8«  obl.,  8.000  fr.  —  80.  A.  de  Saint-Hubert.  Pende- 
loques, vers  1560,  io-4%  2.120  fr.  —  82.  P.  Wœiriot. 
Libro  d'avella  d'arefici,  1561.  in-4''  obl.,  5.550  fr.  — 
83.  P.  Wœiriot.  Garnitures  d'épées,  1555,  in-4»  obl., 
3.300  fr.  —  85.  Anonyme  français.  Dessins  pour  lioîtes 
de  montres  et  gaines,  26  pi.,  6.250  fr. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


215 


XVII'  siècle.  —  88.  L'Archilecture  à  la  mode,  2  vol. 
D-fol..  rel  anc  ,  3.250  fr.  —  94.  J.  Bérain.  Ornemens, 
1663-niO,  in-fol  ,  2.250  fr.  —  119.  Ant.  Jacquard. 
Modèles  pour  la  serrurerie,  l'arquebuserie  et  l'orfè- 
vrerie, 16)5,  in-4°,  3.700  fr.  —  135.  Daniel  Marot. 
mUivres...  contenant  plusieurs  pensées  utiles  aux 
(ircfiitectes,  peintres,  sculpteurs,  orfèvres,  jardiniers 
et  autres,  1703,  in-fol.,  4.400  fr.  —  145.  Bouquets  d'or- 
fèvrerie, cinq  .suites  en  1  vol.  in-fol.,  2  620  fr.  —  157. 
J.  Toutin.  Modèles  d'orfèvrerie,  11  pi  ,  1619,  in-8', 
2.320  fr. 

B.  J. 
(A  suivre.) 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 


Bryson  Burroughs,  Ernest  Lawson  (galerie 
l.evesque,  109,  faubourg  Saiiit-Honoré).  —  C'est 
la  preinirre  des  expositions  annuelles  «  d'art 
moderne  américain'  »,  destinées  à  révéler  aux 
l'arisiens  casaniers  la  production  transatlantique, 
où  le  style  réfléchi,  mais  spirituellement  évadé 
des  formules,  s'oppose  à  IHmpression  spontanée, 
mais  nourrie  de  souvenirs. 

Là-bas,  trouver  le  style  à  travers  toutes  les 
fumées  du  progrès  et  l'idéal  drns  la  plus  âpre 
des  luttes  pour  la  vie,  n'est-ce  pas  découvrir 
une  seconde  fois  le  nouveau  monde?  Aussi  bien, 
la  découverte  est-elle  savoureuse;  et  le  poétique 
évocateur  de  Vénus  et  Adonis  nous  ménageait 
plus  d'une  surprise  1  .Né  à  Boston,  en  1869, 
.\1.  Bryson  Burroughs  est  conservateur  au  Metro- 
politan Muséum  de  New- York  ;  après  avoir  subi, 
dans  son  pays,  l'érudile  influence  du  ilécorateur 
Kenyon  Cox,  il  reçut,  à  Paris,  les  conseils  du  fin 
styliste  Olivier  Merson  ;  notre  l'uvis  de  Chavannes, 
plus  encore,  devait  lui  montrer  sa  vocation  parti- 
culière, et  nul  n'admire  plus  sincèrement  que 
cet  étranger  le  poète  de  la  peinture  qui  dota  la 
bibliothèque  de  Boston  de  la  pure  lumière  des 
songes  virgiliens;  mais  le  disciple  ne  s'est-il  pas 
avisé  de  transporter  l'humour  de  sa  race  anglo- 
saxonne  dans  la  sérieuse  tradition  poussinesque'? 
Kt  voilà  bien  le  plus  piquant  de  l'histoire  :  à  le 
voir  interpréter  les  belles  fables  gréco-latines 
el  rajeunircavalièrement  les  vieux  mythes  sacrés, 
on  dirait  d'un  néo-firec  ou  d'un  l'ompéien,  qui 
s'amuse  à  verser  la  satire  dans  l'églogue  ;  mais 
tu  Belle  HéUne  attesté  moins  la  verve  aristopha- 
nesque  d'un  Offenbach  que  le  sourire  discret 
d'un  Jules  Lemaître  écrivant  ><  en  marge  h  des 
vieilles  légendes  immortelles.  Un  Salon  des  Humo- 


ristes ne  refuserait  point  sa  Nausicaa,  son  Uylas, 
ses  Tentations  de  saint  Antoine,  ni  son  Jardin  de 
Vénus  on  la  chaste  Suzanne  avolsine  un  groupe 
comique  d'Hercule  et  d'Omphale.  Ailleurs,  près 
d'audacieux  dessins  d'après  le  modèle,  des  contes 
ou  la  vue  d'une  Banlieue  naïve  avouent  la  hantise 
do  la  miniature  persane  et  du  paysage  primitif; 
et  jamais  l'ironie  n'effarouche  la  poésie  :  témoin 
telle  virginale  ligure  de  Proserpine  en  regard 
d'un  Pluton  d'opérette. 

Si  le  curieux  styliste  Bryson  Burroughs  a  passé 
par  nos  ateliers,  l'opulent  paysagiste  Krnest 
l.awson  est,  de  même,  un  peu  «  de  chez  nous  », 
car  c'est  au  pays  de  l'impressionnisme,  à  Moret- 
sur-Loing,  que  cet  Américain,  d'origine  écossaise 
et  canadienne,  a  composé  sa  palette,  après  avoir 
reçu  les  avis  de  feu  John  Twachtman,  à  New- 
York.  Est-ce  par  atavisme,  mais  cet  amant  de  la 
simple  nature  adore,  avant  tout,  la  glace  et  la 
neige,  les  blanches  vapeurs  d'un  malin  d'hiver, 
les  vergers  brumeux  sur  les  berges  vertes  de  la 
petite  rivière  de  Harlem,  les  vieilles  masures 
cernées  par  les  ornières,  les  quartiers  excentri- 
ques et  les  ponts  anciens,  tous  les  coins  retirés 
d'une  banlieue  menacée,  comme  la  nôtre,  par 
l'invasion  des  gratte-ciel.  Et  son  exécution,  sa 
grasse  matière  même,  offrent  l'aspect  des  glaçons, 
en  superposant  la  brume  et  la  pâte,  l'atmo- 
sphère et  la  couleur,  le  blaireau  de  Whistler  et  la 
truelle  de  Courbet:  encore  un  signe  particulier 
de  la  race,  qui  s'impose  aux  goûts  plus  généraux 
d'une  époque. 

Charles  Milcendeau  (galerie  Druet).  — 
Expositions  diverses.  —  L'espace  et  le  temps 
ne  nous  ont  pas  permis  de  questionner  l'art 
étranger  dans  les  vieux  jardins  de  Venise  ou  de 
Florence  que  l'originalité  de  M""  Emma  Ciardi 
peuple  de  légers  fantômes,  ni  l'art  d'hier  dans  les 
«  rétrospectives  »  de  deux  petits  maîtres,  le 
peintre  normand  Félix-Adolphe  Cals  (1810-1880), 
que  la  vente  Doria,  dès  1899.  avait  remis  en 
lumière,  et  le  paysagiste  alsacien  Clément 
Faller  (1819-1901),  que  nous  avions  déjà  revu 
chez  Bernheim  jeune  (1);  mais  ne  terminons 
point  cette  saison  chargée  sans  accorder  le  souve- 
nir qu'ils  méritent  aux  petits  cadres  de  .M.  Char- 
les Milcendeau,  l'admirateur  de  Holbein  et  le 
portraitiste  des  paysans  de  la  Vendée  natale,  de 
la  Vieille-Castille  ou  de  la  Corse,  qui  dessine, 
avec  la  consciencieuse  précision  d'un  primitif, 

(1)  Voirie  Bulletin  du  27  février  1909.  pp.  70-;i. 


216 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


les  regards  profonds  dans  les  visages  ridés; 
par  la  seule  force  du  Irait,  ses  portraits  au  crayon 
sont  toujours  pleins  d'àme,  et  c"est  le  dessin 
surtout  qui  fait  de  cet  observateur  un  artiste. 

Raymond  Bouybr. 
LE  RÈGLEMENT  DE  L'EXPOSITION 


L'ACADEMIE  DES  BEAUX-ARTS 


Dans  sa  séance  du  18  .juillet,  l'Académie  des 
beaux-arts  a  adopté  le  règlement  des  expositions 
qu'elle  organisera,  tous  les  trois  uns,  dans  les 
salles  du  Jeu  de  Paume  des  Tuileries,  qui  lui  ont 
été  concédées  à  cet  effet. 

Voici  le  texte  de  ce  règlement  : 

Article  PHE.MiEK.  —  Une  exposition,  dite  «Exposition 
de  l'Académie  des  beaux-arts  »  aura  lieu  à  Paris,  tous 
les  trois  ans,  du  25  mai  au  10  juillet. 

Art.  2.  —  Cette  manifestation,  uniquement  conçue 
au  point  de  vue  de  l'art  français  et  entièrement  distincte 
des  Salons  annuels,  sera  purement  nationale. 

Art.  3.  —  Les  œuvres  exposées  seront  groupées 
en  quatre  sections,  à  savoir  :  Peinture  —  Sculpture, 
Gravure  en  médailles.  Art  décoratif —  Architecture  — 
Gravure  et  Lithographie. 

A  titre  de  complément,  des  séances  de  musique 
pourront  être  organisées  par  la  section  de  composition 
musicale  de  l'Académie. 

Art.  4.  —  L'Académie  conviera  des  artistes  à  prendre 
part  à  l'exposition  avec  les  mêmes  droits  d'exposants 
que  les  académiciens.  Ces  artistes,  dits  «  participants 
à  l'exposition  de  l'Académie  des  beaux-arts»,  seront 
désignés  une  fois  pour  toutes. 

Art.  0.  —  La  Compagnie  se  réserve  de  disposer 
d'une  salle  à  part  pour  une  exposition  d'œuvres  de  ses 
uiembres  décédés  depuis  l'année  1900. 

Art.  6.  —  Le  nombre  des  exposants,  y  compris  les 
membres  de  l'Institut,  sera  au  maximum  (du  moins 
pour  le  présent)  de  80  peintres,  40  sculpteurs  ou 
graveurs  en  médailles,  30  architectes,  15  graveurs  ou 
lithographes,  10  représentants  de  l'art  décoratif;  en 
tout  et  au  plus  175  exposants. 

Art.  1.  —  La  liste  des  participants  sera  dressée  par 
les  dilîérentes  sections  de  l'Académie,  chacune  en  ce 
qui  la  concerne,  et  soumise  à  la  Compagnie  entière. 

Art.  8.  —  Tous  les  exposants  devant  être,  comme  il 
a  été  dit  plus  haut,  sui  le  pied  d'une  parfaite  égalité  à 
l'exposition,  le  placement  des  œuvres  se  fera  par  voie 
de  tirage  au  sort. 

Art.  9.  —  Chaque  section  décidera  du  nombre 
d'œuvres  que  tout  exposant  pourra  envoyer. 

Tout  participant  choisira  lui-môme  ses  envois.  Il 


lui  sera  loisible  soit  de  n'envoyer  que  de»  ouvrages 
d'exécution  récente,  soit  de  constituer  un  ensemble 
d'ouvrages  de  divers  moments  de  sa  carrière,  à  la 
condition  d'y  comprendre  au  moins  une  production 
nouvelle,  jamais  exposée. 

Aht.  10.  —  Il  n'y  aura  point  de  jury,  mais  seulement 
un  Comité  d'or^-anisation  matérielle  et  de  surveillance, 
composé  du  bureau  de  l'Académie,  de  trois  peintres, 
dont  un  participant,  de  deux  sculpteurs,  de  deux 
architectes,  de  deux  graveurs,  dont  un  participant  par 
section,  et  d'un  académicien  libre,  rapporteur.  Ce  Comité 
n'aura  de  pouvoir  que  pour  la  durée  d'une  exposition. 

Nulle  récompense  ou  distinction  ne  sera  décernée. 

Art.  H. —  Il  sera  nommé,  dans  le  sein  de  l'Académie, 
une  commission  permanente  composée  du  bureau  de 
la  Compagnie  et  de  trois  peintres,  deux  sculpteurs,  deux 
architectes,  un  graveur,  un  musicien  et  un  rapporteur 
pour  l'étude  suivie  des  questions  relatives  à  l'exposition. 

Art.  12.  —  Des  règlements  particuliers  seront  pré- 
sentés par  la  section  de  composition  musicale  tou- 
chant les  concerts  qu'il  y  aurait  lieu  de  prévoir  ou 
par  la  commission  permanente  pour  toutes  antres 
initiatives  qui  paraîtraient  avantageuses. 

LES      REVUES 


Allemagne 


Die  Kiinst  (mai). —  R.Braumoart.  OUo  Hauvieill. 

—  Peintre  de  la  montagne. 

—  K.  .\btkr.  Femand  Khnopf]'.  —  Aperçu  général 
de  l'œuvre  de  l'artiste  belge. 

—  II.  Tafri,.  Fontaine  monumentale  à  Buenos- Aires, 
par  le  sculpteur  G.  A.  liredoui. 

—  A.  L.  Maveb.  Le  Greco.  —  A  propos  du  300*  anni- 
versaire de  sa  mort. 

—  F.  vo!«  Ostini.  Albert  von  Keller.  —  Aperçu 
général  de  l'œuvre  du  portraitiste  munichois.  à  pro- 
pos de  son  70'  anniversaire. 

—  L'Avenir  de  la  <•  Si^cession  de  Munich  ».  —  Actuel- 
lement menacée,  puisqu'elle  sera  obligée  de  quitter 
le  •'  Palais  de  Marbre  »,  où  ses  expositions  avaient 
lieu  jusqu'ici. 

—  H.  Braungaht.  Le  .Saion  de  printemps  de  la 
«  Sécession  de  Munich  ». 

—  P.  Westhkim.  Le  Bouquet.  —  A  propos  d'une 
exposition  de  bouquets  et  de  décorations  Iluralrs  à 
Berlin. 

—  Th.  IIkuss.  Une  Histoire  de  l'art  des  jardins.  — 
A  propos  de  l'ouvrage  de  M"'  Gothein. 

—  R.  BRAUNfiART.  Les  •  ex-libris  •  d'Alfred  Soder. 

—  E.  Kleinkempkl.   La  Villa  Ulumeneck  à   llrèine. 

—  Construite  par  les  architectes  Eeg  et  Runge.   — 
G.  IlcEr. 

Le  Gérant  :  H.  Dinis. 

Harii.  —  Imp.  Georges  Petit,  12,  rue  fiodot-de-Mauroi . 


Numéro  633  1"  Décembre  1919. 

LE    BULLETIN    DE    L'ART 

ANCIEN    ET    MODERNE 


UN  CHEF-D'ŒUVRE  A  CONSERVER  A  LA  FRANCE 


«L'ATELIER   DE    COURBET» 


SO  use  RI  P  TION   NA  TIONA  LE 


Une  toile  de  Gustave  Courbet,  d'une  importance  considérable  par  ses  vastes  dimensions,  son 
histoire,  ses  qualités  picturales  et  les  doctrines  esthétiques  dont  elle  est  la  synthèse,  —  une  toile  de 
20  pieds  de  long  sur  12  de  haut,  que  le  peintre  d'Ornans  appelait  une  «allégorie  réelle»  et  dans 
laquelle  il  a  entendu  résumer  tous  les  types  et  toutes  les  idées  qui  avaient  rempli  son  existence 
entre  1848  et  1853,  où  il  s'est  représenté  lui-mt'^me  avec  une  vingtaine  d'autres  personnages,  se 
trouve  en  ce  moment  exposée  à  la  galerie  Barba/.anges,  jusqu'à  la  (in  de  ce  mois  de  novembre. 

La  Revue,  dont  le  prochain  numéro  ne  paraîtra  qu'après  la  clôture  de  cette  exposition,  se  devait 
de  l'annoncer  tout  au  moins  ici  et  d'engager  ses  lecteurs  et  ses  amis,  les  collectionneurs,  les 
artistes,  les  érudits,  tous  ceux  qui  ont  le  culte  des  gloires  françaises,  à  l'aller  visiter,  et  à  contribuer 
ensuite,  chacun  pour  sa  part,  à  la  souscription  ouverte  en  vue  de  l'achat  de  ce  chef-d'œuvre. 

Car  l'Atelier  de  Courbet  est  à  vendre,  et  il  est  du  devoir  de  notre  pays  de  faire  l'impossible  pour 
que  l'œuvre  la  plus  représentative  d'un  des  maîtres  de  notre  école  de  peinture  reste  chez  nous  et 
prenne  place  au  Musée  du  Louvre,  près  de  l'Enterrement  à  Ornans. 

Le  Conseil  des  Musées  nationaux,  la  Société  des  Amis  du  Louvre,  plusieurs  grands  amateurs 
français  l'ont  tout  de  suite  compris  et  ils  ont  fait  le  geste  qu'il  fallait  faire.  Leurs  souscriptions 
forment  déjà  un  total  imposant,  mais,  pour  généreuses  qu'elles  soient,  elles  n'atteignent  pas 
encore  le  prix  énorme  demandé  pour  ce  tableau  :  900.000  francs. 

Aussi,  adressons-nous  à  tous  un  chaleureux  appel.  La  lettre  de  Courbet  à  Champfleury,  que 
la  galerie  Barbazanges  a  publiée  à  cette  occasion,  nous  dispensera  de  donner  sur  l'hisioire  et  sur 
la  portée  de  l'œuvre  les  renseignements  nécessaires  ;  et,  du  reste,  quelque  soit  l'intért^t  de  ce 
document,  le  seul  examen  de  la  peinture  en  dira  davantage  aux  connaisseurs  et  les  convaincra 
certainement  que  cette  toile  exceptionnelle  demande  un  exceptionnel  effort  de  leur  part. 

Qu'ils  ajoutent  leur  contribution  aux  souscriptions  déjà  recueillies  : 

Conseil  des  Musées  nationaux 250.000  francs. 

Société  des  Amis  du  Louvre 25.000 

Divers  grands  amateurs 30.000 

Liste  de  souscription  en  cours 25.000 

et  le  chef-d'œuvre  de  Courbet  ne  quittera  pas  la  France  ! 


218 


LE    BULLETIN   DE   L'ART 


ÉCHOS    ET    NOUVELLES 


-5^  M.  Jean  Dunand,  orfèvre-ciseleur,  citoyen  suisse, 
vient  d'être  fait  chevalier  de  la  Légion  d'honneur, 
pour  a  services  signalés  rendus  à  la  cause  des 
Alliés  ». 

On  sait,  en  effet,  que  cet  excellent  artiste,  dont  les 
vases  en  métal  se  renouvellent  sans  cessu,  tant  dans 
leur  forme  et  leur  décor  que  dans  leur  matière,  et  qui 
manie  lui-môme  l'outil,  avait  imaginé  une  visière 
mobile,  adaptable  au  casque  de  tranchées  et  destinée 
à  protéger  les  yeux  du  combattant  contre  les  éclats 
d'obus  et  les  jets  de  liquides  eutlammés.  En  même 
temps,  M.  Dunand  s'était  préoccupé  de  la  transfor- 
mation du  casque  lui-même  et  il  avait  obtenu  une 
coiffure  en  acier  au  manganèse,  emboutie  d'une 
seule  pièce,  bords  et  cimier  compris,  qui  constituait 
non  seulement  un  parfait  instrument  de  protection, 
mais  une  véritable  œuvre  d'art,  d'une  ligne  sobre, 
élégante  et  robuste.  Quelques  milliers  d'exemplaires 
de  ce  casque  étaient  fabriqués  quand  l'armistice 
survint. 

On  voit  que  M.  J.  Dunand,  ciseleur-orfèvre,  avait 
aussi  ses  droits  à  la  croix  de  M.  J.  Dunand,  bon 
serviteur  de  la  cause  des  Alliés. 

•1^  On  sait  le  grand  et  légitime  succès  obtenu  par 
la  récente  exposition  des  œuvres  de  Baertsoen  à  la 
Galerie  Georges  Petit.  Ce  qu'on  ne  sait  pas,  c'est  que 
cette  exposition  a  failli  ne  pas  ouvrir  à  la  date 
annoncée,  les  caisses  contenant  les  tableaux  expédiés 
de  Belgique  étant  retenues  .i  Paris,  par  la  Douane, 
qui  en  refusait  livraison. 

Ce  n'est  qu'après  avoir  exigé  de  l'artiste  un 
cautionnement  de  10.000  francs  (dix  mille),  sous 
prétexte  «  qu'il  pourrait  peut-être  vendre  une  partie 
des  tableaux  exposés  »,  que  le  Directeur  des  Douanes 
a  autorisé  la  livraison  de  ce  qu'il  détenait. 

On  parle  à  tout  propos  de  l'accueil  que  la  France  a 
toujours  réservé  aux  artistes  étrangers,  et  c'est 
justice.  Il  ne  faudrait  pas  pourtant  que  les  fantaisies 
d'un  Lebureau  vinssent  compromettre  cette  excellente 
renommée  et  décourager  les  artistes  étrangers  dési- 
reux d'exposer  chez  nous  :  après  de  pareilles 
mésaventures,  on  ne  les  y  reprendrait  pas  deux  lois. 

^  On  s'est  étonné  de  ne  pas  voir,  à  la  belle 
exposition  de  vitraux  du  Petit-Palais,  les  magnifiques 
verrières  de  Notre-Dame  et  de  la  Sainte-Chapelle, 
qui  représentent  l'époque  de  l'art  du  vitrail  antérieure 
à  celle  des  vitraux  exposés. 

Pourquoi  cette  regrettable  lacune  '.' 

Parce  que  les  vitraux  exposés  au  Petit-Palais  (musée 
des  beaux-arts  de  la  Ville  de  Paris)  appartiennent  à 
des  églises  dont  la  charge  incombe  à  la  Ville,  tandis 
que  la  Sainte-Chapelle  et  Notre-Dame  sont  des 
édifices  sur  lesquels  veille  l'État. 

De  sorte  que  les  roses  de  Notre-Dame   ont  été 


remontées  sans  qu'on  sut  mis  à  profit  cette  occasion 
unique  de  les  placer  littéralement  sous  les  yeux  du 
public. 

-l|  Tout  le  monde  est  d'accord  que  la  nouvelle 
Chambre  se  trouve  en  face  d'un  ordre  du  jour  plutôt 
chargé.  Outre  tant  de  projets  de  loi  à  examiner,  de 
budgets  à  équilibrer,  d'emprunts  à  voter,  il  va  lui 
falloir  aussi  choisir  l'auteur  du  monument  qui  sera 
élevé,  dans  l'une  des  salles  du  Palais  Bourbon,  aux 
députés  tombés  au  champ  d'honneur.  Grave  problème. 

11  y  a  un  projet  dû  à  M.  Bourdelle,  dont 
M.  AV.  George  dit,  dans  le  Pays,  qu'  •  il  s'impose  par 
la  puissance  de  son  expression,  par  son  aspect 
austère,  par  son  envolée  martiale  ».  Il  y  a  aussi  un 
projet  di'i  à  M.  Barreau,  dont  le  même  critique  écrit 
qu'il  est  «  un  statuaire  sans  talent  et  sans  scrupules  ». 

Peut-être  nos  honorables  embarrassés  appelleront- 
ils  un  troisième  artiste,  à  qui  ils  demanderont  une 
œuvre  de  représentation  proportionnelle. 

•}§  A  Rome,  ,\I.  Corrado  Ricci  a  présenté  sa  dé- 
mission de  directeur  des  Beaux-Arts.  C'est  une 
grande  perte  pour  l'Italie.  Le  Bulletin  a  souvent  parlé 
de  son  œuvre  si  intelligente  et  si  active.  C'est  lui  qui, 
directeur  de  la  Pinacothèque  de  Brera,  à  Milan,  a 
complètement  réorganisé  cette  galerie.  Il  passa 
ensuite  à  la  direction  des  galeries  de  Florence,  d'où  il 
fut  appelé  en  1906  à  la  Direction  générale  à  Uome. 
Les  deux  lois  sur  le  service  des  Beaux-Arts  sont  dues 
en  grande  partie  à  son  énergie  et  à  son  esprit  d'orga- 
nisation. Il  n'a  pas  craint  de  mettre  n  la  tète  des 
diverses  surin tendauces  des  Beaux-Arts  et  des  grandes 
galeries  des  hommes  jeunes  dont  les  italianisants  ont 
eu  souvent  l'occasion  d'apprécier  les  mérites.  Il  a  su, 
directement  ou  indirectement,  enrichir  les  collections 
italiennes  de  nombreux  chefs-d'œuvre  :  il  sullira 
de  rappeler  le  Jacopo  Belliui  des  Ollices  et  le  f^un 
Oioiannino  de  Donatello,  du  Rargello,  la  Jeune  -fille 
d'Anzio  aux  Thermes  de  Dioclétien  et  les  fresques  de 
Bramante  à  Brera.  Il  a  fait  commencer  le  catalogue 
général  des  objets  d'art  d'Italie,  a  fondé,  près  de  la 
Direction  à  Rome,  des  archives  photographiques  et 
une  bibliothèque.  Il  a  publié  plusieurs  ouvrages  et 
de  nombreux  articles  que  les  érudits  ont  souvent 
consultés. 

Au  moment  où  il  prend  une  retraite  à  laquelle  sa 
longue  activité  lui  donnait  droit,  mais  que  les  amis 
de  l'art  italien  ne  peuvent  pas  ne  pas  regretter, 
M.  Corrado  Ricci  est  nommé  président  de  l'Institut 
national  d'archéologie  et  d'histoire  de  l'art,  fondé 
en  1918  et  installé  au  Palazzo  Venezia,  à  Rome. 

Le  successeur  de  M.  Corrado  Ricci  a  été  désigné  en 
la  personne  de  M.  Arduino  Colasanti  qui.  à  la  Direc- 
tion générale,  était  à  la  tête  de  la  section  d'art 
contemporain.  Mais  M.  Colasanti  s'est  également 
occupé  d'art  ancien  et  a  publié,  entre  autres,  un  fort 
beau  livre  sur  Gentile  da  Fabriano.  11  a  41  ans,  ce  qui 
lui  permettra,  espérons-le,  de  conduire  à  terme  des 
œuvres  de  longue  haleine.  —  L.  G. 


ANCIEN    ET    MODERNE 


219 


INFORMATIONS 


Académies. 

A  llnstitut.  —  A  la  séance  publique  des  cinq 
Académies,  qui  s'est  tenue  le  25  octobre,  M.  Maurice 
Fenaille  a  parlé,  comme  délégué  de  l'Académie  des 
Beaux-Arts,  sur  l'Art  de  la  tapisserie. 

On  connaît  le  bel  ouvrage,  aujourd'hui  classique, 
consacré  par  M.  Fenaille  à  la  manufacture  des  Gobe- 
lins;  nul  n'était  mieux  qualifié  que  l'auteur  de  ce 
livre  pour  entretenir  k-  public  «  des  règles  et  des 
principes  grâce  auxquels  les  maîtres  ouvriers  d'autre- 
fois avaient  résolu  les  problèmes  techniques  de  leur 
métier  et  porté  leurs  ouvrages  au  degré  de  perfection 
qui  justifie  leur  prix  et  leur  renommée  ».  Il  a  insisté 
sur  la  nécessité,  pour  notre  pays,  de  rayonner  par 
les  industries  de  luxe,  au  nombre  desquelles  la  tapis- 
serie de  haute  lisse  garde  toujours  l'estime  des 
amateurs.  Mais  pour  que  cette  industrie  prospère, 
a-t-il  ajouté,  il  faut  qu'elle  revienne  à  des  méthodes 
trop  oubliées  ou  trop  méconnues  et  que  nos  manu- 
factures nationales  soient  «  le  conservatoire  d'un 
métier  noble  et  délicat  entre  tous,  afin  de  fournir  à 
l'industrie  privée  les  directions  intelligentes  et  la 
main-d'œuvre  exercée  qui  lui  manquent  ». 

Et  pour  appuyer  d'exemples  son  exposé,  M.  Fenaille 
a  décrit  quelques-uns  des  chefs-d'œuvre  de  l'art  de 
la  haute  et  basse  lisse,  et  lumineusement  caractérisé 
les  divers  modes  d'exécution  employés  par  les  grands 
artistes  de  la  tapisserie. 

Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
(séance  du  31  octobre).  —  Sur  les  arrérages  de  la 
fondation  Thorlet,  l'Académie  attribue  1.000  francs  à 
M.  Léon  de  Vesly,  pour  l'ensemble  de  ses  recherches 
archéologiques  en  Normandie. 

—  M.  de  Mély  fait  une  communication  relative  aux 
documents  qu'il  a  tirés  des  comptes,  des  obituaires, 
des  inscriptions,  etc.,  sur  trois  cent  soixante  archi- 
tectes ayant  travaillé  entre  le  xii*  et  le  xv  siècle.  Ces 
documents  donnent  les  noms  des  auteurs  de  quarante 
cathédrales,  —  parmi  lesquelles  celles  de  Lisieux, 
d'Angoulème,  du  Puy,  de  Chartres,  d'Autun,  de 
Reims,  de  Clermont-Ferrand,  de  Paris,  de  Soissons, 
de  Strasbourg,  de  Metz,  de  Verdun,  etc.,  —  et  de 
soixante  et  onze  églises  bâties  au  moyen  âge. 

Il  ressort,  entre  autres  choses,  de  cet  ensemble  de 
noms,  que  les  monuments  du  moyen  âge  ont  pour 
auteurs  quelques  familles  d'architectes,  véritables 
dynasties,  travaillant  dans  la  suite  des  âges  aux 
mêmes  monuments  et  apportant  naturellement  dans 
les  édifices  nouveaux  qu'ils  sont  appelés  à  construire, 
des  traditions  de  famille  qui  forment  ainsi  des 
écoles. 

—  Dans  sa  séance  du  7  novembre,  l'Académie  a 
attribué,  sur  la  fondation  Pellechet,  une  subvention 
de  1.200  fr.  à  la  Société  des  Amis  des  arts  et  des 


sciences  de  Tournus  pour  consolider  un  contrefort 
de  l'église  de  Prayes,  commune  de  Chissey-les-Màcon 
(Saône-et-Loire). 

—  Dans  sa  séance  du  14  novembre,  l'Académie  a 
élu,  au  siège  de  M.  Chavannes,  M.  Lejay,  chef  du 
laboratoire  de  phonétique  au  Collège  de  France,  et 
au  siège  de  M.  Picot,  M.  Brutails,  professeur  à  l'Uni- 
versité de  Bordeaux. 

Musées 


Musée  du  Louvre.  —  En  faisant  leur  tournée,  le 
1"  novembre  au  matin,  deux  gardiens  du  musée  du 
Louvre  constatèrent  que  la  porte  d'une  des  salles 
des  antiquités  asiatiques  (salle  6)  était  ouverte  et 
portait  des  traces  d'effraction.  L'ne  vitrine  murale 
contenant  des  bijoux  antiques  avait  été  défoncée. 

Après  inventaire,  on  constata  que  le  seul  objet 
dérobé  était  un  collier  d'or  travaillé,  d'époque  phéni- 
cienne. On  acquit,  d'autre  part,  la  conviction  que  le 
voleur  s'était  caché  dans  le  Louvre  à  l'heure  de  la 
fermeture  et  qu'il  s'était  enfui  en  sortant  par  la 
fenêtre  et  en  descendant  par  les  moulures  jusqu'à  la 
Cour  carrée. 

Trois  jours  plus  tard,  le  collier  était  retrouvé.  Le 
voleur  était  allé  en  proposer  l'achat  à  un  bijoutier 
qui  avait  reconnu  l'objet  et  l'avait  remis  à  la  police, 
donnant  des  renseignements  sur  l'auteur  du  vol  qui 
ne  tardait  pas  à  être  arrêté  à  Evreux.  C'est  un  jeune 
homme  du  nom  de  René-Charles  Pescheux. 

Prix  de  Rome 


L'Académie  des  beaux-arts  a  jugé  les  projets  des 
dix  architectes  concourant  pour  le  prix  de  Rome!. 
Le  sujet  proposé  était  :  le  Valais  pour  la  Ligue  dei 
Nations,  à  Genève.  ' 

Deux  grands  prix  de  Rome  ont  été  décernés  à' 
MM.  J.-L.  Carlu,  né  en  1890,  à  Bonnières,  élève  de' 
MM.  Laloux,  Duquesne  et  Recoura,  et  J.-J.  ilaffner, 
né  en  1885,  à  Sainto-Marie-aux-Mines,  élève  de 
M.  Laloux;  deux  premiers  seconds  grands  prix,  à 
MM.  Girardin  et  Sollicr,  et  un  deuxième  second 
grand  prix  à  M.  .lacob. 

—  Pour  la  gravure,  il  a  été  attribué  deux  premiers 
grands  prix  :  l'un  à  M.  Albert  Decaris,  âgé  de  dix-neuf 
ans,  élève  de  MM.  Cormon  et  Dczarrois;  l'autre  à 
M.  René  Godard,  né  en  1886,  élève  de  MM.  Waltner, 
Ferrier,  Sulpis  et  Flamong. 

Deux  premiers  seconds  grands  prix  ont  été  attribués 
à  MM.  G.  Paulin  et  P.  Matossy  ;  et  un  deuxième  second 
grand  prix  à  M.  F.  Uéray. 

Le  sujet  imposé  était  :  Eve  avant  le  péché. 

—  La  Villa  Médicis  recevra  donc  cette  année  dix 
pensionnaires  :  deux  grands  prix  de  composition 
musicale,  MM.  M.  Delmas  et  Ibert;  un  de  peinture, 
M.  Rigal  ;  deux  de  sculpture,  MM.  Jeanniot  et 
Delamare;  un  de  gravure  en  médailles,  M.  Lavrillier; 
et  les  quatre  ci-dessus  nommés  pour  l'architecture  et 
là  gravure. 


220 


LE    BULLETIN    DE    L'ART 


Monuments. 

A  Reims.  —  Pendant  que  se  poursuivront  les  longs 
travaux  de  remise  en  état  de  la  cathédrale  de  Reims, 
on  a  décidé  de  rendre  au  culte  la  partie  nord  du 
déambulatoire,  depuis  le  croisillon  nord  jusqu'à  la 
chapelle  d'axe  exclusivement.  Pour  cela,  il  est  néces- 
saire d'élever  un  mur  le  long  du  chœur,  de  remettre 
des  vitraux  aux  fenêtres  et  de  construire,  dans  le 
croisillon,  un  plafond  qui  garantisse  les  fidèles  contre 
la  chute  des  pierres  tombant  parfois  du  haut  des 
murs. 

Ces  travaux,  qui  seront  terminés  pour  le  jour  de 
Noi'l  (il  n'a  pas  été  possible  de  les  achever,  comme 
on  l'avait  espéré,  pour  le  2  novembre),  entraîneront 
une  dépense  de  84.000  francs.  L'État,  à  qui  cette 
dépense  incombe,  compte  beaucoup  sur  l'aide  de  la 
Société  des  amis  de  la  cathédrale  de  Reims,  fondée  en 
1917  sous  le  patronage  du  président  de  la  République 
et  du  cardinal  Luçon,  et  sous  la  présidence  eflective 
de  M.  Lefèvre-Pontalis. 

Cette  Société  a  déjà  fait  beaucoup  pour  aider  l'État. 
Elle  demande  à  tous  les  Français  de  l'aider  elle-même 
dans  l'œuvre  de  patriotisme  et  de  piété  qu'elle  a 
entreprise.  Les  adhésions  et  cotisations  (10  fr.,  20  fr. 
et  100  fr.)  sont  reçues  par  M.  Anthony  Thouret, 
trésorier,  10,  rue  Coëtlogon,  à  Paris. 

A  Bruxelles 

Les  musées  royaux  de  peinture  et  de  sculpture 
viennent  d'entrer  en  possession  du  legs  de  M.  A. 
Beernaert,  ministre  d'État.  Le  Musée  ancien  a  reçu 
deux  toiles  de  l'école  flamande,  Sainl  Sébastien  et 
Èrigone,  de  Van  Dyck,  ainsi  qu'un  très  beau  Portrait 
de  magistrat  de  P.  Soutman,  peintre-  graveur  hollan- 
dais, élève  de  Rubens,  et  qui  grava  d'après  les  œuvres 
du  grand  maître. 

Le  Musée  moderne  s'enrichit  de  l'Écurie,  de  J.  Stob- 
baerts,  du  Hussard,  de  Meissonier,  de  plusieurs  toiles 
de  Lamoriniére,  de  Fourmois  et  de  deux  pastels  de 
V.  Hageman. 

LES    EXPOSITIONS 


XII'  Salon  d'Automne 

Le  précédent  remonte  à  1!»13;  et  dans  la  lueur 
de  chapelle  ardente  qui  tombe  de  la  coupole  du 
Grand-Palais  sur  le  blanc  fantôme  du  Balzac 
revenu  de  l'hôtel  Biron,  la  première  impression 
serait  «  qu'il  n'y  a  rien  de  changé  »,  sans  la 
présence  des  morts...  Car  ce  douzième  Salon, 
qui  fait  voisiner  si.x  expositions,  commence  par 
une  anthologie  bien  incomplète  des  «  morts  pour 
la  Patrie  »,  que  préside  silencieusement  la  pai- 


sible et  grande  composition  du  regretté  l'ierre 
(Jourdault  :  Pendant  la  messe.  C'est,  ensuite,  une 
sélection  «  d'artistes  combattants  »,  groupés  par 
M.  George  Desvallières;  les  exposants  habituels 
des  Salons  de  l'automne,  à  qui  la  plus  terrible 
des  guerres  n'a  rien  appris  ;  une  brève  «  rétros- 
pective »  de  Rodin;  la  Section  du  Livre,  où  la 
gravure  sur  bois  rivalise  avec  la  reliure;  enfin, 
toute  une  série  d'ensembles  décoratifs,  document 
sur  l'Ame  contemporaine  entrevue  dans  les  curio- 
sités de  la  matière  au  service  de  l'art. 

La  décoration  demeure  la  préoccupation  mai- 
tresse  de  ce  Salon  très  automnal  à  tous  égards, 
comme  l'époque  elle-même;  en  voici  la  preuve 
dans  l'envoi  capital  de  la  peinture  :  les  trois 
harmonieux  Carions  de  tapisserie  de  M.  Jaulmes, 
que  la  manufacture  des  Gobelins  exécutera  pour 
la  ville  de  Philadelphie  et  pour  le  Musée  Rodin. 

Il  n'y  a  pas  que  des  dcformatenrs  en  ce  Salon 
de  rà-peti-près  :  au  premier  abord,  on  ne  voit 
qu'eux;  mais,  entre  les  fauves  d'hier  et  les 
cubistes  d'aujourd'hui,  l'amoureux  d'art  et  de 
style  reconnaîtra  bientôt  les  siens  :  M.  Maurice 
Denis,  évoquant  Jésus  à  Béthanie,  M.  George 
Desvallières  et  son  Ex-voto  à  sainte  Geneviève,  le 
Japonais  Foujita,  qui  fait  de  la  peinture  religieuse 
en  symbolisant  la  Vie  éternelle,  M.  Ciolkowski, 
l'illustrateur  de  la  Rose  mystique,  M.  Gustave 
Florot,  peintre  d'une  Annonciation  comme 
M.  Mainssieux,  qui  fut  si  justement  remarqué 
pour  ses  Vues  de  Rome,  en  1913. 

En  cette  convalescence  tardive  de  la  peinture, 
c'est  encore  la  décoration  qui  nous  signale  la 
Guirlande  de  M.  Claudius  Denis,  une  Fantaisie  sur 
les  Saisons  de  M™"  Marval  et  la  Source  dans  la  nuil 
de  M"«  Dufau,  dont  les  Jardins  d'Eres  avaient  un 
peu  déconcerté  ses  admirateurs  en  1914,  au 
classique  Salon  des  Artistes  français.  M"»  Dela- 
salle  reste  fidèle  au  portrait;  et  second  grand 
prix  de  Rome  en  1919,  M""  Cormier  fait  ici 
l'école  buissonnière. 

M.  Vallotton  reste  morose  et  M.  Bonnard 
insouciant.  Dorénavant,  loin  de  l'impression- 
nisme entré  dans  l'histoire,  c'est  moins  Renoir 
ou  Manet  qui  semble  iniluencer  la  jeunesse 
inquiète,  que  le  farouche  triumvirat  :  Cézanne, 
Gauguin,  Van  Gogh,  sans  oublier  le  douanier 
Rousseau.  Fausse  naïveté,  fausse  audace...  Mais 
quel  réconfort  inattendu  de  retrouver  ici  la 
fraîcheur  d'une  émotion  spontanée  dans  les 
intérieurs  provinciaux  de  M.  Durenne,  les  bou- 
doirs discrets  de  M.  Paul  Henaudot,  les  études 
variées  de  M.  Tristan  Leclère,  dit  Klingsor,  ()ui 


ANCIEN    ET    MODERNE 


221 


n'est  magicien  que  par  sa  passion  pour  l'art 
français  de  Chardin  !  Le  grand  Nu  de  M.  Marquet 
n'est  qu'une  académie  très  moderne  et  bien 
sauvage  dans  sa  lumineuse  précision. 

Chez  MM.  Zingg,  Louis  Chariot,  Gaudissart  et 
Jacques  Blot,  le  paysage,  qui  s'éloigne  de  la 
nature,  est  vu  par  les  yeux  de  Cézanne;  mais  le 
bon  portrait  de  M.  Théodore  Duret,  par  M.  Georges 
van  Houten,  nous  apporte  un  exemple  opportun 
d'une  évolution  féconde. 

Au  premier  rang  des  étrangers,  toujours  nom- 
breux, n'oublions  pas  M.  Cameron  Burnside, 
l'auteur  du  bel  Hommage  de  la  Croix-Roiigc  amc- 
ricaine,  que  la  présente  exposition  du  Luxembourg 
offre  à  la  France  victorieuse  et  meurtrie. 

Sans  parler  des  tenants  de  l'art  nègre  ou  poly- 
nésien, la  statuaire  se  partage  toujours  entre 
deux  directions  :  le  romantisme  et  l'archaïsme  : 
l'influence  posthume  et  déjà  rétrospective  de 
Rodin  semble  dorénavant  moins  prépondérante 
en  sa  robuste  agitation  que  celle  de  deux  sculp- 
teurs invisibles  et  présents,  MM.  Maillol  et 
Bourdelle,  dont  l'empreinte  est  flagrante  sur  les 
figures  trapues  de  M.  Joseph  Bernard.  La  statuaire 
a  ses  Préraphaélites;  et  cette  étrange  lourdeur 
que  l'avant-garde  emprunte  un  peu  tardivement 
aux  devanciers  de  Phidias  nous  paraît  moins 
éloquente  que  la  sincérité  vraiment  simple  et 
sobre  qui  caractérise  un  buste  virginal  de  M.  Jules 
Jouant,  les  portraits  de  M.  Albert  Marque,  l'entoi 
d'un  animalier  venu  d'Espagne,  M.  Hernandez,  et 
l'intérieur  élégamment  français  de  M.  Mathieu 
Gallerey,  que  leX«  Salon  des  Artistes  décorateurs 
avait  déjà  mis  en  lumière.  —  Ray.mond  Bouyer. 

Les  Vitraux  des  ég:lises  de  Paris 

Dans  les  fenêtres  de  la  galerie  des  sculptures 
du  Petit-Palais,  les  vitraux  anciens  des  églises  de 
Saint-Séverin,  Saint-Étienne-du-Mont,  Saint-Ger- 
main-l'Auxerrois,  Saint-Gervais  et  Saint-Merry, 
démontés  et  mis  à  l'abri  des  bombardements, 
viennent  d'être  remontés  et  exposés  pour  quel- 
ques semaines.  Grande  est  pour  tous  la  joie, 
grande  est  aussi  la  surprise,  de  pouvoir  examiner 
d'aussi  près  ces  vitraux  que  leur  éloignement  et 
une  épaisse  couche  de  crasse  rendaient  souvent 
presque  indéchiffrables.  Les  sujets  peuvent  être 
identifiés,  les  couleurs  notées,  les  détails 
reconnus. 

Ces  vitraux  sont  en  assez  bon  état.  Plusieurs 
d'entre  eux  ont  été  restaurés,  au  milieu  du 
xix«  siècle,  par  des  artistes  qui  ont  honnêtement 


signé  leurs  travaux,  comme  Lafaye  à  Saint- 
Séverin  en  18!J2.  , 

Tous  n'ont  pas  la  même  valeur  artistique.  Les 
grandes  époques  de  l'art  du  vitrail,  le  xn»,  le 
xiii=  siècle  ne  sont  pas  représentées.  Nous  aurions 
aimé  pouvoir  étudier  de  près  les  grandes  roses 
de  Notre-Dame,  et,  malgré  les  restaurations 
nombreuses  qu'elles  ont  subies  au  début  du 
XVIII"  et  au  milieu  du  xix"=  siècle,  en  admirer  les 
détails  :  ces  roses  viennent  d'être  remises  en 
place,  plus  éclatantes  que  jamais. 

Les  plus  anciens  vitraux  que  nous  trouvons  ici 
sont  ceux  des  fenêtres  hautes  de  Saint-Séverin, 
vitraux  du  xv  siècle,  à  grands  personnages,  — 
la  Vierge  et  l'Enfant,  le  Christ  et  la  Madeleine,  des 
saints  patrons  comme  Saint  Michel,  Saint  Jean- 
Baptiste,  Saint  Sebastien,  avec  les  donateurs  à 
leurs  pieds,  dans  un  haut  décor  à  dais  et  cloche- 
tons encadré  de  bandeaux  de  feuillages,  composé 
par  un  architecte  plutôt  que  par  un  peintre.  Ces 
vitraux  ont  grand  air;  malheureusement,  les 
teintes  peu  solides  ont  pâli;  le  rose  des  chairs  et 
les  grands  blancs,  dont  on  abusait  alors,  ne  sont 
plus  guère  que  des  taches  d'un  ton  grisâtre. 

La  grande  majorité  des  vitraux  exposés  appar- 
tiennent au  xvi»  siècle,  et  sortent  des  ateliers  des 
Le  Prince,  puis  des  Pinaigrier.  Quelques-uns 
sont  d'une  grande  beauté,  par  l'éclat  des  cou- 
leurs, l'ampleur  de  la  composition,  la  richesse 
de  l'architecture  et  des  costumes;  on  citera, 
notamment,  la  série  de  la  vie  de  la  Vierge,  de 
Saint-Gervais,  qu'accompagnent  d'amusants  qua- 
trains; les  nombreuses  petites  scènes  de  l'enfance 
et  de  la  vie  de  la  Vierge,  de  la  vie  et  des  miracles 
de  saint  Claude,  et  la  Pentecôte,  formant  le 
sujet  de  trois  grandes  verrières  à  Saint-Étienne- 
du-Mont;  le  Martyre  de  saint  Laurent,  à  Saint- 
Gervais,  attribué  à  Jean  Cousin  et  daté  de  1553; 
et  la  grandiose  composition  du  Jugement  de 
Salomon,  sur  un  haut  socle  à  colonnes,  à  Saint- 
(lervais  également,  peinte  en  1531,  peut-être  par 
Robert  Pinaigrier.  Un  vitrail  du  xvi«  siècle  de 
Saint-Germain-l'Auxerrois,  flgurant  l'Incrédulité 
de  saint  Thomas,  est  remarquable  par  le  geste 
hardi  et  expressif,  renouvelé  du  fameux  groupe 
du  portail  de  Notre-Dame  de  Semur-en-Auxois, 
du  Christ  saisissant  à  pleine  main  le  bras  de 
saint  Thomas  et  lui  enfonçant  de  force  les  doigts 
dans  son  côté,  l'ius  beaux  encore  sont  les 
merveilleux  petits  tableaux  sur  verre  des  anciens 
charniers  de  SaintÉtienne-du-Mont,  fins  comme 
des  miniatures,  éclatants  comme  des  émaux, 
aussi  intéressants  par  les  détails  iconographiques 


222 


LE    BULLETIN   DE    L'ART 


et  symboliques  des  scènes  représentées,  que  par 
la  richesse  de  leur  exécution  :  l'Eucharistie,  la 
Barque  de  l'Église  et  l'Arche  de  Noé,  et  surtout  le 
Pressoir  mystique,  exécuté  sur  les  cartons  de 
Robert  Piiiaigrier  et  dont  M.  Emile  Mâle  a  expli- 
qué le  sens. 

A  côté  de  ces  vitraux,  on  a  exposé  des 
tableaux  enlevés  des  mêmes  églises  par  crainte 
du  bombardement,  et,  en  particulier,  les  deux 
admirables  ex-voto  à  sainte  fieneviève,  patronne 
de  Paris,  que  l'on  ne  pouvait  voir  que  fort 
difficilement  dans  le  bas-côté  sud  du  chœur  de 
Saint-Étienne-du-Mont:  l'un,  peint  par  Largillière, 
en  1096,  l'autre,  par  Jean-François  de  Troy, 
en  1726,  avec  de  magnifiques  portraits  d'éche- 

vins.  —  MaKCEL  AuiiFRT. 

LES    VENTES 


A  Paris 

C'est  dans  un  Hôtel  Drouot  rajeuni  par  une 
adroite  et  trop  nécessaire  toilette,  que  la  saison 
des  ventes  a  repris,  cet  automne,  sitôt  les  portes 
ouvertes  et  les  badigeons  à  peine  secs. 

Rappelons  brièvement  les  ventes  qui  ont  inau- 
guré la  saison,  à  commencer  par  celle  des 
meubles  ayant  garni  les  appartements  des  pléni- 
potentiaires anglais  à  la  Conférence  de  la  Paix, 
vente  terminée  sur  un  total  de  80.000  francs. 

—  Elle  a  été  suivie  par  celle  des  objets  d'art 
provenant  du  château  de  Cercamp-lez-Frévent 
(M» A.  Couturier;  MM.  Guillaume  et  J.  Ferai)  :  six 
grands  fauteuils  couverts  en  tapissserie  au  point, 
à  pavots,  d'époque  Régence,  ont  été  adjugés 
22.500  fr.  sur  demande  de  18.000  fr.;  un  lit  en 
bois  sculpté  et  laqué  gris,  d'époque  Louis  XVI, 
a  atteint  le  prix  de  13.900  fr.;  enfin,  deux  char- 
mants portraits  de  Jeune  fille  et  de  Jeune  liomme, 
par  A.  Grimou,  signés  et  datés,  ont  réalisé 
12.200  francs. 

—  La  collection  de  M.  A.  Martin  a  fourni  égale- 
ment, le  22  octobre,  quelques  prix  intéressants: 
une  bouteille  à  reflets  métalliques,  en  ancienne 
faïence  de  Perse,  a  été  adjugée  6.700  fr. 
(demande,  3  000  fr.)  ;  un  grand  plat  à  décor  de 
Heurs,  en  ancienne  faïence  de  Strasbourg,  estimé 
250  fr.  seulement,  est  monté  à  2.405  fr.  ;  une 
grande  tapisserie  du  xvn»  siècle,  estimée  20.000, 
a  été  adjugée  29.000  fr.;  une  autre  tapisserie  chan- 


cellerie à  armoiries,  a  été  vendue  20.200  fr.  sur 
demande  de  15.000  francs. 

—  Une  vente  d'estampes  gravées  d'après  des 
peintures  de  sir  Thomas  Lawrence,  faite  par 
M«  Desvouges,  a  produit  35.416  fr.,  avec,  comme 
enchère  principale,  celle  de  2.250  fr.  pour  les 
Portraits  de  la  comtesse  Gower  et  de  lady  Elisalieth 
Levefon  Gower,  gravés  par  Cousins  (épreuve  à 
petites  marges). 

—  Les  30  et  31  octobre,  dans  une  vente 
d'estampes  dirigée  par  M'  Desvouges,  assisté  de 
.M.  Loys  Delteil,  le  meilleur  prix  pour  les  gra- 
vures anciennes  a  été  celui  de  3.400  fr.  pour  un 
Buste  de  jeune  femme,  d'après  A.  Watteau  ;  parmi 
les  modernes,  citons  :  trois  planches  des  Caimees 
de  Goya,  4.300  fr.,  et  la  Morgue,  de  .Meryon 
(4<:  état,  avant  la  lettre),  3.000  francs. 

—  La  vente  de  la  collection  de  M.  D...  [Descroix] 
de  Lille,  s'est  terminée  le  8,  sur  un  total  de 
280.000  fr.  (M«  Baudoin;  MM.  Mannheim.  Léman 
et  Ferai).  Les  tapisseries,  quoique  peu  impor- 
tantes, ont  atteint  de  bons  prix,  notamment 
deux  verdures  du  xvii»  siècle,  à  décor  de  paysage 
boisé,  10.000  fr.;  et  une  portière  Renaissance, 
à  animaux  dans  un  parc,  15.010  francs. 

—  Le  10  novembre,  dans  une  vente  de  pein- 
tures, dessins  et  objets  d'art,  faite  après  décès 
de  M.  D...  (M""  Saulpic  et  Desvouges;  MM.  Ferai 
et  E.  Pape),  un  Portrait  du  marquis  de  Tourny, 
ancien  intendant  de  Guyenne,  parTocqué,  a  été 
adjugé  20.000  fr.  (prix  de  demande).  Cette  toile 
provenait  du  château  de  La  Falaise,  acquis  en 
1714  par  la  famille  de  Tourny  et  demeuré  en  sa 
possession  pendant  un  demi-siècle.  Elle  n'a 
point  été  achetée  par  la  ville  de  Bordeaux  ;  et 
c'est  là  un  exemple  nouveau  du  peu  de  souci 
que  la  plupart  des  villes  de  province  ont  de 
leur  histoire  et  des  hommes  qui  ont  eonlribué  à 
leur  grandeur  ou  à  leur  embellissement. 

Parmi  les  autres  enchères  de  cette  vente,  qui 
a  produit  un  total  de  128.000  fr.,  signalons  aussi 
celle  de  7  800  fr.,  obtenue,  sur  demande  de 
5.000  fr.,  par  le  Portrait  d'un  enfant,  donné  par 
le  catalogue  à  l'école  de  Drouais. 

—  Le  17  novembre,  la  vente  F.  II.  (Fury- 
Hérard),  a  fait  134.000  fr.  pour  les  tableaux  et 
dessins  seulement  (M"  Lair-Dubreuil  et  Auboyer, 
M.  Ferai);  queltiues  prix  sont  à  citer  :  un  dessin 
de  Lhermitle,  Repas  à  la  ferme,  2.250  fr.  ;  deu.x 
Sujets  galants  de  Vangorp,  11.900  fr.  ;  une 
esquisse  du  Portrait  de  Marie-Antoinette  dauphine, 


ANCIEN    ET   MODERNE 


223 


par  Duplessis,  8.600  fr.  ;  un  Portrait  présumé  du 
graveur  Drevet,  simplement  attribué  à  Largillière 
est  monté  jusqu'à  12.000  fr.  ;  et  un  Teniers, 
Paysans  devant  une  auberge,  a  été  adjugé 
13.000  fr. 

—  Le  18  novembre,  à  la  vente  de  la  Bime  P... 
deux  Vues  de  Venise,  parCanaletto.se  sont  vendues 
8.100  et  C.200  fr.  (M«  Izouard,  M.  Ferai). 

A  l'Etranger 


A  Londres,  le  6  novembre,  chez  Cliristie,  un 
important  tableau  de  Romney  :  .W""  ïieckord 
enfants,  a  atteint  le  prix  énorme  de  52.000  livres, 
soit  près  de  deux  millions  au  cours  actuel  du 
change  (1.925.000  fr.  environ).  L"n  portrait  de 
Reynolds,  Alexandre,  1 0' dw'  de  Hamilton,  enfant, 
a  fait  12.500  livres,  et  un  portrait  de  Williain, 
11'  duc  de  Hamilton,  enfant,  par  Raeburn, 
9.000  livres. 

Ventes  anaoncées. 


—  Le  24  novembre,  57,  rue  de  Babylone,  et  le 
27  novembre,  à  l'Hôtel,  salle  n"  8  :  vente  de  la 
collection  de  M.  J.  Plassard  :  laques  du  .lapon, 
ivoires  japonais,  pierres  dures,  émaux  cloisonnés 
et  bronzes  (M"  Lair-Dubreuil  ;  M.  Portier) 

—  Le  27  novembre,  à  la  Galerie  Georges  Petit  : 
vente  de  la  collection  de  M.  H.  Vian  :  tableaux, 
aquarelles  et  dessins  modernes,  avec,  dans  le 
nombre,  vingt-sept  œuvres  de  Lebourg  et  six  de 
Fantin-Latour  (M"  Lair-Dubreuil;  M.  Georges 
Petit). 

—  Les  28  et  29  novembre,  salles  n°  6  :  vente 
d'une  collection  de  petites  estampes  des  écoles 
françaises  et  anglaises  du  xviiie  siècle,  la  plupart 
imprimées  en  couleurs,  provenant  de  la  collection 
de  M.  X...  (M«  Lair-Dubreuil  ;  MM.  Paulme, 
Lasquin). 

—  La  première  grande  vente  de  la  saison  sera 
celle  de  la  collection  de  M.  Hazard,  dont  la 
première  partie  sera  dispersée  les  i",  2  et 
3  décembre  à  la  galerie  Georges  Petit  (M"  Lair- 
Dubreuil,  M.  Georges  Petit).  Les  amateurs  de 
peintures,  dessins  et  aquarelles  modernes  seront 
bien  servis  :  le  catalogue  ne  compte  pas  moins 
de  392  numéros  et  réunit,  aux  plus  grands  noms 
de  l'école  française  du  xix'  siècle,  nombre  de 
petits  maîtres  extrêmement  recherchés  depuis 
quelques  années. 

Rien  que  dans  la  catégorie  des  peintures,  on 


compte  une  cinquantaine  de  Cals  et  une  quaran- 
taine de  Lépine,  parmi  lesquels  les  meilleurs  de 
ses  paysages  parisiens;  les  fidèles  de  l'impres- 
sionnisme pourront  choisir  parmi  les  Sisley,  les 
Monet,  les  vingt-trois  Guillaumin  et  les  six 
Jongkind,  parmi  les  figures  et  les  paysages  de 
Renoir;  d'autres  préféreront  les  Corot  (il  y  en  a 
dix-neuf,  figures  et  paysages),  les  Daumier  (il  y 
en  a  douze),  les  Delacroix  ou  les  Barye,  les 
Fantin  ou  les  Gustave  Colin,  ou  même  telle 
esquisse  de  Tassaert  {Mirabeau  et  le  marquis  de 
Dreux-Urézc),  qui  date  de  1831. 

Et  ces  noms  se  retrouvent  tous  aux  dessins  et 
aux  pastels,  dont  les  séries  sont  aussi  nombreuses 
et  aussi  riches  en  œuvres  résumant  les  diverses 
tendances  de  l'école  française  pendant  la  même 
période,  —  de  Delacroix,  Decamps,  Millet,  Rous- 
seau jusqu'à  Jongkind  et  à  Cézanne. 

Une  Vierge  à  l'Enfant  de  l'école  flamande  du 
xv"  siècle  et  un  dessin  de  D.  Tiepolo  [Risttrrection) 
représentent  les  écoles  anciennes  et  semblent  un 
peu  perdus  dans  un  pareil  ensemble,  sur  l'intérêt 
et  l'originalité  duquel  il  n'est  pas  besoin  d'in- 
sister. 

—  A  peu  de  jours  d'intervalle,  viendra  la 
première  vente  de  la  Succession  de  M.  le  pasteur 
Goulden,  de  Sedan,  d'une  composition  toute 
différente  et,d'un  intérêt  non  moins  considérable 
par  la  rareté  et  la  beauté  des  pièces  qu'on  verra 
passer  aux  enchères  (galerie  Georges  Petit,  les 
8  et  9  décembre;  M"  Lair-Dubreuil,  .MM.  Paulme 
et  G    B. -Lasquin). 

Il  s'agit  ici  d'objets  d'ameublement  des  xvii"  et 
xviii»  siècles  et  de  remarquables  meubles  des 
mômes  époques,  parmi  lesquels  une  magnifique 
série  de  fauteuils,  canapés,  écrans,  etc.,  recou- 
verts en  ancienne  tapisserie  d'Aubusson  ou  de 
Paris;  enfin,  et  surtout,  d'une  suite  de  tapisseries 
flamandes  du  temps  de  Louis  XII,  de  la  Renais- 
sance, des  xvii«  et  ww  siècles,  qui  résument 
toute  l'histoire  de  la  tenture  de  haute  lisse  de 
ces  ateliers,  depuis  les  précieux  panneaux  à 
grands  personnages  {Tournoi,  Présentation  à  la 
Cour,  Jardins)  jusqu'aux  riches  compositions  du 
temps  de  la  Régence,  d'après  des  sujets  des 
Métamorphoses,  des  cartons  de  Teniers  {l'Été),  ou 
encore  l'Adoration  du  veau  d'or. 

En  regard  des  192  numéros  du  catalogue,  nous 
aurons  quelques  belles  enchères  à  inscrire. 

tt.-CI.  C. 


224 


LE   BULLETIN   DE   L'ART 


LES    LIVRES 


L'Œuvre  gravé  de  Degas  |1) 

Chargé  de  remplir  à  la  vente  Degas  le  rôle  d'expert 
pour  les  estampes,  M.  Loys  Delteil  n'a  eu  garde  de 
négliger  l'heureuse  fortune  qui  lui  permettait  de  dresser, 
à  l'intention  de  son  Peintre-Graveur,  un  catalogue 
complet  de  l'œuvre  gravé  de  l'artiste.  Travail  passion- 
nant mais  minutieux,  car,  dit-il  dans  sa  préface, 
pour  la  majeure  partie  des  eaux-fortes  et  pointes 
sèches,  »  chaque  épreuve  constitue  un  nouvel  état 
rendant  la  moindre  d'outre  elles  très  précieuse  ».  Car 
ici,  plus  qu'ailleurs,  ce  grand  inquiet,  «  consciencieux 
jusqu'au  raffinement»,  avait  prisetrepris  son  ouvrage, 
allant  jusqu'à  effacer  aux  trois  quarts  des  planches 
qui  touchaient  la  perfection.  C'est  ainsi  (juc,  pour  le 
portrait  de  Miss  Mary  Cassât  {Au  Louvre  :  la  Pein- 
ture),eota-toHe  et  aquatinte,  M.  L.  Delteil  ne  mentionne 
pas  moins  de  vingt  états. 

Le  chiffre  des  cuivres,  —  eaux-fortes,  pointes-  sèches, 
vernis  mous,  aquatintes,  —  décrits  au  présent  catalogue 
est  de  quarante-cinq,  plus  une  pièce  douteuse  :  Che- 
vaux dans  la  prairie.  La  première  gravure  connue, 
le  Portrait  de  Degas  par  lui-même,  remonte,  d'après 
M.  L.  Delteil,  à  1855.  L'éducateur  de  Degas  pour  l'eau- 
forteserait  Bracquemond,mais  sans  preuves  décisives. 
Plus  tard,  Desboutin  et  le  baron  Lepic  achevèrent 
son  initiation.  De  1865,  —  c'est-à-dire  après  les  très 
beaux  portraits  gravés  de  Manet  et  de  la  soeur  de 
l'artiste,  —  M""  Fèvre  —,  à  1875,  interruption  dans 
l'œuvre  gravé  qui  reprend  avec  des  séries  modernes 
dont  les  dernières  furent  exécutées  aux  environs  de 
1882.  Les  lithographies,  au  nombre  de  vingt,  ne 
remontent  pas  au  delà  dé  1815  :  le  café-concert  et  les 
scènes  intimes  prédominent  Les  épreuves  en  sont 
pour  la  plupart  encore  plus  rares  que  les  tirages  de 
cuivres.  Une  seule  est  assez  connue,  c'est  le  Programme 
de  la  soirée  des  anciens  élèves  du  lycée  de  Nantes  (1884). 
Mais,  dans  cet  état,  ce  n'est  que  le  report  lithographique 
d'un  vernis  mou. 

Comme  dans  les  précédents  volumes  du  Peintre- 
Graveur,  chaque  pièce  est  soigneusement  reproduite 
en  fac-similé  et  dans  l'état  le  plus  caractéristique. 
Quand  les  états  différent  profondément,  la  reproduc- 
tion s'étend  à  deux  ou  trois  d'entre  eux.  On  trouve 
au-dessous  les  dimensions  précises  de  l'original, 
l'indication  des  noms  des  principaux  possesseurs,  la 
mention  des  prix  obtenus  dans  les  ventes  récentes. 

En  fait,  un  ouvrage  excellent,  épuisé  d'ailleurs  dès 
son  apparition.  —  Charles  Saunier. 


(1)  Edgar  Degas,  par    Loys   Delteil  (tome  IX  du 
Peintre-graveur  illustré).  —  Paris,  l'auteur,  1919,  in-4°. 


CARNET   DE    L'AMATEUR 


Expositions 

•il  Exposition  d'artistes  de  l'école  américaine  :  au 
musée  du  Luxembourg  (voir  la  Revue  du  10  novembre). 

^  l'J'  Salon  d'automne  :  au  Grand  Palais  des 
Champs-Elysées,  jusqu'au  10  décembre. 

•j§  Vitraux  anciens  des  églises  de  Saint-Merry, 
Saint  -  Germain -l'Auxerrois,  Saint -Séverin,  Saint - 
Gervais,  Saint-Étienne-du-Mont  :  au  Petit  Palais  des 
Champs-Elysées. 

•i^  Société  de  la  Miniature,  de  l'Aquarelle  et  des 
Arts  précieux  :  galerie  Brunner,  30,  rue  Royale; 
jusqu'au  30  novembre. 

•5^  Maurice  de  Lambert;  G.  Brun-Buisson  (aqua- 
relles); L.-E.  Parturier  (peintures,  gouaches)  ;  Joseph 
llurard  (peintures  et  dessins)  :  galerie  Devambez, 
43,  boulevard  Malesherbes,  jusqu'au  28  novembre. 

■J§  Paul  Sérusier  (peintures  et  panneaux  décoratifs)  : 
galerie  Druet,  20,  rue  Royale,  jusqu'au  21  novembre. 

■ij  «  L'Atelier  de  Courbet  »,  tableau  par  Gustave 
Courbet  :  galerie  Barbazanges,  109,  faubourg  Saint- 
llonoré,  jusqu'au  30  novembre. 

■il  Lachenal  et  les  blessés  de  son  atelier  (céra- 
miques) :  galerie  D.  L  M.,  19,  place  de  la  Madeleine, 
du  12  décembre  au  3  janvier,  et  galerie  Devambez,  du 
16  au  31  décembre. 

^  Exposition  d'art  contemporain  (1"  groupe)  : 
galerie  Marcel  Bernheim,  2  bis,  rue  Caumartin, 
jusqu'au  29  novembre. 

•i^  Société  internationale  de  la  peinture  à  l'eau 
(X*  exposition):  galerie  Chaîne  et  Simonson,  19,  rue 
Caumartin,  jusqu'au  2  décembre. 

■^  Albert  André  :  galerie  Durand-Huel,  16,  rue 
Latfitte,  jusqu'au  29  novembre. 

Cours  et  Conférences 

École  nationale  des  beaux-arts.  —  Le  cours 
public  d'histoire  de  l'art,  à  l'École  nationale  des 
beaux-arts,  interrompu  pendant  la  guerre,  depuis  la 
mort  de  M.  Louis  de  Fourcaud,  a  été  repris  le  6  no- 
vembre (et  continuera  tous  les  jeudis  à  15  heures), 
par  M.  Louis  Ilourticq,  le  nouveau  titulaire  de  la 
chaire,  qui  traitera,  cette  année,  de  la  Renaissance  en 
Italie. 

École  nationale  des  Chartes  —  Le  cours  d'ar- 
chéologie du  moyen-âge,  professé  par  M.  G.  Lefèvre- 
Pontalis,  a  repris  le  4  novembre.  Il  aura  lieu  tous  le» 
mercredis  et  jeudis  à  quatorze  heures  et  demie. 

Conservatoire  des  Arts-et-Métiers.  —  L'ouver- 
ture du  cours  d'art  appliqué  aux  métiers,  par  M.  Marcel 
Magne,  a  eu  lieu  le  4  novembre.  Les  cours  se  continue 
ront  les  mardis  et  samedis,  à  vingt  et  une  heure  quinze. 

Le  Gérant  :  11.  Dems. 

Paris.  —  Iiiip.  George»  IVlil,  12,  rue  Godot-dcMauroi. 


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TABLE   DES   MATIÈRES 


ANNEE    1914-1919 


ARTICLES   DIVERS,  INFORMATIONS 

EXPOSITIONS  ET  CONCOURS 

LES  REVUES 


I  agcs. 

A  propos  d'une  donation,  par  M.  E.  D.     .     .     .  97 

AHaire  (!')  du  pont  d'Héricy  (si/ife),  par  M.  E.  D.  169 

••  Amis  (les)  du  Palais  »  et  le  Palais,  par  M.  E.  D.  105 

Armure  (1')  de  Philippe  II,  par  M.  E.  D.     ...  73 

Autour  du  Palais-Royal,  par  M.  E.  D 1 

Autour  du  Palais-Royal  :  le  Commencement  de 

la  fiu,  par  M.  E.  D 2.5 

Ribliographie 7,  143,  224 

Carnet  de  l'Amateur 224 

Céramique  (la)  ornementale  en  Haute-Normandie, 

à  propos  d'un  livre  récent,  par  M.  M.  N.  .  .  31 
Chronique  du  vandalisme  :  le  Pont  d'Héricy,  par 

M.    E.    D 145 

52*  Congrès  (le)  des  Sociétés  savantes  ....  135 
Correspondance  d'Italie  : 

Les  [(estauralions  à  Florence,  par  M.  L.Giellv.  14 

Correspondance  de  Munich  : 

A  propos  du  0  Felil  Paire  »  de  Lenbacti;  —  la 
Galerie   municipale  de  Itosenheim,  par  M. 

Marcel  Montakdon 71 

Correspondance  de  Roumanie  : 
Le    Quatrième   centenaire   d'un    lirre  ;  —   le 
Musée  Grigoresco,  à  Bucarest,  par  M.  Marcel 

Moktandon 119 

Courrier  des  départements  : 
A    Bordeaux    :    une   Exposition    John   Leviis 

Brovn,  par  M.  C.   L 118 

Deux  arrêts  du  Conseil  d'État,  par  M.  E.  1).     .     193 
Don  (le)  du  roi  Georges  V  à  la  France,  par  M.  E.  1).    129 
Échos  et  nouvelles,   1,  9,  17,  26,  33,  42,  .50,  58, 
66,  74,  81,  90,  97,  10.5,  114,  122,  130,  138,  145, 
154,  163,  170,  177,  185,  193,  202 218 


Cages. 
Églises  (les)  romanes  des  Vosges,  à  propos  d'un 
livre  récent,  par  M.  J.-A.  Bhutmls,  archiviste 

de  la  Gironde 38 

Estampes  et  dessins,  par  M.  E.  D.    .     .     .     .     .  185 

Expositions  et  concours,  par  M.  Raymond  Bobveh, 
6,  13,  21,  30,  37,  45,  53,  61,  70,  77,  S6,  95,  102, 
110,  117,  134,  141,  160,  167,  176.  183,  192,  199, 

215 220 

Générosité  excessive,  par  M.  E.  D 33 

Inauguration  (!')  des  salles  Camondo,  par  M.  E.  U.  177 

Informations 219 

Inquiétantes  galéjades,  par  M.  E.  U 161 

Institut  (1')  et  la  Ville  de  Paris,  par  M.  E.  D.     .  113 

Internationale  (1')  de  1916,  par  M.  E.  \^.     .     .     .  209 

Jardins  (les)  du  Pincio,  par  M.  E.  D 9 

Loi  (la)  porlant  création  d'une  Caisse  des  monu- 
ments historiques 126 

Monnaies  et  timbres-poste,  par  M.  E.  D.     ...  17 

Monuments  et  musées,  par  M.  E.  L) 201 

Notes  et  documents  : 
Sur  un  bas-relief  du  Louvre,  attribué  à  Fran- 

cesco  Francia,  par  M.  Jean  de  Fovillk.     .     .  55 
L'Acte    de    naissance  de  Philippe  de  Ctiaui- 

paii/ne,  par  M.  Albert-S.  IIemuux    ....  87 

Parc  (le)  de  Watteau  au  Conseil  d'État,  par  M.  E.l).  81 
Parthénon  (le),  à  propos  d'un  livre  récent,  par 

M.J.F 46 

Photographie  (la)  dans  les  musées  nationaux  : 

La  Question  du  privili'ne,  par  M.  E.  D.     .  41 

Le  Prix  des  épreuves,  par  M.  E.  D 49 

Le  Droit  de  reproduclinn.  par  M.  E.  D.     .  57 
Les  Sept  mille  clichés  appartenant  à  l'État, 

par  M.  E.   D 65 

Une  Chalcographie  moderne,  phT  M.  K.V.     ■     .  89 

L'Exemple  de  l'Italie,  par  M.  E.  D 121 

L'Exemple   des   monuments    histoi-iques,   par 

M.  E.  D ...  137 

Récompenses  (les)  du  Salon 187,  196 


2M 


LE    BULLETIN    DE   L'AHT 


l'ages. 
Hèglement  (le)  de  l'Exposition  de  l'Académie  des 

beaux-arts 216 

nevues  (les),  8,  15,  24,  32,  40,  48,  ;j6,  63,  12,  79. 

88,  t04,  112,  119,  136,  144,  168,  184,  200,  208.  .  216 
Sur  l'Exposition  d'art  français  de  Gopcnhague, 

par  M.  E.  D 153 

Un   chef-d'œuvre    à   conserver   à    la    France   : 

«  l'Atelier  de  Courbet  » .    217 

Variétés  : 
Chateaubriand  continuateur  de  Le  Sôlre,  par 

M.  Raymond  Bouver 22 

Ckateaul>riand    précurseur    de    M.    Maurice 
liarrès,  par  M.  Raymond  Bodyer 126 

CHRONIQUE    DES    VENTES 

(par  ordre  chronologique). 


Tableaux,  Objets  d'art.  Curiosité, 
par  M,  Marcel  Nicolle. 

A  Paris  :  vente  de  la  collection  Je  M""  A.  11. 
(tableaux,  objets  d'art),  3;  —  de  la  collecti<in  du 
baron  de  C...  (tableaux).  —  Les  grandes  ventes  à 
l'étranger  en  1913  :  à  Londres  {suite)  :  vente  de 
tableaux  et  d'estampes  ;  —  de  la  collection  Murray 
Scott  (tableaux,  objets  d'art),  4. 

Les  grandes  ventes  à  l'étranger  en  1913  :  à  Londres 
(/Sn)  :  vente  d'objets  d'art,  11  ;  —  de  la  collection 
de  lord  Joicey  (tableaux  anciens  et  modernes)  :  — 
de  la  collection  du  duc  de  Sutherland  (tableaux 
anciens  et  modernes)  ;  —  de  la  collection  de  la 
duchesse  de  Newcastle  (tableaux),  12;  —  de  la 
collection  Fitzhenry  (objets  d'art),  13. 

Les  grandes  ventes  à  l'étranger  en  1913  {fin)  :  à 
Amsterdam  :  vente  de  tableaux  et  objets  d'art,  19. 

A  Paris  :  vente  de  tableaux  par  Aman-Jean,  — 
Ventes  annoncées  :  à  Paris  ;  —  à  Berlin,  28. 

A  Paris  :  vente  de  bustes  en  bronze  anciens.  — 
Ventes  annoncées  ;  à  Paris  ;  —  à  Pau,  36  ;  —  à 
Berlin  :  tableaux  modernes,  37. 

Ventes  annoncées  :  à  Paris,  44, 

A  Paris  :  succession  M...  [Marchand]  (tableaux, 
objets  d'art)  ;  —  succession  de  la  marquise  du  V  ,. 
(objets  d'art)  ;  —  vente  de  tapisseries  ;  —  vente 
Henriette  Rodggers  fobjets  d'art,  etcj,  52  ;  —  de 
tapisseries;  —  de  tableaux  modernes.  —Ventes 
annoncées  :  à  Paris,  53. 

A  Paris  :  vente  de  tableaux  anciens  ;  —  d'objets  d'art  ; 
—  de  la  collection  Rochard  (objets  d'art),  60  ;  — 
de  tableaux  anciens.  —  A  Londres  :  vente  d'argen- 
terie anglaise.  —  Ventes  annoncées  :  à  Paris  ;  — 
à  Berlin,  61. 


A  Paris  :  vente  de  la  colleclion  Kitziienry  (objets 
d'art;;  —  d'objets  provenant  du  château  de  R  .. 
[Koquencourt;  (2'  vente)  ;  —  de  tableaux  modernes  ; 

—  de  boiseries  anciennes.  —  Ventes  annoncées  : 
à  Paris,  68  ;  —  à  Londres,  69, 

A  Paris  :  vente  d'objets  d'art;  —  de  tapisseries;  — 
de  "  la  Peau  de  l'Ours  »  (tableaux  modernes;.  — 
Ventes  annoncées  :  à  Paris,  76, 

A  Paris  ;  vente  de  la  collection  de  M"'  X.  .  [M"*  IL 
Menicr]  (tableaux, objets  d'art),  83  ;  —  liquidation  A. 
et  J.  Seligmann  (1"  vente  :  objets  d'art).  —  Ventes 
annoncées  :  à  Paris,  84  ;  —  à  Leipzig  ;  —  à  Mi- 
lan, 85. 

A  Paris  :  liquidation  Seligmann  (1"  vente),  91  ;  — 
vente  de  la  collection  de  M"'  L,  H.  R...  (tableaux)  ; 

—  de  sièges,  d'une  pendule  ;  —  vente  de  la  collec- 
tion du  marquis  de  M..,  [Marmier]  (tableaux 
anciens),  93  ;  —  d'objets  d'art  ;  —  liquidation  Selig- 
mann (2*  vente).  —  Ventes  annoncées  :  à  Paris,  94. 

A  Paris  :  liquidation  Seligmann  (2'  vente  :  objets 
d'art),  100  ;  —  vente  de  tapisseries.  —  Vente» 
annoncées  :  à  Paris,  101  ;  —  à  Berlin  ;  —  à  Londres  ; 
à  Bruxelles,  102. 

A  Paris  :  vente  d'objets  d'art  appartenant  à  M"*  J...  ; 

—  appartenante  M"*  X.  .  [.M"*  H.  Mcnier,  2'  vente), 
108  ;  —  d'objets  d'art;  —  de  la  collection  de  M.  X... 
(miniatures);  —  d'objets  provenant  du  château 
de  N...  ;  —  de  la  collection  du  comte  de  F... 
(tableaux,  objets  d'art)  ;  —  succession  Lévesque 
(tableaux,  objets  d'art).  109;  —  d'objets  d'art  — 
Ventes  annoncées  :  à  Paris  ;  —  à  Amsterdam  ;  — 
à  Berlin;  —  à  Milan,  110, 

A  Paris  :  vente  de  tableaux  ;  —  d'objets  d'art,  116;  — 
de  la  collection  Victor  Margueritte  (tableaux)  ;  — 
de  la  collection  du  marquis  de  Traynel  (monnaies 
antiques,  objets  d'art)  ;  —  de  tapisseries,  117, 

A  Paris  :  vente  J.  Gouderc  (objets  d'art)  ;  —  de 
tableaux,  124.  —  Ventes  annoncées  :  à   Paris,  125; 

—  à  Berlin,  126. 

Ventes  annoncées  :  à  Paris,  132  ;  —  à  Amsterdam.  133 

A  Paris:  vente  de  la  collection  Paul  DelarolT  (tableaux 
anciens),  139  ;  —  de  porcelaines  de  Chine.  — 
Ventes  annoncées  :  à  Paris,  140  ;  —  à  Berlin  ;  — 
à  Milan,  141. 

A  Paris  :  vente  de  la  collection  Hodgkins  (dessins 
anciens),  148  ;  —  de  la  collection  Delaroff  (2*  vente  : 
tableaux  anciens)  ;  —  d'objets  d'arl  ;  —  succession 
Mauzaize  (objets  d'art)  ;  —  de    tableaux   modernes. 

—  Ventes  annoncées  :  à  Paris,  149. 

A  Paris  ;  vente  de  la  collection  M.  de  G...  (Michel  de 
Gunzbourg]  (tableaux  anciens,  objets  d'art),  155  ;  — 
liquidation  Seligmann  (3*  et  4*  ventes)  ;  —  vente  de 
la  collection  de  M"'  délia  Torre  ^objets  d'arl. 
estampes),  156  ;  —  de  la  colleclion  Jules  Glaretie 
(tableaux    modernes);  —  d'objets  d'art;  —  de  la 


ANCIEN    ET    MODEHNE 


235 


collection  lioger  Marx  (2*  el  3°  ventes  :  peintures  et 
dessins  modernes).  —  Ventes  annoncées  :  à  Paris, 

157. 

A  Paris  :  vente  île  la  collection  Roger  Marx  (tableaux  : 
liste  des  prix),  163  ;  —  d'objets  d'art;  —  succession 
de  M""  H...  (tableaux)  ;  —  vente  de  M""  X... 
(tableaux);  —  succession  de  la  baronne  de  II.  . 
(objets  d'art)  ;  —  vente  de  la  collection  II.  Kulmann 
(tableaux  modernes)  ;  —  de  quatre  bustes  par  Hou- 
don  ;  —  succession  Clavière  (objets  d'art),  164  ;  — 
succession  Charles  André  (dessins,  objets  d'art)  ;  — 
vente  de  la  collection  Antony  Koux  (peintures, 
sculptures  et  objets  d'art).  —  Ventes  annoncées  ; 
à  Paris,  165;  —  à  Amsterdam,  166. 

A  Paris  :  succession  Charles  André  (dessins,  tapisse- 
ries), m  ;  — vente  de  la  collection  A.  Roux  (suite). 
172  ;  —  de  tableaux  anciens  ;  —  de  la  collection 
B.  de  Lesseps  (tableaux  modernes)  ;  —  de  la  collec- 
tion Arthur  Sambon  (objets  d'art,  tableaux,  sculp- 
tures). —  Ventes  annoncées  :  à  Paris,  173. 

A  Paris  :  vente  de  la  collection  A.  Sambon  (liste  des 
prix),  180  ;  —  de  tabh^aux  et  d'objets  d'art,  181  ;  — 
d'un  pastel  par  La  Tour  ;  —  d'un  tableau  par 
Fragonard  ;  —  succession  Liandier;  —  vente  de  la 
galerie  Crespi  (1"  vente  :  tableaux  anciens).  — 
Ventes  annoncées  :  à  Paris,  182. 

A  Paris  :  vente  de  la  galerie  Crespi  (1"  el  2'  ventes  : 
liste  des  prix).  188;  —  d'objets  d'art;  —  de  la  collec- 
tion du  marquis  de  Biron  (1"  vente  :  dessins,  pein- 
tures, objets  d'art),  189.  —  Ventes  annoncées  :  à 
Paris,  191. 

A  Paris  :  vente  de  la  collection  du  marquis  de  Biron 
[fin),  197  ;  —  de  la  collection  Roger  Marx  (4'  vente)  ; 

—  d'objets  d'art;  —  de  la  collection  de  M.  L...  (objets 
d'art);  —  de  la  collection  Fairfax  Murray  (tableaux 
anciens)  ;  —  succession  de  M"'  N.-D.  [Nouette- 
Delorme]  (tableaux,  objets  d'art),  198;  —  vente  de 
la  collection  Bourée  (objets  d'art);  —  de  boiseries; 

—  de  tableaux  modernes;  —  de  la  collection  Roger 
Marx  (5*  vente  :  médailles  et  plaquettes).  —  Ventes 
annoncées  :  à  Paris,  194. 


A  Paris  :  vente  de  tapisseries  et  d'objets  d'art,  205  ; 
—  au  Havre  :  succession  Letellier  (tableaux,  objets 
d'art),  206. 

A  Paris  :  ventes  diverses,  222  ;  —  à  l'étranger.  — 
Ventes  annoncées  :  à  Paris,  223. 


Estampes 

par  M.  U.  G. 

A  Paris  :  ventes  diverses,  20. 

Ventes  annoncées  :  à  Paris,  37. 

.\  Paris  ;  ventes  d'estampes  du  xviii'  siècle,  53. 

A   Paris   ;   vente    d'estampes   modernes.   —    Ventes 
annoncées  :  à  Paris;  —  à  Berlin,  6t. 

Ventes  annoncées  :  à  Paris,  85,  95,  133,  151,  159. 

A  Paris  :  ventes  diverses;  —  vente  de  la  collection 
Roger  Marx,  206;  —  ventes  diverses,  207. 


Livres 
par  M.  B.  J. 

A  Paris  :  vente  de  la  bibliothèque  du  marquis  de 
Piolenc  (livres  anciens  et  modernes),  29. 

A  Paris  :  vente  des  livres  de  la  succession  S...,  86. 

Ventes  annoncées  :  à  Paris,  141,  175. 

A  Paris  :  vente  d'une  collection  de  livres  d'architec- 
ture, etc.,  191. 

A  Paris  :  vente  de  la  bibliothèque  de  feu  Alphonse 
Willems,  de  Bruxelles  (livres  anciens);  —  de  la 
bibliothèque  de  feu  M  Pierre  Dau/e  (livres  modernes), 
213;  —  d'une  collection  de  livres  d'architecture  et 
de  recueils  d'ornements,  214. 


Monnaies  et  Médailles 
par  M.  J.  F. 

A  Paris  :  ventes  diverses,  21. 


N 

2 

B9 

19U/19 


Le  Bvilletin  de  l'art  ancien 
et  moderne 


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