LE
BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
LE
BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
SUPPLÉMENT HEBDOMADAIRE
REVUE DE L'ART ANCIEN ET MODERNE
^o-JcT/f
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PARIS
28, Rue du Mont-Thabor, 28
K'
Numéro 606.
Samedi 3 Janvier 1914.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Autour du Palais-Royal
Il est de certaines gens qui ne peuvent pas
admettre que le Palais-Etoyal demeure vide et
inemployé. On a beau leur vanter le silence et
la tranquillité de ce refuge ombreux, la noblesse
des architectures qui encadrent le paisible jar-
din, et tant de souvenirs attachés à chacune des
galeries, rien ne saurait trouver grâce devant la
frénésie d'une bande de sauvages, dont l'idée
fixe est de jeter bas ce qui reste du vieux Paris,
pour donner de l'ouvrage aux architectes et aux
maçons...
Comme le Palais-Royal est mort, condamné
par les lois mystérieuses de l'évolution des villes
vers l'est, il n'appartient pas aux plus ingénieux
de nos démolisseurs de ramener la foule dans
les galeries désertes et de rouvrir les boutiques
abandonnées. Mais on n'a pas perdu tout espoir
de rendre une vie factice à l'une des dernit-res
retraites qui s'offrent aux promeneurs, en faisant
« bénéficier » le Palais-Royal des « avantages »
de la circulation. A cet effet, les uns proposent
de le percer du sud au nord, et les autres, de
l'est à l'ouest ; celui-ci ouvre une avenue partant
du Théâtre-Français pour aller rejoindre les bou-
levards, et cet autre réunit la Bourse de com-
merce à la place de l'Opéra par une avenue toute
semblable. Encore ces enragés prétendent-ils
utiliser les arcades et couper le jardin sans tou-
cher à l'ensemble des bâtiments, se séparant
ainsi des auteurs de projets monstrueux dans le
goût de celui qui préconisait naguère la construc-
tion d'une Hourse en style monégasque au beau
milieu du quadrilatère historique I
Peut-être nous reste-l-il encore assez de bon
sens pour que celte énorme sottise nous soit
épargnée. Par contre, il sera nécessaire de veiller
attentivement à ce qu'aucun des projets de voirie,
dont le programme des « grands travaux » doit
amener la réalisation prochaine, ne vienne sour-
noisement menacer le Palais-Royal. Précisons :
l'ancien hôtel de la Chancellerie d'Orléans, qui
donne à la fois rue de Valois et rue des Bons-
Enfants, et une partie des immeubles qui l'avoi-
sinent, vont être abattus ; c'est le prélude ordi-
naire du percement d'une voie nouvelle. Ou je
me trompe fort, ou nous allons voir reparaître
un tracé écornant ou traversant le Palais-
Royal.
Attention !
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des beaux-arts (séance du 27 dé-
cembre). — M. C.-M. Widor entretient ses confrères
d'une éventualité qui fait, en ce moment, grand bruit
à Rome^: il s'agirait du morcellement et de la vente
d'une partie importante de terrains appartenant à la
France et dépendant de la Villa Médiois, sur le Pincio.
Cette entreprise aurait pour résultat la construction
d'une rangée d'immeubles en bordure de la Villa
Borghèse ; un plan de lotissement est même déjà
dressé, et l'on a cru masquer l'inconvenance de l'en-
treprise en promettant d'allecter une partie des béné-
fices produits par la vente à la construction, pour le
moins inutile, d'une école d'archéologie.
L'Académie, profondément émue de cette commu-
nication, émet, à l'unanimité, le vœu qu'aucune par-
celle du domaine national français à Rome ne soit
aliénée.
— A propos de la demande faite par le ministre de
l'Agriculture pour que l'Académie désigne deux de
ses membres à la commission consultative des séries
artistiques dans les forêts domaniales, le secrétaire
perpétuel communique une lettre par laquelle M. Mo-
reau-Vauthier exprime le vœu, au nom de la Société
des Amis de la forêt de Fontainebleau, que l'Académie
des beaux-arts soit représentée dans cette commission
par im plus grand nombre de ses membres, afin que
l'élément artistique prédomine dans la commission
sur l'élément utilitaire.
L'Académie procédera ultérieurement i la désigna-
tion de ses délégués à cette commission.
LE BULLETIN DE L'ART
— L'exécution des envois de M. André Gailhard,
pensionnaire musicien de la Villa Médicis. est ren-
voyée à l'année prochaine. En 19U, il y aura donc,
au Conservatoire, l'audition de» envois de M. Gailhard
et de M. Mazellier.
— Pour le concours Roux de miniature de 1914,
l'Académie propose comme sujet une figure à mi-
corps : Saint Sébastien attaché à un arbre et percé
de flèches.
— L'Académie propose pour le concours d'archi-
tecture Achille Leclère, qui s'est ouvert le 21 décem-
bre, la construction d'un « Pavillon de la Ville de
Paris à l'Exposition de Lyon ".
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 26 décembre). — M. Saloinon Reinach
donne lecture d'une note de M. José de Figueiredo
sur un grand tableau de Rogier van der Weyden,
autrefois conservé au couvent de Batalha, en Por-
tugal. Ce chef-d'œuvre n'est plus connu que par un
croquis du xvm' siècle, œuvre du peintre portugais
Arlorio de Sequeira. que M. de Figueiredo a eu la
bonne fortune de retrouver dans un .nlbum. La com-
position représentait la Vierge et l'Enfant adorés,
d'une part par Isabelle de Portugal, duches-e de
Bourgogne, de l'antre par le duc de Bourgogne, Phi-
lippe le Bon et par son fils Charles le Téméraire.
M. de Figueiredo a pu démontrer que ce panneau a
a été peint vers 1449; il est probable qu'il a été
détruit au cours des guerres qui ravageaient le Por-
tugal au début du iix* siècle.
— M. Fougères, directeur de l'École française
d'Athènes, donne lecture de la suite de son rapport
sur les travaux effectués par les membres de cette
Ecole. Après avoir résumé les découvertes faites à
Délos, il parle des travaux entrepris à Delphes, à
Orchoinène d'Arcadie, à Némée, à Tbasos et en Asie-
Mineure.
En terminant, M. Fougères a rendu hommage au
zèle savant des membres de l'École française d'Athènes
qui se montrent vraiment dignes du haut patronage
de l'Académie des inscriptions et belles-lettres.
— L'Académie a procédé au renouvellement de
son bureau qui. pour 1914. sera ainsi constitué :
MM. Châtelain, président; Chavannes, vice-président;
Georges Perret, secrétaire perpétuel.
Société des Antiquaires de France (séance du
24 décembre; — M. F. Martroye entretient la Société
de la légende de Saint-Antide, où se retrouvent des
traditions de l'époque des invasions barbares dans
les Gaules, au m* siècle..
— M. Héron de Villefosse, après avoir étudié le
texte d'une inscription romaine récemment décou-
verte dans le Cher, à La Celle-Bruére, montre qu'un
sujet ligure au fond d'une des palèrcs d'argent du
trésor do Bernay représente Oinphale endormie sur
la peau du lion de Néioée tiré par Hercule.
— M. P. Monceaux communique plusieurs plombs
de bulles byzantines recueillis à Cartbage par le R. P.
Delattre.
— M. L. Mirot entretient la Société du voyage de
.\icolas d'Esté, marquis de F'errare. en France, au
début du XIV' siècle. Un récit fort intéressant de
ce voyage, jusqu'à présent presque complètement
inconnu, a été retrouvé par M. Mirot dans les archives
de Modène.
Société nationale des beaux-arts. — Le Comité
de la Société nationale des beaux-arts, dont le der-
nier Bulletin adonné la composition, a nommé son
bureau. Ont été élus :
Président de la Société, M. Roll ; vice-présidents,
MM. Bartholomé et Jean Béraud ; présidents de sec-
tion : peinture, .M, Aman-Jean; sculpture, M. Rodin:
gravure, M. Waltner; architecture, M. de Baudot;
arts décoratifs, M. Agache. Secrétaires : M.Vl. Bil-
lolte, Prinet et Aubert; trésorier, M. Georges Picard.
Société d'iconographie parisienne (séance du
26 décembre). — M. Lucien Lazard prononce l'éloge
de M. Jacques Mayer, le jeune savant mort brusque-
ment au mois d'août dernier.
— M. le D' Daily fait une communication sur les
colonnes, médaillons et autres accessoires qui ser-
virent, avant 1718, à la décoration de la place des
Victoires.
— M. Etienne Deville continue son enquête sur les
manuscrits à peintures du xv siècle, offrant des vues
de Paris.
— M. Albert Vuaflart présente et commente une
curieuse peinture anonyme de la fin du xviii* siècle,
appartenant au comte de Malaitic, représentant le
Carreau des Halles, avec la fontaine et le pilori, lors
des réjouissances populaires organisées a l'occasion
de la naissance du duc de Normandie, le futur
Louis XVII. en 1785. M. Vuaflart attribue ce tableau
à Duplessis-Bertau.x.
Musée du Louvre. — Le Musée du Louvre s'est
enrichi d'une belle sculpture japonaise du xvrsiècle,
une statue de bonze assis, tenant un chapelet, en
bois doré, qui faisait partie de la collection Aynard,
et qui était reproduite à la fin de l'article sur cette
collection, publié dans la Revue du mois de novembre
dernier.
L'antiquaire, qui s'était rendu acquéreur de cette
sculpture à très bon compte, a bien voulu s'en
dessaisir au prix coûtant, en faveur du musée.
Musée Galliera. — Lundi dernier, 29 décembre,
la municipalité de Paris a inauguré, au musée Gal-
liera, en même temps que l'exposition annuelle d'art
appliqué, le médaillon de M. Maurice Quenlin-Bau-
chart. ancien président de la commission des Beaux-
Arts de la Ville de Paris. On a joint à l'exposition
habituelle les tapisseries des saints Gervais et Protais,
ANCIEN ET MODERNE
reconstituées dans leur état primitif par la manu-
facture des Gobelius, grâce au don généreux de
M. le comte M. de Camondo.
Musée Guimet. — Le Musée Guimet est rattaché
ù l'administration des Betiux-Arts k partir du 1" jan-
vier 1914.
La « Joconde » retrouvée. — Dimanche dernier,
28 décembre, dans la matinée, le secrétaire de l'am-
bassade de France à Kome s'est rendu à la Villa Bor-
ghèse, où M. Corrado Ricci lui a remis la Joconde. Le
tableau a été aussitôt transporté au palais Farnèse
et placé dans la salle des Carrache.
Le roi et la reine d'Italie se sont rendus à l'ambas-
sade de France pour voir encore une fois la peinture
avant son départ de Rome.
Le soir même, la Joconde est partie pour Milan, où
elle a été exposée lundi et mardi.
Mercredi, elle est arrivée à Paris. Jeudi, 1" janvier,
elle a été exposée dans la salle du rez-de-chaussée de
l'École des beaux-arts ; cette exposition payante,
ouverte pendant trois jours, est faite au bénéfice des
œuvres italiennes de bienfaisance à Paris.
Demain dimanche, elle reprendra sa place au Musée
du Louvre.
Demande de classement. — Dans une de ses
dernières séances, le Comité des sites et monuments
pittoresques du département de la Seine, a émis un
avis favorable au classement, parmi les monuments
historiques, du pont des Belles-Fontaines, à Juvisy.
Tout le monde connaît ce pont monumental, jeté sur
l'Orge, qu'on aperçoit de la ligne d'Orléans et qui,
composé de plusieurs arches juxtaposées, est sur-
monté de deux fontaines, ornées de sculptures. Il fut
construit sous Louis XV.
Chronique du vandalisme. — Par un arrêté du
20 février 1913, pris en exécution tant de l'article 97
de la loi municipale que de la loi du 21 juin 1898, le
maire d'Orléans a ordonné que la vieille tour de l'an-
cienne église Saint-Paterne, qui, selon lui, menaçait
ruine, serait démolie dans le plus bref délai. Le
Conseil de préfecture du Loiret, appelé, en vertu de
la loi de 1898, à statuer sur le litige confirma l'arrêté
du maire.
Alors, le curé de l'église Saint-Paterne résolut de
déférer ces arrêtés au Conseil d'État : il demandait en
outre à la haute juridiction d'ordonner préalablement
qu'il fût sursis à leur exécution. Le Conseil d'État,
qui a fait droit à cette demande de sursis en mars
1913, vient de statuer sur le fond du litige.
Il a décidé que la loi de 1898 organise entre le
maire et le propriétaire d'un édifice menaçant ruine
une procédure contradictoire qui, par sa nature
même, est sans application lorsque l'immeuble en
cause est la propriété de la commune.
Le maire d'Orléans a donc, à tort, engagé la procé-
dure prévue par la loi de 1898, mais son arrêté sub-
siste en tant qu'il a été pris par application de l'ar-
ticle 97 de la loi de 1884; or, si la loi du 2 janvier
1907 ne fait pas obstacle à ce que le maire, dans des
circonstances exceptionnelles et urgentes, puisse
faire usage des pouvoirs qu'il tient de la loi de 1884,
l'exercice de ces pouvoirs se trouve limité, tant que
la désaffectation des édifices n'a pas été prononcée,
à l'exécution des mesures absolument nécessaires
pour assurer la sécurité publique.
En l'espèce, aucun décret n'a mis Un à l'allectation
de la tour Saint-Paterne et à l'exercice du culte catho-
lique. Mais en présence des contradictions existant
entre les constatations et les conclusions des rapports
d'architectes, le Conseil d'État s'est trouvé dans l'im-
possibilité de reconnaître si l'état de la tour Saint-
Paterne créait un danger tel pour la sécurité publique
que sa démolition totale ou partielle s'imposât immé-
diatement; il a en conséquence ordonné une vérifi-
cation complémentaire.
Expositions annoncées. — La Société moderne
annonce sa sixième exposition, qui se tiendra, à la
galerie Devambez, du 3 au 23 février prochain.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CtJRIOSITÉ
A Paris. — Vente de la collection de
M"" A. H... (tableaux, objets d'art). — Dirigée,
salles 7 et 8, les 19 et 20 décembre, par M« Des-
vouges, assisté de MM. Caillot, Duchesne, Duplan,
Sortais et Loys Delleil, cette vente, qui avait
fait l'objet d'un catalogue illustré, a produit
28.3.125 francs.
PRINCIPAUX PRIX
Tableaux. — 42. N. Mignard. Portrait présumé de
Mme la duchesse de Bourgogne enfant, 11.800 fr. — 44.
Nattier. Apollon et les Mtises, 18.000 fr. (dein. 20.000).
LE BULLETIN DE L'ART
OwBTS DE VITRINE. — 133. Montre or émaillé, sujet
allégorique, xviii* s., 6.250 fr. (dem. 1.500).
Scuup-ruKES. — 142. Groupe terre cuite, xviii' s.,
amour debout. 14.800 fr. (dem. 6.000).
SièoEs ES TAi'issKRiK. — 187. Dsux petits fauteuils,
bois doré et tapiss. Aubusson, médaillons à person-
nages et fables de La Fontaine, Ti.OOO fr. (dem. 3.500 ;
rest.). — 190. Deux petits canapés, bois doré, ép.
Louis XVI, anc. tapiss. Aubusson, scènes mythologi-
ques et fables de La Fontaine, 12.100 fr. (dem. 14.000;
bois redoré).
Tapissekies. — 194. Grand panneau anc. tapiss. de
liruxclles, paysage montagneux, écusson d'armoiries,
12.600 fr. (dem. 18.000). — 195. Panneau anc. tapiss.
Beauvais ou Paris, nymphes dans un médaillon, com'
ïn' s., 14.300 fr. (dem. 18.0U0; bordure rapportée);
— 197. Panneau des Flandres, scène de bataille,
XVI' s., e.OlO fr. (dem. 7.000).
Vente de la collection du baron de C...
(tableaux, etc.). — Annoncée également par un
catalogue illustré, celte vente, faite salle 6, par
M« llaudoin, MM Ferai et Mannheim, le 20 dé-
cembre, a produit 194. bOO francs.
Notons le prix de 32.500 francs obtenu, sur la
demande de 30 000, par le n" 21 : Drouais, le
Portrait d'un acteur, et contentons-nous d'enre-
gistrer les autres enchères dignes de remarque.
PRINCIPAUX PRIX
Tableaux a.\ciens. — 15. De Lacroix. Vue d'un port
de la Méditerranée, 4.000 fr. (dem. 5.050). — 50.
Leyster. Jeunes musiciens, 6.100 fr. (dem. 12.000). —
58. Nattier. Portrait de la marquise de Lenoncourt,
20.000 fr. (dem. 20.000). — 67. J. Raoux. La Femme
aux castagnettes, !i.200 fr. — 71. Uubens. La Vierge
avec l'Enfant, 8.100 fr. (dem. 4.000).
Uhon/.es. — 133. Deux candélabres bron/.e doré,
statuettes, petite paysanne et petite paysanne debout,
d'après Boucher, ép. Louis X VI, 1 9.000 fr. (dem. 20.000).
— 135. Deux candélabres bronze, statuette d'amour
debout, ép. Louis XVI, (i.400 fr. (dem. 8.000 fr.).
Les grandes ventes à l'étranger en 1913.
— A Londres {suite i. — Nous mettrons à profit
les loisirs que nous accorde l'Hôtel Drouot, pour
en liniravec ce compte rendu de la saison étran-
gère, interrompu par la reprise des grandes
ventes parisiennes.
'Ventes de tableaux et d'estampes. — Le
20 juin, se luisaient deux ventes de tableaux
anciens, l'une clieiSotheby, l'autre chez Chrislie.
Le clou de la première étaitun Portrait de Gentil-
homme, par Frans Hais, adjugé 22b 000 francs.
Dans la mi'me vente, un dessin de Itembrandl
s'est vendu 12 000 francs; l'estampe célèbre de
Uuclos, d'après Aug. de Saint-Aubin, le Concert,
7.500 francs; et le Portrait de Newton, gravure
en couleurs, de C. Turner, d'après Raeburn,
11.250 francs.
— De beaux prix ont marqué aussi la vacation
faite chez Christie : ceux de 149. t)2!) francs et de
105.000 francs, le premier pour un Portrait de
femme, par F'rans Hais, et le second pour le Châ-
teau de Bentheim, par Huysdael ; et les enchères
suivantes, qui méritent mention (en guinées) :
2. Beechey. Portrait de Mrs Hall, 1.020 g. — 15.
Itaphael. Portrait d'un cardinal, 240 g. — 30. A. van
Ostade. Intérieur de taverne, 440 g. — 35. D. Teniers.
Un Philosophe, 340 g. — 36. G. Ter Borch. La Lettre.
880 g. — 47. A. van der Neer. liord de rivière, 680 g.
— 00. S. Kuysdael. Bord de rivière, 440 g. — 00. J van
Goyen. Envii'ons de Harlem, 300 g. — 69. Judith
Leyster. Musiciens, 350 g. — 73. Patinir. Paysage
rocheux près de la côte, 290 g. — 76. Luttichuys.
Portrait d'homme, 580 g. — 83. Fabrilius. Isaac et
Hebecc-i. 3.100 g. (81.375 fr.) — 86. École an}:lnise.
Portrait d'enfant, 820 g. — 90. Nasmyth. Paysage,
520 g. -^ G. Morland : 91. Bords de mer. 1.200 g
(31. .500 fr.). — 92. Paysage, 1.100 g. 28.875 fr.'. — 93.
Le Vieux Cheval blanc, 480 g. — 94. Hospitalité afri-
caine, 500 g.
103. Mirevelt. Portrait d'un gentilhomme et de ses
enfants, 420 g. — 105. Moreelse. Portrait d'homme et
Portrait de femme, 2 200 g. i57.250 fr.). — 106. École
espagnole. Portrait de femme, 750 g. — 116. Titien.
La Vierge et l'Enfant, 280 g. — 124. J. van Goyen.
La Rivière, 950 g — 125. Hondeweter. Le Poulailler,
420 g. — 126. Les Frères Le Nain. Les Astronomes,
500 g. — 127. N. Macs. I.a Dentellière, 260 g. — 133.
J. Kuysdael. Paysage avec cascade, 830 g. — 134.
J. Steen. Les Joueurs de Iric-lrac, 1.020 g. (26.775 fr.).
— 13H. D. W'ilkie. Les Joueurs de cartes, 480 g. —
139. Ph. Wouwermans. La Porte du cabaret, 800 g.
— Parmi les beaux prix qui ont été enregistrés
dans une vente d'eslampes faite le 2.') juin, lirons
de pair ceux de 14.700 frams pour Villageois et
voyageurs, de Ward ; de 6.975 francs pour une
suite d'estampes sur les sports, gravées par Alken,
d'après Hodges, et de 9.450 francs pour le Matin
et le Soir, par Grozer.
Vente de la collection Murray Scott
(tableaux, objets d'art). - La irrs importante
vente de la rollection de Sir .Murray Scott, com-
posée d'objets «l'art et d'ameublement anciens
et de tableaux, a été annoncée dans le n" 589 du
Bulletin. Elle a eu lieu du 24 au 27 juin. Avec
son total de près de trois millions et ses enchères
remarquables, celle vente est comme le « pen-
dant » de la vente Oppenheim à Londres, de la
vente Borden à New-\ork, des ventes Steengracht
ANCIEN ET MODERNE
et Neraes à Paris, et run des grands événements
de la saison de 1913.
La première vacation, à elle seule, a fourni
1 million 438.775 francs d'enchères : on y a vu
quatre tapisseries de Beauvais du xvni* siècle, à
sujets d'animaux dans des paysages, atteindre le
beau prix de 472.500 francs. Lne statuette de
Cupidon menaçant, en bronze, d'après Falconet,
a trouvé preneur à 183.750 francs Huit fauteuils
d'époque Louis XVI en bois sculpté, par Jacob,
couverts en tapisserie de Beauvais à décor de
vases et de fleurs, ont été poussés jusqu'à
HO. 000 francs.
Les objets d'art ont contribué pour 2 millions
080.525 francs au total de la vente.
Les tableaux ont réalisé 680.675 francs, avec,
comme prix capital, les 162.750 francs obtenus
par une FHe ihampHre de Wattèau, tableautin'
de 0 m. 42 sur 0 m. 52 environ lne autre FHe
v.hiimpèlre, de dimensions analogues, celle-ci par
l'ater, a été adjugée 60.375 francs.
Voici une liste détaillée dès principaux prix
(au-dessus de 200 livres sterling, soit 5.000 fr.) :
Objets he vithinh, mimaturf.s. — H. Tabatière ronde,
écaille avec miniature, deux femmes dans un paysage,
par Lawrence, 819 I. (20.47S fr.). — 26. Maria
Fagninvi, marijuise d'ilerford. miniature, 262 1. —
29. Nymphes au bain, deux gouaches d'après Bou-
cher, manière de Charlier. 210 I.
Objets d'akt hi d'amelbi.event kb.\nçai8 du xviii* siè-
cle. — 31. Pendule ép. Louis XVL cadran tournant,
vase sur socle en marbre b1., statuette de l'Amour
indiquant les heures, mont, bronze, 892 1. (23.300 fr.).
— 34. D'après Kalconet. L' Amour menaçant, statuette
br., T.S.™ I. (183.7S0 fr.). — 35. Vase ép. Louis XV,
céladon craquelé, mont, br., 1.837 1. (45.252 fr.). —
36. Deux vases porcel. de Sèvres gros bleu, avec
couvercle, mont, br., ép. Louis XVL 1.0501. (26.250 fr.).
— 38. Candélabre br., ép. Louis XVI, 315 I. — 39.
Pendule br. doré, ép. Louis XVI : Femme jouant de
la lyre et Jeune homme jouant de la flûte, de chaque
côté du cadran, 651 I. — 40. Deux candélabres,
l'Amour et l'syclié, bronze, d'après Falconet, ép.
Louis XVI, 1.207 I. (30.175 fr.). — 41. Deux vases
marbre, mont, en bronze, ép. Louis XVI, 1.050 I.
(26.250 fr.). — 42. Vase ovale marbre, mont, br., ép.
Louis XVI. formant garniture avec les précédents,
1.102 I. ; fr.). — 43. Vase ovoïde, porcel. Sèvres
gros bleu, médaillons de personnages et bouquets en
coul., mont. br.. 336 1. — 44. Deux vases forme
bateau, porcel. Sèvres gros bleu, décor en relief,
mont. br. dans la manière de'Duplessis, ép. Louis XVI,
2.100 I. (52.500 fr.). — 45. Deux candélabres, l'Amour
et l-.syclié. br., ép. Louis XVI, 1.050 1. (26.250 fr. —
46. Candélabre br., ép. Louis XVI, 756 I. — 47. Cartel
et baromètre br. doré, 336 1. — 49. Pendule par
Lepaute, vase ovoïde en porcel. de Sèvres gros bleu,
mont, br., ép. Louis XVI. 997 I. (24.925 fr.). — SO.
Pendule marqueterie de Boule, ornée br., 231 1. — 51.
Commode ép. Louis XV. marqueterie à Heur, br.,
451 1. — 52. Table ép. Louis XVI, marqueterie et br.,
1.572 I. (64.300 fr.). — 54. Secrétaire droit, surmonté
d'une vitrine, marqueterie et br. , signé Dubois, ép.
Louis XVI, 5.145 1. (128.625 fr.). — 55. Huit fauteuils
bois se. peint blanc, signés Jacob, couv. en tapiss. de
Beauvais à vases de fleurs, ép. Louis XVI, 4.400 I.
(110.000 fr.). — 56. Deux cabinets en marqueterie de
Boule, ornés br., 283 I.
ScDLPTUBES. — Deux bustes marbre, Louis XVI et
Marie-Antoinette, xvin* s., 787 1.
Tapissebies. — 64. Quatre tap de Beauvais, xviii* s.;
sujets d'animaux sur fond clair, formant médaillons,
encadré de portiques à verdures et à fleurs; au-dessus
de chaque portique, un trophée d'attributs et de fleurs,
18.900 I. (472.500 fr.).
Objets de vitrine, porcelaines de siîvbes (suite). —
79. Tabatière ronde, bois d'amboine avec miniature,
288 1. — 111. Service à thé. Sèvres, décor d'oiseaux
dans des paysages, fond œil de perdrix, par Evans et
Massy, 252 I. — 114. Service de table et service à
dessert, Sèvres, décor de fleurs, 193 pièces, 672 I.
Objets d'art et d'a.meublement (suite). — 125. Deux
candélabres br., amours tenant des cornes d'abon-
dance, ép. Louis XVI, 819 I. — 133. Deux candélabres
br à fig. de nymphes, ép. Louis XVI, 420 I. — 134.
Deux autres, analogues, 441 I. — 135. Deux autres,
378 1. — 136. Deux vases Empire br,, 204 I. — U6.
Chenets ép. Louis XVI, br., forme de vases, 315 I. —
149. Pendule marqueterie de Boule, groupe br. de
Persée et Pégase, 567 l. — 150. Pendule br supportée
par un amour, ép. Louis XVI, 262 1. — 153. Encrier
ovale, br. doré, 441 I. — 154. Deux chenets br. doré,
325 I. — 162. Deux jardinières Empire br., 336 I. —
171. Table ovale acajou et br.. ép. Directoire, 609 1.
Bronzes, objets d'abt. — 211. Bacchante et petit
satyre, statuette br., 220 I. — 215. Bacchus et Flore,
statues br., grandeur nat., xviii* s , 588 I. — 219.
Vénus, br , Italie, xvr s., 325 1. — 220. Vénus et un
Faune, deux bustes, Italie, xvii' s., 220 1.
234. Panneau broderie, xvii' siècle, sujets de la
Vie de Salomon, 325 I.
Objets d'art et d'a.meuble>ient {fin). — 244. Carte
et baromètre, ép. Louis XV, 441 I. — 251. Un autre,
ép. Louis XVI, 346 I. — 257. Encrier, ép. Directoire,
br., décor d'attributs militaires, 1.102 1. (27.550 fr.;
on a fait remarquer que cette enchère est la plus
élevée qu'ait obtenu, jusqu'ici, un objet d'art de cette
époque). — 258. Pendule br. doré, cadran tournant,
sphère supportée par trois enfants, 241 1. — 261. Deux
chenets br. doré, fig. de femmes et d'amours, ép.
Louis XVI. 651 I — 26i. Encrier br. doré, fig d'homme
portant une coquille, 304 1. — 275. Deux vases por-
phyre, mont, br., 367 I. — 277. Régulateur acajou et
b., ép. Louis XVI, 472 l. — 288. Deux tables, ép.
LE BULLETIN DE L'ART
Louis XVI. ornées île plaques d'émail et de br., 325 l.
— . 29S. Table-bureau, iiiurqucterie de Boule sur
écsille, et br., 945 I.
Voici maintenant les prix des tableaux et des-
sins vendus le 27 juin, et dont nous avons dit un
mot dans le compte rendu de la vente.
AgUAKFLLBS ET PKSsiNs MOUEBKRS. — 1. BoningtOD.
Le l'a lais des dogrs à Venue, 420 I. — 17. Uecamps-
N;/iiiphes nu '<«in, 210 1. — Zieni : 44. Constantinuple,
220 I. — 4."). Venise. 220 I.
Tablkaux .«odek.xks. — 62 Diaz. Trois nymphes et
amours, 1.176 I. (28.400 fr.).
Taulkaux et uessiks anciens. — 96. Charlier.
Nymphes et satyres, gouaehc, 220 I.
106. Goya, tspagtiols dansant le boléro, 262 I. —
109. Sir Th. Lawrence. Francis-Charles Seyinour,
marquis (/e IlertfiirJ, 399 I. — 111. L. Parct. Fête
dans une ville. 693 I.
114. L. Boilly. l-a Lettre d'amour, iiO I. -^ Boucher :
115. Les Hlaiichisseuses, 1.207 1. (30.175 fr.). — 116.
Le Couple yalanl, 231 1. — 117. Hergère et jeune
homme, l.fiiiO I. (42.0U0 fr.). — 119. Chardin, hvste de
Mercure et nature morte, 283 I. — 120. C.-A. Coypel.
Jeune Femme et perroquet. 94."i I. — 122. F. -H. Urouais.
l'ortrnilde femme en Flore. 336 I. — 125. R. Leièvre.
l'ortrail desdeux fiiles du maréchal l.e/ebvre, 252 1. —
126. C. Vanloo. La Musique, la Littérature, la Guerre.
trois peintures, 840 I. — 133. Nattier. Madame Vic-
toire, 2.205 I. (55.125 fr.). — 134. Pater. Fête cham-
pêtre. 2.U5 I. ^60 375 fr ). — «35. Le Prince. Dame
jouant de la guitare, 294 1. — 136. J. Haoux. La
Femme au chat. 367 I. — 138 A. Watteau. Fêle cham-
pêtre, 6.5101. (162.730 fr.).
140. J. Buijs. Les Fiançailles et le Mariage, deux
pendants (.1774;, 252 I. — 141. A. Cuyp. Bergers rame-
nant leur troupeau, 283 1. — 132. R. Zeeuian. Un
Arsenal, 225 I. — 133. J.-G. Ziesenis. l'ortrail de
gentil/tomme, 220 I.
M. N.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Aman -Jean décorateur et portraitiste
(galerie Manzi -Joyanl). — L'intensité colorée
d'Eugène Delacroix, rejoignant dans l'or d'un
plafond les Vénitiens qu'il n'alla jamais voir à
Venise; ou le calme suave de Puvis de Chavanues,
retrouvant sur la blancheur de la pierre la
fresque antique qu'il devinait seulement : c'est
entre ces deux poétiques que devait choisir la
décoration moderne, et c'est la seconde qu'a
préférée, par un tacite penchant de son àme
rêveuse et raffinée, le peintre Aman-Jean. Déco-
rateur, le portraitiste ou le pastelliste le fut dès
ses premiers succès à l'unique Salon du Palais
de l'Industrie, depuis 1883 ; et la préseule expo-
sition d'un choix de ses œuvres nous attire, en
môlaiit un souvenir silencieux de notre jeunesse
à ce chapitre encore inédit d une évolution d'un
quart de siècle, qu'on pourrait intituler le retour
au style. Alors, en plein apogée du plein-air et
des documents plus ou moins humains, un ancien
élève de Lehraann était de ceux qui décou-
vraient dans une douceur apaisée leur personna-
lité naissante ; et sans recourir à la division
du ton, comme son condisciple Ernest Laurent,
il trouvait dans l'harmonie d'une rose avec un
ciel de turquoise un accord nouveau. Portraits
recueillis ou voluptueux pastels, la délicatesse
native de son œuvre ressemblait à la lente éla-
boration d'un secret qui. depuis quelques années,
se dévoile ; et c'est aujourd'hui le décorateur qui
reparaît dans quatre allégories composées pour
la salle des séances du Parlement chilien : Jus-
titia, Virtus, Lex, Pax ; la Justice, qui tient sa
balance rigide; la Force du guerrier, qui reçoit
l'hommage de la faiblesse; la Loi qui protège et
la Paix qui réconcilie, en ravivant l'antique
symbole du caducée. Dès l'abord, à distance, en
dehors de toute préoccupation des sujets, ce
rajeunissement des thèmes éternels parle dou-
cement aux yeux : car la couleur a son langage,
et l'admirateur de Velazquez ajouterait que
« l'art naît du métier (1)» ; mais ce métier n'est
lui même que la traduction d'un sentiment inté-
rieur, que rellète le buste du peintre modelé par
le statuaire Dampt, en une fraternité de mys«*
tère et de mélancolie.
1>'« exposition du u Bon ton » (galerie Le-
vesque, 109, faubourg Saint-Honoré). — Ce titre
seul nous emporte un siècle en arrière, sur le
manteau capricieux de la mode : alors, c'était
Jean-François Bosio, le frère aîné du sculpteur,
préconisant dans le Bon genre ou le Suprême bon
ton " le Dàïidisme en spencer (2) » et les lois
olympiennes de l'antique appliquées à l'éphé-
mère modernité ; maintenant, c'est la miniature
persane ou le ballet russe qui séduit les jeunes
collaborateurs de la Gazette du bon ton, réunis
autour du magicien Léon Bakst. L'humour, qui
souligne, a conduit les plus spirituels d'entre
eux à la stylisation, qui simplifie; et les sages
(1) Voir Aman-Jean. Velazquez. dans la collection
Art et Esthétique (Paris, Alcao, 1913).
(2) Mot de RenouTier, cité par M. Beraldi.
ANCIEN ET MODERNE
contemporains de La Mésangère s'elîarouche-
raient-ils des croquis de MM. Carlèïï;le, Abel
Faivre et Roubille, des dessins de M. Louis
StrimpI, des peintures de M. Hermann Vogel,
des aquarelles de M. Drésa, des enluminures de
M. Lepape, des pastels de M"" Valentine (Iross,
inspirée par le Spectre de ta liose, ou du style
décoratif de M. Gosé? l.,es héritiers du regretlé
Boutel de Monvel, son fils Bernard, MM. l'ierre
lîrissaud et Maurice Taquiiy, composent une
petite famille où se perpétue savamment la
désinvolture rétrospective des dandijs ; et quel
dommage de ne pouvoir compter sur une lon-
gévité patriarcale, alin de savoir comment se
travestira celle que les Concourt appelaient
(I la poupée sublime » en 2014, et quelle sera la
couleur de ses cheveux ondulés !
Société des Peintres et Graveurs de
« Paris » (galerie Bruiiner). — Montrer un por-
trait de David par lui-même, dessin dédié en 1794
à Robes|)ierre, en face de quelques vues bru-
meuses de Paris, datées de t898 par Pissarro ; le
Départ des coitcous, par Boilly, près d'une eau-
forte de M. Lepère ou d'un pastel de M. Chéret ;
len Courses, vues par Carie Vernet, non loin du
Pesage de Longchamp, transcrit, en 1880, par
M. Forain ; la Maifon de jeu du Palais-Hoyal,
aperçue par le vieil Isabey, près des cafés de
nuit fréquentés par M. Louis Legrand ; la crino-
line chère à Constantin (luys, à côté d'une élé-
gante de Caston La Tourbe ou des pâles midinettes
de M. Steinlen ; un crayon d'Ingres, au-dessous
des esquisses décoratives d'Eugène Delacroix ou
d'un étonnant petit portrait féminin de Manet :
— tel est le bienfait des « rétrospectives », et
tel est l'agrément de cette cinquième exposition,
formée, avec le concours du collectionneur
Alfred Keurdeley, par le président de la Société,
M. Georges Gain. Pour le plaisir instructif des
yeux, aquarelles et croquis de Charlet, de RafTet,
de Laini, de Daumier, de Daubigiiy, d'Hervier,
de Jongkind, voisinent avec de récentes peintures
ou gravures de MM Renefer, Auburtin, Gillot,
Girardot, Vauthrin, de la Gandara, Charles Hey-
man et Béjot. Il reste entendu que tout portrait
ressemble à son portraitiste encore plus qu'au
modèle ; mais, en nous parlant de son art et de
son temps, M. Forain nous parle ici de notre
Paris, qnand il crayonne l'Idylle sur les forlifs
ou lave magistralement la claire silhouette du
Mont Valerien vu de la Seine, sous l'arche d'un
pont.
BIBLIOGRAPHIE
■
RAYiMOND BOUYER.
Autissier, miniaturiste, 1772-1830,
par M. Lucien Lemaibe ;i,ille. 1912).
A l'exposition de la Miniature de Bruxelles, en
1912, OD remarquait, dans la section française, un
fort curieux portrait d'officier de l'époque révolution-
naire signé Autissier; d'autres œuvres, comme le
portrait de M"* Mallait, daté de 1820, bien que moins
importantes, attiraient également notre attention sur
ce miniaturiste fort peu connu. Aucun portrait de
lui n'avait, en elfet, été exposé à la Bibliothèque
nationale en 1906, et la courte notice du catalogue
de Bruxelles ne nous permettait pas de satisfaire
notre curiosité sur cet artiste qui, s'il n'atteignit
jamais la réputation de Dumont, d'Augustin ou
d'Isabey, mérite cependant une bonne place parmi
les miniaturistes de l'Empire et de la Restauration.
Cette lacune vient d'être heureusement comblée
par l'excellent livre que M. L. Leraaire a consa-
cré à Autissier. La carrière de ce Breton, ué à
Vannes en 1772, se passa presque t(mte entière à
l'étranger. En elfet. à part un court séjour, en 1795,
à Paris, où il arrivait solidement préparé à son
métier deminiaturisle par l'enseignement d'un ancien
peiutre du roi de Pologne nommé Vautrin, il s'éta-
blit, dès 1796, à Bruxelles et ne quitta guère cette
ville que pour la cour du roi Louis de Hollande (de
1803 à 1809) et pour un second séjour à Paris (de 1818
à 1S24). Peut-être avait-il compris qu'à Paris il serait
toujours éclipsé par les Isabey, les Augustin et les
Dumont, et préféra-t-il être le premier a liruxelles !..-
S'il lit ce calcul il eut raison, et ses succès aux expo-
sitions de Lille, detiaud, de Bruxelles et a la cour du
roi Louis, témoignent de la renommée qu'il sut
acquérir en Belgique et en Hollande. Les nombreux
portraits cités par M. Lemaire, dont beaucoup sont
reproduits dans son volume, expliquent aisément
cette réputation ; ils sont généralement 1res solide-
ment construits et bien peints, et les com|jaraisons
qu'on peut faire montrent une heureuse compréhen-
sion des caractères de ses modèles. Artiste habile et
consciencieux, Autissier fut donc un bon portraitiste,
parfois un peu lourd, comuje Augustin, qu'il rap-
pelle souvent, mais généralement intéres.sant. Nous
l'aimons beaucoup moins diins ses sujets mytholo-
giques ou de fantaisie, comme l'Amour el l'Amitié
ou l'Élude répandani. des fleurs sur le Temps, c'est
de beaucoup la partie la moins intéressante de son
œuvre, et on l'y sent mal à son aise. M. Lemaire, au
reste, nous a surtout parlé d'Autissier portraitiste, et
il a bien fait. La seconde partie de son livre contient
une précieuse liste des élèves d'Autissier et un cata-
logue de l'œuvre du miniaturiste : elle sera un
instrument de travail des p s utiles et complète
fort bien cette étude, claire, précise et savamment
LE BULLETIN DE L'ART
documentée, qui sera accueillie avec recoapais-
sance par tous ceux qui s'intéressent à l'art de la
miniature.
P.-André Lemoisne.
LES REVUES
Les Musées de France (1913, n° îi). — Paul Vithy.
Les Accroissements de la salle Barye. — Nouvelles
générosités faites au Louvre par un amateur russe
qui désire garder l'anonymat, — le même dont les
donations avaient permis, l'an passé, la création de
la salle Barye.
— Louis Demonts. Un Dessin de Rembrandt nou-
ellement acquis par le Musée du Lottvre. — Étude
de femme nue, provenant de la collection J.-P.
Heseltine (vente à Amsterdam, mai 19)3, n' 21).
— G. Briére. Nouvelles acquisitions du musée de
Versailles. — Médaillon de Louis XIV, par Antoine
Benoist, bronze provenant de la vente Kraemer ;
études pour le Serment du jeu de paume, dessin
de David, provenant de la vente Cheramy ; portraits
du général comte Legrand et de la comtesse Legrand,
par Gros, don de M"" Legrand ; portraits de Théodore
de Banville, par Alfred Dehodencq, et de Claude-
Théodore Faultain de Banville, père du porte, par
Emile Deroy, don de M. Georges Rochegrosse.
— René Schneider. Le « Mariage de la Vierge » au
musée de Caen. — On sait que ce chef-d'œuvre était
autrefois attribué au Pérugin, sur la foi de Vasari, et
que M. Berenson a mis en doute cette attribution et
a donné le tableau au Spagna. Depuis lors, des docu-
ments découverts par M. W. Bombe, à Pérouse, ont
prouvé que la peinture avait bien été commandée
au Pérugin par la Confraternité de Saint-Joseph ;
M. Bombe en a conclu que le maître avait travaillé
seul au Spozaligio. M. Venturi combat de nouveau
cette conclusion et attribue le tableau à un élève du
Pérugin : Andréa di Luigi d'Assisi, dit l'Ingegno.
— Henri Chabelk. A propos de la « Bacchanale » de
Bénigne Garjnereaux ilTMi-nyi). — Peinture inache-
vée de cet artiste dijonnais, conservée au musée de
Dijon.
— Supplément : P. V. L'Arl ancien dans les Flan-
dres à l'Exposition de Gond; — Raymond Bodver.
L'Ameublement et la Curiosité dans les grandes ventes
récentes.
(1913, n' 6). — Un Triptyque de Roger van der Wey-
den au musée du Louvre. — Le Christ avec la Vierge
et saint Jean l'Évangéliste. sur le panneau central ;
saint Jean-Baptiste et la Madeleine, sur les volets
intérieurs ; une ti'-te de mort et une croix de marbre,
sur les volets extérieurs. L'œuvre vient de la collec-
tion du marquis de Westminster, où elle avait été
signalée par Waagen en 1851. Elle a été exécutée
pour Catherine de Brabant, après Uô2, date de la
mort de son mari, Jean Braque.
— Louis Demonts. Un Tableau de Luca Signorelli
au musée du Louvre. — C'est un Saint Jérôme (?)
Comparaisons avec les œuvres du maître qui justifient
l'attribution.
— Gaston Mioeon. Sculptures et céramiques musul-
manes au musée du Louvre. — Plaque de marbre
provenant de Rhagès ; plat de fa'icnce à décor géo-
métrique, provenant de Bahnasa iHaute-Égypte) ;
fragment d'azulejo, mosaiquc arabe.
— Gaston Briére. Restauration de la galerie du
Grand Trianon. — On a replacé, dans cette galerie,
les tableaux qui en formaient la décoration primitive,
œuvres de Jean Cotelle, Etienne Allegrain et J.-B.
Martin.
— Henri Chabeif. Quentin de la Tour au musée de
Dijon. — Portrait d'un chanoine ; ti''te d'homme en
bonnet de nuit ; étude pour le maréchal de Saxe.,
— Supplément : Le « Louis A7I'» du liernin à Ver-
sailles, analyse d un article de M. Marcel Reymnod,
réceiinuent publié dans la Revue; — Château de Ver-
sailles, compte rendu de la réunion de la Commis-
sion des monuments historiques, tenue en juillet
dernier, où l'on a examiné diverses questions relatives
aux travaux de restauration du château; — Raymond
BouYEH. L'Art antique et l'estampe moderne dans
les grandes ventes récentes.
Italie
Rassegoa d'arte senese (janvier-juin 1913). —
V. Ll'>im. iJe quelques sculptures au Dôme. — L'au-
teur croit trouver, dans l'inlerprétalion de quelques
documents, la preuve que les fonts de la chapelle
Saint-Jean au Dôme sont les anciens « petits fonts •
du Baptistère; il les suppose de 1414-1416 et de Jacupo
délia Quercia. Il attribue aussi à Jacopo le bénitier
qui se trouve à l'entrée du Dôme. L'auteur croit
enfin que la base de la colonne, à l'entrée de la
chapelle Saint Jean, est une œuvre antique, au con-
traire de M. de Nicola qui a démontré qu'il s'agit d'un
travail quattrocentiste et, nomminent. de Kederighi.
— A. Canestheli.i. Mesures à prendre pour lu
conservation des restes de l'abbaye de San Gnlgano,
proposée dans le rapport présenté au comité « l'ro
Galgano », le 10 mai I90S. — Projet de consolidation
et de surveillance en partie exécuté.
— V. LusiNi. l'our l'étude île la vie et des œuvres
de Vuccio di Buoninsegua. — Par une suite de déduc-
tions un peu aventureuses, l'auteur conclut que la
Vierge de l'église de Crevole, qu'il croit de Duccio,
est le tableau pour lequel un legs fut fait en 1230 à
l'église de Montepescini.
— D.-E. Merlotti. L'Aqueduc siennois, — L'auteur
détermine une partie du tracé de l'ancien aqueduc
de Sienne. — L. G.
Le Gérant : H l)».vi.>.
P »ri». — Imp. Georges Petit, Ii, rue Godot-de-&lauroi.
Numéro 607.
Samedi 10 Janvier 1914.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Les Jardins du Pincio
I
La protestation de l'Académie des beaux-arts
contre la vente de terrains sur le Pincio, dépen-
dant de la Villa Médicis, a produit grande impres-
sion, encore que le sous-secrétariat d'Etat des
Beaux-Arts ait communiqué aux journaux la
note que voici, dans l'intention de rassurer le
public :
Les ministères intéressés étudient depuis un an,
d'accord avec la municipalité de Rome, la possibilité
d'aliéner, dans des conditions avantageuses pour le
Trésor, les terrains français qui bordent la Via
Porta Pinciana. et à travers lesquels le plan régula-
teur prévoit le passage de voies publiques. Ces ter-
rains, fort éloignés de la Trinité-des-Monts, situés en
dehors des jardins de la Villa Médicis, sont actuelle-
ment clôturés et loués à bas prix à des maraîchers.
Le produit de la vente serait consacré au dévelop-
pement des établissements français en Italie. Le
programme actuel, élaboré par le département des
Alîaires étrangères et celui de l'Instruction publique
et des Beaux-Arts, prévoit d'importantes améliora-
lions pour la Villa Médicis, la construction d'un
pavillon pour l'école d'archéologie, dont l'installation
soulève depuis longtemps les plus légitimes critiques,
et, éventuellement, une dotation pour l'Institut fran-
çais de Florence.
Le projet vient d'être soumis à l'examen du ministre
des Finances et devra, s'il y est donné suite, être
présenté à l'approbation du Parlement.
Cette note est parfaitement explicite et montre
à quel point l'émotion de l'Institut était justifiée.
Traduite « en clair », elle signifie que, dans la
pensée de réaliser une bonne spéculation, l'État
français s'est hâté, plus que de raison, de faire
siens les projets de voirie élaborés par une
municipalité romaine en mal d'« haussmannisa-
tion» (cette môme municipalité, dont on connaît
les idées sur la transformation du Capitole, vient
d'ailleurs de démissionner). Il y a aussi, dans
cette affaire, un architecte qui désire construire
une école d'archéologie, c'est-à-dire un palais
magnifîque et coiiteux, — et ceci encore explique
bien des choses.
Le public, toutefois, et particulièrement le
public parisien, n'a pas été convaincu par toutes
les raisons alléguées (1). On lui a montré com-
ment les immeubles qui occuperaient les terrains
aliénés sur la colline du Pincio offenseraient la
vue des hôtes de la Villa Médicis et des prome-
neurs de la Villa Borghèse, et il a assez l'expé-
rience de cet art d'embellir les villes, qui est
propre aux municipalités d'aujourd'hui, pour
avoir vite compris ce qui se préparait sournoise-
ment à Rome, avec la complicité de l'État fran-
çais. Il lui a paru inconvenant que, pour faire
une bonne affaire, nous prenions les devants dans
une opération de voirie dont la réalisation n'était
point immédiate.
Si l'aliénation d'une partie des terrains que
l'on a voulu vendre est inévitable, comme on le
prétend, nous devons attendre qu'on nous l'im-
pose et nous n'avons point à devancer les projets
des auteurs du « plan régulateur ». C'est bieu
assez que nous ne puissions pas nous opposer
aux enlaidissements de Rome, sans encore venir
y collaborer (2).
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Actes officiels. — Le Journal officiel du 4 jan-
vier a publié les décrets par lesquels M. Arsène
Alexandre, conservateur du palais de Couipiègne, est
nommé inspecteur général des musées des départe-
ments, en remplacement de M. Roger Marx, décédé ;
(1) On lira plus loin, dans les Échos, une note que
nous recevons de notre correspondant d'Italie, et
qui montre que l'émotion causée par la nouvelle de
la vente des terrains du Pincio n'a pas été moindre
à Rome qu'à Paris.
(2) Dans le dernier Bulletin, un lapsus m'a fait
parler de l'évolution des villes vers l'est : c'est vers
l'ouest qu'il fallait dire ; les lecteurs auront certaine-
ment rectifié d'eux-mêmes.
10
LE BULLETIN DE L'ART
et M. Gabriel Mourey, uonservateur du palais de
Compiègne.
— Le Journal officiel du même jour a publié le
texte de la nouvelle loi sur les monuments histori-
ques, dont le Bulletin a déjà donné les dispositions
essentielles (n* 601).
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 6 janvier). — M. Châtelain, président pour
1914, est installé par M. N. Valois, président sortant.
— M. Félix Sartiaux expose les résultats des recher-
ches qu'il a poursuivies, en septembre 19)3, sur le
site de l'ancienne Phocée, la célèbre métropole de
Marseille, au cours d'une mission que lui a confiée le
ministre de l'Instruction publique.
Société des Antiquaires de France (séance du
31 décembre). — M. Et. Michon entretient la Société
d'un vase en verre peint, récemment découvert dans
les fouilles de Kertch, l'ancienne Panticapée (Crimée).
Le décor de ce vase se compose d'une double branche
d'olivier et d'une vigne aux rameaux luxuriants et
aux pampres abondants. Il rappelle le motif dont est
orné un bol en verre trouvé dans l'Afrique du Nord,
à Khamina, et qui fut étudié en 1873 par M. Héron
de Villefosse.
— M. J. Maurice montre que la vie de Constantin,
par Eusèbe, est l'œuvre beaucoup moins d'un véri-
table historien que d'un panégyriste sans scrupule.
Société des artistes français. — Le Comité de
Il Société des artistes français, réuni sous la prési-
dence de M. E. Adan, président d'âge, a procédé à la
nomination de son bureau pour l'année 1914. Ont
été élus :
M. Antonin Mercié, membre de l'Institut, président;
M. F. Flameng, membre de l'Institut, vice-président ;
M. Marqueste, membre de l'Institut, vice-président ;
M. Daniel Saubès, secrétaire-rapporteur ; M. Defrasse,
secrétaire-trésorier; MM.E. Renard, Georges Lemaire,
Pascal, membre de l'Institut, et Abel Mignon, secré-
taires.
Le Conseil d'administration pour l'année 1914 est
constitué comme suit : MM. Antonin Mercié, F. Fla-
meng, Marqueste, D. Saubès, Defrasse, E. Uenard,
Georges Lemaire, Pascal, Abel Mignon, E. Adan,
Louis Bernier, Boisseau, J. Coutan, Coutheillas, Da-
want, Dété, V. Gilbert, Gosselin, Guillemet, Jeannin,
Maillart, Olive, Paulin, Petitjean, Saint- Germier,
Verlet.
Conseil des Musées nationaux. — M. Max. Col-
lignon, membre de l'Institut, est nommé membre du
Conseil des Musées nationaux, en remplacement de
M. Edouard Aynard, décédé.
Musée du Louvre. — Les noms ci-après seront
gravés sur les plaques placées dans la rotonde de la
galerie d'Apollon, à la suite des noms de» principaux
bienfaiteurs du Musée du Louvre :
Dana/«urs .' Les enfants de M. Jean DoICTus; Jac-
ques JoubalotT; Sechan-Lahens ; M"* Boursin; M. et
M"* Emile Masson; les donateurs de la collection
Victor Gay.
Missionnaires : Mission Pelliot, 1907-1909.
— L'inauguration des salles de la collection Ca-
mondo aura lieu au mois d'avril prochain.
Musée des arts décoratifs. — Aujourd'hui samedi
10 janvier, a lieu, au Pavillon de Marsan, l'inaugura-
tion de l'exposition des estampes japonaises de
Toyokuni et Iliroshighé, de l'œuvre de M. Manzana-
Pissarro (peintures, tapisseries, etc ) et de l'œuvre de
M. Giraldon (illustrations, reliures, tissus, etc.).
Musée Carnavalet. — Une exposition du théâtre
est en préparation nu Musée Carnavalet.
La « Joconde » retrouvée. — Samedi soir, le
tableau de Léonard a quitté l'École des beaux-arts,
où il avait été exposé pendant trois jours, pour le
Musée du Louvre, où il a repris sa place dans le
Salon carré.
L'exposition à l'École des beaux-arts, faite au
bénéfice des œuvres italiennes de bienfaisance à Paris,
a produit 3..Ï00 francs; c'est dire que le public ne s'est
guère dérangé pour revoir la Joconde, tant que les
entrées ont été payantes. Par contre, dès dimanche
matin, une foule nombreuse s'est dirigée vers le Salon
carré; on avait organisé un service d'ordre qui n'a
point été inutile, l'après-midi surtout, où l'aflluence
fut considérable.
En Angleterre. — M. Léopold Salomons vient
d'acquérir et d'offrir à la nation anglaise le magnifique
domaine de Box-IIill, situé aux environs de Londres.
Le donateur ne met à sa générosité qu'une condition,
c'est que Box-Hill, célèbre par la beauté de son site
et par les souvenirs de l'écrivain George Meredith,
qui vécut tout auprès, soit toujours conservé comme
espace libre et soustrait à toute entreprise susceptible
d'en altérer le caractère.
En Allemagne. — Une statistique, établie à propos
de la participation de l'Allemagne à l'Exposition de San
Francisco, dans l'intention évidente de stimuler artistes
et ouvriers d'art à l'emporter sur leurs concurrents,
montre la baisse de l'exportation artistique allemande.
L'Allemagne n'est même plus, sous ce rapport, le
pays d'exportation qu'elle était depuis cinquante ans,
mais elle est passée pays d'importation. Sauf la
Suisse et l'Amérique, tous les autres pays lui envoient
plus d'œuvres d'art qu'ils ne lui en achètent.
En 1907, l'Allemagne achetait pour 6 millions de
plus qu'elle ne vendait, et ce chiffre s'est augmenté
de 5 millions, c'est-à-dire a presque doublé, en ces
sept dernières années, tandis que le chiffre des vente*
n'augmentait que de 4 millions, en même temps que
le nombre des artistes passait de 4.390 à 14.610.
Et même pour les États-Unis, le chiffre des ventes
qui était de 8.Ô0.000 marks en 1907, tombait à 550.000
dès 1908. En 1909. l'exportation d'œuvres d'art alle-
mandes aux États-Unis ne représentait j)as la septième
ANCIEN ET MODERNE
11
partie des œuvres anglaises et pas la seizième partie
des œuvres françaises qui s'y importaient dans le
même temps. — M. Mtd.
A Berlin. — Le Musée Empereur-Frédéric vient
d'exposer VAdoralion des Mages de Hugo van der
Goes, qu'il a pu acquérir en Espagne au prix de
1.180.000 francs. Le Huile tin a rappelé naguère
(n* 603) que l'œuvre, appartenant au couvent de
Monforte, avait été l'objet d'une revendication de la
part du gouvernement espagnol et que les difficultés
n'avaient pris fin que tout récemment.
A Brescia. — On travaille actuellement, aux frais
de l'État et de la municipalité, à la réorganisation du
musée de Brescia, et l'on annonce que quatre tableaux
viennent d'être restaurés par M. Cavenaghi, le res-
taurateur bien connu du Cenacolo du Vinci : deux
Raphacls,le Rédempteur eiV Ange récemmentretrouvé
qui faisait partie du retable de Città-di-Castello, un
Christ de Solario, une Tête de saint Jérôme du Bra-
mantino. — L. G.
A Mantoue. — On vient d'arrêter un des prêtres
du Dôme qui avait coupé, dans un missel précieux,
quatre miniatures de l'école lombarde du xv* siècle,
pour les vendre. Deux d'entre elles furent identifiées
à Munich, d'où l'on avertit immédiatement la direc-
tion générale des Beaux-Arts italienne, qui fut mise
ainsi sur la piste du voleur ; une troisième fut
retrouvée dans la cellule du prêtre qui s'était retiré
dans un couvent des environs de Mantoue pour y
accomplir ses exercices spirituels; la quatrième avait
été vendue à un antiquaire de Reggio Emilia. — L.G.
A Rome. — L'émotion soulevée à Paris par le
projet de vente des terrains appartenant à la Villa
Médicis, n'a pas été moindre à Rome. M. Albert Bes-
nard n'a pas caché son opposition très nette à ce
projet, et les élèves de l'École française de Rome
semblent n'avoir aucun désir de quitter le palais
Farnèse. On sait qu'il s'agirait d'aliéner les terrains,
loués pour la plupart à des horticulteurs, situés
au-dessous de la Villa et qui vont jusqu'au couvent
de la Trinité-des-Monts; on en retirerait environ
deux millions et demi, dont une part serait affectée
à l'École française de Rome pour lui construire un
palais particulier, une autre servirait à des réparations
il la Villa Médicis et une troisième serait attribuée à
l'Institut français de Florence pour l'achat d'un palais
où il s'installerait.
Ce serait détruire cette ceinture de verdure et de
Heurs qui fait à la Villa une si belle solitude; mais il
faut dire, pour l'impartialité, que les auteurs du projet
assurent que la perspective de la Villa, avec quelques
précautions, n'y perdrait rien, tandis que les institu-
tions françaises d'Italie y gagneraient beaucoup. —
L. G.
Nécrologie. — M. Albert Babeau, membre de
l'Institut, chevalier de la Légion d'honneur, ancien
président de la Société de l'histoire de Paris et de
l'Ile-de-France et de la Société académique de l'Aube,
vient de mourir à Paris, âgé de 79 ans. Né à Cambrai,
il s'était fixé à Troyes, d'où sa famille était originaire,
et c'est là qu'il commença ses recherches et ses publi-
cations historiques; il donna d'abord des travaux
d'histoire et d'archéologie locales, puis des études
d histoire générale non moins estimées. Il eut souvent
l'occasion de traiter des questions relatives aux beaux-
arts; on lui doit, en particulier, un Catalogue des
sculptures du musée de Troyes (1882) et, parmi d'in-
nombrables articles de revues, plusieurs monographies
de châteaux et d'églises du département de l'Aube,
comme aussi des études sur plusieurs artistes et
amateurs de la même région. Il a publié un ouvrage
plus important sur le Louvre et son histoire (1895).
— M. Massillon-Rouvet, architecte, archéologue et
collectionneur, vient de mourir à Nevers, à l'âge de
67 ans. Né à Saint-Saturnin-lez-Avignon, le 4 février
1847, il avait été élève de Viollet-le-Duc, à Paris. 11 fut
longtemps inspecteur des édifices diocésains de .Nevers
et des monuments historiques de la Nièvre, et chargé,
à ce titre, de divers travaux importants, notamment
à la cathédrale de Nevers.
— Le célèbre pianiste et compositeur Raoul l'ugno,
qui vient de mourir à Moscou, et le sportsman Michel
Ephrussi mort à Paris au début de cette semaine,
étaient tous deux des collectionneurs et des habitués
des grandes ventes publiques.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
Les grandes ventes à l'étranger en 1913.
-— A Londres {fin). — 'Vente d'objets d'art.
A signaler, dans une vente de sculptures anti-
ques et objets d'art du moyen âge et de la Renais-
sance, faite ]e 3 juillet à Londres, l'enchère de
23.100 francs obtenue par une suite de quatre
tapisseries de Bruxelles, à scènes de chasses,
xvii= siècle. Parmi des antiques, les deux plus
12
LE BULLETIN DE L'ART
beaux prix ont été pour une coupe en marbre
blanc, à feuille d'acanthe en relief, vendue
6.300 francs, et pour une tête de Dyonisos, tra-
vail gréco-romain, adjugée 5.500 francs.
Vente de la collection de lord Joicey
(tableaux anciens et modernes). — Cette
vente, que nous n'avons pas eu le loisir d'an-
noncer, s'est faite le 4 juillet. Elle a donné de
fort appréciables résultas, et les portraits de
l'École anglaise ont eu. une fois de plus, les
honneurs de la journée. Qu'on en juge :
17a. 87a francs pour celui de Richard Paul
Jodrell, par Gaiiisborougli ; 157.500 francs, pour
celui de Mrs. Haike^ et son fils, par Homney ;
120.750 francs, pour celui de Lady Saint-John,
par Hoppner; HO. 250 francs, pour celui de Lady
Melbourne, par Reynolds. Voilà qui pouvait suf-
fire au succès de la vente ; pourtant, on peut
encore ajouter les nombreux prix suivants, qui
dépassent 5.000 francs. Ces prix nous sont com-
muniqués en guinées (26 fr. 25).
Dessins. — 1. G. Barret. Après-midi, 323 g. —
D. Cox : 8. Malheur, 200 g. — 9. Bolswer Castle,
250 g. — 37. J. Turner. Le Collège de Stonhurst, Lan-
cashire, 750 g.
Peintures. — 52. Vicat Cole. Coin de champ, t95 g.
56. Farquharson. Coucher de soleil, 400 g. — 57.
P. Graham. Rocher au bord de la mer, 420 g. — 64.
Sir D. Wilkie. Le Colporteur, 400 g. — 65. Wimperis.
Le Pâturage, 300 g.
Dessins {suite). — 66. Israeis. Temps calme, 640 g.
67. W. Mario. Jour d'été, 270 g.
Tableaux {suite). — 77.Schreyer. Poste unlaque, 650 g.
— 78. Israels. Petit pêcheur portant sa sœur, 620 g.
— 80. Fantin-Latour. Roses dans une coupe de verre,
270 g. — 83. W. Mario. Le Cours de la rivière, 1.200 g.
(31.500 fr.). — Fantin-Latour: 84. l'ivoines dans une
coupe de verre, 660 g. — 85. Pétunias, 650 g. — 86.
Rotle de roses sur une table, 740 g. — 87. Roses dans
une coupe, 440 g. — 88. Roses dans une coupe de
verre, 490 g.
103.Meissonier. Cavalier Louis XIII, 290 g. — J. Tur-
ner : 104. Heidelberg, Vêle, 2.200 g. (57.775 fr.). —
lO'i. Château de Ca'iew, Pembrokeshire, 400 g. — 106.
Thunn, 800 g. — 107. Plymouth, 600 g. — 108. P. de
Wint. Lincoln, 320 g. — G. F. Watts : 113. Jeune
fille personnifiant l'Espérance, 1.300 g. (39.375 fr.). —
114. V Amour et la Vie, 820 g. — 115. L'Amour et la
Mort, 1.000 g. (26.250 fr.).
Gainsborough : 116. Portrait de Richard Paul
Jodrell, 6.700 g. (157.500 fr.). — 117. Portrait du
vicomte llampden, 3.300 g. (68.825 fr.). — 1 18. J. Hopp-
ner. Portrait de R. B. Sheridan, 240 g. — Sir J. Rey-
nolds : 119. Portrait de lady Melbourne, 4.200 g.
(110.210 fr.). — 120. Portrait d'un gentilhomme, 520 g.
— G. Homney : 122. Portrait de Mrs Raikes et de son
fils, 6.000 g. (157.500 fr.). — 123. Portrait de Mrs.
Rrown, 2.300 g. (60.375 fr.).
128. Mierevelt. Portrait de femme et de gentilhomme,
380 g. — 132. J. Hoppner. Portrait de lady Saint-
John, 4.600 g. (120.730 fr.). — 133. Sir Th. Lawrence.
Portrait de lady Saint-Johnen Hebé,2M0g.{52.500[r.).
— 135. Pater. Le Bain des nymphes, 1.730 g. (45.925 fr.).
— Raeburn : 136. Portrait de lady Gibesone, 700 g.
— 137. Portrait de Chartes llope de Gran/on, 1.050 g.
(27.560 fr.). — 140. H. Brosamer. Portrait^ de yenlil-
homme, 1.300 g. (34.125 fr.).
Vente de la collection du duc de Suther-
land (tableaux anciens et modernesi. — Faite
le H juillet, chez Christie, cette vente a donné
lieu à quelques enchères notables, que l'on trou-
vera ci-dessous indiquées en guinées. Tirons
de pair la seule enchère vraiment digne de
remarque de toute cette vente : celle de
52.500 francs pour deux figures de saints, .Saint
André et Sainte Rufine, de Murillo, se faisant
pendant ; après ces peintures, ce sont les deux
Véronèse qui ont réalisé les plus beaux prix,
encore ne dépassent-ils pas, l'un 26.250 francs
et l'autre 34.437 francs.
15. P. Delaroche. Le Comte de Stra/ford allant au
supplice, 360 g. — 27. Ph. de Chanipaigne. Por-
trait de Colbert, 300 g. — P. Leiy : 29. Portrait de
Marie de Modène, 400 g. — 30. Portrait de la duchesse
de Portsmouth, 260 g. — 35. N. Poussin. Nymphe et
satyre, 240 g.— 36. Heynolds. Portraits de Georges III
et de la reine Charlotte en costume du sacre, deux
pendants, 250 g. — A. Watteau : 37. Concert, 440 g.
— 38. Groupe de personnages, 500 g.
41. Bissolo. La Sainte Famille entourée de saints
et de saintes. 310 g. — 73. Le Parmesan. Portrait de
jeune homme, 550 g. — 84. Le Tintoret. Portrait du
doge Marina Grimani,120 g. — 89. Titien. L'Éducation
de l'Amour, 230 g. — P. Véronèse : 94. Portrait d'un
noble vénitien, 1.000 g. (26.250 fr.). — 95. Le Christ
et ses disciples à Emmails, 1.350 g. (33.437 fr.).
102. G. Decker. Paysage boisé, 210 g. — 104. J. van
Goyen. \'ue de Scheveningue, iiO g. — 107. J. Ilackaert.
Vue des bois des environs de La Haye, 400 g. — 129.
E. de Witte. Le Marché au-r poissons, 380 g.
132.Coello. Portrait de Philippe II d'Espagne, 300g.
— 133. Murillo. Saint Juste et Sainte Rufine, deux
pendants, 2.000 g. (52.500 fr.i. — 141. Vclazquez.
Voyageurs demandant leur chemin à un mendiant,
720 g. — Zurbaran : 143. Sainte Famille, 500 g. — 144.
Saint André, 260 g.
Vente de la collection de la duchesse de
Newcastle (tableaux). — Cette vente, terminée
le 25 juillet, a marqué la clôture de la saison
chez Christie.
ANCIEN ET MODERNE
13
On ne trouve à relever que quelques prix
d'importance secondaire : un Portrait de David
Hartley. par Romney, s'est vendu 26.250 francs ;
un Portrait de femme, par Cotes, 12.600 francs ;
un Portrait de John Hunter, par Lawrence,
11.400 francs.
"Vente de la collection Fitzhenry. — On
ne voit guère à signaler, à Londres, pendant les
derniers mois de 1913, que la vente des collec-
tions de feu M. Fitzhenry, décédé peu de temps
après Pierpont Morgan, dont il était le conseil
et l'ami. Encore cette vente, que nous avons
annoncée avec quelques détails (n"> 600), n'a-
t-elle pas donné tous les résultats qu'on en
espérait.
Elle a commencé le 18 novembre par la dis-
persion des sculptures : les 156 numéros de cette
catégorie d'œuvres d'art ont produit un total de
140.000 francs, avec, comme plus fortes en-
chères, le prix de 10 000 francs pour une sta-
tuette de Marie-Madeleine en pierre, du xvi» siècle,
et celui de 7. .350 francs pour deux sphinx du
xviu' siècle.
Le 19, parmi les objets d'art, on a remarqué
une coupe sur pied, avec couvercle en argent,
travail hollandais du xvii» siècle, vendue 7.07b fr.;
une écuellf^ en argent, avec couvercle et plateau,
d'époque Louis XV, 5.000 fr.; une aiguière et un
bassin d'argent, d'époque Louis XV'L 'à. 000 fr.;
une pendule en marbre et bronze doré, surmon-
tée d'un vase et ornée de figures de nymphes
avec l'Amour, d'époque Louis XVI, 10.500 fr.;
un Hercule et Cacus. statuette de bronze, Italie,
xvi« siècle, 7.350 fr.
Parmi les antiquités, une lète de Perséphone,
en marbre, de style hellénistique, a été adjugée
7.925 fr.
M. N.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
La Cimaise (galerie Georges Petit). — Léonard
de Vinci, Richard Wagner : quelle que soit la
haute magie de ces deux noms rapprochés, il ne
faudrait pas que les étrennes grandioses, offertes
aux Parisiens par le retour de la Joconde et la
venue de Parnfal, rendissent le critique injuste
pour les manifestations plus récentes de la moder-
nité, qui retournent si vite à l'oubli de la tombe...
Aussi bien, à l'espoir apporté par les vœux de
saison, s'ajoutent toujours des regrets ; et le
sixième hiver de la Cimaise est solennisé par la
<i rétrospective » de deux de ses fondateurs : le
peintre Jean Rémond (1868-1913), que son admi-
ration pour les poètes du paysage, Poussin,
Corot ou M. René Ménard, avait naturellement
conduit dans les vallons de la Corrèze ou les
ravins de Pasajes ; et le xylographe amoureux
de la forêt verte, Amédée Joyau (1871-1913), qui
savait acclimater à Fontainebleau l'estampe légè-
rement coloriée du Japon. D'une année à l'autre,
on ne saurait attendre un renouvellement com-
plet, qui serait inquiétant pour la conviction des
artistes ; il faut saluer seulement la persévérance
dans l'effort vers le style, attestée par les nou-
velles fresques de M. Henri Marret : de Petites
baigneuses et des Natures mortes décoratives.
M. Gustave Jaulraes s'attarde avec trop de non-
chalance parmi les Plaisirs d'été. M"» Térouanne
et M. Cauvy poursuivent la solution malaisée des
problèmes lumineux. Il y a plus d'accent dans
les bois en camaïeu de M. Schmied, dans les
paysages ou figures du D' François De Hérain,
peintre, buriniste et sculpteur, ((ui se partage de
verve entre les Baux de Provence et le Finistère;
de M. Edgar Chahine, pastelliste, aquafortiste et
dessinateur, attiré par Montmartre; de M. Paul-
Emile Colin, peintre-graveur, repris par la Lor-
raine natale. Et toujours beaucoup de notes de
voyage, de M. Lechat, dans les petites villes
mortes des Flandres, de M. Monchablon, en pleine
mer houleuse, de M. Fornerod, au pays basque,
de M. Jean-Gabriel Domergue, à Tolède, de M. La-
parra, devant la blancheur d'Assise, de M. Bernard
Harrison, sous les nuits bleues d'Italie, des gra-
veurs Jacques Beurdeley, Jouas-Poutrel et Lucien
Pénat, dans la vieille France.
On connaissait déjà les goûts plus sédentaires
des peintres Fernund Maillaud, Jean de la Hougue
et Calvet; mais, dans le groupement présidé par
M. Gaston Varenne, on n'avait pu voir encore, à
côté des jolis émaux coutumiers de M. Feuil-
làtre, les essais décoratifs et les menus bronzes
nerveux de M. Maurice Charpentier-Mio, qu'ins-
pirent les (1 gestes dansés » par la féline sou-
plesse de Nijinsky.
Société des Peintres du Paris moderne
(galerie La Boëtie). — La onzième exposition
du groupe fondé par M. Jean Guiffrey, présidé
maintenant par l'aîné des frères Rosny, qui
parle surtout du passé, dans la préface du cata-
logue. A travers les métamorphoses du Paris
14
LE BULLETIN DE L'ART
actuel, Tambition de l'artiste est, selon le mot
du nouveau président, « de créer des joies avec
des tristesses » et de retenir à temps la lin de
Montmartre ou l'Ue-Sainl-Louis menacée : de la
Seine à la Butte, ce rôle de témoins trop émus
pour n'Otre pas véridiques convient aux dessi-
nateurs, MM. Mantelet-Martel et Gabriel Belot,
l'un captivé par les vestiges moyen-Ageux des
vieilles rues, l'autre attiré par les arbres des
quais, dont l'ombrage remonte de la boîte du
bouquiniste à la façade sculptée d'un hôtel
désert... Leurs crayons prennent la noirceur
estompée des souvenirs. Et c'est un plaisir, en
vérité, que de retrouver ici quelques lins dessins
rehaussés de M. Charles Jouas, d'ardentes aqua-
relles de M. Fernand TrulTaut, d'émouvantes
eaux-fortes de M. Bouroux, des perspectives aux
p;Ues verdures de M. Igounet de Villers, parmi
les planches ou les études de MM. Raoul Serres,
Vauthier, Pinet, Pavil, Jean Lefort, Bauche et
Villard, près des Pauvres gens de M. Steinlen,
des Champs-Elysées silencieux de M. Duhem ou
d'un mélancolique Jardin de C/tmy, de M. Blanes-
Viale, qui laissent à la littérature l'impression-
nisme de la locomotion vertigineuse et de l'en-
seigne multicolore aux feux intermittents dans
la nuit. .
Expositions diverses. — Il ne faudrait pas
moins des quatre-vingts pages de la Revue pour
les cataloguer seulement : les o petits tableaux »
des très petits maîtres de 1914, chez Georges
Petit; l'Art intime, après l'Effort, chez Marcel
Bernheim; la seconde année d'un o Retour de
vacances » des paysagistes, chez Reitiinger, où
s'imposent les lins effets de neige de M. Berson;
les photographies vraiment « artistiques » des éta-
blissements Boissonnas, réunies, .■}, rue de Moga-
dor, et supérieures à tant de tableaux sans émo-
tion, qui s'en inspirent ; les œuvres offertes par
les artistes ou par l'État pour former je prochain
musée de Tananarive, chez Bernheim jeune où,
par extraordinaire, on a vu des toiles très civili-
sée» destinées à catéchiser des sauvages; c'est
plutôt le contraire, habituellement...
Ailleurs, les aquarelles de Cézanne, chez Blot;
l'œuvre posthume de F.-S. Cordey (1854-19H),
influencé par les débuts de l'impressionnisme,
à la galerie Choiseul; l'évolution paysagiste de
M. Guillaumin, à la galerie Montaigne; les pay-
sages corses de M. Camille Boiry, à la galerie
Vivien ; les impressions tunisiennes de M. Julius
Rolshoven, chez Allard ; çù et là, les sculptures
volontairement archaïques de M. Maillol; chez
Hébrard, les céramiques instinctivement persane»
de M. Méthey; rue Lalfitte, à la Galerie d'Art
décoratif, le tourment du style, apporté par ua
jeune peintre tchèque, M. Aloïs Bilek; rue Riche-
panse, chez Bernheim jeune, les intimités cou-
tumicres et les décorations nouvelles d'un Pari-
sien, M. Vuillard, l'harmoniste ingénieux, mais
insouciant, de la Terrasse verdoyante et de /a Dame
en mauve, dont le plein-air aimablement familier
se souvient sans remords des Japonais, de Manet,
de M. Degas.
Parmi tant d'iniluences d'atelier, de poncifs
nouveaux, la passion de la nature en sa naïveté,
mi^me un peu fruste, apparaît la bienvenue; et
voilà pnurquoi nous sommes restés longtemps,
chez Druet, devant les grands paysages d'automne
et les loyales études du peintre dauphinois Jules
Flandrin. qui travaille au pied du Saint-Eynard
où s'éveilla le cœur précoce de Berlioz enfant;
et, 16, rue de Seine, à la galerie Marseille, les
horizons romains prolilés sur l'azur par un élève
et compatriote de M Jules Flandrin, M. Lucien
Mainssieux, nous hantent par une même ampleur
de brosse et de vision. La « ligne d'Italie » relleuri-
rait-elle "? Après MM. J.-F Schnerb et P.-L. Moreau,
revoici, chez Druet, M. Henri Farge (1), un admi-
rateur de Claude et de Guardi, qui sait rajeunir
la vieille sépia traditionnelle afin de résumer à
grands traits la magie de Venise ou la majesté de
Rome ; et la jeunesse inquiète retourne à la terre
classique : " Que ne conduit-elle, comme Corot,
ses moindres études jusqu'à cette perfection de
matière, jusqu'à cet achèvement de toutes les
parties qui sont la suprême parure et la matu-
rité de l'œuvre d'art? » C'est M. Maurice Denis
qui parle (2), et souhaitons qu'en 1914 ce conseil
ou ce regret soit entendu !
Raymond Bouykr.
GORRESPONOÂNGE D'ITALIE
Les Restaurations à Florence
On ne saurait assez louer l'activité du service
des Beaux-Arts en Italie. Le Bulletin a souvent
l'occasion de parler des travaux exécutés par ses
soins, restaurations, fouilles, découvertes, mais
on ne pense guère, sans doute, en lisant ces brèves
(il Voir \e Bulletin du 21 décembre 1912, p. 311.
(2) Dans la préface du catalogue de l'exposition
Mainisieux, en décembre 1913.
ANCIEN ET MODERNE
15
notices, à l'esprit de suite, à l'énergie, à l'ingénio-
sitë, à la parfaite organisation nécessaires pour
mener à bien, sur tous les points de la Pénin-
sule, un nombre aussi considérable de délicates
et pénibles et coûteuses opérations. A Bologne,
c'est la place de Neptune (]ui change d'aspect, le
palais Hu Podestat dégagé des constructions
adventices qui le cachaient en partie et le désho-
noraient, des palais particuliers qui reprennent
leur l'orme primitive. A [{orne, à Pompéi. dans
les Marches d'Ancône. ce sont lespatientesrecher-
ches des archéologues. A Pienza, près Sienne,
c'est une cathédrale dont on refait les fondations,
avec des dépenses énormes. Dans l'Italie entière,
c'est partout un labeur opiniâtre, qui ne néglige
point les petites choses, pas plus qu'il n'hésite à
s'attaquer aux grandes.
Ces jours passés, j'étais à Florence et je suis
resté émerveillé de tout ce que la Ville et l'État
ont su faire durant ces dernières années. La
Revue a parlé des restaurations du Palais-Vieux,
de l'ancien appartement du duc Cosme et d'Éléo-
nore de Tolède ouvert au public, du Tesoretto
remis en état (voir en particulier les articles de
M.ErnestForichon,t. XXV,p.459ett.XXVI,p.307).
Au palais Riccardi, la seconde cour est accom-
modée avec un goût parfait.
On rétablit, au Baptistère, l'ancien autel roman,
dont on a retrouvé des fragments dans des collec-
tions diverses; sous l'église, on fait des fouilles
qui remettent à la lumière les restes de maisons
romaines.
Le Cenacolo de S. Apollonia devient un sanc-
tuaire d'Andréa del Castagne; on a repris aux
magasins militaires la partie du réfectoire qu'ils
détenaient encore et l'on a pu disposer, sur ses
vastes murailles, les fresques provenant de la
villa de Legnaia dans l'ordre où elles étaient
primitivement, reconstituant de la sorte un
ensemble magnifique. La Galerie des Offices s'est
dessaisie, en faveur de ce petit musée, du Christ
en croix qu'elle possédait, afin qu'il soit, pour
ainsi dire, dans son cadre véritable.
A San Lorenzo, les travaux sont d'une impor-
tance bien autrement considérable. La vieille
sacristie de Rrunelleschi avait été défigurée; on
avait édifié des constructions sur sa coupole ; elles
ont été enlevées; les lignes élégantes de la cou-
pole ont reparu, la lanterne qui avait été recou-
verte et aveuglée est de nouveau visible. A l'inté-
rieur, des couches de chaux successives avaient
fait oublier que les bas-reliefs de Donatello étaient
primitivement coloriés; les couleurs ont réapparu;
des couches de chaux avaient également voilé
la décoration de la petite coupole de l'abside : on
y a découvert des peintures sur fond bleu repré-
sentant les constellations et l'on s'est aperçu que
les sculptures ornementales en pietra serena
étaient en parties dorées. Et toujours à S. Lorenzo,
on a d'autres travaux en vue : des décorations
peintes, dont quelques traces ont été récemment
découvertes, changeront d'une manière inat-
tendue l'aspect d'un des monuments d'archi-
tecture les plus illustres.
Est-il besoin de conclure? Ne faut-il pas envier
à l'Italie l'organisation de son service des Beaux-
Arts, qui donne de tels résultats? Et cette orga-
nisation ne permet pas seulement de faire des
restaurations parfaites ; elle empêche, et avec
quelle claire volonté! les restaurations mau-
vaises : une banque qui veut s'installer dans le
palais dei Pazzi, à la via del Proconsolo, avait
jugé bon de modifier certaines parties du cortile :
le ministère est intervenu et exige que rien ne
soit fait sans son autorisation. Les journaux
suivent les débats avec passion.
Une organisation excellente, soutenue par l'opi-
nion publique! L'Italie est un pays heureux!
L. OlELLY.
LES REVUES
Fbatick
Les Arts (octobre). — Georges Lecomïe. David et
ses élèves. — A propos de l'exposition du l'elit-l'alais.
— Gabriel Mouhev. Gaston La Touche [IHô^-l!)!'!].
— Gustave Fkizzoni. Sur les toiles agr/inclies à la
qalerie du Louvre. — Nouvel exemple, ajoutés à ceux
précédemment donnés par M. Ch. Coppier : l'Enlève-
ment d'Europe, de Boucher.
riR.4XRF.-RRKT.\GNE
The Burlington Magazine (octobre). — Roger
Fkv. Quelques peintures du Grèce. — Sur quatre
peintures de ce maître, — un Christ en croix, une
l'énitence du saint Pierre, un Saint Tliomas et un
Christ prenant congé de la Vierqe, — appartenant
à M. Lionel Marris.
— Lionel Cust. Un l'ortrait de l'époque de la reine
Élizabeth. — Portrait anonyme de RadciitTe, comte
de Sussex (collection L. Harris), peint en LSAS.
— Laurence Binvon. Cholscho. — A propos de la
publication, par le D'A. von Le Coq. des résultats de
la mission entreprise avec le D' Grûnweiicl, en 1904,
dans l'oasis (Je Turlan (Haute-Asie), et en particulier
dans les ruines de Chotscho,
16
LE BULLETIN DE L'ART
— Rev. A.-C. IIeadlam. Oxford. — A propos du
livre de MM. Aymer Vallance et Çatsford sur les
vieux collèges d'Oxford.
— Bernard Kackham. Trois verres du temps de la
reine Élizabeth. — L'un au British Muséum, daté
1586, et les deux autres dans la collection Wilfred
Buckley, datés 1580 et 1581.
— Gino FoGOLARi. Un Nouveau primitif vénitien à
V Académie de Venise. — C'est une Vierge à l'Enfant,
derrière laquelle deux anges voltigent en tenant une
draperie; elle est du xiv* siècle et la plus ancienne
peinture de la célèbre galerie vénitienne.
— O.-M. Dalton. Gemmes gravées du moyen-dge et
des siècles suivants .au British Muséum (II). — Exa-
men de seize camées reproduits, portraits et têtes de
fantaisie, des xv-xvi' siècles.
— Tancred Borenius. Reconstitution d'un polyp-
tyque de Lucâ Signorelli. — Polyptyque peint pour
la chapelle de saint Christophe à l'église Sant' Agos-
tino de Sienne, en 1498. Les deux peintures des côtés
du retable sont au Musée Empereur-Frédéric, à Berlin :
leur identification est depuis longtemps hors de dis-
cussion. Le panneau central {Baptême du Christ)
serait, en partie, dans la collection de sir Frederick
Cook. Enfin la prédelle aurait eu trois parties, qui
seraient aujourd'hui conservées, l'une à la galerie
nationale d'Irlande [la Fête chez Simon le l'harisien),
une autre dans la collection de sir John Stirling-
Maxwell (Pieta) ; et la troisième dans la collection
E. A. V. Stanley (Martyre de sainte Catherine).
— G. F. IliLL. Notes sur des médailles italiennes
(XV). — Revers d'une médaille du nord de l'Italie,
datée de 1500; une Femme inconnue, du premier quart
du xvi' siècle ; médailles dXJttaviano Pallavicini (vers
1525-1330) ; d'Ottavio Farnèse, par Pastorino ; de
Jules de la Rovère, cardinal d'Urbin ; de Niccolo
Madruzzo, par Antonio Abondio ; revers d'une mé-
daille de 1582.
— Aymer Vai.lancb. Mobilier ancien (\l\). — Pan-
neaux sculptés de décorations imitant des linges plies.
— Ethel Ross Bahker. te Symbolisme de certaines
fresques des Catacombes (I). — L'auteur range les
fresques des Catacombes en trois groupes, selon
qu'elles sont relatives à la vie d'un défunt (les plus
fréquentes) à Notre-Seigneur, aux sacrements.
Roumanie
Buletinul Comisiunei Honumentelor istorice
(Bucarest, VI, fasc. 21). — Notice sur l'architecture
du Mont-Alhos, par G. Bals. — Après avoir retracé,
d'après les principaux ouvrages spéciaux, l'histoire
générale des monastères, l'auteur donne une descrip-
tion de chaque catégorie de constructions qui com-
posent l'incomparable citadelle monastique.
Il y a ajouté des notes sur la part qu'ont prises les
voévodes roumains — demeurés à peu prés seuls à
s'en occuper A la chute de l'empire byzantin —
à rédifirntinn. 'iii\ restaurations et embellissements
des églises. A Protaton, le nartex fut construit ea
1507 aux frais de Bogdan-Voda. — A Ivir, la tour de
l'horloge est élevée en 1525, aux frais de Visarion
de Bucarest; Serban-Voda Cantacuzino fait peindre le
paraclisen 1683; un évangéliaire à ferrures date de Mat-
thieu Bassarabe. — Caracal a été restauré par Pierre-
Rares et Alex. Lapusneanu, xvi* siècle. — Lavra, refait
par Matthieu Bassarabe, possède, de ce prince et de la
princesse Hélène, sa femme, un évangile et une châsse
précieuse (1643). — Prodrom, commencé parGrégoire-
Ghica est entièrement roumain. — Etienne le Grand
fit faire l'aqueduc de Saint-Paul (1500); à ses succes-
seurs, on doit la tour, et à Brancovan, en 1708, les
cellules, la peinture et le paradis des SS. Constantin
et Hélène. — A Dionislu, on conserve la châsse en
argent et émaux de S. Nifon, donnée par Neagoe-Voda
(1515) qui fit construire la tour; un ner (voile de Ven-
dredi-Saint) et un épitraphir de Pierre-Rares (1545);
la chapelle de S. Jean le Théologue a été peinte aux
frais de proégoumène Anton de Moldavie (161:i). —
Etienne de Moldavie renouvelle la construction de
Grégorin (1500), qui possède une icône de la Vierge,
don de la femme du prince. Maria de Mangop. — Simo-
petra est construit en 1.599 avec des aumônes recueillies
en Roumanie par l'égouuiène Evghenie. — Cutlumus,
qui s'appelle le grand cloitre roumain, a eu pour pro-
tecteurs les princes Radn et Neagoe. .\1ircea-le-Berger
et Vintila-Voda. — Au Pantocrator, une inscription
nommait comme fondateur le grand logothète Stan
d'IIongro-Vlahie ; les logothètes Barbu et Gavril,
archontes valaques, l'ont restauré; les maisons d'ha-
bitations furent édifiées avec l'aide du grand logothète
Gabriel Trotusanu en 1537. Neagoe fit reconstruire la
chapelle de Saint-Amict( 1526'.'); une plaque de marbre
dans la tour présente l'effigie, le nom et les armes
d'Etienne le Grand oBrant l'église à la Vierge il 496). —
Le Zograf contenait des travaux dus au même Etienne
(1495-1. N02), qui ont été remplacés: il possède encore
une icône de S. Georges, une bannière, et un aer brodé
de perles, du même temps. — Uiochiariu, restauré
en 1568 pour Alex. Lapusneanu et la princesse Ruc-
sandra, par le Métropolite de Moldavie Teofan qui y
est mort et enseveli ( 1 .SGS).— Xenofonle a des peintures
de 1545. de 1504, dues à la munificence des boiers
roumains, et d'autres de 1637 à celle de Matthieu Bas-
sarabe. — S. Pantelimon reçut tant de dons du prince
Callimach et de sa famille que le monastère avait
pris un temps le nom de <• chinovion des Callimach ».
Au reste, les documents du Mont Athos demeurent
encore presque inaccessibles; les moines gardent la
plus grande méfiance envers tous les étrangers qui
demandent à fouiller dans leurs archives ; certaines
expériences regrettables leur donnent raison. —
M. Mtd.
Le Gérant : H. Dïnis.
P arii. — Imp. Georg:e« Petit, li, rue Godot-de-Uauroi.
Numéro 608.
'7.
Samedi 17 Janvier 1914.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Monnaies et Timbres-poste
Il y a quelques mois, quand radministralion
compétente annonça l'ouverture procliaine d'un
concours pour l'établissement d'une nouvelle
monnaie de nickel, on ne manqua pas de faire
observer que ce concours était une innovation
et de rappeler comment, lors du dernier renou-
vellement des types de monnaie, trois artistes
éprouvés — Chaplain, Moty et Daniel Dupuis
— avaient été chargés d'oflice de fournir les
modèles, le premier des pièces d'or, le second
des pièces d'argent et le troisième de la monnaie
de bronze.
Ces jours derniers, on a appris que le gouver-
nement avait résolu d'émettre prochainement
des timbres-poste d'un nouveau modèle, et que
l'administration compétente avait décidé de con-
fier l'exécution de la vignette à un artiste de son
choix, sans concours préalable. Un communiqué
exposait d'ailleurs au public les raisons de cette
mesure : u Le dernier concours pour la création
d'un type de timbre-poste, y lisait-on, remonte
au 5 février 1894. Le jury, chargé de juger les
684 projets soumis à cette occasion, a estimé
qu'aucun d'eux n'était susceptible d'être retenu.
A la suite de cet esiai infructueux, le service
postal a renoncé à la procédure du concours et
a décidé, pour ses émission- nouvelles, de faire
directement appela des arli>tes éprouvés ».
Loin de moi la pensée de discuter les conclu-
sions du jury de 1894 ! Toutefois, n'est-il pas
permis de trouver que l'administration des postes
tire de ces conclusions un argument singulier,
puisqu'elle se retranche derrière l'insulfisance
d'un concours ouvert il y a vingt ans, pour éta-
blir qu'elle ne procédera plus désormais que
par voie de commande directe? Cour un « essai
infructueux », voilà au moins un résultat, et
inattendu.
Il y a quelque chose de plus imprévu encore
dans la décision du service des postes ; c'est
qu'elle supprime le concours pour un modèle
de vignette postale au moment précis où un autre
service instaure ce concours pour un type de
monnaie. Ainsi les artistes sont prévenus de ce
que l'Administration pense officiellement des
concours : vérité pour la pièce de nickel, erreur
pour le timbre-poste...
D'une part, nn nous dit : puisqu'aucun de nos
médailleurs ne s'impose plus aujourd'hui, comme
autrefois Chaplain et Roty, il n'est pas sans inté-
rêt de faire appel à l'ensemble des artistes et de
les sélectionner par voie de concours. De l'autre
côté, on nous dit exactement la même chose en
ce qui concerne les décorateurs ; mais, comme
ces artistes se sont montrés insuffisants voilà
vingt ans, on en conclut qu'ils le seraient encore
aujourd'hui et l'on juge qu'un concours entre
eux est inutile...
Ne cherchons pas à comprendre : à cette variété
dans les moyens choisis pour résoudre le même
problème, on reconnaît bien l'aimablo fantaisie
de notre Administration.
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Légion d'honneur. — Sont promus ou nommés,
dans l'ordre de la Légion d'honneur, sur la proposi-
tion du ministre de l'Instruction publique et des
Beaux-Arts :
Au grade d'otlicier : M. Le Sidaner, M"* Virginie
Demont-Breton, artistes peintres ; M. Camille Erlan-
ger, compositeur de musique; M. Valeutino. chef de
division au sous-secrétariat d'État des Beaux-Arts ;
Au grade de chevalier: M"' Sarah Bernhardt, artiste
dramatique ; M"* Vallet-Bisson, artiste peintre ;
M. Ernest Filliard, aquarelliste: M. Hippolyte Rous-
sel, stiituaire ; MM. Jacques Beltrand et Léonard Jar-
raud, graveurs; M. Charles Lemaresquier. architecte
du gouvernement; MM. Louis Ganne et Reynaido
Hahn, compositeurs de musique.
— Sur la proposition du ministre des Affaires étran-
gères, au titre étranger :
18
LE BULLETIN DE L'ART
Au grade de chevalier : M. Pablo Casais, sujet espa-
gnol, violoncelliste.
Académie des beaux-arts (séance du 10 jan-
vier). — M. Dagrian-Bouveret prend possession du
fauteuil de la présidence.
— Après avoir reçu de nouveaux éléments d'infor-
mation sur In question de la vente des terrains du
Pincio, qui appartiennent au domaine national fran-
çais, la Compagnie confie l'étude de cette question à
une commission qui sera ainsi composée : M.\l. Fla-
raeng, pour la section de peinture ; Marqueste, pour
la section de sculpture ; Bernier, pour la section
d'architecture; W'altner, pour la section de gravure;
Widor, pour la section de composition musicale ;
de Selves, pour la section des académiciens libres.
MM. Nénot et Carolus Duran sont adjoints à cette
coniuiission.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 9 janvier). — M. Sénart annonie à la Com-
pagnie le décès de M. Hubert, professeur h l'École
d'ExtrC-me-Orient, dont les études philologiques de
sanscrit et de chinois font autorité.
— M. J. Toutain, directeur d'études à l'École des
Hautes Études, expose les principaux résultats de la
huitième campagne de fouilles entreprise parla Société
des Sciences de Semur sur l'emplacement d'Alésia.
M. V. Remet, qui dirige ces fouilles, a découvert
un ensemble de constructions, de très bonne époque,
composé d'un bâtiment rectangulaire entouré dan-
nexes, dont la plus importante est une salle sur cour
presque carrée de 18 mètres de long sur 17 mètres
de large.
A l'intérieur de ces annexes et autour de la salle
rectangulaire, ont été trouvés de nombreu.x sarco-
phages et débris de sarcophages chrétiens du haut
moyen âge.
Cet ensemble, qui date de l'époque mérovingienne
et du début des tecnps carolingiens, représente un
lieu de culte chrétien, établi autour d'un tombeau
vénéré, et doit être vraisemblablement identifié avec
la basilique primitive de sainte Reine, connue par
des documents du viii* et du ix* siècle et dont l'em-
placemeot était encore ignoré.
Musée du Louvre — On vient d'apposer au Musée
du Louvre deux plaques commémorativpsqiii rappel-
lent comment le monument et les collections furent
sauvés, en 1871, de l'incendie allumé par In Comumne.
Ces plaques portent les noms de Henri Barbet de
Jouy, du commandant de Sigoyer, de Léon Morand
et d'Antoine Héron de Villefosse.
De ces quatre • sauveteurs», M. Héron de Villefosse,
membre de l'Institut, est le seul survivant; on suit
qu'il est conservateur du département des Antiquités
grecques et romaines, auquel il appartenait comme
jeune attaché, lors des événements de 1871.
— Ainsi que le Hulletin la déjà annoncé, l'inaugu-
ration des collections Cauiundu au Musée du Louvre
sera faite au mois d'avril procbain, par M. le Prési-
dent de la République. Le legs Camondo sera installé
au second étage du pavillon Mollien, qu'occupaient
précédemment les services d'architecture du musée.
Il sera réparti dans sept salons, chacun d'eux formant
un petit musée complet, évoquant une période de
l'histoire de l'art. C'est ainsi qu'il y aura les salons du
moyen âge, de la Renaissance, de l'art japonais, de
l'art français moderne et contemporain; enfin, deux
salles renfermeront des meubles et des tapisseries
anciens. Les dépenses d'installation s'élèvent à
100.000 francs. Cette somme a été. dans cette inten-
tion, laissée par le généreux donateur.
— En même temps que la collection Camondo, le
Louvre pourra présenter au public les œuvres d'art
oriental que lui légua la baronne Dclort de Gléon.
On aménage en ce moment cette collection, à l'étage
du musée de Marine, en des salles qui ne furent
jamais ouvertes aux visiteurs, pour la raison qu'elles
faisaient partie de ce qu'on a appelé les greniers du
Louvre. La donatrice avait laissé à cet effet une cen-
taine de mille francs et le mobilier spécial qui ren-
fermait chez elle sa collection. Celle-ci se compose de
cuivres, d'étoffes, de bijoux, d'armes, d'objets d'art
arabe : aiguières, chandeliers, bottes, bassins; de
pièces de céramique, d'ivoire et de bois, de verres émail-
lés, de sabres et caparaçons des iv'etxvi* siècles, etc.
Musée de l'Armée. — Le Musée de l'Armée va
recevoir prochainement une armure complète de
l'empereur Charles-Quint, qui lui est oITerte par le roi
d'Espagne.
Quand Alphonse XIII visita le Musée de l'Armée,
lors de son dernier voyage à Paris, il remarqua
quelques pièces d'une armure de Philippe 11. qui était
conservée incomplète à l'Armeria Real de Madrid, et
exprima le désir de reconstituer cette armure, en
oQ'rant en échange une armure complète de (.harles-
Quint, l'incomparable musée d'armes de Madrid en
possédant plusieurs.
H va sans dire que cette proposition fut acceptée.
Société nationale des antiquaires de France
(séance du 7 janvier). — .M. Adrien Blamhet. prési-
dent sortant, prononce U discours d'usage et cède le
fauteuil à M. Noël Valois, président pour 1914.
— M. René Cagnat lit une note de M. Lautier, rela-
tive à des inscriptions romaines en Espagne.
— M. Joseph du Teil communique un dessin italien
du xvi* siècle qui représente Michel-Ange et qui est
un des meilleurs portraits du maître.
— M. Monceaux entretient la Société de quelques
plombs trouvés à Cartbage.
Expositions annoncées. — Aujourd'hui samedi
17 janvier, a lieu l'inauguration de l'Exposi'ion
annuelle de peinture et de sculpture du Cercle Volney.
A Bruxelles. — La Société des Amis des musées
de l'État vient de faire don, au Musée ancii n de
Bruxelles, du beau portrait de Marguerite d'Autriche,
gouvernante des Pays-Bas, attribué à Bernard van
ANCIEN ET MODERNE
i9
Orley, qui tigiirait à la dernière Exposition d'art
ancien dans les Flandres, organisée à Gand.
— Indépendamment d'une collection de dessins et
d'aquarelles, qui a été versée au Musée ancien, M°" de
Gretz douairière a fait don à l'État d'environ cinq
mille estampes, parmi lesquelles une série d'eaux-
fortes de Rembrandt, de nombreuses gravures de
Callot, de maitres italiens, hollandais, anglais, etc.,
ainsi qu'une centaim; de portraits qui offrent, outre
leur valeur artistique, un précieux intérêt documen-
taire.
Cette libéralité apporte un important enrichissement
au Cabinetdes estampes de la Bibliothèque royale de
Belgique.
En Italie. — Les vols d'objets d'art continuent
avec une inquiétante fréquence, en dépit de l'habileté
de la police italienne à retrouver les voleurs. On
annonce la disparition, de l'église de Novalesa, dans
la vallée de Suse, d'un graud tableau attribué à
Itubens et représentant V Adoration des rois. — L. G.
A Florence. — Le Cabinet des dessins des Offices,
qui organise tous les ans plusieurs expositions de
dessins choisis dans ses cartons, vient d'ouvrir une
exposition des dessins et gravures de Jean Callot qui,
on le sait, vécut longtemps à Florence. L'exposition
comprend, entre autres, les esquisses pour la fa-
meuse Foire de iimprunela. On y a joint des dessins
et gravures de Giulio Parigi, Stefuno délia Bella,
itemigio Cautagallina, qui n'ont pas été sans influence
sur le talent de Callot.
On doit déjà aux organisateurs. M. Neriuo Ferri,
directeur du Cabinet des dessins, et M. Filippo di
Pietro, secrétaire, plusieurs expositions analogues qui
ont toujours été préparées avec beaucoup de savoir,
de goùl et un soin minutieux dont on ne saurait
assez les louer. — L. G.
A Rome. — M. Giacomo Boni, qui dirige les
fouilles du Palatin, vient de faire une découverte de
grand intérêt archéologique ; ses recherches lui ont
permis de retrouver un des sanctuaires les plus impor-
tants de la Home primitive, le Mundus, consacré à
Pluton cl à Proserpine, vénéré comme le centre de la
Homa (juadrala et où se conservait, selon des rites
solennels, le grain des semences. — L. G.
Nécrologie. — M. Gaston- Alfred-Manuel Lecreux,
artiste peintre, vice- président de la Société des Pari-
siens de Paris, est mort le 9 janvier, à l'âge de 68 ans;
élève de A. Bouchot et J. Noël, il commença d'ex-
poser des aquarelles, en 1877, au Salon des Artistes
français, auquel il demeura tidèle jusqu'à sa mort,
car il exposait encore en 1913 trois tableaux de fleurs.
— M. Jules-Octave Triquet, artiste peintre, décédé
le 8 janvier, à l'âge de 46 ans, était un élève de Bou-
guereau et de Tony Robert-Fleury. Il exposait aux
Salons des Artistes français des portraits, qui lui
avaient valu une médaille de 3' classe en 1894, une
médaille de 3' classe en 1897 et une médaille de
bronze en 1900.
— On annonce la mort du grand brasseur Cari
Jiœohsen, de Copenhague, ii l'âge de 72 ans. Il avait
fondé la Glyptothèque de .\y-Carlsberg, musée de
sculpture, ouvert au public, qui contient une mer-
veilleuse collection d'art grec et de sculpture française
moderne, et donné des millions pour d'autres fonda-
tions artistiques ou charitables.
CHRONIQUE DES VENTES
i
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
Les grandes ventes à l'étranger en 1913
'finj. — A Amsterdam. — 'Vente de tableaux
it d'objets d'art. — >"ous avions annoncé cetlc
vente, faite par .\1.\1. l-"rederik Muller el O", du
•2'à au 2S novembre. Elle a produit 800.000 francs,
grâce à de belles enchères, en particulier dans
la catégorie des tableaux anciens. Le plus beau
prix des tableaux, celui de 39.100 fr., pour une
Vue de rivière à& VanGoyen(n°343), aété presque
doublé par celui de deux grandes tapisseries de
Bruxelles à scènes de la Vie de ScipioH, dans de
riches bordures, vendues ensemble 60.800 francs.
Citons encore, parmi les tableaux anciens : une
Vue de rivière de Van Goyen, de format plus petit
que la précédente, 27.300 fr.; — un Village au bord
de l'eau, de S.Ruysdael (n" 383), 30.000 fr.; —une
Vue d'une de.s portes d'Vtrenht, de Cuyp (n» 385),
22.800fr.; — wnPay^ageàak. vaiiderNeer(no370),
8.800 fr.; — une Servante cecucan* /a t^aisse/^e, œuvre
d'un maître inconnu, 16.000fr.; — deux Intérieurs
de Brekelenkam, 17.000 et 11.000 fr.; — deux por-
traits par J. van Ravensteyn, 19.800 fr.; — un por-
trait miniature, par Pot, b,300 fr.; — une Vierge à
l'enfant, par Bartolommeo Montagna, 21.400 fr.
C'est un grand tableau de la première manière
■
20
LE BULLETIN DE L'ART
lie .). hraels, Méditation, qni& obtenu le plus haut
prix des peintures modernes, 12.000 fr. Deux
paysages de V. van Gogh ont été adjugés 7.000 fr.
chacun.
Parmi les objets d'art, outre les deux tapisseries
déjà mentionnées, il faut noter les prix de
9,800 fr. pour quatre vases rouleaux, en ancienne
porcelaine de Chine à décor bleu, et de 8.100 fr.
pour un grand plat, même porcelaine, fond bleu
royal, le centre décoré d'émaux de la famille
verte; — un service en porcelaine de La Haye a
lait 20.100 fr. ; — une collection de midzou-irés
(compte gouttes japonais), 8.000 fr.; — un dessus
de cheminée, panneau décoratif de Jacob de
Witt, à sujets d'amours entourés des attributs
de la navigation, 8.600 fr.
Des colliers de perles et des bijoux, qui ne sont
pas de notre domaine, complétaient cette vente,
formée des successions de M°"= V»" Van Gogh, de
de M™" Witsen Hraalman douairière, du D"' Noilet,
et autres.
.M. .\.
ESTAMPES
A Paris. — Ventes diverses. — Dans une
vente d'estampes modernes, faite, ainsi qu'il a
été annoncé ici-même, à l'Hôtel, le 10 novembre,
par M* Desvouges et M. L. Delteil, les plus beaux
prix ont été pour Meryon et pour Zorn.
Du premier, la Tour de l'horloge (3* état) s'est
vendue 2.030 f r. ; le Pont-Neuf [i' état, avant les
vers), 2.000 fr.; la Morgue {4* état, avant la lettre)
2.600 fr. Du second, Zorn et sa femme (sur japon)
a fait 2.570 fr., et le Toant'^i" planche, sur papier
ancien), 2.800 fr.
— Beaucoup plus intéressante a été la vente
d'estampes du xvni» siècle de la collection
L G. R..., faite les 20 et 21 novembre, par les
mêmes commissaire-priseur et expert, et que
nous avions également annoncée. Elle a produit
1111. OUO francs, et dans cette somme, la seule
épreuve de Diana, vicomtesse Crosbie, par Dickin-
son, d'après Reynolds, avant toute lettre et avec
les armes, entre pour la belle somme de 32.100 fr.
(on en demandait 20.000 fr.) ; c'est le plus beau
prix atteint par une estampe dans une vente
publique française.
f lusieurs autres pièces se sont vendues à de
beaux prix : entre autres Mrs. Mathews, aussi
par Dickinson, d'après Reynolds, 15.000 fr. ;
Élizabeth, comtesse de Derby, par et d'après les
mêmes, 4.000 fr.; Mrs. Robinson, par Sraitb,
d'après Reynolds, 3.400 fr.
l'armi les estampes françaises, les Janinet ont
été fort disputés : Marie-Antoinette, 4.500 fr.;
M"-! Duthé, 4.000 fr.; V Agréable négligé, 2.005 fr.;
le Baiser de l'amitié, 2.500 fr.
Citons encore : Lord Thurlow, par Dickinson,
d'après Romney, 2.100 fr.; sans parler des très
nombreuses estampes qui ont dépassé l'enchère
courante de mille francs.
— Janinetdevait, d'ailleurs, prendre sa revanche
quelques jours plus tard, à la vente d'estampes
du xvi" au xviii" siècle, provenant de la collec-
tion B..., faite le a décembre, par M" Lair-
Dubreuil et Desvouges, et M. L. Delteil, et qui a
produit 164.060 francs.
Le plus gros prix a été celui de 15.900 francs,
payé pour l'Indiscrétion, par Janinet, d'après
Lawreince, épreuve en couleur, à toutes marges,
avant la lettre et avant l'un des pieds de la femme
assise.
D'après Lawreince encore, il faut citer le
Déjeuner anglais, par Vidal, vendu 5.400 fr.;
l'Assemblée au roncert et l'Assemblée au salon, par
Dequevauviller (l"' état, à l'eau-forte pure),
9.100 fr.; Pauvre Minet, par Janinet (en coul.,
état non décrit), 6.000 fr.; Qu'en dit l'abbé?, par
de Launay (avant la dédicacel, 4.000 fr.
Une série de douze estampes d'après Moreau
le Jeune, par divers, a été vendue 9.900 fr.
Los célèbres » pendants » d'Augustin de Saint-
Aubin : Louise-Emilie, baronne de ..., et Adrienne-
Sophie, marquise de ..., épreuves avant l'adresse.
5.800 fr. ; Au moins, soyez discret ! et Comptez sur
mes serments, avant toute lettre, 6.000 fr.
Parmi les Watteau, le plus beau prix a éti'
celui de 2.200 fr. pour le l'' état de l'Embarque-
ment pour Cythère, par Tardieu.
On sait que la vente comprenait aussi quelques
estampes de Durer et de Rembrandt; elles n'ont
pas obtenu moins de succès que les pièces du
xvni" siècle, l'armi les Diirer, on notera : Adaiu
et Eve (l" étatl. 3.910 fr. ; la Passion (16 pièces).
3.800 fr. ; le Cheval de la Mort, 4.000 fr. Mieux
partagés encore ont été les Rembrandt: te Paysage
aux trois chaumières (épr. avec barbes), 12.900fr.;
le Canal, 7.000 fr. : la Chaumière et la grange <i
foin, 5.100 fr . etc.
La place manque pour citer les nombreuses
enchères de 1.000 et 2.000 francs.
— La vente de la collection Gustave Bourcard,
de Nantes, que nous avions annoncée comme
devant se faire le 10 décembre par le ministère
de M* Desvouges, assisté de M. L. Delteil, a pro-
duit 27.000 francs, avec, comme enchères prin-
ANCIKN ET MUDEKNE
21
cipales, celle de 2.800 francs pour le Parlement
à 9 heures du soir, Londres, gravure sur bois
d'Auguste l.epère, et celle de 2.700 francs pour
la Valse, d'Anders Zorn.
Rien de saillant à noter dans le reste des
enchères.
— Le 23 décembre, M" Desvouges et M. L. Del-
teil dispersaient un oeuvre gravé d'Antoine Wat-
teau. Il a produit 39.159 francs.
Il faut retenir le prix de 3.230 francs pour
l'Enseigne de Gersaint, par Aveline, et celui de
2.000 pour la Finette et Vlndifférent, par Scotin
et B. Audran, sur la mAme feuille.
— Rappelons que la vente de M™» D... [Delizy]
comprenait, outre des objets d'art et des meubles
anciens, une remarquable série d'estampes fran-
çaises du XVIII" siècle, vendues à de fort beaux
prix, ainsi qu'on a pu le voir par la liste des
principales enchères, publiée par M. Marcel
Nicolle dans sa chronique du n" tiOb du Bulletin.
R. r,,
MONNAIES ET MÉDAILLES
A Paris. — Ventes diverses. — Dans une
vente de médailles et monnaies grecques, faite à
l'Hôtel, les 9 et 10 juin, par M" Desvouges, assisté
de M. Feuardent. le décadrachme de Syracuse,
à tête d'Aréthuse, par Kimon, avec le quadrige
au revers, a été adjugé 4.100 francs, et un tétra-
drachme de Pyrrhus, roi d'Épire, avec la tête de
Zeus Dodonéen au droit et Déméter assise au
revers, 2.G:i0 francs. Ce sont les deux plus impor-
tantes enchères de la vente.
— Dans une vente de monnaies romaines, faite
du 16 au 18 décembre, par M' Boudin et M. Bour-
gey, et qui a produit un total de 137.000 francs,
il faut tirer de pair : un aureus à l'effigie de
Domitia, avec le paon au revers, vendu 2.270 fr.;
un autre, avec le buste radié de Constantin au
droit, et au revers Constantin en habit mili-
taire, '.i.'ii"<0 francs (au musée de Berlin).
.1. F.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
"VI" et dernière exposition d'estampes japo-
naises : Toyokuni et Hiroshighé (Musée des
Arts décoratifs). — A la fin d'un beau spectacle,
on devrait nommer le metteur en scène; et
remercions d'abord M. Raymond Kœchlin d'avoir
déroulé sous nos yeux, depuis l'hiver de 1909,
tout le style de l'estampe japonaise et de nous
avoir conduit, par les chemins variés de In ciâce
un peu mièvre ou de la ligne presque grandiose,
jusqu'à l'œuvre aussi vaste qu'original du dessi-
nateur Hokusaï (1760-1849), qui sut réconcilier
dans sa passion d'artiste le naturalisme et la
fantaisie En face de ce vieux maître, après lui,
que restait-il? L'éclectisme ou le paysage; et l'un
s'appellera Toyokuni (1768-1825), l'autre, Hiro-
shighé (1796-1858).
Toyokuni, c'est l'habile et fécond illustrateur
des scènes de théâtre et de la vie des acteurs,
dont la dextérité tourne au mélodrame; et la
dynastie de ses successeurs, Kunimasa.Kuniyoshi,
Kunisada, ne manquera point d'exagérer sa der-
nière manière anguleuse, grimaçante et gesticu-
lante. Quant au paysage, il vient toujours tard
dans l'histoire; et ce n'est pas d'aujourd'hui que
nous savons que son aurore naïve coïncide avec
les crépuscules décadents : la Grèce alexandrine
ou la peinture bolonaise nous l'ont dit; mais,
dans une école familière oîi le « paysage histo-
rique » et le grand art de la composition sont
inconnus, ce retard est une surprise.
Aussi bi«n, longtemps reléguée dans les fonds,
la nature nipponne apparaît-elle déjà dans les
Cent vues du Fujiyama, plutôt rêvées que notées
par le lyrique Hokusaï; et le vrai paysage se
rattrape avec le paisible Hiroshighé : témoin ses
Huit vues du lac d'Omi, ses Cinquante -trois stations
du Tokaïdo, la fameuse route côtière de Yédo à
Kyoto (1). Ce contemporain lointain de noire
Corot, c'est le bon Japonais qui déménagerait
volontiers pour mieux voir le clair d»* lune
monter sur la noirceur des pins; c'est l'obser-
vateur qu'intére.sse. en son jarilinel fleuri, le vol
d'un oiseau de mer, le passaae d'un poisson
volant, le frémissement d'un insecte ou d'une
branche de bambou; c'est l'initiateur de nos
impressionnistes, qui retient d'un pinceau leste
et sans repentirs l'horizon capricieux et l'instant
fugace, les golfes de saphir et le calme azuré de
la nuit, la brise qui tord les arbustes noueux sur
le précipice ou la fin d'un beau jour répétée par
l'onde, les flèches obliques de la pluie sur la
rizière ou la nacre du givre sur la route, que'
domine au loin le cône sacré du volcan neigeux.
(1) ?i'i vues et non pas 36, comme nous l'avions dit
par erreur en 1913, en songeant à la série très japo-
naise (le M. Henri Rivière sur la Tour Eiffel.
S2
LE BULLETIN DE L'ART
Primesautière synthèse de savoir et d'enfantil-
lage, de candeur primitive et de subtilité colorée,
qui s'encadre en une perspective étrange et restée
chinoise à travers les siècles ! Charmante et
prompte véracité, qu'en dépit de Keisaï Yeisen,
les imitateurs alourdiront dan» leurs premiers
plans encombrés ! Le dernier Toyokuni, le cin-
quième, meurt en 1895, le dernier Hiroshighé, le
troisième, en 1896; et, déjà, c'en est fait de
l'originalité du Japon.
Deux décorateurs : Manzana-Pissarro, —
Adolphe Giraldon (Musée des Arts décoratifs).
— Dans l'opposition de ces deux décorateurs
occidentaux, en face des dernières lueurs origi-
nales de l'estampe japonaise, faut-il apercevoir
un contraste prémédité par la malicieuse érudi-
tion de M. Louis Metman? Car il était impossible
de mieux définir, d'une part, la magique influence
de l'Extrême-Orient sur un peintre-graveur non
moins entiché que nos musiciens des Mille et
une Nuits ; de l'autre, la complète indépendance
d'un illustrateur des Églogues de Virgile et de
la Vie des Abeilles à l'égard de ces lointaines
séductions réprouvées par les derniers amis du
latin.
Depuis le romantisme encore bourgeois des
lithographies de 1830 où, « belle d'indolence », se
balançait Sara la baigneuse, l'idée que l'Occident
se fait de l'Orient s'est fort enrichie ; et n'est-ce
pas cette opulence un peu barbare que traduit
aux yeux le vif instinct décoratif de .M. Manzana-
Pissarro, dans un vitrail, dans un tapis, dans un
laque, dans une détrempe rehaussée d'or qu'en-
flamme le bec empourpré des cygnes noirs ou
l'incarnat d'un turban '!
Ces curiosités, ces carmins, ces ors, ces au-
daces techniques, ces négligences volontairement
naïves ou ces gaucheries voulues, M. Giraldon
les sacrifie de bonne grâce à la sage eurythmie
du bois sacré qu'il doit au virgilien souvenir de
Puvis de Chavannes, k l'austère enseignement
de son maître, M. Luc-Olivier Merson : ce n'est
qu'avec précaution qu'il admet la fantaisie de la
couleur à la décoration d'un livre; et le besoin
d'irréel qui nous est resté se résume à ses yeux
dans l'art ornemental d'une belle reliure pour
les Nuits passionnément classiques d'un Alfred
de Musset ou U* Trophées d'un Heredia.
Raymond Bouyer.
VARIÉTÉS
Chateaubriand continuateur de Le Nôtre.
Ln pan de mur eu deçà du pavillon de Marsan,
du côté de la cour du Carrousel, rappelait naguère
au regard fureteur d'un Parisien (1) que le palais
des Tuileries n'avait jamais été terminé ; mais,
ce n'est point d'hier que les amis de Paris médi-
taient d'achever l'héritage compromis des siècles
et d'harmoniser l'architecture avec la verdure ;
et, dès la première année du règne de Louis-
Philippe, chacun fournissait son plan. « Voilà,
Monsieur, sans autre préambule, quel serait le
mien, si j'étais ai-cftifecte ou roi »: quel, est donc le
citoyen qui se permettait d'écrire ainsi, le 12 avril
1831, " au rédacteur de l'Artisie», c'est-à-dire à
Ricourt, qui venait de commencer cette publi-
cation ? C'était M. de Chateaubriand.
En 1795, une lettre datée de Londres, en plein
hiver douloureux, nous le montrait, à vingt-sept
ans, paysagiste et professeur de paysage (2) ; en
1831, c'est une longue lettre encore qui le révèle
architecte, à soixante-trois ans, et dessinateur
de jardins toujours guidé par l'instinct du paysa-
giste. Sur la transformation projetée des Tui-
leries, voici son plan.
Pour isoler ce « charmant» palais, .M. de Cha-
teaubriand commence par abattre " les deux
adjonctions massives » qui relient les deux pavil-
lons à l'oeuvre originelle de Philibert de l'Orme
et rêve d'étendre le jardin à l'entour, " jusqu'à
la huitième arcade » au-delà de la grille qui
ferme la cour sur la place du Carrousel. 11 prévoit
tout : les deux façades nues, du nord et du midi,
qu'il conviendrait d'orner dans le style primitif;
les toits arrondis qu'il rase en même temps que
toutes les autres <i constructions postœuvres ■■
qui déshonorent, depuis Le Vau, le pavillon cen-
tral ; les deux nouveaux pavillons .' en retrait »
qu'il élève en coupant trois arcades, afin de rem-
placer les deux pavillons de Flore et .Marsan,
datant du règne d'Henri IV, et qu'il faut jeter
bas...
Ni le vieux Fontaine, ni ses deux successeurs
immédiats, Visconti, depuis 1836, Lefuel, à partir
de 1853, ne rêveront avec une pareille audace
un tel 11 ensemble d'architecture se jouant au
milieu des arbres » ; il faudra, pour le réaliser
(1) Notre confrère L. Borgex, dans Comœdia (1912).
(2) Voir notre étude sur ce sujet dans la Petite
Revue de» I" février et !" mars 1913.
ANCIEN ET MODERNE
23
plus largement, la brèche ouverte par les incen-
dies de l'Année terrible... La volonté du génie
devance de quarante ans la fatalité des révolu-
lions. Écoutons-le, dans ses vœux d'artiste en
paysages, que ses rancunes politiques n'étoulTent
point : « Lorsque je porte le Jardin des Tuileries
jusqu'à la huitième arcade au-delà de la grille
du Carrousel, c'est que je veux l'aire entrer l'Arc-
de-Triomphe dans le jardin mf-me ; trop petit
comme monument dans un immense forum, il
serait charmant comme fabrique dans un jardin.
Ce jardin serait clos sur le Carrousel par une
grille de fer dorée »...
La prédiction de l'avenir ne s'arrête pas à la
grille de la cour pavée du palais des Tuileries,
qui remontait, comme l'Arc lui-même de Percier
et Fontaine, aux jours glorieux de 1806 ; « à partir
de la porte biUie qui sépare l'ancienne et la nou-
velle galerie du Louvre », l'amateur de verdure
veut planter un second jardin, pour faire dis-
paraître l'amas d'hôtels et de maisons « qui
piicombrent le reste de la place ». Ces simples
mots évoquent le noir Paris de 1830, le Paris de
la jeunesse romantique et des débuts d'un jeune
provincial, appelé Théophile Gautier, la rue du
Doyenné, l'hôtel de Nantes, que les eaux-fortes
de Martial nous montrent encore, en 1849...
Après leur démolition, c'est entre deux magni-
fiques palais et deux superbes jardins que l'on
passerait d'une rive à l'autre, du faubourg Saint-
Cermain au quartier Saint- Honoré. M. de Chateau-
briand a calculé l'espace entre les deux grilles,
environ .373 pieds, et réclame de larges trottoirs.
.Mais rien ne coûte au poète-architecte « pen-
dant qu'il a le marteau, la truelle et la bèrhe en
main » ; à l'est, en face do la colonnade de Per-
rault, il renverse les laides habitations qui,
inasi(uanl la rivière et le Pont-ÎSeuf, < font la
moue » au chef-d'œuvre classique ; il débarrasse
Saint-Germain-l'Auxerrois des masures accumu-
lées dans ses angles, et veut entourer darbres
ce vénérable témoin du passé qui sert à « mesu-
rer » la marche de l'art et des siècles en face
des palais ; à l'ouest, au beau milieu de la place
Louis XV, il fait jaillir une vaste fontaine, « dont
les eaux perpétuelles, reçues dans un bassin de
marbre noir, indiqueraient assez ce que je veux
laver »... .4vis aux llatteurs du nouveau règne !
Et plus inventif que le bon Cointereaux en l'an
VII (1), « le courtisan du mallieur » érige quatre
iTi. Voir Un Défenseur des espiices lihrps ii l'niis,
.«OMS le Direcloire, par M. r.h.irles Du Bus ilans la
Chy.tiiiqve des Arts dq l.ï février 191,'), pj). :ij-ii4,
autres fontaines aux quatre angles de la place
immense, alors déserte et délabrée. Perpendi-
culairement aux deux façades rectilignes de
Gabriel, il élève deux colonnades doubles, ajou-
rées, sur les deux massifs des Champs-Elysées
de Le Nôtre, à droite et à gauche, afin de limiter
la place ; il achève la Madeleine, « cela va sans
dire », et prend sur le pont Louis XVI, qui
deviendra celui de la Concorde, les colosses qui
l'écrasent, pour les aligner en avenue. C'est
l'avant-cour du château de Versailles qui va
recueillir ces fantômes géants de l'histoire de
France ; et le roi Louis-Philippe n'exaucera pas
le vœu de son vieil adversaire.
Au II point rond » des Champs-Elysées, celui-ci
dresse un des deux obélisques qui nous viennent
d'Egypte et termine plus loin l'Arc-de-Triomphe
de l'Étoile, en devançant de cinq années la date
de son achèvement : de l'Arc-de-Triomphe à
Saint-Germain-l'Auxerrois, il lui semble que cette
foule de monuments, de statues, de jardins, de
fontaines, « n'aurait rien de pareil au monde »...
Aussi bien, veut-il moins édifier qu'abattre ; et
plus pratique dans ses rêves que dans sa vie,
M. de Chateaubriand a souci du plan « le plus
économique ». Quant aux inégalités de niveau,
de terrain, aux défauts de symétrie et de paral-
lélisme des monuments du Louvre et des Tui-
leries, tout cela s'évanouit « dans les déco-
rations de mes jardins», conclut-il; et comme
il pense à tout, il assigne la forme pyramidale
aux arbres du jardin de la cour du château
pour en faire « une promenade d'hiver au centre
de Paris ».
« Vous allez me demander. Monsieur, ce que
fais du palais de Philibert Delorme (s/c)? Un musée
de choix, où je dépose nos plus belles statues
antiques et les tahleaux de l'école italienne » :
tel est le rêve que le plus voyageur des Français
voudrait réaliser, pour n'avoir plus rien n à envier
aux villas Borghèse et Albani » ; mais, ici, les
révolutions en ont décidé tout autrement. «... Et
moi, qui suis architecte ou roi, oîi me loge-t-on'?
Architecte, dans une altique de Philibert
Delorme ; roi , au Louvre . .l'ai l'honneur
d'être, etc.. » Hautaine conclusion d'artiste
égaré dans la politique, dont le ton suffirait à
faire deviner la signature! Et pour une fois, à
un obélisque près, le grand rêveur a été prophète
en son pays : depuis 1878, année où les ruines
mêmes ont péri, l'art et l'histoire se sont chargés
de combler ou plutôt de dépasser, au Carrousel,
les vœux de M, de Chateaubriand. Aussj bien,
24
I,E BULLETIN DE L'ART
notre souvenir prononce toujours le nom de ce
continuateur improvisé de Le Nôtre, chaque fois
que nos yeux rencontrent le petit aro romain
serti, comme un .joyau de pierre, dans sa ceinture
de fleurs, avec ses colonnettes roses sur la ver-
dure.
Ratmond Bouykk.
LES REVUES
France
Les Arts (novembre). — L. Gikixy. La Galerie
des beniix-iirls de Sienne. — Examen des peintures
et aperçu de l'évolution de l'école siennoise : car il
ne faut chercher à Sienne que des œuvres siennoises
et « l'àine de ce petit peuple fier et charmant » qui
toujours mit son orgueil à fm'e dn se, revit dans cette
galerie, où les œuvres d'art sont si mal exposées.
— E. Chartkairk. Le Trésor de la cnlhédrale de
Sens. — Ivoires, tissus, ornements liturgiques, tapis-
series, pièces d'orfèvrerie, ces richesses sont d'admi-
rables restes de l'ancienne ville de Sénons.
— André Girodie. Le Maître à l'œitlel. — Sur les
peintures sur bois de cet artiste, conservées à l'an-
cienne cathédrale de Berne, aujourd'hui affectée au
culte protestant. Place de cet artiste après Lucus
Moser, Conrad Witz et Martin Schongauer, parmi les
plus expressifs de l'art du Haut-Rhin.
(Décembre). — Le numéro est entièrement consa-
cré à une étude de M. André Michel sur le Château
de Montai, récemment donné à l'État par M. Maurice
Fenaille.
Allemagne
Die Kunst (novembre). — G.-J. Wolf. La Sécession
de Munich.
— Glaseh. Le Premier Salon d'automne de Berlin
— Premier essai de ce genre en Allemagne. Cubistes
venus de Paris. Extravagances.
— F. BUROER. La <• Pietù » de Ludwig Herlench. •
— K Braunoabt. Julius Diez — Artistes muni-
chois, se rattachant quelque peu à l'art de Bœcklin.
— K. WiKnusH Villa construite à Wiesbaden par
Varchilecle Max Lceiiger.
— Riss Uroit de l'auteur d'une œuvre d'art et droit
du propriétaire — A propos d'une sentence du Tri-
bnnnl d'Empire dans un procès entre une dame de
Berlin, propriétaire d'une maison, ornée d'une pein-
ture murale, que cette dame avait fait repeindre, et
l'auteur du tableau. Le Tribuoal d'Empire donna
raison au peintre. ,
— H. Steiobrer. h. Obrist. — Travaux de sculp-
ture décorative.
— Les Études de cavaliers d'AngeloJanl.-.— G. Huet.
[Décembre). — A. Dreyfus. Vincent van Gogh. —
Le succès de Van Gogh en Allemagne s'explique par
l'analogie de son tempérament avec celui des roman-
tiques allemand.s. « Van Gogh n'est pas un commen-
cement, mais une fin: il accomplit l'impressionnisme
en l'épuisant. »
— F. Stahl. Erich Wolfsfeld. — Jeune frraveur
berlinois.
— Le Monument de la Bataille des Nations, à
Leipzig, mérite entre tous l'épilhète « kolossal ! ».
— J. Bbnrdbi. Jacques-Emile Blanche. — Le talent
de Blanche est en dehors de toutes les classifications.
Il a bien des qualités, et l'on ne trouve pas chez lui
la recherche voulue de l'excentrique, de l'affectation.
— A. IIeilmeyek La Sculpture munichoi.ie contem-
poraine.
— E. H^enel. Maison construite par l'architecte
Sandig, à Dresde.
— .1. SciiiN.NEREK. Livres illustrés récents. — .\pcrçu
très intéressant des diverses tendances de l'art de
l'illustration en Allemagne.
— L'Art pour l'enfance à l'aris. — A propos de
l'Exposition au Musée Galliera : article très défavo-
rable ; l'auteur oublie trop que les goCits nationaux
ont le droit de ditférer, même en matière de poupées.
(Janvier 1914). — A. IIeilmeyer. La Sculpture muni-
choise contemporaine (fin). — Spécimens intéressants,
notamment de travaux de Georgii.
— L. Weber. Albert Welli. — Détails touchants
sur ce graveur munichois, d'origine suisse, mort en
1912, à l'âge de cinquante ans. Spécimens de son
œuvre humoristique.
— A Dreyfus. Gustave Moreau. — Article ou l'admi-
ration est tempérée par des critiques révères jusqu'à
l'injustice. Suivant l'auteur, le tort de G. Moreau a
été de s'écarter de la voie indiquée par Cbassériau.
— C. GuASER. Le Salon d'automne beiUnois.
— P. Westheim. Maison construite à Francfort,
par l'architecte Hugo Eberhardl.
— R. WinMFB. Les Fresques de W. Georgi dans
l'église abbatiale de Saint-Btaise. — Essais mtéres-
sants de peinlore religieuse modernisée. Jolies étude*
d'enfants, pour les angelots de l'Assomption de la
Vierge.
— Jardins dessinés par F. Gildemeisler.
— P. Westhbim. Sculptures de l'aul Wgnand. —
G. Huet.
Le Gérant : H Iunis.
P«ri». — Imp. Urorfr*» t>lil. li, me Go<tol-(te-Mauro(.
Numéro 609.
Samedi 24 Janvier 1914.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Autour du Palais-Royal
Le Commencement de la fin.
bans sa séance du 31 décembre 1913, le Conseil
municipal de Paris, sur le rapport de M. Adolphe
Chérioux, a voté, sans discussion, l'ouverture
d'une voie nouvelle, qui. partant de la Bourse
de Commerce, viendra aboutir rue de Valois,
« devant les toutes dernières arcades du Palais-
iloyal, langentiellement à la galerie d'Orléans ».
Le Bulletin municipal du 8 janvier, auquel
J'emprunte ces renseignements, ajoute, à propos
de cette rue : « Un accès au Palais-Royal pour-
rail lui être assuré dans l'avenir au travers des
arcades riveraines de ce jardin, transformé en
passage, sans apporter à ce site de modifications
apparentes ".
C'est clair et précis : les démolitions qui bou-
leversent tout le vieux quartier compris entre la
rue Baillif et la rue Sainl-Honoré d'une part, la
rue Croix-des-Petits-Champs et la rue de Valois
de l'autre, ont offert à nos édiles cette occasion
d'une percée aboutissant au Palais-Royal; pour
le moment, on laisse entendre que cette voie
pourra traverser le jardin et que le passage sera
réservé aux piétons ; quand la rue sera faite,
elle devra forcément, sous peine d'être inutile,
se prolonger jusqu'à la rue Richelieu et l'avenue
de l'Opéra, en assurant le passage aux voitures,
et elle sera le premier signal de l'éventrement
du Palais-Royal, le commencement de la (in de
ce jardin tranquille, que la beauté de son cadre
et la richesse de ses souvenirs ne réussiront pas
à sauver de la destruction !
En effet, si de rares protestations se sont fait
entendre à l'occasion de ce travail d'approche,
donije signalais tout récemment encore le danger
(n^eoe du Bulletin), des desiderata ont été expri-
més par un syndicat qui se propose d'exploiter
le Palais-Royal et qui ne recule pas devant la
manière forte pour assurer la réussite de sa
spéculation. Ce syndicat, tout en donnant son
approbation au projet dont on vient de résumer
les grandes lignes, demande en outre :
<■ 1» l'ouverture et la construction d'un large
escalier destiné à faire communiquer la rue des
Petits-Champs et la rue de Valois élargie ;
" 2° l'ouverture à la circulation publique
[entendez : à la circulation des voitures] des
arcades faisant face à la nouvelle voie projetée,
et son prolongement jusqu'à la rue Richelieu ;
■<( 3° l'ouverture, à la circulation également, des
arcades centrale» des galeries du Palais-Royal pour
en faciliter les traversées obliques ».
Et à cela, que répond la Ville ? Elle prend note
de ces desiderata « pour en tenir compte dans
telle mesure qu'il appartiendra lorsqu'on dis-
posera de nouvelles ressources susceptibles de
faire face à la dépense qu'occasionnerait l'exé-
pution de ce comp\émettt d'améliorations ».
Vous avez bien lu, Parisiens : douze millions
sont prévus pour les expropriations et les tra-
vaux nécessités par le percement de la nouvelle
rue, et une fois le Palais-Royal éventré dans un
sens, on « améliorera » encore cet éventrement
quand on possédera les ressources nécessaires.
On peut être assuré que le syndicat susmentionné
ne fera rien pour retarder cet heureux événe-
ment, — au contraire !
Voilà la dernière trouvaille des Haussmann au
petit pied, qui ont inventé les « grands travaux
de Paris » ! Ils se sont essayés lors du per-
cement du boulevard Raspail ; ils viennent de
commencer à travailler dans le quartier du
Palais-Royal et l'on sait maintenant quelles
grandes choses ils y projettent; ils vont pro-
chainement saccager l'île Saint-l.ouis...
A qui le tour ensuite ? On ne voit plus guère
que le Marais, qui garde encore de vieux hôtels
à démolir.
Patience ! On y viendra.
E. D.
P-S. — Pour répondre à une protestation de
la Société des Amis des monuments parisiens
56
LE BULLETIN DE L'ART
contre la démolition de l'hôtel de la Chancellerie
d'Urléans, — démolition nécessitée par le per-
cement de la rue dont on vient de parler, —
M. Chérioux a trouvé quelque chose de tellement
délicat, de tellement heureux et consolant, que
je ne puis résister au plaisir de citer le passage
de son rapport :
La valeur artistique de la Chancellerie d'Orléans n'a
pas échappé i l'administration municipale, et c'est
pourquoi, dans la convention conclue avec la Banque
de France, il a été stipulé que cet établissement
devrait reconstituer, dans son nouvel édifice, toutes
les parties intéressantes de ce joyau du passé. Si l'on
peut regretter qu'il n'ait pas été possible d'éviter
toute atteinte à ce monument, il faut du moins recon-
naître que l'engagement pris par la Banque de France
(iffre cet avantage d'assurer la conservation défini-
tive de toutes les richesses que contient cet immeuble,
alors que l'augmentation de valeur des terrains dans
le quartier eût très bien pu amener son propriétaire
à en raser un jour les constructions pour édifier une
maison de rapport sur l'emplacement de la Chancel-
lerie actuelle.
Ces édiles, tout de même, quels artistes ! Et
dire qu'il y a de méchantes gens pour les traiter
de vandales...
ÉCHOS ET NOUVELLES
Légion d'honneur. — Parmi les nominatioDs
dans l'ordre de la Légion d'honneur, faites sur la
proposition du ministre du Commerce, nous relevons
le nom de M. Wildenstein, négociant en tableaux et
objets d'art.
Académie des beaux-arts (séance du 17 jan-
vier). — L'Académie des beaux-arts a appris avec
satisfaction la nouvelle — que nous commentons
d'autre part — de l'abandon des projets d'aliénation
des terrains du Pincio, qui font partie du domaine
français à Rome.
— Le prix Doublemard, destiné à u préparer les
élèves sculpteurs au grand prix de Kome », est ainsi
partagé :
I" prix et 1" médaille {1.800 fr.) : M. Gazan, élève
de M. Antonin Mercié.
î* prix el 8* médaille (100 fr.) : M. Casla, élève de
M. iDJalbert.
— Dans sa prochaine séance, l'Académie publiera
les programmes des concours Roux de peinture,
sculpture et architecture.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 16 janvier). — M. Gagnât annonce k l'Aca-
démie qu'il a reçu du D' Carton, de Tunis, le texte
d'une inscription découverte par lui au cours de
fouilles exécutées, grâce à une subvention prélevée
sur la fondation Piot, dans les Thermes de Bulla-
Uegia. M. Cagnat se propose de la commenter ulté-
rieurement devant l'Académie, mais il tient à en
signaler, dès maintenant, la découverte et à mettre
ses confrères au courant des progrès des recherches
du D' Carton.
Le déblaiement méthodique du monument lui a
permis de mettre au jour des parties très remarqua-
bles de l'édifice et notamment une construction sou-
terraine d'une disposition particulière ; le D' Carton
se propose de prendre, au printemps, des vues des
détails les plus intéressants et de les remettre à l'Ac.v
démie.
— De la part de M. .Iules Renaut, architecte à Tunis,
M. Paul Monceaux communique une inscription chré-
tienne lisible sur une jarre récemment découverte en
Tunisie, au sud-est d'Hammam-Lif
— M. Louis Navex commente un passage de la
huitième églogue des Bucoliques.
— M. M. Pézard, chargé, en 1913, de pratiquer des
fouilles archéologiques à Bender-Boucbir (golfe Persi-
que), rend compte de sa mission qui a fixé d'une
façon définitive l'emplacement de l'antique Liyan,
l'une des places-fortes de l'empire élamite les plus
éloignées de la métropole; parmi les documents
archéologiques et épigraphiques recueillis, urnes,
vases, textes sur brique et albâtre, un des plus
importants est une inscription relative au roi de
Suze lloumbanamana (milieu du deuxième millé-
naire).
En terminant, M. Pézard rappelle l'importance, an
point de vue de l'archéologie musulmane, du port de
Tahiri, sur le golfe Persique, dans le voisinage duquel
se trouvent les mines de la ville de Siraf.
— M. Boussac commente un passage d'Hérodote
(II, 18) où est rapportée une légende courante des
anciens Égyptiens qui plaçaient les sources du Nil à
Philce.
Société nationale des antiquaires de France
(séance du 14 janvier). — M. Buttin fait une com-
munication au sujet de plusieurs pièces provenant
d'une armure de Philippe II, conservée au Musée de
l'Armée, et que le gouvernement français va céder au
roi d'Espagne en échange d'une armure de Charles-
Quint. Il montre l'importance et la valeur des pièces
dont le Musée de l'Armée va se dessaisir.
— M. Lefèvre-Desnoëttes présente divers objets
en fer trouvés par M. René de Saint-Pèrier dans la
grotte de Lespugne (Haute-Garoone).
Conseil des Musées nationaux. — Le Journal
officiel du 18 janvier a publié un décret aux termes
duquel sont nommés membres du Conseil des musées
nationaux, pour une durée de trois ans h dater du
1" Janvier 19U : MM. Louis Barthou, député, en
ANCIEN ET MODERNE
âî
rpiuplacement de M. Aynard, décédé ; Pierre Baudin
sénateur, en remplacement de M. Raymond Poincaré.
— D'autre part, sont nommés membres temporaires
du Conseil des musées nationaux, pour une durée de
trois ans, à dater du 1" janvier 1914 :
MM. Bourgeois, sénateur; G. Leygues, député-
Homieu, conseiller d'État; Combarieu, conseiller
maître à la Cour des Comptes ; L. Bonnat, membre
de l'Institut; M. Collignon, membre de l'Institut,
professeur à la Faculté des lettres; Coutan, membre
de l'Institut; Guillemet, membre du Conseil supérieur
des beaux-arts; L. Gonse, écrivain d'art, membre
du Conseil supérieur des beaux-arts; H. Kœchlin,
président de la Société des amis du Louvre ; le baron
Edmond de Rothschild, membre de l'Institut.
Société nationale des beaux-arts. — La Société
nationale des beaux-arts avait ouvert, entre ses mem-
bres, un concours pour une affiche destinée au Salon
de la Société. Le jury de ce concours vient de rendre
son jugement.
MM. Albert Martine, Silice, Cppénauer et Carot
reçoivent chacun une prime ; leurs projets seront en
outre exposés au Salon. Mais le projet classé premier,
ne donnant pas entière satisfaction, ne sera pas
exécuté.
Les autres concurrents, dont la Société ignore les
noms, sont priés de retirer leurs œuvres avant la fin
du mois.
Musée de l'Armée. — Le llullelin a annoncé,
dans son dernier numéro, que le Musée de l'Armée
allait se dessaisir, au profit de l'Armeria real de
Madrid, d'un chanfrein et de quatre pièces provenant
de l'armure de Philippe 11. L'n loi étant nécessaire
pour distraire d'un musée national un objet classé, le
décret du ministre de la Guerre précise que ces pièces
seront envoyées à Madrid « à titre de dépôt », mais
qu'elles resteront «propriété de la France».
Ces pièces sont inestimables, au dire du spécialiste
de l'histoire des armes, M. Buttin, car l'armure de
Philippe II est une des plus belles du monde; il n'avait
pas fallu moins de deux années (1349-1350) àDesiderius
Colman, le meilleur armurier d'Allemagne, et à Georges
Siegmann, l'orfèvre réputé, pour la parachever.
C'est pour répondre à un désir exprimé par le roi
d'Espagne, lors de son dernier voyage à Paris, que
cette cession a été consentie. Il avait été convenu
alors que l'Armeria Real enverrait en échange au
Musée de l'Armée une armure complète de Charles-
Quint. Mais, jusqu'ici, les seuls objets que le directeur
de l'Armeria Real ait proposés au directeur du Musée
de l'Armée sont deux pistolets de fabrication fran-
çaise et une rondache de Philippe II, pièces connues
et de peu de valeur.
La « Joconde » retrouvée. — Le gouvernement
français, pour témoigner sa reconnaissance à MM. Cre-
daro, ministre de l'Instruction publique d'Italie,
Corrado Ricci, directeur général des Beaux-Arts, et
G. Poggi, directeur de la galerie des OEBces, de l'ini-
tiative déployée par eux dans l'affaire de la Joconde,
a nommé, le premier officier, et les deux autres
chevaliers de la Légion d'honneur.
D'autre part, l'antiquaire florentin. M. X. Geri, a
été non)mé oUicier de l'Instruction publique, et il a
reçu la somme de 25.000 francs, que les Amis du
Louvre avaient promise à celui dont les indications
permettraient de retrouver la peinture de Léonard.
La Société des Amis du Louvre communique à ce
propos la note suivante :
« La Société des Amis du Louvre a envoyé le 21
janvier, au consul de France à Florence, pour être
remiseàM.Geri, antiquaire, la somme de 25.000 francs
qu'elle avait décidé, au moment du vol de la Joconde,
de donner en prime à la personne dont les rensei-
gnements décisifs feraient rentrer le tableau au Louvre.
» C'est d'accord avec le ministère italien de l'Ins-
truction publique et l'ambassade de France à Rome
que M. Geri a été reconnu par la Société comme
devant bénéficier de cette prime.
» Les membres du Conseil d'administration des
Amis du Louvre ne voulant opérer, pour payer cette
dette aucun prélèvement sur les ressources ordinaires
de la Société, ont ouvert entre eux une souscription
qui, rapidement conduite, a produit la somme néces-
saire. »
il parait, d'ailleurs, que cette récompense ne satis-
fait point M. Geri : il réclame du gouvernement
français une allocation correspondant à 10 "/,, de la
valeur du tableau, valeur qui serait fixée par un expert
nommé par le tribunal civil de la Seine. A cet ellét,
M. Geri vient d'assigner le ministre de l'Instruction
publique et des Beaux-Arts en payement de cette
somme, réclamant une provision immédiate de
100.000 francs à valoir sur l'indemnité qu'il demande.
Paris qui s'en va. — Le Musée Carnavalet va s'en-
richir de l'enseigne Au Vieuj satyre, qui datait du
xvnf siècle et qui figurait une tète de faune barbu et
cornu, surmontée d'une corbeille de fleurs. Cette
enseigne se trouvait au-dessus de la porte d'une mai-
son située à l'angle de la rue Montfaucon et de la rue
du Four, et qui va disparaître.
— Au coin du quai Conti et de la rue de .Nevers,
une autre vieille maison va disparaître : celle du
bijoutier de Marie-Antoinette, Grauchez, marchnnd
de curiosités, à l'enseigne : Au l'élit Dunkerque.
Graucheztransportaensuite sa boutique rueRichelieu,
mais son enseigne resta quai Conti, au-dessus de la
porte du cabaret qui remplaça la boutique de joail-
lerie.
A Besançon. — On a inaugure le 10 janvier, au
palais de justice de Besançon, dune part, le médaillon
de l'ancien bâtonnier du barreau de Paris, le Franc-
Comtois Eugène Pouillet, dû à cet autre Franc-Com-
tois qu'est le sculpteur Gardet, et, d'autre part, les
grands panneaux décoratifs exécutés par le peintre
28
LE BULLETIN DE L'ART
local, M. Emile Isembart, qui les a ofi'erts à la ville
de Besançon.
A Rome. — De grands travaux d'embellissement
doivent être prochainement entrepris à Saint-Pierre
do Kome : on va recouvrir de marbres précieu.x les
pilastres et les autres parties intérieures de l'édifice
qui n'en sont pas encore revêtus.
Les Terrains du Pincio. — A la protestation' de
l'Académie des beaux-arts contre l'aliénation de ter-
rains appartenant au domaine national, — protesta-
tion dont nous signalions, il y a quinze jours, le
retentissement, — sont venues se joindre les pro-
testations de M. Albert Hesnard et des pensionnaires
de la Villa Médicis, et celles de Ma'' Uuchesne et des
membres de l'École de Home. Les journaux d'Italie
ont montré que les Romains ne voyaient pas très
favorablement les projets de l'architecte du gouver-
nement, qui avait mis l'affaire sur pied ; les journaux
français ont reproduit ces témoignages de réprobation ;
et devant cette unanimité, le gouvernement n'a eu
qu'à désavouer son architecte. La vente des terrains
du Pincio est abandonnée : le sous-secrétariat d'État
des beaux-arts en a donné offlciellement la nouvelle,
le 16 janvier.
Ce n'est d'ailleurs pas la chose la moins singulière
de toute cette histoire que l'aliénation ait été pour-
suivie, non seulement contre le gré de l'ambassadeur
de France à Kome et du directeur de la Villa Médicis,
mais même avant qu'aucun projet de loi ne l'eût auto-
risée. Bien mieux : ces terrains, occupés actuellement
par des jardiniers, et sur lesquels on projetait, après
lotissement, de construire des immeubles, on sait
aujourd'hui qu'ils se trouvaient frappés, en vertu de
la loi italienne, d'une servitude non mdificandi ..
Il faut remercier l'Académie des beaux-arts d'avoir
pris si nettement position, et. par son attitude si ferme,
d'avoir épargné à notre pays le scandale qu'eussent
été la vente et le lotissement de ces jardins.
Nécrologie. — Ce numéro est sur le point de
paraître, quand nous arrive la nouvelle de la mort de
notre collaborateur M. Dtirand-Grévitle : nous remet-
tons a la semaine prochaine la notice sur cet érudit.
()ui a poursuivi ses études sur l'histoire de l'nrt .-ivec
tant de conscience el de ténacité.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — 'Vente de tableaux par Amaa-
Jean. — M° Baudoin, assisté de M. Manzi, a
vendu, le IG janvier, galerie Man/.i, trente-huit
peintures el pastels de .M. Aman-.lean : il ont
produit un total de 49.;)8Î) l'rancs. La plus belle
enchère est celle de 4.V00 francs obtenue, sur
demande de 5.000, par un Portrait en plein air
(n° 11.
Ventes annoncées. — A Paris. — Galerie
Crespi, de Milan. — La vente de la célèbre
galerie Oespi, de Milan, dont il a été maintes
fois question en ces dernières années, est aujour-
d'hui décidée. Elle aura lieu au début de juin
prochain, à la galerie Georges Petit.
A Berlin. — Collection Raffauf (objets
d'art, etc.). — .Nous recevons le catalogue illus-
tré de la collection du conseiller de légation
RafTauf, dont la vente aura lieu chez R. Lepke,
,les 3 el 4 février. Dans cet ensemble d'objets
d'art el d'ameublement anciens, on resnarquera
des meubles et des sièges des xv» et xvi« siècles,
d'art allemand et italien; des sculptures en bois
des mêmes époques, de divers ateliers germa-
niques; un buste antique d'époque romaine;
une Sainte ronversation de Rissolo; une Madone
de R. .Montagna; une autre Madone du .Maitre île
Vicence (vers 1500), et divers autres tableau.x,
dont un Dirk van Deelen, un P. Claesz et un
P. Molijn; des faïences italiennes et orientales;
quelques bronzes; enfin des tapis persans et des
étoiles, lue courte préface du Dr. W. Rode
donne un intérêt particulier au catalogue de
celte vente, dont la composition dénote un goût
(l'ameublement ancien, — plutôt que de collec-
tion, à proprement parler, — très répandu en
Allemagne.
Collections de feu le Baron Albert von
Oppenheim, de Cologne (peintures et objets
d'art. — On annonce dès maintenant que les
célèbres collections de feu le Baron Albert von
Oppenheim seront vendues à Berlin, l'automne
prochain, chez Rudolpli Lepke, sous la direction
ANCIEN ET MODERNE
2»
des deux maisons de vente, Hugo Helbing, de
Munich, et Rudolph Lepke.
La première partie sera consacrée aux pein-
tures du xv au XVII» siècle. Parmi ces tableaux,
il faut citer des œuvres de Petrus Chrislus, Quin-
ten Metsys, Gérard David, Rembrandt, Frans Hais,
Rubens, Pieter de Hooch, Van Dyck, Hobbema,
Huisdael, Jan Steen, Ter Borch, Teniers, Guijp.
La seconde partie comprendra les objets d'art :
la collection de cruches, les vitraux gotliiques,
les meubles, les émaux de Limoges, les sculptures,
les ivoires, etc.
Le catalogue des tableaux sera rédigé par le
Dr. Bode; celui desobjetsd'artparleDr. vonFalke.
M. N.
LIVRES
A Paris. - Vente de la bibliothèque du
marquis de Piolenc (livres anciens et mo-
dernes). — Les quelque six cents numéros qui
liguraient au catalogue de la bibliothèque de feu
le marquis de Piolenc avaient de quoi satisfaire
les goûts des bibliophiles qui s'attachent surtout
aux livres du ïviii' siècle et aux éditions origi-
nales modernes : c'était là, avec quelques clas-
siques et des reliures, les deux grosses « séries »
de ce cabinet d'amateur, et on a pu voir, à l'ar-
deur des compétitions, que le beau livre est
toujours assuré de se voir très chaudement dis-
puté toutes les l'ois qu'il passe eu vente publique.
M n'a pas fallu moins de cinq jours, du 26 au
■^O novembre, à M"' A. Couturier, assisté de
MM. Leclerc et Blaisot, pour disperser la biblio-
thèque du marquis de Piolenc. La vente s'est
terminée sur le chiflre coquet de 399.210 francs,
et non sans qu'on ait eu l'émotion de plusieurs
enchères fort intéressantes.
Les quatre plus belles ont été celle de 13.560 fr.
pour un exemplaire sur vélin des Liaisons dange-
reuses, de Choderlos de Laclos (1796), avec les
figures de Monnet, M"' Gérard et Fragonard fils,
en deux étals; celle de I3.B00 fr. pour un exem-
plaire des Contes et nouvelles de La Fontaine (1795),
avec 78 figures; celle de 10.120 fr. pour les Chan-
sons de La Borde (1773), avec figures de Moreau ;
et celle de 10.000 fr., pour l'Abrégé chronologique
de l'Histoire de France, par le président Hénaut
(1752), relié aux armes de Louis XV. De nom-
breuses enchères importantes sont encore à citer
que l'on trouvera dans la liste ci-après.
Avant de passer à l'énumération de ces beaux
prix, disons un mot des livres modernes : ils ont
fait fort bonne ligure, ainsi que le prouvent des
enchères comme celle de 6.000 fr. pour la Cité
des eaux, d'Henri de Régniet-, avec ligures de
Jouas, et celle de 4.900 fr. pour Notre-Hame-de-
Paris, de Victor Hugo (éd. Testard, 1889), avec
illustrations par L.-O. Merson.
Les éditions originales, toutes proportions gar-
dées, ont fait également de fort beaux prix : on
a vu un exemplaire de Dominique, édition de 1863,
sur papier de Hollande, avec reliure par Marins ,
Michel, poussé jusqu'à 3.502 francs; il avait fait
1.520 francs à la vente Legrand.
Voici la liste des prix au-dessus de .i.OOO francs.
PRINCIPAUX PRIX
(Au-dessus do 3.000 francs.)
Aucune enchère n'est à retenir parmi les livres
anciens et éditions classiques, tous restés au-dessous
de 1.000 francs.
Livres illustrés du xvni' siècle. — 31. Anaeréon,
Sapho. Bion et Moschus (Paris, 1773), fig par Eisen,
rel. aac, 5.150 fr. — 34. Berquin. Idylles el romances
1775-1776), lig. par Marillier, rel. anc, 3.400 fr. — "
37. Choderlos de Laclos. Les Liaisons dangereuses
(1796, 2 vol.), ex. sur vélin, (ig. de Monnet, M"° Gérard
et Kragonard, eaux-fortes et épr. avant la lettre, rel.
de LeI'ebvre. 13.560 fr. — 38. Corneille. Théâtre (1764),
12 vol., fig. par Gravelot, rel. de Deroine, 17.200 fr.
— 41. Uesornieaux. Histoire de la Maison de Bourbon
(1772-1788), 5 vol., fig. de Moreau, Cholîard, Krago-
nard, etc., rel. anc. aux armes du prince de Conti,
,").000 fr. — 42. Dorât. Les Baisers (1770), lig. par
Eisen, rel. anc, 5.130 fr. — 43. Dorât. Fables nou-
velles (1773), lig. par Marillier, rel. anc, 8.050 fr. —
46. Gravelot et Cochin. Iconologie (1791), rel. anc,
3.300 fr. — 48. Le Président Ilénault. Nouvel abrège
chronologique de l'histoire de France (1752), lig. par
Cochin, rel. aux armes de Louis XV, épreuves tirées
dans des cadres ornés, etc., 10.000 fr. — 49. La Borde.
Choix de chansons (1773), lig. par J.-M. Moreau, Le
Barbier, etc., rel. anc, 10.120 fr.
51. La Fontaine. Contes elnouvelles ^nil.'i), lig. par
Choff'ard, suite des lig. du t. IV en deux états, rel.
anc, 13.500 fr. — 57. Marmontel. Contes moraux
(1765), portr. de Marmontel par Cochin et fig. par
Cholîard, rel. anc. aux armes de Mérard de Saint-
Just, 4.520 fr. — 58. Meunier de yuerlon. Les Grâces
(1769), lig. par Moreau, rel. anc, 4.950 fr. — 59.
Molière. Œuvres (1734), 6 vol., lig. par Boucher, rel.
anc, 6.100 fr. — 61. Molière. Œuvres (1773). fig. par
Moreau le jeune, rel. anc, 5.700 fr. — 64. Ovide. Les
Métamorphoses (1767-1771), flg. par Eisen, Moreau,
Boucher, etc., rel. anc. 8.120 fr. — 67. L'abbé Pré-
vost. Histoire de Manon Lescaut et du chevalier Des
Grieux, fig. de Lefèvre çn trois états, rel. 'anc.,
4.100 fr. . ; '
69. Racine. Œuvres [{160), portr. par Daullé, lig.
par de Sève, rel. anc. aux armes de Mir.ibeau, 7.020 fr.
to
LE BULLETIN DE L'ART
— 70. Racine. CEuvres (1768), portr. par Santerre.
fig. par Gravelot, rel. anc, 3.630 fr. — 72. Regnard.
Œuvres complètes (1790). portr. par Rigaud, fig. par
Moreau et Marillier. rel. anc, 4.020 fr. — 76. Le Sacre
de Louis XV, etc., lig. et pi. par Audran, Coctiin père,
etc., rel. aux armes royales, 3.033 fr.
Livres .M0IIFI1NF8. — 136. V. Hugo Notre-Dame de
Paris, ill. de L -0. Merson, gr. par Géry-Bichard, rel.
de Marius Michel, 4.900 fr. — 137. Huysmans. A Re-
bours, grav. sur bois en couleurs par A. Lepère, rel,
de Marius Michel, 4.200 fr. — 167. H. de Régnier. La
Cité des eaur, eaux-fortes originales de Ch. Jouas,
rel. de Marins Michel, 6.000 fr, — 180. Virgile. Les
Êglogues, ill. de A. Giraldon, gr. en coul. par Florian,
rel. de Cnnape, 4 000 fr.
Nombreuses autres enchères entre 1.000 et 2.000 fr.
que nous n'avons pas la place de signaler.
Éditions originales. — Dans cette série abondante
d'ouvrages de l'époque romantique ou de l'époque
contemporaine, tous relativement très bien vendus,
nous nous contenterons de citer :
316. E. Fromentin. Dominique, ex. sur Hollande,
rel. par Marius Michel, 3.502 fr. — 323. T. Gautier.
Mademoiselle de Maupin, rel. par Mercier, 3.400 fr.
— 364. V. Hugo. Noire-Dame de l'aris, rel. par Kief-
fer, 3.200 fr.
B. J.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Cercle "Volney. — La« ligne d'Italie » va-t-elle
reprendre possession de l'art, au début d'un
siècle'? Ici, comme à l'avant-garde, nous la retrou-
vons dans une série d'études inégalement savou-
reuses, mais toutes significatives par la tendance
qu'elles expriment; on dirait que les deux gran-
dioses petites vues de la Voie Appienne, si large-
ment brossées par M. René Ménard, et qui
passèrent trop inaperçues au Salon de 1008, ont
rouvert une fem^tre oubliée sur la terre nourri-
cière de la beauté classique... En attendant de
nouveaux Corot, voici donc, ici même, l'Église
San Giovanni e Paolo qui se dore, en pleine verdure
matinale, aux yeux attendris du peinlre-slaluaire
Jean Hugues; le Monastère anonyme, qui parle
au cœur de M. Dambéza, sous un joli ciel nuageux
que traverse l'aiguille noire des cyprès ; le Colisce
formidable et blond et le Cœlius vu du Palatin,
avec ses couvents rosés sous la sombre eurythmie
des pins, qui retiennen t la correction de M. Bernard
Wolff M. Bégnault-Sarasin, que nous ne connais-
sions pas encore non plus, colore avec plus d'in-
tensité les Eucalyptus de la Campagne romaine et
la perspective rocheuse de Girgenti, depuii le
temple de Castor et Pollux; M, J.-F. Bouchor laisse,
à Venise, M. Iwill sur la Hazzetta pluvieuse et
M. Le Gout-Gérard devant la splendeur fauve de
Saint-Marc, et descend de la fontaine du Pozzo,
chère aux ramiers, vers la Sicile où les ruines
harmonieuses du Théâtre antique de Taormina se
découpent sur le golfe azuré que domine le cAne
lumeux de l'Etna; M. Gaston Guignard reste en
Corse, mais la Route de Calvi lui découvre l'austère
noblesse de ses horizons.
L'histoire du paysage inaugure- t-elle un
nouveau chapitre? En tous cas, c'est une indica-
tion. Ce n'est pas la seule, et nos maîtres (igurisles
donnent le bel exemple, avec le Chant du Soir
ou le Chasseur et la Source que M. Luc-Olivier
Merson stylise comme des sonnets florentins en
l'honneur du sixième centenaire de Boccace;avec
les Mcnades qu'invoque M. Raphaël Collin : daus
le rêve guerrier que M. Fernand Cormon précipite
Vers la frontière avec l'élan minutieux de ,ses
petits poèmes homériques. Ni la Buveuse
d'absinthe, au corsage cramoisi, de M. Devambez,
ni le Nu délicat de M. Décheiiaud n'affichent une
pareille nostalgie de lyrisme ; mais ce sont d'excel-
lents morceaux de peinture, au même litre que
la Leçon de tissage, de M. Laparra, le fiid enso-
leillé de M. Guillonnet. les études voyageuses de
M. Lauth, les poteries persanes de M. Bompard
ou la symphonie d'or vert que l'Automne à Trianon
propose à M. Chigot. D'autres cherchent du nou-
veau, M. Montagne, devant une façade gothique
ou sous les arches radieuses du Pont du Gard
M. Pierre VVaidmann, sur les dunes du Nord
M. Tattegrain, dans une vieille rue villageoise
M. Saint-Germier, dans un harem de Tunis
M. Paul-Thomas dans un patio de la Renais-
sance espagnole.
Le portrait demeure paisiblement égal à sa
tradition de charme virginal avec M. Henri Royer,
de conscience virile avec M. Gabriel P'errier,
d'adresse loyale avec MM. Pascal Blanchard et
Marcel Bascliet, de brio capiteux avec M. Paul
Chabas, de tendresse avec un marbre de M. Paul
Roussel, de maitrise avec les bustes vivants de
M. Denys Puecb, portraitiste du penseur Alfred
Fouillée, el de M. Sicard, portraitiste du charmeur
Anatole France ; et, dans ce décor imprévu de si tes
italiens, le sourire d'un sage ne nous suggère-t-il
pas que tout renouvellement n'est qu'un reflet
d'autrefois ?
Raymond Bouyeb.
ANCIEN ET MODERNE
31
La Céramique ornementale
en Haute-Normandie
à propos d'un livre récent ill.
Dans la première galerie du Musée d'anti-
quités de la Seine-Inférieurp, à Rouen, une vaste
armoire vitrée présente une collection remar-
quable, aussi variée qu'abondante, de carreaux
émaillés du moyen âge et de la Renaissance,
recueillis dans la région de la Haute-Normandie.
Nous nous imaginons volontiers que c'est dans
la vue journalière de (.elte vitrine et l'étude de
son contenu, on se manifeste un esprit déco-
ratif si franc, si bien approprié à sa destination
et si moderne, que le directeur de ce musée,
M de Vesly, a pris l'idée du présent livre, on il
a su faire œuvre à la fois de savant et d'artiste.
On est trop porté à ne considérer les produc-
tions des arts du feu, en Haute -Normandie
comme ailleurs, que pour la période postérieure
à la Renaissance. Si le Vieux-Rouen, la reine
des anciennes faïences françaises, mérite tou-
jours la première place dans notre admiration,
celle-ci ne sera en rien diminuée par l'étude des
travaux céramiques qui ont précédé Abaquesne
et les premiers essais de la fabrication rouen-
naise proprement dite. Laissant de côté, dans
le présent travail, les pièces « de forme » : plats,
vases, etc., dont le Musée des antiquités de la
Seine-Inférieure possède aussi une riche réu-
nion, bien digne d'une étude approfondie, M. de
Vesly s'est préoccupé de montrer la diffusion
de la céramique ornementale dans la Haute-
.Normandie, où, condition indispensable, la ma-
tière première ne faisait pas défaut, — l'argile,
fortement colorée par l'oxyde de fer, se rencon-
trant en abondance dans la Seine-Inférieure et
dans l'Eure.
Les plus anciens carreaux incrustés sont ceux
trouvés par l'auteur lui-même dans des fouilles
opérées à Boos. Ces premiers essais, qui n'ont
pas résisté aux injures du temps, datent du
VI" siècle. D'autre part, le musée d'Evreux con-
serve des carrelages ornés de dessins gravés,
mais sous couverte. Ils proviennent de l'abbaye
de Saint-Sanson-sur Risle,et datent du vni« siècle.
Les pavés émaillés commencent à apparaître au
A). I.n Céramique ornementale en Haule-Sor-
mandie, pendant le moyen dge et la lienaissance,
par I.. <|p VpsIv (Hniifn, ^9^^).
XI» siècle, et dès le xw, nous avons un assem-
blage de pavés formant des rosaces, provenant
de l'église Saint-Ouen, de Rouen, et aujourd'hui
au Musée des antiquités de la Seine -Inférieure.
A partir de cette époque, les parés vernissés à
l'oxyde de plomb, soit unis, soit décorés d'orne-
ments, deviennent tiès fréquents en Haute-
.\ormandie.
Si l'origine de ces carreaux historiés «t ver-
nissés au moyen de l'oxyde de plomb est encore
obscure, la Haute-Normandie a, du moins, livré
des vestiges de carrelage qui se classent parmi
les premiers en date. D'autre part, dans aucune
autre région, la fabrication n'a été aussi floris-
sante du xiii" au xvi» siècle : carreaux de pave-
ment, pavés funéraires, plaques de revêtement
et briques ouvragées, la céramique ornementale
tint alors, dans la décoration architectonique,
une place qu'on aimerait à lui voir reprendre di;
nos jours. Mais le xvi= siècle, qui vit apparaître
les robustes pavés en grès de Brémontier-Massy,
chefs d'oeuvre du genre, vit aussi venir d'Italie le
pavé faïence à couverte stannifère qui fit dé-
laisser le carreau émaillé. Le procédé nouveau,
plus séduisant, fut adopté immédiatement en
Normandie même, dans le carrelage bien connu
du château d'Écouen, qui marque le début de la
faïence de Rouen.
Aujourd'hui, si les céramistes modernes uti-
lisent de préférence une matière première qui
ne nécessite pas un éraaillage, et si, par consé-
quent, les procédés de fabrication diffèrent, on
revient, par contre, et avec raison, aux véritables
modèles de décoration sobre et expressive que
sont ces carreaux du moyen f'ige, dont M. de
Vesly nous donne aujourd'hui, en quelque sorte,
un corpus régional.
Nous ne pouvons suivre l'auteur, comme il
conviendrait, dans ses recherches archéolo-
giques sur les centres de production, ni dans ses
explications techniques sur les procédés usités
pour la fabrication proprement dite et la déco-
ration, selon qu'il s'agisse de pavés mats, de
pavés unis, de pavés sigillés (en relief ou en
creux), de pavés historiés, ceux-ci les plus nom-
breux et d'ordinaire en rouge et jaune, parfois
en rouge et vert, ou noir et jaune ; enfin, pavés
de Brémontier-Massy, à la fois très résistants et
d'un émail très coloré, les derniers en date en
Haute-Normandie, se plaçant à l'époque de
Louis XII et de François I", et qui, pur le fini de
l'exécution et la résistance du grain, constituent
In perfection du "Piipo.
32
LE BULLBTIN DE L'ART
Nous ne pouvons non plus passer, avec M. de
Vesly, la revue des différents motifs d'ornemen-
tation, si nombreux et si variés dès le xiii» siècle,
employés sur ces pavés, ni suivre l'évolution de
cette grammaire décorative à travers les siècles
suivants. Mais il nous faut signaler le chapitre
spécial consacré aux pavés ou dallages funéraires
qui furent, en Normandie, une branche impor-
tante de l'industrie céramique. Les plus fameux
sont ceux de l'abbaye de Jumièges, dont il ne
reste que quelques épaves, mais dont l'aspect
général est conservé dans les dessins de la col-
lection fiaignières, aujourd'hui à Oxford, et qui
sont ici reproduits.
La dernière partie du travail, si consciencieux
et si parfaitement ordonné, de M. de Vesly, con-
cerne les applications de l'industrie céramique
dans le revi' lement des murailles, tant extérieures
qu'intérieures, des bâtimenis. De l'emploi, qui fut
si général en Haute-.Normandie, des briques
ouvragées, des plaques céramiques et des tuiles
historiées, concourant tant à la décoration des
façades qu'à celle des toits, cheminées et des
intérieurs des habitations, certains spécimens ont
subsisté, attestant le développement et l'impor-
tance de celte fabrication.
A cette élude archéologique si attachante, M. de
Vesly a joint une série de planches, la plu-
part d'après ses propres dessins, comprenant
deux cents motifs de décorations usités dans ces
carreaux vernissés : instruments géométriques,
rosaces, entrelacs, arbres et feuillages, ornements
conjugués, flf'urs de lys, chiffres et armoiries,
animaux, figures diverses, personnages, attestent
la fertilité d'invention, en même temps que l'es-
prit décoratif des céramistes normands. Si cette
dernière partie du travail de M. de Vesly com-
plète très heureusement, à la manière d'un atlas,
son étude archéologique, elle ne mérite pas
moins l'attention de tous ceux qui s'intéressent
à l'emploi de la céramique ornementale dans la
décoration moderne.
M. N.
LES REVUES
Russie
Starye Gody (juillct-septembrel. — Triple numéro
se rapportant à l'histoire iirtlstique de l.i maison
lioin.'inov.
— A. MrHÔxov. L'Authenticité des portraits du
tsar Michel. — Seul celui d'Olearlus fut dessiné
d'après nature.
— P. MoiBATOv. J,n Peinture d'icônes sous le pre-
mier tsar de la maison Homanov. — Fin de la belle
époque d'iconographie religieuse qui, au coinmence-
nient du xviii' siècle, était « retombée dans l'en-
fance ■>.
— A. T. Documents pour servir ù l'histoire des
collections impériales, — Ces documents concernent
l'Ermitage : Al Copie des Loges de Raphaël ; lij Lettre
de Chodowiecki ; C) Lettre de Keynolds au sujet de
ses deux tableaux ; D) Clerisseau et Catherine II.
— Baron N. Wkanofi,i.. L'Empereur Mcolas l" et
les arts. — Tableaux vendus aux enchères ou donnés.
• — V. LoUKÔMSKi. Lettres d'investiture du XVII' et
du XVlll- siècles.
— A. Brnois et N. Lancekav. L'Architecture sous
Nicolas /•'.
— S. Iarémitch. Un Portrait [détruit] du tsar Ivan.
— il se trouvait sur une fresque, à Kiev xvn* siècle).
— D. Roche. Les l'urlrails de l'Impératrice Elisa-
beth par Moreau le Jeune. — Portraits décrits par
.Mahérault ou lui ayant appartenu ; l'un, à la sanguine,
se trouve au Cabinet des Estampes, à Paris. On
aduieltait. à tort, qu'aucune œuvre faite pendant le
séjour de Moreau en Russie ne subsistait.
— P. StolpUnski. Le Monument de Pierre le Grand
par liastrelti. — C'est le monument, non inauguré,
que Catherine II résolut de faire remplacer par celui
de Falconet; Paul 1" le fit placer, en 1800, devant le
palais qu'il s'était fait bâtir.
— Baron N W. Un Nouveau portrait de Catherine II
par Falconet. — Portrait-médaillon du Musée Jar-
qiiemart-André, que la statue de la Gloire entoure
d'une guirlande.
— Baron .N. W. Une Distraction artistique de l'Im-
pératrice Marie Féodorouno. — Tableaux vivants
en 18^2.
(Octobre:. — A. Pôi.ovtsov. Notes sur l'art musul-
man, d'après tes collections du musée Stieglitz.
— \. Lerfda. La « .Madone llenois » de Léonard de
Vinci. — Raisons de croire à laulhenticllé de cette
œuvre (laquelle vient d'être acquise, depuis peu, par
l'empereur, pour l'Ermitage).
— P. StolpIanski. Les Ventes d'objets d'art au
XVIII' siècle à Sainl-Pélersbourg [suite).
— A. T. Un Paysage de Gerrit van Hees au Palais
d'hiver. — C'est le cinquième tableau connu de ce
peintre, dont beaucoup dœuvres sont manifestement
attribuées à Ruysdael.
— P. Oc;sTi.MoviTCii. Un Billet d'invitation à une
mascarade chez le prince Potemkine en 1779. —
Reproduit.
Le Gérant : H. Demis.
P»ri«. — Itnp. Ueorge» Petit, ti. rue Godol-dp-M»uroi .
Numéro 610.
5->
Samedi 31 Janvier 1914.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Générosité excessive
La nouvelle avait couru dix fois, depuis le
retour de la Joconde. A la lîn de la semaine
dernière, un journal Ta reprise et publiée avec
de tels détails que le sous-secrétariat des Beaux-
Arts a dû communiquer un démenti catégorique :
non, il n'est pas, il n'a jamais été question
d'offrir à l'Italie deux des peintures italiennes
du Louvre, en reconnaissance de la restitution
du chef-d'œuvre de Léonard.
Les cœurs généreux, qui trouvaient toute natu-
relle cette manifestation de la gratitude natio-
nale, devront en faire leur deuil. Mais n'est-il
pas déjà bien singulier qu'une pareille question
ait pu ('tre agitée"?
On voudrait savoir pourquoi la remise à la
France, légitime propriétaire, d'un tableau volé,
entraîne pour le pays l'obligation de manifester
sa reconnaissance, en offrant à l'Italie une sorte
de compensation prélevée sur le patrimoine
national. Croit-on que si le voleur de la Vierge
à Véloile-, au lieu d'avoir été pris à Florence
même, était venu se faire arrêter à Paris, nous
ne nous serions pas crus obligés, par la probité
la plus élémentaire, à restituer à nos voisins la
peinture de l'Angelico? Que la restitution se
fasse avec une certaine solennité, que l'on prenne
texte des circonstances pour échanger des paroles
de sympathie, que l'on y ajoute mêma quelques
décorations, rien de plus légitime et de plus
conforme à la courtoisie internationale. Mais
vouloir que la « récompense honnête » accordée
à M. Geri soit également due au pays de l'anti-
quaire llorentin et que l'importance de cette
récompense soit calculée selon la proportion de
ce qu'est une nation par rapport à un individu,
pour tout homme de bon sens cela s'appelle
passer la mesure.
A supposer, d'ailleurs, que le principe d'une
telle générosité fût hors de discussion, c'est se
faire une singulière idée du Conseil supérieur
des beaux-arts que de le croire autorisé à puiser
dans le fonds des musées nationaux pour les
besoins d'un échange nu d'une compensation.
Si la nouvelle d'une cession à l'Italie de pein-
tures du Louvre a pu rencontrer quelque créance,
en dépit de ce qu'on sait de l'inviolabilité des
musées nationaux, cela vient de l'équivoque
répandue dans le public sur les origines d'une
partie de nos collections. A en croire certains,
nos musées n'existeraient pas sans les conquêtes
de l'Empire ! On oublie que des restitutions
considérables ont été faites et que, pour le reste,
des traités sont intervenus qui règlent la situa-
tion actuelle ; on oublie aussi qu'il n'est peut-
être pas un grand musée au monde qui ne
tomberait sous le coup d'une restitution, le jour
où l'on devrait rendre à chacun ce qui lui appar-
tient; enfin, si l'on insiste volontiers sur telles
de nos peintures, autrefois enlevées à l'étranger,
on ne parle jamais de celles des œuvres d'art qui
nous appartenaient et qui, ayant été envoyées
dans les musées d'Anvers, de Mayence, de Milan,
par exemple, au temps où ces villes étaient fran-
çaises, y sont bel et bien restées quand les fron-
tières de notre pays se sont vues ramenées aux
limites actuelles.
Moralité : gardons notre Centile da Fabriano
que l'Italie ne nous demande point, et que, nous
le demandât-elle, nous ne pourrions lui rendre.
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Légion d'honneur. — Par décret, en date du
21 janvier, M. Edmond Borchard, artiste peintre,
inspecteur de l'enseignement du dessin et des musées,
a été nommé chevalier de la Légion d'honneur.
Académie des beaux-arts (séance du 24 janvier).
— M. Henry Lemonnier donne lecture dune notice
sur la vie et les travaux de M. Jules Comte, le regretté
fondiiteur de la Revue de l'art, son prédécesseur dans
la section des académiciens libres.
34
LE BULLETIN DE L'ART
— L'Académie propose les sujets suivants pour les
dittérentes épreuves dés concours Roux de 1915 :
Arctiitectura : un Institut français dans une capi-
tale étrangère:
Sculpture : Secours aux al'/lirjés, tiré des sept
œuvres de miséricorde du cloître de l'École des beaux-
arts ;
Peinture : Thésée a abandonné Ariane et son navire
disparait à l'horiion. Ariane demeure éplorée sur le
rivage. Bacchus, accompagné de son cortège habi-
tuel, survient alors et cherche à la consoler.
Pour ce dernier concours, l'Académie prévient les
concurrents que, étant donné les dimensions très
restreintes du tableau à faire, elle exige une toile qui
soit, non pas une simple pochade, mais une œuvre
sérieusement exécutée et dont les morceaux résistent
à l'examen.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 23 janvier). — M. René Gagnât commu-
nique, de la part de M. Carespins, professeur à l'Uni-
versité d'Alger, un fragment d'inscription honorifique
provenant de Constantine.
-— M. André Boulanger expose le résultat des
fouilles qu'il a exécutées, en 1913, à Aphrodisias de
Carie (Asie-Mineure), au cours de la mission qui lui
.1 été confiée par lé ministre de l'Instruction publique.
Tout l'eDort de la campagne a été consacré au déga-
gement des grands Thermes, vaste ensemble archi-
tectural de l'époque d'Hadrien, qui est peut-être
l'exemplaire le plus parfait et le mieux conservé de ce
genre d'édifice.
— M. Louis Châtelain rend compte de la mission
dont il a été chargé, l'année dernière, par la direction
des Antiquités et des Arts du gouvernement tunisien.
Poursuivant ses recherches sur la partie du plateau
de Maklar où il avait découvert, au cours d'une pré-
cédente campagne de fouilles, un macetlum, ou mar-
ché, il a, cette fois, mis au jour une vaste construc-
tion composée d'un péristyle et de plusieurs salles.
Une prochaine campagne permettra de déblayer com-
plètement l'édifice et d'en préciser la destination.
M. Louis Châtelain a exhumé, entre autres objets,
une statue d'Esculape, en marbre, d'un travail curieux.
— M. L. Havet continue ses commentaires des Buco-
liques.
Société nationale des antiquaires de France
(séance du 21 janvier). — M. Marquet do Vasselot
présente .i la Société un ivoire oriental récemment
acquis par le Musée du Louvre.
— M. Formigé fait une communication au sujet
du château de Salon (Bouches-du-Rhôue), dont il
montre un plan qu'il vient de relever. Cet édifice
est malheureusement menacé d'une destruction assez
prochaine, car il a beaucoup souHert d'un tremble-
ment de terre survenu eo 1909.
Société de l'histoire de l'art français ;séance
du 9 janvier). — M. Jules GuifTrey entretient la
Société de la suite de dessins pour l'histoire de la
reine Artémise, exécutés à la fin du xvi* siècle par
Antoine Caron et plusieurs de ses contemporains,
sous la direction de Nicolas llouel. 11 signale, dans
une collection de dessins nouvellement découverte
et achetée par un amateur parisien, quatre feuihets
se rapportant à l'histoire d'Artémise, qui viennent
s'ajouter aux trente-neuf dessins du Cabinet des
Estampes, aux trois du Louvre et aux six composi-
tions du musée de .Madrid appartenant à cette suite.
— .M. Jean Locquin établit que les « Lettres de
C.-N. Cochin à un jeune pensionnaire de l'Académie
de France à Rome» furent écrites entre décembre 1773
et avril 1774 et adressées à Pierre-Charles Jombert,
prix de Rome en 1772.
— M. François Monod communique des notes sur
un certain nombre d'œuvres françaises antérieures
au xix' siècle, conservées dans les musées d'Amé-
rique.
Commission du "Vieux Paris. — La Commission
réclame avec insistance une réparation devenue
nécessaire à l'Arc de Triomphe du Carroussel, dont
les inscriptions, qui commémorent les triomphes de
la Grande-Armée, sont devenues complètement illi-
sibles.
Société nationale des beaux-arts. — Samedi
dernier a eu lieu, sous la présidence de M. Roll,
l'assemblée générale des sociétaires de la Société
nationale des beaux-arts. C'est M. Bartholoiné, un
des vice-présidents, qui a prononcé le discours
d'usage. M. G. Picard a ensuite lu le rapport finan-
cier annuel.
— La Société rappelle qu'une section de musique a
été créée, il y a huit ans, sur l'initiative de M. Paul
Viardot ; les œuvres soumises à l'examen du jury de
cette section, pour le prochain Salon, devront être
déposées au siège de la Société, au Grand Palais,
dans la journée du samedi 14 février.
Musée Carnavalet. — Le service d'architecture
du Musée du Louvre a cédé au Musée Carnavalet,
plusieurs aigles et couronnes impériales en bronze
doré provenant de l'ancien palais des Tuileries.
La Grotte du Luxembourg. — Sur le rapport de
MM. Lambeau et Mareu.se, le Comité des inscriptions
parisiennes a arrêté, dans sa dernière séance, le texte
de la nouvelle inscription qui sera placée sur là
grotte du Luxembourg, dès que seront terminés les
travaux de réparation auxquels est soumis actuelle-
ment ce monument.
La nouvelle inscription rappelle simplement que la
grotte fut édifiée de 1624 à 1630, qu'elle fut rétablie, à
l'emplacement qu'elle occupe aujourd'hui, en 1862,
par A. de Gisors, et qu'on lui adossa alors une façade
où fut placé le bas-relief de la fontaine de la rue du
Regard.
On sait que la construction de ce gracieux monu-
ment, élevé sur l'ordre de Marie de Médicis et appelé
ANCIEN ET MODERNE
à tort fontaine de Médicis, eit attribuée à Jacquet
de Brosse.
Expositions annoncées. — La Société artistique
des amateurs prépare, pour cette année, une expo-
sition, qui aura lieu, au Pavillon de l'Alcazar, du
4 mars au 2 avril, et qui sera accompagnée d'une
« rétrospective » analogue à celle qui eut tant de
succès, à la Galerie Georges Petit, en 1899.
Dans cette rétrospective, la Société se propose de
réunir le plus grand nombre possible d'oeuvres exé-
cutées autrefois par les devanciers des Amateurs
d'aujourd'hui et ayant un mérite artistique. Elle
s'adresse à tous, et même au.\ personnes étrangères
à la Société, en vue d'obtenir le plus de concours
possibles pour cette exposition, qui s'annonce comme
devant être fort curieuse, à en juger d'après les
promesses déjà reçues : boutons peints par la reine
Marie -Antoinette ; ornements d'église brodés par
Madame Elisabeth; dessins ou peintures de Louis X 111,
du prince de Joinville, du comte de Chambord, du
prince impérial, de la reine Hortcnse, etc.
Les travaux artistiques de toute espèce seront admis
à cette exposition.
Le nouveau billet de 500 francs. — M. Jean-
Paul Laurens vient de terminer la composition du
nouveau billet de cinq cents francs, recto et verso,
dont il avait été chargé par la Banque de France.
Voici la description qu'en donne le Figaro :
« Au recto, deux ligures assises : le travailleur de la
terre tenant l'aiguillon avec lequel les bouviers diri-
gent l'attelage de la charrue, et, lui faisant face, une
Gérés moderne, une femme des champs armée de la
faucille qui vient de coucher la moisson. On voit, au
centre du tableau, des collines et des champs labourés
que traversent des bœufs achevant de tracer les sillons,
une falaise coupée dans le roc, et, au loin, la nier
bleue sur laquelle passe une voile." L'entourage ovale,
indispensable dans le billet de cinq cents francs, est
formé d'une guirlande de fruits de France. Le cadre
est une Une broderie bleue Renaissance. Gomme ins-
cription : Banque de France et le chiffre SOll à droite
et à gauche. La teinte dominante est un violet bleuté
sur lequel se détachent les verdures du chêne et du
laurier fermant la guirlande de fruits, les couleurs
vives de ces fruits, la mer azurée, les carnations des
deux ligures.
« Au verso, un groupe, — la Science instruisant
deux enfants, — occupe le bas de la composition que
deux médaillons — .Mercure et Hercule en grisaille —
et une guirlande de fruits très dilTérente de celle du
recto, complètent, sur un semis en filigrane de mono,
grammes de la Banque de France et du chitire !>()«■
Ce verso recevra au centre les indications et signatures
validant le billet. »
Souhaitons à la composition de M. Jean-Paul Lau-
rens une gravure meilleure que celle du dessin de
M. Luc-Olivier Merson pour le billet de cent francs,
aquelle est bien une des plus remarquables vérilica-
tions de la vieille formule : Traduttore, traditorel
A Dampierre. — Le magnifique château de
Dampierre a failli être la proie des llammes : heureu-
sement, l'incendie a pu être éteint avant qu'il n'ait
causé de trop grands ravages; la moitié des boiseries
et toutes les tapisseries de la chambre bleue, dite de
.Marie Leczinska, ont été détruites.
A Copenhague. — l ne exposition de tableaux et
dessins des principaux artistes français de 1800 à nos
jours, s'ouvrira le 15 mai. dans les salles du musée
royal de Copenhague, mises à la disposition des orga-
nisateurs par le gouvernement danois.
Un comité de patronage est eu voie de formation,
où l'on relève déjà les noms de .MM. le ministre de
France à Copenhague, Léonce Bénédite, conservateur
du Musée du Luxembourg ; R. Kœchlin, président de
a Société des Amis du Louvre : Théodore Duret,
Ernest Uouart, Gallimard, Moreau-Nélaton, Olivier
Sainsére, Petitdidier, Alfred Beurdeley, 1)' \iau, Loys
Delteil, etc.
Nécrologie.— Notre collaborateur iM. K. Durand-
Gréville, mort la semaine dernière à Paris, était âgé
de 76 ans. Il s'appelait, en réalité, Emile Durand, et
il était né à Montpellier. Après avoir fait ses études,
il fit un voyage et se fixa à Saint-Pétersbourg: il
était professeur de français à l'École de droit de
cette ville, quand il épousa la fille d'un de ses
collègues. M"' Alice Henry, que ses nouvelles et ses
romansavaientdéjà fait connaître sous le pseudonyme
d'Henry Gréville; c'est à dater de ce mariage qu'il
associa à son nom le pseudonyme de sa femme et
qu'il collabora assidûment aux principales revues
d'art. H s'attacha à l'histoire de la peinture, en parti-
culier à celle des primitifs, et il a publié nombre
d'articles sur les questions qui l'intéressaient; on
rappellera, en particulier, ceux qu'il a donnés à la
Hetiue sur les primitifs ombriens, sur Albert van
Ouvfater et Gérard de Saint-Jean, sur les deux Pelrus
Christus, enfin sur plusieurs peintures de Kaphaël. De
môoie qu'il avait consacré toute une série d'ingénieux
articles à la Ronde de nuit, de même il se donna pour
tâche de discerner, dans l'œuvre des Van Eyck, la
part (jui revient à chacun des deux frères (le résultat
de ses recherches forme un gros volume, publié
on 1910); enfin, pendant la dernière partie de sa vie,
il s'est elforcé de reconstituer l'oeuvre de jeunesse de
Raphai'^l, mise trop généreusement, selon lui, sous
le nom du Pérugin. C'était un homme affable et un
travailleur scrupuleux, qui apportait, dans les polé-
miques, autant de courtoisie, qu'il mettait de minu-
tieuse conscience dans ses observations.
— Le peintre Gaston Mêlingue, mort le 12 janvier,
à Paris, était le fils du célèbre comédien, qui fut anssi
sculpteur. Élève de Cogniet, d'Y von et de son père,
il débuta au Salon de t863 et exposa depuis iors des
36
LE BULLETIN DE L'ART
sujets de genre et des compositions historiques. Il
avait reçu une mention honorable en 1817 et une
médaille de 3° classe en 1891.
— L'un des plus célèbres directeurs des Musées d'Al-
lemagne, Alfred lAchlwark, vient de mourir à Ham-
bourg, à l'âge de 61 ans. Né à Hambourg, il y revint
en 1886, après avoir fait ses études à Leipzig et à
Berlin, où il fut bibliothécaire du Musée d'art indus-
triel. On lui doit la transformation du petit musée
provincial de Hambourg en une des plus belles gale-
ries modernes qui soient. Il a exprimé ses idées sur
l'art et sur le rôle des musées en une série de brochures
qui serviront longtemps de guides. Contrairement à
d'autres célèbres directeurs « modernes », il favorisa
l'art local : c'est à la Kunsthalle de Hambourg que
l'on peut le mieux étudier les maîtres régionaux,
depuis Francke, au début du xv» siècle, jusqu'aux
plus récents ; mais il se tint à l'écart des nouveautés
outrancières. S'il fit la part large aux peintres alle-
mands (il a réuni, en particulier, une remarquable
collection d'ouvrages de Liebermann),il n'a pas hésité
à leur donner en pendants les œuvres françaises qu'il
jugeait nécessaires pour compléter la galerie. Enfin,
il a marqué un intérêt des plus vifs pour les arts
graphiques, et c'est encore à la Kunsthalle de Ham-
bourg que l'on peut suivre, pour ainsi dire sans lacune,
le magnifique développement de la gravure moderne
sous ses aspects si variés; Lichtwark fut, en outre,
un des premit;rs à mettre en œuvre et à présenter les
précieux feuillets en véritable amateur. — M. Mtd.
— Le baron Michel Klodt, qui vient de mourir à
Saint-Pétersbourg, était né en cette ville, le 11 »ep-
tembre 1835. Fils d'un sculpteur célèbre, il se «on-
sacra à la peinture et se distingua par un talent plein
de caractère. Ses meilleures œuvres, à la galerie
Trétiakov, à Moscou, et au Musée Alexandre III, à
Saint-Pétersbourg, sont d'une inspiration élevée.
Trop modeste pour prétendre faire autre chose que
des « scènes de genre », il ne put pourtant pas empê-
cher ses belles qualités d'âme de se manifester. Ses
œuvres ne confinent jamais à l'anecdote; elles ont,
au contraire, une réelle valeur historique ; plusieurs
sont pénétrées du sentiuient religieux le plus sincère.
Le baron Klodt avait terminé sa formation artistique
en France vers 1865; il gardait un amour profond
pour la France et pour l'art français. Il était membre
de l'Académie des beaux -arts de Saint-Péters-
bourg. — I). H
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — 'Vente de bustes en bronze
anciens. — Salle 10, le 28 janvier, M* Ballu et
M. Klolz ont procédé à la vente de deux bustes
en bronze, représentant un jeune homme et une
jeune femme. Annoncés comme auciens, mais
sans aucune désignation d'époque, ces deux
bustes, adjugés d'abord provisoirement 11.600
francs l'un et 10.000 francs l'autre, ont été réunis
en un seul lot, qui a réalisé 26.050 francs.
Ventes annoncées. — A Paris. — Succes-
sion de M. M... (tableaux, objets d'art, etc.).
— Les 2 et .'1 février, salle 6, M" Oudard et Bau-
doin, assistés de MM. G. Sortais, Duchesne et
Uuplan, et Loys Delleil, procéderont à la vente
des tableaux, objets d'art et d'ameublement, dé-
pendant de la Succession de M. M... Dans le cata-
logue illustré, dressé à l'occasion de ces vacations,
nous remarquons : un pastel par A. Besnard,
Jeune femme de face, à mi-corps, accordant une
mandoline; un dessin rehaussé, par Dagnan-
Bouverel, Jeune Bretonne; deux gouaches, par
Gustave Moreau, la Licorne et le Reitre; enfin,
trois bronzes de Barye, en épreuves anciennes,
Thcsée combattant le centaure Bienor, Lion assis
(des Tuileries) et Cerf aux écoutes.
Succession de M"" la marquise du "V...
(objets d'art, etc ). — Du 2 au 4 février,
salle 1, à l'Hùtel, .M» A. Le Ricque, assisté de
MM. Paulme et Lasquin, procédera à la vente
des objets d'art et d'ameublement dépendant
de la Succession de M""^ la marquise du V... L'intérêt
de ces vacations réside surtout, pour nous, dans
une réunion de miniatures, de l'époque du pre-
mier Empire, par Jacques. Notons encore un
bureau plat, d'époque Régence, en bois de pla-
cage et bronzes. (Catalogue illustré.)
A Pau. — Collection Lawrance (2« vente).
— Contentons-nous de signaler la vente, qui
aura lieu à Pau, rue du Lycée, du 10 au 14 fé-
vrier, par le ministère de M« Kigoulet et de
ANCIEN ET MODERNE
37
M. E. Descamps, des objets de vitrine, d'art et
d'ameublement, argenterie ancienne, etc., pro-
venant de la Collection de feue M"'« F.-C. Latvrance,
et renvoyons, pour plus de détails, au catalogue
illustré qui a été dressé à cette occasion.
A Berlin. — Tableaux modernes, etc^ —
Le 10 février, chez Lepke, aura lieu une vente de
tableaux et d'aquarelles modernes, provenant des
collections P. Friedrich et P. Mohn. Il a été dressé
un catalogue illustré à l'occasionde cette vacation
qui ne comprendra guère que des ouvrages de
peintres allemands modernes.
Les ventes prochaines. — A Paris. —
Dans le courant de février, doit se faire la vente
des porcelaines et objets d'art dépendant de la
Collection de feu M. Fitzhenry, que celui-ci avait
naguère prêtés au Musée des Arts décoratifs.
— Au mois de mars, aura lieu, à la (ialerie
(ieorges Petit, la première des venins (|iii doi-
vent disperser, par suite de dissolution de société,
le stock de marchandises commun à MM. Jac-
ques et Arnold Seligmann, les antiquaires pari-
siens bien connus.
— On parle encore, comme devant se produire
en mai, de la vente des tableaux, dessins et
objets d'art modernes coraposaut la Collection
de feu M. Roger Marx, noire confrère, récem-
ment décédé.
M. N.
ESTAMPES
Ventes annoncées. — A Paris. — M" A. Des-
vouges et M. L. Delteil annoncent, pour la
semaine prochaine, deux ventes d'estampes :
— La première aura lieu le 5 février, salle 10,
et comprendra des estampes françaises et an-
glaises du xvni« siècle; au catalogue illustré, qui
décrit 2a0 numéros, on relève, en particulier,
des œuvres de Boucher, Baudouin, Bonnet, De-
bxicoxirl (les Deux baisers), Kragonard (les Hazards
heureux de l'escarpolette), Janinet, Lavreince
(Qu'en dit l'abbé?}, Reynolds (Lady Smith et ses
enfants), G. Morland {Constancy. Variely\.
— La seconde se fera le 10 février, salle 7, et
sera composée d'çstampes modernes ; le cata-
logue illustré énumère 203 numéros, parmi les-
quels on citera : un œuvre abondant de Mary
Cassait (n"' 20-41). de Daumier (n". 47-77), des
gravures ou lithographies de Carrière [Verlainei,
Daubigny, Meryou (n°» 143-163; la Morgue, la
Rue des Mauvais Garçons, le Stry^e, etc.). Gail-
lard, Jacque, Lepère, etc.
R. G.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
I" année de « l'Exposition » (galerie Brun-
ner). — Peinture, sculpture, objets d'art, à défaut
de vocable disponible, ainsi se désigne un groupe
nouveau; mais, sous ce titre vague, une bonne
volonté se révèle. Aussi loin de l'impression-
nisme expirant que du cubisme mort-né, le fait
n'est-il pas expressif d'avoir donné la présidence
au styliste discret d'une claire Églogue virgi-
lienne, M. Francis .\uburtin? La statuaire d'un
Catalan, M. José Clara, ne décèle pas un moindre
penchant pour l'antique; et la Rome réelle appa-
raît encore auprès de la Grèce rêvée : c'est
M. Robert Lemonnier qui nous conduit, à son
tour, au Mont Palatin. Quand le sentiment se
recueille, la lumière s'apaise : le mystérieux
portraitiste G. de La Perche, une pastelliste de
talent. M"» Claude Marnef, et plusieurs dis-
ciples de M. Ernest Laurent, M"« Suzanne Jué,
M. Maurice Mathurin, M. Descuàé, M""= Hertz-
Eyrolles, ne diraient plus avec Delacroix ou
Hegnault : « Haine au gris ! ■> L'Italie même, à
leurs yeux, s'embrume; et le paysagiste André
Strauss ne voit plus les gorges d'Apremont avec
la profonde et méticuleuse ardeur d'un Théodore
Rousseau, qui consternait la critique retarda-
taire de 1830.
II» Salon des Artistes animaliers (galerie
La Boétie). — Serait-ce l'absence d'une « rétro-
spective » de Barye ou de la faune exotique du
peintre finlandais Bruno Liljefors? Mais cette
seconde année paraît notoirement inférieure à
la première (1); et malgré la préser)ce d'une
gouache érudite de M. Mathurin Méhent ou d'une
gouache fantaisiste de .M. Manzana-Pissarro, la
palette des coloristes le cède à l'ébauchoir plus
savant des statuaires, aux bronzes musculeux de
M. Georges Gardet, aux bronzes palpitants de
M. Rembrandt Bugatti, aux bois nerveusement
sculptés par M. Raymond Bigot, aux études
attentives de MM. Perrault-Harry, Jacques Fro-
ment-Meurioe, Pierre Christophe, Henri Vallette
et Navellier. Dessinateur et sculpteur, ami des
fauves, des reptiles et des oiseaux de proie,
M. Paul Jouve domine la série des croquis où se
distinguent les fusains rehaussés de M. Deluer-
moz et les observations ornithologiques du
Dr Joseph Oberthur; et, minets ou matous, les
(i) Voir le Bulletin du 1" mars 1913, p. 69.
.)«
LE BULLETIN DE L'Atlt
chats du peintre-graveur F.-H. Oger raviront, par
leur naturel, les amoureux fervents ou les savants
austères qui réservent une prédilection baude-
lairienne au « tigre du foyer ».
L'Évolution de l'art moderne à travers les
expositions diverses. — l.e temps n'est plus
où l'humour de Félix Buhot nous emprisonnait
dans le dilemme du Whistlérisme et du Pissar-
risme [l], el les révolutionnaires appartiennent
dorénavant à l'histoire. Ciiez Manzi, c'est Camille
Pissarro (1830-1903), l'aîné de nos impression-
nistes et le plus près de la réalité rustique. Chez
Bernheim jeune, c'est encore Cézanne, depuis
ses débuts inspirés, comme ceux de Pissarro,
par les robustes verdures de Courbet, jusqu'à
son déclin douloureux que la jeunesse a trop
regardé. Cliez Edouard Pelletan, c'est Carrière
et son Théâtre populaire, qui fut l'événement
très discuté du Salon de 1895, au « Champ-de-
Mars » : on l'appelait alors le Théâtre de belle-
ville ; on l'appelle aujourd'hui le Théâtre des
Baliç/notlef ; et dix-neuf ans ont patiné déjà son
mystère inquiétant. Chez Paul Rosenberg, 21,rue
La Bnétie, c'est Toulouse-Lautrec, le noctambule
encore plus troublant dans sa psychologie clair-
voyante et fiévreuse, qui contraste avec les objets
d'art élégants de M. Paul Iribe et la belle santé
française du statuaire Halou, qui se comprend
mieux ici que dans la cohue des Salons.
Chez Druet, c'est un jeune peintre suisse dont
la Liseuse nous arrêtait au Salon d'automne :
M. Charles Moutag; il peut beaucoup, s'il veut
oublier, devant l'émouvante et simple nature, la
synthèse barbare de Cézanne et des Cézanniens,
qui n'est qu'un n résultat » incomplet. Avis à
M. Itaoul de Mathan, paysagiste ou dessinateur
des cours d'assises, un des plus décevants parmi
lesanciensélèvesdu visionnaire Gustave Moreau !
Chez Georges Petit, ce sont les aquarelles trop
adroitement gouachées de M. Kosenstock et les
jolis petits pastels trop également vaporeux de
M. André des Fontaines. Chez Ueitlinger, ce sont
les << impressions » de voyage de M. Charles Hall
Thorndike, qui descend de la Bretagne des
pêcheurs à la Venise des Duges, en passant par
la Corse, veuve de ses bandits. Chez Devambez.
après les notes de voyage de M. François Pascal,
que séduit Constantiuople, et de M. Iloberlo
Ramaugé, que le souvenir de Venise ensorcelle,
c'est la troisième exposition du paysagiste russe
(I) Voir /* Journal des Arts, n° 2, janvier 1888, à
propos de re.xposition des XXXML cher Georges Petit.
Alexandre Altmann, le peintre des aatomnes,
qui garde un certain parti pris dans son àpreté.
Chez Marcel Bernheim, c'est la première expo-
sition particulière du paysagiste français Frnest
Vauthrin, qui dévoile la discrète émotion de
sa sensibilité native dans le choix de ses motifs
crépusculaires au fin fond de la Bretagne, de la
Hollande, de la campagne angevine ou de notre
vieux Paris qui meurt; et parmi tous les cris du
cabotinage, ce murmure sincère est d'un charme
éloquent.
Nous parlerons, dans un prochain numéro,
de la trente-sixième exposition des Aquarellistes
français, chez Georges Petit, de la neuvième
année de la Société internationale de la l'einture
à l'eau, chez Chaîne et Simonson, et des deux
« rétrospectives » de Daniel Vierge et de Gustave
Doré, que la Société artistique de la Gravure sur
bois vient d'organiser au Cercle de la Librairie.
r^AVMOMi HOUYEB.
LES
Églises romanes des Vosges
à propos d'un livre récent (I).
M. G. Durand, qui avait soutenu en i883, à sa
sortie de l'École des Chartes, une thèse sur T/lrc/a-
tecture religieuse du pays de Vosges ( / 000-1230), a
repris son sujet, complété son enquête et publié
sa thèse trente ans après la soutenance. Avec
quel succès il a mené, dans l'intervalle, la besogne
archéologique, lui seul ne s'en rend pas compte.
Dans son introduction, il écrit à propos des
inlluences : » Toutes ces questions sont... mieux
à leur place dans les œuvres synthétiques des
maîtres, qui sont plus autorisés et mieux placé**
pour voir les choses de haut. » Certes, l'auteur à
qui est due la magnifique monographie de la
cathédrale d'Amiens est un maître. J'ajoute que
voir les choses de haut, ce n'est pas toujours les
bien voir : on peut considérer nos architectures
provinciales de si haut et de si loin qu'on les
distingue assez mal Fort heureusement, mon
confrère n'a pas suivi à la lettre son programme
et. plus d'une fois, il remonte jusqu'à l'origine
des formes et des procédés.
(1) Églises romanes des Vosges, par Georges Duhakd
(Paris, Champion, in-**, ii-396 pages, 299 figures;
Supplément de la Hevue de l'art chrétien. 11).
ANCIEN ET MODERNE
39
M. fi. Durand étudie les églises romanes. Certains
regretteront peut-i-'tre qu'il n'ait pas déllni pins
nettement ce qu'il entend par là; c'est un point
secondaire : de quelque nom qu'on les appelle,
romans ou non, les édifices qu'il examine forment
un ensemble d'un remarquable intér*''t.
I.e département des Vosges est une partie, la
partie méridionale, de l'ancien royaume de
Lorraine; son territoire appartenait presque en
'Mitier au diocèse de Toul. Il n'a pas d'églises
antérieuies à l'an 1000, et bien peu de la période
1000-1 IfiO. Vers cette dernière date, on prit l'habi-
tude de vortter les églises, et longtemps on
employa les voûtes romanes concurremment avec
la croisée d'ogives.
■Le pays des Vosges n'était pas un foyer d'art
dont le rayonnement fiU intense; il a plus reçu
que donné. D'où vient son architecture'? Si on
jette les yeux sur une carte, on voit que cette
architecture vosgienne est placée dans le rayon
d'influence de la Champagne, d'une part, des
pays rhénan et germanique, de l'autre. Or,
M. G. Durand connaît ces marches, ce qui lui
permet maints rapprochements instructifs.
Le caractère » lombardo-germanique " le plus
accusé dans les églises des Vosges est le plan
carré des travées de la nef, avec les conséquences
que ce plan entraîne : l'alternance des supports
et les fenêtres couplées. L'usage des chapiteaux
cubiques, l'absence de contreforts aux angles
des clochers, la présence de lions en avant des
portes sont encore des similitudes avec le style
germanique. Par contre , les architectes des
Vosges ont renoncé de bonne heure « aux cor-
dons d'arceaux et aux bandeaux verticaux », en
d'autres termes, aux arcatures et bandes lom-
bardes ; leurs tours centrales sont carrées, comme
en Champagne, et non polygonales, comme en
Alsace et de l'autre côté du Rhin.
Vers le v)u° siècle, une architecture se serait
constituée, que les Italiens dénomment lom-
barde, que M. de Lasteyrie appelle carolingienne
et à laquelle M. Durand prête un rôle primordial.
L'art vosgien aurait répudié certaines de ces
traditions carolingiennes. (]ui se sont développées
dans les écoles normande et germanique ; il en
aurait conservé d'autres. A la fîn du- xi' siècle,
son originalité s'affirma; il se tint en contact
avec l'Ouest et le Midi plutôt qu'avec l'Est et le
Nord, il est plus français qu'allemand. 11 pré-
sente avec la Provence et l'Italie quelques ana-
logies, dont il faudrait chercher la cause dans
une même origine,
Cette idée d'un fonds commun aux diverses
écoles romanes revient plus d'une fois dans le
livre. N'est-ce pas, cependant, moins une consta-
tation positive qu'une hypothèse commode pour
donner la raison de certains faits".' Prenons
comme exempte l'alternance des supports, qui
s'observe en divers pays et notamment en Nor-
mandie: on a dit que, si les architectes normands
ont adopté cette disposition, ce n'est pas à l'imi-
tation d'autres écoles, mais uniquement parce
qu'elle présentait des avantages. Cette explica-
tion est fort insuffisante, parce que d'autres
partis étaient possibles, et il s'agit précisément
de savoir pourquoi les Normands ont fait choix
de celui-là. La question s'éclaire si on admet
que Normands, Lorrains, etc., ont pris cette
combinaison dans le style carolingien.
Par malheur, il n'est pas bien établi que ce
style ait existé ; M. de Lasteyrie est, sur ce point,
moins afiirmatif que M. G. Durand (1). Et, sans
doute, ses réserves sont justifiées : l'histoire du
vin" siècle n'aide guère à comprendre cette vaste
centralisation artistique, et je ne sais pas si la
Renaissance de Charlemagne fut autre chose
qu'un mouvement officiel et superficiel, sans
action profonde sur l'évolution de l'architecture.
Pour tout dire, je suis porté à faire la part plus
restreinte à l'influence du style carolingien, plus
large aux échanges d'école à école.
Qu'on veuille bien le remarquer, jo ne rejette
pas absolument la théorie de M. Durand : elle
est parfois bien séduisante. Mon confrère signale,
dans une famille d'églises dotées d'un clocher sur
le chœur, un dispositif de piliers et d'arcs longi-
tudinaux, qui rappelle étrangement un groupe
d'églises archaïques des Charentes et du Libour-
nais. D'où peut bien provenir cette similitude".'
Il ne m'est pas possible de résumer le livre
très nourri dont je rends compte. Voici, du moins,
quelques faits.qui ont attiré mon attention.
En plan, plusieurs absides vosgiennes sont
courbes en dedans, polygonales en dehors. Les
déambulatoires sont exceptionnels, aussi bien
que les triforiums.
Parmi les particularités de construction, je
note le tracé irrégulier d'un grand nombre d'ex-
trados. L'arc brisé, inconnu auxi» siècle, est rare
au sue. L'emploi de la voûte d'arêtes est long-
temps de règle sur les bas-côtés, même lorscjne
(1) \on l'Archilec/ure reliffieuxe en France à l'épo-
que romane, p. 36,
40
LE BULLETIN DE L'ART
la nef est voûtée d'ogives. Dans des croisées
d'ogives, l'ogive est pointue à la naissance ; cette
foiiibinaison n'est pas inconnue dans le Sud-
Ouest : on l'observe dans l'église de Villeneuve-
de-Marsan et dans la salle capitulaire de Huerla,
une abbaye fondée en Castille par les Bénédictins
de Verdun (Tarn et-Garonne) (1). Dans presque
toutes les voiites d'ogives, l'ossature seule est
appareillée, les remplissages sont de moellon-
nage. Les Vosges, qui ont quelques coupoles
nervées, possèdent un seul cul-de-four sur ogives.
Dans lés clochers, les fenêtres sont parfois gémi-
nées, et les deux arcs retombent sur une colonne
dont le tailloir s'allonge dans le sens du tableau,
de façon à supporter le mur dans toute son
épaisseur.
La statuaire est mauvaise. Les chapiteaux
cubiques sont très fréquents, et les chapiteaux
godronnés, très rares. De l'antiquité, il subsiste
quelques motifs : l'acanthe, l'ove, des colonnes
torses, des baies carrées à chambranle qui s'en-
cadrent bizarrement dans les portes arquées,
des chapileau.x à feuilles de laurier, comme il en
existe, bien loin de là, au Musée d'Oviédo. Les
ornemanistes ont taillé volontiers, sur les sur-
faces planes qu'ils voulaient décorer, des étoiles
à quatre rais imitées de l'Orient et que l'on
retrouve, très anciennement, dans l'ouest de
l'Kspagne.
Enfin, le style roman a persisté jusqu'à une
époque avancée : « A défaut de documents pré-
cis, — et ils sont rares, — les églises romanes
de la Lorraine ne peuvent, le plus souvent, être
datées qu'avec la plus grande prudence et sous
les plus expresses réserves». La Lorraine a cela
de commun avec bien d'autres provinces.
Le livre est copieusement illustré de dessins
et de photographies, dont beaucoup sont fort
Jolies. Les dessins sont à une échelle constante,
ce qui permet d'évaluer plus aisément les di-
mensions de chaque édifice ; par malheur,
l'échelle (0°'002b pour les plans) est un peu petite
quand il s'agit de constructions compliquées.
En écrivant ce volume, M. G. Durand a, une fois
de plus, donné un exemple qui mérite d'être
suivi. Les archéologues publient force monogra-
phies : cela, évidemment, est utile; mais il y a
mieux à faire : c'est d'étudier des séries d'édi-
(i) Marquis de Cerraibo, Discurws leidos antt la
Real Academiii de la hislona en »/ de mayo de I90S,
pHoche après la p. 252.
fices, les églises d'un diocèse ou d'un départe-
ment. Les travaux de ce genre sont ceux qui
nous manquent le plus, non pas les généralisa-
tions hâtives, mais les enquêtes, comme celle-
ci, patiemment conduites, longuement mûries.
Après avoir lu le beau livre de l'archiviste de
la Somme, j'ai eu la curiosité de reprendre les
positions de thèse de l'étudiant de 1883 : le
rapprochement est instructif; il montre qu'en
archéologie, le temps est un collaborateur néces-
saire; il faut laisser les impressions se tasser et
revoir, plusieurs fois même si l'église est com-
ple.\e et le problème difficile ; entre deux voyages,
on lit, oh compare, on réiléchit. Le travail appa-
rent suppose un travail invisible et souterrain
qui est considérable, comme en ces cathédrales
gothiques, dont les fondations « sont aussi colos-
sales que le monument lui-même •> {\). A ce prix,
M. Durand a construit, cette fois encore, un édi-
fice solide et durable : certains détails pourront
être emportés; le gros œuvre défie le temps.
J.-A. Bbutails.
LES REVUES
Fra.ncf,
L'Art et les artistes (octobre). — Marquis de
Tbessan. La l'einlure en Orienlet enEjrlréme-Oi-ienl.
— -Numéro spécial, comprenant la peinture chinoise,
la peinture japonaise, la peinture musulmane (école
(le Mésopotamie, peinture persane, peinture indo-
musulmane .
KussiF.
Staryé Godie inovembre'. — Alexandre Bknois.
La Collection de dessins de M. larémitch. — Toutes
les écoles, depuis le xvi* siècle, sont représentées.
Un Rembrandt. Beaucoup d'oeuvres françaises.
— Baron A. de Foelkkrsam. Le Galuchat et son
application aux arts — Étudié d après les objets
appartenant à l'Ermitage.
— P. Sroi.plASSKi Les Ventes d'objets d'art nu
XVIII' siècle à Snint-l'éle)sl)ouri/. (h'inj.
— Baron ÎS. Wbanoell. La Vente de la collection
Delàrov. — Elle aura lieu à Paris, dans le courant
de cette saison 1914 ; l'auteur regrette que la Russie
ne l'ait pas conservée — Denis Kociic.
(I) Durand. Monographie de l'église Noire-Dame,
cathédrale d'Amiens, t. I, p. 202.
Le Gérant : H. Di.nis.
Pari». — Imp. Oeor^s Petit, li, ru« Godot-de-Uauroi .
Numéro 611.
(H
Samedi 7 Février 1914.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
La Photographie
dans les Musées nationaux
La Question du privilège.
Il y a quelques mois, l'administration des
Beaux-Arts a fait passer dans les journaux une
note portant à la connaissance du public que le
traité qui concédait depuis trente ans, à une
maison d'édition photographique de Paris, le
privilège de la photographie dans les Musées
nationaux, étant arrivé à un an de son expira-
tion, venait d'être dénoncé et qu'il allait être
procédé à une révision de ce traité, en vue d'une
adjudication nouvelle (1).
Depuis lors, silence absolu... (Jue s'est-il passé?
Uuel accord est intervenu ? Une adjudication
nouvelle a-t-elle eu lieu, et sur quelles bases?
Autant de questions que le public se pose sans
qu'on puisse lui fournir une réponse satisfai-
sante.
Ces questions ne sont pourtant pas de celles
qui n'intéressent qu'un petit nombre d'initiés;
elles sont liées à quelque chose de plus élevé
qu'une alTaire commerciale, et, comme on vou-
drait le montrer en quelques articles, leur réper-
cussion peut se faire sentir bien au-delà des
limites de notre pays. Il serait singulier qu'elles
fussent réglées sous le manteau.
Pour en faire bien saisir la portée, il importe
tout d'abord de rappeler les dispositions essen-
tielles du traité établissant le privilège de la
maison Braun. Et, soit dit en passant, on voudra
bien croire qu'il ne s'agit point ici d'une cam-
pagne dirigée personnellement contre la maison
Braun, avec laquelle la Revue a toujours entre-
tenu d'excellentes relations commerciales ; on
est bien obligé de la mettre en cause, puisque
c'est en sa faveur que le privilège de la photo-
graphie dans les Musées nationaux a été établi ;
I
(1) Voir le n* 602 du Bulletin.
mais, encore une fois, cette affaire est de celles
dont l'intérêt, on peut dire : national, dépasse
de beaucoup les questions de personnes ou de
firmes.
Par traité en date du 3 décembre 1883, déclaré,
par arrêté ministériel du 30 mai 1885, exécutoire
à partir du 1"' février de cette dernière année,
l'Etat a concédé à la maison Braun, pour trente
ans : 1" le droit de prendre le titre officie! de
photographe du .Musée du Louvre et des Musées
nationaux ; 2» un atelier de photographie au
Louvre; 3" une salle de vente des photographies
du Louvre; et divers avantages accessoires.
Il va de soi qu'en regard de ces avantages, la
maison Braun se reconnaissait tenue à divers
engagements, portant, en particulier, sur le dépôt
d'un certain nombre d'épreuves, sur la nécessité
de s'en tenir à des prix de vente fixés par avance,
et surtout sur l'abandon à l'État, à l'expiration
de son contrat, des sept raille clichés que le
traité l'obligeait à exécuter.
Chacune de ces questions mérite d'être exa-
minée en détails, et l'on y reviendra.
Pour aujourd'hui, la seule qui importe, c'est
la question de principe.
Admissible, peut-être — et encore ! — dans
les conditions où la photographie se trouvait il y
a trente ans, un tel privilège est devenu, à la
longue, indéfendable, et M. Massé, dans son rap-
port sur le budget des Beaux-Arts à la Chambre
en 1903, n'a pas eu de peine à montrer combien
les obligations fixées par ce « monopole exorbi-
tant» étaient loin d'être la contre-partie des
avantages concédés. Aujourd'hui, un tel privilège
est en contradiction non seulement avec la vul-
garisation de la photographie, mais encore avec
la jurisprudence établie à l'étranger pour la
durée de protection des épreuves photographi-
ques, durée dont le minimum est de cinq ans
(Hongrie, Danemark, Suède) et le maximum de
dix ans (Allemagne, Autriche). Un tel privilège
est un obstacle à la grande trtche sociale du relè-
vement du goût et de la diffusion du sentiment
42
LE BULLETIN DE L'ART
artistique. Un tel privilège est anti-démocra-
tique. Enfin, un tel privilège est humiliant pour
notre pays, qui est le seul au monde où l'on
rencontre un monopole de ce genre, mais qui
n'est pas le seul à en subir les fâcheuses consé-
quences.
Voilà quelques-unes des raisons pour les-
quelles le privilège de la photographie dans les
Musées nationaux ne devrait pas t>lre renouvelé.
E. D.
CfiO<^C«3C0OC0OC«3CraC6OCeOC6OC6QCraC«OOK)C9O
ÉCHOS ET NOUVELLES
Actes officiels. — Le Journal officiel du 27 jan-
vier a publié la liste de répartition, entre le Musée
du Luxembourg et les musée? de province, des œuvres
d'art acquises récemment par l'État.
Académie des beaux-arts (séance du 31 janvier).
— L'Académie est autorisée à accepter le legs, qui
lui a été fait par M. Daumet, d'une rente de 4.500 fr.
devant être partagée en trois annuités de l..'iOO fr.
chacune, qui seront servies, pendant trois ans, à des
pensionnaires architectes, sortis de la Villa Médicis
après avoir rempli toutes les obligations prévues par
les règlements.
— MM. Laloux et Cûrmon sont délégués pour faire
partie de la commission des séries arti.«liqiies des
forêts domaniales, récemment créée au ministère de
l'Agriculture.
— L'Académie a procédé à la désignation des jurés
qui seront adjoints aux membres des sections com-
pétentes pour le jugement des diverses épreuves des
concours de Rome. Ont été désignés ;
Peinture. — Titulaires : MM. Muénier, Schommer,
Saint-Geruiier, Chabas, Gorguet, Déchenaud, Roger;
supplémentaires : MM. Albert Laurens, Maxence,
Henri Martin, Renard.
Sculpture. — Titulaires : MM. Boucher, Hannaux,
Blondat, Gasq; supplémentaires: MM. Terroir, Cor-
donnier.
Architecture. — Titulaires : M.M. Mayeux, llanno-
tin, Redon, Guilliero; supplémentaires : MM. Patouil-
lard, Tournaire.
Gravure en taille douce. — Titulaires : MM. Qui-
dor, Vyboud; supplémentaire : M. Patricot.
Gravure en médailles. — Titulaires : MM Rotté,
Henri Dubois; supplémentaire ; M. Grégoire.
Composition musicale. — Titulaires : MM. Puget,
Charles Lefebvre, Bilsser; supplémentaires : MM. Vi-
dal, Debussy.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 30 janvier). — M. DIeulafuy rend compte
du résultat des recherches entreprises à Saint-Ber-
trand-de-Comminges, l'antique Lugdunum Convena-
rum, par la Société des fouilles archéologiques, et de
la découverte d'une basilique chrétienne remontant à
l'époque de Constantin.
La première trouvaille fut celle de trois sarcophages
en marbre des Pyrénées qui, par leilr forme, sem-
blaient remonter au v ou au vi* siècle. Le déblaie-
ment méthodique entrepris à la suite, sous la direc-
tion de M. Lizop, permit de dégager onze nouveaux
sarcophages et de reconnaître qu'ils avaient tous été
placés dans l'enceinte d'une basilique chrétienne.
M. Dieulafoy rappelle que Luqdunum Cunveiiarum
fut, une première fois, saccagé par le» Vandales,
vers 409, et détruit de fond en comble par les Bur-
gondes, sous les ordres de leur roi Contran, en 584
ou 585.
Or, les fouilles prouvent qu'on a défoncé le dallage
en marbre de l'église et ia couche de béton qui le por-
tait pour préparer les fosses : la basilique est donc
antérieure au début du vi' siècle. Les fouilles ont
nic'me montré qu'à cette époque elle aurait elle-même
été déjà, sinon reconstruite, du moins restaurée et
agrandie, et que la primitive basilique épousait, en
partie, les fondations d'un édilice romain hypoityle.
Il y a donc lieu de supposer que la basili(|ue primitive
fut en partie détruite par l'invasion de 409, restaurée
quelques aunées plus tard et que c'est dans la basi-
lique nouvelle que furent déposés les sarcophages.
On en a la preuve dans ce fait qu'on a trouvé sur le
sol de la basilique de nombreuses monnaies frappées
par Constantin, par Constance et par Gralien, asseis-
siué en 382. l'ne pierre tuumiaire d'un prêtre mort
sous le consulat de Dufln et d'Eusèbe (341 fournit un
argument nouveau de précision chronologique.
La basilique, ainsi datée, se composait d'un vais-
seau long de 32 m. 60, large de 13 m. 60, divisé en une
nefetdeux collatéraux par deux files de huit colonnes.
Les fouilles ont dégagé les murs enduits ilun crépi
rose sur une hauteur variable mais toujours faible,
les fondations de plusieurs colonnes, dos fragments
de vases, de ffits, de chapiteaux, plusieurs carreaux
de marbre blanc provenant du dallage, les tuiles à
crochets de la toiture et des éclats extrèweuient nom-
breux de pierres sculptées. En outre, en creusant une
fosse dans le cimetière Saint-Julien, contigu aux ex-
cavations et à cinq mètres de l'abside, on a trouvé
six fûts de colonnes et un chapiteau à peu près
intact.
Désormais, la restitution complète et certaine de
l'édifice devenait possible. M. Dieulafoy l'a effectuée
et en retrace les grandes lipnes : il conclut en remar-
quant que si l'édifice n'était pas luxueux, du moins
il était vaste et bien aménagé.
L'intérêt tout à fait exceptionnel de la découverte
tient à ce que la basilique de Liiydimum Convennrum
est de beaucoup le plus ancien monument chrétien
de la Gaule et que sa fondation doit être placée à une
date très voisine de celle de la basilique d'Orléansville.
— M. Pelliot commente une série de nouveaux
ANCIEN ET MODERNE
43
documents sur le christianisme en Asie centrale au
moyen Age.
Société nationale des antiquaires de France
(séance du 28 janvier). — M. Dimier Tait une commu-
nication au sujet de la statue d'Hercule en argent,
commandée à Benvenuto Cellini par François 1" pour
l'entrée de Charles-Quint à Paris, en 1540.
— M. J.J. Guiffrey montre â la Société les photo-
graphies d'une série de dessins français du xvi' siè-
cle, pour une tenture de tapisseries en l'honneur des
rois de France, depuis François 1" jusqu'à Henri III.
Ces dessins ont été exécutés, comme ceux de la ten-
ture d'Artémise, par les soins de Nicolas llouel,
apothicaire parisien ; s^rtains d'entre eux sont pro-
bablement l'œuvre du peintre Antoine Caron.
Musées nationaux. — Par décret paru au Jouninl
officiel du 2 février, le traitement de directeur des
Musées nationaux et de l'École du Louvre est fixé à
15.000 francs.
Musée du Louvre. — A qui n'est-il pas arrivé
d'être questionné sur l'exposition et les services de
la Chalcographie? Une grande partie du public ignore
trop quelles sont les richesses de cette collection de
nos Musées nationaux et la facilité qu'on peut avoir
d'y trouver, à des prix relativement modiques, de
fort belles estampes, exécutées d'après des chel's-
d'œuvres par des graveurs réputés.
Le public l'ignorera moins dorénavant : M. Henry
Marcel, directeur des Musées nationaux, vient de
faire établir, dans la galerie du bord de l'eau, à l'en-
trée des salles Rembrandt, ufl comptoir spécial de
vente, où les plus belles gravures seront à la disposi-
tion des amateurs, ainsi que le catalogue de la Chal-
cographie.
Musée des Arts décoratifs. — Le bas-relief
<lédié à la mémoire de Jules Maciet par ses amis,
œuvre du sculpteur Alfred Lenoir, vient d'iHre achevé
et mis en place au Musée des Arts décoratifs. Le
Comité de souscription organise une réunion intimi'
d'inauguration, qui aura lieu à la Bibliothèque de
l'Unioncentrale des Arts décoratifs, demain dimanche,
8 février, à 10 heures.
Expositions annoncées. — La Société des pein-
tres orientalistes français a invité la Société hindoue
d'art oriental à participer à son exposition au Grand
Palais. Nous aurons ainsi, du 8 février au 8 mars,
une manifestation de l'art contemporain de l'Inde.
Les peintres qui seront représentés sont ceux de l'école
des Tagore, nom illustré par le grand poète lauréat
du dernier prix Nobel : Abanindra-Nath Tagore, le
neveu de l'écrivain, chef du groupe, Gogonendra-Nath
Tagore, et plusieurs autres disciples. Le succès obtenu
en 1912, au Pavillon de Marsan, par une exposition
de peintures hindoues et persanes fait prévoir que les
œuvres envoyées par Vlndian Society retiendront
l'attention du public.
La Rétrospective de l'Exposition de Lyon. —
On sait que Lyon prépare pour le mois de mai une
importante Exposition internationale. Cette Exposi-
tion aura, naturellement, sa rétrospective, pour
laquelle on a demandé le concours de l'État et la
collaboration du Mobilier national.
Une commission spéciale s'est réunie à Paris, en
vue d'organiser cette rétrospective, de concert avec
M. Dumonthier, administrateur du Garde-Meuble.
M. Dumonthier a présenté à la commission les
plans des salles ou cette rétrospective sera installée :
une galerie de cent mètres, aux deux extrémités de
laquelle pourront être reconstitués des ensembles
décoratifs de répo(|ue napoléonienne. On sait que
notre Garde-Meuble est fort riche en tissus de cette
époque, et l'on se rappelle avoir vu naguère à la Mal-
maison, puis au musée des Arts décoratifs, des expo-
sitions d'ensemble de ces tissus qui, commandés pour
le palais de Versailles à l'industrie lyonnaise, en 1812,
ne furent jamais utilisés. Les petits-fils de ceux qui
les créèrent il y a cent ans, vont donc les revoir.
Le merveilleux musée lyonnais des tissus formera
comme le prolongement naturel de cette rétrospec-
tive.
A New-York. — Aurons-nous à annoncer la
vente, assurément sensationnelle, de la collection
Pierpont Morgan'? On sait que le célèbre amateur
américain avait laissé à son fils, M. J. P. Morgan,
toute liberté de disposer de ses collections, en expri-
mant le désir que ces « collections pussent rester,
d'une façon permanente, ji la disposition du peuple
américain pour son instruction et son plaisir ».
M. J. P. Morgan avait d'abord eu l'intention de placer
ces collections au Musée métropolitain de New-York
pour un temps indéfini; mais on dit maintenant
qu'ennuyé par les retards apportés à la réalisation de
ce projet par les autorités municipales, il songerait à
vendre tout ou partie des collections, sur les instances
des marchands. H a déclaré, du reste, n'avoir pris
encore aucune détermination.
A Liège. — M. François Flameng, qui fut, en
juillet dernier, délégué par l'instjtut aux fêtes orga-
nisées en l'honneur de Grétrj, à Liège, vient d'oD'rir
à l'administration communale de cette ville une
esquisse très poussée de son fameux tableau repré-
sentant la Charrie de la cavalerie française sous le
commandement du maréchal Ney, à Waterloo.
A Florence. — Le Conseil supérieur des Beaux-
Arts, réuni à Florence, a refusé à la municipalité la
permission qu'elle demandait de remplacer par une
copie le pulto de bronze de Verrochio, qui orne la
fontaine du corlile du Palais-Vieux. On aurait mis au
musée, installé dans le palais même, l'original qui est,
hélas ! en mauvais état et percé de trous. Le Conseil
supérieur invoque, pour motiver son refus, des raisons
d'art. Mais ce sont des raisons d'art aussi qu'on peut
invoquer pour mettre en sûreté une œuvre charmante
^~
44
LE BULLETIN DE L'ART
i|uc rongent et détruisent peu à peu l'huiuidité et les
intempéries, et que par surcroit on voit assez mal. —
L. G.
Le procès Perugia. — La section d'accusation a
délinitivement renvoyé devant les juges du tribunal
de KIorence, pour le 26 février, Vincenzo Perugia, le
voleilr de la Joconde.
L'acte d'accusation dit que Perugia « s'est emparé,
le 21 août 1911, du célèbre tableau de la Joconde, de
Léonard de Vinci, qui est estimé à environ un million
et qui est la propriété de l'État français ».
Dans la liste des témoins, en outre de ceux qui
coopérèrent à la découverte de la Joconde^ se trou-
vent deux fonctionnaires de la police parisienne et le
commissaire de la police de l'ambassade italienne
à Paris. La peine que les juges appliqueront à Perugia,
selon le Code italien, varie de trois mois à quatre ans
de prison.
Comme on le voit, c'est pour rien...
Nécrologie. — Le peintre Timoléon Lobriclion,
qui vient de mourir dans sa 82* année, était né à
Corvod (Jura), le 26 avril 1831. Après avoir passé par
l'atelier de Picot, il débuta au Salon de 1859 par des
tableaux d'histoire ; les scènes de genre, en particu-
lier, les scènes enfantines, et les nombreux portraits
de femmes et surtout d'enfants qu'il donna par la
suite, lui valurent une certaine notoriété et plusieurs
récompenses (ment, hon., 1868; méd. de 2» cl., 1882).
11 avait été fait chevalier de la Légion d'honneur en
1883.
— Le peintre-graveur Daniel Mordant, membre de
la Société nationale des beaux-arts, qui vient de
mourir à Paris, à l'âge de 60 ans, était né à Quimper.
Il s'était distingué à la fois dans l'eau-forte originale
et dans la gravure de reproduction, en même temps
qu'il se faisait remarquer par ses peintures de paysage.
M. D. Mordant avait obtenu une médaille de 3* classe
en 1883, une mention honorable à l'Exposition uni-
verselle de 1889 et une médaille d'or à celle de 1900.
La Revue a publié une vigoureuse eau-forte de cet
artiste. l'Espérance, d'après Watts.
— Le paysagiste Daniel Kœchlin, membre de la
Société des artistes français, est mort à Kingersheim
(Alsace), dans sa soixante-neuvième année. Né à
Mulhouse, élève de Français et de llenner, il expo-
sait régulièrement aux Salons parisiens depuis 1874.
Il était également un des habitués du Cercle Volney,
où on a eu souvent l'occasion d'apprécier ses marines,
ses vues de la vallée de Chevreuse et de la forêt de
Fontainebleau.
— Le peintre Hené l'rinceteau, mort au château de
Pontus, près de Fronsac (Gironde), était âgé de
70 ans ; né à Libourne, élève de Dumont et Deloye,
il exposait depuis de longues années des portraits,
des sujets de chasse, des peintures d'histoire et des
paysages ; il s'est fait également remarquer par ses
sculptures. Récompensé d'une mention en 1881, il
avait reçu une médaille de 3* classe en 1883, une de
2* classe en 1883, et une de bronze à l'Exposition
universelle de 1900.
— Le paysagiste milanais Filippo Careano vient
de mourir à l'âge de 74 ans. Ce fut un des chefs de
l'école du vérisme et un des maîtres italiens dont
l'inlluence s'est fait davantage sentir dans le dernier
quart du xix* siècle.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
"Ventes annoncées. — A Paris. — "Vente
Henriette Rodggers (objets d'art, etc.). —
Mobilier ancien, plutôt que collection, la réunion
d'objets d'art et d'ameublement, dont la vente
aura lieu salle 11, le 9 février, sous la direction
de M"^ Lair-Dubreuil et de MM. Mannheim et Loys
Delteil. a fait l'objet d'un mince catalogue illus-
tré. Nous y remarquons : une table-coiffeuse en
marqueterie de bois de couleurs, d'époque
Louis XV ; un lit de milieu, de la même époque,
en bois sculpté, à décor rocaille, et, enfin, une
commode en marqueterie de bois de couleurs,
avec bronzes, de la fin de l'époque Louis XV.
Ventes prochaines. — A Paris. — Aux
diverses vacations, que nous avons précédem-
ment annoncées, nous pouvons encore en ajouter
quelques-unes qai doivent également prendre
place au cours de cette saison.
— Le 16 février, salle 6, M' A. Couturier,
assisté de MM. Mannheim, Pape et Loys Delteil,
procédera à la vente des objets d'art et d'ameu-
blement provenant de la Collection de feu
ANCIEN ET HUDERNE
45
M. Rochard, qui, pour cause d'usufruit, ne
lurent pas compris dans ia vente faite après le
décès de cet amateur en 190!).
— Le 20 février, le même commissaire-priseur
vendra, boulevard de l'Hôpital, aux magasins
des hôpitaux, des Boiseries anciennes du temps
de la Régence, appartenant à l'Assistance pu-
blique.
— Le 2 mars, M= Baudoin dirigera une vente
de peintures du genre ultra moilerne, apparte-
nant à une Société dite » la Peau de l'Ours », qui
s'était formée, il y a une quinzaine d'années,
dans le but d'acheter des ouvrages de l'école
impressionniste la plus avancée.
— Le 5 du même mois, à la Galerie (jeorges
Petit, le même commissaire-priseur présidera à
une vente de tableaux, objets d'art et tapisseries
anciennes.
— • De son côté, M« Lair-Dubreuil, assisté de
MM. Paulme et Lasquin, procédera, dans le cou-
rant de mars, à la première des nombreuses
ventes que va nécessiter la dispersion du stock
de marchandises appartenant à M. Jules Couderc,
l'un des doyens du commerce parisien de la
curiosité.
— Vers la lin du même mois de mars, le même
commissaire-priseur dirigera la vente des ta-
bleaux, objets d'art et d'ameublement dépen-
dant de la Succession de M. Lévéque.
— Pour compléter ce que nous avons déjà dit à
ce sujet, ajoutons que la vente des objets d'art
et de curiosité provenant de la Succession de
M. Fitzhenry, aura lieu salies 7 et 8, du 19
au 21 février, par le ministère de M« Lair-
Dubreuil et de MM. Mannheim et Léman; et que
les deux premières des ventes, qui vont disperser
les ([uelque deux mille objets composant le
stock de MM. Seligmann, seront dirigées, à la
Galerie Georges Petit, du 6 au 17 mars, par
M" Lair-Dubreuil et Baudoin.
M. N.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Société des Aquarellistes Français (galerie
Georges Petit). — Quarante-cinq exposants, plus
de trois cents cadres: toujours beaucoup d'appe-
lés, mais peu d'élus, du moins au point de vue
de l'art; et pourquoi l'aquarelle nous apparaît-
elle toujours plus banale que sa voisine et sa
sœur cadette, la peinture à l'eau, qui la suit à
quelques jours près, rue Gaumartin ? Parce que
l'aquarelle enrôle moins d'artistes que d'amateurs
ou de spécialistes trop préoccupés du métier.
Quelque galante que soit la précision de notre
xviii» siècle, illustré parM. Maurice Leloir, leplus
artistique succès de ce trente-sixième hiver reste
acquis à M. Pierre Vignal : sous le portail éblouis-
sant d'une vieille église espagnole ou devant la
douceur matinale des Ilots bleus de Capri, c'est
le maître des limpides lumières; et la moindre
réserve de blanc, cernée par son pinceau de
martre, a cette justesse qui nous en fait oublier
l'adresse. A Versailles, à Fontainebleau, dans un
décor déjà stylisé de pierre blonde et de verdure,
M"" Marie-Paule Carpentier sait ennoblir d'un
vigoureux trait de crayon Conté de beaux effets
d'ombre et les tons de l'automne. La plupart du
temps, les « notes » des peintres-graveurs et leurs
dessins rehaussés l'emportent sur la préciosité
du fini : témoin VÉmiqrante de M. Jeanniot et les
croquis, non catalogués, que M. de Latenay re-
c\i%\\\6 Autour des Pardons, sans oublier les coins
de province ou de banlieue illuminés par M. Luigi
Loir, ni le Coteau sombre empourpré par M. Paul
Ressert, et quel que soit l'esprit ou le talent de
MM.Devambez,Maxence, Julien Le Blant, Georges
Scott, du virtuose Ernest Filliard ou du miniatu-
riste Maurice Ray.
Les Imagiers modernes (au Cercle de la
Librairie). — C'est une seconde exposition de la
Société artistique de la Gravure sur bois, fondée
en 1885, qu'il ne faut pas confondre avec la Société
de la Gravuresur bois originale, fondée en 1912. Ses
tendances s'expriment en beauté dans la « rétro-
spective » de deux maîtres d'hier, dont le dessin
contribua diversement à l'évolution de la gravure
traductrice : Gustave Doré (1832-1883) et Daniel
Vierge (1851-1904); l'un, romantique enfant de
l'Alsace et fécond illustrateur de beaux livres,
« interprété » par Pannemaker père ou par le
virtuose marseillais Héliodore Pisan, qui substi-
tua, vers 1860, la grisaille compliquée des teintes
aux clairs linéaments du fac-similé ; l'autre. Espa-
gnol ivre de soleil et fougueux illustrateur de
journaux où l'actualité palpitait dans une coulée
de lumière; et l'échoppe du regretté Tony Beltrand
traduisait à souhait ses puissants contrastes.
Aujourd'hui, toutes les formules voisinent : les
teintes, dans les traductions des maîtres peintres
par MM. Dété, Paul Bornet, Dutertre, Emile de
46
LE BULLETIN DE L'ART
Ruaz et Léonard Jarraud, qu'il ne faut pas con-
fondre avec le peiulre du inâine nom; le trait,
dans les fac-similé de M. Ernest Florian pour
les romans d'Anatole France ou le chef-d'œuvre
de Balzac, Eugénie Grandet; le camaïeu, dans
les Souvenira d'Italie, de M. Pierre Gusman; la
couleur, avec MM. Girardot et Paul Baudier; le
papier peint, avec M. Guttero ; l'archaïsme un
peu décadent, avec M. Gaspard Maillol; la xylo-
graphie primitive, dans les bois originaux du
peintre-graveur Emile Bernard, pour les Amours
de Pierre de Ronsart (sic), qui semblent illustrés
par un contemporain de Geoffroy Tory.
Société internationale de la Peinture à
l'eau (galerie Chaîne et Simonsonj. — La vie,
c'est la mort, observait un sage; et c'est aussi
par une importante « rétrospective » que se re-
commande à nos yeux ce neuvième hiver : le
fondateur de la Société, le regretté Gaston La
Touche (1854-1913), qui souriait malicieusement
à la Comédie humaine, sç montre ici sous un
nouvel aspect, ou plutôt sous tous les aspects de
sa virtuosité brillante et vagabonde qui préférait
les fluides harmonies de la peinture à l'eau pour
effleurer tous les sujets, depuis les pâmoisons du
Calvaire jusqu'au Baise-mains du five-o'clock, en
passant, dans une atmosphère de théâtre, par
toute la féerie des heures, des mascarades, des
corridas, des fêtes, des flirts, des réalités élé-
gantes ou des rêves galants.
Les vingt-deux artistes vivants qui l'entourent
nous réservent un régal toujours savoureux, mais
pas inédit, où nous reconnaissons sans regret les
souvenirs de Bretagne ou d'Italie, toujours large-
ment colorés, par M. Lucien Simon; les études
de danses, recueillies par M. Francis Auburtin
à l'école de Miss Loïe Fuller, rivale d'Isadora
Duncan; les flgures symboliques de M. Fernand
Khnopff ou de M"" Jeanne Lucien-Simon; -les
intérieurs ou les parcs de M.M. Walter Gay, Franiz
Charlet et Gillol ; les effets de lumière vénitienne,
moins vus que rêvés par M"« Clara Montalba;
les oiseaux nettement stylisés par M. Itayraond
Bigot; les gouaches, diversement vigoureuses ou
limpides, de MM. Luigini, Marcette, Henry Cas-
siers, qui songe, en Hollande, aux atmosphères
nacrées de Turner; l'aquarelle pure, et d'autant
plus vive, de -M. Fernand Truffant, quittant son
vieux Marseille animé pour Bruges-la-Morle.
A côté de Versailles ou de Venise, Rome, ici non
plus, n'est pas absente et sa majesté se prêle aux
petites notes de M. Avy, tandis que, sinistre et
rosée devant son jardinet fleuri, la Maison de
Berlioz à Montmartre, revue par un ami de Paris,
M. Ernest Laborde, évoque la prison d'un génie
captif.
Paul Madeline {galerie Georges Petit). —
Encore mieux ici qu'aux Salons d'automne ou
qu'à la sixième exposition, chez Devambez, de la
Société moderne dont nous parlerons bientôt, se
perçoit le talent discrètement lumineux et natu-
rellement harmonieux de M. Paul Madeline, un
délicat parmi tant de pseudo-violents. Paysagiste,
il trouve le calme et la douceur à Toulouse même,
aux Martigues, sous les pins ensoleillés de la
Côte d'Azur; dessinateur, il obtient du modèle
des mouvements heureux, pareils au rythme de
ses horizons qui s'élèvent, sans complication,
dans une fine clarté, de la nature au décor.
Raymo.no Bouter.
LE PARTHENON
d'après un livre récent (1).
L'Acropole d'Athènes demeure le lieu d'élec-
tion où une âme, nourrie de notre civilisation,
se sent le plus près de la beauté pure, et respire
le mieux le souffle de l'esprit, dépouillé de toute
contingence : là, un idéal mystérieux et toujours
présent l'appelle et l'exalte, et fait monter en
elle la prière, dont Renan a écrit les versets.
Qu'y a-t-il pourtant, sur l'abrupte colline, si ce
n'est quelques colonnes mutilées et quelques
débris de sculpture '? Sans doute. Mais, en cha-
cun des fragments de ce qui fut la beauté par-
faite, subsiste quelque chose de divin. On trouve,
dans nos musées, des morceaux de coupes alti-
ques du v» siècle, où l'on ne voit plus (]u'une
silhouette animée par quelques traits précis et
nerveux ; la scène a disparu, le sens est indé-
chiffrable ; mais ce qui survit sufflt à évoquer le
plus beau printemps de l'intelligence humaine.
Si un débris de poterie du temps d'Epictète ou
de Douris garde ce pouvoir, ne conroit-on pas
ce que peuvent imprimer dans notre esprit les
restes du chef-d'œuvre d'Ictinos et de Phidias '.'
{l) Maxime Coi.honon. Le Parthénon, l'histoire,
l'architecture, la sculpture. — Paris, Machette et C'*,
un vol. in-V, 22 pi., 79 fig.
ANCIEN ET MODERNE
47
Aussi, l'on écrira toujours sur un si noble
sujet. La curiosité humaine ne se lassera pas de
fouiller la base du monument, ni d'en ri^ver la
reconstitution. Il y a une bibliothèque entière
consacrée à l'Acropole d'Athènes : mais elle
s'augmentera toujours. Quel archéologue, fervent
de l'hellénisme, ne vient pas un jour ou l'autre
interroger la colline sacrée et lui demander l'un
de ses secrets ? Mais à bien peu il est réservé de
pouvoir traiter l'ensemble du sujet, et de fixer
pour un temps l'aspect du grand problème que
la ruine suscite. Et cependant, pour l'immense
public lettré auquel il n'est pas donné d'aller
prier sur l'Acropole, quoi de plus précieux qu'un
grand volume de synthèse, qui lui raconte l'his-
toire de ces monuments détruits et les lui montre
tels qu'ils étaient dans leur première jeunesse ?
M. Maxime Collignon a entrepris, pour le Par-
thénon, sinon pour l'Acropole entier, un pareil
ouvrage d'ensemble. Il en avait donné, il y a
quelques années, une première édition accom-
pagnant des planches d'un très grand format.
Cet ouvrage étant épuisé, il l'a refondu tout
entier, pour le publier sous un format commode,
en le mettant au courant des plus , récentes
études ou trouvailles. Aucun archéologue, en
Europe, n'était mieux désigné pour condenser
ainsi, en des pages aussi claires que substan-
tielles, ce que la science la plus pénétrante a
découvert sur l'histoire du temple, et pour l'évo-
quer à nos yeux tel qu'il se dressa au plus beau
moment de l'histoire d'Athènes, qui y mit à la
fois tout son orgueil et tout son génie. Les lec-
teurs de la Revue de l'Art devinent avec quel
charme et quel délicat atticisme est écrit ce
volume, qui fait tant d'honneur à la science
française.
En parlant ici de ce beau volume, il ne nous
est pas possible de suivre l'auteur pas à pas tout
au long de ses recherches. Nous renvoyons le
lecteur au livre même, qui les séduira autant
qu'il saura les instruire. Nous voudrions seule-
ment souligner ce qu'il enferme de tout à fait
nouveau en comparaison des anciens ouvrages
sur l'Acropole d'Athènes, familiers au grand
public, comme le livre classique de Beulé. En
elTet, depuis une trentaine d'années, l'histoire
des temples athéniens a été renouvelée par les
fouilles heureuses pratiquées à leurs bases Une
époque, jadis mal connue, est ressuscitée, toute
parée d"attraits singuliers, où un peu de barba-
rie primitive se mêle à beaucoup de raffinement ;
un peuple de statues peintes, les coquettes corés
aux robes tuyautées, aux cheveux calamistrés et
enrubannés, aux sourires précieux, a surgi du
sol antique ; un ancien Parthéuon est même
apparu, qu'on ne connaissait pas.
Parthénon n'est pas ici le nom qui convient,
du reste. On croit généralement que le nom du
temple vient de celui d'Athéna Parthénos. Le
contraire serait plus vrai. Au v» siècle, seule une
cella du temple, plus spécialement réservée aux
vierges qui jouaient un rôle poétique et impor-
tant dans les Panathénées, était nommée « Par-
thénon ». Par extension, le nom de cette ce//ofut
donné plus tard à l'édifice entier.
Mais un temple d'Athéna, fondé vers S60, se
dressait sur l'Acropole, avant l'invasion perse, au
sud de la « forte demeure d'Erechtée ». C'est cet
« Hécatompédon », dont Dôrpfeld a découvert
l'existence, en 188b, édifice eu tuf, dont les fron-
tons étaientdécorés de sculptures peintes, parmi
lesquelles le groupe du triple Typhon, minutieu-
sement étudié par M. Lechat, dans ses beaux
ouvrages sur l'archaïsme attique, qui a acquis une
sorte de popularité, que légitime le style étrange,
vigoureux, allègrement» primitif» qui s'y mani-
feste.
C'est ce temple que les Pisistratides ceignirent
d'une colonnade dorique, et ornèrent de reliefs
d'un style nouveau, tout brillant d'i'onisme, dont
il reste quelques précieux morceaux, — notam-
ment un aurige drapé d'un élégant manteau, et
devenu célèbre. Les corés dont le subtil sourire
anime aujourd'hui le musée de l'Acropole y
occupaient la cella occidentale, où les Perses
massacrèrent les trésoriers d'Athènes.
L'Hécatompédon fut détruit par les Perses.
Mais, bien avant sa destruction, la démocratie,
victorieuse des Pisistratides, avait projeté d'édi-
fier à la déesse poliade un Temple nouveau, dont
la spendeur elTarAt celle de l' Hécatompédon
agrandi par les tyrans. Pour le construire, elle
éleva de puissantes assises, régularisant les iné-
galités de la colline, au bord de son abrupte
déclivité : c'est là l'emplacement et la base mi'me
du Parthénon d'Ictinos Les Perses incendièrent
c-; nouveau temple en cours de construction,
dont le plan avait pris, après Marathon, des pro-
portions plus vastes, en sorte que le Parthénon
de Périclès est, non pas le second, mais, en réa-
lité, le troisième Parthénon.
On voit, par ce bref résumé, quels problèmes
suscite cette histoire du Parthénon avant Péri-
clès. Ce sont là des questions enchevêtrées, sur
lesquelles les spécialistes ont discuté longuement.
48
LE BULLETIN DE L'ART
Sous la plume de M. Collignon, tout s'éclaire, et
la solution la plus naturelle se dégage comme
d'elle-même de l'exposé seul des faits. En même
temps, ces lointaines époques revivent, avec leurs
passions, leur religion patriotique, et tous ces
sentiments qui ont déterminé la naissance de ces
chefs-d'œuvre, — sentiments qui, à vrai dire, ne
sont pas si éloignés des nôtres : il suffit à l'auteur
de quelques mots pour évoquer parmi ces ruines,
tout ce qui fut debout et tout ce qui y fut vivant,
et pour nous le rendre présent et voisin.
On devine que le reste du livre consacré au
Parthénon de Périclès n'est pas moins attachant :
c'est le centre moral de toute l'histoire d'Athènes,
au moment oh l'humanité approcha le plus près
de la perfection esthétique, que M. Collignon
décrit avec cette simplicité où entre tant de sen-
sibilité contenue mais profonde. L'auteur atteint
même, à la fin de cet ouvrage, à un degré d'émo-
tion sans emphase où l'écrivain se montre inti-
mement artiste et poète. Laissons au lecteur le
plaisir de découvrir lui-même tout l'attrait de
cette étude. Nous voudrions seulement, en termi-
nant, citer quelques mots de l'auteur touchant
certains projets de restauration qui ont menacé
le Parthénon, comme tant d'autres édifices. Le
Bulletin a souvent combattu pour défendre les
chefs-d'œuvre, aussi bien d'un culte indiscret
que de la profanation des vandales : il ne veut
pas oublier de souligner que les dangers qui
menacent nos églises et nos palais de jadis, n'ont
pas épargné l'Acropole. Il y a eu, pour le Parthé-
non, un projet de restauration complète, dû à
l'Allemand von Klenze, qui eût défiguré sans
retour de si nobles débris. M. Collignon a défini,
en quelques mots, l'attitude qu'il convient d'adop-
ter en face de la plus belle des ruines, et ses
paroles nous serviront de conclusion : « Sauve-
garder ce qui reste du teinfile et n'y rien ajouter,
tel est le vœu auquel se sont ralliés, en 1905, au
Congrès archéologique d'Athènes, les plus fer-
vents admirateurs du monument. Le Parthénon
ne doit pas être profané par des pierres neuves.
Il doit rester ce qu'en ont fait les siècles, la plus
noble et la plus auguste des ruines, enveloppée
de poésie, précisément parce que l'imagination
seule la complète, parée d'un incomparable
prestige par le temps, par son histoire, par sa
beauté cruellement défigurée, mais toujours
vivante, par la grandeur du passé et par la mélan-
colie du présent ».
J.F.
LES REVUES
France
L'Art et les artistes (novembre).— MIIosMaktbh.
Un Gothique : le sculpteur tchèque François Bilek.
— Marcel Sembat. Albert Marquet. — Notes sur ce
peintre qui, ayant découvert « un aspect spécial de la
nature, s'y est identifié; si bien qu'on ne comprend
pleinement certains paysages qu'à la condition de les
voir en Marquet ».
— Emile Sedevn. Frank Boggs. — Les aquarelles
de cet artiste voyageur, souvenirs vivants de la France
monumentale.
— William Rittbb. Max Svabinski. — Peintre
tchèque, né en Moravie, professeur à l'École des
beaux-arts de Prague; portraits, vues de villes, études
de nu, natures mortes.
— Cari G. Laubin. Exposition de portraits d'Idune
à Stockholm. — Exposition de portraits de membres
de la société « Idune », qui vient de fêter le cinquan-
tième anniversaire de sa fondation.
— Lyco Laoiios. La Cité morte : notes sur le Musée
du Caire.
— Léandre Vaillat. I^'Art décoratif : l'art rus-
tique en Savoie.
Itauk
Bollettino d'arte del Ministero délia P. Istru-
zione (avril). — Giulio Canïala.messa. Souvelles
acquisitions de la galerie llorg/iese. — Parmi ces
nouvelles acquisitions du beau musée de la villa
Borgtiese.M.Cantalamessa signale une Sainte Famille
3e Simone Cantarini, peintre de Pesaro [xvir siècle,
influencé par les Bolonais et le Caravage, et deux
tableaux de Gio. Benedetto Castiglione. le peintre
génois si célèbre en Europe au xvii' siècle et trop
oublié aujourd'hui ; ces deux tableaux représentent
des bergers à cheval ou milieu de leurs troupeaux en
marche.
— Mario Salmi. L'Église de San Donnino, à Majano.
— Petite église romane, à trois lieues d'Arezzo, offrant
de curieuses particularités ; on y trouve des fresques
du commencement du xv siècle, d'un style d'ailleurs
retardataire, notamment un Saint Donnino, et une
Vierge, du même siècle, en bois polychrome.
— Giuseppe Mohktti. Terres cuites inédites du
Musée des Thermes. — Terres cuites décoratives
gréco-romaines.
— Vittorio SPI^AzzoLA Sur un rhinocéros de marbre
du Musée national de Naples. — Bas-relief de l'an-
cienne collection Borgia, imite d'un modèle d'Albert
Diirer, et qui n'a jamais passé, au Musée de Naples,
ni pour antique, ni pour avoir été trouvé à Pompéi,
comme l'a récemment affirmé à tort et avec grand
bruit un savant allemand.
Le Gérant : H Uïnis.
Paris. — Inip. Georges Petit, ii, rue Godot-de-Mauroî.
Numéro 612.
Samedi 14 Février 1914.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
La Photographie
dans les Musées nationaux (*)
Le prix des épreuves.
.)'en appelle à tous ceux qui ont visité l'Italie,
et je leur demande combien il en est, parmi
eux, qui sont revenus de leur voyage sans rap-
porter de photographies.
I.a richesse des collections de l'excellente
maison Alinari, pour ne citer que celle-là, et
l'extrême bon marché des épreuves comptent
parmi les Joies complémentaires d'une prome-
nade aux sanctuaires de l'art. Petites villes et
grands musées, paysages illustres, monuments,
objets d'art, ensembles ou détails de peintures et
de sculptures, tout a été photographié de ce qui
peut intéresser le voyageur, l'artiste et le savant,
et tout lui est livré sur sa demande, au format
qu'il désire, et dans des conditions si modiques
que les épreuves les plus » artistiques » n'arrivent
pas à grever sensiblement le budget d'un touriste.
Faut-il donner des prix "?
Pour des épreuves aux sels d'argent : format
58x43 : 5 fr.; 43x33: 2 fr. bO; 25X.30 : 0 fr. 7b
(6 fr. la douzaine) ; 14 1/2x9 1/2 : 0 fr. 30 (3 fr.
la douzaine). Il existe des épreuves au platine,
un peu plus chères, et des épreuves au charbon,
procédé inaltérable, encore un peu plus coii-
teuses : 12 fr., 7 fr., 2 fr. bO et 1 fr. 25, selon les
formats.
Ilien d'approchant n'existe chez nous. Il suffit
d'avoir voulu se procurer la photographie de tel
ou tel tableau appartenant à une de nos galeries
provinciales pour savoir ce qu'il en coûte, et ce
que vous livrent quelquefois des opérateurs sans
doute plus habiles à traiter le portrait d'atelier
qu'à reproduire des peintures anciennes.
Mais là n'est pas la question, et il faut se bor-
ner pour aujourd'hui à parler du Louvre.
(1)2' article. Voir le n» 6U du BiUlelin.
Or, les prix des photographies vendues par la
maison concessionnaire du privilège ont été
établis voilà trente ans et fixés par les articles 5
et 7 du traité du 3 décembre 1883.
Ce traité établissait une différence entre le
prix des photographies achetées dans les salles
mf^mes du Louvre et le prix des photographies
achetées dans les magasins de l'éditeur. Singu-
lière chinoiserie. Pourquoi, si, ayant employé
toute votre journée à visiter le musée, vous vous
trouvez manquer du temps nécessaire pour passer
faire vos emplettes à la salle de vente avant la
fermeture des portes, seriez-vous obligés de sup-
porter une majoration de prix quand vous irez
au magasin de l'éditeur? Mystère.
On pourrait aussi se demander pourquoi,
d'après le traité, les sculptures et objets d'art
peuvent être photographiés au format 18x24,
alors que les tableau,x n'ont pas droit à ce format
plus que suffisant, et ne peuvent supporter que
le 24x 30; pourquoi, alors que les épreuves des
tableaux peuvent être tirées aux sels d'argent,
celles des sculptures et objets d'art ne peuvent
l'être qu'au procédé, plus coilteux, du charbon ;
et encore pourquoi il n'est, dans aucun cas, prévu
d'épreuves au format 13x18, le format par excel-
lence des travailleurs.
Négligeons ces questions de détail et retenons
seulement qu'il est impossible de trouver une
photographie faite par la maison ayant 1^ privi-
lège de la reproduction dans les Musées natio-
naux à un prix inférieur à 3 francs pour une
épreuve aux sels d'argent du format 24x30 et
à 6 francs pour une épreuve au charbon de
même format; et que ces prix ont été établis
voilà trente ans et tixés sans tenir aucun compte
du perfectionnement incessant des procédés
photographiques qui ont amené la reproduction
à un extraordinaire bon marché.
Si bien que le privilège de la photographie
dans les Musées nationaux, au lieu de se faire
excuser, si l'on peut dire, par la modicité des
conditions dans lesquelles pourraient être livrées
!iO
LE BULLETIN DE L'ART
les épreuves, se double, en fait, d'un autre pri-
vilège, qui est de pouvoir vendre ces épreuves à
des prix, peut-iHre acceptables voilà trente ans,
mais depuis longtemps hors de proportions avec
la vulgarisation de la photographie.
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des beaux-arts (séance du 7 février).
— L'Académie a accordé à M"" Lili Boulanger,
grand-prix de Rome de composition musicale, un
sursis pour se rendre à la Villa Médicis.
— M. Henry Uoujon, secrétaire perpétuel, ayant
donné lecture d'un télégramme annonçaDl la mort de
M. V'audremer, M. Dagnan-Bouveret rend un dernier
hommage à la mémoire de l'éminent architecte qui
était le doyen de la Compagnie.
La séance est ensuite levée eb signe de deuil.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 6 février). — M. Paul Pelltot continue sa
communication sur le christianisme en Asie centrale
et en Extrême-Orient au moyen âge.
— M. Pottier lit une note de M. Gaston Darier, qui
a dirigé, avec M. Nicolle et M. Gauckler, les fouilles
du Janicule, à Rome, où a été découverte, dans un
sanctuaire syrien, une curieuse idole de bronze en-
tourée d'un serpent : on y avait vu une image de la
déesse Atergatis, mais le bronze a été nettoyé avec
soin et on a pu constater qu'il s'agissait d'une divinité
masculine. In archéologue italien, M. Pasqui, a pro-
posé d'y reconnaître le dieu phénicien Hadad; mais
cette conclusion ne s'impose pas, car le choix à faire
est assez large parmi les dieux du panthéon syrien.
— M. Paul Monceaux a donné lecture d'une note
de M. Mer in, directeur du Service des ahtiquités de
la Tunisie, sur la découverte de mosaïques tombales
à inscriptions et sujets ligures, qui ont été trouvées
au nord de Kourfa (l'antique Curubis). dans la pres-
qu'île du cap lion.
Société nationale des antiquaires de France
(séance du 4 février). — M. Chapot, ancien membre
de l'École d'Athènes, bibliothécaire n la bibliothèque
Sainte-Geneviève, et M. Serbat, ancien élève de
l'École de» Chartes, secrétaire de la Société fran(;aise
d'archéologie, sont élus membres résidents.
— M. Johnny Uoosval et i\I. le G" Sanche de
Graniont sont élus associés correspondants, le pre-
mier à Stockholm et le second au Vigaal (Basses-
Pyrénées.
— M. Héron de Villefossé fait une communication
sur une partie, récemment retrouvée, du rempart
gallo-romain d'Angers.
— M. Monceaux étudie quelques plombs récem-
ment découverts à Carthage.
Société pour la protection des paysages. —
Dans sa dernicre réunion, la Société pour la protection
des paysages a émis le vœu : que des mesures immé-
diates soient prises pour conserver la fon't de Fon-
tainebleau et la défendre contre les dangers qui la
menacent; que la digue du Mont Saint-Michel soit
détruite ; et que l'ile Saint-Louis, dont l'élargissement
de la rue des Deux Ponts altérerait le caractère, soit
maintenue dans son état traditionnel et historique.
Hélas ! trois fois hélas !
Musée du Luxembourg. — La famille du peintre
Damoye a offert au Musée du Luxembourg le portrait
de cet artiste par M. .Vlfred Holl.
Musée de l'Armée. — A la suite d'une réunion
tenue la semaine dernière, les membres du Comité
de perfectionnement du Musée de l'Armée, qui n'ap-
partiennent ni à l'aduiinistration ni à l'armée, ont
adressé au ministre de la Guerre une lettre attirant
son attention sur les conséquences que pourrait avoir,
pour l'avenir du Musée, la cession, à r.\rmeria Real
de Madrid, de quelques-unes de ses plus belles pièces,
ayant fait partie de la célèbre armure de Philippe II
(voir à ce propos le n' 609 du HiiUelIn .
Musée de 'Versailles. — 11 faut signaler, parmi
les récents enrichissements du .Musée de Versailles,
la donation, faite par M"" Jules Claretie. d'im por-
trait de .Iules Claretie. par Benjamin-Constant. Il sera
pincé dans une galerie de l'attique du Nord, consacrée
aux portraits des écrivains de notre époque, où l'on
a reçu, récemment, le portrait d'Henri Houssaye, par
H. Bereny, et celui de Gustave Flaubert, par Giraud.
On doit y installer aussi le portrait de Stendhal, par
Si'idermark ilegs Cheriimy), et celui d'Henri Kochefurt,
peint par Courbet en Suisse, à l'époque où le polé-
miste revenait de la Nouvelle-Calédonie.
La nouvelle monnaie de nickel. — Nous avons
annoncé, il y a quelques mois déjà, ijue lu monnaie
de bronze et les pièces de nickel de 23 centimes,
fabriquées en exécution de lu loi du 31 mars 1903, doi-
vent être retirées de la circulation et remplacées par
des pirces de nickel de 5, 10 et 25 centimes.
Ln concours a été ouvert pour la détermination du
type de la nouvelle monnaie. Ce concours porte sur
la pièce de 25 centimes.
Sur les cent dessins qui lui ont été présentés, le
jury en a retenu dix. Les candidats, admis à cette
épreuve éliminatoire, ont fait parvenir» la Monnaie :
un poinçon de la face, un poinçon du revers, deux
coins de la face et deux coins du revers de la pièce
de 25 centimes. Des pièces ont été frappées avec les
coins, l'exposition en a eu lieu cette semaine et le
jury se prononcera apns examen.
Le jury, dont lé lluUelin a donné la composition,
s'est adjoint deux nouveaux membres : M. Bottée,
ANCIEN ET MODERNE
51
graveur, et M. Luc-Olivier Merson, l'un et l'autre dé-
signés par les concurrents.
Les dix concurrents retenus sont : M. Vernier, qui
a pris pour motif un •■ coq gaulois», tourné vers le
soleil ; M. Varenne, qui a représenté un homme et
une femme figurant l'Agriculture et l'Industrie ;
M. Prouvé et M. Delpech, qui ont également employé
des figures allégoriques ; M. PiUet, qui a montré un
faisceau surmonté d'un bonnet phrjgien ; M. Peter,
un paysan près d'une charrue ; M. Becker, une
balance près d'un bonnet phrygien ; M. Coudray, une
Uépublique allaitant un enfant ; M. Guis, un cercle
entouré d'un rameau d'olivier ; et M. Liadauer, un
cercle surmonté d'un bonnet phrygien.
Monuments historiques. — Il existe à Villesalem
(Vienne), une ancienne église désaffectée, possédant
de belles décorations sculpturales, dont le propriétaire
négociait la vente à des marchands. La Commission
des Monuments historiques, saisie à temps, intervint
et introduisit une instance de classement devant le
Conseil d'État, en vertu de la nouvelle loi sur les mo-
numents historiques, que l'Administration des Beaux-
Arts va appliquer ainsi pour la première fois. On se
souvient que la disposition essentielle de cette loi
est de donner à l'État le droit de prononcer impérati-
vement le classement d'un édifice appartenant à un
particulier, par voie d'un décret rendu au Conseil
d'Etat, sauf à payer une indemnité au propriétaire.
A Dijon. — Le umsée de Dijon vient de s'enrichir
d'une curieuse peinture deZiem, représentant une vue
de Dijon, prise des hauteurs dites les Perrières, à
l'ouest de la ville. Ce tableau anonyme fut découvert
par M. Gaston Joliet, frère de M. Albert Joliet, con-
servateur du musée , qui crut y voir la manière
de Ziem ; présenté au vieux peintre bourguignon,
celui-ci y reconnut une œuvre de sa jeunesse,
exécutée en 1822, alors qu'il avait 21 ans et qu'il
faisait ses études à Dijon, et il authentiqua la pein-
ture en y apposant sa signature.
A Nantes. — Des antiquaires étrangers ayant
voulu acheter un fragment de retable en bois sculpté
et peint du xv siècle, représentant une Madone avec
l'Enfant et des figures d'anges, qui se trouve dans la
cour d'une vieille maison de la rue des Carmes, à
Nantes, M. P. de Lisle du Dreneuc, conservateur du
musée Dobrée, se rendit acquéreur du monument.
11 se pourrait que cette œuvre d'art, au lieu d'être
transportée au musée Dobrée, fût rachetée par un
groupe de fidèles et prit place, après agrément de
1 État, dans la cathédrale de .Vante».
Société des Amis du 'Vieux Reims. — L'as-
semblée générale annuelle de la Société des Amis du
Vieux Reims a eu lieu le samedi 31 janvier dernier.
Le président, M. Hugues KralTt, en inaugurant à
cette occasion les locaux supplémentaires, récem-
ment aménagés au siège social et garnis de nom-
breux vestiges décoratifs d'art rémois ancien, an-
nonça aux membres présents que, par décret du
29 décembre 191.1, la Société des Amis du Vieux
Heim» avait été reconnue d'utilité publique.
Le rapport du secrétaire général relata les faits et
gestes de la Société en 1913. et le rapport du conser-
vateur constata les achats faits et les dons reçus, dont
le nombre porte actuellement à 906 les articles de la
bibliothèque, à 2.016 ceux du lartulaire et à 4.")4ceux
du musée de la Société.
Après avoir approuvé les comptes de l'exercice
écoulé et le projet de budget pour l'année 1914, l'as-
semblée entendit le rapport relatif au concours de
photographie, institué en 1913. A la suite de ce con-
cours, dont le programme imposait des vues inté-
rieures et extérieures de maisons anciennes ou de
monuments réiuois, et qui a donné des résultats
extrêmement intéressants, plusieurs membres de la
Société ont reçu des médailles d'or ou d'argent.
A Bruxelles. — Le Salon de la Libre Esthétique
s'ouvrira au début de mars dans les salles du Musée
de peinture moderne. 11 comprendra une exposition
rétrospective du peintre Dario de Uegoyos. Pour
honorer sa mémoire, la Libre Esthétique groupera
autour de ses œuvres celles des artistes espagnols
qui furent ses amis et ses frères d'armes : MM. Zu-
loaga, J. de Echevarria, II. AngladaCamarasa, José et
Hamiro Arrue. Raïuon Pichot, Ricardo Canals, Juan
de la Pena, S. llu3inol,J.Mir, P. Durrio de Madron, etc.
Une place importante sera réservée à la jeune
école belge, dont l'orientation nouvelle se précise par
des œuvres qui, pour n'être peut-être pas définitives,
méritent néanmoins de fixer par leurs tendances
l'attention des artistes et du public.
Quelques envois de peintres étrangers compléteront
cet intéressant ensemble.
A 'Venise. — Des travaux de restauration ont été
entrepris à la chapelle du Rosaire, dans l'église des
SS. Giovanni e Paolo. (In sait que cette chapelle,
élevée en souvenir de la bataille de Lépante, fut,
en grande partie, détruite par un incendie en 186'!.
On ne tentera pas de reconstituer l'avant-corps de la
chapelle dont la décoration consistait en peintures et
en lambris de bois sculpté. Dans le «presbytère" dont
l'ornementation était faite de marbre et de stuc, on
limitera la restauration aux parties architectoniques
sans toucher aux statues ni aux bas-reliefs. Les
travaux ont été confiés à l'ingénieur Marangoni. qui
est également chargé de la direction ^es restaurations
de San Marco. — L. G.
A New- York. — Un collectionneur américain,
M. William liigg», vient de donner au Metropolitan
Muséum de .New-York une riche collection d'armes et
d'armures de toutes les époques, qu'il a formée pen-
dant ses longs séjours en Europe.
Nécrologie. — M. Joseph- Auguste-Êmile Vaudre-
mer, qui vient de mourir, était né à Paris en 1829.
Élève de Rlouet et de Gilbert, grand Prix de Ruine en
52
LE BULLETIN DE L'ART
1854, plus tard inspecteur général des Monuments
historiques et membre du Conseil supérieur des bâti-
ments civils, il laisse d'admirables uionuments, remar-
quables à la fois par l'élégance de la ligne et la logique
de la construction. On lui doit la maison d'arrêt et de
correction de la Santé, où il s'inspira des principes
posés par ses maîtres pour la construction des édilices
pénitenciaires; le groupe scolaire de la rue d'Alésia,
le lycée Molière, pour les jeunes fllles, à Passy, et le
lycée Bullon, pour les garçons, boulevard Pasteur; on
lui doit trois des églises parisiennes, Saint-Pierre de
Montrouge. son chef-d'œuvre, Notre-Dame d'Auteuil
et l'église grecque de la rue Bi/et; on lui doit encore
une chapelle funéraire à Saint-Urice Seine-et-Oise), le
palais épiscopal de Beauvais, la restauration du Con-
servatoire des Arts et Métiers (ancien prieuré de Saint-
Martin-des-Champs), les plans de la cathédrale de
Marseille, etc. Il restera comme une des plus intéres-
santes figures de l'architecture française au xix* siècle.
Membre de l'Académie des beaux-arts depuis 1879, il
était, depuis 1900, commandeur de la Légion d'hon-
neur.
— M. Edmond Tuii/uel. qui vient de mourir à Paris,
était né à Senlis en 1836. Après avoir fait ses études
de droit, il entra dans la magistrature, fut élu député
après la guorre de 1870, et devint en 1879 soussecré-
taire d'État aux Beaux-Arts; réélu député en 1881, il
fut de nouveau appelé à ce poste en 1885 et l'occupa
jusqu'en 1887. C'est lui qui fut amené, M. Armand
Fallières étant ministre de l'Instruction publique, à
signer le traité, tout récemment dénoncé, accordant
à la maison Braun le privilège de la photographie
dans les Musées nationaux.
— A Bucarest, vient de mourir, dan» sa soixante-
quinzième année, Jeati Kalindéro. une des personna-
lités les plus marquantes etlesplus populaires du pays.
Ce n'est pas ici le lieu de parler de sa carrière de ma-
gistral, de son activité d'administrateur des Domaines
de la Couronne (depuis 1884), ni des ouvrages histo-
riques qui lui ouvrirent, en 1893, les portes de l'Aca-
démie roumaine. Il faut se borner à rappeler qu'il
présida la Commission des monuments historiques
depuis sa fondation. Sa grande fortune personnelle
lui permit de prendre une part prépondérante au
mouvement intellectuel et artistique du pays, en
premier lieu par les larges subsides dont il encoura-
geait les jeunes talents : puis, par les riches collec-
tions qu'il réunit, lien avait encombré sa maison, et
s'était vu obligé, ces dernières années, de leur cons-
truire un bâtiment spécial. La Galerie. Kalindéro, qui
doit revenir àla ville de Bucarest, contientbon nombre
d'œuvres anciennes, italiennes et françaises, de valeur ;
mais elle vaut surtout, pour la Roumanie, par un
choix de peintures de Grigoresco, recueillies par le
D' Kalindéro, frère du défunt et ami intime du grand
artiste national. — M. Mtd.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — Succession M... [Marchand]
(tableaux, objets d'artj. — Kaile salle 6, les 2 et
3 février, par M" Oudard et Baudoin, assistés de
MM. Sortais, Duchesne et Duplan, et Delteil, cette
vente a produit 57.900 francs. Une seule enchère
digne deremaniue : celle de 9. 100 francs, obtenue,
sur la demande de 6.000 par une gouache de
Gustave Moreau, la Licorne.
Succession de la marquise du 'V. . (objets
d'art, etc.). — Nous avions annoncé également
cette vente. Dirigée, salle 1, du 2 au 4 février,
par M" Lericque et MM. Paulme et Lasquin, ellea
produit 70.000 francs. Ici encore, une seule en-
chère vaut d'i'tre notée, celle de 6.500 francs,
réalisée, sur la demande de 5.000, par une table-
bureau, en bois de placage, ornée de bronzes,
de l'époque de la Ilégence.
■Vente de tapisseries, etc. — M* Lair-Dubreuil,
assisté de MM . Paulme et Lasquin, a dirigé, salle 6,
le 7 février, une vacation anonyme qui a produit
5". 000 francs. Deux enchères méritent seules
d'ôtre signalées : celle de 7.930 francs, obtenue,
sur la demande de 5.000 francs, par une tapisserie
flamande de la Régence, à sujet mythologique
dans un paysage, et celle de 7.825 francs, réalisée
par deux tapisseries de la même suite, plus petites.
■Vente Henriette Rodggers (objets d'art,
etc.). — De cette vacation, dirigée salle U, le 9 cou-
rant, par M« Lair-Dubreuil et MM. Mannheira et
Loys Delteil, il nous suffira d'indiquer le total, soit
29.542 francs, et l'enchère de 4.580 francs obtenue
sur la demande de 2.000, par une Uble-coifTeuse
AMCIËN ET MODERNE
53
en marqueterie de bois de couleurs, d'époque
Louis XV, avec bronzes rapportés. Le lit de milieu
en bois sculpté, que nous avions signalé, n'a pas
été vendu.
Vente de tapisseries, etc — M= Lair-Dubreuil,
assisté de MM. l'aulme et Lasquin et Portier, a
dirigé le 11 février, salles 5 et 6, une vacation
anonyme, qui a produit un total d'environ
100.000 franis. Lne suite de dix panneaux, en
tapisserie de Bruxelles du xvi« siècle, à sujets de
l'histoire ancienne, a réalisé 25.000 francs, sur
la demande de 30.000. Cinq autres panneaux
flamands, de la même époque, à sujets de chasse,
pour lesquels il avait été demandé 15.000 francs,
ont été adjugés 14 000. Six tapisseries d'Au-
busson, dans le goiit du xvin' siècle, à sujets
pastoraux, ont été vendus 8.000 francs. Notons
encore le prix de 4.600 francs, pour une verdure
en Aubussori du xvii" siècle.
Vente de tableaux modernes. — Une seule
enchère mérite d'être signalée parmi les résul-
tats d'une vente anonyme de tableaux et dessins
modernes, à laquelle ont procédé, salle 10,
M" iiaudoin et MM. (iraat et Madoulé, le 11 février
également. C'est le prix de 4.800 francs, obtenu
par une aquarelle de Lucien Simon : Pendant te
prêche.
Cette vacation a produit 36.756 francs.
Ventes annoncées. — A Paris. — Collection
Fitzhenry (Objets d'art, etc.). — Nous avons
déjà signalé la vente que dirigeront, salles 7 et 8,
du 18 au 21 courant, M= l^air-Dubreuil assisté de
MM. Mannheim et Léman, des objets d'art et de
curiosité dépendant de la succession de M. Fitz-
henry. Dans les cinq cent et quelques numéros
qu'enregistre le catalogue illustré publié à cette
occasion, on remarquera surtout une réunion de
miniatures, certaines signées : Sicard, Labille-
Guyard, Augustin, etc ; un tableau par Heinsius, le
Portrait présumé d'Eugène de Beauharnais, enfant ;
et parmi les objets de haute curiosité, une custode
en émail peint de Limoges, du xvi" siècle, à
sujets religieux; un petit monument en buis
sculpté d'art allemand de la mi'me époque, à
nombreux personnages et deux coupes en ambre
sculpté du xvn* siècle. La plupart des objets com-
posant cette vente ont figuré au Musée des Arts
décoratifs à Paris, prêtés temporairement par le
collectionneur anglais qui fut un des bienfaiteurs .
de ce musée.
Tableaux et objets d'art. — 11 faut signaler
les deux ventes de tableaux anciens et modernes,
qui seront dirigées, la semaine prochaine, par
M» H. Baudoin : la première, le 18 février, avec
M. J. Ferai, comme expert, comprend un certain
nombre de peintures, des écoles flamande et
française pour la plupart, avec les noms de
N. Berghem, C. Coypel, l.eprince, Rigaud, Diaz,
Troyoïi, etc. ; la seconde, les 20 et 21 février, avec
M. (j. Sortais et M. E. Pape, se compose de pein-
tures, d'objets d'art et d'ameublement, de porce-
laines et bibelots, le tout provenant du chdteau
de R...
M. N.
ESTAMPES
A Paris. — Vente d'estampes du XVIII' siè-
cle.— La vente que nous avions annoncée comme
devant être faite le 5 février, par M° A. Des-
vougesetM. L. Delteil, a pris fin sur un total de
70.414 francs.
Il faut tirer de pair le prix de 9.100 francs,
obtenu par le n» 62, les Deux baisers, gravé en
couleurs par Debucourt, avec grandes marges;
et celui de 4.100 francs, pour une épreuve avant
la lettre et avant le fleuron des Hazards heureux
de l'escarpolette, gravé par N. de Launay, d'après
Fragonard (no 98).
— Une autre vente d'estampes du xvui« siècle
a été faite, le 6 février, par M" Lair-Dubreuil et
MM. Paulme et Lasquin; elle a produit 63.065
francs.
On ne trouve guère à retenir que le prix de
.■!.500 francs pour deux pièces en couleur d'après
Morland, Industry, Idleness (n"' 196-197), celui
de 2.900 francs pour deux Pastorales, pendants
gravés en couleur par Demarteau, d'après J.-B.
Huet (n» 77); et celui de 2.350 francs pour trois
pièces gravées en couleur par Bonnet (xi°' 35-37) :
Vénus et l'Amour, la Chemise enlevée, les Trois
Grâces.
Dans ces deux ventes, de nombreuses pièces
ont dépassé l'enchère de 1.000 francs; mais
nous n'avons pas la place pour les signaler.
R. G.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
La Société moderne (galerie Devambez). —
Chez Durand-Ruel, les comparaisons devenaient
trop dangereuses, dans un musée de l'impres-
sionnisme, au milieu de morceaux choisis par le
goût et déjà patines par le temps... Ici, la jeune
Société parait plus « moderne », sans rien nous
proposer, toutefois, de nouveau ; plus d'invité
'6i
LE BULLETIN DE L'ART
magistral, ni de sociétaires inquiétants : ce
sixième hiver est de tout repos; les délicats n'y
semblent pas trop souffrir du voisinage des
violents. Ceux-ci persévèrent dans la synthèse
brutale : M. Lemordant, lidèle à la Bretagne des
lourdes Bigoudènes aux tabliers multicolores;
M. Carrera, séduit par l'Extrême-Orient de Gau-
guin, comme nos musiciens avides d'harmonies
rares et de fausses notes; M. Suréda, plus sobre,
au pays mauresque; M. Georges Dorignac, dessi-
nateur à l'instinct décoratif; M. Claude Rameau,
paysagiste, qui n'est pas en progrès. Serait-ce pour
nous démontrer que le vieil Hiroshighé fut « le
premier des impressionnistes » moins par l'ana-
lyse de l'atmosphère que par la simplification des
lignes, mais, en plein Occident, M. Âlluaud réalise,
en teintes plates, un paysage japonais. Autour du
poète Francis Auburtin, la délicatesse un peu
grise appelle MM. Marret, Vauthrin, Maurice Eliot,
William Horton et sa Vue de Vevey, se colore au
soleil de M. Paul Madeline, s'arrête aux plages
bretonnes avec M. Morisset, préfère les parfums
du home avec M. Paul Renaudot, moins ambitieux
que M. William Malherbe, éclaircit les tables
fleuries par M. Abel Truchet, empourpre les fleurs
de M""" Galtier-Boissière ou se divertit malicieu-
sement dans une aquarelle de M. Drésa. Trois
noms résument les tendances de la sculp-
ture: M. Henry Bouchard, assez vigoureux pour
réconcilier le savoir classique et la vie moderne;
M. Quillivic, lourdement décadent; M. Berthoud,
maniéré. Les bijoux de M. Uivaud sont là pour
nous rappeler que la sûreté du métier fait partie
de la probité de l'art.
Société des Peintres orientalistes français
et quatre Salons d'hiver au Orand-Palais. —
Tandis que l'hiver de la nature a la tiédeur dorée
d'un avril, la tristesse glaciale du (irand-Palais
n'est pas réchauffée par la peinture qui l'en-
combre : à quoi bon, dans ces demi-ténèbres, le
onzième et pénible .Salon dit de l'École française,
le quatorzième Salon d'hiver constitué par l'As-
sociation syndicale professionnelle des peintres
et sculpteurs français, et ce trente-troisième
Salon de l'Union des Femmes peintres et sculp-
teurs, dont on n'avait pas besoin pour apprendre
que M"»" Madeleine Carpenlier, Blanche Moria,
Bourgonnier-Claude et Suzanne Minier sont des
artistes ? Et serait-il inconvenant de souhaiter un
cadre meilleur à la vingt-deuxième affirmation
de nos Orientalistes, trop nombreux aussi, mais
toajonrs intéressants?
Ils sont trop, parce que la peinture est le mal
du siècle; mais, ici, dans un millier d'envois,
l'art a vite reconnu les siens, l'oint de rétrospec-
tive, cette année, pour montrer à la curiosité du
présent le beau passé romantique des héritiers
d'Eugène Delacroix, Chassériau, Dehodencq, ou
la science ethnographique et lumineuse d'un
Léon Belly; mais l'Orient lui-même, en face de
l'Occident qui l'explore, et toute une salle réser-
vée par M. Léonce Bénédite à l'École de Calcutta :
parmi des objets d'art ancien, bronzes, étoffes,
instruments de musique ou copies de fresque,
un art local moderne, inspiré par le souvenir de
la miniature persane, où la légende est habituelle
et le portrait rare; et les enluminures de ce
Tagore, dont M"" Andrée Karpelès nous a trans-
mis les traits, semblent avoir influencé l'illus-
trateur de Badourah, M. Edmond Dulac.
C'est notre Algérie réelle, plutôt que l'Inde
rêvée, qui retient nos observateurs : le peintre
Henry d'Estienne, quittant l'Amirauté d'Alger
pour les ruelles lointaines de Bou-Sa.ïda, paysa-
giste des heures respirables et lin portraitiste au
pastel des jeunes beautés tatouées; les boursiers,
MM. .Migonney, Charles Dufresne, un Breton sur-
tout, le graveur Adolphe Beaufrère, qui saisit le
style d'un site lumineux dans un croquis à l'eau-
forte ou taillé sur bois; .M. Léon Cauvy, dans les
marchés ou les cafés maures; M. Suréda, dans
l'ombre des quartiers juifs; M. ûabat, confident
des danseuses rouges; M. Morerod, remarquable
interrogateur du caractère, en Espagne autant
qu'au Maroc; M. Maufra, qui descend toujours
vers la lumière; M"» Suzanne Crépin, talent
décoratif et spirituellement français sous le ciel
de feu du Sénégal ; les paysagistes Henri Dabadie,
Jacques Simon, Richard Black, Amédée Buffet,
moins romantiques que M. Sydney Adamson au
Cimetière d'Eyouh; le statuaire P.-M. l'oisson,
dont les nerveux petits bronzes ne sont pas
écrasés par la puissance musclée de M. Herbert
Ward. Loin des peintres habituels de Venise,
l'Espagne nous envoie deux sombres primitifs,
les frères de Zubiaurre, Valentin, plus concentré
que Bamon, au pays basque; et, sans quitter son
Ile-Saint-Louis, le peintre-sculpteur Emile Ber-
nard a pu faire le portrait de la danseuse persane
Annène Ohanian, qui détrône dans les caprices
de la mode le triomphal souvenir de Matahari.
Jacques-Emile Blanche [galerie Bernheim
Jeune). — Une note, au catalogue, nous prévient
que cette exposition restreinte ne devait com-
ANCIEN ET MODERNE
S5
porter que des études d'Angleterre ou d'Italie,
ces claires vues de Londres ou de Venise où le
plus t'Tudit do nos peintres a recomposé ses
impressions dans un bain d'ambre et d'or où
Constable et Bonington respireraient tout à loisir
un air aristocratique; mais, vu le nombre insuf-
fisant de ces études, « on a cru devoir ajouter
des Heurs et des visages» : ces figures sont des
portraits datés de 1913, qui nous prouvent qu'un
virtuose de la psychologie boldinise avec goût,
quand il lui plaît; et les yeux ne seraient pas
surpris de retrouver la hautaine silhouette de
cette jeune princesse ou la désinvolture musquée
de M. Jean Cocteau parmi les élégants de la place
Saint-Marc, «à l'heure du thé», par un temps
gris.
Raymond Bouykr.
NOTES & DOCUMENTS
Sur un bas-relief du Louvre
attribué à Francesco Francia. ,
Dans la salle de la sculpture italienne, au
Musée du Louvre, est exposé un beau relief -de
bronze où est figuré, dans un style précis, déli-
cat et sobre à la fois, le buste du cardinal Fran-
cesco Alidosi. Cette œuvre excellente est attribuée
à Francesco Francia (1), qui, on le sait, aimait
signer ses peintures : francia avrikex, tenant à
rappeler ainsi qu'il avait été orfèvre avant d'être
peintre, — et le beau bronze du Louvre a bien
tous les traits d'un relief d'orfèvre.
Au demeurant, Vasari nous raconte que le
Francia était un artiste universel, et il insiste,
notamment, sur les médailles qu'on lui doit. Ces
médailles, l'artiste bolonais ne les a pas signées;
aussi, les historiens de la médaille italienne se
sont-ils tous attachés à les identitier; et, préci-
sément, il existe une très belle médaille du car-
dinal Alidosi que Friedliender, suivi par Armand,
a attribuée au Francia. Sans doute, plusieurs
auteurs, liode notamment, ont combattu cette
attribution. Elle n'en est pas moins passée dans
l'usage, tous les rédacteurs des catalogues de
ventes l'ont adoptée, et il est évident que, si le
relief de bronze du Louvre est donné comme un
ouvrage de F'rancesco Francia, c'est qu'il est
(1) A. Saglio, l'Art, 1893, I, p. 125.
nécessairement de la même main que la mé-
daille : en effet, le portrait du cardinal est si
pareil de style et d'aspect dans les deux monu-
ments, qu'affirmer que le relief est un premier
modèle exécuté d'après nature, par l'artiste, en
vue de sa médaille, serait à peine une hypothèse.
Donc, relief et médaille n'ont qu'un seul et
même auteur. Mais cet auteur est-il Francesco
Francia ? A cela, une remarque permet de ré-
pondre, avec la plus grande certitude : non.
H existe une autre médaille tellement iden-
tique de style à celle de Francesco Alidosi, que
tous les auteurs ont noté cette identité et l'ont
attribuée au même maître : c'est celle de Ber-
nardo Rossi, évéque de Trévise, de 1499 à 1527,
médaille d'un beau caractère, net et savant, que
les catalogues de vente, suivant en cela Armand,
donnent régulièrement comme une œuvre du
Francia, précisément à cause de sa similitude
avec celle d'Alidosi. Cette similitude est d'ail-
leurs des plus convaincantes : impossible de
disjoindre les deux pièces. Aussi bien les revers
que les effigies révèlent, de la façon la plus expli-
cite, le faire d'un même artiste. Aux deux revers,
on voit un char d'une forme très particulière,
un aigle battant des ailes, pareillement dessiné
et modelé (1). La lettre même et le grènetia se
ressemblent étroitement sur les deux médailles.
Bref, en les attribuant à un seul médailleur, on
ne fait qu'obéir à l'évidence.
Mais, si l'on examine celle de Bernardo Rossi,
qu'y remarque-t-on? Que la légende lui donne
le titre de vice-légat de Bologne : bbh . hv .co.u.
KPS . TAR . LE . BO . VlC . GV . KT . PRAE., c'cSt-à-dlre
Bernardus Rubcus, cornes Berceti, episcopus Tarvi-
ainus, legationis Bononiensis vice gubernator et
praeses, transcription qui nous est certifiée par
l'inscription funéraire de Bernardo Rossi, qu'on
voit à Trévise et que rapporte Cappelletti (2). On
remarque encore que la légende du revers : Ob
virtutes in Flaminiam restitutas, fait allusion aux
fonctions que Bernardo Rossi eut en Romagne
(provincia Flaminia), où le pape le nomma légat
en I'dIT. Or, que suit-il de ces remarques? C'est
que la médaille n'est pas antérieure à 1519
et date très probablement de cette année-là : en
(1) Dans le relief du Louvre, des aigles sembinbie»
ornent le cartouche où est inscrit le nom du cardinal.
(2) Cappellelli. Cliiese d'Italia, X, p. 683 sqq. « ller-
vardo fiiibeo Com. Berceti episcopo Taroisino sub
Leone Xpont. max. Urbispraefect.paulopost universae
Flaminiae praesid, llononiae simul Proteg », etc.
56
LE BULLETIN DE L'ART
effet, c'est en 1319, qu'à la mort du vice-légat de
Bologne, Lorenzo Flisco, Bernardo Rossi fut
nommé à sa place, et, probablement, en raison
des services qu'il avait rendus en Romagne,
06 virtutea in Flaminiam restitutas, et de la fer-
meté, allant jusqu'à la hauteur et à la dureté,
dont il y avait fait preuve (1). Mais Francesco
Francia est mort le 6 juin 1517 (1818, nouveau
style) (2). 11 n'a donc pu exécuter la médaille de
Bernardo Rossi (3).
On voit la conséquence de ces remarques.
Puisque la médaille de Bernardo Rossi ne peut
(Hre de Francesco Francia, celle du cardinal
Francesco Alidosi n'est pas de lui, elle non plus,
etle relief du Louvre ne saurait donc Hre attribué
à l'artiste (4). Francesco Francia a laissé des fils
qui pratiquèrent son art, et il est permis de se
demander si les œuvres que nous retirons à leur
père pourraient leur être attribuées, encore
qu'ils fussent jeunes à la mort du cardinal Ali-
dosi (tué en 1511, et dont la médaille doit dater
de 1507). Le but de cette note n'est pas, d'ail-
leurs, d'émettre une hypothèse quelconque au
sujet des trois monuments dont nous avons
parlé, mais seulement de ruiner, d'une façon
définitive, celle qui avait cours jusqu'ici (5).
Jf.a."« de Foville.
(1) PompeoYhani, Historia, {Bologne, 1596).Certani,
La Verità vendicala, etc. (Bologne, 1659), p. 301 sqq.
Litta, Famigle celebri ilaliane, Rossi.
(2) Caivi, Memorie inlorno a Fr. Francia (Bologne,
1812), etMllaaesi.p. 547, n. 4, de son édition de Vasarj,
Vite, etc., t. III.
(3) Cornélius de Fabriczy en avait déjà fait la
remarque en passant (Medaillen der ital. Ren.,
p. 45). mais sans en tirer toutes les déductions qu'elle
entraîne. >
(4) On a quelquefois attribué à Francesco l'Yancia
les belles médailles de Musotti et de Toniuiaso Hug-
gieri, tous deux de Bologne. Sans entrer dans la
discussion de cette hypothèse, notons que les portraits
de ces deu.x Bolonais dilTèrent profondément de ceux
d'Alidosi et de Bernardo Rossi : ces médailles for-
ment donc deux groupes qu'il serait impossible
d'attribuer à un seul artiste. Donc, en retirant au
Francia VAUdosi et le Rossi, nous ne touchons pas
au problème que suscitent le Uusotli et le Ruggieri.
(5) M. Ad. Venturi [VArle, 1904, p. 470, et St. delV
art. il., VI. p. 799) tend également à retirer au Francia
les médailles d'Alidosi et de Uossi. et, par conséquent,
le relief du Louvre, mais pour des raisons de style, la
médaille de Rossi lui semblant une œuvre du plein
xvi* siècle. Cet argument est toutefois insulhsant. à
lui seul, puisque la médaille d'Alidosi, identique de
style à celle de Rossi, date de la période 1507-1511, et
probablement de 1507, dix ans avant la mort de
Francia.
LES REVUES
Franck
Revue des deux mondes (1*' janvier). — Maurice
Bahrés. La grande pitié des églises de France. —
C'est le troisième article sur la campagne entreprise
par M. Barrés en faveur des églises menacées de ruine
par suite de la loi de Séparation. Les deux premiers
ont été précédemment analysés ici-mème (n* 605).
Ce troisième article continue J'expose de la cam-
pagne menée par le député de Paris en 1912 : cam-
pagne personnelle dans les couloirs de la Chambre,
réunion faite à Caen, sur l'initiative de M. F. Enge-
rand, et qui groupait sur l'estrade, aux côtés du
maire radical de la ville et de l'évoque de Bayeux,
des professeurs, des hommes politiques, tous réunis
pour affirmer, en dehors de toute division politique,
que les églises de France devaient être sauvées.
Le deuxième discours des églises fut prononcé le
25 novembre 1912. On le trouvera tout au long dans
Iq chapitre suivant. 11 a été analysé ici à son heure,
ainsi que l'intervention de M. Sembat en faveur de
la thèse de M. Barrés et la réponse du ministre de
l'Intérieur, M. Steeg. On sait aussi les résultats du
vote sur l'ordre du jour pur et simple proposé par le
gouvernement, et qu'il eût suffit de déplacer treize
voix pour sauver les églises.
(13 janvier). — Le quatrième article raconte des
événements qui sont d'hier : l'histoire de la caisse des
monuments historiques, et le troisième discours des
églises, prononcé le 13 mars 1913, quand le texte
vint en discussion. M. Maurice Barrés parla d'abord
contre l'amendement Landry-Honnorat qui créait une
caisse pour les monuments classés et une pour les
non classés, mais sans rien demander à l'État pour
l'une ni pour l'autre; le député de Paris déposa un
sous-amendement, modifiant la proposition de ses
deux collègues et donnant des droits aux particuliers
contre les communes. Le sous-amendement fut
repoussé; M. Barrés se rallia alors à l'amendement
Landry qui fut adopté.
(1" février). — L'article s'ouvre par l'ignoble his-
toire des « uccroupis de Vendôme», qu'on a lue à
son heure dans les Échos du bulletin.
M. Barrés, en guise de conclusion, reproduit sa
belle lettre à Charles Le Goffic, qui lui avait demandé
d'intervenir en faveur des cimetières bretons. « L'in-
telligence française, lui dit-il, a sauvé son honneur
en se dressant contre les barbares devant l'église du
village. En cela un résultat certain a été obtenu, et les
parlementaires se sentiront mal à l'aise datlicher trop
claircmentun désaccord avec l'élite des pcnseurset des
artistes de notre pays. » Mais, pour lui, la sauvegarde
de l'église, c'est la continuité de la vie religieuse au
village : « les églises de France ont besoin de saints ».
Le Gérant : H. Dinis.
Pari*. — Imp. Georges Petit, it, rue (jodot-de-Mauroi.
Numéro 613.
y 7
Samedi 21 Février 1914.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
La Photographie
dans les Musées nationaux (^)
Le Droit de reproduction.
Une jurisprudence a fini par s'établir sur la
protection due à la reproduction des photogra-
phies; mais cette jurisprudence varie avec les
pays, selon qu'on a considéré ou non la photo-
graphie comme une œuvre d'art. Tantôt, ce pro-
cédé est assimilé aux œuvres artistiques, comme
en Angleterre, où le délai de protection s'étend
sur cinquante années; tantôt, il a paru inad-
missible de faire bénéficier la photographie des
mômes droits que la peinture, et alors le délai
ne dépasse pas cinq ans (Hongrie, Danemark,
Suède, etc.), ou dix ans (Allemagne, Autriche);
tantôt, enfin, la question de principe n'a pas été
tranchée, et les tribunaux examinent chaque cas
en particulier, pour décider d'abord si la photo-
graphie relève ou non de l'œuvre d'art (France,
Belgique, Italie).
Quand il s'est agi de fixer un délai de protection,
en Allemagne, on a envisagé certaines reproduc-
tions photographiques dont le grand intérêt est,
avant tout, de rendre accessibles au plus grand
nombre, sous une forme convenable, les œuvres
d'art étrangères; on a estimé que les photogra-
phies de cette espèce méritaient d'être protégées,
mais sans qu'il faille aller, pour cela, jusqu'à
créer en leur faveur un monopole qui contredi-
rait à leurobjetmême de vulgarisation artistique;
c'est pourquoi on a limité la protection à dix ans,
à partir de la création du cliché négatif ou de la
publication de l'épreuve. La difficulté reste,
pour les intéressés, — et c'est à la résoudre que
le Congrès international des éditeurs emploie
tous ses efforts, — d'obtenir pratiquement un
moyen de contrôle permettant de savoir quand
un cliché n'est plus sous le coup de la protection
et tombe, comme on dit, dans le domaine public.
(1) 3- article. Voir les n" 6H et 612 du Bulletin.
Il serait infiniment souhaitable que la juris-
prudence de notre pays reçût quelques précisions.
Ou ne verrait plus certaines maisons d'éditions
photographiques frapper leurs épreuves d'un droit
de reproduction perpétuel, contre lequel on ne
saurait trop protester. Quand bien même, en effet,
la valeur d'art de ces épreuves serait indiscutable,
n'est-il pas inique d'étendre ad perpetuum la
protection d'un produit obtenu objectivement,
comme un cliché, alors que la protection des
œuvres d'art, de création purement subjective,
est liée à la vie de leur auteur et s'éteint un cer-
tain nombre d'années après la mort de celui-ci?
Enfin, si le droit de reproduction de la photo-
graphie est un abus en soi, un obstacle à l'illus-
tration des revues et des livres d'art, une entrave
à la vulgarisation artistique, comment admettre
que cette taxe arbitraire puisse s'appliquer aux
épreuves vendues par la maison concessionnaire
du privilège de photographier dans les Musées
nationaux? Elle a le monopole de reproduire les
peintures et les sculptures du Louvre, et cela
depuis trente ans; et elle impose un droit de
dix francs par épreuve à qui veut utiliser dans un
journal ou dans un livre le cliché qu'elle est seule
à pouvoir exécuter. Si bien qu'il n'y a rien de si
coûteux à acheter ou à publier chez nous que
la photographie des œuvres d'art appartenant au
patrimoine national.
E. D.
P.-S. — Nous avons reçu de la maison Braun
une demande de rectification portant sur un
pointde notre dernier article, le Prix des épreuves,
rectification que nous insérons bien volontiers :
<i On peut trouver au Louvre et dans les Musées
nationaux des épreuves photographiques aux sels
d'argent, format 24x30, d'après les peintures,
sculptures ou objets d'art, à 1 fr. bO et non
3 francs; — des épreuves de même format, au
charbon, à 5 francs et non 6 francs; — et des
héliogravures 11x15, sur marges 17x25, à
1 franc ».
Les prix de 1883 ont donc subi une réduc-
m
LE BULLETIN DE L'ART
tion. Ils restent pourtant encore deux fois plus
élevés que ceux de la maison italienne que nous
citions dqns notre article, et quj, elje, n'a aucun
privilège.
ÉCHOS ET NOUVELLES
I^égiQn d'honneur. — Par décret en date du
H février, rendu sur la proposition du ministre de
l'Instruction publique, M- Georges Costeau, artiste
peintre, a été nommé chevalier de la Légion d'honneur
Académie des beaux-arts (séance du H février).
— Voici les noms des candidats qui ont subi avec
succès la première épreuve du concours Roux.
Peinture. — MM. Doœergue (élève de MM, Hum-
bert et Flameng), Lagrange (élève de M, Cormon),
Parera (élève de M- Gabriel Ferrier).
Sculpture. — MM. Grange (élève de M. Injalbert),
Lavrilier (élève de M. Injalbert), Mathey (élève de
M. Injalbert), Moncassin (élève de M, A. Mercié).
Architecture. — MM. Castel (élève de M. Bernier).
Ferrand' (élève de M. Laloux), Delaon (élève de
M. Laloux).
Gravure, -r- MM. Guillez (élève de M. Donnât),
Godart (élève de M. 'Waltner), Berthaud (élève de
M. Waltner).
Miniature. ~r M, IJuet (él^ve de M- L.-O. Mersqn),
M"' Chartran (élève de M. Ilurabert), M"" Martin-
Uegniard (élève de M- Humbert).
Le jugement définitif sera rendu le 10 octobre.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 13 février), -r- M. Cagnat donne lecture
d'une lettre de M. L.-A. Constans, membre de l'École
française de Rome, relative à la découverte faite par
M. Boni, sur le Palatin, d'un oavean que le savant
italien croit être le munciua civitalis palatinae, la
fosse dans laquelle, lors de la fondation d'une ville,
on jetait quelques objets de bon augure.
— Les autres communications relèvent de l'histoire
littéraire et de la philologie.
Société nationale des Antiquaires de France
(séance du U février), -t }i. Awédée Boinet lit une
étude sur les stalles de ta cathédrale de Poitiers
(xiii* siècle), dont les panneaux du fond présentent
un intérêt tout particulier i^u point de vue iconogra-
phique et (Jonqent lieu à des comparaisons avec les
sculptures du portail des églises contemporaine».
— M. N. Valois présente la copie d'un couteau de
poche, découvert récemment dans le cimetière galto-
romain des Longues-Raies, à Boissons.
— M. de Mély fait passer sous les yeux de la
Société ta photographie d'une fresque de Saint-Biaise
de Brunswick représentant la Danse de Salorné et
portant une inscription chronogfammatique donnant
la date de 1246, qui convient parfaitement aux carac-
tères archéologiques de la fresque.
— M. J. Roman présente l'empreinte de la matrice
d'un sceau appartenant à M"' la comtesse de Rof-
fignac, à Périgueux, et qui date du xiv siècle. Il
représente une cage contenant un oiseau.
— M. Louis Châtelain communique les photogra-
phies d'une statue d'Escutape qu'il a découverte à
Macta, en Tunisie, au cours de ses dernières fouilles.
Société de l'histoire de l'^rt français (séance
du 6 février). — M"' IngersolUSmouse communique
des notes sur un certain nombre d'oeuvres de Iloudon
conservées en Amérique.
— M. Paul Vitry ajoute quelques détails sur ces
œuvres.
Société d'iconographie parisienne i séance du
30 janvier) — M. Cherrier présente cinquante-sept
boutons d'habits, ornés de gravures en couleurs pu
rehaussées au pinceau, représentant des vues de Paris
à la fin du XVIII* siècle et (Jes vues des châteaux de
Chpisy et de Bellevue.
— M. René Farge évoque la physionomie du Palais-
Royal à la fin du xviii' siècle. On sait que les docu-
ments relatifs aux boutiques de ce coin de Paris,
autrefois si fréquenté, sont très rares. Il faut remon-
ter à 1786 pour en retrouver trace dans un petit
volume : les Délices du Palais- Royal, orné de dou2e
figures de Dambron, gravées par Queverdo. fi'ast
d'après un exemplaire de cet almanach, appartenant
à M. de Savigny de Moneorps, qu'il a été possible à
M- Fsrge de présenter des vues du salqn de Curtiuty
du théâtre des Comédiens de hois, da café du Caveau,
ouvert par Dubuisson en 1783, du théâtre Séraphin
de 1785, des Bains de santé, etc.
— A la suite de cette communication, et en manière
de conclusion, M. Farge a proposé à la Société, qui
l'a adopté à l'unanimité, le vœu suivant :
« La Société d'Iconographie parisienne, émue par
le projet présenté au Conseil municipal de Pari», le
31 décembre 1913 et adopté le môme jour par cette
assemblée, qui s'est déclarée favorable à l'ouverturp,
dans l'axe de la Bourse du Commerce, et à la hauteur
des dernières arcade» du Palaii-Royal, d'une voie
publique reliant la rue Crois-des-Petits-Champs à la
rue de Valois et pouvant se prolonger, à travers tes
jardins du Palais-Royal, pour aboutir à l'avenue de
l'Opéra, émet le vœu :
0 1* que, conformément aux prévisions du rapport
de M. Chérioux au Conseil municipal de Pari», cette
voie nouvelle reste inaccessible aux voiture» dan» sa
traverȎe du jardin du Palais-Royal ;
« a» que l'ouverture à la circulalinn des bâtiments
du Pqlais-Royat faisant f^ce à la nouvelle voie n'en-
traîne aucune modification de l'aspect extérieur de»
arcadts i
ANCIEN ET MODERNE
6»
" 3° que l'aspect du jardin lui-même ne subisse
aucune atteinte par la construction d'un mur, d'une
grille ou de toute autre barrière destinée à séparer le
jardin de la nouvelle voie publique ».
Congrès des Sociétés d'histoire de PaHs. ^
Le prochain Congrès dés Sociétés d'histoire de t'arin
se tiendra, au mois de mai, dans les nouveaux locaux
de la Bibliothèque Le Pelelier de Saint-Fargeau. rue
de Sévigné.
Présidée par M. Jules Guiffrey, membre de l'Institut,
la Commission permanente d'organisation, formée à
la suite du CongrÔS de l'an dernier, vient de publier
une liste des questions qu'elle soumet aux études des
membres des diverses Sociétés parisiennes.
Ces questions sont divisées en deux sections. La
première, la section d'histoire, comprend les mono-
graphies des rues de la capitale, les travaux sur les
anciens cimetières, les foires disparues, les jardins
d'autrefois, les moyens de transport de jadis, les
numérotages des maisons, la voirie urbaine et fluviale,
les études sur les anciens membres des corps muni-
cipaux. La deuxième section, celle d'archéologie,
réunira les communications sur les monuaients dis-
parus, les vieux hôtels démolis ou menacés de démo-
lition, les statues, enseignes, fontaines qui survivent
encore, les monographies des îiiicleftS corps de métief,
'étude des œuvres d'art TOnSerVées dans les églises,
cimetières ou théâtres.
Le Budget des Beaux-Arts. — Le rapport sur
le budget des Beaux-Arts, dû à M. Simyan, a été
distribué à la Chambre des Députés le 13 février.
Le budget des Beaux-Arts à été expédié daiis la
Séance da matitt du lî février, autant vaut dire sans
discussion. Il y a eu quelques « échanges de vues »
sur la reconstruction de l'École des arts décoratifs,
sur les théâtres subventionnés, sur les concerts popu-
laires de la salle du Jeu de paume des Tuileries, sur
l'autonomie des manufactures des Gobelins et de
Beauvais, sur le Mont Saint-Michel, et sur la sur-
veillance des gisements préhistoriques.
En ce qui concerne la coupure de la digue du
Mont Saint-Michel, retenons cette déclaration du
sous-secrétaire d'État des Beaux-Arts : « le projet est
revenu des Travaux publics et sera incessamment
déposé ».
Manufactute des Gobelliis. — Les ateliers de
haute lisse de la Manufacture des GobelinS travaillent
èh ce moment à l'exécution de plusieurs tapisseries,
d'après des cartons d'artistes contemporains, qui sont:
le Général José de San Martin au passage des Andes,
par Roll, tapisserie destinée à la République Argen-
tine; Toulouse, par II. Rachou, poUr le Capitole de
Toulouse; la Bretagne, par Raflaclli, pour le Parle-
ment de Rennes; les Pàmprts, par Jules Ghéret; la
Bourgogne, par Louis Attquetitt; Psyché servie par
lés Grdees, par Zo, pouHe Luxembourg; la Bélin au
boit dormant, d'après ieitx Vebet; des écrans et des
paravents pAr Félix Bracquemond.
La Chancellerie d'Orléans. — On sait que l'admi'
rable hôtel du xvm' siècle qu'est la Chancellerie
d'Orléans .se trouve menacé d'être jeté bas pour faire
place à la fameuse rue nouvelle qui, partant de la
Bourse du commerce, aboutira au Palais-Royal. On
sait aliisi ^ et le Bulletin a cité, datis Soti n- 609,
le passage du tapport présenté sur celle question,
par M. Chérioux, au Conseil municipal — que, pour
faire excuser la déniolilion de cette belle demeure,
on a prétendu qu'elle bê niourfait paS tout entière,
puisque la Banque de France devait recueillir tout
ce qu'elle renferuie d'intéressant ! « Qu'on ne se dé-
sole qu'à demi, a dit en substance M. Chérioux,
puisqu'il restera ainsi quelque chose de la Ch&ûcel-
lerie, alors que son propriétaire eftl très bien pu la
raser, après avoir dispersé les peintures de Goypel et
les décorations de Boffrand. »
M. Chérioux ne nous dirait pas qu'il aurait été
possible et facile de S'opposer à Cêâ sauvages desseins,
à supposer que le propriétaire les eût formés : c'était
tout simplement de recourir au classement du vieil
hôtel comme monument historique.
Or, on annonce que, dans une de ses dernières
séances, la Commission des monuments historiques
s'est prononcée à l'unanimité en faveur de ce clas-
sement.
La Monnaie de Nickel. — Le jury du concours
pour la monnaie de nickel a fait connaître jeudi son
jugement.
Il a attribué le premier prix (20.000 fr.) à M. E. Lin-
dauer, le deuxième prix (2.000 fr.) à M. Peter, et le
troisième prix (1.000 ff.) à M. Becker.
Le projet dii lauréàl, M. Llhdauet-, comporte âl'avèr»,
dans l'encadrement d'une couronne de chêne et de lau^
rier, lès initiales R. F. séparées par le disque central
de la pièce perforée, et surmontées du bonnet phry-
gien ; au revers, le chiffre de la valeur, entre la devise
républicaine et la date d'émission.
A Annecy. -^ On Sait qU'uh monument doll ètïe
élevé, à Annecy, à la mémoire de saint François de
Sales. C'est l'Académie florimontarte, fondée en 1606
par le saint évêque de Genève, qui a pris l'initiative
de cette érection. Elle avait ouvert, à cet elfet, un
concours auquel quinze artistes ont répondu avec
vingt-deux projets. Après une première élimination,
trois ce ces projets restèrent en présence, sur lesquels
le jury du concours a rendu son jugement. Le pre-
mier prix a été attribué à M. Descatoires, le deuxième
à M. Noël, le troisième à M. Lamberton. C'est M. Des-
catoires, jeune sculpteur connu déjà par son monu-
ment de Jean Bologne, à Douai, qui est, en consé-
quence, chargé de l'exécution du monument.
A Limoges. ^ Le ministre de l'Instruction pu-
blique et des Beaux-Arts est autorisé à accepter, pour
60
LE BULLETIN DE L'ART
le musée national Adrien Dubouché, à Limoges, une
somme de 40.000 francs, léguée à cet établissement
par M"" Jeanne-Krançoise-Ermance Bisquit, veuve de
M. Adrien-François-Louis Bourcin-Dubouché. Cette
somme sera convertie en reote sur l'État français, et
les arrérages serviront à l'acquisition d'objets des-
tinés à enriciiir le musée.
A Florence. — On vient d'exposer, dans la grande
salie des marbres du Musée du Bargcllo, une statue
de marbre représentant la Vierge et l'Enfant, œuvre
sicilienne du xv* siècle, donnée au musée par le
marquis Eduardo Albites di San Paleruiano. — L. G.
A Rome. — La Surintendance des Monuments
vient de terminer la restauration de l'église et du
cloître des SS. Quattro Coronati qui a donné des ré-
sultats fort intéressants; le cloître du xiu* siècle, qui
avait été complètement défiguré au xvn*, a repris son
aspect primitif; on a découvert dans l'église des
peintures fort anciennes ; la crypte, qui remonte au
II* siècle, est curieusement pavée de colonnes an-
tiques disposées horizontalement; dans une salle du
couvent, on a trouvé, peint à fresque sous une couche
de chaux, un calendrier du xiii' siècle, d'une grande
importance liturgique. Enfin, on s'était servi pour
le dallage de l'église, en les retournant, de pierres
tombales, de bas-reliefs, de plaques de clôture de
chœur, etc., que les récents travaux ont dégagés, et
qui permettent de reconstituer la Sckola cantorum
médiévale. C'est à M. Munoz, inspecteur des Monu-
ments, qu'a été confiée la direction de cette impor-
tante restauration. — L. G.
Nécrologie. — Le D' Hippolyif Mireitr, qui vient
de mourir à Marseille à l'âge de 72 ans, était un ama-
teur d'art bien connu par le Dictionnaire des ventes
d'art en France et à l'étranger au XVIII' et au
XIX' siècle, important travail auquel il a consacré une
bonne part de sa vie et qui, malgré des lacunes diffi-
ciles à éviter dans un ouvrage de cette ampleur, rend
encore de grands services aux travailleurs et aux
curieux. Le D' Mireur était chevalier de la Légion
d'honneur.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — 'Vente de tableaux anciens. —
M" Lair-Dubreuil et Baudoin, assistés de MM. Sor-
tais et Ferai, ont dirigé, le 15 février, salle 7,
une vacation anonyme qui a produit 28.085 francs
pour dix numéros. Un seul prix à retenir, celui
de 8.100 francs, pour une Vierge à l'Enfant de
l'école flamande du xV siècle. Reproduit dans le
catalogue de la vente, ce panneau avait réalisé
1.800 francs en 1892, comme appartenant à
l'école de Van Eyck, et, plus récemment, à la
vente Dollfus en 1912, où il fut vendu comme
Petrus Ghristus, 23.200 francs.
■Vente d'objets d'art. — Une seule enchère à
signaler également, dans une vacation anonyme
dirigée, le même jour, salle 1, par M* Hémard et
M. Guillaume, celle de 7.100 francs, obtenue par
une tapisserie d'Aubusson du xviii» siècle, repré-
sentant Flore et des enfants bacchants, dans un
paysage. •
'Vente de la collection Rochard (objets
d'art, etc.). — Le 16 février, M* André Couturier
et MM. Mannheim, Pape et Delteil, ont procédé,
salle 6, à la vente que nous avons annoncée des
objets ayant fait partie de la collection de feu
M. Rochard.
Cette vacation a produit 199.251 francs, avec,
comme enchère maîtresse, les 47.000 francs réa-
lisés, sur la demande de 40.000, par un triptyque
en émail de Limoges, de Nardon Pénicaud.
PRINCIPAUX PRIX
Porcelaines DE LA Chine. — 74. Deux potiches, Kien-
lung, réserves fieurs et scènes familiales sur fond
côtelé polychr., 8.320 fr. (dem. 4.000; couvercle dé-
fectueux). — 76. Vase-rouleau, fond corail, 7.200 fr.
(pas de demande, fêlé).
Objets varias. — 87. Triptyque, émail peint de
Limoges, par N. Pénicaud, fin xv s., l'Annonciation
et deux saints personnages debout, 47.000 fr. (dem.
40.000).
Tapisseries. — 117. Petit panneau, tapiss. flam.,
xV s., tissée de métal, la Présentation au Temple,
20.000 fr. (dem.i5.000;rest.). — 118. Fragment tapiss.
Qam., commencement xvi* s., tissée de métal, groupe
de dix-sept personnages, fond de paysage, 12.000 fr.
(dem. 15 000). — Trois tapiss. flam., xvr s., allégories
des mois de janvier et février, mari et avril, sep-
ANCIEN ET MODERNE
61
tembre et octobre, nombreux personnages, bord.,
27.000 Ir. (dem. 40.000; parties mod.). — 120. Deux
cantiinières llain., xvi* s., fig. allég., fruits, fleurs,
9.350 fr. (deiii. 4.000; parties mod.).
Vente de tableaux anciens. — Une seule
enchère mérite dVUre notée parmi les résultats
d'une vente anonyme, dirigée salle 6, le 18 février,
par M" Baudoin et M. Péral. Composée de tableaux
anciens et de quelques dessins et gravures en cou-
leurs, cette séance a réalisé 50.519 francs. Le
Portrait d'un gentilhomme, par Heinsius, seul
tableau reproduit dans le catalogue, a été vendu
8.210 francs.
A Londres. — Vente d'argenterie anglaise
ancienne. — Le 4 février, a eu lieu, chez Christie,
une vente de vieille argenterie anglaise, dans
laquelle ont passé deux objets historiques, très
chaudement disputés. Le premier est une coupe
avec couvercle en argent doré, datée de 1611 et
portant le monogramme de Tyl ; cette coupe,
très finement gravée, fut offerte, en 1620, par la
Corporation des tailleurs à John Plomer de New-
Windsor, à l'occasion de son mariage avec Anne
Gérard. A la même occasion, John Plomer reçut
un plat et une aiguière en argent doré, exécutés
en 1618. La coupe a été adjugée 112.500 francs;
le plat et l'aiguière, 41.250 francs.
Ventes annoncées. — A Paris. — On annonce
comme devant avoir lieu, le 20 mai, la vente de
la collection formée par M. Anthony Roux, le
collectionneur de Marseille; elle comprend d'im-
portants tableaux modernes et une série de
sculptures de Rodin.
A Berlin. — Tableaux anciens. — Nous
recevons d'Allemagne les catalogues illustrés de
plusieurs ventes prochaines. Et d'abord, celui
d'une vacation anonyme qui aura lieu chez
R. Lepke, le 24 février, et qui comprend des
tableaux anciens provenant de collections pri-
vées. Des œuvres d'art d'ordre secondaire, à en
juger par les reproductions.
Collection L. von Schacky (objets d'art).
— Plus importante est la vente de la seconde
partie de la Collection du baron L. von Schacky de
Schu'nfeld.
Composée d'objets d'art et d'ameublement, elle
aura lieu, toujours chez R. Lepke, leslOet 11 mars.
De composition très variée, elle comprend des
sculptures en bois, dont une Madone de l'école du
Tyrol de la (in 'du xv siècle ; des meubles, des
tapisseries et des porcelaines, des orfèvreries
allemandes des xvi' et xvii' siècles; des émaux; des
plaquettes italiennes et des bronzes, également
d'art italien, du xvi" siècle; une réunion intéres-
sante de majoliques italiennes de Deruta, Urbino,
Gubbio, etc; des faïences hispano-mauresques;
des faïences persanes et des faïences de Rhodes ;
des sculptures antiques; des vases grecs; des
bronzes antiques et des statuettes de Tanagra.
M. N.
ESTAMPES
A Paris. — Vente d'estampes modernes.
— La vente d'estampes modernes que nous avions
annoncée comme devant être faite le 11 février
par M' A. Desvouges et M. L. Delteil, a produit
31.351 francs Trois estampes de Meryon : laTour
de l'horloge (3" état, sur papier verdâtre), la Tou-
relle de la rue de la Tixéranderie (2" état, avant la
lettre, sur papier verditre), et Saint-Ètienne-du-
Mont (avant la lettre, papier verdâtre), toutes les
trois avec légende manuscrite de l'auteur, ont
été adjugées 2000 francs chacune. Ce sont les
plus beaux prix de la vente.
Ventes annoncées. — A Paris. — Estampes
modernes. — Dans la collection d'estampes
modernes, que dispersera, le 28 février. M» A.
Desvouges, assisté de M. L. Delteil, ce qu'il faut
remarquer surtout c'est un œuvre abondant de
Fantin-Latour (n»» 40-80) et de Toulouse-Lautrec
(158-215 bis). Des pièces par Forain, Mary Cassatt,
Degas, Carrière, Lepère, H. Rivière, Steinlen et
Zorn, pour ne citer que ceux-là, complètent le
catalogue, qui comprend 228 numéros.
A Berlin. — Un mince catalogue illustré a
été dressé à l'occasion d'une vente qui aura lieu
chez R. Lepke, les 3 et 4 mars, d'une réunion
de gravures, de lithographies, et de quelques
dessins. Des pièces imprimées en couleurs, des
écoles française et anglaise du xviii' siècle ; des
pièces en noir des mêmes écoles et de la môme
époque ; enfin des pièces d'autres maîtres anciens,
Rembrandt, van Ostade, etc., paraissent être le
principal attrait de cette vente.
R G.
1^1^ j»î .s^ js^ jQ^^is^ ij3^«stets^«s^t^^i)g^<a^ts^is^
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Les Pastellistes français (galerie Georges
Petit). — Vous souvient-il (c'était au début de
l'année dernière) de l'unique exposition des
« Pompiers »? Telle est la physionomie de cette
63
LÉ BULLETIN DE L'ART
it première exposition » d'une brillante Sôeiétéj
fnoins réellement nouvelle qu'entièrement re-
nouvelée par son nouveau président, M. Henri
GerveXj qui se plaît à rapprocher ses anciens
voisins de la Société nationale de ses récents
collègues de l'Institut; le pastel, qUi n'a pas
Oublié son passé glorieux, se priHe élégamment â
cette réconciliation de la sagesse avec l'audace
et trouve en ce rapprochement délicat, dans tous
les sens du terme, un nouvel aspect de ses
destinées : voici donc Guelfes et Gibelim, sombre
dessin rehaussé de rouge tragique et de noir fauve
par M. Jean-Paul Laurens, en face de la Procession
à Plougastel-Daoulas, largement ensoleillée par
M. Charles Cottet; la Femme en deuil, un des
portraits les plus purement stylisés par M. Dagnan-
Bouveret, non loin des croquis endiablés de
M. Forain; le Aficotr ardent de M. Besnard, à côté
du plein-air mondain de M. Flameng qui ne
rivalise pas plus, au pesage, avec M. Degas, que
M. Guirand de Scévola, dans le froid des coulisses
désenchantées, ne sera pris pour Toulouse-
Lautrec...
Ici corahie à la Société nouvelle, uh artiste
s'impose; une œuvre d'art, vraiment digne de ce
nom, le désigne : et, parmi tant de parfums de
théâtre ou de boudoir, lèS bryades de M. René
Ménardnousapportertt la robuste et réconfortante
senteur Ju bois sacré : telle est la toute-puissance
silencieuse du crayon, quand il enveloppe le
rythme athénien des lignes dans les frissons
mordorés de l'aulomne où la nuit qui vient fait
luire une eau pâle... Après Henner et PUvis de
Chavannes, le poète René Ménârd ajoute sa tra-
duction personnelle à nos réminiscences de la
Grèce divine. Pareille loyauté chez un maître du
portrait dessiné, M. Marcel Baschet : depuis
Henner portraitiste, on avait trop oublié cette
simplicité lumineuse où s'éclaire sans effort le
secret d'un visage^ où parle aux yeux le blanc
sourire d'une (illette ou la ressemblance du « bon
maître >> Jules Lefebvre en 190b, de Hoche fort,
dans sa blême vieillesse, de Jf, Poinèaré, prési-
dent de la République, de MM. Henri Lavedan,
Maurice Donnay, Jean Richepin.
Parmi les portraits romanesques de MM. Loup
et Léandre et les nus diversement voluptueux de
MM. Abel Faivreet Prinet, la vie rustique vue par
M. Lhermitte et des paysages de MM. Luigini,
Dauchez. Le Sidaner, Ulmann et René Billotte
font honneur à la maestria de nos pastellistes
toujours groupés sous le patronage de M"" la
marquise de Gan&y.
Un II" groupe de graveurs sur bois (galerie
Grandhomme). — Emile Roustan (galerie Blot).
— La photographie n'a pas tué l'estampe ; et le
vaillant peintre-graveur Paul-Emile Colin ne se
Contente pas de terminer un nouvel album où
Diai aspects de la Lorraine seront commentés par
un texte de M. Maurice Barrés, en attendant
l'illustration de là Colline inspirée, mais il réunit
autour de ses bois imposants les essais des jeunes :
le bon dessinateur Alfred Latour, fidèle à l'Ile
Saint-Louis; l'érudit critique Louis llautecœurt
l'auteur de Rome, qui prépare un livre, illustré
par lui, sur les Types russes ; M"" Bertha Zuricher,
et de nouveaux venus plus farouches, MM. Amédée
VVetter, Berdon, Berthet, Roger (ïrilion.
C'est la lithographie délicatement colorée de
nuances discrètes et poétiquement appliquée au
paysage, à la nature morte, à la fleur, que préfère
le peintre Emile Roustan : depuis 1906, nous
connaissions quelques-uns de ces thèmes fami-
liers qu'un des meilleurs élèves d'Eugène Carrière
enveloppe mystérieusement d'une atmosphère
décorative.
XXI 1° Exposition internationale des
beaux-arts de Monaco. — Je n'oserais affirmer
que les Sirènes dont M. Lalyre a décrit le sommeil
soient les charmeuses que le regard des anciens
imaginait sous les rellets irisés des Ilots bleus;
mais, dans cette lumière, on comprend mieux la
préoccupation constante d'un comité de direction
présidé par le maître Léon Bonuat, de n'admettre
ici que des deuvres sages, à défaut d'œuvres par**
faites, et qui laissent à nos brouillards septen-
trionaux les essais informes, les ruines volon-
taires, les songes décadents. Ici, pour relleurir,
l'année n'a pas attendu la reprise de Panifal ni
son mélodieux « enchantement du Vendredi-
Saint)); mais qu'elle soit de Richard Wagner oude
nos maîtres plus discrets, Saint-Saèns ou Fauré,
la musique, au Théâtre, fait toujours une redou-
table concurrence aux œuvres d'art groupées par
le bon goût de M. Marins Jacquier dans le Palais
lumineux de Mohte-Carlo.
L'hiver artistique de 1914 tt'y réunit qu'une
excellente moyenne, et les grands ouvrages déjà
consacrés par la vogue ou par les ans y font un
peU trop défaut; mais, à côté d'une pAle Jéatine
d'Arc de M. Lynch, des danseuses plus ou moins
antiques de M.M. Rochegrosse et Comerre et de
l'intimité richement costumée par M. Roybel, utt
Couple de Chevnnx cônes, brossé eh pleine pâle
mouvante par la belle futiU ffnncesè du maître
AIVGIEN ET MODERNE
Alfred Holl nous rappelle que le style n'est pas
fatalement l'ennemi juré de la vie, encore que la
noblesse native de ces coursiers ne doive rien de
sa fougue aux classiques souvenirs du Parthénon !
Nul Pc^gase, aujourd'hui, ne survient pour leur
tenir t(*'te et nous emporter dans l'idéal au vent
de sa crinicre ensoleillée; le rêve manque, et le
soleil ne parattplus suffire aie ressusciter: un des
mieux doués de nos prix de Ilome, qui sait tra-
duire les horizons de la canjpagne poussinesque,
le bois virgilien de la Villa Médicis et l'automne
sous les pins de la Villa Borghèse, M, Georges
l.eroux, fait simplement le portrait d'une Fçynme
des Abruzzes, laissait à la douceur de M. Guinier
le soin de prêter un? forme à la Poésie du soir.
L'histoire, cette lointaine réalité rêvée, ne
brillerait guère non pliis que par sop absence,
sans la petite Salammbô que la palette de M. Albert
Charpentier fait apparaître " au festin des bar-
bares » ; et les aquarelles de M. Maurice Orange*
ne sont que des anecdotes, bien qu'elles veuillent
évoquerles «bleus » de i794ou les braves del812.
Contemporain du romancier polonais Sienkiewicï,
le peintre hongrois Jan Styka, qui a lu Par le fer
et par le fev,, réunit devant Kowno qui llambe en
Tan i'i%2. les prince? slaves jurant de tirer ven^
geance de l'ordre teutonique ; à côté, c'est Vrsus
terrassant l'auroch, comme dans Quo vadis; et ces
ambitieux décors d'opéra, qui nous ramènent au
temps des Makart et des Munkacsy, sont seuls à
parler aux yeux de nos Salons d'autrefois. Le fils
de Jan, M. Tadé Styka, se montre pareillement
historien, mais plus moderne, en groupant les
portraits ressemblants du célèbre trio masculin,
Titta Ruffo, Ckaliapine et Caruso, pendant leur
séjour à Paris, en 1912. Nous avions déjà vu l'ou-
vrage au dernier Salon de la Société nationale ; et
c'est un document pour l'avenir.
Le portrait, cet instant d'une réalité retenu par
l'art, réserve ici d'autres documents à l'histoire
future, car voici Son Altesse royale Monseigneur
te prince Don Jaime de Bourbon, par M. Henry
Jacquier; Sa Grandeur Monseigneur du Curel,
évéque de Monaco, par M. Robert de Cuvillon; le
poète Jean Rameau, barbu comme Lucius Verus,
par le vieux peintre Diogène Maillart, sans oublier
l'allure de it/"f Geneviève Vix, de l' Opéra-Comique,
stylisée par M. Jean Corabœuf, ni la gri'ice de
.M"'' Berthc Cerny, de la Comédie-Française, édul-
corée par M. Jules Cayron. Nommer une fois de
plus MM. Gabrief Ferrier, Dawant, Henri Hoyer,
Girardot, Jef Leempoels, la princesse Gagarine-
Stourdïa, M"» Demont-Breton, c'est parcourir,
avec le talent pour guide, une évolution du
portrait; et, parmi tant de paysages, n'est-ce pas
une leçon toujours instructive que de comparer
sur le vif le portrait de la nature avec la splendeur
de l'original? Tel est le divertissement que nous
proposent les Oliviers à Villefranche, de M. Isen-
bart, la Principauté de Monaco vu? du cap Martin,
par M, LaqreiU-Gsell, les horizons corses, aimés
de MM, Guignard et Nuzal, les Martigues de
M. Ponehin. les crépuscules de la Côte d'Azur
notés par M, Paulin Bertrand et, surtout, le Soir
sur les bords du Gardon, par M. Montagne, non
loin des nombreux peintres de Venise où se
distinguent MM. Gaston Roullet, Brugairolles,
Iwill et Maurice Bompard.
Après avoir interrogé l'aquarelle ou l'eau-forte
en couleurs, ou Bonie se découvre à M. Pierre
Labrouche au tournant d'un Pont sur le Tibre, il
faudrait s'arrêter longteirips, à la sculpture,
devant les faunes rieurs de M. Injalbert, l'Aurore
et les nymphes de marbre de M. Denys Puech,
les danseuses de bronze, aux rythmes dionysia-
ques, de M. Piron, l'Ptreinte de M. Béguine,
admirée des Parisiens, au printepips de 1913, et
les statuettes de MM. Michelet, Bacqué, Sandozet
Gaumont, pour mieux apprécier les antiques
sympathies de la forme plastique avec un climat
favorable; et le buste du regretté maîtreMas.senet,
par M. Bernstamm, ajoute à la clarté du décor la
mélancolie du souvenir.
Raymond Rouyer,
L.ES REVUES
Franck
L'Écho de Paris (24 janvier). — Gomme corol-
laire à ses articles de la Hevue des Deux-Mondes,
M. Maurice Bahrks plaide, dans \'Écho de Paris,
auprès du nouveau sous-secrétaire d'État aux Beaux-
Arts, la cause des « églises qui meurent". M. Barrés
a obtenu tout ce qu'il pouvait attendre d'un débat
public : « Au dehors du Parlement, l'opinion est
faite : elle est toute favorable aux églises... La
parole n'est plus à M. Barrés. Elle est au gouver-
nement ». Pour lui rappeler son devoir, M. Barrés
lui communique « quelques pièces les plus récentes
de son dossier, quelques cas tout à fait dégoûtants »
et qui attestent que ce qu'il faut vaincre c'est l'incurie
ou l'hostilité des municipalités, h Je demande que les
communes ne puissent pas s'opposer, coqiitie elle» te
fo{it aujourd'hui, au classement de leuï église réclamé
64
LE BULLETIN DE L'ART
par la Commission des monuments historiques. Enfin,
je demande la constitution de ce fond de secours pro-
mis solennellement au cours des débats de la sépa-
ration et qui a fait l'objet d'un projet gouvernemental
signé de MM. Clemenceau, Caillaux et Briand. » C'est
sur ce projet, inspiré de la nécessité du concours de
l'État, que M. Barrés attire l'attention du gouverne-
ment. « Jamais ce projet n'a fait l'objet d'un rapport.
11 n'y a qu'à le reprendre. » Les subventions que
suppose ce concours seront aisées à trouver. 11 n'y
a qu'à leur affecter les sommes rendues disponibles
chaque année par la suppression du budget des cultes.
« Je suis tout prêt, conclut M. Barrée, à causer avec
vous... Si j'étais à votre place, je demanderais à cinq
ou six députés de tous les partis de se rendre à mon
cabinet et nous examinerions la situation avec le désir
d'aboutir. Le problème est si clair (et si douloureux),
que tout individu qui n'est pas une brute, conviendra
qu'il faut le régler et que c'est facile. »
Grande-Bretagne
The Burlington magazine (novembre). — Cor-
rado Ricci, liarnaba da Modena. — Notice sur ce
maître, né entre 1.335 et 1340, et dont les œuvres
montrent une considérable influence siennoise ; à
propos de la donation faite à la National Gallery, par
la comtesse de Carlisle, d'une peinture à six compar-
timents, signée et datée 1374, c'est-à-dire appartenant
à la dernière période de la vie de l'artiste, dont on
n'entend plus parler après le 3 novembre 1383.
— Frank Jewet Mathkr. Quelques coffres sculptés
de la Renaissance. — En particulier, trois coffres ita-
liens du xvf siècle, en noyer, les uns attribués à
Tatti et le troisième signé Baccio Bandinelli et daté
1^36 (ancienne collection de Mrs. Lydig); les deux
premiers sont sculptés d'ornements et d'armoiries, le
troisième représente l'histoire des .Miobides.
— Tancred Borknius. Deux ■ natures mortes de
Murillo (?). — Une Cour de poulailler (coll. de
Mrs. Odell); un Intérieur de garde-manger (coll. de
sir Frederick Cook).
— José PiJOAN. Primitifs aragonais. — Étude, en
particulier, d'une peinture représentant Saint Pierre
Martyr avec des scènes de sa vie (provenant de Sixena
et aujourd'hui au musée de Barcelone); d'une autre
peinture représentantSain/Dominiçueavecdes scènes
de sa vie (ancien « antependium » de Tamarite ; au-
jourd'hui au musée de Barcelone); d'une Vierge à
l'Enfant, avec des scènes de la vie de la Vierge (ancien
« antependium » de Rudèle ; aujourd'hui coll. Lionel
Ilarris); de trois pièces provenant d'un plafond de
bois peint, trouvées dans la province de ïernel (musée
de Barcelone). Toutes ces peintures remontent au
xiv siècle.
— Sir Martin Conwav. Une dangereuse méthode
archéologique (11). — Fin de cet article contre les
méthodes de rajeunissement excessif employées par
certains archéologues, à propos des travaux de
M. Marignan et de M. A. -S. Cook.
— L. DiMiER. Un Portrait idéalisé de Diane de
Po\liers, dans la collection du comte Spencer, à
Althorp, rapproché d'un crayon de 1560, au Musée
Condé ; iconographie chronologique de Diane de Poi-
tiers.
— K. A. C. Creswell. Les Origines du double dôme
persan (I). — Ce double dôme, légèrement bulbeux,
est une des caractéristiques de l'architecture persane;
il n'apparaît pas avant Timour (fin xiv siècle); l'au-
teur étudie la possibilité de rattacher cette forme à
l'art hindou.
— G. BaldwinBnowN. Une ancienne cuiller trouvée
dans le Kent. — Rapprochée d'objets analogues, cette
cuiller d'argent parait être un travail anglo-saxon, de
la seconde moitié du v siècle.
— Ethel Ross Barker. Le Symbolisme de certaines
fresques des catacombes (11).
BoUettino d'arte del Ministero délia P. Istru-
zione (mai). — li. Paribbxi. Nouveaux monuments
exposés au Musée national romain. — A signaler : un
fragment de vase de marbre antique, avec une belle
figure de Pailas Nicéphore, une très belle tête de
Lucius Verus, d'autres bustes romains, un curieux
masque comique, une grande mosaïque, ornée d'une
tête de Méduse d'un style élégant et pathétique, une
margelle de terre cuite où sont sculptées de sveltes
figures féminines ailées tenant des thyrses, et de
nombreux objets moins importants, datant de l'épo-
que impériale.
— Qinto ToSATTi. L'Évolution du monument funé-
raire à l'époque de floraison du style baroque. —
Monuments funéraires du xvii- siècle, à pyramides de
marbre de couleur, devant lesquelles sont groupées
des figures de marbre blanc. Nombreux exemples,
surtout à Rome.
— Giulio C>iXTM.JiytB»sk. Deux peintures de Giovanni
Lanfranco. — Il s'agit de deux tableaux décoratifs de
Lanfranco, peu connus jusqu'ici, la Pentecôte du
palais Ginnasi, à Rome, et un Saint François, auquel
la Vierge, apparaissant dans une nuée, remet l'Enfant
Jésus, grand tableau habilement composé, qui fait
penser à la fois à Corrège et à Murillo, conservé à
Sezze (province de Rome).
— Alfredo Luxoro. A propos d'une arrienne sculp-
ture sur bois, en Ligurie. — Très beau retable tlauiand
du XVI' siècle, avec la représentation du Calvaire,
conservé dans l'église de Tcstana (province de Gênes),
œuvre dont l'origine est inconnue, et que l'auteur
souhaite voir transférée au palais Blanc, à Gênes.
Le Gérant : H. Oinis.
Paris. — Irap. Georges Petit, 1:2, rue Godot-de-Uauroi .
Numéro 614.
é/
Samedi 28 Février 1914.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
La Photographie
dans les Musées nationaux (^)
Les sept mille clichés appartenant à l'État.
Ainsi présentés, les principaux arguments qui
militent contre le privilège de photographier dans
les Musées nationaux apparaissent irréfutables;
mais si on les a exposés en détail, c'est moins
dans la crainte de voir le privili'ge renouvelé sur
les mêmes bases draconiennes, que dans l'espoir
qu'il sera tenu compte de ces critiques, sur les-
quelles l'opinion est unanime, quand il s'agira —
ce qui ne saurait tarder — de régler la question
des sept mille clichés qni vont devenir propriété
de l'État.
Rappelons, en deux mots, cette question.
Au cours de ses trente années de privilège, la
maison concessionnaire était tenue, par traité,
d'exécuter sept mille clichés (art. 3), — ces clichés
devant devenir la propriété de l'Etat à l'expi-
ration du contrat (art. H).
Un an avant l'expiration du traité [c'est-à-dire le
1" février 19141, ajoute l'article 16, l'Administration
mettra en adjudication l'exploitation des clichés dont
l'État aura alors la toute propriété.
En considération de la participation de M. Braun
et C'* à la confection de ces clichés et de l'exécution
par lui du traité pendant toute sa durée, l'Adminis-
tration lui accorde la faculté de se rendre adjudicataire
du droit d'exploitation des clichés, par préférence à
tous autres, aux conditions suivantes :
Au jour de l'adjudication, la Société Ad. Braun
et C'* aura le droit, qu'elle ait ou non participé à cette
adjudication, de déclarer qu'elle entend exécuter, aux
lieu et place de celui qui aura été désif^né comme
adjudicataire, aux conditions faites par celui-ci, et de
prendre, pour son compte, l'adjudication.
Cette déclaration devra être laite au moment de
l'adjudication.
Pour ces mêmes considérations qui viennent d'être
indrquées, elle sera dispensée de fournir le caution-
(t) 4- article. Voiries n- 611, 612 et 613 du Bulletin.
nement auquel seront tenues toutes autres personnes
adjudicataires, etc.
...Dans le cas où la mise en adjudication ne donnerait
pas de résultat, l'Administration des musées serait
dégagée envers la Société Ad. Braun et C'* et aurait la
faculté de traiter, même par voie de concession, avec
telle personne que bon lui semblerait.
Comme on le voit, la maison Braun a obtenu,
en 188,3, un droit de préemption tel qu'il paraît
difficile que l'exploitation des sept mille clichés,
propriété de l'pitat, puisse lui échapper. Sans
doute, il faut prévoir le cas où, aucun adjudica-
taire ne se présentant, l'Administration des
musées se trouverait dégagée vis-à-vis de la mai-
son privilégiée et pourrait alors, non pas concéder
l'exploitation de ces clichés, mais les exploiter
elle-même, — ainsi que procède, par exemple, la
direction de la collection Wallace.à Londres, —
en réunissant à la Chalcographie l'atelier actuel-
lement occupé par la maison Braun; on aura,
d'ailleurs, l'occasion de revenir sur cette solu-
tion si simple et si logique à tous égards, quand
on parlera ici de la photographie au Cabinet des
manuscrits et au Cabinet des Estampes de la
Bibliothèque nationale.
Pour aujourd'hui, il suffit d'envisager le cas le
plus vraisemblable, c'est-à-dire celui oi!i la mai-
son Ifraun conservera l'exploitation des sept mille
clichés appartenant à l'État. Trente ans de privi-
lège exercé dans les conditions que l'on a dites
constituent une expérience suffisante et dont le
public a suffisamment payé les frais; l'Adminis-
tration est donc fondée à montrer quelques exi-
gences dans l'établissement de son cahier des
charges; elle doit obtenir, avant tout, deux amé-
liorations capitales; savoir:
1° que le prix des épreuves de clichés depuis si
longtemps amortis soit établi suivant le tarif le
plus réduit, et proportionné au peu de frais de
revient du tirage actuel sur papier au citrate ou
au gélatino-bromure-; quelque chose comme cin-
quante centimes au maximum.
2° que, pour ces clichés, exécutés d'après des
66
LE BULLETIN DE L'ART
œuvres d'art appartenant au patrimoine national
et devenus propriété de l'État, le droit de
reproduction soit purement et simplement sup-
primé.
Ces demandes n'ont rien d'exagéré, certes,
mais ce serait déjà beaucoup si l'on y faisait droit.
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des beaux-arts (séance du 21 février).
— Au nom de MM. Arthur Dillon, élève de M. Pascal;
Hugh Mac Lellon, élève de M. Deglane; Henry L.
Beadel, élève de M. Laloux, architectes américains,
anciens élèves de rÉcole des Beaux-Arts de Paris,
M. Germon fait hommage à l'Académie de dessins de
ces artistes pour les deux monuments élevés dans
l'État de New-York à la mémoire de Samuel Cham-
plain, gouverneur du Canada.
Les architectes américains, dans leur lettre d'envoi,
s'expriment ainsi :
« Nous sommes heureux que cette occasion nous
permette de vous expriraei" combien nous apprécions
l'honneur que nous avons eu de contribuer par notre
œuvre à la mémoire de votre grand compatriote
Ghaniplain. Nous regardons l'accomplissement de
notre tâche comme une expression de gratitude
envers la France, à laquelle nous devons notre édu-
cation d'architectes; nous avons fait de notre mieux et,
avec la plus grande satisfaction personnelle, pour que
ce travail soit digne de cette occasion. Nous n'oublions
jamais que, s'il y a quelque chose de bien dans notre
œuvre, nous le devons à l'enseignement inappréciable
de nos maîtres français, a
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 20 février). — M. Camille Jullian annonce
que M. Dubalen, conservateur du musée de Mont-de-
Marsan, a entrepris des fouilles dans des tumuli du
département des Landes 11 a découvert dans l'un
d'eux, à Aubagnon, une tombe de guerrier renfermant
un grand vase contenant une urne remplie de cendres
fines et, à côté, une cotte de mailles faite de petits
anneaux de fer et de bronze ; enchâssée en partie
dans cette cotte, se trouvait une lamelle d'argent
présentant une inscription en repoussé dont M. Duba-
len envoie la description et le moulage. C'est une
inscription en caractères dits celtibériques très nets,
ce qui permet de reporter la tombe aux temps qui
ont précédé la conquête romaine.
— M. le comte Durrieu expose qu'il a entrepris des
recherches à travers toute l'Europe pour retrouver les
manuscrits qui renferment des œuvres littéraires du
roi René d'Anjou : les écrits du bon roi René ont été
publiés ou analysés à diver.ses reprises, mais les
érudits qui s'en sont occupés n'ont presque jamais eu
entre les mains les meilleurs manuscrits. Ces exem-
plaires cependant sont d'autant plus dignes d'être
étudiés que les compositions littéraires du roi René
constituaient des « livres illustrés » ornés d'images
d'un très grand intérêt pour l'histoire de l'art français
au XV' siècle.
On y rencontre des représentations précieuses au
point de vue historique et archéologique. M Durrieu
cite à cet égard le récit d'un tournoi donné par le roi
René en 1446, récit dont le manuscrit existait au milieu
du xvir siècle chez le chancelier Séguier : tous les
historiens récents du roi René ont considéré ce
manuscrit comme perdu, sinon détruit; il était passé
à la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg où
M. Durrieu a pu l'examiner.
— M. Cagnat commente une inscription latine
trouvée à BuUa Regia, en Tunisie, par M. le D'
Carton, mentionnant la série des fonctions exercées
à la fm du ii' siècle de notre ère par )in chevalier
romain, intendant de l'armée de Septime Sévère lors
de son expédition en Gaule contre Claudius Albinus.
— M. Pierre Paris communique, par l'intermédiaire
de M. Jullian, les récentes découvertes, faites à Mérida,
d'idoles néolithiques en os qui prouvent que la ville
latine d'Augusta Emerila a dlî être habitée dès les
temps les plus reculés.
Société nationale des Antiquaires de France
(séance du 18 février). — M. Kormigé communique à
la Société des photographies et relevés de cabanes en
pierres sèches du département de Vaucluse, et dis-
cute la date de ces constructions.
— M. Max Prinet signale le seing manuel de Robert
d'Esnes (1408), qui est constitué par l'image du
heaume héraldique de ce personnage.
— M Monceaux montre quelques plombs bilingues
découverts récemment à Carthage.
— M. Cagnat donne lecture d'un mémoire de
M. J. Bayet sur quelques statues d'Hercule, décou-
vertes dans la salle froide des Grands Thermes de
Lambesc.
— M. Demaison présente des photographies de plu-
sieurs vases gallo-romains conservés au musée de
Reims.
L'École des arts décoratifs. — On s'est étonné
d'entendre M. le sous-secrétaire d'État des Beaux-.\rt»'
dans la discussion sur le budget qui a eu lieu la
semaine dernière à la Chambre, parler de la recons-
truction de l'École des arts décoratifs comme d'une
question à l'étude.
Elle a été si longtemps à l'étude, cette question,
que l'on s'est sans doute accoutumé, en haut lieu, à
cette formule vague et commode. Il faut pourtant rap-
peler que la Ville de Paris procède, en ce moment
même, a l'enquête d'utilité publique sur la réédifica-
tion de celle école et le dégagement de l'église Saint-
Julien-le-Pauvre. Le projet qu'il s'agit de réaliser a
été approuvé par le sous-secrétariat des BeauxArts,
ANCIEN ET MODERNE
67
il y a deux ans ; son exécution a été retardée par les
formalités administratives , aussi longues rue de
Valois qu'à Iflùtel-de-Ville.
L'enquête sera close le 4 mars, à la mairie du
V' arrondissement, où le commissaire-enquêteur rece-
vra, de deux heures à quatre heures, les 2, 3 et
4 mars, les observations qui lui seront apportées. Un
crédit de trois millions et demi, prévu sur la deuxième
tranche de l'emprunt de 900 millions, garantit la par-
ticipation de la Ville à cette opération.
Le Prolongement de la rue de Rennes. —
Cette absurde, coûteuse et dangereuse opération a été
annoncée et critiquée ici-même (n" 596 du ItuUetin).
Nous ne reviendrons pas sur le détail du projet et
nous nous bornerons à rappeler qu'il comprend le
dégagement de l'Institut et la reconstruction d'une
partie de ses bâtiments.
Ur, la Ville de Paris trouvant que le vieux projet
d'Ilaussmann. repris en la circonstance, se montrait
beaucoup trop généreux pour l'Institut et lui accor-
dait une surface trop grande, revient sur ses propo-
sitions, acceptées par l'Institut, et propose une sur-
face beaucoup moindre.
1/Institut refuse d'admettre les nouvelles conditions
qu'on veut lui imposer et, en outre, il a émis le vœu
que les bâtiments condamnés à disparaître ne soient
démolis que successivement, au fur et à mesure que
les nouvelles constructions seront achevées. C'est
une précaution fort sage, car, les travaux projetés
devant être répartis en plusieurs <■ tranches », l'Ins-
titut serait condamné, s'il n'obtenait pas cette garan-
tie, à vivre de longues années au milieu des démo-
litions et des échafaudages, ou dans des installations
provisoires.
M. André Hallays montrait encore, l'autre jour, à
quel point cette opération du prolongement de la
rue de Uennes est néfaste de toutes les manières :
« Si elle consiste simplement à relier la place Saint-
Germain-des-Prés aux quais par deux grandes rues,
elle est coûteuse et ne sert à rien. Si elle s'achève,
comme le veut la togique, par la construction d'un
pont, elle anéantit le plus magnifique des aspects
de Paris. Et voici maintenant qu'une de ses consé-
quences inévitables est de forcer la Ville à offrir un
palais neuf aux cinq Académies. Tout cela n'a pas le
sens commun. »
Expositions annoncées. —L'Exposition annuelle
de la Société des Artistes décorateurs, au Pavillon de
Marsan, a été inaugurée hier 27 février.
— - Le prochain Salon des Artistes indépendants
aura lieu, cette année, au Champ-de-Mars (près l'École
militaire) et ouvrira ses portes demain dimanche
1" mars.
— Le Salon de l'Automobile-Club sera ouvert du
7 au 25 mars.
A 'Wurzbourg. — Les archives très importantes
du célèbre hôpital fondé par le prince-évêque Julius
Echter de Mespelbrunn ^xvi' siècle), viennent d'être,
pour la première fois, inventoriées : l'archiviste, le
D' Solleder, de Munich, y a passé seize mois. Mais
voici livrée aux investigations des érudits une des
archives privées les plus importantes de toute l'Alle-
magne du Sud, particulièrement riche en renseigne-
ments sur l'histoire et les arts, non seulement du
duché de Franconie, mais des pays avoisinants. Ce
sont 2.000 documents et plans, 22.800 fascicules d'actes
et 27.900 volumes, qui remontent jusqu'à l'époque de
Frédéric Barberousse, et dont fort peu, jusqu'ici,
avaient été étudiés ou utilisés. — M. Mtd.
A Prague. — La Société des Artistes tchèques
Martes étant sur le point de publier, dans sa collec-
tion Zlatoroh (la Corne d'abondance), un catalogue
raisonné de la Galerie du Hudolfinutn, dû à M. Ma-
tejcek, l'Administration allemande de ce musée d'art
moderne s'empressa de changer toute la numérota-
tion des œuvres de la Galerie. Charmante manière
d'entretenir les bonnes relations tchéco-allemandes !
Malheureusement, l'Administration allemande s'était
trop tôt réjouie : dans sa hùte, elle n'a pas attendu
que le livre fût mis en vente, et la Société Mânes
put encore, au brochage, faire ajouter au volume
un carton qui indique la concordance de la nouvelle
numérotation et de l'ancienne. — M. Mtd.
A Naples. — (Jn restaure actuellement les deux
fragments du tableau que Raphai'l peignit pour l'église
des Augustins, à Città di Castêllo, et qu'on a récem-
ment retrouvés au Musée national de Naples. Le
premier fragment, représentant le l'ère Éternel, fut
identifié, comme on sait, par M. Oscar Fischel. Le
second fragment, la Vierge tendant une couronne,
fut découvert tout dernièrement dans les magasins
du musée et ferait partie du même retable, selon
M. Vittorio Spinazzola, directeur du Musée national.
Il mesure 51 centimètres sur 41. On enlève, présen-
tement, des repeints ajoutés par de précédents res-
taurateurs et on redresse les panneaux qui avaient
gondolé. — L. G.
Nécrologie. — Le directeur du Musée national
bavarois, le D' Hans Stegmann, vient de mourir
subitement à Munich. Bien qu'il ait trouvé le musée
tout prêt, lorsqu'il y fut appelé en 1909, c'est à lui
que revient le mérite de l'organisation intérieure et du
classement rationnel des trésors qui y sont amassés.
II s'était préparé à cette tâche au Musée germanique
de Nuremberg, dont il fut conservateur (1 893-1905),
puis second directeur (1905-1909). Fils du D' K. M.
von Stegmann, directeur du Musée d'art industriel de
Nuremberg, Hans Stegmann, né à Weimar en 1862,
avait fait ses études à léna et à Munich, et de longs
séjours en Italie. Sa thèse de doctorat étudiait la
Chapelle Saint-Roch à Nuremberg et sa décoration
artistique. Nommé professeur d'histoire de l'art
moderne à l'Université de Munich (1888-1894), il fit
partie, en même temps, de la Commission des Monu-
ments historiques de Bavière, ce qui le mit au cou-
68
LE BULLETIN DE L'ART
rant des antiquités dupays.Stegmann a publié diverses
études sur les Meubles et boiseries, sur les Dentelles,
broderies et passementeries du Musée germanique,
sur les Meubles de la collection Fir/dor (Vienne), un
excellent travail sur les Arts plastiques d'Occident,
un volume des chefs-d'œuvres de l'art et des arts
appliqués depuis le Moyen âge jusqu'à l'époque du
rococo, et, en collaboration avec son père et M. de
Geymûller, un grand ouvrage illustré sur ïArchitec-
lure de la Renaissance en Toscane. — M. Mtd.
— A Berlin, vient de mourir, âgé de 40 ans, le
peintre munichois^do//"//e//er, qui s'était fait remar-
quer par ses intérieurs d'autrefois avec personnages,
et ses portraits. Né à Hambourg, il avait étudié avec
Peter Jaussen, à Dusseldorr, puis à Munich et Paris.
— M. M.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — Vente de la collection Fitz-
henry (objets d'art, etc.). — Faite salles 7 et8,
du 18 au 21 février, par M" Lair-Dubreuil, assisté
de MM. Mannheim et Léman, cette vente a pro-
duit un total de 245.253 francs, mais n'a pas
donné lieu à des enchères bien marquantes. Il
nous suffira d'indiquer les plus élevées.
PRINCIPAUX PRIX
Porcelaines anciennes. — m. Sèvres. Aiguière et
bassin, décor de guirlandes de Heurs, cama'ieu bleu,
4.800 fr. (au Musée des Arts décoratifs).
Boites. — 278. Boite or émaillée, queue de paon,
miniat., portrait de Louis XVI, inscription : Donnée
par Louis XVI à Dumouriez, ép. Louis XVI, poinçons
de Clavel, 7.010 fr. (dem. 7.000; rest.).
Miniatures. — 324. Portrait de femme vêtue de
blanc, avec ceinture rayée, par Sicardi, 9.200 fr.
(dem. 5.000). — 333. Portrait de femme, à mi-jambes,
vêtue de blanc, fond de paysage, par Augustin,
6.100 fr. (dem. 3.000).
Tableaux. — 3i>0. Ileinsius. Portrait présumé d'Eu-
gène de Beauharnais enfant, 9.000 fr. (dem. 8.000).
Objets uivehs. — 409. Custode, émail peint de
Limoges, xti* s., compos. à nombreux personnages;
émaux de coul., rehaussés d'or, mont, argent doré,
5.900 fr. (dem. 5.000; rest.l.
Sculptures. — 491. Statue terre cuite, d'après Coy-
sevox, chasseur assis, 5.000 fr. (dem. 5.000).
'Vente d'objets provenant du château
de R... [Roquencourt], 2* vente. — Dirigée
salle 6, les 20 et 21 février, par M« Baudoin et
MM. Sortais et Pape, cette vente a réalisé
130.000 francs.
Peu de prix a signaler. Du cdté des tableaux,
le n» 6, le Moulin à eau, par Van Everdingen, a
été adjugé 8.000 francs, sur la demande de
10.000. Ce même tableau avait été vendu 1.100 fr.
à la vente Piérard, en 1860, et 6.800 à la vente
de Morny en 1865. Du côté des sculptures et
objets d'ameublement, notons : 86. Quatre sta-
tues de femmes portant une corne d'abondance,
bois sculpté et doré, xviii= s., 25.750 fr. (dem.
15.000). — 149. Quatre chaises, bois sculpté et
doré, lauriers, rais de cœur et cordelettes, etc.,
ép. Louis XVI, 10.000 fr. (dem. 8.000). — 150.
Très petit canapé, bois sculpté et doré, décor
rocaille, ép. Louis XV, 9.000 fr. (dem. 4.000).
Vente de tableaux modernes. — Ln seul
prix vaut d'i'tre signalé parmi les résultats d'une
vente anonyme dirigée salle 10, le 19 février,
par M« Bignon et M. Marboutin, les 5.400 francs,
obtenus sur la demande de 5.000. par un tableau
de Corot, la Prairie, le soir.
Vente de boiseries anciennes. — Nous
avions annoncé la vente qui devait avoir lieu, le
20 février, boulevard de l'Hopilal, de boiseries
anciennes provenant de l'ancienne chapelle de
la Pitié. Ces boiseries ayant été réclamées, au
dernier moment, par le Musée Carnavalet, la
vente n'a pu se faire.
Ventes annoncées. — AParis. — Collection
de u la Peau de l'Ours n (tableaux modernesi.
— Cette vente, dont nous avons déjà parlé, aura
lieu, salles 7 et 8, le 2 mars, sous la direction de
M* H. Baudoin, assisté de MM. Bernheim jeune
et Druet. On sait que le titre que porte la collec-
tion est inspiré des conditions mêmes dans les-
quelles elle fut formée Quelques amis, amateurs
d'art moderne, et même du plus moderne, ache-
ANCIEN ET MODERNE
69
lurent en société, l'une après l'autre, quelque
cent cinquante œuvres, tant peintures qu'aqua-
relles et dessins, au cours de ces dix dernières
années. Dès l'origine de cette opération, il avait
été entendu qu'une vente publique apporlerail,
en lin de compte, la sanction à cette expérience,
plus curieuse, d'ailleurs, que concluante, car on
prévoit bien que si chacun, ou la plupart, de ces
mutualistes d'un genre spécial s'efforce de con-
server pour lui-même les morceaux qui lui
plaisaient davantage dans le patrimoine commun,
il en sera de cette vente comme de celle où les
héritiers se disputent chèrement les pièces qu'ils
convoitent dans une succession. D'autre part,
trop de personnes, aujourd'hui, sont intéressées
là la plus value des productions qui composent
cette collection pour que l'on puisse vraiment
savoir, d'un jugement public et impartial, si « la
Peau de l'Ours » a été ou non vendue par avance.
N'ayant pas reçu le catalogue illustré de la vente,
nous ne pouvons en signaler les numéros princi-
paux. Contentons-nous de noter les noms de
De la Fresnaye, P. Gauguin, Henri Malisse,
P. Laprade, Laurencin, Mauguin, Picasso, Puy,
K.-X. Houssel, qui, auprès de ceux de Forain et
de C Guys, indiquent suffisamment la compo-
sition de cette vente, à laquelle il n'est pas
difficile de prédire un vif succès de curiosité.
Objets d'art et d'ameublement. — Un mince
catalogue illustré nous apporte l'annonce de la
vacation anonyme que dirigeront, salle 6, le
.3 mars. M" H. Baudoin et MM. Manuheim. Les
numéros les plus marquants de cette réunion
d'objets d'art et d'ameublement, paraissent être
une pendule sur socle et deux candélabres à
quatre lumières, en ancienne porcelaine de Saxe,
à décor fleuri, et un tapis oriental du xvi" siècle
à grosses fleurs sur fond rouge.
Objets d'art, etc., appartenant à M™» X... —
Plus importante est la vente à laquelle les mêmes
commissaire-priseur et experts, et MM. Bernheim
jeune, procéderont, à la galerie Georges Petit, le
5 mars. Dans le catalogue illustré, dressé à cette
occasion, nous remarquons, tout d'abord, du
côté des peintures : la Vierge, l'Enfant Jésus et
sainte Anne, sous un portique, œuvre anonyme de
l'école néerlandaise du xvi" siècle; un Effet de
nuit au bord de ta rivière, par A. van der Neer;
le Bravo, par F. Roybet; une Scène rustique en
Hollande, par P. Wouwermans ; et Devant lepalais
des Doges, par Ziem ; puis, du côté des objets d'art
et d'ameublement : des majoliques italiennes de
Faenza et de Derufa, des statuettes et des groupes
en ancienne porcelaine de Saxe; deux cache-pots
en ancienne porcelaine tendre de Vincennes, et
une jardinière en Chantilly; un meuble de salon
en tapisserie à corbeilles de (leurs et guirlandes,
d'époque Louis XVI; une tapisserie flamande du
xvi« siècle, présen tant Salomoii etlareinedeSaba;
trois tapisseries de Bruxelles, du xvi' siècle, à
sujets tirés de l'histoire romaine; une grande
tapisserie, même fabrication et même époque,
présentant le triomphe d'un souverain victorieux;
un fragment de tapisserie flamande du xvi« siècle,
présentant Salomon et la reine de Saba; quatre
panneaux en tapisserie de la manufacture royale
d'Aubusson, atelier de Picou, d'après François
Boucher, à sujets chinois : le Thé, le Marchand
d'oiseaux, la Pêche et le Jardinage; trois tapisse-
ries flamandes de la fin du xvi" siècle, à compo-
sitions champêtres; enfin, un tapis d'ancien
travail oriental à grosses fleurs sur fond rouge.
"Ventes prochaines. — A Paris. — Collec-
tion Sambou. — Aux grandes ventes que nous
avons annoncées pour la saison qui commence,
il convient d'ajouter celle des collections d'objets
d'art et de haute curiosité appartenant à l'anti-
quaire parisien, M. Sambon. Cette vente aura
lieu du 25 au 28 mai, à la galerie Georges Petit,
sous la direction de M« Lair-Dubreuil.
A Londres. — Tableaux anciens. — Parmi
les tableaux anciens, provenantde diverses collec-
tions, qui seront vendus, le 6 mars, chez Christie,
notons : le Portrait d'une jeune dame, par F. Bol;
un Bord de rivière, effet de lune, par A. van der
Neer; le Portrait de William Gomm, par Beynolds;
celui de Mrs William Gomm, par Romney; une
Vue de la Tamise à Westminster et une Vue du
vieux port de Londres, par Samuel Scott; une
Scène rustique, parD.Teniers;une Flotte à l'ancre,
par W. van de "Velde ; le Portrait de Mrs Ann
Fisher, par Liotard ; des Vieilles Maisons au bord
d'une mare, par Van Goyen; le Portrait du Rev.
Robert Walker, par Raeburn ; le Port»*at( de Miss
Dee, par J. Opie ; les Portraits des trois Miss
Kenrick, par J. Highmore; le Portrait de Marie-
Christine, lady Arundell, celui d'Henry, huitième
baron Arundell, de Marie, lady Arundell, et
d'Henry, septième baron Arundell, tous les quatre
par Reynolds.
Un catalogue illustré de deux planches a été
dressé à l'occasion de cette vente.
M. N.
1
70
LE BULLETIN DE L'ART
ESTAMPES
A Paris. — Vente d'estampes du XVIII"
siècle. — La vente faite le 23 février, par M' A.
Desvouges et M. L. Delteil, que nous avions
annoncée, a produit 29.996 francs.
Il faut retenir l'enchère de 3 020 francs
obtenue par deux pastorales gravées par Demar-
teau, d'après Huet, et celle de 5.720 francs payée
pour une suite de pièces d'après Moreau le jeune
(n" 128-139).
Ventes annoncées. — A Paris. — Estampes
modernes. — Le 5 mars, les mêmes commis-
saire-priseur et expert vendront une réunion
d'estampes modernes, où Charlet, .lacque. Car-
rière, Meryon, Daumier, Daubigny, Leheutre,
Lepère, 0. Hedon, sont parmi les mieux repré-
sentés.
R. G.
LIVRES
A Paris. — Vente de la bibliothèque
de M. G... (livres modernes). — Les 19 et
20 février, M« André Desvouges et M. A. Blaizot
ont dispersé les livres modernes formant la
bibliothèque de M. G... La vente s'estterminée sur
un total de 9S.326 francs, et voici les enchères
les plus importantes :
8. Th. de Banville. Les Princesses, ill. de Roche-
grosse, gr. en coul. par Decisy; ex. sur Japon ; ill. en
3 états et aquarelles originales hors texte ; rel. de
Chambolle-Duru, 5.510 fr. — 86. G. Flaubert. Sa-
lammbâ, ex. sur J«pon de l'éd. Quantin, aquarelles
orig. de J. Wagrez hors texte et dans le texte ; rel.
de Chambolle-Duru, 6.350 fr. — 233. A. de Musset.
Lorenzaccio, ex. unique sur vélin; aquarelles orig. de
Itubaudi ; rel. de Cuzin, 5.500 fr. — 295. E. Rostand.
Cyrano de Bergerac, ex. unique sur vélin ; aqua-
relles de J. Wagrez ; rel. de Kieffer, 5.000 fr. — 325.
Trois comédies de l'amour : Molière, l'Amour méde-
cin ; Marivaux, le Jeu de l'amour el du hasard;
A. de Musset, On ne badine pas avec l'amour, ex.
unique ; eaux-fortes en trois états, et aquarelles orig.
de Maurice Leloir, L.-E. Fournier, A. Moreau ; rel. de
Rieffer, 5.000 fr.
B. J.
C«3CKX:œC«3C9OC9OC&OCO3C0OCOQCOQCOOC9DCOOCOO
EXPOSITIONS ET CONCOURS
La Phalange (galerie J. Chaîne et Simonson).
— Groupes divers. — De ces trop nombreuses
sociétés qui ne se piquent nullement de puritaine
homogénéité, mais que le hasard des intérêts ou
des camaraderies a fait naître, la Phalange est,
malgré son nom solennel et lourd de promesse»,
une des plus réellement intéressantes; car elle
offre un choix discret de bonnes peintures et de
bons peintres. A défaut d'inédit, c'est une rare
joie, par ce temps de détrempe et de grisaille,
que de retrouver un coloriste qui semble pétrir la
montagne brune ou bleudtre avec des éclats de
pierres précieuses, et tel est le cas particulier de
M. Communal; par ce temps d'ambitions infor-
mes, c'est un heureux enseignement que nous
proposent quelques dessinateurs : M. Charles
Jouas, chroniqueur avisé du vieux Paris qui s'en
va; M. Herman Webster, amoureux des vieux
quartiers de Meryon ; M. Bernard Naudin, crayon-
nant ses rôves ; M. Jules Adier, rehaussant le por-
trait des humbles ; M. Grosjean, profilant les som-
bres horizons du Jura. MM. Degallaix et Henri
Dumontsonldeuxpoètesdelalleur. SiMM.Berson
et Boggio signent des jours de neige qui pourraient
illustrer les contes d'Andersen, MM. .Montagne,
Bourillon, Llano-Florez,Cauvy, Raoul duGardier,
préfèrent la lumière chantée par Mistral; de la
Bretagne, M. Gaston Balande descend jusqu'au
Pont de Tolède que reflète à peine une eau métal-
lique; et la ligne d'Italie, définitivement recon-
quise, retient deux anciens prix de Rome qui
portent le même nom sans être parents : M. Au-
guste Leroux, retrouvant Hubert Robert aux
Thermes de Poinpéi; M. Georges Leroux, osant
peindre la verdure et, plus hardi que les Bolonais,
notant la tiède clarté des heures blondes, du
haut des ravins de la Sabine ou de la terrasse
ombreuse du Pincio.
Si la troisième exposition de la Phalange nous
rassure, en reconduisant nos pas sur les chemins
radieux de la Ville Éternelle, la cinquième année
du Groupe libre, réuni chez Bernheim jeune, nous
inquiète, en s'éternisant dans les sentiers déca-
dents de tous les poncifs nouveaux : le ciel de
Naples ou de Nice n'a pas encore converti
MM. Frédéric Fiebig et Jean Peské; le ciel de
France aurait beaucoup à dire à MM. Batigne et
Jacquemot... Cependant, M. Marcel Bach com-
prend la majesté crépusculaire de la Vallée du Lot,
M. Offner entrevoit la poésie de la lumière,
M. Paul Baudier reste un intelligent xylographe,
et le sculpteur Despiau s'est déjà révélé comme
le plus savoureux des portraitistes que l'ar-
chaïsme a séduits.
16, rue de Balzac, chez Hessèle, /e.s Artiftes-
Peintres de Versailles ont transporté leur seconde
exposition pour décrire, une fois de plus, « la Cité
ANCIEN ET MODERNE
71
des Eaux », son parc immense où son immense
château met, vers le soir, la lueur allongée d'un
nuage lointain; M. Maurice Delcourt s'y distingue,
à côté de M"'' Pauline Adour et Zuber et de
M. Henri de Nothac dont le nom, comme noblesse,
oblige.
L'annuelle exhibition de la Société de la Minia-
ture, de l'Aquarelle et des Arts précieux, chez
Brunner, nous permet d'apprécier le dessin dans
la docte personne du peintre-graveur Jean Cora-
bœuf ; et c'est le dessin qui nous appelle, en plein
carnaval, à la seconde et toujours discrète expo-
sition du Cercle Volney, car cette pureté du trait
devient aussi rare qu'une vertu dont on parle
trop souvent pour la posséder! La voici, pourtant,
qui réserve sa douceur aux fins crayons du por-
traitiste Henri Rover, parmi les vesprées roman-
tiques de M. Gaston Guignard, les petites eaux-
fortes de M. MariusBorrel, les aquarelles romaines
du statuaire Jean Hugues, les vues de Vérone de
M. Pierre Vinit et les notes de voyage où le
maître Pierre Vignal prend une liberté de grand
artiste à travers les ombrages virgiliens de la
Villa d'Esté et les splendeurs nacrées de Capri.
Fyzee-Rah.amin (galerie Georges Petit). —
C'est un peintre indou mélomane, illustrant naï-
vement douzes mélodies sacrées qui se chantent,
comme notre angélus, à certains instants de l'au-
rore ou du crépuscule... Il a trente ans; très jeune,
il visita l'Europe et reçut, en Angleterre, les con-
seils de M.John Sargent; mais son art se réclame,
avant tout, de la miniature indo-persane. C'est la
première fois qu'il vient exposer au milieu des
Occidentaux; et Paris, après Londres, prendra
plaisir à l'opulente sobriété de ses aquarelles
musicales, rehaussées d'or et d'argent, qu'il inti-
tule en anglais the Music Séries, — sans négliger
ses autres peintures oii l'étrangeté de la fable
légendaire et religieuse alterne avec le portrait,
le paysage et l'intimité la plus contemporaine. On
dirait parfois d'un Gustave Moreau moins érudit,
plus candide; aussi bien, rien ne rappelle ici
l'Inde rutilante aperçue par M. Besnard.
Expositions diverses. — Parmi les innom-
brables Occidentaux, nommons M et M™«Fernand
Maillaud et le statuaire Jean Baffier qui repré-
sentent l'art berrichon à la galerie Montaigne;
le peintre Maximilien Luce et le statuaire Paul
Moreau-Vauthier, l'auteur du Mur des fédérés, qui
Toudraientglorifier le travail à la galerie Choiseul ;
un dessinateur que hante le rêve. M, Ciolkowski,
déjà remarqué pour son penchant décoratif au
SaloQ d'automne; enfin, chez Marcel Bernheim,
un peintre de Paris, M. Georges Souillet, qu'attire
à son tour l'Italie des cloîtres ensoleillés et des
ruines : San Gtmtginano, décidément, possède une
vertu magique.
Raymond Bouyer.
7^ yjt 7^ ffC 7ft y^ tJc ffc yfc ift ip spr Jfc t^ fp tjç îjt yp îjt t|ç tjt ijc
CORRESPONDANCE DE MUNICH
A propos du M Petit pâtre « de Lenbach.
La Galerie municipale de Rosenheim.
Le fameux tableau de Lenbach à la Galerie
Schack, le Vêtit paire étendu sur le dos en plein
soleil, dont il se vend, bon an mal an, une cin-
quantaine de copies et pour environ cinq mille
marks de reproductions de tous formats, avait
sa légende.
Une version, accréditée depuis longtemps,
assurait que Bocklin y avait autant travaillé,
sinon plus, que Lenbach lui-même. Celui-ci
n'avait que vingt-quatre ans lorsqu'il signa cette
œuvre, devenue par la suite si populaire, et dont la
facture paraît répondre si peu à celle de la pein-
ture habituelle de l'auteur dont il porte le nom.
M™" Bocklin, dans ses Mémoires, ne craignit pas
d'affirmer que son mari termina le tableau pour
Lenbach; et l'on cite, en outre, plusieurs lettres
de Lenbach où l'artiste parle à Bocklin de «son»
pâtre. Cependant la toile est signée du seul
F. Lenbach et datée 1860, et l'on a voulu voir
là l'origine d'un différend qui refroidit les rela-
tions des deux artistes.
Il n'en est rien. Un contemporain de Len-
bach, M. Alex, von Wagner, rapporte l'avoir vu,
de ses yeux, peindre ce Petit pâtre au village
d'Aresing, d'où il rapporta son tableau achevé à
Munich. Toutes les études de ce temps ont le
coloris dur dont Lenbach ne devait se défaire
qu'en copiant, pour le comte Schack, en Italie
et en Espagne, tant de chefs-d'œuvre des vieux
maîtres.
Quant à M"' Bocklin, elle a confondu avec un
autre jeune pâtre, qui est bien du maître bâiois,
celui-là, et qui figure également à la galerie
Schack, mais qui représente un chevrier courant
à toutes jambes, effrayé par une apparition du
Grand Pan au sommet de la montagne.
72
LE BULLETIN DE L'ART
La petite ville de Rosenlieim, en Bavière, qui
compte à peine 16.000 habitants et qui n'a d'im-
portance que comme point d'intersection des
lignes de chemins de fer de Salzbourg et du Tyrol,
inaugurait dernièrement une Galerie municipale
de peinture. Disposée avec une jolie entente déco-
rative dans l'ancienne chapelle Saint-Michel désaf-
fectée, dont les murs ont été tendus d'étoffe d'un
ton brun violacé qui met aussi bien en valeur les
couleurs sombres des tableaux anciens que les
claires de la peinture moderne, cette galerie
réunit environ cent vingt toiles et une trentaine
de dessins qui représentent, presque sans lacune,
l'école d'art bavaroise de la seconde moitié du
xix« siècle.
On y voit un des paysages si frais, de l'humoriste
Spitzweg; les Charretiers de W. Diez, d'un sobre
réalisme ; deux Chasseurs, de Defregger, robuste
ébauche qui vaut infiniment mieux que ses
paysanneries composées; un Christ de Makart;
des paysages de Schleich, Willroider, Wenglein.
Parmi les peintres les plus récents, on citera
Stuck avec une séduisante tête de femme; Léo
Samberger, avec deux de ses puissants dessins;
Zumbusch, Hermann Urban, Marr, Hayek, etc.;
en un mot, rien que des noms signilicatifs.
Mais ce qu'il y a de plus remarquable dans cette
intéressante collection dont s'orne une petite ville
de province, c'est qu'elle a été réunie avec autant
de goût que de désintéressement, par un simple
particulier, M. Max Bram, qui en a fait don à sa
ville natale. Combien de centres plus importants
pourraient envier Rosenheim !
, Marcel Montandon.
LES REVUES
Italie
BoUettino d'arte del Ministero délia P. Istru-
zione Juin). — Corrado Hicci. Noies d'art. I. Fresques
de Piero délia Francesca, à Ferrare. II. Le a Musi-
cien « de la Hibliolhèque Amhrosienne, à Milan. — 1.
M. Mazzolani a fait réceiniuent détacher de la muraille
où elles étaient peintes, et transférer dans la Pinaco-
thèque de Ferrare, des fresques de l'ancienne église
Saint-André, l'une des plus riches de cette ville, jadis,
mais fermée et désaffectée depuis 1865. Or. parmi ces
fragments de peinture murale, M. Corrado Ricci a
étudié deux figures, un Saint Christophe et un Saint
Sébastien, qu'il croit pouvoir attribuer à Piero délia
Francesca. — II. Dans une seconde note, M. Corrado
Ricci rapproche un dessin de Léonard, conservé au
Louvre, du tableau de l'Ambrosienne intitulé autre-
fois: Un duc de Mt/an, attribué tantôt à Luini, tantôt
à Ambrogio de' Prédis, et récemment dépouillé de ses
repeints par M. Cavenaghi, qui a ainsi montré qu'il
s'agissait d'un portrait de Musicien. M. Corrado Hicci
voudrait, par ce rapprochement, démontrer que le
tableau est de la main même de Léonard de Vinci.
— Arduino Colasanti. Un Palimpseste inconnu de
Federico liaroccio. — Autour d'un tableau du Baroche
se trouvant à Rome dans une collection particulière.
— U. Fi.KHES. Pour la réédification de Messine.
— Enrico Maucehi. A propos d'un précieux petit
triptyque et de quelques autres peintures de l'école
byzantine. — Triptyque d'art byzantino-slave du
XV* siècle, récemment acquis par le musée de Syrai*
cuse. Autres peintures du même musée appartenant
à la même école.
(Juillet). — Lucio Mariani. Statuette en bron'ze
de Sutri. — Il s'agit de VEphibede Sutri dont M. Ales-
sandro Moriacii a parlé dans la Revue, le 10 août 1913.
— Ant. McNoz. Monuments d'art de la province
romaine. Études et restaurations. — Fresques du
XV' siècle de l'église Saint-François, à Angulllara.
L'église de San Martine al Cimino. Fresque de l'église
Saint-Fiançois, àNettuno.Trevignano, le ch&teau-fort
ruiné de la famille Vico, et les églises.
— O. Valenti.m. i^'ur un polyptyque de Jacobello del
Fiore conservé à Lecce. — Polyptyque figuraut, au
centre, la Vierge et l'Enfant, et dans les comparti-
ments, des saints debout, commandé vers 1420 au
vieux peintre vénitien par Marie d'Enghien, comtesse
de Lecce, plus tard reine de Naples.
(31 août 1913). — Giacomo Dk Nicola. Le a Saint-
Jean des Martelli •• de Vonalello. — A propos de
l'entrée au Bargello du fameux Saint Jean des Martelli,
dont M. Emile Bertaux a parlé dans le numéro du
10 août de la Revue.
— Corrado Ricci. Notes d'art. I. La « Coupe de
l'ilale ». II. Le premier projet de Domenico Tibaldi
pour la porte du Palais Public à llologne. III. Les
croix dans les pavements. — I. Cette vasque conservée
dans l'église San Stefano de Bologne est une œuvre
du XVI* siècle et non du viii*. il. Dessin conservé au
musée de Naples. III. Étude sur les croix des pave-
ments en mosaïque de l'époque chrétienne.
— Antonio Mcnoz. Monuments d'art de la province
romaine. Etudes et restaurations ;fin). — Églises,
couvents et palais de Vilerbe. Bas-relief daté de 1303.
Fresque du xv* siècle. CEuvres d'Antonio del Massaro.
Le Gérant : H. Dbnis.
Paris. — Imp. Georges Petit, li, rue tiodot-de-Hauroi.
Numéro 615.
•^2>.
Samedi 7 Mars 1914.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
L'Armure de Philippe II
Le Bulletin a annoncé (n» 609), que cinq pièces
provenant de la célèbre armure de Philippe II,
conservées au Musée de l'Armée, avaient été
offertes à la Real Armeria de Madrid, où se
trouve le reste de l'armure ; il a enregistré les
protestations qui se sont élevées contre l'abandon
de ces merveilleux spécimens de l'art du repoussé
et de la damasquine, envoyés, par décret spécial,
« en dépôt» dans un musée étranger.
On avait espéré, un moment, que la décision
n'était pas irrévocable et que les engagements
pris par le Gouvernement n'étaient pas à ce point
impératifs qu'on ne pût remplacer les pièces
manquant à l'armure de Madrid par une repro-
duction en galvanoplastie de celles du Musée de
l'Armée. On sait aujourd'hui que ces espérances
étaient vaines, et l'on doit se résigner au départ
du chanfrein, des deux rondelles et des deux
cubitières qui l'accompagnent.
A celte occasion, l'un des spécialistes les plus
autorisés en la matière, M. Ch. Buttin, con-
sacre un article de la Revue du présent mois de
mars à l'étude de cette armure illustre et magni-
fique. On trouvera dans cette étude tout ce qui
concerne l'histoire et l'art; mais il reste encore
quelque chose à dire, que M. Buttin n'a pas dit,
et qui ne doit pourtant pas être passé sous
silence, surtout après la note officielle que le
Gouvernement a communiquée cette semaine aux
journaux.
Voici d'abord cette note :
La remise, à titre de dépôt, à l'Armurerie royale de
Madrid, des pièces d'une armure ayant appartenu à
Philippe II, roi d'Espagne, a donné lieu, dans la presse,
à des commentaires divers.
Il parait nécessaire de préciser exactement les
circonstances qui ont conduit le ministre de la Guerre
actuel à tenir la promesse faite par le Gouvernement
précédent.
L'opération dont il s'agit a été décidée dans le
courant de novembre 1913, et elle a été régulièrement
instruite par les services des ministères des Affaires
étrangères, de la Guerre et de l'Instruction publique,
en dehors de toute intervention du chef de l'État.
En outre, M. le général Niox, directeur du Musée
de l'Armée, appelé, dès le 2 décembre 19t3, à faire
connaître les observations qu'il aurait à présenter,
n'a cru devoir, dans sa réponse, ni formuler d'objec-
tions contre la mesure elle-même, ni proposer de
soumettre cette mesure à l'examen du Comité consul-
tatif.
Le ministre de la Guerre actuel ne pouvait donc
que prendre acte des engagements pris avant son
arrivée au ministère et régulariser une question ainsi
engagée.
Il y a lieu aussi de remarquer que les pièces d'ar-
mure dont il s'agit, ne figurant pas sur la liste des
objets mobiliers classés en vertu de la loi du 30 mars
1887, ne sont pas inaliénables, ainsi qu'il résulte
d'un avis de l'administration des Beaux-Arts.
C'est, du reste, seulement a titre de dépôt que les
pièces d'armure ont été mises à la disposition du
Musée de Madrid.
Nous n'avons pas à savoir qui a promis ces
pièces d'armure, et peu importe, en vérité ! Ce
qu'il y a de certain, c'est qu'on a fait cette pro-
messe et qu'on a «instruit régulièrement l'affaire»
dans trois ministères, sans avoir la moindre idée
de la valeur et de l'intérêt des pièces promises.
Second point : le directeur du Musée de
l'Armée, consulté, n'a formulé aucune objection
à la cession des objets dont il avait la garde. De
deux choses l'une : ou bien il connaissait le prix
de ce qu'on lui demandait d'abandonner, et alors
il est incroyable qu'il ait accepté celte demande
comme une chose toute naturelle ; ou bien il
l'ignorait, et alors on ne comprend pas pourquoi
il n'a pas demandé l'avis du Comité consultatif.
On s'étonne de celle dernière hypothèse? Elle
est pourtant parfaitement plausible. Le directeur
du Musée de l'Armée aurait ignoré à quel point
ces pièces d'armure étaient rares et précieuses,
qu'il n'y aurait là rien d'invraisemblable : on
peut être un excellent organisateur, d'une com-
pétence indiscutable en tout autre domaine, et
74
LE BULLETIN DE L'ART
n'f'tre pas pxarlfraent renseigné sur les questions
d'armures qui exigent, des études particulières.
Or, le Musée de l'Armée est organisé de telle
fai'on qu'il ne comprend pas seulement une col-
lection de costumes militaires, de tableaux de
batailles et de reliques historiques; mais qu'il
est formé, pour une bonne part, du Musée d'Ar-
tillerie, lequel devrait avoir à sa tête un conser-
vateur qui fût un spécialiste. Cette organisation
défectueuse nous coûte assez cher aujourd'hui
pour qu'une réforme soit étudiée ; et quand on
devrait, comme le voulait Emile Molinier, réunir
i\ celles que possède le Musée du Louvre les
armes et armures les plus précieuses du Musée
de l'Armée, cela ne vaudrait-il pas mieux que
de les voir exposées à être cédées à la première
demande ?
On nous dit que ces pièces ne figurent pas
sur la liste de* objets classés comme monuments
historiques, et donc qu'elles ne sont pas inalié-
nables. Le bon billet! Comme s'il était besoin d'un
arrêté de classement pour les œuvres d'art con-
servées dans les Musées nationaux et devenues,
par là-mème, propriété de l'État!
Il semble, d'ailleurs, qu'on ne soit pas très sûr
de la valeur de cet argument, puisqu'un dernier
paragraphe de la note officielle ajoute : c C'est,
du reste, seulement à titre de dépôt que les
pièces d'armure ont été mises à la disposition
du Musée de Madrid », — paragraphe, en vérité
bien inutile, si l'on admet que les objets peu
vent être aliénés.
Quoiqu'il en soit, voici ces pièces parties
Est-ce sans espoir de retour"? 1,'opinion se refuse
à le croire. Elle ne peut pas admettre que le roi
d'Espagne, avec le caractère qu'on lui connaît
consente à profiter d'une méprise pour accroître
de cinq objets la plus riche Armeria du monde.
Et puisque ces pièces sont envoyées à Madrid
« en dépôt », pourquoi la durée de ce dépôt ne
serait-elle pas limitée, — à un an, par exemple,
— et pourquoi, lorsque la curiosité serait satis-
faite en Espagne, ne reprendraient-elles pas la
place qu'elles n'auraient jamais dû quitter?
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des beaux-arts (séance du 28 février).
— L'Académie fixe au samedi 9 mai la date de la
déclaration de vacance du fauteuil que M. Vaudremer.
décédé, occupait dans la section d'architecture ;
l'clection aura lieu le samedi .30 mai.
— Lecture est donnée, au nom de la section de
peinture, d'un rapport sur l'envol de M. Billautey,
ancien pensionnaire de la Villa Médicis ; cet envoi,
intitulé Hélène, est destiné su musée de la fondation
de Caen.
— Sur les arrérages de la fondation Dcbrousse.
l'Académie des beaux-arts propose les attributions
suivantes : 2.îi00 francs pour la continuation de la
publication des procès-verbaux de l'ancienne Aca-
démie d'architecture; l.ôOO francs pour l'inventaire
des dessins du Musée du Louvre; 2..')00 francs pour
le relevé des plans de la partie des bi'itiments de l'In-
stitut qui sont appelés ^ disparaître.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 27 février). — M. le comte Durrieu continue
sa communication sur les manuscrits contenant des
oeuvres littéraires du roi Uené. Il signale, en parti-
culier, un exemplaire d'un des «romans» composés
par René d'Anjou, le Cœur d'amour épris, qui se
trouve à la Bibliothèque impériale de Vienne.
Ce manuscrit est enrichi de miniatures admirables
et qui ne peuvent avoir été exécutées que par un
artiste ayant fréquenté la cour du roi René.
— M. Ilomolle expose les recherches nouvelles de
M. Courby sur le temple d'Apollon, à Delphes : le
sanctuaire, qui a été déblayé de 1894 à 189.5. a été
l'objet des minutieuses études de M. Courby, qui a
vérifié et complété les mesures et les plans établis il
y a vingt ans. Deux sanctuaires, on le sait, sont
superposés : le premier, qui a été détruit par un
incendie ou un treinbleraent de terre, a été édifié de
548 à 515 av. J.-C ; le second remonte à la fin du
IV* siècle. M. Courby a constaté que les fondations
du premier sanctuaire ont été utilisées en entier pour
la construction du second, qui en épouse tns cthc-
tement le plan.
Société nationale des Antiquaires de France
(séance du 25 févricrj. — M. L. .Mirot étudie deux
documents relatifs au peintre Jean Malouel, datés de
1406 et 1409.
— M. le comte de Loisne communique le sceau de
Pierre, fou de la comtesse d'Artois, apposé à une
quittance de l'an l.'iOO.
— M le comte Durrieu entretient la Société du récit
d'un tournoi présidé par le roi René en 1446. près de
Saumur. Le manuscrit enluminé de ce récit, que l'on
a, pendant longtemps, considéré comme perdu, a été
retrouvé par M. le comte Durrieu à la Bibliothèque
impériale de Saint-Pétersbourg.
— M. Dimier signale quelques portraits peints du
XVIII* siècle dont l'authenticité lui semble tout à fait
douteuse.
Musée du Louvre. — Le Musée du Louvre pos-
sède, depuis mardi dernier, une nouvelle salle Barye.
ANCIEN ET MODERNE
■K
MM. Gaston Migeon et Carie Dreyfus, conservateur
et conservateur-adjoint du Département des objets
(l'art, qui ont organisé cette salle, l'ont consacrée à
des œuvres du grand sculpteur animalier données à
l'État, comme celles qui constituent la première salle
Barye, ouverte l'an dernier, par un ami du Louvre,
M. J. Zuubaloff. La nouvelle salle, i(uiest, dès mainte-
nant, accessible au public, contient toute une série
de sculptures de petite dimension, 19 bronzes. 22 plâ-
tres, et autant de tableau.x et aquarelles du maître.
— Grâce à une donation faite à la Caisse des
musées par les enfants de M. Edouard Aynard, en
souvenir de leur père, le Musée du Louvre s'est
enrichi d'une belle statue en bois de prêtre bouddhi-
que et d'un magnifique buste en pierre du xiif siècle.
La statue de bois faisait partie de la collection Edouard
Aynard ; elle a été reproduite à la fin de l'article
publié par M. Leiarge-Desar sur cette collection, dans
la Revue du 10 novembre 1913. Le buste de pierre
représente un homme encapuchonné, du plus beau
style et du réalisme le plus puissant ; il avait été
signalé à M. André Michel par M. Edouard Aynard,
qui l'avait baptisé le Bourreau, et le conservateur de
la sculpture au Musée du Louvre a aussitôt pensé à
acquérir ce beau morceau, quand on lui eût annoncé
la donation faite par les enfants de M. Aynard.
— Le Musée du Louvre a été autorisé, récemment,
à recevoir, entre autres dons, pour le département des
Antiquités, une stèle funéraire du jv siècle, offrant,
en haut-relief un vase dit loutrophore, don de la
Société des Amis du Louvre; et pour la galerie
d'Apollon, un reliquaire en argent niellé, de la fin du
XIII" siècle.
Société nationale des beaux-arts. — Le comité
de la Société nationale des beaux-arts a décidé, dans
sa dernière réunion, de donner à la Société coloniale
des artistes français une salle pour y organiser, cette
année, une exposition rétrospective des boursiers
coloniaux.
Le Droit de suite. — M. Abel Ferry a déposé sur
le bureau de la Chambre son rapport sur la proposi-
tion de loi du Droit de suite, destinée à assurer aux
artistes un pourcentage sur les plus-value de leurs
œuvres en ventes publiques. I^a loi a été votée dès
cette semaine.
Le Delacroix de l'église Saint-Paul. — Un
tableau de Delacroix, voilé depuis de longues années
par une épaisse couche d'erabu et de poussière, vient
d'être nettoyé par les soins de la Ville de Paris et de
reprendre son premier éclat. Il s'agit d'une toile repré-
sentant Jésus au Jardin des Oliviers, commandée
sous Charles X. Exposé au Salon de 1827, le tableau
reparut à l'Exposition universelle de 1 8.55 et à l'Expo-
sition de la Ville de Paris en 1878. Dans la chapelle
du transept gauche de l'église Saint-Paul, où il est
placé, on le voyait fort mal sous la patine du temps
qui vient heureusement de lui être enlevée.
Chronique du vandalisme. — Le village de Bar-
gemon, situé dans l'arrondissement de Draguignan, et
un de» plos pittoresques de la Provence, possède pour
unique monument une élégante église du xv siècle,
qui n'a jamais été ni remaniée ni restaurée. Sous
prétexte d'adoucir la pente d'une route qui longe l'édi-
fice et qu'on voudrait faire passer sur l'emplacement
de celui-ci, le ministre de l'Intérieur demande aux
Chambres de « désaffecter ■> cette église du xv siècle,
d'une solidité à défier les siècles. Entendez bien ce
que signifie, ici, « désaffecter»: c'est la démolition pure
et simple.
— Des malfaiteurs, qui se sont introduits, la nuit,
dans l'église Saint-()utrille, de Bourges, édifice classé
comme monument historique et datant du xiv siècle,
ont brisé des vitraux et renversé des statues; ils
ont volé les couronnes d'or placées sur la tête des
statues de la Vierge et de sainte Solange.
A Dijon — D'accord avec l'administration des
Beaux-Arts qui participera pour moitié dans le prix
d'achat et assume les frais de réparation, le Conseil
municipal de Dijon vient de voter l'acquisition d'un
ancien cellier de l'abbaye de Clairvaux, situé rue
James-Uemontry. Cet édifice, qui date de 1130, avait
été classé par la Commission des monuments histo-
riques, enl912. C'est un des spécimens les plus curieux
de l'art du constructeur pendant la période romane.
La ville de Dijon l'acquiert pour 37. .500 francs.
Nécrologie. — M. h'élix Julien, architecte du
Gouvernement, professeur à l'École nationale des
beaux-arts, chevalier de la Légion d'honneur, vient
de mourir à Paris. Né en 1840, élève de Louvet, Lebas
et Paccard, il collabora à presque toutes les grandes
constructions élevées à Paris pendant la seconde
moitié du xix" siècle, notamment au Pavillon de
Marsan (1873-1877), à Saint-Ambroise, à la Trinité,
au Collège Chaptal, à la Caisse des Dépôts et Consi-
gnations, etc.
— Sij- John Tenniel, qui vient de mourir à l'âge de
94 ans, était le plus célèbre dessinateur politique
anglais. Le terme de carloonist, dont on le dési-
gnait ordinairement, correspond à une idée plus sé-
rieuse que celle de la caricature et, le plus souvent,
les dessins de John Tenniel, qni fut créé baronnet,
n'avaient pas l'intention de taire rire, mais de faire
rétléchir. Il dessina le cartoon de la première page
du Punch, toutes les semaines, pendant près de cin-
quante ans, de 1853 à 1901. Son dessin classique
avait quelque chose de la sécheresse des gravures de
Ifogarth; ses figures symboliques de Britannia et de
Marianne rebutent par leur monotonie. Mai.s la pensée
de la légende était écrite d'une façon saisissante dans
son dessin, et la légende souvent remarquable par sa
force et sa brièveté. 11 a illustré un grand nombre de
livres et s'est exercé aussi à la peinture historique.
76
LE BULLETIN DE L'ART
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — Vente d'objets d'art, etc. —
Un seul prix à signaler parmi les résultats d'une
vacation anonyme dirigée, salle H, le 27 février,
par M= Bignon et M. Bataille, les 5.100 francs,
obtenus, sur la demande de 4.000, par une
console-desserte en acajou patiné, d'époque
Louis XVI, portant l'estampille de l'ébéniste
Dautriche.
Vente de tapisseries. — Une vente d'objets
d'art et d'ameublement dirigée, salle 6, le 28 fé-
vrier, par M= Lair-Dubreuil et MM. Paulme et
Lasquin, a produit 98.400 francs. Quelques prix:
trois verdures flamandes du xviii" siècle, avec
volatiles et encadrements de bordures, 14.100 fr.
(dem. 10.000). — Panneau de tapisserie du
XVI» siècle, représentant une chasse au cerf,
12.300 fr. — Tapisserie de Bruxelles duxviii* siè-
cle, représentant Diane et une suivante dans
un paysage, 9.075 fr. — Buste en marbre,
5.400 fr.
Vente de « la Peau de l'ours w (tableaux
modernes). — Cette vente qui a eu lieu, salles
7 et 8, le l" mars, par le ministère de M« Baudoin
et de MM. Bernheim et Druet, a obtenu le succès
de curiosité qu'il était facile de prévoir. Elle
a produit 106.350 francs pour 145 numéros.
Contentons-nous de signaler, parmi les pein-
tures : Picasso. Les Bateleurs, 11.500 fr. (dem.
8.000). — H. Matisse. Compotier de pommes et
d'oranges, 5.000 fr. (dem. 2.000); — et parmi les
dessins : Picasso. Les Trois Hollandaises, gouache,
5.200 fr. (dem. 2.000).
Un catalogue illustré dressé pour la circon-
stance, conservera, dans la bibliothèque des
curieux, le souvenir de cette vacation peu banale.
Vente d'objets d'art. — Nous avons annoncé,
dans notre dernière chronique, cette vacation à
laquelle ont présidé, salle 6, le :! mars. M» Bau-
doin et MM. Mannheim. Elle a produit 136.. (53 fr.
Il nous suffira d'indiquer ces quelques prix : 70.
Pendule à cadran tournant, br. doré, composée
d'un vase, ép. Louis .XVI, 6.500 fr. — 88. Secré-
taire à abattant en marqueterie de couleurs à
bouquets de fleurs, fin ép. Louis XV, 7.100 fr. —
(Sans numéro). Tapisserie-verdure avec chilteau,
parc et volatiles, 5.100 fr. — 121. Tapis oriental,
XVI" siècle, à fleurs sur fond rouge, 9.200 fr.
(dem. 8.000). — 122. Tapis oriental, xvi" siècle,
à grosses fleurs sur fond rouge, 9.100 fr.
Ventes annoncées. — A Paris. — Liquida-
tion Seligmann (1" vente : objets d'art, etc. |.
— S'il fallait juger de l'importance des ventes
d'après la taille et l'épaisseur des catalogues qui
les annoncent, les vacations que dirigeront, du 9
au 12 mars, à la galerie Georges Petit. M" Lair-
Dubreuil et Baudoin, assistés de MM. G. Sortais,
Ferai, Mannheim, Paulme et Lasquin, ne sem-
bleraient pas devoir dépasser le niveau de cer-
taines ventes, abondantes en numéros, mais
d'intérêt plutôt secondaire, comme on en voit se
succéder, chaque saison, à l'Hôtel Drouot. Mais
il est facile de comprendre que, pour une vente
qui n'est, après tout, qu'un mode de partage, rendu
nécessaire, d'un stock immense de marchandises,
on ait réduit au minimum les frais du catalogue,
alors qu'en d'autres circonstances, tels des
mêmes objets passant aux enchères, les tapisse-
ries notamment, auraient appelé une édition et
une illustration tout autres.
Nous ne pouvons nous étendre comme il con-
viendrait, sur les plus importants des quatre
cent et quelques numéros qui vont être dis-
persés. Contentons- nous d'attirer l'attention
sur la riche série de porcelaines de Chine par
quoi s'ouvre cette première vente, et où l'on
remarquera, en particulier, deux vases-rouleaux
d'époque Kang-hi, décoré, l'un (no 25), de person-
nages et de divinités, l'autre (n« 26), d'oiseaux et
d'insectes dans des rochers, et deux statuettes
d'homme et de femme debout, sur des socles de
forme haute, d'époque Kien-lung (n" 104). De
même, nous devons renoncer à passer la revue
des meilleurs des spécimens ici réunis de porce-
laines de Saxe, de Vincennes, de Sèvres, etc., et
nous devons encore renvoyer au catalogue pour
la série précieuse des boîtes et autres objets de
vitrine; mais il nous faut, cependant, parmi les
émaux, tirer de pair le Portrait de George IV, roi
d'Ângletetre, par Bone, et parmi les miniatures.
ANCIEN ET MODERNE
le Portrait présumé de ta marquise de Louvencourt
par Hall, et deux portraits de femmes, parisabey,
et parmi les sculptures, le petit monument funé-
raire à la mémoire d'un chien, terre cuite, par
Clodion. De même, indiquons simplement, en
passant, la richesse de la réunion des bronzes
d'ameublement et des pendules des époques
Louis XV, Louis XVI et Empire. Parmi les
meubles, notons : un bureau bonheur du jour, en
marqueterie de bois de couleurs, d'époque
Louis XV; un meuble à trois rangs de tiroirs, en
marqueterie de bois de couleurs, orné de bronzes
redorés, de la fin de l'époque Louis XV; et un
secrétaire droit à abattant, en marqueterie de
bois de couleurs, avec bronzes, d'époque
Louis XVI. Nous arrivons ainsi à la catégorie des
meubles en tapisserie, où nous remarquons un
écran à feuille en Beauvais, de la Manufacture
royale, du temps de la Régence, à personnage
antique, et un autre écran à feuille en tapisserie
du temps de Louis XV, représentant le Lion et le
moucheron, d'après La Fontaine, un canapé et
deux fauteuils couverts en Aubusson, du temps
de Louis XVI, à bouquets de fleurs et rubans sur
fond blanc, et un grand paravent à six feuilles en
Savonnerie d'époque Régence, à décors d'oiseaux
et d'attributs.
Les tapisseries proprement dites seront un des
gros attraits de la vente. Peu de numéros, mais
de choix. Notons : un panneau ovale en Gobelins,
le Portrait du roi Louis XV, en buste, travail de
l'époque ; une tapisserie en Gobelins du xvm" siè-
cle, les Enfants jardiniers, d'après Le Brun ; un
plafond également en Gobelins, signé de Cozette,
et daté 1766 ; une tapisserie de la manufacture
royale de Beauvais, Mars et Vénus, de la tenture
des Amours des Dieux, d'après Boucher, xvni« siè-
cle ; enfin, une tapisserie de la même manufac-
ture, de la tenture des Bohémiens, d'après Casa-
nova, représentant le Vol de la malle et exécutée
sous la direction de Charron, xviii» siècle.
Il nous reste à dire quelques mots des tableaux
qui constituent'la seconde partie de cette vente.
Tout d'abord, du côté des écoles primitives, nous
remarquons : le Portrait d'un homme jeune, par
Corneille de Lyon ; Jésus et les enfants, par Lucas
Cranach ; enfin, deux panneaux de l'école fla-
mande du xv= siècle : le Portrait d'une donatrice,
assistée d'une suivante portant une couronne et
la Vierge et l'Enfant Jésus; et un double panneau
de l'école llorentine du xvi» siècle, Saint Domi-
nique, abbé mitre, et saint Grégoire, pape ; puis, du
côté des écoles des xvii<^et xvin» siècles : le Clavecin,
par Boilly ; deux pendants, Oiseaux exotiques dans
des paysages, parJ.-B. Huet; une Récréation dans
le parc, par J. de Lajoue ; le Portrait de la comtesse
Hegnault de Saint-Jean d'Angély, par M""" Vigée
Le Brun ; le Lièvre et Après la chasse, par Oudry ;
l'Escalier en ruines, par Hubert Robert ; le Por-
trait de M™^ Roslin, née Suzanne Giroust, et le
Portrait du peintre par lui-même, par Roslin ; le
Buveur galant, par J. Steen ; enfin, seul spéci-
men de l'école moderne, David jouant de la harpe
devant Saûl, par Monticelli. Parmi les dessins,
notons encore, en terminant : une gouache de
Boucher, les Pêcheurs; un crayon rehaussé de
Edridge, la Comtesse de Wilson et son fils ; un
Portrait de femme, pastel par Valade, et deux
portraits de jeunes femmes, également au pastel,
par Louis Vigée.
Collection de M. X... (objets d'art, etc.). —
Un mince catalogue illustré attire notre attention
sur la vente, que dirigeront, salle 11, le 9 mars,
M» G. François et M. G. Guillaume, des objets
d'art et d'ameublement composant la Collection
de M. X... Des porcelaines et des faïences an-
ciennes, des meubles et sièges des époques
Louis XV et Louis XVI, constituent le principal
intérêt de cette vacation.
Collection de Mm" L. H. R... (tableaux). —
Nous recevons le catalogue illustré des tableaux
anciens et modernes dépendant de la succession
de M™" L. H. R... et provenant, en partie, de la
galerie du marquis de Salamanca, dont la vente
aura lieu, salle 1, le d.3 mars, par le ministère de
M" Lair-Dubreuil et Albinet, assistés de M. Ferai.
On remarquera, en particulier, dans cette vaca-
tion : le Portrait de l'Impératrice Isabellede Portugal,
épouse de Charles-Quint, par A S. Coello; David
pardonne à Absalon, par B, Fabritius; Toréadors
devant la Madone, par Eugenio Lucas ; le Reniement
de saint Pierre, par B. Manfredi; le Portrait de
l'Infante Marie-Thérèse, par J B. del Mazo ; le Songe
de saint Joseph, par Murillo ; la Lecture de la lettre,
par C. Netscher ; les Cinq Sens et la Partie de tric-
trac, par G. Seghers; et, enfin, la Moisson, par
Veyrassat.
M. N.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Cercle de l'Union artistique. — Qui donc
affirmait que l'horloge de l'art moderne aime
à retarder un peu dans les brillants salons de
78
LE BULLETIN DE L'ART
la rue Itoissy-d'Anglas '? Si l'on découvre avec
(luelque bonne volonté la sagesse el le savoir
parmi les 3626 envois catalogués au trentième
Salon des Indépendants, on trouve immédiate-
ment, ici, l'audace non moins savante parmi
les 102 numéros seulement qui composent la
paisible «exposition de 1914» : il suffit de signaler
la présence de MM. Roll et Forain; l'un, maître
du plein air et continuateur de Manet, comme
peintre de la chair ensoleillée dans un portrait
plantureux ou plus finement embrumée dans
une de ces ligures que l'auteur d'une série de
femmes symboliques intitule aujourd'hui l'Adieu;
l'autre, observateur de l'atmosphère irrespirable
des prétoires et vigoureux héritier d'Honoré Dau-
rnier, comme peintre à la fois humoristique et
compatissant de l'emphatique Plaidoirie qui fait
sangloter l'accusée... Ici, comme aux Pastellistes
fiançais, l'audace voisine avec la sagesse. Dans
une gamme moins noire, M. Priant détaille
la frimousse montmartroise et la désinvolture
hardie du Modèle ou la danse demi-nue devant
le miroir, c'est-à-dire devant la glace complai-
sante de la Psyché. La tec/wre de M. Harlamoff et
les éludes de M. R. deChabuud-La Tour relèvent
plus cruellement du réalisme. Un petit triptyque
où M. Fournier-.Sarvolèze dit aux paysans déra-
cinés : licvenez à la terre! est un amusant discours
en trois points en faveur du dégrèvement rural.
Aussi bien, cette année, la nature, à son tour,
nous emporte loin des portraits flattés ou des
sujets mondains; et « la ligne d'Italie» s'impose,
ici comme ailleurs, dans le plus fin paysage
méridional qu'un peintre habituel de l'automne
ou de l'hiver ait encore signé : par sa pdie
perspective verdiUre qui devient mauve à l'hori-
zon, dans l'intervalle heureusement cadencé des
tristes cyprès, la Plaine d'Assise éclaire soudain
le nom de M. J.-F. Bouchon; le rêve, embrasé
par l'azur de Sicile, éveille chez M. André
Humbert le souvenir des bergers de Théocrite;
les ruines du Temple de la Sibylle, à Tivoli,
semblent avoir moins ému le regard de M. Schom-
mer; mais le plus franc parfum du paysage
rustique enveloppe une Matinée à Middleburg
(Hollande), tout emperlée de rosée par M. Gaston
(luignard, un pur Lever de lune, aperçu dans un
ciel ardoisé par M. René Killotte, et les sierras
espagnoles de M. Pedro (iil, et môme le Versailles
sous la neige, de M. (iuirand de Scevola. C'est la
fraîcheur du sentiment qui nous désigne les
fleurs estompées de M. Henri Dumont, les fleurs
précises de M. de Lassuchette, les jardinets prin-
taniers de M. Nozal, les intérieurs silencieux de
M. Réalier-Dumas, qui change de sujets, le vieux
Nohant exploré par M. Lauth, un Salon du Musée
Jacquemart- André, décrit par M. Paul Thomas,
l'Autel de la Vierge, retenu par .M. Jacques
Baugnies, sans oublier l'esquisse du Saint-Sépulcre
à Saint-Jacques de Dieppe, par M. (Jervex, ni la
Symphonie en blanc de M. Walter (jay.
La jolie Distraite de M. Antonin Mercié, l'austère
Sérénité de M. Maxence sont des figures de fan-
taisie; mais « le Salon du portrait » reste fidèle
à sa tradition représentée par quelques-uns de
nos maîtres : M. Léon Bonnat, portraitiste octo-
génaire et toujours vigoureux de Af. le Marquis de
Ségur, président du Cercle; M. (Jabriei Ferricr,
portraitiste toujours scrupuleux de M' Du Huit,
ancien bâtonnier; M François Flameng, portrai-
tiste exalté par le profil rose d'une blonde miss
penchée sur sa petite glace. M. Ferdinand Hum-
bert, qui ne répugne pas au portrait masculin,
donne l'exemple à M. Guiiiier, notant la ressem-
blance du Lieutenant- colonel Rimailho en petite
tenue Le portrait de Jf""" la princesse Anina
Gagarine-Stourdza peignant, statuette en bronze
de M. Denys Puech, et le buste en marbre de
M. Mayen, par M. Raoul Verlet, se distinguent
parmi (|uelques morceaux de sculpture oi'i se lit
la signature du vice-amiral de Jonquières.
IX° Salon de la Société des Artistes
décorateurs (Musée des Arts décoratifs). — l".e
n'est pas d'un hiver à l'autre que l'insensible
élaboration d'un nouveau style, h ses débuts,
peut manifester des avatars subits et de sur-
prenantes métamorphoses; et la plupart de nos
« artistes-décorateurs», que nous avons retrouvés
d'ailleurs au Salon d'automne, avant de les revoir
à la treizième exposition ponctuelle du Musée
Galliera, restent aujourd'hui ce qu'ils étaient
hier, et tels que notre confrère Henri Clouzot les
a présentés plusieurs fois aux lecteurs de la
Revue.
En effet, si le découragement du pessimisme
est seul à répéter que « tout est dit » et que l'on
vient « trop tard » pour sortir de l'ornière des
pastiches nonchalants et des camelotes frelatées,
il ne serait pas moins dangereux de vouloir
constamment jeter de l'inédit en pâture à tous
les snobismes : l'effort moderne, — comme l'in-
dique à propos, dans la préface du catalogue, le
nouveau président de la Société, .M. Paul Vilry, —
l'effort de quelques-uns pour créer à la vie
actuelle <■ un cadre en harmonie avec son carac-
ANCIEN ET MODERNE
79
tère », est fait beaucoup plus de studieuse per-
sév(5rance que d'excentrique et perpétuelle
inquiétude ; et ce qu'il faut d'abord estimer,
chez plus d'un novateur de la veille, c'est un
retour à cette » longue patience >> qui ne rem-
place jamais, mais qui n'exclut pas davantage
l'instinct du génie. Après avoir distingué les
« ensembles» de M. Eugène Gaillard, un clas-
sique du genre, et de M. Mathieu Gallerey, probe
et lumineux artisan du meuble, nous nous arrê-
terons donc, entre tant de salles à manger qui
nous invitent au frugal repas des yeux, devant
celle, en bois d'orme, que destine à la campagne
M. André Groult ; et si la Chambre d'homme,
composée par M. Paul Follot, ne peut nous faire
oublier sa poétique Chambre de dame du Salon
d'automne, la chambre de M. André Mare appa-
raît plus habitable que ses inventions précé-
dentes, en dépit de certains accords de bleu-
vert et de iilas qui font songer, en Bretagne, à
l'Extrême-Orient... Au contraire, le Salon de
repos de M. Louis Sue ne nous retient pas ; et le
Tiureau d'architecte de M. Maurice Quénioux est
clair, mais glacial.
Retenons encore le bureau de M. Maurice
Dufrône, les impressions sur étoffes de M. Georges
de Feure, la multiple imagination de M. Clément
Mère, le beau vase en cuivre oxydé de M. Jean
Dunand, les ferronneries de MM. Laurent Mal-
clès et Szabo, les bibelots de M"" O'Kin, les ver-
reries émaillées de M. Marinot, et, près des
toujours belles poteries de grand feu de M. Le-
noble, les faïences décorées par notre confrère
Etienne Avenard ou par M. Maurice Dhomme qui
songe, en plein xx" siècle, au mystère des « rus-
tiques ligulines » de notre vieux Bernard Palissy,
Marie-Paule Carpentier (galerie Georges
Petit). — Diverses expositions d'aquarel-
listes. — Entre toutes les femmes peintres de
la Société nationale ou du Salon d'automne, un
grand sentiment de la couleur sertie dans la
majesté des lignes tiendrait lieu de signature à
M"° Marie-Paule Carpentier : ce n'est pas la
première fois que le regard trouve un noble
plaisir à se poser sur ses vues de Versailles et
de Trianon, sans préjudice de ses études inspi-
rées par le vieux Paris, la campagne française
ou la lumière méridionale, sous les pins gris de
la Côte d'émeraude ou les pins ensoleillés de la
Côte d'Azur. Au service du style, son procédé
même est personnel : c'est la peinture à l'eau
reprise au crayon, qui fait de ses aquarelles
autant de dessins rehaussés où le métier traduit
impérieusement l'émotion, dans le sobre éclat
des printemps verts ou des tons de l'automne.
C'est aussi l'aquarelle qui sert de langage
rapide et limpide à la vivacité voyageuse de
M. Fernànd Truffant, galerie Vivien ; à la préci-
sion linéaire de M. Jacques Brissaud. galerie
Louis-le-Grand; à l'ardeur visionnaire d'un colo-
riste polonais, M. Boleslas Buyko, dans son ale-
lier du square Delambre. où ses vues de Rome,
de Sienne et de Venise nous rappellent avec pas-
sion que le paysage exprime moins la nature que
le songe intérieur du paysagiste.
R.^YMONI) BouvRn.
P. -S. — L'abondance des expositions nous force
à remettre à un prochain numéro la X" exposi-
tion de la Société artistique des Amateurs, accom-
pagnée de sa rétrospective (à l'Alcazar, M, avenue
Gabriel); les Indépendants; l'Automobile-Club ;
et divers salonnets de moindre importance.
LES REVUES
Fra.nce
Revue lorraine illustrée (t 913. n° 3). — Ch.PnsTER.
Un l'ortrail du duc Antoine. — Peinture sur bois, de
la collection de M. Moreau-N'élaton. L'auteur le rap-
proche des trois autres portraits authentiques du duc
Antoine de Lorraine, qui nous sont parvenus, et le
date de 1525-1530.
— Général J. Dbnnery. Vieilles silhouettes mes-
sines : Lepetit, cordonnier et modeleur (ISDG-Iflîtl}.
— Abbé L. Bigot. l.'Êvangéliaire de saint Gauzelin.
— Commencement d'une étude sur ce précieux ma-
nuscrit du trésor de la cathédrale de Nancy. La pre-
mière partie est consacrée à « l'âge du manuscrit, son
lieu d'origine et son premier possesseur, sis vicissi-
tudes et son histoire » ; le deuxième chapitre, à la
« calligraphie du manuscrit : minuscule, onciale,
semi-onciale, capitale, grandes initiales ».
(in.XNIIR-BRRT.^GNK
The Burlington Magazine (décembre). — A. de
liKiiUF.TE V MoHKT. Un Velazqiiez jusqu'ici inconnu. —
La Cuisinière, de la collection Otto Beit, récemment
exposée à l'exposition des anciens maîtres espagnols
a Londres.
— Alice Baibi). La « Colonna Santa ». — Sur la
colonne torse, conservée dans la chapelle de la
l'ietà, à Saint-Pierre de Rome, où elle a été placée
en 1438 par le Cardinal Orsini. Autres exemples de
ce même genre de colonnes, uolamment sur un reli-
quaire d'ivoire trouvé à Samagher, près de Pola, et
datant du iv* ou v* siècle de notre ère-
80
LE BULLETIN DE L'ART
— Morton Bebnath. Le Livre de prières d'une sainte.
— Ce livre d'heures, qui a fait partie de la collection
von Lanna, récemment vendue en Allemagne, est un
manuscrit à miniatures, écrit entre 1368 et 1312, et
provenant du monastère franciscain d'Apt (Vauclusej.
Il a été vraisemblablement exécuté pour sainte Del-
phine, femme de saint Eb.éar. mort en 1329 et cano-
nisé en 1368.
— Arthur M. IIind. Giovanni liallisla Hiranesi,
notes complémentaires et liste de ses ouvrages (à
suivre). — Études relatives aux dates des principales
gravures de Piranèse; précisions à ce sujet.
— W. R. Lethaby. Soies byzantines dans les musées
de Londres (à suivre). — Examen des principales
pièces conservées dans les musées de Londres, pour
établir une base sûre dans les questions si contro-
versées des dates et des origines des décors de ces
tissus.
— Aymer Vallance. Mobilier ancien (XIII). — Les
panneaux à décors imitant des linges plies.
— Francis Stewart Kekshaw. Le Vase à inscriptions
de la collection Uana. — Vase chinois de l'époque
des llan, dont l'inscription ludique qu'il a été fait
pour la tombe de l'empereur Wu,en une année qui
correspond à 133 avant J.-C.
— K. A. C. Creswell. L'Origine du double dôme
persan (fin).
— Sir Claude Pbillips. Quelques portraits par
Cariant. — Le portrait de deux Vénitiens, du Louvre,
(autrefois attribué à Gentile Bellini et intitulé les
Deux Bellini), est rapproché d'un double portraitana-
logue, au Musée Empereur-Frédéric, à Berlin, attri-
bué par le catalogue à l'école de Giovanni Bellini.
— Edouard Speyek. Le Buste de Beethoven de la
Société ptiilharmonique. — Buste en plâtre, œuvre de
J. Schaller, de Vienne, offert, en 1871, à la Société
philharmonique de Londres; c'est une sculpture fort
conventionnelle, académique et idéalisée, exécutée
pour Cari Holz, l'ami de Beethoven.
— Egerton Beck. Notes a ecclésiologiques » au
catalogue des Anciens maîtres espagnols. — Rectifi-
cations de descriptions incorrectes au point de vue
du costume des religieux, cardinaux, papes, et des
accessoires religieux : croix, crosses, etc.; discussion
de la scène figurée sur un tableau de Valdès Léal
(collection Frederick Cook), que le catalogue dit
représenter « snint Bonaventure, après sa mort, écri-
vant les mémoires de saint François ».
(Janvier). — Le « Repos de la Sainte Famille », de
Blake. — Note sur un dessin lavé, signé et daté 1806^
aujourd'hui au Metropolitan Muséum de New- York.
— W. R. Lethaby. .Soies byzantines dans les musées
de Londres (fin). — Examen des motifs principaux .
dragon sassanide, lions affrontés, grand griffon, mo-
dèles arabes, etc.
— Arthur M. IIind. G. B. Piranesi. notes complé-
mentaires et liste de ses œuvres (suite). — L'auteur
commence la publication de la liste de l'œuvre consi-
dérable du graveur des Carceri, dressée par ordre
chronologique (1143-1778).
— Aymer Vallance. Mobilier ancien (XIV). —
Panneaux sculptés de motifs inspirés du linge plié.
— Ananda K. Coomabaswamy. Les Mains et lespieds
dans l'art hindou. — 11 existe, dans l'art hindou, un
langage conventionnel des mains et des pieds, cons-
tamment utilisé dans la peinture et la sculpture ;
l'auteur l'explique par des figures choisies dans une
vingtaine de monuments.
— G. F. HiLL. Notes sur des médailles italiennes
(XVI). — Médaille dite de Raphaël Martinus Gotha-
laniis (Raphaël Martin, catalan), école florentine, fin
du XVI* siècle ; médaille de Bartolommeo Cepola,
attribuée à Bellano. ^
— Abraham Bkediis. Encore le • Portrait d'Elisa-
beth Bas ». — Ce portrait, conservé dans la Galerie
royale de Dresde, et autrefois attribué à Rembrandt,
a été donné, récemment, à Ferdinand Bol, par M. Bre-
dius, dont plusieurs érudits ont accepté les conclu-
sions. Le savant critique hollandais apporte deux
nouvelles preuves en faveur de son attribution : l'une
tirée de la facture des plis larges, qu'on cherche en
vain chez Rembrandt ; l'autre, de la facture des mains
d'Elisabeth Bas, entièrement différente de celle de
Rembrandt et, au contraire, rappelant exactement la
technique du Repos de la Sainte Famille de Bol,
conservé aussi à Dresde et peint en 1644, environ
cinq ans après le portrait.
— Thomas Asiiby. Turner à Rome.— Vues de Rome,
tirées de la collection des dessins légués par Turner à
la nation britannique et dont le catalogue vient d'être
dressé par M. Finbcrg. Cette collection compte plus
19.000 pièces, d'une extrême variété. Les plus inté-
ressants de ces dessins sont ceux qu'il exécuta lors
de son voyage à Rome, en 1819, quand il était en
pleine possession de son talent. L'auteur en repro-
duit quelques-uns.
— Friedrich Winkleb. Quelques dessins de pri-
mitifs néerlandais. — Les Sept Sacrements, dessins
à la pointe d'a,rgent publiés par la Vasari Society ;
ils sont très voisins de Roger van der Weyden. —
Un Portrait d'homme de la collection Salting ; le
dessin original est conservé au Cabinet des Estampes
de Berlin ; il appartient à l'entourage de Jean van
Eyck. — Un Triptyque d'après Roger van der Weyden:
un ancien dessin du Louvre dérive d'une peinture de
Van der Weyden qui a été maintes fois copiée au
ivi* siècle; le centre est une Déposition de la croix;
et le dessin d'un des volets, un Portement de croix,
appartient à M. Becker, de Leipzig.
— August L. Mayeb. Un Portrait inconnu de Mu-
rillo. — Portrait en pied d'un gentilhomme de Séville ;
collection Julius Bôhler, de Munich.
Le Gérant : H. Uims.
Parii. -^ Imp. Oeorgo Petit, IS, rue Uodol-de-Uauroi.
^1
Numéro 616.
Samedi 14 Mars 1914.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Le Parc de Watteau
au Conseil d'État
Depuis le vote de la loi de 1906 sur la protection
des paysages, il ne s'est pas passé d'année sans
que l'on ait eu à constater combien l'administra-
tion apportait de mauvaise grice, pour ne pas
dire d'hostilité, à classer les sites pittoresques
et surtout à faire respecter leur classement. On
l'a dit vingt fois ici : la loi de 1906 est restée
lettre morte, et la preuve en est dans le nombre
ridiculement infime des paysages classés du
département de la Seine : deux à Paris, les
Champs-Elysées et le Gours-la-Reine (encore le
classement n'a-t-il pas empêché les travaux qui
ont bouleversé la dernière de ces promenades),
et un dans le département, le seul exemple de
classement d'un paysage appartenant à des par-
ticuliers : celui du parc de Watteau, à Nogent-
sur-Marne.
Nous avons raconté, en 1908, l'histoire de cette
municipalité de Nogent qui, hantée de spéculation
et de bâtisses, avait formé le projet de couper
d'un boulevard ce qui reste de l'ancien parc de
l'intendantdesMenus LeFèvre.L'endroitest char-
mant : les pelouses et les frondaisons descendent
en pente douce jusqu'aux bords de la Marne; du
pavillon bâti vers le sommet du coteau, le regard
embrasse un merveilleux panorama, et les échap-
pées que l'on prend sur la rivière rappellent plus
vivement le souvenir mélancolique de Watteau,
qui vint vivre ses derniers jours et mourir ici,
au milieu de ses amis les plus chers.
Aux projets saugrenus de la municipalité
nogentaise, moins sensible à ces rêveries qu'à
de plus immédiates réalisations, et peu soucieuse,
au surplus, de respecter « l'espace libre » que
constitue ce parc magnifique, le propriétaire
opposa la loi de 1906 et obtint le classement de
son domaine, dont l'accès fut permis à tout
venant.
Nous nous sommes réjouis alors sans réserves.
Nous pensions que les projets de boulevard se
trouvaient définitivement anéantis par l'article b
de la loi qui interdit, » après l'établissement de
la servitude, toute modification des lieux « sans
autorisation spéciale de la commission de clas-
sement.
Mais c'était compter sans la ténacité des van-
dales. On apprend aujourd'hui que la municipa-
lité de Nogent et le Conseil général de la Seine,
après diverses manœuvres préliminaires, s'adres-
sentauConseild'Étatetluideraandentdedéclarer
d'utilité publique les travaux du boulevard, autre-
ment dit de détruire un paysage admirable,
devenu parc public et régulièrement classé.
Les propriétaires ont de solides arguments à
opposerlà contre : ils invoquent l'intérêt général,
d'abord, qui prime celui de la commune ; ils rap-
pellent à l'État la donation récente d'une riche
bibliothèque, donation faite sous la condition que
le parc de Watteau resterait intact à jamais...
La réponse du Conseil d'État sera d'un intérêt
capital et sa portée dépassera de beaucoup le cas
particulier que l'on vient d'exposer : c'est une
question de vie ou de mort pour la loi de 1906. Si
le Conseil d'État donne raison aux propriétaires
du parc, sa réponse viendra renforcer heureu-
sement une loi mal connue, mal appliquée et
mal défendue. S'il conclut en faveur des adver-
saire du classement, c'en est fait de la loi ; il
n'en restera plus rien.
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des beaux-arts (séance du 7 mars).
M. J.-L. Pascal, qui fait fonction de secrétaire perpé-
tuel, en l'absence de M. II. Roujon, donne lecture
d'une lettre de M" Jullemier, exécuteur testamentaire
ii'Édouard Détaille : celui-ci a légué à l'Institut son
buste, œuvre de M. de Saint-Marceaux.
82
LE BULLETIN DE L'ART
Académie des' inscriptions et belles-lettres
(séance du 6 mars). — M. Héron de Villefosse com-
munique, au nom de MM. Philippe Fabia, corres-
pondant de l'Académie, et Germain de Montauzon,
tous deux professeurs à l'Université de Lyon, une
note relative aux fouilles qu'ils ont pratiquées à
Fourvières, cet hiver, dans le clos du Calvaire. Ils y
ont retrouvé les vestiges d'un quartier de la ville
romaine, spécialement ceux d'une riche habitation,
plusieurs salles, dont deux pavées, l'une en mosaïque,
l'autre en mosaïque et en marbre; des fragments de
céramique et des monnaies, fournis par le remblai,
prouvent que ce quartier fut habité au moins pendant
les trois premiers siècles de notre ère.
— M. le comte Paul Durrieu termine sa communi-
cation sur les manuscrits des œuvres du roi René, en
parlant du Traité des Tounois. Sur un exemplaire de
ce traité, acheté par le roi Louis XV, en 1766, il a
découvert qu'une signature de possesseur, autrefois
grattée, portait le nom de la belle-sœur du roi René,
femme du comte du Maine, à qui le roi René avait
dédié le traité. Cet exemplaire est orné de grands
dessins rehaussés d'aquarelle, que M. Durrieu attribue
au même auteur que les merveilleuses miniatures
contenues dans le manuscrit du Cœur d'amour épris,
de la Bibliothèque impériale de Vienne, Barthélémy
de Clerc.
— M. Edmond Pottier présente, de la part de
M. F. Cumont, membre associé étranger de l'Aca-
démie, une inscription latine découverte à Côme
(Italie).
— M. Ernest Hébrard, architecte, expose le résul-
tat de la mission qui lui a été confiée par le minis-
tère de l'Instruction publique, pour l'étude des monu-
ments construits par les Turcs Seidjoukides, àKonia,
en Asie-Mineure ; quatre monuments très intércssanla
ont été relevés et dessinés minutieusement : la mos-
quée Ala Eddine, les médressés Karataï, Indjé Minaret,
et les ruines du Palais des sultans Seidjoukides. Des
fouilles ont complété ces travaux.
Société de l'histoire de l'art français (séance
du 6 mars). — M. Georges Pélissier communique
l'inventaire dressé après le décès de J.-B. Pigalle.
— M. Louis Réau entretient la Société de l'œuvre
de Iloudon eu Russie. Houdon n'est jamais allé en
Russie, mais une vingtaine de ses œuvres sont con-
servées à Saint-Pétersbourg et à Moscou, parmi les-
quelles des chefs-d'œuvre comme le Voltaire assis et
la Diane en marbre qui se trouvent au musée de l'Er-
mitage.
Société d'iconog;raphie parisienne (séance du
2'J février). — M. le U' Daily termine sa couununjca-
tion sur l'iconographie de Belleville : il étudie d'abord
des portrait» de personnages marquants (le Père
Enfantin, Debucourt, Favart, Ramponneau); puis il
parle des vues de guinguettes, du bal Favier, du
lac Saint-Fargeau, du potager du chftteau de Ménil»
montant, etc.
— M. Etienne Deville continue l'exposé de ses
recherches sur le» miniatures de» xvr et xvir siècles,
représentant des vues de Paris. Il étudie quatre nou-
velles pièces empruntées aux Passages faiz oullre
mer, de S. Mamerot; au Livre des faiz Monseigneur
Sainl Loys; à un manuscrit attribué au roi René, et
à un Commynes, conservé au musée Dobrée, de
Nantes.
— M. Emile Dacier étudie une peinture d'Hubert
Robert, conservée au musée de Dijon, dont le dessin
préparatoire à la sanguine appartient au musée de
Valence. Le rapprochement de celte peinture avec
divers dessins de G. de Saint-Aubin et des gravures
permet de reconnaître dans cette peinture une vue
des Thermes de Julien à Paris, représentés à la fin du
xviii' siècle, au temps où ce vénérable monument
servait de magasin à un tonnelier.
Musée du Luxembourg. — Dans sa dernière
séance, le Conseil des Musées nationaux a accepté
les dons suivants pour le Musée du Luxembourg :
Une grande aquarelle du peintre suédois .Cari
Larsson, représentant une jeune fille endormie ; un
portrait de M. Wertheimcr, peinture de J.-E. Millais,
datée 1888, offert par M"* Wertheiuier ; un portrait
de femme, peinture de Louis Devedeux, don de
M. Clémentel ; une Fêle champêtre, peinture de
M. Dagnan-Bouveret, datée de 1892.
Les trouvailles de M. Mithouard — M. Adrien
Mithouard, conseiller municipal de Paris, au cours
d'un examen des œuvres entassées dans le dépôt
des beaux-arts de la Ville de Paris, i Auteuil. a attiré
l'attention sur un certain nombre de peintures, d'un
intérêt indéniable, qui ont échappé aux prélève-
ments faits, naguère, par la commission spéciale
nommée pour organiser le musée municipal du
Petit Palais.
Il faut citer en particulier : l'Adoration des bergers,
mentionnée au catalogue des œuvres de la Ville de
Paris comme appartenant à l'ancienne église d'Au-
teuil ; M. Mithouard l'attribue au Tintoret ; — Jésus
chassant les vendeurs du Temple, qui a appartenu A
l'ancienne église paroissiale des Missions étrangères,
et qui serait de Kcstout ou de Boulogne l'aîné : — un
Saint Jacques, de l'Ecole de Rubens ; — une Sainte
Isabelle, fondatrice de l'abbaye de Longchamp, pein-
ture médiocre de Philippe de Champaigne. mais très
intéressante au point de vue de l'histoire de Paris; —
ta Flagellation, peinture d'un artiste allemand in-
fluencé' par l'Italie ; — plus une douzaine d'autres
tableaux fort honorables et qui méritent mieux que
d'être relégués là oiï ils le font.
Découvertes artistiques. — Au cours des travaux
de réfection de la façade de l'église Saint-l.ouis-en-
rile. on vient de découvrir de fort belles sculptures
sur bois du xvii* siècle, dissimulées sous une épaisse
couche de peinture. On sait que l'église Saint-Louls-
en-l'Ue fut reconstruite en 1664 sur l'emplacement
ANCIEN ET MODERNE
83
d'une ancienne chapelle érigée en paroisse, en 1623,
par Jean-François de Gondi, et devenue insuffisante;
le chœur fut achevé en 1679, la nef en 1723 et la cou-
pole en 1725. Cette église commencée sur les dessins
de Louis Le Vau, premier architecte du roi, fut conti-
nuée par Gabriel Le Duc. <€ C'est sur les dessins de ce
dernier que la grande porte a été élevée, dit le Dic-
tionnaire hisloriqtie de la Ville de l'aris, de Ilurtaut
et Magny. Quant aux ornements de sculpture qui
embellissent cet édifice, Jean-Baptiste de Champaigne,
peintre et neveu de Philippe de Champaigne, en a
donné les dessins. »
A Rouen. — Le maire de Rouen vient de prendre
un arrêté des plus intéressants en matière d'esthé-
tique des villes. Le règlement de 1881 relatif à l'ali-
gnement des rues ne lient aucunement compte ni du
pittoresque ni de l'histoire. Son application à Rouen
avait fini par constituer une menace pour ce qui fait
le charme et l'intérêt archéologique de cette admi-
rable ville. C'est pour parer à ce danger que le maire
de Rouen vient de constituer une commission muni-
cipale « chargée de désigner et de cataloguer les bâti-
ments publics, immeubles privés ou sites de la ville
de Rouen, qui, en dehors des monuments historiques
classés, offrent assez d'intérêt, tant au point de vue
architectural qu'archéologique, historique ou artis-
tique, pour que le Conseil municipal en assure la
conservation par une modification des alignements ».
Nous avons trop souvent protesté ici contre la né-
gligence — pour ne pas dire plus, — des administra-
tions municipales en matière d'esthétique urbaine,
pour ne pas féliciter le maire de Rouen de son intel-
ligente initiative et souhaiter de voir suivre l'exemple
donné par la belle capitale normande.
A Londres. — Mardi dernier, 10 mars, une suffra-
gette du nom de Mary Richardson est entrée, à onze
heures du matin, dans la salle de la National Gallery
où se trouve e.x posée la Vétius au miroir de Velazquez,
et tirant de son manchon une hachette, elle a brisé la
glace et tailladé la toile, déchirant le dos de la Vénus
à la hauteur de l'épaule. La suffragette arrêtée aussi-
tôt, a été condamnée à six mois de prison.
On sait que la Vénus au miroir, dite Vénus Rokeby,
du nom de Rokeby Hall dont elle fut, pendant près
d'un siècle, l'un des joyaux, et attribuée par les uns
à Velazquez et par les autres à J. B del Mazo, a été
acquise, pour plus d'un million, en 1907, par souscrip-
tion nationale, au moment où l'antiquaire qui en était
devenu possesseur allait la vendre à un collectionneur
américain. Elle a été alors étudiée dans la Revue et
gravée par M. R. Favier (t. XXII, p. 413).
A Bruxelles. — On a installé récemment, au Musée
ancien de Bruxelles, par les soin» de M. Fierens-
Gevaert, secrétaire des Musées royaux, les pièce» les
plus remarquables de la collection de dessins et d'aqua-
relles donnée à l'État belge par M"* de Grez douai-
rière. L'école française est représentée par Callot,
Boucher, Parrocel, Eustache Lesueuret Natoire; l'école
Mamande, par des aquarelles et des sanguines de
Jordaens. Du côté des Italiens : G.-B. Castiglione,
plusieurs dessins du Bernin, un Bronzino (Empe-
reur romain acclamé par des soldats), une tête
de vieillard d'Annibal Carrache et VAdoration des
Mages, de Taddeo Zucchero. Parmi les Hollandais :
une vue de Middelbourg, par Jan van der lleyden,
une sanguine et des dessins à la pierre noire de Paul
Potter, de fins portraits par Cornelis Troost, des aqua-
relles et des sépias de Jan Bosboom, plusieurs Van
O-itade, des vues de villes par Jan van Goyen et, de
Rembrandt, un dessin représentant une jeune femme
assise devant son miroir.
A Florence. — M. Philippe di Pietro, secrétaire
du Cabinet des dessins des Offices, a eu la bonne
fortune de découvrir chez le marquis A. -P. Lotta-
ringhi délia Stufa, un tableau du Caravage qu'on ne
connaissait plus que par une gravure et qu'on
croyait perdu ; c'est une des œuvres importantes du
maître, le Concerto di giovani ritratti, représentant
cinq jeunes gens faisant de la musique et un sixième
personnage écoutant. Le tableau est peint sur toile et
mesure 2-40 x 1"50. — L. G.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — 'Vente de la collection de
M°'« X... [M"'« H. Menier], — La vente des
tableaux, objets d'art et d'ameublement, appar-
tenant à M°ie Henri Menier a produit 456.440 l'r.,
à la galerie Georges Petit, le 5 mars, sous la
direction de M" Baudoin et de MM. Mannheim et
Bernheim jeune. Une belle enchère à retenir, les
90.1,00 fr. réalisés, sur la demande de 100.000,
par la suite de quatre panneaux en Aubusson,
d'époque Louis XV, à sujets chinois.
84
LE BULLETIN DE L'ART
PRINCIPAUX PRIX
Tableaux. — 12. J. Uomani. La Belle rousse,
5.300 fr. (dem. 2.000). — 1.5. Wùuwermans. Scène
rustique en Hollande, 4.800 fr. (dem. 8.000). — \1.
Ziem. Devant le palais des Doges, 11.800 fr. (dem.
10.000).
Mbhbles. — Salon (canapé et six faut.), bois sculpté
et redoré, couv. tapiss. à corbeilles de fleurs et guir-
landes sur fond blanc, ép. Louis XVI, 45.500 fr.
(dem. 40.000).
Tapissehiks, etc. — 92. Tapiss. flam., xvi* s., Salomon
et la reine de Saba, etc., 13.000 fr. (dem. 12.0001. —
93. Tapiss. Bruxelles, xvi» s.. Combat de style antique
dans un paysage, 16.000 fr. (dem. 10.000). — 94-96.
Trois tapiss. Hruxelles, xvp s., sujets de l'histoire
romaine, bordures, fig. allégoriques, etc., 46 000 fr.
(dem. 45 000). — 97-99. Tapiss. Bruxelles, xvi' s., le
Triomphe d'un souverain victorieux, large bordure;
deux tapiss. flam. comp. de l'histoire ancienne, nom-
breux person., large bordure, 34.005 fr. (dem. 30.000\
— 100. Deux cantonnières composées de bord, de
tapiss. flam., fin xvi- s., 19.000 fr. (dem. 10.000). —
101. Fragment de tapiss. flam. du xvi' s., Salomon et
la reine de Saba, 10.500 fr. (dem. 12.000). — 102-105.
Quatre tapiss. d'Aubusson, atelier de Picon, d'après
Boucher, ép. Louis XV, scènes chinoises, le Thé, le
Marchand d'oiseaux, là Pêche et le Jardinage,
90.100 fr. (dem. 100.000; rest.). — 106-108. Trois tapiss.
llara., XVI* s., compos. champêtres, nomb. person.
dans la campagne, bordure cadre, 28.200 fr. (deiii.
45.000; rest. et parties mod.). — 109. Tapiss., anc.
trav. oriental, fleurs sur fond rouge, 31.000 fr. (dem.
15.000).
Liquidation A. et J. Seligmann. — Celle
vente, que nous avions annoncée avec quel-
ques détails, a pris tin jeudi sur un total de
1.800.560 francs, pour les quatres journées de
la première vente. Nous donnerons, la semaine
prochaine, un compte rendu complet avec la
liste des principaux prix ; contentons-nous de
signaler, pour aujourd'hui, les plus belles en-
chères qui sont celles des tapisseries : Mars et
Vénus, tapisserie de Beauvais, xviii* siècle, de la
suite des Amours des dieux, de Boucher, 193.600 fr.
(dem. IbO.OOO); le Vol de la malle, tapisserie de
Beauvais, de la suite des Bohémiens, de Casanova,
187.000 fr. (dem. 100.000); un paravent de la
Savonnerie, à décor d'oiseaux et d'attributs, ép.
Régence, 167.200 fr. (dem. 100.000).
Ventes annoncées. — A Paris — Liqui-
dation Seligmann (2» vente : obj ets d'art, etc. ) .
— Les 16 et 17 mars, M" Lair-lJubreuil et Bau-
doin, assistés de MM. Mannheim et Léman, pro-
céderont à la vente des objets d'art et de haute
curiosité, composant la seconde partie de la
liquidation de l'ancienne Société Seligmann.
Majoliques italiennes, faïences persanes et his-
pano-mauresques, terres cuites émaillées des
Délia Robbia, ivoires, émaux champlevés et émaux
peints, dont un plat ovale, par Jean Courtoys
(Limoges, xvi» siècle), orfèvrerie et bijoux du
xvi" siècle; sculptures, notamment un buste en
bronze du roi Louis XIII ; et meubles, — autant de
catégories où les amateurs trouveront ample
choix de pièces intéressantes. Mais nous ne pou-
vons nous étendre davantage et nous devons
renvoyer au catalogue illustré. Comme dans la
précédente vente Seligmann , les tapisseries
forment la partie la plus importante. Notons en
particulier : deux panneaux d'art llamand, de la
fin du xv« siècle; une tapisserie tlamande du
commencement du xvi« siècle, tissée d'or, repré-
sentant la nativité et l'Adoration des Rois Mages;
d'autres tapisseries flamandes du xvi» siècle, et
une tapisserie française de la même époque, à
composition allégorique, figurant le mois de
Juillet.
Objets d'art, etc. — M» H. Baudoin et M. E.
Pape dirigeront, salle 6, le 16 mars, une vente
de faïences, porcelaines, etc., appartenant à
M"^ iV... Dans cette vacation, qui a fait l'objet
d'un catalogue illustré, se rencontrent quelques
miniatures, notamment un Portrait présumé du
Dauphin Lotiis X VII, signé Heinsius.
Objets d'art, etc. — Contentons-nous de
signaler la vacation anonyme, qui aura lieu, le
18 mars, salle 6, sous la direction de M« Lair-
Dubreuil et de MM. Paulme et Lasquin, et dont
le principal intérêt parait consister en la pré-
sence de tapisseries du xviii» siècle; certaines
d'entre elles sont reproduites dans le mince
catalogue illustré de cette vente.
Tableaux et objets d'art provenant du châ-
teau de N... — l.e 27 mars, salle 9, M» A. Des-
vouges, assisté de MM. G. Sortais, Duchesne et
Duplan, dirigera la vente des tableaux anciens,
meubles, etc., provenant du château de N... Dans
le catalogue illustré dressé à cette occasion, nous
remarquons, tout d'abord, du côté des tableaux :
un Paysage, soleil couchant, par David Teniers;
puis, parmi les meubles : une commode en aca-
jou, avec bronzes ciselés et dorés, signée de
P. Garnier, et deux encoignures, également en
acajou, de même décor que la commode et signées
du même nom; enfin, deux panneaux en an-
cienne tapisserie Une de Bruxelles.
ANCIEN ET MODERNE
85
Les ventes prochaines. — A Paris. — Nous
empruntons à notre confrère la Gazette de l'Hôtel
Drouot, les renseignements qui suivent, concer-
nant les grandes ventes de la saison, dont les
dates sont déjà fixées. Ces renseignements com-
plètent ceux que nous avons publiés à plusieurs
reprises sur ce sujet.
A l'Hôtel Drouot, le 26 mars, M« Lair-Dubreuil
vendra les objets d'art de la collection du comte
de F...; et le 31, le même commisaire-priseur
dirigera une vente composée d'objets apparte-
nant à divers amateurs et d'un salon provenant
de la succession du marquis d'ivry.
Dans le courant d'avril, M" Lair-Dubreuil et
Doublot dirigeront, à la galerie Georges Petit, la
première des ventes qui disperseront la collection
Delaroff. de Saint-Pétersbourg. Troisautres ventes
qui auront lieu à l'Hôtel Drouot, du 27 avril au
6 mai, seront nécessaires pour épuiser cette réu-
nion considérable — plus de mille numéros —
de tableaux, de dessins et objets d'art.
Nous avons déjà annoncé la vente des collec-
tions de notre confrère récemment décédé,
M. Roger Marx. Les estampes modernes feront
l'objet (l'une première série de vacations, que
présideront, du 27 avril au 2 mai. M"' Lair-
Dubreuil et Baudoin; les tableaux et objets d'art
seront vendus à la Galerie Manzi.du H au 13 mai.
En avril, et toujours sous la direction des deux
mêmes commissaires-priseurs, auront lieu, le 27,
la vente des tableaux anciens et modernes, com-
posant la collection de feu M. Willems, et le 30,
celle des dessins anciens, dépendant de la collec-
tion de M. Hodgkins.
Notons dans le courant de mai ; le 7, vente des
meubles anciens et estampes de M™* Délia Torre ;
le 8, des tableaux modernes et dessins, compo-
sant la collection Jules Claretie; les 14 et 15, des
tableaux anciens et modernes, objets d'art et
tapisseries, dépendant de la succession de M""" H.
Nous avons déjà annoncé la vente de la collec-
tion Antliony Roux, comprenant des tableaux
modernes et des bronzes de Barye. Elle aura lieu
le 20 mai, à la Galerie Georges Petit, où cinq
jours après, se fera la vente de la collection Sam-
hon, dont nous avons déjà dit un mot.
En juin, la vente, déjà annoncée, des tableaux
anciens de la collection Crespi, de Milan, aura
lieu, le 4, à la Galerie Georges Petit, où, du 8 au
11 juin. M" Lair-Dubreuil et Baudoin disper-
seront les dessins, tableaux, sculptures, objets
d'art et meubles du xviii« siècle, provenant des
collections du Marquis de Biron.
A Leipzig. — Dessins anciens. — Nous
recevons le catalogue illustré d'une vente de
dessins anciens, qui aura lieu à Leipzig, les 19 et
20 mars, par les soins de la maison Bœrner. Cette
réunion de dessins, qui provient de la collection
Arnold Otto Meyer, de Hambourg, et de divers
autres amateurs, comprend, tout d'abord, une
réunion importante d'œuvres d'Anton Grafî
(Winterihur. 1736-Dresde, 1813). Ce sont, pour
la plupart, des portraits au crayon, dont un pro-
fil de Frédéric 11, et aussi des études de figures et
même de paysage. Dans le reste de la vente, on
remarquera des dessins allemands du xvi» siècle,
dont une feuille d'Aldorfer et une d'Hans Burk-
msir, des dessins hollandais du xvii" siècle, por-
tant les noms de Cuyp, Bakhuysen, Everdingen,
Hobbema, Van Goyeu, Mieris, A. van Ostade,
J. et S. Ruysdael, Ter Borch, Esaias et W. van de
Velde, et Rembrandt; quelques dessins de l'école
italienne et des primitifs des écoles du Nord com-
plètent cette intéressante réunion.
A Milan. — Collection Battistelli — Du 23
au 26 mars, MM. Lino Pesaro et Carlo Clerici
dirigeront, à Milan, au palais Cova, la vente des
tableaux, dessins, objets d'art et d'ameublement,
composant la collection de M. Luigi Battistelli. A
en juger par les noms inscrits au catalogue, où
nous relevons ceux de P. P. Rubens, Holbein,
Michel-Ange, Paris Bordone, Van Dyck, A. Moro,
et même Lancret et Watteau, la galerie serait
de premier ordre ; elle se complète encore de
quelques sculptures, dont un putto donné à Mino
de Fiesole, de meubles italiens du xvi" siècle,
de faïences, de tapisseries, etc. Mais rien qu'à
examiner les reproductions qui enrichissent le
catalogue de cette vente, il est facile de se ren-
dre compte que ces attributions trop magnifiques
n'ont, sans doute, que la valeur d'une indication.
M. N.
ESTAMPES
Ventes annoncées. — A Paris. — Succes-
sion Paul Delaroff, de Saint-Pétersbourg
(estampes anciennes). — En attendant la pro-
chaine dispersion de l'importante collection de
peintures provenant de la succession Paul Dela-
rofl'. M" Lair-Dubreuil et C. Doublot, assistés de
M. L. Delteil vendront, le 17 mars, des estampes
anciennes qui s'ajoutaient à la collection de
l'amateur russe.
Le catalogue compte 184 numéros, et les pièces
les plus dignes d'intérêt sont : le Jardinier ga-
86
LE BULLETIN DE L'ART
lant, gravé par Heleman, d'après Baudouin ;
Mrs. Duff et Lady Heathcote, deux pièces gravées
en deux tons par J. Agar, d'après Cosway ; plu-
sieurs Drevet et Edelinck ; parmi les premiers,
le portrait d'Hyacinthe Rigaud par lui-même,
rare épreuve du premier état avant toute lettre ;
une gravure de Samuel van Hoogstraten non r,a-
taloguée par Rovinski, la Présentation au Temple.
avec un paysage dans le haut de la planche ; une
suite importante de Robert Nanteuil, parmi les-
quels le portrait de Pompone de Bellièvre en très
belle épreuve ; Qu'en dit l'abbé ! gravé par
ti. de Launay, d'après Lavreince, épreuve après
la dédicace.
H. G.
LIVRES
A Paris. — Vente des livres de la succes-
sion S... (livres anciens et modernes). —
Faite le 6 mars, par M" Gabriel et Auboyer, et
M. Reinach, la vente des livres, qui figuraient
dans la succession P..., a produit 30.000 francs.
Un Orlando furioso, sur grand papier, avec
46 estampes de Cochin, Eisen, Moreau, etc.,
dans une reliure du xviii» siècle, a atteint
5.350 fr. ; l'Heureux jour, par le marquis de
Pezay (1768), avec 4 dessins originaux d'Eisen,
2.200 fr.; même prix pour le Quadrille de Marie
SÉ«arî, 27 planches sur Chine, d'Eugène Lami.
R. .1.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Société artistique des Amateurs (Pavillon de
l'Alcazar, avenue Gabriel). — « Pour qu'une
page de Michelet soit tout à fait admirable, en-
core faut-il qu'elle soit signée » : si la sagesse a
dit vrai, le prestige des noms suffirait à glorifier
la « rétrospective » qui rehausse d'œuvres au-
thentiques, rares, curieuses, et plus d'une fois
excellentes, la dixième exposition de la Société
des Amateurs, depuis les portraits crayonnés par
le roi Louis XIII jusqu'aux militaires coloriés par
le Prince impérial, en 1864, à l'âge de huit ans.
L'art nous désigne aussitôt un petit intérieur
gouache par la princesse de Lamballe, une inti-
mité romanesque et silencieuse où « la douceur
de vivre » ne sera troublée que par l'intrusion
des Septembriseurs... Et voici des boutons déco-
rés par la reine Marie-Antoinette ; une chasuble
brodée, peut-être au Temple, par sa belle-sœur,
M"" Elisabeth ; des pêches peintes par la du-
chesse de Berry ; des sépias lavées par son jeune
fils, le comte de Chambord ; des gravures exécu-
tées par la princesse Charlotte Bonaparte, la fille
du roi Joseph ; des portraits de famille dessinés,
en 1805, par un émigré qui sera le roi Louis-
Philippe ; des croquis rehaussés, au fort de Ham,
par un prisonnier qui sera l'empereur Napo-
léon III ; un paysage de l'impératrice Eugénie ;
des aquarelles de la princesse Mathilde ; une sé-
pia datée de 1847 par la reine d'Espagne Isa-
belle ; des cadres signés de l'empereur du Brésil
ou de la princesse Marie-Louise de Bulgarie.
Des raretés encore : un éventail offert par les
demoiselles de Saint-Cyr, à M°" de Maintenon, le
jour de sa fête, le 2 avril 1699 ; un croquis fait à
Constantinople par l'ambassadeur Cboiseul-
Gouffier ; des paysages fignolés en 1816 par le
compositeur Adrien Boïeldieu, la même année
que le boudoir austère aquarelle par M"« Ter-
naux... Si l'âge du romantisme a mis son em-
preinte sur les vues de Venise ou du vieil Heidel-
berg aquarellées par Tony Hélyd'Oissel, auditeur,
en 1840, au Conseil d'État, la plus classique
« probité de l'art» recommande les dessins pro-
vençaux de Max de la Sizeraune (1825-1906); les
salonniers de naguère connaissaient le baron
Charles de Coubertin, élève de Picot, le coiole
Albert de Balleroy, peintre de chasses et de che-
vaux, dont le portrait figure dans l'Hommage à
Delacroix de Fantin-Latour. L'esprit ou le talent
signale les petites gouaches du comte Eugène
Le Bon, les croquis de Mer de Ségur, les pein-
tures de la comtesse d'Arjuzon, les enlumfnures
du comte Georges d'Aramon. A défaut de
M. de Chateaubriand dessinateur, ce n'étaient
pas des « amateurs » ordinaires que le portrai-
tiste Prosper Mérimée, que le paysagiste Victor
Hugo, dont la plume, entre deux rimes, silhouet-
tait les Bords du Rhin, le 20 novembre 1842...
Le présent ne se montre pas inférieur au
passé quand il nous apporte les vues de châteaux
prises par S. A. R. M°>« la duchesse de Ven-
dôme, qui signe Henriette, non loin d'un éventail
illustré par M. Pierre Loti ; le portrait que
S. A. R. M™* le princesse Mathilde, duchesse de
Saxe, a tracé d'elle-même à son bureau, dans la
familière clarté du matin; les gouaches colorées,
où M. Fournier-Sarlovèze évoque l'Orient et
continue les Mille et une nuits avec la malice de
notre xviii* siècle, et ses petits triptyques où la
Croix- Rouge aux inondations de /,9<0 fait pendant
aux paysans déracinés ou déchus que le peintre
ANCIEN ET MODERNE
87
^Tb c
veut rendre o à la terre « ; et le second terme de
la belle devise An et Caritas est superflu pour
nous recommander les pastels de M"" la baronne
Lambert, née de Rothschild, portraitiste de
S. M. le Roi des Belges et de Mfr Duchesne; les in-
ti rieurs de M"" la comtesse Pierre de Cossé^
lirissac, les scènes historiques de M. le prince
Jacques de Broglie, les fleurs de M"" la duchesse
d'Estissac, de M. de Lassuchetleet de M. le comte
de Vibraye ; les crayons rehaussés de M™» Elle de
Beaumont et de M"' Alice de Bertier de Sauvi-
gny ; les trois jolies « esquisses » modelées par
M°" Christine de Coupray, les médaillons de
Mme Edgard Slern, le Poète Gilbert de M>"" la du-
chesse d'Czès, un buste élégant de M"" de Char-
donnet ; les études de M. Warden et du D' Hans
bl ; les broderies de M™" Adolphe Javal, les
aux de M"" la marquise de Courtarvel et de
le comte du Suau de la Croix, les reports col-
lograpldques coloriés par M. Robert Demachy, le
portrait de M. Maurice Barrés, photographie vrai-
eiit artistique de M"" Bugnion-Lagouarde. Les
alides sous la neige, vus par M"' Brouardel, et
clair paysage lavé par M"'^ Gaston Gouin, la
meilleure des élèves nombreuses du maître
Vignal, se distinguent parmi les aquarelles du
regretté comte Guy de La Rochefoucauld, de
M"'^ la comtesse Em. de La Rochefoucauld, de
M. le comte de Fossa, de M"" la duchesse de Tré-
vise et de M"« Marthe Richard, qui nous mène, à
son tour, vers la ville aux sept collines par les
ruelles ensoleillées du Mont Palatin.
i
"^Automobile-Club. — Loin de contredire,
sous l'éclat de ses lustres, son imposante voisine
de la rue Boissy-d'Anglas, la treizième exposi-
tion du Cercle de la place de la Concorde offre
de nouvelles preuves à nos arguments : revoici le
maître Alfred Roll, ici peintre et sculpteur,
brossant sur un fond de cinabre et d'incarnat
une primesautière étude pour un portrait
d'homme, ou caressant le marbre coquet de
l'Indifférence ; revoici M. Priant, cette fois dessi-
nateur de spirituels et savants portraits, datés
d'amicaux souvenirs ; revoici la précision de
M. Gabriel Ferrier, près de jolies figures virgi-
nales, retenues par MM. Georges Lavergne et
Walhain ; revoici la nature italienne, avec
M. J.-F. Bouchor, le frère du poète, interrogeant
la lumière sur la vieille place Saint-François,
dans le silence d'Assise, ou devant le Grand
Canal de Venise, au palais Dario. C'est encore de
l'Italie que s'inspirent les études plus chaudes
de M. Lauth et les notes plus- pâles d'un ancien
lauréat, M. Henri Danger, qui s'arrête à Ronci-
glione, sur le chemin de Rome, où Victor Bertin
travaillait plus naïvement pour le Salon de 1808.
Le voyageur Le Goût-Gérard et le poète Cachoud,
qui viennent de nous convier à leur exposition
particulière chez Georges Petit, redisent leurs
thèmes favoris à côté de MM. Guinier, Moisset,
Dambéza, Foreau, Johannès Son. Loin des lampes
chères à MM. Rieder et V. Lecomte, M. Cazaban
s*? manifeste un lumineux intimiste; M Lionel
Royer décrit en miniature une Fête enfantine au
Cercle; et quand M. Zwiller veut bien oublier
Henner, la réalité lui propose une savoureuse
nature morte. Ici, les arts qui s'intitulent " pré-
cieux » complètent la sculpture : une aimable
statuette d'albâtre, de M. Jacques Loysel, de
petits sangliers de bronze, de M. Georges Gardet,
voisinent avec des bijoux de MM. Vever et Fou-
quet. L'orfèvrerie se fait symbolique avec
M. André Falize.qui traite avec talent deux sujets
d'actualité : le Saint-Graal et le Calvaire des
pauvres vieux chevaux anglais.
R.WMO.ND BOUYER.
NOTES & DOCUMENTS
L'Acte de naissance
de Philippe de Champaigne.
Une série d'études et de recherches nouvelles
auront servi, pendant ces vingt dernières années,
à compléter et à éclaircir la figure d'un grand
peintre du xvn« siècle, longtemps négligé par la
critique, comme la plupart des artistes de son
époque : Philippe de Champaigne.
MM. Henri Stein {Philippe de Champaigne et ses
relations avec Port-Royal. P\on, 1891); — A.Gazier
{Philippe et Jean-Baptiste de Champaigne. Libr. de
l'Art, 1893); — Henri Lemonnier {L'Art français
au temps de Richelieu et de Mazarin. Hachette,
189.3); — Ch. Gailly de Taurines {Père et ftlle :
Philippe de Champaigne et Sœur Catherine de
Sainte-Suzanne, à Port-Royal. Hachette, 1909); —
André Hallays dans divers articles, — pour ne
citer que les principaux parmi ceux qui se sont
occupés de ce peintre, nous ont donné une image
très nette et très précise de ce que fut la vie de
ce grand ami des Jansénistes.
Un document important a cependant toujours
échappé à leurs investigations, c'est son acte de
I
88
LE BULLETIN DE L'ART
naissance. Comment expliquer cette lacune?
Déjà, en 1872, A. Jal écrivait : « Papillon de la
Ferté, après les premiers biographes de l'hiiippe
de Champaigne, et les biographes modernes, après
Papillon de la F'erté, disent que l'illustre peintre
naquit à Bruxelles en 1602 et qu'il mourut à
Paris le 12 août 1674. J'ai essayé de me procurer
l'acte de bapt(5me du grand artiste, mais on n'a
pu me l'adresser » {Dictionnaire critique de bio-
graphie et d'histoire. Paris, 1872).
En 1873, A. V/auters {Biographie nationale,
t. III, p. 411 ; Bruxelles, 1873), parlant de Jean-
Baptiste de Champaigne, le neveu de notre pein-
tre, nous avait donné son acte de naissance ainsi
rédigé :
« Jean-Baptiste de Champagne, peintre de
renom, fut baptisé à Bruxelles (Coudenberg), le
10 septembre 1631. Parrain : Etienne van der
Schrieck ; marraine : Barbe fHuys. Il mourut à
Paris, le 29 octobre 1681 et fut inhumé à S. Ger-
vais, en cette ville. »
L'Indicateur généalogique, héraldique et bio-
graphique (Bruxelles, 1913) a reproduit, à son
tour, l'acte de naissance de Jean-Baptiste de
Champaigne, tel qu'il avait été donné par A.Wau-
ters, mais sans retrouver non plus celui de
Philippe.
Grâce à l'extrême obligeance de M. G. Des Ma-
re?,, archiviste de la ville de Bruxelles, nous
avons pu retrouver le document qui avait jusqu'à
présent échappé à toutes les recherches. Il a
dû être connu, cependant, soit de A. Wauters
lui-même, soit de l'un de ses secrétaires, cardans
l'acte de naissance de Jean-Baptiste de Cham-
paigne, cité par A. Wauters et reproduit par
l'Indicateur, les noms des parrains de Jean-
Baptiste se trouvent être, en réalité, ceux de
Philippe : il y a eu confusion entre les deux
actes.
En effet, l'acte de baptême de Jean-Baptiste de
Champaigne, tel que nous l'avons relevé dans le
registre des actes de naissance de la paroisse
Saint-Jacques sur Coudenberg, à Bruxelles, con-
servé actuellement à l'Hôtel de Ville, est ainsi
rédigé :
Il iO" septembris I6S1 . Eodem die baptiaatus est
Jo[ann]es liap[tis]ta filius Icgitimus Everardi Cham-
pagne et Catharime Bemmerye conjugum. Susceptor
Jo[ann]es Bàp\tis]ta Champaigne. Susceptrix Maria
du Bois, no[mi]ne Uagdalenœ du Bois a .
Et voici, par contre, celui de Philippe de
Champaigne, qui se trouve dans le registre des
actes de baptême de la Collégiale de Sainte-
Gudule, à Bruxelles, également conservé aujour-
d'hui à l'Hôtel de Ville (Registrum baptizatorum
in hac eccl[esi]a D. Gudule oppidi bruxellen.; quod
incepit a septima Martij ipso D. Thome de Aquino
Anno 1602) :
26 Mai 1602.
Philipp[u]s fil[iu]s fle[n]nc» Shampaine et Eliza-
bet. S. Stefanus vand Schrieck Barbara t huys;
c'est-à-dire : Philippus filius Henrici Shampaine et
Elizabet. Susceptores : Stefanus van der Schrieck,
Barbara Thuys.
On remarquera que, dans cet acte de naissance,
la mère de Philippe est indiquée par son seul
prénom: Elizabet; mais nous savons par l'acte de
mariage de Henri de Champaigne, père de
Philippe, que sa femme s'appelait Elisabeth de
Troch (7 janvier 1597).
Voilàdonc comblée, pour l'histoirede l'art, une
lacune qui complète définitivement la biographie
du peintre de Port-Uoyal.
Albert S. Hknraix.
LES REVUES
France
Les Arts (janvier). — André-Charles Coppibk. La
ejoconde » est-elle le portrait de Mono Usa ? — Pour
l'auteur, la Joconde n'est pas le portrait de Mona
Lisa; c'est « l'idéale conception du plus grand maître
de la Renaissance ».
— René Jban. Une Collection d'art analique : la
Collection Victor Goloubew.
(Février). — Seymour de Ricci. Musée Jacquemart-
André : les Peintures.
La Revue lorraine illustrée (octobre-décembre
1913). — Henri Poulet. Vieitles abbayes de Lorraine :
Sainl-llenoil-en-Woëvre.
— Abbé L. Bigot. L'Êvangéliaire de saint Gauzelin
(fin). — L'auteur consacre son troisième chapitre à la
décoration du manuscrit : enluminure, initiales ornées,
canons d'Eusèbe, bandes et encadrements.
— Commandant Ciiavannk. La Tour Saint-Jean à
Sancy. — A propos d'une aquarelle de Collignon,
représentant la chapelle et la tour de l'ancienne
comnianderie de Saint-Jean, en 1873.
Le Gérant : H. Iirmis.
Paris. .^ Imp. Georgci Petit, li, rue Godot-de-Uauro) .
Numéro 617.
ï1
Samedi 21 Mars 1914.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
La Photographie
lans les Musées nationaux (0
Une Chalcographie moderne.
11 y aura, dans quelques jours, deux mois que
traité Braun, dénoncé dès novembre 1913, est
rrivé au terme fixé par la loi pour sa revision,
l'administration des Heaux-Arts ne se montre
astres préoccupée de mettre fin à une période
bansitoire qui peut présenter toutes sortes de
|5sagréments, tant pour la direction des Musées
îationaux que pour le public. On ne sait rien des
intentions ni des projets de l'administration, à
ipposer qu'elle en ait ; et son silence nous auto-
ise à reprendre aujourd'hui un des points qui
S'ont été qu'effleurés dans un précédent article.
• Le Louvre possède une Chalcographie, dont
origine remonte à Louis XIV, mais qui ne fut
églementée que sous la Révolution : ce n'est pas
eulement un musée de gravures, c'est aussi un
délier pour le tirage des planches et une salle
pour leur mise en vente. Alimenté par les com-
mandes de l'État, enrichi en 1902 par le don
géné^eux des planches de la Société de gravure
_au burin, le fond de l'ancien cabinet du Roi est
Bvenu, selon le mot de M. Jean finiffrey, « une
Brte de Panthéon de la gravure française »; et
l^algré les prix modiques auxquels sont vendues
fes estampes de la Chalcographie, le public a si
lien pris goût à cette annexe du Louvre, que la
|ente des gravures y atteint maintenant une cin-
lantaine de mille francs par an, appoint fort
ppréciable pour la Caisse des Musées nationaux.
Or, à l'heure actuelle, la gravure a une terrible
[Svale,avec laquelle elle est bien obligée de com-
poser : c'est la photographie. Procédé mécanique,
simple, d'une fidélité, en certains cas, absolue,
permettant des reproductions innombrables, à
toutes les échelles voulues, inaltérables si on le
(1) Cinquième article. Voir les numéros 6U à 614
du Bulletin.
désire, et au demeurant peu coûteuses, la photo-
graphie est un admirable moyen de vulgarisation
des œuvres d'art et un excellent adjuvant des
études artistiques. Tout le monde en use, depuis
le savant à qui elle facilite des rapprochements
impossibles sans elle, jusqu'au plus modeste des
visiteurs de musées qui emporte un souvenir de
sa promenade sous la forme d'une carte-postale
illustrée.
Une Chalcographie bien entendue devrait donc
comprendre aujourd'hui un atelier de photogra-
phie. Bien plus, tous les établissements scienti-
fiques, musées ou bibliothèques, instituts médi-
caux, muséums d'histoire naturelle, etc., devraient
s'adjoindre cette annexe indispensable, et se
l'adjoindre non pas comme un service o en
marge », mais comme un rouage officiel et régu-
lier. M. Jacques Doucet l'a si bien compris qu'il
a attaché à sa Bibliothèque d'art et d'archéo-
logie, un véritable artiste photographe, dont le
concours rend, chaque jour, les plus précieux
services aux travailleurs.
Or, voici que l'État va entrer en possession des
sept mille clichés, exécutés depuis trente ans par
la maison concessionnaire de la photographie
dans les Musées nationaux, laquelle avait à sa
disposition, par traité, un atelier de photographie
et une salle de vente dans le Louvre.
Que va-t-il advenir de cet atelier, de cette salle
de vente et de ces sept mille clichés? On persiste
à ne pas nous le dire.
Mais nous, nous avons le droit de nous deman-
der s'il n'y aurait pas tout avantage pour l'admi-
nistration des Beaux-Arts à exploiter elle-même
le fond dont elle va devenir propriétaire et à
doubler son ancienne Chalcographie, réservée
aux estampes, d'une Chalcographie moderne,
consacrée aux photographies. Non seulement la
Caisse des Musées y trouverait son profit, mais
l'exploitation fournirait encore largement de
quoi payer les employés nécessaires au nouveau
service. Et quant au public, tout lui semblera
préférable à la situation actuelle. g p
I
90
LE BULLETIN DE L'ART
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des beaux-arts (séance du 14 mars).—
L'Académie apprend avec regret la mort de M. Anto-
nino Salinas, directeur du Musée national de Palerme,
qui était correspondant libre de la Compagnie depuis
vingt-huit ans.
— A la suite des épreuves d'essai pour le concours
de Home d'architecture, sont admis en loge :
MM. Bray (élève de M. Pascal) ; Girault (Dufresne et
Recoura); Haffner (Laloux); Marleix (Redon); André
Maurice (fléraud); Fromage (Defrasse); Chicandard
(Duquesne et Recoura); Ferran (Laloux); Vian (De-
glane); Grapin (Louis Bernierj.
— Sont admis en loge pour le concours de Rome
de gravure en taille-douce :
MM. Rigal(élèvedeMM.Sulpis,G. Ferrier, Baschel);
Manchon (Waltner et Ferrier); Bouflanais (Laguiller-
mie, Cormon et Jean-Paul Laurens) ; Godard (Waltner
et Ferrier); Paulin (Laguillermie, Ferrier, Brémond et
CoUin); Binet (Laguillermie, Collin et Dezarrois) ;
Buthaud (Waltner et Ferrier); Matossy (Waltner et
Ferrier).
— Un membre de l'Académie saisit ses confrères
d'un avant-projet tendant à la constitution d'une
Société d'artistes, analogue aux Sociétés des Auteurs
dramatiques et des Gens de lettres, qui aurait pour
mission de percevoir des droits d'auteur sur les
œuvres des peintres, sculpteurs, etc., passant en vente.
L'Académie fait \et plus chaleureux accueil à cette
proposition qui concorde avec le projet de loi Abel
Ferry, concernant le droit de suite sur les ventes
d'œuvres d'artistes.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 13 mars). — M. Dieulafoy étudie la tour à
étages dégagée par M. Place, à Kougondjik, l'antique
Dour Charrsukin que Sargon avait fondée au nord de
Ninive.
— M. Gagnât analyse une note qui lui a été envoyée
par M. A. L. Constans, membre de l'école franoai.«e
de Rome, relativement aux fouilles pratiquées par le
gouvernement italien à Licenza, sur l'emplacement
de la soi-disant villa d'Horace. Les constructions
déblayées se composent de trois groupes : des bâti-
ments du début de l'Empire, qui faisaient partie d'une
maison de plaisance, un établissement de bains qui
date de la lin du i" siècle et un deuxième établisse-
ment similaire, du ii* siècle. Aucun des objets trouvés
au cours des recherches ne prouve que l'on se trouve
sur l'emplacement de la villa d'Horace
— M. Schlouch, docteur ès-letlres, fait connaître
les résultats historiques et épigraphiques de sa mis-
sion dans le Grand Atlas.
Société nationale des antiquaires de France
(séance du 11 mars;. — M. Serbat présente un dessin
ancien, représentant l'église Saint-Paul d'Issoire et
antérieur aux restaurations que cet édiûce a subies.
— M. Roy lit une note sur des travaux eitécutés au
château de Fontainebleau, par Philibert Delorme,
sous le régne de Henri 11. Ces documents inédits sont
extraits des minutes de divers notaires parisiens.
— M. Monceaux signale quelques plombs byzantins
récemment découverts àCarthage par le R. P. Delattre.
— M. Dieudonné étudie quelques monnaies royales
françaises du xv siècle, de la série appelée testons
nouveaux.
Musée des Arts décoratifs. — Après l'expo-
sition annuelle des Artistes décorateurs, actuellement
ouverte, l'Union centrale organisera, avec le concours
du gouvernement anglais, une exposition d'art déco-
ratif anglais moderne, qui sera inaugurée pendant le
séjour du roi Georges V à Paris et qui restera ouverte
tout l'été.
Elle comprendra tout le mouvement d'art décoratif
anglais, depuis l'initiateur moderne William Morris
jusqu'à nos jours, représenté dans toutes ses mani-
festations : tapisseries, vitraux, décorations de livres,
meubles, bibelots, etc. Le choix des œuvres a été fait
par des artistes compétents, ceux-là mêmes qui avaient
organisé, l'an dernier, la section anglaise si remarquée
de l'exposition de.Gand.
L'Armure de Philippe II. — La semaine der-
nière, M. Emile Constant, député, a déposé sur le
bureau de la Chambre la proposition de loi suivante :
« Le gouvernement de la République, ayant pris
l'initiative de déposer à l'Armeria real de Madrid le
chanfrein et les pièces accessoires de l'armure de
Philippe 11, le Parlement tient à associer le pays à ce
témoignage des sentiments d'amitié qui unissent la
France et l'Espagne.
En conséquence, nous avons l'honneur de vous
proposer l'article de loi suivant :
Article unique. — Le ministre des Affaires étran-
gères est autorisé à oB'rir au gouvernement espagnol
le chanfrein et les pièces accessoires de l'armure de
Philippe II, actuellement conservés au Musée de
l'Armée. »
Cette proposition a été votée à mains levées : elle
confirme non le dép6t, dont on avait parlé, mais la
donation des pièces d'armures du Musée de l'Armée
à l'Armeria real de Madrid.
Nous ne reprendrons pas aujourd'hui une question
qui a été traitée naguère ici (n° 61.5,i, mais il nous sera
bien permis de dire que le vote de la Chambre n'a
rien changé à notre sentiment sur cette regrettable
affaire, et tous ceux qui auront lu l'article de M. Ch.
Buttin, dans la Revue de ce mois, seront de noire avis.
La Donation de M"' Arconati-'Visconti. —
Dans la séance du Conseil des ministres de jeudi, le
ministre de l'Instruction publique a annoncé que
M"* la marquise Arconati-Visconti, dont on connaît
les nombreuses générosités en faveur des musées
et des établissements scientifiques français, donnait
au Musée du Louvre toutes ses collectioni de pein-
tures, sculptures et objets d'art.
ANCIEN ET MODERNE
91
Le Legs Gaston Mélingue. — Le peintre Gaston
Mélingue, dernier du nom, mort récemment, a légué
à la Ville de Paris, l'hôtel familial, sis rue Delessert,
avec le jardin qui l'entoure, et toute sa fortune, à part
une dizaine de mille francs, destinés aux pauvres de
Caen, ville natale de son père. Quant aux collections,
«lies seront réparties entre le Louvre, Carnavalet,
uny, le Musée de l'Armée, la Comédie-Française,
t'Odéon, les musées de Rouen, de Caen, de Clermont-
Ferrand et de Menton.
Concours annoncés. — La Chambre syndicale et
la Société d'encouragement de la bijouterie, de la
joaillerie et de l'orfèvrerie ouvrent, entre tous les artis-
tes français, un concours pour un projet de parure de
dame pour toilette de jour, destiné à être exécuté en
métaux précieux et pierreries.
Les dessins seront reçus jusqu'au mardi 20 avril
rochain, au secrétariat de la Chambre syndicale,
2 bis. rue de la Jiissienne, et l'exposition des dessins
aura lieu au Musée des Arts décoratifs, du tO au
2o mai.
Des prix de 1.000, 400 et 100 francs seront décernés
aux trois meilleurs projets.
RPour les renseignements complémentaires, s'adres-
er à M. Maurice Hénin, président de la commission,
\l, rue des Archives.
A Aire-sur-la-Lys. — Un incendie vient de dé-
ruire le beffroi d'Aire-sur-la-Lys qui datait de 1724.
il n'avait, depuis lors, subi que de légères atteintes et
les Airois se ilatlaient d'échapper à la malchance qui
poursuit les beffrois de leur petite cité, les uns détruits
successivement par des incendies en 1373 et 1405, un
autre renversé par une bourrasque en 1410, et le troi-
sième écroulé au début du xviii« siècle.
A Bruxelles. — La ville de Bruxelles vient d'ac-
érir, au prix de S'iO.OOO francs, pour y loger les
rvices de la comptabilité communale. la Maison des
rasseurs, l'une des plus belles maisons historiques
de la Grand' Place. La façade en est surmontée d'une
atue du prince Charles de Lorraine, due au ciseau
fe Jacquet Très anciennement, cette maison s'appe-
lait « l'Enfer » ; puis on la dénomma « l'Arbre d'Or » ;
elle appartenait alors à la Corporation des tapissiers
de haute et de basse lisse; entièrement construite en
pierre, elle s'ornait d'un fronton triangulaire à cré-
neaux. Achetée par la puissante compagnie des bras-
seurs, elle fut restaurée en 1678. Les « doyens >■
commandèrent à Marc de Vos le Vieux une statue
équestre de Maximilien Emmanuel, électeur de
Bavière, qui fut placée au faite de l'édifice et qui,
renversée par le vent, en 1751, fut remplacée, le
16 juin 1832, par une statue de Charles de Lorraine,
supportée par un piédouche que décore l'image de
saint Arnold, patron des brasseurs.
A Constantinople. — Les fouilles commencées
en 1906, par l'Institut archéologique russe de Cons-
tantinople, sur le site de l'ancien couvent byzantin
de Stoudion, ont donné, quoique prématurément
inlerrompues, des résultats importants. L'emplace-
ment de l'église du couvent est occupé aujourd'hui
par la mosquée en ruines dite Miz-Akhor-l)jami
(mosquée de l'Ecuyer) dans le quartier de Narli-Kapou,
près de Yédi-Koulé, L'église se trouvait autrefois sur
la voie triomphale qui conduisait de la Porte Dorée
au Palais Impérial. On a retrouve le plan de l'édilice,
élevé sous Léon le Grand, en 436, par le patrice Stu-
dius. Ce plan rappelle celui des anciennes basiliques
romaines, notamment Saint-Laurent-llors-les-Murs.
— Ch. P.
A Dresde. — La municipalité de Dresde a voté un
crédit de 430.000 marks (365.000 fr.) pour la création
d'un musée de peinture moderne.
A 'Venise. — La municipalité de Venise annonce,
pour le 13 avril, prochain l'ouverture de sa XI* expo-
sition internationale des beaux -arts, qui durera
jusqu'au 31 octobre.
L'affiche, comme celle des expositions précédentes,
est due à M. Auguste Sézanne, qui, avec la fantaisie
et le sens de la décoration qui lui sont habituels, a
représenté le Rialto, transfiguré par une vision toute
personnelle, mêlée d'histoire et de poésie.
Nécrologie. — Le graveur Louis-Eugène Mouchon,
qui est mort le 3 mars à Paris, dans sa soixante et
onzième année, plusieurs fois récompensé aux Salons,
notamment en 1888 et en 1894, est surtout connu par
la gravure de l'ancien timbre-poste de Sage (1876),
qui représente la Paix et le Commerce s'unissant et
régnant sur le monde, du timbre qui lui succéda et
de celui de la Semeuse, enfin du timbre proportionnel,
d'après Oudiné.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OR JETS D'ART
CURIOSITi.
A Paris. — Liquidation de la Société
A. et J. Seligmann (Ire vente). — Dans notre
dernière chronique, nous n'avons pu que donner
le chiffre total de cette vente, faite, du 9 nu 12 mars,
à la galerie Georges Petit, par M" Lair-Dubreuil
et H. Baudoin, MM. "Portais. Ferai. Maniiheim,
Paulme et i.asquin. Nous avons (5gaiem"nt indi-
qué les plus hauts prix obtenus, qui ont nota--
92
LE BULLETIN DE L'ART
blement dépassé les demandes, et qui se trouvent
tous dans la catégorie des tapisseries.
Avant de publier une liste des enchères prin-
cipales, il faut tirer de pair les prix les plus
élevés dans les autres séries de la vente; ce sont,
parmi les porcelaines de la Chine, très nom-
breuses et particulièrement disputées, celui de
20.0S0 fr. (sur demande de 2S.O0O, il est vrai),
obtenu par un vase-balustre, d'époque Kang-hi,
à sujets de mandarin, femme et enfants; parmi
les porcelaines de Vincennes et de Sèvres, celui
de 10.000 fr. (sur demande de 18.000) pour un
service à zones bleu clair et rinceaux dorés,
daté 179i; parmi les objets de vitrine et les
miniatures, celui de 9.2W fr. pour une boîte
ovale en or émaillé, ornée, par Degault, d'une
miniature en grisaille, à sujet de bacchanale;
parmi les sculptures, celui de 14.000 fr. pour un
groupe en plâtre de deux femmes nues portant
une coupe, de l'atelier de Marin; parmi les
très nombreux bronzes et pendules, l'enchère
remarquable de 28.500 fr. (sur demande de
12.000 seulement), pour une pendule à musique
du XVIII" siècle, en bronze ciselé et doré; on
trouvera aussi des prix notables parmi les
meubles, en particulier celui de 15.100 fr. par
un secrétaire en marqueterie et bronze, de
l'époque Louis XVI; nous ne reviendrons pas
sur les écrans et les tapisseries où presque tous
les prix seraient à mentionner ici.
Quelques tableaux complétaient la vente :
tirons de pair le Portrait de Roslin et celui de
M"" Roslin, née Suzanne GirouU, tous deux par
Roslin, qui ont atteint 72.550 fr., sur demande
de 65.000.
PRINCIPAUX PRIX
(Au-dessus de 5.000 francs.)
Porcelaines de Chine. — 2. Deux potiches, rochers
et fleurs, fond violet vermiculé noir, ép. des Ming,
9.000 fr. — 7. Deux vases-balustres côtelés, émaux
verts, jaunes et violets, ép. Wan-li, 8.000 fr. —
10. Deux vases-rouleaux: mandarin sur une estrade,
guerriers et sujet militaire, ép. Kang-hi, 7.500 fr. —
14. Deux vases ovoïdes, décors variés, ép. Kang-hi,
5.800 fr. — 15. Vase: personnages avec le cerf et la
grue de longévité, ép. Kang-hi, 6.500 fr. — 16. Vase:
fen)mes et enfants, ép. Kang-hi, 5.200 fr. — 19. Deux
potiches émaillées sur biscuit; décor de fleurs et
quadrillés en vert, jaune et violet, ép. Kang-hi,
11.400 fr. (dem. 6.000). — 24. Vase-rouleau et paysage
animé, inscription sur fond noir, ép. Kang-hi, 10.000 fr.
(dem. 6.000). — 25. Vase-balustre; mandarin, femme
et enfants, ép. Kang-hi, 20.050 fr. (dem. 25.000). —
26. Vase-balustre à rochers, fleurs, oiseaux et insectes,
ép. Kang-hi, 13.000 fr. — 31. Vase-rouleau ; personnage
sur un mulet et enfant, ép. Kang-hi, 8. .500 fr. — 34.
Vase-rouleau; fond bleu fouetté, lettré assis et pay-
sage animé, ép. Kang-hi, 6.200 fr. — 36. Deux pots
ovoïdes, ép. Kang-hi, à rinceaux fleuri» en vert sur
fond jaune clair, 9.100 fr. — 43. Jardinière ronde;
scènes familiales et personnages sur fond de rinceaux
et de fleurs, ép. Kang-hi, 5.000 fr. — 58. Deux pots
ovoïdes, à branches fleuries, insectes et oiseaux, ép.
Kang-hi, 6.400 fr. — 76. Vase-rouleau, paysages, per-
sonnages, etc., sur fond de rinceaux, ép. Kang-hi.
6 300 fr. — 104. Deux statuettes : homme et femme
debout, souriant, ép. Kien-lung, 5.100 fr. — 140. Deux
potiches à scènes familiales dans des paysages, ép,
Kien-lung, 6.000 fr.
PoilCELAINES DE ViNCENNES ET DE SÈVhES. — 187.
Deux vases, roses semées sur fond vert; monture
br. doré, ép. Louis XVI, 8.000 fr. — 193. Service, à
zones bleu clair et rinceaux dorés, 1791, 10.100 fr.
(dem. 18.000). — 194. Boite rectangulaire montée à
cage, en or gravé et six plaques en ancienne porce-
laine tendre de Sèvres, 6.000 fr.
Objets de vitrine. — 197. Botte oblongue à pans
coupés en or émaillé. médaillon repercé, peint sur
émail, femme occupée à coudre, ép. Louis XV,
9.100 fr.. — 207. Boite pans coupés, panneaux de
nacre, monture en or ciselé, composition mytholo-
gique en grisaille sur fond rose, ép. Louis XV,
6.900 fr. — 214. Boite en or ciselé à paysage animé et
entrelacs; George, à Paris, ép. Louis XV, 5.000 fr. —
218. Boite ovale en or émaillé, miniatures en grisaille
à sujets de bacchanale, par Degault, ép. Louis XVI,
9.200 fr. — 225. Corbeille simulée en or ciselé, et
montre; Genève, xviii' s., 5.800 fr. — 231. Boite ovale
en or ciselé et gravé, plaques émaillées, le Combat
naval de Trafalr/nr, armoiries et attributs; commen-
cement du xix* s., 6.800 fr.
Miniatures. — 233. Miniat. ronde, par Hall : portr.
présumé de la marquise de Louvencourt, 8.600 fr.
Objets variés, orfèvrerie. — 250. Deux vases,
ancien émail cloisonné de la Chine, 7.500 fr.
ScULPTL'RES. — 252. Deux statues marbre blanc
enfants personnifiant : VArchileclure et une Saison;
signées et datées : L. Willemssens, fecit 1700; ancien
travail flamand, 7.000 fr. — 264. Cheminée marbre
blanc et bronze doré, ép Louis XVI, 6.060 fr. — 267.
Groupe marbre blanc, deux amours luttant pour la
possession d'un cœur, xviir s., 5.000 fr. — 269. Groupe
plâtre: deux femmes nues, debout, portant une coupe,
atelier de Marin, 14.000 fr.
Bronzes, pendules. — 274. Deux vases de jardin à
coinpos. inyth., xvii' s., 8.000 fr. — 275. Pendule br.
doré et bois, amour, dragons, rocailles ; cadran signé :
J.-Baptiste Bâillon, ép. Louis XV, 13.000 fr. — 278.
Deux chenets, rocailles fleuries et enfants, ép. Louis XV,
6.500. — 279. Quatre appliques, ép. Louis XV, 6.200 fr.
— 281. Pendule à rocailles et arbustes, éléphant
monté par un personnage, en Saxe ; signé : Wul-
liamy, London, ép. Louis XV, 8.000 fr. — 290. Deux
ANCIEN ET MODERNE
93
1^
candélabres à cariatides adossées, ép. Louis XVI,
7.100 fr. — 291. Trois bouteilles, Chine, à dragons et
oiseaux, monture bronze, ép. Louis XVI, 6.300 fr. —
294. Pendule, personnage jouant de la lyre et deux
femmes faisant de la nmsique ; signé : Dubuc le jeune,
à Paris, ép. Louis XVI, 13.000 fr. — 296. Pendule,
volumes et muse assise personnifiant VAstrotiomie :
signé : Charles Leroy, ép. Louis XVI, 7.100 fr. —
199. Pendule, amour tenant un livre, et coq perché ;
igné : Leblond l'ainé, ép. Louis XVI, 9.200 fr. —
302. Pendule à musique, br. doré, à trois cadrans,
panache et dais entre deux sphinx, xviii" s., 25.S00 fr.
(dem. 12.000). — 306. Deux candélabres, à trépied,
vases à têtes d'aigles, ép. Empire, 7.2.Ï0 fr. — 307.
Pendule et deux aiguières, à cariatides de femmes
ailées; signé : Thonisson, à Paris, ép. Empire, 7.000 fr.
Meubles. — 318. Commode marqueterie de bois,
encadremements en bronze ; signé : iioussel, ép.
Louis JCV, 5.000 fr. — 319. Bureau à dos d'âne, mar-
queterie, garni de bronzes, ép. Louis XV, 6.700 fr. —
320. Deux encoignures marqueterie, ép. Louis XV,
5.100 fr. — 321. Meuble marqueterie orné de bronzes
redorés, ép. Louis XV, 9.700 fr. — 326. Deux encoi-
gnures acajou et bronzes dorés, dessus marbre, ép.
Louis XVI, 5.100 fr. — 327. Bibliothèque, marqueterie
de bois de couleur et bronzes dorés, dessus marbre,
ép. Louis XVI, 24.000 fr. (dem. 13.000). — 332. Secré-
taire droit, marqueterie .et bronzes dorés, dessus
marbre, ép. Louis XVI, 15.100 fr.
ÉcR.tNS ET SIÈGES EN TAPIS8EBIE. — PaBAVESÏ OE LA
Savonnerie. — 333. Canapé bois sculpté, couvert en
tapiss. à bouquets de fleurs, xvicr s.. 14.700 fr. —
339. Canapé bois sculpté, couvçit en tapiss. à cor-
beilles de fleurs, ép. Louis XV, 10.100 fr. — 341. Six
fauteuils bois sculpté, couverts en tapiss. d'Aubusson
à fleurs, ép. Louis XVI, 10 903 fr. — 342. Canapé et
deux fauteuils bois sculpté et doré, et tapiss. d'Au-
busson à bouquets de fleurs, ép. Louis XVI, 19.000 fr
— 343. Paravent à six feuilles, en tissu de la Savon-
nerie : oiseaux sur fond jaune chargé d'attributs, ép.
Régence, 132.000 fr. (dem. 100.000).
Tapisseries. — 344. Panneau ovale, tapiss. des
Gobelins : portrait de Louis XV en buste, ép. Louis XV,
6.200 fr. — 346. Tapiss. des Gobelins : les Enfants jar-
diniers, d'après Le Brun ; bordure de feuilles, fleurs,
avec cartouches xviir s., 24.600 fr. — 347. Plafond
tapiss. des Gobelins, direction de Cozette, 1766, signé
et daté : divinité montée sur un dragon ailé, temple,
et amours, écusson avec monogramme A. H., 10.100 fr.
— 348. Tapiss. de Beauvais de la tenture des Amours
des dieux, d'après Boucher : Mars et Vénus; bordure
simulant un cadre aux armes de France et de Navarre,
xviii" s., 176.000 fr. (dem. 130.000). — 349. Tapiss.
Beauvais. direction de Charron : le Vol de la malle,
de la tenture des Bo/iémtens, d'après Casanova; bordure
simulant un cadre, avec la signature : H. C. C. Beau-
vais, précédée d'une fleur de lys, xviii" s., 170.000 fr.
(dem. 100.000). — 351. Deux tapisseries de travail
italien, xviii' s., personnages de la Comédie Italienne,
dansant dans la campagne, jouant à l'escarpolette;
fond de paysage; bordure simulant un cadre, 30,700 fr.
(dem. 20.000).
Tableaux anciens. — 362. L. Cranach. Jésus et les
enfants, 19.400 fr. — 373. L. Boilly. Le Clavecin,
21.100 fr. — 376. Ch. Challes. Deux peintures déco-
ratives à sujets allégoriques, 5.000 fr. — 378. J.-B.
Huet. Oiseaux exotiques dans des paysages, deux
pendants, 5.000 fr. — 381. M"V,L.-E. Vigée-Le Brun.
Portrait de la Comtesse Regnault de Saint-Jean
d'Angély iLaure de Bonneiiil), 17.000 fr. — 383.
J.-B. Oudry. Après la chasse, 5.000 fr. — 386. Hubert
Hobert. L'Escalier en ruines, 5.400 fr. — A. Roslin :
388. Portrait de Mme Roslin, née Suzanne Girousl;
et 389. Portrait du peintre par lui-même, 72.550 fr.
(dem. 65.000). — 396. Van Blarenberghe. Bataille,
gouache ovale, 7.100 fr.
Produit total de la première vente : I million
800.560 francs.
'Vente de la collection de M"" L. H. R...
(tableaux). — Faite, salle I. le 13 mars, sous la
direction de M" Lair-Dubreuil et Albinet et de
M. Ferai, cette vente a produit un total de
99.300 francs.
Tableaux. — 8. Coello. Portrait de l'impératrice
Isabelle de Portugal, épouse de Charles-Quint,
5.000 fr. (dem. 5.000). — 16. Fabritius David par-
donne à Absalon, 7.400 fr. (dem. 5.000). — 25. Man-
fredi. Le Reniement de saint Pierre, 6.300 fr. (dem.
1.500). — 26. Mazo Martinez. Portrait de l'infante
Marguerite-Tliérèse, 13.200 fr (dem. 3.000). — 38-39.
G. Seghers, Les Cinq Sens, la Partie de tric-trac,
7.000 fr. — 43. Snyders. Loup défendant sa proie,
5.400 fr. (dem. 2.000). — 47. Veyrassat. Moisson,
8.500 fr. (dem. 10.000).
■Vente de sièges. — Dans une vacation ano-
nyme dirigée, le même jour, par M* Baudoin et
MM. Mannheim, un petit mobilier de salon,
composé de : un canapé, deux fauteuils et quatre
chaises, en bois sculpté et redoré, d'époque
Louis XVI, signés Boulard, a été adjugé 37.000 fr.
sur la demande de 25.000. Hien d'autre à signaler
dans cette vente, qui a produit 70.000 francs.
■Vente d'une pendule. — Une enchère impor-
tante est à signaler dans une vente après décès,
faite, salle 5, le 13 mars, par M>= Trouillet, les
27.000 francs obtenus par une pendule en marbre
blanc et bronze doré et deux candélabres en
bronze doré, d'époque Louis XVI.
Vente de la collection du marquis de M...
[Marmier] (tableaux anciens). — Cette vente,
qui avait fait l'objet d'un catalogue illustré de
94
LE BULLETIN DE L'ART
quelques planches, a produit 89 018 francs,
salle 10, le 14 mars, sous la direction de M" Lair-
Dubreuil et de M. Sortais. Notons : 61. Le Nain.
Le Repas de famille, 12.900 fr. (dem. 8 000). —
64. Oudry. Panneau décoratif. 8.050 fr. (dera.
8.000).
Vente d'objets d'art, etc. — Dans une vaca-
tion anonyme, qui a réalisé 52.000 francs, salle 6,
le 16 mars, sous la direction de M» Baudoin et de
M. Pape, une tapisserie d'époque Louis XVI,
représentant un berger et une bergère dans un
paysage, a élé adjugée 18.000 francs, sur la
demande de 15.000.
Liquidation A. et J. Seligmann (2e vente).
— Elle s'est faite, à la galerie Georges Petit, les
16 et 17 mars, sous la direction de M" Lair-
Dubreuil et H. Baudoin et de MM. Mannheim
et Léman, et elle a pris flu sur un total de
1.242.395 francs; ce qui fait 3.042.965 francs
pour les deux premières ventes.
Obligés de remettre à une prochaine chronique
la liste détaillée des prix les plus importants,
citons les plus grosses enchères : celle de
112.500 fr. (sur demande de 80.000), pour un
plat ovale en émail de Limoges, par J. Courtoys,
xvi" siècle, représentant le Sacrifice d'Iphigénie;
et celle de 150.000 fr (demande 70 000), pour une
tapisserie flamande du x\i' siècle, tissée d'or, à
compositions juxtaposées, la Nativité et l'Adora-
tion des Mages.
Ventes annoncées. — A Paris. — Collec-
tion de M. G. V... (tableaux, etc.). — M=A.Des-
vouges et M. Loys Delteil procéderont, salle 7, le
23 mars, à la vente des tableaux, dessins et objets
d'art composant la Collection de M. G. V... Dans
le mince catalogue illustré de cette vacation,
nous remarquons, tout d'abord du côté des pein-
tures : uti Christ en croix, de l'école française du
xv siècle; un Portrait de jeune garçon, de la
même école, mais de la fin du xvie siècle ; un
Portrait de femme âgée, également français, du
xviii» siècle: un paysage par Demarne, te Bouquet
d'arbres au bord d'une rivi&re ; le Retour du chas-
seur, par S. Lundens ; la Source et sa famille, par
F. Lemoyne; et un Intérieur d'église parj. Nic-
kelé ; puis, parmi les dessins : la Sainte Trinité,
par F. Boucher; une Bacchanale, par Clodion ;
et l'Approche de l'orage, gouache, par L. Moreau.
Objets d'art, etc. — M» Baudoin, assisté de
MM. Mannheim, procédera, les 23 et 24 mars,
salles 5 et 6, à la vente des objets d'art et d'ameu-
blement appartenant à Af"» X... Signalons les
deux numéros reproduits au catalogue : une
tapisserie flamande du xvi« siècle, présentant
l'Enlèvement d'Hélène, et une cantonnière, com-
posée d'une bordure de tapisserie flamande du
XVII» siècle à médaillons et arabesques.
Objets d'art, etc. — Avec le concours, celte
fois, de M. E. Pape, le même commissaire-priseur
dirigera, le 25 mars, salle 10. une vacation ano-
nyme, comprenant des porcelaines et faïences
anciennes, quelques pièces d'argenterie Vieux
Paris, et enfin huit fauteuils eu bois sculpté du
temps de Louis XV, recouverts en tapisserie du
xviii" siècle à dessins d'ornements dans le goût
de Salembier (catalogue illustré).
Miniatures. — Le même jour, salle 11 , M« Lair-
Dubreuil et MM. Mannheim procéderont à la
vente de plus d'une centaine de miniatures,
appartenant à M. X... Les meilleurs noms des
écoles française et anglaise du xviii" siècle sont
représentés dans cette collection, qui a fait
l'objet d'un catalogue illustré.
Collection du comte de F... (tableaux,
objets d'art). — Dans le catalogue illustré de
cette vente, que dirigera, salles 7 et 8, le 26 mars.
M» Lair-Dubreuil, assisté de MM. Ferai et .Man-
nheim, quelques dessins anciens sont à signaler:
le Festin, par Oudry, et, du même artiste, une
suite de quatre compositions pour l'illustration
du Roman comique, de Scarron ; aussi quelques
tableaux anciens : les Deux cages, ou la plus heu-
reuse, peinture attribuée à Lavreince ; le Colom-
bier ei le Moulin, deux pendants, par Pillement;
et, enfin, deux tapisseries de la Manufacture
royale d'Aubusson, du temps de Louis XV,
d'après Boucher : la Danse chinoise et r Audience
impériale.
Succession Cb. Levesque (tableaux, objets
d'art, etc.). — Le nom que porte cette vente est
bien connu du monde' des amateurs, où l'on se
souvient que M. Levesque fut, pendant un temps,
l'heureux possesseur de ces deux toiles célèbres,
le BartoHni d'Ingres et la Danac de Greuze,
qui figurèrent à diverses expositions. Si les cir-
constances amenèrent le collectionneur parisien
à se séparer de ces deux pages, d'un format un
peu encombrant, il conserva du moins une réu-
nion de tableaux anciens et modernes, d'objets
d'art et d'ameublement qui seront dispersés,
ANCIEN ET MODERNE
9»
salle 6, les 27 et 28 mars, par ie ministère de
M' Lair-Dubreuil et de MM. H. Brame, Paulme et
Lasquin.
Dans le catalogue illustré de cette vente, on
notera tout d'abord parmi les dessins anciens :
quatre gouaches, /es Saisons, par Jacob van Bla-
Irenberghe, le premier en date et le moins connu
des trois artistes de ce nom; un dessin de l'école
française de la fin du xviii» siècle, le Portrait
d'une jeune femme; puis, parmi les peintures
anciennes : un l'ortrait de jeune homme, de l'école
hollandaise du xvii" siècle ; le l'iqueuret ses chiens,
par J. Jordaens; les Plaisirs du camp, par Pater et
d'après le même artiste, une répétition ancienne
de la composition gravée par Voyez sous le titre :
Essay de bain ; le Portrait de Philibert Orry,
par H. Rigaud, gravé par Lépicié; le Contrat de
mariage, par J. Steen, répétition, avec variantes
et dans de plus petites dimensions, du tableau
I célèbre de Brunswick; enfin, parmi les tableaux
modernes, la Fontaine Jacob, Alise-Sainte-Reine,
j>ar Corot; le Braconnier, par G. Courbet; Hélio-
iore chassé du temple et la Lutte de Jacob avec l'ange,
les deux esquisses des fresques célèbres de Saint-
..Sulpice, par Ingres; la Meuse aux environs de
^ordrecht, par Jongkind; une Vue de Rouen, par
Lépine; une Troupe de mousquetaires, par Meis-
sonier; Saint Sébastien, par G. Moreau; tes Ruines
du château de Mallièvre, par Th. Uousseau;
^^^V Abandonnée et Bacchus et Erigone, par Tas-
^^baert; un Paysage de Hollande, par Troyon, et
^^^Be Jardin français à Venise, par Ziem.
I^f Du côté des objets d'art et d'ameublement,
nous ne trouvons à signaler qu'un grand écran
en ancienne tapisserie, genre Gobelins, repré-
sentant Amphilrite.
Les Ventes prochaines. — A Paris. — Il
convient d'ajouter aux listes que nous en avons
déjà données, la vente de la Collection du baron
Michel de Gunzburg, composée de tableaux, objets
d'art et d'ameublemet du xviii» siècle, que M» Bau-
doin dirigera les 4 et 5 mai, et la vente de la
Collection de M'^e Charles André, dessins anciens,
bois sculptés des xv« et xvi» siècles et tapisseries
gothiques, qui aura lieu les 18 et 19 mai.
M. N.
ESTAMPES
A Paris. -— Ventes annoncées. — Estampes
du XVIII» siècle. — Le 28 mars. M" A. Des-
vouges et M. L. Delteil disperseront une réunion
d'estampes du xviii« siècle, comptant 220 nu-
méros.
Au catalogue illustré, on remarque : Lavinia,
comtesse Spencer, par Ch. Turner, d'après M. A.
Shee ; la Blanchisseuse et la Fontaine, deux
planches de Cochin, d'après Chardin, avec la
première adresse; Tête de Flore (M'"« Baudouin?)
et M'^o Coypel ("?), deux planches par Bonnet,
d'après Boucher, en manière de pastel ; la Villa
Médicis, gravé en couleurs par Janinet, d'après
H. Hobert; le Bal masqué et le Festin royal, deux
pendants par Moreau le jeune; l'Escalade ou les
Adieux du matin, par Debucourt, en couleurs ;
Vénus désarmée par les amours, gravé par Demar-
teau, d'après Boucher et tirée en trois tons ; le
Jeu du pied de beuf, gravé par N. de Larmessin,
d'après Laiicret; Foire de village, J\'oce de villaç/e,
deux pendants gravés en couleurs par C. Des-
courtis, d'après Taunay; le Fawcon, gravé en cou-
leurs par Bonnet, d'après Huet ; le Lever, gravé
en couleurs par Regnault ; et, parmi plusieurs
gravures d'après Watteau, le Mezzetin, gravé par
Audran.
II. G.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
XXX" Salon de la Société des Artistes
indépendants (au Ghamp-de-.Mars, devant l'École
militaire). — Pendant que la théorie, mise en
goût par le succès des conférences, s'amuse à
comparer, dans l'atelier d'un peintre érudit, la
Vénus du Titien, l'Odalisque d'Ingres et VOlympia
de Manet, la pratique de l'art s'exaspère sans
tr(''ve, et la joie de peindre ou de modeler vient
encore d'enfanter 3.626 ouvrages catalogués par
le trentième Salon de l'indépendance. Aussi bien,
la surenchère en faveur dans les ventes ne paraît
pas étrangère à cette surproduction pénible, et
les 11.500 francs obtenus hier par les Arlequins
de l'intransigeant Picasso semblent autoriser la
contagion de l'outrance. Ici, rien de changé dans
ce vaste désert d'oeuvres, aujourd'hui voisin des
« mansardes philosophiques » de l'École militaire,
que M. de Chateaubriand trouvait bien prosaïques
et bien basses en regard du «pinacle religieux »
des Invalides : l'extrême banalité toujours,*mêlée
à l'extrême extravagance; toujours de pseudo-
Cézannes ou de faux Grecos, sans parler des ves-
tiges morts-nés de l'orphisme, du cubisme ou du
dô
LE BULLETIN DE L'ART
synchromismequi, dans une symphonie d'orange
ou de pourpre, conçoit la Création de Vhomme
0 comme le résultat d'une force génératrice natu-
relle » et la fait ressembler seulement à l'en-
seigne géométrique et versicolore d'un marchand
de couleurs...
Passons, car on peut trouver mieux, en chemi-
nant péniblement sur la terre glacée de ces bara-
quements : la peinture décorative, ou plutôt la
grande peinture (qui ne se mesure jamais aux
dimensions d'un cadre) n'en est pas absente ; elle
se réclame ici de M.M. Claudius Dalbaniie et Gus-
tave Florot. Le jour où nous avons déchiffré sur
une toile sans numéro le nom trop obscur de
M. Florot, notre regard devinait dans ce jeune
peintre, ami de Florence et desiîeuces du Poussin,
l'un des rénovateurs possibles de l'éternelle tra-
dition : cette année, la ronde poétiquement
nuancée, qu'il intitule les Grâces dansent, vient
heureusement confirmer notre espoir et nos pré-
visions, dans une tonalité fanée de topaze et
d'améliiyste, de rubis et d'émeraude, qui fait
songer à quelque ancien fragment de fresque ou
de tapisserie. Plus austère, avec un évident souve-
nir de la Sixtine, le Songe de l'homme, imaginé
par M. Dalbanne, est l'invention d'un pur idéa-
liste lyonnais qui doit se plaire au « parfum
dantesque » de Louis Janmot, l'élève d'Ingres et
le préraphaélite français.
Ces deux ouvrages et ces deux peintres ne sont
pas les seuls à représenter dans ces parages loin-
tains l'exil de la Beauté; car les Fiançailles,
nouvel et séduisant carton de tapisserie de l'au-
teur des Syracusaines de 1913, M. Dusouchet,
voisinent dans une parenté de style volontaire et
quelque peu rude avec VÈve décorative de
M. Michel Silvany.
Ce n'est pas tout : tâchons d'oublier les accès
trop répétés du delirium tremens qu'une avant-
garde retardataire osa prendre pour du génie, et
saluons au passage la bonne peinture, quand elle
se présente à nos yeux sous les aspects d'un
mystérieux effet de neige ouaté par MM. Hazledine
ou Gabriel Belot, d'un site italien coloré par
M. Lucien Mainssieux ou par M""" Suzanne Pichon,
d'une étude largement caractérisée par le pein-
tre-écrivain Tristan Klingsor, d'un crépuscule
sous les cyprès stylisés par M. Auguste Fabre,
d'un nocturne de M. Louis Massin, d'un petit nu
lumineux de M"» Olga Bing, d'un paysage de
MM. Wittmann, Arnavielle ou Pâtisson, d'une
nature morte de M. Rougeot, d'une pochade même
de M. Georges Bouche, de M""» Jeanne Peinte ou
de M. Georges Fournier. N'allons pas oublier une
fraîche décoration de M"»» Marval, les décors de
théâtre de M. Ciolkowski, des marines de MM. Bel-
lan-Gilbert et Ladureau, des dessins de .M. Rou-
quayrol et de M"' Marie Baudet, des bois de
M. Lespinasse, une des plus suaves lithographies
en couleurs de M. Emile Roustan.
La sculpture, qui s'inspire trop fréquemment
des aberrations préméditées du peintre-statuaire
Henri Matisse, prend, ici même, sa revanche avec
le petit bronze classique oîi M. Georges Caron
symbolise le Temps; avec le grand plAtre, énergi-
quement réaliste, que M. Jacopin, déjà couturaier
du fait, appelle l'Expiation : le visage du con-
damné s'éclaire étrangement comme le masque
d'un Pierrot blême, et cette figure convulsée dans
ses liens semble évadée d'une pantomime pathé-
tique... Le buste en bronze du poète Emile Verhae-
ren, par M. Marins Cladel, le fils du grand écri-
vain méridional, ajoute l'âm* à la ressemblance;
et les Chats au repos de M. Edwin Rucher ne
dépareraient aucun Salon des Animaliers.
Claude Monet (galeries Durand-Ruel). —
Rien de plus instructif que ces fragments d'expo-
sition rétrospective, — disjecti membra poetx, —
rapprochant quelques échantillons des fériés
les plus fameuses d'un « sténographe d'atmos-
phères » qui paraît toujours faire des éludes
pour des tableaux jamais exécutés... Des toiles,
datées de 1873, ont déjà pris un vernis de musée ;
dorés par vingt-trois ans de patine, depuis 1891,
les Peupliers au bord de l'Epte, au soleil couchant,
nous rappellent le classique effroi d'un vieil
élève d'Ingres, quand notre jeunesse osait
admettre leur « impressionnisme » dans l'évolu-
tion du paysage (1) ; et de 1886 à 1908, des Fa-
daises de Pourville aux Palais de Venise, en passant
par tel spécimen des Meules, des Cathédrales, de
la Tamise ou des Nymphéas, chacune de ces
variations de l'heure ou ilu « point de vue » sur
un thème unique semble extraite du diction-
naire des nuances fugitives ou du catalogue des
effets lumineux.
Raymond Bouyer.
(1). V. le Paysage dans l'Art (Paris, l'Arlisle, 1893).
Le Gérant : H. Denis.
Paris. — Imp. Georges Petit, li, rue Godot-de-Msuroi.
Il
'7
Numéro 6lâ.
Samedi 28 Mars I9l4.
LE BULLETIN DE L'ART
I
ANCIEN ET MODERNE
A propos
d'une donation nouvelle
Le dernier numéro du Bulletin annonçait
brièvement la donation faite au Louvre, par
M"» la marquise Arconati-Visconti, de la totalité
de ses collections.
Ce n'est pas d'aujourd'hui que la donatrice
s'intéresse à nos grands établissements scienti-
fiques et artistiques : ses fondations à l'École des
Chartes, pour ne citer que celles-là, lui ont valu
depuis longtemps la reconnaissance des érudits,
et tout récemment encore, le don du Portrait du
général Milhaud, par David, venait enrichir le
Louvre d'une peinture précieuse pour l'art et
pour l'histoire (1).
Mais qu'est cela auprès de la réunion d'œuvres
rares et choisies dont M°" la marquise Arconati-
Visconti va se dessaisir en faveur de nos galeries
nationales? Les amateurs connaissent déjà, de
réputation tout au moins, les pièces principales
ui composent cette collection oii, parmi des
sculptures décoratives lombardes, des meubles
italiens, des céramiques de Faenza, des tableaux
de Ghirlandajo, de Luini, de Mainardi, resplendit
un tondo célèbre de Desiderio da Settignano,
l'Enfant Jésus accompagné du petit saint Jean,
accompagné des deux statuettes de petits pages
qui ornaient le mausolée du général Emo, dans
une église vénitienne. Parallèlement, se déploie
la richesse deséries françaises analogues: émaux,
ivoires, sculptures et meubles de la Renaissance,
en particulier la fameuse armoire de Hugues
Sambin, si admirée à l'Exposition rétrospective
de 1900; et pour finir, la seule pièce qui ne soit
pas de la Renaissance, un portrait de fillette au
pastel, par La Tour.
Loué soit donc le généreux abandon à tous de
ces chefs-d'œuvre jusqu'ici réservés à l'admi-
ration de quelques privilégiés !
(1) Sur ce portrait, voir l'article de M. Jean Guiffrev,
dans la Revue, t. XXXIV, p. 41.
Et pourtant, notre joie n'est pas sans mélange.
Bien que les conditions de la donation n'aient
pas été précisées, nous croyons savoir que la
collection de M"» la marquise Arconati-Visconti
devra être exposée dans une salle, ou une suite
de salles spécialement aménagées à cet effet. Il
nous sera permis de regretter une disposition,
qui n'est pas nouvelle sans doute, mais qui tend
à se généraliser chez les amateurs soucieux
d'assurer à leurs collections la perpétuité et la
consécration des musées nationaux.
Au temps jadis, quand Sauvageot ou Davillier
offraient des œuvres d'art au Louvre, ils travail-
laient modestement à l'enrichissement du musée,
et La Gaze lui-même, quand il fi t l'admirable dona-
tion que l'on sait, laissa les conservateurs libres
non seulement de choisir, parmi sa collection,
les pièces qui leur conviendraient, mais même
de les répartir entre les diverses salles, s'ils le
jugeaient opportun.
Depuis lors, combien de dons inestimables
sont venus enrichir et bouleverser à la fois le
Musée du Louvre ! Et de combien de « petites
chapelles», de petits «musées dans le musée «,
sera constituée un jour notre galerie, si les dona-
teurs continuent d'imposer ainsi, sans les tem-
péraments apportés en pareil cas par le comte
de Camondo (1), une disposition aussi préjudi-
ciable à la logique et aux fins d'un musée !
E. D.
tCHOii £
KJ
VLLLti
Académie des beaux-arts (séance du 21 mars).
— L'Académie rend son jugement sur le concours
Achille Leclère, dont le sujet était : « le Pavillon de
(1) La collection du comte Isaac de Camondo, qui
sera inaugurée prochainement, a été donnée au
Louvre à condition qu'elle resterait exposée pendant
cinquante ans dans son entier; après quoi, toutes les
pièces qui la composent seront fondues dans lis
autres séries du musée, auxquelles elles appartien-
nent.
LE BULLETIN DE L'AftT
la Ville de Paris à l'exposition de Lyon »; le prix de
1913 restant à attribuer, deux prix de 1.000 franc»
sont décernés {ex aequo) à MM. André Bernard, élève
de M. Bernicr, et Marcel Périn, élève de M. Laloux.
En outre, M. Texereau, élève de M. Laloux, obtient
une mention honorable.
— La section de gravure de l'Académie des beaux-
arts et les jurés adjoints ont statué sur le concours
des grands prix de Rome de gravure en médailles. Ce
concours ne se renouvelle que tous les deux ans. Le
jury a admis aux épreuves définitives les logistes
suivants, par ordre de mérite :
MM. A. Lavrillier (élève de MM. Vernon et Patey),
G. Lavrillier (Vernon et Patey), J. Martin (Patey et
Coutan), Jouret (Coutan et Eustache), Bargas (Vernon
et Patey), et Turin (Vernon et Patey).
— Par décret en date du 9 mars, le secrétaire per-
pétuel de l'Académie des Beaux-Arts est autorisé, au
nom de cette Académie, à accepter, sous bénéfice
d'inventaire, le legs universel qui lui a été fait par
M"' Besche (Eugénie-Arsène), veuve de M. Cellier, « à
charge, après placement en obligations de chemins de
fer, des fonds provenant de la liquidation, de dési-
gner une veuve d'artiste peintre de mérite se trouvant
dans le besoin et dont l'honorabilité sera constatée,
pour toucher jusqu'à son décès, depuis le décès de la
testatrice, les intérêts de ces obligations, et, au décès
de cette première veuve, d'en indiquer une autre dans
les conditions ci-dessus pour toucher, sa vie durant,
les intérêts des mêmes obligations, et ainsi à perpé-
tuité ».
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 20 mars). — M. Loth, professeur au Collège
de France, donne lecture d'une élude intitulée : « Le
dieu Lug, les Lugoves et les vestiges des cultes
chtoniens ».
— M. Charles Samaran, archiviste aux Archives
nationales, étudie une peinture sur bois du musée de
Versailles, où un grand nombre d'historiens de Jeanne
d'Arc, depuis Jules Quicherat, jusqu'à M. Anatole
France, ont pensé qu'on pouvait voir la Vierge entre
saint Michel et Jeanne d'Arc. M. Samaran montre que
l'inscription mutilée qui se trouve sur le socle du
rônedela Vierge, où on lisait les mots Jehanne d'Arc,
n'est en réalité, ni en français, ni en latin, mais en
provençal, qu'elle contient un simple appel à la
miséricorde et à la pitié de la Vierge Marie, et qu'il
n'y est en aucune manière question de la Pucelle. Il
estime aussi que le bouclier et l'étendard du saint
placé à la gauche de la Vierge ne portent pas, comme
on l'a cru, les armes et les insignes de Jeanne d'Arc,
et que ce personnage n'est autre qu'un saint militairei
saint Georges, selon toute vraisemblance.
— M. le comte Paul Durrieu ajoute de piquantes
indications sur l'imagination du collectionneur qui a
vendu le tableau en question aux Musées nationaux.
Société nationale des antiquaires de France.
(séance du 18 mars). — M. Koy, continue la lec-
ture de son mémoire sur les travaux exécutés au
ch&teau de Fontainebleau sous la direction de Philibert
Delorme. 11 décrit le nouveau logis d'Henri II et
montre, avec documents à l'appui, que la chapelle de
la Trinité ne remonte pas au règne de François I",
mais qu'elle a été construite par Philibert Delorme
sur les fondations de l'ancienne église des Mathurins.
— M. R. Fage, étudiant la signification du mot
« capmanse » d'après les cartulaires du Bas-Limousin
du x° siècle, en arrive à la conclusion, que ce terme,
à partir de cette époque, ne désigne plus un chef-lieu
d'exploitation, mais une simple tenure qui ne dill'ère
plus du manse ordinaire.
— M. d'Allemagne communique une bague trouvée
récemment à Cherchell et portant l'inscription : Cres-
cens. Au-dessous, est représenté un cœur percé d'une
flèche.
— M. Formigé communique trois inscriptions funé-
raires qu'il a découvertes à Die (Drôme), et une
marque de pottier gallo-romain portée par une brique
qu'il a mise au jour au même lieu.
Conseil supérieur de l'ensei|;nement des
beaux-arts. — Par arrêté du ministre de l'Instruc-
tion publique, en date du il mars, M. Girault, archi-
tecte, membre de l'Institut, inspecteur général des
bâtiments civils, est nommé membre du conseil
supérieur de l'enseignement des beaux-arts, en rem-
placement de M. Vaudremer, décédé.
Musée du Louvre. — La France, qui ne possédait
qu'un nombre fort restreint de dessins de Claude Lor-
rain, s'est enrichie, tout récemment, d'une notable
série de magnifiques dessins de ce maître, — exac-
tement trente-huit.
L'an dernier, lors de la dispersion des collections du
grand amateur anglais, M. J. P. Ueacitine, M. Paul
Leprieur, conservateur du département des peintures
et dessins, entreprit des négociations en vue d'assurer
au Louvre cette suite précieuse à tous égards, et,
grâce au concours de la Société des Amis du Louvre
et à l'appui de celui qu'on trouve toujours prêt à
contribuer généreusement à l'enrichissement des
collections nationales, — M. Maurice Kenaille —, il
fut assez heureux pour retenir les dessins convoités.
L'all'aire est aujourd'hui conclue; mais le public
devra attendre quelque temps encore avant d'être
convié à admirer ces dessins, qui viendront sjajouter
aux quelques pièces dessinées de Claude que possédait
déjà le Louvre. C'est seulement, en eiTet, après qu'une
publication de ces dessins aura été préparée et que les
reproductions auront été faites, qu'ils seront remis au
musée et montés pour leur exposition temporaire.
\jne Protestation des artistes. — La Société
nationale des beaux-arts et la Société des artistes
français ont adressé au sous-secrétaire d'État des
Beaux-Arts une protestation contre le projet, récem-
ment émis, d'une exposition internationale quater-
nale ou quinquennale, estimant la réalisation do ce
I
ANCIEN ET MODERNE
99
g
i
projet préjudiciable aux intérêts des grands groupe-
ments d'artistes.
Prix national et bourses de voyage. — Les
artistes qui ont l'intention de solliciter, soit le Prix
National, soit une bourse de voyage ou un encou-
ragement spécial, sont informés qu'ils devront se pré-
senter, munis de pièces justificatives d'identité
xtrait d'acte de naissance, carte d'électeur, etc., éta-
lissant qu'ils sont Français et n'ont pas atteint l'âge
le trente-deux ans au i" janvier 1914), au sous-
•ecrétariat d'État des beaux-arts, bureau des travaux
'art, musées et expositions, avant le 8 mai 1914.
Passé ce délai, aucune inscription ne sera plus
idmise.
Les demandes seront reçues tous les jours, de dix
leures à cinq heures, et consignées sur un registre
lar les artistes eux-mêmes.
Cette formalité n'est applicable qu'aux candidats
habitant Paris et la banlieue Seuls, les artistes rési-
dant en province conservent le droit d'adresser leur
eoiande d'inscription par correspondance.
La même date (8 mai 1914) reste fixée comme dernier
élai pour la réception des demandes d'achat par l'Étnt
d'oeuvres exposées aux Salons. Ces demandes pour-
ront être faites par lettre.
Bourse de voyage au Maroc. — Le gouverneur
général du Maroc vient de créer une bourse de voyage
destinée aux peintres ou sculpteurs orientalistes qui
désireraient aller passer quelques mois d'études au
Maroc. En cela, le général Lyautey a suivi l'exemple
des gouverneurs de l'Indo-Chine, de l'Afrique occi-
lentale, de Madagascar, de la Réunion et du gouver-
eur de l'Afrique équatoriale, qui ont créé des fon-
ations semblables au profit de la Société coloniale
des artistes français. C'est à M. Louis Dumoulin, pré-
sident de cette Société, que le général Lyautey s'est
adressé, à l'elfet d'instituer la bourse de voyage au
Maroc, qui sera attribuée dès le mois de mai, après
is deux Salons prochains.
A Arles. — Le Bulletin publiait naguère (n* 581),
sous le titre : Une Ville d'art déchue, un petit article
résumant quelques-unes des tristesses qui accom-
agnent le visiteur au cours d'une promenade à travers
les monuments d'Arles.
L'aU'aire des Alyscamps a fait assez de bruit l'an
dernier. Mais les Alyscamps mis à part, que de monu-
ments, témoins de la splendeur de la cité de Cons-
tantin, sont dans une lamentable situation. Voici les
nouvelles que publiait la semaine dernière, le Journal
des Débats :
« Le grandiose et magnifique vaisseau architectural
de l'église des Dominicains ou des Prêcheurs, de style
gothiques et qui a de belles ogives, est dans un com-
plet état d'abandon. La nef principale sert de dépôt
de fumiers.
(I Le Grand Prieuré, qui date de la Renaissance et
qui est superbe avec ses fenêtres à meneaux, ses
gargouilles à têtes de chimères et de gorgones, ses
poivrières d'angle, est chaque jour mutilé, sauf l'aile
occupée par le musée ; on y a installé le .\lont-de-Piété,
et il y a deux ans, on y a coupé une cheminée monu-
mentale; déjà, en 1904, une autre cheminée Renais-
sance avait été détruite.
n Cet édifice qui abrita les Templiers et les chevaliers
de Malle, n'est pas même classé.
« D'autre part, l'église Saint-Biaise, qui pourtant
est classée, est abandonnée aux pompes funèbres Cette
égli.se, de style roman, et dont Mistral parle dans son
poème Nerto, contientla fameuse épitaphe d'Eudiarde
qui se trouve ainsi à la disposition du premier vandale
venu.
« Enfin, la charmante église de Saint-Jean-de-
Moustiers, romane elle aussi, et datant du xii' siècle,
aurait pu être acheté pour quelques milliers de francs •
on ne l'a pas fait et les dégradations continuent. »
A Bayonne. — Une intéressante initiative vient
de se produire à Bayonne, dont la municipalité a
chargé la Société des Amis des arts de Bayonne-
Biarritz d'organiser, pour les mois d'aoùt-septembre,
une importante exposition franco-espagnole. M. Léon
Bonnat en a accepté la présidence d'honneur. De
nombreux artistes français ont déjà promis d'exposer,
et notamment, parmi les sculpteurs, MM. Rodin,
Bouchard, Bourdelle, Jean Baffier, Cariés, Landowski,
Froment-Meurice, Quillivic, etc.; et parmi les peintres,
MM. Léon Bonnat, Albert Besnard, Roll, Jean-i'aul
Laurens, Henri Martin, Aman Jean, Cottet, Simon,
Laparra, Désiré-Lucas, etc. Les meilleurs parmi les
artistes espagnols ont également promis leur concours.
M. Foitzer, secrétaire général de la Société des Amis
des arts, rue Jacques Laffitte, à Bayonne, se fera un
devoir de fournir les renseignements utiles.
A Florence. — On annonce de Florence que le
tribunal a chargé le professeur Amalfi, directeur de
la maison d'aliénés de San Salvi, de procéder à l'exa-
men mental de Perrugia, l'auteur du vol de la Joconde,
En conséquence, le procès a été ajourné.
A Constantinople. — Les travaux entrepris pour
transformer en jardin public l'espace dit Pointe du
Sérail (Sera'i-Bournou) à Stamboul, ont fait découvrir
les restes d'une très vaste église, en contre-bas de l'en-
trée du Vieux Sérail qui fait face au Bosphore, au-
dessous du Pavillon dit Kiosque de Bagdad, non loin
de la colonne de Théodose ou de Claude le Gothique.
L'église découverte, et dont une quinzaine de colonnes
sont encore debout en place, serait peut-être celle de
Saint-Démétrios, mentionnée déjà à cet endroit, par
la topographie du patriarche Constantios 1"(1840-1 834).
Dans le 4' fascicule du Jahrb. d. K. d. arc/i. Insti-
tuts, xxvni (1913), p 370-396, K. Wulzinger, consacre
un article aux substructions byzantines récemment
découvertes à Constantinople : ces constructions sont
des citernes souterraines, actuellement recouvertes
par des mosquées ou des casernes. — Ch. P.
I
100
LE BULLETIN DE L'ART
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITE
A Paris. — Liquidation Seligmann (2° vente:
objets d'art, etc.). — Nous avons déjà indiqué ie
produit total et les plus grosses enchères de cette
seconde vente Seligmann. La liste que nous don-
nons ci-dessous des autres adjudications dignes
de remarque, nous dispensera d'un plus long
commentaire.
PRINCIPAUX PRIX
Faïences anciennes. — 4. Plat de Damas, œillets et
pivoines, etc., 9.200 fr. (dem. 8.000; l'ract.). — 5.
Faenza. Plat présentant deux forgerons, 4.600 fr.
(dem. 5 000). — 10. Deux aiguières décorées bustes de
personnages, 6. 250 fr. (dem. 8.000; fêl., rest.). — 13.
Derula. Plat creux, décor bleu et reflets, au fond :
femme, etc., inscriptions, 6.500 fr. (dem. 8.000). —
21. Caslel-Duranle. Grand plat, reflets métalliques, au
fond : amour tenant un arc, 8.000 fr. (rest., dem. 4.000).
— 2.Ï. Urbino. Vasque trilobée, person. occupés à la
pêche, 7.600 fr. (dem. 5.000; rest.). — 26. Grande
vasque trilobée, le Jugement de Paris, etc., 10.000 fr.
(dem. 5.000 ; rest.). — 30. Coupe à reflets, personnages
assistant au supplice d'une femme, 7.150 fr. (dem.
10 000; rest). — 33. Grande amphore terre vernissée
allem., atelier de llirschvogel, groupes allégoriques
sous des arcades, 9.100 fr. (dem. 4.000; ace).
Terres émaillées des Rodbia. — 35. Haut-relief, la
Vierge assise tenant l'Enfant Jésus, niche ornée de
têtes de chérubins, 5.100 fr. (dem. 5.000). — 36. Grand
médaillon, xvi' s. Buste d'empereur romain, 10.100 fr.
(dem. 3.000; rest.). — 37. Grand haut-relief, le Christ
au mont des Oliviers, 28.500 fr. (dem. 15.000; rest.).
Ivoires. — 40. Plaque de cuivre, le Christ en croix,
la Vierge et saint Jean, ép. romane, 8 300 fr. (dem.
6.000).
É.MAUX CHAMPLEVÉs DU XIII* SIÈCLE. — Limoges. 32.
Châsse présentant le Martyre de Thomas Becket et le
Christ de pitié, 8.550 fr. — 60. Châsse forme maison,
ornée d'angelots à mi-corps, 9.500 fr. (dem 10.000;
crête moderne).
Émaux peints de Limoges — 61. Plat ovale en coul.
avec rehauts dorure et paillons, par Jean Courtoys,
présentant le Sacrifice d'Iphigénie, d'après Polydore
de Caravage, 112.500 fr. (dem. 80.000). — 62. Plaque,
atelier de Nardon Pénicaud, l'Adoration des Rois
Mages, 6.600 fr. — 63. Deux plaques en grisaille,
atelier des Pénicaud, combat de cavaliers, 9.000 fr.
(dem. 3.000). — 68. Plaque en coul., atelier de Léonard
Limosin, le Jugement de l'dris, 5.600 fr. — 71. Six
assiettes en grisaille par Pierre Reymond, allégories
des Mois de l'année, 6.700 fr. (dem. 6.000). — 74. Six
assiettes en grisaille, atelier de F. Courteys, suj.
allég. avec légende, 5.050 fr. (dem. 4.000).
Orfèvrerie. — 86. Calice argent doré, sur pied
décoré émaux translucides, travail italien, iiv* s.,
8.600 fr. (dem. 7 000). — 92. Nef argent gravé et doré,
montée par trois personnages, trav. de Nuremberg,
commenc. xvii* s., poinçon de Tobias Woltf, 5 400 fr.
(dem. 2.500).
Bijoux. — 101. Collier composé de onze maillons et
de trois pendeloques en or ajouré et émaillé avec
pierres de couleurs et perles, travail italien xvi* s.,
35.000 fr. (dem. 30.000). — 102. Médaillon-pendeloque,
or émaillé et pierres de couleurs. Italie, fin ivi* s.,
6.000 fr. (dem. 15.000). — 108. Statuette de paysan
debout, formée d'une perle baroque et d'or émaillé,
travail allemand ivii* s , attr. à Dinglinger, 6.100 fr.
(dem. 2.500).
Cristaux de roche. — 112. Bocal monté argent doré,
Nuremberg, poinçon de Jacob Frohlich, xvi* s.,
15.000 fr. (dem. 10.000). — 117. Coupe forme canard,
raont. or émaillé, 5.100 fr.
Objets variés. — H9. Calice cuivre doré, orné
émaux sujets saints, signé Guerbini, travail italien,
fin XIV s., 7.300 fr. (dem. 6.000). — 120. Hanap for-
mant coupe, Allemagne, xvi* s., 8.100 fr. (dem. 3.500).
— 121. Volume simulé formant boite, enrichi orne-
ments de reliure, travail italien xvi* s., 5.500 fr. (dem-
5.000). — 123. Petit cabinet architectural ébène, décoré
appliques en or ajouré et émaillé, travail italien, fin
XVI* s., 12.000 fr. (dem. 20.000; parties refaites). —
124. Horloge de table, br. cis. et doré, travail allemand,
XVI* »., 7.100 fr. (dem. 3.000). — 126. Coffret br. doré
et arg., sujet allég., Italie, ivi* s., 5.100 fr. (dem. 3.000)-
Sculptures. — 178. Statues marbre, Portraits pré-
sumés d'Antonio Cabeza de Vacael de Mariade Castro,
attr. à Pedro de Cuadra, xvii* s., 8.500 fr. (dem. 8 000).
Bronzes. — Antique. 179. Buste d'adolescent, trav.
romain, 7.000 fr. (dem. 4.000).
Italie, XVI' siècle. — 188. Petit groupe, monstre
marin supportant une statuette de Neptune, 5.020 fr.
(dem. 3.000). — 189. Satuette, Vénus nue et debout,
XVI* s., 13.500 fr. (dem. 8.000). — 191. Deux bustes,
empereur romain drapé, 16.500 fr. (dem. 15.000). —
194. Statuette, chasseur debout, travail allemand,
xvi* siècle., 13.000 fr. (dem. 20.000). — 197. Statuette,
guerrier debout et nu d'après l'antique, 5.000 fr.
(dem. 2.000).
ANCIEN ET MODERNE
(01
t
I
XVII' siècle. — Buste grandeur naturelle, le roi
Louis XIII, ép. Louis XllI, 29.500 fr. (dem. 40.000). —
205. Phénix, les ailes éployées, 5.000 Ir. (dem. 3.000).
Meubles. — 213. Meuble à deux corps, bois sculpté,
fin xvr s., 8.200 fr. (dem. 8,000),
Tapissekies. — 216. Tapiss. flam., fin xV s.,compos.
à personnages richement vêtus, 31.200 fr. (dem.
40.000; rest.). — 217. Tapiss. flam., fin du xV s., pré-
sentant quatre compositions à personnages, tirées
'un roman, 80.000 fr. (dem. 80 000). — 218. Tapiss.
flam., comm' XVI' s., tissée d'or, la Nativité et l'Ado-
ration des Mages, bordures, 150.000 fr. (dem. 70.000;
graves restaurations). — 220. Tapiss. flam., xvi- s.,
personnage essayant son armure, etc., 15.100 fr.
(dem. 15.000). — 221. Tapiss. flam., xvi* s., sujet de
chasse, etc., large bord., 11.800 fr. (dem. 10.0001. —
222-223. Tapiss., trav. franc., xvi' s., allégorie du
mois de Février. Autre analogue, mois de Juillet,
66.000 (dem. 30.000). — 224. Tapiss. flam., comm' du
XVI' s., deux compos. à personnages, juxtaposées,
33.700 fr. (dem. 40.000). — 22."). Tapiss. flam., xvii' s.,
le Jugement de Satomon, large bord., 15.100 fr. (dem.
12.000).
Tapis.— 226. Tapis d'ancien trav. polonais, 14.350 fr.
;dem. 10.000).
Le total des deux premières ventes Seligmann
s'élève à .3.042.955 francs. — Une troisième aura
lieu à l'Hôtel Drouot, le 6 mai.
Vente de tapisseries, etc. — Parmi les résul-
tats d'une vacation anonyme, dirigée le 18 mars,
«aile 6, par M» Lair-Dubreuil et MM. Paulme et
Lasquin, il y a lieu de relever le prix de 6.030 fr.,
sur la demande de 6.000, pour un écran en
tapisserie du temps de la Régence, présentant
deux jeunes filles dans un paysage, et celui de
P8.000 francs, sur la demande de 2.500, pour une
I
I
tapisserie flamande du début du xviii» siècle, à
médaillon sur fond noir chargé de fleurs.
Produit total de la vente : 57.745 francs.
"Ventes annoncées. - A Paris. — Tableaux
objets d'art, etc. — M" Lair-Dubreuil, assisté
de M. Georges Petit et de M.M. Paulme et Las-
quin et H. Léman, dirigera, salle 6,1e 31 mars,
une vacation composée de numéros appartenant
aux genres les plus divers et provenant de divers
amateurs.
Les tableaux et dessins, tant anciens que mo-
dernes, occupent la bonne part du catalogue de
cette vente. Nous remarquons tout d'abord,
parmi les peintures modernes : le Chemin, par
Corot ; la Mare dans la vallée, par Diaz ; le Crépus-
cule, par Gustave Doré ; le Marchand de chevaux
et la Fantasia, par Fromentin. Puis, parmi les
dessins modernes : Saint Symphorien, par Ingres.
Passant aux dessins anciens, quelques feuilles
sollicitent notre attention : le Savetier et une
Fontaine dans le parc d'une villa italienne, par
H. Fragonard ; le Portrait d'une jeune femme ei
le Portrait de l'un des fils Adelon, pastels par Hoin,
et du même, les portraits de l'artiste par lui-
même, ceux de son frère et de sa belle-sœur,
et encore un portrait d'homme, dessinés au
crayon. Quelques tableaux anciens sont aussi à
citer : les Enfants au perroquet et les Enfants aux
colombes, deux pendants, par Ch. Goypel ; une
Marine, parJ. Van Goyen ; le Portrait de M. de
Laforcade, par M. de Largillière ; le Port, par
J. B. Weenix.
Du côté des objets d'ameublement, il faut
mettre à part le salon, composé d'un canapé
et de huit fauteuils, du temps de Louis XV,
couverts d'ancienne tapisserie à fleurs sur fond
jaune; puis, une table-étagère en bronze vert
d'époque Louis XVI, n» 313 de la vente Doucet ;
une petite console d'entre-deux, de la fin du
xviM° siècle ou du commencement du xix", en
rtiarqueterie de bois de citronier, avec plaques
de porcelaine décorée en camaïeu dans le goût
de Sauvage ; une tapisserie de Bruxelles du
xvi« siècle, à composition de l'histoire ancienne,
à grands personnages ; une tapisserie du temps
de la Régence, présentantDiane dans un paysage,
et entourée d'une belle bordure ; enfin, un tapis
d'ancien travail oriental à rosace, médaillons
et animaux.
Tableaux, dessins. — Un mince catalogue,
enrichi de quelques illustrations, nous apporte
l'annonce de la vacation anonyme que dirige-
ront, salle 10, le 1" avril, M« Gh. Dubourg et
M. E. Martini. Dans cette réunion de tableaux et
dessins anciens et modernes, nous remarquons:
la Flotte des Croisés, par i. Bennetter; le Portrait
de Louis Blanc, par H. Daumier ; les Bûcherons,
toile attribuée à N. Diaz ; le Dessinateur aux
champs, par Ten Cate ; Vaches au pâturage, par
W. Maris ; la Batteuse et la Rue Lepic, par Piette ;
le Troupeau surpris par la neige, par Schenck ;
le Gourbi, par Veyrassat ; la Moisson, par Webb ;
le Passage du ruisseau, par Berghem ; l'Entrée
triomphale de Napoléon I^r à Amsterdam, par
Brée ; un Portrait de jeune femme, de l'école de
1... David ; un Portrait de jeune femme, pastel de
i'école française du xviii" siècle, et une Jeune
Femme viHue de rouge, par Girodet-Trioson.
Tableaux, dessins. — Une autre vacation
anonyme du même genre et qui a fait, elle aUssi,
102
LE BULLETIN DE L'ART
l'objet d'un petit catalogue illustré, sera dirigée
salle 7, le i" avril, par M" A. Desvouges, assisté
de M. Loys Delteil. Parmi les peintures et des-
sins la composant, notons : un dessin de Corot,
Portrait du grand-père Roussieau, et une peiïiture,
le Village, attribuée au mt'me artiste ; un Portrait
de femme, par Danioux ; un Portrait de jeune
homme, par A. Devéria ; la Bergère et le Berger,
par J.-B. Huet; V Impératrice M arie- Louise, tninisi-'
ture, par Isabey ; les Deux Barques et les Chau-
mières, la Rivière, le Retour du voyageur et la
Ferme, par E. Moreau l'aîné ; un Portrait d'homme,
par Moreau le jeune ; la Forge, par Pillement ;
le Commissionnaire, par Portail ; les Cinq Cochons,
par P. Potter ; le Cruel rit des pleurs qu'il fait
verser, par P. -P. Prudhon ; Saint Martin, par
Rembrandt; le Temple antique, par II. Robert ;
Prométhée, par P. -P. Rubens, et Jeune Homme
assis, par A. Watteau.
A Berlin. — Tableaux anciens. — Nous
recevons le catalogue illustré d'une vente qui
aura lieu chez R. Lepké, à Berlin, le 31 mars.
Composée de tableaux anciens, provenant en
partie de la Collection de Sir Charles Robinson, de
Londres, et pour le reste de divers amateurs;
elle comprend des spécimens de diverses écoles
et époques du xiv» au xviii» siècle, portant
notamment les noms de Juan de Burgos, Ercole
Grandi, Francesco Francia, Titien, J. J. de Espi-
nosa, D. van Alsloot, J. Siberecbts, F. Le Moyne,
Canaletto, Pablo Aregio, Diego Correa, Rem-
brandt, Velazquez, B. Fabritius, A. Mor, le Péru-
gin, Teniers, Everdingen, etc., et même de
Michel-Ange, ce dernier représenté par une
feuille de dessins d'ornements.
A Londres. — Tableaux anciens. — Le
3 avril, chez Christie, aura lieu une vacation
composée de tableaux anciens provenant des
collections du Comte d'Ellenhorough, de M. A.
Mailland Wilson et de divers autres amateurs.
Un catalogue illustré a été dressé à l'occasion de
cette séance ; nous y remarquons : le Quai, par
S. van Ruysdael ; l'Adoration des Mages, par J.
Bosch ; la Mort d'un saint, panneau de l'école de
Simon Marmion ; le Portrait d'un seigneur et le
Portrait d'une dame, par le Maître de la Mort de
Marie ; et une Vierge sur le trône avec l'Enfant,
de l'école de Memling.
A Bruxelles. — Tableaux, etc. — Nous
recevons le catalogue illustré d'une vente de
tableaux, objets d'art et d'ameublement, appar-
tenant à un amateur et à M. Jules de Pauw, vente
qui aura lieu Galerie Le Roy, à Bruxelles, les
3 et 4 avril. Notons parmi les tableaux : le Retour
de la pêche, par J. Aigelyn ; l'Hiver, par J. Beer-
straaten ; le Cortège nuptial, par P. Breughel le
jeune ; une Jeune Marchande de fruits, par .1.
Northcote ; un Portrait de gentilhomme, attribué
à F. Pourbus; un Paysage boisé, par Isaac Ruys-
dael ; un Paysage, par T. van Bergen ; une Marine
par un gros temps, par J. van der Croos ; le Cou-
cher du soleil, par A. van der Neer ; et, parmi les
objets d'ameublement, une tapisserie flamande
du xviie siècle, à personnages dans un paysage.
M. x\.
MONNAIES ET MÉDAILLES
Ventes annoncées. — A Paris. — Collec-
tion de Traynel (monnaies romaines, objets
d'art). — M« A. Desvouges et M. M. Feuardcnl et
H. Léman procéderont, salle '.), du 2 au 4 avril,
à la vente des monnaies romaines et des objets
d'art du xvu« siècle, composant la Collection du
Marquis de Traynel. Pour la partie numismatique,
de beaucoup plus importante, de ce cabinet, force
nous est de renvoyer au catalogue illustré qui en
a été dressé. Parmi les objets d'art, signalons
une statuette équestre du roi Louis XIII, en
ivoire sculpté, travail du xvii« siècle.
L. D.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
La Société nouvelle (galerie Georges Petit).
— Que si la critique voulait s'adonner au jeu
facile des concetti, ne pourrait-elle avancer que
la quinzième exposition de la Société nouvelle
manque de nouveauté? Le reproche serait, dan»
tous les cas, aussi banal qu'injuste : car il est
impossible ù des artistes connus, et même
consacrés pour la plupart, de se renouveler sans
trêve, d'un printemps à l'autre, et de rivaliser
avec ces figurants d'opéra qui repassent inces-
samment sous le regard des spectateurs en chan-
geant de costume ; et les conditions mêmes d'une
Société pareille l'obligent à quelque périodique
uniformité. L'important, c'est de fournir des
œuvres, et cette exposition nous en montre plu-
sieurs. Deux maîtres, le peintre de l'Inde, Albert
Besnard, et le statuaire d'Aphrodite, Auguste
Rodin, ne figurent encore cette fois qu'au cata-
ANCIEN ET MODERNE
103
logU€ ; et, sur trente et un sociétaires, on pour-
rait compter au moins dix absences ; mais conso-
lons-nous par la présence de trois compositions :
une Bucolique, de M. René Ménard, les Carrioles de
M. Lucien Simon, Don Quichotte et Sanclio, de
M. de LaGandara, sans parler de plusieurs beaux
paysages ou de quelques vivants morceaux de
sculpture.
Le Flamand voyageur Herman van Swanevelt
ou l'Anglais fantaisiste William Turner n'auront
as été les seuls ou les derniers héritiers de
Claude; et son soleil mystérieux, à force de
clarté, rayonne encore au fond du ciel crépus-
culaire où s'allume obscurément la fin d'un beau
Ijour : au bout du promontoire, et parmi les
troupeaux épars, des pâtres demi-nus jouent de
la double flûte ; mais ce n'est pas « l'oubli » qui
rêve sur les ruines ensoleillées, comme en un
Bonnet fameux de José-Maria de Heredia ; c'est
une réminiscence nouvelle de « l'dge d'or » vir-
gilien, vers l'heure où l'ombre est plus longue :
V majoresque cadunt de montibus umbrœ ; dans son
^^ atmosphère d'ambre et d'opale, cette Bucolique
^Bbous montre M. René Ménard fidèle à l'idéal
^'^austère et paisible de ses débuts, et cette fidélité
n'est pas la moindre preuve de la sincérité de sa
haute inspiration.
Dans l'antique familiarité de leur décor breton.
Blés Carrioles aussi portent bien la marque de
leur peintre : étrangement rouges sur la lande
fauve, elles suivent l'interminable ruban du
chemin montant, dans une de ces lumières de
plein-air qui préoccupent depuis des années la
magistrale inquiétude de M. Lucien Simon.
Maigre, livide, efllanqué comme l'idéal à jeun,
près de son écuyer rubicond et ventripotent, le
Don Quichotte de M. de La Gandara défend, parmi
tant d'études sur nature, les droits, de jour en
jour méconnus, de l'imagination : l'Espagne de
Cervantes aurait beaucoup à nous rapprendre...
Il suffit, cependant, à M. Charles Cottet, de
styliser à nos yeux l'Anse de Goulphar pour nous
suggérer la tristesse foncière de son âme et toute
la mélancolie d'Armor : ce coin sinistre est
devenu sur la toile une œuvre superbe. Il suffit
à M. Henri Martin de faire son portrait dans la
splendeur de la Pergola matinale, à M. Le Si-
daner de colorer des rayons d'un soir rose et
gris la Fontaine de Pontrieux. à M. Raoul Ulmann
de retrouver les maîtres anciens sous le ciel
nuageux de Dordrecht, pour nous rappeler, en
pleine nature, l'autonomie du paysagiste. Un
Vase du parc de Versailles dans un bosquet fleuri,
c'est assez pour que M. Maurice Lobre apparaisse,
une fois de plus, le poète de la nature morte ;
une Pendule en bronze doré dans un vieil inté-
rieur, c'est assez pour que M. Walter Gay détaille
son goût de collectionneur. Meilleure, ici, qu'au
Salon d'automne, la fantaisie vagabonde du colo-
riste canadien J. \V. Morrice se reconnaît d'em-
blée parmi de bons paysages de MM. Dauchez,
Georges Griveau, Duhem, Claus et Prinet ; et,
près d'une petite Eve de bronze de M. Desbois,
les études ou les bustes du statuaire Ségoffln,
portraitiste étonnant de feu Dujardin-Beaumetz,
suffiraient, par leur accent viril, à soutenir
l'honneur, trop souvent compromis, de la sculp-
ture française.
n« Exposition d'art décoratif (galerie Man zi ) .
— Malgré la présence des plus originaux de nos
c< artistes décorateurs », que nous venons d'ap-
précier au pavillon de Marsan, c'est une véritable
Il exposition d'art contemporain », qui prend des
aspects anticipés de musée quand elle remet
sous nos yeux émus les grands cartons harmo-
nieux du poète de la décoration, Puvis de Cha-
vannes, la sérénité sévère de leurs camaïeux, la
suave candeur des pures compositions pour la
Bibliothèque de Boston, les Muses inspiratrices
qui figuraient, en 1895, à l'un des derniers Salons
de la galerie Rapp, les allégories si noblement
ingénieuses du progrès moderne, voisinant avec
les souvenirs virgiliens. De frissonnantes mater-
nités d'Eugène Carrière, d'impalpables Ca(/iédra/es
de Rouen, de M. Claude Monet, plusieurs pastels
ironiques de M. Degas et son Violoncelliste qui
bouleverserait les enchères, des portraits au
crayon, plutôt devinés que regardés par Tou-
louse-Lautrec, composentalentour une anthologie
significative, où l'intimité fantaisiste de MM. Vuil-
lard et Bonnard, les bois en couleurs de M Schmied,
les masques en terre cuite de M. Desbois, les frises
intensément fleuries par M""" Galtier-Boissière et
les lumineux cartons de tapisserie du plus clas-
sique des novateurs, M. Henri Martin, semblent
autant de documents ofTerts à l'historien qui
saura débrouiller le chaos opulent de notre
époque.
A.-E. Gumery (galerie Georges Petit). — On
n'a pas oublié le peintre-lithographe qui notait
naguère l'extase inconsciente des mélomanes au
promenoir de nos concerts dominicaux; c'est un
ami de la couleur, d'humeur voyageuse et de
goûts toujours variés, qui réconcilie l'imagination
et l'observation quand il esquisse t'Attente du
104
LE BULLEtIN DE L'ART
miracle aux Saintes-Maries-de'la-Mer, après avoir
décrit les Hospitalisés de la Chartreuse de Neuville.
Il quitte souvent l'intérieur pour la nature et
peint avec un visible plaisir l'Espagne ou la Bre-
tagne, un blême lever de lune à la fin d'une
après-midi d'automne, la Neige mystérieuse ou
le Départ des sardiniers aux premiers feux de
l'aube.
Raymond Bouyeb.
1-ES REVUES
Franck
Les Musées de France (1914, n* 1). — André
Michel. Dons de la famille de M. Edouard Aynard
au Musée du Louvre. — Statue de bois, de prêtre
bouddhique, ayant fait partie de la collection Aynard ;
buste d'homme encapuchonné, sculpture française
du xtii' siècle, en pierre.
— Gaston Migeon. Bas-relief en pierre sculptée de
la dynastie chinoise des Han (ii* siècle de l'ère) au
Musée du Louvre. — Récente acquisition.
— Etienne Michon. Vase en marbre provenant
d'Athènes, au Musée du Louvre. — Vase votif, ayant
la forme extérieure d'une œnochoé à embouchure
trilobée, avec une anse et un petit bas-relief.
— P. Clamoroan. Le Musée Jacquemart-André.
— Conrad dk Mandach. Une Madone de Giovanni
Bellini, copiée par Barlolommeo Montagna, au
Musée de Lyon. — L'original est au Musée Brera, à
Milan.
— Jean Locqoin. Le nouveau Musée de Nevers. —
11 est installé dans l'ancien évêché et va prochaine-
ment ouvrir ses portes.
Italie
BoUetino d'arte des ministère délia P. Istru-
zione (septembre 1913). — Corrado Ricci. Notes d'art:
I. Un petit tableau du Greco à Hergame. II. Un tableau
du Cerano. — I. L'auteur revendique pour le Greco,
et avec raison, un petit tableau conservé dans l'Aca-
démie Carrara, à Bcrgame, provenant de la collection
Lochis, et donné, par le catalogue de 1881, comme
un Titien. C'est un Saint François d'Assise recevant
les stigmates, assez voisin de sentiment et d'arrange-
ment du tableau de la collection de Zuloaga figurant
le même sujet, et publié le 10 janvier 1913 dans la
Revue, par M. Emile Bertaux. — 11. Giambattista
Crespi, né en 1557, à Cerano, dans la province de
Novare, est un imitateur du Baroche, en qui M. Cor-
rado Ricci retrouve quelques traits de son compa-
triote, le Piémontais Gaudenzio Ferrari. Le ministère
des beaux-arts d'Italie vient d'acheter à Lucques, un
tableau de ce maître, qu'il destine à l'un des musées
de Florence. C'est une Vierge entourée de saints,
longtemps attribuée à Van Dyck, mais où il n'est pas
douteux qu'il faille reconnaître une des plus belles
toiles du Cerano.
— Francesco Filipcim. Francesco del Cossa sculp-
teur. -^ L'auteur attribue au célèbre peintre, qui s'est
illustré à Ferrare, le monument funéraire de Dome-
nico Garganelli, de Bologne, dont plusieurs documents
signalent l'amitié pour l'artiste. Il ne subsiste de ce
monument, qu'une dalle de marbre, avec un gisant
et deux angelots. Le style en a des analogies frap-
pantes avec celui de certaines peintures de Fr. Cossa.
— Alessandro Del Vita. Fresque découverte à
Arezzo, dans l'église de l'Annunziata. — Curieuse
peinture d'un oublié, ce Niccolo Soggi, dont Vasari a
parlé et dont il a cité cette fresque Cgurant la Vision
d'Octavien, c'est-à-dire la scène légendaire de l'appa-
rition de la Vierge à Auguste, lorsqu'il consulta la
Sibylle de Tibur.
— Roberto Papiki. Peintures inédites du Sodomaet
de Beccafumi. — L'auteur commente trois peintures
figurant la Montée au Calvaire, l'une conservée au
château de Beauregard (lac de Genève), l'autre à Gênes,
dans la collection Viazzi, la troisième à Rome, dans
l'église Sainte-Marie-Majeure, et toutes trois très ana-
logues, œuvres certaines du Sodoma et de ses pre-
miers imitateurs. A Sainte-Marie-Majeure, dans la
même chapelle, on trouve une Madone maniérée qu'il
faut certainement attribuer à Beccafumi.
— Pietro GiA.NLizzi. Marina di Marco Cedrino, de
Venise, ingénieur, arcliitecte et sculpteur. — Cet
obscur artiste, qui vivait au milieu du xv* siècle, est
l'auteur du portail de l'ancienne cathédrale de Forli,
d'un autre portail d'église, à Amandola, et a travaillé
à la basilique de Lorette.
(Octobre). — G. G. Pohro. Le Prétoire de Gortyne.
— Au cours d'une campagne de fouilles, en Crète,
M. Porro a mis au jour, à Gortyne, des monuments
de l'époque impériale romaine, des statues de ma-
gistrats et des inscriptions. A signaler aussi de belles
statues d'Artémis et de l'Isis-Fortune.
— Lorenzo Fiocca. Eglise et abbaye de S. Maria di
Valdiponle, dite « de Monlelabate ». — Cette ancienne
abbaye fortifiée, voisine de Pérouse, a une crypte
romane et un beau cloître du iii* siècle; l'église,
commencée au xii', fut voûtée au xiii», en style ogival.
Elle possède des fresques de l'obscur Mco de Sienne
(fin du xin- siècle), et de peintres ombriens du
quattrocento.
— Antonino Sorrentino. Une esquisse de Giacomo
Serpotta au musée de Trapani. — Statuette équestre
de ce sculpteur palermitain du xviii* siècle, esquisse
d'un monument à Charles II de Bourbon.
Le Gérant : H. Dïnis.
P»ri». — Inip. George» Petit, IS, rue Godol-de-Mauroi .
Numéro 619
Samedi 4 Avril 1914.
I
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
« Les Amis du Palais »
et le Palais
Des magistrats, des avocats, des avoués, des
huissiers, des greffiers viennent de fonder la
ociété des Amis du Palais. C'est une bonne
idée : les Amis du Palais nous manquaient; ils
■■nous manquaient môme terriblement, et, si l'on
en croit les communiqués relatifs à leurs inten-
tions, il faut regretter que cette bonne idée
I d'affirmer ainsi leur «amitié » ne soit pas venue
un peu plus tôt aux Amis du Palais.
Quel est, en effet, l'objet de la Société ? Elle
se propose de « veiller à la conservation artistique
du Palais de justice », de rechercher les docu-
ments relatifs à son histoire, de « faire aimer et
Jirotéger leur maison par tous les membres de la
grande famille judiciaire, associés dans le culte
du souvenir».
Voilà qui va des mieux. Par malheur, il est
trop tard : l'aile du Palais, en façade sur le quai
des Orfèvres, est achevée...
Elle est achevée et elle est hideuse. Et à mesure
que la bâtisse sort des échafaudages, elle étale
l'incroyable pauvreté de ses lignes et la déso-
Ilante prétention de ses sculptures. Allez, la voir,
allez prendre la leçon de style et de goût que
vous offre l'archilecture officielle. Depuis le pan
coupé, à l'angle du quai des Orfèvres et du bou-
levard du Palais, avec ses deux tristes fenêtres
et la poivrière qui le llanque, jusqu'à la tour
carrée qui s'élève à l'extrémité des nouveaux
bâtiments et dont on entrevoit déjà les pâtisseries
allégoriques, que de trouvailles et que d'à-propos !
La lourde grecque courant au-dessus du rez-de-
chaussée, les niches à statues avec leurs absurdes
consoles, les guirlandes qui encadrent et souli-
gnent les fenêtres, les cariatides de la porte
d'entrée, la frise où des glaives de la loi, entre-
mêlés de branches de chêne, alternent avec des
mascarons à têtes de Jupiter tonnant, il n'est
rien qui ne mérite un attentif examen.
Mais le détail n'est pas tout, et la vue de l'en-
semble réserve d'autres surprises. Passez le pont
Saint-Michel et regardez : les combles aigus et
surélevés de la construction nouvelle masquent
entièrement la Sainte-Chapelle, dont on n'aper-
çoit plus que le sommet de la flèche. Gloire à
l'architecte du Palais de Justice : il ne s'est pas
contenté de faire laid, il a pris soin de cacher à
nos yeux ce qu'il y avait de beauté dans le pano-
rama du Palais vu de la place Saint-Michel! Il a
d'ailleurs commis sciemment son erreur, puisque,
quand il a eu à figurer l'élévation de sa façade
sur un savant lavis, complaisamnient offert à
notre admiration (1), il a pris spin de placer son
angle de vision à peu près à la hauteur d'un troi-
sième étage, — artifice ingénieux, qui lui a permis
de montrer le toit et toute la flèche de la Sainte-
Chapelle dominant les bâtiments du quai des
Orfèvres. Le malheur esl que le commun des
mortels a un autre point de vue, et qui est moins
flatteur, comme il sera facile à chacun de s'en
rendre compte.
Après cela, les Amis du Palais pourront tou-
jours » faire aimer et protéger leur maison » et
veiller, comme ils disent, « à sa conservation
artistique )>...
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Institut de France (séance trimestrielle du l"avril).
— M. Appell, président, met l'assemblée au courant
des démarches qui ont été faites au sujet du projet de
reconstruction de l'Institut : copie a été envoyée au
ministre de l'Instruction pubUque du voeu émis à
l'unanimité par la commission centrale administrative
et par l'assemblée plénière, vœu demandant qu'on
donne à l'Institut le périmètre prévu par le baron
Ilaussraann (voir le n° 614 du liullelln).
Le bureau de l'Institut s'est ensuite rendu auprès
j ■
(1) On le trouvera reproduit dans le livre de
M. H. Stein, snr le Palais de Justice.
i06
LE BULLEÎIN DE L'ART
du ministre et, après lui avoir rappelé ce vœu, a
insisté sur ce point que la question est essentielle-
ment d'ordre gouvernemental : quelle que soit la
décision du Conseil municipal, cette décision doit
être soumise à la ratification du préfet et, en dernier
lieu, du ministre, puisque l'Institut est une pro-
priété de l'État. Le ministre a promis d'étudier le
dossier dans cet esprit.
A son tour, M. Ribot a dit ce qu'il avait fait au
Sénat : malheureusement une solution ferme n'est
pas encore intervenue. Le Conseil municipal, après
une délibération secrète, serait disposé à commencer
les travaux selon le projet nouveau. On ne peut
accepter cette proposition et laisser entreprendre les
travaux sans que le ministre donne son autorisation
formelle.
— Sur les arrérages des fondations Debrousse et
Gas, l'Académie des beaux-arts reçoit : 2.500 francs
pour la publication des Procès-verbaux de l'ancienne
Académie d'archileclure, et ).500 francs pour la
publication du Catalogue des dessins du musée du
Louvre.
— En fin de séance, M. R. Stourm a donné lecture
du rapport annuel sur le domaine de Chantilly.
Académie des beaux-arts (séance du 28 mars).
— M. Pascal, qui fait fonction de secrétaire des
séances en l'absence de M. Henry Uoujon, secrétaire
perpétuel, donne lecture d'un décret autorisant l'Aca-
démie à accepter le legs qui lui a été fait, comme il
a été annoncé précédemment, par M"" veuve Cellier,
pour créer un fonds destiné à donner des secours
aux veuves d'artistes dans le besoin.
— Le Prix Duc, de la valeur de 3.'700 francs, est
attribué à M. L. Bonnier, inspecteur des services
d'architecture de la Ville de Paris, pour ses plans du
groupe scolaire de Grenelle.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 21 mars). — M. le marquis de Vogué
attire l'attention de ses confrères sur l'intériM que
présente Bethléem, l'ouvrage des PP. Vincent et Abel,
professeurs à l'École biblique de Jérusalem, qui a
été offert à l'Académie.
— La commission de la Fondation Duchalais, con-
stituée en faveur de la numismatique médiévale, a
décerné, cette année, le prix à. l'ouvrage intitulé :
Corpus nummarum italicarum ; quatre volumes in-4°
de ce vaste recueil ont paru depuis 1910. 11 a été
entrepris sur l'initiative personnelle de S. M. le Roi
d'Italie, et la rédaction s'est poursuivie sous sa haute
direction.
La commission du Prix Edmond Drouin, destiné
à la numismatique orientale, a attribué ce prix à
M. R.-A. Whitbread, membre du service civil des
Indes anglaises, pour son Catalogue of coins of
Pendjab ( Lahore muséum).
-^ M. Colllgnon communique à l'Académie un
rapport de M. Comby sur la mission qu'il a accomplie
à Delphes de juin à octobre 1913, pour y poursuivre
des recherches en vue de la publication officielle des
fouilles de Delphes.
M. Comby s'est attaché à mettre au point son travail
sur les deux temples d'Apollon du vi* et du v* siècles
et surtout à étudier la région comprise entre la Voie
Sacrée à l'Est, le mur de soutènement au Nord, l'en-
ceinte à l'Ouest et le mur polygonal au Sud.
— M. Jullian combat une opinion qui, depuis
quelques années, tend à se répandre dans le monde
savant au sujet des textes de Slrabon et de César,
relatifs au peuple gaulois des Médiomathiques, dont le
pays, qui comprend aujourd'hui Metz et la Lorraine,
s'étendait jusqu'au Rhin.
— M. Henri Cordier a donné lecture d'une élude
de MM. G. de Créqui-Monfort et du D' P. Rivet sur
l'origine des aborigènes du Pérou et de la Bolivie.
Musée Carnavalet. — Sur l'intervention de
MM. A. Mithouard et d'Andigné, conseillers muni-
cipaux, l'Assistance publique a fait déposer au musée
Carnavalet, par l'Administration des Beaux-Arts, les
boiseries anciennes qui ornaient la chapelle de l'hô-
pital de la Pitié. L'Assistance publique reste, d'ailleurs,
propriétaire de ces boiseries, de dimensions fort im-
portantes et qui auraient nécessité de gros frais de
réparation et de remise en place après la démolition
de la Pitié; mais la solution actuelle est, en tout cas,
préférable à la mise en vente de ces œuvres d'art, dont,
un moment, il avait été question.
Musée Galliera. — L'exposition ordinaire d'art
appliqué a fermé ses portes le 29 mars, et l'on procède
maintenant à l'organisation de l'exposition spéciale
annuelle, qui sera consacrée, rappelons-le, à la sta-
tuette et au meuble destiné à la présenter. Les envois
sont reçus jusqu'au 18 avril, sauf le dimanche.
Le Musée Jacquemart-André à Châalis. —
L'abbaye et le château de Chialis, légués à l'Institut
par M"* Edouard André, en même temps que l'hôtel
du boulevard liaussmann et ses collections, seront
ouverts au public dans la seconde quinzaine d'avril.
Le catalogue est maintenant sous presse, et le règle-
ment, analogue à celui du musée Coudé, à Chan-
tilly, sera prochainement publié.
École nationale des beaux-arts. — Par arrêté
du ministre de l'Instruction publique et des Beaux-
Arts en date du 30 mars 1914, M. Paul Guadet, archi-
tecte du Gouvernement, a été nommé professeur de
perspective à l'École nationale des beaux-arts, en
remplacement de M. Julien, décédé.
Les Legs Delort de Gléon. — Un décret récent
vient d'autoriser le ministre de l'Instruction publique
à accepter, au nom de l'État, pour le musée du Louvre,
avec le portrait de M. Delort de Gléon par Gérôme, et
son buste par Gasq, les enivres arabes, armes, verre»
émaillés, céramiques, ivoires, étoffes, bijoux, bronzes
et œuvres d'art, les armoires, vitrines, vitraux, pla-
ANCIEN ET MODERNE
407
I
fonds, boiseries, décorations, meubles et immeubles
par destination, laissés à cet établissement par M"' De-
lort de Gléon, sous condilidn que le musée fera installer
au palais du Louvre, dans le délai d'un an, à compter
du présent décret, une salle arabe portant le nom de
« salle Delort de Gléon » où seront groupés tous les
objets légués au Louvre.
Le ministre est autorisé à accepter en outre une
somme de 100.000 francs, affectée aux frais d'enlè-
vement, de transport et de réinstallation des objets
légués.
Encore une louable générosité, mais faite, comme
le Bulletin le montrait dans son dernier numéro, à
des conditions qu'on ne peut que déplorer, puis-
qu'elles tendent à ouvrir une nouvelle «chapelle»
dans le Musée !
Concours pour un jardin. — Un concours d'un
genre assez particulier vient d être organisé, entre les
artistes français, par la Société des amateurs de
jardins, pour l'établissement d'un parc dans la pro-
priété acquise à la Muette, par M. le Baron Henri de
Rothschild.
Les concurrents devront tenir compte des allées
existantes, qu'ils pourront modifier, mais dont ils
seront tenus à préserver les arbres; on leur rappelle,
en outre, que le château, édifié sur un emplacement
désigné sur le plan joint au programme, sera inspiré
du style Louis XIV; on leur demande, enfin, de joindre
à leur projet un mémoire indiquant les méthodes
préconisées et un état de plantation.
Les projets devront être déposés au Pavillon de
Marsan, au siège de la Société des amateurs de jardins,
le i" mai 1914, de 10 h. à 5 h. Une exposition publique
aura lieu du 2 au 14 mai; le jugement sera rendu le
8 mai. Trois primes seront allouées de 3.000, 1.500 et
500 fr. chacune, et les projets primés deviendront la
propriété de la Société.
Pour obtenir communication des plans et de tous les
renseignements pouvant leur faciliter leur travail, les
concurrents devront s'adresser sur place aux jardins
de la Muette, à l'agence des travaux, rue de Franque-
ville, qui leur délivrera un permis pour visiter le
terrain, s'ils le désirent.
Les Amis de 'Vincennes. — La Société des Amis
de Vincennes s'est réunie, dimanche dernier, dans
une des salles du donjon, dite « la Chambre de la
Reine ».
Après l'approbation des comptes de l'exercice écoulé,
M. Lefèvre-Pontalis a pris la parole pour exposer suc-
cinctement le plan des travau.ic entrepris récemment
au château.
Il n'est pas question d'entreprendre une restaura-
tion : il s'agit simplement de débarrasser le monument
de tout ce qui y fut ajouté après coup et de tout ce qui
le dénature. Les résultats de ces travaux sont déjà
fort remarquables : sous de faux plafonds, on a
retrouvé des sculptures et des votites sur croisée
d'ogiTes; des portes murées depuis de longues années
ont été rétablies, et la base primitive de l'escalier de
service du donjon a été retrouvée.
On s'occupe actuellement de percer, au premier
étage, la porte par laquelle, après avoir franchi la
passerelle, le public avait accès dans le chàtelet. Puis
on rétablira l'entrée principale, conformément aux
décisions de la commission interministérielle.
On pense pouvoir, au mois de juin, permettre de
nouveau la visite du monument et de la collection
iconographique.
M. le commandant de Fossa a évoqué, en fin de
séance, les souvenirs historiques se rapportant à
toute cette partie du donjon, dénommée les Appar-
tements de la Reine, notamment ceux relatifs à la
pièce où avait lieu la réunion.
Médailles et plaquettes. — Après avoir frappé
la médaille du graveur Lamourdedieu, commémorant
le Congrès de Versailles qui a élu M. R. Poincaré
président de la République, la Monnaie va procéder
à la frappe de la médaille qui doit, selon la tradition,
reproduire les traits du Président; elle est l'œuvre du
graveur Léon Deschanips.
L'Église Saint-Louis-en-1'Ile. — Le Bulletin
a reproduit (n" 616) une note qui a fait le tour de la
presse et d'après laquelle, en procédant à des travaux
de réfection à la façade de l'église Saint-Louis-en-
rile, on aurait retrouvé, sous une couche de peinture,
de fort belles sculptures sur bois du xvii" siècle.
Ainsi présentée, cette information est inexacte. Le
travail dont il s'agit est celui du grattage et du net-
toyage des trois portes sculptées de l'église, — les
deux portes latérales, qui datent, non du xvii', mais
du début du xviri* siècle, et la petite porte du clocher,
moins ancienne (1741). L'intérêt des remarquables
sculptures de ces portes, empâtées et alourdies par
de nombreuses couches de peinture, était difficile-
ment appréciable ; et si aucun de leurs motifs ne
disparaissaient au point qu'il faille prononcer aujour-
d'hui le mot de découverte, la beauté des ornements
dégagés par le nettoyage sera pour les curieux une
véritable révélation.
Chronique du vandalisme. — Depuis quelques
années, les architectes des monuments historiques
s'acharnaient à défigurer l'admirable ensemble que
forment, à l'entrée du port de la Rochelle, les tours
de Saint-Nicolas et de la Lanterne, refaites dans le
« style primitjf », selon la marotte des restaurateurs.
Aujourd'hui, voici qu'ils s'en prennent à la tour de la
Chaîne, qui s'élève en face de la tourSaint-.Nicolas, de
l'autre côté de la passe.
o Elle date de la fin du xiv siècle, écrit M. André
Ilallays dans le Journal des Débats; mais, durant la
Fronde, le comte du Daugnon, un aventurier révolté
contre le roi, la fit sauter, et elle resta à demi ruinée
jusqu'au xviii* siècle; alors on la répara tant bien que
mal. Elle a perdu créneaux et mâchicoulis; à l'inté^
108
LE BULLETIN DE L'ART
rieur, toutes les voûtes, sauf celles du rez-de-chaussée,
se sont écroulées. On va donc la reconstruire; non pas
la consolider, mais la reconstruire. On la surélèvera
de cinq mètres, on lui rendra sa couronne de créneaux
et de mac/ncouliset on la coiffera d'une toiture conique
en ardoise. Nous ignorons combien coûtera cetouvrage
niais et inutile; mais nous sommes sûrs que, pendant
que nos gens s'évertueront à remettre la tour de la
Chaîne dans l'état où elle se trouvait avant l'exploit
du comte du Daugnon, ils laisseront périr de belles et
vieilles églises et, pour s'en excuser, ils allégueront
la pénurie de leur budget.
« Tandis que les architectes fabriquent du vieux-
neuf, dans la même ville, on démolit les beaux
ouvrages de Vauban qui rendaient si pittoresques les
dehors de la place de guerre. »
A Tolède. — La ville de Tolède s'apprête à célé-
brer, pendant la Semaine Sainte, le troisième cente-
naire du Greco. Une exposition de tableaux et de
photographies a été organisée au musée du Greco et
sera ouverte le dimanche 5 avril. Des conférences sur
l'œuvre de l'arliste auront lieu le même jour, ainsi
qu'une réception à l'Hôtel de Ville de Tolède. 11 y
aura séance académique, service funèbre au couvent
de Santo Domingo el Antiguo et concert le lundi
6 avril. Le mardi 1, une messe de Hequiem sera dite à
la cathédrale ; on inaugurera un monument du Greco ;
une fête littéraire au théâtre de Rojas couronnera les
cérémonies.
A Éphèse. — Les fouilles autrichiennes d'Éphèse,
en 1913, ont dégagé les ruines voisines de la Biblio-
thèque, ruines désignées, jusqu'ici, sous le nom de
temple de Claude; l'édifice est, en réalité, uniV^mpAeum
de l'époque antonine. A part cette trouvaille — néga-
tive, — les fouilles n'ont pas donné de résultats
importants. Les travaux d'Éphèse ne seront pas repris
en 1914. — Ch. 1>.
A Rhodes. — Un décret récent autorise l'accep-
tation par l'État de la donation, faite l'an dernier,
par M. Bompard, ambassadeur de France à Constan-
tinople, de 1' « Auberge de France », à Hhodes, la plus
belle demeure des anciens chevaliers de Rhodes, qui
date de 1480 et porte, au centre de sa façade, les
armes de Pierre d'Aubusson, avec la devise: Monljoye
Saint-Denis.
Nécrologie. — L'illustre poète Frédéric Mistral,
qui vient de mourir, le 25 mars, àMaillane, où il était
né le 8 septembre 1830, avait consacré toute une part
de sa vie à la restauration des traditions locales de
sa petite patrie. Parmi se» nombreuses initiatives en
ce sens, il nous faut signaler ici la création du Muséon
Arlalen, consacré à l'ancien art provençal, et qui
reste le véritable modèle des musées régionaux.
— Le Comte Frédéric-Emmanuel-Enguerrand du
Suau de la Croix, né à Petit- Val (Seine-Inférieure),
est mort le 19 mars, à Paris, dans sa soixante-quin-
zième année. Les émaux translucides de cet artiste
furent souvent remarqués et récompensés aux Salons
(ment, hon., 1899; méd. 3' cl., 1902).
— Le graveur Ernest Florian, né en Suisse et natu-
ralisé Français, qui appartenait à une bonne lignée de
graveurs sur bois, vient de mourir à Paris. On lui doit
la traduction de nombreuses illustrations, telles que
celles pour Eugénie Grandet (1912j et celles pour la
Udlisserie de la reine l'édauque (1913), pour ne citer
que les plus récentes. Hécompensé plusieurs fois aux
Salons parisiens, Ernest Florian avait reçu une
médaille d'argent à l'Exposition universelle de 1900.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — Vente d'objets appartenant à
M™' J...— Faite, salies 7 et 8, les 20 et 21 mars, par
yi" Engelmann et Baudoin, assistés de M.M. Man-
nheim et Simons, cette vente a produit 133.000 fr.
Trois enchères seulement sont à signaler : 234.
Tapisserie flamande, xvi« siècle, animaux dans
une forêt, 10.500 fr. (dem. 12.000). — 235. Tapis-
serie flamande, -xvi° siècle, cortège de guerriers
dans la campagne, 5.210 fr. — 239. Tapisserie
flamande, xvii" siècle, panthère guettant des
singes dans une forêt, 7.600 fr. (dera. 8000).
"Vente d'objets appartenant à M"" X...
[Méuier] (2" vente). — Cette vente, dirigée,
salles 5 et 6, les 23 et 24 mars, par M" Baudoin
et MM. Mannheim, a produit 167.000 francs. Ici
encore quelques prix seulement sont à retenir
dans la catégorie des tapisseries :
Flandres, Xi'l' siècle : 277. Tapisserie, combat de
style antique, large bordure, 8.900 fr. (dem. 7.000;
rest.). — 278. Cantonnière, composée d'unfe bordure
ANCIEN ET MODERNE
109
eu
à compositions galantes, etc., 6.300 fr. (deui. 6 000).
— 279. Tapisserie, animaux dans un jardin, large
bordure, 9.400 fr. (dcm. 8.000). — 280. Tapisserie,
l'Enlèvement d'Hélène, bordure figures, 12.050 fr.
(deni. 8.000). — 284-283. Fragment, saints personnages
avec monuments, fragment, vue d'un port de mer
avec grands personnages, 4.700 fr. {dem. 3.000).
AV7/" siècle. — 287. Grande tapisserie, Antoine et
Cléopdtie, bordure, 8.400 fr. (déni- 6.000; mauvais
tat). — 288. Cantonnière, médaillons à sujets bibli-
es, etc., 8.S60 fr.
XVIII' siècle. — 293. Tapisserie, paysage avec mare
nimée de deu.\ canards, 4.715 fr. (dem. 4.000).
I
»
Vente d'objets d'art, etc. — M« Baudoin et
M. Pape ont dirigé, salle 10, le 25 mars, une vaca-
ilion anonyme qui a produit 73.604 francs. Une
beule enchère vaut d'être notée, les 39.000 francs
'obtenus sur la demande de 35.000, par une
série de huit fauteuils en bois sculpté, d'époque
Louis XVI, signés Courtois, couverts en tapisserie
lu XVIII" siècle à vases fleuris sur fond clair.
Vente de la collection de M. X... (minia-
Inres). — Le 25 mars. M' Lair-Dubreuil et
IM. Mannheim ont procédé à cette vente qui a
éalisé 82.000 francs. Deux prix à retenir :
^abey: '32. Portrait préfiuiné d'Elisabeth Alexieivna,
npératrice de liussie, 4.000 fr. (dem. 5.000). —
Portrait de l'impératrice Joséphine, 5.400 fr.
|dem. 5.000).
Vente d'objets provenant du château de
— Annoncée par un mince catalogue ilius-
|ré, cette vente, dirigée, salle 6, le 27 mars, par
I' Desvouges et MM. Sortais, Duchesne et Du-
plan, a produit 70.000 francs.
PRINCIPAUX PRIX
Tableaux. — 3. U. Teniers. Paysage, soleil cou-
chant, 7.300 fr. (dem. 8.000).
Meubi.es. — 4-5. Commode en acajou à pans coupés,
pieds forme carquois, ornements en bronze ciselé et
doré, signée de P. Garnier, ép. Louis XVI. Deux encoi-
gnures en acajou, ornements bronze doré, signées de
Garnier, ép. Louis XVI, 30.700 fr. (dem. 32.000).
Tapissebies. — 6. Panneau, ancienne et fine tapis-
lerie-verdure de Bruxelles, perspective d'un jardin à
a française, décoré de portiques, 10.300 fr. (dem.
10.000). — 7. Panneau, ancienne et fine tapisserie-
verdure de Bruxelles, sujet analogue, bordure à guir-
landes, etc., 18.500 fr. (dem. 22.000).
Vente de la collection du Comte de F...
(tableaux, objets d'art). — Faite, salles 7 et 8,
par M" Lair-Dubreuil et MM. Ferai et Mannheim,
cette vente a produit 182.855 francs.
PRINCIPAUX PRIX
Tableaux anciens. — 25. Huet. Le Colombier, 5.030 fr.
(dem. 4.000). — 31. Attr. à N. Lawreince. Les Deux
cages ou la Plus heureuse, 8.430 fr. (dem. 8.000). —
38-39. Pillement. Le Colombier, le Moulin, 6.230 fr.
(dem. 4.000).
Faie.nces. — Delft. 63. Assiette décorée fleurs,
4.600 fr. (dem. 3 000).
Tapissehies, tapis. — 125. Tapiss. d'Aubusson, ép.
Louis XV, d'ap. Boucher, La Datise chinoise, 32.000 fr.
(dem. 40 000). — 126. Tapiss. d'Aubusson, ép. Louis XV,
d'ap. Boucher, L'Audience impériale, 16.200 fr. (dem.
20.008). — 127. Tapiss d'Aubusson, ép. Louis XV,
paysage avec château et chiens poursuivant un lièvre,
9 000 fr. (dem. 8.000). — 133. Deux bandeaux et quatre
montants, bordures tapiss. Dam., xvi* s., 6.100 fr.
(dem. 10.000) et 6.100 fr (dem. 8.000).
Succession Levesque (tableaux, objets
d'art). — Faite salle 6, les 27 et 28 mars, par
M' Lair-Dubreuil, assisté de MM. Brame, Paulme
et Lasquin, cette vente a produit 308.558 francs.
Les détails que nous avons donnés en l'annon-
çant, nous dispenseront d'ajouter un long com-
mentaire à la liste des enchères les plus élevées.
PRINCIPAUX PRIX
Tableaux anciens. — 1. Jacob van Blarenberghe.
Les Quatre saisons, quatre gouaches, 41.000 fr. (dem.
26.000; V. Evrard-Rhoné, 1861, 500 fr. ; v. Lévy-Cré-
mieu, 1886, 29.000 fr.). — 9. J. Jordaens. Le Piqueur
et ses chiens, 6.700 fr. (dem. 8.000). — 10. Pater. Les
Plaisirs du camp, 36.100 fr. (dem. 25.000; v. Wilson,
1881, 17.500 fr.). — 13. Rigaud. Philibert Orry, comte
de Vignory, et 14. D'après Rigaud. Philibert Orry,
gravure par B. Lépicié, 10.300 fr. (dem. 15.000; v. de
la comtesse de la Kerronnays, 1897, 6.400 fr.). — 15.
J. Steen. Le Contrat de mariage, 13.500 fr. (dem.
20.000).
Tableaux modernes. — 19. Corot. La Fontaine Jacob,
A lise- Sain le- Heine, 5.000 fr. (dem. 10.000). — E. Dela-
croix : 21. llélioilore chassé du temple, 14.000 fr. (dem.
15.000; V. Delacroix, 1864, 1.050 fr. ; v. de La Roche-
boisseau, 1873,7.500 fr.; v.Tabourier, 1898, 15.500 fr.).
— 22. Lutte de Jacob avec l'ange, 20.000 fr. (dem.
15.000; V. Tabourier, 13.500 fr.). — 28. Meissonier.
Troupe de mousquetaires, 14.500 fr. (dem. 15.000;
V. Secrétan, 1889, 36.600 fr.). —29. G. Moreau. S^aint-
Sébastien, 24.200 fr. (dem. 20.000). — 37. Troyoïji. Pay-
sage de Hollande, 6.200 fr. (dem. 10.000). — 38. Ziem.
Le Jardin français à Venise, 5.000 fr. (dem. 10.000).
Objets vabiés. — 81. Deux vases simulés marbre
gris-bleu veiné de blanc et monture bronze ciselé et
doré, style Louis XVI, 6.810 fr.
Tapisseries anciennes. — 144. Grand écran, anc.
tapiss. de Saint-Pétersbourg, genre Gobelins, Amphi-
trite, etc., 7.000 fr. (dem. 8.000; — au musée Stiglitz, de
I
ilO
LE BULLETIN DE L'ART
Saint-Pétersbourg). — U5-1 48. Quatre tapiss. -verdures,
Louis XIV, paysages avec volatiles, bordures à Qeurs,
16.000 fr. (dem. 10.000).
Vente d'objets d'art, etc. — M« Lair-Dubreuil
et M. Léman ont dirigé, le ,30 mars, salle 7, une
vacation anonyme comprenant des objets de
haute curiosité, d'ordre secondaire. Cette vente
a produit 42.000 francs, avec, comme prix prin-
cipal, les b.COO francs réalisés par une tapisserie
de la fin du xv siècle, offrant des animaux,
oiseaux et fleurettes sur fond bleu.
Ventes annoncées. — A Paris. — Collection
J. Couderc(l" vente ; objets d'art). — Un des
doyens du monde des antiquaires parisiens,
M. JulesCouderc, poète à ses heures, ayant décidé
de prendre sa retraite, va faire passer au feu des
enchères les objets d'art, d'ameublement et de
curiosité, de toute époque et de toute espèce,
qui composent son stock de marchandises. La
première vente qui va commencer cette disper-
sion, aura lieu salle i, les 6 et 7 avril, parle
ministère de M" Lair-Dubreuil et Baudoin, assis-
tés de MM. Paulmeet Lasquin.
Dans le catalogue illustré, nous remarquons :
une pendule en bronze ciselé et doré, dite Au
Déserteur, d'époque Louis XVI, et une autre, du
même temps, en marbre blanc et bronze, com-
posée d'une pyramide flanquée de sphinx ; une
commode en marqueterie de bois de couleurs,
avec bronzes, d'époque Louis XVI; puis, parmi
les dentelles, une aube en ancien point deFrance,
ép. Louis XIV, à grands ramages ; enfin, parmi
les tapisseries, deux tapisseries flamandes du
xvi» siècle, à nombreux petits personnages, re-
présentant, l'une, une fête dans le parc d'un
château, l'autre, une fête de village, toutes deux
avec bordures.
Collection William (tableaux anciens et
modernes). — Le 27 avril, à la galerie Georges
Petit, M"' Lair-Dubreuil et Baudoin, assistés de
MM. Georges Petit et Ferai, procéderont à la
vente de la Collection de M. Alphonse William,
de Bruxelles, composée de peintures de l'école
de 1830, dont un important Corot, les Bergers
d'Arcadie, et de quelques tableaux anciens.
A Amsterdam. — Dès à présent, MM. Fred.
Muller et C", prennent date pour les ventes sui-
vantes :
— Le 29 avril, vente de tableaux modernes
provenant de diverses collections.
— Du 12 au Ib mai, vente d'antiquités et d'ob-
jets d'art européens, orientaux et d'Extrême-
Orient, appartenant à divers amateurs.
— Les 26 et 27 mai, vente de tableaux anciens
comprenant la Collection PeUzer, de Cologne, et
des tableaux de diverses provenances, en majeure
partie de l'ancienne école hollandaise.
Ces ventes fcymeront l'objet de catalogues
illustrés.
A Berlin. — Armes. — Lne vente d'armes
européennes et exotiques, provenant de diverses
collections, aura lieu à Berlin, chez R. Lepke, les
7 et 8 avril. Quelques planches, jointes au cata-
logue, reproduisent les numéros les plus mar-
quants de cette réunion d'armes et de pièces
d'armures.
A Milan. — Collection Félissent. — Les
experts Carlo et CesareClerici dirigeront, à. Milan,
dans un des salons du Palais Cova, le 27 avril et
les jours suivants, la vente du véritable musée
napoléonien, jusqu'ici conservé dans la célèbre
villa Corner, près de Trévise. Commencée par
le comte Jean-.lacques Gayet de Félissent, capi-
taine dechasseurs dans la Grande Armée, etconti-
nuéeparson petit-fils, cette collection comprend,
d'une part, des séries numismatiques, de l'autre,
des estampes, autographes, livres, enfin des
curiosités historiques et des objets d'art, le tout
se rapportant à Napoléon I"'' et à son temps.
(Catalogue illustré.)
M. N.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
IV" Salon de la Société des Dessinateurs-
Humoristes (galerie La Boétie). — C'est un
aimable divertissement de véritables dessina-
teurs, et qui contient un chef-d'œuvre, une page
d'actualité politique à qui l'art prête un peu de
son éternité : l'Abîme, de Willette; avec sa nudité
tragique et les raccourcis épais de ses membres
raidis, la République, qui glisse au gouffre sous
les coups des sacs d'or et des pots de vin brandis
sur sa coiffe phrygienne, évoque le réalisme élo-
quent de la Hue Transnonain... C'est une haute
leçon donnée par l'humour ; et Willette, ici, n'est
pas le seul héritier de notre Daumier : voici
F'orain. qui connaît l'envers du théâtre aussi
bien que la tragi-comédie des tribunaux ; Stein-
len, ami compatissant de la Bouquetière gogue-
ANCIEN ET MODERNE
Hl
|t
m'
narde ou des pitoyables lavandières ; Dethomas,
cruel observateur de Vavara meretrix ; Hobert
Noir, ami moins connu de la misère ; Bernard
Naudin, confident des gueux, plutôt hanté d'Hol-
bein ou de Goya. L'optimisme apaisant du sourire
s'est réfugié dans une vaporeuse eau-forte, duo
d'amour printanier que Maurice N'eumont, peut-
t'tre en musical souvenir de Louise, intitule Mont-
martre. On songe à l'Alsace de jadis en regardant
l'Alsace d'aujourd'hui, décrite par le crayon
coloré de Hansi. Depuis Chéret jusqu'à Drésa,
c'est le XVIII" siècle qui se réveille et qui voudrait
pposer sa grdce malicieuse à la fantaisie plus
ou moins romantique ou romanesque de Louis
Morin, de Léandre et d'Abel Truchet. Le talent
surabonde ici comme ailleurs ; et les petites
femmes entravées par Carlègle apprendront à
l'avenir étonné la tyrannie de la mode.
^P Société des Peintres de montagne (au
Cercle de la Librairie). — » Pour la patrie, par
la montagne », cette dix-seplièrae exposition
d'une Société de plus en plus discrètement fidèle
Pi sa flère devise n'apporte aucune révélation ;
mais, ici plus qu'ailleurs, la palette de M. Joseph
Communal ressemble aux écrins d'un lapidaire,
et l'anneau de saphir qui sertit son Lac du Bour-
get, vu de la Serra:, apparaît magique. Atmo-
sphère plus trouble, les crépuscules nuageux de
M. Lévy-Dhurmer font songer aux décors wagné-
riens. M. Nozal peint les glaciers bleus et la lune
de soufre au ciel mauve, qu'Obermann a vu
« monter au-dessus du Velan ». Fidèle à sa devise
britannique, M. Iwill se dislingue toujours à côté
. de M.M. Gharreton, Cachoud, l'ierre Waidmann,
Lemaître et Noirot. Les bruyères continuent de
nommer M. Didier-Pouget, comme les peupliers
annoncent l'eau. L'aquarelle réclame une magis-
trale petite Vue d'Assise, de M. Pierre Vignal, et
^■les notes neigeuses de M. Schrader ; la gravure,
^^ les « estampes décoratives » et curieusement
auvergnates de M, Maurice Basset, les eaux-fortes
de M. Etienne de Martenne et les essais de « gra-
vure au marteau » de M. Edouard Monod-
Herzen (I). A côté des études de Jacques Huch
et des synthèses de Gabriel Loppé, la section
rétrospective nous rappelle, toujours discrète-
ment, que notre ancien condisciple Henri Havet
(1862-191.3) aimait à prendre le rude chemin des
Alpes pour aller admirer le Soir au Forum.
(1) Voir, dans la Gazelle des Beaux-Arts de mars
1914, l'étude écrite par l'artiste sur cette technique
nouvelle.
Les Peintres de neige (galerie A. -M. Reitlin-
ger) et Groupes divers. — Puisque le paysage,
entre tous les arts, est « l'homme qui s'ajoute à
la nature », ce n'est pas une fâcheuse idée de
confronter les peintres d'un genre ; et, dans la
mystérieuse monotonie du thème, les variations
exécutées par chacun d'eux sur la blancheur
irisée de la neige nous auront permis de mieux
sentir l'accent magistral du peintre-graveur gan-
tois, M. Albert Baertsoen, et de ses grandes aqua-
tintes, la saveur originale de M. Gustave Pierre,
un élève de Gustave Moreau retiré dans sa pro-
vince, mais remarqué dans la cohue de nos
Salons parisiens, la belle pAte de MM. Henry
Gassiers et Victor Gharreton, les humides atmo-
sphères de MM. Lebourg et Luigini, la Hollande
de M. Gorter, le Tyrol de M. Lachman, le Canada
de M. Clarence Gagnon, l'Auvergne de M. de Ter-
likowsky, l'Espagne de M. Gaston Balande, qui
trouve Avila sous un lourd linceul que n'avait
pu voir M. Chartes Cottet ; et la neige nous fait
déplorer l'absence de M. Berson.
Signalons seulement plusieurs groupes nou-
veaux : chez Manoury, rue Boissy-d'Aiiglas, les
Rémois, où nous avons plaisir à reti-ouver M. Gus-
tave Pierre, à côté de M. Paul Bocquet; chez
Guérault, rue Roquépine, les Bretons, sauf
M. Pierre Bertrand, qui s'est volontairement
isolé chez Devambez ; chez Marcel Bernheim, rue
Caumartin, le premier « Salon international de
la gravure originale en noir et en couleurs », qui
nous répète les mérites variés de M™« Hopkins
et de M.M. Paul-Émile Colin, Gobo, Gagnon, Le
Petit, Achener et Roger Grillon. Les peintres-
graveurs se rassemblent à la galerie Levesque ;
les dessinateurs, à la galerie Grandhomme ; les
décorateurs, à la galerie Groult. Après les Peintres
de Versailles et les Intimistes, où se distinguaient
les jolies aquarelles de M. Ernest Herscher, la
nouvelle galerie Hessèle accueille, rue Balzac,
les Peintres de nu, dont nous reparlerons très
prochainement.
L'art ne chôme pas et, pour suppléer aux
bourgeons tardifs, le paysage abonde ; mais qui
ne sut se borner ne sut jamais faire de critique:
il faut résolument choisir et se contenter de
retenir, parmi trop de paysagistes, « les trois
mois à Séville » que nous raconte, chez Allard,
au milieu des bosquets fleuris d'amaranthes,
l'entrain de M. Georges Berges et « le voyage en
Flandre et en Picardie » que nous propose, chez
Georges Petit, dans la pâleur des ciels pluvieux,
la gravité de M. Michel Cazin, sans oublier l'aride
112
LE BULLETIN DE L'ART
splendeur de la Provence hardiment disséquée,
chez Paul Mosenberg, par l'âpreté de M. René
Seyssaud... Au demeurant, n'est-ce pas en art,
en peinture surtout, que le philosophe Scho-
penhauer aurait eu bien raison d'assigner des
limites à notre capacité de sentir'?
Études de ciels, par Louis Braquaval (gale-
rie Chaîne et Simonson). — Entre tant d'expo-
sitions particulières, il faut remarquer ces très
fines études d'atmosphère et d'espace, exécutées
par un ami du ciel sur la baie de la Somme.
Après Turner et Delacroix, en même temps que
Whistier et Jongkind, Eugène Boudin s'était déjà
fait le conlident de ces heures pâles et de ces
nuages dans de simples notes que célébrait
Baudelaire au Salon de 1859 ; et c'est Boudin,
surtout, que rappelle la délicatesse de M. Bra-
quaval, avec autant de précision, mais avec moins
d'enveloppe dans la gamme des gris nacrés.
Raymond Bouyer.
LES REVUES
France
Les Arts (mars). — Gabriel Moukey. Trois pasto-
rales de Boucher. — Elles font partie de la collection
Demotte.
— Achille Seoard. Fresques inédites de l'tivis de
C/iavannes. — Elles datent de 1835 et ont été exécutées
pour la maison de campagne du frère de l'artiste, à
Cuiseaux (Saône-et-Loire). Les Quatre Saisons, avec
un panneau central, le Retour de l'enfant prodigue,
décorent la salle à manger; il y a également quatre
dessus de portes, un Clirist aux outrages, daté de 1858,
et enfin une série de décorations extérieures sur les
murs des écuries, représentant des personnages et
des animaux.
— Charles Saunier. Un Revenant : Julien Le Blant.
— A propos des envois de cet artiste à. la dernière
exposition des Aquarellistes : l'ancien peintre militaire
a trouvé une voie nouvelle dans les représentations
de marchés et de paysages corréziens.
— E. Ciiahtkaire. L'Autel de Notre-Dame de Beth-
léem, à Ferrières-en-Gdtinais. — Sculptures de Gilles
Guérin, né en 1606, exécutées en 1650.
— Maurice Hamel. Camille l'issarro, exposition
rétrospective de ses œuvres.
Allemagne
DieKun8t(février). — J.-A.Uerinuer. H. A. Biihler.
— Peintre, né en 1877; art symbolique, monumental.
très allemand; nombreuses reproductions; le Pro-
méthée est une composition singulière, mais inté-
ressante.
— M. K. Roue. Le Salon d'hiver de la Sécession de
Munich.
— II. Pai.lmans. Fritz Sckwarlz. — Notice nécro-
logique ; Fritz Schwartz était le rédacteur en chef de
la Kunst et le directeur de la maison Bruckmann, de
Munich.
— A. Castell. E.-A. Bourdelle. — Aperçu général
de l'œuvre. L'auteur apprécie surtout les sculptures
du Théâtre des Champs-Elysées, « la seule œuvre
architecturale de la sculpture française moderne ».
— Deux acquisitions pour des musées. — Le Concert
d'enfants de A. Keuerbach, acheté 185.000 marks pour
le Musée de Hanovre, et le fameux Hugo van der
Goes, de Monforte, acheté pour le musée de Berlin.
— R. Braunoaht. « La Lutte des Éléments », par
R. M. Eichler. — Fresque exécutée dans le bâtiment
de la Compagnie de Réassurances, de Munich. Repro-
ductions de l'ensemble et des détails de la composi-
tion.
— II. E. Wallsee. Alfred Lichtwark. — Notice
nécrologique sur le décorateur du Musée de Ham-
bourg.
— P. ScHOMANN. Deux nouvelles muvres du sculp-
teur Max Klinyer.
— II. Kaiser. Le Nouvel hélel de ville de Hanovre.
— Construit par l'architecte Halmbuber; peintures
décoratives par Ilerler et Engeler; sculptures par
Bredow et autres.
— G. Amma.n.n. Nouveaux jardins.
— P. Westheim. Franziska Bruch et son école de
décoration florale, à Berlin.
(Mars). — H. Fietz : Oskar Laske. — Étude d'en-
semble sur l'œuvre de cet humoriste original, qui
excelle à peindre la foule individualisée.
— F. E. Washrurn Frelnd. .Aquafortistes anglais.
— Muirhead Bone, J. Penuel,Cameron. MacLaughIan,
Brangwvo, etc.
— G. i. WoLF. Anselm Feuerbach et notre temps.
— Ce qui, de nos jours, plaît le mieux dans l'œuvre
de Feuerbach, ce sont les études, les tableaux peints
dans les intervalles des grandes machines, bien plus
que ces machines elles-mêmes.
— La Collection A. 0. Meyer. — Romantiques
allemands.
— SciiMinr. Maisons construites par F. Krilger. —
A Cologne.
— Travaux de H. Schmilhals. — Tapis.
— W. FoiTzicK. Faïences et majoliques de la
fabrique von Debschitz, à Munich. — G. Hl'BT.
Le Gérant : H. Dinis.
Paris. — Imp. Georges Petit, \î, rue Godot-de-M«uroi.
Numéro 620
1/^
Samedi 11 Avril 1914.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
L'Institut
et la Ville de Paris
A diverses reprises, il a été question, dans ce
Bulletin, du prolongement de la rue de Rennes
et des travaux qui doivent en être la consé-
quence : percement de voies nouvelles, recon-
struction partielle de l'Institut, pont sur la Seine,
etc. (1); il y a huit jours encore, le compte rendu
de la séance plénière de l'Institut était presque
entièrement consacré aux difficultés survenues
à ce propos entre les administrateurs du Palais
Mazarin et la Ville de Paris M. Alexandre Ribot
ayant porté l'afTaire à la tribune du Sénat, le
2 avril, sous forme d'une question adressée au
ministre de l'Instruction publique, il n'est pas
sans intérêt de mettre, une fois de plus, le
public en présence des faits de la cause.
l'n projet d'Haussmann, qui date de 1866, a
dit en substance M. Ribot, a été repris, il y a
quelques années, par la Ville de Paris : il com-
prend essentiellement une voie qui doit partir
de la place Saint-Germain-des-Prés pour aboutir
à la Seine, au quai Conli, près de la Monnaie;
sur cette voie doit s'embrancher, à peu près à la
hauteur de la rue des Beaux-Arts, une autre voie
qui atteindra le quai Malaquais, entre le palais
de l'Institut et la rue Bonaparte, On se rappelle
que la première de ces deux voies devait se
continuer par un pont biais, entre la Cité et le
pont des Arts ; les protestations qui se sont
élevées contre ce projet néfaste l'ont fait aban-
donner; on propose maintenant de transformer
le pont des Arts en un pont carrossable.
l,a voie aboutissant au quai Conti traverserai
partie des bâtiments de l'Institut où se trouvent la
salle des séances, les salles de commission et la
bibliothèque. L'Institut ne fait pas d'opposition
à ce bouleversement; il accepte le projet d'Hauss-
I
(1) Voir, en particulier, le n° 596 du liullelin.
mann, d'après lequel le palais doit être recon-
struit derrière sa façade actuelle et bordé par
les deux rues qui aboutiront l'une au quai Conti,
l'autre au quai Malaquais; il l'accepte surtout
parce qu'il y trouve un accroissement de surface,
cette transformation lui donnant H.900 mètres
carrés couverts, au lieu des 8.600 qu'il occupe
actuellement.
Mais la Ville de Paris, elle, n'accepte plus le
projet d'Haussmann dans son intégralité, et voici
pourquoi : ayant prévu trente-huit millions pour
prolonger la rue de Rennes et bâtir un pont,
elle se rend compte que cette somme est insuf-
fisante et voudrait combler une partie de son
déficit en rognant sur les terrains attribués à
l'Institut. Celui-ci a protesté avec énergie et s'est
adressé à l'État, propriétaire du Palais Mazarin.
Le Conseil municipal a répondu alors par une
illégalité ; il s'est constitué en comité secret et
il a décidé que les travaux de piolongement de
la rue de Rennes seraient entrepris immédia-
tement jusqu'à la rue des Beaux-Arts, c'est-
à-dire jusqu'au point d'où partiront les deux
voies nouvelles aboutissant aux quais. Sans
doute, espérait-il ainsi mettre l'Institut devant
le fait accompli et lui forcer la main ; mais l'In-
stitut n'est pas d'humeur à se laisser jouer, et
le Conseil municipal a dû le comprendre en
lisant le discours très mesuré, mais très ferme,
prononcé par M. Ribot à la tribune du Sénat.
M. Ribot a demandé au ministre : que rien ne
soit fait ni autorisé en dehors des termes du
décret de 1866, tant que ce décret n'aura pas
été modifié; que ce décret soit précédé d'un
accord financier entre l'État et la Ville; enfin
que l'Institut et ses représentants ne soient pas
laissés seuls en face de la Ville de Paris, et que
l'Etat prenne en mains l'affaire, comme il est de
son devoir. Tout en faisant ses réserves sur la
seconde demande, le ministre a très nettement
donné aux deux autres la réponse favorable
qu'on attendait de lui.
« Que l'Institut tienne bon, écrivait l'autre jour
m
LE BULLETIN DE L'ART
M. André Hallays, et le ministre fera comprendre
à la Ville la folie d'entreprendre aujourd'hui un
travail qu'elle ne pourra peut-être pas achever,
faute de ressources. Si, pour la bonne règle
électorale, il est indispensable que ce quartier
soit bouleversé comme les autres quartiers de
Paris, on pourrait s'en tenir à l'élargissement
de la rue Bonaparte entre Saint-Germain-des-
J*rés et le quai Malaquais. Ce ne serait peut-être
pas beaucoup plus utile, mais ce serait moins
cher et moins désastreux. Voici douze ans que
nous ne cessons de recommander cette solutiori-
là. Il n'est pas encore trop tard pour y revenir. »
É. I).
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des beaux-arts (séance du 4 avril).
— Le président annonce à ses confrères le décès de
Sir Hubert Ilerkomer, de Londres, associé étranger
de l'Académie des beaux-arts depuis 1896.
— La Compagnie commence l'étude des amélio-
rations à apporter dans l'aménagement du musée de
la fondation de Gaen, annexe de l'Institut.
Académie des inscriptions et belles-lettres
— M. Héron de Villelosse signale une inscription
latine découverte à Thibiuca, dans la vallée de la
Medjerda, par M. Fleury du Sert, maire de Tebourba
(Tunisie).
— M. Paul Monceaux donne lecture d'une note de
M. Carcopino, professeur à l'Université d'Alger, direc-
teur du musée des Antiquités algériennes, sur une
mosa'ique tombale découverte à Tipasa (Algérie) dans
la basilique dite d'Alexandre, par l'abbé Dubosq : cette
mosa'ique nous fait connaître le nom d'un certain,
Renatus, évêque de Tipasa au iv siècle.
— M. Homo, ancien membre de l'École française
de Rouie, donne lecture d'une étude sur les maisons
de rapport et la crise des loyers dans la Home impé-
riale.
Société nationale des antiquaires de France
(séance du 2.'i mors) — M. Maurice Roy continue sa
communication sur les travaux elfeclués par Philibert
Uelorme au château de Fontainebleau pendant les
années 15.'H-1S59, comprenant la reconstruction de la
partie entre la chapelle de la Trinité et le pavillon
des Poêles. Le dernier ouvrage parait avoir été l'amé-
nagement de la salle de l'armurier du roi.
— M. V. Chapot étudie un bas-relief de Terraci^c,
publié par La Blanchère, et représentant un vaisseau
avec une inscription dont il détermine le sens.
— M. le commandant Lefèvre des Noc'ttes étudie
les casques à nasal et prouve, à l'aide de documents <
tirés des manuscrits à miniatures des xv xi' et
XII* siècles, que ce n'est qu'à partir de cette dernière
époque que ce genre de casque a été porté d'une façon
à peu près générale. Il persista jusqu'à la seconde
moitié du xnr siècle.
— M. Paul Monceaux communique des sceaux
chrétiens, découverts à Carthage par le R. P. Delattre.
(Séance du 1" avril). — MM. Prou et Blanchet font
une communication relative à des inscriptions latines
dont la copie est conservée dans la correspondance
de Mabillon.
— M. le comte de Loisne signale un intéressant
manuscrit du xv siècle; c'est un bréviaire à l'usage
de Thérouanne, qui a été exécuté pour Henri de Lor-
raine, évêque de Thérouanne de 1456 à 1485
— M. l'abbé Corbière lit une note relative à une
attestation authentiquant un sceau en 1371.
Société d'encouragement à l'art et à l'indus-
trie. — Le jury de la Société vient d'attribuer ses
primes d'encouragement à des artistes ayant exposé
au 9* Salon de la Société des artistes décorateurs. Les
concurrents devaient être Français et avoir exposé
«un objet d'usage pratique, un ensemble de mobilier
et de décoration intérieure, ou un projet d'architec-
ture extérieure ».
Voici la liste des lauréats :
1" prime de 300 francs et une plaquette d'argent :
M. Laurent Malclès (serrurerie décorative en bronze
ciselé) ;
2* prime de 200 francs et une plaquette de bronze ;
M. Jules Coudyser (série de tissus et stores);
3* prime de 200 francs et une plaquette de bronze :
M. Louis-Philippe Sézille, architecte (maquette d'une
maison de campagne et de jardins);
4" prime de 200 francs (don de MM. Isidore Leroy
et Paul Parquet) et une plaquette de bronze: M. André
Mare (ensemble de mobilier);
5* prime de 100 francs (fondation de M. James H.
Hyde) et une plaquette de bronze : M. Etienne Ave-
nard (faïences décorées);
6* prime de 100 francs (don de M. G. -Roger Sandoz)
et une plaquette de bronze ; M. Loys Brachet, archi-
tecte (projet de villa démontable) ;
■7* prime de 100 francs (don de M. Pierre Laguionie)
et une plaquette de bronze : M. Emile Bernaux, sculp-
teur (meubles de salle à manger);
8" prime de 100 francs (don de M. Fcnaille) et une
plaquette de bronze : M. Raoul Lachenal (grès décorés
grand feu) ;
9* prime de 100 francs (don de*M. Fernand George)
et une plaquette de bronze : M. Auguste- Henri
Thomas (modèles de tissus) ;
10* prime de 100 francs et une plaquette de bronze :
M. Maurice Quénioux (ctolfes. velours et soieries);
11* prime de 50 francs et une plaquette de bronze :
M"* Colette Myrtille (broderies).
Une plaque de bronze a été attribuée, comme
ANCIEN ET MODERNE
H5
récompense spéciale, à M. François Decorcheniont,
pour ses pâtes de verre, et un rappel de plaquette
d'honneur en vermeil a été, en outre, voté en laveur
de M. Emile Gagnant, éditeur de serrurerie d'art.
Musées nationaux. — M. Cormon, membre de
l'Institut, a offert à l'État, pour le musée du Lu.Kcm-
bourg ou celui de Versailles, le portrait de l'aiil
Déroiilède prononçant son discours « Champigny,
qu'il exposa au Salon de l'année dernière. Le Conseil
des musées a accepté le don du tuaitre.
Musée du Louvre. — Dans sa dernière séance, le
Conseil des musées nationaux a adopté un projet
relatif à la réorganisation des ateliers de moulage et
de chalcographie du Louvre.
Le Conseil, désireux de développer la production
de ces ateliers, a voté en leur faveur une augmen-
tation de crédit de 20.000 francs, qui sera fournie par
la caisse autonome des Musées nationaux. Dès à pré-
sent, la direction s'occupe de recruter des ouvriers
mouleurs à bon creux, praticiens expérimentés et
sûrs, pour rénover les procédés d'exécution. Le con-
seil escompte un notable accroissement de recettes,
en même temps qu'un regain d'activité qui permettra
au Louvre de participer en de bonnes conditions à la
vulgarisation des chefs-d'œuvre qu'il possède.
École du Louvre. — M. Marquet de Vasselot,
conservateur-adjoint au musée du Louvre, fera après
Pâques quelques conférences sur les arts du métal, le
lundi à 2 h. t/2, dans les salles du musée. La première
leçon aura lieu le lundi 20 avril.
Les Œuvres d'art de la ville de Paris. — Dans
une de ses dernières séances, le Conseil municipal de
Paris a adopté plusieurs propositions tendant à
l'acquisition de diverses œuvres d'art; à la partici-
pation financière, pour une somme de S. 000 francs, à
l'exposition rétrospective du paysage français de Pous-
sin à Corot, prévue pour le printemps de 1915, au
Petit Palais; à l'ouverture d'un crédit de 40.000 francs
pour l'aménagement des collections de dessins et
gravures léguées par Dutuit au Petit-Palais; à l'ouver-
ture d'un crédit de 13.000 francs pour les travaux de
réfection du musée Carnavalet.
La Caisse des monuments historiques et l'Of-
fice des monuments non classés. — Dans sa
séance du 2 avril, la Chambre n adopté :
1° Le projet de loi, précédemment voté par la
Chambre, sur le rapport de M. Théodore lieinach, et
adopté avec modifications par le Sénat, tendant à la
création d'une Caisse des monuments historiques et
préhistoriques ;
2° L'ne proposition de loi de M. Georges Lejgues et
plusieurs de ses collègues, portant création, au minis-
tère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, d'un
Ollice des monuments ayant un caractère esthétique
ou historique, non classés par les lois du 30 mars 1887
et du 31 décembre 1913.
Nous publierons prochainement le texte de ces
deux lois.
L'Armure de Philippe II. — Le Sénat, dans sa
séance du 2 avril, a voté le projet de loi, déjà adopté
par la Chambre (voir n" 617 du HuUelin\ « autorisant
le ministre des Affaires étrangères à offrir au gouver-
nement espagnol le chanfrein de l'armure de Phi-
lippe II ».
Mais alors que la Chambre avait adopté cette loi
en cinq minutes et sans discussion, le Sénat a entendu
une vigoureuse protestation de M. Dominique Dela-
haye, qui s'est élevé contre cette aliénation regret-
table, et a proposé d'envoyer àl'Armeria Real, non les
pièces originales, mais la reproduction par la gal-
vanoplastie du chanfrein et de ses accessoires. Le
ministre, dans sa réponse, a donné quelques explica-
tions pour bien mettre en évidence qu'il ne s'agissait
plus, comme il en avait été question tout d'abord,
d'un dépôt des pièces d'armure dans un musée étran-
ger, mais d'une véritable aliénation faite par le Par-
lement, « qui a qualité pour porter atteinte aux lois
précédentes et pour prendre ses responsabilités ».
Voilà dit le dernier mot sur cet « acte de courtoi-
sie » que nous serions heureux, pour parler comme
M. Viviani, « d'accomplir vis-à-vis de la noble et
chevaleresque nation espagnole », si nous ne persis-
tions à le considérer comme le plus regrettable des
précédents.
Concours pour lareconstruction de la Chambre
de commerce de Paris. — Le registre des inscrip-
tions pour le concours ouvert entre tous les architectes
français par la Chambre de commerce de Paris, 2, place
de la Bourse, sera clos le 1" juin prochain.
Les projets doivent être déposés du mardi 9 juin au
samedi 13 juin, dans un local qui sera indiqué ulté-
rieurement.
Le jugement sera rendu le mardi 7 juillet au
plus tard. Il y aura une exposition publique après le
jugement.
Les primes suivantes pourront être allouées :
1° une prime de 30.000 fr.; 2° une prime de 20.000 fr.;
3° une prime de 15.000 fr ; 4° une prime de 10.000 fr ;
5° cinq primes de 5.000 fr.
Expositions annoncées. — Le vernissage du
Salon de la Société nationale des beaux-arts aura
lieu le dimanche 12 avril ; ouverture au public, le
lundi 13.
— Du 20 avril au 3 mai, à la galerie Edmond Sagot,
39 bis, rue de Chateaudun, exposition de nouvelles
peintures et gravures d'Auguste Lepère.
A Montpellier. — L'administration des Beaux-
Arts vient d'introduire une instance de classement en
faveur de la célèbre promenade du Peyrou, commencée
en 1689 par Davilez et achevée eu 178."i par Gérai et
Dormat.
A Athènes. — 11 y a trente ans, disparut de
l'Acropole un fragment de plaque d'argile décorée
H6
LE BULLETIN DE L'ART
d'un Héraclès debout près d'un char : l'œuvre tirait
la plus grande partie de son intérêt du fait qu'elle
portait la signature d'un artiste connu, Skjthas. Le
Messager d'Athènes annonce qu'elle vient d'être
retrouvée au musée de Boston, auquel un amateur
américain l'avait offerte, après l'avoir achetée à Paris.
Elle va revenir à Athènes, le musée de Boston en
ayant gracieusement proposé la restitution au gou-
vernement hellénique.
A Bâle. — Le musée de Bâle vient de s'enrichir
d'une importante collection de près de 300 tableaux
anciens qui provient de la succession de feu le profes-
seur Bachofen-Burchhardt. Cette collection comprend
quelques pièces de tout premier ordre. A côté de
plusieurs Primitifs allemands et d'un Crucifiement
de l'école d'Avignon, remarquable par la beauté de
son coloris, un Saint Jéi'ôme de Memling, une Vierge
à l'Enfant que l'on croit pouvoir attribuer à Quentin
Metsys, et deux Rubens, représentent l'école flamande.
Quelques italiens des xv* et xvi' siècles, entre
autres un Portrait de VArétin par Sébastien del
Piombo, rivalisent avec une belle série de Hollandais
du xvii* siècle, parmi lesquels un Rembrandt, un
K. Bol, un N. Maes, un van Goyen, etc. Parmi les
maîtres français du xviii* siècle, on trouve un Liotard
et un Boilly.
M"" Bachofen-Burchhardt, qui a fait don à la ville
de Bùle de la galerie de tableaux de son mari, la
conservera encore jusqu'à l'achèvement du nouveau
musée, dont la construction va commencer.
A Rome. — Les derniers travaux exécutés sous la
direction de M. Giacomo Boni ont mis au jour, dans les
anciens Orti Farnesiani, les restes des constructions
que le cardinal Alexandre Farnèse, sur les plans de
Michel-Ange, fit élever au bas du palais de Domitien.
On a déjà dégagé un nymphée de Torme absidiale,
avec des décorations de stalactites et de mosaïques,
un escalier de. serpentin vert encadré de porphyre
rouge, la conduite d'eau qui conduisait à la grande
vasque. Les ruines Renaissance avoisinent ainsi les
ruines romaines. — L. G.
Nécrologie. — On annonce la mort de M. Joseph
Chatrousse, architecte départemental de l'Isère, âgé
de 66 ans ; et celle M. Joseph Gardel, statuaire, père
de M. Georges Gardet, le sculpteur animalier.
— On annonce la mort à Nimes, où il était depuis
près de vingt ans directeur de l'école des beaux-arts
et conservateur du musée, du peintre Alexis La Haye,
né à Paris en 1850, élève de Pils et Carolus-Duran.
H exposait au Salon, depuis 1876, des paysages et des
portraits. 11 était membre correspondant de l'Aca-
démie des beaux-arts.
— Né en Bavière, le 26 mai 1849, le peintre Hubert
Herkomer, que ses portraits d'Archibald Forbes,
de Tennyson, de Ruskin, de Richard Wagner, de
Miss Catherine Grant (la Dame en blanc) ont rendu
célèbre, est mort le 31 mars dernier dans le De-
vonshire, à Budieigh. Depuis l'âge de huit ans, il
habitait l'Angleterre, oii son père, sculpteur sur bois,
était venu s'établir, après un court séjour en Amérique
et où le jeune artiste commença par travailler aux
peintures décoratives du Kensington Muséum à raison
d'un salaire infime. Après avoir débuté au Graphie et
signé divers tableaux de genre, notamment le Der-
nier appel, exposé en 187.';, il se fit remarquer par ses
portraits, qui lui valurent une renommée considérable.
11 avait succédé à Ruskin dans la chaire d'esthétique
de l'Université d'Oxford, qu'il occupa avec distinction
pendant neuf années. Il était associé étranger de
l'Académie des beaux-arts.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — Vente de tableaux. — Dans la
vente de la Collection C. H..., faite, salle 12, par
M* Albinet et M. Guillaume, le 30 mars, nous
remarquons le prix de 5.900 fr., obtenu par le
Portrait d'un ménestrel, par Holbein.
Vente d'objets d'art. — Une vente faite,
salle 6, le 31 mars, par M< Lair-Dubreuil, assisté
de MM. Georges Petit, Paulme, Lasquin et Léman,
a produit 409.414 francs.
Dans la liste des enchères les plus notables
que nous donnons, on remarquera surtout celles
obtenues par les deux mobiliers en tapisserie
qui étaient les deux numéros les plus impor-
tants de celle vente, composée de tableaux et
dessins anciens et modernes et d'objels d'art et
d'ameublement, la plupart du xvui' siècle, appar-
tenant à divers amateurs.
PRINCIPAUX PRIX
Tablbadx modernes. — 4. Uiaz. La Mare dans la
vallée, 31.000 fr. (dem. 30.000).
Dessins anciens. — 26. Fragonard. Le Savetier,
ANCIEN ET MODERNE
m
dessin pour les Contes de La Fonlaive, 6.500 fr. (dem.
7.000). — 27. Fontaine dans le parc d'une villa ita-
lienne, 5.200 fr. (dem. 2.500).
Tableaux anciens. — 60. H. Fragonard. Troupeau
fuyant devant l'orar/e, 18.000 fr. (dem. 18.000). — 64.
Van Goyen. Marine, 14.200 fr. (dem. 10.000). — 67.
Largillière. Portrait de M. Forcade, cadre bois
sculpté, ép. Louis XV, 4.700 fr.
OB.IETS DE VITRINE. — 89. Boltc oF guilloctié, ciselé
et émaillé en plein, lilas, couvercle orné sujet allég.,
fin ép. Louis XV, 4.905 fr. (dem. 8.000).
Objets vakiés. — 92. Deux bouteilles, anc porcel.
Chine, réserves sur fond bleu fouetté, 4.900 fr. (dem.
1.000).
Bhonzes. — 97. Pendule, branchages Heurs et fleu-
rettes, statuette de femme et animaux, anc. porcel'
Saxe, ép. Louis XV, 6.600 fr. (dem. 8.000).
Salons en tapisserie. — Succession de M. le Mar-
quis d'Ivry. 115. Salon (canapé et huit fauteuils),
bois sculpté, ép. Louis XV, anc. tapiss. à fleurs sur
fond jaune, 43.000 fr. (dem 40.000). — 115 bis. Salon,
appartenant à M"' X... (un canapé et huit fauteuils),
tapiss. du xviii' s., composit. à animaux, des fables
de La Fontaine, bois sculpté et doré, 73.450 fr.
(dem. 70.000).
Meubles. — 120. Grande commode droite, marquet.
bois de coul., médaillons, etc., fin ép. Louis XV,
7.020 fr. (dem. S.fiOO; rect.). — 123. Table-étagère,
br. vert, à deux tablettes ^de granit rose, ép. Louis XVI,
11.000 fr. (dem. 12.000; v. Doucet, 1912, 20.500 fr.).
Tapisseries, ETC. — 130. Tapiss. Bruxelles xvi* s.,
composit. à grands personnages, sujet de l'histoire
anc, bordure fleurs et fruits, 5.900 fr. (dem. 6.000). —
133. Panneau tapiss. flamande, xvii' s., paysage avec
personnages dansant, d'après Téniers, 5.000 fr. (dem.
7.000). — 135. Tapiss., ép. Régence, Diane et une
compagne dans un paysage, bordure encadrement,
10.005 fr. (dem. 12.000). — 138. Tapiss. d'anc. travail
oriental, fond vert clair, fleurs, lions, etc., 5.000 fr.
(dem. 10.000).
Collection Victor Margueritte (tableaux).
— Cette vente qui devait être dirigée, salle 1, le
2 avril, par le ministère de M" Tixier, assisté
de M. Max Bine, n'a pas eu lieu. Elle avait fait
l'objet d'un catalogu'e illustré reproduisant un
certain nombre des tableaux, tant anciens que
modernes, au nombre d'environ soixante, qui
composaient la collection.
Vente de la collection du Marquis de
Traynel (monnaies antiques, objets d'art).
— Faite, salle il, les 2, 3, et 4 avril, par le
ministère de M« Desvouges, assisté de MM. Feuar-
dent et Léman, cette vente a produit environ
33.000 francs. Une seulf rnchère est à retenir,
celle de 4.900 francs, jju.a le numéro 440, une
pièce d'or de Manlia Scantilla, avet, au revers,
Junon debout.
Ventes de tapisseries. — Le 4 avril, dans
une vente anonyme d'objets d'art et d'ameuble-
ment, dirigée, salie 6, par M« Lair-Dubreuil et
M.M. Paulme et Lasquin, une petite tapisserie
d'Aubusson, d'époque Louis XV, le Jeu du Colin-
Maillard a réalisé juste son prix de demande de
10.000 francs.
— Dans une vacation, également anonyme,
qui a eu lieu le môme jour, par les soins de
M" Baudoin et de MM. Maunheim, une tapisserie
flamande du xviii» siècle, représentant des
paysans dansant dans un jardin, a été adjugée
7.360 fr. Un meuble de salon couvert en tapis-
serie au point, en partie du xvii<: siècle, a réalisé
b.OOO fr.
M. N.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Éva Gonzalès. 1852-1883 (galerie Bernheim
jeune) et Berthe Morisot, 1841-1895 (galerie
Manzi). — Deux exquises « rétrospectives >>, qui
nous proposent parallèlement une définition de
la véritable peinture féminine où s'illustrèrent,
jadis ou naguère, la Hosalba, M"" Vigée-l.e Brun,
Marie BashkirtsefF : heureuse et discrète résur-
rection de deux talents essentiellement féminins,
de deux sincères admiratrices de ce Manet dont
les grandes qualités ne nous cachent point les
petits défauts, et que nous avons conscience
d'aimer beaucoup mieux que les thuriféraires
intéressés qui le desservent.
Mortes prématurément, l'une, à la fleur de
l'iVge, à 31 ans, l'autre, en pleine maturité char-
mante et studieuse, à 84 ans, Éva Gonzalès et
Berthe Morisot, qui se ressemblent par leur pen-
chant pour l'intimité doucement lumineuse et
familièrement élégante, n'accusent d'autres dif-
férences que les nuances particulières de leurs
dispositions natives : si la plus jeune a l'air d't^fre
la plus âgée, c'est que l'élève de Chaplin, deve-
nue la belle-sœur du peintre-graveur Henry
(luérard, resta toujours plus appliquée, sinon
plus timide, devant la soudaine révélation de la
lumière et le paisible enchantement de la vie ;
et si la Parisienne apparaît moins hardie que la
provinciale, c'est que la brève carrière d'Eva
Gonzalès ne lui permit pas de manifester toute
118
LE BULLETIN DE L'ART
l'audacieuse ingénuité de ses dons : déjà patinée
par les ans, la Loge avoue l'influence, encore un
peu charbonneuse, de l'école espagnole, alors
toute puissante sur les premières innovations
de M. Renoir, de Whistler et de Manet ; mais la
Jeune Femme à la fenêtre, avec sa robe mauve et
son éventail rouge encadré par la verdure, les
pastels, et surtout la Jeune Fille en blanc, qui
semble immatérielle dans le frou-frou des frottis
légers, font à la mort trop tôt venue de cruels
reproches...
Née à Bourges, et d'abord élève du peintre
lyonnais Joseph Guichard, comme le futur maître
Bracquemond, Berthe Morisot apparaît, parmi
les plus modernes femmes peintres, la Pari-
sienne accomplie : en vérité, la belle-sœur
d'Edouard Manet n'est-elle pas la plus directe
héritière de notre xvni" siècle, dont elle a retrouvé
la fantaisie vivante dans la nouveauté du plein
air? Et l'impressionnisme ne serait-il point, par
excellence, « de la peinture de femme (I) », étant
un art superficiel et prompt, qui pénètre les
choses et les âmes sans avoir l'air d'y toucher?
Nous avons déjà vu, déjà dit l'art singulier de
cette peintresse à nous suggérer la perfection de
l'ébauche, la fraîcheur de la sensation vive et du
ton, le parfum grisant d'un intérieur virginal ou
d'un jardinet vert, illuminé de roses thé ; mais,
aujourd'hui, mieux qu'à la Cenlennale de 1900,
mieux qu'au Salon d'automne de 1907 (2), nous
dirons : c'est de la peinture, et c'est autre chose
encore ; c'est comme un chapitre, lui-même
rétrospectif, mais toujours étonnamment frais,
de la modernité d'hier qui fut le décor déjà loin-
tain de nos jeunes années.
XVIII" Salon international du Photo-
Club de Paris (au Cercle Volney). — Exposi-
tions diverses. — Sans évoquer l'An 22i0 avec
ce Sébastien Mercier qui mourut, trop oublié
déjà, quoique journaliste, le 25 avril 1814, ce
Salon très spécial nous semble redoutable à
l'avenir de l'art, encore plus menacé par la
science exacte que par la démocratie positive;
mais aujourd'hui que la plupart des peintres ne
sont que des photographes, pourquoi les photo-
graphes n'oseraient-ils pas se montrer artistes?
Et ces reports coloriés, ces photolithographies sur
pierre, composées par M. Robert Demachy dans
(1) V. Teodor de Wyzewa, Peintres de jadis et
d'aujourd'hui.
(2) Cf. le Bulletin du 11 février 1905 et du 5 octobre
1907.
les vieilles rues de Rouen, d'Amsterdam ou de
Montmartre, ne sont-elles pas de vraies œuvres
d'art? La Leçon de lecture, de M. Biendiné, ne
surpasse pointTerburgouMetsu •,1a pâle Académie
de M. Park-Bertram ne remplace point les
crayons d'Ingres; mais la vue prise à Rapallo,
par M. le comte de Montgermont, et les notes
rapportées de voyage par M.M. Schneeberger,
Puyo, Tucker, Bourgeois et Darnault relèvent
évidemment de l'art du paysage.
Sans recourir encore au cliché, les Peintres de
Nu, groupés, cette fois, chez Hessèle, idéalisent
moins volontiers la nature qu'ils ne la copient :
à part une des femmes symboliques du maître
RoU.une étude datée IS'T" par M. Helleu, les fées
de M. Lévy-Dhurmer, ou les belles stylisations
musculeuses du peintre-graveur Migonney, c'est
la seule réalité que traduisent les meilleurs
artistes, tels que MM. Jeanniot, Ernest Rouard
et Payret-Dortail.
Nous connaissions déjà le Suédois Hans Eke-
gardh, qui monticellise toujours, ainsi qu'on peut
le voir à son exposition de la galerie Montaigne;
et, parmi tant d'exposants, n'oublions pas un
couple vaillant de peintres-graveurs canadiens,
M. et Mm» Frank M. Armington, qui viennent
de réunir, dans leur atelier, boulevard du Mont-
Parnasse, leurs inspirations voyageuses depuis
Gonstantine et Venise jusqu'aux brumes de Lon-
dres, en passant par le vieux Paris.
Raymond Bouyeb.
COURRIER DES DÉPARTEMENTS
A Bordeaux :
Une exposition John Lewis Bro'wn
Une seconde rétrospective des œuvres de
J. L. Brown vient de s'ouvrir à Bordeaux, dans
la Galerie du Jardin public. On y peut voir ras-
semblés, avec 64 toiles, aquarelles ou dessins
appartenant à M. Durand-Ruel, un plus grand
nombre de tableaux prêtés par des amateurs
bordelais.
On sait que J. L. Brown naquit à Bordeaux,
d'un père écossais, et que beaucoup de ses
œuvres n'ont jamais quitté sa ville natale. C'est
dans la campagne girondine qu'il se familiarisa,
tout enfant, avec le cheval de race et qu'il eut
ses premières visions des bois et des clairières
traversés par les chasses à courre.
ANCIEN ET MODERNE
119
L'exposition d'aujourd'hui nous montre par
quels essais successifs, après quelles hésitations
l'artiste a mûri la manière diaphane et brillante
qui est celle de ses meilleures toiles. Ses pre-
mières esquisses rappellent souvent Bonnington.
Mais un souci excessif du fini le condamne, pen-
dant assez longtemps, à n'utiliser d'excellents
croquis que pour des peintures médiocres. Puis ce
sont les sujets militaires, quelques-uns traités
dans les tons sombres et conventionnels qui res-
taient à la mode chez les disciples de Vernet, les
derniers s'éclairant peu à peu. Beaucoup de petits
épisodes font songer à Meissonier, tant par la
tendance à la miniature que par la clarté tran-
quille et colorée des fonds. Viennent enfin les
œuvres de la dernière période, qui nous révèlent
dans J. L. Brown, à côté d'un animalier de pre-
mier ordre, un paysagiste personnel et sincère.
Le peintre avait beaucoup fréquenté les im-
pressionnistes. Il a même fini par se croire l'un
des leurs A vrai dire, il ne leur emprunté
rien de leur technique particulière, mais il
a retenu leur goût des tonalités pures, des
harmonies claires. En quelques années, il a
décrassé sa palette, et ses verdures ont pris une
fraîcheur transparente. Au reste, il ne faut plus
dire de lui que c'est un méconnu; nous lui fai-
sons aujourd'hui la place dont il est digue parmi
les petits maîtres du xix« siècle. Son œuvre est
inégal, comme celui d'un artiste amateur qui
peint de verve et répugne à se corriger. Nous
nous serions bien passés de revoir à Bordeaux
son regrettable Mont Saint-Michel. Telle de ses
toiles étonne parladuretédesfonds, l'incohérence
plate des valeurs et des couleurs, et l'on doute
que le même artiste ait pu signer l'œuvre voisine,
où tant de fraîcheur lumineuse baigne l'alerte
silhouette des cavaliers.
G. L.
CORRESPONDANCE DE ROUMANIE
Le Quatrième centenaire d'un livre.
Le Musée Grigoresco à Bucarest.
Il y a quatre cents ans, celte année, que parut,
sur l'ordre du vénérable voévodeMatei Basarabe,
le premier livre imprimé en roumain. On ne sait
pas exactement de quelles presses il sortit, mais
on l'attribue avec vraisemblance aux moines du
monastère de Govora (Olténie), dont plusieurs
étaient allés étudier l'art de la typographie à
Venise.
C'est un évangéliaire in-octavo, de très grand
luxe, imprimé sur parchemin, qui se trouve
aujourd'hui au Musée d'art religieux de Bucarest,
en compagnie de deux autres volumes, un missel
et un autre évangéliaire, à peine postérieurs
sans doute, et imprimés avec le même soin. Les
caractères très nets, d'une fonte élégante, sont
de vingt points. L'impression en noir s'orne de
frontispices et d'encadrements enluminés à la
main, en rouge et en bleu, rehaussés d'or. La
première page porte les armes princières du
pays roumain, l'aigle aux ailes éployées tenant
la croix dans son bec.
Le nouveau ministre de l'Instruction et des
cultes, M. J. G. Duca, a décidé de réunir les
œuvres du premier artiste roumain^ N. J. Grigo-
resco, en un musée spécial. Elles viennent donc
de quitter le Palais des beaux-arts de Filaret, où
l'humidité risquait de les détériorer à la longue,
et elles ont trouvé un asile dans une salle de
l'Athénée roumain, spécialement aménagée en
vue d'un musée. Cette salle a été inaugurée offi-
ciellement le tî) mars, et depuis, un public nom-
breux s'y presse. Le ministre a invité les autori-
tés, les ministères, la Chambre, divers Instituts,
à remettre au musée les œuvres du maître qu'ils
possèdent, et l'on espère ainsi réunir un ensem-
ble complet qui permettra de faire connaître et
admirer, sous tous les aspects de son talent si
varié, le grand peintre national : ses toiles appar-
tiennent déjà à l'histoire; demain les scènes
qu'elles retracent auront cessé de se retrouver
dans le pays.
Mahckl Montanijon.
LES REVUES
Fra.nce
L'Art et les artistes (décembre). — Gabriel Mou-
iiBv. L« Chartreuse de Pavie. — Visite du monument
somptueux et singulier ; analyse de ses principales
richesses ; l'œuvre d'Amadeo et de Borgogoone.
— Georges Lecomte. l'aul Renouard. — Notes sur
cet admirable dessinateur, qui a le don de représenter
la vie avec tant de justesse et de caractère.
— Max GoTH. Olga de lioznanska. Les portraits de
cette artiste slave, « d'un art si humain, si tendre et
si compréhensif».
120
LE BULLETIN DE L'ART
— Georges Vidalenc. L'Art décoratif de Burne-
Jones. — Article particulièrement consacré à l'art du
vitrail.
Grande-Bretagne
The Burlington Magazine (février). — Tancred
BoRENiLS. Deux anges musiciens. — Peinture inédite
appartenant à M. R. H. Benson, et qui dut originai-
rement faire partie d'un retable. L'auteur l'attribue à
Lorenzo Monaco.
— D. T. B. WooD. Les Tapissei'ies du « Credo » (à
suivre). — Premier travail d'ensemble sur ces tapis-
series qu'on rencontre du xiv* au xvi° siècle et qui
avaient pour sujet, selon le mot d'un de, ceux qui les
ont étudiées, M. Barbier de Montault, «le Credo en
action ». L'auteur décrit une de ces tapisseries autre-
fois offerte par la reine Marie-Christine à Léon XIII et
aujourd'hui au Vatican (milieu duiv" siècle); et une
autre, qui est au musée de Boston (dernier quart du
XV' siècle).
— Lionel Cust. Notes sur des peintures des collec-
tions royales : XXVII. La Collection du duc de Man-
toue et Charles I". — Histoire de la vente, au roi
Charles I", de la galerie des ducs de Mantoue, en
1627-1628. En 1649, après la chute de la monarchie et
la mort du roi, les collections de Charles I" furent
vendues et une partie des plus célèbres peintures qui
les composaient passèrent à nouveau la mer; si
l'Angleterre en a gardé une bonne part, recouvrée
en 1660, à la restauration de la monarchie, l'Espagne,
l'Autriche et surtout la France ont hérité des princi-
paux chefs-d'œuvre des anciennes collections des
ducs de Mantoue.
— Eric Maclaoan. Deux portraits italiens en relief
du musée Victoria et Albert. — Un portrait du poète
Francesco Cinthio, de profil, en marbre; dernier quart
du IV* siècle; — un portrait de Cosme 1", de profil,
en porphyre, par Francesco del Tadda.
— Arthur M. IIind. Giovanni Boltista Piranesi, notes
complémentaires et liste de ses œuvres (fin). — Article
spécialement consacré aux Vedute di Roma; liste des
137 planches comprenant cet ouvrage, avec leurs dates.
— Bernard Rackiiau. Fuiences et grès anglais, au
Burlington fine arts club. — L'ensemble actuellement
exposé est le plus complet qu'on ait jamais réuni sur
les anciennes périodes de l'art du potier en Angleterre.
L'auteur examine en détail les diverses séries, dont
il reproduit les principales pièces.
— C. J. Holmes. L'Atelier de Verrochio. — A propos
d'un livre récent du D' Jens Thiis, Leonardo da Vinci,
the Florentine years of Leonardo and Verrochio.
— Charles Oulmont. « V Académie particulière » de
Gabriel de Saint-Aubin. — La peinture de l'ancienne
collection Jacques Doucet (aujourd'hui, collection
Mortimer Schiil), est rapprochée, par l'auteur, d'une
peinture en tous points semblable, quoique de ditnen-
sions différentes (toile; \\. 25 cent, sur L. 31 cent.,
au lieu de : bois; H. 17 cent, sur L. 27 cent.), qui
fait partie d'une collection particulière, à Paris.
— AymerVALLARCE. 4fo6i7zer ancien; AT. Berceaux
et lits.
— Lettres aux éditeurs : Egerton Beck. Le livre de
prières d'un saint. — A propos d'un article précédem-
ment publié par M. Bernath; lettre de M. Walter
W. Seton, surle même sujetet réponse de M. Bernath;
— W. H. St.John HoPE. L'usage du châtaignier
dans les constructions du moyen âge. — A propos de
l'article de M. Creswell sur VOrigine du double dôme
persan.
(Mars). — André Girodie. Notes biographiques sur
Aimée Duvivier. — A propos d'un portrait de jeune
homme, peut-être le marquis d'Acqueville, peint par
Aimée Duvivier entre 1786 et 1791 (à MM. Ehrich, de
New-York); cette œuvre remarquable suffirait à tirer
de l'oubli cette artiste sur laquelle on savait fort peu
de chose avant la publication du présent article et qui
était la fille de Pierre-Charles Duvivier, directeur de
la manufacture de la Savonnerie; elle exposa de 1786
à 1822 et elle vivait encore en 1824.
— D. T. B. WooD. Les Tapisseries du <• Credo» (fin).
— Examen de deux tapisseries du même genre : l'une
autrefois dans la cathédrale de Tolède, et dont le
possesseur actuel est inconnu; une autre, dans la
collection F. Schutz, à Paris ; rapprochement avec des
œuvres analogues.
' — R. L. HoBSON. Céramiques de l'époque des Sung
et des Ytlan à l'exposition de Neiv-York.
— Osvald SiaÉN. Un des derniers poètes gothiques
di la ligne (à suivre). — A propos des fresques peintes
sur les murs de l'église de Figline, petite ville à
mi-chemin entre Florence et Arezzo : ce sont des
œuvres de l'école de Lorenzo Monaco. L'auteur a
retrouvé plusieurs œuvres du maître inconnu qui est
l'auteur de ces fresques, dans les musées et les collec-
tions particulières.
— Roger Fhv. L'Art de la céramique en Angleterre.
— Egerton Beck La Crosse dans l'art héraldique
et dans l'ornementation.
— Lionel Cust Un portrait intitulé « Henry, prince
de Galles n, par Isaac Oliver. — Ce portrait, extrême-
ment curieux, a figuré à la récente Exposition des
Maîtres anciens, à Londres (coll. Godfrey Williams,
de St. Donat's Castle; il est reproduit dans le numéro
d'avril de la Revue). 11 passait pour le portrait d'Henry,
fils atné du roi Jacques I" et de la relue Anne de
Danemark, qui fut prince de Galles du 4 juin 1610 au
6 novembre 1612: l'auteur y voit, au contraire, un
portrait du prince Charles, le jeune frère du précé-
dent, prince de Galles le 3 novembre 1616; il l'attribue
non à Isaac Oliver, mais à Paul van Somer, et le
date de 1616.
Le Gérant : H. Ûims.
Parii. — Imp. Georges Petit, 12, rue (iodot-dc-Uauroi.
Numéro 621.
Samedi 18 Avril 1914.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
La Photographie
dans les Musées nationaux (0
Il nous est arrivé déjà, au cours de ces articles,
de citer l'exemple de l'Italie, quand nous avons
voulu établir une comparaison entre le prix des
reproductions, relativement coûteuses, vendues
par la maison qui possède le privilège de photo-
graphier dans nos Musées nationaux, et le bon
marché des épreuves publiées par certains édi-
teurs photographiques de la péninsule, la maison
Aliuari entre autres.
Ayant ensuite montré tout ce qu'a de suranné
notre régime actuel, et combien il est indigne
d'une démocratie qui se pique à ce point de libé-
ralisme qu'elle n'a jamais voulu établir le tour-
niquet payant à la porte de ses Musées, on a
envisagé la possibilité de doubler l'atelier de
chalcographie, présentement réservé à la gra-
vure, d'un laboratoire de photographie, oîi se-
raient exploités les sept mille clichés apparte-
nant à l'État.
En recherchant ce qui se fait hors de France,
nous voici ramenés aujourd'hui à citer encore
une fois l'Italie, non plus pour vanter les mérites
de ses entreprises particulières, mais pour expo-
ser les intelligentes dispositions prises par la
Direction générale des antiquités et des beaux-
arts en ce qui concerne la photographie des
œuvres d'art.
On connaît l'heureuse organisation de cette
administration, et notre collaborateur, M. Louis
Gielly, quand il en a démontré ici même les
rouages et expliqué le fonctionnement, n'a pas
manqué d'insister très justement sur la science,
la méthode et l'activité des fonctionnaires qui
ont la surveillance et la garde des innombrables
chefs-d'œuvre de toutes sortes conservés dans la
péninsule. La question de la photographie docu-
1. Sixième article. Voiries n" 611 à 614 et 617 du
Bulletin.
mentaire ne pouvait les laisser indifférents, et
voici, traduite m extenso, la note que publiait
tout récemment à ce sujet le Bollettino d'Arte,
organe officiel du ministère de l'Instruction
publique :
C'est une chose aujourd'hui connue de tous les tra-
vailleurs que le ministère de l'Instruction publique
possède un cabinet photographique, qui s'est spécia-
lisé dans la reproduction des monuments et des
œuvres d'art. Outre qu'il a été largement pourvu de
tous les plus récents perfectionnements techniques et
qu'il a des opérateurs d'une habileté éprouvée, cet
organe de l'administration ofl're ceci de vraiment
précieux que ses photographies peuvent être exécu-
tées pour une un purement scientifique, et non dans
un but commercial.
Toutes les grandes maisons d'édition de photogra-
phies artistiques, en effet, ne peuvent tenir compte
des désirs de cette partie restreinte du public que
constituent les spécialistes, du besoin d'un seul cher-
cheur peut-être; elles doivent se limiter aux repro-
ductions qui trouvent le meilleur accueil auprès de
la foule des amateurs.
Le cabinet photographique du ministère de l'Ins-
truction publique, nu contraire, sans faire fi des
préférences de la généralité des acheteurs, s'est pro-
posé, plus spécialement, de satisfaire les exigences
des travailleurs. C'est pourquoi, de chaque monu-
ment, de chaque tableau, de chaque sculpture, il a
reproduit les particularités les plus minutieuses, pre-
nant pour direction de son activité, les considéra-
tions non seulement esthétiques, mais aussi histo-
riques, et recherchant les œuvres ignorées et perdues
dans les petits pays et dans les églises lointaines de
la montagne.
Pour mettre plus facilement à la portée du public
ce matériel énorme et précieux, la maison Calzone
(6, via del Collegio romano, à Home) a assumé la
revente des photographies exécutées par le cabinet
photographique du ministère, sans augmentation de
prix et en conformité avec les tarifs les plus réduits,
approuvés par la Direction générale des antiquités et
des beaux-arts.
La maison Calzone mettra incessamment sous
presse le catalogue illustré de ces photographies,
qu'elle promet de tenir à jour par de.s suppléments
périodiques.
122
LE BULLETIN DE L'ART
On le voit, le système italien est une sorte de
compromis entre - ia Chalcographie moderne »,
dont nous parlions, il y a quelques semaines, et
l'exploitation par une maison privilégiée : la
Direction des beaux-arts possède son cabinet
photographique, « organe de l'administration » ;
les clichés sont établis par ses soins et sous sa
surveillance; la maison commerciale d'édition
n'intervient qu'à titre d'intermédiaire pour la
vente des épreuves, et cela aux conditions les
plus minimes. Cet arrangement est assez ana-
logue aux conditions dans lesquelles se fait la
vente des photographies de notre service des
Monuments historiques, et comme, précisément,
ce service vient de publier son nouveau cata-
logue, travail considérable dû à M.Jules Roussel,
nous aurons l'occasion d'insister sur ce rappro-
chement, dans un prochain article.
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des beaux-arts (séance du 11 avril).
— Dans la courte séance qu'elle a tenue la veille de
Pâques, l'Académie des beaux-arts a classé, après
concours, comme logistes pour le grand prix de
Home de. peinture :
MM. BoulTanais (élève de MM. Cormon et J.-P.
Laurens) ; Despujols (Gabriel Ferrier) ; Domergue
(F. Humbert et François Flameng) ; Hillemacher
(Baschel et Schommer) ; Giraud (G. Ferrier) ; Font
(Cormon) ; Geny (F. Flameng, R Collin et Déche-
naud); Berthon (Flameng, Baschet, Royer et Déche-
naud) ; Pongheon (J.-P. Laurens et Albcrt-P. Lau-
rens) ; Barthélémy (Cormon).
L'entrée en loges a eu lieu le mercredi IS avril.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 8 avril). — Le 11. P. Schell lit, au nom de
AI. Montet, une note donnant le résultat des fouilles
dirigées par lui, en Egypte, à Abou-Roach, localité
qui se trouve à cinq kilomètres des pyramides deGiseh.
Ces travaux ont mis au jour deux mastabas et onze
tombeaux de style archaïque Ces sépultures, déjà
fouillées et pillées pour la plupart, sont dans un
grand état de délabrement. Ce qui subsiste de leur
mobilier offre cependant le plus grand intérêt. Outre
(le nombreuses poteries, on y a retrouvé des frag-
ments de vases en albâtre et en pierre calcaire, des
outils en silex, des couteaux de bronze et, même,
une perle d'or. Sur des opercules de vases, subsistent
les sceaux que des fonctionnaires royaux y avaient
apposés en y imprimant leurs cylindres. Ces fonc-
tionnaires se trouvaient au service du roi Den que
l'on peut identifier, semble-t-il, avec l'Ousaphais de
la tradition grecque, c'est-à-dire avec le quatrième
successeur de Menés lui-même. La nécropole d'Abon-
Roach remonterait ainsi aux débuts de la première
dynastie historique de l'Egypte.
— M. Monceaux décrit la mosaïque tombale, ré-
cemment découverte, d'un évêque de Tipasa ; il
cherche à préciser la date de ce monument.
Société nationale des antiquaires de France
(séance du 8 avril). — M. L. Bonnard fait une com-
munication sur la source de Saulx (près de Decize,
Nièvre), et de son captage à l'époque romaine.
— M. Buttin étudie une serrure en fer forgé de la
seconde moitié du iv siècle, qui porte un écu parti
de France et de Dauphiné. Elle fait partie de la col-
lection de M. Pauilhac.
— M. de Mély rapproche une miniature représen-
tant saint François de Paule {collection de M. Ro-
neau) d'une gravure de Michel Lasne qui reproduit
une peinture disparue de Bourdichon.
Au Musée Carnavalet. — On nous prie d'annon-
cer que le .Musée Carnavalet, en raison d'importants
travaux intérieurs nécessités par la construction de
galeries nouvelles, se trouve fermé pour quelque
temps au public, depuis le début de la semaine der-
nière.
A Bagatelle. — La Société des Artistes de Neuilly,
dont le président est notre confrère Maurice Guille-
mot, a obtenu les Palais de Bagatelle pour sa 10' expo-
sition annuelle qui aura lieu du 13 avril au 15 juin.
Aux envois de la très nombreuse colonie artistique
de Neuilly, s'ajoutent des rétrospectives importantes
d'Edouard Détaille et du sculpteur Pierre Granet.
Le prochain Congrès archéologique de
France. — Le prochain Congrès organisé par la
vieille Société française d'archéologie doit se tenir
cette année dans le Finistère et le Morbihan, du 16
au 24 juin.
Le Congrès s'ouvrira à Brest, d'où il gagnera Mor-
laix, visitant toutes les merveilles d'archéologie de
cette partie de la Bretagne : calvaires, églises, châ-
teaux, Saint-Pol-de-Léon, Le FolgoOt, Plougastel,
Landerneau, Lampaul, Saiut-Thégonnec, etc. Vannes
est le deuxième centre des réunions du Congrès ; et,
de Vannes, les congressistes iront visiter et étudier
Carnac, Ploermel. Josselin, Guéméné-sur-Scortf, Rer-
nascleden, Saint-Fiacre-du-Faouët, etc.
Le 23 juin aura lieu la séance de clôture, salle du
Château-Gaillard ; puis, le lendemain, les membres
du Congrès s'embarqueront pour se rendre, à travers
la baie du .Morbihan, à Port-.Navalo, Saint-Gildas-de-
Rhuys et enfin aux ruines célèbres du château de
Sucinio, ancienne résidence d'été des ducs de Bre-
tagne, et qui aujourd'hui appartient à ia famille de
Francheville.
A Charleville. — Une société locale, l'Union
artistique des Ardennes, annonce pour le 38 juin 1914
ANCIEN ET MODERNE
I2S
l'ouverture de sa treizième « Exposition des beaux-
arts 1).
L'Exposition comprendra les genres suivants :
peinture, pastel, aquarelle, dessins, cartons, gravu-
res, architecture, sculpture, etc.. Les photographies
ayant un caractère artistique pourront être également
ailmises. Les œuvres envoyées à l'Exposition devront
parvenir avant le 20 juin à Charleville. L'Exposition
durera jusqu'au 28 juillet.
A Lyon. ^— On annonce qu'à l'Exposition inter-
nationale de Lyon, qui sçra ouverte cet été, une place
toute particulière sera réservée aux étoiles lyonnaises
contemporaines des règnes de Louis XIV, de Napo-
léon et de Louis X\1II, et que possède le Garde-
Meuble.
Grâce aux patients elTorts et aux découvertes heu-
reuses faites dans les réserves du Garde-.Meuble par
M. Dumonthier, administrateur du Mobilier national,
^ cette Exposition revêtira un caractère unique et
pourra oUrir aux visiteurs des reconstitutions com-
plètement inédites En 1907, M. Dumonthier décou-
vrait, dans un état de fraîcheur absolue, toutes les
étoiles que commanda Napoléon I" à la fabrique
lyonnaise, entre tStI et 1813, et que les événements
politiques et militaires ne permirent pas d'utiliser;
elles figureront dans la Galerie de cent mètres de
rEx()(isition de Lyon.
En même temps que les étotîes du temps de
Louis XIV que M. Dumonthier envoie à Lyon, seront
exposées les plus belles tapisseries des Gobelins tis-
sées sur les cartons de Le Brun, de Mignard et de
Goypel.
En Suisse. — Le Journal des Débats a publié la
note suivante, qui lui a été adressée par son corres-
pondant de Suisse, touchant la protection des objets
d'art religieux en ce pays :
" Mgi' Bovet, évêque de Lausanne et Genève, vient,
par une ordonnance épiscopale, d'appeler l'attention
de son clergé sur les manquements qu'il a constatés
aux rèfcles du droit, tant ecclésiastique que civil, en
matière d'aliénation de biens d'église. De graves abus
se produisent notamment en ce qui concerne les
richesses artistiques placées sous la garde du clergé;
ils imposent au prélat « de prendre des mesures
" précises et efficaces pour les combattre ».
» Mgr Bovet informe donc ses prêtres qu'il a décidé
de faire dresser un inventaire de tous les objets
appartenant aux églises, chapelles et sacristies, pré-
cieux par leur matière ou par leur valeur artistique,
archéologique ou historique, soit dans nos paroisses,
soit dans les couvents soumis à notre juridiction Un
catalogue photographique de ces objets sera établi par
les Soins d'un prêtre qualifié et compétent que nous
désignerons et à qui nous donnerons, en exécution
de la présente ordonnance, la faculté d'entrer dans
la clôture des couvents, si cela est nécessaire pour
l'accomplissement de sa tâche».
« L'évêque ne doute pas d'être obéi, mais, dans le
cas contraire, il « prendrait effectivement des mesures
sévères». C'est l'évêché qui supportera les frais de
l'mventaire. Dès que celui-ci sera établi, Mg"- Bovet
nommera » une commission compétente qui sera
chargée d'estimer les objets inventoriés, de les classer
méthodiquement et de préaviser sur les demandes
éventuelles d'aliénation u Le catalogue des objets d'art
religieux sera tiré à trois exemplaires, l'un pour
l'évêché, le second pour la paroisse ou le couvent
inventorié, le troisième pour être mis à la disposition
du délégué épiscopal.
L'Etat de Fribourg, de son côté, a, par une loi du
22 novembre 19H, subordonné à l'autorisation du
Conseil d'Etat toute aliénation d'objets « offrant un
intérêt artistique, historique ou scientifique». Confor-
mément à une entente intervenue sur ce point entre
les autorités civile et ecclésiastique, Mg"' Bovet prescrit
que 0 loute demande d'autorisation en vue d'aliéner
des objets d'art religieux sera adressée à l'autorilé
diocésaine qui, après avoir entendu la commission,
traitera avec l'autorilé civile». Enfin, l'évêque rap-
pelle qu' « indépendamment des lois canoniques, la
loi civile fournit le moyen d'assurer efficacement
l'observation des défenses portées par l'Église...
Toutes les fois que notre commission sera avertie d'une
vente illicite, elle ne manquera pas, au besoin, de
demander l'application de la loi civile ».
A Florence. — On vient d'exposer dans la salle
des Auloritralli du Musée des Offices, le portrait
d'Eugène Delacroix, par lui-même, exécuté vers 18o0
et légué à la galerie florentine par M. P.-A Chéramy.
Selon la volonté du testateur, le portrait a été placé
à côté du portrait d'Ingres. — L. G.
A Olympie. — Une commission grecque vient
d'être envoyée à Olympie pour examiner les remèdes
à apporter d'urgence à l'état du Musée Syngros, qui
abrite les chefs-d'œuvre découverts pendant les
fouilles, en particulier les sculptures du temple de
Zeus, la Niké de Paeonios de Mendé, et l'Ilerinès
portant Dionysos enfant, attribué à Praxitèle. Selon
le rapport officiel, les murs de la salle centrale {Niké
de Paeonios, et sculptures du temple de Zeus) sont
intacts. La toiture est en bon état. Mais les ailes est,
ouest et nord (au milieu de cette dernière se trouve
la salle réservée à l'Hermès praxitélien) montrent de
profondes dégradations. Les murs extérieurs sont
largement crevassés, des brèches se sont ouvertes à
cause de l'insufllsance des fondations, ou de tasse-
ments du sol occasionnés par des secousses sis-
miques. Des vices originels de construction ont amené
le fléchissement des toits sur les ailes est et ouest, où
les poutres sont pourries par rinfiltra(i«n des eaux.
La situation de l'Hermès est partiiuilièreiueut cri-
tique ; chaque secousse sismique ébranle les barres,
de fer qui le soutiennent, et le premier séisme peut
amener une catastrophe, le Musée ayant été liàli sur
un terrain particulièrement sensible aux trtriihle
ments de terre. Plus loin, dans la fouille même,
424
LE BULLETIN DE L'ART
l'Alphéos et le Cladeos, qui arrosent l'Altio, ont re-
commencé leur œuvre destructrice. Le Cladeos a der-
nièrement emporté une partie du Gymnase. L'Alphéos,
qui s'est creusé à nouveau un lit, menace le Stade et
peut-être l'Altio. En attendant la construction, dési-
rable, d'un nouveau musée, la commission a proposé
pour l'Hermès l'érection d'un abri spécial, à l'est du
musée, selon les règles adoptées pour les construc-
tions antisismiques. Un crédit de 40.000 drachmes a
été demandé. — Ch. P.
Les Amis de StambouL — Sous la présidence
de M"' Bompard, ambassadrice de France à Constan-
tinuple, et avec le concours de MM. Gustave Schlum-
berger, Ch. Diehl, Omont, membres de l'Institut, et
de M. Saladin, architecte diplômé du gouvernement,
il vient de se fonder à Paris, une section de la Société
des Amis de Stamboul. Le but de cette section est de
soutenir la Société, qui a son siège à Constantinople,
en faisant appel à la collaboration de tous les amis
de l'Orient :
Il Constantinople est à la veille de se transformer,
écrivait M. Charles Diehl, à propos de la fondation
de la Société De grands travaux sont projetés qui,
à travers le vieux Stamboul, ouvriront de larges
percées nouvelles... 11 faudra, en mille endroits,
éventrer le sol de l'antique capitale et sans mécon-
naître l'utilité, la nécessité de telles entreprises, nous
savons de reste ce qu'en mainte ville elles ont coûté
à l'art et laissé derrière elle de ruines et de regrets.
11 importe qu'à Constantinople, il en aille un peu
différemment. 11 faut qu'au cours de ces travaux où
tant de monuments du passé risquent de disparaître
— et quelques-uns ont déjà disparu — une main
attentive et pieuse s'applique à sauver, à préserver
tout ce qui peut l'être et qui mérite de l'être... C'est
cette main attentive, cet œil toujours en éveil, que
la Société des Amis de Stamboul nous apporte... »
Ce programme a été rempli. Déjà, sur les instances
de la Société, la mosquée d'Ibrahim Pacha, les tom-
beaux de la Suleimanieb et de la Chehzadé ont été
réparés; de grandes affiches qui déshonoraient la
Pointe du Sérail ont disparu; des conférences ont été
faites et des études publiées sur des monuments de
Constantinople; un crédit à été voté pour opérer des
fouilles sur l'emplacement de la maison dite de Jus-
tinien, où l'on a découvert d'intéressants fragments
d'architecture, des mosaïques et des bas-reliefs.
En présence des résultats obtenus avec des res-
sources encore insuffisantes, tous les amis de l'art du
passé voudront donner leur adhésion à la section
française de la Société, afin de contribuer pour leur
part, à la sauvegarde de Constantinople.
Les membres titulaires paient une cotisation
annuelle de 1 livre turque (23 francs).
Prière d'envoyer les adhésions à M. II. de Pontaud,
secrétaire général, 20, rue Dufrénoy, Paris, ou au
Musée des arts décoratifs, pavillon de Marsan, au
Louvre.
Nécrologie. — M. Luiqi Chialivo, artiste peintre,
chevalier de la Légion d'honneur, est mort samedi
dernier, 11 avril, à l'âge de soixante-douze ans. Il
était le père de l'architecte diplômé du gouverne-
ment. 11 exposait à la Société Nationale, où on verra
de lui, cette année, quatre toiles ayant pour titres :
Cour commune dans le Dauphiné, Vacfie normatide,
Itoute près d'Uriage, Hennequeville. H était membre
sociétaire de la Nationale depuis 1912, année où il
avait exposé trois toiles : Printemps, Sortie des
troupeaux et Retour au bercail.
— On annonce la mort de M. Joseph Gardet.
sculpteur, décédé à Paris, à l'âge de quatre-vingt-
cinq ans. 11 était le père de M. Georges Gardet, le
sculpteur animalier.
— On annonce la mort d'un des doyens de la
Curiosité à Paris, M. Gilbert Romeuf, décédé à l'âge
de soixante-quinze ans.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — 'Vente Jules Couderc {objets
d'art, etc.). — Faite salle 1, les 6 et 7 avril, par
M" Lair-Dubreuii et Baudoin et MM. Pauime et
Lasquin, cette première vente, portant le nom
de l'antiquaire parisien, a produit 96.000 francs.
Peu d'enchères dignes de remarque. Citons :
163. Dentelle. Aube en ancien point de France
Louis XI Y, décor de grands ramages, fruits, coquilles,
9.000 fr. (dcm. 12.000). — 185. Tapisserie des Flan-
dres, XVI' s. : Fête dans le parc d'un château, nom-
breux personnages, bordure, 9.100 fr. (dem. 12.000).
— 186. Tapisserie des Flandres, ivi- s. : Fête de vil-
lage, petits personnages, bordure. 9.100 fr. (dem.
12.000). — 192 193. Deux tapisseries-verdures des
Flandres, xvii* s., 5.400 fr. (dem. 10.000).
■Vente de tableaux. — - Parmi les résultats
d'une vacation anonyme, dirigée salle 6, le Savril,
par M» Ballu et .M. Marboulin, nous ne trouvons
qu'un seul prix à signaler, celui de 5.000 francs
ANCIEN ET MODERNE
t25
obtenu par un Portrait de l'impératrice Catherine
de Russie, par Roslin.
Ventes annoncées. — A Paris. - Collec-
tion Paul Delaroff (1" vente : tableaux
anciens). — Les 23 et 24 avril, M=sLair-Dubreuil
et Doublot, assistés de M. G. Sortais, dirigeront,
à la galerie Georges Petit, la première vente de
la Collection Paul Delaroff. Dans )a préface qu'il
a écrite pour le catalogue illustré, M. Roger-
Miles rappelle, en même temps que le souvenir
de l'amateur russe, le caractère de sa collection,
d'une abondance de numéros incroyable — plus
d'un millier — et sa prédilection pour les maîtres
des écoles du Nord, les portraitistes surtout.
Dans cette première vente Delaroff, qui ne
comprend que des tableaux anciens, nous
notons tout d'abord, du côté de l'école alle-
mande : la Vierge allaitant l'Enfant Jésus et la
Justice, par L. Cranach ; le Portrait de l'artiste,
par J. Kupetski ; puis, parmi les flamands : te
Diable semant l'ivraie, par P. Baitens; Haisin et
cafetière, par J -P. Gillemans ; Diane et ses Nym-
phes, par J. Jordaens; les Trois dges, par J. Sus-
termans; Réunion dans un cafcacet, par D. Téniers.
Passant à l'école française, nous remarquons :
la Bacchante couchée, par Berthélemy ; Achille
blessé, par F. Doucher ; l'Heureuse famille, par
L.-L. Boilly ; le Pas d'Arlequin et le Festin de
Scaramouche, par Debucourt ; Portraits d'enfants
royaux, par Drouais ; Paysage italien, par Frago-
nard; Offrande à Vénus, par Le Barbier ; Hercule
aux pieds d'Omphale et Pygmation et Galatée, par
Le Prince ; Chinois tenant une flèche, par Nattier;
la Passerelle au-dessus de la cascade et Dans le parc
après l'ouragan, par H. Robert.
Nous arrivons ainsi à l'école hollandaise, qui
comprend à elle seule à peu près la moitié des
numéros de la présente vente ; parmi ceux-ci il
faut citer : Jésus et la femme adultère, par P. Aert-
sens ; la Femme aux perroquets, par G. Bisshop;
un Portrait de famille à expression allégorique,
par F. Bol ; des Poissons, par Dirven ; la Passe-
relle, par Van Goyen ; le Verre de Bohême, par
P. Claesz ; Suzanne entre les deux vieillards, par
P. Lastmann ; le Portrait de la princesse Hedwige de
Brunswick avec ses trois enfants, par P. Moreelse ;
l'Enfant Jésus parmi les Docteurs et le Portrait
d'une femme âgée, attribués à Rembrandt ; une
Joyeuse compagnie, l'Idylle interrompue et une
Rixe de paysans, par J. Steen ; un Portrait de
vieillard, par P. Quast, et le Jeune Garçon au
pichet de grès, par G. Ter Borch.
Moins abondamment représentées, les écoles
italiennes n'en contiennent pas moins quelques
morceaux à signaler : une Tête de Christ à la
couronne d'épines, attribuée à Antonello de Mes-
sine ; le Martyre de saint Laurent, par P. Véro-
nèse ; un Ecce Homo, par Marco Basaili, et le Christ
mort assis au bord du tombeau, par Cima da Cone-
gliano ; un Palais en ruines et un Pont sur un
canal à Venise, par Guardi ; Jésus bénissant et
la Vierge et l'Enfant Jésus, par B. Montagna ; Saint
Nicolas de Myre et Saint Augustin de Gazothis, par
Bonvicini ; la Vierge portant le Christ mort, par
G. Tura ; la Vierge et l'Enfant Jésus, par A. Viva-
rini ; enfin'. feus descendu de la croix, page ano-
nyme de l'école italienne du xvi= siècle.
Collection Paul Delaroff (2« vente. Ta-
bleaux anciens, objets d'art).— Cette deuxième
vente d'objets provenant de la collection de
l'amateur de Saint-Pétersbourg aura lieu salle 6,
du 27 au 30 avril et le 2 mai, par le ministère
des mêmes commissaires-priseurs et experts, et
de MM. Duchesne et Duplan.
Parmi les tableaux anciens, il nous faut signa-
ler : la Partie de cartes, par N. Belau ; une Halte
d'un cavalier et un Paysage, par A. Guyp ; les
Ruines du monastère, par G. Dekker ; le Buveur,
par G. Rrekelenkara ; le Visiteur entreprenant,
par J. Steen ; un Village sous la neige, de l'école
hollandaise du xvii* siècle ; l'Homme au pourpoint
héliotrope, par A. Allori ; Madeleine en contempla-
tion devant le Crucifié, par Procaccini ; la Vierge
et l'Enfant Jésus, par Murillo ; le Vase et la Pyra-
mide, par Pannini ; parmi les dessins et aqua-
relles, on remarquera deux feuilles par Gavarni :
un Boueux et Nécessité n'a pas de loi, et V Intérieur
d'une église, par Ziem.
Cette seconde vente comprend quelques sculp-
tures, notamment un Bacchus en terre cuite, par
Clodion, et quelques anciens bronzes italiens.
Collection Willems (tableaux modernes).
— La vente de la Collection Willems, de Bruxelles,
qui devait avoir lieu, à la galerie Georges Petit,
le 27 avril, par le ministère de M" LairDubreuil
et Baudoin et de MM. Georges Petit et Ferai, est
remise à une date ultérieure
Collection Hodgkins (dessins anciens). —
Le 30 avril, à la galerie Georges Petit, M" Lair-
Dubreuil et Baudoin, assistés de MM. J. Ferai et
Paulme et Lasquin, procéderont à la vente des
dessins, aquarelles et gouaches composant la
Collection particulière de M. E. M. Hodgkins,
l'antiquaire londonien bien connu. Les feuilles
J26
LE BULLETIN DE L'ART
signées des noms les plus recherchés du xviii* siècle
français dominent dans cette vente sur laquelle
nous reviendrons d'ici peu avec plus de détails,
quand le catalogue illustré en aura été distribué-
A Berlin. — Collection O. von Kanneke
(tableaux modernes). — Le 21 avril, chez U.
Lepke, aura lieu la vente de la Collection du
peintre 0. von Kanneke, de Berlin. Presque exclu-
sivement composée d'ouvrages de Técole alle-
mande du XIX" siècle, les tendances les plus
opposées en art se rencontrent dans cette galerie
de peintures modernes : J. Sperl auprès de E. von
(■ebhardt, Andréas et Oswald Achenbach auprès
de H. Thoma et de Fr. von Stuck, Lenbach auprès
de Hodier. Même éclectisme parmi les quelque^
noms étrangers à l'Allemagne qui se rencontrent
dans le catalogue : Pradilla-Ortiz entre Daumier
et Monticelli, par exemple.
M. N.
La Loi portant création d'une
Caisse des monuments historiques
Voici le texte de la loi portant création d'une
Caisse des monuments historiques et préhisto-
riques; cette loi, adoptée par la Chambre des
Députés, sur le rapport de M. Théodore Reinach,
votée ensuite avec quelques modifications par le
Sénat, est revenue le 2 avril devant la Chambre
qui l'a votée sans discussion :
Art. 1". — Il est créé, sous le titre de Caisse natio-
nale des nionuuients historiques, un établissement
public doté de l'autonomie financière, ayant pour
objet exclusif de recueillir et de gérer des fonds
destinés :
1* A être mis à la disposition du ministre de l'Ins-
truction publique et des Beaux-Arts en vue de la
conservation et de l'acquisition des immeubles et
meubles classés;
2° A subvenir aux frais inhérents à la gestion de la
caisse.
Art. 2. — La Caisse est administrée par un conseil
composé ainsi qu'il suit :
Un sénateur élu par le Sénat.
Un député élu par la Chambre de» députés.
Un conseiller d'État élu par le Conseil d'État.
Un conseiller maître à la cour des comptes élu par
celle-ci.
Un membre de l'Académie des beaux-arts et un
membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres,
élus par leurs Académies respectives.
Deux membres pris parmi les personnes qae dési-
gnent leurs travaux et leurs connaissances spécinles
en histoire de l'art, archéologie ou préhistoire.
■ Un représentant du ministre de l'Intérieur.
Deux représentants du ministre des Finances, dont
un spécialement pour les domaines.
Deux représentants du ministre de l'Instruction
publique et des Beaux-Arts.
Les membres qui ne sont pas choisis à l'élection
sont nommés par un décret du Président de la Répu-
blique, rendu sur la proposition du ministre de l'Ins-
truction publique et des Ueaux-Arls. Ce même décret
désigne le président et les vice-présidents du conseil.
Le chef du bureau des Monuments historiques remplit
les fonclinns de secrétaire.
La durée des fonctions des membres du conseil est
de quatre ans; elles sont renouvelables.
Aht. 3. — Les ressources de la Caisse comprennent :
!• Les subventions, avec aQectation spéciale, de
l'État, des départements, des communes et des éta-
blissements publics;
2° Une allocation fixée annuellement sur la propo-
sition du ministre de l'Instruction publique et des
Beaux-Arts par lacomniision chargée de répartir entre
les œuvres d'intérêt public le produit du prélèvement
opéré sur les jeux de hasard, sans que cette allocation
puisse être inférieure à 300.000 fr. ;
3° Les dons et legs:
4° Les versements faits à titre de souscriptions
individuelles ou collectives; si ces souscriptions
comportent une affectation spéciale, l'objet de l'affec-
tation devra être approuvé par le ministre de l'Ins-
truction publique et des Beaux-Arts ;
5° L'intérêt des capitaux ou autres fonds qui devront
être placés en rentes sur l'État ou valeurs garanties
par l'État, ou être versés en compte courant au Trésor;
6' Toutes autres ressources qui pourront lui être
affectées par la loi.
La Caisse pourra constituer un fonds de réserve
dont le conseil fixera lui-même le montant et les
conditions exceptionnelles d'emploi.
Art. 4. — Avant l'expiration du premier trimestre
de chaque annnée, le président du conseil de la Caisse
adresse au Président de la République un rapport ren-
dant compte des opérations de l.a Caisse pendant l'année
précédente. Ce rapport est inséré au Journal officiel.
A HT. 5. — Un règlement d'administration déter-
minera les conditions d'application de la présente loi.-
VARIÉTÉS
Chateaubriand
précurseur de M. Maurice Barrés (1).
On doit commencer la démolition de Saint-
Gerraain-l'Auxerrois le 14 juillet. iNous sommes
{l)Voir,dans le lluUetin du njanvier 1914, pp. 22-24, •
Chateaubriand continuateur de Le Sôtre.
ANCIEN ET MODERNE
127
en 1831, l'année où Victor Hugo vient de publier
Kotre-Dame-de-Paris {{), où Delacroix expose la
Liberté sur les barricades : deux ouvrages singu-
lièrement expressifs, qui résument assez bien
« TelTroyable bigarrure » de l'âge romantique...
Et la condamnation d'une église déjà dévastée
pendant « les trois Glorieuses » émeut, dans son
nouvel exil, celui qui, vingt-neuf années aupa-
ravant, avait si brillamment plaidé pour le
« génie » renaissant du christianisme...
Aussitôt, de Genève, le H juillet, «une heure
avant le départ du courrier », M. de Chateau-
briand « griffonne ab irato », dans sa chambre
d'hôtel, une lettre véhémente à M™« **', sans
doute à celle qu'il ira voir tous les jours, pendant
les quinze dernières années de sa vie, àl'Abbaye-
au-Bois (2) : « A qui conterais-je mes peines et
mes idées, si ce n'est à vous? », écrit le vieux
chevalier romanesque à la Dame de ses pensées.
En 1831, M. de Chateaubriand a soixante-trois
ans. On l'imagine à peu près tel qu'il apparaît de
profil, au premier plan du célèbre tableau de
portraits groupés par Heim |3); mais l'âge qui
vient n'a pas refroidi son pieux patriotisme et
ses saintes colères : à l'annonce d'un nouveau
méfait commis par la royauté bourgeoise de
« Philippe », le noble exilé s'enflamme ; et sa
lettre est comme un chapitre anticipé de la
Grande Pitié des Églises de France (4).
Donc, on veut abattre une vieille basilique le
jour anniversaire de la prise de la Bastille...
Noble manière, eu vérité, « d'inaugurer la mo-
narchie élective », et cela de sang-froid, sans
l'excuse du vandalisme révolutionnaire exaspéré
par la « fièvre » ! Le grand devancier de M. Mau-
rice Barrés s'élève plus généralement contre
cette « slupide manie » de quelques-uns de nos
gouvernants, depuis quarante ans (5), « décompter
pour rien les idées religieuses et de les croire
éteintes partout comme elles le sont dans leur
étroit cerveau »...
(1) La préface de la 1" édition est datée par l'au-
teur de mars 18SI.
(2^ De 1833 à 1848, le vieux M. de Chateaubriand
rendra chaque jour une visite à la vieille M"* Réca-
mier presque aveugle.
(3) Une lecture d'Andrieux à la Comédie française
(Salon de 1847} ; aujourd'hui visible au Musée de
Versailles.
(4) Titre des admirables articles de M. Maurice
Barrés, parus dans la lievue des Deux-Mondes (1913-
1914), analysés dans le Bulletin et réunis en volume
en février dernier (Paris, Émile-Paul frères).
(5) C'est-à-dire de 1789 à 1831.
Suit une vraie page d'histoire, où le poète de la
politique analyse à grands traits dédaigneux les
maladroites flatteries du nouveau régime : on y
reconnaît « le courtisan du malheur ", qui parle
au nom de toutes ses craintes pour l'avenir et de
tous ses regrets du passé; le catholique libéral,
que « la sainte canaille » de 1830 a porté soudain
en triomphe à son retour de Dieppe, pour avoir
osé défendre contre les ultras la liberté de la
presse, mais aussi le pair de France, qui s'est ruiné
courageusement en donnant sa démission dans
la séance solennelle du 7 août, après avoir lu sa
protestation contre « l'usurpateur»... Le polilique
parle avant l'artiste et conclut : « Nos démolitions
religieuses sont à la fois une ignorance historique
et un contre-sens politique ».
Mais voici l'artiste, et la plume qui rédigea de
verve le Génie du Christianisme ajoute avec une
ironie grandiose : « Que sont donc devenus vos
romantiques? On porte le marteau dans une
église, et ils se taisent... 0 mes fils ! Combien
vous êtes dégénérés ! Faut-il que votre grand-
père élève seul sa voix cassée en faveur de vos
temples? Vous ferez une ode, mais durera-t-elle
autant qu'une ogive de Saint Germain-l'Auxer-
rois? » Pour être juste, à distance, il faut se
rappeler que l'auteur de Kotre-Dame-de-Paris a
fait plus qu'une ode et qu'il s'indigne contre tous
ces maçons « qui se prétendent architectes », à
la fia de la note ajoutée à la huitième édition de
son dramatique et moyen-àgeux roman (1); mais
le vieux Chateaubriand devance encore sur ce
point le jeune Hugo. Détruire, écrit-il, est une
besogne facile et chère aux Français qui n'ont
jamais tant d'empressement que pour ces jeux
de massacre; « mais reconstruire! Qu'ont-ils
bâti depuis quarante ans? » Cette impuissance
de lart moderne à bâtir est une des opinions
favorites de l'admirateur du « grand siècle », qui
trouvait, dès 1802, les « mansardes philoso-
phiques » de l'Ecole militaire bien basses au-
dessous du « pinacle religieux » des Invalides et
qui savait, dès lors, que " l'incrédulité est la
principale cause de la décadence du goût et du
génie » (2i. «Que ne fait-on ce que j'ai proposé?»
continue l'auteur de la précédente lettre au rédac-
teur de /'A/'^isïe (3); aussi bien, l'architecte impro-
visé voulait-.ildéjàcmasquerréglisepardes arbres,
(1) Note datée de Paris, SO octobre 1332.
(2) Titre d'un chapitre de la lll* partie du Génie dn
Christianisme (1802).
(3) Lettre datée de Paris, ii avril 1831.
128
LE BULLETIN DE L'ART
en la laissant subsister en face du Louvre, comme
échelle et témoin de la marche de l'art » (i). Il
insiste, à présent : « Saint-Germain-l'Auxerrois
est un des plus vieux monuments de Paris; il est
d'une époque dont il ne reste presque rien ». Le
but avoué par l'édilité de l'époque est de percer
une rue; très bien, mais « commencez les abatis
par le côté opposé au Louvre, par la place de
Grève, cela vous donnera du temps » (2); l'ima-
gination de Chateaubriand parle au nom de la
raison qui conseille d'attendre, de surseoir à la
destruction de pierres vénérables; on les démo-
lira plus tard, si Ton ne peut faire autrement...
Ici comme aux Tuileries, l'avocat de notre archi-
tecture nationale devance l'avenir en défendant
le passé ; son regard entrevoit la future avenue
Victoria, que le Second Empire inaugurera
vingt-quatre ans plus tard, le 23 août 18S5, et
qui ne sera jamais achevée ni prolongée jus-
qu'à Saint-Germain-l'Auxerrois !
Ce qu'il faut éviter à tout prix, c'est de multi-
plier les décombres « contre lesquels s'amas-
seront des immondices ou des échoppes»... Le
plus libéral des survivants de l'ancien régime
rappelle la Bastille abattue, — démolition fort
opportune et tout à fait légitime, — car « c'était
une prison » ; mais par quoi l'a-t-on remplacé, ce
donjon d'un autre âge ? Par un arbre de la
Liberté, que remplace aujourd'hui la masse
provisoire d'un éléphant d'argile... « Et tout cela,
vous le savez, était à toujours, pour les siècles,
pour l'éternité, comme nos serments ». Buona-
parte, non plus, n'a pas vu la fin des travaux
commencés, sous son règne aussi funeste
qu'éphémère, au Carrousel, et la rue de Rivoli
reste inachevée... « Qui vous répond que la
nouvelle monarchie ira jusqu'au bout de la rue
qu'elle va ouvrir par une ruine? ».
On sait que l'auteur du Génie du Christianisme
distingue les ruines faites par le temps des ruines
accumulées par les hommes, et qu'il préfère la
mélancolique poésie des premières... Mais les
Français nés prosaïques semblent donner la
préférence aux secondes : « Nous autres Fran-
çais, nous sommes trop conséquents dans le mal
et pas assez logiques dans le bien ». Au regard
(1) « Comme mesure et échelle de l'art et des siècles
en face de la Colonnade du Louvre », écrivait Chateau-
briand dans sa lettre du 12 avril.
(2) Voir, dans le Bulletin du 30 décembre 1911,
pp. 316-318, notre étude sur l'Hôtel de Ville de
Paris,
des inspirés, la France ne fut longtemps ni poète,
ni artiste ; et le grand-père des romantiques inau-
gure ici les anathèmes plus ou moins discrets ou
méprisants de la race irritable des poètes : Vigny,
sincèrement épouvanté par l'insouciance et par
le peu de « conviction » de l'Ame française ;
Théophile Gautier célébrant Victor Hugo, Bau-
delaire exaltant Théophile Gautier, comme des
miracles littéraires dans le Paris de Louis-
Philippe ; Berlioz traitant les Parisiens de cra-
pauds et la France de marais (1)...
M. de Chateaubriand n'est guère plus tendre
pour ces Parisiens qui ne peuvent s'amuser
« sans jeter les meubles par les fenêtres ou sans
abattre les monuments publics »... Cette ardeur
légèrement vulgaire, cette jovialité tapageuse et
subversive des fils de la Révolution s'accommode
fort mal avec la haute littérature qui voit « appa-
raître l'âge immortel de la France » sur le dôme
des Invalides « enflé dans la vapeur du soir »; et
le projet de démolition, qui suitle fait d'une pro-
fanation, ranime la « grande colère » de l'exilé :
ne pourrait-on mieux honorer les héros de
Juillet? Le beau mérite, en vérité, d'enfoncer le
chapeau sur la tête pour aller mettre à sac un
presbytère habité par uh vieux prêtre et pour
0 monter à l'assaut d'un clocher » !
Franchement, la France nouvelle n'aurail-elle
pas de meilleures occasions de montrer sa force ?
Ici, le diplomate faiL cause commune avec l'ar-
chitecte et s'emporte avec la même indignation
contre ce peuple avide de ruines, qui ne mettrait
chapeau bas que devant « l'insolence étrangère ».
Qui aime bien châtie bien : malgré tout, le
défenseur de notre vieille architecture se dit
Français « jusque dans la moelle des os » et
termine sa lettre par cette fervente profession
de foi nationaliste où nous découvrons à M. Mau-
rice Barrés un précurseur : << J'aurais cent ans
que mon cœur battrait encore pour la gloire,
l'honneur et l'indépendance de mon pays ».
Aussi bien, ce « griffonnage » est-il toujours
d'actualité.
Raymond Bouybr.
(I) Voir, dans la Revue bleue du 19 octobre 190",
notre article intitulé : le Caractère français jug^ par
l'Idéal romantique.
Le Gérant : H ûcnis.
Paris. — Imp. Georges Petit, 1^, rue Godot de-Uauroi.
Numéro 622.
Samedi 25 Avril 1914.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Le Don du roi Georges V
à la France
Au cours de la réception donnée à l'Elysée, le
soir de son arrivée à Paris, le roi Georges V a
annoncé au président de la République qu'à
l'occasion de son voyage en France, il se faisaii
un plaisir de remettre au gouvernement français
cinq médaillons de bronze, dus au sculptem
Desjardins, qui faisaient autrefois partie du mo-
nument de Louis XIV sur la place des Victoires
et qui, après être restés longtemps à Kew, dans
une maison de campagne du roi Georges III, se
trouvent aujourd'hui dans les collections royales,
au château de Windsor.
Pour apprécier à sa valeur le geste du roi
d'Angleterre, — charmante manifestation de
l'entente cordiale, qui ne manquera pas d'être
chaleureusement accueillie des deux côtés du
détroit, — il est nécessaire de rappeler briève-
ment l'origine de ces bronzes.
Le 28 mars 1686, fut inauguré, sur la place d( s
Victoires, un magnifique monument en l'hon-
neur de Louis XIV, élevé aux frais du maréchal
duc de La FeuiUade, et qui fut dépecé et en partie
détruit par la Révolution. Sur un piédestal de
marbre blanc veiné, haut de vingt-deux pieds, se
dressait une statue du roi, en bronze doré, de
treize pieds de haut. Louis XIV était représenté en
grand habit du sacre, foulant aux pieds un Cer-
bère dont les trois têtes symbolisaient la tripla
alliance formée par les ennemis de la France ;
derrière lui, une statue de la Victoire, également
en bronze doré, le pied posé sur un globe « et le
reste du corps en l'air », — suivant le mot de Piga-
niol de La Force, à qui j'emprunte cette descrip-
tion, — tenait d'une main une couronne de lau-
rier au-dessus de la tête du roi, et de l'autre un
faisceau de palmes et de branches d'olivier. Ces
deux statues et les divers accessoires qui les
complétaient, — bouclier, faisceau d'armes,
massue d'Hercule, etc., — formaient un groupe
de bronze fondu d'un seul jet, sous la direction
de l'auteur, Martin van den Rogaert, dit Desjar-
dins (1640-1694), dont ce monument était l'œuvre
la plus considérable.
C'est Desjardins aussi qui avait donné les des-
sins et conduit la fonte des figures et ornements
entourant le piédestal. Sur les quatre corps
avancés du soubassement servant d'empâtement
à ce piédestal, quatre esclaves de bronze, assis et
enchaînés, représentaient les nations dont la
France avait triomphé sous Louis XIV; six bas-
reliefs de bronze ornaient le piédestal et rappe-
laient quelques dates mémorables du règne : la
Préséance de la France reconnue par l'Espagne
(1662), /e Passage du Rhin (1672), la Conquête de
la Franche-Comté (1674), la Paix de Nimègue
(1678), les Duels abolis, l'Hérésie détruite (1685);
enfin des fanaux, portés sur des colonnes de
marbre et ornés de médaillons ovales de bronze,
éclairaient la place pendant la nuit.
Aujourd'hui, la statue du grand Roi et celle de
la Victoire n'existent plus ; les quatre esclaves
ornent la façade de l'Hôtel des Invalides, du
côté de l'Esplanade ; les six bas-reliefs de bronze
sont au Louvre ; les fanaux ayant été démolis
dès 1718, les colonnes qui les soutenaient furent
données à la cathédrale de Sens, et les médail-
lons qui les ornaient passèrent en Angleterre.
Lorsque M. Paul Cambon présenta les lettres
l'accréditant comme ambassadeur de France en
Angleterre, la reine Victoria lui fit remarquer
ces médaillons, dont on ignorait la provenance;
M. Cambon s'enquit, et l'identification fut
bientôt faite de la façon la plus certaine. Un de
ceux qui contribuèrent à cette identification,
M. Georges Cain, obtint de la reine Victoria que
ces cinq pièces fussent prêtées à l'Exposition
rétrospective de la Ville de Paris, en 1900, où
l'on put les admirer.
Ce sont ces médaillons qui reviennent en
France aujourd'hui, et cette fois pour toujours,
grâce au don généreux du roi Georges V.
E. D.
i;îo
LE BULLETIN DE L'ART
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des beaux-arts (séance du 18 avril).
— M. Dagnan-Bouveret, président, prononce l'éloge
de M. La Haye, directeur de l'École des beaux-arts de
Nîmes, correspondant de la Compagnie, qui vient de
mourir.
— M. Pascal, qui fait fonctions de secrétaire des
séances en l'absence de M. Henry Koujon, annonce
que l'exécution de la cantate qui a obtenu le l'rii^
Hossini aura lieu le lundi 4 mai, au Conservatoire;
l'auteur de cette cantate, M. Laporte, entrera en loge
le lendemain, au palais de Compiègne, pour le con-
cours du Prix de Rome de composition musicale.
— Ont été admis en loges, pour le concours du
Prix de Rome de sculpture : MM. Silvestre (élève de
MM. Mercié et Cariés); Mathey (Injalbert, Hannaux);
Ambroise Donnet (Mercié, Cariés); Cassou iCoutan):
Aubine (Coutan); Petit (Injalbert); Merigoargues
(Mercié); Leriche (Injalbert. Hannaux); Cellier (Cou-
tan, Larche); SarrabezoUes (Mercié, Marqueste).
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 17 avril). — M. de Mély examine la com-
position du célèbre retable du Parlement qui, depuis
1904, a quitté le Palais de justice pour Mre exposé
au Louvre. On a attribué à beaucoup de peintres
divers celte œuvre qui aurait été exécutée entre U4.'i
et 1505; on ne sait même s'il faut y reconnaître
Charles VU ou Louis XI. En réalité, ce tableau fut
commandé, en 1454, par le Parlement qui chargea le
conseiller Jean Paillard d'en surveiller l'exécution ;
à la mort de celui-ci, en 1455, la Cour ordonna, le
2 juillet, de réclamer à sa succession 143 livres 4 sols
4 deniers qui, n'ayant pas été payés à l'artiste, devaient
lui être soldés. Quant au nom de l'artiste, sur le
collet du vêtement du valet, Oaesbi ko, qu'on a inter-
prété par Johannes Brugensis, il faut le lire caksbkut,
nom d'un artiste flamand qui se retrouve à Bruges,
en 1459, entouré de ses élèves.
— M. Jean Six, professeur à l'Université d'Amster-
dam, fait une communication relative au sculpteur
Calamis. Dans l'histoire naturelle de Pline, une statue
lui est attribuée que le récit désigne sous le nom
d'Alcumène, mot que les éditeurs ont corrigé en
Alcmène. M. Six pense qu'il faut lire Algoumene,
« la douloureuse ». En effet, dans le passage de Pline
où est mentionnée celte statue, il en est plusieur.»
autres qui sont désignées par des épithètes ou des
périphrases marquant leur action ou leur attitude.
Cette expression de la douleur serait l'original de la
statue dite Pénélope, au Vatican, qui oll're des ana-
logies de style très frappantes avec l'aurige de Delphes
et avec les trônes sculptés de l'ancienne collection
Ludovisi, œuvres qui ont déjà été attribuées àCalamis.
Société de l'histoire de l'art français (séance
du 3 avril). — M. Alphonse Roux communique
quelques notes sur le livre d'heures de Roucicaut du
Musée André; il montre comment ce livre put passer
de chez Diane de Poitiers et ses descendants chez la
marquise de Verneuil.
— M. François Monod étudie les principales œuvres
françaises, antérieures au xix* siècle, qui se trouvent
au Musée métropolitain de .New-York . et dans ta
collection John S. Johnson, à Philadelphie.
Société nationale des antiquaires de France
(séance du 15 avril). — M .Max Prinet examine le
sceau d'un abbé de Stavelot et de Malmedy au
iiv siècle qui était un membre de la famille von
Bougard.
— M. Germain Bapst annonce qu'il a retrouvé
l'origine du médaillon en bronze doré du Grand
Condé conservé à Chantilly; ce médaillon a servi à la
décoration du catafalque du prince à Noire-Dame.
— M. Pasquier présente une miniature française
du xv siècle représentant sainte Catherine.
— .M. le comte de Loisne complète la communica-
tion qu'il avait faite à une précédente séance sur un
bréviaire exécuté au xv siècle pour Henri de Lorraine,
évêque de Thérouanne.
Musée des Arts décoratifs. — Jeudi dernier,
23 avril, s'est ouverte, au Musée d«s Arts décoratif»
(Pavillon de Marsan), l'exposition anglaise d'art déco-
ratif moderne, que nous avions annoncée. On sait
qu'elle offre l'intérêt particulier d'avoir été organisée
par la section, récemment créée au minisière du
(iOmmerce anglai."!, pour assurer aux expositions
laites à l'étranger une unité et une continuité de
direction qui leur avaient manqué jusqu'à ces der-
nières années. C'est la première occasion qui se pré-
sente pour la France de connaître les progrès accomplis
en Angleterre, dans le domaine de l'art décoratif,
depuis les débuts du mouvement moderne qui, ayant
pris naissance avec William Morris, Uossetti. Biirne
Jones et leurs amis, s'est étendu à toute l'Europe.
Le bulletin et la lievue reviendront sur ce sujet.
Contentons-nous d'indiquer aujourd'hui que l'exposi-
tion comprend d'abord une partie rétrospective où
figurent les célèbres tapisseries de Morris et de Burne
Jones: un choix de tentures, de papiers cl de meuble»
exécutés dans les ateliers de Morris; des poteries de
William de Morgan, etc.
La section du livre montre, à côté des chefs-d'œuvre
de la Kelmscott Press, les belles impressions et les
reliures pour lesquelles l'Angleterre tient aujourd'hui
encore une place prépondérante.
L'exposition comprend, en oulre. des sections d'aria
graphiques, de céramique, d'argenterie et bijouterie,
de lissus et de dentelles.
Les objets figurant dans ces diverses sections ont
été choisis sous la direction de Sir Isidore Spielmann,
directeur, pour les Beaux-Arts, du service des exposi-
tions au ministère du Commerce, par un Comité dont
ANCIEN ET MODERNE
131
le présicient est Sir Cecil Ilarcourt Smith, directeur du
Musée Victoria et Albert à South Kensington, et le
vice-président, le célèbre artiste W'alter Crâne.
Les salles du Musée dans lesquelles a été aménagée
l'exposition anglaise ont été complètement transfor-
mées en vue de leur donner un cadre conforme au
caractère national. Leur installation a été faite d'après
l«s plans et dessins de M. Henry W'ilson qui, avec
l'aide de MM. Walter Crâne, Anning Bell, Cockerell,
et plusieurs autres collaborateurs, y ont travaillé
activement pendant près d'un mois.
Le foi et la reine d'Angleterre, qui s'intéressent tout
spécialement à l'art décoratif, ayant exprimé le désir
de visiter l'exposition durant leur séjour à Paria, se
sont rendus au Pavillon de Marsan, dans la matinée
du jeudi 23.
L'exposition restera ouverte tout l'été.
Salon de la Société des Artistes français. —
Le vernissage du Salon des Artistes français aura lieu,
au Grand Palais des Champs-Elysées, le jeudi 30 avril.
Exposition des Artistes indépendants. —
L'exposition des Indépendants est prolongée jusqu'au
3 mai.
A Belgrade. — La reine Nathalie de Serbie vient
de donner au Musée national de son pays deux
collections d'armes ayant appartenu aux rois Milan et
Alexandre Obrenovitch, et qui comprennent, entre
autres pièces remarquables, le sabre d'Abver Pacha,
ancien gouverneur ottoman de Belgrade, que ce
dernier remit au prince Michel, lors de la prise de la
ville par les Serbe», et deux pistolets ayant appartenu
au général autrichien Landon, qui prit Belgrade aux
Turcs, au xviu' siècle.
Elle a donné aussi à l'Académie des sciences la
bibliothèques des rois Milan et Alexandre.
A Copenhague. — Le Bulletin a déjà annoncé
brièvement qu'une exposition de peintures et dessins
de» principaux artistes français, de 1800 à nos jours,
était en cours d'organisation. Elle s'ouvrira le 15 mai
prochain, dans les salles du Musée royal de Copen-
hague, mises à la disposition des organisateurs par
le gouvernement danois.
Le Comité d'organisation danois, composé de
MM. Karl .Madsen, directeur du Musée royal, prési-
dent du Comité ; A. -P. Weis, directeur au ministère
de l'Instruction publique, des Cultes et des Beaux-
Arts; L. Zeuthen, président de la Société de» Ami»
du Musée, trésorier du Comité ; Tige Millier, secré-
taire général du Comité, a trouvé auprès des gou-
vernements français et danois l'accueil le plus favo-
rable et les concours les plus empressés.
Le Comité d'organisation et son délégué, M. Tige
Moller, chargé de recueillir les adhésions et de réunir
les œuvres, à Paris, ont rencontré le concours le plus
cordial, le pluî actif auprès 'de toutes les personna-
lité» marquantes du monde des arts.
Le Comité français est ainsi composé : MM. Léonce
Bénédite, Georges Bernheim, Bernheim jeune, E. Ber-
taux, Alfred Beurdeley, M"' Blanchi, MM Eugène
Blot, H. Brame, M»- J.-Th. Couture, MM. Emile
Dacier, Armand Dayot, Loys Delteil, M"' Diéterle,
MM. Durand-Buel, Théodore Duret, Paul Gallimard,
V. de Coloubew, René Jean, Frantz Jourdain,
Alphonse Kann, Raymond Kœchlin, Henry La-
pauze, P. Leprieur, Henry Marcel, André Michel,
Claude Monet, François Monod, Moreau-Nélaton,
Georges Petit, Petitdidier, J. Peytel, Auguste Renoir,
Joseph Regnault, F. Roches, Auguste Rodin, P. Rû-
senberg, Ernest Rouart, Louis Houart, M"" E. Rouart,
MM. 0. Sainsère, André Schœller, Alfred Strolin,
Tempelaere, Tauber, Trotti, Vildrac, VoUard.
Grâce à tant de bonnes volontés, il a été possible
de réunir un ensemble imposant des plus belles
œuvres de l'art français au xix* siècle, et l'exposition
du Musée royal de Copenhague s'annonce comme
devant être l'une des plu» belles manifestations du
génie français qui aura eu lieu hors de Paris
Nécrologie. — M. Euyène Pujalel, directeur de
la sûreté générale, décédé le 13 avril, à l'âge de
46 ans, était contrôleur de» services extérieurs et
inspecteur des services administratifs au ministère de
l'Intérieur, lorsqu'eut lieu le vol de la Joconde. Il fut
appelé alors à remplacer M. HomoUe comme direc-
teur des Musées nationaux, et pendant le temps qu'il
passa au Louvre, avant la nomination de M. Henry
Marcel, il travailla avec beaucoup de tact et d'énergie
a la réorganisation de certains services. En ces cir-
constances délicates, son action fut très heureuse et
très appréciée.
— Af. Louis Carrière, ancien capitaine de tirailleurs
en Crimée et en Algérie, conservateur honoraire des
.Musées nationaux, décédé à Fontainebleau, à l'âge
de 68 ans, avait été régisseur du palais de Fontai-
nebleau de 1882 il 1896, puis conservateur jusqu'à sa
retraite, en 1902.
— Un des plus grands peintres polonai», Joseph
Chelrnonski, vient de mourir à Kukloroska, près de
Varsovie, dans sa cinquante-cinquième année. Né à
Borki (Pologne russe) en 1849, il avait fait ses études
à Varsovie, à Berlin, à Munich et à Paris, où il sé-
journa de 187,5 à 1889, exposant régulièrement aux
Salons. L'originalité et la vigueur avec lesquelles il
représentait les scènes et les paysages de son pays
lui valurent une mention honorable en 1882 et un
grand prix à l'Exposition universelle de 1889. Ses con-
tinuels voyages à travers l'Europe et l'Amérique ne
furent pas sans influer sur la force et la sincérité de
son talent. Il exposait encore en 1911, au Salon de la
Société de» Artistes français, un épisode de la cam-
pagne de 1812.
132
LE BULLETIN DE L'ART
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
Ventes annoncées. — A Paris. — Collec-
tion Hodgkius (dessins anciens). — Un cata-
logue illustré, de belle taille, établi sur le type
du catalogue de la vente Doucet, nous apporte
les détails les plus complets sur la réunion de
dessins, aquarelles et gouaches de l'école fran-
çaise du xviii* siècle, composant la Collection
particulière de M. E. M. Hodgkins, dont la vente
aura lieu, comme nous l'avons déjà indiqué, à la
galerie Georges Petit, le 30 avril, par le ministère
de M" Lair-Dubreuil et H. Baudoin etde MM. Jules
Ferai, Paulme et Lasquin.
Parmi les cinquante-cinq numéros qui com-
posent cette vacation, assurée d'avance du succès,
signalons en particulier : le Mariage rompu, par
E. Aubry ; une Noce de village, par L. van Bla-
renberghe ; le Baiser, la Lecture du omième Bul-
letin de la Grande Armée, un Café de Parisen 1815,
et un Cabaret de Paris en 1815, par L.-L. Boilly ;
le Gage touché et le Colin-Maillard, par A. Borel ;
Vénus aux colombes, par F. Boucher; Jeune femme
assise de côté dans un fauteuil et Femme assise sur
un fauteuil, par Chasselat ; Illuminations des
écuries de Versailles à l'occasion du second mariage
du Dauphin [9 février 17i7), par Cochin le fils;
le Sacrifice au Minotaure, Jeune femme assise, la
Visite au grand-père. Buste de Napolitaine, par
J.-H. Fragonard ; l'Entretien galant, par Gra-
velot ; la Consultation de l'oracle, par Hoin ; le
Petit Coblentz ( Vue du boulevard de Gand sous le
Directoire), par Isabey ; Feuille d'étude, par Lan-
cret ; les Trois sœurs au parc de Saint-Cloud et
le Petit lever, par N. Lavreince ; Vue du Grand
Trianon, en 1780, par N. de Lespinasse ; la
Tireuse de cartes et le Petit déjeuner, par J.-B.
Mallet ; Intérieur de palais, par Maréchal ; Expo-
sition de tableaux sur la place Dauphine, par
Maucert ; la Marchande d'oranges et la Marchande
d'huîtres, par G. Opiz ; la Musique de chambre,
par Portail ; le Visiteur attendu, par Van Gorp,
et deux Feuilles d'étude, l'une de sept têtes,
l'autre de trois têtes, par A. Watteau.
La plupart de ces dessins proviennent de ventes
récentes, notamment des collections P. Decour-
celle et J. Doucet. Il sera piquant de constater
comment ils se comporteront à nouveau sous le
feu des enchères.
Collection délia Torre (estampes, objets
d'art). — Le 7 mai, salles 7 et 8, M" Lair-Dubreuil
et H. Baudoin, assistés de MM. Danlos, Paulme et
Lasquin, procéderont à la vente des estampes du
xviii" siècle et des objets d'art et d'ameublement
de la même époque composant la Collection de
jjf"« délia Torre.
Dans la première partie de la vente, nous
remarquons : le Portrait, grandeur nature de
M"" Baudoin et le Portrait, grandeur nature, d»
A/'"« Deshays. deux gravures en imitation de pastel
par L. Bonnet, d'après F. Boucher; les Deux bai-
sers, par Debucourt, en couleurs ; Jeune Fille lisant
Abailard, d'après Boucher, par Demarteau, en
plusieurs tons, et Jeune Fille à la rose, épreuve
en plusieurs tons, par les mômes artistes ; Fré-
dérique- Louise- Wilhelmine de Prusse, femme de
Guillaume !<"", roi des Pays-Bas et Frédérique-Louise-
Wilhelminede Prusse, princesse héréditaire d'Orange
et de Nassau, par Descourtis ; Mrs Benwetl, par
\V. Ward, d'après Hoppner, en couleurs;
Elisabeth, countess of Mexborough, également en
couleurs, par le môme, d'après le môme; Marie-
Antoinette d'Autriche, reine de France et de
Navarre, par Janinet, et Nina, par le même,
d'après Hoin, ces deux pièces en couleurs; the
Right Honorable, the Countess of Derby, d'après
Lawreince, par Bartolozzi, en couleurs; l'Indis-
crétion, par Janinet, d'après Lavreince, en
couleurs ; les Chagrins de l'enfance, par Le Cœur,
d'après Mouchet, en couleurs; A Bacchante et
Nature, par J. R. Smith, d'après Reynolds, en
couleurs; Mademoiselle Parisot, par J. U. Smith,
d'après Dewis, en couleurs ; What you tiill — Ce
qui vous plaira, par J. R. Smith, en couleurs;
enfin Master Lambton, d'aprè» Lawrence, par
S. Cousins, en couleurs.
La seconde partie de la vente comprend des
anciennes porcelaines de Saxe et de Chine; des
bronzes du xviii« siècle ; un mobilier de salon,
— canapé et six fauteuils, — en ancienne
tapisserie d'Aubusson, à corbeilles de fleurs,
d'époque Louis X.VI ; deux fauteuils couverts
ANCIEN ET MODERNE
(33
en tapisserie Une des Gobelins ou de Beauvais
du temps de la Régence, à bouquets de Heurs
et de fruits; enfin, une réunion riche et variée
de meubles des époques Louis XV et Louis XVL
en marqueterie et bronzes, certains portant des
estampilles d'ébénistes connus; les plus remar-
quables sont reproduits dans le catalogue illustré
de cette vente.
A Amsterdam. — Tableaux modernes. —
Nous recevons les catalogues illustrés de trois
ventes de tableaux, dessins et aquarelles moder-
nes, qui auront lieu toutes trois chez Fred. Muller
et C'', à Amsterdam, le 29 avril.
— Le premier catalogue comprend les tableaux,
aquarelles et dessins modernes provenant de la
Collection J. H. C. Heyse, de Middelburg, et de
quelques autres successions. Dans la première
partie de cette vente, nous remarquons les noms
de : Allebé, Blommers, Th. de Bock, Bosboom,
Breitner, J. Israels, W. Maris, A. Neuhuys, Wijs-
muller, Klinkenberg et Mesdag. Ce sont à peu
près les mêmes noms que nous retrouvons dans
la seconde partie du catalogue, avec ceux de :
V. van Gogh, Gorter, Innocenti et Schildt.
— L'école néerlandaise moderne domine
moins exclusivement dans la Collection de feu
M. J. H. L. de Haas, de Bruxelles, où nous notons
des scènes de genre de Bakker Korf, des pay-
sages de F. Courtens, Daubigny et Diaz, Une
Alerte, de Fromentin, un Bord de mare, de
P.-J.-G. Gabriel, des têtes de jeunes femmes,
de la première manière de J. Israels, et une
aquarelle, le Retour, du même artiste, des poules
de Ch. Jacques, le Portrait du prince Luitpold de
Bavière, par F. Lenbach, une Vue à Dordrecht de
J. Maris, enfin des paysages de Roelofs, Th. Rous-
seau et Troyon.
— Enfin, la troisième vente est celle de l'ate-
lier John F. Hulk, le peintre animalier hollandais,
né à Amsterdam en 1855, mort en 1913. Cultivant
à la fois la peinture à l'huile et l'aquarelle, il
traite cette dernière dans la manière large et
fondue de l'école hollandaise moderne. Sans
négliger les modestes habitants des basses-cours,
canards, lapins et cochons, il peignit de ces sujets
cynégétiques qui ont tant de succès auprès d'une
certaine catégorie d'amateurs, en particulier les
chasses au renard, dont la présente vente nous
offre divers spécimens.
M. N.
ESTAMPES
Ventes annoncées. — A Paris. — Collec-
tion Roger Marx (1''° vente : estampes mo-
dernes). — Du 27 avril au 2 mai, à Ihôtel Drouot,
salle 7, M" Lair-Dubreuil et H. Baudoin, assistés
de M. L. Delteil, disperseront les estampes mo-
dernes faisant partie de la collection de M. Roger
Marx, récemment décédé.
Le catalogue illustré comprend plus de 1500 nu-
méros, et quand on se rappelle avec quel enthou-
siasme Roger Marx a aimé l'estampe originale
moderne, avec quel talent et quelle pénétration
il en a écrit, avec quelle ténacité il s'est attaché
à mettre en valeur les graveurs et les lithographes
les plus personnels de la seconde moitié du der-
nier siècle, on peut se faire une idée de la beauté
et de l'intérêt de cette collection, — sans doute
la plus remarquable du genre qui ait jamais
passé en vente publique.
L'homme qui rappela les mérites de l'œuvre
gravé de Ghassériau, qui catalogua les pointes
sèches de Rodin dès 1902, qui fit connaître
Jongkind comme graveur, qui rechercha les gra-
vures d'Adolphe Hervier et de Théodule Ribot,
qui eut un véritable culte pour le maître Ferdi-
nand Gaillard ; l'écrivain qui sut deviner le talent
de tant de graveurs et de lithographes, et qui les
fit connaître au public par des notices, des pré-
faces de catalogues, des articles de revues, ne
pouvait manquer de prêcher d'exemple et de
recueillir en ses cartons les œuvres les plus
belles et les plus rares de ses artistes de prédi-
lection. C'est ainsi qu'on retrouvera, dans le
catalogue très soigneusement établi, les noms de
tous ceux à qui il a consacré des monographies :
à ceux qu'on a déjà cités, il faut ajouter Fantin-
Latour, Henry Guérard, Alphonse Legros, Eugène
Carrière, Auguste Lepère, Gustave Leheutre,
Eugène Béjot, Franck Laing, Edgar Chahine,
Frank Brangwyn, Pieter Dupont, Albert Belle-
roche, Paul-Émile Colin, H. Vergéssarat, Jean
Patricot, M"" Jeanne Bardey, etc.
Mais bien d'autres artistes se rencontrent avec
ceux-là pour prouver, selon le mot de M. L. Del-
teil dans la préface du catalogue, que, chez Roger
Marx, « le critique fut constamment d'accord avec
le collectionneur». Il est difficile de les citer
tous, d'autant qu'il est de peu d'intérêt d'aligner
des noms, quand on ne peut énumérer les
pièces, préciser leurs états, dire leurs qualités,
vanter souvent leur rareté et ce que leur ajoutent
ces signatures, ces remarques, ces dédicaces.
134
LE BDLLKTIN DE L'ART
toujours extrêmement précieuses aux yeux des
amateurs.
Il faut pourtant indiquer les séries les plus
abondantes, qui sont celles d'Alhert Besnard, de
Félix Bracquemond, de ï'élix Buhot, de Miss Mary
Cassait, d'Edgar Degas, de Forain, d'Helleu, de
Louis Legrand, d'Edouard Manet, d'Odilon Hedon,
de Steinlen, de Toulouse-Lautrec, de VVhistier...
Encore une fois, on ne peut pas tous les nom-
mer; on doit renvoyer au catalogue, sous peine
de ne donner qu'une idée bien imparfaite de ce
véritable cabinet de l'estampe originale moderne,
où toutes les manifestations vraiment person-
nelles de l'art du peintre-graveur et du peintre-
lithographe de ces cinquante dernières années se
trouvent échantillonnées en pièces de choix, et
parfois d'une insigne rareté.
Les amateurs vont avoir une belle semaine, et
le résultat de cette vente — la première de celles
qui doivent disperser les collections du critique
d'art — ne saurait manquer d'être curieux et
instructif pour tous ceux qui s'intéressent à la
gravure; nous allons avoir une « cote » pour
certains artistes qu'on n'a pas souvent l'occasion
de rencontrer si abondamment ni si remarqua-
blement représentés en ventes publiques.
R. G.
Li'i'i? iTi iT 'I' " "T 'I r "M ' I i"iim rm ipi
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Eugène Viala, 1859-1913 (galerie Manzi).
— De r Encre, de l'Acide et de la Souffrance :
c'était le litre du premier album d'eaux-forles
composé par ce peintre graveur et poêle, mort
au printemps dernier, sans avoir connu son
heure de gloire et qui s'intitulait lui-même « un
sauvage ». Un lettré, pourtant, mais qui ne fré-
quenta jamais que la solitude natale de son
Rouergue aussi sombre que lui ; bref, un Alceste,
un peu comme Alphonse Legros dont il retrou-
vait l'amertume dans le décor broussailleux de
ses ravins boisés : tant il est vrai que le paysage
n'est que le miroir d'un songe intérieur! Sonnet-
tiste et symboliste, entre deux études peintes
ou gravées, paysagiste en prose poétique ou la
palette au pouce, sous le vent hallucinant des
causses, il animait la tristesse de la nature à la
tristesse de son Ame : uniforme et perpétuel
éthange, où s'absorbait silencieusement l'ami de
ces Humbles terres qui passaient trop inaperçues
à la Société nationale, en 1902 ! Le ciel orageux,
les nuées, les coups de soleil, l'éclair d'une ean
dormante au pied des collines, les rabougris
sur le bord d'un sentier solitaire, l'aube appa-
raissant « sur le dos amarante et nu de la mon-
tagne », les noirs corbeaux sur la glèbe entamée
par les grands bœufs, les chênes épandus sur les
grès, les rêves d'un homme éveillé, le roman-
tisme de l'ombre et du soir, tel était son mé-
lancolique et singulier royaume, qui ne s'éclai-
rait parfois que dans une fraîcheur d'aquarelle...
Enlrevu chez Hessèle, rue Laffitte, en 1904, h
côté du lithographe Auguste Fabre et du graveur
Fritz Overbeck, aussitôt deviné par la sympathie
de M. Arsène Alexandre, Viala, devenu décora-
teur, avait travaillé pour le musée de Rodez,
pour la vénerie de MM. Menier, pour l'hôtel de
M. Fenaille ; et si, comme l'assure notre confrère
Clément- Janin dans sa préface du catalogue,
« il n'y a plus d'Horace pour chanter les Mé-
cènes 11, les Virgiles obscurs au fond de leur
province ne meurent pas tout entiers dans le
souvenir des amoureux d'art.
l'V" exposition de « l'Acanthe » (galerie
Devambez). — A l'instar de la Phalange, cette
élégante réunion de boursiers de voyage et de
prix de Rome ne dément pas son beau nom
corinthien, quand elle nous propose les figurines
dionysiaques de M. André Verraare et son vigou-
reux fragment du Rhône, les héros antiques de
M. Constant Roux, les petites faunesses et les
danseuses non moins grecques de M. Eugène
Piron, l'héritier du joyeux poète dijounais, sans
oublier les plaquettes de M. Pierre Dautel et
Morlon, les dessins rehaussés de M"* Marguerite
Delorme et de M. Lucien Pénat, les paysages dé-
coratifs de M. Maurice Roganeau, qui voyage en
Espagne, et de M. Georges Leroux, qui retrouve
à notre Luxembourg fleuri les jardins Borghèse, le»
loyales éludes, toutes françaises, de M. Jean-Pierre
Laurens, portraitiste du maître Pierre Vignal, et
de M. Emmanuel Fougerat, l'admirateur et Je
biographe le plus récent de Holbein, ce maître
de la conscipnce et de la forme.
« Estampes et Dessins » (galerie A. -.M. Reit-
linger). — On dessine encore, et la preuve n'est
pas seulement contenue dans ce titre d'une nou-
velle Société de peintres dessinateurs et graveurs,
fondée à Paris, au mois d'août 1913, sous la pré-
sidence de M. Alexandre Lunois. pour ne mon-
trer aux amateurs que des dessins originaux et
des estampes inédiles. Le but est louable ; et le
résultat ne s'aflirme pas moins intéressant,
ANCIEN ET MODERNE
d3S
puisque cette « première exposition annuelle »
offre à nos yeux un peu las de peinture et de
polychromie les plus belles épreuves orientales
de M. Lunois, les sanguines de M. Lequeux,doux
interrogateur des couvents d'Assise, les dessins
rehaussés de M. Charles Jouas, spirituel histo-
riographe de Versailles ou de sa vieille Cour de
liohan, les fins portraits de M. Henri Royer, les
libres croquis de M Bernard Naudin et de son
nouvel émule, M. Georges Gobo, les patientes
études rustiques du D'' François De Hérain. conli-
dent des Baux de Provence, les intimités silen-
cieuses de M. Guiguet, ce poète attendri du réa-
lisme, qui dessine aux trois crayons la jeune
brodeuse ou la petite couseuse appliquée comme
le plus savant contemporain de Greuze ou de
Chardin, — sans négliger les amants de Venise,
MM. .I.-J. Gabriel et Georges Le Meilleur, ni
MM. Jacques Simon, Damblans, Willaume, Camo-
reyt, Péters-Destéract et Marten van der Loo. Le
dessin n'est pas le seul apanage des <c rétrospec-
tives » ou des « grandes ventes » ; et cette vue
rassure et console.
Le Dessin dans les expositions diverses.
— En attendant la nouvelle exposition du maître
Auguste Lepère, — qui se trouve remise au 4 mai
prochain, chez Sagot, — signalons seulement,
aujourd'hui, parmi les dessinateurs encore dignes
de ce nom, les peintres-graveurs P.-E. Vibert et
Paul-Émile Colin, qui montrent pour la pre-
mière fois leurs croquis chez Grandhomme ; l'un
des virtuoses de l'aquarelle et de la gravure en
couleurs, M. Henri Jourdain qui réunit ses vues
élégamment froides de canaux solitaires et de'
vieux châteaux chez Georges Petit ; un étranger,
M. E. van Saanen-Algi, remarquable par la cer-
titude rapide de ses Études de danses, chez De-
varabez ; enfin, le Vllh Salon des Artistes humo-
ristes, au Palais de Glace, abondant toujours,
mais inégal, oîi les dessinateurs ne dessinent
pas tous, mais oîi se distinguent aussitôt MM.Sem,
Abel Faivre, André Devambez et Alfred Le Petit,
non loin d'une touchante évocation du bon vieux
temps dans la « rétrospective >> de Boilly.
Alfred Sisley, 4839-1899 (galeries Durand-
Ruel). — N'est-ce pas une opportune leçon de
peinture que cette « rétrospective » où des mor-
ceaux scrupuleusement choisis nous rappellent
les bienfaits et les dangers de cet affranchisse-
ment déjà lointain qui fut l'impressionnisme ? Au
surplus, l'évolution d« la clarté sur la toile est
suggestive, de 1872 à la fin du siècle dernier,
depuis les bords de Seine à Bougival et les inon-
dations de Marly jusqu'aux verdures trop
bleuAtres et trop déchiquetées de Moret et des
bords du Loing; mais, entre toutes ces brèves et
familières impressions, de nature française, l'Au-
tomne, datée de 1881, et les Coteaux de Venetix,
vus de Saint-Mammès, au printemps de 1884. res-
teront comme les témoins les plus lumineux
d'une heure décisive.
Raymond Bouyf.r.
Erratum. — Éva Gonzalès était non point la
belle-sœur, mais la femme du peintre-graveur
Henri Guérard, qu'elle avait épousé en 1879, et
sur le talent duquel la pastelliste exerça, comme
lelir ami Manet, une influence notoire (1|.
R. B.
Le
52' Congrès des Sociétés savantes
Le 52" Congrès aanuel des Sociétés savantes s'est
ouvert le 14 avril, dans l'amphithéâtre Richelieu, à la
Sorbonne, sous la présidence de ,M. II. Cordier, mem-
bre de l'Institut, qui a souhaité la bienvenue aux
membres présents. Les sections se sont ensuite
constituées et ont commencé leurs travaux.
Nous rappellerons ici' les communications faites
dans la section d'archéologie :
Séance du 15 avril (présidence de M. Babelon,
membre de l'Institut). — MM. Espérandieu et le
D' Emery : les fouilles de la Croix-Saint-Charles, au
mont Auxois (Alésia);
MM. le commandant Lalance, Mazaurie, Minouflet,
G. Poulain et de Vesly : le caslrum de Juliobona
(Lillebonne).
Séaiice du 16 avril (présidence de M. E Lefèvre-
l'ontalis). — MM. Brousse et Lejeune : un recueil
d'inscriptions du déparlement de la Corréze;
M. Etienne Devillé : vues inédites du château de
Valinont (Seine-Inférieure) ;
M. l'abbé Chaillan : curiosités archéologiques de
l'église Saint-Jean, près de Brignoles (pierre d'autel
de l'époque carolingienne, stèle avec sculptures de
l'époque barbare, porte en bois de la fin du xv siè-
cle, etc.)
Séance du 17 avril (présidence de M. II. Stein). —
M. Maury : le répertoire archéologique de l'arrondis-
sement de Bar-sur-Aube;
(1) Voir le Bulletin du H avril 1914, p. 117.
136
LE BULLETIN DE L'ART
M. Pasquier : une miniature du iv siècle repré-
sentant sainte Catherine;
M. le colonel Hannezo : une urne funéraire en verre
trouvée à Malay (Saône-et-Loire) ;
M. l'abbé Parât : le temple antique de Montmartre,
près d'Avallon;
M. Edouard Salin: les fouilles du cimetière barbare
découvert à Lezeville (Haute-Marne) en 1911.
M. J. Toutain : un bas-relief trouvé en 1913 sur le
mont Auxois, dans les fouilles exécutées par la So-
ciété des sciences de Semur;
M. P. -M. Emard : le monument des Gondy, dans
l'église Saint-Rémy des Quinze- Vingts.
La séance plénière de clôture a eu lieu le 18 avril
sous la présidence de M. Bienvenu Martin, ministre
de la Justice qui, après avoir excusé l'absence du
ministre de l'Instruction publique, résuma les travaux
présentés dans les diverses sections, rendit hommage
à la mémoire des membres décédés et termina en
faisant l'éloge du rôle des Sociétés savantes, qui
répandent dans nos provinces le goût des choses de
l'esprit, le culte des lettres et concourent à la mission
décentralisatrice dont nos Universités ont reçu la
charge.
L-ES REVUES
Franck
L'Art et les artistes (janvier). — Robert Hénard.
Andréa Palladio. — L'architecte de Saint-Georges-
Majeur (1518-1580) a énormément construit, surtout
à Vicence, sa ville natale; Venise et le Vénétin possè-
dent encore des palais et des villas célèbres qui lui
sont dus. Son inlluence a été considérable ; elle
s'explique par ce qu'a d'exquis son interprétation
moderne de l'antiquité.
— Tristan Leclère. Charles Milcendeau. — Artiste
original et chercheur, dont les peintures, les pastels,
les dessins, les gouaches, unisscot « la tenue sobre
de l'art de France à la forte saveur particulière au
pays vendéen ».
— M. Nelkkn. Eduardo Chicharro. — Un des plus
remarquables peintres de l'Espagne contemporaine.
— A. Seaton-Schmidt. Charles W. Hawthome. —
Portraitiste américain.
— Léandre Vaillat. L'art décoratif au Salon d'au-
tomne.
(Février). — Roger Rebousbin. Les animaux dans
Vasuvie d'Eugène Delacroix. — Ces animaux si
réalistes et si bien observés, comme en témoignent
tant d'études d'après nature, reparaissent aussi
vivants dans les grandes compositions du maître,
au mouvement desquelles ils contribuent puissam-
ment.
— Gustave Gkffroy. Le Plafond du théâtre de
Rennes. — Figures et planche en couleur, d'après
des études et des ensembles de l'auteur du plafond,
M. i.-i. Lemordant, lequel représente une longue
théorie dansante de Bretons et de Bretonnes, dans
les principaux costumes du pays.
— Robert Hé.nakd. Un Tableau de Tiepolo re-
trouvé. — Figure de hallebardier qui formait origi-
nairement la partie droite d'un tableau de Tiepolo,
conservé au musée d'Edimbourg, et dont l'esquisse
peinte appartient au musée de Stuttgart.
— Walter Pach. L'art de John Sloan. — Peintre et
aquafortiste américain.
— A. S. GoMPERTZ. Variétés : De la porcelaine et
de la faïence.
— Léandre Vaillat. L'art décoratif : Gustave
Jaulmes. — Peintures pour l'Hôtel royal et le casino
d'Évian-les-Bains ; décoration de divers hôtels parti-
culiers.
Italie
BoUetino d'arle des ministero délia P. Istru-
zione (novembre). — Corrado Ricci. Le Sépulcre de
Galla Placidia, à Ravenne (I). — M. Corrado Ricci
reprend l'étude de ce monument célèbre et détruit de
nombreuses erreurs répétées traditionnellement à
propos de lui.
— I. A. F. Orbaar. Extraits des comptes de Dome-
nico Fontana {15S5-I5SS). — Etude sur la topogra-
phie de Rome au temps de Grégoire Xlll et sur les
constructions du grand architecte, faite à la lumière
de comptes découverts dans les archives romaines.
(Décembre). — Le Sépulcre de Galla Placidia, à Ra-
venne (II). — Suite de l'étude d'ensemble de M. Cor-
rado Ricci. Le mausolée et l'église Sainte-Croix.
L'état des lieux au v siècle, et jusqu'en 1602. Les
modifications apportées par les moines de Saint-
Vital. Galla Placidia repose-t-elle dans son mausolée?
Raisons qu'il y a pour le croire.
— Enrico Mauceki. Œuvres d'art inédites du
musée de Syracuse. — Vieux retables des xiv et
XV* siècles, ruinés en majeure partie. Peintures sici-
liennes et napolitaines des xvi*, xvir et xviii- siècles.
Etoffes, carosses. Plats hispano-mauresques.
— Pompeo MoLMKNTi. Le tableau de Domenico
Morone de la collection Crespi. — Il s'agit du fameux
tableau intitule : la Chute des llonacolsi, peint pour
François de Gonzague, en 1494, en souvenir de la
victoire de sa famille sur les anciens seigneurs de
Mantoue. Le gouvernement italien vient d'acquérir
cette très importante peinture qui faisait partie de
la collection Crespi, de Milan, dont la majeure partie
sera prochainement vendue à Paris. Le tableau doit
être exposé dans le palais des Gonzague, à Mantoue.
Le Gérant : H. Dknis.
Paris. — Imp. Georges Petit. M, rue Godot-dc-Mauroi.
Numéro 623.
Samedi 2 Mai 1914.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
dans
La Photographie
les Musées nationaux (^)
L'Exemple des Monuments historiques
A la fin d'un précédent article, où Ton propo-
sait l'exemple de l'Italie, on a fait remarquer
que notre service des Monuments historiques
avait, en ce qui regarde les photographies qu'il
fait exécuter et mettre en vente, une organisation
à certains égards analogue au système ingénieux
de la Direction générale des beaux-arts de la
Péninsule.
En Italie, en effet, le cabinet photographique
des Beaux-Arts, est un « organe de l'adminis-
tration « travaillant spécialement à l'intention
des érudits, et reproduisant indistinctement
peintures et sculptures, architectures et objets
d'art, ensembles et détails de monuments; une
maison d'édition est chargée de la vente des
épreuves au public, à des conditions extrême-
ment modiques.
Chez nous, les photographes des Monuments
historiques, sans être de véritables fonctionnaires
ayant une mission officielle, jouissent, néan-
moins, de certaines prérogatives; ils reproduisent
surtout des monuments et des détails de scul-
ptures, quelquefois des objets d'art et plus rare-
ment des peintures; leurs clichés sont remis à
la maison Neurdein qui se charge de tirer et de
vendre les épreuves.
Précisément, M. Jules Roussel, conservateur-
adjoint du Musée de sculpture comparée, vient
de publier un nouveau catalogue des photogra-
phies que le service des Monuments historiques
met ainsi à la disposition du public. C'est un
gros livre de plus de six cents pages, où les
(1) Septième article. Voir les n" 6H à 614, 617 et
621 du liulletin. — C'est par inadvertance que le sous-
titre du dernier article ; l'Exemple de l Italie, qui
figurait au sommaire, n'a pas été imprimé en tête de
larticle.
photographies sont rangées suivant l'ordre le plus
logique, c'est-à-dire celui des départements, et
pour chaque département, dans l'ordre alpha-
bétique des localités. Un excellent index ana-
lytique, qui a dû demander à l'auteur beaucoup
de temps et de soin, permet au travailleur de se
documenter rapidement d'après les sujets qui
l'intéressent, et une table alphabétique générale
complète l'ouvrage, illustré de quelques petites
reproductions réunies sur une môme page, à
titre de spécimens. Il y a là une mine d'une
richesse considérable, et d'ailleurs insoupçonnée
de bien des amateurs qui, dernier avantage, peu-
vent se procurer des épreuves à des prix comme on
voudrait en avoir de semblables pour les photo-
graphies des œuvres d'art conservées dans nos
Musées nationaux : ainsi, pour s'en tenir aux
épreuves au gélatino-bromure ou sur papier albu-
miné, dont les prix sont identiques, on trouve
un 18x24 pourO fr. 50; un 21x27 pourOfr.75;
un 24x30 pour \ fr. ; et un 30x40 pour 1 fr. SO.
Enfin, contrairement à ce qui se passe pour les
clichés exécutés par la maison concessionnaire
du privilège de la photographie dans les Musées
nationaux, amun droit de reproduction n'est
exigé(i); il suffit de mentionner l'indication de
la provenance.
Il y a là un ensemble de mesures fort libérales,
dont l'administration des Beaux-Arts pourra
utilement s'inspirer, quand elle daignera accor-
der sa précieuse attention à ces questions qu'il
faudra tout de même bien qu'elle étudie et règle
un jour prochain. Il est vrai que, quelque soit
alors sa décision, qu'elle organise une Chalco-
graphie photographique, qu'elle s'inspire de
l'exemple de l'Italie ou du système des Monuments
historiques, la moins bonne combinaison sera
encore préférable à l'organisation actuelle.
E. D.
(1) Un régime spécial est établi pour les relevés
d architectes, propriété de l'administration des Beaux-
Arts.
138
LE BULLETIN DE L'ART
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des beaux-arts (séance (Jp 25 avril). —
Le président rend un dernier hommage à la mémoire
de MM. Carapanos, d'Athènes, correspondant libre, et
Leenhoff, d'Amsterdam, correspondant de la section
de sculpture, qui viennent de mourir.
— L'Académie procède à l'élection des membres de
la commission mixte chargée de décerner le Prix
quinquennal Estradle-Delcros (8.000 fr.), destiné à
récompenser «un travail rentrant dans les ordres
d'études dont l'Académie des beaux-arts s'occupe ».
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 24 avril). — Le R. P. Scheil fait une
communication préliminaire sur la dernière campagne
des fouilles qui ont été faites àSuze. M. de Mecquenem
a découvert une vaste nécropole du vu* ou viir siècle
avant notre ère. Les tombes y sont, en général, de
petites constructions en briques et contiennent, pour
la plupart, joint aux ossements, un mobilier de vases,
d'outils professionnels, de bijoux. Le déblaiement n'en
est pas complet encore. Les chantiers de l'acropole, de
la ville royale et des palais achéménides ont également
donné des résultats qui sont remarquables.
— M. Henri Cordier communique des renseigne-
ments sur la mission dont M. le U' Victor Segalen
a été chargé par l'Académie en Chine : deux scul-
ptures intéressantes sont signalées par lui. Ce sont
un cheval ailé et un cheval piétinant un barbare,
groupe daté de l'an tn avant notre ère.
— M. Héron de Villefosse communique à l'Académie
un fragment d'inscription grecque récemment décou-
vertà Narbonne et envoyé par M. Uouzaud. Ce fragment
appartient à un cartel rectangulaire qui ornait le socle
en marbre blanc d'un buste de l'empereur Antonin. Ce
buste, malheureusement, n'a pas été retrouvé : il avait
été élevé par deux médecins de Narbonne appartenant
à la famille Pompéia, tous deux affranchis; l'un d'eux
s'appelait Fortunatus, le nom de l'autre a disparu.
— Le Prix Bordin (antiquité grecque et romaine)
de 3.000 fr. est ainsi partagé ;
1.000 fr. à M. Eugène de Paye {Gnostiques et Gnos-
ticisme); i.OOO fr. à M. Deonna {l'Archéologie, sa
valeur, ses méthodes); 500 fr. à M. Lesquier {les Insti-
tutions militaires de l'Egypte sous les Lagides);
500 fr. à M. Billiard {la Vigne dans l'antiquité).
Une mention est accordée à M. Morin-Jean {la
Verrerie en Gaule sous l'empire romain).
— Le prix ordinaire dont le sujet était l'Espagne à
l'époque romaine est décerné aux l'romenades archéo-
logiques en Espagne, de notre collaborateur M. Pierre
Paris.
— M. Préchac étudie les dimensions et les transports
successifs du colosse de Néron, d'après les indications
de la numismatique : ce colosse était primitivement
placé dans le vestibule de la maison d'or de Néron.
L'empereur était figuré debout montant sur le quadrige
d'Hélios que ses coursiers emportaient au galop.
— M. Cordier lit deux notes de M. Bonnel deMézières
en mission dans l'Afrique Occidentale. La première
concerne la découverte de la ville de Tiregga dont la
réputation fut très grande chez les noirs du Soudan,
chez les Arabes et les Berbères de la région saharienne.
La seconde traite de Tendirma, résidence, à partir du
xv siècle, des Kourmina, Fari ou Kanfari qui étaient
les premiers dignitaires de l'empire de Gao. Cette
ville était autrefois le siège d'une puissante colonie
Israélite dont les habitations s'étendaient depuis le
bord du fleuve Niger jusqu'à une demi journée de
marche de celui-ci.
— M. Collignon signale l'intérêt d'une plaque de
terre cuite à relief d'ancien style crétois acquise par
le Louvre et représentant la grande déesse qui domi-
nait les bètes fauves.
— M. Monceaux lit, de la part de M. l'abbé Bayard,
une note proposant une correction au texte de saint
Irénée concernant l'église romaine.
Société des antiquaires de France (séance du
22 avril). — M. Pallu de Lessert étudie les colonies
romaines d'Espagne dont la fondation est attribuée
à César ou à Auguste.
— M. Deshoulières cherche à préciser l'origine du
profil de certains tailloirs à l'époque romane.
— M. Pasquier résume les résultats qu'ont donnés
les fouilles récentes faites à Saint-Bertrand-de-Com-
minges.
Société d'iconographie parisienne (séance du
24 avril). — A propos de la donation faite à la France
par le roi Georges V, donation dont il a été parlé dans
le dernier numéro du Bulletin, M. le D' Daily, tant
en son nom qu'au nom de M. Albert Vuaflnrt, reprend
et complète ses communications antérieures, notam-
ment celles de novembre et décembre 1913, sur la
décoration de la place des Victoires, en les appuyant
de la production d'estampes et de photographies.
En ce qui concerne les médaillons représentant des
faits mémorables du règne de Louis XIV, M. le
D'Ually rappelle qu'ils étaient au nombre de douze;
cinq seulement existent encore (ce sont ceux que le
roi Georges V a offert à la France) ; le sort des autres
est inconnu. M. le D' Daily a retrouvé, dans un
minutier parisien, le marché passé pour leur exécu-
tion : ils étaient l'œuvre du sculpteur Jean Arnoux
et du fondeur Pierre Le Nègre, qui travaillèrent
d'après des dessins de Pierre Mignard.
— M. Etienne Deville présente et étudie deux dessins
du iviii" siècle, offrant deux aspects de l'Exposition
de la Jeunesse, qui se tenait, chaque année, sur la
place Dauphine, le jour de la Fête-Dieu. L'un de ces
dessins est un crayon de Duché de Vancy, daté de
mai nSO, conservé au Musée Carnavalet; l'autre,
signé : A. Maucert, l'Si, a passé de la collection de
M"* Leiong, dans la collection Ilodgkins, qui a été
ANCIEN ET MODERNE
d39
dispersée cette semaine. M. Et. Deville ajoute quelques
détails sur l'Exposition de la Jeunesse et sur les
auteurs de ces dessins.
Musée du Louvre. — Un décret paru à VOfficiel
annonce que les noms ci-après seront gravés sur les
plaques placées dans la rotonde de la galerie d'Apollon,
en l'honneur des nouveaux bienfaiteurs du Musée du
Louvre :
Baronne Delorl de Gléon.
M. el M"' Martin Le Roy.
Le Bulletin a eu l'occasion d'annoncer précédem-
ment que M"" la baronne Delort de Gléon avait offert
au Musée une collection d'objets d'art musulman, et
que M. et M"* Martin Le Roy s'étaient dessaisis, en
faveur du Louvre, d'une importante série d'objets
d'art du moyen âge et de la Renaissance.
Manufacture des Gobelins. — Par un décret
récemment paru, les fonctions de conservateur du
musée de la Manufacture des Gobelins sont confiées
à un des fonctionnaires du personnel administratif de
la manufacture, désigné par un arrêté ministériel. Ce
fonctionnaire reçoit à ce titre, un supplément de trai-
tement de l.SOO francs.
A Bruxelles. — On écrit de Bruxelles qu'à la suite
d'un accord entre les filles du feu roi Léopold H et
l'État belge, celui ci entre en possession d'un tableau
célèbre de Rubens, les Miracles de saint Benoit. Au
moment do la mort du roi, le tableau était en Amérique,
ayant été mis en vente. L'Etat belge réclama le rapa-
triement de l'œuvre qui fut mise sous séquestre en
attendant la liquidation de la succession. 11 vient d'être
cédé en propriété définitive au musée de Bruxelles,
où il sera exposé cette semaine.
A Corfou. — Les fouilles qui se poursuivent en
ce moment à Corfou, sous la surveillance presque
quotidienne de l'empereur d'Allemagne, ont donné,
d'après des renseignements oraux, quelques résultats
importants. Sur l'emplacement du grand temple de
Palaeopolis, d'oVi proviennent les gigantesques restes
d'un fronton archaïque (première moitié du vi* siècle
avant J.-C), on a trouvé des décors architectoniques
d'une cimaise corinthienne en terre cuite, appartenant
à un grand temple antérieur, du vu' siècle, et dont
l'entablement était en bois. Dans le parc de Mon
Repos, la découverte de chapiteaux archaïques fait
pressentir le voisinage d'un temple, ou peut être
même de deux édifices distincts. Un mur découvert
est peut-être celui d'une Acropole antique. — Cii. P.
A Florence. — Une exposition consacrée à l'art
des jardins en Italie se tiendra l'année prochaine à
Florence, au Palais Vieux. Elle comprendra une
section rétrospective. Des excursions archéologiques
seront organisées dans les jardins et villas historiques,
et, dans la section moderne, il y aura une exposition
de projets de jardins.
A Munich. — Un projet de loi relatif à l'acquisi-
tion par l'Etat de la Nouvelle Pinacothèque de Mu-
nich a été déposé par le gouvernement au Parlement
bavarois. La collection était,jusqu'à présent, propriété
de la famille royale. Le roi a consenti à s'en défaire
moyennant le payement de un million de marks qui
représente la somme dépensée jadis par Louis I" pour
achats de terrains et frais de construction du palais.
Nécrologie. — Le peintre Léo7i Girardot, qui est
mort à Paris le 2t avril, était originaire de Besançon.
Élève d'Albert Maignan, il exposait au Salon de la
Société des Artistes français, où ses peintures de genre
furent plusieurs lois remarquées : mentionné en 1893,
il avait reçu une médaille de 3" classe en 1896 et une
de 2* classe en 1907.
— Le statuaire hollandais Ferdinand Leenhoff est
mort à Nice, à l'âge de 73 ans. Professeur de l'Aca-
démie des beaux-arts d'Amsterdam, membre corres-
pondant de l'Institut de France, il faisait partie de la
Société des Artistes français, aux Salons de laquelle il
obtint plusieurs récompenses. 11 était officier de la
Légion d'honneur.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — "Vente de la collection Paul
Delaroff (tableaux anciens). — Faite à la
galerie Georges Petit, les 2:i et 24 avril, par
M" Lair-Dubreuil et Doublet, et M. Sortais, cette
première vente Delarofïa produit b07.550 francs,
avec, comme principale enciière, les i2.bOO francs
obtenus, sur la demande de 40.000, par le Jan
Steen, la Joyeuse compagnie.
PRINCIPAUX PRIX
Tableaux anciens. — Ecole française. 55. Boilly.
L'Heureuse Famille, 5.000 fr. (dem. 5 000). — 57. Bou-
cher. Achille blessé, 28.100 fr. (dem 25 000). — 59-60.
Debucourt. Le l'as d'Arlequin. Le Festin de Scara-
mouche, 9.500 fr. (dem. 10.000). — 62. Drouais le ûls.
140
LE BULLETIN BE L'ART
Portraits d'enfants royaux, H. 000 fr. (dem. 25 000).
— Fragonard : 65. Paysar/e italien, 8.150 fr. {dem.
8 000). — 66. IJernier sacrifice, 5 300 fr. (dem. 4.000).
— 79-80. Oudry. Chien levant des perdrix. Chienne
blanche et poule faisane, 5.300 fr. (dem. 5.000). — 82.
Hubert Hobert. Dans le parc après l'ouragan, 5.T00 fr.
(dem. 6.000).
ficole hollandaise. — 91. Berckheyde et Ilughten-
burgh. Le Dam ou Place de ville à Amsterdam, 6.2.Ï0 fr.
(dem. 4.000). — Van Goyen : 128. La Meuse prés de
Dordrecht, 12.000 fr. (dem. 10.000). — 132. La l'asse-
relle, 6.020 fr. (dem. 8 000). — 146. llondius. La Chasse
à l'ours, 8.600 fr. (dem. 8.000). — 147. De Hooch. Les
Mendiants au bord du cliemin, 5.500 fr. (dem. 6.000).
— 155. Lastmaon. Suzanne entre les deux vieillards,
10.600 fr. (dem. 6.000). — 167. Moreelse. Portrait de
la princesse Hedwig de lirunswick, 10.500 fr. (dem
12.000). — 169. Van der Neer. Le Lever de la lune^
5.000 fr. (dem. 5.000). — 180. Quast. Portrait de vieil-
lard, 5.000 fr. (dem. 4.000). — 183. Attr. à Rembrandt
L'Enfant Jésus parmi les docteurs au temple, 8.000 fr.
(dem. 8.000). — 184. Attr. a Rembrandt. Portrait d'une
femme dgée, 7.100 fr. ("dem. 8.000). — 192. Jan Steen.
Joyeuse Compagnie, 42.500 fr. (dem. 40.000). — 198.
Ter Borch.te Jeune Garçon au pichet, 7.300 (dem. 8. 000).
Écoles italiennes. — 211. Attr. à Antonellode Messine.
Tête de Christ à la couronne d'épines, 7.100 fr. (dem.
10.000). — 219. Conegliano. Le Christ mort assis au
bord du tombeau, 5.000 fr. (dem. 8.000). — Guardi :
223-224. Le Moulin à eau. Cavaliers à l'entrée d'un
village, 9.500 fr. (dem. 4.000). — 225. Palais en ruines,
6.000 fr. (dem. 4.000). — Montagna : 229. Jésus bénis-
sant, 22.000 fr. (dem. 25.000). — 230. La Vierge et
l'Enfant Jésus, 9.000 fr. (dem. 12.000). — 233. Tura.
La Vierge portant le Christ mort, 5.700 fr.
Porcelaines de Chine, etc. — M« Baudoin et
MM. Mannheim ont procédé, salle 1, les 23 et
24 avril, à une vente composée de porcelaines
et faïences anciennes et d'une tenture provenant
du château de Gaibach. Cette vente, qui avait
fait l'objet d'un catalogue illustré, a produit
189.265 francs et donné lieu à quelques enchères
dignes d'f'tres notées, mais dont il nous suffira
de donner la liste.
PRINCIPAUX PRIX
Porcelaines de la Chine. — 27. Six bouteilles,
réserves à vases et ustensiles, sur fond bleu fouetté,
5.000 fr. (dem. 4.000). — 36. Six petits vases-rouleaux,
décorés en bleu,- 6.000 fr. (dem. 5.000). — 61. Neuf
plats décorés vases Oeuris et ustensiles au marli. six
réserves à fleurs, 6.000 fr^ — 70. Six petits vuses
Kang-shi, compartiments, rochers et ustensiles, 6 310 fr.
(dem. 4.000). — 77. Deux bouteilles, Kang-shi, décor
de réserves, fond bleu fouetté, 9.000 fr. (dem. 6.000).
— 78. Six plats Kang-shi, décorés vase fleuri, 9.000 fr.
(dem. 4.000). — 82. Six plats décorés réserves forme
fruits sur fond rouge, ép. Ksng-sbi,9,400 fr. (dem. 5.000).
Faïences. — 220. Grosse potiche, avec couvercle et
cornet, anc. faïence de Delft, décor en bleu, enfants,
oiseaux, etc., 7.100 fr. — 222. Cornet, deux vases et
deux bouteilles, faïence holl., 13.900 fr. (dem. 8.000).
Tenture. — 224. Tenture de cinq panneaux satin
blanc chenille, décor de corbeilles de fleurs, etc , ép.
Louis XVI, 9.000 fr. (dem. 12.000).
Ventes annoncées. — A Paris. — Objets
d'art, etc., appartenant au Baron de G...
— M" H. Baudoin, assisté de M.M. Mannheim
et J. Ferai, dirigera, les 4 et b mai, salle n" 1, la
vente des objets d'art et d'ameublement, tableaux
et dessins anciens, elc, appartenant àil. le Baron
de G... Un catalogue illustré, nous permet dé
nous rendre compte de l'intérêt de cette réunion
de pièces du xviii' siècle, choisies avec goût.
Bronzes, meubles en marqueterie, mobilier de
salon en Aubusson d'époque Louis XVI à sujets
de petits personnages et d'animaux, forment un
ensemble de marchandise tout ;i fait à la mode, et
que complètent encore du côté des dessins : une
Jeune femme en buste, par Ducreux et le Mar-
chand de gimbleltcs, par J.-B. Huet, et, du côté
des peintures : le Déjeuner à l'auberge, par
J.-B. Charpentier, un Portrait de jeune femme.
par Daniou.v et la Promeneuse, par Schall.
Liquidation Seligmann (3* vente. — Objets
d'art, etc.). — Cette troisième vente Seligmann,
que dirigeront, salle 6, les !> et 6 mai. M" Lair-
Dubreuil et Baudoin et MM. Mannheim et Léman,
comprend des objets d'art et de haute curio-
sité, des époques du Moyen âge et de la Henais-
sance pour la plupart, dépendant de la liquida-
tion des antiquaires de la place Vendôme. Sans
atteindre à l'importance des vacations du même
genre, qui ont récemment commencé à la galerie
Georges Petit, la dispersion du stock de l'ancienne
Société Seligmann, celles-ci contiennent encore
un certain nombre de pièces dignes d'attention,
surtout dans les catégories des faïences ita-
liennes et des émaux peints. Les meilleurs de
ces numéros sont reproduits dans les deux
planches qui illustrent le petit catalogue de cette
vente.
Liquidation Seligmann (4* vente. — Objets
d'art, etc.). — Les mômes commissaires-pri-
seurs, assistés de MM. Mannheim, Paulme et
Lasquin, procéderont, les 8 et K mai, salle I, aune
quatrième vente d'objets provenant de la liqui-
dation Seligmann. Ces deux vacations com-
prennent des objets d'art et d'ameublement, pour
la plupart du xviii* siècle, des porcelaines de
ANCIEN ET MODERNE
m
Chine, des objets de vitrine, etc. Un mince cata-
logue, illustré de deux planches, a été également
dressé à l'occasion de cette vente.
Collection Jules Claretie (tableaux moder-
nes, etc.). — Le 8 mai, salle 6, M» Lair-Dubreuil
et M. H. Brame, procéderont à la vente de la
Collection de feu M. Jules Claretie. La personnalité
si connue de l'amateur suffirait déjà à donner un
intérêt particulier à cette vacation qui, à d'autres
titres également, mérite l'attention. Dans le
catalogue illustré de cette vente, nous remar-
quons, en effet, tout d'abord du côté des pein-
tures: une étude par Corot, Douai, glacif, des forti-
fications près la porte Notre-Dame, septembre I83i ;
un Breton, par Dagnan-Bouveret; Églogue, par
Ilenner; une Scène de ballet, par Degas; une
Marine, environs de Cayeux, par Jules Dupré ;
une Nature morte, par Fantin-Latour ; l'Enfant
Jésus et Tète d'enfant, par Hébert; un Épisode de
la Campagne de France [1 81 i), par Meunier; la
Jeune convalescente, par ïassaert ; le Pont de
Vignole, à Venise, par Ziera; puis parmi les
dessins : une Hue de village, effet de nuit, par
Cazin ; le Portrait de ^/"t's Harvey, par Ingres ; le
Palais de Versailles sous Louis XIII, par Eugène
Lami.
A Berlin. — Tableaux. — Nous avons reçu
le catalogue illustré d'une vacation anonyme qui
aura lieu chez Lepké, le S mai. A en juger par
les reproductions, des meilleures sans doute de
ces peintures anciennes et modernes, apparte-
nant un peu à toutes les écoles qui la composent,
le niveau de cette réunion de tableaux est plutôt
d'ordre secondaire.
Collection Hormoz-Mirza (antiquités orien-
tales). — Les 6 et 7 mai, également à Berlin, la
maison Lepké procédera à la vente de la Collection
Hormoz-Mirza, de Téhéran. Celle-ci a fait aussi
l'objet d'un catalogue illustré, où sont reproduits
les numéros principaux des faïences, verreries,
miniatures, tapis et broderies, et autres objets
d'ancien art persan, qui forment celte collec-
tion.
A Milan. - Galerie Pisani (tableaux mo-
dernes). — La galerie Pisani. de Florence, est
bien connue, depuis nombre d'années déjà. Dans
le palais qu'elle occupait, place Manin, ont passé
des milliers de tableaux et d'aquarelles, portant
les noms des praticiens les plus réputés de l'Italie
moderne. Par suite de la mortdu commandeur
Louis Pisani, le fondateur de la maison, celle-ci
a été fermée et la collection va être dispersée.
Le gouvernement italien en a déjà acheté une
partie pour la Galerie nationale d'Art moderne,
à Rome ; le reste va passer aux enchères. Une
première vente en sera faite, du H au 14 mai,
au Palais Cova, à Milan, par les soins de la
maison Lirio Pesaro, de cette ville.
Dans la préface qu'il a écrite pour le catalogue
de cette vente, M. Vittorio Pica souligne l'intérêt
qu'offre, pour l'étude de la peinture italienne à
la fin du xw siècle, la collection Pisani. Dans
la galerie du marchand florentin, se rencon-
traient, fort bien représentés pour la plupart,
les noms de Domenico Morelli, Palizzi, Michetli,
Signorini, Segantini, Boldini, Mosé Blanchi, Ettore
Tito, Carcano, etc., bref, de tous ceux, peintres
ou dessinateurs, qui comptent dans l'art de la
Péninsule, de 1850 à 1900 environ. En plus de
cette instructive préface, des notes biographiques
sur les artistes, assez étendues, ainsi qu'une
illustration abondante et soignée, recommandent
le catalogue de la présente vente à l'attention
des amateurs.
M. N.
LIVRES
"Ventes annoncées. — A Paris. — Biblio-
thèque de M. Alphonse Willems. — Les 4, 5,
6 et 7 mai, à l'Hôtel, salle no 10, M» A. Desvouges,
avec M. Henri Leclerc comme expert, dispersera
la bibliothèque de livres anciens de feu M. Alphonse
Willems, membre de l'Académie de Belgique. Le
catalogue de ce cabinet d'historien décrit CH nu-
méros : poètes français des xvi' et xvii" siècles;
romans de chevalerie, poètes et chansonniers
flamands; pièces et ouvrages relatifs à l'histoire
des Pays-Bas; classiques grecs et latins; enfin
toute une série d'ouvrages publiés par les EIzevier,
ce qui ne saurait surprendre dans la bibliothèque
de l'historien des célèbres typographes.
B .1.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Les Arts décoratifs de Grande-Bretagne
et d'Irlande (au Pavillon de Marsan) — Uuand
l'ironie française, ou plutôt parisienne, a dit :
u Les Anglais sont de grands musiciens, on ne
saurait tout avoir », elle ne se doutait guère de
leur prédominance musicale au moyen âge, dont
lesouvenirs'estperpétué dans les grands festivals
de Birmingham; et, sans parler des grâces sen^-
142
LE BULLETIN DE L'ART
timentales de la fin du xviii" siècle, qui s'épa-
nouirent si poétiquement dans leur école de pein-
ture, ces Anglais qui passaient, comme les
Komains de l'antiquité, pour des gens aussi
positifs que médiocrement doués pour l'art, ne
devaient-ils pas inaugurer la réhabilitation des
arts décoratifs? Plus heureux que le nôtre, parce
qu'il fut plus pratique, le romantisme d'oulre-
Manche eut l'honneur de favoriser cette revanche
imprévue des « arts mineurs » par l'intermédiaire
du petit groupe subtil et savant qui s'est intitulé
préraphaélite. Ici, depuis la première Exposition
universelle de ^855 jusqu'aux premiers Salons
dissidents du « Champ-de-Mars », on avait en-
trevu quelques peintres du groupe et surtout le
plus italianisant de tous. Sir Edward Burne-Jones;
mais on ne connaissait que de nom le véritable
initiateur d'un renouveau qui remonte à 1861 :
William Morris.
Or, ce n'est pas le moindre enseignement de
la présente exposition d'art moderne, organisée
par le Board of Trade londonien dans les locaux
hospitaliers du Pavillon de Marsan, que la
« rétrospective » consacrée par les disciples aux
promoteurs d'une renaissance, d'abord discrète
et purement locale, que l'anglomanie du conti-
nent devait baptiser le modem style.
Dès l'entrée, dans une salle somptueuse et sévère,
la flore naïvement précise et précieuse des étoffes,
la chaude marqueterie des meubles, les cartons
de vitraux, d'imposantes tapisseries de haute lice,
inspirées de nos vieilles légendes de la Mort
d'Arthur ou de l'Aventure du Saint-Graal, nous
présentent William Morris, grand poète et dessi-
nateur industriel, comme un moderne Hans
Sachs rénovant « la fiuilde des ouvriers d'art >',
ou mieux encore, comme un Richard Wagner du
romantisme ornemental, illustrant les romans
de chevalerie avec les méthodes reconquises des
anciens métiers. Aussi bien, dans cette atmo-
sphère de science et de candeur, est-ce une im-
pression très moyenâgeuse que suggère ce nova-
teur entouré de ses collaborateurs familiers : le
peintre-poète Dante-Gabriel Rossetti, qui fut plus
poète que peintre, les peintres Madox Brown et
Burne-Jones, dont le premier mériterait encore
plus de renommée que le second, et l'architecte
Philip VVebb, le décorateur de Hed House, maison
de Morris, bâiie en 1889, à Oxford, — sans oublier
John Ruskin, qui fut l'apôtre et le conférencier
de l'Union-Club à ses débuts. Mais qu'elles vien-
nent de notre Gaule chevaleresque, ou du got/iigue
anglais, si personnel, ou môme de la Florence
lointaine du quattrocento, ces influences coalisées
du passé n'ont pas empêché cette « renaissance »
de se manifester aussitôt nationale et foncière-
ment britannique, — genuine, comme on dit en
cet heureux pays, à la fois traditionaliste et
moderniste, où Taine avait su voir que « les
réformes se superposent aux institutions >> (1).
Dès ses origines assez composites, cet art nou-
veau fut très anglais : il montra donc, sans effort,
cette unité sans laquelle il n'y a jamais d'art
décoratif et qui caractérise encore aujourd'hui
la très moderne exposition des arts britanniques
réunis pour la seconde fois sur le continent,
mais pour la première fois à Paris. Cette unité,
nous la retrouvons dans la décoration du hall oii
l'architecte Wilson a figuré, comme à Gand, tout
un raccourci de la vie anglaise, depuis le confort
du home jusqu'à la majesté du temple, et dans la
disposition des différentes sections parallèles,
organisées par le directeur du musée de South
Kensington, Sir Cecil Harcourt Smith, et par le
« coramendatore » Walter Crâne, ce délicieux
illustrateur des Contes de fées, dont l'humour
Imaginatif ou réaliste exhala plus d'une foisn un
franc goût de terroir » à nos Salons, depuis
1881 (2); cette unité met son empreinte sur
l'élégante argenterie d'un Paul Cooper et de ses
émules, sur les fines verreries d'un James Powell,
sur les riches poteries d'un Wedgwood, sur les
grès raffinés d'un Bernard Moore, sur les cartons
de vitraux d'un Robert Anning Bell, sur la céra-
mique originale des quatre frères Martin, con-
nue, depuis 1872, sous le nom de Martin Ware ei
proche parente des essais de nos chercheurs,
Carriès ou Cazin, qui se fit céramiste en 1871,
pendant son séjour à Londres. Même caractère
dans les travaux de la Kelmscott Press, qui
remonte à William Morris, dans toute la sec-
tion de la reliure et du livre, organisée par
Mr. Douglas Gockerell.Si la gravure sur bois se
veut très moyenâgeuse, l'eau-forte reste prime-
sautière au pays du D'' Seymour-Haden; seule,
la sculpture apparaît mièvre et timide, à côté des
illustrations savoureuses d'Arthur Rackham et
de la fantaisie posthifme d'un Charles Conder ou
d'un Aubrey Beardsiey.
Cette union, ((ui fait le mérite et la Torce des
arts d'outre-Manche, enfermait un danger pour
les imitateurs du continent, qui n'ont pas assez
(1). Taine, Notes sur l'Angleterre (Paris, 1872). —
Cr. Jean Lahor, \\ilUam Morris (Genève, 1897).
(2). Voir J.-K. Huysinans, l'Art moderne (Paris,
18S3), pp. 190-201.
ANCIEN ET MODERNE
143
promptement démêlé dans un style moderne
l'élément anglais; et, plus décisive encore que
les suggestions de l'industrie munichoise au Salon
d'automne de 1910, telle est la leçon que nous
propose l'Angleterre à notre Musée des Arts
décoratifs ouvert, en 1914, à l'Entente cordiale.
Raymond Bouyer.
BIBLIOGRAPHIE
Pedro de Mena (i).
Le grand et pathétique sculpteur espagnol du
XVII" siècle est bien peu connu en France, et il serait
à souhaiter que l'important volume que vient de con-
sacrer à sa vie et à son œuvre M. de Orueta fit mieux
connaître ce maître si foncièrement espagnol, qui a
donné à l'art de la contre-réforme, dans le pays de
Velasquez et de Murillo, sou expression la plus
achevée.
La gloire de Pedro de Mena est d'autant plus ignorée
en France que la seule de ses œuvres que des
reproductions aient popularisée chez nous, le Saint
François d'Assise de la cathédrale de Tolède, y est
régulièrement donnée comme un ouvrage d'Alonso
Cano, son maître, à qui elle a été longtemps attribuée
par erreur. Mais ce sculpteur est fait cependant pour
émouvoir particulièrement notre époque : dans ses
marbres polychromes, d'un réalisme si exact qu'ils
font parfois penser à des figures de cire, une distinc-
tion nerveuse se combine avec un naturalisme presque
populaire; la tradition d'un Guido Mazzoni semble s'y
mêler au pathétique aigu que retrouvera Goya. Très
espagnole, et nullement révolutionnaire, son œuvre
nous parait en même temps très moderne. Il n'a
sculpté que des Christs, des Madones et des saints, et
surtout les plus douloureux, les plus sévères, les plus
tragiques; il lui plait de noyer de larmes les beaux
yeux passionnés de la Mater dolorosa, et de marquer
sur le corps de Jésus flagellé, les meurtrissures
violettes et les ruisseaux de sang. Son imagination
est un jardin de supplices; et pourtant il n'a rien de
la brutalité dcRibera: ses martyres et ses ascètes nous
montrent des corps affinés au rythme harmonieux,
et d'admirables visages où la passion et la souffrance
n'abolissent rien d'une beauté précieuse ou touchante.
Comme le dit M. de Orueta, jamais le naturalisme ne
s'est si clairement distingué du matérialisme.
Pedro de Mena est né à Grenade, au mois d'août de
l'année 1628, de Alonso de Mena et de dona Joana de
Medrano. L'artiste, élevé dans sa ville natale, où il
se maria, passa cependant, à partir de sa trentième
[l) La Vila y la obra de Pedro de Mena y Medrano,
par Ricardo de Orubta y Uuakte, Madrid, Blass et C'«,
un vol. gr. in-8».
année, la majeure partie de son existence à Malaga,
qui possède tant de ses œuvres, et c'est à Malaga
qu'il mourut, le 13 octobre 1688. M. de Orueta a
poussé très loin ses recherches, dans les archives, et
a pu reconstituer ainsi la vie de l'artiste et celle des
siens : son travail est tout entier soutenu par une
riche documentation. 11 a complété la biographie de
Pedro de Mena et l'étude de son style par un catalogue
de son œuvre, qui pourra être augmenté, mais qui
contient déjà un nombre considérable de sculptures.
Grenade, Malaga, Madrid,Cordoue, Tolède, Séville, Mar-
chena en possèdent la majeure partie. C'est le chœur de
la cathédrale de Malaga qui en groupe l'ensemble le
plus important, exécuté entre l'été de 1658 et le début
de 1662, série de statuettes représentant des saints et
occupant les niches ménagées entre les colonnes de la
décoration des parois. Pedro de Mena, formé par
Alonso Caiio selon les principes de ce que nous
appelons l'art baroque, commence, avec cette œuvre,
à se dégager des enseignements de son maître, et à se
montrer plus véridique, plus simple, plus ému. Mais
ce sont surtout les œuvres suivantes qui nous donnent
l'expression la plus parfaite de son génie : ces Vierges
de douleur ou ces Vierges de l'itié, ces François
d'Assise et ces Saint Pierre d'Alcanlara, où le pathé-
tique s'exprime en des lignes si simples, si rigides
parfois, et où le réalisme est relevé par tant de dou-
loureuse noblesse.
Le public français doit apprendre de M. de Orueta à
aimer ce grand arliste qui nous donne — autant que
Murillo — une image précise de l'Espagne religieuse
du xvii' siècle, après Velasquez. Il souhaitera égale-
ment que ce maître, ai difficile à connaître hors
d'Espagne, puisse être représenté bientôt dans nos
musées.
Jra.n de Foville.
Les grands graveurs :
A. Durer, Rembrandt, AVatteau et Boucher,
J.-R. Smith (1)
Cette élégante collection a déjà fait l'objet d'une
petite notice dans la Hevue, lors de l'apparition des
deux premiers volumes consacrés, l'un à Van Dyck
et l'autre à Goya. Quatre nouveaux recueils s'ajoutent
aujourd'hui à ceux qu'on vient de citer : ce sont
d'agréables albums de planches, précédés d'une courte
introduction historique et d'un répertoire bibliogra-
phique L'introduction rappelle la vie de l'artiste,
expose son rôle et son influence en tant que graveur,
et résume sa technique et l'évolution de ses procédés.
Une soixantaine de reproductions, avec des » légendes »
détaillées, viennent à l'appui du texte.
L'intention des éditeurs parait avoir été surtout de
caractériser les différentes périodes de la gravure,
plutôt que de consacrer un volume à chacun des grands
(1) Paris, Hachette, 4 vol. in-16.
144
LE BULLETIN DE L'ART
graveurs. Ils ont ainsi désigné les principales époques
par le nom de l'artiste qui leur a semblé dominer
chaque période et avoir eu la plus grande inOuence
sur la gravure de son temps. Il ne faut donc pas se
fier aux titres de ces petits livres, qui ne donnent pas
toujours une idée exacte de ce qu'on trouve dans leurs
feuillets.
Sans doute, Durer, Rembrandt, Goya ont fourni à
eux seuls la matière d'un volume, et chacun de ces
volumes peut oll'rir aux amateurs de gravures l'intérêt
d'un répertoire complet, puisque les éditeurs ont fait
précéder leurs reproductions, pour Durer, du catalogue
de ses gravures en taille-douce et de ses gravures sur
bois (par ordre chronologique, et avec références aux
catalogues classiques de Bartsch. Passavant, Campbell
Dodgson, etc.) ; pour Rembrandt, du catalogue chrono-
logique de ses eaux-fortes (conforme à celui de Arthur
M. Hind et avec renvois à Bartsch); enfin, pour Goya,
du catalogue des Caprices, de la Tauromac/iie, des
l'roverbes, des Uésaslres de la guerre et des lithogra-
phies de l'artiste.
Par contre, dans le recueil intitulé Vnn Dyck, on
trouvera non seulement les raaitres-graveurs llamands
de l'entourage de Rubens, mais aussi les grands
graveurs portraitistes du xvii* siècle français •
CI. Mellnn, J. Morin, R. .Nanteuil, G. Edelinek, A. .Mas.
son, les Drevet, etc , dont le lien avec les précédents
est certainement des plus minces et le rapprochement
des plus factices. Le volume suivant défend mieux
son titre, puisqu'il réunit, autour de Watteau, dont
il nous oUre les rares et précieuses eaux-fortes,
la plupart des admirables traducteurs du peintre des
, fêtes galantes, à commencer par Boucher, virtuose
de la pointe dans la reproduction des dessins des
Figures des différents caractères, et en y comprenant
Claude Gillot et ses eaux-fortes originales, les gravures
en manière de crayon d'après Boucher, et jusqu'à des
spécimens de la manière de Gravelot : un ensemble
assez composite, comme on voit, où l'on trouve repré-
sentées des techniques et des inspirations fort dis-
semblables. Au contraire, le recueil intitulé John
Uaphaël Smilli ne comprend qu'un seul procédé :
celui de la « manière noire », triomphe de l'école
anglaise de gravure au xviii* siècle. On a pris pour
vedette l'artiste qui s'est montré le plus admirable
représentant du genre au temps de Reynolds, et on
l'a entouré des plus grands spécialistes du mezzotinto :
Valenline Green, J. Ward, J. et T. Watson, W. Dic-
kinson, G. Keating, S. W. Reynolds, J. M. W. Turner,
et bien d'autres ; il y a là un ensemble très homogène,
dont les 64 reproductions du recueil donnent une idée
assez complète.
Six autres volumes restent à paraître. Je n'irai pas
jusqu'à dire, avec le «prière d'insérer» des éditeurs,
que cet ensemble de petits manuels formeront l'histoire
complète de la gravure et que, « par leur documentatios
incomparable, il seront, pour les amateurs et les cri-
tiques d'art, un élément de recherches tnappcécia6/es».
N'exagérons rien : ces douze petits albums ne doivent
pas prétendre à tant d'ambition; il serait un peu
excessif d'écrire qu'ils comblent une lacune et qu'ils
peuvent tenir lieu de toute une bibliothèque spéciale.
Il sont agréables, commodes, bien présentés, c'est
vrai ; mais ce ne sont, après tout que de jolis aide-
mémoire, et pas autre chose.
E. D.
^^■•9^'^Ôs^9kk'^3».''#9^'^9K^9k'^3».^$^*ft<'^9v'^^^3fc^^'^^*^.^9k'^9K^^
UEIS REVUES
Franck
L'Art et les artistes (mars). — William Hitteh.
La Villa Valmarana. — La villa Valmarana, de Vi-
cence, et sa décoration magnifique, par Tiepolo :
décors de la fable (salle de l'Iliade, salle du Tasse, etc.),
décors de scènes rustiques et de scènes de mœurk
vénitiennes <\e Charlatan, la Foire).
— Jean-Marie Cahhé. L.-G. Carré. — Peintre, dessi-
nateur et aquafortiste, qui a trouvé une inspiration
originale dans les scènes et les types algériens et
espagnols.
— J.-F. Louis Mkrlet. Le Musée provincial de
liurgos. — Figures d'après un retable byzantin et des
sculptures.
— J. LoKTKL. David caricaturiste. — Deux carica-
tures contre l'Angleterre, dont les originaux sont con-
servés aux Archives nationales.
— Léandre Vaillat. L'Art décoratif: Clément Mère.
— Figures d'après des boites, des cuirs laqués, de
petits meubles, des panneaux d'ivoire, etc.. tous ces
délicieux bibelots qui sont toujours si remarqués aux
Salons où expose cet ingénieux et exquis décorateur
Allemagne
Die Kunst (avril). — G. J. Wolf. Hermann Hahu.
— Sculpteur munichois, aperçu général de l'œuvre.
— Lettres de Karl Stauffer à sa famille.
— M.-K. RoHE. Le Nouvel arrangement de la Nou-
velle Pinacothèque [Musée d'Art moderne de Munich).
— Un a pris pour principe de réunir autant que pos-
sible les œuvres d'un même artiste ou de son
groupe.
— C. Glaskh. l'our iéternilé. — L'homme mo-
derne et surtout l'artiste, a une idée excessive de son
importance personnelle; l'idée qu'il travaille pour
l'Avenir, pour l'Éternité ne le quitte pas.
— A voN Gi,eichkn-Rdsswub!1. Une ville moderne.
— Construite par l'architecte llaiger près de Coblence.
— P. Westheim. Sculptures en buis. — Renaissance
de cet art, jadis populaire en Allemagne. Spécimens
intéressants de l'œuvre de Taschner, Dell' Antonio,
Langer, Basiach, Wackerlé, etc.
— W. FoRTZicii. Travaux de ferronnerie de
W. Hazgenmacher. — G. Hlet.
Le Gérant : H. Dcnis.
I Paria. — Imp. Georges Petit, 11, rue Godot-de-Uauroi .
Numéro 624
Samedi 9 Mai 1914.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Chronique du Vandalisme
Le Pont d'Héricy.
Le Matin a publié, il y a quelques semaines,
une vue du pont métallique projeté pour réunir
Héricy et Samois, — une abominable ferraille,
haute de 18 mètres et longue de 566, qui va sac-
cager un des plus charmants paysages des bords
de la Seine.
M. André Hallays a dit, depuis lors, dans tes
Débats, ce qu'il fallait penser de ce projet sau-
vage, de la laideur et de l'incommodité du futur
pont, et de son inutilité. Il a tracé un exquis ta-
bleau du paysage menacé : « Gentiment posé sur
sa petite falaise, le village de Samois fait face à
celui d'Héricy, qui s'étend sur la pente plus
douce de la rive opposée. Deux îles toutes ver-
doyantes partagent le courant du fleuve. Dans ce
tableau, tout est grâce, délicatesse et secrète
élégance ». 11 a montré que la construction d'un
pont— et d'un pareil pont ! — en un pareil endroit
ne s'expliquait nullement par les nécessités de
la circulation : « A deux kilomètres en amont, le
pont de Valvins permet à Héricy de communi-
quer avec Avon et Fontainebleau; à quatre kilo-
mètres en aval, il y a le pont de Fontaine-le-Port.
Le passeur, dont la barque va et vient entre
Samois et Héricy, suffit à assurer la communica-
tion entre les deux villages ». Du reste, Samois
se soucie fort peu de ce pont, et c'est Héricy
(1.200 habitants) qui supportera la plus grosse
dépense et grèvera son budget d'une centaine de
mille francs.
On chercherait longtemps quelles sont les rai-
sons mystérieuses de ce projet, si l'on ne savait
que, sur la rive droite, le pont et sa rampe d'accès
se dresseront devant la terrasse du château
d'Héricy. Or, il y a là, comme à Nogent-sur-
Marne, un maire entrepreneur de maçonnerie
qui cherche « la bonne affaire ». Il se dit que, le
jour où les propriétaires du château n'auront
plus à contempler que des piles de ciment sur-
montées de lourdes travées de fer, ils s'empresse-
ront de quitter le pays et de vendre leur domaine.
Ce domaine, on ne manquera pas de le lotir;
on y élèvera de petits pavillons; et la triste comé-
die sera jouée une fois de plus : le pont d'Héricy,
inutile en soi, aura eu pour effet « non seule-
ment de massacrer un beau paysage, mais en-
core de détruire, dans un délai très rapproché,
une délicieuse propriété d'autrefois ».
M. André Hallays rapporte que, devant l'indi-
gnation soulevée par ce projet, le préfet de
Seine-et-Marne a décidé de consulter la Commis-
sion des sites : il suffirait qu'elle classât la déli-
cieuse île aux Barbiers, que le pont doit traver-
ser, pour que les rêves de M. le Maire s'en aillent
à vau-l'eau.
Souhaitons que cette heureuse solution iiiler-
.vienne et qu'un méfait nouveau ne s'ajoute pas
à la liste déjà trop longue de ceux qui défigurent
et salissent comme à plaisir le visage de la vieille
France.
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des beaux-arts (séance du 2 mai). —
Le président annonce que le ministre de l'Instruction
publique, conformément à la demande qui lui en avait
été faite, met la salle du Jeu de Paume du jardin des
Tuileries à la disposition de la Compagnie pour y
organiser, tous les deu.i aus, une exposition des
œuvres des membres de l'Académie des Beaux-Arts
et d'un certain nombre d'artistes qui seront désignés
au scrutin par les différentes sections de l'Académie.
— Le 5 mai, a commencé au Palais de Compiègne,
le concours d'essai pour le prix de Uome de compo-
sition musicale ; y ont pris part : MM. Mignan,
Déré, Saint-Aulaire-la-Durantine, de Pesser, Noyan,
M"' Guyot, MM. Dupré, Grandjarry, de Lapresle,
Delmas, Scotto, Laporte et M"' Canal.
Le jugement du concours d'essai aura lieu le
mardi 12 mai au Conservatoire.
146
LE BULLETIN DE L'ART
Académie des inscriptions et belles-lettres
(sénnce du 1" mai). — M. II. Cordier donne des nou-
velles de la mission de M. lionnel de Mézières en
Afrique.
— M. Collignon communique un rapport de
MM. Manidy Bey, conservateur des Musées ottomans,
et Charles Picard, membre de l'École française
d'Athènes, adressé à l'Académie par M. Fougères, di-
recteur de l'École d'Athènes.
Ce rapport expose les résultats de la première cam-
pagne de fouilles dirigée en 1913 à Colophon sur
l'emplacement du Ilieron d'Apollon Claros. Les tra-
vaux ont permis de reconnaître la situation exacte du
temple principal, construit dans la plaine, à proxi-
mité de la mer, alors que la célèbre grotte prophé-
ti(|ue se trouve dans la montagne. On a dégagé en
partie les Propylées et mis complètement au jour une
vaste exèdre située à l'alignement de la façade. Les
fouilles ont livré, en outre, une riche série d'ins-
criptions d'un grand intérêt historique. Parmi les plus
précieuses, il faut signaler les proscynèmes des villes
qui avaient envoyé des délégations à l'Apollon Cla-
ros et qui sont gravés sur les murs et les colonnes
des Propylées. 11 y a lieu d'attendre beaucoup de ces
fouilles entreprises en Asie-Mineure par l'École
d'Athènes. Les premiers résultats promettent la dé-
couverte d'un temple d'Apollon dont Pausanias
signale la grandeur et la richesse et qu'il compare à
ceux de l'Artémis d'Ephèse, de la Héra de Samos et
au Didyméion de Milet.
— M. Collignon donne ensuite lecture d'un rapport
de M. Coinby relatif é une importante découverte
faite par l'auteur dans les ruines du temple d'Apollon
à Delphes au cours d'une mission accomplie en 1913.
A laide de photographies donnant l'état des fouilles
en 1894, M. Comby identifie l'adyton du temple avec
une construction qui coupe d'une manière assez im-
prévue la colonnade Sud. Or, au même endroit, dans
la profondeur du remblai, il a retrouvé un Omphalos
en pierre calcaire, de travail très fruste, portant le
nom de la déesse Gaïa gravé en caractères archaïques.
Il expose les raisons qui lui permettent de reconnaître
le véritable Omphalos de Delphes, la pierre sacrée
pl.icée dans l'adyton et invisible pour le public.
Celui-ci ne pouvait en voir qu'une copie en marbre
exposée à l'extérieur et que M. Ilomolle a découverte
sur l'esplanade orientale du temple.
Société des antiquaires de France (séance du
22 avril). — M. Henri Martin, trésorier de la Société,
lit sou rapport sur l'exercice 1913.
— M. Max Prinet étudie des fers de reliure qui ont
été altribués au maréchal Strozzi et au chancelier
l'Hôpital.
— M. Robert Toutain lit une note de M. R. de I.aunay
sur les labyrinthes au moyen âge, où il est prouvé
que ces représentations sont originaires du nord de
l'Europe.
— M. de Mély annonce qu'il a relevé sur le vêtement
d'un personnage, dans un tableau du Louvre attribué
au maître de Saint-Séverin, une inscription qui don-
nerait le nom de l'artiste Galo.
— M. Babelon montre un petit buste en argent
provenant du trésor de Berthouville qui représente
probablement la déesse Maïa.
— M. de Villefosse présente, de la part de M. Maxime
Legrand, un moule trouvé en Afrique qui a du servir
à fabriquer une boucle de l'époque mérovingienne.
Musée des Arts décoratifs. — L'Union centrale
des Arts décoratifs vient d'exposer au pavillon de
Marsan une série de dessins, récemment acquis,
dus à l'architecte décorateur Gilles-Marie Oppenord.
Ces dessins, exécutés à la plume d'oie trempée dans
cette encre d'un rouge violacé dite « encre véni-
tienne », et traités avec une extrême liberté, ont trait
à un projet d'hôtel, dit hôtel du Trésor royal, com-
mandé par M. de Gandion pour être édifié au Marais
à Paris.
Musée Jacquemart-André à Châalis. — L'Ins-
titut de France a communiqué aux journaux une
information, concernant l'ouverture du château et du
domaine de Chàalis.
« Le château et le domaine de Ch&alis seront
ouverts au public, le jeudi 7 mai et les jeudis suivants
de midi à cinq heures jusqu'au 31 août, et de midi à
quatre heures et demie du!" septembre au i~> octobre.
Les moyens de communication sont les suivants :
I. Par chemin de fer (Compagnie du Nord) :
1" Parle Plessis-Belleville (en 45 minutes) : gare du
Nord : trains de 7 h. 5o ; 12 h. 15 ; et 14 h. 48.
Voitures au Plessis-Belleville. — Automobile de
l'hôtel de l'Ermitage (tél. Ermenonville) ; distance,
9 kil.
2° Par Senlis (en une heure) :
Gare du Nord : trains de 10 h. 25 (changement à
Chantilly) et de 12 h 3.
Automobiles. — Hôtel du Grand-Cerf ou chez Per-
séguers, route de la République; distance, (I kil.
II. Par la route : 45 kil.
Itinéraire :
Porte de Flandre, Louvre», Plailly, Mortefontaine,
Ermenonville »
On voit que le nouveau musée ne bénéficie même
pas de la mesure appliquée au Musée Condé, à Chan-
tilly, qui, lui, est ouvert pendant les dimanches d'été,
exception faite pour les jours de courses.
C'est restreindre singulièrement l'accès du domaine
que de n'en autoriser la visite qu'un jour en semaine.
Salon des Artistes français. — Pour le vote des
récompenses et pour certains travaux intérieurs, le
Salon des Artistes français, au Gr.'ind Palais, sera
fermé au public le 8 juin.
La réouverture aura lieu le lendemain à raidi.
Les Peintres du ministère de la Guerre. — L'n
récent arrêté du ministre de la Guerre a fixé les con-
ditions dans lesquelles le titre de « peintre, sculpteur,
ANCIEN ET MODERNE
147
graveur ou architecte du ministère de la Guerre »
peut être conféré aux artistes français qui en font la
demande
Ce titre est purement honorifique. Il ne lie en rien le
ministère de la Guerre au point de vue des commandes.
En aucun cas, il n'équivaudra à un emploi et ne confé-
rera un traitement. Dans la mesure compatible avec
les exigences du service, les artistes accrédités peuvent
ôtre admis par les autorités militaires compétentes à
assister aux revues et aux manœuvres.
Le Vol de « la Joconde ». — M Drioux, juge
d'instruction, a rendu une ordonnance de non-lieu
en faveur des frères Lancellotti et de M"* Clamage-
rand, arrêtés tous les trois pour complicité dans le vol
de la Joconde.
Les Amis du Mont Saint-Michel. — La cam-
pagne menée avec tant d'activité par l'Association
des Amis du Mont Saint-Michel commence à porter
ses fruits. L'administration des Travaux publics,
entrant dans la voie des réalisations, vient de pres-
crire l'enquête d'utilité publique relative à l'exécution,
pourune somme de 500. 000 francs, des travaux suivants,
destinés à assurer l'insularité du Mont Saint- Michel :
1° abaissement de la digue insubmersible en pente
douce jusqu'à l'entrée du Mont; 2° dérasement partiel
et par couches successives de la digue submersible de
Roche-Torin entre le kilomètre 1 kil. 200 et l'extrémité
ouest de ce remblai.
A Avignon. — Grâce à la Société des Amis du
Palais des Papes et des monuments d'Avignon, dont
l'activité est des plus fécondes, l'utilisation du Palais
des Papes — puisque, parait-il, il faut à tout prix
l'utiliser — va prendre un ^caractère plus digne de
l'illustre pionument que certaines exhibitions dont
on n'a pas perdu le souvenir.
Tout d'abord, la Commission consultative du Palais
des Papes, créée par la municipalité précisément
pour étudier et réaliser l'utilisation de l'édifice, et
dont les membres appartiennent presque tous à la
Société des Amis du Palais, avait proposé la fonda-
tion d'un musée médiéval de la région du Midi, com-
posé surtout de moulages Mais déjà des dons étaient
venus, d'œuvres d'art des xvii', xviii" et même
XIX* siècles. Pour ne pas décourager les bonnes volon-
tés, on a résolu de constituer un triple musée :
musée médiéval, musée des xvii' et xviii* siècles,
musée des œuvres modernes ; sans doute, le premier
de ces musées comprendra-t-il aussi les œuvres de la
Henaissance.
La tâche ainsi fixée a reçu un commencement
de réalisation. M. l'abbé Requin, correspondant de
l'Institut, a été nommé conservateur des futures
collections, et le Palais des Papes s'est enrichi de
plusieurs morceaux importants, dans les trois séries
du musée projeté.
Le musée médiéval a reçu le moulage du tombeau
de Clément VI, dont l'original, conservé à l'abbaye
de la Chaise-Dieu, reproduit le tombeau d'un évêque,
qui se trouve dans la même église et qui est dû à des
artistes avignonnais du xiv siècle ; le moulage du
buste de Benoît XII, œuvre de Paul de Sienne (1341),
qui ornait jadis la façade de l'ancienne église Saint-
Pierre ; enfin une collection de relevés de fresques
des iiii-, xiv* et xv siècles, offerte par M. Nodct.
Pour le musée des xvii* et xviii* siècles, les mem-
bres de la Société des Amis du Palais ont pu acquérir
la cheminée qui décorait la grande salle de l'hôtelle-
rie à la Chartreuse de Villeneuve-les-Avignon, chemi-
née haute de cinq mètres, appartenant à la seconde
moitié du xviii" siècle.
La collection moderne comprend le Triptyque de
saint Gens, peinture de P. Vayson ; le buste de cet
artiste, par Charpentier ; des maquettes, dessins,
plans, etc., provenant de l'archevêché.
L'Annuaire, que vient de publier la Société des
Amis du Palais des Papes, témoigne que ce groupe-
ment entend justifier son titre et étendre sa sollicitude
aux autres monuments d'Avignon : elle a demandé le
nettoyage des portes et le dégagement du clocher de
l'église Saint-Pierre, le classement de la chapelle du
lycée ; elle a attiré l'attention de la municipalité sur
le petit Palais, élevé au xv siècle, et aujourd'hui
occupé par une école primaire supérieure ; elle s'est
préoccupée de la propreté des remparts ; enfin, elle
exerce sa surveillance sur les travaux de restauration
qui se continuent au Palais.
A Lille. — Mardi dernier, un accident a provoqué
la destruction d'une œuvre de Frémiet, conservée au
musée de Lille, le Chevalier errant, groupe équestre
en plâtre, haut de 3 m. 50 Des gardiens remplaçaient
le vélum de la galerie de sculpture du musée ; le câble
qui maintenait l'armature du vélum ayant échappé
à l'un d'eux, les deux autres durent à leur tour lâcher
prise, et la lourde armature métallique tomba sur
le plâtre de Frémiet, qui fut écrasé.
A Florence. — La Galerie des Offices vient d'ache-
ter un tableau du quattrocentiste siennois Matleo di
Giovanni, représentant la Vierge et l'Enfant avec
deux saints et deux anges, et qui appartenait à l'église
de la Selva, à Sienne.
M. Poggi, surintendant des galeries llorentines, a
l'intention de créer aux Offices une salle siennoise
où il réunira les diverses œuvres de l'école éparses
dans les musées de Florence ; on y trouvera trois
Lorenzetti (deux Pietro et un Ambrogio), la fameuse
Annonciation de Simone Martini, les prédelles de
Francesco di Giorgio et de Neroccio, le Matteo di
Giovanni dont on vient de parler, un Girolamo del
Pacchia, un Beccafumi, et enfin le Saint Sébastien
du Sodoma.
Au Musée National, le directeur, M. G. de Nicola, tra-
vaille à une réorganisation. On enlèvera de la grande
salle les Donatello pour les mettre, avec d'autres
morceaux de sculpture quattrocentiste, dans deux
148
LE nULLETIN DE L'ART
salles nouvellement ouvertes. Itien n'est décidé au
sujet (le la destination nouvelle de la grande salle ;
peut-être y installera-t-on la collection Carrand, mais
ce projet n'est pas encore définitif.
On parle d'un autre projet, qu'il faut espérer qu'on
pourra réaliser. Le Palazzo Non-Finito, occupé pré-
sentement par les bureaux du télégraphe, sera bientôt
vacant; il est tout près du Musée National et on
voudrait qu'il soit destiné à agrandir ce musée, dont
les salles regorgent d'objets d'art et qui ne sait où
placer ses dernières acquisitions. On mettrait dans
cette sorte de succursale du musée les médailles, les
étoiles, les majoliques, et on pourrait ordonner au
Bargello, avec l'ampleur et la précision nécessaires,
les bronzes et les marbres. — L. G.
A 'Vicence. — On vient de rouvrir la galerie de
Vicence que la municipalité a fait réorganiser.
Les unes après les autres, toutes les petites ville»
d'Italie donnent à leurs collections des soins intel-
ligents, dépensant sans compter pour que les œuvres
d'art soient disposées dans des salles spacieuses et
dans l'ordre convenable, revisant les attributions
traditionnelles, refondant les catalogues. Le Bulletin
a souvent eu l'occasion de signaler des travaux
de ce genre et on ne saurait assez louer — et envier —
les initiatives si intelligemment prises, ces dernières
années, dans l'Italie entière et jusque par les plus
petites villes.
A Vicence encore, la restauration de l'église de
S. Lorenzo vient d'être terminée. — L. G.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — 'Vente de la collection Hodgkins
(dessins anciens). — Dirigée, galerie Georges
Petit, le 30 avril, par M" Lair-Dubreuil et Bau-
doin et MM. Ferai, Paulme et Lasquin, cette
vente a produit 400.188 francs, pour 55 numéros.
Ce résultat doit être considéré comme très satis-
faisant, si l'on lient compte, d'une part, des
mauvaises conditions présentes du marché de
la curiosité, de l'autre de cette circonstance, —
que nous avons déjà signalée en annonçant la
vente, — que la plupart des dessins composant
la collection, avaient déjà passé aux enchères,
en ces dernières années, à Paris môme. Or c'est
un fait d'observation courante, que les œuvres
d'art provenant de ventes célèbres, s'ils repas-
sent à peu de temps d'intervalle sous le mar-
teau du commissaire-priseur, ne retrouvent pas
des prix équivalents à ceux qu'ils ont précé-
demment obtenus.
Il ne faut donc pas s'étonner que la Feuille d'étude
de sept ttUcs, de Watteau, adjugée 71 000 francs à
la vente Doucet, en 1912, n'ait réalisé ici que
60.000 francs, ni que la gouache de Van Hlaren-
berghe, une Noce de village, poussée à 62.000 francs,
l'an dernier, à la vente Béer, n'ait pas dépassé
54.000 francs, cette fois. Au contraire, on pré-
voyait plutôt des différences plus marquées. Même
deux dessins — de moindre importance, il est
vrai, — ont dépassé leurs prix d'adjudication
antérieurs.
PRINCIPAUX PRIX
Dessins dd xviii' sitcLR. — 2. L. van Blarenberghe.
Une Noce de village, gouache, 54.000 fr. (dem. 50.000;
vente Béer, 1913, 62.000 fr.). — Boilly : 1. La Lecture
du onzième bulletin de la Grande Armée, lavis,
10.000 fr. (dem. 12.000). — 5. Un Café de l'aris, des-
sin, 11.000 fr. (dem. l.ï.OOO). — 6. Un Cabaret de Paris
en ISIS. tl.OOO fr. (dem. 10 000). — 7-8. Corel. Le
Gage louché, le Colin-Maillard, aquar., 15 000 fr.
(dem. 15.000;. — 9. Boucher. Vénus aux colombes,
dessin aux trois crayons, 6.000 fr. (dem. 6.000). — 19.
Cochin le fils. Illuminations des écuries de Versailles
à l'occasion du second mariage du Dauphin (9 fé-
vrier <74'), lavis, 13. 000 fr. (dem. 12 000; vente Doucet,
1912, 14.000 fr.). — 21. École franc Les Trois sœurs,
gouache, 7.000 fr. (dem. 6.000). — Krngonard : 25.
Le Sacrifice au Minolaure, bistre et aquar., 40.000 fr.
(dem. 40.000; vente Brun-Neergard, 1814, 50 fr.; vente
Doucet, 1912, 48. .500 fr.). — 27. La Visite au grand-
père, sépia, 15.500 fr. (dem. 20.0001. — 32. Hoin. La
Consultation de Voracle, 14.000 fr. (dem. 15.000;
vente Mulhbacher, 1899, 5.600 fr.; vente Mandl, 1905,
16 000 fr ). — 33. Isabey. Le l'etit Coblentz, vue du
boulevard de Gand sous le Directoire], plume re-
hausséed'aquar.,10.500fr.(dem.l5.000; vente Richard
Lion, 1886, 805 fr ). — 38. N. Lawreince. Les Trois
sœurs au parc de Saint-Cloud, aquar. gouachée,
15.200 fr. (dem. 6.000). — 40. Lespinasse. Vue du
Grand Trianon, prise du côté de l'entrée, en 17/10,
aquar. et gouache, 10.000 fr. (dem. 10.000 ; vente
Doucet, 1912, 11.000 fr.). — Mallet : 41. i^ Tireuse de
ANCIEN ET MODEKJVE
149
caries, gouache, 6.200 fr. (dem. 5.000). — 42. Le Petit
déjeuner, gouache, 5.500 fr. (dem. 5.000). — 43.
Maréchal. Intérieur de palais, 8.000 fr. (dem 6.000;
vente Doucet, 1912, 6 700 fr.). — 44. Maucert. Expo-
sition de tableaux sur la place Dauphine, lavis de
sépia, 11.000 fr. (dem. 10.000; vente Leiong, 1903,
9.000 fr.). — 48. Portail. La Musique de chambre, san-
guine, 8.200 fr. (dem. 5.000; vente Decourcelle, 1911,
4.800 fr.). — 52. Van Gorp. Le Visiteur attendu,
gouache, 9.000 fr. (dem. 8.000). — A. Watteau : 54.
Feuille d'éludé, sept têtes, trois crayons, 60.000 fr.
(dem. 60.000; vente Concourt, 1897, 17.500 fr.; vente
Doucet, 1912, 71.000 fr.).— 55. Feuille de trois têtes,
sang., 8.000 fr.
Vente de la collection Delaroff (2» vente :
tableaux anciens, etc.). — Faite, salle 6, du
27 avril au 2 mai, par les soins de M«' Lair-
Dubreuil et Doublet et de MM. Sortais, Duchesne
et Duplan, cette deuxième vente Delaroff a pro-
duit 201.713 francs, qui, Joints aux 507,550 francs
réalisés par la première vente, donnent le total
de 709.263 francs, pour ce qui a été dispersé jus-
qu'ici de la collection de l'amateur russe.
Dès à présent, une dernière vente est annon-
cée pour l'année prochaine.
Deux prix, ici, sont seulement à retenir : 147.
A. Cuyp. Halte d'un cavalier, 7.300 fr. — 502.
Clodion. Bacchvs, groupe en terre cuite, 20.800 fr.
■Vente d'objets d'art. — Notons, parmi les
résultats d'une vacation anonyme, dirigée salle 8,
le i"' mai, par M« Dubourg et M. l'ape, les
6.700 francs obtenus par deux potiches en an-
cienne porcelaine de Chine Kang-hi, à réserves
de paysages avec oiseaux.
Succession Mauzaize (objets d'art, etc.). —
Une seule enchère vaut aussi d'être notée dans
la vente faite, salle 12, le 4 mai, par M" Baudoin
et Albinet et M. Pape, celle de 9.050 francs, obte-
nue sur la demande de 4.000, par une commode
en bois de placage et marqueterie, d'époque
Louis XV, ornée de bronzes et signée Dubois.
Vente de tableaux modernes. — De même
nous ne trouvons qu'un seul prix à signaler,
dans la vacation anonyme, dirigée le même jour,
salle 7, par M» Lair-Dubreuil et M. G. Petit, celui
de 7.600 francs pour les Bords de la Seine, par
Pissarro, estimé 7.000. Cette vente a produit un
total de 49.670 francs.
Ventes annoncées. — A Paris. — Collec-
tion Roger Marx (2" ven+e : tableaux, des-
sins, aquarelles, etc., m /Jjrnes). — Les H et
12 mai, à la galerie Manzi, M" Lair-Dubreuil et
Baudoin, assistés de MM. Durand-Ruel et Ber-
nheim jeune, procéderontàla vente des tableaux,
dessins et sculptures modernes faisant partie de
la collection Roger Marx. Le catalogue illustré
de cette vente est précédé de quelques lignes où
M. Anatole France donne un dernier souvenir à
notre confrère, dont, dans les quelques pages de
préface qui suivent, M. Arsène Alexandre rap-
pelle la carrière administrative et le rôle comme
critique, en même temps qu'il définit son goûl
comme amateur.
La place nous est trop mesurée ici pour sou-
ligner comme il conviendrait combien, chez
Roger Marx, l'unité fut complète. Fonctionnaire
de l'administration des Beaux-Arts, écrivain d'art
et collectionneur, un même esprit dirigea ces
trois rôles où il déploya une égale activité. Les
mêmes artistes qu'il soutint de son autorité,
qu'il défendit ou célébra par la plume, sont ceux
dont il voulut avoir des productions. Aussi, dans
la présente vente, retrouvera-t-on les mêmes
préférences qui s'affirmaient dans la riche col-
lection d'estampes modernes dispersée ces jours
derniers, et les mêmes noms, — ceux des artistes
que Roger Marx fut des premiers à connaître et
à faire conuaitre : Manet et Toulouse-Lautrec,
Carrière et Pantin, et bien d'autres.
C'est donc l'art le plus moderne, qui est ici
représenté par deux cent cinquante et quelques
numéros, dont certains très importants.
Signalons tout d'abord, du côté des peintures:
l'Orgue de Barbarie et la Tasse de café, par P. Bon-
nard; les portraits d'Edmond de Goncourt et de
M. Cliarles Morice, la Leçon d'écriture et un Masque
d'enfant (iS86), par Carrière; la Femme au tour-
nesol, par Mary Cassatt ; la Procession sous les
arbres, par M. Denis; l'Apothéose de Berliot et la
Vision', par Fantin Latour ; Femmes nues au bord
de l'eau, par Gauguin ; les Anémones, par E. Lau-
rent ; Quai de la Seine (matin de printemps) et
Rouen {la Côte Sainte-Catherine), par Lebourg;
le Petit bras de la Seine, quai de Béthune, par
Lépine ; la Sultane, par Manet ; le Pont d'Argen-
teuil {1872), par Monet; une Femme arabe (1882),
Jeune femme en bleu et un Buste de femme, par
Renoir ; Dans le lit, Au Moulin-Rouge et les Deux
femmes au bar, par Toulouse-Lautrec ; le Manteau
noir et une Cour en automne, par Vuilliard ; puis,
du côté des dessins : une Femme vue de dos, par
Besnard ; la Lecture, par Mary Cassatt ; le Village
et le Moulin à Equihen, par J.-C. Cazin ; Détresse,
le Conducteur de chevaux, Homme assis dans un
fauteuil et le Malade imaginaire, par Daumier ;
iso
LE BULLETIN DE L'ART
Dans l'atelier de la modiste, l'Éventail au portant
de théâtre, Trois danseuses, la Toilette, Femme se
grattant et Groupe de danseuses, par Degas; Filles
du Rhin et la Jeune femme à l'éventail, par Faiilin-
Latour ; Au Théâtre, par Forain ; Devant le comp-
toir, Jeune femme, la Femme au panier et Femme
au tablier bleu, par C, fiuys ; le Port de Uonfleur
et un Port en Hollande, par Jongkind ; la Place
dic Marché à Rouen et la Construction du pont
transbordeur à Rouen, par Lepère ; la Paix (étude
décorative pour le Musée d'Amiens, par Puvis de
Chavannes ; la Femme en rose et des croquis, par
Renoir ; des dessins de Rodin ; la Bacchante nue
et un Music-hall, par F. Rops ; la Blanchisseuse,
par Toulouse-Lautrec ; enfin, du côté des sculp-
tures : les Émigrants, par Daumier ; la Glèbe, par
G. Meunier ; le Baiser [ISSS'f et Femme nue, par
Rodin.
Collection Roger Marx {3« vente : objets
d'art moderne). — On sait quel fut le rôle de
Roger Marx dans le mouvement de rénovation
de l'art décoratif moderne. Plus que tout autre
critique, il contribua au développement de l'objet
d'art, à cette suite de recherches, de tentatives,
aussi de réalisations qui se sont succédées depuis
quelque trente années. C'est au lendemain de
l'Exposition de 1889, — où, dans une conférence
dont le souvenir restera, Roger Marx avait signalé
les premiers efforts vers un art décoratif nou-
veau, original, dégagé de la tradition, œuvre
d'artiste et non de praticien asservi à une rou-
tine, — qu'avec la fondation de la Société natio-
nale, l'objet d'art ou d'ameublement eut sa
section dans une exposition au môme titre qu'un
tableau, une statue, une gravure ou un dessin
d'architecte. Depuis, cette innovation a été suivie,
et par la Société des Artistes français, et par tous
les autres Salons à l'étranger comme en France.
On ne conçoit plus une exposition d'art moderne
sans une section d'art décoratif. Cette idée si
simple, qui paraît toute naturelle aujourd'hui,
il semble bien que ce soit Roger Marx qui l'ait
eue le premier. En tout cas, plus qu'aucun autre
de ses confrères, il se dépensa pour faire con-
naître, aimer et apprécier les travaux des artistes
modernes, céramistes, verriers, orfèvres, émail-
leurs, ébénistes, ferronniers, dont il encouragea
les travaux comme ceux des graveurs, des pein-
tres ou des sculpteurs contemporains qu'il avait
été des premiers à découvrir et à comprendre.
Rien de plus naturel que de rencontrer dans
les collectious de Roger Marx, auprès de ce riche
cabinet d'estampes modernes déjà dispersé, de
ces réunions de peintures, dessins et sculptures
dont nous venons de parler. — auprès de cette
collection de médailles qui, si elles passent en
vente, rappelleront quelle fut l'influence de
notre confrère sur la résurrection de l'art de la
médaille, à laquelle nous avons assisté en ces
dernières années, — de rencontrer un choix
d'objets d'art moderne portant ces noms que les
articles de Roger Marx ont tant contribué à faire
connaître. Et c'est ici encore une fois une affir-
mation de l'unité de vues de ce critique.
Renvoyant pour plus de détails au catalogue
illustré, dressé à l'occasion de cette vente qui
aura lieu, galerie Manzi, le 13 mai, par le minis-
tère de M" Lair-Dubreuil et Baudoin et de M. Geo
Rouard, contentons-nous de signaler la présence
de grès et de porcelaines d'Ernest Chaplet, de
pâtes de verre d'Henri Gros, de grès et de porce-
laines d'Albert Dammouse, de grès et de porce-
laines d'Auguste Delaherche, d'une collection de
quarante pièces de verrerie d'Emile Callé. appar-
tenant aux diverses époques de la production du
maître nancéen, de 1884 à 1904, des émaux de
Grandhomme et Garnier, des porcelaines de
Sèvres à sujets modelés par Rodin, et aussi par
Rodin et Desbois.
L'intérêt de cette collection, en dehors même
du nom qu'elle porte, de la qualité des objets qui
la composent et du goùl qui a présidé leur réu-
nion, est d'ôtre la première du genre qui passe
au feu des enchères. A ce titre les résultats en
seront d'autant plus curieux à recueillir.
Objets d'art de la Chine. — M« Ch. Dubourg
et M. A. Portier dirigeront, salle 7, les H et
12 mai, et salle 9, les 1,3 et 14 mai, une vente
anonyme composée de céramique chinoise, émaux
peints de Canton, ivoires, pierres dures, etc., qui
a fait l'objet d'un catalogue illustré.
Succession de M"» H... (objets d'art, ta-
bleaux). — Cette vente, qui aura lieu, salle 6,
du 14 au 16 mai, par le ministère de M* Lair-
Dubreuil et de MM. Mannheim, Ferai, Falken-
berg et Linzeler, comprend des objets d'art et
d'ameublement, parmi lesquels nous remarquons
deux tapisseries d'Aubusson du temps de Louis XV,
l'une présentant le Jeu du cheval fondu, l'autre
un Chasseur tirant sur un oiseau, et des tableaux
modernes et anciens, parmi lesquels nous notons:
des Maisons au bord d'une rivière, par Corot ; le
Portrait d'un gentilhomme, attribué à F. Clouet ;
le Portrait d'Ulrich Zicingle, par un maître de
ANCIEN ET MODERNE
m
l'école allemande du xvi" siècle ; la Vierge et
l'Enfant Jésus, panneau de l'école flamande du
début du XVI» siècle ; le Portrait d'un jeune sei-
gneur, peinture italienne du xvi= siècle ; un
Intérieur de ville, par J. van der Heyden ; un
Intérieur hollandais, par J. Kœdyck, et l'Oiseau
prisonnier, par N. Lancret. (Catalogue illustré.)
Ventes prochaines. — A titre d'information,
signalons les ventes suivantes, qui doivent avoir
lieu prochainement, et dont les catalogues sont
en distribution : — le 18 mai, salles 7 et 8, par
le ministère de M« Bignon et de M. Bataille,
vente après départ de M"'^ X..., comprenant
des tableaux anciens et modernes, et objets
d'art et d'ameublement, notamment des tapis-
series d'Aubusson et des Flandres des xvi»,
Kvw et xviii« siècles; — le Itj mai, sous la di-
rection de M» Baudoin et de MM. Bernheim, vente
de la Collection Herbert Kullmann, de Manchester,
composée de tableaux de l'école impressionniste;
— le 18, salle 9, par M' Desvouges et M. Giaco-
metti, vente de quatre bustes par Houdon, dont
deux portraits de l'artiste par lui-même.
M. N.
ESTAMPES
Nous remettons, faute de place, le compte
rendu de la vente Roger Marx, qui s'est terminée
sur le total de 262.031 francs.
Ventes annoncées. — A Paris. — Estampes
anciennes et modernes. — Les 11 et 12 mai, à
l'Hôtel, salle 9, M"» J. Huguet et A. Desvouges,
avec M. L. Delteil comme expert, disperseront
une réunion d'estampes anciennes et modernes
dont le catalogue illustré compte 444 numéros.
Citons, parmi les pièces les plus intéressantes,
du côté des anciens : plusieurs Durer, notam-
ment l'Empereur Maximilien {2" planche) et le
Petit cheval; — et, parmi les modernes : des
Naudin, dont la Roulotte, l'Abside de St. Wal-
burgh de Brangwyn ; plusieurs Buhot, dont une
épreuve de Westminster palace « in progress » ;
le Verlaine de Carrière ; plusieurs Corot, dont
le Songeur; une abondante série de lithographies
de Daumier ; la Sortie du bain de Degas ; un
Jockey anglais de Géricault ; plusieurs Charles
Jacque, dont le Grand abreuvoir aux moutons ;
une série de bois et d'eaux-fortes de Lepère ; la
Pompe Notre-Dame de Meryon; plusieurs Millet,
parmi lesquels la Grande Bergère, le Départ pour
le travail, la Précaution maternelle, etc. ; des
Whistler, notamment Ponte del Povian, etc.
R. G.
LIVRES
Nous rendrons compte prochainement de la
vente Alphonse Willems, qui a produit 31 7.084 fr.
Ventes annoncées. — A Paris. — Biblio-
thèque de feu M. Pierre Dauze (!■■« partie :
livres modernes). ~ Grande attraction pour les
amateurs de livres modernes ! Du 11 au 16 mai,
à l'Hôtel, salle 10, M' A. Desvouges, assisté de
MM. H. Leclerc et A. Blaizot, dispersera la pre-
mière partie du cabinet de feu Pierre-Louis Drey-
fus-Bing, dit Pierre Dauze, président de la
Société « les XX », vice-président de la Société de
propagation du livre d'art et de la Société « le
Livre contemporain », membre des « Cent biblio-
philes ». Le nom de cet amateur, à qui l'on doit
le précieux Répertoire des ventes publiques de
livres, est un sûr garant de l'intérêt que présen-
teront, pour les spécialistes, les éditions origi-
nales d'auteurs du xix° siècle et d'auteurs contem-
porains, la plupart avec lettres ou envois
autographes, qui forment, avec une partie des
manuscrits, le principal objet de cette vente.
B. J.
Le Gérant : H. Dknis.
Paris. — Imp. Georges Petit, 12, rue Godot-de-Mauroi.
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Numéro 62&
Samedi 16 Mai 1914.
LE BULLETIN DE LART
ANCIEN ET MODERNE
Sur l'Exposition d'art français
de Copenhague
Hier vendredi 18 mai, a eu lieu, au Musée royal
de Copenhague, une exposition de l'art français
au xix» siècle, qui va rester ouverte jusqu'à la
fin de juin.
A en juger par le catalogue, elle a été organi-
sée avec beaucoup de méthode et de goût, et il
semble bien que l'objet que se proposaient ceux
qui ont pris l'initiative de cette manifestation
ait été presque complètement réalisé : « Il ne
s'agissait pas moins, en effet, écrit M. Karl Madsen
dans la préface du catalogue, que de former une
réunion de tableaux qui, par une représentation
copieuse, multiple et caractéristique des princi-
paux artistes, et surtout des grands noms connus
du monde entier, pût éclairer les sommets de
l'histoire de la peinture française au cours du
siècle dernier ».
Pour la partie proprement rétrospective de
l'exposition, ce programme a été suivi de très
près. Le concours de collectionneurs réputés,
qui ne se sont pas contentés d'envoyer de sim-
ples cartes de visite, et de marchands connus,
qui ont su choisir autre chose que des fonds de
boutique par trop défraîchis, a permis de réunir
un ensemble d'œuvres de belle tenue, non seu-
lement pleines d'intérêt pour des visiteurs étran-
gers, mais dignes, en général, de représenter
honorablement les aspects multiformes de l'art
français des cent dernières années. A peine si,
par ci par là, on relève quelques lacunes qu'il
n'a peut-être pas tenu qu'aux organisateurs de
pouvoir combler : ainsi, pour s'en tenir à l'école
de 1830, on aurait pu faire place à des animaliers
comme Troyon et Charles Jacque, et trouver,
pour Jules Dupré et Diaz, autre chose qu'un
dessin de chacun de ces artistes.
Les impressionnistes sont à leur rang logique,
et leur <c représentation proportionnelle » paraît
très judicieusement établie. L'exposition «offre
encore des spécimens marquants de l'art fran-
çais le plus récent, des jeunes et des plus jeunes,
déjà célèbres, ou de ceux qui ne le sont pas
encore ». On n'a exclu que les « Futuristes ■> et
les « Synchroraistes », — en quoi l'on a eu gran-
dement raison : avant de présenter cette bande
de farceurs dans les expositions d'ensemble de
la peinture française à l'étranger, il convient de
laisser le temps faire justice de leurs plaisan-
teries.
Tout serait donc pour le mieux, si l'exposi-
tion, qui montre les débuts de notre école
moderne et son aboutissement, ne négligeait
pas, avec un évident parti pris, une étape tout
entière. Entre les impressionnistes et les plus
jeunes de nos jeunes gloires, il estune génération
d'artistes dont nous avons tout lieu d'être fiers et
qu'on n'a pas le droit de passer sous silence
quand on se propose de réunir « des spécimens,
particulièrement représentatifs » de notre art
contemporain ; or, ceux-là ont été délibérément
écartés de l'exposition. Pour ne parler que des'
vivants, on peut se demander pourquoi ni Harpi-
gnies, ni Henri Martin, ni René Ménard, ni Rollj
ni Cottet n'ont pu trouver place dans un en-
semble où figurent des M. Asselin, des H. Doucet,
des A. Sinet et autres Picart Le Doux. Pourquoi
un petit Albert Besnard pour quatre Matisse, un
Lucien Simon pour quatre Marquet? A quel titre
M. Othon Friesz représente-t-il l'école française,
dans une exposition dont les organisateurs ont
omis l'auteur de l'Assassiné et de la Femme
au gant ?
On est fâché d'avoir à faire de semblables
réserves dans les éloges que mérite une entre-
prise aussi intelligemment conduite et, à certains
égards, aussi réussie.
Mais c'est le sort commun de toutes les expo-
sitions d'art français moderne à l'étranger d'être
à la fois très pauvres en artistes d'hier et d'au-
jourd'hui, et trop riches en artistes de demain.
Et les organisateurs de celle-ci auront beau ré-
m
LE bULLEtïN bE L^aRT
pondre qu'il leur a été impossible de se procurer
des œuvres de tels et tels artistes dont on regrette
l'absence, ils n'arriveront pas à justifier du m<^me
coup l'intrusion de tels et tels autres dont la pré-
sence est à tout le moins singulière et qui ne sont
représentatifs de quelque chose pour personne,
sauf pour les marchands qui les ont » en stock »
et qui les vendent très cher.
Or, s'il est parfaitement équitable que les mar-
chands soient intéressés à la réussite de ces
expositions et tirent un profit matériel du con-
cours qu'ils leur prêtent, on trouvera sans"doute
excessif qu'ils aillent jusqu'à fausser l'esprit du
public étranger, en arrangeant l'histoire de l'art
français au gré de leurs convenances commer-
ciales.
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des beaux-arts (séance du 9 mai).
— L'Académie déclare la vacance du fauteuil que
M. Vaudreuier, décédé, occupait dans la section
d'architecture. L'élection aura lieu le samedi 6 juin.
— M. de Fourcaud, membre libre, donne lecture
d'un projet de règlement du « Salon de l'Académie •
qui aura lieu tous les deux ans dans la salle du Jeu
de Paume du jardin des Tuileries. Ce p*rojet sera dis-
cuté au cours de la prochaine séance.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 8 mai). — M. Cagnat lit une lettre de
M. Théodore Reinach commentant le dixième volume
des l'apyrus d'Oxyrht/nchus, dont la publication
vient d'être faite..
— M. Collignon communique un rapport de M. Pou.
gères, directeur de l'École d'Athènes, sur les fouilles
exécutées à Thasos en 1913. MM. Ch. Picard et Ave-
zou, tous deux collaborateurs de la Revue, y ont
continué les dégagements entrepris par eux en 1911.
Une nouvelle porte de l'enceinte, les dimensions de
la salle hypostyle ont été reconnues; un autel de
Cybèle orné de fruits en relief a été mis au jour. Le
résultat le plus important de ces travaux est la déter-
mination du Prytanée primitif, qui remonte au début
du cinquième siècle : ce bâtiment carré, analogue au
Prytanée d'Olympie, est décoré de terres cuites archi-
tectoniques où se remarquent, avec des antéfixes à
tète de Gorgone, une intéressante frise représentant
des cavaliers au galop, escortés de chiens et poursui-
vant desli èvres. En outre, de nombreuses inscriptions
ont été relevées.
— M. Jullian communique, de la part de M. Robert
Triger, président de la Société archéologique du
Mans, un bronze gallo-romain figurant un rhinocéros.
On ne connaissait, jusqu'ici, qu'une seule image de
cet animal, remontant à cette époque; elle est con-
servée au musée de Saint-Germain.
— M. P. Girard cherche à établir la raison de
l'échec qu'éprouva la célèbre comédie des Suées,
présentée par Aristophane au concours public et à
laquelle le jury grec préféra une pièce de Cratinos.
— Le prix La Fons Melicocq (1.800 fr.) est attribué
à M. V. Leblond pour ses Noies sur le nobiliaire de
Beauvaisis.
Société des antiquaires de France (séance du
6 mai). — M. le baron de Baye communique à la
Société les conclusions d'un travail de M. Farma-
kowsky sur un plat d'argent du trésor de Poltava.
— M. Roman étudie une matrice de sceau du
xiv* siècle, trouvé en Savoie, qui porte le nom de
Saint-Anateur de Viateur.
— M. le baron J. du Teil signale un manuscrit
unique du troisième livre de la Toison d'Or, qui est
conservé à la bibliothèque de Copenhague; il a été
exécuté pour Charles le Téméraire, et Philippe de
Clèves a substitué ses armes à celles de Rourgogne.
— M. Mirot montre à quelle date le roi Charles VI,
qui a eu successivement deux signatures, a adopté la
seconde. C'est à la suite d'une crise grave de sa
maladie, en avril 1393.
Musée du Luxembourg. — A la vente Roger
Marx, un dessin de Puvis de Chavannes, la Paix,
adjugé n.500 francs, a été racheté par les héritiers
et offert au Musée du Luxembourg.
Musée Jacquemart-André. — Du 10 mai au
1" octobre, le Musée Jacquemart-André. l.'iS, boule-
vard llaussmann, sera ouvert au public le dimanche,
de 1 heure à 5 heures (au lieu de 4, dans l'horaire
d'hiver), et le jeudi, moyennant 1 franc, de 11 heures
à 5 heures.
Une Exposition d'architecture. — Hier, ven-
dredi 15 mai, a eu lieu, au Pavillon du Jeu de Paume,
aux Tuileries, mis gracieusement à la disposition de
Il Société des architectes diplômés par le gouverne-
ment, l'inauguration d'une exposition d'œuvres mo-
dernes d'architectes anglais, présentées en photogra-
phies et en dessins géométraux et perspectifs. Une
section rétrospective, organisée avec un soin particu-
lier, y montre aussi, classés avec méthode et sélec-
tionnés, tous les édifices types qui marquent les
étapes de l'évolution de l'architecture en Angleterre
depuis l'époque gothique jusqu'à nos jours.
Cette exposition, placée sous le haut patronage de
M. le Président de la République et de S. M. Georges V,
est la suite de celle que nos architectes diplômés firent
à Londres, au mois de mai de l'année dernière, et qui
obtint un si vif succès. Elle a été organisée en Angle-
terre par l'Institut royal des architectes britanniques
et l'Architectural Association.
Elle restera ouverte jusqu'au 28 mai.
ANCIEN ET MODERNE
155
Le Concours pour le parc de la Muette. — Le
Bulletin a résumé naguère les conditions du concours
institué par les Amateurs de Jardins, pour le tracé du
nouveau parc de la Muette, dans la propriété de M. le
baron H. de Rothschild.
Ce concours a été jugé la semaine dernière, et le
jury, qui réunissait un certain nombre d'artistes et
d'amateurs formant le bureau de la Société des Ama-
teurs de jardins, a reconnu la réelle valeur et l'intérêt
des plans soumis à son appréciation. Il a constaté
combien ce concours était supérieur à ceux que la
Société avait organisés les années précédentes, et il
a été fort hésitant entre les trois plus intéressants des
projets exposés. Après plusieurs tours de scrutin,
le premier prix (3.000 fr.) a été donné à M. Raoul
Saint-Martin, élève de M. Duchène ; le second
(1.500 fr.), à M. Henri Guillaume, élève de M. Dû-
chêne, également ; le troisième (SOO fr.), à MM. Blo-
cus, Hourboldt et Zaborski. Enfin, une mention a été
décernée à M. Emile Dresde.
Si M. le baron H. de Rothschild fait exécuter un de
ces plans à la Muette, ou s'il veut combiner plusieurs
des idées apportées par les différents concurrents, qui
tous ont respecté les arbres du domaine, les Parisiens
peuvent être certains que ce parc historique ne sera
point déshonoré.
Le Centenaire de J.-F. Ifillet. — Un comité
vient de se former à Cherbourg pour la célébration du
centenaire de Jean-François Millet, né à Gréville
(Manche), où des fêtes sont projetées pour le 1" août
prochain. Pour plus amples renseignements, on peut
s'adresser à M. le capitaine de frégate Albert Héron,
vice-président du comité, 47, rue de la Duché, à
Cherbourg.
Les Artistes provinciaux. — Dans une réunion
qui vient d'avoir lieu à Paris, les artistes provinciaux
se sont associés en un groupement amical.
M. Emmanuel Fougerat, directeur de l'école des
beaux-arts de Nantes et promoteur de ce mouvement,
a été élu président; MM. de Winter, de Lille, Quinsac,
de Bordeaux, Gibert, de Marseille, Rachou, de Tou-
louse, Bastet, de Grenoble, et Tony Tollet, de Lyon,
ont été élus vice-présidents.
Un bulletin périodique défendra les intérêts maté-
riels et moraux des artistes peintres, sculpteurs et
professeurs de dessin, trop isolés souvent dans leurs
villes respectives.
A Londres. — Le roi d'Angleterre s'est rendu, le
7 mai, au Musée Britannique, pour l'inauguration d'un
buste en bronze du roi Edouard VII, et celle des nou-
velles galeries dont la première pierre fut posée, en
1907, par le monarque défunt.
Ces nouvelles salles qui porteront le nom de « Gale-
ries du roi Edouard VU » serviront à l'exhibition de
la célèbre collection de peintures japonaises et chi-
noises d'Arthur Morrison; elles renferment aussi une
exposition permanente de gravures anciennes de
toutes les écoles et de tous les procédés, une salle de
dessins et les collections rapportées du Turkestan par
M. Aurel Stein et ses collaborateurs.
— Grâce à la générosité de la comtesse de Carlisle. la
Galerie Nationale de Londres vient d'acquérir un des
plus beaux portraits peints par Rubens : celui du
comte d'Arundel. M. Max Rooses, dans son grand
ouvrage sur Rubens, l'identifie avec le n" 97 des pein-
tures restées en possession de l'artiste et figurant dans
son inventaire. Le portrait, qui fut gravé au xviii' siècle
ne parait pas avoir jamais quitté l'Angleterre.
Nécrologie. — Mme la comtesse Edmond fie l'our-
talès, qui vient de mourir en son hôtel de la rue
Tronchet, n'a pas été seulement une des personnalités
les plus remarquables de la haute société parisienne,
le monde de la curiosité peut également la revendi-
quer. Alsacienne par sa mère, elle était fille du
baron Renouard de Bussière, une notoriété parmi
les amateurs d'autrefois, et elle avait reçu de son
père le goût des choses de l'art. Bien qu'on y eût
fait, en 1865, trois ventes demeurées célèbres, l'hôtel
de la rue Tronchet était resté un véritable musée, très
riche en œuvres d'art ancien de toute sorte, et sa
propriétaire comptait parmi les habituées des grandes
ventes parisiennes.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — Vente de la collection du
baron M. de G... [Michel de Gunzbourg]
(tableaux anciens, objets d'art). — Dirigée,
salle 1, les 4 et 5 mai, par M* H. Baudoin, secondé
par MM. Ferai et Mannheim, cette vente à produit
^36.226 francs. Composée tout à fait dans le goût
(lu jour, de peintures et d'objets d'ameublement
(lu xviii" siècle, elle a eu le succès qu'il était facile
de prévoir.
156
LE BULLETIN DE L'ART
PRINCIPAUX PRIX
Tableaux anciens. — 204. Danloux. Portrait de
jeune femme, 11.700 fr. (dein. 8.000). — 214. Schall.
La Promeneuse, 10.110 fr. (dem 8.000).
Bronzes. — Époque Louis XVI. — 96. Pendule br.
patiné et doré et inarbre blanc, vase surmonté d'une
statuette d'amour, etc., 7.820 fr. (dem. 7.000). — 97.
Deuxcandélabres.statuettede nymphe debout, 5.720 fr.
(dem. 7.000).
Sièges et meubles. — Fin de l'époque Louis XV. —
133. Petite commode marqueterie à rosaces, 5.200 fr.
(dem. 2.000).
Époque Louis XVI. — 141. Canapé, deux bergères
et six fauteuils redorés, couvert tapiss. Aubusson à
personnages et animaux, 14.600 fr. (dem. 18.000). —
142. Console contournée, bois de placage, signée
C. Topino, 15.200 fr. (dem. 12.000). — 153. Secrétaire
droit acajou, 6.800 fr. (dem. 8.000). — 154. Bergère et
fauteuil, 4.710 fr. (dem. 4.000).
Liquidation Seligmann (3« et 4"^ ventes). —
De lai troisième vente Seligmann, composée d'ob-
jets d'art et de haute curiosité, qui a eu lieu,
salle 5, les 5 et 6 mai, par le ministère de
M»' Lair-Dubreull et Baudoin et de MM. Léman
et Mannheim, il n'y a à retenir que le produit
total, soit 120.254 francs.
La quatrième vente, comprenant des objets du
xvni" siècle et faite salle 1, les 7, 8 et 9 mai, par
les mêmes commissaires-priseurs, assistés de
MM. Mannheim, Paulme et Lasquin, a donné un
total de 203.284 francs. Trois prix seulement
sont à retenir : celuj de 7.300 francs pour un
secrétaire en marqueterie et bronzes, d'époque
Louis XVI, estimé 6.000 francs ; celui de 6.200 fr.
pour un canapé et six fauteuils en tapisserie,
en partie du xvii^ siècle, dont on demandait
10.000 francs ; et celui de 5.050 francs pour une
table ovale et deux jardinières, d'époque Empire.
Le total général des quatre ventes Seligmann
atteint 3.412.493 francs.
"Vente de la collection de MUe délia Torre
(objets d'art, estampes du X'VIII» siècle). —
Faite, salles 7 et 8, le 7 mai, par M" Lair-
Dubreuil et Baudoin, et MM. Danlos, Paulme et
Lasquin, cette vente a produit 457.275 francs,
dont 227.100 francs pour les seules estampes.
Ce résultat a dépassé les prévisions, ce qui
prouve que le mauvais état du marché n'a pas
d'influence sur l'Hôtel Drouot, en ce qui concerne
le xviir siècle français. Estampes en couleurs et
petits meubles se sont vendus chèrement, comme
on pourra s'en rendre compte en comparant les
chiffres d'adjudications avec ceux des demandes,
dans la liste ci-dessous, qui comprend les enchères
supérieures à 4.500 francs. On notera tout spécia-
lement le beau prix de 16.100 francs payé pour
le Portrait de AI"" Baudouin, d'après Boucher,
gravé en imitation de pastel par L. Bonnet, et les
enchères de 13.600 francs pour les Deux baiser»,
de Debucourt, et de 12.100 francs pour le Portrait
de JM"e Parisot, par Smith.
Estampes du xviii* siècle i.mphi.mées en couleurs.
— 7. D'après Boucher. Portrait de M"' Baudouin,
imitation de pastel, par L. Bonnet, épr. avant toutes
retouches, impr. avec ses huit planches de cou-
leurs, 16.100 fr. (dem. 8.500 fr.). — 8. Portrait de
Af"* Deshays, imitation de pastel, marge, 5.000 fr.
(dem. à 3.000). — Debucourt : 14. Les Deux baisers,
13.600 fr. (dem. 10.200). — 15. Le Menuet de la
Mariée, la Noce au château, 5 300 fr. — 16. Promenade
de la gallerie du Palais-lioyal, 4.900 fr. — \i.La Main,
6.000 fr. — 20. La Croisée, 4.930 fr. — Deiiiarteau : 34.
Jeune fille à la rose, imitation de crayon, d'après
Boucher, tiré en plusieurs tons, papier teinté vert,
5.600 fr. — 37. Petites pastorales, quatre estampes
d'après Huet (une remargée), 7.600 fr. (dem. 4.000).
47. D'après Hoppner. Mrs Benwell, par W. Ward,
4.600 fr. — 53. Jnninet. Marie-Antoinette d'Autriche,
4.600 fr. — 71. D'après G. Morland. A Visit ni the
boarding school, a Visit at the child at nurse, gravé
par W. Ward iremargées), 6.000 fr. — 75. D'après
Reynolds. A Bacchante {portrait de lady llamilton),
gravé par J. R. Smith (sans marges), et 76. D'après
Uomney. Nature {portrait de lady Hamilton), par
Smith (sans marges), 8.175 fr. — 81. Smith. M»' Pari-
sot, d'après Dewis, 12.100 fr. (dem. 6.000).
Porcelaines de Saxe. — 100. Deux cornets, décor
goût chinois, oiseaux et branchages, fond vert olive,
7.600 fr.
Sièges, meubles. — 107. Salon bois se, canapé et
six fauteuils garnis en tapiss. d'Aubusson à corbeilles
de Heurs, ép. Louis XVI, 62.000 fr. (dem. 50.000).—
108. Deux fauteuils bois se, l'un ép. Louis XVI,
recouvert en tapiss. de Beauvais ou des Gobelins de
la Régence, et bouquets de fleurs et fruits, 17.000 fr.
(dem. 25.000). — 110. Petite commode étroite, marque-
terie, ép. Louis XV, estampille de Tuarl, 11.000 fr.
(dem. 6.000). — 111. Secrétaire droit, marqueterie, ép.
Louis XV, 8.800 fr. — 112. Petit meuble de milieu,
marqueterie et bronzes, ép. Louis XV, 11.000 fr. —
113. Petit bureau de dame, marqueterie, ép. Louis XV,
7.100 fr. — 114. Table poudreuse, forme cœur, mar-
queterie, ép. Louis XV, 15 000 fr. (dem. 10.000). — 118.
Petit meuble d'entre-deux, bois de rose et bronzes,
estampille de Garnier, fin ép. Louis XV, 7.200 fr. —
1 20. Petite table, marqueterie et bronzes, ép. Louis XVI,
7.600 fr. — 121. Petit meuble d'entre-deux, formant
secrétaire, acajou avec côtés cintrés et munis de
tablettes de marbre, ép. Louis XVI, 9.900 fr — 122.
Petit bureau de dame, bonheur-du-jour, marqueterie,
ANCIEN ET MODERNE
157
estampille de Roussel, 13.910 fr. — 1::3. Commode
marqueterie et bronzes, ép. Louis XVI, 8.800 fr.
Vente de la collection Jules Claretie (ta-
bleaux modernes). — P'aite,. comme nous
l'avions annoncé, à l'Hôtel, salle 6, le 8 mai,
par le ministère de M' Lair-Dubreuii, assisté de
M. Brame, la vente Jules Claretie s'est terminée
sur un total de 123.800 francs. Nous n'avons
guère à retenir dans ce total que les 3.3.000 francs
réalisés par le n" 10, Scène de ballet, de Degas,
dont on demandai 125. 000 francs, et les 5. SOO francs
obtenus, sur demande de b.OOO, par une Nature
morte, de Fantin-Latour (n° 21).
Nous ne pouvons, faute de place, entrer dans
le détail des autres prix, tous inférieurs à
B.OOO francs.
Vente d'objets d'art. — Dans une vacation
anonyme, dirigée salle 6, le 11 mai, parM" Lair-
Dubreuil et MM. Paulme et Lasquin, une boiserie
de salon d'époque Louis XV, avec peintures déco-
ratives, a été vendue 7.950 francs.
Vente de la collection Roger Marx (2« et
3" ventes). — Faite galerie Manzi, les H et 12
mai, par M«' Lair-Dubreuil et H. Baudoin, et
MM. Durand-Ruel et Bernheim jeune, la deuxième
vente Roger Marx, comprenant les peintures,
dessins et aquarelles modernes, a obtenu le suc-
cès que nous avions fait prévoir : elle a pris fin
sur un total de 719.170 francs. En attendant la
liste des principales enchères, que le manque de
place nous empêchede donneraujourd'hui, lirons
de pair les deux prix les plus importants de la
vente : celui de 74.000 francs atteint par la Sul-
tane de Manet, sur demande de 60.000 ; et celui
de 101.000 francs, sur la demande de 80.000,
obtenu par un pastel de Degas, la Toilette.
La troisième vente était, comme nous l'avons
dit, consacrée aux objets d'art ; elle a eu lieu le
13 mai, à la galerie Manzi, par les soins des
mêmes commissaires-priseurs que la précédente,
avec M Céo Rouard comme expert, et elle a pro-
duit 62.990 francs. Une urne en verre de Galle a
été adjugée 5.060 francs.
Le total des trois ventes s'élève à 1.044.000 fr.
Ventes annoncées. — A Paris. — Succes-
sion Charles André ( dessins anciens et
modernes, objets d'art, etc.). — La Collection
de feu ^f. Charles André, que dispersera, salles 7
et 8, les 18 et 19 mai. M" Henri Baudoin, assisté
de MM. Ferai et Mànnheim, est surtout intéres-
sante pour la réunion de dessins anciens et
modernes qu'elle renferme.
Signalons : de l'école néerlandaise ancienne,
une feuille anonyme du début du xvi" siècle, la
Vierge entourée de saints personnages ; puis, du
côté des écoles française et anglaise : un Portrait
déjeune femme, par Augustin i les Présents, par
Bosio ; une Femme nue vue de dos et la Jeune
mère, par F. Boucher ; l'Enlèvement de la nymphe
Orithye par Borée, par Clodion ; la Chanteuse,
parDaumier; le Philosophe, Saint Jérôme et la
Jolie ménagère, par Fragonard ; un Portrait
d'homme, par Lagneau ; un Jeune homme aidant
une jeune femme à se relever, par Lancret; une
Tête d'acteur, par Watteau ; Danses espagnoles,
par Manet; la Chanteuse, par Daumier; enfin, du
côté de l'école italienne, une Allégorie, par G. B.
Tiepolo.
Dans le reste delà collection, notons : une pein-
ture. Portrait d'homme, par Duplessis ; quelques
bois sculptés du xvi» siècle, notamment un Christ
mortentouré de personnages, etun saintGeorges ;
des tapisseries, l'une française, de la fin du
xv siècle, présentant une chasse allégorique au
cerf, et une autre, flamande, du temps de
Louis XII, à sujet de chasse ; enfin, deux frag-
ments de mêmes époque et fabrication, à nom-
breux personnages en riches costumes. Cette
vente a fait l'objet d'un catalogue illustré.
Quatre bustes par J.-A. Houdon. — Le
18 mai, à l'Hôtel, salle 10, M» A. Desvouges, avec
M. Giacometti comme expert, vendra quatre
bustes de Houdon, qui ne sont jamais sortis
de la famille du grand sculpteur et se trouvaient,
■en dernier lieu, en la possession de M. Perrin-
Houdon, son arrière-petit-fils, récemment décédé.
Deux de ces bustes, de petites dimensions,
représentent le sculpteur lui-même : dans l'un,
de 15 cent, de haut, il est vu en buste, le torse
de face et la tête tournée vers la gauche; dans
l'autre, haut de 31 cent., il est vu à mi-corps, la
tête tournée vers la gauche, les bras croisés sur
la poitrine, tenant de la main droite la masse et
de la gauche un ciseau à marbre. Ces deux bustes
sont deux terres cuites originales : il n'avaient
jamais été reproduits avant de figurer dans le
catalogue illustré de la vente.
Les deux autres sculptures, également repro-
duites au catalogue, sont bien connues par les
états dilTérents qui en existent dans les musées
ou les collections particulières : l'un est celui de
la petite Claudine Houdon, en terre cuite palinée
158
LE BULLETIN DE L'ART
(hauteur : 36 cent.); l'autre, celui de Anne-Ange
Houdon (hauteur : 38 cent.), plâtre teinté. De ce
dernier buste, le pliUre original semble être celui
du Musée du Louvre (voir P. Vitry, Houdon por-
traitiste de sa femme et de ses enfants, dans la
Revue, t XIX, 1906, p. 349) ; du buste de Claudine,
on se rappelle avoir vu passer un exemplaire en
pliltredans la vente J. Doucet de 1912 (voir aussi
l'article de P. Vitry, op. cit., p. 351).
Collection Antony Roux (peintures et
sculptures modernes, objets d'art, etc.) —
Un fort volume, copieusement illustré, qui
continue dignement la série des belles publi-
cations analogues, sorties des presses de l'impri-
merie Georges Petit, forme le catalogue de la
Collection Antony Roux, dont la vente, dirigée
par M«» Lair-Dubreuil et Baudoin, assistés de
MM. Georges Petit, H. Brame, Paulme et Lasquin,
aura lieu, les 19 et 20 mai, à la galerie Georges
Petit.
Dans la préface de ce superbe volume, les
goûts du collectionneur, ses préférences marquées
pour Gustave Moreau, Th. Rousseau, Corot et
Ziem, parmi les peintres modernes, pour Barye
et Rodin, parmi les sculpteurs, sont rappelés
en quelques pages, qui mettent en relief les prin-
cipales pièces de la collection. A cet ensemble,
manque cependant un de ses joyaux les plus
précieux : la suite fameuse des soixante-trois
aquarelles de Gustave Moreau sur les Fables de
La Fontaine. Cette œuvre -capitale, que le grand
artiste avait entreprise à la demande de son
ami Antony Roux, a trouvé déjà sa place dans
une des plus grandes collections parisiennes.
Mais il faut vraiment être prévenu pour s'aper-
cevoir qu'il manque quelque chose dans la belle
réunion de peintures, aquarelles et sculptures
qui composent la présente vente.
Voici tout d'abord de Corot : le Pécheur au
bord d'un étang, la Charrette, le Fort Saint-Ange,
la Vue de Gênes prise du palais Doria, les Bords
d'une rivière sous les arbres, la Prairie sur la
falaise, un Tournant de rivière, Mothois (Oise),
près Gournay-en-Bray, un Coin d'étang à Ville-
d'Avray et Méditation ; puis, de Delacroix, le
Marocain et son cheval.
Gustave Moreau est représenté par des pages
importantes : Moïse exposé, Oreste et les Érynnies,
l'Égalité devant la Mort, l'Apparition, la Fiancée
de la Nuit ou le Cantique des Cantiques, Hercule et
l'Hydre, Femme à son lever, Femme persane à sa
toilette, Persce et Andromède, Madeleine en prii-re.
Notons encore : une Tête de jeune femme, par
G. Ricard; le Mont Blanc vu de la Faucille (effet
d'orage), la Jetée et le port de Granville et les Der-
nières maisons de Port-en-Bessin (Calvados), par
Th. Rousseau ; Illusion perdue, la Visite et Cache-
Cache, par A. Stevens; le Pont des Arts et l'Institut
et l'Hiver au bas de la Butte, par Antoine Vollon ;
enfin, Santa Maria délia Salute, Moulins au bord
de l'Escaut, le Bucentaure, Embouchure de la Meuse,
Venise (San Simeone il Piccolo), FEntrée du vieux
port de Marseille, le Pont Royal, le Pont des Arts
et Voilier en vue de Stamboul {effet du soir),
par Ziem.
Passons aux aquarelles, où nous relevons : le
Taureau, un Éléphant marchant et un Tigre royal
couché, par Barye. Du maître animalier, la collec-
tion Antony Roux contient une série de bronzes
remarquables, notamment : l'Ours debout, la Pan-
thère terrassant un zibet et la Panthère de l'Inde.
Nous arrivons ainsi à l'importante réunion de
sculptures de Rodin : des bronzes, parmi les-
quels il faut citer : Amor fugit, l'Idylle, Celle qui
fut Haulmière, Volupté (les Fleurs du mal}, C Homme
au serpent, la Baigneuse, Iris, et une ligure en
pierre, la Femme et la peur.
Des objets d'art et d'ameublement ancien, où
nous remarquons une console en marqueterie
de bois de couleur, avec bronzes, d'époque
Louis XV, complètent cette vente qui sera, sans
contredit, une des plus importantes de l'année.
Tableaux anciens. — Un mince catalogue
illustré nous apporte l'annonce de la vente de
tableaux anciens provenant de la Collection de
M. X..., qui aura lieu salle 7. le 22 mai, par le
ministère de M" Lair-Dubreuil et Pecquet, assistés
de MM. Malhey et Georges Petit. Cette vacation
anonyme comprend un pastel de La Tour, Portrait
de femme, et quelques peintures de maîtres pri-
rnitifs, notamment un panneau de l'école du
Haut-Rhin du xv« siècle, la Vierge et l'Enfant
Jésus, et deux panneaux formant pendants, le
Chnst couronné d'épines et la Vierge de douleun,
de l'école de Van der Weyden.
Collection A. Sambon (objets d'art «t
tableaux anciens). — C'est un véritable musée
d'art ancien, où toutes les catégories d'objets
sont représentées, que cette Collection de
M. Arthur Sambon, dont la vente ne nécessitera
pas moins de quatre vacations, qui auront lieu à
la galerie Georgt-s Petit, du 25 au 28 mai, sous la
direction de M" Lair-Dubreuil et de MM.J. Hirsch,
Meyer-Riefstahl, Mannheim et Ferai.
ANCIEN ET MODEftNE
m
Le catalogue illustré débute par les antiquités
égyptiennes, parmi lesquelles nous remarquons :
un groupe en calcaire peint, représentant un
homme et une femme et provenant du tombeau
de Neofrit-Abit, fille de Chéops I". Cette sculp-
ture date des débuts de la III" dynastie, comme
cette statue d'une pétrisseuse de pain, également
en calcaire,' des mêmes époque et provenance.
Citons encore : une statuette en basalte noir de
la XXVI= dynastie, représentant le prophète
d'Ammon, Oua-habrà, et un bas-relief en granit
rouge de l'époque saïte, représentant un buste
de jeune femme, à gauche. Pour le chapitre de
l'art égyptien, contentons-nous de signaler encore
la présence de faïences, de verreries, de sculp-
tures sur bois et de bronzes.
Passons aux sculptures grecques et romaines,
et notons : une statue grecque de cariatide, du
v« siècle avant Jésus-Christ ; un satyre cymba-
liste en marbre de Paros, du lu» siècle avant
Jésus-Christ ; plusieurs têtes d'art grec ; un buste
de Garacalla, marbre alexandrin du ni" siècle ;
puis, parmi les bronzes grecs et romains : une
Aphrodite «au kestos », du iv"-iii" siècle avant
Jésus-Christ, et une statuette d'archer de l'épo-
que alexandrine ; enfin, une tête d' Agrippa, d'art
romain. La place nous est trop limitée pour que
nous puissions nous étendre comme il convien-
drait sur la céramique antique, vases et sta-
tuettes de terre cuite, qui forme une partie fort
intéressante de la collection.
Outre cette réunion d'antiquités, qui comprend
encore des pièces d'orfèvrerie et des objets
divers, la présente vente contient des spécimens
remarquables d'art musulman : tout d'abord une
série de faïences émaillées, des xiii" et xiv" siècles,
des fabriques de Rhagès et de Sultanabad ; puis
des verres arabes émaillés, des xiii" et xiv^ siècles ;
enfin, des faïences et porcelaines orientales, de
Damas et d'Anatolie, des xvi" et xvii" siècles.
Auprès de cette réunion de céramiques, notons
des bronzes incrustés d'or et d'argent, des xii=,
xiii« et xive siècles, et des manuscrits enrichis de
miniatures persanes, des xv et xvi« siècles.
Après l'art musulman, voici l'art chinois, re-
présenté surtout par des peintures, et l'art
japonais, qui ne se manifeste ici que par un
grand paravent décoré de peintures, duxvi^siècle.
Si nous en venons aux tableaux anciens, nous
remarquons : le Portrait d'une jeune princesse,
peinture anonyme française du xvi" siècle ; la
Mort de la Vierge, de l'école florentine du com-
mencement du XV» siècle ; la Vicr je et l'Enfant
Jésus, de l'école siennoise de la fin du xiii" siècle ;
le Portrait de la comtesse Friese et le Portrait du
comte Friese, deux pendants, par Liotard ; une
Réunion dans un palais, par Ph. Meusnier et Pater ;
enfin, une suite de trois panneaux, représentant
des saints personnages, de l'école d'Andréa Ver-
rocchio.
Parmi les objets d'art et de curiosité qui com-
posent la dernière partie de la vente, il faut
encore mentionner : une série de faïences ita-
liennes des diverses fabriques des xv» et xvi»
siècles, dont un bas-relief, attribué à Andréa
délia Robbia, représentant la Vierge agenouillée
devant l'Enfant ; des porcelaines anciennes,
notamment des groupes et statuettes de Saxe et
de Capo di Monte; des ivoires; des bijoux du
moyenâge et de la Renaissance ; des bois sculptés
des xv» et xvi« siècles, d'art flamand, allemand
et italien ; des sculptures, dont une Madone en
haut-relief, en marbre blanc, attribuée à Mino
da Fiesole ; enfin, des bronzes italiens des xv» et
xvi» siècles.
N'est-il pas vrai de dire qu'elle constitue un
véritable musée d'art ancien, cette collection
Sambon, dont la dispersion ne manquera pas
d'intéresser vivement les amateurs de toutes les
catégories d'œuvres d'art du genre sérieux.
Collection Fairfax Murray (tableaux an-
ciens). — On annonce, pour le 18 juin, la vente
de la coIlccLion de l'amateur anglais bien connu,
M. Fairfax Murray ; elle aura lieu à la galerie
Georges Petit, et nous reviendrons en détail sur
cette importante vacation quand le catalogue
nous sera parvenu.
M. N.
ESTAMPES
Ventes annoncées. — A Paris. — Estampes
anciennes et modernes. — M" A. Desvouges,
avec M. P. Bihn, comme expert, dispersera, les
19 et 20 mai, à l'Hôtel, salle 10, la première par-
tie d'une collection d'estampes anciennes et mo-
dernes, comprenant 420 numéros.
On peut citer, parmi les œuvres les plus impor-
tantes et les artistes les mieux représentés :
Baudouin, Bonnet, Chardin, Demarteau, Frago-
nard, Lancret, Lavreince, Moreau le jeune et
surtout Watteau; et, parmi les modernes : Brac-
quemond, Buhot, Chahine, Delacroix, Fan-
tin-Latour, Helleu, Seymour Haden, Toulouse-
Lautrec, L. Legrand, Lepère, Millet, Raffet,
Rodin, Whistler et Zorn.
R. G.
m
LB BULLETIN Dfc; L'Ahî
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Guillaume Régamey, 1837-1875 (galerie
Bernheim jeune). — Ici, l'heure est aux « rétro-
spectives », peut-être afin de nous reposer des
« derniers cris » de l'outrance... Après Éva Gon-
zalès, r.uillaurae Uégamey ; né le 22 septembre
1837, mort, à trente-huit ans, le .3 janvier 1875,
ce Parisien de naissance et de nature avait
reparu, comme peintre militaire, à la Gentennale
de 1900, parmi les ressuscites comme Eugène
Larivière, Boissard de Boisdenier, Félix Trutat,
Dehodencq, Bazille et Paul Guigou, — puis, en
mars 1907, comme puissant dessinateur, quai du
Marché-Neuf, à l'éphémère Cité des Arts : aussi-
tôt, ses croquis de souvenir, à la mine de plomb,
ses beaux dessins au crayon noir sur papier
grenu, tels que la Forge ou le Fardier. les Démo-
litions du vieux Paris ou l'Incendie, rue Mouffe-
tard, nous avaient parlé d'un émule des Cazin,
des Lhermitte et des Fantin-Latour (1) ; et
ce sont bien là les condisciples que l'élève et
l'ami de François Bonvin, coudoyait à la « petite
école » de cet étonnant Lecoq de Boisbaudran
qui s'ingéniait, en développant la mémoire de
l'œil, à former presque tous nos maîtres; ce sont
les meilleurs de ceux-là qui l'accompagnaient au
fameux Salon des Refusés de 1863. Ici, des
crayons datés de 1855 nous montrent Fantin-
Latour au Louvre ou dans sa mansarde, et très
ressemblant au rarissime petit portrait gravé par
Bracquemond; Horace Vernet, professant à
l'École; Charles Cuisin, peignant à l'atelier;
Legros, dessinant en plein-air : toute une époque
disparue... Les chevaux et leurs cavaliers, le
maréchal-ferrant, les grenadiers au bonnet à
poil, les sapeurs barbus, les noirs turcos et les
tirailleurs algériens, les Zouaves sortant de la
place du Carrousel, le 29 octobre 1839, rem-
plissent les pages les plus nerveusement crayon-
nées. Dans ses toiles ou dans ses pastels blafards
sous un ciel d'orage, l'artiste que les Cuirassiers
au caôacef (1874) représentent médiocrement au
Luxembourg est un peintre militaire qui re-
monte volontiers à Gros, à Géricault, un réaliste
qui songe aux frissons de l'aube épique pendant
les soirs plus silencieux de l'Année terrible...
Auguste Lepère (chez Edmond Sagot). —
C'est toujours une joie pour « l'amoureux
1. Voir le Bulletin du 6 avril 1907, p. 109.
d'art », en mt';me temps qu'une belle revanche
ingénue du dessin, que l'exposition des œnvreà
les plus récentes de ce spirituel et modeste maître
qui nous propose aujourd'hui la meilleure défi-
nition de l'artiste mode.rne; et, cette année,
voilà la suite logique ou le complément naturel
de la collection Roger Marx, qui nous racontait
de la façon la plus vivante et la plus homogène,
avant sa dispersion, les quarante dernières an-
nées de l'estampe contemporaine. Instinct, naï-
veté, conviction, liberté du savoir : tel est le
langage de quatorze eaux-fortes, voisines de
trente-quatre peintures, reflet nouveau de
l'heure et du ciel; et ce que le xytographe était
hier, quand il gravait les Paysages parisiens '^ pour
Henri Beraldi », l'aquafortiste l'est aujourd'hui
quand il décrit la Seine au Pont National, la noce
vendéenne, la promenade dominicale àCrèvecœur
ou la vue panoramique d'Angers avec une admi-
rable sensibilité dans la lumière.
Expositions diverses. — A la galerie Georges
Petit, nous avions déjà vu naguère M. Joseph
Communal, un coloriste qui rêve de conti-
nuer Diaz ou de devenir le Monticelli de la
montagne et qui, pour « annexer » la Savoie au
paysage français, cimente de hautes murailles
de jaspe et de saphir, au risque de sacrifier l'air
fluide à rémail de la belle matière. Près de lui,
M. Sigismond de Nagy, peintre des paysans hon-
grois, comme M. Paul-Franz Namur, symboliste
encore plus ambitieux, chez Devambez, cherchent
trop l'éclat au détriment de la sincérité : Char-
din, s'ils l'écoutaient, pourrait leur dire bien
des choses...
Chez Lorenceau, rue La Boétie, nous revoyons
avec plaisir la claire palette de M. Pierre Ladu-
reau, peintre de plages ; — chez Tooth, les des-
sins et les fines eaux-fortes de M. R.-P. Grouiller,
peintre-graveur parisien, qui demande le pitto-
resque aux derniers recoins du vieux Montmartre
et de nos vieilles cités provinciales ; — galerie
Haussmann, les crayons nerveusement rehaussés
et les bronzes du dessinateur Paul Jouve, illus-
trateur tout désigné du Litre de la Jungle, de
Rudyard Kipling, et robuste animalier d'instinct
sculptural, qui doit goûter le style de Michelet;
et, cette fois encore, la statuaire, l'estampe et
le dessin nous ont quelque peu vengés des indis-
crétions de la peinture.
Raymond Bouyeb.
Le Gérant : H. Dinis.
Paris. — Imp. Ueorges l'etit, li, rue (iodot-de-U«aroi .
Numéro 626.
Samedi 23 Mai 1914.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Inquiétantes Galéjades
Les Provençaux veulent élever un monument
à Mistral : il paraît que la statue de bronze érigée
sur la place du Forum, à Arles, n'est pas à la
taille du poète du Hhône et de Calendal, et les
projets les plus saugrenus sont présentés le plus
sérieusement du monde.
Les uns rêvent de dresser au sommet du Ven-
toux un agrandissement, haut de trente mètres,
de la statue d'Arles, laquelle a déjà le défaut
d'être un agrandissement d'une charmante sta-
tuette de Théodore Rivière.
D'autres renchérissent, et voici en quels termes
le Petit Marseillais se fait l'écho de leurs imagi-
nations dévergondées :
« Si quelque monument durable doit être
dressé parmi les fluctuations et les variations de
ce monde périssable, c'est bien à la terre même
de Provence, à la pierre de ses rochers qu'il faut
en confier la gloire, c'est à la chaîne bleue des
Alpilles qui forme l'horizon familier de la plaine
de Maillane, où se déroula simplement la vie
idéale et biblique du poète, que doit appartenir
l'honneur de conserver cette physionomie popu-
laire dont le souvenir doit se confondre avec les
temps. C'est, en un mot, au Lion d'Arles, ce
mont rocailleux du Gaussier, isolé et superbe,
qui surplombe l'immense plaine courant des
monuments romains de Saint-Remy aux rem-
parts féodaux d'Avignon, au cœur de ce Lion
d'Arles que Mistral a chanté en strophes magni-
liques dans ses Isclo d'Or, comme par un pres-
sentiment de leurs destinées associées, qu'il faut
appuyer la figure mistralienne...
» Tout le jardin de Provence respirera comme
une Heur ouverte devant ce médaillon resplen-
dissant. Et ce médaillon mégalithique, taillé dans
2.000 mètres carrés de rochers, 30 mètres de haut,
-'lO mètres de large, rayonnera comme un disque
de soleil sur cet horizon reposant, d'oii l'œil sur-
pris et charmé reconnaîtra de très loin, de n'im-
porte quel point du segment, le poète en pleine
force, le feutre en bataille, la moustache, la bar-
biche et la cravate flottante, fétiche éternel de la
Provence, sphinx humain ayant jeté, toute sa
vie, au vent du patriotisme et de l'art, tous ses
symboliques secrets... «
En vérité, ces Méridionaux outrepassent le
droit qu'ils ont d'exagérer.
Jusqu'ici nous ne perdions pas une occasion
de plaisanter les Allemands sur leur got'it du
« colossal ». Comment pourrons-nous, désormais,
reprocher ce ridicule à nos voisins d'outre-lîhin
si les Provençaux leur dament le pion, en taillant
les montagnes à l'effigie de Mistral ?
E. 1).
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des beaux-arts (séance du 16 mai).
— M. Pascal, qui fait l'intérim du secrétariat des
séances, donne lecture des lettres par lesquelles
MM. Deglane, Lambert, Redon, A. Baliu. Blavette,
J. Hermant, Benard, Defrasse, Forniigé et Tournaire,
déclarent poser leur candidature au fauteuil laissé
vacant dans la section d'architecture par le décès de
M. Vaudremer.
— Le prix lîossini (Poésie), de la valeur de 3 000 Ir.,
est attribué à M. Fernand Besnier, pour son poème
intitulé : les Voir de la mer.
— Le prix Trémont, de la valeur de 2.000 fr., est
partagé entre MM. Imbs et Lehuédé.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 15 mai) — M. Salomou Keinach lit une
lettre de M. de Mély relative à l'inscription soi-disant
hébraïque du retable de Roger vander Weyden, acquis
l'an dernier par le Louvre. Cette inscription se com-
pose de quatre mots que M. de Mély interprète ainsi ;
Son œuvre de peinture Weyden a terminé.
M. le comte P. Durrieu présente quelques observa-
tions et fait des réserves sur cette lecture.
162
LE BULLETIN DE L'ART
— M. Héron de Villefosse, de la part de M. le doc-
teur Carton, correspondant de l'Académie, annonce à
l'Académie le résultat des récentes fouilles de BuUa
llegia. En dehors des thermes, M. Carton a entrepris
de dégager un monument important dont l'emplace-
ment lui avait été signalé, il y a vingt-cinq ans, par
une pierre ornée de reliefs sur trois de ses faces. Ses
murs ont deux mètres d'épaisseur; ses colonnes de
marbre sont ornées de chapiteaux corinthiens. Dans
l'intérieur, gisent des centaines d'amphores de grandes
dimensions, remplies de blé, d'amandes, etc. ; des vases
ou ustensiles de bronze voisinent avec une énorme
quantité de verres brisés. Un incendie a dû détruire le
toit dont les poutres, en tombant, ont écrasé le sommet
des amphores. Parmi tous ces objets, s'est rencontrée
une croix de bronze argenté mesurant 25 centimètres
de hauteur, dont les bras portent des caractères grecs.
M. Carton pense que cet édifice, d'abord païen, a
dû être transformé en église.
— M. le comte Durrieu analyse une peinture laissée
par quelque pèlerin chrétien du moyen âge dans l'église
de la Nativité, à Bethléem, et représentant un heaume
de chevalier dont le cimier est une tête de More. Cet
emblème a été pris par les familles dont des membres
s'étaient signalés en Orient dans des combats contre
les Musulmans.
— M. Joseph Déchelette, correspondant de l'Acadé-
mie, étudie la répartition, dans les régions situées au
nord des Alpes, des trouvailles d'objets de provenance
grecque, italo-grecque et étrusque du vu* au iv siècle
avant notre ère. Ce relevé statistique met en évidence
larégularité et l'importance des relations commerciales
qu'entretenaient alors indirectement les habitants des
pays celtiques avec l'Italie méridionale.
— Le prix Fould (5.000 fr.) est partagé entre
MM. Ilébrard et Zeiller (2.000 fr.), Spalaio, le palais
de Dioclétien ; MM. Ebersold et Thiers (1.500 fr.), les
Églises de Conslantinople ; notre collaborateur M. Ga-
briel Leroux (1.500 fr.), les Origines de l'édifice hypo-
style en Grèce et chez les Romains; M. P. Macler(500 fr.).
Miniatures arméniennes ; M. Ph. des Forts (500 fr.), le
Château de Villebon.
— La médaille de la Société centrale des architectes
est attribuée à M. Plassart, membre de l'École d'Athènes,
pour ses fouilles à Orchomène d'Arcadie et à Délos.
Société des antiquaires de France (séance du
13 mai). — M. Lefèvre des Noettes montre comment
les anciens Égyptiens ont quelquefois essayé de mo-
difier le harnachement des chevaux pour leur faire
traîner des voitures plus pesamment chargées.
— M. Pallu de Lessert commente une inscription
récemment découverte à Taoura et relative à un pro-
consul d'Afrique mentionné par Apulée.
Société de l'histoire de l'art français (assem-
blée générale du 8 mai). — Après le discours de
M. Jules Guillrey, président, les rapports de M. A.
Tuetey, trésorier, et Pierre Marcel, secrétaire, la
Société nomme cinq membres du Comité-directeur.
Sont élus : MM. Paul Lacombe, Jean Laran, Henry
Martin, André Ramet, Louis Réau.
— M. Henri Clouzot communique des documents
inédits sur Jean Petitot, peintre en émail.
— M. J.-J. .Marquet de Vasselot entretient la Société
de quelques émaux de Colin Noylicr et de leurs mo-
dèles gravés.
Musée du Louvre. — L'administration des Beaux-
Arts, avant de renvoyer à l'église Saint-Just de .Nar-
bonne et à l'abbaye de La Chaise-bieu les tapisseries
dont la manufacture des Gobelins vient d'achever si
remarquablement la restauration, a voulu que le pu-
blic parisien put les admirer pendant quelques jours.
Elles sont exposées jusqu'au 5 juin, dans la salle des
fa'iences italiennes au Musée du Louvre (Colonnade).
La grande tenture de l'église Saint-Just est une
tapisserie bruxelloise du début du xvi* siècle, de la
suite de la Genèse; elle représente la Création. Les
deux tapisseries de La Chaise-Dieu, l'une en bande
longue et étroite, l'autre en hauteur, appartiennent à
la série de ta Vie du Christ et des sujets de l'Ancien
Testament. Tissées en quatorze pièces, elles portent
les armoiries de Jacques de Senccterre, trente-
sixième abbé de La Chaise-Dieu (1492-1518).
Musée du Luxembourg. — Le Times a annoncé
que M. Edmund Davis avait l'intention d'offrir au
gouvernement français, pour le musée du Luxera-
bourg, un portrait de femme par sir John Everelt
Millais, actuellement exposé à la Grosvcnor Gallery,
à Londres. Millais, un des membres les plus actifs de
la Pre-liaphaelite lirotherhood et l'un des meilleurs
peintres anglais du milieu du xix' siècle (autrefois
étudié dans la Revue par M. M. H. Spielmann, t. XII,
pp. 33 et 95) a souvent exposé aux Salons français,
où il reçut une médaille en 18S3, mais il n'est repré-
senté dans aucun musée de France.
A Angers. — Les tapisseries de la cathédrale
d'Angers, universellement célèbres, viennent d'être
exposées dans l'ancien évêché de la ville, par les
soins de l'administration des Beaux-Arts, et c'est là
que les visiteurs auront tout loisir de les admirer dé-
sormais ; ces suites, à sujets de l'Apocalypse, de la Vie
de saint Maurille, de la Passion, de la Vie de saint
Martin, de saint Jean-Baptiste, de saint Saturnin, de
l'Histoire de Tobie, de Samsoti, de l'Invention de la
croix, de ta Vie de Notre-Seigneur, etc., s'étendent du
iiv* au XVIII* siècles et forment un des plus beaux
ensembles que l'on connaisse de l'art de la tapisserie.
A Nantes. — La cathédrale de Nantes est dans
un tel état de vétusté qu'elle offre des dangers crois-
sants pour la sécurité publique. Une délégation de la
Commission des Monuments historiques s'est rendue
sur place pour y étudier les mesures qui s'imposent
d'urgence et arrêter les travaux à entreprendre.
A l'intérieur, on va procéder à une visite minu-
tieuse de la voûte de la grande nef et à la réfection
ANCIEN ET MODERNE
1«3
des meneaux des verrières du côté nord. 11 serait
cependant déplorable que toute idée artistique fût
bannie de ces travaux, et que l'on remplaçât, coBame
M. de Baudot la proposé, les meneaux en pierre par
une armature en fer, — solution évidemment écono-
mique, mais qui détruirait toute la beauté architec-
turale de l'édifice du coté nord. A l'extérieur, on
restaurera également les contreforts nord qui mena-
cent ruine.
Nécrologie. — On annonce la mort de M. Marcel
Cogniel, artiste peintre, décédé à Paris; — de
M. Alphonse Lamotle, graveur, né au Havre en 1844,
élève de S. Outhwaite et d'Henriquel-Dupont, sou-
vent récompensé aux Salons et qui avait obtenu une
médaille d'or et reçu la croix de la Légion d'honneur
à l'occasion de l'Exposition universelle de 1889; de-
puis 1900, il était conservateur du Musée du Havre et
directeur de l'école des beaux-arts de cette ville; —
du peintre paysagiste Eugène d'Argence, mort le
8 mai à Issy-les-Moulineaux ; né à Paris, élève de
Eug. Giraudet et de liusson, il débuta au Salon de
1881 et devint, après la scission, un des habitués des
expositions de la Société nationale; il avait été
récompensé d'une mention honorable à l'Exposition
universelle de 1889.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — Vente de la collection Roger
Marx (tableaux, etc. — Liste des -prix). —
Nous avons déjà signalé les résultats de la seconde
et de la troisième ventes de la collection Roger
Marx. Contentons-nous de rappeler qu'elles ont
produit ensemble un total de 773.160 francs,
dont 710.170 francs pour les tableaux, dessins et
sculptures, qui composaient la seconde vente, et
62.990 francs pour les objets d'art, qui compo-
saient la troisième vente. Les estampes modernes,
ayant fait l'objet d'une vente précédente, qui a
produit un total de 261.900 francs, la collection
Roger Marx a donc réalisé un peu plus d'un
million, chiffre auquel il y aura lieu d'ajouter
le produit d'une vente de tableaux et de dessins
qui aura lieu en juin, à l'Hôtel Drouot.
PRINCIPAUX 'PRIX
Tableaux modebnïs. — Carrière ; 9. Portrait d'Ed-
mond de Goncourt, 6.100 fr. (dem. 5.000). — 11. La
Leçon d'écriture, 11.200 fr. (dem. 8.000). — 15. Mary
Cassatt. La Femme au tournesol, 15.500 fr. (dem.
12.000). — 23. Fantin-Latour. les Brodeuses, 5.800 fr.
(dem. 4.000). — 28. Gauguin. Femmes .nues au bord
de l'eau, 10.050 fr. (dem. 7.000). — 57. Lépine. Le
Petit bras de la Seine, quai de liétliune, 5.865 fr.
(dem. 5.000). — 60. Manet. La Sultane, 74.000 fr.
(dem. 60.000). — 61. Cl. Monet. Le Pont d'Argenteuil,
6.700 fr. (dem. 6.000). — 68. Henoir. Jeune femme en
bleu, 6.000 fr. (dem. 4.000). — 73. L. Simon. Bigou-
dènes, 7.000 fr. (dem. 5.000). — Toulouse-Lautrec ;
75. Dans le lit, 15.000 fr. (dem. 10.000). — 76. Au
Moulin-Rouge, 5.100 fr. (dem. 5.000).
Pastels, aquabelles, dessins. — 101. Mary Cassait.
La Lecture, 6.500 fr. (dem. 5.000). — Degas : 122. Dans
l'atelier de la modiste, 12.000 fr. (dem. 10.000). —
124. Trois danseuses, 9.100 fr. (dem. 6.000). — 125. La
Toilette, 101.000 fr. (dem. 80.000). — 126. Femme se
grattant, 6.000 fr. (dem. 5.000). — 127. Groupe de
danseuses, 6.800 (dem. 10.000). — 136. Fantin-Latour.
Jeune femme à l'éventail, 9.800 fr. (dem. 6.000). —
181. — Puvis de Chavannes. La Paix. Étude pour les
décorations du musée d'Amiens, 17.500 fr. (dem. 10.000;
ce dessin, racheté par les héritiers, ainsi que le Bul-
letin l'a annoncé dans son dernier numéro, a été
offert par eux au musée du Luxembourg.) — 194. Re-
noir. Femme en rose, 15.500 fr. (dem. 8.000). — Tou-
louse-Lautrec : 216. A l'Opéra, 9.200 fr. (dem. 10.000).
— 218. La Boue, 5.300 fr. (dem. 5.000). — 222. La Blan-
chisseuse, 7.000 fr. (dem. 3.000). — 224. Dans l'atelier
{Portrait de M. S...), 8.500 fr. (dem. 8.000).
Sculptures. — Aug. Rodin : 249. Le Baiser (1886),
br., 20.300 (dem. 15.000). — 250. Désespoir, marbre,
4.900 fr. (dem. 5.000). — 251. Cariatide (1891), marbre,
10.000 fr. — 2Ï2. Femme nue, 16.000 fr. (dem. 8.000).
— 253. Femme à l'épine, 15.100 fr. (dem. 5.000).
Objets d'abt modernes. — 74. E. Galle. Verrerie,
Eaux dormantes. Urne de verre bleu efvert, 5.060 fr.
(dem. 3.000).
Ce dernier prix est la seule enchère supérieure
àb.OOO francs que l'on trouve à relever parmi les
objets d'art modernes ; nous avons dit, en annon-
çant la vente, quel était l'intérêt particulier de
ces objets d'art, tous dus à des artistes contem-
porains, dont les œuvres n'avaient pas encore
164
LE BULLETIN DE L'ART
passé aux enchères publiques. Il faut reconnaître
que leur tenue générale a été remarquable et
que plusieurs d'entre les numéros vendus ont été
fort disputés.
Vente d'objets d'art. — Dans une vente
anonyme, dirigée, salle 1, les 12 et 13 mai, par
M" Lair-Dubreuil et Baudoin et MM. Mannheim,
notons le prix de 18.000 francs obtenu par le
n" 78, un calice en argent repoussé et gravé, à
motifs religieux, avec inscriptions, vendu sans
indication d'époque. Cette vente a produit un
total de 76.987 francs.
Succession de M°>« H... (tableaux, etc.). —
Cette vente, dirigée, salle 6, du 14 au 16 mai
par M» Lair-Dubreuil, assisté de MM. Mann-
heim, P'éral, Falkenberg et Linzeler, a produit
254.847 francs.
PRINCIPAUX PRIX
F'aiencks. — 43. Delfl. Deux bout., décor de Heurs,
6.610 fr. — 50. Faenza. Deux bout, de pharmacie,
Lucrèce et Saint Jérôme, 5.000 fr.
Meubles. — 190. Commode, marquet. de coul. à
damier, ornée br., signée: L. Aubry,ùtiép. Louis XV,
10.100 fr. (dem. 10.000 ; rest.).
Tapisseries. — 218. Tapisserie d'Aubusson, ép.
Louis XV, le Jeu du cheval fondu, fond de verd.,
21.505 fr. (dem. 20.000). — 219. Tapiss. d'Aubusson,"
ép. Louis XV, Chasseur tirant un oiseau, etc., 16.050 fr.
(dem. 12 600).
Tableaux .modernes. — 250. Corot. Maisons au bord
d'une rivière, 6.150 fr. (dem. 6.000).
Tableaux anciens. — 264. École allem., xvi' s.,
Portrait d'Ulrich Zwingli, 8.000 fr. (dem. 8.000). —
265. École flam., xvi» s. La Vierge et l'Enfant, 5.800 fr.
(dem. 5.000). — 276. Van der Heyden. Intérieur de
ville, 10.000 fr. (dem. 5.000). — 280. Isaac Kœdyck.
Intérieur hollandais, 9.200 fr. (dem. 8.000).
"Vente de M™» X... (tableaux, etc.). — Faite,
salles 7 et 8, le 15 mai, par M» Bignon et M. Ba-
taille, celte vente a produit 160.000 francs et
donné lieu à quelques enchères dignes de remar-
que, surtout dans la catégorie des tapisseries.
PRINCIPAUX PRIX
Tableaux. — 18. Corot. Marais aux environs d'Ar-
ras, 8.700 fr. (dem. 12.000). — 19. Daubigny. Les
Bords de l'Oise à Saint-Leu, 8.000 fr. (dem. 12.000).
Tapissebies. — 101. Tapiss. d'Aubusson, xviii* s.,
paysage animé, chasse au lièvre, 8.400 fr. (dem.
12.000). — 102. Tapiss. des Flandres, xvu* s., concert
devant un palais, bord., 18.000 fr. (dem. 20.000; par-
tie refaite). — 103. Tapiss. tlam., xvii* s., l'Enlève-
ment de Bacchus, bord., 20.000 fr. (dem. 20.000). —
105. Tapiss. Uam. Renaissance, la Visite du marchand
de bijoux, 13.000 fr. (dem. 25.000). — 106. Tapiss.
flam. XVI* 8., scènes de chasse au cerf, bord., 20.405 fr.
(dem. 20.000).
Succession de la baronne de H... (objets
d'art, etc.). — L'ne seule en(Aère à noter dans
cette vente, faite salle 1, le 15 mai, par M" Boudu
et M. Bertier, celle de 0.505 francs pour une
tapisserie de Bruxelles du xvii« siècle, à sujet de
VHktoire d'Ulysse.
"Vente de la collection H. Kullmann (ta-
bleaux modernes). — La vente de la Collection
Herbert Kullmann, de Mancliester, avait fait l'objet
d'un catalogue illustré qui nous est parvenu trop
tard pour qu'il nous ait été possible de parler ici
des tableaux, appartenant au genre moderne le
plus avancé, qui s'/ trouvaient décrits. On y
rencontrait même une page connue du peintre
douanier Henri Rousseau, de fameuse mémoire.
Cette Chasse au tigre qui, à un Salon d'automne, si
nos souvenirs sont exacts, voisinait avec des
œuvres d'Ingres, a trouvé acheteur en la personne
des experts dirigeant la vente, pour 7.500 francs,
sur la demande de 8.000. La vacation, dirigée
salle 1, le 10 mai, par .M" Baudoin et MM. Bern-
heim jeune, à produit 112.020 francs.
PRINCIPAUX PRIX
Tableabx. — 2. Cézanne. Le Village à travers Us
arbres, 28.000 fr. (dem. 23.000). — 6. Van Gogh.
L'Escalier à Anvers, 12.300 fr. (dem. 12.000). —
A. Renoir: S. Baigneuse, 38.500 fr. (dem. 35.000). —
9. Au bord de la rivière, 7.800 fr. (dem. 5.000). — 10.
Henri Rousseau. Éclaireurs attaqués par un tigre,
7.500 fr. (dem. 8.000).
Vente de bustes par Houdon. — Il nous
suffira de donner les résultats de cette vente
que nous avons annoncée avec détails et (jui a
eu lieu, le 18 mai, par le ministère de M' Des-
vouges et de M. (liacoinetti.
Bustes par HounoN. — 1. Claudine Houdon, terre
cuite, 20.100 fr. (dem. 15.000 ; patine post.). — 2. Houdon
par lui-même, terre cuite, 9.200 fr. (dem. 18.000). —
3. Anne-Ange «oudon, plâtre, 25.400 fr. (dem. 30.000).
— 4. Houdon par lui-même, terre cuite, 35.100 fr.
(dem. 40.000).
Succession Clavière (objets d'art, etc.). —
Dans les résultats de cette vente, qui a produit
45.600 francs, salle 2, le 18 mai, sous la direction
de M« A. Couturier et de M. Guillaume, nous ne
trouvons à signaler que deux prix, celui de
b.OOO francs pour un secrétaire d'époque Louis XV,
en marqueterie à fleurs, et celui de 5.200 francs
pour une commode de même époque, égalenipnl
en marqueterie et avec bronzes.
ANCIEN ET MODERNE
165
Succession Charles André (dessins, objets
d'art). — La vonte Charles Aiulré, annoncée ici
même avec détails, et faile les 18 et 19 mai, par
M» Henri Baudoin et MM. Ferai et Mannheim,
s'est terminée sur un total de 176.01 7 francs; nous
donnerons prochainement la liste des enchères
principales, presque toutes obtenues par les
tapisseries, et dont la plus importante —
46.000 francs — a été pour une Chasse allégorique
au cerf, tenture française du xv" siècle, dont on
demandait bO.OOO francs.
Vente de la collection Antony Roux (pein-
tures, sculptures et objets d'art anciens et
modernes). — De même, le manque de place
nous oblige à remettre à une prochaine chronique
le compte rendudétaillédelavente Antony Roux,
précédemment annoncée ici.
La première vacation, faite le 19 mai. et con-
sacrée aux peintures, a produit 80.3 .330 francs.
Les plus beaux prix ont été pour les Corot, les
Gustave Moreau et les Ziem ; une vue de la Sainte,
de ce dernier, a atteint 64.000 francs, sur demande
de 70.000.
La seconde vacation, faite le 20 mai, a produit
291. 46S francs; elle comprenait les sculptures,
— qui ont donné, à elles seules, 260.000 francs, —
et les objets d'art. Citons, en particulier, le prix
de .34.000 fr., sur demande de 20.000, atteint par
la Femme et la fleur, statue pierre, de Rodin.
Ventes annoncées. — A Paris. — Galerie
Crespi, de Milan (tableaux anciens). — La
chronique artistique a eu maintes fois l'occasion,
en ces dernières années, de s'occuper de la galerie
Crespi, de Milan, bien connue de tous ceux qui
ont visité cette ville, comme de tous les amateurs
d'ancienne peinture italienne. La dispersion de
cette collection aura lieu, à la galerie Ceorges
Petit, le 4 juin, sous la direction de M*' Lair-
Dubreuil et Baudoin, assistés de MM. Trotti et C'"
et de M. Ferai.
Il ae nous appartient pas de faire l'éloge du
catalogue illustré que nous avons dressé en col-
laboration avec notre ami Dacier, à l'occasion de
cette vente. Mais nous pouvons tout au moins
féliciter l'imprimerie Georges Petit du soin qu'elle
a apporté à la typographie et à l'illustration de
ce gros volume.
Dans la préface de ce catalogue, préface dont
nous avons tiré la matière d'un article pour le
numéro de la Revue de ce mois, nous avons rap-
pelé le souvenir de la galerie, largement ouverte
au public, et qui fut, pendant un bon quart de
siècle, une des curiosités de Milan, expliqué à
quel heureux concours de circonstances elle
avait dû son développement si rapide et si impor-
tant, indiqué, enfin, les difficultés que ses pro-
priétaires eurent à surmonter pour la faire sortir
de l'Italie, par les voies licites, une fois que la
vente en eût été décidée. Pour plus de rensei-
gnements, nous renverrons donc le lecteur à
cette préface, et aussi au corps du catalogue, oi!i
chaque numéro est accompagné de références
fort nombreuses, rappelant les auteurs qui l'ont
spécialement étudié. Contentons-nous, ici, d'en
signaler les pièces les plus importantes.
Ce sont tout d'abord, du côté des écoles d'Italie
des xv et xvi= siècles, les plus abondamment
représentées dans la galerie Crespi : un Saint
Sébastien, de l'école d'Antonello de Messine; la
\ ierge à la ferronnière et l'Adoration des Mages,
par le Bacchiacca; la Vierge et l'Enfant dans un
paysage, par Bartolommeo Veneto; une Vierge
avec l'Enfant, entre saint Sébastien et une sainte
martyre, par Marco Basaïli; la Vierge à l'oiseau,
pur Boccaccio Boccaccino ; la Vierge au turban,
par le » Pseudo-Boccaccino »; la Vierge au livre,
pni Boltraffio; un Berger et une nymphe couronnés
par un amour, par Pu ris Bordone ; ta Nativité, par
l: Borgognone; la Fuite en Egypte, par Giulio
C impi ; uue Sainte Famille, par Francesco Caroti ;
1 ■ l'ortrait présumé d'un luthier el la Vierge allai-
tmt l'Enfant, par Bernardino de' Conti; «Mater
amahitis», parle Corrège ; le Portrait d'un seigneur,
par Batlista del Dosso ; une Pietà et la Vierge au
coussin bleu, pur Gaudenzio Ferrari; une Vierge à
l'Enfant tenant un Zirj-e, par Foppa; Sainte Barbe,
par Francesco Francia; un triptyque : la Nativité
et des saints personnages, par Ridoifo Ghirlandujo;
la VJt'j'yc à la grenade et la Vierge avec l'Enfant
Jésus et le petit saint Jean, par Gianpielrino; une
Sainte Conversation, par Innocenzo da Imola; la
Calomnie d'Apelle, par Leonbruno ; la Vicige
adorant l'Enfant, par Libérale da Verona; la
Vierge et l'Enfant adorés par des saints person-
nages, par Don Lorenzo Monaco; une Sainte
Famille et le Portrait de Niccolo Leoniceno, célèbre
médecin de Ferrare, par Lorenzo Lolto ; un Saint
Jérômeetle Rédempteur, par Bernai dino Luini ; le
Christ en croix entouré de saints personnages et la
Purification, de l'école du même maître; le Cou-
ronnement de la Vierge, par Giovanni Mansueti;
une Déposition de la croix avec les portraits des
donateurs, par Marco Marziale; la Résurrection de
Lazare, par Mazzolino ; la Madone Crespi, attribuée
à Michel-Ange ; la Vierge à l'Enfant avec une sainte
166
LB BULLETIN DE L'ART
religieuse et un chartreux, par Cristoforo Morettis;
la Visitation, par le Moretto da Brescia; deux
triptyques par Marco d'Oggiono, l'un représentant
la Vierge et l'Enfant avec deux donateurs et leurs
saints patrons, l'autre un Saint évique, entre saint
Gualbert et sainte Claire : ces deux triptyques,
superposés, formaient originairement un grand
retable d'autel; et encore un Saint Etienne et un
Saint Bonaventure, également par Marco d'Og-
giono; le Christ ressuscité, par Palma Vecchio;
un triptyque à saints personnages et une Annon-
ciation,en deux tableaux, par Albertino et Mar-
tine Piazia ; la Sainte Famille avec saint Antoine
de Padoue, et ta Vierge avec l'Enfant et le petit
saint Jean, par Bernardino Ijcinio, dit le Porde-
none ; te Christ portant la croix, par Homanino ;
Saint Paui et saint Jacques le Majeur, et Saint
Sébastien et saint Matthieu, par <îirolamo da
Santa Croce ; la Nativité, par Savoldo ; la Madone
Pilti, l'a Addolorata », un Ecee Homo et un Christ
bénissant, par Andréa Solario ; une Déposition de
croix, de l'école de Paul Véronèse ; la Vierge de
i'v Ave Maria «, de rateli«r de Léonard de Vinci ;
et le Christ au tombeau, adoré par deux anges, par
Bartolommeo Vivarini.
Dans la seconde partie delà collection, com-
prenant les tableaux des écoles d'Italie et d'Es-
pagne, des xvi)' et xvni« siècles, on remarquera
quatre vues de Venise : le Grand Canal et Ventrée
du Canareggio, le Grand Canal entre le palais
Moro-Lin et le palais Foscari, le Grand Canal en
face de la Croce di Venezia, et le Grand Canal
devant S. Stae, par Antonio Canaletto ; la Flagel-
ialion, par Daniele Crespi ; 1« Portrait de Fartiste
et une Scène de genre, par Gfuseppe Maria Crespi;
'deux Paysages animés, par Francesco Guardi ; un
Saint Jérôme, par Ribera ; la Vision de Sainte
Anne, par G. B. Tiepolo, l'esquisse du mfime
tableau, et encore, du mf-me maître, îa « Beata
Ludvina » ; la Communion de sainte Lucie, par
Sebastrano Ricci ; et deux Pastorales, par Zucca-
relli.
Enfin, dans les tableaux des écoles allemande,
flamande et hollandaise, qui composent la troi-
sième partie, il nous faut citer le Portrait du
théologien Antoine de Wale, recteur de l'Académie
de Leydc, par David Bailly ; l'Escamoteur, par
Jérôme Bosch ; le Poi'trait d'un jeune seigneur,
par B. Bruyn ; une TlHe de Vierge, par Cranach
le Vieux ; une Pietd, d'après Quentin Mëtsys, «ft
la Vierge à l'Enfant, avec saint Joseph, saint Paul
et un donateur, par Tiogier ran der Weyden.
Après une telle éntimèration, il e^ superihi
d'insister sur l'intérAl particulier qu'offre aux
amateurs de tableaux anciens la dispersion de
la galerie Crespi. Certains des noms qu'elle pré-
sente sont de ceux rjue l'on a de moins en moins
l'occasion de rencontrer dans les ventes publi-
ques, où, à Paris, plus encore tju'à Londres, les
vieux maîtres italiens n'apparaissent guère qu'à
de rares intervalles. Aussi la vente Crespi, dont
il a été si souvent question avant qu'elle ne fût
même décidée, est-elle attendue avec impatience
par les musées et les collectionneurs, qui auront
là une chance, qui ne se retrouvera pas de sitôt,
de compléter leurs séries par des œuvres répu-
tées et dont, longtemps encore, on chercherait
vainement l'équivalent.
A Amsterdam. — Tableaux auciens. — Un
fort volume, Uès abondamment illustré, nous
apporte l'annonce de la vente que dirigeront, à
Amsterdam, MM. Fred. Muller et C'*, les 26 et
27 mai. Cette vente comprend deux parties :
d'abord Ja Galerie Rudolf Peltzer, de Cologne, puis
des tableaux de diverses provenances.
Quelques mots, placés en manière de préface
en tête du catalogue, rappellent l'importance du
commerce des tableaux anciens h Cologne vers
le milieu du xjx" siècle, c'est-à-dire à l'époque
où fut composée la galerie Rudolf Peltzer. Celle-
ci, riche ici de près de trois cents numéros — et
encore comprend-elle une seconde partie qui
formera l'objet d'^i>e vente ultérieure, — est un
véritable musée où dominent ieeëooles du A'ord,
les maîtres primitifs des éoel«s «Demandes, de
l'écol* de Cologne -surtout et de l'éoole 'ftsmande,
puis tes maîtres des écoles des Pays-Bts da
XVII" siècle. Il nous est vraiment impawiUe,
dans le peu de place dont nous disposons, de
passer la revue d'nn aussi vaste ensemble, et
force nous est de renvoyer ati catalogue, copieu-
sement documenté, où la plupart des ««mépos
sont reproduits.
Tirons de pair, parmi oeni-ci : un Portrait de
femme, par le «Maître du Soinï Severin»'', des
portraits, par Cratrach 4e Vien-x et par François
Pont'bus le Jeune; la Partie de musique, par
P. 'Cadde; des portraits, de G. Coques et de A.
Palamedesz. ; une tiHe de Saint Jean, par Vaa
Dyck ; des natures mortes de J. Weeiiix etde F yt;
un paysage, le Tertre, par Van tioyen ; le Portrait
pi-ésumé au pervtre Janstm van Ceulen, de son
épouse et de mn enfant, par Adriaen Hamiemon ;
afm.se sauvé des eaux, parCornelis Holslevu; une
nature moite — la seule connue — de Matthijs
ANCIEN ET MODERNE
167
Naiveu ;une Famille dépaysant, par J. van Ostade ;
deux portraits, homme et femme, par J. A. van
Uavesteyn; le Fossé, par S. van Ruysdael; enfin,
les a Rhftoiiqueicrs », par J. Steen, page célèbre
du maître qui a figuré aux « Trésors d'art », à
Manchester, en 1857.
Dans la seconde partie de la vente, notons :
deux natures mortes, par W. Van Aelst; des
paysages ou marines de Backhuysen, A. van der
Neer, Berckheyde; une TMe de jeune garçonriant,
par Salomou de Bray ; la l'artie de Musique, par
J . Duck ; tes Syndics de la Confrérie des marchands
de vin à Amsterdam, page importante de Nicolas
Elias, dit Pickenoy ; une Vue de la ville
d'Arnhem, l'Orage et l'Hiver, par J. van Goyen ; la
Fêle au château, par Dirck Hais ; le Portrait d'une
dame de la famille Deljaart, par P. Hennekijn; un
Vieux château dans la verdure, par J. van der
Heyde ; la Collation, par P. de Hooch, qui provient
de la collection Steengracht; un Vaste paysage
panoramique, par Ph. Koninck; un Portrait de
famille, par Judith Leyster; deux portraits par
Nicolas Maes; le Portrait de Engelbcrt II, comte de
Nassau, par un maître primitif du xv" siècle; le
Moulin à eau, par Jacob van Huisdael; la Leçon
de lecture au chat et les Joueurs de boules, par
J. Steen; les Portraits du peintre, de son épouse et
de son enfant, deux pendants, par David Teuiers;
des marines de Willem van de Velde le .jeu.iie et
de Simon de Vlieger, et un Bord de mer, par Phi-
lips Wouwermans.
Vente très importante comme on voit, pour
les amateurs des anciens peintres des écoles du
Nord, où se rencontrent des spécimens de maîtres
rares du xvii" siècle hollandais.
M. N.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Alessandro Magnasco (galerie Levesque). —
Ce n'est pas un futuriste de l'Italie contemporaine
et de nos Salons des Indépendants; c'est un
peintre génois de jadis, dont notre Louvre ignore
tout, l'origine obscure et l'originalité curieuse,
les dates (1667-1749) et le nom. Son talent sombre
attire l'historien, car il n'est pas seulement «un
moment de la sensibilité humaine », c'est-à-dire
de l'histoire de l'art qui la reflète sans trêve
en recommençant indéfiniment son long cercle
d'efforts, — mais l'aveu d'une âme singulièrement
personnelle et sourdement passionnée, parmi les
poncifs nouveaux de son temps. En nous montrant
l'Italie des grottes et des ruines, des idylles
funèbres et des intimités fantastiques, ce Génois
complète et corrige le chapitre plein d'ombres
de l'invasion du réalisme tragique dans l'art ita-
lien, longtemps céleste et si pur chez ses primi-
tifs et ses maîtres. Comme les hambochades des
Hollandais italianisés, comme autrefois les menus
décors des ryparographcs alexandrins de Pompéi,
son œuvre alterne donc entre le paysage et le
genre; mais la mélancolie de son ciel dramatise
aussitôt tout ce qu'il emprunte : sans doute, ses
paysages peuplés de bergers ou de brigands attes-
tent ce que le ragoût d'un Salvator Rosa gardait
de la cuisine bolonaise ; mais ses ruines présagent
ce que l'ingéniosité d'un Pauini saura transmettre
à nos poètes descriptifs de la palette, Fragonard,
Hubert Robert et Joseph Vernet;dans leurs fonds
de topaze crépusculaire et de nocturne saphir et
sur leurs premiers plans mouvementés, ses
marines avouent l'héritage de ce Pieter Molyn,
le Jeune, surnommé Tempesta, qui vécut à Gènes;
mais le Sermon de saint Antoine de Padoue aux
poissons est une marine à la fois historique et
romantique que Tempesta ne soupçonnait guère.
Sans doute, ce peintre de genre a peint des
auberges et des couvents, des ateliers et des corps
de garde, des mascarades et des bacchanales, des
arlequins et des faunes, des reîtres et des moines,
des bandits et des rustres ; mais, supérieurs à tous
leurs voisins, ses religieux aux mains décharnées
s'élèvent volontiers d'un humble labeur ou d'un
repas frugal à la prière et de la prière à l'extase;
et l'Enterrement d'un moine (1703), la Réunion
extatique de 1712, une petite Crucifixion, surtout
la Mort de saint François, sont la meilleure apologie
de cette grisaille fauve et zébrée d'éclairs de pâte
sèche sur un fond noir d'orage ou de nuit : ainsi
la morose Italie du Caravage se trouve apparentée
à l'Espagne toujours pathétique, du Grèce à Goya.
Féconde leçon d'art et d'histoire que ce Génois
tardivementressuscité par l'érudition de M. Benno
Geiger(l) oppose à la claire insouciance de notre
impressionnisme !
Italico Brass (galerie Georges Petit). — Expo-
sitions diverses. — Très inégales de facture et
de format, plus de cent toiles, consacrées
à Venise par un peintre autrichien de Goritz nous
ont rappris le nom de .M. Italico Brass, qui passa
fort inaperçu tant à nos Salons depuis 1894 qu'à
(1) Alessandro Magnasco (Berlin, 1914).
168
LE BULLETIN DE L'ART
la section italienne de la Décennale de 1900 :
adroit, mais superficiel, c'est un vériate qui n'af-
fiche point les prétentions tapageuses des roman-
ciers ou des musiciens d'outre-monts; c'est un
explorateur, amusant parfois, et toujours amusé,
de la Venise réelle et vivante, de ^es monuments,
de ses baraques, de ses illuminations, de ses
cafés, de ses mascarades et de ses filles au châle
ingénument provocant ; c'est un spectateur qui
rédige, pour la nécropole des Doges, la chronique
journalière qu'un Sorolla y Bastida tient plus
ardemment pour son Espagne et qui laisse le
frisson du mystère nocturne au raffinement des
Sickert ou des Innocenti.
En face de la Venise d'aujourd'hui, l'exposition
rétrospective des Peintres de Venise des xvin* et
xix" siècles, qui vient de s'ouvrir à la galerie
Brunner (Id, rue Royale), au profit de l'oeuvre
de « la Fraternité artistique », nous offre une
réunion suggestive, depuis Tiepolo et Ganaletto
jusqu'à Bonington, Corot et Whistler. Nous en
reparlerons prochainement.
Raymond Bouykr.
LES REVUES
Russie
Staryé Gody (janvier 1914). —S. Eknst. Lossenko
et son œuvre. — Comment juger, aujourd'hui, ce
peintre académique, élève, à Paris, de Hestout et de
Vien.
— Baron N. Wranoell. Notes sur la peinture espa-
gnole à l'Ermitage. — Examen de chaque tableau de
celte série impartante.
— S. Iaiikmitch. Les .Manuscrits à miniatures de la
Bibliothèque impériale publique de Saint-Péters-
bourg. — A propos du centenaire de la Bibliothèque.
Indication sommaire des principaux manuscrits
français et italiens (iiii'-xvi* siècles).
— A. CiiAMBEBS. Exposition de dessins français de
la fin du XVIII' siècle et du commencement du
XIX'. — La seconde exposition annuelle du Musée
Stieglitz, à Saint-Pétersbourg, a été constituée au
moyen de dessins français, provenant de l'ancienne
collection Bcurdeley.
Le Gérant : H. Dknis.
Paris. — Imp. Georges Petit, it, rue Godot-de-Mauroi.
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Numéro 627.
Samedi 30 Mai 1914.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
L'Affaire du pont d'Héricy
(Suite.)
Nous avons laissé cette curieuse affaire au
moment où le préfet de Seine-et-Marne allait
saisir la commission départementale des sites (t ).
Disons tout de suite que cette commission,
réunie le 17 avril, s'est montrée sourde et aveugle :
les protestations soulevées par le projet d'un
pont en fer sur la Seine, entre Héricy et Samois,
ne l'ont pas émue le moins du monde, et elle
« n'a pas cru devoir émettre un avis défavorable
au projet, qu'elle considère comme le moins
critiquable au point de vue esthétique ».
Tout de même, le préfet voulut dégager sa
responsabilité. Il avait pour lui une première déli-
bération du Conseil général, l'avis de la commis-
sion des sites, les délibérations des conseils
municipaux d'Héricy et de Samois, les rapports
du service des ponts et chaussées ; il se refusa à
laisser entreprendre les travaux avant une nou-
velle approbation du Conseil général. Il y avait
là un petit espoir encore pour les amis du
paysage menacé.
Cet espoir, ils ne le gardèrent pas longtemps.
Comme on pouvait le craindre, le Conseil géné-
ral, éclairé par tant d'avis favorables au projet,
refusa de revenirsur sa première décision. C'était
fini ; le dernier mot restait aux politiciens et aux
ingénieurs, associés, une fois de plus, pour sacca-
ger un beau site ; et les travaux allaient com-
mencer, quand soudain, cette semaine même,
l'affaire entra dans une nouvelle voie.
Un certain nombre d'habitants d'Héricy protes-
tent contre l'emprunt de cent mille francs que la
commune a été autorisée à contracter pour la
construction du fameux pont et contre* l'impôt
extraordinaire de 32 centimes additionnels, que
les contribuables devront supporter à cette fin
pendant cinquante ans. Ils protestent d'autant
(1) Voir le n° 624 du Bulletin.
plus vigoureusement qu'ils découvrent aujour-
d'hui, à l'établissement du pont, des conséquences
inattendues : ce pont une fois construit, il faudra
lui ouvrir une voie d'accès, et pour ce faire,
agrandir la principale rue du village, ce qui
demandera bien une seconde centaine de mille
francs de frais, nécessités par les expropria-
tions, et ce qui doublera les centimes addition-
nels à percevoir sur les habitants. On conçoit
sans peine que certains de ceux-ci rechignent à
ces taxes extraordinaires, étant donné la parfaite
inutilité de la dépense.
Pour donner une base à leurs revendications,
ils se sont appuyés sur l'article 40 du décret du
11 juin 1806, en vertu duquel un particulier,
lésé dans ses droits ou sa propriété par l'effet
d'une décision du Conseil d'État rendue en
matière non contentieuse, peut saisir le chef de
l'Ktat d'une requête tendant à ce que l'affaire
soit renvoyée, s'il y a lieu, soit devant le Conseil
d'État, soit devant une commission.
La requête des protestataires a été remise le
25 mai au Président de la République, qui dira
si les contribuables de la commune d'Héricy lui
semblent ou non lésés et si leurs intérêts doivent
ou non être examinés à nouveau par le Conseil
d'État.
Tout cela, dira-t-on, n'a que de lointains raj.-
ports avec la protection des paysages comme ou
l'entend, ou plutôt comme on devrait l'entendre
généralement. Mais, dès que ceux qui ont la
charge de défendre les beautés naturelles se
dérobent à leur devoir, tous les moyens légaux
sont bons de contrecarrer un projet néfaste et
d'autant plus odieux qu'il est plus inutile.
Si donc le Président de la République renvoie
l'affaire au Conseil d'État et que le Conseil, en
présence des protestations soulevées parle projet
du pont d'Héricy, casse l'arrêté du préfet de
Seine-et-Marne autorisant les travaux, nous ne
serons pas les derniers à nous en réjouir.
E. D.
470
LE BULLETIN DE L'ART
ÉCHOS ET NOUVELLES
Légion d'honneur. — A l'occasion de l'Exposition
internationale de Gand de 1913, sont promus ou nom-
més dans l'Ordre de la Légion d'honneur, sur la pro-
position du ministre de l'Instruction publique et des
Beaux-Arts, aux grades de :
Commandeurs : MM. Henri Martin, Weerts, peintres.
Officiers: MM. Maurice Boni pard.Guirand de Scé vola,
Tattegrain, peintres; Ernest Baudin, chef des ateliers
de la fabrication de la Manufacture de Sèvres.
Chevaliers : MM. Louis Braquaval,Charreton, David-
Nillet, Henri Dumont, Léon Félix, Guinier, Henry
Jacquier, Marcel Béronneau, Mondineu, Henaudot,
peintres; Paul Steck, peintre, inspecteur de l'ensei-
gnement du dessin et des musées nationaux; Jacques
Froment -Meurice, Laniourdedieu, Marcel-Jacques,
statuaires ; Gabriel Héraud, architecte.
Sur la proposition du ministre du Commerce :
Officiers : MM. Falcou, directeur des beaux-arts et
des musées de la Ville de Paris, et Nelson, statuaire-
décorateur.
Chevaliers : MM. Barbaud et Lauzanne, architectes ;
Duthoit, peintre décorateur; L. Morin, dessinateur et
homme de lettres; Robert, ferronnier d'art; Sudre,
statuaire.
— Par décret en date du 16 mai, rendu sur la
proposition du ministre de» Affaires étrangères,
M. Leonetto Cappiello, sujet italien, artiste peintre,
a été nommé chevalier de la Légion d'honneur.
Académie des beaux-arts (séance du 23 mai).
— L'Académie entend le» conclusions de la section
d'architecture sur les titres des candidats au fauteuil
laissé vacant dans cette section par le décès de M. Vau-
dremer, et prend connaissance de la liste de présen-
tation qui comprend les noms de MM. Bénard.
Oeglane, Formigé, Lambert et lledon A ces noms, la
Compagnie ajoute ceux de MM. Ballu, Blavette,
Defrasse, Hermant et Tournaire.
— L'Académie rend son jugement sur les prix
suivants :
Prix Monbinne (3.000 fr.)., partagé entre M. H . Février
et M. IL Rabaud.
Prix Chartier (500 fr.), M. A. Chapuis.
Prix Tremont (1.000 fr.), partagé entre M. Raoul
Laparra et M. Marc-Samuel Rousseau.
Prix Marinier de Lapeyrouse (1.600 fr.), partagé
entre M. H. Debrie, M»' Odette Fagel et M"" Doucet-
Bussière
Prix Buchère (700 fr.), partagé entre M»' Marilliette
et M"* Marlien.
Prix Deschaume» (1.500 fr.) partagé entre MM. Pari-
zet et Uumail.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 22 mai). — M. G. Bénédite, conservateur
du département des antiquités égyptiennes du Musée
du Louvre, présente à l'Académie un couteau en silex
muni d'un manche en ivoire d'une grande beauté.
L'intérêt de cet objet préhistorique réside dans les
repréientations qui décorent le manche : d'un côté,
une scène de guerre où l'on voit aux prises des
Égyptiens et des Libyens (cette scène e»t complé-
tée par une représentation de deux flottes opposées
l'une à l'autre) ; et de l'autre côté, une scène du désert,
montrant un pêle-mêle d'animaux sauvages.
L'ftge de ce précieux monument est donné par l'em-
ploi qui y est fait d'un typede silex à éclats réguliers
dont il n'est plus trouvé trace dans les tombes de
l'époque thinite C'est donc un peu avant cet âge qu'il
convient de le placer.
— M. Jules Maurice étudie le rôle des r.iiiii.ilpn
impériales sou» Constantin-le-Grand.
Société des antiquaires de France (séance du
20 mai). — M. Lauer lit une notice sur son prédéces-
seur, M. l'abbé Beurlier, auteur de savants travaux
sur l'antiquité classique.
— M. Héron de Villefosse demande et obtient l'auto-
risation de déposer au musée de Saint-Germain un
buste d'Auguste, en marbre blanc, qui a été trouvé
jadis à Marseille et offert à la Société, en 1872, par
M. Parrocel.
— M. le comte Durrieu examine les rapports entre
les peintures d'un manuscrit de fite Live, dit de
Rochechouart, et l'atelier de Jean Fouquet. Il étudie
spécialement une miniature représentant le Forum de
Rome.
— M. Monceaux présente, de la part du H. P. Detattre,
quelques plombs récemment trouvés à Carthage
Société pour l'étude de la gravure française.
— L'assemblée générale de la Société pour l'élude de
la gravure française a eu lieu le 26 mai, sous la pré-
sidence de M. Maurice Fenaille, président.
M. Henri Bourin, secrétaire, a donné lecture de son
rapport : il a rappelé que les deux ouvrages publiés
par la Société pendant la dernière année — Odilon
Redon, par M. André Mellerio, et l'Œuvre gravé de
Gabriel de Saint-Aubin, par M. Emile Dacier — se
référaient aux exercices 1912 et 1913; il n annoncé
l'apparition prochaine de diverses publications en
cours, en particulier de VAnnuaire, dont il a fait
entrevoir l'intérêt; enfin, il a rendu hommage aux
membres de la Société décèdes pendant l'année.
Après lecture des comptes, par M. Jacques Doucet,
trésorier, et renouvellement du bureau par accla-
mations, M. le D' Daily a fait une causerie fort inté-
ressante sur le physionolrace inventé par Gilles-Louis
Chrétien à la fin du ivnr siècle.
Musée du Louvre. — Le Président de la Répu-
blique, accompagné du minisire de l'Instruction
publique et du sous-secrétaire d'Étal des Beaux-Arfs,
inaugurera, le 4 juin, les salles du Louvre on viennent
d'être installées les collections Isaac de Camondo, sur
lesquelles on trouvera une étude dan» le prochain
numéro de la Revue.
ANCIEN ET MODERNE
m
En même temps, aura lieu l'inauguration du grand
escalier Mollien, exécuté par M. Blavette, architecte
du Louvre, d'après les plans de Lefuel.
Chronique du vandalisme. — 11 y a quelques
jours, des malfaiteurs se sont amusés à mutiler deux
des dauphins qui crachent de l'eau dans la jolie fon-
taine des Quatre-Dauphins, à Aix-en-Provence. Un
journal d'Aix ayant signalé cet acte de vandalisme,
particulièrement stupide, l'Association des étudiants
se crut visée et protesta; mais alors, dans la nuit du
11 au 12 mai, les mêmes sauvages revinrent, et,
comme pour protester à leur tour contre le mépris
que leur avait témoigné l'Association des étudiants,
enlevèrent dans une rue voisine la plaque de fonte
d'une prise d'eau et la lancèrent sur les sculptures
qu'ils brisèrent complètement.
Le plus singulier de cette affaire, remarque M. André
Ilallays dansées Dé6a/«, c'est que la municipalité d'Aix
a montré la plus scandaleuse incurie : aucune surveil-
lance après le premier attentat, aucune plainte, aucune
enquête ; l'architecte des monuments historiques (la
fontaine des Quatre-Dauphins est classée) ne s'est
même pas dérangé !
A Caasel. — Les rues de la ville de Cassel s'élar-
gissent et les vieilles demeures disparaissent. La mu-
nicipalité a exproprié tout le côté nord de la rue du
Marché sur le tiers inférieur de sa longueur, pour
reconstruire en retrait. Cependant les édiles ont eu le
bon esprit d'excepter, parmi ces maisons, les plus
anciennes et les plus pittoresques de la ville, celle
qu'habitèrent les frères Grimm et où. de 1805 à 1814,
ils ont écrit les contes qui ont plus fait pour leur
gloire que leurs travaux de linguistique. Comme cette
maison, qu'on appelle aussi la o Maison des Contes »,
dépassera l'alignement, elle sera percée, au rez-de-
chaussée, d'arcades qui laisseront passage au trot-
toir. — M. Mtd.
A Londres. — Le 22 mai, une suffragette a brisé
les glaces de cinq tableaux des Bellini, à la Galerie
nationale, et assez sérieusement endommagé les
peintures.
Presque à la même heure, deux tableaux étaient
détériorés par une autre suffragette au Salon de la
lioyal Academy.
— Un événement qui le produit rarement, — la sus-
pension d'une vente publique, — a eu lieu, la semaine
dernière, à Londres où, après un jour de vente, la
dispersion des bronzes et des sculptures de la Renais-
sance de la collection Max Lyon, a été arrêtée. Quoique
certains numéros aient atteints de hauts prix, les
enchères ne paraissant pas en rapport avec les estima-
tions des vendeurs, ceux-ci décidèrent d'arrêter la
vente.
Au Canada — Le Comité du tricentenairedeCham-
plain ouvre un concours pour élever un monument à
Samuel de Champlain, à Orillo (Canada). Le prix est
de 100.000 francs. Le Canada et la province de l'Ontario
offrent aussi une subvention importante. Les artistes
français et anglais peuvent participer à ce concours,
qui sera clos le 20 juin prochain. Pour tous renseigne-
ments, s'adresser au connnissariat général du Canada,
19, boulevard des Capucines, à Paris.
En Cyrénaïque. — Des soldats italiens, en creusant
une tranchée à Aïn-Sciahat, ont eu la bonne fortune de
découvrir un merveilleux marbre grec représentant la
Vénus Anadyomène, qui comptera parmi les plus beaux
antiques qui nous soient parvenus. On suppose qu'il
date du iv siècle avant notre ère, et on l'estime plus
près de Polycléte que de Praxitèle. Vénus est entiè-
rement nue; il lui manque la tête et les bras, mais
on sait, par plusieurs œuvres inspirées de cette
statue, que la déesse était occupée à se coiffer.
La statue, qui a été transportée à Benghasi, sera
apportée àjlome en juin prochain et sans doute destinée
au musée des Thermes. M. Ghislanzoni, surintendant
des antiquités en Cyrénaïque, procède à des fouilles
systématiques près du lieu où la statue a été décou-
verte et qui devait être l'emplacement d'un temple
d'Apollon. — L. G.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — Succession Charles André
(dessins, tapisseries, etc.) — Cette vente a eu
lieu, comme nous l'avions annoncé, salies 7 et 8,
les 18 et 19 mai, sous la direction de M" Baudoin,
assisté de MM. Ferai et Mannheim. Elle a produit
un total de 176.017 francs et donné lieu à quelques
enchères notables dans la catégorie des tapisse-
ries gothiques qu'elle contenait.
PRINCIPAUX PRIX
DissiNs. — 51. Fragonard : Le Philosophe, 5.000 fr.
(dem. 5.000). — 63. l.a Jolie ménagère, 4.700 fr. (dem.
5.000). — 76. E. Mauet. Danses espagnoles, 5.000 fr
172
LE BULLETIN DI L'ART
(deiu. 4.000). — A. Watteau. Un Acteur de la Comédie
italienne, 5.100 fr. (detn. 3.000).
Tapissebies. — 180. Tapiss. franc., xv* s., chasse
allégorique au cerf, avec deux figures de femmes,
inscriptions, 46 000 fr. (dem. 50.000). — 181. Tapiss.
flam., ép. Louis XII, sujet de chasse, 17.100 fr. (dem.
20.000). — 182. Fragment de tapiss. Oam , ép. Louis XII,
nombreux personnages en présence d'un évêque assis
sous un dais, 10.000 fr. — 183. Fragment de tapiss.
flam., ép. Louis XII, personnages en riches costumes
en présence d'un souverain debout, 17.500 fr. (dem.
20.000).
Vente de la collection Antony Roux
(tableaux modernes, etc.). — Comme nous
l'avons déjà indiqué dans notre dernière chro-
nique, cette vente, dirigée, à la galerie Georges
Petit, les 19 et 20 mai, par M" Lair-Dubreuil et
Baudoin, et MM. G. Petit, Brame, Paulme et Las-
quin, a produit 1.094.81b francs. Les résultats en
sont d'autant plus satisfaisants que l'état du
marché de la curiosité est plutôt calme en ce
moment. Mais c'est un phénomène d'observation
courante à Paris que, mi^me lorsque les trans-
actions privées ont à souffrir du malaise général
des affaires, la cote des œuvres d'art, à l'Hôtel
Drouot, n'en subit guère les conséquences. Il suffit
de parcourir la liste d'enchères que nous donnons
ci-après, pour constater qu'à part quelques rares
moins-values sur les estimations, — pour les
Alfred Stevens en particulier, — les adjudications
ont dépassé, et certaines de façon très notable, les
demandes et que les prix se sont affirmés plus
élevés que précédemment en ce qui concerne les
tableaux de Corot et de Ziem et les sculptures
de Rodin. Cette constatation est du meilleur
augure, car elle implique, de la part des ache-
teurs, de la confiance, et pour la présente saison
et pour l'avenir des affaires qui ne peuvent tarder
à reprendre très actives, après la période de
torpeur que nous traversons actuellement.
PRINCIPAUX PRIX
Tableaux modbbnes. — Corot : 1. La Plage d'Yporl,
27.000 fr. (dem. 25.000; vente Doria, 1899, 20.300 fr.).
— 2. Pêcheur au bord d'un étang, 45.000 fr. (dem.
50.000). — 3. La Charrette, entrée d'Abbeville.
37.000 fr. (dem. 35.000; vente Lazare Weiller, 1901,
17.500 fr.). — 4. Le Fort Saint-Ange, 50.100 fr. (dem
50.000; vente Ernest May, 1890, 21.100 fr.). — 5. Vue
de Gênes, prise du palais Doria, 21.000 fr. (dem
15.000). — 7. La Prairie sur la falaise, 10.200 fr.
(dem. 12.000) — 8. Tournant de rivière, 5.000 fr.
(dem. 7.000). — 9. Molhois (Oise), près Gournay-en-
Bvat/, 6.000 fr. (dem. 8.000; vente Tillet. 1895,5.200 fr.l.
— 10. Un Corn d'étang à Ville-d'Avray, 17.500 fr.
(dem. l.'i.OOO; vente Berthelier, 1889, 3.900 fr.j. — 12. .
Roses dans un verre, 7.100 fr. (dem. 3.000; vente Ber-
thelier, 1889, 480 fr.). — 13. Saint-Nicolas-Us-Arras,
5.100 fr. (dem. 6.000; vente Robaut, 1907, 5.100 fr.).
14. Delacroix. Marocain et son cheval, 38.000 fr.
(dem. 35.000). — 19. Lépine. Paris vu des hauteurs
de Montmartre, 9.500 fr. (dem. 8.000).
G. Moreau : 22. Moise exposé, 23.100 fr. (dem.
30.000). — 23. Oresle et les Erynnies, 20.000 fr. (dem.
25.000). — 24. L'Égalité devant la mort. 31.000 fr.
(dem. 30.000). — 25. L'Apparition, 5.400 fr. (dem.
4.000). — 26. La Fiancée de la Nuit ou le Cantique
des Cantiques, 8.200 fr. (dem. 8.000). — 27. Hercule
et l'Hydre, 6.500 fr. (dem. 10 000). — 28. Femme à
son lever, 11.000 fr. (dem. 8.000) — 29. Femme per-
sane à sa toilette, 6.000 fr. (dem. 8.000). — 30. Persée
et Andromède, 4.900 fr. — 31. Madeleine en prière,
8.450 fr. (dem. 8.000). — 32. Le Christ dans le jardin
des Oliviers, 5.000 fr. (dem. 6 000).
36. Ricard. Tête de jeune femme, 29.800 fr. (dem.
30.000). — Th. Rousseau : 38. Le Mont Ulanc vu de la
Faucille, effet d'orage, 16.100 fr. (dem. 25.000). — 39.
Dernières maisons de Port-en-Bessin (Calvados),
5.000 fr. (dem. 10.000). — 40. La Jetée et le port de
Granville, 7.800 fr. (dem. 7.000). — A. Stevens : 43.
Illusion perdue, 20.100 fr. (dem. 25.000). — 44. En
visite, 11.500 fr. (dem. 15.000). — 45. Cache-cache,
10.400 fr. (dem. 15.000). — 49. Vollon. L'Hiver au bas
de la Butte, 6.500 fr. (dem. 5.000).
Ziem : 53. Moulins au bord de l'Escaut, 42.000 fr.
(dem. 35.000). — 55. L'Entrée du vieux port à Mar-
seille, 5.700 fr. (dem. 4.000). — 56. Embouchure de
la Meuse, 8.100 fr. (dem. 10.000). — 57. Venise: San
Simeone il Piccolo, 11.000 fr. (dem. 10.000). — 58.
Le Pont Royal, 6.650 fr. (dem. 8.000). — 59. Le Rio di
Palazzo, 6.000 fr. (dem. 5.000). — 61. Tartane aux
Martigues, 4.550 fr. (dem. 2.500). — 72. Voilier en vue
de Stamboul, effet du soir, 5.700 fr. (dem. 5.000). —
83. Santa Maria delta Salute, 64.000 fr.'(dem. 70.000).
— 84. La Frégate au grand pavois, 8.000 fr. fdem.
8.000). — 88. Le Pont des Arts, 5.550 fr. (dem. 4.000).
Aquarelles, etc. — Barye: 89. Le Taureau,lAOO fr.
— 90. Éléphant marchant, 8.800 fr. (dem. 6.000). —
91. Tigre royal couché, 8.000 fr. (dem. 8.000). — «7.
G. Moreau. Le Christ, 7.000 fr. (dem. 5.000)
ScuLPTUBES. — Barye : 102-103. Tigre marchant.
Lion marchant, 6.400 fr. (dem. 8.000). — 109. Pan-
thère terrassant un zibet, 4.600 fr. (dem. 5.000).
Rodin : 126. Jeune Fille confiant son secret à la
nature, br., 12.500 fr. (dem. 8 000).— 127. L'Éternelle
Idole, br., 8.300 fr. (dem. 7.000). — 128. Celle qui fut
Haulmière, br., 4.700 fr. (dem. 10.000). — 129. Amor
fugit, 8.700 fr. (dem. 8.000). — 132. Les Damnées, br.,
4.800 fr. (dem. 4.000). — 133. L'Idylle, br.. 17.350 fr.
fdem. 12.000). — 134. La Femme et la Fleur, pierre,
34.000 fr. (dem. 20.000). — 136. Iris, br., 4.900 fr.
(dem. 7.000). — 138. Fauntsse, br.. 4.700 fr. (dem.
3.500). — 140. Nymphe et faune, br.. 5.750 fr. (dem.
ANCIEN ET MODERNE
)73
6.000). — 1-44. Volupté. LesFleursdumal,hr., H.OOOfr.
(dein. 12.000). — 145. L'Homme au serpent, bronze,
31.600 fr. (dera. 25 000). — 146. L'Homme au serpent.
plâtre orig , 25.100 fr. {dem. 15.000). — 147. La Bai-
gneuse, br., 11.500 fr. (dem 10.000). — 148. La Bai-
gneuse, plâtre orig., 10.0.50 fr. (dem. 10 000). — 149.
Glnucus, br., 8.050 fr. (dem. 5.000).
Objets d'abt, etc. — 162. Deux gr. bergères, bois
sculpté et doré, ép. Louis XVI, estampille de Julien,
3.800 fr. (dem. 8.000). — 163. Sept chaises, bois sculpté
ciré, rectiampies de dorure, garnit, anc. tapiss. au
point et au petit point, xviir s., 5.400 l'r. (dem. 5.000).
— 164. Commode contournée marquet. bois de coul.,
à tleurs et oiseaux, garnit, br., ép. Louis XV, 5.600 fr.
(dem. 7.000).
Vente de tableaux anciens. — Dans une
vacation anonyme, dirigée salle 6, le 20 mai,
par M» Lair-Dubreuil et M. Ferai, nous trouvons
à signaler les deux prix suivants : 108. H. Robert.
La Cascade, 5.100 fr. (dem. 7.000 fr.). — 119.
J. Vernet. Pécheurs au bord de la mer, 5.150 fr.
Cette vente a produit un total de 44.000 francs.
Vente de tableaux anciens. —Deux prixseu-
lement valent aussi d'être notés parmi les résul-
tats de la vente faite salle 7, le 22 mai, par
M=' Lair-Dubreuil et Pecquet, assistés de MM. Ma-
they et Georges Petit : 1. M.-Q. de La Tour.
Portrait de femme, 29.500 fr. (Jem. 50.000). —
3. École du Haut-Rhin, xv» s. La Vierge et l'Enfant-
Jésus, 20.500 fr. (dem 15.000).
Produit de la vente : 60.625 francs.
Vente de la collection Bertrand de Les-
seps (tableaux modernes). — Cette vente, qui
a eu lieu salle 6, le 23 mai, sous la direction de
M" Baudoin et de M. Georges Petit, offrait l'in-
térêt de faire passer aux enchères un certain
nombre des peintres dits « les petits maîtres de
1830 11, dont une exposition récente nous a rap-
pelé les noms et le talent. La cote n'en est pas
encore bien élevée, encore qu'elle ait sensible-
ment monté en ces dernières années. Dans cette
vente, qui a produit 47 673 francs, un seul prix
mérite d'être signalé, celui de 11.000 francs ob-
tenu par le n" 76, Miss Fauvette, par A. Stevens.
Vente de la colleciion Arthur Sambon
(objets d'art et de haute curiosité, tableaux,
sculptures, etc ) — Longuement annoncée ici-
même, la vente Sambon s'est faite à la galerie
Georges Petit, les 25, 26, 27 et 28 mai. Un total
de 975.794 francs a marqué la fin de ces impor-
tantes vacations.
Nous donnerons prochainement la liste des
principales enchères. Pour aujourd'hui, tirons de
pair celle de 33.600 francs, pour un buste de
Caracalla, marbre alexandrin du iit« siècle
(dem. 5.000); celle de 39.500 francs, pour un
gobelet en faïence persane de Rhagès (dem.
40.000); celle de 65.000 francs, pour un manus-
crit des poèmes de Hafiz enluminé par plusieurs
artistes persans du xvi° siècle (dem. 70.000) ;
celle de 19.000 francs, pour un tabouret de bronze
gravé et incrusté d'argent, travail de Mossoul,
xiii» siècle (dem. 25.000) ; et celle de 49.500 francs
pour la Vierge à l'Enfant, bas-relief de marbre
blanc, attribué à Mino da Fiesole (dem. 60.000).
Ventes annoncées. — A Paris. — Collec-
tion du Marquis de Biron (1" vente : des-
sins, tableaux, objets d'art, etc., anciens).
— Le nom que porte cette vente est celui d'un
des amateurs les plus connus de Paris. La dis-
persion de sa collection constitue un événement
dans le monde de la curiosité. La première vente,
que dirigeront, du 9 au 11 juin, à la galerie
Georges Petit, U"' Lair-Dubreuil et Baudoin,
assistés de MM. Paulme et Lasquin, Ferai et
Mannheim, comprend les dessins, tableaux,
sculptures, objets d'art et d'ameublement an-
ciens, — à l'exception des peintures et dessins
par les Tiepolo, Piazzetta et Guardi, qui forme-
ront l'objet d'une seconde vente fixée, dès à
présent, à la flp de l'année.
Le catalogue illustré de la présente vente,
composé tout à fait dans l'esprit du catalogue de
la collection J. Doucet, tant pour le soin de sa
documentation que pour son aspect extérieur, fait
grand honneur aux érudits, demeurés anonymes,
qui l'ont rédigé, et à l'imprimerie Georges Petit
qui l'a superbement édité.
La place nous est trop mesurée pour que nous
puissions nous étendre comme il conviendrait,
ne fût-ce que sur les pièces les plus importantes
de cette collection, où domine presqu'exclusive-
ment l'art français du xviu" siècle. Contentons-
nous d'une énumération qui donnera tout au
moins l'idée de l'abondance de ce magnifique
ensemble.
Tout d'abord, du côté des dessins, nous remar-
quons: diverses feuilles d'études, par L.-L Boilly ;
une Bacchante, un Projet de fontaine et deux
feuilles d'Amours soutenant une corbeille, par F.
Boucher ; une Étude d'enfant et le Garde-manger,
par Chardin ; des Petits Satyres, par Clodion ; le
Portrait de Jeanbon Saint-André et le Portrait
d'un général de la République, par David ; un Jet
d'eau dans un parc, les Jardins de la Villa Negroni,
i74
LE BULLETIN DE L'ART
d Rome, une Villa dans un paysage du Midi de la
France, une Péte galante, l'Étable, Notre-Dame de
Paris et l'Amour de l'or, par Fragonard ; l'Amour
aux colombes, par Greuze ; M""* Verhwckhoven,
Joséphine Lacroix, une Étude pour « Raphaël et la
Fornarine », M. Lavergne, M""-' Lavergne, une
Étude pour « la Source », une feuille d'Études
pour l'Enfant Jésus du « Vou de Louis Xlll », une
autre d'Études pour « l'Odalisque à l'esclave » et
J/me Gallois, par Ingres ; M"'« Dorizon, née Masse,
Dumont le Romain, deux préparations, et une
feuille d'Études de mains d'homme, par La Tour;
une Étude pour l'Assomption de la Vierge, une
feuille d'Études pour << le Rêve du bonheur » de
iM"« Mayer et une Académie de femme, par
Prud'hon ; une Scène biblique, par Rembrandt ;
la Fontaine, etplusieurs sujets de ruines antiques,
par II. Robert; Béatrice de Choiseul-Stainville,
duchesse de Grammont, par A. Roslin ; un Portrait
de femme, par Rubens ; le Triomphe de l'Amour,
Gabriel de Saint-Aubin dessinant le portrait de
Vévique de Chartres, une Allégorie sur le mariage
de Marie- Antoinette et une Scène de théâtre, par
G. de Saint-Aubin ; des Éludes de mains de femme,
par G. Vanloo ; une Tête de Mezzetin, par A. VVat-
teau ; enfin une préparation au pastel. Portrait
de femme, et un dessin, Diderot, tous deux de
l'école française du xviii" siècle.
Parmi les peintures, notons : le portrait de
JM"" d'E... et son fils, par L.-E. Dubufe ; une Étude
pour la tête du Pindare de « l'Apotliéose d'Homère »,
par Ingres ; un Portrait de jeune femme, par
Lawrence ; le Parc de Saint-Cloud, le Pont, Ruines
de temple antique, la Villa Médicis, Intérieur d'un
édifice antique. Cascade prèi d'une basilique et
Entrée dans un édifice antique, par H. Robert.
La réunion de sculptures, en terre cuite pour
la plupart, n'est pas moins riche. Signalons :
quatre maquettes pour les Dessus de portes du
boudoir de Marie- Antoinette au palais de Fontai-
nebleau, par Beauvais ; Sainte Bibiane et le Buste
d'un cardinal, par le Bernin ; te Coup de vent, par
Boizot; des médaillons de Chinard et de Nini;
Hermès et Dryope et le Centaure et la Bacchante,
par Clodion ; un Petit Buste de Voltaire, par Hou-
don ; le Réveil de l'Amour, par La Rue ; un Projet
pour une girandole et l'Enlèvetnent d'Hélène, par
Le Comte; le Maréchal de Lowendal, par Le
Moyne ; Enée et Anchise, par Le Paulre ; un Buste
de femme, par Quénard ; enfin, deux ouvrages
anonymes de l'école française du xvin' siècle,
Diane et Endymion et une Maquette pour une
statue de J.-J. Rousseau.
Bon nombre des ouvrages que nous avons déjà
mentionnés, dessins, tableaux ou bas-reliefs,
empruntent encore une valeur particulière aux
riches cadres anciens qui les accompagnent. Mais,
en dehors de ces bordures qui feront l'admiration
des connaisseurs, on verra passer en vente une
collection exceptionnelle, sinon unique, de cadres
anciens, les uns en bronze doré et les autres eu
bois sculpté et doré. Nous ne pouvons entrer
dans le détail de cette riche série — cinquante
numéros, la plupart fort remarquables, — qui va
de l'époque Louis XIII à l'époque Louis .XVI, ni
parler, comme il conviendrait, des bois sculptés,
des socles, des gaines, etc., qui la complètent.
De même nous faut-il renvoyer au catalogue pour
le détail de la collection des bronzes d'ornement
(le toutes sortes, qui comprend plus d'une centaine
de pièces des xviie et xviii» siècles et de l'époque
du Premier Empire. On voudrait pouvoir citer
aussi quelques-uns des bronzes d'ameublement:
chenets, brûle-parfums, candélabres, etc., des
époques Louis XVI et Premier Empire, qui
s'ajoutent à cette partie de la collection.
Parmi les sièges, il faut noter : un grand
canapé, d'époque Louis XV, dans la manière de
Nicolas Pineau; deux petites banquettes et deux
tabourets ovales, d'époque Louis XVI; deux
grands fauteuils, de l'époque du Consulat, par
Jacob frères; et, parmi les meubles : un grand
bureau plat, en bois de rose, avec bronzes, sur-
monté d'un cartonnier, signé P. Garnier, du
début de l'époque Louis XVI; un meuble à hau-
teur d'appui, à décor en dorure de style chinois,
avec bronzes, signé Héricourt, d'époque Louis XVI ;
un petit bureau bonheur-du-jouren marqueterie,
par Cremer; un meuble d'enlre-deux, plaqué
d'ébène, à panneaux de laque dans le goiU chi-
nois et garni de bronzes, par Saunier; un meuble
d'entre-deux formant étagère, également avec
bronzes, par le môme; un petit-bureau de dame,
en acajou, avec bronze, signé Riesencr; un petit
bureau bon heur-du-jour, en acajou, avec bronzes,
par le même ; une commode en acajou, avec
bronzes, par Levasseur; une console demi-lune,
en bois sculpté, peint gris et doré; un brûle-
parfums en albâtre et marbre, avec bronzes ; un
grand brûle-parfums en bronze, — tous ces
meubles de l'époque Louis XVI. A la fin de cette
même époque appartiennent une paire de grandes
jardinières en marbre, ornées de bronxe ciselé,
attribuées à Forestier ; et une table en stun et
marbre à pieds en bronze. De la lin du xviii» siè-
cle, signalons encore : un petit secrétaire à abat-
ANCIEN ET MODERNE
175
tant, en acajou garni de bronzes, signé Lemar-
chand ; un autre secrétaire, du même genre, par
le mAme; et un meuble d'entre-deux en acajou
et bronzes. Du commencement du xix" siècle,
sont deux petites tables de travail de dame, en
forme de guéridons ronds, l'une en acajou,
l'autre en racine d'érable, portées sur des tré-
pieds en bronze doré, par Jacob frères, sur un
modèle de l'ercier et Fontaine; enfin, de l'époque
du Premier Empire, signalons : une grande biblio-
thèque en acajou avec bronzes ; deux meubles
à hauteur d'appui et un secrétaire droit s'abai-
lant, en acajou avec bronzes, par Jacob Dt'^-
malter ; une commode et un secrétaire droit à
abattant, en acajou avec bronzes, par Ileckcl ;
un bureau plat de milieu, en acajou et bronzes,
et une grande psyché en placage de racine,
richement garnie de bronzes, par Jacob Des-
malter.
11 serait superflu d'insister sur l'importance
de cette vente. Le nom qu'elle porte, le genre et
la qualité des objets qui la composent sont de
sûrs garants du succès que nous aurons à enre-
gistrer dans une de nos prochaines chroniques.
Galerie Crespi (2° vente: tableaux anciens).
— La vacation que dirigeront, à la galerie Georges
Petit, le 4 juin, M" Lair-Dubreuil et Baudoin,
assistés de MM. Trotti et C" et F'éral, comme
nous l'avons annoncé, n'aura pas épuisé ce véri-
table musée de peinture ancienne qu'était la
(ialerie Grespi, de Milan. Une seconde vacation,
conduite par les mêmes commissaires-priseurs
et experts que la première, à l'Hôtel, salles 9etiO,
le 6 juin, achèvera la dispersion de cette collec-
tion. Cette deuxième vente Crespi a fait l'objet
d'un catalogue illustré de quelques planches,
reproduisant, parmi les tableaux italiens qui
forment encore ici la majorité : une Bacchanale,
par Carpioni; une Vue de Venise : le Bassin de
Saint-Marc, par Marieschi ; une Sainte conversa-
tion, par Talpino, et le Portrait d'un homme de
(juerre, page anonyme d'un maître présumé ber-
gamasque du xvi» siècle; et, parmi les peintures
<les écoles du Nord qui composent la secohde
partie de cette vente : le Massacre des Innocents.
par Karel van Mander le Vieux; la Grotte de
Sainte-Marie-Madeleine, par R. Savery ; un Inté-
rieur d'église, par Steenwijck le Vieux ; la Bac-
i/iante au singe, par Terbruggen; la Grand'route,
par A. van der Venne, et le Chirurgien, par
D. Rijckaert.
M. N.
LIVRES
"Ventes annoncées. — A Paris. — Livres
d'architecture et recueils d'ornements. —
La collection que M' A. fJesvouges, assisté de
M. A. Besombes, va vendre à l'Hôtel, «lu .3 au
6 juin, est une des plus importantes du genre
que l'on puisse rencontrer, sans mftrae excepter
les bibliothèques publiques. L'amateur qui l'a
constituée, et dont tous les volumes et recueils
portent Vex-lihris, M. E. Foule, a mis un demi-
siècle à la réunir, et tous ces architectes et ces
maîtres ornemanistes français et étrangers, de-
puis le xvi» jusqu'à la fin du xviii" siècle, dont i!
a rassemblé les recueils, sont devenus si rares à
rencontrer aujourd'hui qu'il serait bien malaisé,
pour ne pas dire impossible, à l'heure actuelle,
de reprendre la tâche et de' reconstituer un
pareil ensemble.
Un excellent catalogue, fort bien rédigé, fort
bien imprimé et illustré, accompagné d'une table
des noiris d'artistes, conservera le souvenir de
cette collection, dans le détail de laquelle il nous
est difficile d'entrer ici, et qui se complète par
une remarquable série de livres illustrés de
figures sur bois et sur cuivre, et par quelques
dessins. C'est à peine si nous pourrons donner
un aperçu de la richesse et de l'intérêt de cette
bibliothèque spéciale, en énumérant brièvement
les principales divisions du catalogue et les noms
les plus importants des artistes qu'on y rencontre.
La première partie est consacrée aux ouvrages
sur les beaux-arts : dessin, perspective, architec-
ture, recueils topographiques, galeries ; Blondel,
Hoflrand, Du Cerceau, A. DUrer, Sambin, et bien
d'autres, s'y trouvent en exemplaires de choix.
La seconde partie comprend les recueils d'orne-
.ments propres à la décoration des monuments
et aux arts industriels ; c'est de beaucoup le plus
gros morceau de la collection. On y rencontre
d'abord les açtistes français du xvi" siècle (Boy-
vin, Delaune, Du Cerceau, Foillet, D. Mignot,
Woeiriot. etc.), ceux du xvii" siècle (Audran,
Bérain, Bonnart, Roquet, Bourguet, Jacquard
Le Pautre, etc.), et ceux du xviii" siècle (Bou-
chardon. Boucher, Choffart, les Cuvilliès, J.-Ch.
Delafosse, Forty, A. Gillot, J.-B. 'Huet, Huquier,
La Joue, Lalonde, Le Canu, Liard, Marillier,
Mondon, Oppenord, Pillement, les Pineau, Uan-
son, Salembier, Toro, Ant. W'atteau, etc.) ; vien-
nent ensuite les artistes allemands des mêmes
époques : Brosamer, Th. de Bry et ses fils, FbH-
ner, Zundt, le Maître de 1551, Morisson, etc.; les
176
LE BULLETIN DE L'ART
artistes des Pays-Bas ont leur paragraphe spé-
cial, où se remarquent les noms de Michel Le
Blon, de CoUaert, de Munting, de Vredeman de
Vriese ; la série des Italiens n'est pas moins bien
fournie : B. Bossi, Stefano délia Bella, Paganino,
Ugo da Garpi, Vecelio, etc., y sont parmi les
plus marquants ; enfin, Gribelin, Pearce et Rus-
sell représentent les artistes anglais.
Le collectionneur a réuni également, sous le
titre de Petits Maîtres des XVI' et XVIII' siècles,
1.147 pièces d'œuvres d'artistes ornemanistes,
dont les productions sont peu nombreuses, peu
connues et fort rares ; ce n" 479, dont la descrip-
tion ne remplit pas moins de 22 pages du cata-
logue, Sera certainement l'un des clous de la vente.
Gomme on l'a déjà dit, des livres italiens à
figures sur bois des xv» et xvi» siècles, des livres
illustrés en tous genres des xvi«, xvii" et xviii" siè-
cles, parmi lesquels plusieurs ont conservé leur
belle reliure du temps ; des reliures isolées des
xvii« et xviii* siècles ; enfin quelques estampes
et dessins, la plupart représentant des motifs
d'ornements et se rattachant, par conséquent,
au reste du cabinet, complètent cette collection,
dont le catalogue atteint près de 700 numéros,
et dont la dispersion sera sans doute marquée
par de sensationnelles enchères etpar un résultat
total impressionnant. B. J.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Exposition rétrospective des h Peintres
de Venise » (galerie Brunner). — G'est une joie
mélancolique, comme toutes les joies, qu'apporte
la réalisation d'un rêve ou d'un projet caressé
longtemps (1); et, dans ce Musée toujours inédit
du Paysage, qui nous parlerait moins du ciel
éternel que de l'homme éphémère, nous réservions
une salle à ces Peintres de Venise que groupe
aujourd'hui, sommairement, mais intelligem-
ment, l'artistique initiative d'une bonne œuvre.
Les peintres de Venise : il faut d'abord distin-
guer, car cette rubrique attrayante peut aussi
bien désigner les peintres nés Vénitiens que les
artistes, Vénitiens ou non, dont l'œuvre nous
transmet la vision qu'ils ont retenue de la cité
des Doges et de sa beauté particulière, triste-
ment silencieuse et fanée comme un lendemain
de mascarade... Ici, la distinction n'est pas abso-
(1) Voir, dans la Petite Revue du 15 décembre 1911,
n" 1, notre étude sur Ziem et les Peintres de Venise.
lue, puisqu'on trouve quelques dessins anciens
de Jean Belin, de Véronèse, de Titien, portrai-
tiste précis et romanesque du sol natal de Gadore,
un petit bronze de Pietro Tacca, deux pastels de
la Rosalba, plusieurs échantillons de Tiepolo, ce
décorateur deux fois sensuel, comme sa ville et
comme son siècle, mythologique et brillant devan-
cier de notre Boucher ; mais la majorité des
cadres nous offre des portraits de Venise aux
heures changeantes de son histoire pittoresque.
Aussi bien, un même motif varie-t-il indéfini-
ment, selon les points de vue ; et chaque portrai-
tiste croit remporter la réalité tout entière, alors
qu'il ne traduit plus ou moins littéralement qu'un
aspect de son émotion. Garpaccio nous manque
pour évoquer la Venise primitive et le décor
naïvement anachronique de Sainte-Ursule ou de
Saint-Georges ; mais, à côté de Venise à vol d'oi-
seau, plan donné par la Sérénissime République
à Louis XIV et venu du musée de Versailles,
voici l'ancêtre Luca Carlevaris, peintre du Bwcen-
taure et des fêtes, Ganaletto, dont la Salute n'est
pas inférieure au grand tableau du Louvre, et
son groupe, les Belotto, les Guardi, scrupuleux
dans la fantaisie même et dans la liberté magis-
trale des sépias ; contemporain de Tiepolo, voici
Longhi, le mystérieux confident des masques ;
voici les petits descriptifs, Ramberg, Joseph
Nicolle, et ce Vincent Ghilone (1758-1839), que
son biographe Locatelli félicite d'être « simple et
vrai » : son entourage ne l'était donc pas tou-
jours? Voici Gorot, discrètement argentin, comme
à Gênes ; Bonington, gris perle et blond ; Joyant,
déjà coloré ; Ziem, essayant ses feux d'artifice
et trouvant mieux qu'à Marseille « la porte de
l'Orient » ; Jules de Goncourt, son admirateur
comme salonnier de 1852, lavant une rose aqua-
relle au Palais ducal; Louis Mouchot, peignant
Venise la bleue, à défaut de Manet; Edouard Dufeu,
coloriste qu'il ne faut pas confondre avec Henri
Duvieux, qui monticellise ; Eugène Boudin, leur
aîné, mais qui n'entrevit les lagunes que dans sa
douce vieillesse, en 1895; Whistler, enfin, l'aqua-
fortiste de la réalité s'enveloppant de la magie
du rêve... Et la symbolique Venise ailée de Gus-
tave Moreau, qui fut l'un des joyaux donnés par
le regretté Gharles Hayem au Luxembourg, aurait
trouvé grâce devant Lord Byron, qui disait pré-
férer la réalité lumineuse à la meilleure peinture.
Raymond Bolykr.
Le Gérant : H. Dknis.
Paris. — Imp. Georges Petil, l±, rue Godot-de-Uauroi.
Numéro 628.
m
Samedi 6 Juin 1914.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
L'Inauguration
des salles Camondo
Les collections du Comte Isaac de Camondo,
léguées à la France par testament en date du
18 décembre 1908 et entrées en possession de la
direction des Musées nationaux après la mort de
l'amateur, survenue le 7 avril 1911, ont été mises,
cette semaine, sous les yeux du public. Elles
occupent une suite de salles aménagées avec un
soin tout particulier et un goût que les visiteurs
se sont plu à reconnaître. Ce don magnifique a
reçu un cadre digne de lui.
C'est à la fleuue qu'il appartiendra, en une série
d'articles dont le premier paraît dans le numéro
de ce mois-même, d'étudier, avec tout le détail
qui convient, les diverses catégories d'œuvres
d'art qui composent la collection : sculptures et
objets d'art du moyen âge et de la Renaissance;
pastels, dessins, gouaches, meubles, tapisseries
et objets d'art du xviii» siècle français; peintures,
sculptures et estampes de l'Extrême-Orient;
faïences françaises; enfin peintures modernes, de
Corot et Delacroix à Cézanne et Van Gogh inclus.
On se bornera ici, en manière d'hommage au
bienfaiteur de nos collections nationales, à rap-
peler les deux circonstances qui rendent cette
donation plus particulièrement précieuse aux
amis du Musée du Louvre : à savoir, d'abord que
la collection Camondo a été réunie, comme le
dit M. Gaston Migeon dans la préface du cata-
logue, « avec une intelligence constante de l'in-
térêt réel du Musée », et, en second lieu, que le
groupement de ces œuvres d'art en une suite de
salles portant le nom du donateur ne sera main-
tenu, de par la volonté même de celui-ci, que
pendant une période de cinquante années ;
après quoi chaque série sera fondue dans le
département du Musée auquel elle ressortit.
J'ai parlé du catalogue : la collection Camondo
a son catalogue, en effet, et qui était en distri-
bution le jour même de l'ouverture des salles,
comme, voilà quatre ans, celui de la collection
Chauchard, et comme, voilà quelques mois, celui
du Musée Jacquemart-André.
Il est très bien, ce catalogue : il est sobre, il
est clair et précis, il est soigneusement imprimé
et illustré de bonnes reproductions. La seule
chose qu'on puisse lui reprocher, c'est un manque
d'unité dans sa rédaction. Ainsi, pour les sculp-
tures et objets d'art du moyen âge, de la Henais-
sance et du xviii» siècle, il est sec et sommaire à
l'excès, puisque, dans la plupart des cas, la seule
indication accessoire qu'il fournisse, en dehors
du titre, de la date, de la matière et des dimen-
sions de l'œuvre, est celle qui importe le moins
au visiteur : la mention du numéro d'inven-
taire du Musée. Par contre, pour les dessins du
xviiii' siècle et les peintures modernes, il con-
tient, sous la forme la plus ramassée, une
foule de renseignements sur la provenance
de l'œuvre, les collections dans lesquelles elle a
passé, les expositions auxquelles elle a figuré,
les répétitions ou préparations qu'on en connaît,
les reproductions qu'on en a données, et jusqu'à
des renvois bibliographiques très succincts aux
ouvrages les plus importants qui l'ont citée.
Les rédacteurs de cette partie du catalogue ont
poussé le scrupule jusqu'à proposer un classement
des œuvres de chaque artiste d'après leur ordre
chronologique, ce qui a dû leur demander des
recherches fort longues, mais ce qui ajoute cer-
tainement à l'intérêt de la collection. C'est la
bonne formule.
E. I).
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des beaux-arts (séance du 30 mai).
— L'Académie procède à l'élection d'un membre titu-
laire dans 1,1 section d'architecture en remplacement
de M. Vaudreraer, décédé.
La section présente MM. Bénard, Deglane, For-
178
LE BULLETIN DE L'ART
migé, Lambert et Redon. A ces noms, l'Académie a
ajouté ceux de MM. Ballu, Blavette, Defrasse. Tour-
naire et Hermant.
Il y a trente-cinq votants dont les voix, au premier
tour, se répartissent ainsi : MM. Hedon,7; Formigé,6;
Bénard, 4; Lambert, 4; Tournaire, 4 ; Hermant, 3 ;
Deglane, 2; Ballu, 2; Blavette, 2; Defrasse, 1.
M. Redon est élu au septième tour de scrutin, par
18 voix. Ont obtenu, en outre : MM. Tournaire, 9 ;
Bénard, 6; Deglane, 2.
— Par décret du Président de la République, l'ate-
lier laissé vacant dans le palais de l'Institut, par la
mort de M. Emile Vaudremer, est attribué à M. Louis
Bernier, membre de l'Académie des beaux-arts.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 29 mai) — M. Raymond Weill rend compte
des fouilles qu'il a exécutées l'hiver dernier A Jéru-
salem pour le compte du baron Edmond de Roths-
child. Le terrain des fouilles était l'emplacement,
aujourd'hui abandonné, de la «Cité de David», la
vieille acropole chananéenne que prit d'assaut le
conquérant Israélite, fondateur de la royauté, et dans
l'enceinte de laquelle il devait être enseveli, ainsi que
tous ses successeurs.
M. Weill a mis au jour ce qui reste de ces tombeaux,
dévastés dès une époque ancienne. Il a également
reconnu les murs de l'enceinte archaïque qui cou-
ronnait les ravins de la périphérie et le système de
défense de cette forteresse. Les systèmes d'aqueducs
souterrains qui, par-dessous la montagne, condui-
saient l'eau dans un bassin protégé contre les atta-
ques, ont été dégagés sur de grandes étendues. Enfin,
il a été découvert, dans les fouille», d'importants docu-
ments sur l'histoire de la ville juive à l'époque
romaine.
— L'Académie partage le prix l'rost, de la façon
suivante : 500 fr. à M. Jean-Julien Barbé pour son
ouvrage intitulé : A travers le vieux Metz : les mai-
sons historiques ; — 400 fr. à l'Austrasie, revue du
Pays messin et de Lorraine; — 300 fr. à M. René
Perrin pour son ouvrage intitulé : l'Esprit public
dans le département de la Meurthe.
Société des antiquaires de France (séance du
27 mai). — M. Lafage examine les sources d'une tra-
dition d'après laquelle une statue d'Isis aurait été
conservée au moyen âge à l'abbaye de Saint-Germain-
des-Prés.
— M. Henri Martin étudie le premier inventaire des
manuscrits qui composaient, au iv* siècle, la célèbre
bibliothèque de Bourgogne et cherche à préciser sa
date.
Société d'iconographie parisienne (séance du
i9 mai). — M. Morand étudie le monument de Lan-
guet de Gergy, qui fut curé de Saint-Sulpice pendant
près de trente-cinq ans et qui peut être regardé
comme le véritable constructeur de l'église. Ce monu-
ment, que l'on voit encore aujourd'hui dans la cha-
pelle Saint-Jean-Baptiste de I église Saint-Sulpice, fut
commandé par les fabriciens au sculpteur Michel-
Ange Slodtiî le 6 décembre 1750 (Languet de Cergy
était mort le 10 octobre précédent). M. Morand a
retracé avec beaucoup de soin les dlU'érentes phases
de l'existence du tombeau, en partie sauvé par Lenoir
lors de la Révolution, et indiqué les mutilations qu'il
eut à subir à cette époque.
— M. Fernand Mazerolle communique la reproduc-
tion d'un dessin à la sanguine conserve au Musée de
Montpellier, représentant le modèle dun jeton pour
les commissaires des pauvres de la paroisse Saint-
Paul, en 1746. Ce dessin offre une effigie de l'apôtre
avec une inscription se rapportant à la légende de la
vie du saint.
— M. Albert Vuaflart présente une série de docu-
ments iconographiques. Ce sont d'abord trois aqua-
relles représentant la Nymphée de C/iatou, dan» le
château que Berlin fit construire à cet endroit. Cette
nymphée, morceau d'architecture fort décoratif,
œuvre de Soufflot, se recommande surtout par sa
polychromie du plus curieux effet.
Grâce à l'obligeance du grand collectionneur anglais
M. Fairfax Murray, M. Vuaflart a pu faire photogra-
phier quinze dessins d'Etienne de La Belle, remontant
à l'époque de sa venue à Paris, en 1640; ils repré-
sentent des l'aysages pris à Charenlon, le Gibet de
Montfaucon, le Bastion de la Bastille, Notre-Dame et
le quai Saint-Bernard , le Luxembourg, le Château de
Saint-Maur, etc.
M. Vuaflart communique enfin les photographies
de neuf aquarelles de Turner, conservées à la Galerie
Nationale de Londres et se rapportante l'iconographie
parisienne: la Pompe Notre-Dame, le Pont-Neuf et
la Cité, la Barrière de Passy, le Pont au Change et It
Palais, la Seine vue de de la Terrasse île Saint-
Germain, Vue de Saint-Denis, Parc de Saint-Cloud,
le Pont de Sèvres. Tous ces documents feront l'objet
de prochaines communications.
Conseil supérieur des beaux- arts. — Sont
nommés membre du Conseil supérieur des beaux-
arts : MM. Raphaël Collin, artiste peintre, membre de
l'Institut; Coltet, artiste peintre; Sicard, statuaire;
Saisset-Schneider, conseiller d'État.
Musée de l'Armée. — Le 30 mai au soir, on a
constaté qu'un vol important avait été commis au
Musée de l'Armée, fermé ce jour-là, comme tous les
samedis.
On sait que le Musée occupe le rez-de-chaussée et
les deux étages d'un corps de bâtiment qui donne sur
la cour d'honneur des Invalides (cAté de l'ouest) et
sur la cour d'Austerlitz. La salle d'Aumale, située an
deuxième étage de cette partie du palais, comprend
plusieurs pièces où sont rangées les collections mal-
gaches, sénégalaises et orientales.
Dans cette dernière pièce, la grande vitrine renfer-
mant l'habit de guerre de l'empereur de Chine a été
brisée et le voleur a dérobé un poignard en or d'une
ANCIEN ET MODERNE
179
grande valeur. Le manche, couleur jaspe sanguin, est
constitué par une monture enor, émaillée et incrustée
de rubis, émeraudes et diamants ; le talon de la
lame est décoré d'ornements ciselés en relief plat sur
or vert et jaune : le fourreau est tout en or jaune
émaillé de fleurs bleues et de filets blancs. De fabri-
cation européenne et datant de l'époque de Louis XIV.
cette arme a été donnée, croit-on, en cadeau à l'em-
pereur de Chine par une ambassade, (".'est Napoléon 111
qui, en 1860, fit don de ce précieux objet au Musée de
l'Armée.
En outre, dans une table-vitrine de la pièce voisine,
où était rangé le trésor d'El Iladj Omar, le voleur
s'est emparé de bijoux d'or et d'argent, dont voici la
description :
Un bracelet mi-jonc creux, avec boules en or (in,
pesant 100 grammes ; un deuxième, pesant 105 gram-
mes ; un autre bracelet, forgé tordu, en or fin, de
418 grammes ; sept plaques en travail repoussé, de
430 grammes; un collier cuir plaqué or, de 30 grammes;
un porte-amulette rectangulaire, en or (in, de 171 gram-
mes ; deux boutons d'oreilles massifs forgés, boule en
or, de 162 grammes ; un collier en cuir avec plaque
filigrane or, 75 grammes ; un collier, composé de cinq
plaquettes de croix roses et de deux plaquettes de
forme triangulaire, filigrane or fin, 230 grammes; un
grand porte-amulette ou gris-gris, forme de la lettre M,
en or fin, 210 grammes ; un collier avec une plaquette
étoile à six branches, et deux boules filigrane or fin,
60 grammes ; un collier avec une plaquette or fili-
grane, deux anneaux, dont un argenté à l'extérieur,
avec fermoir en or fin, 60 grammes; un collier vert,
dix boules et plaquettes en or fin, 35 grammes ; un
collier avec deux plaquettes, une rose et une de
forme, travail filigrane en or fin, 80 grammes ; enfin,
un collier et trois plaquettes en or fin, 60 grammes.
Il est à remarquer que la vitrine renfermant l'habit
de guerre chinois avait déjà été l'objet d'une première
tentative de vol, au mois d'octobre dernier : le cam-
brioleur avait fait disparaître la plaque de ceinturon
et le fourreau du sabre, ornés de brillants. A ta suite
de ce vol, toutes les serrures du musée avaient été
changées. Or, aucune porte ne présente de traces
d'elfraction, ce qui donne à penser que l'auteur du vol
possédait les nouvelles clefs. S'il a brisé un carreau
et laissé une fenêtre ouverte, c'est vraisemblable-
ment pour donner le change, car l'escalade de la salle,
située au deuxième étage, serait des plus difficiles.
L'Institut et la ViUe de Paris. — On se rappelle
le conflit qui a mis un moment aux prises l'Institut
et la Ville de Paris, à propos du prolongement de la
rue de Rennes (voir le n° 620 du Bulletin). L'Institut
n'admettait pas un projet de la municipalité, d'après
lequel les bâtiments du palais Mazarin devaient se
trouver reconstruits sur une surface moindre que
celle qui leur était réservée dans un projet d'Iiauss-
mann, élaboré en 1866, et qui avait servi de base à
l'entente entre l'Institut et la Ville.
On annonce aujourd'hui que la Commission admi-
nistrative de l'Institut a présenté au ministre de
l'Instruction publique, le plan des transformations
du Palais Mazarin telles qu'elle les juge acceptables.
Le ministère et la Préfecture de la Seine ont accepté
ce plan. Reste à savoir ce que la Ville en pense.
La Croix de pierre. — Tel est le titre d'une société
qu'un groupe d'artistes se propose de fonder en vue
de réparer et de sauver de la ruine les églises chan-
celantes et qui ne sont pas classées. M. Péladan, qui
a pris l'initiative de ce groupement, se propose de
faire une suite de conférences, où il exposera son
programme complet et précis à propos de « la Croix
de pierre ».
En Egypte. — M. Gaston Maspero, délégué par le
gouvernement français en 1880 pour fonder l'Institut
d'archéologie orientale du Caire, et devenu bientôt
après directeur général du service des antiquités
d'Egypte, a résolu de prendre, au mois d'octobre pro-
chain, une retraite que ses longs et admirables tra-
vaux lui imposent, mais que regretteront tous ceux,
— et les lecteurs de la Revue sont du nombre, — qui
ont pu apprécier les précieux services rendus à
l'égyptologie par notre éminent collaborateur.
Les gouvernements français, anglais et égyptien
sont d'accord sur le choix de M. Pierre Lacau, direc-
teur de l'Institut français du Caire, pour succéder à
M. Maspero.
Nécrologie : Henry Roujon.
M. Henry Roujon, membre de l'Académie française,
secrétaire perpétuel de l'Académie des beaux-arts,
commandeur de la Légion d'honneur, a succombé le
1" juin à la maladie dont il avait ressenti les premières
atteintes, il y a quelques semaines, à Cannes où il
avait passé l'hiver, et qui donnait, depuis le retour
du malade à Paris, tant d'inquiétudes à son entou-
rage. Il y a trois ans, au moment de son élection au
fauteuil de M" Barboux à l'Académie française,
M. Henry Roujon avait été très gravement malade;
par bonheur, il avait pu se remettre, et assez complè-
tement pour reprendre, non seulement ses fonctions
très absorbantes de secrétaire perpétuel de l'Académie -
des beaux-arts, mais sa tâche d'écrivain et de confé-
rencier à laquelle il donnait, depuis de longues années,
toute une part de sa vie.
M. Henry Roujon était né à Paris en 1853. Entré
eu 1876 au ministère de l'Instruction publique, il
devint, en 1880, secrétaire particulier de Jules Ferry,
et en 1882, chef de bureau au cabinet du ministre.
11 occupa cette fonction jusqu'en 1891, époque où il
l'ut nommé par M. Léon Bourgeois, directeur des
Beaux-Arts. En 1899, l'Académie des beaux-arts le
choisit comme membre libre, en remplacement du
marquis de Chennevières, et en 1903 elle lui confia
les fonctions de secrétaire perpétuel en remplacement
de Gustave Larroumet, décédé. En 1911, il fnt élu
180
LE BULLETIN DE L'ART
membre de l'Académie française, et M. P'rédéric
Masson, qui fut chargé de le recevoir, au début de
1912, a très Justement caractérisé, dans son discours,
l'œuvre en partie double du fonctionnaire et de
l'écrivain.
L'écrivain avait débuté de bonne heure. D'abord
secrétaire de la rédaction de la République des Lettres,
revuefondéeen 1875parCatuIleMendcs, Henry Uoujon
collabora ensuite assidûment au Voltaire et à la
Revue Bleue. 11 publia, en 1887, une fantaisie littéraire :
Miremonde, dont Alexandre Dumas fils a pu dire, dans
la préface, qu'elle est un chef-d'œuvre. Depuis qu'il
n'était plus directeur <ies Beaux-Arts, il collaborait à
divers journaux, notamment au Figaro et au Temps,
où l'on aimait à retrouver régulièrement ses En marge.
En ces chroniques toujours brillantes, il prenait texte
d'un anniversaire, d'un livre, d'un « fait du jour» pour
montrer sa connaissance des hommes et son amour
du passé : c'étaient autant d'« essais» achevés, où il
était servi par la plus riche culture alliée à une curio-
sité de tout, qui était à sa louange, et où le goût le
plus sûr s'accordait avec l'esprit le plus pénétrant;
réunis en volumes {Au milieu des hommes, la Galerie
des bustes. Dames d'autrefois, etc.), ces articles por-
teront témoignage du talent de cet écrivain de pure
tradition française. Il excellait aussi dans les o por-
traits u, et, en qualité de secrétaire perpétuel, il en a
tracé d'exquis : tels sont ceux du marquis de Chen-
nevières, de Larroumet, d'Hébert, de Gérôioe, de
Reyer, etc.
On a déjà eu l'occasion de rappeler ici les résultats
heureux du passage de M. Henry Roujon à la direction
des Beaux-Arts : entre tous, l'organisation de l'Expo-
sition rétrospective de l'art français en 1900 restera
comme une date inoubliable.
U faudrait parler encore do la bienveillance de soc
accueil et de la sûreté de ses relations : « C'est le
travers de Uoujon, a dit M. Hanotaux (et ce mot est
emprunté au discours de M. Frédéric Masson que l'on
citait tout à l'heure) : on lui en veut un peu de cette
obligeance universelle qui l'a fait regretter partout où
il a passé ». Et, de fait, il n'est pas un de ceux qui
l'ont approché qui ne garde le souvenir le plus ému
d'Henry Roujon et qui n'ait appris sa tin avec la
même profonde tristesse que cause la perte d'un
ami. — E. D.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — "Vente de la collection A. Sam-
bon (liste des prix.). — Nous avons déjà
donné le produit total, soit 97S.974 francs, ainsi
que les plus gros prix de cette vente, faite
galerie (ieorges Petit, du 25 au 28 mai, par
M" Lair-Dubreuil, assisté de MM. Hirsch, Man-
nheim, Meyer-Riefslahl et Ferai. Comme on
pourra s'en rendre compte par la liste ci-des-
sous, les prix d'adjudication ont été, d'une façon
générale, inférieurs, — certains même très sen-
siblement, — aux prix de dernande. Il ne fau-
drait pas attribuer seulement aux conditions
actuelles du marché de la curiosité, cette fai-
blesse dans les résultats. Si elle est beaucoup
plus accentuée dans le cas présent que dans les
diverses vacations dont nous avons rendu compte
dans nos dernières chroniques, c'est qu'il s'agis-
sait ici de la vente, volontairement faite par un
marchand, de son propre stock, et que ces sortes
de liquidations n'obtiennent jamais un succès
complet, quel que soit l'état de prospérité des
affaires. Aussi, en considérant dans quelles con-
ditions doublement défavorables s'est dispersée
cette réunion d'œuvres d'art de toute sorte, on
doit en estimer la tenue comme bonne et en
tenir les résultats pour satisfaisants.
PRINCIPAUX PRIX
Art antique. — Art égyptien. — 1. Groupe calcaire
peint, //ommejeunensii«e/sa/'<'»ime,sculpt. archaïque,
débuts de la ni* dynastie, 22.500 fr. — 2. Jeune femme
assise, calcaire blanc, traces de coul., m* dynastie,
8.000 fr. — 3. Pétrisseuse de pain, m' dynastie,
7.500 fr.
Sculptures grecques et romaines. — 27. Statue
grecque (acéphale), v s. av. J.-C.. 8.700 fr. — 28.
Satyre cymbalisle, marbre de Paros, trav. hellénistique,
m- s. av. J.-C, 9.700 fr. — 38. Buste de Caracalla,
marbre alexandrin, lir s., 33.600 fr. (dem. 50.000^.
bronzes grecs et romains. — 49. Bouc se dressant,
br. grec, v s. av. J.-C, 7.800 fr. — 51. Aphrodite au
kestos, figurine, iv'-iii* s. av. J.-C, 7.600 fr. — 61.
Archer debout, statuette alexandrine, 20.."i00 fr. — 71.
Tête d' Agrippa, br. romain, 29.100 fr.
Aucune enchère au-dessus de 5.000 fr. dans la série
des armes, des vases, des terres cuites cl des objets
d'orfèvrerie.
ANCIEN ET MODERNE
181
Abt musdlman. — Faïences émailUes des XIII' et
XIV' siècles. — i52. Gobelet en faïence, décor poly-
chrome à sujet tiré d'un roman persan, Khagès,
39.500 fr. (dem. 40.000). — 15.3. Gobelet en faïence,
décor polychrome, personnages nimbés etornements,
Uhagés, 10.500 fr. — 16). Vase-balustre, décor mor-
doré sur fond blanc, Rhagès, 12.000 fr. — 164. Assiette
à rellets métalliques, fouilles de l'Arag, 5.000 fr. — 171.
Aiguière faïence à émail bleu turquoise et dessin en
noir et bleu cobalt, Rhagès, 12.000 fr.
Faïences et porcelaines orientales des XVI' et
XVII' siècles. — m. Cruche sphérique à médaillons,
Damas, 6.000 fr. — 182. Bol de Kutahia, à peintures,
14.600 fr.
Bronzes incrustés. — 186. Tabouret en bronze gravé
et incrusté d'argent, Mésopotamie (Mossoul), xiii* s.,
19.000 fr. (dem. 25.000).
.Manuscrits. — 189. Manuscrits des Poèmes de Hafiz,
enluminé parScheik-Sadé, Sultan-Mohammed etMirek,
début du XVI' s., 65.300 fr. (dem. 70.000).
Akt chinois. — 198. Tête de Bouddha, granit noir,
période Wei, 5.500 fr. — 199. Statue de Kwan-yin ou
de donatrice, marbre blanc, période Tang, 9.600 fr. —
203. Cygne blanc volant, peinture, période Sung ou
Yuan, 5.100 fr.
Tableaux anciens. — 213. École florentine, xv" s.
La Mort de la Vierge, i^.OOOk. — 214. École siennoise,
xiii" s. La Vierge et l'Enfant Jésus, 10.000 fr. — Lio-
tard : 217. Portrait de la Comtesse Friese, et 218.
Portrait du Comte Friese, 13.000 fr. (dem. 20.000). —
219. Meusnier et Pater. Réunion dans un palais,
18.000 fr. (dem. 20.000).— 221. École d'Andréa Verroc-
chio. Suite de trois panneaux : la Vierge et l'Enfant
Jésus avec deux anges; un Archange ; une Religieuse,
15.550 fr.
Faïences. — Italie, fin du XV' siècle. 236. Cornet
de pharmacie, armoiries encadrées de rinceaux,
11.700 fr. (dem. 6.000; fêlure). — 240-242. Deux cor-
nets de pharmacie, prés, des bustes de personnages,
20.000 fr. (dem. 20.000). — 241. Large cornet phar-
mac, quatre bustes de personnages, 7.000 fr. (dem.
10.000 ; rest.). — Fabriques diverses. 269 Bas-relief,
attribué à Andréa délia Robbia, la Vierge en prière,
XVI* s., 14.000 fr. (dem. 15.000).
Ivoihes. — 302. Volet : l'Annonciation, la Visitation
et l'Adoration des rois mages, xiv" s., 16.100 fr. (dem.
18.000). — 303. Groupe : la Vierge debout tenant l'En-
fant, XIV s., 7.200 fr. (dem. 12.000).
Bijoux. — 335. Croix agate rubanée. Christ or et
garnit, or éraaillé, enrichie de deux camées, attribuée
à Jacopo da Trezzo, xvi» s., 16.000 fr. (dem. 15.000).
Sculptures.— XIV' siècle. 400. Haut-relief marbre,
la Vierge assise sur un trône et portant l'Enfant
Jésus, 11.500 fr. (dem. 15.000). — AT' szèWe. 402. Haut-
relief uLirbre, Vierge berçant l'Enfant, attr. à Mino
da Fiesole, 49.500 fr. (dem. 60.000). — 403. Bas-relief,
stuc peint et doré, la Vierge assise tenant l'Enfant
Jésus, école de Rossellino, 6.100 fr.
Bois SCULPTÉS. — 390. Parties latérales d'un orgue,
bois sculpté, peint et doré, fin xv s., 5.500 fr. — 394.
Haut-relief, bois sculpté, peint et doré ; Moine prê-
chant, entouré de personnages, travail du Nord de
l'Italie, xvi° s., 4.450 fr.
Bronzes italiens. — 419. Statuette de Vulcain age-
nouillé, attr. à Bertoldo, 6.700 fr. — 420. Statuette
attr. à Francesco di Sant'Agata. Adolescent porté par
un cheval marin, 15.500 fr. (dem. 18.000). — 421. Sta-
tuette attr. à Andréa Briosco, dit il Riccio, le Tireur
d'épines, 20.500 fr. (dem. 20.000). — 452. Deux porte-
lumières-appliques. 5.000 fr.
Vente de tableaux et d'objets d'art. — Une
vacation anonyme, qui avait fait l'objet d'un
catalogue illustré, a eu lieu, salle 6, le 29 mai,
sous la direction de M^ Baudoin, assisté de
MM. Ferai et Mannheim. Composée de tableaux
et d'objets d'art et d'ameublement de diverses
provenances, elle a produit un total de 401.250 fr.
PRINCIPAUX PRIX
Tableaux ANCIENS.— 10. VaaGoyen. liords derivière,
8.100 fr. (dem. 12.000). — 11. M"" Labille-Guiard.
Portrait d'une artiste, 9.600 fr. (dem. 10 000). — 12.
M'»' Vigée-Lebrun. Portrait de femme, 12.500 fr.
(dem. 15.000). — Hubert Robert : 18. Laveuses dans
un parc, 13.000 fr. (dem. 8.000). — 19. L'Abreuvoir,
16.610 fr. (dem. 10.000). - 20. La Fontaine. 11.600 fr.
(dem. 12.000). — 21. La Carrière, 3.500 fr. (dem. 5.000).
Faïences. — 23 bis. Potiche, deux cornets et deux
bouteilles, Delft, décor polychr de fleurs, oiseaux, sur
fond côtelé, 11.000 fr, (dem. 12.000).
Terres cuites. — 30. Statuette de jeune femme
debout drapée, par Clodion, 16.200 fr. (dem. 18.000;
rest.). — 31. Groupe, faunesse nue assise, jouant avec
deux petits faunes, 8.000 fr. (dem. 8.000). — 32. Sta-
tuette de source, figurée par une nymphe, fin xvni' s.,
5.000 fr. (dem. 3.000). — 34. Groupe, bacchante nue
debout et regardant un petit bacchant, par Marin,
15.450 fr. (dem. 18.000; rest.).
Meubles. — 40. Meuble à hauteur d'appui, bois de
placage, déc. au vernis, sujets de paysages animés
de style chinois, fin ép. Louis XV, initiale de De La-
croix, 31.500 fr.
Meubles couverts en tapisserie. — 56. Salon de
un canapé et huit fauteuils, couverts tapiss. Aubus-
son, fin ép. Louis XV, médaillons personnages et
animaux encadrés de guirlandes, 39.500 fr. (dem.
50.000). — 38. Canapé et huit fauteuils, acajou, cou-
verte en tapisserie Louis XVI, personnages et oiseaux,
23.300 fr. — 59. Six fauteuils peints blanc, tapiss.
sujets d'animaux dans des médaillons, ép. Louis XVI,
16.500 fr. (dem. 18.000).
Tapisseries.— 60. Tapiss. d'Aubusson.ép. LouisXV,
la Comédie en plein vent, 17.500 fr. (dem. 20.000). —
63. Tapiss. des Gobelins, xviii' s., l'Éléphant, de la
182
LE BULLETIN DE L'ART
tenture des Nouvelles Indes, d'après Desportes,
31 200 (dem 25.000). — 64. Tapiss. flam., xvi* s.,
sujet de chasse dans un parc, 7.700 fr. (dena. 10.000).
— 63. Tapiss. flam., xviti* s., deux chasseurs assis
auprès d'un tonneau, 11.500 fr. (deni. 12.000). — 66.
Tapiss. ilam., xviii* s., paysans marchant dans une
forêt, 11.000 fr. (dem. 15.000). — 67. Tapiss. flam.,
xvni* s., jeune femme dans un parc, etc., 7.300 fr
(dem. 10.000). — 68-70. Trois tapiss. tissées de métal,
fin XVI* s., personnages chassant au faucon, etc.,
14.005 fr. (dem. 20.000).
"Vente d'un pastel par La Tour. — Numéro
unique d'une vacation conduite, salle 7, le 29 mai,
par M» Marlio et M. Sortais, le pastel par La Tour,
Portrait de l'artiste par lui-même, a réalisé
6.000 francs sur la demande de 12.000. (Catalogue
illustré.)
"Vente d'un tableau par Fragonard. — Autre
numéro unique, d'une vacation dirigée même
salle, le même jour, par le même expert, adjoint,
cette fois, à M" Desvouges, un tableau par Fra-
gonard, Jésus chassant les marchands du Temple,
a été adjugé 11.000 francs sur la demande de
12.000. (Catalogue illustré).
Succession Liandier. — Faite salle 2, le
26 mai, par M» H. Baudoin et MM. Paulme et
Lasquin, la vente des estampes, tableaux, objets
d'art, etc., composant la Successionde M. Liandier,
antiquaire, a produit 61.400 francs.
Notons : 40. Ch. Chaplin. Baigneuse, 6.700 fr.
(dem. 4.000). — 59. Louis \igée. Portrait présumé
de Philippe, duc de Mouchy, gouverneur de la
Guyenne, pastel, 7.300 fr. (dem. 8.000).
Cette vente avait fait l'objet d'un petit cata-
logue illustré.
Vente de la Galerie Crespi (!« vente ;
tableaux anciens). — La première vente de la
Galerie Crespi, de Milan, longuement annoncée
ici, a eu lieu, à la Galerie Georges Petit, le 4 juin.
M" Lair-Dubreuil et Baudoin, qui la dirigèrent,
assistés de MM. Trotti et C» et J. Ferai, ont enre-
gistré le total de 1.207.350 francs pour cette
unique vacation.
En attendant la liste des principales enchères
que nous donnerons prochainement, citons les
plus gros prix de la journée : la Vierge de l'Ave
Maria, de l'atelier de Léonard de Vinci, a été
poussée jusqu'à 141.006 francs, sur demande de
200.000 ; la Madone Crespi, attribuée à Michel-Ange,
s'est vendue 136.000 francs, sur demande de
200.000; la Vision de sainte Anne, par G. B. Tiepolo,
a trouvé acquéreur à 70.000 francs (demande
100.000); l'important triptyque de Marco d'Og-
giono, Vierge à l'Enfant, avec des donateurs et
leurs saints patrons, a été adjugé 70.500 francs
(demande 80.000) ; la Vierge à la grenade, de
Gianpietrino, a fait 66.000 francs (demande
80.000) ; la Sainte barbe, de Francia, 53.000 fr.
(demande 80.000) ; la Nativité, de Borgognone,
40.000 francs (demande 60.000).
Le résultat est tout à fait appréciable, comme
on voit, surtout quand on tient compte de l'étal
actuel du marché, en cette fin de saison particu-
lièrement chargée.
Ventes annoncées. — A Paris. — Collection
Ch. Fairfax Murray (tableaux anciens). —
Avant de passer une revue rapide des tableaux
composant la collection de M. Charles Fairfax
Murray, de Londres, dont la vente se fera, à la
galerie Georges Petit, le 15 juin, par le minis-
tère de M*» Lair-Dubreuil et Baudoin, assistés de
M. J. Ferai, il convient de souligner tout parti-
culièrement ce fait qu'une telle vente ait lieu à
Paris. Après la galerie Steengracht, de La Haye,
dispersée l'an passé à pareille époque, après la
galerie Crespi, de Milan, vendue cette semaine
même, — pour ne citer que des exemples récents
et célèbres, — voici qu'une collection apparte-
nant à un amateur, très activement mêlé au
mouvement de la curiosité de Londres, va passer
aux enchères sur le marché parisien, centre
aujourd'hui universellement reconnu de ces
grandes tractations du commerce des œuvres
d'art.
Si Paris se trouve ainsi à la tête du marché de
la curiosité, il faut reconnaître que c'est justice,
quand on voit avec quel soin les ventes d'œuvres
d'art y sont préparées, avec quel luxe les catalo-
gues y sont édités, et tout ce que ces ouvrages
représentent souvent de savoir et de recherches.
Le catalogue de la vente Fairfax Murray, imprimé
par la maison Georges Petit avec ce goût de la
belle typographie que nous avons si souvent
l'occasion de louer, est illustré d'héliogravures
exécutées par la maison Braun, qui sont certai-
nement parmi ce qu'on a fait de mieux jusqu'ici
dans le genre ; quant au texte, il est riche de
renseignements et de références, et lorsqu'on
sait, par expérience, dans quelles cqnditions de
rapidité doivent être le plus souvent établis ces
importants ouvrages, on doit féliciter l'auteur
anonyme d'avoir mené à bien ce travail ingrat.
La collection Fairfax Murray ne comprend pas
même trente numéros, mais presque tous sont à
ANCIEN ET MODERNE
183
citer ù cause de leur importance, de leur prove-
nance parfois illustre, des expositions retentis-
santes où on les a vu figurer. Notons donc : un
Saint Sébastien, par Antouello de Messine ; Vénus
à sa toilette, par Giovanni IJellini ; la Vierge, l'En-
fant Jésus et saint Jean, par Botlicelli ; le Fumeur
endormi, par A. Brouwer ; le Portrait d'une jeune
dame, par J. Dellf, daté 1639 : Salvator Mundi, par
A. Durer, que l'on dit provenir de la collection
de \V. Imhof, petit-lils de l'humaniste nurem-
bergeois du xvi" siècle, W. Pirckheinier ; le Por-
trait de Lucas Vosterman le Vieux, par Van Dyck,
qui a été gravé par L. Vosterman le jeune ; la
Vierge et l'Enfant, peinture llamande du commen-
cement du XVI" siècle ; le Portrait d'un gentil-
homme, de l'école llamande du xvii= siècle ; un
diptyque, la Vierge aux donateurs, de l'école
française, daté 1486; le Portrait de l'artiste et le
Portrait de Thomas Haviland, par tiainsborough ;
le Portrait d'une dame, par H. van der Helst ; un
Combat entre un coq et un dindon, par M. d'Hon-
liecoeter ; une Danse champêtre, par Lancret ; la
Crucifixion, par P. Lorenzetti ; un Portrait de
jeune dame, par A. Moro ; le Portrait de Pancra-
tius von Freybergt zu Aschau, par H. Miielicli,
signé et daté 1545 ; le Portrait présumé du frère
de l'artiste et un Savant lisant à la chandelle, par
Rembrandt; la Mort de Didon, par Sir J. Rey-
nolds, plusieurs fois gravé ; et une Annonciation,
par A. Solario.
Il faut encore citer une Jeune femme étendue
sur un sopha, par F. Boucher, peinture signée et
datée 1751. L'auteur du catalogue déclare dans
sa substantielle notice qu'il ne connaît aucune
réplique de ce tableau. Or, nous pouvons en citer
deux : d'abord un tableau naguère conservé au
château de .Schleissen (n" 756) et transporté au
Musée de Munich, lors du remaniement des col-
lections publiques bavaroises en 1909; il est
décrit et reproduit, sous le n" 1448, dans le cata-
logue de ce Musée (édit. de 19H) ; et, en second
lieu, un tableau analogue, conservé au musée de
Besançon (cat. de 1886, n° .39). Suivant le rédac-
teur du livret de Munich, la jeune femme repré-
sentée serait « Nelly O'Morphie », et il serait fait
mention de cette peinture dans les Mémoires de
Casanova (t. II, chap. 13). Ajoutons encore qu'une
petite copie ancienne de ce même sujet se trouve
au Musée de Toulon (cat. 1900, n" 17).
Comme le fait remarquer avec raison le rédac-
teur du catalogue de la vente Fairfax .Murray, la
pose de la jeune femme, dans l'exemplaire qu'il
décrit — et partant dans les répliques que nous
venons de citer, — n'est pas la même que celle
du modèle qui a été représenté par Boucher dans
une composition analogue, désignée tantôt sous
le litre de l'Odalisque et tantôt sous le nom de
Victoire O'Murphy, et dont on connaît trois
répliques (collection du baron de Schlichting,
collection Marnier-LapostoUe et ancienne collec-
tion Maurice de Rothschild).
"Ventes diverses. — La semaine prochaine,
outre la vente des collections du marquis de
Biron qui a été annoncée précédemment et qui
est un des plus importants events de la saison,
il faut encore citer :
— La vente des objets d'art et d'ameublement,
tableaux modernes, estampes du xviii" siècle,
objets de vitrine, etc., dépendant de la Succession
de M""' Jeanne Demay ; à l'Hôtel, salles 9, 10 et 11,
du 10 au 13 juin, et les 15 et 16 juin dans la
salle 11 seulement (M>^' L. de Cagny etit. Bignon;
MM. Aucoc et J. Bataille);
— La vente de la Collection Henri M..., formée
d'objets d'art du Japon, laques, estampes, etc.; à
l'Hôtel, salle 7, les 10 et 11 juin (M* F. Lair-
Dubreuil et M. A. Fortier);
— Une vente anonyme de tableaux anciens et
modernes, dessins et gravures ; à l'Hôtel, salle 0,
le 12 juin (M" H. Baudoin, M. J Ferai).
— La quatrième vente Roger Marx, qui se fera
à l'Hôtel, salle 1, les 12 et 13 juin {W' Lair-
Dubreuil et II. Baudoin; MM. Durand-Ruel et
fils, J. et G. Bernheim jeune); cette vente com-
prend une réunion de tableaux, pastels, dessins,
aquarelles et sculptures modernes, et l'on re-
marque au catalogue, entre beaucoup d'autres,
les noms de Besnard, Carrière, Cazin, Fantin-
Latour, Forain, Helleu, Jongkind, E. Laurent,
Lebourg, Millet, G. Moreau, Renoir, Rodin, Tou-
louse-Lautrec, Willette, etc.
M. N.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Portraits d'actrices (galerie Charles Hessèle).
— « De Rachel à Sarah-Bernhardt », depuis la
tragédienne du siècle dernier, que Karl Girardet
n'a pas dû llatter, jusqu'à la tragédienne de ce
temps, que M. SValter Spindier enveloppe d'un
nimbe de mystère, cette réunion de portraits
groupés, 16, rue Balzac, au bénéfice de l'œuvre
de rapatriement des artistes lyriques et drama-
184
LE BULLETIN DE L'ART
tiques, nous procure moins d'étonnement que de
mélancolie, car elle nous rapprend que tout cliange
et passe ici-bas, l'art du peintre autant que la
mode, inutile parure de la beauté... « Les mortes
d'aujourd'hui furent jadis les belles » : et c'est
ici Delphine Vgalde, lithographiée par Léon Noël,
en 1854-, ou crayonnée plus nerveusement par
Thomas Couture ; c'est Af »'« Doche, très « dame
aux camélias » en ses atours surannés, décrits
par R. Buchner; c'est Emma Fleury, très roman-
tique sous le froid pinceau d'un élève d'Ingres,
Araaury Duval ; c'est Gabrielle Krausa, silhouet-
tée par Gustave Moreau, le soir de la reprise
de la Sapho néo-grecque de Gounod ; et s'il
est vrai que tout portrait n'est qu'un modèle
« compliqué d'un artiste », la prolongation d'un
sourire se rehausse au brio de la peinture, depuis
l'heure, déjà lointaine, où M. Carolus-Duran
datait de 1882 son dernier portrait de Croizette.
Antithèse d'autant plus suggestive qu'elle appa-
raît involontaire. Carrière évoque la fierté de
JI/"« Lucienne Bréval en grisaille. Entre tant de
contemporaines à qui leurs peintres ne pour-
raient donner l'immortalité, des noms s'impo-
sent : M™" Rcjane, mieux vue par M. Boldini que
M'«« Bartet par M. Maurice Heyman; A/""^ Génial,
miniaturée mystérieusement par M. de la Perche ;
A/'/e Marcelle Lender, étudiée par M. Helleu, le
peintre- graveur de la femme moderne ; Af"< Gene-
viève VLt, par M. Jean Corabœuf ; A/"' Eve Laval-
lière, par M. Synave ; A/'^« Paule Amiral, par
M. Victor Gilsoul; A/'"'» Carlier, Marie Leconte et
Moreno, par M. Lévy-Dhurmer; M""! Suzanne
Després, par M. Vuillard, sans oublier Miss Loie
Fuller, devenue figurine de Tanagra sous l'ébau-
choir savant de feu Théodore Rivière.
Aquarelles d'Henri Harpignies (galerie
J. Chaîne et Simonson). — C'est une grande leçon
de style que nous propose un observateur de la
nature en une cinquantaine de petits cadres,
dont les plus anciens remontent à quarante ans.
Au surplus, l'aquarelle semblait faite pour celui
que nous avons appelé le Saint-Saëns du paysage
par rapport à son devancier Corot, qui, par
la poésie de l'exécution, rappellerait plutôt le
romantisme virgilien de Berlioz, à ses heures
suaves, ou de Gounod... Finesse limpide et lon-
gévité juvénile, fermeté dans la douceur et conci-.
sion dans la clarté, — le doyen de nos peintres
partage avec l'aîné de nos musiciens une indéfi-
nissable nuance de goût français quand il reprend
d'un pinceau léger la tradition du paysage romain,
sans oublier un instant la France ou Paris, asso-
ciant dans ses tons discrets les bords de la Loire
et les bords du Tibre, les palais ou les ponts
antiques et le Parc Saint-Fargcau, la Provence
très italienne et les ruines joyeuses de Clisson,
la majesté des soirs d'or et la tendresse des prin-
temps verts.
Expositions diverses. — Elles se multiplient
sans pitié... Retenons seulement, chez Allard, le
réalisme provincial et trop adroitement vulgaire
de M. Lucien Jonas, portraitiste du maître Harpi-
gnies; chez Manzi, la réelle puissance du statuaire
Joseph Bernard, malheureusement médusé par
l'écueil de l'archaïsme; et, surtout, les quatre
grands panneaux radieux que M. Georges Leroux
vient d'exposer dans son atelier du boulevard
Saint Jacques et qu'il destine à la décoration d'un
ameublement italien : par la vérité de leur cou-
leur ardente, ces vues, très composées, du Colisée
et des vertes villas romaines rajeunissent à pro-
pos la suprématie, trop longtemps méconnue,
du paysage de style.
A l'École des Beaux-Arts, le paysage moderne
est introduit par l'importante exposition pos-
thume du peintre Jean Réiuond (1872-1913), un
Lorrain de Nancy qui commençait à dégager sa
personnalité de ses nombreux souvenirs, et dont
les vues très stylisées de la Corrèze ou des Pyré-
nées espagnoles manifestaient tout récemment,
à nos Salons, plus de caractère que tous ses cré-
puscules de Bretagne.
Raymo.nd Bouyer.
cracracracraoracracsDcraoracœxMDcracraaocra
l.e:s revues
Framcr
L'Art et les artistes (n* spécial). — .Numéro
spécial consacré à Auguste lioUin, l'homme et l'iruvre:
— Octave MiBBKAi). Auguste Hodin ; — Essai biogra-
phique ; — Paul GsEi.L. En haut de la colline : — L.
BEKNABDiNi-SjOKSTKnT. L'Atelier lie Hodin à Meudon ;
— A. RoDiN. Pensées inédiles; — Le Musée Hodin ; —
Judith Cladki-. L'IMtel Biron ; — Francis de Mio-
MANDRK. Les Dessins de Rodin ; — Léonce Bénéuitb.
Propos sur Rodin ;— A. Rodin. Vénus ; — Les Œuvres
de Rodin en France et à l'étranger : — Essai biblio-
graphique.
Le Gérant : H. Dinis.
Pari». — Imp. George» Petil, 12, rue Godol-dc-M»uroi.
Numéro 629.
Samedi 13 Juin 1914.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
A dater d'aujourd'hui, le Bulletin ne paraîtra
plus qui: loua Icx quinze jours, suivant l'usage
adopté pour la saison d'été. Le prochain numéro
(n° HSO) portera donc, la date du 27 juin.
Estampes et Dessins
L'exposition des admirables estampes japo-
naises de la collection Camondo, qu'on ne peut
voir dans leurs cadres sans redouter les atteintes
de la lumière pour leurs tendres et légères cou-
leurs d'aquarelle, ramène l'attention sur un des
problèmes les plus délicats qui se posent aux
conservateurs de musées.
S'il est du devoir d'une galerie publique de
mettre ses collections en valeur et d'en faire
profiter les curieux, il va de soi que ces obliga-
tions ont pour limite la bonne conservation des
œuvres d'art ; or, il est incontestable qu'une
exposilion permanente au grand jour cause à
des pièces aussi fragiles que les estampes et les
dessins, des dommages irréparables. Alors ?
Il n'y a guère que les journalistes en quête
d'articles tout faits pour traiter sans hésitation
ces questions difliciles. Que de fois ne l'avons-
nous pas lue, celle chronique, peu bienveillante
pour la conservation du Louvre, où l'on déplo-
rait qu'un aussi petit nombre de salles fussent
réservées aux dessins et où l'on demandait qu'on
mît sous les yeux du public la majeure partie
des pièces qui restent en cartons ! Comme si
c'était simple de trouver de la place pour des
dessins, dans un musée où l'on a peine à caser
les peintures ! Comme si c'était prouvé que le
public — j'entends le grand public, le gros des
visiteurs — s'intéresse aux dessins ! Et surtout,
comme si c'était rendre service à une collection
de dessins que d'en réclamer l'exposition !
Il suffit de constater les fâcheux effets de la
lumière du jour sur le papier qui jaunit et les
couleurs qui « se mangent », pour faire souhaiter,
au contraire, qu'on n'augmente pas le nombre
des dessins exposés. Et ce qui est vrai des des-
sins l'est aussi des estampes, singulièrement des
estampes japonaises, telles que celles qu'on peut
voir dans les salles Camondo : si surprenant que
soit leur état de conservation, elles ont déjà pâli ;
elles pâliraient encore, si elles devaient rester
longtemps exposées.
On sait, du reste, que le conservateur, en
homme prudent et avisé, se propose d'organiser
un roulement pour ne pas laisser toujours les
mêmes pièces à la lumière. C'est une louable
mesure, et la seule permettant de mettre ce qu'on
est convenu d'appeler les désirs du public d'ac-
cord avec les nécessités qu'impose la conserva-
lion de ces précieux feuillets. On ne voit pas
ce qui empêcherait de l'appliquer aussi aux
dessins.
L'inventaire de MM. Jean Guiffrey et Pierre
Marcel, dont la publication se poursuit métho-
diquement, donne une idée de l'étendue et de
la variété des collections de dessins des Musées
nationaux, rien qu'en ce qui regarde l'école fran-
çaise. Il y aurait double avantage à puiser dans
ces riches réserves, non pas, encore une fois,
pour augmenter le nombre des dessins exposés,
mais pour renouveler l'exposition actuelle : d'une
part, on ferait ainsi connaître aux curieux des
œuvres d'art qui leur sont difficilement acces-
sibles; et de l'autre, on mettrait momentanément
à l'abri un choix de pièces exceptionnelles, depuis
longtemps sous verre, et qui risquent, à rester
toujours dans des cadres, de s'abîmer irrémé-
diablement.
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des beauz-arts (séance du G juin).
— Le président rend undernierhoiuinage àla mémoire
de M. Henry Roujon, dont les obsèques ont été celé-
188
LE BDLLETIN DE L'ART
brées la veille, et de M. Gabriel Ferrier, qui est mort
dans la nuit du 5 au 6 juin.
La séance est aussitôt leTée en signe de deuil.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 7 juin). — M. Max Collignon communique
à l'Académie des photographies de la statue de marbre,
récemment découverte par des soldats italiens à Aïn-
Sciahat, en Tripolitaine (voir le n° 627 du Bulletin).
Cette admirable statue est-elle une Vénus Anadyomène,
comme le croit M. Lucio Mariani, le directeur des
Antiquités en Gyrénaïque? M. Collignon suspend son
Jugement jusqu'au jour où il pourra examiner la
statue complètement rajustée. Mais le mouvement
général de la figure et la Composition du groupe
semblent confirmer l'hypothèse du savant italien.
M. Mariani place cette œuvre d'art au iv siècle.
L'impression de M. Collignon est analogue, & peu de
choses près.
— Parmi le» ouvrslgei récompensé» sur le prix
Saintour, citons le seul qui intéresse le» beaux-art»,
l'Église Notre-Dame d'Ècouis, par M. Louis Régnier,
honoré de la troisième médaille.
— M. Théodore Reinach termine la séance en étu-
diant des monnaies de Nicopolis.
Société de l'histoire de l'art français (séance
du 5 juin). — M. G. Brière esquisse l'histoire de
l'ancien château de Sceaux, construit pour Golbert
vers 1672 ; il en décrit les vestiges, notamment le
célèbre pavillon de l'Aurore, intégralement conservé
dans son architecture, et où l'on voit encore des
peintures de Le Brun.
— M. H. Prunlères révèle, d'après une lettre tirée
des archives de Florence, une raison, jusqu'à présent
insoupçonnée, de la disgrâce de Le Brun en 1683. Le
premier peintre était accuié de malversation», com-
mises peut-être à l'instigation de Colbert.
MM. Guiilrey, Lemonnier, André Michel, Pierre
Marcel examinent la vraisemblance de cette accusa-
tion. M. Prunières cite un incident analogue dans la
vie de LuUi.
Il signale à ce propos que le buste de Lulli est
exposé actuellement dans l'église des Petits-Pères
dans des conditions qui en rendent l'examen impos-
sible. La Société émet aussitôt le vœu que ce chef-
d'œuvre de Goy»evox reçoive une préteatatlon digne
de lui.
Conseil supérieur des beaux-arts. — M. Ilébrard
de Villeneuve, président de section au Conseil d'État,
est nommé membre du Conseil supérieur des beaux-
arts.
Société des antiquaires de France (séance du
3 juin). — M. Joulin résume ce que l'on sait actuel-
lement sur les civilisations des âges préhistoriques
en Europe.
— M. le karon de Baye examine certain» bijoux de
l'époque barbare trouvés à Bôneetà La Callo (Algérie).
Musées nationaux. — M. J. Peytel, vjce-pré»i-
dent de l'Union centrale des arts décoratifs, a donné
aux Musées nationaux vingt pièces de ses collection»,
dont il se réserve l'usufruit, et qui vont de l'art égyp-
tien jusqu'à l'époque contemporaine, en passant par
Watteau et i.-V. Millet.
Petit Palais. — La "V'ille de Paris vient d'accepter,
pour le musée du Petit Palais, un nouveau don de
M. Théodore Duret. Il s'agit du portrait de M. André '
liivoire, par Toulouse-Lautrec.
En même temps, la Ville de Paris a accepté le don
d'un portrait de M"' Gadilîet- Gaillard, née Sipiere,
par Ary Schetler, et d'un portrait de M. Edouard
Gaillard, par Victor Mettez.
Signalons encore, parmi les dons récents, la ma-
quette du monument à Charlei Floquet, par Dalon,
oB'ert au Petit Palais par M. Hisler, maire du VII* ar-
rondissement, et un très beau buste en marbre de
M. Paul Paulin, représentant M. A. Duquesne.
Ajoutons que l'on vient de mettre en place, dans
les salles de la collection Dutuit, les tapisseries du
moyen âge acquises à la vente Aynard sur les fonds
Dutuit, et qui représentent différents sujets de Vtlis-
toire (l'Alexandre el de Nicolas, roi de Césaire.
Enfin, on peut voir exposée, en ce moment, une
suite de sept remarquables tapisseries de la série de
l'Histoire de Conslanlin, tissées à l'atelier de La
Planche dans la première moitié du xvir siècle ; elle»
sont mises à la disposition de la Ville de Paris parle
Mobilier national.
Expositions provinciales. — La 39' exposition
de la Société des Amis des arts du département de la
Somme a ouvert ses portes le 6 juin. Outre les œuvres
des exposants habituels, on y peut voir une intéres-
sante rétrospective du peintre Paul Sautai, compre-
nant une soixantaine de peinture» et dessin».
— La 34* exposition de la Société artistique de
Houbaix-Tourcoing aura lieu, du 20 septembre au
15 novembre prochain, dans les salles du musée (fe la
ville de Roubaix.
Le 'Vol de la Joconde. — Jeudi et vendredi de
la semaine dernière, avaient lieu, au tribunal correc-
tionnel de Florence, les débats relatifs au vol de la
Joconde. VIncenzo Perugla s'est entendu condamner
à un an et quinze Jours de détention et aux dépens.
Nécrologie s Gabriel Ferrier.
M. Gabriel Ferrier assistait le vendredi 5 juin aux
obsèques de M. Henry Roujon, et ce fut avec une
douloureuse surprise qu'on apprit, par les journaux
de samedi soir, que le peintre était tnort subitement
la nuit précédente.
Il était né à Nimes. le 28 septembre 1847. Élève de
Pils et d'Hébert, & l'École des beaux-arts. Il avait
obtenu le prix de Rome à vingt-cinq ans, en 1872, et,
ANCIEN ET MODERNE
187
depuis IS^e, il exposait au Salon de la Société des
Artistes français, où il avait conquis régulièrement
tous les titres habituels, — 2' médaille en 1876, 1"
médaille en 1878, — jusqu'à la médaille d'honneur
qu'il se vit décerner en 1903 ; il avait obtenu une
médaille d'or à l'Exposition universelle de 1889, et il
fut mis hors concours à l'Exposition universelle de 1900.
11 avait commencé par peindre des niytbolopes et
des tableaux d'histoire, mais c'est comme portraitiste
qu'il a acquis sa véritable renommée. Dessinateur
extr^^mement sûr et consciencieux jusqu'à la minutie,
il excellait à saisir la ressemblance et à mettre en
relief le visage et les mains de ses modèles ; coloriste
assez pauvre, ses meilleurs portraits sont ceux où il
s'est borné à employer des noirs, des blancs et des
gris. On cite, parmi ses peintures les plus remarquées,
les portraits du pape Pie X, du général André, de Jules
Claretie, des princes Victor et Louis Bonaparte, des
enfants du duc de Chartres. d'Edouard Aynard, de
Gaston Boissier, de M. Jules Cambon, de M. Forichon,
de M. Ribot, etc. On lui doit aussi une partie de»
peintures décoratives de l'Hôtel de Ville de Paris, de
rOpéra-Comique, du Palais d'Orsay, du théâtre de
Nîmes, de l'ambassade de France à Berlin.
Il avait été élu membre de l'Académie des beaux-
arts en 1906, en remplacement de Jules Breton; il était
professeur à l'École des beaux-arts et commandeur
de la Légion d'honneur.
— On annonce également la mort de M. Henri
Poinsot, artiste peintre, décédé dans sa quatre-vingt-
quatrième année; né à Paris, élève de Ciceri et lîubé,
il exposa pour la première fois au Salon de 1857 et
se fit assez rapidement un nom comme paysagiste;
il n'envoyait plus rien au Salon depuis quelques
années; — du peintre Èlienne Duval, mort n Genève,
le 27 mai; il était né le 26 janvier 1824 et avait été
élève de Calame, qu'il accompagna en Italie en 1844;
il voyagea également en Grèce et en Egypte, et
rapporta de ces expéditions le goût des paysages his-
toriques où la figure tenait peu de place et où tout
était subordonné à la pureté des lignes et à l'équilibre
des masses; ces paysages furent récompensés d'une
médaille à l'Exposition universelle de 1889; — de
M. Emile Jacobsen, né à Copenhague vers 1860 et bien
connu par ses études sur la peinture, en particulier
sur divers maîtres hollandais et sur plusieurs musées
italiens.
LES RECOMPENSES DU SALON
Société des Artistes français
Peiktube. — Médaille d'honneur. — Au troisième
tour de scrutin, la médaille d'honneur de peinture a
été décernée à M. Edgar Maxence, qui expose cette
année les Oraisons, un des succès du Salon. C'est
M. Adler qui réunissait ensuite le plus grand nombre
de voix.
/" médaille. — MM. Paul-Louis Berges, Jean Lefeu-
vre, Georges Maury, Louis Jourdan, Jeanne Burdy,
Henri Calvet, Jules Joi'ts, Albert Matignon, Alexandre
Jacob, Gustave -Lucien Dennery, Cyprien Boulet,
M"" Bourillon-Tournay.
i' médaille. — M"" llurel ; MM. Narbonne, Arthur
Midy, Brisard, Loriol, Lucien Pillot, Emile Uagot,
René Choquet, Neilson, Bernard Berloletti, Hervé,
Paul Prévôt, Uelabarre, Kouard, H. Guy; M"' Rosen-
berg ; MM. Louis Petit, Xavier Bricard, Signoret,
Antonio Alice ; M"* Héol ; MM. Jean Cottenet, Per-
nelle, Manceaux, René Devillario, Young-Hunter,
EustacheStoenesco;M'°'LBuvernay-Petitjean; M.Wal-
ter Webster; M»* Amen.
S' médaille. — M. John William Leech; M"*" Burdy,
Routchine ; MM. Hubert-Gauthier, Krause ; M"" Mer-
cère Blanca; M. Gaston Simoes da Fonseca; M°" Edith
Morgan ; MM. James Hill, Louis Fidrit ; M"'° Bret-
Charbonnier ; MM. Roustan, Herniann-Delpech, Raoul
Dreyfus, André Prévot-Valeri ; M"* Gallet-Levadé ;
MM. Ilassep Pushmann, Jacques Madyol.
ScuLPTt'BE. — Médaille d'honneur. — La médaille
d'honneur de sculpture n'a pas été attribuée, aucun
des concurrents n'ayant obtenu la majorité au troi-
sième tour de scrutin. M. Marquât est arrivé en tête
aux trois tours.
/'" médaille. — MM. Félix-Alfred Desruelles, Eugène-
Paul Bénet, Corneille Theunisscn, Albert Roze, Henri
Schmid.
i' médaille. — MM, René Paris, Desvergnes, Léon
Morice, C. Alaphilippe, Legoll', Magrou.
,?" médaille. — MM. Robert Busnel, Cellier, Beaufils,
Atmel, Fœrster. Boudarel, Grange, Jondet, Févola,
Evans, Merculiano, M°" Daillon.
Gbavubk et LiTHOGHAPiiiE. — Médaille d'honneur. —
La médaille d'honneur de la section de gravure est
revenue à M. Louis Bussière, après deux tours de
scrutin ; cet artiste expose une gravure au burin
d'après la Nuit, du Corrège.
I" médaille. — MM. Orner Bouchery et Carie
Dupont.
i' médaille. — MM. Leroy, Aubert, Louis Colas,
Clairet, F. Duluard, Humblot, Ch. Pinet, Mercadier.
:)' médaille. — M. Brauer; M"* L. Delécluze; MM. de
Feuerstein , L'Hoste , Desgranges ; M"' Blariaux-
Lebacq ; MM. Dallemagne, Manchon, Peccard.
Akchitecture. — Médaille d'honneur. — Cette
médaille n'a pas été décernée cette année.
/'• médaille. — MM. Charles-L. Boussoi», Charles
Roussi, Maurice-Louis Pillet, Edmond Thoumy.
t° médaille. — MM- Cauiille-Julien Bernard, Geor-
ges-Robert Lefort, Paul-Louis Galeron.
S'' médaille.— Ernest-llenri-J. Barbier.RenéDupart,
Louis Charles, André-Louis Feret, Édouard-Jules
Deslaudes
Gkavube en médailles et sur pierres fines. —
Médaille d'honneur. — C'est à M. Louis-Alexandre
18S
LE BULLETIN DE L'ART
Bottée, içraveur en médailles, que la médaille d'hon-
neur de cette section a été attribuée.
Ahts appliqués. — 2' médaille. — MM. Michel et
Jules Nies frères, Uaoul Lachenal, Jules Coudyser,
M"° Jeanne Mayonnade.
.•;• médaille. — MM. Louis Dalbet, Georges Dumou-
lin, Ernest-Édouard Duru, Charles -Eugène Feuillatre.
De nombreuses mentions honorables ont également
été décernées.
Prix IIknnek. — Ce pri.x, qui doit être attribué à un
artiste français, peintre de figures, âgé de plus de
trente ans, exposant au Salon des Artistes français,
a été décerné, le jeudi \\ juin, à M. Joseph Berges.
Pkix Beii.in-Dollet. — Ce prix a été attribué, par
le comité de la section de gravure et lithographie, à
M. G.-A. Barlangue.
Prix Rollé. — M"' Alice Delage.
Prix Leiebvre-Glaizk. — M. Paul-Pierre Prévôt.
Prix Rosa Bonheur. — M"" Jouclard.
Prix Galimard-Jauhert. — M"' H. Maugendre.
Société Nationale des beaux-arts.
Ont été élus sociétaires, à l'occasion du Salon de
1914:
Peinture. — MM. Andreau, Chapuy, Chariot, Geor-
get, Gilsoul, Guérin.
Sculpture. — MM. Binder, Quillivic, Wlerick.
Gravure. — M. Perrichon.
Architecture. — M. Sotrez.
Arif! décoratifs. — MM. Capon, Georges, Jacquiu,
Lalique, Malclès.
Ont été élus associés :
/'«injure. — MM. Agard, Avelot.M" Degen, M"'Del-
gobe, Durand, Martin, Claude René, Méret, Santa-
Maria, Vasquez Diaz, Wery.
Sculpture. — M. de Charraoy, M— Demagnez,
M. Giovannini.
Gravure en médailles. — M. Fonfreide.
Gravure. — MM. Beaufrère, Coppicr, Ilanotaux.
Architecture. — MM. Mangin, Rouge.
Arts décoratifs. — MM. Chapleau, M"* Maillaad,
M"' Morisset, Simmen, Thomas.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — Vente de la Galerie Crespi
(1" et 2' ventes : tableaux anciens). — Faite
galerie Georges Petit, le 4 juin, par M" Lair-
Dubreuil et Baudoin, et MM. Trotti et Ferai, la
première vente de la (ialerie Crespi a produit
1.207.380 francs. D'une façon générale, les prix
de demande n'ont pas été alleints, ce qui n'a
rien qui doive surprendre. A la situation géné-
rale du marché de la curiosité, — assez lourde
en ce moment, comme nous l'avons constaté
plusieurs fois dans nos dernières chroniques, —
s'ajoutait, en effet, dans le cas présent, deux
autres circonstances défavorables : d'abord la
composition très particulière de la collection,
d'un genre sérieux et mt^me un peu sévère,
auquel on est peu habitué à Paris ; et, en second
lieu, ce fait bien connu que quelques-unes des
pièces les plus célèbres do la Galerie Crespi
avaient été' vendues à l'amiable en ces dernières
années, ce qui a contribué à répandre dans le
public cette opinion, d'ailleurs erronée, que la
collection, ainsi découronnée, ne comprenait
plus rien d'intéressant. Dans ces conditions,
comme nous le disions il y a huit jours en don-
nant le produit total ef quelques-uns des prin-
cipaux prix, on doit considérer les résultats
obtenus comme très satisfaisants.
PRINCIPAUX PRIX
Tableaux anciens. — Écoles d'Italie, XV' et
XVI' siècles. — 2. Bacchiacca. La Vierge à la fer-
ronnière, 6.500 fr. (dem. 10.000). — 5. Bartolommeo
Veneto. La Vierge avec l'Enfant dans un paysage,
.n.SOO fr. (dem. 10.000).— 6. M. Basa'iti. La Vierge à
l'Enfant, entre saint Sébastien et une sainte martyre,
9.000 fr. (dem 10.000). — 7. Boccaccino. La Vierge à
l'oiseau, 12.600 fr. (dem. 20.000). — 8. Pseudo Boccac-
cino. La Vierge au turban, 5.500 fr. (dem. 5 000). —
10. Bordone. Un Berger et une nymphe couronnés par
un amour, 8.000 fr. (dem. 10.000).— 11. Borgognone.
La Nativité, 40.000 fr. (dem. 50.000). — 14. Cnroto.
Sainte Famille, 6.100 fr. (dem. 5.000). — 17. Le Cor-
rège. « Mater amabilis ». 22.5000 fr. (dem. 25.000). —
Ferrari : 19. Pietà. .'iO.OOO fr. (dem. 50.000). — 20. La
Vierge au coussin bleu, 6.200 fr. (dem. 3.000). — 22.
Francia. Sainte Barbe, 53.000 fr. — Gianpietrino : 25.
La Vierge à la grenade, 61.000 fr. — 26. La Vierge
avec l'Enfant Jésus et le petit saint Jean, 4.900 fr.
(dem. 10.000). — 30. L. Monaco. La Vierge el l'Enfant
A.NCIEN ET MODERNE
189
adorés par des saints personnages. 14.000 fr. (dem.
15.000). — 31. L. Lotto. Sainte Famille, 26.500 fr.
(dem. 30.000).— 34. B. Luini. Le Rédempteur, 5.200 fr.
(dem. 3.000). — 38. M. Marziale. Déposition de la croix
avec les portraits des donateurs, 6.000 fr. (dem. 8 000).
— 40. Attr. à Michel-Ange. I.a Madone Crespi,
136.000 fr. (dem. 200.000). — 41. Moretis. La Vierge à
VEnfant avec une religieuse et un chartreux, 16.100 fr.
(dem. 15.000). — 42. Moretto da Brescia. La Visitation,
22.000 fr. (dem. 20.000). — 43. Marco d'Oggionno.
Triptjque : la Vierge à l'Enfant, avec deux dona-
teurs et leurs patrons, 70.Ï00 fr. (dem. 80.000). — 44.
Triptj'que : un Saint Evêque entre saint Guatbert et
sainte Claire. 14.100 fr. (dem. 30.000). — 48. Piazza.
Triptyque à saints personnages, 21.000 fr. (dem.
30.000 fr.). — 53-54. Santa Croce. Saint Paul et saint
Jacques le Majeur. Saint Sébastien et Saint Matthieu,
9.500 (dem. 15.000). — Solario : 57. La Madone Pitti,
24.000 fr. (dem. 30.000). — 58. L'Addolorata, 40 000 fr.
(dem. 40.000). — 59. Ecce Homo, 22.500 fr* (dem.
25.000). — 60. Christ bénissant, 9.200 fr. (dem. 15.000).
— 62. Atelier de Léonard de Vinci. La Vierge de l'Ave
Maria, 141.000 fr. (dem. 150.000).
Écoles d'Italie et Ecole espagnole, XVII' et XVlIh
siècles. — Canaletto : 64. Venise, le Grand Canal et
l'entrée du Canareggio, 20.000 fr. (dem. 25.000).— 65.
Le Grand Cnnnl, entre le palais Moro-Lin et le palais
Foscari, 11.200 fr. (dem. 25.000). — 66. Le Grand
Canal en face de la Croce di Venezia, 6.800 fr. (dem.
15.000).- 67. te Grand Canal devant S. S/ae, 6.800 fr.
(dem. 15.000). — 69. D. Crespi. La Flagellation,
9.500 fr. (dem. 10.000).— ^^3-'l'^.Gn!t.lAi. Deux paysages
animés, 8.100 fr. (dem. 10.000). — Tiepolo : 83. La
Vision de sainte Anne, 87.000 fr. (dem. 100.000). —
85. La Vision de sainte Anne, esquisse du tableau
précédent, 27.000 fr. —86. La Beata Ludvina, 9.000 fr.
(dem. 8.000).
Écoles allemande, flamande et hollandaise. — 91.
Bailly. Portrait du théologien Antoine de Wale,
5.000 fr. (demande 6.000). — 92. J. Bosch. L'Escamotoo-,
6.000 fr. (dem. 10.000). — 96. Rogier de la Pasture ou
Van der Weyden. Vierge à l'Enfant, avec saint
Joseph, saint Paul et un donateur, 30.000 fr. (dem.
40.000).
— De la seconde vente Crespi, faite à l'Hôtel,
le 6 juin, par les mêmes commissaires-priseurs
et e.tperts, il n'y a à retenir que le chiffre du
produit total, soit 20.125 francs.
Ventes diverses. — Objets d'art, etc. —
Faite, salle 6, le 2 juin, par M" Lair-Dubreuil et
Desvouges et MM. Paulme et Lasquin, la vente
après ledépartde M""'L...,a. produit 37.000 francs.
Un seul prix à noter : les 9.650 francs réalisés
par un salon d'époque Louis XVI en bois sculpté
et peint gris, couvert eu lampas.
— Un seul prix vaut d'être signalé parmi les
résultats d'une vacation anonyme, dirigée salle i,
le 6 juin, par M" H. Baudoin et .M. M. Waltlier,
assistés de M. Guillaume, celui de 5.500 francs
obtenu par une tapisserie d'Aubusson, d'époque
Régence, représentant Diane et Endymion dans
un paysage. Cette séance a produit un total de
62.000 francs environ.
Vente de la collection du marquis de
Biron (1" vente : dessins, peintures, sculp-
tures, etc.) — La première vente des collections
du marquis de Biron, comprenant la magnifique
réunion d'oeuvres d'art, principalement de l'école
française du ivui" siècle, que nous avons passée
eu revue dans une de nos précédentes chroni-
ques, s'est faite, à la galerie Georges Petit, les
9, 10 et 11 juin. M"» Lair-Dubreuil et Baudoin
dirigeaient les vacations, assistés de MM. Paulme
et Lasquin, Ferai et Mannheim. Le total de
2.081.683 francs est à retenir et suffit à témoi-
gner de l'accueil obtenu par ces dessins, pein-
tures, sculptures, bronzes et meubles, apparte-
nant à une époque plus que jamais au goût du
jour et dont le succès ne se dément point.
Le jour de la première vacation, consacrée
aux dessins et peintures, et qui a produit à elle
seule 809.200 francs, on a vu les prix de demande
presque tous dépassés, et quelques-uns de fort
loin, comme celui de la petite peinture d'Hubert
Robert, le Parc de Saint-Cloud. adjugée 50 000 fr.
sur demande de 30 000; ce prix est le plus beau
de la journée, avec celui d'une esquisse peinte
de sir Th. Lawrence, Portrait de femme, qui a
atteint 46.000 francs. Les dessins ont obtenu le
succès le plus complet : une ft-uille au bistte de
Fragonard, Fête galante, a réalisé 29 500 francs
sur demande de 25.000 ; la Villa Kegroni du même,
24.000 francs (demande 20.000) ; les trois études
de Mains d'homme, au pastel, par La Tour, se
sont vendues 28.900 francs sur demande de
15.000; le Triomplie de l'amour, de G. de Saint-
Aubin, a fait 26.500 francs ; parmi les dessins^e
Boucher et d'Ingres, on trouve aussi des enchères
supérieures à '20.000 francs.
Le Musée des Arts décoratifs, le Petit Palais
(notamment pour les trois dessinsd'Ingres, n"*30,
31 et 34), le Musée de Lyon, comptent parmi les
acquéreurs.
Voici -d'ailleurs les prix de cette vacation qui
dépassent 5.000 francs. Nous y joignons les prix
de demande et les prix obtenus dans les ventes
précédentes, que nous empruntons à notre
confrère, la Gazette de l'Hôtel Drouot.
190
LE BULLETIN DE L'ART
Uesstns, Pastels, Aquakelles. — K. Boucher : 5.
Bacchanle. d., 23.500 fr. (deiu. 15.000 ; v. du Baron
d'ivry, 1884, 1.000 fr.). — 6. l'rojel de fontaine en
forme de vase, d., 5.100 fr. (dena. 5.000; v. Concourt,
1897, 870 fr,). — 7-8. Amours soutenant une corbeille,
deux pendants, d., 11.500 fr. (dem. 6.000). — Chardin :
9. Elude d'enfant, d., 5.000 fr. (dem. 5.000). — 10. le
Garde-manger, d., 6.100 fr. (dem. 6.000; v. Chenne-
vicres, 1898, 1.220 fr.). — 11. Clodiou. Petits Satyres,
d., n..500 fr. (dem. 15 000). — L. David : 12. Portrait
de Jeanbon Saint-André, d., 10.100 fr. (dem. 10.000).
— 13. Portrait d'un général de la République, d.,
6.000 fr. (dem. 5.000 ; v. Destaillenr, 1896, 950 fr.).
Fragonard : 16. Jet d'eau dans un parc, d., 9.000 fr.
(dem. 10.000). — 17. Les Jardins de la Villa Negroni,
à Home, d., 24.000 fr.(dem. 20.000).— 19. Fêle galante,
d., 29.500 fr. (dem. 25.000; v. Norblin, 1860, 42 fr. ;
V. Muhlbacher, 1899, 10.000 fr.). — 20. L'Èlable, d.,
13.700 fr. (dem. 15.000 ; v. du Baron Schwiter, 1883,
500 fr.). — 21. Notre-Dame de Paris, d., 5.100 fr.
(deui. 4.000). — 22. L'Amour de l'or, past., 5.3S0 fr.
(dom. 4.000; v. Fr. Villot, 1859, 24 fr. ; v. Goncourt.
1897, 1.600 fr.). — 24. Greuze. L'Amour aux colombes,
d., 5.600 fr. (dem. 6.000).
Ingres : 27. Af"" Verbœckhoven, d., 15.000 fr. (dem.
15.000). — 28. Joséphine Lacroix, A., 9.100 fr. (v. Le-
comte, 1906, 4.000 fr.). — 30. M. Lavergne, d., 15.000 fr.
(dem. 10.000). — 31. A/™" Lavergne, d., 15.000 fr. (dem.
15.000). — 34. Éludes pour « l'Odalisque à l'esclave »,
d., 24.500 fr. (dem. 15.000). — 35. M— Gallois, d.,
9.100 fr. (dem. 10.000). — M.-Q. de La Tour : 37.
M"' Dorizon, née Masse, préparation, past., 20.100 fr.
(dem. 20.000). — 38. Vumonl le Romain, préparation,
past., 11.500 fr. (dem. 11.000; v. Goncourt, 1897,
2.100 fr.). — 39. Études de mains d'hommes, past.,
28.900 fr. (dem. 15.000).
Prud'hon : 43. Étude pour « l'Assomption de la
Vierge», à., 12.500 fr. (dem. 12.000; v. Boisfremont,
1870, 1.450 fr.; v. Casimir Périer, 1898, 3.050 fr.). —
44. Étude pour « l'Ame brisant les liens qui l'atta-
chent à la terre », d., 9.000 fr. (dem. 6.000 ; v. Bois-
fremont, 1864, 241 fr. ; v. Delessert, 1898, 700 fr.). —
46. Éludes pour « le Rêve du bonheur », de Ai"' Mayer,
d., 10.500 fr. (dem. 8.000). — 47. Académie de femme,
d., n.500 fr. (dem. 10.000). — 50'. Rembrandt. Scène
biblique, d., 15.000 fr. (dem. 10.000).
Hubert Robert : 52. La Fontaine, aq., 8.300 fr.
dem. 8.000). — 53. Réservoir sous les voûtes d'un
édifice antique, aq., 11.000 fr. rdem. 5.000). — 55.
A Roslin. Béatrix de Choiseul-Stainville, duchesse
de Gramont, past., 11.200 fr. (dem. 12.000). — 56.
Rubens. Portrait de femme, d., 14.600 fr. dem. 15.000).
Gabriel de Saint-Aubin : 57. te Triomphe de l'amour,
d., 26.500 fr. (dem. 25.000). — 58. Gabriel de Saint-
Aubin dessinant le portrait de l'évêque de Cliartres,
d., 10.200 fr. (dem. 12.000). — 59. Allégorie sur le
mariage de Marie-Antoinette, d., 9.000 fr. (dem.
8.000; v..Thévenin, 1906, 1.300 fr.). — 60. Scène de
théâtre, aq., 5.000 fr. (dem. 8.000; v. Beurdeley, 1908,
2.285 fr.). — 61. G. de Sainl-Aubin et Ch. Eisen.
Vignettes, neuf vignettes dans un même cadre, d.,
14.500 fr. (dem. 8.000). — 63. Watteau. Télé de Mez-
zetin, d., 19.000 fr. (dem. 18.000). — 66. École franc.,
xviii" s. Diderot, A., 9.000 fr. (dem. 8.000).
Peintubes. — L.-E. Dubufe : 68. M" d'E... et son fils,
9.000 fr. (dem. 6.000).— 69. Violettes, 5.000 fr. — 11.
Sir Th. Lawrence. Portrait déjeune femme, 46.000 fr.
(dem. 40.000). — 72. Le Maître des demi-figure» de
femmes. Portrait déjeune femme, 5.200 fr. (dem. 6.000).
Hubert Robert:74 Le Parc deSaint-Cloud, SO.QOOfr.
(dem. 30.000). -75. Le l'ont. 23.000 fr. (dem. 20.000).
76. Rtiines de temple antique. 14.000 fr. (dem. 12.000).
— 77. La Villa Médicis, 13.600 fr. (dem. 8.000). — 78.
Intérieur d'un édifice antique, 8 000 fr. idem. 8.000).
— 79. Cascade près d'une basilique, 8.400 fr. (dem.
5.000). — 80. Escalier dans un édifice antique,
13.600 fr. (dem. 6.000). — 83-84. École française,
xviii' s. Jeux d'amours, panneaux décoratif», deux
pendants, 8.000 fr. (dem. 5.000).
Il est bon de rappeler que toutes ces pein-
tures et tous ces dessins ont été vendus encadrés
dans de riches bordures, la plupart du xvni" siè-
cle, dont la description minutieuse était donnée
par le catalogue, au même titre que celles des
cadres vendus isolément.
La seconde vacation a produit 3"S.195 francs.
Elle était consacrée aux bois sculptés, aux cadres
en bois sculpté et doré, aux cadres en bronze,
enfin aux sculptures. Les honneurs de la journée
furent pour le buste du Maréchal de Lowendal,
terre-cuite de J.-B. Le Moyne, adjugé 39.000 fr.,
sur demande de 40.000. Le Centaure et la Bac-
chante, terre-cuite de Clodion, dont on demandait
20.000 fr., s'est vendu 26.000. Le plus beau prix
pour les cadres en bois sculpté a été celui de
14.500 fr., sur demande de 13.000, pour un cadre
Louis XVI, dans le style de La Londe (n" 171); et
pour les cadres en bronze doré, celui de 14.700,
sur môme demande de 15 000. pour un grand
cadre Louis XVI (n» 334).
Ci-dessouB, les prix supérieurs à 5.000 francs
de cette seconde journée :
Sculptures. — 85-88. J.-Ph. de Beauvais. (luatre
dessus de portes pour le boudoir de Marie-Antoinette
au Palais de Fontainebleau : la Science et le Commerce,
la Poésie, la Musique, le Drame et la Comédie, ma-
quettes terre-cuite, 10.050 fr. (dem. 6.000). — Le Ber-
nin : 89. Sainte Bibiane. maquette terre-cuite, 7.600 fr.
(dem 6.000). — 90. Buste d'un cardinal, terre-cuite,
11.500 fr. (dem 12.000). — 91. Boizot. Le Coup de vent,
statuette terre-cuite, 15.010 fr. (dem. 12.000:. — 94.
Attr. à Bosio. Buste d'une jeune femme, marbre bl.,
6.000 fr. (dem. 6.000). — Clodion : 98. Hermès et Dryope,
terre cuite, 11 500 fr. (dem. 12.000). — 99. Le Centaure
ANCIEN ET MODERNE
191
et la Bacchante, terre cuite, 26.000 fr. (dem. 20.000). —
101. Iloiiddti. Voltaire, petit buste terre cuite, 0.000 lï.
(det'i. 3 000). — 104 Le Comte. l'Enlèvement d'Hélène,
terre cuite, 10 OuO fr. (deui. 8.000). — iOâ. Le Moync
Le Maréchal de Lowenital, buste terre cuite, 39.000 fr.
(deui. 40.000). — 117. École française, fin xviii" s. Ma-
guette d'une statue f> Jean-Jacques Rousseau, 6.000 fr.
(dem. 8.000).
Caorks en bois bculpté. — 129. Petit cadre rectan-
gulaire, époque Régence, rinceaux, rosaces aux angles,
coquilles et rocailles à chaque milieu, 5.000 fr. (dem.
5.000). — 147. Cadre rectangul.,ép. Louis XV; cartouche
à rocailles au milieu de chaque face; fleurs aux angles,
5.0.W fr. (dem. 2 000). — 153. Cadre rectangul. ép.
Louis XVI, à crossettes; à la partie sup., cartouche
encadré de lauriers et de fleurs, 6.000 fr. (dem. 5.000). —
169. Grand cadre rectangul. en hauteur, ép. Louis XVI ;
au fronton, oiseau aux ailes éployées tenant dans ses
serres une branche de laurier ; guirlandes de fleurs,
etc., 12.500 fr. (dem. 7.000). — 171. Grand cadre rec-
tangul. en hauteur, ép. Louis XVI ; fronton composé
d'un cartouche surmonté d'une couronne de laurier
et rubans; rosaces aux angles, etc.; style de La Londe,
14.500 fr. (dem. 13.000).
Bois sculptés. — 178. Deux panneaux dessus de
portes en largeur, chêne sculpté de branchages et de
lleurs, attr. à Aubert Parent, ép. Louis XVI, 7.600 fr.
(dem. 6 000)
Cadkes en bronze doré. — 333. Grand cadre rectan-
gul., entrelacs inscrivant des rosaces, ép. Louis XVI,
10.000 fr. (dem. 10.000). — 334. Grand cadre rectan-
gul., disques juxtaposés séparés par des branches de
laurier, surmonté d'un nœud de ruban, ép. Louis XVI,
15.000 fr. (dem. 14.700).
Nous remettons à une prochaine chronique la
liste détaillée des enchères de la troisième vaca-
tion, comportant les objets variés, socles, bronzes
d'ameublement, sièges, meubles, vitrines, et la
rare et importante réunion de bronzes d'orne-
ment, riciie de 113 numéros.
Cette vacation s'est terminée sur un total de
897.290 francs. On y remarque, en particulier,
l'enchère de 141.000 francs, sur demande de
ISO. 000, obtenue par un grand bureau plat, avec
cartonnier et écritoire, d'époque Louis XVI, en
bois de rose et bronzes, signé : P. Garnier.
Citons aussi les prix de 50.000 francs pour un
meuble d'entre-deux, d'époque Louis XVl, signé
Saunier, et de 46.000 francs pour un bureau de
dame, de même époque, signé Biesener.
"Ventes annoncées. — A Paris. —Tableaux,
objets d'art et d'ameublement. — Les 15 et
10 juin, à l'Hôtel, sall.e n" 6, M= H. Baudoin,
assisté de MM. Mannheim et Ferai, dispersera
une collection d'objets d'art et d'ameublement,
faïences, porcelaines de Chine et européennes,
avec quelques tableaux ancien» et modernes,
aiqxirtenant à M. L... On y remarquera, en par-
ticulier, quelques tapisseries intéressantes, parmi
lesquelles trois tapisseries en Aubusson, du
temps de Louis XV, présentant chacune un
paysage maritime, animé de personnages ; une
de ces tentures est reproduite au catalogue.
Collection de feu M. Bourée (objets d'art,
tableaux). — Les 17 et ISjuin, à l'Hôtel, salle 10,
M= H. Baudoin, avec MM. Mannheim et M. Georges
Petit comme expert, vendra les objets d'art et
tableaux modernes formant la collection de feu
M. Bourée. Une série de porcelaines de la Chine,
dont plusieurs sont reproduites au catalogue,
des flacons, tabatières, bibelots, bronzes et meu-
bles de même provenance ; quelques tableaux
modernes complètent la vente.
Succession de M™" N. D... (tableaux, objets
d'art). — M'Lair-Dubreuil, assisté de MM. Paulme
et Lasquin et Duchesne et Duplan, procédera,
salle 1, les 17 et 18 juin, à la vente des tableaux
et objets d'art et d'ameublement, dépendant de
la Succession de M'«« IV. D... Dans le catalogue
illustré de cette collection, nous remarquons
tout d'abord, du côté des tableaux et dessins :
les Catalans, près de Marseille, par Decamps ; un
Paysage, par Jules Dupré, parmi les modernes ;
puis, du côté des anciens : des Fruits et gibiers,
par Fyt ; la Bonne mère, par J.-B. Huet ; le Por-
trait présumé de la duchesse de Montbazon, par
N. de Largillière; les Joueurs de dés, par Eisen;
un Intérieur rustique, par II. Robert ; Minerve et
Thétis,pa.r P. Rubens,/a Grande mare, parJ. Ruys-
dael ; enfin, les Danseurs, par D. Téniers le jeune.
Dans les objets d'art et d'ameublement qui
composent la seconde partie de la vente, notons :
une plaque rectangulaire ancienne,, en faïence
de Gubbio, offrant en bas-relief la.yierge et
l'Enfant Jésus, et une tapisserie de Bruxelles du
xvii'^ siècle, le Départ pour le Carrousel.
M. N.
LIVRES
A Paris. — "Vente d'une collection de
livres d'architecture et de recueils d'orne-
ments. — Nous aurons à revenir plus longue-
ment sur cette belle vente, que nous avions
annoncée avec quelques détails et qui s'est faite,
du 3 au 6 juin, à l'Hôtel, par le ministère de
M* A. Desvouges et de M. A. Besombes. Le beau
total de 631.467 francs dit assez quel a été l'in-
térêt témoigné par les amateurs à ces raretés de
l'histoire de l'art et du livre.
192
LE BULLETIN DE L'AKT
Dans une chronique prochaine, où il nous
faudra reprendre le compte rendu elles prix des
ventes Alphonse Willems et Pierre Dauze, nous
donnerons une liste des principales enchères de
ces recueils d'architecture et d'ornements. Bor-
nons-nous à tirer de pair les deux plus remar-
quables : celle de 51.000 francs (sur demande de
40.000) pour un recueil de 1 .276 pièces de Jacques
Androuet Du Cerceau, relatives à l'ameublement,
à l'orfèvrerie et à la décoration des (édifices et
formant la plus grande partie de l'œuvre du
maître (n° 75); — et celle de 28.000 francs pour
riEuorc gravé de Watleau, publié par M. de
Julienne, en quatre volumes, dans une reliure
de l'époque.
La Bibliothèque d'art et d'archéologie, fondée
par M. Jacques Doucet, a fait d'importants achats
à cette vente; elle entre pour une bonne moitié
dans le total des enchères.
B. J.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Severino Rappa (galerie J. Chaîne et Simon-
son). — Depuis près de dix ans, la surprise
n'était jamais méprisable de rencontrer, dans la
fatigante cohue des Indépendants, ce dessinateur
qui sait tenir un crayon, ce portraitiste qui
devine l'àme visible d'une physionomie particu-
lière et la mélodie silencieuse d'un visage humain.
Nettement et délicatement, avec le crayon gras
sur la pierre lithographique ou la pointe aiguisée
de la mine de plomb sur le papier blanc, ce
modeste et courageux Piémontais, qui fut d'abord
ouvrier, puis graveur sur bois, possède le secret
de lire le caractère vivant d'un être et de le fixer
dans un canevas léger de hachures fines et de
traits pâles, pour en prolonger sous nos yeux
l'éloquence fragile et le rythme éphémère : Ars
longa, vita bvevis, a-t-il écrit lui-même en marge
de son portrait, daté de juin 1904. Etqu'il retienne
l'enfance heureuse ou la vieillesse ridée, l'élé-
gance discrète ou la pensée loyale, qu'il interroge
Mme Florence Bartholomé, Jtf""* Cécile Fournery-
Coquard, le peintre Maximilien Luce, le statuaire
Albert Marque, le sculpteur sur bois Edmond
Becker, nos confrères J.-G. Prod' homme, Hugo
Thieme ou Gustave Geffroy, son savoir ému nous
propose une définition neuve de cet art indéfinis-
sable qu'on nomme le dessin, car il y a plus d'une
formule possible entre la pure ligne d'Ingres et
l'estompe magique de Prud'hon.
Groupes divers. — Les groupes, dorénavant,
veulent croître et multiplier, comme les indi-
vidus : chez Crandhomme ou chez Hessèle,
quelques peintres et dessinateurs de Paris, depuis
feu Camille Pissarro jusqu'à M. Renéfer et
M"" Delasalle; chez Marcel Bernheim, quelques
peintres russes, et des noms nouveaux : Paris
ignorait M. Gorbatov, mais nous connaissions
déjà M. Ivan Thiele, dont le Paysage héroïque
est sévèrement composé comme ses beaux por-
traits. .\nx pavillons de Bagatelle, la dixième
réunion de la Société des artistes de Neuilly
nous recommande la céramique de Copenhague,
de fins paysages de M. Emile Barau, la vue prise
par Miss Malone de l'Erechtheion dominant les
flots bleus, la brève « rétrospective » du statuaire
Pierre Granet et d'Edouard Détaille, qui datait de
1878 son Bonaparte en Egypte.
Tandis que le paysage du Midi veut rayonner
chez Bernheim jeune, chez Moleux, boulevard
Malesherbes, les Rosati font une troisième expo-
sition d'art septentrional, où se distingue, presque
seuljlepeintre-graveurdes villes mortes, M. Albert
Lechat. Galerie La Boétie, le Syndicat des femmes
peintres et sculpteurs n'avait rien à nous
apprendre, et l'Union des Arts est un groupe
nouveau composé de noms connus; mais on voit
sans déplaisir les études loyales de M. Henry
d'Estienne, les planches ou les dessins de MM. Le
Meilleur, Armington, Corabœuf et Mayeur, et
les médailles de M. Yencesse ; enfin, la galerie
Chaîne et Simonson vient de nous offrir une pre-
mière exposition d'esquisses, groupées par le
peintre Léonce Furt, où la subtile Venus nais-
sance de M. Roganeau mettait, comme au Salon,
sa nudité frêle et sa douceur nacrée.
Actuellement, l'art est aux Salons, et plus
encore dans les grandes ventes, à la Centennale
française de Copenhague ou dans les nouvelles
salles de la collection Camondo; cependant, chez
Georges Petit, M. Léon Arnoult cultive le paysage
romantique et le crépuscule cher à la Société
Nationale; chez Bernheim jeune, M. William
Horton préfère les clartés de l'impressionnisme;
et chez Druet, après M. Dufrénoy, souvent lourd,
après M. Marquet, parfois très fin, le décorateur
G.-I^. Jaulmes nous rappelle en termes choisis
que la peinture a d'autres horizons que la som-
maire brutalité des intransigeants.
Raymond Rouvbb.
Le Gérant : H. Dïnis.
Paris. — Imp. Georges Petit, li. rue Godol-dc-Uauroi.
Numéro 630.
Samedi 27 Juin 1914.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Deux arrêts du Conseil d'État
Dimanche dernier, on a posé la première pierre
(lu pont d'Héricy : temps maussade, assistance
clairsemée, cérémonie sans éclat que le préfet
du département ne daigna point honorer de sa
présence, encore qu'il eût, on le sait, tous les
titres à tenir la truelle en ce grand jour il).
Consolons-nous de ce qui se prépare là-bas, en
résumant deux arrêts nouvellement rendus par le
Conseil d'État et bien faits pour réjouir les amis
des monuments et des sites, qui pourront s'en
prévaloir à l'occasion.
Il existe à Nîmes une porte romaine dite Porte
d'Auguste, classée comme monument historique,
et dont l'aspect était complètement défiguré par
les murs couverts d'affiches des deux maisons
qui la dominent. En vertudelaloi du20avriH910,
qui confère aux préfets le droit de fixer la zone
dans laquelle l'affichage est interdit aux abords
des monuments ayant un caractère artistique et
classés comme tels, le préfet du Gard prit un
arrêté interdisant l'affichage dans un périmètre
de six mètres autour de la Porte d'Auguste. Les
propriétaires des deux maisons visées, alléguant
le respect de la propriété privée, déférèrent l'ar-
rêté préfectoral au Conseil d'État. Celui-ci a
rejeté leur pourvoi, en déclarant que la loi du
20 avril 1910 « n'a point entendu subordonner
l'exécution des mesures prévues par elle à l'adhé-
sion des propriétaires ou à la procédure d'expro-
priation, mais édicter, dans un but d'intérêt
général, une servitude qui grève directement,
sans indemnité, la propriété immobilière dans le
périmètre défini ».
Cette jurisprudence peut avoir les plus heu-
reuses conséquences, et il faut se féliciter que le
préfet du Gard ait eu gain de cause. Son collègue
(1) Voir le Bulletin, a" 624 et 627.
du Loir-et-Cher n'a pas eu le môme succès, mais
c'est précisément son échec que nous enregistrons
avec un vif plaisir.
Un incendie ayant partiellement détruit la
vieille église de Morée, la commune reçut de
sa Compagnie d'assurances une indemnité de
20. .300 francs, sur laquelle le Conseil municipal
décida de prélever 5.100 francs et d'employer
cette somme à combler les anciens fossés du vil-
lage Notons, en passant, que ces fossés sont fort
curieux et que les archéologues s'efforçaient de
les conserver.
Plusieurs habitants de Morée demandèrent
alors l'annulation de la délibération du Conseil
municipal au préfet du Loir-et-Cher qui s'y
refusa. Saisi d'un pourvoi, le Conseil d'État a
confondu la délibération municipale et l'arrêté
préfectoral dans une même annulation, basée
sur les remarques suivantes : étant donné, d'une
part, que les édifices affectés au culte sont,
d'après la loi du 2 janvier 1907, à la libre dispo-
sition des ministres du culte et des fidèles pour
la pratique de leur religion, et, d'autre part,
qu'en cas d'incendie, il résulte de l'esprit des
lois du 19 février 1889 et 28 mai 1913 que, dans
les rapports entre l'assuré et les tiers, l'indem-
nité d'assurance se substitue à la chose assurée,
il s'ensuit que le Conseil municipal n'avait pas la
libre disposition de l'indemnité versée à la com-
mune et devait, non pas l'employer à son gré,
mais l'affecter à la reconstruction de l'église.
Bonne semaine, décidément, pour les pauvres
défenseurs des paysages et des monuments!
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Légion d'honneur, — Sont nommés chevaliers
de la Légion d'honneur, sur la proposition du ministre
de l'Instruction publique, à roccasion de l'E.xposition
de Gand, MM. II. d'Estienne et E.-A. Moullé, artistes
peintres.
tm
LE BULLETIN DE L'ART
— A l'occasion de l'Exposition de Gand, M. Léon
R?6f6r, fichmme de (ettrés, secrétàfré géAéfal et forida-
teàr de là Soci^é de l'art à l'école, a éfe promu éiu
grade d'omcîer de la Légion d'honneur, sur la propo-
sition du ministre du Commerce.
Sous-secrétariat d'Étjrt dés 'Éea.nt-Atis. — Par
décret en date du 14 juin, M. Daliniier, député de
Seine-et-Oise, a été nommé sous-secrétaire d'État des
Beaux-Arts du Cabinet Viviani, en remplacement de
M. Jacquier, membre du Cabinet Doumergue, démis-
sionnaire.
M. Uibot, pendant son court passage à la présidence
du Conseil, n'avait pas pourvu au remplacement de
M. Jacquier.
Académie des beaux-arts (séance du 13 juin).
— M. Redon, élu la semaine précédente en rempla-
cement de M. Vaùdrémer, est admis aux ho'fanetirs
de la séance avec le cérémonial accoutumé.
— L'Académie s'entretient du Salon qu'elle a
résolu d'organiser et pour lequel elle vient d'obtenir
la concession du Jeu de Paume des Tuileries.
Elle a décidé que cette exposition n'aurait pas lieu
tous les deux ans, mais seulement tous les trois ans.
(Séance du 20 juin). — L'Académie décerne le prix
Bordin (3.600 francs), à notre collaborateur M. Fran-
çois tlourboin, conservateur du département des
Estampes dé la BibliOthèqile nationale, pour son livré
sur la Gravure française du XV III' siècle.
— Le prix Brizard (3.000 francs), est attribué à
M"* Marcelle Noyon ; le prix Maxime David (400 francs),
à M"* Bastide; le pi-ix Ardoin (1.600 francs); est par-
tagé également entre M"" Mège, Menier* de Bourgade
et Charton.
— M. Patey est délégué pour représenter l'Académie,
le 1^ juillet, à l'inauguration du monument élevé, à
Mortàgnë, à la mémoire de Chaplain.
Abadémie des inscriptidns et belles-lettreti
(séance du 12 juin). — Le P. Scheil achève sa com-
munication sur les fouilles opérées à Jérusalem dans
la cité primitive, remontant à l'époque chananéenne.
il étudie le dispositif employé pour l'adduction de
l'eàii nécessaire à l'approvisionnement de la ville et
le systêiae âes enceiiites successives, brie inscription
grétouë f^enconti'ëe dditiS lé^ fbuillës et relatant la
conslrdcllon d'une sjmégb^e et d'iihe hôtellerie
pour les étrangers par un certain Théodote, appelle
diverses observations de la part de MM. Çroiset,
Monfceaux, bleftlioht-tîânHéaii et Baijéidri.
(Séance du 19 juin). — L'Académie apprend la mort
de son correspondant M. fiàrclay Vincent Head,
conservateur honoraire des Médailles au Musée Bri-
tannique.
— Sur le prix Gobert, 1.000 francs sont attribués à
M. le commandant Espérandieu pour son Recueil de
bas-reliefs de la Gaule romaine.
— M. Chavannes donne des nouvelles de la mission
de MM. Segalen, Lartigue et Gilbert de Voisins en
Cliin* occidentale.
— M. Caignat expose les résuHats obtenus par
MM. Ph. Fabia et G. de Montauzan, professeurs à la
Faculté des Lettres de Lj-on, qui travaillent au déga-
gement d'une importante villa romaine sur la colline
de Fourvières. En explorant les abords de l'endroit
où ils avaient trouvé la grande mosaïque acquise l'an
dernier par le Musée de Lyon, ils ont découvert six
nouvelles mosaïques, dont trois surtout sont remar-
quables : l'une, blanche et noire, par la variété et la
beauté dé ses desèins gêoimétrtfjué* ; la de'iixiême,
polychrome, par la finesse d'une frise de feuillage, de
fleurs et d'oiseaux ; la troisième, par surface qui n'est
pas inférieure à ni mètres carrés et par les restes
d'un grand tableao central représentant une scène de
marine. Toutes appartenaient à un ensemble et se
rattachaient sans doute à un grand bassin central
pavé en opus spicatum qui fut déblayé en 1911. Les
vestiges de cette habitation magnifique couvrent
3.460 mètres carrés.
— M. M. Dieulafoy montre que les plans du temple
et de la pyramide de Bal Mardouk. levés par M. Kol-
dewey, directeur de la mission allemande, sont
d'accord avec les calculs faits par le P. Scheil et lui-
même, d'après la tablette du scribe babylohieil AriOu-
Belchounor.
— M. Mesguich, architecte de l'École des beaux-
arts de Paris, rend coiiipte des fouilles qtii lui ont
petttiii de mettre M j«iir un pftlais de Byzariee^ qiie
l'dû croit pouvoir IdfenIHiér avec la maison de Jiisti-
nien, habitée par ce prihce avant de ceindre la cou-
ronne impériale. Cet édifice, extrêmement fiche en
mosaïques du style le plus pur, bâti probablement
par Constantin, fut éventré en 1871 par la construc-
tion d'un chemin de fer. Certains travaux d'édililé
menacent ce qui en reste, et M. Mesguich, soutenu
jusqu'à présent dans sori entreprise par les Amis de
Stamboul, souhaite d'attirer l'attention des savants
du monde entier sut ce monumelit et de le* intéres-
ser à sa préservation:
Société des antiquaires de France (séance du
10 juin). — M. Jules Formigé examine la disposition
de l'aulisum dans les théâtres romains et signale à
ce sujet des bas-reliefs conservés au Musée de Naptes
et au Musée du Louvre.
— M. Lefévre des Nouettes /ait cortstater que le
cheval n'a Jariiais élé, dans I antiquité, utilisé pour
Ife labouf, et il {jropose de corriger Sur ce point
rext)lication d'iiii bas-relief egj-t>tient>ublié pd)- Prisse
d'Avenue.
— M. de Mély signale l'inscription d'un tableau
prittiitif BJtposé sti Lolivre comme Uhe peinture lla-
mande, l'Instruction pnsloralt; «t ((ui porte le Htttt
d'an peintre italien Apelle Vitali.
— M. de Mandach précise le sens de plusieurs des-
sins de Jacopo Bellini conservés au Lotivi'e;
ANGIEM ET MODERNE
1«S
— M. Monceaux examine quel^^^ues pjoaibs récem-
ment découverts à Cartbage par ie R. P. Delatlre.
(Séance du 17 juin). — M. Robert Michel étudie les
fresques découvertes il y a peu d'années à Avignon,
au château des Papes, dans la Tour de la garde-robe.
Ces curieuses peintures doivent dater du pontificat
de Clément VI, probablement de 1343.
.Congrès archéoiogique de France. — La 81*
session du Congrès archéologique de France s'est
ouverte le 16 juin, à Brest, sous la présidence de
XI. E. Lefèvre-Pontalis, directeur de la Société fran-
çaise d'archéologie, assisté de M. Héron de Villefosse,
membre de l'Institut, délégué du ministre de l'Instruc-
tion publiqye.
Les visites archéologiques aux principaux monu-
ments de la région, coupées de séances où l'on enten-
dit de très intéressantes communications, ont pris fin
le lit juin au soir.
Congrès des Sociétés d'histoire de Paris. —
Le deuxième congrès des Sociétés d'histoire de Paris
s'est tenu du 9 au 12 juin, à l'hôtel Le Peletier de
Saint-Fargeau, sous la présidence de M. J.-d.<iuilîrey,
membre de >l 'Institut.
Musée QalUera. — Le mercredi 24 juin, a été inau-
gurée, au Musée Galliera, l'exposition particulière
annuelle, consacrée à •< la Statuette c)t au i^e^ble ,qui
la présente ou l'accompagne ».
Nous aurons l'occasion de revenir sur l'intéressant
ensemble très heureusement réuni et présenté à
Galliera.
Budget des Beaux-Arts. — Dans sa séance du
23 juin, le Sénat a voté le budget des Beaux-Arts
de 1914, sans que la courte discussion ait rien apporté
de nouveau sur les questions en cours.
La donation J. Pe.y-tel. — Le Bullelin a annoncé
brièvemeDt la donation faite aux Musées nationaux
par le collectionneur parisien M. Joanny Peytel, vice-
président de l'Union centrale des arts décoratif». Cette
donation se compose de vingt pièces, dont l'amateur
se réserve l'usufruit, et qui enrichiront un jour les
diUérentes séries des collections nationales.
Les peintures comprennent : une Singerie de VVat-
teau; un l'ortraii de Millet, par lui-même; [e l'.orlrait
d'Alphonse Daudet et de sa fille, par Carrière ;
Allée à l'automne, par Sisley ; le J'or.lrait du prince
de Galles Je futur Edouard VU), par Bastien-Lepage.
Aux autres départements du Musée du Louvie
iront : ,up riche pendentif égyptien, figurant une tôte
de crocodile en bronze damasquiné d'oT ; ,un buste
d'homme en calcaire peint de l'époque thébaine ; un
vase grec à curieuses peintures noires, représentant
une scène de clinique ; un groupe hellénistique de
bronze, trouvé à Kbodes et figurant Êros et Psyché ;
un tapis persan du moyen âge à combat d'animaux ;
une grande clef de fer incrusté d'or, provenant du
tombesM de Barkouk ; un plat hispano-mauresque à
décor de clefs ; enfin plusieurs autres objets i'aH
musuluiaa, no^ moins importants.
J5ocji,été 4'e)9,cow'agein,e.ç,t à y,aft pt à l'ifl,d,i;i,a-
tri,e. — Le 12 j|Uin, a été jugé le X^V* concQUj-y
général de composition décojf^tiye organisé par jla
Sçciété ^'encouragement à l'syrt et à ,r;çdu«tr^e, dofiX
le s\ijet était : un vase placé jur w^ focle ; à cfi
concjjufs deux cents a.rtistes 9yavefl,t j)jr,i? p,w;t. )^ep
prix ont été attribués c.çnime s,u.^t :
1" prix (500 fr.), {kI"*Leca^pi9n (î^ç. .des arts déco-
ratifs, Paris); 2* prix (400 fr.), M"" i- Levy (JÈc. ^es
arts décoratifs, Paris) ; 3* prix (300 if.), ^. Ç. i^-
risset (Éc. des beaux-arts, Tours) ; 4* prix (20p ^0,
M. J. Feuillâtre (Éc. des arts décoratis, Paris) ; 5" prix
(200 fr), M. R. Guérard (Éc. des arts (iécora tifs, Paris) ;
6* prix (200 fr.), M. B. Damamme (Éc des beaux-arts,
Uouen) ; 1' prix (150 tr.), .^1. fii<.uicilon (Éc des l^eçiux-
arts, Nice);8' prix (<100 fr.), M. fi. Mair«t (Éc. des
arts décoratifs, Paris) ; 9* .{aix (100 fr.), M. M. Seux
(Éc. des arts décoratifs, Paris) ; 10" prix (50 fr.),
M. A. Marre (Le. municipale de dessin d'Abbeville) ;
11° prix (50 fr.), M. M. Patoiseau (Éc. desiieaux-asts,
Nantes) ; 2* prix (50 fr.), M"' M. Hamfll (Éc. des beaux-
arts, Kouen); 13* prix (25 fr.), M. G. ilerard (jÉc.
BouUe, Paris); d" mention, M. P. Adam (Éc. des
beaux-arts. Rennes); 2* mention, M. J. Tiaseyre (Éc.
Boulle, Paris).
Outre les prix en espèces, chacun des concurrents
récompensés recevait une ou plusieurs plaquettes et
médailles.
A Londres. — M. Jean-Louis Pascal, membre de
l'Institut, professeur à l'École des beaux-arts, vient
de recevoir la médaille d'or de l'Institut royal des
architectes anglais. Cette récompense est la plus iiaute
qui puisse être attribuée à un architecte en Angleterre.
Avant d'être oflerte.àM. Pascal, la médaille d'or avait
été autrefois donnée à M. Dauniet, l'architecte de
Chantilly, et à Charles Garnier, l'architecte de l'Opéra.
Nécrologie. — On annonce la mort de M. Eug^nf
Engiand, ancien président de la Chambre des avoués
de Paris, président de la Société des amis du châ-
teau de Maisons-Laflitte, qu'il avait fondée, apcès
avoir contribué, pour une bonne part, au mouvement
d'opinion qui aboutit, en 1904-1905, à la sauvegtkrde
du chef-d'œuvre de François Mansard, à Maisons.
— M. Auguste-Alfred Vaudet, graveur en médailles
et sur pierres fines, vient de mourir à l'âge de 16 ans.
Né à Paris, élève de Lequien père, il avait débuté au
Salon de 1 868 et il exposa, par la suite, de nombreuses
compositions et poitraits, parmi lesquels une inter-
prétation sur pierres fines de la Marseillaise de Him1«,
qui l'occupa pendant plusieurs années. Médaillé au
Salon de 1880, il avait été nommé chevalier de -la
Légion d'honneur en 1912.
— M. Charles Giron, \e peintre récemment décédé
à Genthod-Bellevue (Suisse), était un des représen-
196
LE BULLETIN DE L'ART
tants les plus en vue de l'école suisse contemporaine
et un habitué de nos Salons ; il y exposait réguliè-
rement des toiles importantes où il s'appliquait, avec
beaucoup de conscience et de gravité, à rendre l'im-
pression des paysages montagnards; on lui doit aussi
de robustes portraits : M"' Judic, Worlh, Edouard
Rod, Coquelin aîné, etc.; et des décorations, comme
celles du Parlement suisse. Après avoir longtemps
exposé au Salon des Artistes français, où il reçut
plusieurs récompenses (méd. de 3" classe en 1879 ; de
2* classe en 1883), après avoir obtenu une médaille
d'or à l'Exposition de 1889 et fait partie du jury à
celle de 1900, il était passé à la Société nationale en
1906. 11 avait été fait chevalier de la Légion d'hon-
neur en 1888.
LES RÉCOMPENSES DU SALON
(Suite.)
Prix National (10.000 fr.). — M. Jules-Arthur Joets,
artiste peintre (S. A. F.).
M. Joets expose cette année deux peintures : l'En-
lerrement de sept heures /Petites sœurs des pauvres
de Saint-Omer) et le Portrait de sa mère; celle-ci a
été reproduite en hors-texte dans le dernier numéro
de la Revue.
Bourses de voyage. — Peinture, — M. Joseph-
Alexis Tranchant (S. A. F.), M"' Suzanne-Marie-Carmen
Labatut (S. A. F.), M. Jean -Louis -Marie Bédorez
(S. A. F ).
Sculpture. — M. René Paris (S. A. F.), M. Paul-Henri
Le GoU' (S. A. F.).
Architecture. — M. Deslandes (S. A. F.).
Gravure. — M. Orner Bouchery (S. A. F.).
M. Bouchery est un collaborateur de la Revue, où il
a donné une eau-forte originale, Fives-Lilles (t. XXXil,
p. 36.3) et une gravure d'après la Conversation de Pieter
Codde, au musée de Lille (t. XXXV, p. 25).
Arts décoratifs. — M. Eugène Capon (S. N.).
Primes d'encouragement du sous-secrétariat
d'État des Beaux-Arts. — La Commission supé-
rieure des beaux-arts a décerné les récompenses
suivantes :
Encouragement de 1.000 francs. — Peinture :
M°" Fournier des Corats, MM. Stœckel, Martin-
Gauthereau, Narbonne, Mariel, Maurice Laurent,
M"' Jeanne Marévery.
Sculpture : MM. Silvestre, MuUer, Proszinski, Bau-
dot, Fournier, Leyritz.
Gravure et lithographie : MM. Desgranges, Louveau-
Rouveyre.
Architecture : M. CasteL
An décoratif : M. Lachenal.
ENCoaRAOEMENT DE SOOrflANCs. — Peinture: MM. René
Martin, Rigal, Imbs, M"" Aube, Jué de Roveredo,
Decœur, MM. Roustan, Fouard, Roux, M"* Corlin,
M"' Casttélaz.
Sculpture : MM. Pimienta, Cellier, Beaufils, Pau-
pion, Patriarche, Lenoir.
Architecture : MM. Mouret, Varin, Moutariol.
Gravure et médailles : M. Dropsy.
Art décoratif: M. Fer.
Gravure et lithographie : MM. Léopold-Lévy,
Degorce, Dufour.
Prix coloniaux. — Prix de l'Indo-Chine. —
M Charles Fouqueray, artiste peintre (S. A. F.).
Prix de l'Afrique occidentale française. — M. Ray-
mond Renefer, artiste peintre (S. N.).
Prix de l'Afrique équatoriale. — M. Paul Jouve,
artiste peintre (S. N.).
Prix de Madagascar [Réunion). — M. René Quillivic,
sculpteur (S. N.).
l'rix du Maroc. — M"' Marcelle Ackein, artiste
peintre (S. A. F.).
Pour le cas où l'un des titulaires serait empêché,
les bureaux ont désigné comme supplémentaires :
M. Raymond Glaize, artiste peintre (S. A. F.), pour
l'Indo-Chine ; M. Albert Leroy, artiste peintre (S. A. F.),
pour l'Afrique occidentale française ; M. Lucien Lau-
rent-Gsell, artiste peintre {S. N'.), pour l'Afrique équa-
toriale; M. Georges Capron, artiste peintre (S. A. F.),
pour Madagascar (Réunion) ; M. André Martin-Gauthe-
reau, artiste peintre (S. A. F.), pour le Maroc.
Bourses de voyage coloniales — Des bourses de
voyages coloniales ont été, en outre, attribuées à ;
MM. Charles Rivaud, artiste décorateur (S. N.);
Henri de Nolhac, artiste peintre (S. N.) ; Jean Tarrit,
sculpteur (S. A. F.); M"' Gabrielle Frasez, artiste
peintre (S. A. F.); M. Rémi Peignot, artiste peintre
(S. N.).
Prix divers de la Société des Artistes fran-
çais. — A la liste publiée dans le dernier numéro du
Bulletin, il faut ajouter:
Prix James Bertrand (3.860 fr.). — M. Charles
Fouqueray, peintre.
Prix de Kaigecourt-Goyon (1.000 fr.). — M. Ernest-
Marie Pernelle, peintre.
Prix Marie-Bashkirtse/f (500 fr.). — M. Georges
Maury, peintre.
Prix de l'Association amicale des paysagistes fran-
çais. — M. Émile-Jean-Baptiste-Frédéric Ragot.
Ajoutons encore à la liste des médailles, précédem-
ment publiée, que, dans la section d'architecture,
des médailles de bronze ont été attribuées à M. Paul
Morice et à M. Paul Tissier.
Primes de la Société d'encouragement à l'art
et à l'industrie. — Les primes suivantes ont été attri-
buées par la Société d'encouragement à l'art et à
l'industrie, à des artistes français âgés de 40 ans :
Société des artistes français. — Prime de 300 fr.,
ANCIEN ET MODERNE
197
M. G. Bigard (uiétaux de couleur et objets d'art) ; de
100 fr., MM. Daurat (objets d'art) ; de 100 fr., M. E.
Duru (bibliothèque); mention, M. Sénart (étains).
Société nationale des beaux-arts. — Prime de 300 fr.,
M. Eug. Capon (vases en métal); de 200 fr., M"* J.
Morice (broderies) ; mention, M. R. Massé (toiles de
couleur en application), en collaboration avec M'"* R.
Massé.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. - Vente de la collection du Mar-
quis de Biron [fin). — Nous avons donné, dans
notre dernière chronique, le produit total de
cette vente et les principaux prix des deux pre-
mières vacations; il nous reste à publier une
liste des plus importantes enchères de la troi-
sième journée, consacrée aux bronzes d'ameu-
blement et aux meubles.
Dans la riche série de bronzes d'ornement, nous
ne trouvons à signaler, comme enchères de quelque
importance, que celle de 6.900 fr., pour deux bases de
pilastres (n" 266), et celle de 4.500 fr. pour un motif
provenant d'une cheminée (n° 260); quatre grilles de
médailles, timbrées de fleurs de lis et de couronnes
royales ont atteint 3.000 fr. (n' 224), et deux mascarons,
satyres barbus, 3.5tO fr. (n° 252).
Bkonzes d'ameublement. — 344. Sphinx et sphinge,
bases marbre vert, ép. Louis XVI, 8.000 fr. — 345.
Paire de chenets, chien et chat assis, ép. Louis XVl,
19.500 fr. (dem. 20.000). — 346. Paire de chenets, cas-
solette enflammée, têtes de lions et guirlandes de fruits,
ép. Louis XVI, n.500 fr. (dem. 10.000). — 347. Pendule,
torche ailée et aigle aux ailes éployées ; à la base : l'En-
lèvement d'Europe, ép. Louis XVI, 6.000 fr. — 348. Deux
brûle-parfums, dits « athéniennes », fin ép. Louis XVl,
n.800 Ir. (dem. 20.000). — 349. Douze figures haut-
relief, formant appliques, de danseuses de style
antique, ép. Louis XVI, 22.100 fr. (dem. 10.000). —
350. Deux candélabres à figures de femmes debout,
drapées à l'antique, début xix' s., 7.900 fr. — 351.
Galerie de foyer, à rinceaux et statuettes d'amours,
ép. Premier Empire, 5.000 fr. — 352. Deux candé-
labres, statuettes de prêtresses debout, drapées à
l'antique, ép. Premier Empire, 5.000 fr. — 353. Deux
vases, forme Médicis, en malachite, garnis d'appliques
de br. doré, personnages de style antique, ép. Premier
Empire, 5.100 fr.
Sièges. — 354. Canapé à joues, bois se; manière
dé N. Pineau; recouvert d'ancien damas crème; ép.
Louis XV, 18.000 fr. (dem. 20.000). — 355. Deux ban-
quettes bois se, entrelacs et feuillages ; couverts d'anc.
larapas à décor camaïeu, l'Atelier de Vulcain, dans le
goût de Ph. de Lassalle, 17.300 fr. (dem. 15.000). —
357. Lit de repos, bois se. et doré, attr. à Pluvinet,
ép. Louis XVl, 5.500 fr. — 362. Deux grands fauteuils
bois se. et doré, à cariatides de femmes ailées, par
Jacob frères, ép. du Consulat, 7.000 fr. (dem. 8.000).
Meubles. — 363-364. Bureau plat, surmonté d'un
cartonnier, en bois de rose et bois satiné, garni br.
ciselés et dorés; signé : P. Garnier, début de l'ép.
Louis XVI; écritoire en bois satiné et br., 141.600 fr.
(dem. 150.000). — 365. Meuble à haut, d'appui, arrondi,
en laque à décor en dorure de style chinois sur fond
noir, br. ciselé et doré ; signé : Héricourt, ép. Louis XVI,
18.000 fr. (dem. 15.000). — 366. Bureau bonheur-du-jour,
marqueterie bois clair, bordure et galerie cuivre, ép.
Louis XVI, 16.100 fr. (dem. 15.000). — 367. Meuble
d'entre-deux à hauteur d'appui, plaqué d'ébène et
garni de br., panneau de laque à fond noir et décor
de style chinois, signé : C.-C. Saunier, ép. Louis XVI,
50.000 fr. (dem. 50.000). — 368. Meuble d'entre-deux
à hauteur d'appui, formant étagère, plaqué d'ébène
et garni br., signé : C.-C. Saunier, ép. Louis XVI,
25.000 fr. (dem. 25.000). — 369. Bureau de dame
bonheur-du-jour, surmonté de deux étagères aca-
jou, garni de br., signé : Riesener, ép. Louis XVI,
46.100 fr. (dem. 40.000).
370. Bureau bonheur-du-jour, acajou et br., dessus
marbre bl., galerie cuivre, par Riesener, ép. Louis XVl,
17.500 fr. (dem. 20.000). — 371. Table ovale, acajou et
cuivre, attr. à Montigny, ép. Louis XVl, 7.200 fr.
(dem. 8.000). — 372. Commode acajou et br., par
Levasseur, ép. Louis XVI, 28.700 fr. (dem. 35.000). —
374. Brille-parfums en albâtre, trépied marbre vert,
base albâtre et marbre de coul., ép. Louis XVI,
27.500 fr. (dem. 15.000). — 375. Brûle-parfums en br.
doré, femmes ailées, ép. Louis XVI, 22.500 fr. (dem.
30.000). — 376. Deux jardinières en marbre blanc
et bleu turquin, ornées d'appliques de br. ciselé et
doré, à Qg. de style antique, attr. à Forestier, fin ép.
Louis XVl, 49.000 fr. (dem. 45.000). — 377. Table rec-
tangulaire, dessus en stuc et marbre de coul., coinposil.
de style antique, fin ép. Louis XVI, 33.500 fr. (dem.
30.000). — 378. Petit secrétaire, acajou moucheté et
br., dessus marbre brocatelle, signé : Lemarchand,
198
LE 8CJLLBTIN DE L'ART
l'viii* s., 11.000 fr. (<iem. 12.089). — 379. Petit ««cré-
taire droit, acajou et br., paf Lemarchand, xvm' t.,
7.500 fr.
380. Meuble d'entre-deux à hauteur d'appui, acajou
et br., tablette plaquée marbre, xvm' s., 10.000 fr. —
382. Deux tables de travail de dame, acajou et raeioe
d'érable, à trépied, en br., modèle de Percier et Fon-
taine, par Jacob frères, xix' s., 14.500 fr. et 14.500 fr.
(dem. 30.000). — 387. Seçr«tai-r« droit, acajou lir. dorés,
tablette marbre blanc, par Jacofc liesnialter, ép. Pre-
mier Empire, 6.950 fr. — 390. Bureau plat de milieu,
acajou et br., ép. Premier Empire, 8.000 fr. — .39J1..
Psyché, placage de racine et br., fig. de génies ailés,
par Jacob Desmalter, 32 000 fr. (dem. 30.000).
V<ent« de la collection Roger MarK
(IV* vwite : tableaux et dessins modernes).
— 'De la seconde vente des tableaux et dessins
modernes ayant appartenu à M. Roger Marx (la
quatrième de la collection du critique d'art), il
n'y a à retenir que le tptal de 77.268 francs.
Rappelons que cette ye*te, ajftoouc.ée par un
catalogue illustré, a eu lieu salle 1, les 12 et 13
juin, par le ministère de M"» Lair-Dahreuil et
Baudoin, assistés de MM. Durand-Ruel «t Bern-
heim jeune.
Vente d'objets d'art, etc. — Parmi les résul-
tats d'une vacation anonyme, dirigée salle 1, le
13 juin, par M" Lair-Dubreuil et MM. Paulme et
B. Lasquin, nous trouvons à signaler le prix de
8.900 francs obtenu par six fauteuils et une her-
gère ù dossier médaillon peint blanc, garnis
d'ancienne ta{>i8s^ie d'Âubusson, à bouquets de
ileurs, formant les n*" 127 et d^.de la vente.
Vente de la collection de M. ]Li... (objets
d'art, etc.). — Faite salle 6, les 15 et 16 juin, par
M» H. Baudoin et MM. Mannheim et Ferai, cette
vente a produit 79.829 francs. Notons : 204.
Quatre fauteuils couverts en tapisserie au point,
à personnages, xvn* siècle, 4.900 francs (dem.
4.000). — 211-213. Trois tapisseries d'Aubussen,
époque Louis XV, paysage maritime animé de
.personnages, 10.300, 7.000 et îi.ôSO francs (dwn.
18-000).
Tente de la collection Fairfax Murray
(tableaux anciens). — Farte galerie Georges
Petit, le 15 juin, par M«* Lair-Dubreuil et Bau-
doin, assistés de M. Ferai, cette vente a produit
1.668.800 francs pour vingt-neuf auraéros. D'une
façon générale, les prix d'adjudication ont
dépassé les demandes. Les honneurs de la vaca-
tion ont été pour le Portrait présumé du père de
Kembremdt , par Reflabrandt , qui a réalisé
315.000 francs, sur la demande de 300.000. Une
belle plus-value a été obtenue par le tableau de
Boucher : Jeune Femme étendue sur un sopha,
qui est monté à 190.500 francs, sur la demande
de 100.000.
PRINCIPAUX PRIX
•TABtEAiCi ANCIEN*, r-r i Antoaello de Messine. Saint
Sébastien, 50.009 fr. <dem. 80.000). — 2. Giovanni
Bellini. Vénus à sa toilette, 92.000 fr. (dem. 150.000).
— 4. Sandre Botticelli. La Vierge, l'Enfant Jésus et
saint Jean, 91.000 fr. (dem. 150.000). — 5. F. Boucher.
Jeune Femme étendue sur un sopha, 190.500 fr. (dem.
100. 000). — 6. Brouwer. Le Fumeur «ndermi, ti.OOO fr.
(dem. 50.000). — 7. C. iacojt) Delft. Portrait d'une
jeune dame, 15.000 fr. (dem. 12.000). — 8. Durer. Sal-
vator l/undi, 72.000 fr. (dem. lOO.OOO;. — 9. A. van
Dyck . Portrait de Lucas Voslernuin le Vieux ,
130.000 fr. (dew. 130.000;. -^ 10. École flumandej
commencement iiu xvi- s. La Vierge el VEnfgjnl,
40.000 fr. (dem. 30.000). — 11. École flamande, xvic s
l'ortrait d'un gentilkomme, 10.000 fr. (dem. 10.000).
— 12. École française, xv s. La Vierge aux donateurs,
diptyque, 50.000 fr. (dem. 50.000;. — 13. Etty. La
Danse, 6.400 fr. (dem. 10.000). — Gaiosborough : 14.
l'ortrait de l'artiste à vingt-huit ans, 96.500 fr. (dem.
60.000; vente Geo Richmond, Londres, 1897, I5.000.fr.).
15. Portrait de Thomas Haviland, 25.000 fr. (dem.
25.000). — 16. Van der Helst. Portrait d'une dame,
14.000 fr. (dem. 15.000; v. Mniszech, 1902, 9.500 fr.).
— 17. Hondecœter. Combat entre un coq et un dindon,
42.500 fr. (dem. 40.000). — 18. X. Lancrel. Danse
champêtre, 38.000 fr. (dem. 50.000; v. Reginald Vaile,
Londres, 1903, 65.625 fr.). — 19. Largillière. Portrait
du Comte de Richebourg, 15.600 fr. (dem. 12.000). —
2.0. P. Lorenzetti. La Crucifixion, 19.000 fr. (dem.
20.000). — 21. A. Moro. Portrait de jeune dame,
19.000 fr. (dem. 20.000; v. Pallavicino Grimaldi,
Gènes, 1899, 8.000 fr.). — 22. Uans Mielich. Portrait
de Pancratius von Freyburg zu Aschau, 67.000 fr.
(dem. 60.000). — 23. Rembrandt. Portrait présumé
du père de l'artiste, 315.000 fr. (dem. 300.000). —.24.
Un Savant tisa7it à la chandelle, 71.000 fr. (dem.
80.000). — 25. J. Reynolds. Im Mort de Didon, 30.000 fr.
(dem. 30.000). — .26. A. Salaino. La Toilette de
l'Enfant Jésus, 5.000 fr. (dem. 4.000). — 28. A. Solario.
L'Annonciation, 103.000 fr. (dem. 100.000; v. Yerkes,
New York, 1910, 56.500 fr.). — 29. VUel. Un Jeune
officier, 5.000 (r. (dem. 5.000).
Succession de M""" N...-D... 'Nonette-
DelormeJ (tableaux, objets d'art, etc.). —
Annoncée par un catalogue illustré, cette vente,
qui a eu lieu, salle 1, les 17 et 18 juin, sous la
direction de M* Lair-Dubreuil et de MM. Paulme,
Lasquin, Duchesne et Duplan.a produit un total
de 234.780 francs.
ANCIEN ET MODERNE
199
PniNOlP^Ull PRIX
Tableaux et dbsstns «lorrtRNïs. -^ 7. Jul«« Dupré.
Payunr/e, H. 700 fr. (dem. 8.000; v. Sabatier, 1883,
6.800 fr.).
Tablïaox *t bessins ancibns. — 16. H. Met deBlè».
La Vierge à l'œillet tenant l'Enfant^ 12.000 fr. (dem.
1.200). — 29. EiseD. Les Joueurs de dés, 6.000 fr. (dem.
6.000 ; V. Jules Barat, 2.6.")0 fr.). — 30. Fyt. Fruits el
gibiers, T.200 fr. (dem. 8.000 ; v. fiolhan, 1890,
4.200 fr.). — 36. Largillière. Portrait présumé de la
duchesse de Montbazon, S.900 ff. (dem. lÔ.ÛOO; v. de
La Béraudière, 1882. 3.200 fr.— 38. C. Tan Loo. Por-
trait de jeune femme, 4.900 fr. (dem. 2.300 ; v. Beur-
nonville, 1881, 2.200 fr.). — 40. Hubert Robert.
Intérieur rustique, 14.000 fr. (dem. 10^000; v. du 8 mai
1886, 610 fr.). — 41. Rubens. Minerve et Thétis,
(0.000 fr. (dem. 8.000; v. Beurnonvilfe, 1881, ^.05fl fr.).
— 42. Jacob RUysdaël. La Grande Mare, 7.500 ff.
(dem. 12.000 ; v. \ViIson, 188), 12.300 fr.). — 44.
Téniers le jeune. Lés Danseurs, 10.700 fr. (dem. 8.000;
T. Nieuvenhuys, 1881, 8.000 fr.)<
Tapissbribs. — 233. Tâpiss. de Bruxelles, xvii» ».,
le Ùépnrt pour le enrrousel, grands personnages,
bord, à fleurs, 16,900 fr- (dem. 20.000 ; t. de la vicoJB-
tesse de La Panouse, 1882, 7.000 fr.).
Vente de la collection Bourée (objets
d'art, etc.). — Comprenant quelques tableaux
modernes et surtout des objets d'art de i'E.\ tr«;me-
Orient, celte vente, dirigée salle 10, les 17 et 18
juin, par M" Baudoin et MM. Mannheitn et Georges
Petit, a produit 81.161 francs. Notons : 10. Deux
vases rouleaux Kang-shi, décor à réserves de
branches, oiseaux et paysages, 8.000 fr. (dem.
g 000). — 11. Ceux potiches Kang-shi, fond rouge
chargé de chrysanthèmes, réserves de corbeilles
de Oeufs et animaux, 6.200 fr. (dem. 8.000).
Vente de boiseries. — Annoncée par un
catalogue illustré, la vente des boiseries de l'hùtel
Delide-Mansard a produit 52.000 francs, salle 12,
le 19 juin, sous la direction de M« Lair-Dubreuil
et de MM. Paulme et Lasquin.
PRINCIPAUX PRIX
BoiSEKiBs. — Petit salon rond. Boiserie comprenant
trois chambranles de portes, un trumeau de cheminée
avec glace, huit panneaux, quatre dessus de portes
peints à sujets pastoraux, d'après Boucher, décor
peint et partiellement doré, 1" moitié du xviii' s.,
19.000 fr. (dem. 12.000).
Grand salon rectangulaire. — 3. Boiserie compre-
nant ; un chambranle de porte à deux vantaux, deux
petites portes à un seul vantail, une glace, six pan-
neaux, etc. ^ 1" moitié du xvm* s., 21.000 fr. (dem.
12.000).
Petit boudoir rectangulaire. — 5, Boiserie compre-
nant trois portes à un Taniail, cinq pannMux.un petit
trumeau de cheminée, etc., l" moitié du xviii* ».,
6.800 fr. (dem. 5.000).
Vente de tableaux modernes. — Parmi les
prit r(*alisés au cotirs d'une vacation anonyme,
dirigée salle 6, le 19jnin, par M' Lair-Dubreuil et
M. Georges Petit, tioùs tfotitôns à signaler les
suivants : 30. Dîâz. La Mare dam la dairUre,
3.900 fr. (dem. 7.000). — 37. Fantin-Latour. Le
hcpoi, 6.020 ff. (dem. S. 000). — 60. Jotigkind.
Lever de luné en Hollande, 4.800 ff.
Produit total de la vente : 73.551 francs.
Vente de la collection Eoger Marx
(V« vente : médailles et plaquettes). — Les
22 et 23 juin, salle 8, M" Lair-Dubreuil et H. Bau-
doin et M. V. S. Canale, ont dispersé la collection
de médailles et plaquettes qu'avait réunie l'auteur
de /es Médaillenrs français au XIX^ siècle. Cet en-
semble a réalisé 11.600 francs. Le plus beau prix
a été pour une Bergère debout, galvano de bronze
argenté, de Hoty, 500 francs; même prix pour un
Milon de Crotone, médaillon de Barye.
Ventes annoncées. — A Paris. — Collection
Besselièvre (VI' vente : étoffes anciennes).
M« H. Baudoin, assisté de MM. Mannheim, ven-
dra les 29 et 30 juin, à l'Hôtel, salle 6. une
série d'étoffes anciennes, les unes orientales et
les autres européennes, provenant de la collec-
tion Besselièvre. Au total, 262 numéros, décrits
par un catalogue oîi sont reproduites les plus
remarquables pièces, parmi lesquelles des velours
persans et des velours vénitiens du xv« siècle,
des soies tissées de métal (xiï« siècle), retien-
dront l'attention des spécialistes.
M. N.
EXPOSITIONS ET CONCOURS
René Ménard (galerie Georges Petit). -- La
haute émotion que nous impose un poème isolé
de Puvis de Ghavannes, /c« Jeimes fMei a:u bord
de la mer, parmi les vingt-cinq Degas de la col-
lection Garaondo, la poésie abondante, ombreuse,
austère et sereine de M. René Ménard nous la
procure aujourd'hui, comme dirait Poussin,
dans un autre (cmode»; et si la victoire de
l'idéal est toujours Un fait exceptionnel, il faut
souligner plu» que jamais cette revanche de
l'imagination sur l'observation.
Au surplus, ici, le nom d« Puyis est à sa place,
200
LE BULLETIN DE L'ART
car c'est le nom qu'opposait à la banalité des
Salons la jeunesse de son admirateur ; mais cette
vigueur dans le style, qui ne ressemble guère à
la suavité de l'évocateur de Sainte Geneviève,
s'explique par les origines de M. René Ménard,
élevé dans une rare atmosphère de culture clas-
sique et de paysage romantique : il suffit de rap-
peler son grand-père, qui fut libraire place de la
Sorbonne; son père, auteur de la Mxjthologie
dans l'art et paysagiste ami des maîtres de Barbi-
zon ; son oncle surtout, le savant helléniste Louis
Ménard, un original, peintre à ses heures, et qui
connut Théodore Rousseau; prêté par le Luxem-
bourg, son portrait pensif atteste encore l'in-
fluence du vieux poète qui, dans ses Rêveries d'un
païen mystique, exprime le regret d'avoir « laissé
passer l'heure »... Il appartenait à la robustesse
de son neveu de réaliser son rêve, en rajeunis-
sant le paysage historique, qui peut se définir
l'accord de la Grèce défunte avec la nature éter-
nelle. Alors, au temps de son adolescence, qui
fut le temps de la nôtre, on n'admettait sur la
toile de l'artiste, comme sur la page de l'écrivain,
que i< la chose vue » : la poésie était suspecte, et
l'hamadryade proscrite au nom de « la vérité
pure »•, mais la tyrannie du naturalisme, qui re-
tenait même les poètes, n'a pas empêché le
peintre René Ménard de poursuivre harmonieu-
sement sa route vers la beauté calme; et, depuis
VHomère ou l'Éden de ses débuts, son art n'aura
subi d'autre métamorphose qu'un surcroît de
santé technique. Fidélité méritoire, et gage de
sincérité parmi toutes les palinodies et contra-
dictions de l'époque !
En le voyant mener de front le paysage rus-
tique et le paysage historique, son père lui signa-
lait le danger de conduire un char à deux che-
vaux; mais, plus heureux que Phaéton, le pein-
tre voyageur et lettré de l'Acropole et de l'Age
d'or a marché droit sur la trace de Claude, dans le
chemin du soleil; et ne sait-il point réconcilier
les deux genres, quand il illustre les beaux soirs
avec la magie des vieux livres, ou qu'il aperçoit
les ruines plus émouvantes sous l'étrange réver-
bération des grands nuages? Ne veut-il pas abro-
ger cette loi fatale qui, dans l'histoire du
paysage, semble éternellement opposer la poésie
de l'atmosphère à la poésie du rythme ? Observez,
chez ce poète des formes et des heures, ce puis-
sant accent de nature qui fait resplendir obscu-
rément dryades ou baigneuses au souffle des
mers et des bois : point de titres ni de sujets
dans son œuvre, mai» le recueillement d'un pro-
fond panthéisme, qui se traduit aux yeux dans
une sanguine, un camaïeu, le pur dessin d'une
figure ou la première pensée d'une décoration
pour la Sorbonne ou l'École de droit; et, parmi
ses récents ouvrages, les pastels s'imposent tant
par une délicate richesse de teintes que par l'au-
guste ampleur du modelé. Partout, ce fils des
Grecs revoit la <> terre antique >>, même au pays
d'Armor, oîi son ami Charles Cottet n'entend,
sous le ciel noir, que l'àme des adieux...
11° Exposition des u Intimistes n (galerie
Devambez). — Nous disions, l'année dernière,
l'aménité, mais aussi l'inégalité de ce chœur très
restreint d 'artistes groupés autour du quatuor har-
monieux que forment M"»» Olga de Boznanska et
Béatrice Hew, MM. Aman-Jean et Ernest Laurent;
au tapage du dehors, on préfère ici les nuances
en demi-teinte et le pianissimo des gris. Le soleil
sonne avec le maître Henri Martin, qui décrit
familièrement, comme autrefois Manet, son jar-
din, sa treille, sa porte rustique, moirée d'ombres
bleues; mais la comparaison permet d'évaluer
les raffinements lumineux de l'évolution par-
courue depuis quarante ans. Le statuaire Bour-
delie remonte à l'archaïsme. Quelques nouveaux
éléments plus ou moins vulgaires, et d'une justesse
douteuse, n'arrivent pas à faire détonner l'en-
semble; et quel dommage que M. Ernest T. Rosen
se croit tenu de confondre le maniérisme avec le
charme!
Raymond Bouybr.
Signalons seulement, aujourd'hui, les exposi-
tions de Toulouse-Lautrec, chez Manzi ; de Miss
Mary Cassatt, chez Durand-Ruel; d'une coloriste
vénitienne M"« Emma Ciardi,chez Georges Petit;
et du véritable dessinateur Charles Milcendeau,
chez Druet, dont nous reparlerons.
LES REVUES
Franck
Les Arts (mai). — Skymoub de Ricci. La Collection
du Marquis de Biron, qui vient d'être dispersée en
vente publique.
— Gabriel Mouhev. Luigi Chialiva (1842-1914). —
Notice sur ce paysa{<istc, originaire de Caslano, canton
du Tessin, et qui est mort récemment.
— Maurice Hambi.. Le Salonde la Société des artistes
français.
Le Gérant : H. Liïni».
Pkrii. — Imp. Uearges Petit, li, rue Uad«t-dc-Mauroi.
Numéro 631.
toi
Samedi 11 Juillet 1914.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
Monuments et Musées
M. André Hallays vient de prendre, une fois de
plus, la défense du château de Versailles contre
les fantaisies des architectes des Monuments
historiques. Il a appris au public stupéfié que
Ton s'apprAtait à reconstruire un des anciens
biltiments de Louis XIV, élevé par Le Vau sur la
cour des Princes, et qu'on a laissé tomber en
ruines, — oui, à le reconstruire en plus graiid,
sur une ordonnance nouvelle, en combinant une
façade dans le style de l'architecture de Mansarl
qui forme le fond de la cour, et un comble dans
le goût de Le Vau : tout cela, sous prétexte que
l'architecte a besoin d'une grande galerie pour
loger huit tapisseries des Gobelins et deux globes
de Coronelli, — ces deux globes indésirables qui
ont déjà failli faire commettre une bévue monu-
mentale à la Bibliothèque nationale et qui,
expulsés de la rue Vivienne, ont failli causer ce
que M. André Hallays a justement appelé un
nouveau « tripatouillage de Versailles ».
M. Hallays s'est montré si logique, si pressant,
si éloquent, que la Commission des monuments
historiques s'est prononcée contre les projets de
l'architecte; et il est à souhaiter que celui-ci se
rappelle cette polémique dans laquelle il n'a pas
eu le meilleur, chaque fois qu'il sera tenté d'en-
treprendre un travail « à la ViolIet-le-Duc », et
qu'il retienne ce que M. Hallays a écrit sur le
respect qu'on doit à des monuments comme Ver-
sailles : " Pour nous, Versailles n'est plus qu'un
palais désaffecté, l'emblème d'une monarchie
écroulée, de l'histoire et de la beauté. Vénérons
cette histoire et veillons sur cette beauté, mais
n'avilissons jamais ces choses magnifiques et
touchantes en plaçant parmi elles de misé-
rables pastiches. Nous n'avons plus le droit de
rebâtir Versailles; nous le devons seulement
conserver et entretenir, tel que nous l'avons
reçu ».
Cependant, le Louvre s'enrichit, ce qui serait
pour nous réjouir, si ces enrichissements ne se
faisaient maintenant, d'une façon presque régu-
lière, au détriment de la province.
Tout au Louvre ! C'est le mot d'ordre.
Un jour, Pierpont Morgan rendit à la France
le «chef» de Saint-Martin de Soudeilles; mais
onques le revit Soudeilles : il resta au Louvre,
comme y était restée la Pietà de Villeneuve-lès-
Avignon, après l'exposition des Primitifs français
de 1904. Un autre jour, l'État acquit de la ville
d'Aigueperse, où il était parfaitement en sûreté
et parfaitement exposé, le Saint Sébastien de
Mantegna : il est au Louvre. Au Louvre, on a vu
venir naguère le tapis persan de la cathédrale
de Mantes et les deux tapisseries de Salins.
Au Louvre, entre aujourd'hui le reliquaire de
Jaucourt.
Tout au Louvre !
Justement, voilà qu'un « donateur généreux »
vient de léguer un million à la Caisse des musées
nationaux. Vous verrez qu'au lieu d'empAcher
l'exode de quelque chef-d'œuvre, on trouvera le
moyen de continuer à dépouiller la province de
ses objets d'art dilment classés, et qu'on emploiera
cette somme à acquérir la Sainte Foy de Conques
ou la châsse de Mozac.
Pour en finir avec le chanfrein.
Le chanfrein de Philippe II et ses pièces
accessoires ont pris le chemin de l'Espagne « par
la valise diplomatique». Vous vous étonnez sans
doute, croyant l'affaire depuis longtemps terminée
et l'expédition faite.
Mais non ! Il fallait attendre que l'orfèvre eût
terminé la copie qui nous reste. . . Car nous gardons
une copie, — une copie que nous avons fait exé-
cuter à nos frais, cela va sans dire.
A quoi rime cette copie?
Les pièces originales, détachées de celte
armure incomparable, et que le hasard avait
202
LE BULLETIN DE L'ART
amenées à Paris, pouvaient présenter un intérêt;
une copie de l'ensemble de l'armure aurait eu
aussi un ïnlérH; mais une copie du fragment, à
quelle lin cela peut-il bien répondre, sinon à
comm('morer Tune des plus belles « gafTes » que
l'administration des Beaux-Arts ait commises en
ces dernières années?
Peut- être eftt-il été préférable de la faire
oublier.
E. [).
ÉCHOS ET NOUVELLES
Légion d'honneur. — Par décret paru à VO/'ficiel
du 9 juillet, M. Jean Boucher, statuaire, auteur du
monument de Victor Hugo inauguré cette semaine à
Guernesey, a été promu au grade d'oUicier de la
Légion d'honneur.
Académie française (séance du 25 juin). — Sur
le prix Jofst (2.000 francs), 500 francs sont attribués
à M. J. Péladan pour son livre : Nos égliies arlisUquea
et historiques, et 500 francs à M. Etienne Moreau-
Nélaton pour son livre : Eglises de chez nous.
— Le prix Charles Blanc (1.900 francs) est partagé
de la façon suivante :
MM. L. Gallet, Alexis Forel et Edouard -André, cha-
cun 500 francs ; et 400 francs à M"* Marie Bengesco
{Éludes d'art français).
(Séance du 2 juillet). — Sur le prix .Marcellin Gué-
rin (5.000 francs), 500 francs sont attribués à M. Marcel
Poilte pour son livre : la Promenade ù Paris au
XVIll' siècle.
Sur le prix Bordin (3.000 francs), 300 francs sont
attribués à M. Henry Prunières pour son livre : l'Opéra
italien en Franc* avant hulli.
Académie des beaux-arts (séance du 27 juin).
— Après uue longue discussion, IWcadémie vote les
différents articles du règlement du prochain « Salon
de l'Académie», qui se tiendra, comme on sait, tous
les trois ans, dans la salle du Jeu-de-Paume du jardin
des Tuileries.
— L'Académie attribue les prix suivants :
Prix Estrade-Delcros, de la valeur de 8.000 francs :
M. Bigot, pour son plan en relief de la Rome impé-
riale.
Prix Meurand : M. Loriol, pour ion tableau Sa^omé.
Prix Leclerc-Maria Bouland : M. Longa, pour son
tableau la Sieste.
Prix Edouard Leuialtre : M. Cbarrière, pour son
tableau Avant le départ.
Prix Alphonse de Neuville :M. Malespina, pour son
tableau Waterloo.
Prix Sanford-Saltus : M. Arus, pour son tableau
léna.
Prix Desprez : M. René Paris, pour son groupe
Lévrier et lièvre.
Prix Piot : M. Dufresne, pour son groupe Tendresse
fraternelle.
Prix de la Société française de gravure : M. Penne-
quin, pour ses gravures d'après des œuvres de Henner.
— L'Académie procède ensuite à l'élection d'une
commission mixte chargée de dresser la liste des
candidats aux fonctions de secrétaire perpétuel laissées
vacantes par le décès de M. Henry Roujon. Sont dési-
gnés : MM. Bonnat (peinture), Mercié (sculpture),
Pascal (architecture), Waltner (gravure), Théodore
DHbois (composition musicale). L'élection aura lieu
le 18 juillet.
(Séance du 4 juillet). — M. Bonnat, vice-pésident,
qui fait fonction de secrétaire des séances, donne lec-
ture d'une lettre par laquelle M. Widor déclare poser
sa candidature aux fonctions de secrétaire perpétuel.
— L'Académie entend ensuite les cantates des six
candidats du Prix de Rome de composition musicale.
Après quoi, elle procède au jugement définitif. Sont
proclamés :
Premier grand prix : M. Marcel Oupré, élève de
M. Widor, né à Rouen, le 3 mai 1886.
Premiersecondprix:M.de Pezzer, élèvedeM. Widor,
né à Paris, le 25 novembre 1885.
Deuxième second prix : M. Laporte, élève de
M. Paul Vidal, né à Paris, le 19 mai 1889.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 26 juin). — M. Maurice Prou donne lecture
d'uu mémoire sur un prétendu précepte de (Charles le
<;hauve relatif à Monlier-en-Der.
— M. F. Thureau-Dangin communique un document
inédit relatif à la dynastie de Larsa, qui régna en
Chaldée pendant deux siècles et demi et fut ren-
versé par Hammourabi en l'an 2049 avant notre ère.
(Séance du 3 juillet). — La séance a été remise en
raison des obsèques de M. Georges Perrot, secrétaire
perpétuel.
Société des antiquaires de France (séance du
24 juin). — M. Robert Michel complète la communi-
cation qu'il avait commencée à la séance précédente
sur les fresques du xiv* siècle conservées à la tour de
la Gsrde-Robe, au château des Papes, à Avignon. 11
montre que ces fresques sont l'œuvre d'un atelier
composé d'artistes italiens et français, mais dirigé par
un italien, Matteo de Viterbe.
— M. de Mély signale un texte de Roger Bacon qui
explique que des artistes du moyen Age ont parfois
signé avec des lettres ou des mots de langues diffé-
rentes.
— M. Gagnât étudie une borne miliaire du temps
de Caracalla, récemment découverte par l'armée ita-
lienne au sud de Tripoli.
— M. Valois communique une dépêche d'un anibas-
ANCIEN ET MODERNE
203
sadeur espagnol relative à une visite faite par Cathe-
riiie de Médicis au peintre Janet (François Clouet),
en 1563.
(Séance du 1" juillet). — .M. Marcel Aubert attire
("attention sur certaines basiliques du vi* siècle, décou-
vertes par Gauckler en Tunisie, et dont le chœur est
entouré d'une galerie circulaire, prototype peut-être
des déambulatoires de nos grandes églises romanes
du X' siècle.
— M. de Mély étudie un retable peint du Louvre,
attribué au » .Maître de la Parenté de la Vierge » et
propose de le donner à un artiste (Ifanand de la
famille des Van Huist à cause des feuilles de houx
(en flamand Hnist) qu'il relève sur le pavage.
Société de l'histoire de l'art français (séance
du 3 juillet). — .M. A. Vuaflart entretient la Société
des médaillons de bronze de la place des Victoires,
qui ont été récemment donnés à la France par le roi
d'Angleterre.
— M. Alazard communique une correspondance
inédite de Colbert et de l'abbé Luigi Strozzi.
Musée du Louvre. — Un Languedocien, récem-
ment décédé à Florence, .M. .\chille Baille, a légué au
Musée du Louvre une somme d'un million. Voici les
stipulations du testateur :
"Je donne au Musée du Louvre un million de francs.
Le capital sera inaliénable et le revenu annuel ser-
vira à enrichir le Musée par l'achat de tableaux de
grands maîtres ou de mérite supérieur.
• Lorsque, par insuffisance de fonds ou par quelque
autre motif, l'administration du musée ne pourra pas
employer le revenu, celui-ci sera capitalisé sous forme
de réserve jusqu'à ce que l'occasion se présente
d'employer la somme accumulée à combler quelques
lacunes de la collection. »
— Le département des Objets d'art du Musée du
Louvre vient de s'enrichir dn reliquaire dit de la
Vraie Croix , jusqu'ici conservé dans l'église de
Jaucourt (Aube) ; ce chef-d'œuvre de l'orfèvrerie
ancienne sera placé prochsùnement dans une vitrine
de la galerie d'Apollon.
Le reliquaire de Jaucourt date du xii* siècle pour la
partie du reliquaire proprement dit — une boite à
coulisse, de travail grec, dont le fond est creusé d'une
croix à double traverse, entourée de figures à mi-corps
de Constantin et d'Hélène, au-dessus desquels planent
deux angelots — et du xiv" siècle pour le support,
formé de deux anges, en argent doré, agenouillés sur
une plate-forme portée par quatre lions couchés; ces
angelots maintiennen'. le reliquaire de leur» bras
levés. Une inscription, gravée sur la tranche de la
plate-forme, fournit le nom de la dame qui lit ainsi
monter le reliquaire : « Madame .Marguerite Oare,
dame de Jaucourt », dont l'écu est appliqué sur la
terrasse.
— Le catalogue illustré des pièces d'orfèvrerie,
d'éroaillerie et des gemmes du Mutée du Loovre, du
moyen âge au xvir siècle, vient de paraître. 11 a pour
auteur notre collaborateur .M. J.-J. Marquet de Vasselot,
conservateur-adjoint du département des Objets d'art.
Musée du Luxembourg. — Le Musée du Luxem-
bourg a reçu un l'artrail de M. Gabriel d'Annunsio
par M"' H. Urooks.
Musée Carnavalet. — Le Président de la Répu-
blique, accompagné du sous-secrétaire d'État aux
Beaux-Arts, de MM. Adrien .Mithouard, président du
conseil municipal de Paris, et Delanney, préfet de la
Seine, a inauguré, le 4 juillet, les nouvelles salles du
musée Carnavalet.
Des améliorations considérables ont été apportées
aux salles de la Révolution par le conservateur,
.M. Georges Cain, et une salle entière a été consacrée
au théâtre. En outre, on a aménagé d'une façon tout
à fait instructive et plaisante la collection des en-
seignes parisiennes.
— Le Musée Carnavalet recevra prochainement un
buste en bronze du Prince Impérial, œuvre deCarpeaux,
que le lycée de Vanves, placé, en 1864, sous le patro-
nage du fils de .Napoléon m, avait reçue et installée à
l'entrée des bâtiments neufs. Mutilé en ISTl, quand le
lycée fut envahi par les partisans de la Commune, le
buste resta depuis lors abandonné dan» un grenier,
d'où l'on vient de le tirer.
Musée Jacquemart-André. — Pour cause de
réparations, le Musée Jacquemart-André sera fermé
du 15 juillet au 15 septembre.
École nationale des beaux-arts. — L'exposition
annuelle des envois de Rome a ouvert ses portes le
5 juillet à l'École des beaux-arts.
Le « Groupe de l'art ». — Il existe à la Chtmbre
des députés un > groupe de l'art », qni, à la suite des
dernières élections, a constitué son bureau ainsi qu'il
suit :
Président : M. Georges Leygues ; vice-présidents ;
MM. Marcel Sembat, Albert Sarrant, Sibille et Léon
Bérard ; secrétaires : MM. Paul Escudier, Henry Simon,
Alexandre Blanc, Amiard.
Les Amis de la bibliothèque Forney. — Sur
l'initiative de notre collaborateur, .M. Henri Clouzot,
conservateur de la bibliothèque Forney, un nouveau
groupement d' « amis » vient de se fonder, qui se pro-
pose, entre autres choses, l'enrichissement de cet
établissement municipal qui rend de si grands services
aux ouvriers d'art, la création d'un office intermé-
diaire entre les chefs d'industrie et les dessinateurs,
et l'élablissemenl d'un olHce de renseignements pour
toutes les questions d'art industriel ancien.
Les Récompenses du Salon {suite). — Le Co-
mité de la Société nationale des beaux-arts a réparti
ainsi ses prix annuels :
Prix Paquin : .M. Escoula.
Prix Leerenx : M"** Carpentier et d'Heureux.
204
LE BULLETIN DE L'ART
Prix Bernheini jeune : MM. Georget et Deluermoz.
Prix G .. : M. Claudius Denis.
Prix Rouffîo : MM Vannier et Bonamy.
A Orléans. — Le Bulletin a raconté (n° 606) comment,
par un arrêté en date du 20 février 19t3, le maire d'Or-
léans avait prescrit la démolition de la vieille tour de
l'église Saint-Paterne, sous prétexte que l'état de ce
monument était un danger pour la sécurité publique.
En conséquence, une loi était intervenue le 8 avril
dernier, désaU'ectant la tour.
Mais un pourvoi avait été formé contre l'arrêté du
maire, et le Conseil d'État, sur le rapport de M. Louis
Bernier, architecte, membre de l'Institut, qu'il avait
chargé d'une enquête sur l'état de la tour de Saint-
Paterne, vient de déclarer que le maire avait excédé
ses pouvoirs.
Les frais de l'enquête faite par M. Bernier et ceux
du recours au Conseil d'État sont mis à la charge de
la ville d'Orléans.
A Senlis. — L'église de Saint-Frambourg, à Sentis,
désaffectée depuis longtemps et classée comme monu-
ment historique, a conservé une nef unique, terminée
par une abside en hémicycle qui est un véritable
chef-d'œuvre d'architecture.
Or, la toiture de l'édifice s'est écroulée, il y a quel-
ques jours, par suite de la négligence du service des
Monuments historiques ; si bien que les réparations,
qui n'auraient guère coûté que deux ou trois raille
francs, vont s'élever à une trentaine de mille.
A Nuremberg. — L'archiviste D' Mummenbof a
pu établir récemment que la maison natale du cor-
donnier-poète Hans Sachs était située au n° 23 de la
Brunnengasse (rue de la Fontaine) — autrefois Kot-
gasse <rue de la Botte) — grâce aux actes de propriété
d'un tonnelier II ans Besler, qui était son voisin au
n* 25, en 1551. Cette maison faisait partie de la dot de
la mère de Hans Sachs, lequel la reçut pour son ma-
riage en 1519; il y habita jusqu'en 1542, époque où il
acquit la maison de la ruelle de la Farine (Mehlgass-
lein), aujourd'hui rue Mans Sachs, et elle demeura
sa propriété jusqu'à sa mort (1576). Malheureuse-
ment la maison de la Brunnengasse a été démolie en
1874, avec une maison voisine, et ces deux maisons
ont été remplacées par une unique bâtisse, de sorte
que le conseil municipal a dû renoncer, après un
court débat, à poser sur la façade insignifiante de
l'immeuble moderne une plaque commémorative qui
aurait eu l'avantage d'attirer les visiteur» dans une
rue où aucun étranger ne passe jamais. — M. Mtd.
A Fiesole. — En procédant à des travaux de terras-
sement pour l'agrandissement du cimetière, on a
découvert les restes d'une route romaine et les murs
de fondation d'un grand édifice qu'on suppose re-
monter à la fin de la République. — L. G.
A Milan. — On sait que le polyptyque de Girolamo
di Giovanni da Camerino, au dôme de Gualdo Tadino,
en Ombrie, avait été divisé et que, tandis que Gualdo
avait conservé le Crucifiement et quatre saints, le
Musée Poldi-Pezzoli, de Milan, avait acquis une
.Madone, et un antiquaire anglais quatre autres saints
qui complétaient le polyptyque. La direction du
musée Poldi-Pezzoli vient d'avoir la bonne fortune
de reconstituer à son profit le retable entier. En dépit
des difficultés pécuniaires et légales, elle a réussi à
obtenir du dôme de Gualdo la cession des cinq frag-
ments qui étaient en sa possession, et elle a acheté
les quatre saints à MM. Dowdeswell, de Londres,
grâce à l'aide de M. G. Cagnola, directeur de la Ras-
segna d'arte, qui n'en est pas à sa première généro-
sité. Le polyptyque reconstitué sera prochainement
exposé en public. — L. G.
A 'Venise. — Un mémoire vient d'être présenté au
ministre de l'Instruction publique par plusieurs per-
sonnalités vénitiennes, parmi lesquelles le maire et le
surintendant des monuments. On a installé dans les
locaux qu'occupait autrefois la bibliothèque un petit
musée archéologique. L'idée vint d'abord de le com-
pléter par les armes et les drapeaux du musée de
l'Arsenal et du musée Correr. Pour ce qui concerne les
collections de l'Arsenal, l'autorisation du ministère de
la Marine a déjà été obtenue. Pour le musée Correr,
le projet s'est agrandi; il ne s'agit rien moins mainte-
nant — et c'est l'objet du mémoire présenté au ministre
de l'Instruction publique — que de transporter au
Palais ducal le musée Correr tout entier. Pour avoir
les locaux sullisants, on voudrait acquérir au musée
à la fois les Prisons du Ponte délia Paglia et les édi-
fices qui entourent le cloître roman de Sant'Apollonia
qu'on restaurerait.
On voit qu'on ne cesse pas, dans l'Italie tout entière,
de travailler à la meilleure organisation des richesses
artistiques du pays. — L. G.
Nécrologie : Georges Perrot.
C'est avec une profonde tristesse que nous avons
appris la mort de notre éminenf collaborateur M. Geor-
ges Perrot, secrétaire perpétuel de l'Académie des
inscriptions et belles-lettres, grand officier de la
Légion d'honneur, qui s'est éteint subitement le 30
juin.
Né à Villeneuve-Saint-Georges, le 12 novembre
1832, Georges Perrot commença, au sortir de l'École
normale supérieure, en 1855, comme membre de
l'École d'Athènes, ces travaux d'histoire et d'archéo-
logie qui devaient remplir toute sa vie. Revenu en
France, il professa dans diverses villes de province,
puis devint professeur de rhétorique à Louis-le-Grand,
maître de conférences à l'École normale supérieure
et enfin, en (877, professeur d'archéologie à la Faculté
des lettres. En 1883, il succédait à Fustel de Coulanges
conmie directeur de l'École normale supérieure ; il
devait occuper ce poste pendant vingt ans, menant
une existence active et réglée de savant et d'admi-
nistrateur, et laissant aux nombreuse» génération»
ANCIEN ET MODERNE
20b
d'élèves qui l'ont connu le souvenir d'un homme d'une
grande bienveillance et d'une grande indépendance
d'esprit, toujours prêt, par ses conseils et ses démar-
ches, à prolonger hors de l'École l'intérêt qu'il témoi-
gnait à tous ceux qui passaient par la rue d'Ulm.
Défenseur ardent de la culture classique, il savait à
l'occasion prendre ses responsabilités contre la tradi-
tion, pour le mieux des humanités qui lui étaient
chères : ce fut lui qui appela Brunetière à l'École
normale et qui confia au poète Frédéric Plessis la
chaire de littérature latine. Lors des transformations
de l'École normale, en 1904, il se retira sans bruit,
et il s'apprêtait à continuer ses travaux d'historien,
quand l'Académie des inscriptions, à laquelle il appar-
tenait depuis 1874, l'appela au secrétariat perpétuel.
On a rappelé, ces jours derniers, que Georges Per-
rot, grand voyageur, avait commencé de se faire
connaître par des travaux tout de suite très person-
nels et marquants, pour ainsi dire documentés sur
place, tels que le Monument d'Ancyre (1863), l'Ile
de Crète (1866), le Droit privé et public de la Répu-
blique athénienne (t867), l'Éloquence politique à
Athènes (1873) ; mais la grande œuvre de Georges
l'errot, celle qui lui valut sa renommée dans le monde
savant tout entier, c'est cette vaste liistoire de l'nrt
dans l'antiquité, entreprise en «ollaboration avec
M. Chipiez, et à laquelle il travaillait encore quand la
mort l'a frappé. Nous ne devons pas oublier ici les
articles qu'il nous avait donnés sur le Musée du Bardo,
à Tunis, et les fouilles de M. Gauckler (t. VI de la
Revue), ni ce petit livre sur l'Histoire de l'art dans
l'enseignement secondaire (1900), dont il a été rendu
compte dans le Bulletin. Au reste, la Revue des deux
mondes, le Journal des savants, la Revue archéolo-
gique, s'honoraient de l'avoir pour collaborateur, et
ce que nous citons ici n'est qu'une faible part de ses
nombreux mémoires et publications.
La disparition de cet homme laborieux, simple et
bon, de cet érudit aux vastes connaissances, de ce
visiteur infatigable des fouilles et des musées, de ce
curieux de toutes les choses du passé, laissera un
grand vide dans le monde savant ; elle laissera uu
plus grand vide encore dans la famille de Georges
l'errot, qui fut, avec la joie du travail, le grand
bonheur de cette belle vie.
— A Nice, est mort le paysagiste Gustave- Césaire
Garaud,âgé de soixante-dix ans. Né à Toulon, en 1844,
élève de Français, il exposa poar la première fois au
Salon de 1878 des paysages d'Italie et, cette année
encore, il était représenté au Salon par deux toiles.
Il avait obtenu une mention honorable en 1881, une
médaille de 3' classe en 1889, une de 2' classe en 1 893,
et une médaille de bronze à l'Exposition universelle
de 1900.
— Le peintre Charles Maurin, décédé à Grasse le
22 juin, était né au Puy et s'était fait connaître aux
Salons parisiens, où il avait conquis ses grades :
mention honorable en 1882, médaille de 3' classe en
1884, médaille de bronze à l'Exposition de 1889; depuis
cette date, on ne le voyait que rarement aux Salons,
et c'est chez les éditeurs d'estampes qu'on pouvait
suivre le développement de son talent original et
châtié. C'était un artiste modeste, difficile pour lui-
même, ignoré du grand public et dont les productions
étaient ajuste titre recherchées des amateurs.
CHRONIQUE DES VENTES
TABLEAUX — OBJETS D'ART
CURIOSITÉ
A Paris. — "Ventes de tapisseries et d'objets
d'art. — Le 2'6 juin, à l'Hôtel Drouot, M"^ H. Bau-
doin et MM. Mannheim ont dispersé une réunion
d'objets d'art et de tapisseries, qui ont produit
un total de 107 000 francs.
Le plus beau prix a été pour une série de cinq
verdures en Aubusson du xvin" siècle, dont l'en-
semble a atteint 26.8a0 francs sur demande de
28.000, la mieux vendue ayant fait 13.200 francs.
Voici la liste des enchères au-dessus de
5.000 francs.
155. Tapisseries d'Aubusson, ép. Louis XV, Couple
de danseurs dans un paysage, 7.500 fr. — 139-163.
Cinq tapisseries d'Aubusson, xviii" s., paysages avec
animaux, ruines, habitations, cours d'eau, 13.200.
5.700, 4.500, 2.550 et 900 fr. — 165. Tapisserie d'Au-
busson, xviii* s., personnages près une fontaine avec
un troupeau, 9.000 fr. — 166. Tapisserie-verdure d'Au-
busson, xviii' s., fleurs, oiseaux et lièvre, 5.000 fr. —
167. Tapis, rosace encadrée de fleurs, commencement
du XIX* s., 5.033 fr
Rien à signaler dans la catégorie des meubles et
des objets d'art.
— Le même jour. M' Petit vendait, à l'Hôtel,
des objets d'art, meubles et tapisseries prove-
nant d'un château. 11 n'y a guère à retenir,
. 206
LE BULLETIN DE L'ART
dans cette vente, que l'enchère de 12.600 francs
obtenue par une tapisserie-verdure, en Aubusson
du xviii» siècle, à sujet de chasse.
Au Havre. — Succession Letellier (ta-
bleaux, objets d'art). — La vente Letellier,
faite au Havre du 30 juin au 2 juillet, a produit
un total de 181,000 francs. Elle était dirigée par
M"(îuillemette, assisté de M. Sandoz.
Le « clou » de la vente était un mobilier de
salon, composé d'un canapé et de six fauteuils,
couverts en tapisserie de Beauvais de l'époque
Louis XVI, à dessins, dans la manière de Sa-
lembier, de fleurs, guirlandes et rinceaux, sur
fond crème : il a atteint 70.500 francs. On ne
voit guère à signaler, dans le reste des prix, que
celui de 9.150 francs pour un dossier de canapé,
scène de fable d'après Oudry, tapisserie de Beau-
vais de l'époque Louis XVI.
M. N.
ESTAMPES
A Paris. — Nous reprenons le compte rendu
des principales ventes d'estampes, dont nous
n'avons pas eu la place de publier les résultats
en leur temps.
Ventes diverses. — Dans une vente d'es-
tampes du xviii° siècle, faite à l'Hôtel, le 28 mars,
par U." A. Desvouges et M. L. Delteil, et qui apro-
duit 47.266 francs, une Tête d* Flore, de L.-M.
Bonnet, gravée en manière de pastel d'api-ès
Boucher, portrait présumé de M"" Baudouin ou de
M"" Coypel, s'est vendu 4. 300 francs.
— Dans une vente faite à l'Hôtel le 23 avril,
par M" André Desvouges et M. L. Delteil, une
épreuve du Saint Hubert (ou Saint Sustache) d'Al-
bert Diirer (n» 67) a été adjugée 2.900 fr., et une
épreuve du Grand Cheval (n" 88), 2.500 fr.; Jésus-
Christ préchant ou la Petite Tombe, l'eau-forte
célèbre de Rembrandt (n° 119), a été vendue
2.400 fr., et la Vue d'Omval, du m?me, épreuve
du l"" état, avec le fond sale et des essais de
pointe (n» 130), 2.100 fr.
Produit total : 29.456 francs
Vente de la collection Roger Marx. — La
vente d'estampes modernes de laeolleclion Roger
Marx a obtenu le grand succès que nous avions
fait prévoir ; elle a même dépassé les prérisions
les plus optimistes et s'est terminée sur le beau
total de 202.031 francs.
L'estampe moderne se présentait là, nous
l'avons dit en annonçant la vente (1), dans ce
(l) Voir le n» 622 du Bulletin.
qu'elle a de plus original comme inspiration,
de plus parfait comme technique, de plus rare
comme épreuves ; les amateurs se sont disputés
ces belles pièces, et bien leur a pris de s'assurer
la possession de certaines d'entre elles, car il
en était dont on n'a pas souvent à signaler le
passage en vente publique, et dont chaque pas-
sage en vente est marqué par une notable plus-
value.
Les deux maîtres les plus favorisés à cet égard
sont tous deux vivants : Edgar Degas et Auguste
Rodin. Du premier, on a vu la Femme nue à la
porte de sa chambre, une lithographie de très
petit format, monter à 4.400 francs, et une autre
lithographie. Chanteuse de café-concert, trois
scènes sur la même planche, a été poussée jus-
qu'à 4.600 francs ; plusieurs autres lithographies
ont atteint 3.500, 3.000, 2.800, 2.500, etc. Rodin
a été presqu'aussi bien partagé : le !•' état, avec
dédicace, du portrait d'Henri Becque, à Peau-
forte, s'est vendu 3.600 francs ; le 3* état de
Victor Hugo de trois-quarts, 3.000 francs ; d'autres
eaux-fortes, 2.600, 2.200, etc.
Outre ces deux maîtres, les artistes qui ont
réalisé les plus beaux prix sont Albert Besnard,
Fanlin-Latour et Toulouse-Lautrec.
Voici d'ailleurs une liste assez détaillée de»
principales enchères. Il est intéressant, en effet,
étant donné la composition toute particulière de
cette vente, de s'arrt^ler sur des prix qu'on
néglige d'ordinaire quand ils se rencontrent dans
des ventes de peintures ou d'objets d'art anciens,
et qui prennent un tout autre enseignement
quand on les relève dans une vente d'estampes
dont les auteurs appartiennent aux dernières
années du xix' siècle ou mi"'rae aux premières
du XX'.
Rappelons que la vente s'est faite, du 27 avril
au 2 mai, par le ministère de M«' Lair-Dubreuil
et Baudoin, assistés de M. L. Delteil.
La Mère malade, eau-forte d'Albert Besnard (n* 64),
a atteint 1.520 fr.
Parmi les Bracquemond, on ne trouve rien de mieux
à citer que le Portrait d'Edmond de Gonctmrt {n' tëO),
1" état, dédicace, 420 fr.
Treize planches de R. Bresdin, sujets divers et pay-
sages (n° 166), se sont vendues, 3U fr. ; Chien-Caillou
eût été le premier surpris de cette «ncbùrc !
Parmi les FéUx Bubot, les pendants bien connus,
Westminster palace et Westminster bridge, avec
dédicaces (n* 194), 681 fr.
Les lithographies de Carrière étaient fort bien repré-
sentées; elles se sont vendues au-dessus de 300 fr. et
deux d'entre elles ont même dépassé le t>illet de mille :
ANCIEN ET MODERNE
207
228. Paul Verlaine, sur Chine (n« 228), l.lH fr., et le
même portrait, sur Chine appliqué sur Jspon (n« 229),
1.144 fr.
Une suite de 10 pi. de Miss Mary Cassait, scènes de
genre (n* 248), en couleurs, ont été adjugées 1.400 fr.
Plusieurs autres estampes de la même artiste se sont
vendues au-dessus de 300 fr.
Le Chemineau, de Chahine (n* 324), 555 (t. — lîien
à noter de remarquable pour les Cézanne.
Le plus beau prix des Corot a été pour le Dôme
florentin, 1" état, sur Japon (n- .375), 410 fr.
Parmi les Daumier, on citera le prix de 610 fr. pour
le Temps éprouvant, lui aussi, le besoin de s'équiper
à la mode, l"état (n° 386).
Gros, très gros succès pour les Degas : 389. Degas,
par lui-même, eau-forte, avant le fond nettoyé et
avant diverses retouches dans la figure, 2.550 fr. —
391. Danseuse de dos, monotype, 1.100 fr. — 394. Au
Louvre, musée des anliqxtes, 1" état, avant le fond,
2.800 fr. — 401. Au cirque, lithographie, 1.100 fr. —
402. Chanteuse de café-concerl, lithographie, 3.500 fr.
— 403. Chanteuse de café-concerl, lithographie,
1.700 fr. — 404. Chanteuse de calé-concert, trois
scènes sur la même planche, lithographie, 4.600 fr.
— 405. Quatre tètes de femmes, lithographie, 3.000 fr.
— 406. Femme nue à la porte de sa chambre, litho-
graphie, 4.400 fr. — 408. Loge d'avanl-scène, lithogra-
phie, 2.500 fr.
Un exemplaire exceptionnel de l'Estampe originale,
texte de Roger Marx, publié par André Marty conte-
nant diverses épreuves d'essai (n° 443), 1.820 fr.
Les Fantin-Latonr ont réalisé des prix fort hono-
rables, se tenant pour la plupart, entre 500 et 1.000 fr.;
les Brodeuses, 1" planche (n* 449), a fait 1.205 fr. et
le liouquet de roses (n' 457), 1.700 fr.
Parmi les Forain, dont plusieurs ont dépassé
500 fr., citons le n» 514, l'Hôtel, 1.020 fr. qui est le
meilleur prix.
Le Dom Guéranger de F. Gaillard, avant lettre, sur
Chine (n" 550) et la Sœur Rosalie, du même, en état
analogue (n" 566) ont fait respectivement 771 et
777 francs.
Parmi les Goya, la Tauromachie, suite complète des
33 eaux-fortes, avec la table typographique (n* 577),
2.550 fr.
Le meilleur prix des Helleu a été pour la Tasse
(n- 623), vendue 400 fr. Un cahier de six eaux-fortes de
Jongkind, Vues de Hollande (n° 688) a été adjugé
600 fr.
Les Louis Legrand n'ont pas été très poussés et se
sont tenus pour la plupart entre 200 et 300 francs ; no-
tons pourtant le Beau soir (n° 931), 1.100 fr.
Les eaux-fortes de Lepère étaient extrêmement abon-
dantes et se sont en général bien vendues : on
notera, en particulier, le Malin, carrefour des forts de
Marlolte (n° 846), épreuve de premier état sur Japon
pelure, 1.150 fr.
Un album de 14 planches de Max Liebermann, avec
texte (n» 880), intitulé Max Liebermann Radirungen,
600 fr.
Les Manet ont suscité également de belles compé-
titions et ont presque tous été vendus au-dessus de
500 fr.; les Courses, i" état (a' 912) ont fait 1.100 fr.
Les Raffaëlli n'ont pas existé.
Les lithographie» d'Odilon Redon se sont commu-
nément tenues entre deux et trois cents francs; la
Tentation de saint Antoine, 24 planches (n* 1029),
520 fr. : Yeux clos, sur Chine, (n" 1021), 480 fr.
Neuf Paysages sur Japon, en couleurs, d'Henri
Rivière, ont été poussés jusqu'à 700 francs.
Pour les Rodin, voici les prix au-dessus de 1.000 fr. :
1073. Les Amours conduisant le monde, 1" état,
2.200 fr. — 1080. La Bonde, i" état, 2.200 fr. — 1082.
Victor Hugo de Irois-quarts, 3' état, 3.000 fr. — 1083.
Victor Hugo de face, 1.600 fr. — 1090. Henri fiecque,
\" état, dédicace, 3.600 fr. — 1091. Antonin l'rousl,
i" état, 1.900 fr. — 1092. La même estampe, 2* état,
avant divers travaux, 2.600 fr.
Parmi les Toulouse-Lautrec, une des séries les plus
abondantes de la collection, et les plus disputées, on
relève aussi plusieurs enchères supérieures à 1.000 fr.:
1181. La Grande Loge, en couleurs, 2.300 fr. — 1184.
Eisa la Viennoise, 1.000 fr. — 1191. Elles, suite de
dix planches, avec le frontispice, 1.000 fr. — 1193.
Blanche et noire, sur Japon, 1.620 fr.
Plusieurs eaux-fortes et lithographies de Whistler
ont été assez recherchées : le n° 1425, Figure drapée,
asuise, a fait 900 fr., et le n» 1426, Modèle nu, couché,
1.000 fr.
Rien de bien remarquable à signaler parmi les
albums qui formaient les n" 1435 et suivants ; le
plus haut prix, 850 fr., a été pour Germinal, album
de 20 planches originales, par Toulouse-Lautrec,
Carrière, M. Denis, Gauguin, Liebermann, Renoir,
etc. (n° 1439).
Produit total : 262.031 francs.
■Ventes diverses. — Une vente d'estampes
anciennes et modernes, faite à l'Hôtel les H et
12 mai par M" Huguet et A. Desvouges, assistés
de M. Loys Delteil, a produit 49.830 francs.
Citons l'enchère de 4.900 francs, obtenue par
le Départ pour le travail, de J.-F. Millet, l" état,
avant le nom de l'artiste.
— Les 19 et 20 mai, M" A. Desvouges, avec
MM. Paul Ùilin et L. Huteau comme experts, a
vendu une réunion d'estampes anciennes et
modernes, de composition assez variée, qui a
produit m. 743 francs au total.
Quelques prix, parmi les anciens ;
58. Demarteau. Le Matin, le Midi, l'Après-midi, le
Soir, gr. d'après Iluet, en manière de crayon, 2.750 fr.
— 61. Descourtis. L'Amant surpris, les Espiègles,
gr. en conl. d'après Schall, 3.850 fr. — 105. D'après
208
LE BULLETIN DE L'ART
Huet. l'Amant pressant, la Déclaration, gr. en coul.
par Legrand, 2.060 fr.
Et parmi les modernes :
362. A. Lepère.Le Parlement à neuf heures dn soir,
Londres, épr. sur Japon mince, 2 200 fr. — A. Zorn :
409. y.orn et sa femme, 2.600 fr. — 410. M"' Armand
Vayot, 2.100 fr. — 412. La Valse, ou Soirée dansante,
2.950 fr. — 413. M- Olga lirait, 2.800 fr. — 414.
Henri Marquand, 2.000 fr.
— Le 20 juin, une vente d'estampes anciennes,
faite par M» Lair-Dubreuil et M Léo Delteil, a
réalisé quelques très beaux prix, et même une
enchère tout à fait exceptionnelle
Une épreuve de l'Aveu difficile, gravé par
Janinet (1787), d'après N. Lawreince, en couleurs
et avant toute lettre, avec seulement le nom de
Janinet à la pointe, à droite, au-dessous du trait
carré, grandes marges; et une épreuve de l'In-
discrétion, par etd'après les mêmes artistes (1788),
d'un état semblable, ont atteint ensemble (n^'S-O),
le beau prix de 22,000 francs, sur demande de
18.000.
Plusieurs enchères de quatre, cinq, six et
sept mille francs sont encore à citer dans cette
vente, qui s'est terminée sur un total de
71.325 francs. Les voici :
Debucourt : 1. Le Menuet de la mariée, la Noce au
clidteau. deux pendants, en coul., avant toute lettre,
seulement les inscriptions à la pointe, marges, 5.400 fr.
— 2. Promenade de la r/allerie du l'alais-RoyalUlSI),
en coul., 1" tirage avant la correction du mot :
imprimé, 4.900 fr. — 3. Heur et malheur ou la Cruche
cassée, l'Escalade ou les Adieux du matin, deux
pendants (1787), en coul., 4.500 fr. — 5. La Prome-
nade publique (1792), en coul., avant la lettre, 6.750 fr.
— 6 Minet aux aguets, en coul., 3.610 fr.
10. L. Le Cœur (attribué aussi à Janinet, d'après
Lawreince). Le Colin-Maillard, en coul,, avant toute
lettre et avant les armes, 7.000 fr.
R. r..
LES REVUES
Franck
Les Musées de France (19(4, n''2).— Une nouvelle
donation d'œuvres de Barye au musée du Louvre. —
Le même généreux amateur, à qui le Musée du Louvre
doit les importantes sculptures de Barye entrées en
1912 et réunies dans une salle du rez-de-chaussée, à la
suite de la salle Carpeaux, vient d'offrir une nouvelle
série d'œuvres du grand artiste : des modèles en plâtre,
des bronzes originaux, quatre peintures, douze aqua-
relles, et dix-huit dessins.
— Gaston Migkon. Une plaque d'ivoire musulman
au musée du Louvre. — Sculptée, sur se» deux faces,
de personnages rappelant l'art sassanide.
— Acquisitions du département de la céramique
antique et des antiquités orientales en i9li. — Céra-
mique antique : Grèce; terres-cuites, vases.
— F. beMontremy. Une dalle funéraire du XIV' siècle
au musée de Cluny. — Elle a abrité les restes d'un
enfant de la famille des Lusignan et elle offre cette
particularité que la figure gravée de la Vierge y rem-
place la figure habituelle du défunt.
— Musées nationaux : acquisitions et dons; docu-
ments et nouvelles.
— Haymond K(jkchlin. L'Exposition Toyokuni et
lliroshighé au musée des Arts décoratifs. — Cinquième
et dernière exposition relative à l'histoire de l'estampe
japonaise.
— Paul Jamot. Le Musée des beaux-arts de Reims.
— « Dès maintenant, malgré ce poids mort d'ouvrages
médiocres ou douteux qui est le fléau des collections
provinciales, le musée de Heims occupe, parmi les
galeries françaises hors Paris, un rang digne d'une
illustre et antique cité. »
— André Fontaine. Les Nouvelles salles du Musée
Ingres à Montauban. — Organisées grâce aux bénéfices
réalisés par l'exposition Ingres de 1912 et inaugurées
le 5 octobre dernier, elles permettent d'exposer la plu»
grande partie des dessins légués par le maître à ses
compatriotes.
— Etienne Deville. Le Musée de Bemay (Eure).
— Supplément : les Ventes récentes. — Collections
Rochard, Fitz-Henry, Seligmann, etc.
HussiE
Staryé Gody (février). — P. .Néradovski, l.esNou-
velles acquisitions du Musée Alexandre III. — Por-
traits par D.-G. Levitski, J. Argounov, Uokotov, etc.
— Denis Roche. Le Peintre Pierre- Alexandre
Parisot et son séjour en Russie. — Né à Paris en
17.'i0, Parisot meurt à Moscou en mars 1820. Il y
arriva en 1792. Sa correspondance avec sa fille et son
gendre, demeurant à Montauban, a fourni les élé-
ments de l'article. Reproduction de quatorze œuvres
et de trois portraits.
— Baron A. OE Foelkeksa.m. Le Corail et son appli-
cation aux arts. — Suite des études de cet auteur
sur les matières précieuses.
— V. Chtchavinski. Un Nouveau portrait de Pierre-
le-Grand. — C'est un dessin de J. Frans van Douvers
à l'Ancienne Pinacothèque de Munich. L'auteur com-
pare le profil du personnage représenté avec le
masque de Pierre-le-Grand et le seul portrait de profil
que l'on ait du tsar
— N. Makabbnko. Le Mouvement archéologique
(russe) en I9IS. — Le tumulus de Solokha, dans le
gouvernement de Tauride, a donné les objets les plus
importants (peigne et plaques en or du iv siècle).
Résultat des fouilles d'Olbia et d'Ani. — Denis Roche.
Le Gérant : H. Dknis.
Paris. — Imp. Georges Petit, 12, rue Godot-de-Mauroi.
Numéro 632.
Samedi 25 Juillet 1914.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
L'Internationale de 1916
L'Exposition internationale d'art décoratif, qui
devait avoir lieu en 1916, se trouvant forcément
reculée, — c'est le résultat de l'obstruction faite
aux décorateurs modernes par quelques com-
merçants routiniers, — on a repris, sous une
autre l'orme, l'idée d'une manifestation interna-
tionale à la date primitivement choisie : il s'agit
d'une exposition réunissant ce que la France et
l'étranger ont produit de plus remarquable dans
les arts plastiques depuis une quinzaine d'années.
C'est le projet Dayot, et c'est un excellent projet.
Il n'en a pas moins rencontré une opposition
inattendue de la part de certains artistes. Comme
l'Internationale doit se faire au Grand Palais,
ils ont vu, dans son organisation, une atteinte
portée aux Salons annuels et ils ont protesté si
vivement que les présidents des deux grandes
Sociétés ont été amenés à intervenir.
Mais, d'abord, comme l'a fait remarquer M. Léon
Bérard, le (irand Palais n'est occupé, tous les ans,
par les groupements d'artistes, qu' » en vertu
<rune concession administrative essentiellement
précaire et révocable ». Si le gouvernement prend
l'initiative d'une exposition internationale au
Grand Palais, en 1916, la Société nationale et
celle des Artistes français n'auront qu'à s'incliner.
Peut-tHre décideront-elles de faire leur Salon
ailleurs : la Société des Artistes français a créé,
comme on dit, un précédent, quand elle s'est
établie, en 1900, dans ces baraquements de Gre-
nelle, dont nul n'a oublié la solitude et le mortel
ennui. Mais, en vérité, les artistes se font une
idée par trop avantageuse de la place que tiennent
les Salons dans les préoccupations du public, s'ils
croient que le public s'apercevrait de la suppres-
sion des Salons, l'année où il serait convié à une
exposition internationale! Bien plus, cette Inter-
nationale ne devrait-elle, comme l'a écrit
M. L.-O. Merson, que « nous délivrer, au moins
pour une fois, du Salon annuel et de son débal-
lage de peintures hâtives et de récompenses
écœurantes », qu'elle mériterait d'être organisée.
D autres raisons militent en sa faveur.
Le public, excédé par les mille et quelques
salonnets où l'on s'efforce de l'attirer chaque
année, se dégoûte de ce qu'on lui ressasse à
perpétuité; s'il fréquente encore les Salons, c'est
comme on fait certains gestes, par réflexe, et
sans y prêter attention. Sa curiosité est endormie,
et seule une Internationale peut la réveiller.
Et les artistes? Ils vivent chez eux (au fait,
vivent-ils?), sans rien savoir de ce qui se passe
au dehors. Des villes d'art comme Munich et
Venise ont leurs expositions internationales
périodiques, auxquelles sont invités quelques-uns
de nos représentants. Chez nous, rien de pareil.
Seule, une Internationale peut secouer nos ar-
tistes trop casaniers, les exciter, les piquer
au vif.
Pour le public, pour les artistes, et, disons-le,
pour l'art français, une pareille exposition serait
éminemment profitable. Elle est le seul moyen
pour nous de sortir d'un isolement qui n'a plus
rien de splendide. En regard de ce qu'elle peut
nous apporter, il n'est pas de Salons qui tiennent.
Et quand l'Académie des beaux-arts, élaborant le
règlement de son exposition triennale, prend soin
de stipuler que la liste des participants étrangers
à l'Institut sera établie une fois pour toutes, il n'est
pas défendu de chercher à faire ailleurs quelque
chose d'original et de nouveau.
E. D.
ÉCHOS ET NOUVELLES
Académie des beaux-arts (séance du 11 juillet).
— L'Académie décide de renvoyer à la séance du
10 octobre la déclaration de vacance du fauteuil que
M. Gabriel Ferrier, récemment décédé, occupait dans
la section de peinture. La lecture des lettres des can-
didats aura lieu le 17 octobre et, selon les règlements,
210
LE BULLETIN DE L'ART
la section de peinture dressera dans la séance sui-
vante une liste de présentation de cinq noms. L'élec-
tion aura lieu le samedi suivant 31 octobre.
— Le prix Ilaumont, de la valeur de 1.800 francs
" à décerner à un tableau de paysage à la suite d'un
concours», a été ainsi partagé : 1.000 francs à M.Ducos
de la Haille, élève de .M. Raphai-1 CoUin; 800 francs
à M. Séné, élève de M. Cormon. Une mention tiono-
rable est attribuée à M. Houx, élève de M. J.-P. Lau-
rens.
— La commission mixte, chargée de dresser la liste
de présentation des candidats aux fonctions de secré-
taire perpétuel laissées vacantes par le décès de
M. Henry Roujon, a décidé à l'unanimité de présen-
ter M. Widor, candida* unique. L'élection aura lieu a
la séance suivante.
(Séance du 18 juillet). — L'Académie entend les
rapports sur les envois de Rome qui sont faits par
MM. Gervex, pour la peinture; A. Mercié, pour la
sculpture; Redon, pour l'architecture.
— A la fin de la séance, conformément au règlement,
l'Académie procède à l'élection d'un secrétaire perpé-
tuel, en remplacement de M. Henry Roujon, décédé :
M. Charles Widor, qui appartient à la section de compo-
sition musicale depuis 1910, est élu à l'unanimité.
— L'Académie urrêle le règlement de son exposition
qui aura lieu tous les trois ans au Jeu de Paume des
Tuileries. On trouvera plus loin ce règlement tn extenso.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 10 juillet). — M. Héron de Villefossc décrit
les fouilles faites, cette année, sur le plateau d'Alise-
Sainte-Reine, par le commandant Espérandieu et le
docteur Épery; il commente ensuite, au nom de
M. Michel Clerc, directeur du musée Borély, une in-
scription grecque trouvée à Marseille au cours des
travaux de démolition exécutés derrière la Bourse.
— M. Salomon Reinach constate que les anciens,
comme nous, lisaient en voiture; il donne des
exemples empruntés aux textes et en tire l'explication
d'un vers, resté incompris, de l'épitaphe d'Abercius,
évoque de Phrygis, au ir siècle.
— Le P. Scheil attire l'attention de ses confrères
sur les vocabulaires babylono-hittites découverts, en
1907, en Cappadoce, par M. Wenckler et récemment
publiés par M. Friedrich Delitzeh, correspondant de la
Compagnie.
— M. Brutails, archiviste du département de la
Gironde, étudie certaines églises de ce département
et, en particulier, l'église de Krancs, on on constate
la survivance de caractéristiques architecturales, ap-
partenant à des époques parfois fort éloignées de
celles 011 le monument a été construit.
— M. J. Toutain présente à l'Académie les photo-
graphies d'une statue de pierre découverte en octobre
1913, dans les fouilles que la Société des sciences
de Semur poursuit sur l'emplacement d'Alésia. Cette
statue, malheureusement incomplète, est une réplique
du Satyre au repos, qui fut si populaire dans l'anti-
quité. Elle représente un jeune satyre nu, sauf une
draperie qui couvre son épaule gauche, les jambes
croisées, et accompagné d'un animal, vraisemblable-
ment une panthère, levant une patte vers lui.
M. Toutain montre que cette réplique dilTére par
quelques détails des statues du même type qui se
trouvent au musée du Louvre, au musée du Vatican,
au musée des Thermes, à Rome; il fait remarquer que
la statue découverte sur le mont Auxois est la pre-
mière réplique, trouvée en Gaule, de ce type, dont
l'invention est communément attribuée à Praxitèle.
L'intérêt de la découverte est donc considérable.
— La Compagnie déclare la vacance du siège de
secrétaire perpétuel occupé par M. Georges Perrot,
qui vient de mourir. L'élection, destinée à pourvoir n
cette vacance, aura lieu le vendredi 24 juillet.
(Séance du 17 juilletl. — M. Henri Cordier donne
des nouvelles des missions du U' Segalen et de
M. Gilbert de Voisins, au Thibet, et de M. A. Bonnet
de Mézières, en Sénégal.
— M. Héron de Villefosse annoDce que le 0' Carton,
correspondant de l'Institut, en continuant ses fouilles
dans les thermes de Bulla Refria (Tunisie , a recueilli
divers objets intéressants, à l'endroit même où il avait
signalé l'existence d'un grand dépi'itd'amphores. Parmi
ces objets se trouvent un chandelier de bronze, un
reliquaire de plomb orné d'une croix, trois plaques de
ceinturon vandales, plusieurs amphores portant des
inscriptions à la pointe, une série de belles poteries
qui paraissent appartenir aux derniers temps de la
domination romaine. Actuellement dix salles présen-
tant d'intéressantes dispositions sont déblayées,
notamment une salle souterraine, en communication
avec six antres pièces voûtées, on il a été trouvé une
dédicace en l'honneur de Diane.
— M. Héron de Villefosse expose ensuite le résultat
des recherches du chef de bataillon Uonau, comman-
dant militaire du Sud tunisien, qui. l'année dernière,
a obtenu de l'Académie une subvention pour continuer
à Reiiiada les fouilles qu'il avait commencées avec
ses propres ressources.
— M. Lpth, professeur au Collège de France, donne
lecture d'une étude sur « la croyance à un oinphalns
de la terre chez les Celtes ».
— Le P. Scheil étudie, au nom de M. Henri Gauthier,
membre et secrétaire de l'Institut français d'archéologie
orientale du Caire, un document fameux en égypto-
logie, la Pierre de l'alerme qui relate, année par année,
les principaux événements des règnes de la première
à la cinquième dynastie : de nouveaux fragments de
ce monument viennent d'être découverts et ont été
placés au musée du Caire: ils se rapportent aux rois
de Haute et Bassc-Ëgyptc antérieurs à l'unitication de
la monarchie qui fut accomplie sous Menés.
Société des antiquaires de France (séance du
8 juillet). — M. Héron do Villefosse revient sur une
inscription du Cher, dont il a obtenu une meilleure
copie et communique une dédicace à Satronmis
ANCIEN ET MODERNE
211
Privatensis, dont le texte lui a été adressé par le
n. P. Delattre.
— M. C. de .Mandach réfute le rapprochement qu'on
a voulu établir entre le peintre suisse Conrad ^^'iiz et
un Rodulphus Sapientis, qui était^ non de Constance,
mais de Coutances (Normandie) ; il maintient que
Conrad Wilz a dfi être le fils de Mans Witz, originaire
aussi de pays allemands et qui vécut à Genève dans
la seconde moitié du xv" siècle; il cite enfin quelques
ouvrages qui pourraient être attribués à cet artiste.
(Séance du lo juillet). — M. R. Page étudie une
cuve baptismale pour baptême par immersion, dans
l'église de Dorât, xr siècle.
— M. Chenon annonce qu'en démolissant le Petit
Séminaire de Saint-Nicolas du-Chardonnet, on a
retrouvé une vieille fenêtre du xvi* siècle, provenant
de l'ancienne église.
— M. Paul Vitry fait part de l'entrée au I^ouvre de
trois morceaux de sculpture du xii* siècle, provenant
de la façade d'une église détruite, N'otre-Dame-de-la-
Coudre, à Parthenay (Deu.\-Sèvres).
Conseil des Musées nationaux. — En même
teuips que l'acquisition du reliquaire de Jaucourt,
dont le Bulletin a parlé dans son dernier numéro, le
Conseil des musées a ratifié l'achat : de trois frag-
ments de sculpture provenant de Parthenay et repré-
sentant V Annonciation aux bergers et deux figures de
prophètes i^la Société des Amis du Louvre a concouru
pour un tiers à cette acquisition) ; et d'une petite
esquisse en terre cuite de la statue de Sainte Bibiane,
exécutée en 1626 par le Bernin, pour l'église Sainte-
Bibiane, à Rome (cette statuette, qui provient de la
vente du marquis de Biron, a été achetée avec la par-
ticipation de M. Fenaille).
Le Conseil a accepté les dons faits par M. lleuzey,
de terres cuites chypriotes, et par la Société des Amis
du Louvre, d'une aquarelle de Dauzats datée de 1835
et représentant une Rue de Cadix.
Les Prix de Rome. — Le dernier numéro du
Bulletin a donné le jugement du concours de Kome
pour la musique, promulgué à la séance de l'Académie
des beaux-arts du 4 juillet. Voici les résultats des
autres concours, actuellement jugés ;
Peinture. — L'Académie des beaux-arts, par suite
de circonstances exceptionnelles, avait la possibilité
de décerner cette année trois Grands Prix de peinture :
1" celui de celte année : 2° celui de l'année 1913, qui
avait été réservé par suite d'insuflisance des concours,
et 3° celui obtenu en 19H par M. Marco de Gastyne,
qui donna sa démission en 1913.
L'Académie a accordé les récompenses suivantes :
1" Grand Prix de Rome 1914 : M. Robert-Eugène
Poughéon, élève de MM. Cornion et J.-P Laurens.
2* Grand Prix 1913 : M. Jean Despujols, élève de
M. Gabriel Ferrier.
3- Grand Prix 1911 : .M. Jean-Biaise Giraud, élève
le M. Gabriel Ferrier.
1" Second Grand Prix : M. Émilien- Victor Barthé-
lémy, élève de M. Cormon.
2' Second Grand Prix : M. Paul-Maurice Geny,
élève de MM. François Flameng, Raphaël Collin et
Déchenaud.
M. Poughéon séjournera quatre années, .M. Despu-
jols trois ans et M. Giraud deux ans seulement à la
Villa Médicis.
Gravure en médailles et sur pierres fines. — Grand
Prix de Rome : M. André Lavrillier, élève de MM. Cha-
plain, Vernon et Patey.
1" Second Grand Prix : M. Jacques Martin, élève
de MM. Patey et Coutan.
2" Second Grand Prix : .M. Turin, élève de MM. Ver-
non, Patey et Coutan.
(iravure. — 1" Grand Prix : M. Manchon, élève de
M.\l. Waltner, G. Ferrier et Gervex.
1" Second Grand Prix : M. Buthaud, élève de
MM. Waltner, G. Ferrier et Humbert.
2' Second Grand Prix : M. Bouffanais, élève de
MM. Laguillermie, Cormon et J.-P. Laurens.
Fouilles du mont Auxois. — Les fouilles de la
Société des Sciences de Semur, sur le mont Auxois,
se montrent, cette année, particulièrement fécondes.
La même tranchée n° 5, d'où M l'ernet a récem-
ment exhumé une belle tête de félin en bronze, vient
(le ramener au jour une importante collection d'objets
en bronze, en pierre, en fer, en os, en terre cuite
Parmi les plus importants, citons plus de vingt figu-
rines en terre blanche de l'Allier, dont plusieurs sont
signées; une bague avec intaillc, une roue dentée
en bronze, deux fibules identiques en forme de pierre;
enfin, une belle tête de cheval en pierre, sur la cri-
nière dé laquelle se joue la main d'un cavalier dont
le bras est recouvert d'une draperie, etc.
A Ajaccio. — M. Ogiiastroni, directeur de la cir-
conscription pénitentiaire du Rhône, vient de faire
don au musée d'Ajaccio, d'une pièce intéressante
pour l'histoire.
Il s'iigit d'un dessin aquarelle représentant l'em-
pereur Napoléon à Sainte-Hélène. Ce dessin tire
sa principale curiosité de ce qu'il est attribué à
lludson Loue lui-même. Il porte en bas : Taken al
Sainte-Hélène, M march. Sainte-Hélène, Ifll7. En
marge, la note manuscrite suivante : M'a été donné
par Godefroy Cavnignac, à Londres, en lflS9. Ce
dessin provient de la vente du comte Léon, décédé
en avril 1881, il avait été donné à M. Ogiiastroni, par
le professeur Lacassagne.
A Cholet. — Un récent décret vient d'attribuer au
musée de Cholet les portraits des principaux généraux
vendéens, qui avaient été commandés par Louis XVIII
etqui.jusqu'àces derniers temps, figuraient au Musée
de Versailles. Ils formeront les premiers éléments
d'un musée historique de la Vendée militaire.
Ces portraits sont ceux de Bonchamps et de Cathe-
lineau, par Girodet; de Charette et de d'Elbée, par
212
LE BULLETIN DE L'ART
Paulin Guérin; des deux La Uochejaquelein, par Pierre
Guérin, auquel est attribué aussi celui, non signé,
de La Trémoïlle; de Lescur'e, par Robert Lelcbvre; de
Cadoudal, par Coutan; de Louis de Frotté, par Louise
de Bouteiller; de Précy, par Dassy, et de Suzannet,
par Mauzalse.
A Anvers. — On lit dans les Débats :
<c La maison de Rubens, ii Angers, sera conservée.
Le propriétaire actuel, empêché par les voisins d'y
installer une industrie avec machine à vapeur, se
proposait de démolir la vieille bâtisse et de vendre à
des particuliers le pavillon, avec les ligures de Bac-
chus et de Gérés, que Kubens avait lait construire
lui-même dans le jardin, ainsi que la vieille porte
dont on lui proposait un bon prix. Mais, au dernier
moment, un Comité qui s'était constitué en vue de
conserver la maison parvint à lui faire entendre
raison. Au prix d'une cinquantaine de mille francs, à
verser en vingt annuités, le propriétaire cédera l'im-
meuble et le jardin.
Mais une nouvelle calamité menace maintenant la
maison de Rubens. A l'Exposition de Bruxelles, en
1910, la ville d'Anvers avait fait édifier une construc-
tion de fantaisie représentant, d'après de vieilles
gravures, l'atelier du peintre. Ce bric-à-brac germa-
nique avait enthousiasmé les bons Flamands qui
rf'vent maintenant de faire, à Anvers même, une
installation du même goût Après avoir échappé à la
destruction, la maison de Rubens deviendra-t-elle la
proie des restaurateurs ? »
A Pise. — La seconde section du Conseil supérieur
des Beaux-Arts, d'accord avec M. P. Bacci, surinten-
dant des monuments, a pris un certain nombre de
décisions concernant les restaurations et la réorgani-
sation du Campo Santo. On construira, entre le Campo
Santo et les murs de la ville, plusieurs salles où seront
disposées et classées les sculptures grec(|ues, romaines,
pisanes et llorentines, qui se trouvent actuellement
sous les portiques du Campo Santo ; une salle sera
réservée aux sculptures du xix* siècle, qui comptent
quelques pièces intéressantes de Uupré, Bartolini et
Thorwaldsen. On ne laissera sous les portiques que
les sarcophages romains.
En outre, M. Cavenaghi, le restaurateur bien connu,
va procéder ii des essais pour savoir si l'on peut res-
taurer les fresques de Gozzoli sans les détacher, et
l'on va prendre immédiatement des mesures pour
protéger le mur nord du Campo Santo contre l'hu-
midité.
Enfin, le Conseil supérieur a approuvé le projet de
reconstitution du monument d'Henri VII de Luxem-
bourg, dans le Dôme, qu'a proposé M. P. Bacci. — L.G.
A Cologne. — La collection d'objets d'art de feu
le baron Albert von Oppenheim, qui sera vendue à la
fin de cette année, en même temps que i- galerie de
table-iux anciens du même amateur, est exposée,
depuis le l.'i juillet, au Musée municipal des indus-
tries d'art de Cologne.
Nous aurons l'occasion de signaler les principales
pièces de cette collection, tant peintures qu'objets
d'art, quand nous annoncerons ici la vente, qui sera
certainement un des événements de la prochaine
saison.
Nécrologie. — Le peintre Gaston Fanly-Lescure,
qui vient de mourir, avait été élève de .M. Cormon ;
il exposait depuis 1880, au Salon des Artistes français,
des natures mortes et des figures de genre (ment, hon.,
1903; méd. 3' cl., 1910; méd. 2- cl., 1912).
— Le It. /'. Ga/j're n'était pas seulement un écrivain
catholique et un des maîtres de la chaire contempo-
raine ; il avait aussi un réel talent de sculpteur : on
lui doit, en particulier, un Clirist, et une statue de
Jeanne d'Arc au bûcher, qui sera, un jour, érigée s«r
la place du Marché, à Rouen.
— Le peintre-graveur Fernand Uesmoulin est mort
à Venise, à l'âge de ;il ans. 11 était né à Javerlhac
(Dordogne) et s'était fait remarquer dès ses débuts au
Salon : il avait obtenu une mention honorable au
Salon de 1885, une médaille de 3* classe en 1889, une
médaille de bronze à l'Exposition universelle de la
même année, une médaille d'argent à celle de 1900,
en même temps qu'il était promu officier de la Légion
d'honneur. Le public connaît surtout son œuvre gravé,
ses portraits consciencieux et solides (Renan, Théo-
dore de Banville, Emile Zola) et ses paysages, comme
les vues de Venise qu'il exposait encore, cette année,
au Salon de la Société nationale. On lui doit aussi
quelques illustrations : les Soirées de Médan, les
Grands médecins d'aujourd'hui. Philanthrope d'un
dévouement sans bornes, Oesmoulins se consacrait,
depuis quelques années, à améliorer la situation
matérielle et surtout les dispositions morales des
détenus dans les prisons.
— Avec M. Mai- Hooses, le conservateur du musée
Plantin, qui vient de mourir à Anvers, âgé de soixante-
quinze ans, la Belgique perd un des historiens d'art
qui lui faisaient le plus grand honneur. Parmi ses publi-
cations, abondantes et diverses, il est des ouvrages,
comme celui sur VOEuvre de Rubens, en 5 volumes
in-4* (1886-1892), qui sont bien vite devenus clas-
siques; on lui doit encore la publication de la
Correspondance de Rubens (1887-1897, 2 vol.); une
monographie de Christophe Plantin (1883, in-fol.),
et la publication de la correspondance de l'illustre
imprimeur anversois; une monographie de Jacques
Jordaens (1885); une histoire de la peinture anver-
soise, en llamand. un livre sur le Vieil Anvers (1894),
une publication sur les l'einlres néerlandais du
XIX- siècle (1899), etc.
ANCIEN ET MODERNE
213
CHRONIQUE DES VENTES
LIVRES
A Paris. — Reprenons le compte rendu des
principales ventes de livres de cette saison,
comme nous l'avons fait, dans notre dernier
numéro, pour les ventes d'estampes.
Bibliothèque de feu M. Alphonse Willems,
de Bruxelles (livres anciens). — Nous avons
annoncé cette vente de la bibliothèque du savant
auteur de l'histoire des Elzévier et nous en avons
donné le résultat total, soit 317.057 francs. Rap-
pelons qu'elle s'est faite à l'Hôtel, du 4 au 7 mai,
par les soins de M' A. Desvouges et de M. Leclerc
et donnons la liste des principales enchères, qui
ont été pour les beaux exemplaires des éditions
eizéviriennes, ornées de reliures de bonne sorte,
particulièrement nombreuses en ce cabinet de
travailleur bibliophile, — le tout d'une tenue un
peu grave, mais qui nous a heureusement changés
des livres illustrés du xvni^ siècle et des éditions
de la bibliophilie moderne.
Un Virgile, publié en 1676, par Daniel Elzévier,
exemplaire sur grand papier, offert au Grand
Dauphin, tils de Louis XIV, par l'éditeur N. Hein-
sius, qui a écrit une dédicace de six vers latins
sur la feuille de garde, enrichi d'une belle
reliure ancienne en maroquin olive, a été adjugé
8.000 francs; un Alexander Magmis, de 1488,
8.100 fr.; une Historié van Rei/naert, de 1483,
8.;)00 fr. ; un Jason et Hercules, par Le Kebvre,
l:i2l, 8 100 fr. ; enlin, un Ogier le Danois, éd. de
Lyon, 1523, a été poussé jusqu'à 8.950 francs;
c'est ici le plus beau prix de la vente.
Citons encore les prix au-des>us ie 2.000 francs
suivants :
Érasme, 1533, exemplaire de Grolier, 7.050 fr. —
Les Sentences et maximes de La Kochefoucauld, éd.
originale de 1664, 5.000 fr. — Isocrales, 1550, exem-
plaire aux armes de la reine Elisabeth d'Angleterre,
ii.lSO fr. — Le Champion des dames, de Martin Franc,
l"éd., 1485, avec 62 lig. sur bois, 6.700 fr. — Le
Cluileau de labour, de Gringoire, 1500, avec la mar-
que de Pigouchet, 3.500 fr. — Œuvres de Baïf, 1573,
2.010 fr. — Plainte d'Acanle, par Tristan l'Hcrmite,
manuscrit, 2.160 fr. — Boecxken, premier livre avec
musique publié aux Pays-Bas, seul exemplaire connu,
2.805 fr.
Œuvres de Regnard, éd. de 1790, avec les fig. de
Moreau le jeune et de Marillier, 4.050 fr.
Saint Graal, 2° éd., 1523, 6.000 fr. — l'erceval le
Galloys, 1530, 5.020 fr. — Tristan, 3' éd., 6.120 fr. —
Les Quatre Fils Aymon, 1539,3.100 fr — Godefroy
de Houillon, 1511, 6.850 fr. — Baudoin, 3- éd., 1483,
6.020 fr. — Gargantua, de Uabelais, 1542, 3.500 fr.
Gil Blas, de Le Sage, 1725, avec dessins originaux
de Monnet, 1.000 fr.
Alexander Magnus, 1488, 8.100 fr. — Historié van
der Destrucion van Troyen, par Guido de Columna,
Amsterdam, vers 1500, 7.900 fr. — Historié van Rey-
naert, 1485, 8.500 fr. — Jason et Hercules, par Le
Kebvre, Anvers, 1521, 8.100 fr. — Gyron le Courtoys,
éd. de Vérard, 1501, avec fig. sur bois, 7.950 fr.
Vente de la bibliothèque de feu M. Pierre
Dauze (livres modernes). — L'intérêt de cette
vente résidait dans sa composition tout à fait
spéciale : elle ne comprenait, en efl'et, comme
nous l'avons dit en l'annonçant, que des livres
modernes en éditions originales, et la plupart
avec envois autographes d'auteurs et manuscrits
ajoutés. Un total de 105.000 francs a marqué la
fin des vacations de la première partie de la
vente, qui ont eu lieu à l'Hôtel, par les soins de
Me Desvouges et de M. Leclerc, du H au 16 mai.
Toutes proportions gardées, ces livres se sont
bien vendus et un grand nombre ont atteint et
dépassé 1.000 francs.
On citera, en particulier :
Les Fleurs du mal, de Baudelaire, 1.260 fr., avec
manuscrits originaux, et 560 fr. pour l'édition origi-
nale seule ; — le manuscrit original des Mémoires d'un
fou, de G. Flaubert, 2.700 fr. ; — l'édition originale de
Salammbô (1863), ex. sur hollande, 1.300 fr.; — un
recueil de manuscrits publiés fUT le Centaure, 1.610fr. ;
— le manuscrit original du Mannequin d'osier, d'Ana-
tole France, 3.100 fr.; — celui de l'Orme du mail,
2.100 fr., et celui de l'Anneau d'améthyste, 2.000 fr. ;
— une édition originale de l'Étui de nacre, du même
auteur, sur japon, avec autographes, 1.080 fr. ; — les
autres éditions originales de A. France ont fait de 500
à 1 000 fr. Autres éditions originales : Dominique, de
Fromentin, sur japon, 1.000 fr. (sur papier ordinaire,
135 fr.); — .Sac au dos, de Huysmans, 1.505 fr. — Du
môme Huysmans, les manuscrits autographes de les
Gobelins, 1.000 fr., et de A vau l'eau, 1.105 fr. ; —
celui de le Sang des crépuscules, par Ch. Guérin,
1.220 fr.
214
LE BULLETIN DE L'ART
— La seconde partie de la collection a été dis-
persée du 26 au 30 mai. Elle a produitOb. 000 francs,
soit 200.500 francs pour les deux parties réunies.
C'est dans cette série de vacations qu'on a eu à
enregistrer les deux plus beaux prix de la collec-
tion : celui de 7.620 francs, pour le manuscrit
Autographe de Aux flancs du vase, d'Albert .Samain,
publié, en 18'.H , par le Mercure de France; et celui
de 6.800 francs, pour une collection des ouvrages
publiés par la Société « les XX.», avec signatures
autographes des auteurs.
Citons encore :
Un recueil de manuscrits autographes d'Arthur
Rimbaud, 2.450 francs ; — le manuscrit autographe
de la Double maîtresse, de H. de Régnier, 1.950 fr. ; —
l'édition originale, avec une partie du manuscrit, de
Au jardin de l'infante, d'Albert Samain, 1.100 fr ; —
le manuscrit autographe de la Consultation du Doc-
teur noir, d'Alfred de Vigny, 3.000 fr. ; — et celui de
Jacques Damour, de Zola, 1.510 fr.
Vente d'une collection de livres d'archi-
tecture et de recueils d'ornements. — Nous
avons longuement annoncé cette vente, d'un
intérêt exceptionnel (n" 627), et nous avons
signalé le grand et légitime succès qu'elle avait
obtenu (n" 629) : du reste, la rareté des pièces
et la richesse des recueils étaient les plus sûrs
garants des vives compétitions que devaient
susciter, parmi les amateurs, cette réunion de
documents, qui n'avait pas coûté moins d'un
demi-siècle de recherches au collectionneur dont
tous les volumes portaient l'ea;-/î6ns, M. E. Foule.
Il faut se réjouir de ce que la plus grande partie
de ce précieux cabinet ait trouvé asile dans la
Bibliothèque d'art et d'archéologie, fondée par
M. .lacques Doucet, où ces pièces, désormais
sauvées de la dispersion, resteront à la disposi-
tion des travailleurs.
On a déjà dit ici que la vente, faite du 3 au
6 juin, par M" A. Desvouges, assisté de M. A. Be-
sombes, avait produit un total de 681.376 francs.
Dans ce total, plusieurs grosses enchères sont à
tirer de pair : un (JEuvre de Jacques Androuet
Du Cerceau, composé de 1276 pièces (exception
faite pour les volumes des Plus excellents basti-
ments de France), s'est vendu 51.000 francs ; un
Œuvre de W'atleau, gravé par les soins de Julienne
et comprenant 637 planches, a fait 28.100 francs;
un recueil de 1147 planches de petits maitres
décorateurs français, allemands, flamands, hol-
landais et italiens, des xv* et xvii» siècles, a été
poussé jusqu'à 37.000 francs.
Mais ces gros prix, tout importants qu'ils soient,
ne sont rien en comparaison des trois, cinq, huit
mille francs, obtenus par les recueils de planches,
quelquefois fort minces et le plus souvent raris-
simes, de certains décorateurs français et étran-
gers. C'est pourquoi on ne lira pas sans curiosité
la liste suivante, où nous avons réuni tous les
prix supérieurs à 2.000 francs, dans les diverses
catégories d'une vente comme on n'est assuré-
ment pas près d'en revoir une pareille.
Voici cette liste :
OuvKAOES SUR LES BEAUX-ARTS. — 2. L' Architecture
/■ranpoise, recueil d'architecture des époques Louis XIV
et Louis XV, 1727, 3 vol. in-fol., rel. anc, IMO fr. —
7. J.-Kr. Blondel. Architecture françoise, n">2-n56,
4 vol. in-fol., rel. anc, 499 pi., hôtels et monuments
de Paris et des environs au xviii" siècle, 5.800 fr. —
23. J.-A. Du Cerceau. /^e Premier (et le second) volume
des plus excellents bastiments de France, lîi76-1579,
4.500 fr. — 43. De Neufforge. Recueil élémentaire
d'architecture, 1757-1780, 8 vol. in-fol., rel. anc ,
3.425 fr.
La catégorie la plus abondante et la plus riche
était celle des recueils d'ornements propres à la
décoration des édifices et aux arts industriels,
qui comprenait des recueils appartenant à tous
les pays de l'Europe occidentale, du .xvi« au
xviii» siècle.
Recueils d'orne.ments propres a la décoration des
ÉDIFICES ET AUX ARTS INDUSTRIELS. — Arlistes français.
XVI' siècle. — 70. R. Boyvin. Dessins de Joaillerie et
de bijouterie, vers 1570, in-4* obi., rel. de Cuzin,
5.000 fr. — 71. R. Boyvin. Orfèvrerie, vers 1575, in-4',
2.000 fr. — 72. Diverses coiffures d'hommes et' de
femmes pour des ballets, d'après Maître Hous, in-i*,
2.200 fr. — 74. Etienne Delaulne. Œuvres d'ornements
pour l'orfèvrerie, et autres compositions, 6 vol. in-fol.
et in-8» obl., 9.000 fr.
75. Œuvres de Jacques Androuet Du Cerceau rela-
tives à l'ameublement, à l'orfèvrerie, à la décoration
des édifices et à l'architecture (à l'exception des Plus
excellents bastiments de /■Vance), recueil de 1276 pièces
formant la plus grande partie de l'œuvre du maître,
5). 000 fr.
76. J. Foillet. Nouveaux pourtraits de point coupé
et dantelles, 1598, in-4°, 3.650 fr. — 78. Maître au
monogramme L R. Moresques ou damasquinures,
43 pièces, 2.050 fr. — 79. D. Mignot. Dessins pour la
joaillerie et l'orfèvrerie, 1,593-1616, 6 vol. in-4'> et
in-8« obl., 8.000 fr. — 80. A. de Saint-Hubert. Pende-
loques, vers 1560, io-4% 2.120 fr. — 82. P. Wœiriot.
Libro d'avella d'arefici, 1561. in-4'' obl., 5.550 fr. —
83. P. Wœiriot. Garnitures d'épées, 1555, in-4» obl.,
3.300 fr. — 85. Anonyme français. Dessins pour lioîtes
de montres et gaines, 26 pi., 6.250 fr.
ANCIEN ET MODERNE
215
XVII' siècle. — 88. L'Archilecture à la mode, 2 vol.
D-fol.. rel anc , 3.250 fr. — 94. J. Bérain. Ornemens,
1663-niO, in-fol , 2.250 fr. — 119. Ant. Jacquard.
Modèles pour la serrurerie, l'arquebuserie et l'orfè-
vrerie, 16)5, in-4°, 3.700 fr. — 135. Daniel Marot.
mUivres... contenant plusieurs pensées utiles aux
(ircfiitectes, peintres, sculpteurs, orfèvres, jardiniers
et autres, 1703, in-fol., 4.400 fr. — 145. Bouquets d'or-
fèvrerie, cinq .suites en 1 vol. in-fol., 2 620 fr. — 157.
J. Toutin. Modèles d'orfèvrerie, 11 pi , 1619, in-8',
2.320 fr.
B. J.
(A suivre.)
EXPOSITIONS ET CONCOURS
Bryson Burroughs, Ernest Lawson (galerie
l.evesque, 109, faubourg Saiiit-Honoré). — C'est
la preinirre des expositions annuelles « d'art
moderne américain' », destinées à révéler aux
l'arisiens casaniers la production transatlantique,
où le style réfléchi, mais spirituellement évadé
des formules, s'oppose à IHmpression spontanée,
mais nourrie de souvenirs.
Là-bas, trouver le style à travers toutes les
fumées du progrès et l'idéal drns la plus âpre
des luttes pour la vie, n'est-ce pas découvrir
une seconde fois le nouveau monde? Aussi bien,
la découverte est-elle savoureuse; et le poétique
évocateur de Vénus et Adonis nous ménageait
plus d'une surprise 1 .Né à Boston, en 1869,
.\1. Bryson Burroughs est conservateur au Metro-
politan Muséum de New- York ; après avoir subi,
dans son pays, l'érudile influence du ilécorateur
Kenyon Cox, il reçut, à Paris, les conseils du fin
styliste Olivier Merson ; notre l'uvis de Chavannes,
plus encore, devait lui montrer sa vocation parti-
culière, et nul n'admire plus sincèrement que
cet étranger le poète de la peinture qui dota la
bibliothèque de Boston de la pure lumière des
songes virgiliens; mais le disciple ne s'est-il pas
avisé de transporter l'humour de sa race anglo-
saxonne dans la sérieuse tradition poussinesque'?
Kt voilà bien le plus piquant de l'histoire : à le
voir interpréter les belles fables gréco-latines
el rajeunircavalièrement les vieux mythes sacrés,
on dirait d'un néo-firec ou d'un l'ompéien, qui
s'amuse à verser la satire dans l'églogue ; mais
tu Belle HéUne attesté moins la verve aristopha-
nesque d'un Offenbach que le sourire discret
d'un Jules Lemaître écrivant >< en marge h des
vieilles légendes immortelles. Un Salon des Humo-
ristes ne refuserait point sa Nausicaa, son Uylas,
ses Tentations de saint Antoine, ni son Jardin de
Vénus on la chaste Suzanne avolsine un groupe
comique d'Hercule et d'Omphale. Ailleurs, près
d'audacieux dessins d'après le modèle, des contes
ou la vue d'une Banlieue naïve avouent la hantise
do la miniature persane et du paysage primitif;
et jamais l'ironie n'effarouche la poésie : témoin
telle virginale ligure de Proserpine en regard
d'un Pluton d'opérette.
Si le curieux styliste Bryson Burroughs a passé
par nos ateliers, l'opulent paysagiste Krnest
l.awson est, de même, un peu « de chez nous »,
car c'est au pays de l'impressionnisme, à Moret-
sur-Loing, que cet Américain, d'origine écossaise
et canadienne, a composé sa palette, après avoir
reçu les avis de feu John Twachtman, à New-
York. Est-ce par atavisme, mais cet amant de la
simple nature adore, avant tout, la glace et la
neige, les blanches vapeurs d'un malin d'hiver,
les vergers brumeux sur les berges vertes de la
petite rivière de Harlem, les vieilles masures
cernées par les ornières, les quartiers excentri-
ques et les ponts anciens, tous les coins retirés
d'une banlieue menacée, comme la nôtre, par
l'invasion des gratte-ciel. Et son exécution, sa
grasse matière même, offrent l'aspect des glaçons,
en superposant la brume et la pâte, l'atmo-
sphère et la couleur, le blaireau de Whistler et la
truelle de Courbet: encore un signe particulier
de la race, qui s'impose aux goûts plus généraux
d'une époque.
Charles Milcendeau (galerie Druet). —
Expositions diverses. — L'espace et le temps
ne nous ont pas permis de questionner l'art
étranger dans les vieux jardins de Venise ou de
Florence que l'originalité de M"" Emma Ciardi
peuple de légers fantômes, ni l'art d'hier dans les
« rétrospectives » de deux petits maîtres, le
peintre normand Félix-Adolphe Cals (1810-1880),
que la vente Doria, dès 1899. avait remis en
lumière, et le paysagiste alsacien Clément
Faller (1819-1901), que nous avions déjà revu
chez Bernheim jeune (1); mais ne terminons
point cette saison chargée sans accorder le souve-
nir qu'ils méritent aux petits cadres de .M. Char-
les Milcendeau, l'admirateur de Holbein et le
portraitiste des paysans de la Vendée natale, de
la Vieille-Castille ou de la Corse, qui dessine,
avec la consciencieuse précision d'un primitif,
(1) Voirie Bulletin du 27 février 1909. pp. 70-;i.
216
LE BULLETIN DE L'ART
les regards profonds dans les visages ridés;
par la seule force du Irait, ses portraits au crayon
sont toujours pleins d'àme, et c"est le dessin
surtout qui fait de cet observateur un artiste.
Raymond Bouybr.
LE RÈGLEMENT DE L'EXPOSITION
L'ACADEMIE DES BEAUX-ARTS
Dans sa séance du 18 .juillet, l'Académie des
beaux-arts a adopté le règlement des expositions
qu'elle organisera, tous les trois uns, dans les
salles du Jeu de Paume des Tuileries, qui lui ont
été concédées à cet effet.
Voici le texte de ce règlement :
Article PHE.MiEK. — Une exposition, dite «Exposition
de l'Académie des beaux-arts » aura lieu à Paris, tous
les trois ans, du 25 mai au 10 juillet.
Art. 2. — Cette manifestation, uniquement conçue
au point de vue de l'art français et entièrement distincte
des Salons annuels, sera purement nationale.
Art. 3. — Les œuvres exposées seront groupées
en quatre sections, à savoir : Peinture — Sculpture,
Gravure en médailles. Art décoratif — Architecture —
Gravure et Lithographie.
A titre de complément, des séances de musique
pourront être organisées par la section de composition
musicale de l'Académie.
Art. 4. — L'Académie conviera des artistes à prendre
part à l'exposition avec les mêmes droits d'exposants
que les académiciens. Ces artistes, dits « participants
à l'exposition de l'Académie des beaux-arts», seront
désignés une fois pour toutes.
Art. 0. — La Compagnie se réserve de disposer
d'une salle à part pour une exposition d'œuvres de ses
uiembres décédés depuis l'année 1900.
Art. 6. — Le nombre des exposants, y compris les
membres de l'Institut, sera au maximum (du moins
pour le présent) de 80 peintres, 40 sculpteurs ou
graveurs en médailles, 30 architectes, 15 graveurs ou
lithographes, 10 représentants de l'art décoratif; en
tout et au plus 175 exposants.
Art. 1. — La liste des participants sera dressée par
les dilîérentes sections de l'Académie, chacune en ce
qui la concerne, et soumise à la Compagnie entière.
Art. 8. — Tous les exposants devant être, comme il
a été dit plus haut, sui le pied d'une parfaite égalité à
l'exposition, le placement des œuvres se fera par voie
de tirage au sort.
Art. 9. — Chaque section décidera du nombre
d'œuvres que tout exposant pourra envoyer.
Tout participant choisira lui-môme ses envois. Il
lui sera loisible soit de n'envoyer que de» ouvrages
d'exécution récente, soit de constituer un ensemble
d'ouvrages de divers moments de sa carrière, à la
condition d'y comprendre au moins une production
nouvelle, jamais exposée.
Aht. 10. — Il n'y aura point de jury, mais seulement
un Comité d'or^-anisation matérielle et de surveillance,
composé du bureau de l'Académie, de trois peintres,
dont un participant, de deux sculpteurs, de deux
architectes, de deux graveurs, dont un participant par
section, et d'un académicien libre, rapporteur. Ce Comité
n'aura de pouvoir que pour la durée d'une exposition.
Nulle récompense ou distinction ne sera décernée.
Art. H. — Il sera nommé, dans le sein de l'Académie,
une commission permanente composée du bureau de
la Compagnie et de trois peintres, deux sculpteurs, deux
architectes, un graveur, un musicien et un rapporteur
pour l'étude suivie des questions relatives à l'exposition.
Art. 12. — Des règlements particuliers seront pré-
sentés par la section de composition musicale tou-
chant les concerts qu'il y aurait lieu de prévoir ou
par la commission permanente pour toutes antres
initiatives qui paraîtraient avantageuses.
LES REVUES
Allemagne
Die Kiinst (mai). — R.Braumoart. OUo Hauvieill.
— Peintre de la montagne.
— K. .\btkr. Femand Khnopf]'. — Aperçu général
de l'œuvre de l'artiste belge.
— II. Tafri,. Fontaine monumentale à Buenos- Aires,
par le sculpteur G. A. liredoui.
— A. L. Maveb. Le Greco. — A propos du 300* anni-
versaire de sa mort.
— F. vo!« Ostini. Albert von Keller. — Aperçu
général de l'œuvre du portraitiste munichois. à pro-
pos de son 70' anniversaire.
— L'Avenir de la <• Si^cession de Munich ». — Actuel-
lement menacée, puisqu'elle sera obligée de quitter
le •' Palais de Marbre », où ses expositions avaient
lieu jusqu'ici.
— H. Braungaht. Le .Saion de printemps de la
« Sécession de Munich ».
— P. Westhkim. Le Bouquet. — A propos d'une
exposition de bouquets et de décorations Iluralrs à
Berlin.
— Th. IIkuss. Une Histoire de l'art des jardins. —
A propos de l'ouvrage de M"' Gothein.
— R. BRAUNfiART. Les • ex-libris • d'Alfred Soder.
— E. Kleinkempkl. La Villa Ulumeneck à llrèine.
— Construite par les architectes Eeg et Runge. —
G. IlcEr.
Le Gérant : H. Dinis.
Harii. — Imp. Georges Petit, 12, rue fiodot-de-Mauroi .
Numéro 633 1" Décembre 1919.
LE BULLETIN DE L'ART
ANCIEN ET MODERNE
UN CHEF-D'ŒUVRE A CONSERVER A LA FRANCE
«L'ATELIER DE COURBET»
SO use RI P TION NA TIONA LE
Une toile de Gustave Courbet, d'une importance considérable par ses vastes dimensions, son
histoire, ses qualités picturales et les doctrines esthétiques dont elle est la synthèse, — une toile de
20 pieds de long sur 12 de haut, que le peintre d'Ornans appelait une «allégorie réelle» et dans
laquelle il a entendu résumer tous les types et toutes les idées qui avaient rempli son existence
entre 1848 et 1853, où il s'est représenté lui-mt'^me avec une vingtaine d'autres personnages, se
trouve en ce moment exposée à la galerie Barba/.anges, jusqu'à la (in de ce mois de novembre.
La Revue, dont le prochain numéro ne paraîtra qu'après la clôture de cette exposition, se devait
de l'annoncer tout au moins ici et d'engager ses lecteurs et ses amis, les collectionneurs, les
artistes, les érudits, tous ceux qui ont le culte des gloires françaises, à l'aller visiter, et à contribuer
ensuite, chacun pour sa part, à la souscription ouverte en vue de l'achat de ce chef-d'œuvre.
Car l'Atelier de Courbet est à vendre, et il est du devoir de notre pays de faire l'impossible pour
que l'œuvre la plus représentative d'un des maîtres de notre école de peinture reste chez nous et
prenne place au Musée du Louvre, près de l'Enterrement à Ornans.
Le Conseil des Musées nationaux, la Société des Amis du Louvre, plusieurs grands amateurs
français l'ont tout de suite compris et ils ont fait le geste qu'il fallait faire. Leurs souscriptions
forment déjà un total imposant, mais, pour généreuses qu'elles soient, elles n'atteignent pas
encore le prix énorme demandé pour ce tableau : 900.000 francs.
Aussi, adressons-nous à tous un chaleureux appel. La lettre de Courbet à Champfleury, que
la galerie Barbazanges a publiée à cette occasion, nous dispensera de donner sur l'hisioire et sur
la portée de l'œuvre les renseignements nécessaires ; et, du reste, quelque soit l'intért^t de ce
document, le seul examen de la peinture en dira davantage aux connaisseurs et les convaincra
certainement que cette toile exceptionnelle demande un exceptionnel effort de leur part.
Qu'ils ajoutent leur contribution aux souscriptions déjà recueillies :
Conseil des Musées nationaux 250.000 francs.
Société des Amis du Louvre 25.000
Divers grands amateurs 30.000
Liste de souscription en cours 25.000
et le chef-d'œuvre de Courbet ne quittera pas la France !
218
LE BULLETIN DE L'ART
ÉCHOS ET NOUVELLES
-5^ M. Jean Dunand, orfèvre-ciseleur, citoyen suisse,
vient d'être fait chevalier de la Légion d'honneur,
pour a services signalés rendus à la cause des
Alliés ».
On sait, en effet, que cet excellent artiste, dont les
vases en métal se renouvellent sans cessu, tant dans
leur forme et leur décor que dans leur matière, et qui
manie lui-môme l'outil, avait imaginé une visière
mobile, adaptable au casque de tranchées et destinée
à protéger les yeux du combattant contre les éclats
d'obus et les jets de liquides eutlammés. En même
temps, M. Dunand s'était préoccupé de la transfor-
mation du casque lui-même et il avait obtenu une
coiffure en acier au manganèse, emboutie d'une
seule pièce, bords et cimier compris, qui constituait
non seulement un parfait instrument de protection,
mais une véritable œuvre d'art, d'une ligne sobre,
élégante et robuste. Quelques milliers d'exemplaires
de ce casque étaient fabriqués quand l'armistice
survint.
On voit que M. J. Dunand, ciseleur-orfèvre, avait
aussi ses droits à la croix de M. J. Dunand, bon
serviteur de la cause des Alliés.
•1^ On sait le grand et légitime succès obtenu par
la récente exposition des œuvres de Baertsoen à la
Galerie Georges Petit. Ce qu'on ne sait pas, c'est que
cette exposition a failli ne pas ouvrir à la date
annoncée, les caisses contenant les tableaux expédiés
de Belgique étant retenues .i Paris, par la Douane,
qui en refusait livraison.
Ce n'est qu'après avoir exigé de l'artiste un
cautionnement de 10.000 francs (dix mille), sous
prétexte « qu'il pourrait peut-être vendre une partie
des tableaux exposés », que le Directeur des Douanes
a autorisé la livraison de ce qu'il détenait.
On parle à tout propos de l'accueil que la France a
toujours réservé aux artistes étrangers, et c'est
justice. Il ne faudrait pas pourtant que les fantaisies
d'un Lebureau vinssent compromettre cette excellente
renommée et décourager les artistes étrangers dési-
reux d'exposer chez nous : après de pareilles
mésaventures, on ne les y reprendrait pas deux lois.
^ On s'est étonné de ne pas voir, à la belle
exposition de vitraux du Petit-Palais, les magnifiques
verrières de Notre-Dame et de la Sainte-Chapelle,
qui représentent l'époque de l'art du vitrail antérieure
à celle des vitraux exposés.
Pourquoi cette regrettable lacune '.'
Parce que les vitraux exposés au Petit-Palais (musée
des beaux-arts de la Ville de Paris) appartiennent à
des églises dont la charge incombe à la Ville, tandis
que la Sainte-Chapelle et Notre-Dame sont des
édifices sur lesquels veille l'État.
De sorte que les roses de Notre-Dame ont été
remontées sans qu'on sut mis à profit cette occasion
unique de les placer littéralement sous les yeux du
public.
-l| Tout le monde est d'accord que la nouvelle
Chambre se trouve en face d'un ordre du jour plutôt
chargé. Outre tant de projets de loi à examiner, de
budgets à équilibrer, d'emprunts à voter, il va lui
falloir aussi choisir l'auteur du monument qui sera
élevé, dans l'une des salles du Palais Bourbon, aux
députés tombés au champ d'honneur. Grave problème.
11 y a un projet dû à M. Bourdelle, dont
M. AV. George dit, dans le Pays, qu' • il s'impose par
la puissance de son expression, par son aspect
austère, par son envolée martiale ». Il y a aussi un
projet di'i à M. Barreau, dont le même critique écrit
qu'il est « un statuaire sans talent et sans scrupules ».
Peut-être nos honorables embarrassés appelleront-
ils un troisième artiste, à qui ils demanderont une
œuvre de représentation proportionnelle.
•}§ A Rome, ,\I. Corrado Ricci a présenté sa dé-
mission de directeur des Beaux-Arts. C'est une
grande perte pour l'Italie. Le Bulletin a souvent parlé
de son œuvre si intelligente et si active. C'est lui qui,
directeur de la Pinacothèque de Brera, à Milan, a
complètement réorganisé cette galerie. Il passa
ensuite à la direction des galeries de Florence, d'où il
fut appelé en 1906 à la Direction générale à Uome.
Les deux lois sur le service des Beaux-Arts sont dues
en grande partie à son énergie et à son esprit d'orga-
nisation. Il n'a pas craint de mettre n la tète des
diverses surin tendauces des Beaux-Arts et des grandes
galeries des hommes jeunes dont les italianisants ont
eu souvent l'occasion d'apprécier les mérites. Il a su,
directement ou indirectement, enrichir les collections
italiennes de nombreux chefs-d'œuvre : il sullira
de rappeler le Jacopo Belliui des Ollices et le f^un
Oioiannino de Donatello, du Rargello, la Jeune -fille
d'Anzio aux Thermes de Dioclétien et les fresques de
Bramante à Brera. Il a fait commencer le catalogue
général des objets d'art d'Italie, a fondé, près de la
Direction à Rome, des archives photographiques et
une bibliothèque. Il a publié plusieurs ouvrages et
de nombreux articles que les érudits ont souvent
consultés.
Au moment où il prend une retraite à laquelle sa
longue activité lui donnait droit, mais que les amis
de l'art italien ne peuvent pas ne pas regretter,
M. Corrado Ricci est nommé président de l'Institut
national d'archéologie et d'histoire de l'art, fondé
en 1918 et installé au Palazzo Venezia, à Rome.
Le successeur de M. Corrado Ricci a été désigné en
la personne de M. Arduino Colasanti qui. à la Direc-
tion générale, était à la tête de la section d'art
contemporain. Mais M. Colasanti s'est également
occupé d'art ancien et a publié, entre autres, un fort
beau livre sur Gentile da Fabriano. 11 a 41 ans, ce qui
lui permettra, espérons-le, de conduire à terme des
œuvres de longue haleine. — L. G.
ANCIEN ET MODERNE
219
INFORMATIONS
Académies.
A llnstitut. — A la séance publique des cinq
Académies, qui s'est tenue le 25 octobre, M. Maurice
Fenaille a parlé, comme délégué de l'Académie des
Beaux-Arts, sur l'Art de la tapisserie.
On connaît le bel ouvrage, aujourd'hui classique,
consacré par M. Fenaille à la manufacture des Gobe-
lins; nul n'était mieux qualifié que l'auteur de ce
livre pour entretenir k- public « des règles et des
principes grâce auxquels les maîtres ouvriers d'autre-
fois avaient résolu les problèmes techniques de leur
métier et porté leurs ouvrages au degré de perfection
qui justifie leur prix et leur renommée ». Il a insisté
sur la nécessité, pour notre pays, de rayonner par
les industries de luxe, au nombre desquelles la tapis-
serie de haute lisse garde toujours l'estime des
amateurs. Mais pour que cette industrie prospère,
a-t-il ajouté, il faut qu'elle revienne à des méthodes
trop oubliées ou trop méconnues et que nos manu-
factures nationales soient « le conservatoire d'un
métier noble et délicat entre tous, afin de fournir à
l'industrie privée les directions intelligentes et la
main-d'œuvre exercée qui lui manquent ».
Et pour appuyer d'exemples son exposé, M. Fenaille
a décrit quelques-uns des chefs-d'œuvre de l'art de
la haute et basse lisse, et lumineusement caractérisé
les divers modes d'exécution employés par les grands
artistes de la tapisserie.
Académie des inscriptions et belles-lettres
(séance du 31 octobre). — Sur les arrérages de la
fondation Thorlet, l'Académie attribue 1.000 francs à
M. Léon de Vesly, pour l'ensemble de ses recherches
archéologiques en Normandie.
— M. de Mély fait une communication relative aux
documents qu'il a tirés des comptes, des obituaires,
des inscriptions, etc., sur trois cent soixante archi-
tectes ayant travaillé entre le xii* et le xv siècle. Ces
documents donnent les noms des auteurs de quarante
cathédrales, — parmi lesquelles celles de Lisieux,
d'Angoulème, du Puy, de Chartres, d'Autun, de
Reims, de Clermont-Ferrand, de Paris, de Soissons,
de Strasbourg, de Metz, de Verdun, etc., — et de
soixante et onze églises bâties au moyen âge.
Il ressort, entre autres choses, de cet ensemble de
noms, que les monuments du moyen âge ont pour
auteurs quelques familles d'architectes, véritables
dynasties, travaillant dans la suite des âges aux
mêmes monuments et apportant naturellement dans
les édifices nouveaux qu'ils sont appelés à construire,
des traditions de famille qui forment ainsi des
écoles.
— Dans sa séance du 7 novembre, l'Académie a
attribué, sur la fondation Pellechet, une subvention
de 1.200 fr. à la Société des Amis des arts et des
sciences de Tournus pour consolider un contrefort
de l'église de Prayes, commune de Chissey-les-Màcon
(Saône-et-Loire).
— Dans sa séance du 14 novembre, l'Académie a
élu, au siège de M. Chavannes, M. Lejay, chef du
laboratoire de phonétique au Collège de France, et
au siège de M. Picot, M. Brutails, professeur à l'Uni-
versité de Bordeaux.
Musées
Musée du Louvre. — En faisant leur tournée, le
1" novembre au matin, deux gardiens du musée du
Louvre constatèrent que la porte d'une des salles
des antiquités asiatiques (salle 6) était ouverte et
portait des traces d'effraction. L'ne vitrine murale
contenant des bijoux antiques avait été défoncée.
Après inventaire, on constata que le seul objet
dérobé était un collier d'or travaillé, d'époque phéni-
cienne. On acquit, d'autre part, la conviction que le
voleur s'était caché dans le Louvre à l'heure de la
fermeture et qu'il s'était enfui en sortant par la
fenêtre et en descendant par les moulures jusqu'à la
Cour carrée.
Trois jours plus tard, le collier était retrouvé. Le
voleur était allé en proposer l'achat à un bijoutier
qui avait reconnu l'objet et l'avait remis à la police,
donnant des renseignements sur l'auteur du vol qui
ne tardait pas à être arrêté à Evreux. C'est un jeune
homme du nom de René-Charles Pescheux.
Prix de Rome
L'Académie des beaux-arts a jugé les projets des
dix architectes concourant pour le prix de Rome!.
Le sujet proposé était : le Valais pour la Ligue dei
Nations, à Genève. '
Deux grands prix de Rome ont été décernés à'
MM. J.-L. Carlu, né en 1890, à Bonnières, élève de'
MM. Laloux, Duquesne et Recoura, et J.-J. ilaffner,
né en 1885, à Sainto-Marie-aux-Mines, élève de
M. Laloux; deux premiers seconds grands prix, à
MM. Girardin et Sollicr, et un deuxième second
grand prix à M. .lacob.
— Pour la gravure, il a été attribué deux premiers
grands prix : l'un à M. Albert Decaris, âgé de dix-neuf
ans, élève de MM. Cormon et Dczarrois; l'autre à
M. René Godard, né en 1886, élève de MM. Waltner,
Ferrier, Sulpis et Flamong.
Deux premiers seconds grands prix ont été attribués
à MM. G. Paulin et P. Matossy ; et un deuxième second
grand prix à M. F. Uéray.
Le sujet imposé était : Eve avant le péché.
— La Villa Médicis recevra donc cette année dix
pensionnaires : deux grands prix de composition
musicale, MM. M. Delmas et Ibert; un de peinture,
M. Rigal ; deux de sculpture, MM. Jeanniot et
Delamare; un de gravure en médailles, M. Lavrillier;
et les quatre ci-dessus nommés pour l'architecture et
là gravure.
220
LE BULLETIN DE L'ART
Monuments.
A Reims. — Pendant que se poursuivront les longs
travaux de remise en état de la cathédrale de Reims,
on a décidé de rendre au culte la partie nord du
déambulatoire, depuis le croisillon nord jusqu'à la
chapelle d'axe exclusivement. Pour cela, il est néces-
saire d'élever un mur le long du chœur, de remettre
des vitraux aux fenêtres et de construire, dans le
croisillon, un plafond qui garantisse les fidèles contre
la chute des pierres tombant parfois du haut des
murs.
Ces travaux, qui seront terminés pour le jour de
Noi'l (il n'a pas été possible de les achever, comme
on l'avait espéré, pour le 2 novembre), entraîneront
une dépense de 84.000 francs. L'État, à qui cette
dépense incombe, compte beaucoup sur l'aide de la
Société des amis de la cathédrale de Reims, fondée en
1917 sous le patronage du président de la République
et du cardinal Luçon, et sous la présidence eflective
de M. Lefèvre-Pontalis.
Cette Société a déjà fait beaucoup pour aider l'État.
Elle demande à tous les Français de l'aider elle-même
dans l'œuvre de patriotisme et de piété qu'elle a
entreprise. Les adhésions et cotisations (10 fr., 20 fr.
et 100 fr.) sont reçues par M. Anthony Thouret,
trésorier, 10, rue Coëtlogon, à Paris.
A Bruxelles
Les musées royaux de peinture et de sculpture
viennent d'entrer en possession du legs de M. A.
Beernaert, ministre d'État. Le Musée ancien a reçu
deux toiles de l'école flamande, Sainl Sébastien et
Èrigone, de Van Dyck, ainsi qu'un très beau Portrait
de magistrat de P. Soutman, peintre- graveur hollan-
dais, élève de Rubens, et qui grava d'après les œuvres
du grand maître.
Le Musée moderne s'enrichit de l'Écurie, de J. Stob-
baerts, du Hussard, de Meissonier, de plusieurs toiles
de Lamoriniére, de Fourmois et de deux pastels de
V. Hageman.
LES EXPOSITIONS
XII' Salon d'Automne
Le précédent remonte à 1!»13; et dans la lueur
de chapelle ardente qui tombe de la coupole du
Grand-Palais sur le blanc fantôme du Balzac
revenu de l'hôtel Biron, la première impression
serait « qu'il n'y a rien de changé », sans la
présence des morts... Car ce douzième Salon,
qui fait voisiner si.x expositions, commence par
une anthologie bien incomplète des « morts pour
la Patrie », que préside silencieusement la pai-
sible et grande composition du regretté l'ierre
(Jourdault : Pendant la messe. C'est, ensuite, une
sélection « d'artistes combattants », groupés par
M. George Desvallières; les exposants habituels
des Salons de l'automne, à qui la plus terrible
des guerres n'a rien appris ; une brève « rétros-
pective » de Rodin; la Section du Livre, où la
gravure sur bois rivalise avec la reliure; enfin,
toute une série d'ensembles décoratifs, document
sur l'Ame contemporaine entrevue dans les curio-
sités de la matière au service de l'art.
La décoration demeure la préoccupation mai-
tresse de ce Salon très automnal à tous égards,
comme l'époque elle-même; en voici la preuve
dans l'envoi capital de la peinture : les trois
harmonieux Carions de tapisserie de M. Jaulmes,
que la manufacture des Gobelins exécutera pour
la ville de Philadelphie et pour le Musée Rodin.
Il n'y a pas que des dcformatenrs en ce Salon
de rà-peti-près : au premier abord, on ne voit
qu'eux; mais, entre les fauves d'hier et les
cubistes d'aujourd'hui, l'amoureux d'art et de
style reconnaîtra bientôt les siens : M. Maurice
Denis, évoquant Jésus à Béthanie, M. George
Desvallières et son Ex-voto à sainte Geneviève, le
Japonais Foujita, qui fait de la peinture religieuse
en symbolisant la Vie éternelle, M. Ciolkowski,
l'illustrateur de la Rose mystique, M. Gustave
Florot, peintre d'une Annonciation comme
M. Mainssieux, qui fut si justement remarqué
pour ses Vues de Rome, en 1913.
En cette convalescence tardive de la peinture,
c'est encore la décoration qui nous signale la
Guirlande de M. Claudius Denis, une Fantaisie sur
les Saisons de M™" Marval et la Source dans la nuil
de M"« Dufau, dont les Jardins d'Eres avaient un
peu déconcerté ses admirateurs en 1914, au
classique Salon des Artistes français. M"» Dela-
salle reste fidèle au portrait; et second grand
prix de Rome en 1919, M"" Cormier fait ici
l'école buissonnière.
M. Vallotton reste morose et M. Bonnard
insouciant. Dorénavant, loin de l'impression-
nisme entré dans l'histoire, c'est moins Renoir
ou Manet qui semble iniluencer la jeunesse
inquiète, que le farouche triumvirat : Cézanne,
Gauguin, Van Gogh, sans oublier le douanier
Rousseau. Fausse naïveté, fausse audace... Mais
quel réconfort inattendu de retrouver ici la
fraîcheur d'une émotion spontanée dans les
intérieurs provinciaux de M. Durenne, les bou-
doirs discrets de M. Paul Henaudot, les études
variées de M. Tristan Leclère, dit Klingsor, ()ui
ANCIEN ET MODERNE
221
n'est magicien que par sa passion pour l'art
français de Chardin ! Le grand Nu de M. Marquet
n'est qu'une académie très moderne et bien
sauvage dans sa lumineuse précision.
Chez MM. Zingg, Louis Chariot, Gaudissart et
Jacques Blot, le paysage, qui s'éloigne de la
nature, est vu par les yeux de Cézanne; mais le
bon portrait de M. Théodore Duret, par M. Georges
van Houten, nous apporte un exemple opportun
d'une évolution féconde.
Au premier rang des étrangers, toujours nom-
breux, n'oublions pas M. Cameron Burnside,
l'auteur du bel Hommage de la Croix-Roiigc amc-
ricaine, que la présente exposition du Luxembourg
offre à la France victorieuse et meurtrie.
Sans parler des tenants de l'art nègre ou poly-
nésien, la statuaire se partage toujours entre
deux directions : le romantisme et l'archaïsme :
l'influence posthume et déjà rétrospective de
Rodin semble dorénavant moins prépondérante
en sa robuste agitation que celle de deux sculp-
teurs invisibles et présents, MM. Maillol et
Bourdelle, dont l'empreinte est flagrante sur les
figures trapues de M. Joseph Bernard. La statuaire
a ses Préraphaélites; et cette étrange lourdeur
que l'avant-garde emprunte un peu tardivement
aux devanciers de Phidias nous paraît moins
éloquente que la sincérité vraiment simple et
sobre qui caractérise un buste virginal de M. Jules
Jouant, les portraits de M. Albert Marque, l'entoi
d'un animalier venu d'Espagne, M. Hernandez, et
l'intérieur élégamment français de M. Mathieu
Gallerey, que leX« Salon des Artistes décorateurs
avait déjà mis en lumière. — Ray.mond Bouyer.
Les Vitraux des ég:lises de Paris
Dans les fenêtres de la galerie des sculptures
du Petit-Palais, les vitraux anciens des églises de
Saint-Séverin, Saint-Étienne-du-Mont, Saint-Ger-
main-l'Auxerrois, Saint-Gervais et Saint-Merry,
démontés et mis à l'abri des bombardements,
viennent d'être remontés et exposés pour quel-
ques semaines. Grande est pour tous la joie,
grande est aussi la surprise, de pouvoir examiner
d'aussi près ces vitraux que leur éloignement et
une épaisse couche de crasse rendaient souvent
presque indéchiffrables. Les sujets peuvent être
identifiés, les couleurs notées, les détails
reconnus.
Ces vitraux sont en assez bon état. Plusieurs
d'entre eux ont été restaurés, au milieu du
xix« siècle, par des artistes qui ont honnêtement
signé leurs travaux, comme Lafaye à Saint-
Séverin en 18!J2. ,
Tous n'ont pas la même valeur artistique. Les
grandes époques de l'art du vitrail, le xn», le
xiii= siècle ne sont pas représentées. Nous aurions
aimé pouvoir étudier de près les grandes roses
de Notre-Dame, et, malgré les restaurations
nombreuses qu'elles ont subies au début du
XVIII" et au milieu du xix"= siècle, en admirer les
détails : ces roses viennent d'être remises en
place, plus éclatantes que jamais.
Les plus anciens vitraux que nous trouvons ici
sont ceux des fenêtres hautes de Saint-Séverin,
vitraux du xv siècle, à grands personnages, —
la Vierge et l'Enfant, le Christ et la Madeleine, des
saints patrons comme Saint Michel, Saint Jean-
Baptiste, Saint Sebastien, avec les donateurs à
leurs pieds, dans un haut décor à dais et cloche-
tons encadré de bandeaux de feuillages, composé
par un architecte plutôt que par un peintre. Ces
vitraux ont grand air; malheureusement, les
teintes peu solides ont pâli; le rose des chairs et
les grands blancs, dont on abusait alors, ne sont
plus guère que des taches d'un ton grisâtre.
La grande majorité des vitraux exposés appar-
tiennent au xvi» siècle, et sortent des ateliers des
Le Prince, puis des Pinaigrier. Quelques-uns
sont d'une grande beauté, par l'éclat des cou-
leurs, l'ampleur de la composition, la richesse
de l'architecture et des costumes; on citera,
notamment, la série de la vie de la Vierge, de
Saint-Gervais, qu'accompagnent d'amusants qua-
trains; les nombreuses petites scènes de l'enfance
et de la vie de la Vierge, de la vie et des miracles
de saint Claude, et la Pentecôte, formant le
sujet de trois grandes verrières à Saint-Étienne-
du-Mont; le Martyre de saint Laurent, à Saint-
Gervais, attribué à Jean Cousin et daté de 1553;
et la grandiose composition du Jugement de
Salomon, sur un haut socle à colonnes, à Saint-
(lervais également, peinte en 1531, peut-être par
Robert Pinaigrier. Un vitrail du xvi« siècle de
Saint-Germain-l'Auxerrois, flgurant l'Incrédulité
de saint Thomas, est remarquable par le geste
hardi et expressif, renouvelé du fameux groupe
du portail de Notre-Dame de Semur-en-Auxois,
du Christ saisissant à pleine main le bras de
saint Thomas et lui enfonçant de force les doigts
dans son côté, l'ius beaux encore sont les
merveilleux petits tableaux sur verre des anciens
charniers de SaintÉtienne-du-Mont, fins comme
des miniatures, éclatants comme des émaux,
aussi intéressants par les détails iconographiques
222
LE BULLETIN DE L'ART
et symboliques des scènes représentées, que par
la richesse de leur exécution : l'Eucharistie, la
Barque de l'Église et l'Arche de Noé, et surtout le
Pressoir mystique, exécuté sur les cartons de
Robert Piiiaigrier et dont M. Emile Mâle a expli-
qué le sens.
A côté de ces vitraux, on a exposé des
tableaux enlevés des mêmes églises par crainte
du bombardement, et, en particulier, les deux
admirables ex-voto à sainte fieneviève, patronne
de Paris, que l'on ne pouvait voir que fort
difficilement dans le bas-côté sud du chœur de
Saint-Étienne-du-Mont: l'un, peint par Largillière,
en 1096, l'autre, par Jean-François de Troy,
en 1726, avec de magnifiques portraits d'éche-
vins. — MaKCEL AuiiFRT.
LES VENTES
A Paris
C'est dans un Hôtel Drouot rajeuni par une
adroite et trop nécessaire toilette, que la saison
des ventes a repris, cet automne, sitôt les portes
ouvertes et les badigeons à peine secs.
Rappelons brièvement les ventes qui ont inau-
guré la saison, à commencer par celle des
meubles ayant garni les appartements des pléni-
potentiaires anglais à la Conférence de la Paix,
vente terminée sur un total de 80.000 francs.
— Elle a été suivie par celle des objets d'art
provenant du château de Cercamp-lez-Frévent
(M» A. Couturier; MM. Guillaume et J. Ferai) : six
grands fauteuils couverts en tapissserie au point,
à pavots, d'époque Régence, ont été adjugés
22.500 fr. sur demande de 18.000 fr.; un lit en
bois sculpté et laqué gris, d'époque Louis XVI,
a atteint le prix de 13.900 fr.; enfin, deux char-
mants portraits de Jeune fille et de Jeune liomme,
par A. Grimou, signés et datés, ont réalisé
12.200 francs.
— La collection de M. A. Martin a fourni égale-
ment, le 22 octobre, quelques prix intéressants:
une bouteille à reflets métalliques, en ancienne
faïence de Perse, a été adjugée 6.700 fr.
(demande, 3 000 fr.) ; un grand plat à décor de
Heurs, en ancienne faïence de Strasbourg, estimé
250 fr. seulement, est monté à 2.405 fr. ; une
grande tapisserie du xvn» siècle, estimée 20.000,
a été adjugée 29.000 fr.; une autre tapisserie chan-
cellerie à armoiries, a été vendue 20.200 fr. sur
demande de 15.000 francs.
— Une vente d'estampes gravées d'après des
peintures de sir Thomas Lawrence, faite par
M« Desvouges, a produit 35.416 fr., avec, comme
enchère principale, celle de 2.250 fr. pour les
Portraits de la comtesse Gower et de lady Elisalieth
Levefon Gower, gravés par Cousins (épreuve à
petites marges).
— Les 30 et 31 octobre, dans une vente
d'estampes dirigée par M' Desvouges, assisté de
.M. Loys Delteil, le meilleur prix pour les gra-
vures anciennes a été celui de 3.400 fr. pour un
Buste de jeune femme, d'après A. Watteau ; parmi
les modernes, citons : trois planches des Caimees
de Goya, 4.300 fr., et la Morgue, de .Meryon
(4<: état, avant la lettre), 3.000 francs.
— La vente de la collection de M. D... [Descroix]
de Lille, s'est terminée le 8, sur un total de
280.000 fr. (M« Baudoin; MM. Mannheim. Léman
et Ferai). Les tapisseries, quoique peu impor-
tantes, ont atteint de bons prix, notamment
deux verdures du xvii» siècle, à décor de paysage
boisé, 10.000 fr.; et une portière Renaissance,
à animaux dans un parc, 15.010 francs.
— Le 10 novembre, dans une vente de pein-
tures, dessins et objets d'art, faite après décès
de M. D... (M"" Saulpic et Desvouges; MM. Ferai
et E. Pape), un Portrait du marquis de Tourny,
ancien intendant de Guyenne, parTocqué, a été
adjugé 20.000 fr. (prix de demande). Cette toile
provenait du château de La Falaise, acquis en
1714 par la famille de Tourny et demeuré en sa
possession pendant un demi-siècle. Elle n'a
point été achetée par la ville de Bordeaux ; et
c'est là un exemple nouveau du peu de souci
que la plupart des villes de province ont de
leur histoire et des hommes qui ont eonlribué à
leur grandeur ou à leur embellissement.
Parmi les autres enchères de cette vente, qui
a produit un total de 128.000 fr., signalons aussi
celle de 7 800 fr., obtenue, sur demande de
5.000 fr., par le Portrait d'un enfant, donné par
le catalogue à l'école de Drouais.
— Le 17 novembre, la vente F. II. (Fury-
Hérard), a fait 134.000 fr. pour les tableaux et
dessins seulement (M" Lair-Dubreuil et Auboyer,
M. Ferai); queltiues prix sont à citer : un dessin
de Lhermitle, Repas à la ferme, 2.250 fr. ; deu.x
Sujets galants de Vangorp, 11.900 fr. ; une
esquisse du Portrait de Marie-Antoinette dauphine,
ANCIEN ET MODERNE
223
par Duplessis, 8.600 fr. ; un Portrait présumé du
graveur Drevet, simplement attribué à Largillière
est monté jusqu'à 12.000 fr. ; et un Teniers,
Paysans devant une auberge, a été adjugé
13.000 fr.
— Le 18 novembre, à la vente de la Bime P...
deux Vues de Venise, parCanaletto.se sont vendues
8.100 et C.200 fr. (M« Izouard, M. Ferai).
A l'Etranger
A Londres, le 6 novembre, chez Cliristie, un
important tableau de Romney : .W"" ïieckord
enfants, a atteint le prix énorme de 52.000 livres,
soit près de deux millions au cours actuel du
change (1.925.000 fr. environ). L"n portrait de
Reynolds, Alexandre, 1 0' dw' de Hamilton, enfant,
a fait 12.500 livres, et un portrait de Williain,
11' duc de Hamilton, enfant, par Raeburn,
9.000 livres.
Ventes anaoncées.
— Le 24 novembre, 57, rue de Babylone, et le
27 novembre, à l'Hôtel, salle n" 8 : vente de la
collection de M. J. Plassard : laques du .lapon,
ivoires japonais, pierres dures, émaux cloisonnés
et bronzes (M" Lair-Dubreuil ; M. Portier)
— Le 27 novembre, à la Galerie Georges Petit :
vente de la collection de M. H. Vian : tableaux,
aquarelles et dessins modernes, avec, dans le
nombre, vingt-sept œuvres de Lebourg et six de
Fantin-Latour (M" Lair-Dubreuil; M. Georges
Petit).
— Les 28 et 29 novembre, salles n° 6 : vente
d'une collection de petites estampes des écoles
françaises et anglaises du xviiie siècle, la plupart
imprimées en couleurs, provenant de la collection
de M. X... (M« Lair-Dubreuil ; MM. Paulme,
Lasquin).
— La première grande vente de la saison sera
celle de la collection de M. Hazard, dont la
première partie sera dispersée les i", 2 et
3 décembre à la galerie Georges Petit (M" Lair-
Dubreuil, M. Georges Petit). Les amateurs de
peintures, dessins et aquarelles modernes seront
bien servis : le catalogue ne compte pas moins
de 392 numéros et réunit, aux plus grands noms
de l'école française du xix' siècle, nombre de
petits maîtres extrêmement recherchés depuis
quelques années.
Rien que dans la catégorie des peintures, on
compte une cinquantaine de Cals et une quaran-
taine de Lépine, parmi lesquels les meilleurs de
ses paysages parisiens; les fidèles de l'impres-
sionnisme pourront choisir parmi les Sisley, les
Monet, les vingt-trois Guillaumin et les six
Jongkind, parmi les figures et les paysages de
Renoir; d'autres préféreront les Corot (il y en a
dix-neuf, figures et paysages), les Daumier (il y
en a douze), les Delacroix ou les Barye, les
Fantin ou les Gustave Colin, ou même telle
esquisse de Tassaert {Mirabeau et le marquis de
Dreux-Urézc), qui date de 1831.
Et ces noms se retrouvent tous aux dessins et
aux pastels, dont les séries sont aussi nombreuses
et aussi riches en œuvres résumant les diverses
tendances de l'école française pendant la même
période, — de Delacroix, Decamps, Millet, Rous-
seau jusqu'à Jongkind et à Cézanne.
Une Vierge à l'Enfant de l'école flamande du
xv" siècle et un dessin de D. Tiepolo [Risttrrection)
représentent les écoles anciennes et semblent un
peu perdus dans un pareil ensemble, sur l'intérêt
et l'originalité duquel il n'est pas besoin d'in-
sister.
— A peu de jours d'intervalle, viendra la
première vente de la Succession de M. le pasteur
Goulden, de Sedan, d'une composition toute
différente et,d'un intérêt non moins considérable
par la rareté et la beauté des pièces qu'on verra
passer aux enchères (galerie Georges Petit, les
8 et 9 décembre; M" Lair-Dubreuil, .MM. Paulme
et G B. -Lasquin).
Il s'agit ici d'objets d'ameublement des xvii" et
xviii» siècles et de remarquables meubles des
mômes époques, parmi lesquels une magnifique
série de fauteuils, canapés, écrans, etc., recou-
verts en ancienne tapisserie d'Aubusson ou de
Paris; enfin, et surtout, d'une suite de tapisseries
flamandes du temps de Louis XII, de la Renais-
sance, des xvii« et ww siècles, qui résument
toute l'histoire de la tenture de haute lisse de
ces ateliers, depuis les précieux panneaux à
grands personnages {Tournoi, Présentation à la
Cour, Jardins) jusqu'aux riches compositions du
temps de la Régence, d'après des sujets des
Métamorphoses, des cartons de Teniers {l'Été), ou
encore l'Adoration du veau d'or.
En regard des 192 numéros du catalogue, nous
aurons quelques belles enchères à inscrire.
tt.-CI. C.
224
LE BULLETIN DE L'ART
LES LIVRES
L'Œuvre gravé de Degas |1)
Chargé de remplir à la vente Degas le rôle d'expert
pour les estampes, M. Loys Delteil n'a eu garde de
négliger l'heureuse fortune qui lui permettait de dresser,
à l'intention de son Peintre-Graveur, un catalogue
complet de l'œuvre gravé de l'artiste. Travail passion-
nant mais minutieux, car, dit-il dans sa préface,
pour la majeure partie des eaux-fortes et pointes
sèches, » chaque épreuve constitue un nouvel état
rendant la moindre d'outre elles très précieuse ». Car
ici, plus qu'ailleurs, ce grand inquiet, « consciencieux
jusqu'au raffinement», avait prisetrepris son ouvrage,
allant jusqu'à effacer aux trois quarts des planches
qui touchaient la perfection. C'est ainsi (juc, pour le
portrait de Miss Mary Cassât {Au Louvre : la Pein-
ture),eota-toHe et aquatinte, M. L. Delteil ne mentionne
pas moins de vingt états.
Le chiffre des cuivres, — eaux-fortes, pointes- sèches,
vernis mous, aquatintes, — décrits au présent catalogue
est de quarante-cinq, plus une pièce douteuse : Che-
vaux dans la prairie. La première gravure connue,
le Portrait de Degas par lui-même, remonte, d'après
M. L. Delteil, à 1855. L'éducateur de Degas pour l'eau-
forteserait Bracquemond,mais sans preuves décisives.
Plus tard, Desboutin et le baron Lepic achevèrent
son initiation. De 1865, — c'est-à-dire après les très
beaux portraits gravés de Manet et de la soeur de
l'artiste, — M"" Fèvre —, à 1875, interruption dans
l'œuvre gravé qui reprend avec des séries modernes
dont les dernières furent exécutées aux environs de
1882. Les lithographies, au nombre de vingt, ne
remontent pas au delà dé 1815 : le café-concert et les
scènes intimes prédominent Les épreuves en sont
pour la plupart encore plus rares que les tirages de
cuivres. Une seule est assez connue, c'est le Programme
de la soirée des anciens élèves du lycée de Nantes (1884).
Mais, dans cet état, ce n'est que le report lithographique
d'un vernis mou.
Comme dans les précédents volumes du Peintre-
Graveur, chaque pièce est soigneusement reproduite
en fac-similé et dans l'état le plus caractéristique.
Quand les états différent profondément, la reproduc-
tion s'étend à deux ou trois d'entre eux. On trouve
au-dessous les dimensions précises de l'original,
l'indication des noms des principaux possesseurs, la
mention des prix obtenus dans les ventes récentes.
En fait, un ouvrage excellent, épuisé d'ailleurs dès
son apparition. — Charles Saunier.
(1) Edgar Degas, par Loys Delteil (tome IX du
Peintre-graveur illustré). — Paris, l'auteur, 1919, in-4°.
CARNET DE L'AMATEUR
Expositions
•il Exposition d'artistes de l'école américaine : au
musée du Luxembourg (voir la Revue du 10 novembre).
^ l'J' Salon d'automne : au Grand Palais des
Champs-Elysées, jusqu'au 10 décembre.
•j§ Vitraux anciens des églises de Saint-Merry,
Saint - Germain -l'Auxerrois, Saint -Séverin, Saint -
Gervais, Saint-Étienne-du-Mont : au Petit Palais des
Champs-Elysées.
•i^ Société de la Miniature, de l'Aquarelle et des
Arts précieux : galerie Brunner, 30, rue Royale;
jusqu'au 30 novembre.
•5^ Maurice de Lambert; G. Brun-Buisson (aqua-
relles); L.-E. Parturier (peintures, gouaches) ; Joseph
llurard (peintures et dessins) : galerie Devambez,
43, boulevard Malesherbes, jusqu'au 28 novembre.
■J§ Paul Sérusier (peintures et panneaux décoratifs) :
galerie Druet, 20, rue Royale, jusqu'au 21 novembre.
■ij « L'Atelier de Courbet », tableau par Gustave
Courbet : galerie Barbazanges, 109, faubourg Saint-
llonoré, jusqu'au 30 novembre.
■il Lachenal et les blessés de son atelier (céra-
miques) : galerie D. L M., 19, place de la Madeleine,
du 12 décembre au 3 janvier, et galerie Devambez, du
16 au 31 décembre.
^ Exposition d'art contemporain (1" groupe) :
galerie Marcel Bernheim, 2 bis, rue Caumartin,
jusqu'au 29 novembre.
•i^ Société internationale de la peinture à l'eau
(X* exposition): galerie Chaîne et Simonson, 19, rue
Caumartin, jusqu'au 2 décembre.
■^ Albert André : galerie Durand-Huel, 16, rue
Latfitte, jusqu'au 29 novembre.
Cours et Conférences
École nationale des beaux-arts. — Le cours
public d'histoire de l'art, à l'École nationale des
beaux-arts, interrompu pendant la guerre, depuis la
mort de M. Louis de Fourcaud, a été repris le 6 no-
vembre (et continuera tous les jeudis à 15 heures),
par M. Louis Ilourticq, le nouveau titulaire de la
chaire, qui traitera, cette année, de la Renaissance en
Italie.
École nationale des Chartes — Le cours d'ar-
chéologie du moyen-âge, professé par M. G. Lefèvre-
Pontalis, a repris le 4 novembre. Il aura lieu tous le»
mercredis et jeudis à quatorze heures et demie.
Conservatoire des Arts-et-Métiers. — L'ouver-
ture du cours d'art appliqué aux métiers, par M. Marcel
Magne, a eu lieu le 4 novembre. Les cours se continue
ront les mardis et samedis, à vingt et une heure quinze.
Le Gérant : 11. Dems.
Paris. — Iiiip. George» IVlil, 12, rue Godot-dcMauroi.
J>^^'^ m
ùti ^'''
', 1 1 1 'y ^ V
^
TABLE DES MATIÈRES
ANNEE 1914-1919
ARTICLES DIVERS, INFORMATIONS
EXPOSITIONS ET CONCOURS
LES REVUES
I agcs.
A propos d'une donation, par M. E. D. . . . 97
AHaire (!') du pont d'Héricy (si/ife), par M. E. D. 169
•• Amis (les) du Palais » et le Palais, par M. E. D. 105
Armure (1') de Philippe II, par M. E. D. ... 73
Autour du Palais-Royal, par M. E. D 1
Autour du Palais-Royal : le Commencement de
la fiu, par M. E. D 2.5
Ribliographie 7, 143, 224
Carnet de l'Amateur 224
Céramique (la) ornementale en Haute-Normandie,
à propos d'un livre récent, par M. M. N. . . 31
Chronique du vandalisme : le Pont d'Héricy, par
M. E. D 145
52* Congrès (le) des Sociétés savantes .... 135
Correspondance d'Italie :
Les [(estauralions à Florence, par M. L.Giellv. 14
Correspondance de Munich :
A propos du 0 Felil Paire » de Lenbacti; — la
Galerie municipale de Itosenheim, par M.
Marcel Montakdon 71
Correspondance de Roumanie :
Le Quatrième centenaire d'un lirre ; — le
Musée Grigoresco, à Bucarest, par M. Marcel
Moktandon 119
Courrier des départements :
A Bordeaux : une Exposition John Leviis
Brovn, par M. C. L 118
Deux arrêts du Conseil d'État, par M. E. 1). . 193
Don (le) du roi Georges V à la France, par M. E. 1). 129
Échos et nouvelles, 1, 9, 17, 26, 33, 42, .50, 58,
66, 74, 81, 90, 97, 10.5, 114, 122, 130, 138, 145,
154, 163, 170, 177, 185, 193, 202 218
Cages.
Églises (les) romanes des Vosges, à propos d'un
livre récent, par M. J.-A. Bhutmls, archiviste
de la Gironde 38
Estampes et dessins, par M. E. D. . . . . . 185
Expositions et concours, par M. Raymond Bobveh,
6, 13, 21, 30, 37, 45, 53, 61, 70, 77, S6, 95, 102,
110, 117, 134, 141, 160, 167, 176. 183, 192, 199,
215 220
Générosité excessive, par M. E. D 33
Inauguration (!') des salles Camondo, par M. E. U. 177
Informations 219
Inquiétantes galéjades, par M. E. U 161
Institut (1') et la Ville de Paris, par M. E. D. . 113
Internationale (1') de 1916, par M. E. \^. . . . 209
Jardins (les) du Pincio, par M. E. D 9
Loi (la) porlant création d'une Caisse des monu-
ments historiques 126
Monnaies et timbres-poste, par M. E. D. ... 17
Monuments et musées, par M. E. L) 201
Notes et documents :
Sur un bas-relief du Louvre, attribué à Fran-
cesco Francia, par M. Jean de Fovillk. . . 55
L'Acte de naissance de Philippe de Ctiaui-
paii/ne, par M. Albert-S. IIemuux .... 87
Parc (le) de Watteau au Conseil d'État, par M. E.l). 81
Parthénon (le), à propos d'un livre récent, par
M.J.F 46
Photographie (la) dans les musées nationaux :
La Question du privili'ne, par M. E. D. . 41
Le Prix des épreuves, par M. E. D 49
Le Droit de reproduclinn. par M. E. D. . 57
Les Sept mille clichés appartenant à l'État,
par M. E. D 65
Une Chalcographie moderne, phT M. K.V. ■ . 89
L'Exemple de l'Italie, par M. E. D 121
L'Exemple des monuments histoi-iques, par
M. E. D ... 137
Récompenses (les) du Salon 187, 196
2M
LE BULLETIN DE L'AHT
l'ages.
Hèglement (le) de l'Exposition de l'Académie des
beaux-arts 216
nevues (les), 8, 15, 24, 32, 40, 48, ;j6, 63, 12, 79.
88, t04, 112, 119, 136, 144, 168, 184, 200, 208. . 216
Sur l'Exposition d'art français de Gopcnhague,
par M. E. D 153
Un chef-d'œuvre à conserver à la France :
« l'Atelier de Courbet » . 217
Variétés :
Chateaubriand continuateur de Le Sôlre, par
M. Raymond Bouver 22
Ckateaul>riand précurseur de M. Maurice
liarrès, par M. Raymond Bodyer 126
CHRONIQUE DES VENTES
(par ordre chronologique).
Tableaux, Objets d'art. Curiosité,
par M, Marcel Nicolle.
A Paris : vente de la collection Je M"" A. 11.
(tableaux, objets d'art), 3; — de la collecti<in du
baron de C... (tableaux). — Les grandes ventes à
l'étranger en 1913 : à Londres {suite) : vente de
tableaux et d'estampes ; — de la collection Murray
Scott (tableaux, objets d'art), 4.
Les grandes ventes à l'étranger en 1913 : à Londres
(/Sn) : vente d'objets d'art, 11 ; — de la collection
de lord Joicey (tableaux anciens et modernes) : —
de la collection du duc de Sutherland (tableaux
anciens et modernes) ; — de la collection de la
duchesse de Newcastle (tableaux), 12; — de la
collection Fitzhenry (objets d'art), 13.
Les grandes ventes à l'étranger en 1913 {fin) : à
Amsterdam : vente de tableaux et objets d'art, 19.
A Paris : vente de tableaux par Aman-Jean, —
Ventes annoncées : à Paris ; — à Berlin, 28.
A Paris : vente de bustes en bronze anciens. —
Ventes annoncées ; à Paris ; — à Pau, 36 ; — à
Berlin : tableaux modernes, 37.
Ventes annoncées : à Paris, 44,
A Paris : succession M... [Marchand] (tableaux,
objets d'art) ; — succession de la marquise du V ,.
(objets d'art) ; — vente de tapisseries ; — vente
Henriette Rodggers fobjets d'art, etcj, 52 ; — de
tapisseries; — de tableaux modernes. —Ventes
annoncées : à Paris, 53.
A Paris : vente de tableaux anciens ; — d'objets d'art ;
— de la collection Rochard (objets d'art), 60 ; —
de tableaux anciens. — A Londres : vente d'argen-
terie anglaise. — Ventes annoncées : à Paris ; —
à Berlin, 61.
A Paris : vente de la colleclion Kitziienry (objets
d'art;; — d'objets provenant du château de R ..
[Koquencourt; (2' vente) ; — de tableaux modernes ;
— de boiseries anciennes. — Ventes annoncées :
à Paris, 68 ; — à Londres, 69,
A Paris : vente d'objets d'art; — de tapisseries; —
de " la Peau de l'Ours » (tableaux modernes;. —
Ventes annoncées : à Paris, 76,
A Paris ; vente de la collection de M"' X. . [M"* IL
Menicr] (tableaux, objets d'art), 83 ; — liquidation A.
et J. Seligmann (1" vente : objets d'art). — Ventes
annoncées : à Paris, 84 ; — à Leipzig ; — à Mi-
lan, 85.
A Paris : liquidation Seligmann (1" vente), 91 ; —
vente de la collection de M"' L, H. R... (tableaux) ;
— de sièges, d'une pendule ; — vente de la collec-
tion du marquis de M.., [Marmier] (tableaux
anciens), 93 ; — d'objets d'art ; — liquidation Selig-
mann (2* vente). — Ventes annoncées : à Paris, 94.
A Paris : liquidation Seligmann (2' vente : objets
d'art), 100 ; — vente de tapisseries. — Vente»
annoncées : à Paris, 101 ; — à Berlin ; — à Londres ;
à Bruxelles, 102.
A Paris : vente d'objets d'art appartenant à M"* J... ;
— appartenante M"* X. . [.M"* H. Mcnier, 2' vente),
108 ; — d'objets d'art; — de la collection de M. X...
(miniatures); — d'objets provenant du château
de N... ; — de la collection du comte de F...
(tableaux, objets d'art) ; — succession Lévesque
(tableaux, objets d'art). 109; — d'objets d'art —
Ventes annoncées : à Paris ; — à Amsterdam ; —
à Berlin; — à Milan, 110,
A Paris : vente de tableaux ; — d'objets d'art, 116; —
de la collection Victor Margueritte (tableaux) ; —
de la collection du marquis de Traynel (monnaies
antiques, objets d'art) ; — de tapisseries, 117,
A Paris : vente J. Gouderc (objets d'art) ; — de
tableaux, 124. — Ventes annoncées : à Paris, 125;
— à Berlin, 126.
Ventes annoncées : à Paris, 132 ; — à Amsterdam. 133
A Paris: vente de la collection Paul DelarolT (tableaux
anciens), 139 ; — de porcelaines de Chine. —
Ventes annoncées : à Paris, 140 ; — à Berlin ; —
à Milan, 141.
A Paris : vente de la collection Hodgkins (dessins
anciens), 148 ; — de la collection Delaroff (2* vente :
tableaux anciens) ; — d'objets d'arl ; — succession
Mauzaize (objets d'art) ; — de tableaux modernes.
— Ventes annoncées : à Paris, 149.
A Paris ; vente de la collection M. de G... (Michel de
Gunzbourg] (tableaux anciens, objets d'art), 155 ; —
liquidation Seligmann (3* et 4* ventes) ; — vente de
la collection de M"' délia Torre ^objets d'arl.
estampes), 156 ; — de la colleclion Jules Glaretie
(tableaux modernes); — d'objets d'art; — de la
ANCIEN ET MODEHNE
235
collection lioger Marx (2* el 3° ventes : peintures et
dessins modernes). — Ventes annoncées : à Paris,
157.
A Paris : vente île la collection Roger Marx (tableaux :
liste des prix), 163 ; — d'objets d'art; — succession
de M"" H... (tableaux) ; — vente de M"" X...
(tableaux); — succession de la baronne de II. .
(objets d'art) ; — vente de la collection II. Kulmann
(tableaux modernes) ; — de quatre bustes par Hou-
don ; — succession Clavière (objets d'art), 164 ; —
succession Charles André (dessins, objets d'art) ; —
vente de la collection Antony Koux (peintures,
sculptures et objets d'art). — Ventes annoncées ;
à Paris, 165; — à Amsterdam, 166.
A Paris : succession Charles André (dessins, tapisse-
ries), m ; — vente de la collection A. Roux (suite).
172 ; — de tableaux anciens ; — de la collection
B. de Lesseps (tableaux modernes) ; — de la collec-
tion Arthur Sambon (objets d'art, tableaux, sculp-
tures). — Ventes annoncées : à Paris, 173.
A Paris : vente de la collection A. Sambon (liste des
prix), 180 ; — de tabh^aux et d'objets d'art, 181 ; —
d'un pastel par La Tour ; — d'un tableau par
Fragonard ; — succession Liandier; — vente de la
galerie Crespi (1" vente : tableaux anciens). —
Ventes annoncées : à Paris, 182.
A Paris : vente de la galerie Crespi (1" el 2' ventes :
liste des prix). 188; — d'objets d'art; — de la collec-
tion du marquis de Biron (1" vente : dessins, pein-
tures, objets d'art), 189. — Ventes annoncées : à
Paris, 191.
A Paris : vente de la collection du marquis de Biron
[fin), 197 ; — de la collection Roger Marx (4' vente) ;
— d'objets d'art; — de la collection de M. L... (objets
d'art); — de la collection Fairfax Murray (tableaux
anciens) ; — succession de M"' N.-D. [Nouette-
Delorme] (tableaux, objets d'art), 198; — vente de
la collection Bourée (objets d'art); — de boiseries;
— de tableaux modernes; — de la collection Roger
Marx (5* vente : médailles et plaquettes). — Ventes
annoncées : à Paris, 194.
A Paris : vente de tapisseries et d'objets d'art, 205 ;
— au Havre : succession Letellier (tableaux, objets
d'art), 206.
A Paris : ventes diverses, 222 ; — à l'étranger. —
Ventes annoncées : à Paris, 223.
Estampes
par M. U. G.
A Paris : ventes diverses, 20.
Ventes annoncées : à Paris, 37.
.\ Paris ; ventes d'estampes du xviii' siècle, 53.
A Paris ; vente d'estampes modernes. — Ventes
annoncées : à Paris; — à Berlin, 6t.
Ventes annoncées : à Paris, 85, 95, 133, 151, 159.
A Paris : ventes diverses; — vente de la collection
Roger Marx, 206; — ventes diverses, 207.
Livres
par M. B. J.
A Paris : vente de la bibliothèque du marquis de
Piolenc (livres anciens et modernes), 29.
A Paris : vente des livres de la succession S..., 86.
Ventes annoncées : à Paris, 141, 175.
A Paris : vente d'une collection de livres d'architec-
ture, etc., 191.
A Paris : vente de la bibliothèque de feu Alphonse
Willems, de Bruxelles (livres anciens); — de la
bibliothèque de feu M Pierre Dau/e (livres modernes),
213; — d'une collection de livres d'architecture et
de recueils d'ornements, 214.
Monnaies et Médailles
par M. J. F.
A Paris : ventes diverses, 21.
N
2
B9
19U/19
Le Bvilletin de l'art ancien
et moderne
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