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Full text of "Le Bulletin des recherches historiques"

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L806393 


REYNOLDS    Hi?TORICAL 
GENEALOGY   COLLECTION 


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ALLEN  COUNTY  PUBLIC  LIBBARY  , 

3  1833  00878  7928 


'    1^. 

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Reckrcks 

fiisîoripes 

nitlUtiii     d'arclu-olooi,,    d' hiitoin\    de    biographie,     dt 
biblios^rapliic.  de  ntiiiiisiuatiquc     etc., 

PriiLlE    l'AK 

PIERRE-GEORGES  ROY 

VOLUME  VL\(;T- UNIÈME 

i>i':vis 
iï)ir. 

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BUI^LKTIX 

180G393 


RECHERCtiES  MISTORipES 


VOL.  XXI  BEAUCEVILIE-JANVIER  1915  No.  1 


LA  MARQUISE  DE  VILLERAY 

La  marquise  de  Villeray  qui  procura  l'hoiiiieur  d'une  entrevue  avec 
Louis  XVni  à  Mgr  Ple.ssis  apparteuait-elle  à  notre  famille  Rouer  de 
Villeray  ? 

Deux  lettre.s  en  notre  possession— de  la  marquise  à  l'honorable 
Iguace-Michel-Louis- Antoine  de  Salaberry,  le  père  du  héros  de  Cha- 
teaugay — ,vont  jeter  de  la  lumière  sur  cette  question  posée  dans  le 
Bulletin  des  Rccheyches  Historiques  (Vol.  XX,  No.  lo,   pp.  330- -^31). 

Nous  donnons  le  texte  inédit  de  ces  lettres  sans  rfen  changer  de 
leur  ortographe  et  de  leur  ponctuation  : 

Paris  ce  18  juillet  1S17  Rue  de 

Bour   Bon 
No  4 

J'ai  eu  l'honneur,  Monsieur,  de  vous  écrire  le  28  juin  dernier, 
i'avois  Reçu  de  vous  une  lettre  sans  datte  la  seule  qui  me  soit  Parve- 
nue de  plus'îures  que  vous  in'avés  fait  l'honneur  de  m'écrire,  à  ce  que 
j'ai,  lieu  de  croire,  et  moi  même  je  vous  en  avois  adressés  plusieur,  et 
jen  avois  Confié  une  à  M.  Reeves  de  montréal  dont  vous  ne  me  Parlé 
pas  dans  votre  lettre,  vous  me  Parlé  du  malheur  de  la  perte  d'un 
transport  et  des  Passagers  au  nombre  de  210  pensoimes  dont  une  votre 
auu'  et  autres  qui  vous  étoient  chères,  toutes ,  péry.s  sur  les  Côtes  de 
l'isle  de  terre-neuve.  Vous  m'anoncé  le  major  germain  mari  de  Mlle 
de  la  force  fille  du  conuuodore  la  force  qui  étoit  l'oncle  Maternelle  de 
feu  M.  Roiiér  de  Villeraj-  mon  mari  a.ssurément.  Ce  sera  [lour  mes 
enfants  et  ])()Ur  moi  une  occasion  bien  heureuse  pour  Ralier  la  famille 
que  de  Voir  ici  M,  Le  major  germain, cousin  insu  de  germain  par  sa  fem- 
me de  mes  enfants. 


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— 4— 

J':ii  assurémtnt  saisi  avec  un  em])re.ssenient  Bien    sincère    et    Bien 
j         n;iliir<l_     Quand  on  a  eu  l'avantage  de  vous   connoitre    seullement    un 
pt'U    .Monsieur,  Loccasion  de  Renonveller  connaissance  avec  vous    sitôt 
i         qu'il  ;i  (■{{.  j)ossible  parce  que  très  ])eu  de  tems  après  le  iier    Retour   de 
I         noip-  Koi  en  1814  j'eus  l'honneur  de  vous  écrite,  toute   jeune  que    j'é- 
toi-,  I II  lyf^^  éjxjque  à  la  quelle  vous  étiés  en  france  et    que  j'eus    donc 
l'li''ii'iir  de  vous  voir  ches  mon  père  et  ma  nierc  avec  lesquels  je  vi^.•ois, 
voir,  (aractère  de  loyauté,  votre  esprit,  vos  connaissances  nie  firent  une 
I  iiiipr'ssion  que  le  teins  comme  vous  en  avéseu  la  preuve  na  point  effacé. 

j  et-  j':ii  éprouvé  une  bien  douce  satisfaction  à  savoir  q'un  des  hommes 
j  If  plus  bonnette  d'un  pays  Resté  pure  existait,  je  vous  Recherché  donc 
j  avi'.  11,1  vrai  Plaisir  et  j'ai  appris  plus  iwrticulièrement  par  M.  l'abbé 
j  ta\<ii(jt  la  conduite  héroïque  de  Mr.  votre  fils,  dans  ma  dernière  du  2S 
j  jiii'i  ji;  vous  disois  que  Mr  de  Salaberry  de  france,  enfin   le    député    de 

I  Kl>,i  ,  ne  m'avoit  point  donné  les  détails  de  la  guerre  du  Canada  et    que 

i  je  viioit  de  lui  écrire  ou  allait  lui  écrire  pour  lui  demandé,  je  lui  ais 
éff"  tivement  écrit  et  je  suis  encore  a  avoir  sa  Réponse,  mais  je  jiense 
qiK-  comme  voila  Bientôt  le  moment  qu'il  va  venir  à  Paris  il  m' appor- 
ter:» lés  détails  qui  mintéressent  vivement  je  i)uis  vous  l'assurer  positi- 
veiiicr.t,  puisqu'il  cons.serne  Mr  votre  fils,  car  les  faits  de  ce  héros  doi- 
vent l'imorlalisér  et  combien  je  suis  .sen.ssibleà  votre  Bonheur  Récipro- 
4''<-,  Lui  de  vous  avoir  pour  père,  vous  de  l'avoir  pour  fils,  le  Respecta 
l>le  al)bé  tavenet  m'a  compté  dernièrement  comment  avec  300  hommes 
;  •'^eiilk-ment  il  a\-oit  déffendu  le  Canada  contre  les    ennemis  en  force  pro- 

(l'^^ieusement  suppérieure,  comme  enfin  il  avoit  sauvé  le  Pays    de    l'in- 
vasion je  ne  conçois  pas  comment  Mr  de  Salaberry  ne  m'a  pas  comnni- 
"iqué    tous   les    détails    s'il    les  a    Reçu,    et   certainement    je    les   lui 
i  redenienderai  avec  instance.     Je    viens  d'apprendre  à    l'instant    qu'un 

j  consul  français  vient  d'être  nommé  et  va  aller  au    Canada,    a.ssurément 

;  je  sîiisirai  cette  occasion,  je  vous  remercie  des  soins  que  vous  avés  Bien 

j  voulu  vous  donner  pour  Retrou\-er  tout  ce  qui  peut  conserner  la  maison 

I  Hoiiér  de  \'illeray,  le  père  de    mon    mari    avoit    eu  une  commission  du 

i  I^"i,  je  crois  que  c'étoit  le  Cte  de  Raiinond  ou  Raymond  Qui  a  été  sou- 

I  verneur  de  liste  Royale,  je  crois  aussi  qui  au  nom  du  Roi    avoit    donné 

c.tle  commis.sion  au  psre  de  mon   mari,  et  c[u'il  a   al).indr)iiné    quand    il 
;  Passa  en  france,  je  crois  encore  en  175S  ou  1759  avec  sa    femme    et    .ses 

I  enfants,  je  suis  surs  que  les  deux  près  Mrs  Roiier  tle  \'illera>-  pa.ssés  de 

!  france  en  Canada,  l'un  s'appelait   Augustin    Roiiér    de    Villeray,    l'un 


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était  premier  conseillé  a»  conseil  souverain,  son  frère  était  officier'dans 
un  Régiment.  Je  voudroit  Bien  Remonter  de  mon  mari  ou  de  son 
iiere  jusqu'à  ces  deux  premiers  Mrs  Roiiér  de  Villerax'  passé  de  france 
en  Canada  le  jeune  Reeves  qui  est>venu  ici  l'année  dernière  et  qui  e>t 
Retourné  avec  des  lettres  de  moi  et  pour  vous,  Monsieur,  devoit  avoir 
l'honneur  de  vous  Référer  de  tout  cela  en  mon  nom,  je  n'ai  pas  eu  de 
ses  nouvelles  du  tout. 

Veuilles  Bien,  Monsieur  Recevoir  mes  senssibles  Remerciements 
de  vos  .soins,  car  ])our  moi  de  vous  avoir  donnés  preuve  de  nion  souve- 
nir a  été  et  est  toute  jouissance.  J'espère  que  la  présente  vous  trou- 
vera en  Bonne  santé  et  tous  de  votre  resiiectable  famille,  \'euillés, 
Monsieur  et  cher  Parant,  Partager  avec  elle  l'expression  de  ma  consi- 
dération distingué  et    re.s]iects  et  ma   famille. 

'■  Roiier  de  \'illera\'  née 

Dagobert. 

(P.  S.)M.  l'abbé  tavenet  m'a  chargé  aussi  de  vous  faire  ces  compli- 
ments Bien  sincères  et  tous  des  ci\ilités,  pourquoi  ais-je  eu  le  mal- 
heur de  perdre  mon  mari  qu'il  auroit  éprouvé  de.  satisfaction  de 
vous  Retrou\er  enfin  par  lettres  !  .Mr  Boidin.  neveu  de  M.  Millet 
(ce  dernier  i)er  chiruroien  de  Mgr  le  Prince  de  Condê  )  m'a  Bien 
prié  de  le  Rappeller  à  l'honneur  de  votre  souvenir  et  jeu  fais  de 
même  pour  son  cher  oncle  qui  en  ce  moment  est  à  gentilly  avec  le 
Prince,   il.-,  sont  très  estimable. 

La  deuxième  lettre  ne  porte  ])as  de  date.      Elle  a    évidemment    été 
écrite  en  1S21  ou  iii22  après  le  retour  de  Mgr  Ple.ssis  de  son   \o>age  en 
Europe  : 
Mou;-,ieur  et  cher  Parant, 

depuis  le  départ  d'icy  de  Mr  I.evêtiue  du  Canada,  vingt  ocasion 
ont  eu  lieu  pour  moi  de  m 'entretenir  de  vous  ave».-  des  per.soiniages  de 
marcpie,  et  de  la  valeur  de  .\Ir  votre  fils  et  de  sa  brillante  et  glorieuse 
affaire  de  Chateaug:i\-,  car  axant  vue  .Mr  le  duc  de  la  Châtre  bientôt 
après  que  Mr  Levècpie  avoit  eu  l'honneur  d'être  Reçu  du  Roi,  cette 
circonstance  me  mit  a  même  très  naturellement  de  lui  dire  mes  Rela- 
tions avec  vous.  Mon  cher  Parant,  et  \<w  i)ienfaits  :  de  Parler  donc  de 
vos  vert  nés  et  de  l'héroisme  de  votre  fils  et  de  votre  utilité  à  votre  sou- 
verain, à  votre  Pays,  peut-être  le  .seul  motif    qui  me    Privait    de     vous 


■u.  '  '-,'-.;  71- 


1.:     <    M 


voir  l'un  ou  l'autre,  et  peut  être  tous  deux,  car  Mr  germain  m'avoit 
en  Partant  d'ici  flatté  de  cet  espoire,  et  qu'alors  sa  femme  pouroit  avoir 
le  courage  de  venir  aus.-,i.  Conssev^és,  Monsieur,  combien  il  m'a  été  et 
m'est  flatteure  de  faire  coiinoitre  votre  Procédé,  votre  grandeure 
d'âme,  votre  bonté  !  Consevés  quand  dis-je  le  Respectable  duc  de  la 
Châtre  et  antres  personnages  auxquels  j'ai  compté  votre  générosité  si 
digne  ont  conçu. de  vous.  Mon  cher  Parant,  une  si  hautte  idée  !  Com- 
me il  me  sernit  heureux"  de  vous  voir  ici  Présenter  à  notre  bon  Roi  et  à 
son  auguste  famille,  et  aussi  Mr  votre  fils  !  Cette  circonstance,  d'avoir 
Penser  a  faire  Présenter  Mr  Lévêque  et  par  M.  le  duc  de  la  Châtre  au 
Roi  m'a  été  eu  vérité  une  inspiration  du  Ciel,  mais  grand  dieu  quand 
viendrai  vous  ?  sache  que  toutes  difficultés  pour  moi  serois  levées  par 
vous,  mon  dur  cousin,  la  dignité  de  votre  caractère  personnel  et  celui 
de  votre  Rang  membre  de  la  chambre  haute,  vinqueroit  l'opposition  du 
personnage  qui  m'est  contraire,  tout  ce  qui  me  consserne  étant  juste  et 
honorable,  votre  intervention  courronneroit  ma  vie  !  et  en  vous  atten- 
dant, vous  désirant,  vous  espérant  (  co;nme  les  juifs  le  Messie)  je  suis 
forte  de  Parler  de  vous  et  de  Mr  votre  fils.  Qus  n'en  avés  vous  un  de 
plus,  ou  moi  mon  fils,  p^ur  Resserrer  Les  liens  d'honneur  et  D'amitié 
qui  nous  unissent  !  Mais,  mon  cher  Parant,  en  me  livrant  à  l'espoire, 
j'oublie  la  trop  cruelle  Réalité  d'être  jirivée  d'avoir  Reçu  aucunnes 
nouvelles  directement  ni  indirectement  de  vous  depuis  celles  que  m'a 
apporté  dans  le  tems  Mr  germain,  par  Mr  Lévêque.  j'ai  eu  l'honneur 
de  vous  écrire  et  Mr  Levrin,  Rien  de  nouveau  depuis,  et  en  ce  moment 
je  viens  d'être  Prévenue  d'une  occasion  pour  Mr  Lévêque,  qui  part  à 
l'instant  ainssi  je  n'ai  pas  le  tems  de  Prévenir  Mr  Lévrin  :  nous  avons 
Reçu  dernièrement  un  mot  une  lettre  de  Mde  germain  à  ma  fille  qui 
nous  a  été  cpioitiue  bien  incomplette  d'une  grande  satisfaction, C'estru- 
nique  Lettre  qui  nous  soit  Parvenue  du  Cauadadepuis  notre  Ré\oluiiou. 
ces  triste-^  années  ont  fait  une  existence  chimérique  i)our  m.:>i.  Pe.idant 
les  lo  ans  d'émigration  de  mon  niari  mon  âme  mon  esprit  ca])tivé  par 
lui  et  par  l'honneur  fesoit  vivre  desix.-rance>,  Lorsqu'il  Re\'iiit  à  l'ins- 
tant môme  mon  iïs  jiartie  et  fut  on/.e  ans  smus  qn^  jt.-  l,.-  Revis,  de  même 
occupée  de  sa  gloire  ou  plutôt  de  ces  d.ur^ers  jr  lai  Retrouvé  avec 
notre  Roi  jiour  effectivement  coniuntrv  et  ']<>\u\  de  sa  i^loire  et  lapogé 
ilu  liniiheiir,  après  l'avoir  perdu,  clit'i  il  di-ne  Parant  Rien  ilans  le 
nioiuic  ne  me  t<nuhais  Plus  .'  Lorstiur  vus  m'aviv  Rattaché  à  la  vie  ! 
ausM  !e  ilis-je  au  duc   le  la  châtre  mais  lieias  1  il  faut  ([ue  je  sois    aussi 


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privée  de  vous  voir  !  ma  cousine  Mde  germain  ne  donne  à  ma  file 
aucun  détails,  elle  comptoit  aller  vous  voir  sous  pin  mais  Mr  L:-vêque 
a  écrit  en  france — depuis  son  arrivé  en  Canada  et  nous,  nous  n'avon^ 
eu  aucunnes  nouvelles  que  ce  mot  de  Mde  g;erniain  et  j'attans  espert 
et  désire  comme  un  malade  la  santé  de  vos  nouvelles,  cher  et  Respecta- 
ble Parant,  et  de.  vous  savoir  en  Bonne  santé  et  de  Mde  de  Salaherrx  et 
et  Melle  Adélaïde  et  ce  digne  fils  dont  je  sni-,  si  gU)rieust- 
de  Parler,  que  ne  suis-je  homme  m'intenant  j'iruis  moi  v  >us  trouvé,  je 
vollerois  ver  vous,  tandis  que  je  ne  suis  que  de  cœir  parnn  vous  et 
livré  de  fait  à  la  privation  de  Parants  que  je  vénère  a  légal  que  jainie. 
Roiiér  Mqre  de  Villeray. 


De  ces  lettres  détachons  les  jiassages  suivants  : 
I.   L'un  des  premiers  Rouer  de  Villeray    du    Canada,  conseiller 
au  Conseil  Souverain,  s'ajipelait  Augustin. 

2:  Le  père  du  mari  de  la  marquise  aurait  eu  du  Roi,  par  l'entre- 
mise du  Comte  de  Raymond,  uneconimi.ssion  qu'il  abandonna  quand  il 
passa  du  Canada  en  France  avec  .sa  femme  et  .ses  enfants,  en     lysiS    ou 

1759  ,     , 

3.  Le  Commodore  LaForce  était  l'oncle    maternel  du  mari  de  la 

marqui.se. 

4.  I,a  révolution  .séjtara  ces  derniers  pendant  dix  ans  et  au  retour 
du  marquis  en  F'rance  son  fils  jiartit  et  fut  absent  onze  ans. 

5.  La  marquise,  ayant  jierdu  et  .son  mari  et  son  fils,  rien  ne  la 
touchait  plus  dans  le  monde  lorsque  M.  de  Salaberry  vint  la  rattacher 
à  la  vie. 

Cesquel<iues  renseignements  vont  nous  être  précieux  pour  nous 
aider  à  établir  le<[uel  des  Rouer  de  Villeray,  d'origine  canadienne, 
devint  jtlus  tard  le  martiuis  de  Villerax  . 

AUGUSTIN  Rouer  de  Villeray  était  le  fils  de  Louis  RoiK-r. 
.s-ieur  de  Villera\',  ancien  lieutenant  particulier  de  la  juridiction  de 
Québec,  nommé,  le  uH  septembre  166;,,  con.seiller  au  Conseil  Souverain 
de  la  Nouvelle-France,  établi  par  un  édit  de  Louis  XIV,  du  mois 
d'avril  de  la  même  année.  Augustin,  comme  son  père,  fit  au^-i  i)ait 
du  Con.seil  Souverain,  -^a  nomination  datant  du  j>)  octobre  170;,.  Il  .^e 
maria  deux  fois.      De  sa  première  feinine,  Marie-I.onisL-  Le  C.ard<.-ur  du 


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— 8— 

Tilly,  il  eut  plusieurs  enfants  do:it  trois  fils,  "Benjamin",  Hector  et 
Louis,  et  de  sa  seconde  ftmme,  Marit-Louise  Pollet,  une  seule  fille, 
Marie-Catherine.  (  Mgr  Tangua}-  vol.  7  p.  44).  Cette  dernière  se  ma- 
ria à  Michel  Drouard,  puis  devenue  veuve,  elle  épousa  en  secondes  no- 
ces Michel  de  Salaberrx-.  le  premier  du  nom  ^u  Canada,  le  père  de  l'ho- 
norable M.  de  Salaberry  le  "Cher  Parant"  de  la  marquise  de  Villeray. 
Notons  cependant  que  l'honorable  M.  de  Salaberry  n'avait  aucune  goû- 
te de  sang  des  Rouer  de  Villeray  dans  les  veines  Sa  mère  fut  Made- 
leine-Louise, fille  de  Ignace-Jucht-reau  Ducht-snay  de  Saint-Denys,  sei- 
gneur de  Beauport,  que  .Michel  de  Salaberry  épousa  en  secondes  noces 
en  1750,  sa  première  fennne  veuve  Drouard  (née  Villeray),  étant  dc- 
cédée  au  mois  d'aoï'it   1740. 

BENJAMINT  Rouer  de  Villera..  ('fils  d'Augutin),  né  à  Qu -bîc 
en  1701,  fut  celui  qui  reçut  une  conunission  du  Roi,  par  l'entremise  du 
comte  de  Raymond,  gouverneur  (1751-1753)  de  l'île  Ro>ale,  (Cap 
Breton),  et  qui,  en  sa  qualité  de  capitaine  des  troupes  détachées  de  la 
Marine  et  de  commindint  au  fort  GaspareauK,  reniit  ce  fort  à  Robert 
Monkton,  au  moisde  juin  1755.  Après  la  prise  de  Lonisbourg  en  I75t<, 
Benjamin  Rouer  de  X'illeray  passa  en  F'rance  avec  .sa  femme  et  ses  en- 
fants et  mourut  à  Rochefort,  non  pas  en  1762  mais  en  1760,  le  30  no- 
vembre, au  moment  même  où  il  allait  ajiprendre  que  le  Roi  venait  de 
lui  accorder  la  croix  de  St  Louis.  (Archives  C.vn.\die.n.\es  1905, 
vol  I.  p.  311  )  Il  aN-ait  épousé  à  Montréal,  le  16  août  1735,  Marie- 
Joseph  Pe\w\  La  Force,  fille  de  Pierre  Pépin  dit  La  Force,  garde-maga- 
sin du  roi  à  Niagara.  Elle  était  la  soeur  de  René-Hypolite  La  Force, 
décédé  à  Québec  en  février  1802,  juge  à  paix,  tientenant-colonel  du 
premier  bataillon  de  la  milice  canadienne,  ancien  ca])itaine  de  vaisseau 
du  Roy,  etc,  désigné  par  la  marquise  de  \'illeray  "Commodore  et  oncle 
niaternel  de  mon  mari". 

Du  mariage  Villerai-1. a  Force,  entre  autres  enfants  dccc\Ls  très 
jeunes,  nacjuit  un  fils,  René-Btnjaniin,  à  .Montréal  le  4  mai  1740, 
RENK-BL'NJ  A  MIN  de  Villerax  ,])assé  en  France  avfc  son  père  après  la 
prise  de  Lonisbourg,  fournit  une  l)rillante  carrière  aux  garder  de  corps 
du  roi  Louis  X\'L  éniigra  lors  de  la  dévolution  revint  en  Frai. ce-  \eis 
iSoo,  rejoignit  l.i  garde  >ous  !..  mis  X\'III.  et  mourut  le  2  février  iSiCi. 
Il  avait  épousé  Marie-Jo.sejihte  Dagobert,  cellclà  même  qui  avait  mé- 
nagé une  entrexue  entre  Mgr  Plessis  et  Louis  X\lll  dont  non-,  \tnous 
de  lire  le.s  deux  lettres  écrit>-s  à  M.  de  Salaberrv. 


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i[li(;JC'f   ■'    nrij   ., 


— D— 

La  marquise  de  \'illeray  eut  un  fils,  AV;//-Jacques-I.ouis-.IA7;7V 
Rouer  de  Villeray.  qui  porte  le  nom  de  son  père  Retié,  et  celui  de  sa 
mère  Marie.  Il  se  distingua  comme  marin  sous  Najxiléon  i  et  sous 
Louis  XVIII,  et  mourut  des  fièvres  au  Scncgal  en  1S17. 

Pour  de  plus  amjiles  détails  sur  la'  vie  de  ce  dernier  et  de  sou  père 
le  marquis  de  Villera\-  nous  référons  les  lecteurs  du  Bulletin  au  Pan- 
théon Canadien  de  Bibaud.  (Edition  de  1891  p.  312.)  Bibaud,  il  est 
utile  de  le  signaler",  entre  autres  erreurs  sur  les  Rouer  de  Villera>-,  a  fait 
celle-ci  de  confondre,  à  cause  de  la  similitude  des  noms,  les  carrières  de 
Benjamin  Rouer  de  Villeray  du  fort  Gasjiareaux  et  de  René-Benjamin, 
le  marquis  de  Villeray. 

Ces  détails  concordent  avec  cette  information  donnée  par  la  mar- 
quise à  M.  de  Salaberry,  savoir  :  "Que  la  révolution  la  sépara  dix  ans 
de  son  mari  et  qu'elle  fut  onze  ans  sans  voir  son  fils",  ce  dernier  guer- 
royant sur  les  mers  hors  de  France. 

Disons  pour  terminer,  avec  Bibaud,  que  la  marquise  de  Villeray 
laissa  pour  unique  héritière  .Vlarie-Jacqueline-Jo.séphine  Rouer  de  Vil- 
leray, chanoinesse  honoraire  du  chai)itre  royal  de  Ste  Anne. 

Nous  en  avons  la  confirmation  dans  cet  autre  ])as.sage  d'une  des 
lettres  à  M.  de  Salaberrx  :  Je  suis  forte  de  jjarler  de  vous  et  de  Mr 
votre  fils  I  Que  n'en  ave/.-vous  un  de  plus,  ou  moi  mon  fils,  pour  res- 
.serrer  les  liens  d'honneur  et  d'amitiés  qui  nous  unis.sent  1"  De  fait  il 
n'y  avait  plus  d'alliance  possible  entre  les  deux  familles.  -M.  de  Sala- 
berry n'avait  plus  qu'un  fils,  le  héros  de  Châteaugay,  marié  dejjuis 
1812  à  Melle  Marie- Anne-Julie  Hertel  de  Rouville,  et  la  marciuise  pleu- 
rait la   j.)erte  de  son  fils,  mort  des  fièvres  au  Sénégal  en  1817. 

De  plus,  nous  avons  une  lettre  de  Melle  Joséphine  Rouer  de  Ville- 
ray à  Melle  Adélaïde  de  Salaberr\'  (d  avril  iSiS),  où  elle  déi)lore  n'être 
que  seule  avec  .sa  mère  à  exprimer  toute  la  considération  due  à  la 
famille  de  Salaberr\-. 

X(.us  croxons  a\oir  suffisamment  établi  que  la  mar(juise  apparte- 
nait à  la  famille  Rouer  de  \'illera\  ,  d'origine  canadienne. 

MOXTARVILLl'  BOUCHIvR  de  LA  BRULkH 


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LA  FAMILLE  DE  LORlffllER 


Notes  généalogiques  et  historiques 

I 

Guillaume  àt  Lorimier,  seigneur  de  Boynes,  en  Orléanais,  capitai- 
ne de  la  marine  royale,  éi)ousa  Jeanne  Guilbault,  de  la  paroisse  de 
Saint-Leu  et  Saint-Giles,  diocèse  de  Paris,  et  vint  au  Canada  en  16S3. 
II  était  accompagné  de  son  fils  Guillaume,  seigneur  des  Bordes. 

M.  de  Lorimier,  père,  après  avoir  pris  une  part  honorable  aux 
événements  de  cette  époque,  repassa  tu  France,  lors  du  départ  du  mar- 
quis de  Denonville.  On  ignore  la  date  de  .>on  décès,  mais  il  est  certain 
qu'il  mourût  avant  le  mariage  de  son  fils,  en  1695.  (Voir  Barthc.  .h- 
frs  de  Trotain,  p.  71  ). 

D'après  une  notice  généalogique  dressée  par  M.  Lambert  de  Mou- 
toison,  la  famille  de  Lorimier  aurait  formé  la  branche  distinguée  des 
Chamilly  de  Lorimier. 

En  France,  la  famille  de  Lorimier  a  eu  des  représentants  qui  oc- 
cupent un  rang  considérable  dans  l'histoire. 

Le  marquis  de  Chamilly  fut  nommé  maréchal  de  France  en  1703, 
en  récompense  de  ses  nombreux  .services  ;  le  comte  Claude  Charles  Lo- 
rimier de  Chamill)',  fidèle  ami  du  souverain  infortuné,  Louis  X\'L  uié- 
rita  l'honneur  d'être  mentionné  sur  le  testament  du  roi  martyr,  en  ces 
termes   : 

"Je  croirais  calomnier  les  .sentiments  de  la  nation,  si  je  ne  recom- 
mandais ouvertement  à  mon  fils.  Messieurs  de  Chamilly  et  Rue,  que 
leur  véritable  attachement  jKiur  moi  avait  portés  à  s'enfermer  dans  ce 
triste  séjour  (au  temple),  et  qui  ont  pensé  en  être  les  malheureuses  vic- 
times." 

Claude-Charles  fut  lui-même  décapité  en  171)4,  le  23  juin,  en  vertu 
de  cette  .sentence  du  "5  Messidor,  an  ILi  J3  juin  i79-i.),le  Tribunal  Ré- 
volutionnaire jugeant  Claude  Charles  Lorimier  de  Chamillx'.  âjié  de 
>oixante  et-iteux  ans,  premier  valet  de  chambre  du  t_\  ran  né  et  demeu- 
rant à  l'aris,  rue  du  Monlblanc  : 

"Convaincu  de  s'être  rendu  l'ennemi  du     peuple  en  pratiquant  des 


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—11— 

manœuvres  tendant  à  provoquer  le  retour  de  la  ro>auté,  à  avilir  la  co- 
carde tricolore,  à  dissoudre  la  représentation  nationale,  en  entretenant 
des  intelligences  avec  les  ennemis  de  la  République,  en  favorisant  leur 
progrès,  en  ébranlant  la  fidélité  des  défenseurs  de  la  patrie,  en  coniijo- 
sant  des  écrits  séditieux  en  faveur  des  tyrans,  et  notamment  le  jiréten- 
du  testament  de  Louis  Capet,  a  été  condamné  à  la  peine  de  mort.  " 

A  l'avènement  du  Louis  XVIII,  le  fils  du  précédent  devint  che- 
valier de  Saint-Louis  et    chambellan  du  roi. 

"Les  armoiries  anciennes  de  la  famille  de  Lorimier  en  Normandie 
se  blasonnaient  : 

"D'argent  à  deux  haches  d'armes  de  gueules  jwsées  en  sautoir. 

"La  branche  qui  a  jiorté  le  nom  de  Chamilly  a  adopté  les  armoi- 
ries suivantes  : 

"De  gueules  au  chef  d'or  chargé  d'iiu  lion  de  sable  accosté  de  deux 
aiglettes  de  même.      Devi.se  :   "Ailleurs,  jamais." 

"D'autres  armoiries  de  la  même  famille  de  Lorimier  figurent  nu 
registre  de  Paris  II,  folio  1145,    No  524,  et  sont  : 

"D'argent  à  un  chevron  de  gueules  accompagné  de  trois  merlettes 
de  sabir."  '  .  "         ' 

"II  "'■'  ■'        ■      ' 

1695,  (27  janvier),   Champlain. 

Guillaume  de  Lorimier,  fils  de  Guillaume  I,  épou.se  Marguerite 
Chorel,  fille  de  François  Chorel,  sieur  de  Saint-Romain,  marchaïul 
bourgeois,  et  de  .Marie-Anne   Aubuchon. 

M.  de  Lorimier,  sieur  des  Bordes  en  Gâtinais,  fut  nonnné  lieute- 
nant d'un  détachement  le  16  mars  16S6,  soit  quelques  mois  ai)rès  .sou 
arrivée  au  pays.  L'année  suivante,  le  25  mai,  il  était  capitaine  ;  le  ler 
janvier  169.^,  il  jiasse  garde-marine  et  le  25  mars  i6c,4.  ii  est  proiiui  ca- 
])itaine  en  jiied  puis  commandant  du  fort  Rolland,  i)rès  de  Lachinc. 

A  .son  contrat  do  mariage,  dressé  par  François  Trotain,  dans  la 
maison  du  sieur  Chorel  de  Saint- Romain,  à  Champlain,  en  janvier 
l69_s,  ou  note  la  présence  de  M.  et  Mii'e  Chorel  :  Jaccpies  de  Nora\-, 
sieur  du  NKsnv,  c.ipitaine,  et  Ma -ie  Chorel,  son  é]iouse  :  I-VançcMs  I.e- 
febvre.  sieur  l)uple^>is-l"al)er,  capitaine,  et  son  épouse  Madeleine  Ch<^- 
rel  :  Josc-iih  . Antoine  de  Fresnel,  sieur  de  la  l'ipardière,  ensc-iv;iie,  et 
Jacqueline  Chm-<.I,  --on  éi">use  ;   J     P..    Cre\ier,  sieur     I)u\erna>-,  et  M.i 


'  :  "1  iivn;.i 


-„12— 

rie-Anne  Chonl,  son  épouse  ;  François  Chorel,  fils,  Edmond  de  Suève, 
co-seigneur  de  Sie-Anne  de  la  Pérade  ;  Louise  Dandonneau,  femme  du 
sr  Desalliers  ;  et,  de  la  part  du  futur,  de  M.  Claude  de  Ramesay,  gou- 
verneur des  T.  l<.,et  Charlotte  Denis,  son  éjwuse,  et  Dame  Jeanne  3a- 
hie.  veuve  de  l'anl  Louis  de  Lusignan,  en  son  vivant  capitaine  de  la 
marine. 

M.  de  Loriniier  fut  inhumé  à  Montréal,  le  29  juillet  i70<j. 

De  ce  mariage,  naquirent  : 

Guillaunie-I'rançois-Autoine,  baptisé  à  Montréal,  le  16  mars  1697  : 
inhumé  à  Lachine,  le  ler  avril  1703  ; 

Marie  Anne,  baptisée  à  Lachine,  le  29  août  1700.  Elle  eut  pour 
parrai'n  et  marraine  ses  grands-parents'  maternels  et  fut  inhumée  à  La- 
chine, le  23  septembre    1700  ;  • 

Marie-Jeanne,  baptisée  à  Lachine,  le  10  septembre  1702  ;  parrain 
Jean  Bouillet  de  la  Cha.ssaigne.  commandant  du  fort  de  l'église  de  La- 
chine, marraine,  Marie-Anne  Lemoyne,  sa  fcuime.  Elle  éirausa,  après 
1731,  Joachini  de  Sacquesjiée,  écuyer,  lieutenant,  sieur  de  Voispreux 
(  Tanguay,  IH,  359),  etsieurde  Gomicourt,  (Tanguay.  VU,  loS)-  ^L 
de  Sacquespée  était  marié  en  premières  noces,  à  Louise  Trotier,  de  Ba- 
tiscan,  et  il  mourut  à  Montréal  le  5  novembre  1767. 

Marie-Jeanne  de  Lorimier,  sa  seconde  femme,  avait  été  inhumée  à 
Lachine,  le  13  mai  1765,  eu  l'absence  de  sou  mari. 

Claude-Nicolas-Guillanme  baptisé  à  Lachine,  le  22  mai  1705  : 
Itarrain,  Claude  de  Ramesay,  gouverneur  de  Montréal,  marraine,  dame 
Louise  Joibert,  éjjouse  de  ^L  le  marquis  de  \'audreuil,  gouverneur  de 
la  Nouvelle- France.  Bien  qu'il  soit  enregistré  à  Lachine,  ce  baptême 
fut,  cependant,  fait  à  Montréal,  parce  que  le  parrain  et  la  marraine,  ne 
pouvant  se  rendre  à  Lachine,  le  curé  de  cette  dernière  paroisse  vint  of- 
ficier à  Villeniarie,  et  in.scrivit  l'acte  dans  son  registre. 

III  •'     ■       "■■ 

1730,  (7  janvier),  MontrJ-al. 

Claude-Xicolas-Guillaume  de  Lorimier,  fils  de  Guillaume  IL  lôgs. 

Il  épou.se  Marie-Louise  Le  Fallieur  dit  Lafertc.  fille  de  Fraii(,(>is 
Michel  Le  Fallieur,  procureur  du  roi  et  notaire  royal,  et  de  Catheriue- 
l'.crtrude  Jéréniie,  veuve  de    Jacciues  Aubuchou. 

Mgr  Tanguay  a  lu,  dan-  certains  actes,  I.aserte  l'our  Laferté.     Tu 


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-13- 

autre  Le  Pallieiir  était  surnonniié  de  Vois>-  (Roy,     Hisloiir  du  Xotarial 

I  p.  365)- 

Claude-Nicolas-Guillaume  de  Loriniier^fut  enseigne  eii  second,  en 
1725,  enseigne  en  pied  en  1733,  lieutenant  en  1741,  caiiitaine  en  1749. 
chevalier  de  Saint-Louis  exi  1759,  et  conunandant  du  fort  de  la  Présen- 
tation de  1755  à  1759.  Use  distingua  à  la  prise  du  fort  Georges  et  au 
siège  de  Corlar  (Schenectady)  où  il  reçut  plusieurs  blessures  graves. 

On  voit  dans  Dussieux,     Le  Canada  sous    la  Doiiiinalion    Fmncaise 
(pp.  187-193),  qu'il  fut  compris  dans    la  liste  des    cinquante-cinq  offi- 
ciers accusés  d'avoir  aidé  Bigot  et  sa    bande,  mais  l'accusation  dut  être 
trouvée  non  fondée,  car  il  ne  parait  pas  avoir  été  condamné. 
Il  fut  inhumé  à  Lachine,  le  15  décembre  1770. 

Sont  issus  de  ce  mariage  et  bapti.sés,  mariés  ou  inhumés  à  Lachine, 
sauf  indication  contraire  : 

Marie-Marguerite,  ba])tisée  en  1730;  épousa  Hector  Desjjinanc}-, 
capitaine  d'artillerie  (Sanguinet,  7  mai  1772;  Tanguay,  III,  390,  nom- 
me cet  officier  Louis  Auguste  Jo.seph  Victor  d'Espinally. 

Catherine-Elisabeth,  baptisée  le  26  avril  1733,  mariée  le, 12  mars 
1765  à  Benjamin  Mathieu  Pamours  de  Clignancourt  ;  elle  fut  inhumée 
le  3  juillet  1770. 

Joachim- Antoine-Guillaume,  baptisé  le  15  avril  1732,  inhumé  le 
1 1  juillet  1735. 

Jo.seph-Antoine-Guiliaume.  bajitisé  le  24  juin  1736,  marié  en  1760 
à  Madeleine  Daniours,  (  \'oir  plus  loin). 

Marie-Louise- Archange,  baptisée  le  28  octobre  1738,  mariée  le  29 
janvier  1759  à  Pierre  Gamelin,  garde-magasin  du  roi.  Louise- Archan- 
ge Gameliu.  née  de  ce  mariage,  éi>ousa  Louis-Etienne  Testard  de  Mon- 
tigny,  le  7  jan\ier  1783. 

François- Thomas,  baptisée  le  23  décembre  1740,  fut  marié  en 
1769  à  Marguerite  de  Sabrevois.     (Voir  ci-a]>rès). 

Catherine,  bapti.sé  le  27  avril  1743  et  inhumée  le  19  se])tenibre 
•743- 

Claude-Xicolas-Guillaïune.  baptisé  le  5  septembre  1744  ;  marié  en 
17S3  à  M.  Louise  S<|Ueller.      (  X'oir  ci-après). 

Jean-Claude-Chani\-  (  i  ),  baptisé  an  Lac  des  Deux  Montagnes 
(Oka),  le  2S  décembre  1731.      Dans  son  acte     de  nais.sance,  sa  mère  est 


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.'       ,    .([••V.I'l.'.l 

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— 14— 

nommée  I.afertc,  seulement.  Selon  la  pétition  de  ].  B.  de  Lorimier, 
ce  serait  lui  qui  aurait  été  tué  au  Lac  Champlain.  Le  "Journal"  du 
3  mars  igot)  prétend  qu'il  mourut  à  la  prise  du  fort  Georges. 

:     ,  .     ^v 

1760,  (14  janvier),    Montréal. 

Joseph-Antoine-Guillaume  de  Lorimier,  fils  de  Claude  IH,  1731, 
éjiouse  Madeleine  Damours  de  Clignancourt,  fille  de  Louis  Mathieu 
Damours  et  de  feue  Madeleine  G u>oii- Déprés,  B.  1741. 

Lear  contrat  de  mariage  fut  dressé  par  Danré  de  Blauy.y  le  12  jan- 
vier 1760,  alors  tiue  les  administrateurs  de  la  Nouvelle- France  s'étaient 
retirés  à  Montréal.  Jo.sei)h  Urbain-Guxon-Uvjprés,  négociant,  stipule 
pour  la  future,  sa  nièce,  qui  est  niincur.  Sont  présents  et  signent,  à 
l'e.sception  d'iui  ou  deux  ;  Haut  et  puissant  seigneur  .Mgr  le  Marquis 
de  Vaudreuil,  grande  croix  de  l'Ordre  de  St-Louis, gouverneur-général, 
.Jacques-Jo.seph  Guiton  de  Monrepj.-;,  conseiller  du  roi,  lieutenant-géné- 
ral, à  Montréal  ;  François  Bigot,  intendant  ;  François  Letelnre. 
écuyer,  sieur  Dui>lessis-Faher,  che\alier  de  St-Louis.  major  de  Mont- 
réal, Joachim  de  Sacc[ue.spée,  écuyer.  capitaine  d'infanterie  ;  Pierre  Ga- 
melin,  Nicolas  Mas.soi  ;  Alexis  Lepeilé,  Mezière'  négociants  ;  Dame 
Marie-Anne  Lemire-Marsolet,  épouse  de  sieur  Deprés  ;  Charles  de  Ca- 
talogne, écu\ei,  officier  d'infanterie  ;  Dame  Louise  Guyon-Déprés,  son 
épouse  ;  Bona\enture  Gu>  on-I>éprés  et  Dame  Levasseur,  sou  épou.se, 
Charles  Kenri  de  Gonneville,  écuyer,  sieur  de  Rupalley  ;  Louis  de 
Rouer,  écuyer  ;   Dartigny  fils,  et  Délie  Elisabeth  Guyon-Déprés. 

Joseph  A;;toiue  Guillaume  était  enseigne  ei.  .second  en  1755,  et  en- 
seigne en  pied  en  1757.  Il  prit  jiart  avec  ses  deux  frères  aux  événe- 
ments militaires  qui  précédèrent  la  cession  du  pays  à  l'Angleterre.  Sa 
sépulture  eut  lien  à  Lachine.  le  iN  août  1772. 

De  ce  nuiriage.  naquirent  plusieurs  enfants,  dit  \x  '  Joiinia/"  >  ;^ 
mars  1910),  mais,  à  rexce])titin  d'un  seul,  tous  seraient  ikoUs  tn  1j;..s 
âge.      Nous  n'avons  trouvé  ([Ue  le.--  deux  bainêiiies  ci-dessous  : 

Guillaume  .Mathieu,  baptisé  à  Lachine.  le  .'(ifé\rier  1761  ;  ordon- 
né prêtre  le  3  mars  17,^5  ;  curé  de  St-Cuthbert  de  17S5  à  i7gy.  ^a  sé- 
pulture eut  lien  à  St-Cutldu-rt.  le  1er  décembre   I7<j<). 

Joseph- Louise,  baptisée  à  Lachine.  le  13   janvier  1762. 
1760,  (  Kl  Août),  Montréal 


—15— 

IV.-  François- Thomas  de  Veriieiiil  de  Lorimier,  fille  de  Claude  III, 
1730 

Dans  sa  pétition,  (1829),  J.-B.  de  Lorimier  dit  que  François-Tho- 
mas fut  blei^sc  au  cours  de  l'invasion  américaint^. 

Ses  états  de  service  sont,  en  résumé;  ensei^re  en  .second,  en 
1759  ;  prit  part  à  la  campagne  qui  se  termina  par  la  con  [uéte  dii  Ca- 
nada. Après  un  séjour  en  France,  il  revint  au  pays  et  acjepta  de  ser- 
vir sous  l'Angleterre.  Nommé  capitaine  et  connnandant  du  Fort 
Shoaa^etti,  .sous  les  ordres  de  Sir  John. Johnson,  il  fut  l'un  des  défen- 
.seurs  du  Canada,  lors  de  l'invasion  américaine,  et,  près  dt  vSt-Jean,  il 
se  distingua,  ain.si  que  son  frère,  le  major  Guillaume,  .sous  les  ordres 
du  major  Preston.      (Le  "JoiiniaP\  3  mars  1900). 

/.  Manai^f  :  Marguerite  de  Sabrevois  de  Bleury,  fille  de  Clé- 
ment et  de  Marie-Charlotte  Guichard,  veuve  de  Louis  A.  Dandonneau, 
née  en  1735  et  inhumée  à    Lachine,  le  20  février  17S1. 

Leur  contrat  de  mariage  fut  passé  devant  Mtre  Panet,  le  14  août 
1769. 

Lssus  de  ce  mariage  : 

Guillaume-Clément-Edouard,  né  au  Fort  de  la  Galette,  près  Pres- 
cott,  marié  à  Marguerite  Perreault.  en  1795,  inhumé  à  St-Laureut,  2 
janvier  1843,  (  Voir  ci-ajirès) . 

F; ançois- Thomas,  né  à  Lachine,  le  23  août  177S  et  inhumé  au 
même  endroit,  le  31  août  suivant. 

Paul- Louise,  hajitisée  à  Lachine,  le  6  août  1773.  tt  inhumée  le  24 
novmbre  1774. 

Pierre,  inhumé  à  Lachine,  le  24  novembre  1773. 

François-Thomas,  né  ]irobablement  au  Fort  de  la  Galette,  près 
Prescott,  vers  1775,  marié  à  Marie- Jost-phte  Boulet,  vers  1799.  (Voir 
ci-après). 

2.  J/arÙJ-zf  :  11  février  17S2,  à  Lachine,  Catherine  Delisle,  fille  de 
feu  Philippe  Delisle  et  Dame  Madel  ine  Dauean  de  Muy.  de  Boucher- 
ville. 

De  ce  .-second  maria-e.  naquirent   ; 

Louise-Catherine,  liaptisée  à    Lachine,  le  7  juin   17.S3. 
Lucille-Margui'vite,  baptisée  à  Lachine,  le  5  juillet    17.^4 
Julie-Charlotte,    baptisée  à     l'.oucherville.  le  23  .septembre     178^,  à 


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l'âge  de  5  iiioii  et  S    ji,nr        Klle  eut  pour  parrain  M.     Boucher  de  La- 
broquerie  et  pour  marniMi-,  Charlotte  Rhéaume,  veuve  de  M.  de  Muy. 

Au  nombre  des  autr^- ,  enfants  issus  de  ce  mariage,  sont  :  Pierre, 
Félix  et  Guillaume,  dont  ],■  lieu  de  naissance  doit  être  Edwardsburg, 
près  Prescott,  car  un  att'  -lu  registre  de  St-Cuthbert  du  12  mars  1795, 
nous  indique  que  leur  ])(  r'  demeurait  alors  dans  cette  localité.  Ces  en- 
fants partirent  jeunes  jKjiir  aller  se  fixer  aux  Etats-Unis. 

Pierre,  l'un  des  trois,  (|ue  nous  venons  de  mentionner,  épousa  M. 
L.  Hempsted,  en  1.S30,  à  f.alena,  où  il  exploitait  une  mine  de  plomb. 
p;n  1834,  il  alla  s'établir  ;i  Dubuque,  lowa,  qu'il  habita  jusqu'à  sa 
mort.  A  deux  --epiisc-s,  il  fut  maire  de  cette  importante  ville.  Il  a 
laissé  une  nombreuse  dise  cndance 

(Suite  dans  la  prochaine  livraison) 


Lettre  du  roi  au  gouverneur  de  Vaudreuil,  en  1122 

Mon.sieur  le  marquis  de  Vaudreuil,  je  viens  de  recevoir  une  nou- 
velle marque  de  la  protection  de  Dieu  dans  la  maladie  courte  niais  dan- 
gereuse dont  la  Divine  Providence  m'a  tiré.  J'ay  senty  dans  cette  oc- 
casion son  pouvoir  et  sa  l».nté.  L'un  et  l'autre  m'engageant  à  Ini  té- 
moigner ma  soumission  et  ma  reconnaissance.  C'est  par  d'humbles  ac- 
tions de  grâce  que  je  dois  m' acquitter  des  justes  devoirs,  et  les  tendres 
témoignages  que  j'ay  reçeu  de  l'amour  de  mes  sujets  m'assurant  qu'ils 
seconderont  avec  zèle  mes  sentiments,  je  vous  fais  cette  lettre  <"e  l'avis 
de  mon  oncle  le  duc  d'Orléans,  régent,  pour  vous  dire  que  j'écris  au 
sieur  évêque  de  Québec  de  faire  chanter  un  Te  Deum  dans  l'église  ca- 
thédralle  de  cette  ville.  Mon  intention  est  que  vous  _v  assistiez  et  que 
vous  >■  fassiez  a.ssister  le  Conseil  Supérieur,  (pie  vous  fa.s.sij/  allumer 
des  feux  de  jo\"e,  tirer  le  canon  et  donner  en  cette  occasion  lesmarcpies 
de  réjouissance  accoutumées,  et  la  présente  n'étant  à  autre  fin.  je  ))rie" 
Dieu  qu'il  vous  ait,  monsieur  le  marquis  de  Vaudreuil,  en  sa  sainte 
garde.  Signé  Louis,  et  i.lns  bas  Fleuriau.  Mnregislré  au  Conseil 
.Supérieur  de  Unéhec,    le  .s  octobre  172J). 


h  H}'m, 


i  Uh!y 


iM_J  -'Iv    'jrj,..  /_.      :s-ji 
:  ■  ■•n-iO  '^.:      '.',   .i.  :i\ 


UN  TRAPPISTE  A  LA  PATRIE 


M.  l'abbé  C.-Kdmond  Chartier,  professeur  au  séminaire  de  .Sher- 
brooke, publie  dans  la  Rcvicc  Canadienne  une  histoire  de  la  Colonie  du 
Rapatriement  établie  dans  ks  Cantons  de  l'Est  il  y  a  déjà  un  bon  nom- 
bre d'années.  Cette  colonie  est  devenue  l'importante  jjaroisse  de  La 
Patrie.  Dans  la /?<'r7/(' Crt«<7tf'/V««<- de  octobre  1914  M,  l'abbé  Char- 
tier nous  fait  connaître  une  page  intéressante  de  l'établissement  des 
Trappistes  au  Canada  C'est  l'essai  tenté  en  18S0  par  le  Père  trappiste 
Jérôme,  dans  le  monde  Vertume  Péloquin,  pour  établir  une  Trap]ie  à 
La  Patrie. 

Nos  lecteurs  nous  sauront  gré  de  reproduire  ici  ce  que  M.  l'abbé 
Chartier  dit  du  .séjour  du  Père  Jérôme  à  La  Patrie  : 

"Le  père  Jérôme,  né  à  Saint-Judes,  comté  de  Saint-Hyacinthe,  en 
1S42,  avait  fait  ses  études  au  .séminaire  diocésain.  Au  cours  de  sa 
philosophie,  en  1865,  il  entrait  chez  les  Trappistes,  établis  récemment 
à  Sainte-Justine,  dans  le  canton  Langevin.  Jugeant  que  cette  maison 
ne  serait  pas  maintenue,  il  se  rendit,  vers  1899,  à  la  Trappe  de  Geth- 
sémani,  dans  le  Kentucky,  une  fondation  de  l'abbaye  ds  Meilleray 
(France).  Le  clnnat  brûlant,  joint  à  un  tempérament  .sanguin,  l'eni- 
pèchant  d'y  observer  la  règle  dans  toute  sa  rigueur,  l'année  suivante  il 
revint  à  Sainte-Justine.  L'établissement  fut  bientôt  dis.sous.  Pour  ne 
pas  quitter  l'ordre,  le  Frère  Jérôme  .se  trans])orta,  en  i.syi,  dans  une 
abbaye  d'Angleterre,  où  il  demeura  deux  ans  et  devint  i>rêtre.  De  là, 
il  se  rendit  à  Meilleray,  à  douze  lieues  de  Nantes,  où  il  demeura  jus- 
qu'en   18S0. 

"Les  Trappistes,  à  cette  date,  étaient  menacés  d'expulsion  en  ver- 
tu de  la  loi  F'err>-.  Sur  les  instances  de  M.  J.  A.  Chicoyne,  un  ami  in- 
time du  Père  Jérôme,  Dom  Antoine  délégua  celui-ci  au  Canada  avec 
mi.ssion  de  chercher  un  jiied  à  terre  pour  la  communauté  et  de  parer 
aiu.si  aux  éventualités.  Le  2  novembre  1S.S6,  le  Père  arrivait  à  La  Pa- 
trie en  com])agnie  de  sou  ami  cpii  \euait  d'organiser  à  Nantes  la  COM- 
PAGXIU  DI'S-  .Mon.INS  XAX  FAIS,  dans  lintérct  de  la  nouvelle 
colonie. 

"Pour  exécuter  sa  mission,  le  Père  Jérôme    accjuit  sans     retard  les 


;    \   "^I  '-•;U}(1  .  i} 


:  -.:        ■      .     .1        :  .y-^.-'l  , 
■  ■.:;;■}■      \    :       ■    ■■:'  .    ;   i.  ;iir.tl-j-.'- ! 

•  \:'\JV\     -•'■      .•-.^'K/   i    '!j.i);tJ|^  eLq 
i;.!)   il    ,i.'       M,   -j  ,;  .■!r..';'lj  îlVKU-'flf- 


—18- 

lots  5S:j,  ^.S6,  587  du  rang  VIIl,  et  le  lot  605  du  rang  LX  de  Dittcii 
(ce  (kriiicr  aujourd'hui  enclavé  dans  Eniberton),  soit  nn  total  de  64S 
acres,  l.e  sol,  des  plus  fertiles,  inclinait  en  pente  douce.  Il  était  si 
pro|in  à  la  culture  qu'une  année  on  récolta  80  tonnes  de  foin  sur  100 
acres.  De  1S80  à  1882,  le  Père  Jérôme  y  vécut  seul  et  travailla 
.sans  rcl'ulit  à  faire  une  trouée  dans  cette  forêt  épaisse.  Il  transforma 
en  un  mona.stère  primitif  l'ancienne  chapelle,  qu'il  fît  transporter  sur 
.son  domaine,  et  y  /jouta  un  étage.  Le  nouvel  établi.ssement  prit  le 
nom  (h-    l'.cthléem. 

"Un  communiqué  adres.sé  au  PIONNIER  DE  SHERBROOKE, 
le  8  avril  iSSi,  disait  :  "Vendredi  dernier,  le  premier  avril,  le  révé- 
rend l'ère  Jérôme  a  célébré  une  prennère  messe  à  la  Trapjie  de  Beth- 
léem. Presque  tous  les  colons  de  la  parois.se  y  assistaient.  Ee  Révé- 
rend .\lLssire  Desrosiers,  notre  digne  et  zélé  curé,  fit  un  sermon  appro- 
l>rié  à  la  circonstance.  Les  assistants  n'oublieront  jamais  le  bonheur 
qu'ils  ont  eu  d'assister  à  la  naissance  de  cet  établissement  qui,  avec  le 
secours  de  la  Providence,  ne  peut  manquer  de  grandir  et  de  prosjjérer. 
Le  nom  de  Bethléem  est  bien  choisi  :  c'e.st  d'un  bon  augure." 

"Le  même  journal,  le  3  juin  suivant,  faisait  l'éloge  des  Pères 
Trapiiistes  et  précisait  la  tâche  accomi)lie  par  eux.  "Il  est  un  coin  de 
terre,  dans  les  Cantons  de  l'Est,  qui  e.st  as.sez  béni  pour  mériter  de  i^or- 
ter  le  nom  de  Bethléem...  Déjà,  j^lus  de  dix  acres  de  cette  foi  et  sont  en 
abattis,  et  le  feu,  qui  doit  réduire  en  cendres  les  arbres  tombés  pour 
une  si  belle  cause,  a  respecté  ju.squ'ici  l'humble  sanctuaire,  bien  qu'il 
se  trouvât  au  milieu  de  l'élément  destructeur..." 

"Le  16  .septembre,  le  PIONNIER  reproduisait  un  article  de  l'OB- 
SERVATEUR  de  Nantes,  où  il  est  fait  un  bref  historique  de  l'Ordre 
deCiteaux.  Il  rajipelait  ensuite  les  origines  de  rentrejirise  :  "Au 
mois  d'octobre  de  l'an  dernier  (  iSSoK  le  sous-prieur  de  la  Meilleraw 
un  Canadien,  que  des  circonstances  vraiment  iirinidentit lies  avaient 
guidé  vers  ce  cloître  à  une  époque  où  les  relations  entre  le  Canada  et 
la  France  étaient  presque  nulles,  profitait  du  i)assage  d'un  de  ses  com- 
l>atriotes  {  M.  J.  A.  Chico\iie),  engagé  dans  les  (cuvresde  coloni-^atioii 
au  pays  natal,  pour  aller  y  choisir,  de  l'agrément  de  .son  vénéralile  ab- 
bé, le  site  d'une  nouvelle  fondation.  .\i>rès  avuir  visité  et  étudié, 
après  a\-oir  consulté  la  volonté  di\ine  et  l'expérience  des  honunes,  il 
choisit  luie  vallée  solitaire  au  sein  de  la  forêt  vier-e  des  Cantons  de 
l'Est.      C'est  là  (lue.  sur  un  d.nname  de  .[.k,  heclaivs  accpus  par  la  mai- 


iii.l'A\ 


—  10— 

son  de  Meilleray,  il  s'occupa  depuis  à  jeter  les  bases  d'un  établissement 
appelé  à  rendre  d'éminencs  services  à  cette  région  tant  sous  le  rapport 
matériel  que  sous  le  rapport  spirituel.  Deux  atitres  religieux  du  cou- 
vent de  Meilleray  sont  allés  le  rejoindre  dernièrement.  Avec  ce  con- 
tingent et  les  vocations  qui  ne  manqueront  pas  d'aflluer,  en  ce  pa>s  si 
rempli  de  foi,  la  Trapjie  de  Bethléem,  nom  heureusement  donné  à  la 
nouvelle  fondation,  ne^ourra  manquer  de  prospérer  et  de  contribuer  à 
la  gloire,  à  la  cousolatiou  de  l'illubtre  mai.son  dont  elle  est  issue. 

"Avec  le  secours  de  ces  deux  recrues,  le  Père  Jérôme  réussit  à  dé- 
fricher loo  acres.  Le  moulin  de  M.  J.  A.  Chicoyne  lui  fournit  les 
planches  nécessaires  jjour  ériger  une  grange  qui  servirait  à  abriter  la 
récolte.  lùifin,  le  Père  se  construisit  lui-même  un  moulin,  an  bord 
d'un  cours  d'eau  qui  traversait  la  propriété. 

"Il  en  était  là  de  .ses  travaux  quand,  au  mois  d'avril  18S2,  survint 
le  Père  Abbé.  A  cette  époque  de  l'année,  les  routes  étaient  imprati- 
cables par  suite  du  dégel  et  de  la  pluie.  Le  curé  de  la  paroisse.  ^L 
Desrosiers,  dut  le  conduire  à  Bethléem  .en  tombereau.  C'était  runicpie 
moyen  de  transiiort  dans  ces  ornières.  Cette  mauvaise  condition  des 
chemins  et  l'inclémence  de  la  température  firent  sans  doute  sur  l'Abbé 
une  niauvai.se  impression.  A  peine  eut-il  erminé  sa  visite  qu  il  ordon- 
na au  Père  Jérôme  de  renoncer  à  l'entreprise  et  de  rentrer  à  Meillera.w 
Bethléem  avait  vécu. 

"Sa  chute  faillit  anéantir  les  espérances  que  l'on  avait  formées 
pour  l'avancement  rapide  de  l'agriculture  et  de  la  colonisation  dans  ia 
partie  francai.se  et  catholic|ue  des  Cantons  de  l'Est.  Mais  non  ;  l'in- 
fluence de;-.  Pères  Trai)pistcs  devait  se  continuer  sur  le  sol  cmadicn. 
Plus  tard,  .Messieurs  de  .Saint-vSulpice  offiiient  aux  Cisterciens,  1,000 
acres  de  terre  dans  leur  seigneurie  du  Lac-des-Deux-.Montagnes.  Forts 
de  l'appui  du  gouvernement   provincial,  ils  s'y  fixèrent  dérniitivement. 

"Cependant,  le  l'ère  Jérôme  demeura  à  La  Patrie  jusqu'en  1SS4 
pour  mettre  ordre  aux  affaires  de  Bethléem.  Il  fut,  i>endaiit  cette  pé- 
riode, desservant  de  Cliailierville  i  lùnberton  j,  après  la  nmrt  de  M. 
rabl)é  Dutil,  .-^urvellue  en  iSS,;.  Puis,  selon  l'ordre  de  son  supérieur, 
il  retourna  à  Meillera\  pour  \  séjourner  jus(|u'en  U)(>2.  A  celte  date, 
il  partait  de  ui)U\  eau  a\fc  13     compaguons  en     (lestiiiatii)n  du     Devim- 

Ballon,  où  s'écoule  sa  \erle  \ieilles>e,     loin  des  hommes,  près  de     l'itu 


,)..:    .r     ,,      ...  .1    .\.u.S  <niH 

,   .         1     '      ,'...;;■  .1.'  m!,  ^-y     , 


■/       .1,;'- 


—20- 

"La  propriété  passa,  en  1.S83,  aux  mains  d'un  cultivateur  qui  la 
partajîea  en  lots  de  vente.  Récenuiient,  elle  fut  acquis^-  par  la  Bromi)- 
ton  Pulp  and  Paper  Conqiany  qui  ne  se  préoccui)e  guère,  on  l'imagine, 
de  continuer  la  tâche  entrejirise  par  les  Trappistes. 

"Du  moins,  la  présence  de  ces  derniers  avait  offert  '  une  preu>e  de 
plus  que,  sur  le  mouvement  de  colonisation  dans  le  canton  de  Ditton, 
avait  soufflé  1  influence  religieuse  et  vxatlioliq ne.  Elle  attestait  aussi 
que  là  comme  ailleurs,  l'homme  de  Dieu  a  su  doi-.;ier  l'exemple  du  sa- 
crifice, du  dévouement,  de  la  charité." 

QUKSTIONS 


On  lit  dans  le  founial  du  niarqui.'^  de  Montcalm,  édition  de  Québec. 
1895,  p.  233,  à  'a  date  du  18  juillet  1757  :  "Les  ennemis  sont-ils  re- 
tranchés au  fort  George  ?  Ne  le  sont-ils  pas  ?  Toutefois  il  faut  agir  ; 
l'ordre  est  formel  d'aller  à  l'ennemi  et  de  l'attaquer  fort  ou  faible,  à 
moins  d'une  impossibilité  aussi  claire  que  le  jour,  à  laquelle  encore  les 
contemplatifs  de  Montréal  ne  croiront  pas  ou  feront  semblant  de  ne  pas 
croire." 

Qu'entend  Montcalm  par  les  contcmplalifs  de  Motilirai  .' 

ZOR. 
— Le  gouverneur  Haldimand  était-il  marié  ? 

A.B. 
— Combien  de  Canadiens-Français  ont  pris  part  à  la  guerre  de  Cri- 
mée ?     Peut-on  me  donner  leurs  noms  ? 

G. 
—  Les  journaux  ont  parlé,  il  y  a  quelques  mois,  d'une    bataille  du 
vai.sseau  de  guerre  français  Surveillante  avec  une  frégate    anglaise  dans 
le  port  de  Québec.     A  quelle  date  a  eu  lieu  ce  combat  ? 

CURIEUX 
— Oîi  trouverais-je  des  ren.seignements  sur  les  Loyalistes  aiin'riùtitis 
qui  vinrent  s'établir  au  Canada  à  partir  de  1783  ? 

AMER 
—Qui  était  le  docteur  Fréiléric-Guillaume  Oliva  ([u'on  voit  à  Qué- 
bec vers  lu  fin  du  i8e  siècle  ?' 

A. G. H. 


.     •t.,o]/-  v;    >' 


1 1  ■  lOf'.  Dcr  no- 


-21- 

BROUAGE 


I -année  où  le  Canada  fut  découvert  il  existait  dans  l'Aunis  une 
seiet.eurie  api>elée  Brouage,  qui  consistait  surtout  en  fermes  agricoles 
et  exploitations  des  sauneries,  et  dont  la  principale  portait  le  non.  du 
fief  même.  Elle  était  située  sur  ui>  terrain  plat,  marécageux,  au  bord 
de  la  mer  ;  les  bâtiments  du  commerce  du  sel  y  atterrissaient 

Sur  un  roc  solide  mais  à  raz  de  terre  on  voyait  les  restes  d'une 
tour,  datant  de  César,  croyait-on. 

Des  troubles  religieux  agitaient  le  pays  par  le  fait  des  huguenots 
qui  commençaient  à  .se  répandre  dans  une  partie  de  la  France. 

Jacques  de  Pons,  baron  de  Mirambeau,  .seigneur  de  Brouage, 
Roven  Plas.sac,  Lorignac,  as.sisté  des  catholiques,  .se  décida,  en  1535, 
à  proté-er  la  ferme  de  Brouage  par  une  enceinte  de  pieux,  ce  qui  sem- 
ble avorr  attiré  dans  cet  endroit  plus  de  caboteurs  que  jamais,  de  .sorte 
qu'il  se  forma  un  village  que  le  seigneur  appela  Jacoi)ohs,  Jacques-ville. 
Plus  tard  ce  poste  étant  devenu  con.sidérable,  on  l'entoura  de  for- 
tifications, probablement  vers  1570,  alors  que  Samuel  Champlain  était 
encore  au  berceau.    La  vide  aussi  venait  de  naître. 

D'après  une  gravure  de  1604  on  voit  "Brouage,  jadis  Jacopolis, 
portdemeretgrandeforteres.se." 

C'est  l'année  où  Champlain  arrivait  eu  Acadie— ayant  visité  le  Ca- 
nada dou/.e  mois  auparavant. 

Brouage  était  à  l'apogée  de  sa  carrière,  florissant  par  le  commerce 
maritime  et  les  marais  salants. 

L'estampe  ou  gravure  de  1604  montre,  en  dedans  des  fortifications, 
l'église  Saint-Jean  l'Evangéliste,  à  demi  ruinée,  probablement  que 
c'était  la  première  construite  dans  Jacopolis  ;  et,  eu  dehors  des  mur.s 
de  la  place,  .sur  une  petite  éminence,  l'église  Saint-Romuald,  ce  qui 
fait  croire  que  la  population  se  répandait  dans  le  faubourg. 

Telle  était  la  situation  il  y  a  trois  cents  ans  juste.  Puis,  la  mer 
commença  à  se  retirer.      L'abord    de  la  ville,  pour  les  navires  d'un  ton- 


1^  (lUc 


nage  un  jx^ii  élevé,  devint  imiH)s.sible.      On  ii'>   voyait   plus  (p 
nielles  et  de  movennes-  cmb.ircations.      Le  commerce     diminuait  dans 
même  mesure.      Par  la  >uite  les  simple^  .  aiiots  pouvaient  seuls  trcpie 


):\V 


f-IUÛ;r 


ofii   t».MiOb  J     ■ 
■.5I  ;-^'  j(i;:jiti 


ter  le  port.  Enfin,  le  sol  s'exhaussanl  toujours,  la  dernière  goutte 
d'eau  disparut  du  lieu  d'enibarquenietit,  h,  ville  se  vida,  les  maisons 
abandonnées  s'écroulèrent,  le  rivage  conuiiua  de  s'éloigner,  et  de  nos 
jours,  il  n'en  existe  rien  ;  on  découvre  s'  lili.inent,  dans  les  terres,  la  ro- 
che qui  jadis  portait,  au  cœur  de  la  vill,-,  la  tour  de  Cchar.  Sur  un 
petit  coteau  se  montrent  les  débris  de  l'(';^lise  Saiiu-Romuald.  Il  v  a 
une  charmante  station  balnéaire    tout  aiiiir-js. 

Cet  article  est  le  résumé  de  ce  que  j':,i  hi  dans  \ lutcniudiairc  des 
Chercheurs,  mars  et  avril  19 13. 

On  cite,  en  France,  la  ville  d'Aii;ULs  .M„rtes.  grand  port  de  mer  il 
y  a  sept  cents  ans,  mais  qui  est  loin  dan.  rimérieur  aujourd'hui,  par 
suite   du  mouvement  du  sol. 

BENJAMIN  SU  ETE 


FRANÇOIS  EVAN'TUREL— II  élan  „é  à  Beaucaire,  en  Proven- 
ce. Il  vit  les  no\ades  du  Rhône  et  riiisiallaiioii  de  la  déesse  Raison 
dans  l'église  de  sa  \  ille  natale. 

Appelé  par  la  conscription  sou'^  les  drapeaux  ae  l'Empire,  il  fit  ks 
campagnes  d'Ivspagne  et  de  Portugal,  l'ait  prisonnier  par  des  brigands 
espagnols,  .1  fut  livré  aux  Anglais.  Ceux-ci  l'envoyèrent  en  garnison 
à  Démérara.  .M.  Evanturel  vint  au  Canada, qu-lques  années  plus  tard, 
dans  le  60e  Carabiniers  anglais.  Il  obtint  bientôt  son  congé  et  s'établit 
à  Québec  où  il  s'occupa  de  jardinage.  .M.  Evanturel  décéda  à  Québec 
le  18  mai  1852,  et  fut  inhumé  dans  le  ciniL-tière  de  Sainte-Foy.  C'est 
là  que  Crémazie,  dans  son  Soldat  de  l' ,iiipi,r,  le  fait  se  réveiller  quand 
le  commandant  Belvè/,e  vint,  avec  les  marins  de  la  Capi  iciciisc,  a>sister 
à  la  pose  de  la  première  pierre  du  monument  élevé  aux  héros  de  la  ba- 
taille de  Sainte-Foy. 

"Admirateur  enthousiaste  de  l'empereur,  fait  remaripier  M.  l'abbé 
Casgrain,  il  conser\a  tout  sa  \-ie  le  culte  du  héros,  et  ce  fut  un  bmi- 
heur  suprême  jiD.ir  lui  d'ainirendre  de  la  bouche  de  >nu  fi'.-^.  ((Uel  pies 
ii.stants  avant  -^a  mort.  l'avénemeiU  de  Napoléon  III  au  trône  i.iipé- 
rial." 

François  IC vauturel  ét.iit  le  père  de  feu  l'honorable  l'rançois  P:,au- 
tu-el,  ancien  oraleiii  lie  rA>semble  légi^lative  d'Ontario.  MM.  \x- 
tll  ir  et  l'udole  l'.x.iuturel,  de  Québec,  .sont  les  petits  fils  du  vieux  sol- 
dat de  rbimpire  ciianté  iiar'Créma/.ie. 


.?'  :u.. 
j'.i  r.f 


—23— 

Biographies  canadiennes 


CHARLKS  ALAVOIXP:.— Né  en  1695  du  mariage  de  Charles 
Alavoiue,  niarcliaud,  de  Muntréa],  ancien  capitaine,  et  de  Marie  Ma- 
chard.  Il  pratiqua  d'abord  la  médecine  à  Québec.  Il  s'établit  un  peu 
plus  tard  aux  Trois- Rivières 

MM.  de  Beauharnois  et  Hocquart  écrivaient  au  ministre,  le-25  oc- 
tobre  1729  : 

"Le  sieur  Alavoine,  chirurgien  aux  Troi.s-Rivières,  est  employé 
sur  l'Etat  à  75  livres.  Il  n'est  pas  possible  qu'il  puisse  subsister  avec 
de  si  modiques  appointements,  d'autant  plus  qu'il  ne  peut  rien  gagner 
en  cette  jietite  \ille,  où  il  y  a  très  jieu  d'habitants  et  très  malai.sés.  II 
nous  a  demandé  la  iiermission  de  revenir  à  Québec,  et  nous  ne  l'avons 
engagé  à  retourner  aux  Trois- Rivières  que  dans  l'espérance  que  nous 
lui  avons  donnée  (]ue  vous  auriez  pour  agréable  de  faire  augn;enter  ses 
appointements,  que  vous  ])ourriez  régler,  monseigneur,  à  300  livres 
pour  le  tout,  si  vous  le  juge/,  à  propos." 

Ce  ne  fut  que  le  ler  février  1758  que  M.  Alavoine  obtint  son  bre- 
vet de  chirurgien  des  troupes  à  Trois- Rivières. 

Le  chirurgien  Alavoine  décéda  aux  Trois-Rivières  le  9  juillet  1764. 
De  son  mariage  avec  Marie-Anne  Lefebvre  dit  Lasi.sseraye,  il  avait  eu 
dix-neuf  enfants.  Deux  enil-rassèrent  'a  profession  médicale  comme 
leur  père.  l'ne  de  ses  filles,  F"rançoise-Charlotte,  mariée  à  Charles 
d'Ailleboust,  suivit  en  iM'ance  sou  ])arent,  le  marcpiis  de  X'audreuil, 
dernier  gouverneur  de  la  Nouvelle-France,  après  la  prise  du  pays  ])ar 
les  Anglais.      Ivlle  lui  ferma  les  yeux  et  de\int  sa  légataire  universelle. 

Le  docteur  Ala\-oine  fut  le  ]>remier  chirurgien  de  rhû|)ital  des 
Trois-Rivières.  Il  fut  aussi  iiendant  près  d'un  (p\art  de  siècle  niaitre- 
chantre  à  l'église  paroissiale  de  cette  ville.  A  iilusieurs  reprises  les  ])a- 
roi.ss-ens  lui  tlécernèrent  des  éloges  et  des  remerciements  pour  les  ser- 
vices qu'il  leur  rendait  et  jiour  s 
gratuitement  la   pariils>e. 

NOri'TTI'.  DIT  LA  SOLI 
avait  à  Quci)ec  un  priKiircur  on 
SoulTleterie       On  le  vnit  coiiiiiar^ 


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voté.  Ce  Nouëtte  dit  la  SoiilTleterie  a-t-il  fait  souche  au  Canada  ?  Son 
nom  de  Nouëtte  n'aurait-il  pas  été  transformé  en  celui  de  Noël  ou 
Nouëlle  ? 

Nous  ne  croyons  pas  que  le  nrun  Nouëtte  se  soit  transformé,  au 
Canada,  en  celui  de  Noël  ou  Nouëlk-.  Tous  les  Noëls  canadiens  des- 
cendent de  deux  souches  :  i.  Jean  Noël,  originaire  de  Tonne-Boulon- 
ne,  en  Poitou,  marié  â  Québec,  le  2  novembre  1649,  à  Suzanne  Barbot; 
et  2.  François  Noël,  originaire  du  bourg  de  Chiray,  évêché  de  Poitiers, 
marié  à  Québec,  le  22    octobre  1669,  à  Nicole  Le  Grand. 

Le  Nouëtte,  procureur  ou  praticien,  qu'on  voit  à  Québec  en  1741 
et  1742, doit  être  l'individu  menti>jnné  dans  une  lettre  de  Mgr  de  Pont- 
briand,  évêque  de  Québec,  au  mini-tre  Pontchartrain,  en  date  du  30 
oclobre  1742  : 

"Un  nommé  Nouëtte  dit  la  Souflleterie,  qui  fait  les  fonctions  de 
l^rocureur,  et  qui  n'est  ici  que  de]iuis  quelques  années,  demeure  chez 
une  femme  dont  le  mari  est  absent,  qui  a  fait  beaucoup  parler  d'elle 
par  ci-devant.  Ces  deux  iiersonnes  causent  du  .scandale.  On  s'en 
plaint  hautement.  M  l'intendant  avait  donné  des  avis  à  ce  particu- 
lier avant  mon  arrivée.  Le  curé  de  la  paroisse  m'en  a  porté  des  ])lain- 
tes.  Un  ancien  habitant  nonmié  1. arche  m'a  parlé  jiour  le  même  su- 
jet. André,  lieutenant  de  police,  m'a  assuré  lui  en  avoir  parlé,  et  m'a 
dit  que  plusieurs  personnes  lui  avaient  représenté  ce  scandale.  Les 
Pères  Saint-Pc,  jésuite,  et  Maurict  m'ont  aussi  dit  les  mêmes  cho.ses. 
Je  l'ai  averti  deux  fois  de  .sortir  de  cette  maison,  mais  toujours  inutile- 
ment. Il  l'avais  promis  à  M.  l'intendant,  mais  il  n'en  veut  plus  rien 
faire.  Il  exigeait  une  ]irocédure  difficile  en  ces  matières,  et  peu  con- 
venable. 

"Je  vous  supplie,  monsieur,  de  le  faire  repasser  en  France  ;  la  co- 
lonie n'y  jjerdra  rien.  Je  crois  que  c'est  le  seul  mo\en  de  remédier  à 
cet  abus.  Au  reste.  i)ourvu  que  le  mal  .soit  arrêté,  je  serai  toujours 
content."  (Archives  (lubliques  du  Canada,  Correspondance  générale, 
1742,  vol.  7S,  eu,  fol.  249). 

Le  .>^  mai  174.1.  le  ministre  transmettait  à  l'intendant  H<)c<|-iart  la 
])hunte  de  Mgi  de  Pontbriand.  .Seulement,  sous  la  pUiuie  du  miiu^iie.le 
nom  la  Son (f/, /cric  se  transforma    en  /a  /Inissiiu  k  . 

L'intendant  Hocquart  annonçait  an  ministre,  le  3  novembre  1743. 
le  départ  du  scandaleux  pour  la    France. 


.îrj'j.'i;-.  .'  ■.. 


li  .^..l.|.i<,.  .: 


"Le  nommé  Nouëtte  dit  la  Souffleterie,  écrivait-il,  de  la  conduite 
duquel  M.  l'évêque  vous  a  rendu  compte,  est  un  mauvais  sujet  qui 
m'a  donné  plus  d'une  fois  occasion  de  le  corriger  sévèrement.  A])rès 
plusieurs  avertissements  inutiles,  j'ai  été  obligé,  à  mon  retour  de  Mont- 
réal, de  le  tenir  à  Québec  iirès  de  deux  mois  en  ])rison  II  n'j-  a  poiiit 
de  chicanes  dont  il  ne  soit  capable  dans  l'exercise  de  sa  profession  de 
praticien  ;  infidèle  dans  les  dépôts,  solliciteur  de  mauvais  procès,  in. 
discret  dans  ses  discours  et  ses  écrits,  de  mauvaises  mœurs  a\ccde 
l'esprit,  voilà  le  précis  de  son  caractère.  Je  lui  ai  fait  dire  qu'il  avait 
à  s'en  retourner  en  France,  ou  que  je  l'y  ferais  passer  d'autorité.  Il 
s'est  embarqué  aujourd'hui  sur  le  navire  U  J/a/vf  destiné  pour  La  Ro- 
chelle." {Archives  publiques  du  Canada,  Correspondance  générale, 
1743,  vol.  So,  c    II,  fol.  274). 

Les  rues  et  les  trottoirs  à  Montréal  au  XVllie  siècle 


On  conserve,  aux  archives  de  Montréal,  deux  ordonnances,  datées 
du  8  juillet  1721,  concernant  toutes  deux  le  fameux  incendie  du  mois 
de  juin  précédent  qui  détruisit  une  partie  de  la  basse  ville  montréalai- 
se. Ces  ordonnances  sont  signées  par  l'intendant  Bégon  et  dans  l'une 
d'elles  qui  semble  inédite  on  relève  les  renseignements  suivants  sur 
les  rues  et  les  trottoirs  de  l'époque  : 

"Les  propriétaires  (devront;  faire  transporter  les  (déblais)  dans 
les  endroits  qui  leur  seront  indiqués  par  les  officiers  de  police  cpii  ob- 
serveront que  ces  déblais  soient  répandus^  en  talus  des  deu.x  côtés  de  la 
rue  pour  former  au  milieu  un  ruisseau  qui  ait  la  pente  nécessaire  pour 
l'escoullenient  des  eaux." 

"Que  jusqu'à  ce  que  les  rues  soient  ]>avés  il  n'y  a  d'autres  moxens 
l)oar  les  gens  de  pied  d'éviter  les  boues  que  celuy  estably  deiniis  long- 
temps, qui  est  de  mettre  des  banquettes  de  bois  de  hi  it  pouces  d'épais- 
seur et  d'un  pied  de  large  au  i)etit  bout,  le  long  des  maisons  et  empla- 
cements et  à  deux  pieds  de  distance  des  dites  mai.sons,  en  faisant  rem- 
plir le  vuide  de  |  ierrotage,  déchet,  de  chaux  ou  déblay  de  maison,  de 
manière  que  cette  baniiuette,  com])ris  le  pierrotage,  ait  trois  ])ieds  de 
large,  si  mieux  n'avaient  les  propriétaires  faire  ])aver  le  dit  espace  ile 
trois  pieds  ce  (pli  coilserveroit  les  fondations..." 

K.-Z.  .MA.SSICoTTh; 


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f     ■  REPONSES 


LES  AUTOGRAPHKS  DE  CHAMPLAIN.  (XX,  XI,  p.  362)- 
En  1861,  M.  l'abbé  Ferlaiid  écrivait  : 

.  '"Il  est  étonnant  que  jusqu'à  ce  jour  l'on  n'ait  pas  encore  trouvé  à 
Québec  un  seul  document  signé  jiar  Champlain"  {Ci^urs  d'histoi'if  du 
Canada,  vol.  I,  p.  272). 

Champlain  a  dû  signer  bien  des  actes  de  naissances,  mariages  et 
sépultures  des  registres  paroissiaux  de  Québec  pendant  son  séjour  dans 
la  ville  qu'il  avait  fondée,  mais  on  sait  que  la  chapelle  de  Notre-Dame 
de  Recouvrance  fut  incendiée  le  15  juin  1640.  Dans  cet  incendie  les 
registres  qu'on  tenait  avec  tant  de  soin  furent  aus>i  détruits.  Il  est 
bien  probable  que  plusieurs  autres  documents  écrits  ou  signés  par 
Champlaiu  disparurent  dans  cet  incendie. 

Le  15  janvier  1634,  la  Compagnie  des  Cent- Associés  de  la  Nou\xl- 
le-France  concédait  la  seigneurie  de  Beauport  au  sieur  Robert  Giffard. 
D'après  un  titre  de  1653  {P'i'ces  et  documents  seigneuriaux-,  p. 388)  l'acte 
de  prise  de  po.ssession  de  cette  seigneurie  aurait  été  signé  par  Cham- 
plain.    Malheureusement,  cet  acte  est  disparu  depuis  longtemps 

Nous  croyons  que  le  seul  document  signé  par  Chamjilain  qui  exis- 
te actuellement  en  Canada  se  trouve  dans  la  Bibliothèque  municipale 
de  Montréal.  Il  vient  de  la  coUectioi!  d'autographes  de  M.  Philéas 
L'.agnon. 

Ce  document  est  ainsi  décrit  dans  le  tome  deuxième  de  l'ouvrage 
de  M.  Philéas  Gagnon,  Essai  de  bihliograpliic  canadienne  (p.  324 j  ; 

"Paris,  le  15  mars  1619,  étant  une  quittance  mutuelle  entre  Cham- 
jilain,  Marie  Camaret,  sa  cousine,  et  Jacques  Hersan,  son  mari,  jiour 
affaire  de  ces  derniers  avec  Marguerite  le  Roy,  mère  de  Chamiilain,  2 
pp.  in-folio.     Signée  à  deux  endroits  par  Chamiilain." 

Si  nous  ne  faisons  erreur,  M.-Gagnon  avait  acheté  cet  autogra])he 
à  la  vente  des  livres  et  autograjihes  de  M.  Gerakl  E  Hart,  à  Boston,  en 
iSut>.  car  il  est  mentionné  connue  suit  à  la  l>age  275  du  Catalo'^iic  0/  t/ie 
//.n!  cW/,./,\'>!  : 

"Ch.uupl.un.  Samuel  de .\  quittance    of  land  in  liis  native  city 

>it  liri>ii,igc.  ^il;ncd  a'iso  by   Jacques  Hcr.'^an,     Marie  Camaret,     his  wife 
.nul  otlar--.      \\r>   fine,  in  perfect    condition,  and  ni  excessive'     rity." 


\:l?i/'j  ■>'  '[yiM 


i^^■>  11.;! 
il 

:'.'.iTvV.Vj'  '• 
Il  0 


-27— 

LA  CAPITULATION  DE  MONTREAL.  (XX,  XI,  p.  362)— Le 
texte  de  la  capitulation  de  Montréal  a  été  publié  dans  plusieurs  ouvra- 
ges assez  faciles  à  consulter,  entr'autres  : 

Journal  des  campagnes  du  e/ievaltei  de  Lévis  en  Canada  de  ijj^ô  à 
ij6o,  p.  316. 

E-B.  O'Callaghan,  Docuntenis  relative  ta  the  colonial  kistory  of  the 
state  of  Nev-York,  p>oeured  in  Holland,  Eiigland  and  France,  vol.  X,  p. 
1107. 

L.  Dussieux,  Le  Canada  sons  la  domination  française  d'aprT^s  les 
Archives  de  la  Marine  et  de  la  Guerre,  p    4+3.   , 

Adam  Short  et  Arthur-G.  Doughty,  Documents  concernant  V histoi- 
te  constitutionnelle  du  Canada,  [Jjq-ijçt,  p.  4. 

A  propos  de  la  capitulation  de  Montréal,  on  a  prétendu  qu'un  des 
articles  de  ce  traité  ou  de  cette  convention  entre  le  général  Ainherst  et 
le  marquis  de  Vaudreuil  exempte  à  toujours  les  Canadiens-Français  de 
])reiidre  les  armes  contre  la  France. 

Il  y  a  ici  confusion  et  erreur. 

Le  traité  ou  plutôt  la  capitulation  de  Montréal  fut  pré])arée  par  le 
marquis  de  Vaudreuil.  FUle  était  comprise  en  cinquante-cinq  articles. 
Lorsque  cette  capitulation  fut  soumi.se  au  général  Amherst,  celui-ci 
écrivit  vis-à-vis  chaque  article  demandé  par  le  marquis  île  Vaudreuil  : 
"Accordé"  ou  "refusé",   .selon  le  cas. 

Le  quarante-unième  article  demandé  par  le  marquis  de  \'audreuil 
se  lisait  comme  suit  ; 

"Les  françois.  Canadiens,  et  Acadiens,  qui  re.'^teront  dans  la  colo- 
nie, de  quel.;ue  Estât  et  Condition  qu'ils  Soient,  ne  Seront,  ni  ne  pour- 
ront Ivstrt  forcés  à  prendre  les  Armes  Contre  Sa  Mté  très  Chrétienne 
(le  roi  de  F'rance),  ni  Ses  Alliés,  directement,  ni  Indirectement,  dans 
quelque  Occasion  que  ce  Soit  Le  Gouvernement  15ritain(|ue  ne  jiour- 
ra  Exiger  d'Iùix  qu'l'^ie  Exacte  Neutralité". 

En  regard  de  cet  article  le  général  Amherst  écrivit  : 

"Ils  devieinient  Sujets  du  koy." 

LES  COMP,.\TTAXTS  Dl'  CH ATl'AUC.rAV.  (XX,  XI.  p. 
3(^2)— A-t-on  fait  la  liste  des  ofTiciers  et  si)l<Iats  canadiens  qui  iirnent 
ixut  à  la  bataille  de    Chàteauguay  !> 

Nous  crovons  (lU'on  u  dre.s.sé,  au     département  de  la     milice,  à  C)t- 


»;  v  II 
ni  ->J 


—28— 

tawa,  il  y  a  déjà  quelques  années,  la  liste  des  officiers  et  soldats  cana- 
diens qui  prirent  paît  à  la  campagne  de  1S12-1813,  mais  on  n'a  pu  éta- 
hlii  spécialement  la  liste  des  combattant.-^  de  la  journée  de  Château- 
fruay. 

Cependant.  M.  Benjamin  Suite,  à  l'aide  des  récits,  publiés  et  uia- 
nu.scrits,  de  la  l>ataille  de  Châteauguay  et  des  souvenirs  d'un  certain 
nombre  de  survivants,  a  pu  dres.ser  la  liste  des  officias  qui  se  battirent 
à  Châteaugua\-. 

Il  met  en  tète,  tout  naturellement,  celui  qu'on  appelle  le  héros  de 
Châteauguay,  le  lieutenant-colonel  de  Salaberry.     Puis  viennent  : 

Lieutenant-colouel  :  George  Macdonell  ;  capitaine;  Joseph-Mau- 
rice tamothe,  du  département  des  Sauvages  ;  James  Wright,  com- 
mandant les  volontaires  de  l'endroit  ;  Philippe  Panet,  ler  bataillon  de 
Ouébec  ;  J.  Robertson  ;  Louis  Juchereau  Duchesnay,  Jean-Baptiste 
Juchereau  Duchesnay  ;  Charles  Daly,  bataillon  de  Trois- Rivières  ;' J. 
Mailloux,  ye  bataillon,  Deschambault  ;  Pierre  Eneau,  bataillon  de 
Vaudreuil  ;  Dominique  Ducharme.  G.-R.  Ferguson,  des  Fencibles  ; 
P. -Dominique  Debartezh,  5e  bataillon  CChasseuis)  ;  Louis  Levesque. 
3e  bataillon  ;  Gamelin  Gaucher,  2e  bataillon  :  Benjamin  L'écuyer, 
Voltigeurs.  Lieutenants  :  Benjamin  Schiller,  3e  bataillon.  Trois-Ri- 
vières  ;  Neil  Mori.son  ;  B.  Delisle,  2e  bataillon  ;  Louis-B.  Pinguet,  4e 
bataillon  ;  John  Hebden,  Voltigeurs  ;  Louis  Guy,  Voltigeurs  ;  J.-H. 
Power,  5e  batailL.n  ;   W.-D.  Johnson.  Voltigeurs. 

Officiers  de  la  division  de  Beauharnois  :  lieutenants-colonels  :  S- 
R-C.  de  Léry,  Paul  Lacroix  ;  major,  Edme  Henry  ;  capitaines,  J.-B. 
Bruyère,  Etii.nne  Eneau,  Joseph-Marie  Lougtin, Alexandre  .Sauvageau, 
Charles  Archambault,  Basile  Lamarque,  James  IMills  ;  lieutenants,  Xi- 
colas  Bulteau,  Jean-Louis  Cérat,  Michel  O'Sullivan  ;  enseignes  .•  J.-B. 
Viau,  Louis  Julien,  Pierre  Boyer,  Amable  Faucher,  J.-B.  Gastien. 

"LES  OUVRAGES  PUBLIES  SUR  SIR  GEORGE- IvTil'X XI'. 
CARTIER  (  XX.  VIII.  p.  2,sS)— Sûr  la  vie  et  le  temps  de  sir  George- 
ICtienne  Cartier  nous  connaissons  les  oux'rages  ou  brochures  sui\antes. 
Il  .se  iieiU  i[u'il  >■  eu  ait    cpielques  aiUres. 

Louis-P.  Turcotte,  l: hoiioniblr ^ir  l, .-I-..  Carlicr.  „ii„islrr  d,  h,  „.i- 
licc.  Québec,  atelier  typcgrapliicpie  de  Léger  BrouNSLau,  y,  rue  lîua- 
de-lS73. 

Mgr  Antoine  Racine.     K/.'o,-  finùl'ir  df  sir  (  ;,vi.;,-/-:iini,ir     Ccii/iir 


'I       '•■ixdlJ 


n-.')         I 


.i.U-.A  :    r  ■  :-'lA' 

iiiv   >  .■     ■Ar.'\->i//j 

II»,  n  .       ':  /.)-  .'U^l   >v  11 


—29— 

prononcée  dans  la  cathédrale  de  Québec. 

Joseph  Tassé,  Diseouts  de  sir  Geon^es-Elioine  Caitio,  baronnet,  ac- 
compagnés de  notices.  Montréal,  Eusèbe  Seiiécal  et  fils,  imprinieurs- 
éditeurs,  no  20,  rue  Saint- V'iiicent---i893.  • 

Alfred-D.  DeCelles,    Caitie>  et  son  ten/t>s.  Montréal,   librairie  Beau- 

.y 

chemin,  limitée,  256,  rue  Saint- Paul--- 1907. 

Charles-Kdouard  Lavergne,  Geo>ges-Etienne  Cartier,  /lonin/c  d'état 
Canadien,  1814-1SS3.  Préface  par  Montpctit.  Langevin  et  L'Arche- 
vêque, 8,  rue  Saint-Jacques,  Montréal--- 1914. 

Geoiges-FJienne  Caitier,  1814-1(^14.  Edition  du  centenaire. 
Montréal,  librairie  Beancheniiu     limitée,  79,  rue    Saint-Jacques--r9i4. 

John  Boyd,  Sir  George-Etienne  Cartier, Bat  t., his  life  and  times.T\\^i 
MacMillan  Company  of  Canada,  Ltd.,  at  St.  Martin's  House,  Toronto: 
MCMXIV. 


M.  DE  XARBOXXE-LARA— (XX,  V,  p.  167)  —  L'auteur    des 

Esquisses  poétiques  et  (le  l' .liinable  ronipai>non  est,  dit-on,  un  canadien- 
français,  nommé    Edouard  Xarbonne  et  né  à  Saint-Rémi,  vers  1S49. 

Une  vingtaine  d'années  plus  tard,  quelques  membres  de  sa  famille 
se  prétendirent  à  tort  ou  à  raison,  descendants  des  comtes  de  Xarbon- 
ne-Lara  et  ils  .signèrent,  dans  les  actes  de  l'éiat-cixil,  les  uns  de  "Xar- 
bonne", les  autres  de  "Xarbonne- Lara". 

Entre  1873  et  1879,  M.  Pklouard  Xarbonne  (alias  Xarbonne-Lara) 
quitta  le  Canada  pour  les  PUats-Unis  où  il  a  vécu  depuis. 

On  trouve,  àMX^V  Opinion  Publique  Aii  1S70,  p.  30,  une  dis.serta- 
tion  sur  la  Poésie,  signée  Pierre  de  Xarbonne-Lara,  et  à  la  page  254, 
une  poésie,  l 'ne  goutte  de  rosée,  signée  Pierre  d'A.  de  Xarbonnt-Lara. 
Ce  doit  être  un  des  frères  d'P^douard. 

BIBLIOPHILP; 


,    ()'.    1'   ■)iUI,JUtl 


il  ■jiJllUl''-  ''1  '■'  f-- 


LES  OUVRAGES  CANADIENS  RECENTS 

L'abbé  Charles  Edouard  Mailhot,  Les  Bois  Fiants.  Arthabaska, 
La  Qie  d'Imprimerie  d'Arthahaskaville,  imprimeur — 1914. 

Voilà  un  livre  que  devraient  lire  non  seulement  les  habitants  des 
Bois- Francs  mais  tous  ceux  qui  s'intéressent  à  notre  histoire.  Les 
journaux  sont  remplis  des  ex])loits  héroïques  de  ceux  qui  là-bas  se 
liattent  contre  les  Allemands.  On  s'explique  que  la  chaleur  du  c  nibat, 
l'entraînement  ambiant,  le  bruit  du  canon  et  des  balles  qui  sifflent 
pou.ssent  pour  ainsi  dire  à  acco7n])llr  des  actions  héroïques.  Mais  il  y 
avait  de  l'héroïsme  chez,  les  Canadiei.s-Krançais  qui  s'enfoncèrent  dans 
leS  Bois-Francs  pour  défricher  cette  'elle  partie  de  notre  pays.  Et  ces 
braves  avaient  d'autant  jilus  de  mérite  qu'ils  ne  songeaient  ])as  à  lais- 
ser leurs  noms  à  la  ix)stérité.  C'est  l'histoire  de  tous  ces  héroïc|ues 
pionniers  que  M.  l'aljbé  Mailliiot  nous  fait  connaître  dans  son  beau  li- 
vre. ~^ 

"L'ouvrage  que  je  présente  aujourd'hui  an  public  canadien", 
écrit  NL  l'abbé  Mailhot,  "est  un  recueil  d'écrits  laissés  par  les  i)reniiers 
historiens.  Ce  sont  des  notes,  de  vieilles  chroniques,  des  documents 
collectionnés  i:)endant  plus  de  vingt-cinq  ans.  C'est  le  récit  des  faits 
et  gestes  accomplis  par  nos  11ères,  sur  ce  beau  coin  de  terre  canadienne 
aux  jours  de  sa  glorieuse  découverte.  Ce  sont  le.s  traditions  de  nos 
ancêtres  qui  menacent  de  disparaître,  (car  ils  sont  rares  aujourd'hui 
les  anciens  pionniers  que  nous  pouvons  consulter,  )  que  j'ai  essaxé  de 
sauver  de  l'oubli. 

"C'est  le  fruit  d'études,  de  recherches  nombreuses  et  attentives, 
faites  dans  les  archives  religieu.ses  et  civiles  dispersées  çà  et  là. 

"Je  me  suis  fait  un  devoir  de  les  réiuiir,  de  les  coordonner,  et  au- 
jourd'hui j'en  fait  jiart  à  mes  lecteurs  espérant  leur  être  utile  et  agréa- 
ble .... 

"C'est  pour  sau\er  et  ]Kipulariser  les  précieux  travau.x  de  ces  écri- 
vains,—MM.  It-s  abbés  Charles  Tiudelleet  Chs.  F.  Uaillargeon.  Mgr 
P  -H.  Su/or,  MM.  Antoine  Gérin-Lajoie  et  Hyacinthe  St-Cjeimain, — 
"que  je  me  fais,  non  pas  le  f>:ir,  mais  \l-  /yunti/ii  de  rhi>t()ire  des  Hois- 
Trancs." 

La  première  partie  de  l'inivrage  de  M.  l'abbé  Mailhot  est  consa- 
crée à  l'histoire  génér:de  des  Hois-b";  ancs.      Il  l-u  prolile  i«)nr  nous  fai- 


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-31- 


re  connaître  les  coutumes  des  premiers  colons.  Ses  chapitres  sur  la 
récolte  du  sucre  d'érable,  la  moisson  du  grain, les  fêtes  du  Jour  de  l'an, 
la  Ignolée,  la  quête  de  l'Enfant  Jésus,  le  pain  béait,  les  veillées,  les 
éplucliettes  de  blé-d'Inde,  les  noces,  le  foulage  de  l'étoffe,  le  broxage 
du  lin,  etc.,  etc.,  sont  des  tableaux  fidèles  de  coutumes  patriarcales  qu 
disparaissent  petit  à  petit,  hélas  !  de  nos  camiiagnes. 

Dans  la  seconde  partie  de  son  livre,  M.  l'abbé  Mailhiot  nc^us  don 
ne  l'histoire  des  parois.ses  qui  constituent  ce  qu'on  apjielait  originaire 
ment  les  Bois- Francs  :  Saint-Louis  de  Blandford,  Saint- Kusèbe  de  Stan 
fold,  Saint-Calixte  de  Somerset,  Saint-Norbert  d'.Arthabaska,  Saint 
Christophe  d'Arthabaska,  Saint-Médard  de  Warv.ick,  Sainte-Victoire 
d'Arthaba.ska,  etc.,  etc. 

Nous  fai.sons  nôtre  cette  conclusion  de  l'apjiréciation  du  lixre  d^ 
M.  l'abbé  Mailhiot  par  V Action  Soda/c  : 

"A  une  époque  où  la  nécessité  du  retour  à  la  terre  aiii)araît  ])lu 
éclatante  que  jamais,  c'est  faire  œuvre  essentiellement  nationale  que 
de  rapjieler  l'héroïque  courage  des  pionuiers  qui  conquirent  pour  leur 
race  la  terre  fertile  d«r  Bois- Francs.  "Ces  défricheurs  n'étaient  pa; 
des  honnnes  ordinaires.  Animés  d'un  esprit  chrétien  et  patriotique 
pleins  de  vaillance  et  de  dévouement,  guidés,  .soutenus  et  encouragé: 
jiar  des  prêtres  pieux  et  zélés,  ils  enduraient  de  bon  cœur  des  priva- 
tions sans  nombre  pour  s'emparei  d'ini  sol  que  les  autorités  semblaient 
vouloir  léguer  à  un  élément  étranger." 

'La  manière  dotU  leur  histoire  est  racontée  rendra  leur  exemjjle 
plus  fécond,  en  même  tenqxs  qu'elle  fera  goûter  à  ]>lusieurs  le  charme 
sain  et  vivifiant  des  vieilles  coutumes  canadier.nes.  si  bien  décrites  dans 
l'histoire  générale  des  Bois-Francs,  ou  l'esquisse  historique  des  iiarois- 
ses  de  cette  localité  qui  forme  la  .seconde  partie  du  volume. 

"^L  l'ablié  Mailhiot, connue  tant  d'autres  membres  du  clergé  cana- 
dien qui  cultixent  frnctueusemeut  le  champ  de  notre  histoire  luitionale, 
a  droit  à  la  reconnai.ssance  des  C?nddiens-français,  car  .son  livre  est  une 
bonne  œuvre. 

"Nous  .souhaitons  qu'il  soit  lu  et  relu  :  et  (|U'il  prenne  la  ])Knce 
à  laquelle  il  a  droit  iiarmi  les  livres  (|ui  sont  di.stribnés  à  la  jeunesse  de 
nos  écoles  aux  jours  tles  réconiiieuses. 

L'abbé  lîeui.  neniers,      f 


J,an  Du  Md  OH  Pn 


prrmu-rs 
imprimer! 


N'iucent      II) 


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-32- 

En  1905  M.  l'abbé  Deniers  publiait  La  famille  Deniers  d' Ltcheiinn, 
une  édition  intime  pour  les  membres  de  la  famille  Deniers.  Le  pre- 
mier chapitre  contenait  l'histoire  du  premier  ancêtre  de  la  famille  à 
Etchemin,  Jean  Du  Met  ou  Deniers. 

Depuis  cette  époque,  M,  l'abbé  Deniers  a  trouvé  des  documents 
nouv-eaux  qui  lui  ont  iiermis  de  revoir,  de  corriger  et  d'augmenter  ce 
chapitre,  à  tel  jioint  qu'il  en  a  fait  une  édition  spéciale  pour  la  famille 
et  aussi  cette  fois  pour  le  public. 

La  famille  Du  Met  ou  Deniers  est  originaire  de  Dieppe,  en  Nor- 
mandie. Etienne,  André  et  Jean  Du  Met  ou  Deniers,  les  trois  frères, 
éniigrèreiit  de  Dieppe  en  la  Nouvelle- France,  vers  1646  ou  1657.  Bro- 
chure très  intéressante  et  remplie  de  renseignements  inédits  sur  cette 
importante  famille. 

Pierre  Chollenec,  Catheiine  Tegahkouita,  la  saiiite  sauvaç-esse.  La 
Cie  de  publication  de  V /ùla/'/e/ir,  imprimeur-éditeur.  Beauceville-iy  14. 

Henri  Bourassa,  ('ne  pai^e  d' liistoin  .  La  politique  de  l' Ans^letet)  e 
avant  et  après  la  o^uerte.  Montréal,  Imprimerie  du  Devoii ,  43,  rue  St- 
Vincent— 1914.  ~" 

Le  Canada  à  Loin  des.  f^iseoni  s  de  Sa  (irandeiir  Mi;  r  Caitthiir, 
cz'êque  auxiliaiic  de  Montréal  et  de  M.  Ilenii  Bourassa.  direeteiir  dit 
Devoir.      Montréal,  Impriiiiprie  du  /^crc/;  ,43,  rue  Saiut-X'incent      '914. 

Bulletin  de  la  Soeiété  Jfisloi  ique  de  Saint-Bonifaee.      Lettres  de  Mon- 
seigneur Josepli-Xorbeit  Proveneher,  premier  évéque  de  Saint-Bonifaee. 
\'o\    in,  1913 — Im]jrimerie  du  "  Manitoba",  Sai'it-Boniface,    .Manitolja 
— 1914. 

Ce  volume  contient  45  lettres  à  Mgr  Plessis,  12  lettres  à  Mgr  Pa- 
net,  45  lettres  à  Mgr  Signav  ,  11  lettres  à  Mgr  Turgeon.  etc.,  etc.  Ces 
éjiitres  sont  du  plus  \if  intérêi.  et  sont  très  importantes  pour  l'iiistoire 
des  mi.ssions  dans  l'Ouest  Canadien. 

Jitude  sut  les  forêts  de  la  piovinee  de  Otiéhee.  Service  foiestier,  bul- 
letin Xo.  2.      Imprimerie  du  Soleil.  Ouébec-1914. 

Cette  étude  ])ré]Kirce  i>ar  M.M.  PiclK-  et  Bédard  contient  des  chiffres 
intére.s.sants  sut  les  \;deurs  de  nos  réserves  forestières,  etc..  etc.  On 
trouve  <lans  cette  brochure  une  liste  des  ])rincii)aux  arbres  de  commer- 
ce de  la  province  de  Ou.'l)i-c.  a\ec  leurs  noms  Ix  )tani<n;i.s    en  français  et 


1    U,-:-:yU       ,>.> 


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BUI^Î^ETIN 


RECHEECMES  HISTORIQUES 


VOL.  XXI  BEAUCEVILLE=FEVRIER  1915  No.  Il 


La  Famille  de  Lorimier 


Notes  généalogiques  et  historiques 


(Suite  et  fin) 
17S3,  (26  juin,)  I.achine 
IV'. — Claude-Nicolas-Guillaume  de  Lorimier,     fils  de  Clande-Nico- 
las-Guillaume  III,  1730. 

/.  Mariaç;c  :  Marie-Louise  Squeller,  appelée  aussi  Kalique  et  Skal- 
1er,  corruptions  diverses  du  nom  Schuyler.  Inhumée  le  8  juillet  1790, 
âgée  de  36  ans. 

lasus  de  ce  mariage  : 

Guillaume-François,  baptisé  à  I.achine,  le  30  avril  17S4,  tué  à 
Chrysler's  Farm,  le  11  novembre  1S13.  Il  avait  reçu  sejit  blessures  à 
ce  combat.  Son  décès  fut  inscrit  au  registre  du  Sault,  le  21  juin  1.S15. 
Dans  l'acte,  on  dit  qu'il  était  lieutenant  au  Régiment  des  /'cun'i'/fs,  tt 
éi)oux  de  Louise  Delisle. 

Jean-Baptiste,  baptisé  au  Sault  St-Louis,  le  5  mai  1786.  Lieute- 
nant et  interi)rète  en  iSi  I,  capitaine  en  1S13,  il  était  au  combat  de 
Beav.>r  Uam,  célèbre  par  le  dévouement  de  Laure  Secord.  Il  é)wusa, 
l>his  tard,  Mademoiselle  Rousseau,  fille  de  Henri  Rousseau  et  de  ^Ll- 
rie-Ainie  Gouin. 

Jean-Baptiste  riiourut  en  1S45  et  sa  femme  a  été  inhtunée  deux 
uns  i)lus  tard.  Les  blessures  graves  qu'il  reçut  liurant  la  guerre  île 
1S13  le  rendirent  in\-alide.     vSa  pétition    dans  lacjuelle  il  résume  les  ser 


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—34— 

vices  rendus  à  la  patrie  canadienne  par  divers  membres  de  sa  famille, 
forme  un  document  précieux  qui  est  reproduit  dans  les  Archives  Cana- 
diennes, série  C,  Vol.  268,  p.  H02,  et  seq. 

Par  son  testament,  il  laissa  6000  livres  à  être  divisées  entre  trois 
institutions  religieuses. 

Louise,  baptisée,  17SS  ;  mariée  le  25  août    1S09  à  Louis  Deniers. 

Agathe,  baptisée  au  Sault,  le  ler  juillet  1790. 

Marie-Madeleine.  .  (i),  i"^— mariée  au  Sault  St-Louis,  le  19  no- 
vembre 1832,  à  J.  B.  Pominville  :  2° — mariée  au  Sault  St-Louis,  le  11 
juin  1844,  à  Pierre  Lanctôt,  notaire.  Elle  a  été  inhumée  à  St-Hsacin- 
the. 

Martine-Hippolite,  inhumée  à  Lachine,  le  13  février  1800 

2.  Mariage  :  23  mars  1793  à  Marie-lNIadeleine-CIaire  Brossard- 
Descheneaux,  fille  du  seigneur  demeurant  à  Ste-Jeanne  de  Neuville, 
inhumée  le  16  janvier  1800. 

Issus  de  ce  mariage  : 

Marie- Adélaïde,  baptisée  au  Sault  St-Louis,  le  20  février  1794  ; 
mariée   au  Sault  St-Louis,  le  26  juin  1820.  à  Vincent  Ducharme. 

Dans  l'acte  de  mariage,  le  père  de  l'épousée,  Claude-Nicolas-Guil- 
laume de  Lorimier,  est  désigné  :  "un  des  représentants  du  comté  de 
Huntingdon"     et  la  mariée  est  prénommée  Adélaïde-Madeleine. 

Edouard- Narcisse- Louis,  baptisé  à  Lachine,  le  11  septembre  1798  ; 
marié  en  1835  à  Ann  Dunn   (\'oir  ci-après). 

j.  Mariage  :  Sault-St-Louis,  27  février  iSoi,  à  Anne    Mc-Gregor. 

Issus  de  ce  mariage  :  •  .       -, 

Louise,  baptisée  au  Sault  St-Louis,  en  1801  ; 

Antoine- George  baptisé  au  Sault,  le  15  mai  1S05  :  marié  en  1835 
à  Louise  Macomber.      (Voir  ci-après). 

Catherine,  baptisée  au  Sault,  le  27  novembre  1807  ; 

Michel-Chevalier,  baptisé  en  juillet  1S09  et  inhumé  au  Sault,  le  9 
octobre  1S26  : 

Nota.  Claude-Xicolas-Guillaume  de  Lorimier  IV  fut  inliumé 
au  Sault  St-Louis,  le  7  juin  1825,  âgé  de  81  ans.  Il  ])rit  ])art  à  la  guer- 
re de  1775  où  il  se  distingua,  et,    en  1.S12,  il  était    cajntaine.      On  peut 


-35-  1806393 

consulter  sa  carrière  dans  le  mémoire  de  Berthelot  publié  à  Montréal, 
en  1871,  par  la  maison  E.  Sénécal,  ainsi  que  ses  ,1/e'»iotifs  qui  forment 
])artie  des  documents  réunis  par  l'abbé  Verreau,  sur  l'Invasion  Amé- 
ricaine. 

Dans  la  pétition  de  J.  B.  de  Lorimier,  (Can.  Arch.  C.  S.  Vol.  26S, 
pp.  802,  808),  on  lit,    relativement  à    Claude-Nicolas-Guillaume,  qu'il 
fut  major  et  attaché    pendant  47    ans  au    département  des    Sauvages. 
Aux  Cèdres,  en  1775,  il  reçut  une  blessure  grave. 
1795,  (12  mars),    St-Cuthbert. 

V.  Guillaume-Clénient-Edouard  de  Lorimier,  Sr  de  Verneuil,  fils 
de  François-Thomas,    IV.  1769. 

Perrault-  Marie-Marguerite-Adélaïde,  fille  de  Joseph  Perrault  et 
de  Marie-Josephe  Boulet 

Issus  de  ce  mariage  : 

Joseph-Adélaide-Rosalie-Guilniine,  baptisée  le  29  septembre  1796, 
à  St-Cuthbert  ; 

Louis-Charles-Guillaunie,  marié  le  13  octobre  1834,  à  St-Laurent, 
à  Marie-Louise  St-Aubin,  fille  de  Jean-Baptiste  St-Aubin  et  de  Mar- 
guerite Dubeau.  M.  de  Lorimier  fut  agriculteur  et  instituteur.  Il  est 
mort  à  St-Jérôme,  vers  1880. 

François-Marie-Thomas-Chevalier,  baptisé  à  St-Cuthbert,  le  26 
décembre  1803  ;   marié  en  1832  à  Henriette  Cadieux      (\'oir  ci-après). 

Jean-Baptiste-Chamilly  Verneuil,  baptisé  à  St-Cuthbert,  le  28  juin 
1808  ;  marié  en  1832  à  Rachel  Cddieux.      (Voir  ci-après). 

Joseph-Narcisse,  bajjtisé  en   1817,  et  inhumé  à    Montréal,  le  3  mai 

1837  ; 

Gédéon-Georges,  baptisé  à  Montréal,  le  21  mai  1818  ;  marié  à 
Margaret  Flaherty,  vers  1844   (Voir  ci-après). 

Sur  les  autres  enfants  dont  les  noms  suivent,  nous  n'avons  que  les 
renseignements  suivants.  Charles,  décédé  aux  lùats-Unis,  Marguerite 
nhumée  à  l'Assonqnion,  (ùnilie  ni.  à  Frs. -Xavier  ,St-Deniset  Verneuil. 
Ce  dernier,  établi  à  Dubuqne,  loua,  a  fait  un  commerce  jirospère  et  a 
épousé  Sarah  Hempstead.  Plusieurs  enfants  sont  nés  de  leur  union. 
1796,  (?),      St-Cuthbert. 

V. —François-Thomas  de  Lorimier,  fils  de  h'rançois-Thomas  IV, 
1769. 


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.■  '..!,.  v:.fiu3^c 

Marie  Josephe  Boulet,  veine  de  Joseph  Perrault  et  belle-mère  de 
Guillauiue-Clénient-Edouard,  son  beau-frère. 

Issus  de  ce  mariage  : 

Chevalier, homme  de  lettres,  décédé  célibataire  à  St- Hyacinthe, 
vers  1S50. 

Louis-Gusta\e,  après  avoir  été  greffier  de  la  Cour  de  Circuit,  à 
l'Assomption,  il  devint  protonotaire  de  la  Cour  Supérieure  à  St-Hya- 
cinthe.  Il  a  été  inhumé  à  Montréal.  Il  avait  éjxïusé  en  premières  no- 
ces, Marj-  Kipp  ;  en  deuxièmes  noces,  Mélina  Desforges,  et  ei»  troisiè- 
mes noces,  Vitaline  Lussier,  veuve  du  docteur  Côté. 
1832,    (10   janvier,)  Montréal. 

VI.^François-Marie-Thomas-Chevalier  de  Lorimier,  fils  de  Guil- 
laume-Clément-Edouard, V,  1795. 

Marguerite-Henriette  Cadieux  de  Courville,  fille  de  Jean-Marie 
Cadieux  de  Courville,  notaire,  et  de  Marie- Marguerite  Roy.  Elle  fut  in- 
humée à  l'Assomption,  le  10  décembre  1891. 

Issus  de  ce  mariage,  et  baptisés  à  Notre-Dame,  sauf  indication  con- 
traire:- 

Marguerite-Henriette,  baptisée  le  28  décembre  1832,  inhumée  le 
iS  mai  1S33  ; 

Henriette-Rachel-Adélaïde,  bajitisée  le  7  décembre  1833,  inhumée 
à  St-Laurent  le  6  janvier  1S34  ; 

Adélaïde- Zénoise-Léopoldine,  baptisée  le  24  novembre  1834,  inhu- 
mée à  l'Assomption,  le  15  mars  1S9S  ; 

Stéphanie-Marguerite-Malvina,  baptisée  le  12  mai  1836,  inhumée 
le  8  mars,  à  l'Assomption  ; 

Ernest-François-Napoléon,  bapti.sc  le  4  mars  1S3S,  inhumé  à  Mont- 
réal, le  6  avril  183g  ; 

Nota  :  François-Marie-ThomasChevalier  VI  exerçait  la  profes- 
sion de  notaire  depuis  1829,  lorscjue  les  troubles  de  1S37  éclatèrent. 
Enthousiasmé,  il  abandonna  tout  :  une  jeune  épouse,  des  ])etiLS  êtres 
chéris  et  une  clientèle  nombreuse  pour  se  lancer  dans  la  rébellion.  Fait 
l>risonnier,  le  12  novembre  iS3,s,  alors  ([u'il  agissait  connue  brigadier- 
général  des  Patriotes,  .sous  les  ordres  du  Dr  Robert  Nelson,  près  de 
Lacolle,  il  subit  son  procès  à  Montréal,  devant  la  cour  martiale. 
Malgré  l'éloquence  de  M.  L.  Drummond,   plus  tard  juge,     M.  de  I.ori- 


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—37- 

iiiier  fut  trouvé  coupable  et  condamné    à  mort,  le  i8  janvier  1839.      La 
sentence  fut  exécutée  le  15    février  1839. 

M.  Hector  Fabre,  en  1856,  publia  une  esquisse  biographique  re- 
marquable sur  ce  grand  patriote  et  l'hon.  sénateur  L.  O.  David  lui  a 
consacré  une  longue  et  pathétique  étude. 

En  1883,  on  organisa  une  souscrijition  nationale  en  faveur  de  la 
veuve  du  patriote  de  Loriniier  et  de  ses  filles  qui  vivaient  alors  à  l'As- 
somption. 

1832  (30  avril),  Montréal. 

VI.  Jean-Baptiste-Chaniilly-Verneuil  de  Loriniier,  fîls  de  Guil- 
laume-Clénient-Edouard,  \',  1795. 

Christiue-Rachel,  Cadieux  de  Courville,  fille  de  Jean-^L'lrie  de 
Courville,  notaire,  et  de  Marie- Marguerite  Roy. 

Issus  de  ce  mariage  et  baptisés  à  Notre-Dame  de  Montréal,  à. 
moins  d'indication  contraire  : 

Jean-Guillaume-Napoléon,  baptisé  le  23  janvier  1833,  inhumé  le 
12  septembre  1833. 

François-Léopold-Wilfrid-Gédéon,  baptisé  le  3  janvier  1834. 

Louis-Théodore-Gustave  Verneuil,  baptisé  le  7  décembre  1834, 
marié  en  1864  à  Henriette    Picault,     (Voir  ci-après). 

Alphon^e-Tancrède-Amédée,  baptisé  le  2  mai  1837,  marié  en  1S61, 
à  Mélitime  Duckett,    (Voir  ci-aprèsl. 

Charles-Chamilly,  né  à  Dubuque,  lowa.  le  13  .se]itembre  1842  et 
baptisé  à  Notre-Dame  le  15  juin  1S44,  marié  eu  1S65  à  Sophie  Marie- 
Malviua  Serre      Saint-Jean     (  \'oir  ci-après). 

Pierre-Joseph-Rodolphe-Domptail,  bapti.sé  le  2  juin  1S51,  marié  à 
Sarah  Tunstall,  en  1884     (Voir  ci-après), 

Pierre-Kdouard-Emile-Chamilly,  bajrtisé  le  10  mars  1857,  marié  à 
Notre-Dame  de  Montréal,  le  9  février  i8'-S.  à  Marie-\'ict()ria  Duchar- 
me,  fille  de  \'iiicent-\'alér\-  Ducharme  et  de  Maria  Denis. 

^L  r.  Iv.  !•'.  de  Lorimier  s'occupe  de  journali.sme  deiniis  luic  tren- 
taine d'années.  Il  est  corresixmdant  delà  pr>'Sse-associée  depuis  18 
ans. 

Xo/ci  :  J.  lî.  Chamilly  de  Loriniier  VI  était  étudiant  endroit, 
lors  de  .sou  niaria-e       Admis  au   Barreau    peu  après,  il  exerça    sa  pro- 


-38-  .   . 

fession  jusqu'en    :.S37,  alors  qu'il  prit  part  à    l'uisurrection     et  devint 
membre  du  fameux  club  des  "Fils  de  la  Liberté". 

Le  mouvement  n'ayant  pas  réussi,  M.  de  Lorimier  dut  passer  aux 
Etats-Unis  en  compagnie  de  l'abbé  Chartier  et  du  docteur  Bricn.  Dé- 
noncés par  un  ancien  ami,  ces  patriotes  ne  durent  leur  salut  qu'à  l'ex- 
trême dévouement  d'un  jeune  officier  anglais. 

M.  de  Lorimier  demeura  à  Dubuque,  lowa,  Etats-Unis,  jusqu'en 
1843,  alors  qu'il  revint  à  Montréal  avec  sa  famille.  De  cette  époque  à 
la  date  de  sa  mort,  il  ne  prit  aucune  part  à  la  vie  politique  et  consacra 
le  reste  de  ses  jours  à  sa  famille.  Il  fut  inhumé  le  25  juillet  1865,  au 
cimetière  de  la  Côte  des  Neiges, à  Montréal. 

1835,  (22   septembre),    Glengarr>-. 

V.  Edouard-Narcisse-Chamilly  de  Lorimier,  fils  de  Claude-Guil- 
laume, IV,  1783. 

Ann  Dunn,  fille  de  James  et  Ann  Guinn.  Le  contrat  de  mariage 
des  futurs  époux  fut  dressé  par  le  notaire  Lauctôt,  le  16  septembre 
1835.  M.  Edouard  Narcis.se  de  Lorimier  fut,  pendant  longtemps,  re- 
présentant du  gouverneur  aujircs  des  Sauvages  du  Sault  St-Louis.  Il 
a  été  inhumé  à  Montréal,  le  iS  décembre  1882,  âgé  de  84  ans. 

Issus  de  ce  mariage  : 

Antoine-Jacques- Edouard,  baptisé  à  Laprairie,  le  4  .septembre 
1836;  marié  à  Honorine  P.   Leroix.      (V'oir  ci-après  j. 

Louis-Claude-Jean-Baptiste- Arthur,  bapti.sé  au  Sault  .St-Louis,  le 
15  mai  1839. 

Narcisse-Frédéric- Alphonse,  bajjtisé  au  Sault-St-Louis,  le  14  no- 
vembre 1S41.      No\é  à  la  Rivière-Rouge,  Nord-Oue.st. 

Marie-Madeleine-Hermine,  baptisée  au  Sault  St-Loui<,  le  28  octo- 
l)re  1843  :  niariée  à  Jo.seph-Dama.se  Millette,  médecin. 

Marie-Aune,  baptisée  au  Sault  St-Louis,  le  18  décembre  iSsi,  ma- 
riée en  la  cathédrale  de  Montréal,  le  19  aoiU  1873.  à  J()sei>li  Rolii  la.d, 
commerçant,  plus  tard,  député  de  Berthier. 

1855,  (12  octobre)   Sault  St-Louis. 

Antoine-Ge:>rges  de  Lorimier.  fils  de  Claude-Nici^las  (^.uillaume, 
IV.  .783. 

Il  épouse  NLirie-Louisc  \Lic()mber,  fille  de  Gervais  Macomlier,  in- 
ttr])rètc,et  d'Angélique  Gia.sson.      Antoine-Georges  de  Lurimier,  agro- 


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—39— 

nome  et  négociant,  fut  chargé,  comme  interprète  des  Sauvages  du 
Sault  St-Louis,  de  présenter  leurs  griefs  à  sa  Majesté  Guillaume  IV,  de 
qui  il  reçut  une  médaille  comméraorative,  en  récompense  de  ses  servi- 
ces. Les  Sauvages  lui  donnèrent  le  nom  honorifique  d'Oionhiatekha 
(firmament  en  feu,  ou  le  brillant).  Il  fut  inhumé  dans  l'église  du 
Sault  qu'il  avait  contribué  à  faire  ériger. 

Issus  de  ce  mariage  et  baptisés  et  inhumés  au  Sault,  sauf  indica- 
tions contraires  : 

Claude- Antoine,  baptisé  le    29  juillet     1S36,     inhumé  le  9    juillet 

1837  ; 

Guillaume-Kdouard,  bapti.sé  le  5  jiovembre  1S37.  Il  a  vécu  à 
Grand  P'orks,  Xorth  Dakota,  où  il  est  mort.  Il  a  été  inhumé  à  Chi- 
cago. 

Georges-Gervais,  baptisé  le  10  avril  1S39,  marié  en  1S63  à  Auré- 
lie  Malette     (Voir  ci-après). 

Anne- Angélique,  ba])tisée  le  24  mai  1S40,  inhumée  le  27  mars 
1841  ; 

Isaac-Alexandre,  baptisé  le  31  juillet  1841,  inhumé  à  Montréal,  le 
10  novembre  1898. 

François-Xavier-Louis,  baptisé  le  25  octobre  1S42,  inhumé  le  17 
novembre   1S42. 

Jean-Ba])tisteSimon,  baptisé  le  29  octobre  1844  ;  marié  à  Ida  M. 
Maas,  à  Neganee,  Micli.  De  ce  mariage  sont  issus  :  Arthur-Jean, 
bapti.sé  à  Lachiue,  le  18  mai  1888  ;  Guillainne- Edouard,  baptisé  à  No- 
tre-Dame, le  30  décembre  T 891  et  inhumé  au  mois  d'août  suivant  ; 
Georges,  né  vers  1889.  Arthur  et  Georges  sont  avocats  et  pratiquent 
à  San  Diego,  Californie. 

Joseph-Thomas,  baptisé  le  3  juin    1S46,  rentier,  demeure  à  Btlœil. 

Benjamin,  baptisé  le  9  sei>tembre  1847,     réside  à  Havre,  Montana. 

Etienne- Ambroise,   bajitisé  le  iS    février  1849,     marié    en  1873,  à 

Marie-Angélique  Beauvais,      {  Voir  ci-ai^rès). 

Alfred-Octave,  baptisé  le  19  mai  1850.  Demeure  à  Fort  Benton, 
Montana 

Jacob-Stanislas,  bajjtisé  le  15  mars  1852,  demeure  à  Chicago. 

Marie-Louise-Clotiklu,  baptisée  le  17  juillet  )8ô3,  inhumée  le  S 
mars  1905- 


-40- 

CatherineMarguerite,  baptisée  le  27  janvier  1S55,  inhumée  le  16 
août  1857. 

Ewgène-Xapoléon-Albert,  baptisé  le  7  juin  1856,  inhumé  le  2  juil- 
let 1856. 

Hélène-Rébecca.  baptisée  le  31  mai  1S57,  mariée  le  26  novembre 
1877,  au  Sault  St-I,ouis,  à  Richard  Thurston  de  Tyldesley  Greetham. 
inhumée  le  16  octobre  18S3.  De  ce  mariage,  sont  nés  Alice  Greetham, 
épouse  de  Edmond  Brossard,  avocat,  Joseph-Georges  Greetham,  marié 
à  Berthe  Brodeur,  fille  de  l'honorable  !..  P.  Brodeu-,  de  la  Cour  Su- 
prême, et  Marie-Rébecca  Greetham,  épouse  de  Benjamin  G.  Bourgeois, 
chirurgien.  Ces  trois  enfants  ont  ajouté  à  leur  nom  de  famille,  Greet- 
ham, celui  de  leur  mère,  de  Lorimier. 

Albert-Emmanuel,  bajitisé  le  2  juin  1S59  :  admis  au  Barreau  le  10 
juillet  1885  ;  marié  à  St-Jacques  de  Montréal,  le  6  octobre  1886,  à  Ma- 
rie-Rachel- Mal  vina  de  I.oriniier,  fille  de  l'honorable  Charles  Chamilly 
de  Lorimier,  VI,  1865. 

Albert  PZmmanuel  de  Lorimier  a  pratiqué  avec  sou  beau-père  jus- 
qu'en 1889  et,  en  i.Sç,6,  il  forn.a  avec  l'honorable  sir  Auguste  Real 
Angers,  ex-lieutenant  gouverneur  de  la  Province  de  Québec,  la  socié- 
té légale  encore  existante  de  MM.  Angers,  de  Lorimier  &  Godin.  11  a 
été  nommé  Con.seil  du  Roi  en  1903. 

1844,  Dubuque,  lowa. 

V.  Gédéon-George-s-Gustave  de  Lorimier,  fils  de  Guillaume-Clé- 
ment-lùlouard,  I\',  1795,  mort  eu  1913,  aux  Etats-Unis,  marié  en  1844 
à  Marguerite  Flaherty. 

Issus  de  ce  mariage  : 

Catherine-Emma,  née  à  Dubuque.  le  ler  janvier  iS4,s  ;  ba])tisée  à 
Notre-Dame  de  Montréal,  le  16  octobre  1S5.S. 

Julie-Esther,  née  à  Dulnuiue,  le  25  octobre  1S57  ;  bapti>é  à  Notre- 
Dame  de  Montréal,  le  17  octobre  1S38. 

1S61,  (  23  noxembre  i.  Si  Pol>carpe. 

VI.  Tancrède-Chevalier  de  l.oiiniier.  avocat,  fils  de  Jean-Baptis- 
te Chamilly,  V,  1S32. 

Marie-Catherine- Mélitime  Diickett,  fille  de  William  DuLkelt  né- 
gociant, déjuité  du  Comté  de  Soulaiigcs  et  de    Marie- lùigénie  Leblanc. 

Issus  (le  ce  mariage  et  baptisés  et  inliuiiiés  à  Noire-Dame,  sauf  in- 
dication contraire  : 

Racliel-Ada-I-"iigéiiie,  baptisée  le  4    -epteiiibre  iS(,2,  inhumée  le  1  i 


.1,^  :..  ■    ,,a-:-u.  ' 


—41  — 

janvier  1873. 

Raoul-Guillaume,  baptisé  le  11  juillet  1S64,  marié  en  18S9,  à  Ma- 
demoiselle Irma  Hamel  :  avocat  et  conseil  du  roi,  Montréal.  (Voir 
ci-après). 

Joseph-Alexandre-Tancrède-Chamilly,  bajrtisé  le  1 1  septembre 
1866,    marié  en  190S  à  Mademoiselle  Hoffmau     (Voir  ci-après.  ) 

Marie-Berthc,Henriette-Mélitime,  bajitisée  le  17  octobre  i,S6S,  ma- 
riée je  8  septembre  1902,  à  Joseph  Louis- Normand,  inhumée  le  4  no- 
vembre   1905. 

Charles-Gustave- Alfred,  baptisé  le  17  sei>tembre  1S70,  marié  en 
1903,  à  Alice    Normand     (\'oir  ci-a])rès). 

Joseph- Wilfrid-Rodol])he-Eugène,  baptisé  le  12  juillet  1S73,  marié 
à  St- Denis  de  Montréal,  le  24  septembre  i90i,à  Joséphine  Blanche 
Normand  (fille  de  J  B.  Normand  et  Marie-Almizine  Panneton),  la- 
quelle est  inhumée  le  17  novembre  1902  ;  2.  Montréal,  St-Louis  de 
France,  le  20  avril  1906,  à  Marie-Louise-Philomène-Julienne  Brosseau, 
fille    du    lieutenant-colonel  Brosseau. 

Louîs-Gaston-Auguste-Lionnel,  baptisé  le  4  juillet  1876,  inhumé 
le  24  juillet  1S76. 

Joseph-Armaud-Gaston,  baptisé  le  23  mai  1878. 

Nota  :  Tancrède-Chevalier  de  Lorimier  fut  admis  au  Barreau  le 
7  janvier  1S61  et  nommé  Conseil  de  la  Reine,  le  28  décembre  18S9,  il 
pratiqua  sa  profession  avec  succès  jusqu'à  sa  mort,  en  1S92.  Il  fut  in- 
humé au    ciinetière  de  la  Côte    des  Neiges,  le  19  décembre  1892. 

1863,  (28  juillet),  Notre-Dame  de  Montréal. 
V.     Georges-Gerxais  de    Lorimier,     fils    d'Antoine-Geurges,     I\', 

/.  Man'affc  :  Marie- Aurélie  Malotte,  fille  de  Jean-Baptiste  et  de 
Josephte  Faubert. 

Issu  de  ce  mariage  :  Xapoléon-Claude,  baptisé  au  Sault  St- Louis, 
le  2  juin  1864,  inhumé  le  S  octobre  1.S67. 

2.  Maiidi^i-  :  Notre-Dame  de  Montréal,  le  9  avril  1S72  ;  Jeanne 
Plante,  fille  de  feu   Dominiciue   Plante. 


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—42- 

Issus  de  ce  second  mariage  et  baptises  au  Saiilt  St- Louis  : 
Georgianna-Jeanne,  baptisée  le  13  janvier  1873. 
Maxie-Féodore- Béatrice,  baptisée  le  ler  novembre  1S74  ; 
Georgiana-Rose-Alba,  baptisée  le  18  juin  1876  ; 
Georges- Hector,  baptisé  le  23  décembre  1S78  ; 

Ida-Béatrice,  baptisée  le  ler  juillet  18S0,  inhumée  le '21  cictobre 
1880. 

1864,  (30  juin),  Notre-Dame  de  Montréal. 

\'I.  Louis-Gustave-\'ernenil  de  Lorimier,  fils  de  Jean-Baptiste- 
Chamilly,  V,    1S32. 

Marie-Louise-Henriette  Picault,  fille  de  Pierre-Etienne  Picault, 
médecin  et  pharmacien,  alors  vice-consul  de  France  à  Montréal,  et  de 
Dame  Louise-Julienne  Boutolle. 

Issus  de  ce  mariage  et  baptisés  à  Notre-Dame,  sauf  indication  con- 
traire : 

Alfred- Pierre- Gustave,  baptisé  le  19  octobre  1S67.  Il  épousa  une 
demoiselle  Jones  de  Boston  qui  est  décédée  à  la  fin  de  janvier  19 15. 

Picault-Henri-Charles,  baptisé  le  28  novembre  1868,  inhumé  le  23 
mars  1869. 

Louis-Jean-Baptiste-Eugène,  bapti.sé  le  13  décembre  1S70. 

Joseph-Henri,  baptisé  à  Ste-Anne  de  Bellevue,  le  21  avril 
i88o,  inhumé  au  même  lieu,  le  4  mai  suivant. 

1865  (  ?)  àSte-Philomène 

V.     Jacques  de  Lorimier,  fils  d'Edouard-Narcisse,  IV,  1835. 

Honorine-Philomène  Héroux.  Marie-Antoine-Blanche,  bapti.sée 
au  Sault  St-Louis,  le  13  septembre  1866. 

A\->ta  :     M.  Jacques  de  Lorimier  a  été   greffier  d'une  Cour  de  Ju.s- 
tice,  dans  la  province  du  Manitoba,    où  il  est,  dejjuis,  décédé. 
1865,  (27  Novembre),    Notre-Dame  de  Montréal 

\'I.  Charles- Channlly  de  Lorimier,  fils  de  Jean-Baptiste  Wrneuil 
V,  1832. 

Marie-Sophie  Malvina  Serre  Saint-Jean,  fille  d'.ViUoine  Serre 
et  de  Catherine  C>pihot. 

A  moins  d'indication  ct)ntraire,  les  enfants  issus  de  ce  mariage  ont 


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été  baptisés  et  inhumés  à  Notre-Dame. 

Marie-Rachel-Malvina,  baptisée  le  7  septembre  1S66,  mariée  à  St- 
Jacques  le  6  octobre  1886  à  Albert-Iùnmaniiel  de  Lorimier,  C.  R. 

Charles-Tancrède  Chamilly,  baiitisé  le  S  novembre  1867  ;  marié 
à  NevvPort,  Vt.,  le  14  juin  1896,  à  Béatrice  Atkinson.  Négociant  à 
Montréal. 

Louis-Gustave-Henii,  baptisé  le  16  août  1869,  inhumé  le  30  juin 
1870. 

Hector-Rodolphe,  baptisé  le  18  février  1871,  inhumé  le  6  octobre 
1871. 

Marie-Mélitime-Henriette-Hectorine,  baptisé  le  31  décembre  1872, 
inhumée  le  1 1  juillet  1873. 

Marie-Louise- Ada,  bajnisée  le  5  avril  1874,  mariée  à  St-Louis  de 
France,  le  10  octobre  1893,  à  Paul-Arthur  Magnan,  officier  de  Doua- 
nes, à  Montréal. 

Louis-Clément-Guillaume,  bapti.sé  à  St-Jacques,  le  20  décembre 
1875,  inhumé  le  15  juillet  1876. 

Louis-Henri-Hector,  bai)tisé  à  St-Jacques.  le  23  mai  1879,  marié  à 
St-Léon  de  Westmount,  le  24  mai  1902,  à  Jessie  Arnott  Smart,  fille  de 
feu  David  Smart  et  de  Helen  Forsyth,  agent  d'aiïaires  à  Montréal. 

Nota:  L'honorable  Charles  Chamilly  de  Lorimier  VI  fut  admis 
au  Barreau,  le  4  septembre  1865  ;  il  fut  nonmié  Conseil  de  la  Reine, 
pour  la  Province,  en  1S79,  et  pour  le  Dominion,  en  1882  ;  professeur 
à  la  faculté  de  droit  de  l'L'niversité  Laval,  en  1880  ;  docteur  en  loi,  le 
30  octobre  1S82  et  Juge  de  la  Cour  Supérieure  en  1S89.  Il  est  l'auteur 
de  la  "Bibliothèque  du  Code  Civil  de  la  Province  de  Québec"  ouviage  pré- 
cieux qui  comyirend  vingt-et-un  volumes.  Il  publie  la  ''Revue  de  Ju- 
lisp  rude  liée",  recueil  des  décisions  judiciaires  de  la  province. 
'^73.  U5  Sei^tembre),  Notre-Dame  de  Montréal. 

V.  . Etienne- Ambroise  de  Lorimier,  marchand,  fils  d'Antoinc- 
(.ieorges,  IV,    1835. 

Marie-Angélique  Bcauvais  dit  Saint-Janune,  fille  de  Louis  Beau- 
vais  et  de  Lucie  Boyer. 

Issus  de  ce  mariage  et  baptisés  ainsi  (|u'inhumés  à  Notre-Dame, 
sauf  indication   contraire  : 

Joseph-Raoul-Louis,  baptisé  le  25    juillet  1.S74  ;  admis  au  Barreau 


,\^  vrlM  ...I 


en  septembre  1899,  marié  à  St-Léon  de  Westmount,  le  17  juin  1913,  à 
Marie-Lucie-Joséphine  Hébert,  fille  de  feu  Charles- Albert  Hébert  et  de 
Aurélie  Barbeau.  On  lui  doit  des  nouvelles  historiques  cai)tivantes  et 
qui  ont  été  fort  remarquées. 

Marie- Béatrice,  baptisée    le  13  avril  1876,     inhumée  le  15    janvier 
1877- 

Léopold-Chevalier,  inhumé  le  14  mai  1879. 

Arthur-Stephen,  baptisé  le  13  janvier  1880,  inhumé  le  11  mai  18S1. 
Joseph-Frédéric-Georges,  bapti.sé  le  27    juin  1881,    inhumé    le  10 
janvier  1899. 

Joseph- Achille- Arthur,  baptisé  le  22  février  1883. 
Marie-Louise-Rébecca,  baptisée  à  St-Jacques,  le  29  août  18S4. 
Joseph-Jules,  bapti.sé  à  St-Jacques,  le  4  juillet  18S5,  admis  au  Bar- 
j  reau  en  septembre  19 10. 

I  1884,  (22  Avril),  Notre-Dame  de  Montréal. 

i  VI.     Joseph-Rodolphe-Chamilly    de    Lorimier,     médecin,     fils  de 

j  JeanBaptiste-Chamilly,  V,  1832. 

'  /.  Mariage  :     Marie-Sara    Tunstall,     fille  de  Gabriel    Tunstall  en 

son  vivant  lieutenant  au  7ièn:e  régiment  d'infanterie,  et  de  Eniélie  Fi- 
liatrault. 

De  ce  mariage,  naquirent  Sara  et  Rodolphe. 

Vers  1903,  M.  le  docteur  de  Lorimier  épousa  en  secondes  ncces,  à 
Montmagny,  dame    veuve  Casgrain.     Il    est    mort  à    St- Pierre    Jol\-, 
i  Manitoba,  le  12  septembre  191 3. 

I  1889,  (24  Septembre,  Québec) 

VII.     Raoul-Guillaume  de    Lorimier,  fils  de    Tancrède-Chevalier, 
VI,  1861. 
.  Marie-Irma  Hamel,  fille  d'Adolphe  Hamel  et  de  Léda  Patoine. 

Issus  de  ce  mariage  : 

Marie-Irma-Rachel-Marguerite,  bajitisée     le  23  février  1891,  inhu- 
mée à  Notre-Dame  de  Montréal,  le  29  juin  1891. 

Marie-Cécile-Marguerite,   baptisée  à  St-Louis  de  France,  le  2,s  mai 

I         i89:v 

A'o/a  :     Raoul-Guillaume  de  Lorimier  Vil,  fut     admis  an  Barreau 

(en  18S9,  il  pratiqua  a\ec  son  père,  M.  Tancrède-Chevalier,  juscju'à  la 
mort  de  ce  dernier  en  1892  ;   puis  avec  L.  P.  Deniers,  aujourd'hui  juge 


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—45— 

de  la  Cour  Supérieure.  Il  a  été  nommé  Conseil  du  Roi  en  octobre  1909. 
1903,  (25  Avril),  St-Denis,  Montréal. 

VII.     Charles-Gu.stave-Alfred  de  Lcrimier,  fil.s  de    Tancrède-Clie- 
valier,  VI,  1861. 

Alice-Marie- IClisa  Normand,  fille  de  J.  B.    Normand  et  de    Marie- 
Almizine  Pannet(jn. 

Issus  de  ce  mariage  : 

Cécile,  née  le  4  mars    1904. 

Gustave,  né  1«»  17    décembre    1906. 
1908,  (28  Avril),    cathédrale  St-Louis,  Nouvelle-Orléans. 

VII.     Joseph-Ale.xandre-Tancrède.     fils    de    Tancrède-Chevalier, 
VI,  1861. 

Mary  EHeu  HofTman. 

Mary  Ellen,  née  le  2S  mai  1909. 

Edouard-Gihnore,  né  le  9  avril  1912. 

E.-Z.   MASSICOTTE 

BERTHIER 


Le  Ihilletin  des  Recherches  Historiques,  vol.  XX.  p,  3S0,  marque  au 
sujet  de  la  famille  Berthier: 

"Comme  on  le  voit, le  comte  Berthier  de  Sanvigny  n'est  pas  le  des- 
cendant du  premier  seigneur  de  Berthier. 

"Il  est  cependant  prouvé  aujourd'hui  qu'un  des  frères  de  M.  Ber- 
thier vint  avec  lui  dans  la  Nouvelle- France.  Il  resta  ici  peu  de  temps. 
Il  e.st  po.ssible  que  le  comte  de  Berthier  de  Sauvigny  .soit  le  descendant 
de  ce  dernier  Berthier." 

Que  l'on  me  permette  de  dire  que  ce  n'est  ])as  le  frère  du  premier 
seigneur  de  Berthier  qui  vint  ici  avec  le  régiment  de  Carignan,  mais 
Vo>ic/e,  et  comme  celui-ci  n'était  pas  marié,  il  est  iiiifyossil'/(-  (pie  .M.  le 
comte  de  Berthier  de  Sauvignx-  soit  .son  descentlant.Je  dirai  plus.d'aj^rè-' 
mes  notes  obtenues  des  derniers  tlescendants  des  Berthier,  île  Bergerac, 
France,  il  n'>-  a  aucune  parenté  entr'eu.K  et  le  Berthier  de  Sauvigny, 
sus-nonnné.  ■         ,      [,,    ^   ,    •  ;    : 

REGIS  ROV 


I  rn'Hn 


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Les  marquisats,  comtés,  baronnies  et  châteibnies  dans 
la  Nouvelle=France 


Dès  le  12  janvier  1598,  c'est-à-dire  dix  ans  avant  la  fondation  de 
Québec,  Henri  IV  donnait  au  sieur  de  la  Roche  'e  pouvoir  de  "faire 
bail  (des  terres  de  la  Nouvelie-France),  pour  en  jouir  par  ceux  à  qui 
elles  seront  affectées  et  leurs  successeurs  en  tous  droits  de  iiropriété,  à 
savoir  :  aux  gentilhoninies  et  ceux  C[u'il  jugera  gens  de  nurite,en  fiefs, 
seigneuries,  châtellenies,  comtés,  vicomtes,  baronnies  et  autres  digni- 
tés releva  it  de  nous,  telles  qu'il  jugera  convenir  à  leurs  services,  à  la 
charge  qu'ils  serviront  à  la  tuitioii  et  défense  des  dits  pays,  et  aux  au- 
tres de  moindre  condition,  à  telles  charges  et  redevances  annuelles 
qu'il  avisera,  dont  nous  consentons  qu'ils  en  demeurent  quittes  ]TOur  les 

six  premières  années, "    (V'oirN.-E.  Dionne,     La  Nouvelle- France 

de  Cartier  à  Champlain,  p.  3.54). 

Les  pouvoirs  que  Henri  IV  donna  au  sieur  de  la  Roche  ne  l'enga- 
gèrent pas  à  grand 'chose  puisque  ce  gentilhonnne  ne  mit  pas  même  à 
la  \-oile  pour  visiter  le  Canada. 

En  1628,  le  roi  de  France  accordait  à  la  Cie  de  la  Nouvel  le- France 
ou  des  Cent-Associés,  la  Nouvelle- iMance  en  toute  jiropriéié,  seigneu- 
rie et  justice,  avec  le  pouvoir  d'attribuer  aux  terres  inféodces  tels  ti- 
tres, honneurs,  droits  et  facultés  qu'elle  jugerait  convenables,  et  d'éri- 
ger même  des  duchés,  marquisats,  comtés,  vicomtes  etôanmiiics,  sauf  con- 
firmation par  Sa  Majesté  (Voir  lidits  et  Ordonnances,   vol.  I,  p.  8). 

Dans  tout  le  régime  français  il  >■  aurait  eu  deux  marquisats  de 
créés  au  Canada  : 

I.  Le  niartpiisat  de  Mi^cou  créé  par  Louis  XIV  en  fa\eur  du 
sieur  de  Saint-Martin,  <pii,  iiarait-il,  avait  t'ait  fortune  à  l'ÎL  dj  Mi>- 
cou.  Ce  Saint-Martin  fut  le  père  de  ri'i''ginal  abbé  .MiclK-i  uc  .--aiul- 
Martin  dont  M  Benjamin  >Sulte  a  raconte  les  grotisqu  s. aventures  iL.ns 
son  Iliitoirc  des  Canadieus-/-'raii(ais  (^V.>1.  \^  p.  110)  et  dans  L-  Monde 
Illustré  ànf,  2  et  9  mai  1,896.  Nous  n'axons  pu  trouver  nulle  )  .ut  !es 
lettres-patentes  créant  le  niarcpiisat  de  Miscou.      A-t-il  réellement   exi.s- 

lé.      .M.  Suite  écrit  à  ce  sujet  :    "Jacques 
;u,  en   id^S,  la  S(.i.i;iieurie  lit-  l'ortneuf  et 


té' 

,e  mar<|uisat  d 

Le  Ne 

if 

le  la  Poterie  a\ 

'ÎC(!. 


ciijpum  ?.:■} 


...47— 

il  s'y  établit.  Peu  d'années  av>rè.s  (vers  1645)  les  circonstances  le  con- 
duisirent aux  Trois-Rivières  avec  sa  famille.  C'est  alors,  croyons-nous, 
qu'il  obtint  un  petit  morceau  de  terre,  situé  dans  la  ville  actuelle,  me- 
surant dix  ari^ents  en  superficie,  et  dont  il  est  fait  mention  eu  1645  et 
1648  comme  lui  appartenant.  Le  titre  écrit  lui  en  fut  donné  le  9  mars 
1649.  M.  Le  Neuf  le  passa  à  son  fils,  Michel  Le  Neuf  de  la  Vallières, 
et  celui-ci  le  vendit,  le  13  novembre  16S6,  à  "noble  homme  Charles 
Aubert,  sieur  de  la  Chesnaye,  marchand  bourgeoi.-.  de  Quôbec"  ;  dans 
l'acte  on  le  désigne  sous  le  nom  de  ''marquisat  de  Sablé".  Il  est  pos- 
sible qu'il  ait  appartenu  ensuite  à  Pierre  Dandonneau  dit  la  Jeunesse, 
sieur  de  Saint-Pierre  et  sieur  du  Sablé  (habitant  de.s  Trois-Rivières  dès 
1651),  mais  Dandonneau  portait  le  surnom  de  Dusablé  lougtemjjs  avant 
1686,  alors  que  M.  Leneuf  était  propriétaire  du  marquisat.  Par  la 
suite,  la  famille  Boucher  de  Niverville  l'acquit  et,  en  iSoo,  le  colonel 
Joseph  Boucher  de  Niverville  le  laissa  vendre  à  la  folle  enchère  :  Aaron 
Hart,  marchand,  le  paya  vingt  et  un  louis  courants.  Parmi  les  nom- 
breux documents  que  nous  avons  consultés  .se  rapportant  aux  LeNeuf, 
nous  n'avons  jamais  rencontré  le  titre  de  marquis  ajipliqué  à  des  mem- 
bres de  cette  famille.  Le  marquisat  du  Sablé  a  beaucoup  intrigué  les 
archéologues,  {///stoùr  des  Canadiens-Français ,  vol.  V,  p.  102).  Nous 
doutons  fort  que  le  marquisat  du  Sablé  ait  jamais  existé. 
11  y  eut  également  deux  comtés  : 

1.  La  barounie  des  Islets  changée  en  comté  d'Orsainville  i>our 
Talon,  en  mai  1A75.  (Lettres  patentes  dans  Regi.stre  Insinuations  du 
Conseil  Supérieur,  1663  à   16S2,  ]i.  65). 

2.  Le  comté  de  Saint-Laurent  (île d'Orléans)  en  faveur  de  Fran- 
çois Berthelot,  en  avril  1676.  (Lettres  patentes  dans  Registre  In.'iinua- 
tions  du  Conseil  Supérieur,    1663  à  1682,  p.  73). 

Les  baronnies  tant  au  Canada  qu'en  Acadie  furent  au  nombre  de 
six  : 

I.  La  Itaronnie  du  Cap-Tourmente  en  faveur  de  Guillaume  de 
Caen,  le  3  janvier  1624.  "En  1624,  écrit  M.  Benjamin  Suite,  alors 
que  la  famille  de  Caen  avait  en  mains  le  commerce  de  pelleteries  du 
Saint-Laurent,  et  avant  «pie  l'on  eut  entre, >ris  de  mettre  une  >LU)f 
charrue  dans  le  sol  de  Québec  ou  des  environs,  le  roi  accorda  à  Guil- 
laume de  Caen,  à  titre  de  fief  iioiile,  le  c;i|)  Tuunueiite,  l'ile  d'Orléans, 
et  autres  ilt-s  nu  \oi.sinage.      Lue  petite  ferme  pour     le.^     bestiaux,     au 


—48— 

l)ied  du  Cap  Tourmente,  fut  tout  l'entreprise  noble  de  Caeu,  qui  per- 
dit ses  terres  et  son  titre  en  1627  à  la  formation  de  la  Compagnie  des 
Cent- Associés".    ^J^cvtic  Canadienne,  1885,  p.  299). 

2.  La  baronnie  de  Pobomcoup  (en  Acadie)  en  faveur  de  M  de 
Muis  d' Entremont  en  1651.  D' Entremont  porta  le  titre  de  baron  de 
Pobomcoup  jusqu'à  sa  mort,  mais  on  ne  \ye\iX.  trouver  les  lettres- pa- 
tentes  créant    cette    baronnie. 

3.  La  baronnie  des  Lslets  en  faveur  de  l'intendant  Talon,  le  14 
mars  167 1.  (Lettres-patentes  dans  Registre  Insinuations  du  Conseil 
vSupérieur,    1663  à  1682,  p.  41). 

4.  La  baronnie  de  Portneuf  en  faveur  de  René  Robineau, seigneur 
de  Bécancour,  en  mars  1681.  (Lettres- patentes  dans  Registre  insinua- 
tions, du  Con.seil  Supérieur,    1679  à  1705,  p.  6). 

5.  La  baronnie  de  Longuenil  en  faveur  de  Charles  Le  Moyne, 
seigneur  de  Longueuil,  le  26  janvier  1700.  (Lettres- patentes  dans 
Registre  Insinuations  du  Conseil  Supérieur,  1679  à  1705,  p.  131) 

6.  La  baronnie  de  Beau  ville  (en  Acadie),  en  faveur  de  M.  d. 
Beauharnois,  ancien  intendant  de  la  Xouvelle-France,  le  25  juin  1707. 
(  Lettres-patentes  dans  Regi.stre  Insinuations  du  Conseil  Supérieur, 
1704  à   1714). 

Enfin,  il  y  eut  une  châtellenie  : 

La  châtellenie  de  Coulonge,  en  faveur  de  Louis  d'Aillebout,  le  9 
avril  1657.  (Les  lettres-patentes  érigeant  la  terre  d-  Coulonge  en 
châtellenie  sont  conservées  aux  archives  du  séminaire  de  (Québec.  Elles 
avaient  été  enregistrées  au  regi.stre  des  Insinuations  du  greffe  de  la 
Senéchau,s,sée  de  la  Nouvelle- France,  juridiction  de  Québec,  le  1 1  jan- 
vier 1658,  mais  ce  registre  est  disparu.  M.  Erne.st  Gagnon  a  i)ublié 
ces  lettres-patentes  dans  .ses /■(•«///( j-   ]'o/a>itcs.\).  270).  P.O.R. 

LE  SIEGE  DE  QUEBEC  EN  1759 

M.  A.-G.  Doughty,  C.  R.  M.,  archiviste  du  Canada,  a  publié  eu 
1901,  sous  le  titre  VV/r  S/(X<'  "/  Oiuinr  and  tlic  battlc  ,>/'  Ihc  l'Uiii.sof 
Abraham,  en  si.\  forrs  volume,  une  histoire  du  siège  de  n-.iél'C-  par  les 
Anglais  en  1759. 

Dans  le  sixième  volume  de  cet  iinp(jrtant  ouvrage  on  trouve  luie 
liste  ciim))lête  des  livres  ([ui  i>arlcnl  du  siège  de  Québec.  La 
nomenclature  coiniirend  19S  numéros.  Ceux  cpii  veulent  étudier  l'his- 
toire du  sijge  de  1759  n'ont  i[u'à  consulter  et  l'ouvrage  de  M.  Doughty 
et  les  sources    (pi'il  indique 


^?.v  '"'I  j^a^j  î' » 


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—49- 

Chainpredond,  capitaine  au  régiment  de  la  Sarre 


Dans  le  numéro  de  décembre  1914  du  Bidktin,  nous  avons  publié 
le  testament  de  Senezergues  avec  l'espoir  que  cette  ]>ièce  fournirait 
aux  chercheurs  quelques  renseignements  inédits  sur  le  valeureux  bri- 
gadier qui  succomba  sur  les  plaines  d'Abraham. 

Nous  offrons,  aujourd'hui,  aux  lecteurs,  un  autre  testament  dres- 
sé par  un  compatriote  et  un  compagnon  d'armes  de  Senezergues. 

Le  document  est  simplement  signé  Champredond.  Il  nous  indi- 
que que  le  testateur,  comme  Senezergues,  venait  de  l'Auvergne  et  qu'il 
était  parent  ou  ami  du  marquis  de  Miramont. 

L'acte  est  fait  au  camp  de  la  Chute  près  de  Carillon,  huit  jours 
avant  le  combat  qui  devait  immortaliser  la  petite  armée  franco-cana- 
dienne. 

On  se  rappelle  que  la  Chute  est  une  jjetite  rivière  qui  se  jette  dans 
le  lac  Saint-Sacrement. 

Dans  son  journal  (p.  404),  Montcalm  nous  donne  la  liste  des  prin- 
cipaux officiers  tués  en  cette  glorieuse  journée  et  l'on  voit  que  le  régi- 
ment de  la  Sarre  fut  particulièrement  éprouvé  puisqu'il  i^erdit  deux 
capitaines  :  MM.  le  chevalier  de  Moran  et  Champredou,  un  aide-ma- 
jor, M.  du  Mesnil,  et  qu'en  plus,  furent  blessés,  le  cajiitaine  de  Beau'- 
clair  et  le  lieutenant  Fourmet. 

Ceci  dit,  passons  à  la  coi)ie  textuelle  dt  la  pièce  qui     fait    le  sujet 
du  présent  article. 
(SrK  l'enveloppe  :  ) 

Le  présent  testament  serat  Rendeu  a  monsieur  de  Senezergues  o'.i 
a  celuy  qui  commanderat  le  Regnt  et  on  nen  ferat  réouverture  en  pré- 
sente (.sic"»  de  trois  officiers  ICt  Le  Jcuges  de  Montréal,  Ce  mais  derniè- 
re volonté 

Ce  le  juilliet  lysS 

CHAMPKKDOXl) 
Cai)te.  au  Regnt.  de  La  Sarre  (  i  ) 


jinLll--.'    ÙilOhSl!]!::;.  ij 


.i'-j'ts-y'.  ■-. 


—50— 

DERNIÈRE  VOLONTÉ 
Je  nomme  et  fait  mon  éritier  de  tous  mais  bien  présent  et  avenir 
Mr.  Le  marquis  de  miranion,  Restent  dans  La  province  d'auvergnes  : 
je  donne  à  mademoizelle  Caterine  Lefaivre  du  chouquet  de  Montréal 
Seurs  de  mon  hôtes  du  chouquet  Le  cuinquante  Louis  an  ord  que  jay 
dans  mon  grand  cofre  Et  tous  Les  éfait  qui  me  sont  arivé  de  francc 
pour  tous  Les  égard  et  politesse  que  jay  Reçu  chés  son  fraire  Et  de 
tous  Lé  siens  ;  je  prie  Mr.  de  Senezergues  ou  celuy  qui  commenderat 
Le  Regnt.  de  vouloirs  faire  vendre  tous  mais  éfait  a  L'enchère,  Et 
mais  dettes  payé  on  aurat  La  bonté  d'anvoyés  Le  Reste  à  Mr  Le  mar- 
quis, à  qui  j'ay  de  obligation  infinie,  teil  son  me  dernier  volonté,  je  ne 
sauroint  manquet  au  formalité  nayent  aucune  conneissance  de  la  façon 
qu'on  fait,  let  formalité,  dont  je  devroint  me  servir.  Au  Camps  de 
Lachute,  près  Le  fort  de  Carrelion  eu  Canadat  ce  le  juilliet  1758 
CHAMPREDOND 

Capte,  au  Re- 
gnt. de  La  Sarre  a  Larmée 

Paraphé  à  Montréal 
le  28xbre   1758 

GUITOX  MONREPOS 
Ajoutons  que  le  testament  de  Chanipredond  est  écrit  sur  un  jiajjier 
spécial,  identique  à  celui  dont  Senezergues  se    servit,     quelques    mois 
]ilus  tard,  pour  rédiger  ses  dernières  volontés. 

E.-Z.  MASSICOTTE 

Lettre  du  Roi  au  Conseil  Supérieur  de  Québec, 
14  août  1723 

De  par  le  Roj-,  Nos  amez  et  féaux  notre  très  cher  et  très  amé 
oncle  le  duc  d'Orléans  ayant  bien  voulu  accepter  l'emjilox-  de  j^rincipal 
ministre  de  notre  état  sous  notre  authorité,  nous  nous  voyons  avec  une 
satisfaction  singulière  assurés  de  la  continuation  des  strvices  que  nous 
recevons  de  son  zèle  et  de  ses  lumières  depuis  que  nous  gouvernon.-. 
par  nous  même,  et  dont  nous  avons  fait  une  si  heureuse  éjirenve  pen- 
dant notre  minorité  et  voulant  i[U'il  soit  reooiuiu  de  tous  nos  officiers  et 
sujets  en  cette  qualité  et  obéi  dans  toutes  les  fou-nions  ijui  eu  déi>eii 
dent  nous  vous  eu  donnons  C(Mniaissance,  et  vous  mandons  de  suivre  en 
cela  ce  (pli  est  de  notre  volonté,  si  n\  faites  faute.  Car  tel  est  notre 
l'iiisir  le     XIII  aoust  x  b  11  vingt-trois. 

Signé      LOUIS  et  plus  bas  PIIlCLVl'lvAl'X. 


.1  'ih    'nu 


Biographies  canadiennes 

L'ABBÉ  RENÉ  ALIAS  ETIENNE  CHARTIER— Quel  est  ce 
prêtre  dont  il  est  souvent  question  dans  le  vi^wx.  Journal  des  Jésuites  et 
qu'on  désigne  toujours  sous  le  titre  de  Monsieur  le  prieur  f 

Afo7tsieur  le  prieur  c'est  l'abbé  René  ou  Etienne  Chartier.  On  l'ap- 
])elait  Monsieur  le  prieur  parce  qu'avant  de  venir  dans  la  Nouvelle- 
France  il  avait  été  prieur  de  Notre-Dame  de  la  Monnaie,  i)rès  d'An- 
gers, en  France. 

C'est  le  r5  août  1643  que  l'abbé  Chartier  débarqua  à  Québec. 

La  Relation  de  1642-43  ainionce  dans  les  ternies  suivants  l'arrivée 
de  ce  digne  prêtre  : 

" Les  autres  navires  de  la  flotte  ont  tardé  cette  année  i^lus  que 

jamais,  ce  qui  nous  était  un  notable  surcroit  d'affliction,  et  aux  Sau- 
vages aussi.  Nous  commencions  à  craindre  quelque  nouveau  malheur. 
Enfin,  Dieu  nous  les  donna  en  l'heureux  jour  de  l'Assomption  de  No- 
tre-Dame. Comme  nous  allions  commencer  la  mes-se»  deux  voiles  pa- 
rurent à  une  lieue  de  notre  port,  la  joie  et  la  consolation  saisirent  le 
cœur  de  tous  les  habitants,  mais  elle  redoubla  bien  fort  quand  une  cha- 
loupe nous  vint  donner  la  nouvelle  des  personnes  qui  y  étaient  :  le  P. 
Quentin  avec  trois  braves  ouvriers  religieux  de  notre  Compagnie  et 
très  propres  à  la  langue,  savoir  les  Pères  Léonard  Gareau,  Gabriel 
Druillettes  et  Noël  Chabanel.  Il  y  avait  aussi  trois  religieuses  bien 
choisies,  et  dont  le  courage  surjjasse  le  se.xe,  savoir  la  Mère  Marie  de 
v^ainte-Geneviève  et  la  Mère  Anne  de  Saint-Joachim,  Hospitalières,  de 
la  maison  du  Diejipe,  et  la  Mère  Anne  des  Séraphins,  l'rsnline,  du 
couvent  de  Plermel,  en  Bretagne.  Il  a  fallu  une  grande  force  à  ces 
bonnes  filles  pour  surmonter  les  dangers  de  l'Océcin,  la  crainte  du  pa_vs 
barbare  et  les  discours  iiniiortuns  de  ceux  qui  ont  \-oulu  les  détourner 
en  France  d'une  si  snjnte  entreprise.  Monsieur  d' Ailleboust,  très  hon- 
nête et  très  vertueux  gentilhomme,  as^()cié  en  la  Conijiagnie  de  Mes- 
sieurs de  Montréal,  avec  sa  femme  et  sa  belle-sœur  de  jiareil  courage 
et  vertu,  étaient  dans  un  de  ces  navires  :  toute  cette  sainte  troujie  abor- 
da à  Kebec  et  se  \-int  consacrer  à  Dieu  et  au  salut  des  Sauvages,  sous 
la  protection  et  la  faveur  de  riùn]K'reur  de  ITnivers.  J'oubliais  la  pié- 
té d'un  honnête  prêtre  iKMumé  M.  Chartier,    (pii  grossissait     la  troupe, 


'hnii.ij  t'Àûc^ijM 


—52— 

et  est  venu  se  donner  au  service  des  Mères  Ursulines,  avec  désir  et 
dessein  de  servir  Dieu  en  ces  pays  le  reste  de  ses  jours  et  coutrilnier  ce 
qu'il  pourra  de  force  et  d'industrie  pour  le  salut  des  Sauvages." 

M.  l'abbé  Chartier  remplaça  comme  chapelain  du  monastère  dts 
Ursulines  de  Québec  le  Père  Faulx,  Jésuite,  homme  pieux  et  désinté- 
ressé, qui  en  1644,  retourna  en  France,  sa  santé  ne  lui  permettant  pas 
de  soutenir  plus  longtemps  les  rigueurs  de  notre  climat. 

\,e  Journal  des  Jésiiilcs  m^nixownc  à  plusieurs  reprises  M.  l'abbé 
Chartier  ou  plutôt   Monsieur  le  prieur. 

Ain.si  le  23  mai  1646,  nous  lisons  dans  le  vieux  récit  : 

"Le  23,  fut  bapti.sé  aux  Ursulines  un  nommé  Arenh  S  ton,  huroii, 
et  fût  nommé  René.     M.  le  prieur  fut  son  parrain." 

A  la  fin  du  même  mois  de  mai  1646  a  lieu  la  procession  solennelle 
du  Saint-Sacrement.  Le /oiin/a/  des  Jt's/tïfes  nous  apprend  que  sous  le 
dais,  aux  deux  côtés  du  Saint-Sacrement,  le  Père  Druillettes  fai.sait  le 
diacre  en  dalmatique  et  M.  le  prieur  le  sous-diacre  en  aube  et  étole.  On 
voit  au.ssi  qu'aux  différents  re])osoirs  M.  le  prieur  aida  à  deux  enfants 
à  chanter  les    litanies  du  nom  de  Jésus. 

Le  8  juillet  1646,  une  petite  sauvagesse  nommée  Charité  meure 
aux  Ursulines  Elle  fut  enterrée  au  cimetière  des  Français  où  repo- 
sait déjà  son  père.  On  lui  fit  de  belles  funérailles  où  M.  le  prieur 
"portait  une  croix  sans  bâton  et  son  rituel." 

Le  15  du  même  mois  de  juillet  1646,  une  procession  a  lieu  à  l'Hô- 
pital (Hôtel-Dieu)  et  aux  Ursulines  ^L  le  prieur  y  chante  les  litanies 
en  compagnie  de  l'abbé  de  Saint- Sauveur. 

Le  2  janvier  1647,  les  Pères  Jésuites  donnent  à  dîner  à  M.  de 
Saint-Sauveur,  ^L  le  prieur  et  M.  Nicolet.  Comme  cadeau  du  nouvel 
an  les  Pères  Jésuites  offreut  un  pain  de  bougie  à  ^L  le  jirieur. 

Le  15  août  1647,  nouvelle  procession  à  Québec.  ^L  le  prieur  y 
occupa  une  place  d'honneur. 

M.  le  prieur  s'embarqua  pour  la  France   le  21  octobre  1647. 

\,e  Joiinia/  des  fésiijfcs,  à  celte  date  du  21  octobre  1^47,  dit  : 

"  .  .  .  .  Partit  la  flotte  où  étaient  général  M.  d'Ailleboust,  le  Père 
\'imont  et  le  Père  Quentin  avec  lui,  et  le  ])ère  Defretat  dans  la  A'ofir- 
P<i»iea\ec  M.  LeTardif  ;  M.  Nicukt  et  M.  le  prieur  dans  d'autres 
vaisseaux." 


-53- 

L'incident  suivant  également  raconté  par  \ç.  Journal  des  Jésuites  fut 
peut-être  la  cause  du  départ  de  M.  le  prieur  du  Canada. 

"Le  dernier  de  juin  (1647),  dit-il,  on  va  visiter  la  chambre  de  M. 
le  prieur  prêtre  des  Ursulines  et  on  lui  prend  plus  de  260  livres  pesant 
de  castor  ;  a])rès  s'être  vante  qu'il  eu  avait  et  qu'il  ne  les  donnerait  au 
magasin  qu'à  bon  compte." 

Il  n'est  plus  ensuite  question  de  M.  le  prieur.  Il  est  probable  qu'il 
ne  revint  pas  au  Canada. 

Au  registre  de  Sillery,  le  30  janvier  1644,  on  donne  à  l'abbé  Cliar- 
tier  le  prénom  de  Etienne.  [,e  10  août  1646,  dans  le  même  registre, 
il  est  encore  question  de  M.  Chaitier  mais  cette  fois  ou  lui  donne  le 
prénom  de  René. 

On  a  dit  que  l'abbé  Cliartier  était  le  frère  de  Louis-Tlicandre 
Chartier  de  Lotbinicre,  le  premier  de  Lotbinière  venu  au  Canada.  La 
cho.se  n'e.st  pas  impossible,  mais  il  nous  .semble  que  Xft  Journal  des  Jésiii- 
tee  qui,  à  la  date  du  23  .septembre  1646,  signale  l'arrivée  à     Québec  de  | 

M.  Chartier  de  Lotbinière,  n'aurait  pas  manqué  de  dire  qu'il  était  le 
frère  de  M.  le  prieur,  qui  était  alors  chapelain  du  monastère  des  Llr- 
sulines. 

P.-G    R. 

RUNK-OVIDK  HHRTEL  DE  ROUVILLE— Comme  on  le  sait,  le 
célèbre  juge  de  Ruuville  décéda  à  Montréal  le  12  août  1793.  On  trou- 
vera de  nombreux  renseignements  biographiques  sur  lui  dans  le  Bulle- 
tin des  Reclierehes  Historiques,  vol.  XII.  p.  129. 

Le  juge  Hertel  de  Rouville  a-t-il  lai.ssé  des  de.scendants  ? 

René-Ovide  Hertel  de  Rouville  s'était  marié  deux  fois.  Sa  pre- 
mière femme,  Marie-Louise-Catherine  André  de  Leigne,  décéda  à 
Trois- Rivières  le  16  janvier  1766.  Dans  le  Rapport  Sur  les  archives  du 
Canada  pour  1SS6,  feu  M.  Joseiih  Marmette  a  donné  de  curieux  ren- 
.seignenicnls  sur  le  mariage  Rotnille-de  Leigne.  En  seconde  noces,  le 
juge  de  Rouville  é])ousa  Charlotte-C.abrielle,  fille  de  lean-Baptiste  Jar- 
ret de  \'crchères  et  \ea\e  de  Pierre-Joseph  Raimbault  de  Saint-Blin. 
Elle  décéda  à  Houcherville  le  14  mai  i.So.S. 

De  son  premier  maria:.;e  le  juge  de  Rou\iIle  eut  cin((  enfants  ; 

I.  Loui.-.e-Margiierile  née  à  Quéliec  le  2\  février  1742  et  décédée 
à  MoiUréal  vers  I7g7  (dit  l'abbé  Daniel). 


:l   •    .■ll]ff 


—54- 

2.  Marie- Aiiiie-Josephte  née  à  Québec  le  20  mai  1744  et  décédce 
au  même  endroit  le  3  décembre  1745. 

3.  René-Michel  né  à  Québec  le  24  août  1746,  et  décédé  à  Trois- 
Rivières  le  2  juin  1749. 

4.  Jean-Bapti  te  Melchior. 

5.  Marie- Anne  née  à  Trois-Rivières  le  25  octobre  1749  etdéccdée 
à  Montréal  le  19  janvier  182-^. 

Jean-Ba])tiste-Melchior  Kertel  de  Rouville,  l'unique  fils  du  juge 
d;  Rouvil'e,  servit  c'ans  la  Nouvelle  France  pu  s  en  Fran- 
ce. Il  revint  ici  en  1772.  Il  fut  un  des  défenseuis  du  tort  Sainl-jcan 
en  1775.  Fait  prisonnier,  il  resta  vingt  mois  en  captivité  aux 
t;t<itS;Unls.  A  son  retour  au  Canada  il  fut  élu  député  puis  fut  nommé 
conseiller  législatif.  Fn  17S7,  il  fut  un  des  commissaires  pour  les 
biens  des  Jésuites.  Il  décéda  à  Chambly  le  30  novembre  1S17.  Marié 
à  Marie- Anne  Hervieux  (décédée  à  Chambly  le  25  janvier  18 19),  il 
eut  huit  enfants  dont  six  moururent  en  bas  âge.  Les  deux  sur\ivants 
furent  : 

1.  Jean-Ba]itistt  René 

2.  Marie-Anne-Julie,  qui  devint  la  femme  du  lieutenant-cclonel 
de  Salaberry,  le  héros  de  Chàteauguax'. 

Jean-Bajitiste-René  Hertel  de  Roiuille,  qui  continua  la  lignée,  .ser- 
vit dans  les  Voltigeurs  Canadiens,  suus  son  beau-frère,  le  lieutenant- 
colonel  de  Salaberry.  Il  fut  député  de  Bedford  puis  con.-eiller  légi.sla- 
tif.  Il  décéda  à  Bektil  le  14  janvier  1859.  Il  avait  é]iousé  13  septem- 
bre 18 16)  Anne-Charlotte  Boucher  de  la  Broquerie,  qui  décéda  à  .Sorel 
le  15  mai  1852.      Ils  avaient  eu  i^lusieurs  enfants,  entre  autres  : 

1.  Marie- Anne-Charlotte,  mariée  au  docteur  J.-B.  Brou.'-se  u,  de 
Belceil  (Décédce  le  24  aotit  1905K 

2.  Henriette- Koui.se-So])hie,  mariée  à  Louis-Isaac  I.nRocqtc,  de 
Rigaud. 

3.  Heintine-Julic-H\i)olite,  religieuse  des  Sainis  N(  r.is  dt-  Jésu> 
e    Marie  i  Longueull. 

4.  Marie-I,ouise-l"ugcnie-Mélina.  mariée  à  jo;-e]ih-R<>l)ei t  .Sin- 
cetuies  ])uis  à  Jo.sejjh    Daigle. 

5.  Jean  Baptiste-René-Melcliioi-!.nui--Charles-Jacqlic--,  uiaiié  à 
Hermine  Daigle.      Il  est  décédé  à  M<nitréal     le  23  mai      ujul,.     lai^MUt 

deux  fils  et  quuatre  filles.      1, 'un  de  S' s  fils  a     été     gérant     du     Chàltau 
Frontenac,  à  Québec. 

Les  deux  MM.  de  Kou\ille  mentionnés  ici  sont  dune  le^  descen- 
dants directs  du  juge  de  Rouxille. 

l'.-C.  R. 


RKPOXSES 

LKS  BOUCLIERS  DES  SAUVAGES  CANADIENS.  (XX, XI, 
p.  362) — Le  sculpteur  de  la  statue  de  Champlain  élevée  en  1912  à 
Plattsburg,  état  de  New- York,  a  placé  un  bouclier  au  bras  du  Sauvage 
qui  figure  dans  un  des  bas-reliefs.  Le  sculpteur  américain  a-t-il  man- 
qué à  la  vérité  historique  en  armant  ainsi  l'enfant  des  bois  ?  Les  Sau- 
vages contemporains  de  Champlain  se  servaient-ils  du  bouclier  ?  Que 
disent  les  auteurs  qui  ont  écrit  sur  cette  période  de  l'histoire  de  la 
Nouvelle-France  ? 

L'opinion  de  Champlain  là-dessus  est  un  témoignage  de  première 
valeur.     C'est  un  témoin  qui  a  vu. 

On  sait  qu'en  1609  Champlain  accomjiagna  ses  alliés  hurons  et  al- 
gonquins dans  une  expédition  contre  leurs  ennemis,  les  Iroquois. 

Champlain  raconte  ainsi  le  combat  qui  eut  lieu  non  loin  de  Saint- 
Frédéric   (Crown  Point)   : 

"Aus.sitôt  que  fusmes  à  terre,  ils  commencèrent  à  courir  quelque 
deux  cents  pas  vers  leurs  ennemis  qui  estaient  de  pied  ferme,  et  n'a- 
vaient encore  aperçu  mes  compagnons,  qui  s'en  allèrent  dans  le  bois 
avec  quelques  sauvages.  Les  nôtres  commencèrent  à  m' appeler  à 
grands  cris:  et  pour  me  donner  passage  ils  s'ouvrirent  en  deux, 
et  me  mis  à  la  tcf;  marchant  quelque  20  ])as  devant,  ju.squ'à  ce  que  je 
fusse  à  quelque  30  pas  des  ennemis,  où  aussitôt  ils  m'aperçurent  et  fi- 
rent halte  en  me  contemplant,  et  moi  eux.  Comme  je  les  vis  ébranler 
pour  tirer  sur  nous,  je  couchai  mon  arquebuse  en  joue,  et  vi.sai  droit  à 
un  des  trois  chefs,  et  de  ce  cou])  il  en  tomba  deux  par  terre,  et  un  de 
leurs  compagnons  qui  fut  blessé,  qui  quelque  temps  après  en  mourut. 
J'avais  mis  quatre  balles  dedans  mon  arquebuse.  Comme  les  nôtres  vi- 
rent ce  coup  si  favorable  jiour  eux,  ils  conunencèrent  à  jeter  de  si 
grands  cris  ipion  eut  pas  oui  tonner  ;  et  cependant  les  flèches  ne  man- 
quaient de  côté  et  d'antre.  Les  Irocpiois  furent  fort  étonnés,  que  si 
promptement  deux  hommes  avaient  été  tués,  bini  qu' ih  fiisscitl  aiiiirs 
d  armes  /issues  de jil  de  eolon  et  de  df/'s  <>  V épreuve  de  leurs  lleeltes  ' .  (  /.es 
roviis^rs  du  sieur  de  Cluuiipluiii  ) . 

Voilà  qui  établit  bien,  n'est-ce  iKis,  (pie  le.-.  Irocpidis  se  servaient 
d'un  espèce  de  bouclier  ]Kiur  se  protéi^er  contre  les  llèehes  de  leurs  en- 
nemis. 


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l  !'.>■ 


>!l!;M   'j'îlliUlJ  ••!.  '      :     .1.    !. 


—56—  _ 

I/aniiée  suivante,  en  1610.  Chani])lain  accompagna  de  nouveau  les 
Montagnais  et  les  Algonquins  dans  une  expédition  contre  ks  Iroquois. 

La  rencontre  eut  lieu  le  19  juin,  près  de  la  rivière  des  Iroquois. 

"Cependant,  dit  Champlain,  après  avoir  fait  demie  lieue,  en  tra- 
versant la  rivière  tous  les  sauvages  mirent  pied  à  terre  et  abandonnant 
leurs  canots  i^rirent  leurs  rondachcs,  arcs,  flèches,  massues  et  épées, 
qu'ils  amanchent  au  bouts  de  grands  bâtons  et  commencèrent  à  pren- 
dre leur  course  dans  les  bois "      (Z«  ï'oyai^cs    du    sieur 

de  C/iaiiiplain). 

Champlain  ne  décrit  i)as  dans  son  récit  les  boucliers  ou  rondaches 
des  Iroquois,  Hurons,  Montagnais  ou  Hurons,  mais  à  la  fin  de  son  li- 
vre il  donne  une  carte  géographique  de  la  Xouvelle-Krar.ce,  avec  des 
gravures  sur  bois,  de  sauvages,  de  fruits,  de  légumes,  de  poissons,  etc, 
du  pays.  L'une  de  ces  gravures  représente  très  exactement  un  Mon- 
tagnais portant  son  bouclier  ou  rondache  attaché  au  bras  droit. 

Voyons  maintenant  ce  que  les  premiers  missionnaires  de  la  Nou- 
velle-France ont  dit  des  boucliers  des  Sauvages. 

Le  Père  Gabiitl  Sagard,dans  son  (Jraiid  voyage  du  pays  des  Ninr.iis 
(publié  en  1632),  parlant  des  armes  des  Sauvages,   écrit  : 

"Pour  leurs  armes,  ils  ont  la  massue  et  l'arc,  avec  la  flèche  em- 
pennée de  plumes  d'aigles,  comme  les  meilleures  de  toutes,  «t  à  faute 
d'icelle  ils  en  prennent  d'autres.  Ils  y  ap]5liquent  au.ssi  fort  jjropre- 
ment  des  pierres  tranchantes  collées  au  bois,  a\ec  une  colle  de  ])ois.son 
très  forte,  et  de  ces  flèches  ils  en  cmpli.ssent  leurs  carquois,  qui  est  fait 
d'une  peau  de  chien  passée,  qu'ils  portent  en  écharpe.  Ils  iwrtent 
au.ssi  de  certaines  armures  et  cuirasses,  qu'ils  appellent  aijuientor,  sur 
leur  dos,  et  contre  les  jambes,  et  autres  jiarties  du  corps,  jioiir  .se  jiou- 
voir  défendre  des  coups  de  flèches  :  car  elle.-.  st)nt  faites  à  l'i,  preuve  de 
ces  pierres  aiguës  :  et  non  toutefois  de  nos  fers  de  Kébec,  quand  la  flè- 
che (jui  en  e>t  acconnnodée  .sort  d'un  bras  raulc  et  iiuissant  coinr.K-  est 
celui  d'un  .Sauvage  :  ces  cuirasses  .sont  faites  avec  des  Ij.igiKUes  lilau- 
ches,  i:oupées  de  mesure,  et  .serrées  lune  1  outre  l'autre,  lis-ues  et  en- 
trelacées de  cordelettes,  fort  ilureuient  et  propreuant,  ])uis  la  lonilache 
ou  pavois,  et  l'enseigne  ou  drape. lu,  qui  est  ,  pour  le  moins  ceux  ([Ue 
j'ai  vus)  un  morceau  d'écorce  rond,  sur  leiiuel  les  .irmoieries  de  leur 
ville  ou  province  s,,„t  déi>eintes  et  aita.liées  au  lu. ut  d'une  longue  ba- 
guette, comme  une  cornette  de    cavalerie.   " 


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Dans  la  Relation  de  ce  qui  s'est  passé  en  la  Nouvelle-France  en  l'an- 
née làsj,  le  Père  Jésuite  Paul  Lejeune,  supérieur  de  la  résidence  de 
Québec,  parlant  d'un  Sauvage  raontagnais,  écrit  : 

"Le  niesnie  jour,  le  Sauvage  Manitougache,  autrement  I.a  Xasse, 
. . .  .retournant  de  la  chasse  aux  ours,  s'en  vint  souper  et  coucher  chez 
nous.  Ayant  bien  mangé,  il  commence  en  riant  à  frapper'  doucement 
son  ventre  tout  nu, disant  taf>oné  Nikifpoun.^w  vérité  je  suis  saoul.  Voilà 
comment  ils  remercient  leurs  hôtes  de  la  bonne  chère  qu'on  leur  a  fait 
qu-\nd  ils  disent  nikifpotin,  je  suis  saoul,  c'est-à-dire  qu'on  les  a  bien 
traités.  Il  portait  avec  soi  un  fort  grand  bouclier  fort  long  et  fort  lar- 
ge ;  il  me  couvrait  tout  le  corjis  ai.sément  et  m'allait  depuis  les  pieds 
ju.sques  à  la  poitrine  ;  ils  le  relèvent  et  s'en  couvrent  entièrement,  il 
était  fait  d'une  seule  ])ièce  de  boi.->  de  cèdre  fort  léger  :  je  ne  sais  com- 
me ils  peuvent  doler  une  si  grande  et  si  large  planche  avec  leurs  cou- 
teau.K  ;  il  était  un  petit  (jieu)  ]3lié  ou  courbé  pour  mieux  couvrir  le 
corps,  et  afin  que  les  coups  de  flèches  ou  de  masses  venant  à  le  fendre, 
n'emportassent  la  pièce,  il  l'axait  cousu  haut  et  bas  avec  de  la  corde 
faite  de  peau  :  ils  ne  portent  iwint  ces  boucliers  au  bras,  ils  pa.ssent  la 
corde  qui  les  soutient  sur  l'épaule  droite,  abriant  le  côté  gauche  :  et 
quand  ils  ont  tiré  leur  coup,  ils  ne  font  que  retirer  le  côté  droit  pour  se 
mettre  à  couvert." 

Dans  la  Relation  de  ce  qui  s' est  passé  en  la  Nouvelle- France  en  l'an- 
née i6jy,  le  Père  Lejeiuie  fait  de  nouveau  allusion  au.x  boucliers  des 
Sauvages.  Racor.tant  une  espèce  de  jianique  cau.sée  chez  les  Murons 
par  une  troupe  d'Iroquois  signalée  dans  le  voisinage,  il  écrit  .• 

"On  lai.sse  entrer  les  Montagnais  et  les  Murons  dans  le  fort  ou  ]ilu 
tôt  dans  notre  réduit  pour  les  assurer.  Ces  pauvres  gens  s'animent, 
chacun  prend  qui  une  épée,  qui  un  bouclier,  qui  une  hache,  qui  un  cou- 
teau, qui  une  perche " 

Dans  la  Relation  de  ce  qui  s'est  passé  en  la  jVoiiz-ellc-J-iance  en  l'an- 
née Jf>42,  le  Père  Barthéleni\-  \'imont  raconte  une  bataille  livrée  aux 
Irocjuois  par  les  Français  et  les  Hurons; 

"Un  grand  Iroquois  jKirtant  un  ])anaehe.  dit-il,  ou  une  t.-s])èce  de 
couronne  de  jwil  de  cerf,  teint  en  écarlate,  enrichi  d'un  collier  de  jior- 
celaine,  s'a\-ançant  trop,  est  cnuché  i>ar  terre  tout  raide  mort  d'une 
mousquetade.  Un  autre  reçut  sejjt  postes  dans  son  bouclier,  et  bien  au- 
tant dans  sun  cor])s I.'ini  d'eux  grandement   lilessé,   jette    son 


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—58— 

arquebuse  et  se  sauve,  l'autre  abandonne  sa  masse  d'armes  ;  plusieurs 
quittent  leurs  boucliers,  trouvant  plus  d'assurance  en  leurs  pieds,  qu'en 
leurs  rondaches    " 

Un  peu  plus  loin,  le  Père  Vimont  nous  fait  assister  à  une  danse 
sauvage  puis  à  une  représentation  de  diverses  rencontres  d'ennemis, 
homme  à  homme.     Il  raconte  ainsi  cette  dernière  scène  : 

"L'un  pour^uivant  son  ennemi,  la  hache  eu  main,  pour  lui  porter 
la  mort,  à  même  temjis,  il  semble  la  recevoir  lui-même  perdant  son 
avantage  :  il  le  reprend  et  après  mille  feintes,  toutes  en  cadence,  ter- 
rasse enfin  son  homme  et  retourne  victorieux.  Un  autre,  dans  des 
mouvements  divers,  fait  son  e.scrime  l'épée  en  main  ;  celui-ci  est  armé 
de  flèches,  son  ennemi  se  pare  d'une  rondache  qui  le  couvre  et  lui  porte 
un  coup  de  massue. 

Encore  dans  la  même  Relation,  le  Père  \'imont  nous  fait  assister 
au  départ  d'une  troupe  d'Algonquins  qui  s'en  vont  porter  la  guerre 
chez  les  Iroquois. 

"Les  uns,  dit-il,  avaient  le  visage  peint  de  rouge,  les  autres  de 
noir,  quelques-uns  de  toutes  les  couleurs  :  ils  avaient  des  épées  aman- 
chées  en  forme  de  demi-pique,  plusieurs  avaient  des  corc>  lets,  jnqués 
et  entrelacés  de  petits  bâtons,  Its  autres  avaient  des  boucliers  faits  de 
bois " 

Le. 20  septembre  1645,  le  gouverneur  de  Montmagn3-  tient  une  as- 
semblée entre  les  Français,  les  Algonquins,  les  Hurons  et  les  Iroquois 
pour  conclure  la  paix.      Il  fait  des  présents  à  tous. 

Le  neuvième  pré.sent  fut  fait  aux  Iroquois. 

"Le  neuvième,  nous  dit  la  Relation  de  ce  qui  s'est  passé  en  la  jVou- 
vclle-Franee  es  années  164^  et  rà^s,  pour  arracher  leur  bouclier  de  des- 
sus leur  dos  où  ils  le  portent  ordinairement  l'avançant  ou  l'éloignant 
comme  ils  veulent  dans  le  combat." 

Le  19  août  165?,  Duplessis-Kerbodot.  gouverneur  des  Trois-Riviè- 
res,  en  fai.sant  la  chas.se  aux  Iroquois  est  tué  avec  quinze  Français. 
Plusieurs  P'rançais  .sont  faits  ]iri.sonniers  par  ces  barbares.  Ouatre  jours 
plus  tard,  on  va  visiter  le  lieu  du  combat  et  l'on  trouve  un  bouclier  iro- 
quois sur  lequel  Normanville  avait  écrit  ces  paroles  à  l'aide  d'un  char- 
bon :  "Normanville.  Francheville,  Pui.sson,  LaPalnie,  Turgot.  Chail- 
bm,  Saint-Germain,  Onuejnchronnons  et  Agneekronuus,  Je  n'a>-  en- 
oore  perdu  qu'un  ougie.      Normanville,  jeune  hoinnie  adroit  et  vaillant, 


-59- 

qui  entendait  la  langue  algonqiiine  et  l'iroquoise,  avait  écrit  ces  paroles 
avec  un  charbon,  dit  la  Rclatioji  de  1651-1652,  voulant  donner  à  enten- 
dre que  les  sept  personnes  doi.t  on  voyait  les  noms  étaient  prises  des 
Iroquois  appelés  Onnejochronnons  et  Agneekronnons,  et  que  l'on  ne 
lui  avait  fait  encore  autre  mal  que  de  lui  arracher  un  ongle." 

Dans  le  récit  de  son  premier  voyage  vers  le  Nouveau- Mexique  en 
compagnie  de  Jolliet  en  1674,  le  Père  Marquette  rencontra  un  village 
nommé  Mitcliiganiea.  Les  Sauvages  qui  l'habitaient  vinrent  au-de- 
vant des  Français.  "Ils  étaient,  dit-il,  armés  d'arcs,  de  flèches,  dé 
"haches,  de  ma.ssues  et  de  boucliers  .  . . .  "  (Manuscrit  dans  les  Archi- 
ves du  Collège  Sainte-Marie,  à  Montréal). 

En  1676- 1677,  le  Père  Claude  Allouez  hiverne  chez  les  Illinois. 
Il  parle  ainsi  de  ces  vSauvages  : 

"Ces  Sauvages  sont  fiers  de  leur  naturel,  hardis  et  vaillants.  Ils 
ont  guerre  avec  7  ou  8  sortes  de  nations,  ils  ne  se  .servent  pas  de  fusils 
liarcequ'ils  les  trouvent  trop  cmbarra.ssants  et  trop  lents,  ils  en  portent 
néanmoins  quand  ils  vont  contre  les  nations  qui  n'en  savent  pas  l' usage 
])our  les  épouvanter  ]iar  le  bruit  et  les  mettre  en  déroute.  Ils  ne  por- 
tent ordinairement  que  la  ma.ssue,  l'arc  et  le  carquois  plein  de  flèches 
qu'ils  décochent«si  adroitement  et  si  promptement  qu'à  peine  donnent- 
ils  le  loisir  à  ceux  qui  ont  des  fusils  de  coucher  en  joue.  Ils  portent 
aussi  un  grand  bouclie^  fait  de  peau  de  bœuf  sauvage  à  l'épreuve  des 
flèches,  dont  ils  se  couvrent  tout  le  corps."  (Manu.scrit  dans'les  Ar- 
chives du  collège  Sainte-Marie,   à  Montréal). 

Dans  son  ouvrage  latin  De  iro-ioiw  cl  iiiorihKS  Caiiadiiisinin  sen  dar- 
haroiiim  A'ovae  Franciac,  publié  à  Rome  en  17 10,  le  Père  Jésuite  Jo.seph 
7ouvency,  expliquant  les  méthodes  de  guerre  des  Sauvages  de  la  Nou- 
velle-France, décrit  ainsi  les  boucliers  dont  ils  .se  .servaient  : 

"Clypeos  conficinnt  0  ligno  dolato,  jilerunique  cedrino  ;  ])aulum 
ad  oras  incurvos  :  levés,  praclongos  et  iieramjilos,  ita  ut  totuni  corpus 
]>rotegant.  Jam,  ne  jaculis  aut  securibus  perrumpantur  oninino  ac  dis- 
siliant,  eos  intus  consnnt  restil)us  ex  animalium  corio  contextis,  quae 
totam  clvpei  molcm  continent  conncctuntt|Ue.  Xon  gestant  è  hrachio 
su.siK-nsos,  sed  funem  ex  «[uo  iiendent,  rejiciunt  in  lunnesum  de.xtruiu 
adeo  ut  liitus  corjjoris  finistruin  cl>pe<)  ])rntcgatur  ;  niox  ubi  juculuni 
emiscrunt,  aut  ferrt-aui  displorL-runt  fistulain,  paulum  rctralnuit  dex- 
trum  latus,  ac  finistrum  cI\ik.'o  tectuin  obvcrtiuit  linsti." 


'■■■'V  '■> 


,-60- 

Charlevoix,  parlant  des  Miaiuis,  écrivait  en  172 1  : 

"Autrefois  les  armes  de  ces  peuples  étaient  lare,  la  flèche,  et  une 
espèce  de  javelot,  l'une  et  l'autre  armées  de  pointe  d'os  travaillées  en 
différentes  façons,  et  le  casse-tète  :  c'était  une  petite  massue  d'un  bois 
très  dur,  dont  la  tête,  de  figure  ronde,  avait  un  côté  tranchant.  La 
plupart  n'avaient  aucune  arme  défensive,  mais  lorsqu'ils  attaquaient 
un  retranchement,  ils  se  couvraient  tout  le  cdr])s  de  petites  planches 
légères.  Quelques-uns  ont  une  manière  de  cuiras.se  faite  d'un  tissu  de 
jonc,  ou  de  petites  baguettes  ])liantes,  as.sez  proprement  travaillée^.  Ils 
avaient  même  anciennement  des  cuissarts  et  des  brassades  de  même  ma- 
tière, mais  comme  celte  armure  ne  s'est  point  trouvée  à  l'épreuve  des 
armes  à  feu,  ils  y  ont  renoncé,  et  n'ont  rien  mis  à  la  place.  Les  Sau- 
vages Occidentaux  se  .servent  toujours  de  boucliers  de  peaux  de  bœufs 
qui  sont  fort  légers  et  que  les  balles  de  fusil  ne  ])ercent  pas,  il  est  assez 
•  étonnant  que  les  autres  nations  n'en  usent  point."  {  Journal  d'un 
voyage  dons  r Aviériquc  siptcnlrionaU\  vol.  IH,  p.  222). 

Nicolas  Perrot,  le  célèbre  trappeur  qui  vécut  avec  les  .Sauvages  de 
1665  à  1699,  dit  aussi  qu'ils  se  servaient  de  boucliers. 

"]1  n'y  a  que  la  peau  du  ventre  des  vaches  et  celle  des  veaux  d'un 
an  dont  ils  se  servent  pour  faire  des  couvertes  ;  mais  celles  des  buffles 
sont  employées  pour  des  boucliers,  dont  ils  parent  contre  les  ennemis 
les  flèches  et  les  coups  de  casse-tête.  Quand  ils  veulent  apprêter  cette 
jjeau,  ils  en  coupent  une  jiièce  suffi.sante,  et  l'ayant  bien  grattée  des 
deux  côtés,  ils  la  font  bouillir  un  moment  et  la  tire  de  la  chaudière.  Ou 
rétend  ensuite  sur  un  cercle,  de  la  largeur  du  bouclier  qu'on  a  dessein 
de  faire,  et  étant  bien  sèche  elle  devient  au.ssi  dure  que  le  cuir  fort  d'u- 
ne semelle  de  soulier.  Quand  les  sauvages  la  veulent  couper  jiour  l'é- 
tendre, ils  prennent  garde  de  lui  donner  auparavant  la  figure  la  ])lus 
ronde  qu'ils  peuvent,  et  lorsciu'elle  est  bien  sèche  ils  en  ôtent  la  sujier- 
ficie  attaché  au  cercle.  Voilà  comme  ils  font  les  boucliers  f|u'ils  jior- 
tent  à  la  guerre.  (  Mciuoî/y  snr  hs  ///«-///. <.  (vusliiints  cl  rr/igio)/  des  sa//- 
vagi-s  de  r  Amâiquc  Scf^tenlrioualc.  juiblié  ywx  le  R.  P.  Tailhan,  j).  64). 

Il  n'y  a  donc  pas  de  doute  possilile.  Tontes  les  nations  sauvages 
qui  habitaient  le  territoire  .actuel  du  Cauatla  et  (le>  I^tal'^-^nis  du  teuijis 
de  Champlain  .se  servaient  du  bouclier.  Il  s'en  >uit  (|Ue  le  monument 
(le  Plattsburg,  sur  ce  point  du  moins,  est  conforme  à  la  xérité  histori- 
que. 


...01  — 

N.B.  Dans  l'ouvrage  du  missionnaire  Lafitau,  fl fini rs  des  Sauva- 
ges Amériquains  eompan'es  aux  ma-urs  des  premiers  icmps,  publié  à  Pa- 
ris en  1724,  on  trouve  (planche  3,  p.  103  du  ler  vol.)  la  gravure  d'un 
sauvage  portant  un  bouclier  qui  ressemble  beaucoup  à  celui  dessiné  par 
Champlain. 

LKS  OEUVRES  DE  PIERRE  PHTITCLAIR  (XIII,  II,  p.  64)- 
Nous  connaissons  quatre  ouvrages  i)ubliés  par  Pierre  Petitclair  : 

Griphon  ou  la  vengeame  d'un  valet.  Comédie  en  trois  actes.  A 
Québec  :  chez  'William  Cowan,  imi>rimeur,  no  9,  rue  La  Fabrique— 
1837- 

Une  Aventure  au  Labiadcr — 1S4S.  . 

La  Donation.     Comédie  en  deux  actes     104.^. 

Une  partie  de  campagne.     Comédie  en  deux  actes— 1S65. 

Philéas  Gagnon  {Essai  de  bibliogi aplm\  p.  371  )  dit  que  ce  dernier 
ouvrage  ne  fut  tiré  qu'à  soixante  exemplaires. 

Dans  le  Répertoire  National  de  Huston  on  trouvera  les  poésies  sui- 
vantes de  Petitclair  : 

La  somnambule  (ler  volume,  p.  322,   2e  édition;. 

Sombre  est  mon  âme  comme  vous  (2e  volume,  p.  149,    2e  édition). 

A  Flore  (2e  volume,  p.  255,  2e  édition). 

Pauvre  soldat,  qu'il  doit  souiïrir  (2e  volume,  p.  315,     2e  édition). 

Le  règne  du  Juste  \^2^  volume,  p.  342,  2e  édition). 

Pierre  Petitclair  mourut  à  la  Pointe-au-Pot,    Labrador,     le   15  août 

'^^^'^-  .  p.-g:r. 

FRANÇOIS  EVANTUREL 


Dernière  livraison  du  liullelin  des  Krelnnhes  Historiques,  p  2: 
deux  lignes  omises  nous  font  dire  (|Ue  I''rançoi^  l'ivanturel  était  le  pèr 
de  feu  l'honorable  l'rai\Ç(>is  Evanturel,  ancien  orateur  de  l'Assemblé 
législative  d'Ontario,  l'rançois  l'A-antnrel  était  L-  père  de  l'lionoral)l( 
François  lùanturel.  de  Ouébec.  Feu  l'honoral)le  Alfred  l'vanture 
orateur  de  rAs>emblée  lé;.;i.^lalive  d'Ontario,  était  le  petit  fils  de  Frar 
çois  Evanturel. 


•t    rfU.d 


f-i'l  ■>l  .  -!); 


ri(/:i/- ■'  >n 


—62— 

LES  OUVRAGES  CANADIENS  RECENTS 


L'abbé  Joseph  Géliiias,  Arthur  Bcaulac.      Trois- Rivières — 1914. 

Arthur  Beaulac,  tel  est  le  nom  d'un  jeune  emporté  par  la  mort 
avant  d  avoir  fourni  la  carrière  de  dévouement  et  d'a])o.->tolat  qu'on  en 
attendait.  Ce  nom,  bien  peu  le  connaissent,  et  même  les  gens  de  sa 
ville  natale  ont  ignoré  les  trésors  que  renfermait  cette  âme  d'élite,  for- 
tifiée par  la  souiïrance  et  affinée  par  un  sens  très  droit  de  la  vie  spiri- 
tuelle. 

Ce  jeune  homme,  ravi  trop  tôt  aux  initiatives  du  dé\ouement  et 
de  l'action  sociale,  méritait  d'ctre  connu  du  public  et  que  son  e.xeniple 
fut  ]3roposé  aux  membres  de  l'A.  C.  J.  C.  dont  il  faisait  partie.  M. 
l'abbé  Gélinas,  du  séminaire  des  Trois- Rivières,  s'est  chargé  de  cette 
tâche.  Il  l'a  accom])lie  avec  un  rare  bonheur.  C'est  un  i:ilaisir  \io\\t 
l'esprit  et  une  joie  ])our  le  cœur  de  ])arcourir  les  qu.itre-vingts  pa^es 
qu'il  a  consacrées  à  la  mémoire  de  son  ancien  élève. 

La  famille  Giiibord.  Nouvelle  édition.  Avec  notes  supplémtn- 
taires.  Imprimerie  du  "Devoir",  4.^,  rue  Saint-\'intent.  Montréal — 
19 14. 

A  Sailli- Louis  de  Coiii  ville — 191 4.  Xo  4.  Intéressant  et  ])ratique 
Bulletin   Paroissial  d'une  jeune  et  ])r()gre,ssive  i>aroisse. 

J.-B.  Porter  et  R  -J.  I)urle\-,  Reeherelies  sur  les  eliarl>,<!is  du  Ccuia- 
da  an  point  de  vue  de  leuis  qualités  éeouoDiiques  faites  à  /'  t  'u!vers:lé  Me- 
(iill  de  Montréal  sous  le  palio)iai:;e  du  gouvernement  du  Poniinion .  V.w 
six  \olumes.  \'olume  I.  (~)tta\va,  imprimerie  du  (iouvernt  i.ient — 
1914. 

O.-K.  I.eRo.v,  La  -éol>i;ie  et  les  dépMs  de  minerai  de  l'.ur-rv.  dis- 
triet  de  Boundaiy,  Lolombie  Ihitannique.  Ottawa  Imprimerie  du  C.ui.- 
vernement — 1914. 

lùigènc  Ilaanel,  Proi; rès  léeents  dans  la  eoustruetioii  di  s  /ours  é!ee- 
triques  pour  la  produetion  de  la  fonte,  de  l'aeier  et  du  zine.  Ottawa.  Im- 
primerie du  Oouveruement      11114. 

A\iiulat,on  /y  ultra  vins.  .  hxun„nl  oj/fon.  \  .  I.  Heleourt  le/ore 
tlie  Snpren/e  Couit  0/  Ontario,  novenilur  jnd.  Uji^.  I  iiipriiiK-iie  dn 
"Droit",  (Htawa— 1914. 


/^j:iïi  ^Lï:^\f:>.■ny:}\\)hm*■>^li 


.-.-A  ■ 


Henri  Bourassa,  The  duty  of  Canada  at  tlif  pirsenl /loiir.  An  ad- 
dress  nieant  to  be  dtlivered  at  Ottawa,  in  November  and  Deceniber 
1914,  but  iwice  siippressed  in  the  name  of  "Loyalty  and  Patriotisni". 
Imprimerie  du  "Devoir",  43,  rue  Saint-Vinceut,  Montréal ^19 14. 

Mgr  de  Sahtt-  l'allier,  Sa  vie  abrégée  par  inic  Ursiiliue  des  Trois-Ri- 
vieres,  avec  une  lettre  d' approbation  de  S.  G.  Mgr  Cloiitier,  évéque  des 
Trois- Rivières,  et  mie  ijitroduition  de  M.  le  chanoine  N.  Carou.  Les 
Trois-Rivières,  P.-R.  Dupont,  imprimeur-éditeur—  1914. 

Vie  simple,  à  i)ortée  de  tous,  bien  informée,  faite  dans  It  meilleur 
esprit. 

L'auteur  montre  comment  Mgr  de  Saint-\'allier  aima  la  vertu, 
combien  il  chérit  sa  patrie  et  à  quel  point  il  se  dévoua  pour  l' Eglise. 

Les  Ursulines  de  Trois-Rivières  en  publian*:  ce  volume  rendent  un 
hommage  de  reconnaissance  au  prélat  qui,  ajirès  s'être  montré  le  père 
des  pauvres  en  fondant  l'Hôpital-Général  de  Québec,  se  montra  aussi 
r apôtre  de  l'éducation  en  fondant  aux  Trois-Rivières  une  maison  des 
Ursulines  de  Québec. 

List  of  office rs  and  ineinbeis  and  }ni)iiites  0/  proccedings  of  Tlie  Royal 
Society  of  Canada.      Ottawa — 19 14. 

Mémoires  de  la  Société  Royale  du  Canada.  Série  III,  sept.  1914, 
vol.  VIII.     Ottawa  19 14. 

Le  port  de  l'épée   devant   le  Conseil  Supérieur 

Le  22  avril  1732.  le  comte  de  Maurejias  écrivait  à  l'intendant  Hoc- 
quart  : 

"M.  le  marquis  de  Beauharnois  m'a  représenté  qu'on  a  voulu  obli- 
ger les  officiers  des  trouppes  de  quitter  l'épée  à  la  porte  du  Conseil  vSu- 
l)érieur  de  Québec  lorsqu'ils  sont  obligés  d'y  entrer  ]wur  y  plaider  eux- 
mêmes  leur  cause.  J'en  a_\-  rendu  compte  à  Sa  Majesté  et  elle  m'a  or- 
donné de  vous  dire  que  connue  les  officiers  du  Con.seil  Supéricv.r  rtn- 
dent  actuellement  la  justice  l'éjiée  au  costé  elle  veut  que  les  officiers  et 
les  gentilhonnncs  seulement  puissent  ])laidei  leur  cause  sans  estre  obli- 
gés de  quitter  leur  éiiée  II  est  vray  (|ue  dans  les  Cours  Supérieures 
du  Royaume,  il  est  d'u.sage  ([ue  lorsqu'un  gentilhomme  ou  un  (ifîicier 
plaide  sa  cause,  il  doit  (piitter  ré])ée  et  Sa  Majesté  ordonnera  (|Ue  cet 
usage  s'observe  aussy  dans  la  colonie  si  dans  la  suitte  elle  juge  à  pro- 
pos de  i>re.'-icrire  aux  offieiers  du  Con.seil  Sujiéricur  de  rendre  la  justice 
en  robe  V.w  attt-nd.uu  \ons  aurez,  soin  de  luur  expliquer  les  intentions 
de  Sa  .\Iaje>té  à  rexécution  dexpiellc^   vous  ticndre/  la  main." 


■y      ,:--./yb 


'i  ob  rit'..  :..i 


...(;4— 
QUESTIONS 

Pourrait-on  me  donner,  dans  le  Bulletin,  les  noms,  ]>rénoms,  âges 
et  occu])ations  des  patriotes  du  Bas-Canada  qui  furent  pendus  ajirès  la 
rébellion  de  iy37-3'S  ?  Aussi  la  liste  de  ceux  qui  furent  exécutés,  pour 
la  même  cause  dans  le  Haut-Canada  ? 

PAUL  LEVEQUE 

— Y  a-t-il  eu  deux  éditions  des  Mén;oires  de  Pierre  de  Sales  l,a- 
terrière  ? 

BIBLIO 

— La  raquette  dont  se  servent  aujourd'hui  nos  spoiiiiicii  \>onr  faire 
leurs  courses  dans  les  bois  est-elle  bien  d'origine  sauvage?  Est-il 
prouvé  que  les  Sauvages  se  servaient  de  la  raquette  avant  l'arrivée  des 
blancs  en  Amérique  ? 

A.O.F- 

Est-il  vrai  que  des  gouverneurs  de  la  Nouvelle- France  ont  eiico  - 
ragé  les  Sauvages  à  ])ratiquer  le  scaljie  sur  les  blancs  de  la  Xou\el!t- 
Angleterre  et  qu'ils  s'engagèrent  même  à  payer  une  iirinie  ]TOUr  cha- 
que chevelure  a])portée  à  Québec  ?  On  a  dit  que  cette  barbare  i>rati- 
C|ue  du  scaljie  avait  été  enseignée  aux  Sauvages  par  les  blancs.  Cette 
affirmation  est  elle  ai)i)uvée  par  l'histoire  ? 

GEO  B. 

— On  voit  qu'un  jeune  Français  ou  Canadien,  Pierre  Ledru,  établi 
à  Vincennes,  en  180.S,  fit  un  portrait  au  crayon  du  fameux  chef  sauva- 
ge Tecumseh.  Un  auteur  dit  même  que  le  fîls  de  Ledru  résidait  à 
Ouéljec  en  1S4S.  Il  avait  alors  en  sa  possession  le  ixirtrait,  fait  ])ar 
son  ])ère.  Peut-on  me  donner  des  renseignements  sur  ce  l^icrre  Ledru 
et  son  fils  ?  V  a-t-il  encore  des  familles  Ledru  dans  le  district  de  Oné- 
bec  ? 

Aob^ 

—  A-t-on  des  renseignements  sur  les  salines 
\ers  1746  par  le  sieur  Perthuis  ? 

—  Les  seigneurs  canadiens  qui,  >(ins  le  régi 
concessions  avec  haute,  moNcune  cl  ba>se  ju^til 
droit  dans  leurs  seigneuries  ?  Connait-on  (pK 
la  iieiue  de  mort  fut  iiortée  par   le  juge  seigneur' 


.lies  à 

Ka-.o 

K.:?. 

franc; 

is,  eu.i 

ont-i 

s     exer 

es     se 

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AVOCAT 

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RECIIEKCIiES  tilSTORipiiS 


VOL.  XXI  BEAUCEV1LLE=MARS  1915  No.  III 


La  Banlieue  de  Québec  et  le  Quartier 
Belvédère 

Quelle  est  l'origine  du  nom  Belvédère  appliqué  à  un  nouveau 
quartier  de  Québec  ? 

Pour  répondre  à  cette  question,  une  étude  de  la  banlieue  de  Qué- 
bec s'impose.  Klle  nous  fournira  l'occasion  de  jeter  un  coup  d'œil  ins- 
tructif sur  les  i)remiers  établissements  de  ce  quartier  nouveau  de  la  cité 
de  Québec,  un  des  plus  remarquables  par  son  site,  ses  résidences  et  ses 
souvenirs  historiques. 

Sans  attacher  plus  d'importance  qu'il  ne  faut  au  mot  Belvédère, 
il  SLta  to-it  de  même  intéressant  de  connaître,  outre  son  étymologie, 
en  quelle  circonstance  la  route  qui  relie  le  chemin  Saint-Louis  au  che- 
min Sainte-Foy  a  pris  le  nom  de  Belvédère. 

La  Banlieue  de  Québec  comprenait  à  l'origine  toute  l'étendue  de 
terre  qui  se  trouve  située  entre  Sainte-Foy  et  la  cité  de  Québec. 

Il  est  important  de  faire  remarquer  ici  que  l'enceinte  de  la  Haute- 
Ville,  jusqu'en  1730,  était  beaucoui)  plus  restreinte^  qu'elle  n'est  au- 
jourd'hui. Le  ;?«//(■//« '/tJ  A'<r//i;r/f<-.f  //«/(j;-/*;^^-.?  de  l'année  1906  dit 
que  les  fortifications  ])assaient  alors  à  peu  près  sur  la  rue  Sainte-Ursule 
et  allaient  à  la  redoute  du  cap  Diamant. Ivlle  se  composait  alors  d'un  cer- 
tain nombre  de  terres  concédées  à  quelques  i)articuliers  et  communautés 
religieu.ses.  Parmi  ces  concessions,  il  faut  mentionner  les  fiefs  Sauit- 
Jean,  concédé  à  Jean  Bourdon  en  1639,  Saint-François,  concédé  à  M. 
Lesueur  de  Saint-Sauveur  le  10  mars  1646,  Saint  Joseph  ou  des  Ursu- 
lines,  et  Sainte- Marie  ou  de  l'Hôtel- Dieu,  ce  dernier  concédé  le  20 
mars  1738. 


:^'i'.:.;: 


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r        •       ---00— 

LE  FII'F  SAIXT-JEAX 
Pour  le  but  que  nous  nous  projwsons,  nous  ne  parlerons  ici  que  du 
fief  Saint-Jean.  C'est  à  Jean  Bourdon,  maître  arp-enteur  et  ingénieur, 
que  la  Compaiiiiie  de  la  Nouvelle- France  concéda  ce  fief  le  5  avril  1639. 
"Il  consistait  en  cinquante  arpents  de  bois  ou  environ,  mesure  de  Pa- 
"ris,  en  roture,  situés  dans  la  banlieue  de  Québec,  tt  compris  dans  ks 
"bornes  et  limites  qni  ensuivent,  scavoir  :  du  côte  du  sud-ouest,  une 
"ligne  parallèle  au  chemin  qui  va  de  Québec  au  Ca])-Rouge,  esloignée 
"du  bord  du  dit  chemin  de  douze  toises,  du  costé  du  nord-ouest  le  cos- 
"teau  de  Sainte-Geneviève,  du  co.sté  du  sud-ouest  une  ligne  perpendi- 
"culaire  sur  le  chemin  (pii  va  de  Québec  au  Cap- Rouge,  tirée  d'un  lieu 
"que  nous  avons  fait  marquer,  du  co.sté  du  nord-est  les  teires  de  Pierre 
"de  la  Porte",      (n. 

La  concession  de  Bourdon  fut  augmentée  de  toutes  les  terres  qui 
se  trouveni  entre  le  coteau  Sainte-Geneviève  et  la  rivière  Saint-Charles 
le  30  décembre  1653.  Cette  augmentation  était  une  récompense  ac- 
cordée à  Jean  Bourdon  pour  avoir  défriché  une  bonne  partie 
de  sou  fief,  "ce  qtii  mettait  Québec  à  couvert  de  l'irruption  des  Iro- 
quois"  dit  l'acte  signé  par  M.  de  Lauicon. 

Le  fief  Saint-Jean  fut  mis  ou  érigé  eu  fief  par  une  ordonnance  en 
date  du  19  mars  1661  ;  il  contenait  alors  60  ar])ents. 

Essaj'ons  maintenant  à  localiser  ce  fief,  théâtre  des  premiers  ef- 
forts courageux  des  colons  français  ([ui  jetèrent  les  fondements  d'une 
Nouvelle-France  en  Amérique. 

F'n  référant  à  la  copie  du  jilau  authentique  de  1834  du  Départe- 
ment des  Terres  de  la  Couronne,  touchaiit  le  fief  de  Coulonges  et  re- 
produit par  l'abbé  Scott  dans  son  J/istoirc  dr  Xcfrc-Daiiic-dc-I-\yy,  on  y 
voit  clairement  indiquées,  d'après  les  anciens  titres,  les  terres  de  Bour- 
lUm  et  de  Borgia  Leva.s.seur,  ce  derniei'  comme  rejirésentant  des  héri- 
tiers de  Pierre  Laporte.  Nous  fer  ii--  rcinar(|uer  que  et  dernier  eut  pemr 
successeur,  après  Lcvasseur,  Xucl  riiiguct,  et  jibis  lard  Melchior  Pou- 
cet, comme  il  apjiert  par  un  plan  de  l'arpenteur  Louis  Pcrreault,  dres- 
.sé  en  1790.  On  constate  en  mèiiif  teiii]  ->  (pu.  la  limite  nord-est  du  fii-f 
S.unt-Jeau  est  clairement  in(li(pici.- Cdiiniie  étam  la  terre  de  Poucet,  la- 
([Uelle  était   elle-même  iHirnée  au  lu-rd  est  \\n  le  fief     Saint-Josei.h     ap- 


1     -.;;,, ru." 


(  r-'u  -jiqov  /;!  j.  ir.'.  •  l]i>^  ti':î 

•  r.urunj'J  t A         '.■/:/.    '■■ih  Ui.'in 


-G7— 

partenant  aux  l'rsulines  de  Québec.  Ces  deux  dernières  terres  furent 
plus  tard  séparées  par  une  route  ]Miblique  à  laquelle  on  donna  le  nom 
de  "Route  Bourdon".  Comme  le  procès-verbal  de  cette  route  nous 
aidera  à  préciser  l'éiioque"  de  l'ouverture  du  chemin  du  Belvédère, 
et  qu'elle  ofFre  un  intérêt  tout  d'actualité,  nous  en  dirons  un  mot 
en  pas.sart. 

Dans  son  étude  sur  la  maison  de  Borgia  Levasseur,  M.  P.-B.  Cas- 
fîrain  dit  que  la  ligne  séparative  nord-est  de  la  terre  de  Borgia  Levas- 
seur venait  tomber  vis-à-vis  l'endroit  où  se  trouve  aujourd'hui  le  mo- 
nument des  Braves.  Et  il  ajoute  plus  loin  que  le  tracé  de  Louis  Ferreault 
coïncide  exactement  avec  celui  de  la  Route  Bourdon,  ouverte  le  20 
juillet  1731,  par  le  grand- vo\er  de  l'époque,  Jean-Eustache  Lanouiller 
dit  Boiscler. 

Cette  même  Route  Bourdon  est  en  effet  tracée  comme  route  ]n\- 
blique  dans  le  plan  que  nous  venons  de  inentionnei,  et  que  nous  avons 
pu  consulter  chez  les  Dames  Ursulines  de  Québec.  Cette  route  sé]ia- 
rait  alors  le  fief  Saint-Jose]ih,  appartenant  aux  l  rsulines,  d'avec  la 
terre  de  Melchior  Poucet,  devenu  le  repré.sentant  de  Borgia  Levasseur, 
])ar  un  acte  passé  de\ant  Mtré  J.-A.  Panet,  notaire,  le  30  octobre  1766. 
Ce  qui  nous  amène  à  conclure  que  la  Route  Bourdon  coïncide  assez. 
exactement  avec  l'avenue  des  Braves  ouverte  en  19 13  par  la  Commis- 
sion des  Champs  de  batailles.  On  sait  que  cette  avenue,  la  plus  belle 
de  toute  la  cité  de  Québec,  débouche  sur  la  place  du  monument  des 
Braves.     C'est  une  heureuse  coïncidence  qu'il  fait    ])laisir  de    signaler. 

Mais  continuons  notre  étude  du  fief  Saint- Jean.  Dans  sa  carte  de 
la  Banlieue  de  Québec  qu'on  jieut  voir  aux  bureaux  du  Cadastre  de 
Québec,  M.  L.-P.  Morin  ne  semble  indiquer  qu'une  partie  du  fief  Saint- 
Jean  :  celle  située  au  nord  est  du  chemin  du  Belvédère.  D'autre  part, 
le  même  géograj^he,  dans  un  plan  historique  de  Québec  et  de  ses  envi- 
rons, qu'on  peut  voir  dans  un  des  corridors  de  l'I'niversité  Laval,  in- 
dique le  fief  vSaint-Jcan  au  sud- ouest  du  chemin  du  Belvédère,  et  à  une 
distance  consideral)le. 


Le  inox-en    le    ]>lus    ratii^nnel  de  localis 

er  les  terres  de  Jean  Bolirci 

cro\ons-nous,  c'est  de  nous  npi)U\er  sur 

'acte  [irimitif    de    concess 

Il  >•  est  dit  que  les  terres  cpii  lui  sont    oct 

royécs  sont  bornées     au  ne 

est  par  celles  de  Pierre  de  la  Porte.      (  )r. 

nous  \-enons     de  \()ir     (ju 

campeau  de  terre  de  ce  dernier  était  born 

■     au     sud-(.>uest     ])ar     le 

;     1  .;      ..,.,:y 


—08— 

Saint-Jean.  Nous  n'avons  pu  vérifier  son  étendue.  Mais  en  lui  sup- 
posant deux  ou  trois  arpents,  comme  .semble  le  dire  M.  Casgrain  dans 
la  brochure  déjà  citée, il  resterait  encore  une  distance  de  trois  ou  quatre 
arpents  de  la  ligne  sud-ouest  des  terres  de  la  Porte  jusqu'à 
la  route  du  Belvédère,  car  on  compte  environ  six  arpents  de  l'Avenue 
des  Braves,  celle-ci  compri.se,  ju.squ'à  la  clôture  qui  borne  le  Belvédère 
au  sud-ouest.  Il  faut  donc  conclure  que  le  fief  Saint-Jean  commençait 
du  côté  nord-e.st  du  chemin  du  Belvédère  et  qu'il  s'étendait  de  l'autre 
côté,  vers  le  sud-ouest. 

Ces  données  correspondent  assez  exactement  avec  le  plan  que  M 
Joseph  Trudelle  a  publié  dans  son  ouvrage  Eg/iscs  et  Chapelles  de  Qué- 
bec. Ce  plan,  préparé  par  feu  Louis  Dufresne,  autrefois  emplo\é  aux 
Bureaux  du  Cada.stre  de  Québec,  dit  que  le  fief  Saint-Jean  avait  à  peu 
huit  ari)euts  de  front  sur  le  chemin  Sainte-Foy,  c'est-à-dire  quatre  ar- 
pents environ  de  chaque  côté  du  chemin  du  Belvédère. 

Il  n'entre  p^s  dans  le  plan  de  cette  étude  de  faire  une  histoire 
du  fief  Saint-Jean.  Nous  ajouterons  cependant  qu'après  la  mort  de 
Bourdon,  on  voit  que  le  docteur  Sarazin  en  est  devenu  le  propriétaire. 
Les  Actes  de  For  et  Hommages,  volume  II,  disent  que  Michel  Sarazin, 
médecin,  avait  fait  l'acqui.sition  de  ce  fief  en  1709,  à  la  .suite  d'une  sai- 
sie opérée  sur  Guillaume  Gaillard,  curateur  à  la  succession  vacante  du 
sieur  Aubert  de  la  Chesnaye  et  procureur  de  Pierre  Petit  qui  était  hé- 
ritier de  Jean  Jobin.  sans  expliquer  comment  ce  dernier  était  devenu 
eu  pos.session  du  fief.  Il  ]«rait  certain  que  le  docteur  Sara.-.in  habita 
un  certain  temps  la  maison  de  Jean  Bourdon  sur  le  coteau  Sainte-Ge- 
neviève; M.  l'abbé  Ferland  le  croit.  En  1S5.S,  ce  dernier  écrivait  :  "Je 
n'ai  encore  pu  découvrir  la  résidence  du  Dr.  Sarazin  à  Québec,  car  le 
plus  souvent  il  habitait  son  beau  fief  Saint-Jean.  Celui-ci  comprenait, 
au  moins  en  partie,  le  terrain  où  se  trouve  le  monument  commencé 
pour  connuémorer  la  bataille  de  1760.  Le  Docteur  est  né  à  Nuys.  le  5 
septembre  1659  ;  il  est  mort  à  Ouéliec  le  9  septembre  1734"      (  i  >■ 

Parmi  les  principaux  propriétaires  (pii  se  i)artageiit  aujourd'hui  le 
fief  vSaint-Jeau,  se  trouvent  MM.  .Vntoni  Lesage,  Antonio  Grenier, 
Mad.ame  Ross,  où  M.  Jules  Houe,  de  lagenoe  Ilone  et  Rivet,  a  demeu- 
ré queUpies  années,  la  succession  I.anglois,  près  du  monument,  où  est 
né  M.  H.-J.-J-.B.  Chouinard,  et  enfin  la  Commission    des    Champs  de 

(1)     FRUstactCliiipclli»      IVol     1,  l'^ip  ■■.;iii.) 


IÛi|    m  •  '  ;    -'J        .  >A 


.,.-.x,  1 1; 


.[  fx.l.lr..-.    >',-.    f 


v,>!    -.mIi;!-.»!*-^ 


—69— 

Batailles  de  Québec,  et  les  Sœurs  Dominicaines  de  Québec.  Ces  der- 
nières ont  acquis  en  1914  "«  vaste  terraia  dans  la  partie  sud-ouest  du 
fief  Saint-Jean.  Cette  partie  se  trouve  située  aujourd'hui  dans  les  li- 
mites de  la  paroi.sse  de  Sillery.  Il  est  intéressant  de  noter  que  la  mai- 
son des  Sœurs  Dominicaines  a  appartenu  autrefois  à  la  comtesse  de 
Ba.-'^no,  et  que.  1  endant  .-^on  séjour  au  Canada,  Mgr  Conroy  l'a  habite 
pendant  quelques  mois. 

BANLIEUE  DE   QUÉBEC 
La  banlieue  de  Québec,  d'après  les  plans  officiels    du  cadastre,  est 
bornée  comme  suit  :  au  nord-ouest,  par  la  route  Sainte-Geneviève,     au 
nord-e.st,  par  la  cité  de  Québec,  au  sud-est,  par  le  fleuve    et  la  paroisse 
de  Sillery,  au  sud-oue.st,  par  Sainte- Foy. 

La  banlieue  de  Québec  fut  éris^ée  en  paroisse  .sous  le  vocable  de 
Notre-Dame-de-Québec,  en  vertu  d'un  règlement  des  districts  de  pa- 
roisses, mis  en  force  par  l'Edit  du  conseil  d'Etat  du  Roi  du  3  "^ars 
1722.  La  nouvelle  municipalité,  dit  Deschamps,  comprenait  alors  cet- 
té  partie  de  1h  paroissede  Notre-Dame-de-Québec  (|ui  .se  trouve  hors 
des  limites  de  la  cité  de  Québec,  à  l'exception  cepeiulan:  de  cette  par- 
tie comprise  dans  la  paroisse  de  Saint-Roch. 

La  municipalité  de  la  Banlieue  de  Québec  fut  éri-ée  en  ville,  sous 
le  nom  de  •'ViUe-de-Montcalm".  le  25  avril  1908.  (Stat.  de  Québec, 
S  Ed.  VIL  Ch.  99,  p.  355).  Les  bornes  sont  indiquées  comme  suit  ; 
Le  territoire  de  Ville-de-Montcalm  est  borné  par  la  cité  de  Québec,  la 
paroisse  de  Saint- .\Ialo,  la  paroisse  de  Saint-Colomb-de-Sillery,  la  pa- 
roi.sse dç  Sainte- Foy  et  la  municipalité  de  la  Petite-Rivière. 

La  Banlieue  de  Québec  fut  desservie  pour  les  fins  religieuses  par 
le  curé  de  l'église  cathédiale  de  Québec  ju.squ'en  1849-  Toutefois, 
l'érection  canonicpie  de  la  paroi.sse  de  Sauit-Jean-Bapti.ste-de-Québec 
n'eut  lieu  que  le  24  mai  iSS(<. 

L'iaiLISlC  N()Tki:-I)AMlM)U-CHEMIN 
A  partir  du  2S  mai  U)'X).  date  de  l'érection  canonique  de  la  j.a- 
roissede  Xotre-l)anie-du-Cheuiin,  les  citoyens  de  la  municipalité  de 
Ville-de-M.mtcalm  eurent  leur  curé.  La  chai>elle  située  à  coté  delà 
mai-son  de  retraite  Villa-Manrése.  sur  le  chemin  Sainte-Foy,  et  cons- 
truite en  .S>,,s  sous  la  .llrecti-ni  du  R.  1'.  Désv  ,  S.  J..  devint  église  pa- 
roissiale, et  ce  dernier  en  fut  le  premier  curé. 


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— TU— 

Au  mois  de  juillet  1914,  le  R.  P.  Désy,  fondateur  de  cette  nouvel- 
le paroisse,  a  été  remplacé  par  le  curé  actuel  le  R.  P.  Joseph  Lalaude, 
S.J.  Celui-ci  a  pour  vicaires  les  RR.  PP.  Lord,     Waddtl  et  Artus,  S  J. 

L'église  des  Jésuites  sur  le  chemin  Sainte-FoN-,  que  bon  nombre 
de  personnes  désignent' sous  le  nom  deManrése.  a  été  mise  sous  le  pa- 
tronage de  Notre-Dame  du  Chemin  en  souvenir  d'une  chai)elle  érigée 
dans  l'église  du  Gésu  à  Rome,  sous  ce  vocable.  Saini-lguace  de  Loyo- 
la, fondateur  de  la  Compagnie  de  J-ésus, aimait  à  y  aller  jjrier. 

La  maison  de  retraite  Villa- Manrèse,  achetée  vers  1895,  est  reliée 
à  l'église  par  une  aile.  Les  Pères  Jésuites  y  ont  leur  résidence.  Le 
29  novembre  1909  eut  lieu  dans  l'église  de  Notre- Dame-du-Chemin  la 
l)énédiction  de  trois  cloches.  La  fête  présidée  par  Son  Kminence  l-j 
Cardinal  Bégin  fut  imposante.  Le  sermon  de  circonstance  fut  donné 
par  R.  F.  Adam,  vS.  J. 

L'église  de  Notre-Dame  du  Chemin  possède  ]ilusieurs  tableaux 
remarquables,  entre  autres  une  toile  de  lùirico  Bottoni,  représentant 
saint  Ignace  de  Loyola  et  saint  François  de  Borgia  en  prière  devant 
l'image  de  Notre-Dame-du-Chemin. 

Le  7  février  1915,  les  pèlerins  canadiens  qui  sont  allés  au  Con- 
grès Eucharistique  de  Lourdes,  l'été  dernier,  sont  venus  dépo.ser  un 
ex-voto  dans  l'église  de  Notre-Dame-du-Chemiii  jiour  accomplir  une 
promesse  faite  à  Rome,  avant  leur  déjjart  pour  le  Canada,  au  moment 
où  la  guerre  éclatait  entre  r.\llemague  et  les  nations  alliées.  Cet  ex- 
voto  qui  consiste  en  un  médaillon  supporté  par  deux  anges  est  scul]ité 
en  bois  et  doré.  Il  a  été  fixé  au  sonnnet  du  cadre  du  grand  tableau 
que  nous  venons  de  décrite  et  en  complète  l'ornementatiou. 

Il  est  intéressant  de  noter  (pie  les  RR.  PP.  Jésuites  ont  été  autre- 
fois propriétaires  de  la  terre  c  hi  était  le  fameux  mouHn  l/timont.  Cet 
etidroit  ju.stetnent  célèbre  jtar  la  Initaille  sanglante  ilit  rS  a\Til  1760 
n'a  plus  rien  aujourd'hui  de  son  ancieinie  topographie,  si  ce  n'est  le 
coteau  Sainte-Geneviève.  Le  moulin  Dumont  que  les  Anglais  et  les 
F-rançais.se  disputèrent  avec  une  cga!e  valeur,  était  situé  à  l'endroit 
mctne  où  se  trouve  le  monument  des  liraves. 

Jean-Bapt"sle  Duniout,  négoci^iiit  de  Ouébec.  r.ossédait  ce  c<iiti  de 
terre  en  ijy)-(n-,.  Il  \  avail  une  habitation  et  un  moulin  à  t. m  bâti  en 
pierre  ;  ce  moulin  tournait  à  tout  vent,  tel-  ([lie  le->  anciens  moulins  iia- 


„.71- 

natix  dès  seigjiieiiis  canadiens  -Cette  terre  jiorte  aujourd'hui  les  Nos 
26  et  27  et  se  trouve  la  ijrojiriétc  de  la  Coinniission  des  Champs  de  Ba- 
tailles Celle-ci  l'a  transforniét  en  un  parc  qu'on  aime  à  leconnaitre  le 
plus  b  au  de  la  cité  de  Québec.  Or,  les  Pères  Jésuites,  dit  M.  P.-B. 
Casgrain,  dans  une  étude  sur  le  moulin  Dumont,  ])ossédèrent  ce  coin 
de  terre  pendant  quelques  années.  En  effet,  Charle.s  Perthuis.du  Con- 
seil souverain,  l'avait  acquis  par  .sentence  de  la  Prévôté  de  Québec,  le 
ler  mars  1712  et  l'avait  revendu  aux  RR.  PP.  Jésuite.s,  le  25  octol)re 
1734, p.ir  contrat  ]>as.sc  devant  Mtre  Pinguet,  notaire.  Ceux-ci,  y  "tst-il 
dit,  avaient  acquis  cette  terre  et  habitation  avec  les  bâtiments  dessus 
con.struits  "iiour  ser\ir  de  niai.son  de  çamjiagne  et  de  récréation  au.x 
pensionnaires  nouvellement  établis  en  leur  collège  de  la  ville  de  Qué- 
bec." 

Les  Pères  Jésuites  demeurèrent  propriétaires  de  la  terre  Dumont 
jusqu'au  25  octobre  1741,  alors  que  devant  le  même  notaire  Pinguet, 
ils  la  revendirent  à, Dumont  pour  le  même  prix  qu'ils  l'avaient  payée, 
soit  4,500  livres.  Pendant  .sept  ans,  les  dévoués  missionnaires  et  leurs 
élèves  ont  dû  venir  chaque  .semaine  jouir  de  l'air  pur  de  ce  bel  endroit 
et  aller  prier  dans  la  chajjelle  Saint-Jean  .située  sur  le  coteau  et  non 
loin  du  monument,  comme  nous  le  verrons  dans  la  suite  de  cette  étude. 

Par  un  heureux  retour  des  choses,  les  Jésuites  .sont  redevenus  pro- 
priétaires dans  la  même  Banlieue  de  Québec  et  non  loin  de  l'ancienne 
terre  historique  de  Dumont  qui  .se  trouvait,  selon  toute  proljabilité, 
.dans  le  fief  Saint-Jean. 

La  dernière  et  très  im])ortante  pha.se  de  l'hi.-itoire  de  la  Banlieue 
de  Québec  est  son  annexion  à  la  cité  de  Québec,  sous  le  nom  de  Quar- 
tier Belvédère.  Celle-ci  a  pris  effet,  en  vertu  d'un  Bill  passé  à  l'As 
semblée  Législative  le  iS  déceniljre  1913. 

LP:  CHl'MiX  DU  BKLVHDKRl' 

Comme  nous  venons  de  le  v<iir,  les  jiremfers  défrichements  de  la 
Banlieue  de  Quéiiec.  se  firent  sous  la  direction  de  Jean  Bourdon.  ]•'.{ 
ce  fut  sur  son  fief  Saint-Jean,  dans  la  partie  (pti  longe  le  chemin  Sain- 
te-I'oy,  au  bout  de  la  ri)uli.  du  P.ehédère.  sur  le  coteau  Sainte-Cene- 
viève,  que  Bourdon  éleva  sa  première  demeure  et  Ijâtit  une  chapelle 
tout  aui)rès,^i>our  son  ami  et  collaborateur  M.  l'abbé  Jean  l.esueur  de 
Saint-Sauveur  avec  qui  il  et. lit  venu  au  Can.ula  en  i'.;,S.  dan--  un  but 
de  colonisation. 


o3w  r 


i.-i.-i'i.-jtiii.'^  'l  Ml  'jl  ,  '.•.i:h 


M.  l'abbé  Aug.  Gosselin,  dans  sa  vie  de  Jean  Bourdon,  dit  : 
"Avant  de  passer  en  France  dans  l'automne  de  1650,  Bourdon  avait 
fait  construire  à  ses  frais,  près  de  son  manoir  Saint-Jean,  sur  le  coteau 
Sainte-Geneviève,  une  chapelle  en  bois  i)our  ''usage  de  sa  famille  ; 
les  gens  de  l'endroit  pouvaient  aussi  en  profiler.  Mais  on  ne  voit  pas 
qu'après  sa  mort  et  le  départ  de  ses  enfants,  cette  cliajjelle  ait  été  en- 
tretenue ;  elle  tomba  peu  à  peu  en  ruines  et  ne  tut  pas    reconstruite". 

Dans  son  Rapport  au  Saint-Siège,  de  1660,  Mgr  de  Laval  parle  de 
cette  cha|Telle  Saint-Jean  comme  d'un  édifice  à  part,  distinct  du  ma- 
noir, une  des  huit  églises  qui  se  trouvaient  dans  le  gouvernement  de 
Québec,  et  il  la  met  environ  à  une  demi-lieue  de  la  ville. 

D'après  M.  Charles  Baillargé,  ingénieur  de  la  cité,  cpie  M.  l'abbé 
Gosselin  a  consulté,  il  y  a  un  peu  ]ilus  d'une  demie-lieue  de  la  porte 
Saint-Jean  actuelle  à  la  route  du  Belvédère.  Or  les  limites  de  la  ville 
à  cette  époque,  nous  l'avons  dit,  se  trouvaient  à  la  rue  Sainte-Ursule. 
Ce  qui  fixerait  à  ])eu  près  le  lieu  de  la  résidence  seigneuriale  de  Jean 
Bourdon  et  de  la  chapelle  Saint-Jean,  sur  les  lots  29  et  30  du  cadastre, 
à  l'endroit  où  se  trou\e  actuellement  une  ancienne  résidence  avec  jar- 
din d'hiver,  aujourd'hui  la  propriété  de  M.  Antonio  Grenier,  secrétai- 
re du  Département  de  l'Agriculture,  et  une  résidence  ajjpartenant  à 
une  Dame  Ross. 

Jean  Bourdon  avait  eu  bon  goût  en  choisissant  un  site  au.ssi  agréa- 
ble pour  y  fixer  ,sa  demeure.  Et  celle-ci  devait  être  considérable, 
puisque  le  recen.sement  de  1667,  cité  par  Benjamin  Suite,  dit  qu'elle 
était  habitée  par  17  personnes  :  Jean  Bourdon,  Anne  Gasnier,  sa  fem- 
me, M.  Jean  Lesueur,  prêtre,  le  sieur  d'Autra>-,  neveu  de  Jean  Bour- 
don,et  treize  domestiques  ou  emplo\és 

M.  l'abbé  Auguste  Go.s.selin.  dans  l'ouvrage  déjà  cité,  nous  indi-. 
que  assez  clairement  que  cette  partie  du  coteau  Sainte-Geneviève,  dé- 
boisée et  en  culture  était  un  endroit  tellement  enchanteur  qu'il  prit 
bientôt  le  nom  de  "Belvédère".  "L'habitation  de  Bourdon,  dit-il, 
cccupait  une  position  élevée  et  suix.'rbe,  justement  ajiiielée  Belvédère, 
et  qui  commandait  la  vallée  de  la  rivière  Saint-Charles.  L'reil  y  di.s- 
tinguait  parfaitement  la  Cfilline  de  Beanport,  etc." 

Et  nous  ajoutons  que  la  beauté  incomi)aral)Ie  du  jîlateau  où  s'éle- 
vaient jadis  le  manoir  .seigneurial  de  Bourdon  et  la  cha]ielle  Saint-Jean 
justifiait  bien  le  nom  qualificatif  de  Belvédère.      Avec    l'auteur    de    la 


vie  Je  Jean  Bourdon,  nous  voyons  là  l'origine  ûe  ce  nom.  Il  était  tout 
naturel,  en  effet,- que  la  route  qui  y  conduisait  prit  le  nom  de  Belvédè- 
re. 

Pour  mieux  se  rendre  compte  de  la  justesse  de  cette  apiiellation, 
le  lecteur  n'a  qu'à  se  rendre  sur  cette  partie  du  , coteau  Sainte-Gene- 
viève, dominée  aujourd'hui  par  le  monument  des  Braves  et  située  nor, 
loin  de  l'endroit  où  devaient  se  dresser  la  chapelle  Saint-Jean  et  le 
manoir  de  Bourdon.  De  la  terrasse  magnifique  que  la  Commission  des 
Champs  de  Batailles  vient  de  construire,  l'reil  embrasse  toute  la  vallée 
de  la  rivière  Saint-Charles,  jusqu'aux  Laurentides.  La  vue  se  repose 
sur  les  villages  de  Lorette,  de  Charlesbourg,  de  Giffard,  de  Beauport, 
de  Saint-Louis  de  Courville,  etc  ,  enfin  sur  toute  la  côte  de  Beaupré. 
Le  coup  d'œil  est  féerique  et  l'air  qu'on  y  respire  est  d'une  grande  pu- 
reté. 

Du  rc-te,  la  signification  du  mot  Bchrdlrc  rend  très  plausible 
son  application  à  cette  partie  de  la  côte  Sainte-Geneviève,  théâtre  des 
premiers  défrichements   des  colons  français. 

Le  Ditiioiinaiic  de  7';r;v«.r,  édition  de  177 1 ,  dit  que  Belvédère 
signifie  un  lieu  élevé  oii  l'on  jouit  du  bon  air  et  d'une  belle  vue  :  "lo- 
cus  editus  praeclare  aspectu".  Belvédère,  mot  d'origine  italienne,  si- 
gnifie "plante  belle  à  voir",  et  sa  signification,  dit  le  même  dictionnai- 
re, s'est  étendue  aux  lieux  d'aspect  agréable,  etc. 

Maintenant,  quand  la  route  du  Belvédère  fut-elle  ouverte  ?  Nous 
l'ignorons.  Nous  croyons,  toutefois,  qu'elle  a  été  tracée  peu  après  la 
conces-sion  du  fief  Saint-Jean,  c'e.st-à-dire  dès  que  les  colons  de  Jean 
Bourdon  >•  furent  rendus,  probablement  vers  1640.  En  effet,  il  fallait 
bien  un  chemin  à  Jean  Bourdon  et  à  ses  colons  pour  communiquer 
avec  la  Grande- Allée,  alors  le  seul  chemin  ouvert  entre  le  Cap- Rouge 
et  yuébec. 

Dès  1637,  il  est  fait  mention  du  chemin  Saint-Louis.  Les  anciens 
documents,  dit  M.  l'abbé  Scott,  dans  son  hi.stoire  de  Notre-Damede- 
Kov,  la  nomment  "La  grande  ligne  de  Québec  au  Caji-Kouge,  ou  la 
Grande-Allée".  De  plus,  M.  l'abbé  Scott  nous  dit  aussi  ([ue  le  chemin 
Sainte-Foy  ou  Saint-Jean,  ne  fut  ouvert  (pie  le  20  juin  if.<.7.  On  peut 
lire  le  ])roccs- verbal  de  l'ouverture  de  ce  chemin  dans  rapi)endice  du 
livre  de  M.Scott,  de  même  (pie  dans  !es  "Jugements  dn  Ct^n^eil  Se  u- 
\erain",   Nolunie  i. 


Comme  on  le  voit,  les  habitants  du  coteau  Sainte-Geneviève  étaient 
obliojésde  se  rendre  en  ville  par  la  Grande- Alice, et  ]ionr  y  arriver, il  di.- 
\'ait  certainement  >■  a\'oir  un  chemin  à  leur  disposition.  Or,  nous  n'en 
\'o\-ons  pas  d'autre    à  cette  époque  (pie  celui  du  Belvédère. 

Du  reste,  le  [irocès-verbal  de  l'ouverture  de  la  Route  Bourdon  ]iar 
le  grand-vo_ver,  Lanonllier  dit  Boiscler,  et  daté  le  2»  juillet  1731.  i!i- 
dique  qu'il  >•  avait  iioii  loin  de  cette  route  un  chemin  de  connnunica- 
tion.  En  effet,  les  ténuiins  intéressés  "déclarent  qu'ils  ont  absolument 
besoin  d'un  chemin  qui  traverse  de  la  Grande-Allée  au  chemin  Sainte- 
Foi".  Et  le  Grand-\'oyer  fait  remarquer  que  "l'ancien  chemin  est 
impraticable  par  les  niollières  qui  s'\-  rencontrent  '.  C'est  é\idemment 
du  chemin  du  Belvédère  dont  il  est  question  ici,  quoiqu'il  ne  soit  jias 
désigné. 

Malgré  nos  recherches  dans  les  Procès-verbaux  des  Grands  \'oyers 
avant  la  conquête  du  pays,  et  après,  nous  n'a\-ons  trouvé  aucune  men- 
tion du  chemin  du  Belvédère.  Les  seuls  ren.seignements  officiels  que 
nous  avons  pu  rencontrer  sont  les  suivants  :  Dans  le  Rapport  des  Tra- 
\aux  publics  de  l'aimée  1S67,  il  est  dit  que  la  route  du  Belvédère  fut 
travaillée  jîour  la  dernière  fois  en  1S53,  qu'elle  a  35  chaînes  ei  que  le 
coiit  total  des  travaux  qui  y  ont  été  faits  sous  l'Union  est  de  ï;i,847  00 
A  rajipendice  57  du  même  rap|)ort,  il  est  dit  qu'en  \ertu  de  l'acte  16. 
\'ict.  Ch.  235,  du  14  juin  iS,S3,  le  Belvédère  avec  les  chennns  dans  le 
voisinage  de  Québec,  ont  été  mis  sous  le  contrôle  de  "S\ndics  de  che- 
mins" et  que  ceux-ci  doivent  ])ourvoir  à  leur  amélioration. 

\'oilà,  bien  incomplète,  nous  le  sax'ons,  luie  étude  sur  le  Ouailier 
Belvédère  de  Ouébec.  Si  elle  ne  jette  pas  une  lumière  iiarfaite  sur  l'o- 
rigine du  chemin  du  Belvédère,  ce  <iui  n'a  pas  une  importance  bien 
grande,  elle  nous  fait  voir  à  l'ienvre  les  premiers  colons  français,  les 
conquérants  pacifuiuo  du  pa\-- et  le>  véritables  fondateurs  t!e  notre 
nationalité  >ur  la  terre  canadienne..  Cette  origine  toute  rurale  e>t  un 
titre  de  noblesx.-  ac([ui.s  à  nos  ancêtres  cl  nous  dexims  en  être  fiers. 

IIOR.MISDAS  MAGX.VN 


.1  -j.'  .1.,-.%  ;.i. 


mut  ♦•'  I 


La  Signature  Royale 


Quiconque  possède  une  signature  de  Louis  XIV  ou  de  Louis  XV 
est  invité  à  lire  cet  article  et,  pour  commencer,  je  lui  présente  Tous- 
saint Rose  qui,  s'il  était  vivant,  pourrait  vous  donner  la  main. ..avec  la- 
quelle il  fai.sait  le  jiortrait  de  l'écriture    du  grand  roi. 

Car  elles  sont  faus.ses  les  signatures  que  vous  avez  des  deux  .sou- 
verains en  question.  C'e.st  Rose,  c'est  ensuite  Callicres,  puis  un  autre 
qui  les  ont  tracées. 

Fau.çscs  également  les  signatures  de  Louis  XIII,  Henri  IV, et  leurs 
prédécesseurs  sur  les  brevets,  lettres  de  noblesse  et  maints  documents 
qui  font  l'orgueil  des  familles.  Ces  pièces  ont  cependant  une  valeur 
inconte.stable.  Quant  à  la  main  ou  à  la  plume  du  roi,  elles  ne  les  ont 
i  imais  touchées. 

Dès  le  temps  de  Louis  XI,  le  ".secrétaire  de  la  main"  signait  pour 
ce  prince  et  rédigeait  sous  ses  ordres,  des  lettres  qu'il  écrivait  lui-même 
en  y  mettant  le  fac-similé  de  la  signature  royale,  non  pas  à  l'aide  d'une 
étampe  mais  faisant  le  tout  de  sa  propre  main.  Il  en  avait  l'autorisa- 
tion, étant  grand  clerc,  excellent  rédacteur,  bon  calligraplie,  nommé 
et  gras.sement  payé  pour  ce  service,  au.ssi  délicat,  aussi  difficile  que 
Knrrd  de  respon.sabilité.  La  charge  se  continua.  J'ai  lu  dans  un  ou- 
vrage .sérieux  que,  des  mille  pièces  .signées  "François",  aujourd'hui 
conservées,  il  n'en  est  probablement  pas  une  signée  par  François  I.  Lt 
les  autres  des  autres  monarques  .sont  dans  le  même  cas. 

L'habile  homme  qui  composait  et  signait  ces  écritures  était  tou- 
jours un  fau.ssaire  émérite  capaMe  de  tr.miper  n'importe  qui.  C'était 
la  perfection  du  genre.  Conlinueremeiit,  Lcuiis  XIV  conf.mdait  l'é- 
criture de  Rose  avec  la  sicin..     Va  >an.  dire  <|u'il  s'en  félicitait. 

Il  y  a  autre  chose.  Ce  roi  avait  un  st\  le  particulier,  c'est-a-dire 
une  manière  de  pen.ser  et  d^  iorm^r  la  phra..e,  eh  bien  !  Rose  eu  était 
d.venu  niaitre.  de  >orte  que  ces  remarquables  dépêches  adressées  aux 
piissances  et  dont  a  dit  :  "c'est  du  vrai  Louis  XIV"  elles  sont  de  la 
fabrique  de  Rose.  Le  iiiéuie  phénomène  est  constaté  sous  Xapoléwu  : 
.Marct  imitait  s.m  st>  le  comme  la  ;. 
chose,  st>  le  et  écrituiv.  chez  le  se. 

"Avoir /,?///////<  ,  dit  Saint  Sii 


'un  miroir, 
e  de  .sir  Joh 

J'ai 
1  A     M 

c'est  être     t 

aussairt 

'■    '/.     K 


—70— 

faire  par  char^j.  ce  qui  conterait  la  vie  à  tout  antre.  La  fonction  con- 
siste à  imiter  si  exactement  l'écritnre  dn  roi  qu'elle  ne  puisse  se  dis- 
tingner  de  celle-ci  ;  le  tout  consiste  à  écrire  de  telle  sorte  les  lettres 
que  le  roi  doit  ou  veut  écrire  de  sa  main  sans  en  i)rendre  la  peine.  11 
n'était  pas  possible  de  faire  parler  Louis  XI\'  avec  jilus  de  dii^nité,  ni 
l)lns  convenablement  à  chacun  et  snr  chaque  matière,  que  faisait  Rose. 
Fidèle  et  secret,  le  roi  s'j-  fiait  entièrement.  Fin,  ru.sé,  adroit,  il  eta.t 
d'autant  plus  dangereux  pour  ceux  qui  l'offensaient,  qu'il  avait  infini- 
ment d'esprit,  des  saillies  et  des  reparties  très  salées.  Avec  cela, 
be.iuconp  de  liberté  et  des  hardiesses  avec  son   maître." 

Parmi  les  signatures  authentiques  de  Louis  XI \'  et  Louis  X\'  on 
met  en  premier  lieu  celles  des  contrats  de  mariage,  car  alors  le  souve- 
rain honorait  l'acte  de  .sa  présence  et  prenait  la  plume  devant  l'as.sem- 
blée  Ces  occasions  étaient  rares.  Pour  tout  le  reste,  à  peu  près, 
vous  avez  la  griffe  de  Rose 

Je  ne  .pense  pas  que  l'on  trouve  parmi  nous  un  .seul  de  ces  contrats 
de  mariage.  Ce  que  j'ai  vu  se  borne  à  des  lettres  de  noblesse  et  des 
brevets  accordant  des  grades  dans  les  troujjes  de  la  colonie.  Alors 
Ro.se,  et  c'est  tout; 

Le  personnage  avait  certainement  de  la  valeur.  Il  s'efface  de  l'his- 
toire que  nous  lisons  eu  général,  pour  figure-  dans  les  rangs  de  l'Aca- 
démie, preuve  qu'on  reconnais.sait  ses  qualités  intellectuelles.  Ce  de- 
vait être  un  excellent  aviseur  dans  un  tel  milieu.  Notons  qu'il  n'a  rien 
écrit  pour  le  public. 

Toussaint  Rose,  né  en  1611,  a\ait  servi  de  .secrétaire  an  fameux 
cardinal  de  Retz,  si  ])opulaire  durant  la  Fronde.  Il  passa  au  cabinet 
de  Mazarin  où  il  eut  pour  collègues  Colbert  et  LeTellier.  Lorsque, 
vers  1660,  Louis  XI\'  entra  tlans  le  tra\ail  de  l'admiu'.stration,  Maza- 
rin lui  donna  ces  trois  emplo>és  supérieurs  et,  dès  1661,  Ro.se  était 
nonnné  président  de  la  chambre  des  comine.s — nous  dirions  m-nistre 
des  finances.  Avant  cette  date  ])eut-être,  il  était  déjà  secrétaire  du  ca- 
binet dn  roi,  car  il  le  fut  loiigteniiis. 

In.strnit,  lettré  au  pi'ssjhlc,  luncrt  à  la  discussion,  il  s'intéressait  à 
l'Académie  fini  \égélait  encore  après  trente  années  de  fondation.  lùi 
1667,  il  obtint  pour  ce  curp.-^  s.want  riumneur  de  haranguer  le  roi,  com- 
me les  citnrs  souveraines  du  ruxanine.  ce  (pii  donna  à  l'Académie 
une  situation  en  \ue  cl  maniin.  nue  i)ha.se  unuxellc  autant  (pie  pro.spè- 
re  dans  ses  annales. 


■I.r;;.:     ^,.b   r 


il)  1311-^  ni 


3;f,; 


Jirjirr 


,  :r.,.,'!  IK  .^:,.>î  •-      iatliin,.- 
ijfrj  7IZ      :■    .1  ,'  '  ■    !  ^i>v 


Valention  Conrart,  fondateur  du  cercle  littéraire  d'où  Richelieu 
avait  fait  naître  l'Acadciuie,  étant  mort  en  1675,  sa  place  fut  remplie 
par  Rose,  alors  âgé  de  64  ans. 

Saint-Simon  dit  encore  que  Rose  travailla  cinquante  ans  sous  Louis 
XIV,  après  avoir  quitté  le  bureau  de  Mazarin"jusqu'à  I  ù.^e  de  M7  ans, 
gai,  dispos  et  doué  jusqu'à  la  fîn  d'une  mémoire  nette  et  admirable  qui 
le  rendait  fort  utile  au  Roi  ". 

Né  en  161  i,  il  avait  eu  Sy  ans  vers  169S,  qui  serait  la  date  de  sa 
retraite.  Il  aurait  donc  commencé  à  travailler  avec  Louis  XI\'  en 
1648,  mais  ce  i)rince  avait  à  jieine  neuf  ans,  et  nous  savons  qu'il  ne 
prit  goiit  à  l'administration  que  vers  it)6o.  Saint-Simon  y  va  de  son 
dem. -siècle  un  peu  rondement.  Je  dirais  plutôt  trente-huit  ans  avec  le 
roi  et,  avant  cela,  une  vingtaine   d'années  avec  Retz  et  Ma/.arin. 

M.  de  Callières,  frère  du  gouverneur  du  Canada,  venait  de  mettre 
une  plume  à  son  chapeau  par  la  conclusion  du  traité  de  Ryswick 
(1697)  et  en  outre  c'était  un  lettré  reconnu,  membre  de  l'Académie. 
Le  roi  lui  donna  la  plume  de  Ro.se,  ce  qui  lui  valait  le  logement  au 
château  de  Versailles,  et  des  appointements  de  di.x  mille  francs  par  an- 
née somme  équivalant  à  dix  mille  pia.stres  de  notre  monnaie  vu  que, 
il  y  a  deux  siècles,  l'or  et  l'argent  valaient  cinq  fois  ])lus  qu'aujour- 
d'hui. 

11  est  évident  que  celui-là  aussi  savait  contrefaire  l'écriture  du 
grand  roi,  car  c'était  l'une  des  deu.x  conditions  principales  du  poste. 
L'autre  exigeait  lui  talent  de  rédaction  qui  ne  faisait  ])as  défaut  à  Cal- 
lières. 

Rose  mourut  en  1701,  satisfait,  j'aime  à  croire,  du  succes.seur  qu'- 
on lui  a\ait  donné. 

Benj.vmin  SiLTi-: 

Feu  M.  Alexandre  Jodoin 


lùi  iS.Sy,  M.M.  .\lexandre  Ji. (loin,  avocat,  et  J.-L.  \'incent,  i)er- 
cei)ttur  du  revenu  de  llntérieur.  publiaient  une  //Ls/o/ic-  tù  Loiiii/icitil 
et  di-  ùi  liiiiiilli  de  l.oiii^uiHil. 

Tous  nos  journaux  firent  alors  beaucouji  d'éloges  de  ce  livre. 
.\L  JiKloin,  (pii  avait  écrit  /'Jlisloiir  d,-  Lo,ii:,nciiil  et  dr  la  /diiii//,-  de 
I.onoutuil,  est  décédé  à  I.oiigneuil  en  janvier  lyi.s. 


)'>u.  y.ir'l. 


\-.r./  ,!;n 


— 7S— 

le  juge  Pierre  Raimbult  et  sa  familh 


Pierre  Raimhault  qui  fut  tour  à  tour,  ou  concurreirnient,  inarcliaiid, 
notaire,  conseiller  du  roi,  iirocureur  du  roi,  subd^léf^uc  de  l'intendant, 
lieutenant  civil  et  criminel  et  seigneur  est  une  figure  importante  de 
l'histoire  de  la  métropole  canadienne  et  il  attirera  l'attention  lor-qu'on 
étudiera  plus  en  détail  les  fonctionnaires  et-  les  mag.istrals  du  régime 
français. 

En  attendant  et  parce  que  ce  personnage  est  ]>eut-être  canadien, 
jeto_ns  ici  iiêle-mêle.  les  notes  que  nous  avons  sur  lui  et  les  siens. 

Nous  avons  dit  qu'il  était  i'i-:rT-KTKi-:  canadien,  voyons  d'ahoril  ce 
poiiit  :  Claude  Raimbaut,  maître  menuisier,  se  marie  à  Montréal,  eu 
1670,  avec  Madeleine  Thérèse  .Salle,  fille  d'un  peintre  du  roi  de  l'aris 
(Basset,    14  décembre  1670), 

Les  deux  conjoints  jiossèdent  de  l'instruction  et  ils  signent  remar- 
quablement bien. 

De  leur  union,  nais.sent,  à  Montréal.  Pierre  en  1671.  Jean  en  167;,, 
Cunégonde  en  1675.  Claude  en  1676  et   Marie-Geneviève  en  16S0. 

Aux  enfants  ci-dessus,  .Mgr  Tanguav  (vol.  I,  507)  ajoute  un  Pier- 
re qui  serait  né  vers  1693  et  qui  est  inhumé  à  \'illemarie  en  1695.  'isé 
d'environ  deux  ans,  mais  c'est  une  supposition  sans  fondement,  i"  par- 
ce que  les  noms  des  parents  de  l'enfant  ne  sont  pas  mentioiuiés  dan.s 
l'acte  ;  2'=',  parce  que  les  prétendus  parents  de  cet  enfant  n'étaient 
lilus  à  Montréal  depuis  longtemps,  à  la  date  de  rinhumatioii.  Claude 
Raind)ault  avait  vendu  le  15  juin  1677  1  lîasset  )  à  Simon  .Mars,  mar- 
chantl  de  Québec,  représenté  à  .Montréal  par  son  ne\eu  Jacques  de  Fa_\-, 
marchand  de  la  Rochelle,  qui  séjournait  alors  chez  le  venileur,  deu.x 
emplacements  sis  rue  Saint-Paul,  '^ur  l'un  de.-^quels  étaient  une  maison 
et  autres  bâtiments.  I, 'acheteur  ne  tlevait  prendre  ]>ûs-.es^ion  (pi'en 
167S  et  il  paxait  partie  en  argent,  partie  en  marcli.intli>e^.  l'.n  soite 
que  Claude  a  pu  être  forcé   de  reslL-r     en  notre  ville  pour     réaliser  tun-^ 

l'.n  tous  cas,  il  étal.  :i     Montréal     en    f(.S.,     et  il  dut     retourner  en 


'iiiin'i  li'!!;/''  -\'ù  oi 


■7!)- 


Quatorze  ou  quinze  ans  plus  tard,  c'est-à-dire  en  1695  ou  1696  ar- 
rivent à  Montréal  un  Pierre  Raini:)aiiU  et  sa  femme,  Jeanne-Françoise 
Siniblin,  mariés  à  Paris  en  1691,  puisqu'un  document  (  i)  nous  ap]-)rend 
que  leur  contrat  de  mariage  fut  dresse  le  S  juillet  1691,  dans  la  cajutale 
français-,  jiar  maîtres  de  Clertin  et  de  Savignj-. 

Lors  de  le;ir  \enue  en  ce  pay^,  ces  époux  étaient  accompagnés 
d'un  fils,  Jo-eph-Charles-Ruhert  né  \ers  1693  et  il  n'est  ]uis  inipos^ilile 
que  le  Pierre  Rainl)ault  inhumé  en  1695  soit  aussi  leur  enfant. 

Toutefois,  la  ])remière  mention  certaine  de  la  ])réscnce  de  Pierre 
Rain  1  ault  tt  sa  femnie  à  Montréal, se  trouve  dans  les  registres  de  l'état 
civil.  A  la  date  du  24  août  1696,  ils  font  bapti.ser  Paul-Françt)is  et 
dans  cet  acte  le  père  .se  déclare    marcliand-ébéniste  ! 

Un  an  jilus  tard,  ce  marchand  est  devenu  notaire  et  il  en  reçoit  la 
commission  tjfTicielle  eu  i''->99.  I. a  voie  lui  est  maintenant  ouverte  et 
il  en  ])rofilera  si  hieii  qu'il  sera  juge  et  seigneur  à  son  décès,  .surxenu 
en  1740. 

Son  épouse,  demoiselle  Siniljlin,  meurt.en  1705  et  il  convole  en 
1707  avec  Loui.se  Xafreclioux,    fille  d'un  riche  marchand. 

Dans  son  acte  de  décès,  on  lui  donne  69  ans,  ce  qui  le  ferait  naître 
en  1671,  exactement  comme  le  fils  aine  de  Claude  Raimbaut. 

C'est  sur  la  concordance  des  âges,  à  n'en  \ias  douter,  que  Tangua\- 
a  déduit  que  le  juge  Rainihault  était  fils  de  Claude.  Xutre  auteur  a  pu 
être  aussi  influencé  par  le  rapi)roclienient  assez  remarquable  cpii  existe 
entre  le  métier  de  Claude  et  la  i)reniière  occupation  de  Pierre  ;  de  maî- 
tre menuisier  à  marchand  ébéniste,  la  distance  n'est  ]>as  grande. 

Malgré  cela,  M.  Léandre  Lamontagne,  qui  a  amassé  des  trésors  de 
notes  sur  l'origine  des  familles  canadiennes,  doute  fort  de  la  parenté  de 
Claude  et  de  Picrn-.  .St-ulement.  les  ]ireu\es  iiour  et  contre  ces  deux 
opinions  font  défaut.  La  question  ne  sera  réglée  cpie  le  jour  où  l'on 
])ourra  se  procurer  une  copie  du  contrat   de  mariage  fait  à  P.u'is. 

Donc,  la  i)o-.iii(in  pri-e  sur  ce  point  par  Mgr  'l'anguav  jieut  se  tlé- 
fentlre.  mais  il  n'en  esi  p.i>  de  même  de  son  ii.iragrajilie  siu'  la  famille 
Siinblin  au  Canada. 


—80— 

Jeanne-Françoise  Siniblin  (i),  femme  de  Pierre  Rainibaiilt/lccédée 
en  1705,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  dit,  et  elle  ?st  inh;imée  le  23  dé- 
cembre. 

Son  fils, Paul-François  Raimbault,  né  îl  Montréal  en  :6y6, épouse  à 
Saint-Ours,  en  171.S,  Marie-Catherine  Dnberger  d  Aubusson.  Ce 
Paul-François  ajoute  le  nom  de  sa  mère  au  sien,  suivant  une  coutume 
du  régime  français  et  il  s'aiiijelle  dans  les  actes,  tantôt  Raimbault,  tan- 
tôt Raimbault  de  .Simblin,  tantôt  Siniblin  (ou  Saint-Blin)  tout  court, 
parfois  même,  il  se  donne  encore  d'autres  noms, comme  on  le  verra  i)lus 
loin.  Cette  multiplicité  de  noms  est  cause  ipie  Mgr  Tangua.\-  a  fait  de 
ce  fils,  le  père  de  sa  mère  ! 

En  effet,  à  la  page  549,  vol.  i,  du  Dictionnaire,  on  Ht  : 
"Simblin,  Paul-François,  enseigne  d'une  compagnie. 
"DAUurssoN.  Marie- Catherine. 

"Maric-Cal/uiiiic,  b,...S.  24  août  1719,  dans  l'église  de  \'erchères. 
"JcaiiHC-Fraiiçoisi',  b.  .  1673  ;  m.  à  Pierre  Raimbault  ;  .S.  25  décembre 
"1705,  à  Montréal." 

On  le  voit,  toute  cette  notice  est  i\  retrancher,  car  le  Simblin  en 
question  n'est  autre  que  PauI-I''rançois  Raimbault  de  Siniblin  cpii  fait 
bapti.ser  Marie-Catherine  à  Saint-C)urs,  le  27  décembre  1718,  laquelle 
est  inhumée,  ensuite,  le  24  août  1719.  Quant  à  Jeanne-P'raiiçoise,  il 
est  patent  que  c'est  la  mère  du  susdit  Paul-François  ! 

Au  .surplus,  au  volume  V,  p.  500,  l'auteur  a  rétabli  les  faits  quant 
à  l'enfant  de  Paul-François,  mais  il  n'avertit  jias  le  lecteur  que  la  no- 
tice Simblin  est  erronée. 

Il  n'est  pas  hors  de  proixis  de  remarquer  à  ce  sujet  qu'  1  \  aurait 
tout  un  travail  d'épuration  à  faire  dans  l'icnvre  immense  de  Mgr 
Tanguav  et  l'on  jieut  avouer  cela  sans  diminuer  aucunement  le  mérite 
de  cet  admirable  com])ilateur  (jni,  malgré  ses  erreurs,  est  d'une  .si  gran- 
de utilité  au.K  chercheurs. 

*■■■* 
Revenons  à  Pierre  Raimbault  ]>our  signaler  un  détail  (pii  lui  fait 
honneur  :  à  savoir  que  l'iinentaire  de  sc-s  biens  lors  du  décès  de  sa 
première  femme  (  jt  nous  révèle  qu'il  povsé.lait  la  plus  forte  collection 
de  li\resdi.ut  il  s.)it  fait  inentidU  dans  ks  actes  du  i7nk-  et  du  début 
du  iSme  siècle  (pie  nous  a\(ius  parcourus    jus(jn'à     présent.      .Sa  bil)lio- 


—81  — 

thèqne  comprenait  35  om-rages  formant  47  volumes,  divisés  comme 
suit  :  15  ouvrai^es  relij^ieux,  un  ouvrage  d'horticulture,  7  ouvrages  de 
droit  et  12  ouvrages  classiques,  la  plupart  en  latin. 

Parmi  les  ouvrages  de  droit,  il  y  a  le  St\le  des  notaires,  la  Juris- 
prudence du  Digeste,  2  vol.,  la  Conférance  (?)  des  ordonnances,  2  vol., 
la  Petite  coutume  de  Paris,  le  Praticien  de  Lauge  (?),  le  nouveau  pra- 
ticien de  Perrière  et  Corinis  Juris  Civilis.  l,es  ouvrages  classiques 
sont  les  suivants  :  l'IUiade  d'Homîre,  2  vol.,  un  Lexicon  grec,  une 
grammaire  grecque,  la  grammaire  de  Jean  Doespautère,  les  œuvres 
d'Horace,  de  Cicéron,  de  Suétone.  d'Ovide,  de  Qnintus  Cartius,  de 
Sénéqiie  le  tragique  et  de  Jn vénal  "cum  annotationibus". 

PvVideninient,  Raimbault  était  un  lettré. 

I.'érudion  de  notre  juge  ne  nuirait  pas,  toutefois,  à  .son  sens  prati- 
que, car  il  sut  obtenir  diverses  fonctions  rémunératrices  et  acquérir 
plu.sieurs  inuneubles  à  Montréal  et  même  deux  seigneuries  au  sud-est  de 
la  Nouvelle- France.  Ces  dernières  sont  mentionnées  dans  les  Titres  et 
documents  de  la  tenure  seigneuriale.  D'après  Ctt  ouvrage,  il  semble 
être  devenu  jirojiriétaire  de  la  seigneurie  de  Lussaudière  concédée  en 
premier  lieu  à  M.  de  Lussaudière,  puis  à  M.  de  la  Motte-Lucière. 
Plus  tard,  le  6  octobre  1736, ses  services  ou  son  influence  lui  valaient  la 
concession  d'une  seigneurie  de  4  lieues  par  5  lier.es  sur  la  rive  du  lac 
Chaniplain.  Cette  concession  api)elée  la  Moinaudière  était  traversée 
par  la  petite  riviire,  la  Moelle. 

Le  fils  de  Pierre,  Paul- François  .semble  avoir  été  anobli  car  un  acte 
d'Hodiesiie  (23  .sejîtembre  1757),  il  s'intitule  majestueusement:  "Raim- 
bault, seigneur  de  Saint  Blin,    de  la  Moelle  et  autres  lieux." 

Dans  l'acte  d'Iiodiesne.  il  cède  à  son  fils,  prénommé,  comme  lui. 
Paul-François  et  alors  commandant  du  fort  de  la  Rivière-au-l>œuF,  ]5rcs 
du  fort  de  la  Prescpi'île.  an  sud  du  lac  lîrié,  la  seigneurie  de  la  Minau- 
dière  ou  de  la  Moelle,  sur  le  lac  Cliamplain. 

L'autre  fils  de  Pierre  Raiml)ault.  né  en  1693,  Joseph-Charles  Ro- 
bert, succéda  à  son  i)ère  comme  notaire  en  1727  et,  devenait,  en  même 
temps,  greffier  du  tribunal,  ])endant  que  le  jjcre  jiassait  de  la  charge  de 
l)rocureur  du  roi  à  celle  de  lieutenant  ci\il  et  criminel. 

Dans  sa  demande  d'installation  le  jeune  Raimbault  est  désigné 
-Charles    Raimbault  de     Piémont.      Il  signe  Raim- 

ourte,  car  il  décède  à  l'âge  de  44  ans  en   1737. 

!•;.  z.  .^LAssIcoTTI■; 


comme  si 

it  ; 

J' 

se]) 

bault  fils 

Sa  c; 

rriè 

re 

fut 

82  — 

(1) 


Ouvrages  publies  par  feu  M.  Alfred  Pelland 


Le  A'ouiraii  OhlIh'c.  Région  du  Tiiiiis<aiiiiiigiu\  Rissoiarcs  ag> i- 
iolcs,/on'siu-)-cs,  iiiiiiicics  et  sportii-ts.  Tvp  Diissaiilt  &  Proulx.  Oué- 
hec — 1906. 

l'as/es  Cliaiiips  offerts  à  la  co/oiiisatioii  et  à  l' i}idiistn'e.  Région  de 
lionaventure  {J^ivrinee  de  Ouebee).  Québec — 1907.  (Sans  nom  d'.iu- 
teur). 

La  piovinee  de  Québec  ;  /es  aivntages  qu'elle  offre  à  l' éii/ig;raiit j'raii- 
(ais-et  belge.  lîsquisse  des  rieliesses  agricoles,  industrielles,  ele.  Oucbec 
—  igoS.  " 

La  colonisation  dans  la  province  de  Québec.  Esquisse  des  régions  éi 
coloniser.     Québ'-c — 190S.      (Sans  nom  d'auteur). 

l'as/es  champs  off'eits  à  la  colonisation  et  éi  l' iiidiisti ie.La  Mattarinie, 
ses  ?-essources,  ses prog'^iès  et  son  avenir.     Québec-  1908. 

La  colonisation  dans  la  province  de  Québec.  Esquisse  des  /égions  à 
coloniser.     Québec —  1 9 1  o. 

Vastes  cliamps  offerts  éi  la  colonisation  et  éi  l' industrie.  Le  Téinisca- 
viinguc  (^Nouveau-Québec),  ses  ressou/ces,  ses progiès  et  son  avenir.  Qué- 
bec     1 9 1  o. 

Vastes  cliamps  ojjerls  à  la  colonisation  et  à  l'industrie.  Le  Téniis- 
couata,  ses  ressources,  ses  progrès  et  son  (K-(:7//r.0uébec^-iy  10. 

Vastes  champs  offerts  <>  la  colonisation  et  ii  l' industrie.  L,e  Lac  .S7- 
/ean,   ses    ressources,  ses  progrès  et  son  avenn-.      Québec — 191 1. 

Vastes  champs  offe/ts  à  la  colonisation  et  à  l' industrie.  La  région 
.Matane-.Uatapédia,  ses  lessources.  .ses  piogrès  et  son  avenir.  Québec— 
1912. 

/  'astes  champs  offerts  <>  la  colonisation  et  ii  l'industiie.  La  (ia.ffésie. 
J-:squisse  h/stoiique.  .^.cs  ressources,  ses  progrès  et    M>n     avenir.      Qnéliec— 

P. -G.  R. 


-îi'\   .i^:  IVJI  VA\  'i'jïU'}^- 


Brevet  du  Roi  en  faveur  du   sieur  Poulin 
de  Francheville 


Brevet  qui  permet  au  sienr  Poiilin  de  Francheville  d'ouvrir,  fouiller   et  exploi= 
ter  pendant  vingt  ans  des  mines  de  fer  en  Canada 


Aujourd'hui  vingt-cinq  mars  mil  sejit  cent  trente,  le  Roy  estant  à 
Versailles  le  S.  François  Poulin  de  Fnnicheville,  négotiant  de  Mont- 
réal, dans  la  Nouvelle-France,  pro])riétaire  de  la  seigneurie  de  Saint- 
Maurice,  au  d.  i)ays,  a  fait  représenter  à  Sa  Majesté  qu'il  se  trouve 
dans  le  d.  pays  en  la  d.  seigneurie  de  Saint-Maurice  et  aux  environs 
des  mines  de  fer  qui  j^araissent  abondantes  et  dont  l'exploitation  jiro- 
curerait  des  avantages  considérables  à  la  d.  colonie  où  il  se  consomme 
une  grande  quantité  de  fer  tant  pour  la  construction  des'  bâtiments  de 
mei  que  pour  d'autres  ouvrages  et  qu'il  désirerait  faire  ouvrir,  fouiller 
et  apjirofondir  les  d.  mines  à  ses  frais  et  despens  s'il  plaisait  à  Sa  Ma- 
jesté luy  en  accorder  le  [irivilège  et  à  ses  successeurs  ou  axans  cause  à 
l'exclusion  de  tous  autres  pendant  vingt  années  consécutives  dans  l'é- 
tendue des  terrains  qui  sont  de]>uis  et  conqjris  la  seigneurie  de  Yama- 
chiche  jusques  et  compris  la  seigneurie  du  Cap  de  la  Magdelaine  en 
luy  permettant  de  faire  construire  les  forges,  fournaises  et  autres  ou- 
vrages qu'il  coiu'iendra  offrant  de  rembourser  les  ^propriétaires  en  ter- 
res cultivées  et  mises  en  \-aleur  sur  les(pielles  il  fouillera  et  ce  à  dire 
d'experts  convenus  à  l'amiable  ou  nommés  d'office  et  sans  qu'il  soitte- 
iiu  à  aucun  dédommagement  nv  remboursement  pour  l'ouverture  et 
exploitation  des  terres  non  cultivées  comme  aussy  qu'il  lu>-  soit  per- 
mis de  faire  les  mises  et  retenues  nécessaires  à  la  dite  entreprise  dans 
les  endroits  les  ])lus  commodes  aux  olïies  (ju'il  fait  de  faire  mu-rir  les 
d.  mines  dans  l'espace  de  deux  années  jinjcliaines  I<"t  .Sa  Majesté  estant 
pleinement  informé  de  la  connaissance  et  exiiérience  du    il.  sieur     l'ou- 

lin  de  l'raneheville "      Suivent  les  conditions     cpie  le  mi  impose  an 

sieur  Poiilin  de  I'r:inclieville.      (  Insluiialiou';  du  Coiii,il  Siipnicn,     de  l.i 
.\\uii,llc-l'iaii(,\  cahier  no  6.) 


I.   '.-■... .,1' 


)'  1  ;     ti  'I  'ljr\  ! 


,  )../i-.lio  r-'-       -.       (:>.,,  .:,:,m. 


-M- 


Les  mariages  raixtes,  à  Montréal, 

dans  les  temples  protestants,  au  18e  siècle 


Comme  il  pourrait  être  intéressant,  à  divers  points  de  vue,  de  sa- 
voir si  beaucoup  de  personnes  de  langue  française  s'épousèrent  hors  de 
l'église  cathclique,  en  ce  pays,  au  X\'lIIe  siècle,  nous  avons  essavé 
d'en  faire  le  relevé  pour  ce  qui  concerne  le  district  de   Montréal. 

Notre  tableau  ne  conunence  qu'en  1766,  car  ce  ne  fut  qu'à  cette 
date  que  les  pasteurs  protestants  reçurent  l'autorisation  de  tenir  regis- 
tre à  Montréal,  en  sorte  qu'on  ignore  tout  des  mariages  qui  ont  i)u  être 
faits  devant  les  ministres  de  l'église  réformée  pendant  les  cin(-i  années 
qui  sui»ent  immédiatement  la  conquête. 

Les  registres  dans  lesquels  nous  jiuisons  nos  renseignements  sont 
ceux  de  la  Christ  Church,  secte  anglicane,  (1766— 1800)  et  St-Gabriel 
Street  Church,  secte  presbytérienne,  (^1796-1800). 

Nombre 

total 

des 

mariages 

4 


Aimées 

1766 

1767 

1768 

.769 

r 

r 


Mariages  dans 
le.squels  l'un  des 

conjoints  porte 
un  nom  français 


Mariages  dans 
lesquels  les  deux 
conjoints  portent 
des  noms  français 


T.  il 


■■-.    d-j 


-85- 


ySi 


'3  « 

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15  4 

9  « 

5  I 

6  3 
II  I 

t  I 

9  o 

II  o 

ô  o 

9  o 


35  ans  913  285  2!S 

Tl  est  impossible  de  dire,  exactement,  quelle  proportion  de  hugue- 
nots et  de  catholiques  il  y  a  dans  les  mariages  oîi  figurent  des  noms 
français,  mais  il  s'y  trouve  sûrement  des  personnes  des  deux  croyances. 
Au  suri)lus,  on  ne  doit  pas  oublier  que  ju.squ'en  190S.  un  mariage 
entre  catholique  et  iirotestant  jjouvait  être  validement  célébré  i»r  un 
ministre. 

Parmi  les  mariages  avec  noms    français    nous    relevons    linéiques 
noms  bien  connus,  tels  ; 

1766 — Pierre-Paul  Soubeiran.  et  Catherine- Félicité  Chaumont. 

1766  — Daniel  McKelly  et  Catherine  Hul)ert-Lacroix. 

1767 — Josei)h  Ilertel  et  Marie  I.eComte-Dui^ré. 

1770  -  Jean  Dunuudiu  et  Charlotte  du  Chouqnet. 

1770 — William  C.rant  et  dame  Marie-Anne  Descliambault. 

1770— Moses  Ila/.en  et  Charlotte  de  la   .Saussée. 

1771— Pierre  du  Cahel  et  .M.i;ie  Louise  Jus><nie. 


1783 

42 

1784 

9^ 

1785 

SI 

1786 

36 

1787 

40 

1788 

3  S 

1789 

32 

1790 

40 

1791 

16 

1792 

16 

1793 

26 

•794 

28 

«795 

10 

1796 

19 

'797 

40 

1798 

28 

Ï799 

42 

1800 

35 

—80— 

1776— James  McGill  f  fondateur  de  l'nnivensité)     et    Charlotte  Ouille- 

min,  veuve   Desrivières. 
1776— François  Dumoulin  et  Mariiuerite  Bahv-Che'.ineville. 
177g — Joseph  Frohisher  et  Charlotte  Jobert. 
17S3 — John  de  Horse,  Baron,  et  Catherine  Dufresne. 
1786 — Thomas  Coffin  et  Marguerite  Godefroy  de   Toniiancourt 
1790— Rév.  Léger  J.  B.  Vessière  (ex-religieux)     et     veuve  Chrisliaiia 

Gotson. 
1790 — Lieutenant  Rali)h-Hcnr\-  Bruvère  (?)  et  Jesse  Dunhar. 
1794  -  Lieutenant  John  Lennox  tt  Marguerite  de  la  Corne  de  Saint-Luc. 
1S06— Paul-Aniable  Dccarv  et  Mar\   Weldnn. 

E.-Z.  MASSICOTTK 

QUi:STÏi)XS 

Où  trotiverais-je  des  renseignements  sur  William  Gregory.  le  pre- 
mier juge-en-chef  du  Canada  ?  A. 

—  Pour  quelles  raisons  lesabl.és  Roh.-rt  et  Sa'nt-C.ermain  furent-ils 
arrêtés  par  les  Américains  en  1776  ? 

A.   B. 

—  Comment  se  faisait  la  levée  des  miliciens  "durant  la  guerre  de 
sept  ans.  au  Canada  ?  B. 

— Les  habitants,  sous  l'administration  française,  étaient-ils  satis- 
faits du  régime  des  seigneurs  ?  Quelles  étaient  leur  influence  et  leur 
popularité  ? 

G.  O.  B. 

—  La  question  de  l'ortograiihe  du  nom  de  Dollard  De.s(.irmeaux 
est-elle  réglée  et  sait-on  iiourquoi  quelques  historiens  écri\-ent  Daulac  '' 

MONTREAL 
-^Peut-on  se  procurer  une  liste  totale  ou  jiartielle  des     Anglais  tiui 
quittèrent  Québec,  après  la  iiroclamation  de  Carleton,   en  1775  ? 

A. 
— Où  trouver  tles  ren>-eignements  sur  le  P.  Iluguet,    jésinte.     le  P. 
CariKiitier,  récollet,  accusés  de  favoriser  les    Américains     d\uant     leur 
invasion  fin  Canatla  I 

AXCII'.X 
— Combien  de  Canadiens  furent  détenus  connue  prisonnieis  à  l'ile- 
aux-Xuix  s(nis  Haldimand  ? 

SORICL 

prisonniers  à  P)0>twii  ^  '  XXX 

--Si,)U>  le  régime  fr.inçais,  qui  f.ii-ait  les   n<iiiniiatiiiiis     aux  cures  ^ 

PTRH. 


>i'r^ 


:r.'    oU.  1.- 


Biographies  canadiennes 

MATHIEU  GAII-LARD— Il  vint  ici  eu  qualité  de  connuissairu 
du  Roi'  et  de  sulxlclégué  de  l'intendant.  Il  arriva  à  Québec  le  9  octo- 
bre 16S6,  dans  le  même  vaisseau  qui  amenait    l'uitendant     Chami.isnx . 

Le  marquis  de  Denonville  écrivait  au  ministre  le  10  novembre 
16S6  : 

••j'esix;re  beaucoup  de  la  bimne  réputation  de  M.  Gaillard,  ^  com- 
missaue,  que  Monseigneur  nous  a  envoyé.  J'aurais  fort  souhaité  qu  il 
fut  arrivé  plus  tôt  pour  pouvoir  aller  faire  un  tour  à  Cataracou>-  voir 
la  disposition  de  toutes  choses,  mais  n'étant  arrivé  à  Québec  que  le  y 
octobre  il  ne  peut  pas  arriver  assez  à  temps  pour  pouvoir  monter  jus- 
ques  à  Cataracom-  à  cau.se  des  grands  vents  ordinaires  eu  celte  saison 
qm  sont  suivis  par  les  glaces,  outre  qu'on  a  besoin  de  lui  ici  pour  quel- 
que tenii)S."  (!)  .       , 

Le  16  novembre  16S6,  l'intendant  Champigny    écrivait    a  .son  tour 

au  ministre  :  ,        ,  .      ,  ,  t  f  ^,-t 

"M.  Gaillard,  commissaire,  me  parait  tort  honnête  homme  et  tort 
appliqué  au  service  du  Roi.  Mon.Meur  le  marquis  de  Denonville  et 
moi  lui  avons  donné  toutes  les  instructions  néce.-^.saires  pour  les  affaires 
de  Sa  Majesté,  du  côté  de  Montréal.  J'espère  qu'il  en  aura  très  g 
soin."    (2j 

M.  Gaillard  fit  partie  de  l'expédition  organisée  en  ifvs;  par  le 
marquis  de  Denonville  pour  aller  écraser  les  Iroquois  dans  leur  pays 
Le  -,i  juillet  ibS;.  il  signe  l'acte  de  prise  de  possession  de  Niagara 
M.  de  Denonville  qui  avait  lui-même  dicté  cette  pièce  lui  donne  les  ti 
très  de  "coinmi>'>aire  pour  le  roi  attaché  à  l'armée  et  subdélégue  di 
M.  de  Chamingny,  uiteiidaiU  du  Canada."   i  ;,  J 

Pendant  cette  cxpé.litiou  M.  Gaillard  eut  une  distraction  <iu'  lu 
conta  un  joli  prix.  lu.  partant  de  l'ile  au  Chat,  au-dessus  du  Long 
Sault,  pour  revenir  à  Montréal,  il  >  "ul.lia  sa  cassette  qui  cont.nai 
'tous  .ses  papiers.      Il  ne  s'aperçut  de-  .son     oubli     ([u' ■.me  fois     reii  lu 


ami 


ùlAli-     >iih:-::ngO![! 


— 8S— 

Montréal.     II  lui  en  coûta  cent  écus  poiii   l'envoNer  chercher,    (i) 

Dans  les  instructions  envoyées  au  gouverneur  de  Frontenac  pour 
son  entreprise  projetée  contre  Xew-York. mémoire  daté  du  7  juin  16.S9, 
Sa  Majesté,  lui  ordonnait  d'amener  avec  lui  le  commissaire  Gaillard. 
Celui-ci  devait  dresser  un  inventaire  exact  des  bestiau.K,  des  grains, 
des  marchandises,  des  effets,  etc.,  qui  .seraient  tro.ivés  d^ns  chacun  des 
établi.ssements  dont  on  s'emi)arerait  en  territoire  ennemi.(2) 

Le  12  novembre  1690,  le  gouverneur  de  Frontenac  écrivant  au  mi- 
nistre de  Seignelay,  faisait  de  nouveau  l'éloge  de  M.  Gaillard  : 

,,  Je  ne  saurais  m'empêcher,  Monseigneur,  de  vous  témoigner  le 
déplaisir  que  j'ai  que  vtu?  ave/,  rappelé  1^  sieur  Gaiilarl,  couunissaire. 
C'est  une  perte  que  nous  faisons  qu'il  y  aura  de  la  p.-ine  à  réparer 
parce  qu'il  sera  difficile  de  trouver  un  homme  qui  ait  autant  de  zèle 
pour  le  service  du  Roi,  et  d'exactituAe  pour  les  fonctions  de  sa  charge. 

(3) 

Le  10  mai  1691,  l'intendant  Champigiiy  rendait  le  témoignage  sui- 
vant du  zèle  et  du  bon  tra\ail  de    M.  Gaillard  ; 

.,  M.  Gaillard  a  continué  de  faire  son  emploi  durant  l'hiver  en  ce 
pays  avec  la  même  attache  et  le  même  zèle  qu'il  a  toujours  eu.  Il  re- 
liasse pré.sentement  en  France,  ne  l'ayant  pu  faire  l'automne  deriuer. 
Il  se  charge  de  mes  lettres  {X)ur  vous  les  rendre,  étant  dans  le  des.sein 
de  .se  rendre  alqjrès  de  vous  aussitôt  qu'il  sera  débarqué.  ..  (4) 

Deu.K  jours  plus  tard,  le  12  mai  1691,  M.  de  Chi.npig  i.\-  revenait  à 
la  charge  et  informait  le  ministre  que  M.  Gaillard  avait  une  connais- 
sance parfaite  du  pays.  \'ous  pouvez  avoir  en  lui  entière  confiance,  di- 
sait-il, car  il  est  intègre  et  homme  d'honneur. 

Dans  un  iiost-scriptum  à  sa  lettre  au  ministre  du  2u  octobre  1691, 
le  gouverneur  Frontenac  n'était  pas  moins  flatteur  i)onr  .M.  Gaillard    ; 

,,  J'avais  écrit.  .Monseigneur,  à  .M.  le  marquisde  ScigneLi\-,  par  le 
sieur  Giaillard  ([ui  servait  ici  de  commissaire,  et  je  lui  mandais  (pie  c'é- 
tait un  homme  (lui  aurait  fait  ici  sa  charge  aNec  beaucotiji  de  /èle  et 
('.'exactitude,  et  que  s'il  vcjulait  le  que.■^tionner  sur  l'état  et  les  alf.iires 
de  ce  i>ays,  iiersoiiiie  lie  pouvait  lui  en  rendre  meilleur  compte.  Je 
crois  devoir  vous  répéter  la  luème  chosj,  parce  ([u'il  en  a  une     p.ufaite 


-89— 

connaissance,  qu'il  est  foi  t  intelligent  et  capable  de    tous    les    emplois 
qu'on  lui  voudra  donner.  (  i  ) 

M.  Gaillard  ne  revint  pas  dans  la  Nouvelle-France. 

Nous  ignorons  qn'elle  fut  sa  carrière  à  son  retour  là-bas. 

P.-G.  R. 

PIERRE  REV-GAILLARn— I-e  21  septembre  1692,  l'intendant 
Chanipigny  écrivait  au  ministre  : 

M.  Begon  nous  a  envoyé  le  .sieur  Gaillard  pour  servir  de  com- 
missaire d'artillerie,  sans  me  mander  sur  quel  pied  il  avait  règle 
ses  appointements.  Le  rapport  avantageux  que  l'on  m'en  a  fait,  m'a 
donné  lieu  de  le  paj-er  sur  le  iiied  de  douze  cents  francs  de  France  jiar 
an,  ayant  vu  un  ordre  de  M.  Bigon  de  lui  faire  payer  300  livres  pour 
trois  mois  d'avance,  mais  il  me  parait  souhaiter  ([uelque  chose  de  plus. 
Je;  vous  prie,  Mgr,  de  régler  ses  appointements  et  d'en  faire  le  fonds 
dans  l'état  du  Roi.  Il  sera  très  nécessaire  en  ce  pays  pour  exercer  nos 
offijiers  dans  ce  service.    (  2  ) 

Le  4  novembre  1693,  MM.  de  Frontenac  et  Champigny  écrivaient 
au  ministre  : 

En  l'année  1692,  M.  Bégon,  intendant,  fit  pa.sser  ici  le  sieur 
Ga'llard  pour  faire  les  fonctions  de  commissaire  d'artillerie  dans  ce 
pays  et  lui  fit  donner  300  livres  pour  trois  mois  d'avance  des  api)ointe- 
ments  qu'il  devait  avoir  ;  M.  de  Champigny  les  lui  a  continué  ju.squ'à 
la  fin  de  l'année  et  celle-ci  on  a  suivi  l'ordre  du  Roi  et  l'on  ne  le  paye 
que  sur  le  jiied  de  900  livres.  Il  demanderait  que  vous  voulussiez  le 
remettre,  Mgr,  sur  le  pied  de  1200  livres,  attendu  qu'il  prétend  qu'on 
les  lui  avait  promis  et  qu'il  n'aurait  pas  de  quoi  subsister  .  "  (3) 

Le  19  octobre  1697,  MM.  de  Fnmtenac  et  Champigny  écrivait  au 
niini.stre: 

"  L'ordre  que  le  Roi  donne  au  sieur  de  Frontenac  de  détacher 
un  soldat  par  ccaniiagnie  pour  apprendre  l'exercice  du  canon  .sous  le 
commandement  de  sieur  Re\- Gaillard  sera  exécuté.  Nous  croyons 
que  si  Sa  Majesté  voulait  lui  accorder,  comme  nous  l'en  supplions,  une 
comii'ission  de  commissaire  ou  de  capitaine  d'artillerie,  cela  lui  donne- 
ra:! un  titre  pour  ce  commandeuient  et  l'engagerait  (lavaiita;.;e  non  seu- 
lement à  prendre  soin  de  bien  former  ce  détachement  mai--  tncore  à  re- 


-.1  Uu] 


-■•'Uv 


— <)0— 

doubler    hii-iiiênie    ses    applicaticjiis    ixmr  le    bien     de    son       service. 
Nous  joignons  ici  son  placet.  "(  i  ) 

Le  15  octobre  169.S,  MM.  de  Frontenac  et  Chanipign.v  écrivaient 
au  ministre  : 

"  Le  sieur  Rey-Gaillard  remercie  très  humblement  S.  ^L  de  la 
commission  de  commis.saire  d'artillerie  qu'elle  a  eu  la  bonté  de  lui  ac- 
corder. Il  nous  parait  attaché  au  service,  s'a])pliquant  à  instruire  au 
maniement  du  canon  le  détachement  de  .soldats  que  le  sieur  de  Fronte- 
nac lui  a  donné,  duquel  on  tirera  de  bons  services  dans  les  occa- 
sions." (2) 

Sur  les  dernières  années  de  sa  vie,  M.  Re>  -Gaillard  \  int  connue 
en  enfance.  C'est  le  sieur  des  Méloi/.es,  lieutenant  dans  les  troupes, 
qui  exerçait  ses  fonctions  i)endant  sa  maladie.  Il  était  d'ailleurs  l'é- 
lève de  M.  Rey-Gaillard. 

M.  Rey-Gaillard  mourut  à  yuébec  le  S  juillet  1726.  De  son  ma- 
riage avec  Françoise  Cailteau,  veuve  Denis  Richard,  il  avait  eu  .sept 
enfants. 

Par  les  actes  de  fo_v  et  hommage  (3)  on  voit  qu'en  1733  Jean-Hap- 
tiste  Pierre  Rey-Gaillard,  fils  de  l'ancien  commissaire  d'artillerie,  étant 
absent  de  la  colonie  depuis  plus  de  trente  ans,  sa  soeur,  Marie- FVan- 
çoise- Achille,  entrait  eu  possession  de  l'hérédité  du  dit  Pierre  Rey- 
Gaillard  pour  les  trois  fiefs  de  Miramichi,  Gobin  de-Xipissiquit  et  d'I- 
berville-de-Ristigouche. 

P.-G.  R. 

GUILLAUME  GAILLARD.  Il  était  originaire  de  Villeneu- 
ve, évêché  de  Xaintes.      On  le  voit  à  Québec  dès    avant  i6yo. 

Le  20  janvier  1710,  Guillaume  Gaillard,  praticien,  est  nonuné 
temporairement  membre  du  Conseil  Souverain  pour  remplacer  un  con- 
seiller absent. 

Le  5  mai  de  la  même  aimée,  C.uillaume  Gaillard,  ]t(>T  comnu'ssion 
du  Roi,  est  nommé  conseiller  au  Conseil  Souverain  à  la  place  de  I-"ran- 
çois  Hazeur,  décédé. 

Deux  années  i)lus  tard,  le  20  mars  1712,  M  Gaillard  devenait  l'ac- 
quéreur de  l'île  et  comté  île     Saint-Laurent     nie  d'Orléans)     ]iour     la 


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somme  de  24,000  francs,  argent  mona\é  de  France.  L'île  d'Orléans, 
propriété  de  François  3erthelot,  conseiller  au  Parlement  de  Paris,  de- 
puis avril  1675.  avait  été  veiKhic  le  25  février  1702,  à  Charlotte-p-ran- 
çoise  Juchereau,  épouse  de  Trançois  de  La  Forest  Mais  M.  Berthe- 
lot  avait  été  ohlij;é  de  la  reprendre,  après  bien  des  ]>rocès.  Il  ne  voulut 
pas  la  conserver  parce  que  les  frais  d'administration  en  absor- 
baient tous  les  revevenus. 

M.  Gaillard  s'amassa  une  jolie  fortune  dans  le  commerce. 

C'est  M.  Gaillard  qui,  le  28  octobre  171S,  servit  de  ])rcte-nom  à 
l'intendant  Bégon  pour  acheter  de  Françoi.se  Duqnet,  veuve  d'Olivier 
.\Iorel  de  la  Durantaye,  le  fief  Grandpré,  dans  l'ancienne  seigneurie  de 
Notre  Dame  des  Dames.  Cette  iiropricté,  par  une  confusion  qui  n'a 
guère  été  exjiliquée.est  passée  dans  la  légende  sous  le  nom  de  Château 
Bigot. 

M.  Guillaume  Gaillard  décéda  à  Québec  le  13  novembre  1729.  Il 
fut'le  père  de  treize  enfants.  Le  chanoine  Joseph- AntoineGaillard, dé- 
cédé à  Lanoraie  le  2  avril  1771,  était  l'un  de  ses  fils.  M.  l'abbé  Lan- 
gevin,  dans  .ses  .VoUs  s//r  le  r/iapitie  de  Québec  (p.  289)  dit  que  le  cha- 
noine Gaillard  était  le  fils  de  Pierre  Rey-Gaillard  et  de  Françoise  Cail- 
leteau.  M.  l'abbé  Bois  {L'île  d' Orléans,  p.32)le  dit  fils  de  Jean-Baptiste 
Gaillard  Saint- Laurent.  Tous  deux  .se  trompent.  Le  chanoine  Gail- 
lard était  bien  le  fîls  de  Guillaume  Gaillard  et  de  Marie  Xepveu.  l'n 
autre  des  fils  de  Guillaume  Gaillard,  Jean-Baptiste  Gaillard  fut  nom- 
mé le  27  mars  1736  membre  du  Con.seil  Supérieur  de  la  Nouvelle- Fran- 
ce.     Il  décéda  à  Oucbec  le  7  février  1742. 

P. -G.  R. 

FRUDERIC-GUILLALME  OLIVA— Mgr  Tanguay  dit  que  Fré- 
déric-Guillaume Oliva  était  marchand  et  était  né  dans  l'ancien  électo- 
rat  de  Hesse — Ca.ssel    [Allemagne]   en  1749. 

Nous  croyons  que  .M.  Oliva  n'avait  jamais  été  marchand.  Il  dût 
venir  au  Canada  en  1776  en  ([ualité  de  chirurgien  dans  un  des  régi-- 
ments  mercenaires  allemands  (pii  étaient  sous  le  commandement  du  ba- 
ron de  Riedesel.  A  la  paix,  plusieurs  des  officiers  et  soldats  de  ces  ré- 
giments s'établirent  au  Canada. 

Oliva  ])rati(|Ua  d'abord  connue  médecin  à  Saint-Thomas [Montma- 
gny]])uis  vint  s'établir  à  Québec. 

Le  docteur  Frédéric-Guillaume  Oliva  décéda  à  Québec  le  31  juil- 
let i7<^6,  et  fut  inhumé  le  lendemain  dans    la  chai)elle    Sainte-Anne  de 


la  cathcdralfc.      Son  acte  de  sépulture  le  dit  âgé  d'environ  47  ans 

Une  note  manuscrite  retrouvée  dans  les  iwpiers  de  sa  famille  dit 
qu'il  avait  épousé,  le  30  janvier  1782,  Catherine  Couillaid  des  I.slets, 
veuve  de  Pierre   Dambourgès. 

Cette  note  donne  aussi  les  prénoms  de  ses  enfants  avec  date  de 
na'siance  de  chacun. 

10.  Eniilie-Jacob[Emeline-Jac<)bine]née  le  24  septembre  r7S4. 
Mariée  à  Louis  Chaperon,  huguenot,  originaire  de  Berne,  Suisse. 

20  Frédéric-Godlip  né  le  10  janvier  17S6. Marié  le  16  février  iSiy 
à  Angéline-Olympe  Perreault,  fille  de  Jo.seph-François  Ferreault  et  de 
Uusule  Catherine  McCarthy.  M.  Oliva  décéda  l'année  suivante  et  sa 
veuve  se  remaria    au    docteur    François  P^ortier. 

-  30.  James  [Jacques]  né  le  15  août  17S7.  Marié  à  Montréal,  le  20 
janvier  1818,  à  Marguerite-Charlotte  DesRivières.  Fut  le  i)ère  de 
l'abbé  Frédéric-Auguste  Oliva, décédé  curé  de  Saint- François  de  la  Ri- 
vière-du-Sud  le  4    janvier  1898. 

40,  Thomas  né  le  2:    décembre  17SS. 

50.  Catherine  née  le  21   avril  1790. 

60.   Luce  née  le   10  janvier  1793. 

70.  Julie  née  le  2_  mai   1795. 

80.   Marie-Louise  née  le  3  janvier  1797. 

Dans  ses  AA' 1/10/ /r s.  M.  Aut)ert  de  Gasjjé  fait  de  grands  éloges  de 
la  .science  médicale  du  docteur  Oliva. 

"  La  picote,  dit  M.  de  Gaspé,  faisait  autrefois  des  ravages  affreux 
dans  le  Canada  :  on  soignait  à  la  ]3lus  grande  chaleur  et  avec  force 
boisson,  ceux  qui  étaient  atteint  de  cette  cruelle  maladie.  Le  docteur 
Oliva  est  le  premier  qui  ait  introduit  une  méthode  o]iposée.  La 
vaccine  n'était  pas  alors  découverte  ;  et  il  avait  soin  d'inoculer,  autant 
que  possible  la  petite  vérole,  l'automne  ou  le  printemp.s,  prescri\ant  aux 
]iatients  de  sortir  tous  les  jours.  Je  fus  inoculé  par  lui  à  l'âge  de  cinq 
ans,  pendant  le  mois  d'octobre,  et  je  faisais  journellement  plus  d'une 
lieue  en  voiture.  C'est  le  même  médecin  qui  disait,  quand  la  picote 
fai.sait  des  ravages  dans  les  campagnes:  Quel  bonlitur  )  our  ks  malheu- 
reux attaqués  de  cette  mabidie,  s'ils  tombaient  malades  dans  les  forêts, 
près  d'un  ruisseau,  sous  un  abri  de  sa])in  :  (|uatre-\ingt-dix  sur  cent 
recouvreraient  probablement  la  santé.  Le  docteur  OIi\a  mourut  \ers 
l'année  1797  (31  juillet  I7>.)'>),  d'une  attaipie  d'apoplexie  foudrovanle. 
Lorsque  ce  malheur  arri\a,  je  jouais  dans  la  rue  avec    le     même  enfant 


■;    lijijv  .-  -->ii 


—93- 

qu'il  avait  sauvi  d'une  mariière  si  surprenante.  Ce  fut  une  perte  irré- 
parable pour  la  ville  de  Québec,  où  les  bons  niédecius  étaient  bien  rares 
à  cette  époque,  pour  ne  jias  dire  davantage,  (i) 

Dans  ces  mêmes  Miiiiohes,  M.  de  Gaspé  raconte  avec  sa  verve  en- 
diablée couimeut  le  docteur  OIi\a  le  sauva  d'une  attaque  de  l_\  i>hus 
dans  son  e.vtrêiue  jeunesse.  Le  fr.vter  qui  soignait  le  jeune  de  (jas- 
pé avait  fait  fermer  toutes  les  fenêtres  delà  chambre  du  malade  et  allu- 
mer un  feu  bien  nourri.  On  était  en  novembre.  Le  docteur  Oliva,  en 
arrivant,  fit  ouvrir  toutes  les  feriètres  de  la    niai.son. 

"Le  docteur  Oliva  me  sauva  la  vie,  dit  M.  de  Gaspé.  Le  bruit  se 
réjiaiidit  bien  vite  dans  la  paroisse  (Saint-Jean-Port-Joli),  (jue  le  méde- 
cin de  Québec  m'avait  as.sa.ssiné  ;  qu'où  lieu  de  me  réchautifer,  comme 
avait  fait  .son  confrère,  il  me  soignait  à  la  glace.  Et  ce  ne  fut  qu'ajirès 
ma  convalescence  ((u'ils  avouèrent  que  j'étais  encore  vivant  ;  tout  eu 
faisant,  néanmoins  cette  sage  réflexion  en  branlant  la  tête  :  Le  doc- 
teur a  ])ourtant  fait  tout  ce  qu'il  a  ])u  pour  le  tuer  :  il  fallait  que  le  pe- 
tit mariugouin  eût  l'âme  chevillée  dans  le  corps,  et  sept  vies  l'une  au 
bout  de  l'autre.  " 

Le  docteur  Oliva  a\ait  prescrit  en  cette  occasion  mais  d'une  façon 
moins  énergique  le  traitement  qu'il  avait  fait  subir  à  .son  propre  fils. 

C'est  encore  \L  de  Gasjié  qui  parle  ; 

"Mon  père,  dit-il,  pendant  une  des  fréquentes  visites  qu'il  faisait  au 
Dr  Oliva,  lorsqu'il  demeurait  au  bourg  de  Saint-Thomas,  a\ant  d'aller 
résider  à  Québec,  trouva  toute  la  famille  dans  une  grande  affliction. 
Frederick,  l'ainé  des  fils  du  docteur,  était  à  la  dernière  extrémité. 

" — Mon  enfant  n'existera  plus  demain,  dit  le  célèbre  médecin  à  .son 
ami. 

"  — \'ous  n'avez  donc,  lui  dit  mon  père, aucune  ressource  dans  votre 
art,  pour  sauver  la  vie  à  un  enfant  si  fort,  si  bien  constitué  ? 

'■ — Oui  reprit  le  médecin,  il  m'en  reste  une,  bien  petite  à  la  vérité, 
mais  ma  femme  ne  consentira  jamais  que  je  mette  son  enfant  à  une 
épreu\e  si  cruelle.  Si  l'enfant  meurt  sou.s  l'efiet  du  traitement,  on  dira 
que  je  l'ai  tué.  et  tout  le  monde  m'accu.sera  d'avoir  été  le  bourreau  tic 
mou  fils. 

" — Ave/-vi)us  annoncé  à  la  mère  l'étal  désespéré  de  votre  fiis,  ré- 
]>liqua  mon  père. 

it  M.  ()li\a,  (jne  l'enfant  sera   nu)rt  demain    au  ma- 

prit  mon  père,  e>t  une  fenune    (l'un    e^p^it  et 
l\lk-  connait  vutre  luibileté,   elle  cun.sL-ntira 


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-94— 

à  tout.   Avec  rasseiitiineiit  de  la  mère,  vous  devez   mépriser  les  cancans 
des  commères  du  village. 

" — Ils  enlrèrent  ensuite  dans  la  chambre  du  lualadc,  dans  laciuelle 
était  la  mère,  et  quelques-unes  de  .ses  amies,  ainsi  que  des  voi-ins  du 
bourg  de  Saint-Tliomas.  Le  Docteur  examina  l'entant,  et  secoua  la 
tête  avec  triste.sse. 

"C'en  est  donc  fait,  dit  la  pauvre  mère.  Tu  es  donc  à  bout  de 
re.ssources,  toi  auquel  j'ai  vu  faire  des  cures    si  nu r veilleuses  ? 

"-Il  m'en  reste  une.  ma  chère  femme,  fit  1  Docteur,  mais  tu  ne 
consentiras  jamais  à  ce  traitement. 

" — Lequel,  parle  vite  ? 

"---Faire  entrer  une  cuve  d'eau  à  la  j^lace  et  ])louger  l'enfant  de- 
dans (c'était  pen-iant  l'hiver). 

"Ce  fut  un  cri  d'horreur  ]>arnii  les  étrangères.  Madame  Oliva  se 
leva  a\-ec  calme  et  leur  dit  :  vSuivez-moi  dans  une  autre  chambre.  La 
vie  de  ce  cher  enfai\test  au.ssi  ])récieuse  à  mou  mari  qu'à  moi-même. 

"Moa  père  resta  près  du  mala  le  avec  son  ami.  L'enfant  fut  )-)lon- 
gé  dans  une  cuve  d'eau  sortant  de  la  rivière,  et  déposé  ajirès  ce  bain 
glacial  dans  un  lit,  entouré  de  flanelles  bien  chaudes  ;  et  à  l'exiiiration 
d'une  demie-heure  environ,  il  s'en  suivit  une  transpiration  abondante 
qui  lui  sauva  la  vie." 

P.-G.  R. 

L'ABBE  JEAX-EDOI'ARD  DARVEAU  -Jean-Edouard  Darveau 
originaire  de  Québec,  avait  été  ordonné  prêtre  le  1 1  février  1S41.  11 
se  dirigea  presque  aussitôt  vers  les  missions  de  la  Rivière- Rouge. 

Mgr  Tanguay,  dans  sou  Rcpo ioiu-  du  Clcrgc  Caiiadioi,  dit  que 
l'abbé  Darveau  se  noya  dans  la  Rivière- Rouge  le  4  juin   1S44. 

De  son  côté,  le  célèbre  Père  Petitot,  dans  \\w  de  ses  ouvrages  sur 
l'Ouest  canadien,  écrit  que  l'abbé  Darveau  ne  se  no>a  pas  mais  fut  tué 
l)ar  :on  guide  sauvage. 

Oui  a  raison  ? 

Le  R.  P.  Morice,  0.  M.  I.,  au  prenu'er  volume  de  son  Uialoirc  de 
V église  Ciithollquc  dans  r oiiLxf  canadicu .  ]i])..263  et  .seq.,  a  ]'.rou\é,  hors 
de  tout  doute,  l'a.ssassinat  de  l'abbé  Darveau  i>ar  un  sau\nge  maské- 
uon,  le  4  juin  iS.j4. 

Dans  l.is  Chu/iis  de  Sni)il-/ioui/,ui\\\\r:\'\sr)\\  du  15  se]  timbre  u^n4, 
on  publie  le  texte  d'une  entrevue  eiUre\'ue  de  Sa  Orandeur  .Mgr  Lan- 
gevin.  archevêciue  de  Saiut-Iioniface.  avec  Na])akisit.  chef  sauteux  île 
la  réserve  de  la  Rivière-aux-E])iuettes,  à  Cami)er\ilie. 

Ce  chef  affirma  à  Mgr  I.angevin  que  l'assassin  de  l'ablié  Darveau 
était  le  sauvage  mu-kégon  W'itchina  et  qu'il  le  tua  d'\ui  ei>np  de  fusil. 
L'assassin  a\"oua  son  crime  à  sou  lit  de  mort. 

On  a  ]>lanté  vnie  cniix  le  :o  juin  1914.  à  l'endroit  où  le  corps  du 
missionnaire  D;u\l.ui  fut  euse\e!i. 


M  -.rjt  .  ;i 


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T  •;>' 


.•n];?-  ^f.  /:;;}  (;■ 


—95- 

LES  OUVRAGES  CANADIENS  RECENTS 


R.  P.  Odoric-Marie  Jouve,  Lts/raiicisraiiis  cl  /c  Canada.  \"oUniie 
liremier.  L'établissement  de  la  foi,  1615-1619.  Québec,  couveiU  de.s 
Stigmates — 19 15. 

Cet  ouvrage  est  dédié  à  Son  luninence  le  cardinal  Bégin.  Dans  sa 
lettre  à  l'auteur,  en  date  du  3  décembre  1914,  Son  Eminenee  résume 
admirablement  le  livre  du  \' .  Odoric-Marie  Jouve: 

"Les  Pèles  Récollets,  dit-il,  furent  nos  premiers  missionnaires  ;  et 
cet  oii>rage,  qui  est  connue  un  monument  élevé  en  leur  honneur,  est  k- 
récit  de  leurs  travaux  apostoliques  au  Canada,  de  1615  à  1629. 

"Vous.nous  montre/.,  tout  d'abord,  que  l'illu-stre  Chamiilain,  après 
l'établi.s.sement  de  la  colonie  à  Québec,  n'e.st  i)as  content  de  son  œuvre 
tant  qu'il  ne  lui  a  pas  assuré  un  des  éléments  les  plus  nécessaires  à  son 
développement  :  l'intime  coo]>ératioii  de  l'Egli.se,  dont  \k\\  d'hommes 
ont  compris  aussi  bien  que  lui  l'influence  .salutaiie.  Nous  voyons  alors, 
dans  vos  pages,  l'action  de  la  Providence  qui  dirige  le  choix  de  Cham- 
plain  sur  des  enfants  de  saint  François,  les  Récollets.  Ces  digne.-5  fils 
du  Patriarche  d' Assi.se  tout  animés  qu'ils  sont  du  plus  beau  zèle  apos 
tolique,  ne  veulent  ceiiendant  recevoir  que  de  Rome,  source  de  tout 
pouvoir  religieux,  la  mission  sainte  de  \enir  établir  la  foi  dans  ce  pays 
nouveau.  Et  l'on  peut  donc  se  réjxuir  de  voir  notre  Eglise  Canadien- 
ne, dès  .ses  origines,  s'attacher  coumie  ob.stinément  au  Pontificat  ro- 
main. Ce  fait  si  important  et  si  consolant,  et  tout  à  la  gloire  de  vos  Pè- 
res, vous  l'établis.sez  dans  votre  histoire  par  des  documents  que  l'on 
ignorait  jusqu'ici. 

"Puis,  vous  e.squi.sse/.,  comme  en  une  série  de  tableaux,  l'arrivée, 
les  premières  impressions,  les  travaux  inunenses  de  nos  ]>remiers  mi.'-- 
sionnaires.  Nous  y  suivons  jusque  dans  la  région  des  Grands  Lacs 
ces  Rév-odets,  véritables  pionniers  de  la  foi  et  de  la  civilisation,  de  1615 
à  1629.  Leurs  noms,  à  tous,  brillent  dans  i.os  annales:  car  tous  .se 
montrèrent  di   nés  de  la  mission  qui  leur  avait  été  confiée. 

"Votre  livre  m'est  i)articulièrement  agréable  en  ce  qu'il  rappelle  les 
commencements  de  notre  belle  ICglise  de  Québec.  Dans  vos  images, 
nous  vo\-ons  ar.iver  ici  les  iiremiers  jjrctres  qui  aient  a]-)i)crté  à  notre 
peujile  encore  au  beiceau  les  consolations  de  la  religion,  l'n  sanctuai- 
re s'élève  bientôt  au  i)ied  <iu  Cap  Diamant.  Le  Dieu  de  l'Iùichari.stie  \ 
établit  sa  demeure  ;  de  l.'i,  sous  m-tre  ciel  canadien,  les  eau.x  salutaires 
des  .sacrements  se  rép:nulcnt.  la  lumière  <k  la  foi  >■  resplenilit,  la  voix 
de  la  vérité  s'\  fait  entendre  :  c'est  l'Eglise  de  Québec,  mère  de  toutes 
le>  Ivglises  de  rAméri<|Ue  du  N'ord.  (pii  prend  iiaivsance.  se  fditifie,  se 
déveliippe  et  cominer.cc  son  icuviv  de  civilisation  et  de  >aiut. 

"Ivn  nou-^  rappelant  ces  débuts  >i  i)éiul>les,  ce.s   travaux     si  dur>  de 


iï'i  •  ,..W:jJ '/:'■/'] 0  B 


—w>— 

la  première  heure,  vous  acconi]ilissez  iin  acte  de  justice  envers  les  fon- 
dateurs de  notre  Eglise  canadienne.  Personne  n'a  le  droit,  chez  nous, 
d'ignorer  ou  d'oublier  les  luttes  et  les  souffrances  au  prix  des(|Uelles  la 
foi  a  pris  racine  dans  notre  pa3S." 

L'ouvrage  du  Père  Odoric-Marie  Jouve  coiniirendra  plusieurs  vo- 
lumes. 

R.  P.  Pierre  Oranger,  I\aiso)ii  d'cspâcr.  Le  Rosaire,  Saint-H\a- 
cinthe,  P.  Q.  — 1915- 

C'e.st  une  conférence  donnée  à  Ottawa  le  10  décembre  i9'4.  'I" 
profit  des  écoles  bilingues  d'Ontario. 

Le  R.  P.  Granger  a  divisé  son  travail  :  I  la  barbarie  allemande  et 
ontarier.ne,  et  la  civilisation  :  II  la  barbarie  allemande  et  ontarienne, 
et  l'opinion  du  monde  civilisé  :  III  la  barbarie  allemande  et  ontarien- 
ne, et  les  qualités  de  l'dnie  française. 

Herbert-George  Tndd,  .U  iinny  and!.' lira ff  es  oj  Canada  :  amiprisiiii^ 
tlic  lincagc  ot  pi'otiiiiii'iit  aiid  pioncc)  Canadians  7>'H/i  descriptions  and  il- 
lustralious  of  t/ieir  eoat  ai  nior,  ordeis  of  Knighlhocid  or  oiher  o'iirial  insi- 
gnia.     Herbert-George  Todd,  editor,  39  East  42nd  .street,  New- York  — 

1915- 

L'auteur  donne  dans  cet  ouvrage  les  armes  et  des  renseignements  gé- 
néalogiques sur  les  familles  sui\antes  de  la  ]irovincede  Québec:  Baker, 
Brymner,  Buchanan,  Henderson,  de  Montréal,  et  Hamihon  de  Ham- 
wood,  .Montizambert  et  Xeilson  de  XeiLsonville,  de  Québec. 

A  la  fin  de  son  ouvrage,  .\L  Todd  donne  les  armes  de  Antoine  de 
Lamothe-Cadillac,  fondateur  de  Détroit,  du  comte  de  Frontenac,  de 
Jean-Ba])tiste  Le  Moine  de  Hienville,  du  nianjuis  de  Montcahn,  du  mar- 
quis Du  Quesne,  de  Robert  Cavelier  de  La  Salle,  du  nianpiis  de  Vau- 
dreuil,  du  duc  de  \'entadonr  et  du  général  Wolfc.     . 

L'abbé  D.  Gosselin,  /hil/etin paroissial  de  Charlesboiirg  pour  l  an- 
née IQI4.  Dixième  année.  Imprimerie  de  V Evénement,  30,  rue  de  la 
Fabrique,  Quél>ec — 1914. 

On  trouvera  dans  cet  intéressant  fascicule  une  juste  a])préciatii>n 
<le  la  1  »,/,■  .J/c/"'<  /''■"^''"  ■'""'''.  publiée  en  France,  enigiu,  par  un 
membre  de  sa  famille,  le  vicomte  de  FoiUbriand. 

Trei\ienie  rapport  di  la  Commission  de  (,éo\:,iopliie  dit  Canada  ion- 
tenant  tonltslts  déeisions  jHSijn'au  jr  mars   /•///.      Ottawa-uji  5. 


,n 


BULLKTIN 


RECHEEMES  HiSTUFjpES 


VOL  XXI  BEAUCEVILLE=AVRIL  1915  No.  iV 


La  Verenderie  avant  ses  voyages 
au  Nord=Ouest 


Depuis  que  j'ai  public  (Ri-'nc  Canadiotnc,  l'Sjj)  de  copieuses  no- 
tes concernant  le  découvreur  du  Xord -Ouest,  il  m'a  été  possible  de  re- 
cueillir de  nouveaux  renseignements  sur  sa  jeunesse,  aussi  bien  que  sur 
cette  partie  de  sa  carrière  qui  va  de  son  retour  de  France  en  171 1  jus- 
qu'à sou  départ  pour  le  lac  Xipigon,  en  1727,  une  période  restée  obs- 
cure et  qui  ne  manque  pas  d'intérêt,  comme  on  va  le  voir. 

La  date  du  8  mars  1655  que  Tanguay  donne  pour  le  baptême  de 
Marie  Boucher  s'aj^j-lique  à  Pierre  Pépin  dit  Laforce,  dont  la  mère 
était  Marie  Boucher.  Pierre  Boucher,  frère  de  cette  dernière,  fut  le 
jiarrain  de  l'enfuit.      L'erreur  .se  démontre  par  la  confusion    des  noms. 

Il  n'y  a  pas  d'acte  de  baptême  pour  Marie  Boucher. 

Au  recensemei't  de  1666,  chez  les  Ursulines  de  Québec,  on  voit 
Marie-Ursule  Boucher,  âgée  de  11  ans,  pensionnaire.  Au  recen.sement 
de  la  même  année,  ville  des  Trois-Rivières,  il  y  a  : 

Pierre  Boucher,  escuier,  de  Grobois,  44  ans,  gouverneur.  Dlle 
Jeanne  Crevier,  sa  femme,  30  ans.  Enfants  :  Pierre,  13  ans,  Marie  11, 
Lambert  10,  Ignace  7,  Madelaine  5,  Marguerite  3,  Phili])pe  3  mois. 

Les  actes  de  baptême  de  Pierre,  Marie,  Madeleine  manquent.  Les 
âges  de  Lambert,  Ignace,  Marguerite,  Philippe  donnés  par  ce  recense- 
ment s'accordent  avec  les  actes  de  baptême.  Il  s'en  suit  que  j'adopte 
Pierre  comme  étant  né  en  1653  et  Marie  en  1655. 

Au  recensement  de  168 1  cette  dernière  est  portée  à  30  ans  ;  elle 
avait  tout  au  ])lus  26  ans.  Son  père  s'était  marié  le  9  juillet  1652,  et 
l'aîné  des  enfants,  Pierre,  était  de  1653,  d'après  ce  qui  jirécède. 

N'ovons  l'acte  de  mariage  de  cette  fille  : 


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-•-08- 

"  L'an  de  grâce  mil  six  cents  soixante-sept,  le  vingt-sixième  jour 
de  septembre,  après  la  publication  des  trois  bans,  ne  s'étant  tiouvé  au- 
cun empêchement,  moi,  Jean  Frémont,  prêtre,  faisant  les  fonctions  cu- 
riales  en  la  paroisse  des  Trois- Rivières,  ayant  interrogé  dans  l'église 
René  Goltier  et  Marie  Boucher,  tous  deux  de  cette  paroisse,  et  ayant 
reçu  leur  mutuel  consentement,  les  ai  mariés  avec  les  cérémonies  re- 
quises, en  présence  de  M.  Boucher  gouverneur  de  ce  lieu  et  de  M.  de 
Normanville,  et  leur  ai  aussi  donné  la  bénédiction  en  la  messe,  selon  le 
rite  et  la  forme  de  notre  mère  la  Sainte  Eglise". 

L'acte  ne  dit  pas  quels  sont  les  parents  des  mariés.  Marie  devait 
être  âgée  de  douze  ans  tout  au  plus.  L'époux  avait  ti ente-deux  ans, 
d'après  le  recensement  de  i6Si  qui  lui  donne  45  ans  et  l'acte  de  sépul- 
ture de  1689  qui  met  environ  55  ans. 

Le  premier  enfant,  Louis,  né  de  ce  mariage,  fut  baptisé  aux  Trois- 
Rivières,  le  7  septembre  1673,  alors  que  la  mère  était  âgée  de  dix-huit 
ans.  Il  était  né  le  30  août.  Dans  l'intervalle,  il  faut  croire  que  l'on 
écrivit  à  Québec,  puisque  le  parrain  fut  Louis  de  Buade,  comte  de 
Frontenac,  "  gouverneur  et  lieutenant  général  des  armées  du  roi  en 
toute  la  Nouvelle-France  et  Amérique  Septentrionale  ",  représenté  par 
"M  Prévost,  major  de  Québec  "  envoyé  exprès.  La  marraine  fut 
"  Mlle  Boucher,  sa  grande-mère."     C'est  Jeanne  Crevier  ci-dessus. 

Du  mariage  de  René  Gautier  de  Varennes  avec  Marie  Boucher,  il 
faut  citer  quatre  garçons  qui  doivent  servir  à  faire  comprendre  l'origi- 
ne du  nom  de  la  Vérendrie  : — 

Louis  né  en  1673,  Trois- Rivières.  .  ,     , 

Jacques- René  né  en  1677,      "  '"  ■' 

Jean-Baptiste  né  en  1677,       " 

Pierre  né  en  1685.  "  .    ■ 

Voici    tout  de  suite  mes  conclusions  : 

Louis  s'appela  La  \'érendrie,  fut  militaire,  alla  mourir  en  Europe 
vers  1709.     Ne  s'est  pas  marié. 

Jacques-René,  devenu  l'aîné,  éi>ousa  en  17  12,  Jeainie  Lenioine  et 
continua  la  lignée  qui  existe  encore. 

Jean-Baptiste  devint  prêtre. 

Pierre  s'api)ela  d'abord  Boumois,  fut  militaire  en  Canada,  servit 
en  France,  prit  le  nom  de  La  \'érendrie  à  la  mort  de  Louis,  re\int  au 
Canada,  se  maria  en  17  12,  avec  Marie- Anne  Damlonneau,  découvrit  le 
Nord-Ouest,  mourut  en  1749  et  sa  famille  s'éteignit  a\ant  17S0. 


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—99— 

Examinons  les  faits  sur  lesquels  je  base  ce  raisonnement  : 

Un  certain  La  Vcrendrie,  de  France,  parent  de  René  Gaultier  de 
Varennes  transigeait  avec  lui  des  affaires  concernant  le  commerce  des 
pelleteries. 

Le  gouverneur  des  Trois-Rivières  n'était  pas  mieux  rénuméré  que 
les  autres  fonctionnaires  du  Canada  —  il  faisait  la  traite  clandestine 
pour  s'empêcher  de  mourir  de  faim.  Son  histoire  est  celle  de  tous  ses 
confrères  ou  collègues. 

Au  baptême  de  Louis  Massé,  le  25  mai  1676,  aux  Trois-Rivières, 
"  M.  de  la  Vérandrie  "  e.st  parrain  mais  non  présent —c'est  Jean 
Godefroy  de  Linctot  qui  le  représente.  Il  s'agit  probablement  de  La 
Vérendrie  qui  vivait  en  France. 

Voici  donc  quatre  enfants.     Il  nous  en  faut  d'autres  :- 

Comme  on  ne  sait  pas  ce  que  devint  Jean  né  en  168S,  on  peut  croi- 
re qu'il  décéda  au  berceau. 

Je  dirai,  pour  compléter  ces  notes,  que  : 

Anne- Marguerite  .se  fit  religieuse  Ursuline. 

Madeleine  épousa  Charles  Petit  Le  Villiers  en  1694. 

Marie- Renée  épousa  Christophe  Dufros  de  la  Gemeraye  en  1701. 

Marie-Marguerite  épousa  Louis  Hingue  de  Puijibault  en  1707. 

J'ai  tenu  à  préciser  ces  ren.seignements  pour  éclaircir  l'histoire  de 
cette  famille  que  le  recensement  de  16S1  embrouille  complètement  et 
pour  exi)iiquer  la  disparition  de  Jean  né  en  1688,  lequel  ne  paraît  pas 
avoir  vécu  plus  d'un  an. 

Rien  d'étonnant  dans  la  pauvreté  de  M.  de  \'arennes.  Toute  la 
noblesse  de  la  colonie  crevait  de  faim. 

Sa  .seigneurie  de  la  Gabelle  n'avait  pas  un  seul  habitant  et  ne  rap- 
portait rien. 

Celle  du  Tremblay  renfermait  en  1681  trente  âmes  divisées  entre 
quatre  familles  et  deux  colons  non  mariés.  De  plus  67  arpents  de  ter- 
re cultivée  et  trois  bêtes  à  cornes. 

La  seigneurie  de  Varennes  avait  quatorze  ménages,  dix  colons  non 
mariés,  en  tout  soixante-onze  âmes.  De  plus  2 iS  arpents  cultivés  et 
57  bêtes  à  cornes. 

Le  revenu  de  ces  deux  fiefs  pouvait  suffire  à  l'entretien  d'un  petit 
enfant,  car  les  trente  habitants  à  ])eine  établis  ne  devaient  guère  four- 
nir de  redevance  dépassant  une  piastre  chacun. 

Le  26  septembre  1667,  Pierre  Boucher  est   mentionné    pour  la  der- 


—100— 

nière  fois  comme  gouverneur  des  Trois-Rivicres.  Le  capitaine  Arnonlt 
de  Loubias,  du  régiment  de  Carignan,  est  cité  avec  le  titre  de  comman- 
dant le  8  avril  i66S,  puis  le  lo  juin,  on  voit  René  Gaultier  de  Varen- 
nes  gouverneur. 

En  lôji.M.  de  Varennes  demanda  la  permission  de  passer  en  Fran- 
ce. Talon  proposa  de  le  nommer  de  nouveau  gouverneur  des  Trois- 
Rivières,  ce  que  le  roi  accorda  le  6  juin  1673.  La  conunission  fut  re- 
nouvelée le  30  mars  1675  et  par  la  suite  puisque  les  fonctions  se  conti- 
nuèrent jusqu'à  la  mort  du  titulaire  eu  16S9. 

On  trouve  dans  les  archives  judiciaires  du  bailliage  de  Montréal, 
sous  l'année  1683,  une  procédure  au,ssi  singulière  que  plai.sante  et  dont 
voici  la  substar.ce.  MM.  Le  Ber  de  Saint-Paul,  Lemoine  de  Longueuil 
et  Lemoine  de  Maricourt,  revenant  de  Québec,  au  fort  de  l'hiver,  firent 
une  halte  aux  Trois-Rivières  pour  saluer  M.  de  A'^arennes,  qui  les  re- 
tint à  souper  et  à  coucher.  Ils  voyageaient  sur  des  traînes  chargées  de 
leurs  vivres  et  tirées  par  des  chiens  ;  au  besoin  ils  se  servaient  de  ra- 
quettes. Le  lendemain  de  l'arrivée  aux  Trois-Rivières,  leur  domesti- 
que, nommé  Jean,  partit  avant  eux  amenant  traînes,  vivres,  raquettes, 
couvertures,  mitaines,  chaussures  de  voyage,  etc,  et  pres.sa  tellement 
sa  marche  qu'il  ne  purent  le  rejoindre  qu'à  Montréal,  après  avoir  en- 
duré des  fatigues  excessives.  Il  y  avait  dans  le  bagage  des  lettres  du 
gouverneur  général  qu'il  fallut  renvoyer  à  M.  de  Varennes  par  des 
messagers  spéciaux.  Jean  donna  pour  réponse  au  bailli  qu'il  s'était  te 
nu  à  distance  parce  que  ces  messieurs  ne  l'aimaient  pas.  Du  reste  il  se 
disait  prêt  à  demander  pardon  pour  cette  petite  faute,  comme  il  disait. 
On  lui  fît  demander  pardon  en  effet,  il  paya  vingt  francs  de  dommage 
et  les  frais  de  cour. 

Nous  sommes  arrivés  à  l'époque  de  la  naissance  du  Découvreur. 
Je  vois  par  les  journaux,  les  brochures  et  les  livres  que  l'on  persiste  à 
faire  naître  ce  personnage  sur  le  Platon  des  Trois-Rivières,  dans  le 
château  qui  a  brûlé  en  190S  —  sans  tenir  compte  que  les  plans  de  16S5, 
1704,  1721  nous  montrent  le  Platon  nu  et  que  le  dit  château  ne  fut 
construit  qu'en  1723  alors  que  La  \'éreudrie  était  âgé  de  trente-huit 
ans. 

Cette  erreur  a  été  publiée  vers  iSdo  par  un  honune  que  j'ai  bien 
coiuiu.  Il  faisait  de  l'histoire  conune  tant  d'autres  :  par  supjtosition  et 
avec  des  vues  arrêtées. 

Lorsque  je  lui  demandai  où  il  avait  rencontré  cette  découverte,   il 


10 

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—101- 

lue  rit  au  nez. 

Je  lui  dis  nettement  que  jamais  homme  instruit  ne  doit  se  mo:iuer 
de  ceux  qui  lui  demandent  compte  d'une  assertion.  Il  i)eut  refuser  de 
réi)ondre,  voilà  tout. 

Ceci  le  piqua  au  vif.  Pour  me  faire  .sentir  .sa  supériorité,  il  procé- 
da par  un  interrogatoire  : 

—  Le  père  de  La  \'érendrye  n'était-il  pas  le  gouverneur  des  Trois- 
Rivières  ? 

—Oui. 

— Alors  l'enfant  est  né  dans  la  maison  des  gouverneurs,  sur  le  Pla- 
ton. 

—  Vous  trouvez  cela  concluant  ? 
Il  me  rit  au  nez    une  seconde  fois. 

A  mon  tour,  je  l'interrogeai,  en  prenant  le  tonde  pitié  qu'il  avait 
adopté  envers  moi  : 

—  Depuis  quand  les  gouverneurs  habitent-ils  sur  le  Platon  ? 
— Ah  !  dame,  je  ne  .sais  pas. 

—  Je  le  sais,  moi. 

Il  rougit  quelque  peu,  puis  demanda  :  ■     ,. 

—  Depuis  quand  donc  ? 

— Depuis  1723,  pas  avant  ! 

Il  rougit  tout  à  fait. 

— Eh  bien  !  dit-il,  on  .se  trompe  parfois.  Est-ce  vous,  e.st-ce  moi, 
qui 

— Vous  n'avez  rien  iiour  soutenir  votre  thèse,  tandis  que  j'ai  la 
preuve  du  contraire.     Tenez,  vo^ez  ceci  : 

Je  lui  montrai  le  plan  des  Trois- Rivières  dressé  par  l'ingénieur 
Villeneuve  durant  l'été  de  16S5,  terminé  et  signé  le  13  novembre  de 
cette  année.  On  y  voit,  à  l'extrémité  nord-est  de  la  rue  St-François 
Xavier,  dominant  le  fleuve,  une  grande  maison  marquée  :  "M.  de  \'a- 
reunes  gouverneur."  Sur  le  Platon,  il  y  a  un  petit  corps-de-garde  ou 
un  humble  magasin  de  traite. 

Quatre  jours  après  la  signature  de  ce  plan  avait  lieu  le  baptême  de 
La  Vérendrye. 

Lecteur,  vous  me  croirez  si  vous  voulez  :  cet  homme,  i)1un  tard,  a 
mis  son  article  en  volume  et  n'\  a  rien  changé  de  sorte  ((uc  son  erreur, 
qui  méiite  d'être  (lualifiée  i>lus  .-.évèrement  encore,  est  entrée  dans  la 
croyance  populaire,  et  du    diantre  si  nous  pourrons  l'en  extirper  ? 


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—102— 

11  avait  intérêt-—  vanité  de  famille —  à  ce  que  La  Vérendrj-e  ait 
vu  son  premier  jour  dans  le  château. 

Lorsque  je  vis  pour  la  ])remière  fois,  vers  1S57,  la  grande  maison 
en  bois  du  bout  de  la  rue  Saint-François-X  ivier,  elle  était  en  ruine  ;  et 
toute  la  ville  ignorait  ce  qu'elle  avait  ttS. 

Vers  ce  temps-là  M.  Pierre-Louis  Morin  copiait,  à  Paris,  le  plan 
de  1685  mentionné  ci-dessus.  Plus  tard  monsieur  Antoine  Polette,  ju- 
ge aux  Trois-Rivières,  en  obtint  un  double,  que  je  copiai  à  mon  tour 
de  sorte  que,  en  1857,  je  pouvais,  carte  en  main,  visiter  derechef  la 
vieille  masure  .•  il  n'y  restait  plus  que  le  haut  solage  en  pierre. 

Lisons  l'acte  de  baptême  du  Découvreur  :  , 

.  "  Le  dix-huitième  jour  de  novembre  de  l'an  mil  six  cent  quatre- 
vingt-cinq,  par  moi  F.  G.  de  Brullon,  curé  de  l'église  ])aroissiale  de 
Notre-Dame  des  Trois-Rivières,  a  été  baptisé  en  la  dite  église,  Pierre 
Gaultier,  fils  de  niessire  René  Gaultier,  escuier,  sieur  de  Varennes  et 
gouverneur  pour  Sa  Majesté  des  Trois-Rivières,  et  demoiselle  Marie 
Boucher  sa  femme.  L'enfant  est  né  du  dix-sept  du  dit  mois  et  an.  Son 
pariain  a  été  messire  Pierre  Boucher,  son  grand 'père,  en  la  place  du- 
quel Lambert  Boucher,  son  fils,  a  tenu  le  dit  enfant  ;  et  la  marraine  a 
été  Madeleine  Gaultier  dit  du  Tremblé,  sa  sœur,  lesquels  ont  signé  sui- 
vant l'ordonnance  (signatures)  Grand  Pré.  Madelaine  de  Varennes,  F". 
G.  de  Brullon."     Ce  dernier  est  le  curé  de  la  paroisse. 

Le  17  novembre  tombait  le  samedi.  Le  baptême  eut  lieu  le  di- 
manche. 

Un  mot  du  parrain,  qui  n'était  pas  le  premier  venu.  Il  se  nom- 
mait Pierre  Boucher,  seigneur  de  Grosbois,  de  Boucherville  et  autres 
lieux.     Son  histoire  est  partout  dans  les  livres. 

Un  jour,  Charles  Lenjoine  le  pria  d'être  parrain  de  son  fils  nais- 
sant —  ce  dernier  devint  Pierre  d'Iberville. 

Ensuite  il  fut  parrain  de  Pierre  Pei^in  dit  Laforce,  grand  \ovageur 
au  Mississipi  et  le  même,  si  je  ne  me  tromix',  qui  a  laissé  son  nom  au 
l.ic  Pejnn,  situé  entre  les  ri\'icres  Wisconsin  et  Chippewa,  où  l'on  trou- 
\e  aujourd'hui  la  ville  de  Pépin,  .\prcs  toutes  ces  courses,  notre  tri- 
fluvien  s'étal)lit  avec  sa  femme,  Louise  I.emire,  à  la  Pointe-aii-Sable, 
près  Nicolet,  et  y  fit  valoir  un  fief  que  le  gouvernement  lui  avait  accor- 
dé en  cet  endroit.  Son  fils  et  son  petit-fils  ont  aussi  leur  noms  dans 
l'histoire  du  pays. 

Pierre  Boucher  était  non    seulement     grand-père  de  La  Véren(lr\e 


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—  1  os- 
mais  de  plus  son  parrain,  et  il  le  nomma  Pierre,  comme  il  avait    fait  de 
Lfmoine  d'Iberville  et  de  Pépin. 

Je  me  représente  l'ancien  gouverneur  des  Trois-Rivières  vers  1700, 
alors  qu'il  demeurait  dans  sa  seigneurie  de  Bouclierville,  songeant  à 
cinq  ou  six  de  ses  enfants  qui  étaient  à  la  guerre  et  à  ses  filleuls,  les 
trois  Pierre,  dont  l'un  Pépin  plantait  des  postes  de  traite  dans  l'ouest, 
l'autre  d'Iberville  battait  les  Anglais  à  la  baie  d'Hudson  et  fondait  la 
Louisiane, puis  le  troisième  Gaultier  combattait  à  Terreneuve. attendant 
le  signal  pour  rejoindre  en  France  le  régiment  de  son  frère  aîné. 

Plus  tard,  en  17 15,  Boucher  toujours  vivant,  songeait  à  Laforce 
retiré  sur  son  domaine  vis-à-vis  des  Trois-Rivières  ;  à  d'Iberville  ense- 
veli dans  la  gloire  de  ses  triomphes  ;  à  La  Vérendrye  couvert  de  bles- 
sures et  cité  à  l'ordre  du  jour  de  l'armée. 

Il  ne  véciit  ])as  assez  longtemps  pour  voir  ce  dernier  entreprendre 
et  mener  à  bien  la  découverte  du  Nord-Ouest. 

Nous  avons  ici  quatre  Pierre  sur  lesquels  on  peut  bâtir  un  édifice 
national.  Le  parrain  et  les  filleuls  sont  dignes  les  uns  des  autres  et  re- 
présentent la  colonisation,  l'agriculture,  les  découvertes,  le  commerce, 
la  fondation  d'une  colonie,  la  gloire  militaire. 

Le  21  juin  16S9,  à  la  séiiulture  de  Jean-Baptiste  Pépin  dit  Laforce, 
âgé  de  deux  jours, sont  présents  "Louis  Gaultier  sieur  de  La  Vérende- 
rie,  Jean  Gaultier,  sieur  de  la  Véreiiderie,  et  Jean  Gaultier,  sieur  du 
Tremblé."  Les  signatures  suivent  :  'La  V'erenderie,  Jan  G.  de  \'a- 
rennes,  F.  G.  de  BruUon." 

Je  pense  qu'il  faut  comprendre  :  Louis    né  en  1673,    Jean-Bapti.ste  ' 
né  en  1677,    Jacques-René    né  en     1677    sieur  du    Tremblé.     Ceux-ci 
étaient  jumeaux. 

Le  20  septembre  16S6,  au  baptême  de  Marguerite  Lefel)vre  dit  La- 
ciserée,  le  parrain  et  la  marraine  sont  :  "Louis  Gaultier  et  Marie- Mar- 
guerite Gaultier,  tous  deux  enfants  de  messire  René  Gaultier,  e.scuier, 
sieur  de  Varennes,  gouverneur  des  Trois-Rivières.  La  marraine  a  dé- 
claré ne  savoir  écrire.  IClle  n'avait  pas  huit  ans.  Les  signatures  sui- 
vent :  "Louis  de  La  \'érenderie,  F.  G.  de  Brullon." 

Au  baptême  de  Louis  Lemaitre  le  6  janvier  i6,S6,  le  parrain  est 
"Louis  Gaultier  sieur  de  La  \'érenderie",  enseigne  d'une  compagnie 
des  trou  lies  ([ui  sont  en  Canada."  La  signature  est  "Laverenderie". 
C'est  encore  Louis,  alors  âgé  de  (piinze  ans  et  demi. 

Le  15  novembre  i6yo.  le  comte  de  l'ronteuac  nomme  le  sieur  Le  Gar- 


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—  104— 

(leur,  qui  était  enseigne  réformé,  à  la  place  du  sieur  de  Falaise  lieute- 
nant en  pied  ;  €t  "le  sieur  de  Varennes  de  la  \'érenderie"  (son  filleul) 
est  fait  enseigne  réformé  à  la  ])lace  de  I.e  Cardeur.  Un  officier  réfor- 
mé conservait  son  garde  mais  ne  servait  pas  avec  les  troupes. 

M.  de  Varennes  avait  de  nouveau  sollicité  la  permission  de  faire 
un  voyage  en  France  pour  y  vaquer  à  ses  affaires.  On  lui  refusa  tout 
d'abord  cette  liiierté,  puis,  le  24  mai  1689,  le  roi  signa  l'autorisation, 
mais  elle  arriva  après  la  mort  de  ce  fonctionnaire. 

"  Le  quatrième  jour  de  juin  de  l'an  mil  s'x  cent  quatre-vingt-neuf 
est  décédé  en  la  communion  de  Notre  Sainte  Mère  l'Kglise,  après  avoir 
reçu  les  saints  sacrements  de  pénitence,  euchaiistie  et  extrême-onction, 
René  Gaultier,  chevalier,  seigneur  de  Varennes  et  gouverneur  des 
Trois-Rivières,  âgé  de  cinquante-cinq  ans  ou  environ,  et  a  été  inhume, 
le  jour  suivant,  dans  l'église  de  cette  paroisse,  en  i)résencc  de  Jacques 
Labadie,  de  Lambert  Boucher,  Joseph  Godefroy  sieur  de  Vieuxpont  et 
autres  ])lusieurs  témoins  connus.  (Signatures)  Labadie,  Grand  Pré, 
F.  G.  de  Brullon." 

Claude-Charles  de  Grès,  chevalier,  seigneur  de  Merville,  capitaine 
d'une  com])agnie  des  troupes  entretenues  en  Canada,  était  en  garnison 
au-c  Trois-Rivières  durant  les  années  16-17-1689.  Le  23  juillet  16S9,  au 
baptême  d'un  petit  algonquin,  il  est  qualifié  de  "commandant  de  ce 
lieu." 

D'après  une  lettre  de  l'intendant  Chnmi)ign\-,  en  date  du  16  no- 
vembre 16S9,  le  chevalier  de  Merville  avait  été  nommé  au  poste  intéri- 
maire de  gouverneur  des  Trois-Rivières  ])ar  le  gouverneur  général  mar- 
quis de  Denonville,  mais  les  appointements  ne  devaient  être  ])a\és  que 
sur  l'ordre  du  roi 

Devenue  veuve,  la  première  dame  des  Troi'^-Rivières  se  trouvait 
sans  ressources  et  chargé  d'un  nombreuse  famille.  C'était  le  sort  de 
tous  les  fonctioiniaires  de  la  colonie.  Les  salaires  étaient  insignifiants  ; 
ceux  qui  les  recevaient  ne  cultivaient  i)as  1 1  terre;  survenant  L  décès, la 
misère  se  présentait  à  la  jiorte. 

Dans  un  mémoire  du  mois  de  jan\ier  i6i)o,  Tint'  ndant  Champigny 
s'adres.se  en  ces  termes  au  ministre  des  colonies  :  "Le  sieur  de  Kanie- 
sa\  est  ini  bon  officier.  Il  offre  de  donner  mille'écus  à  la  veuve  et  aux 
enfants  du  feu  sieur  de  Varennis,  gouxerneur  des  Trois-Rivières,  si  on 
lui  accorde  ce  gouvernement.  Il  en  était  con\enu  avec  le  dit  \'aren- 
ues  avent  .sa  mort,  s'il  en  a\ait    l'agrément.      Le  dit  sieur  de     Rame.-ay 


—105— 

est  dcsiré  du  ptuple  et  des  ecclésiastiques  et  a  toutes  les  qualités  pour 
s'acquitter  de  cei  eni])Ioi,  et  ce  serait  une  grande  cliarité  qu'on  ferait  à 
ceae  famille"  (de  Varennes). 

Un  mémoire  de  la  niciiie  date,  rédigé  à  Québec.  ]iorte  :  "Le  j;;ouver- 
nement  des  Trois-Rivicres  étant  vacant  par  la  mort  du  sieur  de  Varen- 
nes,sa  femme  et  huit  enfants  sont  à  la  mendicité.  Plusieurs  .-^e  présentent 
pour  avoir  ce  gouvernement.  Le  sieur  de  Rame.say  offre  de  donner 
mille  écus  ..  S'il  y  avait  lieu  d'ajouter  quelque  petite  "pension  à  cet- 
te pauvre  famille  ce  serait  une  grande  charité.  C'est  une  bonne  no- 
blesse." 

Champigny  écrivait,  le  lo  mai  1691  :  "  M.  de  Ramesay,  gouver- 
neur des  Trois- Rivières,  a  payé,  en  ma  présence,  à  la  veuve  de  ^L  de 
Varennes  les  trois  mille  livres  (francs)  que  vous  avez  ordonnées,  qui 
ont  été  employées  utilement  pour  être  conservées  aux  enfants  ainsi 
que  vous  me  l'avez  marqué. 

Singulier  trafic  de  place.  Le  roi  se  dispensait  de  rémunérer  les 
services  de  Varennes,  mais  Ramesay  achetait  la  situation  de  gou\er- 
ntur  i)ar  un  acte  de  charité.  Son  but  était  de  faire  la  traite  avec  les 
Sauvages. 

Le  mémoire  cité  plus  haut  mentionne  huit  enfants.  Ce  chiffre  me 
paraît  e.xact,  mais  ne  vous  fiez  pas  au  dictionnaire  de  Tanguaj-  pour  le 
contrôler. 

L'auteur  de  ce  livre  a  copié  le  recensement  de  16S1  qui  donne  qua- 
tre enfants  dont  ni  les  âges  ni  les  noms  ne  s'accordent  avec  les  regis- 
tres de  l'église,  ni  avec  ce  que  nous  savons  d'ailleurs.  Voici  comment 
il  cite  :  René  10  ans,  Jeanne  8,  Pierre  5,  Jean  2. 

Voici  ce  que  l'on  trouve  dans  les  registres  :  Louis  1673,  ^Ladeleine 
1674,  Jacques-René  1677,  Jean-Baptiste  1677  aussi,  ^L^rie- Marguerite 
16S0.  Nous  a\'ons  l'histoire  de  chacun  de  ces  cinq  enfants,  tandis  que 
les  quatre  du  recen.sement  n'ont  jias  d'actes  de  nai.ssance  ni  n'apparais- 
.sent  mille  jiart  par  la  suite. 

La  veu\-e  de  René  Gaultier  de  \'arenues  alla  se  fixer  à  Houcher- 
\ille  chez  son  père,  où  elle  est  mentionnée  le  13  août  1690.  Itlle  y  de- 
meura jusqu'à  la  fin  de  l'année  1695,  cpoiiue  où  elle  se  rendit  à  Varen- 
nes. Sa  résidence  ordinaire  était  encore  dans  cette  dernière  seigneu- 
rie à  la  date  du  icr  juillet  1707. 

A  H(nicher\-ille,  le  20  avril  1690,  Nfadeleine  de  \' arennes  est  mar- 
raine a\x'c  "s  >n  frère  Louis  de  \'arennes,    escuier,     sieur  de  la      \'cren- 


— lOG- 

drie."  Même  lieu,  le  19  décembre  1691,  "Madeleine  Gaultier"  est 
marraine  avec  "M.  de  la  \'éraudrie  son  frère."  Ce  dernier  signe  : 
"Lavérandery."     Après  cette  date  on  ne  le  retrouve  plus  en  Canada. 

D'après  M.  Pierre  Margry  (voir  "  Revue  Canadienne  "  1872,  p. 
362)  Pierre  (né  en  16S5)  était  cadet  dans  les  troupes  en  1697  ^^  s'ap- 
pelait La  Vérendrye.  Ce  ne  peut  pas  être  Pierre  alo/s  âgé  de  douze 
ans  à  peine,  mais  plutôt  Louis  né  en  1673  et  déjà  en.seigne  dans  les 
troupes  comme  on  l'a  vu. 

De  1697  à  1702  la  ])aix  fut  générale  en  Europe.  Il  n'est  pas  pro- 
bable que,  durant  ces  années,  on  ait  offert  aux  officiers  canadiens  de 
])rendre  du  service  dans  l'armée  de  France.  En  conséquence,  Louis, 
aussi  bien  que  Pierre,  n'ont  pas  dû  s'éloigner  du  Canada  à  cette  épo- 
que. 

Si  je  ne  me  tromiie.  Louis  partit  pour  la  France  en  1701  au  mo- 
ment où  les  difficultés  de  la  succession  au  trône  d'Espagne  annonçaient 
la  guerre  prochaine. 

M.  Margry  fait  entrer  Pierre  au  régiment  de  Bretagne  en  1706. 
mais  il  est  évident  qn'il  s'agit  encore  de  Louis  puisque  Pierre  était  à 
Varennes  en  1707. 

"  Pierre  Gauthier  de  Varennes,  écuier,  sieur  de  Boumois  ",  figure 
au  registre  de  Varennes  en  1702,1704,1707.  Pas  de  mention  de  grade 
militaire.  Sa  signature  est  "Boumois".  C'est  la  première  fois  que 
nous  le  voyons  après  son  baptême.  M.  Pierre  Margry  le  place  dans  Us 
campagnes  militaires  du  Ma.ssachu.setts  en  1704  et  de  Terreneuve  en 
1705,  alors  qu'il  était  âgé  de  dix-neuf  ans.      C'est  possible. 

Le  ler  juillet  1707,  par  devant  notaire,  à  Montréal,  madame  veuvc 
de  Varennes  (Marie  Boucher)  fait  un  partage  de  biens. 

Jacque.s-René  reçoit  la  .seigneurie  de  Varennes.  Celui-ci  est  le 
seul  des  garçons  de  René  Gaultier  dont  la  descendance  existe  de  nos 
jours. 

Madame  de  \'arennes  a  une  maist.n  à  Montréal.  Elle  se  réser\'e 
"Une  seigneurie  dite  de  la  Verrandcrie  située  dans  la  rivière  dite  des 
Trois-Rivières."     C'e.st  la  Gabelle. 

On  mentionne  aussi  un  fief  dans  \'an.!uies  (jui  iiorte  le  nom  de  La 
\'érendr\  e. 

Pierre,  ([ui  n'est  pas  présnil  à  Tact 
rie  du  Tremblay  contigue  à  celle  île  \'ai 
Boumois  et  de  la  \'crenderie."      C'est  I:i 


luestion, 

reçoit  1 

iseignell- 

.      11  est 

appelé 

"sieur  de 

lière  fois 

qu'on 

lui  ai.pli- 

—107— 

que  ce  dernier  nom  à  ma  connaissance. 

Sa  saur  Marguerite  est  désignée  comme  "Gaultier  de  la  Vérende- 
r;e." 

Louis  n'est  pas  mentionné. 

Vers  la  fin  de  la  pièc  »  on  T.arle  d'une  somme  d'argent  due  à  "M. 
de  la  Vérenierie."     Est-ce  le  parent  de  France,  ou  Louis,  fils  aîné  ? 

A  Varennes,  le  2  septembre  suivant,  Pierre  assi.ste  au  mariage  de 
sa  sœur  Harie- Marguerite  avec  Louis  Hingue  de  Puijibault.  C'est  la 
dernière  fois  que  le  registre  de  cette  jiaroisse  le  mentionne.  Le  29  oc- 
tobre suivant,  il  est  à  Montréal,  ratifiant  pour  sa  part,  le  partage  du  le 
juillet.  On  le  nomme  alors  "Pierre  Gautier,  écuier,  sieur  de  Boumois 
de  la  Véranderie."     Il  signe  "Boumois." 

Quelques  jours  plus  tard  (9  novembre)  il  e.st  à  Québec,  passant 
son  contrat  de  fiançailles  avec  Marie-Anne  Dandonneau.  Il  est  dit 
dans  cet  acte  que  madame  veuve  de  Varennes  donne  son  con.sentement 
et  que,  si  l'on  avait  le  temps  de  lui  écrire  avant  le  départ  des  navires 
de  Québec  pour  la  France,  elle  répondrait  dans  ce  sens.  Cela  n'indi- 
que-t-il  pas  que  Pierre  devait  s'embarquer  bientôt  après  avoir  signé  le 
contrat  en  question  ? 

Qu'il  ait  pris  part  aux  expéditions  contre  la  Nouvelle-Angleterre 
et  Terreneuve,  en  1704  et  1705,  en  qualité  de  cadet  dans  les  troupes, 
selon  M.  Margry,  la  chose  est  possible,  mais,  vi.siblement,  il  ne  partit 
pour  la  France  que  l'automne  de  1707.  Son  frère  Louis  avait  bien  pu 
s'en  aller  dès  1701  ou  /702,  à  la  déclaration  de  la  guerre  aite  de  la  suc- 
ces.sion  d'Espagne. 

Au  mois  d'avril  170S  madame  de  Varennes  "ancienne  gouvernante 
de  cette  ville"  était  marraine  aux  Trois-Rivières  avec  M.  de  Cri.safy, 
gouverneur  de  la  place.  C'est  la  dernière  mention  d'elle  que  je  con- 
naisse dans  ce  lieu. 

Marlborough  et  le  ])rince  Flugène  portaient  à  Louis  XIV  des 
coujjs  terribles  en  1707.  Plusieurs  Canadiens  entraient  dans  l'armée 
française,  de  même  (pie  nous  avons  vu  en  1790,  i,Si2,  1854,  1899  un 
bon  nombre  des  nôtres  prendre  du  service  dans  l'armée  anglai.se,  soit 
eu  lùirope,  aux  Antilles,  en  Crimée  ou  au  Transvaal. 

M.  Margry  parle  du  régiment  de  Bretagne  où  se  trouvait  Louis  et 
que  Pierre  alla  rejoindre,  mais  Louis  fut  dirigé  vers  la  Savoie,  quand  ? 
Ivtai;  il  au  régiment  de  Bretagne  lorsque  Pierre  y  arriva  ?  Ce  (pii  me 
parait  certain  c'est  que  Pierre  servit  dans  le    régiment  de     Bretagne  et 


-108- 

que  ce  corps  était  à  Malplaquet,  au  nord  de  la    France,  en  1799,  tandis 
que  Louis  était  dans  l'armée  d'Italie  où  il  fut  tué  en    1709  ou  17 10. 

A  la  bataille  de  Malplaquet,  où  Marlborough  fut  vainqueur,  le  11 
septembre  1709,  Pierre  reçut  huit  coups  de  sabre  et  une  balle  qui  le  tra- 
versa de  jiart  en  part.      Il  fut  laissé  parmi  les  mourants. 

Le  maréchal  de  Contades  le  cita  dans  son  ordre  du  jour.  Lorsque 
l'on  s'aperçut  qu'il  pourrait  survivre,  il  fut  nonuné  lieutenant  d'infan- 
terie. 

La  guerre  finissait  par  l'épuisemerit  de  la  France,  dont  le  tré.sor 
était  vide.  On  en  vint  à  signer  la  paix.  L'armée  française  fut  rédui- 
te en  nombre  le  plus  po.ssible.  Notre  Canadien  ne  fut  pas  confirmé 
dans  son  nouveau  grade  —  il  perdit  même  celui  de  cadet  qu'il  avait 
gagné  en  Amérique.     Enfin,  il  était  renvoyé,  comme  tant  d'autres. 

Madame  de  Vaudreuil,  fennne  du  gouverneur  du  Canada,  avait  été 
nonunée  gouvernante  des  enfants  de  France,  en  170S.  Elle  parait  s'être 
rendue  à  Versailles  en  1710  seulement  car  le  12  septembre  1709, à  Que 
bec,  elle  donnait  le  jour  à  sa  dernière  fille,  Louise-Eli/abeth  —  c'était 
le  lendemain  de  Malplaquet. 

Lors  donc  que  madame  de  Vaudreuil  arrive  en  France  et  se  charge 
de  l'éducation  des  enfants  du  duc  de  Berrj-  (fils  de  Louis  XIVj  il  y 
avait  près  d'un  an  que  le  blessé  de  Maljjlaquet  était  en  voie  de  rétablir 
sa  santé.  Les  préparations  militaires  étaient  nulles  ;  on  parlait  résolu- 
ment de  la  paix,  les  préliminaires  traînaient  en  langueur,  elle  ne  fut  si- 
gnée que  le  11  avril   17 13. 

Je  ne  saurais  dire  à  quelle  date  fut  promulgué  la  décision  qui  en- 
levait les  grades  de  tant  d'officiers,  mais  madame  de  Vaudreuil  veillait 
de  près  et  elle  parvint  à  arracher  une  commission  d'enseigne  dans  les 
troupes  du  Canada. 

N'étant  plus  officier  de  l'armée  du  ro_\aume,  Pierre  retourna  dans 
sa  patrie  emportant  les  cicatrices  de  ses  blessures,  les  éloges  du  maré- 
chal de  Contades,  des  certificats  de  la  jiart  de  Grimaldi,  niarcchal-dc- 
camp,  et  du  colonel  Berthelot  conuuaiidant  du  rcginient.  Je  mettrais 
ce  retour  à  l'été  ou  l'automne  de  171  i. 

Louis  était  mort,  Jac(iues-Renc  dexx-nait  l'aîné  de  la  fauiilk-.  Juan- 
Baptiste  était  iirêtre.  l'ierre  .se  trou\c  être  le  "chevalier"  de  la  \'é- 
renderie,  .selon  la  cotuunie  des  familles  nobles  <|ni  iloiuient  ce  titre  au 
l)remier  cadet.  Nous  avt)ns  eu  de  nombreux  exemples  de  cette  pratique 
en  Canada. 


•,f!-.  ;■-  <-^:<i 


—100— 

Le  15  février  1712  le  "chevalier  de  Vérandrye"  adresse  au  gouver- 
neur général,  M.  de  Vandreuil,  un  état  certifié  de  ses  services  eu  Fran- 
ce. Si  la  pièce  se  décou\  re  un  jour  nous  saurons  à  quoi  nous  en  tenir 
sur  cette  partie  de  la  carrière  de  notre  personnage. 

A  Québec,  le  29  octobre  17 12,  eut  lieu  le  mariage  de  "Pierre  Gau- 
thier, écuier,  sieur  de  la  Vérandtrie,  enseigne  des  troupes  de  ce  pays'", 
avec  Melle  Dandoinieau,  d'une  famille  importante  de  la  paroisse  de 
Chaniplain.      Il  signe  :  "De  I.averendrye." 

A  l'époque  des  fiançailles,  l'automne  de  1707,  Louis  Dandonneau, 
père  de  Marie-Anne,  vivait  encore.  L'année  du  maiiage,  1712,  c'est 
Louis-Adrien  Dandonneau,  frère  de  Marie- Anne,  qui  était  le  chef  de 
la  famille  Dandonneau. 

Il  est  nccessa're  de  parltr  de  cette  famille. 

Pierre  Dandonneau  dit  le  sieur  Du  Sablé  qui  était  aux  Trois-Ri- 
vières  en  165 1,  s'établit  à  Chaniplain  et  fut  un  habitant  notable  de  cet- 
te paroisse  naissante.  Son  fils  Loui.sl  né  en  1654  à  peu  près,  épousa 
Marguerite  I.enoir.  Conunent  celui-ci  devint  co-seigneur  de  l'île  Du- 
pas est  facile  à  raconter. 

Pierre  Dupas,  officier  du  régiment  de  Carignan,  était  de  ceu.K 
qui  ne  voyaient  dans  la  jeune  colonie  qu'un  territoire  de  chasse  '  et  de 
commerce  de  fcurrures.  Eu  1669,  il  avait  une  cabane  à  cet  effet  sur  la 
jilus  grande  île  du  lac  Saint-Pierre  et,  en  1672,  il  se  fit  accorder  l'île 
avec  un  domaine  situé  vis-à-vis,  en  terre  ferme,  le  fief  du  Chicot.  Dès 
1673, Dupas  était  aux  prises  avec  la  justice  à  causp  de  .son  trafic  illicite. 
Loin  de  faire  fortune,  il  s'enfonça  dans  les  dettes.  Eu  1677,  il  épousa 
Charlotte  Denys,  d'une  famille  noble  de  Québec,  et  mourut  (|uarante 
jours  ajirès. 

La  vente  de  ce  que  possédait  Dujiasent  lieu  au  ]>rofit  de  sou  créan- 
cier, Charles  Aubert  de  11  Cl.enaye,  jiar  l'entremise  d'Adhémar  de 
Saint-Martin,  en  1679.  Il  est  ))rMl.)alile  que  La  Chenaye  se  rendit  ac- 
quéreur, ])uisque,  le  11  novembre  1690,  il  vendait  l'île  Dupas,  avec  le 
fief  du  Chicot,     pour  la    somme  de  1,500     francs,  à    Jacfpies  lîrisset  et 


Louis  Dandonneau  du  Sablé 

tous  deux  de  Chami)Iain. 

De  cette  date  ou  un  jieu 

l)Ius  tard,  cnmnience  la  en 

oni.satii 

n  de  l'i 

le  Dupas  au  nioven  de  culti\ 

ileurs     fournis     pir  les     '1 

rois-Riv 

ières,  k 

Cai.dela-Madelcine,  Chami 

lain  et  Balise. ui.      Ces  loca 

lités  et: 

ient  dé 

jà  les  ])épinièri.s  d'où     sortu 

fUt  les  "\ii\a.i;enrs",     (pii 

dès  iC 

H),     fré 

queutaient  le  lie  Supérieur. 

Sur  la  carte  de  17(19  de  1 

ile  Dui 

is,  \ou.s 

'      •'    i' 

I       I       1 


—110- 

voyez  Courchène,  Dandonneau,  Brisset,  Diisablé,  Bourjoly,  Cotenoire, 
Duteau,  Carignan,  Bigiiy,  dans  la  moitié  d'en  haut  de  l'île  —  tous  des 
gens  de  la  côte  de  Champlain.  L'autre  moitié  de  l'île,  avec  plus  de 
largeur,  est  inoccupée. 

Louis  Dandonneau  mourut  en  1709.  Le  22  juillet  171 1,  sa  veuve 
passa  ses  droifs  sur  l'île  Dupas  et  le  fief  du  Chicot  à  leur  fils,  Louis- 
Adrien,  né  en  1691,  à  Champlain. 

Le  13  novembre  1713,  Louis- Adrien  et  Joseph  Dandonneau  concè- 
dent à  Pierre  Gautier  de  la  Verenderie  .six  arpents  de  large  sur  toute 
la  profondeur  de  l'île. 

Les  enfants  de  la  Verenderie  sont  nés  à  l'île  Dupas.  Comme  cul- 
tivateur, il  pouvait  soutenir  sa  famille.  De  plus  il  avait  le  trafic  de  U 
Gabelle  et  sa  solde  d'enseigne.  A  cette  époque  la  moitié  des  officiers 
militaires  demeuraient  chez  eux,  car  jusqu'à  1740  la  paix  régna  sur  la 
frontière  et  le  pa\s  n'en  allait  que  mieux.  La  famille  Boucher  était 
prospère,  les  Dandonneau  également,  p.iis  M.  de  Vaudreuil  était  s>-m- 
pathique  à  La  Verenderie,  de  sorte  que  les  années  17] 3- 1727  durent 
s'écouler  sans  trop  de  misère. 

Louis- Adrien  Dandonneau,  appelé  le  plus  .souvent  Du  Sablé,  .se. 
maria,  en  1718,  avec  Marie-Josephte  Drouet  de  Richerville  et  paraît 
avoir  toujours  demeuré  à  l'île  Dupas.  En  1727  il  était  .sous-enseigne  ; 
en  1734  enseigne  en  pied  ;  de  même  en  1740,  avec  la  note  "bon  offi- 
cier" :  en  1746,  lieutenant,  il  est  au  fort  Saint- Frédéric  sur  le  lac  Cham- 
plain. Décédé  en  1747.  Avec  la  solde  militaire  et  .sa  seigneurie  qui 
prospérait,  il  devait  vivre  à  l'ai.se.  En  1739  on  lui  avait  accordé  un 
agrandis.sement  du  fief  du  Chicot.  Son  fils,  aussi  Louis- Adrien,  né  en 
1726,  marié  en  1754  à  Marguerite  Sabrevois  de  Bleury,  fut  tué  à  la 
guerre  l'année  suivante.     Il  était  enseigne. 

Le  7  mai  1714,  à  ^L1rly,  on  dresse  un  tableau  d'avancement  jiour 
les  militaires  de  la  colonie.  Il  y  a  cette  mention  :  "De  Varennes,  Ca- 
nadien, lieutenant  deiniis  17O1,  deviendra  bon  otlicitr.  '  Ce  ne  jieut 
être  ([ue  Pierre  de  la  Vérentlrye  puisque  Loui 
au  service  du  roi,  Jaccpies-René  était  marié  et 
rie  de  Varennes  tout  en  fai.sant  la  traite  d(. 

L'avancement  de  la  \'érenderie  au  grade  di 
que  vers  1740,  je  crois. 

Kn  17 15,  il  obtint  un  reniMuellcment  de  pri 
Gabelle. 


is  é 

ait.  décé 

lé 

e 

i  l'.urope. 

t  s'< 

.ccupait 

de 

»  seigneu- 

.elle 

teries. 

>  de 

Heuten 

Ult 

n'eut  lieu 

—111— 

L'année  suivante  (2S  octobre)  on  voit  par  l'acte  de  baptême  d'un 
Sauvage  aux  Trois-Rivièrc.'-,  que  le  parrain  fut  "M.  Beaumois,  ensei- 
gne." Le  nom  de  Bouniois  ou  Beaumois  ne  se  retrouve  plus  dans  la 
suite  de  mes  notes.  ^ 

En  1725,  1727,  des  congés  sont  accordés  à  Pierre  pour  traites  des 
l)elleteries  à  la  Gabelle.  C'était  la  continuation  de  ce  que  nous  avons 
vu. 

Les  Sauvages,  qui  descendaient  le  Saint- Maurice  avaient  eu,  de 
tout  temps,  des  connnunications  avec  ceux  de  l'oue.-^t.  C'est  probable- 
ment à  la  Gabelle  que  le  Découvreur  .sentit  s'éveiller  en  lui  le  dessein 
d'approfondir  le  mystère  de  ces  régions  éloignées  ;  et  lorsque,  en  1727, 
il  arriva  au  fort  Niingon,  il  devait  savoir  à  peu  près  quelle  serait  la  na- 
ture des  lévélations  qui  résulteraient  de  son  entrepri.se. 

M.  de  Beauharnois,succes.seur  du  marquis  de  Vaudreuil,  était  favo- 
rable aux  projets  de  découvertes,  mais  la  cour  qui  approuvait  ces  vues 
ne  faisait  rien  ou  presque  rien  pour  les  soutenir.  L'intrépide  chercheur 
y  perdit  sa  mise  de  fonds,  son  temps  et  une  bonne  part  des  biens  de  ses 
associés.  Il  s'en  suivit  des  récriminations  qui  se  mêlèrent  aux  attaques 
de  la  jalousie,  car  on  n'entre  pas  dans  la  gloire  sans  soulever  des  pas- 
sions et  celles-ci  sont  d'autant  plus  vives  que  les  entreprises  or.t  plus 
de  grandeur. 

Une  dernière  note  : 

Le  22  avril  17.7  le  conseil  de  marine  ou  cabinet  du  roi.  écrivant  à 
^L  de  Beauliarnois,  mentionne  les  dames  de  Varennes,  Desjordx-,  Port- 
neuf,  \'ilkdoiniée.  Le  Gardeur  et  La  Chanvignerie  qui  demandent  dts 
jxiu.sions  —  mais  on  ne  peut  en  accorder.  On  promet  des  gratifications 
lorsqu'il  y  en  aura  de  \acantes. 

Il  faut  croire  ([Ue  la  gratification  arriva  enfin  puisque  à  la  mort  de 
madame  de  \'artnncs,  eu  i73o.  i-'ette  fa\eur  dont  elle  jouissait  passa  à 
madame  veuve  de  Lignvr\',  d'après  une  dépêche  du  20  a\ril  :7.u. 

BENJAMIN  SULTK 


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JEAN  DE  SA1NT=PERE 


EsHl  (e  premier  notaire  de  Montréal  ? 


I^ or  que  parurent,  dans  le  Canada  du  13  décembre  191 1,  nos  notes 
sur  les  actes  de  Jean  de  Saint- Fere,  oà  nous  émettions  l'.dée  que  ce 
tabellion  était  le  premier  notaire  de  Montréal.  M.  J.  Edmond  Ro>-,  l'é- 
rudit  auteur  de  l' Hisloirc  du  A'olariat,  qui  avait  déjà  donné  le  titie  de 
])iemier  no'aire  à  Lambert  Closse,  nous  écri\  it  aussitôt  ]ionr  nous  re- 
nii  ntrer  i.ue  notre  conclusion  était  hâtive,  qu'il  avait  basé  son  assertion 
s'ir  Faillon,  "que  cet  histo.ien  était  une  autoiité  considérable,  <|u'en 
))lus,  le  jjremier  greffe  de  Montréal  avait  été  d'abord  une  ])ropriétc 
]iirticulière,  t).is  les  pipiers  d.i  du  gr..-fT-  ne  se  trouvaient  pis  néces- 
sairement au  palai.s  de  justice."  , 

Ces  remarques  étant  fort  ].laui-ibles,  nous  publiâmes  dar.s  le  Cai:a- 
da  du  iS  décembre  suivant,  un  articulet  où  il  était  dit  que  la  question 
d'antériorité  entre  Saint- Fère  et  Closse  restait  ouverte  jusqu'à  ce  que 
les  fouilles  dans  les  archives  montré'daises  fu'-sent  plus  avancée- 

A  cette  éjioque,  M.  J.  C.  O.  Bertrand  des  archives  féJéral.-s  co:n 
niençait  l'examen  des  papiers  du  Séaiinaire,  et  nous  faisions  de  même  au 
p liais  di  justice  en  tenant  M.  Uoy  au  courant. 

Quelques  .semaines  avant  la  mort  de  ce  distin.ujuc  écriv  lin,  110. is 
avions  exhumé  un  document  qui  réglait  définitivement  la  question. 

Tusqu'en  phi,  on  n'avait  pour  .se  renseigner  sur  le  ]ireinier  greffe 
de  M  )ntréal  qu'un  inventaire  informe  dressé,  en  i6s^^,  p  ir  l^asset  que 
le  ha  arl  faisait  notaire  à  dix- huit  ai;s,  ]5arce  que.  suis  doute,  il  était 
libre  et  écrivait  bien,  mais  ipii  uianquait,  cel.i  va  sans  dire,  de  connais- 
sances sur  la  tenue  d'un  greffe. 

Dans  l'inventaire  de  165S,  il  éruiiière  les  pièces  qui  lui  .sont  con 
fiées,  sans  aucun  ordre,  modifî::<nt  les  intitulés,  omettant  les  dates,  si 
bien  que  quelques  anciennes  i)ièces  connues  se  trouvant  au  milieu  ou  à 
la  fin  de  l'inventaire  on  poiuait  croire  que  cellesqui  ])récédaient  étaient 
encore  iilus  anciennes. 

Par  ailleurs,  il  était  imi)ossible  de  xérifier  vu  que  la  plus  grande 
pirtie  des  anciens  actes  étaient  égarés  dai.s  diverses  études  et  considé- 
rés jierdus. 

Heureusement,  la  classification  de  tons  les  vieux  documents  ))erniit 

,  de  reconstituer  l'ancien  greffe,  de  rétalilir  les   intitulés  et     d'ajouter  les 

dates  (pu  manquaient  dans    l'iinciilaire    puis,    ]  ie-(iu'iii     mêiiie  temiis. 

nous  exliumâiiies  le  Registre  des  ir.inutfs  du    tabellioiuu'gi-,     régulicre- 

ment  dressé    en     i(>7-|  et  cette  pièce  a  mis  fin  à  tout  doute. 


■  'irj  -^  .:  'U  !■    -,    ;  j> 


■   .  1.  ;; 
f-jyC 


lùr.  -i:M 


—  lis- 
En  effet,  dans  ce  registre  bien  "calligraphié"  et  bien    conservé  on 
trouve  la  série  complète  des  actes    faits  par    les  notaires     seigneuriaux 
ainsi  que  les  pièces  diverses  et  les  actes  sous  seing  privé  qui    furent  dé- 
l)Osés  au  greffe  de  Montréal  depuis  l'origine. 

Ce  registre,  connnencé  par  Basset,  a  été,  tour  à  tour,  continué  par 
Mangue,  Cabazié,  Bourgine  et  Adhéniar. 

Document  indiscutable,  il  ]->rouve  que  le  t abellionnage  de  Montréal 
n'existe  que  dejiuis  le  mois  de  janvier  164.S. 

Cependant,  la  première  pièce  c[u'on  y  a  inscrit,  est  celle-ci  :  "1644 
"12  février,  lui  certificat  de  messire  Charles  Bédouin  pre.  et  Vicaire 
"  de  Meilleran  (i)  pour  Antoine  Rouard." 

Ce  certificat,  de  même  que  cette  lettre  :  "  1651,4  septembre 
"Une  missive  de  Mathurin  Giraud  à  Antoine  Ronault"  ,  faisaient 
partie  des  '  'effets'  '  laissés  par  Antoine  Roos,  un  pauvre  vacher  de 
Villemarie  qui  fut  tué  le  26  mai  1652. 

Connne  le  défunt  Roos,  d'origine  flamande,  n'avait  pas  d'héritier 
on  vend  ses  biens  à  l'enchère,  le  6  juillet  1652  et  ses  papiers,  qui  n'in- 
téressaient personnes,  furent  laissés  au  greffe. 

Bas.set,  en  classifiant  le  greffe  a  placé  ces  papiers  à  la  date  qu'ils 
portaient. 

Voilà  pourquoi  la  première  pièce  inscrite  date  de  1644. 

Immédiatement  à  la  suite,  et  portant  le  numéro  I,  vient  le  vérita- 
ble premier  acte  du  greffe.  C'est  le  contrat  de  concessions  })ar  M.  de 
Maisonneu\'e  à  Pierre  Gadois,  avec  acceptation  par  ce  dernier,  devant 
Jean  Saint- Pèrt,  le  4  janvier  1648.  (2) 

Le  second  acte  est  une  autre  concession  par  M.  de  Maisonneuve 
sans  intervention  de  notaire. 

Le  troisième  acte,  date  du  2  mai.  C'est  une  quittance  faite  par 
M.  de  Saint-Père,  dan.i  laquelle  M.  Clos.se  figure  en  qualité  de  témoin, 
etc.,  etc. 

*** 

Relisons,  à  pré.sent,  ce  que  M.  J.  Edmond  Roy  a  écrit  dans  son 
Hisloirc  du  HotiDiat,  premier  volume  :  "  Le  plus  ancien  acte  pas.sé  à 
"  Montréal  paraît  avait  été  une  quittance  jiar  M.  Clausse  notaire  ro>al, 
"  en  1648.  Ainsi  parle  Hubert  Larue  (dit  M.  Roy)  dans  ses  JA'- 
'  ■  g; es  historiques  ci  littci  aires.  '  ' 

Et,  en  note,  M.  Ro\-,  qui  n'avait  évidennnent  jins  \u  l'acte  ajoute  : 
"  Larue,  en  écri\ant  Clau.s.se,  einplo\e  l'orthograiihe  donnée  jiar  le  jour- 
"  liai  des  Jésuite,  p.  307." 

Puis,  M.  Roy  continue  : 

"  Lambert  Clo.s.se  fut  le  premier  qui  exerça  à  Montréal  l'oflice  de 
'  greffier,  (Paillon,  ï\l,  p.  361),  mais  il  n'était  i>as  notaire     roxal.      11 


:  tl  m- 


:<  -^h  .V. 


—114— 

"  est  bien  vrai  que  l'abbé  Paillon  au  tome  II,  de  son  histoire,  (p.  196), 
"  donne  Jean  de  Saint-Père  comme  le  premier  notaire  de  Villemarie. 
"  mais  au  tome  III,  361,  il  déclare  qu'il  fut  le  successeur  de  Lambert 
"Closse.. 

"  C'est  en  1651,  que  Raphaël  Lambert  Closse  avait  cédé  à  de  Saint- 
"  Père  la  plume  de  greffier  de  Villemarie  pour  suivre  exclusivement  la 
"  carrière  des  armes  où  il  s'est  illustré." 


Faute,  par  M  Roy  d'avoir  vu  les  documents  lui-même,  il  conunet 
plusieurs  inexactitudes  dans  les  lignes  ci-dessus  : 

1.  Le  plus  ancien  acte  notarié  n'est  pas  du  2  mai  164S,  il  est  du  4 
janvier  164S  ; 

2.  Dans  l'acte  du  2  mai,  Closse  n'est  pas  notaire,  il  n'est  que  té- 
moin ; 

3.  Contre  son  habitude,  M.  Closse  signe  bien  et  Hsiljlement 
"Claiisse"  dans  cet  acte  ; 

4.  M.  Closse  n'a  fait  aucun  acte  avant  1651.  Il  ■a  pratiqué  six 
mois,  en  cette  aimée,  puis  il  pa.sse  la  plume,  non  pas  à  Saint- Père,  mais 
à  Gastineau  Uuplessis,  et  non  pas  pour  "suivre  exclusivement  la  car- 
rière des  armes",  car  il  redevient  tabellion  de  1653  à  1655  et  même  plus 
tard. 

C'est  alors,  seulement,  en  1655,  1"^  ^I-  f^e  Saint-Père  lui    succède 
et  reprend  les  fonctions  qu'il  lui  avait  abandonnées  eu   1651  !  !  ! 
*** 
Examinons,  maintenant  ce  que  dit  l'abbé  Paillon  : 

1.  Au  volume  II.  p.  196,  de  son  Histoire  de  la  Colonie,  il  écrit  : 
"  Jean  de  Saint- Père,  premier  notaire  de  Villemarie...  remarquable  par 
"  la  vivacité  de  son  esprit"...  etc.  ; 

2.  Au  volume  III,  p.  361,  même  ouvrage  :  "  A  l'office  de  greffier 
"  fut  joint...  celui  de  notaire.  Lambert  Closse,  qui  l'avait  exercé  le 
"  jiremier  se  qualifiait  j^our  cela  dans  ses  actes,  commis  au  i^}('jfc  et  ta- 
"  hti/ioniiai^c  ainsi  que  Jean  de  Saint- Pèie  qui  lui  succéda." 

Comment  expliquer  cette  contradiction  flagrante  d'un  auteur  cons- 
ciencieux et  minutieux  ?. 

Si  l'auteur  avait  voulu  coirijer  une  assertion  faite  dans  un  volume 
précédent  et  dont  il  avait  reconnu  la  fausseté,  il  l'aurait  indicpié,  com- 
me il  fait  à  diver.ses  reprises,  dans  ses  ouvrages,  notanunent  à  propos 
de  Dollard   (II,  p.  3S9). 

C'est  donc  une  faute  de  mémoire,  une  distraction,  un  lapsus  ca/aiin 
rien  de  plus. 

Jean  de  Saint-Père  a  bien  succédé  à  Closse  connue  imtaire,  mais  en 
1635,  et,  auparavant,  c'était  Closse,  qui  avait,  en  1631,  s\iccédé  à  Jean 
de  Saint-Père,  lequel  était  en  fonction  depuis  164S  ! 

Voilà  l'explication,  appuyée  sur  l'inventaire  du  greffe  en  163S, 
sur  le  registre  du  tabellionuage  de  1674,  enfin  sur  le  fait  ([ue  les  fouilles 


--Uo— 

dans  tous  les  déiiôts  d'archives  n'ont  démontré  l'existence  d'aucun  ac- 
te notarié   antérieur  à  164S. 

Le  toujours  intéressant  abbé  Faillou  fut  un  historien  modèle  sous 
plus  d'un  rap])ort  ;  il  a  su  accumuler  des  masses  r'e  notes  et  il  s'en  est 
admirablement  servi  ;  seulement,  étant  homme,  il  a,  comme  nous  tous 
commis  des  erreurs  involontaires  par-ci  par-là. 

Lorsqu  il  reçut  la  nouvelle  de  la  trouvaille  du  rec:;istre  du  tabel- 
lionnage,  M.  J.  lùlmond  Roy  était  malade.  Prévo.vait-il  sa  fin  pro- 
chaine ?  On  le  dirait  presque  à  lire  ce  passage  résigné  et  mélancolique 
qu'il  nous  écrivit  alors:  "  Je  ne  me  flatte  pas  d'avoir  tout  dit. dans 
"  mon  Histoire  du  tiolariaL  Que  de  choses  j'ai  recueillies  depuis! 
"J'ouvrais  une  voie  nouvelle  ;  aux  jeunes  maintenant,  de  poursuivre 
'  '  la  route  !" 

E.  Z.  MASSICOTTE. 


QUESTIONS 

Le  baron  <\v  .]oaiiiiè>!  qu'on  voit  figurer  dans  l'armée  de 
Moutt-aliii  aii.x  derniers  jours  du  régime  français  au  (Janada 
était-il  d'origine  française  ou  canadienne?  Que  devint-il 
après  la  Con(|uète  ?  8a  famille  s'est-elle  perpétuée  au  Cana- 
da ? 

T.-RI. 
-'-Où  est  situé  Ecoles  Ilill  ?     Quel     est  le  fait    d'armes 
qin  s'est  livré  en  cet  endroit  le  25  mai  1870  ? 

SOLl). 
A-t-il  été  publié  un  livre  ou  une    étude  quelcon<|ue  sur 
riiistoiredu  service  postale  au  Canada? 

POSTE. 

-Est-on  fi.\é  sur  l'origine  du  nom  de  Cloridorme  ap- 
})liqué  à  une  paroisse  de  la  l)aie  des  Chaleurs  ?  11  me  sem- 
ble que  les  versions  qu'on  a  données  juscpTici  sur  l'origine 
de  ('(!  nom  sont  tout  uu^si  fantaisistes  les  unes  (pie  les  autres. 

E.  B.  11. 


'f^'-'VJi} 


f-.,.,  1,  ,  ,.,.,.•  .|    I-.,  „   ,n, 


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—116- 

En  marge  de  l'histoire  de  la  Rivière=du=Sud 

Les  seigneurs  canadiens  avaient  l'habiluile  de  créer,  en 
faveur  de  leurs  enfants,  des  arrière-fitfs  ;  ceux  (|ui  les  obte- 
naient prenaient  d'ordinaire  les  noms  de  ces  fieisf|ui  étaient 
toujours  chargés  de  la  foi  et  hommage  envers  le  seigneur 
principal. 

Dans  la  seigneurie  de  là  Rivière-d>i-Sud,  Louis  ("ouii- 
lard  créa  plusieurs  arrière-tiefs  en  faveui-  de  ses  lils.  11  y 
eut  entre  auti'cs   le  iief  des  Prés  et  le  fief  Lespinay. 

'Le  titre  du  premier  se  trouve  dans  l'ouvrage  intitulé 
r Histoire  des  seigtieurs  de  la  Rivière  dti  .Sud.  Nous  offrons  en 
primeur  aux  lecteurs  du  Bulletin  le  titre  de  l'arrière-fief 
Lespinayet  nous  le  fai-^ons  suivre  de  l'acte  d'inventaire  des 
i)iens  de  Louis  ('ouillard  et  de  son  épouse  Geneviève  De?- 
prés,  à  la  mort  du  seigneur  en  1678. 

Titre  de  1  arrière-fief  Lespinay,  en  la  seigneurie  de  la 
Rivière  du  Sud. 

Du  4  août  1071. 

A  Tous  Louis  Couilhird  L^euyer  Sieur  de  Lespinay  Sei- 
gneur de  la  Rivière  du  Sutl  demeurant  ordinairement  on  la 
ville  de  Québec,  Salut  syavoir  faisons  que  nous  avons  don- 
né et  accordé  et  par  ces  notes  donnons  accordons  à  Louis 
Couillard  escuyer  Mon  filz  le  nombre  de  quatre  arpens  de 
terre  de  frond  en  la  d.  Seigneurie  de  la  Rivière  du  Sud  a 
prendre  sur  le  bord  du  tlcuve  St-Laurens  avec  profondeur  ' 
de  quarante  arpens  le  Tout  complantéde  haut  l)ois  et  prai- 
ries borné  d'un  costé  par  .lean-Jjaptisle  (Jouillard  escuyer, 
Jean  Busquet  dit  ganion,  cfautre  i;osté  aux  terres  non  concé- 
dées, d'un  boust  le  Heuve  St  Laurens  et  dont  tout  s'aligne- 
ra qui  sera  la  [irofondeur  en  la  tlite  concession.  .  ,1'our  jouïr 
par  le  Sr  ('ouillard  ses  hoirs  ou  ayans  cause  et  à  toujoui-s  à 
l'atlvenir  jiaisibk'ment  et  comme  il  verra  bon  estre,  le  Iief 
mouvant  et  relevant  de  la  Scignrie  de  la  rivière  du  Sud  et  à 
la  charge  lie  la  foy  et  hommage  (lUe  l(i  dit  Sr  Louis  ('ouil- 
lard ses  hoirs  et  ayans  seront  tenus  de  porter   au  seigneur  de 


'"•    'fil 


riCfii  n; 


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—117— 

lu  Rivière  du  Sud,  nu  manoir  seignlle,  d'icelle  et  de  payer  à 
chaque  iiuUalion  de  possesseur  pour  tous  droits  de  prupué- 
té. . .  .la  somme  d'un   denier. . . . 

(Signé)     LOUIS  COUILLARD 

Romain  Becquet,  notaire  royal. 

INVENTAIRE  DES  BIENS  DE  LA  COMMUNAUTÉ 

entre 

Loni-  Oouillard  de  Lespnay,  écuyer,  Seigneur  de  la  RiviC-re 

du  Sud,  et  Damoiselle  Geneviève  Despréz. 

Du  24  septeuibre  1G78. 

.  L'an  mil  six  cent  soixante  et(lix  luiict  ce  vingt  qua- 
trième Jour  d.'  Septeinl)re  avant  midy  A  la  requeste  de 
Charlé-s  Couiilard  escuyer  Sr  de  Btaumont  au  nom  et  euni- 
m.'Tut.-ur  de  Jean-Baptiste  (jouillard  àgè  de  vingt  ans  ou 
environ. Louis  Couiilard  aagé  de  vingt  ans  ou  environ,Gene- 
viefve  Couiilard  aagée  de  dix-huiot  ans  ou  environ  EtJaeques 
Couiilard  aagé  de  Treize  ans  ou  environ,  EnfVins  mineurs  de 
dett'unt  Louis  Couiilard  escuver  Sr  de  Lespinay  et  Damelle 
Géneviefve  Despréz,  sa  veufve,  Et  en  la  présence  de  la  ditte 
veufve  et  de  Paul  Dujniy  Escuyer  Seigneur  en  partie  de  l'is- 
leaux  Oyes  Tant  en  son  nom  comme  ayant  espouzé  Damel- 
le Jeanne  Couiilard  Hlle  du  Sieur  dett'unt  et  de  la  d.  veufve 
que  comme  suhro-ié  tuteur  des  dits  mineurs  Le  dit  .-leur  Tu- 
teur et  subrogé  tuteur  esleus  par  acte  donné  en  la  prévo^té 
de  Québec  le  douzie  juillet  gbyc  Soixante  dix-sept,  à  la  con- 
servation des  droits  et  biens  des  dites  veuve,  mineurs,  et 
tous  autres  qu'ils  appartiendra.  Bar  Romain  Becquet  notai- 
re rovale  en  la  nouvelle  France  Ré-idant  à  Québec  soubsi- 
gné  en  la  pré>euce  des  Tesmoins  .^s  suznommés.  A  esté  taict 
bon  et  lovai  Inventaire  c»^  deserii)ti()n  de  tous  et  chacun  les 
biens  meubles  Ustensiles,  d'iioustis.  linges,  bardes,  lietterics, 
Tiltres,  oaoiers,  et  une  seigneurie  demeurée  apns  le  dceds 
du  dit  delVunct  .Meur  (le  Lespinay  Trouve/,  et  estant  eu  la 
maison  ou  est  deineuraiite  la  ditte  N'eui've  cpu  e>t  le  manoir 
seigneurial  de  la  seigneurie  de  la  Rivière  du  Sud,  montrez 
et  Cn^eignéz  et  mis-  eu  Evidence  par  la  D.  veutve  après     ser- 


•t- 1 


-118- 

nient  par  elle  fait  es  main  du  d.  Nre  en  présence  des  susdits 
Témoins  de  tous  les  dits  biens  montrer  et  renseigner  pour 
Estre  Inventoriez  au  présentt  Inventaire  sans  aucun  ny  ca- 
cher n}'  détourner  sous  les  peines  de  l'ordonnance  a  ce  In- 
troduite qui  luy  a  pstée  exprimée  et  donnez  à  entendre  par 
le  d.  ixotaire,  les  ds  Biens  meul)les  priséez  estiméez  par  Al- 
phonse Morin  Br  de  Valcourt  et  Jean  Prou  habitant  de  la 
d.  iSeisneurie  du  Sud  et  nommez  et  commis  à  cette  cfiet  par 
Monsieur  Le  Lieutenant  Général  Civil  et  Criminel  de  la  <1. 
prévosté  de  Québec  par  son  ordonnance  du  vingt  unifsme 
de  ce  présent  mois  qui  les  ont  prisés  et  estimez  en  leurs  rons- 
ciences  après  serment  par  eux  faict  ez  mains  du  d.  notaire 
en  la  présence  des  susd.  témoins.  Eu  Egard  au  Cours  du 
Temps  présent,  aux  sommes  et  deniers. 'Selon  et  ainsi  qu'il 
en  suit  sans  crié  conformément  a  l'ordonnance  de  mil  cens 
soixante  et  se})t  et  aux  protestations  que  la  ditte  veutVe  laiet 
qu'elle  a  renoncé  à  la  Communauté  qui  estait  entr'elle  et  le 
dict  defïunct  son  Mary,  Se  tenant  à  se-^  Douaire,  dot,  préci- 
put,  et  autres  Conventions  matrimoniales  que  le  dicL  def- 
iunct  son  Mary  lui  a  accordées  par  contrat  de  mariage. 

Premièrement  dans  la  Cuisine  de  la  ditte  maison  a  esté 
trouué  une  Crémaillière,  un  gi-il,  une  pelle  à'  feu,  et  unti 
brosche,  le  tout  eu  fer,  viel,  estimé  ensemble  à  la  somme  de 
neuf  livres. 

Item  une  vieille  poêle  à  frire,  et  un  vieil  poislun  le  tout 
estimé  ensemble  à  la  somme  de  cinquante-six  livres. 

Item  quatre  vieilles  cluuulières  Telles  qu'elles  l'"stimées 
ensemble  avec  une  ditte  chaudière  à  boire  à  la  somme  de 
huict  livres. 

Item  un  vieil  plat  en  enivre,  pesé,  estimé  à  la  somme 
de  dix  sols. 

Item  deux  vieilles  mai-mitcs  avec  leur  couver,  le  esti- 
mées à  vingt  sols. 

Item  un  |tetit  ehadelicr  en  cuivre,  et  une  i)etite  lantci-- 
ne  le  tout  vieil  estimé  ensemlile  à  la  somme  de  cin(|uante- 
cinq  sols. 

Item-vingt-deux  livres  de  vieil  ICstain  gros  estimé  à  la 
somme  de  ouinze  sols  la  livre. 


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—  1J9— 

Item  un  vieil  tlasoue  à  flasquer  du  linge  e?timé  à  qiia' 
rante  sois. 

Item  une  petite  Tasse  d'argent  estimée  à  la  somme  de 
douze  livres. 

Item  une  vieille  Table  de  bois  de  pin  estimée  à  la  som- 
me de  soixante  soLs. 

Item  un  petit  vieil  banc,  avec  deux  cliaises  de  pailles  le 
tout  estimé  à  la  somme  de  quatre  livres. 

Item  un  fusil  et  deux  petites  carabines  le  Tout  Vieil 
Estimée  ensemble  à  la  somme  dix-bi.ict  livn^s. 

Item  cinq  vieil  bâches  estimées  ensemble  à  la  somme 
de  onze  livi-es. 

Item  un  petit  vieil  Trois  pieds  estimé  à  la  somme  de 
viiigt  sols. 

Item  une  scie  de  Traverse  avec-un  petit  Tarière  le  tout 
vieil  estimé  ensemble  à  la  somme  de  Six  livres. 

Dans  une  petite  cbamln-e  estant  a  costé  de  la  ditte  Cui- 
sine a  esté  Trouvé 

Une  vieille  i)aillasse,  un  lit  de  plurnes  avec  son  Traver- 
sain,  et  une  oreiller  garnie  de  eoustil  presque  neuf,  le  tout 
estimé  ensemble  à  la  somme  de  cinquante  livres. 

Item  un  autre  lit  de  plumes  avec  son  traversain  le  tout 
garny  de  vieil  eoustil,  estimé  ensemble  à  la  somme  de  qua- 
rante livres. 

item  deux  vieilles  couvertes  avec  une  petite  vieille 
oreiller  de  jilumes  le  tout  estimé  ensemble  à  la  somme  de 
quatre  livres. 

Item  une  petite  Scie  à  main  estimée  à  vingt  sols. 

Item  un  grand  vieil  cotlVe  .sans  (dé  ny  serrure  estimé  à 
quatre  livres. 

Item  un  autre  vieil  coffre  sans  serrure  estimé  à  cinijuan 
te  sols. 

Item  un  autre  vieil  colfre  bout  reniou  fermant  à  clé  es- 
timé à  st)ixanie  sols. 

Dans  les  dicts  collVcs  a  c.-té  trouvé 

Deux  linceuls  de  toiles  (K'  elu'uvre  blanc  estimé  ensem- 
ble à  la  somme  de  buict  livres. 

Item  deux  autres  petit-  vieils  Linceuls  de  Grosse  Tt)ille 


■,l,     ,M     ,M 


—120— 

estimé  onsenil>le  ù  la  soniaie  de  soixante  sols. 

Item  cin(|  vieilles  nappes  de  Toile  grosse  cstinK'z  ensem- 
ble à  Sent  Sols.' 

Item  sept  serviettes  Telles  qu'elles  avec  quatre  vieils 
Torchons  de  Toille  le  Tout  estimé  ensemble  à    soixante  sols. 

Dans  le  ij;renier  de  la    dite   niaison  a  esté  ti-oiivé. 

Deux  vieilles  filets  à  peselier  du  saumon  esiiinés  enseu)- 
ble  à  la  somme  de  six  livres. 

Item  un  van  à  vanner  du  irrain  estimés  à  la  .-omnie  de 
cinquante  sols. 

Item  un  lot  de  vieil  ferraille  estimé  à  la  somme  de  dix 
1  i  vrçs. 

Item  de  quatorze  minots  de  petits  pois  blancs  estimés  à 
la  sonmie  de  cinquante  sols  le  minot  qui  est  pour  le  tout 
celle  de  Trente-cinq  livres. 

Item  un  cordage  neuf  pesant  environ  Trente  à  Trente 
cinq  livres  estimé  à  la  somme  de  seize  livres. 

Item  un  vieil  demv  minot  estimé  à  la  somme  de  vingt 
sols. 

Item  une  petite  besche  vieille  est'inée  à  la  somme  de 
six  livres. 

Item  cinq  vieilles  posches  à  mettre  du  grain  estimé-; 
ensemble  à  la  somme  de  quarant<-  sols. 

Dans  une  petite  estable  a  esté  trouvée. 

Dix  biirriques  vides  estimées  ensemide  à  la  somme  de 
quatorze  livres. 

Dans  la  grange  un  tas  de  foin  de  la  graine  lais-éo  pour 
la  nourriture  des  bestiaux. 

En  suit  les  grains  qui  sont  sur  les  terres  de  dict  manoir 
seigneurial.  Deux  pièces  de  bled  français  contenant  cpiatre 
arpents  ou  Environ  lesquels  les  dicts  estimateurs  ont  Jugé 
et  e-timés  y  avoir  Soixante  minots  de  bled  à  Soixante  sols  le 
minot,  mettant  en  considération  les  travaux  de  la  récolte  et 
bottage  des  dicts  soixante  minots  faisant  la  somme  de  cent 
quatre-vingt  livres. 

Item  une  })etite  pièce  de  pois  estimée  à  trois  minots  à 
raison  de  trente  sols  le  minot,  pour  les  mcsmes  considéra- 
tions ijn'eii  l'article  du  bled  ci-dessus,  la    somme    de   quatre 


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s   ,:iii,ii   ,luiiîîi! 

— ]21  — 

livre-  dix  sois. 

Item  une  petite  |»ièeo  de  blé  d'Inde  estimée  à  dix  mi- 
nois ù  r;ii.-oii  lie  soixante  sols  le  minot  estimée  à  la  somme 
de  Trente  livres. 

Dans  la  Conr  du  dit  manoir  seigneurial  a  esté  trouvé 

Sept  cochons  tels  qu'ils  sont  estimés  ensemble  à  la  som- 
de  cinquante  livres. 

Item  deux  bœufs  allant  sur  trois  ans  dont  l'un  est  in- 
commodé des  deux  Jambes  naturellement  estimés  ensemble 
à  la  somme  de  (|uatre-vingt-dix  livres. 

Item  deux  Toreau  allant  sur  deux  ans  estinu's  ensem- 
ble à  la  somme  de  dix    livres. 

Lesquels  bestiaux  La  Demoiselle  Després  veufve  a  dé- 
claré avoir  a(;heté  depuis  le  déced  du  dict  teu  Sr  de  Lespi- 
nay  son  Mary,  et  Iceuv  payées  dés  deniers  qui  devront  esté 
prestées  par  ieu  Monsieur  Bazire,  et  une  barique  d'eau  de 
vie  et  une  bari(iue  devin.  Ce  qu'elle  reconnaist  estre  encore 
<ieue  au  dict  Sieur  l^>aziie  outre  ce  qui  sera  cy  après  déclaré 
Et  IMus  Avant  n'a  esté  pr^eeddé  au  présent  Inventaire  pour 
iiy  avoir  aucun  autre  biens  à  Inventoriser,  lesquels  biens  et 
le  tout  ce  qui  est  Contenu  a  présent  Inventaire  a  esté  laissé 
à  la  garde  Saisine  et  posession  de  la  dicte  veufve  de  l'advis 
et  consentement  des  dicts  Sieurs  de  Beaumont  et  Dupuy  es 
les  dicts  nom-.  Laijuelle  demoiselle  veufve  S'en  est  Volon- 
tairement chargée  et  promis  le  tout  représenter  quand  et  à 
qui  par  Justice  sera  ortlonné,  sur  les  paines  eu  cas  aparte- 
nant.  Et  remis  à  Inventorier  les  Tiltres,  }iapiers  et  ensei- 
gnement dépendant  de  la  ditte  succes.-ion. 

Faict  et  réglé  au  dict  lieu  <.t  manoir  Seigneurial  de  la 
Rivière  du  Sud  après  midy  sur  les  sept  heures  du  soir  ayant 
toute  la  journée  travaillé  sans  discontinuer  les  Joui'  et  an 
susdits.  En  pré-ence  de  .lean  Maingard  demeurant  à  la  ditle 
Rivière  du  Sud.  El  de  l'iedre  Catelle  demeurant  au  dic^t 
lieu,  appedés  pour  les  noms  (pii  (jut  signé  à  la  minute  des 
présentes  avec  la  ditte  Demoiselle  Despi-ès,  Sieur  de  Beau- 
mont,  Dupuy,  \'alc()urt  i^'  notaip;  i\:  le  dit  Jean  Pi'ou  a. 
déclaré  ne  savoir  es(i-ii-(»  ny  signer  de  ce  Enquis  sui\ant 
rordonnancc, 


i  1  .1 1  ;  :  : 


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1)1    /.     ■:!; 

:  :     •    '         .mua 

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L.  J...:i..-s 

■      •.':     ■J.'llO! 

il,.   '  i    ..IfKM.J 

iri)])V)'ï 


-122- 

(Signé)  Geneviefve  Desprez,  Charles  Couilliart  De]3eaumont 
Dnpuy,  Alfonse  niurin,  maingart  P>ecquet,  not.  royal. 

Et  avenant  le  dix  huicte  jour  d'octobre  gbye  soixante 
dix  huict  par  devant  le  notaire  Royal  Soussigné  et  Tesmoin? 
cy  bas  nommés  Est  comparu  en  personne  laditte  Demoiselle 
veufve  de  feu  Sr  de  Lespinay  Susnommée  Laquelle  a  dit 
et  déclaré  avoir  faict  recherche  des  papier-!  tiltres  d«  la 
succession  du  defïunct  Sr  de  Lespinay.  lesquells  na  pu 
recouvrer  ne  sachant  pas  ou  le  diet  dett'unct  les  a  ou  mettre, 
ne  luy  ayant  jamois  donné  aucune  connaissanci\  mais  seu- 
lement le  contract  dr  mariage  d'Entre  eux  qu'EUe  a  Tou- 
jours eu  en  ses  mains  ofïrant  de  remetttre  Touttefois  et 
quante,  dont  du  tout  elle  a  requis  acte  au  dict  notaire  et 
Tesm'oins  qui  luy  ont  octroyé  Iceluy. 

Faict  et  passé  à  Québec  estude  du  d-  notaire  les  jour  et 
an  susdits  en  présence  de  Guillaume  Roger,  premier  huissier 
au  Consl  Souverain  de  ce  païs  et  Jean  Maunay  (Jlerc  demeu- 
rant au  dict  Québec  appelle  pour  Tesmoins  qui  ont  signé 
avec  la  dte  Demoiselle  de  Lespinay  et  notaire  suivant  l'or- 
donnance 

(Signé)  genevief'^e  despréz,  J.  iMaunay  Roger.  Becquet. 
A.  COUILLARD  DESPRES,  PIRE 

LETTRE  DE  Mgr  BRI  AND 

Tout  est  îci  en  paix  ;  les  Anglais  me  donnent  des  mar- 
ques d'estime  et  m'honorent,  le  gouvernement  parait  m 'ai- 
mer et  avoir  en  moi  une  vraie  confiance.  Ce  qui  me  sert 
beaucoup  vis-à-vis  des  mauvais.  J'ai  lini  la  visite  de  mon 
diocèse  J'ai  érigé, 8  paroisses  nouvelles,  permis  à  .")  ou  4  qui 
commencent,  de  bâtir  des  petites  chapelles.  La  colonie  de- 
l)uis  la  fin  de  la  guerre  se  multif>lie  considérablement.  J'ai 
fait  la  visite  aussi  île  mes  sept  communautés  religieuses.  Ma 
santé  a  été  nn  peu  dérangée.  Je  suis  mieux  à  présent  de- 
puis environ  lô  jours.  ( 'ctte  année  je  ne  sortirai  pas,  j'au- 
rai «Vautres  occupations  non  moins  essentielles  ;  plaise  an 
Seignf>ur,  de  m'aider  à  bien  l'aire  ce  «|ujil  exige  (!<•  moi.  Je 
vous  firie,  mesdames,  de  m'obtenir  cette  gràc/. 

(.Québec,  li)  octobre  I  TCS.         J.OL.  Év.  i.k  (^ki'.kc. 


,!■■       iM 


J/fJ. 


;:      -ni   -MI 


^M/;i'i. 


-.^    >î(] 


--123-- 

LES  OUVRAGES  CANADIENS  RECENTS 


E.-Z.  Massicott'i,  Les prciiiicres  coita-ssions  de  tcnc  à  Montréal,  sous 
M.  de  Maisoniu'Hve,  i6^S-ib6^.  Ottawa,  Iiupriinc  ]ioiir  la  Société  Ro\a- 
le  du  Canada — 1915. 

M.  Massicotte  a  pu  rassembler  les  actes  de  coucessious  dressés  par 
M.  de  Maisonueuve  qui  se  trouvent  dans  les  archives  du  palais  de  Jus- 
lice  de  Montréal.  Il  a  également  eu  coniniunication  des  documents 
relatifs  aux  premières  années  de  Montréal  conservés  au  séminaire  de 
Saint-Sulpice  de  Montréal.  Ces  deux  souices  précieuses  ont  permis  à 
M.  Massicotte  de  suivre  dans  le  détail  le  développement  de  la  colotii.sa- 
tion  sur  cette  île  favorisée  qui  est  devenue  la  métropole  commerciale  du 
Canada. 

Depuis  une  dizaine  d'années  quelques  chercheurs  tenaces  et  habiles 
se  sont  donné  pour  tâche  de  non;  faire  connaître  l'histoire  des  premiè- 
res années  de  Montréal. 

•  M.  Massicotte  a  été  le  plus  heureux  de  ces  chercheurs.  '  Que 
de  faits  ignorés  et  pourtant  bien  im])ortants  de  l'histoire  de  Montréal  il 
a  mis  au  jour  depuis  quelques  années  ! 

L'abbé  Benj.  Deniers,  Oiieiqiirs  notes  histotiqites  sur  les  viissionnai- 
ics,  curés,  desservants  et  vicaiies  de  la  paroisse  de  Saiiit-François  de  Sales 
de  Neuville.     Québec,  Imiirimerie  de  L'Action  Sociale  Limitée — 1915. 

L'auteur  n'a  lias  la  iirctention  de  nous  donner  l'histoire  comjilète 
de  la  Pointe-aux-Trembles  dans  ces  vingt-quatre  pages  pourtant  bien 
remplies.  Le  titre  de  la  brochure  nous  dit  d'ailleurs  ce  qu'elle  contient. 

Ces  quelques  notes  nous  font  espérer  qu'on  publiera  avant  long- 
temps une  histoire  complète  de  la  belle  paroisse  de  la  Pointe-aux-Trem- 
bles.  Que  de  choses  intéres.santes  .se  sont  déroulées  dans  ce  coin  du 
pays  ! 

M.  l'abbé  Deniers  nous  fait  connaître  les  missionnaires  de  Doni- 
bourg  ou  la  Poinle-aux  Trembles  (MM.  G.  Morin,  J.  Basset  et  J.  Pin- 
guet),  et  donne  une  substantielle  biographie  des  onze  curés  de  la  pa- 
rois.se:  MM.  Jean  Bas-et.  16S5  1716  ;  Pierre  Ha/,eur  De  Lornie,  i;i<)- 
1725  ;  Robert  Dumont,  1723-1746  ;  Ls.-Eustache  Charticr  de  Lotbiniè- 
re,  1746-1777  ;  Mgr  Bailly  de  Messein.  1777-1794;  Claude-Jos.  Cres^é 
Poulinde  Courval,  1794-1^46  ;  Ls-lùl.  Parent,  i.S46-iS77:  l'iric  Rons- 
.seau,  1877  1.S90  ;  Anselme  Bouche:',  1890-1899;  Jos- Benoit  Souiard, 
1899-19  9:  Ivl/.éar-]'^.  Dionne.  curé  actuel. 

ICn  .somme,  biochure  instructive  et  édifiante  qui  mérite  d'être  ré- 
pandue non  seulement  à  la  Pointe  aux-Treiii'-les  mais  jiartnut  où  on 
aime  l'histoire. 

L'aiibé  J.-A.  Kroment,  llisloiie  de  Saint-Martin  (Comté  Laval,  lie 
Jésus)  et  compte  rendu  des  noces  d'or  de  .v,v/  curé.  J/.  L abbé  Maxime  Le- 
blanc.     Imp.   ..-C.-A.   Peirault,  S,   l'iace  I.avaltrie,  Ji.lie  Ite— ly  i  s. 


û  m^'r '.''?! 


n-ii^i:, 


—124— 

L'île  Jésus,  appelée  originairement  l'île  Montmagnj-,  fut  colonisée 
de  bonne  heure.  Dès  1637,  le  Père  Lejeuue,  Jésuite,  y  dit  la  messe. 
L'île  Montniagny  ou  Jésus  fut  d'abord  concédée  à  M.  Berthelot,  .secré- 
taire des  comniandeuients  de  la  Dauphine,  qui,  le  24  avril  1675,  l'é- 
changea avec  Mgr  de  Laval  pour  l'ile  d'Orléans.  EniôSi,  l'évêque 
de  Québec  visita  l'île  Jésus  et  y  trouva  quatre  famille  résidentes. 

C'est  en  1774,  que  la  paroisse  de  Saint-Martin  fut  érigée  canoni- 
quement.  NL  l'abbé  Froment  donne  la  biographie  de  tous  les  curés  de 
Saint- Martin  depuis  cette  date  :  M.  Louis  Fayette,  1774-1782  ;  M.  An- 
toine Lemaire,  178211802;  M.  Michal  Brunet,  i.Sji-iS;,,-,  ;  M.  Romuald 
Mercier,  1835-1839  ;  M.  Arthur  Caron,  1839-1847  ;  M.  Jean-Bapti.ste 
Bouras.sa,  1847-1851  ;  M.  Pierre-Célestin  Dubé,  1851-1880  ;  M.  Urgel 
Archambeault,  1 880-1 88 1  ;  M.  Ma.xime  Leblanc,  curé  actuel. 

On  trouvera  en  outre  dans  le  travail  de  M.  l'abbé  Froment  une 
foule  de  renseignements  intéressants  sur  l'histoire  intime  de  Saint- Mar- 
tin. 

L'abbé  Silvio  Corbeil,  La  noniialienne  en  philosophie  et  aux  sources 
de  la  pcdagos:ic.     Chez  les  Sourds-Muets,    Montréal      1914. 

M.  l'abbé  Corbeil,  qui  e.st  principal  de  l'école  normale  de  HuU,  nt 
se  contente  pas  de  conduire  ses  iiorinalieiincs  &n  belles-lettres,  mais  il 
entend  les  faire  remonter  jusqu'aux  sources  vives  de  la  pédagogie. 

C'est  pourquoi  il  a  cru  bon,  non  seulement  de  leur  donner  un  cours 
de  psychologie,  mais  encore  de  les  initier  à  la  ])hilosophie  générale. 

M.  l'abbé  Corbeil  a  divisé  toute  sa  matière  en  cinq  chapitres  dont 
voici  les  titres  :  La  logique,  Notions  d'ontologie.  Notions  de  cosmolo- 
gie. Notions  de  théologie  naturelle,  Notions  de  p.sychologie.  Ce  der- 
nier chapitre  se  sous-divise  en  huit  questions  où  l'auteur  fait  entrer  la 
discussion  des  principaux  problèmes  de  philosophie  morale  dont  la  so- 
lution importe  le  plus  aux  futurs  instituteurs  et  institutrices. 

John  McLeish,  /.a  pioductioii  de  charbon  et  de  coke  au  Canada pc/i- 
da)il  r aimée  civile,  /p/.?. Ottawa,  Imprimerie  du  Gouvernement  — 1914. 

D.-S.  Dowling,  Traits gcnéranx  sur  la  géoi^raphie  physique  du  Ca- 
nada,    Ottawa — 1915. 

John  McLeish,  /,<; />;W/c("//(^«  (i'«  ciment,  delà  chaux,  des  produits 
d'otigiie,  de  la  pierre,  et  d' autres  inatc)  taux  de  construction  au  Canada 
pendant  r  année  civile  IÇ12.  Ottawa,  Imprimerie  du  Gouvernement — 
1914. 

Le  /;e  ainiiversaire  du  "Jh-voir".  Compte  rendu  de  la  grande  ma- 
nifestation du  i.fjanvie>  /v/-,".  .Uloculions  et  discou)  s  de  .V.Ù .  /.-X.  Ca- 
iHuia.  C,.-X.  Ihulunmc.  Armand  Lairr^ne.  le  docteur  /.-/;'."  Prince  cl 
Henri  Bonrassa.  Imprimé  au  "Devoir",  43,  rue  Saiut-\'incent,  Mont- 
réal— 19 15. 

Henri  Bournssa,  The  l-'oreign  l'olicy  of  Gicat  Ilrilain .  Iui]irimerie 
du  "Devoir",  Montréal— 1915. 

Krnest  Morand,  Rapport  du  bibliothécaire  de  /a  législature  de  Ouébec, 


itti  .<■ 


—125— 

novembre  içrj  à  décembre  1914.     Québec,     Imprimé    par    E.-E.   Cinq- 
Mars,  imprimeur  du  Roi — 1915. 

Mgr  J.-M.  Kmard,  Le  pi  être-soldat.      Valleyfield— 1915. 

Exposé  théologique  de  l'immunité  du  prêtre  en  matière  militaire. 
Après  avoir  réprouvé  la  loi  sacrilège,  Mgr  Emard  conclut  :  "Toutefois, 
en  dépit  des  intentions  méchantes  de  ceux  qui  l'avaient  votée,  et  grâce 
à  l'admirable  attitude  de>  prêtres  eux-mêmes,  la  loi  aura  tourné  à  bien 
dans  une  mesure  assez  large  pour  justifier  une  fois  de  plus  la  doctrine 
qui  enseigne  que  Dieu  gouverne  tout  en  ce  monde  par  sa  Providence." 

R-G.  McConnell,    Rapport  sut  les  terrains  aurifères  du  KIondyke 
Ottawa,   Imprimerie  du  Gouvernement — 1Q14. 

Mgr  J.-M  'Em^ixà,  Au  Jendi-Saint  Méditation  .sacerdotale,  Val- 
leyfield— 19 15. 

■  Règlements  de  l' Association  professionnelle  des  employés    de  manufac- 
tures de  Mont}  éal.     Montréal — 1 915. 

f.a  Tenue  des  livres.  Etude  facile  delà  comptabilité  classique, 
Montréal  — 19 15. 

Claude  Dupont,  Un  petit-Jils  de  Pierre  Gagnait,  drame  social  en 
deux  actes.     Imprimerie  La  Cie  Le  Bien  Publie,  Trois-Rivières — 1915. 

L'abbé  Etienne  Blanchard,  Dictionnaire  du  bon  langage.  Paris, 
librairie  Vie  et  Amat,  11,  rue  Ca.ssette — 1914. 

Dictionnaire  de  320  pages,  suivi  d'exercises,  ayant  pour  but  de 
corriger  les  expressions  vicieuses,  de  rendre  le  langage  plus  précis, 
d'enrichir  le  vocabulaire,  de  faire  connaître  et  de  répandre  beaucoup 
d'élégants  idiotismes,  de  combattre  l'anglicisme  par  le    gallicisme,  etc. 

C'est  le  complément  de  En  garde  et  En  Fr-ançais  du  même  auteur. 
Tout  est  par  ordre  alphabétique.  On  y  trouve  des  modèles  d'annonces 
bilingues  et  une  grande  quantité  de  termes  commerciaux  que  l'auteur 
a  recueillis  en  Europe.  Eu  classe,  les  élèves  en  retireront  un  bon  pro- 
fit. Le  commentaire  en  e.st  facile  et  agréable-  Aux  journalistes  et  aux 
traducteurs,  il  sera  d'un  grand  .service.  A  l'occasion  il  peut  servir  de 
dictionnaire  de  synonymes.  Les  termes  français  de  la  balle  au  camp, 
du  gouret  {Itoekev).  de  l'automobilisme,  du  canotage,  de  l'exercise  mi- 
litaire etc.,  y  sont  insérés. 

David-W.  Parker,  A  guide  to  tlie  documents  in  tlie  manuscript  rvom 
at  tlie  /^ublic  .hcliives  of  Canada.  Vol.  I,  Ottawa,  Government  printing 
bureau— 1914. 

Prenuer  volume  d'un  ouvrage  ([ui  sera  très  utile  aux  chercheurs. 
ITiie  table  des  matières  très  bien  faite  permet  de  trouver  d'un  simple 
co.ip  d'œil  le  renseignement  ([u'on  cherche. 


i    123    J 

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'fili-jir...--  B 


— 12(;— 
REPONSES 

LES  CANADIHXS-FRANXWIS  ET  LA  GUERRE  DE  CRIMÉE 
(XXI,  I,  p.  20.)-^Dans  le  Courrier  des  Etats-Unis,  journal  français 
publié  à  New- York,  fin  se]itenibre  1914,  nous  lisons  : 

"On  raconte  que  j^eiulant  la  guerre  de  Crimée,  les  soldats  du  s^" 
néial  Pélissier,  qui  traversaient  le  camp  de  nos  alliés,  les  Anglais, 
étaient  tout  surpris  d'entendre  des  fantassins  en  tunique  rouge  s'entre- 
tenir en  français. 

"Il  y  a  donc  des  anglais  qui  jjarlent  notre  langue,  se  disaient-ils 
avec  étpnnement,  et  cet  étonnement  n'était  guère  moins  grand  lors- 
qu'on leur  exi^liquait  que  ces  soldats  de  la  reine  d'Angleterre  étaient 
en  réalité  des  Français,  les  descendants  des  colons  normands,  bretons. 
poitevins,  saintongeois,  et  établis  au  Canada  depuis  deux  .siècles.  Un 
certain  nombre  de  Canadiens-Français,  recrutés  à  Québec  et  à  Mont- 
réal, figuraient  en  effet  parmi  les  .soldats  de  lord    Kaghin  ". 

A-t-on  conservé  les  noms  de  ces  Canadiens-Français  recrutés  à 
Québec  et  à  Montréal  qui  combattirent  parmi  les  soldats  de  lord  Ra- 
glan dans  la  guerre  de  Crimée  ? 

La  guerre  de  Crimée  .souleva  un  grand  enthousiasme  dans  tout  le 
Canada.  Canadiens-Français  et  Canadiens- Anglais  étaient  fiers  de  voir 
leur  mère-]iatrie  respective  marcher  en.semble  dans  cette  guerre,  elles 
qui  avaient  été  ennemies  si  longtemps 

Le  II  mai  1854,  Mgr.  Turgeon,  archevêque  de  Québec,  publiait 
un  mandement  ordonnant  des  jirières  ]mbliques  pour  api>eler  les  béné- 
dictions du  ciel  sur  les  armées  de  l'Angleterre  et  de  la  France. 

"Comme  sujets  de  l'emjiire  britanni(jue,  di.sait  le  vénérable  ar- 
chevêque de  Québec,  la  loyauté  nous  fait  un  devoir  de  former  des  vœux 
pour  que  ses  armées  sortent  victorieuses  des  combats  qu'elles  auriJUt  à 
soutenir.  Unis  aux  Français  ])ar  la  communauté  d'origine,  de  langage 
et  de  religion,  connnent  ne  .souhaiterions-nous  ]>as  ipie  la  pairie  de  nos 
ancêtres  triomjihe  de  ses  ennemis  du  dehors,  comme  elle  a  triomphé  des 
ennemis  de  l'ordre  au-dcdans  ?  Comment  u'appellerions-nous  jias  la 
victoire  sur  le  drapeau  ipii,  tant  de  fuis  conduisit  nos  pères  au  champ 
de  l'honneur  "? 

Dix  mois  plus  tard,  en  mars  1755.  (juand  les  alliés  reprirent  avec 
tant  de  vigueur  le  siège  de  .Sébastopol,  Mgr    lîaillargton,  qui    adminis- 


ti'iljif,  ri  ■ 
......jjiu'! 


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V».  j;;,'i/:.i!: 


ii:r  r.-.i.t-:,.': 


-127- 

triit  le  siège  de  Québec  pendiiit  la  maladie  de  Mgr  Turgeon,  prescrivit 
des  prières  spéciales  dans  toutes  les  é.^lises  du  diocèse  de  Quéoec  pour 
les  succès  des  années  unies  de  l'Angleterre  et  de  la  France. 

Malgré  tous  les  vœux  que  formaient  les  Canadiens- Français  pour 
les  alliés,  nous  croyons  que  bien  peu  de  citoyens  de  (jucbec  et  de 
Montréal  combattirent  dans  les  rangs  de  l'armée  anglaise  en  Crimée. 
L'Angleterre,  pendant  cette  guerre,  ne  fit  pas,  d'ailleurs,  ajipel  aux 
volontaires  canidiens.      Son  armée  régulière  lui  suffisait. 

Pour  notre  ])art,  nous  ne  connaissons  qu'une  cou]ile  de  Canadiens- 
Français  de  Quél)ec  qui  firent  la  guerre  de  Crimée.  P.  G.  R. 

LZ  COMBAT  DELA  "SURVEILLANTE"  ET  DE  LA 
"  gUEBEC  ".  (XXI.I  p.  20.J— D.uii  un  journal  de  Québec,  à  la 
date  du  15  septembre  1914,  nous  lisons  : 

"La  dernière  liste  des  pertes  françaises  mentionne  entre  autres 
noms  ceux  du  général  Charles  Roques,  longtemps  inspecteur  gunér^l 
de  l'aéronautique  militaire  et  qui  venait  d'être  promu  au  grade  de  gé- 
néral de  division,  et  du  capitaine  Raoul  du  Conedic  de  Kergoualer.  Ce 
dernier  était  le  jietit-fils  du  général  de  .\Iontholon  et  l'arriére  petit-fils 
du  "  Brave  du  Conedic  ",  le  vaillant  et  célèbre  marin  breton  qui  com- 
mandait en  1799  la  "  Surveillance  "  àOuébec." 

Un  journal  de  Montréal,  le  même  jour,  allait    encore    plus    loin  : 

"  Le  capitaine  Raoul  du  Conedic  de  Kergoualer.  di.>ait-il,  était    le 

petit-fils  du  général  de  Montholon,  et  un  arrière  petit-fils  du  brave  Du- 

conedic,  marin  breton  qui  commandait  la  frégate,  "  La  Siirveil/accn  ", 

en  1790,  lors  du  aiinbal  navLxl  livfc  devant  Oiitbec." 

C'est  la  première  fois  que  nous  entendons  parler  d'un  combat  na- 
nal  devant  Québec  en  1799.     Oîi  est  la  vérité  clans  tout  ce  fatras  ? 

Il  y  a  ici  confusion  rulicule.  Il  est  bien  certain  qu'en  1799  il  n'y 
a  pas  eu  de  bataille  navale  devant  Québec.  Il  est  aussi  a  jieu  près  cer- 
tain que  la  Siirvei/ZaiiU-  n'e.st  jamais  venu  dans  le  port  de  QL'tbec.  La 
Capricieuse  qui  vint  à  Québec  en  1854  était  le  premier  vais.seau  de  guer- 
re français  qui  remontait  le  Saint- Laurent  depuis  1759. 
La  vérité  vraie,,  la  \  oici  : 

Le  6  octobre  1779,  la  frégale  française  La  Su)vcilla]iit\  commandée 
])ar  le  capitaine  Du  Conedic,  .ie  rencontrait  dans  les  environs  de  la 
rtlanche  avec  la  frégate  anglaise  Oucbcc,  coinniandée  par  le  capitaine 
Farmer 

Les  deux  vaisseaux  étaient  de  même  force  en  canons  et  en  équipa- 
ges. On  se  battit  pendant  ciiui  lieure.^  avec  un  acharnement  épouvan- 
table. Farmer  fut  tué,  et  Du  Conedic  reçut  plusieurs  lilessures  dont  il 
mourut  trois  mois  jilustard.  La  Surviillauli:  rentra  au  p<;rt  prescpic 
toute  désemparée.      La  Oiu'i'n-  lut  détruite. 

Léon  C.uérin  a  raconté  a\ec  force  détails  au  volume  \'  de  V I/istoi- 
r,-  Marili)iic  de  Inaïuc  k  p.p.  60  et  sefj.  )  le  duel  entre  la  Snririlla>itc  et 
la  Oncb,c.  P.  (i.   R. 


-128— 

Lettre  de  Mgr  Briand,  évêque  de  Québec,  aux 
soeurs  de  Mgr  de  Pontbriant 

Mesdames, 

Depuis  la  mort  du  très;  respectable  et  à  jamais  re- 
grettable évêque  Monseif^neur  de  Poiit-Briand,  votre  illustre 
frère,  je  n'ai  reçu  aucune  nouvelle  de  sa  famille,  quoique 
j'aie  écrit  Ti  M.  le  Cte  de  Nevet,  à  M.  l'abbé  tle  ïSt-.Méiian  et 
à  vous,  ^Mesdames. 

La  lettre  tlont  vous  m'avez  honoré  cette  année  nj'a 
surpris,  comblé  de  joie  et  renouvelé  mon  ancienne  et  tou- 
jours récente  douleur.  Je  n'entrerai  pas  dan-*  une  plus  lon- 
gue explication  qui  ne  pourrait  être  qu'affligeante  pour 
vous,  mesdames,  et  pour  moi.  Quelle  chute  lun-rible  !  après 
M.  de  Pont-Briand,  me  voici  à  Londres  à  poui suivre  sa  di- 
gnité. J'ai  fui,  j'ai  résisté  tant  qu'il  a  été  possible  sans  ex- 
poser la  religion,  (-'omme  je  lui  avais  promis  rol)éissance 
dès  le  premier  jour  qu'il  m'agréa  pour  travailler  sous  .-^es  or 
dres,  j'aime  à  me  représenter  qu'il  continue  du  ciel,  à  me 
charger  d'emplois  répugnants,  comme  il  faisait  pendant  sa 
vie,  et  cela  par  la  trop  grande  bonté  que  ce  digne  prélat  a 
toujours  eus  pour  moi. 

Les  affaires  de  la  religion  y  ont  été  remises  après  la  te- 
nue du  parlement,  je  ne  sais  encore  ()uand  je  passerai  en 
France  et  même  si  on  me  permettra  que  j'y  passe. 

On  m'obligera  peut-être  d'aller  dans  les  états  (Ih  la  rti-. 
ne  de  Hongrie,  car  rn\  (;st  ici  extrêmement  oppos.'  à  ce  <|ue 
s  Canadiens  aient  communication  avec  les  Françai-^.  C'est 
un  sacrifice  à  ajoutera  bien  d'autres.  Je  vous  supplie  de 
m'accorder  le  sufli'age  do  vos  saintes  ft  ferventes  pii  ivs.  .Jt? 
crois  les  mériter  par  les  bontés  dont  m'a  honoré  jusqu'à  la 
fin  et  sans  interruption  ]\Igr  voti'e  frèie. 

J'ai  riionneur  d'être  avec  un  profond  respe(;t, 

Mesdames,  votre  très-liumblc  et  obéissant  serviteur, 

r.lUAXT. 
Londres  12  février  ITO-"). 


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BULLETIN 


RECHERCHES  HiSTQRipES 

VOL.  XXI  BEAUCEVILIE-HAI  1915  No.  V 


PIERRE  ALLEMAND 


Voici  un  Allemand,  mais  comme  c'est  un  Allemand  qui  vient  de 
France  il  est  le  bienvenu  parmi  nous.  D'ailleurs,  nous  croyons  qu'il 
n'avait  d'Allemand  que  le  nom. 

11  était  originaire  de  Saint-Sauveur,  évêché  de  LaRochelle,  et  était 
le  fils  de  Claud    Allemand  et  de  Marie  Maudet. 

Il  embrassa  la  carrière  de  marin  et  fit  plusieurs  voyages  au  Canada 
avant  de  s'y  établir  définitivement. 

Dans  l'automne  de  i6Si,  les  nommés  Chouart  et  Radisson,  qui  de- 
vaient jouer  un  certain  rôle  un  ])eu  plus  tard,  proposèrent  à  M.  Char- 
les Aubert  de  la  Chesnaye,  riche  marchand  de  Québec,  une  expédition 
à  la  baie  d'Hud.son  i^our  y  faire  la  traite  avec  les  Sauvages. 

Les  deux  compères  n'avaient  pas  d'argent.  Ils  mirent  dans  l'ex- 
pédition leur  expérience  de  la  mer,  leur  énergie  et  leur  audace  à  toute 
épreuve.  M.  de  la  Chesna\e  s'engagea  à  fournir  deux  petits  navires, 
les  provisions  et  agrès  nécessaires. 

Les  deux  navifes  ])artircnt  de  Percé  le  ii  juillet  16S2.  L'un  des 
vais.seaux  était  commandé  [xir  Radisson  et  l'autre  par  Chouart. 

Pierre  Allemand  fit  partie  de  l'expédition  de  même  que  Jean-Bap- 
tiste Godefroy,  interiirète.     Tous  deux  rendirent  des  services  signalés. 

L'expédition  rc]>artit  de  la  baie  d'Hudson  le  27  juillet  16S3,  et  ar- 
riva à  Québec  à  la  fin  d'octobre. Le  voyage  avait  été  très  fructueux.(  i  ) 

Dans  l'été  de  16S4,  les  intéres.sés  du  connnerce  de  la  baie  d'Hud- 
son eus  oyaient  deux  barques  iiour  hiverner  dans  la  rivièie  de  Bourbon 
ou  port  de  Nel.son,  à  la  baie  d'Hudson.      L'intention  des    as.sociés  était 

m     X.-K-  nionno,  ClIUlAUr  KP  K.iDlSSUX,  pp.  107  tl  si^i. 


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— 130— 

de  faire  la  traite  a^'ec  les  Sauvages.  Cette  expédition  était  sous  le  com- 
mandement de  M.  Claude  de  Bennen  de  la  Martinière,  conseiller  au 
Conseil  Souverain. 

M.  de  la  Martinière  amena  Pierre  Allemand  avec  lui  en  qualité  de 
pilote. 

Le  13  novembre  1686,  le  marquis  de  Denonville  rendait  compte  au 
ministre  du  vojage  de  M.  de  la  Martinière  à  la  baie  d'Hudsou. 

"  Je  vous  dirai  seulement,  Monseigneur,  à  leur  sujet  (les  iiucres- 
sés  du  commerce  de  la  baie  du  Nord),  écrivait-il,  que  les  deux  barques 
qu'ils  envoyèrent  l'été  passé  (l'été  de  1684)  pour  hiverner  dans  la  ri- 
vière de  Bourbon  ou  port  de  Nelson  sont  arrivées,  peu  de  jours  avant 
le  départ  de  l'intendant  pour  l'Acadie,  comme  j'étais  à  Montréal. 

"Elles  ont  hiverné  dans  uue  petite  rivière  qui  se  décharge  dans  celle 
de  Sainte- Thérèse  tout  vis-à-vis  le  poste  que  les  Anglais  occupent  située 
dans  une  langue  de  terre  qui  est  entre  l'embouchure  de  la  rivière  de 
Sainte-Thérèse  et  celle  de  Bourbon. 

"  Si  le  sieur  de  la  Martinière  qui  commandait  les  deux  barques 
avait  été  plus  entreprenant  avec  ses  hommes,  il  aurait  pu  enlever  le 
poste  de  ces  voleurs  qui  y  ont  plusieurs  pièces  de  canon,  mai-s  il  .se  con- 
tenta de  songer  à  s'établir  dans  cette  petite  rivière,  oîi  il  a  pas.sé  l'hiver 
dernier.  A  la  fin  de  mars,  il  alla  prendre  un  poste  trois  lieues  au-des- 
sus du  po.ste  des  Anglais,  dans  une  île  où  il  entra  sur  les  glaces  laquel- 
le est  au  milieu  de  la  rivière  Sainte-Thérèse  qui  est  justement  l'endroit 
où  le  fripon  de  Radisson  surprit  Chouart,  son  neveu,  et  les  autres 
Français  qu'il  tient  avec  lui  avec  tous  les  castors  qu'ils  avait  traité  pour 
nos  intéressés. 

"  Dans  cette  île,  le  dit  sieur  de  la  Martinière  fit  son  magasin  qu'il 
traita  aux  Sauvages  qui  y  vinrent  ajirès  la  fonte  des  glaces, et  en  quinze 
jours  du  mois  de  juin  il  fit  pour  dix  mille  écus  de  pelleteries.  Les  vi- 
vres leur  manquant,  le  sieur  de  la  Martinière  fut  obligé  de  quitter  ces 
postes,  et  ne  croyant  pas  y  pouvoir  laisser  des  hommes  et  marchandi.ses 
en  sûreté  fit  embarquer  tout  sou  monde  et  ses  marchandises 
pour  revenir.  Sur  la  route  nos  deux  barques  en  rencontrèrent  une  an- 
glaise qu'ils  prirent,  et,  quel([ues  jours  ajuès,  un  vaisseau  anglais,  qui 
est  celui  qui  porte  Radisson.  venant  d'Angleterre,  leur  donna  cha.sse  et 
les  contraignit  de  .se  .sauver  dans  uue  baie  où  le  vaisseau  anglais  ne  les 
jiouvant  suivre  mouilla  devant  elles  et  resta  à  l'ancre  cinq  jours  du- 
rant ;  après  quoi  il  .se  retira  et  nos  barques  avec  leur  prise  se  voyant  en 
liberté  s'en  \inrent  ici. 


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—131— 

Puis  le  marquis  de  Denonville  parlait  du  pilote  Allemand  au  minis- 
tre :  ■  1.  A 

"  Le  sieur  de  la  Martinière  avait  avec  lui  un  jeune  homme  de  ce 
pays  nommé  Allemav.d  qui  lui  servait  de  pilote  duquel  j'espère  tirer 
une  carte  cet  hiver  selon  les  mémoires  qu'il  a  pu  prendre  des  Sauvages 
avec  lesquels  il  a  fait  presque  toute  la  traite.  Si  ces  mémoires  sont  jus- 
tes vous  voirez  (verrez), Monseigneur.que  la  plus  grande  partie  de  nos 
pelleteries  qui  viennent  du  côté  du  Lac  Supérieur  et  surtout  du  lac  des 
Assinibois  passeront  aux  Anglais  par  cette  rivière  de  Samte-Therese, 
si  ou  les  laisse  tranquilles  dans  leurs  établissements. 

"Il  n'y  a  Mon.seigneur,  qu'un  moyen  pour  remédiera  cela  qui 
est  d'appuver  notre  Compagnie  qui  n'est  pas  en  étal  de  faire  la  dépense 
c'e  bâtiments  propres  pour  soutenir  les  efforts  de  ceux  des  Anglais.  Se- 
lon ce  que  j'apprends  de  cette  rivière  il  faut  des  vaisseaux  plats  qui  ne 
tirent  pas  plus  de  neuf  pieds  d'eau.  Si  Allemand  n'avait  pas  ete  in- 
commodé depuis  son  arrivée,  j'aurais  tâché  de  vous  envoyer  des  cette 
année  la  carte  que  je  projette  de  lui  faire  faire  cet  hiver,  que  j'aurai 
l'honneur  de  vous  envoyer  à  la  première  occasion. 

"Je  prendrai  la  liberté,  Monseigneur,  de  vous  dire  encore  une  fois 
que  nous  pourrions  trouver  ici  des  jeunes  gens  très  propres  à  faire  de 
bons  pilotes.si  vous  vouliez  bien  avoir  la  bonté  d'en  entretenir  quelques 
uns  ici  Cela  donnerait  de  l'émulation  d'en  faire  d'autres  dont  un 
jour  vous  pourriez  tirer  du  service.  Celui-ci  dont  j'ai  l'honneur  de 
vous  parler  me  parait  un  fort  bon  sujet."      (i) 

Le  6  novembre  1687,  MM.  de  Denonville  et  Champigny  écrivaient 
au  ministre  : 

"  Nous  vous  envovons  un  mémoire  de  Allemand  qui  s'offre  de  con- 
tinuer la  carte  de  la  navigation  du  golfe  et  du  fleuve  que  le  sieur  Des 
Hâves  avait  commencé.  Il  .serait  bien  nécessaire,  Monseigneur,  que 
cet  ouvrage  se  continuât  ;  il  est  a.s.sez  joli  garçon  et  entendu."  (2) 
Le  mémoire  ou  placet  de  Pierre  Allemand  se  li.sait  comme  suit  :  ^ 
"  Dit  qu'il  a  une  entière  connaissance  de  toutes  les  côtes  du  Ca- 
nada par  les  fréquentes  navigations  qu'il  a  faites  il  offre  si  on  veut  lui 
donner  le  commandement  d'une  corvette  àe  30  à  40  tonneaux  et  1  en- 
tretenir de  lever  les  plans  de  tous  les  ports  et    anses  des    dits  cotes,  re- 


1)    Anliivos  imbli.iiicsdu  l'iinuilii,    iiirr^ioiiM 
.')     Archivas  iml>!iiiui:sihi  CiuiudH.    Corrcspom 


—132— 

chercher  les  endroits  propres  tant  pour  établir  des  pesches  que  la  traite 
avec  les  sauvages  Esquimaux,  de  dresser  des  cartes  justes  de  toutes  les 
côtes. 

"  D'enseigner  la  navigation  à  ceux  du  i)ays  qui  le  voudront  aji- 
prendre  comme  aussi  les  manœuvres,  le  canonnage  et  les  constructions, 
en  sorte  que  dans  2  ou  3  ans,  la  colonie  se  trouverait  fournie  de  toutes 
sortes  de  gens  propres  à  la  navigation.  Cela  donnerait  occasion  aux 
marchands  établis  en  Canada  d'emplo>er  des  vaisseaux  aux  pêches  de 
la  morue,  des  saumons,  harangs  et  autres  poissons  sont  en  grand  nom- 
bre sur  les  côtes.  Cela  donnerait  encore  lieu  de  faire  la  traite  avec  les 
Sauvages  que  les  Français  ne  connaissent  pas,  et  qui  vendent  les  jiflle- 
teries  aux  Anglais  et  Hollandais,  qui  en  tirent  des  profits  considéra- 
bles.^' 

Il  n'appert  pas  que  le  placet  de  Pierre  Allemand  fit  une  grosse  im- 
pression sur  le  ministre. 

L'année  suivante,  en  16S8,  Pierre  Allemand  se  rendait  en  France 
et  présentait  le  mémoire  suivant  au  ministre  de  Seignela)-  : 

"  Monseigneur, 

"  Pierre  Allemand  ayant  acquis  une  entière  connais- 
sance de  toutes  les  côtes  du  Canada  par  les  fréquents  voyages  qu'il  a 
faits  tant  allant  et  venant  en  France,  à  L'Acadie,  et  le  long  Mes  côtes 
depuis  Québec  jusques  dans  la  Baie  d'Hudson,  oîi  il  a  commandé  les 
vaisseaux  de  la  compagnie  de  la  dite  Baie  :  à  qui  le  Roi  a  accordé  le 
commerce  des  pelleteries  dans  le  dit  pays  représente  très  humblement  à 
votre  grandeur  que  le  Canada  étant  entièrement  dépourvu  de  pilotes  et 
matelots,  les  côtes  de  Labrador,  Terreneuve  et  du  Golfe  St-Laurent 
étant  si  peu  connues  que  dans  l'année  i6S6,  il  s'est  perdu  trois  navires, 
un  dans  le  golfe,  et  deux  dans  le  fleuve,  il  serait  très  nécessaire  pour  le 
liays  et  l'établissement  du  commerce  que  le  Roi  accordât  un  petit  navi- 
re ou  corvette  de  quarante  à  cinquante  tonneaux,  construit  et  entrete- 
nu dans  le  pa_\s  à  peu  de  frais,  en  envoyant  les  agrès  de  France,  et  si 
votre  grandeur,  sur  le  rapixirt  que  lui  a  pu  faire  Monsgr  de  St-Valliez 
(sic)  de  sa  conduite  et  ca])acité  dans  la  navigation  le  jugeait  capable  de 
monter  le  dit  navire,  il  lèverait  des  plans  de  tous  les  jjorts  et  havres  des 
dites  côtes,  rechercherait  les  endroits  jiropres  tant  pour  établir  des  pê- 
ches ;  que  la  traite  avec  les  Sauvages  Lsquimaux,  dre.sserait  des  cartes 
justes  de  toutes  les  côtes,  enseignerait  la  navigation  à  ceux  du  pa\s  c|ui 
la  voudraient  a])prendre,  qui  seraient  en  assez  buii   noml)re,ai)|>reU(lrait 


•ifi  >:tj.;'?A'-'i"v 


—133- 


les  manœuvres,  le  cannonnage  et  les  constructions  a  ceux  qu.  se  pré- 
senteraient, tellement  que  dans  deux  ou  trois  ans  le  pays  se  ^^^^^^^ 
founù  de  toutes  sortes  de  gens  propres  à  la  navigation  ce  qui  fera  t  que 
les  marchands  établis  dans  la  colonie  auraient  des  vaisseaux  qu  ils  em- 
ploieraieut  aux  pêches  de  morues,  saunions,  harengs,  lo"l- ^';"-;; 
marsoins,  baleines,  et  autres  poissons,  qui  sont  eu  grand  nombre 
les  côtes  du  pa^  s,  et  à  la  traite  avec  les  sauvages  qu'on  n'a  encore  pon  t 
vus  venir  commercer  avec  nous,  au  contraire,  traitant  avec  es  Anglais 
ou  Hollandais  qui  en  tirent  des  profits  considérables  et  qui  s  établissent 
actuellement  dans  l'île  de  terreneuve  et  sur  les  costes  du  Labrador. 

'  MM.  de  DeuonviUe  et  Chanipigny  et  Mr  de  St  \  alliez  savei.t  a 
nécessité  et  le  be.^oin  qu'a  le  pays  que  le  présent  mémoire  soit  exécute 
et  tout  le  pays  continuera  avec  un  grand  z.èle  ses  prières  pour  1  accom- 
nlissenient  de  vos  glorieux  dessehis."      (O 

'Ta  démarche  personnelle  de  Piene  Allemand  n'eut  pas  plus  de 
succès  que  la  lettre  du  marquis  de  Deiionville.  Le  puissant  m.ni.stre 
de  Seignelav  avait  Hen  d'autres  chat,  à  fouetter  que  d'écouter  les  de- 
'-t:;;e  Alî^^Sïl^pSiSurément  à  Québec  le  .,  niai  i6,i. 

11  avait  épousé,  à  Québec,  le  13  novembre  .6S5,  Louise-Margueri- 
te Douaire  de  Bondy.  fille  de  Thomas  Douaire  de  Bondy  et  de  Margiie- 
rite  de  Chavignv.  Une  de  .ses  filles  devint  la  femme  de  Jean-Baptiste 
Charets,  de  la  famille  des  Charets.  de  la  Pointe-Lév>  ■  ba  veuve  se  re- 
maria, en  169.,  à  Nicolas  Pineau.  Pierre  Allemand  avait  au.ssi  un  fi  > 
,ui  porta  le  !4me  prénom  que  lui.  mais  ce  Pierre  Lallemand  ne  .semble 
pas  avoir  lai.ssé  de  postérité.  p    ç.    ^ 

La  "Bourse"  de  Montréal 

Kn  1717,  un  arrêt  du  roi  iK.n-mettait  aux  marchaiuls  de  Québec  et 
de  Montréal  de  s'assembler  tous  les  jours  eu  un  lieu  .qu'ils  choisiraient 
pour  V  traiter  de  leurs  affaires,  comme  aussi  de  se  nommer  un  synd,., 
c'est-à-dire  un  représentant  auprès  des  avrUmtes 

Nous  avons  peu  de  renseignements  sur  la  /nw;^,  cle  ^uldcl. 
connaissons  sa  fondation.      I!  y  a  guère   plus  ^  M^.^icot- 

Dans  le  io,nuiun>  .  I »/.'</""'""'  tle  J— 'u-r  ,u.,.  M.  1..  A.  Ma 
te  publie  un  document    qui  prouve  (i 


la    /lofirsr     de  Montré; 


,ta  suion  jusqu'à  la  Conquête  du  moins  peu  d'années  avant. 


j  '  '.  'j!i:viio: 


J'  ail"; 

1  -.hvi; 


tî(|  Ht.-;:.i 


if;'.V:i.-.0 /'    jb  " J^-iUoH**  li J 


-Vài- 


Une  société  Politique  Secrète  à  Montréal 

Le  Club  Saint=Jean  Baptiste 


Une  des  très  rares  sociétés  politiques  secrètes  canadiennes-françai- 
ses qui  aient  existé  à  Montréal  jwrta  le  nom  de  Club  Saint-Jean-Baptis- 
te. 

Ostensiblement,  c'était  un  cercle  inoffensif  où  l'on  pouvait  jouer 
au  billard,  prendre  une  partie  de  cartes  et  déguster  des  lif^ueurs. 

Le  gardien  du  local,  M.  Patenaude  logeait  sous  les  combles,  les  sal- 
les d'amusement  se  trouvaient  au  rex.-de-chaussée,  et,  dans  le  sous-sol, 
se  tenaient  les  réunions  secrètes. 

Les  parrains  du  club  n'avaient  pas  fait  grande  dépense  d'imagina- 
tion pour  le  baptiser. 

Ils  l'avaient  appelé  Saint-Jean-Baptiste,  tout  simplement  parce 
qu'il  occupait  une  maison  de  la  rue  Saint-Jean-Baptiste. 

La  maison  en  question  a  une  histoire  assez  longue  que  nous  allons 
résumer  en  peu  de  mots. 

Avant  d'être  habité  par  le  club, l'édifice  avait  une  réputation  sinis- 
tre et  un  ]>amphlètaire  que  nous  allons  citer  de  nouveau  au  cours  de  cet 
article  (i)  écrivait  avec  emphase,  à  ce  sujet  :  "Ce  que  c'était  que  cette 
"  maison...  Je  ne  le  dirais  pas  à  une  honnête  femme...  Les  murs  gar- 
"  dent  encore  quelques  traces  de  ces  jours  de  dégradations.  Il  y  a  trois 
"  ans,  deux    hommes  s'y  sont    égorgés  à  coups  de    rasoir"  .. 

Après  avoir  été  abandonné  par  le  club  ce  bâtiment  devint  usine  et 
il  semblait  que  l'oubli  allait  l'envelopiier  pour  toujours  lorsque  la  fan- 
taisie d'un  archéologue  transforma  cet  ancien  objet  de  réprobation  po- 
pulaire en  un  lieu  de  vénération  historiciue. 

En  effet,  peu  après  la  publication  du  l'/f/ix  Montrcal  de  Morin,  un 
chercheur,  bien  intentionné  du  leste,  s'apercevant  que  cette  maison 
dont  l'intérieur  est  remarquable,  s'élevait  sur  le  .site  de  la  concession 
accordée  au  tailleur  Nicolas  Hubert-Lacroix,  en  1655,  décréta  aussitôt 
ipie  ce  bâtiment  datait  dn  17e  siècle,  (pie  c'était  la  jjIus  ancienne  cons- 
truction de  Montréal.  .  et  tout  le  inonde  le  crut,  sans  autres  j^reaves. 


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■      .j,/:-,,      :.'      , 


—  135— 

Aujourd'hui,  des  architectes  et  des  archéologues  sérieux  préten- 
dent que  l'extérieur  de  cette  maison  date  au  plus  du  iSe  siècle  ;  que  ses 
sculptures  intérieures  sont,  pour  une  bonne  partie,  de  st\le  ^  colonial, 
conséquemment  du  régime  anglais,  et  peut-être  de  l'époque  où  le  roi  de 
la  fourrure,  M.  Me  Tavish.  résida  dans  cet  immeuble  ! 

Mais  pourquoi  s'insurger  ?  Les  guides,  les  gravures  et  la  pliota- 
graphie  ont  si  bien  vulgarisé  "la  plus  vieille  maison  de  Montréal"  qu'il 
n'est  plus  possible  de  détruire  la  légende.  Passons  donc  du  contenant 
au  contenu. 

*** 
Fondé  vers  1865,  par  Ludger  Labelle,  avooat,  le  club  vSaint-Jean- 
Baptiste  avait  un  but  politique  qu'on  ne  démile  pas  bien,  à  distance. 
Les  deux  adhérents  septuagénaires  qui  nous  ont  fourni  la  plupart  de 
ces  notes  (i)  ne  s'accordent  pas  sur  ce  point.  L'un  prétend  que  le 
club  voulait  orienter  les  Canadiens-français  vers  l'annexion  ou  l'indé- 
pendance, l'autre,  qu'on  ne  cheichait  qu'à  empêcher  de  s'accomplir,  la 
confédération  canadienne,  redoutée  à  l'égal  des  plus  grands  maux. 

Ces  deux  opinions  se  trouvent  justifiées  par  le  pamphlet  anonyme 
(attribué  à  l'hon.  J.  A.  Mousseau)  Contre- Poison.  La  coyifédcration, 
c' est  le  salut  du  Bas- Canada . 

Dans  cette  l^rochure,  on  voit  que  le  club  "lutta  contre  la  confédé- 
ration", qu'un  des  principaux  membres  avait  "levé  le  drapeau  de  l'in- 
liendance"  et  s'était  fait  "le  plus  ardent  avocat  de  l'annexion." 

Composé  de  jeunes  gens  ayant  appartenu  aux  deux  partis  politi- 
ques, le  club  se  niontra  très  actif  dès  sa  naissance.  Il  prit  part  aux 
luttes  municipales,  fit  élire  l'épicier  J.  O-  Mercier  contre  le  tribun  J. 
A.  Chapleau.le  fougueux  Méderic  Lanctôt  contre  le  brave  commerçant, 
Alexis  Dubord  et,  enfin,  aida  Ludger  Labelle  qui  avait  déjà  été  élu 
conseiller. 

De  plus,  le  club  chercha,  à  l'in.star  de  l'Institut  Canadien,  à  s-  ré- 
pandre dans  la  province  et  l'on  connaît  jiar  une  brochure  reproduisant 
la  corresiiondance  échangée  entre  l'abbé  Laroque  et  le  député  Dufresiie 
qu'il  existait  une  succursale  de  la  société  à  Saint-Jean. 

Ouels  étaient  ks  membres  de  ce  club  ? 


-r:  --lia;:/  ;^■■(; 


-13(5- 

D'après  le  pamphlet  déjà  cité,  "les  rédacteurs  du  Pays,  de  /'  Union 
Nationale  (i)  et  de  l'Ordie  trônaient  dans  les  assemblées",  trois  mem- 
bres du  parlement ..  les  '^éputésde  Bagot,  Maurice  Laframboise,  de 
Richelieu,  Jean-François  Perrault  et  d'Iberville,  Alexandre  Dufresne, 
en  faisaient  aussi  partie. 

Parmi  les  autres,  les  anciens  nomment  :  Ludger  Labelle,  le  fonda- 
teur, Edmond  Augers,  fabricant  de  chaussures,  trésorier,  O.  Archam- 
bault,  avocat,  J.  et  C.  Patenaude,  El/.éar  Labelle,  avocat  et  poète,  frè- 
re de  Ludger,  A.  David,  H.  F.  Rainville,  Guillaume  Lamothc,  chef  de 
police,  Moore,  photographe,  ^L  Nœgelé  officier  de  ])olice,  Jean  de 
Beaufort,  détective,  Médard  Mercier,  huissier,  etc., etc. 
*** 

Lors  d'une  admission,  le  candidat  était  rencontré  sur  le  champ  de 
Mars  ;  on  lui  bandait  les  yeux  et  on  le  menait  à  la  salle  du  club  par 
une  voie  détournée.  (2)  Rendu  à  la  porte  de  la  salle,  le  h\\.nr frire 
demandait  à  être  introduit.  Quelques  objections  lui  étaient  faites, 
pour  la  forme  puis,  s'il  persistait, on  le  faisait  entrer  et  on  lui  enlevait  le 
bandeau. 

La  scène  qui  s'offrait  alors  aux  regards  du  profane  n'avait  rien  de 
banal. 

Autour  de  lui,  se  trouvaient  les  initiés  recouverts  de  cagoules  som- 
bres qui  ne  laissaient  apercevoir  que  les  yeux. 

Au  fond  de  la  pièce,  sur  une  estrade,  planait  le  ])résident  ou  le 
Maître  Devant  ce  dernier  était  une  table  tendue  de  noir,  chargée  à 
chaque  bout  d'une  tête  de  mort  ;  derrière  le  niait re  s'étalait  un  grand 
drapeau  noir  sur  lequel  on  avait  peint  en  blanc,  une  tête  de  mort  au- 
dessus  de  deux  tibias  disposés  en  sautoir. 

Au.ssitôt,  le  maître  de  cérémonie,  ou  ]wrte- poignard,  s'avançait 
vers  le  récipiendaire  et,  en  lui  apimyant  l'arnic  sur  la  poitrine,  lui  fai- 
sait prononcer  "à  haute  et  intelligible  voix"  un  engagement  d'honneur 
terrible  dont  M.  Mousseau  a  dû  voir  le  texte,  car  il  en  cite  des  bribes, 
dans  sa  brochure,  pp.  65-66. 


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-137- 

Après  cette  lugubre  cérémonie,  les  assistants  enlevaient  leurs  ca- 
goules et  souhaitaient  la  bienvenne  à  leur  nouveau  compagnon  qui,  la 
jîlupart  du  temps,  reconnaissait  presque  tous  ses  amis  et  connaissances. 

Les  mots  de  passe  étaient  alors  dévoilés  au  "frère"  ainsi  que  "la 
poignée  de  main." 

L'un  des  premiers  était  comme  suit  :  "Quelles  nouvelles  dans  le 
pays  ?"  ou  "as-tu  vu  Marianne  ?  " 

A  cela,  on  ré])ondait  :  "Marianne  s'en  vient." 

Quant  à  la  poignée  de  main,  elle  se  donnait  en  tenant  l'annulaire 
replié. 

*** 

Suivant  des  membres  vivants  le  club  exista  une  couple  d'années  ; 
d'après  M.  Mousseau  son  existence  n'aurait  été  que  de  quelques  mois. 
Ce  serait  Sir  Georges-Ktienne  Cartier  qui  avait  eu  à  subir  les  assauts  du 
club  qui  en  décida  la  suppression. 

Le  juge  Coursol  et  le  greffier  de  la  paix  M.  Schiller,  après  s'être 
procuré  une  liste  des  membres  de  cette  société,  ordonnèrent  sa  disso- 
lution et  ils  réussirent  sans  grande  difficulté. 

*** 

Pour  terminer,  détachons  de  la  sympathique  étude  biographique 
que  l'hon  L.  O.  David  dans  J/fs  contemporains,  (p  171,  etc.)  a  consa- 
cré à  Ludger  Labelle,  les  notes  suivantes,  relatives  au  club  Saiut-Jean- 
Baptiste  : 

"  Ludger  Labelle  fut  le  principal  fondateur  du  club...  qui  fit  beau- 
"  coup  de  bruit  avec  peu  de  chose  et  finit  par  être  considéré  comme  une 
"  société  secrète. 

"  Les  membres  s'engageaient,  sur  l'honneur,  à  ne  pas  dévoiler  les 
"  secrets  des  délibérations 

"  Le  secret  était  facile  à  garder,  car  les  membres  du  club  passaient 
"  leur  temps  à  jouer  au  billard,  aux  dominos  et  un  peu  aux  cartes  ; 
"  ajoutons  que  s'ils  n'avaient  pas  de  mauvaise  intention,  ils  ne  faisaient 
'  '  rien  de  bon 

"  Ce  club...  .servit  de  refuge,  pendant  un  mois,  à  l'un  des  jeunes 
"  gens  qui,  après  avoir  volé  une  bancpie  à  Saint- Albans,  avaient  fran- 
"  chi  la  frontière  et  avaient  été  arrêtés  et  emprisomiés  à    Montréal 

"  Ces  jeunes  gens  n'eurent  ]ias  de  peine  à  trouver  des  refuges  au 
"  milieu  d'une  ]io])ulation  (]ui  était  pleine  de  sympathie  pour  eux. 


-138— 

"  Le  club  Saint-Jean-Baptiste  ne  fut  donc  pas,  sous  ce  rapport, 
"  plus  coupable  que  le  reste  de  la  population.  Mais  ses  principaux 
"  membres  voulurent  pousser  les  choses  plus  loin,  lorsqu'ils  discutèrent 
"  le  projet  de  délivrer  les  >aiders  avant  leur  acquittement. 

"  Le  complot  était  pas  mal  avancé,  lorsque  l'un  des  conspirateurs 
"  reçut  une  lettre  l'avertissant  ainsi  que  ses  compagnons,   qu'on  les  fe- 

"  rait  arrêter  si  on  les  croyait  sérieux " 

*** 

Qui  .sait  ?  Ce  fut  peut-être  cette  conspiration  qui  permit  aux  auto- 
rités de  s'ingérer  dans  la  société  et  d'en  provoquer  le  débandenient. 

E.  Z.  MASSICOTTE 

QUESTIONS 

Feu  M.  F. -M.  Derome,  avocat,  a  publié  en  1866  ou  1867  une  étu- 
de sur  le  "moulin  banal"  de  Kamoura.ska  et  vers  le  même  temps  un 
travail  sur  la  descente  des  Anglais  à  KamourasKa  en  1759.  Où  trouve- 
rais-je  ces  deux    études  ?  J.  L. 

—Quel  est  ce  monument  Price  élevé  dans  la    ville    de  Chicoutimi  ? 

CHILO. 

—Est-il  dit  dans  l'acte  de  mariage  de  Pierre  Fournier  de  Belleval, 
à  Québec,  le  30  juillet  1673,  qu'il  était  oiFicier  au  régiment  de  Cari- 
gnan  ?  CH. 

--Depuis  quand  la  crémation  est-elle  introduite  au  Canada  et  aux 
Etats-Unis  et  dans  quel  pays  d'Europe  a-t-on  construit  les  premiers 
fours  crématoires?  X.Y.Z. 

—  Après  le  procès  intenté  au  nom  de  Jeanne-Geneviève  Picoté  de 
Belestre  contre  Pierre  LeMoyne  d'Iberville  en  j68S  et  dont  on  trouve 
le  détail  dans  le  3e  volume  des  Jugcmoits  et  dclib.  du  Cous.  So//:rra///, 
que  devinrent  la  malheureuse  demoiselle  de  Belestre  et  son  enfant  ? 

ROMANCIER. 

—Dans  les  éphcmcrides  de  VA/iiktiuu/i  de  QkcIhc  pour  1.S46,  on  lit, 
à  la  date  du  30  janvier  :  "Nicolas  Denis,  gouverneur  du  Canada, 
1654".     Comment  expliquer  cette  étonnante  as;,ertiun  ? 

SIRE  E. 

--D'où  vient  l'expression  "aller  aux  loges"  ? 

CUR. 


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Les  commissions  des  gouverneurs  de  la 
Nouvelle=France 


Où  troiive-t-on  les  commissions  des  gouverneurs  de  la  Nouvelle- 
France  ? 

Nous  avons  eu,  sons  le  régime  français,  dix-huit  gouverneurs. 
Nous  ne  comptons  pas  dans  ce  nombre  les  personnages  qui  ont  admi- 
nistré la  Nouvelle-France  par  intérim,  si  ce  n'est  M.  de  la  Galissonière 
qui  vint  ici  avec  une  commission  spéciale  et  que  tous  les  historiens  ont 
considéré  comme  gouverneur.  Ces  administrateurs  sont  :  Marc  Antoine 
Bras-de-Fer  de  Châteaufort,  1 635-1 636  ;  Charles  de  Lauzon-Charny, 
1656-1657  ;  Louis  d'Ailleboust  de  Coulonge,  1657-1658  ;  Charles 
LeMoyne,  premier  baron  de  Longueuil,  1725-1726  ;  Charles  LeMoyne, 
deuxième  baron  de  L'ongueil,  1752. 

Les  gouverneurs  de  la  Nouvelle-France  furent  donc  : 

SAMUEL  DE  CHAMPLAIN.— Sa  première  commission  de  "com- 
mandant en  la  Nouvelle-France  "  lui  fut  donnée  le  15  octobre  161 2  par 
Charles  de  Bourbon,  comte  de  Soissons,  lieutenant-général  au  pays  de 
la  Nouvelle-Franee.  Champlain  a  publié  cette  commission  dans  ses 
Voyages  (édition  de  1632,  p.  231).  Fille  a  été  reproduite  dans  les 
Etù'/s  ei  Ordoiniai/rcs,  \-o\.  lU,  p.  11.  Le  15  février  1625,  Champlain 
recevait  une  autre  commission  de  "  commandant  en  la  Nouvelle- 
France"  de  Henry  de  Lévy,  duc  de  Ventadour,  vice-roi  et  lieutenant- 
général  au  pays  de  la  Nouvelle-France.  Cette  deuxième  commission 
e.st  également  publiée  dans -ses  IWages  {2e  partie,  p.  Si).  Elle  est 
reproduite  aussi  dans  Edits  et  Ordonnances,  vol.  IIL  p.  13. 

CHARLES-JACQUES  HUAULT  DE  MONTMAC.XV.  La  pre- 
mière commission  de  Montmagny  est  datée  du  15  janvier  1636.  11  dût 
recevoir  une  deuxième  commission  en  1639,  et  une  troisième  en  1642. 
La  quatrième  commission  de  M. de  Montmagny  est  du  6  juin  1645.  Q*î\.- 
te  dernière  est  publiée  dans /;V/7^  f/  (^/f/cwwin/i/'.v,  vol.  HL  P-i5-  Los 
trois  premières  commissions  de  ^L  de  Montnuigny,  croyons-nous,  n'ont 
jamais  été  inibliées.  Xoiis  ignorons  si  elles  existent  encore.  Un  fait 
qui  n'a    guère  été  remarqué   :     ^L  de     Montmagny     fut    nommé     gou- 


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verneur  de  la  Nouvelle-France  le  15  janvier  1636.  Champlain  était 
mort  le  25  décembre  1635.  On  n'avait  pu  apprendre  encora  en  France 
la  mort  de  Champlain  lors  de  la  nomination  de  Montmagti}".  Le  roi 
rappelait  donc   le    fondateur  de  la  Nouvelle-France. 

LOUIS  D'AILLEBOUST  DE  COULONGE.— C'est  le  2  mars 
1648  que  Louis  XIV  signa  la  commission  de  M.  d'Ailleboust  comme 
gouverneur  de  la  Nouvelle-France.  L'original  de  cette  commission  est 
conservé  à  l' Hôtel-Dieu  de  Québec.  M.  Ernest  Gagnon  a  rei)roduit  k- 
texte  de  la  commission  de  M.  d'Ailleboust  dans  ses  Feuilles  volantes  et 
Pages  d'histoire,  p.  213.  Il  est  dit  dans  cette  commi.ssion  :  "  Etant 
nécessaire  pour  le  bien  de  notre  service,  de  pourvoir  d'un  gouverneur 
notre  lieutenant-général  dans  toute  l'étendue  du  fleuve  Saint-Laurent, 
au  lieu  et  place  du  sieur  chevalier  de  Montmagny,  dont  le  temps  qui 
ne  doit  être  que  de  trois  aus,  ordonné  ]»r  nos  Règlements  i)our  le  dit 
pays,  est  expiré.." 

JEAN  DE  LAUZON. — Commission  en  date  du  17  janvier  1651. 
Reproduite  dans  Edits  et  Oidonnanecs,  vol.  III,  p.  16."...  pour  trois  ans 
seulement  qui  commenceront  du  jour  que  le  dit  sieur  de  Lau/.on  arrive- 
ra à  Québec."  M.  de  Lauzon  arriva  à  Québec  le  13  octobre  1651.  Com- 
me il  ne  laissa  la  Nouvelle-France  que  danr  l'été  de  1656,  il  garda 
donc  le  gouvernement  de  la  colonie  pendant  près  de  cinq  ans,  soit 
plus  de  vingt  mois  que  ne    le  lui  permettait  sa  commission. 

PIERRE  DE  VOYER,  VICOMTE  D'ARGENSON.— Commis- 
sion en  date  du  26  janvier  1657.  Reproduite  dans  Edits  et  Ordo/i/taiiees, 
vol.  III.  p.  20.  "  Etant  nécessaire  pour  le  bien  de  notre  service,  dit 
sa  commission,  de  pourvoir  d'un  gouverneur  notre  lieutenant-général 
dans  toute  l'étendue  du  fleuve  Saint-Laurent,  au  lieu  et  place  du  sieur 
de  Lauzon,  dont  le  temps  qui  ne  doit  être  que  trois  ans,  ordonné  par 
règlements  pour  le  dit  pays,  est  expiré " 

PIERRE  DUBOIS,  BARON  lY AXAVCOUR.  -Le  /oiimal  des 
yi'.w^/c-j- nous  apprend  (pie  M.  d'Avaugonr  arriva  à  Québec  le  31  août 
1661.  Il  faut  croire  que  sa  commission  ne  fut  pas  insinuée  au  registre 
du  premier  Conseil  de  Québec  comme  celles  de  ses  ])rédécesseurs  puis- 
qu'elle n'est  pas  publiée  dans  les  /ùlits  et  (h-doiiiunues.  On  n'en  pos- 
.scde  pas  de  copies  non  plus  aux  .\rcliive-.  publique  d'Ottawa.  Il  sem- 
ble même  que  les  Archives  de  la  Marine,  à  Paris,  n'ont  pas  coiiscr\é  la 
commission  de  M.   d'A\augour.      Aucun  catalogue  ou  inventaire    ne  la 


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...141— 

mertionne. 

AUGUSTIN  DE  SAFFRAY  DE  M  ES  Y— Commission  en  date  du 
ler  mai  1663.  Insinuations  du  Conseil  Supérieur  de  Québec,  registre 
A,  folio  2.  Reproduite  dans  Edih  et  Ordonnances,  vol.  III,  p.  21.  II 
e.st  dit  dans  la  commission  de  M.  de  Més\'  que  le  temps  de  trois  ans, 
porté  par  la  commission  de  M.  d'Avaugour.  ne  devrait  expirer  qu'en 
1664,  mais  que  le  Roi  "  désire  le  rappeler  présentement  en  France." 

DANIEL  REMY  DE  COURCELLES.-Commi.ssion  en  date  du  23 
mars  1665.  Insinuations  du  Conseil  Supérieur  de  Québec,  registre  A, 
folio  12.  Reproduite  dens /^(///.î  ('/  Ordonnances,  vol.  III,  j).  31.  Il 
est  dit  dans  sa  commission  :  "  Ayant  résolu  de  retirer  le  sieur  de 
Mésy  de  l'emploi  de  gouverneui  et  notre  lieutenant-général  de  Canada 
et  d'établir  eu  sa  place,  une  personne  en  la  suffisance  'et  fidélité  de 
laquelle  nous  nous  pui,ssions  reposer  de  la  conduite  de  nos    peuples   du 

dit  pays "  M.  de  Mésy  décéda  à  l' Hôtel-Dieu    de    Québec    le    6 

mai  1664,  avant  d'apprendre  qu'il  était  rappelé. 

LOUIS  DE  BUADE,  COMTE  DE  FRONTENAC  — Première 
commission  en  daie  du  7  avril  1672.  Insinuations  du  Con.seil  Supé- 
rieur de  Québec,  registre  A,  folio  42.  Rejiroduite  dans  Edits  et  Ordon- 
nances, vol.  III,  p.  40.  Il  est  dit  dans  cette  commission  :  "  Aj-ant 
résolu  de  retirer  le  sieur  de  Courcelles   de    l'emploi    de  gouverneur   et 

notre  lieutenant-général  de  Canada "  Seconde   commission  en    date 

du  15  mai  1682.  Insinuations  du  Conseil  vSupérieur  de  Québec,  regis- 
tre B,  folio  82.  Rt])roduite  dans  Edits  et  Ordonnances,  vol.  III,  p.  52. 
Cette  commission  délnite  ainsi  :  "  Ayant  résolu  de  rap])eler  aujjrès  de 
nous  le  sieur  marquis  de  Denonville,  gouverneur  et  notre  lieutenant- 
général  en  Canada  nous  avons  cru  que  nous  ne  pouxions  faire  choix 
d'une  personne  qui  fût  plus  digue  de  remplir  une  charge  de  cette  im- 
portance que  notre  cher  et  bien-aimé  le  comte  de   Frontenac " 

ANTOINl'-JOSl'PH  LEFKBVRE  DE  LA  BARRE. -Conunis- 
sion  en  date  du  ler  mai  i6,S2.  Insinuations  du  Conseil  Sui)érieur, 
registre  A,  folio  1)1.  Reproduite  dans  Edits  et  Ordonnances,  vol.  III. 
p.  44.  Débute  ainsi  ;  "A>ant  résolu  tie  retirer  le  sieur  comte  de  l-"ron- 
tenac  de  l'emploi  de  gouxerneur  et  notre  lieuten.uit-général  de  Canada.  " 

JACQUi:S-Rh;XH  !)1',  BRISAY,  MAROLIS  Dlv  I)i;X(  (XVIl.Li:. 
Conunission  en  date  du  ler  jan\-ier  H'iN,S.      Insinuations    du  Conseil  Su- 


—  142— 

pirienr,  registre  B,  folio  41.  Reproduite  dans  Edits  et  Ordonnances ,\o\. 
III  p,  48. Commence  par  la  formule  accoutumée:  "Ayant  résolu  de  reti- 
rer le  sieur  de  la  Barre  du  gouvernement  de  notre  pays  de  la  Nou- 
velle-France  " 

LOUIS-HECTOR  DE  CALLIERES.— Commission  en  date  du  20 
avril  1699.  Insinuations  du  Conseil  Supérieur,  registre  B,  folio  125. 
Reproduite  dans  Edits  et  Oidonnances,  vol  III,  p.  54.  "La  charge  de 
gouverneur  et  notre  lieutenant-général  en  Canada,  Acadie,  Isle  de  Ter- 
reneuve  et  autres  pays  de  la  Nouvelle-France  en  l'Amérique  Septen- 
trionale, étant  à  présent  vacante  par  la  mort  du  sieur  comte  de  Fron- 
tenac . . . .  " 

PHILIPPE  DE  RIGAUD,  MARQUIS  DE  VAUDREUIL.— Com- 
mission en  date  du  ler  août  1703.  Insinuations  du  Conseil  Supérieur, 
registre  B,  folio  162.  Reproduite  dans  Edits  et  Ordonnances,  vol.  III,  p. 
58.  Débute  comme  suit  :  "  La  charge  de  gouverneur  et  notre  lieute- 
nant-général au  pays  de  la  Nouvelle-France,  étant  à  présent  vacante 
par  le  décès  du  sieur  de  Callières " 

CHARLES,  MARQUIS  DE  BEATIHARNOIS.— Commission  en 
date  du  11  janvier  1726.  Insiiuiations  du  Conseil  Supérieur,  registre 
F,  folio  57.  Reproduite  dans  Edits  et  Ordonnances,  vol.  III,  p.  67. 
"  La  charge  de  gouverneur  et  notre  lieutenant-général  au  dit  pays  de 
la  Nouvelle-France  étant  à  présent  vacante  par  le  décès  du  sieur  mar- 
quis de  \'audreuil. ....." 

ROLAND-MICHEL  BARRIN, COMTE  DE  LA  GALISONNIERE. 
— Commission  en  date  du  10  juin  1747.  Il  est  nommé  "  commandant- 
général  de  la  Nouvelle- France"  pendant  l'absence  de  M.  de  la  Jon- 
quière.  La  commission  de  M.  de  la  Galisonnière  est  au  registre  I, 
folio  43,  des  Insinuations  du  Conseil  Supérieur  de  Québec.  IvUe  a  été 
reproduite  dans /Tf/Z/j-f/  Ordonnances,  vol.  III,  ]).  73. 

JACQUES-PIERRE  DE  TAFFANEL,  MARQUIS  DK  LA  JON- 
QUIl'^RE.— Commission  en  date  du  15  mars  1746.  Insinuations  du 
Conseil  Supérieur,  registre  I,  folio  66.  Rei)roduite  dans  A"(//Vj-  et  (  V- 
donnonces,  vol.  III,  11.  71.      •'  ,\\-ant  résolu  de  rani>eler  auprès  de  nous 


le  sieur  marquis  de 

lîeauliarnois,  gouv 

■rneur  et    1 

icitre  lieuten: 

nt-géné 

rai  en  Canada 

On  sait  que  le  1 

0    mai    174 

-   le    inarqui 

s     de     h 

Joncpiière  s'était  em 

i)arqué  à  Roclicfor 

sur  le  vais 

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:/:■■[■■:  A. 10 

■  tu  r.  -irtiiiu 


—143  - 

venir  prendre  son  gouvernement.  La  France  et  l'Angleterre  étaient 
alors  en  guerre.  A  la  hauteur  du  cap  Finistère,  le  14  mai  1747.  une 
flotte  anglaise  de  dix-sept  vaisseaux  de  guerre  attaqua  l'escadre  fran- 
çaise comi)osée  de  six  vaisseaux, sous  le  commandement  de  la  Jonguière. 
Le  Sérieux  dût  se  rendre,  et  le  gouverneur  de  la  Nouvelle- France  fut 
amené  prisonnier  en  Angleterre.  C'est  en  vertu  de  sa  commission  du  15 
mars  1746  que  M.  de  la  Jonqnière  vint  relever  M.  de  la  Galissonnière 
en  1749. 

ANGE,  MARQUIS  DUQUESNE-MENNEVILLE—Commission 
en  date  du  ler  mars  1752.  Insinuations  du  Conseil  Supérieur,  registre 
I,  folio  83.  Reproduite  dans /Ti/ZA-  et  Ordonnances,  vol.  III,  p.  77. 
Débute  ainsi  :  "  Ayant  jugé  à  propos  de  rappeler  auprès  de  nous  le 
sieur  marquis  de  la  Jonquicre "  Comme  M.  de  Mésy,  le  mar- 
quis de  la  Jonquière  mourut  .sans  sa\oir  qu'il  était  rappelé.  Il  décéda  à 
Québec  le  17  mars  1752. 

PIERRE  RIGAUD,  MARQUIS  DE  VAUDREUIL-CAVAGNAL. 
Commission  en  date  du  ler  janvier  1755.  Insinuations  du  Conseil 
Supérieur  de  Québec,  registre  K,  folio  8.  Reproduite  dans  EdUs  cl 
Ordonnances,  vol.  III,  p.  79.  Il  est  dit  dans  la  commis'^ion  du  mar- 
quis de  Vaudreuil  :  "  Etant  nécessaire  de  pourvoir  au  gouvernement- 
général  de  la  Nouvelle-France  à  la  place  du  sieur  marquis  Duquesne 
auquel  nous  avons  accordé  la  permission  de  revenir  en  France  pour 
reprendre  .son  service  dan.',  la  marine "  P.  G.  R. 

L'assassinat  du  Père  Buteux 

"Le  loe  jour  de  mav,  lisons-nous  dans  le  Joninal  des  Jésuites,  de 
1652,  le  P.  Jacques  Buteu^'-.  en  com]),ignie  d'un  Français  noinmé  Fon- 
tarabie  et  d'un  linrcju  nommé  Thomas  Tsondoutanien,  fut  tué  par  une 
bande  de  14  Iro(iuois.  Les  deux  français  demeurèrent  morts  sur  la 
place  ;  le  huron  fut  enunené  prisonnier  ;  ce  fut  tlans  les  Trois- Rivières 
au  troi.sièine  porlav;e." 

Dans  la  A'ohvc//c-Fu, 
ticle  de  M.  l'.rnesl  Gagno 
Maurice. 


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—144— 

Les  fondateurs  de  Montréal 


Combien  de  personnes  accompagnaient  M.  de  Maisonneuve  lorsque 
celui-ci  vint  fonder  Montréal,  en  1642  ? 

Da-nsX&n  Sovantcs  de  DicK  au  Canada  par  C.  de  Laroche-Héron, 
on  trouve,  à  la  page  35,  la  note  suivante  qui  est  du  distingué  archéolo- 
gue, Jacques  Viger  : 

"Le  nombre  des  premiers  colons  de  Ville- ^Larie  a  été  diverse- 
ment rapporté  dans  les  mémoires  contemporains.  Ainsi  le  P.  Viniont 
])résent  au  débarquement  et  qui  accompagna  le  ])remier  convoi  à  Mont- 
réal...dit  40 /www/f^.  Le  P.  Le  Clerq  dit  également  ^o  /lomincs.  Si 
ces  deux  Pères  ne  jiarlent  pas  de/riuiiics  (et  il  y  en  avait  assurément) 
M.  de  Belmont  venant  après  ces  Pères,  dit  :  l'embarquement  de  1641 
fut  de  45  IioDiincs" ,  mais  il  y  inclut  peut-être  les  femmes  .sans  le  préci- 
ser. M.  Dollier  de  Casson  et  l'abbé  de  la  Tour  s'accordent  tous  deux 
à  dire  que  M  de  Maisonneuve  amena  25  hommes  sur  son  vaisseau  ;  et 
Mlle  Mance  12  hommes  sur  le  sien.  C'est  donc  37  hommes  et  en  y 
ajoutant  ^L  de  Mai.sonneuve  et  Mlle  Mance,  etc..  nous  aurons  43  ou  44 
colons.  Il  est  certain  que  de  plus  il  vint  d'autres  femmes  qui  avaient 
voulu  suivre  leurs  maris  (deux  au  moins  1,  et  sans  doute  autant  ou  plus 
d'enfants.  Mais  M.  Dollier  ajoute  que  M.  de  Maisonneuve  perdit  dans 
la  traversée  3  ou  4  de  ses  hommes.  Nous  avons  donc  lieu  de  croire 
que  rci)iba)qucmt:nt  àç.  1641  fut  bien  de  45  liomincs,  mais  que  le  dtbar- 
ijuctnciit  de  1642  Tut  de  4^  /yosoinus,  ce  qui  concilie,  à  peu  près,  les  ap- 
parentes contradictions." 

L'abbé  Paillon  qui  écrit  cinq  ans  ]5lus  tard  et  qui  doit  être  mieu.K 
renseigné  dit  dans  son  Histoire  de  la  Colonie,  vol.  L  41^'  :  "La  recrue 
était  partie  sur  trois  navires  ;  dans  l'un  se  trouvaient  M.  de  Maison- 
neuve  avec  environ  25  hommes...  dans  l'autre  Mlle  Manco  et  12  hom- 
mes... le  reste,  au  iiombre  de  10  honnnes.  .  ainsi  que  3  femmes..." 

Cela  forme  un  total  de  50  hommes  et  fenniies  et  il  n'e.'ït  jias  ques- 
tion des  enfants. 

Dans  notre  étude  sur  les  premiers  colons  de  Montréal  de  1642  à 
1667  {Meni.  de  la  Soe.  A'ov.  I9i3\  nous  fixons  le  nombre  des  ]irenners 
colons,  à  4S,  y  compris  M.  de  Maisonneuve,  Mlle  Mance  et  les 
enfants,  plus  4  fcnuncs  (dé<Iuction  faite  des  4  ijersoinies  mortes  durant 


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—145— 

la  traversée). 

A  ce  nombre,  il  faudrait  ajouter  le  P.  Vimont,  le  P.  Poncet,  le 
gouverneur  de  Mortniagn>-,  M.  de  Puiseaux,  Mme  de  la  Peltrie  et  sa 
demoiselle  de  compagnie,  Charlotte  Barré,  ce  qui  formerait  un  total  de 
58  personnes  au  moins  (car  il  y  en  avait  certainement  d'autres  j  qui  as- 
sistèrent à  la  fondation  de  Villemarie,  il  y  a  eu  273  ans  cette  année. 

E.  Z.  MASSICOTTE 


Lettre  du  Roi  au  Conseil  Supérieur 
de  Québec 


A  nos  amez  et  féaux,  les  gens  tenans  notre  Conseil  Supérieur  de 
Québec. 

Nos  amez  et  féaux  ayant  pris  la  résolution  de  gouverner  par  nous- 
mêmes  notre  royaume  nous  nous  sommes  proposé  en  même  temps  de 
suivre  l'exemple  du  feu  Roy  notre  bysayeul  le  plus  exactement  qu'il 
nous  sera  possible  et  nous  avons  jugé  à  propos  en  conséquence  de  su- 
primer  le  titre  de  principal  ministre  de  nostre  estât.  Nous  avons  bien 
voulu  vous  en  donner  avis  pour  que  vous  vous  conformiez  à  cette  dis- 
position en  ce  qui  vous  concerne  si  ny  faites  fautte  car  tel  est  nostre 
plaisir.  Donné  à  Versailles  le  cjuatorze  Juin  1726.  Signé  Louis  et 
plus  bas  Phelypeaux.(i) 


(i)  Cette  lettre  que  nous  trouvons  dans  les  Insinuations  du  Con- 
seil Supérieur  était  accompagnée  de  la  lettre  suivante  de  M.  de  Maure- 
pas,  ministre  et  secrétaire  d'état  de  la  marine,  datée  du  14  juiu  1726  : 
"Messieurs,  Je  vous  envoxe  la  lettre  que  le  Roy  vous  écrit  pour  vous 
donner  avis  de  la  résolution  qu'il  a  pris  de  gouverner  son  Royaume  par 
lui  même  à  l'exemple  de  fcii  Roy  et  de  la  supression  que  Sa  Majesté  a 
fait  du  titre  de  principal  ministre  de  l'Etat,  Je  ne  doute  point  que  vous 
ne  vous  conformiez  aux  intentions  de  sa  Majesté  et  il  ne  me  reste  qu'à 
vous  assurer  que  Je  suis,  Messieurs,  votre  très  humble  et  très  afTection- 
né  serviteur, 

(.Signé)  MAURIÎPAS. 


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—146- 

LES  BRUNSWICKERS  AU  CANADA 


En  1776,  l'Angleterre  faisait  avec  le  landgrave  de  Hesse-Cassel,  le 
duc  de  Bruuswick-Luneburg  et  le  prince  de  Hesse-Cassal,  comte  ré- 
gnant de  Hanau,  un  arrangeraeni  par  lequel  ces  derniers  s'engageaient 
à  lui  fournir  un  contingent  de  troupes  allemandes  qui  devaient  venir  en 
Aniériq>ie  pour  aider  à  écraser  la  révolte  des  colonies  américaines. 

Le  contingent  de  Brunswick  destiné  pour  l'Amérique  était  compo- 
sé des  troupes  suivantes  :  i  un  régiment  de  dragons  à  pied,  sous  le 
commandement  du  lieutenant-colonel  Baum  ;  2  le  régiment  d'infante- 
rie du  prince  Frédéric,  sous  le  commandement  du  lieutenant-colonel 
Praetorius  ;  3  le  régiment  d'infanterie  de  Rhet,  sous  le  commandement 
du  lieutenant-colonel  Van  EhrenKrook  ;  4  le  régiment  d'infanterie  de 
Riedesel,  sous  le  commandement  du  lieutenant-colonel  Van  Specht  :  5 
un  bataillon  de  grenadiers,  sous  le  commandement  du  lieutenant-colo- 
nel Brej'uiann  ;  6  Un  bataillon  de  f usiniers  (\-âgers),  sous  le  connnan- 
demeut  du  lieutenant-colonel  Barner. 

Les  troupes  allemandes  se  rendirent  par  mer  à  Portsmouth  d'oiî 
elles  s'embarquèrent,  le  ^  avril  1776,  sur  une  trentaine  de  transports, 
pour  se  rendre  en  Amérique. 

Le  major-général  baron  Frederick- Adolph  Von  Riedesel  avait  reçu 
le  commandement  de  tout  le  contingent  qui  comprenait  4,300  hommes. 

Les  vaisseaux  qui  portaient  les  troupes  allemandes  arrivèrent  de- 
vant Québec  le  ler  juin  1776  et  les  jours  suivants. 

Les  Brunswickers  ou  troupes  auxiliaires  allemandes,  comme  on  les 
appelait  indifféremment,  restèrent  en  Amérique  jusqu'à  l'été  de  1783. 

On  sait  qu'elles  subirent  le  même  sort  que  les  troupes  anglaises  de 
Burgoyne  et  qu'elles  durent  se  rendre  à  Saratoga  le  16  octobre  1777. 

Un  bon  nombre  des  officiers  et  soldats  allemands  qui  vinrent  en 
Amérique  avec  Riedesel  en  1776  s'établirent  aux  Etats-Unis  ou  au  Ca- 
nada. William-L.  Stone  prétend  ((ue  des  4,300  officiers  et  soldats  de 
Riede.sel  2, Soo  seulement  retournèrent  en  Allemagt;e.  La  pln])art  des 
Canadiens  d'origine  allemande  de  la  prt)vince  de  y  uébec  descendent  des 
soldats  de  Riedesel. 

Sur  les  Brunswickers  ou  trouiics  auxiliaires  allemandes  on  peut 
consulter  : 


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—147— 

Mevwbs  and  Idters  and  journals  of  major  General  Rkdesel  d.iriuff 
lus  résidence  in  America,  translatée!  from  Ihe  original  german  of  Max 
Von  Eelking,  bv  William-L.  Stone.     Albany-i86S.   2  volumes. 

fetters  and  Memoi>s  relatins;  io  the  war  of  A,nerican  Independence, 
and  the  eapiiue  of  the  german  troops  at  Saiatoga,  by  Madam  de  Riede- 
sel      Translated  from  the  original  german.     New-York-1827 

Journal  of  the  Vovaç^e  of  the  Brnnsunck  Auxiliaries  Jrom  Woljenbut- 
iel  to  Québec,  by  F.  V.  Melsheimer.  chaplain  to  the  duke  of  Brun.swick  s 

Dragoon  Régiment.     Ouébec-iSgi.  ,„-,/./.  ./,/,.  Wolfen- 

loiirnal  du  voyai^c  des  troupes  auxiliaires  de  Ihuns.cuk  ,t  dt  n  oljtn 
^«///r^W^^r,  parF.V.  Melsheiwer.     Traduit  de    l'allemand.      Mm-- 

'^^""rhVBrunswickers  in  Canada,  dans  The  Canadiaa  and  Numismatie 

^'">™;ï' ;;?«.'.,.  de  stade  à  Ouébee,  eu  Amérique,     par    un  offi- 
cier.    Traduit  de  l' allemand.     Francfort— 1776.  ;        ,^,     ,, 
Lettres  confidentielles  de  quelques  officiers   allemands    dans  le  Canada 
,-n  T-7-77  et  i77f!.     Gottingen — 1779-                                    .  ..     ,.. 

dIus  Xilliappo,  ts  sur  les  Aiehives  du  Canada,  J^^x^  particuhere- 
nient  dans  les  volumes  consacrés  à  la  Corection  Haldmiand,  on  trouve- 
ra Tes  som:nairesdes  lettres  ou  communications  échangées  entre  le  ba^ 
ron  de  Riedesel,  .ses  principaux  officiers  et  les  gou^-erneurs  Carleton  et 
Haldimand  et  les  officiels  du  Canada  de  l'époque.  p   q    R 

Le  droit,  la  médecine  et  le  notariat  dans  la 
province  de  Québec 

Les  trois  principales  profession^s  de  la  province  de  Québec  sont  le 
droit,  le  notariat  et  la  médecine.  a    (  ..     w    ^    Va 

Le  notariat  a  eu  son  historien  dans  la  personne  de  feu  M.  J.-l.ci- 
mond  Roy.     Il  a  publié  une  Histoire  du  notariat  au  Canada    en  six  vo- 

■  ""' On  peut  consulter  sur  l'histoire  du  barreau  dans^  la  province  de 
Québec  les  ouvrages  suivants  :  Histoire  du  droit  canadien,  par  B -A..-  • 
Testard  de  Montiguy  :  Histoire  du  droit  canadien  ^n  deux  ver- 
nies), i>ar  Edmond  Lareau  ;     i:  ancien  ban  eau  du  Canada,     par    j.-i.u- 

"""iuc°un  ouvrage  spécial  n'a  été  publié  encore  sur  l'histoire  de  la 
médecine  au  Caua.la  et  i^lus  particulièrement  dans  la  province  de  Que- 
bec  Feu  M  le  docteur  Michael-A.  Ahearn.  -'e  Québec,  avait  cepen- 
dant commencé  la  publication  de  «lotes  importantes  sur  nos  '"'^'ens 
médecins  dans  la  Ke-eue  Médiurle  de  Québec.  On  pourra  consulter  ks 
volumes  de  lyii  et  1912  de  cette  revue. 


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—148— 

JACQUES  VIGER  ET  SA  FAMILLE 


Nous  n'avons  pas  la  prétention  d'écrire  une  biogra]5hie  de  Jacques 
Viger,  Ciir  il  en  existe  une,  excellente,  par  l'abbé  Camille  R03-,  dan.-  le 
Bulletin  du  Parle}  Français,  vol.  VIII,  p.  42  ;  nous  ne  voulons  qu'ali- 
gner la  cueillette  de  menues  notes,  les  unes  inédites  les  autres  peu  con- 
nues, que  nous  pos.sédons  sur  celui  que  l'on  considère  connue  le  plus 
ancien  des  archéologues  et  des  chercheurs  cauadiens- français. 

*** 
Ses  parents,  Jacques  Vlger  et  Amaranthe  Prévost,    semblent  avoir 
ardemment  désiré  un  fils  appelé  Jacques,  puisque  notre  archéologue  est 
le  troisième  enfant  issu  de  leur  union  à  qui  l'on  donna  ce  prénom. 

Le  premier  né  en  1775,  le  second  en  1776  moururent  en  bas  âge. 
Celui  qui  devait  dépasser  ses  quatorze  lustres  fut  baptisé  le  7  mai  1787 
et  il  eut  pour  parrain,  le  notaire  Joseph  Papineau,  père  du  tribun,  et 
pour  marraine,  Marianne  Cherrier. 

*** 
Jacques  Viger  n'avait  que  21  ans    lor.squ'il    épousa  à  Notre-Dame 
i  de  Montréal,  le  17  novembre  180S,  Marie-Marguerite,    fille  du  chevalier 

I  de  la  Corne  de  Chapt  de  Saint-Luc,    "colonel  dans  le    département  des 

i  sauvages"  et  de  Marie-Marguerite  de  Boucherville. 

'  Mademoiselle  delà  Corne  était  née  eu  1775,  elle    avait  donc  douze 

j  ans  de  plus  que  M.  Viger.     Le  8  mars   1794,  elle  avait    é])ousc,  en  pre- 

I  mières  noces,  au  Christ  Church  de    Montréal,  le    lieutenant  John  Len- 

nox,  du  6oe  régiment,  fils  de  Lord    Alexander  Lennox.     Madame  Len- 
I  nox  accompagna  son  mari  en     Angleterre    puis    aux     Antilles    où    il 

mourut,  en  1802,  ayant  le  grade  de  major. 

Sa  veuve  restait  avec  cinq  enfants,  deu\  garçons  et  trois  filles.   Vu 
J  des  garçons  ne  vécut  que  quelques    mois  et  l'autre,  John  Manners  Kew 

Lennox,  né  à  la  Barbade  en  1802,  était  avocat     lorscpril  décéda  à  Sain- 
!  te-Marguerite  de    lîlairfindie,  le  22     février  1832.      Trois    jours  a{)rès  il 

i  était  inhumé  dans  l'égli.se  Notre-Dame  de  Montiéal. 

1  Quant  aux  demoiselles  Lennox    nous  n'avons    (pie  ce  détail  :  le  8 

1  octobre  1833,  par   trois    actes  différents    dressés  ]iar  le     notaire  Joseph 

Papineau,  jiarrain  de  Jacques,  ce  dernier  ainsi    (pie  sa  feninie  transpor- 


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tent aux  demoiselles    Catherine-Elisabeth,     Marie-Anne-Margiierite  et 
Charlotte,  toutes  trois  majeures,  une  somme  de  deux  cents  livres,  cours 
de  l'époque,  à  chacune,  à  être  payée  par  Jules  Quesnel. 

Dans  son  acte  de  mariage,     Jacques  Viger    prend  le  titre    de  "Sei- 
gneur du  fief  Saint-Jean"  et  sont  présents  à  la  cérémonie  :  Charles  De- 
séry,  major  de  milice,  Charles  Larrivé,    capitaine  de  milice  et    Charles 
Prévost  notaire,  les  deux  derniers  sont  cousins  de  l'époux. 
*** 

En  1813,  au  décès  de  Louis  Charland  qui  était  inspecteur  de;-,  che- 
mins de  Montréal,  M.  Jacques  Viger  oinint  cette  position. 

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M.  Barthe,  dans  ses  Souirnii s  d' an  demi  silrlc  raconte  qu'il  visitait 
souvent  notre  archéologue  et  il  est  tout  miel  pour  Madame  Viger  qui 
faisait  "royalement  les  honneurs  de  sa  maison",  mais  il  est  presque 
tout  fiel  pour  l'époux. 

Selon  lui,  M.  Viger  était  "très  sarcastique",  il  visait  à  l'originali- 
té" "le  spirituel  et  élégant  inspiré  de  la  Sabredache  ne  se  gênait  pas 
de  donner  des  coups  de  canifs  dans  les  flancs  de  l'histoire' ' ,  "B.baud 
jeune  l'avait  souvent  pris  en  défaut",  "son  patriotisme  ne  fut  pas  tou- 
jours de  bon  aloi",  etc. 

Evidemment,  M.  Viger  ne  fut  pas  prophète  pour  M.  Barthe. 

*** 

Bien  que  l'on  dise  partout  ciue  M.  \'iger  est  mort  à  Montréal  on 
ne  rencontre  pas  son  acte  de  sépulture  dans  les  registres  de  Notre-Da- 
me de  Montréal,  car  c'est  à  Notre-Dame  de  Grâces,  alors  paroisse  en 
pleine  campagne,  qu'il  fut  inhumé,  le  .5  décembre  1S5S  '  âge  de  71 
ans,  7  moi.s  et  5  jours"  ainsi  qu'il  est  écrit,  avec  une  exactitude  qui  a 
sans  doute  charmé  les  mânes  du  vieil  archéologue. 

Dans  cet  acte  on  donne  au  décédé  les  titres  de  commandeur  de 
l'Ordre  de  Saint- (.Grégoire  et  de  lieutenant  colonel  de  mince. 

Signent  •  Charles-Séraphin  Rodier,  avocat,  maire  de  Montrcr.l, 
Charles  Wilsuii  ex-maire,  membre  du  Con.seil  législatif,  plus  tard  sé- 
nateur, K  A.  yuesnel,  P.  J.  O-  Chauveau,  surinteiulant  de  l'uislruc- 
tion  publique,  A.  de  Salabcrry,  J.  A.  Bcaudry.  W.  l:.  I.ogan,  gclu.^uc 
fameux,  F.  Martin  S.  ]..  V.  Houdreau,  R.  liclk-mart-,  u.nunc  de  le  - 
très,  Abbé  H.  A.  Verreau.  savant  archeuh.gue,  L.  1  iche  et  i  al.i.e  j. 
IJ-  Saint-Germain. 

E.  Z.  MASSICOT!' h. 


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—  150— 

Ouvrages  publiés  par  feu  Jean=Chrysostonie  Langelier 


Revision  of  the  Caimdian  Tarifî.  Montréal  :  Gazette  priuting 
House,  corner  St. -François-Xavier  and  Craig  streets.  1872.  12  pp.  in-8. 

Annuaire  du  commerce  et  de  l'industrie  de  Québec  pour  1S73. 
Contenant  l'histoire  et  la  statistique  des  établissements  manufacturiers 
et  du  commerce  de  Quél^ec,  un  essai  sur  la  Vallée  de  l'Outaouais,  le 
commerce  du  Canada  et  beaucoup  d'autres  renseignements.  Québec  : 
publié  par  L.  H.  Huot,  éditeur-propriétaire  du  "Canadien"  — 
MDCCCLXXIII.  13S  pp.  in-i2.      (Anonyme) 

'La  nécessité  et  la  possibilité  d'un  chemin  de  Québec  au  Lac  St.- 
Jean.  Québec  :  Imprimé  par  L. -H.  Huot,  jiropriétaire  du  "Cana- 
dien ",  2,  rue  Buade,  vis-à-vis  le  bureau  de  ix)ste. — 1873.  30  pp.  in-8. 

Etude  sur  les  Territoires  du  Nord-Ouest  du  Canada.  ^Montréal, 
Eusèbe  Senécal,  imprimeur,  etc.^iS73.  IV-69  jjp    in-8.  (i) 

The  Québec  and  Lower  St-Lavvrence  Tourist's  Guide.  Québec, 
printed  byA.  Côté  &  Co. — 1S75.  177  pp.  in-32.  (Anonyme) 

Biographie  de  Frs.  Vézina,  caissier  de  la  Banque  Nationa- 
le. Québec,  Typographie  de  C.  Darveau,  82.  rue  de  la  Moutagne — 
1S76.      76  pp.  in-8.      (Anonyme). 

Manuel  de  tenue  de  livres  à  l'usage  des  écoles  primaires.  Quél)ec, 
typographie  de  C.  Darveau — 1877.     83  pp.  in-8. 

Chemin  de  Lévis  et  Kenebec,  réfutation  de  la  br<x;luire  de  M.  C  - 
A.  Scott      Québec — 1S77.     67  pp.  in-8. 

Cours  d'arithmétique  à  l'usage  des  écoles  j-irimaires.  Québec,  J.- 
A.  Langlais,  libraire-éditeur,  177,  rue  St.  Joseph,  St-Roch— 187S.  232 
pp.  in- 12. 

Le  Nord  ou  Ivsquisse  sur  la  partie  de  la  province  de  Québec  située 
au  nord  du  fleuve  Saint-Laurent,  entre  l'Outaouais  et  le  Labrador.  L- 
P.  Déry,  libraire-éditeur,  40,  rue  Saint- Pierre,  Québec — 1882.  140 
pp.  in-8. 

Esquisse  sur  la  (îaspésie.  Lévis,  Mercier  x  Cie,  iiro])riétaires  du 
"Quotidien" — 1884.      105  pp.  in-8. 

Esqui.s.se  sur  la  Gaspésie.  DLUxième  étlition.  Québec,  t>])ogra- 
l^hie  de  C.  Darveau — 1884.      176  \i]i.  in-8. 


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—151— 

A  Sketch  ou     Gaspesia.     Québec  :    Joseph  Dussault— 1S84       104 

pp.  in-8. 

Notes  on  Gaspesia,  2e  édition,    printed  by    authority— 1SS5.      179 

pp.  in-8. 

Elections  de  1886.  Situation  politique  et  adniuiistrative  de  la  pro- 
vince de  Québec.  Québec,  typographie  de  C.  Darveau,  S2,  rue  de  la 
Montagne-1886.     417  PP-   i"-'S-      (Anonyme), 

Esquisse  sur  la  Ga.spésie.  Troisième  édition.  Publiée  sous  les 
auspices  du  département  de  l'agriculture.  Ottawa— 1SS6.  82  pp.  in-8. 
Esquisse  générale  du  Nord-Ouest  du  Canada  ou  Etendue,  bois  et 
forêts,  richesses  minérales  et  climatologie  des  quatre  districts  d'Assini- 
boia,  Saskatchewan,  Alberta  et  Athabaska.  Publié  .sous  les  auspices  du 
département  de  l'agriculture.  Trois- Rivières  -  18S6.  91  pp.  in-12. 
(Anonyme). 

Elections  de  1S87.  Aux  électeurs  du  Canada.  Québec,  typogra- 
phie de  C.  Darveau,  82,  rue  de  la  Montagne— 1887.  72  pp.  in-i6. 
(Anonvme). 

Le  bassin  méridional  de  la  Baie  d'Hud.son.  Québec,  Joseph  Dus- 
.sault,  éditeur— 1887.      104  pp.  in-8. 

Manuel  de  tenue  des  livres  à  l'u.sage  des  écoles  primaires.  Ap- 
prouvé par  le  Conseil  de  l'In.struction  Publique.  Québec,  N.  S.  Har- 
dv,  libraire-éditeur-  1S87.     80  pp.  in-S. 

La  contrée  du  Lac  Saint-Jean.  Publié  par  autorité  du  Mnn.stre  de 
l'Agriculture  et  de  la  Colonisation.  Québec— 18S8.  42  pp.  in-8.  (Ano- 
nyme). 

Description  des  cantons  arpentés  et  des  territoires  explorés  de  la 
proviu'.-e  de  Québec.  Extrait  des  rapports  officiels  d'arpentages  qui  se 
trouvent  au  département  des  terres  ainsi  que  de  ceux  de  la  conunission 
géologique  du  Canada  et  autres  sources  officielles.  Publié  par  ordre  de 
Ta  Législature.  Québec,  imprimé  par  Charles-François  Langlois,  im- 
prime'iir  de  Sa  Très  Gracieuse  Majesté  la  Reine— 1S89.  LXXII— 955 
pp.  in-S.      (Anon\ine). 

Traité  d'agriculture  à  l'usage  des  écoles  et  des  j.raticiens.  Québec, 
typographie  de  J.  Dussault,   i.  Port  Dauphin— 1  S90.      :,i6  pp.  in-S, 

Elections  i.rovinciales,  I  s.  )M.  Le  gonvernement  Mercier.  Trois 
années  de  progrès,  de  réhabilisalion  et  de  revendication.  Québec,  im- 
prnnée  par  Hel'eau  .\:  Cie— i8qo.      354  l'P-  >»-"'•      (-Vuouywe). 

Liste  des  terrains    concédés  par  la     Couronne  dans  1..     1  lovince  de 


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—152- 

Québec  de  1763  au  31  décembre  1S90.  Imprimé  par  ordre  de  la  Lé- 
gislature. Québec,  Charles-Françoi.s  Langlois,  imprimeur  de  Sa  Très 
Excellente  Majesté  la  Reine— 1 89 1.      i92rpp.  in-S.      (Anonyme). 

Guide  pratique  de  l'ensilage  à  l'usage  des  praticiens.  Québec,  J. 
Dussault,  imprimeur— 189 1.     89  pp.  in-8. 

Elections  provinciales  de  1892.  Politique  provinciale  ]iendant  17 
ans,  1874-1891.  Québec  :  imprimerie  Belleau  &  Cie — 1892.  179  pp. 
in-8.      (Anonyme). 

Chemin  de  fer  de  Québec  au  lac  Huron.  Esquisse  de  l'entreprise. 
Québec — 1900.        ...pp.  in-8. 

Richesse  forestière  de  la  province  de  Québec.      1905.   58  pp.  in-S. 

Les  arbres  de  commerce  de  la  province  de  Québec.  Publié  par  le 
Département  des  Terres  et  Forêts  de  la  province  de  Québec.  Québec, 
typ.  Dus.sault  &  Proulx — 1906.      108  pp.  in-8. 

P.  G.  R. 


Ouvrages  publiés  par  M.  Philéas  Gagnon 


(1) 


Essai  de  bibliographie  ca7iadicnne.  Inventaire  d'une  bibliothèque 
comprenant  imprimés,  manuscrits,  estampes,  etc.,  relatifs  à  l'histoire 
du  Canada  et  des  paj's  adjacents  avtc  des  notes  bibliographiques.  Qué- 
bec, imprimé  pour  l'auteur— 1895. 

Le  pieiiiicr  roman  canadien  de  sujet parun  auteur  canadien  et  impri- 
mé   au   Canada.     Ottawa— 1 900. 

Québec  il  y  a  cent  ans.     Québec--- 1909 

Essai  de  bibliog>-apltie  canadienne.  Tome  II.  Inventaire  d'une  bi- 
bliothèque comprenant  imprimés,  manuscrits,  estampes,  etc..  relatifs 
à  l'histoire  du  Canada  et  des  pays  adjacents  ajoutés  à  la  Collection  Ga- 
gnon, depuis  1895  à  1909  inclusivement,  d'après  les  notes  bibliograiihi- 
ques  et  le  catalogue  de  l'auteur.  Préface  de  l'échevin  Victor  Murin, 
L.L.D.,  conservateur  honoraire  de  la  bil)liothè(iue  du  Château  de  Ra- 
niezax-.  Publié  par  la  cité  de  Montréal,  sous  la  direction  de  l-'rédéric 
\'illeneu\e,  bibliothécaire  en  chef.      Montréal--- 1913.    (2) 


(i)     Décédé  à  Québec  le  25  mars  1915. 

(2)  Le  nom  de  M.  Gagnon  ajiparait  à  la  première  ligne  du  titre 
de  ce  second  volume,  mais  on  explique  plus  loin  la  part  qu'il  prit  à  sa 
compilation. 


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—  153 


BIOGRAPHIES  CANADIENNES 


MATHIIRIN-FRANCOIS  DE  LIXO.-Le  premier  Martin  de  Lino 
qui  passa  dans  la  Nouvelle-France  fut  Mathurin-François  Martin,  sieur 
de  Uno.  Il  était  fils  de  Claude  Martin  et  d'Antoinette  Chalmette,  de 
Saint-Ni/ier,  évêché  de  Lyon. 

M.  Martin  de  Lino  vint  s'établir  dans  la  Noucelle- France  en  1682, 
s'il  faut  en  croire  un  Mémoire  qu'il  adressait  au  ministre  de  Pontcliar- 
train  le  25  octobre  17 10.  ^       . 

"  Le  plus  grand  mal,  Monseigneur,  disait-il  dans  ce  Mémoire,  que 

j'ai  pu  connaître  depuis  28  années  que  je  suis  dans  le  pays  .  -    " 

M.  Martin  de  Lino  possédait  très  bien  l'anglais.  Cette  connaissan- 
.ce  d'une  langue  si  utile  et  si  répandue  de  nos  jours  devait  ce]->endant  lui 
causer  un  tort  considérable,  comme  nous  le  verrons  un  peu  plus  loin. 
Nous  lisons  dans  Les  Uisulinesde  Québec  (vol.  L  P-  460)  : 
"  Mgr  de  St.  Vallier  ayant  été  faire  une  visite  épiscopale  dans  une 
mission  sauvage,  y  vit  une  i^auvre  petite  captive  nommée  Abigail. 
qu'un  missionnaire  avait  baptisée  sous  le  nom  de  Marie-Catherine.  Cet- 
te enfant,  très  jeune  encore,  n'avait  pas  eu  le  temps  d'oublier  sa  langue 
maternelle,  qui  était  l'anglais  ;  quoique  très  affectionnée  aux  sauvages, 
elle  ne  pouvait  encore  parler  leur  langue.  Monseigneur  ayant  racheté 
Abigaïl,  l'amena  au  pensionnat  à  son  retour  à  sa  ville  épi.scopale.  La 
lietite  eut  tant  de  chagrin  de  ne  i^lus  voir  ses  amis  sauvages,  qu'elle  en 
tomba  sérieusement  malade,  le  changement  d'air  et  de  nourriture  ayant 
aussi,  sans  doute,  contribué  à  son  indisposition.  Monseigneur  qui  était 
très  inquiet  de  l'état  de  sa  petite  fille  adoptive,  voulut  à  tout  prix  Un 
procurer  la  consolation  d'entendre  parler  sa  propre  langue  ;  à  cetteépo- 
que  1689  90,  l'on  n'avait  jamais  encore  entendu  un  mot  d'anglais  au 
monastère.  Nos  Bonnes  Mères,  dé.solées  du  chagrin  de  cette  enfant 
de  cinq  ans  qui  ne  cessait  de  répéter  eu  pleurant  :  "I  want  my  papa, 
I  want  mv  mainma,"  prièrent  Monseigneur  de  vouloir  bien  venir  lui- 
même  la  consoler.  Le  charitable  prélat  amena  alors  avec  lui  le  seul  ci- 
toyen qui  ]>arlât  facilement  l'anglais.  M.  de  Linot,  marclKuid  de  Qué- 
bec. Notre  récit  raconte  ainsi  ces  .soins  touchants  donnés  à  la  petite 
captive  par  ceux  qui  l'avaient  adoptée  au  nom  de  Dieu. 

"  La  petite  anglaise  Aliigaïl.  autrement  Marie-Catherine,  étant 
tombée  grièvement  malade,  \Ionseigneur  invita  .\L  de  Linot,  qui  ]iarle 
bien  l'anglais,  à  entrer  au  Monastère  pour  l'exhorter  et  la  consoler,  et 
au.ssi  afiii  de  mieux  connaître  son  mal.  Le  prélat  lui  fit  la  grâce  de  la 
visiter  aussi  lui-même,  accompagné  de  M.  de  Linot  et  de  M.  Roussel, 
médecin  du  Monastère;  auqiielil  la  recommanda  très-particulièrement". 
"La  petite  étrangère  i.renant  M.  de  Linot  pour  un  ancien  ami.  se 
laissa  enfin  consoler,  .se  rétablit,  et  finit  par  faire  une  bonne    élève  par- 


/:|. 


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—154— 

lant  très  bien  notre  langue.  Plus  tard,  l'aimable  enfant  fut  adoptée 
par  une  famille  française,  qui  eut  jtour  elle  tous  les  égards  possibles  et 
la  traita  comme  si  elle  eut  été  une  enfant  de  la  maison." 

M.  Martin  de  Lino  étant  le  seul  citoyen  de  Québec  qui  itarlait  con- 
venablement l'anglais  avait  souvent  l'occasion  de  .servir  d'interprète. 
Le  gouverneur  et  l'intendant  étaient  heureux  de  .se  servir  de  lui  lors- 
que l'occasion  se  présentait,  et  il  était  devenu  ce  qu'on  pourrait  appe- 
ler un  inter])rète  otïiciel,  sans  cependant  retirer  aucun  .salaire. 

En  i6gT,  M.  de  \'iIlebou  reçut  l'ordre  de  s'emparer  de  Port-Ro\al 
au  pouvoir  des  Anglais.  Il  fut  a.ssez  heureux  de  cha.sser  les  Anglais 
de  l'Acadie  et  de  capturer  un  de  leurs  vaisseaux  dans  les  eaux  delà 
Baie  Française.  Plusieurs  Anglais  de  Boston  qui  se  trouvaient  à  bord 
furent  faits  prisonniers.  M.  Nelson,  riche  marchand,  le  colonel  Kiug 
et  M.  Alding  furent  envoyés  à  Québec. 

Nçlson,  qui  était  un  homme  habile,  fut  traité  par  M.  de  Frontenac 
avec  une  bienveillance  imprudente.  Il  fut  reçu  plusieurs  fois  à  sa  ta- 
ble. Lui-même  donna  des  diners  auxquels  il  convia  les  personnages 
importants  de  Québec.  Le  gouverneur,  l'intendant  et  l'évèque  furent 
ses  hôtes.  Nelson,  profitant  de  la  liberté  qu'on  lui  laissait,  recueillit 
des  renseignements  sur  les  fortifications  de  Québec,  ses  moyens  de  dé- 
fenses, etc.,  etc.  Il  envoya  le  fruit  de  ses  observations  aux  autorités 
de  la  Nouvelle- Angleterre  i)ar  des  soldats  qu'il  avait  corrompus. 

Lorsqu'on  se  rendit  comjite  du  travail  fait  par  Nelson  il  fut  empri- 
sonné et,  dans  l'automne  de  1692,  il  fut  envoyé  en  France. 

Pendant  son  séjour  à  Québec  Nelson  avait  été  en  rapports  conti- 
nuels avec  M.  Martin  de  Lino.  Comme  nous  l'avons  dit,  celui-ci  était 
le  seul  citoyen  de  Québec  qui  parlait  convenablement  l'anglais.  Nelson, 
tout  naturellement,  recherchait  la  société  d'un  homme  avec  qui  il  pou- 
vait converser  dans  sa  propre  langue. 

M.  Martin  de  Lino  fut  arrêté  en  même  temps  que  Nelson  et  en- 
voyé en  France  par  le  même  vaisseau.  On  le  soupçonnait  d'avoir  aidé 
Nelson  dans  son  es])ionnage.  Peut-être,  connue  le  fait  remarquer  M. 
Henri  Lorin.  en  cette  affaire  où  les  premiers  ofTiciers  de  la  Nou\-ellc- 
France  n'étaient  pas  sans  rejiroches,  n'était-on  point  fâché  de  trou\tr 
un  responsable  ob.scur  pour  dissimuler  leur  négligence. 

Un  arrivant  en  France,  M.  Martin  de  Lino  fut  jeté  à  la  Bastille  où 
il  pa.ssa  quelques  mois.  M.  de  la  Resnic,  lieutenant  de  police,  fît  une 
enquête  qui  .-^e  termina  jiar  .son  acquittement.  "M.  Martin  de  Lino 
parle  bien  l'anglais,  disait  M.  de  La  Re\nie,  dans  .son  ra])iK)rt  daté  de 
février  1693,  il  a  eu  commerce  avec  Nelson  et  avec  d'autres  personnages 
anglais  et  c'est  apiKirenunent  ce  qui  l'a  fait  soui>Ç()inier."  (  i  ) 

Le  4  novembre  1693,  l'intendant  Clianiiiign>  écrivait  au  ministre  : 

"  A  l'égard  du  Sr  lîe  Lino  nous  a\iin>  été  très  surpris  de  >a  (létLii- 
tiim  à  la  h.istille,  ne  nous  paraissant  rien    dan.s  .son    accusation     (pie  de 


—155— 

très  calomnieux  et  de  très  méchant,  nous  ayant  toujours  donné  des 
marques  de  sa  fidélité  et  d'un  attachement  particulier  pour  le  service  du 
Roi,  particulièrement  dans  toutes  les  occasions  où  il  a  été  nécessaire 
d'interpréter  l'anglais,  ce  qu'il  a  fait  avec  tant  de  désintéressement  que 
je  suis  obligé,  Mgr,  de  vous  supplier  d'y  avoir  égard  et  au  tort  qu'il  a 
souffert  jiar  sa  ])rison."      (i) 

En  1696,  M.  .Martin  de    Lino  passa  en    France  dans    l'intérêt  des 
anciens  intéressés  de  la  Compagnie  du  Xord.     Cette    Compagnie  avait  '< 

fait  un  traité  de  société  avec  Le  Moyned'Iberville  au  sujet  de  ses  entre- 
prises à  la  baie  d'Hudson.  Elle  lui  fournissait  les  fonds  et  avait  une 
l)art  dans  les  prises  qu'il  faisait.  Le  26  mai  1696,  le  Conseil  d'Etat 
rendait  un  arrêt  qui    ruinait  pour    ainsi  dire  la    Compagnie  du    Nord.  - 

C'est  à  ce  sujet  que  ^L  de  Lino  fut  envoyé  en  France. 

Le  26  octobre  1696,  M  NL  de  Frontenac  et  Champigny  écrivaient  au  | 

-ministre  :  | 

"  Ils  (les  intéressés  en  la  Cie  du  Nord)  s'étaient  disposés  dès  cette  j 

année  et  avaient  pris  toutes  les  mesures  nécessaires  pour  aller    prendre  : 

jiossession  du  susdit  fort  de  Bourbon  l'année  prochaine    conformément  ' 

à  l'arrêt  de  Sa  .Majesté  rendu  en   1694,  par    lequel  il  était    ordonné  au 
sieur  d'Iberville  de  leur  remettre  en  1697  ^^  dit  fort  et    l'armement  né- 
cessaire pour  sa  défense,  mais  la  crainte  qu'ils    ont  eu  d'entrer    en  dis- 
cussion avec  le  sieur  d'Iberville  sur  l'arrêt  qu'il  a  obtenu    sous  de  fau.N:  i 
exposés  cette  année,  qui  lui  en  accorde  la  jouissance  jusqu'en    1699,  les  1 
oblige  de  différer  leur  armement  jusqu'à  ce  temps  auquel  ils   sont  prêts  i 
d'en  aller  prendre  possession  et  si  le  dit  sieur  de  Lino    passe  en  France  ' 
pour  vous  supjïlier,  Monseigneur,  de  leur  faire  conserver  l'intérêt  qu'ils  ' 
ont  avec  le  sieur  d'Iberville  jusqu  en  la  dite  année  1699,   d'autant  qu'il               t 
s'est  servi  pour  la  réussite  de  .son  entreprise,  et  se  sert    actuellement  de              I 
leurs  deniers,  et  nous  espérons  que  vous  connaîtrez  comme  nous  qu  il  y              ! 
a  besoin  de  justice.                                                                                                                   | 

"  Il  vous  repré.sentera  aussi  l'importance  qu'il  y  a  que  ce  commer-  ' 

ce  et  les  équi])pements  se  fassent  en  Canada,  comme  il  s'y  est  toujours 
fait  par  le  pa.ssé  et  nous  pouvons  vous    assurer    cjue  cela  a    produit  un  ! 

grand  bien  dans  le  ]ia\'s  en  faisant  subsister  un  nombre    considérable  de  i 

familles.  '■ 

"  Nous  joignons  à  cette  clé])êclie  un  mémoire  semblable  à  celui  (pie  . 

les  intéressés  ont  chargé  le  dit  sieur  de  Lino,  ((u'U  aura  l'iionneur  de 
vous  i^résenter.  Nous  le  connaissons  pour  nn  homme  sage  et  de  ])robi- 
té  qui  a  même  rendu  des  services  à  la  colonie  dans  les  oc  asions  où  nous 
l'avons  em])loyé."      (2) 

Le  19  octobre  1697,  M.M.  de  Frontenac  et  de  Champigny  écrivaient 
au  ministre  : 

"  Il  est  constant   iiue  le  Sr  de     Lino  a  rendu     d'assez  bons  services 


'.1^    t! 

.'.«il 


—156— 

dans  l'interprétation  de  l'anglais  en  toutes  les  occasions  qui  se  sont  pré- 
sentées depuis  plusieurs  années,  en  sorte  qu'il  a  bien  mérité  la  gratifi- 
cation que  vous  lui  avez  accordée.  Il  était  dans  le  vaisseau  le  Belli- 
queux, que  nous  croyons  pris  et  mené  à  St-Jean  en  l'Isle  de  Terreneu- 
ve.  S'il  est  passé  en  France,  Mgr,  et  qu'il  vous  sujjplie  de  lui  accor- 
der encore  la  cçnimission  d'interprète  anglais  qu'il  vous  a  demandée, 
cela  lui  donnera  une  satisfaction  qui  l'engagera  à  donner  ses  services 
sans  aucune  dépense  pour  le  Roi,  si  vous  ne  le  jugez  \)as  à  propos.    (  i) 

Le  8  mai  1702,  M.  Martin  de  Lino  était  nonnué  con.seiller  au  Con- 
seil Souverain,  en  remplacement  de  M.  Jean-Baptiste  de  Peiras,  décédé. 

Le  ler  septembre  1719,  ^L  Martin  de  Linu  était  ]>romu  premier 
conseiller  au  Conseil  Souverain.  ]1  remplaçait  ^L  Claude  de  Ik-rmen  de 
la  Martinière,  décédé. 

Le.  19  février  1727,  M.  Martin  de  Lino  était  nommé  garde  des 
sceaux  du  Conseil  Souverain,  à  la  i)lace  de  ^L  de  Lotbinière  qui  avait 
embrassé  l'état  ecclé-siastique. 

Le  28  mars  1730,  le  roi,  pour  reconnaître  le  zèle  et  les  .services  de 
M.  Martin  de  Lino,  particulièrement  pendant  la  vacance  de  l'intendan- 
ce, lui  accordait  une  gratification  extraordinaire  de  600  livres.      (2) 

M.  Martin  de  Lino  décéda  à  Québec  le  7  décembre  1731.  Il  était 
âgé  de  74  ans. 

De  son  mariage  avec  Catherine  Nolan  il  avait  eu  une  nombreu.'^e 
famille.  Mgr  Tanguay  {Dictionnaire  i^^cucaloi^ique,  vol  I,  p.  416)  nous 
donne  les  prénoms  de  ses  dix-.sept  enfants  tous  nés  et  bapti.sés  à  Qué- 
bec. De  ses  onze  fils  nous  n'en  comiai.ssons  qu'un  qui  ait  joué  un  cer- 
tain rôle  :  Jean-François.  Les  autres  ou  moururent  jeunes  ou  restèrent 
dans  l'obscurité. 

P.  G.  R. 

JEAN-FRANÇOIS  MARTIN  DE  LINO  —  Jean-François  Martin 
de  Lino,  fils  de  Mathurin-François  Martin  de  Lino  et  de  Catherine  No- 
lan, naquit  à  Québec  le  13  a\Til  16S6. 

Le  27  avril  1716,  M.  Martin  de  Lino  était  nommé  pirocureur  du 
Roi  en  la  prévôté  de  Québec,  à  la  place  du  sieur  Couillard  de  Lespina\-, 
promu. 

L'année  suivante,  le  20  novembre  1717,  Louis-Alexandre  de  Bour- 
bon, comte  de  Toulouse,  amiral  de  France,  donnait  à  M.  Martin  de 
Lino  une  conimi.ssion  jionr  remplir  r(.tïice  de  iirocureur  du  Roi  de  l'A- 
mirauté de  Québec. 

Cette  commission  fut  confirmée  par  le  Roi  le  iS  janvier  171S. 

M.  Martin  de  Lino  décéda  à  Québec  le  5  jaiu'ier  i  72  i ,  dix  ans 
avant  son  père.  C'est  c»  (pii  a  fait  confoiulre  la  carrière  de  ces  deux 
homme.s  par  plusieurs  de  nos  historiens. 


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-157- 

M.  Martin  de  Lino  avait  épousé,  le  3  novembre  17 12,  Angélique 
Chartier  de  Lotbinière,  fille  de  René-Louis  Chartier  de  Lotbinièreet  de 
Marie-Madeleine  Lambert,  et  veuve  de  Nicolas- Marie  Renaud  d'Avène 
des  Méloizes. 

Il  eut  quatre  enfants,  mais  un  seul  a  joué  un  rôle  dans  notre  pa\s  : 
Ignace-François- Pierre. 

P.  G.  R. 

IGNACE-FRANÇOIS-Pir.RRE  MARTIN  DE  LINO  -  Fils  de 
Jean-Frauçois  Martin  de  Lino  et  de  Angélique  Chartier  de  Lotbinière. 
Né  à  Québec  le  7  mai  1718. 

Le  27  .septembre  1752,  l'intendant  Bigot  proposait  au  ministre  d'ac- 
corder au  sieur  Martin  de  Lino  la  place  de  grand-voyer  qui  avait  été 
donnée  au  sieur  Louis- Fleury  de  la  Gorgendière,  "reconnu  incapable." 

Le  r.iinistre  se  rendit  à  la  demande  de  l'intendant  Bigot  et  NL  ^Lar- 
tni  de  Lino  fut  nommé  à  cette  charge  importante  quelques  mois  plus 
tard. 

"  Dans  les  dernières  aimées  de  la  domination   française,     remarque 

Ignotus,  les  fonctions  du  grand-voyer    furent  as.sez  ])eu    onéreuses  ;  hi 

guerre  de  Sept-Ans,  les  ex]iéditions,  les  batailles,   les  levées  en    masse, 

l'invasion  laissèrent  peu  de  place  aux  paisibles  travaux  de  la  voierie." 

M.  Martin  de  Lino  fut  le  dernier  grand-voyer  de  la  Nouvelle- France. 

Après  la  capitulation  de  Montréal,  M.  Martin  de  Lino  pa.ssa  en 
P"rauce.     En  1777,  il  résidait  à  Blois.      (  i  ) 

On  ignore  où  et  quand  mourut  M.  Martin  de  Lino. 

Il  avait  épousé,  en  1750.  Mlle  Renée  Le  Neuf  de  la  Vallière.  Il 
en  eut  quatre  enfants. 

L'une  d'elles,  probablement  Angébque-Renée  née  à  Québec  le  27 
août  1751,  fît  un  mariage  avantageux  en  France  avec  un  Américain. 

Nous  lisons  dans  une  lettre  datée  du  30  avril  1769  qu'écri\-ait  ma- 
dame de  Repentigi.y,  passée  en  France  après  la  conquête,  à  .son  frère 
M.  de  Léry  : 

"  Melle  de  Lino  est  à  la  veille  d'éjiouser  un  Américain,  riche  de 
plu.s  de  cinquante  mille  écus,  et  <[ui  compte  sur  une  succession  ])lus 
considérable  encore.  Nos  Canadiennes  sont  très  recherchées  ici  :  on 
les  trouve  aimables.  Si  elles  étaient  fortunées  en  proportion,  elles  au- 
raient la  préférence  sur  toutes  les  autres  ;  mais  ici  on  fait  attention  à 
l'argent,  et  ce  n  est  pas  sans  raison." 

L'n  mois  plus  tard,  le  29  mai,  le  che\alier  de  Repentignv  écri\:int 
à  son  tour  à  son  beau-frère,  M.  de  Lér_\-,  lui  ajiprend  (pie  le  mariage  a 
eu  lieu  : 

"  Ma  fennne  est  ;illée  au  mariage  de  Melle  de  Lino  :  c'était  i)rin- 
cier.  Son  père  a  fait  les  choses  niagnifupienKnt  :  le  trous'-cau  et  l.i 
garde-roiie  de  la     mariée     s'élevaient  à  mille     ciuci  cents     francs.       l'.is 


/-)  /;  ;•'■ 

;  ■  7 


-ISS- 
moins  de  quatre-vingt  personnes  avaient  été     invitées  à  la  noce.      Pour 
moi,  qui,  moins  que  jamais,  aime  les  fêtes  brillantes,  j'ai  préféré  rester 
ici,  trouvant  plus  doux  le  plaisir  de  m'entretenir  avec  un  vieil  ami." 

P.-G.  R. 

LES  OUVRAGES  CANADIENS  RECENTS 


Mgr  Amédée  Gosselin,  Le  Rituel  de  Mjrr  de  Saint-Vulia .  Ottawa, 
Imprimé  ijour  la  Société  Royale  du  Canada — 1915. 

Le  A'/V/riVi/c  Ç'wi'i^tv-,  plus  connu  sous  le  titre  de  Rituct  de  Mgr  de 
Saint-  l'alier,  a  été  en  usage  dans  le  diocèse  de  Québec  de  1703  à  1836. 
Mgr  Gosselin,  dans  cette  petite  étude,  faii  connaître  les  incidents  qui 
accompagnèrent  la  publication  du  Rituel. 

Il  y  eut  deux  éditions  du  Rituel  de  Québee.  Toutes  deux  portent 
la  date  de  1703  mais  Mgr  Gosselin  prouve  que  la  seconde  édition  fut 
imprimée  ])lus  tard. 

Mgr  Gosselin  nous  doiuie  les  raisons  de  la  disparition  si  rapide  de 
la  première  édition  du  Rituel  de  (Juébee. 

Etude  curieuse  remplie  de  renseignements  inédits. 

J.-L.  Morison,  J/odeni  Britisli  Poliey.  The  Jackson  Press,  Kings- 
ton— 191 5. 

R.  P.  Hugolin,  Les  Fmnciseaiiis  et  la  eroisnde  antialeoolique  dans  la 
provinee  de  Ouébee  (  Gxiiada  ).  Aperçu  sommaire  de  leurs  travaux  pré- 
paré pour  le  chapitre  général  de  l'ordre  des  Frères  Mineurs  tenu  à  Ro- 
me au  mois  de  mai  1915.      Montréal— 1915. 

Dans  la  province  de  Québec,  l'initiative  de  la  croisade  antialcooli- 
que est  venue  de  l'Eglise.  C'est  elle  qui  la  mène  encore  avec  un  suc- 
cès étonnant  Les  Pères  Franciscains  ont  été  les  soldats  les  plus  actifs 
de  cette  campagne.  Mgr  Bruchési  leur  en  rend  un  témoignage  non 
équivoque. 

"  Voilà  dix  ans,  écrit-il,  que  j'ai  commencé  une  croisade  de  tem- 
pérance. Ce  sont  les  Pères  Franci.scains  qui  reçurent  ]iarticulicrement 
la  mission  de  la  i^rccher.  Ils  s'acquittèrent  de  cette  mission  avec  /.èle 
et  prudence,  et  à  la  i)rédication  ils  ont  joint  la  ]>ublication  d'une  revue 
qui,  réiiandue  dans  toutes  nos  iiaruisses,  a  fait  un  bien  considérable. 
Les  résultats  de  notre  campagne  ont  dépassé  nos  esi-iérances.  Le  cler- 
gé et  les  ligues  antialcoolicpies  ont  contribué  à  les  obtenir,  mais  ks 
l'Vanci.scans  y  ont  leur  large  ])art.  J'aime  à  leur  en  témoigner  ma  re- 
connaissance." 

R.  P.  Hugolin,  /\vn  les  Ireiie  Mcudis  ou  Piinanehes  en  f  honneur  de 
Saint-.  Intoi'ie  de  /\idoue.      Montréal—  lyi  5. 

.Innuai.ie  du  Canada.  Kyjj;.  Publié  par  ordre  de  l'hun.  Geo.  \\. 
Foster,  K  C.  ^L  G.,  M  P.,  ministre  élu  Commerce.  Ottawa,  I.  de  L. 
Taché,  imprimeur  de  Sa  Très  E.xcelleute  Majesté  le  Roi — 1915. 


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M-    .'li.    )• 


—150— 

Lettres  de  noblesse  de  Robert  Giffard, 
seigneur  de  Beauport 


LOUIS  PAR  LA  GRACK  DK    DIEU    ROY    DE    FRANCE  ET 
DE  NAVARRE  A  TOUS  P'XS  ET  A   VENIR    SALUT    SCAUOIR 
faisons  Oue  nous  estant  bi^n  informé  des  louables  vertus  Et  mentes  de 
N're  très  cher  et  bien  aimé  Robert  Giffart  seigneur  de  Beaupo.t    habi- 
tant de  laNOUUELLE  FRANCE  DICTE  CANADAde  libre  condUion 
et  nay  en  légitime  mariage  Et  des  bons  et  agréables  seruices  qu'il  nous 
a  faictz  Et  pour  lesperance  que  nous  avons  que  se    vo>-ant    honore     du 
de-ré  d'honneur  et  tiltre  de  noblesse  aud  pays  de  la  nouuelle  France  II 
en'suiura  les  actions  des  personnes  nobles  Et  que  luy  et    les  siens  nous 
rendront  les  seruices  que  ceux  de  cette    qualité  nous    doibuent.     Pour 
ces  causes  et  attendu  qu'il  a  jusques  a  p'nt  vescu  comme  il  fa.ct  encore 
noblemen  et  vertueusement  Auons  en  inclinant  a  la  supplication    et  re- 
queste  qui  nous  a  esté  faicte  en  sa  faveur  par  aucuns  de  no/,    spéciaux 
seruiteurs  Led'  suppliant  ses  enffans  et  postérité  soit  masles    ou  femel- 
les na^■s  et  a  naistre  en  loyal  mariage    Et  chacun    djceux    annobly    et 
annoblissons  de  n're  grâce  spéciale  plaine  puissance  et  anctonte  ro>alle 
„ar  ces  p'ntes  signées  de  n're  main  X'oulons  qu'en     tous  leurs    actes  en 
u-einens  et  dhors  ils  soient  tenus  pour  Nobles  aud'  paxs  de  la  nouuel- 
le France    Et  puissent  atteindre  et  recepuoir  tous  honneurs  prérogatives 
et  prééminences  qu'ont  accoustumé  de  recepvoir  &  dont  jouissent  et  vsen 
crens  nobles  et  extra.dt/  de  noble  lignée  et  comme  teb.  puissent    acque- 
dr  tenir  cSc  possedder  aud'  paxs  de  la  nouuelle  france  tous    fiefs    terres 
possessions  &  héritage  noble  de  quelle  quallilé  qu'ils    soient    <iuil.  ont 
desia  acquis  et  pourront  cy  après  acquérir  et  qui  leur    sont    ja  eschen/, 
et  pourront  cv  après  eschoir  compcter  appartenir  aud'     pays  de  la  nou- 
uelle france  I-'t  en  jouir  et  vser  ordonner  et  disp(»er    tout  ams.v  que  <ils 
estoien  extrait/,  de  race  entiennemen  noble  djceux  partager  noblement, 
Sans  qu'a  p'nt  ou  pour  laduenir  ils  soient  <ni  puissent  estre    contraints 
a  vuider  leurs  niams  desd'  i^ef/  possessions  et  héritages  nobles    ou  par- 
tie djceux    SIDONNONS   EX  MANDEMENT    au     Gouuverneur    cl 
u're  Lieutenant  gênerai  en  la  nouuelle    france,     lieutenant     .V     diacnn 
d'eux  comme  il  appartiendra  que  de  nre    p'nt     grâce'     annobl,s>.n.cnt 
permission  et  -ctrov  et  de  tout  le  contenu  cvùe^sus    Ils  tacent     ...ut.veu 
t^t  laissen  led  GilT.irt  .^  toute  sa  po^ténlé  na,  et  a  naistre    en     ln>al  ma- 
riage Jouir  et  vs.r  plainement.   paisiblement    et      perpétuellement      Le^ 


.1'     iUVfîîJ 


-IGO- 

sant  et  faisant  cesser  tons  troubles  et  enipeschemen  au  contraire,  CAR 
TEL  est  n're  plaisir  Nonobstant  quelzconques  ordonnances  Edicts 
Statuts  Mandemens  ou  deffenses  a  ce  contraire  a  quoy  pour  ce  regard 
Et  sans  y  préjudicier  en  au'e  chose  desroge  et  desrogeous  par  cesd. 
p'ntes  et  affin  que  ce  soit  chose  ferme  et  stable  a  tousjours  Nous  y 
auons  faict  mettre'  apposer  n're  scel  Sauf  en  au'e  chose  n're  droit  et 
lautruj-  en  toutes  Donne  a  paris  au  mois  de  Mars  Lan  de  grâce  MIL 
six  cens  cinquante  huict  &  de  n're  règne  le  quinziesme. 

,  LOUIS 

Sur  le  reply. 

sera  la  présente  insinuée  partout  ou  besoing  sera  Mandons  etc  ce 
ler  Sept  1658. 

P.  Dévoyer  Dargcnson 

Nous  Greffier  de  la  Jurisdiction  souueraine  de  Canada  certifions  a 
tous  qu'il  appartiendra  en  vertu  de  l'ordonnance  c\ -dessus  nous  auons 
insinué  en  nostre  Greffe  les  présentes  lettres  et  huictiesme  Septembre 
mil  six  cent  cinquante  hnict. 

Gillet. 
Parle  Roy 
Phelypeau. 
Visa 
Seguier 

Pour  seruir  aux  lettres  dannoblissement  de  Robert  Giffart  dans  la 
province  de  Canada 

A  l'endos. 

Leu  publié  L'audience  tenant  par  nous  Louis  Theandre  Chartier 
escuN'er  sieur  de  Lctbinière  Lieutenant  gênerai  Ciuil  et  criminel  en  la 
Seiieschaussée  delà  nouuelle  france  Jurisdiction  de  Québec  &.  a  enregis- 
tre au  registre  des  Insinuations  du  Greffe  de  la  d  Jurisdiction  Suiant 
notre  ordonnance  requérant  Robert  Giffart  escuyer  seigneur  de  Beauport 
qui  miu-^  en  a  requis  acte  a  lii\-  octroyé  pour  seruir  ce  que  de  raison 
le  vcndre.l\  sixicsme  jour  de    Juin  Mil  six  Cent  cinquante  neuf. 

L.  T.  CHARTIER 
PiaiVRET 

Greffier. 


•jiri-Mc-iKU  't. 


i)-"i     v.(i 
Ul/  lur. 


,,j.>r  I-i'J 


BULLKTIN 


RECHERCHES  HISTORipES 


VOL.  XXI  BEAUCEVILLE==JIIN  1915  No.  VI 


JEAN  PERONNE  DUMESNIL  ET  SES  MEMOIRES 


C'est  le  7  septembre  1660  que  Jean  Peronne  DuMesiiil,  avocat  au 
Parlement  de  Paris,  mit  pied  à  Québec. 

\jn^  entrée  a.\.\  Jounia!  des  Jésuites  de  septembre  1660,  nous  dit  : 
"Le  7e  arriva  le  3e  vaisseau  où  était  M.  DuMenil,  etc." 
Les  affaires  de  la  Compagnie  des  Cent-Associés  étant  en  assez  mau- 
vais état,  les  directeurs  envoyaient  le  sieur  Peronne    DuMesnil    à  Qué- 
bec en  qualité  de  contrôleur  général,  d'intendant  et  de  juge  souverain. 
Dans  son  Cours  d' histoiic  du     Canada     (vol  I,  p.  500),     M.  l'abbé 
Ferland  écrit   : 

"Le  gouverneur  (d'Avaugour)  et  son  conseil  refusèrent  de  recon- 
naître les  commissions  du  sieur  DuMesnil,  et  l'empêchèrent  d'exercer 
ses  fonctions.  Mais  DuMesnil,  ancien  avocat  au  Parlement  de  Paris, 
était  dispo.sé  à  disputer  le  terrain  pied  à  pied.  Il  trouva  le  moyen 
d'obtenir  les  arrêtés  de  comi)tes  des  anciens  receveurs  de  la  connnu- 
nauté  des  habitants  ;  c'étaient  les  hommes  les  i)lus  resjiectables  de  la 
colonie,  et  plusieurs  d'entre  eux  étaient  devenus  membres  du  con.seil. 
Comme  jusqu'alors  on  avait  plutôt  suivi  les  règles  de  l'honnêteté  que 
les  formes  légales,  l'feil  perçant  et  exercé  du  praticien  découvrit  l'ab- 
sence de  formalités  auxcpielles  les  bons  bourgeois  n'avaient  jamais  soli- 
de. Aussi  DuMesnil  réclama  bruxanunent,  non-seulement  contre  les 
conunis  et  les  receveurs,  mais  encore  contre  les  conseillers,  contre  les 
gouverneurs,  les  Jésuites,  les  conununautés  religieuses  et  l'évêque  lui- 
même.  Il  voulait  faire  rendre  compte  de  trois  ou  quatre  millions  de 
francs  donnés  autrefois  par  le  cardinal  Richelieu,  la  duchesse  d'Ai- 
guillon, le  counnandeur  de  Sillery  et  les  fondateurs  de  Montréal". 


V:LA.l-liii 


yii.M 


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l'iiif. 


— 1G2-- 

Peronne  Du^^esnil  s'était  servi  de  moyens  plus  ou  moins  honnêtes 
et  légaux  pour  obtenir  ses  renseignements. 

Dès  sa  deuxième  séance,  le  20  septembre  1663,  le  Conseil  Souve- 
rain eut  à  s'occuper  de  lui. 

"Sur  ce  qui  a  été  remontré  par  le  procureur-général  de  Sa  Majes- 
té, lisons-nous  dans  le  procès-verbal  de  cette  séance,  que  le  nommé  du 
Mesnil  Peronne  a  fait  forcer  la  lenêtre  de  l'étude  d'Audouart,  cy-de- 
vaiit  secrétaire  du  Conseil  par  im  nommé  Foucault  et  enlevé  plusieurs 
papiers  même  ayant  eu  des  registres  du  Conseil  et  papiers  en  a\  ant 
fait  ce  qu'il  a  voulu  est  à  craindre  qu'il  n'ait  sou.strait  quelques  pièces 
justificatives  des  comptes  de  quelquer.  particuliers  dont  il  a  usé  de  plu- 
sieurs menaces  et  fait  signer  quelques  procès-verbaux  par  violence  tt 
retint  plusieurs  concessions  de  plusieurs  particuliers.  Le  Con.seil  a  or- 
donné et  ordonne  qu'il  sera  informé  des  faits  contenus  en  la  dite  re- 
montrance par  le  sieur  de  Villeray  que  le  Conseil  a  commis  à  cet  effet. 
Et  attendu  le  fait  pour  sûreté  des  papiers  qui  peuvent  concerner  le.i 
afïaires  de  Sa  Majesté  et  celles  de  la  communauté  que  le  dit  sieur  de 
Villeray  fera  iierquisition  exacte  en  tous  les  endroits  de  la  maison  où 
le  dit  du  Mesnil  est  demeurant  et  partout  ailleurs  oîi  besoin  sera,  sé- 
questrera tous  et  cliacuns  les  papiers  qui  se  trouveront  en  la  dite  mai- 
son et  iceux  enfermera  en  un  coffre  auquel  il  ap]josera  le  sceau  du  Roi 
qu'il  remettra  entre  les  mains  d'un  gardien  qui  s'en  chargera  par  le 
procès- verbal  qui  pour  ce  sera  dressé  par  le  dit  sieur  commissaire.  En 
outre  sera  sommé  interpellé  de  vider  la  dite  maison  connue  apjiarte- 
nante  au  Roi  que  le  Conseil  a  destinée  pour  l'usage  ]iublic,  et  à  faute 
de  ce  faire  dans  trois  jours  sera  procédé  contre  lui  par  les  voies  de 
droit,  à  quoi  faire  le  dit  sieur  commissaire  procédera  incessamment  no- 
nobstant opposition  ou  appellation  quelconques  avec  lui  appelé  le  pro- 
cureur-général de  Sa  Majesté". 

Dans  son  Mémoire  présenté  au  roi,  Peronne  Du  Mesnil  raconte  de 
quelle  façon  M.  de  Villeray  s'\-  prit  pour  exécuter  l'ordre  du  Conseil 
Souverain. 

"Le  vingtième  du  mois  de  septembre  (  1663),  dit-il,  deux  jours 
après  l'établissement  du  dit  Conseil  (Souverain),  les  dits  Villeray,  soi- 
disant  connnissaire  et  conseiller;  de  Bourdon,  iirocurenr-général,  ac- 
compagnés de  deux  sergents,  d'uu  serrurier  et  de  dix  soldats  du  l'ort 
bien  armés,  vt)Ut  en  la  maison   du  dit     DuMesnil,     intendant  et  contrô- 


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— I(i3— 

leur-général,  et  peu  auparavant  leur  juge  souverain,  sur  les  7  à  8  heu- 
res du  soir,  pour  piller  sa  maison,  ce  qu'ils  firent  axant  fait  rompre  la 
porte  de  son  cabinet,  ses  armoires  et  un  coffre  pris  et  emporte  ce  qu  ils 
ont  trouvé  dedans,  et  notanunent  tous  ses  papiers  dans  lesquels  étaient 
leurs  procès  faits  et  les  preuves  de  leurs  péculats,  concussions  et  mal- 
versations, sans  aucun  inventaire  ni  forme  de  justice  ctant^  le  dit  Du- 
Mesnil,  lors  des  dites  violences,  tenu  et  arrête  sur  un  siège  et  rude- 
ment traité  par  les  dits  soldats,  jusques  à  l'empêcher  d'appeler  du  se- 
cours et  des  témoins  pour  voir  ce  qui  se  passait  en  sa  maison  et  comme 
il  était  lié  et  arrêté". 

Le  18  mars  1664,  le  Conseil  Souverain  procédait  à  l'ouverture  du 
coffre  du  sieur  Peronne  DuMesnil  "pour  y  fair.  recherche  des  papiers 
concernant  le  public". 

Deux  jours  plus  tard,  le  Conseil  dressait  l'inventaire  des  papiers 
contenus  dans  le  fameux  coffre. 

Peronne  DuMesnil  sentant  que  le  terrain  glissait  sous  ses  pieds 
s'embarqua  pour  la  France   quelques  jours  plus  tard. 

Dans  son  Mémoire  il  dit  que  le  capitaine  Gardot  qui  le  reçut  à  son 
bord  le  fit  à  ses  risques  et  périls."  Et  fut  reçu,  dit-il,  par  le  capitaine 
Gardot  dans  son  navire  nonobstant  les  défenses  qui  lui  en  avaient  ete 
faites  par  le  dit  nouveau  Conseil,  et  que  six  pièces  de  canon  de  la  plate- 
forme d'en  bas  chargés  à  balles  fussent  pointés  contre  son  navire  pour 
le  faire  obéir  à  leur  ordonnance." 

On  a  ici  une  idée  des  exagérations  et  des  mensonges  du  sieur  Pe- 
ronne DuMesnil. 

Une  fois  rendu  en  France,  Peronne  DuMesnil  se  plaignit  amère- 
ment au  ministre  Colbert  des  mauvais  traitements  .pi' il  avait  reçus  a 
Québec. 

Colbert  semble  avoir  tenu  M.  Gaudais-Dupont  responsable  de  tout 
ce  qui  était  arrivé  à  Peronne  DuMesnil  à  Québec.  Le  H  février  1664, 
Colbert  écrivait  à  M.  Terron,  intendant  de  la  marine  à  Larochelle  : 

"Il  (Gaudais-Diipoiit  )  a  spolié  un  agent  de  la  Compagnie  de  Ca- 
nada de  t<.us  .ses  papiers  d'une  manière  fort  violente  et  extraordinaire 
et  ce  procédé  ne  lai-se  point  à  douter  cpie  dans  ces  papiers  il  n  >^eut 
des  cho.scs  dont  on  a  voulu  absolument  supprimer  la  connaissance." 


.1'.'-  .•!■'.    .     1    VIKtOl 


— 1G4— 

Peromie  DiiMesnil  mourut  avant  1667.  En  effet,  le  14  mars  1667, 
Louis  Rouer  de  V'illeray  demandait  au  Conseil  Souverain  de  lui  remet- 
tre "di\-er.s  papiers  de  conséi[Uence  soustraits  tant  à  lui  que  aux  autres 
héritiers  de  défunt  Me  Charles  Se\-estre,  vivant  lieutenant- particulier  en 
la  Sénéchaussée,  à  Québec,  par  dî-funt  Jean  Peronne  sieur  Du  Mesnil". 

Aux  Archives  Pubjiques  du  Canada,  à  Ottawa,  on  conserve  un 
Mémoire  concernant  les  affaires  du  Canada  non  signé  ni  daté  mais  ce'- 
tainement  rédigé  par  Peronne  DuMesnil,  une  Requête  présentée  par  le 
même. Peromie  DuMesnil  "au  Roy  et  à  nos  seigneurs  de  son  Conseil" ,  et 
un  "Mi'moite  du  sieur  Gaudais  DnPont  à  Mgr  Colbert pou>  liiy  rendre 
conipte  de  l'ajfaîie  du  s.  £>uMes7iil  et  des  moyens  proposés  par  ce  det  nier 
pour  faire  revenir  au  Roi  de  grandes  son/ mes  de  deniers  qu'il  prétend 
avoir  été  divertis." 

Dans  son  beau  livre  The  Old  icgime  in  Canada,  Parkman  a  raconté 
au  long  le  séjour  de  Peronne  DuMesnil  à  Québec.  Des  accusations 
portées  par  cet  exalté  contre  des  personnages  honorables,  il  dit  : 

"As  regards  Duniesuil's  charges,  the  truth  seems  to  be,  tliat  the 
financial  managers  of  the  colon}-,  being  ignorant  and  unijractised,  had 
kept  imperfect  and  confused  accounts,  which  they  themselves  could  not 
ahvays  unravel  ;  and  that  some,  if  not  ail  of  them,  had  niade  illicit  pro- 
fits under  cover  of  this  confusion.  That  their  stealings  approached  the 
euormous  sum  at  which  DuMesnil  places  them  is    i.ot  to  be  believed." 

Louis  I'eronne  de  M.\zé. — Louis  Peronne  de  Mazé,  fils  de  Jean 
Peronne  DuMesnil,  vint  ici  en  qualité  de  secrétaire  de  M.  d'Avaugour. 
Il  arriva  à  Québec  avec  le  nouveau  gouverneur  le  dernier  jour  d'août 
1661. 

Dans  le/cw/v/i?/  des  fésuites,  août  1661,  nous  lisons  : 

"Le  dernier  août  arriva  le  Sr  Dubois  Da\-augour,  nouveau  gou- 
N'erneur,  avec  le  fils  de  Mous.  DuMisnil  son  secrétaire,  dont  le  frère 
fut  enterré  le  même  jour,  tué  d'un  coup  de  pied  par  N." 

L'année  même  de  son  arrivée  dans  la  Nouvelle-France,  le  7  no- 
\eml)re  1661,  M.  Peronne  de  Ma/é  se  faisait  concéder  en  fief  et  sei- 
gneurie, conjointement  a\-ec  Jactpies  de  Cailhault,  sieur  de  la  Tesserie, 
p;ir  M.  Charles  de  Lau/.on,  quinze  arpents  de  terre  sur  l'île  d'Orléans, 
"les  dits  quinze  arpents  tenant  d'un  côté  à  la  seigneurie  de  Heaulieu 
et  d'autre  côté  aux  terres  non  concédées." 


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— 1G5— 

C'est  le  fief  de  la  Gro:isardière. 

Dans  l'été  de  1662,  M.  Peronne  de  Mazé  fit  un  vo^-age  en  France. 
Il  partit  le  15  août  dans  le  vaisseau  de  Reniond.  Il  revint  dans  l'été 
de  1663. 

En  1664,  M  Peronne  de  Mazé  est  qualifié  de  capitaine  de  la  gar- 
nison de  Québec  et  de  gentilhomme    ordinaire  de  la    Chambre  du  Roi. 

Le  24  septembre  1664,  M.  de  Mézy  nommait  M.  Peronne  de  Mazé 
membre  du  Conseil  Souverain. 

Au  greffe  du  notaire  Duquet,  à  la  date  du  14  mai  1665,  on  trouve 
l'acte  suivant  : 

"Pardevant  Pierre  Duquet,  Nottaire  Royal  en  la  Nouvelle-France 
et  tesmoins  soussigné/,  fut  présent  en  sa  personne  M.  Louis  Perronne, 
Escuyer,  sieur  de  Mazé,  Gentilhomme  ordinaire  de  la  Chambre  du 
Roy,  Conseiller  du  Ro\-  en  son  Conseil  Souverain  à  Québec,  lequel  de 
son  bon  gré  et  volonté  recognust  et  confessa  avoir  donné,  cédé  et 
transporté  du  tout  dès  maintenant  et  à  tousjours  en  pur  don  irrévoca- 
ble faict  entrevifs  et  en  la  meilleure  forme  que  Donnation  peut  avoir 
lieu  et  sortir  effect  à  M.  Jacques  de  Cailhault,  Escuyer,  sieur  de  la  Tes- 
serye.  Conseiller  du  Roy  en  son  Conseil  Souverain  à  Québecq,  à  ce 
présent  et  acceptant  pour  luy  ses  hoirs  et  ayans  cause  à  l' advenir,  la 
nioictyé  de  quinze  arpens  de  terres  de  frond  scituez  en  l'Isle  d'Orléans 
qui  ont  de  ])rofondeur  jusques  à  la  ligne  qui  traver.sera  la  dicte  Isle  de 
poincte  en  poincte  y  compris  les  désertz  qu'ils  y  ont  faict  faire  ensem- 
bles, et  autres  qui  y  peuxent  estre,  sans  aucuns  en  réserver  ny  retenir 
lesquels  quinze  arpents  de  terres  ont  esté  concédez  conjointement  aux 
dits  sieurs  de  la  Tesserje  et  de  Mazé  en  fief  et  seigneurye  par  M.  Char- 
les de  Lauzon,  prebstre  et  officiai  de  Monseigneur  l'Illustrissime  et 
Révérendissime  Evesque  de  Pétrée  ;  tenantz  les  ditz  quinze  arpens 
d'un  costé  à  la  Seigneurie  de  Beaulieu  et  d'autre  costé  aux  terres  non 
concédées.  Ces  présents  don  et  transport  faict  par  le  dict  sieur  de 
Mazé  au  dict  sieur  de  la  Tes.serie  à  cause  de  la  grande  aiïection  et  ami- 
tié qu'ils  .se  sont  tousjours  portez  respectivement  l'un  l'autre  et  i>or- 
tent  encore  à  présent,  mettant  et  subrogeant  par  le  dict  sieur  de  Mazé 
le  dict  sieur  de  \a  Te>serie  tlu  tout  en  >ou  lieu  et  droictz,  noms,  rai- 
sons et  actions,  jiour  en  faire  par  le  dict  sieur  Doniiattairc  ses  ditz 
hoirs  et  a\ans  cause  et  en  disposer  comme  de  chose  à  lu\-  apiiarteiiaiitc  ; 
car  ainsN-  est  le  désir  et  volonté  du  dict  sieiir  Donuatenr.      I",t  jtour  fai- 


L.'Ij.Tl./lJ 


—1 66— 

re  insinuer  ces  présentes  dans  quatre  mois  suivant  l'ordonnance  le  dict 
sieur  Donnateur  a  faict  et  constitué  son  Procureur  le  jwrteur  des  pré- 
sentes, auquel  il  donne  pouvoir  de  ce  faire  et  d'en  requérir  acte.  Pro- 
mettant, Obligeant,  Renonçant,  faict  et  passé  à  Québecq  tu  la  maison 
du  sieur  Amyot  après-mid\  le  quator/.iesme  jour  de  May.  mil  six  cent 
soixante-cinq,  en  présence  de  Monsieur  Mathieu  Damours,  Escuyer, 
sieur  Deschauffour,  Conseiller  du  Roi  en  son  Con.seil  Souverain  à  Qué- 
becq, et  Anicet  Goumin  M.  Cliirurgien,  tesmoings  soussignés  avec  les 
partyes  et  le  Nottaire,  .Signe  Peronne  de  Ma/.é,  "Jacques  de  Cailhault 
Tesserye.  "Damours  Goumin  et  Duquet  Notaire  Royal  avec  paraphe, 
ainsy  signé  "Duquet'   Notaire  Royal  avec  paraphe." 

L'acte  que  nous  venons  de  citer  indique  que  M.  Peronne  de  Ma/.é 
était  à  la  veille  de  s'embarquer  pour  la  France  et  qu'il  n'avait  pas 
l'intention  de  revenir.  Il  siégea,  en  efïet,  pour  la  dernière  fois  au  Con- 
seil Souverain  le  6  juillet  1665.  Il  dût  s'embarquer  peu  après.  Il  ne 
revint  pas. 

Michel  Peron.vr  dk.ç  Touche.s. — Michel  Peronne  des  Touches 
était  un  autre  fils  de  Jean  Peronne  DuMesnil.  D'après  ce  que  nous 
pouvons  voir,  il  arriva  à  Québec  en  même  temps  que  son  père,  c'est-à- 
dire  le  7  septembre    1660. 

L,&  Joui  liai  des  IcsHiiirs  \\o\\<.  ajiprend  qu'il  fut  tué  d'un  coup  de 
pied,  en  aoiit  1661,  par  N.  Il  fut  enterré  le  dernier  d'août  1661,  pré- 
cisément le  jour  de  l'arrivée  à  Québec  de  son  frère,  Louis  Peronne  de 
Ma/.é. 

Dans  son  Mâiioiu-  présenté  au  Roi,  Peroinie  DuMesnil  dit  que  son 
fils  "fut  cruellement  ma.ssacré  et  assassiné  en  pleine  rue  et  en  plein 
jour  par  les  nommés  de  Repentigné  (.RepentignyJ,  de  Be.scanccurt, 
Deviset  Baudran,  comptables." 

L'obligeance  de  M.  le  docteur  A. -G.  Doughty,  archiviste  du  Ca- 
nada, nous  permet  d'offrir  aux  lecteurs  du  Bullctiii  des  Recherches  His- 
toriques le  Mémoire  de  Peronne  DuMesnil,  sa  Requête  présentée  au  Roi 
et  le  Mémoire  du  sieur  Gaudais  Dui^ont.  Ces  trois  pièces,  crosons- 
nous,  n'ont  jamais  été  publiées. 

P.   G.   R. 
Mkmoiki-:  coxcKi^x.VNT   T.i:s  .\ri\\iKi:.s  nu  Canada 
A  Lui  monstrcr  et   faire  voir     que  soubs     prétexte  de  la    gloire  de 
Dieu  et  Instruction  des  Sauvages,  de  .servir  le  R()>  ,  et  de     faire  la  nou- 


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-1G7— 

velle  colonie,  Il  a  esté  pris  et  diverty  trois  millions  de  livres  on  envi- 
ron. Lui  mont.er  encore  quels  moyens  on  doibt  tenir  ]  our  recouvrer 
une  partie  ded  deniers  divertis.  Et  que  sy  les  ordres  donnez  pour  le 
gouvernement  du  jiaws,  et  administration  de  la  justice  dyceluy  ne  sont 
changez,  la  colonie  ne  se  fera  jamais. 

L'Autheur  de  ce  mémoire  proteste  navoir  Intention  doffenser  iier- 
sonne,  mais  de  dire  .seulement  la  vérité  toute  nue  et  pure  quoy  quelle 
face  des  ennemis,  dont  il  ne  se  peut  disi)enser  sans  offenser  sa  conscien- 
ce et  son  honneur. 

Il  commencera  par  dire  et  remonster  qu'en  l'année  i56o,  Il  fut 
prié,  sollicité,  et  convié,  de  prendre  et  accepter  les  charges  et  commis- 
sions de  controlleur  général,  d'Intendant,  et  de  Juge  Souverain  aud 
■pays  de  Canadas  lesquelles  luy  furent  délivrées  par  la  compagnie  de  la 
Nouvelle- France  en  vertu  du  pouvoir  quelle  en  avoit  du  Roy. 

Le  dict  Commi.ssionnaire  qui  se  nomme  Jean  Peronne  du  Mesnil  et 
qui  est  advocat  au  parlement  de  Paris,  sestant  transporté  aud  pays  de 
la  Nouvelle- France,  fit  publier,  registrer,,et  afficher  ses  dictes  conunis- 
.sions,  qui  donnaient  de  l'estonnemen  aux  receveurs  et  ordonnateurs 
des  finances,  marchandises,  et  effets  apparteuans  à  la  communauté  dud 
pays,  pourquoy  ils  s'assemblèrent  le  Dix  septe  de  seplembre  1661  et 
firent  une  ordonnance  ]iorl:ant  qu'on  n'auroit  aucun  esgard  aux  com- 
missions dud  du  Mesnil,  luy  font  deffence  de  les  exécuter,  cassent  et 
annulent  ce  qu'il  avoit  ja  faict  laquelle  ordonnance  est  dénoncée  aud 
du  Mesnil  le  26  du  mesme  mois,  lequel  faict  response  que  led  Conseil 
estably  par  arrest  du  Conseil  du  Roy  du  27  mars  1647  P^^  surprise,  et 
quand  II  seroit  dans  les  formes.  11  ne  donne  pouvoir  aud  conseil  de  la 
nouvelle  France  que  de  voir  sur  la  qualité,  bonté,  et  prix,  des  mar- 
chandises envoxées  de  France  pour  la  traite  des  pelleteries  et  castors 
et  pour  la  troque  d'Ycelles  avec  les  Sauvages  et  rien  davantage,  et  de 
vouloir  estendre  ce  i)etit  pouvoir  jusques  à  régler  les  droits  des  Sei- 
gneurs dud  pays,  cela  estoit  une  entrepri.se  Indeue  et  que  les  officiers 
desnonune/.  en  lad  ordonnance  estoient  sans  pouvoir  pour  estre  leurs 
charges  finies,  et  autres  raisons  contenues  en  ladte  répon.se,  dont  lesd 
receveurs  et  ordonnateurs  furent  tellement  irrites  quils  firent  courir  le 
bruit  dans  ledt  pays  que  led  Du  Mesnil  et  son  fils  y  estoient  allez  pour 
eslablir  des  maltostier.'quil  falloit  les  traisiier  dans  la  rivière  et  se  dé- 
faire d'eux,  ce    qui  fut  exécuté  en  la     personne  du  fils  dud     Du  Mesnil 


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—  ](3.S— 

qui  fut  cruellement  massacré  et  assassiné  en  ])leine  rue  ;  et  en  plein 
jour  par  les  nommés  de  Repentigné  de  Bécancourt,  Deniset  Baudran 
comptables  duquel  assissinat  led  Du  Mesuil  ayant  faict  plainte  au  Juge 
ordinaire  de  Kebec  Le  Sieur  Davodson  comme  gouverneur,  et  qui  es- 
toient  lors  hors  de  charges  par  larrivéedans  le  paj-s  du  Sieur 
Davaugour  Interd't  le  dit  Jug  ordinaire  de  li  fonction  de  sa  charge, 
ordonne  que  ce  qu'il  avoit  escrijit  seroit  cassé  et  lacéré  par  son  ordon- 
nance du  73  septembre  en  lan  /661  ce  C|uil  faict  exécuter  envoyant  des 
soldats  au  greffe  prendre  par  force  lesd  pièces  et  procédures,  quil  a  la- 
cérée dont  y  a  acte. 

Et  quant  à  la  personne  dud  Du  Mesnil  (qui  estoit  lors  malade  ) 
Il  est  obligé  de  se  tenir  enfermé  en  sa  mayson,  et  mander  ()Uelques  ha- 
bitans  du  pays  pour  leur  faire  counoistre  quil  nestoit  point  venu  dans 
led  pays  pour  leur  faire  aucun  mal  ny  imposition  ;  mais  seulement 
pour  reconnoistre  comme  les  affaires  et  deniers  publiques  du  pays 
avoient  été  mesnagers  ce  qu'estoient  devenus  deux  millions  qtiahc  cens 
tant  de  mil  livres  appartenant  au  public  et  procèdes  de  la  vente  des 
castors  et  pelleteries  depuis  l'année  1645  Icelles  comprises,  ce  ques- 
toient  devenus  huid  cens  trente  mil  cent  soixante  quinze  livres  des  de- 
niers anpruntes  et  quahc  cens  tant  de  mil  livres  donnez  en  ausmones 
pour  faire  la  d  colonie  i)ar  la  Reyne  mère,  par  Monsieur  le  Cardinal  de 
Richelieu,  par  Madame  la  Duchesse  Daiguillon,  et  plusieurs  autres 
personnes  pieuses  ;  ce  qui  contenta  lead  habitans  et  Incontinant  après 
fut  led  Du  Mesnil  advertj-  de  se  prendre  garde  des  sauvages  dud  lien 
qui  estoient  atissy  commis  de  lassassiner,  avec  lesquels  il  fit  son  acco- 
modeman  par  les  prest  et  se  croyant  led  Du  Mesnil  un  jieu  a  couvert 
desd  menaces.  Il  faict  sommation  aux  receveurs  comptables  de  luy  re- 
lirésenter  leurs  comptes,  (si  aucuns  ils  avoient  rendu)  pour  chercher 
linéiques  fonds  à  payer  quatre  ou  cinq  cens  mil  livres  ((ue  la  commu- 
nauté dud  l'ays  doibt  aux  Seigneurs  d'icellu>-,  desijuels  il  estoit  inten- 
dant et  envoyé  exprès,  I^t  au  reffus  desd.  comptables,  les  fit  assigner 
]>ardevant  les  commissaires  établis  ])ar  le  Roy  j^our  les  affaires  dud  pay.s 
de  la  nouvelle  France  et  envoyé  Les  a.ssignalions  pour  >•  comparoir. 

Sur  la(|Uelle  assignition  lesd.  com])tables,  ordonnateurs,  et  rece- 
veurs desd  deniers  et  effets  puhlicqs,  s'assemblent  et  jirient  monsieur 
riCvcs(pie  du  Pétiée,  et  le  ])ère  Ragueueau  Jésuite  bien  intéressé  e-d 
affaires  publiciues,  de  venir  en  France,  cherclu-r  des  moyens    d'arrester 


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—169— 

le  (.-ours  desd  poursuites  par  devant  lesd  sieurs  commissaires  ce  qu'ils 
croyent  avoir  faict  en  obtenant  du  Roy  un  arrest  portant  establissenient 
d'une  chambre  de  conseil  et  justice  souveraine  aud  Québec  pour  tout 
le  pays  de  la  nouvelle  France,  lequel  conseil  seroit  composé  de  luiict 
juges  scavoir  du  Sieur  de  Mcsy  gouverneur  dud  sieur  Evesque  de  Pé- 
trée,  du  sieur  Robert  (en  la  place  duquel  le  sieur  Dupont  Gaudez  j^a- 
rent  et  allié  desd  comptables,  ordonnateur  et  receveur,  a  esté  mis  sans 
que  ses  lettres  de  substitution  au  lieu  dud  Sr  Robert  ayant  paru)  avec 
pouvoir  ausJ  trois  conunis.saires  de  choisir  et  prendre  cinq  habitans  du 
pays  pour  conseiller  et  juger  avec  eux  et  un  procureur  général. 

Lesd  Sieurs  de  Mésy  gouverneur,  de  Pétrée  Evesque  et  Dupont 
Gaudez,  arrivez  aud  Québec  le  1 6  jour  de  septembre  1663  furent  le 
-  lendemain  saluez  et  visitez  jiar  led  Du  Mesnil  précèdent  juge  lequel 
par  devoir  et  civilité  leur  dict  par  forme  d'avis,  que  par  des  arrest  du 
conseil  du  Roy,  qu'il  leur  présenta  en  datte  du  27  mars  1647  et  13  may 
1659  tous  les  commis  et  receveurs  desd  deniers  publics  estoient  exclus 
de  toutes  charges  publiques  jusques  à  ce  qu'ils  eussent  rendu  et  apuré 
leurs  comptes,  et  le  nommé  Villeray  chassé  dud  conseil  de  la  traite 
pour  y  avoir  entré  par  des  vo3es  et  moyen?  illicites,  et  ordonné  qu'il 
viendroit  en  France  pour  se  purger  de  ses  crimes  ce  qu'il  n'a  poinct 
faict.  Et  pour  nommer  les  autres  commis  receveurs,  auxquels  il  avoit 
commencé  à  faire  le  procès  pendant  quil  estoit  juge. 

Nonobstant  lesquels  dires,  avis,  et  arrest  représentez,  lesd.  Sieurs 
de  Mézy,  Evesque  de  Petrée,  et  Dupont  Gaudez,  nom  délaissé  de  pren- 
dre et  admettre  avec  eux  aud  conseil  Souverain  lesd  comptables,  les- 
quels par  ce  mo>en  se  prétendent  à  couvert  et  exemptés  de  rendre  le.sd. 
comptes  led  establissenient  de  ce  conseil  faict  et  arresté  par  lesd.  com- 
missaires le  18  dud  mois  de  septembre,  deux  jours  après  leur  arrivée  et 
pour  procureur  général  prennent  un  nonuné  Jean  Bourdon  boulanger 
et  canonnier  au  fort,  et  aussy  comjnable  de  huict  à  neuf  cens  mil  li- 
vres,   comme  il  sera  montré  et  qu'il  a  preste  son  nom. 

Le  vingtiesme  dud  mois  de  septembre,  deux  jours  ajirès  lestablis 
sèment  dud  conseil,  lesd  Villeray  soy  disant  commissaire  et  conseiller 
de  Bourdon  procureur  général  accora]iagnez  de  deux  sergens  d'un  ser- 
rurier et  de  dix  soldats  du  fort  bien  armés  ;  vont  en  la  maison  dud  Du 
Mesnil,  Intendant  et  controllcur  général,  et  peu  aui)aravant  leur  Juge 
Souverain  sur  les  7  à  8  heures  du  soir,     pour  piller  sa  maison,  ce  qu'ils 


II       f 


—170— 

firent  aj-anr  faict  rompre  la  ])orte  de  son  cabinet  ses  armoires  et  un 
cofEre  pris  et  emporté  ce  qu'ils  ont  trouvé  dedans,  et  notamment  tous 
ses  papiers  dans  lesquels  estoient  leurs  procès  ]iresque  faicts  et  les 
preuves  de  leurs  peculat,  concussions  et  malversatious,  sans  aucun  In- 
ventaire ny  forme  de  justice  estant  led  Du  Mesnil  lors  desd  violences 
tenu  et  arresté  sur  un  siège  et  rudement  traité  par  lesd.  soldats,  jus- 
quos  à  l'empescher  d'appeller  du  secours  et  des  temoings  pour  voir  ce 
qui  se  passoit  en  sa  maison  et  connue    il  estoit  lié  et  arresté. 

Cette  action  violente  ainsy  faicte,  et  led  Du  Mesnil  se  vo\ant  dé- 
livré du  massacre  de  sa  personne  dont  il  estoit  menacé  et  dcbtre  assas- 
siné comme  son  fils  s'en  va  trouver  led  sieur  Dupont  Gaudes'  prenant 
qualité  d'Intendant,  pour  luy  en  faire  plainte,  quil  ne  voulut  entendre 
disant  que  cestoit  de  son  ordonnance  et  dud  conseil  que  lad  action  de 
prise  de  papiers  avoit  été  faictes,  à  quoy  led  Du  Mesnil  repartit  qu'il 
s'en  plaindroit  au  Roy,  et  luy  en  demanderoit  justice,  ce  qui  obligea 
led  Dupont  Gaudais  de  dire  aud  Du  Mesnil,  quil  donnast  sa  reqte  ce 
qui  fut  fa-'ct  et  sur  laquelle  fut  par  led  conseil  ordonné  le  22  dud  mois 
de  septembre  deux  jours  après  cette  violence,  que  led  Dupont  seroit 
commissaire  pour  vérifier  les  faicts  d'Icel'.es  requeste,  ce  que  poursui- 
vant led  DuMesnil  II  eut  ordre  verbal  dud  Sr  Gaudais  de  mettre  au 
greffe  ses  causes  et  mo^'ens  de  récusation,  de  nullité  de  prise  a  partie 
et  de  demandes,  ce  que  led  DuMesnil  fict  comme  appert  par  l'acte  si- 
gné du  greffier  dud  conseil  du  28  dud  mois  de  septembre,  sur  lesquels 
récusations  prise  a  partie,  et  demander,  led  conseil  n'a  rien  voulu  or- 
donner, comme  a])pert  par  autre  acte  dud  greffier  du  21  d'octobre 
et  suivant  jour  ordonné  pour  l'embarquement  et  desparts  des  vaisseaux 
dud  Québec  pour  retourner  en  France. 

Mais  au  lieu  de  statuer  et  ordonner  sur  les  faicts,  mo\-ens  et  con-  ■ 
clusions  dud  Du  Mesnil.  led  conseil,  sans  plainte,  sans  partie  et  .sans 
informations,  a  decresté  emprisonnement  de  la  i)ersonne  dud  Du  Mes- 
nil celé  et  caché  le  décret  sans  le  mettre  au  greffe,  dans  lintention  de 
le  faire  paroi.stre  et  exécuter  au  mesnie  temps  que  led  Du  Mesnil  se 
voudroit  embarquer  pour  rentrer  en  France,  affin  qu'il  n'eusse  jias  le 
temps  de  donner  avis  des  violences  quon  luy  faisoit,  de  ([uoy  adverty  II 
s'einbartpie  (pieUiues  jours  auparavant  les  autres  et  fut  reçu  i>ar  le  ca- 
liitaiiie  ;.;,inl(it  dans  son  navire,  abandoinianl  led  Du  Mesnil  tout  ce  (pli 
lui  resloit  île  bien   dans  le  pa>s,  pour  sauver     sa  personne     et  fut  receu 


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—171- 

par  le  capitaine  gardot  dans  son  navire  nonobstant  les  deffenses  qui  luy 
en  avoient  esté  faictes  par  k-d  nouveau  conseil,  et  que  six  jiitces  de  ca- 
non de  la  platte  forme  d'en  bas  charge/,  a  balle  fussent  poinctces  contre 
son  navire  pour  le  faire  obéjr  à  leur  ordonnance. 

Tous  ces  massacres,  assassina,  et  pillages  de  maison  n'ont  esté  faic- 
tes aud  Du  Mesnil  Intendant  par  le.sd  comptables,  ordonnateurs  et  re- 
ceveurs de  bien  publique  et  leurs  parens  et  alliez  en  chambre  de  jus- 
tice sou\eraine  sollicite/,  que  pour  tascher  accouvrir  et  s'exempter  de 
comptes,  payer  et  rendre  ce  qu'ils  ont  pillé  scavoir.  Par  Pierre  Le- 
gardeur  Repantigné,  si.x  cent  quarante  quatre  mil  sept  cens  tant  de 
livres  dont  il  sest  chargé  jjour  trois  comptes  qui  sont  au  greffe  dud  con- 
seil de  Québec  signez  de  luy,  non  examinez  clos  ny  arrestez  et  du  reli- 
qua  desquels  com]>tes,  \-  a  si.x  ou  sept  cautions  desnommez  sur  ie  re- 
gistre dud  conseil,  qui  craignant  tant  lappurement  desd  comptes  pour 
lesquelles  caustions  est  led.  nemnié  Robert  Giffard  avec  le  fils  duquel 
led  Sr  Dupont  Gaudois  soy  disant  Intendant  a  marié  sa  nièce  nommée 
Marie  Nau.  au  mois  d'octobre  1663. 

Par  les  héritiers  de  Noël  Juchereau  des  Chastelest  de  trois  cens  et 
tant  de  mil  livres,  dont  il  s'e.st  aussy  chargé  par  un  compte  qui  est  aud 
greffe  signé  de  Lu\-  et  du  père  Hierosme  Lalleman  Jésuite  pour  com- 
missaire quon  prétend  l'avoir  arresté  tout  seul  sans  pièces  tenues,  sans 
apostiles  sur  les  articles  quun  de  Soool.  qu'il  pas.se  à|prendre  sur  le  nom- 
mé Labaleine  marchand  de  la  Rochelle  qui  a.ssista  led  Deschatelets  à  .sa 
mort  en  la  ville  d'Orléans  après  le  décès  duquel  son  corps  fut  enterré 
aux  Jésuites  dud  Orléans  et  son  coffre  à  papiers  pris  par  lesd  Jésuites 
led  compte  sans  datte  ]iar  feuille  et  sans  aucune  formalité  de  Justice. 

Par  Jean  Paul  Godefroy  de  cinq  cens  tant  de  mil  livres  dont  il 
s'est  aus.sy  chargé  en  recepte  ])ar  un  compte  qu'il  n'a  ])oint  signé  et 
qu'on  prétend  arresté  jiar  le  Sieur  Daillebou.st  Paul,  quon  vient  faire 
passer  pour  gouverneur  et  (pii  ne  l'estoit  plus  lors,  mais  collègue  dud 
Godefroy  pour  faire  en.semble  ces  friponneries,  ce  qui  .se  voit  sur  les 
registres  de  Canadas. 

Par  Jean  Juchereau  La  ferté  qui  est  beau  frère  du  fils  dud  Sieur 
de  Lauzon  a\ant  ép.ousé  les  deux  s(Lurs,  filles  dud  Rol)ert  Tifftuit 
{Gi/farJ  ?),  de  trois  à  quatre  cens  mil  li\res  (|n'il  doiht  comme  se  voit 
par  les  factures  des  castors  et  marchandises  dont  il  est  chargé  à  Québec 
et  par  jibisieurs  ainprunts  des  deniers  dont  il  dict    avoir  rendu  coniiile. 


—172— 

qui  ne  s'est  point  trouvé  au  greffe  lors  de  l'inventaire  faict  par  led  Du 
Mesnil  commissaire  député  par  le  conseil,  Et  desquels  emprunts  led  Du 
Mesnil  a  tiré  extraict  des  notaires  passant  à  la  Rochelle. 

Par  led  Jean  Bourdon  de  vingt  huict  mil  huict  cens  tant  de  li\res 
de  castors,  suivar.t  les  factures  et  charges  qui  valloient  lors  douze 
francs  la  livre  qui  passent  trois  cens  mil  livres  et  ce  en  l'année  163 1 
Sans  les  emprunts  qui  a  faicts  le  mesrae  voiage  qui  se  montent  20- 
4088  1.  et  ce  par  l'ordre  du  sieur  de  Lauzon  et  dud  père  Lalleman  Jé- 
suite qui  n'en  pouvaient  donner  pour  engager  le  pays. 

Par  René  Maheu  aussy  commis  receveur  en  1652  à  53  de  deux  cens 
tant  de  mil  livres  suivant  factures  et  mémoires  fournis  dont  il  se  pré- 
tend deschargé  par  le  père  Ragueneau  Jésuite  Seul,  sans  pièces,  (mot 
illisible)  apostiles,  calculs  ny  forme  de  justice. 

Par  Charles  Sevestre  beau  père  dud  Villeray  garde  scel  dud  nou- 
veau conel  et  sa  gestion  des  années  1653-54-55  et  56  qui  passent  six 
cens  mil  livres  en  receiites,  dont  les  comptes  et  pièces  ne  se  voyent 
point  et  qui  sont  diverties  et  retenues  par  led.  Villeray  lequel  est  con- 
damné par  led  arrest  du  conseil  du  Ro%-  du  13  may  1659  et  plusieurs 
ordonnances  de  Québec  de  les  représenter  et  rapporter  au  greffe  ce  qu'- 
il n'a  faict. 

Et  pour  l'année  1657  II  s'e.st  trouvé  au  greffe  de  Québec  un  comp- 
te rendu  par  led  Sevestre  pardevant  le  sieur  de  Charny  de  Lauzon  qui 
se  disoit  gouverneur  et  juge  et  ne  lestoit  point,  la  recepte  duquel  est  de 
ijuatre  vingt  dix  neuf  mil  tant  de  livres,  et  le  comptable  reliquataire  de 
dix  sept  mil  tant  de  livres,  nonobstant  toutes  les  supposés  despenses 
couchées  aud  compte, et  notamment  de  5000  1  pour  avoir  faict  la  guerre 
aux  Iroquois,  ce  qui  n'est  point  et  qui  n'est  qu'un  prétexte  pour  di- 
vertir les  deniers  publicqs,  sans  parler  de  Sooj  1  pris  par  led  sieur  de 
Lauzon  pour  gouverneur  outre  .ses  appointements  et  de  six  mil  livres 
aussy  pris  par  les  Jésuites  outre  leur  pension  et  ce  en  une  année  sui- 
vant led  compte,  outre  ce  qui  n'est  ^loint   in.scrit  en  iceluy. 

Par  Jean  Gloria  commis  en  années  i'i,S5-59  et  60  de  ce  qu'il  a  reçu 
et  manié  qui  peut  estre  de  trois  cens  mil  livres,  en  la  disiwsition  de  l'un 
desquels  comptes  est  pas.sé  la  .sonune  de  trente  un  mil  tant  de  livre> 
iHHir  les  feux  de  Joye  du  mariage  du  Roy,  ou  ne  fust  pas  dépensé  qua- 
rante francs.  En  un  banejuet  ou  led  Du  Mesnil  assista  dans  tous  les 
autres  articles  de  despense  supposez  et  faux  et    obmi.ssion    de  receptes 


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—173— 

bien  vériffiées  par  les  pièces  spoliées  audit  Du  Mesnil,  mcsme  que  le 
Sieur  Dargenson  gouverneur  prenoit  la  solde  d'un  camp  volant  qui 
n'estoit  point. 

Et  par  les  Sieurs  Rosé  Guinet  et  Compagnie  marchands  de  Rouen 
de  six  vingt  mil  livres  quils  doibvent  pour  deux  années  de  la  prime  du 
quart  des  castors  qui  se  payent  au  magasin  dud  Québec  pour  l'entretien 
des  charges  du  pays  qui  sont  réglées  par  les  arrests  du  conseil  a  vingt 
un  mil  livres  par  an  pour  l'entretien  des  garnisons  appointemens  des 
gouverneurs  et  pensions  des  Jésuites,  avec  deffenses  de  divertir  le  sur- 
plus desd.  deniers  a  peyne  de  rodation  en  leurs  comptes  et  de  répétition 
sur  eulx.  De  laquelle  sonune  de  six  vingt  mil  livres  jiour  lesd  années 
i66o  et  1661  lesd  fermiers  prétendent  s'estre  faict  descharger  par  trois 
comptes  quils  prétendent  avoir  rendus  à  Québec  pardevant  de  supposés 
commissaires,  qui  n'avoient  point  de  pouvoir  n'y  du  Roy,  ny  du  publi- 
que, et  desquels  commissaires  estoit  le  chef  led  père  Ragueneau  Jésui- 
te qui  est  comme  tous  ses  compères  Jésuites  exclus  de  toute  Jurisdic- 
tiou  et  entrée  aud  conseil  de  Québec,  par  led  arrest  du  conseil  du  Roy 
du  13  niay  1659.  El  ainssy  nullité  qui  les  oblige  à  recompter  de  nou- 
veau. Joint  que  ce  ne  sont  comptes  en  forme  mais  de  simples  mémoi- 
res de  marchands  sans  livres,  sans  pièces  justificatives,  sans  cotte  tan- 
née, sans  chapitre  de  recepte,  sans  calculs  et  le  tout  en  confusion  hon- 
teuse, sans  parler  des  suppositions  et  mauvais  employé. 

Et  le  tout  sans  parler  desd  huict  cens  trente  mil  cens  soixante  et 
quinze  livres  empruntez  à  la  grcsse  advanture  de  30  pour  100  par  plu- 
sieurs particuliers  de  Canadas,  soubs  le  nom  desd  habitans  du  pays, 
sans  aucun  pouvoir  deulx,  sans  leur  en  avoir  parlé,  et  contre  les  def- 
fences  demprunts  jugée  par  arrest  du  conseil  du  Roy  du  5  mars  164S  et 
desquels  emprunts  y  a  des  adveu  registre  sur  le  registre  de  Québec,  et 
neantmoins  poursuite  et  payemens  collusoire  et  desquels  deniers  connue 
de  ceux  provenan  de  la  vente  des  pelleteries  :  ou  prétend  avoir  faict 
quelque  distribution  à  des  créanciers  Imaginaires  et  Sui>posez  la  plu- 
part par  transactions  des  24  juin  1650  et  premier  avril  1651  faictes  avec 
personnes  .sans  pouvoir  et  au  préjudice  de  deu.x  arrests  du  conseil  ren- 
dus au  rapport  de  M.  Lemoignon  nuiistre  des  requeste  portant  que  tous 
lesd  créanciers  mettroient  leurs  contrats  et  obligations  jwrdevant  luy.de 
la  reiirésentation  desquelles  pièces  et  obligations,  lesd  prétendus  créan- 
ciers sont  décharge/,  par  lesd  transactions  ce  (pii  les  rends  bien  susi)ects 
ayant  fuy  la  face  des  juges.  (à  siiivn) 


■174- 


Les  Piliers  de  la  Basilique 
de  Québec 


"Au  premier  coup  d'œil, — lisons-nous  q»el>iue  part, — ces  piliers 
étonnent,  et  l'on  se  demande  comment  on  a  pu  leur  donner  de  pareilles 
dimensions.  Mais  on  comj)rend  leur  raison  d'être  dès  qu'on  se  rappel- 
i  le  que  la  nef  centrale  (de  la  basilique  actuelle)    était  toute  l'église  pri- 

j  mitive,  et  que  les  deux  nefs  latérales  ne  sont  que    des  bas-côtés    cons- 

truits subséquemment.  L'épaisseur  des  murs  de  l'église  primitive, 
dans  lesquels  il  a  fallu  pratiquer  de  grandes  baies  à  cintre  romain,  a 
rendu  inévitable  la  lourdeur  des  pili;rs." 

Pardon,  mais  l'auteur  aurait  dû  consultei  les  archives  de  Notre-Da- 
me, au  presbytère  de  la  Haute- Ville.  Les  notes  qui  vont  suivre  en  sont 
tirées,  et  avec  les  abréviations  (-/(carton),  n/s,  (manu.'^crit),  on  pourra 
aisément  y  référer  et  même  les  collationner  sur  l'original. 

Remarquons  d'abord  que  les  piliers  de  la  Ba.silique  ne  sont  pas  car- 
rés, c'est-à-dire  à  faces  égales,  mais  plus  longs  que  larges,  et  assez  irré- 
guliers, leur  largeur  étant  de  5  pieds  ou  à  peu  près,  et  leur  longueur 
variant  de  6  pieds  9  pouces  à  7  pieds  i  pouce  et  une  fraction. 

Qu'ils  soient,  au  moins  dans  leur  masse  intérieure  ou  centrale,  une 
partie  des  anciens  murs,  c'est  assez  vraisemblable,  mais  "il  ne  faut  ju- 
rer de  rien",  ni  de  cela,  ni  de  l'épaisseur  de  ces  anciens  murs  qu'ils  sont 
censés  représenter.  Certainement,  nos  ancêtres  bâtissaient  solide,  épais, 
les  matériaux,  de  leur  tem]is,  ne  coûtant  rien,  pas  plus  que  la  main 
d'œiUTe.  Je  doute  cependant  ({u'ils  soient  allés  à  5  jiieds,  et  nous  ver- 
rons pourquoi  tout  à  l'heure. 

Je  doute  encore  ])lus  que  ces  mêmes  piliers  aient  eu  primiti\'ement 
la  même  longueur  (ju'aujourd'hui.  Oui  en  1744,  Chau.ssegros  de  Léry, 
l'aîné,  agrandit  la  Cathédrale  en  y  ajoutant  d.s  bas-côtés,  et  il  dut  pour 
cela,  connue  on  vient  de  nous  le  dire,  "jiraticpier  de  grandes  baies"  à 
travers  les  anciens  nuirs,  mais  il  y  a  des  preuves  que  M.  de  Léry  était 
un  honniie  de  gnût,  un  \Tai  architecte,  même  un  artiste,  et  je  conclu- 
rais déjà,    fût-ce  A  l'KioKi,    qu'il  n'a  jias  pu  commettre  les  i.oitkdictks 


^V'-xh  ci  al! 


;     .:-:t;7- 


—175— 

dont  ou  l'accuse,  au  moins  iin])licitenient.  D'ailleurs,  nous  n'en  som- 
mes pas  réduits  avec  lui  aux  simples  conjectures,  toutes  gratuites,  com- 
me en  tourmillent  tant  de  nos  œuvres  d'histoire,  et  il  nous  reste  du 
même  vénéré  Chaussegros  un  admirable  plan  ou  dessin  de  la  Cathé- 
drale telle  qu'il  entendait  la  restaurer  ou  plutôt  la  reconstruire  presque 
en  entier,  un  \i\an  additioinié  d'une  légende  également  de  sa  main  où  il 
dit  qu'il  "a  mis  à  feuille  vulante  un  dessin  d'un  portail,  et  dans  une 
autre  une  élévation  sur  la  longueur  de  la  nef  a\ec  un  ordre  d'architec- 
ture". 

Quel  était  cet  ordre  d'architecture  ?  nous  en  avons,  cro)-ons-nous, 
une  partie,  une  idée,  dans  ce  que  nous  voyons  aujourd'hui,  car  il  me 
liarait  certain  en  effet  que  les  restaurateurs  modernes  de  la  Cathédrale 
ont  connu  ce  plan  de  M.  de  Léry.  Regardez  donc  les  pilastres  et  la 
corniche  qui  entourent  le  chœur  actuel;  aux  piliers  de  la  nef,  considéra- 
blement réduits,  adossez  des  pilastres  semblables,  let  que  la  corniche  ou 
l'entablement  du  chœur  vienne  s'y  poser  en  se  prolongeant  des  deux  cô- 
tés jusqu'au  fond  de  l'église,  et  vous  aurez  à  peu  près,  c'est-à-dire  sauf 
la  différence  de  l'ionique  au  corinthien  moins  sévère,  l'intérieur  de  la 
cathédrale  tel  que  l'aimable  homme  et  l'éminent  artiste  l'avait  conçu. 
Cette  architecture  devait  être  sans  défaut, au  moins  dans  son  genre, style 
grec, et  c'était  le  grand  genre  partout  en  Europe  au  dix-huitième  siècle, 
et  vous  comprendrez  ce  que  nos  pères  d'après  le  siège  ont  perdu  ou 
nous   ont  fait  perdre  à  ne  pas  l'exécuter. 

Mais  j'ai  nommé  le  siège,  et  voici  en  effet  "l'année  terrible",  et  les 
boulets,  et  la  mitraille  digue  des  Allemands  de  19 14,  et  les  ruines,  et 
après  cela  tant  de  gens  qui  s'en  vont,  les  uns  forcésde  partir  parce  qu'- 
ils "ont  tout  perdu  fors  l'honneur",  les  autres  décidément  irréconcilia- 
bles avec  le  régime  nouveau.  Quelques  aimées  se  pas.sent ,  niais  si  peu 
reviennent,  et  entretemps  nos  enfants  meurent  "dru  comme  mou- 
ches", et  le  grand  mondt.-  aussi,  et  la  cathédrale  a  trop  de  ]:)Iaces  vides, 
et  les  tribunes  surtout,  ces  tribunes  que  M.  de  Léry  a  bâties  en  des 
temi)s  meilleurs,  sont  de\-enues  inutiles. 

lùi  176S,  commence  la  restauration  de  l'édifice,  jias  plus  tôt,  lesmo\- 
ens  a>ant  manqué  jusque  là,  et  lentement,  comme  viennent  les  ressour- 
ces elles-mêmes,  l'ceuvre  progresse.  Mais  on  a  eu  une  singulière  idée: 
celle  de  fermer  les  anciennes  tribunes,  très  iirobablement  pour  la  raist>ii 
qu'on  \ient  de  dire.    Ivncore  ici,    on  ne  pourra    i)as  se    conlcnter  iVuiie 


-170- 

simple  cloison  de  planche  ou  de  crépi  sur  lattis,  mais  il  faudra  une 
grosse  maçonnerie  fort  lourde — tant  il  y  a  que  nos  pères  ne  faisaient 
rien  à  demi. 

C'est  le  moment  de  citer  les  textes: 

"20  mai  1770.  L'assemblée  a  unanimement  arrêté  qu'il  convenait 
de  faire  remplir  en  j^etit  mur  les  tribunes  de  l'église  et  de  faire  faire  en 
même  temps  les  enduits  de  la  nef  depuis  l'horison  des  grandes  arcades 
jusqu'au  plafond."  (Ms.  16,  p.  244). 

"5  juin  1770.  On  n'a  pas  fait  marché  pour  les  ouvrages  ci-dessus 
parce  qu'il  leur  serait  revenu  (aux  marguilliers  et  coi.seillers)  que  les 
gros  piliers  ou  les  grandes  arcades  pourraient  peut-être  souffrir  de  la 
nou\'elle  charge  de  murs  proposés  pour  remplir  les  tribunes.  (Ibid., 
p.  244). 

Ou  consulte  alors  des  exjTerts,  et  "Beaujour.  Vallée,  Baillairgé  ne 
peuvent  prévoir  aucun  risque  à  remplir  les  tribunes  par  un  mur  même 
de  15  pouces  si  on  pratique  dans  chaque  tribune  un  arc  "double-haut", 
élevé  par  son  milieu  d'environ  iS  pouces."  (Ibid.    p.  245). 

De  fait,  le  17  juin,  "cet  ouvrage  est  donné  à  Charles  Vallée  Cj). 
246,)  et  à  preuve  qu'il  fut,  non  seulement  donné,  mais  exécuté,  voici 
un  toisage  signé  par  Jean  Baillairgé  le  21  août  1770:  "J'ai  mesuré  la 
maçonne  des  onze  tribunes  au-dessus  des  grandes  arches,  15  pieds  de 
longueur  et  5  pieds  de  hauteur  jusqu'à  la  naissance  de  l'arche,  et  ^yi 
de  rayon."  (CT.  4,  no  81).  Un  autre  papier  compte  pour  cette  même 
fermeture  des  tribunes  66  toises  et  15  pieds  de  maçonne  ^  Ms  9,  p.  88).  et 
sans  recourir  à  d'autres  textes,  il  doit  être  prouvé  que  ces  tribunes  delà 
basilique,  celles-là  mêmes  que  nous  voyons  ouvertes  aujourd'hui  comme 
elles  l'étaient  au  tem))s  des  Français,  furent  positivement  fermées  en  1770.  . 

Seulement,  vous  le  comprenez,  on  n'avait  pas  couunencé  jiar  là. 
On  dut  commencer  jiar  se  demander  comment  on  tiendrait  "en  l'air", 
à  40  ou  50  pieds,  cette  charge  de  maçonnerie,  et  ici,  en  i)assant,  je  me 
rappelle  un  mot  délicieux  de  Mgr  Hriand  qu'on  avait  prié  c'était 
convenable^d'exi^rimer  s?s  vues  sur  la  reconstruction  de  la  cathédrale, 
mais  citons  plutôt  toute  la  réponse,  d'ailleurs  très  courte: 

"Messieurs, 

"\'otre  zèle  pour  la  bâtisse   de  la   cathédrale  est  bien  loua- 
ble. Je  ne  me  suis  jamas   meslé  de   la  manière   dont   on   pourrait  s'y 


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-177— 

prendre;  je  n'ai  ouvert  mon  sentiment  sur  cet  article  qu'avec  incerti- 
tude: ce  n'est  pas  mon  métier  d'être  architecte  et  je  m'en  rapporte  bien 
volontiers  à  l'avis  de  tant  de  connaisseurs. 

" je  suis  avec  bien  de  la  considération  et  un  tendre  attache- 
ment   etc. 

■'J-   01.,  év.  «le  Québec. 

"Montréal,  le  26  juin  176S"    (CT.  4,  no  7). 

Vous  voyez  d'ici  tous  les  "connaisseurs"  du  temps,  nombreux  sans 
doute  comme  ils  sont  encore  partout  aujourd'hui  en  pareille  occasion, 
et  voyez  en  môme  temps  la  décision  incroyable  qu'ils  firent  prendre  au 
Conseil  de  la  Fabrique: 

"20  janvier  1770.     Ouvrages  à  faire  aux  i)iliers  : 

"Article  I.  Il  sera  fait  un  contre-mur  de  dix  pouces  d'épaisseur 
seulement  (!)  en  dedans  de  chacun  des  piliers,  lesquels  contre-murs  se 
joindront  en  forme  de  cintre  le  long  des  cintres  des  arcades. 

"Art.  2—  Il  ne  sera  empIo\é  dans  ces  contre-murs  que  de  la  pierre 
de  Beauport,  choisie,  posée  en  panneresse  ou  forme  de  coin. 

"Art.  3 — Il  sera  pratiqué  de  trois  pieds  en  trois  pieds  des  arrache- 
ments d'un  pied  carré  au  moins  dans  le  corps  et  de  chaque  côté  du  pilier 
pour  y  placer  des  pierres  de  liaison",  etc,  etc.  (CT.  4,  no  45  et  acte 
semblable  dans  Ms  16,  p.  242). 

Et  ce  fut  ainsi  fait,  et  de  même  qu'on  trouvait  tout  à  l'heure  66 
toises  et  15  pieds  de  maçoinierie  pour  les  tribunes  on  en  trouve  mainte- 
nant pour  les  arcades  inférieures  et  piliers  78'^  toises  (Ms  g,  p.  88), 
pour  lesquelles  Maître  Charles  Vallée  demande  940  livres  ancien  cours 
(Ct.  4,  no.  12). 

Un  antre  papier  donne  pour  le  toisé  de  ces  contre-nuirs  2S20  pieds 
(Ct.  4,  no  17.S).  Les  anciens  piliers,  ceux  d'avant  le  siège,  mesurés  à 
l'échelle,  sur  le  plan  de  Chaussegros  de  Léry,  devaient  avoir  4  pieds  de 
face  environ,  sur  une  épaisseur  un  peu  moindre,  et  il  est  possible  que, 
à  l'exécution,  on  leur  ait  donné  quelques  pouces  de  plus,  parce  qu'on 
avait  suiiiirimé,  faute  de  ressources,  les  ])ilastres  que  l'artiste  y  avait 
engagés  Ou  vient  de  x'oir  pourquoi  et  comment  ils  furent  allongés 
d'an  nioins  20  pouces  en  1770,  et  je  souiiçonne  ipie  inuir  leur  donni-r 
maintenant  un  ]ieu  de  proiiortion,  on  les  aura  élargis  ou  épaissis  cjuel- 
(jne  peu,  sinon  avec  de  la  nia(;onnerie,     comme  k-s  intrados,     du  moins 


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—178— 

avec  ce  que  les  gens  du  métier  appellent  "de  la  fourrure",  une  fourru- 
re quelconque.  Ajoutez  à  cela  quelques  solides  couches  d'enduits,  et 
vous  aurez  les  mesures  données  ci-haut  pour  les  dimensions  actuelles 
de  ces  fameux  piliers. 

Les  murs  qui  fermaient  les  arcades  supérieures  ou  les  tribunes  de 
la  grande  nef  ont  été  démolis  peu  après  iSoo,  et  vous  voyez  bien  en 
effet  qu'ils  n'existent  plus.  Ceux  du  côté  gauche  durent  l'être  en 
iSoi  ou  1802,  et  en  tout  cas  avant  ceux  du  côté  droit,  les  travaux  au- 
trefois .se  réglant  toujours  sur  les  ressources  actuelles.  De  fait,  nous 
lisons  dans  un  mémoire  du  24  avril  1803  :  "Faire  ouvrir  les  arcades, 
côté  Sainte-Famille  ;  faire  au  bas  de  cette  chajjelle  un  jubé  et  lui  esca- 
lier pour  venir  aux  dites  arcades.  Les  dites  arcades  feront  place  aux 
arcades  dti  côté  Sainte- Anne".  (Ms  17,  p.  264J. 

S'il  fallait  une  autre  pièce,  voici  un  marché  passé  le  6  mai  1803, 
"avec  Pierre  Emond  et  Louis  Dufresnay  jjour  un  jubé  à  faire  dans  la 
chapelle  de  la  Sainte-Famille,  avec  un  e.scalier,  et  un  autre  pour  mon- 
ter de  ce  jubé  aux  arcades.  Convenu  250  louis  du  cours,  égal  à  6000 
livres".  (Ct  4,  no  171) 

Mais  alors,  vous  dites-vous  sans  doute,  pourquoi  conserver  aux 
piliers  ce  revêtement  qui  est  devenu  absolument  inutile,  s'il  ne  l'a  pas 
toujours  été,  et  qui  alourdit  outre  mesure,  on  dirait  jusqu'au  grotes- 
que, une  architecture  qu'on  ]>ourrait  si  facilement  améliorer  et  à  si 
peu  de  frais  ?  C'est  juste,  mais  ceci  n'est  plus  de  l'histoire,  c'est  de 
l'architecture,  et  veuillez,  s'il  vous  plaît,  consulter  "tant  de  connais- 
seurs", sûrement  infaillibles  autant  qu'innombrables  ! 

P.-V.  CHARLAXD,  O.  P. 


QUESTIONS 


LeChasseur,  qui  fut  lieutenant-général  aux    Trois-Ri%ières,     est-il 
le  même  LeChasseur  qui  fut  secrétaire  de  Frontenac  ? 

XXX 

— Est-il  vrai  que  les  ingénieurs  qui  ont  fait  le    canal    Welland    se 
sont  inspiré  d'un  plan  ou  projet  préparé  par  Vauban  dès   1699  ? 

A.    B. 
^=A-t-il  été  i>ublié  un  ouxTage  spécial  sur  le  Frère  François  Char- 
ron et  ses    fondations  ? 

Pr.  B. 


>J"     !>  .iîlV  '■.! 


:'.r.u:  .-.nov    i  > 


-179- 

DEUX  ORDONNANCES  INEDITES  ! 


Le  hasard  me  fait  trouver  deux  ordonnances  de  fonctionnaires  de 
Montréal,  qui  me  paraissent  inédit  s  et  qu'on  aurait  difficilement  ima- 
giné allei  chercher  ovi  elles  sont. 

La  première  de  ces  ordonnances  est  du  sieur  Varin,  commissaire 
et  ordonnateur  à  Montréal  et  la  seconde  du  baron  de  Longueuil,  alors 
gouverneur  de  Montréal  et  "commandant  général  en  Canada". 

Ces  deux  documents,  datant  de  1749  et  de  1752.  concernent  les  in- 
cendies de  maisons  et  de  forêts  dans  la  seigneurie  de  Terrebonne- 
Elles  ont  été  dépo.sées,  le  25  mai  1770,  dans  l'étude  du  notaire 
Foucher,  sous  les  numéros  respectiis  :  2403  et  2404,  probable- 
ment par  les  propriétaires  de  la  seigneurie. 
Voici  le  texte  de  ces  pièces  : 

Première    Ordonnance 
Jean  Victok  Vakin    Commissaire  de    la   marine    Ordonnateur  à 
Montréal. 

Sur  les  représentations  qui  nous  ont  estée  faite  par  M.  De  La  Cor- 
ne Seigneur  de  terbonne  que  quelques  habitans  qui  ont  des  mai.sons 
dans  Le  Village  Le  Bourg  de  Sad.  Seigneurie  mettent  le  feu  à  leurs 
cheminées  Pour  les  netoNer  au  lieu  de  les  ramoner,  Ce  qui  met  l'allar- 
me  chez  les  autres  habitans  dud.  Village  ;  Et  les  met  en  risque  de  faire 
Brûler  leurs  maisons  ;  Nous  ayant  Egard  auxd.  Représentations  :  l-.t 
pour  procurer  La  Seureté  dud  Village,  Deffeiidons  aux  habitans  Dud 
Lieu  de  mettre  ainsi  le  feu  à  leurs  cheminées  Sous  Paine  de  Dix  livres 
D'amande  aplicable  à  la  fabrique  de  La  Paroisse  Dud.  terbonne.  Leurs 
Enjoignons  de  faire  au  moins,  une  fois  tous  les  mois  Ramoner  leurs 
cheminées,  sous  Peine  de  Lad.  Amande  de  Dix  Livres,  Ain.sy  aplical)le. 
Mandons  au  Sr  Laforce  Cap.  de  Milice  aud  Lieu  ]•  t  En  Son  absen- 
ce à  tous  officiers  de  milice  dud  lieu  de  tenir  La  main  à  L'exécution  de 
la  présente  Ordonnance  qui  sera  leue  et  pul^liée  issue  de  grande  mt-^e 
paroissiale  Dimanche  .prochain,  à  ce  que  personne  n'en  ignore,  fan  J.n 
nôtre  hôtel  à  Montréal,  Le  7e  mars  1749- 

VARIN 


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—180— 

Denxiciiic  Ordonnance 

Charles  Baron  de  Longueuil,  chev.  de  l'Ordre  Royal  et  Militaire  de 
St-Louis,  Gouverneur  de  Montréal,   Commandant  général    en  Canada. 

Etant  venu  à  notre  connaissance  qu'il  se  commet  des  incendies 
dans  les  forêts  et  Prairies  principalement  dans  la  Seigneurie  de  Terre- 
bonne. 

Nous  avons  defïendu  et  deffandons  à  toutes  personnes  d'allumer 
du  feu  dans  les  forêts  et  prairies,  même  d'y  allumer  leurs  Kalumets, 
sous  peine  de  trois  mois  de  cachot  et  leur  procès  leur  être  fait  et  i)ar- 
fait  comme  incendiaires,  suivant  les  ordonnances  Du  Roy  si  le  cas  le 
requiert. 

Deffendons  aussy  à  toutes  personnes  d'aller  cueuillir  du  Gincin  sur 
la  ditte  Seigneurie  De  Terre  Bonne,  sans  une  permission  Expresse  du 
Seigneur  sous  peine  de  confiscation. 

Mandons  aux  Capitaines  des  Milices  de  Terrebonne,  de  tenir  la 
main  à  l'Exécution  de  la  présente  ordoiniance,  afin  que  per.sonne  n'en 
prétende  cause  d'ignorance. 

Sera  la  présente  ordonnance  lue,  ]>ubliée  et  affichée,  par  tout  où 
besoin  sera,  En  foy  de  quo)-  nous  l'avons  signée,  à  icelle  fait  apposer 
le  cachet  de  nos  armes,  et  contresigner  par  notre  Secrétaire  fait  à 
Montréal  le  premier  aoust  1752. 

Sceau  aux  armes  des 
Lemoyne  de  Longueuil. 

Longueuil 

Par  Monseigneur 

Saint  Sau\eur 
Ces  deux  pièces  présentent  cet  intérêt  qu'elles  sont  deux  des  rares 
ordonnances  de  la  fin  du  régime  français,  à  Montréal,  qu'elles  i>nt  leur 
])lace  dans  l'histoire  de  la  seigneurie  de  Terrebonne  et  qu'on  y  consta- 
te que  ce  n'est  pas  d'hiet  que  les  autorités  s'occupent  des  nio\ens  à 
prendre  pour  prévenir  la  destruction  de  nos  forêts. 

E.  Z.  MASSICOTTE 


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—181  — 

LES  OUVRAGES  CANADIENS  RECENTS 


L.  A.  Prud'homme,  Deux  oubliés  de  r Histoire  :  JeaJi-Baptistc  Bru- 
ce—Jean-Louis  Légale.     Ottawa — 1915. 

Bruce  était  un  modeste  cultivateur  de  Saint- Boniface.  Il  avait  pas- 
sé une  partie  de  son  existence  à  voyager  dans  le  Nord-Ouest,  au  servi- 
ce de  la  Compagnie  de  la  Baie  d'Hudson.  Bruce  fit  partie  d'une  des 
expéditions  qui  se  rendit  dan-;  l'extrême  nord  pour  sauver  le  voyageur 
Franklin  et  ses  compagnons.  Jean-Louis  Légaré  n'a  été  qu'un  modes- 
te traiteur  des  prairies,  qui  passa  une  partie  notable  de  sa  vie  au  milieu  des 
tribus  indiennes  de  l'Ouest.  Il  était  originaire  de  Saint-Jacques  de  l'A- 
chigan.  Légaré  jouissait  d' un  très  grand  prestige  au  milieu  des  Sauvages. 
M.  le  juge  Prud'homme  a  recueilli  beaucoup  de  renseignements 
intéressants  sur  ces  deux  honnnes  qui  jouèrent  un  certain  rôle  dans 
l'Ouest  et  rendirent  de  grands  services  à  la  Couronne  Britannique. 

Wilbur  H.  Siebert,  The  Lcyalist  Seitleincnts  on  the  Gaspé  Penin- 
S2ila.     Ottawa — 1915. 

Wilbur  H.  Siebert,  Tlie  Tenipoiary  Seulement  of  Loralists  at  fl/a- 
chiche.     Ottawa— 19 15. 

Archdeacon  Raymond,  Tlie  first  Governoi  of  New- Biunswiek  and 
the  Acadians  of  the  River  Saint-John.      Ottawa — 1915. 

Ernest  Bilodeau,  Un  Canadien  Errant  ;  Lctti es  parisiennes  et  cro- 
quis canadiens.     Québec,  L'Action  Sociale  Limitée — 1915. 

M.  Ernest  Bilodeau  a  réuni  en  uu  cocjuet  volume  les  attachantes 
lettres  parisiennes  qu'il  envoxa  à  l'Action  Sociale  pendant  son  séjour  à 
Paris.  Il  y  a  ajouté  des  chroniques  d'une  saveur  bien  canadien- 
ne. Une  délicate  préface  écrite  jiar  M.  l'abbé  Thelliei  de  Ponchevil- 
le,  le  renommé  prédicateur  français,  ouvre  le  livre  de  M.  Bilodeau. 
George  Gale,  Québec  Ti.'ixt  old  and  neic.  Québec  :  The  Tclegraph 
Printing  Co— 1915. 

Ouvrage  consacré  an  vieux  Québec.  M.  Gale  y  ]iarle  des  églises, 
des  édifices  publics,  des  'jimetières,  de  la  construction  des  \-aisseaux  en 
bois,  des  grands  incendies,  de^  avalanches,  des  théâtres,  des  épidémies, 
des  cimetières,  des  sociétés  nationales,  des  associations  sportives,  dts 
régiments,  des  clubs  de  pèche  et  de  chasse,  des  chemins  de  fer,  etc. 
etc.     Intéressant  à  parcourir. 


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—182— 

REPONSES 


UN  BUSTE  DE  GEORGE  III  A  MONTREAL  (  III,  XII,  p. 
192  ;  VII,  XII,  p.  352  ;  VIII,  I,  p.  21)—  Ce  fut  sous  George  II  d'An- 
gleterre que  notre  mère  patrie  actuelle  étendit  considérablement  son 
domaine  colonial  en  s'eniparant  des  possession  françaises  du  Canada  et 
des  Indes,  mais  c'est  sous  Georges  III,  fils  et  successeur  du  précédent, 
que  les  éclatants  succès  des  armées  anglaises  reçurent  leur  consécra- 
tion définitive  et  pratique.  Cette  consécration  jiorte,  dans  l'histoire, 
le  nom  de  Traité  de  Paris  (1763),  et  elle  ajouta  à  la  couronne  britanni- 
que quelques-uns  de  ses  plus  beaux  joyaux. 

Georges  III  monta  sur  le  trône  en  1760,  quelques  mois  après  avoir 
atteint  sa  majorité  et  son  règne  débuta  sous  les  plus  heureux   auspices. 

L'empire  britannique  était  désormais  fondé  et  viable  ;  ses  soldats 
promenaient  sur  deux  hémisphères,  leurs  armes  victorieuses  ;  le  nou- 
veau roi  donnait  les  plus  belles  espérances  et  rien  ne  semblait  devoir 
ternir  la  gloire  d'un  règne  inauguré  aussi  brillanmient. 

Le  Canada  faisait  partie  de  l'empire  depuis  plus  d'une  décade  lors- 
qu'on songea  à  élever,  à  Montréal,  un  monument  au  souverain  régnant 
tout  comme  on  avait  fait  à  New- York.  Cette  œuvre,  dont  on  a  dit 
qu'elle  était  réellement  artistique,  consistait  en  un  buste  en  marbre  de 
Georges  III  et  on  l'érigea  sur  la  place  d'armes,  le  7  octobre  1773. 

La  métropole  canadieniie,  par  ainsi,  compta  son  premier  monu- 
ment et  ce  fait  insolite  fit  éclore,  à  Montréal,  la  première  poésie  en 
langue  française  ! 

L'auteur  avait  "sans  doute  le  dessein  bien  calculé  de  se  distin- 
guer" car  pour  "donner  une  certaine  allure  originale"  à  son  ouvrage, 
il  "crut  devoir  adopter  une  manière  toute  nouvelle  d'exprimer  ses  vers.. 
En  voici  le  fac-similé  :  " 

Tout  est  grand  dans  le  roi,  l'aspect   seul  de  son...       bi<stc, 

Rend  nos  fiers  (.■nnomis  plus  froids  que  des i;/nçoi/s, 

Enrichi  jiar  la  mer  et  jxir  l'or  des ....  ino/ssoiis. 

On  voit  tout  succomber  ^ous  son  liras  si ...  .  lobiis/c. 

Qu'on  ne  nous  vante  plus  les  miracles  d'    ...         .I/zi^'/a/c, 


--.y. 


n;o;;(  d  itmùi 


;•'  ■  'lin  £.1 

t  ;^-  oj  ;o  j;ci'r; 


—  ISS- 
Georges  de  bien  régner  lui  ferait  des. .  . .  leçons, 
Horace  en  vain  l'égale  aux  Dieux  dans  ses...        c/ninsous, 

Rien  moins  que  mon  héros  il  était  sage  et Ji/sfc, 

Modeste  sans  faiblesse  et  ferme  sans orgucuil, 

Tandis  qu'aux  gens  de  bien  il  fait  un  doux. . . .        accueil, 

Contre  l'impiété  ses  loix  serveut  de digue, 

Et  si  d'un  vaste  état  conduisant  les  resso)ts. 

Par  le  charme  secret  des  grâces  qu'il  prodigue, 

Du  prince  et  des  sujets  il  forme  les accords,    (i) 

Ce  buste,  si  poétiquement  salué  ne  resta  pas  longtemps  sur  son  so- 
cle ;  il  donna  même  lieu  à  des  scènes  disgracieuses  et  cocasses. 


Voici  un  extrait  de  ce  qu'on  lit  dans  V Hisloiie  de  Montréal,  jiar  M. 
Leblond  de  Brumath    p.  257  : 

"  Il  se  passa,  dans  la  nuit  du  ler  mai  (i775'.  ""  événetnsnt  d'as- 
"  sez  peu  d'importance,  mais  qui  nous  dépeint  bien  l'état  des  esprits 
"  dans  ces  conjonctures  critiques  pour  l'Angleterre,  car  de  la  fidélité' 
"  de  ses  sujets  de  fraîche  date  pouvait  dépendre  le  .sort  de  la  colonie  ; 
"  des  inconnus  insultèrent  la  statue  du  roi  d'Angleterre...  Ils  la  bar- 
"  bouillèrent  de  noir  et  lui  passèrent  autour  du  cou  un  collier  de  pom- 
"  mes  de  terre  auquel  était  su-pendu  une  croix  portant  cette  inscrip- 
"  tiont  :   "Voilà  le  pape  du  Canada  et  le  sot  anglais." 

"  De  bonne  heure,  le  matin,  dit-on  dans  ime  lettre  d'alors,  citée 
"  par  M.  de  Brumath,  quand  l'insulte  fut  découverte,  le  commandant 
"  envoya  deux  sergents  laver  le  buste  et  enlever  le  chapelet,  la  croix, 
"  l'inscription,  etc.." 

Le  gouverneur  Carleton  offrit  deux  cents  piastres  pour  l'arresta- 
tion des  coupables,  mais  sans  résultat. 

*  '  * 

Par  coïncidence,  le  monument  du  même  roi      élevé  à    New- York, 
fut  également  maltraité  et  l'un  des  premiers  actes  de  la    révolution  fut 
le  renversement  de  la  statue  de  Georges  III     (en  bronze  celle-là)     que 
l'on  brisa  et  dont  on  lit  des  balles  ou  des  canons. 
'^^r^^^.^  i..,r,H.rciiAN.-^oNs  nisroi;i(iri:s.  .imu.  i.-  foyku  canalikn.  voi,  nr, ,.,  ■.;:, 


—184— 

Avant  de  poursuivre,  essayons  de  régler  la  question  du  site  de  ce 
monument.     Où  était  érigé  le  buste  de  Georges  III  ? 

Des  auteurs  et  non  des  moindres,  ont  déclaré  que  c'était  sur  l'an- 
cienne place  d'armes  (aujourd'hui  place  royale)  entre  les  fortifications 
et  la  rue  Saint-Paul.  On  trouve  cette  assertion  dans  une  des  notes 
ajoutées  au /ou nia/ de  Thomas  l'erc/ù'/es  de  Boiichcrville  lequel  a  été 
publié  dans  le  Canadian  Aittiqicarian  de  1901.  L'auteur  de  ces  notes 
n'est  autre,  semble-t-il,  que  l'honorable  juge  Baby,  un  de  nos  archéo- 
logues les  mieux  cotés  et  .sa  note  a  été  reproduite  dans  le  Bulletin  des 
Recherehes  Historiques  \-q\.  VIII,  pp.  21  et  scq. 

Or  cette  as.sertion  ne  tient  i)as  lorsqu'on  lit  une  autre  note,  celle-ci 
dans  V Histoire  de  Moiitiéal,  par  M.  Leblond  de  Brumath.  V.n  effet,  an 
bas  de  la  page  257,  cet  auteur  cite  un  passage  d'une  lettre  de  M.  P. 
Guy,  de  Montréal  à  l'honorable  François  Baby  de  Québec,  et  voici 
l'information  qu'on  y  trouve  :  "I,a  nuit  dernière,  il  a  été  fait  une  in- 
"  suite  atroce  à  la  statue  du  Roy  tiui  est  érigée  comme  tu  sais,  sur  la 
'  '  plaee  de  la  liante  ville. . . " 

Rien  n'est  plus  concluant  !     C'est    sur  la    relativement     nouvelle 
place  d'armes,  entre  l'église  paroissiale  et  la  rue  Saint-Jacques  que  s'é- 
levait le  monument  de  Georges  III. 
*** 

Qu'advint-il  du  buste  royale  après  l'outrage  qu'il  subit  en  1775  ? 

La  tradition  veut  que  les  Américains  en  pénétrant  dans  la  métro- 
pole canadienne  .se  soient  empressés  de  démolir  l'image  du  .souverain 
abhorré  et  d'en  dispenser  les  débris. 

Pendant  plusieurs  années,  il  n'est  i)lus  question  du  buste  i)uis  il  y 
est  fait  allusion  dans  les  archives  judiciaires.  En  1790,  dans  son  rap- 
])ort  à  la  Cour  Criminelle,  le  grand  Jury  recommande  "que  la  cons- 
truction qui  existait  sur  la  Place  d'Asmes  et  qui  servait  autrefois  à 
abriter  le  buste  de  Sa  Majesté  soit  démolie." 

Le  monUKient  se  trouvait  donc  dans  une  sorte  de  kiosque  !  Ce 
devait  être  original,  i)our  le  moins  ! 

lùi  tout  cas,  la  suggestion  du  grantl  jur\-  fut  agréée  :  tout  vestige 
du  i)ionnier  de  nos  nionunients  disi)arut...  à  i'e.xce])tion,  ceiiendaut,  de 
la  tête  ilu  buste,  retrouvée  loiigtemiis  après  dans  l'ancien  puits  cjui 
e.xista  tout  près  de  l'église-  iniroissiale. 

Ce  précieux  iléliris  fnt  remis  jdors,  pour  être  conservé  à  la  société 
d'histoire  n;Uure!Ie  !  i^ui  le  garde  encore  du  reste. 

l'.  Z.  .MASSlCOTTlv 


.!r  Jir. 


— 185- 

LES  PATRIOTES  EXECUTES  EN  1838  ET  1839  (XXI,  IV,  p. 
64.) —  'L.es patrioles  ou  les  rebelles  (suivant  le,  point  de  vue)  qui  subi- 
rent la  peine  capitale  pour  avoir  pris  part  à  la  rébellion  de  1837-38,  se 
divisent  en  deux  groupes,  ceux  du  Haut  et  ceux  du  Bas-Canada. 

Les  premières  exécutions  eurent  lieu  dans  le  Haut  Canada,  où  20  à 
30  patriotes  furent  pendus  ou  fusillés  entre  le  29  mars  et  le  8  décembre 
1838. 

Dans  le  Bas-Canada,  douze  condamnés  politiques  en  tout,  montè- 
rent sur  l'écliafaud  et  k-s  exécutions  se  firent  entre  le  21  décembre  1838 
et  le  15  février  1839. 

t-t 

A  l'aide  des  ouvrages  que  nous  avons  pu  consulter  et  que  nous 
énumérons  plus  loin  nous  avons  essayé  de  faire  une  liste  complète  des 
malheureuses  victimes  de  la  rébellion,  mais  si  la  chose  est  facile  pour 
les  patriotes  du  Bas-Canada,  il  n'en  est  pas  de  même  pour  les  autres, 
car  on  dirait  que  les  historiens  d'Ontario  se  sont  entendus  pour  ne  lais- 
1er  connaître  que  quelques  noms. 

Au  surplus,  pouj-  les  nôtres,  il  e.st  extraordinaire  comme  on  diffère 
sur  les  âges.  En  certains  cas,  le  chiffre  varie  suivant  les  auteurs.  Nous 
avons  adopté,  de  préférence,  les  âges  donnés  par  M.  Prieur,  en  indi- 
quant les  divergences  entre  parenthèses,  mais  il  serait  à  propos  de  fixer 
ce  point  une  fois  pour  toutes,  et  les  chercheurs  devraient  s'y  employer. 
HAUT-CANADA 
Exécutés  à  Toron lo 

Samuel  Eount,  forgeron,  arrêté  le  iS  janvier,  1838,  marié,  7  en- 
fants. 

Peter  Matthews,  bourgeois,  arrêté  le  14  décembre  1837,  marié, 
15  enfants. 

Ils  furent  exécutés  le  29  mars  1838,  dit  Taylor,  et  le  12  avril  1.S38, 
d'ajirès  Robert.suu. 

JilSTRICT  D}C    XTAG.VK.V 

James  Morrow,  tanneur,  arrêté  le  27  juin  1838,  exécuté  le  30  juil" 
let  183S. 

-  WINUSOK   HT  I.ONDON 

De.-;  rebelles  atlaipient  Windsor  et  sont  défaiis  par  le  colonel  Price 
le  4  décembre  1S3S.     Sur  les  30  prisonniers  faits  ])ar  les  louiiix  le  colo- 


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—186- 

nel  Price  ordonna  d'en  fusiller  quatre  sur  le  champ,  sans  procès.  Onze 
autres  subirent  leur  jirocès  à  London  et  furent  exécutés.  (Dent,  II, 
268). 

KINGSTON 

Niles  Gustav  Schobtewiski  Von  Schoultz,  noble    polonais  fut  exé- 
cuté le  8  décembre  1S38  avec  quelques  autres.      (Dent.) 
Hopkins  dit  "avec  onze  de  ses  partisans." 
Machar  réduit  le  nombre  des  partisans  à  neuf,  (p.  190). 

BAS-CANADA  ,       •   .      , 

Toutes  les  exécutions  se  firent  à  Montréal. 

Exécutés  le  21    décembre  1838 
Joseph-Narcisse  Cardinal,  30  ans,  notaire    et  député,     marié.  5  en- 
fants. 

Joseph  Duquette,  22  ans,  étudiant  en  loi,     célibataire     (David,  dit 
21  ans  et  Borthwick,  20  ans). 

Exécutés  le    18  janvier  1S39 

Pierre-Théophile  Decoigne,  27  ans,  notaire,  marié,  2  enfants,  (Da- 
vid dit  29  ans  et  Borthwick,  24.) 

François- Xavier  Hamelin,  23  ans,  cultivateur,  célibataire.    (David 
dit  18  ans  et  Borthwick,  19  ans). 

Joseph-Jacques  Robert,  54  ans,  cultivateur,  marié,  5  enfants. 

Ambroise  Sanguinet,  38  ans,  cultivateur,  marié,  2  enfants. 

Charles  Sanguinet,  38  ans,  cultivateur,  marié,  2  enfants. 
Exécutés  le  15  février  1839 

Aimable  Dauuais.  21  ans,  cultivateur,  célibataire.     (Da\-idet  Bor- 
tluvick  disent  20  ans.) 

François-Marie-Thomas    Che\alier  de  Loriniier,     30  ans,     notaire, 
marié,  3  enfants.      (Prieur  dit  34  ans). 

Charles  Hiudelang,  29  ans,  Suisse  français,   célibataire. 

Pierre-Rémi  Narbonnc,    3^1  ans,     i>eintre  et  huissier,     marié,  2  en- 
fants.     (David  dit  33  ans  et  8  enfants). 

François  Nicolas,  44  ans,    instituteur,     céliliataire.      (I)a\id  dit  41 
ans). 


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—187— 

Voici  maintenant,  la  liste  des  ouvrages  consultés. 

Dent,  Upper  Canadian  Rébellion,  2  vols  —  Robertson,  Land- 
marks  of  Toronto  —  Taylor,  Cardinal  Facts  of  Canadian  History  — 
Hopkins,  Canada,  an  Encyclopaedia —  Borthwick,  History  ofthe  eiglit 
Montréal  prisons  —  Machar,  vStory  of  old  Kingston  —  Prieur,  Notes 
d'un  condamné  politique  —  David,  Les  ])atriotes — Liste  officielle 
des  personnes  arrêtées  dans  le  Bas-Canada,  en  183S,  produite  à  la 
Chambre  des  Communes  de  la  Grande  Bretagne  (collect.  du  Château 
de  Rame/.ay)  —  Hopkins,  Histoire  populaire  du  Canada,  traduction 
vSulte. 

E.-Z.  MASSICOTTE 

LE  SCALPE  CHEZ  LES  SAUVAGES  (XX,  II,  p.  64). —Est-il 
vrai  que  des  gouverneurs  de  la  Nouvelle-Frauce  ont  enccuragé  les 
Sauvages  à  pratiquer  le  scalpe  sur  les  blancs  de  la  Nouvelle- Angleterre 
et  qu'ils  s'engagèrent  même  à  payer  une  prime  pour  chaque  chevelure 
apportée  à  Québec  ?  On  a  dit  que  cette  barbarie  pratique  dn  scalpe 
avait  été  enseignée  aux  Sauvages  par  les  blancs.  Cette  affirmation 
est-elle  appuyée  par  l'histoire  ? 

Il  est  malheureusement  vrai  que  des  gouverneurs  de  la  Nouvelle- 
France  ont  encouragé  les  Sauvages  à  scaiper  les  cadavres  de  leurs  en- 
nemis et  qu'ils  leur  ont  donné  des  primes  pour  les  chevelures  qu'ils  le- 
vaient. La  même  chose  se  pratiquait  d'ailleurs  dans  la  Nouvelle- An- 
gleterre. 

Dans  un  Mémoire  siti  le  Canada  attribué  à  Gédéon  de  Catalogne 
on  lit  : 

"L'hj-ver  de  91  (1691  )  il  y  eut  uu  party  de  Canadiens  qui  fut  fai- 
re quelques  prisonniers  sur  les  costes  de  Baston,  et  Monsieur  de  Fron- 
tenac pour  animer  nos  Sauvages  alliez  à  ne  point  se  reconcilier  avec 
l'Angloîs  leur  promit  dix  escus  pour  chaque  chevelure  qu'ils  a])porte- 
raient,  ce  qui  faisait  que  nous  avions  toujours  des  ]iartis  en  camjiagne 
et  souvent  des  chevelures  de  qui  nous  ne  pouvions  rien  apprendre. 
Ainsy,  dans  la  suite,  on  changea  cet  ordre,  c'e.st-à-dire  que  les  cheve- 
lures furent  mises  à  bas  prix,  mais  que  pour  chaque  prisonnier  on  don- 
nait vingt  cens,  c'est-à-dire  de  ceux  qui  seraient  pris  autour  de  Baston 
ou  d'Orange,  et  pour  ceux  de  la  campagne  10  écus,  et  tout  cela  afin  de 
]iouvoir  avoir  des  nouvelles  certaines."  (i) 

11)    l'olIiTtirtiiile  niiiiiUMTits  vol.  r.  p.  âT'J. 


— 188-- 

Le  21  septembre  1692,  l'intendant  Champigny  écrivait  au  minis 
tre  : 

"Nous  sommes  convenus,  M.  le  comte  de  Frontenac  et  moi,  de 
payer  vingt  écus  blancs  pour  chaque  prisonnier  ennemi  qui  lui  serait 
amené  ;  dix  écus  pour  chaque  prisonnière  et  pareille  somme  pour  cha- 
que ennemi  tué  dont  la  chevelure  serait  apportée,  ce  qui  a  donné  lieu 
à  une  augmentation  de  dépenses  fort  considérables." 

Le  4  novembre  1693,  MM,  de  Frontenac  et  Champigny  écrivaient 
au  ministre  : 

"Il  nous  parait  que  Sa  Majesté  désapprouve  le  règlement  que  nous 
avons  fait  de  donner  vingt  écus  pour  chaque  femme  et  pareille  somme 
de  dix  écus  pour  chaque  personne  tuée  ;  et  elle  témoigne  désirer  que 
l'on  réduise  cette  gratification  à  deux  écus  pour  chaque  homme,  un 
écu  pour  chaque  femme  et  autant  pour  chaque  jjersonne  tuée.  Nous 
lui  obéirous,  si  elle  le  souhaite,  mais  nous  croyons  être  dans  l'obliga- 
tion de  la  .supplier  de  con.sidérer  que  c'est  la  dépense  la  plus  utile  que 
nous  puissions  faire,  étant  le  moyen  le  plus  sûr  pour  la  destruction  des 
Sauvages  Iroquois,  et  nous  trouverions  que  le  Roi  aurait  bientôt  termi- 
né cette  guerre  s'il  avait  dépensé  30000  livres  pour  la  défaite  de  mille 
hommes  qu'ils  sont  et  autant  pour  les  femmes.  Le  moyen  d'obliger 
nos  sauvages  pour  un  écu  ou  deux  d'aller  faire  un  prisonnier  ou  tuer 
un  ennemi  à  50  ou  100  lieues  de  la  colonie.  Cela  ne  peut  pas  leur  être 
proposé  au  lieu  que  l'e.spérance  de  se  procurer  le  moyen  de  secourir 
leurs  familles,  ils  sont  engagés  pui.ssamment  par  ce  motif  à  faire  leurs 
efforts  ppur  défaire  nos  ennemis.  Ainsi  nous  supplions  Sa  Majesté  de 
permettre  que  nous  continuions  cette  gratification  tant  que  nous  juge- 
rons qu'elle  sera  nécessaire  vu  que  cela  n'a  pas  été  jusqu'ici  à  des 
sommes  considérables  et  qu'il  ne  s'y  commet  ])oint  d'abus  par  les  certi- 
ficats qu'eti  donnent  les  missionnaires  ou  les  principau.x  habitants. 
Nous  n'avons  pas  lais.sé  cette  année  de  chercher  les  moyens  d'en  dimi- 
nuer encore  les  déjieuses  en  envoyant  des  hardes  et  des  munitions  dans 
les  jiostes  avancés  pour  leur  donner  en  paiement  et  qu'on  leur  compte- 
ra à  un  haut  prix". 

Pans  un  mémoire  du  roi  au  gouverneur  de  Frontenac,  en  date  du 
14  juin  1695,  il  est  dit  : 

"Sa  Majesté  ne  trouve  i)oiiit  à  propos  qu'ils  (Frontenac  et  Cham- 
pigny) continuent  de  faire  donner  dix  écus    pour  chaque    Iro(iuoi>  tué 


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—189— 

et  pour  chaque  femme  faite  prisonnière,     non  plus  que  vingt  écus  pour 
chaque  Iroquois  fait  prisonnier."    (i) 

Le  21  août  1704,  le  gouverneur  de  la  Nouvelle- Angleterre,  M. 
Dudley,  écrivait  au  gouverneur  de  Vaudreuil  : 

"Je  fus  surpris  en  arrivant  dans  ce  gouvernement  lorsque  j'appris 
que  dans  la  dernière  guerre  la  tête  des  Anglais  était  mise  à  prix  aux 
Sauvages  et  bien  pa3ée  dans  votre  gouvernement,  comme  si  les  chré- 
tiens devaient  être  comptés  pour  des  bêtes  sauvages,  et  conformément 
destinés  à  la  des'-ruction.  Je  ne  crois  pas  qu'aucun  prince  chrétien  en 
Europe  veuille  avouer  avoir  donné  de  pareils  ordres  à  leurs  serviteurs 
éloignés.  Quoiqu'il  en  soit,  si  la  guerre  continue,  cela  m'obligera 
d'user  d'une  méthode  avec  votre  peuple  autre  que  celle  que  j'ai  envie 
de  prendre  à  présent".   (2) 

Le  26  juillet  1747.  le  gouverneur  de  Beauharnois  écrivait  au  gou- 
verneur Shirley,  de  la  Nouvelle- Angleterre,  et  le  félicitait  d'avoir  fait 
diminuer  les  actes  d'humanités  des  Sauvages.     Il  ajoutait  : 

"Mais  je  ne  puis  vous  cacher  que  les  prix  fixés  dans  plusieurs 
gouvernements  de  la  Nouvelle-Angleterre  de  5  1.  par  chevelure,  20  li- 
vres par  prisonnier,  etc,  ainsi  que  je  l'ai  vu  dans  des  lettres  anglaises 
qui  me  sont  tombées  entre  les  mains,  sont  des  preuves  évidentes  que 
tout  le  monde  ne  pense  pas  apparemment  aussi  chrétiennement  que 
vous  là-dessus  et  j'espère  que  votre  avis  prévaudra  pour  abolir  dans 
ces  gouvernements  de  telles  dispositions  que  tous  les  princes  chrétiens 
et  leurs  sujets  devraient,  comme  vous  dites,  avoir  en  horreur."    (3) 

Est-il  viai  que  c  sont  les  Européens,  Français  ou  Anglais,  qui  ont 
enseigné  aux  Sauvages  la  pratique  du  scalpe  ? 

Non. 

Tous  les  Pères  Jésuites  qui  ont  parlé  du  scalpe  prennent  la  peine 
de  nous  dire  que  c'était  la  coutume  des  Sauvages  d'enle\er  la  chevelu- 
re de  leurs  ennemis  morts  en  coupant  en  même  temps  la  peau.  Nous 
avons  aussi  le  témoignage  de  Chamiilaiu.  Parlant  des  Sauvages  avec 
qui  il  alla  en  guerre  en  1610  contre  les  Iroquois,  il  écrit  : 

"Ces  Sauvages  escorchèrent  les    testes  de  ceu.x  qui    étaient  morts, 
ainsi  qu'ils  ont  accoustumc  de  faire    pour  troi)hce    de  leur    victoire,  et 
les  emportent."    (4) 
P.  G.  R. 

(1)    Ci.lli'rtioii  lie  minuiMni^  vol,  II.  |>.  IS:i, 


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ij  ■:  :  ;r  ■ .  m-i-rvvr,  m 


'    .'3 


—190- 

JOANNES  et  CHACORN^CLE.     (XXI,  IX,  p.  115.)— Dans 
j  une  liste  énuméraiit  la  correspondance  officielle  entre  Versailles  et  Qué- 

'  bec,  année   1695,  il  y  a,  le  6  mai,  "Chacornacle  promu." 

A  la  page  243  du  tome  II  des  Documents  sur  la  Xouveli.e- 
Fraxcë,  il  y  a  :  Jeanne,  officer."  Usez  :  "Joannès.,'  Il  est  question 
d'un  fort  ou  d'un  poste  de  traite  quelconque  en  Acadie,  eu  1696. 

Chacornacle  et  Joannès  étaient  de  la  même  famille  et  peut-être  que 
tous  deux  ne  faisaieut  qu'un. 

En  1700,  Chacornacle  est  impliqué  dans  un  commerce  illicite  de 
fourrures  à  Cataracoui.  (Conseil  Supérieur  IV.  499,500). 

C;est  le  même  Chacornacle  qui  obtint    un   congé   de  neuf    mois   à 
compter  du  18  mai  1701  et  qui,  aussitôt  accompagna   La;no;te    Cadillac 
allant  fonder  le  poste  du  Détroit.     Société  Royale  1S93    p.    26  ;   HiST. 
i  DES  Can.  F.  V.  148). 

j  Le  1er  février  1702,  à  Versailles,  on  décide  que   le   lieutenant  Cha- 

î  cornacle  sera  capitaine  d'une  compagnie  d'infanterie  en  Acadie,    succé- 

I  dant  à  Villieu  (Richard  :   Rapport  sur  les  Archives,  1S99). 

j  Cependant,  l'année  1703,  Chacornacle  est  encore  au  Détroit.  HisT. 

I  DES  Can.  F.  V.  151). 

En  1708,  au  mois  de  juin,  le  roi    ordonne  (juc  la  compagni  de  Cha- 
cornacle sera  donnée  à  Dougeac.     C'est   ma   dernière  mention  de  Cha- 
i  cornacle.     Il  a  dii  mourir  en  1707. 

j  Voici  un  autre  personnage.     Le  1er  janvier  1709,   !•=•  sieur  Saint-O- 

j  vide  attaque    le    fort    Saint-Jean    de    Terreneuve  ayant  sous  ses  ordres 

t  d'Ailleboust,  Duplessis  et  le  baron  de  Joannès.      (Charlevoix    II.  332  ; 

j  Garneau  II.  36.) 


François- Augustin,  dit  le  chevalier,  baron  dejoanr.ès  était  né  en 
1684,  à  Paris,  ou  venait  de  cettt  ville  eu  partant  pour  le  Canada.  C'é- 
tait un  Chacornacle.  ICn  17  13,  aux  Trois  Rivières,  il  épousa  Françoi- 
.se  Fafard  dit  Laframboise,  de  l'une  des  jikis  anciennes  familles  de  l'en- 
droit. Ou  le  qualifie  alors  de  lieutenant  dans  les  troupes  du  Canada. 
Il  a  toujours,  jiar  la  suite,  vécu  aux  Truis-Rivières.  Sur  ses  quatorze 
enfants,  de  1715  à  173S.  trois  ont  pu  lui  sur\i\re  :  I'"rauçois-Charles 
17^5,  I.ouis-Jose])h  1735,  Jacques  173S.  Dix  sont  décédés  au  berceau. 
îiIarie-Annc,  née  en    1729  a   peut-être   vécu  jusipi'à  l'âge  adulte  et  je 


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—191  — 

crois  que  c'est  elle  qui  fut  élève  des  ITrsulines  des  Trois-Rivières  sous 
le  nom  de  Marie-Suzanne.  Un  autre  enfant  au  berceau,  est  inhumé 
sous  le  nom  de  Cliacorlaque.      (Tanguay,  V.  2). 

Au  baptême  d'un  premier  PVançois-Charles,  en  1715,  le  père  e^t 
dit  baron  de  Joannès,  chevalier,  capitaine  des  troupes.  En  1719,  au 
baptême  d'un  enfant,  la  marraine  est  la  baronne  de  Joannès. 

En  1734,  à  Versailles,  on  accorde  un  congé  à  Joannès  Probable- 
ment que  c'était  à  la  fois  une  ])ermission  d'aller  en  France.  Les  moin- 
dres détails  du  service  canadien  étaient  réglés  à  Versailles,  ce  qui  n'é- 
tait pas  un  idéal  d'administration — c'est  le  genre  Louis  XIV. 

Au  baptême  de  son  fîls  Jacques,  en  1738,  Joannès  est  encore  cité 
comme  capitaine,  mais  en  1739  on  le  dit  chevalier  et  capitaine  réformé, 
soit  :  sans  compagnie,  retiré  du  service  actif,  du  moins  pour  le  n.o- 
nient,  la  paix  régnait  depuis  longtemps.      (Daniel  :  Aperçu. ..page  57). 

En  1749,  à  l'expédition  de  Celoron  de  Blaiuville  sur  l'Ohio,  il  y 
avait  les  deu.x  frères  Chabert  et  Joucaire,  Celoron  fils,  La  .Saussax  e, 
Courtemanche,  Le  Borgne,  Villiers,  Niverville  et  Joannès.  Celui-ci 
devait  être  Charles-François,  né  en  1725. 

Dans  ses  listes  militaires,  en  1750,  M.  l'abbé  Daniel  (Officiers.  . 
p.  73)  met  :  "Pour  être  enseigne,  Joannès  (de)  aine,  cadet",  ce  qui 
veut  dire  :  étant  cadet  aux  troupes,  deviendra  enseigne. 

François- Augustin  baron  de  Joannès,  capitaine  reformé,  chevalier 
Chacornac,  fut  inhumé  à  Québec  le  30  décembre  1754.  Il  est  dit  né  en 
1684  (Tanguay  II.  597)- 

La  liste  de  l'abbé  Daniel  (Aperçu 51)  porte,  en  1732  :  le  che- 
valier Joannès,  lieutenant,  51  ans-ce  qui  le  ferait  naître  en  16S1. 

En  1756  à  Carillon  près  du  lac  George  il  va  "Joannès,  aide-major 
du  régiment  de  Languedoc".  (Document  sur  i,.\  Nouvelle  Franc;; 
IV.  25).     lîst-ce  François-Charles  né  en  1725  ? 

A  la  Mononguhéla,  eu  1753,  il  y  a  le  cadet  des  troupes  Joannès. 
(Ferland  IL  526).      Ce  doit  être  Louis-Joseph  né  eu  1733. 

Le  major  de  Ouéhec,  ai)pelé  Joainiès,  qui  négocia  avec  le  général 
Murrav  la  reddilimi  de  la  place,  en  i-y;,  et  écrivit  un  mémoire  sur  1l> 
é\-ènenients  de  cette  année,  Uic  parait  être  i'Vançois-Charks  né  en  17J5. 


—192- 

II  est  tout  probable  qu'il  partit,  l'automne  de  1760,  avec  les  trou- 
pes qui  retournaient  en  France. 

Dans  sa  liste  du  "départ  des  troupes,  année  1760",  M.  l'abbé  Da- 
niel met  :  "Joannès,  enseigne,  resté  en  Canada".  Celui-ci  devait  être 
Louis- Joseph  né  en  1735. 

Quand  à  Jacques  né  en  1738  il  m'échappe  entièrement. 

Enfin,  le  7  aoîit  1763  Françoise  Fafard,  veuve  de  François-Au- 
gustin baron  de  Joannès,  fut  inhumée  aux  Trois-Rivières.  Avec  elle 
disparaît  du  Canada  le  nom  de  Joannès,  ce  qui  me  fait  croire  que  se.s 
fils  se  sont  réfugiés  en  France. 

Benjamin  Suite. 


2000  Numéros  du  Bullexin 
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BUUETIN  DES  RECHERCHES  HISTORIQUES 

BEAUOEVILLE.  QUE. 
Prix  broché  :  .50.     Relié  :  o.75. 


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BULLETIN 


DES 


RECHEPXiïES  HISTORIQUES 


VOL.  XXI  BEAUCEVILLE=JUILLET  1915  No.  VII 


JEAN  PERONNE  BUMESNiL  ET  SES  MEMOIRES 


(SUITE) 


Est  à  noter  que  pour  la  première  desd  trancactions.  Il  est  porté 
quil  reste  a  payer  ausd  créanci-.rs  Siooo  tant  de  livres  pour  le  payénian 
de  laquelle  somme  le  nommé  Godefroy  prenant  qualité  de  député  de 
Canadas,  vend  ausd  prétendus  créanciers  des  castors  huict  livres  la  li- 
vre prix  a  Québec,  qui  furent  délivrez  a  Jean  Favoz  marchand  de  la 
Rochelle  porteur  de  procurations  desd  créanciers  dont  y  a  acquit  patsé 
par  Audouart  notaire,  qui  est  un  papier  spoliéi;  aud  Du  Mesnil  contre 
la  vérité  duquel  acquis  et  par  une  noire  malice  et  eu  le  faisant  et  sur- 
prenant Jean  Bourdon  commis  et  procureur  prétendu  de  la  communau- 
té desd  habitans  par  procuration  en  blanc  du  17  octobre  1650  donnée 
par  le  conseil  de  Québec,  et  non  des  habitants,  ayant  avec  le  père  Hie- 
rolme  Lallemant  supérieur  des  Jésuites  amené  en  France  2SS00  tant 
de  livres  de  castors  et  ont  seulement  rendu  ensenibleraent  a  Pocquelin 
marchand  dix  mil  tant  de  livres  a  six  livres  dix  sols  la  livre  rendu  en 
France  pour  payer  encore  une  fois  lesd  prétendus  créanciers  qui 
avoient  faict  lachapt  d'iceux  castors  huict  livres  la  livre  pris  à  Québec 
par  lad  première  transaction  Et  qui  avoient  été  livrez  aud  Garoz  leur 
procureur  Et  quand  au  surplus  desd  castors  embarquez  a  Québec  le- 
quel surplus  se  trouve  d'environ  15000  1.  Il  ne  paroist  point  ce  quil 
t-s:  devenu  ;  Et  ainsy.il  se  void  que  de  mauvaises  debtes  dont  ja  paxces 
deux  fois,  Ivt  ncantmoins  les  pauvres  lml)itans  de  Canada  persécutez 
pour  les  payer  encore  une  trois.;  fois  iiourtiuoy  se  levé  aud  pay  1^^  '''>^ 
pour  cent  des  marchandises  qui    y  sont  menées    de  France,  ce  qui  faict 


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—194- 

endurer  aux  pauvres  habitans  beaucoup  de  faim,  et  de  froid,  donc  i)lu- 
sieurs  meurent.  Et  sans  que  jamais  ]iersonne  ay  parlé  pour  eux  quel- 
que beau  semblant  qu'on  en  fasse,  de  tout  quoy  la  preuve  est  en  pa- 
piers spoliez  et  pillez  aud  Du  Mesnil. 

Et  sans  parler  encore  des  400.000  1  ausm^^;;s  aud  pays  pour  faire 
la  colonie,  par  la  Reyne  mère,  M.  le  Cardinal  de  Richelieu,  Mme  la 
Duchesse  Desguillous,  Madame  la  marquise  de  Sene.sey,  M.  le  comman- 
deur de  Sillery,  M  le  Baron  de  Rantj-  et  autres,  soubs  le  nom  de  la- 
quelle dame  Reyne  II  fut  pris  lors  de  lad  ])remiere  transaction  25000  1 
par  personne  qui  disoient  avoir  charge  délie  de  retirer  son  argent  au- 
mo.sne_,  sans  que  cela  paroisse  en  lad  transaction  sinon  en  ce  que  toute 
la  Somme  entière  des  deniers  qui  estoit  a  distribuer,  et  qui  estoit  den- 
viron  deux  cens  quarante  mil  livres,  ne  paroisse  distribuée  et  sans  dire 
ce  qu'est  devenu  le  surplus  ce  qui  se  verra  en  faisant  représenter  par 
le  marchand  qui  avoit  ahcpeté  les  castors  des  acquits  qu'il  a  retiré 
pour  sa  décharge. 

Pour  cognoistre  toutes  ses  mérites  et  plusieurs  autres  de  grande 
importance  pour  le  service  du  Roy,  et  le  bien  publique  dud  i)a>-s.  Il 
est  absolument  nécessaire  que  les  nommez  de  Repeutigny,  Noël  Juche- 
reau  Deschatelets.  Jean  Juchereau  de  Maure.  Jean  Jucherean  Laferté. 
son  fils  Jean  Paul  Godefroy,  René  Maheu.  Jean  Gloria,  Charles  Seves- 
tre  Jean  Bourdon  qui  ont  exercé  les  charges  de  commis  et  receveurs 
du  magazin  de  Québec  et  aux  embarquemens  de  France  les  nommez 
Pierre  Boucher.  LapohrkeXtt  Moyne  et  autres  qui  ont  receu  pareilles 
charges  et  commions  aux  magasins  des  trois  rivières,  et  de  Montréal  et 
à  Tadoussac  ou  qui  ont  preste  leurs  noms  pour  faire  et  exercer  les/ dic- 
tes conuuissions  et  receptes  leurs  veufves,  enfans,  héritiers,  cautions  et 
bien  tenants.,  rendent  compte  de  leur  administration  et  gestion.  Et  ce 
par  devant  tels  Juges  et  commi.ssaires  quil  plaira  au  Ro\-  nommez  en 
Erance  :  suivant  les  assignations  a  eulx  ja  données,  a  cette  fin  inesme 
les  nommez  Rozé  Guinet  et  compagnie  fermiers  du  droit  de  ipiart  des 
pelleteries  ;  Et  ce  nonobstant  toutes  les  charges  a  eulx  données  sur 
feuilles  volantes  sans  tenir  le.sd  comptes,  et  ce  jwr  des  per.sonues  des- 
quelles les  uns  navoient  aucun  pouvoir  ny  Juridiction  connue  les  sieurs 
Dailleboust  et  de  Charu>-  qui  se-  sont  dict  gouverneurs  et  Juges,  es 
compte  dud  Godefroy  et  Sevestre  et  ne  les  toient  point  ;  les  autres  ont 
arresté  quekiues  comptes  mais  (pii  ne  voient  avec  eulx  aucune 


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—195— 

et  tous  ordonnateurs  et  perceveurs  a  leur  proffict  Et  lesd 
comptes  en  ce  quil  sen  trouve  d'autrts  sont  rendus  sans  aucunes  pièces 
ny  preuves  de  la  recepte  np  de  la  despence,  sans  apostiles  sur  les  arti- 
cles, sans  partie  pour  contredire  soit  s'indique  ou  autres  sans  dattes  la 
pluspart  sa  sans  noms  des  comptables,  sans  dire  lannée  de  laquelle  il 
est  compte  Et  en  un  mot  sans  aucune  forme  de  Justice,  soit  quon  ne 
lait  pas  sceues,  ou  quon  lait  faict  pour  faire  confusion  et  obscurité,  esd 
comptes  qui  se  sont  trouvés  rendus,  Et  quand  a  ceux  de  Repentigny 
des  trois  Juchereaux,  de  René  Mahé,  de  Jean  Gloria  pour  1651,  et 
Jean  Bourdon  pour  1647,  4^i  49.  1650  et  51  quils  seront  par  eulx  ren- 
dus ou  leurs  veuves  et  héritiers  Et  a  ce  faire  contrainte  par  toutes 
voyes  mesmes  par  corps  Et  quil  sera  anjoint  au  sieur  de  Mezy  gouver- 
neur du  pays,  de  les  envoj-er  en  France  en  sure  garde,  avec  livres,  re- 
gistres, pièces  et  papiers,  bien  et  duement  enfermez  en  coffres  scellez  ; 
pour  obvier  au  divert'ssement  des  acquis,  contre  lettres,  et  autres  pie- 
ces  par  le  moyen  desquelles  sera  veu  et  recognu  qui  a  proffité  desd  de- 
niers publics. 

Comme  aussy  rendra  et  restitura  led  Sr  de  Mezy  gouverneur,  le 
.Sr  Evesque  de  Pétrée  et  Dupont  Gaudès  Intendant  et  autres  officiers 
du  conseil  de  (Québec  ou  feront  rendre  par  les  nonmiez  Villeroy  et 
Bourdon,  tous  les  registres,  pièces  et  papiers,  quils  ont  pris  et  faict 
prendre,  la  nuit,  à  main  armée,  en  la  maison  dud  Du  Mesnil  Peronne 
controlleur  général  Intendant  et  Juge  sou\"erain  aud  pays  avant  lesta- 
blissement  dud  nouveau  conseil,  et  ce  en  la  ville  de  Paris  et  en  telle 
maison  que  led  Du  Mesnil  voudra  nommer  et  eslire  pour  son  domicile, 
Et  desquels  registres,  pièces,  et  papiers  led  Du  Mesnil  sera  cru  de  ser- 
ment décisif  attendu  lad  spoliation  faicte  de  nuit  a  main  armée  et  sans 
Inventaire,  comme  il  paroist  par  lacté  de  procès  verbal  de  la  prise  et 
enlèvement  d'Iceux  du  20  septembre  dernier  1663  a  laquelle  restitution 
seront  lesd  prétendus  commissaires  et  ceux  qui  les  ont  commis  con- 
traints par  toutes  voyes  de  justice  mesme  par  corps.  Et  lesd  commissai- 
res et  commettants  condamnés  sollidairement  a  tous  les  dommages  in- 
terestset  despences  dud  Du  Mesnil,  lequel  sera  outre  deschargé  de  la 
prise  de  corps  et  em]irisonnement  de  sa  iiersonne  ordonnée  par  led 
nouveau  Conseil,  au, pied  du  procès  verbal  de  la  i)rise  de  lesd  papiers 
sans  cause,  sans  plainte,  et  sans  Informariou  avec  dommages  interests 
et  Despens. 


—  190— 

Pour  corriger  en  quelque  façon  tous  ces  désordres  et  ])our  en  rom- 
pre le  cours  et  la  durée,  Il  est  nécessaire  de  créer  et  destablir  aud 
pays  de  la  nouvelle  France,  un  chancelier  ou  vicechancelier  perpétuel, 
qui  ait  l'authorité  entière  de  la  Justice,  pollicc,  et  finances  qui  pren- 
dra pour  l'administration  d'Icelles  six  habitans  du  pays  qui  luy  seront 
nommez  et  présentez  chacun  an,  par  les  habitans  du  pays  et  sans  mo- 
nopolle  et  Intrigue  a  yssue  de  grande  messe  paroissiale  au  son  de  la 
cloche,  sans  que  les  gouverneurs,  Evesques,  et  Jésuites,  s'en  puissent 
entremettre  n'y  s'}'  Ingérés  du  tout  avis  seullement  prendra  led  Sr 
Hvesque  soing  des  affaires  spirituelles  et  de  leglise,  les  gouverneurs, 
des  garnisons  et  soldats  et  faire  effectivement  et  sans  déguise  comme  a 
esté  faict  par  le  passé,  la  guerre  aux  Iroquois  et  autres  ennemis  du 
pays,  Enquo}'  ils  trouveront  assez  d'emi)Ioy,  s'ils  y  veuUeni  applic- 
quer  Ee  ainsy  se  controUeront  les  uns  les  autres  dont  le  Roy  et  le  jiu- 
blique  aurcmt  satisfaction. 

Créer  encore  un  office  de  procureur  général  du  Roy  en  lad  Justice 
qui  exercera  lad  charge  tant  au  i>ays  de  Canada  qu'en  France  devant 
deux  Commisres  députés  pour  les  affaires  qui  s'y  trouveront  renvoyée.s 
ou  Européen  dud  paj-s  contre  les  gouverneurs,  receveurs  et  commis, 
marchands,  créanciers  et  autres  personnes  qui  ont  négotié  aud  Cana- 
das directement  ou  indirectement  de  quelque  qualité  et  condition  quils" 
soient  Ecclésiastiques  ou  seculiert,  sans  exception,  lesquels  .se  sont  re- 
tirez en  France  et  quitté  led  pays  de  Canadas  lequel  procureur  Gêné-' 
rai,  sera  aussy  maire  perpétuel  et  scindique  dud  pays.  Et  encore  tu- 
teur auss}-  perpétuel  des  sauvages  a  lexclusion  de  toutes  autres  person- 
nes auquel  tuteur  ceux  qui  ont  exercé  cette  charge  rendront  compte 
de  ce  quils  ont  faict  et  géré  par  le  pa.s.sé  pour  les  s.  d.  Sauvages. 

Créer  encore  un  office  de  grand  prevost  aud  pays  qui  aura  dix  ar- 
chers pour  l'exécution  des  ordonnances  et  mandemans  de  la  justice, 
sans  a  ladvenir  estre  obligé  demander  le  secours  des  gouverneurs  qui 
s'en  sont  jusques  a  présent  niocquez  et  ainsy  la  justice  demeure  sans 
effet  manque  de  force. 

Les  appoiutemens  et  gages  desijuels  chancelier,  ou  vice  chancelier 
procureur  général,  et  grand  prevost,  .seront  réglez  a  seize  mil  livres 
sceavoir  au  chancelier  Sooo  i  au  procureur  général  4000  \  et  au  grand 
prevost  pour  lu\-  et  .ses  archers  4000,  lesquelles  sonunes  se  prendrt)nt 
sur  la  somme  de  cjuarante  huict  mil  livres  a  hiiiuelle     scpuune  sont  affcr- 


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—197— 

niez  présentement  les  droits  dn  quart  des  Castors  qui  se  jiaye  au  maga- 
sin de  Québec  pour  lacquittemeut  des  charges  du  pa>s,  et  qui  avoit 
accoutumé  de  safEermer  60000  [,  Et  sur  laquelle  somme  de  48000  i  n'j- 
a  de  charge  suivant  l'arrest  du  conseil  du  R03'  du  cinq  mars  164S  que 
de  21000  I  sceavoir  dix  mil  livres  pour  le  gouverneur  de  Québec  3000  i 
pour  celuj-  des  trois  rivières  et  pareille  somme  de  3000  1  pour  celu}-  de 
Montréal,  sur  lesquelles  sommes  Ils  payent  leurs  soldats,  et  5000  i 
pour  la  pention  des  Jésuites  qui  navoient  au  temps  dud  arrest  que  lad 
pention,  leur  a  esté  adjugée  les  douze  mil  livres  de  rente  et  revenu  an- 
nuel en  domaines  aud  Canadas  comme  ils  ont  apresent,  sans  compren- 
dre leur  traflîc  et  négoce,  les  pentions  et  ausmosnes  qnils  retirent  de 
France  qui  exéedent  vingt  mil  livres  par  an. 

Les  gages  desd  officiers  nouveaux  et  l'entretien  des  garnisons  et 
"pensions  des  Jésuites  (sy  elle  subsiste)  ne  montant  que  la  somme  de 
trente  sept  mil  livres  II  i estera  encore  onze  mil  livres  pour  les  affaires 
extraordinaires  et  Inopinées.  Et  sy  cette  somme  ne  suffisait  le  droit 
de  dix  Y>ouT  cent  qui  .se  le\-e  aud  pays  sur  les  marchandises  envoyées 
de  France  et  qui  en  lannée  dernière  a  vallu  22000  tant  de  livres  pou- 
roit  fournir  au  reste 

Et  mojennant  l'Erection  de.sd  nouveaux  officiers  et  Jurisdiction, 
casse,  révoque  et  annulle,  celle  establie  par  arrost  du  conseil  du  Rny 
du  mars  1663  qui  n'e.st    composée    que  de    personnes 

incapables  de.sd  charges,  Et  qui  nont  jamais  exercé  la  Judicature,  soit 
de  lordinaire,  police,  ou  finance  Et  cinq  desquels  qui  composent  le 
nombre  de  sept  personnes  avec  led  sieur  de  Mezy  gouverneur  et  E\es- 
que  du  Pitrée,  sont  exclus  de  toutes  charges  publiques  comme  a\aut 
esté  receveurs  ou  leurs  héritiers  et  cautions  qui  n'ont  jamais  rendu 
compte  ny  faict  d'aiipurement,  suivant  qu'il  e.st  porté  par  l'arrest  du 
con.seil  du  Roy  du  27  mars  1647  repré-senté  par  led  Du  Mesnil  aux 
commi.ssaires  avant  l'establis.sement  dud  con.seil  ;  Et  comme  le  nommé 
Louis  Roux  'Villeray  qui  est  le  garde  scel  dud  conseil  nouveau,  et  (pii 
a  pillé  la  mai.çon  dud  Du  Mesnil  et  emporté  tous  ses  papiers  avoit  ja 
été  chassé  de  pareille  charge  par  autre  arrest  du  conseil  du  Ron-  du  6 
niay  1659  :  auss>-  représenté,  Ivt  a  lu\-  enjoint  de  venir  en  France  se 
purger  de  ses  crimes,  ce  (pi' il  n'a  faict  ;  l'.t  sans  j^arlé  a  esté  vallet  du 
Sr  de  Lauzon  gou\-erneur,  qui  le  prit  en  prison  de  la  Rochelle  où  il 
estoit  détenu  faute  de  l'iaxeinent  tle  la  somme  de  71  [  comme  api)er  pur 
le  pallier  de  la  geollu  du  10  Juillet  1651. 


.'•X'Iil    I    ,     ~Ui 


—  IDF— 

Quand  a  Bourdon  procureur  général  en  ce  conseil  nou\-eau,  cest 
un  pauvre  boulanger,  et  canonnier  au  fort,  qui  preste  son  nom  en  tou- 
tes affaires.  Et  qui  a  requis  et  assisté  au  pillage  de  la  maison  dud  Du 
Mesiiil,  Et  contre  lesquels  Villeray  et  Bourdon  led  Du  Mesnil  aura  In- 
formé comme  il  a  allégué,  dict,  escript,  et  signé,  par  ses  mo\ens  de  ré- 
cusations &  de  prise  à  partie  quil  a  mis  a  leur  greffe  de  Québec  le  2S 
septembre  dernier  1663,  ensemble  contre  les  autres  conseillers  nou- 
veaux, dont  il  a  copie  signée  du  greffier,  sur  quoy  Ils  n'ont  osé  pro- 
noncer aucune  chose  comme  appert  par  acte  sigiié  du  grefîîer  dud  con- 
seil du  21  octobre  dernier  1663  Et  ains\- les  dires  dud  Du  Mesnil  ne 
seront  pas  présumez  nouveaux,  n'y  advancez  en  l'absence  de  ceux  de 
qui  il  parle  puisquils  les  ont  a  leur  greft'e.   ; 

Quand  a  Monsieur  l'Evesque  de  Pétrée,  11  en  sera  parlé  quand  il 
plaira  au  Roy,  et  n'en  sera  ny  faict  autre  mention,  sinon  que  les  Jésui- 
tes luy  donnent  2500  \  en  pension  par  an,  pour  sa  subsistance  au  pays, 
et  le  logent  avec  eux,  qu'il  s'est  emparé  du  conseil  de  la  traitte  et  sans 
y  appeller  Mr  Davaugour  gouverneur  qui  y  debvoit  présider  a  seule- 
ment pris  avec  luy  le  Sr  de  Charn^'  pour  être  son  grand  vicaire  et  offi- 
ciai, et  !e  père  Ragueneau  Jésuite  qui  ny  devoit  entrer  ny  assister  sui- 
vant larrest  du  conseil  du  Roy  ci  dessus  datte,  Et  ensemble  ont  le  7 
novembre  1661  cassé  un  bail  du  droit  du  quart  de  castors  qui  se  paye 
pour  l'entretien  des  charges  du  pays  affermé  pour  quatre  ans  au  Sr 
Guinet  et  Compagnie  marchand  de  Rouen  soixante  mil  livres  par  an  ; 
dont  restoit  deux  années  à  eschoir  Et  a  faict  un  autre  quil  a  adjugé  a 
Nicolas  Juchereau  St  Denis,  beau  père  de  son  d  grand  vicaire  a  45000  1 
par  an  qui  sont  15000  de  moings  et  de  perte  pour  le  publique,  auquel 
dernier  bail  il  s'est  faict  assassin.  Il  a  excommunié  tous  les  habitans 
generallement  qui  donneroient  aux  sauvages  du  vin  et  de  leau  de  vie 
en  trocque  de  leurs  castors  et  peltr\es,  a  lexception  néant  moins  de 
quelques  jiarticuliers  quil  vouloit  favoriser  ou  se  servir  deulx,  connue 
se  void  par  25  ou  30  billets  qui  estoient  es  papiers  spoliez  aud  Du 
Mesnil,  faisoit  frapper  du  baston  dans  leglise  a  issue  du  prosne  jiar  le 
père  Lemercier  Jésuite,  le  pourjioint  bas  et  une  torche  a  la  main,  ceux 
qui  se  confessoient  d'avoir  contrevenu  a  ses  deffenses  et  censures  ;  ce 
cpii  donna  tant  d'estonnement  et  de  crainte  aux  habitans  dud  jiays 
quils  n'osoient  plus  se  hauter  les  uns  les  autres,  crainte  de  lad  censure 
qu'il  se  coninuuiii[Ueroient  par  fréciuentation,  pour(iuo_\-  ce  négoce  de 
breuvage  avec  les  sau\ages    fut  d'nn    comnuui  consentement    laissé  et 


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—  100— 

abandonné  aud  Sr  Evesque  lequel  a  l'Instant  recognoissant  la  nullité 
et  abus  de  sa  censure  et  excommunication  va  aud  conseil  de  traite  et 
assisté  de  son  grand  vicaire  et  dud  Ragueneau  Jésuite,  estably  un  bu- 
reau et  ordonne  un  commis  a  500  i  de  gages  pour  fai-e  lad  traite  et 
rommerce  des  boissons  avec  les  sauvages  jiour  avoir  leurs  castors,  es- 
pérant en  prendre  luy  seul  tout  le  proffit,  ce  qui  luy  fut  contesté  par 
le  Sieur  Davaugour  gouverneur,  qui  vouloit  que  le  publique  en  ]iroffi- 
tast,  de  quoy  led  Sr  Evesque  Indigné  renouvelle  son  excommunication 
qui  faict  exagérer  et  prescher  par  tous  les  Jésuites  ;  et  au  lieu  de  fra]5- 
l)er  du  baston  et  de  faire  faire  lamande  honorable  aux  pénitents  (qui 
estoient  tous  convaincus  sur  le  simple  rapport  d'un  sauvage  seul)  led 
Sr  Evesque  condamne  et  impose  sur  les  pau\Te.s  pénitents  une  amande 
de  vingt  livres,  qiiil  faict  ])rendre  et  recevoir  par  led  Sr  de  Cliarny  son 
grand  vicaire.  Et  le  premier  qui  a  payé  ce:  te  amande  fut  françois 
Blondeau  lequel  n'ayant  d'argent  fut  contraint  l'e  badler  un  fusil  (qui 
estoit  tout  ce  qu'il  avait  d'armes;  aud  grand  vi-'aire  avant  que  d'a\oir 
absolution. 

Et  pour  les  enterreiuens  desd  habitans  il  prend  iSo  [  pour  ceux 
qui  veullent  être  mis  dans  leglise.  Et  Soixante  livres  i)Our  les  autres 
qui  sont  enterrez  dans  le  cimetière.  Du  JMesnil  Perronne  Intendant  en  a 
autant  payé  et  pai  ad\ance  pour  faire  enterrer  Fon  pauvre  fils  cruelle- 
ment massacré  et  as-assiné  par  les  rece\-eurs  comptables  par  un  com- 
plot et  conspiration  des  autres,  quil  eust  aisément  vérifié  devani  le  ju- 
ge, S}'  led  Sr  Evesque  ne  lay  eust  refusé  une  querimonie. 

I  esquels  prix  excessifs  pour  lesd  eiiterremens  a  faict  résoudre 
plusieurs  habitans  de  se  faire  enterer  dans  leurs  jardins. 

Le  Sieur  abbé  de  Oueluz  grand  \'icaire  de  Monsieur  larchcvesque 
de  Rouen  au  1  pays  de  la  Nouvelle  France,  avant  larrivée  dud  Sieur 
Evesque  de  Pitrée,  n'en  usoil  \k\s  ainsy,  car  au  lieu  de  prendre  il  don- 
noit  aax  pauvres,  pourquoy  il  est  re.gretté  de  tous  les  habitans,  aii>>\ 
bien  que  les  religieux  RejollL't>  que  les  Jesuistes  ont  auss_\-  clla^se/.  dud 
pays,  auquel  ils  ont  encur  leur  apparteineiis  et  concessioiiN  (piils  luibi- 
toieut  doucement  faisant  les  foncticm^  en\iables  et  Instruisaiis  les  sau- 
vages sans  faire  aucnn  traflic  cnmmc  auUres  finU, 

Cy  finise  ce  cahier  auquel  en  seront  adjuuste/.  deux  autres,  s'il  ust 
besoin,  l'un  coucernaut  les  papiers  spolie/,   aud  Du  Mesiiil  qui  couvain 


'II'!  V.;:.  Ui: 


jT    ■    ;    Ur.    .•!)  «fifcj 


;t    ^,r:'-.r.(  •  v!.    .:il.!j; 


..-200— 

qiient  plusieurs  dud  Canada  et  de  toutes  conditions  de  peculat  et  de 
plusieurs  autres  crimes,  duquel  cahier  M.  de  Tracy  a  copie,  et  des  col- 
lusions desd  Jesuistes  avec  le  Sieur  Gauday  nouveau  Intendant. 

Lautre  des  récusations  et  prise  a  partie  faicte  par  led  Du  Mesnil 
des  officiers  dud  nouveau  conseil  de  Québec  pour  avoir  pris  et  faict 
prendre  les  papiers,  et  faict  monter  sur  le  trosne  d'une  justice  souve- 
raine, des  comptables  qui  ne  se  debroient  seoir  que  sur  la  scellette  des 
criminels,  dont  Mond  Sr  de  Trassy  a  aussi  copie  i)rise  sur  celle  signée 
du  greffier  dud  conseil  de  Qucbec. 

A^■ec  un  formulaire   darrest  sur  toutes  lesd    matières,  et    pour  re- 
couvrer les  domaines    de  la    seigneurie  dud    pays  estant    dépréciés  en 
valleur.  Et  qui  ont  esté  usurpés  ;  et  les  autres    vendues    sans  pouvoir 
n'y  nécessité,  y  compris  les  déshérances,  espures  &  aubaynes. 
(La  fin  dans  la  prochaine  livraison) 


Lettre  des  officiers  du  Conseil  Supérieur  de  la  Nouvel- 
Ie=France  au  roi  de  France,  le  19  novembre  1/35 


Les  officiers  de  vostre  Conseil  Supérieur  de  Québec  prennent  la  li- 
berté de  faire  à  Votre  Majesté  les  très  humbles  remerciements  qu'ils  lui 
doivent  du  portrait  de  Sa  ^Lajesté  qu'elle  a  bien  voulu  leur  accorder. 
Ils  sont  pénétrez,  sire,  de  la  plus  vive  reconnaissance  d'une  faveur  aus- 
si singulière.  Le  portrait  de  Votre  Majesté  a  été  placé  dans  le  lieu  le 
plus  éniincntde  la  salle  où  ils  s'assemblent  avec  la  solennité  et  les  dé- 
monstrations de  jo\e  (jue  ;>eut  inspirer  une  aussi  auguste  représentation 
et  afin  que  le  souvenir  ne  s'en  efface  jamais  il  en  a  été  dressé  an  acte 
(jui  sera  déposé  dans  le  registre  du  Conseil.  Nous  sommes  avec  mi  très 
profond  respect,  sire,  de  \'otre  Majesté,  les  très  huml)Ies,  très  obéis- 
sants et  très  fitlèles  sujets.  Les  officiers  de  votre  Conseil  Supérieur. 
(.Signé)  Hocquart  et  Daine,  greffier  en  chef. 


:  ll:j^mù  î. 


^:.^  :;î'bJ 


iJi  ,rAmi  V 


-201  — 

La  Famiile  Jékimbert  ou  Kimber 


Lorsque  parut  le  coin tnencement  de  son  Hisloiic  des  1  rois-Rivie- 
ic's,  en  1870,  M.  Benjamin  Suite  reçut  la  lettre  suivante  : 

' 'René- Joseph  Kiniber,  le  premier  de  ce  nom  eu  Canada,  était 
Hollandais,  originaire  d'Amsterdam.  Son  nom  de  famille  était  Van 
Ishemberg  et  il  n'a  ])ris  celui  de  Kimber  que  pour  dépister  ses  parents, 
comme  vous  allez  voir.  Il  avait  à  peine  dix-sept  ans  lorsqu'il  résolut 
d'époiLser  une  jeune  fille  dont  l'alliance  ne  convenait  pas  à  sa  famille 
et,  son  père,  un  riche  marchand,  dont  le  nom  comporte  une  distinction 
de  race,  l'enferma  dans  sa  propre  chambre,  au  troisième  étage  de  leur 
maison.  La  troisième  nuit,  le  jeune  homme  se  fit  une  corde  avec  ses 
drap,=,  descendit  par  la  fenêtre  et  gagna  le  port  où  un  bâtiment  en  par- 
tance pour  l'Amérique  lui  donna  pa.s.sage  quelques  heures  plus  tard. 
Un  Anglais  du  nom  de  Kimber  qui  était  parmi  les  pas.sagers,  l'autori- 
sa à  prendre  son  nom  pour  se  cacher.  Ils  arrivèrent  à  New-York  au 
moment  où  Wa.shington  venait  de  déclarer  la  guerre  d'Indépendance 
et  où  il  appelait  tous  les  amis  de  la  république  à  combattre  avec  lui. 
Sans  res.sources  aucunes,  le  fugitif  n'avait  d'autre  parti  que  de  s'enrô- 
ler comme  soldat,  d'autant  plus  que  la  cause  américaine  coïncidait 
avec  ses  idées.  Il  se  battit  pendant  les  quatre  (?)  célèbres  années  de 
cette  guerre  et  eut  même  quelque  avancement  dans  le  service  militai- 
re. A  la  paix  il  fit  connaissance  de  quelques  Messieurs  Jé.suites  à  qui 
il  raconta  ses  aventures  et  qui  reconnaissant  en  lui  une  origine  et  une 
éducation  distinguée  lui  persuadèrent  d'aller  à  Québec  avec  des  lettres 
pour  la  mai.son-mère  de  cette  ville,  où  il  fut  reçu  de  suite  et  on  lui 
donna  comme  em])loi  la  surintendance  des  immenses  jardins  que  cette 
compagnie  possédait  à  Québec.  Il  resta  longtemps  dans  cette  maison 
qui  est  aujourd'hui  la  première  au  bas  de  la  côte  de  la  Fabrique  à 
droite  en  montant.  Il -s'y  maria  et  eut  trois  fils  dont  l'aîné  fut  le 
grand-vicaire  Kimber,  curé  de  Verclièrcs,  le  second  Joseph  Kimber, 
père  du  docteur  Timothé  Kimber,  de  Chambly,  et  le  troisième  René, 
magistrat  aux  Trois-ls.ivières  .." 

M.  Suite  a  publié  cette  lettre  ]M.ur  la  première  fois  dans  le  7r///u- 
rùn  du  4  décembre    1906    et  il  ne  l'a    mis  au  jour    que  pour    montrer 


liifîîbl  rJ 


.■i-.n/i;'L  , 


—202— 

comiuent  ou  fabrique  des  histoires  qu'on  fait  eusuite  passer  pour  de 
l'histoire.     Car  la  lettre  citée  ici  est  inventée  de  toutes  pièces. 

Le  premi  r  Jékimbert  ou  Kimber  venu  ici,  Joseph- Antoine  Jckini- 
bert,  était  fils  de  Jacques  Jékimbert  et  de  Françoise  Firchtinne,  de 
Saint-Sébastien,  ville  de  Stettin,  diocèse  de  Aachen,  en  Allemagne. 
Le  registre  de  Beauport,  où  est  pris  ce  renseignement,  dit  "Saint-Sé- 
bastien, ville  d'Etienne,  diocè.se  d'Aichtet",  mais  il  est  évident  que 
ces  deux  mots  ici  sont  orthographiés  "à  l'oreille". 

Il  n'y  a  pas  de  ville  de  d'Etienne  et  il  n'y  a  jamais  eu  de  diocèse 
d'Aichtet  en  Allemagne.  On  a  écrit  Etinne  pour  Stettin  et  Aichtet 
pour  Aachen. 

M.  Suite  dit  que  Joseph-Antoine  Jékimbert  était  tout  simplement 
un  Kimbei  ;  qu'on  a  lu  Jékimbert  pour  Jo.  (Joseph)  Kimbert.  Pour- 
tant dans  chacun  des  actes  de  naissance  des  enfants  de  Joseph-Antoine 
Jékimbert  le  nom  est  parfaitement  orthographié  Jékimbert.  Ce  n'est 
que  douze  ou  quinze  ans  après  son  arrivée  ici  que  Jékimbert  mit  de 
côté  la  particule  allemande  Je  pour  orthographier  Kimbert  ou  Kim- 
ber qui  sonnait  mieux  aux  oreilles  canadiennes-françaises. 

M.  Suite  dit  encore  que  Jékimbert  était  jardinier.  Oui.  Mais 
nous  croyons  qu'il  passa  dan>  la  Nouvelle-France  comme  soldat  dans 
une  compagnie  du  détachement  de  la  marine.  Entre  1750  et  1757,  en 
effet,  nous  avons  constaté  qu'un  bon  nombre  d'Allemands  s'engagè- 
rent dans  les  compaj;uies  de  la  n)ariue  pour  venir  dans  la  Nouvelle- 
France.  D'un  seul  coup,  à  Montréal,  le  13  septembre  1757,  huit  sol- 
dats allemands  des  troupes  de  la  marine  furent  pendus  pour  crime  de 
désertion. 

Josejih-Antoine  Jékimbert  épousa,  à  Beauiiort,  le  27  août  1753, 
Marie-Geneviè\e  Allard,  fille  de  Jean  Allard  et  de  ]\Iarie-Gene\iève  de 
Raiuville. 

De  ce  mariage  naquirent  six  enfants  : 

lo  Marie-Geneviève  née  à  Québec  le  11  janvier  1755.  Décédée 
au  même  endroit  le  10  janvier  175S. 

20  Marie-Charlotte  née  à  QnébL-c  !e  2  juillet  1756.  Dccédéc  au 
même  endroit  le  i  2  se])teinl)ie  i73<'. 

30  Jean- Baptiste  né  à  Quéliec  le  13  juillet  1757.  Décédé  au  mê- 
me endroit  le  :;;,  juillet  1737. 


If.  H 
I    ■>'<■ 


— 2o;?— 

40  Thomas  né  à  Québec  le  2  septembre  175S.  Ordonné  prêtre 
le  2i.  septembre  1781.  Vicaire  à  Saiut-Ours.  Curé  de  Contrecœur, 
de  1782  à  17S8.  Curé  d'Yaniachiche,  de  17S8  à  1S02.  Curé  de  Ver- 
chères,  de  1802  à  1823.  Décédé  le  19  janvier  1832,  et  inhumé  à  Ver- 
chères. 

50  Joseph  né  à  Beauport  le  3  juin  1760.  Marié,  à  Québec,  le  27 
juin  1780,  à  Marie-Josephte  Dabin,  fille  de  feu  Jean  Dabin  et  de  défun- 
te Marie-Josej)hte  Nau  dit  Labrie  Nous  leur  connaissons  douze  en- 
fants :  A.  Joseph-Augustin  né  à  Québec  le  15  août  1781.  Décédé 
au  même  endroit  le  3  septembre  1781.  B.  François-Xavier-Joseph 
né  à  Québec  le  9  mars  1783.  Décédé  au  même  endroit  le  13  janvier 
1784.  C.  Thomas  né  à  Québec  le  13  mars  17S6.  Décédé  au  même 
endroit  le  20  septembre  1787.  (i)  D.  Anonyme  né  et  décédé  à  Qué- 
bec le  24  mars  1787.  E.  Marie-Scholastique  née  à  Québec  le  28 
mars  178S.  Décédée  au  même  endroit  le  11  août  1794.  F.  Olivier 
né  à  Québec  le  24  septembre  1789.  G.  Anonyme  né  et  décédé  à 
Québec  le  9  mars  1791.  //.  Jacques- Amable  né  à  Québec  le  25  juil- 
let 1792.  Décédé  au  même  endroit  le  17  août  1794.  /.  Flavien  né 
à  Québec  le  23  juillet  1793.  /.  Joseph-Charles  né  à  Québec  le  10  dé- 
cembre 1795.  Décédé  au  même  endroit  le  16  février  1797.  A'.  Thi- 
niothé  né  à  Québec  le  ii  février  1797.  Médecin.  Résidait  à  Cham- 
bly  en  l'année  1837.  L.  Louis  de  Gonzague  né  à  Québec  le  18  juil- 
let 1798.     Décédé  au  même  endroit  le  28  juillet  1798. 

60  René  né  à  Québec  le  ler  septembre  1762.  C'est  lui  qui  con- 
tinua la  lignée. 

René  Kimber 

Né  à  Québec  le  ler  septembre  1762.  11  fut  d'abord  marchand  à 
Québec.  En  I79'i,  il  transportait  son  commerce  à  Trois-Rivières.  Il 
devint  bientôt  un  des  personnages  importants  de  la  cité  trifluvienne. 
Il  fut  tour-à-tour  inspecteur  du  feu,  i)résident  des  syndics  de  la  com- 
mune, marguillier,  juge  de  paix,  etc.  etc.  II  décéda  à  Tn  .is-Riviè- 
res  le  13  novembre  1S41,  ainsi  qu'on  le  constate  par  l'acte  de  sépultu- 
re suivant  qu'a  bien  voulu  nous  transmettre  M.  l'abbé  lùigèiie-L.  De- 
noncourt   : 

(1)     L'.u'lo  .k-  <|.nltnrc  le  ii..mmr  .I.ivrli  et  lui    dciiiiL'  .loux  m, s  il  .Itmi.    Il  ^'hk 1  '"  "  "•■ 


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—204— 

"Le  dix-sept  novembre-  mil  huit  cent  quarante  et  nu,  Nous  Sous- 
signé chapelain  des  Dames  Ursulines  avons  inhumé  dans  le  cimetière 
de  cette  paroisse  le  corps  de  René  Kimber  écuyer,  marchand,  décédé 
depuis  cinq  jours  âgé  de  soixante  dix  neuf  ans,  veuf  de  Dame  MiuIl-- 
Josephte  Robitaille  de  cette  paroisse.  Furent  présents  à  l'inhumation 
Jean  et  Pierre  Desfossé  et  Valère  Guillet  écuyers  qui  ont  signé. 

P.  Desfossé  Geo.  L.  Lemoine 

V.  Guillet 

J.  Desfossé  B.  Fortin    "Pire 

Chapelain". 

M.  Kimber  avait  épousé,  à  Québec.  le  19  mai  17S5,  Mane-Joseph- 
te  Robitaille,  fille  de  Pierre  Robitaille  et  de  Geneviève  Parent.  Elle 
lui  donna  dix-sept  enfants  : 

1.  Joseph-Réné,  celui  qui  continua  la  lignée. 

2.  Pierre  né  à  Québec  le  25  octobre  1787. 

3.  Marie-Euphrosine  née  à  Québec  le  7  février  17S9,  Mariée 
au  notaire  N. -Benjamin  Doucet. 

4.  Siméon-Zéphirin  né  à  Québec  le  iS  février  1790  Décédé 
non  marié. 

5.  Joseph-Flavieu  né  à  Québec  le    14  mars  1791. 

6.  Charlotte-Sophie  née  à  Québec  le  29  février  1792. 

7.  Joseph-Louis  né  à  Québec  le  5  juillet  1793.  Décédé  au  mê- 
me endroit  le  23  sejjtembre  1793. 

8.  Françoise-Adélaïde  née  à  Québec  le  10  octobre  1794.  Décé- 
dée au  même  endroit  le  8  septembre  1796. 

9.  Abraham-Janvier  né  à  Québec  le  28  décembre  1795.  Décédé 
non  marié. 

10.  Edouard-Louis  né  à  Québec  le  29  mars  1797.  Marié  à  So- 
phie-Caroline Montour. 

11.  Pierre-Flavien  né  à  Québec  le  2   septembre  1798. 

12.  Mathias-Léandre  né  à  Trois- Rivières  le  24  février  1800.  Dé- 
cédé au  même  endroit  le  10  janvier  iSio. 

13.  Loui.s- Roger  né  à  Trois- Rivières  le  5  juillet  1801. 

14.  Antoine-Télesphore  né  à  Trois-Rivières  le  15  mai  1803.  Re- 
çu notaire  le  28  octobre  1825-  '   Décédé  vers  1832. 

15.  Benjamiu-Odilon  né  à  Trois- Ri \ièr^'S  le  2  janvier  1805. 


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—205- 

i5.  Norbert-Alpho!i.se  né  à  Trois-Rivières  le  6  juin  1806.  Décé- 
dé au  même  endroit  le  27  juin  1806. 

17.  Jeanne-Josephte-Clotilde  née  à  Trois-Rivières  le  27  mai  iSro. 
Mariée  en  premières  noces  au  notaire  Antoine- Zépliirin  LeBlanc,  puis 
à  Charles  Langeviu,  marchand,  de  Québec.  Décédée  à  Québec  le  13 
janvier  1S74. 

L' Honorable  Joseph-René  Kimber 

Né  à  Québec  le  26  novembre  17S6.  Médecin  le  22  juillet  181 1. 
Député  de  Trois-Rivières  de  décembre  1832  à  mars  183S  ;  député  de 
Champlain  de  avril  1841  à  septembre  1S43.  Membre  du  Conseil  légis- 
latif de  la  province  du  Canada  du  4  septembre  1S43  à  sa  mort.  Décé- 
dé à  Trois  Rivières  le  22  septembre  1843.  Il  joua  un  rôle  politique 
as.sez  considérable.  On  trouvera  une  biographie  de  l'honorable  M. 
Kimber  dans  Les  Uisu/iiics  des  Trois-Riviljes,  vol.  IV,  pp.  458  et  seq. 
De  son  mariage  avec  Apolline  Berthelot,  l'honorable  M.  Kimber  avait 
eu  deux  enfants  : 

1.  Marie-Harline.     Mariée  à  Henr\-  Judah,  avocat,  de  Montréal. 

2.  René,  le  continuateur  de  la  liguée. 
René  Kimber 

Admis  à  la  pratique  du  droit  le  8  février  1840. 

M.  Kimber  fut  nommé,  le  12  juillet  1S52,  huissier  de  la  Verge 
Noire  de  l'Assemblée  législative  de  la  province  du  Canada,  puis,  le  2 
novembre  1867,  huissier  de  la  \'erge  Noire  du  sénat  du  Canada.  Il 
prit  sa  retraite  le  3  juin  1875. 

M  Kimber  décéda  à  Paris,  où  il  résidait  depuis  plusieurs  années, 
après  1901. 

Il  s'était  marié  trois  fois.  D'abord  à  Louise  Loiseau,  puis,  à 
Montréal,  le  27  octobre  1842,  à  Suzanne-Ursule  Perrault  (décédée  à 
Trois-Rivières  le  29  juillet  1843)  et,  en  troisième  noces,  à  Québec,  le 
10  septembre  1844,  à  Catherine-Sarah  Burroughs.  fille  de  Edward 
Burroughs,  protonotaire,  et  de  Catherine  \'oyer. 
René-Edol-ard  Ki.mbkr. 
Fils  du  précédent. 

Admis  à  la  pratique  du  droit  eu  1867.  Le  4  juin  1875,  il  succé- 
dait à  son  père  comm-  huissier  de  la  Verge  Noire  du  Sénat  du  Canada. 

Décédé  à  sa  maison  de  campagne,  au  lac  Alice,  comté  de  Lahelle, 
le  16  août  1901.      Il  était  âgé  do  56  ans. 


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—206— 

Louis  Artus  de  Sailly 

Premier  Juge  Royal  de  Montréal 


Noble  homme  Médcric  Bourcluceau,  conseiller  du  roi  et  greffier  des 
commissions  extraordinaires  en  son  conseil,  à  Paris,  avait  fait  une  so- 
ciété pour  la  vente  ou  l'échange  de  marchandises,  à  la  Martinique,  a\-ec 
l'abbé  Gabriel  Souart  (i)  vraisemblablement  avant  le  départ  de  ce  der- 
nier pour  la  Nouvelle- France  oii  il  venait  prendre  charge  de  la  cure  de 
Montréal. 

Les  associés  ci-dessus  nommés  avaient,  pour  les  représenter  aux 
Antilles,  Médéric  Bourduceau,  neveu  du  conseiller  et  époux  de  Gene- 
viève Butin,  puis  Louis  Artus  de  Sailly,  gendre  du  conseiller,  ayant 
épousé  Anne- Françoise  Bourduceau,  à  Amiens    (2) 

Les  deux  ménages  étaient  à  la  Martinique  en  1657  (3),  l'année 
même  où  M.  de  Maisonneuve  revenait  de  France  en  compagnie  de  l'ab- 
bé Souart  et  de  quelques  autres  Sulpiciens. 

*   * 

Les  affaires  furent-elles  florissantes  dans  les  Iles  ?  On  ne  le  dirait 
point  à  lire  le  règlement  de  comptes  des  représentants  de  la  société  (4). 
Quoiqu'il  en  soit,  les  ménages  Bourduceau  et  de  Sailly  sont  à  Montréal 
au  mois  de  septembre  et,  en  commun,  ils  achètent  du  chirurgien  Etien- 
ne Bouchard,  sa  terre  et  sa  maison  près  de  l'endroit  où  se  trouve,  au- 
jourd'hui, la  place  Jacques- Cartier. 

Mais  l'union  entre  les  deux  familles  ne  duie  pas. 

Le  31  juillet  1659  (5),  M.  de  Sailly  et  sa  femme  cèdent  à  Méderic 
Bourduceau  jeune,  leur  part  de  l'immeuble  acquis  de  Bouchard. 

Quelques  mois  plus  tard,  le  curé  Gabriel  Souart  achète  de  Lambert 
Closse  la  moitié  de  son  fief,  soit  50  arpents  et  il  en  accorde  la  jouissiace 
à  Monsieur  et  Madame  de  Sailly  (.6). 

(11  Basset,  17  jimvier  lil(iO' 

[2]  Basset.  H  oclol)ro  ICtW 

13)  Basset,  17  janvier  li'.i;0. 

(4)  Basset,  17  janvier  li-.hO. 

(5J  Etndo  de  Basset.     Rétrocession  an  ^icnr  liounliiceftu. 

(li)  Basset,  22  novembre  ir..''9. 


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—207- 

Eu  juillet  1660,  le  même  abbé  donne  à  Madame  de  Sailly  les  50  ar- 
pents dont  elle  a  déjà  la  jouissance,  à  condition  qu'elle  paye  une  rente 
aunuelle  et  qu'elle  se  construise  une  maison  "à  la  défense"  de  celle  que 
Lambert  Closse  fait  ériger  hors  la  ville,  c'est-à-dira  sur  le  site  où  s'élè- 
ve de  nos  jours  l'hôpital  général  anglais    (i) 

Cette  même  année,  Médéric  Bourdiiceau  est  élu  syndic  des  habi- 
tants de  Villemarie  (2)  et  il  semble  vouloir  s'établir  sérieusement,  car 
en  plus  de  la  terre  qu'il  possède,  il  loue,  au  mois  de  mars  1 661, une  ter- 
re de  Robert  le  Cavelier  (3). 

*** 
■  Un  événement  quelconque  a  dû  le  faire  changer  d'idée  ou  nécessi- 
ter sa  présence  outre-Atlantique,  puisque  le  20  septembre  1661  (Basset), 
après  avoir  fait  la  veille  un  état  de  ses  affaires,  Médéric  Bourduceau 
revend  la  terre  et  la  maison  de  Bouchard  à  Madame  de  Sailly,  sa  cou- 
sine. 

Evidemment,  il  quitte  le  pays,  réalise  tous  ses  biens  et  a  surtout 
besoin  d'argent,  et  c'est  pour  lui  en  procurer  que  Madame  de  Sailly.  le 
27  septembre  1661  (Basset)  emprunte  des  Sulpicieus  de  Montréal  la 
somme  de  2500  livres  pour  laquelle  elle  s'oblige  de  payer  une  rente  au- 
nuelle de  150  livres  garantie  par  les  meubles  et  les  immeubles  qu'elle 
possède. 


Puis,  le  silence  se  fait  sur  tout  ce  monde  pour  quelque  temps.  Au 
mois  de  janvier  1663,  on  constate  que  M.  de  Sailly  est  nommé  caporal 
de  la  14e  escouade  de  la  milice  de  Montréal,  enfin,  lors  de  l'établis- 
sement d'une  sénéchaussée  royale  à  Montréal,  par  le  conseil  souverain 
qui  visait  à  enlever  le  Droit  de  Justice  aux  Seigneurs  de  l'île,  M.  de 
Saillj-  se  voyait  confier  la  charge  de  Juge  royal. 

11  semblerait  que  pour  atténuer  l'effet  de  la  spoliation  qu'on  fai- 
sait subir  aux  Seigneurs,  le  Conseil  Souverain  imaginait  de  choisir  les 
fonctionnaires  du  nou\eau  tribunal  parmi  les  ijersonnes  bien  vues  du 
séminaire  ou  de  la  colonie  montréalaise. 

[1]    Bas>ct,  10  Juillet  ir.r.O,  

[i\     r)oi'umoiitsJiiiii<iiurcs,  IS  juillet  I61W. 
(;()    Bnssct,  '20  murs  liliH. 


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—208— 

En  effet,  outre  M.  de  Sailly  dont  les  alliés  étaient  évidemment  en 
bons  termes  avec  les  seigneurs,  le  procureur  du  roi  était  Charles  Le 
Moj'ue,  le  plus  ancien  interprète  et  marchand  de  la  localité  ;  quant  au 
greffier  et  notaire,  Bénigne  Basset,  il  occupait  déjà  la  même  charge 
dans  la  justice  seigneuriale,  sous  le  titre  plus  modeste  de  "commis  au 
greffe  et  tabellionnage." 

Malgré  cette  apparente  attention  dans  le  choix  des  fonctionnaires, 
les  Seigneurs  ne  se  laissèrent  point  priver  de  leur  droit  sans  protester  é- 
nergiquement. 

Durant  le  conflit,  ils  nommèrent  Charles  D'Ailleboust,  sieur  de 
ilusseaux,  lieutenant  de  l.i  garnison,  à  la  charge  de  juge  "de  la  ju- 
ridiction ordinaire  des  seigneurs"  pour  succéder  à  M.  de  Maisonneuve; 
puis  M.  Jean  Baptiste  Le  Mignon  (ne  pas  confondre  avec  Migeon  de 
Branssat)  fut  élevé  au  poste  de  procureur  fiscal  de  la  seigneurie. 

M.  de  Sailly,  de  son  côté,  siégea  jusqu'à  la  mi-septembre  1666,  alors 
que  l'intendant  Talon  rendit  la  justice  au  Séminaire  Saint-Sulpice.  Né- 
anmoins, M.  de  Sailly  conserva  ou  ne  voulut  pas  abandonner  son  titre. 

Les  recensements  officiels  de  1666  et  de  1667  le  disent  "Juge  Roy- 
al" et,  lorsqu'il  décède,  en  166S,  à  l'âge  peu  avancé  de  43  ans,  son  acte 
de  sépulture,  dressé  par  un  Sulpicien,  le  qualifie  également  de  "juge 
royal",  ce  qui  fait  dire  à  l'abbé  Paillon,  d'ordinaire  plus  indulgent  : 
"Dans  l'acte  de  décès  de  M.  de  Sailly  les  prêtres  du  Séminaire  lui 
,, donnent  eux-mêmes  le  titre  de  juge  royal  de  ce  lieu.  Pourtant,  au 
mois  de  juillet  166S,  Charles  le  Moyne,  moins  jaloux  que  les  autres  de 
"conserver  ces  titres  honorifiques  se  qualifiait  simplement  :  «'-i/d;'£7«/ 
"p>ocu)cur  du  roT'  (i). 

Mgr  Tanguay,  dans  son  Dictionnaire,  mentionne  ^L  de  Sailly  à  la 
page  13,  vol.  I,  au  mot  Artus  et,  à  la  page  185,  à  de  Sailly. 

Il  nomme  sa  i^wwwç^.Boiirdczcau,  à  la  page  13  ainsi  qu'à  la  page  7.S 
et  il  la  fait  inhumer  à  la  même  date  que  son  mari,  à  Montréal. 

Sans  aucun  doute,  il  a  repété  par  mégarde,  sous  le  nom  de  Bourde- 
zcau,  les  dates  mises  d'abord  sous  le  nom  :  Artns  de  Sailly. 

(1)    Histoire  île  la  folmiie,  III.  s.'.  «. 

Dans  la  ri-iiu-le  que  k's  Iniliitaiits  ilc  Villem  irieailrc-^si-i'i  LniiisXIV.  i.'ii  li;i;7,  |>our  io  iii|.|rlier  tl'ae- 
rorilLT  ik-s  lettre!"  |.atL-mes,  aux  llosiiii.iliOre-  'le  M.ailrviU,  M.  Charle!'  l-o  Mnyiie  imeiul  eiiiM-re  le  titn- 
(le  procureur  fin  roi. 


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—209— 

Inutile  d'ajouter  que  le  registre  paroissial  ne  renferme  par  l'acte 
de  sépulture  d' Anne-Françoise  Bourduceau  ainsi  qu'elle  signe  toujours 
tout  au  long. 

Signalons,  en  même  temps,  qu'en  mentionnant  les  enfants  de  Mc- 
déric  Bourduceau,  notre  généalogiste  dit  que  ces  enfants  furent  bapti- 
sés à  Québec  alors  que  c'est  Montréal  qu'il  faut  lire. 

En  résumé,  Médéric  Bourduceau  et  sa  famille  semblent  avoir  quit- 
té Montréal  à  l'autome  de  1661  et,  aprèb  la  sépulture  de  M.  de  Saillj-, 
en  avril  1668,  la  veuve  et  les  enfants  de  ce  dernier  ont  dû  également 
s'éloigner  de  nos  rives,  car  ou  ne  rencontre  plus  leurs  noms  dans  les  do- 
cuments. 

E.    Z.   Massicotte 


Lettre  du  roi  au  gouverneur  de  Vaudreuil,  en  1722 


Monsieur  le  marquis  de  Vaudreuil,  je  viens  de  recevoir  une  nou- 
velle marque  de  la  protection  de  Dieu  dans  la  maladie  courte  mais  dan- 
gereuse dont  la  Divine  Providence  m'a  tiré.  J'ay  senty  dans  cette  oc- 
casion son  pouvoir  et  sa  bonté.  L'un  et  l'autre  m'engagent  à  luy  té- 
moigner ma  soumission  et  ma  reconnaissance.  C'est  par  d'humbles  ac- 
tions de  grâces  que  je  dois  m'acquitter  des  justes  devoirs,  et  les  tendres 
témoignages  que  j'ay  reçue  de  l'amour  de  mes  sujets  m'assurant  qu'ils 
seconderont  avec  zèle  mes  sentiments,  je  vous  fais  cette  lettre  de  l'avis 
de  mon  oncle  le  duc  d'Orléans,  régent,  pour  vous  dire  que  j'écris  au 
sieur,  évesque  de  Québec  de  faire  chanter  un  Te  Deuin  dans  l'églize 
cathédralle  de  cette  ville.  Mon  intention  est  que  vous  y  assistiez  et  que 
vous  y  fassiez  assister  le  Conseil  Supérieur,  que  vous  fassiez  allumer  des 
feux  de  joye,  tirer  le  canon  et  donner  eu  cette  occasion  les  marques  de 
réjouissances  accoutumées,  et  la  i)résente  n'étant  à  autre  fin,  je  prie 
Dieu  qu'il  vous  ait,  monsieur  le  mariiuis  de  Vaudreuil,  en  sa  sanite  gar. 
de.  Signé,  Louis,  et  i)lus  bas  Fleuriau.  (Enregistré  au  Censcil  Supé- 
rieur, le  5  octobre  17-2). 


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—210— 


Ouvrages  publies  par  Sir  François  Langelier  («) 


Ld.res  sur  les  ajfai) es  municipales  de  la  cité  de  Québec.  Québec — 
1868.  38  pp.  in--8. 

Speech  on  tlte  budget,  22  nd  juiy  187c.  Qiiébec-^iSyç.  29  pp.  in-- 
8. 

Le  Pacifique.  Historique  de  la  question — Plan  de  M.  Macken/.ie, 
en  1874— Syndicat  de  St  Paul— Syndicat  cai\adien--PIan  de  l'opposi- 
tion. '  Conférence  donnée  au  Club  de  Réforme,  à  Québec,  le  4  février 
18S1.     Québec,  Imprimerie  de  "rElecteur"  =  i88i,  41  pp    in--8. 

De  la  pleuve  en  matière  civile  et  commerciale.  Avec  un  index  al- 
phabétique et  analytique  de  tout  l'ouvrage.  Québec,  C.  Darveau,  im- 
primeur-éditeur, 80-84,  rue  de  la   Montagne— 1864.  437  pp.  in-S 

Cours  de  droit  civil  de  la  province  de  Québec.  Tome  premier.  In- 
troductidn  générale,  précis  d'histoire  du  droit  canadien  et  explication 
des  articles  i  à  313  du  Code  Civil.  Montréal,  Wil.son  &  Lafleur,  édi- 
teurs, librairie  de  droit  et  de  jurisprudence,  17  et  19,  rue  Saint-Jac- 
ques— 1905.     521  pp.  in  8 

Coûts  de  droit  civil  de  la  province  de  Québec-  Tome  deuxième.  Ex- 
plication des  articles  314  a  753  du  Code  Civil,  Montréal,  Wil.son  &  La- 
fleur, éditeurs,  librairie  de  droit  et  de  jurisprudence,  17  et  19,  rue 
Saint-Jacques-- 1906,  521  pp.  in  8. 

Cours  de  droit  civil  de  la  province  de  Québec.  Tome  troisième.  Ex- 
plication des  articles  754  à  1078  du  Code  Civil,  Montréal,  W'ilson  & 
Lafleur,  éditeurs,  librairie  de  droit  et  de  jurisprudence,  17  et  19,  rue 
Saint-Jacques-- 1907.   541  pp.  in  8. 

Conrs  de  droit  civil  de  la  province  de  Québec.  Tome  quatrième. 
Explication  des  articles  1079  à  147 1  du  Code  Civil,  Montréal,  Wilson 
&  Lafleur,  éditeurs,  librairie  de  droit  et  de  jurisprudence,  17  et  19,  rue 
Saint-Jacques— 1908.   496  pp.  in  S. 

1    De.cc.tO    ÙCiiiulw  U'8  f>'Vrierl'Jl.-..  .'•.       .. 


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-211  — 

Cours  de  droit  civil  de  la  province  de  Québec.  Tome  cinquième.  Ex- 
plication des  articles  1472  à  1S29  du  Code  Civil.  Montréal,  Wilson  & 
Lafleur,  éditeurs,  librairie  de  droit  et  de  jurisprudence,  17  et  15,  rue 
Saint-Jacques--- 1909.   441  pp.  in  S. 

Coûts  de  droit  civil  de  la  province  de  Québec.  Tome  sixième.  Ex- 
plication des  articles  1850  à  2277  du  Code  Civil.  Montréal,  Wilson  & 
Lafleur,  éditeurs,  librairie  de  droit  et  juris]5rudence,  17  et  19,  rue 
Saint-Jacques-- 191 1.   538  pp.  in  8. 

P.  G.  R. 


QUESTIONS 


Peut-on  me  dire  si  le  "dramatiste"  Ernest  Doin  était  canadien- 
français  et  combien  de  pièces  il  a  publié  ou  fait  jouer  ? 

A.  G. 

— Un  écrivain  français  portant  le  nom  de  Paul  Dupuy  a  rédigé  la 
Semaine  Religieuse  de  Montréal,  il  y  a  quelques  années,  et  a  publié  au 
moins  un  volumes.  Petites  fleurs  teligieuses  de  l'illcniarie,  je  crois. 
Quelqu'un  me  dit  que  "Paul  Dupuy"  n'est  qu'un  pseudonyme  cachant 
un  per.«;onnage  de  grande  noblesse. =Est-le  cas  ? 

BiBLlO. 

— Dans  un  mémoire  de  l'intendant  Champignj-,  en  date  du  10  mai 
1691,  il  est  dit  : 

"Il  y  a  proche  de  Québec  un  établissement  de  briqueterie   considé- 
rable qui  est  fort  utile  pour  toutes  sortes  de  bâtiments". 
Où  était  cette  briqueterie  ? 

Québec 
=^M.   Suite,  dans  .son  étude        Le  Régiment  de  Carignan,    dit  que 
Jean-Baptiste  .Morin  dit  Rochehelle  a  été  conseiller   au    Conseil   Souve- 
rain ou  Supérieur  de  Québec.     Est-il  correct  ? 

G.   B.   C. 
— Où  siégeait  le  Conseil  Souverain,  à  Québec,  avant  la  reconstruc- 
tion de  l'ancienne  biasseiie  de  l'intendant   Talon   contuie  dans  l'histoire 
sous  le  nom  de  palais  de  l'intendance  ? 

A.  X. 


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—212- 

Le  jeu  de  crosse  nous  vient=il  des  Sauvages  ? 


Le  jeu  de  crosse  si  en  vogue  aujourd'hui  dans  tout  le  Canada  et 
qui  est  devenu  le  jeu  national  par  excellence  nous  vient-il  réellement 
des  Sauvages  ?  Cartier  et  Chaniplain,  dans  leurs  récits  de  vo>ages,  et 
les  Pères  Jésuites,  dans  leurs  touchâmes  Jie/atioiis,  parlent-ils  de  ce 
jeu  et  disent-ils  comment  les  Sauvages  le  pratiquaient  ? 

Cartier  ne  parle  pas  du  jeu  de  crosse  dans  le  récit  de  ses  voyages 
au  Canada.  Champlain,  pareillement,  ne  mentionne  pas  ce  jeu  des 
Sauvages  dans  ses  différents  ouvrages.  Mais  les  Pères  Jésuites,  à  dif- 
férentes pages  des  Rc/aiio7!s,  parlent  du  jeu  de  crosse. 

Dès  1636,  le  Père  Lejeune  écrivait  : 

"De  trois  sortes  de  jeux  qui  sont  pari-jculièrenient  en  usage  ]iarnii 
ces  peuple.''-,  savoir  de  crosse,  de  plat  et  de  paille.  Les  deux  premiers 
.sont  tout  à  fait,  disent-ils,  souverains  pour  la  santé. 

"Cela  n'est-il  pas  digne  de  compassion  ?  Voilà  un  pauvre  malade 
qui  a  le  feu  dans  le  corps,  et  l'âme  sur  le  bout  des  lèvres,  et  un  misé- 
rable sorcier  lui  ordonnera  pour  tout  remède  refrigératif  un  jeu  de 
crosse  ;  ou  le  malade  même  aura  songé,  qu'il  faut  qu'il  meure,  ou  que 
tout  le  pa^'s  crosse  pour  sa  santé  et  en  même  temps  s'il  a  tant  soit  peu 
de  crédit,  vous  verrez  dans  un  Deau  champ  village  contre  village,  à  qui 
crossera  le  mieux  et  parient  l'un  contre  l'autre,  pour  s'animer  davan- 
tage, les  robes  de  castor  et  les  colliers  de  jKrcelaine.  Quelquefois  aus- 
si un  de  ces  jongleurs  dira  que  tout  le  pass  est  malade,  et  qu'il  deman- 
de un  jeu  de  cros.se  pour  sa  guéri.son  ;  il  ne  faut  pas  en  dire  davantage, 
cela  se  publie  incontinent  iiartout  et  tous  les  capitaines  de  cha(pie  \illa- 
ge  donnent  ordre  que  toute  la  jeun  ;sse  fa.sse  son  devoir  en  ce  point, 
autrement  quelque  grand  malheur  accueillerait  tout  le  pays."  {A'c/a- 
tien  i6j6). 

Le  Père  Jésuite  Lafitau,  dans  les  pages  qu'il  consacre  aux  jeux 
des  Sauvages,  décrit  ainsi  le  jeu  de  cros.se  : 

"La  seconde  espèce  de  sphéristiciue  des  Sauvages  est  le  jeu  de 
crosse.  Les  règles  en  .sont  absolument  les  mêmes  que  celles  de  1'  f{[)is 
cyre,  dont  Pollux    (IJvre  XI,  cliap.  7,  seq.  104)  fait  cette  description  ; 


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—213— 

"Les  joueurs  se  partagent  selon  leur  nombre,  et  se  distribuent  eu  deux 
bandes  autant  égales  qu'il  se  peut.  Ils  tirent  ensuite  au  milieu  du 
terrain  une  ligne  qu'on  appelle  o  x  u  s  q  s,  sur  laquelle  on  met  la  balle. 
Ils  tirent  de  la  même  manière  derrière  chacune  des  deux  bandes,  deux 
autres  lignes  éloignées  pour  servir  de  terme.  Ceux  que  le  sort  a  choi- 
si poussent  les  premiers  la  balle  vers,  le  parti  opposé,  qui  fait  de  son 
côté  tous  ses  efforts  pour  la  renvoyer  d'où  elle  vient.  La  partie  dure 
ainsi  jusqu'à  ce  que  les  uns  ou  les  autres  aient  conduit  leurs  adversai- 
res au  terme,  ou  à  la  ligne  qu'ils  devaient  défendre." 

"La  seule  différence  qu'il  peut  y  avoir  entre  le  jeu  de  crosse  et 
l'Episcyre,  ou  V Haipasiiaii,  c'est  qu'au  premier  pour  pousser  la  balle, 
on  se  sert  de  bâtons  recourbés,  au  bout  desquels  plusieurs  Sauvages 
ont  des  manières  de  raquettes,  au  lieu  qu'il  ne  parait  pas  qu'on  se  .ser- 
vit des  uns  ou  des  autres  dans  le  second  ;  car,  à  l'exception  des  bras- 
sards dont  on  usait  pour  jouer  au  ballon,  nous  ne  trouvons  nulle  trace 
d'aucun  instrument  que  les  anciens  aient  employé  dans  leur  Sphéristi- 
que.  Il  semble  néanmoins  qu'on  peut  l'insérer,  non  seulement  de 
l'antiquité  du  jeu  de  cro.sse,  qu'il  n'est  pas  possible  que  les  anciens 
n'aient  connu,  puisqu'il  est  aujourd'hui  aussi  répandu  dans  l'Europe 
jusqu'aux  extrémités  de  la  Lapponie,  qu'il  l'e.st  dans  toute  l'Améri- 
que depuis  le  Nord  jusqu'au  Chili  :  mai.^  on  peut  encore  le  conclure 
de  la  description  qu'en  fait  PoUu.n,  puisqu'elle  porte  qu'on  y  mettait 
la  balle  à  terre  sur  le  Scyros,  ou  la  ligne  du  milieu,  et  de  l'épithète  de 
PoJidiriuv  que  Martial  (livre  14,  ep.  4S)  donne  à  V Harpastuin  toutes 
les  fois  qu'il  en  parle,  aussi  bien  que  de  celle  à'Arcnaria,  qui  se  trouve 
dans  S.  Isidore  de  Seville  (livre  iS,  chap  65),  ce  qui  nous  signifie  que 
cette  balle  roulait  toujours  dans  la  pou.ssière.  Les  Mingreliens  jouent 
ce  jeu-là  à  cheval,  et  la  description  qu'en  fait  l'auteur  italien  de  la  Re- 
lation de  la  Colchide,  e.st  très  jolie"  {Mccurs  des  Sauvages  A incri- 
<jnahis,  tome  II,  p.  356). 

Dans  sa  vingt-deuxième  lettre  à  la  duchesse  de  Lesdiguières,  da- 
tée de  la  Rivière  Saint-Joseph  le  16  août  1721,  le  Jésuite  Charlevoix 
parle  ainsi  du  jeu  de  cros.se   chez  les  Sau\ages  : 

"Les  Miamis  ont  encore  deux  jeux,  dont  le  premier  se  nomme  le 
j,u  de  la  crosse.  On  \-  joue  avec  une  balle  et  des  bâtons,  recourbés  et 
terminés  ])ar  une  esiicce  de  raciuette.  Ou  dresse  deux  poteaux,  qui 
servent  de  1h  rn-j.s,  et  (jui  .^ont  éloignés  l'un  de  l'autre,  à  proportion  du 


«J'i't 


f [(■!:■"',•.>!.  ^1  'j 


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^      ili.b 


—214— 

nombre  de  joueurs.  PaJ  exemple  s'ils  sont  quatre-vingt,  il  y  a  entre 
les  poteaux  une  demie-lieue  de  distance.  Les  joueurs  sont  jiartagés 
en  deux  bandes,  qui  ont  chacun  leur  poteau,  et  il  s'agit  de  faire  aller 
la  baie,  jusqu'à  celui  de  la  partie  adverse,  sans  qu'elle  tombe  à  terre, 
et  sans  qu'elle  soit  touchée  avec  la  main  ;  car  si  l'un  ou  l'autre  arrive, 
on  perd  la  partie,  à  moins  que  celui,  qui  a  fait  la  faute,  ne  la  répare. 
en  faisant  aller  la  baie  d'un  seul  trait  au  but,  ce  qui  est  .souvent  im- 
possible. Ces  Sauvages  sont  si  adroits  k  prendre  la  baie  arec  leurs 
cro.sses,  que  quelquefois  ces  parties  durent  plusieurs  jours  de  suite". 
{Journal  d' un  voyage  dans  V Amérique  Scpicnti ionalc,   vol.  III,  p.  319). 

P.  G.  R. 


^     ^     ^     ^     ^ 

La  famille  Piuze 


Dans  le  district  de  Kamouraska,  on  rencontre  un  bon  nombre  de 
familles  Piuze.     Ces  Piuze  sont-ils  d'origine  françai.se  ou  anglaise  ? 

Les  familles  Piuze  du  district  de  Kamouraska  sont  toutes  aujourd- 
hui  de  langue  et  d'aspirations  canadienne.s-françaises. 

M.  le  docteur  N.  E.  Dionne  {^Sainte-Anne  de  la  Pocattl're,  p.  1^0) 
dit  que  le  premier  Piuze  venu  ici,  le  docteur  Leverigt  Piuze,  était  d'ori- 
gine polonaise.  Le  docteur  Piuze  ne  serait-ils  pas  venu  au  Canada  avec 
les  troupes  auxilières  de  Brunswick,  en  1776  ?  C'est  à  jîeu  près  vers 
cette  date  ou  un  peu  après  que  son  nom  commence  à  être  mentionné. 

Le  docteur  Piuze  épou.sa  une  canadienne-française,  (îeneviève  Cou- 
turier, et  eu  eut  plusieurs  enfants.  L'un  d'eux,  Rémi  Piuze,  admis  à 
la  pratique  du  notariat  le  2<S  septembre  1S08,  s'établit  à  Sainte-.Annede 
la  Pocatière  et  y  praticjua  sa  profession  pendant  cinquante-neuf  ans.  Le 
liotaire  Piuze  décéda  le  13  juillet  1S67,  à  l'âge  de  Sy  ans. 


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—215- 


L'abréviation  de  "mil  six  cent"  dans  les   documents 
du  17e  siècle 


Ceux  qui  ont  eu  à  déchiffrer  des  documents  du  17e  siècle  ont  dû, 
parfois,  se  demander  comment  il  fallait  transcrire  les  signes  qui  rem- 
placent "mil  six  cent"  dans  plusieurs  documents  et  qui  semblent  se  li- 
re comme  suit  :    "g  b  i  c  "  ? 

Faute  de  mieux  certains  copistes  ont  adopté  les  lettres  ci-dessus  et 
on  les  rencontre  fréquemment  dans  les  premiers  volumes  des  Jugements 
et  Délibérations  du  Conseil  Souverain. 

Des  chercheurs  croyaient  qu'il  valait  mieux  écrire  IVIc,  parce 
que  disait-on  le  premier  signe  est  certainement  un  g  ou  un  j  pour  un  i, 
le  second  uu  V  et  le  troisième  un  i,  soit  une  façon  originale  d'écrire 
16  cent  en  chiffres  romains. 

Or,  d'après  des  paléographerronées  qui  font    autorité,     ces  deux    in- 
terprétations sont 

M.  A.  de  Bourmont,  élève  de  l'Ecole  des  Chartes,  dans  son  Ma- 
nuel de  paléographie,  en  album  (1S81)  et  composé  de  pièces  photogra- 
phiées avec  texte  en  regard,  traduit  (p.  13J  les  signes  "g  b  i  c  "  par 
M  Vie;  ailleurs,  au  chapitre  des  abréviations  (p.  6),  il  met  comme 
signification  de  l'abréviation  qui  nous  occu]ie  :  MH  six  cent.  Dans  le 
Manuel  de  paléographie, latine  et  française  de  M.  Maurice  Prou,  mem- 
bre de  l'Institut  et  jirofesseur  à  l'école  nationale  des  Chartes  (édition 
1910,  p  285),  on  lit  ceci,  à  propos  de  l'abréviation  de  inH/c  : 

"Pour  1000  on  emploie  plusieurs  signes. ..et.  enfin.  M,  qui  est  le 
signe  le  plus  employé.  Mais  souvent  M  a  la  forme  onciale  et  c'est  de 
là,  sans  doute  qu'est  sorti  ."  (ici  l'auteur  met  deux  lettres  -  gamma, 
puis  une  sorte  de  P  retourné)  A  la  page  3S2  du  même  ouvrage,  on 
trouve  des  photographies  d'abréviation  du  mot  latin  i>ii//fsiiiio  dans  les- 
quelles la  lettre  M  initiale  a  la  forme  d'un  q  ou  d'un  g  précédé  d'un 
trait  qui  .serait  le  premier  jambage  de  la  lettre  M,  alors  que  le  dernier 
jambage  descend  audessous  de  la  ligne  et  se  prolonge  en  une  courbe  di- 
rigée vers  la  gauche. 


?v.<u 


"'■'  -:■'.  no 


.'jiICO'.'.';  •)! 

iL.T.  ,-iO 


—210— 

Cette  particularité  est  encore  visible,  même  volume,  même  page, 
dans  la  lettre  M  finale  de  l'abréviation  M  I  M  pour  miiiivius. 

11  semble  donc  que  la  première  lettre  de  l'abréviation  qui  fait  l'ob- 
jet de  cette  note  est  une  M  déformée  et  réduite  finalement  à  un  g. 
Quant  à  la  seconde,  c'est  un  V  dont  la  branche  gauche  est  exagérée. 

Ces  déformations  ne  sauraient  surprendre  ceux  qui  ont  vu  com- 
ment nos  anciens  notaires  écrivaient  kd.  (le  dit)  and.  (au  dit),  les  syl- 
labes ce,  en,  et,  ainsi  que  bien  d'autres. 


Notre  explication  est  loin  d'être  parfaite  et  quelque  confrère  pour- 
■  ra  probablement  en  fournir  une    meilleure,  mais    il  doit  rester    acquis 
que  lorsqu'on  rencontre    les  signes  g  b  i  c  dans  les    manuscrits    il  fau- 
drait, pour  être  correct,  les  transcrire    par  M  V  I  c  ainsi  que  nous  l'in- 
diquent les  auteurs  que  nous  venons  de  signaler. 

E.  Z.  MASSICOTTE 


LES  OUVRAGES  CANADIENS  RECENTS 


Henri  Bourassa,  La  lain^uc fiani^ahe  au  Canada,  ses  dioils,  sa  né- 
cessité, ses  avantages.  Discours  prononcé  au  Monument  National,  le 
19  mai  1915,  sous  les  auspices  du  Comité  régional  de  Montréal  de  l'A. 
C.  J.  C.     Imprimerie  du  Dczo/r.  43,  rtie  Saint- Vincent,  Montréal-  1915. 

AuHuaùedu  Séminaire  St-CIiaflcs-Don-oniée,  Sliabrookc,  affilié  à 
l  Univc) site  Laval  en  iS-,S.  Année  académique  1914-1915-  Numéro  40. 

Séminaire  de  Saint-HyacinVic.     Année  scolaiic  1914-1915.  No  37- 

1915- 

Annnaire  de  F  Université  Laval penr  l'année  aeadémiqne  1915-1916. 
No  59.     Québec,  Imprimerie  de  V r.vénemenl--\c,\^. 

Palmai^s  de  l'Académie  CommerelaU  Calholl<jue  deMonlnal.  An- 
née académiiiue  I9i4-i9'5- 


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■.l'A- 


-217— 


Biographies  canadiennes 


FRANÇOIS  LE  MAIRE. — François  Le  Maire  avait  été  nommé, 
le  25  avril  16S5,  commissaire  ordinaire  de  la  marine  subdélégué  de 
l'intendant  de  la  Nouvelle- France.  Il  s'embarqua  à  La  Rochelle  dans 
le  vaisseau  La  Diligente.  Il  fit  la  traversée  en  même  temps  que  le 
rquis  de  Denonville  qui  venait  prendre  le  gouvernement  de  la  Nou- 
velle-France. 

Il  débarqua  à  Québec  le  ler  août  16S5.  La  Diligente  avait  trop  de 
passagers  ywur  sa  capacité.  La  maladie  se  déclara  à  bord  et  plusieurs 
moururent.  En  arrivant  à  Québec,  on  fut  obligé  d'en  transporter  un 
bon  nombre  à  l'Hôtel-Dieu.  Malgré  les  bons  soins  des  Dames  Reli- 
gieuses plusieurs  moururent  à  l'Hôpital. 

M.  Le  Maire  lui-même  n'exerça  guère  sa  charge  puisqu'il  décéda 
le  2  décembre  1685,  quatre  mois  après  son  arrivée. 

Le  marquis  de  Denonville  avait  M.  LeMaire  en  très  haute  estime. 
Le  3  décembre  1685,  il  écrivait  au  ministre  : 

"Nous  venons  de  perdre  un  homme  que  vous  ne  sauriez  trop  re- 
gretter. Il  était  tel  qu'il  vous  le  fallait  en  ce  pays  ;  c'est  le  pauvre 
LeMaire  qui  mourut  hier.  Il  était  fidèle,  désintéressé,  homme  de  bien, 
aimant  le  service  et  son  emploi.  Outre  cela  il  avait  l'esprit  aisé  et  vif, 
et  incapable  d'aucune  rancune.  Voilà,  Monseigneur,  des  qualités  qui 
.sont  bien  nécessaires  au.K  gens  qui  doivent  avoir  le  maniement  des  af- 
aires  de  ce  pays. 

"Je  ne  puis,  Monseigneur,  vous  témoigner  assez  le  regret  que  j'ai 
de  la  perte  de  ce  bon  sujet,  sur  lequel  je  comptais  le  j^rincipal  arrange- 
ment de  nos  affaires.  Je  vous  avoue  que  je  me  trouve  à  présent  assez 
embarrassé  car  je  remarque  tant  de  manège  chez  la  plupart  des  gens  et 
tant  d'intéressement  que  je  ne  sais  qui  croire  encore  moins  à  qui  me 
fier."    (I) 


•J: 


4-' 


—218— 

Un  an  plus  tard,  le  13  novembre  1686,  il  parlait  encore  de  M.  Le 
Maire  ; 

"Si,  Monseigneur,  écrivait-il  au  ministre,  vous  jugez  plus  à  propos 
d'envoj-er  de  France  un  commissaire  en  chef,  permettez  moi  de  vous 
dire  avec  tout  le  zèle  que  j'ai  pour  suivre  votre  esprit  dans  les  intérêts 
du  ser\-ice  qu'il  est  bien  à  propos  que  vous  vous  fassiez  informer  si 
son  intérêt  particulier  ne  le  gouverne  pas  plus  que  celui  de  son  maître, 
car,  de  vérité,  il  n'3'  a  pas  moNen  de  tenir  avec  les  gens  qui  ont  plus  en 
tête  de  s'enrichir  que  de  se  bien  acquitter  de  leur  devoir,  en  ce  pays 
surtout  où  on  est  accoutumé  à  tenter  les  gens.  Je  sais  que  si  le  pauvre 
feu  LeMaire  n'avait  pas  été  véritablement  homme  de  bien,  à  peine 
était-il  arrivé,  qu'il  aurait  succombé  comme  les  autres."    (i) 

François  Le  Maire  était  marié  à  Marie  Chapp^lle.  Le  30  août 
1686,  devant  la  Prév'ôté  de  Québec,  elle  renonçait  à  la  cummunauté 
qui  avait  existée  entre  elle  et  son  défunt  mari.  Elle  retourna  en 
France  peu  après  car  nous  ne  la  vbj'ons  plus  nulle  part  ensuite. 

ALEXANDRE-ROBERT  DE  SAINT-HILAIRE  DE  LA  RO- 
CHETTE.  =  M.  de  la  Rochette  fut  le  dernier  trésorier  de  la  Marine  de 
la  Nouvelle-France.  Son  règne  ne  fut  pas  très  long.  Nommé  pour 
.succédera  M.  Jacques  Imbert  en  1758,  il  agit  comme  tel  jusqu'à  la 
chute  du  pa)s. 

Avant  de  retourner  en  France,  ^L  de  la  Rochette  épousa  à  Mont- 
réal, le  21  septembre  1763,  Marie- Anne  LeVasseur,  fille  de  René-Ni- 
colas LeVasseur,  chef  des  constructions  des  vaisseaux  du  roi,  et  de  An- 
gélique Just. 

Nous  voyons  qu'en  1764  le  roi  de  France  chargeait  INL  de  la  Ro- 
chette de  faire  un  relevé  général  de  toutes  les  dépenses  occasionnées 
en  France  par  les  prisonniers  du  Canada. 

Nous  le  perdons  ensuite  de  vue. 

LOUIS  TANTOUIN  DE  LA  TOUCHE.— M.  Tantouin  de  la 
Touche,  la  chose  est  certaine,  n'avait  aucun  rapport  de  n:irenté  avec 
nos  Pezard  de  La  Touche,  ainsi  qu'on  l'a  écrit  plusieurs  fois.  Il  était 
originaire  de  France  mais  nous  ignorons  en  quelle    année  il     passa  ici. 

En  i6S6,  l'intendant  de  Champigny  le  nommait  garde-magasin  à 
Montréal. 

1    .Vrchivcs  i.iil.li.iucs  du  CiiiniJ:!.     C\irrc>iMiitiaiice  Kiiicrak',  vol.  S.  c.  11. 


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—219— 

Le  lo  novembre  i6S6,  M.  de  Denonvilie  écrivait  au  ministre  : 

"C'est  une  nécessité  absolue  que  d'avoir  un  magasinier  à  Ville- 
Marie  pour  recevoir  les  munitions  que  l'on  envoie  et  pour  celles  que 
l'on  envoie  à  Cataracou}-.  M.  de  Meules  y  en  avait  mis  un.  J'ai  prié 
M.  de  Champigny  d')'  en  établir  un.  Il  a  choisi  le  sieur  de  La  Tou- 
che, qui  est  sous  la  conduite  de  M.  Gaillard    qui  en  prend  soin",  (i) 

Six  jours  plus  tard,  le  16  novembre  1686,  M  de  Champigu)-  écri- 
vait à  son  tour  au  ministre  : 

"Nous  avons  établi  au  dit  Montréal  le  sieur  de  La  Touche  garde- 
magasin,  parce  que  nous  envoyons  d'ici  tout  ce  qui  est  nécessaire  pour 
la  guerre.  Je  lui  ai  fait  donner  d'avance  2000  livres  pour  subsister. 
Vous  aurez  la  bonté.  Monseigneur,  de  lui  régler  ses  appointements. "(2) 

En  1690,  M.  Mathieu  Gaillard,  commissaire  ordinaire  de  la  marine 
en  la  Nouvelle- France  eisubdélégué  de  l'intendant  à  Montréal  depuis 
quatre  ans,  était  rappelé  en  France  où  on  voulait  lui  donner  une  char- 
ge plus  importante. 

M.  Gaillard  s'embarqua  au  printemps  de  1691  et  fut  remplacé 
dans  sa  charge  de  commissaire  de  la  marine  et  de  subdélégué  de  l'in- 
tendant par  M.  de  La  Touche. 

En  1697,  un  différend  assez  sérieux  s'éleva  entre  M.  de  Subercase, 
major  des  troupes,  et  M    de  La  Touche. 

Tout  ce  différend  est  exposé  au  long  dans  une  lettre  écrite  au  mi- 
nistre par  M.  de  La  Touche,  en  1699".      (3) 

Le  19  octobre  1697,  M^L  de  Frontenac  et  Champigny  écrivaient 
au  ministre  : 

"Nous  avons  entendu  le  sieur  de  Subercase,  major,  et  le  sieur  de 
La  Touche,  commissaire,  sur  les  démêlés  qui  sont  entre  eux.  Connue 
ils  font  réciproquement  des  plaintes  l'un  de  l'autre  et  que  le  sieur  de 
La  Touche  nous  a  présenté  de  nouveaux  procès- verbaux  contenant 
plusieurs  faits  dont  le  sieur  de  Subercase    disconvient  ab.soUuuent.     et, 

(i)  Archives  publiques  du  Canada,  correspondance  générale, 
vol.  S. 

(2)  .archives  publiques  du  Canada,  corresi)ondannce  générale, 
vol.  S. 

(3)  Archives  publiques  du  Canada,  correspondance  générale, 
vol.  17. 


:.'.     i-:i! 


;o  :n   wiiij',, 


lih  .  >.  i>iî>"*fJ<|  <"'r.  il! 


--  22(t— 

de  sa  part,  nous  ayant  présenté  un  écrit  contre  le  dit  sieur  de  La  Tou- 
che, nous  estimons  qu'il  est  à  propos  de  connaître  à  fond  la  vérité  pour 
pouvoir  leur  rendre  la  justice  qui  sera  convenable,  ce  qui  n'est  pas  pos- 
sible de  faire  avant  le  départ  des  vaisseaux."    (  i  ) 

Le  19  octobre  1697,  le  gouverneur  de  Frontenac  et  l'intendant  de 
Champigny  écrivaient  encore  au  ministre  : 

"Nous  avons,  suivant  l'ordre  de  Sa  Majesté,  accommodé  l'affaire 
qui  était  entre  le  sieur  de  Subercase  et  le  sieur  de  La  Touche,  commis- 
saire. Ce  dernier  parait  satisfait  et  ils  se  sont  embrassés.  Nous  leur 
avons  expliqué  vos  intentions  Monseigneur,  sur  ce  qu'ils  devaient  ob- 
server pour  les  revues,  les  extraits  et  les  rôles,  à  quoi  nous  prendrons 
soin  qu'ils  se  conforment."  (2) 

Le  15  octobre  1698,  M  ^L  de  Frontenac  et  Champigny  écrivaient 
au  ministre  : 

"Il  nous  paraît  beaucoup  d'exactitude  de  la  part  du  sieur  de  La 
Touche,  commissaire,  dans  les  revues  qu'il  fait  des  compagnies,  ne  nous 
étant  point  aperçus  qu'il  passe  les  domestiques  des  capitaines,  à  moins 
qu'on  n'entende  parler  de  certains  soldats,  lesquels  sachant  travailler 
de  différents  métiers  sont  quelquefois  employés  à  leur  service  en  les 
payant."    (3) 

Le  2  juin  1699,  ^L  Le  Rov  de  la  Poterie,  contrôleur  de  la  Marine, 
faisait  connaître  au  ministre  l'esprit  de  discorde  qui  régnait  dans  le 
pays.  Ayrès  avoir  raconté  les  petites  chicanes  de  pré.séances  qui 
avaient  eu  lieu  entre  M>L  de  Callières  et  Vaudreuil,  il  ajoutait  : 

M.  de  La  Touche  (commissaire  de  la  marine)  et  moi  ne  nous  amu- 
sons point  à  la  bagatelle.  Nous  savons  que  les  ordres  de  la  marine 
disent  que  l'on  portera  l'ordre  tons  les  jours  aux  commissaires  et  aux 
contrôleurs.  On  ne  veut  pas  le  faire.  Pourquoi  ?  C'est  que  l'on  ne 
veut  point  entendre  parler  de  la  marine.  Tous  ces  honneurs,  arrêts, 
ne  sont  que  fumée,  nous  nous  en  consolons   aisément".      (4) 


fi)  Archi\'es  publiques  du  Canada,  correspondance  générale, 
vol.  15. 

(2)  Archives  publiques  du  Canada,  correspondance  générale, 
vol.  15. 

("i)  Archives  publiques  du  Canada,  corresjiondance  générale, 
vol.  16. 

(4)  Archives  puîijiqucs  du  Canada,  correspondance,  générale, 
vol.  17. 


-.  j   fl>  ■'SIOV 


-221- 

Au  printemps  de  1701,  M.  de  La  Touche  était  transféré  en  la  mê- 
me qualité  à  Rocliefort.  C'éiait  une  belle  promotion  car  Rochefort 
était  un  des  ports  les  plus  importants  de  la  France. 

Nous  perdons  M.  de  La  Touche  de  vue  à  partir  de  cette  date.  Il 
fut  remplacé  dans  la  Nouvelle-France  par  François  Clairambault,  sieur 
D' Aigrement. 

CHARLES-FREDERIC-CHRETIEN  D'ADELSHEIM.— Dans 
les  troupes  allemandes  venues  au  Canada  en  1776,  sous  le  com- 
mandement du  baron  de  Riedesel,  se  trouvait  l'enseigne  Adelsheim.  Il 
faisait  partie  du  régiment  du  prince  Frédéric. 

Ce  Cari  Friedrich  Christian  Adelsheim  éjiousa  une  bonne  cana- 
dienne-française de  Québec,  Marie- Louise  Labadie,  fille  de  Pierre  La- 
badie  et  de    Marie-Louise- Madeleine  Paquet.     Il  en  eut  deux  enfants  : 

1.  Pierre  né  à  Berthier  le  3  février  17S2.  Décédé  au  même  en- 
droit le  20  juillet  1782. 

2.  Marie-Claire  née  à  Berthier  le  29  février  17S6.  Décédée  au 
même  endroit  le  26  mai  1857. 

Dans  un  document  notarié  de  1778  on  nomme  ainsi  Adelsheim  : 
"Charles-Frédéric  Chrétien,  baron  de  Adelsheim,  fils  de  Charles,  ba- 
ron de  Adelsheim,  major  d'infanterie  au  service  du  landgrave  de  Hes- 
se-CasHel,  seigneur  de  Wackback,  Hacktel  et  autres  lieux,  et  de  Loui- 
se de  Arnim."     Sa  famille  demeurait  à  Wackback,  en  Franconie. 

Dans  le  récit  de  son  expédition  au  Canada,  le  baron  de  Riedesel 
nous  apprend  que  l'enseigne  Adelsheim  dé.serta  son    régiment  en  17S0. 

Nous  ignorons  si  le  baron  d'Adelshein  est  mort  au  Canada. 

Il  n'appert  pas  qu'il  ait  laissé  de  descendants  i>armi  nous. 

P.  S.  Marie- Louise  Labadie,  qui  devint  baronne  d'Adelshein,  était 
la  sœur  de  Louis  Labadie,  le  "maitre  d'école  patriotique",  dont  Mgr 
Amédée  Gosselin  a  esquissé  la  carrière  dans  les    Mâiioiics  de  ta  Socictc 

Royale  du  Canada,  année  19 13. 

P.  G.  R. 


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REPONSES 


SIR  GEORGESE.  CARTIER  DESCENDAIT-IL  DE  JAC- 
QUES CARTIER  ?  (XX,  VIII,  p.  258).  La  plupart  des  biographes 
de  sir  Georges-Etienne  Cartier  nous  disent  que  le  célèbre  homme 
d'état  descendait  ou  appartenait  à  la  même  famille  que  Jacques  Car- 
tier, le  découvreur  du  Canada. 

Tout  d'abord,  une  chose  est  certaine,  c'est  que  sir  G-E.  Cartier  ne 
descendait  pas  de  Jacques  Cartier  car  nulle  part  on  voit  que  le  naviga- 
te  ur  malouin  laissa  des  descendants. 

Sir  Georges- Etienne  Cartier  appartenait-il  à  la  même  famille  ?  La 
chose  a  été  dite  et  répétée  bien  des  fois,  mais  jamais  on  a  pu  établir 
le  fait.  Jacques  Cartier  était  breton  et  le  premier  ancêtre  de  sir  Geor- 
ges Cartier  venu  au  Canada  était  originaire  de  l'Anjou. 

Mgr  Tanguay,  dans  son  Dictionnaire  généalogique  (volume  II,  pp. 
570  et  571)  établit  ainsi  la  filiation  de  sir  Georges-E-  Cartier  ; 

Jacques  Cartier,  charpentier,  fils  de  Pierre  Cartier  et  de  Marie 
Beaumier,  de  Prulier,  diocèse  d'Angers,  décède  à  Québec  avant  177 1. 
Il  avait  épousé,  à  Beauport,  le  6  juillet  1744,  Marguerite  Mongeon, 
qui  lui  donna,  entr'autres  enfants  : 

Jacques  Cartier  II  né  à  Québec  le  n  avril  1750  et  décédé  à  Saint- 
Antoine  de  Chambly  en  1S13.  Il  avait  épousé,  dans  cette  paroisse,  le 
27  septembre  1772.  Cécile  Gervaise,  qui  lui  donna  entr'autres  enfants  : 

Jacques  Cartier  III  né  à  Montréal  le  29  août  1774  et  décédé  à 
Saint- Antoine  de  Chambly,  le  29  août  1841.  Il  avait  épousé,  à  Saint- 
Antoine  de  Chambly,  le  4  septembre  179S,  Marguerite  Paradis.  De  ce 
mariage  naquit  (entie' autres  enfants)    : 

Sir  Georges-Etienne  Cartier. 

Nous  le  répétons  :  rien  n'établit  qu'on  peut  rattacher  la  famille  dé- 
sir Georges-Etienne  Cartier  à  celle  du  découvreur  malouin. 

LES  "MEMOIRES"  DE  LATERRIERE  (XX,  II,  p,  64)^Y  a- 
t-il  en  deux  éditions  des  ^réMoircs  de  Pierre  de  Sales  Laterrière  ? 


x.ri^/fs:? 


•^0  ftH'îQ 


Mo,-!  ;  ;    1  .l'î 


—223- 

Pierre  de  Sales  Laterrière,  natif  d'Albi,  passa  au  Canada  en  1766. 
Après  sept  années  d'aventures,  de  Laterrière  s'unit  à  M.  Pellissier  pour 
exploiter  les  forges  de  Saint-Maurice.  Un  peu  plus  tard,  il  fut  arrêté 
par  les  ordres  de  Haldimand,  qui  l'accusait  de  pratiques  traîtresses,  et 
incarcéré  à  Québec  pendant  trois  ans.  En  1786  ou  1787,  il  se  fit  rece- 
voir médecin  et  pratiqua  successivement  à  la  Baie-du-Fehvre,  à  Nicolet 
à  Saint-Fran(;ois-du-Lac,  aux  Trois-Rivières  et  à  Québec  où  il  mourut 
le  8  juin  18 15. 

En  quelle  année  fut  publiée  la  première  édition  des  Mémoùrs  de 
M.  Laterrière  ? 

En  1S70,  M.  l'abbé  Casgrain  publiait  sa  monographie  de  la  famille 
Laterrière  et  voici  ce  qu'il  écrivait  ; 

"Rentré  dans  ma  chambre  après  la  veillée,  je  feuillette  le  vieux- 
manuscrit  du  père  de  M.  de  Laterrière,  et  mes  jeux  tombent,  par  ha- 
sard, sur  l'anecdote  suivante " 

Donc,  en  1S70,  les  Mémoiyfs  de  Laterrière  n'étaient  pas  encore  pu- 
bliés. Ce  qui  nous  i:>ermet  d'afTirmer  que  l'édition  publiée  à  V Evnic- 
vient  en  1S73  est  la  première  et  dernière  puisqu'il  n'y  en  a  certaine- 
ment pas  eu  d'autres  après  cette  année. 

Les  Mémoires  de  Laterrière  n'avaient  été  publiés  qu'à  cent  exem- 
plaires, ce  qui  fait  qu'ils  sont  si  rares  aujourd'hui. 

LES  SEIGNEURS  CANADIENS  ONT-ILS  EXERCE  LA 
HAUTE  JUSTICli  ?  (XX,  II,  p.  64)— Sous  le  régime  français  en 
Canada  bon  i;ombre  de  seigneuries  furent  données  par  le  Roi  avec  hau- 
te, moyenne  et  basse  justice,  c'est-à-dire  le  droit  d'avoir  des  tribu- 
naux. On  sait  que  la  plupart  des  seigneurs  canadiens  n'exercèrent 
pas  ce  droit.  Us  s'en  remettaient  d'ordinaire  à  la  justice  ro_\ale. 
Mais,  dans  les  quelques  seigneuries  où  les  tribunau.x  furent  établis  par 
les  seigneurs,  a-t-on  vu  la  haute  justice,  c'est-à-dire  la  peine  de  mort, 
exercée  ? 

Les  Sulpiciens,  seigneurs  de  Montréal,  ont  certainement  exercé  la 
haute  justice.  Il  y  eut  à  Montréal  quelques  condamnations  à  la  peine 
capitale. 

M.  T.-P.  Bédard  raconte  (IhtUctin  des  Rcchcnhcs  Historiquci;  vol. 
VIII,  p.  2h6j  qu'en  1692  un  censitaire  de  la  .seigneurie  de  Chaui])lain, 
nonnné  Joubert,  ayant  tué  à  coups  de  couteau,  un  nommé  Desmarets, 
subit  son  procès  aux  Trois-Rivières  et  fut  condannié  à  être  pendu. 


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-224— 

Ayant  appelé  de  cette  sentence  an  Conseil  Souverain,  celui-ci  or- 
donna que  Joubert  serait  reconduit  sous  bonne  escorte  à  Champlain, 
pour  y  subir  de  nouveau  son  procès  devant  le  juge  du  lieu,  à  la  pour- 
suite du  procureur  fiscal  du  seigneur. 

Nous  ignorons  ce  qui  en  suivit. 

Masères  {Papos  on  Québec)  dit  que  la  haute  justice  n'a  été  exer- 
cée par  aucun  seigneur  canadien. 

D'ailleurs,  à  la  Conquête,  au  dire  de  Carleton,  il  n'existait  que 
trois  justices  seigneuriales  dans  tou'e  la  Nouvelle- France. 

PIERRE  LE  MOYNE  D'IBERVILLE  ET  MLLE  PICOTE  DE 
BELE^TRE  XXI,  V,  p.  1 38. — A  l'époque  du  retentissant  procès  intenté 
par  le  tuteur  de  Mademoiselle  Picoté  de  Belestre  prénommée  parfois 
Geneviève  et  plus  souvent  Jeanne,  celle-ci  fut  sévèrement  séquestrée 
ainsi  qu'on  le  constate  par  les    archives  judiciaires. 

Pierre  Le  Moyne  fut  condamné,  mais  la  mallieureu.se  jeune  fille  ne 
fut  pas  réhabilitée  pour  cela,  du  moins  vis-à-vis  de  sa  famille. 

En  effet,  le  2  octobre  1693  (Adhéraar),  six  jours  avant  le  mariage 
de  Pierre  Le  Moyne,  à  Québec,  les  trois  beaux-frères  de  Mlle  de  Beles- 
tre, Jacques  Malleroy  de  la  Mollerie,  J.  B.  Celoron  de  Blainville  et  Al- 
phonse de  Touty  font  une  convention  avec  les  Religieuses  de  l' Hôtel- 
Dieu  par  laquelle  les  dites  Religieuses  s'engagent  à  garder  Mlle  de  Be- 
lestre en  qualité  de  pensionnaire  pour  la  vie,  moyennant  3000  livres. 

Si  la  dite  demoiselle  ne  peut  supporter  la  règle  de  la  maison,  il  lui 
.sera  loisible  de  sortir  au  bout  d'un  an.  Pareillement  les  Religieu.ses  se- 
ront libres  de  la  congédier 

Mlle  de  Belestre,  apparemment,  resta  dans  la  communauté  jusqu'à 
son  décès.  Elle  fut  inhumée  à  l'âge  de  54  ans  (l'acte  dit  52  environ) 
le  2  juin  1721. 

Aucun  parent  ne  .signe  à  l'acte  ! 

C.^BKETTE 


,1  itb  .aiv.- 


(h  £i  i'd 


;  I  tîii((  5  -j) 


BULLETIN 


RECHERCIiES  tiiSTORlQUES 

VÔlTxXI  BEAUCEVILLE=A0UT    1915  No.  Vlll 


JEAN  PERONNE  DUMESNIL  ET  SES  MEMOIRES 


(Suite  et  fiu) 
AU  ROY  KT  A  NOS  SEIGNEURS  DE  SON  CONSEIL 


Sire, 
Jean  Peronne  Du  Mesiiil  advocat  au  parlement  de  Paris,  renions- 
tre  très  humblement  a  votre  Majesté  qu'en  lannée  mil  six  cens  soixan- 
te, il  se  seroit  transporté  de  la  province  d'Anjou  sa  naissance  et  demeu- 
re, au  pays  de  la  nouvelle  France  dits  Canadas  pour  y  exercer  les  char- 
ges de  controlleur  gênerai  d'Intendant,  et  de  Juge  Souverain,  suivant 
les  commissions  a  luy  données  par  Messieurs  les  associez  en  la  compa- 
gnie de  lad  Nouvelle  France,  suivant  le  pouvoir  quils  en  avoient  de 
vostre  Majté  Et  pour  ses  appointemens  et  subsistance  II  luy  auroit  esté 
accordé  par  lad  Compagnie  cinq  cens  livres  par  chacun  an,  la  Jouissan- 
ce d'une  grande  et  belle  maison  qui  safferme  par  an  mil  livres  avec  la 
moitié  de  toutes  les  successions  vacantes  par  deshérance,  des  aubeynes, 
et  Epaves,  qui  appartiennent  aux  Seigneurs  haults  Justiciers  suivant 
la  coustume  de  Paris,  outre  son  passage  et  de  cinq  honnnes  et  quel- 
ques esquipages,  pour  lesquelles  II  a  payé  quatre  cent  trente  livres, 
toutes  lesquelles  sonnnes  composent  pour  trois  aimées  îles  services  quil 
a  rendus,  la  somme  de  dix  mil  cent  trente  deux  livres,  sans  k-s  hérita- 
ges desd  deshérauces  destiuelles  II  a  seullemenl  faict  estât  des  meubles. 
De  laquelle  sonune  de  dix  mil  cens  trente  deux  livres  II  a  faict  deman- 
de a  Mr  Jean  Bourdon  receveur  des  droits  et  deniers  de  lad  Cunipngnie 
qui  estoit  chargé  par  lesd  Commissions  deii  faire  le  ])a>enicnt     dont    il 


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-526- 

se  seroit  excusé,  disant  n'avoir  de  fonds  en  sa  recepte,  pour  luoy  le 
suppliant  lauroit  faict  convenir  et  assignez  pardevant  le  Sr  Du  ois  Dc- 
vaugour  gouverneur  et  juge  dud  pays  pour  y  estre  condamné  et  con- 
trainct,  attendu  que  led  Bourdon  receveur  avoit  entre  mains  trente 
sept  mil  cinq  cens  seize  livres  appartenant  a  lad  compagnie  suivant  son 
compte  rendu  aud  Suppliant  comme  Intendant  le  30e  doctobre  1662  nc- 
nobstant  quoy  led  Sr  Davaugour  auroit  renvoyé  la  caust  et  les  parties 
pardevant  lad  compagnie  de  la  Nouvelle  France  :  De])uis  quelque 
temps  led  Sr  Davaugour  s'estant  retiré  desond  gouvernemen,  avec  un 
son  lieu  et  place  le  Sr  de  Mezy  estai  )Iy,  par  votre  Mté  avec  un  conseil 
et  chambre  de  Justice  Souveraine  aud  pays  ;  'ed  Du  Mesnil  Suppant 
auroict  encore  fait  sa  demande  de  dix  mil  cens  trente  deux  livres  aud 
•  Bourdon  receveur  pardevant  les  officiers  de  lad  chambre  souveraine 
par  libellé  et  concluons  mises  au  grefïe  de  lad  chambre  le  2S  septembre 
dernier  1663  ;  en  exécution  de  lordonnance  de  lad  chambre  du  22  aud 
mois  précèdent,  laquelle  chambre  n'a  rien  voulu  ordonner  sur  lesd  de- 
mandes, et  conclusions,  comme  appert  par  acte  dellivré  par  le  greffier 
ordinaire  d'icelle  en  datte  du  21  octobre  suivant,  jour  destiné  ])our  le 
parlement  des  navires  de  Québec  pour  retourner  en  France,  auquel  na- 
viie  le  Suppant  s'est  embarqué  ses  commissions  estant  finies,  pour  les- 
quelles Il  n'a  touché  que  trois  cens  livres  et  a  perdu  son  fils  assassiné 
par  les  comptables  dud  pays  qui  nont  voulu  rendre  compte  aud  Supp- 
ant Intendant  et  ont  pillé  sa  maison  ses  meubles  et  papiers  le  20  dud 
mois  de  Septembre  dernier  dont  il  a  acte. 

A  ces  causes  Siie  vous  plaise  ordonner  que  les  associez  de  lad  com- 
pagnie de  la  Nouvelle  France,  payeront  aud  suppant  leur  Commission- 
re  lad  somme  de  dix  mil  cent  trente  deux  livres  a  quoj-  Ils  sont  tenus 
par  leurs  d  commissions,  si  mieux  n'axment  qua  lad  somme  soit  prvse 
par  led  Suppant  sur  le  remboursement  quils  espèrent  de  vostre  Maté 
pour  avoir  remis  entre  les  mains  led  pays  de  la  Nouvelle- France,  et  en- 
core que  led  Suppant  sera  payé  sur  led  remboursement  de  la  moitié 
des  autres  deshérances  en  héritages  suivant  lestimaon  qui  en  sera  faite. 
Et  cependant  qu'il  demeura  tenu  en  souffrance  et  surséance  des  deniers 
dud  remboursement  la  sonune  de  trente  mil  livres,  jusqua  ce  que  lesti- 
maon soit  faicte  de  soixancte  huict  successions  vacantes  par  deshéran- 
aud  pays,  suivant  les  états  mémoires  et  pièces  qui  ont  esté  spoliées  aud 
Dume.snil  Suppant  lors  du  ].lllage  de  sa  maison,  la  restitution  desquel.-, 
diapers  lad  Conijne  de  la  Nouvelle  France  sera  tenue  ]ioursuivre  contre 


'î  >-;I.t)p 


i    3-î 


-227- 

les  spoliateurs  estant  lad  injure  faite  a  leur  officier  en  hayne  de  ses 
commissions  et  pour  en  empêcher  leffet  comme  il  offre  veriffier.  Et  le 
Suppaut  continuera  a  prier  dieu  pour  la  prospérité  et  santé  de  vostre 
majesté 

Peronne  du  Mesnil 


MÉMOIRE  DU  SIEUK  GAUDAia  DuPONT  à    MgR  COLIÎERT 


Monseigneur  de  Collbert 
Monseigneur 

Si  je  ne  vous  ay  Entretenu  a  mon  retour  de  Canada  ni  de  bouche 
ni  par  escript  deds  affaires  qui  concernent  le  Sr  du  Meny  Cest  questant 
une  toute  particulière  Et  qui  ne  regardait  point  celles  du  Ron-  je  ne 
lay  pas  jugée  digne  d'interrompre  vos  plus  Importantes  occupations 
destinées  au  service  de  S.  Mté  et  de  Testât. 

Mais  puisgu'il  vous  plaist  d'en  estre  Informé  pour  voua  en  esclair- 
cir  plus  facilement  je  les  reduiray  a  deux  points. 

Le  premier  qui  touche  ses  prétendus  moiens  pour  faire  revenir  a 
S.  Mté  des  sommes  Immences  de  deniers  est  aussi  spécieux  qu'en  Sa 
Suite  II  se  trouverra  non  seulement  faux  mais  qu'il  na  aucune  aproéxd 
du  vray  semblable. 

Le  second  a  iiour  object  sa  personne  et  les  procédures  faictes  con- 
tre lu}-  par  ordre  du  Conel souverain  establi  a  Québec  suivant  llnteu- 
tion  de  Sad  Mté. 

Quant  au  premier  vous  aures  sil  vous  plaist  monseigneur  agréable 
que  je  vous  dize  que  deu.\  ou  trois  jours  après  mon  arrivée  a  Québec 
Led  Sr  du  Mesnil  nie  fist  l'honeur  de  me  venir  voir  Et  nie  proposa  quil 
avoit  des  moiens  pour  faire  revenir  a  Sad  Mté  une  somma  de  Trois  a 
quatre  millions  de  livres  sans  me  les  expliquer  fondés  sur  les  divertis- 
sements faicts  par  ceux  qui  aurint  manié  ou  administré  les  deniers  pu- 
blics. 

Il  fault  advouer  que  d'abord  j'ai  trouvé  sa  proi^ositioii  fort  belle 
quant  à  la  somme  L't  cjue  si  il  la  vous  a\oit  faicte  semblalile  (jue  vous 
nion.seisrueur  n'en  auriés  esté  nioint  touché  que  mov. 


r(;.-..jr,. 


i!">:a  ti\  .    '>i...i'  ■  ::  )^i  nî»!-   \'vj 
.■'..■wiC.J  ,  ,  ,    ,  :    :  ;;■    > 


>/'i(f 


™2'28— 

Mais  aiant  faict  reflexion  sur  limmensité  de  la  Soe  Le  jieu  d'apa- 
rence  Je  la  recouvrer  Le  faux  fondement  pour  la  composer.  Les  Infail- 
libles nulités  de  ses  moiens  Jay  esté  facilement  convaincu  quil  e.stoit 
non  seulement  Inutile  de  vous  en  parler  mais  tout  a  faict  hors  de     pro- 

Deux  o^  trois  raisons,  Monseigneur  vous  feront  Cognoistre  la  vé- 
rité que  je  soutiens. 

La  première  vous  dira  que  tout  l'argent  qui  a  passé  de  France  en 
Canada  procède  ou  des  deniers  envoyez  par  la  compagnie  qui  en  avait 
ci  devant  la  concest-ion  de  kd  Mté  ou  des  charités  qui  ont  esté  faictes 
a  l'instance  des  R  P  Jesuistes  pour  la  construction  des  Eglises  Esta- 
blissemt  de  l'hospital  des  R  mères  ursulines  et  de  leurs  édifices  ou  des 
emprunts  qui  ont  esté  faicts  pour  subvenir  aux  nécessités  de  la  Com- 
munauté du  pais.  / 

Quant  a  ce  qui  procède  des  charités  Et  qui  compose  sa  plus  forte 
part  des  moiens  dudt  Sr  du  Mesnil  II  doibt  estre  distraict  de  ses  préten- 
tions Elles  nai>partiennent  point  a  la  conmiunauté  de  Canada  ni  a  Sa 
Mté  Et  la  disposition  en  a  esté  laissée  à  la  probité  de  ceux  qui  les  ont 
procurées  Et  a  lesgard  des  sonnnes  empruntées  Elles  ne  regardent  que 
la  seule  communauté  de  Canada  et  par  ainsi  doibvent  estre  di.straictes 
pareiilenient  des  mains  dudt  Sr  du  Mesnil. 

Reste  donc  a  discuter  ce  que  Ion  se  peult  promettre  des  deniers 
transportés  de  France  audt  pais  de  Canada  provenans  des  envois  de 
ladt  Compagnie  sur  les  quels  on  peult  fonder  divertissements  et  resti- 
tuons. 

Un  seul  moien  mon  Seigneur  suffira  pour  vous  faire  paroistre  la 
faiblesse  du  fondement  questablira  Ledt  Sr  du  Mesny  pour  compo.ser 
ceste  sonnue  immense.  Cest  le  desdommagement  que  la  Compagnie  de 
Canada  demande  à  S.  Mté  pour  les  dépenses  pas  elle  faictes  et  lesta- 
blissement  des  colonies  dudt  pais  dont  il  faudroit  encore  distraire  les 
somme  utillement  employées  de  manière  que  le.sdt  moiens  dud  Sr  du 
Mesnil  se  reduiroient  presque  a  rien. 

Je  ne  vous  en  diray  pas  d'advantage  Monseigneur  sur  ce  subject 
remetant  à  vos  lumières  lentière  discution  des  proposition  dudt  Sr  du 
Mesnil  quelles  ne  jugeront  pas  moins  esloignées  de  la  vérité  que  de  la 
facilité  de  les  faire  réussir.  Tùut/.  les  hahitans  de  Canada  ensemble  ne 
possédant  pas  la  (luatriesme  partie  de  ses  prétentions. 


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—229— 

Je  viens  donc  à  ce  qui  conceine  sa  personne  et  les  poursuites  faites 
contre  îuy  de  lauthorité  dudt  Conseil  de  Québec. 

Vous  scaurés  sil  vous  plaist  Monseigneur  qu'au  paravant  lEstablis- 
semcnt  faict  en  lannée  dernière  le  greffier  du  conseil  fit  sa  plainte  con- 
tenant que  ledt  Sr  du  Mesnil  avait  suborné  son  commis  et  par  son 
nioien  soustrait  plusieurs  papiers  dudt  greffe  et  mesme  rompu  une  fe- 
nestre  dud  greffe  et  Enlevé  par  ceste  ouverture  d'autres  papiers  dud 
greffe.  Ladvis  du  changement  du  gouvernement  suspendit  la  poursui- 
te de  cette  plainte. 

Quelques  sept  ou  huit  jours  après  lestablissement  du  Conel  souve- 
rain En  conséquence  des  lettres  patentes  de  S.  Mté  Le  procureur  gnal 
dud  Conel  Jugeant  quil  estoit  de  .sa  charge  de  reprendre  les  (illisible) 
de  cette  plainte  pour  ne  pas  laisser  un  tel  atentat  Impunis  fit  sa  reqte 
verballe  audt  Conel  tendante  a  ce  quil  Iuy  fust  décerné  commission 
l)our  Informé  contre  led  Sr  du  Mesnil  et  que  sy  ledt  Sr  du  Mesnil  avoit 
admis  de  lad  commission  quil  ne  manqueroit  pas  de  destourner  lesdt 
papiers  demandoit  quil  lu\-  fust  permis  de  saisir  et  séquestrer  Iceux  et 
aposer  le  sceau  au  coffre  ou  armoire  en  laquelle  se  trouveroient  lesdt 
papiers  et  pour  ce  faire  quil  pleu.st  audt  Conel  nommer  tel  commisre 
quil  jugeroit  a  propos 

Ledt  Conel  entérinant  la  reqte  dudt  procureur  gnal  nomma  ledt 
Sr  de  Villeray  pour  en  la  présence  dudt  procureur  gnal  et  assistance  de 
•son  greffier  vacquer  a  ladt  Information  saisie  séquestration  desdt  pa- 
pier et  aposition  de  sceau.  Et  d'autant  que  ledt  Sr  du  Mesnil  estoit 
estimé  homme  violent  Et  quil  pourrait  faire  quelque  boutade  pour  don- 
ner main  forte  à  la  justice  Monsr  le  gouverneur  fust  prié  par  ledt  Con- 
sel  de  faire  Escorter  led  Sr  Comnii-ssaire  par  quelque  nombre  de  sol- 
dats. 

Ledt  Sr  de  Villeray  assi.sté  comme  dict  est  pour  lexécution  de  sa 
commission  se  transporta  au  logis  dudt  Sr  du  Mesnil  Idi.ssant  a  quar- 
tier lescorte  de  .soldats  pour  .sen  servir  en  cas  de  be.-oin. 

Ledt  Sr  du  Mesnil  ne  trompa  pas  l'opinion  que  Ion  avait  eue  de  .sa 
violence  fit  grand  bruit  cria  aux  voleurs  voulant  e.smouvoir  son  voisi- 
naige  outrageant  d'Injures  Le.sdt  Srs  de  Villeray  et  procureur  Gnal 
avec  grand  mespris  et  lauthorité  du  Conel  refu.sant  mesme  de  le  recog- 
noi.stre. 


■fi    Ul)y 


-230- 

Ce  qui  n'empescha  pas  ledt  Sr  de  Villeray  dexecuttr  sa  coniniis- 
sion  de  saisir  les  papiers  dudt  Sr  du  Mesnil  et  les  faire  mettre  dans  un 
coffre  de  bois  en  la  présence  dud  Sr  du  Mesnil  qui  en  donna  la  clef  y 
aposer  le  sceau  et  iceluy  sequestreres  mains  d'un  voisin  dudt  Sr  du 
Mesnil  et  de  son  consentement. 

Le  Landemain  ledt  Sr  de  Villeras-  raoorta  sou  procès  verbal  audt 
Conel  atesté  dudt  procureur  Rual  et  signé  du  greffier  dudt  Cunel  Et 
sur  les  injures  violences  et  irrévérences  y  contenues  tant  contre  ded  Sr. 
Commissre  que  lauthorité  du  Conel  f  ust  décerné  un  décret  c'e  prise  de; 
corps  contre  ledt  Sr  du  Mesnil  dont  jempesché  lexecution. 

Un  jour  ou  deux  après  je  partis  pour  mon  voiage  des  trois  rivières 
Et  ^lontréal  distant  de  Québec  de  soixante  lieues  ou  jemploye  seize  a 
dix  sept  jours. 

A  mon  retour  je  trouvé  les  choses  comme  je  les  avais  laissées  El 
que  Ion  avoit  point  procédé  a  llnventaire  des  papiers  dudt  Sr  du  Mes- 
nil qui  me  mit  en  main  sa  reqte  tendant  a  ce  que  les  papiers  luy  fus- 
sent rendus  au  moins  ceux  qui  le  concernoient  Et  Lemploy  quil  avoit 
pour  Ladt  Compagnie  Et  que  les  Srs  de  Villeray  deux  ou  trois  autres 
conrs  et  procureur  Gnal  sabstiussent  de  la  cognoissance  de  ses  affres  ce 
qui  estoit  récuser  tant  le  Conel  et  par  conséquent  ne  recognoistre  au- 
l'uns  juges. 

Sur  le  faict  des  récusations  II  fust  ordonné  que  dans  trois  jours  II 
douneroit  ses  causes  Et  moiens  de  récusation  et  quant  a  ses  papiers  que 
le  coffre  dans  lequel  ils  estoient  enfermés  soubs  le  sceau  aposé  par  ledt 
Sr  Commissre  seroit  le  lendemain  matin  représenté  en  la  chambre  dudt 
Conel  par  le  séquestre  pour  en  la  présence  dud  Conel  dudt  Sr  du  Mes- 
nil le  sceau  apozé  par  ledt  Coinniissre  estre  recognu  et  faicte  ouverture 
dudt  coffre  ce  qui  fust  faict  le  lendemain  ied  sceau  recognu  estre  en  son 
entier  et  ouverture  faicte  dudt  Coffre  Et  Ledt  Sr  du  Mesnil  mis  a  mes- 
me  de  ses  papiers  pour  voir  ceux  dont  il  pretendoit  se  servir.  Mais 
comme  l'heure  pressoit  quil  estoit  fort  tard  et  que  Ledt  Sr  ne  jugeât 
pas  avoir  besoin  pour  lors  de  ses  papiers  II  les  remit  roulez  de  sa  maiu 
propre  dans  ledt  coffre  en  présence  dudt  Conel  Et  ledt  coffre  refermé 
Et  le  sceau  de  rechef  apo/.é  II  fust  ordonné  que  Ledt  coffre  demeure- 
roit  au  greffe  Et  la  clef  diceluy  mise  es  mains  de  Mr  le  Gouverneur  Le 
tout  du  consentement  dudt  Sr  du  Mesnil  pour  les  jours  suivant.';  procé- 
der a,  la  description  de.sdt  Papiers. 


>\-rJ  ■.;!  ^•<  j!.-»;     (:,,   Ki{ 


—231  — 

Ledt  S"  du  Mesnil  me  mil  en  mains  ses  causes  et  moiens  de  recu- 
^tion  contenant  du  moins  une  demy  main  de  papier  dont  je  ne  peult 
faire  mon  raport  la  saison  de  nostre  embarquement  nien  estant  le  moi- 
en  si  bien  que  je  fus  obligé  de  les  luy  mettre  es  mains  avec  d'autres  pa- 
piers quil  pretendoit  servir  à  la  vérification  desd  causes  et  moiéns  de 
récusation. 

Quant  a  ce  que  Ledt  Sr  du  Mesnil  vous  a  dict  que  ledt  Sr  de  Vilk- 
ray  Comniissre  et  le  Sr  Bourdon  j^rocureur  Gnal  sont  ces  parties  Et 
que  ce  sont  eux  contre  qui  il  ])retend  de  grandes  restituons  II  e;5t  vra>- 
Monseigneur  que  ledt  Sr  de  Villeray  est  contable  de  quelques  sommes 
non  de  son  chef  mais  a  caus  de  son  beau  père  dont  il  prétend  avoir  les 
descliarges  en  bonne  et  deue  forme.  J'en  puis  dire  de  mesme  du  Sr 
Bourdon  Contable  de  son  chef  L'un  et  Lautre  m'ont  voulu  faire  voir 
leurs  comptes  ce  que  le  temps  ne  ma  pas  permis. 

Il  est  vraj-  que  contre  un  résultat  faict  entre  Mr  le  gouverneur  Mr 
Levesque  de  Pétrée  et  moy  Lon  a  nommé  plusieurs  Coners  qui  ont  ad- 
ministré les  deniers  publics  mais  après  avoir  jette  les  yeux  sur  plusieurs 
personnes  pour  com]X5ser  led  Con^l  je  n'en  avoient  point  trouvé  de 
plus  capables  Lon  a  esté  nécessite  de  se  servir  et  d'employer  ceu.x  qui 
le  compo.sent. 

Si  Monseigneur  en  lisant  les  observations  que  je  vous  ay  données 
sur  mes  instructions  vous  avez  pris  garde  à  ce  que  j'en  ay  dit  vous  en 
aurez  remarqué  que  toutz  lesdt  Conseiirs  sont  hommes  sans  lettres  de 
peu  dexperience  et  de  pratique  et  presque  toutz  incapable  de  bien  ré- 
soudre une  affaire  «le  conséquence. 

Cest  Monseigneur  tout  ce  que  je  vous  puis    donner    desclaircisse- 
ment  sur  les  affaires  dudt  Sr  du  Mesnil  dont  .e  ne  me  suis    point  char- 
gé ni  des  procédures  faictes  contre    luy  avec    toutes  les    formalités  re- 
quises en  un  faict  duquel  ilagis.-.ait  lesquelles  sont  demeurées  au  greffe. 
Si  j'avais  cr  ue  que  vous  les  u.ssiez  dé.sirées  je  naurois  pas  manqué 
a  les  aportée    non  ]i!us  que  obéir    ponctuellement  a  toutz  les    ordres  et 
conunandementz  qui  me  viendront  de  vostrc  jXirt  connue  estant 
Moustigueur 
Votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur 

GaI'DAIS  1)1-   POiVT. 


■.i).'i 


-232- 

MICEON  DE  BRANSSAT 


Avant  de  fournir  quelques  notes  sur  la  carrière  de  M.  Migeoii  de 
Branssat,  nous  allons  essayer  de  régler  la  question  du  nom  de  ce  per- 
sonnage. 

*** 

Le  21  novembre  1662, un  Jean-Baptiste  Mignon  (ne  pas  confondre 
avec  Migeon),  soldat  de  la  garnison  de  Villemarie,  fait,  ainsi  que  la 
plupart  des  jeunes  gens  de  la  seigneurie,  la  promesse  écrite  (i)  de  défri- 
cher quatre  arpents  de  terre.  (2) 

Disons  de  suite,  qu'il  ne  faut  pas  s'imaginer  que  les  soldats  de  la 
garnison  étaient  tous  de  pauvres  diables.  Plusieurs  paraissent  avoir 
été  fils  des  familles  nobles  ou  bourgeoises  qui  s'engageaient  par  esprit 
d'aventure  sinon  pour  d'autres  causes.      (3) 

Donc,  un  nommé  J.  B  Mignon  est  soldat  en  1662  11  est  parrain, 
le  23  novembre  1663.  Cette  même  année,  une  justice  royale  ayant  été 
établie  à  Montréal,  les  Seigneurs  qui  ne  voulaient  pas  se  laisser  dé- 
pouiller de  leur  droit  de  justice  et  qui  .semblent  cependant  ne  pouvoir 
continuer  M.  de  Maisonneuve  dans  sa  charge  de  juge,  nomment  M. 
Charles  Dailleboust  pour  lui  succéder  et  J.  B.  Mignon  comme  procu- 
reur fiscal. 

Ce  dernier  signe, d'une  fort  belle  écriture  :  Le  Mignon  pio.  fiscal, 
à  l'élection  d'Urbain  Baudereau  au  poste  de  syndic  de  la  comnunauté 
des  habitants  de  Villemarie,  le  21  décembre  1663. 

L'année  suivante,  le  6  mars  1664,  le  même  colon  signe  encore 
Le  Mignon,  au  procès  verbal  de  ratification  de  l'élection  de  cinq  juge'* 
de  police. 

C'est  la  dernière  fois  que  ce  Mignon  figure  dans  les  documents. 
*** 

Arrive  maintenant  la  complication. 

[l]    Archives  du  Siminaire  de  MoiiJrcnl. 

[2)     M.  de  Miii«onneiive  veniiil  .l'invikT,  pur  r.V'lemi'iit.  les  solitut».    i.TipflK'irs  l't  dumi-tiiiues  .lu 
lion,  :\  di'fricher  ou  (iiire  lii'lrielier  un  ccrliiin  noinlire  d'urpeLts,  sur  le  domiiino  M-iKiK-iiriul  (lu  sept 


'.(M 


-233- 

Le  14  juillet  1665,  Jean-Baptiste  Migeon,  marchand,  est  parrain 
et,  le  2')  novembre  1665,  a  lien  le  mariage  de  Jean  Baptiste  Migeon  de 
Branss  it  avec  Catherine  Gauchet  de  Belleville. 

Le  marié  signe  :  Migeon  de  Branssat  et  son  écriture  est  bien  dif- 
férente de  celle  de  Le  Mignon. 

Au  recensement  de  1666,  J.  B.  Migeon  est  commis  de  la  Compa 
gnie  des  Indes.     A  celui  de    1667,  il  est  dit  procureur  fiscal. 

Voici  donc  qu'apparaissent  successivement,  dans  la  même  charge, 
un  Jean- Baptiste  Mignon  qui  signe  Le  Mignon  et  un  Jean-Baptiste  Mi- 
geon qui  signe  Migeon  de  Bran.ssat  !  Paillon  a  fait  un  seul  et  même 
ndividu  de  ce  Mignon  et    de  ce  Migeon,    mais  a-t-il  raison  ?     (i) 

Il  est  difficile  de  partager  son  opinion  lorsqu'on  compare  les  deux 
signatures  ou  l'orthographe  des  deux  noms  dans  le  texte  des  actes  no- 
tariés et  de  l'état  civil. 

*** 
Par  ailleurs,  il  est  à  propos  de  noter  que  dans  son  acte  de  mariage, 
comme  dans  les  autres    documents,  J.  B    Migeon    signe    toujours  Mi- 
geon de  Brans-at,  jamais  Branssac,    ainsi  que  des  historien.-^  l'ont  écrit. 
Branssat  est  le  nom  d'une    commune  sise  près  de    Saint- Pourçain, 
département  de  l'Allier. 

*** 
Après  avoir  été  commis  de  la  Compagnie  des  Indes  et  pendant 
qu'il  fut  procureur  fiscal,  puis  juge  seigneurial,  ^L  Migeon  de  Brans- 
sat parait  s'occuper  de  culture  et  de  traite  ;  cela  ressort  de  nombreux 
actes  d'engagements, de  sociétés,  de  location,  etc.,  que  l'on  trouve  dans 
l'étude  de  Bas.set. 

En  1675,  le  3  avril  (Basset)  MM.  le  curé  et  les  marguilliers  se 
plaignent  que  M.  Migeon  de  Branssat  a  surjiris  la  "religion"  du  procu- 
reur général  du  conseil  de  Québec  et  lui  a  fait  rendre  un  arrêt,  en  date 
du  4  mars  précédent,  par  lequel  le  marguillier  Anbuchon  dit  Lespé- 
rance  est  qualifié  de  "désobéi.ssant  et  rebelle  aux  ordres  Je  sa  Majesté" 
et  ce  .sans  raison,  puisque  les  marguilliers  ont  cédé  "le  pas  et  le  rang" 
aux  officiers  de  justice  depuis  la  déclaration  de  la  volonté  <Ui  roi  et  du 
Con.seil,  il  y  a  vingt  mois. 

Le  8  avril  suivant,  M.  de  Branssat  et  son    sui)stitut  Jehan  Gervai- 


;iv.-,ir..  J 


—234— 

se  recounaissenl  qu'ils  ont  marché  après  le  Coiimiandant  (M.  delà 
Nouguère),  mais  ils  veulent  avoir  en  plus,  la  préséance  sur  les  niar- 
guilliers  pour  "le  pain  bénit,  les  questes,  la  paix,  les  cierget,  les  cen- 
dres et  les  rameaux",  tel  que  cela  avait  été  réglé  par  M  Perrot,  en 
1673,  puis  par  M.  de  la  Nouguère. 

L'initiative  de  cette  plainte  appartiendrait  à  M.  le  Bailli  ou  juge 
seigneurial,  Charles  Dailleboust  des  Musseaux,  mais  celui  ci  est,  dans 
le  moment,  "absent  à  cause  de  son  infirmité  et  maladie". 

Dans  cette  pièce,  M.  de  Braussat  prend  le  titre  de  "licencié  eu 
lois  et  avocat  en  parlement". 

On  .se  montre  favorable  à  la  plainte  des  fonctionnaires  et.  le  iS 
juin  1675,  Basset  rédige  une  déclaration  par  laquelle  les  curé  ,  mar- 
guilliers  et  bedeai  s'engagent  à  rendre  aux  officiers  de  justice  les  hon- 
neurs- qui  leur  so.it  dus,  en  la  manière  édictée  par  le  Souverain. 

Le  26  août  1677,  M.  Migeon  de  Braussat  est  nommé  bai'.li,  juge 
civil  et  criminel  de  la  Seigneurie  de  Montréal,  (i)  M.  Charles  Dail- 
leboust qui  perdait  cette  charge  en  appelle  au  Conseil  Souverain  par 
son  fils,   Louis  Dailleboust. 

Celui-ci  invoque  que  son  père  a  été  officier  de  justice  dejiuis  près 
de  dix-huit  ans  (2)  ce  qui  le  7  end  deux  fois  vétéran  :  qu'il  a  été  nommé 
par  l'abbé  Souart,  en  récomjiense  de  ses  services,  par  provisions  du  27 
septembre  1666  et  assermenté  par  Z.  Dupuis,  alors  commandant  de 
Montréal,  le  25  janvier  suivant. 

Le  Conseil,  toutefois,  pas.se  outre  et  confirme  la  nomination  de  Vl. 
Migeon  de  Braussat. 

Le  30  septembre  1677.  ce  dernier  prononce  son  discours  d'instal- 
lation et  l'événement  est  consigné  dans  le  Registre  du  tabellionnage  de 
Montréal. 

M.  de  Bran.ssat  con.serva  sa  charge  de  juge  ju-qu'à  .sa  mort,  sur- 
venue au  mois  d'août  1693,  c'est-à-dire  j)endant    ])rùs  de  .seize  ans. 


—235— 

Jean-Baptiste  Migeon  de  Branssat,  fils  de  Jean  Migeon  et  de  Mar- 
guerite Desbordes,  naquit  à  Saint-Pierre  de  Moulins  en  Bourbonnais, 
vers  1659.  Neveu  de  l'abbé  Souart,  curé  de  Montréal,  puis  supérieur 
du  Séminaire,  il  épousa  à  Montréal,  le  26  novembre  1665,  Catherine 
Gauchet  de  l'elleville,  qui  était  cousine  du  même  abbé. 

Mademoiselle  C.auchet,  originaire  de  Senlis,  traversa  en  Amérique 
avec  la  recrue  de  1659.  Son  père,  noble  homme  Claude  Gauchet.  était 
lieutenant  du  roi  au  Havre  eni66i  (i).  En  venant  à  Villemarie, 
Catherine  Gauchet  avait  l'idée  de  .se  faire  religieuse,  mais  elle  aban- 
donna son  projet  pour  .st;  marier. 

Vingt  ans  après  la  mort  de  son  mari,  elle  revint  à  ses  premières 
intentions  et,  vers  171.^,  âgée  de  70  ans,  dame  veuve  Migeon  entra 
chez  les  Hospitalières  de  Montréal  où  elle  décéda  le  14  mars  1721. 
après  avoir  fait  profession.      (2) 

■  Un  des  fils  de  Migeon  de  Branssat,  suivant  la  coutume  du  temps, 
ajouta  le  nom  de  sa  mère  au  sien  et  devint  Daniel  Migeon  de  la  Gau- 
chetière.  Ce  dernier  nom  est  aujourd'hui  portée  par  une  rue  du  cen- 
tre de  la  ville. 

Une  fille,  Marie-Anne  Migeon,  née  en  16S5,   fut  religieuse  Ur.suli- 
ne  ;   une  autre  Den'se  Thérèse  é]JOusa  en  1692,     Charles  Juchereau  qui  — 
.succéda  à  son  beau-père  dans  sa  charge  de  juge,  en  1693. 

E.  Z.   MASSICOTTE 

QUESTIONS 

,  Comment  les  Chavigny  de  la  Chevrotière  sont-ils  venus  en  posses- 
.sion  de  la  seigneurie  de  la  Chevrotière  ?  _  P.B^ 

— M.  Jacques  X.in  de  Fossambaalt,  qui  a  donné  son  nom  à  la  sei- 
gneurie de  Fossambault,  est-il  bien  venu  dans  la  Nouvelle- France  ? 

GKO.  A. 

— Pour  étudier  l'ancienne  tenure  seigneuriale  au  Canada  quels 
sont  lef  ouvrages  à  consulter  ?  HIST. 

— Peut-on  reconstituer  la  liste  des  livres,  brochures,  tracts,  etc., 
publiés  sur  la  célèbre  affaire  Guibord  où  il  s'agi.ssait  de  l'inhumation 
d'un  exconnnunié  dans  un  cimetière  catholique  et  qui  fut  portée  jus- 
qu'au Conseil  Privé  de  Sa  Maje.sté  par  l'ancien  In.stitut  Canadien  de 
Montréal  ?  BIBLIO 

Ou  trouve-t-on  la  jireuve  que  Robert  Giffard,  premier  .-^eigneur  de 
Beaujiort,  était  médecin  ?  _  B  F. 

Les  Bes.serer,  de  la  province  de  Québec  sont-ils  de    descendance 
irlandaise,  ainsi  qu'on  l'a  écrit  plusieurs  fois  ?  ALB.  H. 

—Quel  e.st  cet  Adrien  d'Abancour  dont  on  signale  la  mort  tragi<|Ue 
à  la  Pointe  à  la  Caille  en  mai  1640  ?  A.B. 

1.     R.'K-istru  ilol\t,U  civil,:  jiui.  \M. 
'.>    .Viiim:iiri;  jo  villiMU.irk',  11,  p.  11. 


rv-<:i.JO 


—236  — 

La  famille  du  légiste  François=Joseph  Cugnet  au  C.tik'da 

Avons-nous  encore  au  Canada  des  memnres  de  la  famille  du  légiste 
François-Joseph  Cugnet  ? 

Le  premier  Cugnet  venu  au  Canada,  François-Etienne  Cugnet, 
passa  ici  vers  17 19,  avec  sa  femme  Louise-Madeleine  DuSautoy.  En 
1720,  on  voit  qu'il  est  directeur  de  la  ferme  du  Domaine  d'Occident. 

François-Etieinie  Cugnet  joua  ici  un  rôle  assez  brillant.  On  trou- 
vera une  notice  sur  lui  dans  la  Presse d'd  18  juin  189S. 

François-Etienne  Cugnet  décéda  à  Québec  le  19  août  1751. 

Sa  veuve,  Louise- Madeleine  DuSautoy,  lui  survécut  trente-deux 
ans  et  décéda  à  Beauport  le  24  août   17S3. 

De  leur  mariage  étaient  nés  six  enfants  : 

1.  François-Joseph  Cugnet,  le  fameux  jurisconsulte,  celui  qui 
C(«ntinua  la  lignée  au  Canada. 

2.  Charles-Henri  Cugnet  né  à  Québec  le  25  novembre  1722. 
Décédé  au  même  endroit  le  25  novembre  1722. 

3.  Louis- Charlotte  Cugnet  née  à 

le 1723.       Mariée,    à    Québec,    le    iS   juillet 

1747,  à  Louis  Liénard  Villemonde  de  Beaujeu,  le  frère  du  vainqueur 
de  la  Monongahéla.     Madaine  de  Beaujeu  décéda  à  Québec  le  29    août 

1748,  un  peu  plus  d'un  an  après  son  mariage.  M  de  Beaujeu  se 
remaria  avec  Marie-Geneviève  LeMo3-ne  de  Longue uil,  et  décéda  à 
l'île  aux  Grues  le  5  juin  1S03.  •         ' 

4.  Jean-Baptiste  Cugnet  né-à  Quél^ec  le  26  mars  1726.  Il  est 
mentionné  au  recensement  dt  Québec  en  1744  et  on  le  dit  âgé  de  16 
ans. 

5.  Thomas-Marie  Cugnet  né  â  Québec  le  14  février  1728.  Il  fut 
conseiller  au  Conseil  Supérieur  de  la  Nouvelle-France.  Après  la 
conquête,  il  passa  en  France  où  il  mourut  au  commencement  du  dîx- 
neuvième  siècle.  Il  avait  épousé,  à  Montréal,  le  16  janvier  1756, 
Marguerite  Charl\-,  fille  de  Jacques  Ch?rh-  et  de  Thérèse  Charets.  Sur 
Thomas-Marie  Cugnet,  voir  la  Pusse  du  25  juin  189.S. 

60  Gilles-Louis  Ci-gnet  né  à  Quel  ec  le  11  juin  1731. 
Ordonné  prêtre  le  14  juillet  1754.  Il  fut  chanoine  du  cliapitre  de 
Québec.  Passé  en  Angleterre,  par  un  vaisseau  anglais,  à  l'automne  de 
1759,  il  .se  rendit    en  FVance  où  il  décéda  quelques  années  ]>lus  tard. 


.b'!:0  aii  î^fri-iuDîim 


^'r:' 

—237— 

François-Joseph  Cugnet,  le  fils  aîné  de  François-Etienne  Cugnet, 
est  celui  qui  a  jeté  le  plus  de  splendeur  sur  le  nom  de  Cugnet.  Il  na- 
quit à  Québec  le   26  juin  1720. 

Il  décéda  à  Québec  le  16  novembre  1789. 

On  trouvera  une  belle  esquisse  de  sa  vie  dans  la  Presse  des  2  et  9 
juillet  1898. 

François-Juseph  Cugnet  avait  épousé,  à  Québec,  le  14  février 
1757,  Marie-Josephie  de  la  Fontaine  de  Belcour,  fille  de  Jacques  de  la 
Fontaine,  conseiller  au  Conseil  Supérieur,  et  de  d.'funte  Charlotte  Bis- 
sot.  .    . 

Madame  Cugnet  décédé  à  Québec  le  25  juin  im6. 
Nous  leur  connaissons  cinq  enfants  : 

1.  Jacques-François  Cugnet  né  à  Québec  le  21  novembre  i757- 
Il  fut  avocat  et  traducteur  français  du  gouvernement.  Il  était  loin 
d'avoir  les  talents  de  >on  père.  M.  Cugnet  décéda  à  Québec  le  6  avril 
1797  II  avait  épousé,  à  Québec,  le  23  mai  1791.  Angélique  LeComp- 
te  Dupré,  fille  de  l'honorable  Jtan-Baptiste  Le  Compte  Dupré  et  de 
Catherine  Martel  de  Brouague.  Madame  Cugnet  survécut  63  ans  a 
son  mari.  Décédée  à  l'Hôpital-Géuéral  de  Québec  le  28  octobre  1860, 
elle  fut  inhumée  dans  la  chapelle  du  monastère  des  Ursulines  de  Que- 
bec      Elle  n'avait  eu  qu'un  enfant  mort  au  berceau 

2.  Marie-Joseph  Cugnet  né  à  Québec  le  16  août  i759-  Décède 
au  même  endroit  le  11  décembre  1759- 

3.  François-Etienne  Cugnet  né  à  Charlesbourg  le  19  mars  1761. 
Probablement  décédé  en  bas  âge.  ^    _ 

4.  Jacques  Cugnet  né  à  Québec  le  iS  décembre  1762.  Decede  a 
Québec  le  21  .septembre  1769 

5  Antoine  Cugnet  né  à  Québec  le  15  octobre  1766.  Bourgeois. 
Décédé  à  Québec  le  23  mai  1829.  Inhumé  dans  l'église  du  faubourg 
Saint-Roch. 

I  e  nom  de  Cugnet  s'est  donc  éteint  au  milieu  de  nous  en  1860,  a 
la  mort  de  madame  Jacques-François  Cugnet.  Il  est  po.ssible  que  le 
nom  de  Cugnet  .se  suit  perpétué  en  France  par  le  conseiller  au  Conseil 
Supérieur  Thomas-Marie  Cugnet  qui    lais.sa  le  Canada  après  la  conqi  e- 

te. 

P.  S.  Dans  le  Ihilhiin  des  Recherches  Historiques,  vol.  I\',  p.  209, 
M    Philéas  Gagnon     nous  fait     connaître  un     Nicolas  Cugnet  ^\»\     en 


-238— 

i759>  aurait  trahi  son  pays  en  donnant  des  renseignements  aux  An- 
glais pour  faire  remonter  leur  flotte  jusqu'à  Québec.  Ajjrès  la  con- 
quête, il  fut  récompensé  par  les  nouveaux  maîtres  du  pavs  (|ui  lui  don- 
nèrent une  place  de  messager  au  Conseil.  Ce  Thomas  Cugnet  ne  nous 
semble  pas  appartenir  à  la  fa.uille  Cugnet  dont  nous  venons  de  tracer 
la  descendance. 

P.  G    K. 


Lettre  de  Louis  XV,  au  marquis    de  Beauhar- 
-  nois,  gouverneur    de  la    Nouvelle-France, 
4  septembre  1729 


Mens,  le  marquis  de  Beauliarnois,  de  toutes  les  grâces  qu'il  a  plu 
à  Dieu  de  répandre  sur  moy  depuis  mon  avènement  a  la  Couronne, 
celle  qu'il  m'accorde  aujourd'huy  par  la  naissance  d'un  fils  dont  la  rei- 
ne très  chère  épouse  et  compagne  vient  d'être  heureusement  délivrée 
est  la  manque  la  plus  sensible  que  j'aye  encore  reçue  de  sa  protection. 
J'y  suis  d'autant  plus  sensible  qu'en  comblant  mes  vœux  et  ceux  de 
mes  peuples  elle  assure  le  bonheur  de  mon  estât.  C'est  dans  le  senti- 
ment de  la  plus  juste  reconnaissance  que  j'ay  vu  un  événement  si  avan- 
tageux que  je  crois  ne  pouvoir  trop  tost  rendre  à  la  divine  ]5rovidence 
les  actions  de  grâce  qui  luy  en  sont  dues,  j'ai  donné  ordre  au  S.  éves- 
que  de  Québec  de  fairs  chanter  le  Te  Deum  dans  l'église  catliédralle  et 
autres  de  son  diocèse  et  je  vous  escris  en  même  temps  cette  lettre  pour 
vous  dire  que  mon  intention  est  que  vous  y  assistiez  ainsy  qu'à  la  i)rc- 
cession  généralle  qui  sera  faitte,  que  vous  y  fassiez  assister  les  officiers 
du  Conseil  Supérieur,  que  vous  fassiez  allumer  des  feux,  tirer  le  canon 
et  donner  en  cette  occasion  les  marques  de  réjouissance  accoutumées 
sur  ce  je  prie  Dieu  qu'il  vous  ait  M.  le  marquis  de  ]3oauharnois  en  sa 
sainte  garde.  Escrit  à  Versailles  le  (|Uatre  septembre  mil  sept  cent 
vingt  neuf,  Signé  Louis  et  plus  bas  Pliely peaux." 


ilq')y.  ^ 


-230- 

Madame  Boisberthrlot  de  Beaucours 


Sous  le  régiiiie  français,  les  testaments  olographes  faits  par  des 
femmes  ne  sont  certainement  jias  communs,  car  jusqu'à  présent,  je 
n'en  ai  trouve  qu'un  seul.  Ce  document  vaut  la  peine  d'être  repro- 
duit tant  à  cause  de  sa  rareté  et  de  sa  rédaction  qui  n'est  pas  ordinai- 
re, que  parce  qu'il  émane  de  damoiselle  Aubert  de  la  Chesnaye,  veuve 
de  Boisberthelot  de  Beaucours,  lequel  a  joué  un  rôle  dans  notre  histoi- 
re. 


Gabrielle-Françoise,  fille  de  Charles  Aubert  de  la  Chesnaye  et  de 
sa  troisième  femme,  Marie- Angélique  Denis,  naquit  à  Québec  au  mois 
de  mars  1687  (i). 

A  17  ans,  elle  épouse,  ea  premières  noces,  à  Québec,  le  3  févritr 
1704,  Paul  LeMoyLe,  sieur  de  Maricourt,  qui  décède  à  Montréal  et  est 
inhumé  le  21  mars   1704. 

Madame  de  Maricourt  n'avait  été  mariée  que  six  semaines  et  quel- 
ques jours  !  Après  neuf  années  de  viduité  et  n'ayant  que  26  ans,  elle 
convole,  à  Québec,  le  15  novembre  1713,  avec  M.  Jean-Maurice  Josué 
de  Boisberthelot  de  Beaucours  qui  dépassait  la  cinquantaine. 

Arrivé  au  Canada  en  1688,  alors  qu'il  n'était  qu'enseigne,     M.  de 

Beaucours  guerroxa  pendant  longtemps,  occupa  diverses  fonctions,  fut 

nommé  gouverneur  de  Montréal  en  1733  puis  mit  à  .sa  retraite  en  1748. 

Enfin,  il  décéda,  à  Montréal,  le  9  mai  1750,  à  l'âge  avancé  de    S8  ans. 

*   * 

Madame  de  Beaucours  continua  d'habiter  Montréal  et  c'est  dans 
cette  ville  qu'elle  rédige  son  testament  au  mois  de  juillet    1750. 

Les  admirables  sentiments  dont  se  pa;e  la  testatrice,  les  renseigne- 
ments menus,  mais  intéressants  qu'elle  donne  sur  sa  famille,  la  vive 
tendresse  qu'elle  témoigne  à  sa  nièce,  .son  "aimable  Catin",  l'heureuse 
tournure  de  sa  phr-i>e.  ri>l je  d'écrire  elle-mcmc  ses  dernières  volontés 
à  une  éiwque  où  l'on  ne  testait  d'onliuaire  que  devant  un  tabellion, 
tout  cela  paraît  indupier  (pic  Matlanie  de   Beaucours  avait,  à  la  fois,  de 

0)     Surirs.MllHJt  ili'la  ClK-Mnivi.'.  v,,it  IV  C,  lîuy,    I.AIA.MIM.K    .VCllKliT  DK  (I.VSl'K. 


^,!-.F!)i-->ti2ioîi'jmi>bhîi' 


-240— 

l'énergie,  du  dévouement,  de  la  bonté  et  de  l'instruction,  bref,  qu'elle 
devait  être  une  femme  d'élite  pir  le  caractère  comme  par  la  naissance, 
digne  en  tous  points  de  son  cher  époux  dont  les  anciens  documents 
louent  l'honnêteté,  l'urbanité  et  la  bravoure. 

Voici  ce  qu'elle  écrivait  : 

JÉSUS  Marie  Joseph 

Au  nom  du  père,  du  fils,  et  du  saint  Esprit,  je  gabrie'e  françoise 
aubert  veuve  du  boisberthelot  de  beauconrs  étant  par  la  grâce  de  dieu 
saine  de  corps  et  d'esprit  :  désirant  Employer  ce  qui  me  reste  de  vie  à 
me  préparer  à  la  mort  ;  et  considérant  que  la  disposition  des  biens  qui 
sont  aujourd'hui  Entre  mes  mains.  Est  une  des  principales  chose  dont 
j-'aurai  à  rendre  compte  à  dieu  ;  j'ai  résolu  de  faire  mon  testament, 
et  pour  cet  effet  après  m'être  retirée  dans  ma  chambre,  et  avoir  de- 
mandé à  dieu  les  lumières  qui  me  sont  nécessaires  pour  faire  cette  der- 
nière action  de  ma  vie,  comme  j'aurois  dû  faire  toutes  les  autres,  c'est- 
à-dire,  dans  son  ordre,  et  par  la  seule  vue  de  lui  plaire  ;  pour  satisfaire 
aussi  aux  obligations  de  ma  conscience,  et  de  celle  de  tous  ceux  dont 
dieu  a  permis  que  j'aye  recueilli  les  successions  :  j'ai  fait  et  Ecrit  mon 
testament  comme  il  s'ensuit,  sans  induction  ni  suggession  de  personne 
et  de  ma  franche  et  libre  volonté  :  premierment,  je  recommande  mon 
âme  à  Dieu,  le  suppliant  d'en  avoir  pitié  de  ne  ix)int  entrer  en  juge- 
ment avec  moy,  de  me  pardonner  mes  péchez,  de  me  faire  la  grâce 
d'employer  ce  qui  me  reste  de  vie  à  les  Expier  par  la  pénitence,  et  de 
mourir  de  la  mort  des  justes,  pour  l'aimer  à  jamais  dans  le  ciel  c'est  ce 
que  je  lui  demanderai  tous  les  jours  de  ma  vie  et  ce  que  j'espère  de  sa 
miséricorde,  par  les  mérites  du  sang  de  jesus  christ  mon  sauveur,  par 
lintercession  de  la  très  sainte  vierge,  et  de  tous  les  saints  et  saintes  du 
paradis,  et  par  la  vertu  des  prières  et  mérites  de  tout  ce  qu'il  y  a  de 
saintes  âmes  dans  leglise  catholique,  apostolique  et  romaine,  dans  le 
sein  de  laquelle  je  veux  mourir,  comme  Dieu  ma  fait  la  grâce  d'y  nai- 
tre  et  d'y  vivre 

i.  Je  désire  que  mon  corps  soit  inhumé  à  la  paroisse  de  Montréal 
après  trente  heures  de  ma  mort  Expirées,  auprès  de  mon  cher  Epoux 
Mous.  Duboisberthelot  de  Beaucours  et  qu'il  y  soit  porté  .sans  aucunes 
cérémonies,  et  je  defens  très  expre.s.sément  qu'il  en  soit  fait  aucune 
dans  les  services  qu.  se  feront  pour  le  repos  de  mon  âme,  s'entend 
poui  le  faste,  ainsi  point  de  distribution    de  cierges    dans    l'église,     et 


—241  — 

l'ordonne  qu'il  n'v  ait  que  trois  cierges  de  chaque  cÔté  de  mon  corps 
le  tout  en  cire  jaune,  point  de  respects  humains  dans  cette  occasion  ; 
Et  telle  est  ma  volonté. 

3      J'ordonne  qu'il  soit  dite  trente  trois  messes  le    plus    prompte- 
ment  qu'il  se  pourra  a  la  paroisse  En  l'honneur  des  années    que    notre 
Sei-neur  a  so.iiïert  sur  terre  pour  mon  salut    et  dix  sept    aux  Recolets 
avec  p-omptitude  et  comme  dans  la  disposition  de  mes  biens  je  doit  re- 
garder Jésus  christ  avans  toutes  choses,  je  me  trouve  obligée  d'eu  faire 
p.rt  aux  pauvres,  Ton  remettra  à  monr  le  curé  cinquante  francs    pour 
donner  aux  plus  nécessiteux,  et  pauvres  honteux,     que    je    veux  que 
l'on  distribue  incontinent  apics  mou  décès  :  j'ordonne  aussy     que  1  on 
donnera  aux  Religieuses  hospitalires  de  montreal  vingt  six  livres  pour 
prier  dieu  pour  le  repos  de  mon  âme  :  on  leur  remettra    aussy    cinq  li- 
vres de  cierges  pour  brûler  devant  le  très  saint  sacrement  En  l'honneur 
des  trois  personnes  de  la  très  sainte  trinité,  pour  le  repos    Et  le  soula- 
gement de  l'ame  de  monsr  de  beaucours    Et  de  la    mienne  :       4-     1'*^" 
fera  dire  vingt  cinq  messes  pour  le  repos    des  âmes    de  ceux    auxquels 
j'aurois  pu  faire  quelque  tort,  dont  je  demande    bien  pardon  a    dieu  ; 
=;      mon  desseins  n'est  point  d'appeller  ici  aucuns  de  mes  héritiers,  qui 
consistent  en  ma  chère  sœur  de  la  perrelleCO,  et  les    Enfans    de    ma 
chère  sœur  dégoutin  (2).  qu'autant  qu'il  le  faut  pour    faire  valoir  mon 
testament,    qui     est    de    donner  à  chacun  d'eux  un  Ecu,     ne   me  tai- 
sant aucun  scrupule  la  dessus  ayant  eu  soin  des    mères,  Et  d'une  par- 
tie des  Enfans,  jusqu'à  ce  que  je  les  aye    pourvus  Et  mis  à  leur    aise  ; 
et  je  pense  même  leur  avoir  beaucoup  plus  donné,  que  je  ne  laisserai  a 
ma  chère  Et  toute  aimable  catin  (3)   qui   m'assiste  de  ses    bons    soms 
avec  toute  la  tendresse  possible,     et  qu'il  est    juste    qu.-  je  reconuoisse 
et  que  je  veux  reconnoitre  c'est  donc  à  cette    chère    Enfant    Catherine 
françoise  Eurrv  de  la  perrelle  (4)   Epouse  de  monsr  de  Celoron,  que    e 
laisse  et  donne' tout  mon  bien  meubles,  conquets    et     actiuets,    immeu- 
^TT^rançoise-Charlotte  Aubert  de  la  Chesnaye,     née    en     1697. 
M;-riée  vers  1718  à  François  Eury.  Sr  de  la  Perelle. 

(2)  Angélique  Aubert  de  la  Cl.esnaye.  née  en  1699  ;  mariée  eu 
I7!y  à  François-Marie  Des  Contins.  Voir  Roy,  La  famille  Aubert  d. 
(iaspé,  pp.  65  et  6S. 

(3)  Evidemment  un  nom  d'amitié  que  la  testatrice  donnait  a  sa 
nièce,  plus  bas  désignée  par  son  nom  véritable. 

(4)  Fille  de  Frs  F:nry  de  la  Pérelle  et  Frse-Ch.  Aubert,  donc 
nièce  de  la  testatrice. 


242 

blés,  bijoux,  sans  aucune  restriction  pour  qu'elle  en  puisse  jouir  sans 
que  personne  puisse  l'inquiéter,  ni  nuire  de  quelque  façon  que  se  puis- 
se Etre  Sa  vie  durante.  Elle  ne  pourra  cependant  s'en  défaire  ni  en- 
gager d'aucune  partie;  a  plus  forte  raison  le  tout, souhaitant  et  désirant 
que  ce  qui  en  restera,  quand  dieu  disposera  d'elle,  toit  substitué  à  s>.s 
enfans  ;  et  si  elle  juge  à  propos  pour  le  leur  conserver,  le  vendre  Et 
s'en  faire  des  Rentes  pour  en  jouir,  et  après  elle,  les  laisser  à  ses  en- 
fans  ;  je  l'en  laisse  la  maitresse  étant  seure  de  toute  sa  tcndr<.ssi  pt)nr 
eux  ;  qui  me  sont  très  chers  venans  d'elle,  que  j'aime  et  aimerai  tonte 
ma  vie  de  tout  mon  cœur.  Enfin  je  veux  et  Entent  que  si  ce  présent 
testament  ne  peut  valoir  comme  testament,  pour  quelque  défaut  de  so- 
lennité, ou  autrement,  la  présente  disjiosition  vaille  comme  codicille, 
tout  ce  qu'elle  a  eu  de  mo}-,  ou  que  je  lui  donnerai  de  muu  vivant 
est  tout  dans  la  même  "ntention  que  ci  dessus,  telle  est  ma  dernier  vo- 
lonté ;  je  tacherai  de  fair  aucunes  dettes,  si  par  hasar  il  s'en  trou  voit 
quelques  uneo  lo.'.,  de  mon  décès,  je  la  prie  de  les  acquitter  sur  ce  que 
je  lui  laisserai 
fait  à  Montréal  ce  5e  juillet 
1750 

veuve  aubert  Duboisber-  '''• 

thelot  De  Beaucours 

En  outre,  de  mon  plein  gré  Et  volonté  je  done  à  monsieur  feltz 
six  franc  pour  les  bon  service  qu'il  m'a  rendue  Et  que  j'esi)ère  qu'il 
voudra  bien  après  ma  mort  Encore  me  rendre  l'ayani  choisie  par  testa- 
ment d'en  Etie  l'exécuteur  et  de  tenir  la  mains  ]iour  que  toutes  ne.-. 
intentions  soit  exécutez  article  par  article  tel  Est  ma  dernier  volonté 
ce  30  may  1751         Veui-e  aubert  Duboisberthelot  de  Beaucours 

Je  donne  La  liberté  à  ma  servante  Artemise  en  lui  donnant  mes 
bas,  souliers,  mes  deux  petits  mantelets.  Et  la  recommande  à  Mada- 
me de  Celoron,  que  je  suis  persuadée  qu'elle  traitera  bien.  Aubert  De 
Beaucours 

paraphé  à  Montréal  le  14  mars  1759 

Guiton  Monrepos 
Au  dos,  sans  date  : 

Et  tout  ce  qui  me  viendra  de  France  est  à  elle. 

Aubert  De  De  Beaucours 

paraphé  à  Montréal  le  14  mars  1759 

Guiton  Monrepos. 

Madame  de  Beaucours  ne  survécut  que  neuf  ans  à  son  mari,  b'ile 
quitta  ce  monde  le  14  n;ais  1759,  "à  deux  heures  du  matin",  âgée  de 
72  ans. 

Son  testament  qui  ctaii  enf'Tmé  dans  une  enveloppe  carrée,  scel- 
lée avec  soin,  fut  produit  au  tribunal  le  jour  nicme  du  décès  de  la  tes- 
tatrice. 

E.-Z.   MAHsicuT-nc 


-243- 

Bro:kres  publiées  par  M.  Horace  Têtu 


Histoiiqtic  des  Journaux  de  Québec.  QUÉBEC,  des  presses  à  vapeur 
de  Léger  Brousseaii,   7,  rue  Buade-^1875. 

Journaux  et  revues  de  Québec,  par  ordre  chronologique.  QUÉBEC — 
1S81. 

Jonrntiux  cl  >evues  de  Monliéal,par  ordre  chronologique.  QUÉBEC 
— 1881. 

Joutnaux  et } crues  àe  Québec,  par  ordic  chronologique.  Troisième 
édition,     québhc — 18^3. 

Histotiquc  des  /ournaux  de  Québec.  Nouvelle  édition  revue,  aug- 
mentée et  annotée.      QUÉBEC^lSSç.  ,       - 

Journaux  de  Lévis.     QUÉBEC- 1890. 

Journaux  de  Lévis,  2ème  édition,  revue  et  augmentée.  ouÈbec 
-1894. 

Souvcniis  inédits  de  l'abbé  Painchaud,  ancien  curé  de  Ste-Anne  de  la 
Pocatiere      Edition  intime,     québec  — 1S94. 

Doyens  du  clergé  canadien  de  la  province  civile  de  Québec.  QU:îBEC, 
1896. 

Journaux  de  Lévis.  3me  édition  (revue  et  augmentée),  québhc. 
1898. 

Noces  de  grâces  à  i  IlAel-Dicu  du  Précieux-Sx'ig.    quÉ3EC-i8;S. 

Résntiic  histotiquc  de  V industrie  et  du  commerce  de    Québec  de  JyjS  à 

IQOO.       QUÉBEC- 1899. 

Des  missions.  La  Tribu  des  Hurons  de  1626  à  1-62  inclusivement. 
QUÉBEC,    1902. 

Livre  d' 01  du  clergé  canadien.     QUÉBEC/ — 1903. 

Edijccs  religieux  érigés  dans  ta  province  de  Québec  sous  la  domina- 
tion Jrançaise.     QUÉBEC-  -1903. 

Oi^cau.v  de  cage.     ouÉB!-;c--  1906. 

Edijices  leligieux  érigés  dans  la  piovinee  de  Québec  sous  la  domina- 
tijn/iancaise'      Nouvelle  édition,   quéhi-;c--- 1910. 

•       ,        P.   G.   R. 


<oMldna  '.^  :••'::•;(! 


...244- 

Biographies  canadiennes 

André  Grasset  dk  Saint-Sauveur.— M.  de  la  Jonquière  qui 
vint  prendre  possession  du  gouvernement  de  la  Nouvelle- France  au 
mois  d'août  1749  avait  amené  avec  lui  son  secrétaire,  André  Gra.-set 
de  Saint- Sauveur. 

M.  de  la  Jonquière  n'était  pas  un  lettré.  Connue  le  dit  son  histo- 
rien, il  aurait  pu  réjwndre  à  ceux  qui  ne  lui  trouvaient  pas  assez  de 
lettres  :  "Entré  dans  la  marine  à  douze  ans.  je  n'ai  pas  appris  les 
sciences,  mais  j'ai  appris  à  combattre  les  ennemis  ;  mes  combats  et  mes 
■blessures,  voilà  mes  titres  que  j'ai  achetés  au  prix  de  mon  sang." 

Gra-sset  de  Saint-Sauveur,  qui,  quoiqu'en  dise  Montcalm,  était  un 
homme  instruit  et  d'une  habileté  peu  ordinaire,  rendit  de  grands  ser- 
vices au  gouverneur  pendant  toute  ^on  administration. 

C'est  sans  doute  pour  reconnaître  les  services  rendus  par  son  .se- 
crétaire que  dans  son  testament  fait  le  13  février  1752,  un  jitu  plus 
d'un  mois  avant  sa  mort,  M.  de  la  Jonquière  fit  inscrire  la  clause  sui- 
vante : 

"Veut  que  M.  de  Saint-Sauveur,  son  secrétaire,  .soit  nourri  et  logé 
au  d.  château  (Saint-Louis)  pendant  trois  mois,  s'il  le  juge  à  propos  (ij 

Après  la  mort  de  M.  de  la  Jonquière  arrivée  à  Québec  le  17  mars 
1752,  nous  ignorons  ce  que  devint  M.  Grasset  de  Saint-Sauveur. 
Peut-être  servit-il  M.  Duquesne,  successeur  de  M.  de  la  Jonquière,  en 
la  même  qualité  ? 

Comme  M.  de  la  Jonquière,  le  dernier  gouverneur  de  \'audreuil 
ne  se  piquait  pas  d'être  un  littérateur.  Montcalm,  qui  le  dcte.stait, 
dit  dans  une  de  ses  lettres  :  "V^ous  serez  peut-être  surj)ris  que  je  lui 
jiarle  (à  Vaudreuil)  du  compositeur  de  ses  lettres  ;  il  convient  qu'il 
n'en  fait  ni  n'en  dicte  aucune".  M.  de  Vaudreuil  fut  donc  heureux, 
lorsqu'il  i>rit  le  gou\-ernement  du  Canada,  de  retenir  les  services  d'un 
secrétaire  aussi  accompli  (?■>   que  Grasset  de  Snint-Sauveur, 

Le  4  octobre  1749,  MM.  de  la  Jonquière  et  Bigot  informaient  le 
ministre  de  la  mort  de  MM.  Taschereau  et  de  Lotbinière,  conseillers 
au  Conseil  Souverain,  et  suggéraient    jwur  les  remplacer  MM.  Nouchet 

(i)      Bulletin  des  Recherches  Historiques,  v(,)I.  V,  p,  271. 


'^\'[J-10  '■ 


.'-.   :[,      ..  -    \C 


—245— 

et  de  Saint-Sauveur. 

"Il  vaque  encore,  écrivaient-ils,  par  la  mort  de  Mrs  Lotbinière  et 
Taschereau  deux  plac-s  de  conseillers  laïc.  Elles  ne  sauroient  estre 
mieux  occupées  que  par  le  S.  Nouchet  qui  est  assesseur  depuis  deux 
ou  trois  ans  et  qui  s'applique  infiniment  et  par  le  Sr  St  Sauveur  qui  est 
un  garçon  de  famille  bien  né  et  qui  ayant  fait  ses  études  a  esté  reçu 
avocat  Mr  de  la  Jonquiîre  l'a  amené  avec  luy.  Nous  vous  supplions 
de  vouloir  bien  leur  accorder  ces  deux  places."      (  i) 

Le  19  mai  1750,  le  président  du  Conseil  de  marine  répondait  à  M. 
de  la  Jonquière  qu'il  approuvait  le  choix  de  MM.  Nouchet  et  de  Saint- 
Sauveur  pour  remplacer  MM.  Taschereau  et  Lotbinière. 

-     M.VL  Nouchet  et  Saint-Sauveur  furent  nommés    le  lermai  1750. 
M.  Nouchet  fut  iu-tallé  au  Conseil    Souverain  le  12    octobre  1750. 
Mais  il  I, 'appert  ]  :.s  que  M.  Saint-Sauveur  ait    jamais  présenté  ses 
lettres  de  pr  .visions  au  Conseil. 

M.  de  Vaudreuil.  le  S  novembre  1759.  demandait  au  ministre  la 
place  d'inspecteur  des  mag.-isins  pour  M.  de  Saint-Sauveur. 

"Je  me  flatte,  écrivait  il, que  dès  l'année  prochaine  les  dépenses  de 
la  Colonie  diminueront  considérablement,  je  me  propose  du  moins  de 
concourir  en  tout  ce  qui  pourra  dépendre  de  moi  à  la  plus  grande  éco- 
nomie et  si  nous  avons  la  paix  connue  elle  est  à  désirer  ou  que  mes  oc- 
cupations soient  moins  grandes  et  moins  urgentes  quelles  ne  l'ont  été 
jusqu'à  présent  :  je  prendrai  les  connaissances  les  plus  exactes  de  l'ad- 
ministration des  finances  et  des  magazins  du  Roi.  J'étois  préoccupe 
de  ces  deux  objets  également  intéressants  lorsque  j'eus  l'honneur  de 
vous  demander  la  place  d'inspecteur  des  magazins  pour  le  Sr  Saint- 
Sauveur  mon  secrétaire,  je  suis  très  sensible  à  la  bonté  avec  laquelle 
vous  avés  bien  voulu  agréer  cette  proposition  et  à  tout  ce  que  vous 
m'avez  fait  l'honneur  de  me  marquer  à  cette  occasion  par  la  Lettre  que 
vous  m'avés  fait  celui  de  m'écrire  le  25  janvier.  Cette  place  d'inspec- 
teur n'entrera  vraissemblablement  pas  dans  les  éclairci.ss>  ments  que  M. 
Bigot  pourra  vous  doiuier  du  nombre  des  sujets  de  toutes  espèces  que 
chaque  partie  exige.  Je  conviens  que  le  S.  Saint -Sauveur  sera  le  pre- 
mier sujet  à  qui  Sa  Majesté  ait  accordé  un  .semblable  Brevet  mais  il  est 

(I)      Archives  publi(iucs  du    Canada.     Currespoiulance    générale, 
vol.  93. 


—246— 

aussi  vrai  qu'il  est  très  en  état  de  s'en  acquitter  avec  distinction  et  par 
les  sentiniens  que  je  lui  connois  et  par  les  lumières  et  l'expérience  qu'il 
s'est  acquises  depuis  dix  années  qu'il  a  presqu'étc  entièrement  occupé 
des  affaires  du  Gouvernement  il  seroit  fort  à  désirer  que  vous  voulus- 
siés  régler  ses  fonctions  de  façon  qu'elles  ne  puissent  être  susceptibles 
d'aucune  difficulté  ni  contrariété  quoiqu'il  ait  beaucoup  de  mérite  et 
de  zèle,  je  vous  supplie  Monseigneur  de  vouloir  bien  ne  considérer  que 
moi-même  dans  la  demande  que  j'ai  l'honneur  de  vous  faire  j'y  serai 
extrêmement  sensible  j'ajoute  que  je  suis  si  certain  de  la  probité  dudt 
S.  Saint-Sauveur  que  je  vous  réponds  de  la  fidélité  de  son  administra- 
tion. Sa  bonne  conduite  lui  a  aquis  ma  confiance  et  je  pourrai  m'en 
raporter  aux  comptes  qu'il  nie  rendra  de  toutes  choses  et  aux  opéra- 
tions dont  je  le  chargerai  plus  que  je  ne  pourrois  le  faire  à  toute  autre 
personne,  se  sera  une  grâce  que  vous  m'accorderés  et  que  je  me  ci  ois 
fondé  à  vous  demander  en  considération  des  anciens  service^,  dudt  S. 
Saint-Sauveur  et  de  ceux  qu'il  tst  en  état  de  rendre,  il  est  fixé  dans 
cette  Colonie  et  tout  l'engagera  à  s'y  attacher  s'il  peut  y  être  placé 
aussi  convenablement  que  je  le  désire.  '  '      (  i  ) 

Mais  la  Nouvelle-France  était  déjà  presque  toute  au  pouvoir  des 
Anglais  et  le  ministre  se  contenta  de  répondre  à  M.  de  Vaudreuil,  le 
26  janvier  1760,  qu'il  se  souviendrait  à  l'occasion  des  bons  témoigna- 
ges qu'il  rendait  au  sieur  de  Saint-Sauveur. 

On  sait  qu'après  la  perte  de  la  Nouvelle-France,  les  auteurs  des 
"monopoles,  abus,  vexations  et  prévarications  commis  au  Canada"  fu- 
rent arrêtés  et  jetés  à  la  Bastille.  Une  commission  présidée  par  M.  de 
Sartine  et  composée  de  vingt-sept  juges  au  Châlelet,  fut  chargée  de  ju- 
ger les  cinquante-cinq  accusés.     L'instruction  dura  quinze  mois. 

Le  jugement  fut  rendu  le  10  décembre  1763.  M.  de  Saint-Sau- 
veur avait  cru  plus  prudent  de  ne  pas  retourner  en  France.  La  Cour 
décréta  qu'il  serait  plus  amplement  informé  contre  lui. 

Lorsque  M.  de  Saint-Sauveur  vit  que  ceux  qui  avaient  prévariepié 
s'en  tiraient  après  tout  à  as.^^ez  bon  marché,  il  se  décida  à  aller  jouir  de 
ses  rentes  eu  France.  Il  parut  à  l'automne  de  1764.  Nous  le  voyous 
à  Québec  le  31  octobre  1764,  préparant  sou  départ.  Il  dut  s'embar- 
f|Uer  dans  les  iiremiers  jour.s  de  novembre  1764. 

70  Archives  publicpies  du  Canada.  Correspondance  générale, 
vol.   104. 


-247— 

En  a\Til  1765,  avec  ciiic[  autres  des  contuir.aces,  IM.  de  Saint-Sau- 
veur se  coa.-titua  prisonnier.  Il  fi.t  interné  à  la  Bastille.  Le  Tribu- 
nal, après  information,  le  mit  hors  de  cour.  il  avait  fait  préparer  par 
t.es  avocats,  pour  convaincre  les  juges  de  son  innocence,  un  factuni  ou 
mémoirv;  intitulé  :  Mcmoirc  poKv  le  sicnr  Andjé  Grasset  de  Saint-San- 
veiir,  ci-devaiit  seeiélaire  géuétal  au  goKZTrncincnt  dit  Canada,  Nonvelle- 
Ftancc,  ek.  contre  le  prccureur-trcvéral  delà  Commission  d7i  Canada. 
Paris — 1765. 

On  verra  p;ir  le  petit  détail  s\ii\ant  que  M.  de  Saint-Sau\eur 
s'était  amassé  une  jolie  fortune  ]>ei:dant  ses  quekjues  années  de  séjour 
au  Canada.  Le  20  septembre  1767,  le  président  du  Con.seil  de  niarii.e 
priait  ^L  Fontanien  d'examiner  le  mémoire  de  ^L  de  Saint-Sauveur, 
ci-devant  .secrétrire  de  ?.L  de  Vaudieuil,  qui  demandait  d'être  pa\é 
sans  réduction  des  3i7,2<i2  livres  de  j.apiers  du  Canada  dont  il  était 
porteu  -. 

On  lit  dan-,  un  inér.ioire  anonyme  intitulé  Mémoire  du  Canada  : 

".\L  de  la  Jonqiiière  se  fia  tro]),  ainsi  qu'il  s'en  est  expliqué  lui- 
niénie,  à  un  secrétaire  m  n;mé  Saint- Sauveur.  Car  cet  homme,  sans 
honneur  et  sans  sentiment,  employait  tous  les  moyens,  licites  ou  non, 
pour  faire  fortune.  Il  demanda  à  son  maître  la  permission  exclufci\e 
de  faire  vendre  de  l'eau  de  \ie  aux  sauvages,  ce  qu'il  obtint.  l'es  ce 
moment  il  s'attira  la  haine  publique,  ainsi  que  son  maître,  que  l'on  di- 
sait être  de  moitié  dans  ce  trafic." 

Dans  le  même  mémoire,  lorsqu'il  parle  des  fonctionnaires  qui  les- 
tèrent au  Canada  en  1760,  l'auteur  anonyme  écrit  : 

"Saint-Sauveur,  secrétaire  du  gou\erneur,  y  resta  aussi. ..J'ai  eu 
le  plai.sir  d'ouïr  dire  de  ce  dernier,  en  niil-sept-centcinquante-rtuf. 
par  M.  Murra\-,  gouverneur  anglais,  à  (Québec,  qu'il  désirerait  que  Cet 
homme  pût  lui  tonilier  en  main  ;  cpie  si  la  France,  ou  jiour  mieux  dire 
le  gouvernement  français  avait  été  indulgent,  il  avait  toléré  le  vice  en 
cet  homme,  il  voudrait  le'corriger  ;  que  c'était  itu  traître  à  son  maître, 
qu'il  avait  abusé  de  la  confiance  qu'il  lui  a\ait  donnée,  qu'on  ne 
voyait  en  lui  que  friponr.erie,  que  ccnimen.e  illiLite  ;  qu'il  était  yCnui 
lui-iuême  de  ra\eugki:icnl  de  ce  général.  On  doute  furt  ipie  cet  h<  111 
me  ose  jamais  passer  en  l'iance.  II  est  constant  (pi'il  ji  uit  de  plus  de 
dou/e  cent  mille   li\res 

Si  nous  n'avions    (jue  le     témoignage  de     l'uuteur  du     Mt'mciit  du 


-248— 

Canada,  nous  serions  porté  à  pardonner  beaucoup  à  M.  de  Sniiit-Sau- 
veur  car  cet  auteur  est  ijlutôt  porté  à  exagérer,  mais  Montcalni,  l'hon- 
nête Montcalm,  accuse  aussi  le  secrétaire  de  M.  de  Vaudreuil.  Dans 
son  Journal,  il  écrit  : 

"L'empirique  M.  Mercier,  ri;j;norant  et  avide  Saint-Sauveur,  se- 
crétaire du  général,  gouverneront  la  machine.  Il  faut  bien  envoyer  à 
la  Belle-Rivière,  puisque  Saint-Sauveur  et  le  chevalitr  de  Repentignj- 
ont  acheté  de  moitié  pour  cent-cinquante  milles  de  marchandises  qui 
revendues  sur  les  lieux  pour  le  compte  du  roi,  produiront  un  million". 

M-  Grasset  de  Saint-Sauveur  mourut  en  France,  nous  ignorons  à 
quelle  date. 

Il  avait  épousé,  à  Montréal,  le  2  octobre  1752,  Marie-Anne  No- 
lan,- fille  de  Charles  Nolan  de  la  Marque  et  de  Marie-Anne  1  e  Gardeur 
de  Saint-Pierre  Elle  décéda  le  t S  octobre  1755,  sans  lui  laisser  d'en- 
fants. Le  3  juillet  1756,  M.  de  Saint-Sauveur  épousa  en  secondes  no- 
ces Marie-Josephte-Quesnel  Fonblanche,  fille  de  Jacepies-François 
Quesnel-Fonblanche  et  de  Marie-Anne  Franquelin.  De  ce  mariage  na- 
quirent deux  fils  qui  se  distinguèrent  mais  à  des  titres  différents. 
L'aîné  fut  un  des  romanciers  à  la  mode  du  commencement  du  dix-neu- 
vième siècle,  et  le  cadet,  prêtre  de  Jésus-Christ,  fut  un  des  mart3's  de 
la  Commune. 

Jacques  Grasset  de  Saint-Sauveur.— Né  à  Montréal  le  6  avril 
1757,  du  mariage  de  André  Grasset  de  Saint-Sauveur  et  de  Marie-Jo- 
sephte  Quesnel-Fonblanche.  Il  étudia  au  collège  de  Sainte-Barbe  et 
embrassa  la  carrière  diplomatique.  Il  fut  pendant  plusieurs  année.^ 
vice-consul  de  F"rance  en  Hongrie  et  représenta  aussi  son  j^ays  dans  le 
Levant.  M.  Grasset  de  Saint-Sauveur  mourut  en  France  le  3  mai 
iSiOj 

Grasset  de  Saint-Sauveur  se  livra  avec  ardeur  à  la  littérature.  Ses 
livres  composés  dans  l'esprit  de  la  période  troublée  pendant  lariuelle  il 
vécut  eurent  une  certaine  vogue. 

Nous  donnons  ici  la  liste  des  dix-neuf  ouvrages  publiés  par  Gras- 
set de  Saint-Sauveur.  Isidore  Lebrjni  ne  lui  donne  que  onze  ouvrages, 
Bibaud  lui  en  attribue  trei/.e  et  Henry  Morgan  nous  donne  les  titres  de 
dix-neuf.  Ivn  cherchant  bien  on  en  trouverait  peut-être  encore  ciuel- 
ques  uns. 

Voici  .• 


—249— 

1.  Coslum  s  civils  actuels  de  tous  les  peuples  connus.      Paris--- 1784, 

4  vols,  in  4. 

2.  Tableaux  de  la  Fable  rep>ésentés  par  figure,  accompagnées  d'ex- 
plications.     Paris— 1785.      I  vol.  iii-4. 

Tableau  cosmograpique  de  P Europe,  de  V Asie,  de  V Afrique  et  dr- 
l' .Amérique,  avec  histoire  généi aie  ci  détaillée  des  peuples  sauvages.  Pa- 
ris---i;S;.      I  vol.  in-4. 

4.  L'Aniiqjie  Rome,  ou  Description  histoiique  et  pittoresque  de  tout 
ce  qui  concerne  le pciMe  lomaiu  dans  costumes  civils,  militai}  es  et  religieux, 
dans  les  mœurs  publiques  et  privées,  depuis  Romuhis  jusqu' à  Augustule. 
Paris— 1796.     2  vols.  in-4. 

5.  Encyclopédie  des  voyages,  contenant  l'abrégé  historique  des 
mœurs,  usages,  habitudes   domestiques,   religions,  etc.      Paris— 17^5-1796. 

5  vols.  in-4. 

6.  Les  amours  du  fameux  comte  de  Donncval,  paeha  à  deux  queues, 
connu  sous  le  7iom  d' Osman,  rédigé  d' api  es  quelques  mémoires  particu- 
liers.    Paris— 1796.    I  vol.  iu-iS 

7.  Le  Sérail  ou  Histoire  des  intrigues  secrètes  et  amoureuses  du 
Grand  Seigneut.     Pari5--i796.     3  vols.  iu-i8. 

8.  Fastes  du  peuple  français,  ou  Tableaux  raisonnes  de  toutes  les 
actions  héroïques  et  civiques  du  soldat  et  du  citoyen  français.      Paris-- 1796, 

1  vol.    in— 4. 

9.  Waiéjulio  et  Zclmire,  histoire  véritable  traduite  de  l'anglais. 
Paris— 1796,    I  vol.  in  12. 

10.  Costumes  des  iep)ésentants,  des  inembres  des  deux  conseils,  du 
directoire  exécutif,  des  ministres,  des  tribunaux.  Paris- -1796.  i  vol. 
in-8. 

11.  Les  trois  manuels,  ouvrage  moral  écrit  dans  le  goût  d'Epictè- 
te  :  Manuel  des  infortunés  ;  Manuel  des  indigens  ;  Manuel  de  l'hom- 
me honnête.      Paris--i796,    ivol.  in--i8. 

12.  Les  amouis  d'  .-Uexandre  et  de  sultane  .h'iazille       Paris--- 1797. 

2  vols,   in-- 18. 

13.  Description  des  peuples  de  r Eu) ope.      Paris,  1798.    i  vol,  in-4. 

14.  Description  des  p>  incipaux  peuples  d'Asie,  (ontcnant  le  détail  de 
leurs  maurs,  coutumes,  usages,  etc.      Paris,  1798,  7  vol.  in--4, 

15       Esprit  des  Ana  ou  de  tout  un  peu.      Paris--- 1801 ,  2  vols  in- 1  2. 


—250- 

i6.  Voyages  pillorcsqiics  dans  les  qiialre  parties  du  monde.  Paris, 
i8o6,  I  vol  in--4. 

17.  Les  ai  chives  de  V honneur,  ou  notes  historiques  S7tr  les  généraux, 
officiers  et  soldats  qui  ont  fait  la  guenc  de  la  Révolution.  Paris-- 1806, 
4  vols  in--8. 

18.  Plantes  usuelles    indigènes    et  exotiques.     Paris— 1807,  2  vols. 

in--4. 

19.  Muséum  de  la  Jeunesse,  ou  Tableau  histot  ique  des  scienees  et  des 
arts.  Paris.— 1809- 181 1,  i  vol.  in-4.  Cet  ouvrage  a  été  public  en  24 
livraisons.  Les  6  premières  l'ont  été  par  Grasset  de  Saint-Sauveur  ; 
et  les  18  autres  par  Babié,  après  la  mort  de  Grasset  de  Sain^Sauveur. 

André  Grasset  de  Saint-Sauveur.— Né    à  Montréal  le  3  avril 
'  175S,  du  mariage  de  André  Grasset  de  Saint-Sauveur  et    f^e  Marie-Jo- 
sephte  Quesnel-Fonblanche. 

Passé  en  France  avec  son  père  en  1764,  le  jeune  Grasset  de  Saint- 
Sauveur  après  un  brillant  cours  d'études  fut  admis  à  la  prêtrise. 

Lors  de  la  Révolution,  l'abbé  de  Sairt-Sauveur  était  chanoine  de 
l'église  métropolitaine  de  Sens. 

Enfermé  au  couvent  des  Carmes,  de  Paris,  qui  avait  été  converti 
en  prison,  il  fut  massacré  en  haine  de  la  foi  pour  refus  de  prêter  ser- 
ment à  la   Constitutian  civile  du  clergé,  le  2  septembre  1792. 

Le  nom  du  chanoine  Grasset  de  Saint-Sauveur  figure  sur  les  pla- 
ques de  la  crypte  de  l'église  des  Carmes,  rue  de  Vaugirard,  à  Paris, 
avec  le  titre  de  "Quebecensis."  On  ignorait  sans  doute  qu'il  était  ori- 
ginaire de  Montréal. 

Dans  la  Seviaine  Religieuse  de  Montiéal  du  S  juillet  1901,  sous  le 
titre  :  "Un  martyr  montréalais,  M.  André  Grasset  de  Saint-Sauveur," 
nous  lisons  : 

"Tous  les  Canadiens  qui  ont  eu  le  bonheur  de  descendre  dans  la 
crypte  de  l'église  des  Carmes,  rue  de  Vaugirard,  à  Paris,  et  d'y  prier 
sur  les  ossements  des  martyrs  de  1792,  se  rappelleront,  avec  une  reli- 
gieuse émotion,  le  nom  que  vous  venez  d'écrire  en  tête  de  cet  article. 

"Ils  auront  sans  doute  éprouvé  une  sorte  d'étoi-nement  mêlé  de 
pieuse  fierté,  en  lisant  sur  les  plaques  comme moratives  du  célèbre  sanc- 
tuaire, parmi  tant  d'autres  noms  de  prêtres,  de  religieux  et  d'évcques 
massacrés  en  haine  de  la  foi,  celui  d'un  compatriote  :  M.  André  Gras- 
set de  Saint-Sauveur. 


doai 


lUVJ.'.  -I 


—251- 

"Ce  sera  pour  eux,  comme  pour  nous  tous  d'ailleurs,  une  grande 
joie  et  même  un  sujet  d'orgueil  national,  d'apprendre  que  l'ou  va  bien- 
tôt proposer  aux  honneurs  de  la  canonisation  ces  centaines  d'ecclésias- 
tiques. 

"Se  rendant  aux  instances  réitérées  qui  lui  étaient  adressées  de- 
puis plusieurs  années,  et  qui  devenaient  chaque  jour  plus  nombreuses. 
Son  Eminence  le  cardinal  Richard,  archevêque  de  Paris,  par  mande- 
ment eu  date  du  14  mars  dernier,  a  ins  itué  le  tribunal  chargé  d'ins- 
truire la  cause  de  ces  prêtres.  Le  prélat  formait  en  même  temps  une 
commission  spéciale,  pour  aider  à  recueillir  tous  les  documents  utiles, 
et  aussi  à  procurer  les  ressources  que  pourront  exiger  les  recherches  à 
faire. 

"Avec  la  permission  de  Mgr  l'archevêque  de  Montréal,  c'est  dans 
la  lettre  même  que  lui  envoie  à  ce  sujet  le  vénéré  cardinal  et  dans  les 
pièces  que  l'accompagnent,  que  nous  puisons  les  renseignements  don- 
nés ici. 

"Nous  n'avons  pas  à  refaire  au  long  l'histoire  de  la  persécution 
religieuse  inaugurée  en  France  par  l'Assemblée  Constituante  en  1791, 
poursuivie  l'année  suivante  par  l'Assemblée  Législative,  et  terminée 
dans  le  sang  du  clergé  .séculier  et  régulier,  cette  même  année  au  mois 
de  septembre,  par  la  Commune.  Ce  drame  cruel  et  sanglant  est  trop 
connu  ! 

"La  Constituante  avait  décrété  la  Constitution  civile  du  clergé 
français.  De  par  cette  loi,  la  France  se  trouvait  séparée  de  l'Eglise  et 
du  Souverain  Pontife.     C'était  le  schisme. 

"Une  protestation  unanime  se  fit  entendre  d'une  extrémité  à 
l'autre  du  pays,  partie  tout  à  la  fois  de  la  bouche  des  évêques,  des 
prêtres  et  des  laïques.  Le  gouvernement  tenta  d'étouffer  cette  géné- 
reuse protestation,  en  portant  un  nouveau  décret,  qui  obligeait  les  ec- 
clé.siastiques  à  prêter  le  serment  à  la  Constitution  civile  du  clergé,  ou 
à  perdre  leurs  bénéfices. 

•'Henri  VIII,  a-t-on  écrit,  n'avait  trouvé  que  quatre  évêques  pour 
s'opposer  à  ses  projets,  et  la  prétendue  Réforme  avait  triomphé  en 
Angleterre.  En  France,  sur  plus  de  cent  trente  évêques,  quatre  seu- 
lement prêtèrent  le  serment  imposé  par  les  sectaires,  et  la  fidélité  cou- 
rageuse des  autres  fut  imitée  par  la  masse  du  clergé. 

"Mais  les  ennemis  de  l'Egli.se  ne  désarmèrent  pas.     L'héroïsme  de 


-252— 

la  résistance  les  fit  entrer  dans  une  rage  barbare.  Malgré  la  protesta- 
tion du  pape  Pie  VI,  l'Assemblée  Législative  déclara  '"rtuspects"  les 
prêtres  insermentés,  et  les  désigna  ainsi  aux  coups  d'une  populace 
ivre  de  colère  et  de  carnage. 

"Bientôt,  la  Commune,  la  hideuse  Commune,  entre  en  .scène, 
fille  traqua  comme  des  bêtes  fauves  tous  les  prêtres  qui  refusent  de 
prêter  le  serment. 

"Par  une  première  confes^lion  de  foi,  ils  ont  perdu  leurs  béuL fi- 
ées ;  une  seconde  confession  les  fait  jeter  en  prison  ;  une  troisième 
leur  méritera  la  palme  du  martjre. 

"Le  dimanche,  2  septembre  1792,  raconte  Mgr  Péchenard,  l'émi- 
hent  recteur  de  l'Université  catholique  de  Paris,  tout  était  i)rét.  Au 
signal  convenu,  les  assassins  s'élancent  dans  le  jardin  des  Carnits,  eu 
réclamant  à  grands  cris  l'archevêque  d'Arles,  frappé  un  des  premiers, 
tandis  que  les  autres  tombent  sou.-,  les  coups  des  balles  et  des  piques. 
Bientôt  le  massacre  se  régularise  et  se  poursuit  méthodiquement  ;  .  ■ 
Les  prêtres  sont  repoussés  dans  l'église  et  amenés  ensuite  devant  une 
espèce  de  tribunal,  qui  s'installe  à  deux  pas  des  bourreaux... De  là,  ils 
sont  conduits  au.ssitôt  au  perron  fatal  pour  y  être  massacrés  et  meu- 
rent en  vrais  martyrs. 

"Des  scènes  analogues  .se  passent,  eu  même  temps,  dirigées  to.i- 
jours  par  les  révolutionnaires,    à  rAbba3'e  et  à  Saint-Firmin. 

"Quelques  prêtres,  ajoute  Mgr  Péchenard  providentiellement 
échappés  aux  coups  des  bourreaux  et  témoins  oculaires  des  massacres, 
les  ont  fait  coiniaître  dans  des  relations  iileiues  d'intérêt.  Ils  ont  dit 
la  sérénité  de  ces  victimes,  et  l'étoiniement  de  ieurs  bourreaux  en  les 
voyant  marcher  à  la  mort,  selon  l'expression  d'un  communard,  "avec 
autant  d'allégresse  et  de  gaieté  que  s'ils  étaient  allés  à  la  noce." 

"N'étnit-ce  point  là   r"Ibant  gaudentes"  des  Actes  des  Apôtres  ? 
"Aussi,  quand  Pie  VI  fut  informé  de  ce  qui  s'était  pas.sé  aux  Car- 
mes, à  l'Abbaye  et  à    Saint-Firmin,  se  hâta-t-il    de  .saluer    le  premier, 
dans  un  acte  ofiiciel,  du  beau  nom  de  "martyrs",    tous  ces  héros  morts 
pour  la  défense  de  la  foi  et  la  liberté  de  l'église. 

"C'est  la  ratification  exi>licite  et  st>leuneUe  de  cette  parole  pontifi- 
cale, qu'il  s'agit  maintenant  d'oljtenir  du  Saint-Siège 

"Nous  y  travaillerons  de  toutes  nos  forces,  en  union  avec  nos 
frères  de  France,  en  pensant  t|Ue  la  canonisation  des  "Mart\rs  des  Car- 
mes, des  MartjTS  de  Sei)lenil)re"  ])orterasur  les  autels  un  Canadien  de 
Montréal,  notre  compatriote,  M.  André  Grasset,  de  Saint-S.iu\-eur." 

P.  G.   R. 


•■\p■h^  f.I 

r;,iiJ 


—253— 

REPONSE 

L'ENGAGEMENT  DE  ECCLKS  HlI.L    (XXI,   IV   IIS)-       OÙ      est  situé 

Ecclés  Hill  ?     Quel  est  le  fait  d'armes    qui  s'est  livré    en  cet  endroit  le 
25  mai   1870  ? 

Ecclés  Hill  est  située  dans  Saint- Armand  est,  comté  de  Missisquoi, 
à  quatre  milles  de  Frelighsburg.  sur  le  grand  chemin  conduisant  à 
Franklin,  dans  le  Vermont.  A  partir  du  grand  chemin,  Ecclés  Hill 
s-élève,abruptement  vers  l'ouest  et  sétend  le  long  du  chemin  vers  le 
sudpresque  jusqu'à  la  Hgne  qui  sépare  le  Canada  des  Etats.  Ecclés 
'Hill  est  une  excellente  position  stratégique  pour  résister  à  une  attaque. 
Un  chef  habile  a\ec  quelques  douzaines  de  soldats  bons  tireurs  pourrait 
tenir  en  échec  à  Ecclés  Hill  plu.siours  centaines  d'hommes. 

Lors  de  la  première  invasion  fénicnne  de  1866,  Ecclés  Hill  fut  oc- 
cupée pendant  plusieurs  jours  par  les  envahisseurs.  Les  peu  scrupu- 
leux Féniens  envoyaient  de  là  des  détachements  piller  les  maisons  et 
les  magasins  de  Frelighsburg  et  des    villages  environnants. 

En  1866,  le  capitaine  Carter  commandait  les  volontaires  dans  cette 
partie  du  pays.  A  l'approche  des  Féniens  il  se  retira  avec  sa  petite 
troupe,  laissant  ses  concitoxens  exposés  aux  attaques  et  aux  insultes 
des  maraudeurs. 

Les  habitants  de  Dunham  et  de  Saint-Armand,  aussitôt  les  Fé- 
niens retirés,  résolurent  de  se  protéger  contre  une  seconde  attaqne.  Le 
capitaine  Asa  Westover  organisa  une  compagnie  dans  laquelle  entrè- 
rent tous  ceux  qui  pouvaient  se  .servir  d'une  carabine. 

A  la  première  alerte  de  la  .seconde  invasion  fénienne  de  1870,  les 
soldats  de  Westover  répondirent  à  l'appel  de  leur  chef.  Des  patrouil- 
les furent  organisées  et  de.-,  postes  d' observations  placées  aux  meilleurs 
endroits. 

Dans  la  nuit  du  24  au  23  mai  1870,  les  sentinelles  avancées  .signa- 
lèrent l'approche  des  Fénit-ns.  Le.,  soldats  de  We.stover  se  réunirent 
à  Ecclés  Hill  afin  de  leur  barrer  le  pa.-..sage 

Nous  trouvons  la  de.scription  de  l'engagement  de  ICcclés  Hill  dans 
le  premier  rapport  de  la  A/issisijiu'/  coioity  Hhtorkal  Socuty  : 

"On  the  moruing  ot  ^'ay  25th,  1870,  Eecles  Hill  presented  a  lively 
scetie.     Reports  gathered  1  y  thi:    Canadian    -coûts    during  the    night 


A  ri^ïHi 


-254- 

wereto  the  effect  that  a  body  of  Fenians,  estimated  at  four  hundred, 
were  at  Hubbard's  Coiiiers,  in  Franklin,  Vt,  only  a  mile  away,  and 
were  evidently  preparing  to  advauce  across  the  line  into  Canada.  As 
a  natural  conséquence,  great  excitement  prevailed,  crowds  of  citizens 
were  hurrying  in  ail  directions.  Captain  Westover's  nien,  wearing  red 
scarfs,  were  posted  at  point.s  about  the  hill  quietly  watching  the  move- 
ments  across  the  Hue,  were  the  Fenian  pickets  could  be  plainly  seen  in 
the  distance.  Colonel  Brown  Chamberlain  had  arrived  with  a  few 
nien  of  the  60  th  Rifles  Impérial  less  than  thirty  in  ail  and  was  ma- 
king  préparations  to  meet  the  enemy,  Captain  Bockus,  with  t.ie  volun- 
teers,  cccupied  the  left  of  the  line,  up  to  the  crest  of  the  hill.  The 
Home  Guards  were  posted  to  the  right,  from  the  crest  of  the  hill  along 
a  line  of  rocks  extending  down  towards  the  creek  at  the  foot  of  the 
hill.  Directly  the  Fenians  came  into  view,  marching  down  the  road 
in  good  order,  two  companie.s  being  in  advauce  of  the  main  body  with 
fixed  bayonets,  kept  steadily  ou  until  within  a  few  yards  of  the  iron 
post,  when  they  broke  into  the  double  and  in  a  minute  were  upon  Ca 
nadian  soil.  Along  the  Canadian  line  for  a  few  minutes  previous  to 
this  there  had  been  utter  silence,  not  a  person  raoved,  not  a  word  was 
spoken.  AU  were  intently  watching  the  enemy.  Then  from  down 
the  right  of  the  Hue  where  were  posted  the  Home  Guards,  there  came 
a  single  shot,  iustantly  followed  by  a  volley  from  the  whole  Hue.  The 
silence  was  broken,  the  engagement  had  begun,  and  se  rapid  was  the 
firing  that  one  coutinuous  volley  called  from  Ecclés  Hill  and 
echœd  over  the  surrounding  couutry.  At  the  first  fire  a  Fenian  fell 
dead,  and  several  more  were  wounded.  For  a  moment  there  was  utter 
confusion  in  their  ranks.  They  halted  as  the  storm  of  lead  struck 
them  with  such  force.  They  returned  the  fire  for  a  few  minutes,  then 
staggered,  wheeled  and  fîed  in  ail  directions  for  shelter  behind  the 
buildings  and  fences.  The  main  body  turned  to  the  left  and  made  for 
a  wooded  hill  opposite  the  Canadian's  position  where  they  opened  fire, 
but  with  little  or  no  effect.  For  a  tinie  a  fire  was  kept  up  by  both  si- 
des,  and  finally  ceased  with  ouly  occasional  shots.  A  little  later  on 
the  Canadians,  haviug  been  reiuforced  by  cavalry,  the  Victoria  Rifles, 
and  the  52  nd  Battaliou,  of  Brome,  formed  a  skinui.sh  Hue,  and  advan- 
ced  down  the  boundary  line,  and  drove  out  the  Fenian  iuvaders,  who 
fled  far  out  of  re.^ch  of  the  Canadian  bullets.  The  battle  was  over,  the 
day  was  won.  aud  the    Canadian  force    returned    and  camped    on  the 


—  255  — 

hill,  ready  for  action  at  a  moments  uotite,  if  required". 

C'est  feu  l'honorable  M.  Duffy  qui  proposa  le  premier  l'érection 
d'un  monument  pour  commémorer  le  fait  d'armes  de  Ecclés  Hill.  La 
Société  Historique  de  Missisquoi  (Missisquoi  County  Historical  Socie- 
ty) prit  la  chose  en  mains  et  obtint  une  somme  suffisante  d«  gouverne- 
ment du  Canada  pour  élever  un  monument  convenable. 

C'est  le  ler  juillet  1902  qu'eut  lieu  l'inauguration  du  monument 
de  Ecclés  Hill.  La  démonstration  fut  présidée  par  le  docteur  L.-C. 
Cotton,  pré.sident  de  la  Société  Historique  de  Missisquoi.  Les  orateurs 
en  cette  occasion  furent  l'honorable  Siduey  Fisher,  ministre  de  l'agri- 
■  culture  du  Canada,  rejirésentaut  le  gouvernement  fédéral,  le  colone 
Neilson,  représentant  le  ministre  de  la  milice,  l'honorable  juge  Lyneh, 
l'honorable  J.  C.  McCorkill,  le  Révérend  M.  Taylor,  et  le  docteur  N. 
A.  Smith. 

Le  monument  de  Ecclés  Hill  s'élève  sur  le  haut  de  la  montagne 
au  pied  de  laquelle  eut  lieu  la  bataille.  Il  consiste  en  un  large  bloc  de 
granit  habilement  travaillé.  Sur  la  face  principale  on  lit  l'inscription 
suivante  - 

The 
Canadian  Volunteers  '         '  '   ' 

and 
Home    Guards  ^ 

Hère    repulsed 
The  Faniau  invaders  , 

on  the  25  th  of  May  liSyo. 
Sur  le  dos,  au-de.s.sous  d'un  castor  et    d'une  feuille    d'érable  bien 
travaillées,  on  lit  ; 

Erected  in  1902,  by 

the  Dominion    Government, 

under  the  Suiiervisicn    of 

The  '   .•'      '    ;,^ 

Missi.squoi    Kistorical 
Society. 


'Éii;;;,'-?!  li  .'.''•loi!      •H'îH': 
.   .,     fis  .qnq  (.  :>   ,  •:.; 


1  'i  :f.Kui  ,iJtf{ 


..;    uvil  V. 


yy.'-'-l  ■3b 


...  256  — 

LES  OUVRAGES  CANADIENS  RECENTS 


Mgr  L  -A.  Paquet,  Discours  et  allocHiions.  Québec,  Imprimerie 
Franciscaine  Missionnaire-1915. 

yigr  h.-A..  Y2l(.\uq\.,  Droil public  de  réglisf.  L'action  ic/igicusc  et 
ta  toi  civile.  Québec,  Imprimé  par  Laflamme  &  Proulx,  34,  rue  Gar- 
neau — 1915. 

Actes  du  Com^il's  de  l' Enseignement  secondaire,  tenu  au  Séminaire 
de  Québec  les  20-21  juin  içi-f..  Québec,  Imprimerie  de  l'Action  Sociale 
Limitée — 1915. 

R  P.  Trudeau,  O.  P.,  Les  syndicats  socialistes  et  neutres.  Brochu- 
re de  l'Ecole  Sociale   Populaire.     Montréal — 1915. 

L'abbé  Edmour  Hébert,  L" Eglise  et  l'organisation  ouvricre.  Bro- 
chure de  l'Ecole  Sociale   Populaire.     Montréal — 1915. 

M.  de  la  Seine,  Edinonton  et  f  .Alberta  française.      1915. 

Séminaire  Saint-Joseph,  aux  Trois- Rivières.  Année  Académique 
1914-15,  troisième  série,  no  10.  Les  Trois-Rivières,  Imp-  La  Compa- 
gnie "Le  Bien  Public",  3,  rue  Hart — 1915. 

Ninth  séries  of  Historical  Documents.  Parti  Lady  Duthams 
Jontnal  ;  Part  II  Mémoires  de  M.  le  cliev.  dejohnstone,  published  by  The 
Lîterary  and  Historical  Society  of  Québec.  Québec,  The  Telegraph 
Printing  €^1915. 

Raj'raond  Du  Bois  Caball,  The  Sovereign  Council  of  New  France. 
A  stndy  in  Canadian  Constituiional  Ilistory.  New- York,  Columbia 
University-^1915. 

W.  W.  Swanson,  The  Financial  Pozcer  of  thc  Empire.      Kingston — 

Frank-D.  Adams,  The  National  Domain  in  Canada  and  ils  pioper 
Conseï  vation .     Ottawa —  1 9 1 5 . 

E.  H.Oliver,  Tlie  Canadian  N'orth-West,  ils  early  development  and 
législative  records — Minutes  of  the  Councils  of  the  Red  River  Colony  and 
the  Northern  Detjartment  of  RuperC s  land.  (In  two  volumes).  Vol. 
II.   Ottawa,  Government  Printing  Bureaii-1915. 

D.  D.  Cairnes,  Rappott préliminaire  sur  les  Dépôts  Ilouillei s  des 
Rivi'éres  Leices  et  Nordenskiold,  dans  le  Tenitoire  du  Yukon.  Ottawa- 
1914. 


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BULLETIN 


RECMERCÏÏES  HlSTORipES_ 

VOlTxXI  BEAUCEVILLE=SEPTEMBRE    1915  No.  IX 

Mémoire  ds  Qédéon  de  Catalogne  sur    les    plans  des 

seigneuries  et  habitations  des  gouvernements 

de  Québec,  les  Trois-Rivières  et  Montréal  ^^^ 


LETTRE  AU  MINISTRE 

7  gbre  17 12.  .: 

Monseeigneur,  ■       • 

J'avois  prétendu  en  levant  les  plans  des  Seigneuries  et  habitations 
des  gonverneuients  de  Quebek,  les  trois  Rivières  et  de  Montréal  en  Ca- 
nada, donner  a  Vostre  grandeur  une  juste  idée  de  lordre  de  son  éta- 
blissement, je  me  suis  aperçu  que  pour  les  rendre  plus  intelligibles,  il 
en  faloit  détailler,  seigneurie  par  seigneurie,  les  productions  naturelles 
et  accidentelles,  la  qualité  et  propriétté  des  terres,  les  noms  et  qualités 
des  seigneurs,  par  quelle  communauté  les  paroisses  sont  desservies,  et 
achacune  ses  propriettes  par  ce  mo\eiit  sy  le  copiste  des  derniers  plans 
a  esté  fidel,  Vostre  grandeur  connoitia  mieux  le  Canada  que  ceux  qui 
l'ont  fréquenté  pendant  plusieurs  années.  J'avois  eu  dessein  de  mar- 
quer sur  les  plans  les  étendues  des  terres  reduitte  a  la  culture  par  cha- 
que habitation,  mais  il  mauroit  falu  un  tems  très  considéralde,  outre- 
que  les  déserts  saugmentent  tous  les  jours,  Joze  me  flatter,  Monsei- 
gneur, que  Vostre  grandeur  sera  satisfaite  de    mes    a])lications    et    du 

(i)  Ce  mémoire  est  reproduit  d'ajjrès  la  cojiie  des  Archives  pu- 
bliques du  Canada  (  CorresiJondance  générale,  1712,  série  F.,  vol.  33, 
l)p.  278  à  368).  Nous  en  devons  la  communication  à  M.  A.-O. 
Doughty,  archiviste  du  Canada.  On  troinera  une  biographie  de  Gé- 
déou  de  Catalogne  dan.s  le  IhdUliu,  vol.  XIII,  p.  50. 


v:vrH.j:rïiï 


/'     lOV 


['rr;-i_ 


—258  — 

profond  respect  avec  lequel  jay  Ihonneur  destre 

Vostre  très  humble,  très  obéissant  et  très  soumis  serviteur 

CATALONGNE 
A  Québec,  le  ye  novembre  17 12. 


Le  Canada  n'est  a  quelque  chose  prest  qu'une  forest  confuse  et 
mélangée  de  toutes  sortes  de  bois  et  plantes,  entreccignée  de  monta- 
gnes, lacs  et  rivières,  en  soite  que  ce  qui  y  est  habité  ne  peut  servir 
que  d'échantillon  a  tout  ce  vaste  pays. 

Les  Pins  sans  nombre  se  distinguent  par  leur  grosseur  et  hauteur 
au  dessus  de  tous  les  autres  arbres  propres  à  la  construction  et  a  pro- 
duire, résine,  bray  et  goudron,  il  y  en  a  quelques-uns  qui  jettent  aux 
extremitez  les  plus  hautes  un  espèce  de  champignon  semblable  a  du 
tondre,  que  les  habitans  appellent  guarigue,  fort  en  usage  parmi  les 
sauvages  pour  les  maux  de  poitrine  et  pour  la  discentrie. 

Il  y  a  un  second  ordre  appelé  pin  rouge  beaucoup  plus  gommeux 
et  plus  macif  que  le  précèdent,  mais  non  pas  si  gros,  les  terroirs  qui 
les  produisent  les  uns  et  les  autres  sont  la  pluspart  gravois  sable  et 
glisse  médiocrement  bonnes  pour  produire  des  grains. 

L'epinette  blanche  est  un  autre  bois  gommeux  de  moyenne  gros 
seur  mais  de  bonne  qualité  pour  faire  des  mâtreaux  et  bois  de  char- 
pente. Les  terres  qui  les  produisent  sont  de  qualité  en  la  cultivant  a 
produire  toute  sorte  de  grains  et  en  abondance.  Ces  sortes  d'arbres  se 
trouvent  en  plusieurs  endroits  mélangez  de  chesnes  blancs,  cèdres, 
hormes,  f  resues,  sapins  et  bois  blancs.  Les  terroirs  sont  ordinairement 
humides  et  terres  noirs  qu'il  faut  fo.ssoj-er  pour  les  asseicher. 

L'epinette  rouge  n'a  aucune  ressemblance  a  celle  cy-dessus,  cella 
conservant  en  hiver  sa  verdure,  et  celle  cy  la  perdant,  outre  que  son 
bois  est  fort  macif  quoique  propre  a  la  construction  ou  charpente.  Les 
Terres  qui  les  produisent  sont  mêlées  d'argille  et  gravois  peut  propres 
pour  la  culture. 

La  prusse  quoique  gommeuse  ne  jjroduit  point  de  cette  matière,  il 
y  en  a  de  fort  grosses,  on  a  remarqué  quelle  dure  longtemps  en  terre, 
pour  servir  de  clôtures.  Les  taneurs  se  .servent  de  lécorce  pour  taner 
les  cuirs  et  les  sauvages  en  font  de  la  tinture  couleur  tirant  sur    le  tur- 


—259— 

quin  pour  faire  leur  broderie.      Les  terres  qui  les    produisent    sont    la 
plupart  argilleuses  et  peut  propres  a  produire  des  grains. 

Les  cèdres  se  trouvent  par  contrées,  il  y  en  a  de  fort  gros  et  en 
quantité  sa  qualité  de  durer  longtems  en  terre  joint  à  sa  légèreté,  la 
fait  mettre  en  grand  usage, a  clore  les  villes  de  Montréal, et  des  trois  Ri- 
vières a  palissader  les  terras.ses  à  Quebek  et  generallement  a  clore  tous 
les  forts  du  pays  et  la  pluspart  des  clôtures  des  champs  et  jardins, C'est 
aussi  le  seul  bois  dont  ont  se  sert  a  faire  du  bardeau  Ces  arbres  pro- 
duisent une  espèce  de  gomme  en  façon  d'encens  que  l'on  employé  aux 
exercices  de  l'office  divin,  les  terres  qui  les  produisent  comme  jay  déjà 
dit  lorsquelles  sont  reduittes  en  culture  sont  les  meilleures. 

Le  sapin  a  le  reugarder  de  loing  ressemUe  a  l'épinette  blanche, 
mais  différend  en  ce  que  l'ecorce  de  celuy  cy  est  unie  et  luisante,  a  la- 
quelle se  forme  de  petites  vessies  de  la  grosseur  d'un  grain  de  fève  d'a- 
ricot  qui  contiennent  une  espèce  de  beaume  naturellement  aussy  clair 
que  la  turbantine,  fort  estimé  pour  la  prompte  guerisou  des  plaies  de- 
puis quelques  années.  Contre  le  sentiment  des  chirurgiens  on  la  mis 
en  usage  pour  la  purgation  qui  fait  son  effet  sans  causer  ni  douleur  ny 
tranchée.  Ceux  qui  s'en  purgent  par  precausion,  se  peuvent  dispen- 
ser de  garder  la  chambre  sans  craindre  de  mauvaises  suittes. 

Les  chesnes  sont  les  bois  le  moins  commun  dans  les  bois  gouverne- 
men  il  y  en  a  de  deux  sortes,  scavoir,  blancs  et  rouge.  Les  blancs 
comme  jay  desja  dit  .se  trouvent  dans  les  terres  bas.ses  et  umides  fertil- 
les  en  toutes  .sortes  de  grains  et  légumes. 

Le  chesne  roiige  ne  diffère  rien  en  gro.sseur  a  celuy  la,  mais  pour 
la  qualité  les  blancs  .sont  les  plus  estimez,  celuj-  cy  ne  vient  que  sur 
des  coteaux,  terres  sablonneuses  et  seichent,  l'un  et  l'autre  produisent 
du  gland. 

L'érable  est  icy  fort  commun  et  en  quantité,  jusques  a  preser.t  en 
l'a  point  employé  a  dautre  usage  qua  chauffer,  il  y  en  a  de  fort  gros  et 
propre  a  faire  des  meubles,  outre  cette  qualité,  il  a  celle  de  produire 
quantité  deau  sucrée  que  Ion  employé  a  faire  du  sucre  et  du  sirop,  ]iour 
y  parvenir,  le  Printemiw  lorsque  les  dégels  commencent,  on  fait  une 
coupe  a  lecorce  ju.sque  au  bois  dure  en  coulis  ]iar  ou  leau  découle  eu 
abondance  dans  des  vases  dispose/.  ])our  la  recevoir,  ajirc'--  quoy  on  la 
fait  bouillir  ju.sques  a  ce  quelle  .soit  reduitte  en  .sirop  ou   eu  sucre,     il  \ 


.-.2fîO— 

en  a  qui  conservent  de  cette  eau  dans  des  vases  pour  lexposer  aux  cha 
leurs  de  lesté  qui  se  convertit  en  vinaigre,  le  terroir  qui  produit  ses 
bois  est  élevé  et  le  meilleur  pour  les  arbres  fruitiers. 

La  Plesne  est  appellée  femelle  de  l'érable  en  ce  quelle    luy  ressem 
ble  et  produit  de  leau  sucrée  comme  l'érable,  son   bois    est    fort    onde 
mais  plus  palle  que  celuy  la.     Le  terroir  qui  la  produit    est    umide 
fertille  eu  toutes  sortes  de  grains  et  légumes. 

Le  Merisier  qui  se  trouve  pelle  mesle  parmy  l'érable  et  bois  blanc 
est  un  très  beau  bois  pour  faire  des  meubles,  il  jette  beaucoup  plus 
deaii  que  l'érable,  un  peu  amère  propre  a  faire  du  sucre,  luy  restant 
néanmoins  un  peut  d'amertume,  Lécorce  des  racines  est  en  usage 
parmi  les  sauvages  pour  guérire  certaines  maladies  qui  surviennent  aux 
femmes. 

Il  y  a  trois  sortes  de  fresnes,  seavoir,  franc  fresne,  fresne  metif  et 
fresne  bâtard,  le  premier  vient  parmis  les  érables  propre  pour  la  char- 
pente et  pour  faire  des  futailles  a  mestre  des  marchandises  seiches.  Le 
second  a  la  mesme  proprietté  et  ne  vient  comme  le  fresne  bâtard  que 
.sur  les  terres  basses  qui  s'appellent  fresnières  dont  les  terres  sont  très 
fertilles  en  toutes  sortes  de  grains  lorsquelles  sont  déffrichées,  terme 
dont  Ion  se  sert  icj-  pour  les  terres  redduittes  a  la  culture. 

Il  y  a  trois  espèces  de  noyers  seavoir,  noyers  dur,  noyers  a  la  fine 
ecorce  et  noyer  tendre,  le  premier  produit  des  noix  fort  petites,  très 
bonnes  mais  difficiles  a  vuyder  lamande,  Son  bois  n'est  a  dautre  usage 
qu'a  chauffer. 

Le  second  produit  beaucoup  plus  de  noix  que  le  premier  égalles 
en  gaos.'Jeur  a  celles  cy  devant,  mais  très  ameres  et  tendres  a  casser. 
Cependant  produisent  de  bonnes  huisles  par  lessay  Mrs  du  Séminaire 
en  ont  fait  il  y  a  quelques  années,  les  sauvages  en  tirent  aussy  pour  en 
mettre  a  leurs  cheveux,  il  produit  aussy  de  leau  plus  sucrée  que  l'éra- 
ble mais  en  petite  quantité. 

Le  noyer  tendre  produit  des  noix  longues  et  auss\-  grosses  que 
celles  d'Eurojx:  et  les  coquilles  très  dures,  les  Cerneaux  en  sont  excel- 
lans,  les  bois  n'en  sont  pas  si  beaux  en  ouvrage  que  ceux  de  France, 
les  deux  derniers  ne  viennent  que  sur  les  meilleures  terres,  que  lors- 
quelles sont  déffrichées  sont  les  plus  fertilles  i^our  toutes  sortes  de 
grains  et  légumes,  le  bois  de  ce  dernier  est  presque  incorruptible  dans 
a  terre  et  dans  l'eau  et  très  difficile  a  consommer  i)ar  le  feu. 


-261— 

Les  hestres  sont  icy  fort  aboudants  ils  sont  par  contrées  sur  des 
costeaux  sablonneux  rapportant  Ijeaucoup  de  fesnes  desquelles  il  serait 
aisé  de  tirer  de  l'huile,  les  ours  en  font  k'ir  principalle  nourriture  ; 
les  perdix  les  mangent  aussy  l'automne,  le  bois  en  est  fort  bon  a  faire 
des  Rames  pour  les  chaloupes. 

Le  Bois  blanc  qui  croit  parmi  les  errables  et  merisiers  est  très  abon- 
dant particulièrement  ou  se  trouvent  les  meilleures  terres.  Ces  bois  sont 
fort  gros  et  droits  qui  seroit  propre  a  faire  des  planches  et  madriers, 
mesme  pour  des  futailles  a  marchandises  seiches,  estant  un  bois  très 
doux  et  aisé  a  mettre  en  ouvrage,  les  sauvages  lèvent  les  ecorces  pour 
couvrir  leurs  cabanes. 

Les  ormes  sont  dans  tout  le  pays  fort  communs  et  gros,  il  y  en  a 
de  blanc  et  rouge,  ce  dernier  est  plus  difficile  a  travailler  que  le  ler 
estant  un  peu  de  rebour,  mais  il  dure  plus  en  ouvrage  que  l'autre.  Les 
Iroquois  en  lèvent  des  écorces  pour  faire  des  canots  duue  seule  pièce, 
quelques  uns  a  contenir  vingt-cinq  hommes,  ils  sent  trouvent  de  creux 
ou  les  ours  et  les  chats  sauvages  prennent  leur  gist  depuis  le  mois  de 
novembre  jusques  au  mois  d'avril  sans  en  sortir  ny  sans  faire  aucun 
amas  pour  vivre,  Neantmoins  ceux  que  Ion  tue  le  printemps  sont  plus 
gras  quen  toute  autre  saison,  les  sauvages  assurent  quils  sengressent  en 
se  léchant  les  pattes. 

Le  bois  de  tremble  vient  le  long  des  Rivières  et  mares,  l'écorce  est 
le  principal  alliement  des  castors.  Ce  qui  paroient  surprenant  c'est  que 
ces  animaux  en  coupant  avec  leurs  dents  d'aussy  gros  que  des  barriques, 
et  lorsqu'ils  les  ont  mis  à  bas,  ils  les  coupent  par  tronçons  de  huit  à 
dix  pieds  de  long,  qu'ils  roulleut  pour  servir  à  leurs  digues  pour  arres- 
ter  les  eaux,  on  a  vu  qu'un  seul  castor  dun  petit  ruisseau  en  a  fait  un 
grand  étang  et  en  peut  de  tems. 

Le  Bouleau  a  l'écorce  qui  se  lève  par  feuille  sur  laquelle  on  peut 
escrire  comme  sur  du  papier,  les  sauvages  vont  dans  la  profondeur  des 
bois  }•  chercher  les  plus  gros  pour  en  lever  les  ecorces  propres  a  faire 
des  canots  qui  sont  leurs  voitures  ordinaire  et  dans  lesquels  on  porte 
des  marchandi.ses  dans  les  pays  les  plus  éloignez. 

Cy  après  sont  marquez  les  arbruisseaux  et  plantes  qui  portent  du 
fruit. 

Il  y  a  parmis  les  Bois,  particulièrement  ou  ils  sont  les    moins  touf- 


U-r  u  fil.  in  y.t: 


—262— 

fus,  grands  nombre  de  Pruniers  qui  produisent  une  très    grande  quan- 
tité de  prunes  acres. 

Les  vinaigriers  est  un  arbrisseau  très  moelleux  qui  produit  sou 
fruit  fort  aigre  en  grapes  façon  de  flàme  couleur  de  sang  de  bœuf, 
quelques  uns  en  fout  infuser  dans  de  leau  pour  faire  une  esjjèce  de  vi- 
naigre. 

Le  Pemina  est  un  arbruis.seau  qui  vient  le  long  des  ruisseaux  et 
des  prairies  qui  porte  son  fruit  par  grapes  d'un  rouge  très  vif  mais  as- 
tringean. 

Il  y  a  trois  sortes  de  groseilles  naturelles  au  pays,  scavoir  de  i)i- 
quantes,  de  noires  et  a  grappes,  qui  viennent  le  long  des  rivières,  ruis- 
seaux et  prairies. 

Le  Bluest  est  icy  comme  en  Europe  par  contrée,  Ce  fruit  a  esté 
trouvé  merveilleux  pour  guérir  en  peut  de  teins  de  la  di.ssentrie,  les 
Sauvages  en  font  seicher  comme  on  fait  en  france  des  cerises. 

Latoca  est  un  fruit  a  pépin  de  la  grosseur  des  cerises  la  plante  qui 
vient  rampante  dans  les  maraists  produit  son  fruit  dans  l'eau  qui  est 
acre  on  s'en  sert  a  faire  des  confitures. 

Les  épines  ou  Ebeauitin  se  trouvent  le  long  des  Rivières  produi- 
sant beaucoup  de  fruit  a  trois  noyeau.x  qui  sert  a  la  nourriture  des  bes- 
tes  sauvages. 

Le  cotonnier  est  une  plante  qui  pousse  conmie  l'asperge  une  tige 
denviron  trois  pieds  de  haut  au  bord  de  laquelle  vient  plusieurs  touffes 
de  fleurs  en  forme  de  houpe  et  lorsquelle  est  bien  fleurie  le  matin  avant 
que  la  rosée  soit  tombée  on  les  secouent  en  pressent  dans  un  vase  qui 
contient  une  quantité  d'eau  de  laquelle  tombe  une  espèce  de  miel  qui  en 
le  faisant  bouillir  produit  du  sucre  La  grêne  se  forme  dans  une  goûce 
qui  contient  une  espèce  de  coton. 

Le  soleil  est  une  autre  plante  fort  commune  dans  les  champs  des 
sauvages.  Elle  vient  de  la  hauteur  de  sept  à  huit  pieds,  sa  fleure  fort 
grosse  à  la  figure  de  celle  du  soucj-  et  sa  graine  est  rangée  de  même. 
Les  sauvages  eu  la  fai.saut  bouilli i  en  tirent  de  l'huile  pour  s'huiler  les 
cheveux. 

Le  Bled  d'Inde  est  depuis  très  long-tems  parmis  les  nations 
Iroquoiscs.  G'est  un  grain  qui  fructifi  lieaucoup,  la  Semence  s'en  fait 
au  mois  de  May  et  se  recueille  au  mois  de  .septembre,  ils  servent  de 
rames  aux  fèves  d'aricot  que  Ion  sôuie  paruiis,  les  français    font     aus.sy 


—263— 

semences  de  ses  grains  particulièrement  sur  les  nouvelles  terres  ou  il 
vient  très  beau,  il  rend  ordinairement  cinquante  et    soixante   pour    un. 

Presque  tous  les  sauvages  et  mesraes  les  françois  sèment  un  ordre 
de  citrouille  fort  petite  eu  esgard  à  celle  d'Europe,  qui  ont  un  goût 
fort  sucrée,  on  eu  fait  cnire  sous  les  cendres  et  dans  des  chaudières 
toutes  entières  que  les  plus  délicats  trouvent  bonnes. 

Les  melons  françois  et  melons  deau  estoient  aussj-  dusage  parmis 
les  Sauvages,  il  s'en  fait  une  quantité  prodigieuse  particulièrement 
dans  le  gouvernement  de  Montréal  ou  ils  meurissent  plus  facilement 
qua  Quebek. 

.  Lherbe  de  Capilaire  est  fort  commune  dans  tout  ce  pays  Elle  se 
cueuille  dans  les  bois,  les  meilleures  terres  produisent  le  plus  beau. 

Le  Houblon  pour  faire  la  Bière  vient  naturellement  dans  tout  ce 
pays  pour  peut  que  Ion  apporte  du  soin  a  le  cultiver. 

Je  ne  détail  point  un  nombre  infiny  de  plantes  et  simples  dont  les 
propriettez  ne  sont  qu'asy  connues  qu'aux  Sauvages  qui  par  le  moyent 
desquelles  font  de  très  belles  cures. 

Noms  des  BestivS  sauvages  oui  se  trouvent  dans  les  bois 
Ciouvernemeuts,  Origneaux  ou  Eslans 
Ours  noirs 
Castors 
Loups  serviers 
Loups  gris 
Carcajoux 

Renards  argenté/.  .    ■     , 

Renards  rouge  peut  de  noir  :      s, ;-;,.,-   , 

Peccans  •■[,. 

Martres 
Loutres 
Rats  nuisquez 
Porc  épies 
Fouines 

Escureuils  de  quatre  espèces 
Lièvres  blancs  en  hiver 
Une  infinité  de  perdri.x  grises 
Gibiers  depuis  le  i)rintemps  à  l'automne 


■j  -■,'-3Kvï:,, 


1  -■  ri  I  ' 


—264— 

Signes 

Outardes 

Oyes 

Grues 

Canards  de  toutes  espèces 

Oiseaux  de  Proyes  de  toutes  espèces. 

Tourtres  ou  bi/ets  en  abondance 

Pluviers  et  allouettes  en  quantité 

Beccassines 

Etourneaux 

Grues 

et  une  infinité  d'autres  petits  oiseaux. 

Poissons  de  rivièrks 
Saumons 
Bar 

Brochets  et  niasquinongez 

Esturgeons  gros  et  petits 

Poissons  dorez 

Achigand 

Carpes  de  plusieurs  espèces 

Crapets 

Truittes  ■  ■  ■'  '  :''«i'/i 

Poissons  blancs  •. ',>'i' . 

Perches  '  '      ■'■  ■  ":  '•': 

Barbues  '  ,  •        ■     :   ;■,.';;,•  ;  • 

Anguilles 

Bresmes  .■  '    ■     \     '■    .t  \-  ::■. 

Aloses  • ... 

Esplans 

Et  plusieurs  autres  espèces  de  petits  poissons. 

Fruitikks  vknus  d'Eukopk 
Pommiers  de  divers  Espèces 
Poiriers 
Cerisiers 
Pruniers 

Pesches  '  .  ,     ,        • 

Couingacier 


Vignes 
Gadelles 


-265- 


Grains  venus  d'Europe 


Froment 

Seigle 

Orge 

Avoines 

Nantilles  ,    ,  '    '•"    ■ 

Chanvre  et  lin  .-.  ,      ■ 

Tabac 

et  généralement  toutes  sortes  de  légumes  le  tout  venant  en    abondance 

dans  les  Trois  gouvernements  en  y  apliquant    le    proverbe,     tel    veau 

IMiomnie,  tel  veaut  la  terre,     Estant  très  vray  que  sy    les    terres    nes- 

toient  pas  mieux  cultivées  en  Euroye  qu'en  ce  pays    les    trois  quarts  y 

niouroient  de  fin,  et  je  conclus  par  la  que  c'est    icj-  le  meilleur  pays  du 

monde  pour  le  laboureur,  puisqu'il  ny  en  a  pas  un  seui    qui  ne  mange 

de  bon  pain  de  froment,  preuve  de  cela    on  y  trouve  peut  de  mendians, 

a  la  vérité  il  y  a  certaines  familles  hors  du  commun    de  qui  les  aiîaires 

sont  dérangées  jiarticulièrement  ceux    qui  ne  se  sont  pas  bien  conduits 

dans  le  commerce  eu  qui  ont  donné  de  mau^■aises entreprises,  mais  cela 

ne  regarde  pas  la  fécondité  des  terres. 

Comme  le  gouvernement  de  Montréal  est  le  premier  de  qui  le  plan 
a  esté  levé.  Je  le  m'est  a  la  teste.  Il  s'estant  depuis  le  haut  du  Lac 
St-Pierrre  en  remontant  au  Sudouest  jusques  au  lac  des  deux  monta- 
gnes, ou  est  la  teste  des  h;il)itations  et  ou  se  termine  l'Isle  de  Montréal 
une  des  plus  belles  Seigneuries  du  pays. 

L'Isle  de  Montréul  a])partient  à  Mrs  du  Séminaire  de  St  Suljiice 
Lee  premières  habitations  ont  esté  concédées  en  1653  ;  Elle  est  divisée 
en  six  parois.ses,  sçavoir,  Montréal,  Lachine,  haut  de  l'Isle,  la  pointe 
au  Tremble,  La  rivière  des  Prairies,  et  la  Mission  du  Saut  au  Recoltt 

La  première  est  desservie  par  un  des  prestres  dudit  Séminaire  de 
laquelle  de])endent  les  habitans  le  long  du  fleuve,  dejuiis  \"t;rdun  jus- 
ques à  la  Longue  Pointe,  en  outre  la  moitié  des  Costes  vSt  Pierre  et 
St  Paul,  les  Costes  de  Nostre  dame  des  Neiges,  de  Liesse,  des  \'ertues, 
St  Laurent,  Ste  Catherine  et  St  Michel  et  la  Visitation  la  Scituation  de 
la  ville  est  fort  agréable  du  costé  du  vSud,  et  sudouest  est  une  très  belle 
plaine  qui  se  terniint  a  la  Ri\iere  Sj-Pierre  et    Coste    St  Paul,     ou     les 


iV  y.r.i^-^:) 


— 2G6— 

terres  sont  très  fertiles  eu  toutes  sortes  de  grains  et  légumes,  du  costé 
de  l'ouest  les  terres  Seîèvent  en  emphitheatre  jusques  au  pied  de  la 
montagne  distante  de  la  ville  de  trois  quarts  de  lieue,  ou  Mr,  Labbé  de 
Belmont  a  fait  construire  nne  belle  maison  et  un  fort  à  pierre  et  chaux 
un  très  beau  verger  la  pluspart  ensein  de  muraille  qui  donne  annuelle- 
ment cent  à  cent  vingt  barriques  de  cidre,  le  reste  des  environs  du  fort 
sont  de  belles  prairies  et  terres  labourable,  qui  forme  un  très  beau 
domaine,  derrière  et  autour  de  lad,  montagne  sont  les  costes  de  Ste 
Catherine,  nostre  dame  des  neiges  de  Liesse  et  des  vertues  nouvellement 
establies,  les  terres  y  sont  belles  et  de  bonne  qualité  pour  les  arbres 
fruitiers  et  pour  produire  toutes  sortes  de  grains  et  légumes. 

Du  costé  du  nord-est  de  la  ville  sont  les  costes  de  St  Marie,  St 
Martin  et  St  François  qui  se  terminent  a  la  longue  pointe  ou  finy  la 
Paroisse  las  terres  y  sont  très  belles  et  unies  produisant  toutes  sortes 
de  grains  et  légumes,  quoique  les  arbres  fruitiers  ny  viennent  que  par 
Contrée,  toute  cette  paroisse  en  16S4  iiestoit  presque  qu'une  forest  de 
toutes  sortes  darbres  très  gros  prrticulierement  des  pins,  érables,  bois 
blancs,  hormes,  hestres  et  merisiers  et  cèdres,  dans  la  ville  et  aux  en- 
virons il  y  a  plusieurs  vergers  produisant  toutes  sortes  de  fruicts  en 
abondance.  Les  carrières  de  pierre  a  tailler  et  à  chaux  se  trouvent 
aux  environs  de  la  dite  Montagne. 

Le  commerce  de  cette  place  estoit  autre  fois  très  avantageux  par 
le  grand  nombre  de  sauvages  qui  y  descendoient  des  pays  d'en  haut 
avec  des  canots  chargez  de  pelleteries,  mais  depuis  que  les  congez  que 
Sa  Ma  té  avoit  accordez  à  la  Colonie  ont  esté  suprimez,  presque  toutes 
ces  nations  vont  porter  leurs  pelleteries  aux  establissements  Anglois, 
Soit  à  Orange  ou  a  la  Baye  d'Hudson,  ou  ils  y  trouvent  les  marchan- 
dises de  moitié  meilleur  marché  qu'à  Montréal.  Cette  supression  sert 
aussy  de  prétexte  a  un  grand  désordre,  En  ce  qu'il  y  avoit  un  grand 
nombre  de  voyageurs  qui  exploittoient  ces  congez,  qui  se  trouvent 
sans  occupation  ne  pouvant  se  captiver  a  cultiver  les  terres,  au  con- 
traire .se  débandant  annuellement  par  troupes  et  a  la  dérobée  pour  por- 
ter des  marchandises  dans  ses  pays  la  ou  ils  vivent  en  vagabonds  et 
sans  discipline.  Cette  année  il  en  est  encore  party  une  vingtaine,  et  si 
les  marchandises  nestoient  pas  aussy  rares  quelles  sont  il  y  en  auroit 
esté  plu-;  de  cent,  tant  ce  commerce  est  attirant,  ou  plustôt  la  lissance 
qu'ils  sy  donnent,  en  sorte  que  le  commerce  de  cette  ville  est  renfermé 


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-207- ■ 

avec  nos  sauvages  domiciliez  et    a  la  quantité  de  farines  et  pois  que  Ion 
fait  descendre  a  Quebek  pour  les  envoyer  a  Plaisance  et  aux  Isles. 

La  Farcisse  de  la  Chine  est  desservie  par  Mr  de  Villermola  un  des 
prestres  du  Séminaire  de  Montréal  qui  y  a  facilité  et  contribué  un  es- 
tablissenient  aux  Sœurs  de  la  Congrégation  pour  l'Instruction  des  Jeu- 
nes Filles,  la  Scituation  de  la  coste  est  très  belle  par  son  assiette  et  son 
exposition  au  midy  et  soleil  couchant,  les  terres  y  sont  très  fertilles  en 
toute  sorte  de  grains  et  légumes  et  c'est  dans  cette  partie  que  les  se- 
mences et  récoltes  se  font  15  jours  plustôt  qu'au  reste  des  trois  Gou- 
\ernements.  Les  arbres  fruitiers  y  viennent  assez  mais  non  jias  si  bien 
qu'aux  environs  de  la  ville,  les  forests  contiennent  toutes  sortes  de 
bois  mélange/.,  et  nombre  de  carrières  de  pierre  a  chaux  les  habitans  y 
estoient  autre  fois  fort  à  leur  aise  par  le  commerce  qu'ils  faisoient  avec 
les  sauvages  qui  y  abordoient  en  descendant  a  Montréal,  mais  depuis 
la  désolation  que  les  Iroquois  y  portèrent  en  1689,  qui  brûlèrent  les 
maisons  et  emmenèrent  la  pluspart  des  habitans  cajUifs,  Elle  a  dégéné- 
ré en  tout,  les  terres  en  labour  y  sont  devenues  incultes  pendant  plu- 
sieurs années,  et  la  crainte  que  Ion  a  de  tomber  en  de  pareils  accidens 
porte  une  grande  lenteur  a  ceux  qui  eu  sont  présentement  en  posses- 
sion, outre  qu'il  ne  sy  fait  plus  de  conunerce,  et  que  les  habitans  ont 
beaucoup  de  difficulté/,  a  transporter  leurs  denrées  a  Montréal  par  ra- 
port  au  Saut  St  Louis  qui  est  un  rapide  impraticable,  ou  du  moins  très 
dangereux,  ou  il  y  a  perj-  un  grand  nombre  de  batteaux  et  canots  a\ec 
les  gens  qui  les  conduisoient,  il  y  a  eu  des  années  qu'il  en  coiUoit  au 
Roy  plus  de  deux  cens  pistolles,  feu  Mr.  Dollier  sui)erieur  du  .'■eminai- 
re  en  1701  voulubt  prévenir  les  suittes  de  ses  accidens  en  faisant  un  ca- 
nal de  communication  de  la  Chine  à  Montréal  pour  éviter  tous  les  rai)i- 
des,  et  sur  lequel  il  vouloit  taire  construire  nombre  suffisant  de  toute 
sorte  de  moulin  qui  ne  sont  que  trop  ncct.ssa'res  à  la  ville  et  a  la  cani- 
jiagne,  les  habitans  estans  très  souvent  obligez  de  manger  des  grains 
bouillis  faute  de  vend  pour  faire  tourner  les  moulins  Sa  mort  qui  ar- 
riva au  mois  d'octobre  de  la  niesme  année  a  em])esché  de  voir  finn  un 
ouvrage  qui  estoit  au  deux  tiers  fait,  imisque  leau  a  connnencé  a  \ 
passer  et  qu'il  ne  sagissuit  ((Ue  tle  creuser  truis  |)ic(ls  ])cndaut  trois  a 
quatre  cens  toi.ses  pour  y  faire  i)asser  dus  canots,  Mrs  Lt  \'asscur  et  de 
Beaucour  sy  transportei  launée  suivante  et  estimèrent  ([uavec  une  dé- 
pense de  dix  mil  livres  ou  y  feroit  pa.s.ser  de  grands  batteaux  chargez, 
sans  que  ces  raisons  ayeut  produit  aucune  émulation     pour  ache^  '.t  nu 


.  —268— 

ouvrage  si  utile,  non  seulement  au  peuple  mais  au  Ro.v  a  qui  il  en  coû- 
te tous  les  ans  plus  de  deux  cens  escus  pour  transport  de  charrois,  au 
lieu  que  les  batteaux  pourroient  se  charger  dans  la  ville  de  Montréal 
sans  courir  les  risques  de  faire  nauffrage  et  amoy  pour  avoir  donné  le 
dessein  et  conduit  ses  ouvrages  il  men  a  coûté  3000I.  par  le  prompt  des- 
ceds  de  Mr  Dollier. 

La  Paroisse  du  haut  de  1  Isle  sous  le  tiître  de  St  Louis  est  deservie 
par  Mr  de  Breslay  missionnaire  des  sauvages  Nepissingues  nation  très 
belliqueuse  establie  a  l'Isle  aux  Tourtres  distante  de  demy  lieue  du 
haut  de  lad.  Lsle.  Cette  paroisse  en  16S9  suivit  le  mesme  sort  que  cel- 
le de  la  Chine,  les  terres  et  les  bois  y  sont  de  mesme  qualité  qua  cette 
dernière,  ses  avenues  y  sont  très  avantageuses  pour  la  chasse,  la  pèsche 
et  le  commerce  des  Sauvages. 

La  Froisse  de  la  Pointe  au  Tremble  d'où  dépend  la  coste  St,  Lion- 
nard  est  deservie  par  un  des  prestres  du  séminaire  de  Montréal,  il  y  a 
un  establissement  des  soeurs  de  la  congregatiou,  la  Coste  est  très  belle 
et  le  terrain  uny,  les  habitans  très  laborieux  y  sont  fort  a  leur  aise,  les 
terres  y  estant  très  fertilles  en  toute  sorte  de  grains  et  légumes  qu'ils 
portent  vendre  à  la  ville,  les  bois  sont  mélangez  de  toute  espèce  les  ter- 
res qui  sont  en  culture  ayant  esté  la  pluspart  cedrieres  et  fresnieres 
sont  innepuisables  en  grains,  les  pommiers  par  contrée  y  vienneut  par- 
faitement bien. 

La  paroisse  de  la  Rivière  des  prairies  est  desservie  par  un  des 
prestres  de  Montréal.  Elle  a  environ  trois  lieues  de  front  sur  la  Ri- 
vière. Les  habitans  ny  sont  pas  bien  riches  quoique  les  terres  y  .soient 
très  bonnes  pour  la  production  de  t^ute  sorte  de  grains,  mesme  pour 
nourrir  nombre  de  bestiaux,  mais  les  Iroquois  pour  avoir  détruit  la 
pluspart  des  habitans  ont  causez  du  retardement  a  son  establls.sement. 
Il  y  a  de  toute  sorte  de  bois  quoique  très  peut  de  pins,  les  arbres  fruic- 
tiers  y  viennent  assez  bien. 

La  Mission  du  Saut  au  Recolet  appellée  nouvelle  L'horette  a  esté 
tirée  de  la  Montagne  a  trois  quarts  de  lieue  de  Montréal,  pour  oster 
aux  sauvages  les  occasions  frec|uentes  de  s'en  jurer,  a  quoy  ces  nations 
sont  fort  sujettes,  les  sCeurs  de  la  congrégation  >•  ont  un  establissement 
pour  l'instruction  des  jeunes  filles  sauvages,  les  terres  quoique  pierreu- 
ses sinit  très  bonnes,  qui  produisent  quantité  de  bléd  d'Inde,  fèves  da- 
ricot,  citrouilles,  uielons  soleils  qui  sont  les   semences  ordinaires  de  ses 


—269— 

o;ens  la,  les  forests  contiennent  toutes  sortes  de  bois,  comme  il  y  a 
nombre  d'Errables  ils  font  quantité  de  sucre  qu'ils  portent  vendre  a  la 
ville,  et  lesté  ils  y  portent  Iherbe  de  capilaire  quils  vendent  pareille- 
ment, il  ny  a  presqu  que  les  femmes  qui  fassent  ce  commerce.  Les 
hommes  ne  s'occupant  que  la  chasse,  la  pesche  et  la  guerre.  Cet  arti- 
cle fait  la  définition  de  l'Isle  de  Montréal. 

L'Isle  Jésus  qui  est  au  nord-ouest  de  l'IsIe  d^  Montréal  appartient 
au  séminaire  de  Quebek,  il  n'j'  a  qu'une  paroisse  deservie  par  un  pres- 
tre  du  dit  Séminaire,  les  Seigneurs  y  ont  un  très  beau  domaine  assorty 
de  quatre  nio}-ennes  Isles  ou  ils  eslevent  grand  nombre  de  bestiaux. 
Les  terres  y  sont  admirablement  bonnes  produisant  abondamment 
toute  sorte  de  grains  et  légumes,  Comme  les  terres  y  sont  basses  et 
umides  les  arbres  fruictiers  ny  viennent  pas  bien,  la  forest  réservée 
pour  le  domaine  ne  contient  point  de  bois  gommeux,  consistant  en 
noyers  de  toute  espèce,  fresnes,  érables,  bois  blancs,  hestres  et  meri- 
siers, le  reste  de  l'isle  contient  aussy .toute  sorte  de  ses  bois  et  eu  outre 
nombre  de  gros  pins,  chesnes  et  cèdres,  les  habitans  y  ont  esté  détruit 
par  les  Iroquois  aussy  bien  qu'a  l'Isle  de  Montréal,  ce  qui  a  empesché 
que  cette  Isle  ne  soit  pas  mieux  establie,  a  la  vérité  les  terres  ny  .sont 
bennes  et  fertiles  que  par  contrée.  L'eloignemeut  du  commerce  leur 
est  aussy  un  grand  obstacle,  ont  tient  qu'il  y  a  plusieurs  endroits  qui 
portent  les  signes  des  minereaux.  Eu  1688,  le  nommé  le  Cire  en 
creusant  sa  cave  trouva  quatre  livres  de  mine  d'argent  qui  fiist  fondu 
a  Quebek  avec  peu  de  déchet.  Monsieur  le  Marquis  de  Denonville  luy 
fist  dire  au  raport  de  Mr.  Volant  curé  audit  lieu  que  sil,  trouvoit  la 
.souche  de  la  mine  que  l'on  le  recompenseroit,  mais  cet  homme  peut 
de  teniqs  après  fust  tué  par  les  Iroquois. 

(La  suite  dans  la  prochaine  livraison) 

QUESTIONS 

Robert  Gifïard,  premier  .seigneur  de  Beauport,  a-t-il  laissé  des 
descendants  de  son  nom  ? 

B.  T. 

Combien  de  .seigneuries  furent  accordées  à  Robert    GifTard    dans 
la  Nouvelle-France  ? 

B.  T. 


ifi,} 


—270- 

LE  CHIEN  D'OR 


Timothée  Roussel,  chirurgien,  homme  notable  de  Québec,  mourut 
daus  cette  ville,  l'année  1700.  Il  y  demeurait  depuis  plus  de  trente 
ans.  Dès  1673  on  lui  avait  concédé  le  terraiu  de  la  rue  Buade  où  il 
construisit,  en  1688,  la  maison  de  pierre  dite  plus  tard  du  Chien  d'Or. 
Ceci  est  expliqué  au  long  dans  une  brochure  que  mou-sieur  P.  B.  Cas- 
grain,  le  chercheur  bien  connu  a  publiée  ces  années  dernières.  On  y 
trouve  l'histoire  de  cette  maison,  accompagnée  de  copieux  détails, 
comprenant  la  vente  à  Nicolas  Jaquin  dit  Philiber  en  1734,  vente  faite 
par  les  héritiers  de  Roussel.  Philiber  augmenta  l'édifice  et,  eu  1736, 
daus  la  pisrre  angulaire  de  la  nouvelle  construction,  il  déposait  une 
plaque  de  plomb  constatant  ce  fait.  Dans  les  nombreux  pai)iers  que 
M.  Casgrain  a  étudiés  à  ce  sujet  il  Tu'y  a  aucune  trace  du  chien  d'or. 
Reste  donc  à  savoir  si  Roussel  ou  Philiber  en  sont  les  auteurs. 

En  1764,  la  maison  passa  à  Nicolas  Jaquin,  fils  aîné,  lequel  vendit 
à  François  Danibourgès  en  1768  et  toujours  pas  de  mention  du  chien 
d'or.  Charles  Berthelot  devint  propriétaire  de  l'immeuble  en  177 1. 
Miles  Prenties  l'acheta  en  1777  et  y  tint  une  hôtellerie  souvent  men- 
tionnée dans  l'histoire  de  la  ville,  puis,  en  1787,  sa  veuve  vendit  à 
l'Ordre  des  Francs-Maçons,  qui.  à  son  tour,  vendit  à  Andrew  Cameron 
en  1790.  Par  décret  de  justice,  en  1804,  il  y  eut  vente  aux  enchères 
et  George  Pozer  entra  en  possession.  E;nsuite,  George  Alford,  léga- 
taire de  Pozer,  vendit  à  la  Couronne,  en  1853,  et  on  y  plaça  le  bureau 
de  poste.     Rien  n'est  dit    dans  tout  cela  au  sujet  du  chien  d'or. 

Knox,  en  1759  et  par  la  suite, se  donna  la  peine  de  rechercher, par- 
mi les  gens  de  la  ville,  l'explication  de  cette  sorte  d'enseigne  .sculptée 
dans  la  pierre  au  dessus  de  la  porte  de  la  maison, mais  il  ne  put  rien  ob- 
tenir.Pourtant, combien  de  personnes  vivaient  encore  qui  avaient  connu 
Philiber!  Sa  veuve, sa  famille  pareillement, car  celle-ci  existait  longtemiis 
après  1759.  Roussel  était  mort  depuis  soixante  ans  il  est  \'rai,  mais  si 
le  chien  d'or  avait  jamais  eu  quelqu'iniportance  du  vivant  du  Ikhi 
chirurgien,  Knox  aurait  rencontré  des  vieillards  dans  cette  jictite  ville 
qui  se  seraient  souvenu  de  la  signification  du  curieux  emblème.  Nnus 
savons  que  Knox  était  un   chercheur  tenace.  Ccnnneut    se  fait-il  qu'il 


afVfi 


1(1-.  yi 


—271— 

n'ait  rien  trouvé,  et  à  une  date  si  proche  de  l'origine  du  mystère  en 
question  ?  Les  Roussel,  les  Philiber,  les  voisins,  les  personnes  intelli- 
gentes de  la  ville,  enfin  cent  témoins  existaient pour  dire  qu'ils  n'en 

savaient  rien.  Alors,  il  faut  en  conclure  que  jamais  le  chien  d'or  de 
Québec  n'a  eu  la  moindre  valeur  ni  historique  ni  autrement.  C'est  ce 
que  pen.se  M.  Casgrain  et  il  ajoute  que  Roussel,  pas  plus  que  Philiber, 
n'avait  aucun  motif  pour  afficher  ainsi  des  menaces  en  plein  milieu  de 
la  façade  de  leur  résidence.  Nous  n'y  vo3-ons  qu'un  acte  de  fantaisie 
assez  baroque. 

L'imagination  des  écrivains  s'est  exercé  sur  ce  chien  mystérieux 
—  c'est-à-dire  qu'ils  ont  gobé  les  contes  en  l'air  que  celui-ci  ou  celui-là 
est  toujours  prêt  à  inventer,  par  manière  de  supposition,  sur  n'impor- 
te qui  ou  n'importe  quoi.  M.  Casgrain  renvoyé  le  tout  aux  chiens  et 
il  a  raison. 

Le  lecteur  va  s'apercevoir  que  j'entre  ici  dans  le  chapitre  deuxiè- 
me de  cet  article. 

Masers  de  Latude,  dont  la  famille  s'appelait  Masers  tout  court, 
s'est  rendu  célèbre,  sous  le  nom  d'emprunt  de  Latude,  par  une  série 
d'emprisonnements  plus  ou  moins  mérités,  sous  le  règne  de  Louis  XV. 
Il  a  même  écrit  ses  mémoires,  au  temps  de  la  révolution,  ce  qui  n'a 
pas  manqué  de  le  rendre  populaire,  comme  il  le  désirait.  Le  passage 
suivant  nous  intéresse. 

En  1765, notre  aventurier  comptait  quarante  ans  d'âge  et  plusieui 
arrestations,  internements,  etc.     Cette  fois  on  l'enferme  à  Bicêtre,près 
Paris.     Autant  fou  que  vagabond,  il  était  bien    chez  lui  dans  un  ])areil 
asile.     Il  faut  voir  comment  il  envisage  sa  nouvelle  capture  : 

"Entrant  à  Bicêtre  je  pris  le  nom  de  Jedors,  faisant  allusion  à  ce- 
lui d'un  chien  placé  au  de.ssus  de  la  citadelle  d'une  de  nos  vieilles  vil- 
les, tenant  entre  ses  pattes  un  os,  avec  ces  mots  :  "Je  me  repose  en 
rongeant  mon  os,  en  attendant  le  jour  où  je  mordrai  celui  qui  m'a 
mordu." 

"Ce  nom  (Jedors)  me  rappelait  sans  cesse  ma  situation  et,  chaque 
fois  que  je  le  ]irononçais,  ou  que  je  l'entendais  prononcer,  le  grince- 
ment de  mes  dents,  le  serrement  de  mon  àme  m'apprenaient  que  je 
n'attendais  que  le  jour  et  l'occasion  qui  me  conduiraient  à  la  vengean- 
ce." 

Le  pauvre  détraque  nous  donno  à  entendre  que  le  chien  d'or  signi- 


27'i— 

fie  le  chien  dort,  d'où  :  "je  dors"  et  "Jedors".  Le  mot  "citadelle" 
est  hors  de  propos  :  c'était  une  porte  de  jardin  qui  portait  l'inscription 
et  la  forme  du  chien.  Il  y  avait,  en  effet,  dans  ce  dessin  une  manifes- 
tation de  menace,  un  désir  de  vengeance  que  Latude  pouvait  s'assimi- 
ler, et,  puisqu'il  en  parlait  on  pouvait  croire  à  l'existence  du  chien. 

Je  communiquai  ce  renseignement  à  V Intermédiaire  des  Cliere/uurs, 
de  Pari.s^j  et  le  résultat  ne  se  fit  pas  attendre.  Voyez  IV,  575  ;  VI, 
243,  340,  468  de  cette  publication.     Je  copie  la  réponse  : 

"Une  notice  écrite  par  Poncet  (historien)  sur  Pézenas,  antérieure 
à  1733,  raconte  que,  en  revenant  des  Observants,  à  la  descente  qui  va 
à  la  ville,  on  trouve  une  porte  bâtie  depuis  la  catastrophe  du  pont  sur 
laquelle  est  un  chien  en  relief  sur  la  pierre,  couché  sur  .'^es  pattes  qui 
tiennent  un  os  qu'il  ronge.  On  lit  au  bas  :  1 561  et  ces  lettres  capita- 
les A.  Z.  R.,  avec  les  vers  suivants  : 

Je  suis  un  chien  qui  ronge  l'os.  .,   .     . 

En  le  rongeant  je  prends  repos. 

Un  temps  viendra  (jui  n'est  venu 

Où  je  mordrai  qui  m'a  mordu. 
C'est  évidemment  l'inscription  dont  parle  Latude  et  notons  que  ce 
fameux  prisonnier  était  originaire  de  Montagnac  près  Pézenas,  dépar- 
tement de  l'Hérault  aujourd'hui,  sur  les  bords  de  la  Méditerranée. 
Né  vers  1725,  il  avait  dû  se  familiariser  avec  cette  antiquaille  dès  son 
enfance. 

Poncet  a  recueilli  la  légende  qui  .se  rattachait  au  chien.  Voici 
comment  il  s'exprime  :  "Le  mur  du  jardin  sur  lequel  est  le  chien  est 
fort  ancien,  il  existait  en  1340.  Par  succession  du  temps,  ce  jardin 
passa  à  monsieur  Delbousquet.  Après  .sa  mort,  il  fut  vendue  à  Antoi- 
ne Boyer,  jardinier,  puis  il  appartint  à  .son  fils  Pierre  qui  m'a  explique 
cette  inscription. 

"M.  Delbousquet  avait  (vers  1650  ?)  une  métairie  près  de  Saint- 
Simon.  Il  y  avait  là  une  superbe  orangerie  que  M.  le  connétable  dé- 
couvrait du  château  de  Pézenas.  La  trouvant  de  son  goût,  il  la  de- 
manda à  M.  Delbousquet  qui,  par  son  silence,  fit  comiirendre  à  ce  duc 
qu'il  ne  voulait  pas  s'en  défaire.  Pâché  d'un  tel  refus,  le  duc  la  fit 
enlever  pendant  la  nuit.  Le  lendemain  matin,  le  gentilhomme  (Del- 
bouquet  ?)  voyant  les  vestiges  de  ce  désordre,  comprit  que  c'était  l'ef- 
fet d'un  ordre  du  connétable.     Ne  iii>u\-ant  se    venger  de    ce  sanglant 


— 27'?— 

affront,  il  fit  sculpter  un  chien,  avec  l'inscription    suivante  :     "Je  suis 
un  chien,  etc." 

Il  ne  nous  appartient  pas  de  critiquer  favorablement  ou  autrement 
ce  récit,  mais  je  dirai  que  Boyer  le  fils,  Bojer  le  isère,  puis  Delbous- 
quet,  en  reculant  de  1720,  par  exemple,  peuvent  nous  amener  à  1650 
qui  serait  la  date  de  l'afi'aire  de  l'orangerie,  ou  même  1640,  et  ce  serait 
aussi  la  date  de  la  pose  du  chien  sculpté.  Le  duc-connétable  devait 
être  un  drôle  envers  qui  la  justice  était  impuissante  mais  puisqu'il  se 
montrait  aussi  formidable,  comment  Delbousquet  pouvait-il  se  permet- 
tia  de  le  provoquer  en  affichant  contre  lui  des  menaces  jermauentes 
Le  duc  ne  pouvait-il  pas  faire  briser  la  pierre  du  chien  comme  il  avait 
subtilisé  les  orangers  ?  De  nos  jours,  une  semblable  inscription  ne  se- 
rait pas  soufferte. 

Celui  qui  l'a  copiée  pour  Québec  n'était  pas  fort  en  versification. 
Dans  le  second  vers,  le  mot  "mon"  est  de  trcp.  Troisième,  "pas"  est 
de  trop.  Quatrième,  "morderai"  est  mis  au  lieu  de  "mordrai"  et  al- 
longe le  vers  ;  ensuite,  il  y  a  "celui",  tout  à  fait  inutile  et  qui  allonge 
encore  le  vers  ;  de  plus,  "m'aura"  allonge  à  son  tour,  il  faut  "m'a". 
Ce  quatrième  vers  a  douze  mesures,  tandis  qu'il  n'en  faut  que  huit. 
Les  troisième  et  deuxième  ont  neuf  mesures,  c'est  une  de  trop  à  cha- 
que fois.  Bref,  le  premier  vers  est  seul  acceptable.  L'inscription  de 
Pézenas  est  parfaite  sous  ce  rapport. 

Nous  ne  savons  de  quelle  contrée  de  la  France  venait  Philiber  ; 
en  tous  cas,  il  ne  semble  point  qu'il  ait  placé  le  chien  d'or  de  Qucbec- 
c'est  plutôt  Rou.ssel  qui  aura  eu  cette  idée. 

M.  Casgrain,  s'appuxaut  sur  le  contrat  de  mariage  (1667)  de 
Rous.scl,  dit  que  cet  homme  était  né  (  1636  ?)  dans  la  paroisse  vSaint- 
Jacques,  ville  de  Moyot  (Mauguio),  diocèse  de  Moutiiellier.  Maugnio 
est  en  effet  dans  cette  région.  C'est  le  département  de  l'Hé'-ault,  cou- 
pé dans  son  milieu,  du  nord  au  sud,  par  la  rivière  Hérault  cjui  se  jttu- 
dans  la  Méditerranée.  Pézenas  où  était  le  chien,  et  Montagnac,  ber- 
ceau de  Latude,  .sont  séparés  .seulement  par  cette  rixière.  Quant  à 
Mauguio  c'est  une  localité  située  à  quelques  lieues  au  nord-est  de  ces 
deux  endroits. 

Roussel  ftciL  S'il  a  voulu  faire  jaset  les  Canadiens,  il  triomplie 
sur  toute  la  ligue. 

Br.NjAM  I^■  .'^i  i.iK 


il'  ^)to  iri-*tj-,,i 


274 


Les  prouesses  de  Blondin 


Aucun  acrobate,  probablement,  n'a  joui  d'une  plus  grande  repu 
tation  que  Blondin,  surnommé  V Einpercur  de  V au . 

L'exploit  qu'il  accomplit,  il  y  a  plus  de  cinquante  ans,  en  traver- 
sant au-dessus  des  chutes  Niagara  sur  un  câble  raide,  sembla  si  stupé- 
fiant et  intéressa  tellement  le  public  avide  d'émotions  nouvelles  que  la 
presse  mondiale  dut  tenir  ses  lecteurs  au  courant  des  faits  et  gestes  de 
cet  artiste  funambule. 

La  réclame  exceptionnelle  qui  en  résulta  fit  la  fortune  de  Blondin. 
Partout  on  voulut  le  voir  et,  pendant  des  années,  son  passage  dans  une 
ville  a  tirait  des  foules. 

Or  comme  les  principaux  exploits  de  Blondin  ont  eu  lieu  en  Amé- 
rique, en  partie  même  sur  la  terre  canadienne,    il  devient,    en  quelque 
sorte,  un  de  nos  personnages  historiques. 
*** 

Blondin  n'était  pas  le  véritable  nom  de  cet  acrobaie.(i)  Réelle- 
ment, il  s'appelait  Jean-François  Gravelet  et  il  avait  vu  le  jour  à  Saînt- 
Omer,  France,  en  1S24.  Le  surnom  de  Blondin  lui  venait  toutefois  de 
son  père  qui  en  avait  été  gratifié  durant  son  service  militaire  et  qui  le 
conserva  toute  sa  vie. 

Le  père  Gravelet  était  un  acrobate  forain  et,  comme  tel,  parcou- 
rait la  Franre  avec  sa  famille.  Le  futur  Napoléon  des  cquilibristes 
apprit  tout  jeune  le  métier  paternel.  Très  souple  et  très  intelligent, 
il  conquit  rapidement  ses  galons.  A  sa  majorité,  ii  excellait  dans^ous 
les  genres  d'acrobatie,  sauf  un,  l'équestre,  qu'il  ne  paraît  pas  avoir 
coinute. 

Vers  ce  temps,  une  famille  ou  une  troupe  nommée  hs  Ravel,  com- 
posée d'excellents  artistes,  parcourait  l'Amérique  et  donnait  des  repré- 
sentations dans  les  villes  de  quelque  importance. 

Pour  maintenir  la  réputation  de  cette  troupe,  son  gérant  recrutait 
voloiUiers  des  nouveaux  venus.  Dans  ce  but,  il  se  rendait  chaque  an- 
née eu  lùirope  et  en  ramenait  les  talents  qui  perçaient. 

(i)      Nouveau  Larous.se. 


?:X 


—275- 

Bloiidin  aj-ant  été  remarqué,  il  fut  engagé  en  1S55  et  vint  jouer 
à  New- York,  puis  suivit  les  kavel  dans  leurs  tournées.  Les  Montréa- 
lais l'applaudirent  au  Théâtre  Royal  vers  1857  ou  1S5S. 

*** 
Blondin,  cependant,  était  tourmenté  par  le  désir  de  faire  quelque 
coup  d'éclat.  Voilà  pourquoi  il  projeta,  en  1858,  de  traverser  la  riviè- 
re Niagara  au-dessus  des  chutes.  Toute  une  année  il  rumina  son  pro- 
jet, visita  fréquemment  les  lieux,  et,  au  printemps  de  1S59,  annonça 
la  nouvelle  stupéfiante  qu'il  allait  traverser  le  Niagara  sur  une  corde 
tendue  dans  les  airs,  à  deux  cents  pieds  des  eaux  mugissantes. 

Une  campagne  de  presse  habilement  conduite,  savamment  graduée 
à  l'américaine,  excita  un  intérêt  intense,  mit  tout  le  monde  en  fièvre 
et,  lorsque  le  30  juin  1S59  arriva,  50,000  personnes  étaient  présentes 
sur  les  rives  de  la  rivière  pour  voir  un  acrobate  faire  un  a'jte  d'extrê- 
me audace  sinon  de  suprême  folie. 

Le  succès  fut  complet,  foudroyant,  dit  le  Afagasài  Pittoresque.  Un 
"instant  le  bruit  des  applaudissements  couvrit  le  mugissement  de  la  ca- 
"taracte  !  Le  lendemain,  les  principaux  journaux  des  Etats- Llnis  et 
"du  Canada  publiaient  des  dithyrambes  en  l'honneur  du  Français 
"Blondin      Ce  n'était  plus  un  fou,  c'était  un  héros... 

"Blondin  n'était  pas  homme  à  s'endormir  sur  ses  lauriers.  De 
"plus  fort  e7i  plus  fort  coin  me  chc~  Nlcolct,    telle  était  sa  devise. 

"En  conséquence,  le  4  juillet,  il  répéta  son  ascencion  et  fit  le  tra- 
"jet  la  tête  recouverte  d'un  sac  qui  lui  retombait  jusqu'au  u)ilieu  du 
•'corps  .. 

"Le  i6  juillet,  il  franchit  encore  le  Niagara  ;  cette  fois,  il  poussait 
"une  brouette  devant  lui.  Le  5  août,  nouvelle  traversée  agrémentée 
'  de  cabrioles  et  d'exercices  gyuinastiques  plus  extraordinaire.s  les 
"unes  que  les  autres. 

"Le  19  août,  il  reconunença  son  périlleux  voyage.  Cette  fois  il 
"n'était  pas  seul.  Un  nommé  Harr\- Calcourt  son  agent  (manager) 
"avait  eu  assez  de  courage  et  assez  de  foi  en  lui  pour  lui  permettre  de 
"le  jtrendre  sur  ses  épaules." 

"Un  journal  de  réi'oque  rapporte  d'ailleurs  qu'à  cette  occasion,  il 
"y  eut  une  scène  assez  peu  ordinaire  entre  l'acroliate    et  son     iin>?iai;er 


riSU]    h:. 


.-2-<0— 

"au  milieu  même  du  vide.  Calcourt  avait  préalablement  appris  à  se 
"maintenir  en  équilibre,  pour  permettre  à  Blondin  de  le  descendre  un 
"instant  de  ses  épaules  et  de  le  poser  sur  le  cable  afin  de  reprendre  ha- 
"leine  :  le  vent  était  très  violent  et  les  pans  du  vêtement  de  Calcourt 
"commençant  de  s'agiter  d'une  façon  inquiétante,  notre  homme  prit 
"quelque  peu  peur,  devint  nerveux  et, pour  garder  son  équilibre, donna 
"maladroitement  un  mouvement  de  balancement  au  câble.  Il  fallait 
"absolument  le  calmer  et,  dans  ce  but,  son  compagnon  ne  trouva  rien 
"de  mieux  que  de  le  menacer  de  l'abandonner  seul  au  milieu  de  la  cor- 
"de,  s'il  ne  reprenait  pas  son  calme.  Le  moj-en  réu.ssit  "•  Blondin  re- 
"chargea  son  fardeau  et  toucha  terre  sans  accident. 

■  "Le  17  août,  Blondin  avait  franchi  la  cataracte  sous  les  traits  d'un 
"esclave  fugitif  ayant  encore  les  fers  aux  pieds  et  aux  mains.  Le  2  sep- 
"tembre,  il  fit  la  traversée  de  nuit  et,  arrivé  au  milieu  de  la  corde,  il 
"se  tint  la  tête  en  bas  entourée  d'une  gerbe  de  feux  d'artifice  qu'il  fai- 
"sait  partir." 

Il  répéta  maintes  fois  ces /if;yb;';«a;/<v5,  durant  l'été  de  1860,  en 
les  corsant  chaque  fois  davantage.  "Un  jour,  il  emporta  avec  lui  un 
"petit  fourneau  de  cuisine  et  fit  cuire  une  omelette  sur  la  corde  raide. 
"Il  traversa  aussi  avec  chaque  pied  dans  un  panier  ;  enfin  il  trouva 
"une  dame  qui  voulut  bien  se  faire  porter  par  lui  d'un  bout  à  l'autre 
"du  cable  qui  avait  vu  tant  d'exploits  successifs. 

La  dernière  représentation  eut  lieu  un  san.edi,  le  15  septem- 
bre 1S60,  en  présence  du  prince  de  Galles  (plus  tard  Edouard  VII) 
qui  faisait  alors  son  tour  d'Amérique.  Ce  jour-là,  Blondin  voulut  se 
surpasser,  et  après  avoir  porté  Calcourt  sur  son  dos,  il  mit  le  comble 
à  ses  tours  de  force  en  effectuant  la  traversée  sur  des  échasses.  Quant 
tout  fut  fini,  le  prince  de  Galles  poussa  un  soupir  de  soulagement.il  fit 
venir  Blondin  et  s'entretint  longuement  avec  lui,  en  français,  le  félici- 
tant de  son  courage  et  de  son  adresse. 

Mais  le  futur  roi  d'Angleterre  ne  se  borna  pas  à  exprimer  une  sté- 
rile admiration.  Le  lendemain,  le  major-général  Bruce,  .secrétaire  des 
commandements  du  prince,  adressait  au  Itcivs  du  Niagara,  avec  une 
lettre  des  plus  flatteu.ses,  aui  chèque  pour  la  sonune  de  $400.00.  (i) 


(0     Morgan,   'lour  oj  H.  R.  H .   The  Prince  of  Wak s,  1860,  p.  iSi 


-277- 

Blondin  profita  aussitôt  de  sa  renommée  pour  faire  le  tour  du 
monde  et  récolter  des  dollars.  A  Sj'dney,  Australie,  il  fit  sensation  en 
traversant  au-dessus  d'une  carrière  de  pierre  profonde  de  300  pieds. 
En  1S67,  lors  de  l'exposition  universelle,  tenue  en  France,  il  exécuta 
ses  exercices  au-dessus  de  la  Seine  et  sa  performance  lui  valut  tout 
un  feuilleton  de  Théophile  Gautier  dans  le  Moniteur  Universel,  En 
1S73,  il  était  à  Vienne  et  remportait  de  nouveaux  lauriers...  Mais  il  est 
impossible  de  le  suivre  dans  .ses  pérégrinations,  contentons-nous  d'a- 
jouter que  cet  homme  extraordinaire  accomplit  sa  six  mille  et  unième 
traversée  aérienne  au  palais  Alexandra  de  Londres  en  1S85,  c'est-à-dire 
à  l'âge  de  61  ans  et  vous  aurez  une  idée  de  la  carrière  qu'il    a  fournie. 

"Toujours  maître  de  lui,  toujours  dédaigneux  du  danger  et  inac- 
cessible au  vertige",  Blondin  eut  le  rare  bonheur  de  ne  jamais  être 
victime  d'accident  et  de  conserver  .ses  facultés  jusqu'à  ses  derniers  mo- 
ments. 

Ayant  décidé  de  finir  ses  jours  en  Angleterrf ,  patrie  de  sa  femme, 
dit-on,  il  acquit,  dans  un  tranquille  quartier  de  Londres,  une  jolie  mai- 
sonnette entourée  d'un  grand  jardin.  Il  nomma  sa  demeure  "Niaga- 
ra villa",  et  y  coula  des  jours  heureux,  dans  une  aisance  confortable, 
s'occupant  surtout  d'oiseaux  et  de  musique,  ses  deux  grandes  passions. 
Plus  tard,  il  paraît  s'être  transporté  à  Ealing  et  c'est  là  qu'il  s'éteignit 
e>n  1897,  âgé  de  73  ans. 

E.-Z.  MASSICOTTE 

QUESTIONS 

Ovi  et  quand  e.st  mort  M.  Thomas-Xavier  Tarieu  de  Lanaudière, 
officier  an  régiment  de  Carignan,  premier  seigneur  de  Sainte-Anne  de 
la  Pérade  ?  Les  uns  le  font  mourir  en  1680,  d'autres  en  1694,  d'au- 
tres encore  en  1695.  S.J. 

—  La  peinture  de  l'Immaculée  Conception  qu'on  voit  au-dessus  du 
maître  autel  de  la  basilique  de  Québec  et  que  certains  connais.seurs 
prétendent  être  l'œuvre  du  fameux  peintre  français  Lebrun,  porte  l'ins- 
cription suivante  :  '  Donné  par  Francis  Lemaistre,  Ecr.,  lient. -gou- 
verneur du  districi  de  Gaspé.  "  A-t-on  des  renseignements  biogra- 
phiques .sur  LeMaistre  ?  Comme  il  était  protestant,  ce  don  à  une  église 
catholique  d'uue  peinture  représentant  la  Vierge  Immaculée  est  assez 
étrange,     Connait-on  la  raison  de  ce  don  ? 


VIU 


-278- 

Ouvrages  publiés  par  Mgr  Henri  Têtu  (^^ 

Esquisse  biogyaphiijuc.  l\fonsci<^nciu  de  Laval,  picim'fr  cvcquc  de 
Québec.  Imprimerie  de  P.  G.  Delisle,  i,  rue  Port-Dauphin— 1SS7. 
151  pp.  in-i2. 

Mandemeiits,  Lettres  pasioi  aies  et  cireulaires  des  évcques  de  Québec 
(2).  Volume  premier.  Québec,  imprimerie  générale  A.  Côté  et  Cie 
—  1887.     588  pp.  in-8. 

Mandements,  Lett/es  pastoja/es  et  cirailaires  des  évéques  de  Québec. 
Volume  deuxième,  yuébec,  imprimerie  générale  A.  Côté  et~Cie — 
1888.     566  pp.  in-8 

Mandements,  Lettres  pastorales  et  circulaires  des  évéques  de  Québec. 
Volume  troisième.  Québec,  imprimerie  générale  A.  Côté  et'  Cie^ 
1888.     635  pp.  in-8. 

Mandements,  Lettres  pasto7 aies  et  circulaires  des  évéques  de  Québec. 
Volume  qua*^rième.  Québec,  imprimerie  générale  A.  Côté  et  Cie-- 
1888.     794  pp.  in-8. 

Mandements,  Lettres  pastorales  et  ci) culait  es  des  évcques  de  Québec. 
(Nouvelle  série)  Son  Eminence  le  cardinal  Taschereau.  Volume  pre- 
mier. Québec,  imprimerie  générale  A.  Côté  et  Cie^iSSg.  570  pp. 
in-8. 

Notices  biographiques.  Les  évéques  de  Québec.  Québec,  Narcisse- 
S.  Hardy,  éditeur=i889.      692  pp.  in-S. 

Mandements,  Lettres  pastorales  cl  ciiculaiies  des  évéques  de  Québec. 
(Nouvelle  série)  Son  Eminence  le  cardinal  Taschereau.  Volume  deu- 
xième. Québec,  imprimerie  géuérale  A.  Côté  et  Cie — 1890.  826  pp. 
in-8. 

Notice  biographique.     S.  E.  le  cardinal    Taschereau,     archevêque  de  \ 

Québec.     Québec,  N.  S.  Hardy,    libraire-éditeur     1891.     99  pp.  in-i6.  ' 

David  Têtu  et  les  raiders  de  Saint-Alhan.     Elpisode    de    la    guerre  j 

américaine.    1S64-1865.     Deuxième    édition.     Québec,     X.  S.  Hardy,  j 

libraire-éditeur — 1S91.  1S7  pp.  in-i6.  (3)  '  j 

Mandements,  L^ettra'  pastorales  et  circulaires  des  évéques    de  Québec.  ! 

(Nouvelle  série).     Son  Eminence    le    cardinal    Taschereau.      \'oIuiue  ■     i 

~ ! 

(i)     Décédé  à  Québec  le  15  juin   1915.  } 

(2)     En  collaboration  avec    Mgr  C.  O.  Gagnon.  1 

^^(3)     En  collaboration  avec  l'abbé  H.  R.  Ca.s^rain.      Le  titre  por-                   1 

te  "deuxième  édition";  la  première  édition  fut  publiée  dan.s  Y Ohinton                    ■ 
Publique. 


'.'jl  r\..-i  -liïi^i  i:,\l   ^^'Iduq  ^''-ï^S'yiiÔ 


-279- 

troisième.  Québec,  imprimerie  générale  A.  Côté  et  Cie — 1892.  363 
-CCXXI-ii  pp.  in-8. 

Hisioiif  dic  palais  épiscopal  de  Oucbcc.  Québec,  librairie  Montmo- 
rency-Laval, Pruneau  &  Kirouac,  libraires-éditeurs,  46,  rue  de  la  Fa- 
brique— 1S96.     304   pp.  in-8. 

Mandements,  Lettres  pastorales  et  circulaires  des  évêques  de  Québec. 
(Nouvelle  série).  Son  Eminence  le  cardinal  Tascherc-au.  Volume  qua- 
trième. Québec,  imprimerie  A.  Côté  et  Cie — 1897.  427-201-12  pp. 
in-8. 

Notice  hiogiatyhiqiie.  Le  R.  P.  Bouchard,  missionnaire  apostolique. 
Québec,  librairie  Montmorency-Laval,  Pruneau  &  Kirouac,  libraires- 
éditeurs,  46,  rue  de  la  Fabrique — 1S97.     231  pp.  in- 12. 

Notice  biographique.  L'abbé  David-LLen)  i  Têtu,  curé  de  Saiiit- 
Roch-des-Auinaies.  Québec.  Du.ssault  &  Proulx,  imprimeurs — 189S. 
94  PP-  in-8- 

Histoire  des  Familles  Téiu,  Bonenfant,  Dionne  et  Perrault.  Québec, 
Dussault  &  Proulx,  imprimeurs — i8gS.  636  pp.  in-8. 

Notice  Biographique.  S.  E.  le  cardinal  Taschereau;  archevêque  de 
Québec.     Québec.    N.-S.     Hardy,     libraire-éditeur,— 1S98.  117    pp. 

in-i6.  (i). 

Noces  d'or  de  la  Sainte-Enfance  à  Québec.  Québec,  Compagnie 
d'imprimerie  de  Québec — 1901.     52  pp.  in-i6. 

Journal  d'un  voyage  en  Europe  par  .Ugr  Joseph- Octave  P/cssis,évéque 
de  Québec,  1S1Ç-1S20.  Québec,  librairie  Montmorency-Laval,  Pruneau 
&  Kirouac,  libraires-éditeurs,  34,  rue  de  la  Fabrique-^  19031  469  pp. 
in-8. 

Journal  des  visites  pastorales  de  1815  et  i8\6  par  Monseigneur  Jo- 
seph-Octave Plcssis.  Québec,  imprimerie  Franciscaine  Missionnaire — 
1903.     216-75  PP-  in-8. 

Biographies  de  .Monseigneur  de  L^aval  et  de  Monseigneur  Plcssis, 
évêques  de  Québec.  Montréal,  Librairie  Beauchemin  Limitée,  79  rue 
St-Jacques — 1913.  (2)      140  pp,  in-12. 

P.-G.   R. 


(i)  C'est  l'édition  de  1891.  La  couverture  seule  porte  le  millé- 
sime 1S98.  L'auteur  a  ajouté  un  ai>i>endice  où  il  raconte  la  mort  du 
cardinal  Taschereau  et  où  il  donne  une  lettre  du  cardinal  à  sa  mère  en 
date  du  S  mai  1S37. 

(2)     La  couverture  porte    ceiiendant  19 14. 


—'iso- 
la famille  Regnard  Duplessis 


GEORGES  REGNARD    DUPLESSIS 

En  1689,  Georges  Regnard,  sieur  Duplessis,  originaire  de  la  Cham- 
pagne, vint  au  Canada  pour  y  exercer  un  emploi  dans  les  bureaux  du 
trésorier  de  la  marine  à  Québec. 

Le  27  octobre  1698,  l'intendant  Champigny  choisissait  M.  Duples- 
sis comme  receveur  de  l'amirauté. 

L'année  suivante,  le  22  juin  1699,  M.  Jacques  Petit  de  Verneuil 
trésorier  de  la  marine  à  Québec,  décédait,  et  M.  Duplessis  lui  succé- 
dait dans  sa  charge. 

Enfin,  le  11  septembre  1705,  à  ses  fonctions  de  trésorier  de  la  ma- 
rine et  de  receveur  de  l'amirauté,  M.  Duplessis  joignait  celle  d'agen 
général  et  particulier  de  la  Compagnie  de  la  colonie  conjointement  avec 
M.  de  Lotbinière. 

Après  vingt  ans  de  services, le  gouverneur  de  Vaudreuil  rendait  au 
ministre  le  témoignage  suivant  de  M.  Duplessis  : 

"Le  sieur  Duplessis,  trésorier,  m'a  prié  de  vous  rendre  compte  de 
sa  conduite.  Je  puis  vous  dire  qu'il  remplit  ici  ses  devoirs  d'une  ma- 
nière à  contenter  tout  le  monde". 

Le  15  octobre  1696,  M.  Duplessis  avait  fait  l'acquisition  d'une 
étendue  de  terre  considérable  en  Acadie.  sur  les  bords  de  la  baie  et  de 
la  rivière  de  Cocagne.  Il  u'a])pert  pas  que  M.  Duples.sis  ait  jamais  fait 
exploiter  ce  domaine  de  deux  lieues  de  front  sur  six  lieues  de  jtrofoii- 
deur. 

Trois  années  plus  tard,  le  14  octobre  1699,  M.  Dui)lessis  achetait 
de  Thomas  Bertrand,  la  seigneurie  de  Lauzon,  sur  la  rive  droite  du 
Saint-Laurent,  en  face  de  Québec. 

M.  Duplessis  décéda  à  Québec  le  30  octobre  17 14. 

"Pendant  ses  vingt-cinq  années  de  service,  écrit  M.  J. -Edmond 
Roy,  M.  Duplessis  avait  eu  à  subir  bien  des  déboires.  La  Providence 
lui  réservait    pour  la  fin  de  sa  vie     ses  plus  rudes  épreuves. 

"Au  mois  de  janvier  1713,  un  incendie  dévorait  le  Palais  de  l'in- 
tendant.     C'est  là  qu'étaient  déposés  tous  les     i)apiers  du     trésor  dont 


^-  ^r,^^\vr:'^  oIlimEi  hJ 


-  281  — 

M.  Duplessis  avait  la  garde.  Tout  fut  enveloppé  dans  le  désastre. 
Cet  accident  fit  une  très  grande  brèche  au  bien  de  famille  qu'il  avait 
péniblement  amassé. 

"En  effet,  les  monnaies  de  carte,  les  bons  sur  le  trésor,  les  valeurs 
en  caisse,  les  pièces  justificatives  des  dépenses,  tout  fut  détruit,  et  le 
tré-orier  dut  en  porter  la  responsabilité.  Pour  s'acquitter  envers  le 
roi,  M.  Duplessis  se  crut  obligé  de  \endre  la  seigneurie  de  Lauzou.  Le 
28  mars  1714,  il  se  défaisait  de  cette  propriété  qu'il  avait  payé  5,500 
livres  pour  3,000  livres  en  faveur  d'Etienne  Charest.  Il  ne  toucha 
rien  du  prix  de  cette  vente.  La  mort  vint  le  frapper  avant  qu'il  eût 
terminé  la  liquidation  de  ses  afi'aires.  Sa  veuve  qui  avait  toujours  été 
sa  caution  pour  toutes  ses  charges,  dût  rendre  compte  au  roi  d'une  ad- 
ministration d'un  quart  de  siècle.  On  la  tint  responsable  pour  une 
.somme  de  1,200,000  livres.  Tout  fut  pajé,  sans  compter  6000  livres 
qu'elle  dût  débouiser  en  ])lns." 

M.  Dnplessis  avait  épousé,  avant  de  vent  s'établir  dans  la  Nou- 
velle-F'rance,  damoiselle  Marie  Le  Ro}-,  Ai  Ch^vreuse,  près  de  Paris. 
Elle  décéda  à  l'Hôtel-Dieu  de  Québec  au  pruuenips  de  1732.  De  leur 
mai  iage  naquirent  huit  enfants.  Quatre  mojfurent  au  berceau.  Un 
mot  de  chacuu    des  enfants  de  M.  Duplessis  ; 

I.     MARIE-ANDRE    REGNARD  DUPLESSIS 

Née  à  Paris  le  28  mars  16S7, 

Elle  fut  élevée  à  Chevreuse  par  sa  grand' mère,  et  ne  passa  dans  la 
Nouvelle- France  qu'en   1702. 

Elle  entrait  à  l'Hôtel-Dieu  de  Québec  le  2  juillet  1707  et,  deux  ans 
plus  tard,  le  8  janvier  1709,  elle  prononçait  ses  vœux  sous  le  nom  de 
Sainte-Hélène. 

La  mère  de  Sainte- Hélène  occupa  les  principales  charges  de  sa 
communauté.  Elle  fut  sujiérieure  à  trois  reprises  différentes.  Elle 
décéda  le  23  janvier  1760. 

Sur  la  mère  Sainte  Hélène  on  peut  consulter  ^L  l'aljlié  Casgrain, 
Histoire  de  r Hctvl-Dicu  de  Vin'Mr,  pj).  345,  383,  425,  442,  452  et  487, 
la  Ktvue  Canadienne  année  1N75,  article  de  M.  l'abbé  \'erreault,  pp. 
44,  105,  1S3,  2Sy,  384,45s,  529,  603.,  et  J. -Edmond  Roy,  Leltrcs  du 
P.  F.-X.  Duplessis,  de  la  Compas: nie  de/ésns.  pp.  X  et  se.i. 


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-  282  - 

2.     MARIE- JOSEPH-GENEVTEVE  REGXARD  DUPLESSIS 

Née  à  Québec  le  7  février  1692. 

A  l'âge  de  vingt  et  un  ans,  elle  suivit  sa  sœur  à  l'Hôtel-Dieu  de 
Québec  et  y  prononça  ses  derniers  vœux  le  5  juillet  1714.  Elle  prit 
en  religion  le  nom  de  l'Enfant- Jésus. 

La  mère  de  l'Enfant- Jésus  fut  pendant  trente  la  dépositaire  des 
pauvres. 

Elle  décéda  le  12  mai  1756. 

On  peut  consulter  sur  la  mère  de  l'Enfant-Jésus  M.  l'abbé  Cas- 
grain,  Histoire  de  P Hôtcl-Dieii  de  Québec,  pp.  404,  405,  425,  426  et  588; 
et  la  Revue  Canadienne,  année  1875,  pp.  47  et  seq. 

3.     LOUIS    REGNARD  DUPLESSIS 

Né  à  Québec  le  29  janvier  1693. 

Décédé  au  même  endroit  le  29  janvier  1693. 

4.     FRANÇOIS-XAVIER    REGNARD  DUPLESSIS 

Né  à  Québec  le  13  jan^■ier  1694. 

Le  21  octobre  17 16,  il  s'embarquait  à  Québec  pour  la  France  dans 
le  dessein  d'entrer  dans  la  compagnie  de  Jésus. 

Le  7  janvier  1717,  le  jeune  Duplessis  faisait  sou  entrée  au  novi- 
ciat des  Pères  Jésuites  à  Paris.  Il  prononça  ses  premiers  vœux  le  2 
février  1719.  Sous-diacre  le  16  mars  1726,  diacre  le  lendemain,  il  fut 
ordonné  prêtre  le   20  mars  de  la   même  année. 

Dès  lors,  le  Jésuite  Duplessis  commença  cette  carrière  de  piédica- 
tion  qui  devait  en  faire  un  des  missionnaires  les  plus  appréciés  de  tou- 
te la  France.  Le  Père  Duplessis  mourut  près  de  Paris  dans  les  pre- 
miers jours  de  décembre  1771,  à  l'âge  de  77  ans. 

On  trouvera  une  notice  biographique  du  célèbre  Père  Duplessis  eu 
tète  des  Lettres  du  P.  F.  X.  Duplessis,  de  la  Compagnie  de  Jésus,  pu- 
bliées par  M.  J. -Edmond  Roy,  en  1S92. 

5.     NICOLAS-JOSEPH    REGNARD  DUPLESSIS 

Né  à  Québec  le  18  mars  1695. 

Décédé  au  même  endroit  le  18  avril  1695. 

6.     JOSEPH  Rl'lGNARD  DUPLKSSIS 

Né  à  Québec  le  7    avril  1697. 


—  283  — 

Il  est  mentionne  au  recensement  de  Québec  en  17 16.  II  dût  mou- 
rir en  cette  même  année  17 16  ou  peu  après. 

7.     ANTOINE- LOUIS  REGNARD  DU PLESSIS 

Né  à  Québec  le  25  novembre  1699. 
Décédé  au  même  endroit  le  16  mars  1700. 

8.     CHARLES-DENIS  REGNARD  DUPLESSIS  DE  MORAMPONT 

Né  à  Québec  le  22  juin  1704. 

M.  J. -Edmond  R03-  nous  dit  qu'il  alla  étudier  à  La  Flèche  de  1719 
à  1724  pui.s  fit  sa  philosophie  à  Paris. 

De  retour  au  Canada  il  embrassa  la  carrière  des  armes.  Il  servit 
d'abord  à  Cataracoui. 

En  1734,  il  obtenait  une  promotion. 

En  1742,  il  était  aide-major  des  troupes. 

En  1744,  M.  Duplessis  de  Morampont  était  conmiandant  pour  le 
roi  au  poste  de  Kamanistigouja. 

Le  ler  mai  1749,  M.  Duplessis  de  Morampont  était  nonnnc  prévôt 
des  maréchaux  du  Canada,  à  la  place  de  M.  Denis  de  Saint-Simon,  dé- 
cédé. Son  frère,  le  Père  Jésuite  Duplessis,  lui  avait  aidé  à  obtenir  ce 
poste  de  confiance. 

M  Duplessis  de  Morampont  é]5ousa,  à  Québec,  le  29  mai  1742, 
Geneviève-Elisabeth  Guillemin.  fille  de  feu  Charles  Guillemii,,  conseil- 
ler au  Conseil  Supérieur,  et  de  feue  Françoise  Lemaître  de  la  Morille. 
Il  en  eut  deux  filles.  L'une,  Louise-Geneviève,  mourut  au  berceau. 
L'autre,  Marie-Jo.seph-Andrée,  devint,  à  Montréal,  le  30  .se]itenibrf 
1760.  l'éixjuse  de  Pierre-Louis  de  Rastel  de  Rocheblave,  fils  du  mar- 
quis de  Rastel,  orit:;inaire  de  Saint-Jacques  île  la  Sa\ourua>-,  diocèse  dt 
Gai»,  déi>artement  des  MaïUes-Aliies. 

Après  la  conquête,  Charles  Denis  Du]>lessis  de  Murampurt  passa 
en  France.  A\ec  lui,  dis])arurcnt  du  Canada  les  noms  de  Re);nar(l  Du- 
plessis et  de  Duplessis  de  Moramjiont. 

P.  G.  R. 


;v.i.l-.I 


—  284  — 

Biographies  canadiennes 

JEAN  LECHASSEUR.=C'est  dans  les  premiers  jours  f^e  septem- 
bre 1672  que  le  comte  de  Frontenac,  nommé  le  7  avril  précédent  gou- 
verneur-général de  la  Nouvelle-France,    débarqua  à  Québec. 

"Quelle  que  fût  la  médiocrité  de  sa  fortune,  écrit  M.  Lorin  {Le 
comte  de  Frontenac,  p.  28),  Frontenac  voulut  arriver  au  Canada  comme 
uu  gouverneur  qui  comprend  la  dignité  de  sa  situation  ;  il  avait  reçu 
quelques  libéralités  du  roi,  6ooo  livres  "pour  se  mettre  en  équipage", 
9000  environ  pour  former  "une  compagnie  de  vingt  honunes  de  guerre 
à  cheval,  dits  carabins",  qui  seraient  sa  garde  du  corps  ;  il  avait  char- 
gé un  vaisseau  de  ses  "ameublements  et  équipages",  mais  les  Hollan- 
dais, auxquels  Louis  XIV  venait  de  déclarer  la  guerre,  s'en  emparè- 
rent à  la  hauteur  de  l'île  Dieu.  A  peine  débarqué,  il  organise  autour 
de  lui  toute  la  hiérarchie  des  "officiers,  grands  et  petits,  qui  compo- 
sent la  maison  des  gouverneurs  de  province,  avec  un  si  bel  ordre  que 
la  sienne  pouvait  passer  pour  une  académie  réglée  et  un  séminaire  de 
vertu." 

M.  Lorin  ne  le  dit  pas  mais  nous  le  savons  par  ailleurs  ;  le  comte 
de  Frontenac  avait  amené  son  secrétaire,  le  sieur  Jean  LeCha.sseur. 

Moins  d'un  an  après  son  arrivée  à  Québec,  LeChas.seur  figura 
dans  un  procès  assez  curieux  fait  à  un  aide-cuisinier  du  comte  de 
Frontenac,  le  sieur  René  Blanchard.  Ce  cuisinier  peu  gêné  avait 
abandonné  le  service  de  son  maître  avant  son  terme  d'engagement,  en 
emportant  une  certaine  somme  appartenant  à  M  de  Frontenac  et  plu- 
sieurs vêtements  appartenant  à  M.  LeChas.seur.  Il  fut  condamné,  le 
5  juin  1673,  à  être  appliqué  au  carcan,  à  la  grande  place  de  la  basse- 
ville  de  Québec,  avec  un  écriteau  sur  l'estomac  :  Domestique  engage 
qui  a  délaissé  le  service  de  son  î\/e  sous  un  faux  donné  à  entendre. 

Le  Chasseur  agit  comme  .secrétaire  du  comte  de  Frontenac  pen- 
dant tout  le  temps  de  .sa  première  admini.stration,  de  1672  à  1682,  soit 
près  de  dix  ans. 

Nous  pouvons  présiuner  que  M.  LeChasseur  rendit  de  bons  .servi- 
ces au  gouverneur  car  M.  de  Frontenac  n'était  pas  homme  à  garder 
longtemps  sous  ses  ordres  un  secrétaire  qui  aurait  été  médiocrement 
qualifie. 


'U.ti>J 


—  285  — 

Le  comte  de  Frontenac  partit  de  Québec  pour  retourner  en  Fran- 
ce au  mois  d'octobre  16S2,  quelques  jours  après  l'arrivée  de  son  suc- 
cesseur, M.  de  La  Barre.  Sou  secrétaire,  M.  LeChasseur,  décida  de 
rester  au  pays. 

Peut-être  servit-il  de  secrétaire  à  ^L  de  La  Barre  pendant  ses  trois 
années  de  séjour  dans  la  Nouvelle-France  ? 

Le  20  avril  1683,  la  seigneurie  de  la  Rivière-du-Loup  (en  haut) 
était  accordée  à  M.  LeChasseur.  Cette  seigneurie  avait  été  donnée, 
le  3  novembre  1672,  au  sieur  de  Mannereuil.  Celui-ci,  pour  une  raison 
.ou  pour  une  autre,  fut  obligé  de  renoncer  à  sa  concession.  M.  Le 
Chasseur  la  reçut,  le  20  avril  1683,  avec  une  augmentation  de  deux 
lieues  de  profondeur. 

Le  22  juillet  1686,  M.  de  Boyvinet,  lieutenant-général  des  Trois- 
Rivières,  revenant  de  France,    se  noyait  devant  Québec. 

Dès  le  lendeifiain,  l'intendant  de  Meulles  donnait  à  M.  LeChasseur 
"sous  le  bon  plaisir  du  Roi,"  l'office  de  lieutenant-général  de  la  juri- 
diction ordinaire  de  Trois-Rivières. 

Le  19  août  1686,  le  Conseil  Souverain  ordonnait  que,  par  provi- 
sion, et  sous  le  bon  plaisir  de  Sa  Majesté,  le  sieur  LeChasseur  exerce- 
rait l'office  de  lieutenant-général  au  siège  rcyal  de  Trois-Rivières  et  il 
l'admettait  à  prêter  le  serment  requis. 

La  nomination  de  M.  LeChasseur  fut  confirmée  par  le  Roi  le  15 
mars  1687.  Il  fut  installé  en  son  office  par  le  Conseil  Souverain  le  20 
octobre  de  la  même  année. 

M.  LeChasseur  exerça  ses  fonctions  de  lieutenant-général  pendant 
plus  d'un  quart  de  siècle,  à  la  satisfaction  de  tous  les  justiciables.  Il 
décéda  à  Trois-Rivières  le  ler  septembre  17 13.  M.  LeChasseur  ne 
s'était  pas  marié. 

Il  semble  que  sa  seigneurie  de  la  Rivière-du-Loup  ne  lui  avait  pas 
été  d'un  grand  profit.  Il  l'avait  vendue,  en  1691,  au  célèbre  Nicolas 
Perrot.  Mais  celui-ci,  n'ayant  pu  faire  les  paiements  promis,  sept  ans 
plus  tard,  M.  LeCha.sseur  avait  été  obligé  de  la  rL-jjrendre.  Il  la  re- 
vendit un  peu  plus  tard  à  M.  .Michel  Trottier  de  Bcaubien. 

LE  CAPITAINF,  DK  MACARY.— Lorsque  le  marquis  de  Denou- 

ville  vint  prendre  possession  de  la  Nouvelle-France  dans  l'été  de  16S5, 

amena  avec  lui  un    certain  nombre    d'officiers.     Connue    il  l'écrivait 


>a.:     !■' 


—  286  — 

un  peu  plus  tard  au  ministre,  la  plupart  de  ces  officiers  étaient  de  bons 
sujets,  mais  il  y  avait  aussi  parmi  eux  quelques  caractères  difficiles,  peu 
dignes  de  rester  dans  le  pays. 

Au  nombre  de  ces  derniers  se  trouvait  M.  de  Macary,  capitaine 
d'une  compagnie. 

Moins  d'un  an  après  son  arrivée  dans  la  Nouvelle-Franee,  M.  de 
Denonville  avait  déjà  à  .se  plaindre  du  capitaine  de  Macary.  Le  8  mai 
i6S6,  le  gouverneur  écrivait  au  ministre  : 

"J'ai  été  sur  le  point  d'interdire  le  sieur  de  Macary,  un  des  capi- 
taines que  j'ai  amenés,  pour  avoir  manqué  de  respect  à  M.  de  Callière, 
,  et  pour  trop  tarder  à  lui  faire  satisfaction,  selon  que  je  lui  avais  or- 
donné. 

"Cela  me  donne  lieu,  Monseigneur,  de  vous  demander  vos  ordres 
sur  ce  que  j'aurai  à  faire  en  pareil  cas,  le  Roi  s'étant  réservé  de  casser 
et  n'ayant  donné  à  .ses  officiers  en  chef  que  la  permission  d'interdire 
pour  juger  si  la  faute  mérite  qu'il  soit  cassé  ou  si  Sa  Majesté  juge  plus 
à  propos  de  lever  l'interdiction  qui  ne  peut  venir  que  par  vos  ordres. 
Sur  cela.  Monseigneur,  je  vous  supplie  très  humblement  de  faire  ré- 
flexion sur  le  temps  qu'il  faut  pour  avoir  des  nouvelles.  Si  lorsque  je 
serai  obligé  d'interdire  vous  voulez  que  je  vous  envoie  les  officiers  qui 
tomberont  dans  le  cas  pour  se  justifier  eux-mêmes,  ou  s'il  suffiia  de 
vous  rendre  compte  et  de  les  laisser  ici  en  attendant  vos  ordres  pour 
lever  l'interdiction,  ne  le  pouvant  faire  de  mon  chef.  Ce  que  je  puis 
vous  assurer.  Monseigneur,  e.st  que  je  n'en  viendrai  point  à  cette  ex- 
trémité qu'il  n'y  ait  une  désobéissance  manifeste  et  un  sujet  qui  méri- 
te un  exemple  tel  que  de  casser  un  officier.  Vous  croyez  bien.  Mon- 
seigneur, que  je  n'entends  point  parler  de  ceux  qui  ont  des  ctabli.'-se- 
ments  en  ce  pays."      (i) 

Dans  la  même  lettre,  M.  de  Denonville  ajoute  : 

"Depuis  ma  lettre  écrite,  j'ai  reçu  une  lettre  du  sieur  de  Macary 
qui  se  plaint  que  le  .sieur  de  Saint-Bazile,  son  lieutenant,  lui  a  fait  un 
ajipel  par  deux  fois  et  qu'il  lui  a  demandé  un  rendez-vous  pnur  tirer 
l'épée  contre  lui  ;  comme  je  monte  à  Montréal,  je  saurai  ce  cfiic  c'est 
que  cette  affaire,  et  si  cela  se  trouve  ainsi  je  sais  ce  que  portent  les  or- 
donnances du  Roi  pour  les  affaires  exécutées,  mais.  Monseigneur,  com- 
me le  châtiment  e.st  une  longue  i)rison  suivie  de  la  ca.sse,   faites-moi  sa- 

(1)    .\rfliives  publiiiiics  du  Canada.    Correspoiidaïuo  jrOnOraU',  vol,  S. 


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...  287  - 

voir  vos  ordres  sur  ce  que  je  ferai  de  ces  officiers  qui  tomberont  dans 
ces  fautes, n'ayant  pas  de  prison  sûre  pour  les  empêcher  de  s'égorger'  '  (  i  ) 

A  l'automne  de  la  même  année  le  marquis  de  Denonville  se  déci- 
dait à  débarrasser  la  Xouvelle-France  de  la  personne  encombrante  du 
sieur  de  Macary.     Il  écrivait  au  ministre  le  lo  novembre  1686  : 

"Dans  le  nombre  d'officiers  que  nous  avons  ici  il  y  en  a  beaucoup 
d'honnêtes  gens  et  capables.  Je  vous  en  renvoie  quelques-uns  qui, 
s'il  vous  plaît,  serviront  d'exemple  aux  autres  pour  les  contenir  dans 
une  bonne  discipline.  Je  vous  renvoie  le  sieur  de  Macary,  l'un  des 
capitaines  que  j'ai  amené  ici  étant  un  homme  d'un  caractère  d'esprit 
si  dangereux,  brouillon,  séditieux  et  si  difficile  à  mener  que  j'ai  cru  ne 
pouvoir  me  dispeuî^er  d'en  faire  un  exemple.  Je  l'ai  fait  mettre  en 
prison  une  fois  pour  avoir  très  maltraité  un  fort  joli  officier.  Il  a  eu 
trente  démêlés  avec  M.  de  Callières,  et  avec  nos  officiers  et  avec  les 
peuples;  je  vous  envoie  quelques-unes  de  ses  lettres  qui  vous  seront  un 
échantillon  de  son  esprit  ;  je  l'ai  pris  par  tous  endroits  pour  le  réduire 
et  le  faire  changer,  y  ayant  perdu  mon  temps.  Je  vous  le  renvoie. 
Monseigneur,  dans  l'espérance  que  vous  ne  me  le  renverrez  pas,  n'en 
pouvant  rien  faire  de  bon  pour  le  service. 

"Je  vous  envoie  aussi  les  informations  que  j'ai  fait  faire  (sur) 
tuie  plainte  qu'il  m'a  faite  que  son  lieutenant  lui  avait  fait  un  appel. 
Comme  je  n'ai  point  les  règlements  et  ordonnances  sur  les  duels,  ne 
les  ayant  point  trouvé  en  aucun  greffe,  je  vous  supplie  très  humble- 
ment qu'on  les  envoie  an  Conseil  Souverain  pour  que  nous  les  fassions 
exécuter  sévèrement.  Cependant,  je  n'ai  pas  laissé  de  châtier  le  sieur 
de  Saint-Bazile,  son  lieutenant,  qui  d'ailleurs  est  honnête  garçon,  bon 
officier  et  de  qualité,  par  quatre  mois  de  prison,  parct  qu'il  m'a  paru 
avoir  manqué  à  l'égard  de  son  supérieur,  quoique  j'aie  eu  lieu  de  pen- 
ser qu'il  y  a  eu  de  l'artifice  de  la  part  du  sieur  de  Macary  qui  a  cru  le 
l)erdre  infailliblement  par  cet  endroit.  Le  dit  sieur  de  Macary  m'a 
présenté  bien  des  requêtes  et  même  à  M  l'intendant  tendantes  toutes 
à  mettre  nos  officiers  en  combustion  par  des  confrontations  qu'il  de- 
mandait que  je  n'ai  pas  cru  devoir  faire  pour  éviter  les  désordres  que 
cela  aurait  pu  mettre  entre  eux." 

P.  G.  R. 


—  288- 

REPONSE 

M.  NAU  DE  FOSSAMBAULT  ET  LA  NOUVELLE-FRANCE. 
(KXl,  Vin,  p.  235).  -^  M.  Jacques  Nii  de  Fossaubault, 
qui  a  laissé  son  nom  à  la  seigneurie  de  Fossanibaull,  est-il  bieu  venu 
dans  la  Nouvelle- France  ? 

Nous  ne  croxons  pas  que  Jacques  Nau  de  Fossanibault,  conseiller 
du  Roi,  receveur  ou  trésorier  des  finances  en  Berry,  soit  jamais  venu 
dans  la  Nouvelle-France.  Ni  \q  Journal  des  Jcsnitês  ni  les  Relations  des 
Jésuites  ne  mentionnent  son  passage  ici. 

Quelques-uns  de  nos  historiens  ont  écrit  que  M.  Nau  de  Fossani- 
bault avait  vécu  dans  la  Nouvelle-France.  Ils  ont  probablement  été 
induit  en  erreur  par  le  nom  de  la  seigueurie  de  Fc-stu.lsvlt  et  le 
fait  que  deux  filles  de  M.  Nau  de  Fossambault  .se  marièrent  ici. 

V Histoire  de  V Hôiel-Dicu  de  Québec  nous  explique  comment  Ca- 
therine Nau,  l'une  d'elles,   vint    à  Québec. 

"C'était,  dit-elle,  une  demoiselle  de  Pau  que  la  duche.sse  d'Ai- 
guillon avait  envoyé  en  1655  aux  religieuses  de  l' Hôtel-Dieu  pour  être 
religieuse  chez  elles.Elle  avait  beaucoup  d'esprit  et  de  piété,  mais  point 
de  vocation." 

^  Dans  une  lettre  du  Père  Lejeune  à  la  mère  de  Saint- Bonaventu;e, 
datée  le  10  mars  1656,  nous  lisons  : 

"Je  n'ay  jamais  cru  que  Madem.  Nau  devait  être  re'igieuse.  Je 
vous  assure  qu'on  a  fortement  poussé  et  i>ressé  son  envoy  en  Canada, 
Made.  du  Viger  m'a  dit  qu'elle  estait  sa  parente.  Celui  qui  avait  ar- 
resté  la  m.  de  Ste  Agnes  lui  a  enfin  donné  liberté." 

Catherine  Nau  ne  resta  pas  longtemi)s  à  l'Hôtel-nieu  de  Québec 
puisqu'on  la  voit  devenir,  le  5  octobre  1655,  l'épouse  de  Louis  de  Lan- 
zon,  sieur  de  la  Citière,  fils  du  gouverneur  de  Lauzon.  Elle  lui  appor- 
ta une  dot  de  trois  mille    livres. 

En  secondes  noces,  le  10  juillet  1659.  Catherine  Nau  devint  la 
femme  de  Jean-Baptiste  Peuvret  de  Mesnu,  qui  fut  greffier  du  Conseil 
Souverain. 

Le  fils  aîné  de  Catherine  Nau,  Alexandre  Peuvret  de  Gaudarville, 
se  fit  concéder,  par  la  gouverneur  de  Frontenac  et  l'intendant  de 
Champigny,  le  20  février  1693,  ""  fief  auquel  il  donna  le  nom  de  Fos- 
sambault, en  souvenir  de  son  grand'père,  Jacques  Nau  de  Fossambault. 
On  ignore  en  quelle  année  Michelle-Thérèse  Nau  vint  rejoindre 
sa  sœur  Catherine  dans  la  Nouvelle-France.  Le  22  octol^re  1603,  elle 
unissait  sa  destinée  à  celle  de  Joseph  Giffard,  sieur  du  Fargy,  'fils  du 
premier  seigneur  de  Beauport. 

Mgr  Tanguay  ne  nous  donne  pas  la  date  de  la  mort  de  madame 
Giffard  de  Fargy.  Seulement,  il  est  certain  qu'elle  mourut  avant  le  4 
novembre  1700  iniisque  ce  jour-là  M.  GifTard  de  Fargy  convolait  en 
secondes  noces  avec  Denise  de  Peiras. 

P.  G.  R. 


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BULLETIN 


RECHERCiïES  HlST@!^ipES 

VÔlTxxÏ  BEAUCEVILLE==0CT0BRE    1915  NoTx 

Mémoire  de  Gédéon  de  Catalogne  sur    les    plans  des 
seigneuries  et  habitations  des  gouvernements 
de  Québec,  les  Trois-Rivières  et  Montréal 


(Suite)  .. M  ..-      - 

La  seigneurie  des  Milles  Isles  scituée  au  uordouest  de  l'isle  Jésus 
appartient  au  Sr  Dupré  marchand  a  Montréal,  Ce  nom  de  Mille-i  Isles 
luy  vient  de  la  grande  quantité  presque  innombrables  qui  la  sépare  de 
risle  Jésus,  la  pluspart  de  ses  Isles  sont  couvertes  de  sapinage  fort 
touffues,  quelques-unes  de  moyens  chesnes  qui  produisent  abondam- 
ment du  gland,  que  les  plus  ménagers  amassent  pour  les  pourceaux  ; 
Elles  sont  la  pluspart  fort  pierreuses  et  peut  propres  a  la  culture,  La 
terre  ferme  ou  les  habitans  ont  leurs  déserts  sont  très  bonnes  produi- 
sant abondamment  toute  sorte  de  grains  et  légumes,  particulièrement 
de  bon  tabac,  chanvre  et  lin,  Les  forests  contiennent  toutes  sortes  de 
gros  bois,  la  fertillité  de  ses  terres  fait  que  les  habitans  y  sont  fort  ai- 
sez,  quoiqu'ils  soient  éloignez  du  commerce  de  leurs  denrées,  La  chas- 
se et  la  pesche  y  est  abondante. 

La  seigneurie  de  la  Chesnaye  appartient  aux  héritiers  et  créan- 
ciers du  feu  Sr.  Martel  Marchand,  dont  le  Sr.  de  Bailleur  Lieutenant 
des  troupes  a  épou.sé  la  veuve.  Cette  Seigneurie  fait  paroisse  avec  celle 
da  Repentignj-,  St  Suljnce  et  la  Valterie,  Llles  sont  desservies  par  un 
prestre  du  Séminaire  de  Montréal,  .s}-  les  Iroquois  n'avoient  détruit 
uue  i)artie  des  habitans  et  retardé  la  culture. des  terres,    chacune  desdi- 


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tes  paroisses  auroit  esté  en  estât  dentrctenir  uu  curé,  Les  terres  y  es- 
tant très  bonnes  produisant  abondamment  toute  sorte  de  grains  et  lé- 
gumes et  pasturages  pour  nourrir  quantité  de  bestiaux,  La  pcsche  et 
la  chasse  très  abondants,  les  bois  par  contrée  y  sont  très  beaux  de  tou- 
tes espèce  et  en  abondance,  Les  arbres  fruictier'^  ny  viennent  bien  qu'- 
en quelques  endroits. 

La  Seigneurie  de  Repentigny  appartient  au  Seigneur  de  ce  nom, 
capne  d'une  compie  du  détachement  de  la  marine  en  ce  pays,  la  Coste 
est  très  belle  unie  et  ornée  de  plusieurs  Isles  qui  sont  audevant  produi- 
sant en  abondance  toutes  sortes  de  grains  et  légumes.  Les  bois  en  terre 
ferme  sont  melangtz  de  toute  espèce,  les  Iroquois  en  avoient  détruit 
une  partie  des  habitans  et  retardé  pendant  plusieurs  années  son  esta- 
blissement,  et  se  fut  sur  cette  Seigneurie  que  Monsieur  le  Marquis  de 
Vaudreuil  en  1691  deffist  entièrement  un  party  de  ces  insulaires  et 
qui  détermina  toutes  les  nations  a  demander  la  paix. 

La  Seigneurie  de  St  Sulpice  appartient  à  Mrs  du  Séminaire  de 
Montréal,  La  guerre  des  Iroquois  est  la  cause  quelle  nest  pas  bien  esta- 
blie,  outre  que  les  terres  ny  sont  bonnes  que  par  contrées  qui  cepen- 
dant produisent  de  bon  grain  et  légumes,  mais  non  pas  si  abondam- 
ment qu'a  Repentigny,  les  profondeurs  des  bois  y  sont  mêlées  de  tou- 
tes espèces  entrecoupées  de  Savannes  et  pays  marescageux  ou  il  y 
avait  autrefois  des  castors  et  orignaux  en  quantité 

Les  Isl''s  Bouchard  qui  sont  au  Sud  de  St  Sulpice  appartiennent  a 
Mr  Dejordis  capne  dans  les  troupes  et  aux  héritiers  du  feu  Sr.  de  Ver- 
cheres  Lieutenant  reformé  des  troupes,  une  de  celle  qui  appartient  au 
dit  Sr.  Dejordis  est  la  plus  grande,  mais  entrecoupée  de  marais  pois- 
sonneux et  avantageux  pour  la  chasse  au  gibier  jiassager,  et  prairies 
et  quoique  les  terres  y  soient  des  meilleures  du  pays.  Elles  est  si  su- 
jette aux  innondations  qu'il  y  en  a  très  peut  de  reduittes  a  la  culture, 
celles  qui  sont  cultivées  produisent  abondamment  toutes  sortes  de 
grains  et  légumes,  les  habitans  qui  y  sont  establis  y  sont  fort  a  leur  ai- 
se. Il  y  a  quantité  de  gros  bois  consistant  en  hormes,  chesnes  blancs, 
errables,  meriziers.  Plaines,  fresnes  et  noyers  qui  la  pluspart  dans  cer- 
taines années  se  trouvent  couverts  de  raisins  du  pays  qui  fait  du  vin 
tort  acre  et  noir  comme  de  lencre. 

La  Seigneurie  de  la  Valterie  appartient  a  la  veuve  de  ce  nom  Le 
Seigneur  avoit  esté  officier  dans  le  régiment    de    Carignan    et    depuis 


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—2U]  — 

Capne  dans  les  troupes  du  détachement  de  la  marine,  Jay  desja  dit 
quelle  fait  paroisse  avec  celle  de  St  Sulpice  et  Repentigny,  Les  terres 
y  sont  niediocrenieiit  bonnes,  Les  guerres  cependant  ont  contribuez  au 
retardement  de  son  tstablissement,  Les  lers  habitans  ayant  esté  dé- 
truits ou  ruinés,  et  les  terres  y  sont  revenues  en  taillis,  que  Ion  com- 
mence a  deffricher.  Celles  qui  y  sont  en  culture  produisent  de  bon 
grain  et  légumes,  mais  non  pas  abondamment,  Les  profondeurs  soct 
entrecoupées  de  pignieres.  C'est  le  terme  des  contrées  des  Pins  et  par 
dautres  des  Savannes  et  toute  sorte  de  l:ois. 

La  Seigneurie  de  la  Noré  appartient  aux  héritiers  de  ce  nom  et  au 
Sr  neveu,  Marchand.  Elle  fait  paroisse  avec  Berthier,  l'Isle  Dupas  et 
Sorel,  il  y  a  très  peut  d'habitans  tnnt  parce  que  les  Terres  dans  les 
profondeurs  ny  sont  pas  bonnes,  que  par  la  difficulté  du  commerce,  des 
Moulins  éloigné  de  la  résidence  du  curé  et  du  Seigneur,  cependant  les 
terres  qui  y  sont  en  culture  produisent  de  toute  sorte  de  grains  et  légu- 
mes. Les  bois  y  :;Out  mélangez  de  toutes  espèces. 

La  seigneurie  de  Dautré  quoique  les  terres  y  paroissent  assez  bel- 
les par  les  bois  qui  sont  dessus,  est  entièrement  abandonnée,  le  seigneur 
et  les  habitans  ayant  esté  détruis  par  les  Iroquois,  les  créanciers  sont 
assez  negligens  pour  ne  la  pas  faire  restablir. 

La  Seigneurie  iMntay  appartient  au  fils  de  St.  Romain  marchand 
par  les  créances  qu'il  a'-ait  sur  icelle,  il  ny  a  que  deux  habitans  resi- 
dans,  le  reste  des  terres  sont  négloigées  quoique  en  apparence  elles 
soient  très  bonnes,  mais  l'eloignement  des  commoditez  nécessaires  en 
empesche  l'establissement,  il  y  a  des  bois  de  toute  espèce. 

La  seigneurie  de  Berthier  appartient  au  Sr.  de  Rigauville  enseigne 
dans  les  troupes  comme  ayant  espousé  la  veuve  de  ce  nom.  Les  terres 
y  sont  très  belles  et  unies  examptes  d'aucunes  qualité  de  pierre, produi- 
sant abondamment  toute  sorte  de  grains  et  légumes,  mais  très  sujettes 
a  brumer,  les  terres  estant  renfermés  par  les  bois  de  haute  futaie  et  par 
les  Lsles  qui  sont  au  devant  qui  la  j^luspart  servent  cie  commune  aux 
habitans,  le  reste  est  concédé  et  establi,  les  grains  y  venant  mieux 
quen  terre  ferme,  Cette  seigne^irie  du  costé  du  costé  du  nordouest  du 
fleuve  termine  le  bas  du  gouvernement  de  Montréal. 

L'Lsle  Perrot  qui  est  au  haut  dudit  Gouvernement  apjiartient  au 
Sr.  Desruis.seaux  marchand  par  lacquisition  quil  en  a  faite  des  héritiers- 


™  292  - 

du  Sr.  Letnoine,  les  terres  y  sont  entrecoupées  de  carrières  de  grais  et 
Moulanges,  fresnieres  et  prairies,  il  ny  a  point  dautres  hans  que  le  Sei- 
gneur, Cependant  il  y  a  fait  la  dépense  d'un  beau  moulin  et  d'un  re- 
tranchement contre  l'insulte  des  ennemis,  mais  l'éloignement  delà  vil- 
le et  les  difficulté/,  du  Saut  St  Louis  empeschent  son  establissement, 
les  terres  }•  produisent  de  très  bons  grains,  et  la  pesclie  et  la  chasse  en 
hiver  et  en  esté  y  est  très  abondante. 

La  seigneurie  de  Chateauguay  et  les  Isles  de  la  Paix  qui  sont  au- 
devant  appartiennent  au  Sr.  de  La  Noue  Lieutenant  dans  les  troupes, 
par  lacquisition  quil  en  a  faite  des  Srs.  Lemoine,  Elle  n'a  pas  esté  é- 
pargnée  de  l'invasion  des  Iroquois,  ce  qui  est  cause  qu'il  ny  a  guaire 
d'habitans  residans,  les  terres  par  contrées  v  sont  très  bonnes  et  pro- 
duisent de  toute  sorte  de  grains  et  légumes,  La  chasse  aux  orignaux 
et  castors  et  autres  animaux  autrefois  y  estoit  fort  commune,  celle  du 
gibier  passager  y  est  toujours  abondante  dans  les  saisons,  la  pesche  a 
toute  sorte  de  poissons  et  mesme  Ihiver  on  tend  des  fîllets  sous  les  gla- 
ces dans  tout  ce  coutinent  ou  Ion  prend  grand  nombre  desturgeous, 
poissons  dorez,  brochets  et  carpes,  que  Ion  transportent  a  Montréal, 
particulièrement  le  caresme,  il  y  a  aussy  deux  Rivières  qui  sentrecou- 
pent  ou  l'on  prend  grand  nombre  de  saumons  pendant  lesté.  Les  pins 
par  contrées  y  sont  très  gros  et  en  abondance  mesme  toute  sorte  de 
bois,  Le  curé  de  la  paroisse  St  Louis  dessert  aussy  celle  de  Chateau- 
guay par  raport  au  peut  d'habitans. 

La  mission  du  Saut  StLouis  sous  le  titre  de  StFrançois  Xavier  esta- 
blie  au  sud  de  la  chine  ou  il  y  a  un  fort  avec  garnison  françoise  pour 
garder  les  sauvages  des  cinq  nations  IrDquoises  qui  y  sont  establis,  Il 
y  a  trois  P.  Jesuittes  qui  les  gouvernent.  Ces  nations  sont  extrême- 
ment fières.  Elles  ont  des  chef  qui  les  conduisent.  quo>-  qu'ils  sont  ac- 
coutumez a  suivre  leurs  caprisses,  ny  ayant  parm.\-  les  sauvages  aucune 
subordination.  Les  fenuues  y  sont  devostes  c'est  dans  cette  mission 
qu'il  s'est  estably  un  pèlerinage  a  la  dévotion  de  Catherine  Thiatakoui- 
ta  qui  mourust  en  odeur  de  Steté  en  i6So  ;  dans  l'estendue  de  toute 
cetse  concession,  il  y  a  nombre  de  gros  bois  de  toutes  esjieces.  Les  sau- 
vages ont  des  déserts  le  long  du  fleuve  ou  ils  sèment  du  bled  d'Inde, fè- 
ves d'aricot,  citrouilles,  melons,  et  soleils, ils  coniniercent  a  Montréal  le 
surabondant  de  leur  récolte,  outre  cela  ils  font  quantité  de  sucre  dera- 
ble  et  auias.sent  l'herbe  de  capilaire  qu'ils  vendent  aussy  a  la  ville.     Ce 


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-  293  -- 

sont  ordinairement  les  femmes  rjui  sont  occupées  a  lagriculture,  loccu- 
pation  des  hommes  estant  la  chasse,  la  pesche  et  la  guerre,  depuis  quel- 
ques années  ils  se  sont  ouvert  un  commerce  chez  les  anglois  a  Orange 
ou  ils  y  portent  du  castor  et  en  rapportent  des  étoffes  et  autres  mar- 
chandises qu'ils  conmiercent  chez  eux  et  a  Montréal,  Sans  que  la  poli- 
ce les  ait  pii  assujetir  aux  lois 

Les  Seigneuries  de  la  Prairie  de  la  Magdelaine  et  de  St  Lambert 
appartiennent  aux  RR.  PP.  Jesuittes,  La  Paroisse  est  desservie  par  un 
des  prestres  du  Séminaire  de  Montréal,  la  pluspart  des  terres  qui  \- 
sont  en  culture  estoient  des  prairies  que  les  habitans  ont  desseichées 
par  des  fos^ez  ce  qui  les  a  rendues  fenilles  en  toutes  sortes  de 
gïains  et  légumes,  quoique  sujettes  a  brumer,  Les  profondeur.s  sont  la 
plupart  terres  basses,  sy  elles  estoient  reduittes  à  la  culture  produi- 
roient  abondamment  toutes  sortes  de  grains,  les  bois  y  sont  mélangez 
de  toutes  espèce,  la  chasse  at  la  pêche  dans  les  saisons  y  est  fort  abon- 
dantes, il  y  a  quelque  petit  continent  ou  les  pommiers  et  autres  fruic- 
tiers  portent  beaucoup  de  fruicts. 

La  Seigneurie  de  Longueil  appartient  a  Mr.  le  Baron  de  ce  nom 
Lieutenant  de  Roj-  de  Montréal,  La  Paroi.sse  est  desservie  par  un  pres- 
tre  du  Séminaire  de  Quebek  ;  les  terres  ny  sont  bonnes  que  par  contrée 
y  aj-ant  quantité  de  pierres  et  le  reste  de  Savannes  et  pays  mouillez  di- 
fhcicile  a  desseicher,  Cela  nempesche  pas  que  le  long  du  fleuve  ne  soit 
garny  d' habitans  fort  a  leur  aise,  mesme  de  Riche,  par  les  grosses  dé- 
penses que  le  Seigneur  a  faites  pour  les  rendre  meilleures  en  faisant 
des  fossez  et  oster  les  pierres  qu'il  a  employez  a  faire  un  fort  et  de  très 
belles  maisons,  Il  y  avoit  mesme  commencé  un  chemin  de  quatre  lieues 
et  demy  qui  est  fort  avancé,  de  connnunication  à  Chanibly,  mais  com- 
me cela  lengageoit  a  une  trop  gros.'^e  dépense  sans  espérance  d'en  rien 
retirer,  il  l'a  abandonné,  malgré  la  nécessité  qu'il  y  avait  de  le  perfec- 
tionner afin  de  pouvoir  secourir  en  peut  de  tenis  le  fort  de  Chambly 
sil  estoit  attaqué,  au  lieu  que  le  secours  a  le  conduire  par  eau  doit  fai 
re  36  lieues.  Les  terres  qui  y  sont  en  culture  produisent  de  bons 
grains  et  légumes,  mais  non  pas  si  abondauunent  que  sur  les  seigneu- 
ries voisir.es,  il  se  trouve  sur  lad.  Seigneurie  ([uantité  de  bois  de  cons- 
truction et  en  moyenne  grosseur. 

L'Isle  Ste  Heleine  qui  est  etitre  le  Montréal  et  lad.  Seigneurie  aj)- 
partient  audit  Sr.  de  Longueil,  Sa  belle   exposition  et  la  bonne  qualité 


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...  294  ~ 

des  terres  pour  les  arbres  fruictiers  l'ont  invité  a  y  planter  un  très 
beau  verger,  de  la  manière  qu'ils  commencent  a  ra porter  il  y  a  lieu 
desperer  que  dans  dix  ans  il  y  fera  plus  de  trois  cens  barriques  de  cidre 
sans  parler  des  fruits  a  noyau.  La  vigne  de  France  a  de  la  peine  a 
porter  son  fruit  en  maturité,  Il  y  avoit  autrefois  de  très  gros  arbres  qui 
la  pluspart  ont  esté  détruit  pour  servir  de  bois  de  chauffage  a  la  ville, 
Ceux  qui  y  viennent  présentement  sont  taillez  soigneusement  par  allez 
ou  un  troupeau  de  brebis  trouvent  leur  paccage. 

La  Seigneurie  du  Tremblay  appartient  aux  héritiers  de  feu  Sr.  de 
Varenne  cy  devant  gouverneur  des  trois  Rivières,  Cette  Seigneurie  fait 
paroisse  avec  celle  de  Longueil,  Les  terres  y  sont  admirablement  bon- 
,  nés  pour  produirent  toutes  sortes  de  grains  et  légumes  en  abondance, 
les  habitans  y  sont  fort  laborieux  et  aisez,  toute  la  profondeur  de  lad. 
Seigneurie  est  de  mesme  qualité.  Les  bois  y  sont  mélangez  de  toute 
espèce.  Le  terroir  n'est  pas  propre  pour  les  arbres  fruictiers  que  par 
quelque  petite  contrée. 

Les  Isles  de  Lamoureux  qui  sont  audevant  relèvent  de  lad.  Seigrie 
Les  terres  y  sont  p^s  fertilles  en  toute  sorte  de  grains  et  légumes  qu'en 
terre  ferme,les  habitaus  qui  les  tiennent  par  concession  a  des  rentes  quoi- 
que fort  hautes  y  sont  presque  tous  riches, y  ayant  beaucoup  de  facilité 
a  nourrir  nombre  de  bestiaux,  il  leur  reste  très  peut  de  bois  pour  leur 
chauffage  quoiqu'ils  out  des  ressources  en  terre  ferme,  Le  terroir  est 
assez  bon  pour  les  arbres  fruictiers. 

La  Seigneurie  de  Boucherville  appartient  a  Mr  Boucher  un  des 
premiers  gouverneur  des  trois  Rivières  qui  en  fist  sa  démission  en  fa- 
veur de  Mr.  de  Varenne  son  gendre.  Basse  justice  exercée  par  le  Sr. 
Labeaume  juge  et  notaire.  La  paroisse  e.st  desservie  par  un  des  prestres 
du  Séminaire  de  Montréal,  la  Coste  pour  ce  quelles  contient  est  une 
des  plus  belles  et  des  plus  unies  de  Canada  les  habitans  y  sont  les  plus 
aisez  du  Gouvernement,  Les  terres  y  estant  très  fertilles  en  toutes  sor- 
tes de  grains  et  légumes,  Les  arbres  fruictiers  ny  viennent  que  ])ar  pe- 
tits cantons,  les  bois  y  sont  mêlez  de  toute  espèce,  Les  Isles  qui  sont 
audevant  ont  le  fond  admirable  pour  produire  toute  sorte  de  grains  et 
légumes  Mais  le  seigneur  en  a  donné  la  plus  grande  partie  aux  habi- 
taus pour  leur  .servir  de  commune,  ou  ils  eslevent  pendant  lesté  inie  in- 
finité de  bestiaux  de  toute  espèce. 


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—  295  — 

La  Seigneurie  de  Varenne  appartient  au  Seigneur  de  ce  nom  Liev- 
teuant  dans  les  troupes,  La  paroisse  est  desservie  par  un  prestre  du  Se- 
mre  de  Quebek,  Les  terres  ny  sont  pas  directement  si  belles  qu'a  Bou- 
cherville  estantes  entrecoupées  de  petits  costeaux  et  ravines, Cela  u'em- 
pesche  pas  quelles  iij-  soient  ehgallement  bonnes  pour  produire  toute 
sorte  de  grains  et  légumes,  mesme  pour  les  arbres  fruictiers,  Les  habi- 
tans  trouvèrent  l'année  dernière  a  30  toises  du  fort  sur  la  terre  de  Louis 
le  Doux  environ  quatrevingt  livres  de  mine  de  plomb,  partie  sur  la  ter- 
re et  le  reste  a  deux  et  trois  pieds  avant,  Ce  qui  obligea  Mr  Daigre- 
mont  a  s'y  transporter  et  ou  il  fist  fouiller  un  trou,  sans  en  avoir  trou- 
vé que  très  peut,  La  profondeur  de  cette  Seigneurie  est  presque  toutes 
prairies  et  pays  bas,  ou  il  y  a  très  peu  de  gros  bois. 

L'Isle  Ste  Thérèse  appartient  a  Mr.  de  Langloiscrie  Lieutenant  de 
Roy  a  Quebek,  Elle  fait  paroisse  avec  la  Seigneurie  de  Varenne  et  de 
la  Trinité.  Les  terres  y  sont  des  bonnes  du  gouvernet  pour  produi- 
rent  toute  sorte  de  grains  et  légumes,  auss}'  tous  les  habitants  y  sont 
fort  a  leur  aise,  ils  nont  que  très  peu  dt  bois  quils  con.servent  pour  leur 
chauffage,  Les  Isles  qui  sont  au  haut  de  celle  cy  en  sont  moitié  dépen- 
dantes et  les  autres  au  Seigneur  de  Varenne  ou  l'on  coupe  une  très 
grande  quantité  de  foin,  La  chasse  au  gibier  passager  et  la  pesche  y 
.sont  très  abondants,  de  l'Isle  Ste  Thérèse  dépendent  encores  quatre  Is- 
les qui  sont  au-dessous  qui  ont  le  mesme  avantage  que  celles  du  haut, 
sur  l'une  desquelles  Mr  de  Langloiscrie  a  fait  une  belle  mêterie. 

La  Seigneurie  de  la  Trinité  appartient  au  Sr  de  St.  Michel  et  aux 
héritiers  du  Sr.  Martigny  qui  a  esté  tué  en  1709,  a  la  bayed'Hudson  a 
lexpedition  que  Mr  de  Menteht  avoit  entrepris  en  ce  pays,  ladite  Sei- 
gneurie fait  paroisse  avec  celle  de  Varenne  et  la  Seigneurie  de  Grand- 
maison,  les  terres  y  sont  de  mesme  qualité  qu'a  Varenne  et  les  profon- 
deurs de  mesme,  a  trois  cens  cent  toises  du  bord  du  fleuve  il  y  a  une 
source  d'eau  sallée. 

La  Seigneurie  de  Granduiaison  appartient  aux  héritiers  du  Sueur 
Il  y  a  très  peut  de  tems  que  les  habitans  y  sont  establis  quoique  les 
terres  mesme  les  profondeurs  soyent  de  mesme  qualité  qu'a  la  Trinité, 
outre  qu'il  y  a  une  plus  grande  estendue  de  prairie  très  aisée  a  mettre 
la  charue  et  avantageuse  pour  nourrir  nombre  de  bestiaux,  n.\-  ayant 
presque  point  de  bois  sur  sa  devanture. 

La  Seigneurie  de  Vercheres  appartient    aux  héritiers  de  ce  nom  cj- 


Il)  ji  u  }■!.. 


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-  296  - 

devant  enseigne  dans  le  régiment  de  Carignan  et  Lieutenant  reformé 
dans  les  troupes,  Elle  fait  paroisse  avec  celle  de  Contrecœur  et  St  Ours 
Les  terres  y  sont  très  belle  et  unies  qui  produisent  toute  sorte  de  grains 
et  légumes  en  abondance,  les  profondeurs  pendant  une  lieue  ne  con- 
tiennent que  des  prairies  ou  il  se  trouve  une  grande  quantité  dun  fruit 
que  l'on  appelle  attoqua,  il  ny  a  presque  plus  de  bois  dans  tout  ce  con- 
tinent, les  Iroquois  ont  désolez  toutes  ces  costes  pendant  un  très  long 
tems,  et  ce  fust  dans  cet  endroit  que  la  fille  dudit  Seigneur  repoussa 
les  ennemis  qui  estoient  prests  d'entrer  daus  ce  fort  et  même  tira  du 
canon  sur  eux.  Son  action  a  esté  gratifiée  de  Sa  Maté. 

Le  fief  de  Chicouanne  ne  contient  d'autres  habitaiis  que  le  propre 
laboureur,  les  terres  dans  la  devanture  sont  très  belles  produisant  tou- 
tes sortes  de  grains  et  légumes,  les  profondeurs  contiennent  des  bois 
de  toutes  espèces  et  apparence  que  les  terres  y  sont  bonnes.  Ces  ter- 
roirs ne  sont  point  propres  f)our  les  arbres  fruictiers. 

Le  fief  de  Boisseau  nayant  d'autres  tenanciers  que  le  propriettaire 
laboureur,  les  terres  y  sont  de  niesme  qualité  qu'au  fief  de   Chicouane. 

La  Seigneurie  de  Contrecœur  appartient  au  Sr.  de  la  Corne  Capne 
dans  les  troupes  et  de  Contrecœur  enseigne,  leper  pour  avoir  espousé 
la  fille  du  seigneur  et  l'autre  succédant  aux  droits  de  son  père  qui  avoit 
esté  capne  dans  le  régiment  de  Carignan,  et  anobly  par  les  belles  ac 
tions  qu'il  avoit  faittes  pendant  les  guerres  de  Paris,  la  paroisse  est 
desservie  par  un  des  prestres  du  Séminaire  de  Montréal,  les  terres  y 
sont  très  belles  produisant  toutes  sortes  de  grains  et  légumes,  les  pro- 
fondeurs qui  contiennent  des  bois  de  toutes  espèces  sont  entre-coupées 
de  maraists  et  petits  lacs  qui  ont  esté  faits  par  les  castors  ou  l'on  en 
tuent  tous  les  ans,  Cette  coste  n'a  pas  esté  exempte  des  incursions  des 
Iroquois  ce  qui  a  retardé  un  plus  avancé  establissement,  les  habitan?  y  i 

paroissent  assez  aisez.     Les  Isles  qni  sont    audevaiit    leurs    sout    fort  | 

avantugeuses,  ou  ils  élèvent  grand  nombre  de  bestiaux.  j 

La  Seigneurie  de  St  Ours  appartient  au  Seigneur  de  ce  nom  cy  de-  •<• 

vaut  capne  au  régiment  de  Carignan  et  ensuitte  dans    les    troupes    du  (, 

detachemt  de  la  marine  et  a  présent  pensionnaire  de  Sa  Maté  cette  Sei-  | 

gneurie  fait  paroisse  avec  celle  de  Contrecœur,  les  terres  dans    les    de-  ? 

vantures  nj- sont  que  médiocrement  bonnes,  et  les  habitans    fort  iiegli-  '"  < 

gens  mesme  entr'eux  en  mauvaise  intelligence,  a\'ant  toujours  quelque  { 

chose  a  démêler,  les  profondeurs  qui  coupent  la  Rivière     de    Richelieu  | 


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—  297  - 

sont  plus  belles,  si  on  eu  doit  juger  par  la  qualité  des  bois  qui  sont  des- 
sus et  les  prairies  qui  les  entrecoupent. 

La  Seigneurie  de  Sorel  est  en  décret  depuis  très  longtemps  sans 
que  ladjudicalion  s'en  suive,  la  paroisse  est  desservie  par  un  des  pres- 
tres  du  Séminaire  de  Montréal,  quoique  la  Seigneurie  ait  une  grande 
esttndue  et  que  les  terres  y  soient  ires  belles  il  y  a  peut  d'hans  les  Iro- 
quois  en  ayant  détruits  la  plus  grande  partie,  la  scituation  est  très  bel- 
le et  la  plus  convenable  et  le  seul  entrepos  entre  le  Montréal,  les  trois 
rivières  et  Chambly,  il  se  trouve  dans  son  estendue  quantité  de  toute 
sorte  de  bois  de  construction  et  sa  scituation  pairoist  si  avantageuse 
que  l'on  y  pourroit  placer  plus  de  trois  cens  habitans  favorisez  de  la 
chasse  et  de  la  pesche  qui  s'j'  peut  faire  en  tout  tems.  La  pluspart. 
des  Isles  de  Richelieu  dépendant  de  cette  Seigneurie  et  partie  servent 
de  commune  aux  habitans  ou  ils  pourroient  nourrir  grand  nombre  de 
bestiaux  et  les  reste  mettre  en  culture  qui  produisent  toutes  sortes  de 
grains  et  légumes  eu  abondance.  La  pluspart  des  Bois  qui  sont  des- 
sus, sont  chesnes,  ormes,  errables,  fresnes,  noyers,  bois  blancs  et  trem- 
ble, avec  une  infinité  de  vignes  sauvages. 

L'Isle  Dupas  appartient  a  Brisset,  laboureur  et  a  la  Ve  du  Sablé 
qui  fait  paroisse  avec  Berthier  et  Sorel,  Les  terres  y  sont  très  belles 
dans  toute  l'estendue  quoique  la  partie  d'en  bas  environ  un  tier  eït 
sujette  aux  inondations,  ce  qui  empesche  que  Ion  la  puisse  mettre  en 
culture,  mais  le  reste  produit  toute  sorte  de  grains  et  légumes  en  abon- 
dance, les  Bois  3'  sont  mêlez  de  toute  espèce,  excepté  de  gommers,  la 
chasse  ei  la  pesche  y  est  abondante. 

La  Seigneurie  de  Chambly  appartient  au  Sr.  Hertel  Lieutenant 
reformé  dans  les  troupes,  par  la  donnation  que  feu  Mr.  de  Chambly 
luy  a  faite,  la  paroisse  est  desservie  par  un  Père  Recolet  niissionre  de 
la  garnison  du  fort  qui  y  est  bâty,  je  ne  croit  pas  que  le  Sr  Robert  qui 
coppia  les  plans  du  gouvernement  de  Montréal  en  170S  }■  ave  compris 
celuy  de  cette  Seigneurie  que  je  joindray  a  ce  manuscrit,  le  frond  d'i- 
celle  est  de  trois  lieues  de  chaque  costc  de  la  Rivière  sur  une  lieue  de 
profondeur, le  Lac  qui  sy  trouve  devant  en  fait  un  bel  ornement  depuis 
le  régiment  de  Carignan  il  y  a  toujours  eu  une  garnison  avec  un  fort 
de  pieux,  il  y  a  esté  construit  un  fort  de  i)ierre  et  chaux  en  17 10  et 
171 1.  Sur  les  plans  (ju'en  a  faits  Mr.  le  chevalier  de  Beaucour  Capne 
dans  les  troupes,  il  est  a  remarquer  que  l'année  dernière    il  y  avoit  un 


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—  298  — 

camp  de  2  a  trois  mil  hommes,  noter  que  le  camp  des  ennemis  marqué 
cy  contre  estoit  a  moitié  chemin  d'orange  a  Chambly.  Pour  venir  en- 
vahir le  gouvernement  de  Montréal  et  lorsquils  apprirent  la  perfection 
de  ce  fort  par  ou  ils  dévoient  absolument  passer,  ils  quittèrent  leur  en- 
treprise, la  pluspart  des  terres  de  cette  Seigneurie  sont  très  pro]ircs 
pour  produirent  toutes  sortes  de  grains  et  légumes,  mais  le  peut  d'at- 
tention que  donne  le  seigneur  a  so.i  establissement  fait  qu'il  tiy  a  que 
très  peut  d'habitans,  les  bois  de  construction  y  sont  plus  beaux  et 
abondans  qu'au  reste  du  gouvernement  particulièrement  des  pins,  la 
Rivière  de  Richelieu  qui  est  bordée  de  très  belles  terres  et  de  beaux 
bois  est  fort  négligée  les  Seigneurs  a  qui  elle  a  esté  concédée  ny  don- 
nant aucune  attention  uei^endant  ou  ils  pourroient  placer  plus  de  mil 
habitans  estant  la  seule  du  gouvernement  qui  tombe  dans  le  fleuve  qui 
a  l'avantage  de  portet  les  Barques. 
*** 

Le  gouvernement  des  Trois  Rivières  comprend  depuis  les  Isles  de 
Richelieu  jusques  a  Ste  Anne  des  frondines  ;  Juridiction  royalle 
exercée  par  le  Sr.  le  Charles,  procureur  du  Ro\-  'e  Sr.  de  Tonnancour 
le  Lac  St  Pierre  et  les  Rivières  qui  y  tombent  font  la  teste  du  gouver- 
nement ou  la  pesche  se  fait  en  esté  et  en  hiver,  celle  d'hiver  se  fait 
sous  les  glaces,  ou  Ion  tend  des  fîllets  par  le  moyeu  des  cordeaux  que 
Ion  passent  de  trou  en  trou  avec  des  perches  nonobstant  l'épaisseur  de 
trois  a  quatre  pieds  de  glaces,  la  chasse  au  gibier  passager  le  priutems 
et  l'automne  y  est  très  abondante  par  le  grand  nombre  de  Ba\es  et 
maraists  qui  s'y  trouvent. 

La  Seigneurie  de  Maskinongez  est  lapere  du  costé  du  nord  en  des- 
cendant qui  appartient  au  vSr  Bruneau  cy  devant  marchand  aux  trois 
Rivières  ou  il  a  tombé  en  faillite.  Il  ny  a  point  de  paroisse  fixée,  le  cu- 
ré des  Trois  Rivières  la  va  desservir  de  mesme  que  celle  de  la  Rivière 
du  Loup  et  Yamachiche.  les  Terres  quoique  basses  et  sujettes  a  l'in- 
nondation  y  sont  très  bonnes  ])roduisent  abondàment  toutes  sortes  de 
grains  et  légumes,  les  profondeurs  sont  entrecoupées  de  montagnes. 
Les  sauvages  avoient  rapportez  qu'il  y  avoit  une  mine  d'argent  qui  na 
pas  encore  pu  venir  a  la  connoissance  des  françois,  il  y  a  toute  sorte 
de  bois  mélange/,  mesme  pour  la  construction. 

Entre  Maskinonge/  et  la  Rivière  du  Loup  il  y  a  un  reste  de  terre 
en  bois  debout  concédé  aux  dames  ur.selines  des  Trois  Rivières. 


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—  299  — 

La  seigneurie  de  la  Rivière  du  Loup  appartient  au  Sr.  Beaubien 
marchand  par  l'acquisition  qu'il  en  a  faite  du  Sr.  le  Chasseur  Lieute- 
nant gênerai  de  la  Jurisdictioii  de  3  Rivières,  les  terres  y  sont  fort  bas- 
ses et  unies  fertilles  en  toute  sorte  de  grains  et  légumes  il  y  a  de  toute 
sorte  de  bois  mélangez. 

La  Seigneurie  du  petit  Yamachiche  appartient  a  la  veuve  du  Sr 
Grand  Pré  cy  devant  major  des  trois  Rivières,  les  terres  y  sont  basses 
et  unies.  Sujettes  aux  grandes  inondations,  néantmoins  produisent 
toutes  sortes  de  grains  et  légumes,  les  bois  y  sont  mélangez  de  toutes 
espèces. 

La  seigneurie  du  grand  Yamachiche  appartient  aux    les  Sieurs  la- 
boureurs par  lacquisition  qu'ils  en  ont  faite  de  Mr.  Boucher  cy  devant  | 
gouverneur  des  trois  Rivières  les  ter-es  et  bois  y  sont  assez    conformes  | 
a  celles  du  petit  Yamachiche. 

La  Seigneurie  eu  descendant  n'a  aucuns  habitans,  Elle  appartient 
au  Sr.  de  Boucherville  enseigne  dans  les  troupes  les  terres  et  bois  y 
sont  de  mesme  qualité  que  celles  cy  devant. 

La  Seigneurie  de  la  pointe  du  Lac  qui  eu  est  le  bout  du  costé  du 
nord  appartient  au  Sr.  de  Tonnancour  procureur  du  Roy  au  3  Rivières 
comme  les  terres  ny  sont  bonnes  que  par  contrées  et  quelles  sont  de 
difficiles  abord  pour  les  voitures,  il  ny  a  qu'un  habitan,  les  bois  sont 
mélangez  de  toute  espèce.  A  la  fin  se  trouve  le  domaine  du  Ro>-  qui 
devoit  estre  implanté. 

La  Seigneurie  du  Cap  de  la  Magdelaine  appartient  aux  Pères  Je- 
■suittes,  la  paroisse  est  desservie  par  un  prestre  du  Séminaire  de  Que- 
bek,  les  ter-es  y  sont  fort  sablonneuses  ou  se  trouve  des  mines  de  fer 
mesme  en  abondance,  les  grains  et  légumes  ny  sont  produits  qu'a  force 
de  bien  fumer  et  cultiver  les  terres,  il  ny  a  presque  plus  de  bois,  les  ha- 
bitans  sont  contraints  d'en  aller  chercher  du  costé  du  sud  du  fleuve. 

Le  fief  La  Pierre  appartient  aux  héritiers  de  ce  nom  laboureurs 
les  terres  y  sont  fort  sablonneuses  et  Ba.sses,  ou  il  se  trouve  des  Mines 
de  fer,  il  ny  a  point  de  terre  en  culture,  les  bois  dans  la  profondeur 
sont  mélangez  de  toutes  espèces 

Le  fief  des  Prairies  Marsolet  apiiartient  a  celu\-  qui  fait  ce  manus- 
crit par  l'acciuisitiou  (ju'il  en  a  faite  des  h.eritiers,  les  habitans  relèvent 
de  la  parois.se  do  Champlain,  les  terres  y  .sont  fort    unies  entrecoupées 


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-300- 

de  savannes  et  prairies,  les  terres  reduittes  a  la  culture  produisent  tou- 
tes sortes  de  grains  et  légumes,  les  bois  dans  les  profondeurs  sont  mé- 
langez de  toutes  espèces. 

Le  fief  Hertel  appartient  au  Seigneur  de  ce  nom  Seigneur  de 
Chambly  les  habitans  dépendent  de  la  paroisse  de  Chaïujiiain,  les  ter- 
res et  les  bois  y  sont  de  mesme  qualité  qu'aux  prairies  Marsolet,  il  s'y 
trouve  aussy  des  Mines  de  fer. 

La  Seigneurie  de  Champlain  appartient  au  fils  aisné  de  ce  nom  et 
a  Mr  de  Cabanac  Capnedans  les  troupes  comme  ayant  espousé  une  des 
filles  du  Seigneur,  basse  Justice  exercée  par  le  Sr.Dixy.  la  paroisse  est 
desservie  par  un  des  pre.stres  du  Séminaire  de  Quebek,  il  y  a  un  esta- 
blissement  des  filles  de  la  Congrégation,  les  terres  y  sont  belles  et  unies 
mais  sablonneuses  mélangées  de  mines  de  fer.  Celles  qui  sont  bien  cul- 
tivées et  fumées  produisent  de  très  bons  grains  et  légumes,  les  habitans 
y  sont  très  aisez  ils  ont  fort  peut  de  bois  de  chauffage  estant  contraints 
de  brûler  des  bois  gommeux  ou  en  aller  chercher  du  costé  du  sud  du 
fleuve. 

La  Seigneurie  du  Moine  appartient  aux  héritiers  de  ce  nom  labou- 
reurs les  habitans  dépendent  de  la  paroisse  de  Ste  Aune,  les  terres  y 
sont  basses  et  unies  fertilles  en  toutes  sortes  de  grains  et  légumes,  les 
bois  y  sont  mélangez  de  toutes  espèces.  La  seigneurie  de  Batiscan 
doit  avoir  icy  sa    plasse. 

La  Seigneurie  de  Baptiscan  obmis  de  mettre  après  celle  de  Cham- 
plain appartient  aux  Pères  Jesuittes,  basse  Justice  exercée  par  le  Sr. 
la  Rue.  La  paroisse  est  desservie  par  un  prestre  du  Séminaire  de 
Quebek,  les  terres  y  sont  très  belles  et  unies  fertilles  en  toute  sorte  de 
grains  et  légumes.  Les  lieres  concessions  sont  depourveues  de  bois  ils 
sont  obligez  d'en  aller  chercher  dans  les  profondeurs  et  du  costé  du 
Sud  du  fleuve. 

La  Seigneurie  de  Ste  Aune  appartient  au  Sr.  de  la  Pérade  Lieute- 
nant réformé  dans  les  troupes  et  à  un  des  enfans  de  St  Romain  ])ar  la 
que  luy  eu  a  faite  le  feu  Sr.  de  Sucve  conseigneur  avec  le  dit 
Sr  de  la  Pérade,  la  paroisse  est  desservie  par  lui  prestre  du  Séminaire 
de  Quebek,  les  terres  y  sont  tre.s  belles  et  unies  par  contrée,  celles  qui 
sont  en  cultures  produisent  abondanuneut  toutes  sortes  de  grains  et  lé- 
gumes, les  bois  y  sont  mélangez  de  toutes  espèces. 


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—331  — 

La  Seigneurie  de  Yamaska  qui  fait  la  teste  du  gou\-ernement  des 
trois  Rivière  du  costé  du  Sudest  appartient  au  Sr.  Petit  cj'  devant  mar- 
chand aux  3.  Rivières  par  lacquisition  qu'il  en  a  faite  du  feu  Sr  de  la 
Chesiiaye.  Elle  fait  paroisse  avec  celle  de  St  François, les  terres  y  sont 
basses  et  unies,  celles  qui  sont  en  culture  produisent  abondamment  tou- 
tes sortes  de  grains  et  légumes,  la  chasse  et  la  pesche  y  sont  fort  abon- 
dants il  y  a  de  toutes  sortes  de  bois  mélangez  mesme  pour  construc- 
tion. 

La  Seigneurie  de  St  François  appartient  aux  héritiers  du  Sr  Cre- 
vier.  Elle  est  desservie  par  les  Pères  Jesuittes  missionnaires  des  Sauva- 
ges Abenakis  establis  audit  lieu,  les  terres  y  sont  très  belles  et  unies 
parliculièrenient  les  Isles  fertilles  en  toutes  sortes  de  grains  et  légumes 
les  bois  }-  sont  mélangez  de  toutes  espèces,  la  chasse  et  la  pesche  abon- 
dants. 

La  Seigneurie  de  Luçeaudiere  n'a  point  d'habitans,  les  voisins 
n'en  counoissent  point  le  Seigneur,  les  terres  y  paroissent  très  belles 
ou  il  y  a  toutes  sortes  de  bois  particulièrement  de  gros  pins. 

La  seigneurie  de  St  Antoine  ou  baye  du  febvre  appartient  au  Sei- 
gneur de  ce  dernier  nom,  les  habitants,  ceux  de  Nicolet  et  Gotlefïroy 
dépendent  de  la  paroisse  des  Trois  Rivières,  les  Terres  y  sont  assez  bel- 
les un  peut  pierreuses  produisant  médiocrement  toutes  sortes  de  grains 
et  légumes.  La  chasse  et  la  pêche  abondants,  les  bois  mélangez  de  tou- 
tes espèces. 

La  Seigneurie  de  Nicolet  appartient  au  Sr  Courval  marchand  aux 
Trois  Rivières,  les  terres  y  sont  assez  belles  mais  entrecoupées  de  cos- 
teaux  et  de  maraists,  celles  qui  y  sont  en  culture  produisent  toutes  sor- 
tes de  grains  et  légumes,  mais  non  pas  abondemment,  il  y  a  de  toutes 
sortes  de  bois  meslez,  la  chasse  et  la  pesche  y  sont  abondants  particuli- 
èrement à  languille  et  saumons. 

La  Seigneurie  de  Godelïroy  est  divisée  aux  héritiers  ainsy  qu'il 
est  marqué  sur  le  plan,  les  Terres  ny  sont  que  médiocrement  bonnes, 
les  unes  pierreuses  et  partie  mouillées,  celles  qui  ont  esté  mises  en  cul- 
ture produisent  d'assez  bons  grains  et  légumes, il  y  a  de  toute-sortes  de 
bois  mêlez. 

La  Seignerie  de  Becaucourt  ou  Rivière  Puante  appartient  au  Sr  de 
Becancourt  grand  \03'er  en  ce  pays,  il  y  a  sur  cette  seigneurie  une  mis- 


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:-0^.j,'.ïi    ":3 


-302— 

siou  d'abeimkis  estaliis  qui  font  parroisse  avec  les  habitant  desservie 
par  un  Père  Jesuitte,  les  Terres  y  sont  très  bonnes  produisant  toutes 
sortes  de  grains  et  légumes,  il  y  a  de  gros  bois  de  toutes  sortes.  Liiig- 
tot  doit  prendre  icy  sa  plasse.  Eutre  celle  de  Becancourt  et  de  Chani- 
bly. 

La  Seignerie  de  Bequet  appartient  au  Sr  Leurard  Me  canonnier  a 
Quebek.  Elle  n'est  establie  que  depuis  peut  par  la  difficulté  que  pro- 
duit les  Escores  qui  bordent  le  fleuve  estant  presque  inaccessible  quoi- 
que sur  cette  hauteur  les  terres  y  soyent  très  belles  et  unies  entrecou- 
pées de  ravines  que  font  souvent  des  esboulements  parla  disposition  des 
terres  qui  sont  mélangées  de  glaise  et  sable  produisant  cependant  tou- 
tes sortes  de  grains  et  légumes,  mais  non  pas  si  abondamment  que  cel- 
les qui  luy  sont  exposées  du  costé  du  nord,  il  y  a  de  toutes  sortes  de 
bois  mélangez. 

La  Seigneurie  de  la  Rivière  du  Che.sne  appartient  a  Mr.  de  St. 
Ours  qui  termine  le  gouvernement  des  trois  Rivière  du  Costé  du  Sud- 
est.  Elle  fait  paroisse  avec  la  seigneurie  de  Losbiniere,  les  terres  y 
sont  extrêmement  hautes  sur  le  bord  du  fleuve  de  mesme  qua  la  Sei- 
gneurie de  Bequet,  mais  unies  par  en  haut,  celles  qui  y  .sont  en  cultures 
produisent  passablement  toutes  sortes  de  grains  et  légumes  il  y  a  de 
toutes  sortes  de  bois  mélangez,  la  pesche  a  languille  sy  fait  abondam- 
ment par  le  moyent  de  masses  qu'ils    tendent  a  la  faveur  de  la    marée. 

(La  fin  dans  la  prochaine  livraison) 


Le  prétendu  drapeau  de  Carillon 

Une  petite  étude  signée  Pierre  Sailly  (feu  M.  Ernest  Oagnon)  pa- 
rue dans  la  livrai.son  de  octobre  1915  de  la  Rci'uc  Canadifiiiu-,  de  Mon- 
tréal, détruit,  .selon  nous,  la  légende  du  drajieau  de  Carillon  qui  coure 
le  pays  depuis  plus  de  trente  ans.  Pierre  Saill>-  a  pris  la  peine  de  don- 
ner à  son  étude  le  titre  "hcpu'Uiufu  drapeau  de  Carillon.   " 


'A'ji-nq 


r.i\  r.X) 


—303— 

Migeon  de  Branssat 


Depuis  la  publication  de  nos  notes  sur  M.  Migeoii  de  Branssat 
{^Bulletin,  pages  232  et  suivantes),  nous  avons  recueilli  de  nouveaux 
renseignements  qu)  nous  permettent  de  rectifier  quelques  assertions,  et 
de  préciser  certains  faits. 

*    * 

Nous  avons  dit  que  M.  de  Branssat  conserva  sa  charge  de  bailli  ou 
juge  seigneurial  jusqu'à  sa  mort.     Ceci  est  erroné. 

Au  mois  d'août  1690,  prétextant  que"la  multiplicité  de  ses  affaires 
l'eftipêche  d^  se  pouvoir  donner  à  son  emploi"  de  juge,  M.  Migeon  de 
Branssat  prie  l'abbé  Dollier  de  Cassen  de  lui  trouver  un  successeur. 
Les  seigneurs  jettent  alors  les  j-eux  sur  M.  Fleury  Deschambault  qui 
prend  possession  de  sa  charge  le  21  novembre  1690  en  prononçant 
une  allocution  et  en  produisant,  au  greffe,  un  arrêt  de  M.  Dollier  de 
Casson  nommant  M.  Deschambault  et  uu  autre  de  M.  Boebart  de  Cham- 
pigny  confirmant  cette  nomination,  à  charge,  par  le  titulai- 
re, de  "se  faire  recevoir  par  le  Conseil  souverain  avant  d'entrer  en 
exercice".     (Archives  judiciaires, 21  nov.  1690). 

M.  Deschambault  resta  en  fonction  jusqu'à  l'établissement  de  la 
seconde  justice  royale,  en  octobre   1693. 

L'on  se  rappelle  que  par  un  édit  du  15  mars  1693,  'e  roi  prenait 
possession  de  la  justice  de  Montréal  que  lui  ab?ndoiniaient  définitive- 
ment les  seigneurs. 

Ceux-ci  ne  conservaient  que  la  propriété  du  greffe,  le  droit  de  dé- 
signer les  greffiers  à  l'approbation  du  juge,  et  la  faculté  de  suggérer 
le  nom  du  premier  juge. 

Dans  cet  édit,  le  roi.  de  l'avis  des  .seigneurs,  confiait  le  poste  de 
juge  à  M.  de  Branssat,  mai^  quand  la  copie  de  l'édit  par\-int  en  la  Nou- 
velle-France, ^L  de  Branssat  était  ou  mourant  ou  mort  (i)  en  sorte 
qu'il  ne  put  prendre  possession  de  sa  charge. 

La  situation  des  seigneurs  fut  alors  embarrassante. 

Deux  i)ersonnes  pouvaient,  à  Montréal,  devenir  jugu  ro\al  :  M. 
Fleury  Deschambault  qui  ])résidait  au  tribunal  de  la    Seigneurie  depuis 

(1)     Il  fut  inhumé  le  21  août  i''y3.  ''■    ■'  '    ''  '-''■■  "  '    ■   ■'  ■ 


ju  i; 


—304— 

lôgi  et  M.  Juchereau  de  Beaumarchais,  gendre  de  M.  de  Branssat, 

Les  seigneurs  n'osèrent  se  prononcer.  L'abbé  Dollier  de  Cassen, 
le  2  septembre  1693,  dépose  au  greffe  une  déclaration  dans  laquelle  iî 
conclut  que  le  Séminaire  ne  fera  pas  de  suggestion  et  laisse  l'autorité 
entièrement  libre  de  choisir  qui  elle  voudra. 

Le  Conseil  Souverain,  un  mois  plus  tard,  nomma  M.  Juchereau 
juge  et  M.  Deschambault  procureur  du  roi. 

C'était  une  solution. 

*** 

A  la  page  235  du  môme  article,  nous  disons  que  Catherine  Gau- 
chet,  veuve  Migeon,  entra  chez,  les  Hospitalières  vers  17 13. 

M,  Léandre  Lamontagne  nous  signale  que  dans  l'opus'jule  :  *'  Trans, 
lation  des  corps  des  Sœurs  défuntes    de    l'Hôtel-Dieu    de  Montréal" 
1861,  il    est  dit  quedaroe  veuve  Migeou  décéda  le  14  mars  1721,  après. 
15  ans  de  vie  religieu.se. 

Madame  de  Branssat  faisait  donc  partie  de  la  communauté  dès. 
1706  et  elle  dut  faire  profession  assez  tôt, car  dans  un  acte  d'Adhemar 
du  23  mars  17 II,  elle  est  désignée  comme  suit:  ''Dame  Catherine 
Gaucliet,  une  des  Dames  Religieuses  de  Lhostel  Dieu...  auparavant 
veuve  de  feu,"  etc. 

*** 

Dans  le  Manuel  de piélê  à  l'usage  des  Congrêganisies  de  Villeviaric, 
édition  de  1914,  qui  arrive  de  France  où  elle  a  été  imprimée,  ou  lit 
que  "l'honorable  lieutenant  général  Migeon  de  Branssat"  fut  le  troi- 
sième préfet  de  la  congrégation  de  la  sainte  Vierge,  à  Villemarie,  et 
que  ce  fut  sous  lui,  "en  1696,  que  la  congrégation  fut  agrégée  à  celle 
du  Collège  Romain". 

Il  y  a  deux  inexactitudes  à  relever  dans  cette  a.ssertion. 

D'abord,  M.  Migeon  ne  fut  pas  lieutenant  général.  Il  ne  porta 
que  le  titre  de  "bailli,  lieutenant  civil  et  criminel"  c'est-à-dire  juge 
d'un  bailliage.  Les  juges  royaux  seuls,  en  cette  partie  du  pays,  s'in- 
titulèrent "lieutenants  généraux,  civils  et  criminels". 

Quant  à  la  date  i6ç6,  c'est  une  erreur  typographique  ou  itn  ana- 
chronisme, puiscpie  M.  de  Branssat  mourut  en  octobre  1693. 

K.-Z.  MA.SSICOTTK 


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--305- 


Un  régiment  de  volontaires  canadiens= 
français,  en  1764 


On  sait  qu'en  1764  le  gouverneur  Murray  leva  cinq  compagnies  de 
volontaires  canadiens-français  pour  aider  les  troupes  anglaises  à  mettre 
fin  à  ce  qu'on  a  appelé  la  révolte  ou  la  conspiration  des  Sauvages  de 
l'Ouest  sous  le  commandement  du  fameux  Pontiac.  Où  trouve-t-on 
les  renseignements  sur  la  levée  de  ces  volontaires,  leur  organisation, 
leurs  faits  de  guerre,   leur  récompense,  etc,  etc  ? 

Sur  la  révolte  des  Sauvages  de  l'Ouest  dirigée  par  le  fameux  chef 
Pdntiac  on  peut  lire  l'ouvrage  de  Francis  Parkman,  The  conspiracy  0/ 
Ponliac  and  ihe Indiaii  Wa)  afier  ihc  conqiiesi  of  Canada.  Cependant 
M.  Parkman  ne  dit  pas  un  mot  dans  son  ouvrage  des  cinq  compagnies 
qui  furent  levées  à  Québec,  Montréal  et  Trois-Rivières  pour  aider  les 
troupes  anglaises  à  venir  à  bout  des  Sauvages  de  l'Ouest. 

Dans  son  I/isfoire  de  la  milice  canadienne-française  (p.  10),  M. 
Benjamin  Suite  a  publié  la  lettre-circulaire  qui  fut  envo3-ée  en  7nai 
1764  (nous  croyons  que  cette  lettre  fut  plutôt  envoyée  en  mars  1764) 
par  le  gouverneur  Murray  à  tous  les  capitaines  de  milice  de  la  province 
de  Québec. 

"Quoique.je  vous  aie  déjà  instruit  de  bouche,  disait  cette  lettre, 
des  soins  que  Sa  Majesté  se  donne  pour  assurer  le  bonheur  de  ses  su- 
jets, et  de  la  ferme  résolution  qu'elle  a  prise  de  faire  revenir  à  la  rai- 
son quelques  nations  sauvages,  dont  la  mauvaise  volonté  s'est  manifes- 
tée par  la  trahison  et  la  violence,  et  de  les  obliger  à  conclure  une  paix 
stable  qui  assure  le  retour  d'un  commerce  avantageux  et  la  tranquillité 
si  nécessaire  à  ses  peuples,  j'ai  cru  devoir  vous  informer  qu'à  cet  effet 
le  Gouvernement  s'est  déterminé  de  joindre  cinq  compagnies  de  Cana- 
diens aux  troupes  qui  doivent  être  employées  à  procurer  ce  but." 

Ces  com]>agnies  devaient  être  composées  de  soixante  hommes  cha- 
cune. Deux  devaient  être  levées  dans  le  gouvernement  de  Québec, 
deux  dans  celui  de  Montréal  et  une  dans  le  gouvernement  de  Trois- 
Rivières.  Klles  devaient  être  commandées  par  des  officiers  canadiens- 
français. 


I  .-A  h: 

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— 30{i- 

On  devait  donner  douze  piastres  en  argent  à  chaque  volontaire. 
On  devait  aussi  leur  fournir  un  capot,  deux  paires  de  souliers  sauvages 
et  une  paire  de  mitaines.  Le  gouvernement  s'engageait  à  les  pourvoir 
d'armes,  de  munitions  de  guerre  et  de  vivres  durant  tout  le  tenqis  de 
la  campagne.  La  solde  affectée  pour  chaque  hoiiinie  devait  être  de  six 
sous  anglais  par  jour. 

La  lettre-circulaire  prenait  la  peine  de  déclarer  qu'un  prêtre  ac- 
compagnerait les  volontaires  et  que  leur  service  finirait  avec  la  campa- 
gne. 

M.  Briand,  qui  n'était  encore  que  vicaire-général  du  diocèse  de 
Québec,  entra  parfaitement  dans  les  vues  du  gouverneur  Murray.  Le 
X'mars  1764,  il  invitait  les  curés  à  favoriser  le  recrutement  de  ce  corps 
de  volontaires  de  toutes  leurs  forces.  La  belle  lettre  qu'il  leur  adressa 
à  cette  occasion  est  publiée  à  la  page  17S  du  premier  volume  des  Man- 
dr-»iciifs,  lettres  pastorales  et  citcuhires  des  évêqnes  de  Ouébee. 

Murraj'  demandait  trois  cents  hommes.  M.  Suite  nous  dit  que  six 
cents  s'offrirent. 

Entr'autres  documents  sur  ce  contingent  canadien- français  levé 
moins  d'un  an  après  la  cession  du  pays  pour  la  défende  du  drapeau  bri- 
tannique, on  conserve,  aux  Archives  publiques    du  Canada  à  Ottawa  : 

Lettre  de  Murray  à  Halifax,  5  mars  1764.  Le  commandant  en 
chef  a  fait  une  réquisition  de  300  Canadiens  pour  le  service  pendant  la 
prochaine  campagne.  Murray  envoie  copie  de  toutes  les  lettres  qui 
ont  été  échangées  à  ce  sujet.  Il  espère  empêcher  ses  voisins,  les  lieu- 
tenants-gouverneurs des  Trois-Rivières  et  de  Montréal,  de  faire  une 
levée  :  les  honnnes  devraient  être  levés  comme  volontaires  et  être  ren- 
voyés de  bonne  heure  à  l'autonnie. 

A  la  lettre  de  Murray  sont  joints  les  documents  suivants  : 

1.  Proclamation  en  français  à  l'effet  de  lever  des  troupes  cana- 
diennes pour  servir  contre  les  Sauvages. 

2.  Copie  du  .serment  en  français  à  être  prêté  par    les  volontaires. 

3.  Lettre  sur  le  sujet  de  Gage  à  Murra\-,  datée  de  New- York,  12 
février  1764. 

4.  Lettre  de  Murrav-  à  Gage,  datée  de  Quéi:>eC5  mars  1764,    dans 


—307— 

aquelle  il  donne  ks  raisons  pour  lesquelles  on  devra  permettre  aux  Ca- 
nadiens de  s'engager  comme  volontaires. 

5.  Lettre  de  Burton  à  Murray  sur  le  même  sujet,  datée  de  Mon- 
tréal le  2  mars  1764. 

6.  Lettre  de  Murray  à  Burton,  datée  de  Québec  le  6    mars     1764. 

7.  Lettre  de  Haklimand  à  Murray,  datée  de  Trois-Rivières  le  3 
mars  1764.     Il  verra  a  lever  le  corps  voulu. 

8.  Lettre  de  Murray  à  Haklimand,  datée  de  Québec  le  6  mars 
1764.  Il  lui  envoie  la  proclamation  qu'il  a  publiée  et  désire  que  tous 
soient  levés  aux  conditions  mentionnées  dans  cette  proclamation. 

Lettre  de  Haklimand  à  Halifax  (?),  datée  de  Trois-Rivières  le  18 
avril  1764.  Il  l'informe  qu'il  a  levé  les  60  hommes  requis  comme  la 
quote-part  de  son  gouvernement.  Il  parle  de  la  difficulté  qu'il  a  é- 
prouvé  au  sujet  des  engagements  volontaires.  Les  Canadiens,  accou- 
tumés à  recevoir  des  ordres,  craignaient  qu'en  s'engageant  volontaire- 
ment et  en  acceptant  la  gratification,  ils  seraient  enrôlés  pour  la  vie. 
Ils  se  sont  enfin  laissés  convaincre,  et  tous  les  hommes  levés  se  sont  en- 
gagés volontairement. 

Haldimand  joint  à  sa  lettre  la  lettre  que  Gage  lui  a  adressée  de 
Xew-York  à  la  date  du  12  février  1764  au  sujet  de  cette  levée  de  Cana- 
diens. 

Lettre  de  Murray  à  Halifax,  datée  de  Québec    le    24    avril     1764. 

"Le  corps  canadien  est  parti  de  Montréal  pour  Oswego  le  6  avril 
1764.     Les  hommes  ont  été  levés  et  équipés  en  quatorze  jours." 

Tous  ces  documents  sont  mentionnés  à  la  page  8  du  Rapport  sur 
les  Archives  du  Canada  pour  iSço. 

P.-G.  R. 


Le  fort  de  Chambly 

Dans  le  Devoir,  de  Montréal,  du  4  septeml)re  1915,    nu 
anonyme  fait  l'hi.stoire  du  fort  de  Chambly. 
Cette  étude  e.st  à  lire. 


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— 308-- 

ANCEAU,  BERRY,  DES  ESSARTS 

Cet  article  a  pour  but  le  rapprochement  des  trois  noms  qui  lui  ser- 
vent de  titre. 

Benjamin  Anceau,  sieur  de  Berry  et  sieur  des  Essarts,  lionnne  ins- 
truit et  actif,  se  maria  aux  Trois- Rivières,  le  20  mai  1659,  avec  Louise 
Poisson,  née  en  ce  lieu  vers  1645. 

Je  pense  que  Poisson  était  en  Canada  dès  1639.  Il  est  dit  arque- 
busier. Il  fut  tué  par  les  Iroquois  aux  Trois-Rivières  en  1652.  A 
part  Louise,  il  laissait  trois  enfants  :  Jeanne-Françoise  sœur  de  la 
Congrégation  de  Notre-Dame,  Angélique  sœur  Saint-Jean  l'Evangélis- 
te  qui  fut  longtemps  supérieure  des  Ursulines  de  Québec,  François  qui 
devint  seigneur  de  Gentilly  et  continua  la  famille,  laquelle  existe  en- 
core parmi  nous. 

Jusqu'à  1663,  Anceau  est  cité  aux  Trois-Rivières  et  alors  il  e.st 
établi  au  Cap  de  la  Madeleine  où  il  prend  deux  ou  trois  terres  et  même 
une  autre  dans  Batiscan.  Avec  la  culture,  il  pratiquait  la  traite  des 
pelleteries  et  se  trouva,  par  deux  fois  au  moins,  en  compagnie  d'autres 
accusés  pour  contre ventiou  aux  règlements  qui  régissaient  cette  mitiè- 
re.  Au  besoin,  il  rédigeait  un  acte  à  la  façon  des  notaires.  Il  est 
appelé  Berri  et  des  Essarts.  Sa  signature  est  toujours  Benjamin  An- 
ceau. 

Après  1675  je  ne  retrouve  ni  lui,  ni  sa  femme,  ni  leur  fille  Mar- 
guerite ;  leur  seul  fils,  François,  mourut  en  16S1.  Restait  Marie- An- 
ne, née  le  5  septembre  1660,  aînée  de  la  famille  qui,  en  1681,  était  la 
sœur  Sainte-Thérèse,  communauté  des  ursulines  de  Québec.  En  1712 
on  l'envoya  sujjérieure  aux  Trois-Rivières  oii  elle  eut  une  belle  adnii- 
ni.stration  qui  dura  vingt  ans,  i>uis,  en  1732,  sa  tante  Saint-Jean  l'E- 
vaugéliste  étant  décédée  elle  la  remplaça    comme  supérieure  à  Québec. 

Le  personnage  nouveau  dont  je  vais  parler  portait  aussi  les  noms 
de  Berey  et  des  Essarts.  Comme  pour  Anceau,  nous  ignorons  de  quel- 
le partie  de  la  France  il  était  originaire. 

Le  ler  septembre  1703,  aux  Trois-Rivières,  baptême  de  Françoise- 
Véronique,  fille  de  Michel  Lefebvre  dit  Lacerisaie  et  de  Catherine  Trot- 
tier.  Marraine  Véronique  \'éron.  Parrain  François  de  Berry  sieur 
des  Essarts. 

Aux  Trois-Rivières,  en  1709,  François  de  Berry  sieur  des  Essarts, 
enseigne  et  lieutenant  des  troupes,  épouse  Anne  Lemaître.  De  ce  ma- 
riage naquit  à  Montréal,  le  10  juin  1720,  Claude-Charles— et  il  y  eut 
d'autres   enfants. 

En  1734,  à  Montréal,  on  mentionne  Berry,  trésorier-payeur  des 
troupes  dont  la  demeure  est  consumée  dans  le  grand  incendie  de  cette 
date.  En  1740,  Berry  e.st  encore  trésorier  et  enseigne  en  .second.  En 
i74.<._  Claude-Charles  est  ordonné  prêtre  récollet  sous  le  nom  religieux 
de  Félix — et  voilà  le  Père  Félix  de  Berrv,  qui  mourut  lc2o    mars  iSoo. 

BENJAMIN  SULTE 


,  !<^  a-;.       .e^li, 


-B09- 


Zacharie  Dupuis,    major  et  commandant    à  Montréal, 
1658-1676 


Au  nombre  des  têtes  dirigeantes  de  Montréal  dans  ses  débuts,  on 
compte  Zacharie  Dupuis  qui  devait  être  noble,  puisqu'on  oublie  ra- 
rement de  lui  donner  le  titre  d'écuyer. 

Soldat  valeureux,  il  entre  dans  notre  histoire  en  1656.  Comman- 
dant alors  le  fort  de  Québec,  on  lui  confie,  au  mois  de  juin,  cinquante 
Français  qui,  avec  des  missionnaires,  partaient  pour  l'ouest. 

Dupuis  se  rendit  à  Ouontagué  et  érigea  un  fort  à  cinq  heures  de 
la' bourgade  iroquoise  sur  le  bord  d'un  lac  nommé  Gannontaha  (Pail- 
lon, II,  251,  2S8,  et  Dionne,  C/ioiiari  cf  Radissoi). 

Près  de  deux  ans  plus  tard,  c'est-à-dire  au  mois  d'avril 
1658,  Dupuis  arriva  à  Villemarie  et  s'y  fixa.  Aussitôt,  il  figure  dans 
divers  actes  de  Basset,  de  l'état  civil  ou  de  procédures  judiciaires  sous 
le  titre  de  commandant  et  avant  le  .sergent-major  Closse,  cependant, 
il  ne  paraît  pas  supplanter  ce  dernier, quoiqu'en  disent  Paillon  et  Dion- 
ne, car  après  avoir  été  qualifié  comme  nous  venons  de  le  signaler,  il 
est  designé,  dans  un  acte  du  15  novembre  1659,  comme  aide-major  et 
prend  rang  après  Closse.  Ce  n'est  qu'après  la  mort  de  ce  dernier,  eu 
février  1662,  qu'on  lui  accorde  le  titre  de  major. 

Quelques  mois  plus  tard,  M.  de  Maisonneuve  voulant  aller  en 
France,  c'est  "noble"  Zacharie  Dupuis  qu'il  nomme  pour  le  rein,)lacer 
par  une  ordonnance  du  10  septembre  1662.  Mais  M. de  Maisonneuve  ne 
put  obtenir  la  permission  de  s'absenter,  et  force  lui  fut  de  revenir  à 
Villemarie  (i). 

Lors  du  congé  donné  à  M.  de  Maisonneuve  en  1665,  M.  Dupuis 
fut  de  nouveau  chargé  de  prendre  la  place  du  gouverneur  qui,  cette 
fois,  partait  pour  ne  plus  revenir. 

En  1668,  et  âgé  de  60  ans  (2)  Zacharie  Dupuis  épouse,  en  secon- 
des noces,  à  Québec,  Jeanne  Groisard.     D'après  Mgr  Tanguay,  la  pre- 


(i)     Btilhlin  dfs  Rcchcr.Hist.,yil,  163. 

(2)     Si  l'on  accepte  l'âge  inscrit  dans  .son  acte    de    sépultun 
au  recen.sement  de  1667,  il  n'avoue  que  57  ans 


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—310— 

niiêre  femme  de  M.  Dupuis  s'appelait  Jeanne  Fournel.  On  ignore  où 
son  premier  mariage  fut  célébré,  mais  il  semble  probable  que  Zacharie 
Dupuis  était  veuf  lorsqu'il  vint  en  la  Nouvelle-France. 

Mgr  Tauguay  nomme  Croisât  la  seconde  femme  de  M.  Dupuis  et 
la  fait  naître  en  164S.  En  fait,  elle  signe  Grosard,  Gro/.ard  et  Groi- 
sard  dans  les  actes  de  Basset  et  de  Mouchy  (i). 

Déplus,  elle  était  à  Montréal  dès  1665  et,  au  recensement  de  1667, 
déclarait  être  âgée  de  40  ans,  ce  qui  reporte  sa  naissance  à  1627  ou 
1628  et  non  164S,  comme  on  lit  dans  Tanguay. 

En  167 1,  le  26  décembre  (Basset)  les  seigneurs  de  Montréal  re- 
connaissant les  services  rendus  par  l'excellent  officier  Zacharie  Dupuis, 
lui  concèdent,  en  fief  noble,  sans  justice,  320  arpents  de  terre,  dont  S 
arpents  le  long  du  fleuve  par  40  de  profondeur,  au  lieu  dit'  le  Saut 
Saint-Louis.  Selon  cet  acte,  M.  Dupuis  était  déjà  en  possession  de 
cette  terre  et  il  n'y  a  aucun  doute  que  ce  soit  là  le  fief  Verdun  (2) 

Le  17  octobre  1672  (Faillon,  III,  229,  et  J?ap/>cn/s  Sr,\^„cnn-auv) 
on  lui  concède,  en  plus,  l'île  aux  Hérons  et  autres  îles  fai.sant  face  aux 
huit  arpents  déjà  reçus. 

Le  12  novembre  1673  (Basset),  Zacharie  Dupuis  et  sa  femme  Jean- 
ne Groisard  "désirant  se  retirer  des  embarras  du  monde  et  se  donner  à 
Dieu",  cèdent  aux  Filles  de  la  Congrégation  Notre-Dame  tous  leurs 
biens  meubles  et  immeubles,  sauf  une  maison  et  un  lopin  de  terre  sis 
"dans  le  lieu  destiné  pour  la  ville",  à  charge  par  les  donataires  de 
nourrir   et    entretenir    les  donateurs  pendant  leur  vie  en    la  maison  de  \ 

la  Congrégation  et  de  "faire  prier  Dieu  pour  le  repos    de  leurs  âmes".  ) 

^    M.  Dupuis  mourut  chez,  les  Sœurs  de  la  Congrégation  et  fut  inhu-  ) 

me  le  ler  juillet  1676.     Quant  à  sa  femme  il  est  probable    qu'elle    dut  l- 

quitter  Montréal,  car  on  n'en    trouve  plus  mention.  \ 

K.-Z.  MASSICOTTE  I 

(i)      ^^^^^\conc,  L,:^  Co/ons  de- .Uonlrca/,     Mcm.     de'    /a  Sûr   J^ or  '' 

I9I3    P-     51-  •  ,    •'  ,; 

(2)     Voir,  au  sujet  de  ce  ficf.le  /^/t.'/r/n/  des  R.rharlus   hiUori.uu;  \ 

1914,  p.  4-^  article  B.  SuUe.ct  p.  152,  article  IC.-Z.  Massicotte.'  '  '  '^x 


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.-311  — 

Biographies  canadiennes 


FRANÇOIS  DE  CHAVIGNY  DK  BKRCHKREAU— Il  était  ori- 
ginaire de  Créaiicey,  daiib  la  Cliaiiipagiie,  en  France.  Crcance\-  fait  au- 
jourd'hui j)artie  du  département  de  la  ?Iaute-Marne 

Qui  insp'ra  à  M.  de  Chavigny  l'idée  de  passer  dans  la  Nouvelle- 
France  ?  Rien  ne  nous  le  dit.  En  l'ab.sence  de  preuve  écrite,  nous  jier- 
mettra-t-on  deux  hypothè.ses  ?  Les  Jésuites  publiaient  leurs  RELA- 
TIONS à  peu  près  chaque  année  depuis  1612.  Ces  récits  édifiants 
étaient  répandus  dans  toutes  les  provinces  de  France.  La  lecture  des 
pieuses  RELATIONS  n'aurait-elle  pas  engagé  M.  de  Chavigny  à  ve- 
nir s'établir  dans  la  Nouvelle- France  ?  Autre  hypothèse.  "S],  de  Cha- 
vigny, d'après  certains  auteurs,  était  parent  de  madame  de 
la  Peltrie,  née  Marie- Madeleine  de  Chauvigny  (i),  qui  vint  ici  avec  la 
Mère  Marie  de  l'Incarnation  en  1639  et  mourut  à  Québec  le  iS  novem- 
bre 167 1.  Madame  de  la  Peltrie  n'aurait-elle  pas  attiré  son  parent  dans 
la  Nouvelle- France  ? 

Quoiqu'il  en  soit,  le  4  décembre  1640,  la  Compagnie  de  la  Nouvel- 
le-France, qui  avait  son  siège  principal  à  Paris,  faisait  à  François  de 
Chavigny  de  Berchereau  et  à  son  épou.se,  Eléonore  de  Grandmai.'^on, 
trois  importantes  concessions  de  terrain  dans  la  Nouvelle- France.  Elle 
leur  donnait  : 

1.  "deux  arpents  de  terre  à  prendre  dans  le  lieu  désigné  pour  la 
ville  et  banlieue  de  Québec  si  trouvant  des  places  non  encore  concédées 
ou  de  proche  en  proche  jwur  y  faire  un  logement  avec  jardinage  où  il 
puisse  .se  retirer  avec  sa  famille." 

2.  "trente  arpents  de  terre  à  prendre  hors  la  dite  banlieue  de  la 
ville  de  Québec  et  de  proche  en  proche  icellc  en  lieux  lujn  encore  con- 
cédés. '  ' 


(i)  Cha\igny  i)U  Chau\ign\-,  c'est  le  même  nom.  Uii  indice 
qu'il  >•  avait  ]iarentée  mi  du  nunns  relations  étroites  entre  madame  de 
la  Peltrie  et  M.  de  Cha\ign>-  c'est  qu'elle  fut  marraine  d'un  de  ses  en- 
fants. 


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3-     "une  demie-lieue  de  terre  en  large  à  prendre  le  long  du  fleuve  | 

Saint-Laurent  au-dessus  et(où  ?)au-dessous  de  Québec  à  commencer  de  \ 

puis  les  TroisRivières  seulement  jusques  à  l'embouchure  du  dit  fleuve  sur  ] 

trois  lieues  de  profondeur  en  avant  dans  les  terres  soit  du  côté  de  Que-  ! 

bec  soit  à  l'autre  rive  du  fleu%-e,  ainsi  que  le  dit  sieur  de    Chavigny    le  | 

désirera."  | 

Les  deux  arpents  de  terre  dans  la  ville  et    banlieue    de    Québec  et  J 

les  trente  arpents  proche  et  hors  la  dite  banlieue  étaient    concédés    en  | 

pleine  propriété,  en  roture,  à  la  charge  d'un  denier  de  cens  par  an.  La  % 

demie-lieue  de  terre  de  front  sur  trois  lieues  de    profondeur    à    choisir  | 

sur  la  rive  sud  ou  la  rive  nord  du  Saint-Laurent  était  concédée  en  tou-  | 

te  propriété,  justice  et  seigneurie,    à  la  réserve  de  la  foi  et  hommage    à  | 

porter    au  château  Saint-Louis  de  Québec.     Le  sieur    de  Chavigny  de-  | 

vait  amener  avec  lui  à  la  prochaine  saison  de  navigation    au  moins  qua-  | 

tre  hommes  de  travail  pour    commencer    le    défrichement    de    sa    sei-  1 

gneurie.     Les    autres   conditions  étaient  les  mêmes  que  la    Compagnie  ■ 

de  la    Nouvelle- France  posait  ordinairement  à  ses    concessionnaires  de  ! 

terrains.  | 

M.  et  madame  Chavignj^  s'embarquèrent  pour  la  Nouvelle-France  i 
au  printemps  ou  à  l'été  de  164 1. 

Madame  de  Chavigny,  née  Eléonore  de  Grandmaison,  était  veuve 
de  Antoine  Boudier,  sieur  de  Beauregard.  Elle  n'avait  pas  dû  vivre 
longtemps  avec  son  premier  mari  puisqu'elle  comptait  à  peine  dix-neuf 
ans  à  son  arrivée  an  pays  avec  son  deuxième  mari  en  1641. 

Nous  n'avons  pu  fixer  de  façon  certaine  où  M.  de  Chavigny  choi- 
sit ses  deux  arpents  de  terre  dans  la  ville  et  banlieue  de  Québec.  Ce-  i 
pendant,  en  1667,  Louis  Théandre  Chartier  de  Lotbiniere  rendait  foi  \ 
et  hommage  pour  un  terrain  de  trois  arpents  et  quarante-deux  perches  j 
sur  la  Grande-allée,  à  Québec,  (i)  Il  déclarait  alors  qu'il  avait  acquis  | 
ce  terrain  de  M.  de  Chavigny  et  de  sa  femme  Eléonore  Grandmaison.  j 
N'est-ce  pas  là  la  concession  accordée  à  M.  et  Mme  de  Chavigny  dans  \ 
la  ville  et  banlieue  de  Québec  le  4  décembre  1640  ?  Les  trente  arpents  \ 
concédés  hors  la  banlieue  de  Québec  furent  pris  à  Sillerj'.  Quant  à  la 
seigneurie  de  demi-lieue  de  front  sur  trois  lieues  de  profondeur  elle  fut 
concédée  sur  la  rive  nord  du  Saint-Laurent,  à  quinze  lieues  de  Québec. 
Cette    seigneurie    qui     porta    d'abord  le  nom  de  Chavigny    passa  plus 

(i)     Actes  de /oy  ci  hommage,  vol.  i,  1ère  partie,   p.  238. 


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—313- 

tard  entre  les  mains  de  M.  Jacques- Alexis  Fleury  Deschambault,    gen- 
dre de  M.  de  Chavigny,  qui    lui  donna  son  nom  de  Deschambault. 

Il  ne  semble  pas  que  M.  de  Chavigny  se  soit  d'abord  beaucoup  oc- 
cupé de  sa  seigneurie.     Il  s'établit  sur  ses  terres  de  Sillery. 

M.  Suite  nous  dit  qu'il  n'y  avait  pas  alors  d'habitations  françaises 
entre  Québec  et  Trois- Rivières,  sauf  celle  de  M.  de  Chavigny  à  Sillery. 
(i)  Ceci  est  un  beau  témoignage  en  faveur  de  la  bravoure  de  M.  de 
Chavigny  et  de  sa  digne  épouse,  Eléonore  de  Grandmaison.  Bien  ra- 
res alors  étaient  ceu.x  qui  osaient  s'établir  en  deliors  de  la  baulieue  ou 
des  environs  immédiats  de  Québec.  Le  danger  des  Iroquois  était  cons- 
tant. 

M.  de  Chavigny  ne  tarda  pas  à  jouir  d'une  certaine  influence  dans 
la  colonie  de  la  Nouvelle- France.  M.  de  Montmagnj-,  entre  autres, 
avait  beaucoup  de  confiance  eu  lui.  Il  le  fit  entrer  dans  son  Conseil  et 
on  le  voit  l'appeler  à  le  remplacer  comme  son  lieutenant  ou  chef  de  la 
colonie  pendant  ses  absences  de  Québec. 

M.  Suite  remarque  que  M.  de  Chavigny  était  de  la  même  province 
que  M.  de  Maisonneuve,  mademoiselle  Mance  et  mademoiselle  Bour- 
geois, et  de  plus  leur  ami  personnel.  Il  était  consulté  par  les  fonda- 
teurs de  Montréal  tout  autant  que  par  ceux  de  Québec.      {2) 

Dans  les  Relations  des  Jésuites  et  \^  Journal  des  Jésuites,  il  est  ques- 
tion à  différentes  reprises  de  M.  de  Chavigny. 

Au  mois  d'octobre  1642,  M.  de  Chavigny  faillit  se  noyer  dans  le 
Saint-Laurent,  en  face  de  Sillery.  La  Relation  de  1642- 1643  raconte 
ainsi  cet  accident  dans  lequel  la  Nouvelle-France  perdit  les  précieux 
services  de  Jean  Nicolet  : 

"Monsieur  Olivier,  commis-général  de  Messieurs  de  la  Compagnie, 
étant  venu  l'an  passé  en  France,  le  dit  sieur  Nicolet  descendit  à  Qué- 
bec en  sa  place,  avec  une  joie  et  consolation  sensible  qu'il  eut  de  se 
voir  dans  la  paix  et  la  dévotion  de  Québec,  mais  il  n'en  jouit  pas  long- 
temps ;  car  un  mois  ou  deux  après  son  arrivée,  faisant  un  vo\age  aux 
Trois-Rivières  pour  la  délivrance  d'un  prisonnier  sauvage,  son  /.èle  lui 


(i)     Pages  d' Histoire  du   Canada,  p.  63. 

(2)     Histoire  des  Canadiens  Jraneais,  to.ne  11,  p.  So. 


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—314- 

coûta  la  vie  qu'il  perdit  dans  le  naufrage.  Il  s'embarqua  à  Québec 
sur  les  sept  heures  du  soir,  dans  la  chaloupe  de  Monsieur  de  Chavigny. 
(i)  qui  tirait  vers  les  Trois-Rivières.  Ils  n'étaient  pas  encore  arrivés 
à  Sillery  qu'un  coup  de  vent  de  nord-est,  qui  avait  excité  une  horrible 
tempête  sur  la  grande  rivière,  remplit  la  chaloupe  d'eau  et  la  coula  à 
fond,  après  lui  avoir  fait  faire  deux  ou  trois  tours  dans  l'eau.  Ceux 
qui  étaient  dedans  n'allèrent  pas  i.icontinent  à  fond  ;  ils  s'attachèrent 
quelque  temps  à  la  chaloupe.  Monsieur  Nicolet  eut  loisir  de  dire  à 
Monsieur  de  Chavigny  :  Monsieur,  sauvez-vous,  vous  savez  nager. 
Je  ne  le  sais  pas  ;  pour  moi  je  m'en  vais  à  Dieu.  Je  vous  recommande 
ma  femme  et  ma  fille.  Les  vagues  les  arrachèrent  tous  les  uns  après 
les  autres  de  la  chaloupe  qui  flottait  renversée  contre  une  roche.  Mon- 
.sieur  de  Chavigny  seul  se  jeta  à  l'eau  et  nagea  parmi  des  flots  et  les  va- 
gues,qui  re.ssemblaient  à  de  petites  montagnes.  La  chaloupe  n'était  pas 
bien  loin  du  rivage,  mais  il  était  nuit  toute  noire  et  faisait  un  froid 
âpre,  qui  avait  déjà  glacé  les  bords  de  la  rivière.  Le  dit  sieur  de  Cha- 
vigny sentant  le  cœur  et  les  forces  qui  lui  manquaient,  fit  un  vœu  à 
Dieu,  et  peu  après  frappant  du  pied  il  .sent  la  terre  et  se  tirant  hors  de 
l'eau,  s'en  vint  en  notre  mai.son  à  Sillery,  à  demi  mort.  Il  demeura 
assez  longtemps  sans  pouvoir  parler,  puis  enfin  il  nous  raconta  le  fu- 
neste accident  qui,  outre  la  mort  de  Monsieur  Nicolet,  dommageable  à 
tout  le  pays,  Iji  avait  perdu  trois  de  ses  meilleurs  hommes  et  une  gran- 
de partie  de  son  meuble  et  de  ses  provisions.  Lui  et  mademoiselle  sa 
femme  ont  porté  cette  perte  signalée  dans  un  pays  barbare,  avec  une 
grande  patience  et  résignation  à  la  volonté  de  Dieu,  et  sans  rien  dimi- 
nuer de  leur  courage."  (2) 

A  la  date  du  25  octobre  1645.  nous  lisons  dans  le  /ournal  des  Jé- 
suites : 

"Le  25,  partit  Mens,  le  gouverneur  (M.  de  Montmagny)  pour 
aller  à  l'île  aux  Oies,  oii  il  faisait  travailler  à  la  terre  et  y  avait  sept 
ouvTiers  :  il  laissa  Mons   de  Chavigny  pour  son  lieutenant " 

Quelques  jours  plus  tard,  le  fotintal  des  Jésuites  note  un  petit  fait 
qui  à  première  vue  semble  insignifiant  mais  qui    tout    de    même    nous 

Cl)  La  Relation  porte  Savigny  mais  il  est  facile  de  voir  que  c'est 
une  faute  d'impression. 

(2)      The  Jesuit  Relations  and allicd  documents,  vol.  XXIII, p.  27H. 


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—315  -- 

apprend  que  Jès  1645  M.  de  Chavigny  habitait  son  fief  de  Charigny  : 
"Sur  la  fin  du  mois  d'octobre,  le  P.  Lejeune  et  le  P.  Buteux  s'en 
retournant  de  Québec  pour  les  Trois-Rivières  et  Montréal,  marièrent 
en  chemin  un  nommé  Nopce  avec  la  fille  d'un  nommé  Picar  qui  étaient 
pour  lors  chez  Mous,  de  Chavigny,  et  puis  demeurèrent  chez  M.  de  la 
Poterie.  Mons.  de  Chavigny  se  ressentit  de  ce  changement  et  s'en 
prenait  au  P.  Lejeune,  mais  il  parut  depuis  que  Mons.  de  Chavigny 
avait  tort  de  se  plaindre  du  P.  Lejeune." 

ht  Journal  des  Jésuites  nous  fait  savoir  qu'en  janvier  1646  le  Père  de 
Quen  alla  faire  gagner  les  indulgences  à  M.  de  Chavigny  et  à  sa  famille 
à  son  fief  de  Chavigny  : 

"Le  25,  dit-il,  partit  le  P.  de  Quen  pour  aller  chez  M.  de  Chavi- 
gny à  l'occasion  de  son  serviteur  malade  et  en  outre  pour  leur  faire  ga- 
gner le  jubilé  et  assister  spirituellement  la  famille.  Robert  Hache  ac- 
compagna le  Père,  et  un  chirurgien  et  deux  autres  soldats  y  allèrent 
aussi  de  compagnie." 

Au  mois  de  mai  1646,  nous  trouvons  encore  un  petit  détail  inté- 
ressant sur  M.  de  Chavigny  dans  \q  Journal  des  Jésuites  : 

"Le  24,  partit  notre  frère  Ambroise  et  Mre  Jacques  pour  les  Trois 
Rivières  dans  une  chaloupe  où  était  M.  de  Chavigny  qui  emporta  avec 
soi  la  chapelle  de  Beauport  qui  lui  fut  accordée  pour  jusques  à  la  Tous- 
saint. J^e  F.  Vimont  en  même  temps  alla  jusques  chez  M.  de  Chavi- 
gny pour  conférer  les  cérémonies  du  baptême  à  sa  fille." 

Kn  février  1647,  le  Père  de  Quen  se  rend  de  nouveau  chez  M.  de 
Chavigny: 

"Le  15,  le  P.  de  Quen  alla  chez  M.  de  Chavigny  avec  M.  de  la 
Tour  et  cinq  autres  Français.  On  y  devait  baptiser  une  fille  venue 
nouvellement  au  monde.     Ils  en  retournèrent  le  20." 

En  1646,  M.  de  Chavigny  s'était  adressé  à  la  Compagnie  de  la 
Nouvelle- France  pour  eu  obtenir  une  augmentation  de  son  fief  de  Cha- 
vigny. Dans  sa  demande  à  la  Compagnie  il  alléguait  qu'ayant  disjiosé 
de  la  plus  grande  partie  des  terres  de  son  fief  à  cens  et  renies  il  en 
avait  besoin  d'autres  pour  les'faire  pareillement  défricher. 

M.  de  Chavigny  forçait  un  peu  la  note  ici  En  1646,  il  n'avait 
disposé  que  de  quelques  terres  dans  sa  .seigneurie  et    encore     l'étaient- 


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elles  pas  habitées.  L-r  recensement  de  1666,  faii  viugt  ans  plus  tard, 
ne  nous  donne  aucun  habitant  pour  la  seigneurie  de  Chavigny.  Il  en 
est  de  même  dans  le  recensement  de  1667. 

La  Compagnie  de  la  Nouvelle- France,  toutefois,  le  16  avril  1647, 
concédait  à  M.  de  Chavigny  une  autre  demi-lieue  de  terre  de  largeur 
sur  trois  lieues  de  profondeur  voisins  de  si  première  concession.  M. 
de  Chavigny  se  trouva  donc  à  avoir  en  tout  "une  lieue  rangeant  le  fleu- 
ve Saint-Laurent  sur  trois  lieues  en  avant  dans  les  terres." 

Le  14  juin  1647,  le  gouverneur  de  Montmagny  concédait  à  M.  de 
Chavigny  deux  arpents  de  terre  sur  la  route  qui  conduisait  au  Cap- 
'  Rouge.  Nous  ignorons  qu-'-l  était  le  but  de  M  de  Chavigny  en  .se  fai- 
sant donner  ce  terrain.(i) 

Le  5  mars  164S,  le  roi  de  France  donnait  son  arrêt  pour  l'établis- 
sement d'un  Conseil  à  Québec.  Cet  arrêt  réglait  qu'il  3-  aurait  un 
conseil  composé  du  gouverneur,  de  l'évèque,  et,  en  attendant,  du  su- 
périeur des  Jésuites,  du  gouverneur  sortant  de  charge  pour  trois  ans, 
et  de  deux  habitants  du  pa>s  élus  pour  trois  ans  par  les  autres  conseil- 
lers et  les  syndics  de  Montréal,  Québec  et  Trois-Rivières  à  ce  appelés. 
Les  premiers  habitants  du  pays  appelés  à  l'honneur  de  siéger  au  Con- 
seil de  la  colonie  furent  MM.  de  Chavigny,  Giffard  et  Godefroj-.  Ils 
furent  nommés  par  l'arrêt  même  qui  instituait  le  Conseil. 

Dans  l'éié  ou  l'automne  de  1648,  M.  et  madame  de  Chavigny  et 
leur  quatre  enfants  laissaient  Lur  fief  de  Chavigny  pour  venir  habiter 
la  pointe  ouest  de  l'île  d'Orléans. 

Pour  quelles  raisons  M.  de  Chavigny,  qui  s'était  bâti  une  maison 
et  avait  fait  certains  travaux  de  défrichement,  abandonnait-il  ainsi  sa 
seigneurie  pour  se  transporter  à  l'île  d'Orléans  ? 

Dans  l'été  de  164S,  les  Iroquois  firent  quelques  attaques  dans  les 
environs  de  Trois-Rivières.  M.  de  Chavigny  dût  s'établir  à  l'île  d'Or- 
léans pour  se  mettre  à  l'abri  des  attaques  des  féroces  Iroquois.  (2) 


(i)  La  concession  de  M.  de  Monttnagn\-  à  M.  de  Cha\-ignv  du  14 
juin  1647  avait  été  reçue  par  le  notaire  Bei-quet.  Malheureusement, 
cet  acte  est  disparu  du  greffe  de  Becquet  déposé  aux  Archives  Judi- 
ciaires de  Québec. 

(2)  M.  L.  P.  Turcotte  dans  sou ///.vA;/;f  </(■  l'Ile  d'Orléans,  dit 
que  Eléonore  de  Graiulmaison  fut  la  première  femme  à  habit ;r  l'île 
d'Orléans. 


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—317— 

Le  29  mars  1649,  Olivier  Le  Tardif,  agissant  pour  les  seigneurs 
de  l'île  d'Orléans,  concédait  à  ^L  de  Cliavign)-  et  à  sa  femme  Eléonore 
de  Grandmaison  une  seigneurie  de  quarante  arpents  de  front  sur  toute 
la  largeur  de  l'île,  sur  la  pointe  ouest  de  l'île  d'Orléans.  C'est  le  fîef 
ou  seigneurie  qui,  quelques  années  plus  tard,  prit  le  nom  de  fîef  Beau- 
lieu" 

M.  Ferland,  dans  ses  Ahiles  su?- //s  7Lgistres  de  Noire-Dame  de  Ouc- 
^ec,  dit  que  ^L  de  Chavign^-, forcé  de  rejjasser  en  France  pour  sa  sauté, 
y  mourut  vers   1651. 

M.  l'abbé  Scott,  s'appujant  sur  l'ouvrage  The Jesini  Relations  and 
Allicd Documents  (vol.  XXVIT,  p.  312),  dit  que  M.  de  Chaviguy  mou- 
rut en  mer  pendant  un  voyage  qu'il  faisait  en  France  pour  sa  santé. 

P.-G.  R. 

ANDRE  ALLIEZ — Parisien  de  naissance,  André  Alliez  était  à 
Québec  dès  1729.  En  janvier  1741,  l'intendant  nonnnait  Alliez  avec 
le  négociant  Lagroix,  pour  débiter  les  boissons  à  la  Pointe-à-la-Caille. 
Le  14  octobre  1749,  Alliez  était  nommé  notaire  dans  la  côte  sud  au- 
dessous  de  Québec  et  dans  l'île  d'Orléans.  Son  greffe  déposé  à  Mont- 
magny  ne  comprend  que  dix  pièces.  Alliez  occupa  aussi  la  charge  de 
juge  bailli  de  la  seigneurie  de  la  Rivière-du-Sud  de  1736  à  1760.  Alliez 
laissa  le  Canada  en  1763,  après  le  traité  de  Versailles.  Vide  J. -Ed- 
mond Roy,  Histoire  du  notariat  au   Canada,  vol.  1er,  p.  183.      P.  G.  R. 


"Histoire  de  la  seigneurie  de  Saint-Ours" 

Le  bel  ouvrage  que  vient  de  publier  M.  l'abbé  A.  Couillard-Des- 
prés  est  plus  que  l'histoire  de  la  seigneurie  de  Saint-Ours  :  on  y  trouxe 
la  généalogie  et  l'histoire  de  l'importante  famille  de  Saint-Ours  et  des 
données  inédites  sur  bon  nombre  des  soldats  du  fameux  régiment  de 
Carignan. 

Le  livre  de  M.  l'abbé  Couillard-Després  devrait  se  trouver  dans 
toutes  les  bibliothèques  canadiennes. 


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-SIS- 
REPONSE 

LA  TENURE  SEIGNEURIALE  AU  CANADA.  (XXI,  VIII, 
P-  235).=Pour  étudier  l'ancienne  tenure  seigneuriale  au  Canada  quels 
sont  les  ouvrages  à  consulter  ? 

Bon  nombre  de  livres,  brochures,  rapports  officiels,  etc,  ont  été 
publiés  sur  notre  ancienue  tenure  seigneuriale.  La  liste  suivante  en 
doane  la  plus  grande  partie  : 

Rapport  des  covuiiissaires  nommes  pour  s'oujnén?  de  l'état  des  lois  et 
autres  circonstances  qui  se  rattachent  à  la  tenuie  seigneiuiale  dans  le  Bas- 
Cafiada.     Montréal — 1844. 

Rapport  du  comité  spécial  7iommê  pour  s'enquérir  des  dépenses  affé- 
rentes à  la  conunutation  de  la  tenure.     S.  1.  u.  d.  (1846  ?). 

De  l'abolition  des  droits  féodaux  et  seigneuriaux  au  Canada,  et  sut 
le  meilleur  mode  à  employer  pour  accorder  une  juste  indemnité  aux  sei- 
gneuis,  par  Clément  Dumesuil.     Montréal— >  1849. 

Some  remarks  upon  the  Frcncli  Tenure  of  Franc  alcu  rotziricr  and  on 
ils  relation  to  the  feudal  and  othet  tenures,  by  Robert  Abraham.  Mont- 
réal 1849. 

Troisième  rapport  et  délibé) allons  du  comité  spécial  de  l'Assemblée 
Législative  auquel  ont  été  renvoyées  les  résolutions  adoptées  le  16  jidn  1850, 
au  sujet  de  la  tetitoe  seigneuriale.     Québec— >i85i. 

Pièces  et  documents  relatif  s  ci  la  tenure  seigneuriale,  demandés  pa> 
une  adresse  de  V Assemblée  législative,  1851     Québec — 1852. 

Acte  pour  définir  les  Droits  Seigneuriaux  dans  le  Bas-Canada,  et 
pour  en  faciliter  le  rachat.     1852. 

La  questioîi  de  la  tenure  seigneuriale  du  Bas-Canada  ramenée  à  une 
question  de  Crédit-Foncier,   par  A.  Kiers-Kowski.     Montréal — 1852. 

Tenure  Seigneuriale.  Edits,  ordonnances,  déclarations  et  arrêts  re- 
latifs à  la  tenure  seigneuriale.     Québec — 1S52. 

Débats  dans  f  Assemblée  Législative  sur  la  tenure  seigneuriale.  Qué- 
bec, Fréchette-1853. 

Réponse  à  îtnc  adresse  de  l'Assemblée  Législative,  demandant  copie 
de  certains  documents  seigneuriaux.     Québec — 1853. 

Correspondance  entre  le  gouvcrnemott  frani;ais  cl    les  gouverneurs  et 


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-319— 

iukndajiis  du  Canada,  yelative  à  la  tenure  seigneuriale.  Coirespotidauce 
entre  le  buieau  colonial  ci  les  gouveyneurs  du  Canada,  relative  à  la  tenure 
seigneuriale  ci  féodale,       Québec  — 1853. 

Address  at  the  Bar  of  the  Législative  Assembly  0/  Canada,  delivered 
on  the  iit/i  and  i^lli  Match,  /Sjj,  on  behalf  of  cet  tain  Prôprietors  of  Sei- 
gniories  in  Lower  Canada  against  the  second  reading  of  the  Bill,  entitled 
"An  Ad  to  define  Seigniorial  Rights  in  Lower  Catiada  atid  tofacilitatc 
the  Rédemption  thereof,  by  C.  Dunkin.     Québec — 1853. 

La  convention  anti-seigneuriale  de  Montréal,  au  peuple.  Montréal 
1854- 

Tenure  seigneicriale.  Etat  actuel  de  ta  question,  par  un  membre  de 
'Assemblée  Législative  du  Haut-Canada  (Francis  Hincks) — Québec 
—1854- 

De  la  tenure  seigneuriale  en  Canada  et  projet  de  commutatioti,  par  J.- 
C.  Taché.     Québec-1854. 

Seigniorial  Act.  Questions  to  be  submitted  to  the  décision  of  the  fud- 
ges  pursuant  to  the  provisions  of  the  Seigniorial  Act  of  18^4.  S.  1.  n.  d. 
(1854). 

Acte  seigneurial  de  1834,  avec  table  alphabétique  et  analytique,  par 
un  avocat.     Montréal — 1855. 

Le  bill  seigneurial  exposé  sous  son  vrai  jonr  par  le  fouinai  "la  Pa- 
TRiJî".  Réfutation  victorieuse  du  rapport  soutnis  à  la  co?ivc7ition  anti- 
seigneuriale (par  A.  X.  Raimbau).     Montréal  — 1855. 

Mémoire  contenant  un  résumé  du  Plaidoyei  sur  les  questions  soumises 
par  l' honorable  L.  T.  Drummond,  Procureu)  -Général  de  Sa  Majesté,  à  la 
décision  des  Juges  en  vertu  de  l' Acte  Seigneurial  de  iSj4,  par  C.  S.  Clier- 
rier.     Montréal-iS55. 

Mémoiie  composé  de  l(i  plaidoiiie  devant  la  Cour  Seigneui  iale,  par 
T.-J.-J.  Loranger.      Montréal  — 1855. 

Case  of  the  Seigniors  of  Loicer  Canada ,  submitted  to  tlic  fudges  oj 
the  Court  of  Queen  s  Bench  and  of  the  Superior  Court  cf  Lower  Canada, 
by  Christopher  Dunkin.     Montréal-1855. 

Case  of  the  Seigniors  of  Lo-urr  Canada  ,  by  R.  MacKay.  Mon- 
tréal—1855. 

Tenure  Seigneuriale.  Paie,  f>auvre  Peuple,  paie  !  Par  le  Frère  de 
Jean- Baptiste.     Québec- 1S5  5. 


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—320-  ■  :  j 

! 

Tenure  Seigneuriale.  Quelque!,  avis  d' un  cvHivaieur  aux  censitaires 
du  Bas-Canada  au  sujet  de  la    loi  d' abolition  de  la  tenure  seit^neiiiiale.  S.  '• 

1.  n.  d.  (1855).  '  ! 

Seignorial  Questions.  A  comtiilation  containing  the  Seignioral  Ad 
0/185^,  the  aniendnient  ta  the  Seigyiiorial  Act  0/1855,  ^^^  Questions  sue-  j 

mitted  by  the  Attorney   General  for  Low'er    Canada,  etc.     Québec — 1856.  i 

Décisions  des  tribunaux  du  Canada     (relatives  à  la  tenure  seigneu-  | 

riale).     Québec- 1856.     Six   vols.  j 

Suite  du  Ménioite  contenant  la  réplique  de  T.-J.-J.     Lorangei  devant  \ 

la  Cour  Seig7icurialc.     Montréal-1856.  j 

De  l'abolition  du  régime  féodal  en    Canada,  et  de  l'indemnité  due  aux  j 

seigneurs  pour  la  suppression  des  droits  et  devoi> s  féodaux,  étant  U7ie  com- 
pilaiio7i  des  procédés  et  plaidoiries  qui  ont  eu  lieu  devant  la  Cour  Spéciale, 
constituée  en  vertu  des  dispositions  de  l'Acte  Seigneurial  de  1854,  et  ouver- 
te à  Québec    le  4  sept.  1855,  s.  1.  n.  d.    (1856). 

Les  Actes  Seig/ieuriaux Toronto -1856. 

Statement  of  nioncy  placed  to  the  crédit  of  the  spécial faid  set  apa>  t  ta 
aid  the  censitaires  in  the  rédemption  of  Seigniorial  dues,  -with  instructions 
to  the  Commissions.     S.  1.  n.  d.  (1857  ?)■  -,  /.•    ■  u 

Tlie  seignorial  amendment  act  of  1S5Ç.     Toronto-1859. 

Cadastres  abrégés  des  seigneuries  du  district  de  Québec.  Québec, 
George  Desbarats-1863.     2  vols. 

Cadastres  abrégés  des  seigneuries  du  district  de  Montréal.  Québec, 
Derbishire  et  Desbarats — 1863.     3  vols. 

Cadastres  abr'égés  des  seigneuries  des   Trois- Rivièr-es Québec 

Derbishire  et    Desbarats— 1S63. 

Cadastres  abrégés  des  seigneuries  appartenant  à  la  Couronne. .  . .  Qué- 
bec :     George  Desbarats — 1S63. 

Tlie  Drvit  de  Banalité  during  the  Freneh  Régime  in  Canada,  by  \V. 
Bennett  Munro — 1899. 

The  Seigniorial  System  in  Ca)uida.  A  Study  in  Trench  Colonial 
Poliey.  by  William  Bennett  Munro.     New- York     1907.  j 

Documents  relating  to  the  Seig)ieurial  Tenure  in  Canada,  1598-1854,  | 

edîted  by  William- Bennett  Munro,     Toronto — 190S.  I 

P.  G.   R.  .  i 


BULLETIN 


DES 


RECHERCHES  HISTORipES_ 

mTxXI  BEAUCEVILLE=NOYEMBRE    1915  No.  XI 

M  ai  oire   de  Gédéon  de  Catalogne  sur    les    plans  des 
seigneîsries  et  habitations  des  gouvernements 
de  Québec,  les  Troîs-Rivières  et  Montréal 

(Suite  et  fin) 


Le  gouvernement  de  Quebek  commence  du  corité  du  Nord  en  des- 
cendant aux  Grondines,  et  du  costé  du  sud  de  la  Rivière  du  Chesne  ou 
haut  de  Losbiniere. 

La  Seigneurie  des  Grondines  appartient  au  nommé  Amelin  labou- 
reur le  nom  de  cette  seigneurie  vient  du  grand  nombre  de  batlures  de 
gros  caillons  qui  se  trouvent  au  devant,  ce  qui  fait  que  lorsqu'il  vente 
un  gros  vent  les  eaux  y  font  un  grand  bruit  et  le  passage  des  canots  et 
batteaux  très  dangereux.  Elle  fait  paroisse  avec  la  Seigneurie  de  Ste 
Anne,  les  terres  ny  sont  que  médiocrement  bonnes  estant  mélangées 
de  carrières  et  gros  cailloux  et  entrecoupées  de  costeaux,  il  y  a  des 
contrées  qui  produisent  de  bon  grain  et  légumes,  mais  non  pas  abon- 
dance quoique  les  bois  naturels  y  sont  fort  gros,  il  y  en  a  de  toutes  es- 
pèces, on  y  pesche  peut  d'anguille,  mais  la  chasse  au  gibier  est  abon- 
dante sur  les  Bâtures. 

La  Seigneurie  de  la  Chevrotiere  appartient  au  Seigneur  de  ce  nom 
emplojé  à  la  Sous  ferme  de  Tadoussac.  Elle  fait  paroisse  avec  la  Seig- 
rie  de  l'Eschambault  et  Portneuf,  Les  terres  y  sont  médiocrement  bon- 
nes sur  la  devanture,  les  profondeurs  sont  meilleures,  on  ny  recueille 
I)as  beaucoup  de  grain  mais  très  bon,  les  bois  y  sont  troj)  gros  et  mé- 
langez de  toutes  espèces. 


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-322— 

La  Seigneurie  de  L'Kschambault  appartient  au  Seigneur  de  ce 
nom  Lieutenant  gênerai  de  la  Jurisdictiou  de  Montréal,  Les  terres  y 
sont  fort  basses  et  mouillées  que  l'on  asseichent  par  le  moyent  des 
fossez  ce  qui  les  rend  fertilles  en  toutes  sortes  de  grains  et  légumes,  la 
pesche  a  langnille  y  est  très  abondante.  C'est  audevant  de  cette  Sei- 
gneurie qu'est  le  petit  Richelieu,  la  mer  estant  basse  le  chenail  y  est 
fort  étroit  et  rapide  qui  laisse  a  droit  et  a  gauche  une  grande  estendue 
de  battures,  Cette  Seigneurie  contient  plus  de  bois  de  sapinage  que 
d'autres. 

La  Seigneurie  de  Port  neuf  errigée  en  baronie  appartient  a  un  des 
cadets  de  la  famille  de  Becancourt,  La  parroisse  est  desservie  par  un 
prestre  du  Séminaire  de  Quebek,  les  terres  ny  sont  bonnes  qu'autant 
qu'elles  y  sont  bien  ctiltivees  pour  produiient  des  grains  et  légumes 
estant  naturellement  fort  maigres  et  entrecoupées  de  costeaux  fort 
hauts.  Le  seul  avantage  est  la  pesche  a  languille  qui  y  est  très  abon- 
dante Les  bois  sont  la  pluspart  sapinage. 

Le  fîef  près  de  la  Rivière  a  Jacques  Quartier  nom  d'un  des  pre- 
miers découvreurs  de  ce  pays, appartient  a  Mr.  Dauteuil  cy  devant  pro- 
cureur gênerai  au  Conel  Supérieur  de  Quebek,  les  terres  y  sont  fort 
hautes  sur  le  bord  du  fleuve  et  unies  par  en  haut,  et  ny  a  qu'un  seul 
habitant  avec  un  peu  de  désert  sa  principalle  occupation  est  a  la  pesche 
a  languille  quoique  les  terres  y  paroissent  passablement  bonnes,  les 
bois  sont  la  pluspart  sapinage. 

La  Seigneurie  de  la  pointe  aux  Ecureuils  appartient  au  nommé 
dusaut  Md  de  barque  faisant  paroisse  avec  la  pointe  au  tremble  les  ter- 
res y  sont  très  hautes  sur  le  bord  du  fleuve  et  unies  dans  les  profon- 
deurs ou  elles  sont  bonnes  pour  produirent  toutes  sortes  de  grains  et 
légumes,  la  pe.sche  et  languille  très  abondante  et  les  bois  y  sont  mélan- 
gez de  toutes  espèces. 

La  Seigneuries  de  la  Pointe  au  Tremble  ou  Neuville  apiiartient  à 
Mr.  Dupont  Con  er  au  Con  el  Supérieur,  la  parois.se  est  desservie  par 
un  prestre  du  Séminaire  de  Ouebck,  les  Terres  y  sont  fort  hautes  et 
s'elevent  en  jihitheatre,  environ  demy  lieues  entrecoupées  de  Ravines, 
quoique  les  terres  paroissent  maigres  et  mélangées  de  roches,  par  le 
grand  .soing  des  habitans  elles  produisent  toutes  sortes  de  grains  et  lé- 
gumes et  c'est  ordinairement  sept  a  huit  minots  pour  un  de  semé,  il  y 
a  nombre  de  carrières  de    pierres  a    chau.K  et  pierres    propres  pour    a 


.     Mi.-..'  .!.'         r.,;fo 


-323- 

taille,  il  ny  a  des  bois  que  dans  la  profondeur  mélangez  de  toutes  espè- 
ces, la  pesche  a  languille  }•  est  abondante. 

La  Seigneurie  de  Deinaure  appartient  au  Seigneur  de  ce  nom,  re- 
ceveur des  castors  au  bureau  des  fermes  a  Ouebek,  la  paroisse  est  des- 
servie par  un  prestre  du  Séminaire  de  Quebek,  les  terres  sur  le  bord  du 
fleuve,  du  moins  la  plus  grande  partie  sont  fort  hautes  et  ensuittes  très 
unies  en  penchant  du  coste  du  nordouest  ou  elles  sont  assez  bonnes  et 
produisent  toutes  sortes  de  grains  et  légumes  les  bois  sont  mélangez  de 
toutes  espèces  mais  plus  gommeux  que  dautres,  la  pesche  a  languille 
s'y  fai*:  aussy. 

La  Seigneurie  de  Godarville  et  Fossembault  appartient  aux  héri- 
tiers du  feu  Sr.  Peuvret  greffier  en  chef  au  Con  el  supérieur.  Elle  fait 
paroisse  avec  l'ancienne  l'horette,  les  terres  sur  le  bord  du  fleuve  y  sont 
fort  hautes  et  maigres  de  couleur  rouge  astres  aussy  Tapelle  t  on  Le 
Cap  rouge,  et  entirant  dans  la  profondeur  les  terres  se  plongent  du  cos- 
té  du  Nordouest  ou  se  forme  un  plaine  qui  s'eleve  ensuitte  en  pente 
douce  jusques  aux  montagnes  environ  quatre  lieues  dans  la  plaine,  Les 
terres  y  sont  très  bonnes  qui  produisent  abondamment  toutes  sortes  de 
grains  et  légumes,  la  pesche  a  languille  s'>-  fait.  Les  bois  y  sont  mé- 
langez de  toutes  espèces,   plus  de  sapinage  que  d'autres. 

Le  Seigueurie  de  Bonhomme  appartient  au  Seigneur  de  ce  nom 
laboureur  qui  est  encores  dans  ses  bois  naturels  mélangés  de  toutes  es- 
pèces 

La  Seigneurie  de  Sillery  (i)  appartient  aux  P.  Jesuiltes  et  com- 
prend quatre  paroi,sses  scavoir  St.  François,  Ste  Foy,  la  vieille  et  nou- 
velle L'horette,  les  deux  leres  font  frond  sur  le  fleuve  ou  les  terres 
sont  extrêmemeut  hautes.  Cependant  sur  la  hauteur  sont  unies  et  des- 
cendant eu  pente  donnent  jusques  a  la  Rivière  St  Charles,  Elles  sont 
desservies  par  les  prestres  du  Séminaire  de  Quebek,  les  terres  y  sont 
médiocrement  bonnes  pour  produireut  toutes  sortes  de  grains  et  légu- 
mes, il  ny  a  presque  plus  de  bois,  le  peut  qu'il  y  en  reste  est  sapinage, 
quelques  errables  parmis,  on  commence  a  y  planter  des  iiommiers  qui 
y  viennent  as.sez  bien,  il  y  a  l'ivglise  de  Sillery  bâtie  sur  le  bord  du 
fleuve  que  les  Pères  Jesuittes  sont  obligez  dentretenir  suivant  l'inten- 
tion du  douuataire,  sur  sou  frond  on  fait  la  ])esche  a  languille. 

(1)    Hii.sse  jusliec  ext-rcOo  par  le  Sr.  Kymn  nt. 


j'j-j<_( 


—324— 

L'ancienne  L'horette  est  desservie  par  un  des  prestres  du  Sémi- 
naire de  Quebek,  ou  estoit  autrefois  la  mission  des  hurons  qui  se  sont 
transportez  a  la  nouvelle  L'horette  ou  la  mission  est  desservie  par  le 
R.  P.  d'avaugour  Jesuitte,  les  terres  de  ces  deux  paroisses  s'elevent 
en  pente  douce  du  costé  du  nordouest  ou  elles  j^ont  très  bonnes  pour 
produirent  toutes  espèces  de  giaius  et  légumes  et  arbres  fruictiers  par 
lexposition  avantageuse  au  soleil  levant  jusques  au  couchant,  Le  génie 
de  ce  missionnaire  a  obtenir  de  tous  ces  sauvages  qu'ils  ne  boivent  au- 
cune boisson  en  jurants,  il  seroit  a  souhaitter  que  toutes  les  autres  na- 
tions voulussent  les  imiter,  par  la  on  couperoit  la  racine  a  tous  les  de- 
sordres que  causent  l'ivrognerie  parmis  les  nations  d'en  haut,  Les  pro- 
fondeurs de  cette  Seigneurie  be  terminent  sur  de  hautes  montagnes  ou 
se  trouve  des  lacs  ou  l'on  pesche  beaucoup  de  Truittes  particulière 
ment  en  hiver  sous  les  glaces,  les  bois  y  sont  mélangez  de  toutes  espê 
ces. 

La  seigneurie  de  St  Bernard  et  St  Antoine  appartient  aux  dames 
Religieuses  de  l'hostel  Dieu  dépendant  de  la  cathédrale  et  de  Charles- 
bourg,  Les  terres  sur  le  bord  du  fleuve  sont  un  peu  hautes  qui  ensuit- 
te  forment  une  espèce  de  plaine  qui  produit  une  pente  qui  se  perd  a  la 
Rivière  St  Charles  et  ensuitte  se  lève  imperceptiblement  jusques  aux 
montagnes,  Les  terres  }•  sont  très  fertilles  pour  toutes  sortes  de  grains 
et  légumes  et  arbres  fruictiers,  il  ny  reste  que  des  bois  de  sapinage. 

Quebek  et  son  abanlieu  dépend  du  domaine  du  Koy  quoique  les 
communautés  tant  dans  la  ville  qu'au  dehors  en  occupent  la  plus  gran- 
de partie,  Sa  scituation  sur  le  bord  du  fleuve  excepté  la  basse  ville  est 
fort  haute,  la  pluspart  rochers  peut  de  terre  par  dessus  ou  il  seroit  dif- 
ficile d'ouvrir  la  tranchée.  Cependant  on  a  trouvé  le  moyent  dy  pra- 
tiquer des  jardins,  tant  en  minant  des  rochers  qu'en  y  transportant  des 
terres,  par  ce  mo}-ent  les  jardins  rapportent  toutes  sortes  de  légumes 
et  fruits  mesme  en  abondance.  Les  environs  de  l'hospital  gênerai  sont 
terres  basses  fertiles  en  toutes  sortes  de  grains,  légumes  et  paccages. 
La  chasse  aa  petit  gibier  y  est  très  abondante. 

La  seigneurie  qui  comprend  Charlesbourg,  (i)  L'auvergne  et 
Bourg  ro>al  appartient  aux  P.  Jesuittes  Le  tout  fait  paroisse  a  Char- 
lesbourg desservie  par  un  des  i^restrts  du  Séminaire  de  Quebek,  le  res- 
te de  la  Seigrie  dépend  de  la  cathédrale  et  de  la    paroisse  de  Beauport 

(1)    Basw  justice  cxcrcOu  par  le  Sr  Kyiimra. 


'--.<,     ,j;iUod 


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ib  vy.fv'ii 


—325— 

aiiisy  que  les  couleurs  le  dessignent  sur  le  plan,  Suposé  que  le  coppiste 
ayant  esté  exact  a  suivre  les  originaux,  L'estendue  de  toute  cette  sei- 
gneurie comprend  de  très  belles  terres  qui  s'elevent  en  pente  douce  du 
costé  du  nordouest  jusques  aux  montagnes,  produisant  abondamment 
toutes  sortes  de  grains  et  légumes  et  fruits,  il  s'y  trouve  aussy  des  car- 
rières de  pierre  de  taille  et  de  pierre  a  chaux,  il  y  a  environ  21  ans  que 
l'on  découvrit  une  mine  de  charbon  de  terre  sur  le  domaine  que  les 
Pères  Jesuittes  ont  en  ce  lieu  la,  qu'ils  n'ont  pas  jugez  a  propos  de 
mettre  au  jour,  c'est  sur  la  grève  de  cette  seigneurie  que  les  anglois  fi- 
rent leur  descente  en  17 10  et  trois  jours  après  fuient  contraints  de  se 
rembarquer  en  abandonnant  leurs  canons  et  sans  ôzer  tenter  le  passa- 
ge de  la  petite  Rivier;,  il  y  a  très  peut  de  bois  aj-ant  esté  détruit  pour 
les  usages  ordinaire. 

La  Seigneurie  de  Beauport  appartient  au  Sr.  Duchesnay  de  St  De- 
nis par  la  cession  que  luyen  a  faite  le  marquis  de  Beauport,  la  paroi.sse 
est  desservie  par  un  des  prestres  du  séminaire  de  Quebek.  Les  terres 
sont  très  belles  qui  s'elevent  en  pente  douce  au  nord-ouest  jusques  aux 
montagnes.  Elles  produisent  toutes  sortes  de  grains  et  légumes  il  ny  a 
presque  plus  de  bois  sur  les  devantures. 

La  seigneurie  de  Beaupré  (i)  est  séparée  de  Beauport  par  le  saut 
de  Montmorenc}-  qui  fait  une  chûtte  d'environ  quarante  ou  60  pieds. 
Elle  appartient  à  Mrs.  du  Séminaire  de  Quebek.  Les  terres  sont  très 
belles  Elle  comprend  trois  paroisses  scavoir  Lange  gardien  château 
Riche  et  Ste  Anne  toutes  trois  desservies  par  des  prestres  du  Semin  re 
toute  la  coste  est  bordée  dun  terrain  fort  élevé  au  bas  de  laquelle  se 
trouve  quelque  espace  de  terre  a  niveau  des  marais  qui  par  le  moyen 
des  fosses  ont  esté  asséchées  et  rendues  cres  fertilles  en  toutes  sortes  de 
grains  et  légumes.  Les  terres  eslevées  ne  sont  pas  si  bonnes  quoique 
les  esgouts  des  montagnes  qui  en  sont  fort  prest  les  humectent  et  les 
rendent  propres  a  produirent  toutes  sortes  de  grains  fruicts  et  légumes, 
mais  non  pas  si  abondamment  que  sur  les  terres  bas.ses  mais  le  grain 
en  est  meilleur,  les  habitans  de  cette  coste  passent  et  le  sont  effective- 
ment pour  les  i^lus  riches  de  Canada,  depuis  très  longtemps  ils  fabri- 
quent des  toilles  et  droquets.  Les  montagnes  quoique  escarpées  leur 
fournissent  du  bois  tant  de  charpente  que  de  chauffage.  Je  comi)rend 
les  trois  paroisses  sons  un  niesnie    titre,  ma\ant  jjarues    esgales  en  val- 


.vils-! 


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— 32G- 

leur,  les  filles  de  la  congrégation    ont  un    establisseinent    au  Château 
Riche. 

Le  cap  Tourmente  qui  est  une  suitte  de  la  Seigneurie  de  Beaupré 
est  le  principrl  manoir  du  séminaire  de  Quebek,  il  est  divisé  en  deux, 
scavoir  la  grosse  et  la  petite  ferme,  lors  des  vacances  les  escoliers  y 
vont  prendre  leur  recréation,  il  y  a  de  beaux  batimens  et  tous  ce  qui 
est  necessre  pour  une  ménagerie  ou  ils  ont  toutes  sortes  danimaux  do- 
mestiques, Les  terres  en  culture  qui  approchent  de  près  les  montagnes 
et  qui  en  sont  bordées  du  costé  du  Nordouest  y  sont  plus  basses  et 
unies,  qui  par  le  moj-ent  des  fossez  ont  esté  asséchées  et  rendues  très 
fertilles  en  toutes  sortes  dé  grains  et  légumes  mesme  des  fruits,  Les 
montagnes  contiennent  des  bois  de  toutes  espèces. 

La  Seigneurie  de  la  Baye  St  Paul  appartient  audit  séminaire  ou  ils 
ont  un  espèce  de  domaine  plus  estimé  par  les  paccages  que  pour  la  pro- 
duction des  grains,  quoique  les  terres  y  soyent  très  bonnes,  mais  les 
montagnes  les  renferment  dans  un  petit  espace.  Les  habitants  en  sont 
aussy  serrez  de  fort  près,  les  plans  coppiez  en  1709  en  dessiguoient  les 
eslevations.  Je  ne  scay  si  ceux  de  17 10  ont  esté  coppiez  de  mesme, 
C'est  devant  ce  domaine  que  se  trouve  le  gouffre  de  l'Isle  aux  Coudres 
qui  dans  le  fort  de  la  marée  perdant  ce  fait  un  torrent  qui  frape  sur 
une  pointe  de  rochers  et  forme  un  ressac  en  croissant  qui  fait  le  sujet 
de  ce  gouffre,  dou  les  vaux  ne  scauroient  sortir  et  sont  fort  exposez 
jusques  a  ce  que  la  marée  soit  revenue  a  son  flot.  J^es  montagnes  en- 
trecoupées de  petits  valons  contiennent  de  toutes  sortes  de  bois  parti- 
culièrement de  gros  pins  et  c'est  dans  ce  seul  endroit  ou  l'on  fait  le 
gaudron,  quoiqu'il  y  en  ait  plu.sieurs  autres  on  Ion  ponrroit  en  faire, 
cette  .'eigneurie  fait  la  deffinition  des  plans  du  costé  du  nordouest. 

L'Isle  d'Orléans  ou  de  St  Laurent  ajipartient  a  Mr  Berthelot  Elle 
est  divisée  eu  cinq  paroisses  trois  du  costé  du  sud  et  deux  du  costé  du 
nordouest,  toutes  les  cinq  desservies  par  des  prestres  du  Séminaire  de 
Quebek,  la  pluspart  des  habitaus  fabriquent  des  toilles  et  droguets, 
mesme  audelade  leur  usage,  de  sorte  qu'ils  en  vendent  en  quantité,  (i) 

La  paroisse  St  Pierre  est  lu  moins  nombreuse  en  paroissiens  les 
Terres  y  sont  fort  e.sle\-ées  ou  er.gard  du  lleuvc,  Cejîendant  fort  unies 
et  inonillées  que  jiar  le  mo\ent    des  fosse/,    sont  asséchées    et  rendues 

{ï)    Biis.M'.  moyouae,  basse  jiisticv.  Ll-Jui^i;  eu  est  uiurt.     EiJe  esl  e.\erci'o  pnr  prOinont, 


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—  327  — 

ties  fertilles  en  toutes  sortes  de  grains  et  légumes,  Ce  qui  sépare  les 
habitans  du  sud  est  d'avec  ceux  du  costé  du  nordouest  est  une  lisière 
de  bois  qui  \-a  du  haut  au  bas,  que  les  habitans  conservent  pour  leur 
usage  et  chauffage. 

La  parois'^e  de  la  Ste  Famille  est  plus  nombreuse  en  paroissiens  et 
qui  passent  ;onr  les  plus  riches  de  l'Isle,  les  files  de  la  congregon  3^ 
ont  un  un  establissement.  Les  terres  y  sont  très  belles  qui  montent 
en  pente  douce  jusques  au  milieu  de  l'Isle  et  ensuitte  descendant  de 
lautre  costé,  il  y  a  des  contrées  ou  ils  se  trouvent  des  roches  mouvan- 
tes à  la  cliarue,  reanmoins  les  terres  y  sont  très  fertilles  en  toutes  sor- 
tes de  grains  et  légumes. 

La  paroisse  de  St  François  scituée  au  bas  de  l'Isle  sur  larrieie  fief 
qui  appartient  au  Sr.  Perrot  sous  le  nom  d'Arg^ntenay  par  l'acquisi- 
tion qu'il  en  a  faite  des  dames  de  L'hostel  Dieu,  Les  terres  sont  entre- 
coupées par  de  petits  costeaiix  et  valons  particulièrement  du  costé  du 
nordouest  ou  se  trouve  des  roches  mouvantes  a  la  charue  qui  cepen- 
dani  produisent  abondamment  toutes  sortes  de  grains  et  légumes. 

La  paroisse  de  St  Jean  est  au  sud-est  de  la  Ste-Famille,  les  terres 
ny  sont  unies  que  par  contrées  estant  entrecou])ées  de  colines  et  valons 
et  ne  sont  pas  si  bonnes  que  du  costé  du  nord-ouest  i)our  ])roduirent 
abondamment  des  grains,  mais  ils  y  sont  meilleures  en  qualité. 

La  Paroisse  de  St  Laurent  est  celle  qui  a  le  plus  d'estandue  mais 
la  moindre  en  paroissiens,  les  terres  y  sont  plus  hautes  qu'en  tout  le 
reste  de  l'Lsle,  entrecoupées  des  costeaux  et  ravines  fort  profondes  dif- 
ficiles a  mettre  en  culture,  celles  qui  sont  cultivées  produisent  abon- 
damment toutes  sortes  de  grains  et  légumes,  les  bois  de  toute  espèces 
y  sont  plus  gros  qu'en  tout  le  reste  de  l'Isle. 

La  Seigneurie  de  Lotbiuiere  cpii  reprend  le  haut  du  gou\ernemeut 
de  Quebek  du  costé  du  sud-est,  ajipartient  aux  héritiers  de  ce  nom,  La 
paroisse  est  desservie  jiar  un  père  Recolet,  Les  Terres  ny  sont  que  mé- 
diocrement bonnes  dans  la  devanture,  auss\-  n'est  elle  guère  nombreu- 
se en  habitans  cedanters,  ,Sa  ]">lus  grande  va'leur  est  la  peschc  a  lan- 
guille  et  aux  bois  de  chauffage  et  au  bois  (pi 'ils  transpo'tent  a  la  ville. 
Les  terres  en  culture  sont  fort  mouillées  et  entrfcouiié'-s  de  cjliues  et 
ravines.  La  partie  d'en  lias  est  exiraordiuaireinent  haute  et  fore  es- 
cord.    Le  bled  n>-  vient     (pie  par  petite  contrée,  Le  terrain     ne  parroisl 


.'ui:v<ih 


— 32S— 

pas  propre  pour  les  arbres    frui  ;tierà,  il  y  a  de    toute  sorte  de  bois  mé- 
langez. 

La  seigneurie  du  platon  Ste  Croix  appartient  aux  dames  urselines 
di  Quebek,  la  plus])art  des  terres  y  sont  fort  hautes,  médiocrement 
bonnes,  I<es  terres  en  cultures  y  produisent  de  bon  grain,  mais  non  pas 
en  abondances  comme  ailleurs.  Les  légumes  y  viennent  miejx  parti- 
culièrement les  lin  et  chanvre,  la  pesche  a  languille  y  est  plus  abon- 
dante qua  tout  au.  endroit,  il  y  a  toute  sorte  de  bois  mélangez,  qu'ils 
commercent  a  la  ville. 

La  seigneurie  de  Choret  appartient  au  seigneur  de  ce  nom  labou- 
reur, Les  terres  }•  sont  fort  hautes  en  esgard  au  fleuve,  mais  assez 
unies,  il  ny  a  que  très  peut  de  terres  en  cultures  qui  produisent  de  très 
bon  grain  et  légumes,  Mais  peu^:  propres  pour  les  arbres  fruictiers  qui 
ne  viennent  point  sur  les  terres  fortes  er  argilleuses,  la  pe.sche  a  lan- 
guille s'y  fait  mais  non  pas  abondamment,  il  y  a  des  Lois  de  toutes  es- 
pèces qu'ils  commercent  a  Quebek. 

La  seigneurie  de  Marauda  apjiartient  aux  héritiers  de  ce  nom  la- 
boureurs Les  terres  et  les  bois  y  sont  de  mesme  qualité  qu'a  celle  de 
Choret  et  ont  le  mesme  commerce. 

La  seigneurie  de  Villieu  relevé  de  la  ]iaroisse  St  Nicolas.  Elle  ap- 
partient a  Mr  Le  Gardeur  cap  ne  dans  les  troupes.  Les  terres  y  sont 
fort  élevées  neautmoins  très  unies  ou  il  faut  faire  des  fossez  pour  les 
asseicher  par  ce  moyent  elles  produisent  toutes  sortes  de  grains  et  lé- 
gumes et  paccages  pour  les  bestiaux,  la  pesche  a  languille  et  au  sau- 
mon s'y  fait.  Elle  contient  de  toutes  sortes  de  bois  particulièrement  de 
chauffage  quils  vendent  a  Quebek. 

La  seigneurie  de  Lauzon  (  i)  appartient  a  Mr  Duplessis  commis  de 
Mr.  le  Trésorier  gênerai  de  la  marine.  Elle  est  divisée  en  deux  parois- 
ses que  le  Saut  de  la  Chaudière  sépare.  Elles  sont  desservies  par  des 
prestres  du  Séminaire  de  Quebek,  la  paroi.sse  St  Nicolas  est  celle  d'en 
haut  qui  n'est  pas  si  nombreuse  eii  habitans  que  celle  tl'en  bas,  i^arce- 
que  le  long  du  fleuve  se  ne  sont  que  rochers  très  haut  et  impraticables 
et  beaucoup  de  terrez  en  arrière  fief  sous  le  peut  de  terre  qui  est  en 
culture  sont  assez  fertilles  en  toutes    sortes  de  grains  et  légumes,  dans 


(i)  Haute,  moyenne  et  basse  justice  exercée  par  le    Sr  Barbel  no- 
taire ro>al. 


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les  profondeurs  les  terres  y  paroissent  assez  unies  et  de  beau  bois  de 
toutes  espèces,  la  pesche  a  laup;uille  et  a  toutes  sortes  de  poissous  sy 
fait.  La  piroisse  St  Joseph  est  la  deuxième  de  cette  seigneurie, les  ter- 
res y  sont  fort  hautes,  et  entrecoupées  de  costeaux,  ravines  et  chesncs 
de  rochers,  les  terres  qui  y  sont  enculture  par  l'applicatiou  et  soin  des 
habitans  produisent  des  grains,  légumes  et  paccages,  il  sy  fait  quantité 
de  chaux  qui  se  transporte  a  la  ville  la  proximité  de  laquelle  fait  que 
les  habitants  y  sont  fort  aisez,  la  penche  a  languille  et  aux  saumons  y 
très  abovidants,  dans  les  profondeurs  de  la  Seigneurie  il  }•  a  de  toutes 
sortes  de  beaux  bois  et  de  bonnes  terres  ou  le  seigneur  fait  de  grosses 
dépenses  a  faire  des  moulins  et  chemins  pour  s'en  procurer  lestablisse- 
nient.  Les  arbres  fruictiers  y  viennent  fort  bien  par  contrées. 

La  Seigneurie  de  Montapenne  appartient  aux  héritiers  Bissot 
marchands,  elle  deiiend  de  la  parois.se  de  Beaumont,  les  terres  y  sont 
fort  hautes  sur  la  devanture  entrecoupées  de  colines  et  ravines  celles 
qui  sont  en  culture  y  sent  a.'^sez  bonnes  qui  jirodui.sent  de  bons  grnins  et 
légumes,  ou  en  lire  quantité  de  bois  de  chauffage  pour  amener  a  Qué- 
bek. 

La  seigneurie  de  Beaumont  appartient  au  seigneur  de  ce  nom  la 
paroisse  est  desservie  par  un  des  jirestres  du  séminaire  de  Quebek  Les 
terres  y  sont  très  belles  et  unies  un  peut  hautes  sur  le  bord  du  fleuve 
produizant  de  toutes  sortes  de  grains  et  légumes,  il  y  a  de  très  beau.x 
bois  de  chauffage  qu'ils  commercent  a  Quebek. 

La  seigneurie  de  La  Durantaje  fait  paroisse  avec  celle  de  Beau- 
mont Elle  appartient  au  seigneur  de  ce  nom  Con  er  au  Con  el  supérieur. 
Les  Terres  y  sont  entrecoupées  de  costeaux  et  ravines  la  pluspart  dans 
les  devantures  fort  maigres  et  argilleu.ses.  Celles  pourtant  qui  sont  en 
cultures  produi.sent  passablement  des  grains  et  légumes  beaucoup  de 
pacages,  il  y  a  des  contrées  ou  les  arbres  fruictiers  viennent  très  bien, 
il  y  a  de  toutes  sortes  de  bois   que  les  habitans  commercent  a  Quebek. 

La  .seigneurie  de  Bellechasse  fait  parois.se  avec  celle  de  la  Duran- 
taye  et  Beaumont  Elle  appartient  au  Sr.  de  Rigauville  enseigne 
dans  les  troupes,  connue  avant  esi)OU.sé  la  veuve  du  Sr.  \'illeuuir  de 
Berthier  Les  terres  y  sont  très  belles  et  ur.ies  il  y  a  quelques  contrées 
de  roches  mou\-antcs  a  la  cliarue.  celles  qui  sont  en  cultures  a  la  faveur 
des  fos.sez  scMit  très  fcrtilles  en  toutes  sortes  de  grains  et  légumes,  h-s 
bois  y  sont  mélangez  de  toutes  esiieces,  il     y  a  des  contrées    ou  les  ar- 


,3-    rj 


—330— 

bres  fruictiers  viendroient  bien  sy  on  y  en  plantoit. 

I.a  seigneurie  de  la  Pointe  a  la  Caille  et  Rivière  du  Sud  appartient 
aux  Srs  Co'uillard  et  de  l'Espinay  procureur  du  Roy  a  Quebek  La  pa- 
roisse est  desservie  par  un  prestre  du  Séminaire  de  Quebek  les  terres 
y  sont  très  belles  et  unies  mais  très  basses  qui  par  le  moyen  des  fossez 
produisent  abondamment  toutes  sortes  de  grains  légumes  et  pacages, 
Les  bois  de  toute  espèce  y  sont  très  beaux,  les  pays  bas  sont  sapinières 
les  arbres  fruictiers  y  viennent    comme  a  Quebek. 

La  Seigneur  de  Bernier  appartient  au  Seigneur  de  ce  nom  navi- 
gateur on  ny  a  point  encores  desfnché  les  terres  pour  les  mettre  en 
culture  quoiquelles  y  paroissent  très  propres  pour  cela  y  estant  fort 
unies  et  bois  de  sapinage. 

La  Seigneurie  de  Gagnier  laboureur  appartient  aux  héritiers  de  ce 
nom  dépendant  de  la  paroisse  de  Vincelet,  Les  terres  y  sont  unies  et 
fertilles  en  toutes  sortes  de  grains  et  légumes  et  pacages  mesme  pro- 
pres pour  les  arbres  fruictiers,  les  bois  naturels  y  sont  de  toutes  espè- 
ces. 

La  seigneurie  de  Vincelot  appartient  au  seigneur  de  ce  nom  mar- 
chand la  paroisse  est  desservie  par  un  des  prestres  du  séminaire  de 
Quebek  et  quelques  fois  par  un  père  Recolet,  Les  terres  en  gênerai  y 
sont  très  belles  produisant  abondanient  toutes  sortes  de  grains  et  légu- 
mes et  pacages,  les  arbres  fruictiers  y  viennent  très  bien  les  bois  natu- 
rels y  sont  mélangez  de  toutes  espèces,  les  habitans  y  sont  fort  aisez- 

La  seigneurie  de  Bélanger  appartient  au  seigneur  de  ce  nom  labou- 
reur dépendant  de  la  paroisse  de  Vincelot,  les  terres  y  paroissent  assez 
unies,  mélangées  par  contrées  de  pierres  mouvantes  a  la  charue  produi- 
sant médiocrement  de  toutes  sortes  de  grains,  légumes  et  pacages  et  ou 
les  arbres  fruictiers  produisent  abondanient  des  fruits,  les  bois  naturels 
y  sont  mélangez  de  toutes  espèces. 

La  seigneurie  Dutarte  appartient  a  la  veuve  de  ce  nom  dépendants 
de  la  paroisse  de  Vincelot,  les  terres  y  sont  de  mesme  qualité  qua  la 
seigueurie  de  Bélanger  qui  se  termine  a  la  Rivière  des  trois  Saumons. 
Depuis  la  rivière  des  trois  Saumons  jusques  a  la  pointe  tic  la  gran- 
de ance,  il  n'y  a  que  deux  habitans  establis  qui  ont  très  peut  de  terres 
en  culture,  toute  cette  partie  est  entrecoupée  de  rochers  colines  et  va 
lous  peut  habitable,  appartenant  aux  héritiers  de  la  Chenase  et  de  Mr. 


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-331— 

Dauteuil,  les  bois  naturels  y  sont  mélangez  de  toutes  espèces  mais  plus 
de  sapinage  que  dautres. 

La  Seigneurie  de  la  grande  Ance  appartient  a  la  veuve  de  St  Denis 
faisant  paroisse  avec  celle  de  la  Rivière  ouelle.  Les  terres  sur  le  frond 
du  fleuve  y  sont  unies  et  fertilles  en  toutes  sortes  de  grains  et  légumes 
et  pacages,  mais  sujettes  a  la  brume  et  a  la  gellée,  les  profondeurs  sele- 
vent  en  costeaux  et  montagnes  et  entrecoupées  de  valons  garnis  de  tou- 
tes sortes  de  bois  plus  gommeux  quc  dautres,  cette  Seigneurie  fait  la 
deffinition  des  plans  nayant  pas  eu  le  tems  de  lever  ceux  de  la  Rivière 
ouelle  Camouraska  et  la  Rivière  du  Loup  ou  se  termine  les  esta'lisse- 
mens  des  habitans. 

L'Isle  aux  oyes  appartient  au  Sr  Dupuy  lieutenant  particulier  a  la 
prevosté  de  Quebek  et  a  la  veuve  du  Sr  de  Grandville  vivant  Cap  ne 
dans  les  troupes,  la  plus  grande  partie  de  cette  Isie  consiste  en  prairies 
ou  se  nourr3'  grand  nombre  de  bestiaux,  Les  terres  qui  y  sont  en  cul- 
ture produisant  abondament  toutes  sortes  de  grains  et  légumes,  la 
hauteur  contient  toutes  sortes  de  bois  mélangez. 

L'Isle  aux  Grues  appartient  a  la  dite  veuve  de  Grandville  avec  les 
Isles  adjacentes,  il  ny  a  ]ioint  dhabitans  et  tves  peu  de  terre  culture 
qui  produisent  toutes  sortes  de  grains  et  légumes,  les  bois  naturels  y 
sont  fort  gros  mélangez  de  toutes  espèces  ;  c'est  sur  ses  deux  Isles  et 
aux  environs  que  la  chasse  au  gibier  passager  est  très  abondante  le 
printemps  et  l'automne. 

Il  reste  a  lever  les  plans  de  la  Rivier  ouel,  Comoraska  et  la  pointe 
aux  allouettes,  ou  estoient  les  Establissemens  de  la  Pesclie  aux  mar- 
souins. Les  Terres  de  la  Rivière  ouel  et  de  Comoraska  sont  très  belles 
ou  les  habitans  sont  assez  aisez,  ils  le  seroient  encore  davantage  sils 
estoient  apportée  du  Commerce  de  leurs  denrées  il  y  a  dans  le  bois  de 
la  première  une  fontaine  très  abondante  d'eau  salée  ou  le  sel  se  pour- 
roit  faire  comme  il  se  fait  en  plusieur.=  provinces  de  l'Europe. 

Les  terres  qui  sont  au  haut  du  gouvernement  de  Montréal  sur  la 
route  du  fort  frontenac  sont  des  plu?  belles  du  pays,  ou  la  pe.sclie  et  la 
chasse  ne  manquent  jamais,  mais  les  rapides  qui  y  sont  très  mauvais 
forment  une  difficulté  a  les  establir,  outre  que  les  ouvriers  sont  trop 
rares  dans  ce  pays. 

OUSKRVATiOXS  SUR  L'ETABLISSF.MJ'NT 

Que  parraport  a  la  grande  estcuduc  que  l'on  a  donnée  a  l'K.stablis- 


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—  332  - 

sèment  il  uy  a  pas  le  quart  de.s    ouvriers  qu'il  faudroit  pour  l)ieii  esten- 
dre  et  cultiver  les  terres. 

Que  les  laboureurs  ne  se  donnent  pas  assez  de  soing  ]iour  cultiver 
les  terres,  estant  certain  que  la  Semence  d'un  minot  de  bled  semé  sur 
de  la  terre  cultivée  comme  en  France  produira  plus  que  deux  autres 
comme  on  semé  en  Canada. 

Que  comme  les  saisons  sont  trop  courtes  et  souvent  très  mauvaises 
il  seroit  a  souhaitter  que  l'Eglise  permit  les  travaux  indispensables  que 
les  festes  d'esté  obligent  de  chaumer,  estant  très  vray  que  depuis  le 
mois  de  may  que  les  semences  commencent  jusiiues  a  la  fin  de  septem- 
bre, il  ny  a  pas  quatrevingt  dix  journées  de  travail  par  rajjort  aux  fes- 
.  tes  et  aux  mauvais  tems.  C'est  pourtant  dans  cet  espace  que  roule  la 
solidité  de  l'Establissement. 

^  Il  faudroit  assujetir  les  liabitans  negligens  a  travailler  a  la  culture 
des  terres  en  les  privans  des  voyages  qui  les  dispensent  de  travailler  et 
cela  parcequ'un  voyage  de  deux  ou  trois  mois  leur  produit  30  ou  40 
escus  en  perdant  la  .saison  du  travail  a  la  terre,  qui  les  faits  demeurer 
en  friche. 

Les  obliger  a  semer  quantité  de  chanvre  et  lin  qui  vient  en  ce  pays 
plus  beau  qu'en  Europe,  ils  s'en  relaschent  parceque  disent  ils  il  y  a 
trop  de  paine  et  de  soin  a  le  mettre  en  œuvre  il  est  vray  qu'il  y  a  peut 
de  gens  qu'ils  Sentendend  qu'ils  faut  payer  bien  cher. 

Assujettir  les  habitans  a  élever  et  nourrir  les  bettes  a  cornes  au 
lieu  du  grand  nombre  de  chevaux  qui  ruinent  les  paccages  et  qui  eu- 
trenuent  les  habitans  a  de  grosses  dépenses  tant  pour  leurs  équipages 
qui  sont  fort  chers  que  par  la  grande  quantité  de  fourrage  et  de  grains 
quil  faut  pendant  sept  ou  huit  mois  de  l'année,  estant  très  vray  que 
lentretien  dun  cheval  conte  autant  qu'a  deux  bœufs. 

Obliger  les  Seigneurs  jjour  facilité  l'establissement  de  leurs  sei- 
gneuries de  donner  suffi.samment  des  terres  pour  communes  a  un  prix 
modique  et  a  construire  des  moulins  et  les  commodités  puûliques,  plu- 
sieurs consomment  le  tier  de  leur  temps  a  aller  faire  faire  leurs  farines 
a  15  et  20  lieues,  et  que  les  seigneurs  de  qui  les  seigneuries  ne  sont  pas 
establies  concèdent  des  terres  sans  que  les  tenanciers  .soyent  obligez  de 
payer  des  rentes  quapres  six  années  que  les  terres  .seroient  en  valeur. 

Ordonner  au  grand  voyer  de  donner    son  aiijjlication  a    faire  esta- 


..;.0 


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—  333  — 

blir  les  chemins  et  ponts  nécessaires  au  public  qui  est  une  nécessité  fort 
essentielle. 

Obliger  les  habitans  ou  ceux  qui  sont  eu  estât  de  faire  des  greniers 
pour  que  chacun  fut  eu  estât  de  conserver  du  graiu  pour  deux  années 
Cela  fait  une  fois  l' abondance  se  trouvera  toujours  en  Canada  au  lieu 
que  la  pluspart  faute  de  cette  commodité  en  manquent  très  souvent  es- 
tant obligez  de  le  vendre  vil  prix. 

Châtier  sévèrement  tous  ceux  qui  seront  convaincus  de  fraude 
mauvaise  foy  et  d'imposture  qui  est  un  mal  qui  commence  a  estre  bien 
araciné  et  qui  indubitablement  le  privera  de  tout  connnerce,  les  mar- 
chands des  Isles  et  de  Plaisance  s'en  estants  desja  plains. 

yue  comme  il  ny  a  pas  de  Nores  dans  tous  les  lieux,  que  les  mar- 
chez et  couveutious  faites  en  présence  de  deux  témoins  valideront  pen- 
dant un  temps  fixé. 

Il  seroit  a  souhaitter  que  Sa  Ma  té  voulust  establir  dans  chaque 
ville  des  consuls  a  juger  sans  frais  sur  le  fait  du  commerce  et  des  affai- 
res qui  nentrent  pas  dans  la  coutume,  Ces  sortes  de  procédures  aussy 
bien  que  les  autres  ne  prenant  aucune  fin  que  lorsque  les  parties  uou 
plus  dargent  pour  plaider,  qui  est  la  ruine  entière  des  familles. 

Engager  un  certain  nombre  de  geus  du  pays  a  estudier  le  pilotage 
mesme  les  officiers  des  troupes  particulièrement  du  fleuve  St  Laurent 
qui  est  très  dangereux,  la  pluspart  du  tems  ne  se  trouvant  pas  un  seul 
pilotte  en  Canada  et  cependant  on  commence  a  donner  dans  la  cons- 
truction le  cap  ne  de  port  et  Mr.  Duplessis  ayaut  mis  un  vau  de  3  à  400 
tonneaux  sur  les  chantiers. 

Congédier  de  tems  en  tems  des  soldats  en  leur  permettant  de  se 
marier  après  quils  auront  uu  establissemeut. 

Il  s'est  estably  une  coutume  dans  ce  pays  autorisée  par  les  magis- 
trats qui  ne  paroist  pas  naturelle,  de  laisser  les  bestiaux  a  labandon  qui 
la  pluspart  gastent  les  grains  et  les  prairies  ny  ayant  presque  point  de 
terres  closes,  qui  cau.sent  des  contestes  et  de  la  mésintelligence  entre 
les  voisins,  pour  obvier  a  cela  il  faudroit  quil  y  eu^t  des  gardiens  pour 
chaque  nature  d'animaux  pour  les  mener  dans  les  communes,  car  tel 
qui  a  un  pouce  de  terre  envoyé  ses  animaux  ])aître  sur  les  terres  de  son 
voisin  en  disant  que  labbadon  est  donné,  Si  vSa  Ma  té  vouloit  cou])cr 
laracine  a  uue  pepiuiere  de    procez  et  de  mésintelligence    entre  les  Sei- 


;.'  (fi    ;■«:!> J  a'. 


—334— 

gneurs  et  habitans,  il  seroit  a  souhaitter  quelle  voulust  donner  une  or- 
donnance tendant  a  ce  que  les  Seigneuries  et  autres  concessions  demeu- 
reroieni  dans  les  limites  quelles  se  trouvent  a  présent  sans  avoir  esgard 
aux  titres  portez  dans  les  contrats  pour  la  quantité  et  pour  les  rumbs 
de  vends  qui  y  sont  énoncez  estant  a  remarquer  que  les  anciens  Sei- 
gneurs et  habitans  se  sont  establis  de  bonne  foj%  que  les  terres  ont  esté 
limittées  par  des  arpenteurs  peux  intelligens  et  aujourdhuy  que  la  chi- 
cane est  en  vogue  chacun  veut  suivre  les  termes  de  t^on  contract  qui 
lendent  la  plus  part  a  l'impossible,  Monsieur  Raudot  a  donné  une  ord- 
ce  a  ce  sujet  pour  l'Isle  de  Montréal  seulement. 

Comme  la  pluspart  des  rues  de  Quebek  et  Montréal  sont  souvent 
impraticables  tant  par  les  rochers  que  par  les  bourbiers,  s'il  plaisoit  a 
Sa  Ma  té  d'ordonner  que  les  deniers  qui  proviennent  des  amandes  et 
certaines  confiscations  seroient  employez  a  les  mettre  en  estât. 

Que  la  subordination  du  vassal  a  sou  seigneur  nest  point  observée. 
Cette  erreur  vient  qu'il  a  esté  accordé  des  .seig  ries  a  des  roturiers  qui 
u'ont  pas  scus  maintenir  le  droit  que  la  raison  leur  donneit  a  lesgard 
de  leurs  sujets  mesme  les  ofï  ers  de  milice  qui  leurs  sont  dependans 
nout  la  pluspart  aucun  esgard  pour  leur  supériorité  et  veulent  dans  les 
occasions  passer  pour  independans. 

II  seroit  a  souhaitter  que  Sa  Ma  té  voulust  envoyer  en  ce  pays  tou- 
tes sortes  d'artisans  particulièrement  des  ouvriers  en  cordages  et  filasse 
des  potiers  et  un  verrier  et  ils  trouveroient  a  socuper  si  Sa  Ma  té  vou- 
oit  faire  envoyer  eu  marchandises  une  partie  des  appointemeus  de  Mrs. 
les  officiers  cela  radoucirait  la  dureté  queux  seuls  trouvent  dans  le  pays 
par  la  grande  chereté  des  marchandises  causé  par  le  mauvais  retour  de 
la  monuoye  de  carte  qui  fait  acheter  3  et  4  cens  par  cent. 

Le  copiste  par  megard  a  sauté  3  seigneuries  qui  se  trouveront  cy 
après. 

La  première  est  le  domaine  du  Roy  aux  trois  Rivières  son  estendue 
de  frond  est  depuis  la  Seigneurie  de  La  pointe  du  Lac  qui  apartient  au 
sieur  de  Tounaucour  et  le  cap  de  la  Magdelaine  Les  terres  y  sont  très 
belles  et  unies  fertilles  en  toute  sorte  de  grains  et  légumes  il  ny  a  que 
trop  peu  de  bois,  la  ville  est  située  sur  uue  hauteur  de  sable  (jui  luy 
donne  une  veue  très  agréable  il  y  a  peu  de  cito>ens  la  jiaroi.ssc  est  des- 
servie par  des  pères  recolets  le  Commerce  y  est  très  petit. 


;  lit')  I. 

,!   .'l.'CJT 


-.vT 


—  335  — 

La  deuzieme  Seigneurie  qui  a  esté  sautée  est  œlle  de  Jeantilly  au 
mesme  gouvernement  sise  entre  celle  de  Lîngtot  et  celle  du  Bequet  ap- 
partient aud.  Jeantilly  laboureur  il  y  a  peu  d'habitans  resideus  La 
pluspart  des  concessionnaires  estant  de  Champlaiu  et  Batiscan  qui  y  out 
pris  des  terres  pour  en  tirer  des  bois  pour  leur  chaufage  et  d'ailleurs 
les  terres  pour  produire  des  grains  ny  sont  bonnes  que  par  contrées  il 
y  a  de  toute  sorte  de  ];.oi5  mélangez. 

La  seigneurie  de  Lingtot  doit  estre  plassée  entre  celle  de  Becan- 
court  et  celle  de  Jeantilly  elle  appartient  aux  héritiers  de  feu  Sr.  Ling- 
tot vivant  major  de«  trois  Rivières,  les  habitans  font  paroisse  avec  ceux 
.de  becancour  Les  terres  y  sont  basses  mes  très  belles  produisant  toute 
sorte  de  grains  et  Itgumes  il  y  a  toute  sorte  de  bois  et  c'est  dans  (:e 
continent  que  Ion  trouve  les  plus  beaux  chesnes  pour  la  construction 
les  Sieurs  Duplessy  prat  et  Fournel  qui  font  construire  un  vesseau  de 
trois  a  quatre  cents  tonneaux  y  ont  pris  tout  le  bois  nécessaire. 

Jay  dit  a  larricle  de  la  seigneurie  de  Chambly  que  je  joingdrai  icy 
le  plan  mais  les  continuelles  occupations  pour  les  fortifications  m'en 
eut  empeschc  Jauray  l'honneur  de  l'envoyer  l'année  prochaine  avec 
celuy  du  Lac  Chaaiplain. 

Quoiqu'il  soit  dans  plusieurs  endroits  que  les  terres  sont  médio- 
crement bonnes  ce  n'est  que  parapport  aux  meilleures  puis  que  les  plus 
mauvaises  quoy  que  mal  cultivées  produisent  ordinairement  six  sept  et 
hnit  pour  un  a  moins  qu'il  ne  survienne  des  accidens  les  plus  dange- 
reux sont  destre  exchandes  cest  adiré  que  lors  quil  survient  des  orages 
ou  des  brumes  du  matin  sy  le  soleil  vient  a  donner  dessus  avant  que  la 
Rosée  soit  desséchée  le  domage  s'en  ensuit  il  ny  a  que  le  froment  qui 
est  sujet  a  ses  accidens  les  plus  prudens  y  remédient  en  partie  en  se- 
couant la  Rosée  avec  une  ligne. 

vu  :     Vaudreuil 

CATALOGNIv 
vu  :     Begon  '    '     • 


,i-:ii--,;;lq  ?jiab  ic. 


'■-/  te*) 


^  ter'.' 


—336- 

LA  FAMILLE  VIENNÂY=PACfiOT 


François  Viennay-Pachot  était  originaire  du  bourg  d'Oysan,  pa- 
roisse Saint-Laurent  du  Lac,    évêché  de  Grenoble. 

Pachot  vint  s'établir  dans  la  Nouvelle-France  un  peu  ayant  1679. 
Il  ouvrit  un  magasin  à  la  basse- ville  de  Québec  et  fit  bientôt  un  com- 
merce assez  étendu. 

Le  24  avril  1 681,  Pachot  présentait  une  requête  au  Conseil  Sou- 
verain pour  jouir  des  privilèges  dont  jouissaient  les  autres  habitants 
du  pays.  "Comme  il  (Pa;hot)  souhaite  demeurer  en  ce  pays,  était-il 
dit  dans  cette  requête,  et  qu'il  a  eu  avis  que  par  arrêt  rendu  en  cette 
Cour  il  est  fait  très  expresses  inhibitions  et  défenses  à  tous  marchands 
forains  de  traiter  ni  faire  traiter  directement  ni  indirectement  avec  les 
Sauvages  et  d'ouvrir  leurs  boutiques  et  magasins  dans  les  villes  des 
Trois- Rivières  et  Montréal  depuis  le  15  juin  jusques  au  15  août  ensui- 
vant, qui  est  le  temps  ordinaire  de  la  descente  des  Ottawas  dans  les  di- 
tes villes,  ni  de  vendre  pendant  le  dit  temps  aucunes  marchandises  en 
gros  ni  en  détail  et  de  se  servir  d'aucune  personne  pour  ce  sujet  soit 
habitants  ou  vagabonds,  à  peine  de  confiscation  de  leurs  marchandises 
et  de  quinze  cents  livres  d'amende,  avec  défense  aussi  à  toute  personne 
de  prêter  leurs  noms,  ni  traiter  ou  faire  traiter  les  marchandises  des 
marchands  forains  pour  leur  p'-ofit,  à  peine  de  punition  corporelle,  de 
confiscation  des  dites  marchandises  et  d'amende  arbitraire,  et  à  tous 
vagabonds  et  personnes  non  domiciliées  ni  mariées,  ne  tenant  feu  ni 
lieu,  excepté  les  fils  d'habitants  de  ce  pays,  de  se  trouver  aux  dits 
lieux  des  Trois-Rivières  et  Montréal  ;  même  que  les  dites  défenses  ont 
été  réitérées  par  ordonnances  de  Monsieur  l'intendant  qui  ont  été  lues, 
publiées  et  affichées  où  besoin  à  été,  il  a  recours  à  cette  Cour  à  ce  qu'- 
il lui  plaise  le  faire  jouir  des  privilèges  dont  jouissent  les  autres  habi- 
tants de  ce  pays  " 

Le  Conseil  Souverain,  le  même  jour,  ordonnait  que  François- 
Viennay-Pachot  "jouirait  des  privilèges  dont  jouissaient  les  autres  ha- 
bitants de  ce  pays". 

Le  7  janvier  i6.Sq,  le  marquis  de  Denonville  et  l'intendant  Cham- 
pigny  concédaient  à  François    Mennay-Pachot   "la  rivière  Métis  dans 


mn  'i\i\ui  u 


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—337- 

sa  devanture  sur  le  fleuve  Saint- Laurent,  jusqu'à  une  lieue  de  profon- 
deur, et  une  lieue  de  terre  de  front  sur  le  fleuve,  moitié  au-dessus  et 
l'autre  moitié  au-dessous  de  la  dite  rivière  (Métis),  sur  semblable  pro- 
fondeur d'une  lieue  pour  y  faire  un  establissement  de  j>êche  de  morues, 
baleines,  loups-marins  et  autres   établissements." 

La  concession  était  faite  à  perpétuité  à  titre  de  fief,  seigneurie  et 
justice,  avec  droit  de  chasse  et  de  traite  avec  les  Sauvages  dans  toute 
son  étendue,     (i) 

Il  n'appert  pas  que  le  sieur  Pachot  se  soit  beaucoup  occupé  de  son 
fief.  Sa  veuve  remariée  à  François  de  La  Forest  le  vendit,  le  25  août 
1703,  à  René  I.epage,  déjà  propriétaire  des  seigneuries  de  la  Baie  du 
}ia  !  Ha  !,  de  Rimouski,  de  Saint- Barnabe,  de  l'Anse  aux  Coques  et 
de  Lessard. 

M.  Viennay- Pachot  décéda  à  Québec  le  2  septembre  1698,  et  fut 
inhumé  dans  l'église  paroissiale. 

Il  avait  épousé  en  premières  noces  Jeanne  Avamy  qui  mourut 
avant  son  départ  pour  la  Nouvelle- France. 

En  secondes  noces,  à  Beauport,  le  17  décembre  1680,  11  épousait 
Charlotte-Françoise  Juchereau  de  Saint-Denys,  fille  de  Nicolas  Juche- 
leau  de  Saint-Denj's,  seigneur  de  Beauport,  et  de  Marie-Thérèse  Gif- 
fard. 

C'est  la  fameuse  comtesse  de  Saint-Laurent  dont  les  procès  avec 
M.  François  Berthelot  durèrent  plusieurs  années.      (2) 

Madame  veuv-e  Viennaj'- Pachot  se  remaria,  à  Québec,  le  1 1  no- 
vembre 1702,  avec  François  de  La'Forest, capitaine  dans  les  troupes  du 
détachement  de  la  marine. 

Madame  de  La  Forest, qui  se  fit  appeler  comtesse  de  Saint-Laurent 
jusqu'*à  sa  mort  (parce  qu'elle  avait  acheté  le  comté  de  Saint-Laurent)  . 
décéda  à  Québec  le  28  décembre  1732,  et  fut  inhumée  dans  l'église  pa- 
roissiale. 

La  dame  Pachot,  ou  si  l'on  aime  mieux  la  comtesse  de  Saint-Lau- 
reut,  n'était  guère  en  odeur  de  sainteté  auprès  de  l'intendant  Raudot. 
Dans  lui  mémoire  qu'il  adressait  au  ministre  de  Pontchartrain  vers 
1707  il  traçait  le  portrait  suivant  de  la  comtesse    de  Saint-Laurent  : 

(1)  RCBistrc  des  Insinuations  du  Cousuil  Souverain,  cahier  2. 

(2)  Sur  ces  procès  on  peut  consulter  une  ctiiilo  de  Ignotus  dnuK  lu  PUKSSEites  5  et  V.>  avril  1903. 


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-338- 

"Elle  est  hautaine,  impérieuse  ;  elle  a  cru  que  de  femme  de  mar- 
chand étant  devenue  comtesse,  elle  peut  tout  se  permettre.  Elle  a 
trouvé  cette  qualité  si  éminente,  qu'ayant  épousé  le  sieur  de  La  Forest 
elle  n'a  pas  voulu  la  partas^er  avec  lui,  ne  se  faisant  pas  appeler  mada- 
me de  La  Forest,  mais  madame  la  comtesse  de  Saint- Laurent.  Elle  a 
bien  voulu  cependant,  par  une  bizarrerie  particulière,  partager  cette 
qualité  avec  les  enfants  qu'elle  a  eus  du  sieur  Pachot,  marchand,  fai- 
sant appeler  son  fils  aîné  comte  de  Saint-Laurent.  Elle  a  un  frère  et 
deux  sœurs  qui  sont  à  peu  près  du  même  caractère,  le  sieur  Duches- 
nay  et  les  dames  D'Auteuil  et  de  Saint-Martin.  Le  sieur  Duchesnay 
n'a  pas  voulu  siéger  au  Conseil,  probablement  parce  qu'il  croit  au- 
dessous  de  lui  de  ne  pas  y  occuper  la  première  place",     (i) 

Du  mariage  de  François  Vienney- Pachot  et  de  Charlotte-Françoi- 
se Juchereau  de  Saint- Denys  naquirent  seize  enfants  : 

1.  Jacques-François  Viennay-Pachot 
Né  à  Québec  le  9  décembre  i68i. 

Décédé  au  même  endroit  le  25  octobre  1687.  Inhumé  au  cimetiè- 
re paroissial. 

2.  Nicolas  Viennay-Pachot 
Né  à  Québec  le  22  décembre  1682. 
Décédé  avant  1702. 

3.  JOACHIM  ViRXNAY-P.ACHOT  ■^,,      ,,, 

Né  à  Québec  le  28  avril  16S4. 

Décédé  au  même  endroit  le  11  octobre  1685.  Inhumé  au  cimetière 
paroissial. 

4.  SuZANNE-jEANNE  ViENNAY-PACHOT 

Née  à  Québec  le  25  mai  16S5. 

Décédée  au  même  endroit  le  22  juin  1685.  Inhumée  au  ciiiietière 
paroissial. 

5.  Marie-Ch.vrlotte  Viennay-P.achot 
Née  à  Québec  le  25  mai  16S5. 

Décédée  au  même  endroit  le  26  mai  1685.  Inhumée  au  cimetière 
paroissial. 

6.  Marie-Fkaxcoise  Viennay-Pachot 
Née  à  Québec  le  10  juillet  1686. 

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—339— 

Mariée  à  Québec,  le  4  octobre  1702,  à  Alexandre  Berthier,  sieur 
de  Villemur,  enseigne  dans  les  troupes  de  la  marine,  fils  de  feuAlexan- 
dre  Berthier,  capitaine  au  régiment  de  Cariguan,  et  de  Marie  LeGar- 
deur  de  Tilly. 

Bien  éphémère  fut  cette  union.  Le  11  janvier  1703,  trois  mois  à 
peine  après  son  mariage,  Alexandre  Berthier  mourait  à  Québec,  et 
était  inhumé  dans  l'église  paroissiale. 

La  veuve  Berthier  n'avait  que  di.x-sept  ans.  Son  beau-père  lui  fit 
don  de  Berthier-en-hant  et  de  Berthier-en-bas  "  pour  lui  donner  le 
moyen  de  vivre  plus  honorablement  et  plus  commodément  dans  l'état 
de  vie  qu'il  lui  plairait  de  choisir." 

Madame  Berthier  resta  veuve  neuf  ans.  Le  4  avril  17 12,  elle  se 
remariait  à  Québec,  à  Nicolas-Biaise  des  Bergères  de  Rigauville, officier 
dans  les  troupes  de  la  marine,  fils  de  feu  Raymond-  Biaise  des  Bergères 
de  Rigauville,  major  pour  le  roi  de  la  ville  de  Trois- Rivières,  et  de 
feue  Anne    Richard. 

M,  des  Bergères  de  Rigauville  mourut  à  Berthier-en-bas  le  10 
juillet  1739,  et  fut  inhumé  daut  le  sanctuaire  de  l'église  paroissiale. 

Sa  veuve  lui  survécut  un  peu  plus  de  six  ans.  Elle  décéda  à 
Québec  le  8  décembre  1749,  et  fut  inhumée  dans  le  cimetière  parois- 
sial. 

Elle  avait  eu  neuf  enfants  de  son  second  mariage.  L'un  d'eux  fut 
officier  dans  les  troupes  de  la  marine  et,  sous  le  régime  anglais,  mem- 
bre du  Conseil  Législatif  formé  par  Carleton  ;  un  autre  fut  prêtre  et 
chanoine  du  chapitre  de  Québec  ;  une  de  ses  filles  fut  religieuse  à 
r  Hôtel-Dieu  de  Québec. 

7.  Jacques-François  Viennav-Pachot 
Né  à  Québec  le  9  novembre  1687. 

Décédé  au  même  endroit  le  21  décembre  1702.  Inhumé  dans 
l'église  paroissiale.  Son  acte  de  sépulture  lui  donne  le  titre  de  comte 
de  Saint-Laurent. 

8.  Ignace-Jean  Vienn.w-Pachot 
Né  à  Québec  le  18  janvier  16S9. 

Décédé  au  même  endroit  le  5  janvier  1689.  Inhumé  au  cimetière 
paroissial. 

9.  Francois-Ciiakles  Vienn.vy-Pachot 
Né  à  Québec  le  15  septembre  1690. 
Décédé  à  Bcauport  le  7  mai  1692. 


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Inhunié  dans  le  cimetière  de  cette  paroisse. 

10.  Louise- Madeleine  Viennay-Pachot 
Née  à  Québec  le  15  septembre  1690. 

Décédée  au  même  endroit  le  18  décembre  1690.  Inhumée  au  cims- 
tiére  paroissial. 

11.  Michelle-Gabrielle  Viennay-Pachot 
Née  à  Québec  le  23  novembre  1691. 

Décédée  au  même  endroit  le  29  septembre  1694.  Inhumée  dans 
l'église  de  la  basse- ville. 

12.  Marie-Charlotte  Viennay-Pachot 
Née  à  Québec  le  6  mai  1693. 

Décédée  au  même  endroit  le  2  juin  17 II.  Inhumée  au  cimetière 
paroissial. 

13.  Madeleine  Viennay-Pachot  >    -'■ 
Née  à  Québec  le  6  mai  1693. 

Décédée  au  même  endroit  le  16  septembre  1714.  luhumée  au 
cimetière  de  l'Hôtel- Dieu. 

14.  Jean-Daniel-Marie  Viennay-Pachot 
Né  à  Québec  le  30  juillet  1694. 

On  signale  sa  présence  au  Détroit  en  1707.  Il  fut  bientôt  em- 
ployé en  cei  endroit  en  qualité  d' interprète  en  langue  huronne. 

Il  entra  ensuite  comme  cadet  dans  les  troupes  du  détachement  de 
la  marine. 

En  1715,  un  détachement  des  Sauvages  du  Sault  Saint-Louis  se 
joignit  à  un  parti  d' Illinois  pour  aller  attaquer  70  cabanes  de  Maskou- 
tins  et  de  Quikapous  alliés  des  Renards.  Ils  réussirent  parfaitement 
et  tuèrent  plus  de  100  ennemis  et  firent  47  prisonniers  sans  compter 
es     femmes  et  les  enfants. 

400  Renards  qui  n'étaient  pas  très  éloignés  rejoignirent  bientôt 
les  vainqueurs.  Ceux-ci  n'étaient  pas  plus  de  80  mais  ils  se  défendi- 
rent avec  tant  de  vigueur  depuis  la  poitite  du  jour  jusqu'à  trois  heures 
de  l'après-midi,  qu'ils  forcèrent  les  Renards  à  se  retirer,  après  une 
perte  considérable.  Cette  action  eut  un  excellent  effet  sur  l'esprit  des 
Sauvages. 

"  Le  sieur  Pachot  et  le  nommé  Bisaillon,  lisons-nous  dans  un  rap- 
port officiel,  sont  les  deux  seufs  français  qui  se  sont  trouvés  dans  ces 
actions  ;  ils  y  ont  parfaitement  bien  fait  leur  devoir    et  principalement 


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le  sieur  Pachot  qui  s'est  fort  distingué.  (  i) 

La  Cour  récompensa  le  jeune  Pachot  en  lui  accordant  une  promo- 
tion.     Il  fut  fait  enseigne. 

En  1722,  M.  Pachot.  réclamait  une  balance  due  pour  dépenses 
"  lorsqu'il  avait  été  aux  Mianiis  et  aux  Onyatonons  avec  des  Sauvages 
du  Détroit  pour  les  conseiller  ensemble  et  les  détourner  de  l'alliance 
qu'ils  voulaient  faire  avec  les  Anglais  et  les  Iroquois  et  rompre  la 
ligue  faite  par  les  M iamis  avec  les  Outagomis,  Kicaix^us  et  Mascou- 
tins." 

Le  6  juin  1724,  le  roi  ordonnait  à  MM.  de  Vaudreuil  et  Robert  de 
payer  à  M.  Pachot  368  livres  pour  le  voyage  c^u'il  avait  fait  aux  Miamis 
et  aux  Onyatanons. 

En  1722,  M.  de  Montigny,  qui  commandait  au  fort  de  la  Baie, 
ayant  demandé  d'être  relevé  de  .ses  fonctions,  le  Conseil  de  Marine 
décida  de  le  remplacer  par  le  sieur  Pachot,  en.seigne  "  très  au  fait  des 
habitudes  des  Sauvages  des  pays  d'en  haut.  " 

Il  faut  croire  que  Pachot  ne  se  rendit  pas  à  la  Baye  puisqu'cn 
1722  on  le  voit  servir  à  l'Ile  Royale. 

Urt  1724,  M.  Pachot  passait  en  France  dans  le  but  de  lever  de.s 
recrues  pour  les  troupes  du  détachement  de  la  marine  servant  au 
Canada. 

C'est  au  cours  de  ce  voyage,  en  juin  1725,  qu'il  fut  promu  lieute- 
nant. Il  obtint  de  servir  au  Ca-iada  au  lieu  de  retourner  à  l'Ile 
Royale.  Il  devait  être  leraplacé  en  ce  dernier  endroit  par  le  chevalier 
de  Cannes. 

Quelques  jours  plu.";  tard,  il  prenait  passage  sur  le  Chayneau,  vais- 
seau du  roi,  pour  reveuir  au  pays.  Ce  vaisseau  périt  sur  l'Ile  Royale 
dans  la  nuit  du  27  au  28  août  1725.  Le  corps  du  lieutenant  Viennay- 
Pachot  fut  retrouvé  et  inhumé  au  Petit  Lorenhec. 

15.       M.\^RIK-JO.SKTTE  VlENN.W-P.VCnOT 

Née  à  Québec  le  25  décembre  1695. 

Elle  entra  à  l'IIôtel-Dieu  de  Québec  le  15  septembre   17 13 

La  sœur  Marie-Josette  des  Séraithins  prononça  ses  derniers  vœux 
sur  son  lit  de  mort. 

"  Uue  autre  uovice,  nommée  Marie-Rosette  Viennay-Pachot  des 
Séraphiu.s,  nous  ajiprend  la  mère  Juchereau,  était  malade    de    plus   en 

(O  Nouvelle- France,  Documents  Historiques.  Corresiioiuiancc 
échangée  entre  les  autorités  frar.(;aises  et  les  gcuverneurs  et  inten- 
dants, vol.   ler,  p.  Il  g. 


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...  342  — 

plus,  depuis  la  rougeole  qu'elle  avait  eue.  Elle  tomba  dans  un  état 
qui  l'assurait  d'une  mort  prochaine,  qu'elle  voyait  venir  avec 
tranquillité.  Tout  ce  qu'elle  craignait,  c'est  qu'on  ne  lui  p-rr- 
mt  pas  de  faire  ses  vœux  ;  ma's  la  communauté  ayant  égard 
au  grand  désir  qu'elle  avait  de  se  consacrer  à  Dieu,  la  reçut  quoique 
malade  jugeant  bien  que  ce  ne  pouvait  être  pour  longtemps.  En  effet, 
sou  mal  augmenta  si  fort,  que  Ton  ne  crut  ne  pouvoir  pas  attendre 
le  terme  de  sa  profession  qui  arrivait  le  5  d'avril.  Elle  alla  cependant 
plus  loin  ;  ce  jour-là,  sa  compagne  avec  qui  elle  avait  pris  l'habit,  fit 
sa  profession  seule  avec  les  cérémonies  ordinaires.  Les  prêtre.s  officiants 
entrèrent  ensuite  pour  recevoir  en  forme  les  vœux  de  la  mourante.  Ses 
parents  s'y  trouvèrent  selon  la  permission  de  M.  l'évèque.  Ils  furent 
témoins  de  ses  souffrances  et  de  son  courage.  Dieu  lui  donna  de  nou- 
velles forces  pour  faire  cette  sainte  action  ;  et  n'aj'ant  plus  rien  à  sou- 
haiter en  ce  monde,  elle  ne  pensa  plus  qu'à  se  disposer  à  mourir.  Elle 
souffrit  beaucoup  jusqu'au  ler  de  mai  17 15,  qu'elle  décéda  âgée  de  20 
ans.  Elle  était  naturellement  gaie,  sincère  et  reconnaissante  des  avis 
qu'on  lui  donnait.  Elle  s'était  toujours  distinguée  par  sa  modestie 
dans  sa  famille  qui  était  un  peu  mondaine.  Dieu  l'ayant  purifiée  par 
de  cuisantes  douleurs  qui  accompagnèrent  sa  maladie,  et  qui  ne  l'em- 
pêchèrent pas  de  se  procurer  avec  une  singulière  présence  d'esprit  tout 
ce  qui  pouvait  .servir  à  former  des  actes  de  toutes  les  vertus."  (i) 

16.     Marie- Anne  Viennay-Pachot 

Née  à  Québec  le  27  juillet  1698. 

Elle  entra  en  religion  à  l'Hôtel- Dieu  de  Québec  le    21    novembre 
1718  sous  le  nom  de  sœur  Sainte-Nathalie. 

Elle  mourut  le  24  juin  T730. 


(i)     Histoire  de  l'Hôtel-Dieu  de  Québec,  p.  543. 


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— P,43— 

LE  DOCTEUR  BADELART 


Philippe-Louis-François  Badelart  était  né  en  1728,  dans  la  ville  de 
Coucy-Châteaii,  diocèse  de  Laou,  district  de  Soissons,  province  de 
Picardie.  Son  père  se  nommait  Philippe-^Tarti^  Badelart  ;  il  était 
alors,  ou  fut  après  1728  échevin  de  Laonnois — on  prononce  La-on-nois, 
mais  on  dit  Lan  pour  Laou.  Sa  mère  s'appelait  Marie  Buret,  d'après 
Tanguay,  11,99,  cependant  le  contrat  de  1758  copié  ci-dessous, met  Su- 
zanne-Esther  Cruyer. 

Il  parait  être  venu  au  Canada  en  1757,  comme  chirurgien  des 
'troupes.  __  Voici  son  contrat  de  mariage  en  date  du  23  mai  1758.  Je  le 
donne  comme  un  modèle  assez  curieux  des  choses  d'il  y  a  cent  cin- 
quante ans  : 

"Par  devant  le  notaire  des  seigneuries  de  Notre-Dame  des  Auges, 
Saint-Gabriel,  Sillery,  Bclair,  Saint-Ignace,  Saint-Joseph  et  Saint-Au- 
gustin, immatriculé  en  la  prévôté  de  Québec,  résidant  en  la  seigneurie 
Saint-Gabriel,  côte  Saint-Martin,  paroisse  de  Charlesbourg,  soussigné, 
et  témoins  ici-bas  nommés  ; 

"Furent  présents  Monsieur  Philippe-Louis-François  Badelart  na- 
tif de  la  ville  Coucy-Château,  évêclié  de  Lan,  juridiction  de  Souasson, 
province  de  Picardie,  fils  majeur  de  trente  ans  de  M.  Philippe-Martin 
Badelart  et  de  dame  Suzanne-Ksther  Cruyer,  bourgeois  de  la  dite  ville 
de  Coucj',  chirurgien-major  du  régiment  de  Berry,  étant  de  présent  en 
garnison  dans  cette  colonie  et  en  quartier  d'hiver  à  la  coste  de  Beau- 
pré,^à  ce  présent  et  de  son  consentement,  pour  lui  et  en  son  nom, 
d'une  part  ; 

"Et  damoiselle  Marie-Charlotte  Guilleniin,  veuve  de  Joseph  Rive- 
rin  (vivant  colonel  de  milice  du  gouvernement  de  Québec)  aussi  à  ce 
présent  et  de  son  consentement,  pour  elle  et  en  son  nom,  d'autre  part  ; 

"Par  lesquelles  parties,  de  leur  bon  gré,  pur,  libre  et  de  franche 
volonté,  ont  été  faits  les  traités,  accords  et  promesses  de  mariage  qui 
suivent  : 

"C'est  à  savoir  ([Ue  mon  dit  sieur  Philippe-Louis-François  Bade- 
lart et  damoiselle  Marie-Charlotte  Guilleniin  veuve  Rivcrin,  ont  ih-(j- 
mis  etipromettent  se  prendre  l'un  et    l'autre  par  nom  et  loi  de  maria;.;e 


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et  icelui  faire  célébrer  et  solenniser  eu  face  de  notre  mère  sainte  Eglise 
catholique,  apostolique  •  et  romaine,  le  plus  tôt  que  faire  se  pourra,  et 
qu'avisé  et  délibéré  sera  eutre  eux  ilits  sieurs  futurs  époux,  si  Dieu 
et  notre  dite  mère  sainte  Eglise  y  consent  et  accorde. 

"Pour  être  comme  seront  les  dits  futurs  conjoints,  du  jour  de 
leurs  épousailles  et  bénédiction  nuptiale,  uns  et  communs  en  tous 
biens,  meubles,  conquests,  immeubles,  qu'ils  auront  et  feront  pendant 
et  constant  leur  mariage,  suivant  la  Coutume  de  Paris  suivie  en  ce 
pays,  sous  laquelle  leur  dite  communauté  sera  régie  et  gouvernée; 
sans  être  néanmoins  tenue  des  dettes  l'un  de  l'autre  faites  et  crées 
avant  leur  mariage  ;  que  si  aucune  il  y  a,  elles  seront  payées  et  acquit- 
tées par  celui  ou  celle  de  qui  elles  procéderont  et  sur  son  bien. 

"Se  prennent  les  dits  futurs  époux  avec  tous  les  biens  et  droits  à 
chacun  d'eux  appartenant,  consistant,  ceux  du  dit  futur  époux,  eu  ses 
propres  et  héritages  qui  pourront  lui  échoir  et  à  venir  par  le  décès  de 
ses  père  et  mère  et  autres  généralement  quelconques  ;  comme  aussi 
en  la  somme  de  six  mil  soixante  quinze  (6,075)  livres  dont  celle  de 
cinq  cent  soixante-seize  (576)  livres  en  quatre  louis  d'or  monno3-és  de 
quarante-huit  (48)  livres  pièce,  et  cinq  mil  quatre  cent  nonante-neuf 
livres  en  billets  d'ordonnance  moullées  du  Trésor,  ayant  cours  dans 
cette  colonie,  ainsi  que  la  dite  daraoiselle  veuve  Riverin,  future  épou- 
se, l'a  reconnu  ;  celle  de  quatre  mille  (4,000)  livres  au  moins,  formée 
sur  les  habits  linges  et  hardes  à  lui  appartenant,  qui  sont  quatre  habits 
complets,  tant  de  drap  d'écarlate  que  autres,  doublées  de  velours  et  de 
soie,  six  douzaines  de  chemises  garnies,  et  autres  linges  de  table,  des- 
quels l'on  ne  fait  nulle  estimation,  quatre  matelats,six  paires  de  draps, 
armes  à  feu  et  autres  ustensiles, — lesquelles  deux  sommes  ensemble 
forment  celle  de  six  mille  soixante-quinze  livres,  de  laquelle  dite  som- 
me, ainsi  que  de  tous  droits,  il  en  entrera  le  tiers  dans  la  dite  commu- 
nauté et  les  deux  tiers  sortiront  nature  des  propres  aux  dits  futurs 
époux  ; 

"Et  ceux  de  ladite  dame  future  éjiouse,  consistant  en  ses  propres 
et  héritages  à  celle  à  venir  et  échus  en  succession  de  feux  sieurs  ses 
père  et  mère  ;  et  en  tous  biens  et  droits  qui  peuvent  lui  appartenir 
qu'elle  a  tout  tous  droits  et  lieu  de  répéter  par  droits  de  communauté 
a%-ec  mon  dit  sieur  défunt  Joseph  Riverin  son  premier  mari  ;  le  tout 
suivant  les  inventaires,  compter  et  partages  qui  sont  et  seront  faits  des 


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dits  lieux  (biens  ?),  dont  et  du  tout  il  en  entrera  pareillement  le  tiers 
dans  la  dite  communauté  et  les  deux  tiers  sortiront  nature  des  propres 
à  la  dite  dame  future  épouse  ou  aux  sieurs  d'état  et  ligne  ;  nonobs- 
tant toutes  lois  et  coutumes  à  ce  contraire,  en  quelles  ils  ont  très  ex- 
pressément dérogé  et  dérogent  par  les  présentes  pour  cet  article  seule- 


ment. 


"En  faveur  duquel  mariage  et  pour  à  icelui  parvenir,  la  dite  da- 
molselle  future  épouse  veuve  Riverin,  voulant  donner  des  marques  et 
preuvds  évidentes  de  l'amitié  qu'elle  a  et  porte  au  dit  sieur  futur 
époux  pour  lui  aider  à  soutenir  et  supporter  les  peines  et  soins  de  la 
famill»  issue  de  son  mariage  avec  feu  mon  dit  sieur  Riverin,-a  ces 
causes  et  considérations.-elle  a  fait  de  son  bon  gré  et  volonté,  par  ces 
mêmes  présences,  au  dit  sieur  futur  époux,  ce  acceptant  pareil  don  et 
avantage  que  le  moins  prenant  de  ses  enfants  pourra  avoir  et  percevoir 
en  sa  succession  future,  après  son  décès,  selon  l'édit  des  secondes  no- 
ces et  la  disposition  de  la  Coutume  de  Paris,  suivie  en  ce  pays,  et  ce, 
tant  sans  les  biens  meubles,  ustensiles  de  ménage,  culture  des  terres, 
bestiaux  et  bâtiments  que  dans  les  immeubles  propres  et  héritages,  etc. 
"En  considération  duquel  ont  les  dits  futurs  époux,  pré%'oyant 
que  les  lois  ne  permettent  pas  de  faire  un  don  mutuel  et  réciproque 
l'un  à  l'autre  comme  étant  garçon  majeur  de  trente  ans,  âge  qui  lui 
permet  de  gérer  et  disposer  des  biens  à  lui  appartenant  ;  voulant  d'ail- 
leurs correspondre  à  la  donation  de  part  d'enfant  à  lui  tout  présente- 
ment faite  par  la  dite  dame  veuve  Riverin  future  épouse,  il  lui  a  fait, 
par  les  présentes,  donation  entre  vifs  de  tous  biens  et  droits  générale- 
ment quelconque  qui  pourront  se  trouver  lui  appartenir  après  son  dé- 
cès, en  quelques  endroits  qu'ils  se  trouvent  sis  et  situés,  pour  en  jouir 
eu  toute  propriété  par  la  dite  dame  future  épouse,  ce  acceptant,  pour- 
vu toutefois  qu'il  n'y  ait  aucuu  enfant  procrée  de  leur  mariage  né  ou 
à  naître  ;  que  si  aucun  il  y  a,  la  présente  donation,  quoiqu' entre  vifs, 
sera  et  demeurera  nulle. 

"Fait  et  passé  à  la  seigneurie  de  Saint-Gabriel,  paroisse  de  l'An- 
cienne Lorette,  en  la  maison  de  la  dite  damoiselle  veuve  Riverin  future 
épouse,  l'an  mil  sept  cent  cinquante-huit,  le  23  mai  après-midi,  en 
présence  du  messire  François-Ignace  Levasseur,  prêtre  curé  de  la  dite 
paroisse  de  l'Ancienne  Lorette  ;  Jacques-Paul  GilUi/.eau  huissier,  et 
le  sieur  Ignace  Plamoudou  arpenteur    royal  et  juré,    témoius  qui  ont, 


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avec  les  dits  futurs  époux,  et  nous  notaire  royal,  signé. — Ainsi  signé 
en  la  minute  des  présentes,  avec  paraphe  :  Guillemiu  V.  Riverin  ;  Le- 
vasseur  prêtre  ;  J.  P.  Gaillaizeau  avec  paraphe  ;  J.  Plamondon  avec 
paraphe,  et  de  nous  dit  notaire  soussigné. 

Geneste,  notaire". 

Badelart  ne  signe  pas. 

Le  13  septembre  1759,  durant  la  bataille  des  plaine*  d'Abraham, 
Badelart  fut  capturé  par  le  capitaine  Fraser — et  tous  deux  devinrent 
d'excellents  amis  par  la  suite.  La  légende  veut  que  notre  chirurgien 
ait  soigné  Moutcalm  à  son  lit  de  mort,  mais  non  pas  !  il  était  prison- 
nier en  ce  moment. 

La  guerre  étant  terminée  pour  lui,  il  y  a  apparence  qu'il  resta  pri- 
sonnier sur  parole  et  demeura  à  Lorette,  où  naquit  sa  fille,  Louise- Phi- 
lippe, le  II  avril  1761,  son  unique  enfant,  à  part  un  autre  qui  mou- 
rut au  berceau. 

Durant  une  quarantaine  d'années  notre  médecin  eut  continuelle- 
ment des  occasions  de  pratiquer  son  art,  mais  vivant  à  Lorette,  je  crois 
qu'il  menait  principalement  la  vie  d'un  bon  cultivateur.  Notons  ce 
que  dit  Laterrière  :  en  1767  Badelart  "très  bon  opérateur"  pratiquait 
à  Québec.  En  17S7,  Badelart,  Fisher  et  Longmore  sont  les  examina- 
teurs du  bureau  des  médecins.  Laterrière,  qui  n'est  pas  complimen- 
teur, parle  de  notre  personnage  avec  considération. 

Lorsque  la  maladie  de  la  baie  Saint-Paul  commença  à  se  répandre, 
vers  1774,  sir  Guy  Carleton,  gouverneur  général,  y  envoya  Badelart 
qui  donna  une  description  du  mal  aussi  complète  qu'il  était  possible  de 
la  désirer,  mais  l'invasion  américaine  empêcha  de  poursuivre  cette  af- 
faire et  le  fléau  devint  général  ;  il  s'étendit  sur  les  deux  bords  du  fleu- 
ve jusqu'à  Laprairie  et  Vaudreuil.  Les  médecins  ne  découvrirent  rien 
qui  ne  fût  déjà  dans  les  explications  de  Badelart,  néanmoins  ils  se  di- 
visèrent avec  ardeur  au  sujet  du  traitement  à  suivre  et  les  controverses 
n'étaient  pas  closes  eu  i79oIorsque  l'épidémie  disparut  de  sa  belle  grâ- 
ce. 

Le  7  octobre  1779,  Louise-Philippe    épousa    Jean-Antoine    Panet, 

avocat  et  notaire,  de  dix  ans  plus  âgé    qu'elle.      La  première  enfant  de 

ce  mariage  devint  la  mère  du  cardinal    Taschereau.     Panct  était  frère 

e  Bernard-Claude  qui  fut  évoque    de  Québec.      Les  Panct   (deux  frè- 


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-347- 

res  arrivés  en  Canada  vers  1744)  de  Laon  près  Couc}--Château  où  !'ou 
sait  que  Badelart  était  ué.  l'ean-Antoiue  Panet  qui  se  mariait  à  Loui- 
se-Philippe joua  un  beau  rôle  politique  comme  premier  président  de  la 
Chambre  d'Assemblée  au  cours  de  nombreuses  atjnées.  Par  son  iîls 
Philippe,  né  en  1791,  il  laissa  une  belle  descendance  très  connue  à  pré- 
sent dans  l'ordre  militaire. 

Madame  Badelart  mourut  en  1795  et  le  docteur,  son  mari,  fut  in- 
humé à  l'Ancienne-Lorette  le  9  février  1802,  ayant  nommé  son  gendre, 
Jean- Antoine  Panet,  exécuteur  testamentaire.  Par  ses  alliances  avec 
les  Guillemin,  les  Panet,  les  Taschereau,  ses  services  dans  l'armée,  son 
rapport  sur  "le  mal  de  la  baie  Saint- Paul,"  le  sieur  Badelart  doit 
avoir  sa  place  dans  nos  recherches    historiques. 

BENJAMIN  SULTE. 

LES  OUVRAOES  CANADIENS  RECENTS 

W.  H.  Collins,  La  géologie  delà  division  minicre  de  Goinganda. 
Ottawa— 1 914. 

Wyatt  Malcolm,  Gisejnenis  de  pétrole  et  de  gaz  dans  les  provinces  du 
Nord-Ouest  du  Canada.     Ottawa  -  1915. 

Wyatt  Malcolm,  Notes  sur  les  minéraux  contenayii  du  radium.  Ot- 
tawa, Imprimerie  du  Gouvernement— .1914. 

Charles  Camsell,  Géologie  et  gisements  minéraux  de  la  région  miniè- 
re d'Hcdiy,  Colombie  anglaise.  Ottawa,  Imprimerie  du  Gouvernement 
— 1914. 

Rs-W.  Elis,  Rapport  sur  la  géologie  d'une  partie  de  l'est  d' Ontario. 
Ottawa,  Imprimerie  du  Gouvernement — 19 14. 

D.  D.  Cairnes,  Rapport  sur  une  partie  des  districts  yniriiers  de  Conrad 
et  Whitehorse,   Yukon.     Ottawa,  Imprimerie  du    Gouvernement— v  191 5. 

Charles  Camsell,  Rapport  préli?uinaire  sur  une  partie  du  district  de 
Similkamccn,  Colombie  Britannique.  Ottawa,  Imprimerie  du  Gouver- 
nement— 191 4 

Andrew  C.  Lawson,  Géologie  du  lac  Siecprock,  Ontario  ;  Charles- 
B-  Walcott,  Notes  sur  les  fossiles  du  Calcaire  du  lac  Stecprock,  Ontario. 
Ottawa — 19 15. 

Gisements  de  minci  ais  de  fer  de  la  mine  Ih  istol,  comté  de  Pontiac, 
Québec.  E.  Lindemau,  Levé  niagnétomélriijue,  etc  ;  Geo.  C.  MacKen- 
zie,  Concentration  magnétique  de  minerais.     Ottawa — 19 15. 


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-348- 


La  punition  des  faux  monnayeurs  sous  le  régime 
français 


Est-il  vrai  que,  sous  le  régime  français,  on  punissait  de  mort  les 
faux  monnaj-eurs  ? 

Dans  la  Nouvelle-France  on  observait,  évidemment,  les  lois  cri- 
minelles de  l'ancienne  France.  Or  en  France  la  fabrication  de  la  faus- 
se monnaie  était  considérée  comme  un  crime  de  lèse-majesté,  ce  qui 
entraînait  la  peine  de  mort. 

Eu  France,  le  crime  de  lèse-majesté  au  premier  chef  c'est-à-dire 
l'attentat  à  la  vie  du  roi,  de  la  reine,  de  leurs  enfants  ou  descendants, 
était  puni  de  l'écartelement. 

On  comptait  également,  en  France,  comme  crimes  de  lèse-majesté 
1°  conspirer  contre  le  roi  ou  contre  ses  ministres;  2"  connaître  les 
conspirateurs  et  ne  pas  les  dénoncer  ;  s''  faire  des  levées  sans  la  per- 
mission du  roi  ;  4"  s'armer  contre  l'autorité  du  roi  ;  5°  exciter  les  su- 
jets du  roî  à  entrer  dans  des  sociétés  contraires  à  son  autorité  ;  6°  en- 
tretenir des  intelligences  avec  les  ennemis  de  l'Etat  ;  -j"  livrer  une 
place  aux  ennemis  du  Roi  ;  S°  faire  tomber  les  troupes  ro}-ales  dans 
des  embûches  de  l'ennemi  ;  9°  déserter  le  service,  etc. 

Etaient  aussi  considérés  comme  crimes  de  lèse-majesté,  mais  à  un 
moindre  chef  :  i**  attaquer  l'honneur  ou  la  dignité  du  roi  par  paroles 
ou  écrits  ;  2°  la  fabrication  de  la  fausse  momiaic  ;  3°  le  péculat  au  dé- 
triment du  roi  ;  40  la  concussion  ;  5"  le  duel,  etc.,  etc. 

A-t-on  puni  de  mort  pour  fabrication  de  fausse-monnaie  dans  la 
Nouvelle-Fraiice  ?  ' 

Oui. 

Nous  eu  connaissons  trois  cas.  Il  peut  y  en  avoir  eu  plusieurs 
autres. 

l^e  Journal  des  fésuites,  à  la  date  du  28  juin  1667,  nous  dit  : 
"Ou    pend  un  faux  monnayeur". 

Dans  les  /uî^ciuihIs  du  Conseil  Souverain  (volume  I,  jiagc  420) 
nous  trouvons  le  nom  de    ce  faux    monnayeur.      Il  se    nommait  Paul 


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1 
1 

1 

—  349  — 

Beaugendre  dit  Desrochers.  Son  complice,  Pierre  de  Gencenay,  avait 
été  condamné  à  servir  le  Roi  par  force  dans  ses  galères  pendant  trois 
ans.  Le  i6  juillet  1667,  de  Gencenay  s'adressait  au  Conseil  Souve- 
rain lui  demandant  de  commuer  "la  peine  et  service  qu'il  ferait  en 
France  dans  les  galères  pendant  les  dites  trois  années  à  rendre  service 
à  ses  dépens  en  ce  pays  pendant  quatre  ans  dans  tel  fort  qu'il  serait 
jugé  à  propos."  Le  Conseil  se  montra  bon  prince  et  commua  la  con- 
damnation portée  contre  de  Gencenay.  Celui-ci  au  lieu  d'aller  ramer 
dans  les  galères  du  roi  fut  condamné  "à  servir  trois  ans  dans  la  tnis- 
sion  que  les  Pères  de  la  Compagnie  de  Jésus  sont  prêts  d'aller  établir 
dans  les  nations  sauvages  iroquoises  dans  toutes  les  œuvres  où  les  dits 
Pères  désireront  l'employer  pendant  le  dit  temps." 

En  1741,  Louis  Mallet  et  sa  femme  étaient  exécutés  pour  fabrica- 
tion de  fausse  monnaie  de  carte.  Les  pauvres  misérables  laissaient  un 
jeune  enfant.  Le  27  octobre  174 1,  l'intendant  Hocquart  demandait 
au  ministre  ce  qu'il  allait  faire  de  cet  enfant.  {Rapport  sur  Archiirs 
pour  i88y,  p.  CVI).  Le  16  septembre  1741,  M.  Hocquart  écrivait  de 
nouveau  au  ministre  qu'il  faudrait  placer  l'enfant  des  Mallet  dans  un 
hôpital  en  France  ;  son  aïeul,  qui  habitait  la  France,  le  réclamait 
(Idem,  page  CIX). 

En  1749,  on  pend  des  faussaires  dans  la  Nouvelle-France.  ^L 
Bigot  écrit  au  ministre  à  ce  sujet  le  4  octobre  1749  (Rapport  S2i)  Ar- 
chives pont  18S/,  page  CXLIX). 

P.     G.     R. 


QUKSTIOXS 

— Peut-on  me  dire  le  nom  de  ce  correspondant  du  A^eu'-Vork  Dai- 
ly Express,  qui,  en  1S37,  publiait  des  articles  contre  la  religion  et  les 
prêtres  de  la  province  de  Québec  ?  Il  signait  L.  M.  N.  La  Cazclti:  de 
(2«('/!>fi:  prétendait  que  L.  M.  N.  était  le  secrétaire  de  Papineau. 

A.  C    D. 

— Où  peut-on  trouver  les  noms  des  officiers  qui  prirent  part  au 
conseil  de  guerre  tenu  à  Québec  le  J5  .septembre  1759,  et  dans  lequel  il 
fut  décidé  qu'on  rendrait  Québec  aux  Anj^ials  ? 

SOLl). 


OUB'"î 


19  ^  'viôH 


^AH  i:r-ijVJÇ) 


—  350  — 

REPONSE 

LU  GOUVERNEUR  HALDIMAND  ETAIT-IL  MARIE  'fXXI 
I,  p  20).— Tous  les  historiens  nous  disent  que  le  gouverneur  '  Haldi- 
mand  était  célibataire. 

Dans  sa  biographie  de  Pierre  de  Sales  Laterrière,  feu  M  l'abbé 
H.  R.  Casgrain  raconte  une  assez  curieuse  histoire  au  sujet  d'une  er 
trevue  de  son  héros  avec  la  /i//e  du  gouverneur  Haldimand. 
Nous  résumons  l'histoire  de  M.  l'abbé  Casgrain. 
En  1779,  Pierre  de  Sales  Laterrière  était  arrêté  aux  Trois-Riviè- 
res  par  les  ordres  du  gouverneur  Haldimand  et  amené  à  la  prison  de 
Québec.  Il  était  accusé  d'avoir  fabriqué  des  boulets  aux  forges  Saint- 
Maurice  pour  permettre  à  Montgomery  de  faire  le  siège  de  Québec. 

Laterrière  fut  détenu  trois  ans  et  demie  dans  la  prison  de  Qué- 
bec. Pour  se  distraire  pendant  sa  captivité,  il  construisit,  sur  une  pe- 
tite échelle,  un /ar-«;;..7,^  des  fortifications  de  Québec  sur  lesquelles 
étaient  braquées  soixante  pièces  de  canon.  Au  moyen  d'un  cylindre 
•dont  la  rotation  faisait  mouvoir  une  armée  de  petits  soldats  automates' 
porteurs  de  mèches  allumées,  ces  petits  canons  faisaient  un  feu  d'enfer 
dans  toutes  les  directions.  Durant  le  tintamarre  de  ce  siègs  en  minia- 
ture, la  citadelle  était  occupée  par  deux  souris  apprivoisées.  Dès  que 
e  feu  cessait,  elles  apparaissaient,  attelées  sur  un  petit  caresse  propor- 
tionné a  leurs  forces,  et  faisaient  ainsi,  avec  une  docilité  parfaite  le 
tour  des  fortifications. 

Haldimand,  continue  M.  l'abbé  Casgrain,  entendit  parler  de  cette 
petite  merveille,  et  voulut  l'acheter.  Il  lui  envoja  son  aide-de-camp 
accompagne  de  mademoiselle  Haldimand,  qui  était  curieuse  de  vok 
cette  forteresse  portative. 

Le  prisonnier  dit  à  mademoiselle  Haldimand  : 

^-  Dites  au  général,  monsieur  votre  père,  qu'il  me  fasse  faire  mou 
procès  et  juger  par  les  tribunaux  ou  qu'il  me  donne  ma  liberté  Et 
vous,  mademoiselle,  à  ce  prix  et  avec  ma  reconnais.sance,  faites  empor- 
tel  le  travail  d  un  innocent  persécuté. 

Toute  cette  histoire  est  parfaitement  agencée.  Seulement,  elle 
est  batie  sur  un  appui  qui  n'est  pas  solide  et  .,uand  on  le  touche  elle 
s  écroule  comme  un  cluU.au  de  cartes.     Haldimand  n'a  jamais  été  ma- 


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.,.,J       ;V-.     '/•■•     V  ,■;■■.;    MM-Ml' 


...  351  — 

rié  et,  conséquemment,    mademoiselle    Haldimand  n'a    jamais  existée 
que  dans  l'histoire  de  M.  l'abbé  Casgrain. 

M.  l'abbé  Casgrain  avait  puisé  ses  renseignements  dans  les  Mé- 
moires alors  inédits  de  Pierre  de  Sales  Laterrière.  Nous  constatons 
que  dans  ses  Mémoires  Laterrière  ne  dit  pas  un  mot  de  Xs.  fille  de  Hal- 
dimand. Le  bon  abbé  n'aurait-il  pas  placé  mademoiselle  Haldimand 
dans  son  histoire  tout  simplement  |X)ur  la  rendre  plus  intéressante  ou 
plus   pimentée  ? 

Voici  d'ailleurs  le  passage  même  des  Mémoires  de  Laterrière  où  il 
est  question  de  la  forteresse  de  Québec  construite  par  lui-même  : 
'  ,  "Vers  la  fin  du  premier  automne,  voyant  que  tout  espoir  d'élar- 
gissement était  évanoui,  ne  voulant  tomber  dans  aucun  des  vices  de 
l'inaction,  comme  j'avais  vu  travailler  tout  l'été  les  ouvriers  artificiers, 
l'idée  me  \nnt  de  construire  une  machine  qui  représentât  les  fortifica- 
tions et  batteries  de  la  ville,  ainsi  que  les  forges  de  Saint- IkLiurice,  en 
^>etit  et  le  tout  marchant  i>ar  le  moyen  de  roues  et  de  poids,  ou  d'un 
chat  dans  une  grande  roue.  Pour  cela  j'avais  besoin  de  bois,  de  plomb 
de  cuivre,  de  fer,  d'ivoire,  d'outils  et  d'un  tour  ;  avec  de  l'argent  je 
me  procurai  toutes  ces  choses  des  artificiers  ;  elles  me  coûtèrent  dix 
louis  et  quelques  shillings.  Je  mis  trois  ans  à  faire  ma  maoliine  à  mon 
goût,  et  j'eus  la  satisfaction  défaire  partir  dans  l'espace  de  dix  minu- 
tes, 76  pièces  de  canon,  servies  par  des  honmies  qui  allaient  de  l'une  à 
l'autre  mettre  le  feu  à  la  lumière,  par  l'action  de  roues,  d'échelles  et 
de  poids.  Au-dessus,  était  la  représentation  des  Forges,  fourneaux, 
chaufferies  et  de  la  martellerie  qui  frappait  sur  l'enclume  60  fois  par 
minute  :  il  y  avait  jusqu'à  un  moulin  à  farine  et  un  à  scier,  marchant 
très-bien.  Je  ne  m'aperçus  du  mérite  de  mon  ouvrage  que  quand  il 
fut  fini  et  que  tout  le  monde  l'admira  ;  je  ne  l'avais  fait  que  pour  m'a- 
muser  sans  grande  espérance  de  réussir.  Je  puis  dire  qu'il  eu  fut  parlé 
au  Château  même,  au  dur  Haldimand,  et  que  celui-ci  ordonna  au  pré- 
vost  Prentice  de  lui  apporter  la  machine  au  premier  lever.  Un  peu 
de  joie,  un  peu  de  peine.  Je  vis  partir  le  fruit  de  trois  ans  de  travaux, 
sans  savoir  si  je  le  reverrais  jamais,  et  en  effet  je  ne  le  revis  plus.  Ce 
despote  se  contenta  de  me  faire  demander  combien  je  le  voulais  ven- 
dre. J'en  fus  très-chagrin,  parce  que  j'étais  attaché  à  toutes  ces  pe- 
tites choses  qui  m'avaient  distrait  et  désennuyé  ;  consentir  gracieuse- 
ment ou  refuser,  je  n'avais  pas  d'autre  alternative,  et    refuser  pouvai 


.;}■*>  :    7.«! 


n    II. -.•,■!  '.nt-D 


-352--- 

produire  des  conséquences  qu'un  prisonnier  de  quatre  ans  n'aime  pas 
à  voir  renaître.  Mon  aiui  Ha_v  et  le  prévost  lui-même  me  firent  entre- 
voir que  je  pourrais  tirer  de  là  ma  liberté  ;  le  dernier  ajouta  que  le  gé- 
néral, après  avoir  vu  ma  machine  en  mouvement,  s'était  écrié  :-Quel 
dommage  qu'un  tel  génie  soit  enfermé  !  S'il  était  notre  ami,  il  pour- 
rait être  très  utile. "-Tout  considéré,  je  lui  fis  dire  que  les  talents  d'un 
gentilhomme  n'étaient  pas  à  vendre  ;  que  j'avais  travaillé  à  ma  machi- 
ne pendant  quatre  ans  pour  mon  plaisir,  et  que  de  ma  libre  volonté, 
bien  que  mon  corps  ne  fut  pas  libre,  j'offrais  le  fruit  de  mon  travail  à 
son  excellence.  Elle  l'accepta  et  me  fit  demander  si  je  n'avais  quelque 
désir  que  je  voulusse  voir  accomplir.  Je  répondis  que  je  serais  char- 
mé que  mon  procès  se  fît  ou  que  ma  liberté  me  fût  rendue.  Son  aide- 
Je-camp  Mathis  m'apporta  une  lettre,  qui  m'accordait  ma  liberté,  en 
quelque  pays  que  je  voulusse  aller,  jusqu'à  la  paix,  et  disait  que  son 
excellence  ne  pouvait  pas  me  faire  juger".  P. -G.  R. 


André  Alliez  ou  Allié 


"Alliez  laissa  le  Canada,  en  1763,  après  le  traité  de  Versailles," 
lit-on  dans  le  Bulletin,  vol.  XXI,  p.  317. 

Il  y  a  là  erreur.  André  Alliez  épousa  Marie  Côté.  Il  était  fils 
d'Esprit  Alliez  et  de  Françoise  Venelle,  et  originaire  de  St-Eustache 
de  Paris.  Sa  fille,  Marie-Geneviève,  épousa,  le  25  août  1735,  Jean- 
Baptiste  Couillard,  sieur  de  Lespinaj-,  seigneur  de  la  Rivière-du-Sud  et 
du  fief  Lespinay. 

Le  15  janvier  1760,  M.  Alliez  reçut  une  commission  de  juge  la 
Côte  du  Sud.  Il  administra  en  outre  les  affaires  de  la  seigneurie  de  la 
Rivière-du-Sud  II  demeura  au  manoir  seigneurial  où  il  mourut  le  5 
décembre  177S.    Sa  veuve  le  suivit  dans  la  tombe  quatre  ans  plus  tard. 

Ces  notes  sont  tirées  de  F  Histoire  des  Scig)icu}s  de  la  Rivilrc-du- 
Sud. 

AZARTE  COUILLARD  DESPRES  Ptre 


\-S  h-ibnh 


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BULLETIN 


RECIiEPXIiES  HISTOR!^UES-__ 

VÔlTxXII  BEAUCEVILLE=DECEMBRE    1915       .    No.  Xli 

Duels  et  coups  d'épée  à  Montréal  sous  le 
régime  français 


Il  y  a,  dans  le  Bulletin  des  Recheiches  Historiques,  vol.  XIII,  p. 
129,  une  excellente  étude  sur  le  duel,  en  ce  pays,  sous  la  domination 
française  et  nous  n'avons  pas  l'intention  de  disserter  de  nouveau  sur  un 
sujet  si  bien  traite  par  M.  Pierre-Georçes  Roy  ;  nous  ne  voulons  que 
signaler  quelques  cas  de  duels  et  de  coups  d'cpée,  à  Montréal,  en  plus 
de  ceux  que  mentionne  notre  directeur. 

Le  19  mai  1677  (archives  judiciaires  de  Montréal),  Marie  Roger 
Lepag' ,  épouse  du  sieur  Lormeau,  (i)  enseigne  de  la  compagnie  de  M. 
du  Gué,  déclare  que  le  jour  de  la  Pentecôte,  après  vêpres,  Philippe  de 
Carion,  sieur  de  Fresnoy,  lieutenant  de  la  compagnie  de  M.  de  la  Mot- 
te, aurait  provoqué  son  mari,  l'épée  à  la  main,  alors  que  le  dit  Lor- 
meau revenait  paisiblement  au  logis Que  sur  le  champ,     M.  Morel, 

enseigne  de  M.  de  la  Motte,  et  un  nommé  Gilles,  valet  de  M.  de  Carion, 
survinrent  pour  aider  le  provocateur. 

Tous  trois,  l'épée  nue,  se  ruèrent  sur  le  sieur  de  Lormeau ....  lui 
plombèrent  la  tête  à  coups  de  pommeaux  d'épée  et  le  percèrent  en 
trois  endroits  différents  :  au  bras  et  à  la  main. 

Sans  l'assistance  de  plusieurs  personnes  qui  accoururent  aux  cris  de- 
là suppliante,  les  assaillants  auraient  probablement  tué  son  mari  et  la 
suppliante  nomme,     comme   pouvant    corroborer    .sa  plainte,  M^L  de 

(i)  Tanguay,  I,  383,  écrit  que  Marie  Rogère  Leiiage,  épouse  de 
Roch  Thoery  de  L'Ormeau,  lieutenant  au  régiment  de  la  reine,  fait  in- 
ventaire le  9  octobre  16S1,  à  Québec    (Ktude  Duquet). 


SttOt 


—354— 

Beleslre,  LeMoyne,  Baston,  Basset,  René  Perrot,  Jacques  Micbelou, 
René  Huguet  dit  le  Tambour,  Mademoiselle  LeMoyue  et  Madame  Le- 
ber. 

Par  les  noms  des  témoins,  il  est  évident  que  la  scène  se  passa  près 
de  l'Hôtel-Dieu,  au  coin  des  rues  Saiut-Sulpice  et  Saint-Paul,  enfin, 
d'après  les  témoignages  on  voit  que  M.  de  Carion  rei^rocliait  à  M.  de 
Lormeau  He  s'être  attaqué  précédemment  à  plus  faible  que  lui 

Passons. 

Le  cas  suivant  semble  une  page  dctacliée  de  quelque  roman  de 
cape  et  d'épée.  On  le  trouve  consigné  dans  l'étude  de  Basset,  à  la 
date  du  28  août  1676. 

Le  sieur  Claude  Portier,  marchand,  déclare  que  le  samedi,  23 
août,  vers  4  heures  de  l'après-midi,  il  était  dans  une  chambie  de  l'hô- 
tellerie d'Abraham  Bouat,  après  boire  une  bouteille  de  vin  avec  les 
sieurs  Bauval,  Grignon  et  Patron,  également  marchands.  Dans  une 
autre  pièce  était  réunie  une  partie  de  la  jeunesse  dorée  du  lieu,  nom- 
mément :  les  deux  fils  du  Sr  de  Bécancour,  le  fils  du  Sr  Dailleboust, 
juge  de  Montréal,  et  le  fils  du  Sr  de  Repentigny  "avec  un  autre  Noi- 
raux  que  le  comparant  ne  connaît  point."  Ces  jeunes  gens  "beuvaient 
avec  grand  bruit  et  tintamare". 

L'un  d'eux,  Bécancourt  l'ainé,  "poussé  d'insolence,  vint  en  la 
chambre  des  marchands  avec  sa  compagnie  et  prenant  un  verre  de  vin" 
proposa  la  santé  de  saint  Michel  en  disant  :  "1...  f...  celuy  qui  ne  la 
boira  pas  et  s'en  alla  avec  sa  compagnie. 

Plus  tard,  le  comparant  étant  allé  sur  "la  galerie  de  la  dite  mai- 
son", le  fils  aîné  de  Bécancourt"  fut  à  luy  et  accusa  Porlier  d'avoir 
déjà  dit  quelque  chose  contre  saint  Michel  !  A  cela  Porlier  répondit 
que  c'était  fausse  rumeur,  qu'il  s'était  disculpé  devant  le  gouverneur 
de  Montréal  et  qu'ainsi  il  était    inutile  d'en  parler  davantage. 

Alors,  "Bécancourt,  en  blasphémant  le  saint  nom  de  Dieu,  dit  à 
Porlier  qu'il  en  voulait  aussi  à  son  ami  le  Sr  du  Moustier  et  que  s'ils 
voulaieut,  ils  pourraient  vider  leur  différend  deux  contre  deux,  à  l'é- 
cart, soit  immédiatement,  soit  le  lendemain  matin,  à  la  sortie  ne  l'é- 
glise. Porlier  refusa,  alléguant  ([ue  le  "Roy  et  Mgr  le  Comte  dé- 
fendaient expressément  les  duels  et  rendez-vous"  mais  que  si  le  dit 
Bécancour  avait    ((uelque    dessin    contre  lui  il  n'avait     ([U'à  l'attaquer 


'!■     ■  li  ;.    :    nus  7i; 


^     '■-■   'G 


;  — 35L- 

i 

I  dans  les  nies  où  ils  se  rencontraient    journellement.     L'aiïaire    parait 

I  en  rester  là. 

:  X 

*  Le  27  juin  1678  (archives  judiciaires),    procès  contre  certains  sol- 

I  dats  de  la  garnison  accusés   d'avoir  blessé  à  coups    d'épée     Claude  de 

!  Saintes,  débitant  de  vin  à  la  pinte  et  au  pot. 

l  27  juillet  16S0  (ibidj— André  Hachim,  sergent  du  bailliage,  et  De- 

1  nis  Marceau,  geôlier  de  la  prison,  racontent  qu'en  visitant  les  quartiers 

'  de  la  ville,  vers  10  heures  du  soir,  pour  faire    observer  les  ordonnances 

I  concernant  la  fermeture  des  débits   de    vins,     ils  entendirent    du  bruit 

"comme  gens  se    querellant"     dans  le    cabaret  de    Charles  Testard  de 
j  Folleville.     Etant  entrés,  ils  virent  à  table,  buvant,  le  chirurgien  Mar- 

j  tinet  de  Fonblanche,   Lafontaine    serviteur  du    gouverneur  Perrot,  et 

autres qu'en  sortant  de  ce  lieu  ils  furent  poursuivis  "avec  des  pier- 

j  res,  l'épée  à  la  mairT  (!  !  !)    dont  le  dit    Marceau  fut    blessé  aux  deux 

!  mains  et  au    bras". 

Tant  de  plaintes  de  ce  genre  furent  portées  contre  le  cabaret  de 
Folleville,  tenu  surtout  par  sa  femme,  une  demoiselle  de  La  Marque, 
que  finalement  le  séminaire  décida  de  faire  supprimer  ce  lieu  de  dé- 
sordre. Ce  ne  fut  pas  facile,  car  Madame  de  Folleville,  .se  réclamait 
à  la  fois  du  gouverneur  du  pays  et  du  gouverneur  de  Montréal. 

7  mars  1683.     On  dit  dans    un  document  que  le  sieur  "Alexandre 
ï  Turpin,  premier  maistre    d'armes  de  ce  pays  du  Canada",  est  à  Mont- 

i  réal.  ■      .  - 

\  Au  mois  de  juin  1684  eut  lieu  le   fameux  duel  entre  le  gouverneur^ 

Perrot  et  Lemoyne  de  Sainte-Hélène   (Voir  Bull,  des  R.  H.,XIIL  131)- 

3  et  4  juillet  1687.  Procès  de  Claude  Perthuis.  Lalonde,  Quesnel, 
Garnier  et  autres  accusés  d'avoir  battu  et  maltraité  plusieurs  sauvages 
à  coups  de  fusils  et  plats  d'épée  à  propos  d'un  chien  dérobé  à  Perthuis. 
X 

Le  S  .septembre  1687,  comparution  de  Jean  Ilubou  de  Longchamps 
dit  Tourville,  âgé  de  ji  ans,  brigadier  au  .service  de  M.  le  marquis  de 
Denonville. 

Ce  militaire,  fils  de  l'ancien  procureur  fiscal  de  Montréal,  avait  été 
arrêté  sur  l'ordre  du  marquis,  voici   pourquoi. 


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—  356  — 

Etant  entré  dans  le  cabaret  de  Jean  Petit  Boismorel,  vers  7  heures 
du  matin,  avec  La  Charité,  Lespine  et  J.  B.  Pâtissier  dit  St-Amands, 
habitant  de  Saurel,  ces  compères  n'en  sortirent  qu'à  7  heures  du  soir, 
après  avoir  joué  et  bu  force  bouteilles.  Ainsi  que  la  chose  se  produit 
souvent  entre  amis  surchauffes,  on  se  prit  de  querelle  et  Pâtissier  dit 
St-Amands  reçut  un  coup  d'épée. 

La  culpabilité  du  brigadier  Hubou  de  Longchamps  devait  être  évi- 
dente, puisqu'un  marchand  de  Montréal.  Jean  Malhiot.  ne  craignit  pas 
d'acheter  la  réclamation  en  dommages  du  sieur  Pati.ssier,  par  acte  no- 
tarié du  13  septembre  1687  (Adhémar).  ^  ^ 
Le  25  du  même  mois,  en  présence  du  même  notaire,  le  frère  ame 
-du  spadassin,  Mathieu  Ilubou  de  Longchamps,  règle  l'affaire  en  recon- 
naissant devoir  à  Jean  Malhiot,  294  livres,  5  sols,  4  deniers  dont  200 
livres  pour  Pâtissier,  89  livres,  5  sols,  4  deniers  à  Malhiot  pour  frais 
divers  et  5  livres  pour  salaire  des  témoins.  De  plus,  le  dit  Hubou  paie- 
ra la  nourriture  et  le  chirurgien  de  Pâtissier  dit  St-Amands  tant  que  ce 
dernier  sera  malade. 

15  juillet  1689,  duel  entre  François  Lefebvre,  écr,  sr  Duplessis,  et 
Ravmond  Biaise,  écr,  Sr  des  Bergères,  tous  deux  capitaines. 

'  Le  lendemain,  16  juillet  (archives  judiciaires  de  Montréal),  sur  le 
rapport  du  inajor  Bizard,  l'intendant  Bochart  de  Champigny,  alors  de 
passage,  Dermet  que  le  procès  soit  instruit  à  Montréal,  devant  le  juge 
seigneurial,  vu  que  le  plus  proche  tribunal  royal  est  aux  Trois- Riviè- 
res, distance  de  30  lieues.  Au  sujet  de  ce  procès,  voir  en  plus  ,Bul. 
Rcc.  His.,  Xin,  132,  ^tjugiei  dél.  du  C.  S.,  III,  364- 

"  Dans  l'hiver  de  1690-91,  duel  entre  Pierre  Payan  de  Noyan  et 
Guillaume  de  Lorimier.      (Voir  B.  des  R.  H.,  XIII,  132). 

Le  13  janvier  173S,  l'Iriaudais  Timothée  Sullivan,  qui  se  faisait 
appeler  SUvain,  "médecin  pour  le  roi"  présente  au  tribunal  une  requê- 
te dans  laquelle  il  allègue  que  le  10  janvier  sur  les  S  ou  9  heures  du 
soir,  il  aurait  été  attaqué  dans  sa  maison,  rue  St-Sacrement,  à  la  poin- 
te de  l'épée,  par  "Monsieur  de  la  Vérandrye  père  et  le  Sieur  de  \  areu- 
ues  fils  accompagné  de  la  dame  sa  mère". 

Les  a.ssaillants  parurent  "en  habits  galonnés  d'argent"     et  lui  en- 
levèrent sa  femme,  Marie- Renée  Gautier  de  Varenues,    vevve    en  pre- 
mières noces  de  Christophe  Dufros  de  la  Jemmerais  ;ils  le  mirent  monic 
à  la  porte  disant  "qu'il  n'avait  rien    qui  lui    appartenait  dans    sa  ma.- 
on." 


3t(-J/lHV 


...357— 

Quelle  raison  avait-on  d'agir  ainsi  ?  Un  document  du  20  janvier 
suivant  nous  renseigue.  Dans  cette  pièce,  dame  Marie- Renée  Gauthier 
de  Varennes  demande  la  séparation  d'avec  son  mari  pour  injures  et  sé- 
vices graves  et  elle  fait  assigner  quantité  de  témoins,  entre  autres  des 
prêtres  du  séminaire  qui  établissent  que  le  docteur  Sullivan  maltraitait 
sa  femme  et  que  même  après  la  messe  de  minuit  de  la  Noël  passée,  il 
l'avait  rouée  de  coups 

Nous  n'avons  pas  suivi  le  procès  jusqu'à  la  fin  parce  que  nous  ne 
voulions  pas  sortir  du  cadre  que  nous  nous  sommes  tracé. 

Terminons,  pour  le  moment,  par  un  extrait  qui  nous    indique  que 

dix  ans  plus  tard    on    jouait    toujours  de    l'épée  à    Montréal.     Notre 

cueillette  provient  d'un  article  publié  par    l'honorable    juge  Baby  sur 

'  M.  de  Repentigny  et  le  "chien  d'or",    dans  le     Canadian  Anli  quarian 

de  1897-98,  pp.  120  et  suiv. 

Au  cours  de  son  article  l'auteur  cite  une  lettre  écrite  par  M.  M. 
Havy  et  Lefebvre,  négociants  de  Québec,  à  M.  Pierre  Guy,  de  Mont- 
réal, quelques  jours  "après  l'événement  tragique  qui  a  inspiré  la  lé- 
gende du  "Chien  d'or"  ;  la  lettre  est  datée  du  27  janvier  1748  et  l'on 
y  lit,  entre  autres  choses,  ce  passage  : 

"  Nous  avons  appris  qu'à  Montréal  les  épées  ont  joué  aussi,  pre- 
mièrement, entre  Mrs  de  Penseuce  et  de  Léry  et,  secondement,  Mrs 
de  Jumon ville  et  de  LaBourdonuais.  On  dit  qu'il  y  en  a  deux  de  bien 
malades  à  l'hôpital.  Ces  messieurs  se  feront  de  mauvaises  affaires! 
Ils  feraient  bien  mieux  de  reserver  leur  courage  pour  battre  l'ennemy". 

E.  Z.  MASSICOTTE 

Calixa  Lavailée  et  l'hymne  national 

Dans  le  Devoir  du  6  novembre  191 5,  M.  Arthur  Letondal  nous  dit 
dans  quelles  circonstances  Calixa  La\allée  écrivit  léchant  national 
qui  l'a  rendu  célèbre. 

"Saluons  avec  respect,  écrit  M.  Letondal,  le  nom  d'un  musicien 
\Taiment  canadien.  L'hymne  qu'il  a  composé  restera  pour  symboli- 
ser dans  les  âges  futurs  la  nation  canadienne.  C'est  à  lui  que  nous  de- 
vîins  l'honneur  de  jrasséder  un  chant.  lequel  à  l'origine,  écrit  pour  le 
Canada  français,  est  devenu,  jiar  le  rayonnement  même  de  sa  beauté, 
le  chant  du  Canada  tout  entier." 

Il  y  aura,  l'an  prochain,  un  ([uart  de  siècle  que  Lavailée  est  mort. 
M.  Letondal  suggère  de  coiniuémorer  ce  vingt-cinquième  anniversaire 
par  un  hommage  public  à  l'auteur  trop  oul)lié  de  notre  hymne  natio- 
nal. 


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—358— 

lin  buste  de  Louis  XIV  à  Québec 


Au  mois  de  juillet  i6y6,  M.  Bochart  de  Champiguy  arrivait  à  Qué- 
bec pour  remplacer  M.  de  Meulles  comme  intendant  de  la  Nouvelle- 
France. 

En  bon  courtisan  M.  de  Champiguy  avait  apporté  dans  ses  baga- 
ges un  buste  en  bronze  de  Louis  XIV  qu'il  avait  l'intention  d'installer 
sur  uue  place  publique  de  Québec.  Il  n'ignorait  pas  que  le  grand  roi 
était  sensible  à  ce  genre  d'hommage. 

Le  lo  novembre  i6S6,  le  marquis  de  Denonville  écrivait  au  minis- 
tre 

"  M.  de  Champîgny  a  apporté  en  ce  pa\s  un  buste  du  Roi  eu 
bronze  qui  fut  mis  mercredi  6  de  ce  mois  dans  la  place  de  notre  basse- 
ville  avec  le  plus  d'honneur  et  de  cérémonie  qu'il  se  pût  ;  il  en  a  fait 
toute  la  dépense.  Il  commence  de  manière  qu'il  ne  s'enrichira  pas  ici. 
Il  a  bien  besoin  que  vous  aviez  la  bonté  de  lui  faire  continuer  tous  les 
ans  le  fret  de  ses  provisions  et  hardes  "  (  i  ) . 

Les  réjouissances  qui  eurent  lieu  à  Québec  à  l'occasion  de  l'instal- 
lation du  buste  du  Roi  dépassèrent  un  peu  la  mesure  puisque  Henry 
Petit,  marchand  bourgeois,  de  Paris,  qui  était  de  passage  dans  la  capi- 
tale, fut  blessé  mortellement  par  un  coup  de  fusil  tiré  par  Jean  Gaul- 
tier dit  Larouche,  taillandier.  Petit  décéda  treize  jours  après  l'acci- 
dent et  Gaultier  dit  Larouche  subit  un  procès  devant  la  Prévôté  de 
Québec  pour  le  meurtre  qu'il  avait  commis.  Le  i8  décembre  1686,  il 
était  convaincu  d'avoir  tiré  le  coup  de  fusil  dont  Petit  avait  été  blessé 
à  mort,  et  condamné  à  faire  amende  honorable,  à  être  banni  à  perpé- 
tuité de  la  ville  et  banlieue  de  Québec,  etc.,  etc.  (2) 

A  quel  endroit  précis  de  la  vieille  capitale  fut  placé  le  buste  de 
Louis  XIV  ? 

Nous  ne  croxons  pas    nous    tromper  en    plaçant  le    bu>.te  du  Roi 


(i)  Archives  publiques  du  Canada,  Correspondance  générale, 
vol.  S. 

(,2)  Le  26  février  KiS;,  k-  Conseil  Souverain  mettait  ce, te  senten- 
ce de  côté  et  condaumait  Larouche  à  pa\er  trois  cents  livres  à  la  veuve 
de  Henry  Petit. 


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n^M  Jiio! 


-  359  - 

exactement  où  se  trouve  aujourd'hui  la  fontaine  publique,  en  face  de 
l'église  Notre-Dame  des  Victoires,  à  la  basse-ville 

Et  voici  nos  preuves. 

Dans  la  carte  de  Franquelin  Québec  comme  il  se  voit  du  côté  de  l'est 
en  /6SS,  il  est  dit  que  1" 'effigie  du  Roi"  se  trouve  sur  la  Place  Royale, 
à  la  basse-ville.  Cette  Place  Royale  correspondait  à  la  Place  de  la  bas- 
se ville  actuelle,  en  face  de  l'église  Notre-Dame  des  Victoires.  Ce 
nom  de  Place  Royale,  remarque  M.  Philéas  Gaguon,  fut  bientôt  rem- 
placé par  celui  de  Place  de  la  basse-ville.  (  i  ) 

Dans  le  plan  de  Québec  par  l'ingénieur  Villeneuve,  fait  en  1690, 
la  place  de  la  basse  ville  est  indiquée  avec  la  légende  "Place  où  M.  de 
Champigny,  intendant  du  pays  a  fait  poser  en  1686  l'effigie  de  Sa  Ma- 
jesté." 

M.  Gagnon  dit  encore  que  le  buste  du  Roi  disparut  vers  1690.  Il 
suppose  même  qu'il  fut  détruit  lors  du  bombardement  de  Québec  par 
Phips  en  octobre  1690. 

M.  Gagnon  fait  erreur. 

Ce  n'est  qu'en  1699,  peut-être  même  en  1700,  que  le  buste  du  Roi 
fut  enlevé  de  la  place  de  la  basse- ville. 

Quelques  habitants  s'étant  plaint  que  le  buste  du  Roi  gênait  la  cir- 
culation sur  la  place  de  la  basse-ville,  déjà  par  trop  exigiie,  l'intendant 
de  Champigny  le  fit  déplacer. 

Le  15  octobre  1700,   il  écrivaii  au  ministre  : 

"  J'ay  reçu  les  lettres  que  vous  m'avez  fait  l'honneur  de  m'écrire 
les  27  jauvier,  17,  19  et  28  février,  31  mars,  14  avril,  5  may  et  16 
Juin  de  la  pré.sente  année  ;  le  navire  du  Roy  la  Seine  qui  les  a  apor- 
tces,  est  arrivé  icy  le  dernier  du  mois  d'aoust  et  doit  mètre  à  la  voile 
dans  2  ou  3  jours  pour  son  retour. 

"  Sur  les  fréquentes  représentations  qui  furent  faites  à  M.  de 
Frontenac  et  à  moy  par  les  habitans  de  Québec  que  la  place  de  la  basse 
ville  avoit  été  rendue  prescpi' inutile  au  public  et  à  l'u.sage  des  charois 
par  l'espace  qui  étoit  ocupé  du  buste  du  Roy  et  de  son  enceinte,  nous 
primes  la  resolution  de  le  faire  placer  dans  un  autre  endroit  le  plus 
convenable  qui  se  pouroit  trouver  dans  sa  même  place,  qui  porte  ce 
nom  de  Place  Royalle  dejmis  l'année  1^186,    cpie  je    suis  en  ce     pays  uù 


(i)      Le  Glaneur,  vol.  I,  p.   100. 


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1.  .M'I 


— 3G0- 

j'apportaj'  ce  buste  pour  donner  une  idée  du  Roy  à  quantité  de  ses  sU' 
jets  qui  étoient  privez  de  le  voir,  nous  crûmes  qu'il  n'j^  avoit  point  de 
lieu  plus  propre  que  le  devant  de  la  maison  du  Sr.  Hazeur  qui  est  la 
plus  belle  de  la  basse  ville  et  an  millieu  de  la  place,  faisant  face  au 
port,  oij  se  font  les  débarquements  et  a  la  veue  de  l'Eglise  et  des  rues 
qui  rendent  dans  la  même  place  ;  et  pour  exécuter  cette  resolution,  je 
crû  qu'il  étoit  de  mon  devoir  et  de  mon  honneur  de  faire  faire  a  mes 
dépens  un  ouvrage  de  pierres  de  taille  avec  des  ornemens  hors  d'ceuvre 
si  cependant  il  y  avoit  quelque  chose  en  cela  qui  peut  être  désagréable 
a  Sa  Mate.  Je  vous  suplie  très  humblemen,  Monseigneur,  de  me  le 
faire  sçavoir,  ayant  autant  a  cœur  qu'aucun  homme  du  monde  ce  qui 
regarde  là  gloire  et  je  trouveray  toujours,  quoy  que  je  sois  pas  riche  le 
moyen  de  faire  une  nouvelle  dépense  pour  le  remetre,  si  Sa  Maté,  le 
souhaitte,  dans  le  mîllieu  de  cette  place."   (i) 

Le  31  mai  1701,  le  ministre  accusait  réception  de  la  lettre  de  M. 
de  Champigny  dans  les  termes  suivants  : 

"  J'ay  receu  les  lettres  que  vous  m'avez  escrit  les  22  juillet,  26 
aoust,  15,  16,  et  17  octobre  et  S  novembre  de  l'année  dernière  1700 
avec  les  estât  et  Mémoires  qui  y  estoient  joints. 

"  J'a}'  veu  ce  que  vous  m'escrivez  au  sujet  du  Buste  du  Roy  que 
vous  avez  fait  oster  de  la  place  publique  pour  le  mettre  entre  la  maison 
du  Sr.  Hazeur  ;  on  m'escrit  de  plusieurs  endroits  sur  ce  sujet  ;  on  me 
marque  qu'il  n'incommodoit  point  les  charrois  qui  passent  par  cette 
place  et  qu'il  estoit  bien  plus  convenable  dans  cet  endroit  que  la  ou 
vous  l'avez  fait  mettre,  et,  en  tout  cas,  vous  n'auriez  pas  dû  faire  ce 
changement  sans  la  iiarticijiation  de  M.  le  Chev.  de  Callieres  ;  mais 
puisque  la  chose  est  faite,    il  n'y  a  qu'a  le  laisser  ou  il  est."    (2) 

Le  31  octobre  1701,  le  gouverneur  de  Callièrcs  écrivait  à  son  tour 
au  ministre  : 

"  M.  de  Champigny  m'ayant  fait  part  de  ce  que  vous  lui  écri\ez 
au  sujet  du  buste  du  Roi,  car  il  me  parait  qu'on  vous  a  e.xposé  qu'il 
est  placé  C(mtre  la  i.naison  du  sieur  Hazeur  et  que  là  dessus    vous  avez 

(i)  Archives  publiques  du  Canada,  Correspondance  générale, 
vol.  uS 

(2)  Archives  i)ub!iques  du  Canada,  Corresiiondance  générale, 
vol.  19,   p.  313. 


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-361- 

reglé  qu'il  5^  resterait,  parce  que  c'était  une  chose  faite,  mais  comme 
cela  n'est  point  ainsi,  n'étant  encore  placé  en  aucun  endroit,  et  que  M. 
l'intendant  me  demande  à  le  faire  mettre  dans  une  niche  sur  la 
porte  de  la  maison  du  sieur  Hazeur,  je  lui  ai  répondu  qu'il  fallait  avoir 
une  nouvelle  explication  de  vous,  puisque  je  suis  persuadé  que  quand 
vous  saurez  les  choses  comme  elles  sont,  vous  jugerez  qu'il  est  plus  à 
propos  de  le  placer  dans  un  lieu  convenable  et  que  vous  voudrez  bien 
ne  pas  donner  la  chagrin  à  ce  pays  de  l'avoir  vu  ôter  d'une  place  pu- 
blique où  il  n'y  incommodait  point  les  charrois,  pour  le  mettre  sur  la 
porte  de  la  maison  d'un  marchand  ;  ainsi,  Monseigneur,  j'attendrai  vos 
ordres  là-dessus.  "      (  i  ) 

Le  7  novembre  1701,  M.  de  Champigny  faisait  part  au  ministre 
des  difficultés  que  lui  suscitait  le  gouverneur  de  Callière  au  sujet  du 
buste  du  roi  : 

"  J'ay  différé  jusqu'à  présent,  écrivait-il,  a  vous  faire  sçavoir  le 
refus  que  Mr  de  Callière  m'a  fait  de  laisser  placer  le  buste  du  Roy  dans 
le  devant  de  la  maison  du  sr  Ha/.eur  a  la  basse  ville  de  Québec,  quoy- 
que  je  lui  aj-e  fait  voir  ce  que  vous  me  faite  l'honneur  de  me  marquer 
a  cet  égard  par  vôtre  lettre  du  31e  May  dernier,  dans  l'espérance  que 
j'avois  qu'il  y  consentiroit  a  la  fin,  mais  m'ayant  encore  foit  hier  le 
même  refus,  je  suis  dans  l'obligation  de  vous  en  donner  avis  et  de 
vous  suplier  très  humblement,  Monseigneur,  de  vouloir  prendre  la  pei- 
ne de  luy  en  écrire  un  mot  l'année  prochaine  afin  que  je  puisse  avoir 
le  ]ilaisir  de  faire  placer  honorablement  ce  buste  avant  mon  départ  de 
cepajs.  Il  est  bon  de  vous  dire  qu'il  est  toujours  resté  dans  une 
chambre  du  palais  depuis  qu'on  l'a  fait  ôter  de  la  place  de  la  basse  vil- 
le, a  cause  des  contestations  survenues  à  ce  sujet,  ce  qui  donne  lieu 
Mr  de  Callière  de  dire  que  vous  me  mandez  qu'on  le  laisse  ou  il  est, 
connue  s'il  devoit  toujours  demeurer  dans  cette  chambre,  il  m'a  encore 
dit  pour  raison  que  plusieurs  jiersonnes  se  plaignoient  de  ce  qu'on  l'a- 
voit  ôté  de  cette  place,  mais  je  peux  vous  assurer.  Monseigneur,  que 
je  n'ay  jamais  entendu  parler  de  ces  jjlaintes  et  que  s'il  y  en  a  eu  de 
faites,  ce  ne  peut  être  que  de  la  part  de  quelques  gens  turbuleus  et  mal 
intentionné/,  étant  certain  ciu'il  ne  peut  jamais  être    mieux    placé  (pie 


(i)     Archives  puliliques    du  Canada,     Correspondance    générale, 
l'ol.  ig. 


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—362- 

dans  l'endroit  que  l'ay  fait  faire."      (i) 

Enfin,  le  6  mai  1702,  le  ministre  écrivait  à  M.  de  CalHères  qu'il 
fallait  remettre  le  buste  du  roi  sur  la  place  de  la  basse- ville  : 

"  Vous  aurez  vue,  disait-il,  par  ce  que  je  vous  escrivis  l'anuée 
dernière  que  j'avois  cru  que  le  buste  du  Roy,  qui  estoit  cy  devant  esta- 
bly  dans  la  place  de  Québec,  avoit  esté  posé  sur  la  porte  de  la  maison 
du  Sr  de  Hazeur,  mais  puisque  cela  n'a  pas  esté  fait  et  qu'il  vous  pa- 
roist  qu'on  le  verroit  avec  peine.  Sa  Maté,  trouve  bon  que  vous  le  fas- 
siez remettre  dans  la  grande  place,  de  sorte  cependant  au'il  n'incom- 
mode point  le  public,  mais  comme  cela  pourroit  faire  quelque  peine  a 
M.  de  Champigny  qui  l'a  donné  a  la  Colonie,  je  crois  qu'il  est  bon  que 
vous  attendiez  qu'il  soit  party. "      (2) 

C'est  là  la  dernière  mention  connue  du  buste  du  Roi. 

En  conclusion,  le  buste  de  Louis  XIV  installé  sur  la  place  de  la 
basse- ville  le  6  novembre  16S6  et  qui  y  resta  jusqu'en  1699  ou  1700  ne 
fut  jamais  placé  sur  le  devant  de  la  maison  du  sieur  Hazeur,  ainsi  que 
la  plupart  de  nos  historiens  l'ont  écrit  Après  son  déplacement,  il  fut 
déposé  temporairement  dans  une  chambre  du  palais  de  l'intendant. 

Que  devint-il  ensuite  ?  Un  buste  en* bronze  ne  disparait  pas 
comme  une  feuille  de  papier.  Deux  h3-pothèses  sont  permises  ici. 
Il  se  peut  que  l'intendant  Champigu}-,  froissé  des  misères  qu'on  lui 
créait,  l'ait  remporté  lors  de  son  départ  du  pays  dans  l'été  de  1702.  Il 
n'est  pas  impossible,  non  plus,  que  le  buste  de  Louis  XIV  ait  été  dé- 
truit dans  l'incendie  du  palais  de  l'intendant,  le  5  janvier  1713.  La 
célérité  des  flammes  fut  telle  que  le  valet  de  l'intendant  Bégon  et  deux 
des  f>.mnies  de  chambre  de  madame  Bégon  périrent  dans  la  conflagra- 
tion.    Rieu  ne  fut  sauvé. 

Dans  un  ouvrage  intitulé  £g/iscs  el  chapelles  de  Québec  (vol.  II,  \). 
97),  on  trouve  une  gravure  du  buste  de  Louis  XI V^  érigé  à  Québec  en 
16S6.  Cette  gravure  est  ajiocryphe  comme  la  plupart  des  portraits  et 
vues  donnés  dans  cet  étrange  ouvrage.  J, 'auteur  nous  donne  môme 
là-dedans  une  vue  de  la  chapelle  de  Champlaiu  ! 

P.  Cx.  R. 


(i)  Archives  publiques  du  Canada,  Correspondance  générale, 
vol.  19. 

(2)  Archives  publiques,  du  Canada,  Correspondance  générale, 
vol.  20. 


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—363— 

Cyr  de  Monnierqué,  sieur  Dubreuil,  ancêtre 
des  Montmarquette 

Dans  r Histoire  du  notarial  ])ar  J.  Kdmond  Roj',  vol.  I,  p.  205,  on 
lit  : 

"  Le  17  février  1731,  l'intendant  avait  donné  des  lettres  de  notai- 
re et  d'huissier  dans  Champlain,  Batiscau,  Ste-Aune,  Grondines,  la 
Chevrotière,  Deschambault,  Seigneurie  St-Pierre,  les  deux  rivières  du 
Chesne,  Lotbinière,  le  Platon  et  Ste-Croix,  à  Cyr  de  Montniarqué  avec 
instruction  de  se  faire  installer  par  le  lieutenant  général  des  Trois- Ri- 
vières (Reg.  ord.  int.  vol.  19,  p.  54)  ..  Montinarqué  après  avoir  exer- 
cé quelque  temps  comme  huissier  à  Trois-Rivières  (août  1731,  Reg. 
Ins.  prev.  Que.)  pensa  d'aller  s'établir  à  Sorel,  oti  il  croyait  mieux 
faire  subsister  sa  famille.  Il  demanda  donc  à  l'intendant  de  lui  accor- 
der une  nouvelle  commission  de  notaire  et  huissier  —  car  les  deux  al- 
laient presque  toujours  ensemble  —  pour  les  seigneuries  de  St-P'ran- 
çois  de  Sorel,  de  l'île  du  Pads,  de  St-Ours,  de  Contrecœur  et  Verchè- 
res.  Le  20  décembre  1732,  l'intendant  révoqua  l'ancienne  commission 
et  en  accorda  une  nouvelle  telle  que  demandée,  à  la  condition  que  le 
lieutenant  général  installerait  Montmarqué.  Il  était  aussi  mis  comme 
condition  que  cette  commission  serait  enregistrée  à  Montréal  (Loc.  cit. 
voL  20,  p.  146). 

"  Nous  ne  connaissons  rien  de  la  vie  ni  de  la  carrière  de  Montmar- 
qué. Quant  à  son  greffe,  nous  voyons  par  l'inventaire  des  archives  de 
Montréal  qui  fut  dressé  en  1790  qu'il  en  existait  encore  alors  une  par- 
tie, mais  que  l'autre  avait  été  incendiée.  Il  n'en  reste  plus  rien  main- 
tenant." 

X 

Les  renseignements  que  nous  avons  recueillis  dans  les    archives  de 
Montréal  joints  aux  notes  que  le  généalogiste  M.  Léandre  Lamoutagne 
a  mis  à  notre  disposition  vont  nous  permettre    d'ajouter    plusieurs  dé- 
tails à  ce  qu'écrivait  le  distingué  historien  du  notariat. 
X 

En  premier  lieu,  abordons  la  question  du  nom. 

M.  J.  Kdmond  Roy  écrit  Monniar(iué.  Il  a  évidemment  puisé  cet- 
te orthographe  dans  les  anciens  taljleaux  de  notaires  ou  dans  les  regis- 
tres qu'il  cita. 


;n/i'  jn  •/ 


ir.fti   ,  Al 


-3G4— 

Notre  personnage,  cependant,  a  toujours  signé  Monmerquc.  Dans 
ses  derniers  actes,  ceux  de  1765  qui  ne  sont  pas  de  sou  écriture,  on  lit 
dans  l'en  tête  Cyr  ou  Cir  de  Montmarquet,  néanmoins,  le  vieux  prati- 
cien signe  Monmerqué. 

Son  fils,  Michel-Charles,  écrit  également,  Monmerqué.  Nons  igno- 
rons si  son  autre  fils,  Claude-François,  a  respecté  l'orthographe  paler- 
nelle. 

D'autre  paît,  il  est  certain  que  même  du  vivant  du  fondateur  de 
cette  famille  le  public  avait  une  tendance  à  écrire  Montmarqué  et 
Montmarquet. 

Finalement  cette  ortliograjihe  a  triomphé  et  la  déformation  s'est 
aggravé  au  point  que  les  descendants  du  sieur  Dubreuil  signent  main- 
tenant Montmaïquette  ! 

X 

C'est  dan?  les  documents  judiciaires  de  Montréal  que  nous  trou- 
vons la  première  mention  de  Cyr  de  Monmerqué,  écuj-er,  sieur  Du- 
breuil. 

A  la  date  du  22  juin  1726,  il  est  procureur  d'un  plaideur  devant  le 
tribunal  royal  de  Montréal. 

Par  la  suite,  il  remplit  cette  fonction  plusieurs  fois.  Comme  il  n'}- 
avait  pas  d'avocat,  sous  le  régime  français,  on  les  remplaçait  par  des 
postulants  qui  agissaieut  eu  vertu  d'une  procuration.  Ces  procureurs 
étaient  presque  toujours  des  commis  du  greffe,  des  huissiers,  des  aspi- 
rants notaires  ou  des  notaires.  M.  de  Monmerqué, qui  était  fils  du  no- 
taire Jean-Baptiste  Monmercmé  et  de  Marie  Anne  Saint-Adam,  de  St- 
Eustache  (de  Paris  ?  ),  devait  avoir  des  connaissances  légales  et  il  fai- 
sait ses  débuts,  à  Montréal,  dans  une  carrière  qui  lui  convenait. 

Il  ne  paraît  avoir  séjourné,  alors,  qu'une  couple  d'auuées,  à 
Montréal. 

X 

Le  12  janvier  1729,  il  épouse,  au  Cap  de  la  Madeleine,  Anne  Pi- 
card, veuve  de  Melchior  Michelet.  Ce  mariage,  célébré  par  le  curé 
Vachon  fut  réhabilité  aux  Trois-Rivicres  le  22  mars  suivant  (i)  et  ma- 
dame de  Monmerqué  mit  au  monde,  cette  même  année,  un  couple  de 
jumeaux. 

Le  26  mars  1736,  le  notaire  Monmerqué  fit  baj)tiser  Charles-Michel, 


(I)     Tanguay,  VL  7^. 


—36=^— 

à  Québec. 

Deux  autres  enfants  naquirent  :  Paul  et  Claude-François,  mais 
nous  ne  savons  où  ils  reçurent  le  baptême. 
X 
Cyr  de  Monmerqué  fut  un  nomade.  En  1726,  il  est  à  Montréal  ; 
en  1729,  au  Capde  la  Madeleine  ;  en  1730,  aux  Trois-Rivières  ;  en  1731, 
à  Québec.  Plus  tard  il  instrumente  dans  presque  toutes  les  seigneu- 
ries à  l'est  de  Montréal.  Sur  ses  vieux  jours  il  .semble  résider  à  Con- 
trecœur, cependant,  dans  son  dernier  acte  connu,  2  novembre  1765,  il 
était  au  Ruis.seau  du  Point  du  jour,  paroisse  de  St- Pierre  du  Portage, 
autrement  dit  à  l'Assomption. 

M.  de  Monmerqué  n'est  pas  .seulement  remarquable  par  ses  dépla- 
cements, il  l'est  au.s.si  par  son  écriture.  Passable  dans  les  premières 
années,  elle  devient  illisible  à  mesure  que  le  notaire  vieillit,  au  point 
que  dans  certains  actes  on  ne  distingue  qu'une  série  d'ondulations  inin- 
terrompues, de  la  gauche  à  la  droite  du  papier. 

S'appuyant  sur  un  document  officiel  que  nous  n'avons  pas  retrouvé, 
l'inventaire  des  archives  de  Montréal  de  1790,  M.  J.  Edmond  Roy  dit 
que  le  greffe  de  Cyr  de  Monmerqué  fut  détruit  et  qu'il  n'en  reste  plus 
rien  ! 

Cette  a.ssertion  est  erronée,  puisque  les  archives  de  Montréal  pos- 
sèdent la  série  de  ses  actes  de  1731  à  1765,  mais  il  se  pourrait  qu'elle 
concerne  son  fils,  Michel-Charles,  car  on  voit  dans  un  acte  signalé  plus 
loin,  que  ce  dernier  aurait  été  notaire,  bien  qu'on  ne  trouve  aucun  de 
ses  actes. 

X 
Passons  aux  fils. 

Le  contrat  de  mariage  de  Michel-Charles  fut  dressé  par  le  notaire 
B.  Jenvrin-Dufresne,  à  Dorvilliers,  le  iS  octobre  1749.  En  voici  la 
partie  qui  nous  intéresse  :  "  Michel-Charles  Monmerqué,  Ecuyer,  fils 
"  de  Cyr  de  Monmer(iué,  Ecuyer,  Sr  Dubreuil,  habitant  de  Contrecœur 
"  et  Anne  Piquard  et  Marguerite  Piette  (dit  Trempe)  fille  de  Bapte 
"  Piette  Sr  de  Courville,  habitant  du  fief  Dorvilliers  et  de  marie  anne 
"  guibor*:.  Pré.sence  de  Paul  et  Claude  françois  monmerqué,  frères 
"  du  garçon..." 

Le  futur'signe  d'une  façon  superl  e  :   Monmerqué  Dubreiiil. 

X 
Michel-Charles  décéda  ^  Contrecœur,     le  S  août  17S4.      Son  épou- 


•■H.if.iJS 


—  3GG  — 

se  fut  inhuniée  à  St-Antoine  de  Richelieu,  le  15  septembre     1798,  âgée 
de  72  ans.     C'est  dans  sou    acte  de    scpnlture  qu'on    la  dit  "veuve  de 
Michel  Montmarquet,  notaire  (!),  ei-devaut  de  Contrecœur." 
X 
Claude-François,  l'autre  fils  de  Cjt,  épousa    Catherine  Picard,  et 
Tanguay  (VI,  76)  note  quelques  actes  à    Repentîgny,    concernant  des 

enfants  issus  de  ce  mariage. 

Du  mariage  de  Michel-Charles  avec  Marguerite  Piette  dit  Trempe, 
nous  ne  connaissons  qu'un  rejeton  du  sexe  masculin,  Michel-Charles 
qui  épouse  à  l'âge  de  25  ans,  à  St-Antoine  de  Richelieu,  le  27  octobre 
1777,  Marie  Félicité  "fille  de  feu  Antoine  Bro  et  de  Marguerite  Doucet 
ses  père  et  mère  acadiens." 

La  plupart  des  enfants  de  ce  dernier  nous  paraissent  avoir  été  bap- 
tisés à  St-Antoine. 

E.  Z,   MASSICOTTE 

QESTIOXS 


Quel  est  ce  Dufy.  citoyen  de  Montréal,  à  qui,  quatre  ou  cinq  ans 
après  la  chute  de  Québec,  le  roi  de  France  offrait  la  croix  de  Saint- 
Louis  ? 

MONT. 

— Dans  quel  journal  feu  M.  l'abbé  Bois  a-t-il  j^ublié  son  Esquisse 
du  service  postal  au  Canada  ? 

P.     O.     B. 

— Connait-on  le  site  précis  de  la  chapelle  Saint- Roch  construite 
par  les  Récollets  vers  la  fin  du  dix-septièn.e  siècle  sur  le  territoire  de 
la  paroisse  Saint-Roch,  à  Québec  ?  En  quelle  année  cette  chajielle  fut- 
elle  détruite  ?  Où  en  trouverais-je  une  gravure  ou  un  dessin  quelcon- 
que ? 

St-ROCH. 

— Ouel  fut  le  premier  caintaine  de  port  à  Québec  sous  le  régime 
français?  G.     B.     C. 

—  On  sait  que  les  curés  déposent  un  double  de  leurs  registres  de 
naissances,  mariages  et  décès  au  chef-lieu  du  district  judiciaire  dans 
leipiel  est  situé  leur  jiaroisse.  La  même  loi  existait  sous  Je  ré- 
gime ffançais.  Par  ([uelle  ordonnance  cette  loi  fut-elle  promulguée 
dans  la  Nouvelle-France  ? 

CURE. 


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— 3G7— 

LE  CAPITAINE  DE  SAINT-CIRpE 

Voici,  sur  le  personnage  que  nos  histoires    nomment  géuéralement 
"M.  de  St-Cii'que",  quelques  notes  peu  ou  point  connues. 
*** 

Jean- Louis  de  Jadon,  écuyer,  sieur  de  Saint-Cirque  (i),  après 
avoir  "servi  daus  les  meilleurs  régiments  de  France  et  avoir  commandé 
un  bataillon  en  Sicile"  (2)  vint  au  Canada  en  16S5,  avec  le  nouveau 
gouverneur  général,  M.  le  marquis  de  Denon ville 

Le  6  janvier  16S7,  étant  avec  les  troupes  cantonnées  à  Montréal, 
'il  assiste  et  signe  au  contrat  de  mariage  entre  Jacques  Maleray,  sieur 
de  la  Molerie,  lieutenant,  et  Françoise  Picoté  de  Belestre  (^Basset). 
Au  mois  de  juin  suivant,  il  prend  part  à  L'expédition  contre  les  Iro- 
quois  (B.  R.  H.,  VH,  156),  puis  revient  résidera  Montréal,  car  il  fi- 
gure dans  un  acte  d'Adliéniar  de  1688. 

Le  premier  septembre  1689,  M.  Jadon  de  Saint-Cirque  consent 
une  obligation  de  631  livres  à  Abraham  Bouat,  l'hôtelier  à  la  mode  de 
Montréal,  à  cette  époque,  pour  sa  dépense  de  bouche  à  lu}-  et  à  sou 
vallet"     (Adhémar). 

Cette  même  année,  il  parait  avoir  été  à  Niagara  avec  un  parti. 

Au  mois  d'août  1691,  lors  de  l'attaque  de  Laprairie  par  le  major 
Schuyler,  M.  de  Jadon  de  Saint-Cirque  prit  la  direction  de  la  dcfcnt.e 
du  fort  eu  remplacement  de  ^L  de  Callières,  gouverneur  de  Montréal 
qui  était  malade. 

L'infortuné  capitaine  fut  blessé  à  la  cuisse  d'une  balle  qui  lui  cou- 
pa la  veine  cave  et  il  mourut  en    rentrant  au  fort. 

Avec  lui  furent  tués  Dosta,  capitaine  réformé,  Domergue,  lieute- 
nant réformé  et  14  autres  soldats  ou  habitants  (Tanguay,  1,  553). 

C'est  certainement  parmi  ces  "14  soldats  ou  habitants"  malheu- 
reux qu'étaient  les  cinq    montréalais  que  le  registre  de  Villeniarie  rap- 


(i)     Dans  un  acte  d' Adhémar,  cité    plu.- loin  on    lit    GivDox 
lieu  de  Japon. 

(i)     Note  de  I\L  Suite.  ,     ':     :  • 


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—  3G8  — 

porte  avoir  été  tués  à  Laprairie  le  1 1  août  1691  et  dont  voici  les  noms  : 

Nicolas  Barbier,  âgé  de  33  ans,  fils  de  Gilbert  Barbier,  l'un  des 
pionniers  de  Montréal.  Nicolas  avait  fait  partie  de  ce  groupe  d'hom- 
mes qui  tentèrent  de  fonder  une  communauté  de  Frères  instituteurs 
à  Montréal,  en  1686   (i) 

Louis  Ducharme,  âgé  de  31  ans,  époux  de  Marie  Anne  Mallet. 

François  Cibardin,  âgé  de  31  ans,  époux  de  Louise  de  Guître. 
Cordonnier  de  métier,  11  avait  acheté  deux  mois  jilus  tôt,  en  compagnie 
de  Baillet,  la  tannerie  de  j\LM.  Dcdieu  et  Mouchère,  à  Villemarie  (Ad- 
hémar,  15  juin  1691). 

Jean-Vincent  Le  Ber  Duchesne,  âgé  de  24  ans,  fils  de  Jacques  Le 
Ber,  marchand. 

Pierre  Pinguet  de  Montigny,  âgé  de  33  ans,  époux  de  Catherine 
Testard  de  Folleville. 

Pierre  Cabazié,  âgé  de  19  ans,  fils  du  notaire  et  sergent  royal, 
Pierre  Cabazié. 

Trompé  par  la  similitude  des  noms,  Mgr  Tanguaj-,  vol.  I,  97,  a 
fait  mourir  le  père  en  1691,  mais  au  vol.  II,  513,  l'auteur  donne  la 
vraie  date  du  décès  qui  est  17 15. 


Il  est  probable  que  dans  le  registre  de  Laprairie    de  1691     dont  le 
double  n'existe  pas  aux    archis-cs    de  Montréal,     on  trouverait  la  liste 
des  autres  soldats  ou  habitants    qui  succombèrent  dans  ce  combat. 
E.  Z.  MASSICOTTIv 


(:)     Voir  notre  étude  sur  cette    fondation  dans  le  Canadian  Ax- 
'IQUARIAX,  1913,  pp.  3  et  suiv. 

Les  Bibliothèques  sous  le  régime  français 


Dans  un  discours  récent  prononcé  à  Montréal,  sir  Loincr  Oonin  a 
]>rouvé  qu'il  y  avait  un  bon  nombre  de  bibliothèques  au  Canatla,  sous 
le  régime  français. 

Sir  Lomer  a  aussi   signalé  l'existence  d'une  bibliothèque  pulili<|UL'  à 
t^uébec  en  1764. 


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-369- 

LA  FAMILLE  FOUCAULT 


François  Foucault 

En  juin  1716,  le  roi  de  P'rance  accordait  à  François  Foucault  l'em- 
ploi de  garde-magasin  à  Québec,  vacant  par  la  retraite  du  sieur  Des- 
noj'ers. 

Foucault  était  le  fils  de  Eusèbe  Foucault  et  de  Catherine  Catelau, 
du  diocèse  de  Bayonne,  en  Gascogne.  M.  l'abbé  Daniel  (HISTOIRE 
DES  GRANDES  FAMILLES  FRANÇAISES  DU  CANADA,  p.  262) 
dit  que  M.  Foucault  était  de  l'illustre  maison  des  comtes  de  Foucault, 
dont  les  origines  remontent  jusqu'aux  Croisades.  Il  n'appuie  sa  pré- 
tention sur  aucune  preuve.  Nous  croyons  que  M.  Foucault  n'avait 
que  le  nom  de  commun  avec  l'illustre  famille    des  comtes  de  Foucault. 

M.  Foucault  ne  tarda  guère  à  venir  prendre  son  emploi  puisque 
nous  le  voyons  figurer  au  recensement  de  la  paroisse  de  Québec  fait 
pendant  ce  même  été  de  1716.  On  lui  donne  son  titre  de  garde-maga- 
sin du  Roi  et  on  le  dit  habitant  du  quartier  Saint-Nicolas  ou  du  Palais. 
Il  est  âgé  de  26  ans. 

Le  3  avril  1733,  le  gouverneur  de  Beauharnois  et  l'intendant  Hoc- 
quart  concédaient  à  M.  Foucault  "un  terrain  de  deux  lieues  de  front 
sur  la  rivière  Chambly,  les  dites  deux  lieues  de  front  à  prendre  depuis 
la  borne  de  la  seigneurie  nouvellemeut  concédée  au  sieur  de  Noyan,  et 
sur  la  même  ligne,  en  remontant  le  long  de  la  rivière  Chambly.  sur  la 
profondeur  qui  se  trouvera  jusqu'à  la  baie  de  MissisKouy  (Missisquoi) 
le  tout  à  titre  de  fief  et  seigneurie  avec  droit  de  haute,  moyenne  et 
basse  justice,  droits  de  pêche,  de  chasse  et  de  traite  avec  les  Sauvages 
tant  au  devant  qu'au  dedans  du  dit  terrain."      (i) 

Cette  concession  fut  ratifiée  par   le  roi  le  6  avril  1734.      (2) 

Le  18  avril  1733,  M.  Foucault  était  fait  conseiller  au  Conseil  Suj>é- 
rieur  de  Québec,  en  remplacement  du  sieur  de   Saint-Simon,  décédé  (3) 

Le  27  avril  1735,  MM.  de  Beauharnois    et  Hocquart  accordaient  à 

(i)     Insinuations  du  Conseil  Supérieur  de  Québec,  cahier  7. 

(2)  Insinuations  du  Conseil  Supérieur  de  Québec,  cahier  7. 

(3)  Insinuations  du  Conseil  Supérieur  de  Québec,  cahier  7. 


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-370- 

M.  Foucault  et  à  M.  Boucault,  lieuteuaut  au  siège  de  l'amirauté  de 
Québec,  une  concession  au  Grand  Saint-Modet,  près  la  rivière  des 
Français,  à  la  côte  du  Labrador,  pour  y  faire  la  pêche  aux  loups- ma- 
rins. 

Cette  concession  fut  l'occasion  d'un  différend  assez  sérieux  entre 
les  deux  a-'sociés  et  le  sieur  Constantin  qui  avait  eu  une  concession  au 
même  lieu  bien  avant  eux  puisqu'elle  datait  du  31  mars  1716.  Le  dif- 
férend fut  temporairement  arrangé  par  un  règlement  de  MM.  de  Beau- 
harnois  et  Hocquart,  le  iS  avril  173S.      (i) 

Quelques  jours  plus  tard,  le  ler  mai  1738,  l'intendant  Hocquart 
mettait  fin  pour  toujours  à  la  dispute  en  concédant  pour  dix  ans  à  M 
M.  Foucault  et  Boucault  le  lieu  nommé  Apétep)-,  à  la  côte  du  Labra- 
dor, situé  entre  la  concession  du  sieur  de  la  Valterie  et  celle  accordée 
au  sieur  de  Brouage.  I^'intention  de  MM.  Foucault  et  Boucault  était 
de  faire  en  cet  endroit  la  pêche  au.K  loups-marins,  la  chasse  et  la  traite 
avec  les  Sauvages     (2) 

A  l'automne  de  1740,  AL  Foucault  qui  exerçait  son  emploi  de 
garde-magasin  du  Roi  depuis  près  d'un  quart  de  siècle,  demandait  à 
prendre  sa  retraite.  Sa  demande  lui  fut  accordée  au  mois  d'avril  1741. 
Il  fut  remplacé  par  le  sieur  Estèbe. 

Le  président  du  Conseil  de  marine  accorda  à  M.  Foucault,  en  ré- 
compense de  ses  bons  .services,  le  titre  et  la  charge  d'écrivain  juincipal 
de  la  marine.     Cette  charge  donnait  900  livres  d'appointements. 

Le  10  mai  1741,  le  gouverneur  de  Beauharnois  et  l'intendant  Hoc- 
quart déclaraient  plusieurs  concessionnaires  des  terres  du  lac  Cham- 
plain  déchus  de  tous  droits  et  propriétés  sur  les  dites  terres  parce  qu'- 
ils ne  s'étaieut  pas  conformés  aux  conditions  de  leurs  concessions.  M. 
F'oucault,  qui  ne  s'était  guère  occupé  de  sa  .seigneurie  de  Foucault,  se 
trouva  au  nombre  des  dépos.sédés. 

Cependant,  MM.  de  Beauharnois  et  Hocquart  s'étaient  réservés, 
sous  le  bon  plaisir  de  Sa  Majesté,  de  donner  de  nouve.nux  titres  de 
concession  à  ceux  de*  concessionnaires  qui  justifieraient,  au  bout  d'un 
an,  d'avoir  sérieu.senient,  par  des  dépenses  et  des  travaux  réels,  mis  en 
valeur  partie  notable  de  leurs  anciennes  terres. 

(i)  On  trouvera  ce  règleiueitl  au  volume  26,  folio  90,  des  Ordon- 
iiances  des  intendants. 

t^2)     Ordonnances  des  intendants,  vol.  26,  folio  iO|. 


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—  371  - 

M.  Foucault,  qui  voulait  repreudre  sa  seigneurie,  se  mit  en  frais 
d'y  attirer  des  colons.  Au  bout  d'un  an,  il  pouvait  déclarer  que  six  ha- 
bitants s'étaient  établis  dans  sa  seigneurie.  C'étaient  François  La- 
porte  dit  Labonté,  Christophe  de  Saint-Christophe  dit  Lajoie,  Thomas 
Karet,  Joseph  Saintonge,  Pierre  Marinet  et  Michel  Saint-Julien. 

MM.  de  Beauharnois  et  Hocquart,  .satisfaits  de  la  honu<'.  volonté 
de  M.  Foucault  et  de  ses  .  promesses,  lui  accordaient,  le  ler  mai  1743. 
un  nouveau  titre  de  concession.  Sa  première  concession  n'avait  que 
deux  lieues  de  front.  Celle-ci  lui  eu  donnait  trois,  "la  troisième  à 
prendre  au  bout  des  dites  deux  lieaes  en  remontant  ladite  rivière 
Chambly."      (i) 

Cette  nouvelle  concession  fut  ratifiée  par  le  roi  le  25  mars  1745  (2) 

Le  ler  novembre  1744,  M.  Foucault  augmentait  encore  l'étendue 
de  sa  seigneurie  en  se  faisant  concéder  par  MM.  de  Beauharnois  et 
Hocquart  "une  langue  de  terre  ou  presqu'île  d'environ  deux  lieues  de 
front,  joignant  sa  seigneurie,  en  remontant  la  rivière  Chambly,  jusques 
à  la  pointe  appelée  Pointe  du  Détour".      (3) 

Cette  langue  de  terre  avait  été  originairement  concédée  au  sieur 
de  risle  qui  l'avait  abandonnée  au.ssilôt  à  cause  de  la  mauvaise  qualité 
des  terres. 

Foucault,  cette  fois,  se  mit  .sérieusement  à  l'œuvre  pour  colouiser 
sa  seigneurie.  Il  y  conduisit  plusieurs  habitants  et  leur  construisit  un 
moulin  à  vent  en  pierre  qui  lui  coûta  près-de  4000  livres.  Les  progrès 
de  la  seigneurie  de  Foucault  furent  si  rapides  qu'en  1745  le  roi  y  ap- 
prouvait la  formation  d'une  iiaroisse.  Le  12  mai  1745,  le  jjrésident  du 
Conseil  de  marine  écrivait  à  l'évêque  de  Québec  de  prendre  400  livres 
par  année  sur  le  fonds  destiné  aux  curés  usés  pour  l'entretien  du  mis- 
sionnaire qui  devait  desservir  la  paroisse  qu'on  était  à  la  veille  d'éta- 
blir dans  la  seigneurie  de  Foucault. 

Le  20  octobre  1750,  l'intendant  Bigot  demandait  au  ministre  que 
le  sieur  Foucault,  écrivain  principal  de  la  marine,  fut  admis  à  sa  re- 
traite,  ainsi  (pi' il  le  désirait. 

(i)  Pièces  et  documents  relatifs  à  la  teiiun.-  seigneuriale,  p.  204. 
(.2)  Kaiijiort  sur  les  archives  canadiennes  pour  1905,  vol.  1,1  .  37. 
(3J      Pièces  et  documents    relatifs  à  la  tenurc  .seigneuriale,  p.  29^. 


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—372— 

Nous  ignorons  quelle  fut  la  réponse  du  ministre. 
Le  3  juillet  1752,     M.  Foucault    était  créé    premier    conseiller  au 
Conseil  Supérieur  de  Québec,  en  remplacement  de  M.  Cugnet,  décédé. 
(0- 

L'intendant  Bigot  s'était  toujours  intéressé  à  l'avancement  de  M. 
Foucault.  Le  5  juin  1754,  en  réponse  à  une  demande  de  promotion  pour 
M.  Foucault,  le  président  du  Conseil  de  marine  écrivait  à  M.  Bigot  : 
"Lorsque  le  sieur  Foucault  aura  acquis  de  l'ancienneté  au  Conseil  ou 
fera  quelque  chose  pour  lui." 

M.  Foucault  s'acquitta  de  ses  devoirs  de  premier  conseiller  avec 
une  ponctualité  et  une  attention  vraiment  digues  d'éloges.  De  1752  à 
1760,  il  ne  manqua  pas  une  seule  séance  du  Conseil  Supérieur.  C'est 
lui  qui  eut  l'honneur  de  présider  la  dernière  séance  du  Conseil  Supé- 
rieur de  la  Nouvelle- France  tenue  à  Montréal  le  28  avril  1760. 

On  a  dit  qu'après  la  Conquête  M.  Foucault  s'en  alla  jouir  de  sa 
fortune  en  France.  Tel  n'est  pas  le  cas.  M.  Foucault  continua  à  ré- 
sider à  Québec  oii  il  décéda  le  19  juillet  1766,  à  l'âge  de  78  ans. 

M.  Foucault  avait  épousé  à  Québec,  le  3  juin  1718,  Catherine 
Chaunière-Sabourin,  fille  de  Denis  Sabourin  Chaunière  et  de  Catheri- 
ne Nafrechoux. 

Madame  Foucault  décéda  subitement  à  Québec  le  11  avril  1731,  à 
l'âge  de  45  ans.  Elle  fut  inhumée  au  cimetière  paroissial  le  lende- 
main. 

Enfants  de  François  Foucault  et  de  Catherine  Chaunière-Sabou- 
rin : 

lo    Michelle-Elisabetii  Foucault.  "'" 

Née  à  Québec  le  16  avril  17 19. 

Mariée  à  Québec,  le  4  mars  1737,  à  Daniel-Hyacinthe  Liénard, 
Ecuyer,  sieur  de  Beaujeu,  oiïicier  dans  les  trou])es  du  détachement  de 
la  marine  entretenu  par  le  Roi  en  ce  pays,  fils  de  Louis  Liénard, 
Ecuyer,  sieur  de  Beaujeu,  chevalier  de  l'Ordre  militaire  de  Saint-Louis 
et  major  des  dites  troupes,    et  de  dame  Thérè.'ie  Migeon. 

C'est  le  héros  de  la  Monongahéla. 

On  sait  que  M.  de  Beaujeu  fut  tué  le  9  juillet  1755  en  battant  le 
général  Braddock  qui  s'avançait  contre  le  fort  Duquesne  à  la  tcte 
d'une  armée  dix  fois  plus  forte  que  la  sienne.     C'est  de  cette    bataille 

(i)     Insinuations  du  Conseil  Sui)crieur  de  Québec,  cahier  9. 


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—  373  — 

que  Washington,  le  futur  fondateur  des  Etats-Unis,  qui  était  un  des 
officiers  de  Braddock,  a  écrit  :  "Nous  avons  été  battus,  et  battus  hon- 
teusement par  une  poignée  de  Français." 

M.  de  Beaujeu  fut  inhumé,  le  I2  juillet  1755,  dans  le  cimetière 
du  fort  Duquesne. 

Sa  veuve  lui  survécut  trente-six  ans.  Décédée  à  Montréal  le  8 
juillet  1791,  elle  fut  inhumée  dans  la  chai^elle  Sainte- Anne  de  l'église 
Notre-Dame. 

De  leur  mariage  étaient  nés  neuf  enfants.  D'après  M.  l'abbé  Da- 
niel, sept  des  enfants  du  héros  de  la  Monongahéla  seraient  morts  eu 
bas  âge.  Les  deux  autres,  un  garçon  et  une  fille  (mariée  à  M.  de 
Charly,  puis  à  son  oncle  Denis-Nicolas  Foucault)  passèrent  en  France 
après  la  Conquête. 

2°    Catherixe-Françoisk  Foucault 

Née  à  Québec  le  16  février  1720 

Décédée  au  même  endroit  le  12  mai  1728.  Inhumée  dans  l'église 
paroissiale. 

3°     Jean-François- EusÈBE  Foucault 

Né    à  Québec  le  21  novembre  1721. 

Décédé  au  même  endroit  le  4  mai  1738.  Inhumé  le  leindemain 
dans  l'église  paroissiale,  sous  le  banc  de  sa  famille,  du  côté  de  la  chai- 
re. , 

4°     Denis-Nicolas  Foucault 

Né  à  Québec  le  13  janvier  1723. 

En  1738,  le  jeune  Foucault  entra  dans  les  bureaux  de  la  Marine 
de  la  Nouvelle- France. 

Quatre  ans  plus  tard,  eu  1742,  il  passa  élève  de  la  marine  à  Ro- 
chefort. 

Il  fit  sa  première  campagne  sur  la  GIRONDE,  à  l'Ile  Royale,  en 
1745- 

En  1747,  il  devenait  écrivain  de  la  Marine,  puis,  en  1757,  écrivain 
principal. 

En  1763,  Foucault  obtenait  l'emploi  de  contrôleur  de  la  Marine 
en  Louisiane. 

Se«  neuf  campagnes  sur  mer  lui  avaient  probablement  aidé  à  ob- 
♦euir  cette  charge. 


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-374- 

Lorsque  dou  Antonio  de  Ulloa  vînt  prendre  possession  de  la  Loui- 
siane, au  nom  du  roi  d'Espagne,  il  se  trouva  bientôt  en  difiîcultés  avec 
Foucault,  et,  au  commencement  de  1768,  il  lui  enlevait  sa  charge. 

Foucault  se  vengea  de  l'irascible  espagnol  en  prêtant  la  main  pres- 
que ouvertement  à  la  sédition  qui  le  chassa  de  la  Louisiane 

Dans  une  procuration  donnée  le  11  mars  1769,  à  Jacques  Perrault, 
négociant  à  Québec,  pour  retirer  ce  qui  lui  était  dû  dans  la  succession 
de  son  père,  M.  Foucault  s'intitule  "Denis-Nicolas  Foucault  faisant 
fonction  d'ordonnateur  et  de  premier  juge  au  Conseil  Supérieur  de  la 
l)rovince  de  la  Louisiane." 

En  1769,  l'Espagne  envoyait  le  comte  O'Reill}-  reprendre  posses- 
sion'de  la  Louisiane. 

Comme  F'oucault  était  à  l'emploi  du  roi  de  France,  O'Reilly  n'osa 
le  faire  arrêter.  Mais  il  pria  ^L  Aubry,  dernier  gouverneur  français 
de  la  Louisiane,  qui  était  encore  dans  la  colonie,  de  se  charger  de  cette 
besogne. 

Foucault  fut  arrêté  le  24  août  1769.  Il  se  défendit  très  habile- 
ment. A  toutes  les  questions  que  NL  Aubry,  sur  la  demande  d'O'Reil- 
ly,  lui  posa,  il  se  contenta  de  répondre  qu'il  n'était  en  rien  justifiable 
des  tribunau.x^  espagnols. 

O'Reilly  n'osa  aller  plus  loin  et  il  le  fît  embarquer  pour  la  France. 

A  l'arrivée  du  navire  à  LaRochelle,  il  fut  arrêté  et  incarcéré  à  la 
Bastille  le  17  février  1770.  L'ordre  de  détention  jjurtait  :  "Sur  la  de- 
mande de  Sa  Majesté  Catholique" 

On  commença  le  procès  de  F'oucault,  juiis  la  ju.^tice  se  décida  à 
laisser  à  la  diplomatie  le  soin  de  décider  de  son  sort. 

Le  iS  juillet  1770,  la  dépêche  suivante  était  envoyée  à  l'ambassa- 
deur de  France  à  Madrid  :  "Le  roi  d'Espagne  prononcera  sur  le  sort 
de  ce  conuni.ssaire  en  le  suppliant  néanmoins  de  vouloir  bien  conseiller 
la  clémence..." 

Le  roi  d'Ivspagne  fit  répondre  :  "L'intention  de  .Sa  iNLijesté  est  de 
ne  point  se  mêler  de  la  décision  du  sort  du  sieur  F'oucault  qu'il  laisse 
entièrement  à  l'arbitre  du  roi  de  France  pour  (jue,  suivant  les  inspira- 
tions de  sa  clémence,  il  en  disixise  selon  son  bon  jilaisir.  Il  demande 
seulement  que  h'oucault  ne  puisse  jamais  retourner  eu  Louisiane." 

Il  est  peut-être  bon    d'ajouter  que    Foucault    avait  adressé  au  roi 


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d'Espagne  plusieurs  suppliques  pour  implorer  sa  générosité. 

Foucault  ne  fut  pas  tout  de  même  iuis  en  liberté  sur  le  champ.  Il 
Il  fut  oublié  près  d'un  an  à  la  Bastille. 

Le  22  juin  1771,  il  sortait  enfin  de  prison. 

Le  duc  d'Aiguillon,  qui  s'était  intéressé  à  son  sort,  écrivait  à  peu 
près  vers  cette  époque  :  "Sa  conduite  à  la  Nouvelle-Orléans  paraît  ne 
lui  avoir  été  inspiré  que  par  un  zèle  excessif  pour  le  service  du  roi". 

De  son  côté,  le  comte  O'Reilly,  qui  avait  été  plus  à  môme  de  le 
connaître,  faisait  de  lui  un  portrait  peu  flatteur  :  "C'est  un  personna- 
ge vain,  borné,  qui  a  dupé  beaucoup  de  monde,  ainsi  qu'il  est  aisé 
d'en  juger  par  l'état  des  dettes  (  «is;, 000)  qu'il  laisse.  Je  suis  per- 
•suadé  que  la  crainte  de  ne  pouvoir  jamais  les  payer  a  été  la  principale 
cause  de  ses  délits." 

Quoiqu'il  en  soit,  le  roi  de  France  ne  lui  tint  pas  trop  compte  de 
sa  conduite  puisque,  peu  après  sa  sortie  de  la  Bastille,  il  le  nommait 
commissaire   titulaire  de  la  marine     "pour  prendre    rang    du  ler  avril 

1765-" 

En  1772,  Foucault  obtenait  la  charge  d'ordonnateur  à  Pondiché- 
ry. 

Il  passa  en  la  même  qualité,  en  1776,   à  l'île  de  France. 

Foucault  se  retira  du  service  le  2  août  1783,  avec  une  pension  de 
10,000  livres. 

Il  mourut  à  Tours  le  3  septembre  1S07. 

M.  Foucault  s'était  marié,  après  .son  retour  en  France,  à  Louise 
Liéuard  de  Beaujeu,  veuve  de  Jtan-Baptiste-François  Charly,  cheva- 
lier de  St-Loui.-;  et  major  de  l'île  de  Gorée. 

Elle  décéda  à  Tours,  en  1823,  et  lais.sa  ses  biens  à  Aniédée- Vin- 
cent Juchereau  de  Saint-Denys. 

5«    TiiKRKSK-Loui.SK  Foucault     (i) 

Née  à  Qué'oec  le  25  novembre  1723. 

Décédée  à  Charlesbourg  le  23  février  1724,  elle  fut  inhumée  dan.^, 
la  chapelle  Saint-Joseph  de  l'église  ds  cette  paroisse. 

6°     Louis-Catiiickink  Foucault 


(i)      L'acte  de  sépulture  lui  donne   les  prénoms  CTihcrine-Louist 
-Thérèse,  mais  elle  lut  baptisée  >ous  le>  prénoms  Tliér<'sc-l,uuise. 


q'.  f-J 


—376- 

Née  à  Québec  le  26  avril  1725. 

Mariée,  à  Québec,  le  8  février  1747,  à  Josepli-Etienne  Nouchet, 
couseill^T  du  Roi,  assesseur  au  Conseil  Supérieur  de  Québec,  fils  de 
Joseph  Nouchet,  receveur  des  droits  du  domaine  du  Roi  en  ce  pays,  et 
de  Geneviève  Gatin. 

M.  Nouchet,  qui  avait  été  nommé  assesseur  au  Conseil  Supérieur 
de  Québec  par  MM.  de  Beauharnois  et  Hocquart  le  3  décembre  1746, 
remplaça  dans  le  même  corps,  le  ler  juin  1750,  M.  de  Lotbinière  décé- 
dé. 

M.  Nouchet  décéda  à  Québec  le  3  février  1758,  et  fut  inhumé 
dans  l'église  paroissiale. 

An  mois  de  novembre  1759,  madame  veuve  Nouchet  entrait  com- 
me dame  pensionnaire  chez  les  Sœurs  Grises,  à  Montréal.  Elle  décé- 
da dans  cette  communauté   le  26  juillet  1774.      (i) 

De  ses  cinq  enfants  une  seule  lui  survécut,  Marie-Joseph-Elisabeth, 
qui  devint  l'épouse  de  Augustin  Chaboillé,  de  Montréal. 

7°     Marie-Claude-Geneviève  Foucault 

Née  à  Québec  le  12  avril  1726. 

Mariée  à  Québec,  le  4  mai  1744,  à  Guillaume  Guillimin,  conseiller 
assesseur  au  Conseil  Supérieur  de  Québec,  fils  de  feu  Mtre  Charles 
Guillimin,  conseiller  du  Roi  au  dit  Conseil  et  de  défunte  dans  Fran- 
çoise Le  Maître. 

Après  avoir  été  conseiller  au  Conseil  Supérieur  de  Québec  puis 
lieutenant-général  de  l'Amirauté  sous  le  régime  français,  M.  Guilli- 
min devint  sous  le  régime  anglais  avocat  puis  juge  de  la  Cour  des  Pré- 
rogatives.    Il  décéda  à  Québec  le  30  juillet  1771. 

8°     Marie-Thérîîse  Foucault 

Née  à  Québec  le  20  avril  1728.      (2) 

Mariée  à  Québec,  le  14  novembre  1747,  à  Jean  André  La  Maletie, 
bourgeois,  négociant  à  Québec,  fils  du  sieur  La  Maletie,  bourgeois,  né- 
gociant à  Bordeaux,  et  de  danioiselle  Marie-Aune  Benêt,  de  la  paroisse 
Saint-Michel,  évèché  de  Bordeaux. 

Quelques  mois  après  son  mariage,  M.  La  Maletie  remplaçait  M. 
.\ubin  de  l'Lsle  connue  greffier  delà  maréchaussée  de  Québec. 

{!)     Annuaire  de  Ville- ^Llrie,  vol.  i  ,  p.  85. 
(2)     Baptisée  le  22  août  1729. 


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—377- 

Après  la  conquête,  M.  La  Maletie  sa  femme  et  ses  enfants  parti- 
rent pour  la  France. 

En  1768,  M.  La  Maletie  était  établi  comme  négociant  à  Bordeaux. 

François  Foucault  ■  | 

Il  ne    faut  pas    confondre    François    Foucault,     garde-magasin  à  | 

Québec,  puis  écrivain  principal    de  la  marine  et    conseiller  au  Conseil  i 

Supérieur,  avec  François  Foucault,    marchand  et    exempt  de  la  Mare-  1 

chaussée  à  Québec.  i 

Ce  dernier  était  né  en  1661,     à  Vernenil,     près  de  Loches,  évêclié  I 

de  Tours,  du  mariage  de  François   J'oucault  et  de  Gabrielle  Delaunaj-.  i 

Tl  passa  dans  la    Nouvelle- France  avant  1689    et  s'établit    comme  i 

marchand  à  Québec. 

Le  24  mai  1689,  le  roi  établissait     au  Canada    la  charge  d'exempt  } 

du  prévôt  des  Maréchaux  qu'il  accorda  à  François  Foucault,     pour  en  : 

faire  les  fonctions  sous    le  sieur    de  Saint-Simon,    prévôt    de  la  Maré- 
chaussée. 

François  i*oucault  exerça  cette  charge  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  à 
Québec  le  7  juin  1734.     Il  était  âgé  de  73  ans. 

Il  avait  épousé,  à  Montréal,  le  30  août  1691,  Catherine  Nafrechoux, 
veuve  de  Louis  Chaunier,  et  fille  d'Isaac  Nafrechoux  et  de  Catherine 
Leloup.  I 

Elle  décéda  à  Québec  le  29  janvier  1735,  un  peu  plus  de  six  mois 
après  son  mari. 

De  leur  mariage  étaient  nés  cinq  enfants  :  • 

i''     Jean-Baptiste  Foucault  né  à  Québec  le  23  février  1693. 

20  Catherine  Foucault  née  à  Québec  le  2  mai  1696.  Ce  doit  être 
elle  que  nous  voyons  entrer  en  religion  à  l' Hôpital-Général  de  Québec 
le  4  novembre  1713  sous  le  nom  de  Charlotte  de  la  Croix.  Ivlle  fil 
profession  le  23  avril  17 15  et  décéda  le  17  septembre  1741. 

3"  Frauçoise-Gabrielle  Foucault  née  à  Québec  le  3  mars  1698. 
Mariée  à  Québec,  le  18  décembre  1724,  à  Louis  Courval,  fils  de  Jean- 
Baptiste  Co.irval  et  de  Louise  Cressé,  de  Trois-Rivières. 

4°     Pierre  Foucault  né  à  Québec  le  3  mars  1699.  ; 


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— 378 — 

.5°     François  Foucault  né  à  Québec  le  9  mars  1700.     (i) 

L'aide-major  Foucault 

Le  16  novembre  1704,  le  gouverneur  de  Vaudreuil  écrivait  au  mi- 
nistre : 

"Il  m'est  revenu  que  l'on  vous  avait  dit  que  j'avais  uue  quantité 
de  parents  du  côté  de  mon  épouse.  Je  vous  assure  qu'elle  n'a  au 
monde  en  ce  pays  que  M.  de  Lotbinière.  Il  est  vrai  que  j'ai  beaucoup 
de  considération  pour  lui,  mais  aussi.  Mgr,  il  faut  que  le  portrait  que 
l'on  vous  en  a  fait  lui  soit  bien  avantageux  pour  que  vous  lui  ayez 
fait  l'honneur  de  le  mettre  à  la  tête  du  Conseil  où  il  remplit  parfaite- 
ment ses' devoirs  et  le  sieur  de  Beauharnois  en  est  très  conteut. 

"Je  n'ai  de  mon  côté  qu'un  parent  à  qui  le  feu  chevallier  de  Cal- 
Hères  avait  donné  une  petite  enseigne  dans  ce  pays.  Je  vous  prie  de 
vouloir  bien  lui  accorder  U!ie  lieuteuance.  Il  fait  la  charge  d'aide- 
major  des  troupes.  Il  est  à  Plaisance  avec  le  détachement  que  vous 
m'avez  ordonné  d'envoyer  au  sieur  de  Suberca.se.  C'est  un  gentil- 
homme en  état  de  bien  servir  le  roi.  Il  est  cousin  germain  de  M.  de 
Polastfon,  lieutenant-général  et  se  nomme  monsieur  de  Foucault".  (2) 

Nojs  croyons  que  ce  M.  de  Foucault  n'a  pas  séjourné  longtemps 
dans  la  Nouvelle-France.  Du  moins,  nous  n'eu  trouvons  aucune 
mention  après  1704. 

En  1880,  un  Français  distingué,  le  comte  de  Foucault,  visitait  le 
Canada.  M.  le  juge  Routhier  lui  a  dédié  son  récit  de  voyage  au  lac 
Saint-Jean,  En  canot.  Le  comte  de  Foucault  était  de  la  même  famil- 
le que  l'aide-major  des  troupes    Foucault. 


(i)  Mgr  Tanguay  {Dic!ionnai>t  gâicalogiquc,  vol.  1er,  p.  237) 
lui  fait  épouser,  à  Québec,  le  3  juin  17 iS,  Catherine  Chaunier.  Il  l'a 
confondu  avec  son  homonyme,  François  Foucault,  qui  fut  plus  tard 
conseiller  au  Conseil  Supérieur. 

(2)     Correspondance  générale,  vol.,  22. 


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-  379  - 

Nicolas  Foucault 

Originaire  du  diocèse  de  Paris,  il  fut  ordonné  prêtre  à  Québec  le  3 
décembre  1689. 

M.  Foucault  fut  curé  de  Batiscan  de  1690  à  1700. 

C'est  au  cours  de  cette  année  qu'il  partit  pour  les  missions  de  la 
Louisiane. 

M.  de  Brisacier  écrivait  de  Paris  à  Mgr  de  Laval,  le  17  juin  1701  : 

"Nous  avons  reçu  vos  trois  lettres  de  1700,  Monseigneur,  l'une  du 
9  août,  l'autre  du  19  octobre  et  la  3e  sans  date.  La  i ère  nous  a  été 
rendue  par  le  Père  Commi.ssaires  des  Récollets  et  elle  est  toute  entière 
sur  la  mission  du  Mississipi  et  sur  le  présent  que  vous  lui  avez  fait  en 
y  envoyant  M.  Foucault  en  qui  vous  avez  trouvé  toutes  les  bonnes 
qualités  d'un  missionnaire  ])ropre  à  travailler  avec  succès.  Il  faut  es- 
pérer avec  vous,  Mgr,  qu'estant  joint  avec  ses  confrères  et  agissant  de 
concert  avec  eux  l'œuvre  de  Dieu  s'avancera." 

M.  Foucault  fut  massacré  par  des  Sauvages  infidèles  au  mois  d'oc- 
tobre 1702.  »  .    . 

M.  l'abbé  Tremblay  écrivait  de  Paris  à  Mgr  de  Laval,  le  15  juin 
1703  : 

"Vous  apprendrez  la  triste  mort  de  notre  cher  M.  Foucault  que 
des  sauvages  d'une  nation  au-dessous  des  Akansas  nommés  Coulois 
[M.  Shea  les  nomme  Koroas]  qu'il  avait  pris  pour  le  des  endre  aux 
Français  avec  trois  autres  Français  malades  qu'il  avait  ^  aux  AKansas, 
ont  massacré  pour  avoir  sans  doute  leur  butin  ou  poussés  peut-être  par 
les  AKansas  de  dépit  de  ce  qu'il  les  abandonnait." 

Un  peu  plus  tard,  M.  Tremblay  écrivait    encore  à  Mgr  de  Laval  : 
"M.  Bergier  me  mande  que  quand  M.  Foucault    a  été  tué  il  avait 
pour  plus  de  1000  écus  d'effets  avec  lui.     Quelle  perte  outre  celle  de  la 
personne  qui  est  inestimable  !" 

Simon  Foucault 

Le  récollet  Simon  Foucault  était  né  en  France.  Mgr  Tanguav 
dit  qu'il  fut  ordonné  iirêtre  à  Québec  le  iS  décembre  1723.  Il  fait 
erreur  puisqu'on  le  voit  desservir  le  Cap  Saint-Ignace  pendant  quatre 
mois  en  1722. 

Au  mois  d'octobre  1724,  le  Père  Foucault  revient  au  Cap  Saint- 
Ignace.  Cette  fois  son  séjour  y  fut  plus  long  qu'en  1722 
puisqu'on  trouve  sa  signature  dans  les  registres  jusqu'à  septembre 
1741.  Pendant  ces  dix-sept  ans  il  eut  charge  du  Cap  Saint-Ignace,  de 
l'île  aux  Grues,  do  l'Islet  et  de  Saint-Jean  Port-Joli  à  différents  inter- 
valles. 

îilgr  Tanguav  fait  mourir  le  Père  Foucault  à  Montréal  le  6  juillet 
1744.  M.  rai)bé  Sirois,  dans  .sa  Mono;^,yaphic  de  Si-h-nacf  du  Cap  Sl- 
Isiinu'c  fixe  sa  mort  au  9  octobre  1747. 

P.-G.-R. 


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...  380  — 


TTable  des  raeitieres 

DU  VINGT-UNIEME  VOLUME  DU   BULLETIN  DES 
RECHERCHES  HISTORIQUES 


Abréviation  de  "mil-six  cent  "......  21; 

Adelsheini,  Charles-Fredéric-Chrétien  ....  221 

Alavoine,  Charles  ........ 

Allemand,  Pierre  .  ....... 

Alliez,  André ,         .  . 

Auceâu  .......... 

Badelart,  Le  docteur 

Baronies   de  la  Nouvelle- France,  Les  ..... 

Basilique  de  Québec,  Les  piliers  de  la         .  .  .  . 

Beaucours,  Madame  Boisbertlielot  de  .  .  .         . 

Beauharuois,  Lettre  du  Roi  au  gouverneur  de         .  .  . 

Belestre  et  Pierre  Le  Moyue    d'Iberville,  Mlle  Picoté  de 
Belyédère  à  Québec,  L'origine  du  nom       .... 

Berry 

Berthier         .......... 

Biographies  canadiennes         22,  23,  29,  51,  87,  153,  217,  244, 
Blondin,    Les  prouesses  de         .       .  .  .  .  .      . 

Boucliers  des  Sauvages,  Les       ...  .         . 

"Bourse  de  Montréal",  La         ......     . 

Branssat,  Migeon  de         .......     . 

Briand,  Lettres  de  Mgr       ...... 

Brouage         ... 

Bruuswickers  au  Canada,  Les       ..... 

Buteux,  L'assassinat  du  Pcre         ..... 

Canadiens-Français  et  la  guerre  de  Crimée,  Les 
Capitulation  de  Montréal,  La         ....         . 

Carillon,  Le  prétendu  drapeau  de         . 

Cartier  descendait-il  de  Jacques  Cartier?  Sir  G.-E. 

Cartier,  Les  ouvrages  publiés  sur  sir  G.-E. 

Catalogne,  Mémoire  sur  les  seigneuries         .  .         .       257,  289, 

Chacornacle  et  Joauucs         .         ,  .  .  .  . 

Chambly,  Le  fort  de 


23 

129 

7.352 

308 

343 

46 
17 
239 
238 
224 

65 
308 

45 
311 
274 

55 

133 

232.  303 

122,  128 


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146 
143 
126 

27 
302 
222 

28 
321 
190 
307 


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...  381  - 

Champlaiu,  Les  autographes  de         ....           .  26 

Champredont,  capitaine  de  I^aSarre         .....  49 

Chartier,  L'abbé  René  alias  Htieuue         .         .          .          .      ."  51 

Châteauguaj-,  Les  combattants  de         ....           .  27 

Chavigny  de  Berchereau,  François  de          .         .           .           .  3" 

Chien  d'Or,  Le 270 

Cloridorme,  L'origine  du  mot         ......  115 

Club  Saint- Jean- Baptiste,  Le I34 

Commissions  des  gouverneurs  de  la  Nouvelle-France,  Les     .  139 

Comtés  de  la  Nouvelle-France,  Les         .....  46 

Conseil  Supérieur  au  Roi,  Lettre  du         .         .         .         .       .  200 

"  "         ,  Lettres  du  Roi  au         ....         50,  145 

"                  "         ,  Le  port  de  l'épée  devant  le         ...  63 

Contemplatifs  de  Montréal,  Les         ......  20 

Couillard  de  Lespiiiay,  Louis         .          .          .          .          .          .  116 

Crosse  et  les  Sauvages,  Le  jeu  de         .          .          .          .            .  212 

Cugnet,  La  famille  du  légiste  Frs-Jos.          ....            .  236 

Darveau,  L'abbé  Jean-Edouard 94 

Des  Essarts ,  30S 

Des  Touches,  Michel  Peroune         ......  166 

Droit  dans  la  province  de  Québec,  Le         .          .           .            .  147 

Duels  et  coups  d'épée  à  Montréal           .....  353 

Dumesnil,  Jean  Peronne         .         .          .          .         .         .         .  161 

Qi  sts  fl/t-inoires 161,  193,  225 

Duplessis,  La  famille  Regnard         .          .         .          .          .       .  2*0 

Dupuis,  Zacharie         .......           .  309 

Ecclés  Hill,  L'engagement  de         .  .         .  .  .       .      115,  253 

Epée  derant  le  Conseil  Supérieur,  Le  port  de         .          .         .  63 
Evanturel,  F-rançois         .          .          .          .          .          .         .       .        22,  61 

F-aux-raonnayeurs  sous  le  régime  français,  Les         .          .      .  34S 

F'ief  Saint-Jean  à  Québec,  Le         .....          .  65 

Fondateurs  de  Montréal,  Les         ......  144 

Fossambault  et  la  Nouvelle  France,  M.  Naud  de       .         .     .  2SS 

F'oucault,  La  famille             .              .              ...              .  369 

Gagnon,  Ouvrages  jiubliés  \\\x  Ihiléas          ...            .  152 

Gaillard,  Guillaume 90 

"       Mathieu         ......            .         .  ^^7 

"       Pierre  Rey         ........  S9 


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382 


Gaudais-Dupoiit    à  Colbert,   Mémoire  de       ...          .  227 

George  III  à  Montréal,  Un  buste  de         ....      .  182 

Gifïard,  Lettres  de  noblesse  à  Robert         .           .            .            .  159 

Gouverneurs  de  la  Nouvelle-France,  Commissions  des       .     .  139 
Haldimand  était-il  marié  ?  Le  gouverneur         .          .      ....     '-20,350 

Iberville,  Mlle  Picoté  de  Belestre,  Le  Moyne  d'         ...  224 

férôme,  Le  Trapjiiste         .....            .            .  17 

Joannès,  Le  baron  de         .  .  .         .  .  .  .      115,  190 

Jodoiu,  Feu  Alexandre         ......            .  77 

Kimber,  La  famille         ........  201 

Langelier,  Ouvrages  publiés  ])ar  Sir  F'ratiçois         .          .          .  210 

"         ,  Ouvrages  publiés  par  Jean-Cbrysostôme         .      .  150 

La  Patrie,  Un  Trappiste  à         .,,...      .  17 

La  Rochette,  Alexandre- Robert  de  St-Hilaire  de           .            .  218 

La  Terrière,  Les  Méuioircs  de 222 

La  Touche,  Louis  Tantouin  de         .          .          .          .         .       .  21S 

Lavallée  et  l'hymne  national         .....          ,  357 

La  Vcrenderie    avant  ses  voyages  au  Nord-Ouest          .            .  97 

Le  Chasseur,  Jean         .......           .  284 

Ledru,  Pierre 64 

Le  Maire,  François         ........  217 

Lettres  de  noblesse  de  Robert  Giffard         .            .          .            .  159 

Lino,  Ignace- Frs- Pierre  Mathieu  de         ....        .  157 

"     Jean-François  Martin  de         .....       .  156 

"     Mathurin-François  Martin  de         ....        .  153 

Lorimier,  Chevalier  de         .....          .            .  36 

'  '         Guillaume  de         .....          .          .  11 

"         La  famille  de         .  .  .  .  .  .  .    '      10,  33 

Louis  XIV  à  Québec,  Un  buste  de 35S 

Macarj-,  Le  capitaine  de         .....          .          .  285 

Mariages  mixtes  à  Montréal  au  i  Se  siècle         ....  84 

Marquisats  de  la  Nouvelle- b'rance         .....  46 

Ma/é,  Louis  Peronne  de         ......          .  164 

Médecine  dans  la  province  de  Québec,  La         .          .          .       .  147 

Migéon  de  Branssat  ........      232,  303 

Monmercpié,    sieur  DuI)rouil,  ancêtre  des  Moutiuarquette       .  t,(it, 

Montréal,  "La  Bourse"   «le          ...          .            .            .  133 

"         La  capitulation  de         .....'     .  27 


ti-riv:    ■• 
1 


—  383 


Montréal   Le  Club  Saint-Jean- Baptiste  à         .         .         . 

"         Les  fondateurs  Je         ....         . 

"         Les  rues  et  trottoirs  à  .... 

Un  buste  de  George  III  à 
Narbonne-Lara,   M.  de         .  .         .         . 

Notariat  dans  la  province  de  Québec,  Le         .  .         . 

Nouette  de  la  SouITleterie         ...... 

Oliva,  Frédéric-Guillaume         .... 

Ordonnances  inédite.s,  Deux         ..... 

Ouvrages  canadiens  récents         ;,o,  62,  95,  12,-^,  158,  181 
Ouvrages  publiés  par  Philéas  Gagnon 

"  "         "     Sir  François  Langelier 

"  "         "     Jeau-Chrysostôme  Langelier 

"     Alfred  Pellaud 
"     Mgr  Têtu         .... 

"              "         "     Horace  Têtu         .... 
Patriotes  exécutés  eu  1S38  et  1S39,  Les 
Pelland,  Ouvrages  publiés  par  Alfred 
Petitclair,  Les  œuvres  de  Pierre         .... 
Plessis  et  la  marquise  de  Villeray,  Mgr 
Peronne  Des  Touches,  Michel 

"     DuMesnil,  Jean         ...... 

"     de  Ma/.é,  Louis 

Piuze,  La  famille         ...... 

Pouliu,  de  Francheville,  Brevet  du  roi  à 

Québec,  Le  fief  Saint-Jean  à 

"       et  la  Siirvcinantc,  Le  combat  de  la 
"       et  le  quartier  Belvédère         ..... 
"        Les  piliers  de  la  basilique  de  ...  . 

"       en  1759,  Le  siège  de         ...  . 

Questions         .     .      64,  86,  115,  138,  178,  211,  235,  269,  27 
Raimbault  et  sa  famille,  Le  juge         .... 
Régiment  de  Canadiens- Français  eu  1764,  Un 

Réponses  .       • 26.  55,  126,  18 

Rivièrê-du-Sud,  lùi  marge  de  l'histoire  de  la 
Rouville,  René-Ovide  llertcl  de  .  .  .  . 

Sailly,  Le  juge  royal  Louis  Artus  de  .... 

Saint-Circiue.  Le  capitaine  de  .... 


134 
144 

25 
182 

29 
147 

23 
20,  91 
179 
256,  347 
152 
210 

151 

82 

278 

243 

64,  185 

82 

61 

5 

166 

161 

161 

214 

83 

66 

20,  127 

65 

174 

48 

352,  366 

78 

305 

31S,  350 

116 

53 

206 

367 


jV. 


.:   ,;:vUrT 


584  — 


Saint  Ours,  Histoire  de  la  seigneurie  de         .  .  . 

Saint- Père  est- il  le  premier  notaire  de  Montréal  ? 
Saint-Sauveur,  André  Grasset  de         . 

'■  "       L'abbé  André  Grasset  de         .  .  . 

"  "       Jacques  Grasset  de         ...         . 

Salaberry,  L'honorable  L-J.-A.  de         ...         . 

Salines  de  Kamouraska,  Les         ..... 

Sauvages  canadiens.  Les  boucliers  des 

Sauvages,  Le  jeu  de  crosse  nous  vient-il  des 

Scalpe  chez  les  Sauvages,  Le         ....  . 

Seigneurs  canadiens  ont-ile  exercé  la  haute  justice,  Les 
Signature  royale,  La         .....  . 

Société  publique  secrète  à  Montréal,  Une 
Trappiste  à  La  Patrie,  Un         ...  . 

Têtu,  Brochures  publiées  par  Horace 

"     Ouvrages  publiés  par  Mgr  Henri 
Tenure  seigneuriale  au  Canada,  La         ...  . 

Vaudreuil,  Lettre  du  roi  au  gouverneur         .  , 

Villeray,  La  marquise  de         .....  . 

"       Augustin  Rouer  de         ...  . 

"       Benjamin  Rouer  de         ...  . 

"       René-Benjamin  de         ....         . 

Vieunay-Pachot,  La  famille         .... 

Viger  et  sa  famille,  Jacques         .         .  ,  .  . 


244 

250 

248 

3 

64 

55 

212 

1S7 

223 

75 

134 

17 

243 

278 

318 

16 

3 

7 

S 

S 

336 

148 


II.'LI  J 


6840    1