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Full text of "Le bulletin des recherches historiques"

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IIMB  HIWIB 


BULLETIN  D'ARCHEOLOGIE,  D'HISTOIRE,  DE 
BIOGRAPHIE,  DE  BIBLIOGRAPHIE,  DE 
NUMISMATIQUE,  ETC.,  ETC., 


PUBLIE    PAR 


Pikrre-Georoks-Rov 


VOLUME  VINGT-TROISIÈME 


L.KVIS 


lOlT 


T 

êDOD 


BULLETIN 

DES 


RECHERCHES  HISTORIQUES 


VOL.  XXIII  BEAl]CEVILLE=JANVIER  19II  No  I 


LES  DEUX  LEVERRIER 


François  Le  Verrier  de  Rousson. — François  Le  Verrier 
de  Rousson  était  fils  de  Nicolas  LeVerrier,  seigneur  de 
Boisguibert.  et  de  Madeleine  Houdon,  de  Paris,  paroisse 
Saint-Paul. 

En  1672,  il  commençait  à  servir  dans  les  Grenadiers. 

En  1675,  il  était  sous-lieutenant. 

L'année  suivante,  en  1676,  il  entrait  dans  le  régiment 
de  la  Reine  en  qualité  de  lieutenant. 

]\L  LeVerrier  de  Rousson  servit  ensuite  pendant  dix 
ans  dans  la  cavalerie.  En  1684,  il  perdait  un  oeil.  Ses 
états  de  services  ne  disent  pas  dans  quelle  bataille. 

Le  17  mars  1687,  ^L  LeVerrier  de  Rousson  était  fait 
capitaine  dans  les  troupes  du  détachement  de  la  marine. 
Il  passa  dans  la  Nouvelle-France  la  même  année. 

En  t688,  m.  LeVerrier  eut  un  accident  qui  faillit  inter- 
rompre sa  carrière.  Etant  à  la  chasse  avec  le  jeune  Jacques 
Boucher  de  Montizambert,  fils  du  vénérable  Pierre  Bou- 
cher, il  eut  le  malheur  de  le  tuer  accidentellement.  Ce  fait 
se  passait  le  9  septembre  1688,  probablement  dans  les  en- 
virons de  Trois-Rivières. 

M.  Boucher  de  Grosbois,  convaincu  que  la  mort  de  son 
fils  était  un  simple  accident  de  chasse,  donna  le  certificat 
suivant  à  M.  Le\>rrier  : 

■  Nous  Pierre  Boucher,  écuier,  sieur  de  Grosbois  et  sei- 


—  4  — 

gneur  de  Boucherville,  et  Jeanne  Crevier,  mon  épouse,  cer- 
tifions à  tous  qu'il  appartiendra  que  si  nous  n'avons  fait 
aucune  poursuite  ni  plainte  à  l'encontre  du  sieur  LeVerrier, 
capitaine  d'un  détachement  de  la  Marine,  de  la  mort  de 
Montizambert,  l'un  de  nos  enfants,  qui  a  été  tué  par  le  dit 
sieur  LeVerrier,  étant  à  la  chasse,  par  un  accident  imprévu, 
c'est  que  nous  sommes  parfaitement  instruit  de  son  inno- 
cence^ en  cette  rencontre  ayant  toujours  eu  beaucoup  d'a- 
mitié et  considération  pour  notre  famille  et  particulière- 
ment pour  le  dit  défunt,  qu'il  aimait  tendrement.  C'est 
pourquoi  à  notre,  égard  nous  déchargeons  le  dit  sieur  Le- 
Verrier de  la  dite  mort. 

BOUCHER 

JEANNE  CREVIER  (i)  " 

En  1689,  dans  une  rencontre  avec  les  Iroquois,  M.  Le- 
Verrier de  Rousson  fut  blessé. 

En  1693,  il  f^^t  de  nouveau  blessé  à  la  cuisse  par  les 
Iroquois.  La  même  année,  le  ler  janvier,  il  avait  été  fait 
garde-marine. 

Le  25  mars  1694,  il  était  fait  capitaine  avec  commission. 
Il  faut  croire  que  jusque  là  il  avait  servi  ici  sans  commis- 
sion. 

Le  5  mars  1695,  M.  LeVerrier  est  fait  enseigne  de 
vaisseau.  Il  n'était  pas  nécessaire  alors  de  servir  sur  mer 
pour  obtenir  ce  grade. 

Le  21  mai  1696,  une  ordonnance  royale  supprimai^ 
complètement  les  congés  de  traite  dans  la  colonie  de  la 
Nouvelle -France.  Cette  ordonnance  parvint  au  Canada  par 
les  vaisseaux  qui  arrivèrent  à  la  fin  de  l'été.  M.  de  Fron- 
tenac, qui  avait  ses  raisons  pour  en  agir  ainsi,  ne  promulgua 
cette  ordonnance  qu'au  mois  de  mai  1697.  M.  de  Callières, 
gouverneur  de  Montréal,  publia  aussitôt  les  ordres  reçus 
par  M.  de  Frontenac:    Le  6  septembre  1697,  par  l'ordre  sui- 


(  1  )  Manuscrit  en  la  possession  de  la  Historical  Society,  Chicago. 
Publié  dans  Rapport  concernant  les  archives  canadiennes  pour  1905,  vol.  I, 
p.  LXVI. 


vant,  il  postait  M.  LeX^errier  avec  un  détachement  en  amont 
de  Alontréal,  pour  arrêter  ceux  qui  voudraient  monter  aux 
Outaouais,  sans  congé  spécial  du  gouv^erneur  : 

'*  Il  est  ordonné  au  Sieur  Le  Verrier,  Capitaine  du  dé- 
tachement de  la  marine,  de  partir  incessamment  de  cette 
ville  avec  le  détachement  qui  lui  sera  remis  par  le  Sieur  de 
Langloiserie,  major  de  cette  ville,  pour  aller  au  pied  du 
long  Sault  de  la  grande  rivière  se  poster  du  côté  nord  dans 
le  lieu  qu'il  jugera  le  plus  propre  pour  en  garder  les  deux 
bords,  afin  d'empêcher  qu'aucun  Français  n'y  puisse  mon- 
ter, soit  dans  des  canots  à  eux  appartenant  ou  parmi  les 
Sauvages,  usant  de  toutes  sortes  d'adresses  et  de  force  pour 
les  prendre  et  me  les  amener  en  cette  ville  en  toute  sûreté, 
avec  les  marchandises,  boissons  et  effets  qui  pourront  leur 
appartenir,  à  la  réserve  de  ceux  qui  seront  avoués  du  Sieur 
de  Tont}',  qu'il  laissera  passer,  suivant  la  permission  qui  lui 
en  a  été  accordée  par  M.  le  Comte  de  Frontenac. 

'*  Il  se  saisira  pareillement  de  tous  ceux  qu'il  pourra 
rencontrer  dans  la  grande  rivière,  tant  en  allant  qu'en  re- 
venant, nonobstant  tous  congés  qu'il  lui  pourraient  mon- 
trer, et  qu'en  cas  qu'il  trouvât  des  caches  de  marchandises 
dans  les  bois  ou  ailleurs,  le  long  de  sa  route  depuis  la  Chine 
en  remontant,  de  les  enlever  pour  les  apporter  en  cette  ville 
à  son  retour,  en  faisant  un  mémoire  de  tout  ce  qui  pourra 
se  trouver. 

*'  Il  sera  à  propos  que  dans  le  lieu  qu'il  aura  trouvé 
propre  pour  se  poster,  qu'il  y  fasse  un  petit  fort  de  pieux 
à  la  manière  des  Sauvages  ou,  du  moins,  une  abatis  pour  sa 
sûreté  contre  les  ennemis,  dans  lequel  il  fera  faire  si  bonne 
garde  qu'il  ne  puisse  être  surpris,  et  afin  qu'aucun  canot 
français  ne  puisse  se  dérober  à  sa  vue  pendant  la  nuit.  Il 
détachera  tous  les  soirs  un  canot  qu'il  enverra  du  côté  du 
Sud,  sans  faire  de  bruit,  et  un  autre  du  côté  de  la  Rivière 
du  Nord,  afin  de  se  saisir  de  ceux  qui  voudraient  tenter  d'y 
passer. 

"  Il  s'informera  à  la  Chine  et  au  bout  de  l'Ile  et  depuis 
quand,  si  on  n'avait  pas  vu  monter  quelques  canots  fran- 


—  (3  ... 

çais,  et  si,  en  arrivant  au  long  Sault  il  voyait  par  des  pistes 
fraîches  qu'il  en  fut  monté  quelques  uns  depuis  peu  ;  qui 
ne  pourrait  être  que  des  français.  Il  détachera  un  ou  deux 
canots  avec  un  officier  dans  chacun  pour  les  poursuivre,  en 
toute  diligence,  jusqu'au  Sault  de  la  Chaudière,  afin  de  tâ- 
cher à  les  attraper. 

"  Nous  remettant  au  surplus  à  sa  bonne  conduite  pour 
faire  réussir  le  dessein  pour  lequel  je  l'envoie. 

"  Fait  à  Montréal,  le  6  septembre  1697. 

"  (Signé)    Le  Ch'er  de  CALUERE  "  (2) 

Le  7  juillet  171 1,  le  ministre  prenait  la  peine  d'écrire 
à  M.  Le  Verrier  de  Rousson  pour  le  blâmer  de  son  défaut 
de  zèle  au  service  (3). 

Le  21  juin  1712,  le  ministre  écrivait  à  M.  Le  X^'errier 
qu'il  n'avait  pu  demander  pour  lui  le  commandement  du 
fort  de  Chambly,  attendu  qf.e  ce  poste  ne  devait  pas  être 
érigé  en  gouvernement. 

En  1713,  le  28  juin,  M.  Le  Verrier  était  fait  chevalier 
c!e  Saint-Louis. 

^.l  de  Vaudreuil  écrivait  au  ministre  le  16  septembre 
1714  : 

■'  J'ai  reçu  à  Montréal  suivant  l'ordre  de  Sa  Majesté 
et  votre  lettre  du  3  juillet  1713  les  sieurs  Le  Verrier  et  La 
Corne,  chevaliers  de  St-Louis.  Ils  m'ont  paru  l'un  et  l'au- 
tre très  sensibles  à  l'honneur  que  Sa  Majesté  avait  bien 
voulu  leur  faire  "  (4). 

L^ie  note  anonyme  de  1714  dit  au  sujet  de  M.  Le  Ver- 
rier : 

"  Le  sr.  Le  \^errien  Français.  Sert  depuis  1672,  est 
le  ])remier  capitaine.  A  s£rvi  en  France.  Est  assez  bon 
officier  et  a  de  la  dignité  "  (5). 


(2)  Archives  publiques  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol.   15, 

(3)  Richard,  1899,  p.  434. 

(4)  Archives  publiques  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol.  34. 

(5)  Bulletin  des  Recherches  Historiques,  vol.  I,  p.   114. 


En  1713,  la  majorité  des  troupes  étant  devenue  vacante 
par  la  mort  de  M.  Dumesny  Norey,  M.  Le  Verrier,  qui  était 
le  "premier  capitaine",  c'est-à-dire  le  capitaine  dont  la  no- 
mination remontait  le  plus  haut,  demanda  cette  charge. 

Elle  était  également  briguée  par  MM.  Bouillet  de  la 
Chassagne,  de  Saint-Martin,  Céloron  de  Blainville,  Sabre- 
voy,  de  La  Corne  et  Louis-Philippe  de  Vaudreuil,  fils  aîné 
du  gouverneur  de  la  Nouvelle-France. 

M.  Le  Verrier  fut  nommé  le  12  mai  1714. 

Le  27  avril  1716,  M.  Le  Verrier  de  Rousson  remplaçait 
M.  Bouillet  de  la  Chassagne  à  la  majorité  de  Montréal. 

Le  8  février  1724,  en  considération  des  blessures  qu'il 
avait  reçues  au  service,  le  roi  accordait  à  M.  Le  Verrier  de 
Rousson  une  pension  de  400  livres  sur  le  trésor  royal. 

Le  15  mai  1725,  M.  Le  Verrier  remplaçait  M.  de  Lou- 
vigny  conmie  lieutenant  de  roi  à  Québec. 

Le  20  octobre  1727,  l'intendant  Dupuy  écrivait  au  mi- 
nistre : 

*'  Il  n'y  a,  quant  au  présent,  que  des  éloges  à  faire  aux 
officiers  des  troupes  qui  servent  ici.  La  guerre  que  M.  le 
marquis  de  Beauharnois  avait  déterminée  à  Montréal  et 
qui  nous  a  tenus  en  préparatifs  à  Québec  jusqu'à  ce  qu'il 
envoyât  les  ordres' pour  faire  monter  les  troupes  à  ]\Iont- 
réal,  m'a  donné  lieu  de  connaître  leur  zèle  et  leur  vivacité 
pour  le  service  du  Roi. 

*'  "SI.  Le  Verrier,  lieutenant  de  Roi  à  Québec,  qui  y 
commandait  en  l'absence  de  M.  le  gouverneur-général,  s'y 
est  comporté  avec  tout  le  feu,  la  vivacité  et  l'expérience 
d'un  ancien  officier  ;  il  a  vu  faire  la  guerre  à  M.  de  Turenne 
et,  par  conséquent,  à  bonne  école.  Cela  parait  en  tout  ce 
qu'il  fait,  sa  vigilance  est  entière  et  personne  n'est  plus  fer- 
me et  plus  positif  que  lui  dans  les  règles  du  service.  Il  joint 
à  toutes  ces  bonnes  qualités  une  attention  singulière  à  for- 
mer M.  son  fils,  qui  est  un  des  officiers  des  mieux  faits  et 
des  plus  louables  par  deux  caractères  qui  paraissent  rare- 
ment ensemble  dans  les  jeunes  gens,  une  sagesse  exemplaire 
dans  les  moeurs  et  beaucoup  de  bravoure  dans  ses  actions  et 


-8— 

ses  procédés  ;  il  a  été  du  détachement  de  Niagara,  il  en  est 
revenu  malade  et  j'ose  vous  représenter,  Monseigneur,  que 
le  soin  que  M.  Le  Verrier  a  pris  de  Québec  et  le  bon  ordre 
qu'il  va  entretenu  mérite  que  son  fils  se  ressente  de  vos 
bonnes  grâces  "  (6). 

Le  14  octobre  1730,  l'intendant  Hocquart  écrivait  au 
ministre  : 

'•  M.  le  marquis  de  Beauharnois  m'a  fait  part  de  ce  que 
vous  avez  agréable  de  lui  marquer  au  sujet  de  plusieurs 
sommes  provenant  des  congés  qu'il  a  distribués  à  quelques 
familles  de  ce  pays-ci  l'année  dernière,  entre  autres  à  mes- 
dames Leverrier  et  La  Corne.  Je  n'ai  point  craint,  Monsei- 
gneur, de  contribuer  à  le  déterminer  à  continuer  le  même 
secours  à  ces  deux  familles  cette  année,  qui  en  ont  un  ex- 
trême besoin.  MM.  Leverrier  et  La  Corne  sont  à  la  vérité 
tous  deux  lieutenants  de  Roi,  mais  dans  un  état  si  fâcheux, 
eu  égard  à  leur  place  et  à  leur  peu  d'aisance,  qu'ils  sont  dans 
le  cas  d'avoir  besoin  plus  que  personne  de  ce  secours.  Le 
sieur  Leverrier  commande  pendant  trois  mois  de  l'été  à 
Québec,  et  il  convient  que  la  dignité  du  commandement  soit 
accompagnée  d'un  certain  extérieur.  M.  de  La  Corne  a 
douze  enfants  vivants  qui  se  portent  tous  au  bien  et  l'on  ne 
peut  concevoir  comment  avec  une  fortune  si  médiocre  il  a 
pu  les  élever.  Je  n'ai  l'honneur  de  vous  écrire,  Monsei- 
gneur, que  pour  rendre  témoignage  à  la  vérité  "  (7). 

En  T730,  lorsqu'il  s'agit  de  remplacer  M.  Bouillet  de  la 
Chassagne  au  gouvernement  de  Trois-Rivières,  M.  Le  Ver- 
rier sollicita  cette  charge,  mais  elle  fut  accordée  à  M.  Bois- 
berthelot  de  Beaucours. 

Le  21  mars  1730,  le  ministre  écrivait  à  M.  Le  Verrier 
(ju'il  aurait  désiré  lui  donner  le  gouvernement  de  Trois- 
Rivières  qu'il  avait  sollicité,  mais  cette  faveur  revenait  à 
M.  de  Beaucours  en  raison  de  l'ancienneté  de  ses  services. 

Le  15  octobre  173O,  l'intendant  Hocquart  écrivait  au 
ministre  : 


(6)  Archives  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol. 

(7)  Archives  publiques  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol.  53. 


...  9-.- 

"  M.  de  la  Chassagne  a  pris  possession  du  gouverne- 
ment de  Montréal  et  M.  de  Beaucours  de  celui  des  Trois- 
Rivières.  M.  Leverrier,  lieutenant  de  roi  à  Québec,  a  été 
bien  touché  de  n'avoir  point  obtenu  cette  dernière  place. 
Cet  officier  quoique  âgé  a  continué  de  servir  avec  beaucoup 
de  zèle  et  d'activité  pendant  l'absence  de  M.  le  général.  Il 
aime  et  fait  observer  la  discipline.  Il  est  sujet  à  quelque 
dépense  extraordinaire  pendant  le  temps  de  son  comman- 
dement et  il  mérite.  Monseigneur,  par  ses  longs  services  et 
par  le  peu  d'aisance  qu'il  a  que  Sa  ^lajesté  lui  accorde  quel- 
que gratification  ou  augmentation  d'appointement  "   (8). 

François  Le  \'errier,  sieur  de  Rousson,  décéda  à  Qué- 
bec le  6  novembre  1732,  et  fut  inhumé  le  lendemain  dans 
l'église  paroissiale.  Il  est  dit  dans  son  acte  de  sépulture 
"  qu'il  décéda  dans  la  communion  de  notre  mère  la  sainte 
église  après  avoir  reçu  les  saints  sacrements  de  pénitence  et 
d'extrême  onction  n'avant  pu  recevoir  le  saint  Viati- 
que  "(9). 

^\.  Le  Verrier  avait  épousé  à  Montréal,  le  15  juin 
1704,  Jeanne-Charlotte  de  Fleury,  fille  de  Jacques-Alexis 
de  Fleury,  seigneur  de  Deschambault,  lieutenant-général  de 
Montréal,  et  de  Marguerite  de  Chavigny. 

Nous  devons  copie  de  l'acte  de  mariage  de  M.  Le  \'er- 
rier  à  ]\1.  E.-Z.  Massicotte.  Il  vaut  la  peine  d'être  repro- 
duit ici  : 

"  Le  quinzième  juin  mil  Sept  Cent  quatre  après  la  pu- 
blication d'im  banc  Monsieur  de  Belmont  grand-Mcaire 
de  Monseigneur  l'Eveque  ayant  accordé  la  dispense  des 
deux  autres  et  ne  s'étant  trouvé  aucun  em])echement  cano- 
nique Mon  dit  Sieur  de  Belmont  après  avoir  pris  Le  mutuel 
consentement  par  paroles  de  présent  de  francois  Le  X'errier 
Ecuyer  Seigneur  de  Rousson  Capitaine  d'une  compagnie 

(8)  Archives  publiques  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol.  53. 

(9)  Un  des  frères  de  M.  Le  Verrier  de  Rousson,  M.  Le  Verri  r  de 
Boisguibert,  servait  aussi  dans  l'armée.  D'après  Laffilard,  il  fut  fait  garde- 
marine  le  24  août  1684  et  capitaine  aux  Iles  le  22  septembre  169L  Ce  M. 
Le  Verrier  de  Boisguibert  serait  mort  aux  Isles  en  1693. 


—  10  — 

du  détachement  de  la  marine  fils  de  feu  Nicolas  Le  Verrier 
Ecuyer  Seigneur  de  Boisguibert  et  de  Dame  Madeleine 
hoacion  Son  Kpouse,  de  la  paroisse  de  Saint  Paul  Ville  et 
Eveché  de  Paris  d'une  part  et  Damoiselle  Jeanne  Charlot- 
te de  fleury  fille  de  Jacq.  Alexis  de  fleury  Ecuyer  Seigneur 
Deschambault  Conseiller  du  Roy  et  Son  Lieutenant  General 
de  la  iustice  Royale  de  L'Isle  de  Montréal  et  autres  lieux  en 
depandans  et  de  Damoiselle  Marguerite  de  Chavigny  Son 
Epouse  de  cette  paroisse  d'autre  part,  Leur  a  donné  La  bé- 
nédiction nuptiale  Selon  l'usage  de* notre  Mère  Sainte  Egli- 
se en  présence  de  haut  et  Puissant  Seigneur  Messsire  Phi- 
lippe Rigault  Marquis  de  Vaudreuil  chevalier  de  l'ordre 
militaire  de  St  Louis  Capitaine  de  Vaisseau,  Gouverneur 
General  dans  toute  La  Nouvelle  france,  de  Messire  francois 
de  Beauharnois  chevalier  Seigneur  de  La  Chaussaye  Beau- 
mont  et  autres  lieux  Conseiller  du  Roy  en  ses  Conseils,  In- 
tendant de  Justice,  police  et  finances  en  toute  la  nouvelle 
france,  de  Messire  claude  de  Ramezay  chevalier  Gouver- 
neur de  L'Isle  de  Montréal  et  autres  lieux  en  depandans, 
de  Monsieur  francois  Galifet  Ecuyer  Lieutenant  de  Roy  du 
dit  gouvernement  de  Montréal,  de  Monsieur  Jacques  Alexis 
de  fleury  père  de  la  dite  Epouse  Ecuyer  Seigneur  Descham- 
1)aut  Conseiller  du  Roy  et  Son  Lieutenant  gênerai  dans  La 
iustice  royale  de  La  dite  Isle  et  plusieurs  autres  parens  et 
amis  des  dites  parties  signé. — francois  Le  Verrier,  Anne 
Charlotte  de  fletiry,  Vaudreuil,  Beauharnois,  Joibert,  de 
Ramezai,  Galifet,  J.  A.  de  fleury,  de  Longùeil,  Marguerite 
de  Chavigni,  François  Vachon  de  Belmont,  grand  Vicaire. 
Priât,  Ptre." 

Madame  Le  Verrier  obtint,  quelques  mois  après  la 
mort  de  son  mari,  une  gratification  de  400  livres    (avril 

On  sait  qu'elle  devint  en  secondes  noces  1  épouse  du 
dernier  gouverneur  de  Vaudreuil.  Malgré  nos  recherches 
nous  n'avons  pu  trouver  nulle  part  ni  son  contrat  de  maria- 
ge ni  son  acte  de  mariage  avec  M.  de  Vaudreuil. 

Quoiqu'il  en  soit,  après  la  conquête  M.  et  Mme  de  Vau- 


...  11 ... 

dieuil  s'embarquèrent  pour  la  France.  Madame  de  Vau- 
dreail  ne  revint  jamais  dans  la  Nouvelle-France. 

Du  mariage  de  François  Le  Verrier  de  Rousson  et  de 
Jeanne-Charlotte  de  Fleury  naquirent  deux  enfants  :  Louis 
Le  Verrier,  né  à  Montréal  le  ii  avril  1705,  et  Jacqueline- 
Ursule-Marguerite  Le  Verrier,  née  à  Montréal  le  ler  juillet 
J706.  Celle-ci  devint  la  femme  de  Jean- Pascal  Soumande 
et  fut  la  mère  de  l'épouse  du  fameux  Villiers  de  Jumonville. 

Louis  Le  Verrier. — Né  à  Montréal  le  11  avril  1705,  du 
mariage  de  François  Le  \^errier  de  Rousson  et  de  Jeanne 
Charlotte  de  Fleury. 

Le  5  mai  1722,  le  roi  abolissait  les  petites  enseignes  ou 
enseignes  réformées  dans  les  vingt-huit  compagnies  ser- 
vant au  Canada,  et  établissait  à  leur  place  un  enseigne  en 
second  dans  chaque  compagnie.  Furent  choisis  pour  rem- 
plir ces  enseignes  :  les  sieurs  Diigué,  Raymond,  Costebeile, 
Catalogne,  la  Martinière,  de  la  Corne,  Leverrier,  Sabrevois 
et  de  Lignery  (10). 

Le  24  mai  1728,  le  ministre  écrivait  à  M.  Le  \>rrier 
père  qu'il  procurerait  une  enseigne  en  pied  à  son  fils  à  l'oc- 
casion. 

Elle  lui  fut  accordée  trois  ans  plus  tard,  le  5  février 
1731- 

A  la  promotion  de  M.  Bécard  de  Grandville  au  com- 
mandement d'une  compagnie  en  1736,  l'enseigne  Le  Verrier 
demanda  une  lieutenance,  mais  il  put  l'obtenir. 

C'est  le  1er  avril  1739,  que  ^L  Le  Verrier  fut  fait  lieu- 
tenant. 

Le  30  avril  1742,  le  président  du  Conseil  de  marine 
écrivait  k  M.  de  Beauharnois,  gouverneur  de  la  Nouvelle- 
France,  de  laisser  passer  en  France  le  lieutenant  Le  \'errier 
destiné  pour  les  troupes  de  la  Louisiane. 

Cette  même  année  1742,  le  ler  décembre,  M.  Le  \'er- 
rier  obtint  une  expectative  de  capitaine  à  la  Louisiane. 

Nous  voyons  par  une  lettre  de  M.  Hocquart  à  la  date 

(10)      Richard.   1899,  p.  227. 


—12— 

dii  24  décembre  1742  que  M.  Le  Verrier  était  parti  pour  la 
Louisiane. 

M.  Le  Verrier  fut  fait  capitaine  en  titre  le  ler  janvier 
'744- 

En  1755,  M.  de  Vaudreuil,  beau-père  de  M.  Le  A^errier, 
qui  était  gouverneur  de  la  Louisiane  depuis  1742,  était  pro- 
mu au  gouvernement  de  la  Nouvelle-France.  M.  Le  V^er- 
rier,  sentant  que  son  avancement  serait  plus  rapide  en  sui- 
vant M.  de  Vaudreuil,  demanda  et  obtint  de  revenir  dans 
la  Nouvelle-France. 

A  la  promotion  de  cette  même  année  1755,  M.  Le  Ver- 
rier fut  fait  chevalier  de  Saint-Louis. 

En  1757,  M.  Le  Verrier  était  commandant  du  poste  de 
Michillimakinac. 

En  1758,  d'après  le  "JounmV'  de  Montcalm,  M.  Le 
Verrier  commandait  au  poste  de  la  Rivière  St-Joseph  (11). 

En  1759,  le  1er  février,  M.  Le  Verrier  succédait  à  M. 
])umas  comme  major  de  Québec. 

Après  la  Conquête,  M.  Le  Verrier  suivit  son  beau-père 
et  sa  mère  en  France.  Nous  perdons  ses  traces  à  partir  de 
1760. 

L'auteur  anonyme  des  ''Mémoires  sur  les  affaires  du 
Cnada,  depuis  1749  jusqu'à  1760",  écrit  au  sujet  de  M.  Le 
Verrier  : 

"  Ceux  d'entre  les  commandants  qui  se  distinguaient 
le  plus  étaient  le  sieur  de  Bellestre  au  Détroit,  de 
X'ergor  et  Saint-Blin.  au  Fort  Machault,  et  I,e  Verrier  à 
Missilimaquinac  (Michillimakinac)  ;  ce  dernier  était  fils 
de  la  femme  de  M.  de  Vaudreuil  ;  il  n'était  ni  brave  ni  spi- 
rituel ;  son  beau-père  l'envoya  commandant  de  ce.  poste, 
pour  y  faire  sa  fortune  ;  il  la  voulut  faire  si  vite  qu'il  fit  un 
jour  un  certificat  de  dix  mille  livres  pour  dix  livres,  et  ayant 
su  qu'il  avait  été  acquitté,  il  continua  sur  le  même  pied,  de 


(II)     TP,  487.  518. 


-~  J3  — 

sorte  qu'en  peu  de  temps  il  se  trouva  aussi  avancé  que  ceux 
qui  travaillaient  depuis  plusieurs  années  "  (12). 

Il  faut  prendre  avec  beaucoup  de  discernement  les  af- 
firmations de  cet  écrivain  anonyme.  Ses  Mémoires  très 
caustiques  mériteraient  plutôt  le  nom  de  pamphlets.  Ce 
qu'il  dit  en  particulier  de  M.  Le  Verrier  semble  très  exagéré. 

P.-G.  R. 


(12)     R  105. 


NOMS  SAUVAGES 


ALGONQUIN  :  Le  mot  Algonquin  signifie,  paraît-il,  plus  rouge.  Il 
faut  croire  que  les  Algonquins  avaient  la  peau  plus  rouge  que  les  autres  Sau- 
vages. 

HURONS  :  Les  Hurons  habitaient  au  nord  des  lacs  Erié  et  Ontario. 
Ils  s'appelaient  Wyandots,  et  ils  furent  surnommés  Hurons  à  cause  du  bizarre 
aspect  de  leur  tête  tatouée  et  de  leur  chevelure.  Les  premiers  Français  qu» 
virent  ces  étonnantes  têtes  de  Sauvages  s'écrièrent  :     "Quelles  hures  ! 

MONTAGNAIS  :  "J'ignore  complètement,  écrivait  Mgr  Taché  à  sa 
mère  en  1851,  pourquoi  nos  Canadiens  ont  appelé  ces  Sauvages  Montagnais, 
puisque  cette  peuplade  était  précisément  la  plus  éloignée  de  la  grande  chaîne 
de  montagnes,  et  qu'il  n'y  avait  aucune  montagne  considérable  dans  le  territoire 
qu'elle  occupait." 

IROQUOIS  :  La  nation  iroquoise  reçut  des  Français  le  nom  sous 
lequel  elle  est  généralement  connue  et  que  l'on  fait  dériver  du  mot  Hiro,  j'ai 
dit.  conclusion  ordinaire  des  harangues  de  ses  orateur.  Les  Iroquois  s'appelaient 
eux-mêmes  du  nom  de  Hottinonchiendi,  qui  signifie  cabane  achevée.  Les  Hol- 
landais, leurs  voisins,  les  app>elaient  Maquas,  désignation  qui  s'est  étendue  même 
aux  Hurons.  En  changeant  un  peu  ce  mot  les  Anglais  ont  formé  le  nom  de 
Mohawk,  qu'ils  donnèrent  aux  Agniers. 

ABENAKIS  :  Ce  nom  vient  de  Ahanki,  terre  du  Levant,  nom  que  les 
Algonquins  donnaient  au  pays  des  Canibas  et  des  autres  Sauvages  de  l'Acadie. 
De  là,  les  Français  appelèrent  ces  Sauvages  Abénaquois,  ce  qui  veut  dire  : 
ceux  de  la  terre  du  Levant.  Ce  nom  désigna  d'abord  tous  les  Sauvages  de 
i'Acadie,  mais,  plus  tard,  il  fut  plus  particulièrement  donné  à  ceux  de  la  rivière 
Kénébec,  parce  que  c'était  le  pays  des  Canibas.  ancêtres  des  Abénakis  du  Ca- 
nada. 


14— 


Le  capitaine  Jacpes  de  Chambly 


Dans  sa  lettre  au  ministre,  datée  à  Québec,  le  2  novembre  1  672,  parlant 
de  troupes  nécessaires  au  Canada  Frontenac  dit  :  "  Si  vous  nous  faites  la 
glace  de  nous  en  envoyer  quelques  unes.  Il  y  a  icy  un  gentilhomnr.e  et  un  vieil 
officier  très  propre  pour  les  commander  et  qui  ayant  eu  cet  honneur,  se  trou- 
veroit  bien  mortifié  si  on  le  donnoit  à  un  autre,  c'est  Mr  de  Chambly  qui  doit 
estre  recommandable  non  seulement  par  les  longs  services  qu'il  a  rendus  mais 
encore  par  le  soin  qu'il  a  pris  d'accommoder  l'habitation  qu'on  luy  a  donnée 
au  fort  St-Louis  qui  est  ce  qu'on  dit  la  plus  jolie  de  tout  le  pais.  Il  est  homme 
de  mérite  et  d'entendement  qui  vouloit  repasser  en  France  pour  ses  affaires  par- 
ticulières, mais  comme  c'st  icv  la  seule  personne  .en  qui  je  me  pourrois  confier 
s'il  arrivoit  quelque  chose,  je  l'ay  tant  pressé  que  je  lui  ay  fait  changer  de 
dessein,  dans  l'espérance  que  je  luy  ay  donnée  que  vous  voudriez  Lien  consi- 
dérer les  prières  que  je  vous  ferois  en  sa  faveur  et  que  pour  estre  esloigné  vous 
ne  l'en  oubliez  pas  plus  tost.  M.  d'Estrade  par  qui  je  l'ay  connu  devant  que 
de  l'avoir  vu  vous  pourra  encore  mieux  dire  que  moy  ce  qu'il  vaut  puisqu'il  a 
longtemps  commandé  son  régiment.  Et  Mr  le  Premier  Président  qui  le  con- 
noist  aussi  fort  particulièrement  "   (1  ). 

Le  5  mai  1  676,  or-dre  du  roi,  portant  commission  au  sieur  de  Chambly 
pour  commander  en  l'Acadie  au  lieu  et  place  de  M.  de  Grandfontaine   (2). 

A  Paris,  1  7  may  1  674,  lettre  de  Colbert  à  Frontenac,  dans  laquelle  il 
dit  :  "  Sa  Majesté  a  estimé  que  le  sieur  de  Chambly  s'acquitteroit  bien  du 
gouvernement  de  l'Acadie,  dont  vous  devez  assez  connoistre  la  conséquen- 
ce"   (3). 

Frontenac,  à  la  date  du   1 4  novembre  1  674,  écrit  à  Cplbert  : 

*'  Quoique  je  sois  au  désespoir  d'avoir  à  vous  parler  de  toutes  ces  con- 
testations et  de  n'avoir  qu'à  vous  mander  des  mauvaises  nouvelles  peu  agréables, 
je  ne  puis  m'empêcher  de  vous  donner  avis  du  malheur  arrivé  à  M.  de  Cham- 
bly de  sa  blessure  et  de  la  prise  de  Pentagouet  avec  celle  de  Gemsec  dans  la 
rivière  St-Jean  et  du  sieur  de  Marson  qui  y  commandoit  ce  que  j'en  sais  par 
une  lettre  que  le  d.  sieur  de  Chambly  m'a  écrite  est  que  le  10  août  (1674)  il 


(  1  )      Archives  fédérales,  série  cotée  F.  3,  p.  352. 

(2)  Archives  fédérales,  série  F.  210,  p.  23,  p.  307  de  F.    112. 

(3)  Archives  fédérales,  série  cotée  F.  211,  p. 


—15-" 

fut  attaqué  par  un  bâtiment  de  boucaniers  qui  venaient  de  St-Domingue  et  qui 
avaient  passé  à  Ba^ton  dans  lequel  il  y  avait  cent  dix  hommes,  qu'après  avoir 
mis  pied  à  terre,  soutenu  pendant  une  heure  leur  attaque,  il  reçu  un  coup  de 
mousquet  au  travers  du  corps  qui  le  mit  hors  de  combat  et  qu'aussitôt  son 
enseigne  (4),  et  le  reste  de  sa  garnison  qui  n'était  composée  avec  les  habitans 
que  de  trente  hommes  mal  intentionnés  et  mal  armés  se  rendirent  à  discrétion, 
que  ces  forbans  ont  pillé  le  fort,  emporté  tout  le  canon  et  qu'ils  devaient  mener 
le  sieur  de  Chambly  à  Baston  avec  le  sieur  de  Marson  qu'ils  envoyèrent  prendre 
dans  la  rivière  St-Jean,  par  un  détachement  qu'ils  firent,  l'ayant  mis  à  rançon 
et  voulant  lui  faire  payer  mille  castors.  Comme  je  n'ai  reçu  cette  nouvelle  qu'à 
la  fin  de  septembre  par  des  sauvages,  que  le  sieur  de  Chambly  m'envoya  avec 
son  enseigne  pour  me  conjurer  de  donner  ordre  à  sa  rançon  et  que  ne  restant 
plus  qu'un  mois  de  navigation  j'étais  dans  l'impuissance  d'envoyer  en  Acadie  du 
secours  quand  même  j'aurais  eu  les  choses  nécessaires  p>our  cela,  je  me  suis 
contenté  d'envoyer  quelques  gens  avec  des  canots  pour  essayer  d'avoir  des 
nouvelles  de  l'état  où  ils  auront  laissé  le  fort  et  s'ils  n'en  auront  rien  entrepris 
contre  Port-Royal  de  leur  ordonner  de  ramener  la  damoiselle  de  Marson  et 
ceux  qui  sont  dans  la  rivière  St-Jean  et  d'envoyer  à  un  correspondant  que  le 
sieur  Formont  m'a  donné  à  Baston,  des  lettres  de  change  pour  la  rançon  de 
Monsieur  de  Chambly  que  je  me  suis  obligé  de  faire  acquitter  par  mon  mar- 
chand à  la  Rochelle  ne  croyant  pas  qu'il  fût  de  la  gloire  du  Roi,  pour  lequel 
je  sacrifierai  toujours  le  peu  que  j'aurai  de  bien,  de  laisser  à  la  vue  de  nos 
voisins  un  gouverneur  entre  les  mains  des  Pirates  qui  l'auraient  amené  avec  eux 
ou  peut  être  assommé  outre  que  ce  pauvre  gentilhomme  est  assurément  par  son 
îfjérite  et  ses  longs  services  digne  d'une  meilleure  destinée. 

"  J'ai  écrit  aussi  une  lettre  au  gouverneur  de  Baston  pour  lui  marquer 
l'étonnement  où  je  suis  de  voir  que  n'y  ayant  aucune  rupture  entre  Sa  Majesté 
el  le  Roi  d'Angleterre,  il  donne  retraite  à  des  forbans  et  des  gens  sans  aveu  et 
sans  commission  après  qu'ils  nous  ont  fait  une  telle  insulte  et  que  pour  moi  je 
croirais  manquer  aux  ordres  que  d'entretenir  avec  eux  une  bonne  correspon- 
dance si  j'en  usais  de  la  sorte.     Je  suis  persuadé  que  ceux  de  Baston  se  sont 


(4)  Cet  enseigne  était  Jean-Vincent  d'Abbadie,  baron  de  Saint-Castin. 
"  Il  (M.  de  S.  Castin)  passa  en  ce  pais  (Acadie)  dés  l'âge  de  quinze  ans, 
en  qualité  d'Enseigne  de  Mr  de  Chambly  ;  et  ayant  été  obligé  à  la  prise  de 
Pentagoiiet  de  se  sauver  dans  les  bois  avec  les  Sauvages,  il  se  vit  comme  forcé 
de  s'accommoder  à  leur  manière  de  vie."  —  Lettre  de  l'abbé  Louis  Petit,  curé 
de  Port:Royal,  à  Mgr  de  Saint- Vallier,  le  22  oct.   1685. 


servis  de  ces  gens-là  pour  nous  faire  cette  avance  leur  ayant  même  donné  un 
pilote  anglois  pour  les  conduire,  supportant  impatiemment  notre  voisinage  et 
la  contrainte  que  cela  leur  donne  pour  leurs  pêches  et  leur  traites  "  (5). 

JLe  20  mai  1  676,  commission  pour  le  commandement  de  l'Acadie  accor- 
dée au  sieur  de  Chambly  (6). 

M.  de  Chambly,  dit  Clément,  était  l'un  des  officiers  du  régiment  de  Cari- 
gnan  qui  avaient  obtenu  des  concessions  seigneuriales  au  Canada.  Capitaine  au 
Canada  en  1699  (il  y  était  venu  en  1665,  puis  rentra  en  France,  en  1668,  et 
revint  en  1  670) ,  il  fut  nommé  commandant  de  l'Acadie  en  1  673,  en  rempla- 
cement de  M.  de  Grand  fontaine.  En  1677,  il  fut  chargé  du  commandement 
militaire  des  îles.  Gouverneur  provisoire,  de  la  Grenade  en  1  679,  puis  de  la 
Martinique  en  1680.     Mort  et  remplacé  le  15  août  1687   (7). 

Voici  la  notice  que  donne  Lafillard  : 

"  De  Chambly,  capitaine  au  Canada  en  1664  ;  capitaine  au  Canada, 
le  25  mars  1669  ;  commandant  à  l'Acadie,  5  mai  1673  ;  commandant  à 
l'Acadie,  22  mai  1676  ;  commandant  des  troupes  aux  Isles.  3  sept.  1677  ; 
provision  de  gouverneur  pour  la  Grenade,  le  24  avril  1 679  ;  provision  de 
gouverneur  pour  la  Martinique,  7  juin  1  680  ;  mort  et  remplacé  à  la  Martini- 
que le  15  août  1687"  (8). 

Il  y  a  à  la  page  278  et  suivantes  de  VAcadiensis,  livraison  d'octobre 
1905,  un  article  intitulé  :  The  Dutch  Conquest  of  Acadia,  dans  lequel  il  est 
question  de  Chambly  et  de  Marson. 

PLACIDE  GAUDET 


(5)  Archives  fédérales,  série  F.  322,  de  p.  248  à  p.  251. 

(6)  Archives  fédérales,  série  F.  212,  p.   73. 

(7)  Colbert  par  Clément,  vol.  III,  2e  partie,  pp.  579  et  580. 

(8)  Archives  fédérales,  série  F.  284,  p.   128. 


Comment  on  se  réjouissait  autrefois  sons 
peine  d'amende 

Vous  êtes-vous  déjà  demandé  comment  on  célébrait,  à  Montréal,  les  fêtes 
officielles,  au  temps  lointain  du  régime  français  ? 

Pour  le  cas  où  vous  auriez  la  curiosité  de  le  savoir,  voici  trois  p>etits  docu- 
ments qui  peuvent  vous  renseigner.  Ils  émanent  des  archives  du  palais  de  justice 
de  Montréal  et  ils  nous  fournissent  des  informations  savoureuses. 

Le  premier  document  est  une  ordonnance  enjoignant  aux  habitants  d'illu- 
miner les  fenêtres  de  leurs  maisons  à  la  chandelle,  sous  peine  d'amende.  De 
sorte  que,  veut  Dieu,  veut  diable,  suivant  le  dicton  des  anciens,  pauvres  et  riches, 
indifférents  ou  enthousiastes,  tous  devaient  faire  leur  part  de  la  célébration,  tous 
devaient  se  réjouir,  au  moins  ostensiblement.     Lisons  : 

Du  14  juillet  1752,  l'ordce  pour  les  Réjouissances  au  sujet  de  la  nais- 
sance de  mr  le  duc  de  Bourgogne,  a  été  enregistrée  amsy  ql  ensuit. 

De  par  du  Roy  et  de  mr  le  lieutenant  général  de  la  jurisdiction  monsieur 
le  commandant  général  ayant  fixé  pour  cette  ville  les  réjouissances  publiques 
ordonnés  par  le  Roy  a  l'occasion  de  la  naissance  de  mr  le  duc  de  bourgogne  (  1  ) 
pour  dimanche  prochain  pour  la  faire  avec  quelque  ordre,  nous  exhortons  touts 
les  domiciliés  tant  de  cette  ville  que  des  fauxbougs  de  mettre  sur  chacune  des 
croisées  de  leurs  maisons  une  chandelle  au  moins  et  de  les  y  placer  de  façon  que 
leur  Lumière  ne  puisse  toucher  à  Rien  de  combustible  et  quant  aux  particuliers 
dont  la  triste  situation  ne  pouroit  leur  permetre  de  fournir  à  cette  dép>ense  nous 
leur  ordonnons  d'en  mettre  du  moins  une  dans  une  des  croisées  de  leur  maison 
a  paine  de  trois  livres  damande  applicable  au  dénonciateur  avec  dépenses  a 
quelque  personne  que  se  puice  être  de  faire  des  feux  de  joye  devant  leurs  p>ortes 
ou  faire  tirer  dans  les  rues,  cours  ou  jardins  aucuns  coup  de  fusil,  fuses  ou 
pétards  a  penne  de  cinquate  livres  dammande  dont  mothié  applicable  aud. 
dénonciateur  et,  l'autre  moitié  à  l'hôtel  Dieu  de  cette  ville  et  à  ce  que  personne 
n'en  ignore  sera  notre  présente  ordonnance  lue,  publiée  et  affichée  aux  endroits 
ordinaires  et  accoutumés,  mandons  de  ce  montréal  le  12  juillet  1752. 

(Signé)     GITON  (sic)  MONREPOS 


(  1  )      Le  duc  de  Bourgogne,  ^Is  du  Dauphin  et  petit-fils  de  Louis  XIV, 
était  né  en  1  75  L 


...  18  ... 

L'ordonnance  cy  contre  a  esté  par  moy  huissier  soussigné  lue,  publié  au 
son  de  tembour  adeffaut  de  trompe  par  toute  la  ville  et  faux  bourgs  de  Mont- 
réal, et  ensuit  copie  d'y  celle  affiché  tant  au  porte  de  lad.  ville  qu'au  endoirt 
accoutumée  ce  jourdhui  treize  juillet  mil  sept  cens  cinquante  deux 

DE  COSTE 

DANRE  DE  BLANZY 

ïjj    ^    Hî 

Le  second  et  le  troisième  document  dont  nous  ne  donnerons  que  des 
extraits  parce  qu'ils  sont  faits  sur  la  même  formule  que  le  premier,  concernent 
les  réjouissances  commandées  à  l'occasion  de  la  convalescence  de  M.  le  Dau- 
phin, dont  les  jours  avaient  été  mis  en  danger  par  la  petite  vérole  durant  l'au- 
tomne de  1  752. 

On  constatera  que  dans  l'une  de  ces  pièces  le  scribe  emploie  le  mot 
citoyens,  au  lieu  de  bourgeois,  habitants  ou  domiciliés.  C'est  encore  le  seul 
document  de  l'époque  dans  lequel  nous  avons  remarqué  cette  expression  insolite, 
au  moins,  en  la  Nouvelle-France. 

Détails  nouveaux  :  l'autorité,  cette  fois,  permet  l'usage  de  chandelles  et 
de  lampions,  mais  si  les  gens  étaient  forcés  d'illuminer,  sous  peine  d'amende,  ils 
ne  pouvaient,  non  plus,  commencer  leur  illumination  à  leur  gré,  il  leur  fallait 
attendre  le  moment  officiellement  fixé,  car  l'amende  guettait  aussi  les  réjouis- 
scurs  trop  pressés  : 

Ordonnance  pour  la  réjouissance  au  sujet  de  la  convalescence 
de  Monseigneur  le  Dauphin 


Jacques  Joseph  Guiton  Monrepos,  Conseiller  du  Roy,  Lieutenant  général 
de  la  jurisdiction  Royale  de  Montréal  —  Monsieur  Le  gouverneur  générai 
ayant  fixé  pour  cette  ville  au  Samedy,  vingt  cinq  du  présent  mois,  jour  de  St. 
Louis  Les  Réjouissances  ordonnées  par  le  roy  pour  La  convalescence  De  mon- 
seigneur Le  dauphin  Pour  ce  faire  avec  quelque  ordre  nous  exhortons  tous  les 
sitoyens  de  mettre  ce  jour-là,  sur  chacune  de  croisées  de  leurs  maisons  des  chan- 
delles ou  lampions  allumés  Et  de  les  y  placer  de  façon  que  leurs  Lumières  ne 
puissent  toucher  à  rien  De  combustible  Et  quand  aux  particulières  (sic)  dont 
la  triste  situation  ne  leur  permet  pas  de  fournir  à  cette  dépense  Leur  ordonnons 
de  mettre  du  moins  une  chandelle  ou  un  lampion  dans  une  des  Croisées  de  leurs 
maisons  à  peine  de  trois  livres  d'amande,  faisons  defîences  à  quelque  personne 
que  ce  puisse  être  de  faire  des  feux  de  joyes  etc.     Fait  à  montréal,  Le  quatorze 


i 


—10— 

aoust  mil  sept  cens  cinquante  trois.     Signé  :    Guiton  Monrepos. 

L'ordonnance  cy  dessus  a  esté  par  moy  De  Coste  huissier  audiancier  sous- 
signé Lue  publiée  a  son  de  tembourg  a  defîaut  de  trompe  par  toute  La  ville  Et 
faux  bourgs  de  Montréal  Et  Ensuite*"  Copie  de  lad.  ordonnance  affiché  aux 
Endroits  accoutumée     Ce  jourdhuy,  quinze  aoust  mil  sept  cens  cinquante  trois. 

Signé  :   DE  COSTE 

DANRE  DE  BLANZY 

Ordonnance  prorogeant  le  jour  marqué  desd.  réjouissances 


Jacque  Joseph  Guiton  Monrepos,  conseiller  du  Roy,  Lieutenant  géné- 
ral, etc. 

Monsieur  Le  général  ayant  jugé  à  propos  de  remettre  L'illumination  or- 
donnée pour  la  Convalescence  de  Monseigneur  Le  dauphin  à  dimanche  au  soir 
prochain  au  Lieu  du  Samedy  Le  public  est  averti  de  tenir  seulement  pour 
Dimanche  prochain  Leurs  chandelles  ou  Lampions  prêts  à  être  allumez  au 
premier  coup  de  canon  qu'on  fera  tirer  sur  le  soir  pour  servir  de  signal  général 
avec  dfîences  à  toutes  personnes  de  les  allumer  plutôt  à  peine  de  trois  livres 
d'amande,  etc.     Fait  à  Montréal  le  24  août  1  753.     Guiton  Monrepos. 

L'ordonnonce  cy  dessus  et  de  l'autre  part  a  esté  par  moy  de  Coste,  huis- 
sier audiancier,  soussigné,  Lue  et  publié  par  toute  la  ville  et  faux  bourgs  de 
Montréal,  à  son  de  tembourg  à  deffaut  de  tromp>e  et  sur  les  quatre  fosses  du 
marchez  de  cetted.  ville,  ce  jourd'huy  vingt  quatre  aoust,  mil  sept  cens  cinquante 
trois. 

Signé  :    DE  COSTE 

DANRE  DE  BLANZY 


Bien  qu'ils  soient  signés  par  M.  le  juge  Guiton  de  Monrepos  et  contre- 
signés par  le  greffier,  Danré  de  Blanzy,  il  est  probable  que  ces  documents  n'ont 
pas  été  rédigés  par  eux,  car  ces  deux  "officiers  de  justice"  connaissaient  assez 
la  valeur  des  mots  et  l'orthographe  pour  ne  pêcher  que  modérément  contre  la 
grammaire.  Il  est  plus  raisonnable  de  supposer  que  la  rédaction  et  la  trans- 
cription des  ordonnances  ci-dessus  sont  de  J.  B.  De  Coste,  huissier  audiencier 
de  Montréal   (1733-1759).  ou  d'un  autre  "écrivain"  attaché  au  tribunal. 

E.  Z.  MASSICOTTE 


—  20  — 

Vassal  de  Montviel 


Le  Bulletin  des  Recherches  Historiques  a  donné  en  1  909  quelques  lignes 
de   M.    B.  Suite  sur  François-Germain-Bonaventure  de  Vassal   de   Montvici. 

Cet  officier  du  régiment  de  Béarn  venu  au  Canada  avec  Montcalm  et 
Lévis  appartenait  à  une  famille  du  sud  de  la  France.  Il  avait  pour  auteurs 
François,  seigneur  de  Montviel  et  Rose  Frémond  de  Raimond,  de  St.  Georges, 
diocèse  d'Agen.  Lévis  changea  le  capitaine  au  régiment  de  Berry  et  lui  donna 
une  compagnie  qui  s'appela  Vassal. 

François-Germain-Bonaventure  aurait  été  lieutenant  en  1  739  ;  capitaine 
en  1  746,  Chevalier  de  St.  Louis.  En  1  758,  il  épousa  à  Boucherville  Char- 
lotte Boucher  de  la  Perrière,  baptisée  en  I  737,  fille  de  François-Clément  et  de 
Charlotte  Pécaudy  de  Contrecoeur.  Germain  mourut  le  1 5  mai  1  760  des 
blessures  reçues  au  siège  de  Québec  le  28  avril  I  760.  Sa  femme  se  remaria 
le  27  novembre  1765,  avec  René  Boucher  de  la  Bruère,  à  Boucherville. 

François,  fils  de  Germain,  naquit  à  Boucherville  le  4  novembre  1  759. 
Carleton  dans  la  liste  de  nomblesse  canadienne  en  1  767  ne  parle  pas  de 
François  de  Vassal  qui  entra  au  service  en  1  775.  En  août  1  782  alors  qu'il 
est  enseigne  il  obtient  un  congé  pour  aller  en  France  recueillir  la  succession  de 
son  père.  Il  revint  aussitôt  après,  rentra  au  service,  et  fut  nommé  un  peu  plus 
tard,  après  une  lieutenance,  capitaine  des  Royaux  Volontaires  Canadiens.  Au 
bout  de  huit  ans,  il  fut  réformé.  En  1  795  il  épousa  Marie-Louise  Perrault  ; 
l'année  suivante,  le  1  5  octobre  1  796  il  Çt  baptiser  une  fille,  Charlotte.  Tan- 
guay  (Dictionnaire,  vol.  VII),  ne  lui  rapporte  que  cette  enfant  ;  cependant 
Courcelles  {Hist.  des  Pairs  de  France,  vol.  V),  dit  qu'il  eut  deux  filles. 

En  l  807,  François  eut  le  grade  de  lieutenant-colonel  et  adjudant-général 
des  milices  du  Bas-Canada.     Son  décès  arriva  en  I  84 1 . 

Cette  famille  des  Vassal  de  Montviel  a  encore  des  représentants  en  France. 

Les  armes  sont  : 

D'azur,  à  la  bande  d'argent  remplie  de  gueules,  chargée  de  trois  besants 
d'or,  et  accompagnée  de  deux  étoiles  du  même,  une  en  chef  et  l'autre  en  pointe. 

REGIS  ROY 


...  21  — 


Valeur  de  l'argent 


Quelques-uns  de  nos  chercheurs  ont  découvert  que  les  conseillers  du  Con- 
seil Souverain  de  la  Nouvelle-France  recevaient  une  indemnité  corresp>ondant 
à  trois  francs  pxjur  chaque  présence  aux  réunions  du  dit  Conseil.  Ils  ont  aussi 
rencontré  des  mentions  du  prix  du  minot  de  blé,  à  vingt-cinq  sous,  ou  de  la 
.  corde  de  bois  de  chauffage  à  trente  sous  —  et  tant  d'autres  faits  semblables 
qu'ils  en  ont  conclu  que  toute  chose  se  payait,  il  y  a  deux  siècles  et  demi  ou 
deux  siècles,  cinq  fois  meilleur  marché  qu'en  l'an  1  900  ou  1  875  si  vous  voulez. 

On  a  péu-lé  du  beurre  à  six  sous  en  I  700  et  toujours  avec  exclaonation. 
La  journée  d'un  homme  de  service,  en  I  660,  valait  vingt  sous  —  autre  excla- 
mation. Un  gigot  de  mouton  à  douze  sous,  "merveille  qui  ne  se  verra  plus", 
dit-on  en  se  pâmant. 

EJi  bien  !  tout  cela  n'est  que  le  taux  d'à  présent  et  je  vais  le  prouver. 
Rien  n'est  changé.  L'équilibre  d'autrefois  est  encore  le  même.  Ni  plus  riches 
ni  plus  pauvres  sommes-nous. 

Les  chiffres  seuls  ont  grossi.  Un  salaire  de  $1.50  p>our  un  homme  de 
1  900  ne  lui  procure  pas  plus  de  choses  nécessaiires  à  la  vie  que  les  vingt  sous 
de  1660. 

La  différence  à  noter,  c'est  que,  en  général,  nous  jouissons  de  plus  de 
confort  que  nos  émcêtres  par  suite  des  conquêtes  de  l'industrie  et  de  la  création 
des  moyens  de  transport  qui  nous  amènent  nombre  d'articles  des  pays  lointains, 
etc.  Mais  le  pain,  la  viande,  le  beurre,  les  légumes,  les  boissons  coûtent  tou- 
jours le  même  prix  à  travers  les  âges,  et  la  raison  en  est  bien  claire  puisque  l'or 
et  l'argent  deviennent  de  moins  en  moins  des  métaux  rares,  pœrdent  de  plus  en 
plus  en  valeur  par  ce  fait  même  et  alors  la  marchandise  demande,  pour  se 
livrer,  une  somme  de  monnaie  allant  en  augmentant  à  proportion  de  ce  que  les 
mines  produisent  de  métal  jaune  ou  blanc. 

Si  l'or  et  l'argent  se  mettaient  à  disparaître,  nous  verrions,  à  mesure  de 
leur  diminution,  baisser  le  chiffre  de  vente  du  blé,  du  bétail  et  le  reste,  de  telle 
sorte  que  l'on  en  arriverait  de  nouveau  au  beurre  à  six  sous,  au  blé  à  vingt-cinq 
sous,  mais  nous  n'en  serions  ni  mieux  ni  pires. 

Ce  n'est  pas  la  valeur  de  la  marchandise  nécessaire  à  la  vie  qui  monte 
ou  descend,  mais  le  changement  qui  s'opère  dans  la  valeur  du  métal  servant  à 
acheter  cette  marchandise. 

Disons  que  vous  me  vendez  des  navets  en  retour  d'une  bague,  vous  ne  me 


—  22  — 

livrerez  que  pour  la  valeur  de  ma  bague  ;  cependant,  il  y  a  deux  siècles,  cette 
bague  valant  quatre  ou  cinq  fois  plus  que  de  nos  jours,  elle  m'aurait  procuré 
quatre  ou  cinq  fois  plus  de  navets. 

Ces  calculs  n'ont  rapport  qu'aux  choses  nécessaires  à  la  vie.  En  ce  qui 
regarde  les  mille  objets  qui  ne  sont  pas  indispensables  à  la  subsistance  du  corps, 
la  question  est  tout  antre  mais,  aujourd'hui  comme  autrefois,  nous  n'achetons 
ces  articles  que  dans  la  mesure  de  nos  moyens. 

Par  exemple,  combien  coûtait  un  chapeau  en  1  660  ?  Vous  me  répondez  : 
quelle  sorte  de  chapeau  ?  Combien  coûte  un  chapeau  en  1 900  ?  Dites  donc 
quelle  sorte  de  chapeau  !  Pour  les  étoffes,  même  incertitude  car  tout  a  varié 
dans  l'obtention  de  la  matière  première,  l'art  du  fabricant,  les  facilités  de 
transport  —  et,  d'autre  part,  beaucoup  de  choses  qui  coûtaient  cher  au  temps 
jadis  sont  tombées  au  niveau  des  ressources  des  pauvres  gens. 

C'est  à  table,  à  la  table  à  manger  qu'il  faut  écrire  le  présent  article.  La 
question  tourne  autour,  et  uniquement  sur  le  fait  de  la  nourriture  de  l'homme  — 
rien  n'a  pu  et  rien  ne  pourra  modifier  la  situation  de  l'estomac.  Ainsi,  j'ai  une 
base  stable  et  le  reste  n'importe  guère. 

Une  journée  de  travail  dans  un  champ  a  pu  se  payer  cinq  sous,  cinquante 
sous,  cent  cinquante  sous,  toutefois  le  travailleur  vivait  avec  cette  solde  comme 
il  vit  encore.     Plus  cela  change  plus  c'est  la  même  chose. 

Voici  ce  que  j'ai  glané  au  cours  de  mes  lectures  : 

1  130.  Angleterre.     Un  louis  valait  quarante  louis  de   1850. 

1250.  France.     Un  sou  valait  15  sous  de  1850. 

1  360.  Angleterre.     Treize  louis  valaient  cent  cinquante  louis  de   1  830. 

1520.  France.     Cent  trente  francs  valaient  deux  mille  francs  de  1906. 

1  520.  Angleterre.     Une  oie  valait  dix  sous. 

1577.  France.  Cent  mille  francs  valaient  un  million  et  demi  de  francs 
de  1907. 

1581.  Angleterre.  Une  volaille  cinq  sous.  Une  semaine  d'ouvrier- 
maçon  cent  vingt-cinq  sous.  Un  homme  de  corvée  quatre-vingt  sous  par  se- 
maine. 

1  590.  France.  Quatre  cent  cinquante  francs  valaient  vingt-cinq  mille 
francs  de  1 907. 

1687.     Angleterre.     Un  louis  valait  cinq  louis  de   1845. 


—  23-— 
CANADA 

1 644.     Trente  sous  par  jour  était  le  salaire  d'un  homme  de  peine. 

1  652.     Une  livre  de  farine  quatre  sous. 

1  663.     Nourriture  d'un  homme  huit  sous  par  jour. 

I  667.     Un  boisseau  de  blé  quarante  sous. 

1 670.  La  journée  d'un  homme  allait  de  trente  à  quarante  sous  par  jour. 
Un  engagé  recevait  de  trente  à  quarante  écus  par  an,  nourri  et  logé. 

1675.  Frontenac  recevait  trois  mille  francs  comme  gouverneur,  ce  qui 
vaudrait  trois  mille  piastres  de  1910. 

Le  major  de  Québec,  douze  cents  francs. 

Le  gouverneur  des  Trois-Rivières,  même  somme. 

Celui  de  Montréal,  dix-huit  cents  freines. 

Le  premier  conseiller  du  Conseil  Souverain,  cinq  cents  francs. 

Les  autres  conseillers,  trois  cents  francs. 

Le  juge  Chartier  de  Lotbinière,  à  Québec,  sept  cents  francs. 

Le  juge  Gilles  Boyvinet,  Trois-Rivières,  quatre  cent  cinquante  francs. 

Notons  que  le  Canada  renfermait  tout  au  plus  sept  mille  âmes.  Les 
salaires  devaient  être  en  proportion.  Notons  encore  que  Louis  XIV  est  célèbre 
p>our  la  parcimonie  qu'il  faisait  régner  dans  les  salaires  afin  de  se  procurer  de 
l'argent  pour  ses  plaisirs. 

I  680.  Comme  en  1  670  et  jusqu'à  1  700,  même  plus  tard,  un  franc  en 
valait  cinq  de  1917.  Tout  compte  d'argent  de  cette  p>ériode  doit  se  multiplier 
par  cinq  pour  donner  la  sonmie  actuelle,  ou  plutôt  celle  de  1 900  puisque  nous 
avons  subi  une  hausse  depuis  quinze  ans. 

1  690.  Le  minot  de  blé  valait  quatre  francs,  ce  qui  est  un  prix  énorme. 
Même  chose  en  1  693. 

1  720.  L'argent  monnayé  étant  rare  en  Canada  parce  que  le  roi  craignait 
de  nous  voir  commercer  avec  les  Anglais  de  l'Hudson  et  du  Massachusetts, 
calculait  que  trois  cent  soixante-quinze  francs  de  France  en  valaient  cinq  cents 
déms  la  colonie  sous  la  forme  du  numéraire. 

1727.  A  Longueil,  les  bancs  de  l'église  se  payaient  de  vingt-cinq  à 
trente-cinq  francs,  c'est-à-dire  que  l'argent  valant  alors  quatre  fois  plus  qu'au- 
jourd'hui, c'était  de  vingt  à  vingt-huit  piastres  par  banc. 


.-24  — 

I  730.     Cent  francs  de  France,  en  monnaie,  valaient  trois  cents  de  1 900- 

1  732.  Il  y  avait  des  écus  d'ai'gent,  "écus  blanc"",  de  ■qu:itre  et  de  six 
francs.  Six  francs,  c'est  la  piastre  dite  mexicaine,  de  cent  vingt  sous.  On 
appelait,  "demi  écu  blanc"  la  pièce  de  trois  francs.  Au  Canada,  le  franc  a 
toujours  été  de  vingt  sous.  En  France,  il  y  en  avait  de  vingt-deux  sous.  Le 
louis  d'or  était  soit  de  vingt  soit  de  vingt-cinq  francs.  Ce  que  l'on  nomme  la 
livre  française  était  le  franc  de  vingt  sous. 

'  1  774.     Le  minot  de  blé  valait  quatre  francs.     Un  chapon  quinze  sous. 

Les  chercheurs  ont  beau  jeu,  même  pour  me  contredire.  J'ouvre  la  voie. 
A  plus  savant  de  la  parachever. 

Finissons  par  le  commencement.  Les  membres  du  Conseil  Souverain 
étant  tous  bourgeois  de  Québec,  n'avaient  pas  trop  à  se  déranger  pour  être 
présents  aux  réunions  de  ce  parlement,  tout  ainsi  que  les  échevins  de  1917, 
Ils  touchaient  trois  cents  francs  par  année  de  ce  chef,  donc  entre  trois  cents  à 
trois  cents  cinquante  de  nos  piastres.  Il  n'y  a  pas  de  quoi  rire,  car  on  a  ri  de 
cette  indemnité,  faute  de  connaître  la  valeur  de  l'argent  qui,  en  1663,  lors  de 
l'institution  du  Conseil,  valait  près  de  six  fois  plus  qu'à  présent  ;  en  I  680  valait 
cinq  fois  plus  que  de  nos  jours  et  en  1  730  valait  quatre  fois  plus  que  l'argent 
de  1900. 

La  preuve  que  le  travailleur  commun,  l'artisan,  le  notaire,  gagnaient  asse^ 
pour  vivre,  c'est  qu'ils  ont  vécu. 

Le  contrat  que  le  notaire  faisait  payer  trente  sous  n'était  nullement  du 
gr-nre  compliqué  et  ces  trente  sous  lui  permettaient  d'acheter  des  provisions  de 
bouche  qui  coûtent  à  présent  une  piastre  et  quart  et  une  piastre  et  demie.  On 
a  fait  des  gorges-chaudes  sur  ces  actes  de  trente  sous  et,  vous  le  voyez,  fort  mal 
à  propos.  La  plupart  des  actes  des  notaires  se  payaient  un  écu  de  trois  francs, 
parfois  cinq  francs,  selon  l'importance  du  sujet  —  je  dis  :  de  trois  à  cinq  pias- 
tres de  notre  argent. 

On  s'est  amusé  des  fusils  que  le  roi  faisait  payer  dix  francs  aux  miliciens 
de  I  690,  mais  cela  signifie  dix  piastres  de  notre  monnaie.  Un  pistolet  coiàtait 
quatre  francs,  soit  quatre  de  nos  piastres. 

1  ant  que  nous  n'aurons  pas  pénétré  les  détails  de  la  vie  de  nos  ancêtres 
nous  ne  comprendrons  que  superficiellement  l'histoire  du  pays.  Nos  écrivains 
ont  commencé  par  en  haut  et  ils  n'ont  pas  voulu  descendre  un  peu  plus  bas,  ce 
qui  fait  qu'ils  nous  donnent  la  croûte  du  pâté  mais  rien  du  dedans.  J'ai  passé 
ma  vie  à  tâcher  de  voir  les  dessous  et  c'est  le  seul  moyen  d'arriver  à  connaître 


—  25  — 

l'ensemble.  J'inspecte  les  molécules,  j'analyse  l'infiniment  F>etit,  et  avec  cette 
f.ubctance,  je  ne  suis  pluG  en  peine  de  reconstruire  la  masse.  C'est  d'en  bas  qu'il 
faut  regarder  l'histoire  pour  atteindre  à  la  vérité.  Vue  par  en  haut,  vous  n'aurez 
toujours  que  des  surfaces  ou  comme  les  toitures  d'une  ville,  sans  jamais  savoir 
ce  qui  se  passe  dans  les  maisons.  Aussi,  nos  historiens  sont-ils  tous  arriérés  sur  les 
sommets,  les  grandes  lignes,  ce  qui  enfin  crève  les  yeux,  mais  ils  répugnent  .i 
fouiller  l'intérieur  et  à  chercher  le  pourquoi  des  choses.  Ils  ne  sont  ni  curieux 
ni  explicateurs,  mais,  par  occasion,  ils  se  mettent  à  "{penser",  à  supposer,  à 
vouloir  expliquer  ingénuement  ce  qui  leur  semble  ou  mystérieux  ou  digne  de  quel- 
que réflexion.  C'e^t  un  bon  moyen  de  se  tromper  et  de  nous  offrir  des  appa- 
rences pour  des  réalités. 

J'aime  mieux  savoir  que  de  penser,  aussi  je  procède  par  les  petites  affaires. 
Elles  expliquent  les  plus  grandes  presque  infailliblement  —  en  tout  cas  elles 
valent  mieux  que  des  aperçus  à  \iie  de  nez.  Si  notre  histoire  vaut  la  peine  d'être 
étudiée  elle  vaut  la  peine  d'être  bien  étudiée.  Rien  n'est  petit  ou  méprisable  en 
ce  genre,  tout  compte.  C'est  avec  des  sous  que  l'on  compose  des  piastres.  Tant 
que  nous  négligerons  les  bagatelles  nous  ne  saurons  rien  des  matières  plus 
importantes  qui  ne  sont  que  le  résultat  de  ces  prétendues  bagatelles. 

BENJAMIN  SULTE 


PIERRE-SIMON  CHANNAZARS 

Mgr  Tanguay  donne  les  deux  orthographes  :  Channazors  et  Channa- 
zars.     Nous  croyons  que  Pierre-Simon  Channazars  signait  "Channazars". 

Lors  de  son  mariage,  à  Québec,  le  28  septembre  I  728,  Pierre-Simon 
Channazars  est  désigné  comme  "marchand  tapissier",  fils  de  Pierre  Channa- 
zars, marchand  tapissier  à  Paris. 

Il  faut  croire  quil  ne  fit  pas  fortune  ici,  puisqu'il  entra  dans  l'adminis- 
tration. Au  recensement  de  1  744,  fait  par  le  curé  de  Québec,  M.  Chcinna- 
zars  est  dit  "secrétaire  de  M.  le  général".  Le  gouverneur-général,  ou  comme 
on  disait  plus  communément  dans  le  temps  M.  le  général,  était  alors  M.  de 
Beauharnois. 

Dans  son  acte  de  sépulture,  à  Québec,  le  28  février  1  758,  on  qualifie 
Channazars  d'écrivain  pour  le  Roi. 

Le  nom  de  Channazars  ne  s'est  pas  perpétué  au  Canada.  Tous  ses 
enfants,  à  part  Geneviève-Joseph,  mariée  à  Charles  Berthelot,  moururent  en 
bas  âge. 

P.-G.  R. 


—  26  — 

ERNEST  DOIN 


Voici  un  nom  que  vous  chercheriez  vainement  dans  nos  histoires  de  la 
Httérature  canadienne,  il  ne  figure  même  pas  dans  V Inventaire  de  M.  Dionne 
et  Gagnon  ne  le  mentionne  qu'une  fois  dans  le  second  volu.T.e  de  son  Zli...  de 
bibliographie. 

Pourtant,  cet  écrivain  appartient  à  notre  littérature,  du  moins  à  notre 
bibliographie  !  Il  a  rédigé  ses  ouvrages  en  notre  pays,  c'est  ici  qu'ils  furent 
édités  et  les  générations  d'hier  avaient  de  l'estime  pour  celui  qui  leur  procurait 
quelques  heures  d'agrément. 

H^    îk    Hî 

Il  n'y  a  pas  un  demi-siècle,  le  théâtre  de  langue  française,  au  Canada, 
existait  à  peine.  Les  pièces  avec  personnages  des  deux  sexes  n'étaient  abordées 
que  de  loin  en  loin,  pour  des  circonstances  particulières  et  après  avoir  fallu 
lever  mille  obstacles. 

En  ces  temps  heureux,  le  public  devait  se  contenter  des  représentations 
données  par  des  cercles  de  jeunes  gens  dans  des  salles  d'occasion  où  les  décors 
étaient  aussi  peu  décoratifs  que  possible. 

Quel  embarras,  alors,  pour  trouver  des  comédies,  des  farces,  des  drames 
dans  lesquels  la  femme  n'apparaissait  pas  et  qui  n'exigeaient  qu'un  minimum 
d'accessoires. 

Pour  répondre  au  besoin,  de  rares  auteurs  s'ingéniaient,  les  uns,  à  trans- 
former des  pièces  mixtes  en  pièces  masculines  (tel  M.  J.-G.-W.  McGown), 
les  autres,  à  créer  des  oeuvres  nouvelles  selon  le  goût  ou  la  nécessité  du  moment. 

Entre  ces  "dramatistes",  M.  Doin  eut  quelque  popularité,  il  y  a  trente 
ou  quarante  ans,  et  à  ce  titre,  n'a-t-il  pas  droit  à  sa  petite  notice  dans  le 
Bulletin  des  recherches  historiques,  puisque  c'est  à  cette  source,  en  fin  de  comp- 
te, que  les  curieux  de  demam  viendront  satisfaire  leur  passion  sinon  leur  manie  ? 

*    *    * 
Etablissons  d'abord  la  liste  des  pièces  de  notre  auteur,  puis  nous  indique- 
rons les  principales  dates  de  sa  vie. 

Le  trésor  ou  la  paresse  corrigée — 1871. 

Le  désespoir  de  Jocrisse,  farce  en  un  acte — 1871. 

Les  deux  chasseurs  et  Vours — 1871. 


...  27  — 

Le  Pacha,  comédie  en  un  acte. 

La  morl  du  duc  de  Reichstadi,  drame  en  un  acte — 1878. 
M.  Rostand  ignore,  sans  doute,  que  V Aiglon  parut  sur  la  scène,  à  Mont- 
réal, trente  ans  avant  que  Paris  put  l'applaudir  ! 
Le  dîner  interrompu,  farce  en  un  acte. 
Joachim  Murât,  drame  en  un  acte — 21   décembre  1879. 

Le  Conscrit,  comédie  en  deux  actes  (  1  ) . 

^   ^    ^ 

Ernest  Doin  naquit  à  Bourges,  France,  vers  1  809.  Après  avoir  atteint 
la  trentaine,  il  émigra  aux  Etats-Unis  et,  vers  1844,  épousa,  à  Saint-Louis, 
Missouri,  une  compatriote,  Rosalie-Adèle  Laumier,  originaire  de  Rouen. 

Trois  ans  plus  tard,  il  était  instituteur  à  Saint-Jean,  sur  le  Richelieu. 
Depuis  cette  époque,  il  pratique  sa  profession  ici  et  là  dans  la  province  puis, 
finalement,  se  fixe  à  Montréal  et  y  décède,  à  l'âge  avancé  de  82  ans,  le  26 
septembre  1  89 1 . 

E.-Z.  MASSICOTTE 


(  1  )      Nous  puisons  ces  titres  dans  Gagnon,  Essai  de  bibliog.,  vol.  II,  et 
dans  l'Annuaire  Oiéâiral,  publié  par  M.  Robert,  en  1908-1909. 


QUESTIONS 


— Pouvez-vous  me  donner  une  liste  des  ouvrages  publiés  sur  l'Acadie  ? 
Nous  perdons  ses  traces  à  partir  de  1  706  où  nous  voyons  le  premier  baron  de 
Longueuil  le  remplacer  comme  major  de  Montréal. — ACAD. 

Où  est  mort  M.  LeNeuf  de  la  V'allière,  qui  fut  gouverneur  de  l'Acadie  ? 

XXX. 

— Les  mines  de  fer  de  la  Baie  Saint-Paul  n'ont-elles  pas  été  exploitées 
sous  le  régime  français  ?  MIN. 

— Les  protestants  avaient-ils  le  droit  de  s'établir  au  Canada  sous  l'ancien 
régime  ?  '     A.  B. 

— Le  système  postal  a-t-il  réellement  existé  ici  avant   1  759  ? — POST. 


—  28  — 

Sir  L.=H.  Lafontaine 


Les  notes  sur  Sir  L.-H.  Lafontaine  que  le  Bulletin  a  publiées  dans  son 
numéro  d'octobre  1916,  p,  304.  ont  attiré  l'attention  de  quelques  lecteurs,  car 
j'ai  déjà  reçu  cinq  ou  six  lettres  à  leur  sujet.  Les  unes  ont  trait  à  une  erreur 
de  date,  à  une  coquille,  sans  grande  importance,  heureusement,  puisqu'on  peut 
la  corriger  à  l'aide  du  plus  modeste  de  nos  dictionnaires  historiques,  les  autres 
concernent  la  profession  du  père  de  la  première  femme  de  Sir  Lafontaine  et 
elles  soulèvent  un  problème  curieux,  comme  vous  allez  en  juger. 

Corrigeons  d'abord  la  coquille  :  c'est  le  26  février  1864  que. décède 
Sir  L.-H.  Lafontaine  et  non  pas  en  1867.  Et  maintenant,  passons  à  M. 
Berthelot.  Des  historiens,  ai-je  dit,  prétendent  qu'il  était  médecin  et  d'autres 
qu'il  était  avocat,  mais  m'appuyant  sur  une  citation  de  M.  Decelles  dans  son 
ouvrage  sur  Lafontaine,  je  me  suis  prononcé  pour  la  profession  de  médecin. 
Or  voici  ce  que  m'apprend  M.  J.-B.  Caouette,  l'archiviste  de  Québec  : 

"Vous  dites  que.  .  .  M.  Amable  Berthelot  était  médecin.  C'est  une 
erreur,  car  il  était  avocat  et  exerçait  sa  profession  à  Québec.  En  voici  la 
preuve.  Dans  un  acte  de  partage  dressé  par  le  notaire  Michel  Tessier,  de 
Québec,  le  23  juillet  1853,  sous  le  No  8314,  je  lis  ce  qui  suit  :  "L'honorable 
Louis-Hippolyte  Lafontaine,  juge  en  chef  de  la  cité  de  Montréal,  et  dame 
Adèle  Berthelot,  son  épouse,  .fille  de  feu  Amable  Berthelot,  en  son  vivant 
écuier,  avocat,  de  la  cité  de  Québec",  etc. 

"  Le  docteur  Amable  Berthelot  avait  bien  une  propriété  à  Québec,  en 
1850,  mais  il  résidait  alors  dans  la  paroisse  des  Cèdres,  district  de  Montréal." 

Comment  concilier  cette  déclaration,  extraite  d'un  acte  authentique,  avec 
certain  passage  d'une  lettre  que  M.  Lafontaine  adresse  à  Sir  John  Colborne  et 
qu'il  écrit  dans  la  prison  de  Montréal,  le  3  décembre  1838  ? 

Cette  lettre  est  reproduite  au  long  dans  Lafontaine  et  son  temps  par  M. 
Decelles,  pp.  229-230  ainsi  que  dans  la  Revue  canadienne  de  novembre  1916, 
p.  440,  et  le  passage  qui  nous  occupe  est  le  suivant  : 

"  Ce  n'était  pas  encore  assez.  Il  fallait,  au  risque  même  de  s'exposer 
à  violer  votre  parole  donnée  par  écrit  à  la  population  du  nord  du  district,  arrêter 
le  docteur  Berthelot,  de  la  rivière  du  Chêne,  dont  le  seul  crime  est  d'être 
médecin  et  surtout  d'être  mon  beau-père  !  "  > 

Il  est  difficile  de  réunir,  sur  le  même  fait,  deux  documents  plus  irréfutables 


—  29  — 

se  contredisant,  du  moins  en  apparence,  de  façon  plus  catégorique  ? 

Une  des  deux  assertions  est  fausse,  ou  bien  M.  Berthelot  fut  concurrem- 
ment, successivement  ou  alternativement,  avocat  et  médecin  ! 

L'éminent  critique,  Gaston  Deschamps,  avait  peut-être  raison  de  s'écrier  : 
l'histoire  est  un  procès  où  les  témoins  se  contredisent  ! 

E.-Z.  MASSICOTTE 


AMABLE  BERTHELOT,  AVOCAT 


Adèle  Berthelot  qui,  à  Québec,  le  9  juillet  1831,  devenait  l'épouse  de 
Louis-H>TX)lite  LaFontaine,  avocat,  plus  tard  sir  Louis  Hypolite  LaFontaine, 
était  la  fille  de  Amable  Berthelot,  avocat. 

Amable  Berthelot  fut  député  à  la  Chambre  d'Assemblée  pour  le  comté 
de  Trois-Rivières  de  1824  à  1827,  pour  la  haute-ville  de  Québec  de  1834  à 
1838,  puis  pour  le  comté  de  Kamouraska  de  1841  à  1847.  Il  décéda  à 
Québec  le  24  novembre  1 847. 

Amable  Berthelot  avat  élevé  deux  enfants  :  Adèle  Berthelot  (ép>ouse  de 
L.-H.  LaFontaine)  et  Amable  Berthelot,  médecin,  qui  épousa  Zoé  Desrochers. 

Dans  la  lettre  de  L.-H.  LaFontaine  à  sir  Jom  Colberne  (tirée  de  Lm- 
fonhirte  et  son  lemps  de  M.  DeCelles)  citée  plus  haut  par  M.  Massicotte  il  y 
a  une  erreur,  probablement  une  faute  d'impression  : 

"  Ce  n'était  pas  encore  assez.  Il  fallait,  au  risque  même  de  s'exposer  à 
violer  votre  parole  donnée  par  écrit  à  la  population  du  nord  du  district,  arrêter 
le  docteur  Berthelot,  de  la  Ri\'ière  du  Chêne,  dont  le  seul  crime  est  d'être 
mon  beau-père  !  " 

Le  docteur  Amable  Berthelot  fils  qui  pratiquait  en  1 838  à  la  Rivière- 
du-Chêne  était  non  le  beau-père  de  L.-H.  Lafontaine  mais  son  beau-frère.  Sur 
un  mauvais  manuscrit  beau-frère  peut  facilement  se  transformer  en  beau-père. 

Les  renseignements  qui  précèdent  sont  extraits  de  l'acte  de  tutelle  des 
mineurs  Berthelot  en  date  du  4  juillet  1831  et  du  contrat  de  mariage  de  L.-H. 
LaFontaine  reçu  par  le  notaire  Planté  le  7  juillet  1831. 

P.-G.  R. 


...  30  — 


Les  Besserer  de  la  province  de  Québec  (XXI,  VIII,  p.  235). — Les 
familles  Besserer  de  la  province  de  Québec  ne  sont  pas  de  descendance  irlan- 
daise, ainsi  qu'on  l'a  écrit  plusieurs  fois.  Le  premier  ancêtre  des  Besserer  au 
Canada  était  né  d'un  père  allemand  et  d'une  mère  allemande. 

Jean-Théodore  Besserer,  ou  comme  il  signait  lui-même  dans  les  premières 
années  de  son  séjour  au  Canada,  "Johann  Theodor  Besferer",  était  né  en 
Allemagne. 

Chirurgien  dans  un  des  bataillons  allemands  venus  au  Canada  en  1776 
sous  les  ordres  du  baron  de  Riedesel,  une  fois  la  paix  conclue,  il  obtint  son 
congé  et  s'établit  comme  médecin  au  Château-Richr,  où  il  avait  été  en  garnicon 
avec  son  régiment,  puis  à  la  Sainte-Famille  de  l'île  d'Orléans,  où  il  resta  jusqu'à 
sa  mort. 

Besserer  décéda  à  la  Sainte-Famille  le  3  1   mai   1  803. 

Son  acte  de  sépulture  se  lit  comme  suit  : 

"  Le  deux  juin  mil  huit  cent,  trois  a  été  inhumé  près  le  cimetière  de  la 
paroisse  de  Ste-Famille,  Isie  d'Orléans,  le  corps  de  Jean-Théodore  Besserer, 
natif  d'Allemagne,  professant  la  religion  calviniste,  chirurgien,  décédé  avant 
hier  âgé  d'environ  quarante-huit  ans,  la  dite  inhumation  faite  en  présence  des 
soussignés  et  de  Jacques  Martineau  qui  a  déclaré  ne  savoir  signer. 

PIERRE  HENRY 

CATIEN.  Ptre,  curé." 

Besserer  avait  épousé  une  Canadienne-française,  Marie-Anne  Giroux,  et 
il  en  eut  plusieurs  enfants.     Nous  en  connaissons  sept  : 

1  o — Louis-Théodore  Besserer,  né  au  Château-Richer. 

Admis  à  la  profession  de  notaire  le  28  août  1810.  Député  du  comté 
de  Québec  à  la  Chambre  d'Assemblée  du  7  octobre  1833  au  27  mars  1838. 

M.  Besserer  pratiqua  comme  notaire  à  Québec  pendant  plusieurs  années. 
Il  s'établit  ensuite  à  Ottawa  où  il  décéda  le  3  février  186L  En  premières 
noces,  il  avait  épousé  Mlle  Angèle  Rhéaume  et  en  secondes  noces  Mlle  Ca- 
meron,  cousine  de  la  femme  de  sir  H.-N.  Bâte.  I!  eut  plusieurs  enfants.  Nous 
connaissons  :  A. — George-Wilbrod-Théodore  Besserer  né  à  Québec  le  28 
novembre  1830.     Décédé  au  même  endroit  le  8  mai  1731.     B. — Jean-Théo- 


...  :u  — 

dore  Besserer,  né  à  Québec  le  3  février  1834.  Décédé.  Il  laissa  plusieurs 
enfants.  Ils  sont  presque  tous  aux  Etats-Unis.  C. — Angèle-Anne  Besserer, 
nce  à  Québec  le  19  août  1835.  Décédée  au  même  endroit  le  9  mars  1837. 
D. — Léa-Valérie  Besserer,  née  à  Québec  le  3  janvier  1837.  Mariée  à  M. 
Charbonneau,  d'Ottawa.  Elle  demeure  à  Ottawa  et  a  plusieurs  enfants.  E. — 
Louis-William  Besserer.  Il  est  décédé  à  North  Bay,  Ont.  F. — David- 
Alexander  Besserer.  Décédé  à  Ottawa  en  1915.  G. — Andrew-Donald. 
H. — Marguerite-Morris  Besserer,  mariée  à  M.  Hutchison.  Décédé.  I.- — 
Mary-Christine  Besserer.  Mariée  à  M.  Emile  Volkel.  Décédée.  J. — Louis- 
Joseph-Papineau  Besserer.  Demeure  à  Ottawa.  K. — Elisabeth  Besserer.  Ma- 
riée à  M.  James  Sinclair.     Décédée.      L. — Napoléon  Besserer.     Décédé. 

2o — Jean-Augustin  Besserer  né  au  Château-Richer  le  .  .  février  1  783. 
Décédé  au  même  endroit  le  7  mars  1  783  (  1  ) . 

3o — René-Léonard  Besserer  né  au  Château-Richer  le  26  mars  1  786. 
Décédé  non  marié  à  Québec  le  27  mars  1823.  Il  avait  été  lieutenant  au  104e 
Régiment.     Lors  de  sa  mort  il  était  capitaine  de  goélette. 

4o — Christine-Elizabeth  Besserer  née  au  Château-Richer  le  26  avril 
1  788.     Décédée  au  même  endroit  le  1  2  juillet  1  79 1 . 

5o — George-Hilaire  Besserer  né  au  Château-Richer  le  1 0  janvier  1  790. 
Ordoimé  prêtre  le  10  octobre  1813,  il  fut  successivement  vicaire  aux  Cèdres  : 
curé  de  Sainte-Tliérèse  de  Blainville,  1814  ;  curé  de  Lavaltrie  et  de  Lanoraie, 
1816  ;  directeur  du  séminaire  de  Québec,  1820  ;  curé  de  Saint- Joachim, 
1828  ;  curé  de  la  Sainte-Famille,  1848.  M.  l'abbé  Besserer  décéda  dams 
cette  dernière  paroisse  le  9  juin  1865. 

6o — Bernard-Ferréol  Besserer,  né  au  Château-Richer  le  23  mai  1  792. 
Décédé  à  Québec  le  4  avril  1  820.     Il  était  imprimeur. 

7o — Christophe-David  Besserer   né  au  Château-Richer  le  4  mars  1  794. 


(  1  )  Dans  l'acte  de  sépulture  de  cet  enfant  enregistré  au  Château-Richer 
le  8  mars  1  783,  il  est  dit  qu'il  est  le  fils  du  sr  Jean-Théodore  Besrer,  docteur 
dans  le  régiment  du  prince  de  Brunsrviclf. 


P.-G.  R. 


—  32  — 
PUBLICATIONS  RECENTES 


Mgr  Louis-Adolphe  Paquet,  Droit  public  de  l'Eglise.  L'Eglise  et  Védu- 
cation  à  la  lumière  de  l'histoire  et  des  principes  chrétiens.  Deuxième  édition. 
Québec— 1916. 

Mgr  Louis-Adolphe  Paquet,  Un  chapitre  d'histoire  contemporaine.  Ot- 
tawa— 1916. 

L'abbé  J. -Ovide  Cliché,  Les  bons  commissaires  d'écoles,  Québec — 
1916. 

R.  P.  Morice,  Vie  de  Mgr  Langevin,  oblat  de  Marie-Immaculée,  arche- 
vêque de  Saint-Boniface.     St-Boniface — 1916. 

L'abbé  A.  Couillard  Després,  La  noblesse  de  France  et  du  Canada. 
Montréal — 1916. 

Almanach  de  la  langue  française  édité  par  la  Ligue  des  droits  du  fran- 
çais pour   1917.      Deuxième  année.      Montréal — 1916. 

L'abbé  J. -Ovide  Cliché,  La  bonne  maitresse  ou  Conseils  pédagogiques  à 
i usage  des  instituteurs  de  nos  écoles  rurales.     Québec — 1916. 

Mgr  O.-E.  Mathieu,  L'éducation  dans  la  province  de  Québec.  Prince- 
Albert— 1916. 

Arthur  Béliveau,  Charte  de  la  cité  des  Trois-Rivières  refondue  et  com- 
pilée par  ordre  du  Conseil  de  la  cité.     Trois-Rivières — 1916. 

Où  allons-nous  ?  Le  nationalisme  canadien.  Lettres  de  "Un  Patriote" 
publiées  dans  le  journal  "La  Presse",  augmentées  d'une  introduction,  d'addi- 
tions et  d'appendices  documentaires.     Montréal — 1916. 

Dr  Aurèle  Nadeau,  La  grande  erreur  du  pain  blanc.     Québec — 1916. 


-     33  - 

BULLETIN 

DES 


RECHERCHES   HISTORIQUES 


VOL.  XXIII  BEAUCEVILLE=FEVRIER  1917  No  2 


LA  FAMILLE  MARGANE  DE  LAVALTRIE 


SERAPHIN  MARGANE  DE  LAVALTRIE  (1) 


Séraphin  Margane  de  Lavaltrie  était  originaire  de  Paris,  paroisse  Saint- 
Benoît.  Il  était  fils  de  Sébastien  Margane  et  de  Denise  Jonnot.  Séraphin 
Margane  père  est  qualifié  d'avocat  au  parlement  de  Paris. 

Lieutenant  des  gardes  du  maréchal  d'Estrades,  puis  lieutenant  au  régi- 
ment de  Lignières,  M.  de  Lavaltrie  prit  du  service  sous  M.  de  Tracy  en  1 664 
et  passa  dans  la  Nouvelle-France  comme  lieutenant  dans  le  régiment  de  Cari- 
gnan  en  1 665. 

Lorsque  Louis  XIV  rapp>ela  le  régiment  de  Carignêm  en  Frzmce,  il  fit 
savoir  aux  officiers  et  soldats  qu'il  serait  fort  aise  de  voir  un  certain  nombre 
d'entre  eux  s'établir  au  pays.  Plusieurs  officiers  et  plus  de  quatre  cents  soldats 
adoptèrent  alors  le  Canada  pour  leur  nouvelle  patrie. 

Les  soldats  reçurent  une  p)etite  somme  d'argent  pour  aider  à  leur  établis- 
sement.    Quant  aux  officiers  le  roi  leur  doima  des  concessions  de  terre. 

M.  de  Lavaltrie  fut  du  nombre  de  ceux  qui  restèrent  ici. 

Le  29  octobre  1672,  l'intendant  Talon  lui  accordait  une  imp>ortante 
concession  de  terre. 


(  1  )  M.  de  Lavaltrie  signait  indifféremment  "La  Valterie"  et  "La 
Valtrie".  On  a  écrit  la  Valterye,  La  Valtrye,  La  Valtery,  La  Valterie,  la 
Valterie,  La  Valtrie,  et  Lavaltrie.  Nous  adoptons  cette  dernière  orthographe 
qui  est  la  plus  communément  en  usage  de  nos  jours  et  qui  se  rapproche  le  plus, 
d'ailleurs,  de  celle  employée  par  M.  de  L-avaltrie  lui-même. 


—  34  — 

"  Sa  Majesté,  disait  M.  Talon,  ayant  de  tout  temps  recherché  avec  soin 
et  le  zèle  convenable  au  juste  titre  de  fils  aîné  de  l'église  les  moyens  de  pousser 
dans  les  pais  les  plus  inconnus  par  la  propagation  de  la  foy  et  la  publication  de 
l'Evangile  la  gloire  de  Dieu  avec  le  nom  chrétien,  fin  première  et  principale 
de  l'établissement  de  la  colonie  française  en  Canada,  et  par  accessoire  de  faire 
connaistre  aux  parties  de  la  terre  les  plus  éloignées  du  commerce  des  honxmes 
sociables  la  grandeur  de  son  nom  et  la  force  de  ses  armes,  et  n'ayant  pas 
estimé  qu'il  y  en  eut  de  plus  sûrs  que  de  composer  cette  colonie  de  gens  capa- 
bles de  la  bien  remplir,  par  les  qualités  de  leurs  personnes,  l'augmenter  par  leurs 
travaux  et  leur  application  à  la  culture  des  terres,  et  de  la  soutenir  par  une 
vigoureuse  défense  contre  les  insultes  et  les  attaques  auxquelles  elle  pourrait 
être  exposée  dans  la  suite  des  temps,  a  fait  passer  en  ce  pays  bon  nombre  de 
ses  fidèles  sujets,  officiers  de  ses  troupes  dans  le  régiment  de  Carignan  et  autres 
dont  la  plupart  se  conformant  aux  grands  et  pieux  desseins  de  Sa  Majesté, 
voulant  bien  se  lier  au  pays  en  y  formant  des  terres  et  seigneuries  d'une  étendue 
proportionnée  à  leur  force,  et  le  sieur  de  la  Valterye,  lieutenant  de  la  compagnie 

de au   régiment   de ,   nous   ayant   requis   de   luy   en 

départir  ;  nous,  en  considération  des  bons,  utiles  et  louables  services  qu'il  a 
rendus  à  Sa  Majesté  en  différents  endroits,  tant  en  l'ancienne  France  que  dans 
la  Nouvelle  depuis  qu'il  y  est  passé  par  ordre  de  Sa  Majesté,  et  en  vue  de 
ceux  qu'il  témoigne  vouloir  rendre  cy-après,  en  vertu  du  pouvoir  par  elle  à  nous 
donné,  avons  accordé,  donné  et  concédé,  accordons,  donnons  et  concédons 
par  ces  présentes  au  dit  sieur  de  la  Valterye  la  quantité  d'une  lieue  et  demie 
de  terre  de  front  sur  pareille  profondeur,  à  prendre  sur  le  fleuve  St-Laurent, 
bornée  d'un  côté  les  terres  appartenants  au  séminaire  de  Montréal,  et  de  l'autre 
celles  non  concédées,  par  devant  le  dit  fleuve,  et  par  derrière  aux  terres  non 
concédées,  avec  les  deux  ilets  qui  sont  devant  la  dite  quantité  de  terre  et  la 
rivière  St-Jean  comprise  ;  pour  jouir  de  la  dite  terre  en  fief  et  seigneurie  et 
justice,  luy,  ses  hoirs  et  ayant  cause.  .  ."  ^2^ 

Les  conditions  imposées  à  M.  de  Lavaltrie  étaient  les  mêmes  que  celles 
qu'on  réclamait  de  tous  les  concessionnaires  de  seigneuries  à  cette  époque  :  foi 
et  hommage  au  château  Saint-Louis,  à  Québec  ;  tenir  ou  faire  tenir  feu  et 
lieu  sur  sa  concession  ;  conservation  des  bois  de  chêne  ;  avis  au  roi  ou  à  la 
Cie  des  Indes  Occidentales  des  mines,  minières,  minéraux  trouvés  dans  la  sei- 
gneurie ;    etc.,  etc. 

En  1673,  M.  de  Lavaltrie  fit  partie  de  l'expédition  de  M.  de  Frontenac 
au  lac  Ontario. 


(2)      Pièces  et  documents  relatifs  à  la  tenue  seigneuriale,  p.  262. 


...  35  — 

Le  gouverneur  partit  de  Montréal  vers  la  fin  de  juin  avec  une  flotille  de 
quatre  bateaux  plats  et  de  cent  vingt  canots,  qui  p>ortaient  six  canons  et  quatre 
cents  hommes. 

Le  principal  objet  du  voyage  de  M.  de  Frontenac  était  d'élever  un  fort 
sur  les  bords  du  lac  Ontario  d'où  on  pourrait  surveiller  les  mouvements  des 
Iroquois. 

Le  fort  fut  placé  sur  une  pointe  près  de  l'entrée  de  la  rivière  de  Cataracoui 
et  reçut  le  nom  de  Frontenac.  C'est  aujourd'hui  Kingston.  On  y  mit  tant 
d'ardeur  que  le  fort  fut  bâti  en  quelques  jours.  M.  de  Frontenac  put  même 
y  laisser  un  commandant  avec  une  petite  garnison. 

Le  récit  officiel  de  l'expédition  de  M.  de  Frontenac  au  lac  Ontario  men- 
tionne à  plusieurs  reprises  le  nom  de  M.  de  Lavaltrie  (3). 

Le  recensement  de  la  Nouvelle-France  fait  dans  l'automne  de  1  68 1  nous 
apprend  que  M.  de  Lavaltrie  était  fixé  dans  sa  seigneurie.  M.  de  Lavaltrie 
avait  alors  38  ans,  sa  femme  29  ans,  leurs  enfants,  Marie-Anne,  1 3  éms  ; 
Charles,  1  1  ans  ;  François-Marie,  9  ans  ;  Geneviève,  7  ans  ;  Louise,  5  ans  ; 
Pierre,  3  ans,  et  Barbe,  8  mois.  Il  y  avait  dans  le  manoir  3  fusils  et  2  pis- 
tolets. Les  écuries  contenaient  1  0  bêtes  à  cornes.  M.  de  Lavaltrie  avait  20 
arpents  en  valeur.  Le  recensement  nous  donne  aussi  les  noms  des  censitaires 
du  seigneur  de  Lavaltrie  :  Gabriel  Gibault,  François  Bottu,  Antoine  Desève, 
Jean  Casavant,  Pierre  Guignet,  Jacques  Lafontaine,  Pierre  Lesiège,  Nicolas 
Prunier  et  Claude  Bourgeois. 

Le  2  novembre   1  68 1 ,  le  gouverneur  de  Frontenac  écrivait  au  ministre  : 

"  J'envoie  à  Sa  Majesté  un  placet  que  les  officiers  subalternes  qui  sont 
habitués  en  ce  pays  m'ont  prié  de  lui  présenter  et  qu'ils  vous  supplient.  Mon- 
sieur, de  vouloir  appuyer  de  vos  offices. 

"  Il  y  a  trois  ans  que  Sa  Majesté  me  fit  l'honneur  de  me  mander  qu'à 
ma  supplication  elle  avait  accordé  aux  officiers  de  ses  troup>es  qui  étaient  restés 
en  Canada  des  gratifications,  cependant  il  n'y  eut  que  les  six  capitaines  qui  en 
touchèrent  cette  année  là,  ne  s'en  étant  point  trouvé  sur  l'état  pour  les  subal- 
ternes dont  ayant  pris  la  liberté  de  l'informer  l'année  d'après  deux  enseignes 
nommés  Dupuis  et  Grandville  se  trouvèrent  sur  l'état  et  ont  depuis  touché  les 
trois  cents  livres  de  gratification  accordée  par  Sa  Majesté  à  chaque  officier  de 


(3)  Pierre  Margry,  Mémoires  et  documents  pour  servir  à  l'histoire  des 
origines  françaises  des  pa^s  d'outre-mer,  vol.  1er,  p.  207.  On  peut  consulter 
sur  l'expédition  de  M.  de  Frontenac  une  brochure  publiée  à  Paris  en  I  864,  et 
intitulée  Voyage  de  M.  le  comte  de  Frontenac  au  lac  Ontario  en  1673.  Do- 
cument pour  servir  à  l'histoire  de  rétablissement  des  Français  au  Canada. 


—  36--- 

sorte  qu'il  n'y  a  que  ces  six  qui  lui  présentent  ce  placet,  oubliés  et  lesquels  par 
leurs  services  et  le  besoin  de  leurs  familles  ne  méritent  pas  moins  que  les  autres 
d'avoir  part  aux  libéralités  du  Roi  et  surtout  le  Sr  de  la  Valterie,  lieutenant, 
que  vous  trouverez  bon  que  je  vous  recommande  particulièrement  parce  qu'il 
est  homme  de  mérite  et  de  service  "  (4\. 

Nicolas  Perrot  écrit  dans  son  Mémoire  sur  les  moeurs,  coutumes  et  reli- 
gion des  sauvages  de  l'Amérique  Septentrionale  : 

"Je  fus  envoyé  (au  printemps  de  1685)  à  cette  baye  (baie  des  Puants), 
chargé  d'une  commission  pour  y  commander  en  chef  et  dans  les  pays  plus  éloi- 
gnés du  côté  du  ouest,  et  de  ceux  mesme  que  je  pourrais  découvrir.  M.  de 
la  Durantaye  relevait  alors  Mr  de  la  Valtrie  qui  y  avait  esté  commandant 
dans  la  campagne  des  Iroquois  "  (5). 

Si  M.  de  Lavaltrie  a  commandé  dans  l'Ouest  avant  M.  de  la  Durantaye, 
il,  y  resta  très  peu  de  temps  car  de  1673  à  1685  on  note  sa  présence  presque 
continue  dans  sa  seigneurie  de  Lavaltrie  ou  à  Montréal. 

En  1 687,  dans  l'expédition  de  M.  de  Denonville  contre  les  Tsonnon- 
touans,  M.  de  Callières  avait  le  commandement  général  des  milices,  divisées 
en  quatre  groupes,  comme  les  troupes  du  roi,  et  commandées  par  MM.  Ber- 
thier,  Bécard  de  Grandville,  Le  Moyne  de  Longueuil  et  de  Lavaltrie.  Encore 
dans  cette  expédition,  M.  de  Lavaltrie  montra  ses  qualités  militaires.  Le  1  3 
juillet,  à  une  petite  distance  du  premier  village  des  Tsonnontouans,  il  rendit 
un  grand  service  à  M.  de  Denonville  en  sauvant  l'avant-garde  de  son  armée 
d'une  surprise  des  barbares  Tsonnontouans, 

"  Des  sauvages  alliés  et  des  coureurs  de  bois  fonnaient  l'avant-garde  ; 
mais,  dans  ce  pays  où  les  rivières  coulent  souvent  entre  des  berges  rapides,  dans 
d'étroits  défilés,  il  eut  été  nécessaire,  pour  prévenir  toute  surprise,  de  développer 
les  éclaireurs  sur  une  ligne  beaucoup  plus  étendue  que  le  front  de  l'armée,  afin 
d'explorer  en  même  temps  les  fonds  et  les  plateaux  boisés  qui  les  dominent. 
Cette  précaution  fut  sans  doute  négligée,  car  l'avant-garde  donna  dans  une 
embuscade,  à  une  petite  distance  en  aval  du  premier  village  des  Tsonnontouans 
(  1  3  juillet)  :  huit  cents  Iroquois  bondissant  de  la  haute  brousse  sous  laquelle 
ils  étaient  tapis,  déchargent  leurs  armes,  et  se  jettent,  l'épée  en  main,  sur  les 
coureurs  de  bois  des  premiers  rangs  ;  quelques-uns  par  un  détour  essaient  de 
prendre  l'avant-garde  à  revers  pour  la  séparer  des  autres  troupes  qui  étaient 
assez  loin  en  arrière  ;    il  y  a  parmi  les  Français  et  leurs  alliés,  un  moment  de 


(4)  Archives  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol.  5. 

(5)  Mémoire  sur  les   moeurs...    par   Nicolas   Perrot,   publié  par  le 
Père  Tailhan,  p.  1 38. 


— :^7— 

panique  i  une  centaine  d'hommes  étciient  déjà  blessés,  notamment  le  P.  Enjel- 
ran,  qui  marchait  en  tête  avec  les  sauvages  de  ses  missions.  Denonville,  Cal- 
iières,  Lavciltrie,  quelques  autres  officiers,  retenant  leurs  hommes  prêts  à  se 
débander,  les  amènent  au  secours  des  combattants  ;  à  la  fin  les  indigènes  alliés, 
détachés  tout  autour  de  l'armée,  débusquent  les  Tsonnontouans,  les  fusillent 
d'arbre  en  arbre,  les  rejettent  pas  à  pas  sur  leur  village  et  les  mettent  en  fuite. 
Des  scènes  de  cannibalisme  terminèrent  cette  sanglante  escarmouche  ;  les  sau- 
vages se  ruèrent  sur  les  corps  des  ennemis  tués  ou  blessés,  les  taillèrent  en  pièces 
et  en  firent  sur-le-champ  un  terrible  festin  ;  c'est  ainsi  qu'ils  s'excitaient  au 
courage  et  au  mépris  de  leurs  adversaires  "  (6). 

En  I  690,  lorsque  sir  William  Phips  vint  mettre  le  siège  devant  Québec, 
M.  de  Frontenac  dépêcha  M.  de  Rêimezay  à  M.  de  Callières,  gouverneur  de 
Montréal,  pour  lui  donner  ordre  de  faire  descendre  les  troupes  et  les  milices. 
La  levée  des  troupes  et  des  habitants  se  fit  si  rapidement  que  trois  jours  plus 
tard  le  contingent  de  Montréal  arrivait  à  Québec.  Aucune  des  nombreuses 
relations  du  siège  de  Québec  ne  nous  dit  que  M.  de  Lavaltrie  prit  part  à  la 
glorieuse  défense  de  la  capitale.  Nous  avons  toutefois  le  droit  de  présumer  que 
M.  de  Lavaltrie  était  de  la  partie  avec  les  braves  miliciens  de  sa  seigneurie. 

Le  12  novembre  1690,  M.  de  Frontenac  rendant  compte  au  ministre  de 
Seignelay  de  la  levée  du  siège  de  Québec,  écrivciit  : 

"  Je  vous  envoie  l'état  des  officiers  que  j'ai  remplacés  depuis  la  réforme 
de  l'année  dernière  ;  comme  je  ne  pouvais  pas  encore  les  connéiître,  je  n'ai  agi 
en  cela  que  par  les  lumières  que  M.  l'intendant  m'en  a  dormées.  Il  avait  jugé 
à  propos,  aussi  bien  que  moi,  qu'on  trouvât  des  biais  de  contenter  par  ces  quel- 
ques marques  d'honneur,  et  sans  qu'il  en  coûtât  rien  au  Roi,  des  personnes  qui 
avaient  fort  bien  servi  dans  les  céimpagnes  précédentes,  et  à  qui  M.  de  Denon- 
ville avait  promis  des  récompenses,  ce  qui  m'obligea  d'ajouter  quelques  com- 
missions à  celles  qui  étaient  fixées  de  capitaines,  lieutenants  et  enseignes  réfor- 
mées, mais  ad  honores  seulement,  dans  l'e^éramce  que  vous  ne  le  désapprouviez 
pas  présentement  "  (7). 

Dans  l'état  dont  il  est  question  ici  nous  voyons  que  M.  de  Lavaltrie  rece- 
vait une  commission  de  lieutenant,  au  lieu  et  place  de  M.  de  Louvigny  fait 
capitaine  réformé  (8). 


(6)  Henri  Lorin,  Le  comle  de  Fronlenac,  p.  334  ;  Mémoire  de  1682- 
1712  ;  La  Hontan,  lettre  XIII  ;  La  Potherie,  vol.  Il ,  p.  208  ;  O'Cailag- 
han,  vol.  IX,  pp.  340.  359. 

(7)  Archives  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol.   I  1. 

(8)  Bulletin  des  Recherches  historiques,  vol.  XIII,  p.   309. 


—  ■88  — 

M.  de  Frontenac  récompensait  ainsi  M.  de  Lavaltrie  fwur  sa  belle  conduite 
dans  les  expéditions  de  1673,  de  1687,  et  probablement  aussi  au  siège  de 
Québec. 

Le  1 5  octobre  1  697,  M.  de  Frontenac  écrivait  au  ministre  : 
"Si  vous  approuvez.  Monseigneur,  la  proposition  que  nous  vous  faisons, 
M.  de  Champigny  et  moi,  dans  notre  lettre  commune,  pour  M.  de  VaJrennes, 
j'aurais  à  vous  supplier  d'accorder  sa  compagnie  au  sieur  de  La  Valtrie,  qui 
est  capitaine  réformé,  un  bon  officier,  marié  et  établi  en  ce  pays  depuis  fort 
longtemps,  beau-frère  du  dit  sieur  de  Valrennes,  et  qui  était  dans  le  régiment 
de  Carignan,  dès  qu'il  passa  en  ce  pays  et  où  il  avait  servi  avec  distinction, 
ayant  été  auparavant  lieutenant  des  gardes  du  maréchal  d'Estrades"   (9). 

Le  ministre  fit  exactement  ce  que  lui  demandait  M.  de  Frontenac.  Le 
1er  mai  1  698,  M.  de  Valrennes  obtenait  un  brevet  de  pension  et  M.  de  Laval- 
trie recevait  sa  compagnie  (10). 

M.  de  Lavaltrie  décéda  à  Montréal  le  16  mai  1699,  et  fut  inhumé  le 
lendemain  dans  l'église  paroissiale  (11). 

Il  avait  épousé  à  Québec,  le  1 2  août  1 668,  Louise  Bissot,  fille  de  Fran- 
çois Bissot  de  la  Rivière  et  de  Marie  Couillard  (12). 

Le  20  octobre  1  699,  MM.  de  Callières  et  de  Champigny  écrivaient  au 
ministre  : 

"  Le  sieur  de  Lavaltrie  laisse  une  veuve  très  pauvre  avec  3  ou  6  enfants, 
que  ses  appointements  et  une  gratification  de  1  50  livres,  comme  ancien  officier 
du  régiment  de  Carignan  faisaient  vivre,  et  ils  s'en  trouvent  entièrement  privés 
et  par  là  de  toutes  choses.  Nous  ne  pouvons  pas  nous  dispenser  dans  une  si 
fâcheusç  conjoncture  pour  cette  pauvre  famille  de  prier  Sa  Majesté  de  leur 
continuer  au  moins  la  gratification  au  nom  de  la  veuve  "  (13). 


(9)  Archives  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol.   15. 

(10)  Edouard  Richard,  Supplément  du  Rapport  du  Dr  Br^mner  sur 
les  Archives  canadiennes  pour  1899,  p.  319. 

(11)  Inventaire  de  feu  Séraphin  Margane  de  Lavaltrie  devant  Antome 
Adhémar,  notaire  à  Montréal,  les  7  et  8  août  1  699. 

(12)  Contrat  de  mariage  devant  Romain  Becquet,  à  Québec,  le   11 
août  1 668. 

(13)  Archives  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol.  17. 


—  39  — 

Le  31  mai  1  700,  le  roi  faisait  répondre  à  MM.  de  Callières  et  de  Cham- 
pîgny  qu'il  ne  pouvait  pour  le  présent  accorder  à  madame  de  Lavaltrie  la  jjension 
qu'elle  demandait  (14), 

Un  peu  plus  tard,  le  gouverneur  et  l'intendant  revinrent  à  la  charge  et 
cette  fois  le  roi  se  rendit  à  leur  demande.  Madame  de  Lavaltrie,  jusqu'à  sa 
mort,  arrivée  à  Montréal  le  1er  mars  1733,  retira  une  modeste  pension  (15). 

Du  mariage  de  Séraphin  Margane  de  Lavaltrie  et  de  Louise  Bissot  étaient 
nés  onze  enfants  : 

I 

Marie-Anne  Margane  de  Lavaltrie. — Née  à  Québec  le  20  juin   1668. 

Mariée  à  Montréal,  le  28  octobre  1  694,  à  Ignace  Boucher  de  Grosbois, 
fils  de  Pierre  Boucher,  seigneur  de  Bôucherville,  et  de  Jeanne  Crevier  (16) 

C'est  à  lui  que  s'adresse  ce  passage  touchant  du  testament  spirituel  du 
vénérable  gouverneur  des  Trois-Rivières  : 

"  Adieu,  mon  fils  de  Grosbois.  Vous  savez  combien  je  vous  ai  aimé  ; 
n'en  soyez  pas  ingrat,  mais  priez  Dieu  pour  moi  en  reconnaissance." 

M.  Boucher  de  Grosbois  décéda  prématurément  à  Boucherville  le  25 
octobre  1 699.  Il  laissait  une  fille  et  quatre  fils  qui  furent  les  tiges  de  la  belle 
fcimille  Boucher  de  Grosbois  qui  s'est  perpétuée  jusqu'à  nos  jours. 

En  1725,  madame  Boucher  de  Grosbois  résidait  encore  à  Boucherville. 

II 

Charles-Séraphin  MarBane  de  Lavaltrie. — Né  à  Montréal  le  5  août  1  669. 

En  1  69 1 ,  le  gouverneur  de  Frontenac  lui  accordait  une  commission  d'en- 
seigne à  la  place  de  M.  Boucher  de  Grandpré  fait  lieutenant  réformé  (17). 
Cette  commission  fut  confirmée  par  le  roi  le  1er  mars  1693  (18). 


(14)  Edouard  Richard,  Supplément  du  Rapport  du  Dr  Brymner  sur 
les  Archives  canadiennes  pour  1899,  p.  319. 

(15)  Rapport  sur  les  Archives  canadiennes  pour  1904,  p.   194. 

(  1 6)  Contrat  de  mariage  devant  Antoine  Adhémar,  à  Montréal,  le 
28  octobre  1 694. 

(17)      Bulletin  des  Recherches  historiques,  vol.  XIII,  p.  343. 

(  1 8)  Edouard  Richard,  Supplément  du  Rapport  du  Dr  Br^mner  sur 
les  Archives  canadiennes  pour  1899,  p.  287. 


—  40  — 

En  1 693,  M.  de  Frontenac  chargea  M.  d'Ailleboust  d'Argenteuîl  d'un 
important  message  pour  M.  de  Louvigny,  commandant  à  Michilimakinac.  Con- 
naissant la  bravoure  et  l'habileté  du  jeune  de  Lavaltrie,  M.  de  Frontenac  lui 
donna  instruction  d'escorter  M.  d'Ailleboust  d'Argenteuil  et  ses  dix-huit  com- 
pagnons jusqu'au  delà  des  passages  les  plus  dangereux.  M.  de  Lavaltrie  avait 
sous  ses  ordres  une  vingtaine  de  volontaires  et  un  certain  nombre  de  Sauvages 
du  Saut  et  de  la  Montagne.  Le  voyage  d'aller  se  fit  heureusement.  Mais,  à 
son  rçtour,  dans  les  premiers  jours  de  juin  1 693,  l'escorte  fut  soudainement 
attaquée  par  une  bande  nombreuse  d'Iroquois,  qui  se  tenaient  cachés  sin:  les 
bords  d'un  rapide,  près  de  l'île  de  Montréal.  M.  de  Lavaltrie  et  trois  de  ses 
compagnons  furent  tués.  Les  autres  membres  de  l'escorte  réussirent  à  s'échap- 
per  (19).     / 

III 

François-Marie  Margane  de  Baiilly. — Né  à  Montréal  le  13  novembre 
1672. 

Au  baptême  de  François-Marie  Bissot  de  Vincennes  à  Montréal  le  1  7 
juin  1  700  il  est  appelé  François  Margane,  écuier,  sieur  de  Batilly.  Il  signe 
BatiUy. 

Le  jeune  de  Batilly  obtint  une  commission  dans  les  troupes  du  détachement 
de  la  marine. 

Dans  l'hiver  de  1703-1704,  le  gouverneur  de  Vaudreuil  envoyait  un 
parti  de  250  hommes  contre  la  Nouvelle- Angleterre.  Il  en  confia  le  comman- 
dement à  M.  Hertel  de  Rouville,  lieutenant  réformé. 

Ce  parti  remonta  le  lac  Champlain,  puis  la  rivière  aux  Français  (Onion 
River).  Il  suivit  ensuite  la  rivière  Connecticut  jusqu'à  Deerfield,  qui  était 
l'établissement  le  plus  voisin  du  Canada  dans  cette  direction.  Ce  village  était 
défendu  par  quelques  fortifications  irrégulières  et  quelques  redoutes,  que  la  neige 
couvrait  Deerfield  comptait  une  garnison  d'une  vingtaine  de  soldats.  M.  de 
Rouville  s'approcha  de  la  place  pendant  la  nuit  du  29  février.  Les  patrouilles 
ne  soupçonnaient  pas  même  la  présence  de  l'ennemi.  Deux  heures  avant  le  jour, 
les  Canadiens  et  leurs  alliés  sauvages  escaladèrent  les  murs,  pénétrèrent  dans  le 
village  et  surprirent  les  habitants  dans  leur  sommeil.  Ceux-ci  n'eurent  pas  le 
temps  de  résister.     La  place  fut  emportée  en  quelques  instants.     47  personnes 


(19)  R.  P.  Charlevoix,  Histoire  de  la  Nouvelle-France,  vol.  II,  p, 
1 29  ;  O'Callaghan,  Documents  relative  to  the  Histor^  of  the  State  of  New- 
York,  vol.  IX,  pp.  553.  562,  566  ;  Ferland,  Cours  d'histoire  du  Canada, 
vol.  II,  p.  263. 


...41  — 

furent  tuées  et  1  1 2  faites  prisonnières.  Le  village  fut  réduit  en  cendre.  Le 
même  matin,  M.  de  Rouville  se  remettait  en  route  p)our  la  Nouvelle-France 
avec  ses  prisonniers  et  son  buiin.  Le  voyage  de  retour  dura  25  jours,  pendant 
lesquels  les  hardis  Canadiens  et  leurs  prisonniers  n'eurent  d'autres  vivres  que 
ceux  que  la  chasse  pouvait  leur  fournir. 

M.  de  Rouville  n'avait  perdu  que  trois  Canadiens  et  quelques  sauvages. 

L'enseigne  de  Batilly  fut  tué  au  cours  de  cette  hardie  expédition. 

Le  3  avril  1  704,  M.  de  Vaudreuil  racontait  ainsi  au  ministre  l'exploit  de 
M.  de  Rouville  contre  Deerfield  : 

"  Les  Abénaquis  m'ayant  fait  savoir  que  les  Anglais  leur  avaient  tué  du 
monde  l'automne  dernière  et  me  demandant  du  secours,  j'ai  envoyé  cet  hiver  un 
parti  de  deux  cent  cinquante  hommes  tant  français  que  sauvages  commandé  par 
le  Sr  de  Rouville,  lieutenant  réformé,  qui  s'en  est  acquitté  très  dignement.  Ils 
ont  amené  deux  cent  cinquante  prisonniers  et  ne  savent  pas  le  nombre  des  morts. 
C'est  un  officier  qui  mérite.  Monseigneur,  que  vous  ayez  la  bonté  de  songer  à 
son  avancement.  Depuis  que  la  guerre  a  commencé  en  ce  pays  contre  l'Anglais, 
il  n'a  jamais  manqué  aucun  parti.  Il  commandait  celui  de  l'automne  passé  avec 
le  Sr  de  Beaubassin.;  il  a  été  blessé  à  celui-ci  et  avait  avec  lui  quatre  de  ses 
frères. 

"Nous  avons  perdu,  Mongr,  à  ce  dernier  parti  que  trois  Français  et  quel- 
ques Sauvages.  Parmi  les  3  Français  se  trouve  le  Sr  de  Batilly,  enseigne,  très 
brave  homme  et  le  second  de  sa  famille  qui  a  été  tué  au  service  du  Roi  "  (20) . 

IV 

Geneviève  Margane  de  Lavaltrie. — Née  à  Montréal  le  12  juillet  1675. 

Mariée  à  Montréal,  le  3  janvier  I  696,  à  Charles  Le  Gardeur  de  Lisle, 
fils  de  feu  Charles  Le  Gardeur  de  Tilly,  conseiller  au  Conseil  Souverain,  et  de 
Geneviève  Juchereau  de  Maur  (21). 

Madame  Le  Gardeur  de  Lisle  décéda  à  Montréal  le  30  novembre  1  702. 


(20)  Archives  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol.  22.  Sur 
l'expédition  de  M.  Hertel  de  Rouville  contre  Deerfield,  on  peut  consulter  l'ou- 
vrage de  M.  Baker  publié  à  Cambridge,  Mass.,  en  1897  :  True  Stories  of 
New-England  capltves  carried  lo  Canada  during  the  old  french  and  indian 
rvars. 

(21)  Contrat  de  mariage  devant  Antoine  Adhémar,  à  Montréal,  le 
3  janvier  1696. 


—  42  — 

En  1718,  M.  Le  Gardeur  de  Lisle  servait  dans  l'Ouest.  Il  était  à 
Kaskaskia  (22). 

V 

Madeleine-Louise  Margane  de  Lavaltrie. — Née  à  Lavaltrie  le  27  no- 
vembre 1676  (23). 

Mariée  à  Montréal,  le  1  1  décembre  1  698,  à  Paul  d'Ailleboust  de  Péri- 
gny,  lieutenant  dans  les  troupes  du  détachement  de  la  marine,  fils  de  Charles 
d'Ailleboust  des  Musseaux  et  de  Catherine  Le  Gardeur  de  Repentigny  (24). 

M.  d'Ailleboust  de  Périgny  était  le  petit-neveu  du  gouverneur  d'Ailleboust 
et  le  frère  de  Louis  d'Ailleboust  de  Coulonge,  de  Pierre  d'Ailleboust  d'Argen- 
teuil,  de  Nicolas  d'Ailleboust  de  Manteht  et  de  Jean-Baptiste  d'Ailleboust  des 
Musseaux.  Les  noms  des  cinq  frères  d'Ailleboust  sont  inscrits  aux  plus  belles 
pages  de  notre  histoire. 

M.  d'Ailleboust  de  Périgny,  en  récompense  de  ses  services,  obtint,  le  3 
juillet  1713,  la  compagnie  de  la  Pipardière,  Plus  tard,  le  roi  lui  donna  la 
croix  de  Saint-Louis. 

M.  d'Ailleboust  de  Périgny  décéda  à  Montréal  le  3  février  1  745. 

Madame  d'Ailleboust  de  Périgny  survécut  plusieurs  années  à  son  mari. 

Le  22  mai  1  76 1 ,  elle  entrait  en  pension  chez  les  Soeurs  Grises  à  Mont- 
réal (25). 

Ils  avaient  eu  trois  enfants  :  Hector-Louis,  l'aîné,  cadet  dans  les  troupes, 
se  noya  près  de  Montréal  dans  l'été  de  1  723  ;  Marie-Louise-Catherine  décédi 
à  l'âge  de  douze  ans  ;  et  Thérèse-Judith,  la  cadette,  devint  l'épouse  de  Pierre 
Hertel  de  Moncour.     Elle  décéda  à  Montréal  le  1 2  avril  1  738. 

VI 

Pierre  Margane  des  Forêts  et  de  Lavaltrie. — Le  continuateur  de  la  lignée. 


(22)  Tanguay,  Dictionnaire  généalogique,  vol.  V,  p.  293. 

(23)  Elle  fut  baptisée  à  Sorel  le   18  janvier   1677.     L'acte  ne  donne 
pas  le  lieu  de  sa  naissance.     Il  est  certain,  toutefois,  que  si  elle  était  née  à  Sorel 
on  n'aurait  pas  attendu  un  mois  et  demi  pour  la  porter  au  baptême.      Sorel  et 
Lavaltrie  sont  séparées  par  le  Saint-Laurent,  et,  en  hiver,  surtout  à  cette  époque, 
la  traversée  n'était  pas  toujours  facile. 

(24)  Contrat  de  mariage  devant  Antoine   Adhémar,   à   Montréal,   le 
1  1  décembre  l  698. 

(25)  L.-A.  Huguet-Latour,  Annuair-e  de  Ville-Marie,  vol.  II,  p.  86. 


...  43  — 
VII 

Barbe  Margane  de  Lavaltrie. — Née  à  Lavaltrie  en  février  1681    (26). 

En  1  704.  René  LeMoine  Despins,  fils  de  Jean  LeMoine  Despins  et  de 
Marie-Madeleine  de  Chavigny,  après  avoir  fait  la  cour  pendant  un  certain 
temps  à  Barbe  Margane  de  Lavaltrie,  la  demandait  en  mariage.  Sa  demande 
fut  agréé.  Le  contrat  de  mariage  avait  été  reçu  par  le  notaire  Antoine  Adhémar 
et  les  bans  placés  à  l'église  lorsque,  à  la  veille  même  de  la  célébration  du  ma- 
riage, le  fiancé  refusa  d'aller  plus  loin.  Madame  de  Lavaltrie,  au  nom  de  sa 
fille  encore  mineure,  intenta  un  procès  à  M.  LeMoine  Despins  devant  la  Prévoté 
de  Québec.  Des  amis  des  deux  familles  s'interposèrent  et,  le  25  octobre  1  704, 
un  compromis  avait  lieu  entre  les  parties  (27).  Afin  d'éviter  le  scandale  et  les 
frais  de  cour,  l'affaire  fut  soumise  à  deux  amiables  compositeurs,  M.  de  la 
Colombière,  grand-vicaire  de  l'évêque  de  Québec,  et  M.  Paul  Dupuy,  lieute- 
nant-particulier au  siège  de  la  Prévôté  de  Québec. 

Le  29  octobre  1  704,  les  amiables  compositeurs  rendaient  le  jugement  arbi- 
tral suivant  : 

"  Veu  par  nous  Joseph  de  la  (u)lombière,  prestre,  grand  vicaire  de  mon- 
seigneur l'evesque  de  cette  ville  de  (^ébec,  coner.  clerc  au  Conseil  Souverain 
de  ce  pays,  et  Paul  Dupuy,  coner.  du  roy,  lieutenant  particulier  au  siège  de  la 
prevosté  de  cette  ville,  un  compromis  passé  pardevant  Me.  Chambalon,  notaire, 
le  25  du  présent  mois,  mis  en  nos  mains  par  dame  Louise  Bissot,  veuve  de 
Séraphin  Marganne  vivant  escuyer  sieur  de  la  Valterie  capte,  d'une  compagnie 
des  troupes  de  la  marine  entretenue  en  ce  pays,  et  le  sieur  René  LeMoine,  sieur 
Despins,  par  lequel  ils  nous  suplient  de  vouloir  comme  arbitres  et  amiables 
compositeurs,  terminer  leur  diférent  afin  d'éviter  la  suite  des  procédures  qui  se 
seraient  faites  de  part  et  d'autre  sur  l'instance  encommencée  pardevant  monsieur 
le  lieutenant-général  de  la  prevosté  de  cette  ville  tendente  à  faire  réparer  par  le 
d.  LeMoine  le  tort  qu'il  a  fait  à  demoiselle  Barbe  de  la  Valterie,  fille  de  la 
d.  dame,  pour  raison  du  contrat  de  mariage  qu'il  a  passé  avec  elle  et  du  mariage 
qu'il  a  esté  sur  le  point  de  solenmiser  ce  que  néanmoins  il  a  refusé  de  faire  pour 
certaines  raisons  par  luy  produites,  une  requeste  de  la  d.  dame  de  la  Valterie 
repondue  par  le  d.  sieur  lieutenant-général  le  22  de  ce  mois  avec  assignation 
au  d.  sieur  Despins  pour  comparoir  'au  lendemain,  ensemble  les  demandes  et 
defîenses  des  parties  signées  par  elles,  et  après  avoir  le  tout  bien  considéré  nous 


(26)  Baptisée  à  Repentigny  le  7  février  1681. 

(27)  Acte  devant  Chambalon,  notaire  à  Québec,  25  octobre  1704. 


...  44  -  - 

condamnons  le  d.  sieur  Despins  à  payer  à  la  d.  demoiselle  Barbe  de  la  Valterie 
la  somme  de  six  cents  livres  que  nous  luy  avons  adjugée  pour  ses  interests  civils 
laquelle  somme  sera  incessamment  payée  après  la  signification  de  la  présente  et 
mise  ez  mains  d'un  marchand  tel  que  la  d.  dame  jugera  à  propos  pour  en  payer 
l'interest  à  la  d.  demoiselle  tant  et  si  long  temps  que  bon  luy  semblera  et  ayant 
esgard  aux  soins,  peines,  voyages  et  dépenses  faites  par  la  d.  dame  de  la 
Valterie  pour  la  poursuite  de  l'affaire  en  question,  nous  luy  adjugeons  la  somme 
de  deux  cents  livres  laquelle  luy  sera  aussi  payée  par  le  d.  sieur  Despins  aussitôt 
et  après  la  d.  signification  faite  comme  dit  est  et  au  surplus  que  les  choses 
portées  ou  données  pour  gage  par  le  d.  sieur  Despins  à  la  demoiselle  luy  demeu- 
reront comme  à  elle  appartenentes  et  que  les  cinq  cent  livres  consignées  par  le 
d.  Despins  pourront  entrer  au  payement  de  celle  de  six  cents  livres  à  quoy  il 
'Cst  condamné  et  celle  consignée  par  la  dame  la  Valterie  à  elle. rendue  par  la 
teneur  de  la  d.  consignation.  Donné  par  nous  arbitrateurs  soussignés  le  29e 
octobre  1  704, 

LA  COLOMBIERE 
DUPUY " 

M.  LeMoine  Despins  s'exécuta  de  bonne  grâce  et,  le  4  novembre  1  704, 
il  remettait  la  somme  de  huit  cents  livres  à  madame  de  Lavaltrie  pour  satisfaire 
à  la  condamnation  portée  contre  lui  par  les  amiables  compositeurs.  Madame 
de  Lavaltrie,  en  retour,  consentit  à  la  cassation,  révocation  et  annulation  du  con- 
trat de  mariage  passé  entre  sa  fille  et  M.  LeMoine  Despins  par  le  notaire  Adhé- 
mar  (28). 

Barbe  Margane  de  Lavaltrie  devint,  quinze  ans  plus  tard,  à  Montréal, 
le  27  novembre  1719,  l'épouse  de  Etienne  de  Bragelongue,  chevalier,  lieute- 
nant d'une  compagnie  des  troupes  du  détachement  de  la  marine,  fils  de  feu 
Charles  de  Bragelongue,  seigneur  de  Montrhaville,  Martinvilliers  et  autres  lieux, 
commissaire-général  de  la  cavalerie  de  France,  et  de  Marie-Madeleine  de  Vi- 

gny  (29). 

M.  de  Bragelongue  décéda  à  Montréal  le  27  novembre  1738. 
Quant  à  madame  de  Bragelongue,  nous  n'avons  pu  retracer  ni  la  date  ni 
l'endroit  de  sa  mort. 


(28)  Quittance  devant  le  notaire  Chambalon,  à  Québec,  le  4  novembre 
1704. 

(29)  Contrat  de  mariage  devant  Michel  Lepailleur,  notaire  à  Mont- 
réal, le  25  novembre  1719. 


—  45  — 
VIII 

Jean-Bapïiste  Margane  de  Lavaltrie.  —  Né  à  Lavaltrie  le  3  novemtre 
1683  (30). 

il  vivait  encore  en  1725  (31).  . 

IX 

François  Margane  de  Lavallrie. — Né  à  Lavallrie  en  1684  (32) 

C'est  lui  que  les  historiens  américains  et  la  plupart  des  historiographes 
canadiens  désignent  erronément  comme  le  fondateur  de  l'Indiana,  lui  faisant 
usurper  la  gloire  et  le  mérite  de  son  cousin  François-Marie  Bissot  de  Vincennes. 

Vers  1  700,  Augustin  Le  Gardeur  de  Courtemanche,  lieutenant  dans  les 
troupes  du  détachement  de  la  marine,  bien  connu  par  ses  exploits  de  guerre  et 
ses  hardis  voyages  dans  l'Ouest,  faisait  une  exploration  de  la  côte  du  Labrador. 
La  pêche  et  la  chasse  étaient  si  avantageuses  dans  cette  région  'mconnue  qu'il 
se  décida  à  s'y  établir:  Il  fil  son  établissement  près  de  la  rivière  des  Esqui- 
maux. Afin  de  tenir  les  Sauvages  en  respect,  il  construisit  aussi  un  petit  fort 
dans  lequel  il  avait  l'intention  de  garder  quelques  hommes  armés  afin  de  parer 
aux  événements. 

Le  jeune  de  Lavaltrie,  amateur  d'aventures,  de  chasse  et  de  pèche,  suivit 


(30)  Il  fut  baptisé  le  10  novembre  1683,  comme  nous  le  constatons 
par  l'acte  de  baptême  suivant  que  nous  devons  à  M.  l'abbé  Ducharme,  curé  de 
Contrecoeur  :  "Le  dixiesme  jour  du  mois  de  Novembre  de  l'an  mil  six  cent 
quattre  vingt  trois  par  moy  Benoist  Duplein  pire  Missionnaire,  du  seminre.  de 
Québec  faisant  les  fonctions  curiales  à  la  Valterye  a  esté  baptisé  dans  le  d. 
Lieu  Jean  Baptiste  fils  de  Sr.  Séraphin  de  Margane  Escuyer  Seigneur  de  la 
Valterie  et  de  damoiselle  Louise  Bissot  sa  femme  est  né  le  troisiesme  du  mesme 
mois  ses  parain  et  Mareine  ont  esté  le  Sr.  Jean  Baptiste  le  Gardeur  Escuyer 
seigneur  de  Repentigny  et  damoiselle  Marie  Couillard  femme  de  Mr.  LaLande 
Jean  Baptiste  le  Gardeur  et  damoiselle  Marguerite  Nicole!  femme  du  d.  sieur 
de  Repentigny  ayant  tenu  l'enfant  sur  les  fonts  en  qualité  de  procureurs.  (Signé) 
LaValtrîe.     B.  Duplein,  ptre. 

(31  )  Acte  de  foi  et  hommage  rendu  pour  le  fief  et  seigneurie  de  Laval- 
trie par  Pierre  Margane  de  Lavaltrie  en  1  725. 

(32)  Dans  l'inventaire  des  biens  de  Séraphin  Margane  de  Lavaltrie 
dressé  le  7  août  1  699  par  le  notaire  Antoine  Adhémar  il  est  fait  mention  de 
"François  de  Margane,  Ecr,  sr  de  Makary,  âgé  de  1  5  ans".  Sa  naissance 
remonte  donc  à  1684.  Comme  sa  soeur  Madeleine-Louise,  il  fut  probablement 
baptisé  à  Sorel.  Malheureusement  les  registres  de  Sorel  manquent  de  1  678  à 
1  687.  Ce  qui  nous  emfîêche  de  donner  la  date  exacte  de  la  naissance  de 
François  Margane  de  Lavallrie. 


—46— 

son  cousin,  M.  Le  Gardeur  de  Courtemanche,  au  Labrador.     C'est  lui  qui  fut 
chargé  du  commandement  du  fort  de  Pontchartrain. 

En  1  71  1,  François  Margane  de  Lavaltrie  eut  l'honneur  de  venir  appren- 
dre au  gouverneur  de  Vaudreuil  que  les  Anglais  traversaient  la  mer  avec  une 
flotte  formidable  dans  l'intention  de  venir  mettre  le  siège  devant  Québec.  Cha- 
que été,  de  nombreux  vaisseaux  français  et  étrangers  venaient  faire  la  pêche 
dans  les  eaux  du  Labrador.  C'est  par  un  de  ces  vaisseaux  que  le  ministre 
de  Pontchartrain  avait  fait  savoir  cette  grave  menace  à  M.  de  Courtemanche. 

C'est  encore  M.  de  Lavaltrie  qui,  au  mois  d'octobre  de  la  même  année, 
vint  annoncer  à  la  population  de  Québec  l'horrible  naufrage  de  plusieurs  des 
vaisseaux  du  fier  amiral  Walker  sur  les  récifs  de  l'île  aux  Oeufs. 

Le  procès-verbal  de  la  Déclaration  de  M.  de  Lavaltrie  à  la  Prévôté  de 
Québec  nous  donne  des  détails  lugubres  sur  ce  naufrage  qui  sauvait  la  colonie  : 

'*  Aujourd'huy  dix  sept  Octobre  mil  sept  cent  onze  trois  heures  de  relevée 
pardevant  nous  Paul  Dupuy  Escuyer  Comre.  du  Roy  et  son  lieutenant  parti- 
culier civil  et  criminel  au  siège  de  la  prévosté  et  amirauté  de  Québec,  faisant 
par  ordre  de  sa  Majesté  les  fonctions  de  Lieutenant  général  au  siège  en  nostre 
hostel,  et  en  présence  du  procureur  du  Roy,  est  comparu  françois  de  Marganne 
Sieur  de  la  Valterie  officier  servant  au  fort  de  Pontchartrain  de  Labrador, 
lequel  après  avoir  preste  serment  par  devant  nous  en  la  manière  accoutumé  de 
dire  la  vérité,  a  dit  et  déclaré  que  le  troise.  Aoust  dernier  il  auroit  esté  envoyé 
du  fort  de  pontchartrain  par  Mr.  de  Courtemanche  commandant  au  dit  lieu, 
a  Monsieur  le  Marquis  de  Vaudreuil  Gouverneur  Général  de  ce  pays,  pour 
l'avertir  que  cette  ville  estoit  menacée  d'estre  assiégée  par  les  Anglois  ennemis 
de  l'Estat,  suivant  l'avis  qu'il  en  avoit  receu  de  Monseigneur  le  Comte  de 
Pontchartrain,  et  que  quelques  jours  après  son  arrivée  en  cette  dite  ville,  mondit 
Sieur  le  Gouverneur  Général  luy  auroit  ordonné  de  s'en  retourner  à  son  poste 
et  que  s'il  remontroit  les  Ennemis  de  venir  luy  en  donner  des  nouvelles  en  toute 
dilligence,  et  qu'à  cet  effet  il  partit  le  dix  huite.  Septembre  aussy  dernier  pour 
s'en  retourner  au  lieu  de  l'abrasdor  en  canot  avec  deux  français  et  un  Sauvage, 
et  que  le  premier  de  ce  mois  estant  arrivé  à  l'Isle  aux  oeufs  distante  de  cette 
ville  de  soixante  dix  lieues  il  appercut  apparence  de  naufrage  ce  qui  l'obligea 
de  débarquer  à  terre  où  il  trouva  sur  le  sable  quatre  hommes  mors  qu'il  reconnut 
estre  des  Anglois,  qu'il  découvrit  en  mesme  temps  quantité  de  pistes  d'hommes 
qu'il  suivit  avec  ses  gens  pendant  l'espace  de  deux  lieues,  dans  lequel  chemin 
ils  en  trouvèrent  que  deux  bonnes  chaloupes  échouées  avec  sept  ou  huit  autres 
que  l'on  pourroit  racommoder,  et  s'en  retournant  a  leur  canot  ils  aperceurent 
deux  hommes  qui  marchoient  sur  le  sable  qui  leur  firent  connoistre  par  leur 


—  47  — 

appel  qu*ils  esloienl  françois  et  les  ayant  approchez  ils  les  reconnurent  pour 
estre  de  l'équipage  du  nommé  Vital  Caron  Me.  de  barque,  lesquels  gardoient 
du  butin  et  en  ramassoient  d'autre,  qui  consistoit  en  habits,  Couvertur,  has. 
chemises  et  autres  dépouilles  qu'ils  leur  firent  voir,  et  leur  dirent  le  naufrage 
qui  estoit  arrivé  à  la  flotte  angloise  qui  venoit  éissieger  cette  ville,  a  quoy  n'ayant 
pas  voulu  s'en  tenir  ils  furent  eux  mesmes  sur  le  lieu  ou  luy  déclarant  apF>erceut 
sept  vaisseaux  anglois  sur  la  pointe  de  la  terre  ferme  du  costé  du  Nord  proche 
îa  dite  Isle  aux  Oeufs,  desquels  il  y  en  avoll  un  tout  bruslé,  deux  autres  a  demy 
brûlez  et  trois  autres  à  la  coste  dont  l'un  tient  avec  deux  ancres  et  un  autre  qui 
en  a  trois  dans  sa  Rouche  et  le  septiesme  vaisseau  qui  flottoit  à  toutes  les 
marées  estant  sur  ses  ancres  lequel  il  croit  plus  gros  que  le  héros  qui  est  de 
présent  en  la  rade  de  cette  ville,  les  autres  estant  moins  gros  mais  cependant 
qu'il  estime  du  port  d'environ  trois  ou  quatre  cent  toimeaux  chacxm  beaucoup 
d'apparence,  et  que  le  plus  gros  qui  est  sur  ses  ancres,  à  son  premier  p>onl 
emporté  et  la  ferrure  de  ceux  qui  sont  brûlez  est  sur  le  lieu  ;  qu'il  croit  que  des 
<iits  vaisseaux  il  n'y  a  que  le  plus  gros  qui  puisse  estre  raccommodé  ;  qu'ils 
ont  veu  en  outre  sur  le  bord  de  l'eau  environ  quinze  à  seize  cent  corps  morts 
desquels  il  y  avoit  environ  une  vingtaine  de  femmes,  partie  desquelles  avoient  des 
enfants  à  la  mamelle,  qu'ils  ont  aussy  veu  sur  la  grève,  des  chevaux,  des  mou- 
tons, des  chiens,  et  des  volailles,  quantité  de  bats  pour  les  chevaux  de  charge, 
trois  ou  quatre  cent  grosses  futailles  cerclées  de  fer  dont  il  ne  sçait  si  elles  sont 
plaines,  beaucoup  de  brouettes,  mesme  une  barrique  de  vin  et  une  barrique  et 
demie  d'eaudevie  de  laqulle  luy  déclarant  a  bû  plusieurs  fois  avec  les  dits  deux 
honunes  du  dit  Caron,  qu'il  y  a  aussy  a  la  coste  des  cables,  2uicres,  voilles, 
planches  et  madriers  de  chesne,  bois  ecary,  des  pelles,  des  picqs,  pioches, 
chesnes,  fiches  et  ferrailles  dont  il  a  veu  des  monceaux  de  trois  pieds  de  hault, 
et  que  les  dits  deux  hommes  luy  dirent  que  le  dit  Vital  Caron  avoit  enlevé  la 
charge  de  deux  charoys  de  butin  qu'il  avoit  emmené  avec  luy  aux  Sept  Isles, 
pour  en  faire  le  partage  entre  les  gens  de  son  équipage  composé  de  vingt  cinq 
hommes  et  qu'il  y  avoit  un  de  ces  hommes  qui  avoit  trouvé  vingt  écus  blancs 
dans  la  poche  d'un  des  naufragéz,  et  un  autre  une  montre  d'argent,  que  touttes 
ces  choses  et  sont  devoir  luy  ont  fait  abandonner  son  voyage  et  les  proffits  qu'il 
auroit  pu  faire  comme  les  autres  a  sauver  des  effets  du  dit  naufrage,  pour  venir 
en  cette  ville  en  apporter  la  nouvelle  et  en  faire  sa  déclaration,  ce  qu'il  a  fait 
avec  toutte  la  dilligence  possible,  s'estant  rendu  en  quinze  jours  malgré  les  mau- 
vais temps  qu'il  a  eu  pendant  son  voyage,  qui  est  tout  ce  qu'il  a  dit  scavoir  : 
Demandant  au  surplus  qu'il  luy  soit  accordé  les  droits  quy  appartiennent  au 
dénonciateur,  et  a  signé  à  l'Original  avec  nous  les  jour  et  an  susdittes.     Ainsi 


—48— 

signées  au  dit  original  Marganne  de  la  Valterie,  Lespinay,  Dupuy  et  Rivet 
Greffier  sous  signé  "  (33). 

Le  9  mai  1712,  M.  de  Lavaltrie  épousait,  à  Beai^>ort,  Angélique  Guyon- 
Desprès,  fille  de  François  Guyon-Desprès  et  de  Madeleine  MarsoleL 

Avant  même  de  venir  s'établir  dans  sa  seigneurie  de  Beauport,  Robert 

Giffard,  le  14  mars  1634,  avait  créé  un  arrière-fief  en  faveur  d'un  de  ses  com- 

y  patriotes,  Jean  Guyon>     Gifïard  et  Guyon  étaient  Percherons  mais  le  Perche 

était  voisin  de  la  Norméuidie.     En  huit  ans,  Giffard  et  Guyon  eurent  six  procès 

au  sujet  de  cet  arrière-fief  Du  Buisson. 

Par  son  mariage  avec  la  petite-fille  de  Jean  Guyon,  M.  de  Lavaltrie 
devenait  l'un  des  propriétaires  de  l'arrière-fief  Du  Buisson.  Une  véritable  fa- 
talité s'attachait  à  cette  propriété.  Il  fut  obligé  de  soutenir  trois  ou  quatre 
procès  pour  garder  la  petite  part  de  propriété  seigneuriale  que  lui  avait  apportée 
son  mariage. 

Le  1 9  septembre  1713,  M.  de  Lavaltrie  s'associait  avec  Bernard  d'A- 
mours de  Plaine  pour  faire  un  voyage  au  Cap-Breton  où  M.  de  Plaine  avait 
des  terres.     Les  aissociés  devaient  y  faire  la  traite,  la  pêche  et  la  chasse. 

Comme  chaque  associé  avait  fourni  une  quantité  inégale  de  marchandises, 
il  était  entendu  que  celui  qui  aurait  le  plus  fourni  retirerait  en  pelleterie  au 
prix  courant  ce  qu'il  aurait  avancé  davantage.  Le  surplus,  sans  exception, 
devait  être  partagé  par  moitié  (34). 

La  société  entre  M.  de  Lavaltrie  et  M.  de  Plaine  ne  fut  pas  de  longue 
durée.  Le  Labrador  avec  ses  îles  giboyeuses,  ses  rivières  remplies  de  poisson 
l'attirait.  Il  y  retourna  bientôt.  Seulement,  au  lieu  d'être  sous  les  ordres  dé 
M.  de  Courtemanche,  il  fit  la  pêche  et  la  traite  avec  les  Sauvages  à  son  propre 
compte,  avec  l'aide  de  deux  ou  trois  engagés. 

M.  de  Laval tiie  n'avait  aucune  concession  au  Labrador. 

Le  pays  était  grand,  les  rivières  nombreuses  et  MM.  de  Courtememche  et 
de  Lavaltrie  pouvaient  faire  leurs  exploitations  sans  se  nuire.  Aussi  longtemps 
que'M.  de  Courtemanche  vécut,  il  n'y  eut  aucune  difficulté  à  ce  sujet. 

En  juin  1717,  M.  de  Courtemanche  mourait  à  son  établissement  de  la 
baie  Phélippeaux.  C'est  le  sieur  de  Brouage,  né  du  premier  mariage  de  sa 
femme,  qui  succéda  à  M.  de  Courtemamche  comme  commandant  de  la  côte  du 
Labrador.  Jeune,  ardent,  jaloux  de  ses  droits,  il  ne  tarda  pas  à  trouver  que 
la  côte  du  Labrador  malgré  son  inunensité  était  trop  restreinte  pour  lui  et  M, 


(33)  Archives  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol.   F.  32,  p. 
171. 

(34)  Acte  de  la  Cetière,  19  septembre  1713. 


—49— 

de  Lavaltrie. 

Le  9  septembre  1718,  il  se  plaignait  de  M.  de  Lavaltrie  au  Conseil  de 
marine  : 

"  Je  suis  obligé  de  me  plaindre  au  Conseil  d'une  insulte  qui  m'a  été  faite 
par  le  sieur  de  la  Valterie  étant  arrivé  au  commencement  de  juillet  dans  les  îles 
proches  le  fort  avec  une  chaloupe. 

"  Comme  nous  sommes  dans  un  pays  où  nous  avons  des  ennemis  à  craindre, 
les  Elsquimaux  d'un  côté  et  les  forbans  de  l'autre  qui  pourraient  fort  bien  mettre 
leurs  navires  dans  quelques  havre  du  côté  de  Terreneuve  et  venir  avec  leurs 
chaloupes  et  prendre  connaissance  des  navires  qui  sont  à  cette  côte.  Ils  ne  lais- 
seront pas  d'y  faire  un  tort  très  considérable.  Ne-  sachamt  pK>int  qu'il  fut  si 
proche  que  par  des  étrangers  qui  parurent  la  veille  sur  la  grève  je  voulus  m'in- 
former  ce  que  c'était  ces  gens  qui  avaient  pris  aussitôt  la  fuite.  Je  détache 
quatre  hommes  avec  vm  canot  pour  envoyer  savoir  sur  les  îles  ce  que  ce  pouvait 
être  et  ils  me  rapportèrent  que  c'était  le  sieur  de  la  Valterie  qui  y  était  im  jour 
auparavant. 

"  Je  lui  renvoyai  sur  le  champ  de  venir  me  dire  le  sujet  de  son  voyage  et 
de  m'apporter  ses  ordres.  Il  demanda  à  l'homme  que  je  lui  avais  envoyé  de 
quelle  part  je  lui  faisais  faire  un  pareil  compliment.  Les  capitaines  des  navires 
de  Canada  qui  étaient  dans  le  havre  lui  firent  connaître  que  le  Roi  m'avait 
honoré  du  commandement,  et  il  me  fit  dire  par  mes  gens  qu'il  ne  dépendait  ici 
de  personne,  ce  qui  m'obligea  de  lui  envoyer  un  ordre  par  écrit  qu'il  eut  à  venir 
de  la  part  du  Roi.  Il  n'en  fit  aucun  cas,  ce  qui  arriva  en  présence  de  tous  les 
capitaines  qui  étaient  alors  au  F>etit  Havre.  Je  ne  suis  pas  surpris  que  cela 
m'est  arrivé  des  Canadiens  puisque  M.  Courtemanche  y  a  été  plusieurs  fois 
exposé,  dans  laquelle  il  a  toujours  eu  beaucoup  de  prudence  que  je  tâcherai 
d'imiter  aussi  bien  qu'en  tout  ce  qui  concernera  le  service  du  Roi.  Je  demande 
au  Conseil  qu'il  ait  la  bonté  de  m'envoyer  un  ordre  de  ce  qu'il  souhaite  que  je 
fasse  pour  ce  sujet  parce  qu'il  est  très  dangereux  que  l'on  laisse  venir  toutes 
sortes  de  gens  sans  subordination  à  cette  côte.  Nous  demandons  en  grâce  au 
Conseil,  ma  mère,  mes  soeurs  et  moi  que  nous  puissions  jouir  paisiblement  et 
sans  être  inquiétés  de  la  continuation  de  la  conceî^sion  qu'il  a  eu  la  bonté  de 
nous  accorder  et  particulièrement  de  la  traite  de  tous  les  Sauvages  de  la  côte 
du  Labrador  sur  laquelle  nous  recevons  tous  les  jours  mille  chagrins  par  les 
fiermissions  que  M.  le  gouverneur-général  donne  à  toutes  sortes  de  gens  qui 
veulent  venir  pour  y  faire  la  traite  et  dont  le  sieur  de  la  Valterie  en  est  un. 
Ils  ne  se  contentent  pas,  après  que  nous  leur  avons  équippé  et  prêté  ce  qui  leur 
est  nécessaire,  et  de  leur  ôter  le  f>eu  de  pelleteries  qu'ils  pourraient  avoir  pour 


—  50  — 

nous  satisfaire,  et  même  de  venir  les  débaucher.  Jusque  sur  notre  grève  ;  et 
les  misérables  partant  de  nuitte  (sic)  nous  volent  et  pillent  tout  ce  qu'ils  trou- 
vent, ce  qui  nous  fait  un  tort  très  considérable.  Voilà  deux  années  de  suite  que 
l'on  nous  fait  la  même  chose.  Je  ne  m'en  serais  pas  plaint  cette  année  si  le  dit 
la  Valterie  n'eut  pas  menacé  ma  mère  de  la  ruiner.  Je  ne  regarde  pas  en  cela 
mon  intérêt  particulier  ni  celui  de  ma  famille,  mais  il  n'y  a  simplement  que  celui 
du  public  parce  que  ces  sauvages  débauchés  et  sans  subordination  sont  plus  à 
craindre  que  les  E.squimaux.  Il  en  est  déjà  arrivé  un  exemple  avec  eux.  Un 
capitaine  ayant  envoyé  un  officier  avec  deux  chaloupes  à  cinq  ou  six  lieues  de 
l'Ile  à  bois  en  remontant  du  côté  de  Québec,  ils  rencontrèrent  de  ces  sauvages 
débauchés  qui  voulurent  tirer  sur  eux  et  si  les  Français  n'eussent  pas  été  les 
plus  forts  ils  les  auraient  défaits  ;  dont  le  capitaine  m'en  a  fait  des  plaintes. 
Vous  voyez  bien  que  je  ne  peux  pas  répondre  que  ces  sortes  de  gens  ne  fassent 
bien  du  tort  dans  la  suite  ;  que  si  j'en  était  le  maître  seul  je  prendrais  mes 
précautions  pour  qu'ils  ne  fissent  de  tort  à  personne  en  fournissant  ce  qui  leur 
serait  nécessaire,  comme  je  fais  à  une  partie  de  ceux  qui  sont  restés  avec  moi, 
auxquels  je  fournis  des  chaloupes  avec  des  Français  pour  les  conduire  jusqu'au 
lieu  de  leur  hivernement,  pour  empêcher  qu'ils  ne  fassent  aucun  tort  à  aucun 
vaisseau  parce  que  quelquefois  ils  pourraient  s'enivrer  et  dans  cet  état  ils  n'ont 
aucune  raison  et  pourraient  faire  de  grands  désordres. 

"  Nous  demandons  en  grâce  au  Conseil  que  ces  sortes  de  choses  ne  puis- 
sent plus  arriver  parce  qu'il  n'est  pas  possible  que  je  puisse  m'attacher  à  faire 
de  nouvelles  découvertes  ni  travailler  avec  sûreté  étant  toujours  occupé  avec 
des  gens  qui  me  traversent  "  (35). 

L'année  suivante,  M.  de  Brouage  avait  encore  à  se  plaindre  de  M.  de 
Lavaltrie.     Le  6  septembre  1719,  il  écrivait  au  Conseil  de  marine  : 

"  J'eus  l'honneur  de  me  plaindre  l'année  dernière  au  Conseil  de  tous  les 
torts  que  nous  faisait  le  sieur  de  la  Valterie.  Vous  verrez  encore  cette  année 
la  suite  de  sa  mauvaise  conduite  par  la  plainte  que  j'ai  l'honneur  de  vous  faire 
du  mauvais  exemple  qu'il  donne  tant  aux  Français  qu'aux  Sauvages  de  cette 
côte.  Je  fis  partir  un  canot  ce- printemps  du  côté  de  Québec  à  vingt  ou  vingt- 
cinq  lieues  de  chez  moi,  comme  nous  avons  coutume  de  faire  tous  les  ans  depuis 
que  nous  sommes  à  La  Brador  pour  envoyer  audevant  des  Sauvages  des  terres 
et  autres  de  la  dite  côte,  comme  ils  ont  coutume  de  descendre  à  ces  environs 
et  que  nous  leur  avions  prêté  considérablement.  Il  y  avait  dans  le  canot  deux 
Français  et  un  jeune  sauvage.     Je  ne  fais  point  partir  aucun  canot  de  chez  moi 


(35)      Archives  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol.^  109. 


—  51  — 

sans  leur  donner  un  paisseport  pour  faire  connaître  à  ceux  qui  les  rencontre  que 
ce  ne  sont  point  des  déserteurs.  Je  prends  des  précautions  pour  qu'il  n'arrive 
point  de  désordre. 

"  J'ai  l'hormeur  de  vous  dire  que  le  dit  sieur  de  la  Valterie  rencontrant 
mon  canot  demanda  à  mes  gens  où  ils  allaient  ;  celui  qui  commandait  le  canot 
lui  fit  réponse  qu'il  allait  suivant  les  ordres  de  Mr  le  commandant  et  en  même 
temps  les  lui  fit  voir.  Le  dit  sieur  de  la  Valterie  lui  fit  réponse  qu'il  ne  recon- 
naissait pas  ses  ordres  ni  même  le  sieur  de  Brouage  et  sur  le  champ  il  appela 
ces  gens  à  son  secours  et  sautèrent  sur  le  canot  lorsque  mes  gens  s'y  attendaient 
le  moins  et  piller  plomb,  f>oudre,  tabac  et  autres  marchandises  qui  étaient  dedans 
sans  leur  avoir  laissé  aucun  coup  de  poudre  ni  de  plomb  pour  se  rendre  chez 
moi,  et  que  s'ils  avaient  eu  du  mauvais  temps  ils  auraient  risqué  de  mourir  de 
faim  en  chemin. 

"  Le  Conseil  aura  la  bonté  de  remarquer  s'il  lui  plait  que  ce  procédé  est 
tout  à  fait  pernicieux  puisque  les  Sauvages  prendront  exemple  sur  le  sieur  la 
Valterie  et  qu'il  leur  sera  plus  doux  de  piller  que  de  travailler  pour  avoir  ce  qui 
leur  est  nécessaire.  Et  même  un  sauvage  voulant  m'emprunter  quelque  chose, 
quand  je  lui  en  refuse,  il  me  dit  que  si  je  ne  lui  donnais  point  qu'il  me  forcerait, 
ce  qui  m'obligea  à  le  mettre  hors  de  chez  moi  ;  pau"ce  que  jamais  je  ne  les  avais 
vus  se  servir  de  pareils  termes. 

"  La  justice  que  je  demande  en  grâce  au  Conseil  aussi  bien  que  ma  mère, 
que  le  dit  sieur  de  la  Valterie  ne  remette  jamais  les  pieds  dans  ce  pays  pour 
faire  connaître  aux  sauvages  que  c'est  la  mauvaise  action  qu'il  a  faite  ;  et  je 
ne  manquerais  pas  de  leur  faire  connaître  que  la  plainte  que  j'ai  l'honneur  de 
vous  faire  est  que  quemd  on  se  vole  comme  cela  entre  les  Frsmçais  aussi  qu'avec 
les  sauvages  que  les  Puissances  les  font  châtier  ;  et  c'est  p>ourquoi  si  cet  homme 
demeure  dans  ce  pays,  ces  sortes  de  gens  croiront  que  cela  sst  permis  et  je 
craindrais  bien  que  nous  ne  fussions  la  victime.  Je  ne  crains  pour  moi,  mais  il 
n'y  a  que  pour  ma  mère  et  mes  trois  soeurs  qui  sont  bien  exposées  dans  de  pareil- 
les occasions. 

"  Je  ne  manquai  pas  l'année  dernière  de  faire  mes  plaintes  à  Mr  le  mar- 
quis de  Vaudreuil,  gouverneur-général  du  Canada,  sur  la  désobéissance  que  me 
fit  le  sieur  de  la  Valterie,  et  ma  mère  lui  fit  ses  plaintes  et  lui  demanda  justice 
du  tort  considérable  que  le  dit  sieur  nous  faisait  de  débaucher  nos  sauvages 
qui  partant  de  nuitte  (sic)  nous  volaient,  ce  qui  nous  faisait  un  tort  très  con- 
sidérable. 

"  Nous  avons  eu  aucune  satisfaction  des  plantes  que  nous  lui  avons  faites 
et  je  ne  crois  pas  même  qu'il  en  ait  fait  aucune  réprimande  au  sieur  de  la  Val- 


—  52  -- 

terie,  parce  qui'l  se  flatte  beaucoup  sur  la  protection  de  Mr  le  gouverneur- 
général  de  Canada,  ce  qui  me  fait  croire  qu'il  est  beaucoup  soutenu  par  lui. 

*'  Nous  n'avons  pas  encore  manqué  cette  année  de  lui  faire  nos  plaintes  et 
de  lui  demander  justice  pour  la  troisième  fois.  N'ayant  pas  voulu  agir  avec 
violence  dans  une  pareille  occasion  je  me  contentais  de  me  plaindre  parce  que 
j'espérais  qu'il  me  ferait  justice. 

"  Je  lui  ai  marqué  aussi  que  j'aurais  l'honneur  d'en  informer  le  Conseil, 
et  comme  le  dit  Sieur  hiverne  encore  dans  ces  pays  ici  et  que  les  vaisseaux  de 
France  viennent  plus  tôt  que  ceux  de  Canada,  j'espère  que  le  Conseil  me  rendra 
la  justice  qui  m'est  due  et  que  je  recevrai  ses  ordres  plutôt  que  celle  (sic)  de 
Canada  et  que  je  pourrai  travailler  avec  plus  de  tranquillité  "   (36). 

M.  de  Lavaltrie,  qui  voyait  que  M.  de  Brouage  réussirait  à  le  faire  partir 
du  Labrador,  s'il  n'y  obtenait  une  concession,  s'adressa  à  MM.  de  Vaudreuil 
et  Bégon.  Ceux-ci  appuyèrent  sa  demande  auprès  du  ministre.  Le  25  mai 
1719,  le  ministre  répondait  favorablement  au  gouverneur  et  à  l'intendant  (37). 

Cependant  le  Conseil  de  marine  ne  fut  saisi  de  la  demande  de  M.  de 
Lavaltrie  que  le  23  janvier  1  720  (38). 

Enfin,  le  26  mai  1  720,  le  Roi  signait  la  concession  suivante  en  faveur  de 
M.  de  Lavaltrie  : 

"  Aujourd'huy  le  vingt-six  mai  mil  sept  cent  vingt,  le  Roy  étant  à  Paris, 
ayant  écouté  favorablement  la  demande  qui  luy  a  esté  faite  par  le  sieur  de  la 
Valterie  d'un  terrain  à  la  coste  de  Labrador  pour  y  establir  des  pesches  séden- 
taires de  la  morue  et  du  loup-marin  Sa  Majesté  de  l'advis  de  Monsieur  le  duc 
d'Orléans,  Régent,  lui  a  concédé  le  havre  nommé  la  Rivière  Saint-Augustin, 
dans  la  coste  de  Labrador,  avec  deux  lieues  de  front  de  chaque  costé  sur  quatre 
lieues  de  profondeur  dans  les  terres  ensemble  les  isles  et  islets  adjacentes  au  dit 
havre  pour  en  jouir  par  luy,  sa  vie  durant,  et  tant  qu'il  fera  valoir  la  concession 
par  les  pesches  veut  et  entend  Sa  Majesté  qu'il  ait  seul  dans  le  havre  et  dans 
les  deux  lieues  à  luy  concédées,  ensemble  dans  les  isles  et  islets  y  adjacents,  la 
faculté  de  faire  la  f>esche  au  loup  marin  et  qu'à  l'esgard  des  autres  pesches,  il 
la  fasse  concurremment  avec  les  vaisseaux  qui  viendront  au  dit  havre  et  aux 
terres  et  islets  concédés  par  le  présent  brevet,  lui  permet  de  faire  la  traite  avec 
les  sauvages  qui  peuvent  se  trouver  sur  les  terres  et  costes  de  LaBrador  séms 
que  pour  raison  de  la  dite  concession  soit  tenu  de  payer  à  Sa  Majesté  ny  à  ses 


(36)  Archives  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol,  109. 

(37)  Archives  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol.  41. 

(38)  Archives  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol.  41. 


—53  — 

successeurs  Roys  aucune  finance  ou  indemnité  de  laquelle  et  quelque  somme 
qu'elle  puisse  monter.  Sa  Majesté  lui  a  fait  don  et  remize  par  le  présent  brevet 
qui  sera  enregistré  au  Conseil  Sup>érieur  de  Québec  et  partout  ailleurs  où  besoin 
sera  et  Sa  Majesté,  pour  témoignage  de  sa  volonté,  a  voulu  signer  de  sa  main 
ce  titre  contresigné  par  moi  conseiller  secrétaire  d'Etat  et  de  ses  commandements 
et  finances. 

LOUIS 
FLEURIAU  (39) 


(39)      Insinuations  du  Conseil  Supérieur,  cahier  5. 
(La  fin  dans  la  prochaine  livraiison.) 


P.-G.  R, 


QUESTIONS 


Mgr  Tanguay  {Dictionnaire  généalogique,  vol.  I,  p.  617)  donne  M. 
Henaux  des  Rivaux  comme  gouverneur  de  Montréal  en  1  684,  entre  M.  Perrol 
et  M.  de  Callières.     Quel  est  ce  M.  Henaux  des  Rivaux  ? 

MONT. 

—  Quelle  est  cette  échauffourée  de  la  Royale  S\)niaxe  dont  parle  Mgr 
Amédée  Gosselln  dans  son  intéressante  étude  sur  le  séminaire  de  Québec  publiée 
dans  VAlmanach  de  V Action  Sociale  Catholique  pour  191  7  ? 

CURIO. 

—  En  1695,  le  chevalier  de  Crisafy  fut  chargé  par  M.  de  Frontenac 
d'aller  relever  le  fort  de  Cataracoui  ou  Frontenac  détruit  par  les  ordres  de  M. 
de  Denonville.  Son  expédition  fut  très  brillante.  En  existe-t-il  une  relation 
officielle  ?  Quels  auteurs  me  renseigneront  sur  le  voyage  de  M.  de  Crisafy 
à  Frontenac  ? 

ECOL. 


—  54  — 

Les  armes  de  Montréal 

M.  J.-C.  Lamothe,  dans  son  Histoire  de  la  corporation  de  la  cité  de 
Montréal,  reproduit,  p.  258,  le  blason  du  sceau  de  la  métropole  cana'dienne. 
Il  en  puise  le  texte  dans  les  procès-verbaux  des  séances  du  conseil  de  la  ville 
(vol.  A,  p.  50),  et  ce  texte  est  comme  suit  : 

"  Ecusson  :  Figure  ovale,  champ  d'argent,  écartelé  au  sautoir  de  gueu- 
les, portant  au  premier  quartier  une  rose  d'or,  au  deuxième  quartier  un  chardon 
d  or,  au  troisième  quartier  un  trèfle  d'or  et  au  quatrième  quartier  un  castor 
passant  d'or."  Devise  ;  "Concordia  salus  sur  jarretière  d'cizur."  Au  bas 
de  l'écusson  les  mots  :    "Corporation  de  Montréal". 

Cette  description,  quoiqu'officielle,  n'en  est  pas  moins  fautive. 

D'abord,  l'écartelé  est  ici  hors  de  propos  puisque  le  champ  entier  de  l'écu 
est  d'argent.  Dans  un  écartelé  en  sautoir,  l'écu  est  divisé  en  quatre  triangles 
dont  deux  sont  d'un  certain  émail  et  deux  d'un  autre,  au  moins.  Nous  sommes 
plutôt  en  présence  d'un  écu  d'argent  recouvert  d'une  croix  de  Saint-André  ou 
sautoir,  de  couleur  rouge,  c'est-à-dire  de  gueules. 

De  plus,  une  règle  de  l'art  héraldique  prescrit  de  ne  pas  mettre  métal  sur 
métal,  ni  couleur  sur  couleur.  Il  faut  superposer  le  métal  sur  la  couleur  et  la 
couleur  sur  le  métal.  Donc,  les  quatre  emblèmes  qui  figurent  entre  les  branches 
du  sautoir  ne  devraient  pas  être  d'or,  mais  bleus,  rouges,  verts,  noirs,  pourpres, 
orangés  ou  au  naturel. 

Ensuite,  écu  et  écusson  ne  signifient  pas  la  même  chose  en  armoiries.  L'écu 
est  le  corps  du  blason,  tandis  que  l'écusson  est  un  petit  écu  employé  comme 
meuble  dans  le  champ.  Cela  posé,  essayons  de  blasonner  le  sceau  plus  correc- 
tement : 

D'argent,  au  sautoir  de  gueules,  cantormé  d'une  rose  de  gueules  tigée  et 
feuillée  de  sinople,  en  chef,  d'un  chardon  de  sinople  fleuri  de  gueules  à  dextre, 
d'un  trèfle  de  sinople  à  senestre  et  d'un  castor  passant  au  naturl,  en  pointe. 

L'écu  oval  et  entouré  d'une  jarretière  d'azur  portant  la  devise:  Concordia 

salus. 

*   *   * 

Il  est  d'opinion  courante  que  le  sceau  de  Montréal  est  dû  au  premier  maire 
de  cette  ville,  Jacques  Viger,  archéologue  de  renom  et  de  mérite,  mais  qui  ne 
posséda  sur  le  blason  que  des  notions  élémentaires,  sinon  rudimentaires. 

Serait-il  opportun  d'ajouter  que  le  sceau  de  Montréal,  à  n'en  pas  douter, 
n'est  qu'une  modification  des  armoiries  de  l'ordre  de  la  Jarretière  ?      La  res- 


—  f^O  — 

sembîance  entre  les  deux  est  indéniable,  car  l'un  des  insignes  de  l'ordre  est  ainsi 
décrit  :  "D'argent,  à  une  croix  de  gueules.  L'écu  entouré  d'une  jarretière 
d'azur  sur  laquelle  est  la  devise  :    Honi  soit  qui  mal  y  pense," 

M.  Viger  n'a  donc  eu  qu'à  changer  la  devise,  à  remplacer  la  croix  de 
Saint-Georges  par  celle  de  Sciint-André  et  à  ajouter  les  emblèmes  des  principales 
races  qui  composaient  alors  la  population  de  Montréal. 

A  ce  sujet,  nous  exprimerons  le  regret  qu'il  n'ait  pas  adopté  la  feuille 
d'érable  au  lieu  du  castor,  comme  symbole  des  Canadiens-français,  vu  qu'il 
choisissciit  des  végétaux  comme  emblèmes  des  autres  races.  M  eus  Duvernay 
n'avait  pas  encore  fondé  la  Saint- Jean-Baptiste  ! 

Terminons  par  une  remarque  appropriée.  Peu  de  sceaux  ont  été  traités 
plus  cavalièrement  que  celui  de  Montréal,  par  les  peintres,  les  graveurs  et  les 
dessinateurs.  Dans  quelques  estampes,  le  sautoir  est  bordé,  la  jarretière  est 
d'argent,  les  meubles  sont  de  sable  ;  dans  d'autres  l'écu  est  surmonté  d'une 
couronne  royale,  sems  droit  et  sans  raison,  le  trèfle  se  triple,  se  quadruple,  se 
sextuple,  le  castor  ronge  une  branche  d'arbre  et  il  est  posé  sur  une  terrasse,  bref, 
il  faudrait  un  numéro  complet  du  Bulletin  pour  énumérer  toutes  les  libertés  prises 
par  les  artistes. 

Et  puis,  qui  s'occupe  de  ces  détails  ? 

E.-Z.  MASSICOTTE 


DANIEL  AUGER  DE  SUBERCASE 

Dans  le  Bulletin  des  Recherches  Historiques,  (vol.  XVI,  p.  181),  nous 
appuyant  sur  le  Rapport  sur  les  Archives  Canadiennes  pour  1887,  p. 
CXXXIII,  nous  avons  écrit  que  M.  Auger  de  Subercase,  ancien  gouverneur 
de  l'Acadie,  vivait  encore  en  I  747. 

De  nouveaux  renseignements  nous  permettent  de  donner  la  date  exacte 
de  la  mort  de  M.  de  Subercase. 

M.  Auger  de  Subercase  décéda  à  Carmes,  en  France,  le  19  novembre 
1732. 

D'après  Laffilard  (Alphabet,  cahier  II,  p.  362),  les  dates  de  promotions 
de  M.  Auger  de  Subercase  seraient  :  capitaine  en  Bretagne,  1  684  ;  capitaine 
dans  les  troupes  du  détachement  de  la  "marine  au  Canada,  3  février  1 687  ; 
1er  mars  1693,  25  mars  1694  ;  garde-marine.  1er  janvier  1693  ;  aide- 
major,  5  mai  1 695  ;  major,  1 5  avril  1 694  ;  gouverneur  de  Plaisance,  I  er 
avril  1  702  ;  chevalier  de  St-Louis,  28  juillet  1  705  ;  gouverneur  d'Acadie, 
1 0  avril  1  706  ;  pension  de  600  livres  du  Trésor  Royal,  I  8  juillet  1  7 1 0  ; 
pension  de  3,000  livres,  1717  ;    capitaine  réglé  à  600  livres  par  an,  1  1   juillet 

1 722. 

P.-G.  R. 


...  56  — 

Commission  de  pilote  cotier  à  Louis  Roberge, 
de  nie  d'Orléans 

L'an  mil  sept  cent  quarante  neuf  le  cinq  septembre  deux  heures  de  relevée, 
en  l'hostel  et  par  devant  nous  François  Daine  conseiller  du  Roy,  Lieutnt.  Gene- 
ral Civil  et  Criminel  au  siège  de  la  prevosté  de  cette  ville,  faisant  les  fonctions 
de  Lieutenant  de  l'amirauté,  le  Procureur  du  Roy  ez  d.  siège  présent  et  notre 
Greffier,  en  exécution  de  notre  ordonnance  de  ce  jourd'huy  estant  au  bas  de 
requeste  à  nous  présentée  par  le  s.  Louis  Roberge  navigateur  âgé  de  trente  un 
ans,  natif  de  la  paroisse  de  St.  Laurent  en  l'ysle  d'Orléans,  contenant  que  depuis 
treize  ans,  il  navigue  le  long  des  costes  du  fleuve  St  Laurent  jusqu'à  l'ysle 
Royalle  où  il  s'est  appliqué  à  bien  connaître  tant  les  différents  havres  qui  se 
trouvent  scitués  le  long  des  d.  costes  ;  que  désirant  se  faire  recevoir  pilotte  cot- 
tier,  il  nous  aurait  suplié  de  luy  accorder  jour  et  heure,  f>our  être  examiné  et 
interrogé  sur  le  fait  des  pilottes  cottiers  pardevant  nous  en  présence  du  procureur 
du  Roy,  par  deux  anciens  pilottes  cottiers  tels  qui  nous  plairait  nommer  pour 
sur  leur  raport  estre  le  supliant  reçu  pilotte  cottier  et  luy  estre  délivré  lettres  à 
ce  nécessaire.  Notre  ditte  ordonnance  portant  que  le  d.  Roberge  serait  examiné 
et  interrogé  pardevant  nous  en  présence  du  procureur  du  Roy  sur  le  fait  des 
pilottes  cottiers  par  les  srs  Augustin  Araby  et  Vittré  Pilotte  hauturiers  que  nous 
avons  nommé  d'office,  et  les  d.  srs  Vitré  et  Araby  étant  comparus,  nous  avons 
pris  et  receu  d'eux  le  serment  en  la  manière  accoutumée  de  fidellement  en  leur 
âme  et  conscience  interroger  .et  faire  au  d.  Louis  Roberge  les  questions  néces- 
saires sur  la  connaissance  qu'il  a  tant  des  différentes  routes  qu'Ii  faut  tenir  le  long 
du  dt.  fleuve  que  des  différents  havres  qui  s'y  trouvent  scitués  ce  qu'ils  ont  jurés 
et  prouvés  faire  et  après  que  par  eux  a  esté  fait  au  d.  Roberge  les  questions 
ils  nous  ont  unaniment  dit  que  le  d.  Roberge  a  plainement  repondue  aux  d. 
questions  et  qu'il  est  capable  de  naviguer  le  long  des  costes  du  sud  du  fleuve 
St-Laurent  sur  quoi  ouy  le  Procureur  du  Roy  nous  avons  reçu  et  recevons  le 
d.  s.  Roberge  pilotte  cottier  pour  conduire  le  long  des  costes  du  sud  du  fleuve 
St  Laurent  les  bâtiments  qui  luy  seront  confiés  ;  à  ces  fins  luy  avons  fait  lever 
la  main  jurer  et  promettre  à  Dieu  de  garder  et  faire  garder  par  ceux  des  équi- 
pages qui  luy  seront  confiés  les  reglemens  et  ordce.  de  la  marine  et  ont  les  d- 
srs  Vitré  Araby  et  Roberge  signé  avec  nous.  A.  RABY 

DENYS  VITRE 
1^.  ROBERGE      , 
DAINE 
LOUET 


—  57  — 

Le  chevalier  de  Grand-Fontaine 


Peu  de  familles  en  France  possèdent  un  arbre  généalogique  avec  auUmt 
de  rameaux  que  celle  des  d'Andigné,  dont  est  issu  Hector,  chevalier  de  Grand- 
Fontaine  qui  passa  en  Canada  avec  le  régiment  de  Carignzm  ;  cette  famille  est 
représentée  encore  de  nos  jours  à  Paris. 

Le  nom  d'Andigné  est  l'un  des  plus  anciens  de  l'Anjou.  On  le  trouve 
mentionné  dans  des  Chartes  qui  datent  du  onzième  siècle  jxjur  don  de  terre  fait 
aux  mines  du  monastère  du  Lion  d'Angers  ;  cependant,  la  filiation  régulière- 
ment établie  ne  commence  qu'à  Messire  Geoffroi  d'Andigné,  chevalier,  seigneur 
d'Angrie  et  d'Andigné  vers  l'an  1  300.  Il  eut  trois  fils  :  Geoffroi  II,  Olivier 
et  Jean.  Les  seigneurs  de  Grand-Fontaine  vierment  en  ligne  directe  d'Olivier. 
Au  huitième  degré  paraît  Gaston  d'Andigné,  seigneur  de  Grand-Fontaine,  aïeul 
d'un  Hector,  seigneur  de  Grand-Fontaine  en  1  6 1 9.  Ce  dernier  est  le  père  de 
notre  officier.  De  son  union  avec  sa  cousine  Anne,  fille  de  Jean-Baptiste  d'An- 
digné, sieur  des  Touches,  et  de  Marie  de  Chazé,  on  lui  coimaît  quatre  fils  : 
l'aîné,  Jean,  seigneur  des  Touches  ;  René,  sieur  de  la  Chéluère  ;  Eustache, 
prieur  de  Grand-Fontaine  en  l  679,  et  Hector,  chevalier  de  Malte  avant  1  668. 
Hector  naquit  le  7  mai  1627.  Il  était  capitaine  dans  le  régiment  de  Carignan 
en  1  668.  Le  roi  le  nomma  en  1  670  pour  aller  recevoir  l'Acadie  des  mains  des 
Anglais,  à  la  suite  du  traité  de  Bréda. 

Il  commanda  alors  en  Acadie,  et  y  demeura  jusqu'à  1 675,  ayant  reçu  le 
5  mai  de  cette  année  l'ordre  de  rentrer  en  France.  En  1  676,  il  passa  comme 
troisième  capitaine  sur  le  Clorieux,  vaisseau  amiral  dans  l'escadre  sous  d'Estrées 
qui  se  rendait  à  Cayenne.  A  l'attaque  de  cette  place,  le  21  décembre  1676, 
dans  la  nuit,  le  chevalier  fut  blessé  au  bras.  Il  s'était  fait  pK)rter  en  chaise  à  la 
tête  du  deuxième  corps  d'attaque  parce  qu'il  avait  un  pied  malade,  mais  un  de 
ses  porteurs  ayant  été  tué  d'une  mousquetade,  il  mit  pied  à  terre  et  acheva  la 
journée  comme  le  plus  valide  des  combattants. 

Le  20  février  1677,  à  la  bataille-de  Tobago  contre  les  Hollandais,  il  eut 
un  bras  cassé. 

A  cause  de  ses  services  le  roi  lui  accorda  une  pension  de  huit  cents  livres, 
et  le  8  mai  1693  le  fit  chevalier  de  St-Louis.  Il  mourut  à  Brest  le  6  juillet 
1696. 

René  d'Andigné,  frère  aîné  d'Hector,  dans  la  déclaration  de  noblesse  qu'il 


...  58  — 

porte  en  1668  à  Tours  devant  l'officier  royal,  dit  que  Eustache  et  Hector  sont 
ses  cadets  et  que  Hector,  chevalier  de  Malte,  commande  le  régiment  d'infanterie 
de  Carignan,  pour  le  service  du  roi  en  Canada,  avec  plusieurs  autres  portans 
le  nom  d' Andigné  et  mêmes  armes.  Hector  aurait-il  eu  alors  avec  lui  dans  le 
régiment  quelques  parents  ?  Cela  ne  serait  pas  impossible.  Peut-être  le  sau- 
rons-nous plus  tard. 

REGIS  ROY 


PUBLICATIONS  RECENTES 


Notre  droit  d'aînesse  ou  La  question  bilingue.  Traduction  (par  Raoul 
Renault)  d'une  conférence  par  Donald  Downie,  B.  C.  L.  Québec  -; —  La 
Publicité  enregistrée,  147,  côte  de  la  Montagne —  1916. 

—  François  Wolf ,  Ce  que  chacun  doit  savoir.     Montréal  —  1916. 

—  Un  apôtre  du  Nord-Ouest  Canadien.  Le  Père  Lacomhe,  'Thomme 
au  bon  coeur",  d'après  ses  Mémoires  et  Souvenirs  recueillis  par  une  Soeur  de 
la  Providence.     Montréal  —  1916. 

—  L.-G.  Desjardins,  L'Angleterre,  le  Canada  et  la  grande  guerre.  Qué- 
bec—1917. 

—  Gérard  Malchelosse,  Cinquante-six  ans  de  vie  littéraire  :  Benjamin 
Suite  et  son  oeuvre.  Essai  de  bibliographie  des  travaux  historiques  et  littéraires 
(1860-1916)    de  ce  polygraphe  canadien.      Montréal —  1916. 


~-  59  ™ 
Liqueur  d'autrefois 


A  deux  dates  éloignées,  j'ai  rencontré,  dans  les  vieux  documents,  un  mot 
dont  l'exacte  signification  m'échappe. 

Cette  expression,  assez  rare  et  bizarre  pour  ne  pas  manquer  de  frapper 
l'attention,  est  rosossol.  • 

J'en  trouve  mention  d'abord,  dans  une  pièce  de  1661,  ensuite,  dans  l'in- 
ventaire des  biens  des  défunts  Pierre  Picoté  de  Belestre  et  de  sa  femme,  Marie 
Pars,  dressé  par  Bénigne  Basset,  le  1 2  décembre  1 684.  Voici  ce  que  dit  ce 
dernier  acte  :  "Item,  une  case  et  douze  flacons  de  trois  chopines  chacun,  plains 
"  de  Rosossol,  ensemble  avec  la  case,  trente  deux  livres,  cy  XXXII  livres." 

Il  s'agit  évidemment  d'une  liqueur.  Mais  quelle  était-elle  )  J'ai  feuil- 
leté le  Dictiormaire  universel  de  1721,  le  Dictionnaire  de  Trévoux  de  1771, 
la  Grande  encyclopédie  et  le  Gréind  dictionnaire  universel  de  Larousse,  sans 
apercevoir  rosossol.  On  y  remarque,  ce(>endant,  un  mot  qui  a  quelque  analogie 
et  par  le  fond  et  par  la  forme,  c'est  rossolis.  Le  rossolis,  d'après  le  Diction- 
naire universel  (  1  72 1  )  était  une  liqueur  qui  se  prenait  à  la  fin  des  repas  et  qui 
se  composait  d'eau-de-vie  brûlée,  de  sucre,  de  canelle,  etc.,  et  que  l'on  parfu- 
mait quelquefois. 

Le  grand  dictionnaire  Larousse  nous  apprend  que  cette  boisson  portait 
également  les  noms  de  rosolio,  rosoglio  et  ratafia  Je  roses,  et  qu'elle  était  par- 
ticulièrement en  usage  en  Italie  et  en  Turquie. 

La  paronymie  —  si  vague  soit-elle  —  qui  existe  entre  rosossol  et  rossolis 
me  porte  à  croire  qu'il  peut  y  avoir  une  parenté  entre  les  deux  liqueurs,  si  elles 
ne  sont  pas  identiques. 

Comme  tout  arrive  ici-bas,  ces  lignes  tomberont,  sans  doute,  un  jour  ou 
l'autre,  sous  les  yeux  de  quelque  chercheur  qui  pourra  compléter  ces  notes  p>eu 
digestibles  sur  un  breuvage  qui  l'était  beaucoup,  à  s'en  rapporter  au  témoignage 
de  nos  aïeux. 

E.-Z.  MASSICOTTE 

ERNEST  DOIN 


Depuis  que  la  notice  sur  cet  auteur  a  paru  dans  le  Bulletin  (1917,  p. 
26),  j'ai  trouvé  deux  autres  titres  de  pièces  qu'il  faut  placer  à  son  actif  ;  les 
voici  : 

Deux  ivrognes  corrigés  par  une  farce.  Rqirésentée  à  Longueuil  le  24 
février  1 884. 

Le  divorce  du  tailleur,  comédie-vaudeville  en  un  acte. 

E.-Z.  M. 


—  60 


Ordonnance  de  l'intendant  de  Meulles  défen- 
dant d'élever  devant  les  maisons  tambours, 
balcons,  auvants,  etc.,  etc..   sans  per- 
mission, 28  juillet  1686 


Jacques  De  Meulles,  seigneur  de  la  Source,  Chev.  Coner.  du  Roy  en 
ses  Conseils,  Grand  Bailly  d'Orléans,  Intendant  de  justice.  Police  et  finances 
en  Canada,  Acadie,  isle  de  terre  neufve  et  autres  pais  de  la  france  septen- 
trionale. 

Nous  estant,  au  retour  de  nostre  voyage  de  TAcadie,  transporté  dans  toutte 
la  haulte  et  basse-ville  de  Québec,  pour  connoistre  et  visiter  plusieurs  rues  le 
long  desquelles  quelques  particuliers  ont  basty  pendant  nostre  absence  et  élevé 
des  maisons  que  nous  aurions  trouvées  très  mal  allignées  et  beaucoup  avancées 
dans  les  rues  ou  trop.  .  .  ce  qui  oste  tout  a  fait  l'ordre  qui  s'y  doit  observer  et 
la  beauté  d'icelles  ;  ce  que  mesme  les  d.  particuliers  auraient  fait  sans  que  le 
sieur  de  Becancourt,  grand  voyer  de  ce  païs,  ou  son  commis  maistre  François 
Genaple  notaire  Royal,  si  soient  aucunement  transportés  p>our  visiter  leurs  em- 
placemens  et  conformément  à  leurs  contrats  leur  donner  les  allignements  le  long 
des  rues  ainsy  qu'il  se  doit  faire.  Mais  encore  que  plusieurs  bourgeois  et  habi- 
tans  de  cette  ville  ont  fait  et  font  journellement  sans  aucune  permission,  des 
balcons,  auvans,  pas  et  autres  choses  tout  à  fait  nuisibles  au  public  mesme  dan- 
gereuses par  les  accidens  qui  en  pourroient  arriver,  A  quoy  estant  nécessaire 
de  pourvoir,  nous  avons  ordonné  et  ordonnons  que  conformément  aux  Reigle- 
mens  de  voyrie,  lorsqu'il  sera  par  Mons.  le  Gouverneur  et  nous  accordé  quelques 
emplacemens  dans  cette  ville  ou  le  long  des  grands  chemins,  le  d.  sieur  grand 
voyer  ou  son  d.  sr.  commis  en  son  absence,  se  transporteront  sur  les  d».  emplace- 
ments pour  conformément  aux  contracts,  faire  tirer  les  allignements  de  part  et 
d'autre,  et  que  les  clostures,  cours  et  jardins,  n'entrent  point  sur  les  rues,  che- 
mins à  peine  contre  tous  les  particuliers  qui  feront  bastir,  sans  que  le  d.  sieur 
grand  voyer  en  ait  fait  sa  visite  et  reiglé  les  bornes  des  emplacemens,  d'estre 
tenus  de  faire  démolir  leurs  maisons,  et  ce  à  leurs  frais  et  dépens,  et  de  l'amande 
portée  par  les  d.  reiglemens  de  voyrie.  Faisons  aussy  deffenses  à  toutes  person- 
nes de  quelque  qualité  et  condition  quelles  puissent  estre,  de  faire  eslever  contre 
leurs  maisons,  aucuns  balcons,  auvans,  tambours,  pas,  gouttières^  volets  ou 
autres  choses  semblables,  qui  pendent  ou  avancent  sur  les  d.  rues,  sans  la  permis- 


..„  61  — 

sion  du  d.  sieur  grand  voyer  ou  de  son  d.  sr  commis,  et  qu'auparavant  ils  ne  s'y 
soient  transportés,  et  ce  sous  les  peines  susd.  Et  a  ce  qu'aucun  n'en  ignore 
sera  la  présente  ordonce.  levie  publiée  et  affichée  aux  lieux  ordinaires  et  accou- 
tumés. Mandons,  etc.  Fait  à  Québec  le  vingt  huitiesme  juOlet  g  g  y  e  quatre 
vingt  six. 

DE  MEULLE 


MAUVAIS  LIVRES 


Las  oeuvres  de  Voltaire,  de  Rousseau  et  des  autres  philosophes  du  dix- 
huitième  siècle  firent  du  mal.  dans  les  villes  et  dans  les  campagnes,  à  notre 
classe  instruite  d'autrefois  ;  elles  jetèrent  la  mauvaise  semence  du  préjugé  en 
bien  des  esprits,  pour  un  bon  nombre  desquels  ce  fut  le  naufrage  de  la  foi  et 
l'indifférence  i-eligîafuse.  Alors  que  toute  relation  avait  cessé  avec  la  France. 
c|U'3  le  livre  utile  et  nécessaire  était  si  rare  chez  nous.  comme>nt  pouvait-on  se 
procurer  ces  ouvrages  qui  s'étalaient  en  pleine  et  riche  reliure  sur  les  rayons 
des  bibliothèques  privées  ?  "  Il  est  probable,  dit  l'abbé  Gosselin  dans  L'Eglise 
du  Canada  après  la  conquête,  qu'un  grand  nombre  nous  arrivaient  indirecte- 
ment par  la  Nouvelle-Angleterre. . .  Et  puis  n'est-ce  pas  à  cette  époque  que 
Fleury  Mesplet  établissait  à  Montréal,  en  n-êma  ten^ps  que  son  imtirimerie. 
une  librairie  et  un  commencement  de  bibliothèque  publique,  où  il  était  bien 
aise  d'avoir  toiu  ce  qui  était  de  nature  à  grossir  sa  clientèle,  laqitelle  était 
déjà  passablement  mêlée." 

L'abbé  Ca^grain,  dans  un  tableau  inédit  des  moeurs  canadiennes,  en  donne 
cette  autre  explication  par  l'un  des  psrsonnages  dont  il  est  le  contemporain, 
et  de  toute  vraisemblance  le  très  proche  parent.  "  Il  y  a  là  toute  une  histoire 
qu'ignore  complètement  la  génération  actuella  et  que  j'ai  entendu  conter  par 
ma  mère.  Au  commencement  du  siècle  dernier,  un  Anglais  du  nom  de  Raffen- 
stein  avait  abordé  à  Québec  sur  un  navire  dont  une  partie  de  la  cargaison  se 
composait  de  livres  français,  parmi  lesquels  1  y  avait  de  magnifiques  éditions 
des  philosophes  du  dix-huitième  siècle.  Ce  navire  était,  paraît-il.  une  prise 
faite  durant  la  guerre  qui  n'avait  rien  coûté  à  Rafi:enstein.  Ne  sachant  que 
faire  des  livres  français  qui*!!  avait  à  «on  bord,  il  les  vsndait  à  vil  prix  en  les 
faisant  colporter  dans  les  campagnes.  Les  curés  ne  tardèrent  pas  à  s'alarmer 
de  cette  subite  invasion  de  livres  dangereux,  et  ils  s'Imposèrent  de  grands 
sacrifices  pour  les  soustraire  au  public  en  les  achetant,  détruisant  les  plus 
mauvais  et  déposant  les  autres  en  Uarx  sûrs.  Mals^rè  cela,  il  s'en  répandit  un 
bon  nombre  qu'on  retrouve  aujourd'hui  dans  certaines  biblio'jhèques  parti- 
culières." 

Le  Raffenstein  anglais  t'e  l'abbé  Cas-grain  est  éVrlemment  le  même  qua 
le  Reiffenstein  allemand  dont  M.  Benjamin  Suite,  dans  Le  Monde  Illustré  du 
28  juin  ISrtO,  fait  une  esquisse  biographique.  Pour  êtra  a'iemand,  nntre  homme 
naquit  à  Francfort-sur-le-Mein  ;  pour  être  anglais,  il  prit  du  service  dans  les 
armées  de  Sa  Majesté  britannique,  e^  c'est  ainsi  qu'on  le  trouve  à  la  bataille 
angîo-américain'3  de  Moraviantown  en  1813.  De  1817  à  1819,  d'après  M-  Suite, 
i!  fit  à  Québec  un  commerce  général  très  rémunérateur  :  de  1820  à  18?>8.  le 
luthérien  vendit  au  clergé  du  district  ornements  et  vpses  sacrés-  tableaux  et 
livres.  La  marchandise  de  l'Allemand  variait  décidément  avec  les  circons- 
tances. 

DESBRAS 


--62— 

L  y.  Brazeau,  auteur  et  comédien 

Nous  avons  signalé,  récemment,  ici  même,  un  auteur  que  M.  Dionne  a  laissé 
de  côté,  dans  son  Inventaire  chronologique.  Aujourd'hui,  nous  en  découvrons 
un  autre,  peu  important,  il  est  vrai,  au  point  de  vue  littéraire,  mais  enfin,  qui 
eut,  lui  aussi,  sa  période  de  vogue  dans  la  métropole. 

II  s'agit  de  M.  A.  V.  Brazeau,  comédien  dont  le  peuple  raffola,  autant 
à  cause  de  son  talent  véritable  et  de  son  jeu  consommé  que  de  son  physique 
drôlement  disgracié. 

Qui  n'a  connu  Brazeau,  autrefois  ? 

Pendant  un  demi-siècle,  il  a  chanté  et  joué  presque  partout  où  l'on  parle 
français,  au  Canada  et  aux  Etats-Unis,  et  dans  toutes  sortes  de  pièces  et  dans 
toutes  sortes  de  rôles,  à  commencer  par  ceux  de  jeunes  filles  ! 

Ne  riez  pas  !  Il  fut  un  temps,  au  Canada,  comme  nous  le  disions  dans 
la  notice  consacrée  à  M.  Ernest  Doin,  où  l'on  ne  pouvait  songer  à  faire  monter 
le  beau  sexe  sur  les  planches. 

Pour  amuser  le  public,  il  fallut  créer  une  dramaturgie  sp>éciale  dcms  laquelle 
il  n'y  avait  que  des  personnages  de  sexe  masculin. 

En  1857,  M.  Michel -Jacques  Vilbon  fonda,  à  Montréal,  la  Société  des 
amateurs  canadiens  et  entreprit  de  jouer  des  pièces  comportant  des  personnages 
des  deux  sexes,  avec  cette  réserve,  connue  des  initiés  seulement,  que  les  rôles 
de  femmes  seraient  remplis  par  des  jeunes  gens. 

M.  Brazeau  débuta  à  dix-huit  ans,  par  le  rôle  de  Cléante,  fils  d'Harpagon, 
dans  l'Avare  de  Molière  (I),  puis  il  s'essaya  dans  les  personnages  féminins. 

Trois  ans  plus  tard,  en  1 860,  M.  Vilbon  tenta  une  série  de  représenta- 
tions de  théâtre  français,  dans  la  salle  Bonaventure,  coin  Saint-Jacques  et  square 
Victoria. 

La  première  pièce  à  l'affiche  fut  le  Roman  d'un  jeune  homme  pauvre  de 
Feuillet  qui  avait  été  portée  sur  la  scène,  à  Paris,  l'année  précédente. 

C'est  durant  cette  période  de  1857  à  1860  et  plus,  que  Brazeau  joua 
les  ingénues. 

Imberbe,  tout  jeune  et  joli  garçon,  avant  que  la  petite  vérole  ne  le  défigura, 
cet  artiste  obtenait  alors  un  succès  égal  à  celui  qui  couronna  sa  carrière  dans 
les  rôles  comiques  et  le  public  ignora  longtemps  que  la  demoiselle  qui  faisait 
battre  les  coeurs  n'était  qu'un  monsieur.  ' 

Un  incident  des  plus  cocasses  mit  le  sceau  à  sa  réputation. 

(  I  )      Cette  pièce  fut  jouée  au  Théâtre  Royal,  en  1 85  7. 


-  63  — 

Certain  riche  étranger  s'amouracha  de  la  "charmante  actrice",  envoya 
des  fleurs,  des  cadeaux,  des  billets  doux,  fit  tant  et  si  bien  pour  obtenir  une 
entrevue,  qu'à  la  fin  on  fut  forcé  de  se  rendre  à  ses  désirs,  .  .  et  de  le  désillu- 
siormer.  Ce  dont  Brazeau  se  chargea,  un  soir,  au  cours  d'un  petit  soup>er 
arrosé  de  grands  vins,  que  son  galant  lui  paya  dans  une  hôtellerie  fashionable 
où  toute  la  troup>e  était  d'ailleurs  rendue. 

Le  pauvre  amoureux  quitta  immédiatement  Montréal  ix)ur  ne  pas  entendre 
Tminiense  éclat  de  rire  que  provoqua  cette  aventure  peu  banale. 

*    *    ^; 

L'oeuvre  littéraire  de  M.  Brazeau  n'est  pas  considérable  et.  sans  l'appré- 
cier, nous  nous  bornons  à  en  faire  la  nomenclature  ; 

— ChicoU  farce  en  un  acte. 

— La  bataille  de  Châteaugua^.,  dréune  en  quatre  actes. 

— Riel,  drame  en  quatre  actes.     Traduction. 

Ce  dréimatiste  a  aussi  publié  deux  petits  journaux  gais  que  nKntîonne  M. 
Dionne  : 

Le  Crapaud,  fondé  à  Montréal  le  7  juin  1878.  18  Nos.  (Dionne. 
/nv..  I.  No  291.) 

Le  Pétard,  fondé  le  26  mars  1881.      (Dionne,  ifc..  No  364). 

Enfin,  à  l'époque  de  sa  mort,  M.  Brazeau  nous  a  fait  voir  le  manuscrit 
des  deux  premiers  actes  d'im  drame  qu'il  tirait  du  fameux  roman  de  M.  de 
Boucherville  :    Une  de  perdue  deux  de  trouvées. 

Ce  drcune  est  resté  inachevé. 

Alphonse,  (Antoine),  Victor  Brazeau  naquit  à  Saint-Antoine  de  Ver- 
chères,  le  2  août  1  839.  Il  fit  ses  études  au  collège  de  Joliette  et  s'essaya  déins 
le  conimerce,  mais  la  scène  exerça  sur  lui  une  fascination  telle  que  le  théâtre 
a  toujours  été  sa  principale  préoccupation,  sinon  son  unique  occupation. 

Plein  de  mansuétude  et  d'indulgence,  très  conciliant  et  très  optimiste,  il 
vécut  dans  le  monde  spécial  des  comédiens  sans  froisser  persoime  et  sans  prêter 
le  flanc  à  la  médisance  ou  à  la  calomnie  :    ce  qui  n'est  pas  une  mince  louange. 

Il  est  mort  à  Montréal    le  1er  janvier  1898. 

E.-Z.  MASSICOTTE 


...  64  -  - 

r 

REPONSES 

M.  DE  CLERIN,  AIDE-MAJOR  DE  MONTREAL  (XXII,  X. 
p.  ). — Voici  une  note  supplémentaire  au  travail  de  M.  E.-Z.  Massicotte 

sur  Estienne  du  Bourgue  de  Clerin,  aide-major  de  Montréal. 

Elle  est  tirée  de  la  Série  D  2,  vol.  47,  folio  14,  d'un  "Estât  envoyé  par 
M.  de  Callières  des  officiers  d'infanterie  apostillez  de  leurs  qualitez  et  services", 
le  1  5  octobre  1  70 1 ,  comme  suit  : 

"  Le  Sr  Clerin,  natif  d'Aix  en  Provence,  aagé  de  41  ans,  a  esté  sous 
Lieutenant  dans  le  régiment  de  Vendosme  en  1672,  a  servy  mareschal  des  logis 
dans  les  dragons  de  la  Reine  en  1680,  Cornette  dans  le  mesme  régiment  en 
1682,  a  eu  une  commission  d'Enseigne  reformé  en  Camada  en  1685,  Enseigne 
en  pied  audit  pais  en  1687,  Lieutenant  reformé  en  1691  et  Lieutenant  en  pied 
en  1695,  faisant  les  fonctions  d'ayde  Major  de  la  ville  de  Montréal  depuis  12 
ans,  où  il  est  marié.     Bon  officier  et  s' acquittant  bien  de  son  devoir." 

D'après  cette  note  le  sr  de  Clerin  était  enseigne  réformé  en  Canada  dès 
1685. 

PLACIDE  GAUDET 

—  CHARLES  LEMOINE  DE  CHARLESVILLE  (XX,  VI,  p. 
204). — Nous  n'avons  guère  de  données  sur  Charles  Lemoine  de  Charlesville. 
Originaire  de  Clerbé,  en  Normandie,  il  épousa  à  Montréal,  le  2  août  1688, 
Aime  Loiseau-,  veuve  de  Guillaume  Gendron. 

Il  semble  avoir  été  employé  par  son  parent,  Charles  LeMoine  de  Longueuil. 

LeMoine  de  Charlesville  fut  tué  par  les  Iroquois  le  1er  juillet  1695. 

M.  de  la  Potherie,  dans  son  Histoire  de  V Amérique  septentrionale  (t.  III, 
p.  14),  raconte  ainsi  la  mort  de  M.  de  Charlesville  : 

"  Le  comte  de  Frontenac  qui  se  voyait  menacé  de  toutes  parts  mit  tous 
ses  soins  de  bonheur  aux  fortifications  de  Québec.  Tout  étant  en  bon  ordre 
pour  recevoir  derechef  l'armée  anglaise  qui  avait  déjà  si  mal  réussi,  il  monta  à 
Montréal  pour  prendre  d'autres  mesures  du  côté  du  Fort  Frontenac  qu'il  avait 
voulu  réparer.  Il  apprit  aux  Trois-Rivières  le  coup  que  les  ennemis  avaient  fait 
depuis  deux  jours  au  lac  des  deux  Montagnes,  au  bout  de  l'isle  de  Montréal. 
Charlesville  qui  avait  aperçu  de  la  fumée  dams  cet  endroit,  eut  la  curiosité  de 
scavoir  ce  que  c'était.  Il  fit  rencontre  d'un  canot  de  quinze  Iroquois  contre 
lesquels  il  se  bâtit  vigoureusement.  Il  reçut  malheureusement  deux  coups  de 
fusils  et  de  flèches  dont  il  mourut.  Le  choc  fut  rude.  Sept  Sauvages  qui 
étaient  dans  son  canot  ne  pouvant  résister  davantage,  forcèrent  de  rames  pour 
ne  pas  tomber  entre  leurs  mains,  après  leur  en  avoir  tué  cependant  quelques-uns." 

P.-G.  R. 


liUI.LETIIS 

DES 


RECHERCHES    HISTORIQUES 


VOL.  XXIII  BEAUCEVILLE-MARS   1917  N*  3 


LA  FAMILLE  MARûANE  DE  LAVALTRIE 


{Suite  et  fn) 

M.  de  Brouage  qui  ignorait  que  M.  de  L^valtrie  avait  enfin  obtenu  une 
concession  du  roi  se  plaignait  amèrement  de  lui  en  1  720.  Le  27  août,  il 
écrivait  au  minîstre  : 

Le  1 6ième  jour  de  mars  dernier  (1720),  les  nommés  Baugi  (40)  et 
Parant,  engagés  du  sieur  de  la  Valtrie,  vinrent  de  la  rivière  St-Augustin  où  il 
est  cabane,  dans  un  état  pitoyable,  lesquels  me  déclarèrent  que  le  dit  sieur  les 
avait  laissés  le  2eme  8bre  dernier  (2  octobre  1719)  ayant  monté  dans  les 
terres  avec  les  sauvages  et  leur  ayant  laicsé  pour  tous  vivres  et  ustensiles  de 
leur  hivernement,  savoir  :  deux  barriques  de  pain,  un  demi  minot  de  farine, 
quatre  livres  de  poudre  et  du  plomb  à  prop>ortion  avec  deux  fusils.  Voyant 
que  les  dites  choses  ci-dessus  déclarées  ne  leur  suffisaient  p)oint  de  (pour) 
passer  l'hiver  de  trois  personnes  ils  ont  été  obligés  de  venir  me  demander  du 
secours  après  avoir  été  sur  le  point  de  périr  de  faim,  ayant  aussi  déclaré  qu'ils 
ont  laissé  à  la  rivière  St-Augustin  le  nommé  Georges  Dumas,  malade,  qui 
était  hors  d'état  de  se  mettre  en  chemin. 

*'  Je  fis  partir  sur  le  champ  deux  hommes  pour  aller  à  la  dite  rivière 
donner  du  secours  au  nommé  Dumas  qui  était  resté  malade,  étant  chargés  de 
vivres  et  de  quelques  médicaments  fx>ur  lui  donner  du  soulagement  lesquels 
l'ont  trouvé  en  bonne  santé.     Sa  maladie  était  de  jeûner.     Ayant  reconnu  que 


(40)  En  1  722,  M.  de  Lavaltrie  eut  un  procès  avec  son  engagé  Jean 
Beaugis.  L>e  jugement  fut  rendu  par  l'intendant  le  1  5  avril  I  722.  Voir  Or- 
donnances des  Intendants,  cahier  8. 


—  66  — 

c'était  une  surprise  du  sieur  de  la  Valterie  puisque  ses  domestiques  déclaraient 
qu'il  y  avait  cinq  ou  six  mois  qu'il  les  avait  quittés  et  que  ceux  que  j'envoyais 
porter  du  secours  au  prétendu  malade  trouvèrent  le  sieur  de  la  Valterie  avec 
tous  ses  sauvages.  J'ai  l'honneur  de  représenter  au  Conseil  que  c'est  un  homme 
qui  met  ici  dans  les  grandes  inquiétudes.  Je  suis  obligé  de  faire  faire  le  quart 
dans  l'hiver  pour  éviter  que  les  sauvages  qu'il  m'a  débauchés  et  qui  sont  avec 
lui  ne  viennent  me  piller  et  m'insulter  par  rapport  à  la  grande  nécessité  qu'ils 
se  trouvent  l'hiver  de  n'avoir  pas  de  quoi  vivre  non  plus  que  lui. 

"  Je  n'ai  pu  savoir  ni  voir  les  ordres  qu'il  dit  avoir  p>our  en  agir  de  la 
sorte,  et  je  n'ai  pas  seulement  la  liberté  d'envoyer  agir  à  mes  affaires  du  côté 
de  cette  rivière,  non  plus  qu'aux  environs  depuis  qu'il  est  cabane  dans  ce  lieu, 
me  menaçant  même  de  piller  tous  les  canots  et  de  casser  la  tête  au  monde  qui 
seraient  dedans  que  j'enverrais  dans  ces  endroits.  C'est  ce  qui  a  fait  que  je 
n'ai  pas  voulu  y  envoyer  cette  année,  ne  voulant  p)oint  exposer  mon  monde  à 
être  tué.  Sur  quoi  j'attends  avec  grande  impatience  la  justice  que  le  Conseil 
aura  la  bonté  de  me  rendre  sur  les  plaintes  que  je  lui  fis  l'année  dernière  "  (41  ). 
Le  22  octobre  I  720,  le  gouverneur  de  Vaudreuil  écrivait  au  ministre  : 
"  Sur  les  plaintes  que  Mme  de  Courtemanche  et  le  Sr  son  fils  m'avaient 
faites  dès  l'année  dernière  contre  le  sieur  de  LaVaîtrie,  j'ai  eu  soin  de  lui 
expliquer,  en  lui  écrivant  le  printemps  dernier  qu'il  dépendait  du  commande- 
ment que  le  sr  de  Brouage  avait  dans  toute  la  côte  du  Labrador  et  qu'étant 
sous  ses  ordres,  il  devait  avoir  p>our  lui  les  égards  dus  à  son  rang,  que  d'ailleurs 
il  devait  faire  tout  ce  qui  p>ouvait  dépendre  de  lui  pour  vivre  en  bonne  intelli- 
gence avec  le  dit  sieur  Brouage  et  avec  la  dame  de  Courtemanche  qui  est  sa 
cousine  germaine  étant  l'une  et  l'autre  enfants  de  deux  soeurs,  et  enfin  je  lui  ai 
ordonné  de  partir  de  chez  lui  aussitôt  ma  lettre  reçue  pour  aller  faire  des .... 
au  dit  sr  de  Brouage  et  sa  mère,  leur  rapporter  ce  qu'il  avait  pris  dans  le  canot 
qu'ils  avaient  envoyé  chez  lui  et  leur  demander  leur  amitié.  Le  dit  sieur  de 
LaValtrie  me  mandant  par  sa  réponse  du  I  7  juillet  qu'il  allait  exécuter  ponc- 
tuellement tout  ce  que  je  lui  ordonnais,  j'espère  que  dorénavant  il  ne  reviendra 
plus  au  Conseil  aucunes  plaintes  de  ce  côté-là,  à  moins  que  Mme  de  Courte- 
manche ne  continue  d'être  de  mauvaise  humeur  par  la  jalousie  qu'elle  semble 
avoir  de  ce  que  d'autres  qu'elle  s'établissent  dans  une  côte  qu'elle  a  cru  devoir 
avoir  toute  seule,  étant  certain  qu'il  n'y  a  que  cette  jalousie  qui  puisse  l'entre- 
tenir dans  l'aigreur  qu'elle  fait  paraître  contre  le  sieur  de  LaValtrie  pour  attirer 
chez  lui  les  Sauvages,  mais,  au  contraire  qu'elle  l'avait  traité  avec  beaucoup 


(41)      Archives  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol.   109. 


—  67  — 

de  dureté,  non  seulement  en  lui  refusant  le  secours  de  poudre,  plomb,  et 
biscuit  dont  il  avait  un  extrême  besoin,  mais  encore  en  faisant  défendre  par  son 
fils  aux  capitaines  malouins  qui  faisaient  la  pêche  dans  cette  côte  de  lui  en 
fournir  "  (42). 

En  1  725,  M.  de  Lavaltrie,  Zacharie  Turgeon  et  Charles  Turgeon,  son 
fils,  tous  deux  habitants  de  Beaumont,  et  Joseph  Filteau,  habitant  de  l'île 
d'Orléans,  formaient  une  société  pour  faire  valoir  par  tiers  le  poste  de  Saint- 
Augustin.  Turgeon  devait  fournir  son  bateau  nommé  le  Saint-Etienne  du  port 
d'environ  vingt  tonneaux  et  il  devait  partager  pour  un  tiers  dans  les  profits  et 
dépenses  pendant  trois  années  consécutives. 

Le  6  septembre  I  726,  la  société  était  dissoute.  Les  Turgeon  père  et  fils 
se  retiraient  moyennant  compensation.  Le  bateau  le  Saint-Etienne  devait  rester 
à  MM.  de  Lavaltrie  et  Joseph  Filteau  qui  continuaient  en  société  l'exploitation 
du  poste  de  Saint- Augustin  (43). 

A  la  mort  de  sa  mère,  le  1er  mars  1  733,  M.  de  Lavaltrie  avait  hérité  de 
certains  droits  dans  la  seigneurie  de  Lavaltrie. 

Le  3  novembre  1  733,  M.  de  Lavaltrie  vendait  à  son  frère  aîné,  Pierre 
Margane  de  Lavaltrie,  officier  dans  les  troup>es  du  détachement  de  la  marine, 
"ses  droits  successifs  mobiliers  et  immobiliers,  fruits  et  revenus,  qu'il  pouvait 
avoir  et  prétendre  en  la  succession  tant  de  feu  M.  Séraphin  Margane  de  Laval- 
trie que  de  dame  Louise  Bissot,  ses  père  et  mère,  p)our  la  somme  de  deux  mil 
deux  cents  livres"  (44). 

Les  seigneurs,  sous  le  régime  français,  étaient  souvent  aussi  pauvres  que 
leurs  censitaires.  Ce  ne  fut  que  quatre  années  plus  tard  que  le  seigneur  de 
Lavaltrie  put  acquitter  sa  dette  de  deux  mille  deux  cents  livres  envers  son 
frère  (45). 

Le  1  I  septembre  I  737,  M.  de  Lavaltrie  baillait  à  ferme  son  poste  de  la 
ri\'ière  Saint-Augustin,  à  la  côte  du  Labrador,  pour  le  temps  et  espace  de 
trois  années,  à  Michel  Petrimoulx,  Charles  Chéron  et  Nicolas  Caron  l'aîné, 
tous  trois  de  Québec. 

Les  trois  associés  devaient  faire  à  la  place  de  M.  de  Lavaltrie  le  com- 
merce de  pêche  de  loups-marins,  la  traite  avec  les  Sauvages,  la  chasse,  etc.,  etc. 
Ce  bail  à  ferme  était  fait  pour  le  prix  de  deux  cent  cinquante  livres  par 


(42)  Archives  du  Canada.  Correspondance  générale,  vol.  45. 

(43)  Acte  de  Louet,  6  septembre   I  726. 

(44)  Acte  de  Adhémar,  3  novembre  1  733. 

(45)  Acte  de  Barolet,  23  mai  1  737. 


...  68  — 

année.     Les  associés  payaient  leur  première  année  de  bail  d'avance   (46). 

En  1  739,  un  triste  événement  changeait  la  destinée  de  M.  de  Lavaltrie. 
Le  29  décembre  1 739,  sa  femme,  Angélique  Guyon-Desprez,  décédait  à 
Beaupprt,  à  l'âge  de  55  ans.  Elle  lui  avait  donné  un  fils,  Louis-François  Mar- 
gane  de  Lavaltrie,  né  à  Beauport  le  28  janvier  1713.  Le  jeune  de  Lavaltrie 
avait  épousé,  onze  mois  avant  la  mort  de  sa  mère,  à  Saint-Thomas,  le  22 
janvier  1  739,  Marie-Anne  Couillard,  fille  de  feu  Louis  Couillard,  seigneur 
en  partie  de  la  Rivière-du-Sud,  et  de  Marie-Anne  Nolin.  Seul  au  foyer,  M. 
de  Lavaltrie  décida  de  se  faire  prêtre. 

On  le  voit,  pendant  les  années  I  740  et  1  74 1 ,  régler  toutes  ses  affaires 
et  disp>oser  de  ses  intérêts. 

Le  9  décembre  I  741 ,  M.  de  Lavaltrie  faisait  bail  à  ferme  et  prix  d'argent, 
à  commencer  du  I  er  septembre  1  742  pour  finir  à  pareil  jour  de  l'année  I  748, 
du  po.Le  vulgairement  nommé  de  Saint-Augustin,  sur  la  côte  de  Labrador,  a 
Jean-Baptiste  Pommereau,  négociant  à  Québec. 

M.  Pommereau  devait  jouir  pendant  toute  la  durée  de  son  bail  de  tous 
les  privilèges  accordés  à  M.  de  Lavaltrie  par  son  acte  de  concession  du  26 
mai  I  720  :    pêche  de  loups-marins,  chasse,  traite  avec  les  Sauvages,  etc.,  et:. 

Ce  bail  était  fait  moyennant  la  somme  de  250  livres  de  ferme  et  loyer 
par  année. 

Il  était  convenu  entre  M.  de  Lavaltrje  et  M.  Pommereau  qu'à  la  fin  de 
ce  bail  M.  de  Lavaltrie  ne  jxturrait  l'affermer  à  d'autres  sans  en  donner  la 
préférence  à  M.  Pommereau  qui  serait  libre  de  retenir  la  dite  ferme  sur  le  pied 
de  ce  qui  pourrait  alors  être  offert  au  bailleur. 

Il  était  aussi  arrêté  entre  les  parties  qu'au  cas  où  M.  de  Lavaltrie,  pendant 
le  cours  de  ce  bail,  affermerait  le  poste  de  Saint-Augustin,  pendant  le  temps 
de  sa  vie  durant,  il  serait  également  tenu  de  donner  la  préférence  à  M.  Pom- 
mereau au  prix  qui  lui  serait  offert. 

Dans  le  cas  où  M.  Pommereau  ou  ses  ayant  causes  n'accepteraient  pas 
la  préférence  au  prix  offert,  le  bail  à  ferme  ne  devait  subsister  que  pendant 
trois  années,  au  lieu  de  six  années  (47). 

Ses  affaires  réglées,  M.  de  Lavaltrie  entra  au  grand  séminaire  de  Québec. 
Il  avait  dû  faire  un  excellent  cours  d'études  car  il  reçut  tous  les  ordres  en 
moins  de  deux  années.  Il  fut  ordonné  prêtre  par  Mgr  de  Pontbriand  le  22 
septembre   I  742. 


(46)  Acte  de  Barolet,    I  1    septembre   I  737. 

(47)  Acte  de  Barolet,  9  décembre   1741. 


—  69  ~ 

M.  de  Lavaltrie  continua  à  résider  au  séminaire  de  Québec  loul  en  aidant 
au  curé  de  Québec  dans  les  fonctions  du  saint  ministère. 

Au  mois  de  janvier  1  746,  Mgr  de  Pontbriand  nommait  M.  de  Lavaltrie 
curé  de  la  paroisse  du  Cap  Saint-Ignace. 

EJevé  à  la  prêtrise  à  l'âge  de  cinquante-huit  ans,  usé,  malade,  M.  de 
Lavaltrie  n'était  pas  en  état  d'exercer  le  saint  ministère  à  la  campagne. 

En  septembre  1747,  il  revenait  au  sémmaire  de  Québec.  Mgr  de  Pont- 
briand le  chargea  de  desservir  l'Hôtel-Dieu  de  Québec,  tout  en  résidant  au 
Séminaire. 

M.  de  Lavaltrie  décéda  à  l'Hôtel-Dieu  de  Québec  le  6  mars  1750,  et 
fut  inhumé  le  lendemain  dans  le  cimetière  de  cet  hôpital. 

Il  est  dit  dans  5on  acte  de  sépulture  qu'il  décéda  "muni  des  sacrements 
de  l'Eglise  et  après  avoir  soutfert  avec  patience  les  douleurs  d'une  longue 
maladie  et  donné  l'édification  publique  "  (48). 

Un  mot  du  fils  de  M.  de  Lavaltrie.  Nous  n'avons  pu  trouver  l'endroit 
ni  la  date  de  sa  mort.  Tout  ce  que  nous  pouvons  affirmer  c'est  qu'il  mourut 
entre  le  mois  de  décembre  1  743  et  le  mois  d'août  1  744. 

Sa  veuve  se  remaria  à  Beauport,  le  3  juillet  1  747,  à  Louis  Fournier  des 
Carrières,  cadet  de  la  compagnie  de  la  Martinière  dans  les  troupes  du  déta- 
chement de  la  marine,  fils  de  Edme  Fournier  et  de  Marie-Aime  Matay,  de  la 
paroisse  de  Saint-Paul,  à  Paris. 

De  son  mariage  avec  M.  de  Lavaltrie  elle  avait  eu  quatre  enfants  : 

le — Louis- François  Margane  de  Lavaltrie  né  à  Beauport  le  6  avril 
1  740.     Eji  1  766,  il  était  officier  dans  les  troupes  de  la  Louisiane. 

2o — Marie-Louise-Michelle  Margine  de  Lavaltrie  née  à  Beaup>ort  lit 
19  septembre  1741.  Mariée  à  Québec,  le  8  septembre  1766,  à  Pierre 
Leclerc,  capitaine  de  navire,  natif  de  Saint-Laurent,  île  d'Orléans,  fils  de  Jean 
Leclerc  et  de  défunte  Madeleine  Gosselin.     Décédée  à  Québec  le  I  7  mai  1  784. 

3o — Marie- Aime  Margeine  de  Lavaltrie  née  à  Beauport  le  1 9  septembre 


(48)  Mgr  Tanguay  (Répertoire  du  Clergé  canaden)  nomme  M. 
de  Lavaltrie  "François  Margane  de  Chapi  de  Lavaltrie".      Erreur. 

La  concession  du  havre  de  la  rivière  Saint-Augustin  sur  la  côte  de  Labra- 
dor avait  été  accordée  à  M.  de  Lavaltrie  sa  vie  durant  Le  20  avril 
1  750,  juste  un  mois  et  demi  après  sa  mort.  MM.  de  la  Jonquière  et  Bigot  ac- 
cordaient l'ancienne  concession  de  M.  de  Lavaltrie  au  sieur  Cheron,  capitaine 
de  navire.  Les  conditions  étaient  à  peu  près  les  mêmes  que  celles  qui  avaient 
été  faites  à  M.  de  Lavaltrie  trente  ans  auparavant.  La  concession  était  faite, 
cependant,  seulement  pour  neuf  années. 


—  70  "' 

\  742.  Mariée  à  Saint-Thomas  le  7  février  1  763  à  Guillaume-Michel-Fran- 
çois  Malherbe  dit  Champagne,  navigateur.  Décédée  à  Québec  le  16  octobre 
1797. 

4o — Angélique  Marg:ane  de  Lavaltrie  née  à  Beauport  le  27  août  l  744. 
Décédée  à  Saint- Thomas  le  4  jcuivier  1  768. 

X 

Catherine-Alphonsine  Margane  de  Lavaltrie. — Née  à  Montréal  le  1 1 
mars  1690. 

Décédée  à  la  Pointe-aux-Trembles  de  Montréal  le  l  7  août  1 690. 

XI 

Louise-Margueriie  Margane  de  Lavaltrie. — Née  à  Montréal  le  5  décem- 
bre 1691. 

Mariée  à  Québec  le  28  octobre  1713,  à  Claude-Charles  Du  Tisné, 
enseigne  d'une  compagnie  des  troupes  du  détachement  de  la  marine,  veuf  de 
Marie-Anne  Gaultier  de  Comp>orté   (49). 

M,  DuTisné,  originaire  de  Paris,  paroisse  Saint-Germain  d'Auxerre, 
était  passé  dans  la  Nouvelle-France  au  commencement  du  dix-huitième  siècle. 

En  1714,  M.  DuTisné  obtenait  la  permission  d'aller  servir  dans  les 
troupes  de  la  Louisiane. 

En  1  722,  M,  DuTisné  recevait  le  commandement  d'une  compagnie  et 
l'année  suivante,  le  21  octobre,  le  roi  lui  donnait  le  commandement  du  poste 
des  Illinois. 

n  mourut  aux  Illinois  en  Î730  (50). 

Un  des  fils  de  M.  DuTisné,  officier  dans  les  troupes  de  la  Louisiane, 
fut  brûlé  par  les  Chicachas,  le  25  mars  1  736,  en  même  temps  que  MM.  de 
V'incennes,  d'Artaguette,  de  Coulange,  Drouet  de  Ridierville,  d'E^gly.  de 
Saint-Ange,  de  Tonty,  du  Père  Sénat,  etc.,  etc. 


îére  génération  :   Séraphin  Margane  de  Lavaltrie. 

2ème  génération  :    Pierre  Margane  des  Forêts  et  de  Lavaltrie. 


(49)  Contrat  de  mariage  à  Québec,  le  28  octobre  1713. 

(50)  Comptes-rendui  de  V Athénée  louisianais,  nov.    1899,  pp.   566- 
570. 


...  71  — 
PIERRE  MARGANE  DES  FORETS  DE  LAVALTRIE 

Né  à  Laval  trie  en  1678  (51). 

Il  fut  admis,  à  l'âge  de  quinze  ou  seize  ans,  comme  pelil  officier  dans  les 
troupes  du  délacKement  de  la  marine. 

Un  acte  notarié  du  7  août  1699  le  désigne  sous  le  nom  de  "Pierre 
Margane  escuyer,  sieur  des  Forêts,  officier  dans  le  détachement  de  la  mari- 
ne *•  (52). 

Le  I  7  novembre  1  704,  MM.  de  Vaudreuil  et  Beauharnois  écrivaient  au 
ministre  : 

"  Le  Sr  de  Batilly,  enseigne,  qui  s'est  fort  distingué  dans  le  parti  que 
le  Sr  de  Vaudreuil  a  envoyé  cet  hiver  contre  les  Anglais  y  ayant  été  tué,  nous 
vous  proposons  le  sieur  des  Forêts,  petit  officier  depuis  longtemps,  pour  remplir 
l'emploi  de  son  frère,  qui  est  le  second  tué  au  service  du  Roi.  C'est  un  bien 
bon  sujet  qui  mérite  l'honneur  de  votre  protection,  tous  deux  enfants  d'un  ancien 
capitaine  dans  les  lroup>es  de  ce  pays,  après  l'avoir  été  dans  le  régiment  de 
Carignan  "  (53). 

Il  faut  croire  que  le  ministre  en  avait  bien  d'autres  à  faire  passer  avant  M. 
<les  Forêts  puisque  ce  ne  fut  que  huit  ans  plus  tard  qu'il  fut  promu  enseigne. 
Sa  commission  est  en  date  du  21  juin  1712.  Il  est  encore  désigné  sous  le 
nom  de  M.  des  Forêts  dans  ce  document  officiel  (54). 

En  1721,  M.  des  Forêts  ou  plutôt  M.  de  Lavaltrie,  car  il  avait  pris  le 
nom  de  son  père  dans  l'intervalle,  montait  en  grade.  Il  était  fait  lieutenant. 
L'étape,  cette  fois,  avait  été  de  neuf  éins. 

M.  de  Lavaltrie,  la  chose  est  certaine,  prit  part  à  quelques-unes  des 
campagnes  des  troupes  de  la  marine  pendant  la  p)ériode  comprise  entre  1712 
et  I  72  1  mais  nous  n'en  trouvons  aucune  mention. 


(51)  Le  contrat  de  mariage  de  Pierre  Margane  de  Lavaltrie,  reçu  par 
le  notaire  Jean-Baptiste  Adhémar,  à  Montréal,  le  14  octobre  1732,  le  dit 
"natif  de  Montréal".  D'autre  part,  un  index  des  baptêmes,  mariages  et  sépul- 
tures conservé  aux  archives  paroissiales  de  Contrecoeur  dit  que  Pierre  Margane 
de  Lavaltrie  fut  baptisé  dans  cette  paroisse  en  1 678.  L'acte  lui-même  est 
disparu.     Nous  avons  donc  raison  de  croire  qu'il  naquit  à  Lavaltrie. 

(52)  Inventaire  de  Séraphin  Margane  de  Lavaltrie  devant  Antoine 
Adhémar.  Ce  même  inventaire  le  dit  "âgé  d'environ  23  ans".  On  lui  donnait 
deux  ans  de  trop. 

(53)  Archives  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol.  22. 

(54)  Edouard  Richard,  Supplémenl  du  rapport  du  Dr  Btymner  sur 
les  Archives  canadietmes  pour  1  899,  p.  447. 


...  72  — 

Le  21  avril  1734,  MM.  de  Beauharnois  et  Hocquart  accordaient  à  M. 
de  Lavaltrie  une  importante  augmentation  à  la  seigneurie  que  son  père  avait 
obtenue,  le  29  octobre  1 672  et  dont  il  avait  hérité  comme  fils  aîné,  lis  lui 
donnaient  "une  lieue  et  demie  de  terre  de  front  sur  deux  lieues  et  demie  de 
profondeur,  à  prendre  le  dit  front  au  bout  de  la  profondeur  et  limites  de  la 
lieue  et  demie  de  profondeur  du  fief  de  Lavaltrie,  pour  être  la  dite  prolonga- 
tion en  profondeur  unie  et  jointe  au  dit  fief  de  Lavaltrie,  et  ne  faire  ensemble 
qu'une  seule  et  même  seigneurie,  laquelle,  par  ce  moyen,  se  trouvera  être  d'une 
lieue  et  demie  de  front  sur  quatre  lieues  de  profondeur.  .  ."   (55). 

Cette   concession  d'augmentation   fut  ratifiée    par    le    roi    le    8     février 

1735  (56). 

Le  12  mai  1739,  M.  de  Lavaltrie  recevait  le  commandement  d'une 
compagnie  (57). 

Le  1 2  juîût  1  746,  M.  de  Lavaltrie  assistait,  au  château  Saint-Louis  de 
Québec,  à  une  importante  assemblée  des  principaux  officiers  de  la  colonie,  tant 
militaires  que  civils,  et  des  habitants  de  Québec.  Il  s'agissait  de  prendre  une 
décision  sur  l'opportunité  de  continuer  ou  non  les  fortifications  de  Québec.  Le 
ministre  de  Maurepas  était  d'avis  que  ces  travaux  n'étaient  pas  nécessaires  et 
que  s'ils  étaient  entrepris,  ils  devaient  être  à  la  charge  des  habitants  de  Québec. 
Les  opinions  se  partagèrent  beaucoup.  La  plupart  des  officiers  civils  et  des 
marchands  se  prononcèrent  en  faveur  de  la  démolition  des  travaux  commencés. 
Quelques-uns  furent  en  faveur  de  suspendre  les  travaux  commencés  jusqu'à 
nouvel  ordre  de  Sa  Majesté.  Enfin,  le  plus  grand  nombre  furent  en  faveur 
de  continuer  les  travaux.      M.  de  Lavaltrie  se  rangea  parmi  ceux-ci   (58). 

Au  mois  d'août  1  746,  M.  de  Rigaud  recevait  du  gouverneur  de  Beau- 
harnois le  commandement  d'un  parti  de  Canadiens  et  de  Sauvages  qui  devait, 
tout  en  couvrant  le  fort  Saint-Frédéric,  faire  une  incursion  dans  la  Nouvelle- 
Angleterre.  Il  avait  sous  ses  ordres  600  Canadiens  et  300  Sauvages.  Les 
officiers  étaient  MM.  de  Lavaltrie  et  de  Sabrevois,  capitaines  ;  MM.  de 
V'assan  et  de  Muy,  lieutenants  ;  MM.  de  Portneuf,  de  Villiers,  de  Longueuil, 
.de  Saint-Luc,  de  Muy  Jeune,  de  Carqueville,  La  Chauvignerie,  Saint-Paul 
de  Senneville,  de  Léry,  de  Montigny,  enseignes. 

Parti  de  Montréal  le   3  août   1  746,  le  détachement  était  rendu  au  fort 


(55)  Pièces  et  documents  relatifs  à  la  Tenure  seigneuriale,  p.   173. 

(56)  Insinuations  du  Conseil  Supérieur,  cahier  7. 

(57)  Rapport  sur  les  Archives  canadiennes  pour  1904,  p.  261. 

(58)  Edouard  Richard,   Supplément  du  rapport  du  Dr  Br})mner  sur 
les  Archives  canadiennes  pour  1  899,  p.  1  50. 


...  73  — 

Saint-Frédéric  le  1  3.  Il  se  dirigea  aussitôt  vers  la  Nouvelle- Angleterre.  Le 
30  août,  M.  de  Rigaud  ordonnait  l'assaut  du  fort  Massachusetts.  Au  bout 
de  vingt-huit  heures,  la  garnison  se  rendit  à  discrétion.  Les  Canadiens  rava- 
gèrent eiisuite  le  pays  sur  une  étendue  de  douze  lieues,  des  deux  côtés  de  la 
rivière.  Le  retour  se  fit  heureusement.  M.  de  Rigaud,  légèrement  blessé  au 
bras,  n'avait  perdu  qu'un  seul  homme,  tué  à  l'attaque  du  fort  Massachu- 
setts (59). 

En  1747,  M.  de  Lavaltrie  commandait  au  Sault  Saint-Louis  (60). 

En  novembre  1747,  M.  de  Boishébert,  rendant  compte  au  ministre  des 
aptitudes  et  des  qualités  des  officiers  des  troupes  du  détachement  de  la  marine, 
disait  de  M.  de  Lavaltrie  : 

"  Au  Sault  Saint-Louis,  où  sont  les  Iroquois  qui  est  le  plus  grand  village 
de  nos  domiciliés,  M.  de  Lavaltrie,  capitaine,  brave,  hoimête  homme,  paisible, 
a  eu  le  commandement  avec  un  officier  sous  lui,  qui  y  reste  ;  dans  les  autres 
postes  on  n'y  en  a  laissé  qu'un,  ayant  retiré  les  seconds  à  cause  du  p>eu  d'offi- 
ciers que  nous  avons  ;  les  Sauvages  de  ce  poste  eurent  de  la  peine  à  recevoir 
cette  petite  garnison  de  vingt  soldats  par  plusieurs  mauvaises  raisons  alléguées 
où  de  certains  intérêts  secrets  avaient  part.  Ils  y  vivent  tranquillement  à  présent, 
et  ce  n'est  qu'à  condition  que  M.  le  général  retirera  cette  garnison  dès  que  la 
paix  sera  faite  ;  cette  difficulté  n'avait  jamais  été  et  la  plus  grande  partie  sont 
forts  du  sentiment  contraire  et  fort  aises  de  le  voir.  Et  de  très  longtemps  il 
y  a  toujours  eu  des  soldats  dont  les  Sauvages  étaient  fort  contents  et  si  on 
faisait  sortir  quelque  détachement,  tous  les  hommes  y  criaient  qu'on  abandon- 
nait leurs  femmes  et  leurs  enfants  de  même  c'est  ce  que  de  mauvais  génies  ont 
pris  l'échange  "  (61  ). 

En  quittant  le  gouvernement  de  la  Nouvelle-France,  M.  de  la  Galisson- 
nière  avait  recommandé  les  officiers  les  plus  méritants  pour  ^s  promotions  et 
la  croix  de  Saint-Louis.     M.  de  Lavaltrie  fut  du  nombre. 

Le  23  mai  1  749,  le  ministre  écrivait  à  M.  de  la  Jonquière  : 

"  Le  roi  a  bien  voulu  avoir  égard  à  la  demande  que  M.  le  comte  de  la 
Galissonière  a  faite  de  la  croix  de  Saint-Louis  en  faveur  des  sieurs  Des  Noyel- 
les,  Lavaltrie,  chevalier  de  La  Corne  et  de  La  Vérandrye,  capitaines,  et  du 


(59)  Ferland,  Cours  d'histoire  du  Canada,  vol.  II,  p.  485  ;  Edouard 
Richard,  Supplément  du  rapport  du  Dr  Brymner  sur  les  Archives  canadiennes 
pour  1 899.  p.  1 5 1 . 

(60)  Documents  relative  to  the  hisior^  of  the  State  of  New-York, 
vol.  X,  p.  81. 

(61)  Archives  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol.  89. 


--  74  ™ 

chevalier  de  Beauharnois,  lieutenant  d'artillerie.  Je  vous  envoie  pareillement 
les  croix  et  les  ordres  pour  la  réception  de  ces  nouveaux  chevaliers  "   (62). 

En  1  751 ,  M.  de  Lavaltrie  était  au  fort  Frontenac  avec  M.  de  Verchères. 

Dans  l'été  de  1751,  l'abbé  Picquet,  fondateur  de  la  Présentation,  faisait 
une  excursion  sur  le  lac  Ontario,  dans  le  but  de  recruter  des  néophytes  pour 
sa  mission.  Au  milieu  de  j\iillet,  il  arrêtait  au  fort  Frontenac  où  on  lui  fit  une 
très  belle  réception. 

"  Jamais  réception  ne  fut  plus  solennelle,  écrivait  l'abbé  Picquet.  Les 
Nipissings  et  les  Algonquins,  qui  s'en  allaient  en  guerre  avec  M.  de  Belestre, 
se  mirent  en  haie  de  leur  propre  mouvement,  et  nous  saluèrent  par  plusieurs 
décharges  de  mousqueterie  et  par  des  cris  de  joie  sans  fin.  De  tous  nos  canots 
d'écorce,  on  réf>ondit  de  la  même  manière.  M.  de  Verchères  et  M.  de  la 
Valterie  firent  en  même  temps  tirer  les  canons  du  fort  ;  et  mes  sauvages, 
transpoités  de  joie  de  l'honneur  qu'ils  recevaient,  faisaient  eux-mêmes  un  feu 
continuel,  et  poussaient  des  cris  et  des  acclamations  qui  réjouissaient  tout  le 
monde  "  (63). 

Par  une  lettre  de  M.  de  Longueuil  à  M.  de  Rouillé  du  21  avril  1  752, 
nous  constatons  que  M.  de  Lavaltrie  était  alors  commandant  au  fort  Niagara. 
M.  de  Céloron,  commandant  de  Détroit,  avait  envoyé  à  M.  de  Lavaltrie 
d'importantes  dépêches  avec  prière  de  les  faire  porter  par  un  soldat  au  fort 
Rouillé  (Toronto)  d'où  on  devait  les  faire  parvenir  à  Montréal.  Ce  soldat 
disparut.  Il  avait  probablement  été  tué  par  les  Sauvages.  M.  de  Lavaltrie 
se  donna  beaucoup  de  soins  pour  retrouver  les  dépêches  de  M.  de  Céloron, 
craignant  qu'elles  ne  tombent  aux  mains  des  Anglais  (64). 

Le  1er  octobre  1755,  M.  de  Vaudreuil,  gouverneur  de  la  Nouvelle- 
France,  avait  une  conférence  à  Montréal  avec  vingt  ambassadeurs  Tsonnon- 
touans.  M.  de  Noyan,  chevalier  de  Saint-Louis,  major  de  Montréal  ;  Duples- 
sis-Fabert,  de  Lâf^ltrie  et  de  la  Corne,  chevaliers  de  Saint-Louis,  capitaines  ; 
Saint-Luc  de  la  Corne  et  Charles  Le  Gardeur  de  Repentigny,  lieutenants, 
assistaient  à  cette  conférence.  Le  principal  orateur  fut  le  chef  Gaiachoton,  qui 
présenta  plusieurs  colliers  au  gouverneur.  M.  de  Joncaire,  qui  avait  été  adopté 
par  les  Tsonnontouans,  fut  leur  interprète  auprès  du  gouverneur.  L'étiquette 
sauvage  exigeait  un  certain  délai  entre  la  présentation  des  colliers  et  la  réponse 


(62)  Rapport  sur  les  Archives  canadiennes  pour  1905,  vol.  I,  p.  116. 

(63)  L'abbé    Auguste    Gosselin,    Le   fondateur   de    la   Présentation  : 
Vabbé  Picquet,  p.  2  l . 

(64)  O'Callaghan,  Documents  relative  to  the  history  of  the  State  of 
Nen>-York,  vol.  X,  p.  246. 


—  <o  -- 

du  gouverneur.  Le  3  octobre,  les  ambassadeurs  Tsonnontouans  rencontrèrent 
de  nouveau  M.  de  Vaudreuil  et  les  officiers  qui  avaient  assisté  à  la  conférence 
de  l'àvant-veilie.  M.  de  Vaudreuil  parla  aux  Tsonnontouans  par  l'entremise 
de  M.  de  Joncaire  (65). 

Le  1 3  décembre  1 756,  nouvelle  conférence,  encore  à  Montréal,  entre 
M.  de  Vaudreuil  et  cent  ambassadeurs  Goyogouins,  Onnontagués,  Ormeyouts, 
Tuskarorins,  Canaoneuska,  Totierono,  Tsonnontouans,  etc.,  etc.  M.  de  Vau- 
dreuil, afin  d'éblouir  ces  importants  personnages,  s'était  fait  entourer  d'un  bril- 
lant état-major.  Assistaient  à  la  conférence  :  M.  Bigot,  intendant,  M.  le 
chevalier  de  Lévis,  M.  Rigaud  de  Vaudreuil,  M.  d'Ailleboust,  M.  de  Noyan, 
les  capitaines  Duplessis-Fabert,  de  Lavaltrie,  de  Sabrevois,  de  Contrecoeur, 
Dumas,  de  Lacorne,  Saint-Luc,  etc.,  etc.  Les  chefs  des  Iroquois  du  Sault 
Saint-Louis  et  du  lac  des  Deux-Montagnes  étaient  aussi  présents.  Les  discours 
furent  nombreux  et  longs.  M.  Perthuis,  qui  parlait  l'iroquois  comme  sa  propre 
langue,  fut  l'interprète  en  cette  occasion   (66). 

En  août  1757,  M.  de  Lavaltrie  prenait  part  au  siège  du  fort  William- 
Henry,  situé  au  fond  du  lac  Saint-Sacrement  (aujourd'hui  George).  Les 
troupes  françaises  et  canadiennes  étaient  commandées  par  MM.  de  Montcalm 
et  de  Lévis.  Elles  firent  des  prodiges  de  valeur.  Les  Sauvages  combattirent 
aussi  avec  vaillance.  Le  colonel  Monro,  commandant  du  fort  William-Henry, 
capitula  le  9  août  1  757,  après  s'être  intrépidement  défendu  F>endant  neuf  jours. 

Cette  belle  victoire  fut  cependant  ternie  par  le  massacre  que  firent  les 
sauvages  alliés  des  prisonniers  de  guerre  anglais.  Il  y  eut,  semble-t-il,  impru- 
dence des  deux  côtés.  Du  côté  français,  on  ne  prit  pas  assez  de  précautions 
pour  protéger  les  Anglais  des  attaques  des  Sauvages,  et  du  côté  anglais  on 
commit  l'imprudence  de  donner  en  abondance  du  rhum  aux  Sauvages   (67). 

L'année  , suivante;  le' 8  juillet,  M.  de  Lavaltrie  prenait  encore  part  à  la 
glorieuse  bataille  de  Carillon  qui  fut  le  fruit  du  génie  militaire  de  Montcalm  et 
la  vaillance  de  ses  troupes  (68). 


(65)  E.-B.    O'Callaghan,   Documen/s   relative   to   the  hisior^  of   ihe 
State  of  Neiv-York,  vol.  X,  p.  345. 

(66)  E.-B.    O'Callaghan,   Documents   relative   to   the.  histor^   of   the 
State  of  NeTV-York,  vol.  X,  pp.  499  et  seq. 

(67)  E.-B.    O'Callaghan,    Documents   relative   to    the   histor^   of   the 
State  of  NeiV'York,  vol.  X,  p.  848. 

(68)  E.-B.    O'Callaghan,   Documents  relative   to   the  history   of  the 
State  of  New-York,  vol.  X,  p.  801. 


...  76  — 

Le  26  janvier  1  759,  le  roi  accordait  une  pension  de  400  livres  à  M.  de 
Lavaltrie  (69). 

Par  une  lettre  de  M.  de  Vaudreuil  au  ministre  Berryer  du  30  mars 
1  759,  nous  voyons  que  M.  de  Lavaltrie  passa  l'hiver  de  I  758-1  759  dans 
les  environs  du  fort  Duquesne,  surveillant  avec  un  certain  nombre  de  Canadiens 
et  de  Sauvages  les  mouvements  des  Anglais  (70). 

Dans  le  tableau  général  des  officiers  de  la  marine  servant  en  Canada 
préparé  en  1  759  ou  en  1  760,  on  lit  : 

"  La  Valterie  Desforets,  enseigne  en  pied  en  1712,  lieutenant  en  1721, 
capitaine  en  I  739  "  (71  ). 

Dans  une  liste  apostillée  des  officiers  des  troupes  du  détachement  de  la 
marine  dressée  en  1  761  ou  1  762,  on  lit  au  sujet  de  M.  de  Lavaltrie  : 

"  Riche,  Honnête  homme.  Vieux,  Hors  d'état  de  servir.  A  resté  (au 
Canada)  "  (72). 

M.  de  Lavaltrie  ne  survécut  pas  longtemps  au  changement  de  régime.  Il 
décéda  à  Montréal  le  1  er  janvier  1  766. 

Il  avait  épousé,  à' Montréal,  le  14  octobre  1732,  Louise-Charlotte  d'Ail- 
leboust  d'Argenteuil,  fille  de  feu  Pierre  d'Ailleboust  d'Argenteuil  et  de  Louise 
Denys  (73). 

De  leur  mariage  naquirent  quatre  enfants  :  , 

I 

Lou'se-Jeatme  Margarte  de  LMValtrie. — Née  à  Montréal  le  8  août  1  733, 

Décédée  à  l'Assomption  le  27  décembre  1822,  et  inhumée  à  Lavaltrie  le 
30  du  même  mois  (74). 

II 

Marguerite-Charlotte  Margane  de  Lavaltrie. — Née  à  Montréal  le  28 
février  1  735. 

Décédée  au  même  endroit  le  7  juin  1  735. 


(69)  Rapport  sur  les  Archives  canadiennes  pour  1905,  vol.  1er,  p. 
280. 

(  70)      Archives  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol.   1  04. 

(71)  Rapport  sur  les  Archives  canadiennes  pour  1885,  p.  CLXXVI. 

(72)  Edouard  Richard,  Supplément  du  rapport  du  Dr  Brymner  sur 
les  Archives  canadiennes  pour  1899,  p.  29. 

(73)  Contrat  de  mariage  devant  Jean-Baptiste  Adhémar,  à  Montréal, 
le  14  octobre  1  732. 

(74)  René  Boileau  écrit  dans  son  Journal  :  "27  décembre  1822 — 
Décès  de  Dlle  Louise-Jeanne  Margane  de  Lavaltrie.  M.  Lamothe,  curé  de 
Berthier,  a  prononcé  l'oraison  funèbre"  —  Gustave  Drolet,  Zouiviana. 


—  i  i  — 

III 

Marguerïle-Charlotle-Stanislas  Margane  de  iMvallrie. — Née  à  Montréal 
le  1  3  novembre  1  739. 

EJle  vivait  encore  en  1  78 1    (  75  ) . 

IV 
Pierre-Paul  Margane  de  Lavaltrie. — Né.  à  Montréal  le  1 4  août  1  743. 
Le  continuateur  de  la  lignée. 


I  ère  génération  :   Séraphin  Margcine  de  Lavaltrie. 

2ème  génération  :    Pierre  Mïvrgane  des  Forêts  et  de  Lavaltrie. 
3ème  génération  :    Pierre-Paul  Mau'gai»  de  Lavaltrie. 

PIERRE-PAUL  MARGANE  DE  LAVALTRIE 

Né  à  Montréal  le  14  août  1743. 

II  entra  dans  les  troupes  du  détachement  de  la  marine  à  l'âge  de  treize 


ans. 


En  1  759,  à  peine  âgé  de  seize  cins,  M.  de  Laveiltrie  se  battit  avec  vail- 
lance contre  les  Anglais. 

Après  la  chute  de  Québec  et  la  capitulation  de  Montréal,  il  passa  en 
France  pour  continuer  à  servir  dans  l'armée  française. 

En  I  765,  M.  de  Lavaltrie  revint  au  pays,  à  la  demande  de  son  père, 
alors  âgé  de  87  ans,  dont  il  était  le  Hls  unique,  et  qui  voulait  lui  laisser  sa 
seigneurie. 

Dans  un  mémoire  adressé  par  le  chevjJier  de  Léry  au  gouverneur  Carleton 
le  7  septembre  1  767,  nous  lisons  : 

"  Le  4  septembre  1765,  Je  me  trouvé  chez  le  général  Murray  lorsque 
Mr  de  LaVallrie,  canadien,  arrivant  de  France  à  la  demande  de  Monsr.  son 
père  officier  âgé  de  quatre-vingt  quatre  ans  qui  l'avait  demandé  pour  le  voir  et 
luy  laissé  son  hérédité.  Ce  général  reçu  assez  froidement  ce  jeune  officier  et 
dit  que  tous  ceux  qui  venoit  de  France  était  autant  d'espions  que  cette  cour 
envoyait  en  Canada.  Je  dis  au  général  que  les  officiers  frainçois  ne  pouvois 
pas  être  suspecter  de  faire  ce  métier,  que  j'e:pérais  qu'il  leur  rendrait  plus  de 


(73)      Acte  de  foi  et  hommage  rendu  pour  le  fief  et  seigneurie  de  Laval- 
trie par  Pierre-Paul  Margane  de  Lavaltrie  en  1781. 


...  78  - 

justice  par  la  sui'tte,  que  Mr*  de  La  Valterie  s'établirals  sans  doute  sur  une 
seigneurie  qu'avoit  Mr  son  père  (depuis  le  père  est  mort,  le  fils  a  laissé  ie 
service  de  France  et  a  épousé  une  demoiselle  canéidienne  et  est  très  bien 
établi),./'   (76), 

En  l  775,  fidèle  aux  nouveaux  maîtres  du  pays,  M.  de  Lavaltrie  prit 
les  armes  pour  combattre  contre  les  troupes  américaines  qui  avaient  envahi  le 
territoire  ceuiadien. 

M.  Juchereau  Duchesnay,  seigneur  de  Beauport,  qui  était  prisormier  dès- 
Américains,  à  Albany,  écrivait  à  l'honoraLle  M.  Bahy  le  31   jéuivier   1776  ; 

*'  Votre  succès  (la  défaite  de  Montgomery)  nous  est  parvenu  avec,  peut' 
être,  la  différence  d'un  plus  grand  avantage  ;  que  j'envie  le  sort  de  ceux  qui 
servent  sous  un  si  brave  homme  !  "     (Carleton). 

Puis  M.  Duchesnay  parlait  d'un  bataillon  de  Cciaadiens  qu'on  levait  dans 
le  moment  : 

"  Monsieur  de  Longueuil  m'a  dit  que  Mons.  de  Belestre,  qui  avait  vu  la 
liste  des  officiers  devant  former  le  bataillon  ordonné  par  M.  le  général,  lui 
avait  dit  que  tous  ceux  qui  étaient  dans  le  1er  bataillon  ne  seraient  peis  placés 
dans  celui-ci,  Lamorandière  est  au  dése^oir  et  m'engage  à  vous  en  parler. 
Tous  les  officiers  qui  se  sont  montrés  bons  sujets  devraient,  ce  me  semble, 
s'attendre  à  la  préférence," 

M.  Duchesnay,  bien  placé  pour  parler  avec  connaissance  de  cause,  nom- 
mait ensuite  par  ordre  de  mérite  les  principaux  officiers  qui  s'étaient  montrés 
"bons  sujets". 

C'étaient  M,  de  Belestre,  lieutenant-colonel.  M,  de  Longueuil,  major, 
les  capitaines  de  Boucherville,  de  Lavaltrie,  de  Saint-Ours,  de  Rouville,  Des- 
chambault  et  de  Lotbinière   (77). 

En  1791,  l'Angleterre  nous  accordait  une  nouvelle  constitution.  L'an- 
cienne province  de  Québec  était  divisée  en  deux  provinces  :  le  Haut-Canada 
et  le  Bas-Canada,  ayant  chacune  un  Conseil  législatif  et  une  Chambre  d'Assem- 
blée.    La  province  du  Bas-Canada  fut  divisée  en  vingt-un  comtés. 

Les  élections  des  députés  à  la  nouvelle  Chambre  eurent  lieu  dans  l'été 
de  l  792.  M.  de  Lavaltrie  fut  choisi  comme  député  du  comté  de  Warwick 
dans  lequel  se  trouvait  sa  seigneurie.  Elu  le  10  juillet  1  792,  il  siégea  jusqu'à 
la  fin  du  premier  parlement,  c'est-à-dire  jusqu'au  mois  de  mai  1  796. 

M,  de  Lavaltrie  décéda  dans  sa  seigneurie  de  Lavaltrie,  le  1  0  septembre 


(76)  Rapport  sur  les  Archives  du  Canada  pour  1888,  p.  23. 

(77)  L'abbé  Verreau,  L'Invasion  du  Canada,  p.  324. 


—  79  — 

1810.  H  fui  inhumé  le  surleDclemain  dans  Téglise  de  Lavaltrîe.  sous  le  banc 
seigneurial,  du  côté  de  l'Epitre. 

La  Cazeite  de  Québec  disait,  le  20  septembre  1810  : 

"  Digne  fils  d'un  F>ère  respectable,  mort  à  l'âge  de  84  ans,  décoré  de 
l'Ordre  royal  et  militaire  de  St-Louis,  et  qui  servit  avec  distinction  dans  la  guerre 
de  l'Amérique,  ayant  à  peine  atteint  l'âge  de  13  ans,  il  suivit  ses  traces  dans 
la  carrière  militaire,  et  servit  avec  distinction  dcins  les  dernières  ainnées  qui  ont 
précédé  la  conquête  de  cette  colonie  ;  et  passa  en  France  l'cuinée  1  760,  où  il 
servit  bien  des  années  toujours  avec  la  même  distinction. 

"  De  retour  dans  son  pays  natcil  après  la  paix  de  1  763  et  la  cession  qui 
en  fut  faite  par  la  France  au  Roi  de  la  Grande  Bretagne,  il  eut  de  nouvelles 
occasions  de  fair  econnéûtre  l'élévation  de  ses  sentiments,  et  la  noblesse  de  son 
caractère. 

"  Eji  1775,  il  prouva  par  son  exemple,  par  son  zèle,  et  son  dévoument 
envers  son  nouveau  souverain  le  caractère  du  vrai  gentilhomme. 

"  Il  mourut  le  1  0  septembre  1 8 1 0  en  sa  maison  seigneuriale  de  Lavaltrie, 
regretté  de  tous.  Ses  obsèques  furent  faites  le  1  3  septembre  dans  l'église  de 
Lavaltrie  au  milieu  d'un  concours  inunense.  Colonel  d'une  des  divisions  de 
milice  de  cette  province,  il  en  reçut  les  honneurs  bien  mérités  et  dus  au  rang 
qu'il  occupait."  , 

M.  de  Lavaltrie  avait  épousé,  à  Terrebonne,  le  31  mars  1766,  Marie- 
Angélique  de  La  Corne  de  Chapt,  fille  de  Louis  de  La  Corne  de  Chapt  et  de 
Elisabeth  de  Ramezay. 

Elle  décéda  à  Lavaltrie  le  26  février  1815  et  fut  inhumée  le  lendemain 
dans  l'église  paroissiale. 

Un  seul  enfant  était  né  de  leur  mariage  : 

Suzanne-Antoinette  Margane  de  Lavaltrie,  née  à  Lavaltrie  le  4  janvier 
1  772,  et  mariée,  à  Lavaltrie,  en  octobre  I  792,  à  Charles-Gaspard  Tarieu  de 
Lanaudière,  fils  de  Charles-François-Xavier  Tarieu  de  Lanaudière  et  de 
Marie-Catherine  LeMoyne  de  Longueuil. 

M.  Tarieu  de  Lanaudière  décéda  à  Lavaltrie  le  7  juin  1712,  à  l'âge 
de  42  ans.  Il  fut  inhumé  le  9  juin,  dans  l'église  paroissiale,  sous  le  banc  sei- 
gneurial. 

Madame  Tarieu  de  Lanaudière  décéda  à  son  tour  à  Lavaltrie  le  22  avril 
1822.     Elle  fut  inhumée  le  24  avril,  dans  l'église  paroissiale,  sous  la  chapelle 
-de  la  Sainte-Vierge. 

Avec  la  mort  de  madame  Tarieu  de  Lanaudière  disparaissait  le  dernier 


—  80  -  - 

membre  de  la  famille  de  Lavaltrie  qui  avait  joué  un  si  beau  rôle  dans  notre 
pays  pendant  un  siècle  et  demi  (78). 


{78)  Du  mariage  de  Charles-Gaspard  Tarieu  de  Lanaudière  et  de 
Suzanne- Antoinette  Margane  de  Lavaltrie  naquirent  :  1  o  Pierre-Paul  Tarieu 
de  Lanaudière,  qui  continua  la  lignée  des  Lanaudière  ;  2o  Marie-Charlotte 
Tarieu  de  Lanaudière  qui  devint  l'épouse  de  l'honorable  Barthélemi  Joliette  ; 
3o  Marie-Antoinette-Suzarme  Tarieu  de  Lanaudière,  qui  devint  l'épouse  du 
docteur  Pierre-Charles  Leodel. 

P.-G.  R. 


UN  LIVRE  ET  UN  AUTEUR  PEU  CONNUS 


Il  ne  sera  pas  question  ici  d'incunables  canadiens  :  la  plupart  sont  rares, 
mais  il  y  en  a  peu  dont  on  ignore  le  titre.  Le  livre  dont  j'ai  l'idée  de  vous  dire 
un  mot  est  de  naissance  assez  récente,  malgré  cela,  au  témoignage  de  quelques 
collectionneurs,  il  est  moins  connu  que  nos  incunables.  En  plus,  l'auteur  avait, 
sans  doute,  la  conviction  d'avoir  pa^sé  quasi  inaperçu,  puisqu'il  a  placé  sa  bio- 
graphie au  seuil  de  son  ouvrage,  en  guise  de  préface.  Ajoutons,  toutefois,  que 
cette  biographie  est  discrète  autant  qu'il  convient,  en  pareil  cas  ! 

*    *    * 

Voici  de  quoi  il  s'agit  :  R4pertoire  de  psychologie,  par  Mathiêis  Marti- 
neau,  Montréal,  E.  Sénécal  &  Cie,  1889,  1   br.  in-8,  33  pp. 

Gagnon  ne  parle  pas  de  cette  brochure,  mais  elle  est  dcuis  VInventaire  de 
Dionne,  vol.  I,  No  2168. 

Le  moins  que  l'on  puisse  dire  de  cet  ouvrage,  c'est  qu'il  porte  un  titre 
décevant,   qu'il   est  étrange,   sinon  incompréhensible  pour  le  vulgum  pecus  et 

qu'il  émane  certainement  d'un  disciple  de  notre  fameux  Henry  Lacroix. 

î|î    ^    ^ 

L'auteur  est  né  à  Saint-Lin,  en  octobre  1835,  et  dit  avoir  séjourné  à 
Cuba,  au  Mexique  et  en  Californie.  A  l'époque  de  la  publication  du  répertoire, 
M.  Martineau  était  maître  de  poste  à  Arnaud,  Manitoba, 

Gagnon,  vol.  II,  p.  182,  et  Dionne,  vol.  I,  No  2332,  mentionnent  une 
brochure  :  L'esprit  d'analyse,  par  J.-M.  Martineau,  Montréal,  1891,  in-8, 
18  pp.,  qui  bien  qu'elle  ne  soit  pas  signée  de  la  même  façon  que  le  Répertoire 
est  peut-être  du  même  auteur,  car  Mathias  Martineau,  dans  son  acte  de  baptême, 
est  aussi  prénommé  Joseph,  d'après  ce  qu'il  me  semble  avoir  lu,  autrefois,  dans 
Filteau,  Généalogie  de  la  famille  Martineau.  Cependant,  n'ayant  pas  vu 
L'esprit  d'analyse,  je  ne  saurais  me  prononcer.  Aux  bibliophiles  et  aux  bou- 
quineurs  de  résoudre  le  cas,  s'il  leur  en  chaut. 

E.-Z.  M. 


...  81  — 

Un  vol  extraordinaird  à  Montréal  an  iïe  siècle 


Au  dix-septième  siècle,  la  place  du  marché  était  l'unique  square  de 
Montréal.  Elle  occupait  l'espace  où  de  nos  jours  s'élève  l'édifice  du  "revenu 
de  l'intérieur". 

C'est  là  que  les  mardis  et  vendredis  de  chaque. semaine,  les  cultivateurs 
avaient  l'autorisation  de  vendre  leurs  denrées  aux  citadins  ;  c'est  là  que  les 
gentilshommes  pouvaient  mettre  flamberge  au  vent,  à  preuve  le  duel  entre  le 
gouverneur  Perrot  et  M.  de  Sainte-Hélène  (juin  1684)  ;  c'est  là  que  les  huis- 
siers lisaient  les  arrêts,  édits  et  ordonnances  et  les  affichaient  à  un  poteau  (  1  )  ; 
c'est  là,  enfin,  que  les  criminels  subissaient  les  châtiments  publics  auxquels  le 
juge  bailly   (ou  juge  du  bailliage)   les  avait  condamnés. 

Aussi  voyait-on,  sur  cette  place,  en  permanence,  un  cheval  de  bois  (2) 
et  une  potence  dont  l'aspect  et  le  voisinage  ne  devaient  pas  être  d'une  gaieté 
folle. 

^        ÎJS        îjï 

La  matinée  du  23  mai  1685  débutait  à  peine,  lorsque  la  population  de 
Montréal  apprit  avec  indifférence,  joie  ou  stupéfaction,  qu'au  cours  de  la  nuit 
précédente,  les  deux  principaux  ornements  de  la  place  du  marché  étaient,  l'un 
renversé,  presque  démoli,  et  l'autre,  enlevé  et  précipité  dans  cette  F>etite  rivière 
Saint-Pierre  dont  les  eaux  rejoignaient  le  Saint-Laurent  entre  le  marché  et  le 
vieux  fort  de  Villemarie. 

Le  gouverneur  de  la  ville,  M.  de  Callières,  prévenu  en  grande  hâte,  avait 
ordonné  au  juge  Migeon  de  Branssat  de  procéder  à  l'enquête  sans  retard. 

Le  juge  bailli  fit  quérir  son  greffier,  Hilaire  Bourgine,  et  le  substitut  du 
procureur  fiscal,  Jean  Gervaise,  puis  tous  trois,  pedibus  cum  jambisse,  se  diri- 
gèrent vers  le  lieu  du  crime. 

^    ^    ^ 

Procédant  méthodiquement,  ils  interrogent  les  gens  domiciliés  autour  de 
la  place  :  Jean  Aubuchon,  marchand  ;  Claude  Tardy,  marchand  ;  François 
Pougnet,    marchand  ;     Marie    Pacrau,    veuve    en    secondes    noces    d'Antoine 


(  1  )  La  lecture  et  l'affichage  se  faisaient,  cependant,  plus  souvent,  à 
la  porte  de  l'église  paroissiale.     Voir  Faillon,  II,  385. 

(2)  Cet  instrument  de  fortune  consistait  en  "une  poutre  posée  sur  des 
tréteaux  et  taillée  en  arête  sur  laquelle  on  plaçait  ceux,  qu'on  voulait  punir". 


...  8->  ~ 

Pichon-Duverny  ;    François  Bleau,  boulanger,  et  Mathurine  Grouard,  épouse 
de  Louis  Sainte-Marie. 

A  l'exception  du  sieur  Pougnet  et  de  la  dame  Sainte-Marie,  tous  déclarent 
n'avoir  rien  vu  ni  entendu. 

'  Voici,  en  résumé,  ce  que  Pougnet  raconte  :  Dans  la  nuit  du  22  au  23, 
revenant  de  ses  affaires  et  passant  sur  le  bord  de  la  grande  rivière,  entre  1  0  et 
1  I  heures,  il  fut  interpelé  par  trois  hommes  qu'il  croit  être  des  soldats.  On  lui 
cria  :  Qui  va  là  ?  A  tout  hasard,  il  répondit  :  Ami  !  Sur  quoi,  les  dits 
soldats  murmurèrent  des  phrases  dont  il  ne  CTomprit  pas  bien  le  sens.  Pougnet 
continua  son  chemin,  mais  constatant  qu'on  le  suivait,  il  heurta  à  la  porte  du 
logis  de  Louis  Sainte-Marie,  où  il  avait  aperçu  du  feu,  car  il  craignait  que  les 
soldats  ne  voulussent  lui  jouer  quelque  mauvais  tour. 

Sainte-Marie  ayant  ouvert,  Pougnet  feignit  de  lui  demander  du  poisson 
et  pénétra  à  l'intérieur.  Un  des  soldats  entra  également  et  s'informa  si  un  de 
ses  camarades  n'était  pas  là  ?  Sur  la  réponse  négative  de  Sainte-Marie,  il 
examina  Pougnet  "sous  le  nez"  et  sortit. 

Les  trois  soldats,  après  avoir  stationné  à  la  p>orte,  s'éloignèrent  enfin.  Pou- 
gnet en  profita  pour  gagner  chez  lui.  En  route,  il  aperçut  deux  ou  trois 
"quidams"  causant  dans  la  rue.  Il  entra  vivement  et  mit  les  verroux.  Une 
demi-heure  plus  tard,  des  individus  "soulevèrent  plusieurs  fois  le  locquet  de  la 
porte  de  derrière",  ensuite,  ils  s'en  furent  vers  la  maison  du  sieur  François 
Hazeur  et  essayèrent  d'ouvrir  les  contrevents  qui  protégeaient  les  fenêtres. 
N'ayant  pas  réussi,  ils  disparurent. 

Marie  Grouard  corrobore  le  témoignage  de  Pougnet,  mais  elle  ajoute  les 
détails  suivants  :  le  soldat  qui  entra  dans  son  logis  est  un  de  ceux  qui  sont  en 
quartier  dans  la  prairie  de  la  Magdeleine  ;  il  portait  un  justaucorps  gris  blanc 
et  cherchait  un  nommé  La  Bastille. 

Le  procès  verbal  finit  là. 

>K    ^    ^ 

Mit-on  la  main  sur  les  auteurs  du  vol  de  la  potence  et  y  eut-il  procès  ? 
Je  l'ignore,  n'ayant  rien  trouvé  de  plus  que  la  pièce  ci-dessus  citée,  pour  le 
moment. 

E.-Z.  MASSICOTTE 


83 


Uoe  Tieille  complainte 


(Air  :     Au  sang  qu'un  Dieu  va  répandre,  etc.) 


C'est  à  St-Jean  Port- Joli 

Cinq  hommes  se  sont  embarqués 

Ils  étaient  pères  de  famille 

A  Québec  voulant  aller 

Vers  les  quatre  heures  du  soir 

Vingt-six   novembre   dernier 

Ils  embarquent  sans  le  vouloir 

Chacun  craignant  le  danger. 

2 
Aussitôt  le  capitaine 
Dit  qu'il  faut  appareiller 
Tous  se  sont  mis  à  la  chaîne 
Afin  l'ancre  dérapper 
Les  matelots  hissent  la  voile 
Avec  l'un  des  passagers 
Quel   malheureux  appareil 
Pour  un  bateau  si  chargé. 

3 
Le  vaisseau  cinglant  au   large 
Sur  les  vagues  découragées 
Etait  peint  sur  leur  visage 
La  frayeur  est  bien  tracée 
Le  bateau  vogue  sur  l'onde 
Toujours  prêt  à   submerger 
Le  vent  souffle  et  la   mer  gronde 
Tout  fait  craindre  le  danger. 

4 

La  pluie  qui  tombe  du  ciel 
Vient  encore  les  affliger 
La  nuit  sombre  de  ses  ailes 
Les  obligent  de  mouiller 
Enfin  tout  l'équipage 
Est  en  grcinde  anxiété 
Il  faut  chercher  un  mouillage 
Et  nous  mettre  en  sûreté. 


Le  capitaine  à  la  barre 

Regarde  de  tout  côté 

Souvent  il  crie  à  Chouinard 

Sur  le  devant  faut  sonder 

La  "Pointe  aux  Pins"  qu'on  découvre 

Ici  il  nous  faut  entrer 

Le  vent  nord'est  le  bois  couvre 

Nous  serons  en  sûreté. 

6 
C'était  près  de  ce  rivage 
Qu'ils  havrent  pour  la  nuit 
Pour   laisser  passer   l'orage 
Peu  après  le  vent  calmit 
Ils  descendent  dans  la  chambre 
Chacun  se  changer  d'habits 
Ils  font  la  prière  ensemble 
Croyéint  bien  passer  la  nuit. 

7 

Vers  les  onze  heures  du  soir 
Louison  Pelletier  leur  a  dit 
Qu'ettends-je  sur  la  mer 
Le  vent  nord'ouest  est-il  pris 
Babin  dont  la  Capitaine 
Vite  sur  le  jwnt  a  monté 
Il  regarde,  il  examine 
Voit  que  le  vent  est  changé. 

8 
Il  descend  dedans  la  chambre 
Rejoindre  ses  passagers 
Anctil  St  Jean  sans  attendre 
Demande  s'il  y  a  du  danger 
Non  je  ne  vois  pas  encore 
Il  ne  fait  que  commencer 
J'espère  qu'on  verra  l'aurore 
S'il  ne  peut  pas  plus  forcer. 


...  84 


L'aquilon  qui  souffle,  qui  gronde 
Va  toujours  en  augmentant 
La  mer  qui  grossi  ses  ondes 
Fait  mouvoir  le  bâtiment 
A  chaque  lame  qui  frappe 
Sur  le  devant  du  bateau 
Voilà  le  guindeau  qui  échappe 
Va  être  emp>orté   à  l'eau. 

10 
Babin  a  dit  à  Chouinard 
Sur  le  pont  il  faut  monter 
Prends  la  chaîne  sur  le  gaillard 
Au  mât  va  donc  l'attacher 
Chouinard  répond  à  cet  ordre 
Qu'il  ne  peut  exécuter 
Sur  la  planche  et  le  bois  de  corde 
Craint  lui-même  d'être  emporté. 

11 
Le  capitaine  plein  de  zèle 
Vers  Chouinard  s'est  dirigé 
Aux  cris  de  celui  qui  l'appelle 
Pour  venir  le  soulager 
Aussitôt  il  prend  la  chaîne 
De  bûche  en  bûche  a  passé 
Le  voilà  mais  non  asns  peine 
Autour  du  mât  l'a  fixée. 

12 
Il  rejoint  son  équipage 
Un  peu  tout  déconcerté 
Qui  médite  sur  le  naufrage 
Dont  ils  sont  tous  menacés 
Ah  !  dit-il  quelle  misère 
Nous  avons  à  essuyer 
Mettons-nous  tous  en  prière 
Il  ne  faut  pas  s'effrayer. 

13 
Tous  d'une  voix  unanime 
Une  messe  est  proposée 
Sur  le  bord  de  cette  île 
Si  nous  pouvons  nous  sauver 
Il  règne  un  profond  silence 
Qu'on  peut  se  l'imaginer 
Se  fiant  à  la  Providence 
Qui   seule   peut   les  sauver. 


14 

Babin  rompt  le  silence 
Dit  qu'allons-nous  devenir 
Sortons  vite  en  diligence 
Car  nous  allons  tous  périr 
Ils  abandonnent  la  chambre 
C'est  l'eau  qui  les  a  forcés 
'  De  quitter  sans  plus  attendre 
Cet  asile  tout  submergé. 

15 
Sur  le  pont  là  on  décide 
Que  la  chaîne  serait  filée 
Que  sur  la  frêle  chaloupe 
A  terre  pourrait  aller 
Leur  projet  fut  inutile 
Babin  se  mit  à  crier 
Vite  en  avant  je  vous  prie 
La  planche  commence  à  flotter. 

16 
Le  boom  leur  sert  de  guide 
Au  mât  se  sont  tous  saisis 
La  cale  était  presque  vide 
D'eau  elle  était  toute  remplie 
Le  bateau  que  le  vent  pousse 
Les  jette  sur  les  rochers 
Ils  éprouvent  des   secousses 
Prêtes  à  le  faire  verser. 

La  mer  toute  en  furie 
Et  les  vagues  soulevées 
Engloutissent  dans  l'abîme 
Le  bâtiment  submergé 
Une  lame  qui  se  déploie 
Qui  le  précipite  dans  l'eau 
Babin,   Morin  et   Pelletier 
Dans  la  cale  du  bateau. 

18 
Chacun  crie  et  se  lamente 
Cherche  à  regagner  le  mât 
Mais  les  secousses  si  violentes 
Leur  fait  craindre  le  trépas 
Ils  déploient  toutes  leurs   forces 
Plongent  et  plongent  dans  l'eau 
Malgré  le  froid  et  la  glace 
Deux  ont  regagné  le  beau. 


—  85 


19 
Morln  reste  dans  la  cale 
A  submerger  sur  les  flots 
Il  ne  crie  et  il  ne  parle 
Et  n'articule  aucun  mot 
Pelletier,  Babin  charitables 
Tendent    leurs    mains   engourdies 
Tâche  d'approcher  cher  aimable 
L'on  va  te  sauver  la  vie. 

20 
Le  vaisseau   talonne  épanche 
Par  les  secousses  de  l'eau 
Enfin  il  saisit  deux  planches 
Qui  étaient  dans  le  bateau 
La  mer  le  jette  le  pousse 
En  décrivant  à  Gagné 
Pelletier,  Babin  le  saisissent 
Et  parviennent  à  le  sauver. 

21 
Tous  les  quatre  au  mât  se  tiennent 
Prévoyant  bien  le  danger 
Que  le  mât  et  ses  antiennes 
La  chute  les  feraient  plonger 
Au  milieu  de  la  tourmente 
Le  bateau  a  démâté 
Il   entraîne  dans   sa  pente 
Nos  malheureux  naufragés. 

22 
Les  voilà  donc  à  la  nage 
Pour  une  seconde  fois 
Pelletier  saisit  un  cordage 
Son  coeur  tout  rempli  d'effroi 
Il  voit  Morin  à  tribord 
Babin  travers  sur  un  banc 
Crois  que  St-Jean  vit  encore 
Mais  il  est  au  fond  de  l'eau. 

23 
Catastrophe  épouvantable 
Babin  se  mit  à  crier 
Quel  naufrage  pitoyable 
Nous  allons  bien  tout  geler 
Le  vent  le  glace  le  saisit 
Commence  à  se  lamenter 
St-Jean  sauvez-moi  la  vie 
Plusieurs  fois  l'a  répété. 


24 
Morin  en  entendant  ses  plaintes 
A  lui  il  s'est  dirigé 
Son  coeur  tout  saisi  de  crainte 
Vers  la  chambre  il  l'a  traîné 
Là,  il  fait  tous  ses  efforts 
Mais  son  coeur  est  attristé 
Voit  Babin  frappé  de  mort 
Dans  ses  bras  a  trépassé. 

25 
Pelletier  et  Morin  déplorent 
La  mort  de  leurs  compagnons 
Tous  deux  craignant  le  même   sort 
Voient  leurs  habits  qu'un  glaçon 
Morin  que  le  froid  suffoque 
Dit-il  faut  nous  en  aller 
Abandonnons  cette   cage 
Que  le  mât  a  défoncé. 

26 

Chouinard  de  sur  le  gaillard 
Les  entend   ainsi  parler 
Ne  me  laissez  pas  à  bord 
Mes  habits  sont  tous  gelés 
A\\  !  venez  donc  je  vous  prie 
Tâchez  donc  de  me  sauver 
Et  si  non,  je  vais  périr 
Sur  le  pont  vous  me  laissez. 
27 

Pelletier,  Morin  lui  répondent 
Qu'ils  ne  le  peuvent  pas 
Et  que  dans  quelques  secondes 
Ne  pourrait  faire  aucun  pas 
Descendez  donc  dans  la  cale 
Jetez-vous  du  haut  en  bas 
Non    e  ne  suis  pas  capable 
Ne  m'abandonnez  donc  pas. 

28 
Nous  allons  aller  à  terre 
Pour  te  chercher  du  secours 
Il  com.mence  à  faire  clair 
Nous  apercevons  le  jour 
Enfin  tous  deux  s'acheminent 
Par  l'ouverture  du  bateau 
Avec  bien  de  la  peine 
Ils  gravissaient  les  coteaux. 


..  SG  — 


29 

Le  froid  durcit  leurs  habits 
Qui  faisaient  que  les  gêner 
Ils  n'avaient  que  peu  de  vie 
En  arrivant  chez  Gagné 
Allez  donc  vite  je  vous  prie 
Nous  sommes  cinq  naufragés 
Chouinard  est  encore  en  vie 
Tâchez  donc  de  le  sauver. 

30 
Ils  partent  tous  en  diligence 
Au  bateau  ils  ont  gagné 
Avec  la  douce  espéramce 
Que   Chouinard  serait  sauvé 
Mais  qu'elle  fut  leur  surprise 
Chouinard  était  débarqué 
Et  sur  le  bord  de  la  rive 
11  s'était  adieminé. 

3! 
Après  toutes  les  recherches 
Ils  ne  trouvent  que  deux  décédés 
Enfin  ils  hâtent  leur  marche 
Et  vont  trouver  leurs  naufragés 
Nous  avons  trouvé  dirent-ils 
Que  les  corps  de  deux  noyés 
Toutes  nos  recherches  inutiles 
Chouinard  on  a  pu  trouver. 

"  32 
Pelletier,  Morîn  dirent  encore 
A   bord   il    faut   retourner 
Nous  apporterons  les  morts 
Chouinard  il  faut  le  chercher 
Mais  bien  vite  dans  cette  île 
Tout  le  monde  est  informé 
Chacun  cherche  sur  la  rive 
Trouve  Chouinard  gelé. 

33 

On  rapporte  les  trois  corps 
A  la  maison  de  Gagné 
Hélas  !   quel  triste  sort 
Pour   ces    trois    infortunés 


Morin  fit  faire  les  trois  bières  • 
Les  ensevelit  dedans 
Et  les  porte  au  presbytère 
En  attendant  le  beau  temps. 

34 
Le  digne  cvuré  de  l'île 
Toujours  plein  de  charité 
Les  fit  entrer  dans  l'église 
Sur  leurs  corps  leur  a  chanté 
Les  oraisons  funéraires 
Sur  leurs  tombes  a  prononcé 
Des  flammes  du  Purgatoire 
Qu'ils  en  fussent  tous  délivré. 

35       . 
Le  vent  cesse  et  le  froid  tombe 
Après   onze   jours   écoulés 
On  traverse  les  trois  tombes 
Au  Sud  elles  sont  arrivées 
Vous  autres  épouses  chéries 
Tendres   coeurs  désolés 
Venez  recevoir  vos  maris 
Dans   leurs  tombeaux  renfermés, 

•  36 
Qui  f)ourrait  sans  verser   des   larmes 
Voir  les  mères  et  les  enfants 
Tous  dans  de  mortelles  alarmes 
S'écrier   incessamment 
A  vous  doux  enfants  chéris 
Et  encore  tendres  et  badins 
A  F>eine  commence  la  vie 
Et  les  voilà  orphelins. 

37 
Pelletier   (î),   Morîn  qui  survivent 
Ne  sauraient  les  oublier 
Et  la  douleur  la  plus  vive 
Est  dans  leur  coeur  bien  gravée 
Oh  !   vous  divine  Marie 
Qui  les  avez  protégés    . 
Souvenez-vous  je  vous  prie 
Des  malheureux  naufragés. 

M.  l'abbé  A.  Pelle 


(  1  )      Louis-Toussaint  Pelletier  était  le  père  de  feu 
tier,  curé  de  St-Jean. 

N.  B. Ce  naufrage  eut  lieu  au  sud-ouest  de  1  Ile  aux  Grues  dans  la 

nuit  du  26  au  27  novembre  1845.  Le  capitaine  Babin,  le  matelot  Chouinard 
et  Anctil,  cultivateur,  étaient  de  la  paroisse  de  St-Jean  Port-Joli.  Pelletier  et 
Morin,  cultivateurs,  étaient  de  St-Roch  des  Aulnaies. 


...  87  — 

Juges  de  la  Province  du  Bas=Caaada  de  1791  à  1840 


•  Michel- Amable  Berthelot  d'Artigny,  juge  des  Plaidoyers  Communs,  31 
décembre  1  79 1 . 

•  John  Fraser,  Thomas  Dunn,  Hertel  de  Rouville,  Jenkin  Williams,  juges 
des  Plaidoyers  Communs  pour  Québec,  Montréal  et  Trois-Rivières,   1  2  jéinvier 

1792. 

•  Félix  O'Hara,  H.  Munro,  Louis  Fromenteau,  juges  des  Plaidoyers  Com- 
muas p>our  Gaspé,  29  février  I  792. 

•Pierre  Panet,  juge  des  Plaidoyers  Communs,   1  7  janvier  1  793. 

•  Michel-Amable  Berthelot  d'Artigny,  juge  des  Plciidoyers  Communs  pour 
Québec  (conditionnellement),   19  septembre  1793. 

•Jean-Antoine  Panet,  juge  des  Plaidoyers  Communs  pour  Québec,  Mont- 
réal et  Trois-Rivières,  28  janvier  1  794. 

.  Pierre-Amable  De  Borme,  juge  des  Plaidoyers  Communs  pour  Québec,     * 
Montréal  et  Trois-Rivières,  28  janvier  I  794. 

•James  Walker,   juge  des   Plaidoyers  Communs  pour  Québec,   Montréal 
et  Trois-Rivières,   1  0  février  I  794. 

•William  Osgoode,  juge  en  chef  du  Banc  du  Roi,  Québec  (en  remplace- 
ment de  William  Smith) ,  I  1   décembre  1  794. 

•James  Monk,   juge  en  chef  du  Banc  du  Roi,  Montréal,    I  I    décembre 
1794. 

.  John  Fraser,  juge  en  chef  du  Banc  du  Roi,  Montréal,  1  l  décembre  1  794. 

'Thomas  Dunn,  juge  de  la  Cour  du  Banc  du  Roi,  Québec,   12  décembre 
1794. 

«Jenkin  Williams,  juge  de  la  Cour  du  Banc  du  Roi,  Québec,  l  3  décembre 
1  794. 

*  Jean- Antoine  Panet,   juge  de  la  Cour  du  Bonc  du  Roi,  Montréal,    1  5 
décembre  1794   (annulée  le  8  mai  1795). 

•Pierre-Amable  DeBonne,  juge  de  la  Cour  du  Bcinc  du  Roi,  Québec,  16 
décembre  1  794, 

•  James  Walker,  juge  de  la  Cour  du  Banc  du  Roi,  Montréal,  1  7  décembre 
1  794. 

Pierre-Louis  Descheneaux.  juge  provincial  du  Banc  du  Roi.  Trois-Riviè- 
res,  I  8  décembre  1  794. 


...  88  —  . 

•Félîx  O'Hara,  juge  provincial  du  Banc  du  Roi,  Gaspé,  25  février  1795. 
Pierre-Louis  Panel,  juge  de  la  Cour  du  Banc  du  Roi,  Montréal,  8  mai 
1  795  (en  remplacement  de  Jean-Antoine  Panet) . 

*  J.  Ogden,  juge  de  la  Cour  du  Banc  du  Roi,  Montréal,  22  juin  l  796. 
•A.  Davidson,  juge  de  la  Cour  du  Banc  du  Roi,  Montréal,   1er  février 

1800  (en  remplacement  de  J.  Walker). 

*John  Elmsley,  juge  en  chef  du  Banc  du  Roi,  13  octobre  1802. 

'Louis-Charles  Foucher,  juge  provincial,  Trois-Rivières,  2  novembre  1 804. 

*W.  Crawford,  juge  provincial,  Gaspé,  5  octobre  1805   (en  remplacement 
de  Félix  O'Hara) . 

♦  Henry  AUcock,  juge  en  chef,   1  1   août  1806  (en  remplacement  de  John 
Elmsley) . 

»James  Reid,  juge  du  Banc  du  Roi,  Montréal,  7  mai  1807   (en  rempla- 
cement de  A.  Davidson). 

«James  Kerr,  juge  du   Banc  du  Roi,   5   octobre   1807    (révoquée  le  21 
octobre  1807). 

♦  Jonathan  Sevvell,  juge  en  chef,  22  août  1808  (en  remplacement  de  Henry 
Allcock) . 

.  James  Kerr,  juge  du  Banc  du  Roi,  Québec,   1  er  juillet  1 809   (en  rem- 
placement de  Thomas  Dunn). 

•  Olivier  Perrault,  juge  du  Banc  du  Roi,  Québec,  22  mai  1812  (en  rem- 
placement de  Pierre-Amable  DeBonne). 

♦  Edward   Bowen,   juge   du    Banc  du   Roi,   Québec,    23   mai    1812    (en 
remplacement  de  J.  Williams). 

*  Louis-Charles  Foucher,  juge  du  Banc  du  Roi,  Montréal,    10  décembre 
1812. 

Pierre  Bédard,   juge   provincial,   Trois-Rivières,    Il    décembre    1812 
(en  remplacement  de  Louis-Charles  Foucher). 

George    Pyke,   juge    agissant    Banc   du  Roi,    Montréal,    1er   juin    1818 
(pendant  la  maladie  de  J.  Ogden). 

George  Pyke,  juge  du  Banc  du  Roi,  Montréal,   1  er  mai  1  820   (en  rem- 
placement de  J.  Ogden). 

«  Alexis  Caron,  juge  provincial,  Gaspé,  22  novembre  1  82  1. 

•  John  Fletcher,  juge  provincial,  Saint-François,   1er  mai   1823. 

•  James  Reid,  juge  en  chef  du  Banc  du  Roi,  Montréal,  31   janvier  1825 
(en  remplacement  de  J.  Monk). 

•  Norman-Fitzgerald  Uniacke,  juge  du  Banc  du  Roi,  Montréal,  1er  février 
1825  (en  remplacement  de  James  Reid) . 


-       —  89  — 

Jean- Thomas  Taschereau,  juge  du  Banc  du  Roi,  Québec,  29  mars  1827 
(en  remplacement  de  Olivier  Perrault). 

John-Gawler  Thompson,  juge  provincial,  28  avril  1827  (en  remplacement 
de  Alexis  Caron). 

Norman-Fitzgerald    Uniacke,    juge    provincial,    Trois-Rivières,    24    mai 
1827  (en  remplacement  de  Pierre  Bédard). 

Pierre  Bédard,  juge  provincial,  Trois-Rivières,   1  1  octobre  1827. 

John  Fletcher,  juge  provincial,  Trois-Rivières,  6  juin  1 828  (en  remplace- 
ment de  Pierre  Bédard). 

Pierre  Bédard,  juge  provincial,  Trois-Rivières,  2  octobre  1828  (en  rem- 
placement de  John  Fletcher). 

G.  Pyke,  juge  du  Banc  du  Roi,  Montréal,  6  décembre  1828  (en  rem- 
placement de  J.  Ogden). 

Joseph-Rémi  Vallières  de  Saint-Réal,  juge  provincial.  Trois- Ri\nères,   1  3 
mai  1829  (en  remplacement  de  Pierre  Bédard). 

Jean-Roch  Rolland,  juge  du  Banc  du  Roi,  Montréal,   7  janvier   1 830 
(en  remplacement  de  Louis-Charles  Foucher). 

John  Reid,  juge  en  chef,  Montréal,  5  décembre  1  830. 

G.  Pyke,  juge  du  Banc  du  Roi,  Montréal,  8  décembre  1830. 

Jeam-Roch  Rolland,  juge  du  Banc  du  Roi,  Montréal,  1  1  décembre  1830. 

Normcm-Fitzgerald  Uniacke,  juge  du  Banc  du  Roi,  Montréal,  9  décem- 
bre 1830. 

James  Kerr,  juge  du  Banc  du  Roi,  Québec,  6  décembre  1 830. 

Edward  Bowen,  juge  du  Banc  du  Roi,  Québec,   7  décembre   1830. 

Jean-Thomas  Taschereau,  juge  du  Banc  du  Roi,  Québec,  9  décembre 
1830. 

John  Fletcher,  juge  provincial,  Saint-François,   1 0  décembre   1 830. 

John-Gawler  Thompson,  juge  provincial,  Gaspé,   1  1    décembre   1 830. 

Joseph-Rémi  Vallières  de  Saint-Réal,  juge  résident,  Trois-Rivières,    10 
décembre  1 830. 

Philippe  Panet,  juge  du  Banc  du  Roi,  Québec,  29  juin  1832. 

Samuel  Gale,  juge  du  Banc  du  Roi,  Montréal,  23  août  1834  (en  rem- 
placement de  Norman-Fitzgerald  Uniacke). 

Samuel  Gale,  juge  résident,  Trois-Rivières,  28  septembre  1 835  (pendant 
la  maladie  de  Vallières  de  Saint-Réal). 

Jean-Roch  Rolland,  juge  résident,  Trois-Rivières,  1  3  février  1 836  (pen- 
dant la  maladie  de  Vallières  de  Saint-Réad). 


...  90  — 

EIzéar  Bédard,  juge  du  Banc  du  Roi,  Québec,  22   février   1836   (en 
remplacement  de  James  Kerr) . 

James  Stuart,  juge  en  chef,  Québec,  22  octobre  1  838  (en  remplacement 
de  Jonathan  Sewell). 

Michel  O'Sullivan,  juge  en  chef,  Montréal,  25  octobre  1838   (en  rem- 
placement de  John  Reid). 

G.  Pyke,  juge  du  Banc  de  la  Reine,  Montréal,  20  décembre  1  838. 

John  Fletcher,  juge  provincial,  Saint-François,  20  décembre   1  838. 

Edward  Bowen,  juge  du  Banc  de  la  Reine,  Québec,  20  décembre  1838. 

Jean-Roch  Rolland,  juge  du  Banc  de  la  Reine,  Montréal,  20  décembre 
1838. 

John-Gawler  Thompson,  juge  provincial,  Gaspé,  20  décembre  1 838. 

Samuel  Gale,  juge  du  Banc  du  Roi,  Montréal,  20  décembre  1  838. 

Je.m-Roch  Rolland,  assistant-juge  résident,  Trois-Rivières,  28  décembre 
1838. 

J.  Gale,  juge  zissistant,  Trois-Rivières,  27  mai  1839   (en  remplacement 
de  Jean-Roch  Rolland). 

Dominique  Mondelet,  juge  assistant,  Trois-Rivières,   1 5  juin  1 839  (pen- 
dant la  suspension  de  Vallières  de  Saint-Réal). 

J.  Duval,  juge  assistant  du  Banc  de  la  Reine,  Québec,  24  juin   1839 
(pendant  la  suspension  de  EIzéar  Bédard). 

Andrew-William  Cochran,  juge  assistant  Banc  de  la  Reine,  Québec,  24 
juin  1839  (pendant  la  suspension  du  juge  Philippe  Panet). 

EIzéar  Bédard,  juge  du  Banc  de  la  Reine,  Québec,  8  août  1  840. 

Philippe  Panel,  juge  du  Banc  de  la  Reine,  Québec,  8  août   1  840. 

LUCIEN  LEMIEUX 


UN  ROMAN  CANADIEN 


Le  19  mars  1870,  The  Canadian  Illustrated  Nervs  commençait  la  publi- 
cation d'un  roman  canadien  intitulé  :  Rosalba  or  faithful  to  tivo  loves.  An 
épisode  of  the  Rébellion  of  1837-38,  tp  Arthur  Faverel. 

Ce  roman  parut  plus  tard  en  français  dans  VOpinion  publique,  sous  le 
titre  :  Rosalba  ou  les  deux  amours.  La  traduction  en  fut  alors  attribuée  à 
M.  Blain  de  Saint-Aubin. 

On  trouve  une  reproduction  de  la  version  française  dans  le  Monde  Illustré 
de  Montréal,  à  partir  du  1  2  décembre  1  898. 

E.-Z.  M. 


...  91  ... 

Le  premier  Girouard  à  Montréal 


Le  Bulletin  des  recherches  historiques  de  1899,  vol.  V,  pp.  39  et  205, 
puis  de  1902,  vol.  VIII,  p.  289,  a  publié  des  notes  intéressantes  sur  la  famille 
Girouard  en  Canada.  Un  passage  de  ces  notes  nous  apprend  que  le  colon  vint 
à  Montréal  "vers  1716,  et  demeura  quelques  années  chez  M.  de  Ramezay 
(gouverneur)  en  qualité  de  secrétaire  ". 

Cela  est  possible,  car  ce  Girouard  avait  une  fort  borme  écriture,  mais 
sans  contester  la  vérité  du  renseignement  précité  et  dont  l'auteur  n'indique  pas 
la  provenance,  nous  croyons  pouvoir  signaler  que  dans  les  archives  judiciaires 
de  Montréal,  la  première  pièce  qui  nous  parait  mentioimer  le  nom  de  Girouard 
date  de  1  722. 

A  cette  époque,  .Antoine  Girouard  est  soldat  et  se  conformant,  sans  doute, 
au.x  voeux  des  autorités  religieuses  et  civiles,  il  dénonce  courageusement  un 
individu  qui  trafiquait  de  Teau-de-vie  avec  les  sauvages, 

La  pièce  ou  cette  plainte  est  relatée  offre  cette  particularité  de  nous  mon- 
trer, une  fois  de  plus,  les  autorités  militaires  et  civiles  en  désaccord  relativement 
à  l'aide  qu'elles  devaient  se  prêter  vis-à-vis  certaines  classes  de  délinquants. 

Le  document  se  lit  comme  suit  : 

"  L'an  mil  sept  cens  vingt  deux  et  le  25  du  mois  de  mars  sur  les  neuf 
*'  heures  du  soir  nous  françois  marie  bouat,  con'er  du  Roy  et  son  Lieut.  général 
**  au  Siège  de  la  Juridiction  Royale  de  Montréal,  Un  soldat  nommé  antoine 
"  girouard  de  la  compagnie  de  Mr  de  la  tour  étant  venu  nous  donner  avis  en 
"  présence  de  M.  des  forests  Lieutenant  des  Troupes  et  du  Sr  de  la  marque 
"  mar.  de  cette  Ville  qu'il  auroit  veu  entrer  dix  ou  douze  Sauvages  Iroquois 
"  chez  le  nommé  duplanty  tonnelier  qui  sans  doute  étoient  allez  pour  boire  de 
"  l'Eau  de  vie  et  qu'il  y  a  quelques  jours  ql  en  a  veu  sortir  plusieurs  fois  et  à 
"  l'heure  indue  de  chez  led  duplanty  qui  étoient  Ivres.  Je  dis  aud.  soldat  de 
"  rester  chez  moy  pour  me  conduire  chez  led.  Duplanty  et  aurions  envoyé  sur 
"  le  champ  un  de  nos  domestiques  chercher  les  nommés  Dorien  et  Perrin 
"  huissiers  de  notre  Juridiction  pour  nous  accompagner  chez  led.  Duplanty 
'*  pour  y  faire  visite  et  dresser  procès  verbal  en  tel  cas  requis,  en  cas  de  contre- 
"  vention.  Et  n'ayant  point  trouvé  Lesd.  huissiers  nous  trouvant  obligé  de 
"  demander  des  soldats  du  corps  de  garde,  nous  aurions  envoyé  Led.  Girouard 
,"  pour  en  demander  à  l'officier  de  garde.      Et  led.  Girouard  étant  de  retour 


--  92  — 

"  nous  a  dit  que  M.  de  beauvais  Capne  de  garde  Luy  avoit  dit  de  me  dire 
"  qu'il  luy  avoit  été  consigné  de  ne  point  donner  main  forte  aux  officiers  de 
*'  Justice  à  moins  que  ce  ne  fut  pour  meurtre  ou  vol  ;  qu'il  était  bien  fâché 
"  de  ne  pouvoir  pas  m'en  donner,  que  cette  Consigne  avoit  été  donnée  depuis 
"  quelques  jours.  Sur  quoy,  nous  voyant  hors  d'état  de  faire  la  visite  chez  led. 
"  Duplanty  et  tenir  en  cette  occasion  la  main  à  l'execuon.  des  Reglemens  et 
"  ordces  qui  défend,  la  traite  de  l'eau-de-vie  Nous  en  avons  fait  et  dressé  notre 
"  présent  procès  verbal,  et  a  led.  Girouard  signé  avec  nous 

"A.    GIROUARD 
" BOUAT " 

*  *  * 

Quelle  influence  commandait  aux  soldats  de  rester  passifs  quand  le  fléau 
de  l'intempérance  et  surtout  quand  la  vente  de  l'eau-de-vie  aux  sauvages 
causaient  de  si  grands  désordres  dans  la  colonie  ? 

*  *    * 

Un  an  après  la  déclaration  du  mois  de  mars  I  722,  soit  le  3  février  1  723, 
Antoine  Girouard  se  mariait  à  Montréal  ;  le  26  avril  il  recevait  sa  commission 
d'huissier  et  il  la  présentait  au  juge  bailli,  le  25  mai  suivant.  De  1  723  à  sa 
mort  en  1  767,  Girouard  occupa  presque  continuellement  auprès  des  tribunaux 
civils  en  diverses  qualités. 

E.-Z.  MASSICOTTE 


QUESTIONS 


Jacques-Charles  de  Sabrevois  fut  commandant  de  Détroit,  de  1714  à 
1717.  En  novembre  1  747,  le  gouverneur  de  la  Galissonière  chargeait  un  des 
fils  de  M.  de  Sabrevois  du  commandement  de  Détroit.  II  y  avait  alors  trois 
frères  de  Sabrevois  officiers  dans  les  troupes  de  la  marine  :  M.  de  Sabrevois, 
M.  de  Sabrevois  de  Bleury  et  M.  de  Sabrevois  de  Sermonville.  Lequel  a  été 
commandant  de  Détroit  ? 

MILES 

Existe-t-il  une  relation  de  l'expédition  conduite  par  MM.  de  Saint-Ours 
Deschaillons  et  Hertel  de  Rouville  contre  Haverhill  dans  l'été  de   1  708  ? 

A.  B. 

Quels  étaient  les  prénoms  du  brillant  officier  connu  sous  le  nom  du  sieur 
Dumas  dans  les  dernières  années  du  régime  français  au  Canada  ? 

RIO 


—  93  ~ 

Les  Desherbiers  de  l'Etenduère 


M.  Henri-François  DesKerbiers,  chevalier,  marquis  de  l'Etenduère,  naquit 
à  Angers  en  16Ô2.  Il  commanda  plusieurs  vaisseaux  du  roi  envoyés  au 
Canada  et  à  l'île  Royale,  de  1  72 1  à  1  750,  tels  que  le  Héros,  le  Droma- 
daire, etc. 

Il  était  fils  de  Henri-Auguste  Desherbiers,  sieur  de  l'Etenduère,  et  de 
dame  Françoise  de  l'Epronnière. 

La  famille  était  d'origine  très  ancienne  puisqu'elle  existait  déjà  au  onzième 
siècle. 

Henri-Frcinçois  fil  sa  première  campagne  à  l'âge  de  dix  ans,  en 
qualité  de  mousse  sur  un  vaisseau  commcuidé  par  son  oncle,  Armamd  Desher- 
biers, 

En  1710,  il  perdit  ce  parent  qui  laissa  un  fils  âgé  de  dix  ans.  Il  fit  f>our 
celui-ci  ce  que  le  père  avait  fait  pour  lui  ;  il  le  prit  à  son  bord  et  travailla  à 
son  instruction  autant  qu'il  le  put. 

Henri-François,  en  1  72 1 ,  commanda  la  flûte  du  roi,  le  Porie-Faix,  pour 
l'île  Royale.  On  lui  donna  ensuite  la  ilûle  le  Dromadaire  ;  dans  cette  cam- 
pagne il  leva  des  plans  et  fil  des  caries. 

Deux  ans  après,  il  épousa  la  veuve  de  M.  Descoyeux,  capitaine  de  vais- 
seau, fille  de  M.  Gaillard,  cfl&unissaire  de  la  marine  à  Rochefort,  de  laquelle 
il  eut  un  fils  et  une  fille. 

En  I  725,  il  repartit  de  nouveau  sur  le  Dromadaire  pour  l'île  Royale, 
où  il  acheva  de  rectifier  ses  caries  et  ses  observations. 

Le  Héros  lui  fut  confié  en  1  730  pour  un  voyage  au  Canada.  Pendant 
cette  campagne,  il  fit  le  relevé  de  la  côte  et  du  fleuve  St-Laurenl.  Il  en  ht  aussi 
àes  cartes.  En  1  723,  il  avait  eu  la  même  destination  pour  poser  des  bâlisses 
le  long  de  ce  fleuve,  afin  d'y  rendre  la  navigation  plus  facile. 

Son  cousin,  Charles  Desherbiers,  qu'il  avait  pris  sous  ses  soins  en  1710, 
épousa  en   1740,  sa  fille,  Marie-Olive  Desherbiers  de  l'Etenduère. 

La  campagne  de  1  747  fut  l'époque  la  plus  brillante  de  la  vie  de  M.  de 
l'Etenduère  par  le  fameux  combat  du  TormanL  Ce  brave  marin  était  chef 
d'escadre  depuis  1  745. 

Son   fils   François   mourut    au   mois   d'avril    1 749.   et   la    douleur   qu'en 


-.,  04  ... 

éprcSuva  M.  de  f'Etenduère,  abrégea  ses  jours  ;    il  succomba  en  mars  \7S0, 

En  1  749,  avant  le  décès  de  son  fils,  il  avait  obtenu  pour  Charles  Des- 
herbiers,  son  gendre  (l),  le  commandement  de  l'île  Royale.  Charles  le  fut 
recevoir,  au  nom  du  roi,  des  mains  des  Anglais.  Il  revînt  de  cette  colonie  à  la 
fin  de  l  75 1 ,  et  mourût  au  mois  de  mars  suivant 

Il  eut  plusieurs  enfants,  dont  l'un  mourut  à  Roche  fort  en  1770,  âgé  de 
vïngt-trois  ans  ;  il  était  alors  enseigne  de  vaisseau  et  promettait  de  devenir  un 
officier  de  distinction.  Il  eut  aussi  Antoine-Auguste  Desherbiers,  maïquis  de 
l'Etenduère,  capitaine  d'infantere  çt  chevalier  de  Malte,  et  Charles-César- 
Séraphin  de  l'Etenduère,  lieutenant  de  vaisseau  et  chevalier  de  St- Louis. 

La  branche  aînée  de  cette  famille  resta  sans  héritiers  mâles,  et  Alexis^ 
Augustin,  neveu  de  M.  de  l'Etenduère,  n'ayant  laissé  que  deux  filles,  donna 
aux  enfants  de  sa  cousine,  madame  Desherbiers,  le  fief  de  l'Etenduère,  afin 
qu'ils  pussent  ajouter  au  nom  de  Desherbiers  celui  de  l'Etenduère,  plus  connu 
par  la  célébrité  que  lui  avait  donnée  ceux  qui  l'avait  porté. 

Madame  Desherbiers  épousa  en  secondes  noces,  en  1753,  M.  Dupuy, 
chevalier  de  l'Ordre  du  roi,  docteur-régent  de  la  faculté  de  médecine  de  Paris. 

Messieurs  Desherbiers  de  l'Etenduère  blasonnait  ainsi  i  "  De  gueules,, 
à  trois  fasces  d'or," 

REGIS  ROY 


(  1  )      Celui-ci  ne  se  trouva  pas  âu  combat  du  Tonnant  parce  qu'alors  il 
commandait  un  vaisseau  pour  le  Céinada, 


PUBLICATIONS  RECENTES 


Hector  Berthelot,  Le  bon  Vieux  temps^  compilé,  revu  et  annoté  par  E.-Z. 
Massicott*.     Première  série.     Montréal  - — ■  1916. 

—  Hector  Berthelot,  Le  bon  vieux  temps,  compilé,  revu  et  annoté  par 
E.-Z.  Masisicotte.      Deuxième  série.      Montréal —  1916. 

•^ — Mère  Marie  de  Sainte- Hélène  (Adélaïde-Philomène  Larivière),  an- 
cienne supérieure  provinciale  du  Bon-Pasteur  en  Canada —  1838-1915.  Sou- 
venirs,    Montréal  '—  1 9 1  6, 

—  Le  chanoine  D.  Gosselin,  Bulletin  paroissial  de  Charlesbourg  pour 
Vannée  1916.     Douzième  année.     Québec — '1917. 

^ — L'abbé  Arthur  Melançon,  Retour  à  la  terre.     Montréal —  1917, 


—  95  — 
LE  JEU  DE  DAMES  CANADIEN 


En  1723,  selon  les  uns,  ou 
le  jeu  dît  à  la  polonaise.  Dans 
de  40  pions  auxquels  on  accorde 
leurs   ancêlrss.      Ce   jeu   devint 


Dans  rAmérique  septentrio 


D'après  les  principales  encyclopédies,  le  seul  jeu  de  dames  connu  en 
France  jusque  dans  le  premier  quart  du  1  Sème  siècle  était  celui  qui  se  joue 
sur  un  damier  de  64  cases  avec  24  pions.  Il  se  nommait  jeu  à  la  française  ou 
jeu  français.  Certaines  gens  l'appellent  encore  ici,  ix)ur  cette  raison  proba- 
blemnt  :  jeu  franc  et  parfois,  aussi,  parce  qu'il  n'est  plus  en  honneur  que  dans 
les  pays  saxons  ;    jeu  anglais. 

n  1727,  selon  les  autres,  on  inventa,  à  Paris, 
xlui-ci,  le  damier  a  100  cases  et  l'on  se  sert 
beaucoup  plus  derorivilèges  que  n'en  avaient 
rapidement  populiè"e  dans  l'ancienne  mère- 
patrie  et  il  se  répandît  même  en  E  elgique,  en  Hoîlanaç  et  en  Pologne. 

*  *  * 
lale,  les  Canadiens  français  ont  adopté  un  jeu 
de  dames  qui  ne  semble  pas  connu  ailleurs.  Il  ^uit  les  règles  de  la  polonaise. 
mais  le  dzuntiier  a  1 44  cases  et  les  pions  sont  au  nombre  de  60.  Cette  augmen- 
tation de  la  quantité  de  cases  et  de  pions,  en  permettant  des  combinaisons 
variées,  nombreuses  et  savantes  a  rendu  le  jeu  des  plus  intéressants.  A  tel 
point  qu'il  compte,  aujourd'hui,  des  centaines  de  fervents  dans  toutes  les 
dcisses  de  la  société,  qu'jt  a  ses  concours,  ses  ligues,  ses  champions  et  que  la 
presse  lui  ouvre  ses  colonnes  tout  comme  au  jeu  d'échecs  qu'il  concurrence 
fortement. 

Bref,  notre  jeu  de  dames  a  acquis  assez  d'importance  pom  que  l'on 
s'occupe  de  son  histoire.  Mais  ce  n'est  pas  chose  facile  que  de  reconstituer 
l'histoire  d'im  jeu  qui  pendant  longtemps  ne  fit  aucun  bruit  î 

^  ^  ij! 
La  polonaise  a  pu  être  apportée  au  Canada  par  les  soldats  ou  les  colons 
français  venus  entre  1727  et  1760  ;  elle  a  pu  être  introduite  aussitôt  après  la 
conquête,  par  des  soldats  mercenaires  de  l'armée  anglaise,  ou  encore,  en  1812, 
par  les  régiments  de  Meuron  et  de  Watteville  qui  se  composaient  de  Français, 
de  Suisses,  de  Polonais,  etc.  Cette  conjecture,  cependant,  comprend-elle 
l'introduction  du  damier  de  144  cases  ?  Autrement  dit,  avons-nous  été  doté 
de  la  polonaise  seulement  ou  de  la  polonaise  et  du  grand  damier  à  la  fois  j» 
Qui  peut  se  prononcer  ? 


...  96  -" 

Le  jeu  Canaaien  existant  depuis  un  siècle  au  moins,  il  doit  se  trouver  deut9 
les  journaux,  les  livres,  les  manuscrits  d'autrefois  quelque  renseignement  qui 
permettrait  de  formuler  une  hypothèse  plausible,  faute  de  mieux, 

La  parole  est  aux  chercheurs, 

E.-Z.  MASSICOTTE 


REPONSES 


M.  Menaux  JeS  Riûtix  û-t-îl  été  gouverneur  de  Montréal  ?  (XXIII,  If, 
p.  53.)  — Mgr  Tanguay  et  bien  d'autres  après  lui  nous  donnent  M.  Henaux 
des  Rioux  comme  gouverneur  de  Montréal  en  ^1684,  succédant  à  M.  Perrot, 

Ceci  est  une  erreur  dont  sont  responsables  les  éditeurs  de  l'Histoire  du 
Canada  de  M.  de  Belmont.     Ils  font  dire  à  cet  auteur  : 

1684- — M.  de  Meulles,  intendant,  s'en  retourne.  M.  de  Champigny 
vient  Au  retour  de  la  guerre  arrivèrent  les  vaisseaux,  M.  de  Callières,  M. 
Hénault  des  Rioux,  gouverneur  de  Montréal,  et  trois  capitaines  de  vaisseaux.'* 

Nous  n'avons  pas  vu  le  manuscrit  de  M.  de  Belmont  mais,  pour  sûr,  il 
y  a  eu  transposition  dans  la  phrase  citée  ici.  "Gouverneur  de  Montréal"  devrait 
venir  après  "M.  de  Callières". 

M.  de  Callières  nommé  gouverneur  de  Montréal  le  10  avril  1684  s'en 
Venait  prendre  son  gouvernement.  Puisque  M.  Henaux  des  Rioux  faisait  route 
avec  lui,  il  aurait  fallu  que  le  roi  nomme  en  même  temps  deux  gouverneurs  de 
Montréal. 

Le  Henaux  dei  Rioux  mentionné  par  M.  de  Belmont  ne  serait-il  pas  plutôt 
M.  Huet  du  Rivau,  capitaine  dans  les  troupes,  qui  passa  dans  la  Nouvelle- 
France  en  même  temps  que  le  marquis  de  Denonville  au  printemps  de   1684  ? 
M.  Huet  du  Rivan  retourna  en  France  dès  les  premiers  mois  de  1685. 
M.  Huet  du  Rivau  retourna  en  France  dès  les  premiers  mois  de  1685. 

Augcr  de  Subercase  (XVI.  VI.  p.  176  ;  XXIII,  II,  p.  55.)  —La 
note  suivante  sur  le  dernier  gouverneur  français  en  Acadie  est  tirée  de  la  Série 
D2,  vol.  47,  folio  3,  d'un  "Estât  envoyé  par  M.  de  Callières  des  officiers 
d'infanterie  apostillez  de  leurs  qualitez  et  services"  le  15  octobre  l  701,  comme 
suit  : 

'*  Le  Sr  Subercase,  natif  de  Bear  (sic  pour  Bearn),  âgé  de  38  ans,  est 
venu  Capitaine  en  Canada  en  1687,  fait  Major  des  troupes  en  1693  et  Ensei- 
gne de  vaisseau  en  1695.     Bon  officier." 

D'après  cette  donnée  Daniel  d'Auger  de  Subercase  serait  né  en  1 663,  en 
Bearn,  Basses-Pyrénées. 

Quant  au  lieu  où  il  est  mort,  Laffilard,  tome  I,  folio  21.  dit  que  c'est  à 
Paris  le  9  novembre  I  732.  et  au  tome  II.  folio  262.  il  écrit  que  c'est  à  Cannes, 
le  19  novembre  1732. 

PLACIDE  GAUDET 


-■   ■il  - 
BULLETIN 

DBS 


RECHERCHES   HISTORIQUES 


TOI.  uni  BEàUCEVILUE-àVRIL  1917  N«  i 


LÀ  FAMILLE  ÛUILLIMIN 


CHARLES  GUILLIMIN 

On  a  écrit  Guillemiii  et  Guillimin.  Les  Guillimin  eux- 
mêmes  signaient  Guillimin  et  quelquefois  Guillemin.  La 
forme  Guillimin  fut  cependant  plus  fréquemment  employée 
dans  les  dernières  années  du  régime  français,  et  c'est  celle 
que  nous  adoptons  ici. 

Le  premier  Guillimin  de  cette  famille  passa  dans  la 
Nouvelle-France  dans  les  dernières  années  du  dix-septième 
siècle. 

Charles  Guillimin  était  fils  de  Guillaume  Guillimin, 
avocat  au  parlement  de  Bretagne,  et  de  Marguerite  Mo- 
reau,  de  Concarneau,  Finistère,  en  Bretagne  (i). 

Concarneau  est  une  très  ancienne  ville  du  Finistère. 
Ses  premières  fortifications,  dit-on,  furent  faites  sous  la 
reine  Anne.  La  principale  occupation  de  la  population  de 
Concarneau  est  la  pêche  de  la  sardine.  De  juin  à  novembre, 
les  deux  tiers  des  habitants  sont  employés  à  cette  pêche. 
On  compte  à  Concarneau  plusieurs  douzaines  de  fabriques 
aflfectées  à  la  presse,  à  la  salaison  et  à  la  fabrique  des  con- 
serves de  sardines.    Même  au  Canada  les  sardines  en  con- 


(  1  )      Mgr  Tanguay  {Dictionnaire  généalogique,  vol.  IV,  p.  420)  écrit 
Concavreau,  mais  il  est  évident  qu'il  a  mal  lu.  .    ^ 


—  98  — 

serves  de  Concarneau  sont  très  appréciées  des  gourmets. 

Charles  Guillimin,  qui  avait  un  certain  capital,  s'occu- 
pa de  commerce,  de  pêche  et  de  construction  de  bâtiments 
de  mer.  Il  devint  bientôt  l'un  des  négociants  les  plus  riches 
de  Québec. 

Di^ns  l'expédition  organisée  par  M.  de  Vaudreuil  con- 
tre la  Nouvelle-Angleterre  en  1704,  M.  Guillimin  comman- 
dait les  milices  de  Québec. 

M.  Jean  Petit,  conseiller  au  Conseil  Supérieur,  étant 
décédé  le  24  février  1720,  MM.  de  Vaudreuil  et  Bégon  pro- 
posèrent au  ministre  de  le  remplacer  par  M,  Guillimin. 

M.  Guillinmin  fut  nommé  à  cette  charge  importante  le 
13  mai  1721  (2). 

Le  14  juin  1721,  le  ministre  écrivait  à  M.  Bégon  : 

"  Le  Conseil  (de  marine)  a  proposé  à  Mr  le  régent  le 
Sr  Gjillemin  pour  remplir  une  des  deux  places  de  conseiller 
vacantes  au  Conseil  Supérieur  de  Québec.  S.  A.  R.  a  bien 
vo;du  lui  accorder  et  vous  en  trouverez  cy-joint  les  provi- 
sion qne  vous  aurez  agréable  de  lui  remettre  "  (3). 

MM.  de  Vaudreuil  et  Bégon  avaient  en  même  temps 
recommandé  la  nomination  de  M.  Cugnet  au  Conseil  Supé- 
rie  ir  pour  remplacer  M.  de  Lino  promu  premier  conseiller. 
Le  Conseil  refusa  de  nommer  M.  Cugnet,  estimant  que  sa 
qualité  de  directeur  du  Domaine  d'Occident  était  incompa- 
tible avec  une  charge  de  conseiller. 

M.  Guillimin  fut  reçu  et  installé  en  son  office  de  con- 
seiller au  Conseil  Supérieur  le  20  septembre  1721. 

M.  Guillimin  ayant  subi  de  grandes  pertes  demanda 
au  ministre,  en  1 731,  de  lui  accorder  une  pension. 

Le  S  avril  1732,  le  ministre  lui  répondait  : 

"  J'ay  receu  M.  la  lettre  que  vous  m'avés  écrit  le  13 
9bre  de  l'année  dernière.  J'aurois  été  très  disposé  à  vous 
procurer  la  pension  que  vous  avés  demandé,  mais  l'Etat  des 
finances  du  Roy  ne  le  permet  point,  je  vous  recommande  de 
continuer  vos  Services  avec  zèle,  et  lorsque  je  trouveray 


(2)  Insinuations  du  Conseil  Supérieur,  cahier  5. 

(3)  Archives  du  Canada,  Série  B.,  vol.  44-2,  f.  341 


—  99  — 

occasion  de  vous  procurer  les  grâces  de  Sa  Majesté,  je  m'y 
porteray  volontiers  "  (4). 

Le  même  jour,  le  ministre  écrivait  à  MM.  de  Beauhar- 
nois  et  Hocquart  : 

"  Le  Sr  Guillemin,  Con'er  au  Conseil  Supérieur  de  Qué- 
bec, m'a  représenté  que  dans  tous  les  temps  il  a  travaillé 
pour  le  bien  de  la  Colonie,  qu'il  a  fait  des  Etablissemens  de 
pesches  de  morues,  loups  marins  et  Saumon  dans  le  N.  et  le 
S.  de  la  Rivière  St.  Laurent,  exemple  que  plusieurs  autres 
habitans  ont  suivy,  qu'il  a  fait  construire  des  Batimens  de 
différents  ports  :  qu'il  a  fait  bastir  des  maisons  à  Montréal 
et  à  Québec,  et  qu'il  a  mesme  fait  construire  deux  Batteries 
au  haut  du  cul  de  Sac,  après  y  avoir  sapé  le  Cap  derrière 
lequel  se  réfugièrent  les  vaisseaux  anglois  desemparés  au 
Siège  de  la  ville  sous  le  Gouvernement  de  feu  M.  de  fron- 
tenac  ;  Que  toujours  prest  à  subvenir  aux  besoins  du  public 
il  presta  en  1712  au  Trésor  une  somme  de  40  m"  qui  ne  luy 
a  esté  rendue  que  longtemps  après  ;  qu'en  qualité  de  Com- 
mandant de  la  milice  de  Québec  il  Servit  dans  la  Campagne 
que  fit  feu  M.  de  Vaudreuil  contre  les  anglais  qui  s'estoient 
fortifiés  sur  le  lac  Champlin  ;  et  qu'en  fin  depuis  qu'il  est 
pourvu  de  l'office  de  Con'er  il  s'en  est  acquitté  avec  soin. 

"  Je  seray  bien  aise  d'estre  informé  de  ses  Talents  et  de 
Sa  conduite  ainsy  que  de  la  vérité  des  faits  qu'il  expose,  je 
vous  prie  de  m'en  rendre  compte  afin  que  dans  l'occasion 
je  puisse  luy  faire  plaisir  s'il  y  a  lieu  "  (5). 

MM.  de  Beauharnois  et  Hocquart,  qui  connaissaient 
ce  qu'avait  fait  M.  Guillimin  pour  la  colonie,  répondirent  le 
30  octobre  1732  : 

"  Nous  avons  receû  la  lettre  que  vous  nous  avez  fait 
l'honneur  de  nous  escrire  le  8  avril  dernier  au  sujet  du  Sr 
Guillimin  conseiller  au  conseil  supr.  il  est  vrai  que  ce  par- 
ticulier a  fait  des  entreprises  considérables  en  ce  pays  par 
des  establissements  de  pesches  de  morues  de  saumons  de 
loups  marins  dans  le  bas  de  xette  rivière  aux  isles  de  la 


(4)  Archives  du  Canada,  Série  B,  vol.  57-1,  f.  85. 

(5)  Archives  du  Canada,  Série  B.,  vol.  57-1,  f.  116. 


...  100  ™ 

Magdelaine  et  dans  la  Baye  des  chaleurs  ;  qu'il  a  fait  bâtir 
plusieurs  maisons  et  grand  magasin  a  Québec  et  a  Mont- 
réal ;  construit  7  ou  8  bâtiments  de  mer  grands  et  moyens, 
une  batterie  au  devant  d'une  de  ses  maisons  au  haut  du  cul 
de  sac  qui  à  la  vérité  la  soutient,  mais  qui  n'en  seroit  pas 
moins  utile  au  service  en  cas  d'attaque  ;  qu'il  a  preste  en 
1712  au  thrésor  40  m"  qui  ne  luy  ont  esté  rendues  que  quel- 
que temps  après  ;  et  que  ce  prest  peut  avoir  esté  l'occasion 
de  la  perte  qu'il  a  faite  d'une  partie  de  cette  somme  par  la 
réduction  de  la  monnoye  de  carte.  ,  Il  a  marqué  dans  toutes 
les  occasions  qui  se  sont  présentées  de  la  bonne  volonté  et 
du  zèle  pour  le  service  du  Roy,  et  le  bien  du  public.  Enfin 
il  sest  toujours  comporté  comme  un  bon  citoyen.  Sa  for- 
time  s'est  dérangée  considérablement  depuis  quelques  an- 
nées par  des  pertes  et  des  naufrages,  qui  le  mettront  abso- 
lument hors  d'état  de  rien  entreprendre  si  elle  ne  luy 
redevient  favorable.  Il  continue  cependant  son  commerce 
maritime.  Bailleurs  il  s'applique  à  bien  remplir  sa  charge 
de  conseiller  surtout  dans  les  afifaires  de  commerce.  Il  est 
assidu  et  aime  le  travail. 

"  Par  le  compte  que  nous  vous  rendons,  vous  jugerez, 
Monseigr  que  le  sr  Guillemin  peut  mériter  vos  bontez  et 
nous  vous  suplions  de  luy  en  donner  des  marques,  il  a  une 
nombreuse  famille  qu'il  commence  d'avoir  de  la  peine  à  sou- 
tenir "  (6). 

Le  ministre,  malheureusement,  ne  put  rien  faire  pour 
M.  Guillimin.  Il  se  contenta  d'écrire  à  MM.  de  Beauharnois 
et  Hocquart,  le  6  mai  1733  : 

"  Il  ne  m'a  pas  été  possible  non  plus  de  rien  faire  pour 
le  Sr  Guillemin  Coner.  au  Conseil  Supérieur,  mais  s'il  se 
présente  dans  la  Colonie  quelque  occasion  qui  puisse  lu}^ 
estre  utile,  vous  aurés  agréable  de  m'en  rendre  compte  etje 
seray  toujours  disposé  à  luy  procurer  tous  les  Secours  qui 
pourront  dépendre  de  moy  "  (7). 

En  1731,  M.  Guillimin  avait  intenté  un  procès  à  Mar- 


(6)  Archives  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol.  F.  57,  f.  143. 

(7)  Archives  du  Canada.  Série  B.,  vol.  59-1 ,  f.'240. 


—  }01  — 

guérite  Bouat,  veuve  Antoine  Pascaud,  de  Larochelle,  avec 
qui  il  était  en  affaires  depuis  plusieurs  années.  La  Prévôté 
de  Québec,  le  26  mai  1731,  lui  avait  donné  gain  de  cause. 
La  veuve  Pascaud  appela  de  cette  sentence.  Cette  affaire 
très  curieuse  et  très  compliquée  dura  trois  ans  et  ne  se  ter- 
mina que  par  l'intervention  du  ministre. 

On  en  trouvera  tout  le  détail  dans  la  correspondance 
suivante. 

Le  23  mars  1734;  le  ministre  écrivait  à  M.  Meigrat  de 
Serilly  : 

"  Il  s'est  présenté  Une  affaire  en  Canada  entre  le  Sr. 
Guillimin  Conseiller  au  Con'el  Supérieur  de  Québec,  et  la 
D.  Pascaud  de  la  Larochelle  Sur  la  liquidation  des  Comptes 
respectifs  de  Com'ce  qu'il  y  a  eu  entr'eux  depuis  1716  jus- 
qu'en 17 18.  Et  la  principale  question  a  été  de  savoir  si  entre 
Negocians  les  demeures  ou  intérêts  d'avances  de  marchan- 
dises doivent  avoir  lieu  a  compter  du  jour  des  Avances  ou 
Simplement  de  jour  de  la  demande  en  justice  ?  Cette  af- 
faire a  d'abord  été  jugée  a  la  Prévosté  de  Québec  ;  mais 
sur  l'apel  elle  a  été  portée  pardt.  M.  hocquart  Intendant 
de  la  Colonie,  en  vertu  d'une  déclaration  du  Roy  qui  permet 
aux  parties  dans  les  procez  qu'elles  ont  au  Conel  Supérieur, 
et  dans  lesquels  quelqu'un  des  officiers  de  ce  Conseil  est 
partie,  d'en  demander  le  renvoy  pardt.  l'Intendant  pour 
être  jugés  par  luy  et  6  autres  Juges  non  suspects  en  der 
ressort  et  sans  appel.  M.  Hocquart  n'a  pas  crû  devoir  pren- 
dre sur  luy  de  prononcer  sur  le  point  de  droit  dont  il  étoit 
question,  et  qui  a  trait  a  un  reglm't  gênerai  qu'attendent 
les  Negocians  de  la  Colonie  pour  terminer  leurs  affaires 
avec  leurs  correspondans  de  france  ;  il  a  de  concert  avec 
AI.  le  marquis  de  Beauharnois  gouverneur  et  Lt  g'al  de 
Canada,  pris  le  parti  de  me  rendre  compte  de  cette  affaire 
et  de  demander  les  ordres  du  Roy  sur  cette  question  ;  et 
ils  ont  à  cet  effet  fait  dresser  un  mémoire  par  le  procureur 
général  sur  cette  matière. 

"  Par  l'examen  que  j'ay  fait  de  ce  mémoire  et  des  ob- 
servations que  Mrs  de  Beauharnois  et  Hocquart  ont  ajou- 
tées dans  leur  lettre  la  question  m'a  paru  si  intéressante 


—  102  — 

pour  le  commerce  de  Canada,  que  j'ay  été  bien  aise  de  vous 
demander  votre  avis,  avant  que  de  prendre  aucun  parti  à  ce 
sujet.  C'est  dans  cette  vue  que  je  vous  envoyé  la  lettre  de 
Mrs  dé  Beauharnois  et  Hocquart,  avec  le  mémoire  du  pro- 
cureur gênerai  du  Conseil  Supérieur  ;  j'y  joins  un  autre 
mémoire  qui  m'a  été  envoyé  sur  le  même  sujet  par  la  cham- 
bre de  Commerce  de  la  Rochelle  et  je  vous  prie  de  vouloir 
bien  examiner  le  tout  et  de  me  marquer  ce  que  Vous  en 
penserez.  Je  crois  bien  aise  aussy  d'avoir  l'avis  de  M.  le 
procureur  gênerai  du  Parlement  sur  le  point  de  droit  et 
vous  pourriez  si  vous  le  jugiez  à  propos,  luy  en  dire  un  mot  ; 
Vous  pourriez  encore,  si  vous  avez  besoin  de  quelque  éclair- 
cissement par  raport  au  Commerce,  en  parler  à  quelqu'uns 
des  députés  du  Bureau.  C'est  surquoy  je  m'en  raporte  en- 
tièrement a  vous.  J'ajouteray  seulement  que  le  V'au  par 
lequel  je  dois  envoyer  les  ordres  du  Roy  en  Canada,  doit 
partir  au  15  ou  20  du  mois  de  May  :  j'espère  que  vous  vou- 
drés  bien  me  mètre  en  état  de  les  prendre  assés  à  tems  pour 
cela"  (8). 

C'est  probablement  à  l'aide  des  lumières  de  M.  Meigret 
de  Serilly  que  le  ministre  écrivait  à  MM.  de  Beauharnois 
et  Hocquart,  le  20  avril  1734  : 

"  Jay  receu  la  lettre  que  vous  m'avés  écrite  le  19  8bre 
dernier  avec  le  Mémoire  dressé  par  le  Procureur  Gnal  du 
Conseil  Supérieur  concernant  la  contestation  d'entre  la 
Veuve  Pascaud  de  la  Rochelle  et  le  Sr  Guillimin  negt.  a 
Québec  et  j'en  ay  rendu  compte  au  Roy. 

"  Il  paroist  par  les  prétentions  respectives  du  Sr  Guilli- 
min et  de  la  veuve  Pascaud  donnent  lieu  a  deux  questions. 
La  première  de  sçavoir  qu'elle  est  la  forme  de  compter  en 
usage  parmi  les  commerçeans,  si  un  Commissionnaire  peut 
comme  le  prétend  la  de  pascaud  envoyer  chaque  année  des 
Extraits  de  Comptes  a  son  commettant,  tirer  dans  ces  Ex- 
traits rinterest  de  ses  avances  a  raison  de  8  pour  cent  et 
prendre  d'ailleurs  cinq  pour  cent  de  Commission  pour 
l'achat  des  marchandises,  ou  si  au  contraire  comme  le  sou- 


(8)      Archives  du  Canada,  Série  B,  vol.  60,  f.  24. 


—  103  — 

tient  le  Sr  Guillimin,  le  Comm'ce  ne  doit  fournir  qu'un  seul 
et  mesme  compte  pour  tout  le  temps  qu'il  a  duré  et  la  cor- 
respondance en  passant  en  crédit  les  envoys  qui  luy  sont 
faits  par  son  commettant  et  en  débit,  les  remises  qu'il  luy 
lait  de  sa  part. 

'  La  Seconde  Question  est  de  Sçavoir  si  un  Commis- 
sionnaire peut  en  justice  demander  des  Interests  des  avan- 
ces par  luy  faites  a  son  commettant  et  subsidiairement  si 
ces  interests  doivent  courir  du  jour  de  l'avance  faite,  ou 
seulement  du  jour  de  la  demande. 

'*  Sur  la  première  Question  nulle  difficulté  que  la  ma- 
nière de  compter  de  la  veuve  Pascaud  ne  soit  régulière  et 
la  seule  en  usage  pour  les  negocians.  Le  Commissionnaire 
peut  envoyer  non  seulement  une  fois,  mais  quatre  fois  par 
an,  s'il  le  juge  à  propos,  des  extraits  de  compte  qui  sont 
relatifs  entr'eux,  mais  néantmoins  indépendant  les  uns  des 
autres,  en  sorte  que  les  affaires  faites  postérieurement  a 
i'envoy  d'un  compte,  forment  l'objet  d'un  compte  nouveau 
qui  peut  estre  regardé  comme  un  renouvellement  de  corres- 
pondance plustost  que  comme  une  suite  de  l'ancienne.  Et 
si  la  forme  de  compter  proposée  par  le  Sr  Guillimin  avoit 
lieu,  la  veuve  Pascaud  depuis  1716  jusqu'en  1728,  qu'a  duré 
leur  correspondance  n'auroit  pu  connoistre  n'y  constater 
sa  scituation  avec  luy,  ce  qui  seroit  directement  contraire 
a  la  bonne  règle  du  Commissionnaire  suivant  laquelle  un 
négociant  doit  faire  sa  balance,  au  moins  une  fois  par  an, 
solder  ses  comptes  et  en  porter  la  solde  a  compte  nouveau. 

"  La  forme  de  compter  de  la  Veuve  Pascaud  estant 
régulière  ;  peut  elle  dans  Ses  Extraits  de  compte  passer 
les  Interest  de  Ses  avances  ;  le  Commiss're  peut  sans  con- 
trdit  passer  en  compte  a  son  commettant  l'Interest  de  ses 
avances  du  jour  que  ces  avances  ont  esté  réellement  faites. 
Ces  interests  seront  en  toutes  circonstances  allouées  au 
Commissi're  Si  le  Compte  est  jugé  par  des  gens  de  Com- 
merce ;  mais  si  au  contraire  le  Compte  est  porté  en  justice 
on  distinguera  deux  cas. 

"  Dans  le  premier  le  Commissionnaire  sera  convenu 
par  lettres  ou  autrement  avec  son  Commettant  de  luy  pas- 


...  104  — 

ser  des  Interests  de  ses  avances,  dans  l'autre  on  suppose 
qu'il-n'y  ait  pas  de  convention  entr'eux. 

"  Au  p'er  cas  on  adjugera  en  justice  les  Interest  au , 
Commissionnaire  du  jour  de  son  avance,  ou  au  moins  des 
dommages  interrests  à  peu  près  équivalents  et  dans  l'autre 
on  ne  luy  adjugera  les  Interests  que  du  jour  de  la  demande. 

"  La  raison  de  cette  dififérence  est  que  les  Juges  quel- 
ques éloignés  qu'il  soient  de  permettre  l'usage  et  d'aprou- 
ver  la  perception  des  Interests  sont  néanmoins  obligés  de 
se  prester  à  ce  que  demande  la  qualité  de  commerceant  et 
la  bonne  foy  du  commerce. 

"  Un  Négociant  n'est  pas  obligé  de  se  charger  de  Com- 
missions ;  et  lorsqu'il  s'en  charge,  il  peut  y  apposer  telles 
conditions  qu'il  veut  ;  si  elles  plaisent  au  Commettant,  la 
correspondance  s'établit  et  les  conditions  constatées  par 
lettres  ou  autrement  doivent  estre  exécutées  ;  sinon  le 
commettant  peut  s'adresser  a  un  autre  commissionnaire 
qui  le  traite  avec  plus  de  douceur.  D'ailleurs  un  commer- 
çant n'est  jamais  dans  le  cas  d'avancer  son  argent  gratuite- 
ment et  la  Comission  ne  peut  luy  tenir  lieu  d'Interests 
d'avance,  cette  commission  est  plus  ou  moins  forte,  suivant 
la  nature  de  la  marchandise  que  le  Commissionnaire  est 
chargé  d'acheter  ;  mais  telle  qu'elle  soit,  elle  ne  tient  ja- 
mais lieu  d'Interests  d'avance,  le  Commissionnaire  est  tou- 
jours chargé  d'avance,  ou  censé  avoir  dans  ses  mains  un 
fonds  apartenant  à  son  commettant,  jusqu'à  concurrence 
du  montant  de  la  Commission  qui  luy  est  donnée  ;  et  si  ce 
fonds  luy  manque  et  qu'il  soit  obligé  de  faire  l'avance  de 
l'achat  des  marchandises  et  des  frais  à  faire  pour  leur  en- 
voy,  il  peut  sans  contredit  prendre  d'un  costé  sa  commission 
et  de  l'autre  l'Interest  de  son  avance. 

"  Ainsi  la  veuve  Pascaud  a  non  seulement  pour  elle  la 
bonne  foy  et  l'usage  du  commerce,  mais  elle  seroit  mesme 
agrée  favorablement  en  justice  sur  le  fondement  de  Sa 
lettre  de  1718,  par  laquelle  elle  annonce  au  Sr  Guillimin 
qu'elle  n'entend  se  charger  de  ses  Commissions  qu'au  moyen 
d'un  droit  de  Commission  de  5.  pour  cent  et  de  l'Interest  de 
ses  avances  a  raison  de  8.  pour  cent  le  Sr  Guillimin  a  en 


—  106  — 

effet  aprouvé  Tacitement  les  propositions,  puisque  sans 
s'en  plaindre  il  a  continué  sa  correspondance  avec  la  veuve 
Pascaud  jusqu'en  l'année  1728  et  par  conséquent  la  Vve 
Pascaud  est  bien  fondée  p'o  a  demander  les  Intérests  de 
Ses  avances  du  jour  de  l'avance  faite.  20  a  les  demander  a 
raison  de  8.  pour  cent,  d'autant  plus  qu'une  dernière  re- 
flexion qui  concerne  le  Commissionnaire  du  Canada  con- 
court avec  tout  ce  qui  a  esté  dit  cy  devant  ;  les  habitans 
de  cette  Colonie  jusqu'à  présent  ont  eu  besoin  d'avances. 
Si  la  contestation  présente  estoit  jugée  au  préjudice  de  la 
Ve  Pascaud,  il  seroit  a  craindre  qu'à  l'avenir  on  ne  leur  fit 
plus  de  crédit  ce  qui  pourroit  faire  tomber  ou  diminuer  con- 
sidérablement cette  partie  de  Commerce. 

'"  Sa  Majesté  n'a  cependant  point  jugé  a  propos  de  faire 
aucun  Règlement  a  ce  sujet  ;  l'usage  qui  s'est  pratiqué 
jusqu'à  présent  en  Canada  est  conforme  aux  principes  qui 
viennent  d'estre  expliqués,  et  l'intention  de  Sa  Majesté  est 
que  le  Sr  Hocquart  le  suive  dans  la  décision  de  l'affaire  en 
question  ;  il  tiendra  aussy  la  main  a  ce  que  les  Juges  de  la 
Colonie  s'y  conforment  en  pareil  cas  "  (9). 

Pour  se  rendre  à  l'Ordre  du  ministre,  le  27  septembre 
1734,  l'intendant  Hocquart  signait  une  ordonnance  qui 
fixait  définitivement  le  procès  entre  M.  Guillimin  et  la 
veuve  Pascaud  (10). 

Le  19  avril  1735,  le  ministre  écrivait  à  MM.  de  Beau- 
harnois  et  Hocquart  : 

"  S.  M.  a  approuvé  que  M.  Hocquart  ait  terminé  l'affre 
d'entre  la  Ve.  Pacaut  de  la  Rochelle,  et  le  sr  Guillimin  de 
Québec,  en  conformité  de  ce  que  je  vous  avois  écrit  Tannée 
dre.  par  ma  dépêche  commune  sur  cette  affaire,  et  elle  veut 
comme  je  vous  l'ay  marqué  par  la  même  dépêche,  que  tou- 
tes les  affaires  de  cette  nature  soient  décidées  suivant  les 
mêmes  principes.  Vous  observez  sur  cela  que  des  comptes 
a  nouvau  débit  produit  chaque  année  par  la  Ve  Pacaud,  il 

(9)      Archives  du  Canada,  Série  B.,  vol.  61,  f.  69. 
(  1 0)      Cette  très  longue  ordonnance  se  trouve  pp.  1  35  et  seq.  du  cahier 
22  des  Ordonnances  des  intendants. 


—  106  — 

en  résulte  une  vexation  d'Interests  des  Avances  de  chaque 
année  étoient  tirés  hors  ligne  pour  en  faire  un  total  séparé 
du  p'pal  a  la  fin  de  la  correspondance.  Mais  je  vous  ay  ex- 
pliqué l'année  d're  que  la  manière  de  compter  de  la  Ve  Pa- 
caud  étoit  regulre.  et  la  seule  en  usage  parmi  les  Negs.  et 
que  le  Comissionnaire  peut  envoyer. non  seulement  une 
fois,  mais  quatre  fois  par  an  s'il  le  juge  a  propos,  des  Ex- 
traits de  compte  qui  sont  relatifs  entre  eux  mais  néanmoins 
independans  les  uns  des  autres,  en  sorte  que  les  Add'res 
faites  postérieurement  a  l'envoy  d'un  compte,  forment  l'ob- 
jt  d'un  compte  nouveau,  qui  peut  être  regardé  comme  un 
renouvellet.  de  Correspondance,  plutost  que  comme  une 
suite  de  l'Ancienne"  (ii). 

Le  ministre  qui  avait  toujours  de  bonnes  paroles  pour 
M.  Guillimin  n'en  opposait  pas  moins  un  refu's  à  toutes  ses 
demandes.  Le  lo  avril  1736,  il  écrivait  à  MM.  de  Beau- 
harnois  et  Hocquart  : 

"  A  l'égard  de  la  demande  que  le  Sr  Guillemin  fait 
d'être  déchargé  du  payement  des  1300  livres  qu'il  doit  au 
magasin.  Elle  ne  peut  luy  être  accordée,  l'Etat  des  finances 
de  S.  M.  ne  permettant  pas  de  faire  de  pareilles  remises. 
Je  ne  peux  pas  non  plus  luy  procurer  le  Brevet  d'Ecrivain 
qu'il  demande  pour  son  fils,  S.  M.  ne  voulant  point  multi- 
plier ces  emplois  "  (12). 

M.  Guillimin  décéda  à  Québec  le  27  février  1739,  à 
l'âge  d'environ  63  ans.  Il  fut  inhumé  le  lendemain  dans 
l'église  paroissiale. 

Il  avait  épousé  à  Montréal,  le  25  mai  1710,  Françoise 
LeMaître  LaMorille,  fille  de  François  LeMaître  LaMorille, 
marchand,  et  de  Marguerite  Poulain  et  veuve  de  Jean- 
Jacques  Lebé.  Elle  était  décédée  à  Québec  le  16  janvier 
1722,  dix-sept  ans  avant  son  mari,  et  avait  été  inhumée  dans 
l'église  paroissiale. 

Ils  avaient  eu  neuf  enfants  (13)  : 


(11)  Archives  du  Canada,  Série  B.,  vol.  63,  f.   100. 

(12)  Archives  du  Canada,  Série  B.,  f.  508. 

(13)  Mgr   Tanguay    (DlciioTmaire   généalogique,   vol.    IV,   p.    420) 
leur  donne  dix  enfants.     Il  fait  erreur. 


—  107  — 

10  Marie- Jeanne  Guillimin 

Née  à  Montréal  le  ler  mars  171 1. 
Décédée  à  Québec  le  14  février  1717.     Inhumée  dans 
le  cimetière. 

2o  Guillaume  Guillimin 

Voir  plus  loin. 

3o  Marie-Joseph  Guillimin 

Née  à  Québec  le  18  novembre  1714. 

Mariée  à  Québec,  le  27  octobre  1738,  à  Jacques  LeGar- 
deur,  sieur  de  Saint-Pierre,  officier  dans  les  troupes  de  la 
marine,  fils  de  feu  Jean-Paul  LeGardeur,  sieur  de  Saint- 
Pierre,  capitaine  dans  les  troupes  de  la  marine,  et  de  Mar- 
guerite LeNeuf  de  la  Vallière. 

Ce  brave  officier  commandait  le  corps  des  Sauvages 
alliés  dans  la  malheureuse  expédition  du  baron  Dieskau.  Il 
fut  tué  dans  le  premier  engagement  à  la  bataille  du  lac 
Saint-Sacrement  (lac  George)  le  8  septembre  1755. 

En  secondes  noces,  à  Montréal,  le  3  septembre  1757, 
Marie-Joseph  Guillimin  devint  l'épouse  de  Louis-Luc  de  La 
Corne,  sieur  de  Chapts  et  de  Saint-Luc,  veuf  de  Marie-Anne 
Hervieux. 

C'est  le  célèbre  de  LaCorne  Saint-Luc  qui  exerça  tant 
d'influence  sur  les  Sauvages.  Après  la  conquête,  il  voulut 
passer  en  France,  mais  le  vaisseau  "IWuguste"  qui  le  trans- 
portait périt  sur  la  côte  du  Cap-Breton,  le  15  novembre 
1761.  Sept  passagers  seulement  parmi  lesquels  M.  de  La 
Corne  Saint-Luc  échappèrent  à  la  mort.  Cent  quatorze 
périrent.  M.  de  La  Corne  Saint-Luc  fut  choisi  en  1775 
comme  membre  de  Conseil  législatif. 

Madame  de  LaCorne  Saint-Luc  décéda  à  Montréal  le 
12  avril  1768. 

M.  de  LaCorne  Saint-Luc  épousa,  en  troisièmes  noces, 
à  Montréal,  le  9  avril  1774,  Marie-Marguerite  Boucher  de 
Boucherville. 

11  décéda  à  Montréal  le  3  octobre  1784,  après  avoir  servi 


—  108  — 

la  France,  puis  l'Angleterre,  avec  une  bravoure  et  une  habi- 
leté qui  le  firent  estimer  et  admirer  de  tous  (14-15). 

4o  Charles  Guillimin. 

Né  à  Québec  le  11  mars  1716. 

Décédé  au  même  endroit  le  4  juillet  1716. 

5o  Angélique-Jeanne  Guillimin. 

Née  à  Québec  le  7  mars  1717. 

Mariée  à  Québec,  le  7  octobre  1737,  à  Charles  LaTou- 
che,  sieur  de  MaCarty,  fils  de  feu  Thimothée  LaTouche, 
Ecuyer,  sieur  de  MaCarty,  et  de  feue  dame  Hélène  Thée, 
de  la  paroisse  de  Saint-Sauveur,  évêché  de  Lyon. 

M.  Macarty  était  d'origine  irlandaise.  Le  ler  avril 
1745,  le  Conseil  de  Marine  le  nommait  capitaine  du  port  à 
Québec,  avec  un  salaire  de  1,000  livres  et  le  grade  de  lieu- 
tenant de  frégate.  Mais  la  France  avait  alors  tellement 
besoin  de  ses  marins  que  M.  Macarty  n'oCcupa  guère  ce 
poste.  En  1747,  il  commandait  le  "Rubis".  Cette  frégate 
faisait  partie  du  convoi  qui  conduisait  à  Québec  M.  de  la 
Jonquière,  nommé  gouverneur  de  la  Nouvelle-France.  La 
bataille  du  cap  Ortegal,  le  14  mai  1747,  dans  laquelle  Macar- 
ty se  conduisit  de  façon  héroïque  lui  valut,  le  ler  avril  1748, 
le  grade  de  capitaine  de  brûlot.  Trois  ans  plus  tard,  en 
175 1,  M.  Macarty  était  promu  lieutenant  de  vaisseau.  Cet- 
te même  année  175 1,  il  commandait  la  frégate  "La  Fidèle". 
En  1755,  il  avait  le  commandement  de  la  frégate  "La  Va- 
leur". Le  17  avril  1757,  M.  Macarty  était  fait  capitaine  de 
vaisseau.  En  1759,  il  proposait  au  ministre  une  descente 
sur  la  côte  d'Irlande,  près  de  Cork.  Ce  projet  n'eut  pas  de 
suite.    Il  décéda  à  Paris  le  24  janvier  1765. 


(.14-15)  Sur  M.  de  LaCorne  Saint-Luc,  on  peut  consulter  la  brochure  de 
M.  Arthur-S.  Bennett,  Chevalier  de  La  Corne  and  the  Carrot  River,  Valle};  of 
Saskatcheivan. 


—  109  — 

Madame  Macarty  dût,  elle  aussi,  mourir  en  France, 
car  nous  ne  trouvons  plus  sa  trace  ici  après  son  maria- 
ge (i6). 

60  Marie-Charlotte  Guillimin 

Née  à  Québec  le  16  septembre  1718. 

Mariée  à  Québec,  le  27  juillet  1740,  à  Jean-Joseph  Ri- 
verin.  négociant,  veuf  de  Marie-Joseph  Perthuis. 

Al.  Ri  vérin  décéda  à  Québec  le  23  octobre  1756.  Il  était 
à  sa  mort  colonel  des  milices  du  gouvernement  de  Québec. 

En  secondes  noces,  à  Lorette,  le  23  mai  1758,  Marie- 
Charlotte  Guillimin  devint  l'épouse  de  Philippe-Louis- 
François  Badelard,  chirurgien-major  du  régiment  de  Berry, 
originaire  de  Saint-Sauveur  de  Coucy,  diocèse  de  Laon. 

Madame  Badelard  décéda  à  Québec  le  16  décembre 
1795,  et  fut  inhumée  à  Lorette. 

M.  Badelard  décéda  aussi  à  Québec  le  7  février  1802, 
et  fut  inhumé  à  Lorette. 

Le  chirurgien  Badelard  est  bien  connu  dans  notre  his- 
toire (17). 

De  son  mariage  avec  M.  Riverin,  Marie-Charlotte  Guil- 
limin eut  dix  enfants  dont  quelques-uns  moururent  en  bas 
âge.  Son  alliance  avec  M.  Badelard  lui  donna  deux  enfants 
dont  l'un  décéda  en  bas  âge  et  l'autre,  Louise-Philippe,  de- 
vint l'épouse  de  Jean-Antoine  Panet,  avocat,  plus  tard 
orateur  de  la  Chambre  d'Assemblée  du  Bas-Canada. 

7o  Françoise- Nicolas -Marie  Guillimin 

Née  à  Québec  le  10  janvier  1720. 

A  seize  ans,  Françoise-Nicolas-Marie  Guillimin,  renon- 
çant aux  avantages  q.:e  lui  offrait  le  monde,  dit  adieu  à  ses 
parents  et  à  ses  amis,  et  alla  solliciter  son  admission  au  mo- 
nastère des  Ursulines  de  Trois-Rivières.     C'était  en   1735. 

Nous  lisons  dans  "Les  Ursulines  des  Trois-Rivières 


(16)  Sur  Charles  LaTouche,  sieur  de  Macarty,  on  peut  consulter  le 
Bulletin  des  recherches  historiques,  vol.  XIV,  p.  61. 

(17)  On  peut  consulter  sur  Badelard  le  Bulletin  des  recherches' histori- 
ques, vol.  XXI,  p.  343. 


—  110  — 

depuis  leur  établissement  jusqu'à  nos  jours"  (i8)  : 

"  Notre  communauté  ne  comptait  alors  qu'un  assez 
petit  nombre  de  sujets;  c'était  le  moment  de  dire:  "La 
moisson  est  grande  et  les  ouvriers  sont  peu  nombreux", 
mais,  en  revanche,  grande  était  leur  industrieuse  activité. 
C'est  à  leur  école  que  la  jeune  soeur  Saint-x\ntoine  apprit 
à  se  multiplier,  pour  être  partout  d'un  puissant  secours. 
Elle  montra  beaucoup  de  zèle,  et  donna  des  preuves  d'une 
sagesse,  et  d'une  maturité  au-dessus  de  ses  dix-huit  ans. 

"  Tour  à  tour  maîtresse  des  pensionnaires,  hospitaliè- 
re, plus  tard  maîtresse  des  novices,  assistante,  elle  s'ini- 
tiait ainsi  de  longue  main  aux  graves  responsabilités  qu'im- 
pose la  conduite  des  autres.  L'office  de  dépositaire  qui  lui 
échut  en  1754  offrit  beaucoup  plus  d'aliment  encore  à  son 
activité,  ou  plutôt,  il  exigea  tout  ce  qu'elle  put  déployer 
d'énergie  et  d'économie.  Elle  eut  à  lutter  pendant  de  lon- 
gues années  contre  la  pauvreté  de  notre  maison  après  le 
funeste  incendie  de  1752  et  les  épreuves  plus  désastreuses 
encore  qu'amenèrent  la  conquête  du  pays  par  les  armes 
britanniques  et  l'invasion  américaine,  etc.,  etc.  .  . 

'*  Les  rapports  de  la  jeune  dépositaire  avec  l'illustre 
Mgr  de  Pontbriand,  son  zèle  pour  seconder  les  efforts 
inouïs  et  même  les  travaux  corporels  du  véritable  restau- 
rateur de  notre  monastère  ne  peuvent  être  oubliés.  Que  de 
fois  elle  recourut  avec  confiance  à  ce  bon  père,  alors  que 
dans  ses  fréquentes  visites  aux  Trois-Rivières,  celui-ci  ve- 
nait revoir  les  humbles  dépendances  auxquelles  il  avait 
travaillé  de  ses  mains  vénérables,  qu'il  avait  arrosées  de  ses 
sueurs,  et  bénies  de  ses  mains  consacrées.  Que  de  fois 
aussi  en  l'absence  des  sages  mentors  du  monastère,  on  la 
vit  à  genoux,  confiant  ingénument  et  à  haute  voix  ses  in- 
quiétudes à  Celui  qui,  du  fond  du  tabernacle,  s'est  toujours 
fait  l'appui  et  le  pourvoyeur  de  notre  maison.  Toujours, 
elle  se  relevait  courageuse  et  forte,  plus  courageuse  et  plus 
forte  même  parfois  que  celles  qui  subissaient  avec  elle  le 
poids  du  jour  et  de  la  chaleur.    L'amour  et  la  confiance  de 

(  1 8)      Tome  premier,  p.  346. 


— 111  — 

ses  soeurs  portèrent  la  mère  Saint-Antoine  à  la  charge  de 
supérieure  en  1765. . . 

"  Pendant  six  triennats,  en  différents  temps,  nous  trou- 
vons cette  sage  supérieure  à  son  poste  ;  elle  occupa  dans 
les  intervalles,  la  charge  d'assistante.  La  santé  de  notre 
vénérable  mère  St-Antoine  semblait  se  fortifier  au  miHeu 
des  travaux  journaliers  ;  et  le  ciel  qui  lui  ménageait  là- 
haut  une  brillante  couronne,  savait  semer  sur  sa  route  ici- 
bas  embarras  et  sacrifices.  Cette  bonne  mère  fut  subite- 
ment frappée  d'apoplexie  et  expira  au  milieu  des  larmes  et 
des  sanglots  de  ses  chères  filles  en  mars  1789.  Sa  belle  âme 
s'envola  dans  le  sein  de  Dieu,  après  deux  jours  de  maladie, 
dans  la  soixante-dixième  année  de  son  âge  et  la  cinquante- 
deuxième  de  son  entrée  en  religion. 

"  Après  son  décès,  nos  mères  reçurent  une  lettre  de 
condoléance  de  Mgr  Hubert  renfermant  un  bel  éloge  de 
l'admirable  défunte  et  une  exhortation  toute  paternelle  à 
la  communauté  affligée." 

80  Geneviève -Elisabeth  Guillimin 

Née  à  Québec  le  28  décembre  1720. 

Mariée,  à  Québec,  le  29  mai  1742,  à  Charles-Denis  Re- 
gnard  Duplessis,  aide-major  des  troupes  de  la  colonie,  fils 
de  feu  Georges  Regnard  Duplessis,  trésorier  de  la  marine, 
et  de  défunte  dame  Marie  Le  Roy. 

Le  1er  mai  1749,  M.  Duplessis  de  Morampont  était 
nommé  prévôt  des  maréchaux  du  Canada,  à  la  place  de  M. 
Denis  de  Saint-Simon,  décédé. 

Le  27  novembre  1759,  Mme  Duplessis  de  Morampont 
et  sa  fille  (plus  tard  Mme  Rastel  de  Rocheblave)  entraient 
comme  pensionnaires  chez  les  Soeurs  Grises  à  Montréal. 
Nous  croyons  que  Mme  Duplessis  de  Morampont  alla  re- 
joindre son  mari  en  France  en  1760  ou  1761. 

9o  Charles -François  Guillimin 

Né  à  Québec  le  7  janvier  1722. 

Il  entra  dans  la  marine. 

En  1745,  M.  Guillimin  commandait  la  corvette  "La  Lé- 


—  112 -- 

gère".  A  rautomne  de  cette  année  17  ,5  "La  Légère"  con- 
duisit en  France  quelques  matelots  anglais  prisonniers  à 
Québec. 

A  son  voyage  de  retour  au  Canada,  au  mois  de  septem- 
bre de  1746,  "La  Légère"  se  perdit  sur  l'île  de  Sable. 

Le  26  juillet  1747,  M.  de  Beauharnois,  gouverneur  de 
la  Nouvelle-France,  écrivait  à  M.  Shirley,  gouverneur  du 
Massachusetts  : 

"  Le  sieur  Guillemin,  conseiller  du  Conseil  Supérieur, 
en  ce  païs,  m'a  présenté  le  placet  ci-joint  ;  il  est  extrême- 
ment inquiet  d'un  de  ses  frères  qui  fit  naufrage  l'année 
dernière,  commandant  le  vaisseau  "La  Légère".  Je  vous 
serai  obligé,  monsieur,  de  me  marquer  ce  que  vous  aurez  pu 
apprendre  de  ce  particulier,  et  s'il  est  à  Boston,  de  le  ren- 
voyer." 

Le  7  août  1747,  M.  de  Beauharnois  écrivait  une  lettre 
à  peu  près  semblable  à  M.  Knowles. 

Le  10  août  1747,  M.  Knov^les  répondait  comme  suit  à 
M.  Shirley  qui  lui  avait  transmis  la  lettre  de  M.  de  Beau- 
harnois : 

"  In  answer  to  the  Sr  Guillemin  pétition  to  Your  Ex- 
cellency  about  his  brother  being  shipwreck  upon  the  Island 
of  Sable,  I  cannot  only  acquaint  you  that  early  this  spring 
I  sent  a  schooner  to  that  island  to  look  after  the  men  that 
were  saved,  and  directed  her  captain  to  carry  ail  he  found 
straight  to  Brest,  and  as  I  heard  nothing  of  the  vessel  sin- 
ce,  I  take  it  granted,  she  has  met  with  them  and  proceeded 
on  her  voyage  :  shoiild  I  learn  anything  more  particular, 
1  will  take  an  opportunity  of  letting  you  know  it." 

Enfin,  le  2  septembre  1747,  le  gouverneur  Shirley  écri- 
vait de  Boston  au  marquis  de  Beauharnois  : 

"The  sieur  Guillemin  v^^hom  you  mention  in  your  P. 
S.  is  sent  bv  me  to  Québec  in  the  brigantine  "Maryland  " 

Dans  un  journal  anonyme  des  événements  arrivés  dans 


(19)      E.-B.  O'Callaghan,  Documentar^  Histor^  of  the  State  of  Nerv- 
York,  vol  X. 


.--113  — 

la  Nouvelle-France  en  1746- 1747  nous  lisons,  à  la  date  du 

12  septembre  1747  : 

"  Le  sieur  Guillimin,  autrefois  capitaine  de  la  corvette 
''La  Légère",  qui  a  fait  naufrage  sur  V  le  aux  Sables  au 
mois  de  septembre  de  Tannée  dernière,  vient  justement 
d'arriver  dans  un  brigantin  anglais  enyo3^é  par  le  gouver- 
neur de  Boston,  qu'il  a  laissé  le  10  août,  avec  60  personnes, 
hommes,  femmes  et  enfants,  la  plupart  provenant  de  l'éva- 
cuation de  rile  Royale,  avec  les  marins  de  "La  Légère". 
Ce  brigantin  a  été  arrêté  à  l'île  aux  Basques,  à  50  lieues  de 
Québec,  par  M.  de  Rouville  qui  avait  les  ordres  du  général 
à  cet  effet. 

"  Le  sieur  Guillimin  nous  a  donné  des  détails  sur  son 
naufrage  et  sur  ce  qu'il  a  appris  pendant  son  séjour  à  Bos- 
ton et  à  Louisbourg  où  le  brigantin  a  touché  pendant  son 
voyage.  Voici  ces  détails  :  Il  s'échoua  sur  l'île  aux  Sables 
dans  la  nuit  du  14  au  15  septembre,  après  avoir  jeté  six 
canons  par-dessus  bord.  Il  réussit  à  sauver  un  peu  de  pou- 
dre et  de  plomb,  ce  qui  permit  à  son  équipage  de  subsister 
pendant  l'hiver.  Quatre  jours  plus  tard,  il  découvrit  trois 
Anglais  qui  le  conduisirent  à  une  misérable  cabane  dans 
laquelle  il  passa  l'hiver.  Le  cinquième  jour  un  vaisseau 
passa  à  bord  duquel  il  mit  son  pilote  afin  de  recevoir  du 
secours  du  port  où  il  toucherait.    Il  resta  sur  l'île  jusqu'au 

13  juin,  quand  six  vaisseaux  de  pêche  anglais  passèrent. 
Ils  le  prirent  lui  et  son  équipage,  et  les  amenèrent  à  Boston 
où  ils  arrivèrent  le  22  du  même  mois.  Il  a  été  très  civile- 
ment traité  jusqu'à  son  départ  "  (20). 

Dès  son  arrivée  à  Québec,  M.  Guillimin  avait  fait  aux 
officiers  de  l'Amirauté  le  rJipport  suivant  sur  son  naufrage  : 

"  J'ai  l'honneur  de  déclarer  à  Messieurs  les  officiers  de 
l'Amirauté  qu'étant  parti  le  22  juin  (1746)  dans  l'escadre 
de  M.  le  duc  d'Anville  pour  venir  à  Québec  après  m'être 
conservé  pendant  86  jours  avec  l'escadre  le  13  de  septembre 
à  8  heures  du  matin  ayant  reç  1  i"n  si  furie:  x  coup  de  vent 

(20)  E.-B.  O'CalIaghan,  Dzcumentary  Hislor^  0,'  ihç  State  of  Neïïf- 
York,  vol.  X, 


—  114  — 

qui  sépara  toute  l'escadre  l'ayant  perdu  le  14  à  midy  je  fus 
obligé  de  jeter  six  canons  à  là  mer  qui  soulagea  un  peu 
mon  navire.  Le  vent  continuant  toujours  sa  force  je  fus 
obligé  voyant  que  les  coups  de  mer  (dont  je  manquai  d'être 
emporté  sur  la  poupe)  m'écrasaient  d'arrimer  vent  arrière 
le  cap  à  l'E.  N.  E.  et  N.  E.  1-4  E.  pour  passer  entre  l'île  de 
Sable  m'en  faisant  pour  lors  dans  L.  D.  distance  de  10 
lieues  au  moins,  mais  cependant  voyant  que  les  coups  de 
mer  que  je  recevais  n'étaient  que  du  sable  je  ne  doutais  pas 
cependant  que  ce  ne  fut  l'île.  Une  heure  après  avoir  arrimé, 
je  vis  à  tribord  le  "Tigre"  qui  était  en  travers  à  la  cape  à 
l'artimon,  le  ris  dedans  et  ses  deux  basses  vergues  amenées, 
je  lui  fis  signal  d'incommodité  et  poursuivis  ma  route.  Sur 
les  dix  heures  du  soir,  je  suis  venu  à  la  côte  et  essuyai  pen- 
dant dix  heures  de  temps  des  coups  de  mer  dont  je  manquai 
plusieurs  fois  d'être  emporté.  Pour  lors  je  fis  couper  les 
grands  mats  pour  allegir  le  navire.  Enfin,  nous  descendî- 
mes tous  à  terre  heureuseemnt  à  3  heures  après-midi  le  15. 
J'ai  resté  neuf  mois  entiers  sur  l'île  de  Sable  et  n'en  suis 
sorti  que  le  13  juin  (1747)  par  des  pêcheurs  qui  ont  passé 
pour  venir  ici,  mais  m'ont  conduit  à  Boston. 

"  NOTA  que  le  28  septembre  il  m'est  mort  de  scorbut 
le  nommé ...  à  qui  nous  donnâmes  la  sépulture. 

"  Suivant  mon  procès-verbal  le  nommé  Jean  Foucault, 
tonnelier,  aussi  mort. 

"  Mon  charpentier  Hollandais  de  nation  aussi  mort, 
gelé  dans  sa  cabane,  le  29  de  janvier,  la  nuit." 

Le  document  suivant  nous  donne  des  renseignements 
sur  la  mort  du  nommé  Foucault. dont  parlait  le  capitaine 
Guillimin  dans  sa  déclaration  aux  officiers  de  l'Amirauté  : 

"  ly'an  mil  sept  cent  quarante-six,  le  quatorze  septem- 
bre no-is  soussignés  officiers  majors  et  mariniers  et  mate- 
lots dii  senault  la  "Légère"  ayant  eu  le  malheur  de  faire 
naufrage  sur  l'île  de  Sable  les  jours  et  an  que  susdit  ne 
voyant  aucun  embarquement  pour  nous  retirer  de  cette  île, 
nous  nous  serions  tous  transportés  au  nombre  de  dix-huit 
a  l'habitation  du  sieur  Sincht  anglais,  pour  y  hiverner.     Le 


—  115  — 

nommé  Jean  Foucault  tonnelier  à  bord  du  d.  navire  après 
avoir  passé  avec  nous  trois  mois  consécutifs  du  jour  de 
notre  naufrage,  ayant  mené  une  vie  extrêmement  déréglée, 
et  qu'après  toutes  les  vives  représentations  que  nous  ayons 
pu  lui  faire  devant  le  sieur  Sincht,  il  n'y  a  fait  aucune  at- 
tention et  a  voulu  vivre  suivant  que  sa  passion  pour  le  vin 
et  l'eau  de  vie  qui  étaient  venu  à  la  côte  l'ont  guidé.    Au- 
jourd'hui quinze  du  mois  de  décembre  voyant  qu'il  man- 
quait depuis  vingt-quatre  heures  à  la  tente  et  avec  ce  que 
nous  avions  connu  beaucoup    de    dérangement    dans    son 
esprit,  qui  n'était  causé  que  par  la  quantité  de  vin  et  d'eau 
de  vie  qu'il  buvait  sans  notre  seu  (?)  nous  nous  serions 
partagé  avec  tout  l'équipage  en  trois  bandes  pour  le  cher- 
cher appréhendant  de  plus  qu'il  ne  se  fut  trouvé  mal  dans 
ce  jour  de  froid  qu'il  faisait  attendu  que  nous  étions  témoins 
qu'il  s'était  trouvé  plusieurs  fois  mal.    Le  sieur  Guillimin, 
capitaine,  serait  allé  d'un  côté  pour  le  chercher.     Le  sieur 
Etienne  AUard  second  capitaine  d'un  autre;    et  le  sieur 
Adrien  Guillaume  DeSinge  aussi  d'un  autre  accompagné 
chacun  d'une  partie  de  l'équipage  et  après  avoir  fait  beau- 
coup de  perquisitions  d'un  côté  et  de  l'autre,  le  sieur  De- 
Singe  accompagné  du  nommé  IMassé,  maître,  et  Charles 
Madore  et  le  nommé  Maheire,  l'aurait  trouvé  mort  sur  le 
bord  de  la  mer  à  une  lieue  deux  tiers  d'où  nous  restions  ; 
et  d'après  il  serait  venu  nous  le  dire  ;    en  conséquence  de 
quoi  nous  nous  serions  tous  transportés  pour  avec  le  sieur 
DeSinge  chirurgien,  le  sieur  Sincht  et  le  nommé  Patris 
Oelike  son  garçon  pour  en  faire  la  levée  et  visite  en  pré- 
sence de  tout  l'équipage  s'il  n'avait  reçu  aucun  coup  mortel; 
après  les  recherches  du  sieur  DeSinge  qui  ne  lui  a  trouvé 
d'autre  marque  mortelle  que  d'être  mort  ivre  et  qu'ensuite 
le  froid  l'ayant   saisi  aurait  contribué   entièrement   à  sa 
mort  ;    nous  lui  avons  donné  la  sépulture  qu'on  donne  aux 
chrétiens.    En  foi  de  quoi  nous  avons  tous  signé  le  présent 
procès-verbal  pour  nous  servir  et  valoir  ce  que  de  raison 
et  prétendons  qu'il  ait  autant  de  valeur  que  s'il  était  fait 
pardevant  notaire.     Fait  les  jour  et  an  que  susdit  quinze 
décembre  1746.    C.  Guillimin — ^A.  D.  De  Singes — E.  Allard 


—  116  — 

— François  Rochet — Charles  Medard  —  Marque  ordinaire 
de  Nicolas  Massé,  maître — Marque  du  nommé  Roussel — 
Haut  Jery  (?) — Josephes  Nedouant  (?) — Gottfried  Meyen 
— Marque  du  nommé  Barbier — Dink  Van  Lilt — Marque  du 
nommé  Barbier — Joseph  Chavanel — Jean  Monseiger  (?) — 
Marque  du  nommé  Barthe." 

Après  son  retotir  à  Québec  de  son  séjour  forcé  de  neuf 
mois  sur  l'île  de  Sable,  nous  perdons  toute  trace  de  M.  Guil- 
limin.  On  présume  qu'il  continua  son  service  dans  la  ma- 
rine et  qu'à  la  chute  de  Québec  il  alla  s'établir  en  France. 

(Suite  dans  la  prochaine  livraison) 

p.-a  R. 


PUBLICATIONS  RECENTES 


Zoilus  redivivus  ou  Un  critique  critiqué.  Lettre  à  M.  A.-H.  de  Tré- 
maudan  par  le  R.  P.  A.-G.  Morice,  O.  M.  I. 

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Colonization  in  the  province  of  Québec  under  english  domination,  1  760- 
1  79 1 ,  by  abbé  Ivanhoe  Caron. 

Nos  volontaires  sous  les  armes.     Des  chiffres  et  la  vérité. 

Our  volunteer  army.    Facts  and  figures. 


LES  ARMES  DE  SIR  HECTOR  LANGEVIN 


Je  me  suis  procuré,  récemment,  une  reproduction  des  armes  de  feu  Sir 
Hector  Langevin  et,  à  titre  documentaire,  ne  faudrait-il  pas  en  consigner  la 
description  dans  le  Bulletin  ? 

Ces  armes  se  blasonnent  comme  suit  : 

Ecartelé  :  au  1  de  gueules,  à  la  croix  d'or,  cantonnée  de  huit  molettes 
d'argent  ;  au  2  d'azur,  à  trois  léopards  d'or,  armés,  lampassés  et  couronnés 
de  même,  l'un  sur  l'autre  ;  au  3  d'azur,  au  chevron  d'or  accompagné  de  trois 
casques  de  même  ;    au  4  de  gueules,  à  trois  couronnes  d'or  posées  en  pal. 

Devise  :     Cherche  qui  n'a. 

E.-Z.  M.^ 


117  — 


René  Gaultier   d^   Varennes, 

fionverneur  des  Trois=Rivières 


René  Gaultier  de  Varennes,  premier  ancêtre  de  la  famille  de  ce  nom  en 
Canada,  arriva  à  Québec,  en  1665,  en  qualité  de  lieutenant  dans  le  régiment 
de  Carignan-Salières.  Il  était  originaire  de  la  paroisse  de  Bécon,  dans  l'An- 
jou (  1  ) ,  fils  d'Adam  Pierre  Gaultier,  sieur  de  la  Varandière,  et  de  damoi- 
selle  Bertrande  Gourdeau  (2). 

Aucim  des  documents  que  nous  avons  consultés  n'a  pu  nous  fournir  le 
moindre  renseignement  sur  ses  premières  aimées. 

A  quel  propos  avait-il  ajouté  le  titre  de  Varennes,  à  son  nom  de  famille, 
et  quels  étaient  ses  liens  de  parenté  avec  les  de  Varetmes  qui  occupaient  alors 
en  France  des  positions  importantes  dans  le  gouvernement  et  dans  l'armée,  c'est 
ce  que  nous  ne  pouvons  dire.  Tout  ce  que  nous  savons,  c'est  qu'il  était  che- 
valier et  de  bonne  noblesse.  De  même  qu'un  bon  nombre  d'officiers  et  de 
soldats  du  régiment  de  Carignan-Salières,  René  Gaultier  (3)  de  Varennes 
obtint  la  permission  de  s'établir  au  Ccinada,  lorsque  ce  régiment  fut  licencié  en 
1668. 

Le  26  septembre  1 667,  il  épousait  aux  Trois-Rivières  Marie  Boucher, 
fille  de  l'illustre  Pierre  Boucher,  premier  gouverneur  des  Trois-Rivières.  Marie 
Boucher  avait  douze  éuis  et  quelques  mois,  René  Gaultier  de  Varermes  en  avait 
trente-deux.  Voici  l'acte  officiel  de  leur  mariage  tel  qu'il  est  consigné  dans  le 
registre  des  Trois-Rivières  :  "L'éin  de  grâce,  mil  six  cent  soixante  sept,  le 
vingt  sixième  jour  de  septembre,  après  la  publication  des  trois  bzms,  ne  s'étant 
trouvé  aucun  empêchement,  moi,  Jean  Fremont,  prêtre,  faisant  les  fonctions 
curiales  en  la  paroisse  des  Trois-Rivières,  ayant  interrogé  dans  l'église  René 
Goltier  et  Marie  Boucher,  tous  deux  de  cette  paroisse,  et  ayant  reçu  leur  mu- 


(  1  )  Bécon  est  aujourd'hui  une  petite  commune  située  dans  le  dépar- 
tement Maine-et-Loire  (camton  du  Louroux-Becormais) ,  à  vingt  kilomètres 
d'Angers. 

(2)  Contrat  de  mariage  de  René  Gaultier,  sieur  de  Vareimes,  et  de 
demoiselle  Marie  Boucher,  passé  aux  Trois-Rivières,  devant  le  notaire  Sévérin 
Ameau,  en  date  du  22  septembre  1 667. 

(3)  Ce  nom  de  Gaultier  est  écrit  de  différentes  manières  ;  dans  les  do- 
cuments que  nous  avons  consultés,  nous  avons  rencontré  Gaultier,  Gaulthier, 
Gauthier,  Gautier,  Gothier,  Goltier,  etc.  La  vraie  épellation  nous  paraît  être 
Gaultier. 


.  --118  — 

tuel  consentement,  les  ai  mariés  avec  les  cérémonies  requises,  en  présence  de  M. 
Boucher,  gouverneur  de  ce  lieu,  et  de  M.  de  Normanville,  et  leur  ai  aussi  donné 
la  bénédiction  en  la  messe,  selon  le  rite  et  la  forme  de  notre  mère  la  Sainte 
Eglise." 

Dans  le  contrat  de  mariage,  passé  pardevant  le  notaire  Sévérin  Ameau, 
le  22  septembre  1667,  il  est  dit  que  le  sieur  Boucher  nourrirait  sa  fille  et  le 
futur  époux  durant  l'espace  de  six  mois,  et  que  l'on  prierait  M.  de  Courcelles, 
gouverneur  de  la  Nouvelle-France,  de  vouloir  bien  donner  au  sieur  de  Varermes 
les  provisions  de  gouverneur  aux  Trois-Rivières. 

En  effet,  Pierre  Boucher,  voulant  consacrer  tous  ses  efforts  à  l'établisse- 
ment de  sa  seigneurie  de  Boucherville,  abandonna  en  l  669  sa  position  de  gou- 
verneur des  Trois-Rivières,  et  ce  fut  son  gendre  qui  fut  chargé  de  le  remplacer. 

Au  printemps  de  1671,  M.  de  Varennes  accompagna  M.  de  Courcelles 
au  lac  Ontario.  Ce  voyage  se  fit  dans  un  temps  relativement  court,  du  3  au 
1  7  juin.  Voici  ce  qu'en  dit  M.  de  Courcelles  dans  le  récit  qu'il  a  laissé  de 
cette  expédition  (4)  :  "  On  ne  scaurait  s'imaginer  avec  combien  de  joie  tout 
"  ce  monde  (56  personnes)  partit,  et  combien  c'estait  un  agréable  spectacle  de 
"  voir  toutes  ces  petites  embarcations  (treize  canots  d'écorce  et  un  bateau  plat) 
'"  s'avancer  d'accord  au  son  de  deux  trompettes.  M.  Perrot,  gouverneur  de 
"  Montréal,  M.  de  Varennes,  gouverneur  des  Trois-Rivières,  M.  de  Laubias, 
"  capitaine  d'infanterie,  avec  plusieurs  autres  officiers  et  quantité  de  jeunes  gen- 
"  tilshommes  du  pays,  faisaient  merveilles.  Personne  n'est  exempt  de  la  rame 
"  dans  ces  petits  bastiments.  Il  faut  que  chacun  y  paye  de  sa  persoime,  et  il 
"  n'y  a  point  de  place  pour  les  inutiles." 

Dans  l'automne  de  la  même  année,  M.  de  Varennes  passa  en  France, 
comme  nous  l'apprend  M.  Talon.  "  Plusieurs  officiers,  dit  cet  intendant,  se  dé- 
terminaient à  repasser  en  France  pour  y  traitter  de  leurs  affaires  et  retourner 
ensuitte  ainsy  qu'on  fait  les  S'rs  de  Contrecoeur  et  de  la  Valterie,  ce  premier 
avec  des  effets  pour  sept  ou  huit  mille  livres,  provnant  de  la  vente  de  son  bien, 
et  le  second  avec  un  secours  de  sa  famille,  j'ay  fait  ce  que  j'ay  pu  pour  les  en 
divertir  par  la  raison  que  dans  ces  commancemens  il  est  bon  qu'ils  travaillent  à 
fortifier  leurs  établissemens  leur  faisant  espérer  que  le  Roy  n'auroit  pas  desa- 
gréable qu'ils  allassent  ensuite  donner  ordre  a  leurs  affaires,  et  tous  ont  defferé 


(4)  "Récit  de  ce  qui  s'est  passé  au  voyage  que  M.  de  Courcelles,  gou- 
verneur de  la  Nouvelle-France,  a  fait  au  lac  Ontario."  Dans  Margry,  Mé- 
moires et  documents.  Voyages  des  Français  sur  les  grands  lacs,  vol.  I,  pp. 
169-192. 


--119  — 

a  ce  sentiment,  un  excepté  qui  s'est  vu  indispensablement  engagé  a  faire  le 
voyage,  comme  il  est  marié  ayant  femme  et  enfans  et  le  Gouvernement  des 
trois  rivières  le  retour  en  est  seur  et  j'ose  en  resp>ondre.  Trouvez  bon.  Monsei- 
gneur, que  par  occasion  je  demande  en  sa  faveur  la  commission  du  Roy  p>our  le 
Gouvernement  des  trois  rivières  duquel  il  n'est  pourveu  que  par  Monsieur  de 
Courcelles  qui  m'a  tesmoigné  le  vouloir  bien  ainsy.  J'estime  qu'il  est  du  service 
de  sa  Majesté  de  pourvoir  par  elle-même  aux  gouvernements  particuliers  pouT 
s'asseurer  d'autant  plus  de  la  fidélité  de  ses  sujets  dans  des  pays  esloignez  de  sa 
présence,  cet  officier  nommé  Varennes  a  du  mérite  et  ne  manque  de  zèle  "  (5). 

M.  de  Varennes  retourna  dans  l'été  de  1 672,  portant  avec  lui  ses  lettres 
de  nomination  comme  gouverneur  des  Trois-Rivières.  Ces  lettres,  datées  du  6 
juin  I  672,  se  lisaient  ainsi  : 

Louis,  etc.     Salut. 

"  Le  soin  que  nous  prenons  continuellement  de  fortifier  et  augmenter  les 
Colonies  de  nos  sujets  qui  se  sont  formées  en  notre  pais  de  la  Nouvelle  France, 
les  aiant  mulipliées  à  un  tel  p>oint  que  celle  des  Trois  Rivières  est  à  présent  l'une 
des  plus  considérables  du  dit  pais,  nous  avons  estimé  important  au  bien  de  notre 
Service  d'y  établir  un  Gouverneur,  sur  la  suffisance  et  la  fidélité  duquel  nous 
puissions  nous  reposer  de  la  conduite  de  nos  sujets  de  notre  dite  Colonie,  et 
pour  cet  effet  nous  avons  cru  ne  pouvoir  faire  un  meilleur  choix  que  du  Sieur  de 
V^arennes  qui  nous  a  dorme  plusieurs  preuves  de  son  expérience  dïuis  les  emplois 
qu'il  a  eus  audit  pais. 

A  ces  causes  et  sur  la  nomination  qui  nous  a  été  faite  de  sa  personne  par 
les  Directeurs  de  la  Compagnie  des  Indes  Occidentales  cy  attachée  sous  le 
contre  scel  de  notre  chancellerie  et  bien  informés  d'ailleurs  de  son  affection  et 
fidélité  à  notre  service,  prudence,  valeur  et  expérience  au  fait  des  armes,  nous 
avons  ledit  Sieur  de  Varennes  coirmis  et  ordonné,  commettons  et  ordonnons 
par  ces  présentes  signées  de  notre  main  pour  sous  notre  autorité  et  celle  de  la 
dite  Compagnie,  commander  aux  habitans  et  gens  de  guerre  dans  toute  l'étendue 
de  la  dite  Colonie  des  Trois-Rivières,  même  dans  les  forts  qui  y  pourront  être 
construits,  faire  vivre  les  habitans  d'icelle  en  union  et  concorde  les  uns  avec  les 
autres,  contenir  les  dits  gens  de  guerre  en  bon  ordre  et  police  suivant  nos  régle- 
raens,  maintenir  le  commerce  et  trafic  et  généralement  faire  et  exercer  tout  ce 
qui  pourra  être  du  fait  du  dit  Gouvernement  et  en  jouir  aux  pouvoirs,  honneurs. 


(5)      Archives  du  Canada,   Co.resp.   générale,  vol.   3,    1668-1672,  p. 
202.     Mémoire  sur  le  Canada.     2  novembre  167K 


—120— 

autorités,  prérogatives,  prééminances,  franchises,  libertés,  gages,  droits,  fruits, 
profits,  revenus  et  émolumens  accoutumés  et  y  appartenans  pendant  le  tems  de 
trois  années  entières  et  consécutives  à  conunencer  du  premier  Juillet  prochain. 

De  ce  faire  nous  avons  donné  et  donnons  pouvoir  par  ces  dites  présentes 
par  lesquelles  mandons-  au  Sieur  Comte  de  Frontenac,  Gouverneur  et  notre 
Lieutenant  Général  en  notre  pais  de  la  Nouvelle  France  de  faire  reconnoître 
ledit  Sieur  de  Varermes  en  ladite  qualité  par  tous  ceux  et  aiiisi  qu'il  appar- 
tiendra. 

Ordonnons  en  outre  auxdits  habitans  et  gens  de  guerre  de  lui  obéir  et 
entendre  es  choses  concernant  ledit  pouvoir  ;    car  tel  est  notre  plaisir." 

Donné  à  Saint  Germain  en  Laye  le  sixième  Juin  mil  six  cens  soixante 
douze. 

Signé  :  Marie  Thérèse,  et  plus  bas  :  Par  le  Roi,  Colbert,  et  scellé  du 
grand  sceau  de  cire  jaune  (6). 

René  Gaultier  de  Varennes  revenait  au  pays  avec  l'intention  de  s'y  fixer 
définitivement.  Le  29  octobre  1 672,  M.  Talon  lui  concédait  la  seigneurie 
de  Varennes  et  celle  du  Tremblay,  et  cela,  dit  l'acte  de  concession,  "en  con- 
sidération des  bons,  utiles  et  louables  services  qu'il  a  rendus  à  Sa  Majesté  en 
différents  endroits,  tant  en  l'ancienne  France  que  dans  la  Nouvelle,  depuis  qu'il 
y  est  passé  par  ordre  de  Sa  Majesté,  et  en  vue  de  ceux  qu'il  témoigne  vouloir 
encore  rendre  cy-après." 

II  ne  semble  pas  que  le  sieur  de  Varennes  se  soit  beaucoup  occupé  de 
développer  ses  seigneuries,  puisqu'au  recensement  de  1681,  la  seigneurie  du 
Tremblay  ne  renfermait  que  trente  âmes,  et  celle  de  Varennes  que  soixante- 
onze  âmes. 

Pauvre,  comme  tous  les  fonctionnaires  de  l'époque,  le  gouverneur  des 
Trois-Rivières  se  livrait  au  commerce  dés  fourrures  et  faisait  la  traite  clandes- 
tine avec  les  sauvages,  au  poste  de  la  Gabelle,  à  trois  lieues  au-dessus  des 
Trois-Rivières. 

Le  roi  en  fut  informé,  et  le  31  mai  1 686,  il  écrivait  à  M.  de  Denonville  : 
"  S'il  est  vrai  que  M.  de  Varennes  a  fait  la  traite  dans  un  lieu  appelé  la  Gabelle 
il  sera  révoqué  en  -cas  de  récidive  "  (7). 

De  son  côté,  M.  de  Meules,  intendant,  adressait  en  date  du  28  septembre 
1  686,  une  longue  lettre  au  ministre,  dans  laquelle  il  se  plaignait  en  termes  assez 


(6)  Archives  du  Canada,  Corresp.  générale.  Série  F- 178,  vol.  2,  p. 
1 59. 

(7)  Archives  du  Canada,  Reg.  des  dépêches.  Série  B,  vol.  12. 


—121— 

vifs  du  commerce  que  faisait  M.  de  Varennes.  Cette  lettre  est  intéressante  ; 
elle  contient  certains  détails  qui  montrent  que  M.  de  Meules  avait  ce:  petites 
ambitions,  qu'il  ne  se  gênait  pas  de  faire  valoir,  même  au  détriment  des 
autres  :  - 

"  Monsieur  de  Varennes,  Gouverneur  des  Trois-Rivières  se  sert  de  son 
autorité  F>our  faire  seul  le  comemrce  avec  les  sauvages  dans  im  lieu  nommé  la 
Gabelle  a  quatre  lieues  de  Trois-Rivières,  ce  qui  est  deffendu  par  les  ordonnan- 
ces de  Sa  Majesté  qui  ne  le  permet  qu'aux  Trois-Rivières,  il  y  a  même  plu- 
sieurs arrests  du  Conseil  Souverain  et  ordormance  des  intendants  qui  le  dépen- 
dent dans  le  d.  lieu  de  la  Gabelle,  en  conformité  de  celles  de  Sa  Majesté  ; 
je  n'ai  peu  l'empescher  jusques  a  présent  parceque  M.  de  la  Barre,  de  son 
autorité,  et  malgré  tous  les  arrests  et  ordonnance,  luy  avait  permis  de  le  faire 
seul,  on  m'a  présenté  souvent  des  requêtes  sur  ce  sujet,  mais  prévoyant  que 
Monsieur  de  la  Barre  s'opposerait  toujours  à  l'exécution  de  ce  que  j'en  ordon- 
nerois  ;  j'ai  toléré  cette  affaire  comme  une  infinité  d'autres  pour  donner  la  paix 
au  Canada,  je  n'ay  pas  laissé  d'en  dire  plusieurs  fois  mon  sentiment  au  d.  sieur 
de  Varennes,  qui  n'a  pas  paru  en  estre  fort  satisfait  ;  cela  m'a  s!  bien  attiré 
Monsieur  de  Montortier  qui  est  son  parent,  qu'il  a  fait  tous  ses  efforts  pour  me 
rendre  secrètement  toutes  sortes  de  mauvais  offices,  quoique  j'aye  affecté  de 
vivre  avec  lui  avec  beaucoup  d'honnesteté,  s'il  eust  demeuré  plus  longtenjps  ici, 
il  aurait  été  capable  d'insinuer  à  tout  le  monde  un  esprit  de  désobéissance,  dc3 
que  M.  de  Denonville  fut  arrivé,  il  fit  ce  qu'il  put  pour  le  prévenir  cor.tre  inoi, 
il  commença  par  luy  dire  que  je  passais  devant  les  gouverneurs  particuliers,  et 
qu'en  france  cela  ne  se  faisait  {xtint,  que  quand  nous  nous  marchîmes  j'allai: 
à  sa  gauche,  et  qu'enfin  après  luy  j'avais  les  honneurs  de  l'Eglise.  M.  de 
Denonville,  me  parla  de  cette  présence  (sic)  et  entrant  dans  ses  sentiments,  me 
dit  qu'en  france  les  Intendants  allaient  après  le  gouverneur,  cette  proposition 
m'estonna  extrêmement,  je  luy  respondis  avec  beaucoup  de  douceur  qu'ils  se 
pouvaient  plaindre  eux-mesme  à  la  cour  et  que  je  les  priois  de  ne  s'en  point 
mesler,  je  luy  dis  pour  ma  raison  qu'on  n'avait  jamais  disputer  cette  proseance 
a  Messieurs  Talon,  Boutrou  et  Duchesneau,  mes  prédécesseurs  et  mesme  que 
les  gouverneurs  particuliers  n'avaient  jamais  songé  a  me  le  disputer,  et  que  cela 
me  paroissoit  une  nouveauté,  que  mesme  le  Roy  avait  décidé  cette  question 
en  donnant  au  Gouverneur  général  le  pas  par  dessus  tous  les  autres,  le  second 
à  l'Evesque  et  à  l'intendant,  le  troisième. 

"  Je  dis  a  Monsieur  le  Marquis  qu'il  y  avait  grande  différence  entre  ua 
gouverneur  de  ville  frontière  ou  de  grande  ville  du  royaume,  et  un  gouverneur 
des   Trois-Rivières,   et   qu'il    fallait  proprement   regarder  ces   gouverneurs   icy 


—  122  — 

comme  des  Majors  ou  simples  commandans,  dont-  les  villes  de  leur  résidence 
ne  consiotent  qu'en  sept  ou  huit  maisons,  comme  est  la  ville  des  Trois-Rivières  ; 
celuy  qui  en  est  le  gouverneur  n'a  que  douze  cent  livres  d'appointemens,  il  a 
épousé  la  fille  d'un  homme  qui  a  esté  engagé  des  Jésuites  trente  six  mois,  et 
qui  les  a  servy  en  qualité  de  cuisinier,  ce  mesme  homme,  en  premières  noces  a 
espousé  une  femme  sauvage,  il  se  trouva  avoir  assez  de  génie  et  de  coeur  pour 
mériter  le  gouvernement  des  Trois-Rivières  ;  ce  qui  fait  voir  que  c'est  peu  de 
chose  et  Monsieur  de  Varennes  qui  l'est  présentement  a  eu  ce  gouvernement  de 
son  beau-père  ;  s'il  faillait  qu'un  intendant  passât  après  ces  sortes  de  gouver- 
neurs et  les  majors  en  leur  absence,  passassent  devant.  .  .  il  serait  beau  à  un 
intendant  qui  est  perpétuellement  le  juge  de  ces  messieurs  tant  en  la  qualité 
d'intendant  que  celle  de  président  du  Conseil  Souverain,  de  passer  après  eux 
en  quelque  lieu  que  ce  soit.  .  ."   (8). 

Le  trente  mars  1687,  dans  une  lettre  adressée  au  gouverneur  des  Trois- 
Rivières,  le  roi  lui  disait  qu'il  avait  été  informé  du  commerce  qu'il  faisait  et 
esp>érait  que  cela  n'arriverait  plus  (9). 

Cela  n'empêchait  pas  tout  de  même  M.  de  Varennes  d'être  en  haute 
considération  auprès  de  M.  de  Denonville.  "Le  Sieur  de  Varennes,  écrivait  ce 
gouverneur  au  marquis  de  Seignelay,  en  date  du  1 3  novembre  1 686,  nous 
demande  la  continuation  de  son  gouvernement  des  Trois-Rivières,  et  vous 
soupplie  de  lui  faire  renouveler  sa  commission  qui  est  finie,  n'étant  que  pour 
trois  ans  ;  c'est  un  très  bon  gentilhomme  qui  n'a  de  vice  que  la  pauvreté.  Je 
vous  assure  qu'il  a  du  mérite  et  de  l'autorité,  il  aurait  besoin  de  quelque  grâce 
du  roi  pour  élever  et  soutenir  sa  famille." 

On  voit  par  une  lettre  du  24  mai  1  689,  que  M.  de  Varennes  avait  obtenu 
la  permission  de  passer  en  France  ;  mais  comme  il  décéda  le  4  juin  de  la 
même  année,  cette  permission  n'arriva  qu'après  sa  mort. 

L'acte  de  sépulture  se  lit  ainsi  :  "Le  quatrième  jour  de  juin,  de  l'an 
mil  six  cent  quatre  vingt  neuf,  est  décédé  en  la  communion  de  notre  sainte  mère 
l'Eglise,  après  avoir  reçu  les  sacrements  de  pénitence,  eucharistie  et  Extrême- 
Onction,  René  Gaultier,  chvalier,  seigneur  de  Varennes  et  gouverneur  .des 
Trois-Rivières,  âgé  de  cinquante  cinq  ans  environ,  et  a  été  inhumé  dans  l'église 
de  cette  paroisse,  en  présence  de  Jacques  Labadie,  de  Lambert  Boucher,  Joseph 
Godefroy,  sieur  de  Vieuxpont,  et  autres  plusieurs  témoins  connus. 
(Signé)   Labadie,  GrandPré,  F.  G.  de  Brullon." 


(8)  Archives  du  Canada,  Corresp.  générale,  1685,  C.   11,  vol  7. 

(9)  Archives  du  Canada,  Reg.  des  dépêches.  Série  B,  vol.    13. 


—  123  — 

Le  Sr  de  Varennes  laissait  sa  veuve  sans  ressources  et  chargée  d'une  nom- 
breuse famille. 

M.  Suite  cite  un  mémoire  (10)  rédigé  dans  le  courant  de  l'année  1690, 
où  il  est  dit  :  "Le  gouvernement  des  Trois-Rivières  étant  vacant  par  la  mort 
du  sieur  de  Varennes,  sa  femme  et  huit  enfants  sont  à  la  mendicité.  Plusieurs 
se  présentent  pour  avoir  ce  gouvernement.  Le  sieur  de  Ramezay  offre  de  don- 
ner mille  écus.  .  .  S'il  y  avait  lieu  d'ajouter  quelque  petite  pension  à  cette 
pauvre  famille  ce  serait  une  grande  charité.     C'est  une  bonne  noblesse." 

L'intendant  Charapigny  écrivait  le  10  mai  1691  :  "M.  de  Ramezay, 
gouverneur  des  Trois-Rivières,  a  payé  en  ma  présence,  à  la  veuve  de  M.  de 
Varennes,  les  trois  mille  livres  que  vous  avez  ordonnées,  qui  ont  été  employées 
utilement  pour  être  conservées  aux  enfants  ainsi  que  vous  me  l'avez  mar- 
qué "   (11). 

Après  la  mort  de  son  époux,  la  veuve  de  Varennes  alla  se  fixer  à  Bou- 
cherville,  chez  son  père.  M.  Suite  qui  donne  encore  ce  renseignement  (12) 
dit  :  "qu'elle  y  demeura  jusqu'à  la  fin  de  l'aimée  1695,  époque  où  elle  se 
rendit  à  Varennes". 

A  partir  de  cette  date  jusqu'à  l'année  1712,  son  nom  apparaît  fréquem- 
ment dans  les  registres  officiels  de  la  paroisse  de  Varennes. 

Il  est  probable  qu'en  1712,  elle  vint  résider  à  Montréal,  avec  son  fils 
René. 

En  1  723,  ce  dernier  rendait  foy  et  hommage,  au  nom  de  sa  mère,  jxîur 
la  seigneurie  de  Varennes  ;  il  est  dit  dans  l'acte  que  la  dame  de  Varennes 
n'avait  pu  se  rendre  à  Québec,  "attendu  son  grand  âge  et  ses  incommodités.  .  .  " 

En  1  730,  elle  sollicitait  encore  une  pension  :  "Nous  ne  pouvons,  disaient 
MM.  Beauharnois  et  Hocquart,  dans  une  lettre  au  ministre,  refuser  à  la  dame 
de  Varennes,  d'appuyer  la  demande  qu'elle  a  l'honneur  de  vous  faire  de  lui 
obtenir  une  pension  de  Sa  Majesté.  Ctte  dame  est  âgée  de  75  ans,  et  veuve 
d'un  gouverneur  des  Trois-Rivières." 

On  lui  accorda  une  gratification  de  1  50  livres,  qui,  à  sa  mort  en  1  733, 
passa  à  ime  dame  de  Lignens,  comme  on  le  voit  par  une  dépêche,  en  date  du 
20  avril  1734  (13). 

La  veuve  René  de  Varermes  décéda  à  Montréal   le  treize  mars    1  733, 


(10)  Bulletin  des  Recherches  historiques,    1915,  p.    105. 

(11)  Archives  du  Cemada,  Corresp.  générale,  1  690-1  691 ,  vol.  1  1 

(12)  Bulletin  des  Rech.  historiques,   1915,  p.   105. 

(13)  Arçh.  du  Canada,  Reg.  des  dép.,  vol.  61. 


—  124  — 

Voici  l'acte  de  sa  sépulture,  tel  qu'on  le  lit  dans  les  registres  de  la  paroisse  de 
Notre-Dame  :  "Le  quatorze  mars,  mil  sept  cent  trente  trois,  je,  prêtre  du 
sémincùre  de  Ville-Marie,  soussigné,  ay  inhumé  dans  la  chapelle  de  Saint- 
Amable  de  cette  église,  le  corps  de  Madame  Marie  Ursule  Boucher,  âgée  de 
quatre  vingt  ans  (14),  veuve  de  feu  Monsieur  Gauthier,  seigneur  de  Varennes, 
gouverneur  des  Trois-Rivières,  décédée  hier,  en  la  communion  de  la  Ste  Eglise 
Romaine,  ayant  reçu  les  sacrements  de  Ste-Eucharistie  et  d'Extrême-Onction. 
Ont  été  présents,  avec  tout  le  clergé  de  la  paroisse,  messieurs  Bouffandeau  et  de 
Vallières,  prêtres. 

BOUFFANDEAU,  prêtre  CHEZE,  ptre 

C.  VALLIERES. 

L'abbé  IVANHOE  CARON 


(14)      Elle  avait  en  réalité  78  ans. 


LE  JEU  DE  DAMES  CANADIEN 

A  propos  de  l'intéressant  article  publié  par  Monsieur  E.-Z.  Massicotte, 
dans  le  dernier  numéro  du  Bulletin  des  Recherches  Historiques,  sur  le  jeu  de 
dames  canadien,  voulez-vous  me  permettre  de  vous  signaler  le  passage  suivant 
d'une  lettre  du  chanoine  Hazeur-Delorme,  publiée  par  Mgr  Têtu,  dans  son 
histoire  du  Chapitre  de  Québec  (B.  R.  H.,  septembre  1910,  p.  271)  ?  Le 
chanoine  écrit  de  Paris  à  son  frère,  le  1  er  février  1  740,  et  lui  fait  part  de  la 
mort  de  Jean-Pascal  Soumande,  assassiné  par  un  officier  resté  inconnu,  deux 
ou  trois  semaines  seulement  après  qu'il  fût  arrivé  du  Canada  en  France,  et. 
racontant  ses  allées  et  venues  avant  le  terrible  accident,  il  ajoute  : 

"  Le  sept  de  ce  mois,  après  avoir  dîné  avec  son  cousin  à  l'ordinaire,  ils 
s'en  allèrent  tous  deux  à  un  café  comme  ils  avaient  coutume  de  faire  tous  les 
jours.  Après  avoir  pris  chacun  leur  tasse  de  café,  ils  s'amusèrent  à  jouer  aux 
dames  jusqu'à  six  heures  du  soir,  et  ensuite  sortirent  du  café  ensemble." 

L'aventure  de  ce  Canadien  qui,  arrivé  à  Paris  depuis  quelques  jours  seu- 
lement, joue  aux  dames  au  café  tout  un  après-midi,  montre  assez,  il  me  semble, 
eue  le  jeu  de  dames  devait  être  en  usage  au  Canada,  dès  1  740. 

A.  F. 

ERNEST  DOIN 

M.  Gérard  Malchelosse  me  fournit  sur  Ernest  Doin  des  renseignements 
qui  complètent  ceux  que  j'ai  déjà  publiés  dans  le  Bulletin,  1917,  pp.  26  et  59. 

Après  avoir  été  instituteur  à  Saint- Jean  de  1847  à  1850,  M.  Doin  alla 
ouvrir  une  école,  en  1851,  à  Laprairie  où  il  demeura  longtemps.  En  1853, 
il  fonda,  dans  cette  localité,  un  cercle  littéraire  et  dramatique  qu'il  alimentait 
de  ses  oeuvres. 

Mon  correspondant  ajoute  qu'en  plus  des  pièces  dont  j'ai  donné  la  liste, 
M.  Doin  était  l'auteur  de  Dimitri,  comédie,  et  du  Départ  pour  la  Crimée,  farce,- 
qui  furent  jouées  entre  1863  et  1867. 

E.-Z.  M. 


--  125.— 

Le  loyne  de  Sainte=Marle  et  Le  loyne  de  Martigny 


Y  a-t-il  eu  deux  Le  Moyne  de  Sainte-Hélène  ? 

L'auteur  du  Dictionnaire  généalogique,  vol.  I,  p.  379,  donne  à  Jacques 
Le  Moyne,  frère  de  Charles  Le  Moyne  de  Longueuil,  le  surnom  de  Sainte- 
Hélène  et  ajoute  qu'il  fut  inhumé  à  Québec,  le  4  décembre  1  690. 

Le  même  auteur  surnomme  également  "de  Sainte-Hélène"  un  fils  de 
Charles  Le  Moyne  de  Longueuil,  Jacques,  né  à  Montréal  en  avril  1  659  qui 
éfKJUsa  Mlle  de  Carion  en  1  684  et  aurait  lui  aussi  été  enterré  à  Québec  le  4 
décembre  1690  !      (Vol.  L  pp.  379  et  380). 

Ces  deux  Jacques  Le  Moyne,  oncle  et  neveu,  ont-ils  réellement  porté  le 
même  surnom  et  sont-ils,  tous  deux,  allés  mourir  dans  la  même  ville,  le  même 
jour  ? 

Nous  soumettons  humblement,  ainsi  que  l'on  dit  au  palais,  que  Mgr 
Tanguay  a  fait  erreur  ;  qu'il  n'y  eut  qu'un  Le  Moyne  de  Sainte-Hélène,  du 
moins  à  cette  époque,  et  qu'il  était  fils  de  Charles  et  que  son  surnom  lui  venait, 
sans  aucun  doute,  de  ce  que  son  p)ère  possédait  l'île  Sainte-Hélène. 

Nous  avons  examiné,  en  compagnie  de  M.  Lapalice,  archiviste  de  la 
fabrique  Notre-Dame,  les  actes  de  l'état  civil  de  1  659  à  1 672  ;  nous  avons 
lu  les  dix-sept  actes  de  Basset  dans  lesquels  apparaît  le  nom  de  Jacques  Le 
moyne,  frère  de  Charles  (de  1657  à  1697)  et,  nulle  part,  notre  |>ersoimage 
ne  prend  le  surnom  de  Sainte-Hélène.  Il  signe  invariablement  "J.  Le  Moyne" 
et  Basset  le  qualifie,  une  couple  de  fois,  dans  le  texte,  de  "sieur  de  Sainte- 
Marie".     Voilà  tout. 

Les  recensements  de  1  666-67  inscrivent  :  Jacques  Le  Moyne  ;  Faillon, 
vol.  II,  pp.  17,  82,  349,  365,  379  et  402,  écrit  Jacques  Le  Mo5me  et,  une 
fois,   (p.  402),  "sieur  de  Sainte-Marie". 

Si  ce  Jacques  Le  Moyne,  qui  fut  marchand,  marguillier  et  garde-magasin 
du  roi  à  Montréal,  avait  été  sieur  de  Sainte-Hélène,  il  semble  qu'on  le  trou- 
verait mentionné  ailleurs  que  dans  le  Dictionnaire. 

Son  homonyme,  par  contre,  ne  cache  pas  son  surnom,  il  s'en  accompagne 
dans  tous  les  actes  de  l'état  civil  (sauf  celui  de  son  baptême,  bien  entendu  !), 
dans  les  pièces  judiciaires  et  dans  les  documents  notariés. 

Notre  éminent  généalogiste,  évidemment  trompé  par  la  similitude  de  nom 
de  famille  et  de  prénom,  a  cru  d'abord  que  le  Jacques  inhumé  à  Québec,  en 
décembre   1  690,  était  l'époux  de  Mathurine  Godé,  tandis  que  c'était  l'époux 


...  i26j-- 

de  Jeanne  de  Carion.     Plus  tard,  il  s'est  ravisé,  mais  n'a  pas  corrigé  ce  qui 
était  déjà  fait. 

^  *!*      ^      ^ 

Jacques  Le  Moyne  de  Sainte-Marie  et  son  beau-frère  Michel  Messier 
reçurent  conjointement  de  Talon,  en  1672,  une  seigneurie  voisine  de  celle  de 
M.  de  Varennes.  Les  concessionnaires  la  partagèrnt  entre  eux,  en  1676  (1). 
La  moitié  échue  à  Le  Moyne  s'appela  d'abord  Natre-Dame  (2)  puis  Cap  de 
la  Trinité  ou  simplement  Trinité  et  l'autre  porta  le  nom  de  Cap  Saint-Michel, 
ou  Saint-Michel. 

Le  18  septembre  1692,  Jacques  Le  Moyne  de  Sainte-Hélène  louait  des 
terres  de  sa  seigneurie  à  Gabriel  Lambert  Sel,  sieur  Duclos. 

Un  autre  acte  de  Basset,  du  11  septembre  1697,  nous  fait  voir  qu'il 
était  alors  défunt.  Son  décès  s'est  donc  produit  entre  septembre  1 692  et 
septembre  1697,  mais  où  et  quand  ?  Les  registres  consultés  ne  nous  le  disent 
pas.  Chose  étrange  !  Les  registres  gardent  le  même  silence  sur  la  mort  de 
Charles  Lemoyne,  frère  de  Jacques  ! 

*   *   * 

Poursuivons.  Un  autre  Jacques  Le  Moyne,  baptisé,  celui-là,  le  29  no- 
vembre 1 660  et  fils  du  sieur  de  Sainte-Marie  siengage  f)Our  la  traite  dans 
l'ouest,  à  Greysolon  de  la  Tourette,  le  1er  août  1688  (Adhémar).  Le  11 
septembre  1697  (Basset),  il  vend  ses  droits  successifs  à  son  frère  Nicolas  Le 
Moyne,  sieur  de  Leau.  Jacques  ne  séjourna  pas  longtemps  parmi  nous  et  ce 
doit  être  lui  que  Mgr  Tanguay  signale  comme  étant  marchand  au  Détroit,  en 
1706  (I,  381). 

Le  1 9  avril  1 702  (Adhémar)  le  susdit  Nicolas  Le  Moyne  de  Leau 
transporte  les  droits  acquis  de  Jacques  à  son  autre  frère  Jean-Baptiste  Le  Moyne, 
sieur  de  Martigny,  né  à  Montréal  en  avril  1  662. 

Le  22  avril  1  702  (Adhémar)  J.-B.  Le  Moyne  de  Martigny  devient 
seul  propriétaire  de  la  seigneurie  de  la  Trinité  en  achetant  les  droits  de  ses 
frères  et  soeurs  suivants  :  Marguerite,  soeur  Saint-Esprit,  supérieure  de  la 
Congrégation  Notre-Dame  ;  Jeanne,  soeur  Saint-Charles,  de  la  même  congré- 
gation ;  Catherine,  épouse  de  Zacharie  Robutel,  sieur  de  la  Noue  ;  Louis 
Le  Moyne  de  Charleville  (3),  alors  en  France  et  représenté  par  sa  soeur  Ca- 


(1)  1er  août  1676  (Basset). 

(2)  Acte  de  foi  et  hommage,  greffe  de  Basset. 

(3)  Un  autre  Le  Moyne  de  Charleville  vécut  à  Montréal  de  1688  à 
1695.  Voir  B.  R.  H.,  XX,  267,  et  Tanguay,  I.  310. 


—  127  — 

therine,  enfin  Nicolas  Le  Moyne  de  Leau,  représenté  par  l'huissier  Georges 
Pruneau. 

*  *   * 

M.  Le  Moyne  de  Martigny  avait  épousé  à  Québec,  le  1er  juillet  1691, 
Marie-Elisabeth  Guyon  de  Rouvray  ;  il  fut  tué  en  1  709,  à  la  Baie  d'Hudson, 
'j  cours  d'une  expédition  commandée  par  M.  d'Ailleboust  de  Manteht.  La 
nouvelle  n'en  parvint  à  sa  veuve  que  plusieurs  mois  après,  car  ce  n'est  que  le  7 
juillet  1710  que  Marie-Elisabeth  Guyon  présente  requête  au  juge  de  Montréal, 
concernant  la  tutelle  de  son  unique  rejeton,  Jacques,  âgé  de  1  8  ans. 

Faisant  droit  à  la  demande  de  la  veuve,  le  tribunal  convoque  une  assemblée 
de  parents  et  amis  de  la  famille  et  ce  fut  Charles  Le  Moyne,  premier  baron  de 
Longueuil,  qui  fut  élu  tuteur  de  son  petit  cousin. 

*  *    * 

Ce  Jacques  prit,  comme  son  père,  le  surnom  de  Martigny  et  devint  sei- 
gneur de  la  Trinité.  Il  épousa,  à  Sainte-Anne  du  Bout  de  l'île,  le  8  janvier 
1716,  Angélique  GuilleL 

E.-Z.  MASSICOTTE 
L^INTENDANT  DU  CHESNEAU 

En  1 669,  le  5  janvier,  Jacques  du  Chesneau  comparut  en  la  ville  de 
Tours  devant  l'officier  royal  chargé  des  recherches  de  la  noblesse  de  Tours 
depuis  1 666.  Il  entendait  maintenir  sa  qualité  d'écuyer  et  de  chevalier  et 
déposa  au  greffe  des  pièces  justificatives  de  sa  noblesse  qui  remontait  à  1  5  1  I ,  à 
son  trisaïeul.  Il  était  issu  d'un  cadet  de  la  maison,  et  déclara  qu'outre  les 
enfants  de  son  oncle  Pierre  du  Chesneau,  Ecr,  il  ne  connaissait  personne  de  son 
nom  et  armes  qu'il  porte  :  "d'azur,  au  chevron  d'or  semé  de  besants  d'argent" 
et  qu'il  avait  ouï  dire  à  ses  père  et  mère  y  avoir  des  gentilshommes  en  Poitou 
de  son  nom. 

L'Armoriai  général  de  France,  de  1  696,  pour  la  généralité  du  Poitou,  ne 
donne  pas  de  parents  de  ce  nom  ;  cette  branche,  si  réellement  il  y  en  eut  une, 
était  peut-être  éteinte  alors. 

Notre  futur  intendant  demeurait  dans  sa  maison,  rue  de  La  Guerche.  Il 
signait  :     Du  Chesneau. 

REGIS  ROY 
L*INTENDANT  BIGOT 

La  charge  de  secrétaire  du  roi  conférait  la  noblesse.  Bigot,  qui  était 
conseiller  du  roi,  avait  été  reçu  secrétaire  du  roi,  du  Grand  Collège,  le  4  octobre 
1  734,  au  lieu  d'Etienne  Le  Couteulx  ;  il  fut  remplacé  le  6  mars  1  764  par 
A.-P.  Henri. 

Le  père  de  François  fut  doyen  de  la  cour  du  parlement  de  Bordeaux  ; 
le  grand-père  fut  greffier  au  même  parlement. 

REGIS  ROY 


—  128  — 
Ouvrages  publiés  par  William  Ghapman  (1) 


Les  Québécoises.  Québec,  typographie  de  C.  Darveau,  82,  rue  de  la 
Montagne — 1876.     223  pp.  in-8. 

Mines  d'or  de  la  Beauce.  Accompagné  d'une  carte  topographique. 
Lévis,  Mercier  &  Cie,  propriétaires  du  Quotidien — 1881.     66  pp.  in- 12. 

Ccld  mines  of  Beauce.      Lévis —  1881.    63  pp.  in- 12. 

Guide  et  Souvenir  de  la  St-Jean-Baptiste,  Montréal,  1 884.  Montréal, 
Imp.  The  Post  Printing  and  Publishing  Co. — 1884.     56  pp.  in-8. 

Les  Feuilles  d'Erable.  Montréal,  typographie  Gebhardt-Berthiaume,  30, 
rue  St-Gabriel—  1 890.     24 1  pp.  in- 1 2. 

Le  Lauréat,  critique  des  oeuvres  de  M.  Louis  Fréchette.  Québec,  Léger 
Brousseau,  imprimeur — 1894.      323  pp.  in-8. 

Deux  Copains.  Réplique  à  MM.  Fréchette  et  Sauvalle.  Québec,  Léger 
Brousseau,  imprimeur — 1894.      152  pp.  in-8. 

Nos  Immortels. 

A  propos  de  la  guerre  hispano-américaine.  Québec,  Léger  Brousseau, 
éditeur — 1898.'     14  pp.  in-4. 

Les  A sp. rations.  Poésies  canadiennes.  Paris,  librairies-imprimeries  réu- 
nies Motteroz,  Martinet,  7,  rue  Saint-Benoît — 1904.     353  pp.  in-4. 

Les  Rayons  du  Nord.  Poésies  canadiennes  couronnées  par  l'Académie 
française.  Editions  de  la  Revue  des  po"ètes,  235  bis,  rue  de  Vaugirard,  Paris 
—1910  (2).    258  pp.  in-4. 

Les  Fleurs  de  g.vre.  Editions  de  la  Revue  des  poètes,  15,  rue  Racine 
(Paris,  Vie)  MCMXII— 1912.     242  pp. 

P.-G.  R. 


(1)      Décédé  à  Ottawa  le  23  février  1917. 
(Paris,  Vie)  MCMXII— 1912.     242  pp.  in-4. 


QUESTION 


—  Garneau  (vol.  II,  p.  123)  raconte  en  une  trentaine  de  lignes  l'expé- 
dition de  M.  de  Lignery  contre  les  Renards  dans  l'été  de  1  728.  Où  trouve- 
rais-:e  une  relations  détaillée  de  cette  expédition,  les  noms  des  officiers  qui  en 
1  ,i: :-k::i:  partie,  etc.,  etc.  ? 

ETUD. 


BUI.LETIN 

DES 


RECHERCHES    HISTORIQUES 


rOL.  XXni  BEAUCEVILLE-Mil  H17  N«  S 


LA  FAMILLE  GUILLIMIN 


GUILLAUME  GUILLIMIN 

Né  à  Montréal  le  13  juillet  17 13. 

Fils  de  Charles  Guillimin  et  de  Françoise  Le  Maître- 
LaMorille. 

En  1736,  son  père,  qui  avait  reçu  tant  de  belles  pro- 
messes du  ministre,  essaya  de  lui  faire  donner  un  brevet 
d'écrivain.  Le  ministre  refusa,  ne  voulant  point  multiplier, 
ces  employés  (21). 

A  la  mort  de  son  père,  en  1739,  Guillaume  Guillimin 
n'avait  pas  encore  26  ans.  Il  ne  pouvait  donc  songer  à  le 
remplacer  tout  de  suite  au  Conseil  Supérieur. 

Le  ministre  regrettant  sans  doute  de  n'avoir  rien  fait 
pour  le  père,  retarda  la  nomination  de  son  successeur  au- 
tant qu'il  le  pût,  afin  de  donner  une  chance  au  fils  de  le 
remplacer. 

Le  13  avril  1740,  le  ministre  écrivait  à.  MM.  de  Beau- 
harnois  et  Hocquart  :  ^ 

"  A  l'égard  de  la  place  de  coner  au  Con'el  Sup'eur  de 
Québec  vacante  par  la  mort  du  Sr  Guillemin,  S.  M.  a  jugé 
à  propos  de  n'y  pas  pourvoir  cette  année  malgré  les  bons 
témoignages  que  vous  avés  rendus  du  Sr  Baudoin  le  jeune 


(21)     Archives  du  Canada,  Série  B.  f.  508. 


—  130  — 

que  vous  avés  proposé  pour  cette  place.  Suivant  ce  que 
le  Pro'eur  gen'al  m'a  mandé  du  succez  des  conférences  de 
droit  qu'il  tient,  et  suivant  ce  que  vous  en  dites  vous  mes- 
mes,  il  y  a  plusieurs  Sujets  qui  assistent  régulièrement  à 
ces  conférences.  Et  co'e  il  est  juste  de  préférer  ces  Sujets 
pour  les  places  de  judicature,  lorq'ls  en  seront  capables, 
j'ay  proposé  à  S.  M.  de  suspendre  le  remplacement  de  celle 
de  coner  pour  savoir  si  parmy  ces  Sujets  il  n'y  en  aura  pas 
quelqu'un  qui  puisse  la  mériter.  S.  M.  a  approuvé  cette 
propo'on  et  elle  souhaite  que  si  effectivement  il  s'en  trouve 
quelqu'un  qui  soit  propre  pour  cette  place  vous  l'indiquiés 
pour  ql  en  soit  pourvu.  Il  sera  bon  pour  ce  choix  que  vous 
vous  fassiés  rendre  compte  par  le  pro'eur  g'al  de  l'applica- 
tion et  des  talens  de  tous  ceux  qui  sont  dans  le  cas  "  (22). 

Un  peu  plus  tard,  le  2  mai  1740,  le  ministre  écrivait  à 
M.  Verrier,  procureur  général  du  Conseil  Supérieur  : 

"  J'ay  receu,  M.,  vostre  le.ttre  du  19  8bre  de  l'année 
dre.  Je  suis  toujours  satisfait  des  soins  que  vous  continués 
de  vous  donner  pour  rendre  de  plus  en  plus  utiles  les  con- 
férences de  droit  que  vous  estes  dans  l'usage  de  faire.  Je 
feray  valoir  vostre  zèle  a  cet  esgard  auprez  du  Roy,  et  je 
profiteray  volontiers  des  occasions  qui  se  présenteront  de 
vous  procurer  les  grâces  de  S.  Mté.  Au  surplus  vos  repré- 
sentations sur  le  compte  des  sujets  qui  assistent  a  vos  con- 
férences s'accordent  avec  les  vues  que  j'ay  toujours  eues 
pour  eux  :  lorsql.  y  en  aura  qui  seront  en  estât  de  remplir 
les  plapes  de  judicature  qui  viendront  a  vaquer,  il  sera  juste 
de  leur  donner  la  préférence  ;  et  c'est  pour  cela  que  je  n'ay 
point  proposé  au  Roy  de  remplacer  cette  année  le  sr  Guil- 
lemin  coner  au  Con'el  Sup'eur  et  que  j'écris  à  Mrs  de 
Beauharnois  et  Hocquart  d'examiner  si  l'on  ne  pourroit  pas 
prendre  quelqu'un  de  ces  Sujets  pour  cette  place"  (23). 

Le  2  octobre  1740,  MM.  de  Beauharnois  et  Hocquart 
écrivaient  au  ministre  : 

"  A  l'égard  de  la  place  de  conseiller  au  conseil  supérieur 


(22)  Archives  du  Canada,  Série  B.,  vol.  70.  f.  78. 

(23)  Archives  du  Canada,  Série  B..  vol.  70,  f.   192. 


-- 131  — 

vacante  par  la  mort  du  s.  Guillimin,  le  Sr  Beaudoin  le  jeune 
que  nous  avions  proposé  l'année  dernière  est  mort  ;  dans 
le  nombre  de  ceux  qui  assistent  aux  conférences  de  droit 
que  tient  le  procureur  général  du  Roy,  nous  ne  voyons  que 
le  fils  du  s.  Guillimin  qui  puisse  quant  à  présent  convenir 
en  le  faisant  passer  par  le  grade  d'assesseur  pendant  un  an 
ou  de. IX,  nous  avons  eu  l'honneur  de  vous  en  expliquer  les 
raisons  "  (24). 

Le  26  avril  1741,  le  ministre  répondait  comme  suit  à 
M.  de  Beauharnois  qui  dans  sa  lettre  commune  avec  M. 
Hocquart  avait  proposé  M.  Guillimin  pour  succéder  à  son 
père  et  dans  une  lettre  particulière  avait  suggéré  M.  de 
Saint-Simon  : 

"  Vous  scavés  que  dez  Tannée  dre  il  a  esté  réglé  que 
la  place  de  coner  au  con'el  Sup'eur  vacante  par  la  mort  du 
sr  Guillemin  seroit  réservée  pour  quelqu'un  des  sujets  qui 
se  sont  adonnés  à  l'étude  de  la  jurisprudence  et  qui  suivent 
les  leçons  du  pro'eur  gen'al  si  l'on  en  disposoit  a  présent 
pour  quelqu'autre,  ce  seroit  les  priver  d'un  objet  d'espé- 
rance et  d'émulation  qui  leur  a  esté  présenté  ;  en  sorte 
qu'il  ne  m'est  pas  possible  d'adopter  la  propo'on  que  vous 
avés  faite  du  Sr  de  St.  Simon  pour  cette  place,  et  j'ay  lieu 
de  croire  que  vous  le  sentirés  vous  mesme.  Supposé  cepen- 
dant que  parmi  les  sujets  dont  je  viens  de  vous  parler  il  ne 
s'en  trouve  pas  de  capable  de  remplir  cette  place,  et  qu'il 
soit  q'on  d'en  pourvoir  quelqu'autre,  je  me  souviendra}^  des 
témoignages  que  vous  m'avés  rendus  du  Sr  de  St.  Simon  ; 
et  je  suis  persuadé  au  reste  que  dans  ce  cas  là  M.  Hocquart 
se  portera  a  agir  de  concert  avec  vous,  dès  qu'il  sera  q'on 
d'un  bon  sujet  "  (25). 

Dans  un  mémoire  adressé  par  le  roi  à  MM.  de  Beau- 
harnois et  Hocquart,  le  12  mai  1741,  nous  lisons  : 

■'  S.  M.  est  toujours  satisfaite  de  l'attention  que  le  Sr 
Hocquart  paroit  donner  a  l'administration  de  la  justice  ; 
et  elle  est  persuadée  qu'il  ne  se  relâchera  point  sur  un  objet 


(24)  Archives  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol.  73,  f.  8. 

(25)  Archives  du  Canada,  Série  B.,  vol.  72,  f.   164. 


—  132  — 

dont  il  connoit  toute  l'importance. 

"  Elle  a  vu  par  la  liste  que  les  Srs  de  Beauh.  et  Hocq. 
ont  envoyé  des  personnes  qui  ont  suivi  les  leçons  de  droit 
du  procureur  général  du  conseil  Supeur  qu'il  n'y  a  que  les 
S'rs  Guillemin  et  le  Sr.  Cugnet  fils  sur  lesquels  on  puisse 
avoir  des  Vues  pour  remplir  les  places  de  conseiller.  Com- 
me il  est  cependant  important  d'exciter  leur  émulation  et 
que  S.  M.  pense  toujours  qu'il  n'est  pas  de  moyen  plus  pro- 
pre pour  cela  que  de  leur  donner  la  préférence  pour  ces 
places  lorsqu'ils  en  seront  jugés  capables.  Elle  n'est  encore 
déterminée  a  ne  pas  pourvoir  cette  année  a  celle  qui  vaque, 
et  puisque  les  Srs.  de  Beauharnois  et  Hocquart  ont  estimé 
qu'avant  de  proposer  le  s.  de  Guillemin,  il  convenoit  de  luy 
faire  faire  les  fonctions  d'assesseur,  elle  a  approuvée  qu'il 
luy  en  ayent  donné  la  Commission  ;'  et  elle  attendra  qu'ils 
rendent  compte  de  la  manière  dont  il  s'en  aquitera  "  (26). 

MM.  de  Beauharnois  et  Hocquart,  forts  de  l'approba- 
tion du  ministre,  donnèrent,  le  20  septembre  1741,  une 
commission  de  conseiller  assesseur  au  jeune  Guillimin.  Il 
fut  reçu  le  20  novembre  1741. 

M.  de  Beauharnois,  cependant,  tenait  à  la  nomination 
de  M.  de  Saint-Simon  au  Conseil  Supérieur.  Le  24  septem- 
bre 1741,  il  revenait  à  la  charge  auprès  du  ministre  : 

"  Je  scay,  monseigneur,  écrivait-il,  que  vous  avés  esti- 
mé dès  l'année  dernière  la  place  du  feu  sr  Guillemin  pour 
être  occupée  par  les  Sujets  qui  se  sont  adonnés  à  l'étude 
des  leçons  de  droit,  mais  Monseigneur,  permettes  moy 
d'avoir  l'honneur  de  vous  représenter  que  votre  intention 
n'étoit  que  dans  le  cas  qu'ils  fussent  capables  de  remplir 
ces  places,  je  ne  trouve  pas  que  le  sr  Guillemin  fils,  auquel 
nous  avons  accordé  une  commission  d'assesseur,  soit  suffi- 
sament  instruit,  d'ailleurs  il  n'a  pas  plus  de  27  à  28  ans,  et 
paroit  bien  jeime  pour  son  âge,  je  vous  suplie,  monseigneur, 
d'être  persuadé  que  nuls  motifs  de  prédilection  ne  me  font 
parler  ny  agir,  et  même  je  puis  vous  assurer  que  j'aime  la 
famille  du  sr  Guillemin,  et  que  j'ay  toujours  cherché  les 


(26)      Archives  du  Canada,  Série  B,  vol.  72,  f.  225. 


—133--- 

occasions  de  luy  faire  plaisir,  je  ne  vois,  Monseigneur,  quant 
à  présent,  personne  qui  puisse  remplir  la  place  de  conseiller 
vacante  avec  plus  de  dignité  que  le  sr  de  St  Simon,  je  me 
porteray  volontiers  à  être  de  concert  avec  M,  Hocquart, 
mais  je  doute  par  avance  qu'il  y  veuille  souscrire,  ne  l'ai- 
mant point,  je  ne  scay  pour  quelle  raison,  et  ayant  envie 
de  faire  place  au  fils  du  sr  Cugnet,  autre  jeune  homme  sans 
expérience  "  {2y). 

Le  12  avril  1742,  le  ministre  répondait  ainsi  à  M.  de 
Beauharnois  : 

"  S.  M.  est  disposée  à  donner  au  S.  Guillemin  la  pré- 
férence pour  la  place  de  coner  vaccante  au  conel  supeur  de 
Québec  si  par  la  manière  dont  il  aura  rempli  les  fonctions 
d'assesseur,  il  peut  en  estre  jugé  capable  ;  et  c'est  sur  quoi 
elle  attendra  le  compte  que  vous  et  M.  Hocquart  aurés  à  lui 
rendre  si  je  puis  d'ailleurs  faire  quelque  chose  pour  le  S.  de 
St  Simon  je  m'y  porterai  volontiers  par  l'intérest  que  vous 
prenez  à  ce  qui  le  regarde  "  (28). 

A  M.  Verrier,  procureur-général  du  Conseil  Supérieur, 
qui  s'intéressait  beaucoup  au  jeune  Guillimin,  le  ministre 
écrivait,  le  27  avril  i7-:2  : 

"  Je  suis  toujours  disposé,  M.,  à  procurer  au  s.  Guil- 
lemin la  place  de  Coner  vaccant  au  con'el  Sup'eur  si  par  la 
manière  dont  il  aura  rempli  les  fonctions  d'asseur  il  en  est 
jugé  capable.  Il  est  a  souhaiter  que  cette  préférence  puisse 
exciter  l'Emulation  des  jeunes  gens  de  la  Colonie  pour 
l'Etude  de  la  jurisprudence  ;  et  je  compte  que  de  vostre 
costé  vous  continuerés  de  donner  vos  leçons  avec  l'aplica- 
tion  et  l'assiduité  convenables  "  (29). 

Dans  le  mémoire  du  roi  à  MM.  de  Beauharnois  et  Hoc- 
quart du  30  avril  1742,  nous  lisons  : 

"  S.  M.  a  approuvé  que  les  S'rs  de  Beauh.  et  Hocquart 
ayent  expédié  au  S.  Guillemin  une  Commission  d'assesseur 
au  Coneil  Sup'eur  ;  et  pour  exciter  l'Emulation  des  jeunes 

(27)  Archives  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol.  75,  f.  260. 

(28)  Archives  du  Canada,  Série  B.,  vol.  74,  f.   182. 

(29)  Archives  du  Canada,  vol.  74,  f.  362. 


—134— 

gens  de  famille  de  Canada,  elle  est  disposée  a  donner  a  celuy 
cy  la  préférence  pour  la  place  de  Conseiller  vacante  par  la 
mort  de  son  Père  si  par  les  Connoissances  que  les  Srs  de 
Beauharnois  et  Hocquart  auront  eu  occasion  de  prendre  de 
ses  talens  et  de  son  application  ils  l'en  croyent  capable  ; 
mais  elle  ne  juge  point  a  propos  de  luy  accorder  dès  à  pré- 
sent comme  ils  le  proposent  les  300"  employées  a  l'occasion 
de  cette  place  sur  les  charges  du  Domaine  ;  et  elle  atten- 
dra avant  que  de  faire  autre  chose  pour  luy  le  compte  qu'ils 
doivent  lui  rendre  de  la  manière  dont  il  aura  rempli  ses 
fonctions  d'assesseur  la  préférence  au  reste  que  S.  M.  veut 
bien  donner  aux  sujets  qui  s'apliqueront  à  l'étude  du  droit 
pour  les  places  de  Judicature,  et  les  gages  qui  sont  attachés 
à  celles  de  Conseiller  devroient  exciter  l'ambition  et  l'Emu- 
lation des  jeunes  gens  de  famille  qui  peuvent  avoir  des  dis- 
positions pour  cette  étude  ;  et  les  Srs  de  B.  et  H.  ne  doivent 
rien  négliger  pour  les  engager  de  se  rendre  dignes  de  ces 
avantages  et  les  porter  pour  cet  effet  a  profiter  des  leçons 
que  le  Procureur  gênerai  doit  continuer  de  donner"  (30). 

Autre  mémoire  du  roi  à  MM.  de  Beauharnois  et  Hoc- 
quart du  31  mai  1743  : 

''  Elle  l'est  également  des  Témoignages  que  les  S.  de 
Beauharnois  et  hocquart  ont  rendu  en  faveur  du  S.  Guille- 
min  assesseur  au  Conseil  Supeur  et  persuadée  que  par  la 
manière  dont  il  continuera  de  travailler  il  se  mettra  en  Etat 
de  remplir  convenablement  les  fonctions  de  la  place  de 
coner  pour  laquelle  les  Srs  de  Beauharnois  et  Hocquart 
l'ont  proposé  Elle  est  toujours  disposée  a  la  lui  accorder. 
Elle  attendra  cependant,  avant  que  de  lui  en  faire  expédier 
les  provisions,  le  compte  qu'ils  auront  a  rendre  encore  cette 
année  de  son  apphcation  et  des  progrès  qu'il  aura  fait, 
ainsy  que  leurs  propositions  par  raport  a  la  place  de  Con- 
seiller, qui  se  trouve  aussi  vacante  par  la  mort  du  S.  Gail- 
lard, afin  qu'elle  puisse  y  pourvoir  en  même  tems  "  (31). 

Enfin,  le  mémoire  du  roi  du  24  mar-s  1744  annonçait  à 


(30)  Archives  du  Canada,  Série  B.  vol.  74-2.  f.  397. 

(31)  Archives  du  Canada,  Série  B,  vol.  76-2,  f.  368. 


—  135  — 

MM.  de  Beauharnois  et  Hocquart  la  nomination  de  M.  Guil- 
limin  au  Conseil  Supérieur  : 

"  Sur  les  témoignages  avantageux  que  les  S'rs  de  B. 
et  H.  ont  rendus  de  la  manière  dont  le  S.  Guillemin  a  conti- 
nué de  remplir  les  fonctions  d'assesseur  au  Conseil  supé- 
rieur de  Québec,  S.  M.  n'a  pas  cru  devoir  plus  longtemps 
différer  de  le  pourvoir  d'une  des  places  de  Con'er  qui  se 
trouvent  vacantes  dans  ce  Conseil. 

"  Le  compte  qu'ils  ont  rendu  de  l'assiduité  et  du  succès 
avec  lesquels  le  S.  Gaultier  médecin  a  suivi  les  leçons  de 
droit  et  de  jurisprudence  que  donne  le  S.  Verrier  procureur 
gênerai,  a  pareillement  déterminé  S.  M.  a  lui  accorder 
l'autre  place  de  Coner  qui  vaque  dans  le  même  Conseil,  et 
ses  prévisions  (sic)  avec  celles  du  Sr  Guillemin  seront  en- 
voyées aux  Srs  de  B.  et  H."  (32). 

Les  provisions  de  M.  Guillimin  furent  signées  par  le 
roi  le  lendemain,  25  mars  1744  (33).  ^L  Guillimin  fut  ins- 
tallé le  12  octobre  1744. 

Le  30  mars  1744,  le  ministre  écrivait  à  MM.  de  Beau- 
harnois et  Hocquart  : 

"  J'ay  rendu  compte  au  Roy  des  propositions  que  vous 
avez  faites  tant  pour  le  remplacement  des  deux  places  de 
con'er  vaccantes  au  Conseil  Supérieur  de  Québec  par  la 
mort  des  Srs  Guillemin  et  Gaillard,  que  pour  celui  de  la 
place  de  juge  des  trois-Rivières,  et  par  raport  a  la  retraite 
du  Sr  André  de  Leigne  Lieuten't  General  de  la  Prévosté  de 
Québec. 

"  Sa  M.  a  accordé  au  Sr  Guillemin  assesseur  l'une  des 
deux  places  de  Coner  et  l'autre  au  Sr  Gaultier  médecin  ;  et 
elle  s'est  déterminée  a  donner  a  ce  d'er  la  préférence  pour 
cette  place  sur  le  Sr  de  St  Simon,  non  seulement  parce  qu'il 
doit  estre  plus  instruit  que  luy  des  connoissances  qui  lui 
sont  nec'res  pr.  l'exercer  au  moyen  du  succez  avec  lequel 
vous  avez  marqué  qu'il  suivoit  les  leçons  de  Droit  et  de  ju- 
risprudence, mais  encore  parce  qu'il  a  paru  que  les  fonctions 


(32)  Archives  du  Canada,  Série  B,  vol.  78,  f.   140. 

(33)  Insinuations  du  Conseil  Supérieur,  cahier  No  9. 


...  I3ê  — 

de  Grand  Prévost  ne  sçauraient  se  concilier  avec  celles  de 
con'er  dans  les  affaires  criminelles  "  (34). 

M.  Guillimin  était  le  gendre  de  M.  Foucault  qui,  lui 
aussi,  était  conseiller  au  Conseil  Supérieur.  Le  12  octobre 
1744,  MM.  de  Beauharnois  et  Hocquart,  afin  de  régulariser 
sa  position,  demandaient  au  ministre  d'obtenir  des  lettres 
de  dispense  d'alliance  pour  M.  Guillimin. 

"  Le  S.  Guillemin  a  esté  installé  dans  l'office  de  Con- 
seiller au  Conseil  supérieur,  en  conséquence  des  provisions 
qu'il  a  plu  à  Sa  Majesté  d'en  faire  expédier  ;  son  alliance 
avec  le  s.  Foucault  autre  conseiller  a  donné  lieu  à  l'arrest 
qui  est  cy  joint,  mais  nous  vous  prions.  Monseigneur,  de 
procurer  les  lettres  de  comptabilité  nécessaire  en  pareil  cas 
suivant  l'usage  pratiqué  au  Conseil  "  (35). 

Ces  lettres  furent  signées  par  le  roi  le  28  avril  1745. 
Elles  disaient  : 

..."  Par  nos  lettres  de  provisions  du  25  mars  1744, 
nous  avons  pourvu  notre  cher  et  bien  aimé  Guillaume  Guil- 
limin de  l'office  de  cons.  au  d.  Conseil,  mais  comme  le  s. 
Foucault  son  beau-père  se  trouve  revêtu  d'un  pareil  office 
de  cons.  au  d.  conseil,  le  dit  exposant  aurait  besoin  de  nos 
lettres  de  dispense  du  degré  d'alliance  qui  est  entre  luy  et 
le  d.  s.  Foucault,  et  nous  a  très  humblement  fait  suplier  de 
les  luy  accorder,  à  ces  causes  voulant  favorablement  trait- 
ter  le  dit  s.  Guillimin  sur  les  témoignages  avantageux  que 
nous  avons  receu  de  sa  personne,  nous  vous  mandons. .  ." 

(36). 

Au  commencement  de  mai  1746,  le  vaisseau  "Letour- 
neur",  capitaine  Duhamel  ,arrivait  à  Québec.  Le  capitaine 
était  porteur  d'une  dépêche  du  ministre  en  date  du  24  jan- 
vier 17  6,  ordonnant  de  préparer  un  détachement  de  600 
Canadiens  et  d'autant  de  Sauvages  pour  aller  prendre  part 
à  la  campagne  en  Acadie. 

Le  gouverneur  de  Beauharnois  et  l'intendant  Hocquart 


(34)  Archives  du  Canada,  Série  B,  vol.   78,  f.   182. 

(35)  Archives  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol.  81-1,  f.  14. 

(36)  Insinuations  du  Conseil  Sup)érieur,  cahier  9. 


...  137  — 

se  mirent  à  Toeuvre  pour  préparer  cette  expédition  au  plus 
vite.  M.  de  Ramezay  en  reçut  le  commandement.  M.  Guil- 
limin  fut  nommé  commissaire  pour  lever  les  vivres,  etc.  Il 
devait  aussi  accompagner  l'expédition  en  la  même  qualité. 

Le  détachement  canadien  composé  de  680  hommes 
partit  de  Québec  le  5  juin  1746,  à  bord  du  vaisseau  "Letour- 
neur",  des  brigantins  "La  Petite  Marguerite",  "L'Ormond 
Succès",  "L'Emérillon",  du  bateau  le  "Loup  Marin"  et  des 
goélettes  "La  Petite  Anne"  et  l'^Amiable  Marthe"  (37). 

M.  Guillimin  revint  à  Québec  le  7  octobre  1746,  par  le 
vaisseau  "Letourneur". 

D'après  ce  que  nous  pouvons  constater,  il  s'était  ac- 
quitté de  sa  mission  délicate  à  la  satisfaction  du  gouverneur 
et  de  l'intendant  (38). 

Le  8  juin  1750,  M.  Guillimin  était  nommé  par  le  roi 
lieutenant-général  de  l'Amirauté  de  Québec  (39). 

Sept  ans  plus  tard,  le  24  avril  1757,  M.  Guillimin  suc- 
cédait à  Nicolas-Gaspard  Boucault  comme  lieutenant  par- 
ticulier de  la  Prévôté  de  Québec  (40).  Comme  ses  lettres 
de  provisions  tardaient  à  arriver,  le  8  juin  1758,  l'intendant 
Bigot  lui  donnait  la  commission  suivante  : 

"  Sa  Majesté  ayant  accordé  à  M.  Guillimin,  lieutenant 
de  l'Amirauté,  la  place  de  lieutenant  particulier  de  la  Pré- 
vôté de  cette  ville,  suivant  la  lettre  à  nous  écrite  par  M.  de 
Moras,  ministre  et  secrétaire  d'Etat  en  date  du  3  juin  de 
l'année  dernière  1757,  nous  en  attendant  que  la  commission 
nous  soit  parvenue,  avons  commis  et  commettons  le  d.  s. 
Guillemin  pour  en  remplir  les  d.  fonctions  "  (41). 

M.  Guillimin  fut  installé  dans  sa  nouvelle  charge  le  10 
juillet  1758. 


(37)  Le  journal  de  cette  campagne  fut  tenu  jour  par  jour  par  M.  de 
Beaujeu,  un  des  officiers  de  l'expédition.  Il  a  été  publié  dans  les  Documents 
inédits  du  Canada-Français,  tome  second,  p.  1  6. 

(38)  E.-B.  O'Callaghan,  Documentar^  Histor})  of  the  Siate  of  Net»- 
York,  vol.  X,  p.  42. 

(39)  Insinuations  du  Conseil  Supérieur,  cahier  9. 

(40)  Insinuations  du  Conseil  Supérieur,  cahier  10. 

(4 1  )      Commission  originale  signée  par  Bigot  en  la  possession  de  l'auteur. 


—  138  --- 

Il  ne  devait  pas  l'exercer  longtemps  puisque  quatorze 
mois  plus  tard,  le  13  septembre  1759,  la  chute  de  Québec 
faisait  disparaître  tous  les  tribunaux  que  le  roi  de  France 
avait  établis  dans  la  capitale. 

De  1759  à  1765  nous  avons  peu  de  renseignements  sur 
M.  Guillimin.  Nous  savons,  toutefois,  que  le  changement 
de  régime  le  ruina  complètement. 

En  1765,  M.  GuiUimin  recevait  du  gouverneur  Murray 
une  licence  de  procureur  et  avocat. 

Nous  lisons  dans  la  "Gazette  de  Québec"  du  21  mars 
1765: 

"  Le  public  est  averti  que  les  Messieurs  LeMaître 
LaMorille  et  Saillant,  notaires  publics  à  Québec.  Guillemin 
et  LeBrun,  qui  ont  été  reçus  à  la  Cour  Supérieure  des  plaids 
communs  de  la  province  de  Québec,  à  la  séance  du  29  jan- 
vier dernier,  auquel  jour  ils  ont  prêté  serment  en  cette  qua- 
lité, ont  obtenu  leurs  licences,  en  date  du  14  mars  présent 
mois,  de  Sa  Très  Honorable  Excellence,  le  gouverneur  en 
Chef  de  la  dite  province  de  Québec,  enregistrées  au  greffe 
de  la  dite  cour,  le  15  du  dit  mois,  pour  faire  toutes  fonctions 
de  procureur  et  avocat  dans  la  dite  cour,  qu'ils  ont  seule  le 
droit  d'avocasser,  signer  les  requêtes,  faire  toutes  ventes  et 
licitations  ordonnées  par  justice,  suivant  les  règlements  et 
taxes  qui  en  seront  faites  par  la  dite  cour.  En  outre,  M. 
Saillant,  un  des  avocats,  avertit  le  public  que  M.  Guillimin, 
son  confrère,  pendant  son  absence  se  chargera  des  affaires 
que  le  public  lui  a  confiées,  et  que  l'on  s'adressera  à  lui  no- 
tamment pour  les  licitations  des  emplacements  et  maisons 
de  Madame  LaRonde  et  du  sieur  LaPalme." 

Comme  on  le  voit,  les  avocats  avaient  alors  une  façon 
assez  curieuse  d'offrir  leurs  services  au  public. 

D'après  les  registres  des  commissions  déposées  aux 
Archives  du  Canada,  à  Ottawa,  la  commission  de  M.  Guilli- 
min aurait  été  signée  le  9  juillet  1766.  M.  Guillimin  serait 
donc  le  premier  avocat  canadien-français  puisque  Jean- 
Baptiste  LeBrun  qui  obtint  une  commission  d'avocat  deux 
jours  avant  lui  (7  juillet  1766)  était  né  en  France. 


...  139-.- 

Il  pratiqua  comme  procureur  et  avocat  à  Québec  jus- 
qu'à sa  mort. 

M.  Guillimin  reçut  en  même  temps  une  commission 
pour  pratiquer  comme  notaire.  Les  professions  d'avocat 
et  notaire  pouvaient  alors  être  exercées  simultanément. 
M.  Guillimin  pratiqua  très  peu  comme  notaire,  puisque  son 
greffe  déposé  aux  Archives  Judiciaires  de  Québec  ne  com- 
prend que  vingt  actes. 

M.  Guillimin  décéda  à  Québec  le  30  juillet  1771. 

Il  avait  épousé,  à  Québec,  le  4  mai  1744,  Marie-Gene- 
viève Foucault,  fille  de  François  Foucault,  conseiller  au 
Conseil  Supérieur,  écrivain  principal  de  la  marine,  et  de 
défunte  Catherine  Saunière-Sabourin. 

Madame  Guillimin  décéda  à  l'Hôpital-Général  de  Qué- 
bec, le  24  novembre  1790,  et  fut  inhumée  dans  l'église  de 
cette  communauté.  Par  son  testament  reçu  par  le  notaire 
Louis  Deschenaux,  le  12  avril  1790.  elle  avait  institué  l'Hô- 
pital-Général  sa  légataire  universelle.  Madame  Guillimin 
ne  laissait  guère  plus  que  les  meubles  de  sa  chambre  et  ses 
effets  personnels. 

Enfants  : 

lo  Marie- Jacques  Guillimin 

Née  à  Québec  le  19  avril  1745. 
Décédée  à  Beauport  le  24  juillet  1746. 

2o  Charles  Guillimin 

Né  à  Québec  le  26  février  1746. 
Décédé  à  Beauport  le  19  mars  1746. 
3o  Marie-Charlotte  Guillimin 

Née  à  Québec  le  7  juillet  1747. 

Mariée  à  Montréal,  le  19  septembre  1763,  à  Joseph- 
Amable  Trottier  dit  DesRivières,  fils  de  Julien  Trottier  dit 
DesRivières  et  de  Louise-Catherine  Raimbault. 

M.  Trottier  dit  DesRivières  décéda  à  Montréal  le  7 
mars  1771,  à  l'âge  de  2i7  ans. 

En  secondes  noces,  à  Montréal,  le  2  décembre  1776, 
Marie-Charlotte  Guillimin  devint  l'épouse  de  James  ^IcGill. 


—  140  — 

On  sait  que  l'honorable  M.  McGill  fut  le  fondateur  de 
l'université  McGill. 

M.  McGill  décéda  à  Montréal  le  19  décembre  1813,  à 
l'âge  de  69  ans. 

Madame  McGill  décéda  aussi  à  Montréal  le  16  avril 
1818. 

4o  Marie-Geneviève  Guillimin 

Née  à  Québec  le  28  mars  1749. 

Entrée  le  21  décembre  1769,  à  l'Hôpital-Général  de 
Québec,  elle  reçut  quelques  mois  après  le  saint  habit  des 
mains  de  Mgr  Briand.  Elle  fit  profession  le  23  mai  1771, 
sous  le  nom  de  Saint-Olivier.  Elle  avait  pris  ce  nom  en 
l'honneur  de  Mgr  Olivier  Briand  qui  s'était  grandement 
intéressé  à  elle. 

Nous  lisons  dans  "Monseigneur  de  Saint-Vallier  et 
l'Hôpital-Général  de  Québec"  (p.  507)  : 

'*'  Epouse  d'un  Dieu  crucifié,  la  Mère  Saint-Olivier 
n'hésita  pas  à  embrasser  la  croix,  et  à  se  dévouer  à  tous  les 
genres  de  travaux  et  de  privations  qu'exigeaient  alors  les 
besoins  de  notre  communauté.  Ses  progrès  dans  la  vertu 
furent  rapides  ;  et  dans  les  divers  offices  oti  les  supérieures 
jugèrent  à  propos  de  l'employer,  elle  donna  totijours  une 
entière  satisfaction.  La  communauté  la  choisit  pour  dépo- 
sitaire en  1789,  et  pendant  douze  ans,  elle  s'appliqua,  non 
sans  succès,  à  faire  valoir  l'héritage  des  pauvres  de  Jésus- 
Christ.  La  direction  des  novices  lui  fut  ensuite  confiée  ; 
elle  passa  de  cet  emploi  à  celui  de  supérieure.  Alors  plus 
que  jamais,  la  communauté  se  ressentit  des  efifets  de  sa 
charité  tendre  et  compatissante.  Oublieuse  d'elle-même 
et  de  ses  propres  intérêts,  elle  ne  songeait  qu'au  bien  et  à 
l'avantage  de  ses  filles  ;  elle  se  servait  de  l'ascendant 
qu'elle  s'était  acquis  sur  les  coeurs  pour  les  porter  à  l'amour 
et  à  la  pratique  des  vertus  les  plus  sublimes. 

"  Sa  prédilection  marquée  était  pour  celles  qu'elle 
voyait  affligées  soit  de  peines  intérieures,  soit  de  soufiFran- 
ces  physiques.  Dans  certaines  occasions,  il  lui  était  impos- 
sible de  prendre  aucune  nourriture  jusqu'à  ce  qu'elle  eût 
ramené  la  paix  et  la  joie,  là  où  régnaient  le  trouble  et  la 


...  14  f  — 

tristesse,  et  elle  avait  une  adresse  incomparable  pour  con- 
soler, encourager  et  fortifier  les  esprits  abattus  et  les  coeurs 
blessés.  Sa  bonté  prévoyante  s'étendait  à  tous  les  besoins, 
et  malgré  l'état  de  gène  où  se  trouvait  alors  notre  commu- 
nauté, cette  mère  attentive  veillait  à  ce  qu'aucune  ne  man- 
quât du  nécessaire  soit  pour  la  nourriture,  soit  pour  le  vê- 
tement. Quoiqu'elle  fût  pourvue  depuis  plusieurs  années 
d'une  rente  viagère,  elle  ne  s'en  prévalut  jamais,  que  pour 
procurer  aux  autres  des  soulagements  qu'elle  se  refusait 
à  elle-même.  Dans  la  charge  d'assistante,  la  Mère  Saint- 
Olivier  observa,  proportion  gardée,  la  ligne  de  conduite 
qu'elle  avait  adoptée  étant  supérieure.  Remplie  de  l'esprit 
de  notre  saint  institut,  elle  avait  une  tendre  compassion 
pour  les  pauvres  et  les  malades  ;  et  pendant  les  huit  ans 
qu'elle  passa  dans  l'emploi  d'hospitalière,  elle  se  dévoua 
sans  réserve  au  service  des  membres  souffrants  de  Jésus- 
Christ." 

La  Mère  Saint-Olivier  décéda  le  30  octobre  1826,  à 
l'âge  de  78  ans,  après  56  ans  de  profession. 

5o  Jean- André-Guillaume  Guillimin 

Né  à  Québec  le  10  juin  1750. 

Ordonné  prêtre  à  Montréal  le  3  juillet  1774. 

Nous  lisons  dans  un  "Etat  de  la  Compagnie  des  prêtres 
de  Saint-Sulpice  de  Montréal,  envoyé  à  M.  Emery,  supé- 
rieur à  Paris",  le  15  septembre  178    : 

"  M.  x\ndré  Guillemin,  prêtre  canadien,  né  à  Québec  en 
1750,  d'une  famille  distinguée  dans  la  judicature  d'alors, 
mais  ruinée  dans  le  siège  de  la  ville  de  Québec,  et  dans  la 
prise  entière  de  la  province  du  Canada  ;  depuis  ce  temps 
élevé  par  charité  et  fait  prêtre  dans  notre  maison  en  1774, 
il  s'est  toujours  regardé  comme  l'un  des  nôtres  ;  peu  de 
santé  ;  fervent  ;  des  talents  ;  bon  esprit  :  très  bon  ca- 
ractère ;   souhaite  de  s'unir  à  nous  "  (42). 

M.  l'abbé  Guillim.in  fut,  en  effet,  agrégé  à  la  Compagnie 
de  Saint-Sulpice  le  2^  octobre  T785. 

(42)      L.-A.  Huguet-Latour,  Annuaire  Je  Ville-Marie,  vol    1 ,  p.  259. 


—  142  - 

Ses  supérieurs  lui  confièrent  la  direction  de  la  Congré- 
gation de  Notre-Dame  de  la  Victoire  puis  de  l'Association 
de  la  Sainte-Famille.  Il  fut  ensuite  bibliothécaire  du  sémi- 
naire de  Saint-Sulpice. 

M.  l'abbé  Guillimin  décéda  à  Montréal  le  ii  juin  1800. 

60  Louise-Charlotte  Guillimin 

Née  à  Québec  le  28  mars  1752. 

Décédée  au  même  endroit  le  28  mars  1752. 

7o  Joseph  Guillimin 

Né  à  Québec  le  11  avril  1754. 
Décédé  en  bas  âge. 

80  Marie-Françoise  Guillimin 

Née  à  Québec  le  4  décembre  1755. 

Décédée  au  même  endroit  le  31  décembre  1755. 

9o  Marie-Joseph  Guillimin 

Né  à  Québec  le  6  juin  1759. 

Décédé  au  même  endroit  le  18  août  1759. 

lOo  Marie- Madeleine  Guillimin 

Née  à  Québec  le  4  août  1764. 

Décédée  en  bas  âge. 

P.-G.  R. 


LE  MOYNE  DE  SAINTE-MARIE 


Dans  mon  article  sur  Le  Moyne  de  Sainte-Marie  et  Le  Moyne  de  Mar- 
tigny,  paru  dans  le  numéro  d'avril  dernier,  une  distraction  me  joue  un  vilain 
tour. 

Après  avoir  démontré,  je  crois,  que  Le  Moyne  de  Sainte-Marie  n'a  jamais 
pris  le  surnom  de  Sainte-Hélène,  je  veux  prouver,  en  plus,  que  ce  ne  fut  pas  lui 
qui  mourut  à  Québec  en  1 690  et  voilà  que  le  hasard  me  fait  appeler  mon 
personnage  Le  Moyne  de  Sainte-Hélène  au  lieu  de  Le  Mo^e  de  Sainte-Marie  ! 

Le  lecteur,  s'il  s'en  trouve  qui  s'intéresse  à  la  chose,  voudra-t-il  prendre  la 
peine  de  rétablir  le  texte  et  de  mettre,  à  la  page  1 26,  9ème  ligne,  Sainte-Marie 
à  la  place  de  Sainte-Hélène  ? 

E.-Z.  MASSICOTTE 


143 


Les  prisonniers  de  guerre  américains  décédés 
à  Québec  de  1812  à  1815 


Pendant  la  guerre  de  1812-1813  un  bon  nombre  de  prisonniers  améri- 
cains furent  détenus  à  Québec.  Plusieurs  de  ces  soldats  décédèrent  ici.  Nous 
avons  relevé  aux  registres  de  la  cathédrale  anglicane  de  Québec  les  actes  de 
sépulture  des  prisonniers  de  Québec  décédés  et  inhumés  à  Québec  en  1812, 
1813,   1814  et  1815.     Nous  en  avons  trouvé  84  en  tout. 

—  James  Mcduffey,  private  soldier  in  the  fourth  régiment  of  foot  of  the 
United  States  of  America,  prisoner  of  war,  aged  about  twenty-eight  years,  died 
september  the  twenty  fifth  and  was  buned  september  the  twenty  sixth  in  the 
year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  tv^elve. 

By  me  George  Jehosaphat  Mountain. 

—  Samuel  Lewis,  of  the  State  of  Pensylvania,  private  soldier  in  the 
United  States  first  régiment  of  Infantry,  a  prisoner  of  war,  aged  hventy-eight 
years,  died  october  the  twelfth,  and  was  buried  october  the  thirteenth,  in  dic 
year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  twelve. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  John  McMaster,  private  soldier  in  the  Fourth  United  States  Régi- 
ment of  Infantry,  aged  twenty  four  years,  a  prisoner  of  war,  died  october  the 
fifteenth,  and  was  buried  october  the  sixteenth,  in  the  year  of  Our  Lord  one 
thousand  eight  hundred  and  twelve. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Henry  Pluck,  private  soldier  in  the  Fourth  United  States  Régiment 
of  Infantry  (captain  Browks  company),  a  prisoner  of  war,  aged  twenty-sixth 
years,  died  october  the  fifteenth,  and  was  buried  october  the  seventeenth,  in 
the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  twelve. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Amos  Inguls,  private  soldier  in  the  Fourth  United  States  Régiment 
of  Infantry,  aged  thirty  one  years,  a  prisoner  of  war,  died  october  the  ninc- 
teenth,  émd  was  buried  october  the  twentieth,  in  the  year  of  our  Lord  one 
diousand  eight  hundred  and  twelve. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Dermis  Hageman,  musician  in  the  United  States  First  Régiment  of 
Artillcry,  aged  about  thirty  eight  years,  died  october  the  twenty  second,  and 


...  144  — 

was  buried  october  the  twenty  third  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight 
hundred  and  twelve. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Francis-N.  Smith,  sergeant  in  the  thirteenth  United  States  Régiment 
of  Infantry,  aged  about  twenty  five  years,  a  prisoner  of  war,  died  november 
the  leventh,  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  himdred  and  twelve. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Abraham  Dutcher,  private  soldier  of  the  Fourth  United  States  Régi- 
ment of  Infantry,  a  prisoner  of  war,  aged  forty  years,  died  november  the 
twelfth,  and  was  buried  november  the  fourteenth  in  the  year  of  Our  Lord  one 
thousand  eight  hundred  and  twelve. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Jeremiah  Vanderbogert,  private  soldier  in  die  Sixth  United  States 
Régiment  of  Infantry,  a  prisoner  of  war,  aged  about  thirty  years,  died  no- 
vember the  sixteenth,  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and 
twelve. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  .  .  .  Deproulx,  private  soldier  in  the  sixth  United  States  Régiment  of 
Infantry,  aged  upwards  of  thirty  years,  died  november  the  eighteenth,  and  was 
buried  november  the  twentieth,  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousaad  eight 
hundred  and  twelve. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Stephen  Easter,  private  soldier  in  the  ninth  régiment  of  foot  of  the 
United  States  of  America,  prisoner  of  war,  aged  thirty  five  years,  died  on 
board  the  Malabar,  prisonship,  June  the  twenty  eight  and  was  buried  june  the 
twenty-ninth  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  himdred  and  thirteen. 

By  me,  George-Jehosaphat  Mountain,  evening  lecturer  at  Québec. 

—  Joseph  Howard,  private  soldier  in  the  twenty-first  régiment  of  foot 
of  the  United  States  of  America,  prisoner  of  war,  aged  sixteen  years,  died  on 
board  the  Malabar  prison-ship,  july  the  fourth,  and  was  buried  july  the  fifth 
in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  George-Jehosaphat  Mountain,  evening  lecturer  at  Québec. 

—  John  Defriend,  private  soldier  in  the  twenty-second  Régiment  of  Foot, 
of  the  United-States  of  America,  a  prisoner  of  war,  aged  thirty-six  years,  died 
(on  goard  the  Nantilus  transport)  July  the  tenth,  and  was  buried  July  the 
eleventh,  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Elisha  Harridon,  private  soldier  in  the  ninth  Régiment  of  Foot,  of 


...  145  -  - 

the  United  States  of  America,  a  native  of  Norton  in  the  State  of  Massachu- 
setts, prisoner  of  war,  aged  twenty-seven  years,  died  July  the  sixteenth,  and 
was  buried  July  the  seventeenth,  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight 
hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  WilHam  Smith,  private  soldier  in  the  United  States  fourteenth  Régi- 
ment of  Infantry,  a  prisoner  of  war,  aged  thirty-six  years,  died  July  the  six- 
teenth, and  was  buried  july  the  eighteenth,  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand 
eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  John  Holland,  private  soldier  i  nthe  United  States  fourteenth  Régi- 
ment of  Infantry,  a  prisoner  of  war,  aged  forty-two  years,  died  July  the  seven- 
teenth and  was  buried  July  the  eghteenth,  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand 
eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Perry  Lawton,  private  soldier  in  the  United  States  ninth  Régiment 
of  Infantry,  a  prisoner  of  war,  of  the  town  of  Dedham,  in  the  state  of  Massa- 
chusetts, aged  twenty-two  years,  died  July  the  twentieth  and  was  buried  July 
the  twenty-first  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and 
thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  John-L.  Sanborn,  sergeant  in  the  Eleventh  United  States  Régiment 
of  Foot,  bom  in  New  London,  state  of  Massachusetts,  a  prisoner  of  war,  aged 
twenty-one  years,  died  July  the  twenty-second,  and  was  buried  July  the  twenty- 
third,  in  the  year  of  Our  Lord,  one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Charles  Launders,  private  soldier  in  the  Twenty-first  United  States 
Régiment  of  Foot,  bom  in  the  town  of  Salem,  state  of  Massachusetts,  a  prisoner 
of  war,  aged  fifty  years,  died  July  the  twenty-second,  and  weis  buried  July 
the  twenty-third  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and 
thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Solomon  Dearbom,  private  soldier  in  the  Twenty-first  United  States 
régiment  of  Foot,  bom  at  Gloucester  near  Portland,  Massachusetts,  a  prisoner 
of  war,  aged  thirty-five  years,  died  july  the  twenty-second,  and  was  buried 
july  the  twenty-third,  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and 
thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 


...  146  — 

—  Nathaniel  Pratt,  private  soldier  in  the  Twenty-first  United-States 
Régiment  of  foot,  born  at  Halifax,  in  the  county  of  Plymouth,  Massachusetts, 
a  prisoner  of  war,  aged  thirty-four  years,  died  July  the  twenty-second,  and  was 
buried  July  the  twenty-third  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hun- 
dred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Elie  Green,  private  soldier  in  the  Ninth  United  States  Régiment  of 
Foot,  born  at  Brockland,  county  of  Alsborough,  state  of  New-Hampshire,  a 
prisoner  of  war,  aged  nineteenth  years,  died  July  the  twenty-second,  and  was 
buried  July  the  twenty-third,  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hun- 
dred  cind  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Benjamin  Lake,  private  soldier  in  the  fourteenth  United  States  Régi- 
ment of  Foot,  born  at  Plattsburg,  a  prisoner  of  war,  aged  twenty  five  years, 
died  July  the  twenty-second,  and  was  buried  July,  the  twenty-third,  in  the  year 
of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  George  Shaver,  private  soldier  in  the  Fourteenth  United  States  Régi- 
ment of  Foot,  born  in  Palatine  County,  state  of  New- York,  a  prisoner  of  war, 
aged  thirty  years,  died  July  the  twenty-fith,  and  was  buried  July  the  twenty 
sixth,  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Moimtain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Eli  Herrick,  corporal  of  marines  on  board  the  United  States  sloop 
Eagle,  a  prisoner  of  war,  aged  twenty-one  years,  died  July  the  twenty-seventh, 
and  was  buried  July  the  twenty-eight  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand 
ei^t  hundred  and  thirteen. 

3y  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Elihu  Phinney,  private  soldier  in  the  Thirteenth  United  States  Régi- 
ment of  Foot,  aged  thirty-four  years,  a  prisoner  of  war,  died  July  the  twenty- 
sixdi  and  was  buried  july  the  twenty  eight  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand 
eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Michaël  Butler,  private  soldier  in  the  twenty-third  United  States  Ré- 
giment of  Foot,  of  the  town  of  Dearport,  in  the  county  of  Orange,  in  the  State 
of  New- York,  a  prisoner  of  war,  about  twenty  years  of  âge,  died  july  the 
twenty-eight  and  was  buried  july  the  thirtieth,  in  the  year  of  Our  Lord  one 
thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

'    By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 


...  j  47  ... 

—  Silvanus  Martin,  private  soldier  in  the  Ninth  United  States  Régiment 
of  Foot,  a  prisoner  of  war,  aged  twentyrseven  years,  died  august  the  third, 
and  was  buried  august  the  fourth,  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight 
hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  William  Mitchell,  private  soldier  in  the  Fourteenth  United  States 
Régiment  of  Foot,  a  prisoner  of  war,  aged  forty-six  years,  died  august  the 
four^,  and  was  buried  august  the  sixth,  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand 
eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Isaac  Reed,  private  soldier  in  the  Ninth  United  States  Régiment  of 
Foot,  a  prisoner  of  war,  aged  seventeen  years,  died  august  the  sixth,  in  the 
year  of  Our  Lord  one  thouscind  ei^t  hundred  £md  tfairtecD. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Jabez  Bacon,  private  soldier  in  the  United  States  Ninth  Régiment 
of  foot,  born  at  Natick,  in  the  state  of  Massachusetts,  a  prisoner  of  war,  aged 
thirty-eight  years,  died  august  the  fifth,  and  was  buried  august  the  sixth,  in 
the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  éind  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Solomon  Hunt,  private  soldier  in  the  United  States  ninth  Régiment 
of  foot,  born  at  Tukesberry,  in  the  state  of  Massachusetts,  a  prisoner  of  war, 
aged  fifty  two  years,  died  august  the  sixth,  and  was  buried  august  the  seventh, 
in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Moimtain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Benjamin  Kimball,  fifer  in  the  United  States  twenty-first  Régiment 
of  Foot,  born  at  Topsfield,  in  the  state  of  Massachusetts,  a  prisoner  of  war, 
aged  thirty-nine  years,  died  august  the  sixth,  amd  was  buried  august  the  seventh, 
in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Moimtain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  George  Hoover,  private  soldier  in  the  fourteenth  United  States  Régi- 
ment of  foot,  a  prisoner  of  war,  aged  twenty-three  years,  died  august  the  ninth, 
and  was  buried  august  the  tenth,  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight 
hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Ephraim  Young,  private  soldier  in  the  United  States  twenty-first  Ré- 
giment of  Foot,  aged  about  eighteen  years,  died  august  the  tenth,  and  was 
buried  august  the  eleventh  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred 
£md  thirteen. 


—  148  — 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Stephen  Davis,  private  soldier  in  the  United  States  twenty-first  Régi- 
ment of  Foot,  a  prisoner  of  war,  aged  forty-nine  years,  died  august  the  tenth, 
and  was  buried  august  the  eleventh,  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight 
hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Archibald  McMillen,  private  soldier,  in  the  United  States  twenty- 
first  Régiment  of  foot,  a  prisoner  of  war,  aged  twenty-five  years,  died  august 
the  twelfth,  and  was  buried  august  the  fourteenth,  on  the  year  of  Our  Lord 
one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Willm.  Batry,  private  soldier  in  the  United  States  twenty-second  Regt 
of  foot,  a  prisoner  of  war,  from  the  state  of  Pennsylvania,  aged  forty-one  years, 
died  august  the  eleventh  and  was  buried  augt  the  fourteenth  in  the  year  of  Our 
Lord  one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Jonathan  Inguls,  a  volunteer  in  the  United  States  Army,  from  the 
state  of  Massachusetts,  a  prisoner  of  war,  aged  thirty-eight  years,  died  augt 
the  fourteenth  and  was  buried  augt  the  fifteenth  in  the  year  of  Our  Lord  one 
thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Benjamin  Roe,  private  soldier  in  the  United  States  Ninth  Regt.  of 
Foot,  from  the  state  of  New- York,  a  prisoner  of  war,  aged  twenty-two  years, 
died  august  the  fourteenth  and  was  buried  august  the  fiftienth  in  the  year  of 
Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Moimtain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  John  Ayers,  a  volunteer  in  the  United  States  Army  from  the  state 
of  New- York,  a  prisoner  of  war,  aged  forty-five  years,  died  august  the  four- 
teenth and  was  buried  august  the  sixteenth  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand 
eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  SaJter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Benjamin  Pratt,  a  volunteer  in  the  United  States  army,  from  the  State 
of  Massachusetts,  a  prisoner  of  war,  aged  twenty-two  years,  died  august  the 
nineteènth  and  was  buried  august  the  twentieth,  in  the  year  of  Our  Lord  one 
thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 
— Ambrose  Eaton,  private  soldier  in  the  United  States  eleventh  Régiment 
of  foot,  born  at  Topsfield,  in  the  state  of  Massachusetts,  a  prisoner  of  war. 


...  149  — 

aged  twenty-one  years,  died  august  the  twenty-first,  and  was  buried  august  the 
twenty  second,  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and 
thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  ministei  at  Québec. 

—  John  Rost,  private  soldier  in  the  fourteenth  United  States  Régiment 
ôf  foot,  from  the  state  of  New- York,  a  prisoner  of  war,  aged  twenty-eight 
years,  died  august  the  twenty-second,  and  was  buried  august  the  twenty- f our th, 
in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  diirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Thomas  Girton,  private  soldier  in  the  United  States  second  régiment 
of  artillery,  from  the  state  of  New- Jersey,  a  prisoner  of  war,  aged  twenty-eight 
years,  died  august  the  twenty-third,  and  was  buried  august  the  twenty- fourtfa, 
in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Simeon  Paul,  a  volunteer  in  the  United  States  army,  from  the  state 
of  Massachusetts,  a  prisoner  of  war,  aged  seventeen  years,  died  august  the 
twenty-fifth,  and  was  buried  august  the  twenty  sixth,  in  the  year  of  Our  Lord 
one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Moimtain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Andrew  Knight,  private  soldier  in  die  United  States  ninth  Régiment 
of  foot,  from  the  state  of  Massachusetts,  a  prisoner  of  war,  aged  ninteen  years, 
died  august  the  twenty-seventh,  and  was  buried  the  twenty-eighth  in  the  year 
of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Stephen  Bowe,  a  volunteer  in  the  United  States  army,  private  soldier, 
a  prisoner  of  war,  from  the  state  of  Massachusetts,  aged  twenty  two  years,  died 
august  the  twenty  seventh,  and  was  buried  august  the  twenty-eight,  in  the  year 
of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Nathan  Poster,  a  volunteer  in  the  United  States  ninth  Régiment  of 
Foot,  private  soldier,  prisoner  of  war,  from  Freeport,  in  the  state  of  Mjissa- 
chusetts,  aged  twenty  years,  died  august  the  twenty -eigth  juid  was  buried  august 
the  twenty-ninth  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousamd  eight  hundred  and 
thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

(Suite  dans  la  prochaine  livraison) 


—  150  — 

LES  FRERES  CHARON 


DE  NOUVEAUX  NOMS 


Avec  l'idée  que  des  lecteurs  pourraient  nous  aider  à  compléter  notre  tra- 
vail, nous  avons  publié  dans  le  Bulletin  de  1916,  pp.  365  et  suivantes,  une 
liste  de  27  noms  de  personnes  qui,  à  un  titre  quelconque,  semblent  avoir  fait 
partie  de  la  communauté  des  Frères  hospitaliers  de  Saint-Jos^h  de  la  Croix, 
à  Montréal,  entre  1692  et  1747. 

Notre  espoir  n'a  pas  été  déçu,  car  on  nous  a  signalé  des  dociunents  qui 
nous  î)ermettent  d'ajouter  quatre  noms,  peut-être  cinq  ! 

Et,  sans  plus  de  préambule,  nous  "enfrons  en  matière". 

*   *   * 

BARROY. — "Frère  Barroy  de  l'hôpital  général  de  cette  ville"  est 
assigné  comme  témoin,  le  5  octobre  1797  (Archives  judiciaires). 

Une  famille  Barrois  demeura  dans  la  région  de  Montréal  vers  ce  temps. 
Son  fondateur,  Antoine  Barrois,  épousa,  en  1672,  Arme  LeBer,  fille  de  Fran- 
çois et  nièce  du  marchand  Jacques  LeBer.  Quatre  fils  de  ce  colon  étaient  assez 
âgés  pour  appartenir  à  la  communauté,  en  1  707.  Ce  sont  Philippe,  né  en 
1  672  ;    François,  né  en  1  676  ;   Charles,  né  en  1  678,  et  Antoine,  né  en  1  683. 

CREPONS. — "  Frère  Crépons  (ou  Chepons)  de  l'hôpital  général  de 
cette  ville."  Assigné  en  même  temps  que  le  précédent  à  venir  témoigner  devant 
le  tribunal,  le  5  octobre  1  707. 

On  trouve,  dans  Tanguay,  un  Charles  Crespon  qui  épjouse  à  Québec,  le 
9  janvier  1  736,  Marie  Bergevin,  veuve  de  Simon  Morin. 

GUY  DE  GOURNAY. — II  est  dit  maître  d'école  de  la  communauté 
des  frères  Charon  dans  un  acte  sôus  seing  privé  du  22  octobre  1  724.  Il  signe 
Gui  Gournay   (Notes  inédites  de  l'abbé  Faillon.      Bibliothèque  St-Sulpice). 

LAURENT  BRUNO  DIT  DE  SIMIOL.— Il  figure  également  dans 
le  document  du  22  octobre  1  724  en  qualité  de  maître  d'école  résidant  à  l'hôpi- 
tal. Nous  croyons  que  ce  doit  être  ce  Joseph-Laurent  Simiot,  marchand,  qui 
fut  inhumé  dans  l'église  à  Québec,  le  23  août  1729.  (Tanguay,  VII,  186 
tiBull  desR.H.,XX,  181). 

Le  fait  que  le  nom  est  écrit  Simiol  dans  les  notes  de  l'abbé  Faillon  ne 
peut  nuire  à  notre  conjecture,  car  le  copiste  employé  par  le  distingué  historien 
se  tromp>e  souvent. 


...  151  -- 

LOUIS  FRIN. — Voici  un  nom  que  nous  hésitons  à  placer  dans  la  liste 
des  Frères  Charon.  Louis  Frin  fut  domestique  de  M.  de  Maisonneuve  à  Mont- 
réal, puis  en  France  jusqu'à  la  mort  de  son  maître,  en  1  676.  Trois  ans  plus 
tard,  la  Soeur  Bourgeois,  en  partant  pour  la  France,  se  fit  autoriser  à  l'engager 
pour  venir  demeurer  à  Villemarie  (Faillon,  H.  de  la  C,  III,  112,  et  Vie  de 
Soeur  Bourgeois,  I,  262). 

L'auteur  anonyme  de  la  Vie  de  soeur  Marguerile  Bourgeois,  parue  en 
1818,  donne  aussi  les  détails  ci-dessus,  mais  il  ajoute  que  "Louis  Frin,  dans  la 
suite,  fut  frère  Charon,  sous  le  nom  de  Frère  Louis"  (p.  108). 

Sur  quoi  base-t-il  son  assertion  ?      Nous  l'ignorons. 

Frin  n'apparaît  dans  aucun  document  relatif  aux  frères  Charon  que  nous 
avons  vu  et  le  seul  frère  Louis  qui  nous  soit  coimu  s'appelait  Louis  Pillard. 

*    *    * 

Dans  notre  premier  article  nous  avons  dit  quelques  mots  sur  Jean  Fredin, 
bienfaiteur  de  l'institut  et  qui  s'associa  à  M.  Charon  vers  1  692.  Depuis,  nous 
trouvons,  dans  les  archives  du  palais  de  justice,  que  l'intendant  Bochart,  le  26 
septembre  l  686  et  le  2 1  juin  1  692,  avait  pour  secrétaire  un  nommé  Fredin. 
Ce  doit  être  le  même  personnage. 

PROJET  D'ETABLISSEMENT  A  LAROCHELLE 

Lorsque  tous  les  documents  concernant  la  corMnunauté  des  Frères  Charon 
seront  exhumés  on  aura  la  matière  d'un  volume  intéressant,  car  il  n'est  pas 
d'institut  fondé  au  Canada  dont  l'histoire  offre  plus  de  pages  curieuses. 

Imaginerait-on,  par  exemple,  que  l'ancienne  France  songea,  un  jour  à 
demander  à  une  communauté  de  la  Nouvelle-France  de  lui  envoyer  des  sujets 
pour  continuer  en  Europe  l'oeuvre  commencé  en  Amérique  ? 

Et  pourtant  le  fait  est  indéniable,  comme  on  le  constatera  par  le  document 
suivant  : 

"  22  8bre  1  724. 

"  Consentement  donné  par  les  frères  hospitaliers  à  l'établissement  de  leur 
communauté  à  la  Rochelle. 

"  Furent  présents,  frère  André  Dumoire,  assistant  et  premier  conseiller 
des  frères  de  l'hôpital  général  de  cette  ville  et  les  frères  Alexandre  Turpin, 
économe,  Antoine  Lagirardière,  maître  d'école,  Louis  Pillard,  bibliothécaire, 
Jérôme  Héraud  manufacturier,  Gervais  Hodienne  hospitalier.  Joseph  Delerin, 
François  Simonet,  hospitalier  et  maître  d'école,  Guy  de  Goumay  (il  signe  Gui- 
gournay) ,  maître  d'école,  Laurent  Bruno  dit  de  Simiol,  maître  d'école,  Benoit 
de  Chavanne  et  François  Niquet  tous  assemblés  en  une  salle  dudit  hôpital  et 


—  152  — 

ainsi  représentant  la  communauté  desdits  frères  dudit  hôpital  général,  en  l'ab- 
sence du  frère  Louis  Turc  Chrétien,  leur  supérieur,  et  des  autres  frères  qui  sont 
actuellement  en  mission  dans  les  paroisses  de  cette  colonie.  .  .  etc. 

"  Lesquels  dits  comparants,  audit  nom  et  encore  en  ta  présence  et  assistés 
de  Messire  Nicolas  Boucher,  prêtre  de  l'Eglise  Cathédrale  de  Québec,  direc- 
teur spirituel  de  cet  hôpital  ont  dit  que  sur  ce  qui  leur  a  été  représenté  que 
Monseigneur  l'évêque  de  la  Rochelle  voulait  établir  dans  sa  ville  épiscopale 
des  écoles  p>our  apprendre  à  lire  et  écrire  à  la  jeunesse  ainsi  que  lesdits  frères 
le  font  en  cette  colonie,  et  que  Sa  Grandeur  avait  jeté  la  vue  sur  leur  dite 
Communauté  pour  cet  établissement,  si  elle  voulait  l'accepter. 

'*  Ils  en  ont  mûrement  conféré  dans  les  précédentes  assemblées  qu'ils  ont 
faites  à  ce  sujet  ;  et  que  ne  croyant  pas  perdre  une  si  belle  occasion  de  con- 
tribur  à  l'éducation  de  la  jeunesse  de  la  Rochelle  et  de  perfctionner,  à  même 
temps,  l'Etablissement  que  lesdits  frères  ont  en  cette  ville, 

*'  Reconnaissant  les  grands  biens  qui  reviendraient  de  cet  Etablissement, 
ils  ont  tous  d'une  voix  consenti  et  ont  en  conséquence  déclaré  par  ces  présentes 
qu'ils  consentent  et  approuvent  que  l'union  s'en  fasse  et  que  les  lettres  patentes 
qu'ils  ont  obtenues  de  Sa  Majesté  s'étendent  audit  Etablissement  de  la  Rochelle, 
comme  à  un  membre  dépendant  de  leur  mciison  de  Montréal,  donnant  tout  pou- 
voir pour  obtenir  cette  grâce  de  Sa  Majesté  au  porteur,  etc.  .  . 

"  Fait  en  ime  des  salles  dudit  hôpital  général,  à  Montréal,  le  28  8bre 
1  724  "  (Suivent  toutes  les  signatures) . 

*   ♦  * 

Le  texte  que  nous  venons  de  reproduire  provient  des  notes  inédites  de  la 
collection  Faillon,  conservée  à  la  Bibliothèque  Saint-Sulpice  de  Montréal. 

Il  s'y  trouve  bien  quelques  erreurs  de  noms  (  1  ) ,  car  nous  l'avons  déjà 
remarqué,  les  copistes  employés  par  l'historien  Faillon  n'étaient  pas  des  paléo- 
graphes et  il  leur  arrivait,  par-ci  par-là,  de  mutiler  des  mots.  Toutefois,  le  fond 
n'en  reste  pas  moins  inattaquable. 

Le  projet,  ce  nous  semble,  n'eut  pas  de  suite  et  cela  est  regrettable,  car  s'il 
se  fut  réalisé,  l'institut  du  canadien  Charon  de  la  Barre  en  aurait  certainement 
bénéficié. 

Hélas  !  nos  religieux  n'eurent  que  la  consolation  de  n'avoir  pas  refusé 
l'offre. 

E.-Z.  MASSICOTTE 


(  1  )  Dimioire  pour  Demoire,  Hodierme  pour  Hodiesne,  Delerm  pour 
Delerm  et  Simiol  pour  Simiot  probablement.  Voir  nos  notes  déjà  parues  dans 
le  Bulletin  sur  les  Frères  Charon. 


...  153  — 
Le  jeu  de  billard  sous  le  régime  français 


A  la  page  94  du  premier  volume  du  Bulletin  des  recherches  historiques, 
on  lit  que  le  jeu  de  billard  était  comiu  du  temps  des  Français  et  que  le  29  mai 
1  727,  l'intendant  Dupuy  doima  permission  au  sieur  Henry  Caën  de  tenir  billard 
en  la  ville  de  Québec.  * 

Il  ne  doit  pas  s'agir,  dans  la  note  ci-desus  du  premier  billard  qui  se  soit 
vu  à  Québec  ou  dans  la  Nouvelle-France,  car  ce  jeu  existait  soixamte  ans  plus 
tôt,  au  moins,  à  Montréal  et  voici  une  page  curieuse  des  annales  judiciaires  qui 
va  nous  en  fournir  la  preuve. 

^    ^    ^ 

Le  21  avril  1688,  par  devant  J.-B.  Migeon  de  Branssat,  "bailly,  juge 
civil  et  criminel",  de  la  seigneurie  de  Montréal,  comparaissait  Abraham  Bouat, 
propriétaire  du  Ritz-Carlton  d'alors  et  "maistre  d'un  billard",  sous  l'accusation 
d'avoir  laissé  jouer  du  billard  chez  lui,  le  lundi,  lendemain  de  Pâques,  durant 
lés  vêpres. 

Autrefois,  paraît-il,  la  fête  de  Pâques  durait  trois  jours  ;  de  plus,  à 
cette  époque,  les  auberges  ne  fermaient  pas  les  jours  de  dimanche  et  de  fête, 
mais  il  ne  fallait  y  tolérer  aucun  jeu,  ni  y  débiter  aucime  boisson  durant  les 
offices  religieux. 

Maître  Bouat,  homme  fort  resp)ectable,  sans  nier  l'ofiense.  chercha  à  se 
disculper. 

Le  jour  en  question,  le  sieur  Jean  Boudor,  marchand,  jouait  au  billard 
avec  le  sieur  de  Blainville,  en  présence  de  nombreux  spectateurs  parmi  lesquels 
on  remarquait  Claude  de  Mafre,  seigneur  de  Crusel,  capitaine  dans  les  troupes, 
les  sieurs  Gobet,  Besson,  Limonet,  Cachois  (  1  ) ,  Jean  Martinet  de  Fonblanche, 
chirurgien,  M.   Legardeur  de  Repentigny  et  J.-B.  Dailleboust  des  Musseaux. 

A  l'heure  des  vêpres,  l'aubergiste  pria  les  joueurs  et  leurs  amis  de  se 
retirer,  mais  le  sieur  Boudor  répondit  que  son  adversaire  et  lui  "étaient  échauf- 
fés" et  qu'ils  ne  pouvaient  pas  abandormer  leur  partie.  Il  «jouta  même,  qu'au 
cas  de  "visite  de  police"  il  paierait  tous  les  frais  qui  pourraient  en  résulter. 

Et  la  conséquence  fut  que  jusqu'au  "soleil  couché"  les  joueurs  continuè- 
rent leur  match,  tandis  que  les  spectateurs  pariaient  en  faveur  de  leurs  cham- 
pions respectifs. 

♦   *   * 


(  1  )      Probablement  Jacques  Cauchois,  beau-frère  de  Martinet  de  Fon- 
blanche. 


...  154  — 

Le  procureur  fiscal,  dans  son  réquisitoire,  flétrit  les  mécréants  dont  la  con- 
duite en  cette  circonstance,  fut  "un  mespris  et  dérision  formelle  aux  règlemens, 
"  une  profanation  des  saints  jours  de  fêtes  et  une  contravantion  volontaire  et 
"  délibérée  qui  a  attiré  plusieurs  personnes  pendant  l'office  Divin  à  les  voir 
"  jouer  **. 

*   *   * 

Abraham  Bouat  ne  pouvait  échapper  !  On  le  condamna  à  20  livres 
d'amende,  sauf  recours  contre  Jean  Boudor,  mais  défense  fut  faite  à  l'auber- 
giste, même  si  on  promettait  de  l'indemniser  "d'ouvrir  la  porte  de  son  billard, 
"  de  fournir  et  donner  les  billes  ainsi  que  les  billards  (sic)  à  qui  que  ce  soit, 
"  pendant  les  offices  Divins.  .  .  à  peine  de  50  livres  d'amende". 

E..Z.  MASSICOTTE 


REPONSE 


Jean  Daniel,  écu^er,  sieur  Dumas  (XXIII,  III). — Je  trouve  les  pré- 
noms du  siêur  Dumas  dans  r"Extrait  général  des  sépultures,  mariages  et  bap- 
têmes qui  se  sont  fait,  pendant  la  campagne  de  la  belle  Rivière,  parafé  et  signé. 
Marin,  l'original  desquels  est  resté  au  fort  duquesne  à  la  belle  rivière,  sous  le 
titre  de  l'assomption  de  la  Ste  Vierge  (1753)  ",  acte  de  baptême  de  Jean- 
Daniel  Norment  : 

"  L'an  mille  sept  cent  cinquante  cinq,  le  dix  huit  de  Septembre  a  esté 
baptisé  avec  les  cérémonies  ordinaires  de  nostre  mère  la  Ste  Eglise,  Jean  Daniel 
Norment,  né  du  mesme  jour,  fils  de  Jean  Gaspar  Norment  et  de  Marie  Joseph 
Chainier,  ses  père  et  mère  en  légitime  mariage.  Le  parain  a  esté  Mr  Jean  Daniel 
Escu^er,  sieur  Dumas,  capitaine  d'Infanterie,  Commandant  en  chef  des  forts 
de  la  Presquille,  de  la  rivière  aux  boeufs  et  de  celui  de  Duquesne  à  La  belle 
rivière.  La  maraine  a  esté  Thérèse  Norment,  Laquelle  a  déclaré  ne  scavoir 
signer  le  parain  seul  a  signé  avec  nous 

Dumas  —  Fr  Denys 
Baron,  P.  R.,  aumônier 

PLACIDE  GAUDET 


QUESTION 

—  Peut-on  me  dire  ce  qu'il  y  a  de  vrai  dans  l'assertion  suivante  que  l'on 
a  émise  en  certain  lieu  récemment  :  Quand  la  croix  de  St-Georges  a  été  mise 
sur  le  champ  bleu  du  drapeau  des  Ecossais  il  a  fallu  y  mettre  d'abord  une  croix 
blanche  afin  de  faire  ressortir  la  croix  rouge.  De  fait,  cette  large  croix  blanche 
est  celle  de  St-Denis,  le  drapeau  populaire  de  la  vieille  France  royaliste  et  du 
drapeau  canadien  de  Carillon  ? 

REX 


—  155  --- 

Une  épidémie  à  Québec  en  1685 


Le  28  septembre  1685,  l'intendant  de  MeuUes  écrivait  au  ministre  : 

"  L'arrivée  des  deux  vaisseaux  de  Sa  Majesté  a  causé  un  grand  désordre 
en  Camada.  Ceux  qui  y  ont  passé  ont  presque  tous  été  attaqués  de  maladie 
contagieuse,  qui  s'est  même  communiquée  à  la  plupart  des  habitants  qui  se  sont 
mis  en  devoir  des  soulager.  Vous  verrez.  Monseigneur,  par  la  liste  que  je  vous 
envoie  combien  il  est  mort  d'officiers,  soldats,  engagés  et  matelots.  Ce  mal  a 
été  si  dcingereux  que  la  plupart  des  maîtres  de  barques  que  j'ai  été  obligé  de 
leur  envoyer  en  sont  morts  ou  malades.  Il  y  en  a  un  entr'autres  qui  était  un 
nommé  Denis  Dion  qui  en  est  mort  et  laisse  une  veuve  avec  huit  ou  dix  enfemts. 
Sa  famille  mérite  que  Sa  Majesté  lui  fasse  quelque  gratification,  deux  de  ces 
énfeuits  étant  encore  présentement  à  l'extrémité.  Quoique  le  vaisseau  oij  on 
envoyait  le  dit  Dion  fut  soupçonné  de  contagion,  il  ne  laissa  pas  d'obéir  aveu- 
glement aux  ordres  qui  lui  furent  donnés.  Vous  aurez,  s'il  vous  plait,  égard. 
Monseigneur,  à  ces  sortes  de  services.  Si  cet  homme  n'y  avait  pas  été,  les  deux 
vaisseaux  du  Roi  seraient  péris  sans  secours  parcequ'ils  étaient  à  trente  lieues 
de  Québec  et  n'avaient  pas  la  force  de  lever  leurs  ancres.  Il  est  encore  morts 
de  bons  ecclésiaistiques  que  Monsieur  l'évêque  faisait  venir  ici,  pour  avoir  voulu 
secourir  les  meJades. 

"  Il  est  déjà  mort  un  tiers  de  ceux  qu'on  a  mis  à  l'Hôpital  quoiqu'ils 
aient  été  parfaitement  bien  secourus.  On  ne  saurait  faire  trop  de  cas  de  cet 
hôpital  ;  les  religieuses  ont  fait  dans  cette  occasion  des  choses  surprenantes,  il 
le  faut  regarder  comme  im  bien  universel  qui  mérite  que  Sa  Majesté  l'appuie 
fortement. 

"  Monsieur  le  gouverneur  et  Monsieur  l'évêque  m'ont  fort  sollicité  de 
leur  faire  donner  pour  les  malades,  qui  ont  été  jusques  au  nombre  de  cent, 
des  couvertures,  des  draps,  des  paillcisses  et  des  chemises,  celles  du  Roi  étant 
dans  un  vaisseau  marchand  qui  n'était  pas  encore  arrivé  ;  cette  déjjense  que 
je  n'ai  pu  refuser  monte  à  huit  ou  neuf  cents  livres  (  1  ) .    " 

Le  3  décembre  1685,  le  marquis  de  Denonville  écrivait  à  son  tour  au 
ministre  : 

"  Nous  venons  de  perdre  un  homme  que  vous  ne  scauriez  trop  regretter  : 
il  estoit  tel  qu'il  nous  le  féiloit  en  ce  païs  :  c'est  le  pauvre  Le  Maire  qui  mourut 
hier.     Il  estoit  fidelle,  désintéraissé,  homme  de  bien,  aimens  le  servisse  et  son 


(  I  )      Archives  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol.  7. 


—  156  ™ 

amploy,  outre  cela  il  avoit  l'esprit  aisé  et  vive  et  incapable  d'aucune  rancune. 
Voilà  Monseigneur  des  calités  qui  sont  bien  nécessaires  aux  gens  qui  doivent 
avoir  le  manimant  des  affaires  de  ce  pa^s.  Je  ne  puis  Monseigneur  vous  témoi- 
gner aces  le  regret  que  j'ay  de  la  perte  de  ce  bon  sujet,  sur  lequel  je  comptois 
le  principal  arengemant  de  nos  affaires.  Je  vous  advoue  que  je  me  trouve  à 
présent  aces  embaracé  car  je  remarque  tant  de  manège  ches  la  plupart  des  gens 
et  d'intéraissement  que  je  ne  scay  qui  croire  encor  moins  à  qui  me  lier  :  j'espère 
que  mon  voyage  de  Montréal  me  rendra  plus  éclairé  et  que  je  connoistray 
mieux  mes  gens.  Je  vous  supplie  Monseigneur  de  croire  que  je  me  suis  proposé 
en  venant  icy  de  me  conduire  tout  autant  que  je  pourray  sans  pation  ny  pré- 
vention et  de  m' attacher  inviolablement  aux  intentions  du  Roy  et  aux  vostres 
en  maintenant  les  gens  de  bien  et  apuyans  la  justisse  et  c'est  Monseigneur  sur 
ces  articles  que  je  prends  la  liberté  de  vous  demander  de  la  sévérité  contre  moy 
tout  le  premier  quand  je  seray  aces  malheureux  pour  y  manquer. 

"  La  flûte  le  Mulet  est  enfin  arrivé  de  la  semaine  dernière  si  la  maladie 
y  a  esté  aussy  grande  il  y  a  eu  beaucoup  plus  d'arengement  dans  le  bord  et  plus 
d'ordre  que  dans  le  Fourgon  aussy  Mr  le  Chevalier  de  la  Corde  est-il  un  officier 
fort  appliqué  dont  on  se  loue  très  fort  car  il  a  bien  pris  soin  des  malades. 

"  Ce  qu'yl  y  a  encore  de  fâcheux  est  que  plusieurs  de  nos  bons  abiteins 
que  nous  avons  envoyé  au  devant  pour  secourir  les  flustes  sont  tombés  malades 
et  qu'il  en  est  mort  dont  l'un  nommé  Guion  laisse  une  veuve  avec  noeuf  enfans 
qui  auroient  bien  besoin  d'estre  secourus  estant  très  pauvres.  M.  l'intendant  et 
moy  sommes  convenus  de  remplasser  les  soldats  mors  de  pareil  nombre  d'enga- 
gés dont  on  a  fait  faire  des  mémoires  p)our  les  retrouver  quant  besoin  sera  :  on 
ne  vous  scauroit  encore  rôidre  compte  de  ce  qui  este  de  soldats  et  d'engagés 
car  tous  les  jours  il  en  meurt  quelqu'un  à  l'hôpital  ou  on  en  conta  hier  jusques 
à  cent. 

"  Lés  Religieuses  de  cet  hôpital  prennent  un  soin  admirable  des  malades. 
ELn  vérité  Monseigneur  elles  méritent  bien  que  vous  leur  faciès  quelques  grati- 
fications pour  leur  eider  à  exercer  leurs  charités  envers  le  païs  auquel  elles  sont 
d'un  grand  secours,  ne  refusans  aucun  malade  pauvre  ou  riche,  elles  ressoivent 
ce  que  l'on  veut  donner,  tous  les  malades  de  la  Campagne  ne  trouvent  de  escours 
qu'en  sy  faisens  porter,  faire  du  bien  à  cette  maison  Monseigneur  c'est  en  faire 
à  tout  le  païs. 

"  La  supérieure  est  Canadienne  très  raisonnable,  d'une  sagesse  et  conduite 
admirable.  Sa  maison  est  engagée  de  dix  mille  livres  ches  les  marchands,  il 
y  a  deux  revenus  séparés  celuy  de  l'hôpital  ne  suffiroit  pas  elles  employent  celuy 


--  15 


de  la  communauté  et  l'engagent  de  mesme  M.  l'Evesque  ressoit  leurs  comptes 
tous  les  ans,  avec  quelques  années  de  vos  bienfaits  elles  peuvent  espérer  de 
raconunoder  leurs  affaires  ne  leur  refuses  pas  Mgr  l'honneur  de  vostre  pro- 
tection "  (2). 


(2)      Archives  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol.  7. 


REPONSE 


L'expédition  de  M.  de  Ligner};  contre  les  Renards  (XXIII,  IV,  p.  128). 
— Eln  1  728,  décidé  d'en  finir  avec  les  Outagamis  ou  Renards,  le  gouverneur 
de  Beauharnois  confiait  à  M.  LeMarchand  de  Lignery,  major  des  Trois- 
Rivières,  le  commandement  d'im  parti  de  400  Français  ou  Canadiens  et  de 
700  ou  800  Sauvages  iroquois,  hurons,  népissings  et  outaouais,  qui  avait  pwur 
objectif  de  détruire  cette  nation  perverse. 

Nous  n'avons  péis  de  liste  officielle  des  officiers  du  parti  de  M.  de  Lignery. 
Nous  savons  seulement  que  le  second  en  commandement  était  M.  Louis  Liénard 
de  Beaujeu,  capitaine  dans  les  trouf)es  du  détachement  de  la  marine.  Les 
aimiôniers  étaient  l'abbé  François-Michel  Pellet,  le  Père  Jésuite  Jacques-David 
Quentin  de  la  Bretonnière  et  le  Père  Récollet  Emmémuel  Crespel. 

La  tâche  n'était  pas  aisée  car  les  Renards  habitaient  à  près  de  cinq  cents 
lieues  de  Montréal,  dans  l'état  actuel  de  l'Indiana. 

Le  détachement  partit  de  Montréal  le  5  juin  1  728.  Tout  le  trajet  se  fit 
en  canots  par  la  rivière  des  Outaouais,  le  lac  Nipissing,  la  rivière  des  Framçais, 
le  lac  Huron,  le  lac  Michigan,  etc.,  etc.  M.  de  Lignery  défit  la  nation  des 
Fol  les- Avoines  mais  il  ne  put  rejoindre  les  Renards  qui,  à  son  approche,  pre- 
naient la  fuite.  M.  de  Lignery  dût  se  contenter  de  détruire  les  villages  des 
Renards  et  de  ravager  les  campagnes  environnéuites  afin  de  leur  enlever  le  moyen 
de  subsister.  L'expédition  était  de  retour  à  Montréal  dans  les  derniers  jours  de 
septembre  1  728. 

Dans  les  Voiages  du  R.  P.  Emmanuel  Crespel  dans  le  Canada  et  son  nau- 
frage en  revenant  en  France,  on  trouvera  une  relation  assez  détaillée  de  l'expé- 
dition de  M.  de  Ligenry  contre  les  Renards. 

P.-G.  R. 


—  158  -- 

Champlain  et  Maisonneuve  à  Montréal  en  1613  ! 


Samuel  de  Champlain  a-t-il  vu  Paul  de  Chomedey,  sieur  de  Maisonneuve, 
à  Montréal,  en   1613,  soit  vingt-neuf  ans  avant  la  fondation  de  cette  ville  ? 

Lorsqu'on  a  parcouru  la  relation  des  voyages  de  Champlain  traduite 
par  Annie  Nettleton  Bourne  et  annotée  par  Edward  Gaylord  Boume,  profes- 
seur d'histoire  à  l'université  de  Yale,  on  ne  peut  éviter  de  se  poser  la  question 
ci-dessus,  car  on  lit,  à  une  certaine  page,  que  le  1  7  juin  1613,  M.  de  Champlain 
rencontra,  près  du  Sault  Saint-Louis,  un  sieur  de  Maisonneuve,  puis  au  bas,  en 
note,  que  ce  sieur  de  Maisonneuve  n'était  autre  que  Paul  de  Chomedey,  etc.  ! 

Si  toutefois  vous  comparez  le  texte  de  l'édition  Boume  avec  celui  de 
l'édition  Laverdière  vous  constaterez  que  l'historien  américain  a  résumé  plutôt 
que  traduit  une  foule  de  passages  de  la  relation. 

Par  exemple,  on  voit,  dans  l'édition  Laverdière,  qu'à  son  arrivée  ici,  à 
la  date  ci-haut  indiquée,  Champlain  trouva  un  sieur  de  Maisonneuve,  mais  que 
celui-ci  commandait  trois  navires,  qu'il  était  de  Saint-Malo  et  possédait  un  pas- 
seport de  Monseigneur  le  Prince,  évidemment  pour  faire  la  traite. 

Dès  que  le  dit  sieur  de  Maisonneuve  apprend  la  présence  de  M.  de 
Champlain,  il  s'empresse  de  lui  soumettre  son  passeport  afin  de  n'être  pas  troublé 
dans  son  négoce  et  c'est  tout. 

Ce  Maisonneuve  ne  saurait  être  le  nôtre,  c'est  im  traiteur,  un  armateur 
ou  un  marin  qui  ne  désire  que  commercer  avec  les  Sauvages. 

Paul  de  Chomedey,  les  abbés  Paillon  et  Rousseau  nous  en  informent, 
débuta  dans  le  métier  des  armes  à  l'âge  de  treize  ans  et  il  ne  quitta  son  régiment 
qu'après  avoir  conquis  le  grade  de  colonel. 

L'opinion  courante  lui  donne  environ  40  ans  lorsqu'il  vint  à  Montréal  ; 
il  resta  23  ans  ici,  c'est-à-dire  jusqu'en  1665,  puis  vécut  encore  onze  ans  à 
Paris,  oii  il  mourut  le  9  de  septembre  1 676. 

A  cette  époque,  toujours  d'après  ce  que  l'on  croit  généralement,  notre  pre- 
mier gouverneur  aurait  été  septuagénaire. 

Pour  en  faire  un  chef  d*exp)édition  maritime  en  1613,  il  faudrait  lui  accor- 
der, alors,  au  moins  la  trentaine.  Dans  ce  cas  M.  de  Chomedey  aurait  eu  près 
de  60  ans,  en  1 642,  et  90  ans  passés,  à  son  décès  !  Mais  si  notre  fondateur 
avait  connu  le  site  de  Villemarie  avant  1 642,  il  en  aurait  été  question  quelque 
part,  lorsqu'on  l'engagea  ;    loin  de  là,  on  raconte  que  c'est  par  les  Relations 


...  159  — 

des  Jésuites  et  en  même  temps  que  s'organisait  la   société  de   Montréal  qu'il 
apprit  l'existence  d'une  France  nouvelle  outre  Atlantique. 

Ce  que  l'on  sait  de  son  caractère  et  de  ses  antécédents  indique  que  M.  de 
Chomedey  n'avait  pas  l'esprit  mercantile.  En  partant  pour  l'Amérique,  il  tran- 
quillisa, il  est  vrai,  son  vieux  père,  en  l'assurant  qu'il  traversait  les  mers  p>our 
acquérir  richesse  et  considération,  mais  il  ne  fit  rien  pour  courtiser  la  fortune. 
Il  arriva  pauvre  à  Ville-Marie  et  s'en  retourna  pauvre.  Tout  en  permettant  à 
ses  meilleurs  lieutenants,  Charles  Le  Moyne,  Lambert  Closse,  Picoté  de  Belestre 
et  autres  de  faire  la  traite,  il  paraît,  pour  son  compte,  n'avoir  eu  d'autre  ambi- 
tion que  celle  d'asseoir  solidement  la  colonie  naissante. 

Autres  considérations  :  Paul  de  Chomedey  était  de  la  Champagne,  pro- 
vince du  nord-est  de  la  France  éissez  éloignée  des  ports  de  mer  ;  enfin,  le  nom 
de  Maisonneuve,  au  dix-septième  siècle,  était  fort  répandu,  au  pays  de  nos 
aïeux  ainsi  qu'en  la  Nouvelle-France  (  1  ) . 

Il  est  donc  improbable  que  Paul  de  Chomedey  ait  été  le  sieur  de  Mai- 
sonneuve que  Champlain  rencontra. 

Néanmoins,  l'assertion  risquée  du  professeur  Boume  nous  démontre  que 
la  vie,  en  France,  de  notre  fondateur  n'a  pas  encore  été  suffisamment  étudiée. 
Bien  des  détails  intéressants  que  seule  F>€ut  exhumer  une  recherche  patiente  dans 
les  milieux  où  M.  de  Chomedey  a  vécu  nous  permettraient  de  décider  ce  point 
plus  sûrement. 

E.-Z.  MASSICOTTE 


289. 


(  1  )      Voir  le  Bulletin  'des  recherches  historiques  de   1916,  pp.   1  39  et 


LE  JEU  DE  DAMES  CANADIEN 


Tous  nos  remerciements  à  M.  A.  F.  qui  nous  informe,  dans  le  numéro 
d'avril  dernier,  qu'un  Canadien,  M.  Soumande,  jouait  aux  dames  à  Paris,  en 
1  740.  Cette  note  est  intéressante. 

Evidemment,  notre  compatriote  savait  le  jeu  de  64  cases  ou  celui  de  1  00 
cases  puisqu'on  n'en  connaissait  pas  d'autres,  en  France,  à  cette  époque. 

Ma  question  vise  surtout  le  jeu  de  1 44  cases  qui  n'a  d'adeptes  que  parmi 
les  Canadiens  français,  qui  ne  se  joue  pas  ailleurs  qu'en  Amérique,  assure-t-on, 
qui  ne  semble  pas  avoir  plus  d'un  siècle  d'existence  et  qui  paraît  avoir  origine 
dans  la  région  de  Montréal. 

E.-Z.  M. 


...  160  — 

Le  drame  de  "Saint=Stanislas''  par 
l'abbé  H.  A.  Verreau 


Dans  quelles  circonstances  feu  M.  l'abbé  H.-A.  Verreau,  principal  de 
l'Ecole  Normale  Jacques-Cartier,  à  Montréal,  a-t-il  composé  le  drame  Saint' 
Stanislas  qui  est  si  souvent  représenté  dans  nos  collèges  classiques  aujourd'hui  ? 

En  1855,  l'évêque  de  Montréal,  étant  à  Rome,  obtenait  pour  le  séminaire 
de  Sainte-Thérèse  la  faveur  d'une  indulgence  plénière  attachée  à  la  fête  de  saint 
StanislcLS  de  Kostka  et  accordée  à  perp>étuité. 

Mgr  Bourget,  en  transmettant  l'induit  aux  directeurs  du  séminaire  de 
Sainte-1  hérèse,  leur  écrivit  une  lettre  où  il  faisait  ressortir  la  belle  vie  de  saint 
Stanislas.  "Consacrez  vos  études  à  sa  gloire,  disait-il  aux  élèves  du  séminaire 
de  Sainte-Thérèse  en  terminant,  et  faites  servir  vos  talents  à  ses  louanges.  Pre- 
nez ses  vertus  et  les  grâces  qui  en  ont  été  la  récompense  pour  sujet  de  vos 
drames  religieux,  de  vos  pieuses  poésies  et  de  vos  discours  académiques.  En 
présence  de  ce  jeune  héros,  vous  sentirez  votre  esprit  s'illxmiiner,  votre  génie  se 
développer  et  votre  cœur  s'embraser." 

M.  l'abbé  Verreau  était  alors  directeur  du  séminaire  de  Sainte-Thérèse. 
C'est  ce  passage  de  la  lettre  de  Mgr  Bourget  qui  lui  suggéra  d'écrire  le  drame 
Saint-Stanislas. 

Ce  drame  fut  représenté  p>our  la  première  fois  au  séminaire  de  Sainte- 
Thérèse  le  16  novembre  1855.  Un  ancien  étudicuit  du  séminaire  de  Sainte- 
Thérèse  écrivait  dans  les  Annales  Térésiennes  de  1880  (p.  111)  au  sujet  de 
cette  première  représentation  : 

"  Mais,  il  nous  resta  le  drame  pour  couronner  toute  la  fête  ;  le  dréime, 
attendu  avec  d'autant  plus  d'impatience  qu'une  représentation  théâtrale  était 
chose  rare,  presque  inouïe,  dans  nos  fêtes  d'écolier.  La  scène  s'ouvrit  ;  pendant 
une  heure,  nous  fûmes  tout  yeux  et  tout  oreilles.  Pourtant,  les  acteurs  étaient 
assez  novices  et  le  théâtre  était  modeste  ;  les  costumes  sous  lesquels  paraissaient 
ces  nobles  Polonais  du  XVIe  siècle  ne  différaient  guère  des  nôtres,  et  le  lieu  de 
'  la  scène  ressemblait  fort  à  notre  salle  de  récréation .  .  .  Mais  qu'était-il  besoin 
d'illusion  ?  Le  drame  était  là,"  avec  ses  vives  beautés,  qui  se  révélaient,  s'impo- 
saient par  elles-mêmes.  Nous  étions  saisis,  émus,  nous,  écoliers  à  la  tête  légère... 
Nous  fûmes  édifiés  aussi,  et  nous  sortîmes  meilleurs  de  ce  spectacle." 

Le  drame  Stanislas  de  Kostka  a  été  publié  en  brochure  à  Montréal  en 
1879. 


-   lu  - 
BULLETIN 

DES 


RECHERCHES   HISTORIQUES 


VOL.  IXIII  BEÀlJCEVILLE-JUIN  1917  Nt  i 


Les  Àmyot  sous  le  régime  français 


Nous  avons  eu  sous  le  régime  français  des  Amyot  tout 
court,  des  Amyot  dit  Villeneuve,  des  Amyot  dit  Yincelot  ou 
Vincelotte,  des  Amyot  dit  Neuville  et  des  Amyot  dit  Lar- 
pinièrc. 

JEAN  AMYOT 

Jean  Amyot  est  le  premier  Amyot  dont  notre  histoire 
fasse  mention.  Il  était  arrivé  très  jeune  dans  la  Nouvelle- 
France  vers  1635. 

Il  passa  plusieurs  années  au  p'ays  des  Hurons  en  qualité 
d'engagé  des  missionnaires  jésuites. 

Amyot  fut  interprète  aux  Trois-Rivières  de  1645  ^  sa 
mort.  Les  Sauvages  qui  l'estimaient  beaucoup  l'avaient 
surnommé  Antaïok. 

En  1647,  l^s  Iroquois  paraissant  en  divers  endroits  sur 
les  rives  du  Saint-Laurent,  une  escouade  de  Français  et  de 
Sauvages  chrétiens  entreprit  de  leur  donner  la  chasse. 
Amyot  qui  était  d'une  force  physique  peu  ordinaire  et  qui  ne 
demandait  qu'à  courir  les  aventures,  fut  un  des  premiers  à 
entrer  dans  cette  petite  troupe  d'élite.  Il  fut  assez  heureux 
pour  s'emparer  à  la  course  d'un  Iroquois  qui  avait  donné  le 
coup  de  mort  au  Père  Jogues.  Ce  barbare  fut  conduit  à 
Québec  pour  être  livré  au  gouverneur.  Celui-ci  le  donna  à 
un  capitaine  sauvage.    Les  Pères  jésuites  de  Sillery,  après 


— S162  — 

l'avoir  instruit  des  mystères  de  notre  religion,  le  baptisè- 
rent et  lui  donnèrent  le  nom  de  sa  victime,  le  Père  Jogues. 

Le  capitaine  sauvage,  à  qui  le  gouverneur  l'avait  donné 
pour  en  tirer  justice,  lui  fit  subir  les  derniers  tourments. 
Pendant  les  horribles  souffrances  qu'on  lui  fit  endurer,  au 
lieu  de  chanter  sa  chanson  de  mort  comme  les  Iroquois 
avaient  coutume  de  le  faire,  il  criait  :  "Antaïok  (Amyot) 
est  cause  que  je  vais  au  ciel,  j'en  suis  bien  aise,  je  lui  en  sais 
bon  gré."    Il  cria  aussi  plusieurs  fois  Jésus  !  Jésus  ! 

Quelques  mois  après  cet  exploit,  Amyot,  de  passage  à 
Québec,  provoqua  tous  les  jeunes  Sauvages  à  la  course,  soit 
avec  des  raquettes  aux  pieds,  soit  sans  raquettes.  Plusieurs 
entrèrent  en  lice  contre  lui,  mais  il  les  battit  tous. 

Le  23  mai  1648,  Jean  Amyot  et  François  Marguerie 
traversaient  en  canot  d'écorce  le  Saint-Laurent,  en  face  des 
Trois-Rivières.  Une  tempête  s'étant  élevée  tout-à-coup, 
leur  canot  qui  ne  valait  plus  rien  s'entrouvrit  et  les  deux 
interprètes  se  noyèrent  à  la  vue  des  Français,  impuissants 
et  désolés  de  ne  pouvoir  les  secourir.  Leurs  corps  furent 
retrouvés  le  10  juin  suivant,  celui  de  Amyot  proche  de  Sil- 
lery,  et  celui  de  Marguerie  proche  de  Québec.  Tous  deux 
furent  inhumés  le  même  jour,  l'un  à  Sillery,  l'autre  à  Qué- 
bec. 

Ces  deux  braves  furent  bien  regrettés,  tant  pour  leur 
vertu  que  pour  la  connaissance  qu'ils  avaient  des  langues 
sauvages. 

Le  Père  Lalemant,  dans  la  "Relation"  de  1647-48,  fait 
l'éloge  des  nombreuses  et  belles  qualités  qui  distinguaient 
Amyot  : 

"  Il  était  adroit  à  détourner  les  mauvais  discours,  et  à 
reprendre  avec  grâce  ceux  qui  juraient,  ou  qui  se  donnaient 
des  imprécations,  et  par  ce  moyen  empêchait  bien  du  mal, 
et  n'offensait  personne  :  car  son  innocence,  avec  l'opinion 
qu'on  avait  de  son  courage,  le  mettait  à  couvert.  Il  avait 
une  dévotion  très  particulière  et  très  constante  à  saint 
Joseph,  qu'il  avait  prise  en  la  maison  de  Sainte-Marie  aux 
Hurons,  où  il  a  été  élevé.  Comme  il  se  jetait  à  toute  heure 
dans  les  dangers,  aux  alarmes  que  nous  donnaient  les  Iro- 


—  163  --- 

quois,  il  dit  à  un  de  nos  Pères  :  "S'il  arrive  que  je  meure, 
je  désire  que  ces  bois  et  les  autres  matériaux  que  je  dispose 
pour  me  faire  bâtir  une  maison,  soient  appliqués  pour  faire 
dresser  une  petite  chapelle  à  l'honneur  de  saint  Joseph." 
11  avait  fait  voeu  de  jamais  ne  rien  refuser  de  tout  ce  qui  lui 
serait  demandé  au  nom  de  ce  grand  saint.  Il  lui  dédiait  ses 
courses,  ses  voyages,  ses  combats,  etc.,  et  comme  on  parlait 
d'un  camp  volant  contre  les  Iroquois  :  "S'il  m'était  permis, 
disait-il,  de  nommer  cette  petite  armée,  je  l'appellerais  l'ar- 
mée de  saint  Joseph.''  Ce  chaste  époux  de  la  Vierge  avait 
obtenu  à  ce  jeune  guerrier  une  pureté  angélique.  Ceux  qui 
l'ont  connu  plus  particulièrement  assurent  que  jamais  il 
n'est  tombé  en  aucune  coulpe  mortelle,  il  s'est  trouvé  dans 
mille  dangers,  il  a  été  si  fortement  sollicité,  qu'il  lui  a  fallu 
laisser  la  robe  ou  le  manteau  aussi  bien  que  l'ancien  Joseph, 
Dieu  l'a  voulu  mettre  au  rang  des  vierges.  Il  était  sur  le 
point  de  se  marier  quand  il  est  mort,  ses  camarades  s'éton- 
naient de  sa  retenue  :  car  il  faisait  l'amour  en  ange,  pour 
ainsi  dire. 

"  Plusieurs  ont  cru  que  Dieu  l'avait  ravi  en  sa  jeunesse, 
afm  que  le  crédit  et  l'estime  dans  lequel  il  entrait  par  son 
courage  et  par  son  adresse  n'altérassent  son  innocence,  et 
ne  fissent  brèche  à  sa  vertu. 

"  Je  lui  ai  ouï  raconter  qu'étant  allé  certain  jour  à  la 
chasse,  où  il  y  avait  des  Iroquois  en  embuscade,  il  se  sentit 
saisi  d'une  grande  frayeur,  ce  qui  ne  lui  arrivait  jamais  : 
car  il  était  hardi  au  dernier  point,  prudent,  néanmoins  fon- 
dant son  courage  sur  l'appui  qu'il  avait  en  Dieu.  Il  s'efforça 
plusieurs  fois  d'avancer,  mais  il  ne  faisait  que  tournoyer 
dans  les  bois,  en  sorte  qu'il  ne  put  passer  outre.  Il  s'adresse 
à  son  père  saint  Joseph,  et  à  même  temps  il  dit  à  un  Huron 
qui  l'accompagnait  :  "Retirons-nous  d'ici,  il  n'y  fait  pas 
bon.''  Le  lendemain  quelques  Algonquins  allant  en  ce  lieu 
même,  tombèrent  dans  l'embuscade  des  Iroquois.  Pour 
conclusion,  ce  brave  soldat  de  saint  Joseph  a  fait  vingt-cinq 
ou  trente  lieues  de  chemin  après  sa  mort,  pour  être  enterré 
en  la  résidence  de  Saint-Joseph  (de  Sillery)." 


...  164  — 

PHILIPPE  AMYOT 

Il  fut  la  souche  des  familles  Amyot  connues  dans  notre 
histoire  sous  les  noms  de  Amyot  dit  Villeneuve,  Amyot  dit 
Vincelot  ou  Vincelotte,  Amyot  dit  Neuville  et  Amyot  dit 
Larpinière. 

Originaire  de  Chartres,  en  France,  Philippe  Amyot 
passa  dans  la  Nouvelle-France  en  1635  ou  en  1636  avec  sa 
femme  Anne  Couvent  et  ses  enfants  Mathieu,  né  à  Chartres 
en  1628,  et  Jean-Gencien,  également  né  à  Chartres  en  1635. 
Un  troisième  enfant,  Charles,  naquit  à  Québec  le  26  août 
1636,  peu  après  l'arrivée  de  la  famille  au  pays. 

On  ne  trouve  nulle  part  l'acte  de  sépulture  de  Philippe 
Amyot.  Nous  croyons  toutefois  qu'il  mourut  ici  peu  avant 
1639.  Sa  veuve  se  remaria  avec  Jacques  Maheu,  puis  avec 
Etienne  Blanchon  dit  Larose. 

MATHIEU  AMYOT  DIT  VILLENEUVE 

Fils  aîné  de  Philippe  Amyot  et  de  Anne  Couvent,  il 
était  né  à  Chartres  en  1628.  Il  se  maria  à  Québec,  le  22 
novembre  1650,  avec  Marie  Miville,  fille  de  Pierre  Miville. 

Le  3  novembre  1672,  l'intendant  Talon  concédait  à 
Mathieu  Amyot  dit  Villeneuve  "trente  arpents  de  terre  de 
front  sur  cinquante  de  profondeur,  à  prendre  sur  le  fleuve 
Saint-Laurent,  du  côté  du  sud,' depuis  la  terre  des  Ursulines 
jusques  aux  terres  non  concédées,  en  descendant  le  dit 
fleuve". 

M.  Amyot  dit  Villeneuve  ayant  retarwdé  de  prendre 
possession  de  sa  concession,  les  Dames  Ursulines,  qui 
avaient  obtenu  une  augmentation  de  leur  seigneurie,  avaient 
fait  par  erreur  défricher  et  concédé  quelques  terres  dans 
la  concession  de  leur  voisin.  M.  Amyot  dit  Villeneuve  ne 
voulant  pas  inquiéter  ni  avoir  de  contestation  avec  les 
Dames  Ursulines,  se  fit  concéder  par  MM.  de  Denonville  et 
Champigny,  le  16  avril  1687,  'i'estendue  de  terre  non  con- 
cédée entre  la  concession  appartenant  aux  Religieuses  Ur- 
sulines nommée  Sainte-Croix,  et  celle  de  la  veuve  Duquet, 


—  165  — 

contenant  la  dite  estendue  de  terre  soixante  quatorze  ar- 
pents de  front  sur  deux  lieues  de  profondeur"  (i). 

Mais  M.  Amyot  dit  Villeneuve  n'habita  pas  sa  seigneu- 
rie. Il  s'établit  à  l'anse  à  Maheu,  aujourd'hui  dans  Saint- 
Augustin  de  Portneuf.  C'est  là  qu'il  éleva  sa  nombreuse 
famille.  Avant  la  construction  de  la  première  chapelle  de 
Saint-Augustin,  en  1694,  c'est  dans  la  maison  de  Mathieu 
.Amyot  que  le  missionnaire  disait  la  messe  dans  ses  courses 
évangéliques  sur  la  rive  nord  du  Saint-Laurent. 

Mathieu  Amyot  dit  Villeneuve  décéda  à  Québec  le  19 
décembre  1688.. 

CHARLES  AMYOT  DE  VINCELOT 

Né  à  Québec  le  26  août  1636,  du  mariage  de  Philippe 
Amyot  et  de  Anne  Couvent.    II  fut  marchand  à  Québec. 

En  1663- 1664,  Charles  Amyot  accompagna  le  Père 
Jésuite  Henry  Nouvel  dans  sa  mission  chez  les  Papinachois 
et  les  Ouchestigouetch.  Il  en  est  question  dans  la  "Rela- 
tion" de  1663- 1664. 

Charles  Amyot  décéda  à  Québec  le  10  décembre  1669. 
Il  avait  épousé,  à  Québec,  le  2  mai  1660,  Geneviève  de  Cha- 
vigny  (fille  de  Eléonore  de  Grandmaison)  qui  lui  donna  trois 
enfants  dont  une  devint  religieuse  aux  Ursulines  de  Qué- 
bec. 

On  a  dit  et  répété  que  Charles  Amyot  avait  été  le 
premier  seigneur  de  Vincelot,  dans  la  paroisse  actuelle  du 
Cap  Saint-Ignace.  C'est  à  sa  veuve  Geneviève  de  Chavigny 
que  le  fief  Vincelot  fut  concédé  le  3  novembre  1672  par  l'in- 
tendant Talon.  Il  est  dit  dans  l'acte  de  concession  qu'elle 
était  faite  "en  considération  des  bons  services  que  feu 
Amyot  a  rendus  en  ce  pays". 

CHARLES-JOSEPH  AMYOT  DE  VINCELOT 

Né  à  Québec  le  23  mars  1665,  ^^^  mariage  de  Charles 
Amyot  et  de  Geneviève  de  Chavigny. 

(  1  )  L'acte  de  concession  du  1 6  avril  1 687  a  été  publié  dans  les  Pièces 
ei  Documents  relatifs  à  la  tenwe  seigneuriale,  p.  319. 


—  166  — 

Le  ler  février  1693,  il  obtenait  de  M.  de  Frontenac  une 
augmentation  au  fief  de  Vincelot  que  lui  avait  donné  sa 
mère.-  L'acte  de  concession  décrit  ainsi  cette  augmentation: 
"une  lieue  de  terre  de  front  avec  deux  lieues  de  profondeur 
derrière  et  au  bout  de  son  fief  de  Vincelotte  au  Cap  Saint- 
Ignace,  qui  a  pareillement  une  lieue  de  front  seulement  sur 
une  lieue  de  profondeur." 

C'est  M.  Amyot  de  Vincelot  qui,  dans  l'hiver  de  1699, 
alla  apprendre  la  mort  de  M.  de  Frontenac  au  ministre 
Pontchartrain.  Il  y  eut  dans  cette  occasion  une  course  qui 
mérite  d'être  racontée. 

Le  gouverneur  de  Frontenac  était  décédé  à  Québec  le 
28  novembre  1698.  M.  Provost,  lieutenant  de  roi  à  Québec, 
se  hâta  de  faire  connaître  ce  triste  événement  à  M.  de 
Callières,  gouverneur  de  Montréal,  qui  était  porteur 
d'un  ordre  du  roi  pour  suppléer  M.  de  Frontenac  en  cas  de 
mort  ou  d'absence. 

M.  de  Callières,  gouverneur  de  Montréal,  et  M.  de  Vau- 
dreuil,  commandant  des  troupes,  appartenaient  à  des  fa- 
milles qui  avaient  beaucoup  d'influence  à  la  Cour.  Tous 
deux  avaient  l'ambition  de  succéder  à  M.  de  Frontenac. 

M.  de  Callières,  afin  d'obtenir  la  nomination,  usa  d'un 
habile  stratagème.  C'est  M.  LeGardeur  de  Courtemanche, 
lieutenant  dans  les  troupes  de  la  marine,  qui  avait  été  por- 
ter le  message  de  M.  Provost  à  M.  de  Callières.  Celui-ci 
se  décida  à  envoyer  M.  de  Courtemanche  porter  ses  dépê- 
ches à  la  Cour.  Mais  laissons  parler  Gédéon  de  Catalogne, 
un  contemporain  : 

"Aussitôt,  mais  incognito,  M.  de  Callières  fit  ses  dépê- 
ches pour  la  Cour  en  faisant  connaître  au  public  qu'il  écri- 
vait à  Québec,  donna  le  mot  au  sieur  de  Courtemanche  qui 
se  chargea  des  lettres  des  particuliers  parce  que  c'était  la 
dernière  navigation,  et  remit  toutes  les  lettres  qu'il  s'était 
chargé  à  M.  de  Callières  et  partit  de  Montréal  comme  s'il 
avait  fait  sa  route  vers  Québec  et  lorsqu'il  fut  à  Sorel,  nui- 


—  167  -- 

tamment,  prit  le  chemin  d'Orange,  la  paix  avec  les  Anglais 
étant  faite  alors. 

"  Comme  MM.  de  Champigny  et  de  Vaudreuil  qui  as- 
piraient au  gouvernement  général  virent  que  la  navigation 
s'allait  fermer  et  que  le  sieur  de  Courtemanche  ne  revenait 
point,  ils  se  défièrent  d'un  tour  de  Normand,  joints  à  quel- 
ques connaissances  particulières  qu'ils  eurent,  ils  firent 
partir  le  sieur  Vincelot,  avec  toutes  les  lettres  d'instruc- 
tions, des  lettres  de  créances  et  de  l'argent  pour  armer  un 
vaisseau  du  premier  port  de  la  Nouvelle-Angleterre  où  il 
aborderait. 

"  Il  en  arma  un  à  Pentagouët  et  quelques  avances  et 
diligence  que  le  sieur  de  Courtemanche  eût  pu  faire,  il  ne 
fut  rendu  à  Paris  que  quelques  heures  avant  le  sieur  Vince- 
lot pour  avoir  le  temps  de  rendre  ses  lettres  au  comte  de 
Callières  qui,  dans  ce  moment,  fut  demander  au  Roî  le  gou- 
vernement pour  son  frère,  qui  le  lui  accorda.  ' 

"  D'un  autre  côté,  M.  Vincelot  porta  les  letj:res  de  MM. 
Champigny  et  Vaudreuil  à  M.  de  Pontchartrain  sans  savoir 
que  M.  de  Courtemanche  fut  arrivé. 

"  Le  ministre  fut  informer  le  Roi  de  la  mort  de  M.  de 
Frontenac.  Le  Roi  lui  dit  qu'il  le  savait  et  qu'il  avait  accor- 
dé le  gouvernement  à  M.  de  Callières,  pour  son  frère,  et  il 
n'y  avait  point  de  réplique  "  (2). 

A  la  mort  de  Charles  Bécard  de  Grandville,  procureur 
de  la  Prévôté  de  Québec,  en  janvier  1703,  MM.  de  Callières 
et  de  Beauharnois  proposèrent  au  ministre  pour  cet  emploi 
M.  Jean-Baptiste  Couillard  de  Lespinay. 

M.  de  Callières  étant  mort  sur  les  entrefaites,  M.  de 
Vaudreuil,  qui  le  remplaça,  et  devait  de  la  reconnaissance  à 
M.  Amyot  de  Vincelot,  essaya  de  le  faire  nommer  à  la  place 
de  M.  Bécard  de  Grandville. 

Le  15  novembre  1703,  MM.  de  Vaudreuil  et  Beauhar- 
nois écrivaient  au  ministre  : 

"  Nous  vous  avons,  Monseigneur,  proposé  pour  remplir 
la  charge  de  procureur  du  Roi  de  la  prévôté  le  sieur  de 

(2)      Collection  de  manuscrits,  I,  p.  601. 


—  168^-- 

TEpiné  (Lespinay),  parent  du  défunt,  parce  que  nous 
n'avons  osé  voiis  parler  d'un  sujet  contre  lequel  nous  avons 
ouï  dire  que  l'on  vous  avait  fortement  écrit,  c'est  le  sieur 
de  Vincelot,  beau-fils  du  dit  sieur  de  L'Epine,  si,  cependant 
vous  nous  faites  l'honneur  d'ajouter  quelque  foi  à  ce  que 
nous  pouvons  vous  dire  de  lui,  nous  aurons  celui  de  vous 
assurer  que  le  dit  sieur  de  Vincelot  est  celui  de  ce  pays  que 
nous  connaissons  le  plus  capable  de  bien  remplir  cet  emploi. 
Il  est  agissant,  a  de  l'esprit  et  dans  l'espérance  d'avoir  une 
place  au  Conseil  comme  il  en  avait  été  flatté  par  M.  de 
Champigny,  il  s'est  appliqué  à  l'étude  de  l'ordonnance  et  de 
la  coutume  de  Paris  qu'il  sait  bien"  (3). 

Ni  M.  de  Lespinay  ni  M.  Amyot  de  Vincelot  ne  furent 
nommés.  C'est  un  Français  de  France,  M.  Thierry,  qui  eut 
la  charge. 

En  1718,  M.  Amyot  de  Vincelot  demandait  au  ministre 
de  lui  donner  un  brevet  d'enseigne  de  vaisseau  et  la  place 
de  lieutenant  du  port  de  Québec  (4).  Il  n'appert  pas  que  sa 
demande  fut  accordée. 

M.  Amyot  de  Vincelot  décéda  subitement  à  Québec  le 
9  mai  17^^. 

p.-a  R. 


(3)  Archives  du  Canada,  Correspondance  générale. 

(4)  Edouard  Richard,  Supplément  du  Rapport  du  Dr  Br\)mTter  sur 
les  Archives  ^Muadiennes,  1899,  p.  513. 


QUESTION 


Je  lis  dans  la  Gazette  de  Québec  du  11  avril  1765  : 

"  Par  permission  de  Son  Excellence  Monseigneur  le  Gouverneur,  et  de 
Messieurs  les  Magistrats  de  cette  Ville. 

"  Le  Sieur  Pierre  Chartier,  et  sa  Troupe  Comédienne,  se  propose  de 
donner  au  Public,  Lundi  prochain,  le  15  de  ce  mois,  une  Pièce  de  Comédie, 
intitulée  Le  Festin  de  Pierre,  suivie  de  plusieurs  Tours  d'Equilibre  ;  — A  la 
Basse  Ville,  à  l'Enseigne  de  Québec,  chez  le  Sieur  Jean  Roi,  où  ces  Messieurs 
trouveront  toutes  sortes  de  Rafraîchissements. 

"  ***  Les  Billets  se  distribueront  chez  le  dit  Sieur  le  Roi  :  Les  prix 
seront  de  deux  Piastres,  d'une  Piastre,  et  de  deux  Chelins  et  demi." 

Quel  est  ce  Pierre  Chartier  qui  faisait  ainsi  du  théâtre  à  Québec  à  l'aurore 
du  régime  anglais  ? 

CURIEUX 


—  169  — 

Pierre  Gaultier  de  Varennes  de  la  Verendrye  et  ses  fils 


Pierre  est  le  "plus  illustre  des  fils  de  René  Gaultier  de  Varennes.  C'est 
le  Découvreur.  Il  fut  baptisé  le  18  novembre  1685,  dans  l'église  paroissiale 
des  Trois-Rivières.'  Après  la  mort  de  son  frère  Louis,  il  prit  le  nom  de  Lave- 
rendrye  (  I  ) .  Il  fit  d'abord  une  campagne  dans  la  Nouvelle-Angleterre  «i 
1  704,  et  en  1  705,  il  prit  part  à  l'expédition  qui,  sous  les  ordres  de  M.  de 
Subcrcase,  ravagea  les  établissements  anglais  à  Terreneuve.  Il  passa  ensuite 
"en  Flandre  dans  les  grenadiers  du  premier  bataillon  du  régiment  de  Bretagne, 
où  son  frère  aîné  était  capitaine"  (2).  A  la  bataille  de  Malplaquet  (1  1  sep- 
tembre 1  709),  il  reçut  neuf  blessures,  et  fut  laissé  pour  mort  sur  le  champ  de 
bataille.  Promu  au  grade  de  lieutenant  en  récompense  de  sa  bravoure,  il  revint 
au  Canada  ;  n'ayant  pu  faire  reconnaître  son  titre  de  lieutenant,  il  entra  comme 
enseigne  dans  les  troupes  de  la  marine  (3). 

Le  29  octobre  1712,  il  épousait  à  Québec  Marie-Anne  Dandonneau,  fille 
de  Louis  Dandonneau  du  Sablé,  seigneur  de  l'île  du  Pas,  et  de  Jeanne  Lenoir. 
Madame  de  la  Verendrye  décéda  aux  Trois-Rivières,  le  25  septembre  1  739. 

De  leur  mariage  naquirent  six  enfants  : 

1  o  Jean-Baptiste,  baptisé  à  Sorel,  le'  5  septembre   1713. 

2o  Pierre,  baptisé  à  Sorel,  le  26  décembre  1714. 

3o  François,  baptisé  à  Sorel,  le  22  décembre  1715. 

4o  Louis-Josqjh,  baptisé  à  Sorel,  le  9  novembre  1717. 

5o  Marie-Anne,  baptisée  à  l'île  du  Pas,  le  1 2  juin  1  72 1 . 

Elle  épousa  à  Montréal,  en  1  745,  Jacques  Hyppolite  Leber  de  Senne- 
ville.  Nous  croyons  qu'ils  périrent  tous  deux  dans  le  naufrage  de  V Auguste 
sans  laisser  de  postérité. 

6o  Marie-Catherine,  baptisée  à  Sorel,  le  26  mai  1  724. 

Elle  épousa,  à  Montréal,  le  25  juin   1  743,  Jean  Leber  de  Senneville, 


(  1  )  Ce  nom  de  La  Verendrye  lui  venait  de  Charles  Gaulthier,  cheva- 
lier, seigneur  de  la  Verandrie,  gouverneur  d'Arlon,  son  oncle  paternel.  (Greffe 
de  Chambalon,  6  sept.    1701). 

Note  de  M.  Philias  Gagnon,  dans  le  Dictionnaire  Généalogique  de  Mgr 
Tanguay. 

(2)  R.  P.  Camille  de  la  Rochemonteix,  Les  Jésuites  et  la  Nouvelle- 
France  au  XV II le  siècle,  tome  1er,  p.  200. 

(3)  M.  B.  Suite,  article  cité  dans  le  B.  R.  H.,  vol.  21,  1915,  pp. 
106-109. 


___  170  — 

sieur  de  Saint-Paul.  Ils  périrent  dans  le  naufrage  de  V Auguste,  avec  leurs 
deux  fils  Jacques,  âgé  de   1 5  ans,  et  Louis-Joseph,  âgé  de   1  3  ans. 

En  1715,  Pierre  Gauthier  de  la  Vérendrye  obtint  la  permission  de  faire 
la  traite  des  fourrures  au  poste  de  la  Gabelle,  ap>pelé  aussi  le  Sault  de  la 
Verandrye.  En  1727,  M.  de  Beauharnois  le  nommait  commandant  du  poste 
de  la  Tourelle,  près  du  lac  Nepigon.  C'est  là,  dans  la  solitude,  que  de  la 
Vérendrye  mûrit  le  projet  qu'il  caressait,  de  découvrir  cette  mer  de  l'Ouest 
dont  les  Indiens  lui  avaient  raconté  les  merveilles.  Il  parvint  à  faire  approuver 
son  plan  par  M.  de  Beauharnois,  et  dans  l'été  de  1  731,  il  quittait  Michillima- 
kinac,  avec  son  neveu  Christophe  de  la  Jemmeraye,  et  ses  deux  fils,  Jean- 
Baptiste  et  Pierre  et  une  cinquantaine  d'hommes.  Il  passe  l'hiver  à  Kamé- 
nistoya  (Fort  William),  à  l'ouest  du  lac  Supérieur,  et  se  rend  au  printemps  de 
1  732,  au  fort  Saint-Pierre,  sur  le  lac  de  la  Pluie  ;  dans  le  même  été  il  élève 
le  fort  Saint-Charles,  sur  une  des  rives  du  lac  des  Bois,  et  envoie  au  printemps 
de  l  734,  l'aîné  de  ses  fils,  Jean-Baptiste,  bâtir  le  fort  Maurepas,  à  cinq  lieues 
du  lac  Winnipeg. 

Dans  ce  même  printemps,  il  revient  à  Montréal  pour  se  disculper  des 
accusations  qu'on  avait  portées  contre  lui.  Abandonné  de  tous,  il  décide 
néanmoins  de  continuer  ses  découvertes.  Dans  l'été  de  1  735,  il  retourne  au 
fort  Saint-Charles,  conduisant  avec  lui  le  Père  Aulneau  et  son  plus  jeune  fils, 
Louis-Joseph,  qui  avait  passé  l'hiver  précédent  au  cojlège  des  Jésuites  à  Québec 
pour  y  apprendre  les  mathématiques  et  le  dessin.  Dans  la  lettre  oii  il  donne 
ce  détail,  le  Découvreur  nous  dit  que  Louis-Joseph  allait  se  joindre  à  ses  trois 
frères  p)our  continuer  l'entreprise.  Le  sieur  de  la  Vérendrye  avait  donc  ses 
quatre  fils  auprès  de  lui  en  1  735.  Comme  il  se  disposait  à  quitter  le  fort  Saint- 
Charles,  au  printemps  de  1  736,  un  courrier  vint  lui  apporter  la  nouvelle  de  la 
mort  de  son  neveu  la  Jemmeraye  ;  c'était  un  coup  terrible  pour  le  Découvreur  ; 
une  autre  épreuve  non  moins  pénible  allait  bientôt  l'accabler.  Quinze  jours  plus 
tard,  le  Père  Aulneau,  son  fils  aîné  Jean-Baptiste  et  une  vingtaine  de  ses  meil- 
leurs hommes  étaient  massacrés  par  les  Sioux,  dans  une  des  îles  du  lac  des 
Bois.  C'était  le  8  juin  1736.  Leurs  restes,  recueillis  par  le, chevalier  de  la 
Vérendrye,  furent  inhumés  dans  l'enceinte  du  fort  Saint-Charles,  le  1  8  septembre 
de  la  même  aimée  (4). 


(4)  En  1902,  1905,  1907  et  1908,  des  expéditions  furent  organisées 
par  les  révérends  Pères  Oblats  de  Saint-Boniface,  dans  le  but  de  faire  des 
recherches  sur  les  rives  du  lac  des  Bois,  et  retracer  le  lieu  de  sépulture  du  Père 
Aulneau  et  de  Jean-Baptiste  de  la  Vérendrye.  Après  de  longues  recherches, 
on  parvint  à  localiser  le  site  de  l'ancien  fort  Saint-Charles  ;  des  fouilles  pra- 
tiquées dans  son  enceinte  amenèrent  la  découverte,  le  8  août  1 908,  des  restes 
du  révérend  Père  et  de  son  compagnon. 


—  171  — 

En  apprenant  ce  désastre  le  Découvreur  resta  atterré,  d'autant  plus  qu'il 
se  trouvait  sans  vivres,  sans  munitions.  C'est  dans  ces  tristes  circonstances, 
qu'il  revint  à  Montréal,  Il  y  passa  l'hiver  ;  le  23  septembre  1  736,  il  était  de 
retour  au  fort  de  Maurepas  ;  dans  ce  même  automne,  il  fondait  le  fort  la  Reine, 
sur  la  rivière  des  Assiniboines,  à  l'endroit  où  se  trouve  aujourd'hui  Portage-la- 
Prairie.  C'était  le  premier  Européen  qui  traversait  ces  régions  habitées  main- 
tenant par  une  p>opulation  si  nombreuse. 

Du  fort  la  Reine,  la  Verendrye,  accompagné  de  ses  deux  fils  François  et 
Louis-Joseph  (5),  descendit  chez  les  Mandanes,  tribu  indienne  qui  habitait  le 
Dakota  actuel  (6).  De  nouveau,  au  printemps  de  1  740,  le  Découvreur  reve- 
nait à  Montréal,  où  l'appelait  à  grands  cris  ses  créanciers. 

Encouragé  par  M.  de  la  Galissonnière,  qui  l'approuve  de  nouveau  dans 
son  entreprise,  il  reprend  le  26  juin  I  74 1 ,  la  route  de  l'Ouest 

Pendzmt  son  absence,  ses  trois  fils  avaient  ix}ussé  au  loin  les  découvertes 
et  exploré  les  lacs  Manitoba,  Dauphin,  Winnipegosis,  Bourbon  et  la  partie 
inférieure  de  la  rivière  Paskoyac  (Saskatchewan) .  Pierre  avait  visité  le  pays 
des  Mandanes  (1741).  A  son  retour  au  mois  d'octobre  1  74 1 ,  le  Découvreur 
l'envoie  bâtir  le  fort  Dauphin  (1742)  au  nord-ouest  du  lac  du  même  nom, 
et  le  fort  Bourbon  (  1  744)  sur  la  rivière  des  Biches  (Red  Deer). 

Le  9  avril  I  742,  Louis-Joseph,  le  chevalier,  et  son  frère  François  quit- 
taient le  fort  La  Reine  pour  un  long  voyage.  Le  Découvreur  les  avait  chargés 
de  se  diriger  vers  l'ouest,  et  d'aller  aussi  loin  que  possible  de  ce  côté.  Accom- 
pagnés de  deux  Canadiens  seulement,  ils  visitent  d'abord  le  pays  des  Mandanes, 
atteignent  le  Haut-Missouri,  dont  ils  remontent  le  cours  jusqu'à  la  rivière  Ycllow- 
Stone,  faisant  alliance  avec  plusieurs  tribus  indiennes.  Le  1er  avril  1743,  ils 
étaient  au  pied  des  Montagnes  Rocheuses  ;  c'était  la  première  fois  qu'il  était 
donné  à  des  blancs  de  contempler  leurs  sommets  couverts  de  neige.     Les  hardis 


(5)  Pierre,  depuis  la  mort  de  Jean-Baptiste,  était  l'aîné,  et  c'est  ainsi 
que  le  désigne  le  Découvreur  dans  ses  différents  mémoires.  Le  chevalier  c'est 
Louis-Joseph,  le  plus  jeune.  C'était  ordinairement  le  plus  jeune  des  fils  qui 
perpétuait  dans  la  famille  le  titre  de  chevalier.  Que  Louis-Joseph  soit  le  che- 
valier, nous  en  avons  une  preuve  évidente  dans  les  documents  officiels  ;  ainsi 
en  1  749,  lorsque  Pierre  et  Louis- Joseph  furent  nommés  enseignes  en  second, 
le  ministre,  dans  la  lettre  de  nomination,  mentionne  d'abord  le  chevalier  de  la 
Verandrye,  et  ensuite  la  Verandrye,  l'aîné. 

(6)  Le  mémoire  du  voyage  de  la  Verendrye  chez  les  Mandanes  a  été 
publié  dans  le  Rapport  sur  les  Archives  Canadiennes  par  M.  Douglas  Brymner, 
1689.  p.   1   et  seq. 


—  172  -- 

explorateurs  auraient  bien  voulu  escalader  ces  pics  qui  leur  barraient  la  route 
vers  la  grande  mer  de  l'Ouest,  mais  les  Indiens  de  la  nation  des  Serpents  qui 
les  avaient  accompagnés  jusque  là,  les  abandonnèrent  et  les  deux  frères  durent 
revenir  sur  leurs  pas.  Le  2  juillet  de  la  même  année,  ils  étaient  de  retour  au 
fort  La  Reine.  Louis- Joseph  a  laissé  un  récit  fort  intéressant  de  ce  voyage  (7). 
De  son  côté  le  Découvreur  était  revenu  à  Montréal  où  de  cruelles  déceptions 
l'attendaient  : 

"  A  son  retour  à  Montréal,  à  l'automne  de  1  743,  dit  l'honorable  juge 
L.-A.  Prudhomme  (8),  la  Verendrye  fut  abreuvé  d'amertume  et  calomnié 
de  toutes  façons.  ,! 

"  Quoique  le  plus  ancien  lieutenant  en  Canada,  on  lui  refusa  tout  avan- 
cement. Des  âmes  envieuses  avaient  représenté  à  M.  de  Maurepas  que  ses 
expéditions  étaient  dirigées  surtout  vers  la  découverte  des  castors.  On  traitait 
ses  dépenses  les  plus  indispensables  comme  de  la  dissipation  et  ses  relations 
comme  des  mensonges.  On  empoisonna  tellement  l'esprit  de  ce  ministre  contre 
le  Découvreur,  qu'il  finit  par  lui  imputer  la  mort  de  son  fils  et  du  P.  Aulneau, 
comme  la  conséquence  de  son  avancé. 

"  Pourtant,  au  lieu  de  s'enrichir,  il  avait  tout  sacrifié  ce  qu'il  possédait 
et  se  trouvait  en  plus  chargé  d'une  dette  de  40,000  livres, 

"  Cet  homme,  après  avoir  sacrifié  son  avenir  militaire,  ses  enfants  et  ses 
biens,  arboré  le  drap>eau  de  sa  patrie  jusque  sur  les  premiers  pics  des  Montagnes 
Rocheuses,  et  depuis  les  bords  du  Missouri  jusqu'à  ceux  de  la  Saskatchewan, 
bravé  souvent  la  bise  glaciale  de  nos  hivers,  sans  autre  abri  que  la  voûte  dès 
cieux,  affronté  les  mille  dangers  de  voyages  continuels,  sur  de  frêles  esquifs, 
au  milieu  des  lacs  immenses  et  de  rapides  écumeux,  exposé  sans  cesse  aux  pas- 
sions haineuses  et  cruelles  de  nombreuses  tribus  barbares,  cet  homme  si  hono- 
rable, si  intègre  et  si  dévoué  à  son  pays,  se  voyait,  p>our  toute  récompense  de 
ses  longs  états  de  service,  traité  comme  un  vulgaire  commerçant  de  fourrures, 
âpre  au  gain,  ne  cherchant  qu'à  s'enrichir  per  fas  et  nefas.     On  éprouve  un 


(7)  Journal  du  voyage  fait  par  M.  le  chevalier  de  la  Verendry)e  pour 
parvenir  à  la  découverte  de  la  mer  de  VOuest,  adressé  à  M.  le  marquis  de  Beau- 
harnois.  Ce  journal  fut  envoyé  au  ministre  par  M.  de  Beauhamois  en  date  du 
27  octobre  1  744. 

Archives  publ.  du  Canada.  Postes  des  pays  de  l'Ouest,  A.  III,  vol.  1 6. 
Voir  une  copie  de  ce  journal  dans  Margry,  vol.  6,  pp.  599-61  ]. 

Sur  les  voyages  et  les  découvertes  du  sieur  de  la  Verendrye,  voir  aussi  le 
Mémoire  au  sujet  de  rétablissement  pour  parvenir  à  la  découverte  de  la  mer 
de  rOuest,  publié  dans  Margry,  vol.  6,  pp.  585-595. 

(8)  M.  S.  R.  A.,  1905,  pp.  54  et  55. 


—  173  - 

serrement  de  coeur  en  face  d'une  injustice  aussi  révoltante  et  on  sent  notre 
admiration  grandir  et  s'élever  à  la  hauteur  des  mépris  dont  on  a  voulu  couvrir 
le  caractère  de  la  Verendrye. 

"...  Quoi  qu'il  eu  soit,  en  face  de  circonstances  si  pénibles,  en  I  743,  le 
Découvreur  se  voyant  méconnu,  donna  sa  démission  et  se  retira. 

"  Le  gouverneur  chargea  alors  M.  de  Noyelles  de  continuer  l'entreprise. 
Ici,  proprement  dit,  se  termine  la  carrière  du  Découvreur.  Il  ne  devait  plus 
retourner  dans  le  pays  des  prairies.  Le  marquis  de  Beauharnois  écrivit  en 
France  pour  le  défendre  et  montrer  la  fausseté  des  accusations  portées  contre 
lui.  Son  successeur,  le  comte  de  la  Galissonnière,  repassa  en  France  en  I  749 
et  ouvrit  enfin  les  yeux  de  la  cour.  Pour  réparer  les  injustices  dont  il  avait 
été  l'objet  le  roi  lui  accorda,  le  17  septembre  1749  (9),  la  croix  de  l'ordre 
militaire  de  Saint-Louis  et  le  promut  au  grade  de  capitaine  des  troupes  de  la 
marine. 

"  En  même  temps,  il  fut  prié  de  rqjrendre  la  direction  des  affaires  du 
Nord-Ouest.  La  Verendrye,  touché  de  ces  témoignages  d'estime  et  de  con- 
fiance, se  mit  aussitôt  à  l'oeuvre. 

**  C'est  le  propre  des  âmes  d'élite  de  s'élever  au-dessus  de  leurs  ressentiments 
personnels,  même  les  plus  légitimes,  quand  il  s'agit  des  intérêts  de  leur  patrie. 
La  Verendrye  ne  marchanda  pas  ses  services  dès  qu'il  vit  qu'il  pouvait  encore 
être  utile  à  son  roi.  Il  se  proposait  d'aller  hiverner  au  fort  Bourbon  (  1  750- 
1751),  et  de  reconnaître,  en  1751,  la  Saskatcheman.  Il  avait  l'intention  de 
bâtir  une  ligne  de  forts  jusqu'aux  Montagnes  Rocheuses,  franchir  ces  dernières 
et  atteindre  l'océan  Pacifique,  lorsque  les  maladies  contractées  au  milieu  de  ses 
voyages  le  terrassèrent.  Il  mourut  le  5  décembre  1  749,  et  ses  restes  furent 
défKJsés  dans  l'église  de  Notre-Dame  de  Montréal." 

Voici  son  extrait  mortuaire  tiré  des  registres  de  la  paroisse  de  Notre-Dame 
de  Montréal  pour  l'année  I  749  : 

"  Le  7  décembre  1  749,  a  été  inhumé  dans  la  chap>elle  Sainte-Anne  de 
cette  église  le  corps  de  monsieur  Pierre  Gaultier,  écuyer,  sieur  de  la  Verendrye, 
chevalier  de  l'ordre  militaire  de  Saint- Louis,  capitaine  d'une  compagnie  des 
troupes  du  détachement  de  la  marine,  âgé  d'environ  64  ans,  décédé  le  5  des 
dits  mois  et  an,  entre  9  et  1 0  heures  du  soir.  Ont  été  présents,  messieurs 
Clérimbert  et  Guay,  prêtres,  qui  ont  signé. 


(9)  Plutôt  le  23  mai  1  749.  Le  chevalier  de  la  Verendrye  (Louis- 
Joseph)  et  de  la  Verendrye  l'aîné  (Pierre)  sont  nommés  en  même  temps  ensei- 
gnes en  second.  Le  Président  du  Conseil  de  Marine,  à  M.  de  la  Jonquière, 
23  mai  1  749.    Archives  publ.  du  Canada,  Registre  des  dép.,  série  B,  vol.  89. 


...  174  — 

CLERIMBERT,  ptre 
GUAY.  ptre 
DEATS.  vie." 
Les  membres  de  la  Société  Historique  de  Saint-Boniface  s'occupent  depuis 

quelques  amiées  de  recueillir  des  fonds  pour  élever  un  monument  à  l'illustre 

Découvreur. 

Le  1er  février  1912,  le  comité  du  Monument  de  la  Verendrye  a  adressé 
un  appel  chaleureux  à  tous  les  Canadiens  français,  leur  demandant  de  prêter 
leur  généreux  concours,  pour  mener  à  bonne  fin  cette  entreprise  vraiment  natio- 
nale (10). 

M.  Fleurimont  de  Noyelles,  qui  avait  été  chargé  de  poursuivre  les  décou- 
vertes commencées  par  le  chevalier  de  la  Verendrye,  dut  bientôt  faire  appel  à 
l'expérience  des  fils  du  Découvreur. 

A  leur  retour  à  Montréal,  dans  l'été  de  1 744,  les  trois  frères  de  la 
Verendrye  étaient  entrés  dans  les  troupes  de  la  marine.  Pierre,  l'aîné,  prit 
part  à  l'expédition  contre  Sarostau  (Saratoga)  dans  le  mois  de  novembre  l  745  ; 
dans  l'été  de  1  746,  il  fut  envoyé  avec  M.  de  Saint-Pierre  dans  l'Acadie,  où  il 
combattit  à  l'île  Saint-Jean. 

Au  printemps  de  1747,  nous  le  trouvons  guerroyant,  sous  les  ordres  du 
chevalier  de  La  Corne  et  de  M.  de  Saint-Pierre,  contre  un  parti  d'Iroquois,  aux 
Cascades,  près  de  Montréal. 

Au  mois  de  juin,  il  partait,  avec  M.  de  Noyelles,  pour  l'Ouest  ;  rendus 
à  Michilimakinac,  les  deux  voyageurs  durent  rebrousser  chemin,  à  cause  de 
l'agitation  qui  régnait  chez  les  Sauvages,  et  revenir  à  Montréal.  Pierre  repartit 
aussitôt  pour  l'Ouest,  cette  fois,  avec  ses  deux  frères,  François  et  Louis-Jo.sq)h. 
Ce  dernier  s'arrêta  à  Michilimakinac  et  revint  à  Montréal  dans  ce  même  autom- 
ne de  1  747.  Pierre  poursuivit  sa  route  vers  l'Ouest  ;  il  visita  plusieurs  tribus 
indiennes,  en  compagnie  de  François  qui  resta  dans  les  postes  de  l'Ouest, 
pendant  que  son  frère  aîné  revenait  à  Michilimakinac,  au  printemps  de 
1748  (11). 

Pendant  cet  hiver  de  1  748,  le  chevalier  Louis- Joseph,  à  la  tête  d'un  parti 
de  cinq  Cristinaux,  deux  Outaouais,  un  Sauteux  et  cinq  Canadiens,  avait  fait 


(  1  0)  Voir  ce  document  dans  le  Bulletin  des  Recherches  Historiques, 
1912,  pp.  49-54. 

(11)  Voir  le  Mémoire  des  partis  de  guerre  qui  ont  été  équipés  à  Mont- 
réal, et  des  autres  mouvements  qui  s'p  sont  faits,  à  cette  occasion,  depuis  le  22 
septembre  1746,  jusquau  10  août  1747.  Archives  du  Canada,  Correspon- 
dance générale,  C.   1  1 ,  vol.  87. 


—  175  — 

une  expédition  dans  la  Nouvelle-Angleterre.  Dans  le  récit  des  événements 
arrivés  durant  l'année  1748  (12)  nous  lisons,  en  date  du  29  mars  :  "  Le 
Sr  de  la  Verendrye,  fils,  est  de  retour  à  Montréal,  avec  les  Cristineaux  et  autres 
guerriers  de  son  parti.  Il  a  frappé  aux  environs  de  Corlar  sur  un  parti  d'Agniers 
et  de  Flamands  qui  étaient  en  marche  p>our  venir  à  la  découverte  du  côté  de 
Sarosto  ;  il  a  apporté  deux  chevelures  d'Agniers,  entr'autres,  celle  du  premier 
chef  de  cette  nation,  un  d'un  flamand,  et  un  flamand  prisormier,  qui  ne  rapporte 
rien  d'intéressant,  dit  seulement  qu'on  parle  beaucoup  de  paix." 

Le  28  juin  de  la  même  année  il  quittait  Montréal,  avec  M.  de  Noyelles  ; 
il  rejoignit  ses  deux  frères,  et  tous  trois  allèrent  rétablir  le  fort  de  la  Reine,  qui 
tombait  en  ruine,  et  le  fort  Maurepas,  qui  avait  été  brûlé  par  les  sauvages. 
Louis-Joseph  remonta  ensuite  la  rivière  Paskoyac  (Saskatcheman)  jusqu'à  la 
fourche  formée  par  la  réunion  des  branches  du  nord  et  du  sud,  où  il  jeta  les 
fondements  du  fort  de  Paskoyac. 

De  retour  à  Michilimakinac  au  printemps  de  1 750,  les  frères  de  la 
Verendrye  apprirent  la  mort  du  chevalier,  leur  père.  Le  Gardeur  de  Saint- 
Pierre,  qui  avait  remplacé  M.  de  Noyelles  comme  commandant  des  postes 
de  l'Ouest,  refusa,  de  concert  avec  MM.  de  Jonquières  et  Bigot,  de  leur  laisser 
continuer  les  découvertes.     Ils  durent  revenir  à  Montréal. 

Nous  reproduisons  ici  la  lettre  touchante  que  le  chevalier  Louis-Joseph 
adressa  au  ministre  de  M.  de  Maurepas,  en  date  du  30  septembre  1  750  (13); 
"  Monseigneur 

"  Il  ne  me  reste  d'autre  ressource  que  de  me  jeter  aux  pieds  de  Votre 
Graiideur  et  de  l'importuner  du  récit  de  mes  malheur. 

"  Je  m'appelle  La  Verenderie,  feu  mon  Père  est  connu  icy  et  en  France 
par  la  découverte  de  la  Mer  de  l'Ouest  à  laquelle  il  a  sacrifié  plus  de  quinze 
des  dernières  années  de  sa  vie,  il  a  marché  et  nous  a  fait  marcher  mes  frères 
et  moy  d'une  façon  à  pouvoir  toucher  au  but  quel  qu'il  soit,  s'il  y  eût  été  plus 
aidé  et  s'il  n'eût  pas  tant  traversé  surtout  par  l'envie  ;  l'envie  est  encore  icy 
plus  qu'ailleurs  une  passion  à  la  mode  dont  il  n'est  pas  possible  de  se  garantir, 
tcindis  que  mon  père  avec  mes  frères  et  moy  s'excédoit  de  fatigues  et  de  dép>en- 


(12)  26  septembre  1748,  MM.  de  la  Galissonnière  et  Bigot,  au  mi- 
nistre: Journal  Je  ce  qui  s^est  passé  au  Canada  à  V occasion  des  mouvements 
de  guerre  et  des  différents  avis  qu'on  a  reçus  à  Québec,  depuis  le  mois  de 
novembre  1  747.  Archives  du  Canada,  Correspondance  générale.  Cil,  vol. 
91. 

(13)  Archives  du  Canada,  Postes  des  pays  d'en  haut,  série  F.,  vol. 
126,  pp.  504-512.     Cette  lettre  a  été  reproduite  dans  Margry. 


•---176  — 

ses,  ses  pas  n'étoient  représentés  que  comme  des  pas  vers  la  découverte  du 
castor  ses  dépenses  forcées  n'étoient  que  dissipation  et  ses  relations  n'étoient 
que  mansonges,  l'envie  de  ce  pays  n'est  pas  une  envie  à  demi,  elle  a  pour  prin- 
cipe de  s'acharner  à  dire  du  mal  dans  l'espérance  que  pour  peu  que  la  moitié 
des  mauvais  discours  prenne  faveur  cela  suffira  pour  nuire,  et  effectivement  mon 
père  ainsy  desservi  a  eu  la  douleur  de  retourner  et  de  nous  faire  retourner  plus 
d'une  fois  en  arrière  faute  de  secours  et  de  protection,  il  a  même  quelques  fois 
reçu  des  reproches  de  la  Cour,  plus  occupé  de  marcher  que  de  raconter,  jusqu'à 
ce  qu'il  pût  raconter  plus  juste,  il  s'endettoit,  il  n'avoit  point  de  part  aux 
promotions  et  il  n'en  étoit  pas  moins  zélé  pour  son  projet,  persuadé  que  tôt  ou 
tard  ses  travaux  ne  seroient  pas  sans  succès  et  sans  récompense. 

"  Dans  le  tems  qu'il  se  livroit  le  plus  à  ses  bormes  dispositions  l'envie  eut 
le  dessus,  il  vit  passer  entre  les  mains  d'un  autre  des  postes  tout  établis  et  son 
propre  ouvrage,  pendant  qu'il  étoit  ainsy  arrêté  dans  sa  course  le  castor  arrivoit 
assés  abondamment  pour  un  autre  que  pour  lui,  mais  les  Postes  bien  loin  de  se 
multiplier  dép>érissoient  et  la  découverte  ne  faisoit  aucun  progrès,  c'est  ce  qui 
le  désoloit  le  plus. 

"  Monsieur  le  Marquis  de  la  Galissonnière  arriva  dans  le  pays  sur  ces 
entrefaites,  et  à  travers  tout  ce  qui  se  disoit  en  bien  et  en  mal  il  jugea,  qu'un 
homme  qui  avoit  poussé  de  pareilles  découvertes  à  ses  frais  et  dépens  sans  qu'il 
en  eût  rien  coûté  au  Roy  et  qui  s'étoit  endetté  pour  de  boiis  établissement  méri- 
toit  un  autre  sort  ;  beaucoup  de  castor  de  plus  dans  la  Colonie  et  au  proffit 
de  la  Compagnie  des  Indes,  quatre  et  cinq  Postes  bien  établis  au  loin  par  des 
forts  aussi  bons  qu'ils  puissent  être  dans  des  contrées  aussi  éloignées,  nombre 
de  sauvages  devenus  des  sujets  du  Roy  et  dont  quelques  uns  dans  un  party 
que  je  commandois,  donnèrent  l'exemple  à  nos  sauvages  domiciliés  de  frapper 
sur  les  Auniers  Sauvages  dévoués  à  l'Angleterre  parurent  de  véritables  services, 
indépendamment  du  projet  commencé  de  la  découverte  et  dont  le  succès  ne 
pouvoit  estre  ny  plus  prompt  ny  plus  efficace  qu'en  restant  entre  les  mêmes 
mains. 

"  C'est  ainsi  que  Monsieur  le  Marquis  de  la  Galissonnière  a  bien  voulu 
s'en  expliquer  et  sans  doute  il  s'en  est  expliqué  de  même  à  la  Cour,  puisque  mon 
Père  l'année  d'ensuite,  qui  étoit  l'année  dernière  se  trouva  honoré  de  la  Croix 
de  Saint  Louis  et  invité  à  continuer  l'ouvrage  commencé  avec  ses  enfans  il  se 
disposoit  à  partir  de  tout  coeur,  il  n'épargnoit  rien  pour  réusisir,  il  avoit  desja 
achetté  et  préparé  toutes  les  marchandises  de  traitte,  il  m'inspiroit  et  à  mes 
frères  son  ardeur,  lorsque  la  mort  nous  l'a  enlevé  le  7  du  mois  de  Décembre 
dernier. 


—  177  — 

"  Quelque  grande  que  fût  alors  ma  douleur,  je  n'aurois  jamais  pu  imaginer 
ny  prévoir  tout  ce  que  je  perdois  en  perdant  mon  Père  succédant  à  ses  engage- 
ments et  à  ses  charges,  j'osois  espérer  la  succession  des  mêmes  avantages,  j'eus 
l'honneur  d'en  écrire  sur  le  champs  à  Monsieur  le  Marquis  de  la  Jonquière  en 
l'informant  que  j'étois  rétabli  d'une  indisposition  qui  m'étoit  survenue  et  qui 
pouvoit  servir  de  prétexte  à  quelqu'un  pour  chercher  à  me  supplanter  il  me  fût 
répondu  qu'il  avoit  fait  choix  de  Monsieur  de  Saint  Pierre  pour  aller  à  la  Mer 
de  l'Ouest. 

"  Je  partis  aussitôt  de  Montréal  ou  j'étois  p>our  Québec,  je  représentai 
la  scituation  où  me  laissoit  mon  Père,  qu'il  y  avoit  plus  d'un  Poste  à  la  Mer 
de  l'Ouest,  que  mes  frères  et  moy  serions  charmés  d'être  sous  les  ordres  de 
Monsieur  de  Saiht-Pierre,  que  nous  nous  contenterions  s'il  le  falloit  d'un  seul 
poste  et  du  poste  le  plus  reculé,  que  même  nous  ne  demandions  qu'à  aller  en 
avant,  qu'en  poussant  les  découvertes  nous  pourrions  tirer  partie  des  derniers 
achats  de  feu  mon  Père  et  de  ce  qui  nous  restoit  encore  dans  les  Postes,  que 
du  moins  nous  aurions  ainsy  la  consolation  de  faire  nos  plus  grands  efforts  f>our 
répondre  aux  vues  de  la  Cour. 

"  Monsieur  le  Marquis  de  la  Jonquière  pressé  et  même  à  ce  qu'il  m'a 
paru  touché  de  mes  représentations  me  dit  enfin  que  Monsieur  de  Saint  Pierre 
ne  vouloit  ni  de  moy,  ny  de  mes  frères,  je  demandai  ce  que  deviendroient  nos 
crédits.  Monsieur  de  Saint  Pierre  avoit  parlé,  il  ne  restoit  rien  à  obtenir  ;  je 
retournai  à  Montréal  avec  ce  consolant  éclaircissement  je  mis  en  vente  une  petite 
terre,  seul  effect  de  la  succession  de  feu  mon  Père  dont  les  deniers  ont  servi  à 
satisfaire  les  créanciers  les  plus  pressés. 

**  Cep)endant  la  saison  s'avançoit,  il  s'agissoit  d'aller  à  l'ordinaire  au  rendes 
vous  marqué  de  mes  engagés  pour  leur  sauver  la  vie  et  recevoir  les  retours 
sujets  sans  cette  précaution  à  être  pillés  et  abandonnés  ;  j'ai  obtenu  cette  p>er- 
mission  avec  bien  de  la  peine  malgré  Monsieur  de  Saint  Pierre  et  seulement  à 
des  conditions  et  des  restrictions  faittes  pour  les  derniers  voyageurs,  encore  à 
peine  Monsieur  de  Saint  Pierre  me  vît-il  parti  qu'il  se  plaignit  que  mon  départ 
avant  le  sien  lui  faisoit  un  tort  de  plus  de  dix  mille  francs  et  qu'il  m'accusa 
sans  autre  cérémonie  d'avoir  chargé  mon  canot  au  delà  de  la  permission  qui 
m'étoit  accordée. 

"  L'accusation  fût  examinée  on  envoya  à  la  p>oursuite  de  mon  canot  et  si 
on  m'eût  rejoint,  dès  lors  Monsieur  de  Saint  Pierre  se  seroit  rassuré  plustôt, 
il  m'a  rejoint  à  Missilimakinac  et  si  je  doit  l'en  croire  il  a  eu  tort  d'en  agir 
ainsi,  il  est  bien  fâché  de  ne  pas  m'avoir,  ny  mes  frères  avec  luy,  il  m'a  témoigné 
beaucoup  de  regrets  et  m'a  fait  bien  des  compliments  quoiqu'il  en  soit,  tel  est 


...  178  -- 

son  procédé,  il  m'est  difficile  d'y  trouver  de  la  bonne  foy  et  de  l'humanité. 

Monsieur  de  Saint  Pierre  pouvoit  obtenir  tout  ce  qu'il  a  obtenu,  assurer 
ses  intérêts  par  des  avantages  qui  surprennent  et  amener  un  parent  avec  luy 
sans  nous  donner  une  entière  exclusion,  Monsieur  de  Saint  Pierre  est  un  officier 
de  mérite  et  je  n'en  suis  que  plus  à  plaindre  de  l'avoir  ainsy  trouvé  contre  moy, 
mais  avec  toutes  les  bonnes  idées  qu'il  a  pu  donner  de  luy  dans  différentes  occa- 
sions, il  auroit  de  la  peine  à  prouver  qu'en  cela  il  a  eu  en  vue  le  bien  de  la 
chose,  qu'en  cela  il  s'est  conformé  aux  intentions  de  la  Cour  et  a  respecté  les 
bontés  dont  le  Marquis  de  la  Galissonnière  nous  honore,  il  faut  même  pour  qu'il 
nous  soit  fait  un  pareil  sort  qu'il  nous  ait  bien  nui  auprès  de  Monsieur  de  Marquis 
de  la  Jonquière  par  luy  même  toujours  disposé  à  faire  le  bien. 

"  Je  n'en  suis  pas  moins  ruiné,  mes  retours  de  cette  année  recueillis  à  moitié 
et  à  la  suitte  de  mille  inconvénients  achèvent  ma  ruine,  compte  arrestés  tant  du 
fait  de  mon  Père  que  du  mien,  je  me  trouve  endetté  de  plus  de  vingt  mille 
francs,  je  reste  sans  fonds  ny  patrimoine,  je  suis  simple  Enseigne  en  second, 
mon  frère  aisné  n'a  que  le  même  grade  que  moy  et  mon  frère  cadet  n'est  que 
cadet  à  l'Eguillette  (14). 

"  Voilà  le  fruit  actuel  de  tout  ce  que  mon  père,  mes  frères  et  moy  avons 
fait,  celuy  de  mon  frère  qui  fût  assassiné  il  y  a  quelques  années  par  les  sauvages, 
toute  victime  qu'il  est  de  la  Mer  de  l'Ouest  n'est  pas  le  plus  malheureux,  son 
sang  n'est  pour  nous  d'aucun  mérite,  les  sueurs  de  mon  Père  et  les  nôtres  nous 
deviennent  inutiles,  il  nous  faut  abandonner  ce  qui  nous  a  tant  coûté,  à  moins 
que  Monsieur  de  Saint  Pierre  ne  reprenne  de  meilleurs  sentiments  et  ne  les  com- 
muniquent à  Monsieur  le  Marquis  de  la  Jonquière,  certainement  nous  n'aurions 
point  été  ni  ne  serions  p>oint  inutiles  à  Monsieur  de  Saint  Pierre  je  ne  luy  ay 
rien  caché  de  ce  que  j'ay  crû  pouvoir  luy  servir,  mais  quelque  habile  qu'il  soit, 
et  en  luy  supposant  la  meilleure  volonté,  j'ose  dire  qu'il  s'est  exposé  à  faire  bien 
des  faux  pas,  et  à  s'égarer  plus  d'un  jour  en  nous  excluant  d'avec  luy,  c'est 
une  avance  que  de  s'être  desjà  égaré  et  il  nous  semble  que  nous  serions  seurs 
actuellement  de  la  droite  route  pour  parvenir  au  terme  quel  qu'il  puisse  être, 
notre  plus  grand  supplice  est  de  nous  trouver  ainsy  arrachés  d'un  sphère  que 
nous  nous  proposions  de  terminer  de  tous  nos  efforts. 

"  Daignés  donc.  Monseigneur,  juger  la  cause  de  trois  orphelins  le  mal, 
tout  grand  qu'il  est  seroit-il  sans  remède,  il  est  entre  les  mains  de  Votre  Grandeur 


(14)  Voici  à  notre  avis  un  passage  qui  démontre  clairement  que  celui 
que  l'on  appelait  le  chevalier  était  bien  Louis-Joseph,  le  signataire  de  cette 
supplique,  le  plus  jeune  des  fils  du  Découvreur.  L'aîné,  dont  il  est  fait  mention 
ici,  c'est  Pierre,  le  cadet,  c'est  François. 


—  179  — 

des  ressources  de  dédommagement  et  de  consolation  et  j'ose  les  espérer,  nous 
trouvant  ainsi  exclus  de  l'Ouest  ce  seroit  nous  trouver  dépouillés  avec  la  dernière 
cruauté  d'une  esjjèce  d'héritage  dont  nous  aurions  eu  toutes  les  amertiunes  et 
dont  d'autres  auroient  toutes  les  douceurs. 

"  J'ay  l'honneur  d'être  avec  un  profond  respect,  de  Votre  Grandeur, 
"  Le  très  humble  et  très  obéissant  serviteur 

"  CH'R  DE  LA  VERENDRY  " 

Les  suppliques,  les  lettres  furent  inutiles  ;  les  fils  de  la  Verendrye  étaient 
officiellement  chassés  des  prairies  de  l'Ouest. 

Pierre,  l'aîné,  rentra  de  nouveau  dans  les  troupes  de  la  marine.  Dans 
l'été  de  I  751,  il  était  aux  Cèdres,  près  Montréal  ;  en  I  752,  il  fut  envoyé  au 
fort  Beauséjour,  en  Acadie  ;  il  est  probable  qu'il  demeura  attaché  à  la  garnison 
de  ce  fort  jusqu'à  sa  prise  par  Monkton,  en  juin  1755  (15).  Il  avait  été 
nommé  enseigne  en  pied  en  1  749.  Il  décéda  à  Québec  le  1  3  septembre  I  755. 
Voici  l'acte  de  sa  sépulture  tel  qu'il  est  consigné  dans  le  registre  officiel  de  la 
paroisse  de  Notre-Dame-de-Québec  : 

"  Le  quatorze  sqjtembre,  mil  sept  cent  cinquante  cinq,  par  moi  curé  de 
Québec,  soussigné,  a  été  inhrnné  dans  le  cimetière  de  cette  paroisse  M.  Gauthier, 
écuyer,  sieur  de  Varennes  de  la  Verendrie,  officier  des  troupes  détachées  de  la 
marine  en  Canada,  décédé  le  jour  précédent,  âgé  d'environ  de  quarémte  ans. 
Etaient  présents  Jean  Vallée,  Guillaume  Taphorin  et  grand  nombre  d'autres." 

(Signé)      J.  F.  RICHER.  curé. 

Il  sonble  que  François  et  Louis-Joseph  continuèrent  leurs  courses  dans 
l'Ouest.  On  voit  dans  le  compte-rendu  de  la  recette  des  postes  des  pays  d*en 
haut,  pour  l'année  I  755,  le  nom  d'un  M.  de  la  Verendrye,  commandant  à 
Chagouamigon.  sur  le  lac  Supérieur. 

Nous  croyons  qu'il  s'agit  ici  de  François.  Quant  à  Louis-Joseph,  il 
épousa,  à  Montréal,  le  7  novembre  1  755,  Marie-Amable  Testard  de  Montigny, 
fille  de  feu  Jacques  Testard  de  Montigny  et  de  dame  Mariaime  Laporte- 
Louvigny. 

Une  fille,  Amable-Charlotte  Gauthier  de  la  Verendrye,  naquit  de  ce 
mariage  ;  elle  fut  baptisée  à  l'église  paroissiale  de  Montréal,  le  7  novembre 
I  756.     Madame  de  la  Verendrye  décéda  prématurément  le  28  novembre  de 


(15)  Voir  :  Mémoire  des  services  de  Pierre  Gautier  de  la  Verendrye, 
Caîné,  qu'il  a  Vhormeur  de  présenter  à  Monseigneur  Rouillé,  ministre  et  secrétaire 
d'Etat  du  département  de  la  Marine,  dans  Margry.  Mémoires  et  documents, 
vol.  6,  pp.  628-631. 


-Î180  - 

la  même  année,  et  nous  croyons  que  la  petite  Amable-Charlotte  la  suivit  dans 
la  tombe  ;    nous  n'avons  pu  cependant  trouver  l'acte  de  décès  de  cette  dernière. 
Au  printemps  de  1757,  nous  retrouvons  Louis- Joseph  à  Montréal,  enga- 
geant des  hommes  de  canot,  pour  retourner  dans  l'Ouest  (16). 

C'est  dans  ce  même  été  de  1757,  qu'il  fut  nommé  lieutenant  dans  les 
troupes  du  détachement  de  la  marine  (17). 

Louis-Joseph  épousa,  en  secondes  noces,  à  Laprairie,  le  3 1  janvier  1  758, 
Louise-Antoine  Mézières  de  l'Epervanche,  fille  de  Charles-François  Mézières, 
écuier,  sieur  de  l'Epervanche,  capitaine  des  troupes  de  la  marine,  et  de  Marie- 
Louise-Suzanne  Noland. 

Au  contrat  de  mariage,  il  est  qualifié  de  lieutenant  d'infanterie,  demeurant 
en  garnison,  à  Montréal  (18).  Il  habitait  alors  rue  Saint-Sulpice,  à  côté  de 
l'église  paroisisale,  à  l'endroit  où  se  trouve  actuellement  le  numéro  1 56.  Cette 
maison  avait  été  achetée  le  31  janvier  1757  (19).  François  Gaultier,  écuier, 
sieur  de  la  Verendrye,  assistait  au  contrat  de  mariage  de  son  frère. 

Après  la  cession  du  pays  à  l'Angleterre,  Louis- Joseph  continua  à  résider 
à  Montréal.  Dans  l'automne  de  1761,  il  s'embarqua  sur  l'Auguste  pour 
passer  en  France,  et  p)érit  dans  le  naufrage  de  ce  navire  (20). 

François,  le  seul  survivant  des  fils  du  Découvreur,  hérita  des  biens  de  son 
frère,  entr'autres  de  la  seigneurie  du  Tremblay.  C'est  pourquoi  on  le  voit 
prendre,  après  cela,  le  titre  de  sieur  du  Tremblay. 

Le  9  novembre  1  769,  par  un  acte  d'accord  passé  avec  Dame  Louis- 
Antoine  Mézières  de   l'Epervanche,   veuve  de  Joseph  Gauthier,   sieur  de  la 


(16)  Engagement  de  Pierre  Galarneau,  François  Aubuchon,  Jean 
Ranie,  à  M.  de  la  Verendrye,  pour  aller  à  la  mer  de  l'Ouest.  1er  mai  1  757. 
Greffe  de  P.  Panet. 

(17)  Rapport  sur  les  archives  du  Cartada,  pour  Vannée  1886,  par 
Douglas  Brymner,  p.  CXXXVII. 

(  1 8)  Nous  devons  à  l'obligeance  de  M.  A.-M.  Lapalice,  archiviste 
à  l'église  paroissiale  de  Montréal,  ces  intéressantes  notes.  De  même  M.  E.-Z. 
Massicotte,  archiviste  au  palais  de  justice  de  Montréal,  nous  a  fourni  plusieurs 
pièces  officielles  très  importantes. 

(19)  Greffe  de  P.  Panet.  1er  février  1758. 

(20)  "Inventaire  des  biens  de  Joseph  Gauthier,  écuyer,  sieur  de  la 
Verandrye,  vivant,  lieutenant  d'infanterie  de  Sa  Majesté  Très  Chrétienne,  nau- 
fragé l'automne  dernier,  dans  le  navire  Auguste,  en  passant  en  l'Ancienne 
France."  Cet  inventaire  fut  fait  par  le  notaire  P.  Panet,  le  29  mars  1  762,  à 
la  demande  de  Dame  Louise-Antoine  Mézières  de  l'Epervanche,  en  présence 
de  François  Gauthier,  écuier,  sieur  du  Tremblay. 


—  181  --- 

Verendrye,  François  cédait  à  celle-ci  tous  ses  droits  à  la  succession  de  son  frère, 
"à  la  charge  pour  la  dite  dame  de  le  nourrir  et  entretenir,  et  en  cas  d'incompa- 
tibilité d'humeur,  de  lui  payer  quatre  cens  cinquante  livres  de  rente  viagère". 

François  décéda,  à  l'Hôtel-Dieu  de  Montréal,  le  31  juillet  1  794,  âgé  de 
82  ans  (21  ). 

Il  ne  s'était  pas  marié,  et  avec  lui  s'éteignit  le  nom  de  la  Verendrye. 

Quant  à  la  veuve  de  Louis- Joseph,  elle  vécut  jusqu'en  1/25.  Voici  son 
acte  de  sépulture  :  ' 

"  Le  six  mars,  mil  huit  cent  vingt-cinq,  je,  prêtre  soussigné,  ai  inhumé 
Dame  Louise  Antoine  Mezière  de  l'Epervanche,  décédée  le  trois  du  courant, 
âgée  de  quatre  vingt  huit  ans,  veuve  de  Joseph  Gauthier  de  Laverendry,  écuier, 
de  cette  paroisse.  Témoins,  Louis  Bayard  et  Joseph  Giroux,  qui  n'ont  su 
signer.— F.  X.  DUROCHER,  ptre. 

L'abbé  IVANHOE  CARON 


(21)      Registres  des  baptêmes,  mariages  et  sépultures  de  la  paroisse  de 
Montréal,  pour  l'année  1  794. 


VINGT=GINQ  ANS 
A  M   PIERRE  GEORGES  ROY 


Depuis  un  quart  de  siècle,  inlassable  chercheur. 
Vous  explorez  le  champ  fécond  de  notre  histoire 
D'où  vous  faites  surgir,  tout  rayonnants  de  gloire, 
Des  noms  que  notre  race  acclame  avec  bonheur. 

Que  de  nobles  exploits  connus  seuls  du  Seigneur, 
Vous  avez  exhumés  de  l'ombre  d'un  grimoire, 
Témoignant  que  dans  la  défaite  ou  la  victoire, 
Les  Canadiens  français  s'inspirent  de  l'honneur  ! 

Les  bouquins  vermoulus  et  les  vieilles  archives, 
Si  souvent  dédaignés  par  les  âmes  naïves. 
Sont  la  source  idéale  où  puise  votre  esprit. 

C'est  le  dépôt  sacré  des  titres  de  noblesse 

De  nos  vaillants  aïeux,  dont  vous  êtes  sans  cesse 

L'avocat  le  plus  fier  et  le  plus  érudit. 

J.-B.  CAQUETTE 


--  182  - 


Les  prisonniers  de  gnerre  américains  décédés 
à  Québec  de  1812  à  1815 


(Suite  et  fin) 

—  James  Still,  private  soldier  in  the  United  States  twenty-second  Régi- 
ment of  foot,  from  the  state  of  Connecticut,  a  prisoner  of  war,  aged  twenty 
eight  years,  died  august  the  thirty  first,  and  was  buried  september  the  second 
in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  John  Lewis,  private  soldier  in  the  United  States  ninth  Régiment  of 
foot,  from  the  state  of  New- York,  a  prisoner  of  war,  aged  forty-three  years, 
died  september  the  first  and  was  buried  september  the  second  in  the  year  of 
Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Stephen  Smith,  private  soldier  in  the  United-States  ninth  Régiment 
of  foot,  from  the  state  of  Massachusetts,  a  prisoner  of  war,  aged  twenty-nine 
years,  died  september  the  fourth  and  was  buried  september  the  eight,  in  the  year 
of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  William  Clarke,  private  soldier  in  the  United  States  ninth  Régiment  of 
Foot,  from  the  state  of  Massachusetts,  a  prisoner  of  war,  aged  ninteen  years, 
died  september  the  fourth,  and  was  buried  september  the  ei^t  in  the  year  of 
Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  A  man  unknown,  supposed  to  hâve  bçen  an  american  prisoner  of  war, 
was  found  drowned  in  the  river  St-Lawrence  september  the  seventh  and  was 
buried  september  the  ninth,  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred 
and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Horace  Hooker,  a  volunteer  in  the  United  States  army,  from  the 
state  of  New- York,  prisoner  of  war,  private  soldier,  aged  twenty-five  years, 
died  september  the  ninth,  and  was  buried  september  the  tenth,  in  the  year  of 
Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 


—  183  — 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Isaac  Dyer,  a  seaman  in  the  American  Navy,  prisoner  of  war,  aged 
twenty-two  years,  died  september  the  ninth  and  was  buried  september  the  tenth, 
in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Josiah  Moore,  private  soldier  in  the  United  States  twenty  second  Ré- 
giment of  Foot,  from  the  state  of  Pensylvania,  a  prisoner  of  war,  aged  thirty- 
four  years,  died  september  the  eleventh,  and  was  buried  september  the  twelfth, 
in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eigth  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  William  Carver,  private  soldier  in  the  United  States  twenty  first  Ré- 
giment of  Foot,  from  the  state  of  Massachusetts,  a  prisoner  of  war,  aged  thirty 
years,  died  september  the  twelfth,  and  was  buried  september  die  thirteenth,  in 
the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Walter  Pratt,  a  volunteer  in  the  United  States  army,  from  the  state 
of  Massachusetts,  prisoner  of  war,  aged  seventeen  years,  died  september  the 
fourteenth,  and  was  buried  september  the  sixteenth,  in  the  year  of  Our  Lord 
one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Edward  Parker,  a  volunteer  in  the  United  States  ninth  Régiment  of 
foot,  private  soldier,  from  the  state  of  Massachusetts,  a.  prisoner  of  war,  aged 
nineteen  years,  died  september  the  nineteenth,  and  was  buried  september  the 
twentieth,  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousémd  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Jacob  Sinclair,  a  volunteer  in  the  United  States  ninth  Régiment  of 
foot,  from  the  state  of  Massachusetts,  a  prisoner  of  war,  aged  twenty-one 
years,  died  september  the  nineteenth,  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight 
hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Hulet  Forster,  private  soldier  in  the  United  States  ninth  Régiment 
of  foot.  from  the  state  of  New- Jersey,  a  prisoner  of  war,  aged  forty  years,  died 
september  the  twenty-fourth  and  was  buried  s^tember  the  twenty  sixth,  in  the 
year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Elisha  Merrill,  private  soldier  in  the  United  States  second  Régiment 
of  Light  Dragoons,  from  the  state  of  New  Hampshire,  a  prisoner  of  war,  aged 
twenty-three  years,  died  september  the  twenty-seventh,  and  was  buried  sep- 


...  184  ^- 

tember  the  twenty-eight  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred 
and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

-^  John  Dearing,  private  soldier  in  the  United  States  ninth  Régiment  of 
Foot,  from  the  state  of  Massachusetts,  a  prisoner  of  war,  aged  thirty-seven 
years,  died  september  the  twenty-ninth  and  was  buried  october  the  second,  in 
the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  John  Wayne,  private  soldier  in  the  United  States  fourteenth  Régiment 
of  foot,  from  the  state  of  Virginia,  a  prisoner  of  war,  aged  thirty-eight  years, 
died  october  the  sixth,  and  was  buried  october  the  seventh  in  the  year  of  Our 
Lord  one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Asa  Cory,  private  soldier  in  the  United  States  Eleventh  Régiment  of 
foot,  from  the  state  of  Massachusetts,  a  prisoner  of  war,  aged  twenty-seven 
years,  died  october  the  twentieth,  and  was  buried  october  the  twenty-first,  in 
the  your  bf  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Phinehas  Frost,  a  volunteer  in  the  United  States  army,  private  soldier, 
from  Maine,  in  the  state  of  Massachusetts,  a  prisoner  of  war,  aged  twenty-two 
years,  died  october  the  twenty-first  and  was  buried  october  the  twenty-fourth, 
in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec 

—  John  Moncrieff,  private  soldier,  in  the  United  States  second  Régiment 
of  Artillery,  from  the  state  of  Pensylvania,  a  prisoner  of  war,  aged  twenty-tWO 
years,  died  october  the  thirtieth,  and  was  buried  november  the  second,  in  the 
year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Roger  Parke,  private  soldier  in  the  United  States  twelfth  Régiment  of 
Foot,  from  the  state  of  New- Jersey,  a  prisoner  of  war,  aged  fifty  seven  years, 
died  november  the  fifth,  and  was  buried  november  the  eight,  in  the  year  of 
Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Jonathan  Clark,  private  soldier  in  the  United  States  ninth  Régiment 

of  foot,  from  the  state  of  Massachusetts,  a  prisoner  of  war,  aged 

years,  died  november  the  sixteenth  and  was  buried  november  the  seventeenth, 
in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  thirteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 


...  185  — 

—  Josiah  P.  Lamb,  corporal  in  the  twenty-first  régiment  of  Infantry,  of 
the  United  States  of  America  (prisoner  of  war),  aged  twenty-two  years,  died 
february  the  twelfth  anJ  was  buried  february  the  fourteenth  in  the  year  of  Our 
Lord  one  thousand  eight  hundred  and  fourteen. 

By  me,  Salter-Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Ezekiel  Hazard,  private  soldier  in-  the  United  States  first  Régiment 
of  Light  Artillery,  a  native  of  Rhode  Island,  prisoner  of  war,  aged  twenty-five 
years,  died  february  the  twenty  fifth,  and  was  buried  february  the  tw«ity  sixth, 
in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  himdred  and  fourteen, 

By  me  Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Thomas  Libby,  a  volunteer  in  the  United  States  twenty  third  Régiment 
of  Infantry,  a  native  of  the  State  of  Massachusetts,  prisoner  of  war,  aged 
twenty  years,  died  february  the  twenty  fifth,  and  was  buried  february  the 
twenty-sixth  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  fourteen. 

By  me,  Salter  Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Abraham  Bush,  private  soldier  in  the  United  States  first  Régiment 
of  Artillery,  a  native  of  the  state  of  Maryland,  prisoner  of  war,  aged  forty 
eight  years,  died  march  the  twenty-second,  and  was  buried  march  the  twenty- 
third,  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  fourteen. 

By  me,  Salter  Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Orin  Hall,  private  soldier  in  the  United  States  thirteenth  Régiment 
of  Foot,  a  native  of  New- York,  prisoner  of  war,  aged  thirty-six  years,  died 
march  the  twenty-eight,  and  was  buried  march  the  thirtieth  in  the  year  of  Our 
Lord  one  thousand  eight  hundred  and  fourteen. 

By  me  George  Jehosaphat  Mountain,  evening  lecturer  at  Québec. 

—  John  Berlin,  private  soldier  in  the  first  United  States  Régiment  of 
Artillery,  from  the  state  of  Vermont,  a  prisoner  of  war,  aged  about  thirty-eight 
years,  died  april  the  twentieth,  and  was  buried  april  the  twenty  first,  in  the 
year  of  Our  Lord  one  thousand  and  eight  hundred  and  fourteenth. 

By  me  Salter  Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Samuel  Bascorn,  private  soldier  in  the  ninth  régiment  of  Infantry  of 
the  United  States  of  America  (prisoner  of  war)  aged  twenty-one  years,  died 
april  the  twentieth  and  was  buried  april  the  twenty-second  in  the  year  of  Our 
Lord  one  thousand  eight  hundred  and  fourteen. 

By  me  Georges  Jehosaphat  Mountain,  evening  lecturer  at  Québec. 

—  John  Smith,  private  soldier  in  the  United  States  thirty  third  Régiment 
of  Foot,   a  native  of  Massachusetts,  prisoner  of  war,  aged  fifty-three  years 


—  186  — 

died  april  the  twenty  seventh,  and  was  buried  april  thé  twenty-ninth,  in  the 
year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and  fourteen. 

By  me  Salter  Jehosaphat  Mountain,  officiating  minLuer  at  Québec. 

—  Elisa  Goodnight,  private  soldier  in  the  regimtSr  of  Artillery  of  the 
United  States  of  America  (prisoner  of  war)  aged  twenty-six  years,  died  may 
the  thirteenth  and  was  buried  may  the  fourteenth,  in  the  year  of  Our  Lord  one 
thousand  eight  hundred  and  fourteen. 

By  me  Georges  Jehosaphat  Mountain,  evening  lecturer  at  Québec. 

—  Esley  Hamelan,  private  soldier  in  the  Artillery  of  the  United  States 
of  America,  prisoner  of  war,  aged  twenty  five  years,  from  the  state  of  Vermont, 
died  June  the  second  and  was  buried  June  the  fourth  in  the  year  of  Our  Lord, 
one  thousand  eight  hundred  and  fourteen. 

By  me,  George  Jehosaphat  Mountain,  evening  lecturer  at  Québec. 

—  Charles  Finnick,  private  soldier  in  the  Artillery  of  the  United  States 
of  America,  from  the  state  of  Pensylvania  (prisoner  of  war),  aged  forty  four 
years,  died  June  the  fourth  and  was  buried  June  the  sixth,  in  the  year  of  Our 
Lord  one  thousand  eight  hundred  and  fourteen. 

By  me,  George  Jehosaphat  Mountain,  evening  lecturer  at  Québec. 

—  Seth  George  Cotton,  a  native  of  York  County,  in,  the  United  States, 
prisoner  of  war,  aged  twenty  years,  died  september  the  second,  and  was  buried 
september  the  third,  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and 
fourteen. 

By  me,  Joseph  Langley  Mills,  chaplain  to  H.  M.  Forces. 

—  William  Judd,  an  american  prisoner  of  war,  of  colonel  Churhillis 
Régiment  of  New- York  Militia,  aged  twenty-one  years,  died  november  the 
sixth,  and  was  buried  november  the  ninth,  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand 
eight  hundred  and  fourteen. 

By  me,  Salter  Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

—  Thomas  Maxwell,  of  the  second  United  States  Régiment  of  Artillery, 
born  in  the  state  of  Pensylvania,  county  of  Philadelphia,  a  prisoner  of  war, 
aged  thirty  five  years,  died  february  the  nineteenth,  and  was  buried  february 
the  twenty  third,  in  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred  and 
fifteenth. 

By  me,  Salter  Jehosaphat  Mountain,  officiating  minister  at  Québec. 

P.-G.  R. 


—  187  — 

La  haate  justice  dans  les  justices  seigneuriales 


SENTENCE  CONTRE  JEAN  DENIS  FILS  RENDUE  LE  14  SEP- 
TEMBRE   1695    PAR   GUILLAUME   ROGER.   JUGE 
PREVOST  DE  NOTRE-DAME  DES  ANGES 

A  Tous  Ceux  qui  ces  présentes  lettres  verront  Salut 

Veu  par  nous  Guillaume  Roger  jugeprevost  de  Notre  Dame  des  Anges 
Le  procez  criminel  extraordinairement  fait  et  instruit  à  la  Requeste  du  procureur 
fiscal  de  la  jurisdiction  du  dit  lieu  demandeur  et  accusateur  contre  Jean  Denis 
fils  accusé  d'avoir  tué  et  assassiné  Pierre  Gendros  et  bruUé  sa  cabane  défaillant 
ensemble  contre  Marguerite  Barbot  veufve  du  dit  deffimt  Gendro  accusée  de 
complicité  détenue  es  prisons  Royaux  de  Quebecq  par  permission  ny  en  ayant 
en  la  dite  jurisdiction  et  contre  Jacques  Despaty,  aussy  détenu  es  dites  prisons, 
et  Jean  Larchevesque  dit  Grandpré  accusé  ensemble  d'avoir  favorisé  l'évasion 
du  dit  Jean  Denis  fils  la  plainte  du  dit  procureur  fiscal  à  cause  du  dit  meurtre 
et  assassin  et  nostre  ordonnance  estant  au  bas  du  trente  et  un  may  dernier, 
portant  p>ermission  d'informer,  information  par  nous  faicte,  en  conséquence  les 
premier,  trois  et  quatryesme  juin  suivant  nostre  ordonnance  au  bas  pour  com- 
munication au  procureur  fiscal  du  dit  jour  quatryesme  juin,  son  réquisitoire  du 
septyesme,  à  ce  qu'il  fust  décerné  décret  de  prise  de  corps  à  l'encontre  des  dits 
Jean  Denis  et  veufve  Gendro  décret  de  prise  de  corps  par  nous  décerné  contre 
les  dits  Jean  Denis  et  Marguerite  Barbot  le  huityesme,  procez  verbal  de  per- 
quisition faitte  en  la  personne  du  dit  Jean  Denis  par  Lepailleur  huissier  Royal, 
en  date  du  neufyesme  autre  procès  verbal  par  le  dit  huissier  et  l'emprisonnement 
par  luy  fait  de  la  dite  Marguerite  Barbot  en  date  du  dit  jour  neufyesme  juin 
extrait  de  son  escrouë  signé  Genaple  signifié  par  le  dit  huissier,  interrogatoire 
suby  par  la  dite  Marguerite  Barbot,  veufve  Gendro,  contenant  ses  confessions 
et  dénégations,  en  date  du  dixyesme,  assignation  donnée  au  dit  jean  Denis  a 
quainzaine  en  date  du  douze  par  le  dit  Le  pailleur.  Répétition  d'interrogatoire 
faite  à  la  dite  Marguerite  Barbot,  en  date  du  vingt  cinquyesme  au  bas  duquel 
est  le  soit  montré  assignation  à  la  huictaine  i>ar  un  cry  public  donnée  au  dit 
Jean  Denis  par  le  dit  huissier  le  vingt  neufyesme,  réquisitoire  du  procureur  fiscal 
du  dixyesme  juillet  suivant,  sentence  de  nous  rendue  p)ortant  que  les  témoins 
Guy  ex  dites  informations  seroient  recolez  en  leurs  dépositions  et  vaudrait  le 


—  188  — 

recolement  pour  confrontation  à  l'accusé  et  que  sy  besoin  estoit  seroient  con- 
frontez à  la  dite  Barbot,  en  date  du  onziesme.  Recolement  fait  des  témoins 
ouy  es-ditte  informations  en  date  des  treize  et  quinziesme  au  bas  desquels  est 
le  soit  montré,  réquisition  du  procureur  fiscal  du  seiziesme,  à  ce  que  la  femme  du 
nommé  La  Rivière  fust  oiiys  en  sa  déposition  nostre  ordoimance  en  conformité 
du  dit  Réquisitoire  en  date  du  dit  jour  seiziesme  la  déposition  de  Renée  Bezeau 
femme  du  dit  La  Rivière,  ensuite  des  informations  en  date  du  dix  huitiesme 
le  soit  montré  au  bas,  réquisition  du  procureur  fiscal  à  ce  que  Françoise  Meus- 
nier  fust  assignée  pour  estre  ouye  et  interrogée  sur  les  faits  résultants  des  dites 
informations  en  date  du  dix-neufysme,  décret  d'assigné,  par  nous  décerné  à 
rencontre  de  la  dite  Françoise  Meusnier,  en  date  du  dit  jour  dixneufviesme 
signifié  le  mesme  jour  avec  assignation  par  Olivier  le  Roy  huissier  de  la  dite 
jurisdiction  interrogatoire  suby  par  la  dite  Françoise  Meusnier  contenant  ses 
confessions  et  dénégations,  en  date  du  vingt  troisyesme,  au  bas  duquel  est  le 
soit  montrée,  réquisitoire  du  procureur  fiscal,  à  ce  que  Jacques  Desparty  fust 
constitué  prisonnier  es  prisons  de  Quebecq  décret  de  prise  de  corps,  par  nous 
décerné  contre  le  dit  Desparty  le  vingt  neufvyesme,  emprisonnement  fait  de  sa 
persorme  par  le  dit  Lepallieur,  huissier,  le  trenteyesme,  extrait  de  son  escrouë 
signé  Genaple,  à  luy  signifié  ainsy  que  le  dit  décret  le  mesme  jour,  interrogatoire 
suby  par  le  dit  Despasty  le  trentiesme,  répétition  à  luy  faite  le  deuxiesme  aoust 
suivant,  autre  répétition  du  cinquiesme  au  bas  desquelles  interrogatoires  est  le 
soit  montrée,  arrest  de  nos  Seigneurs  du  Conseil  Souverain  du  seiziesme  par  lequel 
le  dit  Despasty  est  renvoyé  par  devant  nous  pour  estre  interrogé  sur  les  faits 
résultans  de  la  Requeste  par  luy  présentée  et  des  interrogatoires  par  luy  subis,  et 
proceddé  à  la  continuation  et  jugement  du  procès  sauf  l'apel,  interrogatoire 
suby  par  le  dit  Despasty  en  exécution  du  dit  arrest,  en  date  du  dix-huityesme  au 
bas  duquel  est  le  soit  montré,  réquisitoire  du  procureur  fiscal  du  dix-neuf  à  ce; 
que  Jean  Larchevesque  fust  assigné,  pour  estre  ouy  décret  d'assigné  par  nous 
décerné  à  l'encontre  du  dit  Larchevesque  le  vingtyesme  signifié  avec  assignation 
par  le  dit  Lepallieur  le  mesme  jour,  procès  verbal  par  nous  fait  le  vingt-sixiesmc 
contenant  les  refus  que  fait  le  dit  Larchevesque  de  répondre  devant  nous,  un 
escrit  par  luy  fourny  contenant  les  raisons  qu'il  en  devait  dire  le  dit  escrit  non 
signé  ny  daté,  ordonnance  par  nous  rendue  le  dit  jour  vingt  sixyesme  portant 
que  le  dit  Larchevesque  viendrait  repondre  aux  Interrogations  que  nous  avions 
à  luy  faire  dans  vingt  quatre  heures  et  aviser  à  ce  qu'il  devait  faire  nonobstant 
son  dit  escrit  dont  nous  le  débouttions  et  qu'à  faute  de  vouloir  repondre  aux  dites 
interrogations  nous  continuerions  l'instruction  de  son  procès  comme  aveu  muet 
volontaire  signifié  le  mesme  jour  par  Marandeau  huissier  avec  assignation  au 


-.--  189  — 

jour  à  luy  prescrit,  acte  d'apel  du  dit  Larchevesque  de  la  dite  ordonnance 
signifié  par  Prieur  huissier  le  vingt  septiesme  au  bas  duquel  est  le  soit  montré, 
réquisitoire  du  procureur  fiscal  du  deux  du  présent  mois  à  ce  que  le  dit  Larche- 
vesque  fust  assigné  pour  estre  ouy  nostre  ordonnance  du  dit  jour  portant  que  le 
dit  Larchevesque  seroit  assigné  à  comparoir  devant  nous  le  lendemain  pour  estre 
ouy,  interrogatoire  suby  par  le  dit  larchevesque  en  date  du  troisiesme  contenant 
ses  confessions  et  dénégations  au  bas  duquel  est  le  soit  montré,  réquisitoire  du 
procureur  fiscal  du  cinquiesme  à  ce  que  les  dits  Larchevesque  et  Despasty 
fussent  récolez  et  confrontez  l'un  à  l'autre,  nostre  sentence  à  cette  fin  en  date 
du  sixiesme  signifiée  au  dit  Larchevesque  par  le  dit  Marandeau  le  mesme  jour 
avec  assignation,  recolement  du  dit  Larchevesque  et  du  dit  Despasty,  et  la  con- 
frontation faite  du  dit  Despasty  au  dit  Larchevesque  et  du  dit  Larchevesque  au 
dit  Despasty,  le  tout  en  date  du  mesme  jour  sixiesme  de  ce  mois,  notre  ordon- 
nance au  bas  pour  communication  de  tout  le  procès  au  procureur  fiscal,  con- 
clusions du  dit  procureur  fiscal,  auquel  le  tout  a  esté  communiqué,  en  datte 
du  dixiesme,  et  tout  considéré,  nous  avons 'déclaré  la  contumace  bien  instruite 
contre  le  dit  Jean  Denis  accusé  et  adjugeant  le  profit  d'ycelle.  le  déclarons 
deuement  ateint  et  convaincu  d'avoir  tué  et  assassiné  le  dit  de^nt  Pierre 
Gendro  et  mis  le  feu  à  sa  cabane,  pour  réparation  de  quoy  condanmons  le  dit 
accusé  d'avoir  les  jambes,  cuisses  et  reins  rompus  vif  sur  un  eschaffaut  quy  pour 
cet  effet  sera  dressé  audevant  de  la  porte  et  entrée  de  l'auditoire  de  la  prévosté 
de  Nostre-Dame  des  Anges  et  mis  ensuite  sur  une  roue  la  face  tournée  vers 
le  ciel  pour  y  finir  ses  jours  le  condanmons  en  outre  en  cinq  cens  livres  de  rq>a- 
ration  civille  envers  les  enfans  du  dit  deffunt  Gendro  et  aux  dépens  suivant  la 
taxe  quy  en  sera  par  nous  faite  le  surplus  de  ses  biens  acquis  et  confisquez  au 
profit  des  seigneurs  de  la  dite  jurisdiction,  sur  yceux  préalablement  pris  la  somme 
de  dix  livres  d'amende  envers  les  dits  seigneurs  et  sera  la  présente  sentence 
exécutée  par  effigie  en  un  tableau  quy  sera  attaché  par  l'exécuteur  de  la  haute 
justice  à  une  potence  et  au  regard  de  la  dite  Marguerite  Barbot  veufve  du  dit 
deffunt  Gendro  ordonnons  que  les  prisons  luy  seront  ouvertes  en  se  soumettant 
par  François  Barbot  son  père  de  la  représenter  touttes  fois  et  quantes  les  charges 
tenant  au  procès,  et  au  sujet  des  dits  Despasty  et  Larchevesque  Grandpré  avons 
iceux  déclaré  ateins  et  convaincus  d'avoir  sçavoir  le  dit  Despasty  mené  et  conduit 
furtivement  le  dit  Jean  Denis  fils  à  la  Rivière  du  loup  afin  qu'il  ne  tombast  pas 
entre  les  mains  de  la  justice  pour  estre  puny  de  son  crime  et  le  dit  Larchevesque 
d'avoir  foumy  du  dit  Despasty  son  domestique,  ensemble  d'un  canot  et  de  vivres 
pour  l'évasion  du  dit  Jean  Denis  pourquoy  les  avons  solidairement  condamnez 
et  condamnons  en  la  somme  de  cinquante  livres  d'amende  envers  les  dits  seigneurs 


—  190  — 

et  en  tous  les  dépens  tant  de  la  contumace  que  ceux  depuis  faits  suivant  la  taxe 
quy  en  sera  aussy  par  nous  faitte.  Fait  et  donné  par  nous  juge  susdit  à  Nostre- 
Dame  des  Anges  le  quatorziesme  jour  de  septembre  mil  six  cent  quatre-vingt 
quinze  et  ny  ayant  d'officiers  ny  praticiens  dans  la  dite  jurisdiction  nous  avons 
esté  obligé  de  juger  seul. 

Signé  à  la  grosse  Marandeau  commis  greffier,  avec  paragrai^e. 


Y  eut-il  des  loteries  en  la  Nouvelle-France  ? 


Durant  les  règnes  de  Louis  XIV  et  de  Louis  XV,  les  finances  publiques 
tombèrent  parfois  dans  le  chaos  et  les  administrateurs  durent  recourir  à  toutes 
sortes  d'expédients  pour  se  procurer  des  fonds.  Comme  le  jeu  de  hasard  est  un 
moyen  sûr  d'attirer  les  économies  de  la  masse,  il  ne  fut  pas  négligé.  "Si  bien, 
dit  un  historien,  que  la  plupart  des  emprunts  furent  alors  souscrits  à  l'aide  de 
loteries." 

Il  ne  serait  pas  étonnant,  en  ce  cas,  que  des  billets  de  ces  loteries  soient 
parvenus  jusque  dans  la  France  d'outre-mer  ? 

Peut-être  même,  organisait-on  quelque  loterie  en  ce  pays  ?  Pourquoi 
n'aurait-on  pas  suivi  l'exemple  de  la  mère-patrie  ? 

Sans  chercher  à  élucider  ce  point,  disons  qu'un  passage  d'un  document 
judiciaire  établit  bien  formellement  que  la  loterie  ne  fut  pas  chose  inconnue  à 
Montréal,  au  XVIIe  siècle. 

En  l'an  1701,  Charles  Alavoine,  marchand,  avait  dans  sa  clientèle  un' 
ingénieur  de  renom,  Gédéon  de  Catalogne.  Ce  dernier,  pour  une  raison  ou  pour 
une  autre,  refusant  de  solder  un  compte  relativement  élevé,  le  créancier  fit  com- 
paraître sa  pratique  récalcitrante  devant  le  tribunal.  A  l'appui  de  la  réclamation, 
Marie-Thérèse  Machard,  femme  d'Alavoine,  produit  une  facture  qu'elle  a  pré- 
parée et  dans  laquelle  on  remarque  cet  item:  "9  juin  1  701  —  30  livres  qu'il 
(M.  de  Catalogne)  doit  avoir  mis  pour  moi  à  sa  lostris  et  je  lui  ai  passé 
"  compte.  .  ."  Plus  loin,  un  autre  item  nous  donne  le  prix  d'un  billet  :  "  Et 
**  un  billet  de  sa  lostris  de  Mlle  le  Ballis:    2  livres." 

Sa  loterie  ?  S'agit-il  d'une  loterie  privée  ou  d'une  loterie  dont  Catalogne 
était  Vagent  ? 

Le  juge  était  plus  que  nous  au  courant,  car  il  ne  paraît  pas  demander  d'ex- 
plication. Il  se  borne  à  condamner  le  sieur  de  Catalogne  à  payer  au  sieur  Ala- 
voine la  somme  de  69  livres,  9  sols,  "pour  argent  mis  à  la  loterie  ainsi  que  pour 
marchandises  fournies"  (  1  ) . 

E.-Z.  MASSICOTTE 


(  1  )      Archives  judiciaires  de  Montréal,  2 1   février    1  702. 


—  191  — 
Un  théâtre  à  Montréal  en  1789 


Lorsque  je  publiai,  dans  la  Revue  populaire,  il  y  a  environ  sept  ans  (  1  ) , 
un  historique  des  théâtres  montréalais,  mes  notes  remontaient  jusqu'en  1804  et 
il  me  semblait  peu  probable  que  l'on  eut  songé  à  avoir  des  salles  de  spectacles 
auparavant. 

Le  hasard  vient,  cependant,  de  me  faire  découvrir  un  document  sous  seing 
privé  et  inédit  qui  nous  informe  qu'on  érigea  ou,  du  moins,  qu'on  projeta 
d'ériger  un  théâtre  à  Montréal  dès  1  789. 

Six  citoyens  bien  en  vue  et  un  artiste  peintre  sont  parties  au  contrat  qui 
est  écrit  par  le  notaire  Jean-Guillaume  Delisle  et  qui  renferme  des  détails 
minutieux.  Par  exemple:  il  y  aura  trois  décors,  un  orchestre,  im  perruquier, 
une  garde,  des  valets;  l'on  fera  de  la  réclame  dcuis  les  gazettes  et  la  salle 
sera  éclairée  à  la  chandelle  et  aux  lampions,  etc. 

Parmi  les  promoteurs  de  l'entreprise  on  remarque  avec  plaisir  le  nom  de 
Joseph  Quesnel,  ce  poète  musicien  que  Bibaud  jeune,  dans  son  Panthéon, 
surnomme  avec  raison  et  en  style  pompeux:  "le  créateur  des  jeux  scéniques  au 
Canada,  et  auquel  M.  l'abbé  C.  Roy  a  consacré  une  si  jolie  monographie  dans 
nos  Origines  littéraires. 

Le  nom,  d'un  autre  personnage  attire  également  l'attention,  c'est  celui  de 
Joseph-François  Perrault  qui  devait  être  protonotaire  p>endant  si  longtemps  à 
Québec  et  obtenir  une  si  grande  réputation  comme  "zélateur  laïque  de  l'édu- 
cation en  Canada". 

Avant  de  pratiquer  le  droit,  M.  Perrault  fut  marchand  à  Montréal,  entre 
1  781  et  1  790.  Attiré  vers  les  arts  et  les  sciences,  il  n'est  pas  étonnant  qu'il  se 
soit  intéressé  aux  choses  théâtrales. 

Abordons  le  contrat  : 
L'an  mil  sept  cent  quatre-viqgt-neuf,  le  onzième  jour  de  novembre.  Sont 
convenus  les  sieurs  Pierre- Amable  de  Bonije,  écuyer,  Joseph  Quesnel,  non 
écuyer,  Joseph-François  Perrault,  écuyer,  François  Rolland,  Jacques-Clément 
Hersé  et  Jean-Guillaume  De  Lisle,  avec  Sieur  Dulompré,  des  conditions  sui- 
vantes, savoir  : 

Que  ledit  sieur  Dulompré  fournira  au  THEATRE  DE  SOCIETE, 
qui  sera  érigé  dans  sa  maison,  trois  décorations  complettes,  peintes  sur  toile,  à 
l'exception  des  coulisses  d'une  décoration  qui  quoiqu'en  papier  représentant  des 
arbres   seront  comprises   dans   les   trois  cy-mentionnées,    fournira   le   luminaire 


(  1  )      Numéros  de  juillet  et  de  décembre  1 909  et  de  jum  1910. 


--  192  — 

tant  chandelles  que  lampions  nécessaires  pour  l'usage  dudit  théâtre;  Les  trois 
décorations  sus-mentionnées  représenteront  une  chambre,  un  bois  et  une  rue, 
avec  le  grand  rideau,  fera  élever  le  théâtre  et  fournira  le  bois  nécessaire  pour 
sa  construction,  ainsi  que  pour  l'orchestre,  l'amphithéâtre  et  autres  bois  néces- 
saires pour  placer  les  spectateurs,  paiera  la  musique,  le  perruquier,  les  billets, 
frais  de  gazettiers,  la  garde  et  valets  de  théâtre.  Que  ledit  sieur  Louis  Du- 
lompré  fournira  sa  salle  pour  quatre  représentations  et  plus,  si  lesdits  sieurs 
sus-mentionnés  l'exigent,  en  lui  païant  néanmoins  les  frais  qu'ils  pourraient  occa- 
sionner, moiennant  le  prix  et  somme  de  SOIXANTE  livres,  cours  actuel  de 
la  province;  pour  laquelle  somme  ledit  Sr  Dulompré  promet  fournir  tout  ce 
que  dessu»  mentionné  et  après  le  Carnaval  s'oblige  de  faire  un  état  des  articles 
par  lui  fournis  pour  l'usage  dudit  Théâtre  qu'il  signera  en  forme  de  reçu  pour 
servir  au  même  Théâtre  quand  lesdits  Sieurs  l'exigeront.  Ledit  sieur  Dulompré 
promettant  de  les  garder  et  pourra  en  avoir  l'usage  avec  le  consentement  desdits 
sieurs  contractants  lequel  lui  sera  toujours  octroïé  d'autant  que  lesdits  Sieurs 
n'en  auront  pas  besoin.  Que  de  plus  ledit  sieur  Dulompré  s'oblige  à  tenir  prêt 
le  Théâtre  quelques  jours  avant  la  représentation  des  pièces,  comme  aussi  de 
fournir  le  luminaire  pour  les  répétitions  ainsi  que  les  musiciens  nécessaires  pour 
icelles.  Que  lesdits  Sieurs  répondent  audit  Sr  Dulompré  de  laditte  somme  de 
SOIXANTE  LIVRES  et  qu'elle  lui  sera  remise  à  mesure  qu'elle  rentrera 
et  au  cas  qu'elle  ne  rentrât  point  lesdits  Sieurs  s'en  rendent  pleige  et  caution 
au  bout  dudit  tems,  en  par  le  dt.  Sr.  Dulompré  nous  favoriscfnt  d'une  représen- 
tation dont  néanmoins  les  frais  comme  cy-dessus  lui  seront  payés  par  lesdits 
Sieurs  pour  la  rentrée  du  déficit. 

DeBonne,  Jh  Quesnel,  Hersé,  L.  Dulongpré,  F.  Rolland,  J.  F.  Perrault, 
Jean  Cuill.  De  Lisle. 

*   *   * 

Quel  était  ce  Louis  Dulongpré  qui  se  chargeait  de  l'aménagement  du 
théâtre  ?  Sans  aucune  doute  c'est  cet  artiste  qui  longtemps  après,  le  25  février 
1807,  demandait  humblement  à  la  fabrique  de  Notre-Dame  de  bien  vouloir 
lui  acheter  le  tableau  de  saint  François-Xavier  qu'elle  lui  empruntait  depuis  trois 
ans  pour  l'exposer  durant  la  neuvaine  qui  se  faisait  en  l'honneur  du  saint  (  1  ) . 

Mais  qu'advint-il  de  l'entreprise  théâtrale  et  ne  serait-ce  pas  sur  la  scène 
préparée  par  M.  Dulongpré  que  fut  jouée,  en  1  790,  la  comédie-vaudeville  de 
Joseph  Quesnel,  Colas  et  Colinette  ? 

E.-Z.  MASSICOTTE 


(  1  )      Sa  lettre  est  conservée  dans  les  archives  de  la  fabrique  de  Notre- 
Dame  et  nou^  en  devons  communication  à  l'archiviste  M.  O.-H.  Lapalice. 


-  l1^- 

BULLETIN 

DES 


RECHERCHES   HISTORIQUES 


m,  IXni  BEAUCEVILIi==JlIiLLET  lfl7  Nt  7 


La  famille  Bailly  de  Alesseio 


NICOLAS  BAILLY  DE  MESSEIN 

,  Le  premier  Bailly  de  Messein  qui  vint  s'établir  dans  la 
Nouvelle-France  était  originaire  de  Alontreuil,  évêché  de 
Toul,  en  Lorraine.  Il  était  fils  de  Michel  Bailly  de  Messein 
et  de  Anne  Marsain  (i). 

Nicolas  Bailly  de  Messein  vint  ici  en  qualité  d'enseigne 
dans  une  compagnie  des  troupes  du  détachement  de  la  ma- 
rine. En  quelle  année  ?  Nous  n'avons  pu  l'établir.  Nous 
croyons,  toutefois,  qu'il  passa  dans  la  Nouvelle-France  peu 
après  1700. 

Dans  la  liste  officielle  des  officiers  des  troupes  de  la  ma- 
rine en  la  Nouvelle-France  dressée  d'après  la  revue  qui  en 
avait  été  faite  le  ler  octobre  1721,  nous  voyons  que  M. 
Bailly  de  Messein  était  enseigne  dans  la  compagnie  de  M. 
de  Villedonné.  Le  lieutenant  de  cette  même  compagnie  était 
le  chevalier  de  Rigaud  (2). 

M.  Bailly  de  Messein  avait  en  France  un  protecteur,  M. 
Le  Pelletier,  qui  s'intéressait  beaucoup  à  son  sort.     Le  11 


(  I  )  Mgr  Tanguay  {Dictiormair»  généalogique  des  familles  canadiennes, 
vol.  1er,  p.  103)  écrit  Marsain.  Ce  nom  au  registre  de  Québec,  à  la  date  du 
8  février  I  706,  peut  aussi  bien  se  lire  Marlain. 

(2)      Bulletin  des  recherches  historiques,  vol.  XIV,  p.  380. 


--  194  — 

janvier  1729,  le  président  du  Conseil  de  marine  écrivait  à  M. 
Le  Pelletier  qu'il  donnerait  de  l'avancement  au  sieur  Bailly 
de  Messein,  enseigne  au  Canada,  dès  qu'il  en  aurait  l'occa- 
sion (3). 

En  1730,  M.  Bailly  de  Messein  obtint  la  permission  de 
passer  en  France  (4).  Nous  ignorons  s'il  profita  de  ce 
congé. 

En  1732,  M.  Bailly  de  Messein  fut  promu  au  grade  de 
lieutenant.  C'est,  du  moins,  ce  que  nous  pouvons  inférer 
d'une  lettre  du  président  du  Conseil  de  marine  à  M.  de  Li- 
gnery.  Le  22  avril  1732,  il  l'informait  que  le  roi  avait 
accordé  à  son  fils  l'enseigne  vacante  gar  l'avancement  de 
M.  Bailly  de  Messein  (5). 

M.  Bailly  de  Messein  mourut  à  Québec  le  2^  septembre 
1744.  Son  acte  de  sépulture  le  qualifie  de  lieutenant  réfor- 
mé d'une  compagnie  de  la  marine  et  le  dit  âgé  d'environ 
80  ans. 

Il  s'était  marié  deux  fois. 

Il  avait  épousé,  à  Québec,  le  8  février  1706,  Anne  Bon- 
homme, veuve  de  Jean  Minet,  et  fille  de  Guillaume  Bonhom- 
me et  de  Françoise  Haché.  Elle  décéda  à  Québec  le  2  juin 
1714. 

En  secondes  noces,  à  Québec  le  30  octobre  1717,  M. 
Bailly  de  Messein  épousa  Catherine  Trefflé,  veuve  de  Léo- 
nard Qrequel,  et  fille  de  François  Trefflé  dit  Rotot  et  de 
Catherine  Mathieu.    Elle  décéda  à  Québec  le  2  mars  1732. 

De  son  premier  mariage  il  avait  eu  cinq  enfants  : 

1 

Marie-Anne  Bailly  de  Messein 

Née  à  Québec  le  19  mai  1707. 
Probablement  décédée  en  bas  âge. 


(3)  Rapport  concernant  tes  archives  canadiennes  pour  l'année   1904, 
p.  108. 

(4)  L'abbé  Daniel,  Notice  sur  la  famille  Cu^  et  sur  quelques  autres 

familles,  p.  49. 

(5)  Rapport  concernant  les  archives  canadiennes  pour  l'armée   1904, 

p.  155. 


—  195  — 

n 

François-Augustin  Bailly  de  Messein 

Le  continuateur  de  la  lignée. 

III 

Louise  Bailly  de  Messein 

Née  à  Québec  le  30  novembre  1712. 

Décédée  au  même  endroit  le  29  décembre  1712. 

IV 

Marie-Joseph  Bailly  de  Messein 

Née  à  Québec  le  30  novembre  1712, 

Mariée,  à  Québec,  le  15  août  1740,  à  Jean-Baptiste 
Hyver,  capitaine  de  navire,  fils  de  Robert  Hyver,  de  Saint- 
Laurent,  diocèse  de  Bayeux,  en  Normandie. 

En  secondes  noces,  à  Québec,  le  9  juillet  1744,  elle 
devint  la  femme  de  Antoine-Charles  Turpin,  procureur  en 
la  ville  de  Québec,  fils  de  feu  Pierre-Guillaume  Turpin,  pro- 
cureur au  Châtelet  de  Paris,  et  de  feue  Anne  Poteau. 

Madam  Turpin  décéda  à  Québec  le  20  avril  1771. 

V 

Pierre- Eus  tache  Bailly  de  Messein 

Né  à  Québec  le  11  mai  17 14. 

Décédé  à  Charlesbourg  le  12  juillet  1714. 


FRANÇOIS-AUGUSTIN  BAILLY  DE  MESSEIN 


Né  à  Québec  le  20  aoiit  1709. 

Il  fit  d'abord  du  commerce  à  Montréal  puis  il  s'établit 
marchand  à  Sainte-Anne  de  Varennes  et  s'amassa  une  jolie 
fortune. 

M.  Bailly  de  Messein  décéda  à  Sainte-Anne  de  Varen- 
nes le  2  avril  1771. 

Il  avait  épousé,  à  Montréal,  le  13  janvier  1740,  Marie- 
Anne  Des  Contins,  fille  de  François-Marie  Des  Contins, 
ancien  conseiller  au  Conseil  Supérieur  de  l'île  Royale,  et  de 
Marie-Angélique  Aubert  de  la  Chesnaye. 


—  196  --^ 

Madame  Bailly  de  Messein    décéda    trente-trois    ans 
après  son  mari,  à  Sainte-Anne  de  Varennes,  le  28  novembre 
1804. 
■     De  leur  mariage  étaient  nés  seize  enfants  : 

I 

Charles -François  Bailly  de  Messein 

Né  à  Montréal  le  4  novembre  1740. 

Il  fit  ses  études  au  collège  Louis-le-Grand,  à  Paris. 

Ordonné  prêtre  à  Québec  le  10  mars  1767,  il  fut  envoyé 
immédiatement  comme  missionnaire  auprès  des  Acadiens 
établis  à  Halifax.  Il  déploya  dans  cette  mission  un  zèle 
admirable  pour  le  salut  des  âmes. 

En  1771,  il  revenait  à  Québec  et  fut  nommé  professeur 
de  rhétorique  au  séminaire  de  Québec.  Il  demeura  quatre 
années  dans  ces  fonctions. 

En  1776,  pendant  l'invasion  américaine,  M.  Bailly  de 
Messein  devint  l'aumônier  d'un  bataillon  que  recrutait  M. 
de  Beaujeu  dans  les  paroisses  de  la  côte  sud  pour  aider  à 
repousser  les  envahisseurs.  Il  accompagna  M.  de  Beaujeu 
à  Sainte-Anne  de  la  Pocatière,  Kamouraska,  Rivière-Ouelle, 
Saint-Roch  des  Aulnaies,  Saint-Thomas.  M.  Bailly  de 
Messein  était  avec  les  royalistes  lorsqu'ils  eurent  leur  ren- 
contre avec  les  Bostonnais  à  Saint-Pierre  de  la  Rivière-du- 
Sud.  Il  reçut  même  en  cette  occasion  une  blessure  assez 
grave. 

Après  s'être  rétabli  de  sa  blessure,  M.  Bailly  de  Messein 
retourna  au  séminaire  de  Québec  où  il  enseigna  la  théologie 
jusqu'en  1777. 

En  cette  année  1777,  son  évêque  lui  confiait  la  cure  de 
la  Pointe-aux-Trembles. 

En  1778,  le  gouverneur  Carleton,  qui  retournait  en  An- 
gleterre, priait  M.  Bailly  de  Messein  de  devenir  le  précep- 
teur de  ses  enfants.  Il  accepta  et  passa  quatre  années  en 
Europe,  tout  en  demeurant  curé  titulaire  de  la  Pointe-aux- 
Trembles. 

M.  Bailly  de  Messein  revint  au  pays  en  1782. 

En  1786,  Carleton,  devenu  lord  Dorchester,  fut  de  nou- 


—  197  — 

veau  chargé  du  gouvernement  de  la  colonie.  Il  n'avait  pas 
oublié  le  précepteur  de  ses  enfants.  Aussi,  en  1788,  à  la 
mort  de  Mgr  d'Esgly,  et  peu  après  l'avènement  de  Mgr 
Hubert,  coadjuteur  de  ce  dernier,  au  siège  épiscopal  de 
Québec,  la  faveur  officielle  fit  arriver  le  curé  de  la  Pointe- 
aux-Trembles à  la  coadjutorerie. 

Nommé  par  le  pape  Pie  VI  évêque  de  Capse  "in  parti- 
bus",  le  26  septembre  1788,  M.  Bailly  de  Messein  fut  sacré 
dans  la  cathédrale  de  Québec,  par  Mgr  Hubert,  le  12  juillet 
1789. 

Mgr  Bailly  de  Messein  continua  à  desservir  la  Pointe- 
aux-Trembles jusqu'à  sa  mort  arrivée  à  l'Hôpital-Général 
de  Québec  le  20  mai  1794.  Il  fut  inhumé  dans  le  sanctuaire 
de  l'église  de  la  Pointe-aux-Trembles,  presque  sous  l'autel, 
du  côté  de  l'Evangile. 

II 

Honoré-Joseph  Bailly  de  Messein 

Né  à  Montréal  le  19  mars  1742. 

III 

Michel  Bailly  de  Messein 

Le  continuateur  de  la  lignée. 

IV 

Marie- Louise-Charlotte  Bailly  de  Messein 

Née  à  Montréal  le  5  décembre  1748. 

Mariée,  à  Sainte-Anne  de  Varennes,  le  25  mai  1766,  à 
François-Abel-Etienne  Rocbert  de  La  Morandière,  ci- 
devant  lieutenant  dans  le  détachement  des  troupes  de  la 
marine,  fils  de  Etienne  Rocbert  de  La  Morandière  et  de 
Marguerite  de  Puygibault. 

M.  Rocbert  de  La  Morandière  décéda  à  Sainte-Anne  de 
Varennes  le  11  mars  1783. 

Le  colonel  de  Longueuil  s'intéressa  au  sort  de  la  veuve 
de  M.  Rocbert  de  La  Morandière  et  lui  obtint  une  pension 
annuelle  de  vingt-cinq  livres.  Le  premier  paiement  lui  en 
fut  fait  en  1786,  et  cette  pension  lui  fut  servie  jusqu'à  sa 
mort. 


—  198  — 

Madame  Rocbert  de  La  Morandière  décéda  à  Sainte- 
Anne  de  Varennes  le  25  mars  1810. 

V 

Charles  Bailly  de  Messein 

Né  à  Montréal  le  20  septembre  1750. 

Décédé  à  Sainte-Anne  de  Varennes  le  27  septembre 
1750. 

VI 

Marie-Catherine  Bailly  de  Messein 

Née  à  Montréal  le  2  janvier  1752. 

Décédée  à  Sainte-Anne  de  Varennes  le  27  janvier  1752. 

VII 

Marie-Catherine  Bailly  de  Messein 

Née  à  Sainte-Anne  de  Varennes  le  7  avril  1753. 

Décédée  au  même  endroit  le  2  juillet  1753. 

VIII 

Pierre- Hector  Bailly  de  Messein 

Né  à  Sainte-Anne  de  Varennes  le  26  juillet  1754. 

Décédé  au  même  endroit  le  6  août  1754. 

IX 

Marie-Josephte  Bailly  de  Messein 

Née  à  Sainte-Anne  de  Varennes  le  15  septembre  1755. 

Mariée,  à  Sainte-Anne  de  Varennes,  le  20  septembre 
1774,  à  Pierre-Ignace  d'Ailleboust  de  Périgny,  fils  de  Igna- 
ce-René d'Ailleboust  de  Périgny  et  de  Marguerite-Joseph 
Courault. 

Madame  d'Ailleboust  de  Périgny  décéda,  moins  d'un 
an  après  son  mariage,  à  Sainte-Anne  de  Varennes,  le  26 
juin  1775. 

Son  mari  devait  lui  survivre  près  d'un  demi-siècle.  Il 
décéda  à  Montréal  le  24  novembre  1822. 

X 

Angélique- Victoire  Bailly  de  Messein 

Née  à  Sainte- Anne  de  Varennes  le  6  janvier  1757. 

Décédée  au  même  endroit  le  20  juillet  1757. 


—  199  - 

XI 
Louise  Bailly  de  Messein 

Née  à  Sainte- Anne  de  Varennes  le  3  mai  1758. 

XII 
Nicolas  Bailly  de  Messein 

Né  à  Sainte-Anne  de  Varennes  le  3  janvier  1760. 

XIII 
Joseph-Antoine  Bailly  de  Messein 

Né  à  Sainte-Anne  de  Varennes  le  15  mars  1761. 
Décédé  au  même  endroit  le  2  août  1761. 

XIV 
Marie-Apolline  Bailly  de  Messein 

Née  à  Sainte- Anne  de  \^arennes  le  8  février  1763. 

Mariée  au  même  endroit,  le  7  octobre  1783,  à  Eustache- 
Ignace  Trottier  Des  Rivières-Beaubien,  fils  de  Eustache 
Trottier  Des  Rivières-Beaubien,  négociant,  et  de  Margue- 
rite Mailhiot. 

Elle  décéda  à  Sainte-Anne  de  Varenne  le  20  octobre 

1793. 

XV 

Marie-Félix  Bailly  de  Messein 

Née  à  Sainte-Anne  de  Varennes  le  14  septembre  1764. 
Décédée  au  même  endroit  le  17  décembre  1764. 

XVI 
Félicité-Elisabeth  Bailly  de  Messein 

Née  à  Sainte- Anne  de  Varennes  le  14  septembre  1764. 

Mariée,  au  même  endroit,  le  21  septembre  1779,  à 
Alexis  Trottier-Desaulniers,  fils  de  Alexis  Trottier-Desaul- 
niers  et  de  Madeleine  Audet  de  Bailleul. 

En  secondes  noces,  encore  à  Sainte-Anne  de  Varennes, 
le  24  mai  1791,  elle  devint  la  femme  de  Jacques  Lemoyne 
de  Martigny,  fils  de  Amable  Lemoyne  de  Martigny  et  de 
Marie  Messier  de  Saint-François. 

Elle  décéda  à  Sainte-Anne  de  Varennes  le  23  septembre 
1828. 


...  200  — 
MICHEL  BAILLY  DE  MESSEIN 


Né  à  Montréal    le    12    septembre  1747.      Il  décéda  à 
Sainte-Anne  de  Varennes  le  7  juin  1795. 

M.  Bailly  de  Messein  avait  épousé,  à  Saint-Jean  Port- 
Joli,  le  28  janvier  1772,  Geneviève,  fille  de  Ignace  Aubert  de 
Gaspé,  seigneur  de  Saint-Jean  Port-Joli,  et  de  Marie-Anne 
Coulon  de  Villiers.  Elle  décéda  à  Saint-Thomas  de  Mont- 
magny  le  27  décembre  1834,  à  l'âge  de  quatre-vingt-cinq  ans 
et  neuf  mois. 
Enfants  : 

I 
François-Ignace-Michel  Bailly  de  Messein 
Né  à  Sainte-Anne  de  Varennes  le  19  février  1773. 
Décédé  au  même  endroit  le  16  mai  1774. 

II 
Honoré-Gratien-Joseph  Bailly  de  Messein 
Né  à  Sainte- Anne  de  Varennes  le  7  avril  1774. 
M.  Bailly  de  Messein  alla  s'établir  dans  l'Indiana,  aux 
Etats-Unis. 

Marié  à  une  métisse,  Marie  Lefebvre,  il  en  eut  une  fille 
qui  devint  l'épouse  de  M.  How^e  (6). 

III 
Marie-Angélique  Bailly  de  Messein 
Née  à  Sainte-Anne  de  Varennes  le  25  mai  1775. 
Décédée  au  même  endroit  le  13  aoiît  1775. 

IV 
Georges-Philippe  Bailly  de  Messein 
Né  à  Sainte-Anne  de  Varennes  le  16  mai  1776. 
Etabli  à  Londres,  Angleterre.    Il  vivait  encore  en  1818. 

V 
Julie-Apolline  Bailly  de  Messein 
Née  à  Sainte-Anne  de  Varennes  le  21  mai  1777. 


(6)      La  seule  survivante  de  cette  branche,  mademoiselle  Howe,  demeu- 
rïiit  il  y  a  quelques  années  à  Bailly  Homestead,  Porter  Station,  Illinois. 


—  201  —   • 

Décédée  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  19  juillet 

1847. 

VI 

François-Hector  Bailly  de  Messein 

Né  à  Sainte-Anne  de  Varennes  le  19  juin  1778. 
Décédé  au  même  endroit  le  12  aoiit  1778. 

VII 
Honoré- Philippe  Bailly  de  Messein 

Né  à  Sainte- Anne  de  Varennes  le  20  juin  1779. 

En  1796,  toute  l'Europe  était  en  armes.  L'Angleterre 
retira  de  ses  colonies  le  plus  de  troupes  possible  afin  de  faire 
face  à  la  situation.  Pour  remplacer  les  régiments  anglais, 
on  leva  au  Canada  un  régiment  qui  fut  connu  sous  le  nom 
de  "Royal  Canadian  Volunteers"  ou  de  "Royal  Canadien". 
Ce  régiment  était  formé  de  deux  bataillons  dont  le  premier 
était  composé  exclusivement  de  Canadiens-Français.  Il 
avait  pour  commandant  le  lieutenant-colonel  LeMoyne  de 
Longueuil.  M.  Louis  de  Salaberry.  père  du  héros  de  Châ- 
teauguay,  en  était  le  major.  Le  jeune  Bailly  de  Messein 
obtint  une  commission  d'enseigne  dans  le  régiment  nouvel- 
lement formé.  Le  "Royal  Canadien"  fut  licencié  en  sep- 
tembre 1802.  Pendant  ses  cinq  ans  et  quelques  mois  d'exis- 
tence ce  régiment  avait  fait  du  service  un  peu  partout  dans 
la  province.  En  1799,  il  avait  été  question  d'envoyer  le 
"Royal  Canadien"  servir  à  l'étranger,  mais  le  projet  fut 
abandonné. 

M.  Bailly  de  Messein  avait  épousé  Marie-Charlotte- 
Duchouquet,  veuve  de  Jean-Emmanuel  Dumoulin  (7). 

Madame  Bailly  de  Messein  décéda  à  Québec  le  2  mai 
1823.    Elle  avait  eu  : 


(7)  D'après  M.  Clarence-Walworth  Alvord  (Collections  of  the  Illinois 
State  historical  librarv,  vol.  II,  p.  230),  M.  Dumoulin  était  orfginaire  de 
Suisse.  Il  était  de  bonne  éducation.  Il  s'établit  à  Kahokia,  dans  rillinois, 
un  peu  avant  1  786.  En  l  790,  il  était  nommé  juge  des  plaidoyers  commims. 
H  occupa  plusieurs  autres  charges  importantes.  Il  s'enrichit  en  achetant  à  bonne 
composition  les  réclamations  des  Français  ou  Canadiens  à  qui  le  Congrès  Amé- 
ricain avait  accordé  des  terres  dans  l'IUinois. 


—  202  — 

lo— Joseph-Emmanuel  Bailly  de  Messein  né  à  Mont- 
réal le  30  mai  1801.    Décédé  à  Québec  le  4  octobre  1817, 

2o — Marguerite-Geneviève-Charlotte  Bailly  de  Mes- 
sein née  à  Québec  le  23  décembre  1802.  Mariée  à  Abraham 
Morency.    Décédée  à  Québec  le  29  décembre  1865. 

3o— Olivette-Hermine  Bailly  de  Messein  née  à  Québec 
le  15  janvier  1804.  Décédée  à  l'Ancienne-Lorette  le  22  mai 
1804. 

4o— Adélaïde-Catherine  Bailly  de  Messein  née  à  Qué- 
bec le  17  mars  1805.  Mariée,  à  Québec,  le  16  novembre 
1824,  à  Thomas  Chase,  marchand,  ancien  officier  de  la  Ma- 
rine Royale.  Madame  Thomas  Chase  décéda  à  Windsor, 
Ontario,  le  30  juillet  1883  (8). 

VIII 

Marie-Geneviève  Bailly  de  Messein 

Née  à  Sainte-Anne  de  Varennes  le  12  octobre  1781. 

Décédée  au  même  endroit  le  2  janvier  1784. 

IX 

Marie-Âglaé  Bailly  de  Messein 

Née  à  Sainte-Anne  de  Varennes  le  7  octobre  1782. 

Décédée  au  même  endroit  le  26  octobre  1782. 


APPENDICE 


ACTE  DE  SEPULTURE  DE  NICOLAS  BAILLY  DE 
MESSEIN  (QUEBEC).  — Le  vingt  huit  septembre  mil 
sept  cent  quarante  quatre  a  été  inhumé  dans  le  cimetière 
de  cette  paroisse  le  corps  de  feu  sr  Nicolas  Bailli  de  Messin, 
lieutenant  reformé  d'une  compagnie  du  détachement  de  la 
marine  entretenu  en  ce  païs,  décédé  de  hier  âgé  d'environ 
quatre  vingts  ans  muni  des  sacrements  de  l'Eglise.  Pré- 
sents Joseph  des  Carreaux  et  Guillaume  Taphorin. — Jacrau, 
ptre. 


(8)      Aïeule  de  l'honorable  Thomas-Chase  Casgrain. 


—  103  — 

ACTE  DE  MARIAGE  DE  NICOLAS  BAILLY  DE 
MESSEIN  ET  DE  ANNE  BONHOMME,  VEUVE  DE 
JEAN  MINET  (QUEBEC).  — Le  huictieme  jour  du  mois 
de  février  de  l'an  mil  sept  cent  six  après  la  publication  d'un 
ban  de  mariage  faitte  le  7e  du  présent  mois  et  an  ayant 
obtenu  la  dispanse  de  deux  de  M.  Desmaizerets  gr  vicaire 
du  diocèse  d'entre  le  sr  Nicolas  Bailly  fils  du  s  Michel 
Bailly  et  d'Anne  Marsain  ses  père  et  mère  de  la  paroisse 
de  Montreuil  évêché  de  Toul  en  Lorraine  d'une  part,  et 
d'Anne  Bonhomme  veufve  de  defifunt  Jean  Minet  de  cette 
paroisse  d'autre  part  et  ne  s'étant  découvert  aucun  em- 
pschement  je  François  Dupré  curé  de  Québec  les  ay  mariés 
en  présence  de  Messieurs  de  Rodwal  (?)  de  chaleu,  De- 
nay  (?)  Desnoyers,  Montigny,  Augy,  Parmentier  de  la 
Topine,  Guillaume  Bonhomme  père  de  l'épouse  et  le  Gris, 
lesquels  ont  signé  avec  l'époux  et  l'épouse  et  Jacques  Des- 
noyers lequel  a  aussi  signé  Bailly  —  Anne  Bonhomme  — 
Bonhomme  —  Chalut  —  Desnoyers  —  Montigny  —  Pierre 
Moreau  —  Parmentier  — ^  Jacques  DesNoyers  —  Adrien 
Legris  —  Le  conte  —  François  Dupré. 

ACTE  DE  SEPULTURE  DE  ANNE  BONHOMME, 
EPOUSE  DE  NICOLAS  BAILLY  DE  MESSEIN  (QUE- 
BEC). —  Le  3e  juin  1714  a  été  inhumé  dans  le  cimetière  de 
cette  paroisse  Anne  Bonhomme  décédée  le  jour  précédent 
après  avoir  reçu  les  sacremens  de  l'Eglise,  fe  du  sieur  Nico- 
las Bailly,  officier  des  trouppes.  Présence  des  sieurs  Cail- 
let  (?)  prêtre  et  Joriau  ecclésiastique  —  Thiboult,  Prêtre. 

ACTE  DE  MARIAGE  DE  NICOLAS  BAILLY  DE 
MESSEIN  ET  DE  CATHERINE  TREFFLE,  VEUVE 
LEONARD  CREQUEL  (QUEBEC).  — Le  trentième  8bre 
mil  sept  cent  dix  sept  Mgr  de  Québec  ayant  accordé  par 
un  billet  du  vingt  neufe  du  d.  mois  et  an  dispense  de  la 
publication  des  trois  bans  de  mariage  entre  le  Sr  Nicolas 
Bailly  enseigne  dans  les  troupes,  veuf  d'Anne  Bonhomme 
de  cette  paroisse  d'une  part,  et  Catherine  Trefflé,  veuve  de 
Léonard  Crequel  aussi  de  cette  paroisse  d'autre  part  ne 
s'étant  découvert  aucun  empêchement  au  d.  mariage  nous 


—  204  — 

soussigné  curé  et  officiai  de  Québec  les  avons  mariés  après 
avoir  reçu  leur  mutuel  consentement  selon  la  forme  pres- 
critte  par  l'Eglise  en  présence  des  parents  et  témoins  sous- 
signés. —  Bailly  —  Catherine  Thefflé  —  De  Saint-Vincent 
Montmidy  —  Henry  Albert  de  Saint-Vincent  —  Chambray 
Jean  Charle  de  Saint-Vincent  —  Thiboult. 

ACTE  DE  SEPULTURE  DE  CATHERINE  TREF- 
FLE,  EPOUSE  DE  NICOLAS  BAILLY  DE  MESSEIN 
(QUEBEC).  —  Le  troisième  mars  mil  sept  cent  trente  deux 
a  été  enterrée  dans  le  cimetière  du  lieu  Catherine  Trefflé, 
femme  du  sr  Bailly,  officier  dans  les  troupes  de  Sa  Majesté, 
décédée  le  jour  précédent  après  avoir  reçeu  les  derniers 
sacrements  de  l'église,  âgée  de  soixante  huit  ans.  Présent 
Mr  Plante,  chanoine  et  plusieurs  autres.  Signé  BouUard, 
curé  de  Québec. 

ACTE  DE  NAISSANCE  DE  MARIE- ANNE  BAILLY 
DE  MESSEIN  (QUEBEC).  —  Le  19  may  1707  a  esté  bap- 
tisée par  moy  prestre  curé  de  Québec  Marie  Anne  née  au- 
jourd'hui fille  du  sr  Nicolas  Baillif  et  Anne  Bonhomme  sa 
femme.  Le  parrain  a  esté  le  sr  Paul  Dupuy  officier  et  la 
mareine  Damelle  Desquerac,  lesquels  ont  signé.  Ainsi  signé 
P.  Dupuy,  Marie-Catherine  Desquerac,  N.  Bailly  et  Fran- 
çois Dupré. 

ACTE  DE  NAISSANCE  DE  LOUISE  BAILLY  DE 
MESSEIN  (QUEBEC).  —  Le  30  gbre  1712,  est  née  une  fille 
de  légitime  mariage  du  sieur  Nicolas  Bailly  de  Massin  (sic) 
enseigne  des  trouppes  de  la  marine  en  ce  pais,  et  de  dame 
Anne  Bonhomme,  sa  légitime  épouse,  laquelle  à  raison  du 
danger  de  mort  a  été  baptisée  à  la  maison  par  dame  Marie- 
Anne  de  la  porte,  la  sage  femme,  et  le  lendemain  ayant  été 
aportée  à  l'église  je  soussigné  luy  ay  donné  le  nom  Louise  et 
luy  ay  administré  les  cérémonies  du  baptême.  Le  parein 
a  été  le  sieur  Pierre  Cavagnal,  fils  de  Monsieur  le  Gouver- 
neur-Général de  ce  païs,  et  lieutenant  des  troupes,  et  la 
mareine  damoiselle  Louise  de  Vaudreuil,  fille  de  Monsieur 
le  Gouverneur-Général  qui  ont  signé  avec  moy,  ainsi  signé 
—  Pierre  Cavagniale  —  Louise  de  Vaudreuil  —  Goulvin  — 
Calvarin,  prêtre. 


—  205  — 

ACTE  DE  SEPULTURE  DE  LOUISE  BAILLY  DE 
MESSEIN  (QUEBEC).  —  Le  29e  Xbre  1712  a  été  inhumée 
dans  le  cimetière  de  cette  paroisse  Louise,  fille  du  sieur  Ni- 
colas Bailly,  enseigne  des  troupes  de  ce  païs,  âgée  de  vingt- 
neuf  jours  par  moy  soussigné  prêtre  curé  de  Québec,  pré- 
sence de  Jean-Baptiste  Brassard  ainsi  signé  —  Thiboult. 

ACTE  DE  NAISSANCE  DE  MARIE- JOSEPH  BAIL- 
LY DE  MESSEIN  (QUEBEC).  — Le  4e  Xbre  1712  a  été 
baptisé  par  moy  soussigné  Marie-Joseph  né  le  30e  9brc 
fille  du  sieur  Nicolas  Bailly  de  Massin  (sic)  enseigne  des 
troupes  de  la  Marine,  et  de  dame  Anne  Bonhomme,  son 
épouse.  Le  parein  a  été  Jean  Minet,  frère  utérin  de  l'en- 
fant, et  la  mareine  Thérèse  Minet,  aussi  soeur  utérine  de 
l'enfant,  ainsi  signé  —  Bailly  —  Lauveau  de  la  Tour  — 
Jeanne  Minet  —  Anne  Thérèse  Minet  —  Thiboult. 

ACTE  DE  MARIAGE  DE  JEAN-BAPTISTE  HYVER 
ET  DE  MARIE- JOSEPH  BAILLY  DE  MESSEIN  (QUE- 
BEC).—  Le  quinzième  août  mil  sept  cent  quarante  après 
la  publication  d'un  ban  de  mariage  faite  à  la  messe  parois- 
siale M.  Miniac,  vicaire-gnal  ayant  accordé  la  dispense  des 
deux  autres  entre  le  sr  Jean  Baptiste  Hyver,  fils  de  feu  sr 
Robert  Hyver,  et  de  Anne  Allard,  ses  père  et  mère  de  la 
paroisse  St-Laurent  évesché  de  Bayeux,  d'une  part,  et 
Délie  Marie  Joseph  Bailly,  fille  du  sr  Nicolas  Bailly,  lieute- 
nant reformé  des  troupes  de  la  marine  en  ce  pays,  et  de 
défunte  Anne  Bonom  (sic)  ses  père  et  mère  de  cette  pa- 
roisse d'autre  part  et  ne  s'étant  découvert  aucun  empes- 
chement  nous  curé  de  Québec  soussigné  avons  pris  leur 
mutuel  consentement  et  leur  avons  donné  la  bénédiction 
nuptiale  suivant  la  forme  prescrite  par  la  Ste  église,  en  pré- 
sence du  sr  Nicolas  Bailli  père  de  l'épouse,  des  srs  Martin 
Fremont,  Nicolas  Jacquin,  Philiber  Martin,  François  Fre- 
mont  fils,  Jean  Louis  Guyon,  Jean  Urbain  Martel  de  Belisle, 
témoins  lesquels  ont  signé  —  Hyver  —  Marie-Joseph  Bail- 
ly —  Martin  Frémont  —  F.  Frémont  fils  —  Philiber  Martin 

—  J.-L.  Guyon  —  Martel  de  Belleille  —  Marie-Anne  Guerin 

—  Bertheiot  —  Gauvereau  Roussel  —  Plante. 


—  206  — 

ACTE  DE  MARIAGE  DE  ANTOINE-CHARLES 
TURPIN  ET  DE  MARIE- JOSEPH  BAILLY  DE  MES- 
SEIN,  VEUVE  HYVER  (QUEBEC).  —  Le  neuf  juillet  mil 
sept  cent  quarante  quatre,  après  la  publication  d'un  ban 
faite  au  prône  de  la  messe  paroissiale  le  cinq  du  d.  mois  par 
M.  Vallier,  supérieur  du  Séminaire,  et  vue  la  dispense  des 
deux  autres  accordée  par  Monseigneur  l'évêque  entre  le 
Sr  Antoine-Charles  Turpin,  procureur  en  cette  ville,  fils 
de  delïunt  maître  Pierre-Guillaume  Turpin,  procureur  au 
Châtelet  de  Paris,  et  de  deffunte  damoiselle  Anne  Poteau, 
son  épouse,  de  la  paroisse  de  Saint-Hildes  des  Champs  à 
Paris,  d'une  part,  et  de  demoiselle  Josette  Bailly,  fille  de 
Nicolas  Bailly,  Ecuyer,  sieur  de  Marsain  (sic),  lieutenant 
reformé  dans  les  troupes  du  détachement  de  la  Marine  en- 
tretenu pour  le  service  du  roy  en  ce  pays,  et  de  Anne  Bon- 
homme, son  épouse,  veuve  de  feu  sieur  Jean-Baptiste 
Hiver,  capitaine  de  navire,  d'autre  part,  ne  s'étant  trouvé 
aucun  empêchement,  et  après  avoir  consté  de  leur  mutuelle 
liberté  par  devers  Mr  Vallier,  supérieur  du  dit  Séminaire, 
je  soussigné  prêtre  par  commission  de  Mr.  Jacrau  faisant 
les  fonctions  curales  et  présentement  malade,  certifie  avoir 
reçu  leur  mutuel  consentement  de  mariage  selon  la  forme 
prescritte  par  l'église  romaine  en  présence  de  Mr  Me  Henri 
Hiché,  conseiller  du  Roy  et  son  procureur  en  la  prévôté  de 
cette  ville,  de  M.  Alexis  Lecterc,  ecclésiastique,  de  Mr  Ni- 
colas Jacquain  Philiber,  marchand  en  cette  ville,  de  Sr 
François  Jacquelin,  aussi  marchand,  et  de  Sr  René-Ovide 
Hertel  de  Rouville  et  de  demoiselle  Louise-Catherine  André 
son  épouse  lesquels  ont  signé  avec  nous  —  Marie-Joseph 
Bailly  Hyver  —  A.  C.  Turpin  —  Rouville  —  André  de  Rou- 
ville —  Leclerc  ecc  —  Jacquelin  —  Hiché  —  Philibert  —  Ja- 
crau Ptre  S.  E.  E.  M.  —  Pellet  Ptre. 

(La  suite  dans  la  prochaine  livraison) 


—  207  — 

Une  page  de  l'histoire  du  collège  de  Montréal 


Accompagnant  les  actes  du  notaire  Jean-Guillaume  Delisle  sont  deux 
pièces  inédites  qui  ne  manquent  pas  d'intérêt. 

Un  de  ces  manuscrits  et  le  plus  important,  séins  doute,  est  le  texte  d'une 
prop>osition  qui  fut  faite  en  1  789,  au  cours  d'ime  assemblée  des  marguilliers 
de  la  paroisse  de  Montréal,  tenue  sous  la  présidence  de  M.  l'abbé  Jean-Gabriel 
Brassier,  sulpicien,  curé,  et  grand-vicaire. 

A  cette  époque,  le  fondateur  et  premier  directeur  du  collège,  J.-B.  Curat- 
teau  de  la  Blaiserie,  sulpicien,  était  âgé  de  60  ans.  Malade  et  sentant  venir  sa 
fin,  il  avait  annoncé  sa  démission  (  1  )  et  l'on  s'occupait  de  lui  trouver  un  suc- 
cesseur. 

Les  administrateurs  de  la  fabrique  crurent  le  moment  opportun  de  faire 
.valoir  certaines  prétentions  par  la  voix  de  Louis  Cavilhe,  fils  d'un  négociant  de 
Toulouse  qui  avait  épousé  Catherine  Auger,  à  Montréal,  en  1  770.  M.  Cavilhe 
était  marguillier  depuis  1  786. 

Le  texte  définitif  de  la  prt^xxsition  (2)  est  de  l'écriture  du  notaire  J.-G. 
Delisle,  lui-même  marguillier,  élu  en   I  787. 

MM.  les  marguilliers  ne  se  contentent  pas  de  suggérer,  au  poste  de  direc- 
teur, la  nomination  d'un  prêtre  non  sulpicien,  ancien  professeur  au  séminaire 
de  Québec,  et  de  critiquer  le  programme  des  études,  ils  vont  jusqu'à  demander 
le  démembrement  du  diocèse  : 

PROPOSITIONS  présentées  à  L'ASSEMBLEE  des  MARGUIL- 
LIERS de  la  paroisse  de  Notre-Dame  de  Montréal,  ce  jourd'hui  Six  de  Sep- 
tembre, Mil  sept  cent  quatre  vingt  neuf,  par  le  Sieur  Louis  Cavilhe,  Marguillier 
en  charge,  tant  en  son  nom,  qu'à  la  réquisition  de  ses  autres  Confrères  anciens 
et  nouveaux  Marguilliers  ;    et  aussi  à  la  réquisition  des  Citoïens  de  cette  ville. 

*   *   * 

L'OBJET  important  qui  nous  rassemble  aujourd'hui,  MESSIEURS, 
mérite,  sans  contredit,  de  notre  part  l'attention  la  plus  sérieuse. 

1. — En  l'armée  1773,  les  Marguilliers  de  cette  fabrique,  dont  plusieurs 
d'entre  eux  sont  maintenant  présents,  animés  d'un  motif  louable,  firent  au  nom 
de  la  ditte  fabrique,  l'acquisition  du  Château  de  Vaudreuil  pour  en  faire  un 
Collège  destiné  pour  l'éducation  de  la  jeunesse  de  cette  ville.     On  ne  crut  pwu- 


(  I  )      Il  mourut  le  1  3  février  1  790. 

(2)      Il  en  existe,  en  plus,  deux  brouillons. 


—  208  — 

voir  mieux  faire  que  d'en  remettre  le  soin  à  Mr.  Curatteau  qui,  par  le  zèle  qu'il 
avait  montré  en  tenant  un  petit  collège  à  la  Longue-pointe,  parut  à  Juste  droit 
mériter  la  confiance  du  public.  —  Nous  ne  saurions  avoir  trop  de  reconnaissance 
pour  les  services  qu'il  a  bien  voulu  rendre  depuis  ce  temps,  et  nous  pouvons  dire' 
avec  vérité  qu'il  a  fait  son  possible  pour  se  rendre  digne  de  la  confiance  que  le 
public  avait  mis  en  lui  et  qu'il  mérite  aujourd'hui  nos  applaudissements  dans  la 
retraite  qu'il  prémédite  ;  Vous  avez  pu  voir  l'avertissement  qu'il  a  fait  insérer 
dans  la  Gazette  de  Montréal  du  onze  de  Juin  dernier,  où  il  prévient  le  public, 
que  son  âge  et  ses  infirmités  l'obligent  de  se  démettre  de  ce  fardeau  pénible. — 
En  conséquence.  Nous  proposons  que  nos  Remerciements  pour  son  adminis- 
tration passée,  lui  soient  incessamment  présentés. 

2. — Mr.  Le  Grand  Vicaire  qui  préside  aujourd'hui  à  notre  assemblée 
s'est  déjà  occupé  du  soin  de  procurer  au  Collège  un  Nouveau  Directeur  qui 
puisse  dignement  remplacer  Mr.  Curatteau,  mais  ce  soin  tombe  également  sur- 
nous.  Messieurs,  car  le  Collège  appartient  à  la  fabrique,  et  la  fabrique  repré- 
sente tous  les  individus  de  cette  paroisse  :  or  donc,  le  but  principal  de  cette 
convocation  est  de  prendre  les  mesures  les  plus  convenables  pour  faire  adminis- 
trer cette  maison,  sur  un  plan  nouveau,  plus  étendu  et  plus  libéral. 

I . — En  priant  notre  dit  Sieur  Grand  Vicaire,  Messire  Jean  Brassier  de 
s'intéresser  auprès  de  SA  GRANDEUR  l'évêque  de  Québec,  à  l'égard  des 
différents  sujets  qui  doivent  donner  l'éducation  à  nos  enfants,  et  notamment  pour 
principal,  la  personne  de  Messire  CHARLES  CHAUVEAUX  prêtre,  dont 
la  Science  et  le  détail,  nous  offrent  à  la  fois  un  double  et  bien  précieux  avan- 
tage, et  auquel  une  somme  de.  .  .  .   sera  annuellement  payée. 

2. — Que  quoique  l'ancienne  Méthode  d'enseigner  la  Jeunesse  de  notre 
ville  dans  notre  Collège  ait  produit  Jusqu  à  présent  d'assez  bons  effets,  elle  n'a 
néanmoms  pas  entièrement  répondu  aux  vues  qu'on  doit  toujours  se  proposer 
dans  l'établissement  d'un  Collège  qui  appartient  au  public,  lesquelles  doivent 
toujours  être  plus  générales  ;  qu'on  s'y  est  bien  à  la  vérité,  efforcé  de  rendre 
nos  enfants  capables  d'entrer  dans  l'Etat  Ecclésiastique,  mais  que  ceux  qui 
n'ont  pas  eu  cette  Vocation,  sont  rentrés  chez  leurs  parents.  Ignorant  entière- 
ment tout  ce  qui  est  nécessaire  pour  se  soutenir  et  s'avancer  dans  le  monde  ; 
que  plusieurs  d'entre  eux,  dédaignant  la  profession  manuelle  de  leurs  pères, 
ont  cru  se  ravaler  en  suivant  leurs  métiers,  et  étant  trop  âgés,  pour  s'assujetir 
aux  devoirs  des  écoles  d'écriture,  d'arithmétique  et  autres  branches  essentielles 
pour  tout  état  et  particulièrement  celui  de  Citoyen,  ils  sont  devenus  des  êtres 
à  charge  à  leur  famille,  souvent  des  objets  de  scandale  à  la  religion  et  presque 
toujours  des  membres  inutiles  à  la  patrie.  —  Que  pour  prévenir  et  corriger  ce 


_..209«— 

vice  dans  l'éducation  et  la  rendre  plus  générale  :  Que  le  dit  collège  sous 
l'inspection  du  Supérieur  ou  Grand  Vicaire  de  cette  ville,  conjointement  avec 
les  Marguilliers  en  exercice,  sera  pourvu,  outre  les  Maîtres  du  latin,  d'un 
d'écriture,  arithmétique,  géographie,  mathématique  et  anglais  ; 

Et  que  pKJur  le  plus  grand  bien  de  notre  Religion,  pour  donner 
aussi  un  plus  grand  encouragement  à  l'éducation  de  notre  jeu- 
nesse et  éviter  les  grandes  dépenses  que  causent  aux  parents 
de  cette  ville  pour  pensions  et  entretiens  de  leurs  enfaints  à 
Québec,  il  sera  représenté  à  SA  GRANDEUR  ;  que  cette 
(Retranché) 
(sic) 

province  étant  trop  étendue  et  trop  considérable  pour  être  con- 
venablement gouvernée  et  visitée  par  un  Seul  Evêque,  elle  soit 
divisée  en  deux  évêchés,  dont  le  siège  de  l'une  sera  à  (Québec 
et  celui  de  l'autre  en  cette  ville  de  Montréal. 
Et  afin  que  le  but  que  l'on  a  eu  en  faisant  l'acquisition  du  Collège  soit 
pleinement  rempli  et  que  cette  Maison  qui  jusqu'à  présent  a  été  à  charge  à  la 
fabrique  soit  régie,  quant  au  temp>orel,  d'une  manière  différente  qu'elle  n'a  été 
jusqu'à  présent,  et  pour  que  le  voeu  général  de  tous  les  citoyens  de  cette  ville 
s'accomplisse  :  Deux  des  Marguilliers  en  exercice,  conjointement  avec  le  Su- 
périeur ou  Grand  Vicaire  du  dit  Séminaire  de  cette  ville,  veilleront  sur  la 
manière  d'enseigner  la  jeunesse,  ainsi  que  sur  la  dépense  et  récolte  de  la  ditte 
Maison,  avec  le  droit  surtout  à  l'égard  des  derniers  objets,  de  faire  tels  chan- 
gements et  altération  qu'ils  jugeront  convenables,  d'après  l'approbation  des 
Marguilliers  assemblé  quand  l'objet  excédera  la  somme  de.  .  .  .  Et  dans  le 
cas  où  la  dépense  annuelle  de  l'entretien  du  dit  Collège,  excédera  la  recette,  il 
sera  pris  des  fonds  de  la  ditte  fabrique  pour  remplir  ce  Déficit  et  Messieurs 
les  prêtres  dudit  Séminaire,  seront  priés  de  coopérer  à  cette  Bonne  oeuvre,  en 
souscrivant  pour  une  somme  de ...  .  par  an.  —  Le  bien  être  de  nos  enfeints 
et  la  nécessité  où  nous  nous  trouvons  actuellement  de  les  envoyer  dans  des 
Ecoles  étrangères,  où  nous  ignorons  les  leçons  et  les  exemples  qu'on  leur  donne, 
sont  deux  motifs  puissants  <^  doivent  nous  animer  en  cette  occasion  et  nous 
faire  adopter  incessamment  toutes  les  Mesures  qui  peuvent  faire  adopter  inces- 
samment toutes  les  mesures  qui  peuvent  faire  réussir  un  si  noble  projet. 

Les  marguilliers  n'eurent  pas  grand  succès.  Ce  fut  M.  J.-Bte  Marchand, 
sulpicien,  directeur  intérimaire  depuis  I  788  qui  devint  titulaire  et,  à  la  dernière 
minute,  la  question  du  démembrement  fut  mise  de  côté. 


—  210  — 

Tout  de  même,  ils  ne  se  comptaient  pas  pour  battus,  si  l'on  en  juge  par 
le  brouillon  de  la  lettre  qui  suit  et  qui  est  adressée  par  M.  J.-G.  Delisle  (car 
le  texte  est  de  lui)  à  quelqu'un  qui  est  dans  l'intimité  de  l'évêque  de  Québec, 
probablement  au  secrétaire  de  Mgr  J.-Frs  Hubert  ou  de  son  coadjuteur  Mgr 
C.-F.  Bailly  de  Messein  : 

Monsieur  — 

Ci  joint  est  une  lettre  de  remerciements  de  la  part  de  Messieurs  les  Mar- 
guilliers  de  notre  fabrique,  à  Sa  Grandeur  notre  Evêque,  avec  quelques  remar- 
ques en  réponse  à  la  lettre  obligeante  qu'il  a  daigné  leur  écrire  et  ils  vous  prient 
de  présenter  leurs  excuses  à  Monseigneur,  s'ils  n'ont  pu  dans  le  tems  lui  adresser 
eux-mêmes  et  signer  la  lettre  dont  ils  m'avaient  chargé  d'écrire  en  leur  nom, 
le  tems  étant  trop  précieux  pour  remettre  à  signer  eux-mêmes  au  dimanche  sui- 
vant 

En  réponse  à  la  vôtre,  je  vous  dirai:  Que  je  suis  flatté  en  mon  parti- 
culier que  l'évêque  ait  goûté  notre  plan  d'éducation  et  j'entrevois  avec  plaisir 
qu'il  voudra  bien  nous  assister  dans  son  établissement,  ce  qui  est  d'une  grande 
conséquence  pour  notre  ville  et  la  province  en  général.  M.  Curatteau  a  à  la 
vérité  fait  jusqu'à  présent  tout  ce  qu'il  a  pu  pour  diriger  cette  Maison  convena- 
blement, mais  le  but  principal  n'a  pas  été  entièrement  rempli  ;  l'éducation  qu'on 
y  a  donné  jusqu'à  présent  n'a  consisté  que  d'apprendre  du  latin  et  comme  vous 
l'avez  pu  voir  dans  le  plan  proposé,  les  enfants,  ou  plutôt  des  hommes  faits, 
au  sortir  de  là  ont  été  moins  avancé  qu'ils  n'étaient  en  y  entrant,  et  sont  devenus 
des  objets  de  scandale  à  la  Religion  et  toujours  des  êtres  inutiles  à  la  patrie. 

Je  suis  fâché  que  le  plan  n'ait  pas  pu  être  adopté  en  cette  partie  dans 
cette  nouvelle  année  scholastique,  je  veux  dire  quant  aux  Maîtres  d'écriture,  de 
français  et  d'anglais,  c'est  absolument  une  année  de  perdue  pour  notre  jeunesse 
e  qui  pourtant  est  bien  précieuse  si  l'on  considère  l'ignorance  générale  de  nos 
enfants.  M.  Curatteau  a  fait  jusqu'à  présent  du  Collège  tout  ce  qu'il  a  voulu, 
il  n'a  jamais  daigné  rendre  aucun  compte  au  public  et  même  à  ses  Supérieurs 
ecclésiastiques,  de  la  dépense  et  recette  de  la  ditte  Maison,  mais  il  n'a  non 
plus  jamais  oublié  de  demander  et  faire  faire  à  la  fabrique  des  réparations 
immenses,  sans  qu'il  en  soit  résulté  réellement  aucun  bien  dems  l'éducation.  Les 
enfants  mal  nourris,  ont  excité  le  mécontentement  du  public,  la  manière  dont 
il  en  usait  avec  les  régents,  a  fait  ouvrir  les  yeux  aux  pères  et  mères,  et  tous 
ces  motifs  réunis  ont  enfin  déterminés  les  Marguilliers,  à  faire  quelques  démar- 
ches à  ce  sujet  et  à  proposer  une  réforme  sous  le  bon  plaisir  de  notre  Evêque. 
J'ai  eu  soin  d'entrer  dans  les  Registres  le  plan  proposé,  la  lettre  de  Sa  Grandeur 


...  211  — 

et  Sa  réponse  qui  a  été  lue  en  pleine  assemblée  convoquée  à  ce  sujet,  hier  di- 
manche. Eji  rendant  toute  la  justice  possible  au  mérite  et  aux  talents  de  M. 
Marchand  f>our  remplacer  Monsieur  Curatteau,  nous  ne  croyons  pourtant  pas 
qu'il  ait  toutes  les  qualités  requises  p>our  un  objet  aussi  important.  Nous  respec- 
tons le  choix  de  Monseigneur,  sans  pourtant  perdre  de  vue  la  personne  de  M. 
Chauveaux,  que  nous  désirons  toujours  être  nommé  principal  et  Nous  regar- 
derons en  attendant  qu'il  vienne  remplir  cette  place  lui-même,  M.  Marchand 
comme  son  représentant.  Vous  dites  qu'il  est  de  mon  choix;  je  vous  assure 
que  je  n'en  avais  parlé  à  qui  que  ce  soit.  C'est  la  voix  du  public  qui  l'a  app)elé. 
J'a  appuie,  comme  vous  n'en  devez  pas  douter,  Sa  nomination  autant  que  pos- 
sible, Sa  réputation  et  les  louanges  que  le  Clergé  en  a  toujours  fait,  et  parti- 
culièrement M.  Pouget,  prêtre,  dans  les  principales  Maisons  de  cette  ville,  lui 
ont  attiré  notre  confiance,  et  j'ai  eu  ordre  expressément  de  messieurs  les  Mar- 
guilliers  et  principaux  citoyens  de  cette  ville,  de  le  nommer  expressément  dans  les 
propositions  que  l'on  m'a  donné  à  rédiger. 

Nous  désirons  que  les  écoliers  ne  soient  pas  obligés  au  sortir  de  la  rhéto- 
rique de  descendre  à  Québec  pour  y  étudier  la  philosophie  ;  à  quoi  servirait 
le  Collège  qui  est  déjà  à  charge  au  public,  s'il  faut  envoyer  les  jeunes  gens 
ailleurs  pour  faire  leur  philosophie  et  Théologie,  et  il  n'y  en  a  pas  un  seul  qui 
ne  coûte  à  Québec  à  ses  parents  cinquante  louis  par  an  ;  de  là  la  rareté  de 
sujets  qui  ne  peuvent  réellement  se  procurer  l'éducation  à  un  prix  si  exhorbitant. 
Il  est  plus  tems  que  jamais,  que  l'éducation  dans  notre  province  devienne  plus 
conséquente,  nous  avons  affaire  à  une  nation  éclairée  avec  laquelle  nous  sommes 
étroitement  liés  d'intérêts  et  de  commerce,  et  avec  laquelle  aussi  nous  avons 
des  droits  incontestables  à  soutenir,  et  notre  Religion  à  conserver  précieusement. 

*   *   * 

Ajoutons  que  le  changement  de  programme  des  études  fut  adopté  dès 
1  789  et  qu'en  1  790  on  enseignait  au  collège  le  français,  l'anglais,  la  géogra- 
phie, l'arithmétique.      (Voir  Annuaire  de  Villemarie,  I.  238  et  passim.) 

E.-Z.  MASSICOTTE 


—  212  — 

Pétition  dos  Conseillers  du  Conseil  Souverain  de  Québec 

Pétition  jointe  à  la  lettre  de  MM.  Callières  et  de  Beauharnois  du 
3  novembre  1702  : 

Le?  con.seillers  du  Conseil  Souverain  de  Québec. 
Monseigneur, 

Nous  prenons  la  liberté  de  supplier  très  humblement  Votre  Gran- 
deur de  vouloir  bien  qu'il  soit  fait  aucun  changement  dans  le  Conseil 
de  Québec  et  que  tous  ceux  qui  ont  l'honneur  d'en  faire  partie  puis- 
sent monter  par  ancienneté  à  la  place  de  premier  conseiller  ;  toutes  les 
raisons  sont  favorables  à  notre  demande,  celles  qu'on  pouvait  y  opposer, 
n'auraient  d'autre  effet  que  de  nous  décourager  et  de  nous  combler 
d'affliction. 

Nous  avons,  Monseigneur,  une  seconde  grâce  à  demander  à  votre 
Grandeur,  ce  serait  qu'elle  voulut  bien  augmenter  nos  gages,  ils  sont 
si  modiques  qu'il  en  rejaillit  comme  une  espèce  de  mépris  sur  les  char- 
ges dont  nous  avons  l'honneur  d'être  revêtus.  La  difficulté  de  nous 
rendre  au  Palais,  dans  les  neiges,  les  voitures  qu'il  nous  faut  pour  cela 
et  les  autres  dépenses  que  nous  sommes  obligés  de  faire  les  absorbent 
entièrement.  A  mesure  que  le  pays  augmente,  les  affaires  se  multi- 
plient ;  nous  ne  pouvons  pour  la  dignité  entrer  en  de  petit  commerce 
qui  pourraient  nous  aider  à  subsister.  Il  n'y  a  point  en  ce  pays  d'offi- 
cier si  petit  qu'il  soit  qu'il  n'est  plus  que  nous.  Vous  êtes.  Monsei- 
gneur, trop  équitable  et  trop  bienfaisant  pour  nous  refuser  ce  que 
nous  vous  demandons  avec  tant  de  respect  et  de  confiance.  Monsieur 
le  Gouverneur  et  Monsieur  l'Intendant  ont  la  bonté  de  joindre  leurs 
prières  aux  nôtres  à  cet  égard. 

Nous  continuerons  toute  notre  vie,  Monseigneur,  d'adresser  nos 
voeux  au  ciel  pour  la  santé  et  la  prospérité  de  votre  Grandeur,  et  de 
prier  le  Seigneur  pour  votre  conservation.  Nous  y  sommes  fortement 
engagés  par  inclination  que  par  devoir  et  par  reconnaissance  :  c'est  ce 
que  nous  osons  lui  protester  dans  la  sincérité  de  nos  cœurs  et  que  nous 
avons  r honneur  d'être  avec  le  plus  profo  nd  respect. 

Monseigneur,  De  votre  Grandeur,  Les  très  humbles,  très  obéis- 
sants et  très  soumis  Serviteurs. 

(SIGNÉ)  "Dupont,  Denis  Devitré,  de  la  Martinière,  Delino,  Peu» 
vret,  grefl&er  en  chef." 


—  213  — 
Ouvrages  publiés  par  feu  M.  N.=E  Dionne  (1) 


Le  tombeau  de  Champlam  et  autes  réponses  aux  questions  d'Histoire  du 
Canada  proposées  lors  du  concours  ouvert  en  juin  1879  par  Son  Excellence 
M.  le  comte  de  Premio-Réal.  Québec,  des  presses  à  vapeur  de  Léger  Brous- 
seau,  9,  rue  Buade — 1880.     91  pp.  in- 12. 

Les  cercles  agricoles  dans  la  province  de  Québec.  Québec,  des  presses 
à  vapeur  de  Léger  Brousseau,  8,  rue  Buade — 1881.     64  p>p.  in- 12. 

Etats-Unis,  Manitoba  et  Nord-Ouest.  Notes  de  voyages.  Québec, 
imprimerie  de  Léger  Brousseau,  9,  rue  Buade — 1882.      184  pp.  in- 12. 

Fête  nationale  des  Canadiens-Français  célébrée  à  Windsor,  Ontario,  le 
24  juin  1883.     Québec— 1883.     152  pp.  in- 12. 

Historique  de  l'église  de  Notre-Dame  des  Victoires,  Basse-yUle  de  Qué- 
bec. Deuxième  centenaire.  1688-1888.  Québec,  typographie  de  Léger 
Brousseau.  9.  rue  Buade,  Haute-Ville — 1888.     88  pp.  in-12. 

Jacques  Cartier.  Québec  —  1 889.  Québec,  imprimerie  Léger  Brous- 
seau, 9,  rue  Buade — 1889.     332  pp.  in-12. 

Le  Séminaire  de  Note-Dame  des  Anges.  Montréal — 1890.  38  pp. 
in-8. 

M.  C.-F.  PatTKhaud,  fondateur  du  Collège  de  Sainte-Amte.  Fêtes  à 
Voccasion  de  la  translation  de  ses  restes  mortels  de  Vile  aux  Grues  à  Sainte- 
Anne,  les  2] ,  22  et  23  juin  1891.  Québec,  imprimerie  Léger  Brousseau,  1  l 
et  13,  rue  Buade— 1891.     192  pp.  in-12  (2). 

La  Nouvelle-France  de  Cartier  à  Champlain,  1540-1603.  Québec, 
typographie  de  C.  Darveau,  82  à  84,  rue  de  la  Montagne — 1891.  395 
pp.  in-8. 

Le  fort  Jacques-Cartier  et  La  Petite  Hermine.  Etude  archéologique. 
Montréal— 1891.     34  pp.  in-8. 

Samuel  Champlain,  fondateur  de  Québec  et  père  de  la  Nouvelle-France. 
Histoire  de  sa  vie  et  de  ses  voy;ages.  Tome  premier.  Quézec,  A.  Côté  et  Cie, 
imprimeurs-éditeurs,  8,  rue  du  Fort — 1891.     430  pp.  in-8. 

Chouart  et  Radisson.     Ottawa — 1893.     21   pp.  in-8. 

Chouart  et  Radisson.     Ottawa — 1894.     20  pp.  in-8. 

Vie  de  C.-F.  Pcmchaud,  prêtre,  curé,  fondateur  du  Collège  de  Sainte- 
Arme  de  la  Pocatière.     Québec,  Léger  Brousseau,  imprimeur,   11    et  13,  rue 


(  1  )      Décédé  à  Québec  le  30  mais  191  7. 
(2)      Sans  nom  d'auteur. 


—  214  — 

Buade— 1694.     440  pp.  in-8. 

Mgr  de  Forh'm-Jamon,  évêque  de  Nanc^  et  de  Toul,  primat  de  Lorraine. 
Sa  vie,  son  oeuvre  en  Canada.  Québec,  Léger  Brousseau,  imprimeur-éditeur — 
1895.     196  pp.  in-1 2. 

Noces  d'argent  de  M.  Vabbé  Th.  Montmin^,  curé  de  Saint-Georges  de 
Beauce.     Québec — 1895.     50  pp.  in-12. 

Hennepin,  ses  voyages  et  ses  oeuvres.     Québec — 1897.  40  pp.  in-5. 

Pierre  Bédard  et  son  temps.     Ottawa — 1898.     45  pp.  in-8. 

John  and  Sebastien  Cabot.  Québec,  Raoul  Renault,  publisher — 1898. 
47  pp.  in-4. 

Jean-François  de  La  Rocque,  seigneur  de  Roberval.  Ottawa — 1899. 
8  pp.  in-8. 

Sainte-Anne  de  la  Pocatière  1672-1900.  Lévis,  Pierre-Georges  Roy, 
éditeur.     93  pp.  in-12. 

Vice-rois  et  lieutenants^généraux  de  la  N ouvell&-France.  Ottawa — 1901. 
12  pp.  in-8. 

Historique  de  la  Bibliothèque  du  Parlement  à  Québec,  1792-1892. 
Ottawa— 1902.      12  pp.  in-8. 

Une  grande  figure  de  prêtre  :  l'abbé  Gabriel  Richard,  curé  de  Détroit. 
Conférence  donnée  à  l'Université  Laval.  Québec,  imprimerie  de  S.-A.  De- 
mers,  30,  rue  de  la  Fabrique — 1902.     54  pp.  in-8. 

Le  Père  Sébastien  Rasle,  jésuite,  missionnaire  chez  les  Abénaquis,  1657- 
1724.     Ottawa— 1903.     18  pp.  in-8. 

The  siège  of  Québec  and  the  battle  of  fhe  Plains  of  Abraham.  A  rcply 
to  the  Editor  of  Old  and  New.  Québec,  Dussault  &  Proulx,  print. — 1903. 
39  pp.  in-8. 

Québec  under  trvo  flags,  a  brief  histor^  of  the  Cit^  from  its  fourtdatiori 
until  the  présent  time.  Québec,  The  Québec  News  Company — 1903.  500 
pp.  in-8  (3). 

Serviteurs  et  servantes  de  Dieu  en  Canada.  Quarante  biographies.  Qué- 
bec, 14,  rue  Dauphine — 1904.     318  pp.  in-8. 

Les  ecclésiastiques  et  les  royalistes  français  réfugiés  au  Canada  à  Vépoque 
de  la  Révolution—]  79 1  - 1 802.     Québec—  1 905.     447  pp.  in-8. 

Inventaire  chronologique  des  livres,  brochures,  journaux  et  revues  publiés 
en  langue  française  dans  la  province  de  Québec  depuis  rétablissement  de  l'im- 


(3)      Eln  collaboration  avec  M.  A.-G.  Doughty. 


-215-- 

pTÎmerie  au  Canada  jusqu'à  nos  jours.  1764-1905.  Québec — 1905.  183 
pp.  in-ô. 

Samuel  Champlain,  fondateur  de  Québec  et  père  de  la  Nouvelle-France. 
Histoire  de  sa  vie  et  de  ses  voyages.  Tome  deuxième.  Québec — 1906.  559 
pp.  in-8. 

Champlain.     Toronto,  Morang  &  G).,  limited — 1906.  299  pp.  in-8  (4). 

Inventaire  chronologique  des  ouvrages  publiés  à  Vétranger  en  diverses  lan- 
gues sur  Québec  et  la  Notrvelle-France  depuis  la  découverte  du  Canada  jusqu'à 
nos /ours.  1534-1906.     Tome  II.     Québec— 1906.     1  70  pp.  in-ô. 

Inventaire  chronologique  des  livres,  brochures,  journaux  et  revues  publiés 
en  langue  anglaise  dans  la  province  de  Québec,  depuis  l'établissement  de  Vim- 
primerie  en  Canada  jusqu'à  nos  jours — 1764-1906.  Tome  III.  Québec — 
1907.     In-ô. 

Inventaire  chronologique  des  cartes,  plans,  atlas  relatifs  à  la  Noirveïle- 
France  et  à  la  province  de  Québec.  1508-1908.  Tome  IV.  Québec — 
1909.     I42pp.  in-8. 

Le  parler  populaire  des  Canadiens-Français  ou  lexique  des  canadianismes, 
acadianismes,  anglicismes,  américamsmes,  mots  anglais  les  plus  en  usage  au  sein 
des  familles  canadiennes  et  acadiermes  françaises  comprenant  errviron  15,000 
mots  et  expressions  avec  de  nombreux  exemples  pour  mieux  faire  comprendre  la 
portée  de  chaque  mot  ou  expression.  Québec,  Laflamme  êr  Proulx,  imprimeurs 
—1909.     671  pp.  in-8. 

1 879-1 909.  Travaux  historiques  publiés  depuis  trente  ans.  Québec,  typ. 
Laflamme  &  Proulx— 1909.     27  pp.  in-8. 

Pierre  Bédard  et  ses  fis.  Québec,  typ.  Laflamme  &  Proulx — 1909. 
272  pp.  in-12. 

Les  trois  comédies  du  ''Statu  quo" — 1834.  Québec,  tjrp.  Laflamme  & 
Prouk— 1909.     246  pp.  in-12. 

Sainte-Anne  de  la  Pocatière,  1672-1910  ;  L' lle-aux-Oies,  1646-1910. 
Québec,  typ.  Laflamme  ô"  Proulx — 1910.     219  pp.  in-12. 

Mgr  de  Forbin-Janson,  évêque  de  Nancy  et  de  Toul,  primat  de  Lorraine. 
Sa  vie,  son  oeuvre  en  Canada.  Québec,  typ.  Laflamme  &  Proulx — 1910. 
21  1  pp.  in-12. 

Chouart  et  Radisson  suivis  de  Hollandais  et  Français  en  Amérique,  1 609- 
1664.     Québec,  typ.  Laflamme  &  Proulx — 1910.     212  pp.  in-12. 

Gabriel  Richard,  sulpicien,  curé  et  second  fondateur  de  la  ville  de  Dé- 

(4)      Eln  anglais. 


—  216  — 

roit.  La  mémoire  du  P.  Rasle  vengée.  Québec,  typ.  Laflamme  &  Proulx — 
1911.      191  pp.  in-12. 

Une  dispute  grammaticale  en  1 842  :  le  G.  V.  Demers  vs  le  G.  V.  Ma- 
guire,  précédée  de  leur  biographie.  Québec,  typ.  Laflamme  6r  Proulx — 1912. 
229  pp.  in-1  2. 

La  "Petite  Hermine''  de  Jacques  Cartier  et  diverses  monographies  histo- 
riques.    Québec,  typ.  Laflamme  &  Proulx — 1913.     205  pp.  in-12. 

Les  Canadiens-Français.  Origine  des  familles  émigrées  de  France,  d'es- 
pagne,  de  Suisse,  etc.,  pour  venir  se  fixer  au  Canada  depuis  la  fondation  de 
Québec  jusqu'à  ces  derniers  temps  et  signification  de  leurs  noms.  Québec  : 
librairie  Gameau,  rue  Buade  ;  Montréal,  librairie  Granger,  rue  Notre-Dame. 
Laflamme  &  Proulx,  imp.     Québec — 1914.     XXIII,  61  1  pp.  in-8. 

P.-G.  R. 


LES  JOURS  fERIES  SOUS  LE  REGIME  FRANÇAIS 


Ceux  qui  consulteM  les  vieux  documents  ne  manquent  pas  de  constater 
qu'il  y  avait  autrefois  beaucoup  plus  de  jours  fériés  que  maintenant,  mais 
quels  étaient-ils  ? 

Or  comme  il  peut  être  utile  aux  chercheurs  de  pouvoir  se  renseigner 
rapidement  sur  ce  point,  nous  nous  sommes  adressé  à  M.  Léandre  Lamonta- 
gue,  qui  s'cocupe  de  choses  liturgiques,  pour  avoir  son  opinion,  et  voici,  aux 
termes  près,  sa  réponse  qu'il  base  sur  le  rituel  du  diocèse  de  Québec,  de  1703. 

D'abord,  à  l'ordinaire,  on  compte  52  dimanches  du  premier  janvier  au 
trente  et  un  décembre,  mais  il  y  en  a  53  dans  les  années  non  ibissextiles  com- 
mençant par  un  dimanche  ainsi  que  dans  les  années  bissextiles  commençant 
par  un  samedi  ou  un  dimanche. 

Si  on  ajoute  37  fêtes  d'obligation  y  compris  celle  de  la  paroisse  que  l'on 
n'oubliait  jamais,  on  arrive,  selon  le  cas,  à  88,  89  ou  90  jours  de  chômage. 

Huit  fêtes  étaient  mobiles:  Pâques  et  les  deux  jours  suivants  ;  l'Ascen- 
sion;   la  Pentecôte  et  les  deux  jours  suivaTits,  puis  la  Fête-Dieu. 

Vingt-huit  fêtes  étaient  fixes  : 

Janvier:  1,  Circoncision;  6,  Epiphanie;  février:  2.  Purification  de  la  B. 
V.  M.;  24  ou  25,  S.  Mathias,  apôtre;  mars:  19,  S.  Joseph;  25,  Annonciation; 
mai:  1,  S.  Philippe  et  S.  Jacques,  apôtres;  juin:  24,  Nativité  de  S.  Jean- 
Baptiste;  29,  S.  Pierre  et  S.  Paul,  apôtres;  juillet:  25,  S.  Jacques,  apôtre; 
26,  Ste  Anne;  août:  10,  S.  Laurent;  15,  Assomption  de  la  B.  V.  M.;  24,  S. 
Barthélémy,  apôtre;  25,  S.  Louis;  septemibre:  8,  Nativité  de  la  B.  V.  M.;  21, 
S.  Mathieu,  apôtre;  29,  S.  Michel;  octobre:  28,  S.  Simon  et  S.  Jude,  apôtres; 
novembre:  1.  Toussaint;  30,  S.  André,  apôtre;  décembre:  3,  S.  François- 
Xavier;  8,  Immaculée-Conception;  21,  S.  Thomas,  apôtre;  25,  Noël;  26,  S. 
«Etienne;    27,  S.  Jean,  apôtre.    En  pilus,  le  patron  t)rincii>al  de  chaque  paroisse. 

Actuellement,  il  n'y  a  plus  que  six  fêtes  d'oblig£\ition. 

E.-Z.  MASSICOTTE 


—  217  — 

La  croix  plantée  par  Cartier  à  Gaspé 


Eln  1534,  la  petite  flotte  de  Jacques  Cartier  était  mouillée  à  l'entrée  de  la 
baie  de  Gaspé  lorsqu'une  furieuse  tempête  s'éleva.  Le  vent  souffla  avec  une 
telle  violence  qu'un  des  navires  perdit  une  ancre. 

"  Pour  ce,  nous  dit  le  capitaine  malouin,  nous  fut  besoin  passer  plus  outre 
en  ce  fleuve  quelque  sept  ou  huit  lieues  pour  gagner  un  bon  port  où  il  y  eut 
bon  fond,  lequel  nous  avions  été  découvrir  avec  nos  barques,  et  pour  le  mauvais 
temps,  tempête  et  obscurité  qu'il  fit  demeurâmes  en  ce  pwrt  jusques  au  XXV 
sans  pouvoir  sortir  "  (  1  ) . 

Ce  bon  {X)rt  où  les  Fremçais  trouvèrent  un  abri  contre  les  fureurs  de  la 
tempête  c'est  la  baie  de  Pénouïl, 

Cartier  vit  dans  cette  baie  deux  à  trois  cents  sauvages  occupés  à  pêcher 
des  tombes  (maquereaux).  Il  leur  donna  des  couteaux,  des  chaf)elets  de 
verre,  des  peignes  et  d'autres  objets  de  peu  de  valeur.  "  Il  ne  se  peut  trouver 
gent  plus  pauvre  au  monde,  dit- il,  tous  ensemble  n'eussent  pu  avoir  la  valeur 
de  cinq  sols  excepté  leurs  barques  et  rets." 

Avant  de  quitter  la  baie  de  Pénouïl,  Cartier  planta  une  croix  sur  la  pointe 
de  sable  qui  en  ferme  l'entrée  : 

"  Le  XXIII  J  du  mois,  écrit-il,  fismes  faire  une  croix  haute  de  trente 
pieds,  et  fut  faite  en  la  présence  de  plusieurs  d'iceux  sur  la  p>ointe  de  l'entrée 
de  ce  port,  au  milieu  de  laquelle  mismes  en  écusson  relevé  aux  trois  fleurs  de  lys, 
et  dessus  était  écrit  en  grosses  lettres  entaillées  dans  du  bois.  Vive  le  roi  de 
France.  Eii  après  la  plantâmes  en  leur  présence  sur  la  pointe,  et  la  regardaient 
fort,  tant  lorsqu'on  la  faisait  que  quand  on  la  plantait  Et  l'ayant  levée  en 
haut,  nous  nous  agenouillions  tous  ayant  les  mains  jointes,  l'adorant  à  leur  vue, 
et  leur  faisions  signe  regardant  en  montrcint  le  ciel,  que  d'icelle  dépendait  notre 
rédemption  de  laquelle  chose,  ils  s'émerveillèrent  beaucoup,  se  tournant  entr'eux, 
puis  regardant  cette  croix." 

Cette  prise  de  possession  ne  plut  guère  aux  Sauvages.  Lorsque  Cartier 
et  ses  compagnons  furent  retournés  à  leurs  navires,  le  chef,  accompagné  de  ses 
trois  fils,  et  de  son  frère,  vint  protester  contre  l'occupation  de  son  territoire. 
Vêtu  d'une  vieille  peau  d'ours  noir,  de  son  canot,  il  fit  une  harangue  aux  marins 
montrant  du  doigt  la  croix  et  le  territoire  environnant  comme  s'il  eut  voulu  dire 


(  1  )      Discours  du  voyage. 


—  218  — 

qu'il  lui  appartenait  et  que  la  croix  ne  devait  pas  être  plantée  sans  sa  permission. 
Par  un  stratagème  des  Français  il  fut  embarqué  dans  un  de  leurs  navires. 
Cartier  essaya  alors  de  lui  faire  comprendre  que  la  croix  avait  été  plantée  "pour 
donner  quelque  marque  et  cognoissance  pour  pouvoir  entrer  en  ce  port".  Puis 
il  lui  fit  comprndre  qu'il  désirait  mener  en  France  deux  de  ses  fils.  Pour  les 
engager  à  faire  ce  voyage,  on  revêtit  chacun  d'eux  d'une  chemise  et  d'un  sayon 
de  couleur  ;  on  leur  mit  sur  la  tête  une  toque  rouge  et  on  leur  passa  au  cou 
une  chaîne  de  laiton.  Les  deux  jeunes  garçons  satisfaits  de  leur  accoutrement 
consentirent  à  suivre  les  Français.  Le  lendemain,  les  navires  de  Cartier  sortaient 
de  la  baie  de  Pénouïl. 

La  croix  plantée  par  Cartier  à  Gaspé  est,  à  proprement  parler,  le  premier 
monument  commémoratif  élevé  au  Canada. 

Cette  croix  n'eut  pas,  il  est  bien  probable,  une  longue  existence.  Dès 
après  le  départ  de  Cartier,  les  Sauvages,  qui  l'avaient  vu  élever  avec  déplaisir, 
durent  la  détruire. 

P.-G.  R. 


QUESTIONS 


Dans  son  "Plan  général  de  l'état  présent  des  missions  du  Canada 
fait  en  l'année  1683  ",  Mgr  de  Laval  écrit  : 

"Monsieur  Basset  prêtre  âgé  de  35  ans  venu  de  France  en  l'année 
1674  dessert  la  seigneurie  de  Repentigny,  Villy  l'île  de  Jésus  et  Saint 
Sulpice." 

Puis  il  ajoute  : 

"  Villy  est  éloigné  de  Repentigny  d'une  lieue  dans  les  terres  et  a 
une  lieue  et  demie  d'étendue  habitée.  Il  y  a  20  familles  et  70  âmes. 
On  y  dit  la  messe  dans  une  chapelle  domestique." 

Quel  est  aujourd'hui  cet  établissement  de  Villy  ? 

I  XXX 

— Je  lis  dans  une  plainte  faite  à  la  prévôté  de  Québec  en  1744 
qu'un  individu  but  un  misêratle  d'eau  de  vie.  Quelle  était  cette  me- 
sure ? 

RIX 


.-  21»  ~ 

LES  FRERES  DU  CANADA 


Au  nombre  des  documents  que  nous  avons  classés  récemment,  i!  en  est  un 
qui  nous  paraît  unique  de  son  esp)èce  et  qui  jette  quelque  lumière  sur  un  point 
d'histoire  encore  peu  étudié. 

Il  s'agit  de  l'existence  d'une  société  qui  s'appelait  les  Frères  du  Canada 
et  qui  aurait  été  fondée  à  Montréal  à  la  fin  du  dix-huitième  siècle. 
Le  document  se  lit  conune  suit  : 

A  une  assemblée  des  Frères  du  Canada  tenue 
au   Caffé   de   Sulivan,    ce   jourd'hui   vingt 
deuxième  février  mil  sept  cent  quatre  vingt 
dix.     A  Frère  Jean  Guill.  De  Lisle  Salut. 
Nous  vous  avons  nommé  et  chosi,  vous  nommons  et  constituons  par  ces 
présentes.  Maître  des  Frères  du  Canada  etc.  de  notre  ordre  :   Voulant  que  vous 
jouissiez  des  prérogatives  attachées  à  cette  dignité,  et  voulons  en  outre  que  les 
présentes  servent  partout  où  besoin  sera. 

Car  tel  est  Notre  Volonté. 

Donné  à  Montréal,  le  22me  février  mil  sept  cent 
quatre  vingt  dix,  sous  le  sceau  de  Notre  Ordre  et  la 
cinquième  de  notre  Institu.  .  . 
Par  ordre  de  l'assemblée 
HERSE 

Garde  sceau 

LOUIS  LARDY 
Me  LUMSDEN 
JOS  PROVAN 
J.  C.  LEPROHON 
PH.  DE  ROCHEBLAVE 
JOS  ROY 
PIERRE  MARASSI 
*  *  * 

Celui  qui  est  élu  maître  était  un  notaire  très  en  vue  et  fils  de  cet  autre 
notaire  Delisle  que  le  peuple  envoya  en  Angleterre  en  I  783  avec  MM.  Adhé- 
mar  de  Saint-Martin  et  Wm-D.  Powell  dans  le  but  de  demander  un  gouver- 
nement constitutionnel  F>our  le  Canada. 

Parmi  les  signataires  du  procès-verbal  ci-dessus,  Louis  Lardy  et  Jacques- 
Clément  Hersé  étaient,  croyos-nous,  des  Français,  Me  Lumsden  et  Provan 
étaient  des  Ecossais. 


—  220  — 

Sur  Marassi  ou  Marassé,  on  peut  consulter  Tanguay,  Dictionnaire,  V, 
487. 

Les  autres  sont  des  Montréalais  connus. 

A  la  gauche  de  la  partie  inférieure  du  document  est  un  sceau  fort  curieux 
et  exceptionnellement  bien  conservé  et  bien  gravé.  Il  est  circulaire  et  mesure 
exactement  un  pouce  et  trois  lignes  de  diamètre.  Le  long  de  la  courbe  du  haut 
se  trouve  l'inscription:  Les  Frères  dv  Canada.  1786.  Au-dessous  de  ces. mots 
est  un  écu  pelté  dont  la  pointe  supérieure  centrale  se  termine  par  un  trèfle  ou  une 
croix.  A  l'intérieur  de  l'écu  on  voit,  en  chef,  un  oeil  entouré  de  rayons,  au 
centre,  deux  mains  entrelacées  et,  en  pointe,  le  mot  Inséparable.  L'écu  est 
accolé  de  rinceaux  de  laurier  et  de  palmier. 

*  *   * 

Prenons  maintenant  connaissance  d'un  article  paru  dans  le  Canadian 
Antiquarian  de  1873  (p.  63)  et  intitulé  :  An  engraved  silver  medal  of  the 
Frères  du  Canada.     1  786. 

L'article,  qui  est  signé  par  Sir  G.-Duncan  Gibb,  de  Londres,  débute  par 
une  description  de  la  médaille.  Celle-ci  a  la  forme  de  l'écu  qu'on  trouve^  dans 
le  sceau  dont  nous  parlons  plus  haut.  Sur  un  côté  de  la  médaille  ont  lit  : 
Frères  du  Canada  1  786  et  sur  l'autre,  sont  gravés  :  un  oeil  en  chef,  deux 
mains  au  centre  et  le  mot  Inséparable  en  pointe. 

L'auteur  raconte  que  cette  médaille  lui  a  été  donnée  par  son  oncle,  le 
major  George  Gibb,  de  Sorel.  Il  en  avait  hérité  d'un  officier  écossais  qui  avait 
dû  appartenir  à  cette  société.  Cet  officier  était  à  Montréal  en  1  786  et  il  mourut 
dans  cette  ville  vers  1811. 

Ces  renseignements  sur  le  premier  propriétaire  de  la  médaille  s'appliquent 
fort  bien  à  Joseph  Provan,  l'un  des  signataires  du  procès- verbal.  Ecossais  de 
race,  il  mourut  à  Montréal,  le  1er  avril  1814,  âgé  de  55  ans  et  un  nommé  B. 
Gibb  assistait  à  son  enterrement. 

Sir  Duncan  Gibb  ajoute  qu'il  ne  sait  rien  sur  la  société,  mais  il  suppose, 
avec  raison,  que  son  siège  principal  devait  être  à  Montréal  et  qu'elle  avait  été 
fondée  en  1  786. 

*  *   * 

Le  Bulletin  des  recherches  historiques  de  191  1  (p.  96)  a  posé  une  ques- 
tion qui  pourrait  avoir  quelque  rapport  avec  les  Frères  du  Canada. 

"  Je  vois,  dit  un  correspondant,  dans  l'ouvrage  de  Clavel,  Histoire  pitto- 
"  resque  de  la  Franc-maçonnerie,  qu'en  1  787,  il  existait  une  secte  maçonnique 
"  au  Canada  sonnue  sous  le  nom  de  Francs-maçons  régénérés.  Cette  loge  ap- 
"  partenait-elle  au  rite  anglais  ou  français  ?    Où  avait-elle  son  siège  ?    Connaît- 


—  221  — 

"  on  quelques-uns  des  membres  de  cette  loge  ?  " 

Personne  n'a  répondu. 
»  J'ai  fait  demander  à  M.  J.-Ross  Robertson,  éditeur  de  CEvening  Tele- 
gram  de  Toronto  et  l'historien  de  la  Franc-maçonnerie  au  Canada,  s'il  possédait 
quelques  informations  concernant  les  Fremcs-maçons  régénérés  et  les  Frères  du 
Canada.  On  me  dit  qu'il  est  d'avis  que  cette  secte  et  cette  société  n'ont  rien  de 
commun  avec  le  rite  anglais. 

D'autre  part,  M.  Aegidius  Fauteux,  le  conservateur  de  la  bibliothèque 
Saint-Sulpice  de  Montréal,  au  cours  d'une  causerie  qu'U  a  faite  dernièrement, 
devant  la  Société  historique  de  Montréal,  sur  les  Sociétés  secrètes  au  Canada, 
a  fourni  des  détails  nombreux  sur  une  succursale  des  Frères  du  Canada  qui 
existait  à  Québec  en  1  788.  L'érudit  conférencier  croit  que  les  Frères  du 
Canada  et  les  Francs-maçons  régénérés  étaient  un  même  ordre. 

Cela  est  possible. 

Ne  se  pourarit-il  pas  également  que  l'on  ait  appelé  Frères  du  Canada,  une 
société  modelée  sur  la  Frjuic-maçonnerie,  mais  n'ayant  qu'un  but  politique  ? 
N'y  aurait-il  aucune  relation  entre  cette  société  et  le  mouvement  anti-britaumique 
ou  séparatiste  que  des  émissaires  français  tentèrent  de  créer  en  notre  pays,  à  la 
fin  du  dix-huitième  siècle  ? 

E.-Z.  MASSICOTTE 


Marie  Renouard,  épouse  de  Robert  Giffard 


Mgr  Tanguay,  dans  son  Dictionnaire  généalogique ,  ne  donne  pas 
la  date  de  la  mort  de  Marie  Renouard,  épouse  de  Robert  GifiFard. 

Les  registres  de  Notre-Dame  de  Québec  et  de  Beaup«)rt  que  nous 
avons  compulsée  avec  soin  sont  muets  au  sujet  de  la  mort  de  madame 
Giffard. 

Une  chose  certaine  c'est  que  madame  Giffard  survécut  à  son  mari. 
Robert  Giffard  décéda  le  14  avril  1668,  et  deux  ans  plus  tard,  le  2  juil- 
let 1670,  sa  veuve,  par  acte  passé  par  le  notaire  Becquet,  donne  la  sei- 
gneurie de  Mille- Vaches  à  son  petit-fils,  François  Aubert  de  la  Ches- 
vaye. 

Nous  ne  croyons  pas  que  madame  Giffard  soit  passée  en  France 
après  la  mort  de  son  mari.     Ses  enfants  la  retenaient  ici. 

Ce  qui  est  plus  probable  c'est  qu'elle  est  morte  à  l'Hôtel- Dieu  de 
Québec  où  une  de  ses  filles  avait  été  religieuse.  Les  premiers  regis- 
tres de  l'Hôtel- Dieu  furent  détruits  dans  l'incendie  de  ce  monastère. 
Ce  qui  explique  l'absence  de  renseignement.'-  au  sujet  de  la  date  de  sa 
mort. 


...  222|™ 
Mémoire  inédit  de  l'intendant  Hocquart 


MEMOIRE    POUR   SERVIR   D'INSTRUCTION    AUX   SRS   DE 
MÉNTHET.   DE   BOISCLERC  ET  AUX   MRS  CHARPEN- 
TIERS DESTINES  POUR  LA  VISITE  DES  BOIS  DE 
CHESNE  QUI  SE  TROUVENT  DANS  L'ETENDUE 
DE   LA   RIVIERE   DU   FORT   FRONTENAC, 
GRANDE  RIVIERE  ET  LES  ENVIRONS. 

Tous  les  voyageurs  nous  ont  unanimement  rap>orté  qu'il  se  trouve  quantité 
de  chesnes  dans  la  Rivière  du  fort  Frontenac  qui  seraient  propres  pour  la 
construction  des  Vaisseaux  du  Roy  ;  cet  objet  estant  d'une  importance  extrême 
à  cause  des  vues  que  Sa  Majesté  a  d'établir  solidement  en  ce  pays  la  construc- 
tion des  batimens  de  mer  pK)ur  son  service,  nous  avons  destinée  les  srs  de 
Menthet,  Boisclerc,  grand-voyer,  avec  Henry  Parent  Me  charpentier  et  Blaize 
Marié,  aide,  pour  parcourir  l'étendue  de  pays  nord  et  sud  qui  se  trouve  le  long 
de  cette  rivière. 

Ils  commenceront  par  visiter  l'étendue  ou  langue  de  terre  qui  est  baignée 
par  la  rivière  du  fort  Frontenac  et  la  Grande  Rivière,  les  charpentiers  qui  en 
ont  fait  l'automne  dernier  et  cet  hiver  une  visite  superficielle  assurent  qu'ils  y 
ont  vu  3  ou  4000  chesnes  blancs  propres  à  la  construction,  il  faut  que  la 
nouvelle  visite  soit  plus  exacte  d'autant  que  l'exploitation  et  le  transport  des 
bois  se  pouraient  faire  avec  peu  de  frais. 

Le  s.  de  Boisclerc  fera  compter  et  marquer  autant  qu'il  sera  possible  tous 
les  chesnes,  fera  examiner  par  les  charpentiers  qui  l'accompagnent  les  racines 
de  plusieurs  de  ces  arbres,  la  tournure  du  tronc  et  les  branches,  de  manière  qu'à 
son  retour  l'on  puisse  connaistre  le  fond  qu'il  y  aura  à  faire  à  peu  près,  sur  la 
quantité  de  bois  tort  et  bordage  que  l'on  pourra  tirer  de  cet  endroit. 

Ils  observeront  s'il  y  a  des  chemins  praticables  pour  conduire  les  bois  à 
exploiter  jusqu'au  bord  de  la  Grande  Rivière  dans  la  seigneurie  de  M.  de 
Vaudreuil  et  s'il  n'y  en  a  point,  ils  feront  les  remarques  nécessaires  pour  établir 
et  mettre  en  état  ceux  qui  conviendront. 

Cette  première  visite  faite,  ils  monteront  dans  la  rivière  du  fort  Frontenac 
jusqu'au  dessous  du  Long  Sault,  examineront  au  nord  et  au  sud  de  la  rivière 
les  chesnières  que  l'on  asseure  qui  s'y  trouvent  et  feront  de  pareilles  observations 
à  celles  qu'ils  auront  déjà  faites  plus  bas. 

Il  y  a  des  habitans  dans  le  gouvernement  de  Montréal  qui  ont  parcouru 


—  223  — 

à  pied  les  bords  de  cette  rivière  et  qui  connaissent  les  endroits  où  sont  les  chesnes, 
ces  habitans  seront  très  utiles  dans  la  recherche  qui  s'en  doit  faire.  Ils  doivent 
les  amener  avec  eux  un  ou  deux. 

Ce  n'est  point  assez  qu'il  se  trouve  des  chesnes  si  on  ne  trouve  le  moyen 
de  faire  descendre  les  bois  jusqu'au  haut  du  Rapide  des  Cèdres. 

Le  S.  de  Menthet  qui  a  fait  cent  voyages  dans  cette  rivière  ne  nous  a  point 
exagéré  les  dangers  de  la  navigation,  au  contraire  dans  le  compte  qu'il  nous  a 
rendu,  il  estime  que  l'on  peut  faire  descendre  des  cajeux  depuis  le  lac  St  Fran- 
çois jusqu'à  la  pointe  à  Rubercourt,  ce  qui  fait  une  espace  de  l  4  ou  15  lieues, 
pour  s'en  asseurer,  il  conviendra  de  faire  l'épreuve  d'un  ou  deux  cajeux  que  les 
srs  Menthet  et  Boisclerc  feront  construire  et  descendre  depuis  le  lac  St-François 
jusqu'à  la  pointe  à  Rubercourt  ;  nous  croyons  qu'il  est  à  propos  d'en  faire 
deux,  l'un  d'une  étendue  de  40  ou  50  pieds  de  longueur  et  de  1  5  à  20  pieds 
de  large  à  deux  rangs  de  pièces  les  unes  sur  les  autres,  et  l'autre  plus  petit  d'un 
simple  rang  de  pièces. 

On  prétend  que  le  rapide  du  coteau  du  Lac  du  costé  de  l'ance  au  Batteau, 
est  l'endroit  de  cette  rivière  le  plus  difficile.  Les  Srs  de  Boisclerc  et  de  Menthet 
doivent  mener  avec  eux  des  habitans  pratiques  de  la  rivière  et  qui  sont  dans 
l'usage  de  descendre  des  cajeux  par  le  sault  St  Louis.  Tous  remarqueront 
avec  soin  les  courants,  la  profondeur  de  l'eau,  et  les  amets  qu'il  faudra  suivre 
dans  cette  navigation. 

S'ils  parviennent  à  pouvoir  faire  descendre  les  deux  cajeux  cy-dessus  depuis 
le  lac  St  François  jusqu'au  haut  du  rapide  des  Cèdres,  ils  continueront  leur 
visite  au-dessus  du  lac  des  deux  cotés  de  la  rivière  jusqu'au  fort  Frontenac  ; 
on  assure  que  dans  cette  étendue  le  chesne  est  pour  l'ordinaire  le  bois  le  plus 
commun,  mais  la  même  difficulté  revient  pour  la  descente  des  bois  à  cause  des 
rapides  ;  celui  du  Long  Sault  est  cependant  le  seul  qui  paraisse  dangereux 
quoyque  M.  Menthet  prétende  y  avoir  un  espace  de  plus  de  10  arp)ens  de  large 
par  où  les  cajeux  pourront  descendre,  il  faudra  donc  faire  une  nouvel  le -expé- 
rience en  construisant  deux  cajeux  de  même  grandeur  que  les  deux  précédens 
et  qu'ils  feront  descendre  par  le  Long  Sault.  Sur  ce  que  M.  Menthet  nous 
a  raporté  de  la  navigation  de  la  rivière  du  fort  Frontenac,  que  même  M.  le 
Chev.  de  Longueuil  est  dans  l'usage  de  faire  descendre  deux  batteaux  amarrés 
ensemble  chargés  de  foin,  depuis  le  lac  St.  François  jusqu'à  sa  terre,  on  a  lieu 
de  penser  que  l'une  et  l'autre  expérience  pour  faire  descendre  des  cajeux  grands 
et  petits,  réussiront,  s'il  en  est  autrement  les  Srs  Menthet  et  Boisclerc  examine- 
ront s'il  est  possible  d'établir  des  entrepôts  à  terre  pour  éviter  les  deux  rapides 


—  224  — 

du  Long  Sault  et  du  Coteau  du  Lac  ;  dans  ce  cas  il  y  aura  des  chemins  à 
établir,  ils  observeront  les  longueurs  de  ces  chemins  et  les  autres  difficultés  et 
estimeront  autant  juste  qu'il  leur  sera  possible  le  travail  et  l'excédent  de  dépense 
que  jes  transports  par  terre  occasionneraient. 

Les  bois  de  chesne  et  la  navigation  de  la  rivière  du  fort  Frontenac  sont 
le  principal  objet  du  voyage  et  de  la  visite  des  d.  Srs.  Menthet  et  Boisclerc, 
cependant  s'ils  rencontrent  des  pinières  de  pin  rouge  propres  pour  la  nature  des 
vaisseaux  du  Roy,  ils  examineront  leur  qualité,  hauteur  et  grosseur. 

Ils  examineront  pareillement  la  qualité  des  terres  situées  sur  le  bord  de 
la  rivière  tant  au  nord  qu'au  sud,  si  elles  sont  propres  aux  cultures,  s'il  s'y  trouve 
des  prairies. 

Le  sr  Boisclerc  dressera  un  Journal  exact  de  la  visite  et  du  voyage  qu'il  va 
faire  dans  tous  ces  quartiers,  et  il  n'obmettra  aucune  des  remarques  qu'il  aura 
faites  suivant  qu'il  est  prescrit  dans  ce  mémoire  et  même  toutes  celles  que  les 
lieux  et  l'occasion  luy  donneront  matière  de  faire. 

Ils  doivent  observer  soigneusement  la  situation  et  l'éloignement  des  ches- 
nières  du  bord  de  l'eau  et  les  facilités  et  les  difficultés  qui  peuvent  se  rencontrer 
dans  les  transports. 

Si  la  saison  le  leur  permet,  ils  visiteront  une  partie  de  la  grande  Rivière, 
depuis  le  Long  Sault  même  audessus  jusqu'à  la  terre  de  la  dame  de  Langloiserie, 
ils  feront  les  mêmes  observations  que  dans  la  rivière  du  fort  Frontenac. 

Ils  partiront  de  Montréal  aussitost  que  la  navigation  sera  ouverte,  nous 
envoyons  à  ce  sujet  à  M.  Michel  les  ordres  nécessaires  pour  l'équipement  d'un 
canot  pour  cette  visite. 

Le  Sr  Boisclerc  apportera  avec  luy  des  copeaux  de  chesnes  blancs,  gris 
et  rouges  étiquetés  ainsy  que  des  pins  rouges  des  différents  endroits  de  la  rivière, 
pour  qu'on  puisse  en  connaistre  la  qualité. 

Fait  à  Québec  le  vingt  mars  I  740. 

HOCQUART 


BULLETIX 

DES 


RECHERCHES   HISTORIQUES 


VOL.  XXIII  BEàUCEVILLE=AOUT  1917  Ni  8 


La  famille  Bailly  de  Nesseia 


(Suite) 


ACTE  DE  SEPULTURE  DE  MARIE-JOSEPH 
BAILLY  DE  MESSEIN,  VEUVE  DE  ANTOINE-CHAR- 
LES TURPIN  (QUEBEC).  — Le  vingt  deux  avril  de  l'an 
mil  sept  cent  soixante  et  onze  par  nous  soussigné  curé  de 
Québec  a  été  inhumé  le  corps  de  feue  Marie-Joseph  Bailli 
veuve  de  Charles  Turpin,  negt,  deceddé  le  vingt  du  mesme 
mois  dans  la  communion  des  fidelles  âgée  d'environ  cin- 
quante neuf  ans.  Ont  assisté  Pierre-André  Spénard,  Jean 
Alexi   Bequet  et  plusieurs  autres  —  B.  J.  Dosque  Ptre. 

ACTE  DE  NAISSANCE  DE  PIERRE-EUSTACHE 
BAILLY  DE  MESSEIN  (QUEBEC).  — Le  ne  may  1714 
est  né  et  a  été  par  moy  soussigné  baptisé  Pierre-Eustache, 
fils  du  sieur  Nicolas  Bailly  officier  des  troupes  de  Sa  Ma- 
jesté en  ce  païs,  et  de  dame  Anne  Bonhomme  son  épouse. 
Le  parain  a  été  le  sieur  Pierre-Eustache  de  Grevois,  sieur 
des  Rosiers,  et  la  mareine  Mlle  Magdeleine  la  Cetière,  sous- 
signés ainsy  signé  —  Bailly  —  Des  Rosiers  —  Magdeleine 
la  Cetière  —  Goulvin  —  Calvarin,  Ptre. 

ACTE  DE  SEPULTURE  DE  PIERRE-EUSTACHE 
BAILLY  DE  ^lESSElN  (CHARLESBOURG).  — Le  dou- 
ze juillet  de  Tan  mil  sept  cent  quatorze  a  été  inhumé  dans 


—  226  — 

le  cimetière  de  cette  paroisse  par  nous  prêtre  Pierre  Eusta- 

che,  âgé  de ,  fils  de  Nicolas  Bailly,  officier  dans  les 

troupes  de  la  marine,  et  de  Anne  Bonhomme,  sa  femme,  de 
la  paroisse  de  Québec;  a  été  présent  le  père  de  l'enfant 
lequel  a  signé  Bailly. 

ACTE  DE  NAISSANCE  DE  FRANÇOIS-AUGUSTIN 
BAILLY  DE  MESSEIN  (QUEBEC). —  Le  21e  août  1709, 
a  été  baptisé  par  moy  curé  de  Québec  François-Augustin  né 
d'hier  fils  du  sieur  Nicolas  Bailly  de  Massin  (sic)  enseigne 
dans  les  troupes  de  la  marine,  et  de  Me-Anne  Bonhomme, 
sa  fenmie.  Le  parein  a  esté  le  s.  François-Augustin,  baron 
de  Joannes,  lieutenant  dans  les  troupes  de  la  marine  et  la 
mareine  Mlle  Marie-Magdeleine  le  Vasseur  lesquels  ont 
signé  Marie-Mag-d-Louise  LeVasseur  —  F.  Augustin,  ba- 
ron de  Joannes  —  Bailly  de  Messein  —  Pocquet,  Ptre. 

ACTE  DE  SEPULTURE  DE  FRANÇOIS-AUGUSTIN 
BAILLY  DE  MESSEIN  (SAINTE- ANNE  DE  VAREN- 
NES).  —  L'an  mil  sept  cent  soixante  onze  ce  quatre  Avril 
par  nous  prêtre  soussigné  a  été  inhumé  dans  l'église  de 
cette  paroisse  le  corps  de  Monsieur  François  Augustin 
Massin  Bailly  décédé  d'avant  hier  après  avoir  reçu  le  Sa-' 
crement  de  l'extrême-onction  âgé  d'environ  soixante  un  ans 
négociant  dans  cette  paroisse  la  dite  inhumation  en  pré- 
sence des  Messieurs  Bouat  Gadois,  Mogé  Bouret  et  Joseph 
Lussié  lesquels  ont  signé  avec  nous  de  ce  requis  —  Bouat 
—  M.  Bouret-Morand  Ptre. 

ACTE  DE  MARIAGE  DE  FRANÇOIS -AUGUSTIN 
BAILLY  DE  MESSEIN  ET  DE  MARIE-ANNE  DE 
GOUTINS  (MONTREAL).  — Le  Treizième  Janvier  mil 
sept  cent  quarante  après  la  publication  de  deux  bans, 
vue  la  dispense  du  troisième  accordée  par  Mre  Loiiis 
normant  vicaire  gênerai  du  dioceze  de  québec  sans  empê- 
chement ny  opposition,  je  soussigné  faisant  les  fonctions 
Curiales  ayant  pris  le  mutuel  consentement  par  paroles  de 
présent  de  Sr  françois  augustin  Bailly  de  Massin  ecuyer 
âgé  de  Trente  ans  fils  de  Sr  nicolas  Bailly  de  Massin  ecuyer 
lieutenant  d'une  compagnie  des  troupes  du  détachement  de 
la  Marine  et  de  défunte  Dame  Marie  anne  Bonhomme  ses 


--  227  - 

père  et  niere  de  la  paroisse  de  notre  dame  de  québec  d'une 
part  et  d'aussy  présente  Dam'lle  Marie  anne  Desgoutin 
âgée  de  dix  sept  ans  fille  de  Sr  françois  Marie  desgoutin 
.ecuyer  conseiller  au  Conseil  Supérieur  de  lile  royal  et  de 
défunte  Dame  angélique  aubert  De  la  chenaye  ses  père  (et 
mère)  de  la  paroisse  de  Louis  Bourg  demeurant  actuelle- 
ment dans  celle  cy  d'autre  part  les  ay  Mariés  selon  les  rè- 
gles et  Coutumes  observées  en  la  Ste  église  en  présence  de 
Messire  honoré  Michel  de  vilebois  ecuyer  Sr  de  la  rouviliere 
Commissaire  ordonnateur  dans  tout  le  Canada,  de  Sr  Louis 
Joseph  Marie  rocbert  garde  Magazin  du  roy,  de  Sr  Jean 
Daillebout  ecuyer  Sr  D'argenteiiil  de  Sr  Daneau  ecuyer  Sr 
deMuy  enseigne  dans  les  troupes  dud.  détachement  et  de 
plusieurs  autres  parens  et  amis  des  parties  qui  ont  signé  — 
Bailly  de  Massin  —  Marianne  De  Goutin  17  ans  —  L.  Chs 
Dailleboust  —  Aubert  Beaucours  —  Denis  Ramezay  —  De- 
may  —  Mesnil  —  Begon  de  Villebois  —  Degoutin  de  Man- 
thet  —  Rocbert  —  Manthet  Verchères  —  Aubert  Desligne- 
ris  —  Lévilliers  —  Rocbert  —  Grandmenil  —  Deschambault 

—  Charles  de  Longueuil  —  J.  Deschambault  —  Déat,  vie. 

ACTE  DE  SEPULTURE  DE  Mme  FRANÇOIS-AU- 
GUSTIN DE  IMESSEIN,  NEE  MARIE-ANNE  DE  GOU- 
TINS  (SAINTE-.\NNE  DE  VARENNES).  —  Le  vingt 
neuf  novembre  mil  huit  cent  quatre  par  nous  prêtre  vicaire 
soussigné  a  été  inhumé  dans  le  cimetière  de  cette  Eglise 
Dame  Marie  Anne  Josepte  Desgoutins  épouse  d'Augustin 
Bailly  Ecuyer  négociant  sieur  de  Massin  décédée  en  cette 
paroisse  hier  matin  âgée  de  quatre  vingt  trois  ans  étaient 
présens  Joseph  Beauchamp  et  George  Laurent  soussignés 

—  J.  Beauchamp  —  George  Laurent  —  P.  Vezina  Ptre  vie. 

ACTE  DE  NAISSANCE  DE  CHARLES-FRANÇOIS 
BAILLY  DE  ^lESSEIN  (MONTREAL).  — Le  quatrième 
novembre  mil  sept  cent  quarante  a  été  Bâtisé  par  moy  vi- 
caire soussigné  françois  charles  né  le  jour  précèdent  a  cinq 
heures  du  soir,  fils  De  Mr  françois  augustin  Bailly  De  Mes- 
sen  ecuyer  et  de  Dame  Marie  anne  Desgoutin  sa  femme  a 
été  parrein  Messire  Jean  Maurice  Josue  Dubois  Bertelot 
de  Beaucourt  chevalier  de  L'ordre  royal  et  Militaire  de  St. 


—  228  — 

Louis  gouverneur  de  File  de  Montréal  et  lieux  dependans  et 
Marreine  Dame  charlotte  Denis  veuve  de  Messire  Claude 
De  Ramezay  gouverneur  de  File  de  Montréal  ont  signés  — 
J.  M.  J.  DeBoisberthelot  de  Beaucours  —  Denis  de  Ramezay 
—  Bailly  de  Massen  —  Deat,  vie. 

ACTE  DE  SEPULTURE  DE  Mgr  CHARLEvS-FRAN- 
ÇOIS  BAILLY  DE  MESSEIN,  EVEQUE  DE  CAPSE 
(POINTE-AUX-TREMBLES).  — Le  vingt-deux  mai  mil 
sept  cent  quatre  vingt  quatorze  par  moi  vicaire-général  a 
été  inhumé  dans  le  sanctuaire  de  cette  église  presque  soUvS 
l'autel,  du  côté  de  l'Evangile,  dans  un  caveau  fait  exprès  et 
comme  voûté,  le  corps  de  l'illustrissime  et  révérendissime 
Charles-François  Bailli,  évêque  de  Capsa,  IN  PARTIBUS 
INFIDELIUM,  et  coadjuteur  de  l'évêque  de  Québec,  curé 
de  cette  paroisse,  le  dit  seigneur  coadjuteur  décédé  le  vingt 
du  courant  à  cinq  heures  et  un  quart  post  méridien  à  l'Hô- 
pital-Général  de  Québec,  âgé  de  cinquante-trois  ans,  six 
mois,  seize  jours,  après  cinq  ans  d'épiscopat  et  avoir  gou- 
verné cette  paroisse  pendant  seize  ans.  L'inhumation  faite 
solennellement  en  présence  de  M.  Mrs  Tetro,  vicaire  de  la 
paroisse,  Meriau,  curé  de  Saint-Augustin,  Renaut,  curé  de 
Beauport,  Gazelle,  docteur  de  Sorbonne,  Berrey,  commis- 
saire des  Récollets,  Dechenault,  curé  de  Lorette,  seigneur 
de  cette  paroisse,  Bégin,  curé  à  St-Nicolas,  Tupin,  Ptre,  et 
de  plusieurs  ecclésiastiques  soussignés,  et  aussi  en  présence 
de  Mrs  Louis  Langlois  fils  et  Louis  Dechenaux  Ecuyer  no- 
taire, exécuteurs  testamentaires,  et  en  présence  de  presque 
tous  les  habitants  de  cete  paroisse  —  Renaud  Ptre  —  Des- 
chenaux —  Gazel  —  Hely  de  Pereyre  —  Ch  Bégin  Ptre  — 
M.  Vallée,  s.  d.  —  Pr  Toupin  Ptre  —  Michel  Beriau,  prêtre 

—  J.  B.  Bédard,  Sous-d.  —  Deschenaux  —  P.  Ol.  Langlois 

—  M.  Parent,  m.  —  J.  Leclaire,  eccl.  —  F.  X.  Fournel,  mi- 
noré —  Gab.  Tachereau,  m.  —  D.  McDonald  —  N.  01.  Gos- 
selin  —  C.  F.  Ranvoyzé  —  Aug.  Tétro,  vicaire  —  Jos.  Bé- 
dard, clerc  —  L.  Germain  fils  —  Gravé,  vie-général. 

ACTE  DE  NAISSANCE  DE  HONORE-JOSEPH 
BAILLY  DE  MESSEIN  (MONTREAL).  — Lan  mil  sept 
cens  quarante  deux  le  dix  neuf  de  mars  moi  Jean  Boufifan- 


—  229  — 

deau  prêtre  du  Semi're  de  Montréal,  ay  batisé  un  garçon 
né  ce  matin  de  Mr  françois  Augustin  Bailly  Cadet  dans  les 
troupes  de  sa  Majesté  et  de  Dame  Marie  Josf  degoutin 
mariés  accouchée  en  cette  paroisse  et  demeurant  en  celle  de 
\'arennes  on  la  nommé  Honoré  Josef  le  parrein  est  Mon- 
sieur Honoré  Michel  de  Villebois  Commissaire  ordonateur, 
et  la  marraine  dame  Gabriel  francoise  Aubert  de  Beaucourt 
Gouvernante  de  cette  ville  le  père  absent  —  De  Villebois  — 
Aubert  Boisberthelot  —  Mesnil  —  Bouffandeau  Ptre. 

ACTE  DE  NAISSANCE  DE  MARIE-LOUISE- 
CHARLOTTE  BAILLY  DE  !^IESSEIN  (MONTREAL).— 
Le  cinquième  décembre  mil  sept  cent  quarante  huit,  je 
Prêtre  missre  Soussigné  ai  baptisé  Marie  charlotte  née  de 
ce  jour  à  trois  heures  du  matin  fille  de  Sr  François  Augustin 
Bailly  et  de  demelle  Marie  Joseph  Degoutin  son  épouse  de- 
meurant a  la  paroisse  de  Varenne  le  parain  a  été  mr.  Char- 
les Daiîlebout  Ecuyer  commandant  des  troupes  de  l'Ile 
Royalle  et  la  maraine  demelle  Marie  Charlotte  Delongueil 
qui  ont  signé  —  Dailleboust  —  Charlotte  Longueuil  —  J. 
Gladel  Ptre. 

ACTE  DE  MARIAGE  DE  ABEL-ETIENNE  ROC- 
BERT  DE  LA  MORANDIERE  ET  DE  LOUISE-CHAR- 
LOTTE^ BAILLY  DE  MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE 
VARENNES).  —  L'an  mil  sept  cent  soixante  six  ce  vingt 
cinq  mai  après  la  publication  d'un  ban  de  mariage  tant  en 
cette  paroisse  qu'en  celle  de  Montréal  et  par  une  fête  au 
prône  de  la  messe  paroissiale  entre  Abel  Etienne  Robert 
Sieur  de  la  Morandière  cy-devant  lieutenant  dans  les  trou- 
pes de  la  marine  de  Sa  Majesté  très  chrétienne  fils  de  feu 
Etienne  Rocbert  sieur  de  la  Morandière  officier  et  ingénieur 
du  Roy  dans  le  gouvernement  de  Montréal  et  de  Dame 
Marguerite  Vinet  depuis  beau  ses  père  et  mère  de  la  pa- 
roisse de  :\Iontreal  d'une  part  et  demoiselle  Louise  Char- 
lotte Bailly  fille  de  François  Augustin  Bailly  Ecuyer  Sieur 
de  Massin  et  de  Dame  Marie  Joseph  Degoutin  ses  père  et 
mère  de  cette  paroisse  d'autre  part.  Sans  qu'il  se  soit 
trouvé  aucun  empêchement  formé  d'opposition  au  dit  ma- 
riage ou  la  dispense  de  deux  bans  tant  dans  cette  paroisse 


—  230  — 

que  dans  celle  de  Montréal  accordée  aux  dites  parties  par 
Messire  Marchand  vicaire  général  du  diocèse  et  vu  aussi 
le  certificat  de  la  publication  du  susdit  ban  à  Montréal  nous 
prêtre  soussigné  curé  de  Varennes  avons  reçu  leur  mutuel 
consentement  par  parole  de  présent  et  leur  avons  donné  la 
bénédiction  nuptiale  et  ce  en  présence  de  Daniel  Joincaire 
Ecuyer  sieur  Chabert  et  de  Amable  Boucher  Ecuyer  sieur 
Augustin  Bailly  père  de  l'épouse  et  de  sieur  Michel  Bailly 
son  frère  et  de  plusieurs  autres  dont  les  uns  ont  signé  et 
les  autres  ont  déclaré  ne  le  savoir  de  ce  requis  à  Varennes 
.  les  jours  et  an  que  dessus  —  Charlotte  Bailly  —  LaMoran- 
dière  —  Lamorandière  —  Geneviève  St-Ours  —  de  Bou- 
cherville  —  Joncaire  Chabert  —  Bailly  Degoutin —  M.  Bail- 
ly, Bouat  —  Godois,  Mogé,  Bouret  —  Morand  Ptre. 

ACTE  DE  SEPULTURE  DE  MADAME  FRANÇOIS- 
ABEL-ETIENNE  ROCBERT  DE  LA  MORANDIERE, 
NEE  MARIE-LOUISE-CHARLOTTE  BAILLY  DE  MES- 
SEIN  (SAINTE- ANNE  DE  VARENNES).  --  L'an  mil  huit 
cent  dix  le  vingt  sept  mars  par  moi  ptre  soussigné  a  été 
inhumé  dans  le  Cimetière  de  cette  paroisse  le  corps  de  Dame 
Louise  Charlotte  Bailly  morte  d'avant  hier,  munie  des  se- 
cours de  l'Eglise,  âgée  d'environ  soixante  et  cinq  ans,  veuve 
de  feu  Sieur  Etienne  Abel  Lamorandière  Ecuier,  présents 
François  chagnon,  Jean-Baptiste  proux  qui  seul  a  pu  signer 
de  ce  enquis  —  J.  Bte  Proux  —  Kember  ptre. 

ACTE  DE  NAISSANCE  DE  CHARLES  BAILLY  DE 
MESSEIN  (MONTREAL).  —  Le  vint  et  un  septembre  mil 
sept  cent  cinquante  a  été  baptisé  par  moy  vicaire  soussigné 
Charles  né  le  jour  précédent  vers  les  dix  heures  du  soir  fils 
de  M.  François  augustin  Bailly  ecuyer  et  de  dame  Marie 
anne  Degoutin  sa  femme.  Le  parrein  M.  Charles  LeMoyne 
Baron  de  longueuil  chevalier  de  l'ordre  militaire  de  St- 
Louis  gouverneur  de  l'ile  de  Montréal  et  lieux  depandances, 
la  marreine  dame  Catherine  daillebout  demantet  femme  de 
Mr  Denoyan  major  du  gouvernement  de  Montréal  qui  ont 
signé  le  père  absent  —  LongueuiL — Mantet  Noyan  — 
Deat,  vie. 


.-  231  -- 

\CTE  DE  SEPULTURE  DE  CHARLES  BAILLY  DE 
MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE  VARENNES).  —  L'an  de 
grâce  mil  sept  cent  cinquante  le  vingt-huit  septembre  je 
soussigné  prestre  missionnaire  de  varennes  ai  inhumé  dans 
le  cimetière  de  cette  paroisse  avec  les  cérémonies  ordinaires 
le  corps  d'un  petit  garçon  décédé  du  jour  précédent  âgé  de 
huit  jours  fils  de  Sr  augustin  Bailly  et  dme  marie  anne  de- 
goutin  ses  père  et  mère  de  cette  paroisse  en  présence  de 
pierre  goillet  et  de  jean  Baptiste  ptre  témoins  qui  ont  décla- 
rer ne  scavoir  signer  de  ce  requis  —  Maisonbasse  ptré. 

ACTE  DE  NAISSANCE  DE  :^IARIE-CATHERINE 
BAILLY  DE  MESSEIN  (MONTREAL).  — Le  troisième 
janvier  mil  sept  cent  cinquante  deux  ge  soussigné  ay  bap- 
tisé Catherine  née  d'hier  fille  de  sieur  françois  Augustin 
bailly  ecuyer  et  de  dame  josephte  de  Goutin  son  épouse 
légitime.  Le  parrain  a  été  sieur  lue  Lacorne  dechappe  lieu- 
tenant d'infanterie  et  la  Marraine  demoiselle  Catherine 
Noyan  qui  ont  signé  avec  moy  —  Catherine  Noyan  —  Bailly 
—  La  Corne  Saint-Luc  —  Poncin  Ptre. 

ACTE  DE  SEPULTURE  DE  MARIE-CATHERINE 
BAILLY  DE  MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE  VAREN- 
NES).—  L'an  mil  sept  cens  cinquante  deux  le  vingt  huit 
jeanvier  par  nous  soussigné  prêtre  faisans  les  fonctions  de 
vicaire  dans  cette  paroisse  a  été  inhumée  dans  le  cimetière 
de  la  dite  paroisse  avec  les  cérémonies  prescrites  par  notre 
mère  Ste  Eglise  marie  chaterine  décédée  d'hier  fille  de 
françois  augustin  bally,  âgée  d'environ  trois  semaines  a 
varennes  les  jour  et  an  que  desus  en  présence  d'andré  jau- 
doin  et  de  jean  baptiste  lussié  tous  de  cette  paroisse  lesquels 
ont  déclaré  ne  savoir  signer  de  ce  enquis  suivant  l'ordon- 
nance—  J.  B.  Catien  ptre. 

ACTE  DE  NAISSANCE  DE  MARIE-CATHERINE 
BAILLY  DE  MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE  VAREN- 
NES).—  L'an  mil  sept  cent  cinquante  trois,  le  septiesme 
avril  par  nous  soussigné  prêtre  récollet  vicaire  de  cette 
paroisse  a  été  baptisée  Marie  Chaterine  née  dans  la  nuit 
précédente  du  légitime  Marie  (sic)  de  Sieur  françois  au- 
gustin Bailly  et  de  Damoiselle  Marie  Anne  Joseph  degoutin 


...  232  — 

le  parain  a  etté  paul  Rîmbault  Ecuyer  sieur  duverger  en- 
seigne dans  les  troupes,  et  la  marainne  demoiselle  Char- 
lotte niartigny  la  Roche,  lesquels  ont  signés  avec  moy  les 
jour  et  an  que  dessus  —  Martigny  Breilat  —  Bailly  —  Du- 
vergé  —  F.  Isidore  Marsolet. 

ACTE  DE  SEPULTURE  DE  MARIE-CATHERINE 
BAILLY  DE  MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE  VAREN- 
NES).  —  L'an  mil  sept  cens  cinqte  trois  le  deux  de  juillet 
par  nous  soussigné  prêtre  récollet  vicaire  de  cette  paroisse 
a  été  inhumée  dans  le  Cimetière  de  la  dite  paroisse  avec  les 
cérémonies  prescrites  par  nôtre  Mère  Ste  Eglise  Marie 
Catherine  Bailly  décédée  d'hier  âgé  d'environ  deux  mois 
lille  du  Sr  Bailly  et  de  Dlle  Marianne  Dégoutin  a  varennes 
le  jour  et  an  que  dessus  en  présence  de  Rolland  Chateau- 
neuf  et  de  Gabriel  Godu  tous  de  cette  paroisse,  lesquels  ont 
déclaré  ne  pouvoir  signer  de  ce  enquis,  suivant  l'ordonnan- 
ce —  Fr  Isidore  Marsolet. 

ACTE  DE  NAISSANCE  DE  PIERRE-HECTOR 
BAILLY  DE  MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE  VAREN- 
NES).—  L'an  mil  sept  cent  cinquante  quatre  le  vingt  six 
de  juillet  par  nous  soussigné  prêtre  curé  de  cette  paroisse 
a  été  baptisé  Pierre  Hector  né  d'hier  fils  de  M.  François 
Augustin  Bailly  et  de  Dlle  Anne  Dégoutin  sa  légitime  épou- 
se le  parrain  a  été  le  Sieur  Joseph  Dégoutin  oncle  de  l'en- 
fant et  la  marraine  a  été  Délie  Marie  Angélique  Martigny 
lesquels  ont  signé  avec  nous  à  Varennes  les  jours  et  an  que 
dessus  —  Bailly  —  Dégoutin  —  Angélique  Martigny  —  I. 
B.  La  Coudrav  Ptre. 

ACTE  DE  SEPULTURE  DE  PIERRE-HECTOR 
BAILLY  DE  MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE  VAREN- 
NES). —  L'an  mil  sept  cent  cinquante  quatre  le  six  d'aoust 
par  nous  soussigné  prêtre  curé  de  cette  paroisse  a  été  in- 
humé dans  le  cimetière  de  cette  paroisse  avec  les  cérémo- 
nies prescrites  par  notre  Mère  Ste  Eglise  Pierre  Hector 
Bailly  décédé  d'hier  âgé  d'un  mois,  fils  du  sieur  Bailly  et  de 
Délie  Dégoutin  à  Varennes  les  jours  et  an  que  dessus  en 
présence  de  I.  B.  Lunié  et  d'Urbain  Richard  tous  de  cette 
paroisse  lesquels  ont  déclaré  ne  savoir  signer  de  ce  requis 


—  233  — 

—  I.  B.  La  Coudray,  Ptre. 

ACTE  DE  NAISSANCE  DE  MARIE-JOSEPHTE 
BAILLY  DE  MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE  VAREN- 
NES).  —  L*an  mil  sept  cent  cinquante  cinq  le  seize  sep- 
tembre par  nous  soussigné  vicaire  de  cette  paroisse  a  etté 
baptisée  marie  Joseph  née  du  jour  précédent  du  légitime 
mariage  du  sieur  françois  augustin  Bally  et  de  Damoiselle 
marie  Joseph  Degoutin  le  parain  a  etté  René  Marie  Ecuyer 
sieur  de  pecody  contre  coeur  et  la  maraine  demoiselle  Char- 
lotte Ball}^  soeur  de  la  Baptisée  qui  ont  signé  avec  moy  a 
varennes  les  jour  et  an  que  dessus  —  Pecaudi  de  Contre- 
coeur—  Charlotte  Baillv — Baillv — F.  Isidore  Marsolet,  R. 

ACTE  DE  MARIAGE  DE  PIERRE-IGNACE  D'AIL- 
LEBOUST  DE  PERIGNY  ET  DE  MARIE-JOSEPHTE 
BAILLY  DE  MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE  VAREN- 
NES).—  L'an  mil  sept  cent  soixante  et  quatorze  le  vingt 
sepbre  après  avoir  publié  au  prone  de  la  Messe  paroissiale 
un  banc  entre  pierre  ignace  Dailbout  ecuyer  sieur  perigni 
fils  d'Ignace  Daillebout  ecu^-er  sieur  de  perigni  et  Dame 
Josette  Laureau  (sic)  de  la  Cote.  Les  père  et  mère  de 
Montréal  d'une  part  et  de  Moiselle  bailly  fille  de  françois 
Augustin  bally  ecuyer  sieur  De  Massin  et  Dame  Marie  anne 
degoutin  les  père  et  mère  de  cette  paroisse  d'autre  part, 
sans  qu'il  se  soit  découvert  aucun  empêchement  a  leur  futur 
mariage  et  ayant  obtenu  dispense  de  deux  bancs  je  Soussi- 
gné Curé  de  varennes  ai  reçu  leui*  mutuel  consentement  et 
leur  ai  donné  la  bénédiction  nuptiale  présence  du  sr  Hartel 
beaubassin  Robert  Delamorandiere  charles  bailly  charles 
De  St-Ours  qui  tous  ont  signés  à  la  minute  —  Fr  Duburon 
Ptre. 

ACTE  DE  SEPULTURE  DE  MADAME  PIERRE- 
IGNACE  D'AILLEBOUST  DE  PERIGNY,  NEE  MARIE- 
JOSEPHTE  BAILLY  DE  MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE 
VARENNES).  —  L'an  mil  sept  cent  soixante  et  quinze  le 
vingt-sept  juin  j'ai  inhumé  dans  le  Cimetière  le  corps  de 
Marie  Josette  bally  épouse  du  S.  Pierre  Ignace  dailebou 
décédée  la  veille*  après  avoir  reçu  les  Sacremens  de  péniten- 
ce et  de  lextremonction  présence  de  Joseph  lussié  Dupuis 


—  234  — 

olivier  mulat  —  J.   Gervais  Dupuis  —  Joseph  Lusier  —  Fr 
DuBuron,  Ptre. 

ACTE  DE  NAISSANCE  DE  ANGELIQUE-VICTOI- 
RE BAILLY  DE  MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE  VA- 
RENNES). —  L'an  mil  sept  cens  cinquante  sept  le  six  de 
janvier  par  nous  soussigné  prêtre  Curé  de  cette  paroisse  a 
été  baptisée  angélique  victoire  née  ce  jourd'hui  fille  du  Sr 
François  augustin  Bailly  et  délie  Marie  Anne  Dégoutin  sa 
légitime  épouse;  le  parain  a  été  le  Sr  Antoine  Joseph  Hya- 
cinthe Lavalg  Capitaine  au  Régiment  de  Bearn,  et  la  ma- 
raine  délie  Charlotte  Bailly  soeur  de  l'enfant  tous  de  cette 
paroisse,  lesquels  ont  signé  avec  nous  a  varennes  les  jour 
et  an  que  dessus  —  Bailly  —  Charlotte  Bailly  —  Bernard 
Laval  —  J.  B.  Lacoudray,  Ptre. 

ACTE  DE  SEPULTURE  DE  ANGELIQUE-VICTOI- 
RE BAILLY  DE  MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE  VA- 
RENNES). —  L'an  mil  sept  cent  cinquante  sept  ce  vingt 
de  juillet  par  nous  prêtre  soussigné  vicaire  de  cette  paroisse 
a  été  inhumé  dans  le  Cimetière  de  cette  paroisse  le  corps 
d'angélique  victoire  âgée  d'environ  six  mois  fille  du  Sr 
Bailly  et  délie  Marie  Anne  dégoutin  a  varennes  les  jours 
et  an  que  dessus  en  présence  de  Jean  Baptiste  lussié  et  de 
Joseph  delpé  lesquels  n'ont  su  sig'ner  de  ce  requis  suivant 
l'ordonnance  —  Moraud  Ptre. 

ACTE  DE  NAISSANCE  DE  LOUISE  BAILLY  DE 
MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE  VARENNES). —L'an 
mil  sept  cent  cinquante  huit  ce  quatre  mai  par  nous  prêtre 
soussigné  vicaire  de  cette  paroisse  a  été  baptisée  I<ouise  née 
d'hier  du  légitime  mariage  de  Sr  François  augustin  Bailly 
et  de  demoiselle  marie  anne  dégoutin  sa  légitime  épouse  le 
parein  a  été  Joseph  hypolithe  gaultier  ecuyer  sr  de  varennes 
lieutenant  d'une  Compagnie  de  la  marine  et  la  mareine 
demoiselle  louise  charlotte  de  sarazin  dame  de  varennes 
lesquels  ont  signé  avec  nous  de  ce  requis  suivant  l'ordon- 
nance —  Devarennes  —  Sarrazin  de  Varenne  —  Bailly  — 
Moreau  Ptre. 

ACTE  DE  NAISSANCE  DE  NICOLAS-BAILLY  DE 
MESSEIN    (vSAlNTE-ANNE   DE   VARENNES).  — L'an 


...  235  — 

mil  sept  cens  soixante  le  quatre  de  janvier  par  nous  sous- 
signé prêtre  curé  de  cette  paroisse  a  été  baptisé  nicolas  né 
d'hier  fille  du  Sr  Augustin  Bailly  et  de  demoiselle  Marie 
anne  Dégoutin  sa  légitime  épouse.  Le  parain  a  été  Michel 
Bailly  frère  de  l'enfant  et  la  maraine  Délie  Marie  Catherine 
Soumande  tous  de  cette  paroisse  lesquels  ont  signé  avec 
nous  excepté  la  maraine  qui  n'a  pu  signer  à  cause  d'un  mal 
qu'elle  a  au  doigt.  A  Varennes  les  jour  et  an  que  dessus  — 
Chevalier  Baillv  — Baillv  — J.  B.  Lacoudray  Ptre. 

ACTE  DE  NAISSANCE  DE  JOSEPH-ANTOINE 
BAILLY  DE  MESSEIN  (SAINTE-.\NNE  DE  VAREN- 
NES).—  L'an  mil  sept  cent  soixante  et  un  ce  quinze  mars 
par  nous  prêtre  soussigné  curé  de  cette  paroisse  a  été  bap- 
tisé Joseph  antoine  né  de  ce  jour  du  légitime  mariage  de  sr 
augustin  Bailly  et  délie  marie  anne  dégoutin  son  épouse 
la  mareine  a  été  délie  elisabeth  charlotte  de  varennes  épouse 
du  Sr  Soumande  nous  avons  servi  de  parein  au  dit  enfant 
lesquels  ont  signé  avec  nous  de  ce  requis  suivant  l'ordon- 
nance a  varennes  les  jour  et  (an)  que  dessus  —  Ch.  Varenne 
Soumande  —  Baillv  —  Moraud  Ptre. 

ACTE  DE  SEPULTURE  DE  JOSEPH-ANTOINE 
BAILLY  DE  MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE  VAREN- 
NES). —  L'an  mil  sept  cent  soixante  et  un  ce  deux  août 
par  nous  prêtre  soussigné  a  été  inhumé  dans  le  cimetière 
de  cette  paroisse  le  corps  de  Joseph  antoine  âgé  de  quatre 
mois  et  demi  fils  du  Sr  augustin  Bailly  et  de  délie  marie 
anne  dégoutin  son  épouse  a  varennes  les  jour  et  an  que 
dessus  en  présence  de  pierre  le  Compte  et  de  louis  Brouette 
lesquels  n'ont  sçu  signer  de  ce  requis  suivant  l'ordonnance 
—  Moraud  Ptre. 

ACTE  DE  NAISSANCE  DE  MARIE-APOLLINE 
BAILLY  DE  MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE  VAREN- 
NES). —  L'an  mil  sept  cent  soixante  et  trois  ce  huit  février 
par  nous  prêtre  soussigné  curé  de  cette  paroisse  a  été  bap- 
tisée Marie  AppoHne  née  de  ce  jour  du  légitime  mariage . 
de  Sieur  Augustin  François  Bailly  et  de  Délie  Marie  Anne 
Joseph  Dégoutin  le  parrain  a  été  le  Sieur  Jean  Baptiste 
Spagniolini  chirurgien  de  la  marine  et  la  marraine  Délie 


—  236  — 

Charlotte  Bailly  lesquels  ont  signé  avec  nous  de  ce  requis 
suivant  l'ordonnance  à  Varennes  les  jours  et  an  que  dessus 
— Louise  Charlotte  Bailly  —  Spagniolini  ; —  Bailly  —  Mo- 
raud  Ptre. 

ACTE  DE  MARIAGE  DE  EUSTACHE-IGNACE 
TROTTIER  DESAULNIERS  ET  DE  MARIE-APPOLLI- 
NE  BAILLY  DE  MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE  VA- 
RENNES).  —  L'an  mil  sept  cent  quatre  vingt  trois  le  sept 
octobre  après  avoir  publié  au  prosne  de  la  grande  messe 
paroissiale  un  ban  entre  le  Sieur  Eustache  Ignace  Trottier 
DesRivières  baubien  fils  de  Monsieur  Eustache  Trottier 
Desrivières  beaubien  negotiant  à  Montréal  et  de  Dame 
Marguerite  Malhiot  ses  père  et  mère  de  Montréal  d'une 
part  et  demoiselle  Marie  AppoUine  Bailly  de  feu  François 
Augustin  bally  Ecuyer  sieur  de  Massin  et  de  Dame  Marie 
Anne  Joseph  degoutin  ses  père  et  mère  de  cette  paroisse 
d'autre  part  sans  découvrir  aucun  empeschement  a  leur 
future  Mariage.  Les  parties  ayant  obtenu  une  dispense  de 
deux  bans  de  Monsieur  Mongolfier  grand  vicaire  je  sousi- 
gné  curé  ai  reçu  leur  mutuel  consentement  et  leur  ai  donné 
la  bénédiction  nuptiale  les  soussignés  Appoline  Bailly  trot- 
tier Desrivières  Beaubien  D  Beaubien  amis  Mugille  Bou- 
cherville  Malhiot  Desrivières  Malhiot  laperriere  Montigny 
Charlotte  Megille  Contre  Coeur  laperiere  gaspé  Bailly 
charlotte  laperiere  françois  amable  Desrivieres  Bailly,  de- 
saunier  charlotte  Beaubien  pierre  Daillebout  alexis  Desau- 
nier  Marguerite  Beaubin  Pierre  Malhiot  Bailly  —  Fr 
Duburon  ptre. 

ACTE  DE  SEPULTURE  DE  MADAME  EUSTA- 
CHE-IGNACE TROTTIER  DES  RIVIERES-BEAUBIEN, 
NEE  MARIE-APOLLINE  BAILLY  DE  MESSEIN 
(SAINTE-ANNE  DE  VARENNES).  — Le  vingt  neuf  oc- 
tobre mil  sept  cent  quatre  vingt  treize  par  nous  prêtre 
soussigné  curé  de  Boucherville  a  été  inhumé  dans  l'église 
de  cette  paroisse  le  corps  d'Appoline  Baylli  épouse  d'Eus- 
tache  Beaubien,  âgée  de  trente  ans  neuf  mois  et  vingt  un 
jour  munie  des  Sacrements.       Furent  présent  Messieurs 


^-.  237  — 

Duburon  et  Dorval  prêtres  —  Fr  Dubnron  ptre  —  J.  Dorval 

^^'  ^  ACTE  DE  NAISSANCE  DE  MARIE-FELIX  B AILLY 
DE  MESSEIN  ET  DE  FELICITE-ELISABETH  BAILLY 
DE  MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE  VARENNES).— L'an 
mil  sept  cent  soixante  quatre  ce  quatorze  septernbre  par 
nous  prêtre  soussigné  ont  été  baptisées  Marie-Félix  et  Fé- 
licité Elizabeth  filles  jumelles  nées  du  même  jour  du  légi- 
time mariage  de  François  Augustin  Massin  de  Bailly  et  de 
Délie  Marie- Anne  Dégoutin.  Le  parrain  de  Marie  Félix 
est  le  Sieur  Joseph  La  Bruère  et  la  marraine  Délie  Char- 
lotte Bailly.  Le  parrain  de  Félicité  Elizabeth  est  le  Sieur 
François  j'osué  de  chapt  la  Corne  et  la  marraine  Délie  Marie 
Josette  Bailly  lesquels  excepté  la  délie  Marie  Josette  ont 
signé  avec  nous  de  ce  requis  suivant  l'ordonnance  à  Varen- 
nes  les  jours  et  an  que  dessus  —  Louise  Charlotte  Bailly  — 
Joseph  la  Bruère  —  François  Josué  chevaHer  de  la  Corne  — 
Baillv  —  ^Toraud  Ptre. 

ACTE  DE  SEPULTURE  DE  MARIE-FELIX  BAIL- 
LY DE  MESSEIN  (SAINTE- ANNE  DE  VARENNES).  — 
L'an  mil  sept  cent  soixante  quatre  le  dix-sept  décembre  par 
nous  prêtre  soussigné  a  été  inhumé  dans  le  cimetière  de 
cette  paroisse  le  corps  de  Marie  Félix  âgée  d'environ  trois 
mois  fille  de  Sr  François  Augustin  Bailly  et  de  Dlle  Degou- 
tin  à  Varennes  les  jours  et  an  que  dessus  en  présence  de 
Antoine  Soumande  et  de  I.  B.  Lunié  lesquels  ont  déclaré  ne 
savoir  signer  suivant  l'ordonnance  —  Moraud  Ptre. 

ACTE  DE  MARIAGE  DE  ALEXIS  TROTTIER-DE- 
SAULNIERS  ET  DE  FELICITE-ELISABETH  BAILLY 
DE  MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE  VARENNES).— L'an 
mil  sept  cent  soixante  et  dix-neuf  le  vingt  et  un  septembre 
après  avoir  publié  au  prosne  de  la  grand  Messe  un  banc 
entre  le  S.  Alexis  trautier  desaunier  fils  du  S  x\lexis  trau- 
tier  desaunier  et  de  défunte  deMoiselle  Marie  bayeul  les 
père  et  mère  de  lassorhption  d'une  part  et  deMoiselle  féli- 
cité Elisabeth  Bally  fille  de  feu  François  Augustin  Bailli 
equier  s.  de  Massin  et  de  demoiselle  Marie  Anne  Josette 
Degoutin.  Les  père  et  mère  de  cette  paroisse  d'austre  part 


™  238  — 

comme  il  paroit  par  le  Certificat  a  nous  présenté  je  soussi- 
gné Curé  ai  reçu  leur  mutuel  consentement  et  leur  ai  donné 
la  bénédiction  nuptiale  les  dittes  parties  ont  obtenu  dispense 
de  deux  bancs  de  Monsieur  Mongolfier  grand  vicaire  comme 
il  paroist  par  la  dispense  cy-jointe  présence  du  S.  Joseph 
Darguille  Antoine  Laroche,  Le  s.  de  vienne  lamorandiere,  le 
s.  Malhiot  —  Malhiot —  J.  Vienne —  Robert  Delamorandie- 
re  —  Fr  Duburon  ptre, 

ACTE  DE  MARIAGE  DE  JACQUES  LEMOYNE  DE 
MARTIGN Y  ET  DE  FELICITE-ELISABTH  BAILLY  DE 
MESSEIN,  VEUVE  ALEXIS  TROTTIER-DESAUL- 
NIERS  (SAINTE-ANNE  DE  VARENNES).  — L'an  mil 
sept  cent  quatre  vingt  onse.  Le  vingt  quatre  may  je  Sous- 
signé curé  de  Varennes  ayant  publié  un  ban  de  Mariage 
entre  le  Sieur  Jacques  LeMoine  Martigny  fils  de  Monsieur 
Amable  LeMoine  Martigny,  et  de  Demoiselle  Marie  Ar- 
change St  François  les  père  et  mère  de  cette  paroisse  d'une 
part  et  Dame  Félicité  bailly  massin  veuve  de  Sieur  Alexis 
Desaunier  de  cette  paroisse  d'autre  part  sans  découvrir  au- 
c^m  empêchement  a  leur  futur  Mariage  ayant  obtenu  dis- 
pense de  deux  bans  de  Monsieur  Denaud  Grand  vicaire  je 
Soussigné  Curé  ai  reçu  leur  mutuel  consentement  et  les  ai 
marié  selon  les  Cérémonies  ordinaires  présence  —  Malhiot 
—  Bailly  —  Gaspé  Bailly  —  Degoutin  —  Bailly  veuve  — 
Lamorandiere  —  Julie  Martigny  —  Fr  Duburon  Ptre. 

'ACTE  DE  SEPULTURE  DE  MADAME  JACQUES 
LEMOYNE  DE  MARTIGNY,  NEE  FELICITE-ELISA- 
BETH BAILLY  DE  MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE  VA- 
RENNES). —  Le  vingt  cinq  septembre  mil  huit  cent  vingt 
huit  par  nous  Prêtre  Vicaire  soussigné  a  été  inhumé  dans  le 
cimetière  de  cette  paroisse  le  corps  de  félicité  Bailly  épouse 
de  Jacques  Lemoine  de  Martigny  Seigneur  de  la  Trinité,, 
décédée  avant  hier,  munie  des  secours  de  l'Eglise,  âgée  de 
soixante  quatre  ans,  présens  Toussaint  Brodeur,  Etienne 
Sénécal  qui  n'ont  su  signer  —  Frs.  P.  Porlier  ptre  Vie. 

ACTE  DE  NAISSANCE  DE  MICHEL  BAILLY  DE 
MESSEIN  (MONTREAL).  — Le  douzième  jour  de  sep- 
tembre de  l'année  Mil  sept  cent  quarante  sept  a  été  baptisé 


—  239  — 

par  moy  prêtre  soubsigné  Michel  Né  du  jour  d'hyer  a  dix 
heures  du  Matin  fils  de  françois  augustin  bailly  de  Massan 
et  de  dame  Marie  Anne  Joseph  desgoutin  son  épouse  de- 
meurant dans  la  paroisse  de  Varenne;  Le  parrein  a  ete  Mr 
Michel  dupont  derenon  Lieutenant  dans  Le  détachement 
de  la  Marine  et  La  Marreine  dame  Catherine  eurry  La 
perelle  épouse  de  pierre  Joseph  Celoron  Capitaine  dans  ledit 
détachement  lesquels  ont  signé  —  Eurry  Celoron  —  Dere- 
non —  M.  Falcoz  ptre. 

ACTE  DE  SEPULTURE  DE  MICHEL  BAILLY  DE 
MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE  VARENNES).  —  Le  huit 
juin  mil  sept  cent  quatre  vingt  quinze  par  nous  prêtre  sous- 
signé a  été  inhumé  dans  le  cimetière  le  corps  de  Sieur 
Michel  Bailly  décédé  la  veille  au  matin  muni  des  Sacre- 
ments âge  de  quarante  neuf  ans  presens  Laberge  Poirier  — 
J.  Dorval  Ptre. 

(La  fin  dans  la  prohaine  livraison) 


JACQUES-CLEMENT  HERSE 


Sur  le  sieur  Hersé  dont  il  est  question  dans  nos  articles  parus  dans  le 
Bu//e/rn  de  1917,  Un  théâtre  à  Montréal  en  1789,  p.  191.  et  les  Frères  du 
Canada,  p.  219,  voici  quelques  renseignements  que  nous  cueillons  dans  l'ou- 
vrage de  l'abbé  Moreau  sur  l'Acadie  (près  de  St-Jean,  P.  Q.) .  pages  90  et  96: 

"Jacques-Clément  Hersé.  .  .  y  fit  longtemps  commerce.  C'était  un 
Français,  probablement  un  royaliste  dégoûté  de  la  Révolution,  un  véritable 
aristocrate,  peut-être  même  un  noble,  car  son  argenterie,  actuellement  en  pos- 
session d'un  notable  du  village  de  Napierville,  porte  des  armoiries.  Ses  cuillères, 
entre  autres  objets,  portent  son  monogranmie  mêlé  à  celui  de  son  épouse  et  un 
écu  surmonté  d'une  dextrochère  tenant  une  clef.  Après  avoir  perdu  sa  pre- 
mière épouse  qui  lui  avait  laissé  un  fils,  mort  célibataire,  il  se  remaria,  au 
Canada,  à^  Mlle  Marguerite  Lacroix ...  Il  en  éleva  un  fils,  Jacques-Clément, 
baptisé  à  l'Acadie  en  1  790,  qui  devint  avocat  et  mourut  à  l'Acadie,  en  1816, 
puis  deux  filles,  désignées  plus  tard  sous  le  nom  de  dame  Hersé,  Mlle  Antoi- 
nette, mariée  à  John  Richardson  et  qui  n'eut  pas  d'enfant,  et  Mlle  Sophie 
baptisée  en  1794  et  qui  mourut  célibataire  vers  1872." 

E.-Z.  MASSICOTTE 


...  240  — 

LES  SYNDICS  DE  MONTREAL 


L'abbé  FaiJlon,  d'accord  avec  Garneau  et  l'abbé  Ferland,  nous 
informe  qu'en  1644,  Louis  XIV  donna  aux  associés  de  Montréal  le 
droit  d'ériger  à  Villemarie  un  corps  de  ville  ou  communauté  et  que  par 
l'arrêt  du  conseil  d'état  du  mois  de  mars  1647,  le  syndic  de  Villemarie 
ne  pouvait  être  en  fonction  pendant  plus  de  trois  années  consécuti- 
ves . 

L'auteur  décrit  très  bien  comment  se  faisait  l'élection  de  cet 
officier,  mais  n'avance-t-il  pas  trop  catégoriquement  que  Montréal  eut 
des  syndics  sans  interruption  depuis  1644  jusqu'à  1672  ?  Il  nous  sem- 
ble qu'on  peut  douter  de  l'exactitude  de  cette  assertion  quoi- 
que les  archives  du  palais  de  justice  de  Montréal  ne  noiis  permettent 
pas  de  l'infirmer. 

*** 

On  sait  qu'il  existait  un  syndic  à  Montréal,  en  1651  ;  noue  trou- 
vons le  nom  d'un  antre  pour  les  années  1656  à  1659  ;  ensuite,  nous 
avons  les  procès-verbaux  d'élection  de  six  autres  et  c'est    tout. 

Y  en  eut-il  plus  ? 

En  tout  cas,  voici  les  noms  des  chefs  de  la  communauté  de  Ville- 
marie qui  nous  ont  été  conservés  : 

JEAN  DE  SAINT-PERE.— Né  à  Dormelles,  en  Gatinois,  vers 
1618.  Semble  être  venu  à  Montréal  en  1643.  Il  fut  greffier  et  tabel- 
lion de  1648  a  1657.     Tué  par  les  Iroqujis,  le  25  octobre  1657  (i). 

C'est  lui  qui  reçoit,  le  2  octobre  1651,  en  qualité  de  procureur 
syndic,  le  don  que  fait  M.  de  Maisonneuve  de  "40  arpents  de  terre 
pour  servir  de  commune  aux  habitants  de  Villemarie  ". 

Depuis  quand  M.  de  Saint-Père  était-il  syndic  ? 

MARIN  JANNOT  dit  LACHAPELLE.-^Né  en  1627.  Il  vint  à 
Montréal  avec  la  recrue  d'immigrants  de  1653. 

Ce  colon  se  noya  le  20  juillet  1664. 

Une  pièce  judiciaire  du  28  novembre  1656    démontre   qu'il   était 


(i)     Sur  J.  de  Saint-Père,  voir  le  B,    des  R.  Z?^.  1914,  p.    184   et 
Les  actes  des  tabellions  de  Montréal,  M.  S.  R.  C.<  191 5,  p.   190. 


—  241  — 

syndic  et  nous  lisons  dans  un   acte    de    Basset    qu'il    occupait    encore 
cette  charge  le  3  avril   1660. 

L'abbé  Faillon,  11,400,  fait  une  curieuse  erreur  à  son  sujet.  Il 
note  que  Marin  J?nnot  succéda  au  sieur  Lachapelle,  alors  que  Jannot  et 
Lachapelle  sont  un  seul  personnage,  ainsi  que  cet  historien  le  dit  cor- 
rectement à  la  page  547  du  même  volume. 

MEDERIC  B0URDUCEAU.--I1  arrive  à  Montréal  en  1658,  en 
même  temps  que  son  parent  par  alliance,  Louis  Art  us  de  SaiUy.  Tous 
deux  avaient  séjournes  quelque  temps  aux  Antilles  où  ils  avaient  tenté 
nue  entreprise  commerciale  avant  de  venir  s'éehouer  à  Montréal,  près 
d'un  de  leurs  bailleurs  de  fonds,  l'abbé  Souart.  (i). 

Le  plus  ancien  procès- verbal  d'élection  de  syndic  qui  n  )us  soit 
parvenu,  date  du  18  juillet  1660  et  il  relate  les  péripéties  de  l'élection 
du  sieur  Bourduceau. 

Ce  dernier  démissionna  l'année  suivante,  car  il  quitta  Montréal  à 
l'automne  de  1661. 

JACQUES  TESTARD  DE  LA  FOREST.— Chevalier,  capitaine, 
ancêtre  de  la  famille  Testard  de  Montigny.  Il  semble  s'établir  à  Mont- 
réal, en  1658,  comme  marchand  traiteur  et  il  épouse,  en  1659,  Marie 
Pourmm,  veuve  de  Guillaume  de  la  Bardillière.  M.  de  la  Forest  mou- 
rut an  mois  de  jnin  1663,  âgé  d'environ  33  ans.  Il  s'était  fait  cons- 
truire, en  1660.  une  maison  qui  a  voisinait  celle  de  Charles  Lemoyne  et 
de  Jacques  LeBer. 

Elu  syndic  le  21  novembre  166 1,  il  décéda  avant  la  fin  de  son 
triennat. 

URBAIN  BAUDEREAU  dit  GRAVELINE.-Né  en  1633.  il 
immigra  à  Montréal  en  1653  et  éix>usa  le  20  octobre  1664,  Marguerite 
Juillet,  fille  de  Biaise  Juillet,  le  seul  compagnon  de  Dollard  qui  était 
marié.     Il  fut  inhumé  le  28  janvier  1695. 

Son  élection  comme  procureur  syndic  date  du  21   décembre    1663. 

MATHURIN  LANGEVIN  dit  LACROIX.— Arrivé  avec  la 
recrue  de  1653.  Langevin  fut  l'un  des  trois  colons  qui  résistèrent  cou- 
rageusement à  50  Iroquois.  le  6  mai  1662.  Le  procès- verbal  de  soa 
élection  à  la  charge  du  S3-ndic.  porte  la  date  du  31  mai  1667.  Sépul- 
ture, le  -27  octobre  1673. 

L'abbé  Ed.  Langevin  dit  Lacroix  a  publié    une   intéressante   pla- 


(i)     Voir  le  Bulletin  des  R.  H.,  191 5,  p.   206. 


—  242  — 

— , 

q  nette  sur  la  famille  Lange  vin- Lacroix. 

GABRIEL  LE  SEL,  sieur  du  CLOS. —Ancêtre  des  familles  De- 
celles.  Né  en  1626,  II  figure  pour  la  piemière  fois,  à  Montréal,  dans 
un  acte   en  1651.     Elu  syndic  le  19  août  1668. 

Tanguay,  1,546,  dit  :  "  SEL,  Gabriel.  Au  contrat  de  mariage 
"  du  9  août  1652,  il  est  appelé  Le  Sole  dit  Leclerc  (Etude  de  Basset)" 

Cette  note  est  à  retrancher,  parce  qu'elle  est  inexacte,  notre  géné- 
alogiste ayant  u.al  lu,  ce  qui  est  excusai )le,  vu  i'étatdu  manuscrit  qu'il 
cite. 

D'abord,  le  contrat  est  du  9  novembre  1651  (i)  ensuite,  dans 
l'intitulé,  le  nom  inscrit  est  Gabriel  Le  Sel,  Sr  du  Clos  et  à  l'intérieur; 
Gabriel  Le  Saille  ;  enfin,  le  contrat  est  dressé  pBr  Lambert  Closse. 
Bénigne  Basset,  à  cette  date,  était  en  France  et  n'avait  que  douze  ans. 

LOUIS  CHEVALIER.— Né  en  1624,  il  émigra  de  Caen  à  Mont- 
réal en  1653.  Cordonnier  de  métier,  son  écriture  est  pourtant  meil- 
leure que  celle  de  nos  premiers  tabellions. 

Le  15  mars  1672,  le  juge  de  Montréal  demande  au  gouverneur 
Perrot  la  permission  d'assembler  les  habitants  de  Montréal  pour  l'élec- 
tion d'un  syndic,  ce  qui  fut  accordé.  La  réunion  eut  lieu  le  27  mars 
suivant  et  Jehan  Gervaise  obtint  sept  voix,  Jean  Valiquet,  une,-  Pierre 
Gadois  une,  Claude  Bouchard,  une  et  le  sieur  Charly  Saint-Ange, 
deux,  (2). 

Soit  que  Gervaise  eut  décliné,  soit  pour  une  autre  cause,  le  juge 
Dailleboust  convcqua  encore  les  habitants,  le  14  mai, pour  le  lendemain, 
toujours  dans  le  bnt  d'élire  un  syndic.  L'ordonnance  contenant  cette 
convocation  fut  lue,  publiée  et  affichée  le  dimanche  15  mai,  à  l'issue 
de  la  grande  messe,  par  le  greffier  Basset. 

Les  habitants,  au  nombre  de  29,  se  réunirent  le  même  jour,  après 
vêpres.  Cette  fois,  Jacques  LeBer,  marchand,  reçut  quatre  voix, 
Nicolas  Hubert  dit  Lacroix,  une  voix,  André  Charly  dit  Saint-Ange, 
trois  voix,  Isaac  Naf rechoux,  une  voix  et  Louis  Chevallier,  dix-neuf 
voix. 

Ce  dernier  n'était  pas  présent  et  le  juge  Daillehoust,  à  la  suite  du 
procès- verbal  de  l'assemblée,  déclare,  paa  ordonnance,  que  Louis  Che- 


(i)     Le  mariage,  toutefois,  n'eut  lieu  qu'en  novembre  1652. 
(2)     Registre  du  baillage,  1665-82. 


—  243  — 

vBllier  "  sera  et  de  nouveau  (i)  procureur  syndic  de  l'Isle  de  Mont- 
réal pour,  en  cette  qualité,  agir,  postuler,  administrer  toutes  les  affai- 
ras tant  pressantes  et  advenir  qui  concernent  le  bien  commun  des  habi- 
tants, etc.   " 

Le  choix  des  Montréalais  était  excellent  et  le  modeste  Chevalier 
se  montra  digne  de  la  confiance  qu'on  lui  avait  témoigné.  Malheureu- 
raent,  il  se  trouva  mêlé  à  la  fameuse  querelle  Frontenac-Perrot-Fene- 
lon  et  comme  il  pencha  vers  les  gens  de  sa  région,  le  rigide  gouver- 
neur-général le  mit  tout  simplement  au  rancart,  en  l'interdisant. 

Quelques  mois  plus  tard  (le  20  octobre  1676 j,  les  habitants  font 
un  coup  d'audace,  sous  la  présidence  de  Jehan  Gervaise,  substitut  du 
procureur  fiscal,  pour  leur  juge  intérimaire,  en  l'absence  de  M.  Daille' 
boust  et  rédigent  un  placet  fort  respectueux  dans  lequel,  en  ctnq 
petits  articles,  ils  osent  formuler  leurs  suggestions  sur  le  commerce  des 
marchands  forains,  à  Montréal,  sur  la  vente  de  la  boisson,  sur  les  lieux 
de  traite  et  sur  l'interdiction  de  leur  syndic !et  tous  sigaeat,  ils  étaient 
quatorze. 

Un  tel  manque  d'égard  vis  à-vis  l'autorité  ne  pouvait  passer 
inaperçu   ! 

Le  23  i^ars  1677,  ^I-  de  Frontenac  défendait  à  tou:j  de  faire 
"  aucune  assemblée,  conveniicule  ni  signatures  communes  "et  le  juge 
Dailleboust,  le  3  avril  1677  pcrtait  cette  ordonnance  à  la  connaissance 
du  public. 

Personne,  après  ce' a,  ne  leva  la  tête.  Et  plus  jamais,  il  ne  fut 
question  de  représentant  de  la  communauté  des  habitants  dans  notre 
région. 

Les  seuls  syndics  que  l'on  vit  à  Montréal,  par  la  suite,  furent  au 
XVII le  slègle,  ceux  que  les  négociants  se  nommaient,  mais  les  attri- 
butions de  ces  cfficiers  se  restreignaient  aux  choses  du  négoce. 

E.  Z.  MASSICOTTE 


(i)     Cette  expression  signifie-t-elle  que  Chevalier  avait   déjà    été 
syndic  ?  Quand  alors  ?  Ou  bien  n'est-ce  qn'une  faute  de   rédaction  ? 


—  244  — 

Les  Gaultier  de  Yarennes  et  de  la  Verendrye 


M.  l'abbé  Ivanhoë  Caron  a  commencé  la  publication  dans  le  Bulleliri 
des  Recherches  Historiques  d'une  utile  et  intéressante  étude  sur  les  Gaultier 
de  Varennes.  Il  rend  à  tous  ceux  qui  s'occupent  d'histoire  canadienne  un 
signalé  service  en  débrouillant  enfin  la  généalogie  d'une  de  nos  plus  importantes 
familles.  J'ai  eu  de  mon  côté  la  bonne  fortune  de  rencontrer  quelques  vieux 
papiers  intéressant  la  famille  Gaultier  de  Varennes  et  qui  m'ont  paru  contenir 
quelques  détails  nouveaux.  Les  notes  que  j'en  ai  extraites,  quoiqu'elles  ne 
soient  pas  de  la  première  importance,  ne  seront  peut-être  pas  tout  à  fait  dépla- 
cées dans  le  Bulletin,  en  marge  du  travail  de  l'abbé  Caron, 

•*•     V     •!• 

De  quel  droit  René  Gaultier,  gouverneur  des  Trois-Rivières,  ajouta-t-il 
à  son  nom  celui  de  Varennes  ?  Il  y  a  plus  de  quarante  ans  que  M.  Benjamin 
Suite  s'est  attaqué  à  ce  problème,  dans  la  Revue  Canadierjne  de  1873.  Ce 
vaillant  chercheur  dut  alors  s'avouer  vaincu,  après  avoir  constaté  qu'il  y  avait 
en  France  plus  de  trente  localités  différentes  du  nom  de  Varennes  et  qu'autant 
de  familles  pouvaient  fort  bien  avoir  emprunté  de  chacune  d'elles  le  même 
nom  territorial.  Aujourd'hui  du  moins  nous  savons  de  façon  sûre  que  René 
Gaultier  de  Varennes,  premier  du  nom  en  Canada,  était  Angevin,  originaire 
de  Bécon,  près  d'Angers.  Les  recherches  se  trouvent  donc  un  peu  circons- 
crites. 

Puisque  René  Gaultier  de  Varennes  était  Angevin,  il  est  permis  de 
croire  qu'il  n'avait  aucun  lien  de  parenté  avec  les  marquis  de  Varennes  qui 
jouèrent  sous  Louis  XIV  "un  rôle  important  dans  le  gouvernement  et  dans 
l'armée",  et  dont  il  est  si  souvent  question  dans  les  mémoires  de  St-Simon,  dans 
ceux  du  marquis  de  Sourches  et  dans  le  Journal  de  Dangeau.  D'après  l'éditeur 
du  marquis  de  Sourches,  les  marquis  de  Varennes  s'appelaient,  non  pas  Gaul- 
tier, mais  Nagù,  de  leur  nom  patronymique  et  étaient  du  Limousin. 

Cependant,  Dangeau  et  le  marquis  de  Sourches  nous  parlent  d'autres 
Varennes  qui  étaient  des  gentilshommes  d'Anjou. 

A  la  date  du  23  janvier  1690  ,1e  marquis  de  Sourches  écrit  que  "M.  de 
V^arennes,  capitaine  dans  le  régiment  des  gardes  de  Sa  Majesté,  vient  d'obtenir, 
moyennant  50,000  livres,  le  gouvernement  de  Landrecies."  C'était,  nous 
apprend  l'éditeur  des  Mémoires,  un  gentilhomme  d'Anjou,  dont  le  père  était 


...  245  — 

gentilhomme  ordinaire  du  roi  et  qui  lui-même  l'avait  été  en  survivance,  après 
avoir  été  page  de  la  chambre  et  mousquetaire.  Le  maréchal  de  la  Feuillade, 
dont  il  avait  été  l'aide  de  camp,  lui  fit  donner  une  charge  dans  le  régiment  des 
gardes  où  il  devint  capitaine. 

Quoique  Angevin,  le  gouverneur  de  Landrecies  ne  devait  pas  être  un 
frère  de  René  Gaultier  de  Varennes,  parce  que  très  probablement,  si  ce  dernier 
avait  eu  pour  père  un  gentilhomme  ordinaire  du  roi,  le  fait  n'aurait  pas  manqué 
d'être  consigné  à  son  contrat  de  mariage,  suivant  l'usage  d'alors. 

Le  gouverneur  de  Landrecies  p>ouvait  cependant  être  le  fils  d'un  frère 
d'Adam  Pierre  Gauthier,  et  le  cousin  germain  par  conséquent  de  son  contem- 
porain canadien,  le  gouverneur  des  Trois-Rivières. 

Le  gouverneur  de  Landrecies  eut  un  fils,  également  gentilhomme  d'Anjou, 
le  sieur  de  Varennes  qui,  lieutenant  dans  les  gardes  françaises,  se  trouva  à 
Malplaquet  en  même  temps  que  son  cousin  présumé  Pierre  Gaultier  de  la 
Verendrye. 

Il  est  peut-être  intéressant  de  noter  aussi  qu'une  des  plus  intimes  amies 
de  Mme  de  Sévigné  était  une  de  Varennes.  Je  veux  parler  de  la  marquise 
de  la  Troche.  Née  Marie  Goddé  de  Varennes,  elle  avait  épousé  M.  de  la 
Savonnière,  marquis  de  la  Troche,  appartenant  à  une  importante  famille  d'An- 
jou et  conseiller  au  Parlement  de  Rennes.  C'est  M.  Monmerqué,  l'éditeur 
des  lettres  de  Mme  de  Sévigné  qui,  dans  ses  notes,  appelle  la  marquise  de 
la  Troche  Marie  Goddé  de  Varennes.  Aurait-il  dû  lire  Marie  Goltié  de 
Varennes  ?  L'orthographe  assez  fantaisiste  du  temps  permet  de  semblables 
suppositions.  La  marquise  de  la  Troche  était  aussi  contemporaine  de  René 
Gaultier  de  Varennes.  C'est  entre  1  685  et  1  690  que  Mme  de  Sévigné  parle 
d'elle  le  plus  fréquemment  dans  ses  lettres. 

Ce  qui  est  certain  cependant,  c'est  que  René  Gaultier  de  Varennes  avait 
en  France,  dans  l'Anjou,  une  soeur  du  nom  de  Perrine  qui  était  mariée  à  un 
sieur  Philibert  et  dont  un  fils,  officier,  vécut  et  mourut  en  Canada.  Ce  neveu 
de  René  Gaultier  de  Varennes  n'est  autre  que  le  sieur  Philibert  mentionné  par 
Tanguay  dans  son  Dictionnaire  généalogique  (VI,  399)  comme  né  en  1 674 
e!  inhumé  à  Québec  le  4  septembre  I  734.  J'ai  retrouvé,  annexée  à  de  vieux 
documents  judiciaires  de  1  734,  comme  exhibit,  le  testament  du  sieur  Philibert 
fait  à  Québec  le  3  septembre  1  734,  devant  le  notaire  Barolet. 

Charles  Gabriel  de  Laglanderie,  sieur  de  Philibert,  officier  dans  les 
troupes  de  la  marine,  natif  de  Saint-Martin  de  la  Place,  diocèse  d'Angers, 
fils  de  Pierre  Paul  Philibert  et  de  Perrine  Gaultier,  venait  d'arriver  de  l'an- 
cienne France  par  le  vaisseau  le  Rubis,  indisposé  et  sentant  venir  sa  fin  pro- 


...  246  — 

chaîne,  il  dictait  ses  dernières  volontés.  Après  quelques  legs  particuliers,  il 
léguait  et  donnait  tous  ses  biens  meubles  et  immeubles  tant  en  ce  pays  qu'en 
l'ancienne  France  à  ses  cousins  germains  Jacques  René  Gaultier  de  Varennes, 
Magdeleine  Gaultier,  veuve  Petit  de  Livilliers,  Marie  Renée  Gaultier,  épouse 
de  Timothée  Silvain,  médecin,  et  Pierre  Gaultier  de  la  Veranderie. 

Le  sieur  Philibert  fut  enterré  le  lendemain  4  septembre  dans  la  crypte  de 
la  cathédrale  de  Québec.  Son  testament  indique  assez  qu'il  ne  laissait  pas  de 
postérité. 

V       V       V 

Si  nous  passons  maintenant  aux  Gaultier  de  la  Verandrye,  je  me  per- 
mettrai de  signaler  à  M.  l'abbé  Caron  deux  ou  trois  légères  inexactitudes  qui  lui 
sont  échappées. 

Marie-Ajine  Dandonneau  du  Sablé,  femme  de  Pierre  Gaultier  de  la 
V'^érendrye,  a  été  inhumée  le  25  septembre  1  739,  non  pas  à  Trois-Rivières,  mais 
à  Montréal.  Son  acte  de  sépulture  est  au  registre  de  la  paroisse  de  Notre-Dame 
de  Montréal. 

M.  l'abbé  Caron  dit  encore  que  Marie-Anne,  la  dernière  des  filles  du 
sieur  de  la  Vérendrye,  épousa  à  Montréal,  en  I  745,  Jacques-Hippolyte  Leber 
de  Senneville,  et  que  tous  deux  périrent  probablement  dans  le  naufrage  de 
r Auguste  sans  laisser  de  postérité. 

J'ignore  ce  qu'est  devenue  Marie-Anne,  fille  du  sieur  de  La  Vérendrye, 
mais  elle  n'épousa  certainement  pas  en  1 745  Jacques-Hippolyte  Leber  de 
Senneville  qui  était  mort  depuis  huit  ans  à  cette  date.  Jacques-Hippolyte  de 
Senneville,  fils  aîné  de  Joseph-Hippolyte  Leber  de  Saint-Paul  et  de  Marie- 
Marguerite  Soumande,  mourut  en  avril  1 737,  dans  l'île  d'Anticosti,  après 
avoir  fait  naufrage  sur  le  vaisseau  la  Renommée  qui  le  conduisait  en  France. 
Il  n'avait  pas  encore  atteint  sa  vingtième  année.  Le  Père  Crespel,  récollet, 
qui  était  naufragé  avec  lui,  a  fait  un  touchant  récit  des  souffrances  du  jeune 
de  Senneville  dans  son  célèbre  Voyage  au  Canada. 

Il  n'y  eut  qu'un  Leber  qui  épousa  une  de  La  Vérendrye,  et  ce  fut  Jean- 
Baptiste  Leber  de  Saint-Paul  et  de  Senneville,  frère  du  susdit  Jacques  Hippo- 
lyte.  Il  épousa,  le  25  juin  1  743,  Catherine  Gaultier  de  la  Vérendrye,  et, 
après  avoir  eu  lui-même  de  ce  mariage  treize  enfants,  il  périt  en  1  761  sur 
r  Auguste  avec  sa  femme,  son  unique  soeur  survivante  et  les  deux  seuls  enfants 
qui  lui  restaient.  Ce  tragique  effacement  de  toute  une  famille  produisit  au 
point  de  vue  successoral  une  situation  dont  il  y  a  peu  d'autres  exemples.  J'ex- 
trais des  notes  manuscrites  de  M.  l'abbé  Faillon,  que  possède  la  Bibliothèque 


™  247  — 

Saint-Sulpice  de  Montréal,  le  document  suivant  que  je  crois  inédit  et  qui  ne 
paraîtra  sans  doute  pas  sans  intérêt  ^ux  lecteurs  du  Bulletin  : 

"  Acte  de  notoriété  concernant  la  succession  de  LeBer  de  Senneville  —  A 
Montréal,  le  5  juillet  1  764 

Furent  présents  les  sieurs  Ignace  Gamelin,  Charles  Hery,  négociants  de 
cette  ville,  y  demeurant.  Luc  de  Chapt  de  La  G)rne,  écuyer,  sieur  de  St  Luc, 
chevalier  de  l'ordre  royal  et  militaire  de  St  Louis,  ci-devant  capitaine  des 
troupes  de  la  marme,  et  Pierre  Dépensier  Cluny,  demeurant  en  cette  ville, 
lesquels  ont  certifié  qu'ils  ont  parfaite  connaissance  et  qu'il  est  de  notoriété 
publique  que  ledit  sieur  Jean  LeBer  de  Senneville,  à  son  décès  lieutenant  d'in- 
fanterie, la  dite  dame  Catherine  Gautier  de  la  Vérendrye  son  épouse,  les  sieurs 
Joseph  Hippolyte  LeBer  de  Senneville  et  Louis  LeBer  de  Senneville  leurs 
seuls  enfants  et  qui  étaient  en  bas  âge,  et  demoiselle  Marie  Louise  LeBer,  soeur 
dudit  Jean  LeBer  de  Senneville,  fille  mineure  mais  dans  la  force  de  son  âge, 
ont  tous  p>éri  en  passant  de  Montréal  en  France  dans  le  navire  paquebot  V Au- 
guste qui  a  fait  naufrage  sur  les  côtes  de  Louisbourg,  près  le  Cap  Nord,  le 
quinze  novembre  mil  sept  cent  soixante  et  un;  que  lesdits  sieurs  de  La  Come 
et  Dépensier  étaient  dans  ledit  vaisseau  d'où  ils  se  sont  sauvés  avec  le  capitaine 
et  quatre  autres  personnes;  qu'attendu  les  circonstances  de  la  guerre  ces  morts 
n'ont  pu  être' constatées  juridiquement  et  qu'après  ces  décès  il  n'a  été  fait  aucun 
inventaire;  qu'ils  ont  eu  aussi  connaissance  que  les  héritiers  desdits  naufragés 
sont  convenus  de  supposer,  d'après  les  lois  romaines  et  d'après  les  consultations 
qu'ils  avaient  faites,  que  les  deux  enfants  en  bas  âge  dudit  sieur  Jean  LeBer 
de  Senneville  et  de  ladite  dame  son  épouse  ont  p>éri  dans  ledit  naufrage  les 
nremiers,  que  ladite  dame  Gautier  de  la  Verandrie,  épouse  dudit  sieur  de 
Senneville,  attendu  sa  grossesse  a  péri  ensuite,  que  ledit  sieur  de  Senneville  est 
mort  après  ses  dits  enfants  et  sa  femme,  et  que  ladite  demoiselle  Marie  Louise 
LeBer  de  Senneville  est  décédée  la  dernière. 

"En  conséquence  les  dits  sieurs  comparants  attestent  que  ledit  Sieur  Jean 
Leber  de  Senneville  n'a  laissé  pour  seule  héritière  que  ladite  demoiselle  Louise 
L^Ber  de  Senneville,  sa  soeur,  fille  mineure,  que  ladite  demoiselle  Marie  Louise 
LeBer  de  Sermeville  n'a  laissé  pour  seuls  héritiers,  savoir,  quant  aux  propres  pa- 
ternels et  pour  moitié  quant  aux  meubles  et  argents  que  dame  Marie  Louise 
LeBer  de  Senneville,  sa  tante  paternelle,  épouse  de  Messire  Antoine  François 
Gabriel  Benoist,  chevalier  de  l'ordre  royal  et  militaire  de  St  Louis,  capitaine 
d'infanterie,  et  quant  aux  propres  maternels  et  pour  l'autre  moitié  des  meubles 
et  argents,  que  sieur  François  Marie  Soumande  Delorme,  son  oncle  maternel, 
négociant,  et  que  ladite  dame  Catherine  Gautier  de  la  Vérendrye,  épouse  dudit 


...  248  — 

sieur  de  Senneville,  n'a  laissé  pour  ses  seuls  héritiers  que  François  Gautier, 
ccuyer,  sieur  de  Tremblay,  et  Joseph  Gautier  de  la  Vérendrye,  écuyer,  lieute- 
nant d'infanterie,  lequel  a  péri  dans  le  même  naufrage  et  doit,  d'après  lesdites 
lois  romaines,  avoir  survécu  à  sa  soeur,  que  ledit  Joseph  Gautier  de  la  Véren- 
drye n'a  laissé  aucun  enfant  de  son  mariage  avec  dame  Louise  Antoine  Mézière 
de  l'Epervanche,  son  épouse,  à  présent  sa  veuve.  —  La  Corne  Saint- Luc, 
Pierre  Dépensier,  Ignace  Gamelin,  Fr.  Simonnet,  Panet." 

Un  peu  plus  loin,  M.  l'abbé  Caron  laisse  entendre  que  La  Vérendrye 
ne  fut  promu  capitaine  que  le  1  7  septembre,  ou  plutôt  le  23  mai  1  749,  en 
même  temps  qu'il  était  fait  chevalier  de  Saint-Louis.  C'est  «en  1745  que  La 
V^érendrye  reçut  sa  commission  de  capitaine.  Le  26  avril  1745,  le  président 
du  conseil  de  Marine  écrivait  à  M.  de  Beauharnois  qu'en  considération  de  ses 
services  le  Roi  accordait  au  sieur  de  la  Vérendrye  la  compagnie  qu'il  avait 
demandée.  Un  peu  plus  tard,  le  1  2  mai,  la  nouvelle  était  officiellement  adressée 
à  La  Vérendrye  lui-même.  (Cf.  Archives  publiques  du  Canada,  Dépêches, 
Série  B.,  vol.  90). 

Voici  les  premières  lignes  d'un  acte  de  vente  de  1  750  dont  nous  trouvons 
la  copie  parmi  les  notes  manuscrites  de  M.  Faillon  et  d'où  l'on  peut  encore 
tirer  quelques  éclaircissements. 

I  5  juillet  1  750  —  Vente  par  le  Sieur  et  Dame  de  Senneville  à  Antoine 
Lemay  et  à  Joseph  et  Charles  Dandonneau  d'une  terre  dans  l'ile  du  pads 

Furent  présents  Jean  Baptiste  Lebert  Ecuyer  Sieur  de  Senneville,  officier 
d'une  Compagnie  d'infanterie  du  détachement  de  la  marine;  et  Dame  Cathe- 
rine Gautier  de  la  Vérendrye  Son  Epouse  qu'il  autorise.  .  .  demeurant*  à 
Montréal  rue  Saint  Paul,  faisant  tant  pour  eux  que  pour  Pierre  Gauthier, 
Ecuyer  Sieur  de  Beaumois,  François  Gauthier,  Ecuyer  Sieur  de  Tremblay,  et 
Sieur  Louis  Joseph  Ecuyer  Chevalier  de  la  Vérandrye  leurs  frères  et  beaux 
frères  tous  trois  de  présent  absents  étant  dans  les  pays  d'en  haut. 

Tous  les  susnommés  héritiers  de  feue  Dame  Marie  Anne  Dandonneau 
vivante  Epouse  de  feu  Pierre  Gauthier  Ecuyer  Seigneur  de  la  Vérandrye,  vivant 
Capitaine  d'une  Compagnie  d'infanterie  du  détachement  de  la  marine  Chevalier 
de  l'ordre  royal  et  militaire  de  Saint  Louis,  leur  père  et  mère,  beau  père  et 
belle  mère. 

Les  quels  dits  Sieur  de  Senneville  et  la  Dame  Son  Epouse  ont  par  ces 
présentes,  vendu  à  Antoine  Lemay  et  à  Joseph  et  à  Charles  Dandonnau  habi- 
tants de  l'ile  de  Pads.  .  ." 

Ce  document  laisse  voir: 

le — Que  Pierre  Gaultier  de  la  Vérendrye,  l'aîné  des  trois  frères  survi- 


—  249  — 

vants  en  1 750.  portait  quelquefois  le  même  nom  territorial  de  Beaumois, 
qu'avait  déjà  porté  son  père. 

2o — Que  François  n'avait  pas  attendu  la  mort  de  son  frère  Lx)uis- Joseph 
en  1  761  pour  prendre  le  nom  de  sieur  du  Tremblay. 

3o — Que  Louis-Joseph  est  bien  le  chevalier  de  la  Vérendrye  comme  Ta 
pensé  M.  l'abbé  Caron.  Je  crois  cependant  que  l'on  aurait  tort  de  conclure 
que  Louis-Joseph  était  le  chevalier  parce  qu'il  était  le  dernier  des  fils.  Sans 
doute  il  arrivait  souvent  que  le  chevalier  dans  une  famille  était  en  même  temps 
le  plus  jeune  garçon,  mais  je  crois  pouvoir  dire  que  cela  était  loin  d'être  une 
règle  absolue,  ni  même  ordinaire.  Ainsi,  pour  ne  prendre  que  quelques  exem- 
ples choisis  au  hasard,  le  chevalier  d'Aillebout  (Jean  d'Aillebout  d'Argenteuil), 
le  chevalier  de  Villiers,  le  chevalier  de  Langy,  le  chevalier  Bégon,  le  chevalier 
de  Tonnancour,  le  chevalier  de  Lacorne,  péri  avec  V Auguste  en  1  761,  le  che- 
valier d'ELstimauville,  le  chevalier  de  Sacquespée,  et  le  chevalier  de  Lorimier 
avaient  tous  au  moins  un  frère  plus  jeune  qu'eux  dans  le  même  temps  qu'ils 
étaient  chevaliers.  Il  serait  intéressant  de  savoir  auquel  des  deux  La  Vérendrye, 
François  ou  Louis-Joseph,  le  marquis  de  Montcalm  fait  allusion  dans  ses  Let- 
tres au  chevalier  de  Lévis  (p.  95)  :  "Le  jeu  chez  la  Vérendrye  a  dû  être  occa- 
sionné par  un  M.  des  Auniers,  grand  joueur,  qui  y  est  logé." 

Notons  enfin  qu'à  la  date  de  sa  mort,  le  3 1  juillet  1  794,  François  Gaul- 
tier, sieur  de  Tremblay,  n'avait  pas  encore  tout  à  fait  80  ans,  quoique  l'acte 
de  sépulture  lui  en  prêle  en  effet  82,  et  que  le  premier  mariage  de  Louis- Joseph, 
avec  Mlle  de  Montigny,  eut  lieu  à  Montréal,  non  pas  le  7,  mais  le  1  7  novembre 
1  755,  le  contrat  ayant  été  passé  le  14  du  même  mois  devant  Mezière,  notaire. 

AÇIJIDIUS  FAUTEUX 

CONSTANT  DES  ESCURES 


C'est  un  officier  français  qui  a  servi  en  Canada.  Je  le  crois  inconnu  de 
nos  historiens.  A  la  vérité,  il  n'a  pas  fait  grand  bruit,  c'est  pourquoi  il  a  passé 
maperçu,  mais  puisqu'il  a  été  commandant  d'un  poste  à  Mingan,  en  bas  de  Qué- 
bec, il  importe  d'en  parler.  Quand  l'historique  des  postes  d'en  bas  sera  fait, 
quoique  n'ayant  pas  la  valeur  de  celui  des  postes  d'en  haut,  il  conviendra  de 
tout  rapporter. 

Or  donc,  c'est  d'Hozier  dans  l'Armoriai  Général  qui  nous  apprend  que 
M.  Constant  des  Escures,  seigneur  de  Pontcharault,  chevalier  de  St- Louis,  a 
été  enseigne  des  vaisseaux  du  roi  et  lieutenant  d'une  compagnie  franche  de  la 
marine,  puis  commandant  à  Mingant  dans  la  Nouvelle-France.  Il  était  d'une 
famille  de  Daoulas,  diocèse  de  Quimper,  en  Bretagne.  D'Hozier  ne  précise 
pas  l'époque  du  séjour  en  Canada  de  M.  des  Escures,  mais  cela  a  dii  être  soit 
avant  1720  ou  entre  1727  et  1732,  car  de  1720  à  1727  il  était  en  France 
et  également  en  1  733. 

M.  des  Escures  portait  p>our  armes  :  De  sinople,  à  la  croix  ancrée  d'ar- 
gent, chargée  en  coeur  d'une  étoile  à  huit  rais  de  sable. 

REGIS  ROY 


—  250  — 

Statue  du  Père  Marquette  à  Marquette,  Michigan,  E.=ll. 


Marquette,  sur  les  bords  du  lac  Michigan,  dans  l'Etat  du  même  nom, 
aux  Etats-Unis,  est  une  ville  de  moins  de  soixante-dix  ans  d'existence,  mais 
son  site  pittoresque,  ses  avantages  naturels  et  l'esprit  d'entreprise  de  ses  habi- 
tants lui  ont  fait  prendre  une  importance  que  bien  des  villes  de  l'union  améri- 
caine lui  envient. 

Dans  le  voyage  de  découverte  qui  a  rendu  son  nom  fameux,  le  Père  Mar- 
quette s'arrêta  sur  le  site  actuel  de  la  ville  de  Marquette,  à  l'endroit  connu  des 
Français  sous  le  nom  de  Presqu'île.  Ce  dernier  nom  est  resté,  mais  on  a  donné 
à  la  ville  qui  s'édifiait  tout  à  côté  le  nom  de  Marquette  en  souvenir  du  passage 
du  grand  explorateur. 

Le  fondateur  de  la  ville  de  Marquette  fut  Peter  White,  un  self  made  man 
dans  toute  l'acception  du  mot.  Lorsqu'il  vint  s'établir  à  Marquette  en  mai 
î  849  toute  la  future  ville  consistait  en  deux  cabanes  de  bois  ronds  non  occupées 
et  six  ou  sept  wigwams  de  Sauvages  nomades.  M.  White  a  vécu  assez  long- 
temps pour  voir  la  ville  actuelle  que  son  énergie,  son  travail  et  son  inépuisable 
générosité  avait  créée. 

Protestant  de  naissance  et  fidèle  toute  sa  vie  à  ses  principes  religieux,  M. 
White  avait  cependant  un  véritable  culte  pour  la  mémoire  du  Père  Marquette. 
C'est  lui  qui  proposa  à  ses  concitoyens  d'élever  dans  un  des  beaux  sites  de  leur 
ville  une  statue  au  Jésuite  explorateur.  Il  paya  même  de  sa  bourse  une  bonne 
partie  du  coût  de  ce  monument. 

C'est  le  15  juillet  1897  que  fut  inauguré  le  monument  Marquette,  à 
Marquette.     La  fête  fut  splendide,  et  des  milliers  de  spectateurs  y  prirent  part. 

La  statue  Marquette  est  l'oeuvre  du  sculpteur  florentin  Gaetano  Tren- 
tanove.  C'est  une  réplique  en  bronze  de  la  statue  en  marbre  du  même  artiste 
qu'on  admire  au  Capitole  de  Washington.  Il  y  a  cependant  une  légère  diffé- 
rence dans  les  deux  statues,  La  statue  de  Washington  représentait  Marquette 
dans  sa  soutane  de  Jésuite  avec,  dans  sa  main  droite,  les  emblèmes  ou  les 
attributs  de  son  ordre.  Certains  fanatiques  avaient  fait  beaucoup  de  tapage 
à  ce  sujet.  Un  Jésuite  en  soutane  dans  le  Capitole  de  Washington  !  A  Mar- 
quette, le  Père  Jésuite  est  encore  représenté  avec  sa  soutane  noire,  mais  Tren- 
tanove  a  remplacé  les  emblèmes  religieux  que  tenait  la  main  droite  par  une 
carte  géographique  et  un  compas.     C'est  une  combinaison  italienne  ! 


—  251  — 

Chaque  côté  du  piédestal  de  la  statue  de  Marquette  porte  un  bas-relief. 
L'un  représente  l'arrivée  du  Père  Marquette  à  Presqu'île.  Il  est  dans  un  canot 
d'écorce  avec  deux  Sauvages  du  Canada.  L'autre  bas-relief  montre  le  Père 
Marquette  instruisant  les  Sauvages. 

Le  piédestal  de  la  statue  Marquette  est  érigé  sur  un  rocher.  Sur  la  face 
principal  du  piédestal  on  lit  :  James  Marquette,  mtrepid  explorer.  A  l'arrière, 
du  piédestal,  on  lit  :     Presented  to  the  cit^  of  Marquette,  July  \5th   1897. 

Le  rocher,  le  piédestal  et  la  statue  ont  une  hauteur  totale  de  vingt-quatre 
pieds,  soit  quatre  pieds  pour  le  rocher,  douze  pour  le  piédestal  et  huit  pour  la 
statue. 

En  somme,  le  monument  de  Marquette,  à  Marquette,  fait  honneur  au 
talent  de  Trentanove,  à  la  largeur  d'idée  de  Peter  White  et  à  la  générosité  des 
citoyens  de  Marquette. 

P.-G.  R. 


REPONSE 


VILLY  QU  TILLY  (XXIII,  VII,  p.  218).  —  Dans  son  "Plan  gé- 
néral de  l'état  présent  des  missions  du  Canada  en  l'année  1683"  (reproduit 
dans  les  Mandements  des  évêques  de  Québec,  vol.  1er,  p.  115),  Mgr  de  Laval 
écrit  : 

Vill^  est  éloigné  de  Repentigny  d'une  lieue  dans  les  terres  et  a  une 
lieue  et  demie  d'étendue  habitée.  Il  y  a  20  familles  et  70  âmes.  On  y  dit  la 
messe  dans  une  chapelle  domestique." 

Où  était  situé  cet  établissement  de  Villy  mentionné  par  Mgr  de  Laval  ? 

Nous  croyons  que  Villy  ou  plutôt  Tilly,  car  il  y  a  une  faute  d'impression 
ici,  c'est  Lachenaie. 

Le  1  2  août  1  680,  Charles  Aubert  de  la  Chesnaye  vendait  la  terre,  fief 
et  seigneurie  de  Lachenaie  à  Pierre-Noël  Le  Gardeur  de  Tilly. 

M.  Le  Gardeur  de  Tilly  ne  tarda  pas  à  aller  habiter  la  seigneurie  qu'il 
venait  d'acheter  car  le  recensement  de    1  68 1    note  sa  présence  à  Lachenaie  : 

"  Pierre-Noël  Legardeur,  29  ans;  Délie  Marie  Boucher,  sa  femme,  20 
ans;    enfants:    Geneviève,  4  ans;    Pierre,  2  mois;    2  fusils." 

Le  recensement  de  1681  donne  pour  Lachenaie  22  familles  et  72  âmes. 
Mgr  de  Laval  ,deux  ans  plus  tard,  mentionne  qu'il  y  a  à  Villy  ou  Tilly  20 
familles  et  70  âmes.     La  différence  n'est  pas  forte. 

M.  Le  Gardeur  de  Tilly  n'habita  pas  Lachenaie  plus  de  trois  ou  quatre 
ans.  En  1  683  ou  I  684,  il  remettait  la  seigneurie  de  Lachenaye  à  son  ancien 
propriétaire  M.  Aubert  de  la  Chesnaye.  L'acte  d'abandon  n'en  fut  cependant 
passé  que  le  1  0  octobre  1  699. 

Sous  le  régime  français  les  seigneuries  changeaient  presque  toujours  de 
noms  quand  elles  changeaient  de  propriétaires. 

P.-G.  R. 


r-  252  -N 

Les  Frères  Charon  et  les  Frères  de  a  Salle 


Par  une  pièce  publiée  dans  un  précédent  numéro,  nous  avons  signalé  que 
l'ancienne  France  demanda,  un  jour,  des  instituteurs  à  sa  colonie  de  l'Amérique 
septentrionale. 

Le  document  dont  nous  mettons,  cette  fois,  le  texte  à  la  dispositi,on  des 
lecteurs  est  bien  différent. 

La  communauté  des  Frères  hospitaliers  de  la  Croix  ayant  mesuré  ses 
forces  et  se  sentant  faiblir  veut  se  greffer  sur  une  communauté  vigoureuse,  en 
plein  essor. 

C'est  à  l'institut  fondé  par  saint  Jean-Baptiste  de  la  Salle  que  les  humbles 
frères  Charon  s'adressent. 

Les  négociations  s'annoncent  bien.  Les  Frères  des  Ecoles  Chrétiennes 
semblent  agréer  le  projet  de  fusion  ;  ils  envoient  même  deux  représentants  étudier 
la  situation  sur  place  et  faire  un  premier  acte  d'accord  que  le  notaire  Adhémar 
fils  rédige  en  ces  termes  : 

Il  7bre  1737.  Acte  d'association  entre  les  Frères  de  la  Salle  et  les 
Frères  hospitaliers  de  cette  ville. 

Par  devant  les  notaires  royaux  de  la  juridiction  royale  de  Montréal,  y 
résidant,  soussignés,  furent  présents  Les  très  chers  frèreâ  Jean  Jeantot,  supérieur 
de  l'hôpital  général  de  Montréal,  André  De  Moire,  assistant,  Alexandre  Tur- 
pin,  maître  des  novices,  Joseph  Delerm,  hospitalier  et  Pierre  Martel,  économe 
administrateur  dudit  hôpital  de  Montréal,  Suivant  les  lettres  patentes  du  Roi, 
datées  du  quinzième  avril  1714,  lesquels  tous  unanimement  désirant  et  voulant 
concourir  à  soutenir  l'oeuvre  de  feu  monsieur  Charon,  leur  digne  fondateur, 
laquelle  oeuvre  serait  prête  à  tomber  faute  de  sujets,  pour  contribuer  •  de  tout 
leur  pouvoir  à  soutenir  ladite  bonne  oeuvre  et  procurer  un  plusg  rand  bien  et 
le  soutien  de  leur  maison. 

Après  une  "mure  délibération  et  assemblée  capitulaire  faite  et  signée  le 
vingt  neuvième  d'août  de  la  présente  année,  mil  sept  cent  trente  sept,  et  pour  ce 
s'associer  et  s'agréger  aux  très  chers  frères  de  la  Salle,  nommés  les  Frères  des 
Ecoles  Chrétiennes  et  ne  faire  qu'un  corps  avec  eux  et  embrasser  à  cet  effet 
leurs  règles  et  constitutions  et,  pour  une  plus  grande  uniformité,  se  revêtir  et  ha- 
biller eomme  eux,  en  suivre  et  pratiquer  les  règles  et  maximes,  sans  cependant 
perdre  de  vue  leur  digne  fondateur  pour  qui  les  suffrages  et  prières  se  continue- 


—  253  - 

ront,  comme  elles  ont  été  faites  jusqu'à  présent  et  que  la  maison  sera  gouvernée 
et  les  biens  d'icelle  régis  entre  eux,  suivant  toujours  les  principes  et  intentions 
de  mondit  feu  sieur  Charon  {xtur  le  même  bien  et  la  même  fin,  le  regardant  à 
perpétuité  comme  premier  fondateur  des  frères  hospitaliers  de  l'Hôpital  Général 
de  Montréal  ;  Et,  en  conséquence,  les  chers  frères  Denis  et  Pacifique,  députés 
et  envoyés  par  le  Vénérable  frère  Timothée,  Supérieur  Général  de  l'Institut 
des  Ecoles  Chrétiennes,  suivant  la  lettre  par  lui  écrite  du  treizième  mai  1  737 
auxdits  frères  hospitaliers  de  Montréal  qui  avaient  écrit  et  proposé  cette  asso- 
ciation en  septembre  de  l'année  mil  sept  cent  trente  six,  après  avoir  pris  con- 
naissance de  l'Etat  de  ladite  maison  et  des  biens  qui  en  dépendent,  ont  en  con- 
formité de  leur  députation  et  sauf  néanmoins  sous  le  bon  plaisir  du  dit  Vénéra- 
ble Frère  Timothàe,  agréé  et  accoté  ladite  proposition  et  ,en  conséquence,  se 
chargent  et  s'approprient  conjointement  avec  lesdits  frères  de  Montréal  des  biens 
fonds  de  cette  maison  à  la  charge  d'en  payer  les  dettes  passives,  tant  en  France 
qu'en  ce  pays,  dont  lesdits  frères  acceptants  ont  dit  avoir  une  parfaite  connais- 
sance et  que  les  biens  de  cette  maison  sera  (sic)  régie  et  gouvernée  (sic)  par 
les  anciens  et  nouveaux  frères  associés  en  toute  propriété  et  économie  tendante 
à  l'accroissement  et  amélioration  de  ladite  maison  des  frères  hospitaliers  de 
Montréal  qui  seront  toujours  tenus  de  loger,  nourrir  et  entretenir  autant  de 
pauvres  qu'ils  pourront  de  leurs  revenus,  y  en  ayant  actuellement  quinze  résidant 
et  demeurant  dans  ledit  hôpital  général. 

Lesquelles  conventions  et  acte  d'agréation  (sic)  et  association  faite  (sic) 
entre  lesdits  frères  hospitaliers  de  Montréal  avec  ceux  des  Ecoles  chrétiennes 
seront  exécutés  de  part  et  d'autre  à  toujours.  Bien  entendu  qu'ils  auront  l'ap- 
probation de  Monseigneur  l'Evêque  de  Québec  présentement  à  Paris  et  de 
Monseigneur  le  Marquis  de  Beauhamois  Commandeur  de  l'ordre  militaire  de 
Saint-Louis,  Gouverneur  et  Lieutenant  Général  de  la  Nouvelle  France  et  de 
Monseigneur  Hocquart,  Intendant  de  justice,  police  et  finance  en  toute  la  Nou- 
velle-France, inspecteur  dudit  hôpital  général  de  Montréal  et  le  tout  confirmé 
par  le  Roi  en  obtenant  des  lettres  patentes  de  confirmation  pour  rendre  cette 
union  et  association  stable  et  solide,  ce  qui  a  été  accepté  et  signé  tant  par  les 
chers  frères  Denis  et  Pacifique  députés,  stipulant  au  nom  du  Supérieur  Générai 
qui  les  a  députés  à  cet  effet  comme  il  paraît  par  la  lettre  écrite  dudit  Vénérable 
frère  Timothée,  Supérieur  Général,  datée  du  treize  mai  mil  sept  cent  trente 
sept.  Laquelle  demeurera  dans  les  archives  de  la  maison,  comme  pareillement 
acceptée  et  esignée  par  lesdits  frères  hospitaliers  de  Montréal. 

Fait  et  passé  (à)  Montréal  audit  hôpital  général  le  onzième  septembre 
1  737  après  midi;   et  ont  lesdits  frères  signé  avec  lesdits  notaires.     Lecture  faite. 


...  254  — 

(Signé)  Frère  Jeantot  supérieur  —  fr  De  moyre  —  fr  Alexandre  Tur- 
pin  —  fr  Joseph  Dellerm  —  fr  Pierre  Martel,  Econome  —  frère  Denis,  Reli- 
gieux de  l'institut  des  Ecoles  Chrétiennes  —  frère  Pacifique  —  Le  Pallieur 
(notaire) — Adhémar   ((notaire). 

V       V       •*• 

Hélas  !  l'espoir  des  Frères  Charon  fut  de  courte  durée.  Pour  des  raisons 
que  nous  n'avons  pas  à  examiner  ici,  la  fusion  parut  impossible. 

Notre  pauvre  institut  dut  s'éteindre  p>our  renaître  sous  l'impulsion  de  la 
bienheureuse  mère  Youville. 

Quant  aux  fils  de  saint  Jean-Baptiste  de  la  Salle,  un  siècle  s'écoula  avant 
qu'ils  missent  pied  de  nouveau  sur  le  sol  de  la  Nouvelle-France. 

E.-Z.  MASSICOTTE 


VENTE  DE  CINQ  NEGRES  PAR  CHARLES  RHEAUME 
A  LOUIS  CUREUX  DE  SAINT-GERMAIN 


Pardevant  le  notaire  royal  en  la  prevosté  de  Québec  y  résidant  soussigné 
et  témoins  cy-bas  nommés  fut  présent  le  sieur  Charles  Réaume  négotiant  rési- 
dant ordinairement  en  la  seigneurie  de  l'Isle  Jésus  près  la  ville  de  Montréal  et 
de  présent  en  cette  ville  lequel  a  vendu  par  ces  présentes  avec  garantie  de  tous 
troubles  et  empeschemens  quelconques  au  sieur  Louis  Cureux  dit  St-Germain 
bourgeois  en  cette  ville  à  ce  présent  et  acceptant  requérant  pour  lui  et  ses  ayant 
cause  à  l'avenir,  sçavoir  cinq  neigres  esclaves  dont  deux  hommes  et  trois  femmes 
et  filles  que  le  d.  acquéreur  a  déclaré  avoir  vus  étant  actuellement  chez  la  dame 
Cachelievre,  et  que  le  d.  vendeur  promet  livrer  incessamment  au  d.  s.  acquéreur 
et  ce  pour  et  moyennant  la  somme  de  trois  mille  livres  que  le  d.  acquéreur  pro- 
met et  s'oblige  bailler  et  payer  au  d.  s.  vendeur  au  moment  de  la  livraison  qui 
sera  faite  des  d.  esclaves.  Car  ainsy  etc,  obligeant,  etc.  Fait  et  passé  aud. 
Québec,  étude  du  d.  notaire  avant  midy  le  vingt-cinq  septembre  mil  sept  cent 
quarante  trois  présence  des  srs  Louis  Lambert  et  Nicolas  Bellevue  témoins  de- 
meurans  au  d.  Québec  qui  ont  avec  le  d.  c.  Réaume  et  notaire  signé  le  d.  s.  St- 
Germain  ayant  déclaré  ne  sçavoir  écrire  ni  signer  de  ce  interpellé  lecture  faite. — 
L.  Lambert  —  Bellevue  —  Réaume  —  Pinsuet. 


(  1  )      Acte  de  Pinguet,  notaire  à  Québec,  25  septembre  1  743. 


—  255  — 

Les  Letellier  de  Saint=Just 


Lorsque  M.  Letellier  de  Saint-Just,  qui  fut  lieutenant-gouverneur 
de  la  province  de  Québec  de  1876  à  1879,  était  dans  la  politique,  ses 
adversaires  le  gouaillèrent  souvent  parce  qu'il  avait  ajouté  à  son  nom 
plébéien  de  Letellier  le  nom  de  désinence  noble  de  Saint-Just.  Ils  pré- 
tendaient que  M.  Letellier  n'avait  aucun  droit  de  prendre  le  nom  de 
Saint-Just  et  qu'il  ne  l'avait  assumé  que  par  une  ridicule  prétention 
nobilaire. 

M.  Letellier  de  Saint-Just  n'ayant  jamais  répondu  à  ses  adversaires 
sur  ce  point,  plusieurs  out  conclu  qu'il  y  avait  du  vrai  dans  ces  accusa- 
tions. 

Le  lieutenant- gouverneur  de  Québec  était-il  d'origine  noble  et 
Bvait-il  droit  à  la  particule  de  même  qu'au  surnom  Saint-Just  ? 

Nous  ignorons  si  M.  Letellier  de  Saint-Just  était  d'oiigine  noble  ; 
uoe  chose  certaine,  c'est  qu'il  avait  raison  de  se  nommer  Letellier  de 
Saint-Just. 

M.  P.-B.  Casgrain  dans  son  étude  historique  Letelliet  de  Saint- 
Just  et  soti  temps,  p.  15,  dit  que  le  premier  ancêtre  de  M.  Letellier  de 
Saiut-Just,  venu  dans  la  Nouvelle-France,  Michel  Letellier  marié  à 
Marie  Mélie,  originaire  de  Saint- Quentin,  diocèse  de  Noyon,  aujour- 
d'hui dans  le  département  de  l'Aisne,  arriva  ici  dans  les  premières 
années  du  dix-huitième  siècle. 

Nous  croyons  qu'il  fait  erreur.  C'est  François  Letellier,  le  fils  de 
ce  Michel  Letellier,  qui  passa  dans  la  Nouvelle- France  non  pas  dans 
les  premières  années  du  dix-huitième  siècle  mais  un  peu  avant  1740. 
Il  se  maria  deux  fois  :  la  première,  à  Québec,  le  25  janvier  1740,  à 
Marie-Joseph  l'Arrivée  et  la  seconde, au  même  endroit,  le  26  août  1743, 
à  Marie- Françoise  Pelletier.  Ni  dans  l'un  ni  dans  l'autre  acte  de 
mariage  on  ne  lui  donne  le  nom  de  Letellier  de  Saint-Just.  Dans  les 
deux  actes,  cependant,  on  le  dit  originaire  de  Saint- Quentin,  diocèse 
de  Noyon.  Dans  celui  du  25  janvier  174c,  on  le  dit  fils  de  Michel 
Letellier  et  de  Maria  Phlébie.  Dans  le  second,  celui  du  26  août  1743, 
on  le  dit  fils  de  Michel  Letellier  et  de  Maria  Mêligue. 

François  Letellier  était  soldat  dans  les  troupes  du  détachement  de 
la  marine,  compagnie  de  Fonville. 


—  256  ™ 

L'année  même  de  son  premier  mariage  Letellier  obtenait  son  congé 
et  c'est  dans  sa  lettre  de  congé  que  nous  le  voyons  pour  la  première 
fois  désigné  sous  le  nom  de  Letellier  de  Saint-Just. 

M.  P.B.  Casgrain  a  publié  une  copie  photographique  de  cette  lettre 
de  congé  dans  son  ouvrage  et  nous  y  lisons  ce  qui  suit,  sous  les  sigaa- 
tures  du  gouverneur  de  Beauharnois  et  de  l'intendant  Hocquart  : 

"  Nous  avons  donné  congé  absolu  et  permission  de  S2  retirer  des 
troupes  au  nommé  François  Letellier  de  Saint- Just,  soldat  de  la  compa- 
gnie de  Fonville,  pour  rester  en  cette  colonie,  y  était  inirié  et  établi, 
fait  à  Québec  le  premier  octobre  1740.  " 

De  son  mariage,  François  Letellier  eut,  entr' autres  enfants  : 
Michel  Letellier  né  à  Saint-Vallier  le  28  février  1750.  Il  se  maria  en 
1773  à  Louise  Moreau  et  eut  plusieurs  enfants.  En  1800.  il  fut  élu 
député  de  Hartford  et  siégea  à  la  Chambre  d'Assemblée  jusqu'à  1804. 
Il  décéda  à  Saint-Vallier  le  27  octodre  1834,  à  l'âge  de  88  ans. 

Son  fils.  François  Letellier,  se  fit  recevoir  notaire  et  s'établit  à  la 
Rivière-Ouelle  où  il  épousa  Marie-Sophie  Casgrain,  fille  du  seigneur 
de  la  Bouteillerie.  Dans  son  acte  de  mariage,  en  date  du  5  juillet  1814 
il  est  dit  fils  de  Michel  Leîeller  de  Saint-Just,  ci  devant  membre  du 
Parlement  Provincial,  C'est  de  ce  mariage  que  naquit  à  la  Rivière- 
Ouelle,  le  12  mars  1820,  l'honorable  Luc  Letellier  de  Saint-Jnst. 

Dans  Letellier  de  Saint-Just  et  soîi  temps,  aux  pp.  28  et  29,  on 
trouvera  des  renseignements  intéressants  sur  la  famille  française 
Letellier  de  Saint-Just.  Ces  renseignements  avaient  été  envoyés  à 
l'honorable  M.  Letellier  de  Saint-Just  par  le  comte  Del  Monièri,  du 
consulat  d'Espagne  à  New-York,  en  1874. 

Pour  conclure,  l'honorable  M.  Letellier  de  Saint-Just  était  bien  en 
droit  de  porter  son  beau  nom  en  entier  puisque  son  père,  son  grand- 
père  et  son  arrière  grand-père  l'avaient  porté  avant  lui. — P.  G.  R. 


PIERRE  CLAVERIE  A-T-IL  ETE  MEMBRE  DU 
CONSEIL  SOUVERAIN  ? 


Mgr  Tanguay  (Dictionnaire  généalogique,  vol.  IIL  p.  86) ,  dit  que  Pierre 
Claverie,  garde-magasin  du  Roy,  remplaça  le  sieur  Estèbe  au  Conseil  Souverain 
en  1755  ou  1756. 

Est-ce  vrai  ? 

Pierre  Claverie  n'a  pu  remplacer  le  sieur  Estèbe  au  Conseil  Souverain  ni 
en  1  755  ni  en  I  756  pour  la  bonne  raison  que  ce  n'est  qu'en  1  758  que  Estèbe 
résigna  sa  charge  de  conseiller. 

D'après  Mgr  Taguay  lui-même  Claverie  mourut  à  Montréal  le  21  août 
1756.  Ce  qui  a  fait  croire  à  Mgr  Tanguay  que  Claverie  a  été  membre  du 
Conseil  Souverain  c'est  son  titre  de  Conseiller  du  Roi.  Conseiller  au  Conseil 
Souverain  et  Conseiller  du  Roi  n'était  pas  du  tout  la  même  chose. 


i 


BULLETIN 

DES 


RECHERCHES   HISTORIQUES 


VOL.  XXill  BEàUCEYILLE-SEPTEMBRE  Ifll  N«  9 


La  famille  Bailly  de  Messein 


(Suite  et  fin) 

ACTE  DE  MARIAGE  ENTRE  MICHEL  BAILLY  DE 
MESSEIN  ET  GENEVIEVE  DE  GASPE  (SAINT-JEAN 
PORT-JOLI).  —  L'an  mil  sept  cent  soixante  et  douze,  le 
vingt-huit  de  janvier,  après  avoir  publié  un  ban  de  mariage 
entre  Michel  Bailly-,  Ecuier  s.  de  Âlessein,  fils  de  feu  Fran- 
çois Augustin  Bailly,  Ecr  s.  de  Messein,  et  de  Dame  Marie 
Anne  Degoutin,  ses  père  et  mère,  de  la  paroisse  de  Varen- 
nes  d'une  part  et  Demoiselle  Geneviève  de  Gaspé,  fille  de 
Ignace  Aubert,  Ecuier  s.  de  Gaspé  ci-devant  capitaine  des 
troupes  de  Sa  Majesté  Très  Chrétienne  en  ce  païs  et  de 
Dame  Marie  Anne  Coulon  de  Villiers,  ses  père  et  riière, 
Seigneur  de  la  paroisse  de  St  Jean  Port-Joli  et  y  résidant 
d'autre  part,  ne  s'étant  trouvé  aucune  opposition  ni  décou- 
vert d'autre  empêchement  que  celui  du  3e  degré  de  con- 
sanguinité dont  Monseigneur  les  dispense  également  que 
de  la  publication  de  trois  bans  à  Varène  et  de  deux  à  St. 
Jean,  je  prêtre  curé  de  l'Islet,  soussigné  certifie  avoir  reçu 
leur  mutuel  consentement  et  leur  avoir  donné  la  bénédiction 
nuptiale  selon  les  cérémonies  ordinaires  de  l'Eglise  en  pré- 
sence de  Messieurs  Pierre  Antoine  PorHer,  ptre,  curé  des 
paroisse  de  Ste  Anne  de  la  grande  anse  et  de  St.  Roch,  Ga- 


—  258  — 

briel  Du  haut  Devincelot,  Seigneur  du  Cap  St.  Ig-nace,  Louis 
Dunière,  Joseph  Couillard  des  Ecors,  Seigneur  de  l'Islet, 
Henri  Doone  de  Ignace  de  Gaspé  père  de  l'épouse,  de  Dame 
EHzabeth  Protot  de  Doone  et  de  Demoiselles  Angélique  et 
Catherine  de  Gaspé  et  autres  parents  et  amis  des  mariés  qui 
tous  ont  signé  avec  nous  à  la  minute  des  présentes  à  l'Islet 
les  jour  —  J.  Hingan  Ptre. 

ACTE  DE  SEPULTURE  DE  GENEVIEVE  AUBERT 
DE  GASPE,  VEUVE  DE  MICHEL  BAILLY  DE  MES- 
SEIN  (SAINT-THOMAS  DE  MONTMAGNY).—  Le  vingt 
neuf  décembre  mil  huit  cent  trente  quatre  par  nous  sous- 
signé prêtre  curé  a  été  inhumé  dans  le  cimetière  le  corps 
de  dame  Geneviève  Aubert  de  Gaspé  de  cette  paroisse,  dé- 
cédée le  vingt  sept  du  même  mois.  Elle  était  âgée  de  quatre- 
vingt  cinq  ans  et  neuf  mois,  et  épouse  de  feu  Michel  Massin 
de  Bailly.  Présens  Nicolas  Gervais  André  Vallée,  Louis 
Fournier  et  Pierre  Dominique  qui  n'ont  su  signer  —  J.  L. 
Beaubien  Ptre. 

ACTE  DE  NAISSANCE  DE  FRANÇOIS-IGNACE- 
MICHEL  BAILLY  DE  MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE 
VARENNES).  —  L'an  mil  sept  cens  soixante  treize  le  vingt 
février  par  nous  prêtre  soussigné  a  été  baptisé  françois 
Ignace  Michel  né  d'hier  de  légitime  Mariage  de  Sr  Michel 
Massin  Bailly  et  de  d'elle  genevieve  aubert  gaspé.  Le  pa- 
rain  a  été  sr  Etienne  Abel  Rocbert  de  la  morandiere.  La 
maraine  délie  Marie  anne  Joseph  degoutin  d'e  veuve  de  feu 
sr  françois  augustin  Bailly  Massin  Bailly  grande  mère  de 
l'enfant.  Lesquels  ont  signé  ainsi  signé — Degoutin  Bailly 
—  Robert  de  la  morandiere  —  Chev  Bailly  —  Moraud  Ptre, 

ACTE  DE  SEPULTURE  DE  FRANCOIS-IGNACE- 
MICHEL  BAILLY  DE  MESSEIN  (SAINTE-ANN^,  DE 
VARENNES).  —  L'an  mil  sept  cent  soixante  et  quatorze 
le  seize  may  j'ai  inhumé  dans  le  Cimetière  le  corps  de  fran- 
çois Michel  bailly  âgé  de  quinze  mois  fils  du  S.  Michel 
Massin  bailly  et  de  demoiselle  Genevieve  Aubert  de  Gaspé 
présence  Du  bedeau  qui  a  déclaré  ne  scavoir  signer  —  Fr 
Duburon  ptre. 

ACTE  DE  NAISSANCE  DE  HONORE-GATIEN-JO- 


—  25y  — 

SEPH  BAILLY  DE  MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE  VA- 
RENNES). —  L'an  mil  sept  cent  soixante  et  quatorze  le 
sept  avril  jai  baptisé  honoré  gatien  Joseph  né  ce  jour  du 
légitime  Mariage  du  Sieur  Michel  balliy  de  Messein  et  de- 
moiselle Geneviève  aubert  de  gaspé.  Le  parain  a  été  le 
sieur  Joseph  pascaud  et  demoiselle  josepte  bailliy  de  massin 
qui  ont  signer  afec  nous  de  ce  requis  —  Joseph  Pascaud  — 
Josette  Baillv  —  Fr  Duburon  ptre. 

ACTE  DE  NAISSANCE  DE  MARIE-ANGELIQUE 
BAILLY  DE  MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE  VAREN- 
NES).  —  L'an  mil  sept  cent  soixante  et  quinze  le  vingt  cinq 
mai  j'ai  baptisé  Marie  Angélique  née  ce  jour  du  légitime 
Mariage  du  S.  Michel  bailli  de  Messin  et  de  Moiselle  Gene- 
viève Aubert  Gaspé.  Le  parain  a  été  le  Sieur  Pierre  ignace 
Daillebou  et  deMoiselle  Angélique  Aubert  qui  ont  signé 
avec  nous  de  ce  requis  —  Angélique  Gaspé  —  Pierre  Ignace 
Daillebout  —  Fr  Duburon  ptre. 

ACTE  DE  SEPULTURE  DE  MARIE-ANGELIQUE 
BAILLY  DE  MESSEIN  (SAINTE- ANNE  DE  VAREN- 
NES).  —  L'an  mil  sept  cent  soixante  et  quinze  le  quatorze 
août  j'ai  inhumé  dans  le  cimetière  le  corps  de  Marie  Angé- 
lique bally  décédée  la  veille  âgée  de  trois  mois  présence  du 
bedeau  qui  a  déclaré  ne  pouvoir  signer  —  Fr  Duburon  Ptre. 

ACTE  DE  NAISvSANCE  DE  GEORGES-PHILIPPE 
BAILLY  DE  MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE  VAREN- 
NES).  —  L'an  mil  sept  cent  soixante  et  seize  le  seize  may 
je  Sousigné  Curé. ai  baptisé  georges  philippe  né  ce  jour  du 
légitime  mariage  du  sieur  Michel  Bally  de  massin  et  de  de- 
moiselle Geneviève  aubert  gaspé  le  parain  a  été  le  sieur 
abel  Robert  de  la  morandier  equier  et  de  demoiselle  louise 
charlotte  bally  massin  lequels  on  signé  avec  nous  de  ce  re- 
quis —  Fr  Duburon  ptre. 

ACTE  DE  NAISSANCE  DE  JULIE-APOLLINE 
BAILLY  DE  MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE  VAREN- 
NES).  —  L'an  mij  sept  cent  soixante  et  dix  sept  le  vingt  et 
un  may  je  sousigné  Curé  ai  baptisé  Julie  appolline  née  ce 
jour  du  légitime  Mariage  du  Sieur  Michel  bailli  de  Alassin 
et  de  Moiselle  Geneviève  Aubert  de  Gaspé.     Le  parrain  a 


—  260  — 

été  le  S.  Joseph  de  Goutin  et  la  Maraine  demoiselle  appol- 
line  bailli  qui  on  signés  avec  nous  —  Apolline  Bailly  —  De 
Goutin  —  Fr  Duburon  Ptre. 

ACTE  DE  SEPULTURE  DE  JULIE-APOLLINE 
BAILLY  DE  MESSEIN  (SAINT-THOMAS  DE  MONT- 
AI AGN  Y). —  Le  vingt  trois  juillet  mil  huit  cent  quarante 
sept  par  nous  prêtre  curé  soussigné  a  été  inhumé  dans  le 
cimetière  le  corps  de  Demoiselle  Julie  décédée  le  dix  neuf 
du  présent  mois.  Elle  était  âgée  de  soixante  ans  et  fille  de 
feu  Michel  Bailly  et  de  défunte  dame  Geneviève  Aubert  de 
Gaspé  de  cette  paroisse.  Ont  été  présens  à  l'inhumation: 
MM.  Joseph  Fisette,  Louis  Fournier,  Abraham  Fisette  qui 
ont  signé  avec  nous  ainsi  que  Charles  Gaspard  Couillard 
médecin  —  Abraham  Fiset  —  Ls  Fournier  —  Abraham  Mo- 
rency  —  Chs.  G.  Couillard  —  Joseph  Fiset  —  J.  L.  Beaubien 
Ptre. 

ACTE  DE  NAISSANCE  DE  FRANÇOIS-HECTOR 
BAILLY  DE  MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE  VAREN- 
NES).  —  L'an  mil  sept  cent  soixante  et  dix-huit  le  dix-neuf 
juin  je  sousigné  Curé  ai  baptisé  François  Hector  né  ce  jour 
du  légitime  Mariage  du  S.  Michel  Baill}^  de  Massin  et  de 
deMoiselle  Geneviève  Aubert  de  Gaspé.  Le  parain  a  été  le 
S.  pierre  hector  de  goutin  et  la  maraine  félicité  Elisabeth 
bailly  qui  on  signé  avec  nous  —  De  Goutin  —  Félicité  Bailly 
—  Fr  Duburon  ptre. 

ACTE  DE  SEPULTURE  DE  FRANÇOIS-HECTOR 
BAILLY  DE  MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE  VAREN- 
NES).  —  L'an  mil  sept  cent  soixante  et  dix-huit  le  treize 
août  je  Sousigné  Curé  ai  inhumé  dans  le  Cimetière  le  corps 
de  François  hector  bailli  décédé  la  veille  fils  du  S.  Michel 
bailli  et  de  demoiselle  geneviève  Aubert  Gaspé.  Présence 
de  ferdinand  delfosse  qui  a  déclaré  ne  savoir  signer  —  Fr 
Duburon  Ptre. 

ACTE  DE  NAISSANCE  DE  HONORE-PHILIPPE 
BAILLY  DE  MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE  VAREN- 
NES).  —  L'an  mil  sept  cent  soixante  et  dix-neuf  le  vingt 
juin  je  sousigné  Curé  ai  baptisé  Honoré  Philippe  né  ce  jour 
du  légitime  Mariage  du  S.  Michel  Bailly  de  Massin  et  de 


...  2G1  --- 

Demoiselle  Geneviève  Aubert  de  Gaspé.  Le  parain  a  été 
le  S.  Honoré  Gratien  bailly  et  la  maraine  deMoiselle  Julie 
de  la  morandière  qui  ont  signé  avec  nous  —  Bailly  fils  (?) 
—  Julie  lamoran^ière  —  Fr  Duburon  ptre. 

ACTE  DE  SEPULTURE  DE  MARIE-CHARLOTTE 
DUCHOUQUET,  VEUVE  DE  HONORE-PHILIPPE 
BAILLY  DE  MESSEIN  (QUEBEC).  — Le  cinq  mai  mil 
huit  cent  vingt  trois  nous  prêtre  vicaire  de  Québec  soussi- 
gné avons  inhumé  dans  le  cimetière  des  Picotés  le  corps  de 
dame  Charlotte  Duchouquet  veuve  de  feu  sieur  Jean  Em- 
manuel Dumoulin  en  son  vivant  négociant  et  en  dernier  lieu 
juge  aux  Illinois  décédée  la  nuit  du  premier  de  ce  mois  dans 
cette  ville  âgée  de  soixante-quinze  ans  et  six  mois.  Etaient 
présents,  outre  un  grand  concours  des  citoyens  de  cette 
ville,  François  V^assal  de  Monviel,  Ecuyer,  adjudant-général 
des  milices,  Joseph-François  Perrault,  Ecuyer,  prothono- 
taire  de  la  Cour  du  Banc  du  Roi,  William  Lindsa}^  Ecuyer, 
greffier  de  la  Chambre  d'Assemblée  de  cette  Province  et 
Pierre-Edouard  Desbarats,  Ecuyer  assistant-greffier  de  la 
dite  Chambre  d'Assemblée  et  quelques  amis  de  la  défunte 
qui  ont  signé  avec  nous  —  F.  Vassal  de  Monviel  —  Wm 
Lindsay,  David  Stuart  —  C.  Jh.  Planté  —  J.  F.  Perrault, 
Proton.  —  P.  E.  Desbarats  —  L.  Massue  —  L.  Nie  Jacquet 
Ptre  vie. 

ACTE  DE  NAISSANCE  DE  JOSEPH-EMMANUEL 
BAILLY  DE  MESSEIN  (MONTREAL). —  Le  trente  mai 
mil  huit  cent  un  par  moi  prêtre  soussigné  a  été  baptisé  Jo- 
seph Emmanuel  né  d'hier  du  légitime  mariage  de  Honoré 
Bailly  Ecuier  enseigne  du  premier  batailleur  des  roiyaux 
canadiens  volontaires,  demeurant  en  cette  paroisse,  et  de 
dame  Marguerite  dumouhn  le  parain  a  été  françois  Vassal 
Ecuier  Capitaine  dans  le  même  régiment  et  la  maraine  dame 
charlotte  duchouquet  grand  mère  de  l'enfant  qui  ainsi  que 
le  père  ici  présent  ont  signé  avec  nous  —  F.  Vassal  De  Mon- 
viel, Capt  I  Batn  R.  C.  V.  —  Duchouquet  Dumoulin  —  H. 
Bailly  de  messin,  Ens.  Lere  Batt  R.  C.  V. — Le  Saulnier  ptre. 

ACTE  DE  SEPULTURE  DE  JOSEPH-EMMANUEL 
BAILLY  DE  MESSEIN  (QUEBEC).  —  Le  six'octobre  mil 


™  262  — 

huit  cent  dix-sept  nous  prêtre  vicaire  de  Québec  soussigné 
avons  inhumé  dans  le  cimetière  des  Picotés  Joseph-Emma- 
nuel, fils  légitime  d'Honoré  Bailly,  marchand  dans  le  Haut- 
Canada,  et  de  Marguerite  Dumoulin  décédé  avant-hier  en 
cette  paroisse  âgé  de  seize  ans  et  demi.  Présens  :  Charles 
Panet,  Charles-Errol  Lindsay,  Charles  De  Léry  et  Charles 
Duchénay  qui  ont  signé  avec  nêus  —  Charles  de  Léry  — 
Chs  Duchesnay  —  Chs  Panet  —  E.-B.  Lindsay  —  Sen  Du- 
moulin Ptre. 

ACTE  DE  NAISSANCE  DE  MARGUERITE-GENE- 
VIEVE-CHARLOTTE  BAILLY  DE  MESSEIN  (QUE- 
BEC).—  Le  vingt-trois  décembre  mil  huit  cent  deux  par 
nous  évêque  de  Canathe  soussigné  a  été  baptisée  Margue- 
rite-Geneviève-Charlotte née  le  même  jour  du  légitime 
mariage  d'Honoré  Bailly  , employé  dans  les  bureaux  du  re- 
ceveur-général de  cette  ville  et  de  dame  Marguerite  Du- 
moulin. Parrain,  Joseph  Bouchette,  Ecuyer,  député-arperi- 
teur-général;  marreine,  dame  Charlotte  Voyer  Frémont, 
qui  ont  signé  avec  le  père  et  nous  —  Honoré  Bailly  —  Jos. 
Bouchette  —  Charlotte-Voyer  Frémont  —  J--0.  Ev  de  Ca- 
nathe. 

ACTE  DE  NAISSANCE  de  OLIVETTE-HERMINE 
BAILLY  DE  MESvSEiN  (QUEBEC).  — Le  seize  janvier 
dix-huit  cent  quatre,  je  vicaire  soussigné  ai  baptisé  Olivette- 
Hermine  née  d'hier  du  légitime  mariage  de  sieur  Honoré 
Bailly  de  Messein,  marchand  de  cette  vile,  et  de  dame  Mar- 
guerite Dumoulin.  Le  parrain  a  été  Olivier  Perrault,  éctjyer, 
avocat,  et  la  marraine  demoiselle  Charlotte  Dumoulin  qui 
ont  sigTié  avec  nous  ainsi  que  le  père  —  Ol.  Perrault  —  H. 
Bailly  de  Messein  —  Charlotte  Dumoulin  —  Jh.  Desjardins 
P. 

ACTE  DE  SEPULTURE  DE  OLIVETTE-HERMINE 
BAILLY  DE  MESSEIN  (ANCIENNE-LORETTE).  — Le 
vingt-quatre  may  mil  huit  cent  quatre  par  nous  soussigné 
a  été  inhumé  dans  le  cimetière  de  cette  paroisse  le  corps  de 
Ermine-Olivette  décédée  avant-hier,  âgée  de  quatre  mois 
et  six  jours,  fille  légitime  de  sieur  Honoré  Bailly,  cy-devant 
enseigne  dans  le  Royal  Canadien  Volontaire  et  de  demoi- 


—  263  — 

selle  ^largLieiite  Dumoulin,  de  Québec.  Etaient  présents 
à  la  dite  inhumation  Etienne  Gagné  Bedeau  et  ■Michel  Dro- 
let  qui  ont  déclaré  ne  savoir  signer  de  ce  enquis  —  Honoré 
Baill}^  —  Descheneaux. 

ACTE  DE  XAISS.\NCE  DE  ADELAÏDE-CATHERI- 
NE BAILLY  DE  MESSEIN  (QUEBEC).  — Le  dix-neuf 
mars  mil  huit  cent  cinq  par  nous  évêque  de  Canathe  sous- 
signé a  été  baptisée  Adélaïde-Catherine  née  le  dix-sept  du 
courant  du  légitime  mariage  du  sieur  Honoré  Bailly  ci- 
devant  marchand,  demeurant  en  cette  ville,  et  de  dame  Mar- 
guerite Dumoulin.  Parrein  sr  Joseph  Philippe  Aubert  de 
Gaspé  ;  marreine  demoiselle  Marguerite  Baby  qui  ont  signe 
avec  le  père  et  nous  —  Honoré  Bailly  —  Marguerite  Baby 

—  Joseph-Philippe  Gaspé  —  J.  O.  Ev.  de  Canathe. 

ACTE  DE  MARIAGE  DE  TH0:MAS  CHASE  ET  DE 
.ADELAÏDE-CATHERINE  BAILLY  DE  MESSEIN 
(QL'EBEC).  —  Thomas  Chase  Esq  (late  of  His  Majesty's 
Royal  nav\-)  now  of  the  city  of  Québec,  merchant,  bachelor, 
aged  twenty-seven  years  was  married  (by  licence)  to  miss 
Catharine-Adelaïde  Bailly,  daughter  of  Air  Honoré  Bailly 
of  the  same  city  merchant,  spinster,  aged  twenty  \'ears, 
this  sixteenth  day  of  november,  in  the  year  of  our  Lord,  one 
thousand  eight  hundred  twenty  four  —  Thomas  Chase  — 
C.  A.  Baillv  —  Mountain,  DD.  rector  of  Québec. 

ACTE  DE  NAISSANCE  DE  MARIE-GENEVIEVE 
BAILLY  DE  IMESSEIN  (SAINTE-.AN'NE  DE  VAREN- 
NES).  —  L'an  mil  sept  cent  quatre-vingt  le  douze  octobre 
je  soussigné  Théodore,  prêtre  des  Recollets  ai  baptisé  Marie 
Geneviève  née  hier  du  légitime  mariage  de  Sieur  Michel 
Bailly  IMassin  et  de  Demoiselle  Geneviève  Aubert  de  Gaspé. 
Le  parrain  a  été  le  S.  Alexis  Des  Aunier  et  la  marraine  de- 
moiselle Appoline  Bally  Massin.  Lesquels  ont  signé  avec 
nous    de    ce    requis  —  Alexis  Desaunier  —  Apolline  Bailly 

—  Fr  Théodore  R. 

ACTE  DE  SEPULTURE  DE  MARIE-GENEVIEVE 
BAILLY  DE  MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE  VAREN- 
NES).— -Lan  mil  sept  cent  quatre  vingt  quatre  le  deux 
janvier  je  soussigné  Curé  ai  inhumé  dans  le  cimetière  le 


—  264  — 

corps  de  Geneviève  Bailly  enfant  du  Sieur  Michel  Bailly  et 
de  Dame  Gaspé,  décédée  la  veille.  Présence  d'Alexis  Poi- 
rier et  S.  Etienne  Duclos  qui  ont  déclaré  ne  savoir  signer  — 
Fr.  Duburon  Ptre. 

ACTE  DE  NAISSANCE  DE  MARIE-AGLAE  BAIL- 
LY DE  MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE  VARENNES).  — 
L'an  mil  sept  cent  quatre  vingt  deux  le  sept  Octobre  je  sous- 
signé curé  ai  baptisé  Marie  Aglaée  née  hier  du  légitime 
mariage  du  Sieur  Michel  Bally  Massin  et  de  Demoiselle 
Geneviève  Aubert  de  Gaspé.  Le  parrain  a  été  le  Sieur 
Gaspard  Massin  et  demoiselle  Marie  Appoline  Bally  de 
Massin  qui  ont  signé  avec  nous —  G.  Bailly  —  Apolline  Bail- 
ly —  Fr  DuBuron. 

ACTE  DE  SEPULTURE  DE  MARIE-AGLAE  BAIL- 
LY DE  MESSEIN  (SAINTE-ANNE  DE  VARENNES).  — 
L'an  mil  sept  cent  quatre  vingt  deux  le  vingt  six  Octobre 
je  soussigné  Curé  ai  inhumé  dans  le  cimetière  le  corps  de 
Marie  Aglaée  Bally  fille  du  sieur  Michel  Bally  Massin  et  de 
Demoiselle  Geneviève  Aubert  de  Gaspé,  décédée  hyer  âgée 
de  vingt  jours,  présence  de  Olivier  Mulot  Urbain  Richard  — 
Olivier  Mulot  —  Fr  Duburon  Ptre. 

CONTRAT  DE  MARIAGE  DE  NICOLAS  BAILLY 
DE  MESSEIN  ET  DE  ANNE  BONHOMME.  —  Ce  contrat 
est  conservé  dans  le  greffe  du  notaire  Genaple  déposé  aux 
Archives  Judiciaires  de  Québec. 

CONTRAT  DE  MARIAGE  DE  NICOLAS  BAILLY 
DE  MESSEIN  ET  DE  CATHERINE  TREFFLE.  —  Ce 
contrat  est  conservé  dans  le  greft'e  du  notaire  de  la  Cetière 
déposé  aux  Archives  Judiciaires  de  Québec. 

Mgr  BAILLY  DE  MESSEIN.  —  Sur  Mgr  Bailly  de 
Messein  on  peut  consulter  Mgr  Têtu,  Les  évêques  de  Qué- 
bec, p.  ;  La  Presse  des  6  avril  1901,  20  avril  1901  et  4 
mai  1901,  articles  de  Ignotus;  le  Bulletin  des  Recherches 
Historiques,  vol.  XIII,  p.  24^,  article  de  M.  Placide  Gaudet. 

TESTAMENT  DE  Mgr  BAILLY  DE  MESSEIN.  — 
L'an  mil  sept  cent  quatre  vingt  quatorze,  le  onzième  jour 
du  mois  d'avril,  onze  heures  du  matin,  à  la  réquisition  du 
Révérendissime    et    Illustrissime    Monseigneur    Charles- 


—  265  — 

François,  Evêque  de  Capsa,  coadjuteur  à  TEvêché  de  Qué- 
bec, faisant  les  fonctions  curiales  en  la  paroisse  de  Saint- 
François  de  Sales  de  la  Pointe-aux-Trembles,  seigneurie  de 
Neuville  demeurant  en  la  maison  presbytériale  du  dit  lieu  de 
la  Pointe-aux-Trembles;  Nous  Notaire  Public  de  la  Pro- 
vince du  Bas-Canada  résidant  au  dit  Neuville,  et  accompa- 
gné des  témoins  cy-après  nommés  et  soussignés  Nous  som- 
mes transportés  en  la  dite  maison  presbytériale  du  dit  lieu 
de  la  Pointe-aux-Trembles,  où  étant,  avons  trouvé  Mon  dit 
Seigneur,  Charles-François,  évêque  de  Capse,  dans  une 
chambre  située  au  second  étage  et  dans  la  partie  sud-ouest 
de  la  dite  maison  presbytériale,  assis  sur  son  lit,  gisant  ma- 
lade de  corps,  néanmoins  sain  d'esprit,  de  mémoire  et  enten- 
dement, comme  il  est  apparu  aux  notaire  et  témoins  soussi- 
gnés par  ses  paroles,  gestes  et  maintien,  lequel  dit  Charles- 
François,  Evêque  de  Capsa,  testateur,  considérant  que  toute 
la  nature  est  sujette  à  la  mort,  qu'en  ce  monde  il  n'y  a  rien 
de  si  incertain  que  l'heure  d'icelle,  et  ne  voulant  pas  en  être 
prévenu  avant  d'avoir  pourvu  au  salut  de  son  âme  et  mis 
ordre  à  ses  affaires  temporelles,  en  disposant  du  peu  de 
l.uens  qu'il  a  plu  à  la  Divine  Providence  lui  donner,  ainsi 
qu'il'  lui  est  permis  par  les  lois  en  force  en  ce  pays,  notem- 
ment  par  l'Acte  du  Parlement  chapitre  quatre  vingt  trois 
rendu  dans  la  quatorzième  année  du  Reigne  de  Sa  Alajesté, 
qui  règle  plus  solidement  le  gouvernement  de  cette  provin- 
ce, a  fait,  dicté  et  nommé  à  maître  Larue,  notaire,  soussigné, 
les  témoins  cy-après  nommés  et  soussignés  présents,  son 
présent  testament  et  ordonnance  de  dernière  volonté  ainsi 
qu'il  suit  : 

Premièrement  —  le  dit  Charles-François,  évêque  de 
Capsa,  testateur,  comme  bon  chrétien,  catholique,  aposto- 
lique et  romain,  a  recommandé  son  âme  à  Dieu  le  créateur 
de  l'univers,  père,  fils  et  Saint-Esprit,  suppliant  sa  divine 
Majesté  et  bonté,  par  les  mérites  de  la  Passion  de  Notre- 
Seigneur  Jésus-Christ,  et  par  l'intercession  de  la  Glorieuse 
Vierge  Marie,  de  saint  Charles  et  de  saint  François,  ses 
glorieux  patrons  et  de  tous  les  saints  et  saintes  de  la  Cour 
Céleste,  le  placer  au  royaume  des  cieux  au  nombre  des  bien- 


™  266  — 

heureux.    Ainsi  soit-il. 

Secondement  —  Veut  et  ordonne  et  entend  le  dit  tes- 
tateur, qu'avant  tout,  ses  dettes  soient  payées  et  torts  par 
lui  faits,  si  aucuns  se  trouvent,  réparés  par  son  ou  ses  exé- 
cuteurs testamentaires  ci-après  nom'més. 

Troisièmement  —  Désire  et  ordonne  le  dit  testateur, 
qu'après  son  décès,  son  corps  soit  inhumé  dans  l'église  de 
cette  paroisse  de  Neuville  de  la  Pointe-aux-Trembles,  sous 
le  maître-autel  de  la  dite  éghse,  du  côté  de  l'Evangile,  qu'au 
jour  de  son  inhumation  il  soit  chanté  dans  la  susdite  église 
et  sur  son  corps,  un  service  pour  le  repos  de  son  âme,  et  un 
semblable  service  anniversaire  au  bout  de  l'année  de  son 
décès,  laissant  à  la  discrétion  et  prudence  de  son  ou  ses  exé- 
cuteurs testamentaires  cy-après  nommés,  à  faire  les  dépen- 
ses raisonnables  qu'il  conviendra  faire  pour  les  susdits  ser- 
vices du  jour  de  l'inhumation  et  celui  anniversaire. 

Quatrièmement  —  Veut,  ordonne  et  désire  le  dit  testa- 
teur, qu'aussitôt  après  son  décès  à  la  diligence  de  ses 
exécuteurs  testamentaires  ci-après  nommés  il  soit  chanté 
pour  le  repos  de  son  âme  quatre  services  simples,  savoir  un 
aux  Ursulines  de  Québec,  un  à  l'Hôtel-Dieu  aussi  de  Qué- 
bec, un  à  l'Hôpital-Général  et  un  dans  la  chapelle  du  village 
de  Capsa,  dédiée  à  saint  Vandemial,  évêque  de  Capsa,  et 
qu'icelui  dernier  service  soit  chanté  le  jour  et  fête  du  saint 
Vandemial  si  faire  se  peut. 

Cinquièmement — Veut  et  entend  le  dit  testateur  que 
le  jour  de  son  inhumation,  il  soit  distribué,  par  ses  exécu- 
teurs testamentaires  ci-après  nommés,  à  tels  prêtres  qu'ils 
jug-eront  à  propos  pour  être  dites,  aussitôt  qu'il  sera  possi- 
ble des  basses  messes  de  requiem  pour  le  repos  de  l'âme  du 
testateur  une  somme  de  trente-six  livres  de  vingt  sols. 

Sixièmement  — Donne  et  lègue  le  dit  testateur  à  l'oeu- 
vre et  Fabrique  de  Saint-François  de  Sales  de  Neuville  de 
la  Pointe-aux-Trembles  deux  flambeaux  ou  chandelliers 
d'argent  et  un  calice  aussi  d'arg-ent  qui  lui  appartiennent  ,' 
lesquels  flambeaux  et  calice  seront  livrés  aussitôt  après  le 
décès  de  lui  testateur  par  les  dits  exécuteurs  testamentaires 
aux  marguilliers,de  l'oeuvre  de  la  dite  fabrique,  qui  seront 


—  267  — 

tenus  et  obligés  de  prêter  sans  aucun  profit  le  dit  calice  seu- 
lement au  curé  desservant  la  dite  chapelle  du  village  de 
Capsa,  toutes  et  chaque  fois  qu'il  ira  célébrer  la  sainte  mes- 
se, et  ce  jusqu'à  ce  que  les  habitants  du  dit  village  Capsa, 
s'en  soient  pourvu  d'un  à  leur  compte. 

Septièmement  —  Donne  et  lègue  le  dit  testateur  à  la 
dite  chapelle  de  Capsa  un  missel  couverture  en  cuir. 

Huitièmement  —  Désire  et  ordonne  le  dit  testateur 
qu'un  soleil,  une  boîte  aux  Saintes  Huiles,  et  un  calice,  le 
tout  d'argent,  qu'il  a  entre  ses  mains  soient  remis  entre  les 
mains  de  monseigneur  l'évêque  de  Québec  comme  apparte- 
nant à  la  mission  des  Etchemins  dont  le  dit  testateur  prie 
bien  le  dit  Evêque  de  Québec  de  l'en  charger  et  de  tâcher 
que  ces  vases  soient  appliqués  et  retournent  au  profit  de  la 
dite  mission. 

Neuvièmement  —  Donne  et  lègue  en  pleine  propriété 
et  à  perpétuité  à  la  mission  régie  aujourd'hui  par  le  Révé- 
rend Mons.  Jones,  missionnaire  à  Halifax,  et  à  ses  succes- 
seurs catholiques,  apostolique  et  romain,  la  rente  de  trente 
livres  sterling  par  chacune  année  au  capital  de  mille 
livres  sterling,  due  au  testateur  par  chacune  année,  sur  la 
banque  de  Londres,  sur  le  tau  de  trois  par  cent,  le  capital 
de  laquelle  rente,  cy-desus  léguée  ne  pourra  être  touché  et 
reçu  par  le  dit  Révérend  Mons.  Jones  ou  ses  supérieurs  ca- 
tholiques comme  dit  est,  qu'à  la  charge  par  lui  ou  ses  dits 
successeurs,  de  faire  remplir  le  dit  capital  de  mille  livres 
sterling,  sur  des  biens  fonds  et  héritages,  soit  à  constitu- 
tion de  rente,  ou  autrement  à  tel  intérêt  que  la  loi  leur  per- 
mettra, pour  icelui  intérêt  du  dit  capital  être  employé  à  per- 
pétuité au  soutien  et  maintien  d'im  missionnaire  catholique, 
apostolique  et  romain  en  la  dite  mission  remplie  et  régie 
aujourd'hui  par  le  dit  Révérend  Mons.  Jones,  le  présent  legs 
ainsi  fait  à  la  charge  par  le  dit  Révérend  Mon.  Jones  ou  ses 
successeurs  catholiques,  en  la  dite  mission,  de  dire,  dans 
rétendue  d'icelle  mission,  dans  l'espace  de  deux  années  à 
compter  du  jour  du  décès  du  dit  testateur,  la  quantité  de 
deux  cents  messes  basses  de  requiem  qui  seront  dites  une 
fois  pour  tout  à  l'intention  et  pour  le  repos  de  l'âme  de  lui 


—  268  — 

dit  testateur,  car  telle  est  sa  volonté. 

Dixièmement  —  Donne  et  lègue  le  dit  testateur  à  Dame 
Félivité  Bailly  sa  soeur,  épouse  de  Monsieur  Martigny,  une 
somme  de  cinq  cents  livres  de  ving  sous  une  fois  payée, 
laquelle  dite  somme  sera  payée  et  délivrée  à  la  dite  Dame 
Félicité  Bailly  un  an  après  le  décès  du  dit  testateur  par 
ii'Ionsieur  Beauchamp,  de  Varennes,  suivant  les  termes  et 
clauses  du  contrat  d'acquisition  du  dit  Beauchamp  de  la 
terre  que  lui  a  vendue  le  dit  testateur,  en  date  des  jour  et 
an  y  contenus. 

Onzièmement  —  Donne  et  lègue  le  dit  testateur  à  Do- 
nald McDonald,  son  domestique,  qui  l'a  servi  avec  fidélité 
et  assiduité  depuis  plus  de  neuf  années  consécutives,  une 
somme  de  sept  cent  vingt  livres  de  vingt  sols  une  fois  payée, 
et  dans  le  cas  qu'il  se  trouva  du  reste,  après  les  dettes  et 
legs  ci-dessus  prélevés  et  payés  sur  la  masse  des  biens  du 
dit  testateur,  icelui  testateur  donne  et  lègue  en  outre  au  dit 
MacDonald,  son  dit  domestique,  une  autre  somme  de  deux 
cent  quarante  livres  de  vingt  sols,  aussi  une  fois  payée, 
icelles  deux  sommes  payables  au  dit  Donald  MacDonald  par 
les  dits  exécuteurs  testamentaires,  six  mois  après  le  décès 
du  dit  testateur,  bien  entendu  toutefois  que  s'il  ne  se  trou- 
vait pas  assez  de  biens  pour  remplir  les  dites  deux  sommes 
ci-dessus  léguées,  icelui  Donald  MacDonald  ne  pourra  exi- 
ger que  celle  de  sept  cent  vingt  livres  de  vingt  sols.  Et  en 
outre  veut  et  entend  le  dit  testateur,  qu'après  son  décès, 
le  dit  Donald  MacDonald  ait  un  habillement  complet  de 
deuil  aux  frais  et  dépens  de  la  succession  de  lui  testateur; 
lès  legs  ci-dessus  faits  au  dit  Donald  MacDonald  pour  le 
récompenser  des  bons  services  qu'il  a  rendus  au  dit  testa- 
teur ou  qu'il  lui  rend  encore  journellement,  espérant  le  dit 
testateur  que  le  dit  Donald  MacDonald  lui  en  conservera 
de  la  reconnaissance  et  qu'il  ne  l'oubliera  à  l'avenir  dans  ses 
prières,  si  toutefois  Dieu  lui  fait  la  grâce  de  conserver  la 
religion  catholique,  apostolique  et  romaine. 

Douzièmement  —  Donne  et  lègue  le  dit  testateur  à 
Monsieur  Gazelle  présentement  chapelain  à  l'Hôpital-Gé- 
néral  son  bréviaire  en  quatre  volumes  in- 12. 


...  269  — 

Et  quant  au  surplus  de  tous  les  biens  meubles  et  im- 
meubles du  dit  testateur,  si  surplus  y  a,  les  dettes  et  legs 
ci-dessus  pa3-és,  et  que  le  dit  testateur  délaissera  au  jour  de 
son  décès,  en  quelques  lieux  qu'ils  soient  situés  et  à  quelques 
sommes  qu'ils  puissent  se  monter,  sans  aucune  exception 
ni  réserve  en  façons  quelconques,  le  dit  testateur  autorisé 
par  les  lois  en  force  en  ce  pays,  les  donne  et  lègue  en  toute 
propriété  aux  pauvres  des  deux  paroisses  de  Saint-François 
de  Sales  de  la  Pointe-aux-Trembles  et  Saint-Jean-Baptiste 
des  Ecureuils,  lesquels  dits  pauvres  le  dit  testateur  institue 
ses  légataires  universels.  Laissant  le  dit  testateur  la  distri- 
bution du  dit  legs  universel  aux  dits  pauvres  ou  du  dit 
surplus,  si  surplus  y  a,  à  ses  dits  exécuteurs  testamentaires, 
auxquels  le  dit  testateur  se  rapporte  entièrement  pour  cet 
objet.  Pour  par  les  dits  pauvres  jouir  du  dit  surplus,  tel 
qu'il-  leur  sera  distribué  par  les  dits  exécuteurs  testamen- 
taires en  pleine  propriété  et  à  perpétuité  du  jour  du  décès 
du  dit  testateur. 

Et  pour  exécuter  et  accomplir  le  présent  testament  k 
dit  testateur  a  nommé  pour  ses  exécuteurs  testamentaires 
les  personnes  de  Monsieur  Louis  Langlois-Germain,  négo- 
ciant, à  Québec,  et  Pierre-Louis  Deschenaux,  Ecuier,  no- 
taire, au  dit  Québec,  ses  deux  bons  amis  qu'il  prie  de  vouloir 
bien  .en  prendre  la  peine  et  lui  rendre  ce  dernier  service 
d'amitié,  entre  les  mains  desquels  exécuteurs  testamentai- 
res, le  dit  testateur  se  dessaisit  de  tous  ses  biens  suivant  la 
coutume,  révoquant  tous  autres  testaments  et  codiciles 
qu'il  pourrait  avoir  fait  avant  le  présent  duquel  seul  il  s'ar- 
rête comme  étant  sa  dernière  volonté. 

MISERERE  MEI  DEUS 

Ce  fut  ainsi  fait,  dicté  et  nommé  par  le  dit  testateur  au 
dit  lieu  de  Saint-François  de  Sales  de  Neuville  de  la  Pointe- 
aux-Trembles, susdite  maison  presbytérale,  et  susdite 
chambre,  au  dit  maître  Larue,  notaire,  les  dits  témoins  pré- 
sents, les  jour  et  an  susdits,  en  présence  de  messire  Michel 
Beriau,  prêtre  et  curé  de  la  paroisse  de  Saint-Augustin,  et 
Jacques  Garneau  capitaine  des  milices  du  dit  lieu  de  Neu- 


-270  — 

ville,  témoins  soussignés,  pour  ce  exprès  mandés  et  appelles. 
Et  après  que  le  présent  testament  a  été  lu  et  relu  par  le  dit 
notaire  soussigné,  les  dits  témoins  présents,  au  dit  testa- 
teur, a  déclaré  avoir  icelui  bien  entendu  et  compris  et  y  a 
persisté  comme  étant  sa  vraie  et  dernière  volonté.  Et  a  le 
dit  testateur  signé  avec  les  dits  témoins  et  nous  dit  notaire, 
tant  en  fin  qu'au  bas  de  chaque  page,  après  lecture  faite  et 
refaite.  Ainsi  signé  sur  la  minutes  demeurée  en  l'étude  du 
notaire  soussigné  —  Charles-François,  Ev.  de  Capse  —  Mi- 
chel Beriau,  prêtre  —  J.  Garnaud  —  Et  de  nous  notaire 
soussigné  F.  X.  Larue. 

Et  le  quatorze  du  dit  mois  d'avril  une  heure  de  relevée 
de  la  dite  année  mil  sept  cent  quatre-vingt-quatorze,  ayant 
été  mandé  par  Sa  Grandeur  Monseigneur  Charles-François 
évêque  de  Capsa,  testateur  dénommé  aux  autres  parts,  nous 
notaire  public  susdit  et  soussigné,  accompagné  des  témoins 
cy-après  nommés  et  soussignés  nous  sommes  transportés 
en  la  maison  presbytérale  et  chambre  susdites,  où  étant, 
avons  trouvé  le  dit  Charles-François  évêque  de  Capsa,  assis 
dans  son  fauteuil,  sain  d'esprit,  de  mémoire  et  entendement 
comme  il  est  apparu  aux  dits  notaire  et  témoins  soussignés. 
Lequel  dit  Charles-François,  évêque  de  Capsa,  a  dicté  et 
nommé  au  dit  notaire  soussigné,  les  dits  témoins  présents, 
ce  qui  suit  : 

Premièrement  —  Déclare  le  dit  Charles-François,  évê- 
que de  Capsa,  testateur  qu'il  veut  et  entend,  qu'après  son 
décès,  sa  mitre  d'étoffe  d'or  soit  remise  aux  Dames  Reli- 
gieuses de  l'Hôpital-Général  de  Québec,  à  qui  le  dit  testa- 
teur donne  la  dite  mitre,  et  les  remercie  de  la  générosité 
qu'elles  ont  eue  à  son  ég-ard,  de  lui  en  avoir  fait  présent 
lorsqu'il  a  été  reçu  et  sacré  à  l'épiscopat. 

Secondement  —  Donne  et  lègue  le  dit  testateur  aux 
Dames  religieuses  Ursulines  de  Québec  sa  mitre  d'étoffe 
d'argent  desquelles  il  Fa  reçue  en  présent  et  pourquoi  le  dit 
testateur  les  remercie  sincèrement. 

Troisièmement  —  Et  quantes  aux  autres  ustenciles 
épiscopaks,  comme  bassins  oillières,  bougeoirs,  croix  d'or 
et  d'argent,  bagues  et  autres  effets  qui  peuvent  avoir  rap- 


...  271  — 

port  à  l'épiscopat,  y  comprise  l'étoile  de  saint  Charles,  le 
dit  Monseigneur  Charles-François,  évêque  de  Capsa,  dé- 
clare qu'il  veut,  entend  et  ordonne  que  le  tout  soit  remis 
à  Sa  Grandeur  Monseigneur  Jean-François,  évêque  de  Qué- 
bec, pour  par  Sa  Grandeur  en  disposer  à  sa  volonté,  sans 
qu'elle  soit  tenue  d'en  rendre  aucun  compte  à  qui  que  ce 
soit. 

Quatrièmement  —  Veut  et  ordonne  et  entend  le  dit  tes- 
tateur qu'aussitôt  après  son  décès  tous  ces  papiers,  écrits 
et  pièces,  principalement  ceux  qui  concernent  son  état  ec- 
clésiastique à  l'exception  toutefois  des  titres  qui  concernent 
ses  propriétés  temporelles,  qui  demeureront  entre  les  mains 
de  ses  exécuteurs  testamentaires,  soient  remis  entre  les 
mains  de  Messire  Thomas  Bédard,  prêtre  et  supérieur  du 
séminaire  de  Québec,  ou  à  son  successeur  que  le  dit  testa- 
teur prie  bien  de  vouloir  se  charger  des  dits  papiers. 

Et  quant  au  dit  testament  des  autres  parts,  le  dit  Char- 
les-François, évêque  de  Capsa,  testateur,  veut  et  entend 
qu'il  soit  exécuté  selon  sa  pleine  forme  et  teneur,  ainsi  que 
ce  présent  codicile  qui  n'est  qu'une  adition  au  dit  testament. 

Ce  fut  ainsi  fait  dicté  et  nommé  par  le  dit  testateur  au 
dit  maître  Larue.  notaire  soussigné,  les  jour,  an,  lieux  et 
heures  susdits  en  présence  de  messire  Pierre-Nicolas  Laba- 
die,  prêtre,  et  curé  en  la  paroisse  de  Deschambault,  étant 
de  présent  à  Neuville,  et  Charles  Garneau  fils  aussi  résidant 
au  dit  Neuville,  témoins  pour  ce  exprès  mandés  qui  ont  signé 
avec  le  dit  testateur  et  nous  dit  notaire  soussigné  après  lec- 
ture faite  et  refaite.  Ainsi  signé  sur  la  minute  demeurée  en 
l'étude  du  notaire  soussigné  —  Charles-François  de  Capse 
—  Labadie  Ptre  —  Charles  Garneau  —  et  de  nous  notaire 
soussigné  F.  X.  Larue,  N.  P. 

CATHERINE-Cx\ROLINE- ADELAÏDE  BAILLY  DE 
MESSEIN  -^  At  the  church  of  SS.  Peter  and  Paul  yester- 
day  the  funeral  of  Catherine-Caroline-Adélaïde  Bailly  de 
Messein,  relict  of  the  late  Thomas  Chase,  took  place.  Her 
death  occurred  Jûly  30th  at  the  résidence  of  her  daughter 
and  only  child,  i\Irs.  Dr.  C.-E.  Casgrain,  in  Windsor,  Ont. 
The  deceased  lady  was  in  her  78th  year,  and  more  than 


—  272  -- 

fifty  years  of  her  life  were  spent  in  Détroit.  For  the  very 
interesting  narration  of  her  career,  which  foUows,  THE 
FREE  PRESS  is  indebted  to  Mr.  R.-R.  EUiot,  who  knew 
the  vénérable  lady  well. 

Rarely  has  the  church  been  called  upon  to  chant  the 
requiem,  and  to  offer  the  holy  sacrifice  for  the  eternal  wel- 
fare  of  the  soûl  of  more  distinguished  dead,  than  upon  this 
occasion. 

Mrs.  Chase  was  of  the  aristocracy  of  Lower  Canada, 
where  direct  descent  from  the  French  noblesse  of  the  se- 
venteenth  and  eighteenth  centuries  still  constitutes  a  dis- 
tinctives  class  of  refined  and  cultivated  society. 

Her  death,  so  closely  following  that  of  the  late  C.  C. 
Trowbridge,  severs  another  link  in  the  historié  chain  which 
connects  the  présent  with  a  period  in  this  city's  eventful 
history  traversing  back  more  than  half  a  century. 

As  a  bride  of  Thomas  Chase,  then  a  prominent  mer- 
chant,  she  came  with  the  attractions  of  her  youth  and  beau- 
ty,  softened  and  toned  by  her  couvent  éducation,  and  po- 
lished  in  the  French  salons  of  Québec  to  make  her  home  in 
the  City  of  Détroit  while  Michigan  was  yet  a  Territory. 
At  that  early  day  Détroit  was  already  noted  for  the  refine- 
ment  and  culture  of  its  social  circles,  in  which  the  young 
wife  soon  attained  a  celebrity  corresponding  to  her  worth. 

Among  the  prominent  families  native  hère  she  found 
a  congenial  élément,  an  affinity  in  the  religion,  language 
and  life  in  which  she  had  been  reared,  and  with  which  was 
soon  formed  an  acquaintance  that  ultimately  ripened  into 
a  close  social  relationship  lasting  through  life.  When  the 
Roman  Dr.  Frédéric  Rézê  became  first  Bishop  of  Détroit, 
among  this  assistants  w^ere  Rev.  Francis  Vincent  Badin,  of 
France,  Martin  Kundig,  of  Germany,  and  Bernard  O'Ca- 
vanagh,  of  Ireland.  Under  the  auspices  of  such  men,  each 
in  this  way  celebrated  for  piety,  learning  and  éloquence,  the 
Catholic  Church  hère  began  its  first  progressive  movement 
in  religion,  éducation  and  benevolence.  In  founding  insti- 
tutions of  learning  and  charity  the  Church  was  nobly  as- 
sisted  by  the  city,  but  by  no  one  individual  more  than  by 


—  273  — 

Mrs.  Chase.  She  was  one  of  the  many  warm  personal 
friends  of  Fathcr  Kiindig,  the  apostle  of  charity  in  Détroit 
and  founder  of  the  first  orphan  asylum  hère.  She  shared 
in  his  labors  and  aided  him  with  money  in  his  heroic  efforts 
to  provide  a  refuge  for  the  orphans  cast  upon  the  world  by 
the  choiera  which  had  been  particularly  severe  in  Détroit. 
Only  those  who  are  familiar  with  the  history  of  thèse 
events  can  form  an  idea  of  the  many  difficulties  encoun- 
tered  and  overcome  by  Father  Kundig  in  his  beneficent  ef- 
forts. Prelate  and  priests  aHke,  and  nearly  ail  the  kity  of 
that  time  hâve  passed  from  this  life,  but  their  works  which 
fornied  the  foundation  of  the  structure  of  the  présent  day 
hâve  not  been  forgotten. 

Thomas  Chase  was  a  prominent  man  in  the  political 
circles  of  the  time,  though  never  an  office  seeker.  He  was 
on  terms  of  intimate  friedship  with  Gov.  Mason,  and  his 
Démocratie  successors  and  supporters. 

The  Législature  held  annual  sessions  in  the  Capitol, 
now  the  High  School;  the  terms  of  the  Suprême  Court 
were  held  hère,  and  each  winter  brought  from  ail  the  settled 
portions  of  the  young  State  the  most  talented  of  her  citi- 
zens.  The  '"National",  which  occupied  the  site  of  the  Russel 
House,  was  the  hôtel  where  the  pioneer  statesmen  anà 
jurists  congregated.  This  was  the  home  of  Thomas  Chase. 
Jv  few  old  citizens,  and  perhaps  fewer  ladies  survive  who 
were  familiar  with  this  historié  resort  at  the  time  referred 
to.  Upon  festive  occasions  when  the  spacious  parlors  were 
opened,  warmed  by  broad  hearths  in  which  a  pile  of  hickory 
logs  blazed  and  sparkled,  the  scène  was  peculiar  to  the  pla- 
ce. Hère  were  gathered  at  such  times  than  manhood  and 
beauty  of  the  State.  Nos  unfrequently  might  be  seen  the 
blue  uniform'  of  the  American,  side  by  side  with  the  bright 
scarlet  of  the  British  officer.  Right  nobly  and  queen-like 
did  Mrs  Chase  grâce  thèse  gatherings,  admired  and  courted 
among  the  many  beautiful  women  moving  in  the  society 
of  that  day. 

Summer  does  not  always  linger  in  the  season  of  life, 
and  it  was  so  with  that  of  Mrs.  Chase.    A  maladv.  unac- 


-.  274  — 

countable  in  its  origin,  overtook  her  husband.  He  became 
unfîtted  for  business  and  was  subsequently  a  bedridden  in- 
valid.  Reverses  too,  were  experienced.  It  was  then  that 
the  wife  became  the  affectionate  nurse  in  that  long  and 
uncertain  illness.  Years  of  assiduous  care  saved  him,  and 
with  his  recovery  foUowed  bis  conversion  to  the  wife's  own 
faith  and  crow^ned  her  happiness  in  the  double  resuit.  So 
in  nature  years  this  happy  couple  lived  and  reared  an  ac-^ 
complished  daughter,  w^hose  happy  and  fruitful  marriage 
added  to  the  happiness  of  their  own  declining  years.  Death 
canîe  at  last,  and  Thomas  Chase  passed  from  this  life.  His 
widow  survived  him  many  years,  living  quietly  now  with 
her  daughter  and  grand-children,  and  again  with  the  few 
surviving  friends  of  her  youth.  In  her  old  âge  she  was  as 
lovely  of  character  of  when,  bright  and  beautiful,  she 
charmed  her  many  friends.  Her  piety  was  without  osten- 
tation, and  her  charitable  deeds  were  circuscribed  only  by 
her  means.  Peacefully  and  gently  she  passes  away,  and 
with  her  ended  the  life  of  a  lovely  Christian  woman,  one  of 
the  brightest  and  most  interesting  of  the  pioneer  women  of 
Détroit.  Those  of  her  own  fait  will  join  in  the  prayer 
"Requiescat  in  pace."       (Détroit   Free   Press,   August   4, 

1883). 


QUESTIONS 


Y  a-t-il  encore  des  Martel  de  Brouague  au  Canada  ?  En  quelle  année 
le  premier  Martel  de  Brouague  passa-t-il  ici  ?  De  quelle  partie  de  la  France 
France  était-il  originaire  7     Où  est-il  mort  ? 

XXX 

—  Quand  a-t-on  commencé  à  exploiter  les  mines  de  la  Baie  Saint-Paul  ? 

BAYE 

—  Est-il  prouvé  qu'il  y  a  eu  un  chantier  de  construction  royale  sur  les 
grèves  de  l'île  d'Orléans  sous  le  régime  français  ? 

INSUL  << 

—  Le  pilotage  était-il  réglementé  sous  le  régime  français  ? 

MARIN 


—  275  —   • 

Les  boeufs  illinoiâ 


Une  trentaine  d'années  avant  la  fin  du  régime  français  au  Canada,  des 
efforts  furent  faits  pour  amener  des  boeufs  illinois  dans  la  colonie.  On  ne  put 
exécuter  le  projet,  mais  il  convient  tout  de  même  de  le  noter. , 

Nous  trouvons  dans  les  Relations  des  Jésuites  d'amples  détails  sur  ces 
boeufs  illinois  qui,  dans  le  premier  quart  du  dix-huitième  siècle,  étaient  si  nom- 
breux dans  le  pays  des  Illinois  que  deux  chasseurs  canadiens  de  la  Nouvelle- 
Orléans  en  tuèrent  plus  de  480  dans  ime  seule  saison  de  chasse. 

La  Relation  des  Jésuites  de  1  670-1  671 ,  parlant  du  pays  des  Illinois,  dit: 

"  C'est  aussi  parmi  ces  gras  pâturages  que  se  retrouvent  des  buffles  qu'on 
appelle  Pifikiou  qui  ont  beaucoup  de  rapport  à  nos  taureaux,  pour  la  grandeur 
et  la  force,  mais  qui  les  surpassent,  premièrement  en  leurs  portées,  car  les  femelles 
se  déchargent  chaque  fois  de  trois  et  quatre  petits  tout  ensemble.  Secondement 
pour  leurs  cornes  qui  de  vrai  sont  toutes  semblables  à  celles  de  nos  boeufs  en 
figure  et  en  couleur,  mais  qui  sont  une  fois  grandes  étant  longues  près  de  deux 
pieds,  quand  les  bêtes  sont  un  peu  âgées;  et  troisièmement  pour  le  poil,  qu'ils 
ont  gros,  velu,  noirâtre  et  tirant  un  peu  sur  celui  des  moutons,  mais  beaucoup 
plus  fort  et  plus  épais;  aussi  en  fait-on  des  robes  et  des  fourrures  qui  défendent 
contre  le  froid  plus  que  toutes  les  autres  de  ce  pays  ;  la  chair  en  est  excellente 
et  la  graisse  mêlée  avec  la  folle  avoine  fait  le  mets  le  plus  délicat  de  ce 
pays  "  (  1  ) . 

Le  Père  Marquette,  dans  le  récit  de  son  premier  voyage  vers  le  nouveau 
Mexique  en   1673,  parle  ainsi  des  boeufs  illinois  : 

"  Nous  les  appelons  boeufs  sauvages  parce  qu'yls  sont  bien  semblables 
à  nos  boeufs  domestiques,  ils  ne  sont  pas  plus  longs,  mais  ils  sont  près  d'ime 
fois  plus  gros  et  plus  corpulents  ;  nos  gens  en  ayant  tué  un  trois  personnes  avaient 
bien  de  la  peine  à  le  remuer,  ils  ont  la  tête  fort  grosse,  le  front  plat  et  large  d'un 
pied  et  demi  entre  les  cornes  qui  sont  entièrement  semblables  à  celles  de  nos 
boeufs,  mais  elles  sont  noires  et  beaucoup  plus  grandes.  Ils  ont  sous  le  col 
comme  une  grande  falle,  qui  pend  en  bas  et  sur  le  dos  une  bosse  assez  élevée. 
Toute  la  tête,  le  col,  et  une  partie  des  épaules  sont  couvertes  d'un  grand  crin 
comme  celui  des  chevaux.      C'est  ime  hûre  longue  d'un  pied,  qui  les  rend 


(  I  )      The  Jesuit  relations  and  allied  documents,  vol.  LX,  p.  1 94. 


...  276  — 

hideux  et  leur  tombant  sous  les  yeux  les  empêche  de  voir  devant  eux  :  le  reste 
du  corps  est  revêtu  d'un  gros  poil  frisé  à  peu  près  comme  celui  de  nos  moutons, 
mais  bien  plus  fort  et  plus  épais,  il  tombe  en  été  et  la  peau  devient  douce  comme 
du  velours.  C'est  pour  lors  que  les  Sauvages  les  emploient  pour  s'en  faire  de 
belles  robes  qu'ils  peignent  de  diverses  couleurs;  la  chair  et  la  graisse  des  pisi- 
kious  est  excellente  et  fait  le  meilleur  mets  des  festins.  Au  reste  ils  sont  très 
méchants  et  il  ne  se  passe  point  d'année  qu'ils  ne  tuent  quelques  Sauvages. 
Quand  on  vient  les  attaquer,  ils  prennent  s'ils  peuvent  un  homme  avec  leurs 
cornes,  l'enlèvent  en  l'air,  puis  ils  le  jettent  contre  terre,  le  foulent  des  pieds  et 
le  tuent.  Si  on  tire  de  loin  sur  eux  ou  de  l'arc  ou  du  fusil,  ils  faut  sitôt  après 
le  coup  se  jeter  à  terre  et  se  cacher  dans  l'herbe,  car  s'ils  aperçoivent  celui  qui 
a  tiré,  ils  courent  après  et  le  vont  attaquer.  Comme  ils  ont  les  pieds  gros  et 
assez  courts  ils  ne  vont  pas  bien  vite,  pour  l'ordinaire,  si  ce  n'est  lorsqu'ils  sont 
irrités.'  Ils  sont  épars  dans  les  prairies  comme  des  troupeaux.  J'en  ai  vu  une 
bande  de  400"  (2). 

Dans  une  lettre  datée  le  9  novembre  1712,  "aux  CascasKias",  village 
illinois,  autrement  dit  de  l'Immaculée  Conception  de  la  Sain  te- Vierge,  le  Père 
Jésuite  Gabriel  Marest  écrivait  à  son  confrère  le  Père  Germon  : 

"  La  rivière  des  Illinois  se  décharge  dans  le  Mississipi,  vers  le  39e  degré 
de  latitude  :•  elle  a  environ  150  lieues  de  longueur,  et  ce  n'est  guère  que  vers 
le  printemps  qu'elle  est  bien  navigable.  Elle  court  au  sud-ouest,  et  vient  du 
nord-est.  Les  campagnes  et  les  prairies  sont  toutes  couvertes  de  boeufs,  de 
chevreuils,  de  biches,  de  cerfs  et  d'autres  bêtes  fauves"   (3). 

Le  Père  Jésuite  Rasle,  racontant  à  un  de  ses  frères  le  voyage  qu'il  venait 
de  faire  au  pays  des  Illinois,  lui  écrivait  le  12  octobre   1723  : 

"  Les  ours  et  les  cerfs  y  sont  en  très-grande  quantité.  On  y  voit  aussi 
une  infinité  de  boeufs  et  de  chevreuils  ;  il  n'y  a  point  d'année  qu'on  ne  tue  plus 
de  mille  chevreuils,  et  plus  de  deux  mille  boeufs:  on  voit  dans  des  prairies  à 
perte  de  vue  des  quatre  à  cinq  mille  boeufs  qui  y  paissent.  Ils  ont  une  bosse 
sur  le  dos,  et  la  tête  extrêmement  grosse.  Leur  p>oil,  excepté  celui  de  la  tête, 
est  frisé  et  doux  comme  de  la  laine;  la  chair  en  est  naturellement  salée,  et  elle 
est  si  légère,  que  bien  qu'on  la  mange  toute  crue,  elle  ne  cause  aucune  indiges- 
tion. Lorsqu'ils  (les  Illinois)  ont  tué  un  boeuf  qui  leur  paraît  trop  maigre, 
ils  se  contentent  d'en  prendre  la  langue,  et  en  vont  chercher  un  plus  gras  "  (4). 


(2)  The  Jesuit  relations  and  allied  documents,  vol.  LIX,  p.   110. 

(3)  The  Jesuit  relations  and  allied  documents,  vol.   LXVI,  p.  224. 

(4)  The  Jesuit  relations  and  allied  documents,  vol.  LXVII,  p.   168. 


...  277  — 

Pendant  un  bon  nombre  d'années  les  boeufs  ilinois  aidèrent  à  faire  sub- 
sister partie  de  la  population  de  la  Louisiane.  Les  chasseurs,  sur  la  fin  de  l'été, 
remontaient  le  Mississipi  jusqu'à  deux  ou  trois  cents  lieues  pour  faire  la  tuerie 
des  boeufs  illinois.  Ils  passaient  tout  l'hiver  dans  cette  région  et  revenaient  le 
printemps  suivant  avec  quantité  de  viandes  salées. 

On  fit  une  telle  destruction  des  boeufs  illinois  que  dès  I  749  on  constatait 
leur  rareté  dans  le  pays  des  Illinois. 

Dans  la  relation  de  son  voyage  à  la  Belle-Rivière  avec  M.  de  Céloron, 
eu  1  749,  le  Père  de  Bonnécamps  écrivait  : 

**  Je  vous  dirai  seulement  qu'on  a  enterré  trois  lames  de  plomb  à  l'em- 
bouchure de  trois  différentes  rivières  dont  la  1  ère  se  nomme  Kamononouaora, 
!a  deuxième  JenanguéKona  et  la  3e  Chinidaichta.  C'est  aux  environs  de  cette 
dernière  rivière  que  nous  avons  commencé  à  voir  des  boeufs  illinois;  mais  là 
et  ailleurs  ils  étaient  en  si  petite  quamtité  qu'à  peine  a-t-on  pu  tuer  une  vingtaine; 
encore  fallait-il  aller  les  chercher  bien  avant  dans  les  bois.  On  nous  avait  ce- 
pendant assuré  en  partant  qu'à  chaque  pointe  nous  les  trouverions  par  centaines, 
et  que  les  langues  seules  de  ceux  que  nous  devions  tuer  suffiraient  p>our  nourrir 
le  détachement.  Ce  n'est  pas  la  première  fois  que  j'ai  éprouvé  que  l'hyperbole 
et  l'exagération  étaient  des  figures  familières  aux  Canadiens  "   (5). 

C'est  en  1727  que  MM.  Cugnet  et  Gatineau  proposèrent  à  l'intendant 
Dupuy  d'acclimater  les  boeufs  illinois  dans  la  colonie.  Le  mémoire  qu'ils  sou- 
mirent à  M.  Dupuy  n'a  pas  été  conservé.  Celui-ci  alors  occupé  par  ses  démêlés 
Hvec  les  chanoines  de  Québec  ne  prêta  pas  une  grande  attention  au  projet.  Il 
le  soumit  toutefois  au  ministre  mais  il  ne  prit  pas  même  la  peine  de  lui  envoyer 
le  mémoire  de  MM.  Cugnet  et  Gatineau. 

Le  1 5  octobre  1  730,  MM.  de  Beauhamois  et  Hocquart  écrivaient  au 
ministre  : 

"  Nous  avons  reçu  la  lettre  que  vous  nous  avez  fait  l'honneur  de  nous 
écrire  le  5  may  dernier  par  laquelle  vous  nous  demandés  compte  du  projet  dont 
M.  Dupuy  vous  a  écrit  il  y  a  trois  ans  sur  les  boeufs  illinois. 

"Le  mémoire  qui  avoit  esté  remis  à  M.  Dupuy  a  esté  communiqué  l'hyver 
dernier  à  M.  Hocquart  par  led.  Sr  Cugnet  et  le  S.  Gatineau  voyageur  qui  se 
charge  d'aller  chercher  ces  animaux  et  d'en  amener;  c'est  l'homme  du  pays 
le  plus  capable  d'y  réussir,  nous  croyons  que  ce  projet  mérite  effectivement  d'estre 
suivy.  et  que  la  réussite  en  seroit  avantageuse  à  la  colonie  par  les  laines  qu'on 


(5)      The  Jesuii  relations  and  allîed  documents,  vol.  LXIX.  p.  1  78. 


...  278  — 

en  retireroit,  supposé  qu'elles  puissent  estre  employées  dans  les  manufactures  du 
Royaume. 

"  Dans  cet  esprit  nous  offrimes  au  Sr  Gatineau  dans  la  conférence  que 
nous  eûmes  avec  luy  sur  cela,  mil  livres  pour  contribuer  à  cette  dépense,  à  con- 
dition qu'il  s'obligerait  d'amener  à  Québec  ou  à  Montréal,  quatre  de  ces  ani- 
maux mâles  et  femelles,  il  ne  voulût  pas  accepter  cette  proposition  et  nous 
représenta  qu'il  ne  pouvoit  pas  risquer  un  voyage  aussi  difficile  au  hazard  d'y 
perdre  sa  dépense  et  ses  peines,  dont  il  ne  seroit  p)oint  dédommagé  en  aucune 
façon  s'il  ne  réussissoit  point,  mais  qu'il  étoit  prest  de  s'y  engager  si  nous  vou- 
lions lui  procurer  le  privilège  et  les  conditions  portées  au  mémoire  qui  nous 
a  esté  remis  par  le  Sr  Cugnet  et  que  nous  avons  l'honneur  de  vous  envoyer  cy- 
joint.  Vous  jugerez.  Monseigneur,  par  la  lecture  de  ce  mémoire  que  la  certi- 
tude des  avantages  qui  y  sont  détaillés  dépend  de  sçavoir 

"  Premièrement  si  les  boeufs  illinois  pourront  vivre  et  s'élever  en  Canada. 
En  second  lieu  si  les  laines  de  ces  boeufs  seront  propres  aux  manufactures. 
Pour  le  premier  objet,  il  y  a  lieu  de  croire  que  ces  animaux  vivront  en  Canada 
parce  qu'il  y  en  a  eu  dans  le  nord  des  pays  d'en  haut;  quelques  voyageurs  nous 
ont  seulement  dit  que  ces  animaux  s'apprivoisent  à  la  vérité  aisément,  lorsqu'ils 
sont  jeunes,  mais  qu'en  vieillissant  ils  devenoient  tristes  si  on  les  enfermoit  jus- 
qu'à en  mourir,  le  sr  Gatineau  et  plusieurs  autres  voyageurs  soutiennent  le 
contraire  on  ne  peut  avoir  sur  cela  aucune  certitude  jusqu'à  ce  qu'on  en  ait 
élevé. 

"  Nous  ne  croyons  point  que  le  changement  de  climat  fit  changer  la  laine 
de  ces  animaux,  au  contraire  il  paroist  certain  qu'ils  auront  la  laine  plus  fine 
et  plus  abondante  dans  un  pays  chaud;  on  a  amené  en, Canada  des  chèvres  des 
Isles  qui  ont  naturellement  le  poil  plus  ras  que  celles  de  France.  Ici,  elles  se 
sont  couvertes  l'hyver  d'une  soie  assés  longue  et  accompagnée  d'une  espèce  de 
duvet. 

"  Pour  le  second  objet  la  certitude  dépend  egallement  de  l'essay  qui  en 
seroit  fait.  Le  Sr  Cugnet  propose  de  faire  l'un  et  l'autre  essay  à  ses  frais.  Il 
demande  seulement  pour  ayder  aux  dépenses  qu'il  sera  obligé  de  faire  a  cet 
effet  deux  mil  livres  de  poudre  et  quatre  mille  livres  de  plomb  par  chaque  année 
pendant  dix  ans  à  la  charge  que  lad.  gratification  de  poudre  et  de  plomb  cessera 
dès  qu'il  aura  esté  recoimu  que  les  laines  ne  pourront  servir  aux  manufactures, 
ou  que  ces  animaux  ne  pourront  s'élever  en  Canada,  et  le  privilège  pendant 
cinquante  années  consécutives  de  faire  seul  exclusivement  le  commerce  desd. 
laines  aux  conditions  énoncées  aud.   mémoire,  lequel  contient  un  détail  assés 


—  279  ™ 

expliqué  des  avantages  résultans  de  la  réussite  de  ce  projet  et  des  motifs  d'ac- 
corder ce  qui  y  est  demandé. 

"  Nous  croyons.  Monseigneur,  que  la  proposition  du  S.  Cugnet  est  le 
moyen  le  plus  seur  de  parvenir  a  cet  établissement  avec  plus  de  solidité,  par  ce 
qu'une  entreprise  de  cette  nature  doit  estre  commencée  et  suivie  par  gens  entendus 
et  residens  dans  la  colonie;  une  compagnie  éloignée  seroit  mal  servie  par  des 
commis  et  la  seule  négligence  pourrait  faire  échouer  un  entreprise  d'ailleurs  bien 
concertée.  D'une  autre  côté,  ce  projet  doit  estre  suivy  par  une  compagnie,  par 
ce  que  si  on  laissoit  la  liberté  d'un  pareil  établissement  au  public,  il  n'y  auroit 
plus  à  compter  sur  la  même  solidité,  chaque  particulier  se  lassera  dès  qu'il  ne 
trouvera  pas  sur  le  champ  im  profit  considérable,  au  lieu  que  le  S.  Cugnet 
offrant  de  faire  venir  ces  animaux  en  Canada,  d'y  en  eslever,  et  laissant  la 
liberté  aux  habitans  d'en  prendre  ou  de  n'en  point  prendre,  on  doit  croire  qu'ils 
se  détermineront  d'eux-mêmes  à  en  élever  dès  qu'ils  connoîtront  le  pouvoir  faire 
avec  avantage  et  quand  même  ils  ne  s'y  détermineroient  pas,  la  compagnie  qui 
aura  le  privilège  ne  cesseroit  point  d'en  élever  ?  Il  paroist  aussi  que  cette  propo- 
sition coûtera  moins  à  Sa  Majesté  qu'aucune  autre  voye  dont  on  puisse  servir, 
la  gratiffication  de  poudre  et  de  plomb  ne  devant  subsister  qu'autant  que  la 
réussite  du  projet  deviendra  certaine,  le  succès  de  cet  établissement  dédomma- 
geroit  Sa  Majesté  de  la  poudre  et  du  plomb  qu'elle  auroit  avancé  par  les  droits 
de  sortie  sur  les  laines  qui  luy  sont  offerts  après  les  premières  dix  années  du 
privilège. 

"  Enfin,  nous  ne  voyons.  Monseigneur,  aucun  risque  de  l'accorder  par  ce 
qu'il  tombera  de  luy-même  si  le  projet  ne  réussit  pas.  Si  au  contraire  il  réussit 
il  paroist  juste  d'accorder  le  privilège  à  ceux  qui  en  ont  ouvert  la  proposition 
d'autant  plus  qu'il  procurera  la  solidité  de  cet  établissement  plus  qu'aucun  autre 
moyen.  Vous  aurez  agréable  de  nous  marquer.  Monseigneur,  que  s'il  est  pos- 
sible sans  une  dépense  exhorbitante  de  faire  venir  deux  ou  trois  animaux  de 
cette  espèce,  nous  pouvions  prendre  les  mesures  pour  en  faire  venir  six  ou  plus 
s'il  est  posisble  ;  comme  celle  des  deux  milliers  de  poudre  et  quatre  mil  livres 
de  plomb  que  le  S.  Cugnes  demande  ne  nous  paroist  pas  un  objet  assés  con- 
sidérable pour  arrester  son  entreprise,  nous  nous  sommes  déterminés  à  luy  accor- 
der cette  gratification,  et  dès  le  Printemps  prochain  le  S.  Gatineau  son  associé 
partira  pour  se  rendre  sur  les  lieus  ou  il  compte  hyverner  pour  prendre  ces 
animaux  et  les  amener  dans  le  cours  de  l'été  à  Montréal. 

Le  Sr  Cugnes  nous  assure  qu'il  trouvera  facilement  des  associés  pour 
l'aydër  dans  son  entreprise,  et  nous  croyons.  Monseigneur,  qu'on  peut  compter 


_..  280  — 

sur  luy  pour  la  suivre  avec  l'exactitude  et  l'ordre  nécessaire  pour  un  établisse- 
ment solide.  " 

Trois  jours  plus  tard,  le  1 8  octobre  1  730,  M.  Cugnet  écrivait  au  mi- 
nistre : 

"  J'ai  eu  l'honneur  de  remettre  à  Messieurs  Beauharnois  et  Hocquart, 
le  mémoire  que  j'avais  présenté  il  y  a  trois  ans  à  M.  Dupuy,  sur  le  commerce 
des  laines  de  boeufs  Illinois  ;  le  Sr  Gatineau  et  moi  avons  donné  au  bas  de 
ce  mémoire,  notre  soumission  de  l'exécuter  aux  conditions  y  portées,  auxquelles 
nous  n'avons  fait  aucun  changement  que  de  nous  engager  à  payer  le  prix  des 
congés  que  nous  avions  d'abord  demandés  gratuitement,  moyennant  qu'il  nous 
soit  accordé  deux  mille  livres  de  poudre  et  quatre  mille  livres  de  plomb,  au  lieu 
que  nous  n'en  avions  demandé  que  la  moitié.  MM.  de  Beauharnois  et  Hoc- 
quart nous  ont  dit  qu'ils  avaient  l'honneur  d'envoyer  le  mémoire  à  Votre 
Grandeur,  et  ont  déterminé  que  le  Sr  Gatineau  partira  au  mois  d'août  prochain 
au  plus  tard,  pour  aller  chercher  ces  animaux  :  il  compte  en  amener  l'armée 
suivante.  Nous  devons  former  notre  équipement  cet  hiver.  J'ai  demandé  pour 
cela  en  France  les  marchandises  nécessaires.  Il  nous  en  coûtera  environ  quinze 
mille  livres  d'avance. 

**  J'enverrai  l'année  prochaine  des  laines  à  un  fabricant  en  draps,  pour 
en  faire  faire  l'essai  et  connaître  à  quelles  manufactures  elles  pourront  être 
employées.  Cet  essai  se  fera.  Monseigneur,  sous  les  ordres  de  Votre  Grandeur, 
si  elle  le  souhaite  ;  j'adresserai  les  laines  au  fabricant  qu'elle  voudra,  pour  en 
faire  faire  l'essai  et  je  le  chargerai  de  représenter  à  Votre  Grandeur  les  essais 
qu'il  aura  faits  ;  au  moyen  de  quoi  elle  pourra  dans  deux  ans  avoir  une  cer- 
titude précise  de  l'événement  d'un  projet  dont  la  réussite  apparente  peut  devenir 
très  utile  au  Royaume  et  à  la  colonie.  L'un  et  l'autre  seront  redevables.  Mon- 
seigneur, du  succès  qu'il  pourra  avoir  aux  atentions  continuelles  de  Votre  Gran- 
deur p>our  tout  ce  qui  peut  procurer  le  bien  public.  Elles  nous  font  espérer  que 
Votre  Grandeur  aura  la  bonté  de  protéger  une  entreprise  qui  coûtera  des  avances 
considérables  que  nous  risquons  dans  la  vue  d'y  réussir  et  de  suivre  cet  établis- 
sement comme  il  doit  l'être  pour  devenir  solide  si  nous  obtenons  le  privilège 
que  j'ai  pris  la  liberté  de  demander. 

"  C'est  dans  cette  confiance.  Monseigneur,  qjue  j'ose  encore  demander  à 
Votre  Grandeur,  à  titre  de  fief  et  seigneurie,  avec  haute,  moynne  et  basse 
justice,  la  concession  de  l'étendue  du  pays  qui  se  trouve  sur  la  rivière  du  Saut 
de  la  Chaudière  en  suivant  la  dite  rivière,  sur  une  lieue  de  front  de  chaque 
côté  nord  et  sud,  depuis  la  ligne  oii  finit  la  profondeur  de  la  Seigneurie  de 
Lauzon  jusqu'à  l'endroit  nommé  le  Rapide  du  Diable.     Cette  terre  est  propre 


...  281  — 

à  faire  des  prairies  et  sera  d'autant  plus  commode  pour  élever  des  boeufs  Illinois 
qu'elle  est  à  sept  lieues  de  Québec,  dans  la  profondeur  des  terres,  ni  trop 
éloignée  ni  trop  près  de  cette  ville.  Supposé  que  le  projet  des  boeufs  Illinois  ne 
réussit  pas,  j'y  ferai  élever  des  boeufs  domestiques,  pour  en  faire  des  salaisons. 
Le  défrichement  de  ces  terres  qui  ne  sont  occupées  par  personne  ne  peut  que 
contribuer  à  l'établissement  de  la  colonie"  (6). 

,  A  son  tour,  le  10  avril   1731,  le  ministre  Maurepas  écrivait  à  MM.  de 

Beauharnois  et  Hocquart  : 

"  A  l'égard  des  éclaircissements  que  vous  envoyez  sur  le  projet  de  faire 
venir  en  Canada  des  Boeufs  Illmois  Sa  Majesté  en  a  été  satisfaite,  et  elle  a 
bien  voulu  aprouver  que  vous  ayez  accordé  au  Sr  Cugnet  qui  s'est  chargé  d'y 
en  amener  cette  année  une  gratification  de  2000  Ibs.  de  poudre  et  de  400  de 
plomb,  mais  comme  Sa  Majesté  a  acepté  la  rétrocession  que  la  Compagnie  des 
Indes  luy  a  fait  de  la  Colonie  de  la  Louisiane  qui  sera  à  présent  administrée  par 
ses  ordres  et  quil  sera  plus  aisé  dans  cette  Province  de  remplir  les  veues  de  Sa 
Majesté  à  ce  sujet,  il  est  inutile  de  continuer  cette  gratification  au  sr  Cugnet  vous 
aurez  cependant  soin  de  rendre  compte  du  succez  de  son  entreprise." 

Le  18  octobre  1731,  MM.  de  Beauharnois  et  Hocquart  écrivaient  au 
ministre  : 

"  Nous  n'avons  point  fait  délivrer  au  Sr  Cugnet  la  gratification  de  deux 
mille  livres  de  poudre  et  de  quatre  mille  livres  de  plomb  que  nous  estions  con- 
venus de  luy  accorder  et  à  ses  associez  pour  faire  venir  en  Canada  des  boeufs 
Illinois  :  cette  dépense  auroit  pu  devenir  absolument  inutile  pour  le  Roy,  si 
\:sar  négligence  ou  autrement  ceux  qui  estoient  chargez  de  cette  entreprise  n'eus- 
sent pas  réussi.  Nous  avons  fait  avec  eux  de  nouvelles  conditions  en  apparence 
plus  onéreuses,  mais  qui  sont  en  effet  plus  avantageuses,  parce  qu'elles  asseurent 
le  succès  de  cette  entreprise.  Du  moins  si  elle  échoue.  Sa  Majesté  n'aura  fait 
aucune  dépense  cy-joint  la  soumission  du  Sr  Cugnet  et  autres  au  bas  de  laquelle 
nous  nous  sommes  engagés  de  faire  payer  au  sr  Gatineau  la  somme  de  mil 
livres  pour  chaque  pièce  de  boeuf  qu'il  amènera  vivant  à  Montréal.  Le  Sr 
Gatineau  est  parti  sur  la  fin  de  l'esté  pour  se  rendre  au  détroit  et  de  là  aux 
endroits  où  l'on  trouve  ces  animaux  ;  il  espère  en  amener  quelques  uns  à 
Montréal  l'année  prochaine.  Trouvez  bon.  Monseigneur,  que  nous  ayons 
l'honneur  de  vous  représenter  que  la  rétrocession  que  la  Compagnie  des  Indes 
a  faite  au  Roy  de  la  Province  de  la  Louisiane  ne  paroist  pas  devoir  empescher 


(6)      Archives  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol.  53,  f.  228. 


-  -  282  — 

l'exécution  des  veues  que  vous  avez  de  faire  élever  des  boeufs  Illinois  en  Ca- 
nada ;  il  est  comme  certain  que  leur  toison  deviendra  plus  abondante  et  plus 
belle  dans  un  climat  froid  que  dans  un  pays  chaud  ou  tempéré.  C'est  une  des 
principales  raisons  que  nous  avons  expliquées  dans  notre  mémoire  de  l'année 
dernière,  d'ailleurs  la  Province  de  la  Louisiane  a  d'autres  ressources  et  celle-cy 
mérite  qu'on  augmente  ses  établissements." 

La  soumission  de  M.  Cugnet  mentioimée  dans  la  lettre  de  MM.  de 
Beauharnois  et  Hocquart  se  lisait  comme  suit  : 

"  Sur  le  traité  de  société  contractée  eptre  nous  soussignés,  le  quinze 
novembre  dernier,  pour  l'exécution  de  la  soumission  donnée  par  les  Srs  Cugnet 
et  Gatineau  à  Messieurs  de  Beauharnois  et  Hocquart,  gouverneur  général  et 
intendant  de  cette  colonie  le  .  .  octobre  dernier,  au  bas  du  mémoire  par  eux 
envoyé  à  Monseigneur  le  comte  de  Maurepas,  ministre  et  secrétaire  d'état  de 
la  marine,  pour  l'établissement  des  boeufs  Illinois  suivant  les  offres  et  aux  con- 
iditions  énoncées  au  dit  mémoire.  Le  Sr  Gatineau  a  demandé  que  la  gratifi- 
cation de  deux  mille  livrés  de  poudre  et  de  quatre  mille  livres  de  plomb  accordée 
par  mes  dits  sieurs  les  Gouverneur  Général  et  Intendant,  en  considération  des 
dépenses  que  nous  serions  obligés  de  faire  pour  parvenir  à  amener  des  boeufs 
Illinois  jusqu'à  Québec  lui  fut  cédée  et  abandonnée  à  lui  seul,  pour  le  dédom- 
mager et  indemniser  des  peines  et  dangers  auxquels  il  serait  imposé  dans  les 
voyages  qu'il  était  obligé  de  faire  en  exécution  du  dit  traité  de  société  pour 
amener  des  boeufs  Illinois. 

"  Cette  demande  quoique  juste,  par  rapport  au  voyage  auquel  le  Sr  Gati- 
neau a  été  obligé  dérangerait  cependant  le  dit  traité  de  société  en  ce  que  toute 
la  dépense  qu'il  est  indispensable  d'avancer  pour  cette  entreprise  retomberait 
sur  les  Srs  Cugnet,  Nouchet  et  Perthuis,  n'y  ayant  que  cette  gratification  qui 
puisse  en  dédommager. 

"  Nous  sommes  convenu  de  résilier  et  annuler  le  dit  traité  de  société  du 
1  5  novembre  dernier,  lequel,  au  moyen  du  présent,  a  été  demeuré  nul  et  non 
avenu  ;  et,  en  conséquence,  nous  nous  sommes  réciproquement  quittés  et  libérés 
les  uns  envers  les  autres,  des  engagements,  clauses  et  conditions  contractée  entre 
nous  par  le  dit  traité  de  société. 

"  Et  néanmoins  pour  satisfaire  aux  offres  faites  par  les  dits  srs  Cugnet  et 
Gatineau  portées  au  dit  mémoire  du  octobre  dernier,  et  suivre  l'exécution  du 
projet  de  l'établissement  des  boeufs  Illinois  et  commerce  des  laines  des  dits 
boeufs.  Le  Sr  Gatineau  promet  à  Messieurs  les  Gouverneurs  et  Intendant  et 
s'oblige  d'aller  à  ses  frais  et  dépens  dans  les  pays  d'en  haut,  pour  en  amener 


—  283  — 

des  boeufs  Illinois,  jusqu'au  nombre  de  six  assortis  mâles  et  femelles  autant  qu'il 
lui  sera  possible. 

**  A  condition  qu'il  lui  sera  accordé,  par  chaque  année  qu'il  fera  le  dit 
voyage,  quatre  canots  dont  il  paiera  le  prix  avec  faculté  de  faire  la  traite, 
ainsi  qu'il  est  porté  au  premier  article  des  conditions  du  dit  mémoire  et  qu'au 
lieu  de  la  gratification  de  deux  mille  livres  de  poudre  et  de  quatre  mille  livres 
de  plomb,  portée  aux  second  articles  des  dites  conditions.  M.  l'Intendant  fera 
payer  pendant  trois  années  consécutives  au  dit  sr  Gatineau,  la  somme  de  1  000, 
par  chaque  pièce  de  boeuf  et  vache  qu'il  amènera  à  Montréal,  jusqu'à  la  dite 
quantité  de  six  boeuf  et  vaches  sans  pouvoir  rien  exiger  au  cas  qu'il  ne  puisse 
en  amener  à  Montréal  ;  lesquels  boeufs  et  vaches  seront  remis  à  leur  arrivée 
à  Montréal  au  Sr  Cugnet  qui  se  charge  promet  et  s'oblige  d'exécuter  le  surplus 
du  dit  mémoire  aux  conditions  des  neuf  derniers  articles." 

Le  12  octobre  1732,  MM.  de  Beauharnois  et  Hocquart  écrivaient  au 
ministre  : 

"  Nous  avons  reçu  la  lettre  que  vous  nous  avez  fait  l'honneur  de  nous 
escrire  le  8  avril  dernier. 

"Le  sr  Gatineau  associé  du  Sr  Cugnet  a  esté  de  retour  des  Miamis  au 
mois  de  juillet  dernier  ;  mais  les  tentatives  qu'il  a  faites  pour  amener  des  boeufs 
Illinois  en  Canada  n'ont  pas  réussi.  Il  avoit  cependant  fait  prendre  quelques 
veaux  de  lait  par  les  sauvages,  il  n'a  pu  les  garder  que  1  2  à  1  5  jours.  Ces 
animaux  n'ayant  plus  de  mère  ont  péri,  de  manière  que  nous  avons  actuellement 
peu  d'espérance  d'en  avoir,  soit  faute  d'industrie  de  la  part  du  sieur  Gatineau 
ou  que  la  gratification  de  1 000"  luy  ayt  paru  trop  modique  pour  une  entreprise 
Je  cette  nature.  Le  Sr  de  Vincennes  qui  est  aux  ouiatanons  a  esté  informé  des 
dernières  conditions  faites  pour  le  transport  de  ces  animaux  et  a  écrit  à  Mr  de 
Beauharnois  que  si  Sa  Majesté  luy  accordoit  la  mesme  gratification,  yl  par- 
viendroit  à  en  envoyer  de  vivants  en  Canada  ;  cornme  elles  ne  sont  que  condi- 
tionnelles, nous  luy  avons  repondu  qu'il  seroit  traitté  comme  l'aufoit  esté  le  sr 
Gatineau.  Le  Sr  Cugnet  qui  avoit  envoyé  à  Paris  l'année  dernière  des  laines 
de  ces  animaux  nous  a  informés  que  les  essays  qpi  en  avoient  esté  faits  en  étoffe 
n'avoier-t  pas  réussi,  et  que  le  lainage  estoit  extrêmement  court  et  difficile  à 
employer  quoiqu'il  en  soit  sa  Majesté  ne  court  pas  beaucoup  de  risque,  si  on 
peut  faire  venir  quelques  uns  de  ces  animaux  en  Canada,  dont  on  pouroit  tirer 
d'autre  avantages  "  (7). 

Encore  le  30  octobre  1  733,  MM,  de  Beauharnois  et  Hocquart  faisaient 


(7)      Archives  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol,  57,  f.  73, 


—  284  --- 

part  au  ministre  de  l'insuccès  des  tentatives  faites  pour  amener  des  boeufs  illinois 
au  Canada. 

"  Les  tentatives  que  l'on  a  faites  jusqu'à  présent  pour  faire  venir  en  Ca- 
nada des  boeufs  Illinois  n'ayant  pas  réussi,  disaient-ils,  et  l'espérance  que  l'on 
avoit  de  tirer  de  la  laine  de  ces  animaux,  des  avantages  considérables  ne  pour- 
ront avoir  lieu,  nous  n'y  penserons  plus  et  nous  avons  écrit  au  Sr  Vincennes  qu'il 
estoit  inutile  qu'il  fist  aucune  démarche  pour  en  envoyer  "   (8). 

En  effet,  il  ne  fut  plus  question  des  boeufs  illinois  dans  la  correspondance 
des  gouverneurs  te  intendants  avec  le  ministre.  On  avait  jugé  que  le  projet 
n'avait  aucune  chance  de  succès. 

P.-G.  R. 


(8)      Archives  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol.  59,  f.  45. 


NICOLAS  RAGEOT  DE  SAINT-LUC 


"  Nicolas  Rageot  de  Saint-Luc,  a  écrit  feu  M.  J. -Edmond  Roy  dans 
son  Histoire  du  Notariat  au  Carrada,  succéda  à  son  frère  (Charles  Rageot  de 
Saint-Luc)  dans  ses  charges  de  greffier  (de  la  Prévôté  de  Québec)  et  de  notaire 
royal.  Son  nom  n'est  pas  indiqué  dans  les  listes  officielles  du  notariat.  On 
ne  trouve  aux  Archives  ni  ses  lettres  de  provisions  ni  son  greffe.  Ce  manque 
de  documents  s'explique  par  plusieurs  raisons.  Les  cahiers  des  insinuations 
de  la  prévôté  pour  1700,  1701  et  1702  n'ont  pas  été  conservée,  et  c'est  là 
où  étaient  enregistrées  les  commissions.  Nicolas  Rageot  mourut  presqu'aussitôt 
après  son  entrée  en  fonctions,  le  31  mars  1703,  et  c'est  au  registre  de  sépul- 
ture de  Québec  que  l'on  découvre  qu'il  fut  greffier  de  la  prévôté  et  notaire 
royal.     Il  était  âgé  de  28  ans  à  sa  mort." 

Un  fragment  des  registres  de  la  prévôté  de  Québec  conservé  aux  Archives 
Judiciaires  de  Québec  nous  permet  de  donner  la  date  de  la  nomination  de  M. 
Rageot  de  Saint-Luc  comme  notaire  et  greffier  de  la  Prévôté.  Le  1 5  mars 
■1  703  l'intendant  de  Beauharnois  lui  donnait  une  commission  de  greffier  de  la 
Prévôté  et  de  notaire  en  attendant  le  bon  plaisir  du  Roi.  M.  Rageot  fut  reçu 
en  sa  charge  de  greffier  deux  jours  plus  tard,  le  l  7  mars  1  703.  Comme  il 
décéda  le  3 1  mars  1  703,  il  est  bien  probable  qu'il  ne  reçut  aucun  acte  comme 
notaire.     Il  n'est  donc  pas  étonnant  qu'on  ne  trouve  son  greffe  nulle  part. 

P.-G.  R. 


—  285  — 

Foy  et  Hommage 


Sous  la  signature  de  Mathieu- A.  Bernard,  le  Bulletin  des  recherches 
historiques  de  1897  (vol.  III,  p.  27)  a  donné  une  bonne  définition  de  la  foy 
et  hommage.  Le  volume  IV  (1898)  p.  242  du  même  Bulletin  contient  un 
extrait  copieux  de  la  formule  usitée  par  Jean  Quïon  du  Buisson  envers  Robert 
Giffard,  seigneur  de  Beauport,  en  1646. 

Cette  même  formule  se  trouve  rapportée  plus  au  long  dans  Langevin, 
Notes  sur  les  archives  de  Notre-Dame  de  Beauport,  1860,  le  liv.,  p.  7. 

En  plus  de  la  note  et  de  la  formule  ci-dessus  mentionnées,  il  peut  être  inté- 
ressant de  connaître  sur  ce  "devoir  du  vassal"  d'autres  renseignements  qui  pro- 
viennent de  l'ouvrage  d'Edme  de  la  Poix  de  Freminville,  Pratique  universelle 
pour  la  rénovation  des  terriers  et  des  droits  seigneuriaux.  .  Paris,  1  746,  vol. 
î.  pp.  157  et  158  : 

D'abord,  ce  que  c'est  :  "La  marque  fondamentale  d'un  fief  ou  seigneurie 
c'est  la  foy  et  hommage,  de  sorte  qu'un  fief  ne  peut  être  fief  sans  elle.  .  . 

"  La  foy  que  le  vassal  doit  à  son  seigneur  n'est  autre  que  le  serment  qu'il 
lui  fait  de  lui  être  fidèle,  et  la  promesse  de  le  servir  envers  et  contre  tous, 
excepté  contre  le  roi.  Cet  acte  est  aussi  appelé  hommage  parce  qu'il  se  fait 
avec  le  respect  et  la  soumission  requise  par  la  coutume  et  l'usage ..." 

Et,  maintenant,  comment  se  fait  la  foy  et  hommage  ? 

"  Aucune  coutume  n'a  mieux  défini  la  forme  et  la  manière  de  faire  la 
foy  et  hommage,  que  celle  de  Paris,  article  63.     Elle  s'explique  en  ces  termes  : 

"  Le  Vassal,  pour  faire  la  foy  et  hommage  et  ses  oflFres  à  son  Seigneur 

féodal,  est  tenu  aller  vers  le  dit  Seigneur,  au  lieu  d'où  est  mouvant  ledit  fief,  et 
y  étant,  demander  si  le  Seigneur  est  au  lieu,  ou  s'il  y  a  autre  pour  lui  ayant 
charge  de  recevoir  les  foy  et  hommage  et  offres  ;  et  ce  fait,  doit  mettre  genouil 
en  terre,  nue  tête,  sans  épée  et  éperons  et  dire,  qu'il  lui  porte  et  fait  la  foy  et 
hommage  qu'il  est  tenu  faire  à  cause  du  dit  fief  mouvant  de  lui,  et  déclarer  à 
quel  titre  le  fief  lui  est  avenu,  le  requérant  qu'il  lui  plaise  le  recevoir.  Et  où 
le  Seigneur  ne  seroit  trouvé  ou  autre  ayant  pouvoir  pour  lui,  suffit  de  faire  la 
foy  et  hommage  et  offre  devant  la  principale  porte  du  manoir,  après  avoir  appelé 
à  haute  voix  le  Seigneur  par  trois  fois.  Et  s'il  n'y  a  manoir  au  lieu  seigneurial 
d'où  dépend  ledit  fief,  et  en  cas  d'absence  dudit  Seigneur  ou  ses  officiers,  faut 


—  286  — 
» 

notifier  lesdits  offres  au  prochain  voisin  dudit  lieu  Seigneurial  et  laisser  copie." 

A  l'égard  du  lieu  où  doit  se  rendre  et  faire  la  foi  et  hommage,  il  est  sans 
contredit  que  c'est  au  château  ou  manoir  du  fief  dominant  ;  c'est  une  loi  géné- 
rale. Quant  à  la  manière  avec  laquelle  elle  doit  se  faire,  il  semble  qu'aucune 
coutume  ne  contredise  celle  de  Paris. 

Les  unes  (!)  .se  contentent  de  dire  qu'en  signe  d'hommage,  en  l'absence 
du  seigneur,  le  Vassal  baise  le  verrouil  de  la  porte  ;  mais  elles  s'accordent,  pour 
la  plupart,  en  ce  qu'il  faut  que  le  Vassal  soit  sans  épée  et  sans  éperons,  pour 
marquer  le  respect  du  Vassal  envers  son  Seigneur  et  sa  reconnaissance,  ne  tenant 
son  fief  que  de  lui. 

La  coutume  de  la  Marche,  article  1  89,  veut  que  le  Vassal  se  présente  à 
son  seigneur  tête  nue,  qu'il  ait  ôté  sa  ceinture,  son  épée,  quitté  son  bâton,  qu'il 
mette  un  genouil  en  terre  et  dise  en  paroles  :  "J'entre  vers  vous  en  foy  et 
hommage  et  m'avoue  votre  Vassal,  pour  raison  d'un  tel  fief  que  je  tiens  de 
vous,  à  cause  de  votre  Seigneurie  de  tel  lieu,  et  vous  promets  et  jure  vous  servir 
d'hors  en  avant  envers  et  contre  tous." 

A  cela,  le  seigneur  doit  répondre  : 

"  Je  vous  reçois  à  hommage,  sauf  mon  droit  et  autrui"  et  en  signe  de  ce, 
il  doit  le  baiser  sur  la  joue. 

Celle  de  Montargis,  chap.  I,  art.  1  0  et  11,  veut  que  le  Vassal,  en  faisant 
la  foy  et  hommage  soit  tête  nue  et  déceint,  et  baille  la  main  droite  en  celle  de 
son  seigneur  et  lui  dise  qu'il  devient  son  homme  pour  tel  fief,  qu'il  lui  en  fait  la 
foy  et  hommage  et  lui  promet  qu'il  pourchassera  son  profit  et  évitera  son  dom- 
mage, le  conseillera  loyaument  et  fera  en  tout  cas  ce  qu'un  vassal  doit  faire  à 
son  seigneur. 

Salvaing  dans  son  traité  des  fiefs,  ch.  4,  traite  au  long  de  la  foy  et  hom- 
mage, que  l'on  peut  voir,  et  rapporte  que  la  forme  de  l'hommage  est  différente 
en  Dauphiné,  selon  la  qualité  du  Vassal  ;  que  s'il  est  noble,  il  fait  le  serment 
debout  et  baise  le  seigneur  à  la  bouche  ;  que  s'il  est  roturier,  il  met  les  deux 
genoux  en  terre  et  baise  le  seigneur  au  pouce.  .  . 

L'ouvrage  de  M.  de  Freminville  dans  lequel  nous  puisons  ces  extraits  est 
appelé  communément  et  plus  brièvement,  la  Pratique  des  terriers.  Il  y  en  a 
plusieurs  éditions.  Celle  que  nous  avons  nous  semble  être  la  première  ;  elle 
a  appartenu  à  Ignace  Aubert  de  Gaspé  qui  épousa  Marie-Anne  Coulon  de 
Villiers  en  1  745  et  qui  mourut  dans  sa  seigneurie  de  Port- Joli  en  janvier  1  787, 

E.-Z.  MASSICOTTE 


(  1  )      Notamment  celle  du  Berry. 


—  287  — 

Les  forges  SainMHaurice 


LE  PREMIER  FEU  AUX  FORGES  SAINT-MAURICE 


L'an  mil  sept  cent  trente  huit  le  septiesme  jour  du  mois  d'octobre  sur  les 
six  heures  du  matin,  est  comparu  Pardevant  Louis  Jean  Baptiste  Fafard  de 
Laframboise,  substitut  de  Monsieur  le  Procureur  du  Roy  en  la  jurisdiction 
Royale  des  Trois-Rivières  tenant  le  siège  en  sa  vacance,  en  notre  hôtel,  sçis 
rue  St-Pierre,  Monsieur  Ollivier  de  Vezain,  l'un  des  intéressés  et  directeur 
préposé  par  Sa  Majesté,  pour  la  conduitte  des  forges  de  St  Maurice,  lequel 
nous  aurait  requis  de  nous  transporter  aux  dittes  forges  et  y  procéder  à  son 
audition,  et  celle  du  nommé  Jean-Baptiste  De  Lorme,  Me  fondeur,  suivant 
et  conformemens  à  l'arrest  du  Roy  du  vingt  deux  avril  mil  sept  cent  trente 
sept,  concluant  à  l'information  verbale  des  d.  parties  pour  l'éclaircissement  du 
tems  et  jour  que  le  feu  aurait  été  mis,  aux  d.  forges  (en  ce  qui  regarde  le 
fourneau)  à  laquelle  réquisition,  nous  aurions  ordonné  que  nous  nous  trans- 
porterions aux  dittes  forges,  pour  y  donner  acte  au  dit  sieur  Ollivier  de  Vezain 
de  sa  comparution  et  réquisition  cy-dessus,  et  ordonné  que  p>our  l'exécution 
des  demandes  faites,  en  vertu  du  d.  arrest,  nous  nous  transporterions  aux  dittes 
forges  accompagné  de  notre  greffier  susdit  où  étant  arrivé,  aurions  procédé  à 
la  ditte  audition,  le  serment  préalablement  requis  du  dt  de  Lorme,  lequel  aurait 
juré  et  affirmé  que  le  feu  avait  été  mis  au  fourneau  le  vingt  août  dernier  vers 
les  onze  heures  à  midy,  suivant  et  conformément  à  la  déclaration  affirmative 
du  dit  sieur  Ollivier  dont  et  de  ce  que  depuis  nous  aurions  dressé  notre  procès- 
verbal  pour  servir  ce  que  de  raison  et  ont  les  dittes  parties  signé  avec  nous  ; 
fait  aux  dittes  forges  les  an  que  dessus. 

OLIVIER  DE  VEZAIN  DE  LORME 

LAFRAMBOISE  PRESSE  N.  R.  greffier 


ORDRE  DE  M.   HOCQUART  A  M.   LANOULLIER  DE   BOIS- 
CLERC  D'ALLER  VISITER  LES  FORGES  SAINT-MAURICE 
ET  AUTRES  LIEUX  MINIERS  DES  ENVIRONS 


Je  prie  monsieur  de  Boisclerc  de  se  rendre  incessamment  aux  Trois- 
Rivières  et  de  là  aux  forges  de  St.  Maurice.  Il  se  transportera  ensuite  avec 
les  Srs  Cressé  et  Simonnet  le  fils  à  la  minière  de  la  Pointe  du  Lac  et  à  celles 


—  288  i- 

qui  ont  esté  cy-devant  découvertes  dont  il  vérifiera  exactement  l'étendue,  lon- 
gueur, largeur  et  épaisseur  ;  il  appellera  le  nommé  Dery  pour  l'accompagner, 
il  a  connaissance  de  ces  minières  parce  qu'il  a  esté  employé  cy-devant  à  la 
recherche  de  ces  minières. 

Si  le  d.  Dery  ou  quelque  autre  habitant  avait  coimàissance  de  quelques 
autres  minières  dans  le  voisinage  de  l'établissement  de  St  Maurice,  M.  de 
Boisclerc  s'y  transportera  avec  eux  pour  vérifier  ce  qui  en  est. 

Je  le  prie  de  visiter  le  fourneau  ;  s'il  est  en  bon  estât,  s'il  ne  menace 
point  du  costé  de  l'eau  (?),  Testât  où  se  trouve  actuellement  la  forge  haute 
et  la  forge  basse,  si  elles  sont  en  bon  train,  et  de  prendre  des  connaissances 
générales  sur  tout  ce  qui  regarde  Testât  présent  de  cet  établissement.  Les  srs 
Simonnet,  Cressé  et  Perraut  l'informeront  de  tous  les  détails  intéressans,  et 
M.   de  Boisclerc  s'en  instruira  par  luy-même  autant  qu'il  luy  sera  possible. 

11  se  rendra  ensuite  à  Québec  pour  nous  rendre.  .  .  de  l'exécution  du 
présent  ordre. 

A  quebec  le  7e  7bre  1  740. 

HOCQUART. 

La  santé  des  ouvriers.  Si  les  deux  forges  marchent.  Combien  de  bois 
coupé.  Combien  de  fourneaux  dressés.  La  qucintité  de  mine  qui  reste  près 
des  fourneaux.  Il  examinera  l'étendue  de  Tenace  d'où  Ton  a  vidé  jusques 
à  présent  de  la  mine,  pour  pouvoir  juger  de  la  consommation  à  venir  (  1  ) . 


(  1  )      Les  originaux  de  ces  documents  sont  aux  Archives  Judiciaires  de 
Québec. 

LETTRE  DE  M.  HOCQUART  A  M.  LANOULLIER  DE 

BOISCLERC  POUR  LA  VISITE  DE  LA  RIVIERE 

DU  FORT  FRONTENAC 


A  Québec  le  5  avril  1  740. 

Dans  l'instruction  Monsieur  que  vous  et  M.  de  Menthet  devez  suivre  pour 
la  visite  de  la  rivière  du  fort  Frontenac  j'ay  bien  parlé  de  cajeux  et  des  expé- 
riences à  faire  pour  les  descendre  mais  j'ay  omis  de  marquer  que  si  ces 
expériences  ne  réussisaient  point  il  pourait  convenir  d'envoyer  les  pièces  Tune 
après  l'autre  à  la  dérive  en  prenant  des  précautions  pour  qu'elles  puissent  floter 
c'est-à-dire  en  les  perçant  en  un  ou  plusieurs  endroits  aux  deux  bouts  qu'on 
remplirait  de  chevilles  faites  de  bois  léger  bien  entendu  qu'il  faudrait  connaistre 
s'il  se  trouve  des  endroits  propres  pour  rassembler  toutes  ces  pièces  en  un  même 
endroit. 

Je  fais  partir  demain  matin  Henry  Parent  et  les  nommés  Marié  pour  vous 
accompagner  dans  votre  voyage,  il  n'est  pas  nécessaire  que  je  vous  recommande 
de  partir  de  bonne  heure  et  d'apporter  M.  de  Menthet  et  vous  toute  l'attention 
dont  vous  êtres  capables  l'un  et  l'autre  pour  l'exécution  du  projet. 

Je  suis  très  sincèrement  Monsieur,  votre  très  humble  et  très  obéissant  ser- 
viteur. 

HOCQUART 


BULLETIN 


DSI 


RECHERCHES   HISTORIQUES 


TOL.  nni  BEADCEyiLIJE-=OCTOBRE  lfl7  Ni  10 


François  de  Galliffet,  gouvernear  des  Trois-Rivières 


La  famille  de  Galliffet  est  très  ancienne.  Sa  filiation 
authentiqiiement  prouvée  part  du  quatorzième  siècle. 

Pierre  de  Galliffet,  écuyer,  seigneur  d'Honon  ou  de 
Gallift'et  et  de  Caffin,  marié  à  Marguerite  de  Bonfils,  eut 
huit  enfants  : 

I. — Alexandre  de  Galliffet,  né  vers  1649,  capitaine  au 
régiment  de  Picardie  et  lieutenant  des  vaisseaux  du  Roi. 

11  mourut  avant  le  4  mai  1719,  laissant  un  fils,  Louis-Fran- 
çois de  Galliffet,  qui  fut  appelé  le  marquis  de  Galliffet. 

2. — Joseph  de  Galliffet.  Il  fut  connu  sous  le  nom  de 
Galliffet  du  Dohon.  Laffilard  lui  donne  les  états  de  ser- 
vices suivants  :  "26  janvier  1673,  lieutenant  réformé  au 
régiment  de  Picardie  ;  31  décembre  1674,  sous-lieutenant 
au  régiment  d'Aigremont  ;  10  septembre  1676,  capitaine 
au  régiment  de  Picardie  ;  1680,  réformé  ;  1682,  campagnes 
d'Alger  ;    24  septembre  1683,  capitaine  à  la  Martinique  ; 

12  janvier  1689,  levé  d'interdiction  ;  8  juin  1693,  commis- 
sion ;  30  septembre  1694,  repassé  en  France  ;  ler  janvier 
1695,  lieutenant  de  roi  à  Sainte-Croix  ;  15  février  1698, 
gouverneur  de  Sainte-Croix  ;  21  mars  1703,  gouverneur 
de  la  Guadeloupe  ;  23  décembre  1703,  interdit."  M.  de 
Galliffet  avait  été  interdit  par  M.  Auger,  gouverneur  de 


...  290  — 

Saint-Dominique.  Il  passa  en  France  la  même  année  pour 
se  justifier.  Il  mourut  à  Paris  le  26  mai  1706,  parfaitement 
justifié  et  au  moment  où  il  allait  reprendre  le  gouverne- 
ment de  Sainte-Croix.  C'est  M.  de  la  Charité  qui  le  remplaça 
au  gouvernement  de  Sainte-Croix.  M.  de  Galliffet  ne 
s'était  pas  marié. 

3. — François  de  Gallififet.  C'est  notre  gouverneur  des 
Trois-Rivières. 

4. — Philippe  de  Galliffet.  Il  fut  fait  enseigne  de  vais- 
seau le  ler  janvier  1693,  puis  lieutenant  de  vaisseau  le  16 
mars  1698.  En  1698-99,  il  accompagna  M.  d'Iberville  à  la 
Floride  et  au  golfe  du  Mexique.  M.  de  Galliffet  reçut  en- 
suite le  commandement  de  la  Seine  et  vint  plusieurs  fois 
à  Québec  avec  ce  vaisseau.  Le  14  mai  1720,  M.  de  Galliffet 
était  fait  lieutenant  des  maréchaux  de  France,  avec  rési- 
dence à  LarocheUe.    Il  décéda  le  26  mars  17  ;o. 

5. — Blanche  de  Galliffet,  mariée  à  Gaspard  de  Badier, 
seigneur  de  Roquebrune, 

6. — Lucrèce  de  Galliffet. 

7.— Marie  de  GalHffet. 

8. — Isabeau  de  Galliffet,  religieuse  ursuline  à  Vauréas. 

Le  célèbre  Père  Jésuite  Duplessis  écrivait,  en  1749,  à 
ses  soeurs,  religieuses  à  l'Hôtel-Dieu  de  Québec  : 

"...J'ai  rencontré  en  revenant  par  Lyon  un  Jésuite 
dans  le  degré  de  sainteté  et  d'amour  de  Dieu  du  P.  Carheil 
et  de  nos  anciens  fondateurs  de  la  mission  du  Canada. 
Pendant  huit  jours  que  j'ai  demeuré  dans  cette  grande  ville 
pour  y  prêcher,  je  passais  avec  lui  presque  tout  le  temps 
que  je  n'étais  pas  en  chaire.  Je  m'imaginais  être  en  Canada. 
C'était  le  père  Galifet,  frère  de  M.  de  Galifet  que  nous 
avons  vu  à  Québec.  Ce  saint  vieillard  est  mort  deux  mois 
après,  il  m'avait  bien  promis  de  prier  pour  moi  "  (i). 

Le  Père  de  Galliffet  était-il  bien  le  frère  de  notre  M. 
de  Galliffet  ?  Nous  serions  plutôt  porté  à  croire  qu'il  était 
son  cousin. 


(  1  )      J.-Edmond  Roy,  Lettres  du  P.  F.-X.  Duplessis,  Je  la  Compagnie 
de  JésuSt  p.  271. 


—  291  — 

M.  D'Hozier,  dans  son  Armoriai  de  France,  ne  donne 
pas  le  Père  de  Galliftet  parmi  les  fils  de  Pierre  de  Gallifïet 
et  de  Marguerite  de  Bonfils.  Et,  pourtant,  D'Hozier  tenait 
ses  renseignements  de  la  famille  de  Gallifïet  elle-même. 

Le  1er  mars  1688,  le  roi  Louis  XIV  signait  un  ordre 
pour  donner  le  commandement  d'une  compagnie  en  Canada 
à  François  de  Galliffet  de  Caffin  (2). 

M.  de  Galliftet  s'embarqua  dès  le  printemps  de  1688, 
pour  passer  dans  la  Nouvelle-France. 

En  1689,  M.  de  Gallifïet  commandait  la  garnison  des 
Trois-Rivières.  Le  4  juin  1689,  M.  de  Varennes,  gouver- 
neur des  Trois-Rivières,  décédait.  M.  de  Gallifïet  le  rem- 
plaça comme  commandant  de  la  place  en  attendant  la  nomi- 
nation de  son  successeur  (3). 

Lors  du  massacre  de  Lachine  en  août  1689,  M.  de  Gal- 
liffet commandait  le  camp  volant  de  Verdun,  remplaçant  M. 
de  Subercase  en  congé  à  Montréal.  Le  2  août,  à  quatre 
heures  du  matin,  un  coup  de  canon  donna  l'alerte  au  camp 
de  Verdun.  M.  de  Galliffet  prit  toutes  les  dispositions  vou- 
lues en  attendant  le  retour  de  M.  de  Subercase.  Lorsque 
ce  dernier  arriva,  le  détachement  de  Verdun  se  mit  tout  de 
suite  à  la  poursuite  des  ennemis  (4). 

Nous  lisons  dans  la  "Relation  de  ce  qui  s'est  passé  de 
plus  remarquable  en  Canada,  depuis  le  départ  des  vaisseaux, 
au  mois  de  novembre  1689,  jusqu'au  mois  de  novembre 
1690"  : 

"  Le  22  septembre  1690,  comme  un  valet  du  sieur  Cre- 
vier,  seigneur  de  Saint-François,  dans  le  lac  Saint-Pierre, 
allait  au  travail,  il  découvrit  quelques  ennemis  et  vint  tout 
en  courant  le  dire  au  fort. 

"  M.  le  chevalier  de  la  Motte,  capitaine  reformé,  qui 
avait  son  détachement  près  de  là,  y  arriva  sur  les  deux 
heures  après-midi.    Il  voulut  d'abord  aller  aux  ennemis  et 

(2)  Edouard  Richard,  Supplément  du  rapport  du  Dr  Brymner  sur 
les  archives  canadiennes,  1899,  p.  271. 

(3)  Benjamin  Suite,  Bulletin  des  Recherches  Historiques,  vol.  II,  p. 
69. 

(4)  Collection  de  manuscrits,  vol.  I,  p.  568. 


...  292  — 

partit  en  effet  peu  de  temps  après,  avec  le  sieur  de  Murât, 
lieutenant  du  sieur  de  Galliffet,  qui  commandait  au  fort. 
Ils  avaient  avec  eux  trente-quatre  hommes.  Ils  découvri- 
rent les  ennemis  dans  leurs  cabanes  qui  ne  s'attendaient 
pas  à  leur  venue. 

"  La  première  charge  fut  vigoureuse  et  les  mit  en  dé- 
route, mais  comme  les  fuyards  s'allèrent  joindre  à  deux 
autres  cabanes  que  l'on  n'avait  point  attaqués,  revenant 
tous  ensemble  en  grand  nombre,  ils  trouvèrent  nos  gens 
épars  et  il  ne  leur  fut  pas  difficile  de  les  faire  plier  à  leur 
tour. 

"  Il  ne  s'en  sauva  que  la  moitié  ;  le  sieur  de  la  Motte 
y  a  été  tué  et  on  ne  sait  de  quoi  est  devenu  le  sieur  de  Mu- 

■•at"(5). 

En  1691,  M.  de  Galliffet  commandait  encore  aux  Trois- 
Rivières. 

En  1692,  M.  Provost,  major  de  Québec,  depuis  1669, 
était  promu  lieutenant  de  roi  et  M.  de  Galliffet,  le  6  février, 
était  appelé  à  le  remplacer  à  la  majorité  de  la  même  vil- 
le  (6). 

Le  8  mai  1694,  le  roi  écrivait  à  M.  de  Galliffet  qu'il  avait 
eu  avis  de  sa  mauvaise  conduite,  de  son  manque  de  retenue, 
de  sa  légèreté,  de  ses  mauvaises  pratiques  pour  servir  ses 
intérêts  et  mettre  la  division  entre  ses  supérieurs,  de  l'abus 
de  son  emploi  jusqu'à  l'indécence.  Le  roi  terminait  sa  lettre 
en  avertissant  M.  de  Galliffet  qu'il  serait  révoqué  s'il  ne 
s'amendait  (7). 

Le  4  novembre  1694,  M.  de  Frontenac  écrivait  au  mi- 
nistre : 


(5)  Collection  de  manuscrits,  vol.  I,  p.  514. 

(6)  MM.  Provost  et  de  Galliffet  eurent  un  différend  au  sujet  des  ap- 
pointements de  la  majorité  de  Québec  pour  l'année  1  692.  Aux  Archives  du 
Canada,  à  Ottawa,  on  a  lo  Lettre  de  M.  Champigny  au  sujet  des  appointe- 
ments de  MM.  Prévost  et  de  Galliffet,  du  8  octobre  1  692  ;  2o  Réponse  de 
M.  Provost  aux  raisons  de  M.  de  Galliffet  touchant  les  appointements  de  la 
majorité  de  Québec  pendant  l'année  1  692  ;  3o  Réplique  du  sieur  Galliffet  sur 
le  même  sujet  (Correspondance  générale,  vol.   12). 

(7)  Edouard  Richard,  Supplément  du  rapport  du  Dr  Brymner  sur 
les  archives  canadiennes,  1899,  p.  295. 


—  293  — 

"  Depuis  le  départ  de  la  Charente  et  les  lettres  que  je 
me  suis  donné  l'honneur  de  vous  écrire,  par  ce  vaisseau, 
l'incommodité  qu'avait  le  sieur  de  Galliffet,  major  de  Qué- 
bec, s'est  tellement  augmentée,  que  les  chirurgiens  d'ici  ont 
cru  qu'il  était  absolument  nécessaire  qu'il  passât  en  France 
pour  en  pouvoir  guérir,  de  sorte  que  je  n'ai  pu  lui  refuser  la 
permission  qu'il  m'a  demandée. 

'*  Ce  malheur  lui  sera  peut-être  avantageux  puisqu'il 
lui  donnera  plus  de  moyens  de  se  justifier  de  tout  ce  qu'on  a 
imputé  contre  lui,  et  d'effacer  les  impressions  qu'on  vous 
en  avait  données  "  (8). 

Pendant  son  voyage  en  France,  M.  de  Galliffet  avait 
vu  le  ministre  et  avait  promis  de  s'amender  puisque,  le  20 
mai  1695,  1^  roi  lui  donnait  un  ordre  pour  commander  les 
troupes  en  l'absence  du  sieur  Provost  ou  du  sieur  de  Vau- 
dreuil  (9). 

Un  mois  plus  tard,  le  14  juin  1695,  le  roi  informait  MM. 
de  Vaudreuil  et  de  Champigny  qu'il  avait  donné  aux  sieurs 
de  Gallift"et  et  de  Langloiserie  les  ordres  pour  commander 
à  Québec  et  à  Montréal  en  l'absence  des  gouverneurs,  lieu- 
tenants de  roi  et  du  sieur  de  Vaudreuil  (10). 

Le  voyage  en  France  de  M.  de  Galliffet  lui  avait  permis 
de  rentrer  en  grâce  complètement  auprès  du  roi  et  du  mi- 
nistre. 

Le  10  octobre  1698,  M.  de  Frontenac  écrivait  au  minis- 
tre : 

"  Nous  joindrons,  M.  l'intendant  et  moi,  à  notre  lettre 
commune  un  mémoire  que  vous  présente  le  sieur  de  Gal- 
liffet, major  de  Québec,  pour  l'établissement  d'un  poste  à 
l'île  Percée,  qui  nous  paraît  à  l'un  et  à  l'autre  d'une  très 
grande  utilité  pour  la  sûreté  d'une  pêche  sédentaire,  comme 
aussi  pour  rendre  la  navigation  de  notre  rivière  plus  facile, 
et  la  mettre  à  couvert  des  insultes  des  pirates  qui  sont  ve- 

(8)  Archives  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol.    13. 

(9)  Edouard  Richard,  Supplément  du  rapport  du  Dr  Brymner  sur 
les  archives  canadiennes,  1899,  p.  301. 

(10)  Edouard  Richard,  Supplément  du  rapport  du  Dr  Brymner  sur 
les  archives  canadiermes,  1899,  p.  292. 


—  294  — 

nus  dans  cette  dernière  guerre  jusqu'à  vingt  lieues  de  Qué- 
bec "  (il). 

Le  15  octobre  1698,  dans  leur  lettre  commune  au  mi- 
nistre, MM.  de  Frontenac  et  Champigny  écrivaient  : 

"  Nous  joignons  à  cette  dépêche  un  mémoire  qui  vous 
est  présenté  par  le  sieur  de  Galifet,  major  de  cette  ville, 
par  lequel  il  vous  expose  l'utilité  qu'il  y  aurait  d'établir  un 
poste  à  l'île  Percée  pour  assurer  les  pêches  sédentaires  qui 
s'y  font  et  mettre  à  couvert  l'entrée  de  notre  golfe  et  de 
notre  rivière  des  moindres  pirates  qui  sont  venus  dans  ces 
dernières  années  jusqu'à  20  lieues  de  Québec  faire  des  in- 
cursions et  nous  prendre  des  bâtiments.  Si  S.  M.  goûte 
cette  proposition,  nous  la  suplions  de  lui  en  accorder  le 
gouvernement,  et  nous  croyons  qu'elle  ne  le  pourrait  confier 
en  de  meilleures  mains,  parce  qu'il  a  de  l'esprit,  de  l'intelli- 
gence et  beaucoup  d'affection  pour  le  service  "  (12). 

Le  ministre  ne  goûta  pas  la  demande  et  la  projet  de 
M.  de  Galliffet  et  dût  blâmer  MM.  de  Callières  et  Cham- 
pigny d'avoir  appuyé  sa  proposition  puisque  ceux-ci,  le  20 
octobre  1699,  lui  écrivaient  : 

"Ça  été  sur  le  fondement  des  raisons  contenues  dans 
le  mémoire  du  sieur  de  Galifîet,  envoyé  l'année  dernière  à 
Sa  Majesté  que  M.  de  Frontenac  et  le  sieur  de  Champigny 
lui  ont  proposé  d'établir  un  gouverneur  à  l'île  Percée,  et 
puisqu'elle  ne  les  a  pas  goûtées,  nous  demeurerons  sur  ce 
point  dans  le  silence"  (13). 

Le  17  mai  1699,  le  roi  accordait  un  congé  de  neuf  mois 
à  M.  de  Galliffet,  major  de  Québec  (14). 

Quelques  jours  plus  tard,  le  28  mai  1699,  M.  de  Gal- 
liffet était  promu  lieutenant  de  roi  à  Montréal,  à  la  place 
de  M.  de  Crisafy,  appelé  lui-même  au  gouvernement  des 
Trois-Rivières  (15). 

(11)  Archives  du   Canada,   Correspondance   générale,   vol.    1 6. 

(12)  Archives   du   Canada,   Correspondance   générale,   vol.    16. 

(13)  Archives   du   Canada,    Correspondance   générale,   vol.    17. 

(14)  Edouard  Richard,  Supplément  du  rapport  du  Dr  Br^mner  sur 
les  archives  caTiadiertnes,  1 899,  p.  326. 

(15)  Idem.  p.  328. 


—  295  — 

A  rautomne  de  1699,  ^I-  de  Galliffet,  se  prévalant  du 
congé  obtenu  le  17  mai  précédent,  passait  en  France. 

Le  20  octobre  1699,  M.  de  Callières  écrivait  au  minis- 
tre : 

"  Le  sieur  de  Galiffet,  lieutenant  de  roy  de  Montréal, 
nous  avait  demandé  Tannée  dernière  un  congé  pour  passer 
en  France.  Les  sieurs  LeVasseur  et  de  Bellecour  luy  ont 
mandé  que  vous  aviez  eu  la  bonté  de  le  faire  expédier  et 
quoiqu'il  ne  soit  pas  venu  icy,  j'ai  cru,  sur  les  lettres  qu'il 
m'a  montrées  et  la  disposition  où  il  se  trouve  depuis  long- 
temps, devoir  l'y  laisser  aller  pour  prendre  les  eaux  afin 
de  rétablir  sa  santé  et  ainsi  que  le  sieur  de  St-Michel  qui 
est  paralytique  presque  par  tout  le  corps  "  (16). 

Le  même  jour,  dans  leur  lettre  commune,  MM.  de  Cal- 
lières et  Champigny  écrivaient  au  ministre  : 

"  Nous  nous  croyons  obligés  de  dire  à  Sa  Majesté  que 
le  sieur  de  Galiffet,  lieutenant  de  Roi  de  Montréal,  passe 
en  France  qui  sera  chargé  du  diplicata  de  cette  dépêche  ; 
c'est  un  bon  sujet,  fort  appliqué,  sage,  entendu  et  capable 
de  remplir  les  emplois  que  Sa  Majesté  lui  voudrait  con- 
fier "  (17). 

A  la  mort  de  M.  Robineau  de  Villebon,  gouverneur  de 
î'Acadie,  en  1700,  M.  de  Galliffet  essaya  de  se  faire  donner 
ce  gouvernement.  Le  31  mai  1701,  le  ministre  lui  écrivait 
qu'il  l'avait  proposé  au  roi  pour  le  gouvernement  de  I'Aca- 
die. Le  roi,  malheureusement,  en  avait  disposé  en  faveur 
de  M.  de  Brouillan  (18). 

Le  6  mai  1702,  un  ordre  du  roi  réglait  que  pour  pré- 
venir des  difficultés  avec  M.  de  Galliffet,  à  l'avenir,  en  l'ab- 
sence de  M.  de  Yaudreuil,  gouverneur  de  Montréal,  M.  de 
Ramezay  commanderait  dans  ce  gouvernement.  En  l'ab- 
sence de  M]\I.  de  Callières  et  de  Vaudreuil,  M.  de  Ramezay 


(  1 6)      Archives  du  Canada,   Correspondance  générale,  vol.    1 7. 

(17)  Archives  du   Canada,    Correspondance   générale,   vol.    17. 

(18)  Edouard  Richard,  Supplément  du  rapport  du  Dr  Brymner  sur 
les  archives  canadiennes,  1899,  p.  341. 


—  296  — 

devait  avoir  le  commandement  de  toute  la  Nouvelle-Fran- 
ce (19).  .     ,     .     .     -^ 
Le  16  novembre  1703,  M.  de  Beauharnois  écrivait  au 
ministre  : 

"  M.  de  Galiffet  m'a  prié,  Mgr,  de  vous  demander  pour 
lui  un  congé  d'un  an  pour  aller  en  France  régler  ses  affai- 
res  "  (20). 

Le  21  juin  1704,  le  ministre  écrivait  à  M.  de  Galliffet 
qu'il  n'avait  pu  rien  faire  pour  lui'  cette  année,  mais  qu'il 
ne  l'oublierait  pas.  Comme  fiche  de  consolation,  il  lui  ac- 
cordait le  congé  qu'il  avait  demandé  (21). 

Le  15  juin  1705,  M.  de  Galliffet  obtenait  la  croix  de 
Saint-Louis. 

Le  ministre,  en  lui  apprenant  la  bonne  nouvelle  le  14 
juin  1705,  l'informait  qu'il  n'était  pas  vrai  que  M.  de  Brouil- 
lan  avait  résigné  le  commandement  de  l'Acadie  (22). 

Le  9  juin  1706,  le  ministre  écrivait  une  lettre  très  sé- 
vère à  M.  de  Vaudreuil  au  sujet  de  M.  de  Galliffet.  Le  roi, 
disait-il,  a  trouvé  mauvais  que  M.  de  Galliffet  se  soit  ab- 
senté de  Montréal  en  l'absence  de  M.  de  Ramezay,  lors  de 
l'émeute.  Il  a  été  bien  près  de  l'interdire.  Le  ministre  lui 
accordait,  toutefois,  permission  de  passer  en  France  à  cause 
de  la  mort  de  son  frère,  le  gouverneur  de  Sainte-Croix  (23). 
En  novembre  1706,  MM.  de  Vaudreuil  et  Raudot  infor- 
maient le  ministre  que  M.  de  Galliffet,  lieutenant  de  roi  à 
Montréal,  passait  en  France.  Ils  en  profitaient  pour  faire 
son  éloge.  Ils  terminaient  leur  lettre  en  disant  au  ministre 
que  M.  de  Galliffet  était  un  honnête  homme  (24). 

(19)  Edouard  Richard,  Supplément  du  rapport  du  Dr  Br^mner  sur 
les  archives  canadiennes,  1899,  pp.  348,  356. 

(20)  Archives  du   Canada,   Correspondance  générale,  vol.    21. 

(2 1  )      Edouard  Richard,  Supplément  du  rapport  du  Dr  Br^mner  sur 
les  archives  canadiennes,   1899,  p.  365. 

(22)  Edouard  Richard,  Supplément  du  rapport  du  Dr  Br^mner  sur 
les  archives  canadiennes,  1 899,  p.  369. 

(23)  Edouard  Richard,  Supplément  du  rapport  du  Dr  Br^mner  sur 
les  archives  canadiennes,  1899,  p.  376. 

(24)  Archives   du   Canada,   Correspondance   générale,   vol.   24. 


-  297  — 

M.  de  Galliffet  essaya,  pendant  son  séjour  en  France, 
d'obtenir  de  nouvelles  faveurs.  Il  suggéra  au  ministre 
d'établir  au  Canada  une  capitainerie  générale  garde-côtes. 
Il  lui  proposa  en  même  temps  de  créer  un  inspecteur  des 
troupes.  Il  aurait  accepté  avec  plaisir  de  remplir  l'une  ou 
l'autre  des  deux  charges,  peut-être  les  deux  à  la  fois.  Le 
15  juin  1707,  le  ministre  lui  répondait  que  sa  proposition 
d'établir  une  capitainerie  générale  garde-côtes  ne  convenait 
pas.  Quant  à  l'inspecteur  des  troupes,  il  n'était  pas  néces- 
saire (25). 

Quelques  jours  plus  tard,  M.  de  Galliffet  recevait  une 
autre  rebuffade  du  ministre.  En  1706.  les  officiers  d'état- 
major  de  la  Nouvelle-France,  MM.  de  Ramezay,  de  Crisafy, 
de  Galliffet,  de  Langloiserie  et  de  Louvigny,  par  une  lettre 
commune,  avaient  fait  des  représentations  au  ministre  sur 
la  modicité  de  leurs  appointements.  Le  roi,  paraît-il,  fut 
très  vexé  de  ce  procédé.  Le  30  juin  1707,  le  ministre  écri- 
vait à  M.  de  Ramezay  et  lui  faisait  de  grands  reproches  de 
même  qu'à  ses  confrères  d'avoir  employé  ce  procédé  incon- 
venant (26). 

Le  13  juin  17*08,  M.  de  Galliff'et,  qui  était  en  France  de- 
puis l'automne  de  1706,  obtenait  une  prolongation  de  congé 
d'une  autre  année  pour  lui  permettre  de  régler  les  affaires 
de  la  succession  de  son  frère  {2.^^. 

.  Le  marquis  de  Crisafy,  gouverneur  des  Trois-Rivières, 
étant  mort  le  6  mai  1709,  MM.  Raudot,  père  et  fils,  inten- 
dans  de  la  Nouvelle-France,  amis  de  M.  de  Galliffet,  s'em- 
pressèrent de  le  recommander  au  ministre  pour  le  rempla- 
cer. Le  28  octobre  1709,  ils  faisaient  valoir  auprès  du  mi- 
nistre les  raisons  qui  militaient  en  faveur  de  leur  candidat 


(25)  Edouard  Richard,  Supplément  du  rapport  du  Dr  Brymner  sur 
les  archhes  canadiennes,   \  899,  p.  384. 

(26)  Edouard  Richard,  Supplément  du  rapport  du  Dr  Brymner  sur 
les  archives  canadiennes,  1899,  p.  387. 

(27)  Edouard  Richard,  Supplément  du  rapport  du  Dr  Br'^mner  sur 
les  archives  canadiennes,  1889,  p.  410. 


—  298  — 

qui,  d'après  eux,  devait  être  préféré  à  M.  de  Langloiserie 
qui  demandait  aussi  cette  charge  (28). 

Le  5  mai  1710,  M.  de  Galliffet  était  nommé  par  le  roi 
gouverneur  des  Trois-Rivières.  Il  administrait  ce  gou- 
vernement par  intérim  depuis  la  mort  de  M.  de  Crisafy 
en  mai  1709. 

Le  4  novembre  1712,  M.  de  Galliffet  achetait  de  Louis 
Aubert  du  Forillon  et  de  son  épouse  Barbe  LeNeuf  le  fief 
Sainte-Marguerite  et  la  terre  vulgairement  appelée  le 
''marquisat  du  Sablé"  (29). 

Le  fief  Sainte-Marguerite  consistait  en  trois  quarts 
de  lieue  de  front  "derrière  les  concessions  qui  sont  le  long 
du  fleuve  Saint-Laurent  au-dessus  des  Trois-Rivières  joi- 
gnant d'un  côté  au  sud-ouest  les  terres  appartenant  au 
sieur  de  Vieux-pont,  et  du  côté  du  nordest  au  fleuve  Des 
Trois-Rivières".  Ce  fief  avait  été  concédé  le  ler  février 
1679  à  M.  de  Boyvinet,  lieutenant  général  des  Trois-Riviè- 
res, par  MM.  de  Frontenac  et  Duchesneau.  Après  la  mort 
tragique  de  M.  de  Boyvinet  en  1686,  le  fief  Sainte-Margue- 
rite était  retourné  au  domaine  de  Sa  Majesté.  Le  27  juillet 
1691,  MM.  de  Frontenac  et  Bochart  Chaxnpigny  l'avaient 
de  nouveau  concédé  à  M.  Jacques  Dubois,  marchand,  des 
Trois-Rivières  (30).  Celui-ci  ne  put  le  garder  longtemps, 
et,  le  9  juin  1700,  il  était  vendu  par  autorité  de  justice,  pour 
la  somme  de  trois  cents  livres,  à  M.  Charles  Aubert  de  la 
Chesnaye.  De  ce  dernier,  le  fief  Sainte-Marguerite  passa 
un  peu  plus  tard  à  son  fils  Louis  Aubert  du  Forillon. 

Quant  au  "marquisat  du  Sablé",  il  consistait  en  dix  ar- 
pents de  terre  située  'ie  long  du  coteau  appartenant  aux 
RR.  PP.  Jésuites  aux  Trois-Rivières".  M.  Aubert  du  Fo- 
rillon en  avait  hérité  de  son  père  Charles  Aubert  de  la 
Chesnaye  qui  lui  en  avait  fait  l'acquisition,  le  13  novembre 

(28)  Archives  du  Canada,  Correspondance  générale,  vol.  30. 

(29)  Acte  devant  la  Cetière,  notaire  à  Québec. 

(30)  Pièces  et  documents  relatifs  à  la  tenure  seigneuriale,  p.  402. 


—  299  — 

i686,  de  Michel  LeNeuf  de  la  Vallière  et  de  Beaubassiri 
(31).  Celui-ci  tenait  le  "marquisat  du  Sablé"  de  ses  père 
et  mère,  Jacques  LeNeuf  de  la  Poterie  et  Marguerite  Le- 
Gardeur. 

M.  de  Galliffet  paya  son  acquisition  quatre  cents  livres. 

En  1713,  M.  de  Galliffet  avait  demandé  un  congé  au 
ministre  pour  passer  en  France.  Le  19  mars  1714,  le  Roi 
faisait  savoir  à  MM.  de  Vaudreuil  et  Bégon  qu'ayant  ac- 
cordé un  congé  à  M.  de  Vaudreuil  il  ne  pouvait  en  donner 
un  en  même  temps  à  M.  de  Galliffet. 

En  1714,  M.  de  Galliffet  renouvela  sa  demande.  M.  de 
Vaudreuil  étant  encore  en  France,  il  ne  put  l'obtenir  (32). 

Le  13  juillet  1715,  le  roi  donnait  un  ordre  à  M.  de  Gal- 
liffet, gouverneur  des  Trois-Rivières,  au  sujet  du  comman- 
dement du  pays.  Au  défaut  de  M.  de  Vaudreuil,  gouver- 
neur-général de  la  Nouvelle-France,  de  M.  de  Ramezay, 
gouverneur  de  Montréal,  et  du  marquis  d'Aloigny  (33), 
commandant  des  troupes,  M.  de  Galliffet  devait  avoir  le 
commandement  du  pays  (34). 

La  conduite  de  M.  de  Galliffet  laissait  beaucoup  à  dé- 
sirer. En  1715,  Mgr  de  Saint-Vallier,  évêque  de  Québec, 
se  plaignait  amèrement  au  Conseil  de  Marine  du  mauvais 
exemple  donné  par  le  gouverneur  des  Trois-Rivières. 

Le  2  novembre  1716,  M.  de  Vaudreuil  tentait  d'excuser 
M.  de  Galliffet  auprès  du  ministre  : 

"  Le  sieur  Hertel  de  Cournoyer,  à  qui  j'ai  parlé  des 
plaintes  faites  contre  M.  de  Galliffet,  m'a  assuré  qu'il  n'a- 
vait aucun  sujet  de  se  plaindre  de  ce  dernier  et  que  ces 
plaintes  venaient  de  la  part  du  sieur  Hertel,  son  père,  qui 

(31)  Acte  devant  Gilles  Rageot,  notciire  à  Québec. 

(32)  Edouard  Richard,  Supplément  du  rapport  du  Dr  Br^mner  sur 
les  archives  canadiennes,   1899,  pp.   114,  463. 

(33)  On  ignorait  encore  en  France  que  le  marquis  d'Aloigny  de  la 
Croix  était  mort  depuis  plus  de  huit  mois. 

(34)  Edouard  Richard,  Supplément  du  rapport  du  Dr  Br^mner  sur 
les  archives  canadiennes  pour  1899,  p.  115. 


...  300  — 

avait  été  induit  à  le  faire  par  la  sollicitation  de  M.  l'évê- 

que"  (35). 

En  cette  même  année  1716,  M.  de  Galliffet  obtint  enfin 
le  congé  qu'il  demandait  depuis  trois  ans.  Il  s'embarqua  à 
Québec  en  novembre  1716  (36). 

A  la  mort  du  marquis  d'Aloigny  de  la  Groix,  péri  dans 
le  naufrage  du  Saint-Jérôme  sur  l'île  de  Sable  dans  l'au- 
tomne de  1714,  le  roi  décida  de  supprimer  son  emploi  de 
commandant  des  troupes  entretenues  en  la  Nouvelle-Fran- 
ce. 

Le  gouverneur  de  Vaudreuil,  qui  avait  six  fils  à  placer, 
essaya  en  1716  et  1717  de  faire  rétablir  l'emploi  de  com- 
mandant des  troupes.  La  place,  d'après  lui,  aurait  admira- 
blement convenu  à  son  fils  aîné. 

M.  de  Galliffet,  qui  était  sur  les  lieux,  fit  aussi  jouer  ses 
influences  pour  être  nommé  commandant  des  troupes.  Il 
aurait  gardé  son  gouvernement  des  Trois-Rivières  et  aurait 
agi  comme  commandant  des  troupes  sans  appointements, 
mais  on  lui  aurait  donné  une  compagnie  pour  soutenir  la 
dépense  qu'il  aurait  été  obligé  de  faire  dans  ses  courses 
d'inspection,  etc.,  etc. 

Cette  proposition  pas  plus  que  celle  de  M.  de  Vaudreuil 
ne  fut  acceptée. 

M.  de  Galliffet  devait  revenir  prendre  son  poste  en 
1717.  Les  années  1717  et  1718  s'écoulèrent  sans  qu'il  son- 
gea à  repasser  dans  la  Nouvelle-France. 

Le  23  juillet  1719,  le  Conseil  de  Marine  faisait  savoir 
à  M.  de  Galliffet  qu'il  était  fâché  de  l'incommodité  qui  le 
retenait  en  France,  mais  que  comme  il  y  était  depuis  deux 
ans,  il  ne  serait  payé  de  ses  appointements  que  lorsqu'il 
serait  rendu  dans  son  gouvernement  des  Trois-Rivières. 

M.  de  Galliffet,  malade  et  ne  se  souciant  pas  de  repas- 
ser dans  la  Nouvelle-France  à  cause  des  désagréments  que 
lui  avait  attirés  sa  conduite  déréglée,  obtint,  le  14  mai  1720, 

(35)  Archives   du   Canada,   Correspondance   générale,   vol.    36. 

(36)  Laffilard  dit  qu'il  repassa  en  France  le  15  juin  1717,  mais  il 
est  certain  qu'il  s'embarqua  à  Québec  en  novembre   1716. 


.^  301  v-^ 

son  congé  absolu,  avec  pension  de  1500  livres  (37). 

M.  de  Gallifïet  mourut  à  Avignon  en  1746,  à  l'âge  de 
quatre-vingt  ans. 

On  a  écrit  qu'à  son  retour  en  France,  M.  de  Gallifïet 
fut  envoyé  commander  à  l'île  de  la  Tortue  et  autres  colonies 
des  Antilles  y  compris  Saint-Domingue.  On  a  dit  aussi 
que  M.  de  Galliffet  fut  gouverneur  de  l'île  Sainte-Croix, 
après  son  frère,  Joseph  de  Galliffet.  On  a  fait  erreur  (38). 
Après  avoir  obtenu  son  congé,  en  1720,  M.  de  Galliffet  se 
retira  à  Avignon  et  n'occupa  plus  aucun  poste. 

La  plupart  de  nos  auteurs  donnent  le  titre  de  marquis 
à  M.  de  Galliffet.  C'est  encore  une  erreur.  Le  premier  de 
Galliffet  qui  prit  le  titre  de  marquis  fut  Louis-François  de 
Galliffet,  fils  de  Alexandre  de  Galliffet,  frère  aîné  de  notre 
gouverneur  des  Trois-Rivières  (39). 

François  de  Gallift'et  avait  épousé,  à  Québec,  le  14  jan- 
vier 1697,  Marie-Catherine  Aubert  de  la  Chesnaye,  fille  de 
Charles  Aubert  de  la  Chesnaye  et  de  Marie-Angélique 
Denys  de  la  Ronde. 

Elle  fut  enlevée  à  l'affection  de  son  mari  dans  l'épidé- 
mie de  petite  vérole  qui  régna  dans  toute  la  Nouvelle-Fran- 
ce dans  l'hiver  et  le  printemps  de  1703.  Décédée  à  Mont- 
réal le  ler  avril  1703,  elle  fut  inhumée  le  lendemain. 

Du  mariage  de  François  de  Galliffet  et  de  Marie-Ca- 
therine Aubert  de  la  Chesnaye  étaient  nés  quatre  enfants  : 

I. — Louise-Angélique  de  Galliffet  née  à  Québec  le  3 
janvier  1698.  Décédée  à  Beauport  le  22  janvier  1698,  et 
inhumée  dans  l'église  paroissiale. 

2. — Charles-François  de  Galliffet  né  à  Québec  le  12  no- 
vembre 1698.    Il  suivit  son  père  en  France.    Il  entra  dans 

(37)  Edouard  Richard,  Supplément  du  rapport  du  Dr  Br^mneT  sur 
les  archives  canadiennes,  1 899,  pp.  522,  529. 

(38)  Nous  avouons  candidement  avoir  fait  la  même  erreur  dans  La 
famille  Aubert  de  Caspé. 

(39)  Le  général  de  Galliffet  qui  a  été  ministre  de  la  guerre  en  Francs 
de  1898  à  1900,  était  le  descendant  du  marquis  Louis-François  de  Galliffet. 
En  avril  1867,  le  général  de  Galliffet,  alors  colonel  dans  l'armée  envoyée  au 
Mexique,  visitait  Québec. 


-^-  302  -- 

les  Gardes  Françaises  et  parvint  au  grade  de  capitaine. 
Dans  un  acte  du  27  octobre  1752,  il  est  désigné  comme  suit: 
"Charles  François  de  Galliffet,  chevalier,  seigneur  de  Mont- 
Cassin  et  autres  lieux,  chevalier  de  l'Ordre  Royal  et  Mili- 
taire de  Saint-Louis,  demeurant  à  Paris,  rue  du  Bac,  fau- 
bourg Saint-Germain,  paroisse  Saint-Sulpice  "  (40).  M. 
d'Hozier  fait  mourir  M.  de  Galliffet  le  12  décembre  1748, 
mais  il  fait  erreur  puisque  nous  le  voyons  bien  vivant  à 
l'automne  de  1752  et  s'occupant  de  ses  propriétés  du  Ca- 
nada. 

3. — Marguerite  de  Galliffet  née  à  Québec  le  18  juin 

1700.  Décédée  au  même  endroit  le  ler  octobre  1700,  et  in- 
humée dans  l'église  paroissiale. 

4. — Marie-Catherine  de  Galliffet,  née  à le   .. 

1701.  Décédée  en  France  (41). 

P.-G.  R. 

(La  fin  dans  la  prochaine  livraison) 


(40)  Acte  de  Jean-Claude  Panet. 

(41)  Mgr  Tanguay  (Dictionnaire  généalogique,  vol.  I,  p.  50), 
donne  un  cinquième  enfant  à  François  de  Galliffet  et  Marie-Catherine  Anbert 
de  la  Chesnaye.  Marie-Josette,  qu'il  fait  naître  à  Québec,  le  25  avril  1  702. 
Il  fait  erreur.  L'acte  de  baptême  dit:  "Marie- Josette  de  Galliffet,  fille  natu- 
relle de  Ecuyer  Philippe  de  Galliffet  et  de  Louise   ....   sa  mère." 


LESSELINE 


Mgr  Tanguay  dans  son  Dictionnaire  dit  que  Jean  de  Liesseline 
(c'est  Lesseline  qu'il  faut  lire),  sieur  de  Putot,  enseigne  de  M.  de  la  Chas- 
saigne,  a  été  commandant  au  fort  de  Lachine  en  1  689. 

M.  de  Lesseline  était  originaire  de  Normandie  et  pour  être  plus  précis  : 
de  la  paroisse  de  Cresserons,  iù  il  demeurait  en  1 666.  Il  était  né  en 
1625. 

REGIS  ROY 


—  303  — 

Dn  médecin  irlandais  à  Montréal  avant  la  Cession 


J'ai  pensé  intéresser  les  lecteurs  du  Bulletin  en  les  entretenant,  à  l'aide 
de  documents  pour  la  plupart  inédits,  de  Timothée  Sullivan  ou  Sylvain,  mé- 
decin du  roi  à  Montréal  de  1  724  à  1  749.  C'est  un  personnage  de  second 
plan  sans  doute,  mais  qui  m'a  paru  fournir  l'objet  d'un  chapitre  au  moins  amu- 
sant de  notre  petite  histoire.  Il  n'est  guère  connu  jusqu'ici  que  pour  avoir 
été  mêlé  d'intime  façon  à  la  vie  d'une  de  nos  plus  pures  gloires  religieuses,  la 
vénérable  Mme  d'Youville  dont  il  épousa  la  mère.  A  ce  point  de  \'ue  seul, 
il  mériterait  d'être  mieux  étudié,  car  rien  de  ce  qui  touche  d'un  peu  près  à 
l'admirable  fondatrice  des  Soeurs  Grises  ne  doit  nous  être  indifférent.  Mais 
il  se  trouve  en  même  temps  que,  par  ses  multiples  aventures  et  par  ses  querelles 
homériques,  il  est  un  des  plus  singuliers,  sinon  im  des  plus  énigmatiques  per- 
sonnages qui  ont  vécu  en  notre  pays  durant  le  dernier  demi-siècle  du  régime 
français. 

Timothée  Sylvain  était  "irlandais  de  nation"  ainsi  qu'on  prend  toujours 
soin  de  le  noter  dans  les  documents  officiels  de  son  temps  qui  le  concernent. 
Il  s'appelait  de  son  vrai  nom  Sullivan. 

Comment  vint-il  à  s'appeler  Sylvain  ?  Cela  s'explique  aisément  par  la 
façon  dont  les  Canadiens  contemporains  devaient  prononcer  son  nom  de  pro- 
venance étrangère.  Peu  habitués  aux  désinences  saxonnes,  ils  transformzuent 
Sullivan  en  Sullivain.  Sullivain  est  devenu  par  rapides  étapes  Sulivain,  Silvain, 
et  finalement  Sylvain,  pour  le  conformer  à  l'ortographe  étymologique  du  pré- 
nom français  bien  connu  auquel  on  le  rapporte  naturellement.  Timothée  Sul- 
livan se  prêta  lui-même  bénévolement,  sinon  tout  à  fait  inconsciemment,  à  cette 
francisation  graduelle  de  son  nom.  En  I  720,  il  signe  de  son  nom  irlcindais, 
rimothy  Sullivan,  le  premier  acte  public  où  nous  le  trouvons  mentionné,  celui 
de  son  mariage.  Mais  dès  1  724,  nous  le  voyons  signer  Silvin  aux  registres 
de  la  paroisse  de  Montréal.  En  1  738,  au  bas  de  certaines  procédures  judi- 
ciaires, il  écrit  son  nom  Silvain. 

Son  cas  est  un  de  ceux  que  l'on  cite  d'ordinaire  lorsqu'on  veut  démontrer 
la  puissance  d'absorption  de  la  race  canadienne  qui,  de  familles  d'origine  an- 
glaise, a  fini  par  faire  des  familles  toutes  françaises.  C'est  à  cause  de  lui  que 
plusieurs  veulent  que  la  famille  Sylvain  qui  existe  encore  et  qui  est  si  canadienne- 
française  soit  originairement  de  souche  irlandaise.     C'est  une  erreur,  car  nous 


...  304  ™ 

verrons  que  Timothée  Sullivan  n'eut  pas  d'enfants  qui  lui  survécurent.  Les 
Sylvain  d'aujourd'hui  portent  simplement  comme  nom  de  famille  le  prénom 
de  leur  premier  ancêtre  qui  était  en  la  Nouvelle-France  un  demi-siècle  avant 
la  venue  de  Timothée  Sullivan. 

D'après  l'acte  de  son  mariage,  Timothée  Sylvain  était  le  fils  de  Daniel 
Sullivan  et  d'Elizabeth  Macarthy  de  la  paroisse  de  Saint-Philibert,  du  diocèse 
de  Cork,  en  Irlande.  Il  doit  être  né  en  1 696,  car  le  même  acte  lui  donne  24 
ans  en  1  720. 

Etait-il  gentilhomme  ?  Dans  sa  Vie  de  Madame  d'Youville  (p.  9),  M. 
l'abbé  Faillon  est  très  disposé  à  le  croire  ;  il  est  même  évident  qu'il  ne  demande 
pas  mieux.  "M.  Deschambault  et  d'autres,  écrit-il,  le  qualifient  même  de  M. 
de  Silvain,  apparemment  parce  qu'il  était  reconnu  pour  gentilhomme  irlandais 
par  la  cour  de  France."  Pour  tous  ceux  qui  savent  avec  quelle  extraordinaire 
facilité  nos  pères  se  distribuaient  la  particule  à  3000  lieues  de  M.  d'Hozier,  la 
preuve  n'est  peut-être  pas  suffisante. 

Mais  c'est  ce  qu'il  n'aurait  pas  fallu  dire  à  M.  l'abbé  Tanguay  qui  était 
absolument  sûr,  quant  à  lui,  de  la  haute  noblesse  de  Timothée  Sylvain  et  qui 
ne  permettait  pas  que  l'on  entretînt  aucun  doute  là-dessus.  Il  faut  voir  de  quel 
air  triomphal  il  brandit  au  7e  volume  de  son  Dictionnaire  Généalogique  (p. 
595)  ce  qu'il  appelle  "le  précieux  document  établissant  la  noblesse  de  l'origine 
de  Timothée  Sylvain".     Voici  cette  pièce  plutôt  curieuse  que  précieuse  : 

'*  Nous  soussignez  Milord  Fitzjam  de  Barwich,  colonel  d'un  Régiment 
Irlandais  ;  Milord  Claar,  Brigadier  des  Armées  du  Roy,  colonel  d'un  régiment 
Irlandais  ;  M.  Rute,  Lieutenant  Général  des  Armées  du  Roy  et  colonel  d'un 
régiment  Irlandais  ;  M.  Doulgla,  Lieutenant  Général  des  Armées  du  Roy  et 
colonel  d'un  Régiment  Irlandais  ;  M.  Couq,  Lieutenant  Général  des  Armées 
du  Roy  et  colonel  d'un  Régiment  Irlandais  ;  Milord  de  Castilconell,  Lieute- 
nant Général  des  Armées  du  Roy  et  colonel  d'un  Régiment  Irlandais  ;  Milord 
l'abbé  Milfort,  Docteur  en  Sorbonne  ;  Madame  la  maréchale  de  Barwich  ; 
Madame  la  Princesse  d'Auvergne  de  Bouillon  ;  Madame  la  Princesse  d'Izan- 
guin,  tous  certifions  à  tous  qu'il  appartiendra,  que  M.  Timoté  O'Sullivan,  fils 
de  M.  Cornélius  Daniel  O'Sullivain,  Comte  de  Killarneay  en  Irlande  et  Lieu- 
tenant Général  des  Armées  du  Roy  Jacques  II,  de  glorieuse  mémoire,  sont  des- 
cendus des  plus  anciennes  et  des  plus  illustres  maisons  d'Irlande,  desquels  sont 
sortis  Son  Altesse  Monseigneur  le  duc  de  Satherland,  Monseigneur  le  Comte 
de  Bearhaven,  Marquis  de  Castille  et  Grand  d'Espagne  ;  Milord  de  Cahael  ; 
Milord  duc  de  Manogre,  et  plusieurs  autres  Officiers  Généraux,  et  d'Evêques 
et  Prélats  ;    que  nous  reconnaissons  ledit  Sieur  O'Sullivain  pour  notre  proche 


—  305  ™ 

parent  et  allié  aux  plus  Illustres  Maisons  d'Irlande,  d'Angleterre  et  d'Ecosse  ; 
et  qu'il  a  servi  de  notre  connaissance  en  qualité  de  Capitaine  de  Dragons  pen- 
dant seize  ans  en  Espagne,  dont  il  s'est  acquitté  avec  honneur.  Qu'étant  parti 
d'Espagne  en  mil  sept  cent  seize  par  Ordre  de  ses  Officiers  Généraux  pour  aller 
recruter  en  Irlande  pour  son  Régiment,  il  fut  pris  par  les  Pirates  qui  le  menèrent 
à  la  Nouvelle-Angleterre,  d'où  il  passa  en  Canada  pour  se  conserver  dans  la 
Religion  Catholique,  Apostolique  et  Romaine,  où  il  a  demeuré  plusieurs  années 
et  s'est  marié  à  la  fille  de  M.  de  Varennes,  Gouverneur  de  la  Ville  des  Trois- 
Rivières,  d'ancienne  Famille  de  Noblesse,  Veuve  de  M.  de  la  Gemmeraye, 
Capitaine  d'une  compagnie  du  Détachement  de  la  Marine  en  cette  colonie. 

"  En  foi  de  quoi  nous  avons  signé  le  présent  certificat,  pour  lui  servir  et 
valoir  ce  que  de  raison,  et  rendre  témoignage  de  sa  Naissance. 

"  Fait  à  Paris  ce  1 2  de  janvier  l  736. 

"  Signés  Hugène  O'SuUivain  —  Fitzjam  de  Barwick  —  M.  de  BoclLy 
de  Barwick  —  Claar  —  Trant  de  Bouillon  —  Rute  —  d'Izanguin  de  Monaco 
—  Duglas  Couq  —  Costilconell  —  M  il  fort  " 

Voilà,  n'est-ce  pas,  un  assez  beau  parchemin  !  Les  garants  sont  nom- 
breux et  de  haute  naissance.  L'affirmation  est  nette  et  précise^  M.  l'abbé  Tan- 
guay  y  a  trouvé  un  accent  de  vérité  qui  l'a  conquis  du  premier  coup,  et  il  n'a 
évidemment  pas  senti  le  besoin  d'aller  plus  au  fond. 

Pour  nous,  même  à  première  vue,  avouons-le,  ce  bloc  enfariné  ne  nous 
dit  rien  qui  vaille.  C'est  que  nous  vivons  dans  un  âge  moins  crédule  et  que  nous 
avons  appris  à  être  un  peu  plus  exigeants.  En  l'étudiant  de  près,  en  effet,  cette 
fameuse  pièce  nous  paraît  avoir  plusieurs  accrocs  où  apparaît  le  fil  blanc. 

D'abord,  sh  l'on  consulte  l'Etat  militaire  de  la  France  de  Lumeau  de  la 
Jaisse  pour  la  même  époque,  l'on  verra  que  Timothée  Sylvain  a  trop  géné- 
reusement distribué  les  hautes  charges  militaires  parmi  ses  parrains  de  noblesse. 
Dans  ce  document  daté  de  1  736,  nous  ne  comptons  pas  moins  de  quatre  lieu- 
tenants généraux  des  armées  du  roi.  Or  il  y  en  a  deux  sur  les  quatre  qui  n'ap- 
paraissent pas  comme  tels  à  la  même  date,  dans  l'Etat  militaire  de  France, 
Milord  Castilconnell  et  M.  Douglas.  Il  y  eut  un  seigneur  de  ce  dernier  nom 
qui  vint  en  France,  à  la  suite  de  Jacques  II,  mais  dès  1718,  d'après  le  Journal 
de  Dangeau,  il  dut  s'enfuir  du  pays,  et  s'il  fut  lieutenant  général  avant  cette 
date,  il  cessa  de  l'être  après,  car  son  nom  ne  figure  pas  sur  les  listes  officielles. 

Il  en  est  de  même  des  colonels  d'un  régiment  irlandais.  Timothée  Sylvain 
nous  en  sert  six  d'nu  même  coup,  tandis  qu'à  la  même  époque  il  n'y  avait  que 
cinq  régiments  irlandais  au  service  de  la  France  :  Bulkeley,  Clare,  Berwick, 
Rooth  et  Dillon.     Sylvain  a  justement  fait  colonels  Fitzjames  de  Bervkrick,  le 


—  306  — 

comte  de  Clare  et  M.  de  Rooth,  mais  nous  nous  demandons  à  la  tête  de  quels 
régiments  il  pouvait  placer  Douglas,  Cooke  et  Castilconnell.  Milord  Cooke 
était  bien  lieutenant  général,  mais  il  n'était  pas  colonel.  Quant  à  Douglas, 
il  y  eut  un  colonel  de  ce  nom  à  partir  de  1  738,  mais  il  était  du  régiment  de 
Languedoc,  et  de  pure  origine  écossaise. 

Il  y  a  aussi  quelque  chose  de  déconcertant  dans  l'épellation  on  ne  peut 
plus  fantaisiste  des  noms  de  tous  ces  illustres  Irlandais,  tant  dans  les  signatures 
que  dans  le  corps  du  document.  Dans  une  pièce  préparée  entre  gens  de  langue 
anglaise,  l'on  pouvait  attendre  que  les  noms  ne  fussent  pas  aussi  éloignés  de 
l'épellation  courante  du  temps.  Même  en  France,  dans  les  mémoires  des  con- 
temporains, l'on  écrivait  Berwick,  Clare,  Rooth,  Douglas,  et  non  pas  Barwick, 
Claar,  Rute,  Doulgla. 

Quoiqu'il  en  soit,  dans  ce  fameux  document,  notre  héros  ne  s'appelle  plus 
simplement  Sylvain,  mais  O'SuUivain.  Cela  fait  certainement  un  meilleur  effet 
dans  le  paysage.  Les  O'Sullivan  viennent  d'une  des  plus  nobles  familles  de 
l'Irlande,  et  des  plus  anciennes,  et  il  est  possible  que  tous  les  Sullivan  s'y  ratta- 
chent plus  ou  moins.  Mais  il  ne  faut  pas  toujours  conclure  d'après  les  appa- 
rences. Nous  avons  d'excellentes  familles  qui  portent  le  nom  de  Bouillon,  de 
Châtillon  et  de  la  Trémouile,  et  cependant  nous  croyons  qu'elles  auraient  quel- 
que peine  à  prouver  leur  filiation  avec  les  illustres  maisons  de  Bouillon,  de 
Châtillon  et  de  la  Trémouille.  Nous  avons  même  eu  des  "Bourbon  qui  n'étaient 
certes  pas  des  cousins  d'Henri  IV.  Si  Timothée  Sylvain  était  un  O'Sullivan, 
s'il  avait  droit  à  la  fameuse  lettre  initiale  qui  tient  lieu  de  particule  nobiliaire 
au  pays  irlandais,  pourquoi  a-t-il  négligé  de  s'en  servir  lorsqu'il  signait  son  vrai 
nom  à  l'irlandaise  au  bas  de  son  acte  de  mariage  en  1  720  ?  Il  faut  croire 
qu'il  n'y  pensait  pas  alors,  et  que  ce  n'est  que  vers  1  736,  pour  une  raison  ou 
pour  une  autre,  qu'il  éprouva  le  besoin  de  se  faire  une  noblesse.  Dans  ses 
lettres  de  naturalité  obtenues  de  Versailles  en  l  724,  il  n'est  aucunement  fait 
allusion  à  sa  qualité  de  gentilhomme  ;  il  y  est  démocratiquement  désigné  le 
sieur  Sylvain,  natif  d'Irlande. 

L'on  nous  apprend  aussi  cette  fois  que  Timothée  est  le  fils  de  Cornélius 
Daniel  O'Sullivan,  comte  de  Killarney  en  Irlande  et  lieutenant  général  des 
armées  du  roi  Jacques  II.  Cela  s'accorde  mal  avec  le  contrat  de  mariage  du 
même  personnage  qui  est  daté  du  22  avril  1  720  et  dont  M.  l'abbé  Paillon 
nous  a  conservé  la  partie  principale  dans  ses  Recherches  médites  pour  servir  à 
Vhistoire  de  la  colonie  française. 

"  Furent  présents  Sieur  Timothée  Silvain,  médecin,  demeurant  à  Varennes, 
fils  de  sieur  Daniel  Silvain,  médecin  de  la  paroisse  de  Saint-Philibert  de  la  ville 


...  307  — 

de  Cork  en  Irlande,  et  de  Dlle  Marie  Elizabeth  MacCarthy.  sa  femme,  ses 
père  et  mère,  pour  lui  et  en  son  nom  d'une  part, 

"  Et  Marie  Gauthier,  veuve  de  feu  Christophe  Dufrô.  Ecuyer,  sieur  de 
la  Gemeraye. ...   et  à  présent  épouse  dudit  Sieur  Silvain ..." 

Timothée  était  donc  le  fils  d'un  médecin  de  Cork.  Or.  dans  un  temps 
où  il  n'était  pas  permis  de  déchoir  et  où  les  gentilshommes  les  plus  besogneux, 
même  pour  s'empêcher  de  mourir  de  faim,  n'eussent  pas  consenti  à  faire  travail 
de  vilain,  voire  de  bourgeois,  nous  voyons  mal  un  comte  de  Killarney  et  un 
lieutenant  général  des  armées  de  Jacques  II  se  muer  en  apothicaire.  Timothée 
Silvain  n'a  probablement  songé  à  se  faire  médecin  en  Canada  que  parce  qu'il 
se  rappelait  avoir  vu  son  père  pratiquer  des  saignées  et  appliquer  des  cataplas- 
mes. 

Mais  c'est  assez  discuter  ces  prétendues  lettres  de  noblesse.  Elles  sont 
fausses  à  leur  face  même,  cela  est  clair  comme  jour.  Ainsi  il  y  est  dit  que, 
à  la  connaissance  des  signataires,  Timothée  Sylvain  "a  servi  en  qualité  de  ca- 
pitaine de  dragons  pendant  seize  ans  en  Espagne,  dont  il  s'est  acquitté  avec 
honneur,  et  qu'il  est  parti  d'Espagne  en  mil  sept  cent  seize".  Nous  nous  de- 
mandons comment,  avant  d'accueillir  ce  document,  M.  l'abbé  Tanguay  n'a 
pas  songé  que  si  Sylvain  est  né  en  1  696,  comme  il  le  dit  lui-même,  il  lui  aurait 
fallu  être  capitaine  de  dragons  en  1  700,  c'est-à-dire  à  l'âge  tendre  de  4  ans, 
pour  avoir  à  son  crédit,  en  1716,  seize  ans  de  service  en  cette  qualité.  Admet- 
tons même  qu'il  y  a  eu  lapsus  et  qu'on  a  voulu  écrire  six  ans,  au  lieu  de  seize. 
Timothée  Sylvain  aurait  encore  commencé  d'être  capitaine  en  171  0,  lorsqu'il 
avait  1 4  ans  et  cela  est  encore  improbable.  Vers  1  700,  l'on  était  plus  facile- 
ment colonel  au  berceau,  lorsqu'on  naissait  grand  seigneur,  que  capitaine  à  14 
ans  lorsqu'on  n'était  qu'un  ordinaire  gentilhomme. 

Il  se  p)eut  cependant  que  Timothée  Silvain  ait  servi  dans  un  régiment  de 
dragons  en  Espagne,  car  à  l'époque  en  question,  il  y  avait  deux  et  peut-être  trois 
régiments  irlandais  au  service  de  Philippe  V,  le  petit-fils  de  Louis  XIV,  et 
c'est  d'eux  que  descendent  en  grande  partie  les  Espagnols  à  nom  irlandais  que 
tant  de  gens  s'étonnent  de  rencontrer  au  pays  castillan.  Il  se  peut  que  Silvain, 
comme  il  est  dit  dans  son  certificat  de  noblesse,  ait  été  pris  par  des  pirates  alors 
qu'il  retournait  d'Espagne  en  Irlande  et  que,  conduit  en  Nouvel  le- Angleterre, 
il  soit  venu  de  là  en  Canada. 

D'où  qu'il  soit  venu,  Sylvain  était  au  Canada  au  moins  depuis  1718.  A 
l'appui  de  sa  supplique  pour  obtenir  des  lettres  de  naturalité,  en  1  724.  il  invoque 
ses  six  années  de  résidence  dans  la  colonie  de  la  Nouvelle-France. 

Ce  n'est  cependant  qu'en  janvier   1  720  qu'il  épousa  Marie-Renée  Gau- 


.-.|308  — 

thier  de  Varennes,  veuve  de  Christophe  Dufrost  de  la  Jemmeraye. 

Marie-Renée  Gauthier  appartenait  à  l'une  des  plus  importantes  familles 
de  la  colonie.  Née  et  baptisée  aux  Trois-Rivières  le  21  novembre  1682,  elle 
était  la  fille  de  René  Gauthier  de  Varennes,  gouverneur  des  Trois-Rivières, 
et  de  Marie-Ursule  Boucher,  la  petite-fille  par  conséquent  du  patriarche  Pierre 
Boucher  et  la  soeur  de  l'illustre  découvreur  des  Montagnes  Rocheuses,  Pierre 
Gauthier  de  la  Vérendrye.  A  l'âge  d'environ  18  ans,  en  janvier  1701,  elle 
avait  épousé  Christophe  Dufrost  de  la  Jemmerays,  un  excellent  officier  origi- 
naire de  Bretagne  qui  mourut  capitaine  en  1  708,  après  huit  ans  de  mariage 
seulement.  Madame  Dufrost  de  la  Jemmerays  restait  veuve  avec  six  enfants 
en  bas  âge,  trois  garçons  et  trois  filles.  Des  trois  garçons,  le  premier  et  le 
second,  Charles  et  Joseph,  devinrent  prêtres,  et  le  troisième,  Christophe,  mourut 
en  I  736  dans  les  plaines  de  l'Ouest  où  il  accompagnait  son  oncle  de  la  Vé- 
rendrye. Des  trois  filles,  l'aînée,  Marie-Marguerite,  devint  la  célèbre  mère 
d'Youville,  la  seconde,  Marie-Louise,  épousa  en  1731  Ignace  Gamelin,  et  la 
troisième,  Marie-Clémence,  épousa  en  1  735  Pierre  Gamelin,  cousin  du  pré- 
cédent. 

Chargée  ainsi  de  famille,  Mme  de  la  Jemmerays  était  dans  une  situation 
des  plus  précaires.  Le  gouverneur  de  Vaudreuil  et  l'intendant  Raudot  tentè- 
rent d'intéresser  le  ministre  de  la  Marine  en  sa  faveur.  "Le  sieur  de  La  Jem- 
merays, capitaine,  lui  écrivaient-ils  le  1 4  novembre  1  708,  est  mort  cet  été. 
Il  laisse  une  femme  et  six  enfants  à  la  mendicité.  C'est  une  pitié.  Monseigneur, 
que  de  voir  cette  famille  désolée  et  hors  d'état  de  pouvoir  subsister  à  l'avenir, 
si  vous  ne  voulez  avoir  la  bonté  de  l'aider.  Comme  vous  ne  donnerez  que 
l'année  prochaine  la  compagnie  de  son  mari,  si  vous  vouliez  avoir  la  charité 
de  lui  en  faire  toucher  les  appointements  jusqu'à  ce  temps,  cette  grâce  l'aiderait 
beaucoup.  Nous  ne  vous  le  demandons  pour  elle  que  par  la  grande  connais- 
sance que  nous  avons  de  sa  misère."      (Archives  de  la  Marine,  1  708). 

En  I  709,  MM.  Raudot  et  écrivaient  encore  :     "La  dame 

de  La  Jemmerays  est  entièrement  dénuée  de  tout  et  chargée  de  six  enfants. 
Nous  vous  supplions  de  vouloir  bien  lui  accorder  la  pension  du  Sieur  Berthier 
qui  se  trouve  vacante  par  sa  mort." 

Mais  ce  n'est  qu'en  1714  que  le  roi  accorde  enfin  à  Mme  de  La  Jem- 
merays la  maigre  pension  de  50  écus  d'ordinaire  donnée  aux  veuves  d'officiers. 

Elle  n'était  guère  plus  avantagée  vers  1  7 1 8  ou  1719  lorsqu'elle  rencontra 
Timothée  Sylvain,  ce  jeune  étranger  récemment  arrivé  d'Espagne  ou  d'ailleurs. 
Quoiqu'elle  eut  près  de  38  ans  et  qu'il  n'en  eût  que  24,  elle  consentit  à  l'épou- 
ser.    Les  historiens  de  Mme  d'Youville  ont  longtemps  recherché  en  vain  l'acte 


—  309  — 

du  second  mariage  de  sa  mère.  M.  l'abbé  Tanguay  a  fini  par  le  découvrir  au 
registre  de  la  Pointe-aux-Trembles  de  Québec.     En  voici  la  copie  : 

**  Extrait  des  registres  de  Baptêmes,  Mariages  et  Sépultures  de  la  paroisse 
de  Saint-François  de  Sales  dite  la  Pointe  aux  Trembles,  pour  l'année  I  720 
et  les  suivantes. 

*'  Mariage  de  Timothy  Sullivan  et  Marie  Gauthier  veuve  du  Sieur  de  la 
Jemmerays. 

**  Veu  la  dispense  de  Mgr  de  St.  Vallier,  Evêque  de  Québec,  des  trois 
publications  de  banc  entre  Timothé  Silvain,  fils  de  Daniel  Sylvain  et  d'Elizabeth 
Macarté,  ses  père  et  mère  du  diocèse  de  Gjrk,  paroisse  Saint  Philibert,  en 
Irlande,  de  famille  Catholique,  âgé  de  vingt-quatre  ans,  et  de  Dme  Marie 
Gauthier,  veuve  du  Sieur  de  la  Jemeraye,  Capitaine  d'une  compagnie  du  déta- 
chement de  la  Marinne,  Nous  avons  reçu  leur  mutuel  consentement  par  paroles 
de  présent,  et  leur  avons  donné  la  bénédiction  nuptiale  selon  la  forme  prescritte 
de  Notre  Mère  Ste  Eglise  en  présence  de  Jacques  Riendau,  habitant  de  Bou- 
cherville  et  de  Jean  Baptiste  Monjan,  habitant  du  Cap  St  Michel,  paroisse  de 
Ste  Anne  de  Varennes,  qui  ont  déclerez  ne  savoir  signer.  L'espoux  et  l'espouse 
ayant  seul  signez  avec  nous.  —  Timothy  Sullivan  —  Marie  Gauthier  Devaren- 
nc  —  Hazeur,  Ptre,  Chanoine." 

"  Je,  soussigné,  certifie  que  le  présent  acte  est  en  tout  conforme  à  l'origi- 
nal, gardé  de  record  dans  les  archives  de  cette  paroisse,  que  de  plus,  l'acte  qui 
précède  immédiatement  est  daté  du  24  janvier,  et  que  l'acte  immédiatement 
suivant  (un  mariage)  est  daté  du  5  février  1  720. —  Inst.  Boucher,  pire.  Curé." 

L'on  remarquera  que  cet  acte  de  mariage  n'est  pas  daté,  mais  l'attestation 
du  curé  Boucher  qui  y  est  annexée  nous  permet  d'en  fixer  sûrement  la  date  entre 
le  24  janvier  et  le  5  février  de  l'année  1  720. 

L'abbé  Paillon  nous  dit  que  ce  mariage  "qui  tendait  à  diviser  entre  les 
enfants  des  deux  lits  le 'patrimoine  dont  Mme  de  La  Jemmerays  jouirait  un 
jour,  devait  influer  sur  l'avenir  de  sa  fille  (celle  qui  devait  être  Mme  d'You- 
ville),  et  lui  fit  en  effet  manquer  un  riche  établissement". 

Il  y  a  d'ailleurs  des  indices  'que  ce  mariage  ne  fut  pas  des  mieux  vus,  et 
ne  laissa  pas  de  causer  quelque  surprise.  Ainsi,  c'est  un  fait  digne  de  remarque 
que  Mme  veuve  de  La  Jemmerays,  au  lieu  de  se  marier  dans  sa  paroisse  de 
Varennes,  comme  c'était  l'habitude,  se  transporte  à  soixante  lieues  p>our  con- 
voler avec  son  jeune  époux  à  l'abri  des  regards  indiscrets.  Si  l'on  fut  si  long- 
temps à  découvrir  l'acte  de  mariage  Sylvain- La  Jemmerays,  c'est  que  personne 
ne  s'était  jamais  attendu  à  le  trouver  dans  le  registre  de  la  Pointe-aux-Trembles 
de  Québec.     Pas  un  membre  de  la  famille  de. Varennes  ni  de  la  famille  Bou- 


—  310--- 

cher  n'assista  d'ailleurs  à  la  cérémonie.  Les  deux  seuls  témoins  étaient  deux 
habitants  de  Boucherville  et  de  Varennes,  amenés  sans  doute  par  le  Sieur  Silvain 
dont  s'annonçait  déjà  l'esprit  d'organisation.  Chose  plus  significative  encore, 
le  contrat  de  mariage  entre  les  parties  ne  fut  passé  devant  le  notaire  que  trois 
mois  après  le  lien  contracté,  le  22  avril  1  720,  à  Montréal.  Cela  peut  paraître 
surprenant  à  plusieurs,  attendu  que  d'après  notre  droit  français,  le  contrat  pré- 
cède nécessairement  la  célébration  du  mariage,  mais  il  ne  faut  pas  oublier 
qu'avant  1731,  en  dépit  des  arrêts  de  certains  parlements,  le  contrat  passé 
devant  notaire  après  la  cérémonie  du  mariage,  même  s'il  comportait  donation, 
était  souvent  accepté. 

Mais  Timothée  Sylvain,  grâce  sans  doute  à  son  esprit  insinuzmt,  ne  fut 
pas  long  à  se  faire  agréer. par  la  famille  qui  accepta  sagement  le  fait  accompli 
et  qui  mit  à  la  disp)osition  de  son  nouvel  allié  tout  son  crédit. 

Le  8  avril  1  724,  Marie-Ursule  Boucher,  veuve  de  René  Gaultier  de 
Varennes,  fait  donation  à  son  gendre  et  à  sa  fille  d'une  maison  sise  rue  Saint- 
Vincent  à  Montréal. 

Dès  l'année  précédente,  en  1  723,  le  sieur  Sylvain  avait  songé  à  se  faire 
une  situation  et  à  exercer  la  médecine.  Mais  il  fallait  pour  cela  un  brevet. 
C'est  alors  que  la  famille  de  Varennes  se  mit  en  mouvement.  L'on  obtint 
d'abord  des  Messieurs  du  Séminaire  et  d'un  bon  nombre  d'habitants  de  Ville- 
Marie  une  supplique  représentant  qu'il  n'y  avait  d'autre  médecin  que  le  sieur 
Sarrazin  résidant  à  Québec,  et  qu'il  conviendrait  d'accorder  au  Sieur  Silvain, 
en  même  temps  que  des  lettres  de  naturalisation,  un  brevet  de  médecin,  sans 
appointements  et  même  sous  les  ordres  du  sieur  Sarrazin.  Le  gouverneur  de 
Vaudreuil  apostilla  cette  demande  et  l'appuya  de  sa  plus  vive  recommandation. 
Cette  intervention  active  du  marquis  de  Vaudreuil  était  certainement  due  à  l'in- 
fluence de  sa  femme,  Louise-Elisabeth  de  Joybert,  qui  n'a  jamais  cessé  d'être 
au  service  de  Marie-Renée  Gauthier  de  Vareimes  et'par  suite  de  son  mari. 
Mme  de  Vaudreuil  avait  tenu  à  assister  au  premier  mariage  de  Marie-Renée 
Gauthier  avec  M.  Dufrost  de  la  Jemmerays  en  janvier  1701.  L'on  a  dit 
qu'elle  avait  quelques  liens  de  parenté  avec  la  famille  de  Varennes,  mais  nous 
n'avons  pu  les  découvrir.  Quoiqu'il  en  soit,  en  1  724,  Mme  de  Vaudreuil  était 
revenue  depuis  deux  ans  seulement  de  la  cour  de  France  où  depuis  1710  elle 
avait  rempli  avec  honneur  les  fonctions  de  sous-gouvernante  des  enfants  de 
France,  et  elle  apportait  en  Canada  un  puissant  crédit  dont  elle  usait  largement 
en  faveur  de  ses  amis. 

Toutes  ces  démarches  furent  couronnées  de  succès,  et  le  7  mars  1  724, 


—  su- 
ie brevet  de  médecin  était  accordé  à  "Timothée  Sylvain,  Irlandais  de  nation, 
pour  pratiquer  dans  l'île  de  Montréal,  sous  les  ordres  du  sieur  Sarrazin  médecin 
du  roi  à  Québec". 

(La  suite  dans  la  prochaine  livraison) 


Vente  d'nn  nègre  par  Joseph  d^  la  Tfcsserie,  sieur  de  la 
Chevrotière,  à  François  Vederic 


Fut  présent  Joseph  de  la  Tesserie  s.  de  la  Chevrotière  capne.  de  navire 
de  présent  en  cette  ville  venant  des  Isles  Françoises  de  l'Amérique,  lequel  a 
vendu  cédé  abandonné  et  transporté  de  ce  moment  à  toujours  et  promet  garantir 
de  ses  faits  seulement  à  sieur  François  Vederique  aussi  capitaine  de  navire 
demeurant  en  cette  ville  à  ce  présent  et  acceptant  acquérur  pour  luy  ses  hoirs 
et  ayant  causes,  le  nommé  Nicolas  neigne  de  nation  aussy  à  ce  présent  âgé  d'en- 
viron trente  ans  lequel  le  d.  vendeur  a  en  notre  présence  remis  et  livré  au  d. 
acquéreur  qui  a  déclaré  l'avoir  dès  cy-devant  veu  et  visité,  l'a  accepté  pris  et 
reçu  pour  luy  et  ses  ayant  causes  à  toujours,  déclare  s'en  tenir  pour  content  le 
reçoit  dès  à  ce  moment  à  ses  risques  périls  et  fortune  sans  recours  contre  le  d. 
sieur  vendeur  en  façon  quelconque  pour  restitution  de  deniers  prix  de  la  présente 
vente  ou  autrement  sy  ce  n'est  pour  le  fait  du  d.  s.  vendeur  qui  est  que  le  d. 
neigre  luy  appartient  pour  l'avoir  acquis  ainsy  qu'il  le  déclare  du  s.  de  St-Ignace 
de  Vincelotte,  pour  par  le  d.  s.  acquéreur  ses  d.  hoirs  et  ayant  causes  jouir 
faire  et  disposer  du  d.  neigre  ainsi  que  bon  lui  semblera  en  toutte  propriété  a 
perpétuitté  en  vertu  des  présentes,  cette  vente  cession  transport  et  abandon  ainsy 
fait  pour  et  moyennant  le  prix  et  somme  de  trois  cens  livres  que  le  d.  s.  Vedrique 
a  présentement  baillé  payée  comptée  nombrée  et  délivrée  au  d.  c.  de  la  Tesserie 
présence  des  notaires  soussignés  en  moimaye  de  cartes  ayant  cours  qu'il  a  prise 
et  reçue  s'en  tient  content  et  acquitte  et  décharge  le  d.  s.  Vederique  à  l'effet 
de  quoi  le  d.  s.  vendeur  luy  cède  tous  droits  de  propriété  privflège  et  actions 
noms  qu'il  peut  avoir  et  prétendre  s'en  démet,  dévêt  et  dessaisi  au  profit  dud. 
acquéreur  et  de  ses  ayans  causes,  car  ainsy  etc  promettant  etc  renonçant  etc. 
Fait  et  passé  aud.  Québec  étude  de  Barolet  l'un  des  not.  soussigné  qui  a  la 
minute  avant  midy  le  troizième  jour  de  septembre  mil  sqjt  cent  trente  sept,  et 
ont  les  d.  sieurs  vendeurs  et  acquéreurs  signé  avec  nous  d.  notaire,  lecture  faitte 
suivant  l'ordonnance  —  De  la  Tessery  —  Vedericq —  Boisseau —  Barolet  (  I  ) 


(1  )      Acte  de  Barolet,  notaire  à  Québec,  1  3  septembre  1  737. 


—  312  — 

FAMILLE  GUGY 


Il  y  a  quelques  années,  j'ai  eu  l'occasion  de  recueillir  des  bribes  de  ren- 
seignements généalogiques  sur  la  famille  Gugy  qui  a  joué  un  certain  rôle  dans 
notre  histoire  au  1  Sème  et  au  1 9ème  siècles.  Diverses  circonstances  m'ont  em- 
pêché de  vérifier  l'exactitude  d'une  bonne  partie  de  ces  notes  familiales  ;  je  les 
offre,  cependant,  au  Bulletin  pour  le  cas  où  elles  pourraient  être  utiles  à  quelque 
chercheur. 

I. — GEORGE  GUGI  et  Anna  Schnildhauser,  sa  femme,  de  Zuben 
Thurgau,  Suisse,  eurent  pour  fils  : 

IL— HANS  GEORGE  GUGI,  né  le  29  septembre  1  700.  qui  devint 
capitaine  dans  l'armée  suisse. 

Il  épousa  Thérèse  Reis  qui  fut  mère  de  : 

III.— CONRAD  GUGY,  né  vers  1  734.  Après  avoir  servi  en  Hol- 
lande, Conrad  s'engagea  dans  l'armée  anglaise,  puis  passa  en  Canada  où  il  fut 
employé  aux  écritures,  puis  membre  des  conseils  législatif  et  exécutif.  Il  mourut 
célibataire,  le  1 0  avril  1  786. 

On  trouve  sa  biographie  dans  Morgan,  Sketches  of  Celebrated  Canadians, 
p.  516,  Bellemare,  Bases  de  l'histoire  d'Yamachiche,  etc. 

BARTHELEMY  GUGY,  frère  du  précédent,  né  le  7  février  1737, 
il  épousa,  à  Paris,  Jeanne-Elisabeth  Teissier,  née  vers  1  747.  En  France, 
Barthélémy  fut  colonel  du  régiment  des  Gardes  suisses  (Sonnenberg) .  Lors 
de  la  Révolution,  il  se  rendit  en  Angleterre  et,  ensuite,  au  Canada.  Mort  à 
Yamachiche,  le  19  avril  1797.  Oh  l'inhuma  aux  Trois-Rivières  ainsi  que  sa 
veuve  qui  mourut  à  Montréal,  le  6  mai  1828. 

Une  plaque  placée  dans  la  St.  James  Church,  des  Trois-Rivières,  rappelle 
ces  faits. 

De  ce  mariage  sont  issus  : 

LOUIS,  né  en  janvier  1  770,  continuateur  de  la  lignée.     Voir  plus  loin. 

SUZANNE,  née  le  1  1  janvier  1771   ;    morte  en  bas  âge. 

ADELAÏDE-JEANNE,  née  en  1776  ;  morte  à  Yamachiche  le  30 
août  1818  et  inhumée  aux  Trois-Rivières. 

LOUISE-SUZANNE,  née  en  1  778  ;    morte  en  bas  âge. 

AMELIE,  née  en  1784.  Mariée,  lo  le  14  décembre  1806  à  James 
Johnston  ;    2o  à  John  Porteous.     Sépulture  à  Sherbrooke,  le  12  mars  1871. 


—  313  — 

IV, — LOUIS  GUGY,  né  en  janvier  1  770.  Lieutenant  dans  les  Gardes 
suisses,  sous  les  ordres  de  son  père;  il  suivit  ce  dernier  à  Londres  où  il  épousa, 
le  2  avril  I  795,  dans  l'église  St.  Andrews  in  the  Fields,  Julianna  O'Connor, 
dont  le  père  avait  été  chirurgien  dans  l'armée  de  Wolfe. 

M.  Gugy  commanda  le  3e  bataillon  de  milice  en  1812  ;  il  fut  shérif 
aux  Trois-Rivières,  puis  à  Montrécil  et  on  le  désigne  comme  l'un  des  fondateurs 
de  la  German  Society  de  Montréal.  Mort  dans  cette  ville,  le  1  7  juillet  1 840. 
Son  corps  repose  dans  le  cimetière  Mont  Royal.  Sa  veuve  décéda  le  30  juin 
1842  et  fut  inhumée  dans  le  cimetière  catholique  le  4  juillet  suivant.  Voir 
Morgan,  Sketches,  etc.,  p.  516. 

Issus  de  cette  union  : 

CONRAD- AUGUSTUS,  né  aux  Trois-Rivières  le  6  novembre  1  796. 
Continuateur  de  la  lignée.     Voir  plus  loin. 

THOMAS-JOHN,  né  le  13  janvier  1  798.  Enseigne  dans  la  Glengarry 
Light  Infantry  en  1814.  Plus  tard,  il  embrassa  la  profession  d'avocat.  Mort 
à  Livoume,  Italie,  le  2  juillet  1 825, 

ANNE-AMELIA,  née  le  28  septembre  1  799,  aux  Trois-Rivières  ; 
mariée  le  5  janvier  1  825  à  Samuel  Wentworth  Monk,  protonotaire  de  Mont- 
réal,    Sépulture  à  Montréal,  le  jour  de  son  décès,  1  3  août  1 834. 

MARIA-ELIZABETH,  née  le  28  avril  1801  aux  Trois-Rivières  ; 
mariée  au  même  endroit  le  7  novembre  1 82 1  à  William  Stevenson,  de  Québec. 
Sépulture  à  Québec  le  27  décembre  1878. 

LOUISA,  née  le  5  février  1803  ;    morte  jeune. 

LOUISA-BOWEN,  née  le  7  juin  1804  ;  mariée  à  James  Guthrie 
Scott. 

JULIA,  née  le  24  juillet  1805  ;  mariée  à  Thomas- William  Willan. 
avocat,  de  Québec,  le  14  mai  1825. 

WILLIAM,  né  et  inhumé  le  1 0  juillet  1 809. 

CLARA,  née  le  3  mai  1810  ;  décédée  à  Saint- Jean,  Québec,  le  21 
juin  1868. 

V.— CONRAD-AUGUSTUS  GUGY,  né  le  6  novembre  1796, 
Enseigne  dans  les  Canadian  Fencibles  en  1812.  Avocat  le  7  août  1822.  En 
1837,  il  fut  blessé  à  Saint-Eustache  où  il  commandait  la  cavalerie.  Nommé 
inspecteur  et  surintendant  de  la  police  de  Montréal  en  1853,  il  quitta  la  ville, 
cette  même  année  pour  aller  demeurer  à  Québec.  Sépulture  à  Damoc  (ana- 
granmie  de  Conrad),  Beauport,  le  11  juin  1876.  M.  Gugy  se  maria  deux 
fois.  En  premier  lieu,  il  épousa,  à  Montréal,  le  1  3  août  1 828.  Louise-Sophie 
Duchesnay.  qui  mourut  le  8  juin  1 842  et  fut  inhumée  dans  l'église  de  Beauport 


...  314  — 

(P.-G.  Roy,  Famille  Juchereau  Duchesna})) .  Sa  seconde  femme  ne  nommait 
Mary  McGrath. 

De  ces  deux  unions  sont  issus  : 

BERTHE-LOUISE,  née  le  mai  1 829  ;  mariée  en  septembre  1 849 
à  Wiliam-Edward  Holmes,  avocat  ;    décédée  à  Montréal  le  7  avril   1855. 

AUGUST  A-LOUIS  A,  mariée  à  Emilius  Irwing,  avocat,  de  Galt.  Sé- 
pulture le  19  avril  1893. 

LEILA,  mariée  à  James  Geggie,  de  Québec. 

BLANCHE,  mariée  à  Herman  Ryland,  de  Pictou,  Ont.  ;  inhumée  le 
30  décembre  1904. 

CONRAD,  née  le  13  août  1857  à  Beauport  ;  mort  à  Hamilton,  Ber- 
mudes,  le  1er  mars  1876. 

E.-Z.  MASSICOTTE 


LE    GOUEZ 


Charles-Claude  Le  Gouez,  chevalier  de  Merville,  capitaine  d'une  com- 
pagnie de  la  marine,  était  aux  Trois-Rivières  en  1 687. 

Louis  (Louis- Joseph,  selon  Tanguay),  chevalier,  seigneur  de  Gouez,  capi- 
taine d'un  détachement  de  troupes,  frère  de  Charles-Claude,  se  maria  le  29 
janvier  1  694  à  Québec  à  Marguerite,  fille  de  Charles  Le  Gardeur  de  Tilly. 
Louis,  b.  en  1 666,  fils  de  Charles  et  de  Borme-Catherine  de  St-Gilles,  évêché 
de  Bayeux,  fut  inhumé  le  9  déc.  1  700  dans  l'église  de  Batiscan.  Ses  enfants 
furent  : 

1  o — Hector-Charles-Marie,  b,  à  Montréal  le  25  mars  1 696. 

2o — Claude-François-Joseph,  b,   à  Montréal  le  25  mars   1 696. 

3o — Catherine-Charlotte,  b.  14  nov.  1697  à  Champlain  ;  m.  29  avril 
1720  à  Charles  LeMoyne  (fils  du  1er  baron  de  Longueuil)  à  St-Ours  ;  s. 
1 2  sept.   1  745  à  Montréal. 

Marguerite,  b.  29  juillet  1657,  épousa  2o  le  29  juillet  1708,  Pierre 
de  St-Ours,  à  Batiscan,  et  3e  le  17  sept.  1  727,  Charles  LeMoyne  (premier 
baron  de  Longueuil),  à  Longueuil.     Morte  à  Montréal  le  26  février   1742. 

Les  messieurs  Le  Gouez  étaient  quatre  frères  :  François,  Charles-Claude, 
Sébastien  et  Louis.  Ces  enfants,  mineurs  en  1  666,  demeuraient  à  Caen,  pa- 
roisse de  St-Pierre. 

Charles-Claude  et  Louis  durent  passer  en  la  Nouvelle-France  à  la  suite 
du  marquis  de  Denonville. 

REGIS  ROY 


—  315  — 
REPONSES 


LA  CONSTRUCTION  DES  VAISSEAUX  A  L'ILE  D'OR- 
LEANS (XXIII,  IX,  p.  274). — Au  commencement  du  dix-neuvième  siècle, 
il  y  avait  au  bout  ouest  de  l'île  d'Orléans  un  important  chantier  pour  la  cons- 
truction des  vaisseaux.     Par  qui  et  quand  ce  chantier  fut-il  exploité  ? 

Vers  1  744,  l'ingénieur  de  Léry  prop>osait  au  gouvernement  français  d'éta- 
blir une  cale-sèche  dans  la  rivière  Saint-Charles,  en  arrière  de  Québec.  Dans 
le  même  mémoire,  M.  de  Léry  proposait  aussi  d'établir  une  cale-sèche  à  la 
pointe  de  l'île  d'Orléans. 

Nous  n'avons  pas  vu  le  mémoire  de  M.  de  Léry,  et  nous  ignorons  s'il  se 
trouve  aux  Archives  d'Ottawa.  Il  ne  semble  pas  mentionné  dans  les  Rapqx)rts 
des  Archives. 

Toutefois,  le  6  avril  1  744,  le  président  du  Conseil  de  Marine  informait 
M.  de  Léry  que  le  roi  approuvait  l'établissement  de  la  cale  qui  avait  été  faite 
faite  vis-à-vis  le  chantier  de  la  rivière  Saint-Charles.  Quant  à  celle  que  M.  de 
Léry  avait  proposée  à  la  pointe  de  l'île  d'Orléans,  il  ne  pouvait  en  être  question 
pour  l'instant.  Le  président  du  Conseil  de  Marine  conseillait  à  M.  de  Léry 
d'en  causer  avec  MM.  de  Beauhamois  et  Hocquart. 

Les  choses  en  restèrent  là,  croyons-nous,  pendcuit  80  ans  tout  proche. 

Vers  1823  ou  1824,  une  compagnie  de  riches  marchands  écossais  éta- 
blissait à  l'anse  du  Fort,  près  de  la  pointe  ouest  de  l'île  d'Orléans,  précisément 
à  l'endroit  proposé  en  l  744  par  M.  de  Léry,  un  chantier  de  construction  de 
vaisseaux. 

C'est  là  que  furent  construits  le  Columbus  et  le  Baron  ReiTfreW. 

Le  Columbus  jaugeait  3700  tonneaux.  C'était  le  plus  grand  vaisseau 
qui  avait  encore  été  bâti  au  Canada.  Il  fut  lancé  le  28  juillet  1824.  La 
Gazette  de  Québec  du  31  juillet  1824  publie  im  compte-rendu  enthousiaste 
de  cette  lance. 

Le  Baron  Renfrew,  construit  au  même  endroit,  fut  lancé  le  25  juin  1825. 
Il  était  encore  plus  long  et  plus  gros  que  le  Columbus.  Il  mesurait  309  pieds 
de  longueur,  60  pieds  de  largeur  et  jaugeait  5,888  tonneaux. 

Ces  deux  vaisseaux  eurent  une  courte  existence.  Le  Columbus  se  perdit  en 
revenant  au  Canada.  Le  Baron  Renfrew  se  brisa  dans  la  Tamise,  quelques 
mois  après  son  arrivée  en  Angleterre. 


La  perte  de  ces  deux  vaisseaux  causa  un  dommage  considérable  à  ses 
propriétaires  qui  décidèrent  de  ne  plus  construire  au  Canada.  Le  chantier  de 
construction  de  l'île  d'Orléans  eut  donc  une  existence  bien  éphémère. 

P.-G.  R. 

LE  BARON  EDMOND-VICTOR  VON  KOENIG  (XX.  IX.  p. 
300). — Tous  les  Koënig  du  district  de  Québec  descendent  du  baron  Edmond 
Victor  Von  Koënig  qui  passa  au  Canada  en  1  776.  dans  les  troupes  auxiliaires 
allemandes  commandées  par  le  baron  de  Riedesel. 

Dans  le  greffe  du  notaire  Germain- Alexandre  Verreau,  de  L'Islet,  à  la 
date  du  28  février  1833.  nous  trouvons  l'acte  de  notoriété  suivant  : 

**  Aujourd'hui,  e  vingt-huitième  jour  du  mois  de  février  de  l'année  mil 
huit  cent  trente-trois,  sur  les  deux  heures  de  l'après-midi,  pardevant  Mtre  Ger- 
main-Alexandre Verreau.  notaire  public  en  la  province  du  Bas-Canada,  résidant 
en  la  paroisse  Notre-Dame  de  Bonsecours  de  L'Islet,  au  bas  de  Québec,  du 
côté  sud  du  fleuve  St-Laurent.  et  les  témoins  ci-après  nommés  et  soussignés  sont 
comparus  le  Révérend  messire  Jacques  Panet,  archiprêtre,  et  ancien  curé  de 
la  paroisse  Notre-Dame  de  Bonsecours  de  L'Islet,  monsieur  James  Ballantyne, 
négociant,  Jean-Bte  Couillard  Després,  Prosper  Couillard  Després,  Ecuyers, 
capitaines  de  milice,  de  la  paroisse  de  Notre-Dame  de  Bonsecours  de  L'Islet, 
y  demeurant  tous,  lesquels  certifient  à  tous  qu'il  appartiendra  qu'ils  connaissent 
parfaitement  bien  le  baron  Edmond  Victor  von  Konig  depuis  son  arrivée  en  ce 
pays,  comme  lieutenant  dans  le  régiment  de  Son  Altesse  le  prince  Frédéric  de 
Brunswick,  alors  au  service  de  Sa  Majesté  Britannique  en  l'Amérique  Septen- 
trionale, et  qu'à  l'éfKKjue  de  la  paix  entre  Sa  Majesté  Britannique  et  les  Etats- 
Unis  de  l'Amérique  le  baron  Edmond- Victor  von  Konig  obtint  son  congé  en 
bonne  et  due  forme  du  major-général  baron  de  Reisdal  (sic),  alors  comman- 
dant les  troup)es  de  Son  Altesse  Sérénissime  Monseigneur  le  duc  régnant  de 
Brunswick,  en  l'Amérique  Septentrionale,  et  que,  depuis  cette  époque  le  dit 
baron  Edmond-Victor  von  Konig  a  constamment  résidé  et  réside  encore  en  la 
paroisse  de  Notre-Dame  de  Bonsecours  de  L'Islet,  à  dix-sept  lieues  au  bas  de 
Québec,  ou  environ,  sur  le  fleuve  Saint-Laurent,  jouissant  d'une  bonne  santé 
et  de  toutes  ses  facultés  intellectuelles,  étant  à  l'instant  même  réellement  com- 
paru en  personne  avec  les  dits  comparants  susnommés,  en  présence  des  notaire 
et  témoins  ;  de  tout  ce  que  dessus  les  d,  comparants  susnommés  affirment  sin- 
cère et  véritable,  dont  et  de  quoi  ils  ont  requis  acte  au  dit  notaire  qui  leur  a 
octroyé  le  présent  pour  servir  et  valoir  ce  que  de  raison,  en  l'étude  de  Mtre 
G, -A.  Verreau  en  la  dite  paroisse  de  Notre-Dame  de  Bonsecours  de  L'Islet, 
les  jour  et  an  susdits,  présence  de  Messieurs  Jean-Olivier  Leclerc  et  Pierre- 


—  317  — 

Célestin  Levasseur,  négociants,  résidants  en  ladite  paroisse  Notre-Dame  de 
Bonsecours  de  L'Islet,  témoins  qui  ont  avec  les  d.  comparants  et  le  dit  baron 
Edmond  von  Konig  et  le  dit  notaire  signé  ces  présentes,  doubles,  dont  un  des 
dits  doubles  est  resté  pour  minute  à  l'étude  du  dit  Mtre  G.-A.  Verreau,  lecture 
faite. 

"  Jacques  Panet,  archiprêtre  —  James  Ballantyne  —  Prosper  Couillard 
Després,  cpt  —  Jean-Baptiste  Couillard  Després  —  Jean-Olivier  Leclaire  — 
Pierre-Célestin  Levasseur  —  G.-A.  Verreau,  N.  P." 

Le  baron  de  Riedesel  a  publié  en  Allemagne  le  récit  de  son  séjour  de 
sept  années  au  Canada  et  aux  Etats-Unis.  Cet  ouvrage  écrit  en  allemand  a 
été  traduit  en  anglais  par  M.  William-L.  Stone  et  publié  à  Albany,  en  1 868, 
sous  le  titre  Memoirs  and  letters  and  joumals  of  major-general  Riedesel  during 
his  résidence  in  America. 

A  la  fin  de  cet  ouvrage  nous  trouvons  la  liste  des  officiers  allemands  qui 
vinrent  en  Amérique  avec  le  baron  de  Riedesel.  Le  nom  de  M.  Koënig  y 
figure  comme  lieutenant  au  régiment  du  prince  Frédéric.  Le  baron  de  Riedesel 
ajoute  que  le  lieutenant  Von  Koënig  resta  au  Canada,  en  1  783,  avec  la  per- 
mission des  autorités  militaires. 

Le  baron  Von  Koënig  décéda  à  1  L'Islet  le  19  juillet  1833. 

Dans  une  procuration  en  date  du  5  août  1835,  nous  voyons  qu'à  cette 
date  quatre  des  enfants  du  baron  Von  Koënig  vivaient  : 

lo — Nicolas-Frédérick  de  Koënig. 

2o — George-Olivier  de  Koënig. 

3ot— Marie-Julie  de  Koënig,  mariée  à  François-Jacob  Gagnon. 

4o — Marie- Anne  de  Koënig,  mariée  à  John  Simpson. 

Nous  avons  sous  les  yeux  une  lettre  signée  "Louis-Rudolphe-Christian 
Koënig,  capitaine  de  l'armée  de  Prusse",  datée  de  Breslau,  en  Silésie,  le  10 
décembre  1 840,  et  adressée  au  curé  de  L'Islet.  Le  capitaine  Koënig  donne 
dans  cette  lettre  des  détails  sur  la  famille  de  notre  baron. 

Le  baron  de  Koënig  appartenait  à  une  famille  influente  de  la  Prusse. 
Un  de  ses  frères,  Frédéric-Guillaume  de  Koënig,  fut  chambellan  du  roi  de 
Prusse.  Il  mourut  en  1815  et  laissa,  en  mourant,  une  assez  forte  somme  au 
baron.  C'est  un  M.  de  Beauregard  qui  se  rendit  en  Allemagne,  muni  d'une 
procuration  du  baron,  pour  retirer  cette  somme.  Un  autre  frère  du  baron  Von 
Koënig,  Louis-Daniel  de  Koënig,  mourut  colonel  dans  l'armée  de  Prusse  le  4 
janvier  1 827.  Lui  aussi  laissa  ime  certaine  somme  au  baron.  Sir  John  Wistaff, 
consul  d'Angleterre  à  Hambourg,  fut  chargé  des  intérêts  du  baron  dans  cette 
dernière  affaire. 


—  318  — 

Aujourd'hui  les  Koënig  de  la  province  de  Québec  sont  d'excellents  Cana- 
diens. Plusieurs  se  sont  enrôlés  tdans  nos  régiments  de  milice.  Deux  ou  trois 
d'entre  eux,  nous  dit-on,  font  partie  du  contingent  canadien  actuellement  sur  la 
ligne  de  feu  en  France.  Qui  sait  si  le  sort  de  la  guerre  ne  leur  vaudra  pas  de 
se  battre  contre  des  cousins  de  là-bas. 

P.-G.  R. 


FRESNEL 


Le  25  novembre  1694  fut  célébré  à  Champlain  le  mariage  de  Joseph- 
Antoine  de  Fresnel,  sieur  de  la  Pipardière,  seigneur  de  Viette,  lieutenant,  et 
commandant  au  fort  Rolland,  à  Lachine,  et  de  Jacqueline,  fille  de  JFrançois 
Chorel,  dit  Dorvilliers,  sieur  de  St- Romain.  Joseph- Antoine  né  en  1662  (?) 
était  fils  de  César,  ecr,  sieur  de  la  Pipardière  et  de  Marie  de  Safîray,  de  Liva- 
rault,  évêché  de  Lizieux,  Normandie.  En  1 666,  lors  de  la  recherche  de  la 
noblesse  dans  la  généralité  de  Caen,  César,  âgé  de  22  ans,  demeurait  à  Falaise. 
N'y  a-t-il  pas  erreur  dans  la  date  de  naissance  fournie  par  Mgr  Tanguay  ?  Si 
César,  père  de  Joseph-Antoine,  avait  22  ans  en  1  666,  il  se  serait  donc  marié 
très  jeune  pour  que  ce  fils  fut  né  en  1  662  !  L'âge  de  César  est  rapporté  par 
M.  Chamillard,  intendant  de  Normandie,  et  le  frère  aîné  de  César,  nommé 
Antoine,  avait  alors  23  ans. 

Joseph-Antoine  se  maria  deux  fois,  mais  n'eut  d'enfants  que  de  sa  pre- 
mière fenune  : 

lo — Marie-Elisabeth,  b.  à  Champlain  le  21    fév.   1697. 

2o — Antoine,  b.  à  Montréal  le  1 8  mai  I  698  ;   s.  3  avril  1  700  à  Lachine. 

3o — François,  b.  à  Lachine  le  7  déc.  1  699  ;    s.  3  fév.  1  700  à  Lachine. 

4o — François-Marie-Josette,  b.  à  Champlain  le  28  fév.   1701. 

5o — Marie- Josette,  b.  à  Montréal   (?)  le  3  mai  1702. 

6o — Anne-Charlotte,  b.  à  Montréal  le  25   nov.    l  703. 

7o — Catherine,  b.  à  Montréal  le  28  mars  1  705. 

Il  épousa,  2o,  le  2 1  fév.  1  7 1 2  à  Laprairie,  Marie,  fille  de  Jacques  de 
Lamarque,  veuve  de  J.-Bte  Nolan.  Elle  devint  madame  Alphonse  de  Tonty 
le  3  mai  1  71  7  à  Montréal. 

Les  Fresnel  furent  anoblis  par  la  charte  des  Francs-fiefs  de  1470.  Leurs 
armes  ont  été  données  dans  le  premier  volume  de  V Armoriai  du  Canada-Fran- 
çais. 

REGIS  ROY 


-=-  319  — 

Ouvrages  publiés  par  M.  Philippe=Baby  Casgrain  (1) 


LeteUier  de  Saint-Just  et  son  temps.  Québec,  C.  Darveau,  imprimeur- 
éditeur.  60  à  84,  rue  de  la  Montagne — 1885.     470  pp. 

La  vie  de  Joseph-François  Perreault  surnommé  le  père  de  Céducation  du 
peuple  canadien.  Québec,  C.  Darveau,  imprimeur  et  photo-graveur,  80,  rue 
de  la  Montagne — 1898.     173  pp. 

Mémorial  des  familles  Casgrain,  Bahy  et  Perrault  du  Canada.  Edition 
intime.     Québec,  C.  Darveau,  imprimeur  et  photo-graveur — 1898.      198  pp. 

La  fontaine  d'Abraham  Martin  et  le  site  de  son  habitation.  Ottawa — 
1903.     11  pp. 

La  maison  d'Arnoux  où  Montcalm  est  mort.  Lévis,  Bulletin  des  Recher- 
ches Historiques — 1903.     44  pp. 

A  ferv  remarks  on  "the  Siège  of  Québec"  and  the  battle  of  the  Plains  of 
Abraham  b})  A.  Dought^,  in  collaboration  rvith  C.-W.  Parmelee  ;  and  on 
the  probable  site  of  the  battle  of  the  Plains  of  Abraham  by  A.  Doughty.  Otta- 
wa—1903.     33  pp. 

La  maison  de  Borgia,  premier  poste  de  Wolfe  à  la  bataille  des  Plaines, 
où  était-elle  située  ?     Ottawa — 1904.      18  pp. 

The  monument  to  Wolfe  on  the  Plains  of  Abraham,  and  the  old  statue 
al  Wolfe  s  corner.     Ottawa — 1904.     10  pp. 

Le  moulin  de  Dumont.  Lévis,  Bulletin  des  Recherches  Historiques — 
1905.     11  pp. 

La  maison  du  Chien  d'Or  à  Québec.     Québec — 1 905.     1 9  pp. 

The  House  of  the  Colden  Dog  in  Québec.     Québec — 1905.     56  pp. 

"The  Fight  for  Canada"  by  Major  Wood  and  "The  Fight  Hfith  France 
for  North  America"  b\)  A.-C.  Bradley,  reviewed.     Québec — 1905.     22  pp. 

L'habitation  de  Samos.     Ottawa — 1906.     33  pp. 

Les  batailles  des  Plaines  d' Abraham  et  de  Sainte-Foye.  Québec,  impri- 
merie du  Daily  Telegraph — 1908.     93  pp. 

La  réserve  de  Monsieur  d'Ailleboust  dans  VeTKlos  de  Québec.  La  cha- 
pelle et  le  tombeau  de  Champlain.     Québec — 1909.     16  pp. 

Notre  système  judiciaire  S  Brèves  suggestions  de  réformes  urgentes.  Qué- 
bec, Compagnie  d'imprimerie  du  Telegraph — 1911.      37  pp. 

Feu  M.  Casgrain  a  en  outre  publié  les  études  suivantes  : 


(  1  )      Décédé  à  Québec  le  23  mai  1 91  7. 


--320  — 

La  Fontaine  de  Champlain  à  Québec  dans  le  Canada-Français  de  1888 
(vol.   1er,  p.  466). 

Les  Plaines  d'Abraham,  endroit  historique  à  conserver,  dans  Transactions 
of  the  Literar^  and  Historical  Society  of  Québec,  Sessions  of  1898  to  1900 
(No  23,  pp.  27  et  83). 

Le  moulin  à  vent  et  la  maison  de  Borgia  lors  de  la  bataille  des  Plaines 
d'Abraham,  dans  le  Bulletin  des  Recherches  Historiques,  vol.  VI  (  1 900) , 
p.  37. 

La  maison  de  Montcalm  sur  les  Remparts,  à  Québec,  dans  le  Bulletin  des 
Recherches  Historiques,  vol.  VIII  (1902).  pp.  225,  257. 

Une  autre  maison  Montcalm  à  Québec,  dans  le  Bulletin  des  Recherches 
Historiques,  vol.  VIII  (1902),  p.  329. 

La  maison  d'Arnoux  où  Montcalm  est  mort,  dans  le  Bulletin  des  Recher- 
ches Historiques,  vol.  IX  (1903),  p.  3. 

The  pilot  de  Vitré,  dans  le  Québec  Dail})  Telegraph,  15  janvier  1904. 

Lettre  à  la  Société  du  Parler  Français,  dans  le  Soleil,  25  janvier  1904. 

Le  moulin  de  Dumont,  dans  le  Bulletin  des  Recherches  Historiques,  vol. 
XI  (1905).  p.  65. 

Le  Saguenay  et  le  lac  Saint- Jean,  dans  le  Soleil,  19  septembre  1905. 

Sir  James-M.  LeMoine,  dans  le  Soleil,  8  novembre  1905. 

Les  "Mémoires"  du  chevalier  Johnstone,  dans  le  Bulletin  des  Recherches 
Historiques,  vol.  XI  (1905),  p.  185. 

Cadet,  sa  maison  et  résidence  à  Québec,  dans  la  Revue  Canadienne,  tome 
LI  (1906).  p.  127. 

L'ancien  Hospice  des  Récollets  à  C^ébec,  dans  le  Soleil,  1 9  octobre  1 907. 

La  Fontaine  de  Champlain,  dans  le  Soleil,  20  juin  1 908. 

Les  habitations  de  Champlain  de  1  608  à  1  624,  dans  le  Soleil,  l  1  juillet 
1908. 

Les  plaques  historiques  commémoratives  à  placer  à  Québec,  dans  V Action 
Sociale,  30  novembre  1  908. 

Le  Kent  House  à  Québec,  dans  le  Bulletin  des  Recherches  Historiques, 
vol.  XIX  (1913).  p.  4. 

P.-G.  R. 


-  S-xi   - 
BULLETIN 


DRS 


RECHERCHES   HISTORIQUES 


VOL.  XXIII  BEAUCEVILLE-NOVEIHBRE  1917  No  II 


François  de  GaUiffet 


(Suite  et  fin) 

TESTAMENT  DE  FRANÇOIS  DE  GALLIFFET,  MAJOR 
DE  QUEBEC  (42) 

Pardevant.  .  .  .  (déchiré)  prevosté  de  Québec  soussigné 
y  résidant  et  tesmoings  cy-aprez  nommés  fut  présent  Fran- 
çois de  Galifet  Escy,  seigneur  de  Caffin  major  pour  le  Roy 
en  cette  ville  de  Québec,  y  demeurant  rue  Sous  le  Fort 
estant  au  lit  malade  dans  une  haute  chambre  ou  il  fait  sa 
demeure  ordinaire  qui  a  veue  sur  le  fleuve  Saint-Laurent 
et  havre  du  Cul  de  Sac  toutefois  sain  d'esprit  mémoire  et 
entendement  ainsy  qu'il  est  aparu  à  nous  notaire  et  témoins 
par  ses  parolles,  gestes,  maintien,  et  autres  siennes  actions 
extérieures,  lequel  considérant  qu'il  n'y  a  rien  de  plus  cer- 
tain que  la  mort  et  rien  de  plus  incertain  que  l'heure  d'icelle  ; 
et  ne  voulant  décéder  intestat  sans  avoir  mis  ordre  à  ses 
affaires  et  avoir  disposé  des  biens  qu'il  a  plu  à  Dieu  luy 
donner  ;  il  a  par  ces  présentes  de  son  bongré  et  pure  vo- 
lonté, fait  et  dicté  de  mot  à  mot  son  testament  et  ordon- 
nance de  dernière  volonté  au  d.  nore.  soussigné  présence 
des  d.  témoins  en  la  forme  et  manière  qui  suit  au  nom  du 
père  et  du  fils  et  du  saint  Esprit,  ainsy  soit-il  : 

(42)      Acte  de  Chambalon,  notaire  à  Québec,   14  décembre   1695. 


...  322  — 

Premièrement, 

Comme  vray  Chrétien  et  Catholique  a  recommandé  et 
recommande  son  ame  quand  elle  partira  de  son  corps  à 
Dieu  tout  puissant  père  fils  et  saint  Esprit,  à  la  Très  Sainte 
et  Glorieuse  Vierge  Marie,  à  Monsieur  saint  François  son 
patron  et  à  tous  les  saints  et  saintes  du  paradis  ;  et  à  ce 
qu'il  plaise  à  Dieu  par  les  mérites  de  la  mort  et  passion  de 
Notre  Seigneur  Jésus  Christ  et  leurs  intercessions  la  mettre 
en  lieu  de  repos  avec  les  bienheureux  ; 

Item  déclare  le  d.  sieur  testateur  qu'il  veut  et  entend 
qu'après  son  deces  ses  dettes  soient  entièrement  payées  et 
acquittées  et  torts  faits  sy  aucuns  se  trouvent  reparés  et 
amandes  par  l'exécuteur  de  son  présent  testament  cy-après 
nommé  ; 

Item  déclare  le  d.  sieur  testateur  qu'il  laisse  à  la  pru- 
dence et  conduite....  (déchiré)  cy  après  nommé  toute 
la.  .  .  .  (déchiré)  pour  les  pompes  funèbres,  enterrement  de 
son.  .  .  .  (déchiré)  repos  de  son  âme,  après  son  décès  auquel 
il  se  remet  entièrement  à  cet  effet  ; 

Item  veut  et  entend  le  d.  sieur  testateur  qu'il  soit  dit 
et  célébré  par  les  Révérends  Pères  Reccolets  une  anniver- 
saire de  messes  basses  de  requiem  en  leur  église  en  cette 
ville  et  à  la  fin  de  la  d.  anniversaire  qu'il  soit  fait  par  les 
mesmes  pères  Reccolets  un  service  en  leur  d.  église  pour  le 
repos  de  son  âme,  pour  laquelle  anniversaire  et  le  d.  service 
il  ordonne  qu'il  soit  payé  aux  d.  pères  recollets  pour  une 
fois  seullement  la  somme  de  trois  cent  cinquante  livres  ; 

lem  désire  et  veut  qu'il  soit  dit  et  célébré  en  l'église 
de  la  paroisse  de  Sainte-Anne  une  neuvaine  de  messes  en 
supplément  d'un  voyage  qu'il  s'estait  proposé  d'y  faire  sy 
Dieu  luy  eust  conservé  la  santé,  et  que  pour  la  d.  neuvaine 
il  soit  payé  la  somme  de  trente  livres  à  la  d.  paroisse  ; 

Item  donne  et  lègue  le  d.  sieur  testateur  à  la  grande 
Congrégation  de  cette  ville  la  somme  de  cent  livres  pour 
estre  participant  aux  prières  qui  s'y  font  auxquelles  il  se 
recommande  : 

Item  donne  et  lègue  à  l'église  de  Notre-Dame  de  la 
Victoire  de  cette  basse-ville  pareille  somme  de  cent  livres  ; 


—  S28  — 

Item  donne  et  lègue  pareillement  aux  pauvres  de  l'Hos- 
tel-Dieu  de  cette  d.  ville  pareille  somme  de  cent  livres  ; 

Item  donne  et  lègue  à  l'Hôpital-General  de  cette  ville 
la  somme  de  quatre  cents  livres  ; 

Item  donne  et  lègue  à  François  Tordel  son  domestique 
tous  les  habits,  linges,  hardes  et  autres  choses  generalle- 
ment  qu'il  luy  a  avancées  pour  son  service  sous  l'espérance 
que  le  d.  sieur  testateur  avait  qu'il  luy  continuerait  ses 
services  voulant  qu'ils  luy  demeurent  en  propre  comme  sy 
il  les  avait  gagnés  par  ses  services  et  qu'outre  tout  ce  que 
le  d.  sieur  testateur  luy  a  avancé,  il  luy  soit  payé  la  somme 
qu'il  conviendra  pour  payer  les  frais  de  son  passage  d'icy 
en  France  l'année  prochaine,  en  cas  que  le  d.  Tordel  y 
veuille  passer. 

Item  déclare  le  d.  sieur  testateur  qu'après  ses  services 
tuneraux,  legs  pieux  cy-dessus,  dettes  payées  et  torts  faits 
réparés  et  amandes  comme  dit  est,  qu'il  fait  son  seul  et 
unique  héritier  de  tous  les  biens  meubles,  argent  monnoyé 
et  autres  effets  qui  se  trouveront  luy  apartenir  après  son 
deces  tant  en  ce  pays  de  Canada  qu'en  l'ancienne  France 
à  la  réserve  des  biens  qui  sont  advenus  au  d.  sr  testateur  de 
patrimoine  seulement  généralement  et  sans  exception  Jo- 
seph de  Gallifet  escuyer  son  frère  auquel  il  les  donne  et 
lègue  pour  par  luy  en  disposer  à  sa  volonté  ; 

Item  déclare  le  d.  sieur  testateur  qu'il  fait  pareillement 
ses  héritiers  universels  à  1,'égard  dr  tous  ses  biens  de  patri- 
moine generallement  qu'il  a  en  l'ancienne  France  le  dit  sieur 
Joseph  de  Galiffet  son  frère,  Philippe  de  Gallifet  aussy 
escuyer  son  autre  frère,  et  le  fils  aîné  masle  d'Alexandre  de 
Gallifet  escuyer  aussy  son  frère,  son  neveu,  entre  lesquels 
d.  Joseph  et  Philippe  de  Gallifet  ses  frères  et  son  d.  neveu 
fils  aîné  du  sieur  Alexandre  de  Gallifet  il  veut  et  entend  que 
tous  ses  d.  biens  sittués  en  France  soient  divisés  et  partagés 
par  tiers  et  egalles  portions  avec  le  plus  de  douceur  et 
d'amitié  que  faire  se  pourra,  leur  donnant  et  léguant  à  cet 
effet  : 

Iteni  déclare  le  d.  sieur  testateur  qu'il  doit  à  Mr  Jac- 
ques Petit  sieur  de  Verneuil  trésorier  de  la  marine  en  ce 


...  324  — 

pays  la  somme  de  dix-sept  cent  cinquante  quatre  livres 
monnaye  de  France  dont  il  luy  a  donné  son  billet  datte  du 
ving"t-un  octobre  dernier  ; 

Item  déclare  le  d.  testateur  qu'il  veut  et  entend  que 
tous  les  legs  pieux  cy-dessus  soient  payés  et  acquittés  par 
ses  exécuteurs  testamentaires  cy-après  nommés  sur  les 
effets  qui  luy  viendront  Tannée  prochaine  de  France  incon- 
tinant  après  qu'ils  auront  reçu  les  d.  effects  ; 

Item  prie  et  requiert  le  d.  sieur  testateur  ses  d.  exécu- 
teurs testamentaires  de  incontinant  après  son  décès  faire 
faire  un  bon  et  fidel  inventaire  de  tous  les  effets,  papiers 
et  dettes  actives  et  passives  qui  se  trouveront  luy  apparte- 
ni^r  et  d'en  envoyer  une  copie  en  forme  et  du  présent  testa- 
ment ensemble  du  compte  de  dépenses  qu'il  aura  convenu 
faire  pour  ses  frais  funeraux  l'année  prochaine  au  sieur 
Abraham  Duport  marchand  à  LaRochelle  qui  en  advertira 
le  d.  sieur  Joseph  de  Gallifet  son  frère  ; 

Et  pour  exécuter  le  présent  testament  icelluy  augmen- 
ter et  non  diminuer  le  d.  sieur  testateur  a  nommé  le  d.  sieur 
de  Verneuil  et  le  sieur  François  Hazeur  marchand  bour- 
geois demeurant  en  cette  d.  ville  qu'il  prie  d'en  vouloir 
prendre  la  peine,  et  à  cet  effet  se  démet  de  tous  ses  biens  en 
leurs  mains  lesquels  il  veut  qui  en  soient  en  demeurent  ves- 
tant  et  saisis  pour  conjointement  ou  l'un  d'eux  à  deffault 
ou  en  l'absence  de  l'autre  faire  ce  qui  est  dit  car  telle  est 
l'intention  du  d.  sieur  testateur  et  sa  dernière  volonté  ; 

Ce  fut  ainsy  fait  et  dicté  de  mot  à  mot  par  le  d.  sieur 
testateur  au  d.  notaire  soussigné  présence  les  d.  tesmoins 
et  à  luy  leu  et  releu  par  le  d.  notaire  qui  a  dit  le  bien  sçavoir 
et  entendre  le  quatorzième  jour  de  décembre  mil  sept  cent 
quatre  vingt  quinze  trois  à  quatre  heures  de  relevée  dans 
la  d.  haute  chambre  où  le  d.  sieur  testateur  est  gisant  au  lit 
malade  qui  a  vue  sur  le  fleuve  Saint-Laurent  et  havre  du 
Cul  de  Sac  en  présence  des  sieurs  Jean  de  Lestage  mar- 
chand et  Jacques  Ca3da  Mtre  tailleur  d'habits  témoins  à 
ce  appelés  demeurant  en  cette  d.  ville  qui  ont  avec  le  d. 
sieur  testateur  et  les  d.  sieurs  de  Verneuil  et  Hazeur  et  nore 


-  325  -" 

<igné.  —  De  Galifet  —  De  Verneuil  —  F.  Hazeur  —  De  Les- 
tage —  Cayla  —  Chambalon. 

CONTRAT  DE  MARIAGE  DE  FRANÇOIS  DE  GALLIF- 
FET,  MAJOR  DE  QUEBEC,  ET  DE  MARIE-CA- 
THERINE AUBERT  DE  LA  CHESNAYE  (43)    •. 
'  s 

Pardevant  le  notre,  garde  notes  du  Roy  en  sa  ville^et 
prévôté  de  Québec  en  la  Nouvelle-France  sousné  furent 
presens  en  personnes  François  Gallifet  écuyer  sieur  de 
Caffin,  major  de  cette  d.  ville  et  gouvernement  de  Québec 
fils  de  defifant  Pierre  de  Gallifet  écuyer  seigneur  de  Dhonon 
et  de  Caffin  et  de  dame  Marguerite  de  Bonfils  ses  père  et 
mère  vivants  demeurant  au  dit  Dhonon  siz  au  comtant 
d'Avignon,  évêché  de  Vaison,  pour  luy  en  son  nom  d'une 
part  ;  Mr  Me  Charles  Aubert  écuyer  sieur  de  la  Chesnaye, 
seigneur  du  lieu,  Con'er  au  Conseil  Souverain  de  ce  pays  et 
dame  Marie  Angélique  Denis  son  épouse  de  luy  deument 
authorisée  à  l'efifet  des  présentes  dem.  en  cette  dite  ville 
rue  du  Sault  au  Matelot  faisant  et  stipulant  en  cette  partie 
pour  damoiselle  Marie  Catherine  Aubert  leur  fille  aînée  de 
son  consentement  d'autre  part.  Lesquelles  parties  de 
l'agrément  avis  et  consentement  des  personnes  cy-après 
nommées  sçavoir  de  la  part  du  dit  sieur  de  Gallifet  de  hault 
et  puissant  seignr.  Messire  Louis  de  Buade  de  Frontenac 
comte  de  Palluau  coner  du  Roy  en  ses  Concis,  lieutenant- 
général  pour  le  Roy  en  ce  pays,  Messire  Jean  Bochart  chlier 
seigr.  de  Champigny  coner  du  Roy  en  ses  consls.  intendant 
de  justice  police  et  finances  en  ce  dit  pays,  Mre  François 
Provost,  Heutenant  du  Roy  en  cette  dite  ville  et  gouverne- 
ment de  Québec,  Mre  Philippe  de  Rigaud  chlier  seig.  de 
Vaudreuil,  colonel  commandant  les  troupes  du  Roy  en  ce 
d.  pays,  dame  Geneviève  Macart  épouse  du  d.  sr  Provost,  le 
S.  chlie*r  de  Champigny,  fils  du  d.  seigr.  intendant,  et  de  la 
part  des  d.  sieur  et  dame  de  la  Chesnaye,  de  Pierre  Denys 
Ecr  sieur  de  la  Ronde  et  dame  Marve-Cathne  Denvs  son 


(43)      Acte  de  Genaple,  notaire  à  Québec,  8  janvier   1697. 


>-326-^ 

épouse  ayeuls  maternels  de  la  d.  damelle.  future  épouse, 
damlle  Marye-.  ,  .  .  Aubert  sa  soeur  germaine,  Mr  D'Aille- 
boust  Ecr  sr  de  Mantet  capne  reformé  au  détachement  de 
la  marine  en  ce  pays  au  nom  et  comme  ayant  épousé  Fran- 
çoise Denys  son  épouse  tante  du  côté  paternel,  Jacq.  LeNeuf 
Ecr  sieur  de  la  Vallière  captne.  au  d.  détachement  et  des 
gardes  du  dit  seigneur  gouv. -général  grand-oncle  maternel, 
et  dame  Françoise  Denys  son  épouse  grande  tante  du  côté 
paternel  de  la  d.  damoiselle  future  épouse.  M,  Me  Charles 
Denys  Ecr  sieur  de  Vitré  conseiller  au  Conseil  Souverain  de 
Québec  et  Me  Simon  Denys  écuyer  Sr  de  St-Simon  prevost 
de  la  maréchaussée  en  ce  dit  pays  grands  oncles  du  d.  côté 
paternel  de  la  d.  future  épouse  ;  dame  Catherine  de  Lostel- 
neau  épouse  du  dit  sieur  de  Vitré,  le  sieur  Jean  Outhlas 
capitaine  de  navire  au  nom  et  comme  ayant  épousé  damoi- 
selle Françoise  Denys  grande  tante  du  dit  côté  paternel  et 
le  sr  Charles  (?)  LeGardeur  et  dame  Margne.  Boucher  son 
épouse. 

Ont  fait  ensemble  les  accords  promesses  et  conven- 
tions de  mariage  cy-après  quy  sont  que  les  dits  sieur  et 
dame  de  la  Chesnaye  prometent  donner  la  dite  damoiselle 
Marye-Catherine  Aubert  leur  fille  âgée  de  quinze  ans  à  ce 
présente  et 'consentante  de  son  bon  gré  et  libre  consente- 
ment par  nom  et  loy  de  mariage  au  dit  sieur  de  Gallifet  quy 
de  sa  part  promet  aussy  la  prendre  au  d.  nom  pour  sa  fem- 
me et  légitime  épouse  et  le  dit  mariage  faire  et  solemniser 
en  notre  sainte  église,  catholique  le  plus  tôt  qu'il  se  pourra  ; 
pour  du  jour  de  leurs  épousailles  être  uns  et  communs  en 
tous  biens  meubles  et  conquets  immeubles  suivant  la  cou- 
tume de  Paris  suivye  et  gardée  en  ce  pays  à  laquelle  seule 
les  dits  futurs  conjoints  se  soumetent  nonobstant  qu'ils 
fussent ...  en  autre  pays  de  droit  écrit,  ou  de  coutume  con- 
traire ou  communauté  de- biens  n'a  point  de  lieu  :  Voulans 
que  si  le  dit  cas  arrivait  et  qu'ils  y  fissent  acquisition  d'hé- 
ritages ou  rentes  le  tout  en  fut  partagé  avec  leurs  autres 
biens  meubles  comme  biens  de  communauté  :  nonobstant 
toutes  loix  ou  coutumes  contraires  auxquelles  ils  dérogent 
et  reiwiîceat  expressément  par  ces  présentes,  le  dit  mariage 


— 327  — 

ne  se  faisant  qu'à  cette  condition  particulière.  Ne  seront 
cependant  les  dits  futurs  épous  tenus  aux  dettes  l'un  de 
l'autre  faites  et  créées  avant  le  dit  mariage  :  lesquelles  si 
aucunes  se  trouvent,  seront  payées  et  acquittées  sur  le  bien 
de  qui  les  aura  faites  et  créées,  déclarant  le  dit  sieur  de 
Gallifet  que  tous  les  biens  à  luy  appartenans  présentement 
sont  mobiliers  et  consistent  en  une  somme  de  cinq  mille 
livres  à  luy  destinée  par  donnation  de  son  dit  delîunt  père 
à  prendre  sur  les  biens  mentionnés  par  la  dite  donation  : 
de  laquelle  somme  les  intérêts  sont  deus  depuis  le  mois  de 
novembre  de  Tan  c  g  b  j  c  quatre  vingt-dix  ;  une  autre 
somme  de  deux  mille  sept  cent  cinquante  livres  aussi  léguée 
à  luy  sieur  de  Gallifet  par  la  dite  defifunte  dame  sa  mère 
dont  les  intérests  sont  aussi  deus  depuis  le  quatre  de  may 
g  b  y  c  quatre-vingt-quinze  Et  outre  la  somme  de  huit 
mille  livres  effective  qu'il  a  présentement  ez  mains  en  ar- 
gent et  billets  le  tout  monnaye  de  France,  montant  à  la 
somme  de  quinze  mille  sept  cent  cinquante  livres,  faizant 
monnaye  de  ce  païs  celle  de  vingt  un  mille  livres,  non  com- 
pris les  intérests  susdits  desquelles  sommes  de  deniers, 
celle  de  six  mille  livres  seulement  entrera  en  la  dite  future 
communauté,  et  le  surplus  sortira  nature  de  propre  au  dit 
sieur  futur  époux  et  aux  siens  de  son  estoc  côté  et  ligne. 
Et  le  dit  sieur  de  la  Chesnaye  de  sa  part  donne  à  la  dite  da- 
moiselle  future  épouse  en  avancement  d'hoirye  de  sa  suc- 
cession future  la  somme  de  quinze  mille  livres  en  choses 
mentionnées  et  spécifiées  cy-après,  lesquelles  il  luy  cède, 
transporte  délaisse,  promet  garantir  et  faire  valoir  :  sça- 
voir  est  cent  cinquante  livres  de  rente  au  denier  dix-huit, 
à  prendre  sur  le  sieur  Pierre  Boucher  de  Boucherville  ra- 
chetable  en  principal  de  la  somme  de  deux  mille  sept  cents 
livres,  par  contrat  passé  devant  Becquet  notre  le  deuxi. 
d'octobre  1668,  plus  cent  soixante  et  six  livres  treize  sols 
quatre  deniers  de  rente  constituée  par  le  sieur  Pierre  Petit 
marchand  aux  Trois-Rivières  pour  le  principal  de  trois  mille 
trois  cent  trente  trois  livres  six  sols  huit  deniers  pour  terre 
à  lu\-  vendue  par  contrat  passé  devant  Chambalon  notre 
en  cette  ville  le  neuvième  de  juillet  c  g  b  y  c  quatre  vingt 


—  328  — 

quatorze,  cent  autres  livres  de  rente  constituée  par  les  sieur 
et  dame  de  la  Durantaye,  payable  chacun  an  au  28  d'octobre, 
rachetable  ;  rachetable  de  la  somme  principale  de  deux 
mille  livres,  par  contrat  du  28  octobre  1675  passé  devant 
Becquet,  notaire  ;  et  outre  cinq  années  d'arrérages  deus 
de  la  dite  rente  montant  à  la  somme  de  cinq  cents  livres, 
autre  rente  de  la  somme  de  cent  cinquante  livres  à  prendre 
sur  Claude  Bourget  et  Marye  Couture  sa  femme  rachetable 
de  la  somme  de  trois  mille  livres  prix  principal  de  leur  mai- 
son vendue  à  deffunt  François  Tessier  (?)  premier  mary 
de  la  dite  Couture  par  contrat  du  13  juillet  1680  passé 
devt.  .  .  notr  et  ratifié  des  d.  Bourget  et  sa  femme  ;  a  com- 
mencer a  jouir  cy-après  de  la  d.  rente  à  compter  du  treize 
de  juillet  dernier  ;  cent  autres  livres  de  rente  constituée 
par  Jean  Soullard  arquebuzier,  rachetable  de  deux  mille 
livres  en  principal  par  contrat  passé  devt  le  dit  Becquet 
notre,  le  vingt,  de  janvier  1677  dont  la  jouissance  commen- 
cera à  courir  au  vingtie.  du  présent  mois  de  janvier.  Plus 
une  maison  et  emplacement  size  à  la  basse-ville  rue  du 
Saut  au  Matelot  en  l'état  qu'elle  se  comporte  :  joignant 
d'un  bout  au  d.  Bourget  d'autre  bout  le  carrefour,  et  par 
le  derrière  au  bout  de  la  rue  Notre-Dame  ;  laquelle  maison 
est  chargée  de  soixante  livres  de  rente  foncière  perpétuelle 
non  rachetable,  payable  chacun  an  aux  Dames  Religieuses 
Ursulines  de  cette  ville  en  deux  termes  mentionnés  au  con- 
trat d'acquisition  qu'en  a  fait  le  dit  sieur  de  la  Chesnaye 
passé  devant  le  Sr  Chambalon  notre  le  24  de  février  dern. 
à  commencer  à  payer  la  d.  rente  foncière  par  les  dt.  futurs 
époux  au  premier  jour  de  may  prochain  venant  et  continuer 
en  après  à  toujours  aux  d.  termes  :  la  dite  maison  et  place 
étant  portées.  ...  en  outre  pour  la  somme  de  quatorze  cent 
soix.  e  six  liv.  treize  sols ....  laquelle  parachèvera  les  quinze 
mille  livres  de  dot  susdites  et  de  principal  à  quoy  montent 
ensemble  le  capital  des  dites  rentes,  arrérages  de  l'une 
d'icelles,  en  maison  suspécifiée  î  dont  et  de  quoy  le  dit  sieur 
de  la  Chesnaye  â  présentement  remis  les  contrats  susdatés 
et  autres  pièces  en  dépendantes  éz  mains  du  dit  sieur  futur 
époux  {qui  s'enest  tenu"  content;,  de.squelles.  rentes  maison 


™  329  — 

et  arrérages  suspéciiïés  les  dits  sieur  et  dame  de  la  Ches- 
naye  et  damelle  leur  fille  future  épouse  en  ameublissent  au 
profit  de  la  dite  future  communauté  jusqu'à  la  somme  de 
six  mille  livres,  le  surplus  demeurant  en  sa  nature  de  propre 
à  la  dite  future  épouse  et  aux  siens  d'estoc  côté  et  ligne 
étant  expressément  convenu  stipulé  et  accordé  qu'avenant 
le  décès  du  dit  sieur  ou  de  la  d.  dame  de  la  Chesnaye,  les 
dits  futurs  époux  ne  pouront  demander  aucun  compte  au 
survivant  des  deux  et  le  laisseront  jouir  des  biens  délaissés 
par  le  prédécédé  :  et  à  la  charge  aussi  que  les  d.  sieur  et 
dame  de  la  Chesnaye  obligeront  leurs  autres  enfants  en  les 
mariant  à  même  et  semblable  clause.  Et  ce  faisant  le  dit 
sieur  futur  époux  a  douué  et  doue  ladite  damlle  sa  future 
épouse  de  la  somme  de  six  cents  livres  de  rente  et  pension 
viagère  en  douaire  préfix  à  prendre  sur  ses  biens  plus  appa- 
rens  dès  que  douaire  aura  lieu  :  mais  si  elle  arrivait  à  con- 
voler en  secondes  noces  ayant  enfants  d'eux  ;  en  ce  cas  le 
dit  douaire  sera  restraint  en  faveur  des  dits  enfants,  à  la 
somme  de  trois  cents  livres  seulement  de  pension  viagère. 
Le  survivant  d'eux  deux  prendra  pour  preciput  la  somme 
de  six  mille  livres  en  deniers  sur  la  masse  de  la  d.  commu- 
nauté ou  la  dite  somme  en  meubles  d'icelle  sur  le  pied  de 
l'estimation  qui  en  sera  faite  par  l'inventaire  et  sans  criée  ; 
et  outre  les  habits,  hardes,  linges,  bagues,  joyaux,  armes 
et  chevaux  du  d.  survivant.  Et  si  le  dit  futur  époux  précé- 
dait ou  que  la  dite  communauté  fut  autrement  dissolue,  la 
dite  future  épouse  et  ses  enfants  pourront  si  bon  luy  semble 
y  renoncer  ;  et  ce  faisant  remporter  ses  dits  dot  et  douaire 
avec  tout  ce  qui  lui  pourra  estre  avenu  et  écheu  en  quelque 
manière  que  ce  soit  pendant  le  dit  mariage  :  et  outre  ses 
habits  hardes  et  linge  à  son  usage  et  sa  chambre  garnie 
sans  être  tenue  des  dettes  d'icelle  ;  encor  qu'elle  y  fut 
obligée  ou  condamnée  ;  auquel  cas  elle  aura  hypotecque 
pour  son  recours  sur  les  biens  de  son  d.  futur  époux  du  jour 
et  datte  des  présentes.  Car  ainsy  a  esté  convenu.  Trans- 
portant par  les  d.  sr.  et  dame  de  la  Chesnaye  tous  droits  de 
propriété  ez  d.  choses  données  etc.  Desaisissant  etc.  Vou- 
lant etc    Promettant  de  part  et  d'autre  ^tc  oblig.  etc.    Re- 


—  830  -" 

uonc  etc  Faij  et  passé  en  l'hôtel  des  s.  et  clame  de  la  Ches- 
naye  rue  du  Saut  au  Matelot  après-midy  le  huictième  jour 
de  janvier  Fan  g  b  c  y  quatre-ving-t-dix-sept  présence  des 
sieurs  François  Hazeur  et  Jean  Gobin  marchands  bourgeois 
de  cette  dite  ville,  témoins  qui  ont  avec  les  d.  futurs  époux, 
les  d.  seign.  gouverneur  et  intendant  sieur  et  dame  de  la 
Chesnaye  et  autres  personnes  susnommées  signées  à  ces 
pntes  à  l'exception  du  dit  sr  Denys  qui  a  déclaré  ne  pouvoir 
signer  depuis  la  perte  de  sa  vue.  —  Gallifet  —  Frontenac  — 
Bochart  Champigny  —  Vaudreuil  —  Provost  —  -  Geneviève 
Macart  —  Le  Neuf  de  la  Vallière  —  Françoise  Denis  —  Le 
Chev.  de  Champigny  —  P.  Denis  de  St  Simon  —  F.  Hazeur 

—  Gobin  —  Gabrielle  Bécasseau  —  C.  Barbe  —  M.  C.  Au- 
bert  —  Charles  Aubert  de  la  Chesnaye  —  M.  A.  Denis  —  M. 
Catherine  LeNeuf  —  De  Manteht  —  Françoise  Denis  — 
Ursule  Denis  M.  A.  Aubert  —  C.  Denis  de  Vitré  —  Cathe- 
rine de  Lostelneau  —  M.  de  Vitré  des  Cayrac  —  Jn.  Outlaw 

—  P.  Denis  —  LeGardeur  —  Magdelaine  Boucher  —  Gena- 
ple. 

A^ENTK    DU    FIEF    SAINTE-MARGUERITE    ET    DU 

"MARQUISAT  DU  SABLE"  PAR  LOUIS  AUBERT 

DU   FORILLON   ET   BARBE   LENEUF,    SON 

EPOUSE,  A  FRANÇOIS  DE  GALLIFFET, 

GOUVERNEUR  DES  TROIS- 

RTVIERES  (44) 

Pardevant  le  Notaire  Royal  en  la  prevosté  de  Quebecq 
soussigné  y  résidant  et  témoins  si  bas  nommés  furent  pre- 
sens  Louis  Aubert  Escuier,  sieur  du  Forillon,  et  dame  Barbe 
LeNeuf  son  espouse  de  luy  bien  et  duement  autorisée  à 
l'effet  des  présentes  lesqueû  de  leur  bon  gré  et  volonté  ont 
ce  jourd'huy  vendu  cédé  quitté  delessé  et  transporté  dès 
maintenant  et  à  toujours  et  promis  garantir  de  tous  trou- 
bles debtes  hypothèques  et  autres  empeschemens  general- 
lement  quelconques  et  ce  solidairement   l'un   pour  l'autre 

(44)      Acte  de  la  Cetière,  notaire  à  Québec,  4  novembre    1712. 


—  381  — 

Tun  deux  seul  pour  le  tout  sans  bénéfice  de  division,  discu- 
tion  ni  fidefussion  à  eux  donné  à  entendre  et  qls  ont  dit 
bien  savoir  y  ont  renoncé  et  renoncent  :  à  Mre  François 
de  Galiffet  seigneur  de  Caffin,  chevalier  de  l'ordre  militaire 
St  Louis  Gouverneur  pour  le  Roy  en  sa  ville  et  gouverne- 
ment des  Trois-Rivières  à  ce  présent  et  acceptant  acquéreur 
pour  luy  ses  hoirs  et  ayant  causes  à  l'avenir  c'est  à  saovir 
une  terre  concédée  à  titre  de  fief  et  seigneurie  haute  moyen 
ne  et  basse  justice  size  près  les  Trois  Rivièrres  appellée 
Ste  Margueritte  consistant  en  trois  quarts  de  lieue  ou 
environ  de  front  derrière  les  concessions  qui  sont  le  long 
du  fleuve  St-Laurent  au-dessus  des  Trois-Rivières  joignant 
d'un  costé  au  sud-ouest  les  terres  appartenant  au  sieur  de 
Vieux  Pont  et  du  costé  du  nordest  au  d.  fleuve  des  Trois 
Rivièrres  et  sur  toute  la  profondeur  qui  se  trouvera  jusques 
a.ux  fiefs  de  Tonnancour  et  St-Maurice  circonstances  et 
dépendances  sans  aucunes  reserves  même  les  rentes  qui 
doivent  estre  payées  par  tous  les  tenentiers  establis  sur 
icelle  et  tous  les  autres  droits  redevances  et  jusgestions 
portées  par  leurs  contrats  ou  à  la  volonté  du  seigneur  sans 
reserve  outre  ce  dix  arpents  de  terre  en  superficie  aussi  size 
proche  de  la  Commune  des  Trois  Rivières  vulguerement 
appelé  le  marquisait  du  Sablé  joignant  aux  concessions  des 
Révérends  Pères  Jésuittes  sans  en  rien  réserver  ni  retenir 
au  d.  sieur  et  dame  vendeurs  par  l'accord  et  transaction 
faiste  entre  le  d.  sieur  du  Forillon  messieurs  Aubert  et  de 
Gaspé  ses  frères  avec  feu  Mr  Me  Charles  Aubert  Escuier 
seigneur  de  la  Chenaye  leur  père  a  qui  la  d.  seigneurie  Ste 
Marguerite  appartenait  pour  luy  avoir  esté  adjugée  sur  le 
sieur  Dubois  marchand  au  d.  lieu  des  Trois  Rivières  qui  la 
possédait  suivant  le  titre  de  ratif fication  de  la  Cour  du  vingt 
septiesme  juillet  1691  :  et  les  dits  dix  arpents  de  terre  ou 
marquisat  du  Sablé  pour  les  avoir  acquis  de  deffunt  Michel 
Leneuf  escuier  seigneur  de  la  Vallière  et  Beaubassin  vivant 
major  de  la  ville  de  Montréal  par  acte  passé  devant  deflfunt 
Me  Gilles  Rageot  vivant  nore  et  greffier  en  chef  de  cette 
prevosté  en  date  du  13  novembre  mil  six  cens  quatre  vingt 
six,  le  tout  chargé  de  ceux  rentes  redevances  et  droits  por- 


—  332  — 

tées  par  les  d.  tiltres  de  confirmation  et  contrats  que  les 
des.  sieur  et  dame  vendeurs  ont  présentement  mis  es  mains 
de  mon  dt.  sieur  acquéreur  qui  s'est  contenté  d'iceux  et  des 
d.  choses  sus-vendues  disant  les  bien  savoir  et  connaistre 
pour  avoir  le  tout  vu  et  visité.  Cette  vente  cession  et 
delssement  aussy  fait  outre  les  d.  droits  ci-dessus  pour  et 
moyennant  le  prix  et  somme  de  quatre  cent  livres  que  mon 
dt.  sieur  acquéreur  a  payées  à  mes  d.  sieur  et  dame  ven- 
deurs dont  ils  se  tiennent  comptans  et  bien  satisfaits  disant 
avoir  reçu  la  d.  somme.  .  .  .  auparavant  ces  présentes  dont 
etc  quittent  etc  au  moyen  de  quoy  ils  se  sont  demis  desaisis 
et.  .  .  .  de  la  de.  seig^neurie  et  des  des.  dix  arpents  de  terre 
fond  tresfond,  droits  de  justice  fruits  proffits  revenus 
droits  et  generallement  etc  pour  et  au  proffit  de  mon  dt. 
sieur  acquéreur  ses  dts.  hoirs  et  ayans  cause  qu'ils  en  ont 
mis  saisis  et.  .  .  .  en  leur  lieu  et  place  droits  noms  raison*s 
et  actions  pour  en  faire  e^  disposer  comme  de  son  propre 
bien  et  loyal  acquêt  de  ce  jour  à  l'avenir  et  à  toujours.  Car 
ainsy,  etc  promettant  etc  oblig^eant,  etc,  quittant  etc  renon- 
çant etc.  Fait  et  passé  au  d.  Quebecq  en  l'étude  du  d.  notre, 
avant  midy  le  quatriesme  jour  de  novembre  mil  sept  cent 
douze  en  présence  des  sieurs  Jean  Bonneau  me.  boullanger 
et  Joseph  Montmellian  clercq  témoins  demeurans  au  dt. 
Quebecq  qui  ont  avec  les  d.  partyes  et  nore.  signé  —  Ga1- 
lifet  —  Aubert  du  Forillon  —  B.  LeNeuf  du  Forillon  — 
Bonneau  —  Monmeillian  —  De  La  Cetierre 


—  58S  — 

In  médecin  irlandais  à  Montréal  avant  la  Cession 


(Suite) 

Le  même  jour,  le  secrétaire  d'Etat  Philippeaux  de  Pontchartrain  signait 
ses  lettres  de  naturalité  que  voici  : 

**  Aujourd'hui  Sept  Mars  mil  sept  cent  vingt  quatre  Le  Roy,  étant  à 
Versailles,  Le  Sieur  Thimothée  Silvain  natif  d'Irlande  ayant  fait  représenter 
à  Sa   Majesté  qu'il   fait  profession  de  la  Religion  Catholique,   apostolique  et 
Romaine,  qu'il  est  établi  depuis  six  ans  avec  sa  famille  dans  la  Ville  de  Mont- 
réal en  la  Nouvelle  France  et  qu'il  désirerait  y  finir  ses  jours  ou  en  tel  autre 
endroit  du  Royaume  où  ses  affaires  l'appelleront  à  jouir  des  mêmes  avantages 
que  les  autres  sujets  de  Sa  Majesté.     Et  l'ayant  très  humblement  supplié  de 
lui  accorder  Son  Brevet  sur  et  nécessaire.     Sa  Majesté  voulant  favorablement 
traiter  le  dit  Sieur  Thimothée  Silvain  et  lui  faciliter  les  moyens  de  continuer 
son  établissement  dans  la  dite  colonie,  le  reconnaît  sien  et  réputé  pour  son  Vrai 
Naturel  Sujet  ;    Veut  que  comme  tel  II  puisse  et  lui  soit  possible  de  demeurer 
au  dit  pays  ou  autres  lieux  du  Royaume,  pays  te-rres  et  Seigneuries  de  l'obéis- 
sance de  Sa  Majesté  qu'il  désirera,  qu'il  jouisse  des  privilèges,  franchises,  liber- 
lés  dont  jouissent  Ses  Vrais  et  originaires  Sujets,  qu'il  puisse  succéder,  tenir  et 
posséder  tous  biens  meubles  et  immeubles  qu'il  a  acquis  et  pourra  acquérir  et 
qui  lui  seront  donnés  légués  ou  délaissés  pour  jouir,  ordonner  et  disposer  par 
Testament,   dernière  volonté  donnation  entre  vifs  ou  autrement  ainsi  que  de 
droit  lui  seront  acquis  où  qu'après  son  décès  son  enfant  légitime  ou  ayant  cause 
ou  autres  en  faveur  desquels  il  disposera  lui  puissent  succéder  aux  termes  de  la 
Coutume  de  Paris  pourvu  qu'ils  soient  Regnicoles  ou  Sujets  de  Sa  Majesté, 
tout  ainsi  que  si  le  dit  Sieur  Silvain  était  originaire  du  Royaume,  sans  qu'au 
moyen  des  ordonnances  et  Règlements  faits  contre  les  étrangers,  il  lui  soit  fait 
aucun  Empêchement  ni  que  Sa  Majesté  puisse  prétendre  les  dits  biens  lui  appar- 
tenir par  droit  d'aubaiiie  ou  autrement  en  quelque  sorte  et  manière  que  ce  soit, 
le  dispensant  et  réhabilitant  quand  à  ce  sens  qu'il  soit  tenu  de  payer  à  Sa  Ma- 
jesté ni  à  Son  Successeur  Roy  aucune  finance  de  laquelle  à  quelque  somme 
qu'elle  puisse  monter.  Sa  Majesté  lui  fait  don  et  remise  par  le  présent  Brevet 
à  la  charge  toutefois  de  faire  son  séjour  dans  la  dite  Colonie  ou  autres  lieux 
de  l'obéissance  de  Sa  Majesté  et  de  ne  s'entremettre  d'aucuns  Etrangers  Man- 
dats.   jSa  Majesté  aux  gçns  tenant  le  conseil  SuF>érieur  à  Québec  ou  tous  autres 
sous  officiers  ou  justiciers  qu'il  appartiendra  qu'après  qu'il  leur  sera  apparu  qu« 


—  334  — 

le  dit  Sieur  Silvaii)  fait  profession  de  la  Religion  Catholique  Apostolique  Ro- 
maine, ils  ayent  à  enregistrer  le  présent  Brevet  et  du  Contenu  Icelui  faire  jouir 
V.V.V.  le  dit  Sieur  Silvain,  son  enfant  légitime  ou  ayant  cause  pleinement, 
paisiblement  et  perpétuellement  cessant  et  faisant  cesser  tout  trouble  et  empê- 
chement du  contraire  et  pour  témoignage  de  Sa  Volonté,  Sa  Majesté  m'a 
commandé  d'expédier  le  présent  Brevet  qu'elle  a  voulu  signer  de  sa  main  et  être 
contresigné  par  moi  Son  Conseiller  Secrétaire  d'Etat  et  de  son  Commandement 
et  finance 

LOUIS  PHILIPPEAUX. 
"Brevet  de  naturalité  pour  le  Sieur  Silvain  Irlandais. 

"Le  présent  Brevet  de  naturalité  a  été  enregistré  au  greffe  du  Conseil 
Supérieur  de  ce  pays  Sujet  requérant  le  Procureur  Général  du  Roy  suivant 
son  arrêt  de  ce  jour  par  moi  Conseil  Secrétaire  du  Roy  Greffier  en  Chef  du 
Conseil. 

"Soussigné  à  Québec  le  seize  Novembre  1  724  —  DAINE  " 

Il  convient  de  noter  que  Sylvain  fut  un  des  très  rares  Irlandais,  non  seule- 
ment qui  furent  naturalisés,  mais  qui  vécurent  en  Canada  vers  cette  époque. 
Parlant  même  des  premières  années  de  l'épiscopat  de  Mgr  de  Pontbriand,  voici 
ce  qu'écrit  M.  l'abbé  Gosselin  : 

"  Y  a-t-il  des  Irlandais  venus  directement  d'Irlande  ?  Nous  n'en  voyons 
aucun  pour  le  moment.  Quelques  années  plus  tard  les  hasards  de  la  guerre 
entre  l'Angleterre  et  la  France  en  amèneront  éventuellement  un  certain  nombre 
comme  prisonniers  ;  et  le  ministre  français  écrira  à  M.  Hocquart  :  "Si  les 
"  Irlandais  catholiques  conduits  au  Canada  demandent  à  y  rester,  je  ne  vois 
"  pas  d'inconvénient  à  ce  qu'on  le  leur  permette."  Quelques-uns  se  prévaudront 
de  cette  offre  généreuse,  mais  on  n'aura  pas  à  s'en  féliciter.  Le  gouverneur  et 
l'intendant  écriront  à  la  cour  :  "  Nous  avons  suivi  vos  instructions  à  l'égard 
des  Irlandais  catholiques  qui  ont  voulu  rester  en  ce  pays  ;  mais  tout  catholiques 
qu'ils  sont,  la  plupart  sont  très  mauvais  sujets,  et  dont  la  colonie  ne  tirera  jamais 
grand  profit.  .  ."     (L'Eglise  du  Canada  sous  Mgr  de  Pontbriand,  p.  7). 

Les  affaires  de  Sylvain  allèrent  assez  bien  pendant  quelques  années,  grâce 
aux  puissants  appuis  qu'il  avait  su  se  ménager,  mais  elles  faillirent  se  gâter  vers 
1727.  Le  marquis  de  Vaudreuil,  son  protecteur,  était  mort  depuis  deux  ans 
el  ses  adversaires  crurent  le  moment  favorable.  Ils  convainquirent  M.  de 
Beauharnois  que  le  médecin  irlandais  n'était  qu'un  incapable,  et  le  nouveau 
gouverneur,  ayant  à  écrire  à  la  cour  au  sujet  de  certaines  difficultés  survenues 
entre  Ve  sidur  3ylvaiii  et  le  sàaur  Benoist,  ciùmrgieB  <Jb6  tir^ipeis,  m  mêd^  P4s 


---  335  — 

son  opinion.  Le  12  septembre  1727  M.  de  Bcauhamois  écrit  au  président  du 
Conseil  de  la  Marine  : 

"  Ceci,  Monseigneur,  me  donne  l'occasion  de  vous  faire  part  de  mes  idées 
sur  le  chapitre  de  ce  médecin  (Sylvain)  qui  fait  son  métier  d'une  manière  assez 
extraordinaire  ;  il  est  tout  à  la  fois  médecin,  chirurgien  et  apothicaire  A  en 
juger  par  tout  ce  que  j'ai  vu  et  entendu  dire  à  Montréal,  c'est  un  homme  qui 
donne  des  remèdes  que  personne  ne  connaît  et  que  je  crois  que  l'on  i>eut  regarder 
comme  un  empirique,  ne  faisant  jamais  aucune  ordonnance.  Je  crois,  Mon- 
seigneur, qu'il  serait  à  propos  pour  le  bien  du  pays  que  ce  médecin  vint  à 
Québec  pour  que  M.  Sarrazin  le  questionnât  sur  la  connaissance  des  remèdes 
et  la  manière  de  les  employer.  Il  s'est  allié  dans  une  famille  qui  lui  a  procuré 
le  brevet  de  médecin,  mais  le  bien  du  pays  est  l'essentiel  à  quoi  je  pense  et  que 
H'  juge  que  vous  approuverez."     {Recherches  Faillon,  vol.  3,  B-D). 

Tel  n'était  pas  cependant  l'avis  de  l'intendant  Dupuy  qui,  un  f>eu  plus 
tôt,  en  avril  1  727,  écrivait  au  ministre  : 

"  Le  sieur  Silvain  dont  la  Marquise  de  Vaudreuil  joint  ici  la  lettre  mérite. 
Monseigneur,  que  vous  lui  fassiez  la  grâce.  Le  sieur  Silvain  est  gentilhomme 
irlandais  dont  le  père  était  aussi  médecin  très  habile  dans  la  médecine  et  la 
chirurgie,  qui  a  fait  à  Montréal  nombre  de  cures  considérables  et  dont  nous 
avons  connaissance,  fort  charitable  f>our  les  pauvres,  bazardant  tous  les  jours 
pour  aller  secourir  en  passant  des  rivières  dans  le  temps  que  les  glaces  sont  très 
mauvaises.  Il  a  ép>ousé  la  veuve  de  M.  de  la  Jemmerays,  enseigne  de  vaisseau 
et  capitaine  au  Canada,  qui  avait  6  enfants  sans  un  écu  de  bien.  Le  sieur 
Silvain  en  a  usé  pour  cette  famille  en  vrai  p>ère,  s'est  privé  de  son  nécessaire 
pour  les  élever  et  donner  à  ces  enfants  toute  l'éducation  qui  lui  a  été  possible  et 
.T  fait  l'aîné  prêtre,  et  le  second  qui  est  cadet  dans  les  troupes  mériterait  bien 
une  expectative  d'enseigne  en  second,  tant  par  rap{X)rt  à  lui  qui  est  un  bon 
sujet  qu'en  considération  des  services  de  feu  M.  de  la  Jemmerays,  son  père  qui 
était  un  très  bon  officier,  qui  a  parfaitement  bien  servi  dans  le  temi>s  de  la 
guerre  des  Iroquois  où  il  a  nombre  de  fois  couru  risque  d'être  pris  et  brûlé  vif 
par  ces  barbares."      (Recherches  Faillon,  vol.  >  B-D,  p.  383). 

L'on  sait  que  M.  de  Beauharnois  et  l'intendant  Dupuy  n'étaient  pas  tou- 
jours d'accord  et  il  ne  faut  pas  s'étonner  de  les  voir  ici  se  contredire. 

Il  se  peut  que  M.  de  Beauharnois,  comme  le  fait  observer  M.  Faillon  dans 
sa  Vie  de  Mme  d'Youville  (p.  10)  "ait  servi  Sylvain  sans  le  vouloir,  en  écri- 
vant contre  lui  en  des  termes  qui  laissaient  paraître  trop  d'emportement.  Le 
ministre,  à  qui  la  famille  de  Varennes  n'avait  pas  négligé  de  faire  parvenir 


—  886  — 

nombre  de  recommandations  en  faveur  de  Sylvain,  écrit  en  effet  à  M.  de  Beau- 
harnois,  au  commencement  de  1  728  : 

"  A  l'égard  du  sieur  Sylvain,  médecin  du  roi  à  Montréal,  je  ne  sais  si 
vous  êtes  bien  informé  de  ses  talents.  Les  principaux  officiers  de  Montréal, 
les  ecclésiastiques  et  les  religieuses  de  l'Hôtel-Dieu  en  ont  rendu  des  témoi- 
gnages très  avantageux.  Je  suspendrai  ma  décision  jusqu'à  ce  que,  par  une 
plus  ample  connaissance,  vous  ayez  pu  en  dire  votre  sentiment  sans  prévention." 
M.  de  Beauharnois  n'ignorait  pas  que  Sylvain  avait  pour  lui  de  hauts  per- 
sonnages, mais  il  attribuait  leur  intervention  à  des  motifs  particuliers.  C'est 
ainsi  qu'il  note,  dans  une  autre  lettre  de  1  727,  "que  MM.  de  Longueuil  et  de 
!a  Chassaigne  ont  écrit  en  faveur  de  Sylvain  qui  est  entré  dans  leur  famille". 
Le  baron  de  Longueuil,  gouverneur  de  Montréal,  et  Jean  Douillet  de  la  Chas- 
saigne, alors  gouverneur  des  Trois-Rivières,  étaient  beaux-frères,  et  leur  nièce 
commune,  Marie-Jeanne,  fille  de  Jacques  Lemoine  de  Sainte-Hélène,  était  de- 
venue en  1712  la  femme  de  René  Gauthier  de  Varennes,  la  belle-soeur  par 
conséquent  de  Timothée  Sylvain. 

Finalement  ce  fut  Sylvain  qui  l'emporta  :  il  conserva  son  brevet  de  mé- 
decin et  continua  d'exercer  son  état  comme  auparavant. 

Mais  l'orage  devait  recommencer  quelques  années  plus  tard. 

En  1  733,  Sylvain  demande  à  aller  en  France  pour  affaires  de  famille  et 
obtient  son  passage  sur  le  vaisseau  du  roi  le  Rubis.  Il  ne  part  cependant  que 
1  année  ^suivante  en  I  734.  M.  de  Beauharnois  qui  n'avait  pas  de  lui  une 
meilleure  opinion  qu'en  1727,  se  douta  qu'il  passait  en  France  pour  solliciter 
)a  place  de  médecin  du  roi  à  Québec,  vacante  par  la  mort  de  M.  Sarrazin,  et 
à  laquelle  étaient  attachées  800  livres  de  pension  annuelle,  et  il  résolut  de  tout 
faire  pour  empêcher  cette  nomination.  Le  gouverneur  et  l'intendant  étaient 
d'accord  cette  fois;  Le  29  octobre  1  734,  MM.  de  Beauharnois  et  Hocquart 
écrivirent  au  ministre  : 

"  Monseigneur,  le  sieur  Sylvain  qui  a  obtenu,  ou  pour  mieux  dire,  surpris 
un  brevet  de  médecin  à  Montréal,  a  passé  cette  année  en  France  sur  le  vaisseau 
du  Roi  avec  votre  permission.  Nous  sommes  informés  qu'il  est  dans  le  dessein 
de  solliciter  l'emploi  de  médecin  à  Québec,  vacant  par  la  mort  du  sieur  Sar- 
razin. Nous  ne  pouvons.  Monseigneur,  pour  l'avantage  du  pays,  nous  empê- 
cher de  vous  représenter  que  cet  étranger  est  un  fort  mauvais  médecin  en  qui 
personne  n'a  confiance  et  qui  par  conséquent  ne  peut  convenir  à  cette  place. 
C'est  un  charlatan  que  tous  les  gens  sensés  et  autres  ont  abandonné."  (Canada, 
Corresp.  générale,  vol.  61,  C.   Il  —  fol.  261). 

Ou   bien   Timothée  Sylvain   ne  demanda  pas   la  place,   ou   bien  l'on   ne 


—  337j--. 

tint  aucun  compte  de  sa  candidature,  car  le  président  du  Conseil  de  marine 
écrit  à  MM.  de  Beauharnois  et  Hocquart,  le  12  avril  1753  :  "Comme  il 
ne  serait  pas  possible  de  trouver  en  France  un  médecin  qui  voulut  accepter  la 
place  vacante  par  la  mort  du  sieur  Sarrazin,  il  faudra  attendre  que  son  fils  ait 
terminé  ses  études  de  médecine."  On  sait  que  le  jeune  Sarrazin,  qui  étudiait 
à  Paris,  mourut  en  l  739  avant  d'avoir  pu  revenir  au  Canada. 

Parti  de  Montréal  en  1  734,  Silvain  était  encore  à  Paris  en  1  736.  Nous 
avons  vu  que  son  peu  authentique  certificat  de  noblesse  est  daté  de  cette  même 
année  à  Paris.  Nous  possédons  de  plus,  à  la  Bibliothèque  Saint-Sulpice,  un 
gros  in-folio  de  1673,  la  Table  chronographique  de  Jacques  Gaultier,  qui 
provient  de  la  bibliothèque  particulière  de  Sylvain  et  sur  le  faux  titre  duquel 
il  a  écrit  de  sa  propre  main  cette  inscription  d'une  orthographe  assez  singulière  : 
"  Ce  livre  apartient  à  Silvain  et  a  louis  été  donné  par  Mr  Selle  prêtre  et  direc- 
tore  de  les  Dammes  Recollet  de  la  Immaculée  Conception,  rue  de  Baque,  fou- 
bourque  St  jarmain,  à  Paris,  le  8  desambre  1  736." 

Cette  rare  relique  du  fameux  médecin  irlandais  porte  aussi  les  signatures 
autographes  de  son  premier  propriétaire,  M.  Selle,  de  l'abbé  Joseph-François 
Youville,  petit-fils  par  alliance  de  Sylvain  et  héritier  de  sa  bibliothèque,  et  enfin 
de  Jean-Baptiste  Desève  qui  l'avait  achetée  à  l'encan  de  M.  Youville,  à  sa 
mort  en  I  778. 

Nous  ignorons  jusqu'à  quel  point  Timothée  Sylvain  fut  un  plus  mauvais 
médecin  qu'un  autre,  mais  ce  que  nous  pouvons  affirmer  sans  crainte,  c'est  qu'il 
devait  être  un  voisin  des  plus  malcommodes.  Ancien  capitaine  de  dragons  ou 
ancien  dragon  tout  court,  il  croyait  aux  dragonnades.  Colérique  à  l'excès,  il 
nvait  toujours  bâton  levé  ou  l'épée  dégainée,  et  il  frappait  comme  un  sourd. 
L.a  chronique  judiciaire  du  temps  établit  surabondamment  qu'il  avait  la  tête 
près  du  bonnet  et  qu'il  ne  faisait  pas  bon  Vostiner.  Par  suite  de  son  tempéra- 
ment violent  et  de  son  caractère  emporté,  il  eut  souvent  maille  à  partir  avec  la 
Justice  et  il  fut  maintes  fois  condamné  à  payer  des  dommages  pour  coups  et 
blessur».  Peut-être  était-ce  une  façon  à  lui  de  se  préparer  des  clients  à  panser, 
suivant  la  tactique  de  cet  autre  chirurgien  qui,  posté  au  soupirail  de  sa  cave, 
brisait  au  passage  d'un  coup  de  barre  de  fer  les  jambes  des  piétons,  dans  l'espoir 
qu'on  les  porterait  chez  lui  pour  les  raccommoder.  Les  archives  du  greffe 
criminel  de  Montréal  conservent  encore  plusieurs  documents  qui  relatent  de 
façon  piquante  certaines  violences  de  Sylvain. 

Ainsi  dès  1  724,  Antoine  Poudret  père,  boulanger,  requiert  justice  à 
rencontre  de  Timothée  Sylvain  qui,  le  26  de  septembre,  aurait  attaqué  son  fils 
Antoine  sur  la  rue  Saint-Paul,  l'aurait  saisi  à  la  gorge  en  le  frappant  à  coups 


—  338  — 

de  plombeau  d'épée,  et  l'aurait  laissé  dans  le  plus  sérieux  état,  même  en  danger 
de  mort.      Mais  laissons  parler  un  témoin  de  l'affaire,  à  l'enquête  : 

"Est  comparu  Marguerite  César  La  Gardelette.  Elle  vit  Sylvain  qui 
tenait  d'-une  main  l'homme  à  la  cravate  et  de  l'autre  main  frappait  le  dit  homme 
qu'elle  sut  ensuite  être  le  nommé  Poudret,  parce  que  ledit  Sylvain  le  nomma 
en  disant  :  "Est-ce  à  moi  que  tu  en  veux,  mon  b.  .  .  de  Poudret  "  ;  et  que 
ledit  Poudret  lui  disait  :  "Monsieur,  je  vous  demande  pardon,  je  ne  vous  dis 
mot,  je  ne  vous  ai  rien  fait",  et  ne  se  défendait  aucunement  ;  que  ledit  Sylvain 
r  ayant  ensuite. jeté  à  terre  lui  donna  plusieurs  coups  de  pied  sur  le  visage  qu'il 
avait  couvert  de  sang  dès  avant  de  tomber  ;  que  ledit  Poudret  s'étant  traîné  et 
relevé  pour  traverser  la  rue,  ledit  Sylvain  le  suivit  et,  l'ayant  repris,  le  frappa 
encore  sur  le  visage  ;  qu'elle  qui  dépose,  y  ayant  couru,  ne  voyant  p)ersonne 
pour  les  séparer  et  voulant  remontrer  audit  Sylvain  qu'il  faisait  ma.l,  qu'il  se 
ferait  quelque  affaire  et  qu'il  avait  assez  battu  ledit  Poudret  puisqu'il  ne  se 
défendait  point,  ledit  Sylvain  la  rep>oussa  rudement,  lui  dit  de  se  retirer  en  levant 
la  main  par  menace,  et  voyant  qu'il  continuait,  ayant  encore  jeté  bas  ledit  Pou- 
dret et  le  frappant  à  coups  de  pied  sur  le  visage,  elle  courut  en  avertir  le  sieur 
Philibert  qui  était  alors  chez  la  dame  Puygibault,  son  alliée,  lequel  y  étant 
venu,  amena  ledit  sieur  Sylvain,  le  dit  Poudret  étant  alors  entré  chez  Catien, 
et  que  ledit  Sylvain  se  secoua  les  mains  qu'il  avait  ensanglantées  du  sang  du 
visage  du  dit  Poudret." 

Ce  témoignage  est  corroboré  par  Madeleine  Viger  qui  fait  substantielle- 
ment le  même  récit.  Nous  ne  savons  ce  qui  résulta  du  procès,  mais  il  est  pro- 
bable que  l'assaillant  écopa. 

En  1731,  autre  exploit  pugilistique  de  Silvain  qui,  ayant  rencontré  Char- 
lebois  fils  qui  s'en  allait  à  la  Pointe-Claire,  le  prévient  rudement  que  si  quelqu'un 
de  sa  famlle  va  témoigner  contre  La  Sablonnière,  il  le  jettera  hors  de  l'audience, 
et,  ce  disant,  le  frappe  à  coups  de  canne.  Pour  avoir  aussi  abusé  d'arguments 
trop  touchants,  l'irritable  médecin  fut  condamné  à  75  livres  de  dommage,  à 
35  livres  de  frais,  et  à  1  0  livres  d'aumône  au  profit  de  l'Hôtel-Dieu. 

AEGIDIUS  FAUTEUX 
(A  suivre) 


—  339  — 

La  famille  du  poète  Quesnel 


Nul  n'ignore  le  nom  du  poète  Quesnel.  Cet  écrivain  occupe  un  rang 
enviable  au  début  de  notre  littérature  et  son  oeuvre  a  été  signalée  ou  étudiée 
par  Huston,  Bibaud,  Lareau,  Morgan,  M.  l'abbé  Roy,  Borthwick  et  autres. 

Venu  au  pays  après  la  cession,  Quesnel  se  fixa  dans  la  région  montréalaise 
et  s'adonna  au  commerce,  au  théâtre,  à  la  musique  et  aux  lettres.  Ce  qu'on 
!>ait  moins  à  son  sujet,  peut-être,  c'est  qu'il  épousa  une  Canadienne  et  que  ses 
descendants  ont  joué  un  rôle  dans  le  grand  négoce  des  fourrures  et  dans  la  vie 
publique.  Voilà  ce  qui  nous  engage  à  publier,  sur  cette  famille  distinguée,  les 
quelques  notes  que  nous  avons  recueillies  au  cours  de  nos  travaux. 

I._JOSEPH  QUESNEL.  Né  à  Saint-Malo,  le  I  5  novembre  1  749 
(Borthwick),  fils  d'Isaac  Quesnel  de  la  Rivaudais  et  de  Pélagie- Jearme-Mar- 
guerite  Duguen,  il  épouse,  à  Montréal  le  1  0  avril  I  780,  Marie-Josephte  Des- 
landes, fiUe  de  feu  Pierre-Louis  Deslandes  et  de  Marie-Josephte  Le  Pelle  de 
\z  Haye.  Assistent  au  mariage  :  C.  Sïibrevois  de  Bleury,  B.  de  Clignancourt, 
Jean  Deiisle,  notaire,  et  J.-Bte  Adhémar. 

Joseph  Quesnel  fut  inhumé  à  Montréal,  le  4  juillet  1809.  De  son  union 
naquirent  : 

Marguerit^Lucie  —  Baptisée  à  Montréal,  le  1  8  septembre  I  782  ;  inhu- 
mée le  22  septembre  1  783. 

Adélaïde — Baptisée  à  Montréal,  le  17  novembre  1783  ;  sépulture 
le  3  février  1851   à  Montréal. 

Frédéric-Auguste — Baptisé  à  Montréal,  le  5  février  1785.  (Voir  ri- 
après). 

J uV.en-M aunce  —  Baptisé  à  Montréal,  le  25  octobre  I  786.  (Voir  ci- 
après)  . 

Frédéric  —  Baptisé  à  Montréal,  le  3  juin  1  788  ;  sépulture  le  29  juillet 
I  788. 

Marie-Henriette  —  Baptisée  à  Montréal,  le  27  avril  1790  ;  inhumée  le 
22  mai  1  790. 

Prosper-Philéas —  Baptisé  à  Montréal,  le  3  septembre  1791  ;  sépulture 
le   I  er  octobre   1  79 1 . 

Jacob-Cuillaume  —  Baptisé  à  Montréal,  le  31  octobre  1792  ;  sépulture 
le  Za  juUlçt  1  793. 


...  340  — 

Marie-Emilie  -^  Baptisée  à  Boucherville,  le  1  er  mai  1  794  ;  sépulture 
le  1  1  juillet  1  794. 

Marie-Justine  —  Baptisée  à  Boucherville,  le  I  8  septembre  1  795  ;  sépul- 
ture le  6  octobre  1  795. 

Marie-Mélanie —  Baptisée  à  Boucherville,  le  3  juillet  1797.  .  (Voir  ci- 
après)  . 

Joseph-Timoléon —  Baptisé  à  Boucherville,  le  4  mars  1799.  (Voir  ci- 
après)  . 

Charles- A  rr^able  —  Baptisé  à  Boucherville,  le   1er  janvier   1801. 

IL— FREDERIC-AUGUSTE  QUESNEL  — Né  en  1785.  II 
épouse  à  Boucherville,  le  20  janvier  1813,  Marguerite  Denaut,  fille  de  Joachim 
Denaut,  résidant  dans  le  Haut-Canada,  et  de  Marguerite  Chabert.  Présents 
à  la  cérémonie  :  P.  de  Rocheblave,  Lx)uis  Chaboillez,  Wm  Selby,  Henry 
Munro,  Jean-Roch  Rolland,  F.-X.  de  la  Perrière,  Janvier  Dontaille-Lacroix, 
Louis-René  Chaussegros  de  Léry,  etc. 

Madame  F. -A.  Quesnel  mourut  jeune  et  fut  inhumée  à  .Montréal  le  6 
avril  1 820,  non  le  22  mars  1 822  comme  on  lit  dans  certain  ouvrage. 

M.  Frédéric-Auguste  Quesnel  fut  député  à  l'Assemblée  du  Bas-Canada 
pour  le  comté  de  Kent  de  1 820  à  1  830  let  pour  le  comté  de  Chambly  de  1 830 
à  1834  ;  membre  du  Conseil  Exécutif  de  1837  à  1841  et  député  de  Mont- 
morency de  1 84 1  à  1 844. 

Il  avait  fait  une  fortune  considérable  dans  le  commerce  des  fourrures  et 
dans  des  spéculations.  Il  semble  avoir  laissé  la  plus  grande  partie  de  sa  fortune 
à  son  neveu  l'hon.  Charles-Joseph  Coursol.      (Voir  ci-après). 

M.  Quesnel  possédait  des  terrains  d'une  grande  étendue  dans  ce  qui  formait 
alors  la  banlieue  ouest  de  Montréal.  L'ancienne  ville  de  Sainte-Cunégonde, 
maintenant  un  des  quartiers  de  la  métropole,  occupe  une  partie  de  la  terre 
appartenant  jadis  à  M.  Quesnel.  C'est  pour  cela  qu'une  rue  de  ce  quartier 
s'appelle  Quesnel,  une  autre  Coursol,  en  l'honneur  de  l'héritier  de  Quesnel,  et 
une  autre  Souvenir,  nom  du  manoir  du  sieur  Quesnel. 

Dans  ses  Souvenirs  d'un  demi-siècle,  p.  404,  M.  Barthe  raconte  que 
lorsqu'il  était  rédacteur  de  V Aurore  des  Canadas,  il  allait  avec  Jacques  Viger 
"à  peu  près  tous  les  soirs  chez  F. -A.  Quesnel  pour  jouir  de  la  causerie  des 
gens  d'esprit  qui  s'y  donnaient  rendez-vous  et  dont  le  maître  des  céans  n'était 
pas  le  moins  brillant". 

L'honorable  F. -A.  Quesnel  décéda  le  28  juillet  1  866,  âgé  de  8 1  ans  et 
5  mois;  et  fut  inhumé  le  1er  août  suivant.  Présents  à  l'inhumation,  d'après  lé 
registre,  l'honorable  Chas  Wilson,  commandeur  de  l'ordre  de  Saint-Grégoire 


—  341  — 

I''  Grand.  Tancrède  Bouthillier,  shérif  de  Montréal,  John  Pratt,  C.-S.  Cherrier. 
avocat.  Thon.  L.-J.  Papineau,  Thon.  Charles  Mondelet,  Henry  Starnes.  maire 
de  Montréal,  Joseph-Auguste  et  Jules  Quesnel.  Olivier  Robitaille. 

M.  F.-A.  Quesnel  avait  été  père  de 

Pierre- Auguste- Adolphe  —  Baptisée  à  Montréal,  le  15  mars  1814. 
(Voir  plus  loin). 

Jules — Baptisé  à  Montréal,  le   19  octobre   1815. 

Marie-Hetrrielle  —  Baptisée  le  1 8  février  1817;  inhumée  le  5  janvier 
1820. 

Louise- Josephte — Baptisée  le  27  mai   1818. 

Anne-Hélène —  Baptisée  le  9  août  1819. 

II.— JULES-MAURICE  QUESNEL  — Né  en  1786  et  baptisé  sous 
les  prénoms  de  Julien-Maurice.  Marié  à  Notre-Dame  de  Montréal,  le  10 
juin  1816,  à  Marie- Joseph  te  Cotté,  fille  de  Gabriel  Cotté  et  d'Angélique 
Blondeau. 

Mme  J.-M.  Quesnel  fut  inhumée  le  9  juin  1  866. 

Dans  son  Dict  onnaire  des  Canadiens  de  l'ouest,  p.  242,  le  R.  P.  Morice 
consacre  à  J.-M.  Quesnel  la  notice  suivante  :  "Traiteur  et  explorateur  dans 
l'extrême  ouest.  Il  entra  dans  la  compagnie  du  Nord-Ouest  quelque  temps 
avant  1804,  époque.  .  .  où  il  était  commis  au  fort.  .  .  d'Edmonton.  .  .  Trois 
ans  plus  tard,  il  alla  prêter  secours  à  Simon  Fraser  (et  11  accompagnait  ce  der- 
nier quand  il  reconnut  le  fleuve  qui  porte  le  nom  de  Fraser).  Fraser  nomma  aussi 
Quesnel  une  rivière.  De  nos  jours,  une  bourgade  et  un  lac  important  portent 
son  nom .  .  .  En  1811,  il  quitta  le  service  de  la  compagnie  et  séjourna  dans 
le  Haut-Canada.  .  .  Quesnel  avait  épousé  la  fille  d'un  trader  du  N.-O.  Elle 
«^tait  soeur.de  Mme  Alexis  Laframboise  et  de  Mme  Frs-Antoine  La  Rocque." 

Juleï-Mauïice  Quesnel  fut  membre  du  Conseil  Spécial  de  1838  à  1841 
et  membre  du  Conseil  législatif  de  1841  à  1842.  Il  mourut  à  Montréal  le  20 
mai  1842  et  où  les  funérailles  eurent  lieu  le  23.  Y  assistaient  :  l'hon.  Jean- 
Roch  Rolland,  François  La  Rocque,  Patrice  Lacombe.  notaire,  J.-M.  LaMo- 
the,  Alexis  Laframboise,  etc. 

II.— JOSEPH-TIMOLEON  QUESNEL— Né  en  1799.  En  pre- 
mières noces,  il  épousa,  à  Saint-Philippe,  le  22  octobre  1823,  Flavie  Singer, 
r^lle  de  Frederick  Singer,  "ancien  voyageur  des  pays  d'en  haut",  et  de  Catherine 
Laman  et,  en  deuxièmes  noces,  à  l'Acadie,  le  19  février  1844,  Adélaïde 
Bourgeois,  veuve  de  François  Provost. 
M.  J.-T.  Quesnel  fut  père  de 


—  :U2  — 

Jules,  employé  civil  à  Saint-Jean. 

Auguste,  avocat  et  shérif  à  Arthabaska. 

Mélanie,  mariée  à  M.  Basile  LaRocque,  M.  D. 

'Eloise,  mariée  à  M.  Moïse  Moreau. 

Euialie,  religieuse  à  l'Hôtel-Dieu. 

Emma,  épouse  de  M.  Henry  Hamilton. 

Adélaïde,  épouse  de  M.  L.-D.  Gareau,  député-protonotaire,  à  Montréal. 

Rose  de  Lima,  mariée  à  Ovide  Delorme. 
,  Henriette. 

M.  J.-Timoléon  Quesnel  fut  reçu  médecin  vers  1822.  Il  pratiqua  à 
TAcadie,  P.  Q.  L'abbé  Moreau,  dans  l'histoire  de  cette  paroisse,  p.  92,  dit 
que  "Timoléon  était  un  bureaucrate  et  qu'il  prêchait  le  respect  des  lois".  Il  a 
été  inhumée  à  Boucherville  le  30  juin  1  864.  Etaient  présents  à  la  cérémonie  : 
Thon.  F. -A.  Quesnel,  son  frère,  Jules  Quesnel,  J.-A.  Quesnel,  F.-X.  Valade, 
C.-S.  Cherrier,  C.R.,  P.  Huguet-Latour,  Joseph  Boucher  de  la  Broquerie. 

IL— MELANIE  QUESNEL  —  Née  en  1  797.  Elle  épousa  en  pre- 
mières noces,  à  Montréal,  le  11  août  1819,  Joseph-Michel  Coursol,  de  la 
Compagnie  de  la  Baie  d'Hudson.  De  ce  mariage  naquit,  à  Amherstburg,  Ont., 
Charles-Joseph  Coursol  dont  la  carrière  est  bien  connue.  Il  fut  juge  des  ses- 
sions de  la  paix  (1870),  président  de  la  société  Saint-Jean-Baptiste  de  1872 
à  1876,  député  à  la  Chambre  des  Communes  en  1878.  Mort  à  Montréal  le 
4  août  1888.  Il  avait  épousé  à  Montréal,  le  16  janvier  1849,  Emilie-Hen- 
riette-Hélène, fille  de  sir  E.-P.  Taché. 

En  secondes  noces,  Mélanie  Quesnel  épousa,  à  Notre-Dame,  le  1 8  no- 
vembre 1833,  Côme-Séraphin  Cherrier,  avocat  célèbre.  De  ce  mariage  naqui- 
rent trois  filles  et  un  fils. 

Mélanie  Quesnel  est  morte  le    1er  décembre   1875. 

III.— PIERRE-ADOLPHE-AUGUSTE  QUESNEL,  fils  de  F.-A. 
Quesnel.  Né  en  1814.  Il  épousa  à  Boucherville,  le  21  septembre  1843, 
Charlotte -Adélaïde  Verchères  de  Boucherville,  fille  de  Thomas-René  Verchères 
de  Boucherville,  écuyer,  co-seigneur  et  lieutenant-colonel  de  milice. 

P. -A. -A.  Quesnel  était  avocat.  Il  mourut  le  3  décembre  1853.  La  sé- 
pulture eut  lieu  le  7  décembre  suivant.  Signent  au  registre  :  Alexis  Laframboise 
et  Antoine-Aimé  Dorion  (plus  tard  juge). 

E.-Z.   MASSICOTTE 


-^  343  — 

La  Saint«Eloi  et  la  corporation  des  armuriers  à 
Montréal,  au  Hème  siècle 

Quelques  notes  succinctes  ont  déjà  paru  dans  le  Bulletin  des  recherches 
historiques  (IV,  376)  sur  la  fête  de  saint  Eloi,  à  Montréal,  et  la  société  des 
armuriers,  mais  cet  épisode  de  la  vie  sociale  de  nos  aïeux  étant  très  typique  il 
vaut  peut-être  mieux  extraire  des  archives  tous  les  détails  qui  s'y  rattachent. 

En  I  676,  Pierre  Gadois,  René  Fézeret,  Jean  Bousquet,  Olivier  Quesnel 
dit  Tourblanche  et  Simon  Quillory,  tous  armuriers,  arquebusiers  ou  serruriers, 
s'unissent  en  société  et  décident  de  chômer  le  premier  de  décembre  de  chaque 
amiée,  la  fête  de  saint  Eloi,  leur  vénéré  patron. 

Le  programme  de  la  journée  comportait  une  grand'messe  avec  diacre  et 
sous-diacre,  puis  un  dîner  plantureux  ! 

Chaque  membre,  à  tour  de  rôle,  fournissait  le  pain  bénit  que  le  bedeau 
distribuait  F>endant  l'office  divin  ;  chaque  membre,  également,  était  tenu  de 
»-ontribuer  une  pistole,  un  mois  avant  la  fête,  afin  de  défrayer  les  dépenses  du 
repas  qui  se  prenait  à  l'issu  de  la  cérémonie  chez  un  des  associéts. 

A  Fézeret  échut  l'honneur  de  donner  le  premier  pain  bénit  et  c'est  chez 
lui  que  le  festin  devait  avoir  lieu. 

Le  premier  de  décembre,  entre  7  et  8  heures  du  matin,  les  associés,  en 
allant  à  l'église,  arrêtèrent  au  domicile  de  l'amphitryon  pour  le  cueillir  eu 
passage.  On  le  trouva  se  querellant  avec  sa  femme  qui  voulait  lui  enlever 
?a  cravate  sale  pour  lui  mettre  une  cravate  blanche  et  propre.  Incidemment, 
par  des  allusions  plus  ou  moins  directes,  la  dame  Fézeret  fit  savoir  aux  con- 
frères de  son  mari  qu'elle  ne  voyait  pas  cette  fête  d'un  bon  oeil.  La  solennité 
débutait  mal  ! 

Après  la  messe,  conciliabule.  Il  fut  convenu  qu'on  ne  dînerait  pas  chez 
Fézeret  puisque  sa  femme  était  mal  disposée.  Fézeret  allègue  que  son  épouse 
avait  raison  d'être  mécontente,  attendu  que  personne  n'avait  versé  de  pistoles, 
un  mois  auparavant,  tel  que  convenu. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  associés  finirent  par  s'entendre,  chacun  porta  ses 
victuailles  chez  Gadois  dont  "le  poêle  était  plus  commode"  et  le  logis  plus 
spacieux  et  l'on  festoya.  Sans  doute,  les  convives  burent  quelques  bouteilles 
de  vin  ou  quelques  pintes  de  bière  ;    la  conversation  s'anima,  des  vantardises 


...  344  — 

s'échangèrent,   des  propos   injurieux  suivirent.      L'alcool   a   ce   don   malin   de 
délier  les  langues  inconsidérément. 

Guillory  appela  Fézeret  une  "moraille"  (  1  )  et  ajouta  qu'on  avait  de 
la  grâce  de  le  souJÏrir  parmi  les  arquebusiers  !  Blessé  au  vif,  Fézeret  répondit  : 
"Eh  bien,  la  moraille  vous  défie  d'entreprendre  de  fabriquer  une  plaque  entière 
(de  fusil  ?)  avec  elle.  On  les  fera  visiter  à  qui  les  rendra  plus  parfaite  Je 
nous  deux  !  "  Un  autre  témoin  raconte  que  Fézeret  prétendit  même  qu'au 
sortir  de  la  forge  il  rendrait  un  chien  (de  fusil  ?)  plus  parfait  que  Guillory 
pouvait  le  faire  à  la  lane.  "Et  pour  éviter  bruit  on  le  laissa  dans  sa  bonne 
opinion." 

V  •*•  "^ 

En  I  678,  le  pain  bénit  fut  donné  par  le  sieur  Gadois  et  le  bedeau  le 
servit  à  tous  les  associés  en  finissant  par  Guillory.     Ce  dernier  crut  à  une  insulte. 

Le  dîner,  comme  précédemment,  se  prenait  chez  Gadois  ;  au  cours  du  repas, 
Guillory  demanda  à  Tourangeau,  le  bedeau,  qui  avait  ordonné  de  ne  lui  offrir 
le  pain  qu'en  dernier  lieu  ? 

Deux  témoins  assurent  que  Fézeret  s'écria  aussitôt  :  "C'est  moi  !  "  Fé- 
zeret, cependant,  nie  la  chose.  Il  déclare  n'avoir  pas  parlé  au  bedeau  à  ce 
sujet.  Toutefois,  il  soutient  "qu'il  doit  être  préféré  à  Guillory  par  droit  d'an- 
cienneté et  que  le  bedeau  n'a  fait  que  son  devoir".  Pour  le  moment  l'incident 
fut  clos. 

Lorsqu'ils  eurent  apaisé  leur  faim  et  leur  soif,  les  arquebusiers  jouèrent 
aux  cartes.  L'enjeu  était  "des  dragées  pour  régaler  les  dames  présentes".  La 
déveine  s'acharna  sur  Fézeret  qui  devint  le  p>oint  de  mire  de  tant  de  plaisante- 
lies  qu'il  jugea  sage  de  se  retirer.  Déjà,  il  avait  un  pied  dehors,  mais  trouvant 
qu'il  ne  s'éloignait  pas  assez  vite,  Bousquet  voulut  le  pousser.  Fézeret  regimba 
et  il  s'accrocha  au  justaucorps  de  son  confrère.  Naturellement,  Guillory  vint 
prêter  mainte  forte  à  Bousquet.  Fézeret  abandonna  sa  prise  pour  sauter  sur 
Guillory  en  criant:    "C'est  à  toi  que  j'en  veux.    Il  y  a  dix  ans  que  je  t'en  doit  !" 

A  l'instant  l'excitation  gagna  tout  le  monde  et  les  femmes  entrèrent  dans 
la  mêlée.  Fézeret  reçut  plusieurs  coups.  Enfin,  Gadois,  sa  femme  et  un  nommé 
Péloquin  séparèrent  les  combattants,  puis  Fézeret  disparut. 

Le  calme  revenu,  Guillory  sortit  pour  aller  chercher  des  dragées.  Il  avait 
compté  sans  Fézeret.  Celui-ci  qui  guettait.  .  .  les  événements  s'avança  au- 
devant  de  son  adversaire  favori  et  lui  annonça  qu'il  ne  s'était  pas  satisfait  : 


(  I  )      Tenailles  avec  lesquelles  les  maréchaux  pincent  le  nez  d'un  cheval 
rétif  pour  le  ferrer. 


...  345  — 

**I1  faut  que  je  t'en  donne  tout  mon  saoul  !  "  Ces  paroles  prononcées,  il  se 
rua  sur  Guillçry  et  lui  arracha  les  cheveux. 

Péioquin,  Deiorme  et  Gadois  les  séparèrent  de  nouveau.  Tenace  et  vin- 
dicatif, Fézeret  revint  à  la  charge,  il  déchira  la  cravate  de  Guillory  et  essaya, 
sans  réussir  heureusement,  de  s'emparer  de  l'épée  de  Péioquin  Ne  pouvant 
faire  mieux,  il  accompagna  Guillory  jusqu'à  son  domicile  en  l'accablant  d'invec- 
tfves.  ,  §.^ 

Dans  cette  querelle,  Fézeret  ne  semble  pas  avoir  eu  le  dessus.  Du  moins, 
il  dut  être  assez  malmené,  car  il  alla  s'aliter  à  l'hôpital.  C'est  de  cette  institution 
qu'il  porte  plainte  contre  Bousquet  et  Guillory,  au  mois  de  décembre  1678. 
Accusateur  et  prévenus  écoutant  des  conseils  autorisés  firent,  le  28  décembre, 
un  accord  pour  terminer  le  procès.  Les  frais  —  1 0  à  12  livres  —  devant  être 
payés  par  les  parties  en  cause. 

Qucint  à  la  plainte,  Fézeret  consent  à  ce  qu'elle  soit  "déchirée,  lacérée  et 
jetée  au  feu,  afin  qu'il  n'en  soit  jamais  fait  mention". 

La  hache  de  guerre  n'était  pas  enterrée  profondément.  Un  esprit  de 
discorde  continua  de  régner  parmi  les  fils  de  saint  Eloi.  Aucune  célébration 
n'eut  lieu  en  1679  et  1680.  En  cette  dernière  aimée  (13  décembre  1680) 
Gadois,  Guillory  et  Bousquet  décidèrent  d'expulser  Fézeret  de  la  société.  Trois 
jours  plus  tard,  celui-ci  demande  réparation  publique  de  l'injure  que  lui  font 
ses  confrères  en  le  bannissant.  De  plus,  il  fut  assez  habile  pour  obtenir  l'inter- 
vention de  la  fabrique  en  sa  feveur. 

Le  7  de  janvier  1681,  les  marguilliers  de  Villemarie  remettent  au  pro- 
cureur fiscal  une  requête  dans  laquelle  ils  demandent  "que  le  compromis  inter- 
venu entre  les  nommés  Fézeret,  Gadois,  Guillory,  Bousquet  et  Quesnel  soit 
continué .  .  .  Que  pour  ce  qui  est  des  messes  dont  il  n'est  plus  question  depuis 
deux  ou  trois  ans,  ordre  soit  dorme  de  les  faire  toutes  célébrer  le  mois  prochain, 
sans  autre  délai.  .  .  A  l'égard  des  pistoles  que  l'on  s'était  engagé  à  verser 
pour  le  festin,  ce  qui  a  été  cause  du  différend  et  a  porté  les  associés  à  oublier 
!e  respect  qu'ils  devaient  à  leur  saint  patron,  aussi  bien  qu'à  déroger  aux  ordon- 
nances qui  défendent  les  régals,  les  marguilliers  concluent  que  les  dites  pistoles 
soient  employées  pour  la  construction  de  l'égilse". 

Le  23  de  février  suivant,  le  tribunal  condamne  Guillor>'  à  faire  dire  à 
saint  Eloi  la  messe  qu'il  lui  doit  depuis  deux  ans  ;  aucun  des  associés  ne  p>ourra 
verser  de  deniers  pour  la  régalade  ;  Gadois,  Guillory  et  Bousquet  paieront  dix 
livres  d'amende  chacun  pour  avoir  banni  Fézeret,  enfin,  il  est  défendu  aux  asso- 
ciés de  bannir  aucun  des  justiciables  de  la  seigneurie  de  Montréal,  à  l'avenir. 


...  346  — 

sous  peine  de  500  livres  d'amende.     Le  1  0  de  février,  le  mémoire  des  frais  est 
produit,  ils  s'élèvent  à  37  livres  5  sols.  * 

La  corporation  des  armuriers  semble  n'avoir  pas  survécu  à  l'intervention 
de  la  justice,  car  plus  jamais  on  n'en  entend  parler.  Ou  bien,  le  procès  eut 
un  effet  tellement  salutaire  que,  par  la  suite,  aucun  des  gestes  de  cette  société 
ne  valut  d'être  consigné  :    les  gens  heureux  n'ayant  pas  d'histoire  ! 

E.-Z.  MASSICOTTE 


Billets  de  la  distillerie  de  Saint=Denis 


Bon  nombre  de  collectionneurs  de  billets  de  banques  canadiens  possèdent 
des  assignats  ou  billets  qui  se  lisent  comme  suit  : 

"  Distillerie  de  Saint-Denis,  Saint-Denis,  22  juillet  1837.  A  demande, 
pour  valeur  reçue,  nous  promettons  payer  au  porteur,  en  billets  de  banques  ayant 
cours  à  Montréal  quinze  sous,  en  somme  de  pas  moins  d'une  piastre.  (Signé 
Olivier  Kimber,  Wdf.  Nelson)." 

Quels  sont  ces  étranges  documents  ?      Y   a-t-il   jamais  eu  une  distillerie   à 
Saint-Denis  ? 

La  distillerie  de  Saint-Denis  fut  organisée  vers  I  &30  par  MM.  Nelson, 
Kimber,  Deschambault,  etc.,  etc.  L'eau-de-vie  qu'on  y  fabriquait  gratait  fort, 
paraît-il,  le  gosier  des  buveurs  du  temps. 

Les  excellentes  affaires  de  la  distillerie  de  Saint-Denis  avaient  permis  à 
ses  propriétaires  d'émettre  des  assignats  pour  remplacer  le  numémaire  sonnant 
si  rare  dans  nos  campagnes  à  cette  époque.  Ces  billets  promissoires  étaient 
reçus  partout  dans  le  district  à  l'égal  des  garanties  des  banques  les  plus  solides. 

En  1837,  la  distillerie  de  Saint-Denis  fut  réduite  en  cendres  par  l'artillerie 
des  soldats  anglais.  Les  porteurs  des  assignats  perdirent  leurs  valeurs  car  la 
distillerie  ne  se  releva  pas  de  ses  ruines. 

On  trouvera  un  fac-similé  des  assignats  de  la  distillerie  de  Saint-Denis  à 
la  page  344  de  VHistoire  de  la  paroisse  de  Saint-Denis-sur-Richelieu  de  M. 
l'abbé  J.-B.-A.  Allaire. 


...  347  — 

Le  lieutenant=général  John=Graves  Simcoe  à  Québec 


L'Acte  de  1 79  i  créait  deux  provinces  :  le  Bas-Canada  et  le  Haut- 
Canada  avec  chacune  un  lieutenant-gouverneur,  un  Conseil  législatif  et  une 
Chambre  d'Assemblée. 

Le  premier  lieutenant-gouverneur  du  Haut-Canada  fut  John-Graves  Sim- 
coe. Il  s'embarqua  à  Weymouth  le  2  1  septembre  1  79 1 ,  sur  le  navire  Triton. 
Le  voyage  se  fit  en  vingt-un  jours.  Le  Triton  entra  dans  le  port  de  Québec  dans 
la  matinée  du  l  1  novembre  l  791 . 

La  Cazetle  de  Québec  du  1  7  novembre  1  79 1  annonce  ainsi  l'arrivée  à 
Québec  de  M.  Simcoe  : 

"  Vendredi  matin  (  1  1  novembre)  arriva  ici,  en  sept  semaines,  d'Angle- 
terre la  frégate  Triton,  capitaine  Murray,  dans  laquelle  est  venu  Son  Excellence 
J.-G.  Simcoe,  Ecuyer,  lieutenant-gouverneur  pour  la  province  du  Haut-Canada, 
avec  sa  famille  et  sa  suite." 

M.  Simcoe  resta  à  Québec  de  septembre   1791   à  juin  1792. 

La  Gazelle  de  Québec  dans  son  numéro  du  14  juin  1792,  annonçait 
ainsi  son  départ  pour  le  Haut-Canada  : 

"  Vendredi  dernier  (1er  juin  1  792)  Son  Excellence  le  lieutenant-gouver- 
neur Simcoe  partit  de  cette  ville  pour  le  Haut-Canada." 

M.  Duncan-Campbell  Scott,  dans  son  livre  John-Graves  Simcoe,  nous 
donne  les  raisons  du  relard  du  lieutenant-gouverneur  du  Haut-Canada,  à  aller 
prendre  possession  de  son  gouvernement  : 

"  From  the  date  of  his  arrivai  until  early  in  June,  Simcoe  was  in  the 
anomalous  position  of  being  in  authority  in  name  only.  Virtually  he  was  lieu- 
tenant-gove:nor  of  Upper  Canada  and  commander  of  His  Majesty's  forces  in 
the  province,  but  in  reality  he  could  not  remit  a  fine  or  issue  a  regimental 
order.  He  had  rio  military  authority  until  the  arrivai  of  the  troops  he  was  to 
command,  and  he  could  assume  no  civil  power  until  a  majority  of  the  législative 
council  was  présent  to  administer  the  oaths.  Four  members  of  this  body  had 
been  appointed  in  England,  but  only  one  was  at  that  time  in  Canada,  Alexander 
Grant.     Until  the  proclamation  dividing  the  province  was  issued.  Sir  Alured 


..,  348  — 

Clark  was  acting  governor.  The  moment  that  instrument  was  issued  he  became 
lieutenant-governor  of  Lower  Canada,  and  could  hâve  no  civil  control  in  the 
sister  province.  Simcoe  laid  thèse  facts  before  the  government  and  recommended 
the  appoinlment  of  additionnai  councillors  résident  in  Canada.  The  proclama- 
tion was  issued  on  November  1 8th,  1  79 1 ,  and  the  division  of  the  province 
was  decreed  to  take  place  upon  December  26th  following.  The  Québec  Gazelle 
of  December  1  st,  1  79 1 ,  contained  the  proclamation  and  the  full  text  of  the 
Act. 

"  It  was  necessary  that  the  administration  of  justice  should  continue 
without  intermission.  Sir  Alured  Clarke,  properly  sworn  as  lieutenant-governor 
of  Lower  Canada,  continued  by  proclamation  the  powers  of  the  judiciary,  but 
Simcoe  had  not  like  power.  If  Judge  Powell  had  pressed  the  desirability  of 
a  similar  proclamation  for  Upper  Canada  the  courts  might  hâve  been  tem- 
porarily  suspended,  but  he  dit  not  do  so  and  the  administration  of  justice  pro- 
ceeded  while  as  yet  there  was  no  civil  authority  in  the  province.  The  term  of 
unccrtainly  was  ended  early  in  June  by  the  arrivai  of  two  législative  councillors, 
Osgoode  and  Russell,  who  with  Grant  formed  a  quorum.  The  govemor's 
military  authority  had  been  established  a  few  days  earlier  by  the  arrivai  at 
Québec  of  the  Bels])  and  John  on  May  28th,  with  the  first  division  of  the 
Queen's  Rangers  ;  the  second  division  arrived  on  June  II  th  "  (I). 
> 

Où  habitait  M.  Simcoe  pendant  ses  huit  mois  de  séjour  à  Québec  ? 

M.  E.-T.D.  Chambers  a  en  sa  possession  un  reçu  qui  peut  aider  à  répon- 
dre à  cette  question.     Il  se  lit  comme  suit  : 

Québec,  7  juin  1  792. 

Reçu  du  maître  d'hôtel  de  monsieur  Simcoe  quinze  louis  de  cette  province 
pour  six  mois  de  loyer  de  la  maison  qu'il  a  occupée  rue  Saint- Jean  jusqu'au 
premier  du  mois  de  mai  mil  sept  cent  quatre  vingt  douze  dont  quittance. 

DENECHAUD. 

On  conserve  dans  les  archives  de  Notre-Dame  de  Québec  un  dénombre- 
ment de  la  paroisse  fait  en  juillet   I  792  par  le  curé  Plessis   (plus  tard  Mgr 

(1)      Page  48. 


—  H49  — 

Plessis).     Tous  les  résidants  de  la  me  Saint-Jean  sont  indiqués  avec  leur  pro- 
fession et  métier  et  le  numéro  de  leur  résidence. 

C'étaient  :  Nos  l  et  2,  Charles  DeBlois,  marchand  ;  Benoît,  perru- 
quier ;  No  3,  les  Denechaud,  frères,  marchands  ;  No  4.  Alexandre  Picard, 
orfèvre  ;  No  5,  Joseph  Bezeau,  marchand  ;  No  6,  Augustin  Savard,  fer- 
blantier ;  No  7,  Antoine  Méru-Panet,  marchand  ;  Alexis  Monjon,  ancien 
navigateur  ;  Nos  8  et  9,  un  Anglais  (non  nommé)  ;  No  I  0,  Pierre  Dupras, 
forgeron  ;  No  1  1 ,  M.  Ecker  ;  No  12,  M.  Winslow  ;  No  1  3,  un  Anglais 
(non  nommé)  ;  No  14,  Jacques  Labrecque,  forgeron  ;  No  15,  Etierme 
Gatier,  sellier  ;  No  1  6,  Germain  Tessier,  menuisier  ;  No  1  7,  Pierre  Vézina, 
forgeron  ;  No  18,  un  Anglais  (non  nommé)  ;  No  19,  M.  Mount  ;  No 
20,  Joseph  Vocelle,  marchand  ;  No  21,  Louis  Audibert,  vitrier  ;  No  22, 
Duncan  McKenzie  ;  No  23,  Philippe  Braun,  allemand,  armurier  ;  No  24, 
André  Decelotte  dit  Dostie,  boulanger  ;  Wliliam  Campbell,  tailleur  ;  No 
25,  Augustin  Vealer,  marchand  ;  M.  Cambridge  ;  Jean-Christophe  Miller  : 
Joseph  Vexler  ;  No  26,  Romain  Brunet  dit  Dauphiné  :  No  28,  Pierre  Dou- 
gadoss,  porte-cassette  ;  Urbain  Martinet,  joueur  de  violon  ;  Pierre  Chalou, 
boulanger  ;  No  29,  Melchior  Poncet,  boulanger  ;  No  30,  la  veuve  Charles 
Lortie  ;  No  31,  Thomas  Langlais,  boucher  ;  No  32,  Charles  Bezeau,  char- 
letier  ;  No  33,  Charles  Labbé,  marchand.  No  34,  Joseph  Pageot,  charretier  : 
J.-B.  Baheux,  journalier  ;  No  35,  Etienne  Desroches  dit  Laliberté,  sellier  : 
Mme  Pierre  Pacaud  ;  No  36,  William  Ennis,  tonnelier  ;  No  37,  Joseph 
Dupont,  boucher  ;  Joseph  Chappuy,  horloger  ;  No  38,  Denis  Daly,  caba- 
retier  ;  No  39,  Michel  Jourdain,  maçon  ;  No  40,  Maison  vacante  ;  Nos 
41,  42,  43,  des  Anglais  (non  nommés)  ;  No  44,  Joseph  Bélanger,  pelletier  ; 
No  45,  M.  Gray  ;  No  46,  Philippe  Drolet,  marchand  ;  No  47,  François 
DeBlois,  marchand  ;  No  48,  François  Renvoysé,  orfèvre  ;  Délies  Robi- 
chaud. 

La  maison  occupée  par  les  frères  Dénéchaud,  rue  Saint-Jean,  appartenait 
à  leur  père,  Jacques  Dénéchaud,  maître  chirurgien.  Cette  maison  se  trouverait 
aujourd'hui  au  coin  des  rues  Saint- Jean  et  Collins. 

Nous  ne  croyons  pas  cependant  que  c'est  dans  cette  maison  qu'habita 
Simcoe  pendant  son  séjour  à  Québec. 

Le  chirurgien  Dénéchaud  possédait  une  autre  maison,  rue  Saint-Jean, 
côté  gauche  en  allant  vers  l'ouest.  Elle  s'élevait  un  peu  en  dehors  des  forti- 
fications, non  loin  de  l'ancienne  porte  Saint- Jean. 


—  350  — 

Le  chirurgien  Dénéchaud  avait  acheté  ce  terrain,  le  23  août  1  773,  de 
Jacques  Déguise  dit  Flamand,  bourgeois.  Dans  l'acte  de  vente  reçu  par  !e 
notaire  Saillant  l'emplacement  est  ainsi  désigné  :  "Un  emplacement  situé  en 
cette  .haute  ville  de  Québec  à  prendre  sur  le  grand  chemin  de  St  Jean  hors  la 
ville  de  quarante  pieds  de  front  ou  environ  sur  la  rue  et  faubourg  St-Jean,  sur 
soixante  pieds  de  profondeur,  joignant  au  surouest  à  Jean  Langlois  et  au  nordest 
à  l'enceinte  des  murailles  de  la  ville,  et  par  sa  profondeur  au  terrain  non  con- 
cédé ..." 

Jacques  Déguise  dit  Flammand  tenait  cet  emplacement  des  Dames  de 
l'Hôtel-Dieu  et  l'avait  acheté  par  acte  devant  le  notaire  Moreau  le  30  septembre 
1762. 

Malgré  toutes  nos  recherches,  nous  n'avons  pu  établir  le  site  exact  de  la 
maison  occupée  par  Simcoe  en  1  791-1  792.  Pour  éclaircir  ce  point  il  faudrait 
1  élever  les  titres  de  propriétés  de  vingt-cinq  ou  trente  emplacements  près  de 
l'Ancienne  porte  Saint- Jean.  On  comprend  qu'un  pareil  travail  demanderait 
beaucoup  de  temps. 

P.-G.  R. 


Gauthier  de  Varennes 


Dans  le  Bulletin  des  Rech.  Hist.,  vol.  XXVIII,  p.  117,  M.  l'abbé 
Caron  demande  :  "A  quel  propos  avait-il  (parlant  de  René  Gauthier  de  Va- 
"  rennes)   ajouté  le  titre  de  Varennes  à  son  nom  de  famille  ?  .  .  .  " 

J'ai  déjà  communiqué  au  Bulletin,  il  y  a  quelques  années,  une  note  que 
je  vais  répéter,  et  qui,  selon  moi,  prouve  l'antiquité  du  nom  de  Varennes  accolé 
à  Gauthier.  Des  Lettres-Patentes  furent  enregistrées  à  la  Cour  des  Comptes, 
à  Paris,  en  1  354,  portant  anoblissement  de  Gauthier  de  Varennes,  argentier 
et  valet  du  roi  Jean  II  le  Bon.  René  Gauthier  en  s'appelant  aussi  de  Varennes 
portait  tout  simplement  le  nom  de  la  branche  aînée  de  la  famille  :  les  cadets 
s'appelaient  de  la  Verandrie,  etc.  J'ajouterai  que  j'ai  demandé  à  un  corres- 
pondant, à  Paris,  s'il  pourrait  m'avoir  une  copie  des  Lettres  patentes  de  noblesse 
ci-haut  mentionnées.  On  m'a  répondu  que  ces  documents  avaient  été  détruits 
par  le  feu. 

REGIS  ROY 


...  351  — 

Jean-Baptiste  Morin  dit  Rochebcîlle 


Mgr  Tanguay  dit  dans  son  Dictionnaire  généalogique  (vol.  1er,  p.  444) 
que  Jean-Baptiste  Morin  dit  Rochebelle  fut  conseiller  au  Conseil  Souverain. 

Jean-Baptiste  Morin  dit  Rochebelle  n'a  jamais  été  conseiller  au  Conseil 
Souverain. 

Nous  avons  examiné  avec  soin  les  procès-verbaux  du  Conseil  de  la  date 
de  son  entrée  en  fonction,  le  I  8  septembre  I  663  au  1  2  décembre  1  694,  date 
de  la  mort  de  Morin  dit  Rochebelle.  Son  nom  y  apparaît  de  temps  en  temps 
comme  plaideur  mais  en  aucune  occasion  on  lui  donne  le  titre  de  conseiller. 
Pareillement,  nous  avons  parcouru  la  correspondance  des  gouverneurs,  les  ca- 
hiers des  insinuations  du  Conseil  Supérieur,  les  actes  de  l'état  civil  relatifs  aux 
Morin  dit  Rochebelle,  etc.,  etc.  Nulle  part  on  mentionne  Jean-Baptiste  Morin 
dit  Rochebelle  comme  conseiller  au  Conseil  Souverain. 

Nous  ignorons  sur  quoi  a  pu  se  baser  Mgr  Tanguay  pour  qualifier  Morin 
dit  Rochebelle  de  conseiller  au  Conseil  Supérieur. 

Morin  dit  Rochebelle  appartenait  à  une  famille  importante  de  Québec. 
Son  p>ère,  Noël  Morin,  charron,  avait  épousé  Hélène  Des  Portes,  veuve  de 
Guillaume  Hébert.  De  cette  union  naquirent  douze  enfants  dont  quelques-uns 
sont  entrés  dans  l'histoire.  Germain  Morin  fut  le  premier  prêtre  canadien.  On 
a  aussi  écrit  que  sa  soeur,  Marie  Morin,  fut  la  première  religieuse  canadienne. 
On  a  fait  erreur.  Marie  Morin  fut  la  première  religieuse  canadienne  à  Montréal 
mais  à  Québec  plusieurs  enfants  du  sol  l'avaient  précédée  dems  la  voie  monas- 
tique. 

Quoi  qu'il  en  soit,  Jean-Baptiste  Morin  dit  Rochebelle  naquit  à  Québec  le 
25   mai    1645.      Il  est  qualifié  bourgeois  dans  plusieurs  documents  du  temps. 

Le  22  novembre  1  667,  il  épouse  Catherine  de  Belleau,  fille  de  François 
de  Belleau,  sieur  de  Cantigny,  et  d'Anne  de  Breda.     De  ce  mariage  naquirent  ; 

Marie,  née  à  Québec  le  2  janvier  1672  et  décédée  le  4  janvier  1672. 

Marie-Anne,  née  à  Québec  le  31  juillet  1675  et  mariée,  au  même  endroit, 
le  8  janvier  1691,  à  Jacques  Pinguet.  Elle  décéda  à  Québec  le  31  décembre 
1  702. 

Jean-Baptiste  Morin  dit  Rochebelle  décéda  à  Québec  le  12  décembre 
1694. 

P.-G.  R. 


—  352  -- 

Le  nom  de  Riviere-Ouelle 


Dans  son  ouvrage  Une  paroisse  canadienne  au  X.VIIe  siècle,  M.  l'abbé 
Casgrain  a  écrit  : 

"  On  a  prétendu  que  le  mot  Quelle  est  d'extraction  sauvage  et  qu'il  signifie 
une  anguille,  à  laquelle  la  rivière  Quelle  ressmble  par  les  nombreux  détours 
qu'elle  fait  dans  la  plaine,  avant  de  se  jeter  dans  le  Saint-Laurent.  A  partir 
de  son  embouchure,  en  effet,  jusqu'au  pont  du  chemin  de  fer  Intercolonial,  on 
compte  une  lieue  en  ligne  droite,  tandis  qu'on  en  compte  trois  en  suivant  son 
contours. 

"  Nous  croyons  plutôt  que  la  rivière  Quelle  fut  nommée  ainsi  en  souvenir 
d'un  compatriote  de  Champlain,  M.  Quel,  contrôleur  général  des  salines  de 
Brouage,  membre  de  la  Compagnie  des  Cent-Associés,  et  l'un  des  bienfaiteurs 
insignes  des  missionnaires  récollets  dont  il  était  syndic  au  Canada." 

Nous  nous  accordons  avec  M.  l'abbé  Casgrain  quand  il  dit  que  le  mot 
Quelle  ou  Houel  n'est  pas  d'origine  sauvage.  Mais  la  rivière  Quelle  a-tellc 
bien  emprunté  son  nom  du  compatriote  de  Champlain,  M.  Ouel,  contrôleur- 
général  des  salines  de  Brouage  ? 

Nous  ne  croyons  pas  que  la  rivière  Quelle  ait  pris  son  nom  avant  l'arrivée 
de  M.  Deschamps  de  la  Bouteillerie  dans  la  Nouvelle-France.  Il  est  même 
probable  que  le  nom  de  Rivière-Quelle  ne  fut  connu  que  vers  I  672.  Or  on 
voit  dans  une  généalogie  de  M.  DesCamps  de  la  Bouteillerie  qu'un  de  ses 
grand'oncles,  Nicolas  des  Champs,  avocat  en  Parlement,  était  marié  à  Jeanne 
de  Houel.  Ne  serait-ce  pas  cette  Jeanne  de  Houel  qui  aurait  donné  son  nom 
d'abord  à  la  rivière  Quelle  puis  à  la  seigneurie  et  à  la  paroisse  formée  sur 
ses  bords  ? 

P.-G.  R. 


BULLETIN 


DES 


RECHERCHES   HISTORIQUES 


iR] 


VOL.  XXIll  BEAlCEVILLE^DECEnBRE  1917  No  12 


Pierre   de  ûorribon 


Pierre  dn  Gorribon  pa^sa  d.ms  la  N  )uvelIe-FrauC'^  p-u 
avant  1665.  Peut-être  même  vint-il  ici  avec  M.  de  Tracy, 
dans  l'été  de  1665. 

Nommé  par  M.  de  Tracy,  membre  du  Con-eil  Souverain, 
le  6  décembre  1666,  il  fut  installé  le  5  janvier  1667.  Il  est 
dit  dans  le  procès-verbal  de  nomination  'de  Gorribon,  cy- 
devant  conseiller  au  Pré-;idial  de  Marennes". 

Le  JOURNAL  DES  JESUITE^  ne  fait  «qu'une  courte 
allusion  à  M.  de^ Gorribon.  Nous  lisons,  à  la  date  du  4  juil- 
let 1667   : 

*'Le  sieur  Gorribon  monte  aux  Trois-Rivières  pour  in- 
former de  nouveau  des  désordres  des  boissons,  qui  sont  ex- 
trêmes." 

M.  de  Gorribon  avait  l'avantage  sur  ses  collègues  du 
Conseil  Souverain  de  connaître  la  loi,  ayant  été  précédem- 
ment dans  la  magistrature. 

On  sait  qu'à  l'origine  les  conseillers  au  Conseil  Souve- 
rain étaient  nommés  pour  trois  ans  seulement.  Le  14  jan- 
vier 1669,  IVL  de  Gorribon  était  continué  en  charge. 

Mgr  Tanguay.  dans  son  DICTIONNAIRE  GENEALO- 
GIQUE, ne  nous  donne  pas  la  date  ni  l'endroit  de    la   mort 


—  354  — 

deM.  deGorribon.  Dan?^  notre  étnde  LES  CONSEILLERS 
AU  CONSEIL  SOUVERAIN  DE  LA  NOUVKJXE  FRAN- 
CE, nous  avons  écrit,  sur  la  foi  d'une  information  qui  sem- 
blait contrôlée,  que  M.  de  Gorribon  retourné  en  f>ance  en 
septenibre  ou  octobre  1669  y  décéda  avant  le  27  janvier  1670. 
Le  document  suivant  signée  par  M.  Cailhault  de  la 
Tesserie  établit  que  M.  de  Gorributi  décéda  en  sa  maison  de 
la  basse-ville  de  Québec  le  12  octobre  1669  : 

"L'an  mil  six  cent  soixante  neuf,  le  samedi  douzie.  jour 
d'octobre  sur  les  dix  heures    du  matin,  à  la    reqte  de  noble 
homme  Maistre     de  Mouchy,  substitut  du     procureur  géné- 
ral du  Conseil  Souverain  de  ce  pa3's  pour  la  conservation  des 
droits  (|u'il  appartiendra,  nous  Jacques  de  Cailhault  escuyer 
sieur  de  la  Tesserie  conseiller  du    Roy  au  dit  Conseil  Souve- 
rain commissaire  en  cette  partie  par    commis-ion  de  Messire 
Daniel  de  Remy  chevalier  seigneur  de  Courcelles,  lieutenant- 
général  et  gouverneur  pour  le  Roy  en  toute  l'estendue    de  ce 
pays,  en  datte  de  ce    jour  assisté    de  Maistre    Jean-Baptiste 
Gasset  praticien  pris  pour  greffier  a  esté  procédé  à  l'inventai- 
re et  description  des  biens  meubles  délai-sés  après  le  décès  de 
feu  monsieur  Maistre  Pierre    de  Gorribon  conseiller   du  Roy 
au  d,  Conel  décédé  ce  jourd'huy    environ  les    quatr -  heures 
du    matin  en  une    mai-on  seize  en  la  basse-ville  de  Quebecq 
où     restait  lors  de  son  deces  le  d.  sieur  de  Gorribon" 

L'acte  de  sépulture  de   M.  de    Gorribon    est  au  registre 

de  Notre-Dame    de  Québec,  à  la    date  du  13    octobre  1669, 

mais  il  est  rédigé    d'une  façon  >i  incomplète    qu'il  n'est  pas 

étonnant  qu'il  ait  échappé  aux   recherches  de  Mgr  Tanguay. 

Il  se  lit  comme  suit   : 

Le  douzième  jour  de  mois  d'octobre  de  l'an  rail  six  cens 

soixante  neuf CORRIBONT   de  la  ville  de  Ma- 

renne   est  décédé     a})jès  avoir  reçeu  les  Snts.    Sacremens  de 


—  H5S  — 

pénitence  (l'euchanstie  et  crextiéme-onction  duquel  'e  corpn 
a  e-té  in]Hi:rié  «lans  le  oinietière  des  pauvres  de  l'Hôpital  le 
trt'izir'ine  Jour  du  <1  mois  d'octobre  au  dit  an '. 

M.  de  Gorribon,  d'aj>rès  la  pièce  que  nous  avons  cité 
plus  haut,  laissait  ses  affaires  financières  en  assez  triste  état. 
Ses  dettes  dépassaient  de  beaucoup  son  modeste  avoir. 

P.  O.  R. 


"La  Famille  d'Ailleboust" 


► 


La  famille  d'Ailleboust  a  occupé  dans  nos  annales  une  place  très 
importante.  Dans  ses  Grandes  familles  françaises  dn  Canada,  M.  l'ab- 
bé Daniel  a  consacré  plusieurs  pa.sjes  à  la  famille  d'Ailleboust,  mais  son 
travail  e.st  incomplet  et  rempli  d'erreurs. 

M.  Aegidius  Fauteux  vient  de  publier  une  Histoire  de  la  famille 
d' AilleboHst  qu'il  a  la  modestie  de  qualiiîei  "un  simple  plaisir  de  cher- 
cheur '  mais  qui,  à  notre  humble  avis, "rend  parfaitement  justice  à  cette 
famille  remarquable. 

M.  Fauteux  nous  fait  d'abord  connaître  l'histoire  de  la  famille 
d'Ailleboust  en  Europe  puis  chacune  des  branches  sorties  de  Charles 
d'Ailleboust  des  Mnsseaux  (neveu  du  gouverneur  d'Ailleboust),  l'au- 
teur des  d'Ailleboust  canadiens.  Ces  d'Ailleboust  très  nombreux  ont 
été  connus  .sous  les  noms  de  d'Ailleboust  de  Coulonge,  d'Aillebou.st  de 
Manthet.  d'  Ailleboust  d'Argenteuil,  d'Ailleboust  de  Saint- Vilmé, 
d'Ailleboust  de  Périgny,  d'Ailleboust  de  Cui.sy,  d'Ailleboust  de  Cerry, 
d  Ailleboust  de  la  Madeleine,  d'Ailleboust  de  Boulassery. 

Le  nom  d'Aillebou.st    si  honorablement  connu  sous  le  régime  fran 
çais  a  disparu  du  pays  un  peu  après  1800.     C'est  l'hi.stoire    de  tous  les 
valeureux  d'Ailleboust  que    M.  Fauteux  nous  fait    connaître  dans  .son 
beau  livre. 


...  356  --- 

In  médecin  irlandais  à  Montréal  avant  la  conquête 


(Suite  et  fin) 

En  1731  autre  exploit  pugilistique  de  Sylvain  (|ui,  uvaiit 
rencontré  Charlebois  fils  qui  s'en  allait  à  la  Pointe-Claire, 
le  prévient  rudement  que  si  quelqu'un  de  sa  famille  va  té- 
moigner contre  La  Sablonnière,  il  le  jettera  hors  de  l'audien- 
ce, et,  ce  disant,  le  frappe  à  coups  de  canne.  Pour  avoir 
aussi  abusé  d'arguments  trop  touchants,  l'irritabh'  médecin 
fut  condamné  à  75  livres  de  do  nmage,  à  85  livres  de  frais, 
et  à  10  livres  d'aumône  au  ])rofli  de  l' Hôtel-Dieu.        '    , 

Avec  un  époux  d'un  tel  caractère,  on  peut  se  demander 
ce  que  fut  la  vie  domestique  de  cette  pauvre  Marie  Renée 
Gauthier  de  Varennes.  De  sombres  nuages' durent  assez  fré- 
quemment flotter  au-dessus  du  foyer  conjugaL  II  airiva 
même  un  temps  où  les  nuages  annoncelés  crevèrent  en  tem- 
pête. Ce  fut  vers  la  Noël  de  17.")7.  Mme  Sylvain  ayant  été 
rouée  de  coups  par  son  mari,  son  frère  la  Vérendrye  et  son 
neveu  de  Varennes  vinrent  l'enlever  de  force  de  sa  maison, 
et  après  l'avoir  placée  en  lieu  sûr,  l'engagèrent  à  intenter 
contre  Sylvain  une  action  en  séparation  de  corps  et  de  biens. 
Ce  fut  un  long  procès  et  qui  fit  beaucoup  de  bruit  <lans  U' 
Landerneau  montréalais.  Il  y  eut  toute  une  série  de  procé- 
dures er  de  oontre  procédures  dont  les  actvs  sont  encore  aux 
archives  judiciaires  de  notre  Palais  de  Justice.  Il  est  piquant 
de  voir  mêlé  à  cette  atïtiire,  le  grand  déceuvreur  Pierre  Oau- 
thier  de  la  Vérendrye. 

C'est  Sylvain  lui-même  qui  parait  ouvrir  le  bal  des  pro- 
cédures par  une  requête  adressée  au  juge  Raimbault  le  13 
janvier  1738,  et  où  il  se  plaint  d'avoir  été,  le  11  précédent, 
"assassiné  et  attaqué  à  la  pointe  de  l'épée  par  M.  de  la  Vé- 
rendrye père  et  le  sieur  de  \^irennes  fils  accompagné  d«'  la 
dame' sa  mère.  Il  raconte  qu'il  était  en  sa  maison  ne  pen- 
sant à  aucune  chose,  lorsque  ces  per-onnes  entrèrent  et,  en- 
levant son  épouse  par  la  main,  lui  dirent  de  passer  la  porte. 
M.  de  la  Vérendrye  aurait  dit  de  plus  au  suppliant  :  "Sortez 


—  367  --- 

et  passez  aussi  la- porte,  ^i  vous  êtes  assez  hardi  :  vous  n'avez 
lien  ici  appartenant." 

Les  rhoses  se  passèrent-elles  de  cette  exacte  façon  et 
Sylvain  fut-il  vraiment  aussi  sage  qu'il  le  dit  ?  C'est  ce  qu'il 
faudrait  examiner  à  la  lumière  des  témoignages  rendus  li 
l'enquête  du  20  janvier  1738.  Cette  enquête  avait  été  or- 
donnée le  18  à  la  réquisition  de  Mme  Sylvain,  demanderesse 
<n  séparation  de  corps  et  de  biens,  mais  en  fait  sur  l'instan- 
ce de  son  frère  la  V'érendrye  et  de  son  gendre  Ignace  Ga- 
melin.     Il  y  eut  plus  de  dix  témoins  assignés. 

Le  })rincipal  est  l'abbé  Chèze,  prêtre  de  St-Sulpice.  Il 
dépose  que  le  jour  de  No^l  précédent,  le  sieur  Girard,  ecclé- 
siastique du  Séminaire,  le  serait  venu  chercher""  pour  donner 
'{uelques  consolations  à  la  dame  Sylvain  qui  était  auprès  du 
p;)ële  dans  la  classe  de  l'école.  Lorsqu'il  s'y  fut  transporté, 
la  dame  lui  dit  qu'elle  avait  été  moulue  de  coups  par  le  sieur 
Sylvain  après  la  messe  de  minuit  et  qu'elle  ne  pouvait  plus 
ré.sister  à  demeurer  avec  lui.  ayant  couru  risque  de  la  vie. 
Sur  ce,  l'abbé  Chèze  se  rend  chez  Sylvain  afin  de  tenter  une 
1  ('conciliation  et  de  retnettre  la  paix  dans  le  i^énage.  Syl- 
vain lui  fait  >e<  plaintes  et  l.ui  montre  sa  chemise  déchirée 
sur  une  de  ses  épaules  en  disant  que  c'était  par  sa  femme, 
mais  il  finit  par  donner  sa  parole  qu'il  ne  la  maltraiterait 
plus.  Retourné  à  l'endroit  où  était  la  dame,  l'abbé  la  déter- 
mine non  sans  peine  à  réintégra. r  la  maison.  Mais  voici  que 
\'ers  8  heures  et  un  quart  du  soir,  le  garçon  domestique  de 
.M.  et  Mme  Sylvain  vient  de  nouveau  chercher  M. Chèze,  di- 
.sant  (|ue  Madame  vient  encore  d'être  maltraitée  et  qu'il  y  a 
grand  vacarme.  Arrivé  à  la  maison,  M.  Chèze  y  trouve  le 
sieur  de  la  Vérendrve,  frère  de  Mme  Sylvain,  la  dame  de 
Varennes  sa  belle-soeur,  le  sieur  de  Varennes,  son  neveu,  et 
le  sieur  Sylvain  lui-même  faisant  ensemble  grand  bruit.  En 
le  voyant  entrer,  Sylvain  lui  dit  :  '  'Monsieur,  ils  veulent 
emmener  ma  femme."  En  même  temps  le  sieur  de  la  Vé- 
icndrye  raconte  que  juste  avant  l'arrivée  de  l'abbé^  il  a  été 
attaqué  par  le  sieur  Sylvain  l'épée  à  la  main  et  que  ce  der- 
nier a  même  dû  lui  panser  un  doigt  qu'il  lui  avait  percé 
•  lun  coup  de  sa  lame      Et  le  sieur  Sylvain,  fort    en    colère. 


—  35«  — 

continuait  à  dire  des  injures  tant  au  sieur  de  la  Vérendrve 
et  à  sa  famille  qu'à  sa  propre  femme  à  laquelle  même  il  don- 
na un  coup  de  poing  sur  le  côté  de  la  tête  L'abbé  Chèze  se 
mit  entre  eux  deux  pour  l'empêcher  de  continuer,  et  il  fit 
aussi  son  possible  pour  apaiser  la  querelle  avec  M.  de  la  Vé- 
rendrye  que  Sylvain  voulait  fra[)per  avec  un  grand  bâton 
ferré  qu'il  avait  pris  à  côté  de  la  cheminée.  Après  avoir  don- 
né à  la  Vérendrye  et  à  sa  compagnie  le  temps  de  sortir  en 
se  mettant  au  devant,  l'iibbé  resta  encore  près  de  deux  heu- 
res pour  tranquili>er  Sylvain  et  pour  empêcher  les  mauvais 
traitements  qu'il  aurait  pu  faire  à  sa  femme,  contre  laquelle 
il  s'élevait  en  grand  courroux  sans  qu'elle  y  donnAt  occasion 
A  un  moment  le  bi'utal  mari  prit  même  à  la  gorge  sa  femme 
qui  était  assise  dans  un  fauteuil,  et  ce  fut  l'abbé  Chèze  qui 
la  retira  de  ses  mains.  Un  peu  ai)rès,  en  .^e  promenant  dans 
la  chambre,  voici  que  le  sieur  Sylvain  arrache  subitement  sa 
canne  des  mains  de  l'abbé  et  la  lève  sur  la  tête  de  sa  femme 
L'abbé  pare  le  coup  et  fait  tomber  la  canne,  que  Sylvain  ra- 
masse et  lui  rend.  Ce  n'est  que  vers  onze  heures  que  M. 
Chèze  se  retira  sui-  la  parole  de  Sylvain  qu'il  ne  maltra' fe- 
rait plus  sa  femme. 

De  son  côté,  Sylvain  avait  intenté  contre  M.  de  la  Vé- 
rendrye, Mme  de  Varennes  et  M.  de  Varennes  son  fils  une 
doub'e  poursuite  civile  et  criminelle,  les  accusant  suivant  le 
langage  du  temps  d'assassinat  prémédité  fait  chez  lui  et 
d'enlèvemeiit  ou  rapt  pendant  la  nuit  :  mais  il  se  dé-^ista 
bientôt  de  la  poursuite  civile  et  n'insista  que  sur  la  continu- 
ation du  pro(;ès  criminel.  Le  juge  Raimbault  assigna  les 
accusés  à  comparaître  et  fixa  l'enquête  au  S -février.  Mal- 
heureusement, nous  n'avons  \)i\  retrouver  Ihs  pièces  de  cette 
enquête. 

Il  faut  croire  cei)endant  que  notre  ami  Sylvain  ne  fnl 
pas  des  plus  heui-eux  dans  ses  procédures,  car  nous  voyons 
<iu"il  fut,  sur  nous  ne  savons  quel  jugement  interloi-utoire. 
condamné  par  sentence~du  tribunal  à  payer  la  somme  <\r  -lô 
livres,  9  sols  Mais  l'enragé  plaideur  ne  se  hâtait  pas  'de 
payer  et  il  fallut  mettre  en  mouvement  les  huissit-rs.  (.'es 
dignes  officiers  de  justice  n'envisageaient  jamais  sans  quelque 


—  359  — 

crainte  l'obligation  de  procéder  chez  l'irascible  médecin  et 
l'événement  leur  prouvait  d'ordinaire  qu'ils  avaient  ei  rai- 
son d'être  mqifiets.  Au  commencement  de  1738,  "Sylvain 
était  moins  amène  que  jamais  et  Thuissier  Guignard  en  sut 
quelque  chose. 

Vers  le  milieu  Je    le vrier,    Laurent-Arthur    Guignard, 
huissier  royal,  se  présente  donc  au  domicile  de  Sylvain,    ac- 
compagné de  deux  autres  huissiers,  Perrin  et  Saulguin.    Syl- 
vain leur  présente  à  chacun  un  siège  et  les  fait  s'asseoir.  Très 
poliment  et  avec  beaucoup   de    précautions   oratoires,    Gui- 
gnard représente  qu'on  lui  a  remis  entre  les  mains  une   sen- 
tence pour  lui  faire  un  itératif  commandement  de  payer  4  5 
livres  9  sols,  qu'en  cas  de  refus  il  a  instruction  de  sais  r-exé- 
cuter  ses  meubles,    que  sa  charge  lui  enjoint  de  faire  ce    qui 
lui  est  commandé  el  il  le  prie  de  trouver  bon  qu'il  s'acquitte 
de  son  devoir.     Sur  quoi,  !e  sieur  Sylvain,  sans  faire  aucune 
réponse,  se  serait  comme  un  furieux  jeté  sur  Guignard,  et,  le 
prenant  par  les  cheveux,  l'aurait  renversé  par  terre,   lui    au- 
rait donné  plusieurs  coups  de  poing, sur  la  tète,  et,  aj'ant  tiré 
son  épée  hors  du  fourreau,  lui  en  aurait  donné  du  pombeau 
plusieurs  coups  sur  le  c  )rps,  Guignard  ayant  osé  dire  quand 
même  :  "Monsieur,  cela  ne  m'empêchera  pas,  j'ai    ordre    d-' 
prendre  vingt  à  trente  hommes,  s'il  les  faut,  pour  me    prêter 
main  forte",  le  sieur  Sylvain  le  prit  de  nouveau  par  hs  che- 
veux, le  train:) nt  par  deux  fois  sur  le  plancher  de  la  cham- 
bre, lui  donna  des  coups  de  pied  et  de  poing,  et  puis    le  lais- 
sa là.  Guignard.  s'étant  relevé,  prononça  quelques  paroles  inni- 
telligibies    pendant  que  Sylvain  lui  disait  qu'il  ferait   mieux 
de  se  taire  et  de  s'en  aller.     Comme  Sylvain  tirait  encore  son 
épée,  l'huissier  Perrin  crut  qu'il  allait  percer  Guignard  et  il 
saisit  lépée  par  le  milieu  de  la  lame,  la  f  lisant  tomber.    Syl- 
vain, plus  en  furie  que  jamais,  ramassa  son  épée  dont  la 
branche  s'était  cassée  en  tombant,    et  en    fra  pa    l'huissier 
Perrin  de  plusieurs  coups  sur  h^s  épaules  ;    non  content    de 
cela  il  prit  un  grand  bàtim  rond  de  bois  noirci  et   ferré    par 
un  bout  et  lui  en  asséna  plusieurs  coups  sur  le    bras   en    di- 
sant :  "Ce  n'est  pas  à  toi  à  mettre  la  main  sur  mon  éf)ée."  Et 
se  retournant  du  côté  de  Guignard,  en  tenant  son    bâton,   il 


™  360  — 

ajouta  :  'Tu  mériterais -que  je  te  casse  les  bras  et  lesjnmbes." 
Les  huissiers  se  tirèrent  assez  piteusement  dt-  cette  aven- 
ture. A  la  suite  des  coups  qu'il  avait  reçus,  Guignard  fut 
obligé  (\e  garder  le  lit,  et  Perrin  était  encore  incomniodé  des 
siens  après  22  jours,  en  ayant  encore  les  marques  au  jour  du 
procès,  alors  qu'il  les  fit  voi-  en  découvrant  son  bras  gauche 
où  parais^sait  du  sang  extravasé  au-dessus  et  au-dessous  du 
coude, 

Mî  is  si  Tinioihée  Sylvain  était  emporté,  il  navait  pas  la 
rancune  longue.  Une  fois  qu'il  avait  bitn  battu  quelqu'un, 
il  ne  lui  en  voulait  plu-  et  il  le  soianait  lui-même  au  b -soin 
avec  la  plus  charitable  attention.  Nous  avons  vu  qu'au  plus 
fort  d'une  sérieuse  di  pute,  il  s'était  at-rêté  pour  panser  au  Sr 
di-  la  Vérendiye  un  doigt  qu'il  venait  de  percer  de  sa  lame. 
Il  ne  fut  }>ab  moins  gentil  à  l'endroit  de  Thuissier  Guignard, 
Qr,and  il  eut  fini  de  le  ro-ser,  il  le  contraignit  à  boire  avec 
lui  un  bon  coup  de  vin  vt,  l'ayant  conduit  dehors,  il  lui  dit 
sur  le  seuil  :  "Mon  ami,  met-  ta  main  dan->  la  mienne  et  em- 
bnisdons-npus."  Guignard,  après  ce  qui  lui  était  arrivé,  crut 
qu'il  n'avait  rien  de  mieux  à  faire  que  de  se  rendre  à  cette 
aimable  inxitation,  et  batteur  et  battu  s'emh'as«;èrent tendre- 
ment. Mai^  nous  ()ubli<.ns  de  dire  qu'avant  cette  conclu- 
sion idyllique,  Sylvain  avait  forcé  Guignardà  se  mettieàge- 
nou.x  et  à  baiser  deux  fois  le  plancher  en  demandant  pardon 
à  Dieu,  au  K'  i,  à  la  Ju  tice,  et  à  lui-même  au-si.  Quant  à 
Peirin,  Sylvain  pansa  ses  blessures  et  continua  de  le  soigner 
ptndant  plu-ieurs  jours,  en  voyant  son  garçon  domestique  lui 
poiter  des  remèdes  pour  se  guérir. 

Cela  n'i  mi'êcha  pas  les  huissiers  maltraités  de  porter 
plainte  en  justice,  et,  quoique  nous  ne  le  sachions  pas  exac- 
tsment,  Sylvain  dut  être  encore  allégé  de  quelques  livres  et 
de  quelques  i-ols  en  dommages  et  amendes. 

L(  s  archives  judiciaires  ne  nous  apprennent  rien  de  plus 
sur  ce  sen-atioi  nel  procès  dome>tique  dont  les  dernières  piè- 
cef-  ont  san^  doute  été  égalées.  Ce  qui  paraît  certain  c'est 
que  la  séparation  de  (orps  ne  fut  pas  prononcée  entre  les 
époux.  Toui  indique  que  l'affaire  fut  arrangée  à  l'amiable. 
Une  fois  les  premiers  feu^  de  la  colère  passés,  mari  et  femme 


-361- 

se  réconcilièrent  et  8e  remirent  à  vivre  ensenjble.  C'est  ainsi 
que  se  terminent  -auvent  et  fort  hniireu-ement  beaucoup  de 
querelle?  conjugales. 

Il  faut  passer  trois  ans  avant  de  retrouver  Sylvain  en- 
core une  fois  face  à  face  avec  Dame  Justice.  Mais,  chose  ex- 
traordinaire, c'est  lui  qui  maintt'nant  -e  plaint  d'être  battu  ; 
les  rôles  sont  renversés 

Dans  une  requête  a<lressée  au  conseiller  La  Fontaine,  en 
1741.  Sylvain  se  plaint  d'un  huissier  qui,  étant  venu  pour 
lui  faire  une  sommation  de  la  part  de  Madame  de  Lobinois, 
aurait  commei.cé  par  tirer  de  sa  poche  un  pistolet  bandé. 
Afin  de  sauver  son  mari,  Mme  Sylvain  se  seiait  jetée  sur 
l'hui-sier  et  Sylvain  lui-même,  quoique  maiad  ■,  aurait  réus-i 
à  1^  trainer  dans  la  rue,  en  lui  tenant  toujours  le  br.s  élevé 
pour  qu'il  ne  pût  ie  tuer,  et  en  criant  :  au  meurtre  !  jusqu'à 
ce  que  du  secours  arrivât. 

A  la  dé -harge  de  l'huissier,  il  convient  de  noter  qu'il 
s'appelait  (iuignard  tt  qu'iî  était  le  même  qui.  en  173>^.  avait 
passé  un  si  mauvais  quart  d'heure  aux  mains  de  Sylvain. 
Guignard  était  payé  poiir  savo  r  ce  qu'il  en  coûtait  d  ■  servir 
une  sommation  à  l'irascible  Ir  andais  et  personne  ne  p^-ut  le 
blâîiier  d'avoir  pris  ses  précautiou-  en  s'aruia  it  d'in  [)istjlet 
et  en  rexhil)ant  du  piemier    oup  en  guise  d'exofde. 

Mais  la  querelle  la  plus  con-sdérib!*  et  la  plus  r3ta:itis- 
sante  de  Sylvain  est  certaiiiemv-nt  cell  •  qu'il  eutav  c  Guiton 
de  Monrepos,  lieutenant  général  de  la  juri  liction  r  >yale  de 
Montréal.  L'affaire  dura  deux  longues  ann'^es  et  quel  |ues- 
unes  de  se-  conséquences  p  r-istèrent  même  plus  longtemps. 
Ce  t  le  31  décembre  1742  que  la  'jran  le  chica  le  éc  atn. 
Il  semble  qu'en  1742,  l'approehe  du  jour  de  l'an  n'ait  pas  eu 
plus  qu'en  1738,  d'influence  adoucissante  snr  le  caractère  de 
Timo  hée  Syl  ain.  M.  de  Monrepos  venait  d't-njoindre  à  un 
locataire  de  quitter  le  logis  qu'il  occupait  dans  une  petite 
maison  appartenant  à  Sylv  lin  et  >i^e  rue  Notre-Dame.  Le 
propriétaire  froissé  s'en  va  trouver  le  lieutenant  général  pour 
lui  demander  raisou.  M  de  Monrepos  répond  qn'ii  a  agi  de 
concert  avec  le  commi-saire,  M.  Michel,  sur  les  remontran- 
ces du  voisin  et  sur  le  pDcès  verbal  de   la    police    attestant 


._  862  — 

que  la  cheminée  menace  ruine  et  peut  incendier  le  voisinage, 
bylvain  se  lève  alors  du  siège  que  Monrepos  lui  avait  donné 
en  entrant  et  se  répand  en  invectives,  pendant  que  Monre- 
pos l'accompagne  ju  qu'à  la  porte  de  la  rue.  Une  fois  sur  le 
seuil,  ne  pouvant  plus  se  contenir,  Sylvain,  toujours  jurant, 
lève  sa  canne  et  en  donne  un  coup  de  pointe  à  la  poitrine  de 
Monrepos.  Le  lieutenant  général  porte  aussitôt  sa  plainte 
devant  le  lieutenant  particulier  Foucher  ;  le  2  janvier  1743, 
les  témoins  sont  entendus  et  le  ^  janvier  Foucher  décrète 
Sylvain  de  prise  de  corps 

Maitre  Adhémar,  praticien  tenant  le  siège,  donne  le  dé- 
cret à  la  réquisition  de  Monrepos,  mais,  avant  de  le  remettre 
aux  huissiers,  comme  il  sait  par  expérience  que    l'exécution 
n'en  ira  pas  toute  seule,  il  va  voir   le    gouverneur    afin    de 
s'assurer  que  mnin  forte  sera  d(mnée  à  la  justice.   M.  de  Bois- 
berthelot  de  Beaucourt,  le  gouverneur,  répond  que  la  consi- 
gne est  de  donner  main  forte  à  la  justice  et   qu'il  n'est   pas 
besoin  de  son  ordre  par  écrit.     En  conséquence,  à  9  heures, 
les  huissiers  De  Coste  et  Guyard  se  pré-entent   au    corps   de 
garde  et  d'^mandent  huit  hommes  et  un  sergent,  pas   davan- 
tage.   Fort  heureusement  pour  Sylvain,  c'était  M.  de  Varen- 
nes.    son    beau-frère,  qui    était  ce  jour  là  officier   de   garde, 
et  les  beaux-frères  de  Sylvain,  en  dé|  it  du  grand    orage   de 
1758,  gardiiit-nt  Itsprit  de  famille      Bref.    M.    de    Var^-nnes 
refusa  la  main  forte,  alléguant  que  k  consigne  e^t   contraire 
et  qu'il  faut  un  ordre  écrit,  il  menace     même    d'arrêter    les 
huissiers      Ceux-ci  retournent  chez  Adhémar  qui  les  renvoie 
a\ec  un  ordre  écrit  de  sa  main.     M.  de  Varenres  dit  qu'il  ne 
connaît  point  Adhémar.     "Allez,  dit-il,  chercher    un    billet 
de  M.  le  Gouverneur."     Les  huissiers  dressent  procès-verbal 
du  refus  opposé  par  M.  d>^  Varennes  et  par  M.  de  Repentigny 
l'aîné,  et  Fou  -her  ord  >nne  qu'il  soit  envoyé    au    procureur 
général  à  Québec. 

Le  lendemain,  4  janvier,  c'étnit  au  tour  de  M.  de  Laval- 
trie  d^-  relever  la  garde,  et  il  prêta  volontiers  la  main  forterde- 
mandée.  Seulement  il  était  trou  tard  et  l'oiseau  n'était  plus  en 
CMge  ;  Sylvain  avait  eu  tout  le  temps  nécessaire  et  de  f-'esquiver 
même  de  faire  enlever  les  meubles  de  sa  maison.     Aux  huis- 


_  se«  — 

siei*s  qui  se  présentent  Mme  Sylvain  répond  qu'elle    ne   sait 
pas  où  est  son  mari  ni  depuis  combien  de  temps  il  «et    sorti. 

L'afîaiiv  lit  grand  bruit  et  partagea  la  ville  en  deux 
camps.  Le  militaire  était  avec  M.  de  Varennes  et  le  Judi- 
ciaire avec  M.  de  Monrepos.  A  la  cour  même,  à  Versailles, 
l'on  s'en  préoccupa  toit,  et  le  24  mars  1744,  le  président  du 
conseil  de  Marine  écrit  à  MM.  de  Beauharnois  et  Hocquart 
et  se  dit  très  surpris  qu'ils  aient  gardé  le  silence  sur  le^^ 
mouvements  scandaleux  survenus  à  Montréal  l'année  pré- 
cédente de  la  part  des  officiers  de  la  garnison,  à  l'occasion  de 
l'affaire  du  sieur  Moniepos,  juge,  contre  le  sieur  Sylvain. 
"Il  est  avéré,  ajoute-t-il,  que  le  sieur  de  Varennes  a  refusé 
main  forte  pour  l'exécution  d'un  décret  de  prise  de  corps 
contre  Sylvain  et  qu'il  a  été  cause  que  le  capitaine  qui  l'a 
relevé  et  prêté  maiu-forte  a  soulevé  contre  lui  la  garnison, 
main  forte  qui  a  été  inutile  parce  qu'alors  le  décrété  s'était 
esquivé.  Le  roi  pour  cette  indisciidine  grave,  a  cassé  le 
sieur  de  Varennes  et  donné  sa  compagnie  à  un  autre,  et  a 
aussi  interdit  pour  trois  mois  ies  sieurs  Duplessis  Fabert  et 
Rocbert  de  la  Morandière  pour  conduite  irrégulière  en  cette 
occasion.  (Coll.  Moreau  St-Merv.  Canada,  1741-49,  vol'.  2 
fol.  173). 

Déjà,  le  1er  octobre  1743,  M.  Hocquart  avait  écrit  au 
ministre  à  ce  .^ujet.  mais  il  glissait  rapidement  sur  l'incident 
de  discipline,  étant  surtout  occupé  de  donner  son  opinion 
sur  M.  de  Monrepos  qui  évidemment  ne  lui  était  guère  sym- 
pathique. \'oici  le  passage  principal  de  cette  lettre  de 
1743  : 

."ler  octobre  1743 

"Le  Sieur  Monrepos,  lieutenant  général  à  Montréal,  a 
donné  lieu  depuis  un  an  à  bien  des  traca^series  avec  le  mi- 
litaire, les  officiers  de  la  juridiction  et  le  commissaire  ordon 
nateur.  11  s'est  attiré  des  désagréments  de  toutes  part«  (ju'il 
aurait  évités  s'il  avait  voulu  suivre  mes  conseils.  H  croit 
sa  place  si  supérieure  à  toutes  les  autres  que  ce  n'est  que 
dans  mon  voyage  de  Montréal  cpie  j'ai  pu  parvenir  à  le  dé- 
tromper sur  la  prééminence  qu'il  prétendait  avoir  sur  M.  Mi- 
chel ;  inutilement  je  lui  avais  {n-escrit  d'agir  de  concert  avec 


—  364  — 

lui  et  avec  des  déférences  convenables,  il  ne  le  voyait  même 
pas.'  Les  termes  dont  il  se  servait  de  "mon  peuple,  mes  ha- 
bitants, mon  secrétaire",  lui  ont  donné  un  ridicule  dont  Je 
ne  crois  pas  qu'il  revienne  II  nvait  su  cependant  gagner  la 
confiance  de  M.  deBea  icourt  ;  on  l'a  accusé  d'en  avoir  abu- 
sé en  indisposant  mal  à  projjos  ce  gouverneur  contre  plu- 
sieurs officiers  :  cela  a  occasionné  des  poésies  satvriques  qui 
ont  piqué  ce  juge  et  qu'il  aurait  dû  plutôt  mépriser  que  re- 
lever. La  vivacité  avec  laquelle  il  a  poursuivi  en  la  juridic- 
tion de  Montréal  et  au  Conseil  Supérieur  le  sieur  Sylvain 
dont  la  femme  appartient  à  toute  la  colonie,  pour  une  insul- 
te prétendue  à  lui  faite  par  Cc  médecin  lors  d'une  visite  que 
ce  dernier  lui  fit  au  mois  de  janvier  dernier  a  l'occasion  d'un 
fait  de  police  qui  l'intéressait,  a  éloigné  de  lui  beaucou[) 
d'honnêtes  gens.  J'ai  encore  aecomodé  cette  affaire,  rappro- 
ché et  réuni  autant    que  j'ai  pu  les  corps  et    les  particuliers 

divisés   ".     (Recherches    Faillon   N-Y,    vol.  5^  ]>. 

208-209) 

Mais,  en  1744,  sur  les  instances  du  ministre,  il  fallut 
s'expliquer  phis  au  long,  et  le  10  octobre.  M.  Hocquart  écri- 
vait la  lettre  suivante  où  il  donne  un  récit  aussi  curieux  que 
détaillé  de  toute  la  question  : 

"Il  ne  me  serait  pas  possible  à  présent  estant  aussi  sur- 
chargé que  je  le  suis  et  pressé  pour  la  saison  de  vous  faire 
nn  détail  aussi  étendu  que  vous  le  souhaitez  de  l'afFaire  du 
Sieur  Monrepos.  D'ailleurs  il  y  a  eu  des  faits  (pii  ont  des 
liaisons  les  uns  aux  autres  qui  ne  me  sont  i)lus  présents 
ayant  jeté  au  feu  tous  les  papiers  qui  auraient  pu  m'en  ra- 
fraîchir la  mémoire  lorsque  tout  me  parût  calmé. 

•'Voici  cependant  les  principau.x.  L  s  informations  ap- 
portées au  Conseil  Supérieur  par  le  Sieur  Silvain  (ou  celui 
qui  estait  chargé  de  sa  procuration)  lorsqu'il  s'y  pourvût 
pour  obtenir  un  arrêt  de  defïense  ne  le  chargoient  point  au- 
tant q^ue  le  Sieur  Monrepos  l'avoit  exposé  dans  sa  plainte 
devant  Maître  Adhémar,  praticien  tenant  le  siège,  nous  pré- 
jugeiimes  pour  la  plus  part  au  Conseil  sans  cependant  rendre 
d'arrest,  que  le  Sieur  Silvain  auroit  pu  en  estre  quitte  pour 
une  réparation  et  peut  estre  sans  dommages  et    interest   au- 


—  365  — 

tiv^^  «jU("  le.<  (h'^pt'us  si  l'iitiaiiv  oust  est4  poursuivie. 

"Quoy  (ju'il  en  soit,  le  trois  janvier  le  Sieur  Monrepos, 
apiès  avoir  obtenu  le  décret  de  prise  de  corps  contre  ledit 
ï'ilvain  se  mit  en  devoir  de  le  taire  exécuter,  les  huissiers 
furent  disposez  A  la  ville  et  à  la  campagne,  perquisition  de 
<a  personne,  saisie  et  annotation  faite  sur  les  biens.  Enfin 
à  neuf  heures  du  soir,  Decoste  et  <  ruyard  huissiers,  se  trans- 
portèrent au  corps  de  garde  de  la  place  pour  faire  demander 
main  forte.  Monsieur  de  Varen nés  beau  frère  du  Sieur  Sil- 
vain  estoit  de  garde  avec  Monsieur  de  Repentigny  l'aîné. 
Enseigne  ;  Gy  joint  la  chipie  du  procès  verbal  du  refus  de  la 
maiî)   forte. 

''CV  refus  n'est  pas  entièrement  aVjsoiu  et  on  pourrait 
(Il  quelque  manière  l'excuser  par  l'équivoque  des  deux  con- 
signes antérieures  à  l'affaire  et  dont  il  m'a  esté  remis  copie 
<|ui  est  cy  joint. 

"Dans  la  première  on  pxiye  un  hillei  du  Juge  lorsque  la 
justice  demondera  main  forte  :  dans  la  seconde,  point  de  billet, 
mais  c'est  dans  le  cas  que  le  Lieutenant  Général  la  de7aande. 

"Le  Sieur  Varenne  auroit  pu  penser  que  la  qualité  de 
IJeutenant-Genéral  devait  s'entendre  de  tout  autre  qui  tien- 
<h'ait  le  siège  ;  s'il  ne  l'a  point  compris  (je  coiinois  cet  offi- 
<  ier  as^ez  liorné  pour  cela)  c'est  une  faute  d'ignorance  ;  si  au 
<-<)ntraire  le  relus  a  esté  réfléchi,  je  la  regarderais  bien  essen- 
tielle Ci.ntre  le  service,  et  ce  qui  peut  donner  lieu  de  croire 
t|u'il  en  est  aincy  c'est  sa  (jualité  de  beau-frère  du  Sieur  Syl- 
vain. 

'La  circonstance  estoit  embarrassante,  elle  ne  l'auroist 
})oint  esté  pour  un  honmie  plus  adroit  que  le  Sieur  Varen- 
ncs  qui  aurait  pu  faire  avertir  sous  main  et  sur  le  champ  pai- 
un  soldat  de  la  garde,  le  Sieur  Silvain  de  se  mettre  à  l'écart, 
voilà  le  premier  éclat''. 

(Admirons  en'  passant  avec  quelle  souplesse  M.  Hoc- 
([uart  se  fut  avisé  de  tourner  la  loi  en  obtenant  le  même  ré- 
sultat, s'il  avait  été  lui-même  offcier  de  garde  à  la  place  de 
M.  de  Varennes.  Il  est  vraiment  difficile  d'attendre  un  rap- 
poiteur  plus  indulgent.) 

•"Les  plaintes,  continue  la  lettre,    furent  d'abord  portées 


—  366  — 

à  Monsieur  rie  Beaucourt,  chacun  glosa  et  interpréta  les  con- 
signes suivant  ses  iuniièr*es  ou  ses  préjugés.  Le  Sieur  Du- 
plessis  fût  un  de  ceux  qui  parla  avec  le  plus  de  liberté,  la 
chose  tourna  au  problème,  on  m'envoya  le  procès-verbal  des 
huissiei-s,  on  en  fit  autant  à  Monsieur  le  Procureur-Général. 

'•J'en  parlay  ù  Monsieur  le  Marquis  de  Beauharnois,  et 
je  lui  représentay  combien  le  bon  ordre  estait  intéressé  dans 
l'affaire,  nous  fûmes  fort  mécontents  l'un  et  l'autre  de  ce  (]ui 
s'éstoit  passé,  ^fonsieur  de  Beaucourt  de  son  côté  avoit  por- 
té des. plaintes  contre  ceux  du  militaire  qui  s'estoient  expli- 
quez en  faveur  de  M  o  n  s  i  e  u  r  de  Varrennes  (c'es- 
toit  censurer  sa  conduite).  Monsieur  le  Général  écrivit  et 
mar«jua  son  mécontentement  de  tous  ces  procédés,  il  envoya 
ordre  de  faire  mettre  Monsi  ur  de  Varennes  en  prison  où  il 
a  resté  pendant  six  semaines.  Il  n'en  est  soi-ti  qu'à  la  solli- 
citation et  à  la  prière  de  Monsieur  l'Evesque,  et^un  peu  à  lu 
mienne. 

''Le  bieur  Monrepos  fût  alors  regardé  par  le  plus  grand 
nombre  dans  le  militaire,  comme  un  homme  odieux,  on  1<' 
fuyait.  Monsieur  de  Beaucourt  continua  d'avoir  pour  luy 
les  attentions  ordinaires  (il  les  luy  a  toujours  prodiguée-). 
La  ville  fut  inondée  de  poésies  et  de  chansons  satiriques  et 
lieentieuses,  sans  que  l'on  connût  les  autheurs,  ou  dit  que 
Nouet  en  composa,  on  en  a  soupçonné  d'autres  panuy  le  Mi- 
litaire. 

'  J'ay  seu  depuis  la  mort  du  Sieur  Rocbert  que  ce  garde 
magasin  y  avoit  eu  bonne  part,  il  estoit  alors  dans  un  e-tat 
mourant  ou  très  languissant,  cela  ne  l'empescha  ])as  de  faii'e 
une  autre  étourderie  quelques  jours  après  qui  n'avait  cepen- 
dant qu'un  raport  éloigné  à  la  personne  du   .luge. 

"'  e  fût  de  faire  démolir  par  quelques  soldats  du  c.)rj)s 
de  gaule,  une  clôture  de  douze  à  quin/e  pieds  atten;int  le 
corps  de  garde  qui  l'enfermait  un  petit  terraîn  appartenant 
au  Roy.  et  dont  on  avait  cv  devant  toléré  la  Joui-sMUCf  an 
Sieur  Dani'é,  Notaire,  prétfndû  -et  rétaii'e  de  mon-icui'  (le 
Momepos.  et  ce  sous  piétexle  que  le  tenain  estoit  nécessaire 
])()Ui  le  sci-\'ice  des  magasins.  Monsieur  Michel  avoit  défen- 
du au  Sieur  Rocbert  rl'v  touchei',  comme  le     dit  Sieur  Danié 


—  367  — 

ne  se  plaignit  point  de  la  voye    de  fait,  je  me    eontentay  de 
faire  une  sévère  réprimande  au  dit  Rochert. 

Note  :  tRocbert  de  la  Morîindière  était  le  neveu  par 
alliancf  de  Mme  Sylvain,  ayant  épousé  une  fille  de  sa  sœur, 
Mlle  Petit  de  Livilliers.) 

"Je  fus  sur  le  point  de  lama-ider,  «a  situât  on  mVn  em- 
pescha.  Voilà  tout  '  e  qui  m'ej-t  revenu  sur  le  compte  de 
Messieurs  les  officiers  et  du  Sieur  Rocbert,  Tout  fût  pacifié 
ou  parût  l'estre  peu  de  jours-après  mon  arrivé  à  Montréal. 

'A  l'égard  des  officiers  de  justice,  dans  îe  cours  de  l'c-té 
174l',  sur  le>  plaint»  s  réciproques  que  le  Jugf'  et  lep'*ocureur 
de  Roy  me  portèrent  l'un  de  l'autre  à  l'occasion  de  leurs 
fonctions,  de  leurs  prérogatives,  et  de  quelques  paroles  peu 
séantes  qu'ils  s'estoient  dites,  lo  s  d<-  la  tenue  du  -iège.  Je 
les  manday  tous  deu.x  à  Québec,  j»  fis  même  cette  démarche 
de  l'avis  du  Procureur  Général,  je  vuiday  leurs  différents, 
ies  parties  i  arurent  contentes,  toutes  ces  tracas-eries.estaient 
les  fruits  de  l'ignorance  et  des  hauteurs  mal  placées  des  unes 
et  des  autres,  de  temps  en  temps  elles  se  sont  réveillées  et 
autant  de  fois  je  les  ay  apaisées. 

"J  ay  trouvé  en  toute  occasion  le  Sieur  Foucher  le  plus 
docile  à  mes  conseils  l'autre  n'y  a  presque  jamais  déféré,  ou 
tout  en  plus,  il  en  a  fait  le  semblant. 

"Je  recommanday  au  Sieur  Monrepos  à  son  arrivée  en  ce 
pays,  de  se  comporter  envers  M.  Michel  avec  les  égards  et 
les  déférences  convenables.  Je  lui  expliquay  que  par  ranort 
à  la  police,  il  n-î  devait  rien  faire  de  considérable  que  de 
concert  avec  luy,  et  même  avec  son  approbation  au  défaut  de 
la  mienne,  qu'il  estoit  à  propos  qu'il  luy  fit  part  des  afi^ai res 
qui  viendroient  au  tribunal  et  à  sa  connais.sance  qui  pour- 
roient  avoir  quelque  relation  au  bien  et  à  la  sûreté  publi<jue 
et  à  la  police  des  troupes,  attendu  qu'il  estoit  chargé  en  mon 
absence  de  la  Police  générale,  que  Sa  Majesté  luy  avait  ac- 
cordé (à  Monsie  sr  Michel)  la  présence  dans  les  céréraon-es 
publiques. 

Nota.— rLe  vSieur  Duplessis  a  esté  inju.stement  accusé  d'avoir  donné  les 
mains  à  cette  voye  de  fait.  Il  estoit  de  garde  à  la  vérité  mais  absent 
à  cause  de  l'heure  du  diner. 


-  -  368  -- 

"Le  Sieur  Monrepos  parut  goûter  tout  cela,  tint  une 
conduite  en  conséquence  elle  ne  dura  pis  longtemps.  l!  en 
a  tenu  une  ensuite  toute  opposée. 

"Prévenu  de  la  supériorité  de  sa  place  et  voulant  l'exer- 
cer avec  toute  sorte  d'indépendance  de  Monsieur  Michel,  il 
me  demanda  bientost  de  luy  donner  la  commission  démon 
subdélégué,  ce  que  je  luy  refusay.  Il  s'îibsenta  des  cérémo- 
nies pour  ne  rien  céder  au  Commissaire  auquel  il  aurait  dis- 
puté le  [)as. 

**Je  crains.  Monseigneur,  que  vous  n'en  trouviez  trop 
sur  une  pareille  matière.  Je  la  termineray  par  le  caractère 
du  Sieur  Monrepos-  C'est  un  homnie  fermé  et  dissimulé,  il 
se  paae  de  tous  les  dehors  d'un  homme  vertueux,  mais  c'est 
avec  une  affectation  qui  feroit  douter  qu'il"  le  fût,  il  veut  se 
rendre  populaire  et  il  n'y  entend  rien.  Je  ne  vois  point  une 
certaine  candeur,  n'y  dc'ns  sa  contenance.  Il  est  plein  de 
luy  même  et  par  conséquent  a  ^;eu  d'amis,  je  le  crois  malgré 
tout  cela  intègre. 

"Je  ne  peux  ni'empécher.  Monseigneur,  de  vous  prier 
d'adoucirle  sort  du  Sieur  de  Varennes.  Ses  longs  services 
pourroient  peut  e  s  t  r  e  luy  mériter  la  clémence  de 
Sa  Majesté,  surtout  ci  après  le  compte  qui  luy  sera  rendu, 
lie  trouve  qu'il  ait  plus  d'ignorance  qued'autres  motifs 
dans  la  faute  que  cet  officier  a  faite 

A  Québec  le  10  g  bre  1744 

(Archives  Publiques,  Correspondance  générale  1744, 
Série  Cil.  vol.  F.  81  bis,  fol.  427) 

Mgr  de  Pontbriand  lui-même  fut  blâmé  d'être  interve- 
nu et  il  dut  s'en  expliquer  au  ministre. 

"Je  ne  puis,  écrit-il  le  30  octobre  1744,  m'empêcher  de 
vous  avouer  que  j'ai  ressenti  très  vivement  la  disgrâce  de  M. 
de  Varennes.  J'appris  qu'il  était  malade  dans  la  prison»  Je 
pensai»  qu'il  était  du  ministère  de  cliarité  que  j'exerce,  de 
représenter  son  état  à  M.  le  général.  J'en  obtins  l'élargisse- 
ment. Je  m'en  repens.  Peut-être  qu'une  plus  longue  prison 
vous  eût  donné    occasion  de  lui  pardonner.  Si  cela    était,  je 


—  369  — 

vous  supplie,  Monsieur,  de  consoler  cet  affligé  qu'un  service 
trop  officieux  de  ma  part  aurait  rendu  malheureux."  (Cor- 
respondance  générale,  vol.  82) 

Mais  ni  les  atténuations  de  M  Hocquart  ni  les  suppli- 
cations de  l'évêque  de  Québec,  ne  parvinrent  à  fléchir  le  mi- 
niîrtre  qui,  jugeant  l'indiscipline  grave,  insista  sur  une  pu- 
nition exemplaire.  M  de  Varerrnes  ne  fut  réintégré  dans  son 
grade  de  capitaine  que  6  ans  [)lus  tard,  en  1750,  alors  qu'il 
était  âgé  de  73  ans.  Il*  payait  bien  cher  sa  complaisanc*e  en- 
vers son  beau-frère. 

En  iomme  celui  qui  se  tira  le  mieux  de  toute  <ette  af- 
faire ce  fut  Silvain  lui-même.  Nous  av-ons  vu  que  M.  Hoc- 
quart avait  accomodé  toutes  choses  en  ce  qui  le  concernait 
dès  1743.  Au  temps  même  où  W.  Hocquart  débattait  avec  le 
ministre  le  sort  de  son  malchanceux  beau-frêre,  de  M.  de 
Varennes,  il  était  tranquillement  retiré  à  Varenneset  faisait 
à  un  des  bons  habitants  de  l'endroit  l'honneur  de  porter  un 
de  ses  enfants  sur  les  font.-  baptismaux,  le  11    octobre  1744. 

Kn  dépit  de  ses  fugue*^  et  de  ses  emportements.  Timo- 
thée  Sylvain  paraît  avoir  été  à  Montréal  un  citoyen  imf)or- 
tant  autant  que  considéré.  Il  est  un  parrain  recherché,  il  as- 
siste souvent  aux  beaux  mariages,  et  sa  large  signature  ap- 
paraît fréquemment  aux  registres  de  la  paix)isse. 

En  sa  qualité  d'Irlandais  Sylvain  était  ardent  catholi- 
que et  pratiquait  hautement  sa  religion.  Il  était  du  petit 
nombre  de  citoyens  de  marque  qui  possédaient  un  banc  dans 
l'église  de  Ville-Marie.  Le  sien  était  placé  dans  l'arcade  de 
la  chapelle  Saint-Amable,  et  n'était  pas  un  des  moins  bien 
placés,  puisqu'il  lui  coûtait  15  livres  par  an. 

De  son  mariage  avec  Marie  Renée  Gauthier  de  Varen- 
nes, Timothée  Sylvain  eut  4  enfants  dont  l'une  déiéda  avant 
d'atteindre  sa  treizième  année  et  dont  les  trois  autres  mou- 
rurent au  berceau.  Ce  sont  :  lo.  — Marie  Elizabeth,  baptisée 
à  Varennes,  le  9  août  1720,  et  inhumée  au  même  endroit  le 
5  novembre  suivant. 

2o.  — Mari«  Catherine,  baptisée  à  Varennes  le  23  novem- 
bre 1721  et  inhumée  à  Montréal  le  22  février  1733,  à  l'âge 
de  11  à  12  ans.  sous  les  noms  de  Marie  Anne. 


—  870  — 

3o. — Anonvme,  nn  petit  garçon  né  et  inhumé  à  Mont- 
réal le  4  août  1722. 

4o.— Marie-Jeanne  Renée,  baptisée  à  Montréal,  le  18 
avril  1 724  et  inluiniée  au  même  endroit  le  5  décembre  1726. 

Timothée  Sylvain  décéda  lui-même  à  Montréal  en  1749, 
suivant  l'acte  de  son  décès  qui  nous  a  été  obligeamment 
fourni  par  M.  Lapalice.  archiviste  de  la  Fabrique  de  Notre- 
Dame. 

''Extrait  des  Registres  des  Baptêmes,  Mariages  et  Sé- 
pultures faits  dans  la^ paroisse  de  Montréal.  .  .  .pour  l'année 
mil  sept  cent  quarante  neuf 

"Le  dix  sept  juin  mil  sept  cemt  quarante  neuf,  a  été  in- 
humé dans  la  chapelle  de  Saint-Àmable  de  cette  église  le 
corps  de  Mr  Timothée  Sylvîlin  médecin  âgé  d'environ  cin- 
quante et  nenf  ans,  décédé  le  jour  précédent  entre  dix  et  on- 
ze heures  du  matin.  Ont  été  présens  MM.  Clerimbert  et 
Beauzèle  prêtres  qui  ont  signé. 

Beau  zèle,  ptre 
Clerimbert,  ptre 

Déat.  prêtre." 

Sylvain,  qui  avait  24  ans  à  son  mariage  en  172U,  ne  de- 
vait être  âgé  que  de  53  ans  en  1749,  mais  il  est  impossible 
de  savoir  lequel  a  raison  de  l'acte  de  mariage  ou  de  l'acte  de 
sépulture. 

Ajoutons  que  le  regretté  Sylvain  eut  un  service  funèbre 
de  137  livres^.  10  sols,  ce  qui  était  pour  le  temps  une  somme 
''onsidérable. 

Envi?*on  deux  mois  avant  sa  mort,  Timothée  Sylvain 
avait  fait  son  testament  devant  le  notaire  Danré  de  Blanzy. 
N'ayant  pas  denfants  qui  lui  survivaient,  il  laissa  tous  ces 
biens  aux  enfants  de  sa  femme,  et  il  n'oublia  pas  Mme 
d'Youville. 

Voici  le  texte  de  ces  dernières  volontés     : 

30  avril  1749,  Testament  du  Sieur  Silvain 

"Sieur  Timothée  Silvain,  écuyer,  médecin  pour  le  Roi 
en  cette  ville,  y  demeurant  rue  St-Jacques,  gi-ant  au  lit  ma- 
lade de  corps.  I  )onne  et  lègue  le  dit  Sieur  testateur   à    l'oeu- 


—  371  — 

vre  et  Fabrique  de  l'églife  paroissiale  «le  Ste-Annede  Van-ii- 
iie<,  gouvernement  de  Montréal'  la  somme  de  trois  cents  li- 
vres une  fois  payée  pour  être  employée  à  la  bâtisse  qui  sera 
^aite  en  pierre  de  la  chapelle  de  la  dite  paroisse  servant  or- 
dinairement de  reposoir  aux  processions  du  très  St-Saeremeiit 
et  autres  du  côté  du  Sud-Ouest  ;  laquelle  somme  de  trois 
cents  livres,  la  dite  fabrique  ne  pourra  cepen<lant  exister ()ue 
lorsque  la  dite  bâtisse  en  pierre  sera  <^ommeneée 

Donne  et  lègue  le  dit  Sieur  testateur  aux  <leux  <-îiiaiii> 
de  la  dame  Vve  Youville,  directrice  de  l'hôpital  général  de 
cette  ville,  et  au  Sieur  Ignace  Gamelin  fils  tous  les  écrits  et 
chacun  des  livres  composant  sa  bibliothèque  sans  aucune  ré- 
serve, à  partager  également  entre  eux. 

Et  quant  au  résidu  de  tous  et  chacun  de  ses  autres  biens, 
meubles,  immeuble-,  acquêt-,  droits,  noms,  raisons.  action>^ 
qui  se  trouveront  appartenir  au  dit  sifur  testateurau  jour  de 
son  décès,  en  quelque  lieu  qu'ils  soient  situés  et  en  quoi  qu'- 
ils puissent  consister,  sans  en  rien  réserver  le  dit  sieur  teî^ta- 
teur  les  donne  et  lègue  à  savoir  : 

Un  tiers  à  Demoiselle  Marie-Louise  Dufro  de  la  Genie- 
raye,  épou.<e  du  dit  sieur  Ignace  (jamelin  négociant  en  cette 
ville,  pour  lui  .servir  nature  de  propre  et  aux  siens. 

Un  tiers  à  Demoiselle  Marie  Clémence  Dufro  de  la  Ge- 
meraye.  épouse  de  Sieur  Pierre  Gamelin  Maugras  négociant 
en  cette  ville,  pour  lui  servir  aussi  nature  de  propre  et  aux 
siens  pour  par  chacune  d'elles  qu'il  in.stitue  ses  légataire.- 
universelles  en  disposer  comme  de  chose    leur    appartenant. 

et  l'autre  et  dernier  tiers  aux  dits  deux  enfants  de  Da- 
me Marguerite  Dufr«>s  de  la  Gemeraye,  veuve  de  feu  Fran- 
çois You.  ét'uyer  sieur  de  Youville.  par  égales  portions,  les- 
<juels  il  institue  et  fait  ses  légataires  universelles  pour  par 
eux  en  faire  et  disposer  comme  bon  leur  semblera,  réservant 
néanmoins  le  dit  sieur  testateur  en  faveur  de  la  dite  danie 
veuve  Youvilhj,  sa  vie  durant,  l'usufruit  des  biens  qui  re- 
viendi-ont  à  ses  dits  enfants  pour  leur  part  et  pcu-tion  après 
son  décès  dans  sa  succession. 

Et  ordonne  que  le  mobilier  qui  se  trouve  dû  à  sa  dite 
succession  revenant  aux  dits  deux  entants  de  la    dite    dame 


—  372  — 

veuve  YoQville  sera  employé  en    acquisition    d'héritage    ou 
rente,  des  revenus  desquels  elle  jouira  aus^i  pendant  sa    vi;'. 
Rt  si  le  dernier  des  enfants  de  la  dit':^  dame  veuve    Youville 
vient  ainsi  que  son  fr.3re  aîné  à  se  faire    promouvoir  aux  oi'- 
dres  sacrés,  ou  à  s'engager  dans  que'que  ordre   le   dit    testa- 
teur donne  et  lègue  le  fond  et  propriété  de   la    dite    part   et 
portion  des  deux  enfants  de  la  dite  dame  veuve    Youville    à 
la  dite  Demois3lle  épouse  du  dit  Sieur  Ignace  Gamelin    cr  à 
la  dite  demoi-elle  épouse  du  sieur  Pierre  Gamelin  de     Mai- 
gras  à  partager  également  entre  elles  et  auxquelles    la     f+ite 
part  et  portion  tiendra  lieu  pareillement  nature  de  propre  et 
aux  leurs  ;  le  dit  sieur  testateur  lef?  substituant  en    la    dite 
part  et  portion  des  dits  deux  enfants  de  la  dite  dame  veuve 
Youville    pour  en  jouir  et  disposer  par  chacune  d'elles  en 
toute  propriété  comme  bon  leur  semblera  après  toutefois  le 
décès  de  la  dite  dame  veuve  Youville  et  de  ses  dits  deux  en- 
fants qu    en  auront  après  le  décès  de  leur  mère  la  jouissance 
sans  qu'ils  puissent  vendre,  engager  ou  aliéner  auctine  chose 
des  fonds  et  propriété  des  dits  biens  eu  quelque  manière  que 
ce  soit. 

KTIENNE  LEBEAU 

B.   FORESTIRH  DANRE  DE   BLANZY 

D'après  l'ANNUAI  RE  DE  VILLP:-MAR1E  (V.  II.  5e 
livi'.  p.  S4).  Marie  Renée  Gauthier  de  N'arennes,  devenue 
veuve  de  Timothée  Sylvain,  se  réfugia  auprès  de  sa  fille  Mde 
d'Youville  et  entra  pensionnaire  chez  les  Soeurs  Grises,  le  16 
novembre  17ôO.  Elle  n'y  finit  pas -es  jours  cependant.  C'est 
à  V^arennes  qu'elle  mourut  et  qu'elle  fut  inhumée  le  25  oc- 
tobre 175S,  à  l'âge  de  70  ans.  Elle  avait  rejoint  son  mari 
dans  la  grande  paix  du  tombeau. 

AEGIDirs  FAUTErX 


--  37S 


Le  premier  théâtre  de  Montréal  ? 


Il  y  a  quelques  mois  ou,  pour  plus  de  précision,  dans  le  numéro  de  juin 
1917,  p.  191,  du  Bulletin  des  Techerches  historiques,  j'ai  publié  le  texte  d'un 
contrat  p>our  l'aménagement  d'un  théâtre  à  Montréal  en  1  789.  Il  ne  faudrait 
pas  conclure  qu'il  s'agissait  de  notre  premier  établissement  du  genre.  M.  T. 
O'Leary,  assistant-conservateur  du  musée  du  Château  de  Ramezay,  vient  de 
me  faire  voir  trois  documents  dans  lesquels  on  constate  qu'un  théâtre  existait 
à  Montréal  en  1  774  ! 

Ces  vieux  manuscrits  proviennent  des  archives  de  la  famille  Jordan  et  ne 
sont  que  des  quittances  du  propriétaire  de  la  maison  servant  de  théâtre  et  du 
perruquier  qui  grimait  les  acteurs. 

Il  semble  être  question  dans  ces  papiers  d'une  pièce  intitulée  :  Le  Bour- 
gois  et  le  médecin  et  d'une  autre  :  Le  Bourgeois  et  Me  Boune  (?)  ou  bien  de 
trois  pièces  intitulées  resp)ectivement,  le  Bourgeois,  le  Médecin  et  Me  Boune. 
Qui  sait  ? 

L'on  dirait,  de  plus,  que  quelques-uns  des  acteurs  étaient  anglais  puisque 
houliamme  et  lomas  doivent  probablement  signifier  William  et  Thomas.  Il 
n'y  aurait  là  rien  d'étonnant,  car  les  officiers  anglais,  pour  occuper  leurs  loi- 
sirs, à  Montréal,  s'adonnaient  volontiers  à  la  scène.  En  plus,  la  plupart  étant 
des  fils  de  famille  de  bonne  instruction,  ils  parlaient  souvent  le  français  comme 
leur  langue  maternelle. 

En  prenant  connaissance  du  contenu  des  documents  que  nous  reproduisons, 
il  est  bon  de  remarquer  que  les  prix  dans  les  factures  sont  en  monnaie  française 
et  que  M.  Jordan  réduit  les  totaux  en  monnaie  anglaise,  de  valeur  bien  diffé- 
rente, puisque  la  livre  française  était  de  20  sous,  tandis  que  la  livre  anglaise 
représentait  24  fois  cette  sonrnie,  environ. 

1  er  document  : 

Le  12  fest  1774 
Acomodage  fournitur  Et  ouvrage  faite  pour  Le  teatre  due  a  tison  par 

Mesieur  Le  directeur  Cavoir 

2  Soirée  du  bourgois  Et  Medisint  a  1  2tt 24tt 

200  epincle  Noire  à  30  s 3. 

La  grande  peruque  ouvrage  faite 12. 

Le  Segonde 7. 1 0 

La  peruque  de  Mr  houliamme 4.10 


l 


—  374  — 

Idem  de  Mr  tomas 4.10 

55.10 
Le  1 9  fest 
l..ebourgois  Et  Me  boune 

2  Soirest  a  1  2tt 24.00 

1  00  epincle  Noire 1 .  l  0 

Ouvrage  a  La  peruque  du  baront 9. 

La  bource  Et  La  rosets 9. 


43tt.lO 


Total» -.    .    .    .      99  tt. 

24th  Feby.  1  774  Received 
the  contents  in  fui! 

TISON 
An  verso  :     Tison  99tt 

L  1:2:6 
paid 

:o: 

2ème  document  : 

1  774. 
Monsieur  Le  Capitaine  Williams  doit  à  foucher  Scavoir. 
Mars  6e  Suivant  Son  bon  dans  un  arretté  de  compte  de  Ce  jour  .    .     I  4tt      5? 
20e  paie  à  Mde.  Amelin  pour  Louage  d'un  bout  de  tuyau  pour 

Le  poêle  de  La  salle 1 . 

plus, une  corde  et  demie  de  bois  achetté  pour  les  besoins 

du  théâtre 15. 

Item  pour  avoir  fait  scier  Led.  bois 2.5. 

Item  pour  Six  vitres  Cassées  et  remplacées  a  ôd.    .    .    .       2.8. 
Item  pour  Quatre  Livres  de  chandelle  fournies  au  théâtre .       4. 
May  6e  Item  pour  Le  Loyer  de  La  maison  échu  Ce  jourdhuy  pour 

Le  mois  d'avril 72. 


IlOtt    18s 
Pour  acquit  à  Montréal  Le  6e  May  1774 

foucher 

L4:12:5 


...  375  — 

Halifax  Currency 
N.  B.  Rent  for  May  2.10.0. 
Au  verso  :     No  3  Coucher 
Kent  for  April  etc 

L      4:12:    5   paid 
11:   8:111/2 

L    16:    1:    41/2 

:o: 

3ème  document  : 
1774. 

M.  Jordan  pour  Loyer  de  La  maison  du  théâtre  devait  payer  onze 
piastres  par  mois 

Août  3 1  pour  Louage  durant  ce  mois 66tt 

7bre  l  5  pour  quinze  jours  du  présent  mois 33. 

pour  Louage  de  3  feuilles  de  taule 3. 

pour   Lesd.    feuilles  perdues   à   la   maison   suivant  qu'elles 

m'ont  Coûté 1  3. 1  G 

plus  pr.  dix  vitres  Remplacées 5. 

plus  deux  portugaises  a  quoi  j'ai  été  Condamné  par  jugemt 

arbitral  jxjur  dommage  fait  à  la  maison  du  Sr  Cardinal  cy         96. 

216.10 
Argent   que    M.    Jordan    a   Compté   à    ma    fme    en    mon    absence   à   St    Je.in 
détenu 

Scavoir 

1  775  Une  double  portugaise 96tt 

7bre  Une  pièce  d'or  de 36 

132. 

Reste  dub.  pr.  Solde  de  compte 48tt.  I  Os 

Pr.  acquit  à  Montréal  Le  3e  7bre  1  776 
foucher 

Le  propriétaire  de  la  "maison  du  théâtre"  n'est  autre  que  le  notaire  Antoine 
Foucher  qui  exerça  sa  profession  à  Montréal  de  1  746  à  1  800.  Et  la  maison 
en  question  ne  serait-elle  pas  celle  que  M.  Foucher  posséda  vers  ce  temps  à 


—  376  — 

l'encoignure  sud-ouest  de  la  rue  Saint-Jacques  et  de  la  Place  d'Armes  ?  Cet 
immeuble  passa,  dans  la  suite,  à  l'hon.  Panet,  puis  il  fut  occupé  par  le  fameux 
café  Dillon. 

Au  même  endroit  s'élève,  de  nos  jours,  un  immense  édifice  récemment 
acquis  par  la  Banque  d'Hochelaga. 

Quant  au  perruquier,  Jean-Baptiste  Tison,  c'était  un  ancien  soldat  resté 
ici  après  la  Cession  et  il  tenait  boutique  rue  Saint-François-Xavier.  De  son 
prem.ier  mariage  il  avait  une  fille,  Marie-Anne  Tison,  qui  épousa,  en  1  790. 
le  notoire  imprimeur  Fleury  Mesplets,  lequel,  on  le  sait,  demeurait  à  Montréal 
depuis  1  776. 

E.-Z.   MASSICOTTE 


Nos  chefs  sauvages  et  les  sénateurs  de  Vense 


C'est  Michel  Bibaud   qui  dans  son  ode  aux  grands  chefs    sauvages 
fait  l'apostrophe  suivante  au  célèbre  GaraKonthié   : 
"Salut,  ô  mortel  distingué 
Par  !a  droiture  et  là  franchise  ; 
Dont  la  candeur  fut  la  devise 
Honneur  d'Onnontagué  : 
Ce  que  j'estime  en  toi,  c'est  bien  moins  l'éloquence, 
L'art  de  négocier  que  ia  sincérité 

Que  la   véracité, 
Et  des    mœurs,  chez  les  tiens,  l'admirable  décence." 
Bien  avant    Bibaud,    le  gouverneur  de  Frontenac    avait  fait  un  su- 
perbe éloge  de  l'éloquence  et  de  la  distinction  des  chefs  sauvages  : 

■'Vous  auriez  assurément  été  surpris,  Monseigneur,  écrivait-il,  au 
ministre  de  voir  l'éloquence  et  la  finesse  avec  laquelle  tous  les  députés 
me  parlèrent,  et  si  je  n'avais  peur  de  passer  pour  ridicule  auprès  de 
vous,  je  vous  dirais  qu'ils  me  firent  en  quelque  sorte  souvenir  des  ma- 
nières du  sénat  de  Venise,  quoique  leurs  peaux  ec  leurs  couvertures 
soient  bien  différentes  des  robes  des  procureurs   de  Saint- Marc  "     , 


...  377  — 

Un  spirite  canadien^français 


Il  n'est  probablement  pas  d'écrivain  canadien- français  aussi  sin 
gulier  qu'Henry  Lacroix,  le  plus  renommé  des  spirites  du  Canada  et  à 
ce  titre,  il  doit  avoir  sa  petite  place  dans  le   Bulletin. 

Voilà  pourquoi  nous  avons  compilé  ces  quelques  renseignements 
provenant  d'une  alerte  biographie  illustrée  parue  dans  la  PA  TRIE,  de 
Montréal,  en  1897,  sous  la  signature  de  Jules  Griffard,  de  l'Inventaire 
chronologique  de  M.  Dionne.  des  archives  du  palais  de  Justice  de  Mont- 
réal, etc. 

*  * 

C'est  à  Monroe,  petite  ville  de  l'état  du  Michigan,  que  naquit 
Henry  Olivier  Lacroix,  le  10  août  1S26,  du  mariage  de  Dominiq  le  La- 
croix et  de  Henriette  Lalumière. 

Nous  ignorons  à  quelle  date  il  quitta  les  Etats-Unis  pour  le  Cana- 
da, mais  il  était  à  Montréal  en  1850  et  épousait,  à  Notre-Dame,  le  2 
septembre,  Marie-Eliza,   fille  du  notaire  Pierre  Weilbrenner. 

En  1852,  nous  voyons  que  M.  L^i croix  faisait  partie  du  fameux 
Institut  Canadien  fi  j  et  il  devait  suivre  le  mouvement  politique  et  lit- 
téraire tout  en  s' occupant  des  sciences  psj'chiques,  car,  dit  M.  Grif- 
fard, "il  n'avait  que  seize  ans  lorsqu'il  versa  tout  d'une  pièce  dans  le 
.spiritisme." 

Possédant  les  langues  anglaise  et  française.     Henry  Lacroix  a  pu- 
blié divers  ouvrages  dans  l'un  ou  l'autre  de  ces  idiomes,  tel  qu'on  peut 
en  juger  par  la  liste  suivante  : 
1863 — Au  profit  des  ouvriers  malheureux  de  la  France.      La  charité  et 

son  opportunité  actuelle.     Montréal,  i  br.,  in-8.  11  pp.     f  Dionne, 

I,  no  803). 
1866 — Coup  d'oeil  sur  l'homme  et  sa  chute.    Montréal.  1866.    i  hr.  in-S 

71  pp.   (Dionne  I,  no  944). 

Cet  ouvrage    a  été    réédité  à  Paris  en  1891.  par    la  Librairie   des 

Sciences  psychologiques. 
1867 — Opuscule  sur  le  présent  et  l'avenir  du  Canada.     Montréal,  i>^t>- 

I  br.,  in-7,  32  pp.     C Dionne,  I.  no  985). 


(i)   Dorion,  U Institut  canadien .  p.  31. 


—  378  — 

— The  Présent  and  future  of  Canada.    Montréal,  1867,    i  br.,  iu-8, 

23  pp.      (  Dionne,   III,  no  1342). 
1868  -  Flying  trip    to  the  ujodern  American  Bab\-   London.    Montréal, 

1868.      (Dionne,  III,  no   1366).. 
1869— Sunset  scène  in    Mount  Mansfield.      Montréal,  i86g.      (Dionne, 

III,   no   1401). 
1873 — Canadian  Guide  book  of  référence,  etc.  Montréal,  1873.  ^^^  pp. 

in  8.  (Dionne.  III,  No  1570). 

The  Union  Pacific  Scandai  at  the  Custoni  House  of  Montréal.     Se- 
cond édition.      Montréal,  i  br..  in-8,    16  pp. 
1880 — M    Lacroix  signe  des   initiales,     H.     L.,     une    poésie    intitulée 

Spring  et  un  article  Algiers  (Algérie)  dans  le  Canadian  Illusbated 

News  du  15  mai  1880. 
1889 — Spiritisme  araéric  in.     Mes  expériences  avec  les  esprits.      Paris, 

1889,  I  vol.  in-i2,  illustré.      Librairie  des  sciences  psychologiques. 

Des  ouvrages  ci-dessus  énumérés,  le  dernier  est  le  seul  qui  .semble 
avoir  attiré  l'attention  d'un  certain  public  et  qui  valut  à  son  auteur  un 
rayon  de  célébrité  ! 

Dans  ce  livre  étrange,  M  Lacroix  a  raconté  le  commerce  qu'il  eui 
avec  les  esprits,  pendant  quelques  années  et  les  conv'ersations  qu'il  tint 
avec  ses  enfants  décédés  ! 

M.  GrifFard,  dans  l'article  déjà  cité,  reproduit  quelques  pages  ty- 
piques de  l'œuvre  maîtresse  de  notre  visionnaire.  Plus  tard,  l'éminent 
chroniqueur  français  Paul  Ginisty,  au  cours  d'une  étude  sur  les  "com- 
munications faites  aux  spirites"  et  paru  dans  le  Petit  Parisien  de  1907, 
parle  non  .sans  respect,  .si  l'on  peut  dire,  des  "divagations"  de  cet 
Henry  Lacroix  qui,  après  ])lusieurs  deuils  dont  il  fut  accablé  eut  l'hal- 
lucination "de  revoir  dans  les  sphères  merveilleuses,  ceux  qu'il  avait 
tendrement  aimés." 

*** 

.\I.  Lacroix-étail  employé  à  la  douane  de  Montréal  depuis  plus  de 
vingt  ;ins  lorsqu'il  décéda  le  26  février  1897.  "Il  s'était,  écrit  M. 
Grifîard,-  toujours  montré  employé  actif,  zélé  et  consciencieux.  Il  fut 
bon  fils,  bon  époux  et  bon  père. 

"Si,  comme  publiciste,  il  a  émis  des  doctrines  condamnables,  ça 
été,  nous  en  sommes  convaincu,  avec  toute  la  bonne  foi  d'un  esprit  cu- 
rieux, croyant,  crédule  même,  mais  droit  et  sincère. 

"Il  est  mort  muni  de  tous  les  .sacrements  de  l'église. 

E.  Z.  MASSICOTTE 


379  — 


Les  Donateurs,  Bienfaiteurs  et  Souscripteur 

A  l'oeuvre  de  la  Fabrique  de  la  paroissî   de    St=François  Xavier 

de  Batiscan 


Oa  lira  sais  loute  a.-^::  iatirît  la  pihi^  notarié*  suivante.  Elle 
nous  fait  connaître  une  page  ignorée  de  la  belle    paroisse  de    Batiscan. 

L'original  de  cette  pièce  est  conservé  dans  les  archives  du  Pa- 
lais de  Justice  des  1  rois- Rivières. 

Nous  la  devons  à  M.  J.  B.  Meilleur  Barthe,  conservateurs  des  Ar- 
chives Judiciaires  des   Trois- Rivières. 

Par  devant  François  Trotain,  Notaire  Royal  gardenottes  au  Cap  de 
la  Magdelaine.  Champlain,  Batiscan,  Ste-Anne  et  les  Grondiues,  ré.si- 
dant  a  Batiscan  soussigné,  témoins  bas  nommés  furent  présents  eu- 
comparant  ])ersonnellement  le  sieur  Pierre  Rivard  Lauouette  et  le  vSr 
Michel  Roy.  habitants  de  Batiscan,  y  demeurant,  au  rang  et  comme 
marguillers  à  l'œuvre  et  fabrique  de  l'église  paroissiale  de  St-François- 
Xavier  de  Batiscan  d'une  part,  et  le  Sr  Jean  Baril  aussi  demeurant  au 
dit  Batiscan  au  nom  et  comme  exécuteurs  du  te.stament  de  feu  François 
Fafard  vivant  demeurant  aussi  au  dit  Batiscan,  Icelui  testament  passé 
devant  le  notaire  qui  reçoit  ce.-^  prést^Jtes.  le  trentième  jour  de  mai  de 
l'année  mil  sept  cent  sept,  d'autie  part,  par  lequel  testament  le  dit 
François  Fafard.  testateur  a  légué  à  ladite  fabrique  la  somme  de  mille 
livres,  par  icelui  délivrées  à  la  dite  fabrique  quelques  années  avant  .son 
décès  à  l'instruction  que  après  son  dit  décès  il  .soit  célébré  tous  les  an», 
a  j:)erpétuité  dans  la  dite  égli.se  paroissiale  ..e  St-François-Xavier  de 
Bati.scan  pour  le  rei)os  de  son  âme  et  celle  de  deflFiuite  Marie  François 
sa  femme  :  le  contenu  au  présent  testament  savoir  :  les  frais  de  .son  en- 
terrement et  service,  et  que  la  dite  fabrique  fasse  dire  tous  l-csans  vingt 
quatre  messes  ba.sses,  deux  chaque  mois,  tant  i)our  le  rei)()s  de  .son  âme 
que  pourc-jlle  de  la  dite  Marie  François  .sa  femne.  et  ce  à  perj)étuité 
un  .service  avec  un  nocturne  et  laiitre  pour  le  repos  de  son  âme  et  celle 
de  <a  dite  femme,  chaque  année  le  lendemain  de  St- F" rançois- Xavier 
son  patron,  et  en  outre,  veut  et  désir^-  (|Ue  la  lamix;  qui  est  à  l'I'^gli.^e 
dv\  dit  Bati.scan  devant  le  St-Sacrement  soit  allumée  aux    déjxius   de  la 


—  S80  ™ 

dite  fabrique  du  dit  Batiscan  tous  les  jours  de  dimanches  et  fêtes  pen- 
dant l'année  et  ce  à  perpétuité,  le  tout  en  conséquence  de  la  dite  som- 
me de  mille  livres  qu'il  donne  et  lègue  comme  dit  est  par  son  dit  testa- 
ment sera  daté,  une  fois  payé.  Laquelle  fabrique  sera  tenue  de  four- 
nir six  chandelliers  quatre  à  la  présentation  et  deux  à  l'autel,  et  orne- 
ments convenables  à  lacéiébr  it'on  des  dite  4  misses  et  si^rvices  Cette  pré- 
sente fondation  proposée  par  le  dit  Sr  Baril  en  l'assemblée  convoquée 
])ar  les  dits  sieurs  niarguilliers  du  Révérend  Père  Augustin  Quintal  re- 
ligieux du  St-Ordre  des  Récollets,  faisant  au  dit  Baiiscau  les  fonctions 
curiales,  et  des  anciens  marguillers  et  paroissiens  de  ^i  dite  église,  en  la 
salle  ]>resbitériale  d'icelle,  le  vingt-septième  présent  raoisde  mai  mil  sept 
cent  quatorze  La  dite  fondation  aurait  été  acceptée,  et  avisé  qn  i!  en 
soit  passé  le  présent  contrat  par  résultat  de  la  dite  assemblée  dont  l'ex- 
pédition sera  attachée  aux  livres  des  délibérations  de  la  dite  fabrique. 
En  conséquence  de  la  dite  fondation  le  dit  sieur  Baril  a-  mis  en  mains 
du  dit  sieur  Pierre  Rivard  Lanouette  marguiller  en  charge  de  la  dite 
fabrique  un  billet  portant  denier,  (ces    deux    derniers     mots    ont     été 

biffés.  ) 

•  La  dite  somme  de  mille  livres  à  la  dite  fabrique,  acceptée  par  Mes- 
sire  Louis  Ango  des  Meserais,  supérieur  du  séminaire  de  Québec  en  da- 
te du  vingt-cinquième  octobre  mil  sept  cent  sept,  par'  le  Sieur  Alexis 
Marchand  lors  marguiller  en  charge,  lequel  billet  le  dit  Lanoucttea  ac- 
cepté, moyennant  laquelle  dite  somme  de  mille  livres  les  dits  sieurs 
marguillers,  tant  pour  eux  que  pour  leurs  successeurs,  en  la  dite  char- 
ge, ont  i^rom's  et  seront  tenus  de  faire  cé'ébrer  à  perpétuité  en  la  dite 
Eglise  de  St- François-Xavier  de  Batiscan,  les  dites  messes  et  services 
ci-devant  énoncés  es  jours  susdits,  et  à  l'intention  que  dit  est,  qui  ont 
commencé  aussi  lors  du  décès  du  dit  Eafard  et  continué  par  chacun  an 
avec  aspersion  d'eau  bénite,  et  sera  fourni  par  la  dite  fa])rique,  pain, 
vin,  et  les  dits  six  chandeliers,  ornements  et  choses  convenables,  et  fai- 
re inscrire  la  présente  fondation  au  livre  du  martyrologue  de  l'église. 
Car  ainsi  a  été  convenu,  promettant  et  obligeant  les  dits  sieurs  mar- 
gnilliers.  le  présent  tenii)orel  de  la  dite  fabrique  à  l'entretenement  de 
la  pré.sente  f.)ndation.  Renonçant.  Etc.  Fait  et  pnssé  au  dit  Batis- 
can en  la  maison  ])resbitéria!c  après-midi  ce  jourd'hui  vingt-.septième 
jour  de  mai  mil  sept  cent  qtiatorze,  en  présence  du  dit  Révérend  Père 
Augustin  Quintal  et  des  Srs  Nicolas  Duclo.s  et  Jacque-  Rouillard,  Mi- 
chel Roy  marguiller  du  dit  batiscan  qui  signe  avec  le  Sr  de  La  Haye, 
lean  Baribaud,  Louis  Guillet,  Jean  P'rançois  Frigon  avec  le  dit  Sr  Ba- 
ril et  le  notaire,  et  le  dit  Lanouette  marguiller  en  charge  a  dit  et  dé- 
claré ne  savoir  signer  de  ce  enquis  suivant  l'ordonnance. 
Signé  :     Augu.stin  Quintal,  récolet  missionnaire.  Michel  Roy,  Jean  lia- 

ril  LaHaye,  Louis  Guillet  et  Herberq,   Jean    Bariband,    J.     1*. 

Frigon  Duclos,  Jacques  Rouillard,  Trotaiu  N.  R. 


S81 


Table  des  matières 


Aliénakis,   Lv  nom  sauvage              ... 
Acadie.   Les  ouvrages  publiés  sur  1' 
Algonquiu.   Le  uom  sauvage           ... 
Amyot     Jean 

Philippe 

«le  Vineelot,  Charles    .... 
"  Charles-Joseph 

•  lit  Villeneuve 
.Vrgent  autrefois.  La  valeur  de  i'   . 

Armes  de  Montréal.  Les 

Armes  de  sir  Hector  Laiigevin 

Auger  de  Subercase,  Daniel 

Baii-  Saint-Paul,  Mines  de  fei"  de  la 
Baillyde  Messein.  La  familh- 
Batisean,         ...... 

I^erthelot.   A  niable -    . 

'>ess  rer  dans  la  province  de  Québe  .  ht - 

Bigot,  L'intendant 

Billard  sous  le  régime  traneai-.  Le   . 

Boeufs  illinois.   Les         

I^razeau.  auteur  et  comédien.  A.-\". 
Casgrain,  Ouvrages  publiés  par    P.-B.   . 
( 'hambly.  Le  capitaine  Jacques  de 
Champlain  à  Montréal  en  1618 
Channazars.  Pierie-Simon 
Chantiers  de  construction  de  l'île  d'Orléan 
Chapman.  (^)uvrages  publiés  par  William 
Charlesville,  Charles  LeMoyne  de    .     .     . 
Charon,  Les  Frères    .     . 

( 'hartiei-.  Le  comédien  Piene 

Claveiie  était-il  membre  du  Conseil  Supérieur 
Clérin,  aide-major  d-  Montréal.  M.  de 

Collège  de  .Montréal,  Le 

Complainte.  Une  vieille 


161 

164 

165 

165 

164 

'.^1 

54 

lie» 

55,96 

27,274 

193,225 

37S 

29,125 

30 

127 

153 

275 

62 

319 

14 

158 

25 

274,315 

•  128 

64 

1 50,252 

168 

256 

64 

207 

83 


—  382  — 

Coii^^eillers  au  Conseil  Supérieur,  Une  pétition  des  212 

Crisafy,  J.'ex})édition  dn  chevalier  de     ,     ..    .     .  53 

Croix  plantée  par  Cartier  à  Gaspé.  La     ....  217 

Croix  de  8t-Georges,  La 154 

"Dames"  au  Canada,  Le  jeu  de 115,124.159 

Desherbiers  de  l'Etendu  ère <K> 

Dionne,  Ouvi âges  publiés  par  N.-L 213 

Distillerie  de  St-L^enis 34(5 

Doin,  Ernest        ^ 2f>,59,124 

Drame  de  l'abbé  Verreau,  Un ,  160 

Duchesneau,  i^'intendant .  127 

Dumas,  Le  sieur                .     .   • 154 

Epidémie  à  Québec  en  1H85,  Une 155 

Escures,  Constant  des       .         249 

Fêtes  officielles  autrefois,  Les         17 

Forges  St-Maurice,  Les 287 

Frères  du  Canada,  Les 219 

Fresnel 318 

Galliffet,  François  de        289,321 

Giffard,  L'épouse  de  Robert 221 

Girouard  à  Montréal.  Le  premier 91 

Gorribon.  Pierre  de          .         .         .         .         .          .  353 

Grandfontaine.  Le  chevalier  de     ......  57 

Gugy,  La  famille        312 

Guiflimin,  La  famille 97.129 

Henaux  des  Rioux,  Le  sieur        53,96 

Herse,  Jacques-Clément 239 

Hoc:piart  à  Lanoullier  de  Boisclerc,  Lettre  de  .          .  288 

Un  mémoire  de  l'intendant 222 

Huron.    Le  nom  sauvage         13 

îroqùois,  Le  nom  sauvage 13 

Jours  fériés  sous  le  l'égime  français,  Les       ....  216 

Juges  du  Bas-Canada  de  1791  à'l840,  Les        ...  87 

Justice  dans  les  seigneuries,  La  haute 187 

Koenig.  Le  baron  Edmond-Victor  Von       .     .  '  .     .  316 

Lacroix.  H.  0 37(> 

La  Fontaine,  >Sir  Louis-Hypolite        28 

Laugevin.  Sir  Hector .  116 


—  H83  — 

Lavaltrie,  La  famille  Margane  de       .  '43,66 

Le'Gouez       -^14 

Le  Moyne  (le  Charlesville,  Charles        64 

''   Martigny         125 

•'  •  .-jainte- Marie 125.142 

Le  Neuf  de  la  Val  Hère.  Où  est-  inorl  M.         ...  27 

Lesseline '^02 

Letellier  de  Saint-Just,  Les 205 

Le  Venier  de  RonsRon,  François 3 

"         Louis 11 

Lignery,  L'expédition  de  M.  de 128,157 

Liqueur  d'autrefois        59 

Livres,  Les  mauvais 61 

Livre  et  auteur  peu  connus        80 

r.oteries  daus  la  Nouvelle-France,  Les     .         ....     190 

.Maisonneuve  à  Montréal  en  1613,  M.  de 158 

Marquette  à  .Marquette,  E.  V.    Statue  du  Père     .     .     .     250 

Martel  de  Brouage,  Les     .     . 274 

Martineau,   Mathias 80 

Médecin  irlandais  à  Montréal.  Un  .         .        .S08,  3  83,356 

Meules,  Une  ordonnance  de    l'intendant  de    ...  60 

Mines  de  fer  de  la  Baie  Saint-Paul 27,  274 

''Misérable".  Un 218 

Montagnais.  Le    nom  sauvage \:\ 

Montréal.   Les  armes  de 54 

MontvieJ,  N'assal  de 20 

Morin  de  Rochebelle,  J.-l> 351 

Xègrea  esclave?.  Vente  de  cinq 254 

Vente  d'un .     .     .     .-.l  1 

Noms  sauvages 18 

Ordonnance  au  sujet  des  tambours.  Une  .     .  (A) 

Ouvrages  publiées  par  William    Chapman     ....       128- 

■      X.-E.  Dionnc 213 

■     P.-B.  Casgrain     ....         .319 

Pilotage    sous  le  régime   français.  Le 274 

Poster  sous  l'ancien  régime.  Les .        27 

Pris'onniers  de  guerre  américains  à  Québec.     .     .       143,  182 
Protestants  sous  l'ancien  régime.    Les 27 


...  884  —      • 

Publications  réceiïtes .         32,  58,  94,  116 

Quesnel,  La  famille  du  poète 339 

Kageot  de  Saint-Luc,  Nicolas .     .    284 

Réjouissances  autrefois,  Les 17 

Renards,  Expédition  contre  les 157 

Rivière-Quelle.  Le  nom  de 352 

Renouard.   Marie 221 

Roberge,  Commissiou  de  pilote  à  Louis 56 

Roman  canadien.   Un 90 

Royale  syntaxe,  La     .... 53 

Sabre  vois  de  Bleury.  Les 99 

Saint-Eloy  et  les  armuriers  de  Montréal,  L'a         .         .     343 

SAINT-STANISLAS,   Le  drame 160 

Simcoe  u  Québec,  Le  général 347 

Subercase,  Daniel  Auger  de 55,  96 

Sylvain  ou  Sullivan,   Le  docteur 303,333,356 

Syndics  de  Montréal,    Les 240 

Théâtre  à  Montréal  en  178y,  Un 191,372 

Tilly  ou  Villy 218,  251 

Varennes,  René  Gaultier  de 117,244,350 

Vassal  de  Montviel 20 

Verendrye,  Pierre  Gaultier  de  Varennes  de  la  169,  244 

Verreau,  Un  drame  de  l'abbé 160 

Vingt-cinq  ans 181 

Vol  extraordinaire  à  Montréal,  Un 81 


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5000 

B8 

V.23 


Le  Bulletin  des  recherches 

historiques 


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