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Full text of "Le collège de Nevers, 1521-1860"

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Extrait du Bulletin de la Société Nivemaise des lettres, sciences et arts 



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LE 



COLLÈGE DE NEVERS 



1621-1860 



PAR 



M. Edmond DUMINY 



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NEVERS, 

G. . VAZ.r.IÈRE, 

IMPRIMEUR DB LA SOCIÉTÉ N I V E R N A. I S B 

24, Avenue de la Gare. 
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LE COLLÈGE DE NEVERS 



1521-1860 



En Tannée 1521, il n'y avait à Nevers « nulles 
escholles de valleur » et les habitants qui désiraient 
faire instruire leurs enfants étaient obligés de les 
envoyer étudier au dehors. Cette situation, et les 
plaintes qu'elle amenait de la part des parents, ému- 
rent les échevins, qui résolurent d'acheter une maison 
pour y installer une école dans laquelle l'enseignement 
serait donné sous leur surveillance et sous celle de 
l'écolâtre. Leur choix se porta sur la maison de Jean 
Chevaul, près de la Chambre des comptes, dont, après 
avoir pris l'avis de l'écolâtre, de l'ofRcial, du lieutenant- 
général et des notables bourgeois de la cité, ils firent 
acquisition, moyennant la somme de « huit-vingt-dix 
livres tournois ». Comme elle était grevée d'un bor- 
delage de six livres et une géline, au profit du chapitre 
Sainte-Croix d'Orléans, ils achetèrent pour « huit- 
vingt livres », de Rollet Planchon, une autre maison, 
sise rue de Château, sur laquelle les chanoines 
d'Orléans consentirent que fût transporté leur bor- 
delage (1). 

L'école ne resta que cinq ans dans la maison de 
Chevaul, qui, en 1526, fut échangée contre celle que 

(1) Archives communales de Nevers, CC, 95. 



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— 4 — 

Léonard Dupontot, chevalier, bailli du Nivernais, 
possédait près du puits des Ardilliers et qui était 
connue sous le nom de maison de Veaulce. C'est dans 
cette dernière que fut transféré l'établissement d'ins- 
truction, qui prit dès lors le nom de collège, c'est là 
qu'il est demeuré jusqu'à nos jours (1). 

Le premier principal fut Pierre de la Foi, qui prit 
l'engagement de rester pendant trois ans à la tête de 
la maison, à compter du 18 juillet 1527, moyennant 
une pension annuelle de vingt livres. En outre, à son 
entrée, la ville lui donna six tonneaux de vin, quinze 
quartauts de froment et quinze mesures de bois à 
chauffer a pour la nourriture de luy, ses régens et 
domestiques pour un moys » ce qui coûta 51 livres 
10 sols 3 deniers (2). 

Dès que le collège eut été installé dans ce nouveau 
local, on y ajouta une chapelle pour le service des 
écoliers et dans laquelle, au mois de mai 1528, Etienne 
de Maintenant, bourgeois, et Jeanne Garnier, sa 
femme, firent fondation a d'une messe perpétuelle 
chacun jour, à lun et l'autre suffraige... qu'ils enten- 
dent estre dicte et célébrée aux jours fériés et du 
commandement de l'Eglise, haulte, et aux jours non 
fériés, basse, à heures convenables, et à l'yssue de 
chacune desd. messes, par le prebtre qui aura célébré, 
dit les pseaulmes De profundis, avec les collectes et 
oraisons des trépassez à la dévotion du célébrant ». 
Pour l'exécution de cette charge, les fondateurs firent 
don d'un bordelage de 42 livres et 3 gélines. La béné- 
diction et la dédicace de la chapelle furent faites en 
1530, par Philibert de Beaujeu, évoque de Bethléem (3). 



(1) Archives de Nevers, GG, 151. 

(2) Archives de Nevers, CC. 400. 

(3) Archives de Nevers, GG 151 et CC 103. 



— ^jr . ^ 



- 5 - 

Pierre de la Foi eut pour successeur Louis Fléau, 
qui reçut de la ville trente livres à son entrée ; il exerça 
très peu de temps et abandonna complètement le 
collège. 

On songea alors à confier l'instruction à Tun des 
plus célèbres professeurs de Paris, Matburin Cordier, 
l'ami de Calvin et de Robert Estienne, qui avait déjà 
professé au collège de Navarre. Un des échevins, 
Pierre Perrin, fut chargé d'aller le sonder à ce sujet et 
de traiter avec lui. Cordier arriva à Nevers en 1530 et 
resta à la tête des écoles jusqu'en 1533/ c'est ce qui 
résulte des comptes des receveurs des deniers com- 
muns ; c'est donc par erreur que Bay le écrit qu'il régenta 
dans notre ville pendant les années 1534, 1535 et 1536. 
A son arrivée, il reçut 50 livres tournois ; pendant son 
séjour on lui donna à différentes fois des secours en 
argent, espérant se l'attacher* mais ce fut en vain. 

Après le départ de Mathurin Cordier, le désordre 
s'introduisit dans le collège, les maîtres se succédèrent 
avec rapidité, la discorde se mit parmi les professeurs. 
Pour remédier à cet état de choses, les échevins pré- 
sentèrent une requête au Parlement, afin d'obtenir un 
règlement pour qu'il « fust obvié à la diversité des 
doctrines, divisions et séditions (1) ». Il leur fut 
accordé par une ordonnance rendue aux Grands Jours 
de Moulins, le 30 octobre 1540. Il était établi dans le 
collège de Nevers trois classes : dans la première on 
devait enseigner « les ars et philosophie, s'il y a 
enffans capables à y parvenir et régens ydoines à les 
enseigner » ; dans la seconde, « la grammaire, poésie 
et lart d'oratoire, depuis les rudimens et leCathon »; 
dans la troisième, « l'alphabet, les sept pseaulmes, les 



(1) Archives de Nevers, CC 103 cl suivants. 



— 6 - 

heures de Nostre-Dame et le Donat ». Les élèves 
devaient se trouver au collège le matin à six heures en 
été, à sept heures en hiver et assister à la messe chaque 
matin. Les cours commençaient après la messe jusqu'à 
dix heures, et le soir de deux heures à cinq heures 
et demie. 

En 1543, François Le Maistre « docteur es droitz», 
était principal. Les échevins voulaient le faire dé- 
guerpir, nous ne savons pour quelle cause; il refusa ; 
un arrêt du Parlement le maintint dans sa charge, 
malgré les échevins. 

Un autre arrêt du 1' février 1547 décida qu'à 
l'avenir le principal serait présenté par les échevins, 
qu'il ferait ses preuves de capacité par devant l'éco- 
làtre et que l'information sur ses mœurs serait faite 
par Tévêque (1). 

En 1556, on convint que les notables habitants, 
choisis par les échevins et les conseillers de ville, se 
transporteraient le dernier dimanche de chaque mois 
au collège, afin de l'inspecter et présenteraient un 
rapport le dimanche suivant (2). 

Raoul Borel était principal en 1561. Le 19 décembre 
il résigna et on confia à Thomas Berthelot, prêtre 
bachelier, moyennant 15 livres par quartier « Testât 
de principaulté du collège )).* Une épidémie de peste 
sévissant à Nevers, en 1563, le collège fut fermé, et 
les professeurs furent envoyés « aux champs à grans 
frais, afin que plus promptement, le péril passé, ledit 
collège fut remis en son premier estât pour obvier à la 
desbaulche des jeunes enffans de lad. ville ». Berthelot 
fut remplacé, le 13 juin 1564, par Pierre Alloury, curé 
de Donzy, à qui on promit « sept-vingt-dix livres par 



(1) Archives nationales. 

(2) Archives de Nevers, BB, 18 



— 7 — 

an pour les gaiges de ses régens )). Il y avait alors, 
outre le principal, quatre professeurs dans rétablisse- 
ment, Jean de la Triste, Jean Guinières, François 
Fauchet et Pierre Mirson. La peste ayant fait une 
nouvelle apparition, les cours cessèrent de nouveau et 
les bâtiments reçurent les malades que riiôpital ne 
pouvait contenir. 

A la fin de l'épidémie, François Jouhanneau, de 
Saint-Pierre-le-Moûtier, succéda à Alloury, qui refusa 
de reprendre ses fonctions. On lui donnait 35 livres 
par quartier (1). 

Le duc et la duchesse de Nevers, Ludovic de 
Gonzague et Henriette de Clèves, conçurent, en 1565, 
le projet de faire une fondation au profit du collège. 
Ils annoncèrent, le 28 août, leur intention de faire don 
d'une somme de deux mille livres tournois, une fois 
donnée, et d une rente annuelle de cent quartauts de 
blé. L'assemblée des échevins et des conseillers de 
ville, réunie à cette occasion, pour éviter le renouvelle- 
ment des troubles qu'avait déjà produits la diversité 
des enseignements, décida que « le principal serait 
tenu de faire vivre tous ses escolliers selon les tradi- 
tions de l'Eglise romaine, et fréquenter la messe et 
aultres services et prières, selon l'institution ancienne. 
Et s'il y a aucuns enfans qui ne veulent suyvre notre 
religion, qu'il leur déclare qu'il luy est deflfendu de les 
recepvoir au collège et ne les recepvra en icelluy (2) ». 

En 1569, à la mort de Gilles Vallut, principal, on 
lui donna pour successeur Jean Rémond, curé de 
Satinges et de Parigny-les-Vaux. 

C'est seulement en 1572, après près de sept ans de 
pourparlers, que fut régularisée la fondation projetée 



f'I) Archives de Nevers, CC, 140 el suivants. 
(2) Archives de Nevers, BB, 18. 



— 8 - 

par le duc et la duchesse. Par un acte passé le 3 juillet, 
les échevins abandonnèrent à l^udovic de Gonzague 
et à sa femme, d'après une autorisation donnée par une 
assemblée générale du 28 septembre précédent, toute 
la partie du collège du côté de la rue des Francs- 
Bourgeois (actuellement rue du Lycée) dont immé- 
diatement cession fut faite à la Société des Jésuites 
pour y (( loger, fonder et entretenir à tous jours ung 
collège de la compaignye des mais très et frères de la 
Compaignye de Jésus, qui vivra selon les instituts de 
leur ordre et vacquera à instruire la jeunesse de lad. 
ville et pays de Nivernoys en bonnes meurs et en 
toutes sciences, et qui, selon les occasions, preschera et 
annoncera la parroUede Dieu, selon la doctrine de la 
saincte Eglise catholicque et romaine ». Les échevins 
firent réserve expresse du surplus du collège, pour, 
en y ajoutant trois maisons que le duc venait d'acquérir 
sur les rues Mirangron et des Fangeats (actuellement 
rue de la Préfecture) et qu'il délaissait à la ville 
« y loger ung ou plusieurs maistres et pédagogues et 
les enflfans pensionnaires et encore pour y instruire les 
enfifans abécédaires dont lesd. frères de la Compaignye 
de Jésus n'avoiont accoustumé de se charger ». Le 
26 septembre 1573, Ludovic de Gonzague compléta sa 
donation aux Jésuites en leur constituant une rente de 
2.000 livres à prendre sur l'hôtel de ville de Paris ; 
l'acte en fut passé devant Cayard et Boreau, notaires 
au Châtelet. Les Jésuites, de leur côté, prirent l'enga- 
gement d'entretenir quatre régents au collège. Plus 
tard, la rente de 2.000 livres fut assignée sur les reve- 
nus du duché. 

Cette organisation ne satisfit pas longtemps les 
Jésuites. En 1577, ils proposèrent de se charger de. 
l'école et de l'enseignement des abécédaires. Intervint 
un nouveau traité le 2 août 1578. Les échevins et les 



- 9 - 

conseillers de ville délaissèrent au duc « toute la part 
et portion qu'ils avaient réservée par le premier 
contract de cession et démission des maisons du col- 
lège » et les mandataires du duc en firent immédiate- 
ment abandon aux Jésuites et prirent l'engagement d'y 
ajouter deux autres maisons que le duc se proposait 
d'acquérir. Les Jésuites promirent, moyennant une 
somme de 150 livres par an, payables par la ville en 
trois termes, les 1"' octobre, 1®"" février et !«' juin, 
de « s'emploier en l'institution et enseignement de la 
jeunesse, prandre et recepvoir pensionnaires, instruyre 
les abécédaires par eulx ou par aultres capables et 
suffisans personnages (1) ». 

Les maisons que le duc devait acheter le furent le 
18 octobre 1585 et vinrent s'annexer au collège. 
Ludovic de Gonzague ajouta à tous ces dons, le 17 juin 
1588, celui d'une métairie dans la paroisse de Saintr 
Eloy. Le 28 septembre 1586, la somme payée par la 
ville pour l'instruction des enfants abécédaires fut 
portée à 200 livres par an (2). 

L'article 9 de l'ordonnance d'Orléans du mois de 
janvier 1561, avait décidé que dans chaque collégiale 
le revenu d'une prébende serait destiné « pour l'entre- 
tenement d'un précepteur qui sera tenu moyennant 
d'instruire les jeunes enfans de la ville gratuitement 
et sans salaire ». Les échevins ne purent obtenir que 
le 29 juillet 1591, de l'évêque Arnaud Sorbin, la colla- 
tion de cette prébende au profit des Jésuites chargés 
d'instruire gratuitement les enfants. Un contrat passé 
avec le chapitre le 21 août suivant en fixa les revenus 
à 40 écus. 

Cette môme année, les chanoines de Saint-Cyr de 



(1) Archives de Ne vers, G G, 'J52. 

(2j Archives de Nevers et Archives départementales de la Nièvre. 



- 10 — 

Nôvers, seigneurs de Sauvigny-les-Bois, et les habi- 
tants de cette paroisse firent concession au profit du 
collège du droit de « prendre et tailler du bois pour 
servir de bouchures aux terres de Nevers et de la 
maitairie de Saint-Eloy (1) ». 

L'arrêt du Parlement du 29 décembre 1594 ayant 
déclaré les Jésuites bannis de France, ils furent, mal- 
gré les démarches du duc et des habitants, obligés de 
quitter Nevers en 15*95. Les échevins reprirent donc 
l'administration du collège. Ils traitèrent, le 15 juillet 
1597, avec Arnaud Regnault « maître es arts et 
licencyé en droit canon, chanoyne de Nevers o de 
« la charge, principaulté et esconomye du collège » 
pour dix années, à compter du 1'' octobre suivant, 
moyennant la somme annuelle de 300 écus payables en 
deux termes et par avance, plus le revenu de la pré- 
bende préceptoriale Regnault prenait l'engagement 
de « entretenir quatre régens ydoines et capables pour 
enseigner et instruire la jeunesse aux lettres humaines, 
scavoir ung premier, second, troisième et quatrième 
et oultre plus ung chappellain, qui enseignera par 
mesme moyen les petis abécédaires, lesquels régens 
led. Regnault sera tenu de nourrir, entretenir et 
gaiger à ses frais et despens; oultre a promis que, dès 
lors qu'il se trouveroit des escolliers près et capables 
pour estre instruits es philosophye, de faire leçon et 
lecture une heure du jour, plus de faire dire et célé- 
brer chacun jour la messe ordinaire, dire vespres le 
sabmedy, et le dymanche la messe et vespres, le tout 
à la fasson de faire accoustumée ou assisteront les 
escolliers et faire lesson de catessisme aud. jour de 
sainct dymanche ». De plus, Regnault était exempté 



(1) Archives de Nevers, BB, 20 et Arcliives de la Nièvre. 



— 11 — 

de toutes les taxes et charges qui frappaient les habi- 
tants. Il avait le droit de choisir et de destituer les 
régents. 

En 1601, il fut décidé que chaque mois quatre com- 
missaires, accompagnés du procureur du fait commun 
et du secrétaire, feraient l'inspection du collège et on 
fît publier que toute personne pourrait y envoyer ses 
enfants sans rien payer. 

Les Jésuites furent rappelés en France par l'édit de 
septembre 1603. Sur la demande du duc Charles de 
Gonzague, Henri IV les autorisa le 21 juin 1606 à 
rétablir leur collège de Nevers, qui était « demeuré 
presque tout ruiné depuis l'absence desd. pères ». On 
profita de la circonstance pour augmenter cet établis- 
sement. Une quête fut faite parmi les habitants de la 
ville, afin d'ajouter aux anciens revenus ; elle produisit 
la somme de 28.000 livres, somme considérable si Ton 
réfléchit au peu d'importance de la ville à cette époque* 
Les échevins, du consentement du duc et de Catherine 
de Lorraine, sa femme, traitèrent, le 11 janvier 1607, 
avec les Jésuites qui rentrèrent le 1^*" octobre suivant. 
Ils recevaient la rente de 2.000 livres constituée par 
le duc Ludovic, la métairie de Saint-Eloi provenant 
de la même origine, les revenus de la prébende précep- 
toriale ; la ville leur abandonnait la ferme du Coudray, 
paroisse de Sermoise, et celle de Saint-Antoine, près 
Nevers, et prenait l'engagement de leur desservir une 
autre rente de 1.300 livres constituée au moyen de la 
somme recueillie chez les particuliers. Tous les bâti- 
ments devaient être remis en bon état, on garnirait 
vinfift chambres des meubles nécessaires, ainsi que 
l'infirmerie, la sacristie et la cuisine ; on rendait aux 
Jésuites tous les livres qui avaient été inventoriés lors 
de leur départ. En outre, ils étaient déclarés « libres, 
francs et exempts de toutes tailles, emprunts, gabelles, 



- 12 - 

impositions, droits d'entrée, garde de ville et toutes 
autres charges quelconques et de quelque qualité 
qu'elles soient ». Cette dernière clause était destinée à 
faire naître bien des difficultés dans l'avenir. Les Jésuites 
s'obligeaient à se livrer a à l'institution de la jeunesse 
et autres fonctions ordinaires et accoustumées de lad. 
compagnie... et faire résider ordinairement nombre 
de personnes suffisant pour entretenir cinq classes 
de grammaire, humanités et rhétorique ». Ce traité 
fut homologué par lettres patentes du 23 janvier 1607. 
Les habitants de Nevers firent encore plusieurs fois 
preuve de générosité envers les Jésuites ; ainsi, le 
29 mars 1610, Henri Bolacre et Jeanne Millet, sa 
femme, donnèrent les fonds nécessaires pour la fonda- 
tion d'une chaire de philosophie ; quelques années 
plus tard, Jean-Henri Bogne, doyen du chapitre 
Saint-Cyr de Nevers, prit à sa charge la dépense du 
grand portail de l'église. Le 21 mai 1624. Jacques 
Hardy, avocat en Parlement, fit don d'une place et 
d'une maison, rue Mirangron, tenant au collège (1). 

Par le contrat du 11 janvier, les échevins avaient 
promis d'allonger Téglise du collège et d'y construire 
deux chapelles. Mais dans le courant de l'année 1608, 
la ville acquit plusieurs petites maisons du côté de la 
rue des Ardilliers et en fit Tabandon aux Jésuites qui, 
moyennant cette donation, prirent l'engagement de 
bâtir, sur l'emplacement de ces maisons, une nouvelle 
église complètement à leurs frais. Pour payer les mai- 
sons ainsi achetées, la ville vendit l'île de Loire à Gui 
Rapine, sieur de Bois- Vert , pour 1 .250 livres. La première 
pierre de cette église fut posée le 9 septembre 1612 
par Charles de Gonzague. Nevers fut assiégé en 1617 



(1) Archives de Nevers BB divers et GG 152. 



/ 



- 13 - 

par le maréchal de Montigny, envoyé par Louis XIII 
pour mettre fin à la révolte du duc et de la duchesse. 
Le siège ayant été levé la veille de la fête de saint 
Marc, les échevins firent construire, en 1619, en 
actions de grâce, dans cette église, une chapelle en 
l'honneur de ce saint. Le 25 septembre 1620, les éche- 
vins, (c pour ayder à entretenir lad. chappelle de 
choses nécessaires à son ornement » donnèrent aux 
Jésuites « l'usage d'une petite perrière » située aux 
Grandes-Perrières « et la place après que la pierre aura 
esté entièrement tirée... pour y planter de la vigne ou 
aultrement l'appliquer à tel usage qu'ils adviseront 
pour le mieux». Les peintures qui ornent cette église 
furent exécutées beaucoup plus tard par le peintre ita- 
lien Ghérardini, en 1688 et 1689, qui se fit aider par 
un de ses compatriotes, Jean-Baptiste Sabatini : c'est 
ce qui résulte des quittances de ces deux artistes 
conservées aux archives départementales (1). 

Désirant créer une maison de campagne pour les 
professeurs et un but de promenade pour les élèves, 
les Jésuites firent, de Gilbert Taillandier, notaire à 
Nevers, l'acquisition, moyennant 4.800 livres, de la 
propriété de l'Ermitage, paroisse de Coulanges-les- 
Nevers. Le 14 mars 1621, l'assemblée des habitants, 
sur la demande du recteur, décida que, sur les rentes 
que la ville payait à la Société, il serait pris celle de 
300 livres dont le capital servirait au paiement du prix 
de cet achat; la ville se trouva déchargée d'autant 
envers les Jésuites (2). 

Par un traité signé le 18 juillet 1683, les échevins 
exemptèrent des charges de la ville Jean AUasseur, 
émailleur, qui, « pour faciliter les professeurs de phi- 



(1) Archives de la Nièvre et Archives de Nevers. 

(2) Archives de Nevers, BB, 21. 



_ 14 - 

losophie à enseigner cette science qu'ils auroient 
connue estre spéculative et joindre les démonstrations 
à leurs escripts et parolles » s'obligeait à « faire et 
fournir, à ses despens, annuellement, aux régents de 
philosophie du collège de cette ville de Nevers tous les 
ouvrages et machines de son art qu'ils jugeront néces- 
saires pour l'utilité des escoliers et de tout le publiq 
dont il fera Iwy-même les expériences (1) )). 

Les rentes que devait la ville étaient acquittées avec 
une extrême négligence. En 1641, Jérôme Berard, 
recteur du collège, se plaignant de ce que ces rentes 
étaient dues depuis plus d'une année entière, pour évi- 
ter que pareil fait se produisît à l'avenir, les échevins 
les constituèrent sur la ferme de la petite mesure qui 
se levait sur le vin et les autres boissons qui se 
débitaient dans la ville et les faubourgs. Cette mesure 
ne remédia aucunement à la situation et, tant que les 
Jésuites furent à la tête du collège, nous les voyons se 
plaindre continuellement des retards apportés dans les 
versements de leurs pensions. Un compte fait en pré- 
sence de commissaires envoyés par Colbert, en 1660, 
établissait la ville débitrice de la somme de 9.478 livres 
qu'elle était dans l'impossibilité de payer. Aces récla- 
mations se joignaient celles résultant de taxes diverses 
que les Pères étaient obligés d'acquitter et qui, 
selon le traité de 1607, devaient incomber à la ville. 
En 1725, le recteur Alexandre Roger réclamait aux 
échevins, de ces différents chefs, une somme totale de 
76.365 livres. v 

Cette même année, on décida rétablissement « d'un 
second régent de philosophie pour enseigner à la jeu- 
nesse la phisique dans le collège ». Les représentants 



(1) Archives de Nevers, BB, 31. 



- 15 — 

de la ville accordèrent, le 8 septembre, une somme 
de 500 livres une fois payée et constituèrent sur l'an- 
cien octroi une rente annuelle de 500 livres « pour 
l'entretien et pension d'un professeur de phisique et 
celle de 200 livres pour estre employée à achepter des 
prix qui seront distribués tous les ans ». Cette délibé- 
ration fut homologuée par arrêt du conseil du 4 juin 
et lettres patentes du 17 juillet 1726. 

Aux demandes incessantes formulées par les Jésuites, 
les échevins et les conseillers répondirent, en 1733, en 
leur réclamant a la restitution des sommes qu'ils ont trop 
reçues ». « Les Pères, disaient-ils le 20 mai, enhardis 
par les bontés et le peu de résistance qu'ils ont trouvée 
dans ceux qui nous ont précédé à faire ce qu'ils exi- 
geaient d'eux, et à la faveur d'une clause générale dans 
leur contrat de fondation, voudroient envahir tous les 
revenus de la ville». Après de nombreux mémoires, 
requêtes et suppliques de part et d'autre, on nomma, 
le 22 février 1737, d'après l'avis de Tintendant, plu- 
sieurs arbitres chargés de régler ce diflEérend, 
et qui, le 6 mars, signèrent une transaction, homo- 
loguée par arrêt du Conseil d'Etat et par lettres 
patentes du 30 octobre. Il était décidé que désormais 
la ville paierait aux Pères une pension de 3.000 livres, 
payables par quartier et par avance, et donnerait en 
outre 200 livres chaque année pour les prix. Cette sen- 
tence rétablit la concorde entre les parties (1). 

En 1740, une subvention de 2.400 livres fut allouée 
pour réparations au collège et, quelques années plus 
tard, une semblable somme pour construction de la 
maison de campagne de l'Ermitage. « Les Pères 
Jésuites, disaient les échevins en 1751, méritent de la 



(1) Archives de Nevers, divers. 



- 16 — 

reconnaissance de la part de ville par rapport aux peines 
et soins qu'ils se donnent journellement pour l'éduca- 
tion de la jeunesse ». Les relations entre la munici- 
palité et les Jésuites furent alors très cordiales. Le 
3 janvier 1756, le recteur Le Petit disait aux échevins : 
(( Permettez-moi de profiter de votre assemblée pour 
vous y souhaiter en corps une année comblée de toutes 
les bénédictions du ciel et accompagnée de tout ce qui 
peut contribuer à votre bonheur ; vous remercier, au 
nom du collège, des biens que vous lui avez faits dans 
tous les temps, et vous demander la continuation de 
cette protection généreuse et bienfaisante qui ne peut 
que le rendre de jour en jour plus florissant; on 
y conserve chèrement la mémoire des preuves écla- 
tantes que vous lui en avez déjà données ; nos poètes 
nos orateurs les célèbrent à Tenvi dans toutes les occa- 
sions, elles sont consignées dans nos fastes, encore 
mieux gravées dans nos cœurs. Si la reconnaissance 
des bienfaits passés est un titre pour en mériter de 
nouveaux, que n'avons-nous point à nous promettre 
pour lavenir (1) ». 

C'est avec peine que les habitants apprirent, en 
1762, le nouveau départ des Jésuites. La ville repre- 
nait l'administration du collège, mais on ne savait 
à qui la confier. On considérait, en dehors de la Com- 
pagnie de Jésus « toute autre communauté régulière, 
ou comme insuffisante et manquant de sujets, ou 
comme déplacée si elle se limitait à l'instruction de la 
jeunesse » ; on ne voulait mettre à la tôte de l'établis- 
sement ni prêtres séculiers ni surtout de laïques; 
aussi demandait-on avec instance le maintien des 
anciens maîtres. Si la municipalité et les conseillers 



(1) Archives de Nevers, BB, divers. 



~ 17 - 

de ville manifestaient ainsi leurs sentiments, c'était 
bien plus vivement encore que les officiers du bailliage 
exprimaient leur opinion : « Qu'est-ce que des merce- 
naires, disaient-ils, tels que nous pouvons les trouver 
soit dans nos provinces, soit même dans la capitale, et 
que doit-on attendre de pareils gens ? Peut-on se pro- 
mettre .de leur part un zèle désintéressé, des mœurs 
irréprochables, des sentiments élevés, une conduite 
grave et soutenue? (1) ». 

Lorsqu'il fut bien établi que les Jésuites devaient 
partir définitivement, on décida à l'unanimité de prier 
le recteur de l'Université de vouloir bien envoyer à 
Nevers un principal et cinq professeurs, en lui deman- 
dant que « les professeurs qu'il aura la bonté d'indi- 
quer soient non seulement des séculiers, mais encore 
des personnes engagées dans l'état ecclésiastique, 
autant qu'il n'y aura point d'impossibilité », « attendu, 
dit la délibération, que nous n'avons point trouvé 
dans notre ville des sujets qui nous parussent devoir 
déterminer notre choix en leur faveur ». L'Université 
avait été mal disposée par l'affection que l'on avait 
témoignée aux Pères de la Compagnie de Jésus, aussi 
répondit-elle par un refus ainsi motivé : « L'Université 
a vu avec peine la prévention trop marquée des officiers 
du bailliage et des officiers, maire et échevins de la ville 
de Nevers, en faveur des Jésuites, et elle a vu avec plus 
de peine encore les principes sur lesquels ces officiers 
ont appuie leur prévention. Elle estime que, dans ces 
circonstances, il convient que la cour ordonne à la 
ville de Nevers de prendre elle-même les arràngemens 
les plus convenables pour procurer à son collège des 
maîtres, soit ecclésiastiques, soit laïcs, en qui elle 



(\) Archives de Nevers, BB, 43, et archives de la Nièvre. 



^18 - 

puisse prendre confiance, rUniversîté ne croyant pas 
devoir exposer des hommes vertueux et instruits aux 
préjugés d'une telle ville. Dans le cas où les maîtres 
manqueraient à Nevers, les revenus du collège seront 
convertis en bourses, jusqu'à ce que la ville, revenue 
de ses préventions, se fasse autoriser par la cour à 
rétablir son collège. Délibéré en l'assemblée des 
députés de l'Université, tenue au collège des Grassins, 
le 8 mars 1762 (1) ». 

Ce que l'on voulait surtout éviter c'était l'exécution 
de la menace contenue dans la dernière partie de cet 
avis, la fermeture, au moins momentanée, du collège. 
L'évêque vint en aide à la municipalité en lui procu- 
rant sept prêtres séculiers, avec lesquels on traita 
pour administrer l'établissement et enseigner depuis 
le 19 avril 1762 jusqu'à l'époque ordinaire des 
vacances . 

Le 26 octobre suivant intervint un traité pour 
l'administration du collège entre la ville et plusieurs 
ecclésiastiques. Robert Daguet, docteur en Sorbonna, 
devint principal ; Guillaume-Marie-François Alloury, 
bachelier en Sorbonne, et Léonard Robillard, gradué 
en l'Université de Paris , tous deux chanoines de 
Nevers, furent chargés des deux cours de philoso- 
phie; les classes de rhétorique, seconde, troisième, 
quatrième et cinquième furent confiées à Jean-Bap- 
tiste-François Giroux, bachelier en Sorbonne, prêtre 
du diocèse de Paris ; Vilers , prêtre du diocèse 
d'Auxerre; Parisot, ancien principal du collège de 
Varzy ; Martin, diacre du diocèse de Bourges, maître 
es arts de l'Université de Bourges, et Moreau, sous- 
diacre du diocèse de Nevers, aussi maître es arts 



^1) Archives delà Nièvre, 



-► 19 — 

de rUniversité de Bourges. Le principal et les pro- 
fesseurs de philosophie recevaient un traitement de 
1.200 livres , les autres 9Ô0 livres ; les revenus de 
la prébende préceptoriale, fixés à 120 livres, étaient 
de plus attribués au principal. Après vingt ans de 
professorat, le principal et les maîtres devaient rece- 
voir une pension de 400 livres. 11 était alloué, en 
outre, au principal chaque année 150 livres pour faire 
dire tous les jours de classe une messe pour les élèves 
dans la chapelle du collège, pareille somme pour le 
luminaire et l'entretien de la sacristie, plus 60 livres 
pour payer un portier. Recommandation était faite 
aux professeurs « de se conformer autant qu'il sera 
possible aux règlements de l'Université de Paris, tant 
pour la discipline que pour la manière d'enseigner et 
dans les points qui ne seront pas contraires aux droits 
des officiers municipaux (1) ». 

Des lettres patentes du mois de janvier 1710 avaient 
fait don du revenu du prieuré et de la sacristie de 
Saint-Sauveur de Nevers à la Société de Jésus, pour 
y tenir un séminaire, avec déclaration que, dans le 
cas où Tévêque de Nevers ou ses successeurs juge- 
raient à propos de retirer à cette société la direction 
du séminaire, le prieuré et la sacristie seraient unis 
au collège, à la charge d'entretenir deux régents de 
théologie, l'un de scholastique et l'autre de morale. 
Une difficulté surgit pour la dévolution de ces biens. 
Le 18 mai 1762, une sentence du bailliage de Saint- 
Pierre-le-Moûtier ordonna aux officiers municipaux 
d'établir deux régents de théologie, conformément 
aux lettres patentes,, c'était admettre la réunion de 
Saint-Sauveur au collège, mais le syndic du diocèse 



(1) Archives de Nevers, BB. 43. 



- 20 — 

protesta contre cette décision, le prieuré ayant été 
donné, disait-il, non aux Jésuites, mais au séminaire. 
Cette dernière opinion finit par triompher ; un décret 
de révoque du 6 août 1766, approuvé par le roi, le 
24 août, déclara Saint-Sauveur réuni au séminaire (1). 

D'autres lettres patentes furent rendues par le roi 
le 11 août 1763 pour l'organisation du collège. Il y 
était dit qu'il « sera composé d'un principal aux 
appointemens de 1.200 livres , outre le revenu de 
120 livres de la prébende préceptoriale ; de deux pro- 
fesseurs de philosophie et d'un professeur de rhéto- 
rique aux appointemens de 1.200 livres chacun, de 
quatre régens de cinquième , quatrième , troisième 
et seconde classes aux appointemens annuels de 
900 livres chacun, et d'un aumônier chargé dédire 
la messe tous les jours, auquel il sera payé annuelle- 
ment pour honoraire la somme de 150 livres. Les 
places de principal, régens et professeurs dudit col- 
lège seront remplies par des personnes ecclésiastiques 
ou séculières et l'enseignement y sera gratuit et 
conforme aux usages et méthodes de l'Université de 
notre bonne ville de Paris... L'acte de donation dudit 
collège du 7 mai 1578, sera exécuté et en conséquence 
notre Cousin continuera de jouir de tous les droits 
qui lui appartiennent en qualité de fondateur dudit 
collège; les oraisons, la messe solennelle et présenta- 
tion du cierge le jour de Saint-Louis, auront lieu 
comme par le passé ; voulant même que tous droits 
d'inspection qui pourroient lui appartenir dans led. 
collège lui soient entièrement conservés (2) ». 

Cette dernière clause ne tarda pas à faire surgir 
un différend. Jusqu'alors les membres du bureau, 



(1) Archives de la Nièvre et archives de Nevers, 

(2) Archives de Nevers. 



- 21 - 

nommés par les conseillers de ville, avaient admi- 
nistré le collège, quand il n'avait pas été régi par les 
Jésuites, sans éprouver aucun empêchement de la part 
des seigneurs qui n'avaient jamais songé à s'immiscer 
dans les affaires du collège. On a souvent remarqué 
avec quelle âpreté, pendant les années qui ont pré- 
cédé la Révolution , les représentants du duc de 
Nivernais se sont efforcés de faire renaître des droits 
seigneuriaux disparus ou tombés en désuétude depuis 
longtemps et même à en créer de nouveaux. Les 
lettres patentes de 1763 leur fournirent une occa- 
sion de plus de montrer leur zèle. Le bureau, ayant 
Tévêque à sa tête, se disposait à nommer un succes- 
seur à Jean-Baptiste Giroux pour la chaire de rhéto- 
rique, lorsque, le 11 avril 1782, fut signifiée défense 
de procéder à cette nomination. Dans cet acte, il 
était énoncé que le duc, comme représentant les fon- 
dateurs du collège, avait seul le droit de choisir des 
professeurs dans un établissement dont il restait pro- 
priétaire. En outre , on revendiquait pour lui des 
droits honorifiques qui n'avaient jamais été réclamés 
par ses auteurs : droits de présider les assemblées du 
bureau, les processions et les offrandes dans la cha- 
pelle immédiatement après le clergé, de recevoir le 
premier l'eau bénite, l'encensement et le pain bénit, 
soit par lui-même, soit par son représentant, droit de 
sépulture pour lui et ses successeurs, celui de faire 
peindre une ceinture funèbre en 1 église et son écusson 
avec ses armes à l'endroit le plus apparent de lentrée 
du collège. L'évêque était prié de faire imprimer pour 
être mises entre les mains des élèves , les oraisons 
que l'on devait réciter en son honneur à la messe 
solennelle et à la présentation du cierge le jour de la 
fête de Saint-Louis. Le bureau ne tint aucun compte 
de cette signification et nomma, le 4 juillet, Antoine 



— 22 - 

Bruandet, professeur de rhétorique. Celui-ci n'éprouva 
nulle difficulté pour exercer ses fonctions, le duc ayant, 
sans doute, modéré l'ardeur de ses officiers (1). 

Ou a vu que jusqu'alors une somme de 120 livres 
était payée chaque année comme représentation des 
revenus de la prébende préceptoriale. En 1784, le 
bureau du collège ne voulut plus se contenter de cette 
somme, mais réclama les revenus entiers. Le chapitre 
ayant admis cette prétention, le 2 mai il fut décidé 
que le surplus de ces revenus, défalcation faite des 
120 livres qui avaient leur destination fixée par les 
lettres patentes , serait employé en augmentation 
d'honoraires d'un des professeurs de philosophie « qui 
donnera trois fois la semaine des leçons publiques en 
langue française , de mathématiques aux jours et 
heures qui seront indiqués par le bureau d'adminis- 
tration du collège, après en avoir pris Tavis des offi- 
ciers municipaux, auxquelles leçons toutes personnes 
pourront être admises, sans néanmoins que lesdites 
leçons puissent nuire à celles que doit led. professeur 
pour sa classe ordinaire ». 

Il fut admis, en principe, que, dès que les revenus 
de la prébende le permettraient, on les emploierait 
à (( l'institution d'un professeur uniquement destiné 
aux leçons de mathématiques». Enfin, une transac- 
tion intervenue, le 16 décembre 1784, devant les 
notaires Bourry et Lethuillier, entre le chapitre et 
les représentants de la ville, fixa à 600 livres la 
somme que les chanoines devaient payer annuelle- 
ment pour les fruits et revenus de la prébende pré- 
ceptoriale (2). 

A l'époque où éclata la Révolution le collège de 



(1) Archives de Nevers. 

(2) Ibid. 



-• 23 — 

Nevers était administré par un bureau, composé de 
l'évoque, président ; le lieutenant-général et le pro- 
cureur général au bailliage, le principal; plus deux 
officiers municipaux et deux notables élus par l'assem- 
blée des écbevins et des conseillers de ville. Il se 
réunissait le premier et le troisième jeudis de chaque 
mois ; il nommait le principal et les professeurs. 
L'enseignement était complètement gratuit, les pen- 
sionnaires payaient seulement le prix de la pension. 
Le personnel se composait de huit prêtres séculiers, 
y compris le principal, tous logés dans les bâtiments. 
Voici comment l'administration du district de 
Nevers détaillait le collège en 1792 : « Les bâti- 
ments* qu'occupe le collège lui appartiennent en 
propre et consistent en une très belle église, petite 
cour à côté, sept classes précédées d'une grande cour, 
une aile de bâtiment qui sépare la cour d'avec le 
jardin, consistant au rez-de-chaussée en deux grandes 
salles et une vinée, au premier étage en appartements 
pour le principal et trois professeurs ; au deuxième 
étage, un dortoir pour les pensionnaires qui peuvent 
y être logés au nombre de 40 ; une autre aile de bâti- 
ments tenant à celle ci-dessus, cour devant, consis- 
tant au rez-de-chaussée en un réfectoire, une cuisine 
et décharge ; au premier étage, en une salle d'études 
pour les pensionnaires et deux logements de profes- 
seurs ; au deuxième étage, en des logements de pro- 
fesseurs, une infirmerie et deux chambres pour les 
domestiques >). 

Les biens de cet établissement consistaient en : 

1^ La dîme de la Menue, paroisse de Varennes- 
les-Nevers ; 

2® Le domaine de l'Ermitage, paroisse de Cou- 
langes - les - Nevers , affermé 600 livres (la maison 



— 24 -• 

d'habitation , les jardins , verger et vignes étaient 
laissés au principal qui en jouissait gratuitement) ; 

3° Le domaine de Saint-Eloi, affermé 450 livres ; 

4® Le domaine du Coudray, affermé 1.000 livres ; 

5® Le domaine de Saint-Antoine, affermé 1.139 li- 
vres; 

6^ Trente œuvres de vigne aux Perrières, près 
Ne vers, affermées par bail emphy théotique de quatre- 
vingt-dix-neuf ans pour 120 livres ; 

7° Une closerie, paroisse de Garchizy, comprenant 
maison, deux boisselées de terre, petit pré, 80, œuvres 
de vigne ; 

8° Trois maisons tenant au collège, louées 357 livres 
15 sols ; 

9^ Un bûcher tenant au portail de l'église , loué 
12 livres ; 

10"* Quatre-vingts arpents de bois, paroisse de Sau- 
vigny-les-Bois ; 

11<* Dix arpents de bois, au bois de Vesvre, près 
le pont Carreau, paroisse de Sermoise ; 

12° Une rente de quatorze boisseaux de froment et 
quatorze boisseaux de seigle due par le chapitre de 
Nevers ; 

13® La prébende préceptoriale, due par le môme 
chapitre, dont les revenus s'élevaient à 600 livres ; 

14® Une rente de 2.000 livres, due par le duc de 
Nivernais ; 

15® Une pension de 3.200 livres, due par la ville 
de Nevers sur ses octrois ; 

16® Une rente de 3.000 livres, due par le collège 
d'Amiens ; 

17® Une rente de 800 livres environ sur l'Hôtel de 
Ville de Paris ; 

18® Une rente de 230 livres sur les Etats du Lan- 
guedoc ; 



- 25 - 

lO'' Quelques petites rentes peu importantes en 
argent et en poules. 

Une portion de l'église et le bâtiment des classes 
étaient grevés de rentes et directes au profit du 
prieuré de Saint-Etienne de Nevers, pour la somme 
de 88 livres 8 sols 6 deniers. Il était dû au séminaire 
une directe de 1 livre 10 sols en argent, quatre bois- 
seaux de seigle, et trois poules et deux petites directes 
en nature au chapitre et à la chapelle Saint-Saturnin, 
dans l'église paroissiale Saint- Arigle de Nevers. 

Les appointements du principal et des professeurs 
s'élevaient à la somme totale de 9.310 livres. Le col- 
lège devait à quatre anciens professeurs : Vilers, Miné, 
ancien principal ; Laviron et Lallement, des pensions 
s'élevant ensemble à 1.800 livres (1). 

Les événements qui bouleversèrent la France à la 
fin du xvni® siècle, amenèrent naturellement de grands 
changements au collège de Nevers. A l'époque de la 
Révolution, Le Mercier était principal ; il y avait sept 
professeurs : Crétin , pour la physique ; Pointeau , 
pour la logique ; Bruandet , pour la rhétorique ; 
Robinet, pour la seconde ; Lallement, pour la troi- 
sième ; Bonamy, pour la quatrième, et Bouré, pour 
la cinquième. Tous refusèrent de prêter serment ; il 
fallut donc les remplacer. Ce fut le commencement de 
la désorganisation et de la décadence pour le collège. 
Par suite des lois révolutionnaires, la maison perdit 
tous ses revenus : le recrutement des professeurs se 
fit avec difficulté; la situation budgétaire fut cause 
que le paiement des appointements du personnel ne 
put s'effectuer qu'avec des retards excessifs et que les 
bâtiments ne reçurent aucune des réparations qui 

(i) Archives de Nevers. 



/ 



- 26 - 

devenaient nécessaires. Voici la note que publiait 
l'administration communale le 13 février 1792 : 
« Depuis le 20 may 1791 que les professeurs du 
c'ollège ont été remplacés, le pensionnat est tombé : 
il n'y a plus de principal, ni de professeur de philo- 
sophie ; de 150 à 180 étudiants, il n'en reste plus 
que 30 ». 

Le 2 août 1791, Pierre de Champrobert, procureur 
syndic, et Maublanc, officier municipal, se présen- 
tèrent pour dresser inventaire de tous les objets mobi- 
liers dépendant du collège ; l'opération fut prompte- 
ment exécutée , l'ex - principal Le Mercier ayant 
déclaré a qu'il n'y avait dans le collège aucuns objets 
qui ne lui appartiennent, sinon des rayons, bas d'ar- 
moires et placards, placés dans le cabinet tenant au 
salon » ce qui se trouvait dans la vinée et le pressoir, 
et les ornements de la chapelle. Les commissaires 
trouvèrent, en outre, « dans le plus grand désordre, 
épars sur le carreau » des livres dont ils se conten- 
tèrent de prendre le chiffre total, savoir : 224 in-folio 
et 572 in-8, in-12 et in-16. 

Le 18 mai 1791 avaient été nommés provisoirement : 
comme principal, Bourgeois, ancien vicaire de Saint- 
Etienne , et comme professeurs : Goyre-Laplanche, 
Claudin , Gallois , Barillot , Frébault , Frossard et 
Durand qui furent installés le 23. A cette occasion. 
Rameau, vice-président du conseil, prononça un dis- 
cours « dans lequel il a fait sentir les avantages de la 
Constitution, en rappelant aux jeunes élèves la morale 
du civisme». En 1792, les professeurs étaient Doin, 
Varinot, Barillot, Moreau, Frossard et Bonnet. Le 
21 mars , Barillot , professeur de troisième , ayant 
démissionné , le district, vu « qu'il est impossible 
dans ce moment-ci de trouver des sujets propres à 
remplir les fonctions que vient de quitter led. sieur 



^ 27 - 

Barillot «, se vit contraint de charger Moreau de deux 
classes simultanément (1). 

Ces professeurs se proposaient d'innover dans le 
mode d'éducation et de changer le système suivi jus- 
qu'alors. Le 10 novembre 1792, ils écrivaient : « Notre 
attachement réel pour la portion intéressante des 
citoyens dont l'éducation est confiée à nos soins , 
nous a fait prendre la résolution de suivre dans l'en- 
seignement public un nouveau plan, tendant à ressus- 
citer parmi les jeunes gens l'amour du travail, que 
leur aversion pour l'ancienne méthode paraît avoir 
éteint, et à repeupler le collège que les ennemis du 
bien public voudraient voir absolument désert. Nous 
vous prions de soumettre au jugement de l'adminis- 
tration le plan en question, que nous vous adressons 
par la présente, sous le titre d' « avis aux citoyens », 
comme aussi de hâter la délibération à cet égard, et 
de vouloir bien employer les moyens les plus prompts 
pour publier le présent avis dans tout le département, 
s'il est approuvé. — Avis aux citoyens : Citoyens , 
aimant à croire que la seule cause de l'inaction dange- 
reuse à laquelle la plupart des jeunes gens se livrent 
est le dégoût qu'ils ont conçu pour l'ancienne méthode 
de les instruire, les professeurs du collège, animés du 
désir de servir, autant qu'il est en leur pouvoir, la 
patrie et vos intérêts , vous annoncent qu'ils vont 
mettre en exécution un nouveau plan d'éducation, 
qu'ils ont jugé propre à seconder vos vues, en préve- 
nant la réforme que vous désirez, et dont l'accomplis- 
sement est réservé à la sagesse et aux lumières de 
nos législateurs. Trop longtemps l'étude, bonne par 
elle-même, des langues d'Athènes et de Rome, a été 
regardée comme la seule et unique base de l'instruc- 

(1) Archives de Nevers. 



- 28- 

tion publique. L'inégalité des talens et la mesure du 
génie, que chacun de nous reçoit de la nature, récla- 
moient contre une coutume, qui, n'ouvrant à tous, 
pour parvenir, qu'une seule et même voie, l'interdisoit 
par là au plus grand nombre. C'est pour obvier à cet 
abus , si longtemps respecté , que conservant néan- 
moins l'étude de la langue latine, non plus comme 
fondement essentiel de l'instruction, mais comme 
partie intégrante de la masse des connaissances qu'il 
importe à chacun d'acquérir, nous allons ouvrir des 
cours d'histoire, de géographie, de grammaire fran- 
çoise, d'arithmétique, de mathématiques, d'écriture 
et de dessin ». 

» Il est une branche de l'éducation ancienne 
devenue aujourd'hui indispensable par l'influence 
que doit nécessairement avoir le talent de la parole 
dans uïie République, où les orateurs traitent les 
sujets les plus importants à la félicité de chacun et 
au bonheur de tous, c'est la rhétorique : aussi conser- 
vera-t-elle son rang parmi les connaissances utiles 
que nous nous proposons d'enseigner, toutefois après 
avoir subi dans sa méthode les élaguements que néces- 
site l'abrogation du privilège exclusif dont jouissait 
la langue latine. Comme nous restons toujours atta- 
chés à nos classes respectives, nous voyons avec joie 
s'élargir la carrière du travail qui nous était d'abord 
ouverte. Se rendre de plus en plus utiles doit être 
l'unique ambition des âmes vraiment républicaines ; 
c'est la nôtre. Et nous avons la confiance que les 
jeunes citoyens, trop prévenus contre les abus de 
l'ancienne méthode pour avoir voulu s'y soumettre, 
embrasseront volontiers un plan, lequel ne tend qu'à 
les détruire, et nous dédommageront, par leur exac- 
titude et leur patriotisme, des fatigues inséparables 
de la tâche que nous nous imposons. 



- 29 — 

)) Les professeurs du collège de Nevers : Doin , 
professeur de rhétorique ; Varinot , professeur de 
seconde; Moreau, professeur de troisième; Frossard, 
professeur de quatrième ; Bonnet, professeur de cin- 
quième (1) ». 

Le plan d'études reçut l'approbation du conseil de 
la commune, qui l'adopta provisoirement « en atten- 
dant un plan général et fixe tel qu'on a le droit de 
l'espérer des législateurs, pour former les corps et les 
âmes d'êtres destinés à être les soutiens et les héros 
de la République». L'avis aux citoyens fut affiché 
et publié dans tout le département. Il n'obtint pas le 
succès sur lequel avaient compté ses auteurs. Les 
cours continuèrent à être aussi peu fréquentés qu'au- 
paravant. Les signataires quittèrent eux-mêmes 
bientôt la maison. Le 13 mars 1793, l'ex-bénédictin 
René-Joseph Varinot, professeur de seconde, venait 
déclarer à la municipalité « quanimé du désir de 
maintenir la liberté, l'égalité et de voler aux fron- 
tières à la défense de la patrie, il s'y voue volontai- 
rement et s'enrôle dans le quatrième bataillon de la 
Nièvre ». Six jours avant, Xavier-François Frossard, 
professeur de quatrième, était parti également comme 
volontaire (2). 

Le représentant du peuple Fouché, délégué de la 
Convention dans les départements du Centre et de 
l'Ouest, apporta des idées nouvelles sur l'instruction 
publique. Le 6 août 1793, il requit l'établissement au 
collège de Nevers d'un Institut national public et 
' provisoire « composé d'un nombre suffisant d'insti- 
tuteurs dont le patriotisme et les talents soient 
connus ». Sur cette réquisition, « le conseil du dépar- 



(1) Archives de la Nièvre, 

(2) Archives de Nevers. 



- 30 - 

tement de la Nièvre, considérant que depuis un cer- 
tain temps, l'éducation publique a été négligée et 
qu'il est du devoir de l'administration d'établir des 
instituteurs qui entrent au plus tôt dans Texercice de 
leurs fonctions, arrête qu'il y aura huit instituteurs, 
savoir : un pour le droit, la morale, la politique ; un 
pour les mathématiques ; un pour l'histoire et la géo- 
graphie ; un pour les belles - lettres ; un pour la 
logique et la langue française ; un pour les langues 
grecque et latine ; un pour le dessin ; un pour l'écri- 
ture et l'arithmétique, qu'il n'y aura de congé que 
les jours de dimanches et que les vacances dureront 
quinze jours, à l'époque des vendanges ; qu'il y aura 
chaque année deux distributions de prix : la première 
distribution se fera le 21 janvier et la deuxième le 
10 août. Ces prix seront des couronnes données par 
les présidents du département et du district et par le 
maire. Les enfants couronnés seront conduits au son 
de la musique à la municipalité, où leurs noms seront 
consignés au procès -verbal (1) ». 

Ce projet fut-il mis à exécution ? Malgré des arrêtés 
aux considérants pompeux, l'instruction fut de plus 
en plus négligée. Des gens de toute sorte s'instal- 
lèrent dans les bâtiments du collège et y fixèrent leur 
demeure sans aucun droit, s'emparant même des 
quelques objets mobiliers qui y étaient encore. Une 
société de jeunes gens avait été autorisée à se mettre 
en possession d'une des salles, pour y donner des 
représentations dramatiques, et commit des dégâts 
considérables. En vain, le 9 vendémiaire an III, le 
substitut de l'agent national dénonçait ces abus au 
conseil ; on ne pouvait ou on n'osait agir ; on laissait 
le collège dans un état déplorable. 

(1) Archives de Ne vers. 



— 31 - 

Le 28 ventôse an III, Pittet, professeur de mathé- 
tiques, et Pannier, professeur, de dessin, écrivaient : 
(t Depuis les réparations ordonnées par Fouché en 
septembre 1793 {o.s.), la maison du ci-devant col- 
lège est dans un état de dilapidation aussi indécent 
que ruineux pour la République. Tous les objets com- 
muns, tels que les vitres, les croisées, les carreaux 
des planchers, des corridors , etc., sont en pleine 
dégradation. On a volé, on vole encore journellement 
jusqu'aux serrures des portes. Le puits a besoin d'une 
réparation urgente. Enfin tout annonce dans cette 
maison dévastée l'anarchie qui y règne, le pillage qui 
en est la suite, et le peu de sûreté que quelques per- 
sonnes honnêtes ont à y habiter. Salariés, étrangers 
soufferts par tolérance , tous y sont maîtres , sans 
police , sans discipline ; le désordre est tel, qu'à la 
honte des mœurs, la porte sur la rue reste souvent 
des nuits entières ouverte (1) ». 

Cette situatif?n se prolongea jusqu'à la création des 
écoles centrales, organisées par les lois des 7 ventôse 
an III (25 février 1795) et 3 brumaire an IV (25 octo- 
bre 1795). 11 devait en être établi une dans chaque 
département ; celle de la Nièvre fut placée dans les 
bâtiments de l'ancien collège de Nevers. Le 25 mes- 
sidor an IV (15 juillet 1795), l'administration centrale 
du département fixa l'ouverture de cette nouvelle 
école au 1«' thermidor suivant et choisit comme pro- 
fesseur de dessin, Millot ; professeur d'histoire natu- 
relle, l'ancien chanoine Troufflaut ; professeur de 
langues anciennes , Frébault ; professeur de belles- 
lettres , Varinot ; professeur d'histoire , Robert , et 
professeur de législation, Passot. En môme temps, 
l'administration invitait (( au nom de la patrie, les 

(1) Archives de Nevers. 



- 32 — 

pères et mères à ne confier désormais la raison de 
leurs enfants qu'à des personnes connues pour leur 
savoir, leurs mœurs et leur civisme, et qui ont fait 
leurs preuves en ce genre devant des membres du 
jury d'instruction ». Le personnel enseignant fut plus 
tard complété par Fontaine, professeur de grammaire 
générale ; Bouys , professeur de mathématiques, et 
Duchesne, professeur de physique et de chimie. Bias- 
Parent, l'ancien curé de Rix, remplaça Robert comme 
professeur d'histoire. Furent successivement biblio- 
thécaires rl'ex-chanoine Liboron-Vilers, l'ex-chanoine 
Mauguin-Degautière et l'ancien instituteur Bort (1). 

Le 27 messidor an IV, l'administration centrale 
« considérant que les fêtes publiques doivent avoir 
non seulement pour but le délassement des citoyens 
dans le sein des plaisirs que produisent les réunions 
fraternelles, mais que chez un peuple républicain les 
fêtes nationales doivent être en même temps l'école 
de la saine morale » invita les professeurs de l'école 
centrale « au nom de la patrie, à se partager l'hono- 
rable fonction d'instruire leurs concitoyens et d'en- 
flammer leurs cœurs du saint amour de la patrie et 
de la liberté par des discours qu'ils prononceront dans 
les assemblées du peuple réuni dans les jours de 
décadi et de fêtes nationales », et le 4 brumaire an VI 
(27 octobre 1797) elle arrêta « que tous les jours de 
décadi un membre de l'école centrale prononcera, à 
trois heures du soir, un discours dans la ci-devant 
église du collège, qui ne professera que les principes 
les plus purs de la morale républicaine, qui fera 
aimer la République, qui élèvera l'âme de la jeu- 
nesse et lui donnera l'élan du courage militaire, de 
l'amour des beaux-arts, le goût des vertus sociales, 

(1) Archives de Nevers. 



— 33 — 

le respect des parents, pour la vieillesse et pour le 
malheur. Ce discours, plein de sentiments qu'inspi- 
reront l'humanité et la générosité, sera précédé et 
suivi de chants patriotiques ». 

Outre le jardin botanique, établi aux Minimes, 
un autre jardin fut créé dans le collège même. Les 
neuf professeurs et le bibliothécaire reçurent chacun 
UH: -traitement annuel de 2.000 fr. L'école centrale 
coûtait au département 29.200 fr. par an. Les pro- 
fesseurs devaient loger dans les bâtiments de l'école ; 
ce fut avec de grandes difficultés que l'on parvint 
à les faire évacuer par tous les individus qui y 
demeuraient indûment sans payer de loyer. 

Le cours de langues anciennes était divisé en trois 
classes. Dans la première classe, les élèves appre- 
naient les principes du latin, d'après les ouvrages de 
Tricot et de Boinvilliers ; dans la seconde, on expli- 
quait Phèdre, Cornélius Nepos ; le Selectse, les Eglo- 
gues de Virgile, les Métamorphoses d'Ovide, et on 
apprenait les principes de la langue grecque; les élèves 
de la troisième classe traduisaient Quinte Curce , 
V Enéide de Virgile, les Catilinaires de Cicéron et, 
en grec, les fables d'Esope. 

Le cours d'histoire naturelle comprenait l'étude du 
système de Linné et de la méthode de Tournefort, 
celle de de Jussieuet de la physiologie et de la. patho- 
logie de Plenck ; des herborisations avaient lieu pen- 
dant l'été. 

Le professeur de mathématiques enseignait l'arith- 
métique, la géométrie élémentaire, la trigonométrie 
ou théorie et pratique de l'arpentage et du nivelle- 
ment, l'algèbre, les premières notions des sections 
coniques et les méthodes qui conduisent à la solution 
des problèmes du troisième et du quatrième degré, 

afin que les élèves, après avoir suivi le cours de 

3 



^ 34 - 

l'école centrale, puissent suivre ceux de TEcole poly- 
technique. 

Le cours de grammaire générale était divisé en 
trois parties. Dans la première, on exposait les élé- 
ments de la langue française ; la seconde avait pour 
objet les rapports de la grammaire et de la logique ; 
la troisième indiquait les rapports des idées avec les 
expressions et des expressions entre elles. 

Le professeur de belles-lettres enseignait l'art ora- 
toire d'après Crevier, Cicéron et Quintilien, puis trai- 
tait des différents genres de poésie : apologue, pasto- 
rale, épopée, genre dramatique, poésie lyrique, poésie 
didactique, satire, épigramme, madrigal, sonnet, ron- 
deau, triolet. 

Le professeur d'histoire divisait son cours en trois 
parties : 1^ introduction à l'étude de l'histoire et 
géographie ancienne ; 2° partie historique proprement 
dite ; 3° résumé du cours avec tableau de la naviga- 
tion, des mœurs, de l'instruction, de la religion, de 
la législation, des arts, des sciences, etc. 

Le cours de législation était également divisé en 
trois parties. Dans l'une, le professeur présentait les 
hommes à l'état de nature et l'origine des lois ; dans 
la seconde, il comparait la constitution française avec 
celles de l'Angleterre et des Républiques des Deux- 
Mondeç ; la dernière comprenait l'étude de la popu- 
lation et des richesses, des lois criminelles, de l'ins- 
truction publique, des mœurs et des lois civiles. 

Le cours de physique et de chimie se complétait en 
deux années : la première année comprenait l'étude 
de la physique ; la seconde année était consacrée à la 
chimie. On y étudiait l'étendue, la divisibilité des 
corps, le mouvement et ses lois, l'hydrostatique; l'air, 
ses effets ; l'eau , les météores aqueux , le feu , la 
lumière, la catoptrique, la dioptrique, l'astronomie, 



— 35 - 

l'aimant , Télectricité , les météores enflammés. On 
s'occupait des parties qui ont rapport avec l'art de 
guérir, telles que l'air, le feu, l'aimant, l'électricité, 
en en faisant l'application aux maladies. Les leçons 
avaient lieu quatre fois par décade, de dix heures à 
midi. Le traitement par Télectricité médicale se faisait 
chez le professeur, à l'issue du cours^ de midi à une 
heure. 

Au mois de frimaire an VII, le citoyen Parent, 
professeur d'histoire, fut appelé devant le jury d'ins- 
truction pour répondre au sujet de l'enseignement 
qu'il donnait aux élèves, et des principes qu'il énon- 
çait dans un journal dont il était le principal rédac- 
teur. Voici quelle fut sa réponse : « Ceux qui vivent 
particulièrement avec moi ne me connaissent pas 
autrement que comme bon voisin, bon collègue, bon 
ami, bon fils, bon père, bon frère, bon époux, bon 
républicain, telle est ma moralité ^). Cependant, mal- 
gré toutes ces qualités, le 5 frimaire, le jury d'ins- 
truction demanda sa destitution : a Considérant que 
son école est presque déserte... qu'elle n'est ainsi 
abandonnée que par le juste effroi que ses principes 
inspirent aux parents des élèves, qui, vu l'importance 
de cette science, devraient y affluer plus que dans 
toute autre. Considérant que ce serait vouloir le ren- 
versement de tout ordre social que de laisser répandre 
dans le cœur des jeunes' élèves le poison funeste des 
principes pernicieux du citoyen Parent, manifestés 
dans son journal qui, dans presque tous les numéros, 
contient les déclamations les plus virulentes , les 
calomnies les plus atroces contre les membres des 
autorités constituées... Qu'il n'est pas possible d'at- 
tendre d'heureux résultats pour l'instruction de la jeu- 
nesse des travaux d'un instituteur qui consacre presque 
tous ses loisirs à la diffamation et aux délations ». 



~ 36 - 

Désormais la chaire d'histoire à l'école centrale 
demeura vacante ; Parent quitta Nevers pour aller 
fixer son domicile à Dornecy, près Clamecy (1). 

La loi du 11 floréal an X (1^' mai 1802) apporta de 
grands changements dans la législation de l'instruc- 
tion publique, qui désormais était donnée dans les 
écoles primaires, les écoles secondaires et les lycées. 
D'après l'article 6 de cette loi, était appelée école 
secondaire « toute école établie par les communes, ou 
tenue par des particuliers, dans laquelle on enseignera 
les langues latine et française, les premiers principes 
de la géographie, de l'histoire et des mathématiques ». 
Il ne pouvait en être établi qu'avec lautorisation du 
Gouvernement ; elles étaient placées sous la surveil- 
lance et l'inspection particulière des préfets. 

Nevers, privé de son école centrale par le nouveau 
système, ne fut pas compris au nombre des villes qui 
devaient avoir des lycées ; il pouvait au moins aspirer 
à avoir une école secondaire. Le conseil municipal en 
fit immédiatement la demande ; lautorisation néces- 
saire se fit longtemps attendre, au grand détriment de 
l'instruction encore une fois désorganisée. Le 7 ger- 
minal an XI, le maire, Dard-Despinay, écrivait au 
préfet : t Nous voyons tous les jours, dans les bulle- 
tins des lois, l'établissement d'écoles secondaires dans 
toutes les villes de la République, et Nevers, qui a 
perdu son école centrale, n'en a pas encore .. Les 
soins que l'on doit à la jeunesse, la moralité, l'ins- 
truction nécessaire à des jeunes gens qui sont l'espé- 
rance de la patrie, la consolation des pères de famille 
et le bonheur de la société ; tous ces motifs doivent 
être sacrés pour l'administrateur, et c'est à ce titre 
que nous renouvelons nos instantes prières pour 

(1) Archives de Nevers. 



- 37 « 

obtenir dans la ville de Nevers une école secondaire ». 
Le 30 floréal , le conseil municipal exprimait ses 
regrets que la ville fut si longtemps sans école supé- 
rieure, et désignait au choix du Gouvernement l'an- 
cien chanoine Laviron, pour directeur et professeur 
de mathématiques, et les citoyens Lallemant, comme 
professeur de langue française ; Bouré, professeur de 
langue latine, et Bruandet, professeur de géographie 
et d'histoire; il ajoutait: « Ces différents citoyens 
sont avantageusement connus dans la commune et 
réunissent aux grands talents des mœurs irréprocha- 
bles. Le conseil estime qu'ils pourront remplir le vœu 
du Gouvernement » . Cette désignation fut renouvelée 
le 10 vendémiaire an XII. C'est seulement le 13 plu- 
viôse an XII qu'un arrêté du Gouvernement autorisa 
« la commune de Nevers à établir une école secon- 
daire dans les bâtiments de l'école centrale de cette 
ville qui lui sont concédés à cet effet ». Le 18 ther- 
midor, le Ministre de l'Intérieur, sans se préoccuper 
des choix faits par le conseil municipal , nomma 
Pierre-Amable Bort, bibliothécaire de l'école cen- 
trale, aux fonctions de directeur et de professeur 
des cinquième et sixième classes de mathématiques ; 
François Gounot, maître de pension à Nevers, profes- 
seur des cinquième et sixième classes de latin, et 
Jean-Baptiste Lariche, maire et maître de pension à 
Saint-Saulge, professeur des troisième et quatrième 
classes de latin. Il n'y eut provisoirement que ces 
trois professeurs à l'école. Ils furent installés par le 
Maire le lundi 16 vendémiaire an XIII (1). 

Un prospectus, signé par le préfet Adet, fut 
répandu dans tout le département, afin d'attirer les 



(1) Archives de Nevers. 



-^ 38 — 

élèves. On y lisait : « La régénération de l'instruc- 
tion publique n'est pas le moindre titre à la gloire 
immortelle du héros qui tient aujourd'hui les rênes 
de l'Empire. A peine avait -il terrassé le monstre de 
l'anarchie, éteint le feu des dissensions civiles, étouffé 
l'esprit de parti, rallié tous les citoyens, conquis la 
paix, relevé les autels, préparé la France au retour 
des vrais principes et à la pratique de ses anciennes 
vertus , que ses premiers regards se portèrent sur 
l'éducation de la jeunesse, son œil vif et pénétrant sut 
y découvrir les vices qu'elle recelait. Il voulut que 
cette partie essentielle, intimement liée à la prospé- 
rité des nations, fut recréée et bientôt après parut un 
nouveau code d'enseignement public, dont la cohé- 
rence et la graduation, dans toutes les parties qui le 
composent, forment un cours complet d'une édufeation 
vraiment nationale. La loi du 11 floréal an X donna 
l'existence à ce nouveau code et, déjà, ses bienfaits se 
font ressentir dans la majeure partie de l'Empire. La 
ville de Nevers, se trouvant, par L'effet de cette loi, 
privée de son école centrale, a cherché à réparer cette 
perte en réclamant la création d'une école secondaire 
communale dans les vastes bâtiments de son ancien 
collège... Le mode d'enseignement sera en tout ' 
conforme à celui prescrit par les arrêtés du Gouver- 
nement, c'est-à-dire qu'il aura pour objet la religion, 
la morale> les langues latine et française, la géogra- 
phie, l'histoire et les élémens de mathématiques, de 
physique et- d'histoire naturelle ». Le prix de la pen- 
sion était de 525 fr., les externes payaient 2 fr. par 
mois. L'uniforme, conformément à l'arrêté du 19 ven- 
démiaire an XII, comprenait un habit de drap vert, 
doublé de même couleur, collet et parements couleur 
ponceau, chapeau rond jusqu'à quatorze ans, chapeau 
français après cet âge, boutons blancs, en entier en 



— 39 - 

métal , portant ces mots : o Ecole secondaire » ; au 
milieu et autour, en légende, ceux-ci : « De Nevers ». 
Un arrêté du 22 brumaire an XIV désigna Pierre- 
Jean -Marie Ogier comme professeur des cinquième 
et sixième classes de mathématiques, et chargea Bort 
des première et deuxième classes de latin ; Millot fut 
chargé d'enseigner le dessin. En 1807, on adjoignit 
un maître d'études, faisant en môme temps la sep- 
tième classe. Le nombre des professeurs resta aussi 
restreint pendant plusieurs années. Le 16 août 1811, 
le préfet déclarait au Conseil général du département 
que d'autres professeurs étaient nécessaires : a Ceux 
actuellement en exercice, disait-il, font chacun deux 
classes, ce qui ne saurait exister plus longtemps, sans 
' de graves inconvénients, non seulement pour ces pro- 
fesseurs, mais encore pour les élèves o. Mais la situa- 
tion pécuniaire de la ville, qui tous les ans allouait 
une somme de 6.500 fr. à l'école secondaire, ne per- 
mettait pas de faire de plus grands sacrifices. Tous 
les revenus ayant disparu, on ne pouvait môme pas 
entretenir les bâtiments « pour ainsi dire inhabitables 
par l'état de dégradations et de ruines de leurs distri- 
butions ». Les élèves du séminaire qui venait d'être 
ouvert à Nevers, devaient, d'après les règlements, 
suivre les cours de l'école secondaire, à laquelle on 
recommençait à donner le nom de collège. Pendant 
quelque temps, on n'exigea pas leur présence, faute 
de pouvoir les loger. « Les classes vacantes n'ont ni 
portes, ni fenêtres en état de servir, dit un rapport ) 
dans quelques-unes, les planchers sont soutenus par 
des étais qui sont enfoncés d'un demi-pied en terre. 
Elles sont mal éclairées, humides, entièrement décar- 
relées, encombrées de gravois et de plâtras ». Le 
conseil général fut obligé d'accorder un secours de 
1.000 fr. pour commencer des réparations.absolument 



- 40 - 

indispensables. En 1812, la subvention de la ville fut 
portée à 6.750 fr. et l'on supprima les 300 fr. que 
l'on donnait au portier^ afin de pouvoir payer les pro- 
fesseurs (1). 

Lorsqu'on avait établi un maître de dessin, le 
bureau d'administration lui avait alloué un traitement 
de 600 fr. et avait porté à 3 fr. la rétribution que 
devait payer chaque élève par mois. On espérait ainsi 
trouver une somme suflBsante pour payer les appointe- 
ments du maître. Il n'en fut rien, on se vit bientôt en 
face d'un déficit considérable. Le 4 janvier 1811, la 
municipalité déclara qu'elle cessait de s'occuper du 
cours de dessin, aussi ne voyqns-nous plus de pro- 
fesseurs les années suivantes. 

Afin d'exonérer la ville des charges qui lui incom- 
baient du fait du collège, la municipalité songeait, 
dès cette époque, à transformer cet établissement en 
lycée. Le décret du 11 novembre 1811 ayant ordonné 
l'augmentation du nombre des lycées dans l'Empire 
français, le conseil municipal, pressé par le préfet et 
par le recteur de l'académie de Bourges, chargea une 
commission de présenter un rapport à ce sujet. Le 
2 avril 1812, il demanda l'autorisation de contracter 
un emprunt de 100.000 fr. pour exécuter les amélio- 
rations demandées par l'autorité supérieure. L'affaire 
fut sur le point de se conclure. Le 15 juillet, le baron 
de Breteuil, préfet de la Nièvre, écrivait que « les 
relations qu'il avait eues avec le grand maître de 
l'Université lui donnaient le juste espoir de voir ce 
changement s'opérer en 1814 ». UAlmanach du 
département de la Nièvre pour 1813 contenait cette 
phrase relativement au collège : « Par les soins de 
M. le préfet, des mesures sont prises pour l'établis- 

(1) Archives de Nevers. 



— 41 - 

sèment d'un lycée dans cet antique local, consacré 
depuis un temps immémorial à l'instruction publi- 
que ». Les événements politiques, qui plongèrent la 
France dans une série de désastres, empêchèrent seuls 
la réalisation de ce projet. 

En attendant que la transformation désirée pût 
s'accomplir, on procéda à une réorganisation complète 
du collège. On le plaça sous ladministration de l'abbé 
Henriot ; six professeurs ou régents furent nommés, 
chargés chacun d'une classe, depuis la sixième jus- 
qu'à la rhétorique, un septième enseigna les mathé- 
tiques ; le principal ne devait plus faire de classe, il 
devait « gérer le pensionnat pour son compte, à ses 
risques et périls » et recevait de la ville une somm'e 
de 1.200 fr. par an ; les élèves ecclésiastiques vinrent 
assister aux cours : le baron de Breteuil fonda un 
prix de sagesse, d'aptitude et de bonne conduite^ qui 
fut décerné à Antoine Auriol, de Dornes. Ce système 
fut inauguré le 19 novembre 1812. Après la messe du 
Saint-Esprit, célébrée en l'église Saint-Pierre, par 
r'abbé Bauzon, vicaire général, et à laquelle assis- 
tèrent toutes les autorités, le principal et les profes- 
seurs prêtèrent serment entre les mains du préfet. 

Les espérances que l'on avait fondées sur cette 
nouvelle organisation ne se réalisèrent point, par suite 
des événements politiques. Le nombre des élèves 
décrut d'année en année. Il était de 118 en 1812, 121 
en 1813 ; il tomba à 97 en 1814, 57 en 1815 et 53 en 
1816. Les bâtiments continuèrent à être dans un état 
déplorable. En 1814, la salle dans laquelle avait lieu 
la distribution des prix menaçait sérieusement de 
s'écrouler, et « si elle tombait, les classes de mathé- 
matiques et de rhétorique, placées au-dessous, et par 
cela déjà dangereuses à occuper, seraient écrasées par 
sa chute » ; le local qui, précédemment, servait de dor- 



-42- 

toir, était dans un tel état qu'on n'avait pas osé y faire 
coucher les élèves du pensionnat ; la dégradation des 
murs était si grande que, tous les jours, il tombait des 
pierres ; le grand bâtiment ét^it étayé de tous les 
côtés (1). 

Les professeurs, cependant, étaient à la hauteur de 
leurs fonctions et apportaient tout le zèle possible. 
Dans les circonstances où Ton se trouvait, la nomina- 
tion de Tabbé Henriot avait été un excellent choix ; il 
mettait tous ses soins à la direction du collège ; en 
outre, comme il avait une certaine fortune, il faisait 
l'avance des dépenses occasionnées par les réparations 
absolument indispensables et que la ville ne pouvait 
solder. Aussi, lorsqu'il quitta Nevers, en 1816, appelé 
à la tôte du collège royal de Limoges, se trouva-t-on 
dans le plus grand embarras. Le déficit de la maison 
pendant les trois années 1813, 1814 et 1815 s'élevait 
à 11.202 fr. 39; il avait été comblé par le principal, 
qui, au moment de son départ, était créancier d'une 
somme de i4.109 fr. 80. Avant de quitter définitive- 
ment Nevers, Tabbé Henriot essaya de se faire rem- 
bourser les dépenses qu'il avait faites pour la ville. 
Ne pouvant réussir, il vendit à deux marchands fri- 
piers. Buisson et Flageol, la plus grande partie des 
objets mobiliers garnissant le collège, objets qu'il y 
avait introduits lui-même et payés de ses propres . 
deniers. La maison se trouvant complètement dégarnie, 
il fallut aviser aussitôt : il n'y avait plus ni lits, ni 
même de bancs en quantité suffisante pour les élèves. 
On racheta aux fripiers une partie du mobilier pour 
la somme de 3.600 fr. en prenant des termes pour le 
paiement qui ne put s'effectuer qu'avec la plus grande 



(l) Archives de Nevers. 



- 43 — 

difficulté. Le 29 novembre, le maire écrivait au préfet : 
« Voilà plus d'un mois que MM. mes adjoints et moi, 
nous faisons toutes les recherches et les tentatives 
imaginables dans la vue de découvrir les moyens de 
payer la moitié exigible du prix de rachat du mobi- 
lier cédé à la commune par les sieurs Buisson et Fla- 
geol (1) ». 

A cette époque, la distribution des prix se faisait 
beaucoup plus tardivement que de nos jours; elle 
avait lieu ordinairement à la fin du mois d'août. Sous 
l'abbé Henriot, elle eut lieu régulièrement le 8 sep- 
tembre ; les vacances se terminaient le 31 octobre. On 
ne put y procéder en 1815 ; la ville de Nevers ayant 
été occupée par les Alliés, le 22 juillet, le collège 
reçut dans ses murs des soldats étrangers et les élèves 
se retirèrent dans leurs familles. La distribution de 
1816 comprit les deux années scolaires. Elle était 
précédée de deux et quelquefois trois jours d'exer- 
cices publics, exécutés par les meilleurs élèves; ils 
furent remplacés, après quelques années, par un exa- 
men public des élèves ; à ces exercices ou examens 
étaient conviées toutes les autorités et les personnes 
notables de la ville. 

Le 15 mars 1815, une émeute éclata à Nevers, pro- 
voquée par le bruit que l'administration se disposait 
à faire couper le pont sur la Loire, afin d'empêcher le 
passage de Napoléon à son retour de l'île d'Elbe. Le 
préfet et le commandant militaire furent insultés dans 
les rues, un poste de la garde nationale fut assailli, un 
jeune homme fut tué. Le lendemain, les professeurs 
écrivaient la lettre suivante : « Monsieur le maire, 
jusqu'à présent nous avons pensé que le service de 
nos classes ne pouvait s allier avec celui de la garde 
nationale ; mais ayant su que l'ordre a été troublé la 

(1) Archives de Nevers. 



— 44 — 

nuit dernière, nous* pensons que la ville pourra avoir 
besoin de plus d'hommes pour le maintien du bon 
ordre, c'est pourquoi nous offrons à M. le maire de 
faire, s'il le juge nécessaire, le service conjointement 
avec les citoyens de la ville ; nous serons prêts eu 
tous tems à mettre en pratique les principes d'atta- 
chement et de fidélité pour le Roi et la Patrie que 
nous cherchons à inspirer chaque jour à nos élèves ». 
Outre leurs personnes, ils oflErirent celles de quatre 
élèves et assurèrent la municipalité de leur « dévoue- 
ment personnel et de celui de tout leur établissement 
à la cause du meilleur des rois (1) ». 

Au milieu des événements politiques, le principal 
se vit successivement accusé par chacun des deux 
partis en présence de favoriser le parti opposé. Les 
professeurs écrivaient au conseil municipal en parlant 
de quelques habitants : « Pendant le règne de l'usur- 
pateur, ils voulaient faire fermer le collège comme 
professant le royalisme : au retour du prince légitime, 
c'est de bonapartisme qu'ils ont accusé ce même 
établissement ». Mais, à l'intérieur de la maison, on 
n'eut à regretter aucun désordre et les administra- 
teurs pouvaient écrire, le 3 décembre 1815 : « A la 
révolution du mois de mars, dans le sein des troubles 
et des alarmes, quand les principes les plus erronés, 
les doctrines les plus pernicieuses circulaient jusque 
dans la chaumière du pauvre, que la génération 
actuelle, entraînée par les idées les plus épouvanta- 
bles , a donné le spectacle d'une défection sans 
exemple, quand la jeunesse de plusieurs écoles fran- 
çaises s'est empressée de signaler son indépendance 
et son indiscipline, quand, dans Nevers même, des 
écrits , répandus avec profusion parmi nos élèves, 

(1) Archives de Nevers. 



— 45 - 

semblaient devoir allumer au milieu de nous Tétin- 
celle du désordre , nous sommes restés calmes, nos 
écoliers n'ont pas dévié de la route que nos leçons 
leur avaient tracée (1) w. 

Cependant l'avenir paraissait bien sombre pour le 
collège ; il se voyait fortement attaqué dans la ville. 
Le petit séminaire, maintenu à Nevers, faisait une 
concurrence redoutable, et déjà avait commencé une 
lutte qui devait durer bien des années ; on voyait 
« un grand nombre de sujets destinés au monde peu- 
pler une école uniquement instituée pour ceux qui 
doivent y renoncer ». Pour combattre avec avantage, 
il aurait fallu faire des sacrifices que l'état précaire 
des finances de la ville ne permettait pas. A compter 
du 1®' novembre 1812, on avait remplacé la gratuité 
par un droit de 50 fr. que devait payer chaque externe 
ou pensionnaire; c'était une ressource insuffisante. 
C'était avec la plus grande difficulté et de longs 
retards que les professeurs parvenaient à être payés 
de leurs appointements. Dans une lettre collective, le 
25 février 1817, ils réclamaient vainement une somme 
totale de 9.641 fr. 94. Le 2 janvier 1820, plus de 
trois ans après son départ , l'abbé Henriot n'était 
pas encore soldé ; à ses réclamations, le maire se 
contentait de répondre qu'il l'engageait à s'armer de 
patience. 

Dans de pareilles circonstances devait-on conserver 
le collège? Il fut question de le fermer. Pour être 
fixés sur ce point, le principal et les régents s'adres- 
sèrent, le 20 juin 1816, aux membres du conseil 
municipal. « Nous sommes depuis longtemps, disaient- 
ils, dans un état précaire, tant par l'arriéré de nos trai- 
tements, que par l'incertitude de notre sort à venir. 

(1) Archives de Nevers. 



— 46 - 

Nous avons supporté l'un et l'autre sans murmurer 
et sans nous relâcher en rien de la rigueur de nos 
devoirs, persuadés que les circonstances seules vous 
ont contraints de nous y laisser jusqu'à présent. Mais 
l'espoir d'en sortir bientôt ne peut nous tromper, 
puisqu'il est fondé sur votre équité et sur les preuves 
de bienveillance dont vous nous avez souvent honorés. 
Nous osons vous prier de vouloir bien nous en accor- 
der une dernière ; c'est de nous déclarer de suite sur 
quoi nous devons définitivement compter. Jugez vous- 
mêmes, Messieurs, s'il nous est possible de rester plus 
longtemps dans la situation pénible à laquelle nous 
sommes réduits. Forcés à des privations continuelles 
par l'arriéré de nos traitements, exposés chaque jour 
au^ plus injustes censures, et sans cesse abreuvés de 
dégoûts, pour récompense de nos veilles et du genre 
de travail le plus assujetissant, le plus épineux et le 
plus ingrat... On s'efforce sans relâche d'égarer Topi- 
nion, chaque jour porte ici une nouvelle atteinte à 
l'instruction publique. C'est à vos lumières et à votre 
sagesse d'arrêter les progrès du mal ; votre indiffé- 
rence, que nous ne pouvons pas supposer, le porterait 
à son comble. Mais vous ne voudrez pas sans doute 
que, sous votre administration, la ville ayt la honte et 
la douleur de voir s'anéantir l'établissement qu'elle 
doit avoir le plus à cœur de maintenir, et dont elle 
aurait sans cesse à regretter la perte, sans pouvoir 
peut-être jamais la réparer ». 

Le départ de l'abbé Henriot, sur ces entrefaites, 
augmenta encore l'embarras dans lequel on se trouvait. 
L'abbé Terrasse, nommé pour le remplacer, exigeait 
que la ville achetât un supplément de mobilier pour 
la somme de 2.700 fr. et t il est évident, disait le 
maiix^, que la ville de Nevers. qui n'a pas d'ai^ent 
comptant, ne trouverait personne qui lui ferait à cré- 



- 47 — 

dit des fournitures pour une somme de cette impor- 
tance, puisqu'elle a été dans l'impuissance de payer le 
plus léger acompte sur le prix du mobilier qu'elle a 
acheté à l'arrivée du principal». Le 22 octobre, le 
conseil municipal se réunit pour aviser à cette situa- 
tion. Il décida, à Tunanimité, « qu'on ne pouvait pas 
mettre en question si le collège serait conservé et que, 
malgré le mauvais état des finances de la commune, il 
ferait tous ses efforts pour maintenir ce précieux 
établissement » ; que le collège n'aurait plus qu'un 
principal et six régents et que la chaire de mathéma- 
tiques serait supprimée. Le maire fut autorisé à acheter 
tout le mobilier nécessaire. L'avis suivant fut envoyé 
dans tout le département : 

« Le collège de Nevers ouvrira l'année scholastique 
le 4 novembre 1816. Le pensionnat est déjà disposé 
pour y recevoir des élèves. Le changement de quelques 
membres attachés à cet établissement avait fait 
concevoir des doutes sur sa conservation ; mais ces 
doutes doivent disparaître devant les mesures eflBcaces 
que le conseil municipal de la ville de Nevers vient 
d'adopter. 

» Un principal et six professeurs, recommandables 
par leurs principes religieux, leur attachement à la 
cause royale, leurs talents et l'aménité de leurs mœurs, 
vont offrir à la société la garantie qu'elle a le drpit 
d'exiger de ceux qui se vouent à l'enseignement. 

» La surveillance des autorités locales, sans cesse 
excitée par le besoin d'une éducation trop longtemps 
négligée, viendra ajouter à cette garantie ; il ne peut 
donc rester aucune ressource à la prévention et le 
collège de Nevers reprendra cet ancien lustre qui, 
pendant de longues années, lui assura une place 
distinguée dans l'art d'enseigner et doit faire désirer 



- 48 - 

aux habitants du département d'y envoyer leurs 
enfants. 

» MM. les maires feront afficher et publier dans 
leurs communes respectives le présent avis, afin qu'il 
soit connu de tous leurs administrés. 

» Nevers, le 26 octobre 1816. 

» Le préfet : Devaines t>. 

L'abbé Terrasse ne fit, pour ainsi dire, que passer à 
Nevers ; il ne resta pas même quatre mois entiers à la 
tête du collège. Dans ce court espace de temps, son 
administration fut désastreuse. A son départ, il émit 
la prétention de se faire indemniser par la ville des 
frais qu'il avait faits pour venir occuper son poste et 
de ceux que lui occasionnerait ce départ. Le conseil 
municipal rejeta cette demande, « considérant que 
M. Tabbé Terrasse, envoyé à la tête du collège de 
cette ville pour le soutenir, laméliorer et le faire 
prospérer, a complètement détruit le pensionnat, 
dégoûté les élèves externes et discrédité rétablisse- 
ment ; que, sous ces rapports, c'est la commune qui, si 
un tel recours était praticable, aurait à exercer des 
dommages-intérêts ». L'abbé Terrasse avait, en effet, 
perçu les droits de collège dus par les élèves et refusait 
de les verser à la caisse <. municipale. A son arrivée, il 
y avait douze pensionnaires, trois mois après il n'en 
restait plus un seul. (1) 

Le 20 février 1817, un arrêté de la commission de 
rinstruction lui donna Tabary comme successeur. Il 
eut à réorganiser entièrement la maison et spéciale- 
ment le pensionnat. Le 13 juin 1817, il faisait publier 
un prospectus qui commençait en ces termes : « C'est 

(4) Archives de Nevers, 



- 49 — 

dans Tâge heureux où l'âme des enfans encore pure et 
novice est susceptible de. toutes sortes d'impressions, 
que Ton doit les mettre à portée de n'en recevoir que 
de bonnes. S'ils sont exercés de bonne heure à la pra- 
tique des vertus chrétiennes et morales; s'ils sont 
habitués, dès leurs plus tendres années, à Tétude des 
lettres et des sciences, ils auront toujours présents 
dans la suite les principes que Ton aura pris soin de 
leur inculquer. 

» Pénétré de ces maximes, le principal du collège 
de Nevers a l'honneur d'informer les pères de famille 
qu'il vient d'ouvrir son pensionnat dans lequel sont 
admis les enfans dès l'âge de 7 ans » . 

Tabary était un ancien Oratorien : rien d'étonnant 
qu'il ait essayé de s'entourer de professeurs de la 
même congrégation. Le 27 septembre 1817, furent 
nommés, à Nevers, deux membres de l'institution 
de Juilly : Bodin, comme régent de seconde, et Pataud, 
comme régent de cinquième, et un membre de l'ins- 
titution de Vendôme, Gatien Arnoult, comme profes- 
seur de sixième. Sous l'administration de ce nouveau 
principal, le collège commença à se relever. Au bout 
d'un an la chaire de mathématiques fut rétablie et 
donnée à un membre de l'institution de Juilly. Le 
préfet disait au Conseil général, à la session de 1817 : 
(( Le collège de Nevers n'est pas un de ceux dont les 
succès soient moins réels, depuis qu'il est confié à la 
direction d'un homme justement considéré sous tous 
les rapports »; et, en 1819: « Vous savez, messieurs, 
quels éloges sont dus au collège de Nevers ; à peine 
sorti de sa ruine, il compte déjà une centaine d élèves, 
tant internes qu'externes, et il serait difficile de 
trouver, ailleurs que dans les lycées, une réunion 
d'hommes aussi remarquables par leur moralité, leur 



- 50 — 

zèle et leurs connaissances, que le principal et les 
professeurs de ce collège ». 

Cette prospérité relative et Tamélioration des 
finances de la ville engagèrent le conseil municipal à 
se montrer plus généreux envers le collège et à 
demander en même temps la disparition des bourses 
du collège de Bourges. Le décret du 8 mai 1808 avait 
mis à la charge de Nevers l'entretien au lycée (depuis 
collège royal) de Bourges d'une bourse entière, de trois- 
quarts de bourse, et de deux demi-bourses, pour la 
somme totale de 1.650 fr. En 1815, le conseil municipal 
profita de la chute de Napoléon pour se faire exempter 
de cette charge, qui fut rétablie par l'ordonnance du 
25 décembre 1819. Le 3 septembre 1820, le conseii 
en demanda vainement la suppression. Le 17 juin 1821, 
il renouvela le même vœu « considérant, dit la délibé- 
ration, que les mesures sont prises et les moyens 
assurés pour faire du collège de Nevers, à compter 
de 1822, un collège de plein exercice et les frais des 
bourses communales entretenues jusqu'à présent au 
collège royal de Bourges forment double emploi avec 
la dépense que la ville de Nevers fait pour son propre 
compte. Considérant que cet établissement n'obtien- 
dra de prospérité qu'autant qu'il sera érigé en collège 
de plein exercice, qu'il ne deviendra tel qu'en y créant 
une chaire de philosophie et en assurant un traitement 
au professeur de cette chaire, devenue nécessaire 
depuis qu'une ordonnance du Roi ne permet pas qu'on 
soit admis à aucune école de droit, de médecine ou 
autres écoles spéciales, sans un diplôme attestant que 
l'élève a fait ses études de rhétorique et de philosophie; 
que cette création d'une chaire de philosophie doit 
influer d'autant plus avantageusement sur la restau- 
ration du collège de Nevers et faire espérer qu'elle lui 
attribuera des élèves, que le petit séminaire ne pos- 



- 51 - 

sède pas de chaire semblable et que les autres collèges 
du département n'en ont pas non plus et ne peuvent 
pas en avoir ». 

Il fut décidé qu'à l'avenir le collège comprendrait 
un principal qui serait chargé de faire le cours àe 
philosophie, et recevrait 2.000 fr., sept professeurs à 
chacun desquels étaient attribués des appointements 
de 1.200 fr. ] parmi eux, un devait avoir le titre de 
sous-principal et recevoir un supplément de 300 fr. 
En outre, un prêtre, avec le titre d aumônier^ rece- 
vrait 300 fr. ; 400 fr. étaient alloués au portier ; une 
somme annuelle de 300 f r. était affectée à l'acquisi- 
sition des prix ; on estimait à 400 fr. Tentretien des 
bâtiments. Le budget de l'établissement se trouvait 
ainsi fixé à 12.100 fr. 

Le vendredi 3 novembre 1820 , à l'occasion de la 
naissance du duc de Bordeaux, après un Te Deum, 
il fut distribué aux indigents, à la porte du collège, 
240 bouteilles de vin et 500 livres de pain blanc. 

Le 24 septembre 1821 , Tabary fut remplacé par 
l'abbé Martial Fouquoire, bachelier es lettres, précé- 
demment principal du collège de Troyes, qui, en 
môme temps, occupa la chaire de philosophie. Des 
six professeurs chargés des classes de latin , quatre 
étaient bacheliers es lettres ; les deux professeurs de 
seconde et de troisième avaient le titre de licencié 
es lettres ; Planche, chargé du cours de mathémati- 
ques, était bachelier es sciences. Cependant, le nom- 
bre des élèves déclina de nouveau ; nous ne trouvons 
plus en 1823 que 20 pensionnaires, 14 demi-pension- 
naires, 30 externes payants et 12 gratuits. 

Des difficultés ne tardèrent pas à surgir entre le 
nouveau principal et les parents de certains élèves, 
aussi la municipalité résolut de se débarrasser de 
Fouquoire, et, au mois d'octobre 1823, décida de 



- 52 - 

confier le collège exclusivement à des prêtres sécu- 
liers. On choisit comme principal le chanoine Louis 
Robinet, qui, avant la Révolution, avait occupé la 
chaire de seconde dans le môme établissement. Tous 
les anciens professeurs furent remerciés ; tous les nou- 
veaux furent des ecclésiastiques, à l'exception de Jean 
Boyral, répétiteur de mathématiques à Bourges, qui, 
le 27 février 1825, avec Tassentiraent de Tévêque, fut 
nommé professeur de mathématiques (1). 

Les bourses de Bourges ayant été supprimées en 
1823, le conseil municipal fonda, pour la première 
fois, le 2 avril 1824, des bourses dans le collège de 
Nevers , savoir : une bourse entière , deux demi - 
bourses et les trois quarts d'une bourse pour la somme 
totale de 1.375 fr. Les finances de la ville s'amélio- 
rant de plus en plus, à la môme époque on supprima 
le droit de collège de 50 fr. ; on dépensa 600 fr. en 
acquisition de mobilier et 8.000 fr. en restauration 
des bâtiments, afin de les mettre en état de pouvoir 
recevoir 50 pensionnaires, et on augmenta les traite- 
ments des professeurs (2). 

En 1826, le chanoine Robinet se démit de ses fonc- 
tions. Il eut comme successeur le chanoine Rouchauce. 
(( Développer les talens, disait-il dans le prospectus 
qu'il adressa auX parents, former les caractères, jeter 
dans des âmes encore neuves et point souillées par 
l'habitude du vice le germe précieux de toutes les 



(1) Voici ce qu'écrivait au maire le recleur de Bourges, en annonçant 
la nomination de Boyral : « Ses principes religieux et politiques ne lais- 
sent rien à désirer; il est d'une grande simplicité et peu formé aux 
usages du monde ; il a aussi un peu Paccent rouergat qui paraîtra un 
peu étrange les premiers jours, mais il fera oublier, je l'espère, ces 
légers défauts par ses bonnes qualités ; il est, du reste, une tête carrée 
très propre aux mathématiques », 

(2) Archives de Nevers. 



- 53 — 

vertus, qui doivent concourir au bonheur général et 
particulier des hommes, tel est le grand objet de 
l'éducation, tel est aussi le but vers lequel nous diri- 
gerons constamment nos efforts ». 

Jusqu'alors les élèves avaient assisté aux exercices 
religieux de la paroisse Saint-Pierre; en 1829 fut 
décidée la construction d'une chapelle spéciale pour la 
maison, les plans en furent approuvés pa» le conseil 
municipal le 26 octobre ; quelque temps après, les 
travaux furent adjugés pour le prix de 4.050 fr. 
Cependant cette érection se fit attendre longtemps, la 
bénédiction de la chapelle ne fut effectuée qu au mois 
de décembre 1839. 

La Révolution de 1830 devait naturellement appor- 
ter des changements à cet état de choses. Dès qu'elle 
fut connue à Ne vers, on jugea que le maintien des 
ecclésiastiques était difficile. Le 4 août, le président 
de la commission provisoire écrivait au principal : 
« La commission municipale provisoire de la ville de 
Nevers vient d'apprendre que quelques inquiétudes 
auraient été semées sur l'existence et le maintien de 
votre établissement et elle me charge, en consé- 
quence, de vous rassurer à cet égard. Je m'empresse 
donc de le faire, afin de dissiper tous les bruits men- 
songers et je vous déclare au surplus que l'administra- 
tion prendra toujours sous sa protection toute parti- 
culière un établissement aussi utile que le vôtre et 
que vous administrez à la satisfaction générale ». Mais 
les ecclésiastiques qui se trouvaient au collège, com- 
prenant quel changement venait de s'opérer, adres- 
sèrent leurs démissions les 17 et 23 septembre et 
quittèrent immédiatement la maison. La rentrée des 
classes devait s'effectuer le 20 octobre, il fallut réor- 
ganiser l'établissement dans ce court espace. 

Le 3 octobre fut mis à la tête du collège Thomas 



— 54 - 

Lefebvre, principal du collège de Cosne, bachelier 
es lettres et es sciences , officier d'académie, ft Le 
nouveau principal, disait-il dans le prospectus qu'il 
adressa pour annoncer sa nomination , qui compte 
déjà vingt ans de services non interrompus, va faire 
tous ses efforts pour que le collège de Nevers prenne 
rang parmi les écoles universitaires, où les études 
sont fortes, la discipline sévère, sans être dure ; les 
principes de religion et de morale mis en pratique ; 
mais il n'oubliera pas surtout que les jeunes élèves 
confiés à ses soins, affranchis enfin de l'ilotisme dont 
les menaçait un régime abrutissant, deviendront un 
jour des citoyens, et que, de bonne heure, ils doivent 
apprendre à respecter les lois, dont on pourra main- 
tenant leur parler sans craindre de passer pour sédi- 
tieux, à chérir les institutions du pays et à unir 
dans leurs vœux pour la prospérité et la gloire 
de la France, le nom du prince citoyen, du roi 
honnête homme que leurs pères ont placé sur le 
trône ». Désormais, tous les professeurs furent des 
laïques. 

Le 17 janvier 1831 , des désordres se produisirent 
dans le collège à l'occasion desquels le maire prenait 
l'arrêté suivant : « Considérant qu'à la suite de graves 
désordres, plusieurs élèves ont quitté le collège, qu'il 
importe que les élèves qui ont commis cet acte d'in- 
subordination rentrent promptement dans le devoir 
et que ceux qui persévéreraient soient exclus d'un 
établissement qui ne peuî se maintenir que par l'ordre 
et la discipline intérieure ; Avons arrêté et arrêtons ce 
qui suit : Article premier : Les élèves absens momen- 
tanément du collège par suite de l'insurrection qui a 
eu lieu ce matin dans cet établissement, sont tenus de 
rentrer de suite dans ledit établissement. — Art. 2 : 
Tout élève qui ne sera pas rentré aujourd'hui, avant 



- 55 - 

six heures du soir, sera rayé de la liste des élèves du 
collège (1) ». 

Le dimanche 1®' mai de la môme année eut lieu la 
délivrance aux élèves d'un drapeau tricolore, qui avait 
coûté à la ville la somme de 282 fr. Au fond de la 
cour , sous les arbres , avait été dressé un arc de 
triomphe, sous lequel était placé le buste de Louis- 
Philippe. La musique de la garde nationale se fit 
entendre, le maire prononça un discours, le professeur 
de rhétorique lut une poésie. 

Jusqu'alors le pensionnat avait été administré par 
le principal à son compte personnel, la ville se bor- 
nait à allouer une somme fixe ; le prix de la pension 
était établi par le conseil municipal , le principal 
encaissait le bénéfice ou soldait le déficit. Le 19 fé- 
vrier 1832, la proposition fut faite au conseil que 
le collège fût à l'avenir complètement régi pour le 
compte de la ville. Cette proposition fut votée le 
17 mai et immédiatement approuvée par le minis- 
tère. Ce nouveau régime commença à la rentrée 
scolaire de Tannée 1832 (2). 

A la même époque, Thomas Lefebvre, se sentant 
incapable de résister à certaines attaques auxquelles 
il était en butte, ri3mit sa démission entre les mains 
de la municipalité. Il eut comme successeur Thomas- 
sin, également principal du collège de Cosne, qui, 
pendant dix ans, avait été censeur adjoint au collège 
Louis-le-Grand. 

Le préfet, par une circulaire adressée à ses adminis- 
trés, leur faisait connaître ce changement et les 
engageait vivement plutôt que de « s'imposer le dou- 
loureux sacrifice d'exiler leurs enfans », à les envoyer 



(1) Archives de Nevers. 

(2) Ibid. 



- 56 - 

au collège de Ne vers ; les éloges qu'il y adressait au 
nouveau principal étaient mérités, le choix avait été 
excellent. Cependant, malgré les sommes que la ville 
consacra à soutenir cet établissement, les premières 
années furent difficiles et les résultats trompèrent 
Tespérance que Ton avait conçue. L'instruction était 
bonne, le principal s'acquittait avec zèle de ses fonc- 
tions, mais, pendant un temps assez long, le nombre 
des élèves ji'augmenta pas d'une manière sensible. 
C'est qu'on avait à lutter contre une terrible concur- 
rence. L'abbé Rouchauce avait laissé la réputation 
d'un bon directeur de maison d'éducation. Dès 1831, 
il songea à fonder une institution à Nevers ou à 
Varennes, près Nevers. Sur les instances du conseil 
municipal et du recteur de l'académie de Bourges, 
l'autorisation lui fut refusée le 20 septembre 1831. 

En 1834, il fut nommé directeur du petit séminaire 
que l'évêché établit à Corbigny et emmena avec lui 
plusieurs ecclésiastiques, anciens professeurs au collège. 
Dès lors, les fils des familles ayant gardé des principes 
religieux ou manifestant des opinions contraires au 
gouvernement existant, affluèrent à Corbigny au 
détriment du collège de Nevers. 

Nombreuses sont les plaintes adressées à ce sujet 
soit par le maire, soit par le principal ; continuelle- 
ment, pendant plusieurs années, ils signalent à l'auto- 
rité supérieure les infractions ou prétendues infractions 
commises par l'école ecclésiastique de Nevers et par le 
petit séminaire de Corbigny. Le 9 décembre 1834, 
Guizot, ministre de l'instruction publique, écrivait au 
maire : « Je suis toujours décidé à ne tolérer, sous 
aucun prétexte, un abus qui pourrait compromettre 
l'existence du collège de Nevers, pour lequel la ville 
fait de nombreux sacrifices. Il est résulté des rensei- 
gnements officiels qui me sont parvenus qu'aucune 



- 57 — 

contravention ne pouvait être constatée et que, en 
conséquence, il n'y avait nulle décision à prendre rela- 
tivement au petit séminaire de Nevers... Je désirerais. 
Monsieur le Maire, que vous voulussiez bien me trans- 
mettre à cet égard, des renseignements précis et 
détaillés. 

(( Cet état de choses affligeant pour la ville, qui ne 
pourrait pas soutenir plus longtemps un aussi lourd 
fardeau, dit le maire, est la conséquence du collège de 
Corbigny, autrefois petit séminaire de Nevers. Je vous 
ai signalé souvent cet établissement, Monsieur le 
Ministre, comme un obstacle permanenf à la prospé- 
rité des collèges, non seulement de la ville de Nevers, 
mais encore des autres villes du département, qui sont 
dans l'impossibilité de résister à la concurrence. L'es- 
prit de corps du clergé engage les prêtres et curés des 
communes à déprécier le collège de Nevers au profit 
du soi-disant petit séminaire de Corbigny ». 

De son côté, le principal écrit : « Si le nombre de 
nos élèves ne s'accroît pas plus vite, cela tient à un 
établissement rival, vers lequel on se porte, non pas 
par haine pour nous, mais les uns par esprit de 
coterie, les autres par motif d'économie ». Et le 
24 décembre 1835 : « J'ai signalé l'établissement de 
Corbigny comme un obstacle à la prospérité du collège 
de Nevers. Si c'était un véritable petit séminaire, il 
ne nous nuirait pas, mais il n'en aque le nom. On se sert 
de ces mots a Petit Séminaire » comme d'une enseigne 
sur laquelle on lirait : « Le fisc n'a pas de droits ici 
pour la rétribution universitaire. Inspecteurs généraux 
et inspecteurs d'académie, défense à vous de fouler le 
seuil de cette maison : nos études sont des études 
sacrées et qui n'ont rien de commun avec l'enseigne- 
ment profane de vos collèges. Nous, qui commandons 
ici, nous sommes des êtres privilégiés, et nous agissons 



- 58 - 

suîvant notre volonté ». Je suis persuadé, moi, que cet 
établissement n a été érigé que par envie, par jalousie 
contre Je collège de Ne vers » (1). 

Dans cette situation, on implora le secours du dépar- 
tement. Au mois d'août 1835, la commission des 
finances du conseil municipal déclarait qu'il fallait 
abandonner le système de la régie, si l'on n'obtenait 
pas du Conseil général la création de bourses départe- 
mentales. Un rapport et une demande furent présentés 
à cet effet au Conseil général qui, en 1835, refusa cette 
subvention par douze voIk contre dix. La proposition 
fut reprise Tannée suivante et obtint un plein succès. 
Le Conseil général vota une somme de 6.250 fr. pour 
la création de vingt-cinq demi-bourses au collège, une 
par chaque canton du département. 

Cette subvention permit à la ville de consacrer 
chaque année des sommes plus considérables en amé- 
liorations dans la maison, telle que la création d'une 
chaire de français et, dès lors, les progrès du collège 
devinrent plus rapides. Successivement, les années 
suivantes, furent fondées une chaire de physique, une 
seconde chaire de mathématiques et une chaire d'his* 
toire. 

Le 12 juillet 1839, le recteur de l'académie de Bour- 
ges écrivait au maire en insistant sur la nécessité 
d'avoir un aumônier attaché à rétablissement : le 
10 novembre suivant, l'Evêque de Nevers appelait à 
cette fonction l'abbé Lebrun, destiné à devenir le pre- 
mier proviseur du lycée de Nevers. 

Une ordonnance du 20 décembre 1842 autorisa, sur 
la demande du conseil municipal, la ville de Nevers 
à annexer des cours d'instruction primaire supérieure 
à son collège communal. 

(1) Archives de Nevers. 



«P HI g t i » J. » l^ i 4» 'i>l1fc. *- 



— 59 — 

M. Manuel, député de la Nièvre, fonda, en 1845, un 
prix d'honneur qui, pour la première fois, fut décerné 
à Sébastien-Charles Fichot, et en 1855, à M. Achille 
Millien, - 

Au lendemain de la Révolution de 1848, les élèves 
écrivirent la lettre suivante : « Aux citoyens conseil- 
lers municipaux de la ville de Nevers, les élèves du 
collège. Salut et respect. Au moment où la Patrie 
renaissante reçoit de tous ses enfants des preuves de 
dévouement et d'héroïsme, les jeunes gens des collèges, 
sur lesquels elle fonde son espoir, ne doivent point 
paraître moins zélés pour la servir. Une idée géné- 
reuse a surgi de nos cœurs ; cette pensée, nous 
l'avouons sans détour, nous a été inspirée par le bel 
exemple de nos condisciples de Salins, et nous vou- 
lons du moins, en les imitant sans retard, conquérir 
l'honneur de marcher les premiers sur leurs traces. 

» A la fin de chaque année scholaire se célèbre au 
collège une fôte solennelle, où des prix sont décernés à 
ceux que favorisa la Victoire dans l'arène scientifique 
et littéraire. C'est, messieurs, la somme ordinaire- 
ment consacrée par vous à l'achat des prix, que nous 
désirons offrir en don à la Patrie. Les sauveurs de la 
France, aux derniers jours des Rois, n'ont pas trouvé 
en nous des concitoyens indifférents et égoïstes. 
Aujourd'hui, la Patrie semble réclamer une nouvelle 
offrande à nos cœurs généreux, et nous lui sacrifions 
cette somme avec bonheur et désintéressement. Car 
aucun de nous ne regrettera la belle récompense qu'elle 
nous aurait procuré ; une couronne verte nous suffira, 
comme aux anciens triomphateurs, et même, quand on 
en ceindra nos fronts, nous serons plus heureux et 
plus fiers, en pensant qu'Hésiode et Pindare n'eurent 
jamais d'autres trophées. 

» Nous espérons donc, honorables citoyens, vous, 



— 60 - 

dont le patriotisme nous est connu, que vous accé- 
derez sans peine à cette demande, qui prouve notre 
amour pour la France, et le désir que nous avons de 
la voir grande, forte et belle, comme elle seule peut 
l'être. 

» Nous attendons votre réponse , et nous vous 
prions. Messieurs, d'agréer d'avance les remerciemens 
et les sentiments respectueux des élèves du collège de 
Ne vers (1) ». 

Cette proposition fut acceptée , tous les élèves 
cependant ne furent pas privés des livres qu'ils avaient 
mérités, le préfet de la Nièvre ayant fait distribuer 
des volumes aux premiers élèves de chaque classe. 

L'épidémie cholérique, qui sévit avec tant de vio- 
lence en 1849, enleva deux professeurs du collège, 
Eysenbach, professeur d'histoire, et Berthé, régent 
de cinquième. Une aventure arrivée au professeur de 
philosophie, [en 1851. l'obligea à prendre un repos 
momentané. Le choix de son remplaçant tomba sur 
un jeune homme appelé à la célébrité, Hippolyte 
Taine. Mais ses appréciations sur certains événe- 
ments historiques ayant été dénoncées à l'autorité 
supérieure, il dut bientôt quitter Nevers. Une tradi- 
tion locale veut qu'un fait qui se produisit pendant 
son séjour , et qu'il raconta à Edmond About , ait 
fourni à ce dernier la première idée de son roman : 
Le Cas de M. Guérin. 

En 1857 , Thomassin fut remplacé par labbé 
Lebrun, aumônier depuis 1839. Le collège avait pro- 
gressé sensiblement sous son administration ; à son 
entrée, il avait 32 élèves internes ; en 1855, on en 
comptait 150. 

La question de la transformation du collège com- 

(1) Archives de Nevers. 



- 61 — 

munal de Ne vers en collège royal ou en lycée était 
restée à l'ordre du jour depuis 1812. Le 18 septembre 
1831, le conseil municipal, après avoir entendu les 
observations du maire , qui lui présenta un devis 
approximatif des dépenses que ce changement pour- 
rait occasionner, émit « le vœu formel que le collège 
de la ville de Nevers soit converti en collège royal... 
attendu que le changement proposé est désiré par les 
meilleurs esprits ; qu'un collège royal, placé dans une 
ville, chef-lieu de département, tel que C6lui de la 
Nièvre, remarquable par son étendue et son indus- 
trie, ne peut manquer d'atteindre en peu de temps à 
un haut degré de prospérité, que la situation de la 
ville de Nevers, la salubrité de son climat, l'impor- 
tance de sa population et les ressources qu'elle offre 
en tous genres la rendent éminemment propre à rece- 
voir un pareil établissement ». Le principe d'un 
emprunt de 31.000 fr. fut voté et le préfet voulut 
bien se /charger d'aller lui-même appuyer ce vœu à 
Paris. Ses efforts n'eurent aucun succès. 

De nouvelles démarches échouèrent pareillement 
en 1839. Le 7 août 1840, le bureau d'administration 
demanda « la conversion du collège en collège royal ». 
Le 28 du môme mois, le Conseil général exprima le 
môme vœu en se basant sur « la bonne tenue du col- 
lège de Nevers , la distinction de ses professeurs , 
les progrès et la force de ses élèves, la beauté du local 
qu'il occupe ». 

La question fut reprise sous le second Empire. Le 
19 décembre 1853, le ministre de l'instruction publi- 
que et des cultes écrivait au recteur de l'académie : 
« La ville de Nevers, à raison de l'importance de son 
collège et de la population de l'arrondissement dont 
elle est le centre, peut légitimement prétendre à 
l'obtention d'un lycée ». 



— 62 - 

Le 27 août 1859, le conseil municipal renouvela la 
demande de la création d'un lycée, et décida, pour 
l'agrandissement du collège, ainsi que le demandait 
l'Etat, l'acquisition de l'hôtel de Bourgoing, sis rue 
du Collège. Le 17 septembre 1860 était ^igné un 
traité provisoire entre le maire et M. de Bourgoing. 
Pour venir en aide à la ville, le Conseil général, par 
ses délibérations des 25 août 1859 et 30 avril 1860, 
lui attribua une subvention de 150.000 fr. 

Un décret impérial du 22 octobre 1860 déclara le 
collège de Nevers lycée impérial. Un autre, du 24 avril 
1861, autorisa la ville à « acquérir de M. Pierre - 
Adolphe de Bourgoing , moyennant le prix de 
110.000 fr.; et aux clauses et conditions énoncées 
dans la promesse de vente du 17 septembre 1860, une 
maison, avec dépendances, située à Nevers, rue du 
Collège, pour servir à l'agrandissement du lycée ». 

Cette acquisition fut régularisée par acte pas^é 
devant M® Bouquillard, notaire à Nevers, le 12 juillet 
1861. 

Pour faire face aux dépenses qu'occasionnait ce 
transfert, une loi du 18 mai 1861 autorisa la ville à 
contracter un emprunt de 150.000 f r. 

Le collège de Nevers avait vécu. Le lycée eut 
comme premier proviseur l'abbé Lebrun, qui avait 
été successivement aumônier et principal. 

Edmond DUMINY. 



- 63 — 



APPENDICE 

1578. — Accord entre les écheoins de la ville de 

Nevers et les Jésuites du Collège de Nevers 
concernant des maisons voisines de cet 
établissement. 

Note du roy et du duché de Nyvernois. Furent présens 
honorables hommes Pierre Guillaume, Hugues Decolons, 
Jehan Delaigle et Pierre Le Sage, eschevins de la ville de 

Nevers, lesquels de leur bon gré, pour eux et leurs 

successeurs, eschevins de lad. ville, en ensuyvant la délibéra- 
tion prise en l'hostel commun d'icelle ville, par les vingt- 
quatre conseillers d'icelle, le jour du dymanche vingt-qua- 
trième jour de novembre l'an mil cinq cens soixante-dix-sept, 
et aultre délibération précédente pour le faict qui s'ensuit, et 
ce pour les mesmes considérations qui les ont jà meuz et 
conduïtz au bien et proffict du collège de ceste ville de 
Nevers, appartenant a présent à ceulx de la Compagnye du 
nom de Jésus, ont ceddé, délaissé et transporté, et par ces 
présentes ceddent, délaissent et transportent à perpétuel à 
Monseigneur et Madame, duc et duchesse de Nevers, absens ; 
M^** Jacques Bolacre, Gilbert Decury et Guy Coquille, lieute- 
nant, avocat et procureur généraux de Nivernoys, aïans de ce 
charge expresse de mesd. seigneur et dame, présens, stipul- 
ant et acceptant cest assavoir toutte la part et portion qu'ils 
avoient réservée par le premier contract de cession et démis- 
sion des maisons du collège par eux ou leurs prédécesseurs 
faicte à mesd. seigneur et dame, et les maisons acquises par 
mesd. seigneur et dame au proffict d'eulx ou leurs prédéces- 
seurs, pour y enseigner les abécédaires, le tout à Tendroit et 
du côté des classes dud. collège, à prandre de la muraille 
neufve faisant séparation de la grande court du costé des 



- es- 
pères et Frères de lad. Compagnye jusques aux rues des Fan- 
geats et de Mirangron, sans aucune chose pour eux en 
réserver, à la charge toutes foys de faire instituer, instruyre 
par ceulx de lad. Compagnye du nom de Jésus la jeunesse 
es bonnes lettres, ainsi qu'il est porté par lesd. premières 
lettres de cession et démission faictes à ceste seulle contem- 
plation et du bien qu'ils en espèrent recepvoir à Tadvenir 
pour la bonne et saincte institution de la jeunesse, et par ces 
mêmes présentes lettres Bolacre, Decury et Coquille, pour 
et au nom de mesd. seigneur et dame, ont délaissé et trans- 
porté aux Pères recteur et aultres de lad. Compagnye de 
Jésus, en acroissement des maisons et jardins jà par cy- 
devant à eulx donnez par mesd. seigneur et dame^ et pour 
Tespérance qu'ils ont des bien et singulier proffict que leurs 
subjectz recepyront à Tadvenir en l'institution de leurs enfans 
aux bonnes lettres, meurs et discipline, tout et tel droict, 
part et portion dud. collège, de laquelle lesd. escheVms 
leur ont présentement faict cession affm que lesd. Pères 
recteur et aultres de lad. Compagnye de Jésus aient meilleure 
volonté de s'emploier en l'institution et enseignement de lad. 
jeunesse, prandre et recepvoir pensionnaires, instruyre les 
abécédaires par eulx, ou par aultres, capables et suffisans 

personnages desquels principal, régens et abécédaires, 

lesd. Pères recteur et aultres de lad. Compagnye, auront le 
gouvernement et superintendance, et dépendront entière- 
ment d'eulx quant aux bonnes meurs et lettres, et se fera 
selon les constitutions et manière de faire de ceulx de lad. 
Compagnye de Jésus, après toutes foys, pour la commodité 
desd. fondation et institution des abécédaires, mesd. seigneur 
et dame auront acquis deux maisons joignant lesd. classes, 
l'une appartenant à Aignen Méliart et Jehan (blanc\ l'autre 
à Pierre Ferré, pour apprès leur en estre faict don, cession et 
transport par mesd. seigneur et dame, moyennant aussi que 
lesd. eschevins, pour eulx et leurs successeurs, eschevins, ont 
promis païer, bailler et délivrer par chascun an, ou faire 



- 65 — 

païer par leurs recepveurs présens et advenir la somme de 
cinquante esculz, revenant à cent cinquante livres, en contem- 
plation de rinstitution des abécédaires, le paiement de 
laquelle somme se fera à troys termes esgaulz, savoir : aux 
premier octobre, premier de febvrier et premier de juin ; le 
premier terme et payement commençant au premier jour 
d'octobre prochainement venant, et continuer le payement 
de termes en termes, tant et si longtemps que lad. institution 
durera, et à ce ont, lesd. eschevins, obligé et affecté spécialle- 
ment tout le revenu patrimonial de lad. ville, et oultre a esté 
par exprès accordé que mesd. seigneur et dame rendront 
lesd. maisons quictes et déchargées de toutes charges quel- 
conques, sans que lesd. Pères recteur et aultres de lad. 
compagnye de Jésus y soient aucunement tenus, lesd. Pères et 
aultres de lad. Société de Jésus, par Père Michel Nolet, 
recteur, et Père Jacques Doiye, préfet des études, présens et 
acceptant les choses susdites pour eulx et aultres de leur 
Société. Car ainsi, etc. Fait en la ville de Nevers, le deuxième 
jour du moys d'aoust, l'an mil cinq cens soixante-dix-huit. 
Ainsi signé : Bolacre, Decuzy, Coqcille, Michel Nolet, Jacques 
Doiye, Guillaume, Decolons, Délaigle et Le Sage. 

(Archives de Nevers, BB 19). 

1597. — Traité entre les échevtns de Nevers 
et te principal du Collège 

Personnellement establis honorables hommes Gilbert Dyen, 
Charles Carpentier, Jehan de Corbignyet François de Saulieu, 
e$chevins de la ville de Nevers, et M^ Jacques Marquel, pro- 
cureur du faict commung de lad. ville, assistas de noble 
Cristofle de la Chassaigne, président en la chambre des 
comptes, etc., et M^ Arnault Regnault, maître es arts et 
licencyé en droit canon, chanoine de Nevers, à présent 

demeurant en ceste ville de Nevers, d'autre part, lesquelles 

5 



- 66 - 

parlyes respectivement de leur propre et libre volonté, 
mesme lesd. sieurs eschevins assistés comme dessas et 
suivant la délibération aujourd'hui faitte en la salle de 
rhostel commung de lad. ville par les vingt-quatre conseil- 
lers et aultres notables d'icclle, ont fait et passé entre elles 
Ips pactions, promesses et obligations qui s'ensuivent. C'est 
assavoir que led. sieur Regnault a promis et promet par ces 
présentes de prendre les charge, principaulté et esconomye 
du collège de lad. ville de Nevers, pour le temps et espace de 
dix années, commençant au premier jour d'octobre prochain 
et finissant à tel et semblable jour lesd. dix années fynîes et 
passées ; pendant et durant lequel temps led. sieur Regnault 
a promis de entretenir quatre régens ydoînes et capables 
pour enseigner et instruire la jeunesse aux lettres humaines, 
scavoir ung premier, second, troisième et quatrième et oultre 
plus ung chappellain, qui enseignera par mesme moiyen les 
petis abécédaires, lesquels régens led. Regnault sera tena de 
nourrir, entretenir et gaiger à ses frais et dépens, moyennant 
ce qui sera cy après déclaré ; oultre a promis que, dès lors 
qu'il se trouveroit des escolliers près et capables pour estre 
instruits en philosophie, de faire leçon et lecture une heure 
du jour ; plus, de faire dire et célébrer chascua jour la messe 
ordinaire, dire vespres le sabmedy, et ledymanche la messe et 
vespres, le tout à la fasson de faire accoustusmée, où assiste- 
ront les escolliers, et faire lesson de catessisme audit jour de 
saint dymanche, le tout moyennant le pris et somme de trois 
cens escus par chascun an, payables de six moys en six 
moys, par advance, et oultre ce, demeurera aud. sieur 
Regnault le revenu de la prébende préceptorale de ceste ville 
de Nevers, montant à quarante escus par an. Sera tenu led. 
Regnault de prandre et se charger par inventaire des orae- 
mens de la chapelle dud. collège et des livres et meubles 
estans aud. collège, pour les randre en fin desd. années en 
mesme espèce encores qu'ils ne fussent de mesme valeur. 
Plus, que luy seront délivrés à la charge de en user par led# 



- 67 — 

sieur Regnault comme ung bon père de famille. Et sera tenu 
led. sieur Regnault présenter ausd. sieurs eschevins et procu- 
reur du faict commung les régens qu'il vouldia establir aud. 
collège, sur lesquels la supériorité appartiendra aud. sieur 
Regnault, ensemble la destitution. Et demeurera led. Re- 
gnault franc et deschargé de toutes charges et subsides qui 
seront imposés et desparlys sur les habitans de lad. ville de 
Nevers, mesme de rentrée du vin et aultres denrées qu'il 
acheptera pour la provision dud. collège. Sera led. sieur 
Regnault tenu à aucunes réparations des bastimens dud. 
collège, de la somme d'un escu pour une foys. Et à l'accom- 
plissement, etc. Faict en l'hostel commung de lad. ville, après 
midy, le quinzième jour de juillet mil cinq cens quatre vingts 
et dix-sept, etc. 

(Archives de Nevers, DB 20). 

An VI. — PROGRAMME du cours de physique 
expérimentale à Vécole centrale de Nevers 

Le citoyen Dochesne, professeur de physique et de chimie 
expérimentale à l'école centrale du département de la Nièvre, 
ouvrira le cours de physique le 2 thermidor an VI. Ce cours 
durera une année ; Tannée suivante il fera celui de chimie, 
conformément au règlement de cette école. L'ouverture se 
fera par un discours préliminaire sur la physique et les avan- 
tages qu'on en retire. 11 sera divisé par parties qui se succé- 
deront les unes aux autres ; on cfbmmencera par l'étendue et 
la divisibilité des corps, ensuite le mouvement et ses lois, 
l'hydrostatique, la méchanique, l'air, ses effets, l'eau consi- 
dérée comme fluide, sa décomposition, son état de vapeur, 
celui de condensation et les météores aqueux, le feu, la 
lumière, la catoptrique, la dioptrique, l'astronomie, l'aimant^ 
l'électricité et les météores enflammés. 

Les parties qui ont du rapport avec l'art de guérir, telles 
sont l'air, le feu, l'aimant et l'électricité, y seront traitées en 
faisant l'application aux maladies où ils conviennent et les 



— 68 - 

différents procédés qu'il faut employer, suivant les différentes 
circonstances, seul moyen d*en éviter les inconvéniens et d'en 
tirer de grands avantages en médecine. La physique, ayant 
pour objet de nous dévoiler les secrets de la nature, a des 
rapports avec toutes les sciences ; elle fait une partie princi- 
pale de la grande chaîne des connaissances humaines, et 
son étude a l'avantage d'être aussi agréable qu'elle est utile. 

Les leçons seront le duodi, quarlidi, sextidi et octodi de 
chaque décade, depuis 10 heures du matin jusqu'à midi. 

Ceux qui voudront les suivre s'inscriront chez le citoyen 
Duchesne, à l'école centrale, à Nevers. 

Le traitement par Télectricité médicale qui se fait chez le 
citoyen Duchesne se fera tous les jours de leçons, depuis midi 
jusqu'à une heure, à l'issue de la leçon, pour que les per- 
sonnes qui suivent le cours de physique puissent avoir des 
connaissances sur cette partie. Il y aura un registre où sera 
décrit l'état de chaque malade, le traitement qui lui est admi- 
nistré, les progrès de la guérison et la terminaison. 

Les malades n'y sont admis qu'après s'être présentés au 

citoyen Duchesne, qui examinera si ce genre de traitement 

peut leur être utile. 

Signé : Duchesne. 

(Archives de la Nièvre). 

1812. — RÈGLEMENT du collège de Nevers 

en 1812 

Article premier. — De Vouverture des classes. — Les 
classes s'ouvriront le matin à huit heures et continueront 
jusqu'à dix heures. Le soir, depuis la Toussaint jusqu'à 
Pâques, elles s'ouvriront à deux heures et demie et finiront 
à quatre heures et demie ; après Pâques, elles s'ouvriront à 
trois heures et finiront à cinq heures. La c)oche donnera le 
signal du commencement et de la fin des classes. La classe 
des leçons de mathématiques s'ouvrira à dix heures un quart 
et durera jusqu'à onze heures trois quarts. Le jeudi de chaque 
semaine, il y aura une classe pour les mathématiques, qui 



— 69 - 

devra durer deux heures. M. le régent indiquera l'heure qui 
pourra le mieux convenir. 

Art. 2. — De la cour des classes. — La grille de la cour des 
classes ne s'ouvrira qu'au signal de l'ouverture des leçons 
publiques. Après le signal donné, aucun élève ne doit rester 
à la porte extérieure du collège. Tous les jeux et exercices 
bruyants et tumultueux sont interdits. Il est défendu expres- 
sément de jeter des pierres dans les cours et par-dessus les 
murs de l'enceinte. Toute infraction à cette défense sera 
sévèrement punie. Tout écolier sorti des classes pour quelque 
l:»esoin et qui sera surpris à s'amuser ou troubler les leçons 
des autres classes, sera puni. 

Art. 3, — De la tenue des écoliers dans les classes, — Les 
élèves viendront en classes décemment vêtus ; ils ne seront 
pas admis en veste ronde, l'usage des sabots est proscrit dans 
l'intérieur des classes. La classe du matin et du soir commen- 
cera et finira par la prière ordinaire et à genoux ; le premier 
de chaque classe sera chargé de ce soin. Les écoliers observe- 
ront le plus grand silence pendant les leçons de la classe. 
MM. les régents sont autorisés à punir sévèrement toute 
infraction à cet égard, et, dans le cas d'indocilité, ils en 
feront le rapport à M. le principal, qui pourra condamner à 
une punition exemplaire. 

Tous les samedis, le régent de chaque classe en fera la 
visite, pour constater l'état des lieux et des bancs. Les dégâts 
seront réparés aux dépens de celui qui les aura commis. 
Ceux qui auront écrit sur les murs ou gravé leurs noms sur 
les bancs, outre la réparation du dégât, seront punis d'une 
amende d'un franc par nom. Quand le dégât aura été fait 
méchamment, outre l.es frais de réparations, il sera infligé au 
coupable une punition en raison du délit. Si les auteurs du 
délit n'étaient pas connus, tous les élèves de la classe en 
seront responsables. MM. les régents sont chargés de l'exécu- 
tion de cet article, chacun dans sa classe respective. 
Le régent de chaque classe nommera un censeur, qui sur- 



- 70 - 

veillera les écoliers pendant son absence et fera rentrer la 
classe, s'il ne pouvait pas se trouver à l'heure de l'ouverture. 
Les écoliers, dans les classes, seront placés suivant le rang^ 
que leur assigneront leurs devoirs de composition. Le censeur 
sera placé au-dessous de la chaire du régent, le premier à la 
première place sur le banc à droite, le second sur le banc à 
gauche, à la première place, et a\nsi de suite, tellement que 
tous les nombres impairs soient placés à la droite et le» 
nombres pairs à la gauche. 

Les écoliers seront tenus d'avoir chacun leurs livres, leurs 
plumes et leur encre. La sortie se fera sans tumulte. Le 
censeur est chargé de fermer la )K)rte et les contrevents de la 
classe. 

Art. 4. — Des leçons et devoirs. — MM. les régents donne- 
ront à leurs écoliers, matin et soir, des leçons à apprendre et 
des devoirs à faire, chacun selon Tusage ordinaire. Les 
leçons seront récitées par- devant le régent ou les censeurs 
nommés à cet effet par lui et pris parmi ceux qui se distin- 
guent par leur travail et leur bonne conduite. Tout é^M>licr 
qui ne saura pas ses leçons, dans quelque chose que ce soit^ 
sera puni une première et seconde fois ; s'il se met dans le cas 
d'être puni une troisième, il en sera référé à M. le principal 
pour la punition à infliger. Le censeur qui serait surpris 
n'être pas fidèle dans son rapport pendant sa place, pourra 
être puni selon le cas. Chaque élève est obligé de rapporter 
son devoir fait sur cahier et sur copie lisiblement écrit, autre- 
ment il sera puni suivant les circonstances. Il justifiera par 
un écrit par qui de droit, de l'exemption de ses leçons ou de 
son devoir, ainsi que de son absence aux classes publiques. 
Ceux des écoliers qui suivent le cours de leçons de mathéma- 
tiques ne seront pas pour cela dispensés des devoirs et des 
leçons de leurs classes. On composera le vendredi de chaque 
semaine ; et, le lundi suivant, les places seront données d'après 
l'examen des devoirs. La liste des places, certifiée par M. le 
régent, sera portée à M. le principal, ainsi que les coines des 






— 71 — 

premiers et des derniers. Il y aura des marques de distinc-^ 
tioh pour les premiers de chaque classe. Tous les trois mois, 
il sera fait une composition d'ensemble pour juger des progrès 
des élèves. 

Exercices religieux. — Tous les écoliers seront conduits à 
la messe, après la classe du matin. Deux régents, chacun à 
son tour, les surveilleront à l'église dans les places qui leuf 
seront assignées. Ils justifieront qu'ils s'approchent des sacre- 
ments, une fois tous les deux mois. Tout écolier sera tenu 
d'avoir un livre de prières et de lire dedans pendant la 
messe. M. le principal et les régents s'informeront si les 
écoliers assistent à l'office divin les dimanches et fêtes, et de 
leur tenue à l'église. Le Nouveau Testament étant déclaré 
livre classique par l'Université pour toutes les classes, tous 
les jours, depuis la quatrième inclusivement, il en sera donné 
en leçons quelques versets. 

Surveillance extérieure sur les écoliers. — Les écoliers 
externes seront toujours soumis, même hors de la tenue des 
classes, à la juridiction du collège ; ses ch^fs conservent le 
droit de punir les fautes commises hors de l'enceinte contre 
la bonne conduite et le règlement de police intérieure II est 
défendu aux écoliers d'aller dans les assemblées publiques, 
dans les cafés, les spectacles, soûs quelque prétexte que 
ce soit. 

RÈGLEMENT DE POLICE INTÉRIEURE POUR LE PENSIONNAT 

Article premier. — Le lever. — Le lever est sonné à cinq 
heures et demie. Aussitôt après le réveil, les élèves commen- 
ceront à s'habiller et feront entièrement leur toilette. Ceux 
qui ne peuvent pas partir au signal du départ, ou qui arrive- 
ront aux salles d'études sans être complètement habillés, 
seront punis. Pendant tout ce temps, on observera le silence. 
Au signal donné pour la sortie des dortoirs, les élèves se 
rendront, sans tumulte et en silence, dans les salles d'études, 
et chacun y prendra de suite sa place ordinaire, et la prière 



— 72 — 

du matin se fera alternativement par chacun des élèves. Tous 
seront à genoux dans une posture décente et apporteront à 
cet acte religieux le respect qui lui est dû. Aucun élève ne 
doit sortir du dortoir avant le signal et sans permis- 
sion. 

Art. 2. — Etudes du matin. — Après la prière, salle 
d^études jusqu'à sept heures et demie. A sept heures et demie^ 
toilette de propreté ; les élèves iront se laver les mains à la 
fontaine et rentreront de suite aux salles d*études, où ils 
recevront leur déjeuner. Pendant le déjeuner, récréation, 
mais sans tumulte, et sans la liberté de sortir de la salle sans 
permission. 

Au signal pour l'entrée des classes publiques, les élèves 
quitteront le quartier pour se rendre dans la cour des 
classes, y attendre leurs régents respectifs, et seront soumis, 
ainsi que les autres, aux règles de police établies à cet égard 
dans le règlement général du collège. Au sortir des leçons 
publiques, et après la messe, les élèves se rendront de suite 
aux salles d'études, où il y aura un quart d'heure de récréa- 
tion, qui devra se passer sans tumulte et sans sortir des 
salles. A dix heures et demie, salle d'études jusqu'à midi. 
Depuis midi jusqu'à une heure, étude pour les arts d'agré- 
ment, leçon d'écriture pour les autres. A une heure, le 
dîner. Les élèves, au signal donné pour le dîner, se rendroBt 
de suite au réfectoire, se placeront devant leurs couverts 
respectifs, et s'y tiendront debout et découverts, pour réciter 
avec le maître le BenedicUe, après lequel ils s'assayeront sans 
tumulte et en silence. Il sera fait une lecture pendant le 
repas. Chacun des élèves lira à son tour, tandis qu'un autre 
élève veillera autour des tables, pour faire donner par les 
domestiques ce qui pourrait manquer aux élèves. On obser- 
vera le plus grand silence. A la fin du repas, au signal donné, 
tous se lèveront, et, chapeau bas, on récitera les Grâcesy 
comme pour le Benedicite. Nul ne doit quitter sa place avant 
le signal. Après le repas, récréation. 



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Art. 3. — Etudes de Paprès-dîner. — A deux heures, 
rétude pour les leçons. Au signal de l'entrée des classes 
publiques pour le soir, les élèves sortent sans tumulte de la 
salle d'étude et se rendent en classe. Après la classe du soir, 
les élèves rentrent de suite dans les salles d'études et y reçoi- 
vent leur goûter. Une demi-heure après, salle d'études 
jusqu'au souper, qui se fait à sept heures et demie ; après 
lequel la prière, suivie d'une lecture de piété, laquelle étant 
finie, les élèves se retirent en silence dans le dortoir, pour se 
coucher. Ils le feront le plus promptement possible. Chacun 
restera devant son lit en se déshabillant avec modestie et 
décence. 

Art. 4. — Jours de fêtes, de dimanches et de congé. — Les 
jours de congé, les exercices auront lieu jusqu^à huit heures, 
comme dans les jours ordinaires. A huit heures, les élèves 
iront à la messe, après laquelle récréation jusqu'à neuf heures 
et demie. Salle d'études. A dix heures et demie, répétition de 
géographie et de mathématiques, ou de toute autre étude 
relative à l'instruction des élèves, jusqu'à onze heures et 
demie. Alors récréation jusqu'au dîner. Après dîner, la pro- 
menade, pendant laquelle les élèves ne pourront s'écarter 
hors de la vue de leurs maîtres et ne commettre aucun dégât, 
soit dans la ville, soit dans les campagnes où on pourrait les 
conduire, sous peine d'être punis très sévèrement au retour de 
la promenade. Etude à cinq heures, et la journée se termi- 
nera ainsi que les autres jours. Les dimanches et fêtes, les 
élèves, après le déjeuner, ont récréation jusqu'à neuf heures. 
A neuf heures, salle d'études jusqu'au dîner. Le soir, à deux 
heures, catéchisme jusqu'à vêpres, auxquelles assistent les 
élèves, après quoi goûter, récréation et salle d'études à cinq 
heures et demie. 

Des exercices en particulier. — Exercices religieux. — 
D'après le règlement de l'Université, les élèves devront être 
instruits des pratiques de la religion et en pratiquer les 
devoirs. Tous les jours, après la prière du soir, il sera fait 



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une instruction sur la religion, et deux fois par semaine 
l'explication du catéchisme. Le samedi soir et la veille des 
grandes fêtes, il sera fait une instruction sur quelque point 
de religion ou relatif à la solennité. Tous les élèves, dans le 
règlement général, devant justifier vis à-vis leurs professeurs 
respectifs qu'ils s'approchent des sacrements tous les deux 
mois, cette obligation sera encore imposée à ceux qui ne 
suivent pas encore les leçons publiques. Les mercredis, le 
samedi soir, le jeudi dans la journée, seront les moments 
indiqués pour remplir ce devoir religieux. Les dimanches et 
fêtes, on fera la revue de propreté avant de conduire les 
élèves à la messe ou aux vêpres. 

Règles géniales, — Les élèves ne pourront sortir du 
collège, à moins qu'ils n'obtiennent permission du princ/pa/ 
et qu'ils ne soient réclamés par leurs parents ou leurs fondés 
de pouvoir. Les élèves ne pourront recevoir de lettres, ni eu 
adresser sans qu'elles aient été vues par le principal. Ils ne 
pourront avoir d'autre argent que celui que leurs parents 
auront remis au principal pour leurs menus plaisirs, et qui 
le leur distribuera particulièrement les jours de congé, s'il 
est content d'eux. L'entrée de l'infirmerie sera interdite aux 
élèves en bonne santé, à moins d'une permission du prin- 
cipal. Tout élève doit être vacciné avant d'être admis dans le 
pensionnat. Aucun élève n'aura de chambre séparée. Tous les 
jeux et exercices dangereux, tous les jeux de cartes et de 
hasard sont interdits ; il est également défendu d'exposer de 
l'argent à quelque jeu que ce soit. Tout propos injurieux ou 
indécent sera rigoureusement puni. Lintroduction de toute 
arme à feu et celle de la poudre à tirer, même en artifice, est 
interdite. Toute espèce de prêt et d'échange entre les élèves 
ne pourra avoir lieu qu'avec la permission des maîtres 
d'études. 

(Archives de la Nièvre). 

E. D. 









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This book should be retumed to 
the Library on or before the last date 
stamped below. 

A fine of flve cents a dày is incnrred 
by retaining it beyond the speoified 
time. 

Please retum promptly. 



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