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Extrait du Bulletin de la Société Nivemaise des lettres, sciences et arts
1
LE
COLLÈGE DE NEVERS
1621-1860
PAR
M. Edmond DUMINY
?4^
NEVERS,
G. . VAZ.r.IÈRE,
IMPRIMEUR DB LA SOCIÉTÉ N I V E R N A. I S B
24, Avenue de la Gare.
19Ô7
V • ^
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LE COLLÈGE DE NEVERS
1521-1860
En Tannée 1521, il n'y avait à Nevers « nulles
escholles de valleur » et les habitants qui désiraient
faire instruire leurs enfants étaient obligés de les
envoyer étudier au dehors. Cette situation, et les
plaintes qu'elle amenait de la part des parents, ému-
rent les échevins, qui résolurent d'acheter une maison
pour y installer une école dans laquelle l'enseignement
serait donné sous leur surveillance et sous celle de
l'écolâtre. Leur choix se porta sur la maison de Jean
Chevaul, près de la Chambre des comptes, dont, après
avoir pris l'avis de l'écolâtre, de l'ofRcial, du lieutenant-
général et des notables bourgeois de la cité, ils firent
acquisition, moyennant la somme de « huit-vingt-dix
livres tournois ». Comme elle était grevée d'un bor-
delage de six livres et une géline, au profit du chapitre
Sainte-Croix d'Orléans, ils achetèrent pour « huit-
vingt livres », de Rollet Planchon, une autre maison,
sise rue de Château, sur laquelle les chanoines
d'Orléans consentirent que fût transporté leur bor-
delage (1).
L'école ne resta que cinq ans dans la maison de
Chevaul, qui, en 1526, fut échangée contre celle que
(1) Archives communales de Nevers, CC, 95.
i
k
— 4 —
Léonard Dupontot, chevalier, bailli du Nivernais,
possédait près du puits des Ardilliers et qui était
connue sous le nom de maison de Veaulce. C'est dans
cette dernière que fut transféré l'établissement d'ins-
truction, qui prit dès lors le nom de collège, c'est là
qu'il est demeuré jusqu'à nos jours (1).
Le premier principal fut Pierre de la Foi, qui prit
l'engagement de rester pendant trois ans à la tête de
la maison, à compter du 18 juillet 1527, moyennant
une pension annuelle de vingt livres. En outre, à son
entrée, la ville lui donna six tonneaux de vin, quinze
quartauts de froment et quinze mesures de bois à
chauffer a pour la nourriture de luy, ses régens et
domestiques pour un moys » ce qui coûta 51 livres
10 sols 3 deniers (2).
Dès que le collège eut été installé dans ce nouveau
local, on y ajouta une chapelle pour le service des
écoliers et dans laquelle, au mois de mai 1528, Etienne
de Maintenant, bourgeois, et Jeanne Garnier, sa
femme, firent fondation a d'une messe perpétuelle
chacun jour, à lun et l'autre suffraige... qu'ils enten-
dent estre dicte et célébrée aux jours fériés et du
commandement de l'Eglise, haulte, et aux jours non
fériés, basse, à heures convenables, et à l'yssue de
chacune desd. messes, par le prebtre qui aura célébré,
dit les pseaulmes De profundis, avec les collectes et
oraisons des trépassez à la dévotion du célébrant ».
Pour l'exécution de cette charge, les fondateurs firent
don d'un bordelage de 42 livres et 3 gélines. La béné-
diction et la dédicace de la chapelle furent faites en
1530, par Philibert de Beaujeu, évoque de Bethléem (3).
(1) Archives de Nevers, GG, 151.
(2) Archives de Nevers, CC. 400.
(3) Archives de Nevers, GG 151 et CC 103.
— ^jr . ^
- 5 -
Pierre de la Foi eut pour successeur Louis Fléau,
qui reçut de la ville trente livres à son entrée ; il exerça
très peu de temps et abandonna complètement le
collège.
On songea alors à confier l'instruction à Tun des
plus célèbres professeurs de Paris, Matburin Cordier,
l'ami de Calvin et de Robert Estienne, qui avait déjà
professé au collège de Navarre. Un des échevins,
Pierre Perrin, fut chargé d'aller le sonder à ce sujet et
de traiter avec lui. Cordier arriva à Nevers en 1530 et
resta à la tête des écoles jusqu'en 1533/ c'est ce qui
résulte des comptes des receveurs des deniers com-
muns ; c'est donc par erreur que Bay le écrit qu'il régenta
dans notre ville pendant les années 1534, 1535 et 1536.
A son arrivée, il reçut 50 livres tournois ; pendant son
séjour on lui donna à différentes fois des secours en
argent, espérant se l'attacher* mais ce fut en vain.
Après le départ de Mathurin Cordier, le désordre
s'introduisit dans le collège, les maîtres se succédèrent
avec rapidité, la discorde se mit parmi les professeurs.
Pour remédier à cet état de choses, les échevins pré-
sentèrent une requête au Parlement, afin d'obtenir un
règlement pour qu'il « fust obvié à la diversité des
doctrines, divisions et séditions (1) ». Il leur fut
accordé par une ordonnance rendue aux Grands Jours
de Moulins, le 30 octobre 1540. Il était établi dans le
collège de Nevers trois classes : dans la première on
devait enseigner « les ars et philosophie, s'il y a
enffans capables à y parvenir et régens ydoines à les
enseigner » ; dans la seconde, « la grammaire, poésie
et lart d'oratoire, depuis les rudimens et leCathon »;
dans la troisième, « l'alphabet, les sept pseaulmes, les
(1) Archives de Nevers, CC 103 cl suivants.
— 6 -
heures de Nostre-Dame et le Donat ». Les élèves
devaient se trouver au collège le matin à six heures en
été, à sept heures en hiver et assister à la messe chaque
matin. Les cours commençaient après la messe jusqu'à
dix heures, et le soir de deux heures à cinq heures
et demie.
En 1543, François Le Maistre « docteur es droitz»,
était principal. Les échevins voulaient le faire dé-
guerpir, nous ne savons pour quelle cause; il refusa ;
un arrêt du Parlement le maintint dans sa charge,
malgré les échevins.
Un autre arrêt du 1' février 1547 décida qu'à
l'avenir le principal serait présenté par les échevins,
qu'il ferait ses preuves de capacité par devant l'éco-
làtre et que l'information sur ses mœurs serait faite
par Tévêque (1).
En 1556, on convint que les notables habitants,
choisis par les échevins et les conseillers de ville, se
transporteraient le dernier dimanche de chaque mois
au collège, afin de l'inspecter et présenteraient un
rapport le dimanche suivant (2).
Raoul Borel était principal en 1561. Le 19 décembre
il résigna et on confia à Thomas Berthelot, prêtre
bachelier, moyennant 15 livres par quartier « Testât
de principaulté du collège )).* Une épidémie de peste
sévissant à Nevers, en 1563, le collège fut fermé, et
les professeurs furent envoyés « aux champs à grans
frais, afin que plus promptement, le péril passé, ledit
collège fut remis en son premier estât pour obvier à la
desbaulche des jeunes enffans de lad. ville ». Berthelot
fut remplacé, le 13 juin 1564, par Pierre Alloury, curé
de Donzy, à qui on promit « sept-vingt-dix livres par
(1) Archives nationales.
(2) Archives de Nevers, BB, 18
— 7 —
an pour les gaiges de ses régens )). Il y avait alors,
outre le principal, quatre professeurs dans rétablisse-
ment, Jean de la Triste, Jean Guinières, François
Fauchet et Pierre Mirson. La peste ayant fait une
nouvelle apparition, les cours cessèrent de nouveau et
les bâtiments reçurent les malades que riiôpital ne
pouvait contenir.
A la fin de l'épidémie, François Jouhanneau, de
Saint-Pierre-le-Moûtier, succéda à Alloury, qui refusa
de reprendre ses fonctions. On lui donnait 35 livres
par quartier (1).
Le duc et la duchesse de Nevers, Ludovic de
Gonzague et Henriette de Clèves, conçurent, en 1565,
le projet de faire une fondation au profit du collège.
Ils annoncèrent, le 28 août, leur intention de faire don
d'une somme de deux mille livres tournois, une fois
donnée, et d une rente annuelle de cent quartauts de
blé. L'assemblée des échevins et des conseillers de
ville, réunie à cette occasion, pour éviter le renouvelle-
ment des troubles qu'avait déjà produits la diversité
des enseignements, décida que « le principal serait
tenu de faire vivre tous ses escolliers selon les tradi-
tions de l'Eglise romaine, et fréquenter la messe et
aultres services et prières, selon l'institution ancienne.
Et s'il y a aucuns enfans qui ne veulent suyvre notre
religion, qu'il leur déclare qu'il luy est deflfendu de les
recepvoir au collège et ne les recepvra en icelluy (2) ».
En 1569, à la mort de Gilles Vallut, principal, on
lui donna pour successeur Jean Rémond, curé de
Satinges et de Parigny-les-Vaux.
C'est seulement en 1572, après près de sept ans de
pourparlers, que fut régularisée la fondation projetée
f'I) Archives de Nevers, CC, 140 el suivants.
(2) Archives de Nevers, BB, 18.
— 8 -
par le duc et la duchesse. Par un acte passé le 3 juillet,
les échevins abandonnèrent à l^udovic de Gonzague
et à sa femme, d'après une autorisation donnée par une
assemblée générale du 28 septembre précédent, toute
la partie du collège du côté de la rue des Francs-
Bourgeois (actuellement rue du Lycée) dont immé-
diatement cession fut faite à la Société des Jésuites
pour y (( loger, fonder et entretenir à tous jours ung
collège de la compaignye des mais très et frères de la
Compaignye de Jésus, qui vivra selon les instituts de
leur ordre et vacquera à instruire la jeunesse de lad.
ville et pays de Nivernoys en bonnes meurs et en
toutes sciences, et qui, selon les occasions, preschera et
annoncera la parroUede Dieu, selon la doctrine de la
saincte Eglise catholicque et romaine ». Les échevins
firent réserve expresse du surplus du collège, pour,
en y ajoutant trois maisons que le duc venait d'acquérir
sur les rues Mirangron et des Fangeats (actuellement
rue de la Préfecture) et qu'il délaissait à la ville
« y loger ung ou plusieurs maistres et pédagogues et
les enflfans pensionnaires et encore pour y instruire les
enfifans abécédaires dont lesd. frères de la Compaignye
de Jésus n'avoiont accoustumé de se charger ». Le
26 septembre 1573, Ludovic de Gonzague compléta sa
donation aux Jésuites en leur constituant une rente de
2.000 livres à prendre sur l'hôtel de ville de Paris ;
l'acte en fut passé devant Cayard et Boreau, notaires
au Châtelet. Les Jésuites, de leur côté, prirent l'enga-
gement d'entretenir quatre régents au collège. Plus
tard, la rente de 2.000 livres fut assignée sur les reve-
nus du duché.
Cette organisation ne satisfit pas longtemps les
Jésuites. En 1577, ils proposèrent de se charger de.
l'école et de l'enseignement des abécédaires. Intervint
un nouveau traité le 2 août 1578. Les échevins et les
- 9 -
conseillers de ville délaissèrent au duc « toute la part
et portion qu'ils avaient réservée par le premier
contract de cession et démission des maisons du col-
lège » et les mandataires du duc en firent immédiate-
ment abandon aux Jésuites et prirent l'engagement d'y
ajouter deux autres maisons que le duc se proposait
d'acquérir. Les Jésuites promirent, moyennant une
somme de 150 livres par an, payables par la ville en
trois termes, les 1"' octobre, 1®"" février et !«' juin,
de « s'emploier en l'institution et enseignement de la
jeunesse, prandre et recepvoir pensionnaires, instruyre
les abécédaires par eulx ou par aultres capables et
suffisans personnages (1) ».
Les maisons que le duc devait acheter le furent le
18 octobre 1585 et vinrent s'annexer au collège.
Ludovic de Gonzague ajouta à tous ces dons, le 17 juin
1588, celui d'une métairie dans la paroisse de Saintr
Eloy. Le 28 septembre 1586, la somme payée par la
ville pour l'instruction des enfants abécédaires fut
portée à 200 livres par an (2).
L'article 9 de l'ordonnance d'Orléans du mois de
janvier 1561, avait décidé que dans chaque collégiale
le revenu d'une prébende serait destiné « pour l'entre-
tenement d'un précepteur qui sera tenu moyennant
d'instruire les jeunes enfans de la ville gratuitement
et sans salaire ». Les échevins ne purent obtenir que
le 29 juillet 1591, de l'évêque Arnaud Sorbin, la colla-
tion de cette prébende au profit des Jésuites chargés
d'instruire gratuitement les enfants. Un contrat passé
avec le chapitre le 21 août suivant en fixa les revenus
à 40 écus.
Cette môme année, les chanoines de Saint-Cyr de
(1) Archives de Ne vers, G G, 'J52.
(2j Archives de Nevers et Archives départementales de la Nièvre.
- 10 —
Nôvers, seigneurs de Sauvigny-les-Bois, et les habi-
tants de cette paroisse firent concession au profit du
collège du droit de « prendre et tailler du bois pour
servir de bouchures aux terres de Nevers et de la
maitairie de Saint-Eloy (1) ».
L'arrêt du Parlement du 29 décembre 1594 ayant
déclaré les Jésuites bannis de France, ils furent, mal-
gré les démarches du duc et des habitants, obligés de
quitter Nevers en 15*95. Les échevins reprirent donc
l'administration du collège. Ils traitèrent, le 15 juillet
1597, avec Arnaud Regnault « maître es arts et
licencyé en droit canon, chanoyne de Nevers o de
« la charge, principaulté et esconomye du collège »
pour dix années, à compter du 1'' octobre suivant,
moyennant la somme annuelle de 300 écus payables en
deux termes et par avance, plus le revenu de la pré-
bende préceptoriale Regnault prenait l'engagement
de « entretenir quatre régens ydoines et capables pour
enseigner et instruire la jeunesse aux lettres humaines,
scavoir ung premier, second, troisième et quatrième
et oultre plus ung chappellain, qui enseignera par
mesme moyen les petis abécédaires, lesquels régens
led. Regnault sera tenu de nourrir, entretenir et
gaiger à ses frais et despens; oultre a promis que, dès
lors qu'il se trouveroit des escolliers près et capables
pour estre instruits es philosophye, de faire leçon et
lecture une heure du jour, plus de faire dire et célé-
brer chacun jour la messe ordinaire, dire vespres le
sabmedy, et le dymanche la messe et vespres, le tout
à la fasson de faire accoustumée ou assisteront les
escolliers et faire lesson de catessisme aud. jour de
sainct dymanche ». De plus, Regnault était exempté
(1) Archives de Nevers, BB, 20 et Arcliives de la Nièvre.
— 11 —
de toutes les taxes et charges qui frappaient les habi-
tants. Il avait le droit de choisir et de destituer les
régents.
En 1601, il fut décidé que chaque mois quatre com-
missaires, accompagnés du procureur du fait commun
et du secrétaire, feraient l'inspection du collège et on
fît publier que toute personne pourrait y envoyer ses
enfants sans rien payer.
Les Jésuites furent rappelés en France par l'édit de
septembre 1603. Sur la demande du duc Charles de
Gonzague, Henri IV les autorisa le 21 juin 1606 à
rétablir leur collège de Nevers, qui était « demeuré
presque tout ruiné depuis l'absence desd. pères ». On
profita de la circonstance pour augmenter cet établis-
sement. Une quête fut faite parmi les habitants de la
ville, afin d'ajouter aux anciens revenus ; elle produisit
la somme de 28.000 livres, somme considérable si Ton
réfléchit au peu d'importance de la ville à cette époque*
Les échevins, du consentement du duc et de Catherine
de Lorraine, sa femme, traitèrent, le 11 janvier 1607,
avec les Jésuites qui rentrèrent le 1^*" octobre suivant.
Ils recevaient la rente de 2.000 livres constituée par
le duc Ludovic, la métairie de Saint-Eloi provenant
de la même origine, les revenus de la prébende précep-
toriale ; la ville leur abandonnait la ferme du Coudray,
paroisse de Sermoise, et celle de Saint-Antoine, près
Nevers, et prenait l'engagement de leur desservir une
autre rente de 1.300 livres constituée au moyen de la
somme recueillie chez les particuliers. Tous les bâti-
ments devaient être remis en bon état, on garnirait
vinfift chambres des meubles nécessaires, ainsi que
l'infirmerie, la sacristie et la cuisine ; on rendait aux
Jésuites tous les livres qui avaient été inventoriés lors
de leur départ. En outre, ils étaient déclarés « libres,
francs et exempts de toutes tailles, emprunts, gabelles,
- 12 -
impositions, droits d'entrée, garde de ville et toutes
autres charges quelconques et de quelque qualité
qu'elles soient ». Cette dernière clause était destinée à
faire naître bien des difficultés dans l'avenir. Les Jésuites
s'obligeaient à se livrer a à l'institution de la jeunesse
et autres fonctions ordinaires et accoustumées de lad.
compagnie... et faire résider ordinairement nombre
de personnes suffisant pour entretenir cinq classes
de grammaire, humanités et rhétorique ». Ce traité
fut homologué par lettres patentes du 23 janvier 1607.
Les habitants de Nevers firent encore plusieurs fois
preuve de générosité envers les Jésuites ; ainsi, le
29 mars 1610, Henri Bolacre et Jeanne Millet, sa
femme, donnèrent les fonds nécessaires pour la fonda-
tion d'une chaire de philosophie ; quelques années
plus tard, Jean-Henri Bogne, doyen du chapitre
Saint-Cyr de Nevers, prit à sa charge la dépense du
grand portail de l'église. Le 21 mai 1624. Jacques
Hardy, avocat en Parlement, fit don d'une place et
d'une maison, rue Mirangron, tenant au collège (1).
Par le contrat du 11 janvier, les échevins avaient
promis d'allonger Téglise du collège et d'y construire
deux chapelles. Mais dans le courant de l'année 1608,
la ville acquit plusieurs petites maisons du côté de la
rue des Ardilliers et en fit Tabandon aux Jésuites qui,
moyennant cette donation, prirent l'engagement de
bâtir, sur l'emplacement de ces maisons, une nouvelle
église complètement à leurs frais. Pour payer les mai-
sons ainsi achetées, la ville vendit l'île de Loire à Gui
Rapine, sieur de Bois- Vert , pour 1 .250 livres. La première
pierre de cette église fut posée le 9 septembre 1612
par Charles de Gonzague. Nevers fut assiégé en 1617
(1) Archives de Nevers BB divers et GG 152.
/
- 13 -
par le maréchal de Montigny, envoyé par Louis XIII
pour mettre fin à la révolte du duc et de la duchesse.
Le siège ayant été levé la veille de la fête de saint
Marc, les échevins firent construire, en 1619, en
actions de grâce, dans cette église, une chapelle en
l'honneur de ce saint. Le 25 septembre 1620, les éche-
vins, (c pour ayder à entretenir lad. chappelle de
choses nécessaires à son ornement » donnèrent aux
Jésuites « l'usage d'une petite perrière » située aux
Grandes-Perrières « et la place après que la pierre aura
esté entièrement tirée... pour y planter de la vigne ou
aultrement l'appliquer à tel usage qu'ils adviseront
pour le mieux». Les peintures qui ornent cette église
furent exécutées beaucoup plus tard par le peintre ita-
lien Ghérardini, en 1688 et 1689, qui se fit aider par
un de ses compatriotes, Jean-Baptiste Sabatini : c'est
ce qui résulte des quittances de ces deux artistes
conservées aux archives départementales (1).
Désirant créer une maison de campagne pour les
professeurs et un but de promenade pour les élèves,
les Jésuites firent, de Gilbert Taillandier, notaire à
Nevers, l'acquisition, moyennant 4.800 livres, de la
propriété de l'Ermitage, paroisse de Coulanges-les-
Nevers. Le 14 mars 1621, l'assemblée des habitants,
sur la demande du recteur, décida que, sur les rentes
que la ville payait à la Société, il serait pris celle de
300 livres dont le capital servirait au paiement du prix
de cet achat; la ville se trouva déchargée d'autant
envers les Jésuites (2).
Par un traité signé le 18 juillet 1683, les échevins
exemptèrent des charges de la ville Jean AUasseur,
émailleur, qui, « pour faciliter les professeurs de phi-
(1) Archives de la Nièvre et Archives de Nevers.
(2) Archives de Nevers, BB, 21.
_ 14 -
losophie à enseigner cette science qu'ils auroient
connue estre spéculative et joindre les démonstrations
à leurs escripts et parolles » s'obligeait à « faire et
fournir, à ses despens, annuellement, aux régents de
philosophie du collège de cette ville de Nevers tous les
ouvrages et machines de son art qu'ils jugeront néces-
saires pour l'utilité des escoliers et de tout le publiq
dont il fera Iwy-même les expériences (1) )).
Les rentes que devait la ville étaient acquittées avec
une extrême négligence. En 1641, Jérôme Berard,
recteur du collège, se plaignant de ce que ces rentes
étaient dues depuis plus d'une année entière, pour évi-
ter que pareil fait se produisît à l'avenir, les échevins
les constituèrent sur la ferme de la petite mesure qui
se levait sur le vin et les autres boissons qui se
débitaient dans la ville et les faubourgs. Cette mesure
ne remédia aucunement à la situation et, tant que les
Jésuites furent à la tête du collège, nous les voyons se
plaindre continuellement des retards apportés dans les
versements de leurs pensions. Un compte fait en pré-
sence de commissaires envoyés par Colbert, en 1660,
établissait la ville débitrice de la somme de 9.478 livres
qu'elle était dans l'impossibilité de payer. Aces récla-
mations se joignaient celles résultant de taxes diverses
que les Pères étaient obligés d'acquitter et qui,
selon le traité de 1607, devaient incomber à la ville.
En 1725, le recteur Alexandre Roger réclamait aux
échevins, de ces différents chefs, une somme totale de
76.365 livres. v
Cette même année, on décida rétablissement « d'un
second régent de philosophie pour enseigner à la jeu-
nesse la phisique dans le collège ». Les représentants
(1) Archives de Nevers, BB, 31.
- 15 —
de la ville accordèrent, le 8 septembre, une somme
de 500 livres une fois payée et constituèrent sur l'an-
cien octroi une rente annuelle de 500 livres « pour
l'entretien et pension d'un professeur de phisique et
celle de 200 livres pour estre employée à achepter des
prix qui seront distribués tous les ans ». Cette délibé-
ration fut homologuée par arrêt du conseil du 4 juin
et lettres patentes du 17 juillet 1726.
Aux demandes incessantes formulées par les Jésuites,
les échevins et les conseillers répondirent, en 1733, en
leur réclamant a la restitution des sommes qu'ils ont trop
reçues ». « Les Pères, disaient-ils le 20 mai, enhardis
par les bontés et le peu de résistance qu'ils ont trouvée
dans ceux qui nous ont précédé à faire ce qu'ils exi-
geaient d'eux, et à la faveur d'une clause générale dans
leur contrat de fondation, voudroient envahir tous les
revenus de la ville». Après de nombreux mémoires,
requêtes et suppliques de part et d'autre, on nomma,
le 22 février 1737, d'après l'avis de Tintendant, plu-
sieurs arbitres chargés de régler ce diflEérend,
et qui, le 6 mars, signèrent une transaction, homo-
loguée par arrêt du Conseil d'Etat et par lettres
patentes du 30 octobre. Il était décidé que désormais
la ville paierait aux Pères une pension de 3.000 livres,
payables par quartier et par avance, et donnerait en
outre 200 livres chaque année pour les prix. Cette sen-
tence rétablit la concorde entre les parties (1).
En 1740, une subvention de 2.400 livres fut allouée
pour réparations au collège et, quelques années plus
tard, une semblable somme pour construction de la
maison de campagne de l'Ermitage. « Les Pères
Jésuites, disaient les échevins en 1751, méritent de la
(1) Archives de Nevers, divers.
- 16 —
reconnaissance de la part de ville par rapport aux peines
et soins qu'ils se donnent journellement pour l'éduca-
tion de la jeunesse ». Les relations entre la munici-
palité et les Jésuites furent alors très cordiales. Le
3 janvier 1756, le recteur Le Petit disait aux échevins :
(( Permettez-moi de profiter de votre assemblée pour
vous y souhaiter en corps une année comblée de toutes
les bénédictions du ciel et accompagnée de tout ce qui
peut contribuer à votre bonheur ; vous remercier, au
nom du collège, des biens que vous lui avez faits dans
tous les temps, et vous demander la continuation de
cette protection généreuse et bienfaisante qui ne peut
que le rendre de jour en jour plus florissant; on
y conserve chèrement la mémoire des preuves écla-
tantes que vous lui en avez déjà données ; nos poètes
nos orateurs les célèbrent à Tenvi dans toutes les occa-
sions, elles sont consignées dans nos fastes, encore
mieux gravées dans nos cœurs. Si la reconnaissance
des bienfaits passés est un titre pour en mériter de
nouveaux, que n'avons-nous point à nous promettre
pour lavenir (1) ».
C'est avec peine que les habitants apprirent, en
1762, le nouveau départ des Jésuites. La ville repre-
nait l'administration du collège, mais on ne savait
à qui la confier. On considérait, en dehors de la Com-
pagnie de Jésus « toute autre communauté régulière,
ou comme insuffisante et manquant de sujets, ou
comme déplacée si elle se limitait à l'instruction de la
jeunesse » ; on ne voulait mettre à la tôte de l'établis-
sement ni prêtres séculiers ni surtout de laïques;
aussi demandait-on avec instance le maintien des
anciens maîtres. Si la municipalité et les conseillers
(1) Archives de Nevers, BB, divers.
~ 17 -
de ville manifestaient ainsi leurs sentiments, c'était
bien plus vivement encore que les officiers du bailliage
exprimaient leur opinion : « Qu'est-ce que des merce-
naires, disaient-ils, tels que nous pouvons les trouver
soit dans nos provinces, soit même dans la capitale, et
que doit-on attendre de pareils gens ? Peut-on se pro-
mettre .de leur part un zèle désintéressé, des mœurs
irréprochables, des sentiments élevés, une conduite
grave et soutenue? (1) ».
Lorsqu'il fut bien établi que les Jésuites devaient
partir définitivement, on décida à l'unanimité de prier
le recteur de l'Université de vouloir bien envoyer à
Nevers un principal et cinq professeurs, en lui deman-
dant que « les professeurs qu'il aura la bonté d'indi-
quer soient non seulement des séculiers, mais encore
des personnes engagées dans l'état ecclésiastique,
autant qu'il n'y aura point d'impossibilité », « attendu,
dit la délibération, que nous n'avons point trouvé
dans notre ville des sujets qui nous parussent devoir
déterminer notre choix en leur faveur ». L'Université
avait été mal disposée par l'affection que l'on avait
témoignée aux Pères de la Compagnie de Jésus, aussi
répondit-elle par un refus ainsi motivé : « L'Université
a vu avec peine la prévention trop marquée des officiers
du bailliage et des officiers, maire et échevins de la ville
de Nevers, en faveur des Jésuites, et elle a vu avec plus
de peine encore les principes sur lesquels ces officiers
ont appuie leur prévention. Elle estime que, dans ces
circonstances, il convient que la cour ordonne à la
ville de Nevers de prendre elle-même les arràngemens
les plus convenables pour procurer à son collège des
maîtres, soit ecclésiastiques, soit laïcs, en qui elle
(\) Archives de Nevers, BB, 43, et archives de la Nièvre.
^18 -
puisse prendre confiance, rUniversîté ne croyant pas
devoir exposer des hommes vertueux et instruits aux
préjugés d'une telle ville. Dans le cas où les maîtres
manqueraient à Nevers, les revenus du collège seront
convertis en bourses, jusqu'à ce que la ville, revenue
de ses préventions, se fasse autoriser par la cour à
rétablir son collège. Délibéré en l'assemblée des
députés de l'Université, tenue au collège des Grassins,
le 8 mars 1762 (1) ».
Ce que l'on voulait surtout éviter c'était l'exécution
de la menace contenue dans la dernière partie de cet
avis, la fermeture, au moins momentanée, du collège.
L'évêque vint en aide à la municipalité en lui procu-
rant sept prêtres séculiers, avec lesquels on traita
pour administrer l'établissement et enseigner depuis
le 19 avril 1762 jusqu'à l'époque ordinaire des
vacances .
Le 26 octobre suivant intervint un traité pour
l'administration du collège entre la ville et plusieurs
ecclésiastiques. Robert Daguet, docteur en Sorbonna,
devint principal ; Guillaume-Marie-François Alloury,
bachelier en Sorbonne, et Léonard Robillard, gradué
en l'Université de Paris , tous deux chanoines de
Nevers, furent chargés des deux cours de philoso-
phie; les classes de rhétorique, seconde, troisième,
quatrième et cinquième furent confiées à Jean-Bap-
tiste-François Giroux, bachelier en Sorbonne, prêtre
du diocèse de Paris ; Vilers , prêtre du diocèse
d'Auxerre; Parisot, ancien principal du collège de
Varzy ; Martin, diacre du diocèse de Bourges, maître
es arts de l'Université de Bourges, et Moreau, sous-
diacre du diocèse de Nevers, aussi maître es arts
^1) Archives delà Nièvre,
-► 19 —
de rUniversité de Bourges. Le principal et les pro-
fesseurs de philosophie recevaient un traitement de
1.200 livres , les autres 9Ô0 livres ; les revenus de
la prébende préceptoriale, fixés à 120 livres, étaient
de plus attribués au principal. Après vingt ans de
professorat, le principal et les maîtres devaient rece-
voir une pension de 400 livres. 11 était alloué, en
outre, au principal chaque année 150 livres pour faire
dire tous les jours de classe une messe pour les élèves
dans la chapelle du collège, pareille somme pour le
luminaire et l'entretien de la sacristie, plus 60 livres
pour payer un portier. Recommandation était faite
aux professeurs « de se conformer autant qu'il sera
possible aux règlements de l'Université de Paris, tant
pour la discipline que pour la manière d'enseigner et
dans les points qui ne seront pas contraires aux droits
des officiers municipaux (1) ».
Des lettres patentes du mois de janvier 1710 avaient
fait don du revenu du prieuré et de la sacristie de
Saint-Sauveur de Nevers à la Société de Jésus, pour
y tenir un séminaire, avec déclaration que, dans le
cas où Tévêque de Nevers ou ses successeurs juge-
raient à propos de retirer à cette société la direction
du séminaire, le prieuré et la sacristie seraient unis
au collège, à la charge d'entretenir deux régents de
théologie, l'un de scholastique et l'autre de morale.
Une difficulté surgit pour la dévolution de ces biens.
Le 18 mai 1762, une sentence du bailliage de Saint-
Pierre-le-Moûtier ordonna aux officiers municipaux
d'établir deux régents de théologie, conformément
aux lettres patentes,, c'était admettre la réunion de
Saint-Sauveur au collège, mais le syndic du diocèse
(1) Archives de Nevers, BB. 43.
- 20 —
protesta contre cette décision, le prieuré ayant été
donné, disait-il, non aux Jésuites, mais au séminaire.
Cette dernière opinion finit par triompher ; un décret
de révoque du 6 août 1766, approuvé par le roi, le
24 août, déclara Saint-Sauveur réuni au séminaire (1).
D'autres lettres patentes furent rendues par le roi
le 11 août 1763 pour l'organisation du collège. Il y
était dit qu'il « sera composé d'un principal aux
appointemens de 1.200 livres , outre le revenu de
120 livres de la prébende préceptoriale ; de deux pro-
fesseurs de philosophie et d'un professeur de rhéto-
rique aux appointemens de 1.200 livres chacun, de
quatre régens de cinquième , quatrième , troisième
et seconde classes aux appointemens annuels de
900 livres chacun, et d'un aumônier chargé dédire
la messe tous les jours, auquel il sera payé annuelle-
ment pour honoraire la somme de 150 livres. Les
places de principal, régens et professeurs dudit col-
lège seront remplies par des personnes ecclésiastiques
ou séculières et l'enseignement y sera gratuit et
conforme aux usages et méthodes de l'Université de
notre bonne ville de Paris... L'acte de donation dudit
collège du 7 mai 1578, sera exécuté et en conséquence
notre Cousin continuera de jouir de tous les droits
qui lui appartiennent en qualité de fondateur dudit
collège; les oraisons, la messe solennelle et présenta-
tion du cierge le jour de Saint-Louis, auront lieu
comme par le passé ; voulant même que tous droits
d'inspection qui pourroient lui appartenir dans led.
collège lui soient entièrement conservés (2) ».
Cette dernière clause ne tarda pas à faire surgir
un différend. Jusqu'alors les membres du bureau,
(1) Archives de la Nièvre et archives de Nevers,
(2) Archives de Nevers.
- 21 -
nommés par les conseillers de ville, avaient admi-
nistré le collège, quand il n'avait pas été régi par les
Jésuites, sans éprouver aucun empêchement de la part
des seigneurs qui n'avaient jamais songé à s'immiscer
dans les affaires du collège. On a souvent remarqué
avec quelle âpreté, pendant les années qui ont pré-
cédé la Révolution , les représentants du duc de
Nivernais se sont efforcés de faire renaître des droits
seigneuriaux disparus ou tombés en désuétude depuis
longtemps et même à en créer de nouveaux. Les
lettres patentes de 1763 leur fournirent une occa-
sion de plus de montrer leur zèle. Le bureau, ayant
Tévêque à sa tête, se disposait à nommer un succes-
seur à Jean-Baptiste Giroux pour la chaire de rhéto-
rique, lorsque, le 11 avril 1782, fut signifiée défense
de procéder à cette nomination. Dans cet acte, il
était énoncé que le duc, comme représentant les fon-
dateurs du collège, avait seul le droit de choisir des
professeurs dans un établissement dont il restait pro-
priétaire. En outre , on revendiquait pour lui des
droits honorifiques qui n'avaient jamais été réclamés
par ses auteurs : droits de présider les assemblées du
bureau, les processions et les offrandes dans la cha-
pelle immédiatement après le clergé, de recevoir le
premier l'eau bénite, l'encensement et le pain bénit,
soit par lui-même, soit par son représentant, droit de
sépulture pour lui et ses successeurs, celui de faire
peindre une ceinture funèbre en 1 église et son écusson
avec ses armes à l'endroit le plus apparent de lentrée
du collège. L'évêque était prié de faire imprimer pour
être mises entre les mains des élèves , les oraisons
que l'on devait réciter en son honneur à la messe
solennelle et à la présentation du cierge le jour de la
fête de Saint-Louis. Le bureau ne tint aucun compte
de cette signification et nomma, le 4 juillet, Antoine
— 22 -
Bruandet, professeur de rhétorique. Celui-ci n'éprouva
nulle difficulté pour exercer ses fonctions, le duc ayant,
sans doute, modéré l'ardeur de ses officiers (1).
Ou a vu que jusqu'alors une somme de 120 livres
était payée chaque année comme représentation des
revenus de la prébende préceptoriale. En 1784, le
bureau du collège ne voulut plus se contenter de cette
somme, mais réclama les revenus entiers. Le chapitre
ayant admis cette prétention, le 2 mai il fut décidé
que le surplus de ces revenus, défalcation faite des
120 livres qui avaient leur destination fixée par les
lettres patentes , serait employé en augmentation
d'honoraires d'un des professeurs de philosophie « qui
donnera trois fois la semaine des leçons publiques en
langue française , de mathématiques aux jours et
heures qui seront indiqués par le bureau d'adminis-
tration du collège, après en avoir pris Tavis des offi-
ciers municipaux, auxquelles leçons toutes personnes
pourront être admises, sans néanmoins que lesdites
leçons puissent nuire à celles que doit led. professeur
pour sa classe ordinaire ».
Il fut admis, en principe, que, dès que les revenus
de la prébende le permettraient, on les emploierait
à (( l'institution d'un professeur uniquement destiné
aux leçons de mathématiques». Enfin, une transac-
tion intervenue, le 16 décembre 1784, devant les
notaires Bourry et Lethuillier, entre le chapitre et
les représentants de la ville, fixa à 600 livres la
somme que les chanoines devaient payer annuelle-
ment pour les fruits et revenus de la prébende pré-
ceptoriale (2).
A l'époque où éclata la Révolution le collège de
(1) Archives de Nevers.
(2) Ibid.
-• 23 —
Nevers était administré par un bureau, composé de
l'évoque, président ; le lieutenant-général et le pro-
cureur général au bailliage, le principal; plus deux
officiers municipaux et deux notables élus par l'assem-
blée des écbevins et des conseillers de ville. Il se
réunissait le premier et le troisième jeudis de chaque
mois ; il nommait le principal et les professeurs.
L'enseignement était complètement gratuit, les pen-
sionnaires payaient seulement le prix de la pension.
Le personnel se composait de huit prêtres séculiers,
y compris le principal, tous logés dans les bâtiments.
Voici comment l'administration du district de
Nevers détaillait le collège en 1792 : « Les bâti-
ments* qu'occupe le collège lui appartiennent en
propre et consistent en une très belle église, petite
cour à côté, sept classes précédées d'une grande cour,
une aile de bâtiment qui sépare la cour d'avec le
jardin, consistant au rez-de-chaussée en deux grandes
salles et une vinée, au premier étage en appartements
pour le principal et trois professeurs ; au deuxième
étage, un dortoir pour les pensionnaires qui peuvent
y être logés au nombre de 40 ; une autre aile de bâti-
ments tenant à celle ci-dessus, cour devant, consis-
tant au rez-de-chaussée en un réfectoire, une cuisine
et décharge ; au premier étage, en une salle d'études
pour les pensionnaires et deux logements de profes-
seurs ; au deuxième étage, en des logements de pro-
fesseurs, une infirmerie et deux chambres pour les
domestiques >).
Les biens de cet établissement consistaient en :
1^ La dîme de la Menue, paroisse de Varennes-
les-Nevers ;
2® Le domaine de l'Ermitage, paroisse de Cou-
langes - les - Nevers , affermé 600 livres (la maison
— 24 -•
d'habitation , les jardins , verger et vignes étaient
laissés au principal qui en jouissait gratuitement) ;
3° Le domaine de Saint-Eloi, affermé 450 livres ;
4® Le domaine du Coudray, affermé 1.000 livres ;
5® Le domaine de Saint-Antoine, affermé 1.139 li-
vres;
6^ Trente œuvres de vigne aux Perrières, près
Ne vers, affermées par bail emphy théotique de quatre-
vingt-dix-neuf ans pour 120 livres ;
7° Une closerie, paroisse de Garchizy, comprenant
maison, deux boisselées de terre, petit pré, 80, œuvres
de vigne ;
8° Trois maisons tenant au collège, louées 357 livres
15 sols ;
9^ Un bûcher tenant au portail de l'église , loué
12 livres ;
10"* Quatre-vingts arpents de bois, paroisse de Sau-
vigny-les-Bois ;
11<* Dix arpents de bois, au bois de Vesvre, près
le pont Carreau, paroisse de Sermoise ;
12° Une rente de quatorze boisseaux de froment et
quatorze boisseaux de seigle due par le chapitre de
Nevers ;
13® La prébende préceptoriale, due par le môme
chapitre, dont les revenus s'élevaient à 600 livres ;
14® Une rente de 2.000 livres, due par le duc de
Nivernais ;
15® Une pension de 3.200 livres, due par la ville
de Nevers sur ses octrois ;
16® Une rente de 3.000 livres, due par le collège
d'Amiens ;
17® Une rente de 800 livres environ sur l'Hôtel de
Ville de Paris ;
18® Une rente de 230 livres sur les Etats du Lan-
guedoc ;
- 25 -
lO'' Quelques petites rentes peu importantes en
argent et en poules.
Une portion de l'église et le bâtiment des classes
étaient grevés de rentes et directes au profit du
prieuré de Saint-Etienne de Nevers, pour la somme
de 88 livres 8 sols 6 deniers. Il était dû au séminaire
une directe de 1 livre 10 sols en argent, quatre bois-
seaux de seigle, et trois poules et deux petites directes
en nature au chapitre et à la chapelle Saint-Saturnin,
dans l'église paroissiale Saint- Arigle de Nevers.
Les appointements du principal et des professeurs
s'élevaient à la somme totale de 9.310 livres. Le col-
lège devait à quatre anciens professeurs : Vilers, Miné,
ancien principal ; Laviron et Lallement, des pensions
s'élevant ensemble à 1.800 livres (1).
Les événements qui bouleversèrent la France à la
fin du xvni® siècle, amenèrent naturellement de grands
changements au collège de Nevers. A l'époque de la
Révolution, Le Mercier était principal ; il y avait sept
professeurs : Crétin , pour la physique ; Pointeau ,
pour la logique ; Bruandet , pour la rhétorique ;
Robinet, pour la seconde ; Lallement, pour la troi-
sième ; Bonamy, pour la quatrième, et Bouré, pour
la cinquième. Tous refusèrent de prêter serment ; il
fallut donc les remplacer. Ce fut le commencement de
la désorganisation et de la décadence pour le collège.
Par suite des lois révolutionnaires, la maison perdit
tous ses revenus : le recrutement des professeurs se
fit avec difficulté; la situation budgétaire fut cause
que le paiement des appointements du personnel ne
put s'effectuer qu'avec des retards excessifs et que les
bâtiments ne reçurent aucune des réparations qui
(i) Archives de Nevers.
/
- 26 -
devenaient nécessaires. Voici la note que publiait
l'administration communale le 13 février 1792 :
« Depuis le 20 may 1791 que les professeurs du
c'ollège ont été remplacés, le pensionnat est tombé :
il n'y a plus de principal, ni de professeur de philo-
sophie ; de 150 à 180 étudiants, il n'en reste plus
que 30 ».
Le 2 août 1791, Pierre de Champrobert, procureur
syndic, et Maublanc, officier municipal, se présen-
tèrent pour dresser inventaire de tous les objets mobi-
liers dépendant du collège ; l'opération fut prompte-
ment exécutée , l'ex - principal Le Mercier ayant
déclaré a qu'il n'y avait dans le collège aucuns objets
qui ne lui appartiennent, sinon des rayons, bas d'ar-
moires et placards, placés dans le cabinet tenant au
salon » ce qui se trouvait dans la vinée et le pressoir,
et les ornements de la chapelle. Les commissaires
trouvèrent, en outre, « dans le plus grand désordre,
épars sur le carreau » des livres dont ils se conten-
tèrent de prendre le chiffre total, savoir : 224 in-folio
et 572 in-8, in-12 et in-16.
Le 18 mai 1791 avaient été nommés provisoirement :
comme principal, Bourgeois, ancien vicaire de Saint-
Etienne , et comme professeurs : Goyre-Laplanche,
Claudin , Gallois , Barillot , Frébault , Frossard et
Durand qui furent installés le 23. A cette occasion.
Rameau, vice-président du conseil, prononça un dis-
cours « dans lequel il a fait sentir les avantages de la
Constitution, en rappelant aux jeunes élèves la morale
du civisme». En 1792, les professeurs étaient Doin,
Varinot, Barillot, Moreau, Frossard et Bonnet. Le
21 mars , Barillot , professeur de troisième , ayant
démissionné , le district, vu « qu'il est impossible
dans ce moment-ci de trouver des sujets propres à
remplir les fonctions que vient de quitter led. sieur
^ 27 -
Barillot «, se vit contraint de charger Moreau de deux
classes simultanément (1).
Ces professeurs se proposaient d'innover dans le
mode d'éducation et de changer le système suivi jus-
qu'alors. Le 10 novembre 1792, ils écrivaient : « Notre
attachement réel pour la portion intéressante des
citoyens dont l'éducation est confiée à nos soins ,
nous a fait prendre la résolution de suivre dans l'en-
seignement public un nouveau plan, tendant à ressus-
citer parmi les jeunes gens l'amour du travail, que
leur aversion pour l'ancienne méthode paraît avoir
éteint, et à repeupler le collège que les ennemis du
bien public voudraient voir absolument désert. Nous
vous prions de soumettre au jugement de l'adminis-
tration le plan en question, que nous vous adressons
par la présente, sous le titre d' « avis aux citoyens »,
comme aussi de hâter la délibération à cet égard, et
de vouloir bien employer les moyens les plus prompts
pour publier le présent avis dans tout le département,
s'il est approuvé. — Avis aux citoyens : Citoyens ,
aimant à croire que la seule cause de l'inaction dange-
reuse à laquelle la plupart des jeunes gens se livrent
est le dégoût qu'ils ont conçu pour l'ancienne méthode
de les instruire, les professeurs du collège, animés du
désir de servir, autant qu'il est en leur pouvoir, la
patrie et vos intérêts , vous annoncent qu'ils vont
mettre en exécution un nouveau plan d'éducation,
qu'ils ont jugé propre à seconder vos vues, en préve-
nant la réforme que vous désirez, et dont l'accomplis-
sement est réservé à la sagesse et aux lumières de
nos législateurs. Trop longtemps l'étude, bonne par
elle-même, des langues d'Athènes et de Rome, a été
regardée comme la seule et unique base de l'instruc-
(1) Archives de Nevers.
- 28-
tion publique. L'inégalité des talens et la mesure du
génie, que chacun de nous reçoit de la nature, récla-
moient contre une coutume, qui, n'ouvrant à tous,
pour parvenir, qu'une seule et même voie, l'interdisoit
par là au plus grand nombre. C'est pour obvier à cet
abus , si longtemps respecté , que conservant néan-
moins l'étude de la langue latine, non plus comme
fondement essentiel de l'instruction, mais comme
partie intégrante de la masse des connaissances qu'il
importe à chacun d'acquérir, nous allons ouvrir des
cours d'histoire, de géographie, de grammaire fran-
çoise, d'arithmétique, de mathématiques, d'écriture
et de dessin ».
» Il est une branche de l'éducation ancienne
devenue aujourd'hui indispensable par l'influence
que doit nécessairement avoir le talent de la parole
dans uïie République, où les orateurs traitent les
sujets les plus importants à la félicité de chacun et
au bonheur de tous, c'est la rhétorique : aussi conser-
vera-t-elle son rang parmi les connaissances utiles
que nous nous proposons d'enseigner, toutefois après
avoir subi dans sa méthode les élaguements que néces-
site l'abrogation du privilège exclusif dont jouissait
la langue latine. Comme nous restons toujours atta-
chés à nos classes respectives, nous voyons avec joie
s'élargir la carrière du travail qui nous était d'abord
ouverte. Se rendre de plus en plus utiles doit être
l'unique ambition des âmes vraiment républicaines ;
c'est la nôtre. Et nous avons la confiance que les
jeunes citoyens, trop prévenus contre les abus de
l'ancienne méthode pour avoir voulu s'y soumettre,
embrasseront volontiers un plan, lequel ne tend qu'à
les détruire, et nous dédommageront, par leur exac-
titude et leur patriotisme, des fatigues inséparables
de la tâche que nous nous imposons.
- 29 —
)) Les professeurs du collège de Nevers : Doin ,
professeur de rhétorique ; Varinot , professeur de
seconde; Moreau, professeur de troisième; Frossard,
professeur de quatrième ; Bonnet, professeur de cin-
quième (1) ».
Le plan d'études reçut l'approbation du conseil de
la commune, qui l'adopta provisoirement « en atten-
dant un plan général et fixe tel qu'on a le droit de
l'espérer des législateurs, pour former les corps et les
âmes d'êtres destinés à être les soutiens et les héros
de la République». L'avis aux citoyens fut affiché
et publié dans tout le département. Il n'obtint pas le
succès sur lequel avaient compté ses auteurs. Les
cours continuèrent à être aussi peu fréquentés qu'au-
paravant. Les signataires quittèrent eux-mêmes
bientôt la maison. Le 13 mars 1793, l'ex-bénédictin
René-Joseph Varinot, professeur de seconde, venait
déclarer à la municipalité « quanimé du désir de
maintenir la liberté, l'égalité et de voler aux fron-
tières à la défense de la patrie, il s'y voue volontai-
rement et s'enrôle dans le quatrième bataillon de la
Nièvre ». Six jours avant, Xavier-François Frossard,
professeur de quatrième, était parti également comme
volontaire (2).
Le représentant du peuple Fouché, délégué de la
Convention dans les départements du Centre et de
l'Ouest, apporta des idées nouvelles sur l'instruction
publique. Le 6 août 1793, il requit l'établissement au
collège de Nevers d'un Institut national public et
' provisoire « composé d'un nombre suffisant d'insti-
tuteurs dont le patriotisme et les talents soient
connus ». Sur cette réquisition, « le conseil du dépar-
(1) Archives de la Nièvre,
(2) Archives de Nevers.
- 30 -
tement de la Nièvre, considérant que depuis un cer-
tain temps, l'éducation publique a été négligée et
qu'il est du devoir de l'administration d'établir des
instituteurs qui entrent au plus tôt dans Texercice de
leurs fonctions, arrête qu'il y aura huit instituteurs,
savoir : un pour le droit, la morale, la politique ; un
pour les mathématiques ; un pour l'histoire et la géo-
graphie ; un pour les belles - lettres ; un pour la
logique et la langue française ; un pour les langues
grecque et latine ; un pour le dessin ; un pour l'écri-
ture et l'arithmétique, qu'il n'y aura de congé que
les jours de dimanches et que les vacances dureront
quinze jours, à l'époque des vendanges ; qu'il y aura
chaque année deux distributions de prix : la première
distribution se fera le 21 janvier et la deuxième le
10 août. Ces prix seront des couronnes données par
les présidents du département et du district et par le
maire. Les enfants couronnés seront conduits au son
de la musique à la municipalité, où leurs noms seront
consignés au procès -verbal (1) ».
Ce projet fut-il mis à exécution ? Malgré des arrêtés
aux considérants pompeux, l'instruction fut de plus
en plus négligée. Des gens de toute sorte s'instal-
lèrent dans les bâtiments du collège et y fixèrent leur
demeure sans aucun droit, s'emparant même des
quelques objets mobiliers qui y étaient encore. Une
société de jeunes gens avait été autorisée à se mettre
en possession d'une des salles, pour y donner des
représentations dramatiques, et commit des dégâts
considérables. En vain, le 9 vendémiaire an III, le
substitut de l'agent national dénonçait ces abus au
conseil ; on ne pouvait ou on n'osait agir ; on laissait
le collège dans un état déplorable.
(1) Archives de Ne vers.
— 31 -
Le 28 ventôse an III, Pittet, professeur de mathé-
tiques, et Pannier, professeur, de dessin, écrivaient :
(t Depuis les réparations ordonnées par Fouché en
septembre 1793 {o.s.), la maison du ci-devant col-
lège est dans un état de dilapidation aussi indécent
que ruineux pour la République. Tous les objets com-
muns, tels que les vitres, les croisées, les carreaux
des planchers, des corridors , etc., sont en pleine
dégradation. On a volé, on vole encore journellement
jusqu'aux serrures des portes. Le puits a besoin d'une
réparation urgente. Enfin tout annonce dans cette
maison dévastée l'anarchie qui y règne, le pillage qui
en est la suite, et le peu de sûreté que quelques per-
sonnes honnêtes ont à y habiter. Salariés, étrangers
soufferts par tolérance , tous y sont maîtres , sans
police , sans discipline ; le désordre est tel, qu'à la
honte des mœurs, la porte sur la rue reste souvent
des nuits entières ouverte (1) ».
Cette situatif?n se prolongea jusqu'à la création des
écoles centrales, organisées par les lois des 7 ventôse
an III (25 février 1795) et 3 brumaire an IV (25 octo-
bre 1795). 11 devait en être établi une dans chaque
département ; celle de la Nièvre fut placée dans les
bâtiments de l'ancien collège de Nevers. Le 25 mes-
sidor an IV (15 juillet 1795), l'administration centrale
du département fixa l'ouverture de cette nouvelle
école au 1«' thermidor suivant et choisit comme pro-
fesseur de dessin, Millot ; professeur d'histoire natu-
relle, l'ancien chanoine Troufflaut ; professeur de
langues anciennes , Frébault ; professeur de belles-
lettres , Varinot ; professeur d'histoire , Robert , et
professeur de législation, Passot. En môme temps,
l'administration invitait (( au nom de la patrie, les
(1) Archives de Nevers.
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pères et mères à ne confier désormais la raison de
leurs enfants qu'à des personnes connues pour leur
savoir, leurs mœurs et leur civisme, et qui ont fait
leurs preuves en ce genre devant des membres du
jury d'instruction ». Le personnel enseignant fut plus
tard complété par Fontaine, professeur de grammaire
générale ; Bouys , professeur de mathématiques, et
Duchesne, professeur de physique et de chimie. Bias-
Parent, l'ancien curé de Rix, remplaça Robert comme
professeur d'histoire. Furent successivement biblio-
thécaires rl'ex-chanoine Liboron-Vilers, l'ex-chanoine
Mauguin-Degautière et l'ancien instituteur Bort (1).
Le 27 messidor an IV, l'administration centrale
« considérant que les fêtes publiques doivent avoir
non seulement pour but le délassement des citoyens
dans le sein des plaisirs que produisent les réunions
fraternelles, mais que chez un peuple républicain les
fêtes nationales doivent être en même temps l'école
de la saine morale » invita les professeurs de l'école
centrale « au nom de la patrie, à se partager l'hono-
rable fonction d'instruire leurs concitoyens et d'en-
flammer leurs cœurs du saint amour de la patrie et
de la liberté par des discours qu'ils prononceront dans
les assemblées du peuple réuni dans les jours de
décadi et de fêtes nationales », et le 4 brumaire an VI
(27 octobre 1797) elle arrêta « que tous les jours de
décadi un membre de l'école centrale prononcera, à
trois heures du soir, un discours dans la ci-devant
église du collège, qui ne professera que les principes
les plus purs de la morale républicaine, qui fera
aimer la République, qui élèvera l'âme de la jeu-
nesse et lui donnera l'élan du courage militaire, de
l'amour des beaux-arts, le goût des vertus sociales,
(1) Archives de Nevers.
— 33 —
le respect des parents, pour la vieillesse et pour le
malheur. Ce discours, plein de sentiments qu'inspi-
reront l'humanité et la générosité, sera précédé et
suivi de chants patriotiques ».
Outre le jardin botanique, établi aux Minimes,
un autre jardin fut créé dans le collège même. Les
neuf professeurs et le bibliothécaire reçurent chacun
UH: -traitement annuel de 2.000 fr. L'école centrale
coûtait au département 29.200 fr. par an. Les pro-
fesseurs devaient loger dans les bâtiments de l'école ;
ce fut avec de grandes difficultés que l'on parvint
à les faire évacuer par tous les individus qui y
demeuraient indûment sans payer de loyer.
Le cours de langues anciennes était divisé en trois
classes. Dans la première classe, les élèves appre-
naient les principes du latin, d'après les ouvrages de
Tricot et de Boinvilliers ; dans la seconde, on expli-
quait Phèdre, Cornélius Nepos ; le Selectse, les Eglo-
gues de Virgile, les Métamorphoses d'Ovide, et on
apprenait les principes de la langue grecque; les élèves
de la troisième classe traduisaient Quinte Curce ,
V Enéide de Virgile, les Catilinaires de Cicéron et,
en grec, les fables d'Esope.
Le cours d'histoire naturelle comprenait l'étude du
système de Linné et de la méthode de Tournefort,
celle de de Jussieuet de la physiologie et de la. patho-
logie de Plenck ; des herborisations avaient lieu pen-
dant l'été.
Le professeur de mathématiques enseignait l'arith-
métique, la géométrie élémentaire, la trigonométrie
ou théorie et pratique de l'arpentage et du nivelle-
ment, l'algèbre, les premières notions des sections
coniques et les méthodes qui conduisent à la solution
des problèmes du troisième et du quatrième degré,
afin que les élèves, après avoir suivi le cours de
3
^ 34 -
l'école centrale, puissent suivre ceux de TEcole poly-
technique.
Le cours de grammaire générale était divisé en
trois parties. Dans la première, on exposait les élé-
ments de la langue française ; la seconde avait pour
objet les rapports de la grammaire et de la logique ;
la troisième indiquait les rapports des idées avec les
expressions et des expressions entre elles.
Le professeur de belles-lettres enseignait l'art ora-
toire d'après Crevier, Cicéron et Quintilien, puis trai-
tait des différents genres de poésie : apologue, pasto-
rale, épopée, genre dramatique, poésie lyrique, poésie
didactique, satire, épigramme, madrigal, sonnet, ron-
deau, triolet.
Le professeur d'histoire divisait son cours en trois
parties : 1^ introduction à l'étude de l'histoire et
géographie ancienne ; 2° partie historique proprement
dite ; 3° résumé du cours avec tableau de la naviga-
tion, des mœurs, de l'instruction, de la religion, de
la législation, des arts, des sciences, etc.
Le cours de législation était également divisé en
trois parties. Dans l'une, le professeur présentait les
hommes à l'état de nature et l'origine des lois ; dans
la seconde, il comparait la constitution française avec
celles de l'Angleterre et des Républiques des Deux-
Mondeç ; la dernière comprenait l'étude de la popu-
lation et des richesses, des lois criminelles, de l'ins-
truction publique, des mœurs et des lois civiles.
Le cours de physique et de chimie se complétait en
deux années : la première année comprenait l'étude
de la physique ; la seconde année était consacrée à la
chimie. On y étudiait l'étendue, la divisibilité des
corps, le mouvement et ses lois, l'hydrostatique; l'air,
ses effets ; l'eau , les météores aqueux , le feu , la
lumière, la catoptrique, la dioptrique, l'astronomie,
— 35 -
l'aimant , Télectricité , les météores enflammés. On
s'occupait des parties qui ont rapport avec l'art de
guérir, telles que l'air, le feu, l'aimant, l'électricité,
en en faisant l'application aux maladies. Les leçons
avaient lieu quatre fois par décade, de dix heures à
midi. Le traitement par Télectricité médicale se faisait
chez le professeur, à l'issue du cours^ de midi à une
heure.
Au mois de frimaire an VII, le citoyen Parent,
professeur d'histoire, fut appelé devant le jury d'ins-
truction pour répondre au sujet de l'enseignement
qu'il donnait aux élèves, et des principes qu'il énon-
çait dans un journal dont il était le principal rédac-
teur. Voici quelle fut sa réponse : « Ceux qui vivent
particulièrement avec moi ne me connaissent pas
autrement que comme bon voisin, bon collègue, bon
ami, bon fils, bon père, bon frère, bon époux, bon
républicain, telle est ma moralité ^). Cependant, mal-
gré toutes ces qualités, le 5 frimaire, le jury d'ins-
truction demanda sa destitution : a Considérant que
son école est presque déserte... qu'elle n'est ainsi
abandonnée que par le juste effroi que ses principes
inspirent aux parents des élèves, qui, vu l'importance
de cette science, devraient y affluer plus que dans
toute autre. Considérant que ce serait vouloir le ren-
versement de tout ordre social que de laisser répandre
dans le cœur des jeunes' élèves le poison funeste des
principes pernicieux du citoyen Parent, manifestés
dans son journal qui, dans presque tous les numéros,
contient les déclamations les plus virulentes , les
calomnies les plus atroces contre les membres des
autorités constituées... Qu'il n'est pas possible d'at-
tendre d'heureux résultats pour l'instruction de la jeu-
nesse des travaux d'un instituteur qui consacre presque
tous ses loisirs à la diffamation et aux délations ».
~ 36 -
Désormais la chaire d'histoire à l'école centrale
demeura vacante ; Parent quitta Nevers pour aller
fixer son domicile à Dornecy, près Clamecy (1).
La loi du 11 floréal an X (1^' mai 1802) apporta de
grands changements dans la législation de l'instruc-
tion publique, qui désormais était donnée dans les
écoles primaires, les écoles secondaires et les lycées.
D'après l'article 6 de cette loi, était appelée école
secondaire « toute école établie par les communes, ou
tenue par des particuliers, dans laquelle on enseignera
les langues latine et française, les premiers principes
de la géographie, de l'histoire et des mathématiques ».
Il ne pouvait en être établi qu'avec lautorisation du
Gouvernement ; elles étaient placées sous la surveil-
lance et l'inspection particulière des préfets.
Nevers, privé de son école centrale par le nouveau
système, ne fut pas compris au nombre des villes qui
devaient avoir des lycées ; il pouvait au moins aspirer
à avoir une école secondaire. Le conseil municipal en
fit immédiatement la demande ; lautorisation néces-
saire se fit longtemps attendre, au grand détriment de
l'instruction encore une fois désorganisée. Le 7 ger-
minal an XI, le maire, Dard-Despinay, écrivait au
préfet : t Nous voyons tous les jours, dans les bulle-
tins des lois, l'établissement d'écoles secondaires dans
toutes les villes de la République, et Nevers, qui a
perdu son école centrale, n'en a pas encore .. Les
soins que l'on doit à la jeunesse, la moralité, l'ins-
truction nécessaire à des jeunes gens qui sont l'espé-
rance de la patrie, la consolation des pères de famille
et le bonheur de la société ; tous ces motifs doivent
être sacrés pour l'administrateur, et c'est à ce titre
que nous renouvelons nos instantes prières pour
(1) Archives de Nevers.
- 37 «
obtenir dans la ville de Nevers une école secondaire ».
Le 30 floréal , le conseil municipal exprimait ses
regrets que la ville fut si longtemps sans école supé-
rieure, et désignait au choix du Gouvernement l'an-
cien chanoine Laviron, pour directeur et professeur
de mathématiques, et les citoyens Lallemant, comme
professeur de langue française ; Bouré, professeur de
langue latine, et Bruandet, professeur de géographie
et d'histoire; il ajoutait: « Ces différents citoyens
sont avantageusement connus dans la commune et
réunissent aux grands talents des mœurs irréprocha-
bles. Le conseil estime qu'ils pourront remplir le vœu
du Gouvernement » . Cette désignation fut renouvelée
le 10 vendémiaire an XII. C'est seulement le 13 plu-
viôse an XII qu'un arrêté du Gouvernement autorisa
« la commune de Nevers à établir une école secon-
daire dans les bâtiments de l'école centrale de cette
ville qui lui sont concédés à cet effet ». Le 18 ther-
midor, le Ministre de l'Intérieur, sans se préoccuper
des choix faits par le conseil municipal , nomma
Pierre-Amable Bort, bibliothécaire de l'école cen-
trale, aux fonctions de directeur et de professeur
des cinquième et sixième classes de mathématiques ;
François Gounot, maître de pension à Nevers, profes-
seur des cinquième et sixième classes de latin, et
Jean-Baptiste Lariche, maire et maître de pension à
Saint-Saulge, professeur des troisième et quatrième
classes de latin. Il n'y eut provisoirement que ces
trois professeurs à l'école. Ils furent installés par le
Maire le lundi 16 vendémiaire an XIII (1).
Un prospectus, signé par le préfet Adet, fut
répandu dans tout le département, afin d'attirer les
(1) Archives de Nevers.
-^ 38 —
élèves. On y lisait : « La régénération de l'instruc-
tion publique n'est pas le moindre titre à la gloire
immortelle du héros qui tient aujourd'hui les rênes
de l'Empire. A peine avait -il terrassé le monstre de
l'anarchie, éteint le feu des dissensions civiles, étouffé
l'esprit de parti, rallié tous les citoyens, conquis la
paix, relevé les autels, préparé la France au retour
des vrais principes et à la pratique de ses anciennes
vertus , que ses premiers regards se portèrent sur
l'éducation de la jeunesse, son œil vif et pénétrant sut
y découvrir les vices qu'elle recelait. Il voulut que
cette partie essentielle, intimement liée à la prospé-
rité des nations, fut recréée et bientôt après parut un
nouveau code d'enseignement public, dont la cohé-
rence et la graduation, dans toutes les parties qui le
composent, forment un cours complet d'une édufeation
vraiment nationale. La loi du 11 floréal an X donna
l'existence à ce nouveau code et, déjà, ses bienfaits se
font ressentir dans la majeure partie de l'Empire. La
ville de Nevers, se trouvant, par L'effet de cette loi,
privée de son école centrale, a cherché à réparer cette
perte en réclamant la création d'une école secondaire
communale dans les vastes bâtiments de son ancien
collège... Le mode d'enseignement sera en tout '
conforme à celui prescrit par les arrêtés du Gouver-
nement, c'est-à-dire qu'il aura pour objet la religion,
la morale> les langues latine et française, la géogra-
phie, l'histoire et les élémens de mathématiques, de
physique et- d'histoire naturelle ». Le prix de la pen-
sion était de 525 fr., les externes payaient 2 fr. par
mois. L'uniforme, conformément à l'arrêté du 19 ven-
démiaire an XII, comprenait un habit de drap vert,
doublé de même couleur, collet et parements couleur
ponceau, chapeau rond jusqu'à quatorze ans, chapeau
français après cet âge, boutons blancs, en entier en
— 39 -
métal , portant ces mots : o Ecole secondaire » ; au
milieu et autour, en légende, ceux-ci : « De Nevers ».
Un arrêté du 22 brumaire an XIV désigna Pierre-
Jean -Marie Ogier comme professeur des cinquième
et sixième classes de mathématiques, et chargea Bort
des première et deuxième classes de latin ; Millot fut
chargé d'enseigner le dessin. En 1807, on adjoignit
un maître d'études, faisant en môme temps la sep-
tième classe. Le nombre des professeurs resta aussi
restreint pendant plusieurs années. Le 16 août 1811,
le préfet déclarait au Conseil général du département
que d'autres professeurs étaient nécessaires : a Ceux
actuellement en exercice, disait-il, font chacun deux
classes, ce qui ne saurait exister plus longtemps, sans
' de graves inconvénients, non seulement pour ces pro-
fesseurs, mais encore pour les élèves o. Mais la situa-
tion pécuniaire de la ville, qui tous les ans allouait
une somme de 6.500 fr. à l'école secondaire, ne per-
mettait pas de faire de plus grands sacrifices. Tous
les revenus ayant disparu, on ne pouvait môme pas
entretenir les bâtiments « pour ainsi dire inhabitables
par l'état de dégradations et de ruines de leurs distri-
butions ». Les élèves du séminaire qui venait d'être
ouvert à Nevers, devaient, d'après les règlements,
suivre les cours de l'école secondaire, à laquelle on
recommençait à donner le nom de collège. Pendant
quelque temps, on n'exigea pas leur présence, faute
de pouvoir les loger. « Les classes vacantes n'ont ni
portes, ni fenêtres en état de servir, dit un rapport )
dans quelques-unes, les planchers sont soutenus par
des étais qui sont enfoncés d'un demi-pied en terre.
Elles sont mal éclairées, humides, entièrement décar-
relées, encombrées de gravois et de plâtras ». Le
conseil général fut obligé d'accorder un secours de
1.000 fr. pour commencer des réparations.absolument
- 40 -
indispensables. En 1812, la subvention de la ville fut
portée à 6.750 fr. et l'on supprima les 300 fr. que
l'on donnait au portier^ afin de pouvoir payer les pro-
fesseurs (1).
Lorsqu'on avait établi un maître de dessin, le
bureau d'administration lui avait alloué un traitement
de 600 fr. et avait porté à 3 fr. la rétribution que
devait payer chaque élève par mois. On espérait ainsi
trouver une somme suflBsante pour payer les appointe-
ments du maître. Il n'en fut rien, on se vit bientôt en
face d'un déficit considérable. Le 4 janvier 1811, la
municipalité déclara qu'elle cessait de s'occuper du
cours de dessin, aussi ne voyqns-nous plus de pro-
fesseurs les années suivantes.
Afin d'exonérer la ville des charges qui lui incom-
baient du fait du collège, la municipalité songeait,
dès cette époque, à transformer cet établissement en
lycée. Le décret du 11 novembre 1811 ayant ordonné
l'augmentation du nombre des lycées dans l'Empire
français, le conseil municipal, pressé par le préfet et
par le recteur de l'académie de Bourges, chargea une
commission de présenter un rapport à ce sujet. Le
2 avril 1812, il demanda l'autorisation de contracter
un emprunt de 100.000 fr. pour exécuter les amélio-
rations demandées par l'autorité supérieure. L'affaire
fut sur le point de se conclure. Le 15 juillet, le baron
de Breteuil, préfet de la Nièvre, écrivait que « les
relations qu'il avait eues avec le grand maître de
l'Université lui donnaient le juste espoir de voir ce
changement s'opérer en 1814 ». UAlmanach du
département de la Nièvre pour 1813 contenait cette
phrase relativement au collège : « Par les soins de
M. le préfet, des mesures sont prises pour l'établis-
(1) Archives de Nevers.
— 41 -
sèment d'un lycée dans cet antique local, consacré
depuis un temps immémorial à l'instruction publi-
que ». Les événements politiques, qui plongèrent la
France dans une série de désastres, empêchèrent seuls
la réalisation de ce projet.
En attendant que la transformation désirée pût
s'accomplir, on procéda à une réorganisation complète
du collège. On le plaça sous ladministration de l'abbé
Henriot ; six professeurs ou régents furent nommés,
chargés chacun d'une classe, depuis la sixième jus-
qu'à la rhétorique, un septième enseigna les mathé-
tiques ; le principal ne devait plus faire de classe, il
devait « gérer le pensionnat pour son compte, à ses
risques et périls » et recevait de la ville une somm'e
de 1.200 fr. par an ; les élèves ecclésiastiques vinrent
assister aux cours : le baron de Breteuil fonda un
prix de sagesse, d'aptitude et de bonne conduite^ qui
fut décerné à Antoine Auriol, de Dornes. Ce système
fut inauguré le 19 novembre 1812. Après la messe du
Saint-Esprit, célébrée en l'église Saint-Pierre, par
r'abbé Bauzon, vicaire général, et à laquelle assis-
tèrent toutes les autorités, le principal et les profes-
seurs prêtèrent serment entre les mains du préfet.
Les espérances que l'on avait fondées sur cette
nouvelle organisation ne se réalisèrent point, par suite
des événements politiques. Le nombre des élèves
décrut d'année en année. Il était de 118 en 1812, 121
en 1813 ; il tomba à 97 en 1814, 57 en 1815 et 53 en
1816. Les bâtiments continuèrent à être dans un état
déplorable. En 1814, la salle dans laquelle avait lieu
la distribution des prix menaçait sérieusement de
s'écrouler, et « si elle tombait, les classes de mathé-
matiques et de rhétorique, placées au-dessous, et par
cela déjà dangereuses à occuper, seraient écrasées par
sa chute » ; le local qui, précédemment, servait de dor-
-42-
toir, était dans un tel état qu'on n'avait pas osé y faire
coucher les élèves du pensionnat ; la dégradation des
murs était si grande que, tous les jours, il tombait des
pierres ; le grand bâtiment ét^it étayé de tous les
côtés (1).
Les professeurs, cependant, étaient à la hauteur de
leurs fonctions et apportaient tout le zèle possible.
Dans les circonstances où Ton se trouvait, la nomina-
tion de Tabbé Henriot avait été un excellent choix ; il
mettait tous ses soins à la direction du collège ; en
outre, comme il avait une certaine fortune, il faisait
l'avance des dépenses occasionnées par les réparations
absolument indispensables et que la ville ne pouvait
solder. Aussi, lorsqu'il quitta Nevers, en 1816, appelé
à la tôte du collège royal de Limoges, se trouva-t-on
dans le plus grand embarras. Le déficit de la maison
pendant les trois années 1813, 1814 et 1815 s'élevait
à 11.202 fr. 39; il avait été comblé par le principal,
qui, au moment de son départ, était créancier d'une
somme de i4.109 fr. 80. Avant de quitter définitive-
ment Nevers, Tabbé Henriot essaya de se faire rem-
bourser les dépenses qu'il avait faites pour la ville.
Ne pouvant réussir, il vendit à deux marchands fri-
piers. Buisson et Flageol, la plus grande partie des
objets mobiliers garnissant le collège, objets qu'il y
avait introduits lui-même et payés de ses propres .
deniers. La maison se trouvant complètement dégarnie,
il fallut aviser aussitôt : il n'y avait plus ni lits, ni
même de bancs en quantité suffisante pour les élèves.
On racheta aux fripiers une partie du mobilier pour
la somme de 3.600 fr. en prenant des termes pour le
paiement qui ne put s'effectuer qu'avec la plus grande
(l) Archives de Nevers.
- 43 —
difficulté. Le 29 novembre, le maire écrivait au préfet :
« Voilà plus d'un mois que MM. mes adjoints et moi,
nous faisons toutes les recherches et les tentatives
imaginables dans la vue de découvrir les moyens de
payer la moitié exigible du prix de rachat du mobi-
lier cédé à la commune par les sieurs Buisson et Fla-
geol (1) ».
A cette époque, la distribution des prix se faisait
beaucoup plus tardivement que de nos jours; elle
avait lieu ordinairement à la fin du mois d'août. Sous
l'abbé Henriot, elle eut lieu régulièrement le 8 sep-
tembre ; les vacances se terminaient le 31 octobre. On
ne put y procéder en 1815 ; la ville de Nevers ayant
été occupée par les Alliés, le 22 juillet, le collège
reçut dans ses murs des soldats étrangers et les élèves
se retirèrent dans leurs familles. La distribution de
1816 comprit les deux années scolaires. Elle était
précédée de deux et quelquefois trois jours d'exer-
cices publics, exécutés par les meilleurs élèves; ils
furent remplacés, après quelques années, par un exa-
men public des élèves ; à ces exercices ou examens
étaient conviées toutes les autorités et les personnes
notables de la ville.
Le 15 mars 1815, une émeute éclata à Nevers, pro-
voquée par le bruit que l'administration se disposait
à faire couper le pont sur la Loire, afin d'empêcher le
passage de Napoléon à son retour de l'île d'Elbe. Le
préfet et le commandant militaire furent insultés dans
les rues, un poste de la garde nationale fut assailli, un
jeune homme fut tué. Le lendemain, les professeurs
écrivaient la lettre suivante : « Monsieur le maire,
jusqu'à présent nous avons pensé que le service de
nos classes ne pouvait s allier avec celui de la garde
nationale ; mais ayant su que l'ordre a été troublé la
(1) Archives de Nevers.
— 44 —
nuit dernière, nous* pensons que la ville pourra avoir
besoin de plus d'hommes pour le maintien du bon
ordre, c'est pourquoi nous offrons à M. le maire de
faire, s'il le juge nécessaire, le service conjointement
avec les citoyens de la ville ; nous serons prêts eu
tous tems à mettre en pratique les principes d'atta-
chement et de fidélité pour le Roi et la Patrie que
nous cherchons à inspirer chaque jour à nos élèves ».
Outre leurs personnes, ils oflErirent celles de quatre
élèves et assurèrent la municipalité de leur « dévoue-
ment personnel et de celui de tout leur établissement
à la cause du meilleur des rois (1) ».
Au milieu des événements politiques, le principal
se vit successivement accusé par chacun des deux
partis en présence de favoriser le parti opposé. Les
professeurs écrivaient au conseil municipal en parlant
de quelques habitants : « Pendant le règne de l'usur-
pateur, ils voulaient faire fermer le collège comme
professant le royalisme : au retour du prince légitime,
c'est de bonapartisme qu'ils ont accusé ce même
établissement ». Mais, à l'intérieur de la maison, on
n'eut à regretter aucun désordre et les administra-
teurs pouvaient écrire, le 3 décembre 1815 : « A la
révolution du mois de mars, dans le sein des troubles
et des alarmes, quand les principes les plus erronés,
les doctrines les plus pernicieuses circulaient jusque
dans la chaumière du pauvre, que la génération
actuelle, entraînée par les idées les plus épouvanta-
bles , a donné le spectacle d'une défection sans
exemple, quand la jeunesse de plusieurs écoles fran-
çaises s'est empressée de signaler son indépendance
et son indiscipline, quand, dans Nevers même, des
écrits , répandus avec profusion parmi nos élèves,
(1) Archives de Nevers.
— 45 -
semblaient devoir allumer au milieu de nous Tétin-
celle du désordre , nous sommes restés calmes, nos
écoliers n'ont pas dévié de la route que nos leçons
leur avaient tracée (1) w.
Cependant l'avenir paraissait bien sombre pour le
collège ; il se voyait fortement attaqué dans la ville.
Le petit séminaire, maintenu à Nevers, faisait une
concurrence redoutable, et déjà avait commencé une
lutte qui devait durer bien des années ; on voyait
« un grand nombre de sujets destinés au monde peu-
pler une école uniquement instituée pour ceux qui
doivent y renoncer ». Pour combattre avec avantage,
il aurait fallu faire des sacrifices que l'état précaire
des finances de la ville ne permettait pas. A compter
du 1®' novembre 1812, on avait remplacé la gratuité
par un droit de 50 fr. que devait payer chaque externe
ou pensionnaire; c'était une ressource insuffisante.
C'était avec la plus grande difficulté et de longs
retards que les professeurs parvenaient à être payés
de leurs appointements. Dans une lettre collective, le
25 février 1817, ils réclamaient vainement une somme
totale de 9.641 fr. 94. Le 2 janvier 1820, plus de
trois ans après son départ , l'abbé Henriot n'était
pas encore soldé ; à ses réclamations, le maire se
contentait de répondre qu'il l'engageait à s'armer de
patience.
Dans de pareilles circonstances devait-on conserver
le collège? Il fut question de le fermer. Pour être
fixés sur ce point, le principal et les régents s'adres-
sèrent, le 20 juin 1816, aux membres du conseil
municipal. « Nous sommes depuis longtemps, disaient-
ils, dans un état précaire, tant par l'arriéré de nos trai-
tements, que par l'incertitude de notre sort à venir.
(1) Archives de Nevers.
— 46 -
Nous avons supporté l'un et l'autre sans murmurer
et sans nous relâcher en rien de la rigueur de nos
devoirs, persuadés que les circonstances seules vous
ont contraints de nous y laisser jusqu'à présent. Mais
l'espoir d'en sortir bientôt ne peut nous tromper,
puisqu'il est fondé sur votre équité et sur les preuves
de bienveillance dont vous nous avez souvent honorés.
Nous osons vous prier de vouloir bien nous en accor-
der une dernière ; c'est de nous déclarer de suite sur
quoi nous devons définitivement compter. Jugez vous-
mêmes, Messieurs, s'il nous est possible de rester plus
longtemps dans la situation pénible à laquelle nous
sommes réduits. Forcés à des privations continuelles
par l'arriéré de nos traitements, exposés chaque jour
au^ plus injustes censures, et sans cesse abreuvés de
dégoûts, pour récompense de nos veilles et du genre
de travail le plus assujetissant, le plus épineux et le
plus ingrat... On s'efforce sans relâche d'égarer Topi-
nion, chaque jour porte ici une nouvelle atteinte à
l'instruction publique. C'est à vos lumières et à votre
sagesse d'arrêter les progrès du mal ; votre indiffé-
rence, que nous ne pouvons pas supposer, le porterait
à son comble. Mais vous ne voudrez pas sans doute
que, sous votre administration, la ville ayt la honte et
la douleur de voir s'anéantir l'établissement qu'elle
doit avoir le plus à cœur de maintenir, et dont elle
aurait sans cesse à regretter la perte, sans pouvoir
peut-être jamais la réparer ».
Le départ de l'abbé Henriot, sur ces entrefaites,
augmenta encore l'embarras dans lequel on se trouvait.
L'abbé Terrasse, nommé pour le remplacer, exigeait
que la ville achetât un supplément de mobilier pour
la somme de 2.700 fr. et t il est évident, disait le
maiix^, que la ville de Nevers. qui n'a pas d'ai^ent
comptant, ne trouverait personne qui lui ferait à cré-
- 47 —
dit des fournitures pour une somme de cette impor-
tance, puisqu'elle a été dans l'impuissance de payer le
plus léger acompte sur le prix du mobilier qu'elle a
acheté à l'arrivée du principal». Le 22 octobre, le
conseil municipal se réunit pour aviser à cette situa-
tion. Il décida, à Tunanimité, « qu'on ne pouvait pas
mettre en question si le collège serait conservé et que,
malgré le mauvais état des finances de la commune, il
ferait tous ses efforts pour maintenir ce précieux
établissement » ; que le collège n'aurait plus qu'un
principal et six régents et que la chaire de mathéma-
tiques serait supprimée. Le maire fut autorisé à acheter
tout le mobilier nécessaire. L'avis suivant fut envoyé
dans tout le département :
« Le collège de Nevers ouvrira l'année scholastique
le 4 novembre 1816. Le pensionnat est déjà disposé
pour y recevoir des élèves. Le changement de quelques
membres attachés à cet établissement avait fait
concevoir des doutes sur sa conservation ; mais ces
doutes doivent disparaître devant les mesures eflBcaces
que le conseil municipal de la ville de Nevers vient
d'adopter.
» Un principal et six professeurs, recommandables
par leurs principes religieux, leur attachement à la
cause royale, leurs talents et l'aménité de leurs mœurs,
vont offrir à la société la garantie qu'elle a le drpit
d'exiger de ceux qui se vouent à l'enseignement.
» La surveillance des autorités locales, sans cesse
excitée par le besoin d'une éducation trop longtemps
négligée, viendra ajouter à cette garantie ; il ne peut
donc rester aucune ressource à la prévention et le
collège de Nevers reprendra cet ancien lustre qui,
pendant de longues années, lui assura une place
distinguée dans l'art d'enseigner et doit faire désirer
- 48 -
aux habitants du département d'y envoyer leurs
enfants.
» MM. les maires feront afficher et publier dans
leurs communes respectives le présent avis, afin qu'il
soit connu de tous leurs administrés.
» Nevers, le 26 octobre 1816.
» Le préfet : Devaines t>.
L'abbé Terrasse ne fit, pour ainsi dire, que passer à
Nevers ; il ne resta pas même quatre mois entiers à la
tête du collège. Dans ce court espace de temps, son
administration fut désastreuse. A son départ, il émit
la prétention de se faire indemniser par la ville des
frais qu'il avait faits pour venir occuper son poste et
de ceux que lui occasionnerait ce départ. Le conseil
municipal rejeta cette demande, « considérant que
M. Tabbé Terrasse, envoyé à la tête du collège de
cette ville pour le soutenir, laméliorer et le faire
prospérer, a complètement détruit le pensionnat,
dégoûté les élèves externes et discrédité rétablisse-
ment ; que, sous ces rapports, c'est la commune qui, si
un tel recours était praticable, aurait à exercer des
dommages-intérêts ». L'abbé Terrasse avait, en effet,
perçu les droits de collège dus par les élèves et refusait
de les verser à la caisse <. municipale. A son arrivée, il
y avait douze pensionnaires, trois mois après il n'en
restait plus un seul. (1)
Le 20 février 1817, un arrêté de la commission de
rinstruction lui donna Tabary comme successeur. Il
eut à réorganiser entièrement la maison et spéciale-
ment le pensionnat. Le 13 juin 1817, il faisait publier
un prospectus qui commençait en ces termes : « C'est
(4) Archives de Nevers,
- 49 —
dans Tâge heureux où l'âme des enfans encore pure et
novice est susceptible de. toutes sortes d'impressions,
que Ton doit les mettre à portée de n'en recevoir que
de bonnes. S'ils sont exercés de bonne heure à la pra-
tique des vertus chrétiennes et morales; s'ils sont
habitués, dès leurs plus tendres années, à Tétude des
lettres et des sciences, ils auront toujours présents
dans la suite les principes que Ton aura pris soin de
leur inculquer.
» Pénétré de ces maximes, le principal du collège
de Nevers a l'honneur d'informer les pères de famille
qu'il vient d'ouvrir son pensionnat dans lequel sont
admis les enfans dès l'âge de 7 ans » .
Tabary était un ancien Oratorien : rien d'étonnant
qu'il ait essayé de s'entourer de professeurs de la
même congrégation. Le 27 septembre 1817, furent
nommés, à Nevers, deux membres de l'institution
de Juilly : Bodin, comme régent de seconde, et Pataud,
comme régent de cinquième, et un membre de l'ins-
titution de Vendôme, Gatien Arnoult, comme profes-
seur de sixième. Sous l'administration de ce nouveau
principal, le collège commença à se relever. Au bout
d'un an la chaire de mathématiques fut rétablie et
donnée à un membre de l'institution de Juilly. Le
préfet disait au Conseil général, à la session de 1817 :
(( Le collège de Nevers n'est pas un de ceux dont les
succès soient moins réels, depuis qu'il est confié à la
direction d'un homme justement considéré sous tous
les rapports »; et, en 1819: « Vous savez, messieurs,
quels éloges sont dus au collège de Nevers ; à peine
sorti de sa ruine, il compte déjà une centaine d élèves,
tant internes qu'externes, et il serait difficile de
trouver, ailleurs que dans les lycées, une réunion
d'hommes aussi remarquables par leur moralité, leur
- 50 —
zèle et leurs connaissances, que le principal et les
professeurs de ce collège ».
Cette prospérité relative et Tamélioration des
finances de la ville engagèrent le conseil municipal à
se montrer plus généreux envers le collège et à
demander en même temps la disparition des bourses
du collège de Bourges. Le décret du 8 mai 1808 avait
mis à la charge de Nevers l'entretien au lycée (depuis
collège royal) de Bourges d'une bourse entière, de trois-
quarts de bourse, et de deux demi-bourses, pour la
somme totale de 1.650 fr. En 1815, le conseil municipal
profita de la chute de Napoléon pour se faire exempter
de cette charge, qui fut rétablie par l'ordonnance du
25 décembre 1819. Le 3 septembre 1820, le conseii
en demanda vainement la suppression. Le 17 juin 1821,
il renouvela le même vœu « considérant, dit la délibé-
ration, que les mesures sont prises et les moyens
assurés pour faire du collège de Nevers, à compter
de 1822, un collège de plein exercice et les frais des
bourses communales entretenues jusqu'à présent au
collège royal de Bourges forment double emploi avec
la dépense que la ville de Nevers fait pour son propre
compte. Considérant que cet établissement n'obtien-
dra de prospérité qu'autant qu'il sera érigé en collège
de plein exercice, qu'il ne deviendra tel qu'en y créant
une chaire de philosophie et en assurant un traitement
au professeur de cette chaire, devenue nécessaire
depuis qu'une ordonnance du Roi ne permet pas qu'on
soit admis à aucune école de droit, de médecine ou
autres écoles spéciales, sans un diplôme attestant que
l'élève a fait ses études de rhétorique et de philosophie;
que cette création d'une chaire de philosophie doit
influer d'autant plus avantageusement sur la restau-
ration du collège de Nevers et faire espérer qu'elle lui
attribuera des élèves, que le petit séminaire ne pos-
- 51 -
sède pas de chaire semblable et que les autres collèges
du département n'en ont pas non plus et ne peuvent
pas en avoir ».
Il fut décidé qu'à l'avenir le collège comprendrait
un principal qui serait chargé de faire le cours àe
philosophie, et recevrait 2.000 fr., sept professeurs à
chacun desquels étaient attribués des appointements
de 1.200 fr. ] parmi eux, un devait avoir le titre de
sous-principal et recevoir un supplément de 300 fr.
En outre, un prêtre, avec le titre d aumônier^ rece-
vrait 300 fr. ; 400 fr. étaient alloués au portier ; une
somme annuelle de 300 f r. était affectée à l'acquisi-
sition des prix ; on estimait à 400 fr. Tentretien des
bâtiments. Le budget de l'établissement se trouvait
ainsi fixé à 12.100 fr.
Le vendredi 3 novembre 1820 , à l'occasion de la
naissance du duc de Bordeaux, après un Te Deum,
il fut distribué aux indigents, à la porte du collège,
240 bouteilles de vin et 500 livres de pain blanc.
Le 24 septembre 1821 , Tabary fut remplacé par
l'abbé Martial Fouquoire, bachelier es lettres, précé-
demment principal du collège de Troyes, qui, en
môme temps, occupa la chaire de philosophie. Des
six professeurs chargés des classes de latin , quatre
étaient bacheliers es lettres ; les deux professeurs de
seconde et de troisième avaient le titre de licencié
es lettres ; Planche, chargé du cours de mathémati-
ques, était bachelier es sciences. Cependant, le nom-
bre des élèves déclina de nouveau ; nous ne trouvons
plus en 1823 que 20 pensionnaires, 14 demi-pension-
naires, 30 externes payants et 12 gratuits.
Des difficultés ne tardèrent pas à surgir entre le
nouveau principal et les parents de certains élèves,
aussi la municipalité résolut de se débarrasser de
Fouquoire, et, au mois d'octobre 1823, décida de
- 52 -
confier le collège exclusivement à des prêtres sécu-
liers. On choisit comme principal le chanoine Louis
Robinet, qui, avant la Révolution, avait occupé la
chaire de seconde dans le môme établissement. Tous
les anciens professeurs furent remerciés ; tous les nou-
veaux furent des ecclésiastiques, à l'exception de Jean
Boyral, répétiteur de mathématiques à Bourges, qui,
le 27 février 1825, avec Tassentiraent de Tévêque, fut
nommé professeur de mathématiques (1).
Les bourses de Bourges ayant été supprimées en
1823, le conseil municipal fonda, pour la première
fois, le 2 avril 1824, des bourses dans le collège de
Nevers , savoir : une bourse entière , deux demi -
bourses et les trois quarts d'une bourse pour la somme
totale de 1.375 fr. Les finances de la ville s'amélio-
rant de plus en plus, à la môme époque on supprima
le droit de collège de 50 fr. ; on dépensa 600 fr. en
acquisition de mobilier et 8.000 fr. en restauration
des bâtiments, afin de les mettre en état de pouvoir
recevoir 50 pensionnaires, et on augmenta les traite-
ments des professeurs (2).
En 1826, le chanoine Robinet se démit de ses fonc-
tions. Il eut comme successeur le chanoine Rouchauce.
(( Développer les talens, disait-il dans le prospectus
qu'il adressa auX parents, former les caractères, jeter
dans des âmes encore neuves et point souillées par
l'habitude du vice le germe précieux de toutes les
(1) Voici ce qu'écrivait au maire le recleur de Bourges, en annonçant
la nomination de Boyral : « Ses principes religieux et politiques ne lais-
sent rien à désirer; il est d'une grande simplicité et peu formé aux
usages du monde ; il a aussi un peu Paccent rouergat qui paraîtra un
peu étrange les premiers jours, mais il fera oublier, je l'espère, ces
légers défauts par ses bonnes qualités ; il est, du reste, une tête carrée
très propre aux mathématiques »,
(2) Archives de Nevers.
- 53 —
vertus, qui doivent concourir au bonheur général et
particulier des hommes, tel est le grand objet de
l'éducation, tel est aussi le but vers lequel nous diri-
gerons constamment nos efforts ».
Jusqu'alors les élèves avaient assisté aux exercices
religieux de la paroisse Saint-Pierre; en 1829 fut
décidée la construction d'une chapelle spéciale pour la
maison, les plans en furent approuvés pa» le conseil
municipal le 26 octobre ; quelque temps après, les
travaux furent adjugés pour le prix de 4.050 fr.
Cependant cette érection se fit attendre longtemps, la
bénédiction de la chapelle ne fut effectuée qu au mois
de décembre 1839.
La Révolution de 1830 devait naturellement appor-
ter des changements à cet état de choses. Dès qu'elle
fut connue à Ne vers, on jugea que le maintien des
ecclésiastiques était difficile. Le 4 août, le président
de la commission provisoire écrivait au principal :
« La commission municipale provisoire de la ville de
Nevers vient d'apprendre que quelques inquiétudes
auraient été semées sur l'existence et le maintien de
votre établissement et elle me charge, en consé-
quence, de vous rassurer à cet égard. Je m'empresse
donc de le faire, afin de dissiper tous les bruits men-
songers et je vous déclare au surplus que l'administra-
tion prendra toujours sous sa protection toute parti-
culière un établissement aussi utile que le vôtre et
que vous administrez à la satisfaction générale ». Mais
les ecclésiastiques qui se trouvaient au collège, com-
prenant quel changement venait de s'opérer, adres-
sèrent leurs démissions les 17 et 23 septembre et
quittèrent immédiatement la maison. La rentrée des
classes devait s'effectuer le 20 octobre, il fallut réor-
ganiser l'établissement dans ce court espace.
Le 3 octobre fut mis à la tête du collège Thomas
— 54 -
Lefebvre, principal du collège de Cosne, bachelier
es lettres et es sciences , officier d'académie, ft Le
nouveau principal, disait-il dans le prospectus qu'il
adressa pour annoncer sa nomination , qui compte
déjà vingt ans de services non interrompus, va faire
tous ses efforts pour que le collège de Nevers prenne
rang parmi les écoles universitaires, où les études
sont fortes, la discipline sévère, sans être dure ; les
principes de religion et de morale mis en pratique ;
mais il n'oubliera pas surtout que les jeunes élèves
confiés à ses soins, affranchis enfin de l'ilotisme dont
les menaçait un régime abrutissant, deviendront un
jour des citoyens, et que, de bonne heure, ils doivent
apprendre à respecter les lois, dont on pourra main-
tenant leur parler sans craindre de passer pour sédi-
tieux, à chérir les institutions du pays et à unir
dans leurs vœux pour la prospérité et la gloire
de la France, le nom du prince citoyen, du roi
honnête homme que leurs pères ont placé sur le
trône ». Désormais, tous les professeurs furent des
laïques.
Le 17 janvier 1831 , des désordres se produisirent
dans le collège à l'occasion desquels le maire prenait
l'arrêté suivant : « Considérant qu'à la suite de graves
désordres, plusieurs élèves ont quitté le collège, qu'il
importe que les élèves qui ont commis cet acte d'in-
subordination rentrent promptement dans le devoir
et que ceux qui persévéreraient soient exclus d'un
établissement qui ne peuî se maintenir que par l'ordre
et la discipline intérieure ; Avons arrêté et arrêtons ce
qui suit : Article premier : Les élèves absens momen-
tanément du collège par suite de l'insurrection qui a
eu lieu ce matin dans cet établissement, sont tenus de
rentrer de suite dans ledit établissement. — Art. 2 :
Tout élève qui ne sera pas rentré aujourd'hui, avant
- 55 -
six heures du soir, sera rayé de la liste des élèves du
collège (1) ».
Le dimanche 1®' mai de la môme année eut lieu la
délivrance aux élèves d'un drapeau tricolore, qui avait
coûté à la ville la somme de 282 fr. Au fond de la
cour , sous les arbres , avait été dressé un arc de
triomphe, sous lequel était placé le buste de Louis-
Philippe. La musique de la garde nationale se fit
entendre, le maire prononça un discours, le professeur
de rhétorique lut une poésie.
Jusqu'alors le pensionnat avait été administré par
le principal à son compte personnel, la ville se bor-
nait à allouer une somme fixe ; le prix de la pension
était établi par le conseil municipal , le principal
encaissait le bénéfice ou soldait le déficit. Le 19 fé-
vrier 1832, la proposition fut faite au conseil que
le collège fût à l'avenir complètement régi pour le
compte de la ville. Cette proposition fut votée le
17 mai et immédiatement approuvée par le minis-
tère. Ce nouveau régime commença à la rentrée
scolaire de Tannée 1832 (2).
A la même époque, Thomas Lefebvre, se sentant
incapable de résister à certaines attaques auxquelles
il était en butte, ri3mit sa démission entre les mains
de la municipalité. Il eut comme successeur Thomas-
sin, également principal du collège de Cosne, qui,
pendant dix ans, avait été censeur adjoint au collège
Louis-le-Grand.
Le préfet, par une circulaire adressée à ses adminis-
trés, leur faisait connaître ce changement et les
engageait vivement plutôt que de « s'imposer le dou-
loureux sacrifice d'exiler leurs enfans », à les envoyer
(1) Archives de Nevers.
(2) Ibid.
- 56 -
au collège de Ne vers ; les éloges qu'il y adressait au
nouveau principal étaient mérités, le choix avait été
excellent. Cependant, malgré les sommes que la ville
consacra à soutenir cet établissement, les premières
années furent difficiles et les résultats trompèrent
Tespérance que Ton avait conçue. L'instruction était
bonne, le principal s'acquittait avec zèle de ses fonc-
tions, mais, pendant un temps assez long, le nombre
des élèves ji'augmenta pas d'une manière sensible.
C'est qu'on avait à lutter contre une terrible concur-
rence. L'abbé Rouchauce avait laissé la réputation
d'un bon directeur de maison d'éducation. Dès 1831,
il songea à fonder une institution à Nevers ou à
Varennes, près Nevers. Sur les instances du conseil
municipal et du recteur de l'académie de Bourges,
l'autorisation lui fut refusée le 20 septembre 1831.
En 1834, il fut nommé directeur du petit séminaire
que l'évêché établit à Corbigny et emmena avec lui
plusieurs ecclésiastiques, anciens professeurs au collège.
Dès lors, les fils des familles ayant gardé des principes
religieux ou manifestant des opinions contraires au
gouvernement existant, affluèrent à Corbigny au
détriment du collège de Nevers.
Nombreuses sont les plaintes adressées à ce sujet
soit par le maire, soit par le principal ; continuelle-
ment, pendant plusieurs années, ils signalent à l'auto-
rité supérieure les infractions ou prétendues infractions
commises par l'école ecclésiastique de Nevers et par le
petit séminaire de Corbigny. Le 9 décembre 1834,
Guizot, ministre de l'instruction publique, écrivait au
maire : « Je suis toujours décidé à ne tolérer, sous
aucun prétexte, un abus qui pourrait compromettre
l'existence du collège de Nevers, pour lequel la ville
fait de nombreux sacrifices. Il est résulté des rensei-
gnements officiels qui me sont parvenus qu'aucune
- 57 —
contravention ne pouvait être constatée et que, en
conséquence, il n'y avait nulle décision à prendre rela-
tivement au petit séminaire de Nevers... Je désirerais.
Monsieur le Maire, que vous voulussiez bien me trans-
mettre à cet égard, des renseignements précis et
détaillés.
(( Cet état de choses affligeant pour la ville, qui ne
pourrait pas soutenir plus longtemps un aussi lourd
fardeau, dit le maire, est la conséquence du collège de
Corbigny, autrefois petit séminaire de Nevers. Je vous
ai signalé souvent cet établissement, Monsieur le
Ministre, comme un obstacle permanenf à la prospé-
rité des collèges, non seulement de la ville de Nevers,
mais encore des autres villes du département, qui sont
dans l'impossibilité de résister à la concurrence. L'es-
prit de corps du clergé engage les prêtres et curés des
communes à déprécier le collège de Nevers au profit
du soi-disant petit séminaire de Corbigny ».
De son côté, le principal écrit : « Si le nombre de
nos élèves ne s'accroît pas plus vite, cela tient à un
établissement rival, vers lequel on se porte, non pas
par haine pour nous, mais les uns par esprit de
coterie, les autres par motif d'économie ». Et le
24 décembre 1835 : « J'ai signalé l'établissement de
Corbigny comme un obstacle à la prospérité du collège
de Nevers. Si c'était un véritable petit séminaire, il
ne nous nuirait pas, mais il n'en aque le nom. On se sert
de ces mots a Petit Séminaire » comme d'une enseigne
sur laquelle on lirait : « Le fisc n'a pas de droits ici
pour la rétribution universitaire. Inspecteurs généraux
et inspecteurs d'académie, défense à vous de fouler le
seuil de cette maison : nos études sont des études
sacrées et qui n'ont rien de commun avec l'enseigne-
ment profane de vos collèges. Nous, qui commandons
ici, nous sommes des êtres privilégiés, et nous agissons
- 58 -
suîvant notre volonté ». Je suis persuadé, moi, que cet
établissement n a été érigé que par envie, par jalousie
contre Je collège de Ne vers » (1).
Dans cette situation, on implora le secours du dépar-
tement. Au mois d'août 1835, la commission des
finances du conseil municipal déclarait qu'il fallait
abandonner le système de la régie, si l'on n'obtenait
pas du Conseil général la création de bourses départe-
mentales. Un rapport et une demande furent présentés
à cet effet au Conseil général qui, en 1835, refusa cette
subvention par douze voIk contre dix. La proposition
fut reprise Tannée suivante et obtint un plein succès.
Le Conseil général vota une somme de 6.250 fr. pour
la création de vingt-cinq demi-bourses au collège, une
par chaque canton du département.
Cette subvention permit à la ville de consacrer
chaque année des sommes plus considérables en amé-
liorations dans la maison, telle que la création d'une
chaire de français et, dès lors, les progrès du collège
devinrent plus rapides. Successivement, les années
suivantes, furent fondées une chaire de physique, une
seconde chaire de mathématiques et une chaire d'his*
toire.
Le 12 juillet 1839, le recteur de l'académie de Bour-
ges écrivait au maire en insistant sur la nécessité
d'avoir un aumônier attaché à rétablissement : le
10 novembre suivant, l'Evêque de Nevers appelait à
cette fonction l'abbé Lebrun, destiné à devenir le pre-
mier proviseur du lycée de Nevers.
Une ordonnance du 20 décembre 1842 autorisa, sur
la demande du conseil municipal, la ville de Nevers
à annexer des cours d'instruction primaire supérieure
à son collège communal.
(1) Archives de Nevers.
«P HI g t i » J. » l^ i 4» 'i>l1fc. *-
— 59 —
M. Manuel, député de la Nièvre, fonda, en 1845, un
prix d'honneur qui, pour la première fois, fut décerné
à Sébastien-Charles Fichot, et en 1855, à M. Achille
Millien, -
Au lendemain de la Révolution de 1848, les élèves
écrivirent la lettre suivante : « Aux citoyens conseil-
lers municipaux de la ville de Nevers, les élèves du
collège. Salut et respect. Au moment où la Patrie
renaissante reçoit de tous ses enfants des preuves de
dévouement et d'héroïsme, les jeunes gens des collèges,
sur lesquels elle fonde son espoir, ne doivent point
paraître moins zélés pour la servir. Une idée géné-
reuse a surgi de nos cœurs ; cette pensée, nous
l'avouons sans détour, nous a été inspirée par le bel
exemple de nos condisciples de Salins, et nous vou-
lons du moins, en les imitant sans retard, conquérir
l'honneur de marcher les premiers sur leurs traces.
» A la fin de chaque année scholaire se célèbre au
collège une fôte solennelle, où des prix sont décernés à
ceux que favorisa la Victoire dans l'arène scientifique
et littéraire. C'est, messieurs, la somme ordinaire-
ment consacrée par vous à l'achat des prix, que nous
désirons offrir en don à la Patrie. Les sauveurs de la
France, aux derniers jours des Rois, n'ont pas trouvé
en nous des concitoyens indifférents et égoïstes.
Aujourd'hui, la Patrie semble réclamer une nouvelle
offrande à nos cœurs généreux, et nous lui sacrifions
cette somme avec bonheur et désintéressement. Car
aucun de nous ne regrettera la belle récompense qu'elle
nous aurait procuré ; une couronne verte nous suffira,
comme aux anciens triomphateurs, et même, quand on
en ceindra nos fronts, nous serons plus heureux et
plus fiers, en pensant qu'Hésiode et Pindare n'eurent
jamais d'autres trophées.
» Nous espérons donc, honorables citoyens, vous,
— 60 -
dont le patriotisme nous est connu, que vous accé-
derez sans peine à cette demande, qui prouve notre
amour pour la France, et le désir que nous avons de
la voir grande, forte et belle, comme elle seule peut
l'être.
» Nous attendons votre réponse , et nous vous
prions. Messieurs, d'agréer d'avance les remerciemens
et les sentiments respectueux des élèves du collège de
Ne vers (1) ».
Cette proposition fut acceptée , tous les élèves
cependant ne furent pas privés des livres qu'ils avaient
mérités, le préfet de la Nièvre ayant fait distribuer
des volumes aux premiers élèves de chaque classe.
L'épidémie cholérique, qui sévit avec tant de vio-
lence en 1849, enleva deux professeurs du collège,
Eysenbach, professeur d'histoire, et Berthé, régent
de cinquième. Une aventure arrivée au professeur de
philosophie, [en 1851. l'obligea à prendre un repos
momentané. Le choix de son remplaçant tomba sur
un jeune homme appelé à la célébrité, Hippolyte
Taine. Mais ses appréciations sur certains événe-
ments historiques ayant été dénoncées à l'autorité
supérieure, il dut bientôt quitter Nevers. Une tradi-
tion locale veut qu'un fait qui se produisit pendant
son séjour , et qu'il raconta à Edmond About , ait
fourni à ce dernier la première idée de son roman :
Le Cas de M. Guérin.
En 1857 , Thomassin fut remplacé par labbé
Lebrun, aumônier depuis 1839. Le collège avait pro-
gressé sensiblement sous son administration ; à son
entrée, il avait 32 élèves internes ; en 1855, on en
comptait 150.
La question de la transformation du collège com-
(1) Archives de Nevers.
- 61 —
munal de Ne vers en collège royal ou en lycée était
restée à l'ordre du jour depuis 1812. Le 18 septembre
1831, le conseil municipal, après avoir entendu les
observations du maire , qui lui présenta un devis
approximatif des dépenses que ce changement pour-
rait occasionner, émit « le vœu formel que le collège
de la ville de Nevers soit converti en collège royal...
attendu que le changement proposé est désiré par les
meilleurs esprits ; qu'un collège royal, placé dans une
ville, chef-lieu de département, tel que C6lui de la
Nièvre, remarquable par son étendue et son indus-
trie, ne peut manquer d'atteindre en peu de temps à
un haut degré de prospérité, que la situation de la
ville de Nevers, la salubrité de son climat, l'impor-
tance de sa population et les ressources qu'elle offre
en tous genres la rendent éminemment propre à rece-
voir un pareil établissement ». Le principe d'un
emprunt de 31.000 fr. fut voté et le préfet voulut
bien se /charger d'aller lui-même appuyer ce vœu à
Paris. Ses efforts n'eurent aucun succès.
De nouvelles démarches échouèrent pareillement
en 1839. Le 7 août 1840, le bureau d'administration
demanda « la conversion du collège en collège royal ».
Le 28 du môme mois, le Conseil général exprima le
môme vœu en se basant sur « la bonne tenue du col-
lège de Nevers , la distinction de ses professeurs ,
les progrès et la force de ses élèves, la beauté du local
qu'il occupe ».
La question fut reprise sous le second Empire. Le
19 décembre 1853, le ministre de l'instruction publi-
que et des cultes écrivait au recteur de l'académie :
« La ville de Nevers, à raison de l'importance de son
collège et de la population de l'arrondissement dont
elle est le centre, peut légitimement prétendre à
l'obtention d'un lycée ».
— 62 -
Le 27 août 1859, le conseil municipal renouvela la
demande de la création d'un lycée, et décida, pour
l'agrandissement du collège, ainsi que le demandait
l'Etat, l'acquisition de l'hôtel de Bourgoing, sis rue
du Collège. Le 17 septembre 1860 était ^igné un
traité provisoire entre le maire et M. de Bourgoing.
Pour venir en aide à la ville, le Conseil général, par
ses délibérations des 25 août 1859 et 30 avril 1860,
lui attribua une subvention de 150.000 fr.
Un décret impérial du 22 octobre 1860 déclara le
collège de Nevers lycée impérial. Un autre, du 24 avril
1861, autorisa la ville à « acquérir de M. Pierre -
Adolphe de Bourgoing , moyennant le prix de
110.000 fr.; et aux clauses et conditions énoncées
dans la promesse de vente du 17 septembre 1860, une
maison, avec dépendances, située à Nevers, rue du
Collège, pour servir à l'agrandissement du lycée ».
Cette acquisition fut régularisée par acte pas^é
devant M® Bouquillard, notaire à Nevers, le 12 juillet
1861.
Pour faire face aux dépenses qu'occasionnait ce
transfert, une loi du 18 mai 1861 autorisa la ville à
contracter un emprunt de 150.000 f r.
Le collège de Nevers avait vécu. Le lycée eut
comme premier proviseur l'abbé Lebrun, qui avait
été successivement aumônier et principal.
Edmond DUMINY.
- 63 —
APPENDICE
1578. — Accord entre les écheoins de la ville de
Nevers et les Jésuites du Collège de Nevers
concernant des maisons voisines de cet
établissement.
Note du roy et du duché de Nyvernois. Furent présens
honorables hommes Pierre Guillaume, Hugues Decolons,
Jehan Delaigle et Pierre Le Sage, eschevins de la ville de
Nevers, lesquels de leur bon gré, pour eux et leurs
successeurs, eschevins de lad. ville, en ensuyvant la délibéra-
tion prise en l'hostel commun d'icelle ville, par les vingt-
quatre conseillers d'icelle, le jour du dymanche vingt-qua-
trième jour de novembre l'an mil cinq cens soixante-dix-sept,
et aultre délibération précédente pour le faict qui s'ensuit, et
ce pour les mesmes considérations qui les ont jà meuz et
conduïtz au bien et proffict du collège de ceste ville de
Nevers, appartenant a présent à ceulx de la Compagnye du
nom de Jésus, ont ceddé, délaissé et transporté, et par ces
présentes ceddent, délaissent et transportent à perpétuel à
Monseigneur et Madame, duc et duchesse de Nevers, absens ;
M^** Jacques Bolacre, Gilbert Decury et Guy Coquille, lieute-
nant, avocat et procureur généraux de Nivernoys, aïans de ce
charge expresse de mesd. seigneur et dame, présens, stipul-
ant et acceptant cest assavoir toutte la part et portion qu'ils
avoient réservée par le premier contract de cession et démis-
sion des maisons du collège par eux ou leurs prédécesseurs
faicte à mesd. seigneur et dame, et les maisons acquises par
mesd. seigneur et dame au proffict d'eulx ou leurs prédéces-
seurs, pour y enseigner les abécédaires, le tout à Tendroit et
du côté des classes dud. collège, à prandre de la muraille
neufve faisant séparation de la grande court du costé des
- es-
pères et Frères de lad. Compagnye jusques aux rues des Fan-
geats et de Mirangron, sans aucune chose pour eux en
réserver, à la charge toutes foys de faire instituer, instruyre
par ceulx de lad. Compagnye du nom de Jésus la jeunesse
es bonnes lettres, ainsi qu'il est porté par lesd. premières
lettres de cession et démission faictes à ceste seulle contem-
plation et du bien qu'ils en espèrent recepvoir à Tadvenir
pour la bonne et saincte institution de la jeunesse, et par ces
mêmes présentes lettres Bolacre, Decury et Coquille, pour
et au nom de mesd. seigneur et dame, ont délaissé et trans-
porté aux Pères recteur et aultres de lad. Compagnye de
Jésus, en acroissement des maisons et jardins jà par cy-
devant à eulx donnez par mesd. seigneur et dame^ et pour
Tespérance qu'ils ont des bien et singulier proffict que leurs
subjectz recepyront à Tadvenir en l'institution de leurs enfans
aux bonnes lettres, meurs et discipline, tout et tel droict,
part et portion dud. collège, de laquelle lesd. escheVms
leur ont présentement faict cession affm que lesd. Pères
recteur et aultres de lad. Compagnye de Jésus aient meilleure
volonté de s'emploier en l'institution et enseignement de lad.
jeunesse, prandre et recepvoir pensionnaires, instruyre les
abécédaires par eulx, ou par aultres, capables et suffisans
personnages desquels principal, régens et abécédaires,
lesd. Pères recteur et aultres de lad. Compagnye, auront le
gouvernement et superintendance, et dépendront entière-
ment d'eulx quant aux bonnes meurs et lettres, et se fera
selon les constitutions et manière de faire de ceulx de lad.
Compagnye de Jésus, après toutes foys, pour la commodité
desd. fondation et institution des abécédaires, mesd. seigneur
et dame auront acquis deux maisons joignant lesd. classes,
l'une appartenant à Aignen Méliart et Jehan (blanc\ l'autre
à Pierre Ferré, pour apprès leur en estre faict don, cession et
transport par mesd. seigneur et dame, moyennant aussi que
lesd. eschevins, pour eulx et leurs successeurs, eschevins, ont
promis païer, bailler et délivrer par chascun an, ou faire
- 65 —
païer par leurs recepveurs présens et advenir la somme de
cinquante esculz, revenant à cent cinquante livres, en contem-
plation de rinstitution des abécédaires, le paiement de
laquelle somme se fera à troys termes esgaulz, savoir : aux
premier octobre, premier de febvrier et premier de juin ; le
premier terme et payement commençant au premier jour
d'octobre prochainement venant, et continuer le payement
de termes en termes, tant et si longtemps que lad. institution
durera, et à ce ont, lesd. eschevins, obligé et affecté spécialle-
ment tout le revenu patrimonial de lad. ville, et oultre a esté
par exprès accordé que mesd. seigneur et dame rendront
lesd. maisons quictes et déchargées de toutes charges quel-
conques, sans que lesd. Pères recteur et aultres de lad.
compagnye de Jésus y soient aucunement tenus, lesd. Pères et
aultres de lad. Société de Jésus, par Père Michel Nolet,
recteur, et Père Jacques Doiye, préfet des études, présens et
acceptant les choses susdites pour eulx et aultres de leur
Société. Car ainsi, etc. Fait en la ville de Nevers, le deuxième
jour du moys d'aoust, l'an mil cinq cens soixante-dix-huit.
Ainsi signé : Bolacre, Decuzy, Coqcille, Michel Nolet, Jacques
Doiye, Guillaume, Decolons, Délaigle et Le Sage.
(Archives de Nevers, BB 19).
1597. — Traité entre les échevtns de Nevers
et te principal du Collège
Personnellement establis honorables hommes Gilbert Dyen,
Charles Carpentier, Jehan de Corbignyet François de Saulieu,
e$chevins de la ville de Nevers, et M^ Jacques Marquel, pro-
cureur du faict commung de lad. ville, assistas de noble
Cristofle de la Chassaigne, président en la chambre des
comptes, etc., et M^ Arnault Regnault, maître es arts et
licencyé en droit canon, chanoine de Nevers, à présent
demeurant en ceste ville de Nevers, d'autre part, lesquelles
5
- 66 -
parlyes respectivement de leur propre et libre volonté,
mesme lesd. sieurs eschevins assistés comme dessas et
suivant la délibération aujourd'hui faitte en la salle de
rhostel commung de lad. ville par les vingt-quatre conseil-
lers et aultres notables d'icclle, ont fait et passé entre elles
Ips pactions, promesses et obligations qui s'ensuivent. C'est
assavoir que led. sieur Regnault a promis et promet par ces
présentes de prendre les charge, principaulté et esconomye
du collège de lad. ville de Nevers, pour le temps et espace de
dix années, commençant au premier jour d'octobre prochain
et finissant à tel et semblable jour lesd. dix années fynîes et
passées ; pendant et durant lequel temps led. sieur Regnault
a promis de entretenir quatre régens ydoînes et capables
pour enseigner et instruire la jeunesse aux lettres humaines,
scavoir ung premier, second, troisième et quatrième et oultre
plus ung chappellain, qui enseignera par mesme moiyen les
petis abécédaires, lesquels régens led. Regnault sera tena de
nourrir, entretenir et gaiger à ses frais et dépens, moyennant
ce qui sera cy après déclaré ; oultre a promis que, dès lors
qu'il se trouveroit des escolliers près et capables pour estre
instruits en philosophie, de faire leçon et lecture une heure
du jour ; plus, de faire dire et célébrer chascua jour la messe
ordinaire, dire vespres le sabmedy, et ledymanche la messe et
vespres, le tout à la fasson de faire accoustusmée, où assiste-
ront les escolliers, et faire lesson de catessisme audit jour de
saint dymanche, le tout moyennant le pris et somme de trois
cens escus par chascun an, payables de six moys en six
moys, par advance, et oultre ce, demeurera aud. sieur
Regnault le revenu de la prébende préceptorale de ceste ville
de Nevers, montant à quarante escus par an. Sera tenu led.
Regnault de prandre et se charger par inventaire des orae-
mens de la chapelle dud. collège et des livres et meubles
estans aud. collège, pour les randre en fin desd. années en
mesme espèce encores qu'ils ne fussent de mesme valeur.
Plus, que luy seront délivrés à la charge de en user par led#
- 67 —
sieur Regnault comme ung bon père de famille. Et sera tenu
led. sieur Regnault présenter ausd. sieurs eschevins et procu-
reur du faict commung les régens qu'il vouldia establir aud.
collège, sur lesquels la supériorité appartiendra aud. sieur
Regnault, ensemble la destitution. Et demeurera led. Re-
gnault franc et deschargé de toutes charges et subsides qui
seront imposés et desparlys sur les habitans de lad. ville de
Nevers, mesme de rentrée du vin et aultres denrées qu'il
acheptera pour la provision dud. collège. Sera led. sieur
Regnault tenu à aucunes réparations des bastimens dud.
collège, de la somme d'un escu pour une foys. Et à l'accom-
plissement, etc. Faict en l'hostel commung de lad. ville, après
midy, le quinzième jour de juillet mil cinq cens quatre vingts
et dix-sept, etc.
(Archives de Nevers, DB 20).
An VI. — PROGRAMME du cours de physique
expérimentale à Vécole centrale de Nevers
Le citoyen Dochesne, professeur de physique et de chimie
expérimentale à l'école centrale du département de la Nièvre,
ouvrira le cours de physique le 2 thermidor an VI. Ce cours
durera une année ; Tannée suivante il fera celui de chimie,
conformément au règlement de cette école. L'ouverture se
fera par un discours préliminaire sur la physique et les avan-
tages qu'on en retire. 11 sera divisé par parties qui se succé-
deront les unes aux autres ; on cfbmmencera par l'étendue et
la divisibilité des corps, ensuite le mouvement et ses lois,
l'hydrostatique, la méchanique, l'air, ses effets, l'eau consi-
dérée comme fluide, sa décomposition, son état de vapeur,
celui de condensation et les météores aqueux, le feu, la
lumière, la catoptrique, la dioptrique, l'astronomie, l'aimant^
l'électricité et les météores enflammés.
Les parties qui ont du rapport avec l'art de guérir, telles
sont l'air, le feu, l'aimant et l'électricité, y seront traitées en
faisant l'application aux maladies où ils conviennent et les
— 68 -
différents procédés qu'il faut employer, suivant les différentes
circonstances, seul moyen d*en éviter les inconvéniens et d'en
tirer de grands avantages en médecine. La physique, ayant
pour objet de nous dévoiler les secrets de la nature, a des
rapports avec toutes les sciences ; elle fait une partie princi-
pale de la grande chaîne des connaissances humaines, et
son étude a l'avantage d'être aussi agréable qu'elle est utile.
Les leçons seront le duodi, quarlidi, sextidi et octodi de
chaque décade, depuis 10 heures du matin jusqu'à midi.
Ceux qui voudront les suivre s'inscriront chez le citoyen
Duchesne, à l'école centrale, à Nevers.
Le traitement par Télectricité médicale qui se fait chez le
citoyen Duchesne se fera tous les jours de leçons, depuis midi
jusqu'à une heure, à l'issue de la leçon, pour que les per-
sonnes qui suivent le cours de physique puissent avoir des
connaissances sur cette partie. Il y aura un registre où sera
décrit l'état de chaque malade, le traitement qui lui est admi-
nistré, les progrès de la guérison et la terminaison.
Les malades n'y sont admis qu'après s'être présentés au
citoyen Duchesne, qui examinera si ce genre de traitement
peut leur être utile.
Signé : Duchesne.
(Archives de la Nièvre).
1812. — RÈGLEMENT du collège de Nevers
en 1812
Article premier. — De Vouverture des classes. — Les
classes s'ouvriront le matin à huit heures et continueront
jusqu'à dix heures. Le soir, depuis la Toussaint jusqu'à
Pâques, elles s'ouvriront à deux heures et demie et finiront
à quatre heures et demie ; après Pâques, elles s'ouvriront à
trois heures et finiront à cinq heures. La c)oche donnera le
signal du commencement et de la fin des classes. La classe
des leçons de mathématiques s'ouvrira à dix heures un quart
et durera jusqu'à onze heures trois quarts. Le jeudi de chaque
semaine, il y aura une classe pour les mathématiques, qui
— 69 -
devra durer deux heures. M. le régent indiquera l'heure qui
pourra le mieux convenir.
Art. 2. — De la cour des classes. — La grille de la cour des
classes ne s'ouvrira qu'au signal de l'ouverture des leçons
publiques. Après le signal donné, aucun élève ne doit rester
à la porte extérieure du collège. Tous les jeux et exercices
bruyants et tumultueux sont interdits. Il est défendu expres-
sément de jeter des pierres dans les cours et par-dessus les
murs de l'enceinte. Toute infraction à cette défense sera
sévèrement punie. Tout écolier sorti des classes pour quelque
l:»esoin et qui sera surpris à s'amuser ou troubler les leçons
des autres classes, sera puni.
Art. 3, — De la tenue des écoliers dans les classes, — Les
élèves viendront en classes décemment vêtus ; ils ne seront
pas admis en veste ronde, l'usage des sabots est proscrit dans
l'intérieur des classes. La classe du matin et du soir commen-
cera et finira par la prière ordinaire et à genoux ; le premier
de chaque classe sera chargé de ce soin. Les écoliers observe-
ront le plus grand silence pendant les leçons de la classe.
MM. les régents sont autorisés à punir sévèrement toute
infraction à cet égard, et, dans le cas d'indocilité, ils en
feront le rapport à M. le principal, qui pourra condamner à
une punition exemplaire.
Tous les samedis, le régent de chaque classe en fera la
visite, pour constater l'état des lieux et des bancs. Les dégâts
seront réparés aux dépens de celui qui les aura commis.
Ceux qui auront écrit sur les murs ou gravé leurs noms sur
les bancs, outre la réparation du dégât, seront punis d'une
amende d'un franc par nom. Quand le dégât aura été fait
méchamment, outre l.es frais de réparations, il sera infligé au
coupable une punition en raison du délit. Si les auteurs du
délit n'étaient pas connus, tous les élèves de la classe en
seront responsables. MM. les régents sont chargés de l'exécu-
tion de cet article, chacun dans sa classe respective.
Le régent de chaque classe nommera un censeur, qui sur-
- 70 -
veillera les écoliers pendant son absence et fera rentrer la
classe, s'il ne pouvait pas se trouver à l'heure de l'ouverture.
Les écoliers, dans les classes, seront placés suivant le rang^
que leur assigneront leurs devoirs de composition. Le censeur
sera placé au-dessous de la chaire du régent, le premier à la
première place sur le banc à droite, le second sur le banc à
gauche, à la première place, et a\nsi de suite, tellement que
tous les nombres impairs soient placés à la droite et le»
nombres pairs à la gauche.
Les écoliers seront tenus d'avoir chacun leurs livres, leurs
plumes et leur encre. La sortie se fera sans tumulte. Le
censeur est chargé de fermer la )K)rte et les contrevents de la
classe.
Art. 4. — Des leçons et devoirs. — MM. les régents donne-
ront à leurs écoliers, matin et soir, des leçons à apprendre et
des devoirs à faire, chacun selon Tusage ordinaire. Les
leçons seront récitées par- devant le régent ou les censeurs
nommés à cet effet par lui et pris parmi ceux qui se distin-
guent par leur travail et leur bonne conduite. Tout é^M>licr
qui ne saura pas ses leçons, dans quelque chose que ce soit^
sera puni une première et seconde fois ; s'il se met dans le cas
d'être puni une troisième, il en sera référé à M. le principal
pour la punition à infliger. Le censeur qui serait surpris
n'être pas fidèle dans son rapport pendant sa place, pourra
être puni selon le cas. Chaque élève est obligé de rapporter
son devoir fait sur cahier et sur copie lisiblement écrit, autre-
ment il sera puni suivant les circonstances. Il justifiera par
un écrit par qui de droit, de l'exemption de ses leçons ou de
son devoir, ainsi que de son absence aux classes publiques.
Ceux des écoliers qui suivent le cours de leçons de mathéma-
tiques ne seront pas pour cela dispensés des devoirs et des
leçons de leurs classes. On composera le vendredi de chaque
semaine ; et, le lundi suivant, les places seront données d'après
l'examen des devoirs. La liste des places, certifiée par M. le
régent, sera portée à M. le principal, ainsi que les coines des
— 71 —
premiers et des derniers. Il y aura des marques de distinc-^
tioh pour les premiers de chaque classe. Tous les trois mois,
il sera fait une composition d'ensemble pour juger des progrès
des élèves.
Exercices religieux. — Tous les écoliers seront conduits à
la messe, après la classe du matin. Deux régents, chacun à
son tour, les surveilleront à l'église dans les places qui leuf
seront assignées. Ils justifieront qu'ils s'approchent des sacre-
ments, une fois tous les deux mois. Tout écolier sera tenu
d'avoir un livre de prières et de lire dedans pendant la
messe. M. le principal et les régents s'informeront si les
écoliers assistent à l'office divin les dimanches et fêtes, et de
leur tenue à l'église. Le Nouveau Testament étant déclaré
livre classique par l'Université pour toutes les classes, tous
les jours, depuis la quatrième inclusivement, il en sera donné
en leçons quelques versets.
Surveillance extérieure sur les écoliers. — Les écoliers
externes seront toujours soumis, même hors de la tenue des
classes, à la juridiction du collège ; ses ch^fs conservent le
droit de punir les fautes commises hors de l'enceinte contre
la bonne conduite et le règlement de police intérieure II est
défendu aux écoliers d'aller dans les assemblées publiques,
dans les cafés, les spectacles, soûs quelque prétexte que
ce soit.
RÈGLEMENT DE POLICE INTÉRIEURE POUR LE PENSIONNAT
Article premier. — Le lever. — Le lever est sonné à cinq
heures et demie. Aussitôt après le réveil, les élèves commen-
ceront à s'habiller et feront entièrement leur toilette. Ceux
qui ne peuvent pas partir au signal du départ, ou qui arrive-
ront aux salles d'études sans être complètement habillés,
seront punis. Pendant tout ce temps, on observera le silence.
Au signal donné pour la sortie des dortoirs, les élèves se
rendront, sans tumulte et en silence, dans les salles d'études,
et chacun y prendra de suite sa place ordinaire, et la prière
— 72 —
du matin se fera alternativement par chacun des élèves. Tous
seront à genoux dans une posture décente et apporteront à
cet acte religieux le respect qui lui est dû. Aucun élève ne
doit sortir du dortoir avant le signal et sans permis-
sion.
Art. 2. — Etudes du matin. — Après la prière, salle
d^études jusqu'à sept heures et demie. A sept heures et demie^
toilette de propreté ; les élèves iront se laver les mains à la
fontaine et rentreront de suite aux salles d*études, où ils
recevront leur déjeuner. Pendant le déjeuner, récréation,
mais sans tumulte, et sans la liberté de sortir de la salle sans
permission.
Au signal pour l'entrée des classes publiques, les élèves
quitteront le quartier pour se rendre dans la cour des
classes, y attendre leurs régents respectifs, et seront soumis,
ainsi que les autres, aux règles de police établies à cet égard
dans le règlement général du collège. Au sortir des leçons
publiques, et après la messe, les élèves se rendront de suite
aux salles d'études, où il y aura un quart d'heure de récréa-
tion, qui devra se passer sans tumulte et sans sortir des
salles. A dix heures et demie, salle d'études jusqu'à midi.
Depuis midi jusqu'à une heure, étude pour les arts d'agré-
ment, leçon d'écriture pour les autres. A une heure, le
dîner. Les élèves, au signal donné pour le dîner, se rendroBt
de suite au réfectoire, se placeront devant leurs couverts
respectifs, et s'y tiendront debout et découverts, pour réciter
avec le maître le BenedicUe, après lequel ils s'assayeront sans
tumulte et en silence. Il sera fait une lecture pendant le
repas. Chacun des élèves lira à son tour, tandis qu'un autre
élève veillera autour des tables, pour faire donner par les
domestiques ce qui pourrait manquer aux élèves. On obser-
vera le plus grand silence. A la fin du repas, au signal donné,
tous se lèveront, et, chapeau bas, on récitera les Grâcesy
comme pour le Benedicite. Nul ne doit quitter sa place avant
le signal. Après le repas, récréation.
\
- 73 -
Art. 3. — Etudes de Paprès-dîner. — A deux heures,
rétude pour les leçons. Au signal de l'entrée des classes
publiques pour le soir, les élèves sortent sans tumulte de la
salle d'étude et se rendent en classe. Après la classe du soir,
les élèves rentrent de suite dans les salles d'études et y reçoi-
vent leur goûter. Une demi-heure après, salle d'études
jusqu'au souper, qui se fait à sept heures et demie ; après
lequel la prière, suivie d'une lecture de piété, laquelle étant
finie, les élèves se retirent en silence dans le dortoir, pour se
coucher. Ils le feront le plus promptement possible. Chacun
restera devant son lit en se déshabillant avec modestie et
décence.
Art. 4. — Jours de fêtes, de dimanches et de congé. — Les
jours de congé, les exercices auront lieu jusqu^à huit heures,
comme dans les jours ordinaires. A huit heures, les élèves
iront à la messe, après laquelle récréation jusqu'à neuf heures
et demie. Salle d'études. A dix heures et demie, répétition de
géographie et de mathématiques, ou de toute autre étude
relative à l'instruction des élèves, jusqu'à onze heures et
demie. Alors récréation jusqu'au dîner. Après dîner, la pro-
menade, pendant laquelle les élèves ne pourront s'écarter
hors de la vue de leurs maîtres et ne commettre aucun dégât,
soit dans la ville, soit dans les campagnes où on pourrait les
conduire, sous peine d'être punis très sévèrement au retour de
la promenade. Etude à cinq heures, et la journée se termi-
nera ainsi que les autres jours. Les dimanches et fêtes, les
élèves, après le déjeuner, ont récréation jusqu'à neuf heures.
A neuf heures, salle d'études jusqu'au dîner. Le soir, à deux
heures, catéchisme jusqu'à vêpres, auxquelles assistent les
élèves, après quoi goûter, récréation et salle d'études à cinq
heures et demie.
Des exercices en particulier. — Exercices religieux. —
D'après le règlement de l'Université, les élèves devront être
instruits des pratiques de la religion et en pratiquer les
devoirs. Tous les jours, après la prière du soir, il sera fait
-- 74 -
une instruction sur la religion, et deux fois par semaine
l'explication du catéchisme. Le samedi soir et la veille des
grandes fêtes, il sera fait une instruction sur quelque point
de religion ou relatif à la solennité. Tous les élèves, dans le
règlement général, devant justifier vis à-vis leurs professeurs
respectifs qu'ils s'approchent des sacrements tous les deux
mois, cette obligation sera encore imposée à ceux qui ne
suivent pas encore les leçons publiques. Les mercredis, le
samedi soir, le jeudi dans la journée, seront les moments
indiqués pour remplir ce devoir religieux. Les dimanches et
fêtes, on fera la revue de propreté avant de conduire les
élèves à la messe ou aux vêpres.
Règles géniales, — Les élèves ne pourront sortir du
collège, à moins qu'ils n'obtiennent permission du princ/pa/
et qu'ils ne soient réclamés par leurs parents ou leurs fondés
de pouvoir. Les élèves ne pourront recevoir de lettres, ni eu
adresser sans qu'elles aient été vues par le principal. Ils ne
pourront avoir d'autre argent que celui que leurs parents
auront remis au principal pour leurs menus plaisirs, et qui
le leur distribuera particulièrement les jours de congé, s'il
est content d'eux. L'entrée de l'infirmerie sera interdite aux
élèves en bonne santé, à moins d'une permission du prin-
cipal. Tout élève doit être vacciné avant d'être admis dans le
pensionnat. Aucun élève n'aura de chambre séparée. Tous les
jeux et exercices dangereux, tous les jeux de cartes et de
hasard sont interdits ; il est également défendu d'exposer de
l'argent à quelque jeu que ce soit. Tout propos injurieux ou
indécent sera rigoureusement puni. Lintroduction de toute
arme à feu et celle de la poudre à tirer, même en artifice, est
interdite. Toute espèce de prêt et d'échange entre les élèves
ne pourra avoir lieu qu'avec la permission des maîtres
d'études.
(Archives de la Nièvre).
E. D.
rfiTH i -
I
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the Library on or before the last date
stamped below.
A fine of flve cents a dày is incnrred
by retaining it beyond the speoified
time.
Please retum promptly.
LiUf N01/--3i*5-
0CT3O'59M