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Full text of "Leçons sur la physiologie et l'anatomie comparée de l'homme et des animaux / faites à la Faculté des Sciences de Paris par H. Milne Edwards"

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LEÇONS 


SUR 


LA   PHYSIOLOGIE 


ET 


L'ÂNÂTUMIE  COMPAREE 

DE   L'HOMME  ET  DES  ANIMAUX. 


Paris.  —  liiipiitiuiii'  no 


lo    L.  MAUTiNiiT,  niu  Mignon ,  i. 


' />■> 


LEÇONS 


SUR 


LA  PHYSIOLOGIE 

ET 

L'ANATOMIE  COMPARÉE 

DE  L'HOMME  Eï  DES  ANIMAUX 

FAITES  A  LA  FACULTÉ  DES  SCIENCES  DE  PARIS 

PAR 

H.  IIILWE  EDliVARD^ 

C^'.L.H.,  C.L.N.,  CE. P.,  ce. 

Doyen  delà  Faculté  des  sciences  de  Parif,  Professeur  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  ; 

Membre  de  l'Institut  jAcadémie  des  sciences)  ; 

des  Sociétés  royales  de  Londres  et  d'Edimbourg:  ;  des  Académies  de  Stockholm  , 

de  Saint-Pétersbourg,  de  Berlin,  de  Kôniirsberg,  de  Copenhague,  de  Bruxelles,  de  Vienne, 

de  Hongrie,  de  Bavière,  de  Turin  et  de  Naples;  de  la  Société  Hollandaise  des  sciences  ; 

de  l'Académie  Américaine  ; 

De  la  Société  des  Naturalistes  do  Moscou  ; 

des  Sociétésdes  Sciences  d'Upsal,  de  Gotenbour^,  Giîttinjjue,  Munich, 

Liège,   Somerset,    Montréal,  l'ile  Maurice;   des  Sociétés  Linnéenne  et  Zoologique  de   Lin  ires; 

de  l'Académie  des  Sciences  naturelles  de  Philadelphie;  du  Lycéuni  de  New-Vork  ; 

des  Sociétés  Entoraologiques  de  France  et  de  Londres;  des  Sociétés  Ethnologiques 

d'Angleterre  et  d'Amérique  ;  de  l'Institut  historique  du  Brésil; 

De, l'Académie  impériale  de  Médecine  de  Paris; 
des  Sociétés  médicales  d'Edimbourg,  de  Suède  et  de  Bruges  ;  de  la  Société  des  Pharmaciens 

de  l'Àlleiiiagne  septentrionale  ; 

Des  Sociétés  d'Agriculture  Je  Paris,  de  New-York,  d'Albany,  etc. 


TOME   SEPTIÈME 


PARIS 


VICTOR   MASSON    ET    FILS 
PLACP:  DE  l'école-de-médecine 

M  DCCC  LXII 

Droit  lie  IraJuclidu  réservé. 


LEÇONS 


SUR 


*  LA  PHYSIOLOGIE 


ET 


L'ANATOMIE  COMPAREE 

DE    L'HUMMK  KT  DES   ANIMAUX, 


CINQUANTE-HUITIÈME   LEÇON. 


Des  phénomènes  chimioues  de  l\  digestion. —  Des  aliments-,  leur  nature  chimique. 

—  Composition  et  propriétés  du  suc  gastrique  ;  digestion  îles  aliments  albumi- 
noïdes  ;  formation  des  peptones,  —  Propriétés  de  la  salive;  action  de  ce  liquide 
sur  les  matières  amylacées.  —  Propriétés  du  suc  pancréatique  ;  action  de  ce 
liquide  sur  les  matières   amylacées  ,  sur  les  graisses  et  sur  les  aliments  azotés. 

—  Propriétés  de  la  bile;  rôle  de  ce  liquide  dans  la  digestion.  —  Action  des 
sucs  intestinaux.  —   Digestion  des  aliments  féculents  et  des  graisses. 

§  1.  — En  abordant  l'étude  des  phénomènes  cliiaiiques  de  la  dc.  aiimcnis. 
digestion,  il  est  nécessaire  d'examiner  en  premier  lieu  la  nature 
des  matières  sur  lesquelles  cette  action  physiologique  s'exerce. 
Dans  une  précédente  Leçon,  j'ai  déjà  eu  l'occasion  de  dire 
quelques  mots  des  alimenls  (1),  et  c'est  seulement  quand  je 
traiterai  de  l'assimilation,  que  je  pourrai  parler  utilement,  soit 
de  leur  valeur  nutritive,  soit  de  leur  em|>loi  dans  l'intérieur  de 

(1)  Voyez  lonie  V,  page  2l|8. 
vu. 


j  r"''o 


'2  DIGKSTION. 


rorganisme.  Ici  je  n'ai  à  ni'occiipcT  de  ces  corps  que  sous  le 
rapport  de  leur  digestibilité. 

C'est  la  substance  de  quelque  être  vivant  (pii  constitue  tou- 
jours les  principaux  aliments  dont  rilommc  et  les  Animaux  font 
usage.  Ces  aliniculs  sont  donc  des  corps  organisés  qui  ren- 
ferment des  liquides,  mais  qui  sont  formés  essentiellement 
par  des  solides  dont  les  matériaux  sont  des  composés  chi- 
nii(iues  fort  complexes  et  faciles  à  décomposer  ou  à  modifier 
plus  ou  moins  profondément.  Comme  chacun  lésait,  ds  peu- 
vent être  fournis,  soit  par  le  règne  animal,  soit  par  le  règne 
végétal,  et  ils  présenleni  dans  l'enseudde  de  leurs  |>ropriétés 
des  variations  presque  infinies;  mais  ils  ne  diffèrent  entre  eux 
que  fort  \)cu  sous  le  rapport  de  leurs  caractères  dominants. 
Dans  tons  il  existe  un  (HMiain  nombre  de  matières  qui  sont 
riches  en  carbone,  ou  (|ui  contiennent  de  l'azote  uni,  comme 
le  carbone,  à  de  l'hydrogène  et  à  de  l'oxygène,  on  même  à  du 
soufre  on  à  du  phosphore,  et  qui  appartiennent  à  Wwo  ou  à 
l'autre  des  trois  familles  ou  groupes  naturels  de  substances 
dont  j'ai  d('jà  eu  l'occasion  de  parler  plusieurs  fois  sous  les 
noms  de  principes  albmninoïdes,  de  matières  amylacées  et  de 
graisses.  Les  princij)es  albuminoïdes  sont  des  corps  azotés 
neutres,  tels  (pie  la  librine,  l'albumine  et  la  caséine;  les  matières 
amylacées  ou  amyloïdes  sont  la  fécule,  la  cellulose,  le  sucre, 
la  pectine,  el(\,  dans  lesquelles  il  n'existe  (pie  du  carbone com- 
i)iné  avec  de  Thydrogène  et  de  l'oxygène  dans  les  pro|)ortions 
voulues  pour  constituer  de  l'eau.  Kidui,  les  graisses  sont  des 
substances  dé|)ourvu(^s(razot(3  comuieces  dernières,  mais  plus 
riches  en  hydrogène.  Par  riiidiistrie  huniaiiie,  (piehpies-uns 
de  ces  principes  peuvent  être  isolés  et  utilisés  de  la  sorte  comme 
substances  nutritives  :  mais  les  alinu'uts  tels  (pie  THomme  et 
les  Animaux  l(\slroiivcntdans  la  nature  sont  toujours  des  corps 
complexes  conlenaiil  des  substances  b('M(M'Ogcnes  (pii  appartien- 
iicnl  au  moins  à  deux  des  groupes  de  piincipes  inuiKMlials  dont  je 


I)i;    LA    NATLRE    DKS    ALIMEMS.  S 

viens  de  parler,  et  les  priiieipales  ditTéreiices  <pii  les  dislingiieiil 
entre  eux  dépendent  des  proportions  suivant  lesquelles  les  ma- 
tières albuminoïdes  s'y  Irouvent  associées  aux  matières  grasses 
ou  aux  principes  amyloïdes;  ils  peuvent  renfermer  d'autres 
substances,  mais  dans  les  phénomènes  delà  digestion  le  rôle  de 
ces  corps  accessoires  est  en  général  de  |)eu  d'importance,  et 
pour  le  moment  nous  pouvons  les  négliger.  Ainsi,  malgré  la 
diversité  extrême  des  matières  alimentaires,  il  existe  une  simi- 
litude très  grande  entre  tous  les  |)rincipaux  corps  sur  lesquels 
les  forces  digestives  sont  appelées  à  s'exercer. 

§  2.   -—  En  effet,  tout  Animal  Carnivore,  <pi'il   mange  la     Aiiaiems 

d6S 

chair  d'un  Mammifère  ou  d'un  Oiseau,  comme  le  font  les  Lions,  carnassiers 
les  Chats  et  les  autres  bêtes  féroces;  qu'il  vive  de  Poissons, 
comme  le  Pélican  et  le  Brochet;  qu'il  se  repaisse  d'Insectes, 
comme  le  Hérisson  ou  le  Fourmilier;  qu'il  se  contente  de 
Mûllusipies,  de  Zoophytes  et  d'autres  petits  Animaux  marins, 
comme  le  tbntles  Baleines,  les  Poulpes  et  les  Astéries,  ou  qu'il 
se  nourrisse  seulement  d'lnfusoires,àla  manière  de  l'Huître  et  de 
l'Éiionge,  il  trouve  dans  ses  aliments  de  l'albumine  et  d'autres 
principes  du  même  ordre  mêlés  avec  des  matières  grasses.  Kn 
traitant  de  la  constitution  dii  sang,  j'ai  déjà  eu  occasion  de  faire 
connaître  les  principaux  caractères  chimi(jues  de  la  plupart  de 
ces  principes  (1);  par  conséquent,  je  n'y  reviendrai  pas  ici,  et 
je  me  bornerai  à  ajouter  quelques  mots  au  sujet  de  leur  mode 
de  distribution  et  d'association  dans  les  tissus  organiques  qui 
constituent  les  aliments  fournis  par  le  règne  animal. 

Ces  aliments  sont  formés  principalement  par  la  chair  des 
Animaux,  c'est-à  dire  par  renseinble  des  parties  molles  qui  se 
trouvent  entre  la  peau  elles  os  d'un  Vertébré,  ou  qui  y  corres- 
pondent chez  un  Invertébré.  Ce  qui  en  forme  la  partie  la  plus 
importante,  est  le  tissu  musculaire,  dont  nous  aurons  à  étudierla 

(1)  Voyoz  loiiic  [,  page  1/(9  et  suivantes. 


Il  DlGIiSTlUN. 

slnictiire  dans  une  autre  occasion,  mais  dont  il  nous  est  néces- 
saire de  connaître  dès  aujourd'hui  quel(jues-uns  des  caractères. 
EtTectivement,  pour  comprendre  les  changements  que  la  diges- 
tion détermine  dans  cette  substance,  il  faut  savoii'  que  le  tissu 
musculaire  consiste  en  une  multitude  de  petits  cylindres  fili- 
formes réunis  en  faisceaux,  et  formes  par  une  variété  de  la  ma- 
tière alhuminoïde  insoluble  dans  l'eau,  cl  appelée  /ibrme,  (jue 
nous  avons  déjà  rencontrée  dans  le  sang  (1).  Chacune  de  ces 
libres  est  revêtue  d'une  gaine  membraneuse  '^\)[)c\qq  sarcoleinme^ 
et  se  trouve  reliée  aux  parties  adjacentes  par  des  trabécules 
de  tissu  conjonctif  ipii  ,  de  même  (jue  la  luni(|ue  dont  je 
viens  de  parler,  est  composé  principalement  de  matière  géla- 
tigène.  Cette  substances  a  beaucoup  d'analogie  avec  les  pnn- 
cipes  albuminoïdes,  mais  elle  est  plus  riche  en  azote;  elle 
est  insoluble  dans  l'eau,  mais  par  rébullition  elle  se  transforme 
en  une  gelée  qui,  à  chaud,  se  dissout  dans  ce  liquide,  et  qui 
est  susceptible,  par  le  refroidissement,  de  se  prendre  en  une 
masse  élastiipie  et  tremblotante.  Les  tendons  et  les  aponé- 
vroses qui  se  trouvent  associés  aux  libres  nuiscidaires  ont  une 
com[)Osition  chimiipie  analogue  à  celle  du  tissu  connectif,  mais 
leur  substance  est  beaucoup  plus  dense.  Il  en  es!  à  peu  près  de 
même  pour  les  vaisseaux  ipii  existent  ('gaiement  d;uis  les  ali- 
ments de  ce  genre.  Enlin,  il  y  a  toujours  dans  la  chair  une 
quantité  |)lus  ou  moins  considt'rablc  de  graisses  neutres,  et  ces 
principes  sont  en  partie  disséminés  dans  r('|)aissein'  des  libres 
nuiseulaires,  en  i)arlie  aggloméit's  dans  dis  utricules  logées 


(1)  La  lihriiie  (les  imisclos  se  tlisliii-  inislos   oui    cni   dcvoii-   \    ([(tiiiicr   un 

\;\jQ  (le  la  (ibrinc  du  sang  (a)  par   la  nom  pculiculior.    Ainsi    M.    liehiDann 

manière  doiil   clic  se  comporte  avec  rappelle  ."jy/f/o/j/za".  cl  M.  Piobin,  vhms- 

cerlains  dissolvanls.  el  (piol(|iiPs   clii-  ailinr  {h). 


(a)  Vuyc/  It'liic  I,  11111,'C  15"  (I  Mii\.nnk>. 

(b)  l.eliiiiaiMi,  Lelirbuch  lier  jiliysiuloiiisilu-ii  Chcmie,  I.  I,  p.  315. 

Hij'iii  (I  \ir'!iil,  Tmilc  île  chimie  (iiuit'niiunie  el  rhyuiutoijiqtic,  l.  lil,  y.  3GI, 


UE    LA    NATURIC    DES    ALIMENTS.  5 

entre  ces  filnmciifs  on  dans  les  mailles  du  tissu  conneelif  adja- 
cent (1).  Il  est  aussi  à  noter  que  ces  tissus  sont  imprégnés  de 
sang  et  de  sérosité,  liquides  qui  contiennent  à  leur  lour  des 
matières  alimentaires,  et  notamment  de  l'albumine. 

La  peau  de  la  plupart  des  Animaux,  celle  des  Vertébrés  par 
exemple,  ressemble  au  tissu  connectif  et  aux  tendons  par  sa 
composition  chimique,  car  elle  se  compose  essentiellement  de 
matière  gélatigène.  L'épiderme  et  les  appendices  cornés  qui 
en  dépendent,  ont  une  composition  analogue,  mais  la  densité 
de  leur  substance  est  beaucoup  plus  grande.  Chez  les  Animaux 
articulés,  on  y  trouve,  en  proportion  considérable,  de  h  chitine, 
matière  qui  résiste  à  l'action  dissolvante  de  la  plupart  des 
réactifs,  et  qui  p:iraît  être  composée  de  cellulose  combinée  très 
fortement  avec  de  l'albumine. 

Enfin,  les  cartilages  et  les  os  qui  se  trouvent  unis  à  la  chair, 
et  qui  sont  aussi  des  aliments  pour  certains  Animaux,  ont  pour 
fondement  organique  des  substances  gélatigènes  très  analogues 
à  celles  dont  se  compose  le  tissu  connectif,  et  appelées  chon- 
drine  ou  osséine. 

En  résumé,  nous  voyons  donc  cpic  les  j)rincipcs  azotés  qui 
constituent  les  aliments  fournis  parle  règne  animal  et  employés 
par  les  Animaux  carnassiers,  sont,  d'une  part  la  fdjrine,  l'albu- 
mine et  les  autres  composés  protéiques,  d'autre  part  les  sub- 
stances gélatigènes,  telles  (jue  l'osséine  et  la  chondrine,  que 
l'on  désigne  communément  sous  le  nom  de  yélatine.  .Mais  nous 
voyons  aussi  que  ces  matières  sont  toujours  associées  à  des 
corps  gras,  tels  que  l'oléine,  la  stéarine  ou  la  margarine. 

^3.  —  Les  aliments  fournis  par  le  règne  végétal  sont  en     Aiimems 
général  des  feuilles,  des  racines,  des  IVuils  ou  des  graines  ;  par 


(l)  Los  corps  gras  dont  les  muscles  [farine, inèléescnproporllons variables; 
sont  imprégnés  consistent  principale-  on  y  trouve  aussi  de  Facide  oléophos- 
nient  en  stéarine,  en  oléine  ei  en  mar-      pliorique  combiné  avec  de  la  soude. 


\(>;;cl^ili\. 


0  •  DIGESTION. 

('onsé(|iieiJt,  ce  sont  des  parties  de  la  plante  dont  l'organisation 
est  très  complexe  et  dont  la  substance  est  ordinairement  Ibr- 
mée  par  le  tissu  cellulaire,  par  des  fibres  et  par  des  vaisseaux. 
Au  point  de  vue  de  l'alimentation,  c'est  le  tissu  cellulaire  qui 
offre  le  plus  d'importance.  Il  se  compose  d'une  miillilude  de 
petites  utricules  qui  sont  réunies  entre  elles  j)ar  soudure,  et  qui 
renferment  dans  leur  intérieiu',  soit  des  liquides  tenant  en  sus- 
pension des  corpuscules  de  matières  organiques,  soit  des  dépôts 
de  ces  matières  ou  de  produits  analogues.  Les  parois  de  ces 
utricules  ou  cellules  sont  d'abord  extrêmement  minces,  et  for- 
mées essentiellement  d'une  matière  qui  peut  être  appelée  d'une 
manière  générale  de  la  cellulose^  mais  qui  varie  un  peu  dans  sa 
nature,  suivant  les  organes  ou  les  plantes  dont  elle  fait  partie,  et 
qui  a  reçu,  en  raison  de  ces  particularités,  divers  noms,  tels  que 
xylose,  fibrose,  dermose,  etc.  Par  leur  composition  élémentaire, 
tous  ces /jrînci/)e.$  cellulosiques  se  ressemblent;  ils  paraissent 
être  isomériques,  et  sont  représentés  par  la  fornnde  G*"-H^°0'^. 
Mais  ils  diflèrent  entre  eux  p;ir  la  manièn^  dont  ils  se  compor- 
tent avec  les  réactifs  emplovés  connue  dissolvants.  Ainsi  la  der- 
mose,  qui  constitue  les  parois  des  cellules  du  tissu  épidcrmique, 
est  plus  difficile  à  attaquer  que  la  (ibrose,  et  celle-ci,  à  son  tour, 
résiste  à  des  agents  (pii  sont  susceptibles  de  dissoudre  rapide- 
ment la  xylose  que  l'on  rencontre  dans  le  tissu  cellulaire  du 
parencliyme  des  feuilles,  des  lleuis  et  des  fruits  (1). 

(1)  D'après  les  travaux  de  M.  Payen,  les  incrustantes  qui  rcHmissent  celles-ci 

les  chimislos  réunissaient  sous  le  nom  <'nlro    elles    ou    qui    les   épaississent 

de  cellulose  les  suhslanci's.  pou  dittv-  iiilériourenit'iil  ((/).l,esdisliuctionsindi- 

rculos  entre  elles,  qui  conslilueul  les  (jnées  ci-dessus  i-ulre  les  substances  ccl- 

parois  des  cellul  s  véj;élales,  el  Ton  ap-  lulosiques  sont  fondées  sur  les  reclier- 

pelail  lignose,liynone,  etc.,  les  maliè-  clies  plus  récentes  de  M.  Fremy  (6). 

(al  f'ayoïi,  Mémoires  sur  les  dévctoppemcnis  des  làjL'laux  {Méin.  de  l'Acad.  des  sciences,  Sav. 
étranij.,  t.  IX). 

(b)  Krctiiy,  Ilecherches  chimiques  sur  la  cowposilinn  des  cellules  végétales  [Comptes  rendus  de 
V Acad.  des  sciences,  1  859,  t.  XLVllI,  p.  iOi).  —  liecbcrches  cliimiques  sur  la  cuticule  (loc.  cit., 
p.  l'iCil).  —  Hecherchcs  sur  la  composilioii  cliiiiiiiiue  du  lois  {lor.  cit.,  p.  8Ci2). —  Traité  de 
chiniie,  utlil.  ili-  ISfît,  t.  IV,  p.  i"(î  el  siiiv.). 


DE    LA    NATUIlli     DKS    ALlMKiMS.  7 

Les  matières  qui  s'épanchent  entre  les  utricnles,  et  (jui  les 
soudent  entre  elles,  ontde l'analogie  avec  les  principes  cellulosi- 
ques dont  je  viens  de  parler,  mais  elles  en  dilTèrcnt  à  plusieurs 
égards,  et  se  laissent  attaquer  par  certains  réactilsqui  ne  détrui- 
sent pas  les  parois  des  cellules  adjacentes.  M.  Fremy  ,  qui  en 
a  fait  récemment  l'objet  d'études  intéressantes,  les  désigne  sous 
le  nom  de  corps  épicuigiotiques. 

Enfin,  par  le  progrès  delà  végétation,  il  se  produit,  dans 
l'intérieur  de  chaque  cellule,  des  matières  solides  qui  tantôt  en 
tapissent  les  parois  d'une  manière  plus  ou  moins  continue,  et 
qui  d'autres  fois  constituent  des  granules  hbres  dans  sa  cavité. 
Le  revêtement  intérieur  qui  vient  épaissir  la  paroi  de  la  cel- 
lule peut  être  composé  de  la  même  substance  que  celle-ci  :  de 
xylose,  par  exemple;  mais  souvent  elle  est  d'une  nature  diffé- 
rente. Ainsi,  dans  les  fruits  verts  et  les  racines  ahmentaires, 
telles  que  les  carottes,  les  navets  et  les  betteraves,  les  cellules 
composées  de  xylose  se  tapissent  d'une  couche  de  pectose, 
principe  immédiat  qui  est  insoluble  dans  l'eau,  mais  qui,  sous 
l'influence  des  acides  faibles,  se  transforme  facilement  en  une 
substance  soluble  appelée  pectine  (1).  Celle-ci  se  trouve  dans 
la  pulpe  des  fruits  mûrs,  et  elle  est  toujours  accompagnée 
d'une  substance  qui  est  susceptible  de  jouer  un  rôle  analogue 
à  celui  des  ferments,  ou  plutôt  de  la  diastase,  et  (lui  a  la  pro- 
priété de  transformer  la  pectine  en  gelée  végétale,  ou  acide  pec- 
tique,  laquelle  est  insoluble  dans  l'eau,  mais  forme  avec  les 
alcalis  des  sels  solublesCi). 

(1)  La  pectine  se  forme  ainsi,  quand  grand  nombre  de  produits  donl  laplu- 

on  fait  bouillir,  soit  les  fruits  acides,  part  sont  dus  à  sa  combinaison  avec  les 

soit  la  pulpe  des  carottes  ou  des  navets  cléments  de  Teau  en  proportions  di" 

avec  une  liqueur  faiblement  acide.  Elle  verses. 

est  blancbc,  incristallisable,ctsa  conv-  (2)  Cet  agent  transformateur  de  la 

position  élémentaire   est    représentée  pectine  a  été  désigné  sons  le  nom  de 

par  la  formule  C6^H^8o64.  Elle  est  sus-  pectase. 

ceptible  de  donner  naissance    à    un  L'acide  pectique,  dont  la  découverte 


o  DIGKSTION. 

F.es  granules  qui  se  développoiit  dans  riiitérieur  des  cellules, 
et  qui  sont  a|)pliqiiés  contre  la  surface  de  leurs  parois,  ou  en 
suspension  dans  le  liquide  dont  lem^  cavité  est  remplie,  sont 
de  difl'érenles  natures.  Les  plus  importants  consistent  en  ma- 
lière  verte  ou  chlorophylle,  et  en  fécule.  Cette  dernièresubstance 
se  dépose  par  couches  concentriques  autour  d'un  noyau  pédon- 
cule, et  par  sa  composition  chimique  elle  ne  dilïcre  pas  des 
matières  cellulosiques,  mais  elle  se  transforme  beaucoup  jtlus 
facilement  en  dextrinc,  cpii,  à  son  lom-,  peut  se  changer  en 
glycose  (1),  phénomène  sur  lequel  nous  aurons  à  revenir  bientôt. 

Les  libres  sont  constituées  à  peu  près  de  la  même  manière 
que  les  cellules;  leurs  parois  sont  formées  d'abord  par  une  lame 
mince  de  substance  cellulosique,  mais  leur  cavité  se  remplit 
presque  complètement,  par  le  (lévclop[)ement  de  couches  nou- 
velles, d'une  variété  particidière  de  ces  principes  alimentaires, 
appelée  fibro&ine  ou  ligneux. 

Les  matériaux  constitutifs  des  vaisseaux  sont  à  peu  près  les 
mêmes  que  ceux  dont  se  composent  les  fd3res.  Enfin,  dans 
l'intérieur  de  ces  organes  ou  dans  les  cavités  existant  entre 
les  diverses  parties  élémcnlnires  du  tissu  des  plantes,  il  peut  se 
trouver  des  matières  variées,  telles  (pie  des  gommes  (2),  des 


f'sldiK'ii  l'.racoiiiiol,  csl  rcpn'sciitt' par 
lalonmilc  C32n20O'-!S,i)n0.  l'arl'rbulli- 
tiuii  dans  l'eau,  il  se  iransloiine  d'a- 
bord 0.11  un  acide  solul)le  appelé  para- 
iu'(tiijui\  puis  en  acide  i)irhiitc(ti(iii<\ 
qui  csl  ét^aleinenl  s(iiui)le  et  qui  lon- 
ticnt    pioporlionnelleinent    beaucoup 
plus  il'eau.    Ku  ellet,    un    éipiivaleiil 
d'acide  i)ectique  fixe  ainsi  les  élOnienls 
do  G    f''(jui\alenls  d'eau,  jioui'  consti- 
luer  /i  équivalenls  d'acide  inclapecli- 
qno. 

(I)  i'our  plus  de  détails  sur  l'hisloiro 
cliiinique  e|    |»|ivsi(|ue  di-  la    IV- cule.  je 


renverrai  à  un  ^rand  travail  do 
M.  Payen, inséré  danslo  VHP  vol.  des 
Mémoires  des  savants  étrangers. 

(2)  Les  gommes  ordinaires  se  com- 
posent d'iui  principe  particulier  nommé 
anibinc,  dont  la  composition  élémen- 
taire est  la  même  que  celle  d'un  équi- 
valent   d'amitlon   anhydre    qui    serait 
combiné    avec   2    équivalenls   d'eau, 
au  lieu  d'en   contenir  un  soulemenl, 
connue  l'amidon  (|ui  a  été  séché  à  100", 
ou  ;5 ,   connue  celui   qui  a  élé  séché 
dans  II'  \i(le,  à  20°.  Les  acides  peu- 
\eni  iranstnrtiKM- facaltine  eu  dextrine, 


DE    LV    NATURE    DES    ALIMENTS.  9 

résines  el  des  huiles  (1).  Quant  aux  principes  solubles,  tels 
que  le  sucre,  ils  sont  contenus  dans  les  liquides  qui  occupent, 
soit  les  méats  intercellulaires,  soit  l'intérieur  des  cellules  et  des 
vaisseaux. 

J'ajouterai  que  la  cuticule  qui  occupe  la  surface  de  l'épiderme 
des  plantes  est  formée  principalement  d'une  substance  parti- 
culière de  la  classe  des  corps  gras,  à  laquelle  on  a  donné  le  nom 
de  cutose. 

Pendant  longtemps  on  croyait  que  l'azote  ne  faisait  pas  partie 
essentielle  des  végétaux  et  ne  se  rencontrait  qu'exceptionnel- 
lement dans  quelques  parties  de  ces  êtres  ;  mais  aujourd'hui 
on  sait  qu'il  en  est  autrement,  et  que  cet  élément  se  trouve  en 
plus  ou  moins  grande  abondance  dans  toutes  les  plantes,  ainsi 
(pie  dans  tous  les  Animaux.  On  a  constaté  aussi  que  certaines 
matières  azotées  dont  les  végétaux  sont  pourvus  appar- 
tiennent à  la  famille  naturelle  des  principes  albuminoïdes,  et 
il  en  est  qui  paraissent  même  ne  pas  dilférer  de  l'albumine 
ou  de  la  caséine.  Ces  matières  se  trouvent  principalement, 
soit  dans  les  sucs  végétaux,  soit  dans  les  tissus  en  voie  de 
formation,  par  exemple  dans  les  graines.  Une  des  plus  impor- 
tantes, est  le  gluten,  qui  se  trouve  dans  le  blé,  et  qui  est  con- 
sidéré par  quelques  chimistes  connne  n'étant  que  de  la  fibrine 
impure  (2). 


puis  en  gluroso,  mais  cotte  réaction 
est  extrêmement  lento.  Enfin,  ro  qui 
caractérise  principalement  ce  principe 
immédiat,  c'est  que,  chauffé  avec  de 
l'acide  azotique  de  façon  à  s'oxyder,  il 
ne  donne  pas  d'acide  oxalique  comme 
l'amidon,  mais  se  transforme  en  acide 
mucique.  La  cérasine,  qui  dans  la  gom- 
me du  cerisier  et  de  quelques  autres  ar- 
bres, se  trouve  mêlée  avec  l'arabine  et 
est  isomérique  avec  ce  principe,  ne  s'en 
distingue  que  par  quelques  propriétés 
d'une  importance  secondaire.  Tl  en  est 


de  mémo   pour  la  bassurine,  qui  se 
trouve  dans  la  gomme  adragante. 

(1)  Les  huiles  proprement  dites,  qu'il 
ne  faut  pas  confondre  avec  les  essences 
ou  huiles  volatiles,  sont  de  même 
nature  que  la  graisse  des  Animaux  ; 
mais  l'oléine  y  domine  (voyez  t.  I, 
p.  191). 

Les  résines  ne  sont  pas  des  sub- 
stances alimentaires,  et  par  consé- 
quent nous  n'avons  pas  à  nous  en 
occuper  ici. 

(2)  fiC  gluten ,   substance  molle  et 


Ç)0lC/5,^ 


y. 


L!Bf?  A  >^  y 


:CT 


iO  Dir.i:sTio>. 

Modificaiioii        §  /|.  —  Oiiaiid  on  veiil  ('didiei'  la  coiislilLitioii  des  aliments 

des   aliments  "^  ,  -  . 

par       dont  l'Hoinniu  lait  usage,  il  ne  siiUit  pas  de  prendre  en  consi- 

la  cuisson,  etc.       ,.  ip'-i 

deration  ces  substances  telles  que  la  Nature  nous  les  lournit,  il 
faut  aussi  se  rendre  compte  de  modifications  que  la  cuisson 
peut  y  déterminer,  car  cette  opération  y  produit  souvent  des 
changements  importants.  C'est  surtout  au  sujet  des  matières 
végétales  que  la  connaissance  de  ces  faits  est  nécessaire  pour 
rintelligence  des  phénomènes  de  la  digestion.  En  effet,  non- 
seulement  la  coction  tend  à  désagréger  la  plupart  des  substances 
dont  ]e  viens  de  parler,  elle  peut  même  effectuer  la  transfor- 
mation de  certains  principes  insolubles  en  matière  dont  la  dis- 
solution est  facile.  Ainsi,  par  l'ébullition,  la  pectose  se  change 
rapidement  en  pectine  (1),  et  la  fécule  se  gonfle  énormément, 
s'hvdrate,  et  constitue  de  l'amidon.  Or.  comme  nous  le  verrons 
bientôt,  ces  matières  sont  douées  de  propriétés  fort  dilférentes, 
et  ne  se  comportent  pas  de  la  même  manière  en  présence  des 
agents  digestifs. 
Résumé.  4^  5.  —  En  résumé,  nous  voyons  donc  que  les   substances 

employées  jiour  la  nourriture  de  l'Homme  et  des  Animaux 
sont  constituées  principalementpar  de  l'albumine,  de  la  fibrine, 
de  la  ca.séinc,  delà  gélatine,  ou  d'autres  principes  azotés  du 
même  ordre  ;  par  des  corps  gras,  et  par  des  matières  non  azo- 
tées de  la  famille  des  amyloïdes,  telles  que  les  sucres,  la  fécule, 
la  pectose  et  la  cellulose;  enfin,  (juc  divers  sels  inorganiques 
se  trouvent  toujours  associés  à  ces  mat(*riaux  organi([ues. 

filanlo  que  l'on  oblicnl  on  malaxant  de  (1)  Quand  l'eau   dans  laquelle   on 

'  a  farine  dans  lui  faible  courant  (rcau  fait  cuire  les  légumes  contient  des  sels 

qui  entraîne  1.1  fécule,  parait  étrecom-  de  chaux,  cette  hase,  en  se  combinant 

posé  de   fibrine    végélaic    associée   à  a\ec  la  pectose,  constitue  une  matière 

une  matière  particulière  qui  lui  donne  insoluble,  phénomène  qui  explique  le 

de  1.1  \iscosité,  et  quia  reçu  le  nom  de  durcissement  que  ces  corps  éprouvent 

yliadine  (a).  dans  cette  circonstance. 

(a)  Liebij,  Traité  de  chimie  organique,  I.  tll,  p.  208. 


Du 
suc  gastrique. 


KTini:  nu  suc  gastrique.  11 

Pour  procéder  inétliodiqiiement  dans  l'étude  des  phéno- 
mènes cliimiques  delà  digestion,  il  me  paraît  donc  utile  d'exa- 
miner en  premier  lieu  le  mode  d'actioil  de  chacun  des  liquides 
digestils  sur  chacun  de  ces  [)riucipcs  immédiats  considérés 
isolément  ;  puis  de  nous  occuper  de  l'ensemble  des  modifications 
que  les  aliments  complexes  formés  par  l'association  d'un  nom- 
bre plus  ou  moins  considérable  de  ces  mêmes  matières  peu- 
vent subir  pendant  leur  séjour  dans  les  différentes  portions  du 
canal  gastro-intestinal. 

§  6.  —  Dans  une  des  précédentes  Leçons,  lorsqu'en  abor- 
dant l'étude  de  la  digestion,  j'ai  indiqué  brièvement  le  rôle 
des  divers  liquides  qui,  dans  l'intérieur  du  tube  alimen- 
taire, agissent  successivement  sur  les  substances  nutritives  et 
en 'tirent  des  matières  assimilables  (1),  nous  avons  vu  que 
le  suc  gastrique,  sécrété  dans  l'épaisseur  des  parois  de  l'esto- 
mac et  versé  dans  la  cavité  de  cet  organe,  est  en  général  l'agent 
principal  de  la  digestion  ;  mais  je  n'ai  pu  indiquer  alors  que 
très  brièvement  son  mode  d'action  sur  les  aliments  et  je  n'ai 
pas  fait  connaître  d'une  manière  suffisante  sa  nature  chimique. 
Aujourd'hui  je  me  propose  d'examiner  plus  complètement  ce 
sujet. 

A  l'aide  des  procédés  d'investigation  dont  les  physiologistes     Procédé* 

,  •11*         1  P°"'"  obtenir 

font  usage  aujourd'hui,  on  peut  aisément  recucilhr  du  suc  ce  liquide, 
gastrique  en  abondance,  et  étudier  avec  soin  les  circonstances 
qui  inlluent  sur  sa  production.  Ainsi  que  j'ai  déjà  eu  l'oc- 
casion (le  le  dire,  après  avoir  eu  recours,  soit  à  l'ouverture 
du  corps  d'Animaux  récemment  tués  ou  encore  vivants,  soit 
à  l'introduction  d'épongés  dans  l'estomac,  on  a  mis  à  profit  les 
fistules  gastriques  pour  puiser  dans  cet  organe  les  liquides  qui 
s'y  trouvent  (2). 


(1)  Voyez  lome  V,  page  260  et  sui-  (2)    Voyez    tome    V ,    page    261 , 

vantes.  note  2. 


12  DIGESTION. 

Un  médecin  américain,  ^I.  W.  Bcaumont,  a  lait  de  la  sorte 
une  longue  série  d'observations  intéressantes  sur  un  Honuiie 
dont  l'estomac  était  resté  perforé  à  la  suite  d'une  blessure  (1); 
et  en  établissant  sur  des  Chiens  ou  d'autres  Animaux  des  fistules 
gastriques   artificielles,    plusieurs  physiologistes  de   l'époque 


(1)  Le  sujet  qui  a  donné  lieu  à  ces 
leclicrches  était  un  chasseur  cana- 
dien, appelé  Saint-Martin,  qui,  à  la 
suite  d'une  blessure  d'arme  à  feu, 
portail  au-dessous  du  bord  des  côtes 
du  cOlé  gauche  un  grand  orifice  don- 
nant dans  restoiuac,  dont  les  parois 
étaient  devenues  adhérentes  aux  l)ords 
de  I'espèc(!  de  fenèlre  ainsi  pro- 
duite. La  santé  de  ce  jeune  liounne  ne 
tarda  pas  h  se  rétablir,  et  une  sorte 
de  valvule,  formée  par  un  prolapsus 
de  la  menil)rane  )mi(|ueuse  de  l'esto- 
mac, se  dé\tlo|)pa  de  façon  à  empê- 
cher les  aliments  de  sorlir  par  cette 
large  fistule  gastrique  ;  mais  les  bords 
de  cet  orifice  se  laissaient  facileineni 
distendre,  de  fa(;,()n  à  permettre  à  Tob- 
servateur,  non-seulemeiu  dintroduire 
dans  la  cavité  de  l'estomar  des  corps 
étrangers  (»u  d'eu  extraire  des  ma- 
tières liquides  ou  solides,  mais  même 
de  v(»ir  in)e  i)orlioii  <(msi(léialtle  de  la 
surface  de  cet  or^ani',  ainsi  (nie  ren- 
trée des  aliments  dans  s(iii  iiitéiienr. 
Le  !)'    \\.  Bcaumont,  de  l'Iatlsburgli. 


aux  États-Unis,  étudia  avec  beaucoup 
de  soin  pendant  plusieurs  années  les 
phénomènes  de  la  digestion  stoma- 
cale chez  cet  individu,  et  constata 
ainsi  un  grand  nombre  de  faits  inté- 
ressants (a).  Enfin,  plus  de  vingt  ans 
après,  de  nouvelles  expériences  fu- 
rent faites  sur  le  même  homme  par 
-M.  Smith   (6). 

Des  cas  analogues  s'étaient  déjà 
présentés  dans  la  pratique  chirurgi- 
cale, mais  n'avaient  donné  lieu  à  au- 
cune observation  importante  pour  la 
physiologie.  .M.  II.  Marcus  en  a  réuni 
un  certain  nombre  qui  se  trouvent 
consignés  dans  divers  ouvrages  (f), 
et  Ton  cite  J.  llelm  comme  ayant  été 
un  des  premiers  à  profiter  de  ces  ac- 
cidents pathologiques  pour  étudier  les 
pln-nomènes  de  la  digestion  chez  une 
femme  ((/).  Dernièrement  de  nouvelles 
rechiM'ches  de  ce  genre  ont  été  faites  à 
Dorpat.  par  M.  Schmidt  et  ses  élèves, 
sur  une  l'enune  (pii  avait  une  fistule 
stomacale,  mais  (pii  jouissait  néaiunoins 
crune  boime  santé  {e). 


(«)  \V.  lîciuinioiii,  h:.iperiinents  and  Observations  on  the  Gastric  Juicc  and  ihc  l'hysiology  of 
Digestion.  l'lallsbiirj;li,  !«;!;!. 

(b)  Smiili,  Experiments  on  Digeslion  (Médical  Examiner,  1856,  t.  Xlll. 

(f)  f\oljert  Maiciis,  De  fisliila  veutrindi,  ilissorl.  inauir.  Berlin,  1835,  p.  15. 

[di  Jacol)  llelm, /»■(•(  Kranliengcscliichtcn  Vienne,  1 803  (voy.  Allgem.  ntcJuiti.  Annaten,  1803, 
p.  404). 

(e)  Grunewaldl,  Siieci  gaslrici  humani  indoles  physica  et  chemica  ope  ftstnlœ  stomachalis  inda- 
ijnla.  Uorpai,  1853.  —  llntcrsuchunçien  iiber  den  Magensafl  des  Menschen  (Vircliow's  Ai'chiv 
lilr  phijxiul.  IleitkuiiUe,  1854,  I.  Mil,  p.  45'J). 

—  Scliroeder,  Sucri  gaslrici  liiimani  fis  digesliva  ope  lislutir  stomachalis  indatiata.  Liurpnl, 
1853. 

—  Schinidl,  Veber  die  Conslitulion  des  nienschlichen  Magensoftes  [Aun.  dev  ('.hernie  7ind 
Pharm.,  von  I.iel)!?  iin.l  Woliler,  1854,  I.  XCll,  p.  42>. 


l'KOUUCTKKN    DU    SIC    liASTlUQUIi.  13 

acliielle  ont  éludic  (riine  manière  méthodi(|ue  le  sujet  qui  nous 
oceupe  (1). 

§  7.  —  Le  liquide  dont  les  aliments  s'imprègnent  dans 
l'estomae  ne  provient  pas  d'une  souree  unique  et  ne  jouit  pas 
toujours  des  mêmes  propriétés.  C'est  un  mélange  de  sue  gas- 
tri(jue  proprement  dit,  de  mueus  iburni  par  la  surface  interne 


Mi'Iange 

du 

suc  gnslrii|no 

avec  d'imlres 

liritiiilcs. 


(1)  Ainsi  que  j'ai  déjà  eu  roccasiou 
de  le  dire,  rinvenliou  de  ce  mode 
d'expérimentation  est  due  à  un  pliy- 
siologiste  russe,  M.  Bassow  (a)  ;  mais 
en  France,  M.  Blondiot  fut  le  pre- 
mier à  établir  sur  des  animaux  vi- 
vants des  fistules  gastriques  destinées 
à  permettre  l'étude  delà  digestion  sto- 
macale (h).  Les  Chiens  sont  les  ani- 
maux qui  paraissent  résister  le  mieux 
à  cette  opération  ;  ils  se  rétal)lissent 
très  facilement,  et  l'on  peut  les  conser- 
ver en  bonne  santé  pendant  plusieurs 
mois  (et  probablement  davantage), 
malgré  l'existence  permanente  d'une 
communication  directe  entre  l'estomac 
et  l'extérieur. 

Pour  établir  une  fistule  de  ce  genre, 
i\F,  Cl.  Bernard  emploie  le  procédé  sui- 
vant. Un  Chien,  dont  l'estomac  a  été 
distendu  dans  un  repas  copieux,  étant 
couché  sur  le  dos,  on  lui  fait  une  in- 
cision de  2  à  o  centimètres  de  long, 
au-dessous  de  l'appendice  xiplioïde  et 
sur  le  bord  externe  du  muscle  droit  de 
ral)donien  du  côté  gauche.  La  surface 
antérieure  de  l'estomac  étant  mise 
ainsi  à  découvert,   on  l'attire  dans  la 


plaie,  on  y  passe  un  fil,  puis  on  en  fait  la 
ponction,  et  l'on  y  introduit  une  sonde 
dont  les  deux  extrémités,  qui  sont  gar- 
nies chacune  d'un  rebord  circulaire 
large  et  mince,  peuvent  être  plus  ou 
moins  rapprochées  entre  elles  à  l'aide 
d'un  pas  de  vis.  En  serrant  cetinstru- 
menl,  on  maintient  en  contact  les  bords 
de  la  plaie  intérieure  faite  à  l'estomac 
et  ceux  de  l'ouverture  extérieure  prati- 
quée dans  les  parois  de  l'abdomen; 
ces  parties  ne  tardent  pas  à  contracter 
entre  elles  une  adhérence  intime,  et  les 
bords  de  l'esp.'ce  de  boutonnière  ainsi 
obtenue  se  cicatrisent  (c).  Dernière- 
ment M  Blondiot  a  fait  connaître 
quelques  modifications  dans  les  pro- 
cédés opératoires  qui  lui  paraissent 
faciliter  cette  expérience  intéressante, 
l'our  maintenir  l'ouverture  fistuleuse, 
il  y  introduit  un  obturateur  en  forme 
de  champignon,  garni  d'une  goupille 
qui  maintient  la  portion  pédonculairc 
de  l'instrument  à  l'extérieur  (cl). 

Au  sujet  du  moyen  à  employer 
pour  l'établissement  des  fistules  gas- 
triques, je  renverrai  aussi  à  un  mé- 
moire de  M.  Bardeleben  (e). 


(fl)  Bassow,  Voie  artificielle  dans  l'estomac  des  Animaux,  1842  {Bulletin  de  la  Société  des 
ualuralistes  de  Moscou,  184.3,  t.  \VI,  p.  315). 

(b)  Blondiot,  Truite  analytique  de  la  digestion,  1843,  p.  201  et  suiv. 

(c)  Cl.  Bernard,  Leçons  de  physiologie  e.rpérinientale  faites  au  Collège  de  France  en  1855,  t.  H, 
p.  385.  lig-.  55  à  57. 

{di  Blondiot,  Sur  quelques  perfectionnements  à  apporter  dans  l'établissement  des  fistules  gas- 
triques artificielles  {Journal  de  physiologie,  1858,  t.  1,  p.  89  et  suiv.). 

{e)  ]iiri\e\(iUtiii,  l-leilrâge  iur  Lckrô  von  der  Verdauung  (Air.hiu  fiir  iihysiulogisr.lie  Heilkundc, 
184'J,  t.  Vin,  p.  2). 


\[i  DIGESTION. 

de  ce  viscère  et  par  des  ghindiiles  iiarliciilières  (Ij,  de  salive 
apportée  par  les  moiivemenlsde  déglutilion,  et  queltiuelbis  aussi 
de  bile  provenant  de  l'inleslin.  Mais  ce  qu'il  y  a  de  plus  impor- 
tant dans  ce  mélange,  c'est  le  suc  gastrique,  etlapro[)ortion  de 
celui-ci  est  très  variable,  car  la  production  de  cette  humeur 
n'est  pas  constante;  le  travail  sécréloirc  qui  y  donne  naissance 
est  intermittent,  et  son  activité  est  soumise  à  l'influence  de 
[)lusieurs  circonstances.  Faute  d'avoir  counn  ces  faits  ou  d'en 
avoir  tenu  sulTisamment  compte,  les  |)rcmiers  expéiimentatcurs 
qui  se  sont  occupés  de  l'élude  du  suc  gastri(pie  ont  été  exposés 
à  des  erreurs  graves,  et,  avant  d'aller  plus  avant  dans  l'histoire 
de  ce  liquide  digestii',  il  est  nécessaire  d'examiner  de  plus  près 
les  conditions  qui  président  à  sa  production  plus  ou  moins 
abondante. 

Lorsque  l'estomac  est  en  repos,  il  n'y  arri\e  (pic  peu  ou  point 
de  suc  gastrique,  et  le  liquide  contenu  daris  <'e  viscère  est  formé 


(1)  Dans  la  55''  Leçon,  nous  avons 
Ml  ([uMl  oxistc,  dans  lYpaissenr  des 
parois  de  restomac,  des  glandes  de 
deux  snrîes,  savoir  :  des  glandulos 
pcpsiqiies  qui  sécrèlonl  lo  suc  gastri- 
que, el  des  follicules  qui  sécrètent  du 
nuicus  (voy.  tome  "\  I,  page  30»')  el 
suiv.).  Les  premières  sont  logées  prin- 
cipalement dans  la  portion  moyemie 
de  restomac,  chez  le  Chien,  le  J.apin 
et  la  plupart  des  Manmiifères  ;  aussi 
est-ce  dans  cette  partie  que  les  li(iiii- 
des  fournis  par  les  parois  de  ce  vis- 
cère présentent  au  plus  luuil  degré 
Tacidilé  el  les  autres  caractères  propri's 
au  suc  gastrique,  i'révost  el  l.e  i'.oNer 
ont  constaté  ce  lait  en  lavant  Tiulérieui- 
de  restomac  chez  un  Ai'.imal  \ivanl, 
puis  en  y  introduisant  du  linge  coloré 


en  hleu  par  du  tournesol  :  la  teinte 
rouge  due  à  l'action  de  l'acide  du  suc 
gastrique  s'esl  manifestée  surtout  dans 
les  i)arlies  du  linge  correspondant  à  la 
portion  movenne  de  Testomac  {((). 

Des  faits  du  même  ordre  ont  été  con- 
statés plus  récemment  par  M.  Scliifl', 
professeur  de  physiologie  A  Berne.  Cet 
expérimentateur  a  trouvé  que  le  suc 
gastri(|iie  arliliciel ,  préparé  a\ec  la 
portion  pylorique  de  l'estomac  de 
i'Iinmme,  du  Chien  ou  du  Lapin,  ne 
jouissait  que  de  propriét(''s  digeslives 
1res  faibles,  tandis  (pie  le  liquide  ohlenu 
à  Taide  (le  la  partie  cardiaque  du  même 
organe  avait  une  grande  puissance  (6). 
Des  expériences  analogues  ont  été 
laites  avec  l'estomac  du  l'orc  par 
MM.  Kollikeret  Coll  (e). 


(a)  Pr(5voslcl  Le  Roycr,  Note  sur  la  diorsHon  (Ann.  des  sciences  nal.,  d8'25,  1.  IV,  \>.  587). 
{h)  Scliiir,  voy.  Lonpci,  Traita  ilc  phnsiolofiie,  I.  I,  'î'  |;iiiic,  p.  IT.). 
[c)  Kôllikci',  Miliroskvpistlw  .\unlvmte,  I.  11,  p.  1  il'. 


l'KOnUCTlON    l)L    sut;    GVSTIUUUE.  15 

presquocntièremeiiUlc  salive  plus  ou  moins  altérée,  et  de  mucus 
provenant  de  sa  tunique  épithélique  commune  ou  des  glandules 
particulières  dont  j'ai  déjà  fait  connaître  la  structure  et  la 
position  (1).  Mais  lorsque  l'estomac  est  appelé  à  jouer  un  rôle 
actif  dans  la  digestion,  le  travail  sécrétoire  se  réveille  dans  les 
glandules  pepsiques,  et  il  sort  de  ces  organites  du  suc  gastrique 
qui  est  toujours  acide,  ainsi  (ju'on  peut  le  reconnaître  par  son 
action  sur  le  papier  de  tournesol  (2). 

L'activité  fonctionnelle  des  glandules  pepsiques  est  excitée 
par  la  présence  des  aliments  dans  l'estomacet  par  plusieursautres 


Circonstances 
qui  influent 

sur 
la  production 

du 
suc  gastrique. 


(1)  Voyez  tome  VI,  page  308. 

(2)  Spallanzani  avait  constaté  expé- 
rimenlaloinent  que  les  parois  de  l'es- 
tomac produisent  un  suc  particulier 
qui  suinte  à  sa  surface  interne  (o), 
et  il  avait  reconnu  que  les  liquides 
que  Ton  trouve  dans  la  cavité  de  cet 
organe  sont  des  mélanges  de  ce  suc, 
de  salive,  de  bile,  etc.  Mais  il  n'a- 
vait pas  vu  que  la  sécrétion  gastrique 
est  intermittente,  et  il  avait  pensé 
que  dans  l'intervalle  des  repas ,  le 
liquide  digestif  s'accumulait  dans  l'es- 
tomac pour  être  prêt  à  agir  sur  les 
aliments  lorsque  ceux-ci  y  pénétraient 
Aussi,  quand  il  voulait  étudier  ce  suc, 
faisait-ii  ordinairement  choix  d'Ani- 
maux soumis  à  l'abstinence  depuis 
quelque  temps,  et  il  en  résulta  que, 
ilans  beaucoup  de  ses  expériences, 
lorsqu'il  se  bornait  à  ouvrir  l'estomac 
et  qu'il  n'y  introduisait  pas  préalable- 
ment des  corps  étrangers,  tels  que  des 
éponges  ou  des  aliments,  il  recueillit 
des  liquides  neutres  et  inertes. 


C'est  à  des  circonstances  analogues 
qu'il  faut  attribuer  les  résultais  obtenus 
par  jMontègre  dans  ses  expériences  sur 
la  digestion.  Ce  physiologiste  avait  la 
faculté  de  vomir  à  volonté,  et  il  en 
profita  pour  étudier  les  sucs  contenus 
dans  son  estomac.  Lorsqu'il  était  à 
jeim,  il  n'obtint  qu'un  liquide  inerte 
et  souvent  complètement  neutre,  et  il 
attribua  aux  altérations  déterminées 
dans  la  salive  ou  dans  les  aliments  par 
le  travail  digestif,  le  développement  de 
Tacidilc'  qui  est  sou\ent  si  facile  à  re- 
connaître dans  les  matières  qui  ont 
séjourné  dans  l'estomac  (6). 

Enfin,  on  peut  expliquer  aussi  par 
les  effets  de  la  déglnlilion  de  la  salive 
et  la  sécrétion  plus  ou  moins  active 
du  suc  gastrique,  les  faits  mal  ana- 
lysés qui  ont  conduit  Gosse  à  suppo- 
ser que  ce  dernier  liquide  était  alcalin 
chez  les  Carnivores,  bien  qu'acide  chez 
les  Herbivores  (c),  el  qui  ont  fait  dire 
à  un  physiologiste  de  l'école  de  Mont- 
pellier, que  le  suc  gastrique  est   acide 


((()  Spallanzani,  Expériences  sur  la  (liijeslioii,  1783,  p.  ^215. 

(6)  Jenin  de  Montègre,  Exiiériences  sur  la  digesUoii  dans  l'Hoinine.  Paris,  1814. 

(c)  Voj'cz  Sp.iUanzani,  Expériences  sur  la  digestion,  iniroduciion,  p.  cxxii  et  suiv. 


16 


DIUESIION, 


iiiiiiicMcc     circonslauces,  mais  à  des  degrés  ditïérouts,  suivant  les  ijrupriétés 

des   alinienls 

solides      physiques,  chimiques  et  physiologiques  des  agents  excitants 

sur  la  sécrétion  _,  >  i  d         •         i  <    • 

du        En  ellet,  quand  1  Anunal  est  a  jeun,  le  suc  gastrujue  ne  se  mou- 
suc  ijastriquc.  i  i ,  •       •  i  •      i  .      <  . 

tre  pas  dans  1  estomac  ;  mais  si  les  parois  de  ce  viscère  viennent 
à  être  stimuh'esmccaniquoment  par  le  contact  d'un  corps  solide 
quelconque,  on  en  voit  suinler  itresipie  aussitôt  ce  liquide, 
pourvu  que  l'irritation  ainsi  produite  ne  dépasse  pas  certaines 
limites,  et  ne  détermine  pas  dans  la  meml)rane  muqueuse  un 
état  morbide.  Ainsi  l'inlroduction  d'une  éponge,  d'un  caillou, 
ou  de  tout  autre  corps  solide,  insipide  et  rét'ractaire  à  la  diges- 
tion, peut  exciter  la  sécrétion  du  suc  gastrique  aussi  bien  que 
l'ingestion  d'une  substance  alimentaire  ;  mais  les  liquides  ne 
l)0ssèdent  pas  au  mcme  degré  celte  propriété  stimulante  (1), 
et  ne  provoquent  la  sécrétion  du  suc  gastrique  que  s'ils  jouis- 
sent de  propriétés  cliimi(pics  itarticulicres.  En  elTet,  restoinac 


ou  ;ikalin,  suivaul  que  les  alinu-uls 
('Uii)lo\(''s  sonl  (le  uaUire  auiuiale  ou 
végétale  (a). 

Plus  récennneut,  M.  Scliullz  (de 
Berliu)  a  nié  aussi  l'existence  d'uu  suc 
gastrique  spécial,  et  a  considéré  le  li- 
quide contenu  dans  Testoinac  coniuie 
étant  seulement  un  produit  de  la  di- 
gestion (/')•  ^'«'i^  aujourd'liui  une 
opinion  seudtlahle  ne  peu!  être  admise 
par  aucun  j)li\siologisle. 

(1)  ^e^s  la  lin  du  sit^clc  dernier, 
Carminati  constata  que  chez  le  Chien, 
les  liquides  contenus  dans  l'estomac 
sont  neutres  «piand  l'Animal  est  à 
jeun,  tandis  <in'ai)iès  le  repas,  ils 
nMigisseiil  le  papier  de  lournesol  (c)  ; 
mais    celte    observation    importante, 


mêlée  à  beaiuoup  d'opinions  eno- 
nées,  ne  fixa  pas  l'allention  des  phy- 
siologistes, et  c'est  de  nos  jours  seule- 
ment que  le  lait  de  la  sécrétion  inler- 
mitlenle  du  suc  gastricpie  a  été  mis 
en  lumière,  et  celte  découverte  est 
due  principalement  à  Tiedemann  el 
(Jmelin. 

Les  expériences  faites  sur  des  Clyens 
et  des  ('iiexaux  par  ces  deux  savants 
étiablirent  que  cpiand  ces  Animaux  sonl 
à  jeun,  leur  estomac  esUonlracté  el  ne 
contient  pas  de  suc  gastrique  ;  mais 
(ju'il  suldl  de  l'iiitroduclion  d'un  corps 
solide  dans  cet  organe  pour  y  déter- 
miner ralllux  d'une  quantité  plus  ou 
moins  considérable  de  ce  liquide. 
\iiisi,   |;i   présence  de  fragments  de 


(a)  <'..-L.  Itiimiis,  Principes  de  physiologir,  l.  IV,  p.  -J73. 

(ft)  Sclinll/,  i)r  nliinnilontm  conroclinnc  cviicnincnln  710 ni ,  iH'M,  p.  'Jt)  cl  siiiv. 
(c)  Ciuiiiin.iii,  Hicenhc  mitla  )iutnra  e  siigli  usi  dcl  succu  y/islricu  in  im-.liriua  e  in.  tltirurgia, 
1785. 


MtODLC/riON    1)1'    SLC    (iASTKIQL'E.  17 

est  doué  (riiiic  sorte  d'excitabilité  qui  peut  être  eouiparée  à  la 
sensitjilité  gustative,  bien  qu'elle  ne  donne  lieu  à  aueune  sensa- 


piene y  excite  la  sécrétion  du  suc  gas- 
trique, recoiinaissal)le  à  ses  propriétés 
acides  (a).  Leuret  et  Lassaigne  consta- 
tèrent des  faits  analogues  (/>),  et  AI.Tîeau- 
niont  étendit  ce  résultat  à  rilomnie. 
Effectivement,  en  explorant  à  travers  la 
fistule  gastrique  l'estomac  du  Canadien 
dont  j'ai  déjà  parlé,  il  vit  que  quand 
cet  individu  était  à  jeun,  cet  organe 
ne  contenait  pas  de  suc  gastrique  et 
ne  donnait  aucun  indice  d'acidité  ;  mais 
qu'en  y  introduisant  une  sonde  de 
caoutchouc,  la  boule  d'un  thermomè- 
tre, ou  tout  autre  corps  solide,  on  dé- 
terminait sur  les  parties  de  la  tmiique 
muqueuse  ainsi  excitée  de  la  rougeur 
et  une  sécrétion  plus  ou  moins  abon- 
dante de  suc  gastrique  acide  (c).  Les 
mêmes  effets  turent  produits  d'une 
manière  plus  prononcée  et  plus  géné- 
rale, quand  les  parois  de  l'estomac 
étaient  excitées  par  le  contact  de  sub- 
stances alimentaires  (fi).  M.  Beauniont 
reconnut  aussi  que  la  sécrétion  du  suc 
gastrique  est  suspendue  quand  la  tuni- 
que muqueuse  présente  des  signes 
d'irritation  inflannnatoire  dépendant 
soit  de  l'action  trop  intense  des  stimu- 
lants locaux,  soit  d'un  état  morbide 
général,  et  que ,  dans  le  premier  cas, 
la  sécrétion  du  mucus  devient  sou- 
vent beaucoup  plus  abondante  que 
d'ordinaire  (e). 


On  doit  aussi  à  M.  Blondlol  d(^s 
expériences  confirmalives  des  résultats 
dont  je  viens  de  parler.  Lorsque  les 
Chiens  chez  lesquels  il  avait  *'labli  inie 
fistule  gastrique  permanente  étaient  à 
jeun,  cette  ouverture  ne  fournissait  pas 
de  suc  gastrique  et  ne  laissait  échapper 
qu'un  peu  de  mucus.  .Mais  s'il  faisait 
avaler  à  l'un  de  ces  Animaux  queUpie 
corps  solide,  tel  qu'un  morceau  de 
viande  ou  un  fragment  d'os,  il  voyait  l'é- 
coulement du  suc  gastrique  se  déclarer 
au  bout  de  quelques  minutes  et  devenir 
en  général  assez  abondant  au  bout 
d'une  demi-heure  (/'). 

Les  expériences  faites  par  M.  Cl. 
Bernard  mettent  également  en  évi- 
dence l'influence  stimulante  exercée 
sur  les  glandules  pepsiques  par  Tex- 
citation  mécanique  des  parois  de  r<'s- 
tomac  ;  mais  ce  physiologiste  fait  re- 
marquer, avec  raison,  que  l'irritation 
portée  au  delà  de  certaines  limites  pro- 
duit un  ell'et  contraire,  et  détermine 
seulement  un  écoulement  plus  abon- 
dant de  mucus.  Ainsi,  il  a  toujours 
vu  que  si  l'on  titille  légèrement  la 
tunique  interne  de  l'estomac  d'un 
Chien,  la  sécrétion  du  suc  gastrique 
s'active ,  tandis  qu'elle  se  ralentit  ou 
s'arrête ,  quand  l'excitation  méca- 
nique ainsi  produite  occasionne  de  la 
douleur  {g). 


(a)  Tiedemann  etGmeliii,  Recherches  expérimentales  sur  la  digeslion,  t.  I,  p.  91  el  suiv. 

(b)  Leuret  et  Lassaigne,  Recherches  pour  servir  à  l'hisloire  de  la  digeslion,  p.  HO. 

(c)  Beaumont,  Experimenls  and  Observations  on  the  Gastric  Jnicc,  p.  103  et  suiv. 

(d)  klein,  ibid.,  p.  105. 

(e)  Idem,  ibid.,  p.  107  et  suiv. 

(/■)  Blondlol,  Traite  atiahjtique  de  la  digestion,  p.  208  et  suiv. 

{g)  Cl.  Bernard,  Expériences  sur  la  digestion  stomacale,  et  recherches  sur  les  iii/luences  quipen- 
vent  modifier  les  phénomènes  de  cette  fonction  {Archives  générales  de  médecine,  4*  ;érie,  ISlii 
part,  anatom.  et  physiol.,  p.  5). 

VU.  2 


18  DIGESTION. 

lion,  et  qui  est  mise  enjeu  |»ar  certaines  propriétés  chimiques  ou 
physiologiques  des  corps,  propriétés  qui  semhlent  être  liées  à 
celles  dont  dépend  la  saveur  de  ces  sid^stances.  Or,  les  excita- 
tions déterminées  de  la  sorte  provo(pient  la  sécrétion  du  suc 
gastrique  beaucoup  plus  fortement  que  ne  le  font  les  stimulants 
mécaniques;  mais  il  est  à  noter  que  leur  action  gagne  beaucou[» 
à  être  combinée  avec  celle  de  ces  derniers  agents,  qui,  en 
déterminant  dans  la  membrane  muqueuse  de  l'estomac  un 
état  turgide,  semblent  la  prédisposer  à  sécréter  rapidement  les 
sucs  élaborés  dans  ses  glandules. 
Influence         Parmi  les  agents  chimicpies  qui  provoquent  de  la  sorte  la 

des  aaenls  ,/.  ■  ,•  -iPi  ••'t  i 

chimiques    s(;cretion  du  suc  gastrique,  n  tant  ranger  en  première  ligne  les 

sur  la  sécrétion        ,  ^  >     \  .       i       i  •  ,  i  i  • 

du  substances  légèrement  alcalines,  et  cela  nous  e.xpuque  com- 
guc gastrique.  ^^^^^^  l'cuiploi  du  bicarbouatc  de  soude,  administré  à  petites 
doses  immédiatement  après  le  repas,  peut,  dans  certains  cas, 
faciliter  le  travail  digestif,  fait  qui  a  été  mis  en  évidence  par  la 
pratique  médicale.  L'activité  (pie  les  dissolutions  alcalines 
faibles  impriment  aux  glandules  pepsiques,  quand  elles  arrivent 
en  contact  avec  les  parois  de  l'estomac,  nous  permet  de  com- 
prendre aussi  comment  la  déglutition  de  la  salive  peut  favoriser 
la  digestion,  lors  même  tpie  les  aliments  enqiloyés  ne  sont  pas 
de  nature  à  se  laisser  attaquer  j)ar  ce  liquide.  En  raison  de 
riiitluence  exercée  de  la  sorte  d'une  manière  indirecte  sur  le 
travail  digestif  par  la  salive,  nous  pouvons  prévoir  que  la  mas- 
tication parfaite  des  aliments  ne  sert  pas  seulement  à  produire 
la  division  mécanitiue  de  ces  substances,  car  nous  avons  vu 
que  les  mouvements  nécessaires  à  l'accomplissement  de  cet  acte 
provoquent  l'insalivation  (0  :  or,  la  salive  est  ab^dine,  et  par 
consé(pieul  la  mastication,  en  (It'lcrniinant  un  envoi  plus  abon- 
dant de  ce  li<|iii(lc  dans  l'cstoniac,  duit  stimuler  indirectement 
la  sécrétion  du  suc  gastriipie  dont  dépend  essentiellement  la 

(I)  Nojt'z  luiiH'.  VI,  page2i0. 


l'UODUCTION    DL'    SUC    GASTHlQUIi.  10 

digestion  sloniacalc.  C'est,  du  reste,  un  elïet  que  les  médecins 
avaient  souvent  remarqué  avant  d'en  connaître  l'explication. 

En  signalant  rinfluence  stimulante  des  matières  alcalines  sur 
la  [)roduction  du  suc  gastrique,  j'ai  eu  soin  de  dire  que  je  n'en- 
tendais parler  que  des  dissolutions  très  faibles.  En  elTet,  tous 
les  agents  chimiques,  de  même  que  les  excitants  mécaniques, 
quand  leur  puissance  dépasse  certaines  limites,  déterminent 
dans  la  membrane  muqueuse  de  l'estomac  un  état  pathologique 
qui,  loin  d'activer  cette  sécrétion,  la  ralentit  ou  l'arrête,  et  dans 
ce  cas  leur  ingestion  détermine  par  conséquent  un  trouble  j)lus 
ou  moins  grand  dans  les  fonctions  digestives  (1). 

D'autres  substances,  par  leur  action  directe  sur  l'estomac, 
affaiblissent  le  travail  sécrétoire  des  glandules  pepsiques,  bien 
qu'elles  puissent  ne  pas  produire  un  état  inflammatoire  dans  la 
muqueuse  gastriciue.  Les  acides  faibles  sont  dans  ce  cas. 

La  température  des  matières  introduites  dans  l'estomac  peut 
déterminer  aussi  des  variations  considérables  dans  la  production 
du  suc  gastrique.  Ainsi,  l'ingestion  d'une  petite  quantité  de 
glace  ou  d'eau  froide  dans  l'estomac  excite  la  sécrétion  de  ce 
li(piide  ;  mais  si  l'action  du  froid  se  prolonge  un  peu,  il  en 
résulte  des  efl^ts  opposés  (2). 

(1)  Ces  faits  nous  permelteut  aussi  le  travail  des  gliuidulcs  gastriques  qu'il 

de  comprendre  comment  la  puissance  active  la  digestion.  Les  vieillards  privc's 

digestive  peut  être  parfois  considéra-  de  leurs  dents  doivent  donc   ne   pas 

blenient  affaiblie  par  la  perte  des  dents,  négliger  de  faire  les  mouvements  mas- 

lors  même  que  les  personnes  alfcctées  ticatoires  qui  provoquent  l'insalivation, 

de  cette    indrn'ité  cherchent  à  y  re-  et  l'emploi  de  dentiers  artificiels,   en 

médier  en  divisant   au    couteau  lem"s  facilitant-ces  mouvements,  peut  ainsi, 

aliments    autant    que    le    ferait    une  dans  certains  cas,  contribuer  à  forti- 

mastication  complète.  Quand  il  s'agit  fier  utilement  les  fonctions  de  l'esto- 

de  substances   féculentes,  la  salive  a  mac. 

aussi  d'autres  usages  ;   mais  pour   la  (2)  M.  Claude  Bernard  a  constaté  ce 

viande  et  les  autres  aliments  azotés,  double  mode  d'action  du  froid  dans  ses 

ce  liquide  n'est  pas  un  agent   digestif,  expériences  sur  les  Chiens  (a),  et  l'on 

et  c'est  principalement  en  provoquant  sait  que  l'usage  d'une  petite  quantité 

{a)  Cl.  Bernard,  Expcr.  sur  ta  digesllon  (Arcli.  de  méd.,  4°  série,  1810,  [Mit.  anal,  cl  phys.,  p.  7). 


20 


DHÎKSTION. 


intiuencc        Des  scnsatioiis  (jui  ne  peuvent  agir  que  d'une  manière  indi- 
'''^!;u!tTtiver  recle  sur  l'eslomac  sont  susceptibles  d'éveiller  l'activité  des 


""' '''d^™"  giandules  pepsiques,  et  de  faire  at'lluer  le  suc  gastrique  dan? 


suc  gastrique.  ^^^^  orgaiic.  L'aclioudcs  corps  sapides  sur  les  parois  de  la 
bouche  sulïit  pour  produire  cet  elïet,  et  la  sécrétion  de  ce 
liquide  digestif  peut  niônie  être  excitée  par  l'odeur  des  ali- 
inenls  (1).  Ainsi,  dans  une  série  intéressante  d'expériences  sur 
la  digestion,  faites  sur  des  Chiens  au  moyen  de  fistules  gas- 
tricpies,  M.  Blondlot  a  vu  rpie  du  sucre  introduit  directement 
dans  l'estomac  par  celte  voie  ne  provoquait  pas  une  sécrétion 
aussi  abondante  de  suc  gastrique  que  lorsijue  cette  substance 
était  administrée  par  la  bouche  ('2). 

J'insiste  sur  ces  circonstances  parce  qu'elles  nous  permettent 
de  comprendre  l'iililité  réelle  des  préparations  culinaires 
destinées  à  rehausser  la  savciu^  de  nos  aliments.  En  effet, 
beaucoup  de  substances  appelées  condiments^  bien  qu'impro- 
pres à  jouer  le  rôle  d'aliments,  peuvent  contribuer  à  l'alimen- 
tation en  augmentant  la  |)uissance  digestive  dont  l'organisme 
dispose,  et|)roduireceteffet,  soit  en  stimulant  directement  l'eslo- 
mac par  leur  contact  avec  les  parois  de  ce  viscère,  soit  en 
excitant  dans  les  organes  du  goût  des  sensations  qui  se  rétlé- 
chissentpour  ainsi  dire  siu^  les  glandulcs  pepsi(iues. 


de  slncc,  pciulani  le  repas,  active  no- 
tre (lif;;('slion,  tandis  qne  l'enipUti  de 
bcanioiip  de  eelte  sul)slancc  tr()id)le 
parfois  li's  l'oin'lions  di!  l'estonia<'. 

(1)  MM.  lîidder  et  Sclnnidl  ont 
ol)servé  res  effets  cliez  des  Chiens 
portant  nne  listulc  gastiiqne  aitili- 
cieile  ((/). 

(2)  M.  lîiondlol  s'est  assnn-  (pie 
cette  dillV-rence  ne  dôpendiiil  pas  seu- 
lement (le  ce  (pie  d.ins  un  cas  le  sucre 


n'arrivait  dansTestouiac  qu'après  avoir 
(it(î  mêlé  à  de  la  salive,  et  que  dans 
l'antre  cette  substance  se  trouvait 
seule.  Kn  effet,  il  a  constattî  (pie  le 
sucre,  pr(-alal)lenient  inil)ib('  de  salive 
et  introduit  dans  l'estomac  par  la  tis- 
liile,  ne  provoquait  pas  à  beaucoup 
près  ant.uit  la  sécriUion  pepsi(pie 
(pie  le  laisail  une  luème  quantit('!  de 
cette  substance  sapide  prise  par  la 
bouche  (/(). 


(a)  Biddor  et  ScliniiJl,  Die  Vcrdauuwjssàfu,  uiid  dcr  S'o/f/veiiisti,  1S5-2,   p.  35. 
{bf  Dlmilloi,  Triulc  (oii/y/i'/iic  de  it  dijcstion,  |>.  il\  cl  suiv. 


mODUCTIOiN    DU    SUC    GASTRIQUR.  21 

Entin,  la  production  du  suc  gastrique  paraît  être  suhordon- 
née  à  l'influence  exercée  sur  l'estomac  par  le  système  nerveux, 
et  cette  action  peut  ralentir  ou  arrêter  ce  travail  séerétoire 
aussi  bien  que  le  provoquer.  Ainsi  des  douleurs  violentes, 
quel  qu'en  soit  le  siège,  arrêtent  la  sécrétion  de  ce  liquide 
digestif  (1). 

On  sait  par  les  expériences  d'un  grand  nombre  de  physiolo- 
gistes, que  la  section  des  principaux  nerls  de  l'estomac,  appelés 
pneiunogastriques,  trouble  profondément  les  fonctions  de  cet 
organe,  et  quelques  auteurs  ont  pensé  que  la  cessation  ou  le 
ralentissement  du  travail  digestif  déterminé  de  la  sorte  dépen- 
dait de  l'arrêt  de  la  sécrétion  du  suc  gastrique.  Cette  opinion 
n'est  pas  fondée,  mais  il  est  évident  que  l'opération  dont  je 
viens  de  parler  entraîne  un  aflaiblissement  marqué  dans  la 
production  du  liquide  pepsique  (2),  et  cela  dépend  probablement 
de  ce  que  l'excitation  des  parois  de  l'estomac  par  le  contact 


Influence 

du  système 

iieneux. 


(1)  Ou  sait  depuis  longtemps  que  des 
douleurs  vives  peuvent  empêcher  le 
travail  digestif  de  s'accomplir,  et  Tex- 
plicalion  de  ce  fait  nous  est  donnée  par 
Tarrèt  déterminé  ainsi  dans  l'activité 
fonctionnelle  des  organes  sécréteurs  du 
suc  gastrique  («). 

(2)  Ainsi  que  j'ai  déjà  eu  l'occasion 
de  le  dire  (6),  les  pliysiologisles  de 
l'antiquité,  puis  ceux  de  la  renais- 
sance et  de  l'époque  actuelle,  ont  sou- 
vent pratiqué  sur  des  Animaux  vi- 
vants, soil  la  ligature,  soit  la  section 


des  nerfs  pneutiiogastriques  dans  la 
région  du  cou  (c)  ;  et  parmi  les  phé- 
nomènes qui  se  manifestent  à  la  suite 
de  cette  opération,  on  remarqua  de 
honne  heure  les  vomissements  et  d'au- 
tres signes  indicatifs  d'un  grand  trou- 
hle  dans  les  fonctions  digesUves  (d). 
Blainville  et  plusieurs  autres  physio- 
logistes qui  s'occupèrent  de  ce  sujet, 
vers  le  commencement  de  notre  siècle, 
crurent  pouvoir  déduire  de  leurs  ex- 
périences que  l'interruption  des  fonc- 
tions de  ces  nerfs  détermine  l'anéan- 


(«)  Cl.   Bernard,  Expériences  sur   la  digestion  slumacale  (Archives  gèit.   de  médecine,  iSid, 
partie  analoni.  et  pliysiol.,  p.  5). 
{bj  Voyez  tome  IV,  page  135. 

(c)  Pour  les  indicaiions  bibliographiques  à  ce  sujet,  je  renverrai  à  un  nii'nicire  que  j'iii  public  in 
commun  avec  Brescliel  et  M.  Vavasscur,  il  y  a  près  de  quarante  ans  (Archives  (jénérales  de  méuecuie, 
1823,  I.  11,  p.  4SI). 

(d)  Baglivi,  Ile  observationibiis  anatomicis  elpraciicis,  varii  argvmenti,  cxp.  7  (Opéra  omiiiii, 
édit.  de  1145,  p.  616). 

—  HnlIiT,  F.iemevifl  plmsiol'^oi"',  '•  'i  P-  ^^^-- 


22  DIGESTION. 

des  aliments,  ne  pouvant  plus  être  transmise  aux  centres  médul- 
laires par  les  nerfs  pneumogastriques,  ne  provoque  pas 
l'action  nerveuse  réllexe  dont  rintluence  est  si  puissante  sur  les 
glandules  pepsiques. 
Évaiuaiion  P^^^  l'ensemblc  des  faits  dont  je  viens  de  rendre  compte,  on 
Maquani.te  ^.^^jj  ^||jV|  t;enijt  frès  difficilc  d'arriver  à  une  évaluation,  même 
sIcS"*'  ^approximative,  de  la  quantité  totale  du  suc  gastricpie  qui 
chaque  jour  est  versé  dans  Teslomac,  soit  de  l'Homme,  soit 


suc 


tisseinent  ou  tout  au  moins  un  grand 
airaiblisseincntdes  forces  digcstivos  {a). 
Knfin ,  Wilson  PIn'li|) ,  apri-s  être 
arrive'  à  la  même  conclusion  et  avoir 
observé  des  effets  semblables  lors  de 
la  destruction  d'aulros  parties  du  sys- 
tème nerveux,  attribua  Tinterruption 
du  travail  digestif  à  l'arrèl  de  la  sécré- 
tion du  suc  gastrique,  et  pensa  que 
Ton  pouvait  rétablir  l'artivité  fonction- 
nelle des  glandes  de  reslomac  en  y  f.ii- 
sant  passer  un  courant  galvanique  (6). 
Magendie  jirofessa    une    opinion  con- 


traire, cl  soutint  que  1" influence  des 
nerfs  pnenniogaslriqnes  était  nulle  ou 
presque  nulle  (r)  ,  et  le  débat  ainsi 
engagé  donna  lieu  à  beaucoup  de  re- 
cherches contradictoires,  l'iusieurs 
expérimentateurs  apportèrent  de  nou- 
veaux faits  à  ra])])ui  des  vues  de  Wil- 
son Philip  {(l)  ;  d'autres  les  rejetèrent 
dune  manière  absolue  (o),  et  quel- 
ques-uns constatèrent  qu'à  la  suite  de 
la  section  des  pnemnogastriques,  la 
digestion  stomacale,  sans  être  arrêtée, 
était   considérablemonl    allaiblie    (/")  ; 


(a)  Blaiiivillo,  Propositions  extrailes  d'un  essai  sur  la  respiralion,  llièse.  Paris,  1808,  p.  3J. 

—  Lej^allois,  Expériences  sur  le  principe  de  la  vie,  1812,  p.  214,  etc. 

—  Diipiiis,  F-rpàriences  sur  la  section,  la  lujalure,  etc.,  des  nerfs  pneumogastriques  (Bulletin 
de  la  Société  médicale  d'émulation  de  l'aris,  ISIG,  p.  COGj. 

(b)  Wilson  l'Iiiiip,  An  expérimental  Inquiry  into  the  Laivs  ofthe  Vital Funclions,  etc.,  3*  éJit., 
1820,  p.  121  cl  sniv. 

(c)  iMa;,'onilie,  Précis  élémentaire  de  physiologie,  1817,  t.  II,  p.  05. 

(d)  Claïke  Alicl,  Experimcntsrclalire  to  the  Coniroversy  between  D.  Wilson  Philip  and  M.  Brodie 
[Lnndon  Médical  and  Physical  .Journal,  1820,  t   XLIII,  p.  385). 

—  Hastliiss,  Déclaration,  elc.  (London  Mcd.  and  Physical  Journal,  1820,  t.  XLIII,  p.  254). — 
Observ.  on  the  Effects  ofdividiny  thc  Eighth  l'air  of  i\ervcs  (The  Quarterly  Journal  of  Science, 
lAtter.  and  the  Arts.  1821,  l.  NI,  p.  45). 

—  Macdonalcl,  ,S(.'(/e7i.«  f.i/it'cim.  quœdam  de  ciborum  concoclione,  dissent  inaug.  Edinb.,  1818. 

(e)  Broii;,'liUiii,  Experimcnts  and  Itemaiks  Itluslrating  the  Influence  of  the  Eighth  Pair  of 
Nerves  over  the  Organs  nf  Itespiration  and  IHiicstiim  {Quarterly  Journal  of  Sciences,  1821,  t.  X, 
p.  .'108). 

—  Leiirot  et  Lns.saipnc,  Ptcchcrches  sur  la  digestion,  1825,  p.  210. 

(/■)  lirefiliol,  Miliie  Edwards  et  Vavasscur,  De  l'influence  du  système  nen'eux  sur  la  digestimi 
stomacale  (Archives  générales  de  médecine,  1823,  I.  Il,  p.  481). 

—  Ticdciiiaiiii  et  (linelin,  liecherchcs  cxiiérimcnlates  sur  la  digestion,  t.  I,  p.  372. 

—  VVare,  Eflets  de  ta  section  des  nerfs  pneumogastriques  sur  la  digestion  {Archives  géné~ 
raies  de  médecine,  I.  XI.\,  p.  104). 

—  Majer,  A'eHc  l'ntcrsuch.  iibcr  die  Folgen  und  insbesondere  iiber  die  Ursache  des  Todes  der 
Thiere  nach  Untcrbindung  dcr  Nervus  va^'us  {Zeitschrifl  fiir  Ptiysiol.,  von  Treviranus,  4  82ti, 
l.  II,  p.  78). 

• —  Miillnr,  Manuel  de  physiologie,  Irad.  par  Jdiirdiin,  I.  Il,  p.  452. 


PRODUCTION    DU    SUC    GASTRIQUIJ.  23 

d'un  Animal  (lueleonque.  Quelques  physiologistes  ont  lait  des 
calculs  à  cet  égard ,  mais  les  résultats  auxquels  ils  sont  arrivés 
ne  me  semblent  pouvoir  inspirer  (|ue  peu  de  conliancc,  et 
j'ajouterai  seulement  que,  dans  quelques  cas  au  moins,  la 
quantité  du  liquide  Iburni  par  les  glandules  gastriques  est  très 
considérable  (1). 

puis  ils  clierclièront  à  mieux  analyser  ralontie  {d),  et,  clans  quelques  cas,  ses 

les  phénomènes  dont  ils  avaient  été  té-  produits  sont  modiliés  dans  leur  com- 

moins,  et  firent  voir  que  Finfluence  position  chimique,  ainsi  que  cela  a  été 

de  cette  section  sur  les  mouvements  de  constaté  dans  quelques-unes  des  expé- 

i'estomac  doit  être  considérée  comme  riences  de  M\l.  Bidder  et  Schmidt  (p). 

la  principale  cause  du  ralentissement  (1)  ^IM.  Bidder  et  Schmidt  ont  cher- 

de  la  digestion  qui  se  manifeste  après  clié  à  évaluer    la  production   du  suc 

l'opération    (a).  Cette  opinion    a  été  gastrique  chez  Tllomme,  au  moyen  de 

conlirmée  par  des  recherches  plus  ré-  quelques    expériences  faites  sur  des 

centcs    (6),  mais    il  ne   faut   pas    la  Chiens  dont  l'estomac  avait  été  mis  en 

pousser  trop  loin,  et  supposer  que  la  communication   avec    l'extérieur  par 

cessation  de  l'action  des  nerfs  en  ques-  une  ouverture  fistuleuse.    D'après  la 

tion  soit  sans  influence  sur  la  sécrétion  quantité  de  liquide  recueillie  en  quel- 

pepsique  (c).  Cette  sécrétion  cessera-  ques  heures,  ils  calculèrent  la  quantité 

rement  chez  les  Animaux  sur  lesquels  qu'ils  supposaient  devoir  être  sécrétée 

la  section  de  ces  nerfs  a  été  pratiquée,  journellement,  et  en  comparant  ensuite 

mais  elle  est   en  général  notahlement  les  données  numériques  ainsi  obtenues 

(a)  Breschet  et  Milne  Edwards,  Mémoire  sur  le  mode  d'action  des  nerfs ptieumogastriques  dans 
la  production  des  phénomènes  de  la  digestion  (Archives  générales  de  médecine,  1825,  I.  VII, 
p.  187). 

(b)  Weber,  art.  MuskeWewegung  (Wagner's  Handwôrtcrbuch  der  Physiologie,  t.  111,  i'  rarlie, 
p.  48). 

—  Longet,  Physiologie  du  système  nerveux,  t.  II,  p.  351  et  siiiv. 

(c)  Wûller,  Manuel  de  physiologie,  t.  II,  p.  452. 

—  Dieckoff,  De  actione  quam  nervus  vagus  in  digestionem  ciborum  exerceat,  dissert,  inaiig. 
Berlin,  1835. 

—  P.eid,  An  expérimental  Investigation  into  Ihe  Functions  of  the  Eighth  Pair  of  Xerves 
(EdinburghMed.  Surg.Journ.,  1839,  t.  LI,  p.  310). 

—  Bischoff,  Einigephysiologischc-anatomlsche  Beobachtungenan  einem Enthaupteten  (MiiUer's 
Archiv  iilr  Anat.  und  Physiol.,  183S,  p.  4'JG). 

(d)  Prévost  et  Le  Rojer,  Note  sur  la  digestion  (Ann.  des  sciences  nul.,  i  825,  t.  IV,  p.  487). 

—  Longet,  Physiologie  du  système  nerveux,  t.  II,  p.  337  tt  suiv.  —  Traité  de  physiologie,  t.  I, 
2»  partie,  p.  257. 

—  Boiicliardat  et  Sandras,  Expériences  sur  les  fonctions  des  nerfs  pneumogastriques  dans  la 
digestion.  (Comptes  rendus  de  VAcad.  des  sciences,  1847,  t.  XXIV,  p.  58). 

—  Cl.  Bernard,  De  l'influence  des  nerfs  de  la  huitième  paire  sttr  les  phénomènes  chimiques 
de  la  digestion  [Comptes  rendus  de  VAcad.  des  sciences, \8ii,  t.  XVllI,  p.  995;. 

—  Frerichs,  Die  Verdauung  (Wagnei's  HandwOrterbuch  dcr  Physiologie,  t.  111,  1  "  p;irlic, 
p.  822  et  suiv.). 

(e)  Bidder  et  Schmidt,  Die  Verdauunyssuftc,  p.  Cl . 

—  Kôlliker  et  H.  Millier,  Bericht  ûber  physiologische  Versuche  [Verhandlungen  der  physika- 
lisch-medicinischen  Gesellschaft  in  Wùr;ihurg,  1855,  t.  V,  p.  220). 


Composition 

chimique 

du 

suc  gastrique, 


2/i.  DIGESTION. 

^  S.  --  Le  suc  gastrique  est  ordinaireuieiit  mêlé  à  une 
plus  ou  moins  grande  quantité  de  mucus  qui  en  altère  la  trans- 
parence; mais  quand  on  l'en  a  séparé  à  l'aide  de  filtrations, 
on  trouve  qu'il  est  composé  en  majeure  partie  d'eau,  et  en 
général  il  ne  laisse  parl'évaporation  qu'environ  1  à  1 ,5  pour  100 
de  résidu  solide.  Un  cliimistc  italien  du  siècle  dernier,  Scopoli, 
fut  le  premier  qui  tenta  d'en  taire  l'analyse,  et  il  y  reconnut 
la  présence  d'une  matière  animale,  de  substances  terreuses 
et  du  corps  que  l'on  désigne  aujourd'hui  sous  le  nom  d'acide 
clilorbydrique  ;  mais  ayant,  suivant  toute  probabilité,  opéré 
sur  du  suc  altéré  par  la  putréfaction,  il  vit  que  le  liquide  ver- 
dissait le  siro[)  de  violette,  et,  en  raison  de  cette  réaction  et  de 
l'odeur  particulière  qu'il  constata  dans  d'autres  circonstances, 
il  pensa  que  cet  acide  devait  s'y  trouver  uni  à  de  l'ammonia- 
que (1).  Vers  la  môme  époque,  Carminati  fit  aussi  quelques  essais 
du  même  genre,  et  il  remarqua  que  le  suc  gastrique  normal  est 


nu  poids  total  du  corps  de  cliiuiin^ 
Animal  (iinployé,  ils  arrivèrent  à  ce 
résultat,  que, pour!  kilogrannnodocc 
poids,  il  y  a  foriualion  de  100  graniiues 
do  suc  gastri(pie.  Admettant  ensuite 
que  la  même  proporlionnalit»-  existe 
entre  le  poids  du  corps  luunain  et  le 
jxtids  du  suc  ^astricpie  sôcrété',  ils  (.'s- 
limenl  à  pi'i's  dr  (>  kilot^ranimes  el 
demi  la  (iiiaiilil"'  di'  li(|iiidt'  (|ue  Tcs- 
loniac  d'un  Homme  de  taille  ordinaire 
(Idil  si'Crt'I.T  dans  les  vinf^l-(piatrt; 
lieiu'es  {a). 

Chez  la  lemme  de  Dorpal,  qui  por- 
tail une  listule  gastrique,  <■!  dont  j'ai 
i\é\h  eu  roccasion  de  parler,  la  quan- 
tité de   suc  gastri(iur   iniirni   \y.n-  cri 


orifice  était  beaucoup  plus  considéra* 
blc.  Dans  quekjues  circonstances,  Té- 
coulement  était  si  abondant,  que  dans 
l'espace  do  quinze  minutes  on  a  recueilli 
pkisde30()  2;rannnes  deceli(pnde  (6), 
et  ^\.  Scbmidt  révaluo  on  moyenne  à 
580  sîrammes  par  In'urc,  ce  (|ui  cor- 
respondrait à  i'4  kiiogranunes  par 
jour  (c).  Mais  il  me  j)araîl  impossible 
tlo  supposer  (jui' dans  l'état  normal  les 
choses  puissent  se  passer  de  la  sorte. 
(1)  Les  expériences  de  Scopoli 
i'urcnl  iailes  sur  du  suc  ajaslrique 
rocui'illi  sur  un  Corbeau  par  Spal- 
lanzani.  et  elles  se  irouveni  consi- 
f^nées  dans  l'ouvrap;e  de  ce  pliysiolo- 


(n)  Riddcr  pl  ?rlimiilt,  Die  VevdauuDgs.iàftc  nnil  da-  Slnfl'itfchsel,  p.  30. 
{b)  C.nMU'waUli,  Op.  rit    [WvcUow'i  Arcliiv  fur  phusiol.  Iliniliunde,  1854,  l.  Mil,  p.  4Cr>). 
((•)  Sclmii'li,  l'clier  die  Cdiisliliiluin  des  mcnscUiu  hcn  Mani-iiniiflfs  lAnn.dri'  Clu'in.  iind  Pharni., 
\,>u  I.irlu-  miel  Wohl.T,  18.M,  I.  M'.II,  p.  iSi. 

((()  Spallntr/;ii)i,  K.rpi'rirnres  s-iir  In  diqfntinn,  1*8:1,  p.  200. 


COMPOSITION  no  slk;  r.\sTr,iQUR.  25 

toujours  acide,  fait  que  les  recherches  ultérieures  ont  plei- 
nement démoniré  (1).  ]Mais  la  nature  du  principe  qui  donne 
à  ce  liquide  son  acidité  resta  longtemps  encore  inconnue, 
et  aujourd'hui  même  tous  les  physiologistes  ne  sont  pas 
d'accord  sur  ce  point.  On  pensa  d'abord  que  le  suc  gas- 
trique contenait  de  l'acide  lactique  (2),  et  quelques  expé- 


(1)   La   rdaction  acide  du  liquide 
l'ounii  par  les  parois  de  restoniac  avait 
tUé  constatée  chez  le  Cochon,  vers  la 
fin  du  xvii'^  siècle ,  par  Viridet  (a)  : 
mais,  d'après  les  expériences  de  Spal- 
lanzani  et  de  quelques  autres  physio- 
logistes, on  considérait  généralement 
le  suc   gastrique  comme  étant  neu- 
tre (6)  ;  et  Carminali  paraît  avoir  été 
le  premier  à  remarquer  que,  s'il  on 
est  ainsi  chez   les  Animaux  à  jeun,  il 
en  est  autrement  après  les  repas,  et 
qu'alors  les  liquides  de  l'estomac  sont 
acides  (c).  L'acidité  du  suc  gastrique 
fut  constatée  ensuite    par   heaucoup 
d'autres  expérimentateurs  {d)  ;  mais, 
ainsi  que   je   l'ai  déjà   dit,   plusieurs 
physiologistes  n'admirent  pas  ce  fait, 
jusqu'à  ce  (jue  les  expériences    pra- 
tiquées sinniltanément  en  France  par 
Leuret  et  Lassaigne,  et  en  Allemagne 
par  Tiedemann  et  Gmelin,  fussent  ve- 
nues lever  toutes  les  incertitudes,  et 
donner  l'explication  des  ol)servalions 


contradictoires  qui   jusqu'alors  justî- 
liaient  les  doutes. 

(2)  L'existence  de  l'acide  lactique 
dans  le  suc  gastrique  du  Veau  fut  an- 
noncée en  1786  par  Macquart  (e), 
et  vers  1816  M.  Chevreul,  en  exa- 
minant une  certaine  quantité  de  liquide 
expulsé  de  l'estomac  de  l'Homme  par 
régurgitation  volontaire ,  y  trouva  : 
1"  de  l'acide  lactique  uni  à  une  ma- 
tière animale  soluhle  dans  Teau  et 
insoluble  dans  l'alcool  ;  2"  un  peu  de 
chlorhydrate  d'ammoniaque  et  de 
chlorure  de  potassium  ;  3"  une  cer- 
taine quantité  de  chlorure  de  so- 
dium ;  [x°  du  mucus ,  et  5"  beaucoup 
d'i^au  (/").  En  I8'2i,  (h-aves  trouva  de 
l'acide  lactique  dans  le  liquide  vomi 
par  un  malade  atteint  de  dyspepsie  (g), 
et  en  1825  Leuret  et  Lassaigne  con- 
clurent aussi  de  leurs  expériences  sur 
le  suc  gastrique  du  Chien ,  que  ce 
liquide  contenait  de  l'acide  lactique, 
du  chlorhydrate  d'anunnniaque ,    du 


(rt)  Viridet,  Traclalus  novus  medico-i)hyskns  de.  prima  cocUone,  frœcipueque  de  ventrkuti 
fermento.  Genève,  1G95,  p.  224. 

(b)  Spallanzaiii,  Expériences  sur  la  digestion,  p.  289,  etc. 

(Ci  Carminali,  Ricerclie  suUanntura  et  snijU  usi  del  sttrco  ijastrico  in  mcdlcina  e  in  chirurgia, 
4785,  p.  56  cl  suiv. 

{d)  13ruçnalelli,  Versuch  eiuer  chemisdien  Zerlegung  der  Magensdfle  (Crell's  Deitrage  ^u  den 
chemischea  Annnien,  ilHG.  1. 1,  4"  caliier,  p.  79). 

—  Werner,  Dissert,  sistens  expérimenta  circa  modum  qiio  chijmus  in  chylum  mutattir. 
Tubingen,  1800. 

{e)  Macquari,  Mémoire  sur  le  suc  gastrique  des  Animaux  ruminants  {Mém.  de  la  Soc.  rogale 
de  médecine,  178(5,  p.  355). 

(fjVoyez  Mai;entlie,  Précis  élémentaire  d»  physiologie,  l"(''ili(,,  1816,  ri  2'i'i!il.,  t.  II,  p.  1 1 . 

(;V)  Trnns.  nf  Ihe  Coll.  of  l'hyxiciitvs  in  Irelnnd,  1.  IV,  n"  HO. 


2G  DIGESTION. 

ricnecs  tendirent  à  établir  qu'il  contenait  de  Tacido  phospho- 
rique  lil)re  (1). 

Mais,  en  182/i,  Prout  (2)  étudia  d'une  manière  plus  complète 
la  question,  et  fit  voir  que  le  liquide  dont  les  aliments  sont  impré- 
gnés dans  l'estomac  de  divers  iMammifères  contient  de  l'acide 
chlorhydrique  à  l'étal  de  liberté,  ou  du  moins  non  combiné, 
soit  avec  des  bases  fixes,  soit  avec  de  l'ammoniaque  (3).  Les 


chlorure  de  .sodium,  une  matière  ani- 
male solubhî  dans  Teau,  du  mucus,  du 
pliospliaU!  do  chaux  ol  <)8  ccnticmcs 
d'eau  ((/).  l'his  réconunent,  .AIM.  Ber- 
nard et  Barrcswll  ont  été  conduits  par 
leurs  expériences  à  admettre  aussi  que 
les  propriétés  acides  du  suc  gastrique 
sont  ducs  à  la  pn'sence  d'une  certaine 
quantité  d'acide  lactique  libre  (6). 

(1)  Macquart,  qui  étudia  vers  la  fin 
du  siècle  dernier  le  suc  {gastrique  du 
Bœuf  et  du  Mouton,  en  retira  de  Ta- 
cidc  pliospli()ri(|iie,  ainsi  que  du  phos- 
l)iialc  de  chaux,  du  sel  uuu'in  et  des 
matières  organicpies,  et  il  considéra 
l'acide  phosphorique  comme  y  étant 
libre.  Dans  le  suc  gastrique  du  Veau 
il  crut  reconnaître  aussi  de  l'acide 
lactique  (c). 

(2)  Dans  ses  premières  publications, 
Prout  allribua  aussi  l'acidité  du  suc 
gastri(|U(',  laulùl  à  de  l'acide  pliospho- 
ricpu'  lil)re,  d'autres  fois  à  de  l'acide 
carl)(ini(iue  (r/)  ;  mais,  plus  tard,  il 
changea  d'opinion. 

(3)  Les  recherches  ûc  Prout  por- 
tèrent sur   les  liquides  trouvés  dans 


l'estomac  de  divers  AnimaiLx  (tels([uc 
des  Chiens,  des  Lapins  et  des  Che- 
vaux) tués  pendant  que  la  digestion 
était  en  pleine  activité.  Au  moyen  de 
l'azotate  d'argent,  il  dosa,  d'une  part, 
la  quantité  totale  de  chlore  contenu  dans 
les  cendres  laissées  par  l'incinération 
du  résidu  solide  d'un  poids  donné  du 
suc  ])réalablement  saturé  par  de  la 
potasse  ;  d'autre  part,  il  détermina  la 
quantité  de  chlore  qui  était  retenu 
dans  les  cendres  du  résidu  simple- 
ment desséché  sans  additions  ])réa- 
lables  de  potasse,  ce  qui  lui  donnait 
la  proportion  du  premier  de  ces  corps 
existant  à  l'état  de  chlorure  sodique 
dans  le  li(|uide,  et,  en  déduisant  le 
poids  ainsi  obtenu  de  celui  fourni  par 
rexpérience  précédente,  il  calcula  la 
(juautité  d'acide  chlorhydrique  qui  se 
trouvait  en  excédant.  Enfin,  dans  une 
troisième  expérience,  il  constata  que 
cet  acide  en  excès  n'était  combiné,  ni 
avec  de  l'annuoniaque,  ni  avec  un 
autre  alcali  (e). 

Eu  distillant  le  liquide  fourni  par  les 
matières  alimentaires  contenues  dans 


(a)  Leiirel  et  Lassai(;ne,  Recherches  pour  servir  à  l'histoire  de  la  digestion,  p.  1  i;i. 

{h)  lîcrnard  cl  liarrcswil  ,  Sur  les  phc'noincnes  cliimiques  de  la  duiestum  {Com]itcs  rendus  de 
l'Acad.  des  scmices,  1844,  l.  MX,  y.  l'284). 

{r)  MMcqiiart,  Mémoire  siir  le  sur  gastrique  des  Animau.t  ruminants  {iléin.  de  lu  Soc  royale  de 
médecine  pour  1786,  (i.  ;!55). 

(d)  W.Proul,  Méiii.  sur  les  phénomènes  delà  sanguification  (Jouriiiit  de  physique,  1819, 
I.  LXXXIX,  p.  130). 

(e)  W.  l'roiit,  On  Ihe  Nature  of  the  Acid  and  Saline  Matters  usualltf  exisllng  in  the  Stomacli 
of  Animais  {Philos.  Trans.,  1824,  y.  45). 


COMPOSITION    DU    SUC    GASTRIQUE,  27 

résultats  obtenus  [)ar  ce  ehiuiisle  lurent  confirmés  par  les 
recherches  de  Tiedemann  et  Gmelin,  de  Braconnot  et  de  plu- 
sieurs autres  auteurs  (1).  Il  est  vrai  qu'un  physiologiste  distingué 
de  l'école  médicale  de  Nancy,  M.  Blondlot,  en  conteste 
l'exactitude;  il  pense  que  la  réaction  acide  du  suc  gastrique  est 
due  à  laprésenced'un  phosphate  acide  de  chaux,  et  cette  opinion 
a  été  partagée  par  quelques  auteurs,  mais  elle  n'est  pas  fondée. 
Le  phosphate  acide  de  chaux  qui  souvent  se  rencontre  dans  le 
suc  gastrique  du  Chien,  n'est  pas  une  des  matières  constitu- 
tives de  ce  liquide,  mais  un  produit  de  la  digestion  des  os  (2). 


l'estomac  d'un  supplicié,  !\I.  Endcrlin 
en  a  retiré  de  l'acide  clilorliydrique 
libre  (a). 

(1)  Tiedemann  et  Gmelin  concluent 
de  leurs  expcrionces  sur  le  suc  gas- 
trique du  Gliieu  et  de  plusieurs  autres 
Mammiières,  que  ce  liquide  contient 
plusieurs  acides  libres,  savoir  : 

1"  De  l'acide  chlorliydricpie  ; 

1"  De  l'acide  acétique  ou  lactique, 
car  ils  considèrent  ces  deux  acides 
comme  identiques  ; 

3"  De  l'acide  butyrique. 

Us  en  retirèrent  aussi  une  matière 
animale  qu'ils  assimilèrent  à  la  matière 
salivaire,  de  l'osmazomc,  du  mucus  et 
divers  sels  minéraux  (6). 

En  1835,  Braconnot  étudia  chimi- 
quement du  suc  gastrique  recueilli 
sur  un  Chien  par  M.  Blondlot,  et  ses 
expériences  le  conduisirent  à  admettre 
que  ce  liquide  contenait  :  l"  de  l'acide 
chlorhydrique  en  quantité  remarqua- 
bl(^  ;   2"  de   l'hvdrochlorate  d'ammo- 


niaque ;  3°  du  chlorure  de  sodium  en 
assez  grande  quantité  ;  4°  du  chlorure 
de  calcium  ;  5"  du  chlorure  de  fer  ; 
6"  des  traces  de  chlorure  de  potas- 
simu  ;  7"  du  chlorure  de  magnésium  ; 
8"  une  huile  colorée ,  d'une  saveur 
acre  ;  9°  une  matière  animale  soluble 
dans  l'eau  et  dans  l'alcool  ;  10"  une 
matière  animale  solui)le  dans  les  acides 
afl'aiblis;  11"  une  matièn*  animale  so- 
luble dans  l'eau  et  insoluble  dans  l'al- 
cool; 12»  du  mucus;  13°  du  phosphate 
de  chaux  (c). 

('2)  Les  expériences  sur  lesquelles 
Prout  s'appuya  pour  établir  que  le  suc 
gastrique  contient  de  l'acide  chlorhy- 
drique libre,  ont  été  confirmées  par 
Prévost  et  Morin  (d),  ainsi  que  par  plu- 
sieurs physiologistes,  mais  elles  ne  sont 
pas  à  l'abri  de  la  critifiue.  Ainsi  Leuret 
et  Lassaigne  montrèrent  qu'elles  n'é- 
taient pas  exemptes  de  quelques  causes 
d'erreur  dépendantes  de  la  production 
de  cyanures  par  l'action  de  la  potasse 


(a)  Enderlin,  Ueber  die  Saurai  des  Magensaftes  (Annalen  der  Chemie  und  Pharm.,  von  VVôliler 
iind  Liebig,  l«i3,  t.  XLVI,  p.  122). 

(b)  Tiedemann  et  Gmelin,  Recherches  sur  la  digestion,  t.  I,  p.  1G6  et  suiv. 

(c)  Braconnot,  Expériences  chimiques  sur  le  suc  gastrique  {Ann.  de  chimie  et  de  physique,  i  835, 
t.  XLIX,  p.  348  et  suiv.). 

(d)  Prévost  et  Morin,  De  la  digestion-  rhei  les  Herbivores  {Journal  de  pharmacie,  3*  série,  1843, 
t.  lit,  p.  34.'-,  (.(  sniv.). 


28 


Dir.KJ^TION. 


C'est  aussi  à  des  circonstances  accidentelles  qu'il  l'aut  attribuer 
la  présence  de  l'acide  butyririue,  (jue  l'on  a  parfois  rencontré 


sur  kvs  matières  organiques  pendant  la 
calcinatiou,  et  de  la  précipitation  de  l'ar- 
gent par  ces  produits  {a).  Du  reste, 
Pront  donna  à  ce  sujet  des  explications 
satisfaisantes  (/;)  ;  mais  "M,  Frericlis 
lit  remarquer  ensuite  que  dans  le  cas 
où  il  existerait  dans  le  suc  ijastrique, 
en  présence  du  rlilorure  de  sodium, 
un  acide  plus  lixe  que  Tacide  clilorliy- 
drique,  celui-ci  serait  déplacé  et  mis 
en  liberté  pendant  la  calcinalion  (r). 

Enfin,  M.  Blondlot,  à  l'aide  d'une 
expérience  très  simple,  crut  pouvoir 
démontrer  qu'il  n'existe  dans  le  suc 
gastrique  ni  acide  clilorliydiique,  ni 
acide  lactique  libre,  et  que  l'acidité 
de  ce  liquide  est  due  à  la  présence  d'un 
bipliospliatc  de  soude.  En  effet,  ayant 
cherché  à  saturer  une  certaine  quan- 
tité de  ce  suc  avec  de  la  craie,  il  n'ob- 
serva aucune  eflérvescence  :  or  ,  les 
divers  acides  dont  je  viens  de  parler, 
ainsi  que  l'acide  phosphorique,  etc.  , 
attaquent  fortement  celte  substance  et 
eu  chasseni  l'acide  carI)OMi(|ue  ;  mais 
le  phosphate  acide  decliaux  n'agit  pas 
de  la  sorte.  Al.  l'ilondlot  eu  cduclut 
(pi'il  ne  pou\<iil  \  a\()ir  dans  le  suc 
gastrique  aucun  acide  libre,  el,  à  l'aide 
d'auires  e\i)énences,  il  )  reconnut  la 
présence  d'une  certaine  (luantilé  de 
phosphate  acide  de  chaux  (J). 


En  18W,  I\1M.  Bernard  et  ljarres\\  il 
combattirent  l'opinion  de  AI.  Blondlot, 
et  firent  voir  que  l'absence  des  signes 
d'effervescence  signalée  dans  les  expé- 
riences de  ce  physiologiste  dépendait 
de  l'état  de  dilution  excessive  du  suc 
gastrique  employé  ;  en  effet,  il  leur 
suffisait  de  concentrer  le  liquide  pour 
obtenir  par  l'addition  de  la  craie  un 
dégagement  visible  d'atide  carboni- 
que (e). 

Pour  décider  la  question  soulevée  par 
les  recherches  de  M.  Blondlot,  Al.  Alel- 
sens  (de  Bruxelles)  eut  recours  à  une 
autre  épreuve.  Après  avoir  constaté  que 
des  fragments  de  marbre  blanc  avaient 
perdu  70  milligranunes  de  leur  poids 
par  un  séjour  de  quarante-huit  heures 
dans  une  certaine  quantité  de  suc  gas- 
lri(|ue.  il  plaça  dans  une  nouvelle 
(juaulilé  du  même  liquide  des  cristaux 
de  spath  fluor,  et  il  les  vit  se  couvrir 
de  bulles  de  gaz  ;  enfin  il  constata  que 
leur  surface  était  corrodée  et  ((u'ils 
avaient  diminué  de  poids.  Or,  lei)hos- 
phate  acide  de  chaux  ne  produit  pas 
des  effets  de  ce  genre,  et  l'on  ne  peut 
les  expliquer  que  j);u-  la  présenced'un 
acide  libre  ou  très  faii)lement  uni  à  de 
la  maiière    organi(|ue  {[). 

M.  Dumas  vérifia  les  faits  annoncés 
par  AI.  Alelsens  {g),  et  les   arguments 


(rt)  I-nirol  el  Lass.iipiic,  Jiecli.  pour  servir  à  l'iiisl.  de  ta  (ligcslio»,  ]>.  HC. 

{h)  Prout,  Ih'iiiarhs  on  certain  OI)jfti.ns  inadc  tnj  MM.  Lcurci  and  I.assaiijne  and  by  ProCçssors 
Tiedcmann  and  Cmdin  in  tlteir  l\o;Aç  nn  Hiqcstinn  ,  jmrtirutartu  witli  respect  tu  tlie  l'resence 
iif  frec  Munattc  Acid  in  tlie  Stomacli  of  Animais  {.\nn.  of  l'Iiiliisui'lin,  new  Séries,  ls2(i,  t.  Ml, 
1>.  405). 

(c)  l-'rrriclis,  Die  Yerdauxing  (NVa;,'iici's  llandirùrlerlntcli  dcr  l'Iinsiologic,  l«it!,  1.  lit,  p.  7S|). 

((/)  Dlonillol,  Traité  analytique  de  la  digestion,  1843,  p.  40  cl  siiiv. 

(r)  Uornard  et  Barreswil,  Sur  les  plii'nomcncs  chimiques  de  la  digestion  {Comptes  rendus  de. 
iAcad.  des  sciences,  1841,  l.  MX,  ]>.  1285). 

(/ 1  Mrl-eiK,  Heclierelies  sur  lacidilc  du  suc  gastrique  [Comptes  rr.ndus  de  iAcad.  des  sciences, 
1K44,  I.  MX.  p.  Ii281)). 

(g)  Oiniias,  Traité  de  rhimie,  I.  \III.  p.  n04. 


dans  le  sue  gastrique  (1),  et  d'après  l'ensemble  des  faits  eonnus, 
il  me  paraît  indubitable  rpie  c'est  essentiellement  à  l'existence 
d'une  certaine  (juantité  d'acide  cblorhydriciue,  ainsi  que  d'acide 


par  lesquels  M.  Bioiullot  a  souleiui  sa 
première  opinion  no  me  paraissent 
pas  concluants  (a). 

M.  SchifT  a  vu  le  spath  fluor  devenir 
opaque  et  un  peu  inégal  à  sa  surface 
par  l'action  du  suc  gastrique,  mais  il 
n'a  pu  constater  une  diminution  de 
poids  dans  le  minéral  ainsi  attaqué  (6). 
Ce  physiologiste  a  constaté  également 
un  faihie  dégagement  d'acide  carboni- 
que quand  on  fait  agir  ce  liquide  sur 
du  carbonate  de  chaux.  Enfin,  il  a  re- 
connu que  la  quantité  de  chaux  tenue 
en  dissolution  par  le  suc  gastrique 
augmente  quand  ce  liquide  a  agi  de 
la  sorte  sur  de  la  craie.  Du  reste,  il 
a  trouvé  que,  par  son  aclion  sur  le 
carbonate  de  chaux,  cette  humeur  ne 
perd  jamais  son  acidité,  ce  qui  sup- 
pose qu'une  partie  de  son  acide  est  à 
l'état  de  combinaiyon  très  faible,  mais 
non  décomposable  par  la  craie. 

n  résulte  aussi  des  expériences  de 
;\1M.  Bidderet  Schmidl  que  le  suc  gas- 
trique des  chiens  contient  du  phos- 
phate acide  de  chaux,  quand  ces  Ani- 
maux ont  mangé  des  os,  mais  n'en 
renferme  pas  quand  ils  ont  été  privés 
de  ces  corps  pendant  quelque  temps  ; 
en  sorte  que  le  résultat  chimique  ob- 
tenu par  Blondlot,  tout  en  étant  exact, 


pourrait  être  dû  seul(\ment  à  la  pré- 
sence de  fragments  d'os  dans  l'esto- 
mac des  Animaux  soumis  à  ses  expé- 
riences (c). 

.rajouterai  que ,  dans  une  expé- 
rience, AI.  Schiff  a  constaté  laprésencc 
du  phosphate  acide  de  chaux  dans 
le  suc  gastrique  d'un  Chien  (jui 
avait  ujangé  des  os  deux  jours  avant 
l'extraction  de  ce  liquide,  mais  qu'il 
n'en  trouva  aucune  trace  chez  deux 
autres  Chiens  qui  avaient  été  privés 
d'os  depuis  cinq  jours.  On  sait,  du 
reste,  que  les  os  en  contact  avec  les 
acides,  même  les  plus  faibles,  tels  que 
l'acide  carbonique,  abandonnent  une 
certaine  quantité  de  chaux,  et  donnent 
naissance  à  du  i)hosphate  acide  de 
chaux  (t7). 

AI.  Landerer  a  trouvé  également  de 
l'acide  chlorliydrique  libre,  et  faisant 
effervescence  avec  le  carbonate  de 
chaux  ,  dans  le  suc  gastrique  d'un 
Chacal.  Il  y  a  reconnu  aussi  la  pré- 
sence d'une  certaine  quantité  de  phos- 
phate acido  de  chaux  (c) . 

(1)  L'existence  de  l'acide  butyrique 
dans  le  suc  gastrique  a  été  constatée 
deux  fois  chez  le  Cbeval  par  Tiedc- 
inann  et  Gmelln  (/"). 

AI.  Enderlin  a  trouvé  aussi  ce  prin- 


(n)  BIoïKllol.  XouveUes  reclierclu's  cldmiqtws  sur  la  nature  et  l'origine  du  vrincipe  acide  qui 
domine  dans  k  suc  gastrique,  1851  (extr.  des  Mém.  de  la  Société  des  sciences,  lettres  et  arts  de 
Nancy). 

(b)  Voyez  Loiiget,  Traité  de  plnjsiohujie,  t.  I,  3°  partie,  p.  198. 

(c)  Bidder  et  Sclimidi,  Ueber  die  Verdauungssàfte,  p.  ii. 

(d)  Voyez  Alplionse  Milne  Edwards,  Études  chimiques  sur  les  os  [Anu.des  sciences  nat., 
4"  série,  1800.  t.  XIII,  p.  159  et  siiiv.). 

{e}  Voyez  Buchner's  Repcrtorium,  t.  VIII,  p.  3  4^. 

(/")  Ticdcinaiiii  et  Gmcliii,  Rcch.  sur  il  digestion,  t.  1,  p.  Ilj'7. 


30  DIGKSTIUN. 

lactique  libre  ou  faiblement  uni  à  des  matières  animales,  que 
ce  liquide  doit  son  acidité.  11  est  vrai  que  les  expériences  sur 
les(iuelles  la  plupart  des  chimistes  se  sont  fondés  pour  admettre 
l'existence  du  premier  de  ces  corps,  ne  sont  pas  complètement 
probantes,  car  elles  ont  été  faites  à  chaud,  et  Ion  sait  que  le 
chlorure  de  sodium,  en  présence  de  l'acide  lactique,  peut  dans 
ces  circonstances  donner  naissance  à  de  l'acide  chlorhydrique 
libre  (1).  Mais  toute  incertitude  me  j)araît  avoir  été  levée  [lar 
les  recherches  récentes  de  M.  Lehmaim.  En  effet,  ce  chimiste 
a  constaté  que  si  l'on  dessèche  à  froid  et  dans  le  vide  du  suc 
gastrique  normal,  il  s'en  dégage  de  Tacide  chlorhydrique  (pie 
l'on  peut  recueillir  et  doser,  mais  le  résidu  est  encore  acide  et 
foiuTiil  àl'aualyseune  quantilé  considérable  d'acide lactique(2;. 


cipe  ininu'dial  dans  I(îs  inatuTcs  ex- 
traites de  Testomac  d'un  supplicié  (a). 
L'opinion  émise  par  quelques  clii- 
niistes  au  sujet  de  l'existence  de  l'acide 
acétique  dans  le  suc  gastrique  est  née 
d'une  erreiu'  coniniise  par  'IMedeniann 
et  Ginelin,  qui  crurent  devoir  ne  pas 
dislingîucr  de  ce  corps  l'acide  lactique, 
cl  (pii,  en  conséquence,  appelèreiu  ce 
dernier  aride  acétique  (h).  I/absencc 
de  Facide  acétique  proprement  dit 
dans  le  suc  gastri(|ue  a  été  constatée 
cliez  divers  Animaux,  ainsi  (juc  chez 
rildumif  ((). Les rechercliesde  MM.  Ber- 
nard et  r>arrt's\vil  tendent  égalemeni 
à  éiai)lir  (|u'il  n'existe  pas  d'acide 
acétique  dans  !<•  suc  gastrique  du 
Chien  {ri). 

(1)  MM.  Jîernard  cl  lîarreswii,  en 


distillant  de  Teau  acidulée  par  l'acide 
lactique  et  tenant  en  dissolution  du 
chlorure  de  sodium,  virent  qu'à  la  fin 
de  Topérationil  se  dégageait  de  l'acide 
chlorli^drique.  Ces  auteurs  s"appuient 
sur  cette  expérience  et  sur  quelques 
autres  réactions  pour  établir  que  l'acide 
chlorhydrique  libre  ne  préexiste  pas 
dans  le  suc  gastrique,  et  s'y  produit 
pendant  les  opérations  pratiquées  par 
les  chimistes  pour  le  mettre  en  évidence. 
Ainsi,  ils  ont  constaté  que  l'acide  oxa- 
licpie,  ajouté  en  petite  quantité  au  suc 
gastrique,  tonne  un  précipité  d'oxa- 
iate  de  chaux,  précipité  qui  ne  se 
montre  pas  dans  une  dissolution  de 
chlorure  de  calcium  aiguisée  par  2  mil- 
lièmes d'acide  chlorii>dri(|ue  (c). 
('2)     Dans    six   expériences   de    ce 


(a)  Enderlin,   Ueber  die  Sâuren  des  Maijenmfles  [Am.  der  Chimie  und  l'Iuirmacie,  1843, 
l.  XIA'I,  p.  Ii2). 

(6)  Tiuiieuiann  et  Omelin,  liech.  sur  la  digestion,  i.  I,  \'.  167. 

(c)  Einleilin,  Op.  cil.  [Ann.  der  Chfinie  uiid  Pharmacie,  1.  XI.Vl,  p.  123). 

(d)  Uemard  et  Barreswil,  Sur  tes  phcnnmcnes  chimiques  de  la  digeslwn  {Couiptrs  reudus  de 
l'Acad.  des  sciences,  1844,  t.  XIX,  p.  1285J. 

(c)  Bernant  et  Hancswil,    Op.  cit.  (Comptes  rendus  de   L'Acad.  des   sciences,  18 i4,   I.  Xt.\, 
p.  128(i). 


COMPOSITION    DU    SUC    GASTKIUUK.  ol 

Du  reste,  il  est  probable  que  la  proportion  de  ces  acides  est 
variable  suivant  les  espèces,  les  individus  et  menrie  les  condi- 
tions physiologiques  dans  lesquelles  ceux-ci  se  trouvent  (1). 

La  présence  d'une  faible  proportion  d'acide  chlorhydri(iue 
libre  dans  le  suc  gastrique  a  été  considérée  par  quelques  pliy- 
siologistes  comme  pouvant  expliquer  les  propriétés  digestives 


genre,  M.  Lehmann  recueillit  de  l'a- 
cide chlorhydrique  dans  la  propor- 
tion de  0,098  à  0,132  pour  100  de  suc 
gastrique ,  et  dans  le  résidu  il  trouva 
de  l'acide  lactique  dans  la  proportion 
de  0,320  à  0,583  pour  100  (a). 

D'autres  reclierclies  faites  par 
MM.  Biddcr  et  SchmidI  tendent  à 
prouver  que  la  proporUon  d'acide 
chlorhydrique  est  au  contraire  beau- 
coup plus  considérable  que  celle  de 
l'acide  lactique.  La  méthode  suivie 
par  ces  auteurs  consiste  à  doser,  au 
moyen  de  l'azotate  d'argenl,  la  quan- 
tité de  chlore  existant  dans  une  cer- 
taine quantité  de  suc  gastrique  ;  puis, 
après  avoir  séparé  l'argent  en  excès,  à 
calciner  le  résidu  solide  laissé  par 
l'évaporation  du  liquide,  et  à  déter- 
miner le  poids  de  chacune  des  bases 
qui  s'y  trouvent  en  liberté  ;  enfin,  à 
calculer,  d'après  des  données,  la  quan- 
tité d'acide  chlorhydrique  qui  devait 
se  trouver  à  l'état  de  liberté  dans  l'hu- 
meur examinée,  et  à  comparer  cette 
quantité  avec  l'équivalent  de  la  quan- 
tité de  potasse  ou  de  toute  autre  base 
nécessaire  pour  saturer  cet  excès 
d'acide  dans  une  autre  portion  du 
même  liquide.  En  procédant  ainsi, 
on  trouva  que  la  quantité  d'acide 
chlorhydrique  déterminée  de  la  sorte 


était,  à  peu  de  chose  près,  suffisante 
pour  saturer  à  la  fois  les  bases  préexis- 
tantes dans  le  liquide  et  celles  ajoutées 
à  celui-ci  afin  de  le  rendre  neutre,  et 
il  en  conclut  que  si  le  suc  gastrique 
ainsi  analysé  contenait  quelque  autre 
acide  libre,  tel  que  de  l'acide  lactique, 
celui-ci  ne  pouvait  s'y  trouver  qu'en 
très  faible  proportion.  Alais  ce  mode 
d'analyse  est  tellement  compliqué,  que 
je  n'oserais  avoir  grande  confiance 
dans  les  résultats  numériques  qu'elle 
fournit.  J'ajouterai  cependant  que 
dans  les  dix-huit  expériences  faites  sur 
des  Chiens,  Al  M.  lîidder  et  Schmidt 
n'ont  trouvé  dans  le  suc  gastrique 
aucune  trace  d'acide  lactique  ou  d'au- 
cun autre  acide  organique;  mais  ils 
ont  trouvé  que  chez  les  Herbivores 
l'acide  chlorhydrique  libre  était  accom- 
pagné de  petites  quantités  d'acide  lac- 
tique (6). 

(i)  Peut-être  faut-il  attribuer  à 
celte  cause  la  discordance  des  opinions 
au  sujet  de  l'existence  de  l'acide  lac- 
tique dans  le  suc  gastrique.  J'ai  déjà 
dit  que  la  présence  de  cette  substance 
y  avait  été  signalée  par  Macquarl, 
M.  Chcvreul,  Leuret  et  Lassaigne, 
:MM.  Bernard  et  Barreswil,  M.  Leh- 
mann et  quelques  autres  auteurs 
i  page  25). 


(a)  Lelimaiiii,  Lehrbuch  der  phijswlogischen  Chemii-,  1853,  t.  I,  p.  101,  et  t.  H,  p.  38. 
(bj  BidJei'  et  Sclimidl,  Die  Yerdauun<jssdlte  und  der  Sto/fwechsel,  iSb^,  p.  44  et  suiv. 


de  ce  liquide,  car  on  a  constaté  (|ue  de  Tean  aiguisée  par  cet 
acide  ramollit  la  chair  nuisculaire,  et  semble  même  la  dis- 
soudre (1).  Mais  on  n'a  pas  lardé  à  reconnaître  que  le  suc 
gastrique  exerce  sur  les  aliments  une  action  que  n'a  pas  l'acide 
chlorliy(lri(iiie  dilué,  et  que  si  les  acides  qu'il  contient  sont  né- 
cessaires à  raccoinplissement  de  ses  fonctions,  il  doit  prin- 
cipalement son  pouvoir  digeslit'à  un  autre  princi[»e. 
Découverte        ^  9.  — La  découvcrle  de  cet  agent  digestif  ne  date  que  d'envi- 

de  la  pepsine.  *  ^ 

ron  vingt-cinq  ans.  On  savait  depuis  longtemps  que  la  .matière 
contenue  dans  l'estomac  des  jeunes  Veaux,  et  appelée  présure, 
a  la  faculté  de  cailler  le  lait  (2\  et  les  expériences  de  Spallan- 


(1)  En  18^i'->,  .MM.  Boiirliind;.(  ot 
Sandras  publieront  dos  oxpôrionces 
intéressantes  sur  ce  sujet.  Ils  virent 
que  si  l'on  plonge,  soit  un  muscle,  soii 
de  la  fibrine  extraito  du  sang  dans  do 
l'eau  contonaiil  environ  ,;„i  d'acidi* 
clilorliydriquo,  une  portion  de  cette 
matière  se  dissout  dans  le  liquide,  ot 
celui-ci  se  prend  en  gelée.  Ils  s'aj)- 
puyèrenl  sur  cette  observation  pour 
expliquer  on  partie  les  ))bonomènos 
de  la  difioslion  stomacale,  ol  altribucr 
à  Tacide  clilorbydrique  du  suc  gastri- 
que le  rôle  d'agent  dissolvant  :  mais 
ils  constatèrent  en  même  tom|)s  (pio  la 
cbair  cuite  ne  se  laisse  pas  allaquerdo 
la  sorte  {a). 

(2)  En  économie  rurale,  on  fait 
usage  de  la  présure  pour  déterminer 
la  coagulation  du  lait  destiné  à  la  fa- 
brication du  fromage,  ol  l'on  sait  (pi'il 
suffit  d'un  poids  très  minime  de  celte 
substance  pour  cailler  une  (|uanlilé 
très  considérable  de  ce  liquide. 


^\.  Liebig  allribuola  coagulation  du 
lait  par  la  présure  au  développement 
d'une  petite  quantité  d'acide  lactique 
aux  dépens  du  sucre  de  lait,  sous  l'in- 
fluence de  la  matière  organique  de  la 
membrane  gastrique  en  voie  do  décom- 
position, et  à  la  neutralisation  sub.sé- 
quente  de  l'alcali  libre  ou  du  phos- 
pbato  alcalin  dont  dépondrait  la  solu- 
bilité du  caséum  (6).  ^lais  les  expérien- 
ces de  M.  Descbamps  ont  fait  voir  que 
ce  pliiMiomène  peut  se  produire  indé- 
pendamment de  l'aclion  d'un  acide  : 
ainsi  la  pepsine  détermine  cette  coa- 
gulation môme  en  présence  d'un 
excès  d'alcali  (r).  Los  rochercbos  de 
^1.  Selmi  contredisent  aussi  la  tbéoric 
do  M.  Liebig  {(I). 

Il  est,  du  reste,  à  noter  que,  si  la 
pepsine  neutre  coagule  le  caséum, 
c'est  seulement  (piand  ce  principe  est 
associé  à  un  acide,  (ju'il  peut  ramoner 
cette  substance  alimentaire  à  l'état 
soluble. 


(h)  Boiiiliarilal  cl  Sandras,  Itechi'irhes  .«((c  la  dujeslion  (.\nn.  des  sciences  nal.,  2*  série,  184:2, 
1.  Wlll,  |i.  2-28  et  suiv.—  Annuaire  de  Ihcraiieuliquc  pdur  1843,  p.  27  I). 

(/))  Licbifj,  Lettres  sur  la  cliimic,  Irad.  par  ("lerhardl,  p.  tS^. 

(tj  Ucsciianips,  De  la  présure  {Journal  de  pharmacie,  1840,  t.  XXVI,  y.  413). 

((/)  Soliiii,  Ikchfrch.es  sur  l'action  de  ta  présure  dans  la  coagulation  du  lait  {Journal  de  pliur- 
viofie,  etc.,  3'  série,  l84Ci,  i.  1\,  p.  i06). 


COMPOSITION    DU    SUC    GASTRIQUE.  33 

zani  avaient  lait  voir  {[u'une  substance  jouissant  do  la  même 
propriété  peut  être  extraite  directement  des  parois  de  l'estomac 
de  beaucoup  d'Animaux  par  l'action  de  l'eau  (1).  L'espèce  de 
présure  ainsi  préparée  ne  détermine  pas  dans  les  aliments 
les  cbangements  que  le  suc  gastrique  y  produit,  elles  pbysio- 
logistes  ne  s'en  occupèrent  que  peu;  mais  en  183/i  M.  Eberle 
(deWurtzbourg)trouvaque  si  l'on  traite  la  membrane  interne  de 
l'estomac  par  de  l'eau  faiblement  acidulée,  on  obtient  un  liquide 
plus  puissant  qui  agit  sur  la  viande  et  sur  les  autres  aliments  à 
la  manière  du  suc  gastrique  naturel,  qui  en  opère  la  digestion 
comme  le  fait  cette  bumeur,  et  (jui  mérite  pleinement  le  nom 
de  suc  gastrique  artificiel  (2).  Peu  de  temps  après,  J.  Millier 


(1)  On  savait  que  la  tunique  interne 
de  l'estomac  d'une  Poule,  ou  de  tout 
autre  Oiseau  de  basse-cour,  peut  être 
substituée  à  la  présure,  et  que  l'eau 
dans  laquelle  on  a  fait  tremper  ces 
membranes  ])eut  aussi  faire  cailler  le 
lait.  Spalianzani  prépara  cette  sorte 
de  présure  artificielle  avec  l'estomac 
de  divers  Mammifères,  ixeptiles  et 
Poissons,  aussi  bien  qu'avec  celui  d'un 
grand  nombre  d'Oiseaux  {a). 

Young  lit  aussi  quelques  recbercbes 
sur  la  présure,  et  reconnut  que  l'eau 
dans  laquelle  on  a  fait  infuser  un  frag- 
ment de  la  tunique  interne  de  l'esto- 
mac, dont  le  poids  ne  s'élève  pas  à  un 
demi-granuue,  suffit  pour  faire  coagu- 
ler plus  de  o  kilogrammes  de  lait  (6). 
Des  expériences  analogues  ont  été 
faites  aussi  par  l'^ordyce,  vers  la  fm  du 
siècle  dernier  (c). 

En  1813,    Evrard    Uonic  reconnut 


que  chez  tous  les  Animaux  soumis  à 
ses  recherches ,  une  des  propriétés 
caractéristiques  du  suc  gastrique  était 
l'action  coagulante  que  ce  liquide 
exerce  sur  le  lait  (d). 

(2)  Les  expériences  d'Eberle  furent 
faites  d'abord   avec  le  mucus  qui  se 
détache  des  parois  de  l'estomac  et  qui 
entoure  souvent  la  masse  alimentaire 
poidant  les   premiers    temps   de    la 
digestion.   Il  reconnut  que  ce  mucus 
acidifié  peut  déterminer  des  digestions 
artificielles,  à  la  manière  du  suc  gas- 
trique naturel  (r).  il  constata  ensuite 
qu'on  peut  o])tenir   un  suc  gastrique 
artificiel   en   faisant   infuser    pendant 
quelques  heures,  dans  de  l'eau  aiguisée 
d'acide  chlorhydrique  ,  des  fragments 
de  la   tunique  interne  de   l'estomac. 
Mais  il  se  trompa  sur  quelques  autres 
points  :  ainsi  il  crut  ])Ouvoir  obtenir  le 
même  produit  en  employant,  au  lieu 


{a)  SpalUinzaiii,  R.vpcrienccs  sur  la  digestion,  1783,  p.  294. 
(b)  Voyez  'riii>iii]isiin,  Systàne  de  chimie,  Irail.  par  Rillaull,  181S,  t.  IV',  p.  Oi'iS. 
(f)  Foidyce,  A  Treatise  on  the  IHgestion  offood,  1791,  p.  57. 

((/)  E.  Home,   Expevim.    lo  as  certain  the  eoagulatinr\  l'ower  of  llie  Serrelion  of  Ihe  Castri- 
Glands  (Philos.  Trans.,  1813,  p.  90i. 
(e)  Ebei'lo,  Phyinloqii'  der  Verdnining,  ISfii,  p.  80  cl  Miiv. 

VII.  3 


oh  DIGFSTION. 

et  Schwann  confirmèrent  tout  ce  (jiii  est  essentiel  dans  les 
recherches  d'Eberle  (1),  et  Schwann  y  ajouta  un  fait  impor- 
tant. En  effet,  il  fit  voir  qu'il  existe  dans  le  liquide  digestif 
ainsi  préparé  artificiellement  un  principe  actif  auquel  il  a  donné 
le  nom  de  pepsine  (2),  principe  qui  peut  en  être  précipité 
sans  rien  perdre  de  ses  j)ropriétés,  car,  rendu  de  nouveau 
solnble  et  repris  par  de  l'eau  acidulée ,  il  reconstitue  du 
suc  gastrique  apte  à  effectuer  des  digestions  ■artificielles  (3). 


do   In  muqiieuso  u;astiiquo,  du  imicus 
quelconque. 

MM.  Purkinje  <ïl  l'api)enlieirn  assu- 
rent avoir  obtenu  aussi  un  liquide 
digestif  en  faisant  infuser  dans  de 
l'eau  acidulée,  soit  la  inenibiane  nni- 
queuse  intestinale,  soit  la  substance 
du  pancréas  (a),  et  M.  Ernest  Burdach 
annonça  avoir  i)réparé  un  produit 
analogue  en  employant,  au  lieu  de  la 
tunique  do  Pestoniac ,  des  fragments 
de  la  membraiio  nuiqueuse  de  la  tra- 
chée, de  la  vessie  urinaire,  du  péri- 
carde, des  muscles  etc.  (b)  •  mais  la 
plupart  do  ces  résultats  ont  été  infir- 
més par  les  rocberclios  plus  récenles 
de  beaucoup  d'autres  physiologistes. 

Pour  préparer  le  suc  gastrique  arti- 
ficiel, AI.  Lehmann  conseille  remploi 
du  ])rocétlé  suivant.  Ou  lave  biou  Tos- 
tomac  d'un  C.oi  bon  réciuimeut  tué, 
et  Ton  en  détache  par  la  disscclion  des 
portions  de  la  membrane  nuiqueuse 
prises  sur  les  parties  où  les  glandules 
pepsi(|iies  soiit  on  plus  grand  nombre  . 
ou  soumoi  ces  mombranos  à  raclion 
de  l'eau  distillée  pt  ndant  une  heure  ou 


deux,  puis  avec  un  scalpel  on  en  racle 
doucement  la  surface  libre  de  façon  à 
enlever  la  couche  de  substance  mu- 
queuse grisâtre  qui  s'y  montre.  Ce 
produit  est  mis  en  infusion  dans  de 
l'eau  distillée  pendaiu  deux  ou  trois 
heures  et  souvent  agité  ;  enfin,  on 
ajoute  au  liquide  un  peu  d'acide  chlor- 
hydrique,etron  élève  la  température  à 
environ  06  degrés  pendant  une  demi- 
heure.  Le  tout  est  alors  jeté  sur  un 
filtre,  et  la  dissolution  de  pepsine  qui 
passe  est  assez  limpide  et  presque  inco- 
lore, quoique  impure  (c). 

(1)  Dans  un  premier  travail  , 
Schwann  et  Millier  s'aj)pliquèrent  prin- 
cipalement à  établir  (pie  le  suc  gas- 
trique artificiel  est  aplo  à  opérer  la 
digestion  des  aliments  albuminoïdes, 
«'t  que,  pour  le  préparer,  il  faut  em- 
l)loy('r  les  tuniques  de  rostomac,  tan- 
dis qu'avec  le  mucus  ordinaire  on  n'en 
obtient  pas  (d). 

('2)  De  îr34"?5  coctioh  ou  digestion. 

(o)  Schwann  reconnut  que  la  ma- 
li»'re  active  du  suc  gastrique  arliliciel 
peut  être  précipitée  par  l'acétate  de 


(0)  l'iukinjc  L'i  Papprnlieim,  Uebtr  Yerdammo  (Froriep's  Notizen,  4  836,  l.  L,  p.  2H). 

(b)  Viiycz  lliii(l:icli,  fruih' de  i>hysiologie.  luut.  par  J<;iiiil;iii,  MX,  |i.  'Ml  ti  sniv. 

(c)  I  tliiiiiitiii,   Uebtr  dan    VcrdauuiKjtproctss    bclrc/feiidc    quantittitivc  Vtvhiïttnisse  [Bcriclil 
■bbei'  die  \'ci-)i(nidluu(jeii  dcr  Cesellsdinll  dir  W'issciischallfn  s»  Lfijauj,  1840,  p.  10). 

((/)J.   Millier   cl  Tli.  Schwann,    Ve<sucht  iibev  die    kunslluhe    Verdaunng  des    geronnenen 
Kiui'isses  {Mullor';;  Archiv  fur  Aiict.  inid  Physiol.,  1830,  p.  (K)). 


COMPOSITION    J)V    SIC    GASlUlQUE.  o5 

Enfin,  lesdéeouvertesd'Eberle,  deiMiilleret  de  Sclmanii  furent 
complétées  par  Wasmann,  qni  parvint  à  mieux  isolerla  pepsine. 
D'autres  eiiimistes,  parmi  lesquels  je  citerai  M.  ^liallie,  sont 
venus  ensuite  perfectionner  le  mode  d'extraction  de  ce  prin- 
cipe et  en  mieux  étudier  les  propriétés  (1).  Entin  on  a  beau- 
coup multiplié  les  expériences  de  digestions  artificielles  opé- 
rées à  l'aide  d'un  suc  gastrique  fabriqué  de  toutes  pièces 
dans  nos  laboratoires,  et  l'on  est  arrivé  môme  à  employer 
cette  substance  comme  médicament,  pour  suppléer  à  l'insuf- 
fisance de  la  sécrétion  pepsique  dans  certains  étals  maladifs 
de  l'estomac  (2). 

plomb,  et  que  le  précipité  ainsi  ob-  mercure,  et  qu'en  réalité  cette  précipi- 

tenu,  après  avoir  été  séparé  par  filtra-  tation  ne  peut  avoir  lieu  (h).   Mais  si 

tion   et    convenablement    lavé  ,    puis  M.  Blondlot  avait  consulté  le  mémoire 

addilionné  d'un  peu  d'acide  chlorhy-  de  Schwann,  il  aurait  vu   que  l'expé- 

drique,  peut  être  décomposé  par  de  rience  de  ce  physiologiste  a   été  faite 

l'acide    sult'hydrique,  qui  forme  avec  avec  de  l'acélate  de  plomb,  et  que  c'est 

le  plomb  un  sulfure  insoluble  et  met  tliéoriquemcnl  que  cet  auteur  conseille 

en  liberté  la  pepsine.  Ce  physiologiste  l'emploi  du  sublimé  corrosif  (c). 
reconstitua  ainsi  un  liquide  digestif,  (1)  Parmi  les  physiologistes  {cl)  qui 

et,   sans   avoir   isolé   la   pepsine,    il  ont  écrit  sur  ce  sujet  après  la  publica- 

montra  que  c'est  à  une  matière  parti-  tion  des  travaux  d'Eberle,  deSclnvann 

culière  que  le  suc  gastrique  doit  ses  et  de  Wasmann,  il  faut  citer  en  prc- 

propriétés  (a).   Ses  droils  à  cette  dé-  mière  ligne  .MM.  Pappenheim,  Valen- 

couverte  ont  été  contestés  par  M.  Bien-  tin,  Elsiisser,  Lehmann  et  Mialile  (e). 
dlot,  parce    que  dans  l'ouvrage    de  (2)  C'est  principalement  M.  L.  Gor- 

Burdach  il  est  cht  que  Schwann  prî-  visart   qui    a    appelé   l'attention    des 

para  la  pepsine  en  la  précipitant  du  médecins   sur  l'emploi  thérapeutique 

suc  gastrique  par   le   bichlorure  de  de  la  pepsine  (/"). 

(a)  Th.  Schwann,  Ueber  das  Wesen  des  Verdainmgsprocesses  (Mullei's  Archlv  fur  Anal,   und 
PhysioL,  1836,  p.  90  et  siiiv.). 
(6)  Blonillot,  Traité  analytique  de  la  digestion,  p.  309. 

(c)  Schwann,  Op.  cit.  (Mnller's  Archiv,  )83U,  p.  t'2G). 

(d)  Wasmann,  De  digeslione  nonmdla,  dissoit.  inan-.  Berolini,  1839. 

(e)  Pappenheim,  Zur  Kenntniss  der  Verdauung.  Breslaw,  1839. 

—  Valenlin,  Repertorium,  1. 1,  p.  46  ;  1.  Il,  p.  200  ;  et  I^roricp's  Noiizen,  t.  L,  p.  2H. 

—  Elsasseï-,  Mayeneriveichung  der  Saiiglinge.  Stultgard,  1840. 

—  Lehmann,  Oi<.  cit.  [Bericht  ûher  die  Verhandl.  der  Gesellsch.  der  n'issensch.   zu   Leipzig. 
1849,  p.  8).  . 

—  Mialhc,  Mém.  sur  la  digestion  et  Vas.Hmllation  des  matières  aUniminoides,  in-8,  18-i./.  — 
Chimie  appliquée  à  la  physiologie  et  à  la  thcrapeutlque,  185G,  p.  99  et  smv.) 

(/■)  L.  Corvisart,  Mémoire  sur  les  aliments  et  sur  les  nutriments.  1854,  in-8.  —  Dyspepsie  et 
consomption,  etc.,  in-8,  1854.  —  Sur  les  effets  physiologiques  et  thérapeutiques  de  la  pepsine, 

—  Mialhe  et  Pressât,  De  la  i)epsine  et  de  ses  propriétés  digestives,  in-8,  1  800. 


Propriétés 
cliiuiiqucs 

de  la 
pflp«ine. 


3Ô  DIGESTION. 

§  iO. —  La  popsine,  que  ((uelques  cliimisles  ont  désignée 
sous  les  noms  (le  gastérase  ou  de  cinjmosine  (1),  est  une  matière 
organique  riche  en  azote,  qui,  à  l'état  solide,  est  blanebàire  et 
amorphe,  qui  est  susce|»lihle  de  se  dissoudre  dans  beaucoup 
d'eau,  mais  qui  est  insoluble  dans  l'alcool  absolu;  elle  ne  se 
eoagtde  pas  quand  on  la  fait  chautïer,  maisTébullition  l'altère 
au  point  de  la  rendre  inaelive  (2).  Elle  peut  se  combiner  avec 
divers  réactifs  sans  éprouver  aucun  changement  fondamental 
dans  sa  constitution,  mais  elle  est  profondément  modiliée  par 
l'aclion  d'autres  agents  chimiques  :  ainsi,  quand  elle  a  été  pré- 
cipitée |)ar  la  potasse,  elle  perd  son  pouvoir  digestif;  mais  elle 
forme,  avec  l'acétate  de  plomb  et  quelques  autres  sels,  des  com- 
posés insolubles  dont  on  peut  l'extraire  avec  toutes  ses  pro- 


(1)  M.  Payeii,  .'lyanl  clierclié  inuii- 
lenient  à  rt-péler  les  oxpéiiences  de 
Sclnvanii  cl  Miillor  sur  la  di^oslioii 
arliliciellc  au  UKiyoïi  du  li(nii(l(' oIjUmiu 
en  faisant  infuser  les  parois  de  l'esK»- 
niac  dans  de  Teau  aiguisée  d'acide 
rldoilixdrique,  chercha  à  isoler  le  prin- 
cipe actif  du  suc  iïaslri(|ue  naturel,  et 
y  parxint  facilenienl.  A  cette  (tccasion, 
il  proposa  de  suhstituer  le  nom  de 
(jastérase  à  celui  de  pcp.siiw,  mais  ce 
cliangemenl  ifa  pas  t'-lt'  adoplé  {a). 

M.  Dfsclianips  (d'Avallon)  ,  (|ui  a 
extrait  cette  substance  de  la  présure, 
tt  en  a  fait  l'objet  de  nouvelles  éludes, 
l'a  api)elé('  chymosine,  parce  (ju'elle 
inlervient  dans  lu  clnmilicalion  et  ne 
(ié'UMiiiiue  pas  la  lolalilé-  des  pbéiui- 
niènes  de    la  dif^cslion  (/*). 

(•-')  OueUpies  auteurs  nvaieni  pensé 


que  la  pepsine  se  coagule  par  l'é^bulii  - 
tion  ;  mais  M.  Frerichs  a  fait  voir  que 
c'est  l'albumine,  avec  laquelle  ce  prin- 
cipe se  trouve  souvent  mêlé,  qui  seule 
éprouve  ce  changement  d'état,  et  que 
la  pepsine  convenablement  purifiée 
reste  soluble  après  avoir  été  exposée  à 
la  lempéralure  de  100  degrés  (r).  Du 
reste,  celte  substance  perd  irrévoca- 
blement ses  |)ropriélésdigestives,  non- 
seulement  par  l'ellet  de  l'ébuUition, 
ainsi  que  l'avait  constaté  Schvvann  (cl), 
mais  même  par  l'aclion  d'une  tempé- 
rature ()ui  ne  dépasse  (jue  de  peu /jO  de- 
grés. M.  IMondlol  s'en  est  assuré,  et 
ce  physiologiste  a  constaté  égaleiuent 
que  la  congélation  du  li(piide  dans  le- 
quel cri  agent  se  trouve  en  dissolution 
n'en  déiruit  |)as  la  jMiissance  diges- 
tivc  (e). 


(rt)  l'.ivon,  .Vi//(.'  sur  le  ]  t'incipe  actif  du  sue  gastrique  [('.amples  rendus  de  IWcad.  des  sciences, 
18*;t,  i.Wn,  11.  C54).  —  Journal  dt  cliimie  mt'dirale,  184:1,  I.  IX,  p.  2CI. 
(/))  OcMliiiinps,  De,  la  pv('sure  i.lnurnal  de  pharmacie,  tSiO,  t.  NXVI,  p.  412). 
(O  l''r<'ii(lis,  :iil.  \  KiuiAriNC.  (Wiijïiit'i's  llandiriiricriiiuh  dcr  l'hysioloijie,  t.    III,  p.  7^5). 
(rf)  Scli\v:iiiii,  Op.  cit.  (Miillfi's  .\rchiv  liir  Anat.  viid  Vliysioloijie ,  1S3(;,  p.  !)0). 
[e)  UIi'ikIIhI,  Truite  analulique  de  la  diyettiiDi ,  y,  'j:>S. 


o; 


COMI'OSmo.N    I)L    SIC    GAbTlUQLE. 

prietés  primitives  (I).  Enlîii  elle  l'orme,  avce  l.'i  ]»liip;irl  des 
neides,  des  composés  très  solubles  (2),  et  c'est  à  cet  état  seule- 
ment qu'elle  détermine  sur  les  aliments  les  elTets  caractéi'is- 
tiques  de  la  digestion.  La  pepsine,  comme  on  le  voit,  a  beau- 
coup d'analogie  avec  l'albumine,  et  il  est  probable  qu'elle  appar- 
tient à  la  même  famille  de  principes  inmiédiats  ;  mais  elle  se 
distingue  de  celte  substance  par  {tlusieurs  caractères  :  par 
exemple,  en  cequ'elle  n'est  pas  préci[)itée  de  ses  dissolutions  par 
le  cyanoferrure  de  potassium  (o).  La  pepsine  diffère  d'ailleurs 
de  toutes  les  autres  substances  albnminoïdes  ordinaires  par 
son  action  sur  le  caséum  soluble,  dont  elle  détermine  la 
coagulation  quand  elle  est  à  l'état  neutre,  aussi  bien  qu'en  pré- 
sence d'un  acide.  Jusqu'ica  on  ne  l'a  pas  obtenue  dans  un  état 
de  pureté  assez  juniaite  pour  pouvoir  en  taire  une  analyse 
satisfaisante  (/i),  et  il  reste  beaucoup  d'incertitude  au  sujet  de 


(1)  Le  mode  de  préparation  de  la 
pepsine  qui  est  communément  em- 
ployé aujourd'hui  repose  sur  cette 
propriété.  On  lave  des  fragments  de 
l'estomac  d'un  Porc,  puis  on  les  fait 
infuser  dans  de  l'eau  jusqu'à  ce  que  la 
putréfaclion  soit  près  de  se  manifester; 
on  filtre  le  liquide,  et  on  le  précipite 
par  de  Tacétate  de  plomb.  Le  précipité, 
contenant  un  composé  d'oxyde  de  plomb 
et  de  pepsine,  ainsi  que  de  l'albumine, 
est  ensuite  lavé  et  traité  par  l'acide 
sulfhydrique,  qui  forme  avec  le  plomb 
un  sulfure  insoluble  et  met  en  liberté 
la  pepsine.  On  reprend  cette  dernière 
substance  par  l'eau,  puis  on  la  préci- 
pite au  moyen  de  l'alcool  anhydre; 
on  filtre,  et  l'on  recommence  à  deux 
ou  trois  reprises  ces  deux  dernières 
opérations  ,    afin    de  séparer   de    la 


pepsine  les  petites  quantités  d'acide 
acétique  et  d'autres  corps  étrangers 
qui  y  étaient  unis.  La  poudre  blanche 
ainsi  obtenue  est  neutre. 

(2)  La  pcpsini'  est  précipitée  par 
l'acide  tannique  («). 

(o)  il  est  aussi  à  remarquer  que  la 
pepsine  précipitée  de  sa  dissolution 
aqueuse  par  l'alcool  anhydre  conserve 
sa  solubilité  dans  l'eau,  tandis  que  l'al- 
bumine coagulée  de  la  sorte  devient 
insoluble. 

Cl)  En  18Û2,  Vogel  fit  l'analyse  élé- 
mentaire de  la  pepsine  telle  qu'il 
Tavail  extraite  du  suc  gastrique  arti  • 
ficiel,  et  y  trouva  pour  100  par.ies  : 
57,72  de  carbone,  5,65  d'hydrogène, 
21,09  d'azote  et  15,62  d'oxygène  (h). 
Mais  la  matière  enq)!oyée  par  ce  chi- 
miste était  trop  inq)arL'  pour  que  l'on 


(a)  Lclimaiiii,  Lelirbudi    der  phys'wloij'ischtn  Chcmie ,  t.  II,  p.  42. 

(6)  Vogel  fils,  Notice  sur  la  pepsine  [Journil  de  pharmacie,  notiv.    série,  1S42,  t   11,  p.  27(3). 


Propriétés 
digeslivt's 

de  la 
pepsine. 


58  DIGESTION. 

sa  nature  chimique  (1);  mais  ses  propriétés  pliysiologiques  sont 
des  plus  remarquables  et  ont  donné  lieu  à  beaucoup  d'obser- 
vations intéressantes. 

Ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  la  pepsine  à  l'état  neutre  ne  jouit 
d'aucune  propriété  digeslive;  mais  lorsqu'elle  est  combinée 
avec  un  acide  en  excès,  elle  agit  sur  les  aliments  à  la  manière 
du  suc  gastrirpie  naturel.  Pres(pie  tous  les  acides  sont  suscepti- 
bles de  donner  à  cette  substance  le  pouvoir  dissolvant  (jui  en 
faitleprinci|»al  agent  de  la  digestion  stomacale,  mais  c'est  quand 
elle  est  unie  à  l'acide  cblorhydrique  que  son  action  est  la  plus 
forte  i^ .  Or,   c'est  précisément  en   présence  de  ce  dernier 


puisse  avoir  confiance  dans  les  résul- 
tats (le  l'expérience. 

Plus  r«''cemment  ,  M.  Schniidt  (de 
Dorpat)  a  cherché  à  déterminer  la 
composition  élémentaire  de  la  pepsine 
en  analysant  le  précipité  formé  par  le 
hicliloruro  de  mercure  dans  du  suc  gas- 
trique préalablement  traité  par  de  Peau 
de  cliaux  pour  en  séparer  le  piiosphatc 
calcaire,  puis  par  de  Talcool  pour 
enlever  le  chlorure  de  calcium.  En  sui- 
vant ce  procédé,  il  a  été  conduit  à  con- 
sidérer la  pepsine  connue  formée  de  : 
C.  53,0;  11.  0,7;  Az.  17,8;  0.  22,5  (a). 

(1)  M.  Mulder  considère  la  pepsine 
comme  pouvant  dériver  des  matières 
alhumiuoïdi's,  et  prendre  naissance  par 
Tactiou  de  Tiicide  cliiorliydrique  allai- 
l)h  sur  la  légumiue  et  même  les  autres 
aliments  azotés  (li);  mais  M.  liriicke  a 
constaté  que  la  liqueur  préparée  de  la 
sorte  ne  possède  jamais  les  pro))riétés 
du  suc  gastrique  (c). 


(2)  Suivant  M.  Blondlot,  la  pepsine 
jouit  de  la  propriété  digestive  quand  elle 
est  associée  à  un  acide  quelconque  (cl). 
Mais  il  paraît  y  avoir  des  exceptions 
à  cet  égard,  et  il  est  bien  démontré 
que  la  puissance  du  suc  gastrique 
artificiel  n'est  pas  la  même  quand  on 
le  prépare  avec  des  acides  dillerents. 
M.  Valentin  a  depuis  longtemps  si- 
gnalé l'acide  bcnzoïquc  comme  parais- 
sant être  impropre  à  cet  usage  (e),  et, 
d'après  ^1.  Lehmann,  il  en  serait  de 
même  pour  les  acides  phosphoriquc, 
oxalique,  tarlrique  et  succinique  ;  en- 
fin les  acides  sulfureux,  arsénieux  et 
tanniquele  rendent  inactif.  Ce  chimiste 
a  trouvé  que  le  suc  gastrique  artificiel 
acidulé  par  de  l'acide  sulfiuique  ou  de 
l'acide  nitrique  est  extrêmement  faible, 
et  que  c'est  en  présence  des  acides 
cblorhydrique,  lactique  ou  acétique 
<)ue  la  propriété  digeslive  de  la  pepsine 
a    le   plus    de  puissance    (/".    Enfin, 


(«1  liiililer  el  Sclimiill,  Die  ViuulauinniDsàfte,  p.  40. 

(b)  Miil'I'T,  Die  peptonc  i:\>xlnv  dcr  llnUiïiidischen  BeitrUgc  der  Natur  -und  Heilkunde,  1858, 

I.  Il,  p.  D- 

(c)  F;.  Bnickc,  Beilrâge  wr  Lehre  von  der  Verdauung  (Silz-ungsbericlite  derwissensch.  Akad. 
xnWien.,  185'.),  t   XXWII,  p.  150). 

(d)  Blomllnl,  Traité  analytique  de  la  digestion,  p.  3til .  • 

(e)  Viilrnlin,  Ueber  Verdauung  (|i"rorlep's  Sotizen,  l83tj,  i.  L,  p.  -211). 
(/■)  Loiimanii,  Lehrb.  dn-  physinlogisrhen  Chemie.  t,  11,  p.  18. 


1() 


COMPOSITION    DL'    SUC    GASTRIQUE.  O 

corps,  que  la  pepsine  se  trouve  dans  le  suc  gastrique  naturel. 
Il  y  a  quelques  raisons  de  croire  que  la  sécrétion  de  ces  deux 
substances  se  lait  isolément  et  résulte  de  l'action  d'organites  dis- 
tincts (1),  de  sorte  queprobablement  leurs  proportions  relatives 
peuvent  varier,  et  nous  verrons  bientôt  que  cette  circonstance  est 
importante  à  noter.  Mais  c'est  toujours  associée  à  une  certaine 
quantité  d'acide  cblorhydrique  que  la  pepsine,  versée  dans  l'es- 
tomac par  les  parois  de  cet  organe,  arrive  en  contact  avecles  ali- 


M.  Iliihnefelcl  a  étudié  dcinièiement 
d'une  manière  comparative  l'action 
exercée  sur  l'aUjumine  coagulée  par  du 
suc  gastrique  artificiel  préparc  tour  à 
tour  avec  de  Tacide  clilorhydrique,  de 
l'acide  lactique  ou  de  l'acide  acétique, 
et  il  a  trouvé  que  le  premier  était  le 
plus  actif  de  tous,  tandis  que  celui  fait 
avec  l'acide  acétique  était  le  plus  faible 
des  trois  (ci). 

(1)  Une  série  intéressanted'expérien- 
ces,  faites  dernièrement  par  lAl.  Boh- 
dault  en  Belgique,  et  par  M.  Briicke 
à  Vienne ,  tendent  à  établir  que  la 
pepsine  est  à  l'état  neutre  quand  elle  se 
produit  dans  les  glandides  gastriques, 
et  qu'elle  est  pour  ainsi  dire  emmaga- 
sinée dans  cet  état  par  ces  organites, 
pour  être  mise  en  liberté  et  coni])inée 
avec  un  acide  au  moment  où  elle  doit 
être  versée  dans  la  cavité  de  l'esto- 
mac (6).  Ellectivement,  quand,  par 
des  lavages  prolongés ,  les  parois 
de  l'estomac  d'un  Cochon  ou  de  la 
caillette  d'un  Veau  ne  donnent  plus 
aucun  signe  d'acidité,  on  peut  en  re- 
tirer de  la  pepsine  neutre  par  l'action 
de  1  eau  pure,  et  en  employantde  l'acide 
clilorhydrique    étendu ,    on   parvient 


encore  à  en  extraire  des  quantités 
considérables  de  ce  principe.  Les  re- 
cherches de  M.  Briicke  ne  jettent  que 
peu  de  lumière  sur  le  mode  d'origine 
de  l'acide  qui  se  trouve  uni  à  la 
pepsine  quand  le  suc  gastrique  est 
versé  sur  les  aliments  ;  mais  il  me 
paraît  probable  que  c'est  principali- 
mcnl  la  sécrétion  de  cet  acide  qui 
est  provoquée  par  l'action  stimulante 
des  aliments  sur  les  parois  de  l'esto- 
mac, et  que  l'arrivée  de  celte  substance 
dans  l'intérieur  des  glandules  pcpsi- 
ques  est  la  cause  de  l'excrétion  de  la 
pepsine  accumulée  prt'alablement  dans 
les  utricules  pariétales  de  ces  orga- 
nites. ^ 

J'ajouterai  que,  d'après  une  ex- 
périence très  -  intéressante  faite  par 
M.  Cl.  Bernard,  on  serait  disposé  h 
croire  que  l'acide  libre  ne  se  produit  pas 
dans  les  glandes  gastriques,  et  se  ren- 
contre seulement  dans  la  couche  épithé- 
lique  superficielle  de  la  muqueuse  sto- 
macale. En  effet,  ce  physiologiste  ayant 
constaté  que  des  dissolutions  de  lactatc 
de  fer  et  de  ferrocyanure  de  potassium, 
injectées  successivemeutdans  les  veines, 
ne  donnent  pas  naissance  à  du  bleu 


l'a)  Hùhnefeld,  De  albwninis  sitcco  gastrico  faclUio  solubilitate.  Giyphiœ,  1859. 
(6)  Boiidaiilt,  Mémoire  sitr  la  pepsine  {Journal  de  médennc  de  Bruxelles,  décembre  4  856). 
—  E.  Briicke,  Beitrage  iur  Lehre  vuii  der  Yerdauung  (Sitzungsberichte  der  Akademie  der 
Wissenschaften  von  Wien,  1859,  t.  XWVll,  p.  153  et  siiiv). 


l\0  DIGKSTION. 

menls,  et  c'est  par  l'elïcl  de  cette  associalioa  ([u'elle  est  apte  à 
opérer  la  dii^estion.  Ainsi  ragent  qni  détermine  ce  phénomène 
n'est,  à  proprement  |)arler,  ni  la  pepsine,  ni  l'acide  du  suc  gas- 
trique, mais  une  matière  composée  de  ces  deux  corps  unis 
d'une  manière  très  lâche,  il  est  vrai,  mais  bien  évidemment  en 
combinaison  chimi(pie,  [luisque  la  substance  résultant  de  leur 
association  jouit  de  propriétés  que  nc})0ssèdent  ni  l'un  ni  l'auti'c 
de  ces  princijies  quand  ils  sont  seuls.  Quelques  auteurs  ont  cru 
pouvoir  désigner  ce  composé  sous  les  noms  (Y acide 'pepsinhy- 
drochlorique  ou   chlorliydropeptique  (1).  Mais    nous   sommes 


de  l'nisse  pciukml  (urollcs  se  liouvcnl 
dans  le  santî,  dont  la  réaelioncsl  alca- 
line, mais  léagissenl  Tnne  snr  rautie, 
et  donnent  naissance  à  mi  précipité 
ble>i,  (piand  elles  se  trouvent  en  pré- 
sence d"nn    acide  ,    a  clierclié  si  ces 
matières    ne   seraient    pas    excrétées 
par  les  glandnles  de  Festomac,  et  si 
elles  n'indiqueraient  pas  alors  le  lieu 
où  se    produit   l'acide   i;;astri(|ue   par 
le  fait  de  la  formation  d'un   d(''p(3t  de 
l)lcu  de  Pnissc  là  où  elles  rencontre- 
raient cet  agent.  Or,  le  bleu  de  Prusse 
s'est  formé  dans  l'estomac,  mais  ne  se 
trouvait  pas  dans  les  glandules  pepsi- 
ques,  et  s'était  déposé  seulenient  à  la 
surface  de  la  membrane  muqueuse  de 
ce  viscère  {a).  Il  est  cependant  à  noter 
quecliez  les  Oiseaux,  Al.  lîriicke  a  con- 
staté des  indices  de  la  présence  d'iui 
acide  dans  Pi  iiérieur  même  des  glan- 
duics  du  ventricule  succenturié  (/>). 

(1)  M.  Scbmidi  a  présenté,  au  sujet 
de  la  constitution  de  celte  substance 
digeslivc,  des  vues  tliéori(pies  (pii  of- 
frent (le  rinli'rèt,  mais  cpii  ni'siinl  jj.is 
sufllsunnnenl  établies.  Tour  se  renilre 


compte  de  la  transformation  de  la  pep- 
sine ordinaire  en  pepsine  inactive,  telle 
que  la  matière  qui  s'obtient  par  l'ébul- 
lition,  et  que  quelques  pbysiologistes 
ont  appelée  de  la   pepsine  coagulée, 
M.     Scbmidt    considère     la     pepsine 
normale  ou    aciixe  comme  un  acide 
conjugué  composé  de  pepsine  inactive 
dépourvue  de  l'acide  cblorbydriquc,  et 
comparable  à  l'acide  ligno-sulfuriipie, 
qui  est  susceptible  de  former  divers 
composés  salins  sans  éprouver  d'altéra- 
tion,  mais  qui,    à    la  température   de 
100  degrés,  se  dédouble  en  dextrine  et 
en   acide  siilfuri((ue,  et  ne  p<'ul   i)lus 
être  reconstitué,  \jacir1c  popsinlvidro- 
vhloriquo  serait  susceptible  de  former 
avec  l'albumine,  la  gélatine,  etc.,  des 
composés  solubles,   et   avec   diverses 
substances    minérales    il     donnerait 
naissance  à  des  corps  insolubles,  sans 
cesser   d'exister  ;   mais   en    présence 
d'autres  réactifs,   de  même  que   |)ar 
l'ellel  de  réi)ullili(»n,   cet   acide  dou- 
ble se  décomposerai!  en  acide  clilorli\- 
<lri(jue  et  en  pepsine  inaclive,  laquelle 
ne  pourrait  pas.    en   présence  d'un 


(a)C\.  WmwmA ,  Leçom  sur   Usiiropriclès  ii'iysiobj'uiucs  et  les  atldratious  patliolo-jiques  des 
iKluides  de  V organisme,  185'J,  l.  Il,  p.  375. 

((;)  Biticki-,  0/1.  fit.  (Sidifi'js'jericMe,  18j'J,  i.  XWVll,  ['.  l(J-2  el  siiiv  ), 


COMI'OSIIIUÎN'    DU    SL(J    (iASTlUQUIÎ.  /il 

encore  dans  une  ignorance  trop  complète  touchant  la  nature 
intime  delà  matière  en  question,  pour  que  des  désignations  de 
ce  genre  ne  soient  pas  plus  nuisibles  qu'utiles,  car  elles  don- 
nent une  a[)parence  de  précision  à  ce  qui  ne  le  comporte  pas. 
Quoi  (ju'il  en  soit,  l'union  de  l'acide  clilorhydri(jue  ou  de 
l'acide  lactique  du  suc  gastrique  avec  la  pepsine  est  toujours 
très  faible,  et  dans  la  plupart  des  circonstances  ces  acides 
agissent  comme  s'ils  étaient  libres;  aussi  tout  ce  que  j'ai  dit 
précédemment  des  acides  qui  se  trouvent  en  liberté  dans  les 
liquides  de  l'estomac  est  applicable  à  ces  composés  instables 
aussi  bien  qu'aux  acides  en  excès. 

s  j  1 ,  —  En  résumé,  nous  voyons  donc  que  le  suc  gastrique   composition 
se  compose  essentiellement  d  eau  tenant  en  dissolution  de  la    gastri.iuB 
pepsine  associée  à  une  certaine  (juantité  d'acide  chlorhydrique 
et  d'acide  lactique,  du  chlorure  de  sodium  et  quelques  autres 
matières  minérales  (1),  et  que  ce   liquide  doit  ses  propriétés 


acide  libre,  reconstilucr  de  l'acide 
pepsiiiliydrochloriqne  («).  Cette  liypo- 
tlièse  permettrait  en  eflet  d'expliquer 
plnsiciirs  circonstances  de  riiistoire 
chimique  et  physiologique  de  la  pep- 
sine ;  mais  d'autres  considérations  pa- 
raissent y  être  peu  favorables,  et  dans 
l'état  actuel  de  la  science,  on  ne  sau- 
rait y  avoir  recours  avec  confiance. 

Des  vues  analogues  avaient  élé  pré- 
sentées par  ]M.  M  ulder  au  sujet  de  l'union 
des  acides  avec  l'albumine  et  les  au- 
tres matières  protéiques  (b)  ;  mais  elles 
ont  été  ensuite  abandonnées  par  ce 
chimiste,  lorsqu'il  a  vu  que  la  quantité 
de  base  nécessaire  pour  saturer  les 
composés     qu'il   appelait    de    l'acide 


chlorhydro-protéique  ou  sulfo-protéi- 
que,  était  exactement  celle  équiva- 
lente à  la  quantité  d'acide  sulfurique 
ou  d'acide  chlorhydrique  contenue 
dans  ces  substances  (r). 

C'est  aussi  en  se  basant  sur  une 
hypothèse  de  ce  genre,  que  M.  Schiff 
appelle  la  pepsine  acidifiée  de  Vacide 
chlorhiidropepiiquc  {d).  Mais  rien 
n'établit  que  la  combinaison  de  la  pep- 
sine avec  les  acides  soit  un  acide  con- 
jugué plutôt  qu'un  composé  dans  le- 
quel le  premier  de  ces  corps  jouerait 
le  rôle  de  base. 

(1)  Dans  une  série  de  neuf  analyses 
de  suc  gastrique  obtenu  au  moyen  de 
fistules  artificielles  sur  des  Chiens  dont 


(a)  Schmifll,  De  di(jcstionis  uatiira.  dissert,  inaiig.  Dorpal,  1840.  —  Ueber  das  Wescn  des 
VerJauuiidsiiroccsses  {Ànn.  dcr  Chanie  und  Pharm.,  1847,  I.  LXI,  p.  311). 

(6)  Miilder,  Sur  la  composition  de  quelques  substances  animales  [bulletin  des  sciences  physiques 
et  naturelles  en  Néevlande,  1838,  p.  105). 

(c)  Mulder,  Chemische  Untersuchungen,  1847,  t.  II,  p.  224. 

(d)  Voyez  Lonjot,  Traite  de  pliysioloaie,  t,  I,  2"  partie,   p.  205. 


li'2 


DIGESTIO.N. 


digestives  à  la  pepsine  acidulée.  Il  i.'sl  aussi  à  noter  que  ce 
li(juide  peut  contenir  accidentelleiuent  d'autres  substances,  car 
beaucoup  de  niatiores  qui  se  trouvent  dans  le  sang,  et  qui 
s'échappent  de  l'organisme  par  la  voie  des  sécrétions,  peuvent 
être  éliminées  en  partie  par  les  glandiiles  gastrifjues,  ainsi 
que  nous  le  verrons  dans  une  prochaine  Leçon,  quand  nous 
étudierons  spécialement  les  excrétions.  Entin  il  peut  aussi  se 


la  sécrétion  salivaire  était  préalable- 
ment détournée  des  voies  digestives , 
MM.  Biddcr  et  Schmidt  ont  obtenu 
les  moyennes  suivantes  pour  1000  par- 
ties de  liquide  : 

Pepsine  tîl  autres  nialièrcs  ori)faniq.  17,127 

Acide  ciiloriivdrique  libre 3,050 

Chluriire  de  potassium d,125 

Cliloriirc  de  sodium 2,507 

Chlorure  de  calcium 0,024 

Chlorure  d'ammonium 0,408 

l'hospliate  de  chaux 1,725 

l'hospliate  de  magnésie 0,220 

Phosphate  de  fer 0,082 


Cela  suppose  environ  973  millièmes 
d'eau. 

Dans  une  autre  série  d'expériences, 
quand  la  salive  pouvait  ariiver  dans 
Festomac,  la  proportion  d'acide  libre 
ne  s'élevait  qu'à  2,337,  et  la  quantité 
de  matières  organiques  était  un  peu 
plus  considérable  (a). 

Le  suc  gastrique  d'une  femme  qui 
portait  depuis  longtemps  une  tistule 
gastrique  a  été  analysé  deux  fois  par 
M.  Scbmidt,  et  a  donné  les  résultats 
suivants  : 


ijljlll                                     

1'"  EXPÉRIENCE. 

2«  EXPÉRIENCE. 

MOYENNE. 

994,010 
3,010 
0,217 
0,092 
0,345 
0,570 
0,150 

994,190 
3,374 
0,183 
0,031 
1  ,584 
0,530 
0,100 

994,401 
3,195 
0,200 
0,001 
l,4ii5 
0,550 
0,125  (b) 

Pepsine,  ctc 

Acide  cliiorhvdrinno 

Chlorure  de  calcium 

Phosphates  de  chaux,  de  magnésie  et  de  fer. 

M.  Lebmann  pense  que  les  matières  eiter,  n'y  existent  pas  primitivement, 

ammoniacales  signalées  dans    le   suc  et  s'élaieiu  produites   pendant  l'opé- 

gastrique  par 'riedeiiiiinn  ei  (iinrljnei  ration  de  l'analyse  ;  car,  en  examinant 

par  plusieiiis  autres  expériuieiilaleius.  du  suc  ji;aslri(Hie  frais,  il  n'a  pu  en  dû- 

ainsi  que   i)ar  ceux  que  je   viens  de  couvrir  aucune  trace. 


(a)  Bidder  cl  Schmidt,  Die  Verdaininnssâftc  und  der  Sloffivcchsel,  1852,  p.  01  cl  70. 
{Il}  Sclunidl,   licbcr  die   Cnnsliliilioii  des  menschlichen  Magensaftes  (Ann.  der  Chemie   und 
Pliann.  von  l.iehi^'  und  Wohier,  t.  XCll,  \>.  42). 


PROPRIÉTÉS    DIGESTIVES    DU    SUC    GASTRIQUF,  !\o 

tix^uver  mêlé  à  d'autres   humeurs  ou  à  des  produits  de  la 
digestion  (1). 

§  12.  —  L'elTet  le  plus  apparent  de  l'action  du  sue  gas-      Action 
trique,  soit  naturel,  soit  arliliciel,  sur  la  tibrine  et  les  autres  suc  ique 
aliuients  azotés  solides  est  de  les  ramollir,  de  les  désagréger  et  lanbrine,  eic. 
fiualement  de   les  dissoudre   plus  ou  moins   complètement; 
mais  ce  lirpiide  digestif  détermine  aussi  des  modifications  plus 
ou  moins  profondes  dans  la  constitution  chimique  de  ces  sub- 
stances, et  l'élaboration  qu'il  leur  fait  subir  n'a  pas  seulement 
pour  objet  de  les  rendre  absorbables  ;  elle  est  souvent  nécessaire 
pour  les  rendre  utilisables,  après  qu'elles  ont  été  absorbées,  et 
elle  s'exerce  sur  les  liquides  aussi  bien  que  sur  les  solides. 

Pour  nous  rendre  bien  comple  du  rôle  du  suc  gastrique  dans 
la  digestion,  nous  aurons  donc  à  étudier  deux  ordres  de  phé- 
nomènes, les  uns  physi(iues  et  visibles  pour  nos  yeux,  les  autres 
d'une  nature  plus  cachée,  et  saisissables seulement  par  l'inves- 
tigation chimique. 

Si  l'on  ouvre  l'estomac  d'Animaux  sacrifiés  à  différentes 
périodes  du  travail  digestif,  ou  mieux  encore,  si  l'on  profite  de 
l'existence  d'ime  grande  fistule  gastrique  pour  observer  les 
altérations  que  les  aliments  éprouvent  dans  l'intérieur  de  cet 
organe,  soit  chez  l'Homme,  ainsi  que  l'a  fait  le  docteur  Beau- 
mont,  en  Amérique,  soit  sur  les  Chiens  ou  d'autres  Mammifères 
préparés  pour  des  expériences  de  ce  genre,  on  voit  que  ces  ma- 
tières sont  attaquées  d'abord  à  leur  surface,  puis  de  plus  en 
plus  profondément  ('2).  S'agit-il  de  la  viande,  par  exemple?  Sa 

(1)  Ail  nombre  de  ces  derniers  on  tions  de  la  masse  alimentaire  qui  se 
doit  ranti;er  les  acides  acétique  et  I)u-  trouvent  les  plus  rapprochées  dos  pa- 
tyrique  dont  la  présence  a  été  quel-  rois  de  l'estomac  sont  digérées  plus 
quefois  signalée  dans  les  liquides  de  promplemcnt  que  celles  qui,  étant  si- 
Festomac  (a).  tuées  profondément,  ne  s'imbibent  de 

(2)  11  est  aussi  à  noter  que  les  por-  suc  gastrique  que  plus  tardivement. 

(«)  Lehmnnn,  Lehvbucli  der  physiologischen  Cliemie,  t.  II,  p.  43. 


/j/l  Dir.FSTION. 

substance  change  (l'as[>cct,(loYient  grisâtre,  se  raiiiullil,  et  suiis 
le  moindre  etïorl,  tel  (lue  le  frotteinent  déterminé  par  les 
monvcments  péristaltiques  des  parois  de  l'estomac,  se  trans- 
forme peu  à  peu  en  une  matière  pulpeuse  qui  a  une  odeur  fade, 
mais  particulière,  et  qui  est  toujours  acide.  Ainsi  que  je  l'ai  déjà 
dit,  ce[)roduit  est  connnunémenl  appelé  c%me,  et  delà  le  nom 
de  chijmification  que  les  physiologistes  donnent  souvent  à  la 
digestion  stomacale. 
*""cT^  §  IS-  —  Une  des  conditions  essentielles  pour  que  l'action 
icmpcraïuic    fijogstive  du  SUC  gastriquc  s'exerce,  est  le  concours  de  la  cha- 

sur  la  ~  D  1  7 

.ligcsium.  jgyp^  ])[\uii  les  expériences  sur  la  digestion  artificielle,  on  voit 
que  les  fragments  de  chair  musculaire  ou  d'albumine  coagulée 
(jui  sont  plongés  dans  ce  liquide  ne  s'y  altèrent  pas,  si  la  tem- 
pérature est  très  basse,  de  4  ou  5  degrés  au-dessus  de  zéro  i)ar 
exemple;  (pi'à  la  température  de  15  ou  20  degrés,  ces  ma- 
tières alimentaires  ne  se  laissent  attaquer  que  lentement  ; 
mais  que  sous  l'inlluence  d'ime  chaleur  voisine  de  celle  du 
corps  humain  ,  c'est-à-dire  de  o6  à  hO  degrés ,  la  réaction 
est  rapide. 

Ce  fait  nous  donne  l'explication  d'une  différence  reniar- 
quable  (pii  s'observe  dans  le  i)onvoir  digestif  des  Animaux  à 
sang  chaud,  dont  la  Iciupératin^e  est  constante,  et  dans  celui  des 
Vertébrés  intérieurs  et  des  Invertébrés,  dont  la  température 
suit  à  peu  près  celle  du  milieu  ambiant.  Les  premiers  i)euvent 
digérer  leurs  aliments  en  toute  saison,  etdaus  l'élat  normal  leur 
digestion  est  ordinairei|ent  rapide,  parce  ipie  la  chaleur  ])ropre 
de  leur  corps  est  toujours  celhupii  favorise  au  plus  haut  degn* 
l'action  dissolvante  du  suc  gaslri(jue.  Les  autres,  au  conlraire, 
«c  digèrent  que  très  lentement  quand  la  tem[)éralure  de  l'atmos- 
phère n'est  pas  très  élevée,  et  dans  nos  climats,  pendant  l'hiver, 
leur  suc  gastrique  se  trouve  dans  îles  conditions  physiiiues 
(pjisuspeiulenl  (•oiii|)l('tement  ses  effets  digestifs.  Aussi, pendant 
toute  la  partie  rigoureuse  de  l'hiver,  ces  Animaux  ne  prennent 


l'UOPRIÉTÉS    DIGESTIVES    DU    SUC    GASTllIQCK.  /l5 

pas  de  nourriture,  et  s'ils  ont  des  aliments  dans  leur  estomac, 

ils  les  y  conservent  sans  les  digérer,  jusqu'à  des  temps  plus 

doux  (1).  Il  est  également  à  noter  que  le  suc  gastrique  jouit  de  ^;;;^^,^ 

propriétés  antiseptiques  très  prononcées,  et  tend  de  la  sorte  à      d^'i^_ 

empêcher  la  putréfaction  des  matières  pendant  leur  séjour  plus 

ou  moins  prolongé  dans  le  tube  digestif  ('2). 

^  1/,.  _  Ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  le  suc  gastrique  ne  peut 
attaquer  les  aliments  albuminoïdes  que  s'il  est  acide.  Or,  l'albu- 
mine contient  toujours  une  certaine  proportion  de  soude,  qui 
peut  en  être  séparée  par  les  acides  et  par  conséquent  l'ingestion 


NécesslM 
de  l'acide 

du  suc 
gastrique. 


(1)  Tremblay  a  vu  que  les  Hydres, 
ou  Polypes  à  bras,  terminent  en  général 
leur  digestion  dans  l'espace  de  douze 
heures  quand  il  fait  chaud ,  mais 
qu'il  leur  faut  en  hiver  deux  ou  trois 
jours  pour  achever  ce  travail,  bien 
que  pendant  cette  époque  de  l'année 
piles  ne  mangent  que  peu  (a).  Spallan- 
zani  a  constaté  des  faits  analogues 
chez  les  Serpents  et  autres  Vertébrés 
à  sang  froid  (6). 

('2)  Spallanzani  a  vu  que  la  viande 
el  les  autres  aliments  de  même 
nature  peuvent  se  conserver  pendant 
très  longtemps,  sans  donner  aucun 
signe  de  putréfaction,  quand  ces  sub- 
stances ont  été  imbibées  de  suc  gas- 
trique (c).  Ainsi,  dans  une  de  ses  expé- 
riences, il  trouva  dans  l'estomac  d'une 
Vipère  le  corps  d'un  Lézard  qui  y  avait 
séjourné  seize  jours,  sans  avoir  subi 
aucune  altération  de  ce  genre  (t/),  et 


dans  d'autres  expériences  il  vit  que 
l'action  du  suc  gastrique  arrêtait  les 
progrès  de  la  putréfaction,  quand  celle- 
ci  s'était  déjà  manifestée  (e).  Le  doc- 
leur  Beaumont  a  obtenu  des  résultats 
analogues  en   employant  le  suc  gas- 
trique de  rilonnne.  Ainsi,  dans  une 
expérience  ,  ce  physiologiste  conserva 
de  la  sorte  des   fragments  de    viande 
pendant  plus  d'un  mois,  tandis  qu'un 
autre  morceau  de  la  même  substance 
placée  dans  de  la  salive  s'y  est  pourri 
en  dix  jours  {[).  U.  Blondlot  a  fait  des 
observations  analogues  (y).  Enfin,  je 
citerai  aussi,  à  ce  sujet,  ime  expérience 
de  M.  Mulder,  qui  a  fait  macérer  des 
substances  albuminoïdes  dans  du  suc 
gastrique   artificiel ,    pendant   quatre 
jours,  en    élevant   la    tenq)érature  à 
iO  dégrés  pendant  huit  heures  chaque 
jour,  sans  y  déterminer  des   indices 
de  putréfaction  (/(). 


(a)  Tremblay,  Mân.  pour  servir  à  l'histoire  d'un  genre  de  Polypes,  i744,  I.  I,  p.  243. 
{b)  Spallanzani,  Expériences  sur  la  digestion,  p.  235  ol  suiv. 

(c)  Idem,  ibid.,  p.  178,  300,  etc. 

(d)  Idem,  ibid.,  p.  i  37. 
(<")  Idem,  ibid.,  p.  308. 

if)  Beaumont,  E.rper.  and  Observ.  on  Uie  Gaslric  juiee,  p.  200. 
(g)  Blondlot,  Traité  analytique  de  la  digestion,  p.  344. 

{Il)  MuKler,  Die  Peptoiie  (Arrliir  fur  die  llollandischen  Beilràge  sur  Natur-und  Heilkunde, 
1S58,  t.  Il,  p.  10). 


ll€)  DIGESTION. 

de  cette  SLibstancedans  l'estoniac  entraîne  la  ncLitralisaliond'une 
certaine quaiitité du  li(|uide  digestif,  qui,  j)ar  cela  même, devient 
inaclif.  lien  résulte  que  si  la  quantiléd'alimentsde  ce  genre  dont 
l'estomac  se  trouve  chargé  est  trop  considérable  par  rapport 
à  la  quantité  de  suc  gastrique  que  les  parois  de  ce  viscère  sont 
capables  de  sécréter,  il  peut  en  résulter  non-seulement  une 
digestion  lente  et  imparlai  le,  mais  même  un  arrêt  eom[)let  du 
travail  de  chymification.  ("'est  là  une  des  causes  des  accidents 
qui  suivent  souvent  les  repas  trop  copieux,  et  des  phénqmènes 
analogues  se  produisent  parfois  dans  les  expériences  de  diges- 
tion artiriciellc.  Dans  ce  dernier  cas,  il  est  facile  de  ranimer 
l'action  du  suc  digestif,  en  ajoutant  au  mélange  une  petite 
quantité  d'acide  cblorbydriipie,  lacli(jue  ou  même  acétique,  et 
cela  nous  permet  de  concevoir  comment  l'emploi  des  acides 
dans  l'assaisonnement  de  nos  mets ,  tout  en  exerçant  une 
iniluence  retardatrice  sux  la  sécrétion  du  suc  gastrique,  facilite 
la  digestion  dans  certains  cas  (1).  J'insiste  sur  ce  fait,  non- 
seulement  à  cause  dcrimporlance  qu'il  [icut  avoir  pour  l'expli- 
cation des  phénomènes  physiologiques,  mais  aussi  comme  un 
exemple  des  erreurs  auxquelles  on  s'expose  en  médecine,  quand 
on  veut  appliquer  toujoui's  la  même  règle,  sans  tenir  compte 
des  circonstances  qui, en  variant,  peuvent  en  modifier  la  valeur, 
faute  que  commellent  souvent  les  personnes  (pii  jtratiquent  cet 
art  siins  êlrc  physiologistes. 

(1)  Les  expériences  d'Eisasser  tcn-  siologiste  a  constaté  aussi  quo,  qiumd 

dent  à  étal)iirqncla  piopoilion  traritle  la  propriété  digestivo  de  ce  liquide  a 

(■l)l(iriiMlri(nic   li(nii(lo    (nCl-j-HO)  la  été   épuisée  par  le  fait  de   son  action 

j)hisla\oral)lcà  l\ulioiidit,Tslivedu  suc  sur  une  (juantité  considérable  de  sub- 

},'aslrique  est  de  3  ou /i  renliènics    (ce  slanr(>   alimentaire,    on  peut  la    faire 

(pii  correspond  à  1,'J  ou  l.li  pour  100  reparaître  en  ajoulani  au  mélange  une 

decet  acide  aidiydre),  el  quela  (|uan-  nouvelle   quantité    d'acide    libre,  ou 

tité    totale  de  malirrcs  solides  ne  doit  même  d'eau   seulement  (a),    !\lais  il 

j)as  (lé])ass('r  1,125  jiour  100.    Ce  plij-  est   aussi    à   noicr    que    la    présence 

(o)  ElsHsser,  Magenmveichung  der  SUtiglinge,  1840. 


l'ROPRlÉTÉS    DIGKSTIYES    DU    SUC    CASTRIQUE.  47 

Nous  avons  déjà  vu  que  cliez  le  même  individu,  le  suc  gas- 
tri({ue  n'est  pas  toujours  également  chargé  de  matières  actives, 
et  par  conséquent  nous  pouvons  prévoir  que  sa  puissance 
digestive  doit  varier.  Mais  les  différences  qui  existent  à  cet 
égard  sont  beaucoup  plus  considérables  entre  les  Animaux 
dont  le  régime  normal  est  différent.  Ainsi  il  résulte  des  recher- 
ches de  MM.  Bidder  et  Schmidt,  qu'à  (piantités  égales,  le  suc 
gastrique  du  Chien  digère  plus  de  cinq  fois  autant  de  viande 
que  le  suc  gastrique  du  Mouton,  et  que  pour  dissoudre  une 
même  quantité  d'albumine,  il  faut  plus  de  deux  fois  autant  de 
temps  quand  on  emploie  le  suc  gastrique  de  l'Homme  que 
lorsqu'on  lait  usage  de  celui  provenant  du  Carnassier  dont  je 
viens  de  parler  (1).  Les  faits  que  la  science  possède  à  ce  sujet 
ne  sont  pas  assez  nombreux  pour  permettre  d'établir  aucune 
règle  générale  relativement  à  la  cause  de  cette  ditïérence,  et  il 
serait  intéressant  de  les  multiplier  (2). 


(l'une  trop  grande  quantitr'  d'eau  affai- 
blit ou  suspend  même  complc^tement 
l'action  digestive  du  suc  gastrique  (a). 
M.  E.  Briicke  a  repris  dernièrement 
l'examen  de  cette  question,  en  se  ser- 
vant de  la  dissolution  plus  ou  moins 
rapide  d'une  quantité  déterminée  de 
la  fibrine  du  sang  connne  moyen  d'ap- 
précier la  puissance  digestive  du  suc 
gastrique  artificiel,  qu'il  préparait  en 
faisant  varier  tour  à  tour  les  propor- 
tions d'eau  et  d'acide  chlorhydrique. 
Il  a  trouvé  qu'en  général  la  quantité 
de  ce  dernier  agent  qui  rendait  l'ac- 
tion digestive  la  plus  rapide  est  de 
,-^,;,  mais  que  cela  pouvait  varier  un 


peu,  suivant  la  quantité  de  slibstances 
albuminoïdes  que  l'on  plongeait  dans 
le  liquide  (b). 

(1)  Ces  dernières  expériences  ont 
été  faites  à  l'aide  du  suc  gastrique 
fourni  par  la  fennne  dont  j'ai  déjà 
parlé  comme  ayant  une  fistule  gas- 
trique. La  digestion  de  l'albumine 
coagulée,  qui  s'opérait  en  quatre 
heures,  ou  même  en  deux  heui-es  et 
demie  avec  le  suc  gastrique  du  Chien, 
nécessitait  de  dix-neuf  à  vingt  heures 
avec  le  suc  gastrique  humain  (c). 

(2)  I^ar  des  analyses  comparatives, 
M.  Schmidt  a  trouvé  que  la  quantité 
d'acide  chlorhydrique  libre  était  plus 


(a)  Blondlol,  Traité  analytique  de  la  digestion,  p.  36i. 

(b)  E.  Brùcke,  Deitrâge  zur  Lehre  von  der  Verdauung  {Sitzungsberichie  der  Akad.  der  Wis- 
senscluiflen  von  'Wien,  1859,  t.  XXXVII,  p.  t3l  el  siiiv.). 

(c)  Oruncvvaldt,  S'xcci  gastricî liumaniiiidoles physica  et  chimica  ope  lislulœ  stoniachalis  inda- 
gnta.  Dorpul,  ISSS.  —  Uiitersuch.  ûber  den  Magensaft  des  Menschen  (Vierordt's  Archiv  fur 
physiol.  Hellkunde,  18j4,  t.  XllI,  p.  451t). 


/|8 


DIGESTION. 


DiiTérrnce         j)  pnraîlrait  aussi  que  la  présence  de  cerlaines  matières,  dont 


dans 


la  puissance   \q  y()\q  j^q  sauFait   être  facilement  expliqué,  facilite   l'actioM 

diireslive 

'*«        digestive  du  suc  gastrique  sur  les  aliments  azotés  :  les  graisses, 

sucs  gastriques.  ' 

par  exemple,  quand  elles  se  trouvent  en  cerlaines  propor- 
tions (1). 

L'état  de  cohésion  plus  ou  moins  grande  des  particules  con- 
stitutives des  matières  alimentaires  influe  aussi  beaucoup  sur 
la  rapidité  avec  laquelle  le  suc  gastrique  les  attaque.  Lorsque 
nous  étudierons  son  action  sur  les  aliments  composés,  j'aurai  à 
revenir  sur  cette  circonstance,  et  pour  le  moment  je  nie  bor- 
nerai à  citer  un  fait  à  ra|»pui  de  ce  que  je  viens  de  dire.  Le 
caséum  coagulé  jirovenant  du  lait  de  la  femme  est  beaucoup 
moins  solide  (juc  celui  fourni  par  le  lait  de  la  Vache,  et  les 
médecins  savent  qu'il  se  digère  aussi  plus  facilement  (2). 


considérable  dans  le  suc  gastrique  du 
Cliicii  (HIC  dans  ccliu  del'ihtnnnc.  Ce 
dernier  li(iuide  ne  lui  donna,  pour  lOOO 
parties,  ([ne  0,2  de  cet  acide,  tandis  que 
dans  la  même  quantité  du  suc  gastri- 
(jue  du  rliien,  la  proportion  d"acixlc 
était  de  '2,o;  mais  il  est  évident  que 
l'inégalité  dans  la  puissance  digestive 
de  divers  sucs  gastriques  ne  dépend 
pas  seulement  de  la  ])roportion  d'acide 
libre  qu'ils  contiemient,  car  dans  celui 
du  Mouton  il  y  en  a  plus  (pie  dans 
celui  de  rilomme.  En  ellet,  M.  Sclnnidt 
a  trouvé  dans  ce  dernier  li(piide  de 
U,y  à  i,[i  d'acide  lii)re.  La  quantité  de 
])epsine  et  d'aiUres  matières  azotées 
dont  la  présence  a  été  constatée  i)ar 
ce  cbimiste  s'est  élevée  à  17,50  ebez 
le  Cbien,  à  /|,'->0  cbez  le  Mouton,  et  n'a 


été  que  de  3,37,  ou  même  seulemen! 
de  3,01  cbez  l'IIonnue  («). 

(1)  Cette  action  accélératrice  des 
graisses  a  été  démontrée  par  des 
expériences  de  digestion  artilicielle 
aussi  bien  que  par  des  oi)servations 
laites  sur  des  Animaux  vivants  (6). 

l'iir  une  première  série  d'expériences 
M.  Lebmann  avait  été  conduit  à  penser 
que  l'addition  d'une  certaine  quantité 
de  cblorure  de  sodium  accélérait  aussi 
l'atlion  digestive  du  suc  gastri(pie  (r^  ; 
mais  des  reclierclies  nouvelles  lui  ont 
fait  cbanger  d'opinion,  et  aujourd'bui 
ce  pbysiologiste  regarde  tous  les  sels 
neutres  à  base  alcaline  connue  tendant 
à  retarder  la  formation  du  (  byme  (</). 

(2)  Ce  l'ail  est  mis  en  évidence  non- 
seulement  par  ce  qui   s'ol)serve  cbez 


(a)  Sclimiilt,  Veberdie  Couslitulinii  des  vieinchlichcn  Magensoflcs  [Ann.  der  Chcm.  iind  l'Iinnn. 
M)M  l-ieliii,'  unil  NVolilcr,   1.  XCII,  p.  4-.'). 

(/;)  l.cliiiiaim,  \orlthifiije  Itlitlliethuini'n  iibcv  dif  Wivlilifilcit  des  l'cllfs  ici  dcr  lliicrischen 
Slolfmclaiiiririjhosc,  souie  bel  deit  soijennnntcii  Mihltijiïnuigi'n  (Piiiiun's  Bt'in'rtye  xur  physiol. 
inu(    pailiut.  Cheiiiic,  ISli,  l.  1,  p.  ':)).  —  l.iln-b.  der  jdiiisiol.  t'.hemie,  I.  II,  [>.  49. 

((■)  I.L'Iiiiiami,  iebcr  den  Vevdiiuunij.ipvocesx  {Hericht  îiber  du'  \trhaiidl.  der  tiesellsrli.  der  Wis- 
srnsch.  x.  Leip^Uj,  1841»,  p.  8). 

((/)  l.fliniiiiin,  l.elirbvch  der  pliysinh  gisihcv  ('.hernie,  I.  II.  p.  10, 


l'HOlMîlÉTÉS    DIGESTIVES    DU    SLC    GASTRIQUE.  ÛO 

^  j5,  — Lo  sue  {gastrique,  en  ;ittn(iuaiit  les  aliments  azotés,     Formaïkn, 
ne  se  borne  pas  à  les  dissoLulre  plus  ou  moins  rapidement,  il     pq.ioncs. 
leur  lait  subir  des  changements  chimiques  que  nous  ne  con- 
naissons encore  que  très  imparfaitement,  mais  (jui  paraissent 
avoir  une  importance  considérable  (4).  Ainsi  la  caséine  du  lait, 
qui  est  une  matière  albuminoïde  soluble,  se  coagule  parTaclion 


les  enfants  durant  rallaitenient,  mais 
aussi  par  les  expériences  directes  de 
M.  Elsiisser  et  de  .M.  Briicke  {((). 

(1)  Tiedemann  et  Gmelin,  Schwann, 
Morin  et  Prévost,  M.  Schniidt  et  quel- 
ques   autres     physiologistes     avaient 
trouvé  dans  les  produits  de  la  diges- 
tion stomacale  diverses  substances  or- 
ganiques mal  définies  qu'ils  ont  dési- 
gnées sous  les  noms  d'osmazônie,   de 
matière  salivaire,  de  matière  gélatini- 
forme,  etc.   Mais  c'est  dans  ces  der- 
nières années  seulement  que  la  trans- 
formation des  principes  aibuminoïdes 
en  peptones  par  l'action  du  suc  gastrique 
a    été   constatée.    M.    :\lialhe    fut    le 
premier  à  appeler  l'attention  des  phy- 
siologistes sur  ces  métamorphoses  de 
la  matière  alimentaire,  et  il  considéra  le 
résultat  de  cette   opération  chimique 
comme  donnant  toujours  naissance àun 
principe  identique  qu'il  appela o7/;»m/- 
7iose.  Il  montra  que  les  éléments  aibu- 
minoïdes ne  sont  pas  modifiés  de  la  sorte 
par  l'action  des  acides  seulement,  et 
que  leur  transformation  est  due  à  l'ac- 
tion  de  la  pepsine  combinée  avec  un 
acide  (6).  Pli. s  récemment,  l'élude  de 


ces  produits  du  travail  digestif,  soit 
naturel,  soit  artificiel,  a  été  reprise  et 
portée  plus  loin  par  M.  Lehmann,  qui 
a  donné  à  ces  substances  le  nom  de 
peptones.  lia  reconnu  que  ces  matières 
n'étaient  pas  toujours  identiques  et 
variaient  dans  leur  composition  suivant 
la  nature  de  la  substance  dont  elles 
dérivent  (c).  M.  L.  Corvisart  a  signalé 
aussi  des  différences  dans  leurs  pro- 
priétés chimiques  :  ainsi  il  a  vu  que 
\q  fibrino-peptone  précipite  pârlechlo- 
rure  de  platine,  ce  qui  n'a  pas  lieu 
avec  l'albumino-peptonc  (d). 

J'ajouterai  que  les  recherches  de 
:\!.  Meissner  sur  la  digestion  du  blanc 
d'œuf  ont  conduit  ce  chimiste  à  penser 
que  l'action  du  suc  gastrique  surl'albu- 
minellétermine  dans  cette  substance  un 
dédoublement  dont  résulteraient  deux 
matières  nouvelles,  savoir  :  rall)umino- 
peptonc,  qui  reste  en  dissolution  dans 
le  liquide  neulralisé,  et  une  autre  ma- 
tière albuminoïde  qui,  dans  ces  circon- 
stances, se  précipite,  et  qu'il  appelle  un 
parapeptune  (e).  Mais  ces  vues  ont  été 
combattues  par  M.  Briicke el  nos  con- 
naissances sur  la  constitution  des  com- 


(a)  Elsasser,  Oji.  ctt.  {Die  Macjencrwcultuiig  dev  Sihujlinqe,  Stultgard,  -184^.) 

—  Bmcko,  bcxlv.  iur  Leltre  vun  der    VcidauuiKj  [Sitziiwjsberkhtc  dcr  Wuiier  Akad.,  1851), 
t.  XXXVH.  p.  13'J). 

(b)  Miahle,  Mémoire  sur  la  dvjeslion  et  i assimilation  des  matières  aibuminoïdes.  Pans  1847. 

(c)  Leliinann,  Lekrbuvh  der  physiolo'jischeîi  Chemie,  t.  il,  [>.  40. 

(d)  L.  Corvisart,  Études  sur  les  aliments  et  les  nulriwents,  p.  41   (cl  Gmette  hebdomadaire  de 
médecine,  1857,  t.  IV,  p.  317). 

(e)  Mcisner,  Untersiictnmgen  iiber  die  Yerdauuuo  der  Kiweisskôrper  [Zeilachnfl  fur  ratiouclle 
Medicin,  3"  sorio,   1859,  I.  Vit,  p.  1). 

VU  U 


50  DIGKSTIOIN . 

de  ce  liquide,  et,  devenue  (le  la  sorte  insoluble,  elle  subit  par  l'in- 
fluence prolongée  de  la  pepsine  acidulée  une  nouvelle  niodi- 
iication  (|ui  la  rend  soluble,  mais  sans  lui  donner  l'ensemble 
de  ses  propriétés  primitives  (1).  L'albumine  et  la  librine 
éprouvent  aussi,  par  l'action  du  suc  gastrique,  des  changements 
chimiques  ;  par  exemple,  elles  perdent  la  propriété  de  former 
avec  la  plupart  des  sels  métalliques  des  composés  insolubles  (2). 


posés  protéiquos  sont  encore  irop  in- 
complètes pour  qu'il  nie  paraisse  utile  de 
discuter  ici  la  question  ainsi  soulevée(o) . 
(1)  Dornièrenienl  M.  Meissner  a 
étudii^  comparativenienl  Faction  exer- 
cée sur  la  caséine  pardo  IVau  acidulée 
et  par  le  suc  gastrique.  Coite  substance 
est  dissoute  par  l'un  et  l'autre  de  ces 
agents,  mais  elle  reste  inaltérée  dans 
le  premier,  tandis  que  dans  le  second 
elle  devient  gélatineuse,  puis  se  dissout 
de  nouveau,  et  après  un  certain  temps 
donne  naissance  à  des  flocons  très  fins 
qui  troublent  la  transparence  du  li- 
quide. I.e  sédiment  qui  se  produit 
ainsi  piuaît  dilléri'r  notablement  des 
matières  albuminoïdes,  et  a  été  dési- 
gné sous  le  nom  de  dyspeptone.  Le 
liquide  liltré  contiendrait,  d'après  cet 
auteur,  deux  autres  substances,  savoir  : 
un  pcptonc  (l'albuni i no  qm  ne  se  pré- 
cipite pas  quand  on  neutralise  avec 
précaution  la  liqueur,  et  une  matière 
qui  dans  ce  cas  se  précipite,  cl  que 
M.  Meissner  appell(>  du  parapeptono 
d'albumine.  Cet  auteur  ajoute  «pic  le 
dyspeptone  n'est  pas  modifié  par  Tac- 
tioii  prolongée  du  suc  gastrique,  mais 
qu'il  se  dissout  dans  le  suc  pancréa- 


tique, et  éprouve  alors  de  nouveaux 
cliangements:  ainsi  il  prend  une  odeur 
analogue  à  celle  du  bouillon  {li). 

(2)  Les  auteurs  ne  sont  pas  d'accord 
an  sujet  des  phénomènes  qui  accom- 
pagnent l'action  du  suc  gastrique  sur 
l'albumine  liquide.  Le  docteiu-  Bau- 
mont,  dans  ses  expériences  sur  la 
digestion  artificielle  faites  avec  du  suc 
gastrique  humain,  vit  le  blanc  d'œuf 
devenir  peu  à  pou  laiteux  et  opaque  (r). 
Plusieurs  autres  physiologistes  ont  vu 
l'albumine  de  l'œuf  se  troubler  légère- 
ment par  l'addition  du  suc  gastrique, 
et  quelques-uns  d'entre  eux  en  ont 
conclu  que  ce  principe,  avant  d'être 
digéré  par  cot  agent,  est  coagulé,  ainsi 
que  cela  a  lieu  pour  la  caséine.  Mais 
dans  les  expériences  de  Tiedemann  et 
Gmelin,  ainsi  que  dans  celles  de 
I\I.  Blondiot,  la  coagulation  do  l'albu- 
mine no  se  manifesta  pas,  et  ce  der- 
nier attribue  le  léger  trouble  qui  se 
produisit  dans  le  mélange  à  la  préci- 
pitation d'un  peu  de  pbosphale  basique 
(le  cliaux,  et  surtout  il  la  présence  de 
débris  du  tissu  aréolaire  de  l'anif  ((/). 
M.  Scliill  explique  par  cotte  dernière  cir- 
constance lejtrouble  très  léger  qu'il  a  vu 


(n)  Tliiiclie,  neUrilge  %uv  Lehre  von  dcr  Verdaiiuuo  {Silzvugsberuhte  der  Wietw  Akad.,  1839, 
l.  XXNVll,  I'.  H'i'.l  '1  siuv.). 

[h]  VerlKnidltuigeii  dtr  IS'nliirforschenden  Gesellscltafl  in  Fniburg,  1850,  p.  I . 
(c)  Itaiiiiiiiiit, /v.f/'«'''"i-  "'"'  Observ.  vu  llic  Ctistric  Juuc,  p.  i'i«. 
(rf)  Ticileiiiaiiii  c;t  (iiiieliii,  l'u'chevclies  sur  tu  diyenlion,  I.  I,  \>.  3;^8. 
—  Blomllot,  Traité  analytiiiue  de  la  digestion,  p.  -207. 


PROPRIÉTÉS    DIGESTIVKS    DU    SLC    GASTRIQUE.  51 

Le  gluten,  la  gélatine  et  la  chondrine,  se  transforment  en 
matières  qui  ont  beaucoup  de  ressemblance  avec  celles  pro- 
venant de  la  digestion  des  principes  protéiques  (1).  En  un 
mot,  tous  les  aliments  azotés,  par  l'action  du  suc  gastrique, 


aussi  se  manifester  dans  le  blanc  d'œuf 
mêlé  à  du  suc  gastrique,  et  qu'il  n'a 
pas  aperçu  quand  il  faisait  usage  d'une 
solution  iillrée  de  cette  substance  (a). 
M.  Lehmann  persiste  cependant  à  dire 
que  l'albumine  du  blanc  d'œuf  ainsi 
délayée  et  fdtrée,  de  même  que  celle  du 
sérum  du  sang,  présente  des  phéno- 
mènes de  coagulation  quand  elle  arrive 
en  contact,  soil  avecle  suc  gastrique,  soit 
avec  tout  autre  acide  faible  :  d'alcaline 
qu'elle  élail,  elle  devient  neutre,  puis 
acide,  et  à  mesure  que  sa  neutralisa- 
tion s'opère,  ses  particules  se  solidi- 
fient momentanément,  pour  reprendre 
ensuite  l'état  liquide  à  mesure  qu'elle 
se  transforme  en  peptone  et  qu'elle 
cesse  d'être  coagulable.  Enfin  ^1.  Leh- 
mann atlribue  le  résultat  négatif  ob- 
tenu par  M.  Blondlot  à  ce  que  ce 
physiologiste  avait  employé  trop 
peu  de  suc  gastrique  pour  que  le 
phénomène  passager  en  question  piiî 
se  produire  simullanénienl  sur  une 
assez  grande  échelle  pour  être  bien 
évident  (6).  Du  reste,  ce  qu'il  importe 
surtout  de  constater,  c'est  que  par  l'ac- 
tion du  suc  gastrique  l'albumine  se 
transforme  en  une  substance  incoagu- 


lable,  et  qui  diflère  de  la  matière  dont 
elle  dérive  par  plusieurs  autres  carac- 
tères ;  de  sorte  qu'on  ne  saurait  ad- 
mettre avec  M.  Blondlot,  que  pendant 
le  travail  de  la  digestion  rall)umine 
liquide  est  absorbée  sans  avoir  subi  au- 
cune modification  (c).  Suivant  M.  Cor- 
visart,  la  transformation  de  l'albumine 
en  albumino  -  peptone  ne  serait  pas 
complète,  et  les  deux  huitièmes  de  la 
première  de  ces  sid)stances  resteraient 
coagulables  (d). 

(1)  La  gélatine  se  dissout  rapide- 
ment dans  le  suc  gastrique,  et  la  dis- 
solution, faite  ainsi  à  uiie  douce  tem- 
pérature, ne  se  prend  pa  ;  en  gelée  par 
le  refroitlissement,  ainsi  que  cela  a  lieu 
pour  les  dissolutions  de  cette  substance 
dans  l'eau  acidulée  (e). 

Le  gluten  coagidé,  soumis  à  l'action 
du  suc  gastrique,  se  ramollit  rapide- 
ment à  la  surface,  puis  se  désagrège 
et  se  dissout.  La  solution  ainsi  obtenue 
est  précipitable  par  le  deutochlorure 
de  mercure  et  par  l'infusion  de  noix 
de  galle,  comme  l'est  celle  de  gluten  non 
coagulé  (/■).  L'action  du  suc  gastrique 
sur  le  gluten  a  été  él  udiée  d'une  manière 
approfondie   par  M.  koopmans  (y). 


(a)  Voyez  Longel,  Traité  de  pliyswlogie,  t.  I,  2'  puriie,  p.  220. 
(h)Lelimaiiii,  Lehrbuch  der  physiolofiische7i  Chemie,t.  Il,  p.  46. 

(f)  Blondlol,  Op.  cit., p.  209. 

—   Arnold,  Ueber  die  Verdaming  des    thierisehen  Eiweisses  {Die  physiolog.  Anstalt  v.  Heidel- 
berg  von  1S53-58,  p.  117). 

(d)  Coivisart,  Oj).  cit.  (Gazette  hebdomadaire  de  médecine,  1857,  i.  IV,  p.  252). 

(e)  Blondlol,  Op.  cit.,  p.  291. 
(/■)  Blondlol,  Op.  cit.,  p.  281. 

(g)  Koopmans.   Ueber  die  Verdauuiui  der  pflantzlichen  und  weissartigen  Korper  {Archiv  fiir  Hol- 
IdndiscJie  Beilrdge  zuv  Natur-  und  Heilkimde,  1858,  t.  I,  p.  i). 


52  DIGESTION. 

subissent  une  véritable  métamorphose  (1),  et  donnent  nais- 
sance à  des  substances  nouvelles  qui  ont  reçu  le  nom  de 
peplones  (2). 

Les  ])ro(luils  qui  dérivent  ainsi  de  l'albumine,  de  la  fd)rine 
et  des  autres  aliments  dont  je  viens  de  parler,  ne  sont  pas  iden- 


(1)  M.  Loliniann  a  constat(''  que  la 
globulino,  la  vitollinc,  la  léguminc  el 
loulPsles  autres  substances  protéiqiics 
se  conduisent  de  la  mcnic  manière  que 
l'albuniine,  quand  elles  sont  soumises 
à  raction  du  suc  j^asirique  (a).  Il  est 
d'ailleurs  à  noter  que  la  légumine 
paraît  éprouver  les  mêmes  change- 
ments par  l'action  des  acides  dilués 
sans  le  concours  de  la  pepsine  (6). 

(2)  AI.  Lebmann  a  trouvé  que  toutes 
les  peptones  sont  dos  matières  qui,  à 
l'état  solide,  sont  amorphes,  blanches, 
inodores,  d'une  saveur  muqueuse,  très 
solubles  dans  l'eau  et  insolubles  dans 
l'alcool  à  83  pour  1 00.  Leur  dissolu- 
tion aqueuse  rougit  le  tournesol,  et  elles 
se  combinent  facilement  avec  les  bases, 
soit  alcalines,  soit  terreuses,  de  fii- 
çon  à  l'onuer  des  sels  neutres,  très 
solubles  dans  l'eau.  Les  dissolutions 
aqueuses  d(!  ces  composés  salins  sont 
précipitées  par  l'acide  tannique  et  par 
le  bichlorurede  mercure  ;  additionnées 
d'un  j)eu  d'ammoniaque,  elles  donnent 
aussi  un  précipité  avec  l'acétate  de 
plomb;  mais  elles  n'en  donnent  pas 
avec  les  autres  sels  métalliques , 
même  avec  le  nitrate  d'argent  ou  l'a- 
lun; enfin,  le  sous-acélale  de  plomb  y 
f.iil  u;iî!rc  s(Mdemen1  un  léger  trouble 


qui  disparaît  en  présence  d'un  excès  de 
ce  réactif.   Dans  ces  mêmes  dissolu- 
tions, il  ne  se  forme  ni  précipité,  ni 
trouble  quelconque  par  l'addition  d'un 
acide  minéral    ou    organique,  même 
l'acide  chromique.    Enfin ,    dans   les 
dissolutions  acidifiées  par  l'acide  acé- 
tique, il    ne  se   produit  qu'un  léger 
trouble     i)ar   l'addition     du     cyano- 
ferrure  de  potassium.  11  est  aussi  à 
noter  que  î\l.  Lclimaim  n'a  jamais  pu 
obtenir  des  peptones  exemptes  de  ma- 
tières minérales  ;  il  est  parvenu  à  les 
dépouiller  des  chlorures   et  des  phos- 
phates, mais  les  cendres  qu'elles  lais- 
saient ,  contenaient  toujours  des  car- 
bonates à    bases  alcaline  et    calcaire, 
ainsi  que  de  petites  quantités  de  sul- 
fates. Il  a  remarqué  aussi  que  la  pro- 
portion de  soufre  fournie  par  ces  der- 
niers sels  était  toujours  la  même  que 
dans  la  matière  albumhioïde   dont  la 
peptone  était  dérivée  (c). 

M.  Muldcr  s'est  occupé  également 
de  l'étude  chimique  de  ces  ma- 
tières (f/).  Mais  elles  nous  sont  encore 
trop  imparfaitement  connues  pour  qu'il 
me  paraisse  utile  d'entrer  ici  dans 
rexanicn  détaillé  des  expériences  nom- 
Ifreuses  el  vari(;cs  dont  elles  ont  été 
l'objet. 


(fl)  Lulimimii,  Lclirhucli  der  pluj.siolndisclien  Cheinie,  i.  Il,  p.  47. 

(6)  Miilflcr,  nie  l'eiitotie  (Ai-cliiv  der  lloimidischen  Deitr.  z-ur  Natur-iind  lkUkiinde,\^:,fi,  i.  IF, 
p.  17  cl  suiv.). 

(c)  L.'lniiaiin,  O/i.  cit..  I.  I,  P-  -'l^- 

((/)  Miil.lci-,   Oji.cil.  {Arcliiv  fiir  die  llolldiidischen  lî'-ilrâije  zur  Xnlur-  nnd  Ueilkunde  1858 
t.  Il,  p.  il. 


l'UOl'RIÉTKS    DlGliSTlVES    DU    SUC    CASTRIQUK.  53 

tiques,  mais  ils  ont  entre  eux  une  grande  analogie.  Aueun  déga- 
gement de  gaz  n'aecompagne  leur  formation;  la  matière  dont 
ils  proviennent  ne  donne  pas  naissance  à  d'autres  corps,  et  ne 
paraît  avoir  rien  perdu  ni  rien  gagné  ;  enfin,  leur  production 
est  déterminée  par  des  quantités  extrêmement  faibles  de  pep- 
sine (1),  et  ne  semble  pouvoir  être  due  quW  un  cbangemcnt 
dans  le  mode  d'arrangement  moléculaire  des  éléments  con- 
stitutifs de  la  substance  albuminoïde.  L'action  exercée  sur  ces 
corps  par  la  pepsine  peut  donc  se  comparer  à  celle  de  la 
diastase  sur  la  fécule.  On  assimile  souvent  ces  divers  phéno- 
mènes à  ceux  produits  par  les  ferments,  mais  ils  ne  paraissent 
pas  être  du  même  ordre,  car  on  sait  aujourd'hui,  par  les  re- 
cherches de  Cagniard  Delatour,  de  M.  Pasteur  et  de  quelques 
autres  chimistes,  que  les  fermentations  proprement  dites 
dépendent  de  l'action  de  certains  cor])s  vivants  sur  les  matières 
alimentaires,  et  ni  la  pepsine,  ni  la  diastase,  ne  peuvent  être 
rangées  dans  la  catégorie  des  êtres  organisés.  Quant  à  la 
nature  des  réactions  qui  se  manifestent  ainsi,  nous  sommes 
encore  dans  une  ignorance  compfète. 

§  10.  —  Le  sucre  de  canne,  quoique  solublc  et  susceptible      Adion 
d'être  absorbé  sans  avoir   subi  d'altération  notable,  éprouve  suc  çrasirique 
souvent  dans  l'estomac  une  sorte  de  digestion,  par  suite  de    sucre,  etc. 
laquelle  certaines  de  ses  propriétés  se  modifient  d'une  manière 
remarquable.  Par  l'action  du  suc  gastrique,  il  peut  être  trans- 
formé en  glucose,  et,  comme  nous  le  verrons  plus  tard,  ce 
changement  dans  le  mode  d'arrangement  de  ses  molécules  le 
rend  plus  faciie  à  utiliser  dans  l'intérieur  de  l'organisme.  La 
même  métamorphose  se  produit  dans  les  opérations  ordinaires 
de  la  chimie,  quand  le  sucre  de  canne  est  soumis  à  l'action  d'un 

(1)  D'après  Wasniann,  ralbuniine      liuit  liciues  par  du  suc  gastrique  arti- 
coagulée  peut  être  dissoute  en  six  ou       ficiel  coutenant  ^-;^^  de  pepsine  {a). 

[a]  Wasnwiin,  De  digestione  nonntiUa,  ilisserl.  inauj.  Perolini,  1830. 


54  DIGESTION. 

acide  (1),  et  il  y  a  lieu  de  croire  que  celle  constatée  dans  le 
travail  de  la  digestion  dépend  de  l'acide  libre  qui  se  trouve 
dans  le  suc  gastrique.  Mnis  il  est  à  noter  que  ce  phénomène  ne  se 
produit  pas  toujours,  et  que  souvent  le  suc  gastrique  paraît  être 
trop  faible  pour  intervertir  le  sucre  avant  que  celui-ci  ait  été 
absorbé  2). 

Le  suc  gastrique  est  sans  action  sur  les  matières  amylacées 
et  sur  les  graisses;  quelquefois,  il  est  vrai,  ces  matières  ali- 
mentaires peuvent  être  modifiées  plus  ou  moins  profondément 
pendant  leur  séjour  dans  l'estomac,  mais  cela  est  du  à  l'in- 


(1)  On  sait,  par  les  belles  recherches 
de  IVl.  Biot,  que  le  sucre  de  canne  n'a- 
git pas  sur  la  lumii^re  polarisée  de  la 
même  manière  que  le  fait  lo  sucre  de 
raisin  ou  glucose,  ot  h  l'aide  de  cer- 
taines expériences  d'optique  qu'il  se- 
rait trop  long  de  décrire  ici,  on  peut 
ainsi  constater  la  transformation  de  la 
preiuière  de  ces  substances  en  cette 
dernière  espèce  de  sucre,  que  l'on 
nonune  aussi  sucre  inicrrerti  (a). 

(2)  La  transformation  du  sucre  de 
canne  en  sucre  interverti  on  glucose, 
pendant  la  digestion  sloniacale  a  été 
observée  dans  une  série  d'expériences 
faites  sur  des  cliiens  par  1\1\1.  Bou- 
chardat  et  Sandras.  Ils  constatèrent  ce 
phénomène  en  examinant  l'action  que 
le  ii(jui(le  sucré  tiré  de  l'estomac  d'a- 


nimaux nourris  avec  du  sucre  de  canne 
exerce  sur  la  lumière  polarisée,  et  en 
chauffant  cette  matière  avec  une  dis- 
solution alcaline  de  lartrate  de  potasse 
et  de  cuivre,  réactif  qui  n'est  pas  dé- 
composé par  le  sucre  de  canne,  et  qui 
donne  un  précipité  rouge  de  cuivre 
métallique  quand  il  se  trouve  en  pré- 
sence du  glucose  (6). 

Je  dois  ajouter  que  dans  d'autres 
recherches  faites  plus  récenunenl  par 
M,  Kœbner,  la  transformation  du  sucre 
de  canne  en  ghicose  n'a  pu  être  con- 
statéc,ni  dans  l'intérieur  de  l'estomac 
d'un  chien  que  l'on  avait  nourri  avec 
cette  substance,  ni  dans  les  vases  où 
l'on  avait  fait  agir  pendant  plusieurs 
jours  du  suc  gastrique  sur  la  première 
de  ces  substances  (c). 


(a)  lîiot,  ih'm.  sur  les  rotations  que  certaines  substanci's  impriment  aux  a.tes  de  polarisation 
des  rayons  lumineux  {Ann.  de  chimie  et  de  physique,  ISIS,  t.  IX,  p.  372).  —  Sur  tin  caractère 
optique  à  l'aide  duquel  on  reconnaît  immédiatement  les  sucs  végétaux  qui  peuvent  donner  du 
sucre  anatoijuc  au  sucre  de  cdunc,  et  ccu.c  qui  ne  peuvent  donner  que  du  sucre  semblable  à 
celui  du  sucre  de  raisin  {Snuvellcs  Annales  du  Muséum  d'hist.  nat.,  1833,  t.  II,  p.  95).  —  Sur 
l'emploi  des  prnpnctis  optiques  pour  t'unaliise  quantiti:tive  des  solutions  qui  conlitnnent  des 
substances  douées  du  pouvoir  rolatoirc  {Comptes  rendus,  18i2,  t.  \V,  p.  (H9).  La  desoripiidu  et 
les  li^'iiros  (le  rinslnimcnl  cniplnvé  ii.ir  M.  liiot  se  tioiivenl  ilnns  le  Traité  de  physique  de  Ponillel, 
l.  II,  p.  441 ,  pi.  3<!,  fi-.  20  à  22",  éilit.  de  1853. 

(6)  Boiichardat  et  S.indras,  De  ta  digestion  des  matières  féculentes  et  sucrées,  et  du  rôle  que  ces 
substanrcs  jouent  dans  la  nutrition  [Supplément  à  l'Annuaire  de  thérapeutique  pour  ISiti, 
p.  83  cl  .-uiv.). 

(c)  Kœbner,  Disquisito  de  sacchari  cannœ  iii  ti'actu  cibario  mutalionibtis.  Brcslaw,  1859. 


PROPRIÉTÉS    DIGESTiVES    DE    L\    SALIVE.  55 

fluencc  d'autres  agents  qu'elles  y  rencontrent,  et  dans  les 
expériences  de  digestion  artificielle,  quand  on  fait  usage  d'une 
dissolution  de  pepsine  associée  à  de  l'acide  chlorliydrique,  on 
voit  que  ces  substances  ne  sont  pas  attaquées  par  ce  liquide. 
Avant  de  pousser  plus  loin  l'étude  du  rôle  du  suc  gastri(iuc 
dans  les  digestions  ordinaires,  et  de  chercher  à  nous  rendre 
compte  des  changements  que  les  aliments  complexes  subissent 
pendant  le  travail  de  la  chymification,  nous  devons  donc 
examiner  les  propriétés  digeslives  des  autres  liquides  avec  les- 
quels les  aliments  simples  se  trouvent  en  contact. 

§  17.  _  Une  découverte  qui  a  exercé  une  grande  influence  propriétés 
sur  les  progrès  de  l'histoire  de  cette  partie  du  travail  digestif  ^« '«  ^iasiase. 
est  due  à  la  chimie  industrielle.  En  1830,  M.Dubrunfaut  constata 
que  l'orge  germée,  ou  ma/i,  dont  on  fait  usage  dans  les  brasse- 
ries pour  la  fabrication  de  la  bière,  peut  abandonner  à  i  eau 
une  matière  qui  possède  la  propriété  de  transformer  la  fécule 
en  sucre,  et  en  18;3o  MM.  Payen  et  Persoz  isolèrent  ce  prin- 
cipe actif, qui  a  reçu  le  nom  de  diastase  (l).  Ils  firent  voir  aussi 


(1)  Les  découvertes  importantes  approfonclie  par  plusieurs  chimistes, 
dont  je  viens  do  parler  lurent  prépa-  De  1823  à  1830,  M.  Dubrunfaut  publia 
rées  en  quelque  sorte  par  diverses  beaucoup  d'observations  importantes 
observations  isolées.  Ainsi,  en  1785,  sur  la  saccharification  de  la  fécule  par 
Irvine  avait  constaté  que  les  pro-  les  graines  germées,  et  crut  devoir 
duits  sucrés  du  malt  sont  augmentés  considérer  rinulino,  puis  le  gluten, 
par  Taddition  d'une  certaine  quantité  comme  étant  le  principe  qui  détor- 
de farine  ordinaire,  qui  alors  se  saccha-  mine  cette  transformation  (c).  En 
rifie(a).  En  1811,  M.  Kirchoff  trouva  1833,  M.  Biot,  en  étudiant  la  polari- 
que  par  Taction  de  l'acide  suUurique  sation  rotatoire  de  la  lumière  par  le 
étendue ,  l'amidon  se  change  aussi  sucre,  caractérisa  la  substance  inter- 
en  sucre  (6),  métamorphose  qui  fut  médiaire  qu'il  appela  dextrine,  et  qu'il 
ensuite    étudiée    d'ime  manière  plus  examina    ensuite    chimiquement    de 


(a)  Voyez  Payen,  Mém.  sur  l'amidon,  la  dextrine  et  la  diastase  [Mém.  de  VAcad.  des  sciences, 
Sav.  étrang..  t.  VIII,  p.  210). 

(6)  Voyez  Lettres  de  Nasse  sur  le  sucre  d'amidon  {Journal  de  physique,  1812,  t.  LXMV, 
p.  199). 

(c)  Dubrunfaut,  Mém.  sur  la  saccharification  des  fécules  {Mém.  de  la  Soc.  centrale  d'agricul- 
ture, 1823,  p.  146).  —  Agriculteur  manufacturier,  1830. 


Action 
de  la  salive 
sur  l'empois. 


56  DIGESTION. 

que  In  fécule,  sous  l'iniïuen(.'c  de  la  diaslase,  se  chauge  d'abord 
en  une  matière  soluble  appelée  G?ea?^rme,  et  (|ue  celle-ci  devient 
ensuite  du  clucosc  ou  sucre  de  raisin.  M.  Paven  constata 
qu'une  partie  de  diastase  sutlit  pour  transformer  de  la  sorte 
2000  parties  de  matière  amylacée.  Enfin,  par  les  analyses 
faites  par  ce  chimiste,  par  M.  Dumas  et  i)ar  quelques  autres 
expérimentateurs,  il  fut  établi  que  l'amidon,  en  passant  à  l'état 
dedextrine,  ne  change;  pas  de  composition;  que  ses  éléments 
constitutifs  restent  en  memci*  proportions,  mais  se  groupent  difté- 
remmcut,  de  façon  à  former  deux  corps  dits  isomères  [\),  et 
que  le  glucose  ou  sucre  d'amidon  ne  difTèrc  delà  dcxtrine qu'en 
ce  qu'il  contient  en  plus  les  éléments  d'imc  corlaine  (juantité 
d'eau  (2). 

Ainsi  que  j'ai  déjà  eu  l'occasion  de  le  dire  en  faisant  l'his- 
toire chimique  de  la  salive  mixte  dont  les  aliments  s'imbibent 


concert  avec  M.  Persoz  {a).  Enfin, 
dans  la  môme  année,  !MM.  Payen  et 
Persoz  firent  mieux  connaître  la  série 
dcscluingemenls  in(li(iiiés  ci-dessus,  et 
découvrirent  Tagenl  qui  les  détermine 
dans  la  nature  vivante  {(>),  et  qui  a 
reçu  le  nom  de  diastasp.  (r).  Cette  sub- 
stance est  une  matière  organique  azo- 
tée, i!icristallisai)le,  soluijle  dans  Peau 
et  insoluble  dans  Palcool  i)ur.  Sa  puis- 
sance saccliarifiante  se  perd  par  Tac- 
iiond'uno  jcmpératurc  de  100  degrés. 
(1)  On  donne  co  nom  aux  corps 
qui,  toul  en  ayaul  la  même  conq)osi- 


tion  élémentaire,  difièrent  essentielle- 
ment entre  eux  par  leurs  propriétés 
physiques  ou  chimiques; 

(2)  L'amidon  anhydre,  tel  qu'il  se 
trouve  dans  le  composé  qu'il  forme 
avec  l'oxyde  de  plomb,  est  représenté 
par  la  formule  C'2l|909,  et  l'amidon 
hydraté,  mais  desséché  à  100  degrés, 
est  composé  de  C'-11-'09,II0  ((/). 

Cette  dernière  formule  représente 
aussi  la  composition  élémentaire  de 
la  cellulose  et  de  la  dextriue;  enfin  le 
glucose  a  pour  formule  chimique 
C>-2ir'0'J,5ilQ  (c). 


(«)  Biol,  Op.  cit.  (Nouv.  .\nn.  du.  .Miisrum,  IS'.Ki,  i.  11,  \k  1)5). 

—  Uioi  cl  Pprsoz,  Mi'm.  sur  les  inodilicaiioiis  (pie  la  fécule  et  la  (jomme  subissent  sous  l'in- 
fluence des  acides  {Nouvelles  .innales  du  Muscam  d'Iiist.  nat.,  iH'à'3,  (.  Il,  p.  109). 

(b)  l'ayoïi  cl  l'crscz,  Mém.  sur  la  diaslase,  les  prinviiiau.x  produits  de  ses  réactions  et  leurs 
applications  aux  arts  industriels  (Ann.  dechimic  et  de  physique,  1833,  i.  IJII,  p.  73). 

(c)  Ce  nom  csl  dérivé  lUi  mol  grec  ^■.■xnTxat;,  qui  fii^uifie  si'paration. 

((/)  l'aycn,  Mcm.sur  l'amidon  {.\nn.  des  sciences  nat.,  l?olariiipio,  2*  .série,  1838,  t.  X,  p.  80), 
cl  .l/('(».  .lur  Vnuddon,  la  de.tirine  et  la  diaslase  {Mt'm.  de  l'.\cad.  des  sciences,  Savants  étran- 
gers, 1813,  l.  Vin,  p.  253). 

(e.)  Payoïi,  Op.  cil.  {.-{nu.  des  sciences  uni.,  Mol.iniipic,  1838,  i.  \,  p.  170  cl  suiv.). 

—  l)iinias,  Hss  ti  de  statique  chimique  des  cires  organisés,  ISii,  p.  .Si. 


l'KOl'KlliTES    DlGESTlVliS    \)K    L.V    SALIVE.  57 

pendant  lem^  passage  clans  la  cavilc  buccale,  ce  liquide  agit 
de  la  même  manière  sur  les  matières  amylacées,  c'est-à-dire 
les  transforme  en  sucre,  et  par  conséquent  les  rend  solublcs 
dans  l'eau  (1).  Effectivement,  nous  avons  vu  que  si  l'on  ajoute 
une  certaine  quantité  de  salive  ordinaire  à  de  l'eau  tenant  en 
suspension  de  la  fécule  cuite  et  hydratée  (2),  cette  dernière 
substance  disparaît  promptement  et  se  trouve  remplacée  par 
du  glucose;  elleacquiertune  saveur  sucrée,  etlorsque  la  réaction 
est  terminée,  elle  ne  se  colore  plus  en  bleu  quand  on  y  verse 
de  la  teinture  d'iode ,  réaction  qui  est  caractéristique  de  la 
fécule  (3).  La  découverte  de  ce  fait  important  est  due  à  un 
physiologiste  allemand.  M.  Leuchs  (/i),  et  a  été  complétée  par 


(1)  Voyez  tome.  Vl,  page  261. 

(2)  C'est-à-dire,  de  rcnipois. 

(3)  A  l'aide  de  cette  réaction  re- 
marquable dont  on  doit  la  connais- 
sance à  MM.  Gaultier  de  Claubry  et 
Colin,  il  est  facile  de  constater  la  pré- 
sence des  matières  amylacées  (a),  et 
lorsque  celles-ci  se  transforment  en 
dextrinc  ou  en  sucre,  elles  perdent  la 
propriété  de  bleuir  au  contact  de  l'iode. 
Or,  i\I.  Mialhe  a  trouvé  que  l'empois 
soumis  à  l'action  de  la  salive  mixte  de 
l'Homme  pendant  quelques  minutes  ne 
présente  pas  ce  pbénomène  quand  on 
vient  à  y  mêler  de  la  teinture  d'iode. 
Lorsque  la  transformation  de  l'amidon 
n'est  pas  complète,  ce  chimiste  met 
en  usa2;e  un  autre  procédé  pour  re- 
connaître la  présence  des  produits 
de  la  métamorphose  saccliarifiante.  Il 
filtre  la  dissolution  amylo-salivaire,  y 


ajout<i  quelques  gouttes  de  potasse 
caustique  et  chauffe  la  liqueur  ;  celle- 
ci  se  colore  alors  en  brun  avec  d'au- 
tant plus  d'intensité ,  qu'elle  contient 
davantage  de  ces  matières  solubles, 
tandis  que  la  fécule  non  modifiée  n'é- 
prouve aucun  changement  (6). 

(/l)  Dans  quelques-unes  des  expé- 
riences de  Tiedemann  et  GmeUn,  la 
transformation  de  l'amidon  en  sucre 
par  retfet  de  la  digestion  fut  entrevue 
par  ces  physiologistes,  mais  ils  ratta- 
chèrent ce  phénomène  à  l'action  du 
suc  gastrique  (c),  et  Leuchs  fut  le  pre- 
mier à  constater  que  de  l'empois 
chauffé  avec  de  la  salive  fraîche  de- 
vient soluble  et  se  transforme  en 
sucre  ((/).  Pour  plus  de  détails  au 
sujet  des  recherches  dont  l'action  sac- 
cliarifiante de  la  saUve  a  été  ensuite 
l'objet,  je  renverrai  à  ce  que  j'en  ai 


(a)  G.iLillior  lie  Claiiliry  cl  Colin,  Méin.  sur  les  combinaisons  de  l'iode  avec  les  substances  végé- 
tales et  animales  {Ann.  de  chimie,  1814,  t.  XC,  p.  92). 

(6)  Muiiiie,  Mém.  sur  la  digestion  et  V assimilation,  des  matières  amyloïdes  et  sucrées,  1840, 
p.  13. 

(c)  TieLleiiianii  el  Gmeliii,  Recherches  sur  la  digestion,  t.  I,  p.  339  et  suiv.). 

(d)  Leuchs,  Ueber  die  Verzuckenmg  des  Starlcmchls  durch  Speichel  (Ivaslner's  Archiv  fur  die 
gesammte  Naturlehre,  1831,  l,  XX!,  p.  lOG). 


Diastase 
salivaire. 


58  DIGESTION. 

M.  Mialhe,  (}ui  a  iiionlré  que  le  principe  actif  de  la  salive  réside 
dans  une  substance  susceptible  d'être  précipitée  par  l'alcool, 
et  apte  à  déterminer  le  changement  de  l'amidon  en  dextrine, 
puis  en  glucose,  lorsqu'aprcs  avoir  été  solidifiée  de  la  sorte,  on 
la  redissout  dans  de  l'eau.  La  matière  ainsi  obtenue  est  consi- 
dérée par  quelques  chimistes  comme  étant  de  la  diastase,  dont 
elle  possède  eficctivement  les  propriétés  les  plus  remarquables, 
mais  elle  n'est  qu'un  mélange  de  toutes  les  substances  orga- 
niques et  salines  qui  se  trouvent  dans  la  salive  cl  (pii  ne  sont 
pas  solubles  dans  l'alcool.  Elle  contient  indubitablement  un 
corps  qui  agit  à  la  manière  de  la  diastase,  et  qui  probablement 
est  de  la  diastase  (1)  ;  mais  jusqu'ici  on  n'est  pas  parvenu  à 
isoler  cet  agent  saccharilianl,  et  par  conséquent  il  na  pas  été 
possible  de  constater  son  identité  avec  le  principe  actif  contenu 
dans  l'orge  et  les  autres  graines  en  germination.  r)n  a  pro- 
posé de  l'appeler  diastase  animale^  et  pour  la  commodité  du 
discours  j'emploierai  ce  nom,  mais  en  faisant    mes  réserves 


déjà  dit  dans  la   cinquanlc-((iialri('ino 
Leçon  (o). 

Dans  ces  dernières  années,  le  pou- 
voir saccharilianl  do  la  salive  a  élé 
révoqué  en  doute  par  \1.  lîlondlol,  qui 
attribue  la  di^'estion  de  la  fécule  à  la 
dissolution  d'un  enduit  de  matière 
azotée  dont  les  grains  de  celle  sub- 
stance seraient  revêtus,  phénomène 
qui  serait  prodiut  par  le  suc  f^aslrique 
et  aurait  potn-  résidtat  la  désagré- 
gation de  la  malière  amylacée  {b). 
Mais  les  preuves  de  la  ir.iusformalion 
de  ramidoii  en  dextrine,  puis  en 
sucre,  par  Taction  de  la  salive  et  des 


autres  liquides  digestifs  dont  j'aurai 
bientôt  à  parler,  sont  trop  nombreuses 
pour  qu'il  me  paraisse  nécessaire 
d'examiner  ici  la  ihéorie  de  cet 
anteur. 

(1)  Il  est  à  remarquer  cependant 
que  toutes  les  réactions  ne  sont  pas 
les  mêmes  (piand  on  emploie  compa- 
ralivement  les  deux  substances.  Ainsi, 
lii  diastase  salivaire  a  la  propriété  de 
déterminer  le  dédoublement  de  la 
salicine  et  la  production  de  la  sub- 
stance «ippelée  saligénine,  phénomène 
(]ui  ne  s'observe  pas  quand  on  emploie 
la  diaslas»'  tirée  de  l'orge  germée  (c), 


(a)  Voyez  tome  VI,  pai^e  264. 

{h]  lilonillol,  Rc^herv'nes  sur  la  digestion  di's  matii'res  amylacées,  1853  (exir.  des  Hli'iti.  de  l*. 
Société  des  SI  icnces,  lettres  cl  arts  de  Nancy). 

(c)  Slilolci-,  Kleiaerc  Miltlitilnmji'ri  iibcr  die  Wirlmiig  des  menscnliclieti  Speicluls  aui 
Glucoside  (Journ.  lûrprack.  Chemie,  4867,  t.  LXXll,  p.  450). 


PROPRIÉTÉS    niGESTlVES    DE    LA    SALIVE. 


59 


quant  à  la  portée  trop  grande  qu'on  serait  peut-être  disposé  à 
lui  attribuer  (1). 

Il  règne  encore  beaucoup  d'obscurité  au  sujet  de  la  source 
de  cette  matière  salivairc.  En  effet,  la  propriété  saccharifianle, 
qui  est  facile  à  constater  dans  la  salive  mixte  provenant  de  la 
bouche,  ne  se  montre  d'ordinaire  ni  dans  la  salive  parotidienne, 
ni  dans  les  liquides  sécrétés  par  aucune  des  autres  glandes 
salivaires  proprement  dites,  et  ne  paraît  prendre  naissance  que 
par  le  mélange  de  ces  produits  avec  le  mucus  buccal  (2).  Mais, 


Source 

(le  la  Jiastase 

salivairc. 


(1)  Quelques  physiologistes  consi- 
dèrent le  principe  saccharifiant  de  la 
salive  comme  étant  la  matière  que 
Berzelius  avait  extraite  de  la  salive,  et 
qu'il  avait  appelée  ptyaline  [a) .  Mais 
celle-ci  est  sans  action  sur  l'ami- 
don (6). 

(2)  MM.  Cl.  Bernard  et  Barroswil  ont 
pensé  que  le  principe  actif  de  la  salive 
était  le  même  que  celui  du  suc  gas- 
trique, c'est-à-dire  de  la  pepsine,  et 
que  cette  dernière  substance  devenait 
ca  pable  de  digérer  tantôt  les  matières 
albuminoïdes,  tantôt  les  matières  amy- 
lacées, suivant  qu'elle  était  associée 
à  un  acide  ou  à  un  alcali  (c);  mais 
cette  opinion  est  contredite  par  beau- 
coup de  faits.  Ainsi  les  expériences 
de  M.  P'rericlis  montrent  que  la  sa- 
live acidifiée  ne  peut  pas  opérer  la 
digestion  artificielle  de  la  viande  cuite, 
et  qu'elle  dissout  la  fibrine  seulement, 
comme  le  ferait  de  l'eau  aiguisée  d'a- 
cide chlorhydrique  ((/).  M.   Longet  a 


répété  cette  expérience,  et  est  arrivé 
au  même  résultat  (e). 

M.  Liebig  considère  la  diastase 
proprement  dite,  c'est-à-dire  la  dia- 
stase végétale  comme  un  produit  de  la 
décomposition  de  la  fibrine  ou  d'au- 
tres principes  azotés  neutres  des  grai- 
nes (/"j,  et  cette  vue  s'accorde  très 
bien  avec  le  mode  d'apparition  de  la 
matière  saccbarifiante  dans  la  salive 
mixte,  ainsi  que  dans  d'autres  liquides 
animaux,  soit  naturels,  soit  artificiels. 
En  effet,  nous  avons  vu  précédemment 
(t.  Vf,  p.  20^),  qu'en  général,  ni  la  sa- 
live parotidiouno,  ni  la  salive  maxillaire, 
ni  aucun  autre  des  liquides  analogues 
qui  arrivent  dans  la  cavité  buccale,  ne 
possèdent  primitivement  la  faculté  de 
métaniorphosor  rapidement  l'amidon 
en  sucre,  mais  qu'ils  acquièrent  cette 
propriété  par  le  fait  de  leur  mélange 
et  des  altérations  qu'ils  éprouvent 
alors  dans  la  cavité  buccale.  Il  est 
donc  probable  que  d'ordinaire   la  dia- 


(a)  Voyez  tome  VI,  pa£!:e  257. 

(6)  Lehraann,  Lehrbuck  der  physiologischen  Chemie,  t.  11,  p.  27. 

(c)  Cl.  Bernanl  et  Barreswil,  Recherches  expérimentales  sur  les  -phénomènes  chimiques  de  la 
digestion  {Comptes  rendus  de  CAcad.  des  sciences,  1845,  I.  XNI,  p.  89). 

(d)  Frericlis,  art.  Verdaung  (\\ a^nM  i  Handwurterbuch  der  Physiologie ,  1846,   t.  111,  p.  770). 

(e)  Longet,  Traité  de  physiologie,  1857,  t.  1,  2*  partie,  p.  172. 

(/')  Liebif,  Traité  de  chimie  organique,  1844,  t.  111,  p.  211  et  siiiv. 


60  DIGKSTIOW. 

quoi  qu'il  en  soit  à  cet  égard,  il  n'en  est  pas  inoins  bien  démon- 
tré (ju'cn  traversant  la  portion  vestibulaire  de  l'appareil  digestif 
])Our  se  rendre  à  restoniac,  les  aliments  rencontrent  une 
hiuneur  ajtpelée^a/^'fe  niixte^qm  jouil  de  la  propriété  de  trans- 
former plus  ou  moins  rapidement  les  matières  amylacées  inso- 
lubles en  produits  solubles,  lesquels  sont  d'abord  de  la  dextrine, 


stase  salivairo  prend  naissance  dans  la 
salive  inixle,par  suite  de  la  transl'or- 
mation,  soit  de  la  ptyaline  ,  soit  de 
quelque  autre  matière  albuminoïde;  et 
comme  nous  le  verrons  bientôt,  des 
phénomènes  analogues  paraissent  se 
produire  par  raltération  de  beaucoup 
d'autres  humeurs,  car  on  u  pu  déter- 
miner la  transformation  de  Tamidon 
en  dextrine  et  en  glucose  par  l'action 
d'un  grand  nombre  de  matières  ani- 
males en  décomposition  (  voyez  ci- 
après  page  61). 

Les  expériences  faites  avec  une 
sorte  de  salive  artificielle  préparée  en 
faisant  infuser  dans  de  Feau  des  frag- 
menls  de  diverses  glandes  salivaires, 
et  dans  lesquelles  on  a  \  u  la  transfor- 
mation de  l'amidon  en  glucose  s'eUec- 
tuer  sous  l'influence  du  liquide  obtenu 
de  la  sorte,  ne  me  semblenl  pas  prou- 
ver que  le  principe  actif  de  la  salive 
mixte  préexiste,  soit  dans  la  salive 
parotidienne,  soit  daps  la  salive  maxil- 
laire ou  dans  le  mucus  buccal.  En 
ell'et,  l'action  sacchari liante  exerct-e 
de  la  sorte  est  très  faii)te  cl  coni]);!- 
rable  à  celle  produite  j)ar  les  infu- 
sions du  lissu  des  reins  et  de  beau- 
coup (faulres  substances  organifjues: 
et  -M.  l'rerichs  a  reniar(|U(''  (pie  la 
réaction  devenait  beaucoup  plus  éner- 


gique, lorsqu'au  lieu  d'employer  l'in- 
fusion de  la  membrane  muque.use  de 
kl  bouche,  et  celle  du  tissu  de  l'une 
des  glandes  salivaires  séparément,  on 
faisait  usage  d'un  mélange  de  ces  deux 
liquides  («).    M.  Longct  a  fait  des  ex- 
périences analogues.  Ce  physiologiste 
plaça,  dans  des   vases  contenant  de 
l'empois,  des  fragments  des  différentes 
glandes  salivaires,   éleva  la  tempéra- 
ture à  ZiO  ou  65  degrés,  et  constata,  au 
bout  de  deux  ou  trois  heures,  qu'il  y 
avait   eu    production  d'une    quantité 
notable  de  sucre.  Tl  paraît  en  inférer 
que  le  principe  saccliariliant  de  la  sa- 
live mixte  est  fourni  directement  par 
toutes  ces  glandes  et  ne  prend  pas 
naissance  dans  la  bouche  (/>).  Mais  les 
conditions  dans  lesquelles  les  infusions 
ont  été  placées  sont  si   favorables  à 
l'altération   rapide  des  matières  ani- 
males,   que   cette  conclusion  ne  me 
l)araît  pas   fondée.    Le  même  auteur 
argue    aussi  d'expériences  dans    les- 
(juelles  la  salive   sous-maxillaire,  re- 
cueillie dans   la  bouche  au  moment 
où   ce   litpiide    sortait  des  canaux  de 
W  liarlon,  fut  enq)lo\ée  et  produisit  la 
Iransformation  de  l'amidon  en  sucre; 
mais,   malgré  les    précautions    prises 
pour  (Mupècher   le  mi-lange  de  celle 
salive    avec  les  produits  fournis  par 


(a)  l'rericlis,  Die  Verdauitny  (Wagnei's  llandwôflcvliucli  dcr  Physiologie,  t.  ill,  p.  77iîJ. 
(6)  Longet,  Traité  de  physiologie,  ISôT,  t.  1,  2"  [larlio,  p.  170 


PROPRlÉTi:S    UIGESTIVES    DE    LA     SALIVE,  61 

puis  l'espèce  de    sucre  particulier    qu'on  appelle  glucose  ou 
glijcose  (1). 

Il  ne  faut  pas  croire  cependant  que,  par  le  fait  même  de  leur 
passage  dans  la  bouche  ou  de  leur  séjour  dans  cette  cavité  pendant 
la  durée  du  travail  delà  mastication,  les  matières  féculentes  soient 
d'ordinaire  modilîées  de  la  sorte.  L'action  transformatrice  de  la 
saliveest  trop  faible  et  trop  lente  pour  que  la  plupart  des  aliments 
de  cette  nature  puissent  être  attaqués  par  ce  liqin'de  et  ren- 
dus solubles.  Ainsi  il  suffit  de  garder  dans  la  bouche,  pendant 
quelques  instants,  de  l'empois  nouvellement  préparé,  pour  que 
cette  substance  insipide  acquière  une  saveur  sucrée  très  pro- 


P.ôle 
de  la  sali\o 

dans 

la  digeslidii 

(les  inalièri's 

amylacées. 


la  tunique  muqueuse  de  la  bouche,  il 
me  semble  difficile  de  croire  qu'en 
baignant  celle-ci,  elle  ne  soit  chargée 
d'aucune  matière  étrangère. 

J'ajouterai  que  le  tissu  de  la  glande 
parotide  du  chien,  qui,  à  l'état  frais, 
ne  communique  qu'une  Uès  faible 
puissance  saccliarifiante  à  l'eau  dans 
laquelle  on  le  l'ait  infuser,  devient  au 
contraire  très  actif  quand  on  le  fait 
macérer  préalablement  dans  l'alcool 
pendant  quelques  jours.  ^I.  Cl.  Bernard 
a  trouvé  aussi  que,  par  le  fait  de  la 
macération  dans  l'alcool,  toutes  les 
membranes  nuujueusi's  devenaient 
aptes  à  conununiquer  à  l'eau  les 
propriétés  sacchariliantes  très  pro- 
noncées (a). 

Dans  quelques  cas  pathologiques,  la 
salive  parotidienne,  au  moment  de  sa 
sortie  de  la  glande,  paraît  posséder 
déjà  une  certaine  puissance  saccliari- 
fiante.   En   efîet,   ^I.    Jarjavay   ayant 


recueilli  une  certaine  quantité  de  salive 
provenant  d'une  fistule  du  canal  de 
Sténon,  dont  un  de  ses  malades 
était  adecté,  soumit  ce  liquide  à  l'exa- 
men de  M.  Miahle,  et  celui-ci  y  re- 
connut une  faible  puissance  saccha- 
rifiante  (6).  Du  reste,  nous  verrons 
bientôt  que  le  mucus  nasal,  qui  d'or- 
dinaire est  presque  inerte,  peut  ac- 
quérir la  même  propriété  dans  les 
cas  d'inflammation  de  la  membrane 
])ituilairc  (r). 

(1)  jM.  Dumas  a  r('-uni  sous  le  nom 
de  glucose  le  sucre  de  fécule,  le  sucre 
de  raisin,  le  sucre  de  miel  et  le  sucre 
de  dia])ète,  matières  qui  sont  iden- 
tiques par  leur  composition  et  leurs 
propriélés  (d).  Quelques  auteurs  ont 
cru  devoir  substituer  à  ce  nom  celui 
de  (jhjcose,  qui  dérive  de  la  même 
racine  grecque,  et  qui  serait  préférable 
si  le  premier  n'était  depuis  longtemps 
d'un  usage  très  général. 


(a)  Cl.  Bernard,  Leçons  de  phijsiologie  expérimentale  faites  en  1S55,  1.  II,  p.  375  et  suiv. 
(6)  Voyez  Bérard,  Cours  de  physiologie,  t.  II,  p.  403. 

(c)  Cl.  Bernaril,  Mém.  sur  le  rôle  de  la  salive  dans  les  phénomènes  de  la  digestion  {Archives 
générales  de  wédecine,  i"  série,  1847,  t.  XIII,  p.  iCi). 
{d)  Dumas,  Traité  de  chimie,  I.  VI,  p.  375. 


62  DIGESTION. 

noncée.  Le  même  phénomène  se  produit,  quoique  plus  lentement 
et  avec  moins  d'intensité,  quand  on  soumet  à  une  mastication 
prolongée  du  pain  bien  cuit,  ou  mieux  encore  les  petits  disques 
de  pain  azyme  que  l'on  connail  sous  le  nom  de  pains  à  chanter  ; 
mais  dans  cette  opération,  la  plus  grande  partie  de  la  matière 
'  amylacée  reste  intacte,  et  quand  on  soumet  à  l'action  de  la  salive 
de  la  fécule  qui  lî'a  pas  été  désagrégée  par  la  cuisson,  les 
transformations  ne  se  produisent  que  très  lentement,  et  il  faut 
deux  ou  trois  jours  d'immersion  pour  que  la  production  du 
sucre  soit  bien  manifeste.  Quand  les  grains  de  fécule  ont  été 
réduits  en  une  poudre  Une  par  le  broyage,  la  réaction  est  moins 
lente,  mais  elle  ne  peut  se  produire  que  dans  des  proportions 
insignifiantes  pendant  le  temps  fort  court  durant  lequel  les 
aliments  séjournent  dans  la  bouche  (1);  et  c'est  un  mélange 
susceptible  de  donner  naissance  à  du  glucose,  et  non  ce  produit 
lui-même,  ({ui,  dans  l'immense  majorité  des  cas,  arrive  dans 
l'estomac,  qu;nid  l'Homme  ou  les  Animaux  font  usage  d'ali- 
ments amvlacés. 

Du  reste,  la  diastase  est  susceptible  de  transformer  la  fécule 
en  dextrine,  et  celle-ci  en  sucre,  quand  elle  est  à  l'état  neutre, 
aussi  bien  que  lorsqu'elle  est  mêlée  à  une  petite  quantité 
d'alcali,  et  la  puissance  sacclinrifiante  de  la  salive  n'est  pas 
détruite  par  l'addition  d'un  acide  dilué  (2).  Il  en  résulte  que  ce 


(1)   Ainsi,  dans  (iiiolquos-unos  des  ('2)   Sébastian,   M.   WriKlJt,   M.  Cl. 

expériences  iailcs  par  M.  Cl.  Bernard  Ueniard    cl    quohiiies   physiologistes, 

sur  des  Chevaux  bien  portants  et  nian-  ont  cru  que  la  salive  perdait  son  pou 

géant  de  l'avonie,  le   bol  alimentaire  voir  saccharilianl  par  l'addition  d'un 

a   été.  saisi  pendant  son  passage  dans  acide  quelconque  (/^),  et  que  par  consé- 

l'n^sopbage,  et  Ton  n'y  a  trouvé  aucune  queul   ce    liquide    ne   pouvait  opérer 

Iracf  de  dextiiiu'  ui  de  glucose  (</).  la  transloruiation  de  l'amidon  en  dcx- 


(fl)  CI.  P-ernard,  Mém.  sur  le  rôle  de  la  salive  dans  les  phétwmêncs  de  la  digestion  {Archives 
générales  de  nu'dctine,  ^'  série,  iShl,  t.  XUl,  p.  18). 

(fc)  Idem,  Op.  cil.  (Arch.  (lén.  de  méd.,   i'  série,    4847,  I.  Xlll,  p.  UJ. 


l'KOPIllirrÉS    UIGKSTIVKS    UE    LX    SALIVE.  6o 

liquide,  malgré  son  mélange  avec  le  suc  gastrique  dans  l'inté- 
rieur de  l'estomac,  peut  continuer  à  agir  sur  les  aliments  amy- 
lacés pendant  leur  séjour  dans  cet  organe;  et  effectivement 
l'expérience  prouve  qu'ils  y  donnent  naissance  à  du  sucre  d'a- 
midon. Ainsi,  d'un  côté,  on  a  constaté  que,  dans  les  digestions 
artificielles,  le  suc  gastrique  ne  saurait  effectuer  cette  transfor- 
mation ;  d'un  autre  côté,  on  a  trouvé  du  glucose  dans  le  chyme 
d'Animaux  nourris  avec  des  aliments  féculents  seulement  (1)  ; 


trine,  puis  en  glucose,  dans  l'estomac, 
par  cela  seul  qu'il  y  rencontrait  le  suc 
gastrique,  qui  est  acide.  Mais  les  expé- 
riences de  i\I.  Jacubowitscii  et  de 
M.  Frerichs  conduisirent  au  résultat 
contraire.  M.  Lehmann  a  constaté 
aussi  que  la  salive  mêlée  à  de  l'acide 
chlorliydrique,  sulturique,  nitrique  ou 
acétique,  transforme  l'amidon  en  glu- 
cose ,  et  quant  à  la  rapidité  avec 
laquelle  ce  changement  s'opère,  il  n'a 
trouvé  aucune  diflérence,  que  la  sa- 
live fût  alcaline  ou  acidifiée  (a).  Enfin, 
je  citerai  également  à  ce  sujet  les 
expériences  de  M.  Longet,  dont  les 
résultats  furent  les  mêmes  (b).  J'ajou- 
terai que  le  liquide  mixte  extrait  de 
l'estomac  d'une  femme  qui  avait  une 
fistule  gastrique  a  donné  lieu  à  une 
réaction  semblable  quoiqu'il  fût  très 
acide.  On  remarqua  cependant  que 
la  transformation  de  l'amidon  en  sucn; 
était  moins  rapide  que  lorsqu'on  faisait 
usage  de  salive  buccale  non  mélangée 
d'acide  (c). 


Plus  récemment,  des  expériences 
analogues  furent  faites  en  Amérique 
par  le  docteur  Smith,  sur  le  Canadien, 
nommé  Saint- Martin,  qui  avait  servi 
aux  recherches  du  docteur  Beaumont, 
et  les  résultats  obtenus  furent  en  accord 
avec  l'opinion  annoncée  ci-dessus.  Du 
pain  que  cet  individu  avait  mangé  fut 
retiré  de  son  estomac  après  y  avoir 
séjourné  deux  heures,  et  parut  conte- 
nir une  quantité  notable  de  glucose 
ou  de  dextrine,  d'après  l'abondance 
du  précipité  de  cuivre  qu'il  détermina 
dans  le  réactif  cupro-potassique  (d). 
Enfin,  M.  Brown-Séquard  fil  sur  lui- 
même  une  expérience  du  même 
genre.  Une  demi-heure  après  avoir 
pris  un  bol  de  fécule  hydratée,  il  en 
rejeta  une  portion  par  régurgitation  et 
en  fit  l'examen  chimique  :  il  y  trouva 
du  sucre,  et  il  s'était  assuré  préalable- 
ment que  la  matière  alimentaire  dont 
il  s'était  servi  n'en  contenait  pas  (e). 

(1)  On  doit  à  M.  Jacubowitscii  des 
expériences  intéressantes   relatives  à 


(rt)  Lelimann,  Handbudi  der  physiologischen  Chemie,  I.  II,  p.  30. 

{b)  Longet,  ^'ouvelles  recherches  relatives  à  l'action  du  siic  gastrique  sur  les  matières  albu- 
minoïdes  {Ami,  des  sciences  uat.,  4"  série,  1855,  t.  III,  p.  13). 

(c)  (Irunevvaldt,   Untersucltunrjen    ûber  den  Magensaft  der  Menscheii  (Archiv  fur  physiol. 
Heilkunde,  1854,  t.  XIII,  p.  477  et  suiv.). 

(d)  Smith,  Expéi-iences  sur  la  digestion  {Journal  de physiidogie^  t.  I,  p.  154). 

{e)  Siiiiih  et  Brown-Séquard,  Expériences  sur  la  transformation  de  l'amidon  en  glycose  dans 
l'estomac  {Journal  de  physiologie,  1858,    t.  I,  p.  158). 


G/l  DIGESTION. 

enfin  on  a  reconnu  que  ces  mêmes  aliments  ne  fournissaient 
pas  (le  matière  sucrée  lors(|u'on  les  soumettait  à  l'action  de 
l'estomac,  après  avoir  extirpé  les  glandes  salivaires  ou  empêché 
de  toute  autre  manière  l'arrivée  de  la  salive  dans  l'intérieur  de 
cet  organe  (1). 

La  salive  ne  jouit  pas  toujours  au  même  degré  de  cette  puis- 
sance transformatrice  ;  mais  les  physiologistes  n'ont  encore  que 
peu  étudié  les  variations  qu'elle  peut  oITrir  sous  ce  rapport, 
soit  chez  le  même  individu,  dans  des  conditions  biologiques 
différentes  (2),  soit  chez  des  Animaux  dont  le  régime  est  dis- 


cft  point,  faites  sur  des  Chiens  chez 
lesquels  on  avait  élaljli  ju-éahiblemont 
une  fistule  gastrique.  Lorsqu'il  les 
nourrissait  avec  des  aliments  fécu- 
lents, la  inalière  qui  sortait  de  cette 
ouverture  à  l'état  de  diynie  conte- 
nait toujours  du  sucre,  quand  l'ap- 
pareil salivaire  était  dans  son  état 
normal  :  mais  après  la  ligature  des 
conduits  excréteurs  qui  en  dépendent, 
il  ne  trouva  plus  aucune  trace  de 
sucre  dans  les  aliments  de  même  na- 
ture, après  leur  séjour  très  prolongé 
dans  l'estomac  ((O- 

MINI.  Bidder  et  Schmidt  ont  étudié 
aussi  l'action  que  de  la  salive  mixte 
acidifiée  par  du  suc  gaslri(iue  exerce 
sur  rem))ois,  et  ils  ont  vu  que  ce 
mélange  détenninc  la  saccharilicatiou 
aussi  rapidement  «pie  le  fait  la  salive 
alcaline  (6). 

(1)  Plus  récemment  M.  Lent  a  con- 
staté aussi  qu'après  l'exlirpalion  des 
glandes   salivaires,  ou  la   ligature  de 


l'œsophage,  opération  qui  empêche 
aussi  l'arrivée  de  la  salive  dans  l'esto- 
mac, les  matières  amylacées  ingé- 
rées dans  cet  organe  n'y  donnent 
plus  naissance  à  du  glucose  (c). 

(2)  M.  Cl.  Bernard  a  remarqué  que 
dans  les  cas  de  stomatile  menuriell(>, 
la  salive  transforme  l'amidon  en  glu- 
cose avec  beaucoup  d'énergie  (</), 

J'ajouterai  que  M.  Bouchardat  a 
toujours  trouvé  du  sucre  dans  les 
matières  vomies  par  des  malades  af- 
fectés de  ghicosurie  auxquels  on  avait 
administré  de  l'émétique  une  heure 
après  qu'ils  curent  jiris  des  aliments 
féculents,  et  (pi'il  a  pu  retirer  de  ces 
matières  une  ceriaine  (|uantiléde  dia- 
stase  salivaire  jouissant  dos  propriétés 
saccharifiantes  de  la  diasiase  ordinaire. 
En  agissant  de  la  uiéme  manière  sur 
les  matières  vomies  deux  heures  après 
un  repas  aiuilogue  par  des  pcrsoimes 
en  bonne  santé,  il  n'a  pu  y  découvrir 
que  des  traces  de  sucre,  et,  en  opérant 


(a)  Jaciiljowitscli,  l'e  nnliva,  y.  30. 

(fc)  Bidder  et  Sclimidl,  Die  Yerdmiuugstifte,  p.  2i. 

(c)  Lent,  De  succi  oastrici  facnllate  od  aiuylum  permutandum.  C.r.vi'lua;,  1851). 

(d)  Cl.  l'.crn.ivd,  Mi'm.  sur  le  rùle  de  la  salive  dans  les  phénomènes  de  la  digestion  (Archives 
générales  de  médecine,  A'  siVie,  1Si7,  I.  MU,  p.  1'!). 


PKOPKIÉTÉS    DIGKSTIVKS    OK    LA    SALIVE.  65 

.sciiiblalile.  D'aprrs  quelques  expériences  faites  réeeiiuueuL  il 
y  a  lieu  de  croire  (lue  le  [louvoir  saccharifianl  de  la  salive  est 
plus  ^raud  chez  l'Homme  (|ue  chez  les  Chiens  (1),  et  (ju'il 
est  peu  développé  chez  les  jeunes  .Mammifères  pendant  la 
période  de  la  lactation  [^). 

J'ajouterai  que  la  salive  n'exerce  aucune  action  notahh^  sur 
les  aliments  azotés,  lors  même  qu'elle  se  trouve  mêlée  à  un 
acide  (3). 


sur  le  suc  gastrique  normal  du  cliicu, 
il  n'a  pu  en  retirer  aucun  piincipe 
sacchariiiant  (a). 

(1)    On   doit  aux  pliysiologisles  de 
recelé   de   Dorpat    quelques    recher- 
ches à   ce  sujet  faites,  sur  la  feninie 
dont  j'ai  déjà  eu  roccasion  de  parler 
comme  ayant  une    listule    gastrique. 
Dans  une  de  ces  expériences,  de  l'em- 
pois   injecté   dans  restomac  jiar   cet 
orifice  donna   immédiatement  des  si- 
gnes  indicatifs  de    la  production  de 
sucre,  et  après  un  séjour  d'un  quari 
d'heure  dans  cet  organe,  on  le  trouva 
complètement  liqui'fié.  Dans  une  autre 
expérience  on  constata   que  de  l'ami- 
don cru,    administré  par    la   houche, 
avait  été  en  partie  transformé.  Enfin, 
d'autres  expériences  sur  la  digestion 
de    l'empois  furent  laites,  comparati- 
vement sur  un  Chien,  et  l'on  reconnut 
que  la  saccharification  s'opérait  beau- 
coup moins  rapidement  dans  l'estomac 
de  cet  Animal  que   dans  celui  de  la 


fenniie  en  question  (6).  M.  Cl.  Bernard 
a  trouvé  aussi  que  la  salive  artifi- 
cielle préparée  par  infusion  du  tissu 
de  la  glande  j)arotide ,  est  beau- 
coup plus  active  quand  on  emploie 
à  cet  usage  les  glandes  salivaires  de 
l'Homme  ou  même  du  Lapin  que  si 
Ton  se  sert  de  celles  du  Chien  {<■). 

(2)  :\L\K  Bidder  et  Schmidt  ont  con- 
staté que  chez  les  Mammifères  nou- 
veau-nés, les  glandes  salivaires  sont 
iiiactives,  et  que  la  substance  de  ces 
organes  ne  produit  dans  l'empois  que 
des  changements  très  faibles.  La  salive 
d'un  enfant  de  quatre  mois  ne  déter- 
mina la  formation  de  sucre  que  très 
lentement  (d) 

[.>)  \1\I.  Cl.  Bernard  et  Barresvvil 
avaient  cru  pouvoir  remplacer  la  pep- 
sine par. la  matière  salivaire  dans  les 
expériences  de  digestion  artificielle,  et 
ainsi  quejel'ai  déjà  dit,  ils  considéraient 
ces  substances  comme  identiques  (e). 
Mais  cette  opinion  a  été  réfutée  par 


(a)  Boucliardat,  Nouveau  mémoire  sur  la  ijiijcosurie  (Annuaire  de  llicrapailique  pour  1840, 
Supplément,  p.  ll^etsuiv.;  p.  304,  elc). 

[h)  Griiiiewokll,  L'nlcrsuchungen  iibfr  den  Mngi'nsaft  [WetowWs  Anhiv  fitr  die  phijsiol.  lltil- 
kunde,  tSni,  t.  XIII,  p.  457  et  siuv.). 

—  Sclirœ'.ler,  Succi  (jastrici  humani  vis  digestiva  ope  fisiulœ  stomacalis  indagala.  Dorpat, 
1853. 

(f)  Cl.  Beniani,  Leçons  de  physiologie  expérimentale  faites  en  1805,  I.  II,  p.  373. 

((/i  Bidder  et  SclimidI,  Die  Verdauungssâfte,  p.  23. 

(e)  Cl.  Deniard  et  Barreswil,  Recherches  expénmentales  sur  les  phénomènes  chimiques  de  la 
digestion  (Comptes  rendus  de  l'Arad.  des  scienres.  ISiTi,  t.  \XT.  p.  891. 


Vit. 


5 


66  DIGESTION. 

Il  est  égalemenl  digne  de  remarque  que  le  mucus  uasal  el 
les  larmes,  on  se  mêlant  à  la  salive,  peuvent  contribuer  à  pro- 
duire l'espèce  de  digestion  des  aliments  amylacés  dont  je  viens 
de  parler,  soit  que  ces  humeurs  conliennent  des  matières  sus- 
ceptibles de  donner  naissance  à  de  la  diastase  ou  à  un  principe 
analogue,  soit  qu'elles  favorisent  le  développement  de  cet  agent 
saccharifiant  dans  le  liquide  salivaire  (1), 

Du  reste,  l'action  dissolvante  de  la  salive  est  trop  lente  et 
troj)  faible  jtour  que  la  digestion  des  aliments  féculents  .soit  en 
général  poussée  bien  loin  pendant  la  durée  de  leur  séjour  dans 
la  cavité  de  l'estomac,  et  ces  substances,  en  majeure  partie,  tra- 
verseront même  le  pylore  sans  avoir  subi  les  changements 
nécessaires  à  leur  utilisation  dans  l'organisme  ('2). 


MM.  Frericlis,  Jacubowilsch,  Loiiget 
et  plusieurs  autres  physiologistes,  qui 
ont  coustalé  riiiaptilude  de  la  salive  à 
attaquer  les  a!inienls  ali)uniiiioï(les  (a). 
(I)  Mageudie  a  trouvé  que  par  l'ac- 
tion du  séniiu  du  sang  sur  Faniidon 
cette  substance  i)()iivait  être  changée 
en  glucose  (b).  M.  Liebig  attrilme  la 
uiénie  puibsai.ce  sacchariliante  à  beau- 
coup de  tissus  animaux  en  voie  de 
décomposilion  (c).  Enlin  Al.  Cl.  Ber- 
nard a  délerniiné  la  niènic  transfor- 
nialion  à  l'aide  du  liquide  séreux 
fourni  par  les  fosses  nasales  dans  un 
cas  de  coryza  très  aigu,  el  il  a  ob- 
tenu des  résultats  analogues  en  fai- 
sant usage  de  divers  liquides  patholo- 
giques provenant  de  kystes  de  l'ovaire 
ou  du  loie  ((/). 


MM.  Bidder  et  Schmidt  ont  fait  une 
série  d'expériences  comparatives  sur 
la  durée  du  lemi)s  nécesvsaire  pour 
cllecluer  la  transformation  de  l'empois 
ou  glucose  quand  on  fait  usage,  soit  de 
salive  mixte  et  de  di\ers  autres  liqui- 
des, tels  que  les  mucus  nasal  ou  vési- 
cal,  sôit  des  produits  de  l'infusion  de 
divers  tissus  organiques,  et  ils  ont 
trouvé  que  la  puissance  saccharifianle 
était  beaucoup  plus  développée  dans 
la  salive  que  dans  toutes  les  autres 
substances  employées,  sauf  le  suc  pan- 
créatique et  le  liquide  intestinal  (c). 

(2)  M.  Cl.  Bernard  a  souvent  exa- 
miné chimiquement  le  contenu  de 
l'estomac  des  Cliiens  qui  avaient  mangé 
beaucoup  de  pommes  de  terre  cuites, 
el    qui  ont   été  tués  à  dilïéreh les  pe- 


la) Jnciibowilscli,  De  nntiva,  1848. 

—  Frericlis,  :irl.  Verdauniiij  (Waiiiicr's  tlandwôrterbuch  der  Physiologie.  I.  lit,  p.  770;. 

—  Lelini.inii,  Lehrbuch  der  pliysiûlogtscheu  Chemie,  t.  il,  |p.  33. 

—  I.ongcl,  Trniié  de  rhyiinhnie,  I.  1,  2'  p.-irlie,  p.  d"'2. 

ib)  MiijrciKlie,  A'o/«  .'îi'r  la  présence  normale  du  sucre  dans  le  sang  (Comptes  rendus  de  VAvad. 
dex  sciemes.  184(1,  t.  XXIII,  p.  18'J). 

(c)  t.iebij,',  Ltttres  sur  laihimie,  \v.n\.  p^r  C.ei  hardi,  p.  152. 

{d)  Cl.  lîiTii.inl,  dp.  cil.  {.Arihives  ijénérales  de  médecine,  i'  scmIo,  d84",  t.  Xlll,  p.  Hi,. 

(e)  h'Mi'v  cl  Scliiiiiilt,  Vie  YcrdautingiSdflc,  p.  17. 


IMÎOPRIÉTKS    niGESTlV[':S    DU    SIC    l'ANCP.KATlQUi;.  ()7 

Dans  Tinlestin  grêle,  où  les  aliiiienls  passent  en  sorlanl  de 
l'estomac,  l'action  du  piiiicipe  saccharifiant  de  la  salive  doit 
continuer;  mais  dans  celte  portion  du  cnnal  digestif  les  matières 
amylacées  se  trouvent  en  présence  d'un  autre  li(piide  qui  est 
apte  à  les  attaquer  de  la  même  manière,  et  qui  a  plus  de  puis- 
sance, savoir  :  le  suc  pancréati(pie. 

§  18. —  Dans  la  précédente  Leçon,  en  étudiant  la  composition 
chimique  de  ce  dernier  liquide,  nous  avons  vu  qu'il  est  alcalin 
et  qu'il  contient  une  matièie  particulière  douée  delà  propriétéde 
transformer  l'amidon  en  dextrine,  puis  de  changer  la  dextrine 
en  sucre  (1).  L'action  saccharifiante  des  produits  fournis  par 
le  pancréas  a  été  constatée  pour  la  première  fois  en  '18/i4  par  le 
|>rofesseur  Valentin,  de  Berne,  et  a  été  observée  vers  la  même 
époque  à  Paris,-  par  M  .M.  lîouchardat  et  Sandras  (2).  Elle  se  ma- 
nifeste non-seulement  quand  on  fait  usage  du  suc  pancréatique 


Propriétés 

digestives 

du  suc 

pancri'alique. 


Action 
snrcharifiante. 


liocles  du  havail  digestif,  et  toujoiifs 
il  n'a  pu  y  d(îcoavrir  que  des  traces 
de  sucre,  tandis  que  la  présence  de  la 
fécule  était  facile  à  mettre  on  évidence 
au  moyen  de  Tiode  (a) . 

(1)  Voyez  tome  Vi,  pat,^'  526. 

(2)  Les  expériences  de  .M.  Valentin 
furent  faites  avec  du  suc  pancréatique 
arlificiel  obtenu  en  faisant  infuser  dans 
de  Teau  des  IVagineals  de  pancréas  (6). 
Dans  celles  de  :MM.  Bouchardat  ot 
Sandras,  uo  constata  d'abord  l'existence 
du  pouvoir  saccharifiant  dans  le  suc 
pancréatique  naturel  de  la  Poule  et  de 
J'Oie  (c).  Ces  physiologistes,  sans  avoir 


connaissance  des  observations  de 
AI.  Valeniin,  firent  les  mêmes  expé- 
riences avec  du  suc  pancréatique  ar- 
tificiel préparé  par  l'infusion  de  la 
substance  du  pancréas  d'un  Lapin  ou 
d'un  Chien,  et  obtinrent  les  mêmes 
résultats  (r/).  Dans  plusieurs  de  ces 
expériences ,  la  formation  du  sucre  a 
été  constatée  non-seulement  par  le 
réactif  cupro-potassique ,  mais  atissi 
par  le  développement  de  la  fermen- 
tation alcoolique.  La  propriété  sac- 
charifiante du  suc  pancréatique  a  été 
ensuite  constatée  par  plusieurs  autres 
physiologistes  io). 


{«)  Cl.  Bernard,  Op.  cil.  {Archives  générales  de  médecine,  i*  série,  18i7,  t.  Xllt,  p.  19). 
(6)  Valentin,  Lehrbuch  der  Plnjsiolocjie  des  Menschen,  -1844,  et  2'  édil.,  t.  I,  p.  35fi. 

(c)  Bouchardat  et  Sandras,  Des  fondions  du  pancréas  et  de  son  influence  dans  la  digestion  dei 
féculents  {Supplément  à  V Annuaire  de  thérapeutique  pour  ISifî,  p.  147). 

(d)  Loc.  cit.,  p.  150. 

(e)  Strald,   Yersuc'u  iiber  die  Wirkung  des  Pankreas  (Mullcr's  .Archiv  fiir  Anat    und  Physiol., 
1847,  p.  207). 

—  Cl.  Bernard,  Mcm.  sur  le  pancréas  [Suppl.  aux  Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  sciences, 
1. 1,  p.  G02). 

~  Ki'oeger,  De  succo  panereatico,  disserl.  inaug.  Dorpal,  1854. 


(iS  niGKSTION. 

iialLirel  recueilli  >iii'  un  Animal  viviiiil,  mais  quand  on  se  sert 
d'un  suc  pancréali(iue  arHIiciel  |tré|iaiv  en  taisant  infuser  dans 
de  Teau  des  fragments  du  tissu  du  |taiieréas.  Klle  est  même 
très  énergique  (1),  et  si  l'on  examine  les  modilications  que  les 
matières  amylacées  subissent  à  mesure  qu'elles  descendent 
de  l'estomac  vers  l'anus,  on  voit  qu'elles  sont  en  général  forte- 
ment atta(iuées  et  Iransforméesen  sucre,  pnis  absorbées  par  les 
parois  de  l'intestin  avant  (|ne  d'arriver  dans  la  partie  terminale 
de  ce  canal  (2).  D'imauli'ccot/',  on  peut  faire  la  conire-épreuve 
de  ces  expériences,  car  chez  divers  Aninmnx  on  peut  ouvrir 
l'abdomen  et  extirper  ou  désorganiser  le  pancréas,  sans  empè- 
clier  la  nutrition  de  s'effectuer;  seulement  on  voit  alors  qiit? 
la  fécule  ingérée  dans  l'estomac  se  retrouve  i)resque  en  lotaliti' 


(1)  MM.  Sandras  cl  r.oiwhanlal  ont 
trouvé  quo  le  suc  panciéali(|uc'  di'  la 
Poule  saccliarifie  proniptemoiit,  non- 
seulement  TcmiJois,  mais  même  la  tV- 
cule  crue,  quand  nu  ('li-vc  un  peu  la 
icmpérature  {a). 

M.  kroeger  a  tronvi-  (iiTun  gramme 
(le  suc  pancréatique  frais  peu!  en  moins 
(TuiK'  demi-heure,  à  la  Icmpéralure 
de  35",  transformer  en  sucre  /|i?'',()7l2 
d'amidon  supposé  sec,  et,  admetlani 
d'après  d'autres  n.'clierclies  que  ce  suc 
conlientl'i  millièmes  de  madère  active, 
cel  aiUeur  eu  conclul  (|ue  celle-ci 
peut  saccliaritier  environ  3.').'!  fois  son 
poids  d'amidon  (h). 

('2)  La  transformation  de  |,i  ft'cide 
en  sucre  dans  Tinlestiu  a  élé-  coustalée 
chez  le  C.hieu  par  'i'iedeiuanii  et  (îme- 
lin,  mais  sans  (pie  ces  aulems  aient 
cherché  à  se  rendnî  compte  du  rctie 
(pie  le  suc  pancréati(pie  |)ouvait  jouer 


dans  ce  phénomène  {<■).  En  t'tudiani 
au  microscope,  et  au  moyen  des  réac- 
tifs chimiques,  la  fécule  de  pomme  de 
terre  qui  se  trouvait  dans  dillerenl(*s 
parties  du  tube  dig(\stif  d'un  Lapin 
nourri  avec  cette  substance.  \iM.  Jîou- 
cliardat  et  Sandras  ont  \u  qu'elle  tra- 
verse l'estomac  sans  avoir  été  beau- 
coup altérée,  mais  qu'à  mesure  qu'elle 
descend  dans  l'inteslin  grêle,  les  grains 
dont  elle  se  compos(>  sont  en  majeure 
partie  rongés,  défornu-s  el  dissous; 
dans  le  ca'riun  ils  ne  trouvèrent  que 
peu  de  grains  iiilacis.  et  dans  le  rectum 
lesmalières  fécales  n'en  oflraient  (puMle 
taibles  traces.  Les  mêmes  expérimen- 
tateurs out  irouvt'  que  chez  la  l'ouïe 
la  transformation  de  la  fécule  crue  en 
glucose  était  plus  rapide.  Enfin,  chez 
le  Pigeon,  ces  auteurs  reconniuent  (pu> 
la  matière  amylacéi'  avait  disparu  eu 
totalité  dans  l'inlestiu  grêle  [d). 


(ai  Boiutianl.il   i-l  S.inlrns,    Op.    rit.  {!>u}itlé)iieitl  il  IWinuiaire  de  llu'rnpi'tiliiine  pntir  ISIC, 

p.  U7l. 

:b\  KiiH'^i  r,  llr  .sncco  pniu n'ulirn.  ilisserl.  iiiaiiir.  l)m-|);il,  18,")!. 

(e)  Ticiluniaini  et  Cnii'Un,  llcclievcltes  sur  la  iliijcstimi,  t.  I,  p.  20i. 

((/)  Bdutlianlat  (H  Pamlias,  De  lu  ili(ifslw)i  ties  iiiulières  fénilenten  el  sucrées  {Supplément  à 
IWnniuiire  de  Huraiieiitique  pour  ISICp,  p.  10!)  .-i  siiiv.). 


riUtl'P.I^TKS    DlCliSTIVKS    IH     SIC    PANCREVilOli; .  GO 

ilniis  les  malirrcs  l'éuales,  sans  avoir  siil)i  aiiciiiir  alUM'alioii 
noiahlo  (1). 

La  siibslaiice  qui  donne  ;hi  suc  j)aii('n'ati(|uc  colle  propriété 
digestive  peul.  en  être  sc[)arée  par  [irécipitatioii,  et  redissoute 
sans  perdre  s(jn  [louvoir  saceliariliant  ('2^  \lais  jus(|u'ici  elle 
n'a  pas  été  l'objet,  de  reclierclies  ciiiniirpies  satisfaisantes. 

Le  su<'  pancréati(pie  n'est  pas  destiné  uuiquement  à  la  di- 
gestion des  aliments  leculents,  il  possède  aussi  la  propriété  de 
niétaniorplioser  et  de  dissoudre  les  [irincipes  albuniiuoïdes,  et 
il  exerce  sur  les  matières  grasses  une  action  renianpiable. 

L'intervention  de  ce  liquide  dans  la  digestion  des  aliments 
azotés  avait  été  entrevue  par  Eberle  il  y  a  environ  trente  ans,  et 
bientôt  a[)rès  MM.  Purkiuje  et  i^ippenlieim  constatèrent  <|ue 
le  sue  pancréatique  artilieiel  obteiui  j)ai'  l'iidusion  du  tissu  du 
pancréas  dans  de  l'eau  acidulée   peut  dissoudre  les   matières 


Aulion 

du  suc 
pnncîpalique 

sur 
1rs  principes 
albuininoïdcs. 


(1)  M.  Cl.  Bernard  a  coiislalé  que  Tin- 
jociinn  (le  cerlainos  matières  tarasses, 
telles  (|iie  du  beurre  tondu  ou  même  de 
riiuile,  dans  le  canal  excréteur  du  pan- 
créas, délerinine  la  désorganisation, 
de  tont  le  tissu  sécréteur  de  cette 
glande,  et  qu'en  général,  cependant. 
l'Animal  se  rétablit  promptenienl  et 
mange  avec  avidité  (a).  Dans  ce  cas, 
la  production  du  suc  pancréatique  ne 
peut  plus  avoir  lieu,  et  M.  Cl.  Bernard 
a  reconnu  que  la  presque  totalité  de  la 
técule  ingér(!e  dans  l'estomac  traverse 
alors  tout  le  canal  alimentaire  sans 
avoir  été  digérée  (6). 

.Nous  avons  vu  que  chez  les  l'igeons, 
dans  l'état  normal,  la  fécule  est  com- 
plètement digérée  dans  l'intestin  grêle; 
mais  Al.  Cl.  Bernard,  ayaiil  extirpé  le 


pancréas  chez  plusieurs  de  ces  Oiseaux, 
a  trouvé  que  les  aliments  amv  lacés 
étaient  évacués  avec  les  excréments 
sans  avoir  subi  d'altération  notable, 
bien  (pie  la  nutrition  eût  continué  à 
se  faire  après  l'opération  (r). 

(2)  ^IM.  Sandras  et  Bouchardal  lu 
rent  les  premiers  à  constater  ce  fait. 
Jls  virent  qu'en  ajoutant  de  l'alcool  à 
du  suc  pancréatique  de  la  Poule,  il  se 
forme  un  dépôt  qui,  séparé  ])ar  dé- 
cantation, peul  être  redissous  dans 
l'eau,  et  que  la  matière  obtenue  de  la 
sorte  agit  sur  la  fécule  comme  le  fait 
le  suc  pancrêali([ue  naturel  (cl).  Ce 
principe  est  également  préripilablc 
par  l'acétate  de  plomb,  et  (juand  il  est 
remis  en  liberté,  il  reprend  ses  pro- 
priétés saccliarifiantes. 


(a)  Cl.  Bernard,  Leçons  de  pliijsiolodie  e.rpâ'iinentale  failest  en  1855,  I.  H,  p.  275  cl  siiiv. 
(6)  Loc.  cit.,  p.  o'iQ. 

(c)  Loc.  cit.,  p.  330. 

(d)  BoMchardat  et  Sandias,    Op.  cit.  {Supplément  à  l'Annuaire  de  Ihcrnpeulique  pour  If^'tfj, 

:>.    147). 


70  DIGESTION.  ^ 

;ill)iiiiiiiioïd(3s  :  mais  c'cs!  dans  ces  dernières  années  seulement 
(jue  l'aclion  du  suc  pancréatique  naturel  sur  ces  subslances  a 
été  l'objet  d'une  étude  altentive,  et  l'on  voit  par  les  recherclies 
de  M.  Cl,  Bernard  et  de  M.  Gorvisarr,  que  non-seulement  les 
priucipes  actifs  de  ce  liquide  sont  aptes  à  modifier  les  aliments 
alhuininoïdes  k  peu  près  connue  le  lait  la  pepsine  (1),  mais  aussi 
qu'il  peut  jjroduire  ces  effets  quand  il  se  trouve  associé  soit  à  lui 
acide,  soit  à  lui  alcali  (2).  Il  paraîtrait  (|ue  cet  agent  détermine 


(1)  Les  expériences  d'Eborle  ainsi 
que  celles  de  INIM.  l'urkinje  et  Pap- 
penlieini  sur  les  propriéiés  digestives 
(lu  suc  panrréaticpic  arlidcid  (a)  res- 
lèrentpresquc  inaperçues  des  physiolo- 
gistes jusque  dans  ces  derniers  temps, 
et  c'est  surtout  à  la  suite  des  recherches 
de  Î\F.  Cl.  Bernard,  sur  les  fonctions 
du  pancréas  (b),  que  l'altenlion  fut 
appelée  sur  ce  sujet  par  les  travaux 
de  M.  L.  Corvisart  (c).  Les  opinions 
que  ce  dernier  auteur  avança  furent 
conil)attues  par  qurlques  expérimenta- 
teurs (j^ii  refusèrent  même  d'une  ma- 
nière ;iJ)solue  aux  produits  de  la  glande 
j)ancréatique  la  propriété  d'opérer  la 
dissolution  des  matières  alhuniiiioïdes 
solides  ((/);  mais  la  di;4eslion  du  i)lanc 
d'ieuf  coagulé  par  le  suc  pancréatique, 
soit  naturel,  soit  artificiel,  a  été  obser- 
vée de  nouveau  par  M.  Mcissncr.  Ce- 
pendant  il    paraît  ((ue  cet  etlet  n'est 


pas  produit  quand  le  pancréas  est  dans 
un  état  inflammatoire,  ou  que  son  acti- 
vité fonclionnelle  n'est  pas  excitée 
par  la  digestion  gastrique  (c). 

AI.  Brinton,  de  Dublin,  a  fait  égale- 
ment quelques  expériences  sur  les  pro- 
priétés digestives  du  liquide  obtenu 
par  l'infusion  du  tissu  (hi  pancréas, 
préalablement  écrasé,  dans  de  l'eau 
tiède,  et  il  a  trou\  é  que  dans  certains 
cas  les  fragments  d'ali)uniine  coagulée 
que  Ton  y  faisait  macérer  n'étaient  pas 
attaqués,  tandis  que  dans  d'autres  cas 
ils  étaient  dissons  très  rapidement  (/). 

(2)  M.  Corvisart  pense  que  ce  liquide 
agit  db  la  même  manière  sur  les  ali- 
ments albuniinoïdesquand  il  est  alcalin 
ou  neutre  que  (juand  il  est  acide  (y). 
M.  Meissncra  obtenu  la  digestion  arti- 
ficielle, en  employant  l'infusion  du 
pancréas  acidifié,  mais  il  a  toujours 
vu  que  ce  liquide  ne  dissolvait   pas 


{a)  Ebcrlc,  Pliysiolonie  lier  Verdauuiifi,  18;!i,  p.  23G  et  sniv. 

—  Piukiiije  et  l'ap|icnlioiiii,  voyez  l'Voriop's  Noiiieii,  1S3G,  t.  L,  p.  2H. 
{b)  Cl.  Hcniai-d,  Mémoire  sur  le  pancréas  {loc.  cit.). 

(c)  L.  Corvisait,  Sur  une  fonction  peu  connue  du  paiicrcus,  la  diycstiun  des  alimenin  az-otés 
{Gazette  hebdomadaire  de  médecine,  1857,  t.   IV,  p.  2()0   el  siiiv.  ;  1S58,  I.  V,  p.  !V2S  cl  suiv.). 

(<Z)  Keforsieiii  uri.l  H;ill\v;iclis,  Veber  die  Kinwirkiing  des  pankreatisclien  Safles  auf  Kiweiss 
(Sachrichlen  von  der  Univcrsitdt  zu  UOIlingen,  1858,  n*  14). — Sur  le  suc  pancréulique 
(Vlnslitul,  1858,  l.  XWi,  p.  378). 

—  Skreliilzki,  De  sucn  pancreatis  ad  adipes  et  albuminales  viatque  effectis,  dissert.  inanif. 
Uorpat,  1859  (Sclimidl's,  Jahrbilcher,  t.  (".V,  p.  153). 

(ei  iMcisMicr,  Unlcrsucliunycn  iiber  die  Verdauunrj  der  Eitueisskûrper  [Zeilschrift  fiir  rationelle 
Medicin,  3*  s('iie,  1859,  t.  \II,  p.  17  et  Suiv.). 

(/")  Urinlon,  Expériences  et  remarques  sur  l'action  du  suc  pancréatique  sur  l'albumine  (Jour- 
nal de  ph]isioloijie  de  Browii-Sc'quard,  1859,  I.  II,  p.  075). 

(a)  L.  CiM-visaii,  Sur  une  fonction  peu  connue  du  pancréas,  la  digestion  des  aliments  azotés, 
1858,  p.  2  et  SUIV.). 


PUOPRIKTES    DIGI'STIVES    Dl    SVC    PANCRÉATIQUE.  71 

la  foniKiliou  de  peptones  an;ilog'iies  à  celles  rpie  nous  avons 
vues  naître  dans  l'estomac;  mais  il  m'a  toujours  semble  que 
son  action  était  laible  (1),  et  que  la  dissolution  qu'il  opère  est 
promptement  suivie  d'indices  de  putréfaction,  de  sorte  que  je 
ne  pense  pas  que  dans  la  digestion  normale  des  aliments  albu- 
minoïdes  son  rôle  puisse  avoir  beaucoup  d'importance  (2).  11 
est  aussi  à  noter  (jue  dans  les  expériences  où  l'action,  soit  de  la 
diastase,  soit  du  sue  pancréatique  sur  l'amidon  ou  sur  le  sucre, 
a  été  prolongée  dans  certaines  conditions,  on  a  vu  souvent  se 
former  de  l'acide  lactiipie,  circonstance  sur  laquelle  nous  au- 
rons bientôt  à  revenir  (3). 

§  19.  —  Le  suc  pancréatique,  en  agissant  sur  les  graisses, 
peut  y  déterminer  des  changements  de  deux  espèces  :  les  uns 
portent  sur  la  constitution  physi({ue  de  ces   substances,    les    '^sgrai 


Aclîon 

du  suc 

|iaiiciéalique 

sur 

aisses. 


le  blanc  (l'œuf  coagulé  on  présence 
d'un  alcali  libre,  et  clélerminait  alors 
des  signes  de  putréfaction  avec  beau- 
coup de  rapidité  (à). 

(1)  M.  L.  Corvisart  conclut  de  ses 
expériences,  que  le  suc  pancréatique 
est  dix  fois  plus  riche  en  principe  actif 
(ou  pancréatine)  que  le  suc  gastrique, 
et  que  ce  liquide  (Kgi^re  les  aliments 
azotés  trois  fois  plus  vite. 

M.  Funke  a  constaté  aussi  que  des 
masses  cubiques  de  blanc  d'œuf  coa- 
gulé se  dissolvaient  presque  aussi  vile 
dans  du  suc  pancréatique  artificiel 
que  dans  du  suc  gastrique,  mais  que 
celte  réaction  était  accompagné.-  de 
phénomènes  de  putréfaction  (6). 

Cependant  dans  diverses  expériences 
dont  j'ai  été  témoin,  l'action  digestive 
du  suc  pancréatique  sur  les  aliments 


albuminoïdes   paraissait    être    faible. 

(2)  M  Cl.  Bernard  conclut  de  ses  re- 
cherches sur  ce  sujet,  que  le  suc  pan- 
créatique tUssout  les  aliments  azotés 
qui  ont  été  préalablement  mo:lifiés, 
soit  par  la  cuisson,  soit  par  l'action  du 
suc  gastrique,  mais  qu'il  n'agit  pas 
aussi  fortement  sur  la  viande  crue  ; 
que  celle-ci,  mise  en  contact  avec  ce 
liquide,  se  ramollit,  il  est  vrai,  mais  ne 
tarde  pas  à  se  putréfier  (c).  ^1.  L.  Cor- 
visart s'est  élevé  contre  cette  restric- 
tion, et  a  vu  dans  certains  cas  la  diges- 
tion des  aliments  azotés  crus  se  faire 
complètement  par  lactlon  du  sue 
pancréatique. 

(3)  On  sait  que  dans  la  fermentation 
lactique,  le  sucre  (C'^H'-O'-)  se  trans- 
forme en  acide  lactique  (C'^H'»!!'", 
'2H0),  sans  rien  perdre  ni  rien  gagner. 


(a)  Meis?ner,  Op.  cit.  {Zeitschrift  fur  ratljnelle  Mediciii,  i'  série,  1859,  i.  VII,  p.  18). 

(b)  Fuiilie,  Ueber  die  Funklion  des  Pancréas  (^clmiidl's  Jahrbïuher,  1S5S,  t.  XCVII,  p.  21). 

(c)  Cl.  Bernard,  Leçons  de  pliysiolo'iie  expérimentale  faites  en  1855,  t.  11,  p.  333. 

—  L.  Corvisart,  Funclijii  digestive  énergique  da  pancréas,  etc.  (Ga^ielte  hebdomadaire  de 
médecine,  1860,  t.  VII,  p.  515  et  suiv.). 


72 


DIGKSTION. 


Pouvoir 
emiilsif 

(lu  SLIC 

paiicréatii|ue. 


autres  sur  leur  nature  cljimique.  En  effet,  ce  liquide  possède 
à  un  haut  degré  la  propriété  d'émulsionner  les  huiles  ainsi 
(|ue  les  autres  graisses  fluides,  et  dans  eertaiues  eirconstanees 
il  opère  le  dédouhleineut  de  ces  corps  en  un  acide  gras  et  en 
glycérine. 

Cette  dernière  réaction  a  été  constatée  par  .M.  Cl.  Bernard  dans 
des  expériences  faites  au  contact  de  l'air,  mais  dans  les  circon- 
stances normales  elle  ne  se  produit  pas  dans  le  tube  intestinal,  et 
par  conséquent  il  n'est  pas  nécessaire  de  nous  y  arrêter  ici  (1). 

L'action  émulsive  de  ce  liquide  digestif  peut  être  mise 
en  évidence  à  l'aide  du  suc  pancréatique  artiHciel  obtenu  par 
l'infusion  de  quelques  fragments  du  tissu  du  pancréas  dans  de 


(l)M.Cl.Bornardaconslaléqiie,hors 
de  l'organisino  cl  à  la  teinpératm'c  de 
30  à  40  dei,M-('s,le  suc  pancréatique  vis- 
queux, mêlé  à  de  l'iuiile,  à  de  Paxonse 
ou  à  du  l)eurre,  délermine  en  quelques 
lieuiesledédouhienjent  de  ces  matières 
îjrasses  et  leur  transformation  en  c;l\- 
cérine  et  en  un  acide  f-ras  (a).  Cette 
espèce  de  saponification  des  graisses 
neutres  par  le  suc  i)ancréati([ue  fui 
ensuite  étudiée  d'iuie  manière  plus 
approfondie  par  M.  Jîerlhelol,  et  ce 
chimiste  a  constaté  que  la  salive  \n\ 
produit  pas  les  mêmes  ciTets  (b).  Au 
premier  abord  on  aurait  i)u  croire  que 
dans  le  travail  normal  de  la  di^es- 
lion.  les  {graisses,  en  rencontrani  le 
suc  pancréatique  dans  Tinlestin  };rèle, 
devaient  subir  mie  transf(»rmalioii 
semblable  ;   luiiis   les    e\|)ériences   de 


\IM.  lîiddei'  el  S<'hmidt,  publiées  par 
M.  Lenz,  prouvent  que  les  choses  ne 
se  passent  pas  ainsi  dans  rint('rieur 
de  Torganisme.  Ayant  nourri  des  Chats 
avec  du  beurre,  ils  examiuèrent  le  con- 
tenu de  rintestin  ainsi  que  le  chyle  et 
le  sang  provenant  de  l'intestin,  sans 
pouxoir  découvrir  de  l'acide  butyrique 
dans  aucun  de  ces  liquides  :  c'est  l'in- 
fluence de  l'acide  libre  contenu  dans 
le  suc  gastrique,  el  par  conséquent  dans 
le  chyme,  qui  paraît  être  la  cause,  de 
cette  différence  entre  le  mode  d'action 
du  suc  gastri(pie  dans  l'intestin  el  dans 
les  expériences  de  lalwratoire  {<■), 
Dans  des  expériences  faites  plus  réccm- 
menl  sur  ce  sujet  par  MM.  Cl.  Bernard 
l'I  lîarreswil,  la  uon-acidilic:ition  des 
graisses  ix'udiuit  la  digestion  a  été  éga- 
lemiMil  constatée  (d). 


f»)  CI.  Ituniurd,  Uedierches  sur  les  usinjcs  du  sur  jiniicrralique  (CMuples  rendus  de  rÀcatlèmic 
(1rs  si'iciiccs,  ISi',1,  I.  XXVIII,  \k  i!.">0.  pt  .\iiiinlrs  dr  rhimie,  'i'  scric,  184",),  t.  XXV,  p.  i"!)). 

(b)  liiM-llielot,  Mém.  sur  les  cnmbiiuusous  dr  lu  (ilijccrine  avec  les  acides  et  sur  la  siinlhcse  des 
principes  immédiats  des  ijraisses  des  Auuitnux  {Ami.  île  rhimie  et  de  physiqu'',  :>'  aonc,  1851, 
t.  XLI,  i>.  -272  et  sniv.). 

(c)  I-eiiz,  De  adipis  coacoHione  el  absorplloue,  ilisserl.  111:1111,'.  I)ar|iat,  1800. 

(d)  Cl.  Berriinl,  Màn.  sur  le  pancréas  {Supplém.  aux  Comptes  rendus  de  l'ActuL  des  sciences, 
185G,  t.  t,  p.  407  el  ?=iiiv.*. 


7r> 


l>ROPlilKTÉS    DIGESTIVKS    DU    SL(.    l'ANCIlÉ.VTIQUK. 

l'eau,  et  c'est  même  de  la  sorte  (iifelle  fut  découverte  il  y  a  uu 
(juart  de  siècle  par  Eberle  (l).  Elle  est  démontrée  aussi  par 
les  expériences  dans  lesquelles  on  met  en  présence  de  l'huile  et 
du  suc  pancréatique  naturel  recueilli  sur  un  Animal  vivant. 
M.  Cl.  Bernard  a  constaté  de  la  sorte  que  tontes  les  graisses  neu- 
tres à  rétal  iluide  étant  mêlées  à  une  certaine  quantité  de  celte 
humeur  et  légèrement  agitées,  se  divisaient  presque  instantané- 
ment en  ime  multitude  de  gouttelettes  d'une  petitesse  extrême 
qui  ne  se  réunissent  plus  entre  elles,  mais  restent  en  suspension 
dans  le  liquide  et  lui  donnent  un  aspect  laiteux.  Nous  verrons 
bientôt  que  c'est  dans  un  état  analogue  que  les  matières  grasses 
se  trouvent  dans  le  chyle,  et  par  conséquent  on  devait  être  na- 
turellemeutconduil  à  supposer  que  l'émulsionnementde  ces  sub- 


(1)  En  183Ù,  Eberle  constata  que  le 
liquide  obtenu  par  Tintusion  du  tissu 
(lu  pnn*  réiis  du  Bœuf  dans  de  Toau 
piuc  forme,  quand  on  Tagite  avoc  de 
riuiile,  une  éniulsion  dont  une  partie 
est  permanente  et  resseml)le  à  de  la 
crème,   tant  la   division  des  matières 
tarasses  y  est  parfaite,    il  en  conclut 
f|uc  le  suc  sécrété  par  cette  glande  de- 
\ait  maintenir  sous  la   forme    d'une 
émulsion  fine  les  matières  grasses  avec 
lesquelles  ce  liquide  est  agité  dans  l'in- 
testin, et  qu'elle  devait   servir   de  la 
sorte  à  les  faire  arriver  dans  le  chyle 
(o).  Ces  conclusions  sont  parfaitement 
d'accord  avec  tous  les  faits  découverts 
plus  récemment  ;  mais  à  Tc-poque  de 
leur  publication  elles  ne  parurent  ])as 


sufiisamment  établies,  et  même  en  Alle- 
magne les  physiologistes  n'y  accordè- 
rent que  peu  d'attention  jusqu'à  ce  que 
les  propriétés  digestives  du  suc  pan- 
créatique eussent  été  pluscomplétement 
mises  en  lumière  par  les  travaux  de 
M.  Cl.  Bernard.  En  ("IFet,  c'est  à  peine  si 
Burdachy  accorde  deux  lignes  dans  son 
volumineux  Traité  de  phijsiologio  (h), 
et  Millier,  dans  son  excellent  manuel, 
n'en  parle  pas  (c).  Je  croirais  donc 
être  injuste  envers  Î\I.  Cl.  Bernard,  si 
je  ne  lui  accordais  pas  une  large  part 
dans  la  découverte  des  fonctions  du 
pancréas.  Les  recherches  de  ce  der- 
nier physiologiste  datent  de  I8/18,  et 
ont  donné  lieu  à  plusieurs  publica- 
tions de  sa  part  (cl). 


ta)  Ebcilc,  Physiologie  der  Verduuuii/j,  |i.  iô\  cl  suiv. 

(6)  lïiintacli,  Traitr  de  yhysioloijie ,  irnil.  par  Jourdin,  I.  IX,  p.  380. 

(t)  J.  Millier,  voyez  l'ailicle  Digestion  clans  le  Manuel  de  physiologie,  U-mWa  par  .l'Uiidaii,  1845. 
t.  I,  p.  379  et  suiv.). 

(d)  CI.  Bernard,  Recherches  sur  les  usages  du  suc  pancréatique  (Ann.  de  chimie  et  de  physique, 
3*  série,  1849,  l.  XXV,  p.  474,  et  Archives  générales  de  médecine  4*  série,  t.  XIX).  —  Mém.  sur 
le  pancréas  et  sur  le  rôle  du  sm  pancréatique  dans  les  phénomènes  de  la  digestion  {Supplém. 
aux  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Acad.  des  sciences,  i  85(3,  t.  I,  p.  379).  —  Leçons  de  phy- 
siologie expérimentale  faites  au  collège  de  France  en  1855,  t.  2,  p.  170  et  suiv. 


vV: 


C 


:<9 


lll  niGESTION. 

stances  par  le  suc  pancréatique  est  un  acte  préliminaire  de  leur 
absorption.  M.  Cl.  Bernard  considère  ce  phénomène  mécani- 
que comme  étant  la  condiliou  essentielle  de  la  digestion  des 
graisses,  et  il  pense  qu'il  ne  peut  être  déterminé  que  par  l'ac- 
tion du  suc  paucréati(pie.  H  s'a|)puie  princi[)alemcnt  sur  des 
faits  de  trois  ordres,  savoir  :  1"  les  rapports  qu'il  a  observés 
entre  le  lieu  où  les  graisses  énnilsionnées  aj)p;iraisseiU  dans  les 
vaisseaux  chvlil'èrcs  et  celui  où  les  matières  grasses  rencontrent 
le  suc  pancréaliipic  lors  de  leur  passage  dans  le  canal  intesti- 
nal ;  2°  le  défaut  de  digestion  des  graisses  qui  se  manifeste 
quand  le  [)ancréas  a  été  désorganisé;  3°  l'inaptitude  des  autres 
liquides  digestifs  à  former  avec  ces  substances  une  émulsiou 
|)ermaneijtc.  J'examinerai  les  considérations  basées  siu'  les  carac- 
tères du  cliyle  lors(pic  je  traiterai  spécialement  de  ce  produit 
du  travail  digestif  (1),  et  pour  le  moment  jene  m'occuperai  que 
des  deux  dernières  propositions  dont  je  viens  de  parler. 


(1)  Nous  avons  vu  précôdeinmeiU 
([\\c.  chez  le  ïjapin  le  canal  excréleur 
(Iti  pancréas  déboiiclie  dans  riiiteslin, 
à  une  dislanrc  consiilérahlo  au-des- 
sous de  Tuuvc  rtiu'e  du  canal  cholé- 
doque («).  Or,  M.  Cl.  BiM'nard,  ayant 
ingéré  de  l'huile  dans  l'estomac  d'un 
Lapin  et  ayant  ensuite  ouvert  Tabdo- 
men  de  l'Animal  quand  le  travail  di- 
gestif était  en  pleine  activité,  remarqua 
qu'au-dessous  du  premier  de  ces  ori- 
fices, c'est-à-diie  du  point  où  le  suc 
pancréatique  est  versé  sur  les  ali- 
ments, les  vaisseaux  cliylil'èrcs  étaient 
remplis  dnnchjme  crémeux  et  riche 
en  matières  grasses  énnilsionnées,  tan- 


dis qu'en  amont  de  l'embouchure  de 
l'appareil  pancréatique  on  n'aperce- 
vait rien  de  semblable.  Il  en  conclut 
que  c'est  senlcmenl  après  leur  mélange 
a\ec  le  suc  pancréatique  que  les  grais- 
ses sont  émnlsionnécs  et  absorbées  {b). 
M.  Cl.  Bernard  m'a  rendu  témoin  de 
ces  expériences,  et  j'ai  vu  ce  qu'il  avait 
annoncé  ;  elles  ont  été  répi'lées  aussi 
avec  le  même  succès  par  d'ai'.tres  phy- 
siologistes ((•);  mais  il  paraîtrait  que 
la  signilicalion  de  ces  faits  n'est  pas 
aussi  grande  qu'on  le  supposait  d'abord, 
car  il  résulte  des  recherches  plus  ré- 
centes de  MM.  liidder  el  .Schaiidt  que 
si  le  travail  digestif  est  moins  avancé, 


(a)  Voyez  tome  VI,  iiaiio  580. 

(6)  CI.  Iteniai'il,  Ikchcrclies  sur  les  nuages  du  suc  imiicréatique  dans  la  digesliou  {Ami.  de 
cliimie,  ^'  série,  184'J,  l.  XXV,  p.  48 1).—  Mcin.  sur  le  pancréas  (Stipplém.  aux  Comptes  rendus, 
t.  I,  1).  457,1.1.  7). 

(c)  Jacltï-on,  U)i  Uigeslioa  of  fally  Mallers  by  pancrealic  Juice  {American  Journal  of  Médical 
Sciences,  \Hbi,  t.  XXVlll,  p.  ;i07,. 

—  Hydo  Saller,  iirt.  I'angreas  (TodJ's  Cyclop.,  Suppl.,  \<.  106). 


PROPRIETK.S    DIGESTIVES    DtJ    SUC    PANCnÉATIQUR.  75 

Les  physiologistes  (lui,  en  siiivaiil  la  voie  expéi-iiiienlale,   ^>nj,uencc 
ont  voulu  s'éclairer  snr  les  fondions  du  pancréas,  ont  eu  depuis    «lestruction 
longteujps  recours  à  l'extirpation  de  cet  organe,  se  proposant    l'^'^^^éas. 
de  constater  ensuiti^  les  changements  que  cette  opération  déter- 
minerait dans  les  phénomènes  de  la   nutrition.   Vers  167o, 
Brunner,  dont  le  nom  est  resté  attaché  à  une  partie  du  système 
des  organes  sécrétoires  de  l'appareil  digestif,  tenta  cette  exi)é- 
rience,  et  parvint  à  conserver  pendant  trois  mois  un  chien 
chez  lequel,  après  avoir  ouvert  l'abdomen,  il  avait  enlevé  avec 
le  couteau  la  presque  totalité  du  pancréas  (Il 

31.  Cl.  Bernard  eut  recours  à  la  même  opération,  mais  il  n'eut 
pas  le  même  succès,  et  il  substitua  à  ce  procédé  expérimental 
l'emploi  d'injections  qui,  poussées  dans  les  canaux  excréteurs 
du  pancréas,  déterminèrent  promptement  la  destruction  du  tissu 
sécréteur  de  cette  glande.  Or,  il  remarqua  (pie  les  chiens  chez 
lesquels  la  sécrétion  pancréatique  avait  été  delà  sorte  arrêtée  ou 
considéi-ablement  amoindrie,  mangeaient  avec  voracité,  mais 
maigrissaient  beaucoup,  et  que  leurs  matières  fécales,  au  lieu 
de  présenter  l'aspect  ordinaire,  se  trouvaient  chargées  d'une 


ou  trouve  de  la  graisse  émulsionuéo 
dans  les  cliylifères  situés  en  amont  de 
renibouchure  du  canal  pancréatique, 
et  ces  physiologisfes  pensent  que  si 
plus  tard  ou  n'en  voit  plus,  cela  dépend 
seulement  de  ce  que  les  aliments  gras, 
en  cheminant  dans  l'intestin,  sont  des- 
cendus plus  bas,  et  qu'il  n'en  existe 
plus  en  quantité  notable  dans  la  por- 
tion pylorique  du  duodénum  (a). 

(1)  A  l'époque  où  Brunner  fit  cette 
expérience,  les  médecins  s'occupaient 
beaucoup  de  quelques  hypothèses  ])i- 
zarres  louchant  les  fonctions  physiolo- 
giques du  pancréas,   que  l'on  croyait 


indispensable  à  l'existencedes  Animaux 
ainsi  que  de  l'Homme.  Il  s'attacha  donc 
piincipalement  à  constater  que  les 
Chiens  sur  lesquels  le  pancréas  avait 
été  extirpé  pouvaient  continuer  èi  vivre 
l'ort  longtemps,  et  un  des  Animaux 
ainsi  privés  de  la  totalité  ou  de  la  pres- 
(jue  totalité  de  cette  glande  se  rétablit 
très  bien,  et  s'échappa  au  bout  de  trois 
mois.  iMais  Brunner  ne  s'occupa  qu'in- 
cidemment des  faits  qui  auraient  été 
de  nature  à  nous  éclairer  sur  la  ques- 
tion qui  nous  occupe  ici,  c'est-à-dire 
sur  le  rôle  du  pancréas  dans  la  di- 
gestion des  matières  grasses  (b). 


(a)  Bidder  et  Sclunidt,  Die  Verdauungssâfte  und  die  Sloffwechsel,  p.  255  et  suiv. 
ib)  Brunner,  Expérimenta  nova  circa  pancréas,  édit.  du  1(503,  p.  12  et  suiv. 


76 


niCKSTIO.N, 


r|iiaiilit('  coiisidénihle  do  graisse  non  digérée.  Dans  aucune  (IjO 
ces  expériences  .M.  Cl.  Bernard  ne  parvint,  ni  à  empêcher  com- 
plètement la  digestion  des  graisses,  ni  à  détruire  la  totalité  du 
pancréas;  mais  il  considéra  les  résultats  obtenus  comme  venant 
corroborei'  ses  vues  touchant  la  nécessité  du  suc  ])ancréatirpie 
pour  l'ulilisation  ()liysiologique  de  ces  substances  alimentaires. 
Enfui  il  argua  aussi  d'un  certain  nonibre  de  cas  pathologiques 
observés  chez  rilomme,  et  dans  lesquels  l'évacuation  de  matières 
alvines  chargées  de  graisse  coïncidait  avec  nn  état  d'atrophie 
ou  de  transformation  hislj!ogi(iue  du  pancréas  (1). 

Ces  laits  ne  purent  cependant  enirainer  la  conviction  dans 
tous  les  esprils,  et  les  conclusions  que  l'on  en  avait  tirées  ne 
s'accordaient  pas  avec  les  résultats  fournis  [tnr  d'aulres  obser- 
vations. Ainsi  chez  quelques-unes  des  personnes  qui  avaient 
présenté  des   indices  de  la   non-digestion  des   graisses,  on 


(I)  Ainsi  Klliotsc.n  rapporto  deux 
observations  de  malades  cliez  lesquels 
les  di^jeclions  alvines  étaieni  eliargées 
de  beaucoup  de  graisse,  et  chez  Ics- 
(fuels  on  reconnut  par  Tautopsie  (fue 
le  canal  pancréatique  rlail  (»I)liléré  ou 
obstrui'  par  des  concrétions  (a).  Chez 
un  autre  malade  observé  par  un  mé- 
decin américain,  les  aliments  graisseux 
étaieni  recoimaissables  dans  les  fèces,  et 


après  la  mort  on  trouva  que  le  pancréas 
était  complètement  désorganisé  (h). 
Des  cas  analogues  ont  été  signalés  par 
plusieurs  autres  pathologistes  (c),  et 
ils  ont  été  rassemblés  par  ^\\\.  Moysc 
et  Cl.  F.ernard  (J). 

On  cite  aussi  diverses  observations 
de  maladies  du  pancréas  accompa- 
gnées d'un  grand  amaigrissement  et 
de  selles  graisseuses  (c). 


(rt)  Ellinison,  On  the  Dischaviie  of  fallu  Mutler  fi'o^»  ""^  lioivels  {Medico-Cliinivjicdl  Traiisnr- 
tions.  iS'JS,  t.  XVIIl,  p.  C>1). 

(b)  Gross,  Observ.  d'un  cas  de  liimeur  kysliiiue  <lu  pancréas  {Arch.  qcn.  de  mcd.,  !•  série, 
1849,  I.  XIX,  !..  215). 

((■)  IJri;;lii,  Cases  and  Observalions  conneclcd  ivilli  Diseuse  of  Ihe  Vancveas  and  Duodennni 
{Medico-CJarur'jical  Tninsactiims,  1S3:!,-I.  XVIll,  p.  1). 

—  Llovil,  Case  of  Jaundwt:  ii'tlli  [nscluv(ie  offntlii  Mallcr  front  llie  Ihni'cls  {!tled.-Ciur.  Truns., 
l.  XVIM,  p.  57). 

—  Dupjjiv,   lieviic  de  la  clinique  médicale  de  M.  Hostun  {Arcli.  qcn.df  inéd.,  18l!i,  t.  I\', 

p.  m).    ■   . 

(rf)  Movsc,  /■;/)'(/(•  hisluriqiie  cl  criluine  sur  les  fondions  ri  les  maladies  du  pancréas,  l'aris, 
185-2. 

—  CI.  Heriiartl,  Oji.  cil.  (Suiiidéni.  au.c  Coniides  rendus,  t.  I,  p.  -Si  el  <iiiv.). 

(<;)  Kiji'iiiiiiiiiii,  /(()•  l'alhologie  des  i'ankreas  i  Vierkljahrsschrift  fur  die  prahlische  IkilUundr, 
1853). 

—  A.  Clui'K,  Case  of  Diseuse  of  Ihe  l'ancreas  and  Liver  willi  fally  Discltanje  froni  thc  Bowels 
(The.  Lance! ,  1851,  l.  II,  p.  152). 

—  De  la  Trembliiyc,  Observ.  de  Pancréatile  chronique  suivie  de  mort  ifiecueil  des  travnv.v  de 
la  .S'oc.  wiM.  dlndre-el-l.nirc,  1852,  p.  W). 


l'l'.<tl'nil>;TKS    DfGKSTIVKS    DU    SLC    P.VNCRKA'HQI  K.  77 

Iroiiva  |i;ir  raiilopsie  (|i)i'  lo  pancréas  élail  dans  son  élal 
normal,  cl  qnc  c'était  lo  foie  qui  élait  malade  (i).  Knfin 
plusieurs  pliysiologisles  parvinrent  à  conserver  en  vie  des 
Animaux  chez  lesquels  le  canal  de  Wirsung'  avait  été  lié  près 
de  son  embouchure  dans  l'intestin,  et  mis  en  communication 
avec  une  ouverture  listulaire,  de  façon  à  détourner  au  dehors 
le  suc  pancréati(iue  que  ce  conduit  était  chargé  de  verser  dans 
la  cavité  digestive  ('2),  ou  bien  encore  chez  lesquels  le  tissu 


(l)  Par  exemple,  dans  quelques  cas 
rapportés  par  EUiotson,  aucune  allé- 
ralion  du  pancréas  ne  lut  remarquée 
chez  des  malades  sujets  à  des  déjec- 
tions graisseuses  (a),  et  dans  d'autres 
cas  l'état  morbide  de  cette  glande 
constaté  par  Taulopsic  n'avait  été 
révélé  par  aucun  trouble  dans  les 
fonctions  digeslives  (6).  J'ajouterai  que 
MM.  Schill  et  Longet  (c)  ont  réuni  un 
certain  nombre  d'observations  recueil- 
lies par  divers  médecins,  établissant 
que  la  graisse  a  pu  exister  en  grande 
abondance  chez  les  individus  dont  le 
pancréas  était  dans  un  état  patholo- 
gique qui  devait  faire  supposer  l'inter- 
ruption de  son  action  sécréîoire  {d). 

('2)  En  général ,  l'oblitération  du 
canal  excréteur  du  pancréas,  qui  es! 
produite   i)ar  une  ligature  n'est    pas 


durable  {e).  Eu  eflet,  ce  tube  s'ulcère 
et  se  coupe  transversalement  dans  le 
point  comprimé  par  le  lil,  qui  alors 
devient  libre,  et  »  n  même  temps  Tin- 
llannuation  des  parties  circonvoisines 
les  fait  adhérer  à  la  surface  externe 
des  deux  portions  du  canal,  et  déter- 
mine ainsi  la  lormalion  d'une  espèce 
de  man(-bon  qui  entoure  la  ligature 
et  rétablit  la  comnrunication  entre  les 
deux  fronçons  séparés  d'abord  par  la 
ligature,  puis  par  la  solution  de  conti- 
nuité' dont  je  viens  de  parler.  Le  suc 
pancréatique  peut  alors  reprendre  son 
cours  et  arriver  de  nouveau  dans  l'in- 
testin. Ce  mode  de  reconstitution  du 
canal  de  Wirsung  a  été  souvent  con- 
staté chez  le  Chien,  et  a  été  observé 
aussi  chez  d'aulres  Animaux,  tels  que 
le  Bœuf  (/■). 


{(i)  Elliolsori,  Op.  cit.  {Medico-Ckiruni.  Trans.,  l.  XVIII,  p.  07). 

(b)  llanilliekl  Jones,  Observ  rexpeclina  Dt'ijeneration  nf  Ihe  Pancréas  [Medko-Cluruvij.  Trans., 
1855,  t.  XXXVUI,  p.  V.)5). 

(c)  Schiff,   IJi'ber  die  Rolle  des  pankrealisr.hen  Sa  fies  und  der  Galle  bel  Aufnaluue  der  Fette 
(Mollesclioti's  Uiilersuch.  zitr  Natiirlebre  des  Menschen  und  der  Thiere,  1857,  l.  11,  p.  ;{45). 

—  Longet,  Traité  de  physiologie,  t.  I,  2*  parlie,  p.  205. 

(rf)  Greiselins,  De  repeiitina  siiavi  morte  ex  jiancreate  sphacelnio  (Misccll.  nat.  curins.,  1081 , 
ilcc.  {,  ;inn^  '^,  obs.  45,  t.  II,  p.  05). 

—  Abcrcroinbie,  Contributions  lo  Ih".  Palhologij  of  thr  Slomach,  ilic  Pancréas  and  ihe  Spleen 
yEdmburQh  Journal,  18-24,  t.  XXI,  \>.  5i'J). 

—  DawiilolT,  De  morbis  pancreatis  observationes  quivdam.  Dorpat,  1833,  p.  9. 

—  Eecourt,  Recherches  sur  le  pancréas,  ses  fonctions  et  ses  altérations  organiques,  thèse. 
Slrasbom-i,',  1830. 

—  'Veni,'a,  Sulla  conversione  del  pancréas  in  adipe  [Omodei,  Ann.  unw.  di  v\edicina,  1850, 
t.  CXXXvi,  p.  370). 

(e)  Bninner,  Experim.  nova  circa  pancréas,  p.  17  et  siiiv. 

if]  r.uliii,  Traité  de  physirdogie  comparée  des  Animau.r  dnmesligues,  t.  I,  p.  045. 


78  DIGKSTION, 

du  pancréas  paraissait  avoir  été  (Jélrujt  mécaniquement,  cl  clans 
plusieurs  de  ces  cas  il  parut  évident  que  la  digestion  des  ma- 
tières grasses  avait  continué  à  s'etTectuer.  Malheureusement, 
dans  la  jilunart  de  ces  recherches,  on  négligea  de  prendre  toutes 
les  précautions  qui  auraient  été  nécessaires  pour  les  rendre 
probantes:  ainsi,  lorsqu'on  fit  la  ligature  du  canal  de  Wirsung, 
on  ne  s'assura  pas  de  la  non-existence  d'un  canal  pancréatique 
accessoire,  canal  qui  se  trouve  souvent  chez  les  Animaux  dont 
on  faisait  usage  (1),  et  lorsqu'on  s'était  proposé  d'extirper  le 
[)ancréas,  on  n'a  pas  prouvé  suffisamment  par  l'investigation 
cadavérique  que  le  résultat  voulu  avait  été  obicnu  {'■2}.  Il  s'en- 
suit que  la  persistance  de  la  faculté  de  digérer  des  graisses 


(1)  Voyez  lonie  VI,  pap;e  508. 

('2)  Peu  après  la  publication  des 
expériences  de  M.  Cl.  Bernard,  Al.  Fic- 
riclis  clieicha  à  résoudre  la  question 
(lu  rôle  du  suc  pancréatique  dans  la 
digesti<»n  des  matières  grasses,  au 
uio\en  de  l'exclusion  de  ce  liquid(' 
ellecluée.  soit  par  la  ligature  du  canal 
de  Wirsung,  soil  par  celle  de  Tintes- 
lin  lui-n)ème  au-dessous  de  renibou- 
chure  de  ce  canal,  et  l'ingestion  de  ma- 
tières grasses  en  aval  de  robsiade 
opposé  ainsi  à  l'abord  du  lluide  pan- 
créatique. Dans  une  de  ces  expériences, 
il  employa  le  premier  de  ces  procédés 
sur  des  Chats,  et  trouva  que  les 
matières  grasses  n'en  lurenl  pas  moins 
digérées,  et  que  le  chyle  était  énml- 
sionné  comme  d'ordinaire  (a).  Mais 
M.  Cl.  Bernard  objecte  que  la  ligature 
n'était  pas  placée  de  façon  à  enipè- 
cher  la  totalité  du  pancréas  de  verser 


ses  produits  dans  l'intestin  (6).  Dans 
d'antres  expériences  faites  tant  sur  de 
jeunes  Chiens  que  sur  de  petits  Chats, 
la  ligature  fut  placée  autour  de  l'in- 
testin, de  façon  à  intenonipre  toute 
comnumication  entre  l'appareil  pan- 
créatique el  l'iléon ,  puis  un  niélange 
de  lait  et  d"huile  l'ut  injecté  dans  cette 
dernière  portion  de  l'intestin,  et  lors- 
qu'au bout  de  deux  ou  trois  heures  les 
Anin)aux  furent  tués,  on  trouva  tous 
les  vaisseaux  chylifères  remplis  d'un 
chyle  chargé  de  graisse  (r).  Mais 
M.  Cl.  Bernard  pense  que  cela  devait 
dépendre  de  ce  que  du  suc  pancréa- 
tique versé  préalablement  dans  la  por  • 
tion  de  l'intestin  ainsi  jsolée  s'> 
trouvait  encore  au  moment  de  l'expé- 
rience. 

M.  Ilerbst(c/)  pratiqua  aussi  la  liga- 
ture du  canal  de  AA  irsung  surdes  La- 
pins, et  ronslala  ([ue  le  ciume  laiteux 


(a)  Froriclis,  Die  Verdavwig  (Wagner's  Handwurterbnch  fur  Physiologie.  I.  Itl,  p.  840). 
(6)  Cl.  Deriiard,  Oj).  Cit.  {SuppU'iH.  aux  ComjiWs  rendiii;  de  l'Acad.  des  sciences,  i.  1.  p.  463). 
(f)  l''r(;riclis,  loc.  cil. 

(d)  Huilist,  Die  Unterbindung  des  Wtrsung'schen  Caiigcs  an  Kaninclicn  mil  liûcksiclit  auf  die 
Dernard'sche  AnsichC  ïiber  Zwech  des  panki-eatischen  Safles  {Zeitschr.  fiw  rat.  Med. ,  1853,  .N.  T., 

t.  ni,  p.  as'j). 


PROPRIÉTÉS    DIGESTIVKS    DU    SUC    PANCUÉATIQUE.  79 

(jiiand  le  paiieréas  ne  verse  plus  les  produits  de  sa  sécrétion 
dans  l'inteslin,  quoique  rendue  très  probable,  n'est  pas  com- 
plètement démontrée  parées  recherches  expérimentales,  et  que, 
pour  résoudre  la  question  qui  nous  occupe,  il  faut  chercher 
d'autres  preuves. 

Il  me  paraît  indubitable  que  le  suc  pancréatique  visqueux,   conclusions 
auquel  M.  Cl.  Bernard  réserve  l'épidiète  de  normal,  possède  à 
un  plus  haut  degré  que  toutes  les  autres  matières  avec  lesquelles 


continue  à  se  former  après  l'opéra tion; 
mais  il  négligea  le  canal  pancréatique 
accessoire,  qui  fait  connnuniquer  aussi 
le  pancréas  avec  l'intestin,  et  par  con- 
séquent on  ne  peut  rien  conclure  de 
cette  expérience  touchant  rinfluence 
du  suc  pancréatique  sur  la  digestion 
des  graisses. 

Les  expériences  fiiites  par  M,  Bé- 
rard  et  M.  Coliii  sont  sujettes  aux 
mêmes  objections.  Ainsi,  après  avoir 
établi,  chez  un  Boeuf,  une  fistule  pan- 
créatique qui  détournait  au  dehors 
■la  totalisé  du  liquide  conduit  vers  le 
duodénum  par  le  canal  de  Wirsung, 
et  avoir  laissé  l'Animal  dans  cet  état 
pendant  quelques  jours  pour  donner 
à  l'intestin  le  temps  de  se  débarrasser 
du  suc  pancréaiique  qui  devait  s'y 
trouver  au  moment  de  l'opération,  ces 
physiologistes  ouvrirent  le  canal  tho- 
racique  pendaut  que  le  travail  digestif 
était  en  pleine  activité,  et  ils  recueil- 
lirent en  peu  de  temps  environ  /lO  li- 
tres de  chyle   laiteux  qui  contenait  à 


peu    près  k    centièmes    de    matières 
solides,   dont  plus  d'un  dixième  con- 
sistait en  corps  gras  (a).    Mais,  ainsi 
que  l'a  fait  remarquer  M.  Cl.  Bernard, 
il  existe  chez  le  Bœuf  un  canal  pancréa- 
tique   accessoire,   quelquefois    même 
deux   (6),  dont   on   avait  négligé  de 
faire  la  ligature,   et  par  conséquent 
l'abord  du  suc  pancréatique  dans  l'in- 
testin n'avait  pas  cessé  ;  on  ne  saurait 
donc  conclure  de  cette  expérience  que 
l'absorption  des  graisses  a  eu  lieu  sans 
le  concours  de  ce  liquide  digestif  (r). 
J'ajouterai    que.    dans    une    autre 
série  d'expériences  de  MM.  Bérard  et 
Colin,  faites    principalement   sur   de 
très  jeunes   Chiens,  la    plus    grande 
partie  du  pancréas  fut  détruite  par  ra- 
clure, et  l'on  remarqua  qu'en  moins  de 
deux  mois  après  l'opération,  les  Ani- 
maux ainsi  mutilés   avaient  presque 
quadruplé  en  poids  (d).   Mais  on  ne 
constata  pas  l'état  dans  lequel  se  trou- 
vait la  portion  de  la  glande  qui  avait 
échappé  à  cet  écrasemeni. 


(a)  Bérard,  De  la  digestion  et  de  l'absorption  des  matières  grasses  sans  le  concours  du  jlu'ule 
paiicréaiique  \Ga%eltc  hebdomadaire  de  médecine,  4  8  57,  t.  IV,  p.  285). 

(6)  Voyez  loiiie  VI,  paires  50S  et  siiiv. 

(c)'Cl.  Benniril,  Leçons  sur  les  propriélés  phijsiologiques  et  les  altérations  pathologiques  des 
liquides  de  l'organisme,  185'J,  l.  Il,  p.  J4S  et  sniv. 

—  Poinsol,  Recherches  sur  le  pancréas  tiu  Bœuf,  au  sujet  de  la  digestion  de  la  graisse  (Gaz. 
hebd.de  méd.,  1857,  t.  IV,  p.  537). 

{dj  Bérard  et  Colin,  Mém.  sur  l'eictirpation  du  pancréas  (Galette  hebdomadaire  de  médecine. 
1857,  t.  IV,  p.  518). 


80  DIGESTIOX. 

les  graisses  se  ineleiil  dans  le  tube  digestif,  le  pouvoir  de  les 
('lîuilsionner,  et  il  résulte  aussi  des  reeherehes  de  ee  i)hysiolo- 
giste  que  ee  sue  ne  perd  pas  ses  [tropriétés  émuisiounantes  par 
suite  de  son  mélange,  soit  avee  le  sue  gastrique,  soit  avee  la 
bile;  mais  tous  les  liquides  albuinineux  qui  se  trouvent  dans  l'in- 
leslin,  soit  qu'ils  proviennent  des  aliments,  soit  qu'ils  prennent 
naissanee  dans  les  glandes  eireonvoisines,  sont  jtlus  ou  moins 
aptes  à  produire  des  effets  analogues,  et  j)ar  eonsé(juent,  lors 
même  (jue  ee  mode  de  division  des  matières  grasses  serait 
la  condition  de  leur  absorption,  (piestion  que  je  réserve  poul- 
ie nioment,  il  ne  faudrait  pas  considérer  le  suc  paneréalique 
comme  la  cause  unique,  l'agent  indis|»ensable  de  la  digestion 
de  ces  substances  alimentaires.  En  elTet,  on  sait  «pie  Ibuile 
agitée  avee  de  l'eau  albumineuse  ne  tarde  pas  à  former  une 
émulsion,  et  M.  Blondlot  a  fait  remarquer  avec  raison  qu'il 
suffit  de  mêler  intimement  les  graisses  liquides  ave(^  le  ebyme 
pour  les  y  mettre  en  suspension  dans  un  état  de  division 
extrême;  que  dans  l'estomac,  et  surtout  dans  l'intestin,  elles 
sont  en  quelque  sorte  triturées  avee  cette  matière  pâteuse  par 
l'action  des  mouvements  périslalli(]ues  dutubc  digestif,  et  que 
(»ar(^onsé(iuent  elles  doivent  y  être  divisées  en  globules  micros- 
copicpies  non  conilueuls,  c'est-à-dire  ('uuilsionnées  à  peu  près 
coumie  elles  le  soûl  (piand  on  les  :,gite  ave(^  du  suc  sécrété  pai' 
le  jiancri'as  i'1). 


(1)  Daii.s  une  tlicsc  i)réscntéo  à  la 
Faculté  des  sciences  en  1855,  M.  l'Joii- 
(llot  a  loiulu  coniplo  des  expériences 
(|n"il  a\ail  l'ailes  à  ce  sujet,  et  il  a  clier- 
clié  à  (Uablir  que  le  suc  iJ^asIrique  esl 
le  seul  liquide  (lu  tubealinieulaire  (jui 
mérite  le  nom  de  IJiiidr  digestif;  que 
cet  afîcnl  n'est  (|uc  la  cause  prédispd- 
sanle  de  la  digoslion,  et  (jue  ce  itlié- 


nomène  consiste  esscntiellemenl  en 
une  sorle  de  U'iliu-ation,  et  change 
Vétat  des  aliments  solides  do  façon  à 
les  rendre  al)sorl)al)l(>s,  mais  n'en  mo- 
(iilie  pas  la  nature  chimique  ((;).  Par 
ce  (jui  précède  on  voit  que  je  suis 
loin  de  j>arlager  toutes  les  opinions  de 
M.  lilondhtl,  bien  que  sa  thèse  ait  été 
soutenue  sous  ma  présidence. 


(a)  Hloiullot,  lleclicrcltes  sur  la  digestion  des  matières  ijrassesiThèsfS  de  lu  Fncullé  des  sciences 
de  Paris,  n*  183,  l'I  .V/(w.  des  scietices  mil.,  \'  si-rii",  I.  II,  p.  28.')). 


PUOl'RIÉTKS    DK.IÎSTIVES    Df    SIC    l'ANCRKATlQUi:.  81 

Je  rn(»[)ellerai  aussi  que  chez  la  plupart  des  Poissons  le  |)an- 
créas  n'existe  pas,  ou  ne  se  trouve  qu'à  l'état  rudimcntaire  (1); 
et  cependant  nous  avons  tout  lieu  de  croire  (|ue  ces  Animaux 
digèrent  et  absorbent  les  matières  grasses  contenues  dans  leur 
proie,  car  en  général  on  trouve  de  l'iiuilc  en  abondance  dans 
quel(]ues-uns  de  leurs  organes.  Il  est  vrai  que  les  fonctions 
dévolues  à  un  instrument  physiologique  spécial  chez  les  Ani- 
maux d'une  structure  très  perfectionnée  peuvent  être  remplies 
ailleurs  par  d'aulres  parties  de  la  machine  vivante,  et  que  par 
conséquent,  de  l'existence  de  la  faculté  de  digérer  les  graisses 
chez  des  Animaux  qui  n'ont  pas  de  pancréas,  il  ne  faudrait  pas 
conclure  à  la  non-localisation  de  cette  faculté  dans  rajipareil 
pancréatique  de  ceux  chez  lesquels  celui-ci  a  acquis  un  grand 
développement.  Mais  il  y  a  d'autres  raisons  qui  me  paraissent 
ne  permettre  aucun  doute  à  ce  sujet,  et  montrer  que  le  suc 
fourni  par  le  pancréas  n'est  pas  l'agent  unique  de  la  digestion 
des  corps  gras. 

En  effet,  nous  verrons  bientôt  que  les  liquides  sécrétés  par 
les  glandes  situées  dans  les  parois  de  l'inteshn  grêle  peuvent 
exercer  sur  les  graisses  une  action  analogue.  Du  reste,  on  doit 
se  demander  si  l'émulsionnement  de  ces  substances  est  bien 
une  condilion  de  leur  aptitude  à  êlre  absorbées.  On  l'admet  gé- 
néralement, parce  que  chez  les  IMammifères  qui  servent  d'ordi- 
naire aux  recherches  des  physiologistes  on  retrouve  les  malières 
grasses  sous  la  forme  globulaire  dans  le  chyle  ;  mais  on  sait, 
d'autre  part,  que  chez  les  Oiseaux  les  choses  ne  se  passent  pas 
de  la  même  manière;  le  chyle  n'offre  pas  les  caractères  d'une 
émulsion,  et  cependant  chez  ces  Animaux  l'utilisation  des  ali- 
ments gras  est  indubitable,  et  l'absorption  des  graisses  par  les 
l)arois  du  tube  intestinal  paraît  devoir  être  même  très  active. 

(1)  \u>cz  (ouic  VI,  page  51/j. 

vu.  fi 


Action 
de  la  bile. 


S2  DIGESTION. 

^  "20,  —  Il  existe  parmi  les  physiologistes  de  grandes  diver- 
gences d'opinion  au  sujet  des  Ibnelions  de  la  bile  dans  le  travail 
de  la  digestion;  ce  désaccord  tient  en  partie  à  l'imperfection 
de  nos  connaissances  à  ce  sujet,  mais  davantage  à  l'exagéra- 
tion des  conclusions  tirées  d'observations  exactes,  mais  deve- 
nant contradictoires  par  le  fait  de  leur  extension.  On  s'accorde 
généralement  à  reconnaître  que  la  bile  n'exerce  aucune  action 
notable  sur  les  aliments  albuminoïdes  ou  amylacés  (1),  à  moins 


'TÏT L'inaptitude  de  la  bile  à  dissoudre 
la  viande,  le  pain  et  d'autres  aliments 
albuminoïdes  ou  féculents  a  été  con- 
statée directement  par  Leuret  et  Las- 
saigne  (a).  11  résulte  cependant  des 
expériences  de  M.  INasse,  que  la  bile 
de  Bœuf  peut  déterminer  la  transfor- 
mation de  l'empois  en  glucose,  et  que 
la  bile  du  Cocbon  peut  attaquer  la 
fécule  crue,  substance  qui  résiste  à  l'ac- 
tion du  premier  de  ces  liquides  {b).  Il 
est  aussi  à  noter  que,  d'après  les  expé- 
riences de  M.  Kemp,  la  tunique  mu- 
queuse de  la  vésicule  du  fiel  paraissait 
agir  sur  lecaséum,  h  la  manière  delà 
pepsine  (r). 

M.  11.  jMcckei,  ayant  fait  agir  de  la 
bile  sur  une  dissolution  de  sucre  et 
ayant  obtenu  à  la  suite  de  cette  expé- 
rience plus  de  matières  solubles  dans 
l'éther  (pie  dans  le  cas  où  il  traitait 
par  ce  réactif  de  la  bile  seulemcnl, 
supposa  que  ce  dernier  liquide  jouis- 
sait  de  la  propriété  de   convertir  le 


sucre  en  matières  grasses  ((/)  ;  mais 
l'augmentation  dans  la  proportion  des 
substances  solubles  dans  l'étber  dé- 
pendait, non  pas  de  la  naissance  des 
corps  gras,  mais  des  transformations 
subies  par  les  acides  résinoïdes  de  la 
bile  elle-même.  Les  expériences  faites 
à  ce  sujet  par  plusieurs  pliysiologistes 
établissent  nettement  que  les  choses 
ne  se  passent  pascomme  M.  IL  Meckel 
l'avait  pensé  {e),  et  ont  conduit  cet  au- 
teur à  abandonner  sa  première  opinion^ 
Prout  pensait  que  les  matières  al- 
buminoïdes digérées  par  le  suc  gas- 
trique étaient  transformées  en  a]|)u- 
mine  coagulable  par  l'action  de  la 
bile  (/■)  ;  M.  Scberer  a  été  conduit, 
par  les  résultats  de  quelques  expé- 
riences, à  adopter  une  opinion  ana- 
logue (g),  et  M.  Frerichs  a  souvent  vu 
que  du  cliylc,  après  avoir  étélîitré  et 
mêlé  avec  de  la  bile,  était  coagulable  par 
la  chaleur  (/;).  l\Iais  M.  Lehmann  attri- 
bue les  résultais  obtenus  par  ceschimis- 


(ft)  Nasse,  Physiologie  (kr  Galle  {Archiv  fur  wisseiisch.  Ileilkunde,  1859,  t.  IV,  p.  445). 
(/))  Leiiitt  et  Lassaiijne,  liecherches pour  servir  à  l'histoire  de  la  digeslion,  1825,  p.  i46. 

(c)  Kemp,  Ueber  die  Function  der  GaUenblasenschleimhaul  (Sclimiilt's  Jrt/i;'()uc/i«r,  1858, 
t.  <I7,  p.  -l^\). 

(d)  11.  Mccki'l,  De  genesi  adipis  iii  animaUhiis.  Il:illo,  1845. 

{ej  Schiel,  Ueber  die  annebliche  liiijenschaflen  der  Galle,  den  Zucker  in  Fett  zu  verwandeln 
{Zeitschrifl  fur  rationelle  Medicin,  1840,  l.  IV,  p.  375). 

—  Ki-criclis,  Die  Yerdauung  (Wa^nm-'s  Ilandwiirlerbuch  ftir  Physiologie,  t.  III,  p.  835). 

(0  l'niul,  ilém.  sur  les  lihénomèiies  de  la  sanguificalion  (Journal  de  physique  et  d'Iiistoire 
naturelle.  1810,  t.  LX.WIX,  p.  180). 

(g)  SclieiTi-,  Chemisch-physinlogische  Untrrsuchungen  {Annaleu  der  Chemie  und  Pharmacie, 
1841,  t.  XL,  p.  9). 

(/()  l'VericIis,  Op.  cit.  (Wagner's  Uandwôrtcrhwh  der  Physiologie,  t.  III,  p.  38(i. 


PUOPKIÉTES    DIGESTIVES    DE    L.V    BILE,  83 

que  ce  ne  soit  pour  retarder  la  putréfaction  des  premiers  (1), 
C'est  principalement  sur  le  rôle  de  ce  liquide  dans  la  digestion 
des  matières  grasses  que  le  débat  a  porté.  On  savait  depuis 
longtemps  que  ce  liquide  peut  être  employé  pour  enlever  la 
graisse  qui  macule  parfois  nos  vêtements,  et  l'on  avait  pensé 
qu'il  devait  servir  d'une  manière  analogue  dans  le  tube  intestinal, 
c'est-à-dire  à  dissoudre  ou  à  émulsionner  les  matières  grasses 
contenues  dans  le  chyme  et  à  les  rendre  absorbables(2).  Jusque 
dans  ces  dernières  années  on  ne  trouvait  pas  d'autre  explica- 
tion à  donner  du  fait  bien  avéré  de  cette  digestion  et  de  l'ab- 

tes  à  d'autres  causes,  et  non  à  la  pré-  ont  constaté  une  odeur  remarqiiable- 

sence  d'albumine  régénérée.  En  effet,  ment  désagréable   dans  les   matières 

en    faisant   agir    de    la   bile  sur  des  contenues  dans  ce  tube  cbez  des  Cliiens 

peptones  pures,  préparées  soit  avec  de  où  l'entrée  de  ce  liquide  dans  le  duo- 

l'albumine,  soit  avec  de  la  fibrine  ou  dénum  avait  été  empêchée  par  la  li- 

de  la   caséine,  il   ne    parvint   jamais  gature  du  canal  cholédoque  (c). 
à  obtenir  une  matière  coagulai)le  par  11  est  aussi  à  noter  qu'en  étudiant 

la  chaleur  ou  par  l'acide  acétique  (a);  les  matières  contenues  dans  l'intestin, 

et  ainsi  que  l'a  fait  remarquer  M.  Va-  chez  un  Chien  dont  le  canal  cholédo- 

lentin,  les  expériences  de  M.  Scherer  que  avait  été  lié,  jM.  Frerichs  y  a  con- 

avaient  été  faites  en  plaçant  les  pepto-  staté  la  présence  d'une  substance  par- 

nes  et  la  bile  dans  une  anse  d'intestin  ticulière  qui  est  rcconnaissable  à   sa 

préalablement  lavée,  de  sorte  que  les  coloration  en  rose  par  l'acide  chlorhy- 

parois  de  ce  tube  membraneux  pou-  drique  (rf),et  qui  semble  être  un  pro- 

vaient  avoir  cédé   de  l'albumine.  duit  de  la  décomposition  putride  des 

(1)  Quelques  physiologistes  pensent  matières  albuminoides  (e)  ;  mais  cette 

que  la  bile  s'oppose  à  la  putréfaction  matière  paraît  se  rencontrer  normale- 

des  substances  animales  pendant  leur  ment  dans  les  fèces  de  l'Homme  (f), 
séjour  dans  l'intestin  (6),  et  cette  opi-  (2)  Ilaller  professait  cette  opinion (j;), 

nion  est  corroborée  par  les  observa-  qui  a  été  adoptée  par  beaucoup  d'au- 

tions  de  quelques  expérimentateurs  qui  tcurs  de  l'époque  actuelle  (/?). 

(a)  Lehmann,  Lehi'huch  der  physiologischen  Chemie,  l.  U,  p.  71. 

(fe)  Saundci-s,  A  Treatise  on  the  Struclure  and  Disenses  of  the  hiver,  t803,  p.  115. 

(c)  Tietlenianii  et  Gmelin,  Recherches  expérimentales  stir  la  digestion,  t.  II,  p.  71. 

—  H.  Maj'o,  On  the  Use  of  the  Bile  {London  Med.  and  Phijs.  Journal,  1826,  t.  LVI,  p.  340). 

(d)  Frericlis,  Verdauung  (Wagnpr's  Handwôrterbuch  der  Physiologie,  t.  XXXI,  p.  839). 

(e)  Virchow,  Ueber  die  physilialischen  Eigenschaften  und  das  Zerfallen  des  Fettes  (Zeitfchrifi 
fur  die  rationelle  Medicin,  1846,  t.  V,  p.  218). 

—  Bopp,   Ueber  Albumen,   Casein  und  Fibrin  (Annalen  der  Chemie   ".nd  Pharm.,  1849, 
l.  LXIX,  p.  16). 

(/■)  Weysarg,  Mikroskop.  und  chein.  Untersuch.  der  Faces.  Giesseii,   1853. 

(g)  H.aller,  Elementaphysiologiœ,  l.  VI,  p.  608. 

(/i)  Milne  Edwards,  Éléments  de  zoologie,  1840,  I.  I,  p.  112. 

—  Dumas,  Traité  de  chimie,  1846,  (.  VIII,  p.  612. 


sa 


DIGESTION. 


Effets  sor|)tion  rnii  en  est  la  suite.  Les  résultats  tournis  par  diverses 

produits  '  *  * 

P'""  .  cxi)ériences  parurent  favorables  à  eettc  manière  de  voir,  et 

la  suppression  '  '  ' 

deraciion  beaucoup  de  pbysiologistes  turent  conduits  ainsi  à  attribuer 


de 
la  bilt 


exclusivement  à  l'action  digestive  de  la  bile  l'utilisation  des  ali- 
ments gras  dans  l'organisme  animal.  Mais,  d'autre  part,  on  vit 
que  la  nutrition  n'était  pas  interrompue  lorsque  ce  liquide  cesse 
d'arriver  en  contact  avec  les  matières  alimentaires,  et  que  sans 
son  inlervention  il  pouvait  y  avoir  absorption  de  la  graisse  (1). 


(1)  Un  chirurgien  célèbre  de  l'An- 
gloterre,  M.  B.  Brodie,  fut  un  des  pre- 
miers à  étudier  expérimentalement  le 
rôle  de  la  iiile  dans  la  digestion.  11  lia 
sur  de  jeunes  Chats  le  canal  cholédo- 
que, puis,  quelque  temps  après,  il  tua 
ces  Animaux  pendant  que  le  travail 
digestif  était  en  pleine  activité,  et, 
bien  que  la  transformation  des  alinienls 
en  chyme  partit  complète,  il  n'aper- 
çut pas  dans  les  vaisseaux  chylil'èrcs 
le  liquide  énnilsionné  qui  résulte  or- 
dinairement de  rahsorplion  des  ma- 
tières grasses  dans  Tintestin.  M.  Brodie 
en  conchtt  que  Tadion  de  la  bile  sur 
les  aUmcnts  est  nécessaire  à  la  produc- 
tion du  chyle  (a). 

H.  Mayo  répéta  ces  ox])ériences  en 
évitant  une  cause  d'erreur  contre  la- 
quelle M.  Brodie  ne  s'était  jias  mis  en 
garde  :  il  eut  soin  de  ne  lier  (juc  le  ca- 
nal cholédotiue,  en  laissanl  libre  le  canal 
pancréatique,  et  cependant  il  ne  vit  pas 
de  chyle  laiteux  dans  les  vaisseaux 
chylilèrcs  {!>). 

.Mais  ces  résultats  uégalils  perdireiil 


toute  valeur  en  présence  des  faits  ob- 
servés vers  la  même  époque  par  ]\Ia- 
gendle  et  par  plusieurs  autres  physio- 
logistes. Le  premier  de  ces  expéri- 
mentateurs constata  que  le  chyle 
laiteux,  c'est-à-dire  chargé  de  graisse 
émulsionnée,  pouvait  être  formé  chez 
des  Animaux  dont  le  canal  cholédoque 
était  lié  et  dont  le  tube  digestif  ne 
i-ecevait  plus  de  bile  (c).  La  présence 
de  matières  grasses  dans  le  ch\le  d'A- 
nimaux dont  la  digestion  se  faisait 
sans  le  concours  de  la  bile,  a  été  éga- 
lement mise  en  évidence  par  des  ex- 
périences analogues  dues  à  Leuret  et 
Lassaignc,  Tiedemann  et  Gnu'lin , 
1\1.  Voisin,  .M.  B.  Phillips,  M.  Blondlot 
et  autres  ((/).  Connue  nous  le  verrons 
bientôt,  ces  derniers  physiologistes  ne 
sont  pas  arrivés  aux  mêmes  conclu- 
sions quant  au  degré  d"inlluence  que 
la  bile  peut  exercer  sur  l'absorption 
des  graisses,  mais  ils  s'accordent  à  re- 
connaître que  l'absence  de  ce  liquide 
n'ont raîiio  p;is  la  cessation  de  ce  phé- 
nomène. 


(a)  1"'.  lîi-odic,  Obsrrrtilious  on  tin'  KH'fct.i  pvodiicrd  Inj  Ihe  llitc  in  Ihc  Proccss  of  Digcslioa 
{The  Quarlerlu  Journal  of  Science,  lAteraliwc  and  Ihc  Arts,  1853,  t.  XIV,  p.  3H). 

(6)  Herbert  Mayo,  E.ïpcrimenls  with  a  View  of  asccrtaining  Ihc  Efl'ect  of  tijing  Ihc  ductus- 
conimunis  cholcdocluis  {London  Médical  nnd  Physical  Journal,  dSïïO,  I.  LVI,  p.  340). 

(c)  Ma^'Piiilie,  /'/'('cjs  cU'mcnlairc  de  plinsioloijii'. 

(d)  Voisin,  Xonvel  apcr(;H  sur  la  phijiiotofiie  du  foie,  1833,  p.  SS. 

—  I!.  l'lMlli|is,  On  the  fonctions  of  Ihc  lAver  and  thc  Uses  of  the  Bile  {London  Mcd,  and 
PhUS.  Journ.,  1S33,  t.  \1I,  p.  4-21). 

—  Bloiidiol,  Traite  analutique  de  la  digeslion,  1813,  p.  \'i). 


PROPRIÉTKS    DIGESTIVES    DE    LA    BILE. 


85 


Ainsi  on  a  constaté  que  des  Animaux  dont  toute  la  bile  ('lait 
détournée  de  l'intestin,  et  déversée  au  dehors  par  une  ouverture 
tistulaire,  pouvaient  vivre  pendant  fort  longtemps  et  utiliser 
d'une  manière  complète  les  matières  grasses  contenues  dans 
leurs  aliments  ;  d'où  quelques  auteurs  ont  cru  pouvoir  conclure 
que  cette  humeur  ne  joue  aucun  rôle  dans  la  digestion  de 
ces  substances  (1). 

Cette  opinion  ne  me  paraît  pas  admissible.  Il  est  certain  que 
la  bile  n'est  pas  indispensable  pour  la  digestion  des  matières 
grasses  ;  cela  a  été  constaté  par  la  comparaison  directe  des 
quantités  de  graisse  ingérées  dans  l'intestin  et  évacuées  par 
l'anus  chez  des  Animaux  dont  la  bile  ne  pouvait  arriver  dans 
le  duodénum,  ainsi  que  par  l'observation  des  matières  absor- 


(1)  Ce  mode  (rexpérinicntation  fut 
employé  en  ISkU  par  M.  Scliwann.  A 
l'aide  d'mic  ouveiiure  praliqiiéc  aux 
parois  de  rabdonieiî,snr  la  ligne  blan- 
che, chez  un  Chien,  on  mit  à  décou- 
vert le  canal  cholédoque,  on  lia  la 
partie  inférieure  de  ce  conduit,  et  on 
le  coupa  au-dessous  de  la  ligature,  de 
façon  à  interrompre  toute  connnunlca- 
tion  enue  l'appareil  hépatique  et  l'in- 
testin ;  puis  on  amena  au  dehors  le 
fond  de  la  vésicule  biliaire,  on  le  fixa 
aux  bords  de  la  plaie  extérieure  à  l'aide 
de  quelques  points  de  suture,  cl  l'on  y 
fit  une  incision,  de  manière  à  établir 
une  voie  pour  l'écoulement 'de  la  bile. 
La  plupart  des  Animaux  soumis  à  cette 
expérience  périrent  des  suites  immé- 
diates de  l'opération,  mais  quelques- 
uns  survécurent  pendant  un  certain 
temps  et  olfrirent  des  signes  d'inani- 


tion ;  dès  le  troisième  jour  ils  com- 
mencèrent à  maigrir,  et  au  bout  de 
deux  ou  trois  semaines  tous  mouru- 
rent dans  un  état  d'émaciation  (a).  On 
aigua  donc  de  ces  expériences  pour 
soutenir  que  la  bile  joue  un  rôle  im- 
portant dans  la  digestion  des  matières 
grasses;  mais  M.  Blondlot,  étant  par- 
venu à  conserver  pendant  très  long- 
temps un  Chien  chez  lequel  il  avait 
établi  une  fistule  biliaire,  et  ayant  vu 
que  l'Animal  digérait  bien  et  ne  dépé- 
rissait pas,  se  crut  autorisé  à  conclure 
que  la  bile  est  au  conlraire  complète- 
ment inutile  pour  la  digestion  des  ma- 
tières grasses  (6).  Ce  Chien  vécut  de  la 
sorte  plusieurs  années,  et  lorsque  enfin 
on  le  tua,  l'autopsie  paraît  avoir  montré 
qu'il  n'existait  aucune  conununicalion 
entre  son  appareil  hépatique  e!  son  tube 
alimentaire  (c). 


(a)  Schwann,  Expériences  pour  constater  si  la  bile  joue  dans  l'économie  animale  vn  rôle 
essentiel  pour  la  vie  (Mém.  de  lAcad.  de  Dru.velles,  1845,  l.  Will). 

(6)  Blondlot,  lissai  sur  les  fonctions  du  foie.  t8i(!,  p.  55  et  sniv. 

(c)  Blondlot,  Inuiilllé  de  la  bile  dans  la  dlgestimi  pr^rprement  dite  [Mém.  de  la  Soc.  de.<!  sciences, 
lettres  et  arts  de  Nancy,  48M  ,  p.  10). 


86  DIGESTION. 

bées  par  les  vaisseaux  cliylifères  (\).  Mais  il  me  semble  éga- 
lement indubitable  que  ce  liquide  peut  concourir  à  opérer  l'éla- 
])oration  et  l'absorption  de  ces  substances  nutritives.  En  effet, 
MM.  Bidder  et  Scbinidt  ont  constaté  que  cbez  les  Cbiens  qui 
portent  une  fistule  biliaire  et  qui  digèrent  sans  que  leurs  aliments 
subissent  le  contact  de  la  bile,  les  matières  grasses  ingérées 
dans  le  tube  intestinal,  tout  en  étant  absorbées  en  partie, 
écliappent  à  l'action  de  l'organisme  en  proportion  beaucoup 
plus  considérable  que  dans  les  circonstances  ordinaires,  et  se 
retrouvent  en  quantitéplus  grande  dans  les  déjections  alvines(2). 


(1)  Dans  diverses  expériences  faites 
principalement  sur  des  Cliats  et  rap- 
portées par  M.  Lenz  dans  sa  disserta- 
Uoii  inaugurale,  la  quantité  de  graisse 
contenue  dans  les  aliments  a  été  dé- 
terminée ;  puis  on  a  l'ait  comparati- 
vement l'analyse  des  matières  fécales, 
et  dans  les  cas  où  l'intervention  de  la 
bile  dans  le  travail  digestif  avait  été 
empêchée  soit  par  la  ligature  du  canal 
cliolédoqueou  l'établissementpréalable 
d'une  fistule  cystique,  soit  par  la  liga- 
ture du  (luodfMUun  au-dessous  de 
l'einbouchurc  de  l'appareil  hépatique, 
la  disparition  d'une  certaine  (piantilé 
de  graisse  dans  l'intérieur  du  canal 
digestif  a  pu  être  toujours  constatée  (a) . 
Une  série  de  recherches  dues  h 
MM.  Bidder  et  S  huiidl  tend  égale- 
nu'Ul  à  prouver  qtie  la  graisse  peut 
être  digérée  e|  ;d)sorbéc  sans  l'action 
de  la  bile  {(,). 

{•!)  Ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  le 
liquide    contenu    dans    les   vaisseaux 


chylifères  des  Animaux  chez  lesquels  la 
bile  a  été  arrêtée  dans  le  canal  cho- 
lédoque par  une  ligature,  et  détournée 
au  dehors  à  l'aide  d'une  fistule  ,  a  été 
trouvé  quelquefois  pins  ou  moins 
transparent,  ce  qui  impliquait  l'absence 
de  la  quantité  ordinaire  de  graisse 
émulsionnée  dans  les  produits  de  la 
digestion  (c)  ;  et  lors  même  que  dans 
les  expériences  de  ce  genre  le  chyle 
présentait  un  aspect  laiteux,  on  a  con- 
staté en  général  qu'il  était  moins  blanc 
que  d'ordinaire,  c'est-à-dire  moins 
chargé  de  graisse.  Cette  remarque  a 
été  faite  par  Tiedcmann  et  (juielin, 
ainsi  que  par  Leuret  et  Lassaigne  (d). 
Enfin  Mî\[.  Bidder  et  Schmidt,  après 
avoir  observé  le  même  fait,  ont  dosé 
la  quantité  de  matières  grasses  existant 
dans  le  chyle  de  deux  Chiens  dont 
l'un  était  dans  l'état  normal, tandis  que 
l'autre  portait  une  fistule  biliaire,  et  ils 
oui  trouvé  (|ue  chez  le  premier  ce 
li(piide  donnait  32  millièmes  de  ma- 


(fl)  Lenz,  De  adipis  concoctione  et  ahsorptione,  dissert,  inaug.  Dorpal,  1850,  p.  63  et  suiv.,  et 
lab.  2. 

{b)  Bid.lcr  et  ^Jclimidt,   Op.  dl.,  p.  222. 

((■I  Brodie,  Op.  cit.  {The  Quarterly  Journal  of  Science,  Literatiire  and  Ihc  Arts,  1 823,  l,  XIV, 
p.  '^43). 

[d)  Tieilcmann  et  Gmelin,  Recherches  e.i^érimentaks  sur  la  digestion,  t.  H,  p,  56. 

—  Lowift  et  I.assnicne,  lierh.  pour  servir  à  l'hist.  de  la  diqeflinu,  p.  148. 


PROPRIÉTÉS    DIGESTIVES    DE    LA    BILE.  87 

D'après  les  recherches  de  ces  physiologistes,  la  tliminuUon  dans 
les  produits  utiles  de  la  digestion  des  graisses  résultant  du 
défaut  du  liquide  biliaire  serait  même  très  grande,  et  s'élèverait 
en  moyenne  aux/) /S'' ou  même  aux  6/7"  de  la  quantité  absorbée 
chez  les  Chiens  dont  l'appareil  hépatique  fonctionne  d'une 
manière  normale  (1). 

On  remarque  aussi  que  les  Animaux  dont  la  bile  est  déversée 
directement  au  dehors  par  le  moyen  d'une  fistule  maigrissent 
en  général  beaucoup  (2).  Il  est  vrai  que  l'émaciation  peut  dé- 
pendre, jusqu'à  un  certain  point,  de  la  déperdition  d'une  quan- 


tières  grasses,  mais  que  cliez  le  se- 
cond il  n'en  contenait  pas  tout  à  fait 
2  niilliènics  (a). 

(1)  Les  expériences  sur  lesquelles 
MM.  Bidder  et  Schniidt  se  fondent 
pour  établir  ces  rapports  ne  sont  pas 
assez  nombreuses  pour  que  Ton  puisse 
attacber  beaucoup  d'importance  aux 
proportions  indiquées  ci-dessus,  mais 
elles  me  paraissent  suffisantes  pour 
montrer  que  l'absence  de  la  bile  dans 
le  tube  digestif  coïncide  avec  une  di- 
minution très  notable  dans  l'absorption 
des  matières  grasses  et  une  augmen- 
tation correspondante  dans  la  quantité 
de  ces  sul)stances  contenues  dans  les 
fèces.  Ainsi,  dans  l'expérience  faite  sur 
un  Gbien  dont  l'appareil  hépatique 
fonctionnait  d'une  manière  normale^  la 
quantité  de  graisse  absorbée  en  vingl- 
quatre  heures  correspondait  à  3s',72 
pour  1  kilog.  du  poids  du  corps.  Chez 
un  autre  Animal  de  même  espèce,  pe- 
sant 5300  grammes,  et  dont  la  bile  était 
détournée  au  dehors  par  le  moyen 
d'une  fistule,  le  déficit  accusé  par  la 


comparaison  des  quantités  de  graisse 
ingérées  dans  l'estomac  et  évacuées 
avec  les  matières  fécales,  dans  une  ex- 
périence prolongée  pendant  huit  jours, 
s'est  trouvé  être  de  95  grammes  ;  enfin 
dans  une  seconde  expérience  dont 
la  durée  était  de  cinq  jours,  il  est 
descendu  à  ^l^^Zi.  Il  en  résulte  que 
pour  1  kilogramme  du  poids  du  corps 
de  l'Animal,  la  quantité  de  graisse 
absorbée  était  par  jour  de  '2"',2/tdans 
la  première  expérience,  et  de  l^^SG 
dans  la  seconde  (6). 

(2)  Dans  une  série  d'expériences  de 
ce  genre,  faites  par  M.  Schwanu  sur 
des  Chiens,  les  Animaux  portant  une 
fistule  biliaire  furent  pesés  chaque 
jour,  et  l'on  constata  en  général  un 
grand  amaigrissement,  qui  commen- 
çait à  se  faire  sentir  dès  le  troisième 
jour  de  l'opération  et  qui  continuait 
jusqu'à  la  mort,  à  moins  que  les 
communications  entre  le  foie  et  le 
duodénum  ne  fussent  rétablies  par 
suite  d'un  phénomène  d'ulcération  et 
d'inflammation  adhésive  (c). 


p.  22". 


(a)  BidJer  et  Schmidt,  Die  Verdauunqssâfte 

(b)  Biditer  et  Sclimidt,  Op.  cit.,  p.  223"  et  siiiv. 

-   (c)  Scliwann,  Expériences  pour  constater  si  la  bile  joue  dans  l'économie  animale  vn  rôle 
essentiel  pour  la  vie  {Nouv.  Mém.  de  l'Acod.  de  Bruxelles,  1845,  f.  XVtlI,  p.  28). 


Action 

émulsive 

de  la  bile. 


88  DIGESTION. 

Iil(''  ronsidéral)lo  de  mntirre  organique  qui  résulte  de  cet  état 
(le  rlioscs,  car  dans  les  circonstances  ordinaires  les  principes 
constitulits  de  la  bile  sont  en  grande  partie  résorbés  par  les 
parois  de  l'inlestin  (1)',  mais  il  est  très  probable  qu'une  des 
principales  causes  de  ce  pbénomène  est  l'affaiblissement  déter- 
miné ainsi  dans  la  puissance  digestive,  et  l'insuffisance  de  la 
quantité  de  substances  grasses  absorbées,  quand  la  bile  ne 
concourt  pas  à  leur  utilisation. 

§  21 .  —  Ayant  été  conduit  à  admettre  que  la  bile  contribue 
à  la  digestion  des  graisses,  nous  devons  chercher  à  nous  rendre 
compte  de  la  manière  dont  elle  agit  pour  activer  l'absorption 
de  ces  substances. 

Il  est  facile  de  constater  que  la  bile  a  la  propriété  d'émul- 
sionner  les  acides  gras  et  qu'elle  favorise  la  suspension  des 
graisses  neutres  liquides;  mais  elle  ne  possède  pas  cette  der- 
nière faculté  à  un  aussi  haut  degré  que  le  suc  pancréatique,  ou 
même  que  le  mucus  intestinal,  dont  nous  aurons  bientôt  à  nous 
occuper  (2). 

Quelijues  physiologistes  ont  pensé  que,  dans  le  travail  de  la 
digestion,  les  graisses  étaient  saponifiées  par  la  bile  et  rendues 
absorbables  par  suite  de  leur  transformation  en  glycérine  et 
en  acide  gras;  mais  l'expérience  montre  que  ces  produits  ne  se 


(1)  Nous  rovieiidrons  sur  ce  sujet 
(laus  une  prochaine  Leçon. 

('2)  Vers  ]e  milieu  du  siècle  dernier, 
des  expériences  lurent  laites  sur  ce 
sujet  par  Schrœder,  et  cet  auteur  trouva 
que  (le  lliuile  éniulsionnée  par  son 
mélange  avec  de  la  bile  ne  tarde  i)as 
à  s'en  séparer  en  t^randc  partie  (a). 

AI.  \\.  Marcel  a   l'ait  dernièroment 


de  nouvelles  rcclierclies  sur  l'action  de 
la  bile  sur  les  matières  grasses  (b).  Il 
a  vu  (|ue  ce  liquide  ne  forme  pas  une 
émulsion  permaneiUeavec  les  graisses 
neuires,  mais  qu'elle  peut  se  charger 
de  beaucoup  d'acide  margari(pic  et 
d'acide  sléarique.  Ces  corps  se  com- 
hinont  avec  les  alcalis  des  sels  orga- 
niques de  la  bile  et  mettent  en  liberté 


fa)  SclirœJûr,    H.vjierimeiitoriDn  ad  veriorcm  cysticœ  bilis  imlolcm  explorandam  caplorum. 

(6)  W.  Marcel,  0»  the  .\cHon  of  Rile  npnn  Vais  (Proceed.  nf  the  Royal  Society,  185",  t.  )X, 
p.  300;  —Médical  Times  and  Cateite,  •I858;  —  .Iminial  de  pliysinlntiie  do  Urown-Séiitianl, 
t.  I,  p.  800). 


Intluencc 
de  labili; 


dos 
membranes. 


PROPRIÉTÉS    DIGF.STIVES    DE    L\    BILE.  89 

rornient  qu'on  quantité  insigniliante  dans  le  tube  intestinal,  et 
que  c'est  à  l'état  de  composés  neutres  que  la  presque  totalité 
de  la  matière  grasse  dont  l'organisme  s'empare,  arrive  dans  les 
vaisseaux  absorbants. 

En  étudiant  la  composition  chimique  de  la  bile,  nous  avons 
vu  qu'une  des  matières  constitutives  de  ce  liquide  a  la  pro-  ,,  p^;;','^,,!.;,;, - 
priété  de  dissoudre  les  graisses  neutres  (1).  Mais  l'action  dis- 
solvante que  la  bile  doit  exercer  ainsi  sur  les  substances  grasses 
qu'elle  rencontre  dans  l'intestin  est  trop  faible  pour  que  l'on 
puisse  supposer  que  c'est  à  l'état  de  dissolution  dans  ce  liquide 
que  ces  matières  traversentles  parois  du  tube  digestif  pour  péné- 
trer dans  les  vaisseaux  absorbants.  Cependant  elle  me  paraît 
devoir  influer  d'une  manière  indirecte  sur  ce  passage.  En  effet, 
nous  avons,  dans  une  précédente  Leçon,  vu  que  l'huile  traverse 
les  membranes  organiques  beaucoup  plus  facilement  quand 
celles-ci  sont  imbibées  d'une  dissolution  alcaline  que  lorsqu'elles 
sont  mouillées  par  de  l'eau  seulement  (2).  11  en  est  de  même 
quand  on  fait  usage  de  la  bile,  et  par  conséquent  on  est  autorisé 
à  penser  que  ce  liquide,  en  baignant  les  villosités  intestinales, 
doit  rendre  le  tissu  de  ces  appendices  absorbants  plus  aptes 
à  se  laisser  pénétrer  par  les  matières  grasses;  l'attraction 
capillaire,  qui  ne  s'exercerait  pas  entre  la  surface  de  la  mem- 
brane muqueuse  de  l'intestin  et  les  graisses,  si  cette  membrane 
était  mouillée  par  un  liquide  inapte  à  se  mêler  à  ces  corps,  doit 
entrer  eivjeu  quand  elle  est  imbibée  de  bile  ou  d'une  dissolû- 


tes acides    résinoïdes  ;    il    on  résulie  prodiiils  analogues   ont   t'té  souvent 

donc  un  véritable  savon.  Or,  :\I.  Mar-  observés  dans  les  déjections  alvines 

cet  a  trouvé  aussi  que  chez  les  Chiens  chez  les  ictériques,  et  par  conséquent 

il    se    produit   des  acides   gras  dans  M.  Alarcet  croit  pouvoir  établir  que, 

Testomac,  et  l'on  sait  que  dans  les  ex-  dans  le  travail  normal  de  la  digestion, 

périences  de  Tiedemann  et  Gnielin,  il  la  bile  s'empare  des  acides  gras  et  en 

existait  des  acides  gras  dans  les  ma-  détermine  l'absorption, 

tières  fécales    des  Animaux   dont   le  (1)  Voyez  tome  VI,  page  Z|86. 

canal    cholédoque  avait  été   lié.  Des  (2)  Voyez  tome  V,  page  223. 


90 


DIGESTION. 


tion  de  taurocholate  de  soude,  puisque  ces  liquides  sont  sus- 
ceptibles de  dissoudre  les  matières  grasses.  D'après  les  lois  des 
actions  de  capillarité  et  les  relations  que  nous  savons  exister 
entre  les  faits  de  cet  ordre  et  l'absorption  pbysiologique,  il  y  a 
donc  lieu  de  croire  que  la  présence  de  la  bile  dans  l'intestin 
doit  contribuer  à  faciliter  le  passage  des  graisses  à  travers  le 
tissu  perméable  des  villosités  et  l'entrée  de  ces  substances  dans 
le  système  vasculaire  (1). 


(1)  M.  Matteucci  a  appelé  l'atten- 
tion des  physiologistes  sur  rinfluence 
que  la  présence  d'un  liquide  alcalin 
dans  l'intestin  pouvait  exercer  sur 
l'absorption  des  matières  grasses  par 
les  parois  de  ce  tube  {a)  ;  mais 
M.  Schiff  a  remarqué  que  l'endos- 
mose de  ces  substances  à  travers  les 
mendjranes  animales  ne  s'opère  pas, 
si,  au  lieu  de  lesalcaliniser  avec  de  la 
potasse  caustique,  on  emploie  du  car- 
bonate de  potasse  (6),  et  l'on  objecte 
aussi  que  dans  le  voisinage  du  duodé- 
num la  bile  est  neutralisée  par  les 
acides  du  suc  gastrique.  Il  paraissait 
donc  difficile  de  croire  que  la  bile,  en 
raison  de  son  alcalinité,  pût  influer 
notablement  sur  la  puissance  absor- 
bante des  parois  de  l'intestin. 

L'explication  physique  donnée  ci- 
dessus  repose  sur  des  considérations 
du  même  ordre,  mais  qui  s'appliquent 
au  rôle  d'une  autre  des  substances 
constitutives  de  la  bile,  l'acide  tauro- 
cholique,  que  nous  savons,  par  les 
expériences  de  M.  Slrecker,  être  apte 
à  dissoudre  une  cerlainc  quantité  de 
graisse. 

Au  sujet  de  l'influence  modificatrice 


que  la  bile  peut  exercer  sur  les  attrac- 
tions capillaires  en  jeu  entre  les  mem- 
branes humides  et  les  liquides  gras, 
je  citerai  une  expérience  de  I\LM.  Bid- 
der  et  Schmidt.  Ces  physiologistes 
plongèrent  dans  de  l'huile  l'extrémité 
inférieure  de  deux  tubes  capillaires, 
dont  Tun  avait  été  préalablement 
mouillé  intérieuremen  tavec  de  la  bile, 
et  dont  l'autre  était  tantôt  sec,  d'au- 
tres fois  humecté  avec  une  dissolution 
saline,  et  ils  virent  que  la  matière 
grasse  s'élevait  toujours  beaucoup 
plus  haut  dans  le  premier  que  dans 
le  second  (c).  Des  expériences  de 
M.  Wistingshausen,  faites  sous  la  di- 
rection de  IVI.  Schmidt,  fournissent 
aussi  des  arguments  en  faveur  de 
l'opinion  professée  ci-dessus.  Ce  jeune 
physiologiste  a  constaté  que  l'endos- 
mose des  matières  grasses  provoquée 
par  une  dissolution  alcaline  est  beau- 
coup augmentée  piir  le  fait  du  mélange 
de  ces  substances  avec  une  dissolution 
de  taurocholate  de  soude  (d).  Je  rap- 
pellerai également  les  expériences  de 
:\I.  llollmann,  dont  j'ai  déjà  eu  Tocca- 
siou  de  parler  dans  la  quarante-cin- 
quième Leçon  (tome  \,  p.  223). 


{a)  MaUeucci,  Leçons  sur  les  phénomènes  physiques  des  coi'ps  vivants,  1847,  p.  106. 
{b)  l.ongct,  Traité  de  physiologie,  I.  1,  2"  partie,  p.  255. 

(c)  Bidiler  et  Sclimidl,  Die  Verduminyssàfle  nnd  der  Sto/fwechsel,  p.  231. 

(d)  Wisiiiigsliausen,  Expérimenta  quicdam  endosmoii<:a  de  bilis  in  absorplionc  adipum  neutrO' 
lium  partibîis.  Doipat,  1851. 


PROPRIÉTÉS    UIGESTIVES    DE    LA    BILE,  91 

On  pense  généralement  que  la  bile  exerce  sur  les  parois  de      Action 

.    ,  slimulanli; 

l'intestin  une  action  stimulante  qui  provoquerait  les  mouvements  tie  la  i,iic. 
péristaltiques  de  ce  tube  (1).  Effectivement,  on  a  constaté  que 
les  villosités  de  la  tunique  muqueuse  de  l'intestin  se  contractent 
par  l'effet  d'un  contact  prolongé  avef;  la  bile,  et  les  mouvements 
de  ces  organites  pourraient  bien  influer  sur  l'action  absorbante 
qu'ils  exercent  sur  les  matières  grasses  pendant  le  travail  de  la 
digestion;  mais,  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  on  ne 
peut  former  que  des  conjectures  à  ce  sujet. 

Enfin  il  y  a  lieu  de  croire  que  la  présence  de  la  bile  dans 
l'intestin  excite  la  sécrétion  des  liquides  fournis  par  la  tunique 
muqueuse  de  ce  canal  ou  par  les  glandules  sous-jacentes, 
et  qu'elle  contribue  de  la  sorte,  d'une  manière  indirecte,  à 
compléter  le  travail  digestif  aussi  bien  qu'à  lacililer  l'évacua- 
tion du  résidu  laissé  par  les  aliments  (2)  ;  car  les  sucs  in- 

(1)  Les  expériences  de  M.  Schiff  raient  la  bile  comme  une  espèce  de 
nous  ont  appris  que  le  contact  de  la  pnrgatif  naturel,  et  Ton  a  eu  souvent 
bile  détermine  dans  les  fibres  muscu-  l'occasion  de  remarquer  que  chez  les 
laires  des  contractions  violonles,  et  ictériques ,  les  matières  fécales  sont 
que  ces  effets  sont  plus  intenses  sur  en  général  dures  et  rendues  à  de 
les  muscles  involontaires  que  sur  ceux  longs  intervalles  :  or  la  jaunisse  dé- 
de  la  vie  animale  {a).  Mais  dans  Fin-  pend  en  général  d'un  arrêt  du  cours 
lestin  la  bile  n'arrive  pas  en  contact  de  la  bile  dans  les  conduits  excréteurs 
avec  la    tunique    musculaire    de    ce  du  foie. 

tube;  elle  en  est  séparée  par  la  mem-  Tiedemann  et  Gmelin  ont  constaté 

brane  muqueuse,   et   par  conséquent  aussi  que  chez  les  Chiens  auxquels  ils 

elle  ne  pourrait  exercer  qu'une  action  avaient    lié  le   canal   cholédoque,  les 

indirecte  sur  les  fibres  contractiles  du  selles  étaient  très  rares  (c).  Mais  dans 

canal  intestinal.  Du  reste,  on  sait  aussi,  les  expériences  de  ^IM.  Blondlot  et  de 

par  les  expériences  de  M.  Budgc,  que  plusieurs    autres    physiologistes  ,    les 

la  bile  appliquée  sur  un  nerf  moteur  Animaux  qui  portaient  une  fistule  bi- 

détermine  des  contractions  spasmodi-  liaire,  et  qui  ne  recevaient  pas  de  bile 

ques  dans   les    nniscles    correspon-  dans  leur  intestin,  continuèrent  néan- 

dants  (6).  moins  à  avoir  des  évacuations  alvines 

(2)  Les  anciens  médecins  considé-  très  régulières  (cl). 

(a)  Scliiff,  Der  Modus  der  Herz-beiregung  (Archiv  fur  physiol.  Hcilkunde,  1850,  I.  IX,  p.  00). 
(6)  Budge,   Die  Galle  als  starkes  Reinnitlel  fur  Nerven  und  Muskeln  (Froriep's  Tagsberichte, 
Abh.  fur  Anat.  und  Physiol.,  4  852,  1. 1,  p.  243). 

(c)  Tiedemann  et  Gmelin,  Recherches  sur  la  digeslion,  t.  II,  p,  7-1 , 
(li)  Blondlot,  Kssni  sur  les  fonctions  du  foie,  tSiO,  p.  73. 


Arlion 

(fs  sucs 

intestinaux. 


92  DIGESTION. 

testinaux,  comme  nous  allons  le  voir,  sont  aussi  des  liquides 
digestifs. 

Il  est  également  à  noter  que  la  bile,  en  raison  de  la  soude 
(ju'elle  contient  à  l'état  de  liberté  ou  faiblement  unie  à  ses  acides 
résinoïdes,  contribue  à  saturer  les  acides  du  suc  gastrique  et  à 
arrêter  l'action  digestive  de  la  pepsine  sur  les  matières  albumi- 
noïdes  (1).  Quant  aux  autres  modifications  que  la  bile  subit 
par  suite  de  son  mélange  avec  les  sucs  acides  ou  autres,  qu'elle 
rencontre  dans  l'estomac,  je  ne  m'y  arrêterai  pas  en  ce  moment, 
parce  qu'elles  ne  paraissent  avoir  aucune  influence  sur  le  travail 
digestif  proprement  dit,  et  j'y  reviendrai  quand  je  parlerai  des 
matières  excrémentitielles  (2). 

§  22.  —  Indépendamment  du  mélange  formé  par  la  bile,  le 
suc  pancréatique ,  le  suc  gastrique  et  la  salive,  il  arrive  dans  la 
cavitéde  l'intestin  desliquidesqui  sont  sécrétés  par  les  giandules 
logées,  comme  nous  l'avons  déjà  vu,  dans  les  parois  de  cette 
portion  du  tube  digestif,  ou  qui  se  produisent  à  la  surface  de  sa 
tunique  muqueuse  (3).  Le  premier  de  ces  liquides  propres  à  l'in- 
testin est  désigné  d'une  manière  générale  sous  le  nom  de  suc 


(1)  Sylviiis  (le  le  Boe,  Boerhaave  et  de  nouvelles  lumières  sur  le  point 
quelques  autres  anciens  physiologistes  dont  je  viens  de  parler  ici.  M.  Briicke 
ont  attaché  beaucoup  d'importance  à  a  trouvé  que  la  pepsine  est  entraînée 
l'action  neutralisante  de  la  bile  sur  les  par  les  précipités  qui  se  produisent 
acides  du  chyme  {a).  lots  du  mélange  du  suc  gastrique  avec 

(2)  Au  moment  de  niellre  cette  div<'ises  substances ,  et  notamment 
feuille  sous  presse  ,  j'ai  reçu  de  avec  la  l)ile.  L'acide  du  suc  gastrique, 
^].  E.  Briicke  un  mémoire  tr»'s  inté-  en  précipitant  les  arides  résinoïdes  de 
ressaut  sur  la  pepsine,  que  je  regrette  la  bile,  détermine  donc  aussi  le  dépùt 
de  n'avoir  pu  citer  dans  les  premières  de  la  pepsine,  (pii,  lixée  par  le  préci- 
pages  de  ce  volmne,  mais  sur  lecpiel  pilé,  cesse  d'exister  endissolulioii  dans 
je  reviendrai  dans  une  prochaine  le  liquide  digestif,  et  doit  cesser  par 
Leçon.  Parmi  les  faits  constatés  par  conséquent  d'agir  sur  les  aliments  (/>). 
ce  physiologiste,  il  en  est  un  qui  jette  (o)  Voyez  lome  Vf,  p.  o87  et  suiv. 


(a)  Ilaller,  rJemcnta  vl'iisiolociœ,  t.  VI,  p.  417,  009,  etc. 

{b)E.Bn\ckc,  llcilràiie  %ur  Lehre  von  der  Vcrdauung  {Sitzungsbcnchle  der  Wiener  Akad., 
ISCl,  t.  Xl.Ul,  p.  (MO  et  suiv.). 


PROPUIÉTKS    DIGESTIVES    DES    SUCS    INTESTINAUX.  96 

intestinal;  le  second  est  appelé  mucus.  Jusque  dans  ces  derniers 
temps  on  pensait  qu'ils  ne  servaient  qu'à  lubrifier  les  parois  du 
canal  intestinal,  à  les  protéger  contre  l'action  trop  irritante  de 
certains  corps  étrangers,  à  faciliter  le  passage  des  matières 
alimentaires  de  l'estomac  vers  l'anus,  et  à  conduire  au  dehors 
des  produits  excrémentitiels  ;  mais  on  sait  aujourd'hui  qu'ils 
jouent  un  rôle  plus  important,  et  qu'ils  peuvent  agir  chimi- 
quement, sur  les  matières  alimentaires,  à  la  manière  des  autres 
sucs  digestifs  dont  nous  venons  de  faire  l'étude  (1). 


(1)    Dans  rélat  normal  de  Torga- 
nismc,  le  liquide  fourni  par  les  parois 
de  l'intestin  ne  peut  pas  être  distingué 
des  autres  sucs  digestifs,  car  il  ne  se 
rencontre  que  mêlé,  soit  au  chyme, 
soit  à  la  bile  et  au  suc  pancréatique. 
Pour  s'en  procurer,  M.  Frerichs,  dont 
les  expériences  portèrent  sur  des  Chats 
et  des  Chiens,  comprit  entre  dou\  liga- 
tures une  anse  de  la  portion  flottante 
de  l'intestin  grêle.  Il  avait  préalable- 
ment vidé  et  nettoyé  par  des  lavages 
réitérés  l'intérieur  de  cette  anse  intes- 
tinale, longue  de  plusieurs  pouces,  qui 
fut  ensuite  replacée  dans  l'abdomen  de 
l'Animal  ;  puis  la  plaie  extérieure  fut 
fermée  à  l'aide  d'une  suture.  Au  bout 
de  quelques  heures,  la  portion  du  tube 
intestinal  ainsi  isolée  fut  trouvée  rem- 
plied'un  liquide  transparent, i  ncolore, 
visqueux,  très  alcalin,  et  contenant  en- 
viron 2  ou  2  1/2  pour  100  de  matières 
solides  {a).  M.  Lehmann  a  obtenu  un 
produit  analogue  chez  un  malade  at- 
teint de  hernie,  dont  une   portion  de 
l'intesthi  grêle  était  obstruée  et  com- 
muniquait à  l'extérieur  par  plusieurs 
orifices  fistuleux  situés    les  uns  au- 


dessus,  les  autres  au-dessous  de  l'ob- 
stacle f/)).  M.  Biddcr  et  Schmidt,  ainsi 
qu'un  de    leurs    élèves,  M.  Zander, 
n'ayant  pas  obtenu  des  quantités  de 
liquide  suffisantes,   en  employant   le 
procédé  dont  M.  Frerichs  avait  fait 
iisage,  ont  eu  recoursà  l'établissement 
d'un  anus  artificiel  chez  des  Chiens 
dont  le  canal  pancréatique  était  lié  et 
l'appareil  biliaire  mis  en  communica- 
tion avec  le  dehors  au  moyeu  d'une 
fistule  cystiquc  (c).   Enfin  M.  Colin  a 
employé  un  procédé  qui  me  paraît  pré- 
férable à  tous  les  précédents,  car  il  per- 
met d'obtenir  le  suc  intestinal  à   peu 
près  pur,  sans  avoir  ouvert  préalable- 
ment l'intestin.  Ce  jeune  physiologiste 
opère  sur  un  Cheval  dont  la  digestion 
est  en  pleine  activilé.  Il  pratique  une 
incision  au  flanc  gauche  de  l'Animal,  de 
façon  à  faire  sortir  une  anse  de  l'intestin 
grêle,  et  il    applique  sur  la  portion 
supérieure  de  ce  tube  un  petit  com- 
presseur à  vis  qui  l'aplatit  sans  le  léser, 
et  interrompt  toute  communication  avec 
les  parties  situées  en  amont  ;  puis  en 
pressant     méthodiquement     rintestin 
d'avant  en  arrière  avec  les  doigts,  il 


((()  Frerichs,  Die  Verdauung  (Wagncr's  Ilandworlerbuch  der  Physioloijie,  t.  111,  ii.  851) 

(b)  Lchmami,  Lehrbuch  der  phijsiologischen  Cheinie,  t.  Il,  p.  79. 

(c)  Bidder  et  Sclimidt,  Die  Yerdaiiunijssdfte,  p.  270. 

—  Zander,  De  siicco  entenco,  disseil.  iiuuii;.  Dnrpal,  185 


y/i 


DIGESTION. 


Le  SUC  propre  que  les  aliments  rencontrent  dans  l'intestin 
grêle  est  un  liquide  alcalin  et  albumineux  (1)  qui  éniulsionne  les 
graisses,  et  transforme  l'amidon  en  sucre  à  la  manière  du  suc 
pancréatique  (2);  il  peut  aussi  effectuer  la  digestion  des  ma- 
tières albuminoïdes;  mais  son  action  est  très  variable,  et  nous 
ne  sommes  encore  que  peu  éclairés  sur  les  circonstances  qui 
influent  sur  ses  propriétés  physiologiques  (3) .  C'est  évidem- 


fait  descendre  les  matières  qui  s'y 
trouvent,  et  après  avoir  vidé  de  la 
sorte  le  canal  dans  une  longueur  d'en- 
viron 2  mètres,  il  applique  à  l'extré- 
mité inférieure  de  l'anse  ainsi  préparée 
un  second  compresseur,  et  il  fait  ren- 
trer le  tout  dans  l'abdomen,  dont  il 
recoud  la  plaie.  L'Animal  est  tué  une 
heure  après,  et  l'on  trouve  alors  dans 
l'anse  intestinale  fermée  de  la  sorte  aux 
deux  bouts  une  accumulation  de  li- 
quide sécrété  par  ses  parois.  L'iullam- 
mation  n'a  pu  encore  s'emparer  des 
viscères,  et  en  général  on  recueille 
ainsi  de  80  à  120  grannncs  de  suc 
intestinal  (a). 

(1)  L'alcalinité  des  liquides  sécrétés 
par  les  parois  de  l'intestin  grêle  avait 
été  constatée  depuis  longlcnqis  par 
M.  Donné  et  par  d'autres  physiolo- 
gistes (6).  Le  suc  intestinal  du  Cheval 
obtenu  par  M.  Colin  était  mcMé  à  nue 
certaine  quautité  de  nuicus  ;  après 
lillration,  sa  densité  était  de  1,010,  et 
d'après  Lassaigne,  il  était  composé  de  : 
eau,  98,1;  albumine,  0,65;  chlorure  de 
sodium  et  de  potassium,  pliospliale 
de  soude,  etc.,  l,/i5  pour  100  i)ar- 
lics  {(■). 


(2)  L'action  saccharifiante  exercée 
par  le  suc  intestinal  sur  l'amidon  a  été 
constatée  d'al)ord  par^L  Frerichs  {d), 
à  l'aide  du  liquide  obtenu  par  le  pro- 
cédé indiqué  ci-dessus.  MM.  Bid- 
der  et  Schmidt  obtinrent  des  résultats 
analogues  chez  des  Animaux  vivants, 
en  introduisant  dans  une  anse  de 
l'intestin  grêle  préalablement  vidée  et 
nettoyée  intérieurement  une  certaine 
quantité  d'empois,  et  en  l'y  retenant  à 
l'aide  de  doux  ligatures,  dont  celle 
placée  en  amont  empêchait  l'accès  du 
suc  pancréatique,  du  suc  gastrique  et 
autres  liquides  qui  se  trouvaient  dans 
le  duodénum.  Au  bout  de  peu  de  temps 
l'empois  ainsi  enquisonné  ne  donnait 
plus  avec  l'iode  la  coloration  caracté- 
ristique des  matières  amylacées  (e). 

(o)  Dans  les  expériences  de  M.  Fre- 
richs il  ne  se  manifesta  aucun  indice 
d'une  action  dissolvante  exercée  par 
les  sucs  intestinaux  sur  les  aliments 
albuminoïdes  {[);  mais  la  puissance 
digestive  de  ce  liquide  hii  mise  en 
évidence  par  les  recherches  de 
MM.  lîiddcr  et  Schmidt.  Pour  s'éclai- 
rer à  ce  sujet,  ces  physiologistes  opé- 
rèrent sur  des  Chats  et  des   Chiens 


(a)  Colin,  Traili'  dcpliijsidlngic  comiiarèe  des  a)iimaux  domestiques,  t.  I,  p.  (US. 

(b)  DoiiiK',  Cjoitvs  de  microscojiie,  dS-i4,  p.  153. 

—  Zaïnlcr,  Z>t;  Siicco  enterico,  DisscrI.  iiiuug.  Korpal,  1850. 

(c)  Colin,  0]).  cil.,  l.  1,  p.  OiU. 

(rf)  Ii'rciiclis,  Die  Verdauung  (\Viit;ner's  llnndwurlcrbmh  der  l'Injsiologie,  t.  III,  p.  852J. 
(e)  BiJdcr  et  Scliinidt,  Die  Vcrdamtiigssàltc,  p.  281.  , 

if)  Froriclis,  0}).  cit.,  p.  852. 


PROPRIÉTÉS    DIGESTIVES    DES    SUCS    INTESTINAUX.  95 

ment  un  mélange  de  produits  divers  fournis,  les  uns  par  les 
tubes  de  Lieberkùhn,  les  autres  par  les  glandes  de  Brunner  ou 
par  les  follicules  de  Peyer  (1)  ;  et  il  est  probable  que  les  diffé- 
rences constatées  par  les  expérimentateurs  dans  son  mode  d'ac- 
tion sur  les  aliments  dépendent  en  grande  partie  de  l'existence 
en  proportion  tantôt  plus  grande,  tantôt  plus  faible,  de  l'une  ou 
de  l'autre  de  ces  humeurs. 

Du  reste,  l'aptitude  des  sucs  intestinaux  à  opérer  la  digestion 
des  aliments  sans  le  concours  des  liquides  provenant,  soit  de 
l'estomac,  soit  du  foie  ou  du  pancréas,  a  été  constatée  dans 
l'espèce  humaine  aussi  bien  que  chez  les  Animaux,  et  la  con- 
naissance de  ce  tiiit  peut  être  très  utile  en  médecine.  Ainsi  il 
arrive  parfois  u'à  la  suite  d'une  plaie  pénétrante  dans  l'abdo- 
men, l'intestin  reste  ouvert  et  verse  directement  au  dehors 
toutes  les  matières  alimentaires  qui  dans  l'état  normal  seraient 
descendues  plus  bas  pour  être  absorbées  ou  expulsées  par 
l'anus  ;  et  lorsque  cet  orifice  que  les  chirurgiens  appellent  un 
anus  contre  nature  se  trouve  placé  vers  le  commencement  de 
l'intestin  grêle,  il  en  résulte  non-seulement  une  incommodité 
des  plus  graves,  mais  une  insuffisance  dans  les  résultats  du 
travail  digestif,  qui  peut  amener  un  état  d'émaciation,  ou  même 


qu'ils  avaient  fait  jeûner  pendant  plu- 
sieurs jours,ct  ayant  ouvert  Talxlonien 
de  l'Animal  mis  en  expérience ,  ils 
interrompirent  toute  communication 
entre  le  duodénum  et  la  portion  sui- 
vantedeTintcstin  grêle,  au  moyen  d'un 
cylindre  de  liège  logé  dans  ce  tube  en 
guise  de  mandrin  et  en  plaçant  autour 
du  point  ainsi  obstrué  une  ligature  très 
serrée.  Puis,  à  l'aide  d'un  anus  artificiel 
ouvert  au-dessous  de  l'obstacle  établi 
de  la  sorte,  ils  introduisirent  dans  la 
portion  du  tube  intestinal  qui  ne  re- 


cevait plus  ni  bile  ni  suc  pancréatique, 
ni  suc  gastrique,  de  petits  sachets  de 
mousseline  contenant  des  morceaux  de 
viande  ou  de  blanc  d'œuf  cuit,  dont 
le  poids  avait  été  préalablement  dé- 
terminé. Quelques  heures  après,  ces 
sachets  furent  examinés,  et  l'on  trouva 
que  les  matières  albuminoïdes  ren- 
fermées dans  leur  intérieur  avaient 
été  digérées  tantôt  en  totalité,  d'autres 
fois  en  grande  partie  (a). 

(1)  Voyez  tome  VI,  page  U02  et  sui- 
vantes. 


(a)  Biddcr  et  Scliinidt,  Op.  cit.,  p.  272  cl  suiv. 


96  DIGESTION. 

la  mort  par  inanition.  Dernièrement,  chez  une  l'emme  atteinte 
d'une  intirniité  de  ce  genre,  tous  les  aliments  qui  passaient  de 
Testomac  dans  le  duodénum  s'échappaient  aussitôt  par  l'anus 
artificiel,  et  rien  n'arrivait  dans  la  portion  suivante  du  canal  in- 
testinal où  d'ordinaire  la  digestion  s'achève.  La  malade  étaitd'une 
maigreur  extrême,  etaurait,  suivant  toute  probabilité,  succombe 
très  promptement,  si  le  médecin  chargé  de  lui  donner  des  soins 
n'avait  eu  recours  à  l'ingestion  directe  de  matières  alimentaires 
dans  l'intestin  grêle  par  l'orifice  qui  s'opposait  au  cours  normal 
du  chyme  élaboré  dans  l'estomac  (1).  On  parvint  de  la  sorte  à  si 
bien  nourrir  cette  femme  parla  fistule  duodénalc,  que  bientôt  ses 
forces  se  rétablirent,  et  que  l'on  put  sans  inconvénient  en  faire  le 
sujet  d'expériences  intéressantes  (2).  On  introduisit  directement 
dans  son  intestin  ,  par  l'anus  artificiel  dont  je  viens  de  parler, 
des  sachets  de  mousseline  contenant  des  aliments  de  différentes 
sortes,  et  l'on  en  examina  le  contenu  lorsque,après  avoir  séjourné 
pendant  plusieurs  heures  dans  le  tube  digestif  et  être  descendus 
dans  le  rectum,  ils  avaient  été  expulsés  au  dehors  par  les  voies 
naturelles.  Or,  on  constata  qu'en  traversant  ainsi  l'intestin, 


(1)  J.cs  expériences  inlércssantes 
dont  il  est  ici  question  furent  faites  à 
Bonn,  par  M.  Busch.  Elles  fournirent 
aussi  des  résultats  importants  relative- 
ment au  rôle  de  Testoniac  dans  l'absorp- 
tion des  matières  nutritives,  sujet  dont 
nous  aurons  bientôt  à  nous  occuper  [a). 
Dans  d'autres  cas  patbologicpies  ana- 
logues, destentatives  semblables  avaient 
été  faites,  et  Dieffenbacii,  cbirursien 
céit'bre  de  lierlin,  avait  été  même 
conduit  à  penser,  d'après  les  résultats 
obtenus,  que  la  digestion  des  aliments 
pourrait  l)ien   être    possible    sans    le 


concours  de  l'estomac  (6);  mais  faute 
de  lumières  pbysiologiques  suffisantes, 
on  croyait  généralement  que  l'absorp- 
tion des  matières  nutritives  pouvait 
s'opérer  par  le  gros  intestin  aussi  bien 
que  par  l'intestin  grêle,  et  c'était  ordi- 
nairement par  l'anus  qu'on  injectait  les 
aliments  dans  le  tube  digestif. 

(2)  Lorsque  M.  Biiscli  eut  recours  à 
ce  mode  d'alimentation,  la  malade  ne 
pesait  que  68  livres  '2  onces,  et  dans 
l'espace  de  treize  semaines  son  poids 
s'éleva  à  85  livres  ;  elle  avait  donc 
gagné  plus  de  8  kilogrannncs. 


(n)  Buscli,  lieitvdije  z-uv  Phijsioloijie  der  Venlauunijsorgane  {Anhiv  fur  pathologischc  Anolomic 
tind  Physioloijk,  1858,  t.  MV,  p.  140). 

{b)  Burdacli,  Traité  de  physiologie,  t.  IX,  p.  3-2\K 


PROPRIÉTÉS    DIGESTIVES    DES    SUCS    INTESTINAUX..  97 

et  sans  avoir  subi  le  contact,  ni  de  la  salive,  ni  du  suc  gastrique, 
ni  de  la  bile  ou  du  suc  pancréatique,  les  aliments  féculents,  la 
viande  et  le  blanc  d'œuf  durci  par  la  cuisson  pouvaient  être 
digérés  et  absorbés;  car  ces  substances  ne  se  retrouvaient  en 
totalité,  ni  dans  les  petits  sacs  perméables  où  on  les  avait  ren- 
fermées, ni  dans  les  matières  alvines  expulsées  au  dehors  (1). 
Les  propriétés  digestives,  dont  l'existence  est  ainsi  révélée 
dans  les  sucs  sécrétés  par  les  parois  de  l'intestin  grêle,  ne  se 
retrouvent  plus  dans  les  liquides  fournis  par  les  parois  du  gros 
intestin.  11  en  résulte  que  cette  dernière  portion  du  tube  alimen- 
taire ne  joue  qu'un  rôle  passif  dans  le  travail  de  la  digestion  (2)  : 
chez  quelques  Animaux,  le  Cheval  par  exemple,  ce  travail  peut 
se  poursuivre  et  s'achever  dans  le  csecum,  ou  môme  dans  le 
colon,   mais  les   altérations  que  les  matières  alimentaires  y 


(1)  Dans  une  de  ces  expériences,  des 
morceaux  de  blanc  d'œuf  durci  par  la 
cidsson  perdirent  dans  l'espace  de  cinq 
ou  six  heures  jusqu'à  35  p.  100  de  leur 
poids.  La  digestion  de  la  chair  muscu- 
laire ne  fut  pas  tout  à  fait  aussi  active  : 
ainsi,  par  un  séjour  de  sept  heures 
dans  l'intestin  cette  substance  ne  perdit 
qu'environ  30  p.  100  de  son  poids. 
L'action  des  sucs  intestinaux  sur  l'ami- 
don fut  au  contraire  plus  active  ;  ainsi, 
dans  une  expérience  qui  dura  seu- 
lement cinq  heures  et  deiuie,  plus  de 
63  centièmes  de  cette  substance  furent 
digérés.  La  digestion  des  matières 
grasses  ne  parut  se  faire  que  très  in- 
complètement, et  il  est  aussi  à  uoter 
que  le  sucre  de  canne  ne  fut  pas  trans- 
formé en  sucre  interverti  par  l'action 
des  sucs  intestinaux.  M.  Uusch  lit  aussi 


sur  cette  malade  des  expériences  rela- 
tives à  la  digestion  des  aliments  mixtes 
et  aux  phénomènes  qui  ont  lieu  dans  la 
portion  supérieure  du  tube  intestinal. 
(12)  Depuis  longtemps  les  physiolo- 
gistes avaient  remarqué  que  les  ma- 
tières contenues  dans  la  partie  infé- 
rieure de  l'intestin  grêle  sont  d'ordi- 
naire alcalines ,  mais  qu'après  leur 
arrivée  dans  le  cœcum,  elles  olfrcnl  eu 
général  des  caractères  d'acidité  (a),  et 
quelques  auteurs  ont  pensé  que  ce 
dernier  organe  remplissait  les  fonc- 
tions d'un  second  estomac  où  s'achevait 
la  digestion  des  substances  végéta- 
les {b).  Mais  ^].  Blondlot  (c)  a  expliqué 
d'une  manière  plus  satisfaisante  ce  phé- 
nomène par  la  fermentation  lacticjue 
des  aliments  sucrés,  phénomène  dont 
nous  aurons  bientôt  à  nous  occuper. 


(a)  Viridet,  Déprima  coclionc,  p.  210. 

(6)  Tieilciiiaiiii  et  Gmelin,  Rechcrcitcs  sur  la  digestion,  t.  I,  p.  40 i. 

(c)  Blorullot,  Traité  analyliqxœ  de  la  digestion,  1843,  p.  80  et  suiv. 

Vil. 


98  DIGESTION. 

subissent,  dépendent  essentiellement  de  l'action  des  liquides 
auxquels  ils  se  mêlent  pendant  leur  passage  dans  l'intestin 
grêle. 
Fermeniaiion  §  25.  —  Les  phénomèncs  que  nous  venons  de  passer  en 
butSTetc.  revue,  et  que  nous  avons  pu  nous  expliquer  d'une  manière  satis- 
faisante par  les  propriétés  chimiques  du  suc  gastrique  et  des 
autres  liquides  sécrétés  dans  les  différentes  parties  de  l'appareil 
digestif,  ne  sont  pas  les  seuls  qui  se  manifestent  pendant  l'ac- 
complissement du  travail  de  la  digestion.  En  elfet,  il  se  déve- 
loppe dans  l'intestin  des  produits  particuliers  dont  nous  n'avons 
pas  encore  tenu  compte,  et  dont  la  formation  paraît  être  due  à 
la  fermentation  des  matières  alimentaires.  Ainsi  quelquefois, 
dans  l'estomac  même,  mais  le  plus  ordinairement  vers  le  com- 
mencement du  gros  intestin  et  dans  les  parties  suivantes  du 
tube  digestif,  on  voit  apparaître  de  l'acide  lactique,  de  l'acide 
butyrique  et  des  gaz  composés  principalement  d'acide  carbo- 
nique et  d'hydrogène. 

L'acide  lactique  est  un  produit  des  métamorphoses  que  les 
matières  sucrées  peuvent  éprouver  en  présence  de  certains 
corps  organiques.  Jusque  dans  ces  derniers  temps  on  attribuait 
cette  transformation  à  l'influence  des  substances  albuminoïdes 
en  décomposition;  mais,  d'après  les  observations  intéressantes 
que  M.  Pasteur  a  publiées  récemment  sur  ce  sujet,  il  y  a  lieu  de 
penser  qu'elle  se  He  à  la  présence  de  certains  êtres  vivants 
d'une  petitesse  extrême  et  qui  ont  de  l'analogie  avec  les  cor- 
puscules dont  se  compose  le  ferment  alcoolique.  La  chimie  nous 
apprend  aussi  que,  dans  certaines  circonstances,  les  matières 
sucrées  se  dédoublent  de  façon  à  donner  naissance  à  de  l'acide 
butyrique,  à  de  l'acide  carbonique  et  à  de  l'hydrogène.  Or, 
les  expériences  de  M.  Pasteur  ont  fait  voir  que  ce  phéno- 
mène est  ordinairement,  sinon  toujours,  déterminé  par  la  pré- 
sence d'autres  corps  vivants  qui  paraissent  être  des  Animal- 
cules d'une  nature  particulière,  et  (jui  jouent  aussi  le  rôle  d'un 


FERMENTATIONS    INTESTINALES.  99 

ferment  spécial  (1).  Nous  savons,  d'autre  part,  qu'il  existe 
au  milieu  des  matières  contenues  dans  les  intestins  une  uiulti- 
tude  d'Infusoires  qui  ont  une  grande  ressemblance  avec  les 
Animalcules  dont  je  viens  de  parler,  et,  en  rapprochant  tous 
ces  faits,  on  se  trouve  conduit  à  penser  que  les  phénouiènes 
de  fermentation  lactique  et  de  fermentation  butyrique  qui  se 
manifestent  dans  le  tube  digestif  pourraient  bien  dépendre  de 
l'action  des  Infusoires  qui  vivent  et  se  multiplient  dans  l'inté- 
rieur de  ce  canal,  hypothèse  qui  nous  permet  aussi  d'expli- 


(1)  MM.  Fremy  el  BoiUion  ont  con- 
staté que  leferniont  qui  est  apte  à  déter- 
miner la  transformation  du  sucre,  de 
la  dextrine,  du  sucre  de  lait  et  de  la 
gomme,  en  acide  lactique,  se  développe 
dans  les  infusions  préparées  soit  avec 
de  la  diastase,  soit  avec  du  caséum  ou 
des  membranes  organiques,  telles  que 
la  tunique  muqueuse  de  l'estomac,  et 
préalablement  exposées  à  Tair  libre  (a)  ; 
par  conséquent,  on  pouvait  croire  que 
la  fermentation  lactique  était  due  à 
l'action  exercée  par  des  matières  albu- 
minoïdes  déjà  altérées  par  la  putréfac- 
tion sur  les  substances  sucrées  ou  au- 
tres dont  je  viens  de  parler.  Mais  les 
nouvelles  recherclies  de  M.  Pasteur 
tendent  à  établir  que  cette  fermenta- 
lion  lactique  est  produite  par  le  déve- 
loppement de  petits  êtres  vivants  dont 
les  germes,  charriés  par  l'atmosphère, 
sont  déposés  dans  les  infusions  sus- 
mentionnées, et  y  trouvent  les  aliments 
nécessaires  à  leur  existence  (6).  La  fer- 
mentation lactique  serait  donc  un  phé- 
nomène physiologique  analogue  à  la 


fermentation  vineuse,  qui  dépend, 
ainsi  que  l'a  démontré  Caignard  de  la 
Tour,  de  la  présence  de  certains  vé- 
gétaux microscopiques  de  forme  glo- 
buleuse. Du  reste,  les  substances  qui, 
sous  l'inHuenco  de  ce  ferment  spécial, 
se  transforment  en  acide  lactique,  ont 
la  même  composition  chimique  que 
celte  substance,  ou  n'en  diffèrent  que 
sous  le  rapport  de  la  proporlion  des 
éléments  de  l'eau  qui  s'y  trouvent  unis 
à  du  carbone. 

La  fermentation  butyrique  se  pro- 
duit dans  des  circonstances  analogues, 
mais  est  un  phénomène  plus  complexe  : 
l'amidon  ou  le  sacre  ainsi  modifiés  ne 
subissent  pas  seulement  unchangement 
isomérique  ou  l'adjonction  d'un  certain 
nombre  d'équivalents  d'eau;  ils  se  dé- 
doublent en  acide  butyrique,  en  acide 
carbonique  et  en  hydrogène.  En  etTet, 
1  équivalent  de  sucre  est  égal  à 
C'-H'-O'-,  et  correspond  à  1  équiva- 
lent d"acide  butyrique  (G811'03,ho) 
-\-  k  équivalents  d'acide  carbonique 
(C02)  -J-  l\  équivalents  d'hydrogène. 


(a)  Boulron  et  Fremy,  Recherches  sur  la  fermentation  lactique  {Anu.  de  chimie,  3"  série,  184i, 
t.  II,  p.  257  et  suiv.). 

(6)  Pasteur,  Mém.  sur  la  fermentation  appelée  lactique  {Ann.  de  chimie,  3°  série,  1858,  t.  Lli, 
p.  404  et  suiv.).  —  De  l'origine  des  ferments  {Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  sciences,  18G0, 
t.  L,  p.  849). 


100  DIGKSTION. 

qiicr  la  i)rodLictioii  des  deux  prineipaux  gaz  (jui  se  rencon- 
trent dans  cet  organe,  savoir,  l'hydrogène  et  l'acide  carbo- 
nique (1). 

Divers  faits  enregistrés  par  les  pathologistes  trouvent  ainsi 
une  interprétation  facile,  et  il  serait  important  d'étudier  à  ce 
point  de  vue  certains  accidents  qui  se  manilestent  parfois  dans 
la  digestion,  et  qui  se  lient  peut-être  à  la  présence  d'êtres  para- 
sites, soit  végétaux,  soit  animaux,  dans  l'estomac  ou  dans  l'in- 


(1)  La  découverte  d'animalcules 
microscopiques  dans  les  matières  ex- 
pulsées dcriiitcstin  dcriiommc  appar- 
tient à  Leouwenhoek,  qui  constata  aussi 
la  présence  dlni'usoires  dans  les  dépôts 
de  matières  salivaires  dont  les  dents 
sMncrustent  souvent  (a).  Il  en  trouva 
également  dans  les  matières  fécales  de 
la  Grenouille,  l'ait  qui  a  été  constaté 
par  plusieurs  autres  observateurs  [h). 
V.n  1825,  Leuret  et  Lassaigne  trouvè- 
rent que  pendant  la  digestion  il  existe 
des  milliers  d'infusoircs  vivants  dans 
l'intesliu  de  la  rirenouillc  et  du  Cra- 
paud (c).  Plus  récemment,  ^ï^\.  Gruby 
et  Delafond  ont  signalé  la  présence 
d'animalcules  en  nombre  très  consi- 
dérable dans  reslomac  et  dans  l'intes- 
tin du  Clieval,  du  l'orc  cl  du  Cliien. 
Je  ne  saurais  partager  les  opinions  de 
CCS  auteurs  au  sujet  de  l'origine  de  ces 
petits  êtres,  ni  de  leur  détermination 


ou  de  leur  rôle  dans  la  nutrition  {d)  ; 
mais  je  suis  disposé  à  croire  que  lorsque 
les  germes  de  certains  [nfusoires  sont 
introduits  dans  la  cavité  digestive,  et 
parviennent  dans  l'intestin  grêle  sans 
avoir  été  détruits  par  le  suc  acide  de 
l'estomac,  ils  peuvent  s'y  développer, 
et  si  les  circonstances  sont  favorables  à 
leur  nuiltiplication,  y  pulluler  avec 
une  rapidité  extrême.  M.  Vogel  a 
observé  aussi  des  Vibrions  dans  les  ma- 
tières excrémentitielles  de  l'homme  (e). 
Chez  les  Chiens  nourris  avec  des  ma- 
tières amylacées,  Î\I.  Ayres  a  toujours 
trouvé  des  myriades  de  Mbrions  dans 
le  caecum  {f),  et  M.  Ehrenberg  a  con- 
staté l'existence  de  plusieurs  espèces 
d'animalcules  infusoires  du  genre 
Bunsaria  dans  l'intestin  de  la  Gre- 
nouille (ij).  Plusieurs  pathologistes  ont 
signalé  la  présence  de  Vibrions,  de 
Gercomonas  ou  d'autres  Infusoires  en 


(a)  Leoiuvenliock,  Epist.  scripta  ad.  rc<j.  Soc.  Londinensis  (Opcra  omnia,  t.  I,  Anatomia  et 
coiUcmplallones,  p.  37). 

(b)  Ulom,  Opéra  omnia,  p.  i9,  lii^.  A. 

—  Giize,  Nnlurrje.scli .  dcr  E'uKjcweidcwiïrmcr,  4  782,  p.  Ht,  pi.  3i,  fig,  8. 

—  Bnry  Saiiil-N'incuiil,  Knnjclnp.  inélltod.,  Zooi'HVTes,  18-2i,  p.  -iiO. 

(c)  Leiirct  et  L:iss:ii^nic,  Itcchci'ches  pour  servir  à  l'histoire  de  la  digestion,  p.  1  715. 

(d)  Gruby  et  Delufond,  liecherches  sur  des  animatculcs  se  développant  en  grand  nombre  dans 
l'estomac  et  dans  l'intestin  pendant  la  digestion  des  animaux  Iterbivorcs  et  carnivores  {Comptes 
rendus  de  VAcad.  des  sciences,  isrj,  t.  XVII,  p.  1304). 

(e)  Vd^'cI,  Traite'  d'anntnmie  pathologique,  p.  Ii'.)5. 

(/')  A\ri!s,  Micru-clieniicul  lii-searchcs  on  Ihc  Digestion  of  Starch  and  Amglaceous  food  {Pro- 
ceediiigs  o/'  llie  lioijul  Sociclij  of  l.oiidon,  tS.'J5,  t.  VII,  p.  "i'.ii). 

{g)  l!;iirunl)c'i'i,'-,  Jiic  Infusionstinerclicn,  p.  327,  pi.  35,  lig-.  3,  4  cl  (i. 


FEP.MIÎNTATIONS    INTESTINALES.  iOl 

tcstin  (1)  :  par  exemple,  renflnrc  des  bêtes  bovines  que  les 
vétérinaires  appellent  météorisation. 


grand  nombre  dans  les  déjections  al- 
vines  de  corlains  malades,  notamment 
des  cholériques  («). 

(1)  Des  végétations  microscopiques 
se  développent  parfois  en  très  grande 
abondance,  soit  dans  l'estomac,  soit 
dans  l'intestin.  On  s'en  est  assuré  par 
l'examen  des  matières  rejetées  par  le 
vomissement  ou  contenues  dans  les 
selles,  et  dans  plusieurs  cas,  lorsqu'on 
a  fait  l'analyse  chimique  de  ces  ma- 
tières, on  y  a  reconnu  la  présence 
d'acide  acétique,  d'acide  lactique  ou 
d'acide  butyrique;  on  doit  donc  se  de- 
mander si  dans  certaines  circonstances 
ces  végétaux  parasites  ne  joueraient 
pas  le  rôle  de  ferments  particuliers,  et 
ne  détermineraient  pas  la  formation 
de  produits  qui  ne  prennent  pas  nais- 
sance dans  les  digestions  normales. 
M.  Goodsir  (d'Edimbourg)  a  publié  plu- 
sieurs -observations  intéressantes  sur 
ce  sujet.  Chez  des  malades  atteints  de 


pijrosis,  il  a  trouvé  dans  les  liquides 
exi)ulsés  de  l'estomac  une  sorte  d'al- 
gue microscopique  qu'il  a  appelée  Sar- 
cina  ventriculi,  mais  que  M.  Robin 
considère  comme  appartenant  au  genre 
Merismopedia  de  Meyen  (6)  ;  et  dans 
ces  mêmes  liquides  on  constata  la  pré- 
sence d'une  certaine  quantité  d'acide 
acétique,  ainsi  que  d'acide  lactique  (c). 
Chez  un  malade  observé  par  M.  liasse, 
les  matières  des  vomissemonis  conte- 
naient des  plantes  microscopiques  ana- 
logues aux  précédentes,  et  1\I.  Schwci- 
ger  y  trouva  de  l'acide  butyrique  (cl). 
Je  dois  ajouter  cependant  que  quel- 
ques physiologistes  ont  essayé  inutile- 
ment de  déterminer  des  phénomènes 
de  fermentation  à  l'aide  de  ces  végé- 
taux (e). 

Dans  d'autres  cas,  plusieurs  obser- 
vateurs ont  trouvé  dans  les  liquides 
de  l'estomac  ou  de  l'intestin,  soit  des 
végétaux  microscopiques  qui  parais- 


(a.)  Poucliet,  Note  sur  l'existence  d' Infusoires  dans  les  di'jeclions  des  Cholériques  (Comptes  rendus 
de  l'Acad.  des  sciences,  1849.  t.  XXIX,  p.  555). 

—  Davaino,  Sur  des  animalcules  infusoires  trouves  dans  les  selles  de  malades  atteints  du 
choléra,  etc.  [Comptes  rendus  de  la  Société  de  biologie,  4  854,  t.  I,  \>.  129). 

—  Rainey,  Append.  to  tlie  lieport  of  thc  Committee  for  Scienlifw  Inquiries  in  Relation  lo  tlie 
Choiera  Epidémie  0/1854,  p.  137  [Board  ofHcallh,  1855). 

—  Hill  Hassall,  Report  on  the  Microscopical  Examination  of  the  Rlood  and  Excrétions  of  Choiera 
Patients  (Board  of  Health,  1  855). 

—  Malmsleii,  Infiisorien  als Intestinalcanallhiereheim  Menschcn  (Vircliow's  Archiv  fiir  palhol. 
Anat.,  1857,  t.  I,  p.  302). 

(6)  Robin,  Hist.  nat.  des  végétaux  parasites  qui  croissent  sur  V Homme  et  les  Animaux  vivants, 
1853,  p.  331,  pi.  i2,fi^.  1. 

(c)  Goo.lsii-,  Histonj  of  a  Case  in  which  the  Fluid  periodically  ejected  from  the  Stomach  con- 
tained  Vegelable  Organism  of  an  undescribcd  form  ;  with  a  Chemical  Analijsis  of  the  Fluid  by 
G.  Wilson  (Edinburgh  Médical  and  Surgical  Journal,  1842,  l.  LVll,  p.  430). 

(d)  Masse,  Deobachtungen  ïtber  dicSarcina  ventriculi  [Mittheilungen  der  Ziiridier  nalitrforschcn- 
den  Gesellsch,  1817,  p.  93. 

(e)  Simon,  De  sarcina  ventriculi.  ilissert.  inaiig.  Halln,  1847. 

—  Pour  plus, lie  détails  snr  l'iiisloiredu  Sarcina  ventriculi  et  sur  les  opinions  cmiscs  sur  la  natiirj 
de  ce  corps,  je  renverrai  aussi  aux  écrils  des  auteurs  suivants  : 

—  Virchow,  Die  San ina  [Archiv  fïirpath.  Anat.,  1847,  t.  I,  y.  201). 

—  Schlossberger,  Die  Sarcina  (Archiv  fïtr  physiol.  Ikiikundc,  1840,  t.  VI,  p.  747). 

—  K.  Millier,  Einige  Remerkungen  iibcr  die  Sarcina  ventriculi  (Bolanische  Zeiiung,  1817, 
p.  273). 


Gaz 
intestinaux. 


102  DIGESTION. 

§  2/|.  — Les  gaz  dont  je  viens  de  parler  ne  sont  pas  les  seuls 
qui  se  trouvent  dans  le  tube  digestif,  et  ce  n'est  pas  uniquement 
à  la  fermentation  butyrique  qu'il  faut  attribuer  l'existence  de 
ces  fluides.  On  y  rencontre  aussi  de  l'azote,  de  l'oxygène,  de 
l'acide  sulfliydrique  et  de  l'hydrogène  carboné  (1).  L'air  atmos- 


saient  être  identiques  avec  le  Torula 
cerevisiœ  de  Turpin,  ou  globules  du 
ferment  du  moût  de  raisin  (a),  soil 
des  corpuscules  un  peu  différents ,  et 
que  l'on  a  désignés  sous  le  nom  de 
Cryptococcus  guttulatus.  Ces  derniers 
corps  paraissent  même  exister  presque 
toujours  dans  rintestin  du  Bœuf,  du 
Mouton,  du  Porc  et  du  Lapin  {b). 

(1)  Vers  le  milieu  du  xvii*^  siècle, 
van  Helmont,  que  j'ai  déjà  eiv  l'occa- 
sion de  citer  (t),  reconnut  que  les 
gaz  intestinaux  éteignent  les  corps  en 
combustion  et  sont  en  partie  combus- 
tibles (cl).  Mais  Jurine,  physicien  gene- 
vois du  siècle  dernier,  fut  le  premier  à 
en  faire  l'analyse.  Les  expériences  de 
cet  auteur  ne  portent  du  reste  que 
sur  un  seul  cadavre,  et  les  moyens 
eudiométriques  dont  il  fit  usage  ne  lui 


permirent  pas  d'arriver  à  des  résultats 
suffisamment  précis  (e).  En  I8IZ1  et 
1815 ,  M.  Chevreul  analysa  avec 
toute  l'exactitude  désirable  les  gaz 
recueillis  par  jVIagendie  dans  diverses 
portions  du  tube  digestif  de  quelques 
suppliciés  (/■),  et,  en  1833,  Chevillot 
.lit  une  série  assez  nombreuse  d'expé- 
riences analogues  sur  le  cadavre  d'in- 
dividus morts  de  maladie  (g).  On  doit 
aussi  à  M.  Marchand  des  recherches 
siu'  le  même  sujet. 

En  1817,  Vauquelin  examina  les 
gaz  contenus  dans  l'intestin  d'un  Élé- 
phant mort  à  la  ménagerie  du  Muséum, 
et  il  y  reconnut  de  l'azote,  de  l'acide 
carbonique,  de  l'hydrogène  carboné 
et  une  petite  quantité  d'acide  sulfliy- 
drique (h). 

La  nature  des  gaz  qui  parfois  se 


(a)  Bœlim,  Die  kranke  Darmschleimhaut  in  der  asiatischen  Choiera.  Berlin,  1828,  p.  57. 

—  Hc-ule,  l'alholofjisclie  Unlcrsacliuiujen,  p.  42. 

—  Vog-cl,  Icônes,  \i\.  il,  fiy.  8. 

—  Grube,  Noie  sur  des  plantes  cryptogames  se  développant  en  grande  masse  dans  l'estomac 
d'un  malade  [Comptes  rendus  de  l'Académie  des  sciences,  1841,  t.  XVIIT,  p.  580). 

—  Hannover,  Ueber  Entophyten  ai'.f  den  Schlcimhâuten  des  Jodlen  und  lebcnden  menschli- 
chen  KOrpers  (Miillcr's  Archiv  fur  Anal,  und  Physiol.,  1842,  p.  2S1 ,  pi.  15,  tic:.  1). 

—  l'.eiiiak,  IHlze  der  Mundhohle  u)id  des  Darmknnals,  diagnoslische  und  pathologische  Unter- ^ 
suchuugen.  Berlin,  1843. 

{b)  Kcniak,  Op.  cit.,  p.  222,  lig'.  102. 

—  rmliiii,  Histoire  naturelle  des  végétaux  parasites,  p.  327,  pi.  G,  ùg.  2. 
(c)  Voyez  Idine  I,  pa^'e  379. 

{dj  Van  llehiiont,  Orlus  medicinœ,  1052,  p.  431. 

(e)  Jurine,  Mémoire  sur  la  question  suivante  :  Déterminer  quels  avantages  la  médecine  petit 
retirer  des  découvertes  modernes  sur  l'art  de  connaître  la  pureté  de  l'air  par  les  différents  eu- 
dioinètres  {Mémoires  de  la  Société  royale  de  médecine,  1789,  t.  X,  p.  77  cl  suiv.). 

(/■)  Ma-ondio,  Note  sur  les  yax,  intestinau.c  de  l'Homme  sain  {.\nn.  de  chimie  et  de  physique, 
181G,  t.  H,  11.  292). 

(g)  CliovillDt,  Itecherchcs  sur  les  gai  de  l'estomac  et  des  intestins  de  l'Homme  à  l'état  de 
maladie,  tlièse.  l'aiis,  1833,  n"  194. 

{h)  Vauqnelin,  Analyse  des  gax,  trouvés  dans  l'abdomen  d'un  Éléphant  {Mém.  du  Muséum,  1817, 
t.  III,  p.  279). 


GAZ    INTESTINAUX.  lOo 

phérique  qui  est  introduit  en  quantité  plus  ou  moins  considé- 
rable dans  l'estomac  par  les  mouvements  de  déglutition  fournit 
les  deux  premiers  (1).  L'oxygène  avalé  de  la  sorte  est  prompte- 
ment  absorbé,  et  d'ordinaire  n'arrive  pas  jusque  dans  l'intestin, 
mais  l'azote  ne  disparaît  pas  avec  la  même  rapidité,  et  constitue 
toujours  une  portion  considérable  du  mélange  gazeux  contenu 
dans  les  différentes  parties  du  canal  digestif.  Enfin ,  l'acide 
carboni({ue  et  les  autres  lluides  élastiques  que  le  sang  tient  en 
dissolution  paraissent  pouvoir  s'en  échapper  en  traversant  les 
parois  des  vaisseaux  dont  la  tunique  muqueuse  de  l'intestin  est 
creusée,  et  être  exhalés  dans  l'intérieur  de  l'appareil  digestif. 
En  étudiant  certaines  particularités  du  travail  respiratoire,  nous 
avons  déjà  eu  l'occasion  de  constater  chez  divers  Animaux 
inférieurs  un  dégagement  d'acide  carbonique  par  les  parois  du 
canal  alimentaire  (2),  et  des  expériences  dans  lesquelles  on  a 
vu,  chez  le  Chien  et  chez  d'autres  Mammifères ,  des  portions 
d'intestin  se  remplir  de  gaz,  quoi(|ue  séparées  des  parties  voi- 
sines du  tube  digestif  par  des  ligatures,  et  vides  au  moment  où 
on  les  avait  isolées  de  la  sorte,  semblent  montrer  (jue  cette 


développent  en  quantité  très  considé-      gaz    intestinaux  cliez  le  Cheval  (6). 

(1)  Quelques  individus  ont  la  faculté 
d'avaler  de  Pair  par  gorgées  et  de  se 
distendre  ainsi  l'estomac,  de  façon  à 
provoquer  des  vomissements  (c).  Mais 
dans  les  circonstances  ordinaires,  c'est 


rable  dans  l'estomac  des  lluminants,  a 
été  examinée,  mais  très  superficielle- 
ment, par  Lameyran  et  Fremy,quiles 
ont  considérés  comme  contenant  envi- 
ron 80  pour  100  d'hydrogène  sulfuré, 
15  pour  100  d'hydrogène  carboné,  et 
5  pour  100  d'acide  carbonique  et  d'air 
atmosphérique  (a). 

Dernièrement,  M.  Valentin  (de Berne) 
a  étudié  avec  beaucoup  de  soin   les 


seulement  à  l'état  de  mélange  avec  la 
salive  que  ce  fluide  arrive  en  quan- 
tité notable  dans  les  parties  profondes 
de  la  cavité  digestive. 

(2)  Voyez  tome  II,  page  257. 


(a)  Lameyran  et  Fremy,  Analyse  des  gaz  formés  dans  l'estomac  des  herbivores  par  la  maladie 
connue  sons  le  nom  de  mélèorisation  ou  d' empansement  {Bulletin  de  pharmacie,  1801.1,1.1, 
p.  358). 

(6)  Valentin,  Einige  Bemerkungen  ûber  die  Verdauimgsgase  des  Pferdes  (Vircliow's  Archiv 
fûrphysioL,  Heilk,  1854,  t.  XIII,  p.  350). 

(c)  Gosse,  Op.  cit.  (Spallanzani,  Expériences  sur  la  digestion,  p.  cxxii  et  suiv. 

—  Mageudie,  Mém.  shc  la  déglutition  de  l'air  atmosphérique,  1815,  et  Précis  élémentaire  de 
physiologie,  t.  II,  p.  140. 


^O'i  DIGKSTION. 

exlialalion  est  un  pliénomènc  général  (1).  La  théorie  nous 
aurait  conduit,  du  reste,  à  penser  (jue  dans  cette  cavité  conte- 
nant de  l'air,  et  séparée  du  sang  par  un  tissu  perméable,  des 
échanges  devaient  s'opérer  entre  ces  deux  fluides.  En  elïet, 
conlbrniément  aux  lois  de  la  dilTusion,  l'oxygène  et  même 
l'azote  de  l'air  ainsi  emprisonnés  doivent  tendre  à  pénétrer 
dans  le  sang,  et  l'acide  carboni({ue  en  dissolution  dans  cette 
humeur  doit  tendre  à  se  répandre  dans  l'espace  libre  que  lui 
oflVe  l'inteslin  distendu  par  d'autres  gaz. 

Nous  pouvons  donc  prévoir  que  la  composition  des  gaz  intesti- 
naux diflerera  d'autant  plus  de  celle  de  l'air  atmosj)hérique,  que 
la  partie  du  canal  digestif  où  ils  se  trouvent  sera  plus  éloignée  de 
la  bouche;  que  d'abord  cette  difierence  ne  consistera  que  dans 
une  proportion  plus  faible  d'oxygène  et  une  })lus  grande  abon- 
dance d'acide  carbonique  ;  que  l'hydrogène  commencera  à  se 
montrer  là  où  la  fermentation  butyrique  s'établit  ;  enbn,  que  dans 
le  gros  intestin,  où  les  matières  alimentaires  séjournent  le  plus 


(1)  Ilimlcr  pensait  qno  dans  certains 
cas  pathologiques  les  parois  de  Tcsto- 
inac  peuvent  exhaler  beaucoup  de  gaz, 
et  il  mentionne  à  ce  sujet  une  pièce 
anatoniique  que  rillustre  Jenner  lui 
avait  envoyée,  et  qui  consistait  dans 
une  anse  de  Tintcsliu  d'un  Porc,  où 
de  petits  kystes  remplis  de  gaz  s'é- 
taient formés  en  grand  nombre  (a), 
Portai,  B.  Gaspard,  Baumes  et  plu- 
sieurs aiUres  médecins  oui  allaché 
beaucoup  d'iuqjorlaiice  à  cette  exha- 
lation   gazeuse  ;     mais    leur  opinion 


n'est  fondée  sur  aucun  fait  positif 
dont  on  puisse  arguer  légitimement 
pour  eu  établir  l'existence  {b). 

Magendie  et  Girardin  furent  les 
premiers  à  constater  l'exhalation  des 
gaz  par  la  surface  interne  de  rinlestin 
chez  le  Chien,  à  l'aide  de  Texpérience 
cilée  ci-dessus,  mais  ils  ne  détermi- 
nèrent pas  la  nature  chimique  de  ces 
produits  ((■), 

Plus  récemment,  des  faits  du  même 
ordre  ont  é'ié  observés  par  M.  l'"re- 
richs  ((/}. 


(a)  llimtcr.  On  Ccvtnin  pnvis  nf  tlir  Animal  Œconomy,  p.  207. 

[bj  IVirUil,  Tra'Ur  de  ])ncuntaticilc  [Mcin.  sur  la  nature  et  le  traitement  de  plusieurs  mala- 
dies, t.  V. 

—  I!.  Gaspanl,  Dissertation  phyxioloqique  sur  la  (jainfication  vitale,  ^812. 
•    —  lt,'miii('.s,  Lettres  sur  tes  causes  et  les  effets  de  la  pri'senee  des  qm  ou  venis  dans  les  voies 
(Hijestires,  1X3-2. 

(r)  Gemliiii,  Recherches  plnjsioloijiqucs  sur  les  Vers  intestinaux,  llu'-se.  Paris,  1814,  p.  2i. 

{d)  Frcricli?,  Die  Vcrdannng  (Wagnei-'s  llandworterbuch  der  Physiologie,  t.  III,  \t.  80(>;. 


GAZ    INTESTINAUX.  ^^'^ 

longtemps  et  s'altèrent  profondément,  les  gaz  sulfurés  et  car- 
bures se  mêleront  en  quantités  plus  ou  moins  grandes  à  l'azote, 
à  l'acide  carbonique  et  à  l'hydrogène  qui  se  trouvent  dans  l'in- 
teslin  grêle,  et  qui,  poussés  par  les  mouvements  péristaltiques 
de  ce  tube,  devront  être  dirigés  vers  l'anus. 

En  effet,  les  résultats  de  l'analyse  des  gaz  intestinaux  faite  par 
divers  chimistes,  soit  chez  l'Homme,  soit  chez  d'autres  Mam- 
mifères, montre  qu'il  en  est  ainsi. 

Par  exemple,  dans  une  série  d'expériences  de  ce  genre,  faites 
sur  le  cadavre  d'un  supplicié  par  Magendie  et  M.  Chevreul,  le 
mélange  gazeux  présenta  la  composition  suivante  : 

Dans  l'estomac,  oxygène,  H,0;  azote,  71, Û5;  acide  carbo- 
nique, 1/1,0;  hydrogène,  3,55. 

Dans  l'intestin  grêle,  point  d'oxygène  et  seulement  20,08 
d'azote;  mais  2/i,o9  d'acide  carbonique  et  55,53  d'hydrogène. 

Dans  le  gros  intestin  ,  point  d'oxygène;  51,03  d'azote, 
43,5  d'acide  carbonique  et  5,^7  d'hydrogène  carboné  mêlé  à 
un  peu  d'acide  sulfhydrique  (1). 

Souvent  l'estouiac  ne  contient  pas  de  gaz  en  quantité  notable, 
et  d'autres  fois  non-seulement  on  v  trouve  un  mélange  d'air  et 
d'acide  carbonique,  mais  aussi  de  l'hydrogène  ;  car  dans  cer- 
tains cas  la  fermentation  butyrique  commence  dans  cet  organe, 
et,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  vu,  on  a  constaté  diuis  le  chyme 
les  produits  caractéristiques  de  cette  réaction.  D'après  ce  que 
je  viens  de  dire  des  causes  dont  peut  dépendre  la  présence  des 


(1)  Il  est  à  noter  que  le  condamné 
avaitfait,  deux  heuresavant  sa  mort,  un 
repas  composé  principalement  de  pain 
et  de  fromage ,-  mais  la  digestion  de  ces 
substances  ne  pouvait  pas  être  assez 
avancée  pour  que  Ton  doive  y  atlribucr 
le  dégagement  de  riiydrogèneou  de  Ta- 


cidc  carbonique  trouvés  dans  l'intestin; 
et  il  y  a  lieu  de  croire  que  la  production 
du  preuiierdeccs  gaz,  ainsi  que  d'une 
portion  de  l'acide  carbonique,  avait  été 
la  conséquence  de  la  fermentation  bu- 
tyrique d'aliments  analogues  pris  dans 
des  repas  précédents  (a). 


(«)  Magendie,  Note  sur  les  gaz  intestinaux  de  l'Homme  sain  (Amiales  de  chimie  et  de  physique, 
1816,  t.  n,  p.  292). 


lOG  DIGESTION. 

divers  gaz  intestinaux,  on  conçoit  également  qu'il  doit  y  avoir 
des  variations  très  grandes  dans  les  proportions  relatives  de  ces 
matières,  ainsi  que  dans  la  rapidité  de  leur  dégagement,  sui- 
vant la  nature  des  substances  introduites  dans  le  tube  alimen- 
taire et  suivant  l'état  physiologique  de  l'appareil  digestif.  Ainsi, 
lorsque  toutes  choses  sont  égales  d'ailleurs,  la  production  d'hy- 
drogène et  d'acide  carbonique  doit  être  le  plus  abondante  quand 
les  aliments  contiennent  beaucoup  de  matières  féculentes  qui 
se  prêtent  facilement  à  l'établissement  de  la  fermentation  buty- 
ricpie  ;  le  dégagement  d'acide  sulfliydrique  dans  l'intérieur  de 
l'intestin  doit  être  subordonnée  à  la  présence  de  matières  ali- 
mentaires ou  excrémentitielles  riches  en  soufre  et  promptes  à  se 
décomposer;  enfin  tous  ces  phénomènes  doivent  dépendre 
surtout  de  la  présence  de  divers  ferments  dans  le  canal  digestif 
et  des  conditions  plus  ou  moins  favorables  à  la  multiplication  de 
ces  corpuscules  microscopiques.  Dans  (piehjues  étals  patholo- 
giques ,  rcxhalalion  des  gaz  par  les  parois  de  l'intestin  ou 
même  de  restomac  peut  augmenter  de  manière  à  produire  de 
grandes  accumulations  de  ces  fluides,  mais  dans  la  plujiart  des 
cas,  les  accidents  de  ce  genre  me  paraissent  devoir  être  attri- 
bués plutôt  à  la  réimion  de  circonstances  propres  à  provoquer 
et  à  favoriser  l'établissement  de  phénomènes  de  fermentation 
dans  les  matières  alimentaires  dont  le  tube  iligestif  est  chargé. 
Du  reste,  ces  questions  inléressent  la  médecine  plutôt  que  la 
physiologie,  et  par  conséipient  je  ne  m'y  arrêterai  pas.  J'ojou- 
tei'ai  seulement  que  dans  les  circonstances  ordinaires  les  gaz 
intestinaux  n'ont  que  peu  d'imporlance;  ils  n'influent  pas  nola- 
blement  sur  les  phénomènes  de  la  digestion  (1),  si  ce  n'est  pour 

(1)  Quelques  aulcurs  ont   supposé      influence  consid(îial)le  sur  les  phéno- 
que  les  gaz  intestinaux  exercent  une      mènes  de  la  digestion  (a).  Mais  ces 

(o)  Burdacli,  Traité  de  physiologie,  t.  I\,  p.  435. 

—  (Irayes,  On  Tympanites  occurriny  in  Fever  {Dublin  Journal  of  Médical  Science,  183G,  t.  VIII, 
p.  4'J9). 

—  Liebig,  Chimie  organi<iue  ap^yliquée  à  la  physiologie  animale,  1847,  p.  120. 


GAZ    INTESTINAUX.  107 

aider  au  mouvement  des  matières  alimentaires  vers  l'anus,  ou 
pour  égaliser  les  effets  des  pressions  exercées  sur  les  viscères 
abdominaux  (i),  et,  en  dernier  résultat,  ils  sont  absorbés  ou 
expulsés  au  dehors  par  l'orifice  anal. 


opinions  ne  reposent  sur  aucune  rai- 
son solide.  Je  ferai  remarquer  cepen- 
dant   que   l'introduction   de     petites 
quantités   d'air    atmosphérique    dans 
l'estomac   pourrait  bien  ne  pas  être 
sans  utilité  pour  empêcher  l'établisse- 
ment accidentel  de  la  fermentation  bu- 
tyrique dans  cette  portion  de  l'appa- 
reil digestif.  En  effet,  M.  Pasteur  a  vu 
que  les  Animalcules  dont  les  germes 
sont  charriés  par  l'atmosphère,  et  dont 
le  développement  au  milieu  des  mé- 
langes de  matières  sucrées  et  albumi- 
noïdes,  donne  naissance  à  la  fermenta- 
tion butyrique,  vivent  et  se  multiplient 
très  'bien  en  présence  du   gaz  acide 
carbonique,  de  l'hydrogène  et  de  l'a- 
zote, mais  périssent  très  promptement 
quand  ils  sont  exposés  à  l'action  de 
l'oxygène  («).  Si,  comme  je  le  pense,  la 
production  accidentelle  de  l'acide  bu- 
tyrique dans  l'estomac  est  due  à  la 
présence  d'un  feriuent  de  ce  genre, 
on    conçoit    donc  que  l'introduction 
d'une  certaine  quantité  d'air  atmos- 
phérique dans  ce  viscère  puisse  mettre 
obstacle  à  ce  phénomène  anormal. 
(1)  Les  usages  mécaniques  des  gaz 


contenus  dans  l'intestin  ne  sont  pas 
sans  quelque  importance.  En  mainte- 
nant ce  tube  dans  un  état  de  distension 
modéré,  ces  fluides  facilitent  le  dépla- 
cement des  matières  liquides  ou  solides 
qui  sont  destinées  à  le  parcourir  ;  mais 
si  leur  volume  augmente  au  delà  d'un 
certain  degré,  ils  deviennent  un  obsta- 
cle à  la  contraction  des  fibres  muscu- 
laires de  l'intestin,   qui  est  la  cause 
principale  de  cette  translation.  En  rai- 
son de  leur  élasticité  et  de  leur  mobi- 
lité, ces  gaz  contribuent  aussi  à  la  ré- 
partition égale  de  la  pression  exercée 
sur  les  viscères  par  les  parois  de  la  ca- 
vité abdominale   ou  par  le  poids  de 
quelques-uns  d'entre  eux:  par  exemple, 
du  foie  ou  de  l'estomac  dans  son  état 
de  plénitude.  Enfin,  connue  le  fait  re- 
marquer ÎM.  Maissiat,  ils  doivent  agir 
aussi  à  la  manière  d'un  ressort  sur  le 
diaphragme,  qui  l(^s  comprime  au  mo- 
ment de  sa  contraction,  et  qui  doit  se 
trouver  repoussé  vers  le  thorax  par  le 
fait  de  leur  tension,  quand  ses  fibres 
venant  à  se  relâcher,  cette  pression 
cesse  (6). 


(a)  Pasteur,  Animalcules  infusoires  vivant  sans  ga»  oxygène  libre  et  déterminant  des  fermen- 
tations (Comptes  rendus  de  l'Académie  des  sciences,  dSGl,  t.  XLII,  p.  344). 

[b)  Maissiat,  Études  de  physique  aîiimale,  1843,  p.  24G. 


CINQUANTE -NEUVIÈME  LEÇON. 


Suite  de  l'étude  des  phénomènes  chimiques  de  la  digestion.  —  Digestion  des 
aliments  mixtes.  —  Phénomènes  de  la  digestion  stomacale.  —  Digestion  intesti- 
nale. —  Matières  fécales. 


,!c^''nHl'^enis  §  ^  '  —  ^^^^  1^  dcmière  Leçon  nous  avons  vu  que  les  nia- 
compiexes.  jj^^gg  auxqucllos  on  pcut  donner  le  nom  d'aliments  plastiques 
simples,  c'est-à-dire  les  prineipes  immédiats  azotés  neutres, 
tels  que  la  fibrine  et  l'albumine,  peuvent  être  attaquées  et  di- 
gérées, soit  par  le  suc  gastrique  dans  l'estomac,  soit  par  le  suc 
pancréatique  et  le  suc  intestinal  dans  l'intestin  grêle;  que  les 
aliments  amylacés  sont  digérés  en  partie  par  la  salive ,  mais 
principalement  parle  suc  pancréatique  et  le  suc  intestinal  qu'ils 
rencontrent  après  leur  passage  dans  l'estomac;  enlin  que  les 
corps  gras  neutres  sont  en  majeure  partie  absorbés  sans  avoir 
subi  aucun  changement  dans  leur  constitution  chimique,  et 
que,  dans  la  plupart  des  cas,  leur  absorption  est  cftcctuée  au 
moyen  de  leur  énmlsionnement  j)ai'  le  suc  pancréatique,  le 
mucus  intestinal  elles  autres  matières  albuminoïdes  ou  alcalines 
qu'ils  rencontrent  dans  l'intestin  grêle,  telles  que  le  chyme  ou 
la  bile,  et  à  l'aide  de  l'action  exercée  sur  les  parois  de  cet 
intestin  par  ce  dernier  liquide,  (jui  augmente  la  perméabilité  de 
son  tissu  pour  les  graisses  en  général. 

Ces  préliminaires  étant  posés,  exanu"nons  ce  qui  se  passe 
dans  les  dilTérenles  périodes  du  travail  digeslil",  quand  riïomme, 
ou  un  Animal  dont  les  fonctions  nulrilivcs  s'exercent  à  peu 
près  de  la  même  manière ,  prend  {\c<,  alimenls  complexes 
comme  ceux  dont  il  lait  ordinairement  usage.  En  elïet,  les 
substances  nulriliv(>s,  telb^s  (pi'on  les  rencontre  dans  la  nature, 


MODIFICATIONS    DES    ALIMENTS    DANS    l'eSTOMAC.  109 

sont  presque  toujours,  comme  je  l'ai  déjà  dit  (1),  des  mélanges 
ou  des  associations  de  plusieurs  matières  diverses  appartenant 
au  moins  à  deux  des  trois  classes  d'aliments  simples  dont  je 
viens  de  parler.  Ainsi  les  Carnivores  trouvent  dans  leur  proie, 
d'une  part,  des  tissus  composés  essentiellement  de  plusieurs 
principes  azotés  neutres,  d'autre  pari,  des  graisses;  et  les  Her- 
bivores ont  en  général  un  régime  encore  plus  complexe,  car 
dans  la  plupart  des  substances  végétales  qu'ils  mangent,  il  y  a 
tout  à  la  fois  des  principes  amylacés,  des  matières  grasses  et 
des  composés  albuminoïdes,  tels  que  le  gluten.  Dans  une  pro- 
chaine Leçon,  je  me  propose  d'examiner  la  composition  des 
aliments  considérés  au  [toint  de  vue  de  leur  pouvoir  nutritif; 
en  ce  moment  je  ne  m'occuperai  que  de  la  série  des  moditi- 
cations  que  l'ensemble  des  matières  alimentaires  subit  dans 
les  différentes  portions  du  tube  digestif,  et  des  relations  qui 
existent  entre  la  nature  chimique  ou  les  propriétés  physiques 
de  ces  substances  et  leur  digestibilité,  soit  dans  l'estomac,  soit 
dans  l'intestin. 

§  2.  —  Les  médecins  ont  fait  beaucoup  d'observations  et     Ponion 
quelques  expériences  sur  la  durée  du  séjour  des  différents  ali-      digestif 

.     ,  11'-  1"'  s'eiïccUic 

ments  dans  la  cavité  stomacale  et  sur  les  altérations  que  ces  dans 
substances  y  éprouvent.  Ainsi,  vers  la  fin  du  siècle  dernier, 
Gosse  (de  Genève)  a  étudié,  au  moyen  de  régurgitations  volon- 
taires, l'état  des  matières  contenues  dans  son  estomac  plus  ou 
moins  longtemps  après  le  repas  (2),  et  plus  récemment,  le 
docteur  Beaumont  a  fait  une  longue  série  d'observations  ana- 
logues sur  le  Canadien  dont  j'ai  déjà  eu  l'occasion  de  parler 

(1)  Voyez  ci-dessus,  page  3  et  suiv.  mac,  et  il  en  profila  pour  observer  le 

(2)  Ce  physiologiste  avait  la  faculté  degré  d'altération  que  divers  aliments 
de  vomir  très  facilement  quand,  en  subissaient  par  leur  séjour  plus  ou 
avalant  de  Tair,  il  distendait  son  esto-  moins  prolongé  dans  cet  organe  (a). 

(«)  Les  expériences  de  (lossc  ont  clé  imbliccs  par  Seiicbicr  dans  l'Inlroducticn  à  l'ouvrage  do 
Sp41anzani  {Expériences  sur  la  digestion,  1783,  p.  cxxii  et  suiv.). 


reslomac. 


JIO 


DIGESTION. 


comme  ayant  l'estomac  en  communication  directe  avec  l'exté- 
rieur (1).  Enfin,  on  a  fait  des  études  du  même  genre  sur  des 
Animaux  que  l'on  sacrifiait  pendant  que  la  digestion  était  en 
pleine  acfivité  (2),  ou  dont  on  rendait  l'estomac  accessible 
à  l'observation  au  moyen  d'une  ouverture  artificielle  (3).  On  a 


(1)  Au  moyen  de  l'ouverture  acci- 
dentelle qui,  chez  ce  Canadien,  ren- 
dait l'accès  direct  dans  l'estomac  très 
facile,  M.  Beaumont  a  l'ait  un  grand 
nombre  d'expériences,  en  vue  de  dé- 
terminer  le    temps    nécessaire    pour 
opérer   la    transformation   de    divers 
aliments    en    cette    matière   pultacée 
qu'on  appelle  chyme,  et  leur  dispari- 
tion, soit  par  leur  absorption,  soit  par 
leur  passage  dans  l'intestin   (a).    Les 
faits  constatés  ainsi  offrent  de  l'intérêt, 
mais  il  est  à  regretter  que  M.  Beau- 
mont  n'ait  pas  examiné  chimiquement 
les  produits  de  la  digestion  stomacale, 
ni  soumis  à  l'observation  microscopi- 
que le  mélange  chymcux,  pour  mieux 
délerminer   les    altérations  physiques 
que    chaque    substance    alimenlaire 
avait  subies. 

(2)  Vers  la  fin  du  siècle  dernier, 
Spallanzani  fit  un  certain  nombre 
d'expériences  de  ce  genre  sur  divers 
Animaux  auxquels  il  faisait  avaler  des 
aliments  renfermés  dans  des  tubes  à 
parois  criblé-es,  ou  dans  des  sachets 
de  moussclini;  [h). 

D'auln-s  physiologistes  ont  cherché 
à  délerminer  le  degré  comparatif  de 


digestibilité  de  divers  aliments,  en  ou- 
vrant le  canal  alimentaire  de  chiens 
ou  d'autres  Animaux,  lorsque  le  travail 
digestif  était  plus  ou  moins  avancé. 
Ce  procédé  expérimental  a  été  mis 
en  usage  par  Astley  Cooper,  Tiede- 
mann  et  (îmelin,  Schultze  (c). 

(3)  M.  Blondiot  et  quelques  autres 
physiologistes  ont  établi  chez  des 
Chiens  une  fistule  gastrique,  ei  ont 
étudié  ainsi  les  progrès  du  travail  di- 
gestif, soit  dans  l'intérieur  de  l'esto- 
mac, soit  au  dehors  de  l'organisme, 
dans  des  expériences  de  digestion  ar- 
tificielle (c/). 

Des  recherches  du  même  ordre  ont 
été    faites    chez    des    personnes    qui 
avaient  un   anus  artificiel  au  moyen 
duquel  les  aliments  introduits   dans 
l'estomac  s'échappaient  au  dehors  dès 
leur  arrivée  dans  la  portion  d(!  l'intes- 
tin  où  se    trouvait  cette   ouverture. 
Lallemand   a   étudié  de  la  sorte    les 
effets  de  la  digestion  stomacale  sm*  des 
aliments  qui  n'avaient  parcouru'qu'un 
très  court  trajet  dans  l'intestin  grêle  (e). 
On   doit  à  AI.  Londe  des  observations 
analogues  (/"). 


(a)  W.  Beaumont,  Experiments  and  Observations  on  the  Gastricjuice  and  thc  Physiology  of 
Digestion,  tS33. 

{hf  S|iallanzaiii,  Expériences  snr  la  digestion,  178IJ. 

(c)  A-llcy  Cooper,   Exper.  on  Digestion  (Scudamore,  Trcntise  on   the  Nature  and  Cure  ofthe 
Goût,  1817,  et  7he  Lancet,  1820,  t.  I). 

—  Soliultze,  De  alimentorum  concoctione  expérimenta  nova,  1834. 

(d)  lilonillot,  Traité  analgtiquc  de  la  digestion,  1843. 

(c)  L:i\iemand,  Observations  sur  la  digestion  {Observations  palliologiques  propres  à  éclairer 
plusieurs  points  de  physiologie,  1818,  et  'i'  étiil.,  1825,  ji.  115  el  siiiv.). 

(f)  Loiide,  Note  sur  les  aliments  {Arr.hives  générales  de  médecine,  1820,  t.  X,  p.  03  et  suiv.). 


MODIFICA.TIOi\S    DES    ALIMENTS    DANS    l'eSTOMAC.  IH 

pu  constater  ainsi  beaucoup  de  faits  importants  à  connaître, 
mais  les  clédiiclions  qu'on  en  a  tirées  ne  me  paraissent  pas 
toutes  acceptables,  et  ce  n'est  pas  de  la  sorte  qu'on  peut  juger 
sainement  de  la  digestibilité  d'un  aliment,  c'est-à-dire  de  son 
aptitude  à  devenir  absorbable  et  utilisable  dans  l'organisme, 
sous  l'intluence  des  sucs  digestifs. 

En  effet,  c'est  à  tort  que  l'on  considère  souvent  le  travail 
digestif  qui  s'effectue  dans  l'estomac  comme  étant  la  digestion 
tout  entière,  ou  comme  étant  essentiellement  distincte  de  celle 
qui  a  lieu  dans  l'intestin.  Ces  deux  portions  du  tube  alimentaire 
versent  sur  les  aliments  des  dissolvants  différents  ;  mais  elles 
sont  le  siège  de  phénomènes  du  même  ordre  qui  commencent 
dans  le  premier  de  ces  organes  et  qui  se  continuent  dans  le 
second.  Ainsi,  un  aliment  donné  peut  être  plus  ou  moins  for- 
tement attaqué  par  la  salive  ou  par  le  suc  gastrique  pendant 
son  séjour  dans  l'estomac,  et  continuer  à  subir  des  change- 
ments analogues  dans  l'inteshn,  où  il  rencontre  de  nouveaux 
dissolvants.  De  même  que  l'achon  de  la  salive  sur  certaines 
matières  peut  persister  pendant  que  ces  substances  se  trouvent 
dans  l'estomac,  de  même  aussi  le  suc  gastrique  que  les  aliments 
emportent  avec  eux  dans  l'intestin  peut  contribuer  à  en  opérer 
l'élaboration  dans  cette  portion  du  tube  digestif;  et  les  différents 
liquides  dont  les  matières  nutritives  sont  imbibées  pendant  leur 
passage  dans  l'intestin  peuvent  contiiuier  à  en  modifier  les 
propriétés  quand  ils  ont  passé  avec  elles  dans  le  csecum  ou  dans 
le  côlon.  Les  effets  produits  dans  telle  ou  telle  portion  du  tube 
digestif  dépendent  donc  non-seulement  de  la  nature  des  sucs 
digeshfs  qui  y  arrivent,  mais  du  temps  pendant  lequel  les  ali- 
ments y  sont  retenus  pour  subir  l'action  de  ces  agents,  et  la 
durée  de  ce  séjour  n'est  pas  réglée  par  le  degré  de  digestibilité 
des  corps  étrangers;  elle  est  subordonnée  plutôt  à  l'état  de 
division  mécanique  dans  lequel  l'aliment  se  trouve,  et  au  degré 
d'excitabilité  de  la  tunique  musculaire  de  la  partie  du  canal  où 


■112  DIGESTION. 

ce  corps  est  logé.  Ainsi,  dans  l'état  normal,  les  contractions  de 
l'estomac  de  l'Homme  ne  sont  provoquées  par  la  présence  des 
aliments  qu'après  un  séjour  assez  prolongé  de  ces  matières 
dans  l'intérieur  de  cet  organe.  Dans  l'intestin  grêle,  au  con- 
traire, les  mouvements  péristaltiques  ne  permettent  pas  aux 
matières  de  stationner  longtemps ,  et  la  rapidité  de  ces  mou- 
vements augmente  quand  les  parois  de  cette  portion  du  canal 
digestif  sont  stimulées  par  la  présence  de  corps  solides.  Or, 
l'action  modificatrice  que  les  sucs  digestifs  exercent  sur  les 
aliments  est  en  général  lente,  et  toutes  choses  étant  égales 
d'ailleurs,  le  temps  nécessaire  pour  en  opérer  la  digestion  est 
d'autant  moins  long,  que  ces  substances  ont  moins  de  coliésion 
et  sont  dans  un  état  de  division  plus  grande.  11  en  résulte  (jue, 
dans  l'estomac,  les  aliments  solides  et  consistants  pourront  être 
utilisés  par  l'action  des  dissolvants  appropriés  à  leur  nature 
chimique,  mais  que  dans  l'intestin  les  corps  dont  la  division 
mécanique  n'a  pas  été  poussée  assez  loin  échapperont  souvent 
aux  puissances  digestives,  et  que  l'action  de  celles-ci,  pour  être 
efiicace,  devra  porter  sur  des  matières  liquides  ou  réduiles  en 
fragments  très  minimes,  de  façon  à  n'avoir  qu'une  consistance 
pultacée. 

Pour  que  l'animal  puisse  profiter  autant  «jue  possible  des 
matières  nutritives  (ju'il  introduit  dans  son  estomac,  il  faut 
donc  que  cet  organe  remplisse  les  fonctions  non-seulement 
d'un  agent  digestif,  mais  aussi  d'un  réservoir  régulateur 
chargé  tout  à  la  fois  de  compléter  la  division  mécanique  des 
aliments  dans  la  mesure  nécessaire  pour  raccomi)lissement  de 
la  digestion  intesfinalc,  et  de  transmettre  à  l'intestin  ces  corps 
étrangers  d'une  manière  graduelle,  en  rapj)ort  avec  sa  capacité 
et  la  puissance  de  ses  facultés  digestives. 

Dans  l'état  normal  de  l'organisme,  ces  conditions  sont  rem- 
plies par  le  jeu  du  [>ylore  et  [)ar  Taction  du  suc  gastri(]uc  sur 
les  aliments  complexes. 


MODIFICATIONS    DES    \L1ME.MS    DANS    l'eSTOMAC.  llo 

Ainsi  que  nous  l'avons  déjà  vu  dans  une  Leçon  préeédente  (1), 
le  pylore  se  contracte  fortement  lorsque  les  aliments  arrivent 
dans  l'estomac,  et  après  être  resté  pendant  un  certain  temps 
dans  cet  état  d'occlusion,  cet  organe  devient  le  siège  de  mou- 
vements vermiculaires  qui  se  propagent  de  sa  portion  car- 
diaque jusque  dans  l'intestin.  Ces  mouvements  poussent  peu  à 
peu  les  matières  liquides  ou  pultacées  de  l'estomac  dans  le  duo- 
dénum, mais  ne  permettent  pas  aux  corps  solides  d'un  volume 
un  peu  considérable  de  franchir  le  détroit  pylorique.  Ainsi, 
dans  l'état  normal,  le  passage  des  aliments  de  l'estomac  dans 
l'intestin  est  subordonné  à  l'état  île  division  mécanique  de  ces 
substances,  et  quand  celte  division  ne  préexiste  pas  ou  n'a 
pas  été  opérée  par  la  mastication,  elle  doit  être  déterminée 
principalement  par  l'action  digestive  du  suc  gastrique. 

En  effet,   les   substances  organiques  solides  que  l'Homme    Fonuaiion 

du  chyme. 

et  les  Animaux  emploient  comme  aliments  sont  rarement  des 
corps  homogènes  ;  presque  toujours  ce  sont  des  tissus  organi- 
sés dont  les  matériaux,  de  nature  plus  ou  moins  variée,  sont  iné- 
galement attaquables  par  les  liquides  digestifs  contenus  dans 
l'estomac.  En  dissolvant  les  parties  qui  sont  les  moins  résis- 
tantes, ces  sucs  déterminent  donc  la  désagrégation  de  la  plu- 
part des  substances  alimentaires  longtemps  avant  que  la  diges- 
tion de  celles-ci  ait  pu  être  opérée  d'une  manière  complète, 
et  c'est  principalement  ce  travail  de  désagrégation  qui  constitue 
le  phénomène  de  la  chymification  ("2).  Ce  qui  est  le  plus  impor- 
tant à  obtenir  par  la  digestion  stomacale,  ce  n'est  pas  la  trans- 
formation complète  des  matières  albuminoïdes  en  peptones,  et 
celle  des  matières  amylacées  en  dextrine  ou  en  glycose  ;  mais 
une  dissolution  partielle  des  substances  alimentaires  qui  effectue 
la  séparation  des  particules  dont  elles  se  composent ,  et  les 
divise  de  façon  à  les  rendre  à  la  fois  faciles  à  attaquer  par  les 

(1)  Voyez  tome  Vf,  page  28G.  ('2)  Voyez  tome  V,  page  279. 

Vil.  8 


11/i  DIGESTION. 

liquides  avec  lesquels  elles  vont  se  trouver  en  contact  dans  l'in- 
testin grêle,  et  aptes  à  traverser  lentement  cette  portion  du 
tube  digestif,  conditions  qui  se  trouvent  réunies  dans  le  produit 
pultacé  formant  le  chyme. 

Ainsi,  la  chair  des  Animaux,  quoique  formée  essentiellement 
de  matières  qui  sont  toutes  attaquables  par  le  suc  gastrique  et 
transformables  en  peptones  par  l'action  de  ce  liquide,  n'est  que 
rarement  digérée  d'une  manière  complète  dans  l'estomac.  Le 
tissu  connectif  qui  constitue  autour  de  chaque  fibre  musculaire 
une  gaine  nommée  sarcolemme,  et  qui  relie  ces  fibres 
entre  elles,  est  plus  facile  à  digérer  que  ne  le  sont  ces  fibres 
elles-mêmes.  Par  conséquent,  sous  l'influence  de  ce  dissolvant 
et  du  frottement  déterminé  par  les  mouvements  vermiculaires 
de  l'estomac,  les  fibres  musculaires  se  séparent  et  se  brisent 
en  petits  fragments,  en  même  temps  que  les  globules  sanguins, 
le  sérum  et  les  trabécules  de  tissu  connectif  inter})0sées 
dans  la  substance  de  la  chair  se  dissolvent  et  se  transforment 
en  peptones  ;  les  matières  grasses  emprisonnées  dans  les  cel- 
lules de  ce  tissu  connectif  sont  aussi  mises  en  liberté  de  la 
sorte  :  et  c'est  le  mélange  formé  par  les  débris  du  tissu  muscu- 
laire désagrégé,  par  la  graisse  dégagée  de  ses  enveloppes,  par 
le  mucus  provenant  des  parois  de  l'estomac,  par  les  peptones 
dont  la  préparation  est  terminée  et  par  du  suc  gastrique  en 
excès,  qui  constitue  dans  restomac  d'un  Animal  nourri  de 
viande  la  matière  pullacéc,  d'une  odeur  fade  et  aigre,  appelée 
chyme.  Pour  s'en  assurer,  il  suffit  d'examiner  au  microscope 
les  produits  de  cette  digestion  stomacale  (1),  car  on  y  recon- 
naît facilement,  au  milieu  d'une  mulutude  de  corpuscules  albu- 
minoïdes  réduits  à  l'état  de  globules  d'une  petitesse  extrême, 

(1)  Je  citerai,  à  ce  sujet,  une  série  d'observations  faites  par  M.  Rawitz,  h 
Breslaw,  et  par  M.  Cl.  Bernard  (o). 

{a)  Ravvilz,  Ueber  die  einfachen  NahrungsmUtel,  18iC. 

—  Ci.Bcrnird,  Leçons  de' Physiologie  expérimentale,  cours  de  1855,  t.   II,  p.  415  flsniv. , 
lig.  58  et  59, 


k  MODIFICATIONS    DES    ALIMENTS    DANS    l'eSTOMAC.  115 

des  fragments  de  fibres  musculaires  et  d'autres  débris  de  tissus 
organiques  dont  la  désagrégation  est  arrivée  à  des  degrés 
variés. 

Un  travail  analogue  s'effectue  quand  l'estomac  contient  des 
aliments  mixtes  d'origine  végétale,  bien  que  la  majeure  partie 
de  leur  substance  soit  inattaquable  par  le  suc  gastrique  ou  par 
la  salive  qui  se  trouve  mêlée  à  ce  liquide.  En  effet,  la  plupart  de 
ces  aliments  renferment  du  gluten,  de  la  caséine  ou  d'autres 
malières  albuminoïdes  (1)  qui  sont  solubles  dans  le  suc  gas- 
trique, et  par  le  fait  de  la  dissolution  de  ces  matières,  les  parties 
inattaquables  sont  souvent  désagrégées  de  façon  à  devenir  plus 
propres  à  pénétrer  dans  l'intestin  et  plus  aptes  à  y  être  digé- 
rées. Ainsi  le  cbyme  peut  être  formé  par  des  aliments  de  cette 
classe,  mais  en  général  les  modifications  que  les  substances 
végétales  subissent  pendant  leur  séjour  dans  l'estomac  ne  sont 
pas  profondes. 

§  3.  —  D'après  les  considérations  que  je  viens  d'exposer,      Dmcc 
il  est  facile  de  concevoir  que  la  durée  du  séjour  des  aliments  deî'aumcnis 
dans  l'estomac  ne  saurait  donner  la  mesure  de  leur  digestibilité    rcstomac. 
relative,  et  qu'elle  doit  varier  suivant  plusieurs  circonstances, 
au  nombre  desquelles  il  faut  ranger  en  première  ligne  certaines 
propriétés  physiques  de  ces  corps,  savoir,  leur  état  liquide  ou 
solide,  le  degré  de  division  mécanique  auquel  les  solides  ont 
été  amenés  par  la  mastication  ou  autrement,  enfin  la  cohésion 
plus  ou  moins  grande  de  leurs  particules  (2). 

On  peut  poser  en  principe  que  dans  l'état  normal  de  l'orga- 
nisme, quand  toutes  choses  sont  égales  d'ailleurs,  les  ali- 
ments seront  retenus  d'autant  plus  longtemps  dans  l'esto- 

(1)  Voyez  ci-dessus,  p.  7  el  suiv.  aliments  lourds,  ceu.v'^qiu  séjouriienl 

(2)  Dans  le  langage  ordinaire ,  on  longtemps  dans  cet  organe  ;  mais  il 
appelle  aliments  légers,  ceux  qui  ira-  n'existe  aucun  rapport  constant  entre 
versent  rapidement  rcsloniac  sans  y  ces  circonstances  et  le  degré  de  diges- 
produire  de  sensation  désagréable,  et  tibilité  des  matières  alimentaires. 


116  DIGESTION. 

mac,  qu'ils  auront  plus  de  cohésion  et  qu'ils  seront  plus  volu- 
mineux. 

Ainsi  les  liquides,  à  moins  d'être  absorbés  par  les  parois  de 
l'estomac,  traversent  en  général  cet  organe  et  arrivent  dans 
l'intestin  avec  rapidité;  mais  ici  encore  l'estomac  remplit  les 
fonctions  d'un  réservoir  régulateur,  et  le  pylore  ne  laisse  passer 
ces  substances  dans  le  duodénum  que  graduellement,  de  façon 
à  empêcher  qu'elles  n'y  produisent  un  courant  qui  pourrait 
entraîner  vers  l'anus  les  matières  destinées  à  séjourner  dans 
cette  portion  du  tube  digestif  et  à  y  être  absorbées. 

C'est  principalement  en  raison  de  cette  circonstance  et  de  la 
rapidité  avec  laquelle  l'absorption  peut  par  conséquent  s'effec- 
tuer, que  l'ingestion  du  bouillon  dans  l'estomac  produit  sur  les 
forces  générales  de  l'organisme  des  effets  plus  prom})ts  que 
ceux  déterminés  par  l'emploi  d'aliments  solides.  Il  est  vrai  que 
ce  liquide  ne  renferme  que  des  quantités  très  faibles  de  matières 
nutritives,  et  par  conséquent  ne  peut  en  détinitif  contribuer  que 
fort  peu  à  l'entretien  de  la  combustion  respiratoire  ou  du  tra- 
vail d'assimilation  physiologique;  mais  il  peut  arriver  promptc- 
ment  dans  l'intestin,  et  parvenir  jusque  dans  le  torrent  de  la 
circulation  avant  que   le  suc   gastrique    ait  eu  le  temps  de 
digérer  de  la  viande  ou  tout  autre  aliment  solide  en  quantité 
notable. 
Influence         L'iiillucnce  de  la  densité  des  malières  alimenlaires  et  de  la 
'de's''a^i'ments"  cohésIon  dc  Icurs  parliculcs  sur  leurdigestibilité  est  facile  àcon- 
digcîtibiî'iié.   iiliiler,  et  nous  explique  beaucoup  de  faits  particuliers  relatifs 
à  la  durée  du  séjour  de  ces  substances  dans  l'estomac  ;  dans 
la  précédente  Leçon   nous  en   avons  eu  des  preuves  (1),  et 
je  citerai   encore  à  ce   sujet  une  expérience   (pii  est  duc  à 
jM.  Blondlot,  et  qui  est  parfaitement  démonstralive. 

Ce  physiologiste,  ayant  établi  une  listule  gastrifpie  sur  un 

(1)  Voyez  ci-dessus,  page  /i8. 


MODIFICATIONS    DES    ALIMENTS    DANS    l'eSTOMAC.  117 

Cliien  dont  la  santé  ne  souffrit  pas  de  l'opération,  étudia  compa- 
rativement les  altérations  que  la  digestion  stomacale  détermine 
dans  l'albumine  coagulée,  suivant  que  ce  corps,  en  se  solidifiant, 
a  formé  une  masse  compacte  ou  une  substance  aréolaire  sem- 
blable à  de  la  mousse,  et  il  a  vu  que  dans  le  premier  cas  la  chy- 
mification  nécessitait  presque  deux  fois  autant  de  temps  que 
dans  le  second  (1). 

Des  différences  analogues  ont  été  observées  par  d'autres  phy- 
siologistes en  ce  qui  concerne  la  digestibilité  de  la  fibrine  com- 
pacte ou  de  la  fibrine  aréolaire  (2)  ;  c'est  à  la  même  cause  qu'il 


(1)  Dans  une  première  expérience, 
M.  Blondlot  ingéra  dans  l'estomac  de 
l'Animal  100  grammes  de  blanc  d'œuf 
durci  par  la  chaleur  de  façon  à  former 
une  masse  compacte,  et  il  trouva  que 
la  digestion  de  ce  corps  solide  s'était 
effectuée  qu'au  bout  de  cinq  ou  six 
heures,  résultat  qui  s'accordait  très 
bien  avec  ceux  obtenus  précédem- 
ment par  d'autres  physiologistes  (a). 
Puis  quelques  jours  après  il  fit  pren- 
dre au  même  Animal  la  même  quan- 
tité de  blanc  d'œuf  en  neige,  c'est-à- 
dire  réduit  en  mousse  par  le  battage 
avant  d'être  coagulé  par  la  chaleur,  et 
il  constata  qu'au  bout  de  trois  heures 
et  demie  la  totalité  avait  été  digérée. 
Enfin,  M.  Blondlot  a  soumis  à  des 
digestions  artificielles  du  blanc  d'œuf 
coagulé  en  morceaux  compactes  ou  à 
l'état  floconneux,  et  il  a  observé  des 
différences  du  même  ordre  (b). 

(2)  Ainsi  M.  Lehmann  a  comparé  sur 
un  Chien  portant  une  fistule  gastrique 
le  temps  employé  pour  effectuer  la 
digestion  de  deux  quantités  égales  de 


fibres  provenant  du  sang  de  Cheval, 
et  prises,  l'une  à  la  partie  supérieure 
du  caillot,  là  où  ce  principe,  en  se 
solidifiant,  n'avait  pas  englobé  de  glo- 
bules rouges,  et  consistait  en  une  couche 
dite  couenneuse,  qui  est  compacte  et 
coriace;  l'autre  dans  la  portion  rouge 
du  coagulum,  où,  étant  mêlée  à  beau- 
coup de  ces  corpuscules,  la  même 
substance  n'avait  formé  qu'un  réseau 
lâche  et  spongieux.  Or,  en  une  heure 
et  demie  la  presque  totalité  des  fila- 
ments fibrineux  obtenus  par  le  lavage 
de  cette  dernière  partie  du  caillot 
avait  disparu  de  l'estomac,  tandisqu'au 
bout  de  deux  heures  et  demie  on  trouva 
encore  dans  ce  viscère  un  gros  frag- 
ment de  la  fibrine  compacte  provenant 
de  la  couche  couenneuse  (c).  L'in- 
fluence de  la  cohésion  de  la  fibrine  sur 
la  durée  du  temps  nécessaire  pour 
effectuer  la  dissolution  de  celte  sul)- 
stance  dans  du  suc  gastrique  d'une 
puissance  digcstive  donnée,  a  été  con- 
statée aussi  par  les  expériences  ré- 
centes de  iM.  Briicke  ((/). 


(«)  Tiedemann  el  Gmelin,  Recherches  sur  la  digestion,  I.  I,  p.  180. 

(b)  Blondlot,  Traité  analytique  de  la  digestion,  p.  270  et  suiv. 

(c)  Lehmann,  Lehrbuch  der  physiologisr.Uen  Chemie,  t.  lll,  p.  274. 

((/)  Brucke,  Beitr.  zur  Lehrc  fonder  Yerdinmiig  (Sitziingsberlrhte  dcr  M;ad.  der  Wtxsensrh. 
an  Wien,  1859,  t.  NXXVII,  p.  131). 


118  DIGESTION.  ■   • 

faut  attribuer  en  majeure  partie  la  digestibilité  plus  grande  de  la 
chair  des  jeunes  Animaux,  comparée  à  celle  des  vieux  indi- 
vidus de  la  même  espèce,  l'ait  qui  a  été  mis  en  évidence  par 
les  expériences  des  physiologistes,  aussi  bien  que  par  l'obser- 
vation des  médecins,  et  il  me  paraît  indubitable  que  des  varia- 
tions analogues  dans  les  propriétés  mécaniques  des  mêmes 
tissus  chez  des  Animaux  différents  contribuent  pour  beaucoup 
à  les  rendre  très  inégalement  attaquables  par  le  suc  gastrique. 
Comme  exemples  de  cette  digestibilité  inégale  de  la  chair  mus- 
culaire, je  citerai  les  résultats  obtenus  par  le  docteur  Beaumont 
dans  ses  expériences  sur  le  Canadien  que  j'ai  déjà  cité  si  sou- 
vent. Les  muscles  des  Poissons,  comme  chacun  le  sait,  n'offrent 
que  peu  de  consistance,  et  M.  Beaumont  a  vu  qu'en  général  il 
suffisait  d'une  heure  et  demie  ou  deux  heures  pour  en  opérer  la 
chymification,  tandis  que  la  chair  d'agneau  ne  disparaissait  de 
l'estomac  qu'au  bout  de  deux  heures  et  demie,  et  que  la  chair 
de  Mouton  et  de  Bœuf  y  restait  de  trois  à  quatre  heures,  ou 
même  davantage  (1). 

C'est  aussi  par  des  particularités  dans  la  constitution  physi- 
que des  divers  tissus  Animaux  propres  à  donner  de  la  gélatine, 
plutôt  que  par  des  ditfércnces  dans  la  nature  chimiciue  de 
ces  substances,  qu'on  peut  expliquer  la  résistance  très  inégale 
qu'elles  opposent  à  l'action  dissolvante  du  suc  gastrique.  Ainsi 
le  tissu  conncctif  ou  cellulaire,  dont  la  texture  est  lâche  et 
spongieuse,  se  laisse  facilement  attaquer  par  cet  agent,  tandis 
(jue  le  tissu  élastique,  la  peau,  les  aponévroses  cl  les  ten- 
dons, qui,  chimiquement,  ne  diffèrent  que  peu  du  premier, 


(1  )  Los  observations  microscopiqnos  do   digestibilité   du   tissu  musculaire 

de  M.    l'iuwitz  sur  les  produits  do  la  provenant  de  quolfjnes  Poissons,  du 

cliyuiilication  ont   (également   mis  en  Lièvre,  du  l'onlct  ol  des   Animaux  de 

évidence  des  dinérences  dans  le  degré  boucherie  (a). 

(a)  Rnwitz,  Ueber  die  einfachen  Nahrungsmittel.  Breslau,  1840. 


MODIFICATIONS    DES    ALIMENTS    DANS    l'eSTOMAC.  119 

mais  qui  sont  d'une  structure  plus  compacte  et  ne  s'imbibent 
que  lentement  des  liquides  qui  les  baignent,  résistent  pendant 
très  longtemps  aux  puissances  digestives,  et  souvent  finissent 
par  sortir  de  l'estomac  sans  avoir  subi  aucune  modification 
notable. 

En  général,  les  tissus  épithéliques,  par  leur  nature  cbimique,  inciigesiibimé 

,  .  ,  , .  (les  tissus 

ne  s'éloignent  aussi  que  fort  peu  de  beaucoup  de  matières  ali-  ép.n.éiiques , 
mentaires  dont  la  digestion  est  facile;  mais  ils  sont  peu  per- 
méables aux  liquides,  et  d'ordinaire  ils  ont  une  grande  force  de 
cobésion,  aussi  sont-ils  remarquablement  réfractaires  à  l'action 
dissolvante  du  suc  gastrique.  Ainsi,  la  corne ,  les  poils ,  les 
plumes  et  même  l'épiderme,  ne  se  laissent  attaquer  par  ce 
liquide,  ni  chez  l'Homme,  ni  cbez  la  plupart  des  Animaux  (1), 
et  en  général,  lorsque  ceux-ci  avalent  leur  proie  tout  entière, 
on  les  voit,  quelque  temps  après,  rejeter  au  dehors  par  le 
vomissement  les  parties  tégumentaires  que  leur  estomac  a  été 
impuissant  à  digérer.  Cette  régurgitation  de  paquets  de  poils 
ou  de  plumes  est  un  phénomène  normal  chez  les  Oiseaux  de 
proie  (2),  et  chez  d'autres  Animaux  dont  l'estomac  ne  peut 
pas  se  débarrasser  ainsi  des  matières  qu'il  ne  saurait  digérer; 
on  y  trouve  quelquefois  des  masses  considérables  qui  sont  for- 


(1)  Ainsi,  dans  une  des  expériences      autres  parties  étaient  fortement  atta- 


faites  par  Spallanzani,  lUi  tronçon  de  la 
queue  d'un  Lézard  ayant  été  logé  dans 
un  tube  pour  le  mettre  à  l'abri  de 
l'action  mécanique  des  organes  diges- 
tifs, fut  laissé  pendant  un  jour  dans 
l'estomac  d'une  Couleuvre  ;  et  quand 
on  le  retira,  on  trouva  que  la  sur- 
face de  la  peau  n'avait  pas  été  alté- 
rée, tandis  que  les  muscles   et  les 


qués  {a). 

(2)  Ce  fait,  mentionné  dans  les  ou- 
vrages sur  Vart  de  la  fauconnerie,  a 
été  observé  aussi  par  Réaumur  et 
Spallanzani.  Ce  dernier  a  vu  également 
que  des  luorccaux  de  corne  pouvaient 
séjourner  pendant  plusieurs  jours  dans 
l'estomac  d'un  Faucon  sans  éprouver 
la  moindre  altération  (6). 


(a)  Spallanzani,  Expériences  sur  la  digesiion,  p.  129. 

(b)  Réaumur,  Sur  la  digestion  des  Oiseaux,  second  mémoire  (Mém.  de  l'Acad.  des  sciences, 
l'î52,p.  463). 

—  Spallanzani,  Expériences  sïir  la  digestion,  p.  181. 


120  niGESTION. 

mées  do  poils  iiitrodiiits  nccidentellenionl  dans  le  liibe  aliinciilaire 
et  accumulés  lentement  dans  l'intérieur  de  cet  organe  (1). 

Ces  faits  nous  éclairent  sur  les  moyens  que  la  Nature  met  en 
usage  pour  préserver  les  parois  de  l'estomac  contre  l'action 
dissolvante  de  ses  propres  liquides.  A  moins  de  circonstances 
pathologiques  extrêmement  rares,  cet  organe  ne  se  digère  pas 
lui-même  pendant  la  durée  de  la  vie,  mais  sur  le  cadavre  il  se 
laisse  parfois  corroder  et  même  perforer  par  le  suc  gastrique 
resté  dans  son  intérieur  au  moment  de  la  mort  (2).  Il  en  résulte 


(1)  Les  poils  que  les  Bœufs  et  les 
autres  Ruminants  avalent  souvent  avec 
leur  salive,  quand  ils  se  lèchent  la  peau, 
peuvent  rester  dans  leur  estomac  pen- 
dant toute  la  vie  sans  éprouver  aucune 
altération  notable,  et,  par  l'effet  des 
mouvements  de  cet  organe,  ils  peu- 
vent être  agglomérés  et  comme  feutrés 
de  façon  à  constituer  les  concrétions 
dont  j'ai  déjà  eu  Toccasion  de  parler 
sous  le  nom  û'égagropiles  (a). 

(2;  Hunter  a  recueilli  plusieurs  ob- 
servations de  perforation  de  l'estomac, 
et  en  comparant  l'apparence  de  l'or- 
gane ainsi  désorganisé  à  celle  des  tis- 
sus organiques  on  voie  de  digestion, 
il  fut  conduit  à  penser  que  ce  phéno- 
mène était  dû  à  l'action  dissolvante 


du  suc  gastrique  {b).  Cette  opinion, 
étayée  par  les  recherches  de  Burnes, 
de  CarsAvell  et  de  quelques  autres  pa- 
thologistes  (c),  fut  mise  hors  de  doute 
par  les  expériences  de  Camere.r,  et  de 
MM.  Imlach  et  Simpson,  qui  produi- 
sirent à  volonté  des  lésions  analogues 
en  introduisant  dans  les  portions  du 
tube  intestinal  d'Animaux  récemment 
tués,  une  certaine  quantité  de  matières 
trouvées  dans  l'eslomac  d'un  Cochon 
dont  la  digestion  était  en  pleine  acti- 
vité (d).  Bérard  (e)  signale  aussi 
comme  dépendant  probablement  de  la 
même  cause,  certaines  altérations  de 
l'estomac  qui  ont  été  décrites  par  les 
pathologistes  sous  le  nom  de  ramul- 
Ussemenl  gêlati  ni  forme  {[). 


(a)  Voyez  tome  VI,  page  34i. 

(6)  J.  Hunier,  On  the  Uiqeslion  of  the  Stomach  aftev  Death  (Philos.  Trans.,  ITÎS,  p.  447). 

[c)  Biirns,  On  the  Digestion  of  the  Stomach  after  Death  {fùdinhirgh  Med.  and  Siirg.  Journal, 
1810,  t.  VI,  p.  12'.)). 

—  C.trswell,  De  la  digestion  chimiqiie,  ou  dissolution  des  parois  de  l'estomac  après  la  mort 
{Archives  générales  de  médecine,  1830,  t.  XXII,  p.  2GC). 

—  King,  Observ.  on  the  Digestive  Solution  of  the  Œsophagus,  etc.  (Guy's  llospital  lieports, 
1842,  t.  VII,  p.  4  39). 

—  Lefèvro,  Recherches  médicales  pour  servir  à  l'histoire  des  solutions  de  continuité  de  l'es- 
tomac dites  perforations  spontanées  (Archives  générales  de  médecine,  3*  série,  i.  M\',  p.  377, 
et  t.  XV,  p.  '■2S  et  siiiv.). 

(d)  t^.aiih'rcr,  Yersuche  ilber  die  Nalur  der  kraukhafleii  Magcncrweicltung.  Slutliianl,  1828. 

—  liulacli,  Observ.  and  E.rperim.  on  the  Soficning,  Erosion  and  Perforation  of  the  Stomach 
(Edinburgh  Médical  and  SurgicalJojirnal,  1837,  l.  XLVII,  p.  301). 

(<")  Bérard,  Cours  de  physiologie,  t.  II,  p.  20(i. 

(f)  Louis,  Du  l'amollissement  avec  amincissemenl,  et  de  ta  destruction  de  la  membrane 
muqueuse  de  l'estomac  (Archives  générales  de  médecine,  1824,  t.  V,  p.  5). 

—  Cruveilhier,  Médecine  pratique  éclairée  par  ianalomie  et  la  phtjsioloqie  pathologiques , 
18t!l,  p.  140. 


MODIFICATIONS    DES    ALIMENTS    DANS    l'eSTOMAC.  121 

que  c'est  bien  la  vie  qui  s'oppose  à  cette  action  dissolvante  clans 
l'état  physiologique;  mais  la  force  vitale  ne  parait  pouvoir  influer 
sur  le  jeu  des  affinités  chimiques  qu'en  modifiant  les  conditions 
dans  lesquelles  ces  aftinités  s'exercent,  et  par  conséquent  il  ne 
suffit  pas  de  faire  intervenir  cette  forme  pour  expliquer  le  phé- 
nomène qui  nous  occupe,  et  il  faut  chercher  comment  cette 
intervention  a  lieu  (1). 

Des  expériences  faites  récemment  dans  un  autre  but  nous 
aideront  à  résoudre  cette  question.  On  sait  que  les  Animaux 
vivants  introduits  dans  l'estomac  d'autres  Animaux  ne  s'y  com- 
portent pas  tous  de  la  même  manière;  quelques-uns  peuvent 
continuer  à  vivre  pendant  un  temps  plus  ou  moins  long, 
tandis  que  d'autres  y  périssent  promptement,  et  que  dans  cer- 
tains cas  la  substance  de  leur  corps  est  en  partie  digérée  avant 
qu'ils  aient  été  frappés  de  mort  (2).  Or,  M.  Cl.  Bernard  a  vu 
que  les  Animaux  qui,  à  l'étal  vivant,  se  laissaient  attaquer  de  la 
sorte  par  le  suc  gastrique,  sont  ceux  dont  la  peau  n'est  pas 
revêtue  d'un  épidémie  solide  :  les  Grenouilles  et  les  Anguilles 
par  exemple  ;  et  des  expériences  dues  à  d'autres  physiologistes 
nous  apprennent  que  non-seulement  l'épiderme,  mais  aussi  les 
tissus  épithéliques  sont  très  réfractaires  à  l'action  digestive  de 
ce  liquide  (3).  En  étudiant  la  structure  anatomique  de  l'appa- 


(1)  Hunter,  dont  je  viens  de  cilei'  les 
observations  intéressantes  relatives  au 
ramollissement  et  à  la  dissolution  de 
la  substance  des  parois  de  restomac 
sur  le  cadavre,  considérait  le  principe 
vital  comme  s'opposant  à  Taction  des 
puissances  chimiques,  et  empêchant 
ainsi  le  suc  gastrique  de  déterminer 
chez  le  vivant  la  dissolution  de  la 
substance  des  membranes  qu'il  avait 
vue  parfois  s'elTectuer  après  la  mort  (a). 


(2)  Ainsi  ^M.  Cl.  Bernard,  ayant  in- 
troduit dans  l'estomac  d'un  Chien  qui 
portait  une  fistule  gastrique  le  train 
postérieur  d'une  Grenouille  vivante 
dont  la  tète  restait  au  dehors,  a  con- 
staté que  les  pattes  ainsi  plongées  dans 
le  suc  gastrique  avaient  été  en  grande 
partie  digérées,  bien  que  l'Animal 
continuât  à  vivre  et  à  se  mouvoir  (h). 

(3)  Si  l'expérimentalour  laisse  son 
doigt  engagé  dans  l'estomac  d'un  Chien 


(a)  Hunier,  Op.  cit.  {Philos.  Trans.,  1712,  p.  449). 

(fc)  r.l.  Bernard,  Lernns  de  physiologie  expérimentale  faites  en  1855,  t.  H,  p.  409. 


122  DIGESTION. 

reil  digestif,  nous  avons  vu  que  la  surface  interne  de  l'estomac 
est  revêtue  d'une  couche  de  ce  tissu  utriculaire  (1).  On  conçoit 
donc  que,  pour  protéger  efficacement  les  parois  de  cet  organe 
contre  l'action  dissolvante  du  suc  gastrique,  il  suffise  d'impri- 
mer au  travail  producteur  du  tissu  épithélique  une  certaine 
activilé;  or  les  causes  qui  stimulent  la  sécrétion  du  liquide  di- 
gestif provoquent  aussi  la  reproduction  de  l'épithélium,  et  les 
circonstances  pathologiques  qui  entraveraient  la  croissance  de 
ce  revêtement  protecteur  tendent  en  général  à  arrêter  aussi  la 
formation  du  suc  pepsique  (2).  Il  existe  donc  ici  une  de  ces 


à  travers  une  fistule  de  ce  genre, 
il  peut  constater  qu'au  bout  d'un 
temps  assez  long,  l'épiderme  est  resté 
intact  et  que  le  derme  n'a  pas  souf- 
fert. 

Nous  verrons  plus  tard  que  la  sur- 
face extérieure  du  corps  des  Vers  et 
des  autres  Animaux  annelés  est  re- 
\èiue  d'un  épidermc  de  nature  par- 
ilculièi-c  qui  résiste  encore  plus  forte- 
ment .'i  l'action  dissolvante  du  suc 
gastrique. 

(1)  Voyez  tome  VI,  page  305. 

(2)  Sur  le  cadavre,  l'épiiliélium  de 
l'estomac,  non-seulement  ne  coiuinue 
pas  à  se  former,  mais  s'altère  cl  se 
désagrège  rapidement  ;  de  sorte  qu'il 
ne  protège  plus  les  tissus  sous-jacents 
contre  l'action  dissolvante  du  suc  gas- 
trique, ot  il  en  résulte  que  si,  d'une 
pari,  la  quantité  de  ce  liquide  existant 
au  moment  de  la  mort  est  considéra- 
ble, et  que,  d'autre  part,  la  température 
est  suflisanunent  élevée  pour  en  favo- 


riser l'action,  les  parois  de  l'estomac 
peuvent  être  digérées  et  perforées  par 
ce  liquide,  comme  dans  les  expériences 
de  digestion  artiticielle.  En  effet,  Spal- 
lanzani  a  constaté  que  chez  des  Ani- 
maux tués  pou  de  temps  après  avoir 
mangé,  et  placés  dans  une  étuve  où  la 
chaleur  était  douce,  les  parois  de  l'es- 
tomac ont  été  souvent  ramollies  et 
en  parti(^  digérées  au  bout  de  quel- 
ques heures  (a).  M.  Schiffa  constaté 
aussi  que  des  phénomènes  du  même 
ordre  peuvent  se  produire  pendant  la 
vie,  et  amener  la  perforation  de  l'es- 
tomac. Ainsi,  à  la  suite  de  vivisec- 
tions pratiquées  sur  certaines  parties 
de  l'encéphale,  il  a  vu  que  la  tunique 
muqueuse  de  l'estomac  se  conges- 
tionnait ,  se  ramollissait ,  et  cessait 
d'être  à  l'abri  de  l'action  dissolvante 
du  suc  gastrique  {h).  Des  obser- 
vations analogues  avaient  été  faites 
précédemment  par  Autenrieth  (c)  et 
Jiiger  (d). 


(«)  Spallaiizani,  Expériences  sur  la  digestion,  p.  203. 

(h)  Scliifl',  lîeber  die  (kfâssnerven  des  Mnijens  (Viicliow's  Archiv  fur  physiol.  Heilkunde,  1854, 
I.  XIH,  p.  30). 

((■)  Vdjez  Zcllcr,  Disserl.  inavg.  de  iiatura  morhi  ventriculum  infaïUvm  -perforantis.  Tuliingue, 
1818. 

[d)  Jiiger,  Ueher  die  Erweichxmg  des  Magens  nnd  Darmkanals  (Hufcland's  Journal,  t.  XXXVI, 
p.  72). 


Influence 
G  la  cuisson 


MODIFICATIONS    DES    ALIMENTS    DANS    l'eSTOMAC.  123 

Imrmonies  pliysiologiques  dont  nous  avons  déjà  rencontré  beau- 
coup d'exemples,  et,  dans  la  plupart  des  cas,  l'estomac  devient 
impuissant  à  digérer  quand  il  devient  inapte  à  se  garantir  des 
atteintes  des  liquides  digestifs. 

§  /l.   —  D'après  tout  ce  qui  vient  d'être  dit  au  sujet  de 
l'influence  que   la  cohésion   exerce  sur  la  digestibilitc    des     ,  '"'\.,. , 

1  ^-^  la  (ligeslibilite 

aliments,  il  est  évident  que  la  cuisson  doit  avoir  à  cet  égard  iies  aliments. 
des  effets  différents,  suivant  la  nature  chimique  des  substances 
employées.  Ainsi,  lorsque  la  coction  détermine  l'hydratation  ou 
la  désagrégation  des  matières  organiques,  cette  opération  faci- 
lite beaucou[)  l'action  dissolvante  des  sucs  digestifs  ;  tandis  que 
dans  le  cas  où  l'élévation  de  la  température  produit  la  coagu- 
lation des  principes  albuminoïdes,  et  ne  gonfle  ni  ne  ramollit 
le  tissu  connectif  interfibrillaire,  l'action  de  la  chaleur  doit 
tendre  à  diminuer  la  digestibilité  de  ces  corps.  Effectivement, 
en  étudiant  le  rôle  de  la  salive  et  du  suc  pancréatique  dans  la 
digestion  des  matières  amylacées,  nous  avons  vu  des  exemples 
remarquables  de  l'accélération  du  travail  digestif  qui  peut  être 
déterminé  par  la  cuisson  de  ces  substances  alimentaires  (1); 
et  si  l'on  compare  la  durée  des  expériences  de  digestion 
artificielle,  quand  on  soumet  à  l'action  dissolvante  du  suc  gas- 
trique du  blanc  d'œuf  cuit  ou  de  l'albumine  solidifiée  par 
dessiccation  à  basse  température,  on  voit  que  la  différence  est 
en  sens  inverse.  On  peut  poser  en  règle  générale,  que  la 
cuisson  tend  à  augmenter  la  digestibilité  des  aliments  végétaux, 
mais  pour  les  substances  animales,  les  effets  sont  variables  (2). 
Et  à  ce  sujet  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  dans  les  opé- 
rations physiologiques,  les  phénomènes  sont  beaucoup  plus 

(1)  Voyez  ci-dessus,  page  61.  tement    que   dans   les   circonstances 

(2)  Ainsi  la  coagulation  du  lait  par      ordinaires,  quand  le  premier  de  ces 
le  suc  gastrique  se  fait  moins  promp-      liquides  a  été  soumis  à  TébuUition  (a). 

{a)  Skrzecka,  Quœretur  quomodo  caseinum  et  natrum  albuminatum  pepsine  offtciantvr  (dis- 
sort,  inaug.)  Regemonti,  1855. 


124  DIGESTION. 

complexes  que  tlans  les  expériences  de  digestion  artificielle  : 
car  les  préparations  culinaires,  en  exaltant  la  saveur  des 
viandes ,  peut  les  rendre  plus  aptes  à  exciter  la  sécrétion  des 
liquides  destinés  à  les  dissoudre,  et  peut  faciliter  de  la  sorte 
leur  digestion,  tout  en  les  rendant  moins  attaquables  par  ces 
mêmes  agents  chimiques  (1). 

Il  est  d'ailleurs  à  noter  que  l'action  de  la  chaleur  sur  les  sub- 
stances destinées  à  être  introduites  dans  notre  estomac  présente 
un  autre  avantage  qui  n'est  pas  sans  importance  ;  elle  détruit  la 
vitalité  des  germes  des  Vers  intestinaux  et  des  autres  corps  or- 
ganisés qui  s'y  trouvent  souvent,  et  qui  pourraient  se  développer 
dans  l'intérieur  de  notre  organisme.  En  effet,  c'est  avec  les 
aliments  que  les  œufs  ou  les  larves  de  ces  parasites,  ainsi  que 
les  germes  des  êtres  microscopiques  qui  jouent  le  rôle  de  fer- 
ments, arrivent  dans  le  tube  digestif  des  Animaux  qui  en  sont 
infestés,  et  je  suis  persuadé  que  l'usage  d'aliments  crus  ou 
mal  cuits  doit  contribuer  beaucoup  à  multiplier  ces  accidents. 
J'ajouterai  que  la  chair  de  certains  Animaux  est  particulière- 
ment apte  à  contenir  les  larves  de  ces  Vers  intestinaux  :  le  Porc, 
par  exemple  ;  et  peut-être  faut-il  voir  dans  cette  circonstance  le 
motif  de  l'interdiction  de  l'emploi  de  cette  viande  pour  la  nour- 
riture de  l'Homme  que  JMoïse  et  d'autres  législateurs  ont  pro- 
noncée, et  que  beaucoup  de  prétendus  philosophes  signalent 
comme  un  sujet  de  dérision  ('2). 

L'imporinnco       ^5.  —  Daus  la  dcmièrc  Leçon,  en  étudiant  successivement 
'"'sL'Sr'  le  rôle  de  la  salive,  du  suc  gastrique,  du  suc  pancréati(|ue,  de 

Trégïme!''  1^  bilc  ct  dcs  aulrcs  li(iuides  intestinaux,  nous  avons  vu  que  ces 


(1)  Voyez  ci-dessus,  pa^c  18.  dévoloppemcnt  du  Ténia  dans  Tintes- 

(2)  Nous  verrons,  dans  une  autre  tin  d'un  Chien,  il  suflit  de  lui  lais- 
parlie  de  ce  Cours,  coninienl  les  mi-  ser  nianf^er  la  chair  où  se  Intuvent 
gralions  des  Vers  intestinaux  s'opè-  des  Cystieer(pics,  parasites  qui  sont 
rent,  et  en  ce  moment  je  me  bornerai  très  communs  chez  beaucoup  (r\iii- 
à  ajouter  que,    pour  déterminer    le  maux. 


MODIFICATIONS    DES    ALIMENTS    DANS    l'eSTOMAC.  425 

agents  rencontrent  les  aliments  dans  différentes  portions  du 
tube  digestif,  et  que  leur  action  dissolvante  varie  suivant  la 
nature  chimique  de  ces  dernières  substances.  Nons  pourrions  en 
conclure  que  l'importance  relative  du  travail  digestif  effectué 
dans  les  diverses  portions  de  ce  tube  variera  considérablement 
suivant  le  régime  des  Animaux,  et  l'observation  des  faits  con- 
firme cette  prévision.  Ainsi,  chez  les  Carnivores,  le  suc  gas- 
trique est  le  principal  agent  de  la  digestion,  et  c'est  dans  l'es- 
tomac où  ce  suc  rencontre  les  aliments  que  la  partie  la  plus 
importante  du  travail  chimique  delà  digestion  s'accomplit.  Mais 
chez  les  Herbivores  et  les  autres  phytophages  il  n'en  est  pas  de 
même;  la  salive  est  un  dissolvant  trop  faible  pour  attaquer  la 
plupart  des  substances  végétales  alimentaires,  et  le  suc  gastri(|ue 
est  inapte  à  dissoudre  les  principes  amylacés  qui  constituent  la 
presque  totalité  de  ces  corps.  11  en  résulte  que,  ni  pendant  leur 
séjour  dans  la  panse  ou  dans  le  jabot,  chez  les  Animaux  qui  sont 
pourvus  d'un  réservoir  de  ce  genre,  ni  pendant  leur  passage 
dans  l'estomac,  les  matières  végétales  ne  pourront  être  réelle- 
ment digérées,  et  que  leur  appropriation  aux  besoins  physiolo- 
giques nepourra  s'effectuer  que  dans  l'intestin.  Dans  la  panse  et 
dans  le  jabot  (1),  les  graines,  les  herbes  et  même  les  fruits  se 


(i)   L'examen  des  matières  conie-  employés  dans  ses  aiUres  expériences 

oHues  dans  la  panse  des  Ruminants  que  sur    la    digestion:   quatorze   heures 

l'on  tue  journellement  pour  le  service  après,  TAnimal  fui  tué,  et  les  brins 

de  la  boucherie  avait  appris  aux  phy-  d'herbe  furent  retrouvés  intacts  dans 

siologistcs  que  les  aliments  n'éprou-  ce  premier  réservoir  alimentaire  ;  les 

vent  aucun  changement  bien  notable  morceaux   en  étaient   restés   entiers, 

dans  ce  premier  estomac,  et  Uéaumur,  et    leur    substance    avait   été   seulc- 

pour  mieux  constater  ce  fait,  introdui-  ment  un  peu  ramollie   (a).    Spallan- 

sit  dans  la  panse  d'une  Brebis  une  ccr-  zani   fit  des    expériences   semblables 

taine  quantité  d'herbe  coupée  en  petits  avec   du    trèfle,    de  la   laitue,   etc., 

morceaux  et  logée  dans  des  tubes  ou-  et  au  bout  de  vingt-quatre  heures  il 

verts   aux  deux  bouts,  comme  ceux  retrouva   ces    substances  décolorées, 

(a)  Rcaumur,  Op.  cit.  {Mém.  de  l'Aead.  des  sciemes,  1752,  p.  493). 


126  DIGESTION. 

ramollissent  un  j)eii,  et  s'imprègnent  de  plus  en  plus  profondé- 
ment de  salive  liquide,  qui  peut  en  ehanger  la  couleur  et  en 
.  extraire  partiellement  certains  principes  solubles,  tels  que  du 
sucre  onde  la  gomme,  mais  ne  saurait  attaquer  efficacement  ni 
les  grains  de  fécule,  ni  les  tissusqui  renferment  cette  substance. 
Les  matières  alimentaires  retenues  dans  ces  poches  pourront 
même  y  subir  un  commencement  de  fermentation,  soit  lactique, 
soit  butyrique,  et  donner  ainsi  lieu  à  la  formation  de  quelques 
produits  particuliers,  tels  que  des  gaz  et  de  l'acide  butyrique  (1  )  ; 


mais  intactes,  dans  la  panse  (a).  Enfin 
]M.  Colin  a  (•Uulié  de  nouvean  ce  point 
de  riiistoirc  des  fondions  digostivcs 
chez  le  Bœuf,  soit  par  des  procédés 
analogues,  soit  à  l'aide  d'une  ouver- 
ture fislulaire  conduisant  dans  la 
panse,  et  il  a  trouvé  que  les  altéra- 
tions subies  par  les  aliments  dans  l'in- 
térieur de  celte  poche  sont  en  géné- 
ral sans  importance  (h).  Cependant  les 
matières  alimentaires  peuvent  y  sé- 
journer iW's  longtemps  :  ainsi  cliez  les 
Moulons  la  panse  ne  se  vide  presque 
jamais  d'une  manière  complète  ,  et 
souvent,  après  avoir  fait  jeûner  ces 
Animaux  pendant  plusieurs  jours,  on 
y  a  irouvé  encore  des  aliments  non  di- 
gérés (r). 

Les  graines  que  les  Gallinacés  et 
les  autres  Oiseaux  granivores  intro- 
duisent dans  leur  jabot  y  séjournent 
aussi  ion  longtenq>s,  et  ne  descendent 
que  très  graduellement  dans  le  gé- 
sier ((/).  Ainsi,  dans  une  expérience 
faite  par  iM.  Colin  sur  un  Dindon,  cet 


Animal  mit  dix-huit  à  vingt  heures  à 
faire  passer  du  jabot    dans  le   gésier 
deux  décilitres    d'avoine    qu'il  man- 
geait en  un  seul  repas  (e).  Les  grai- 
nes, accumulées  dans  le  premier  de 
ces  organes,  s'y  gonflent  et   se  ra- 
mollissent,   mais    n'y  éprouvent  que 
peu  de  changements  chimiques.  Ainsi, 
dans     les      expériences     faites     par 
M]\I.  Bouchardat  et  Sandras  sur  une 
Poule  nourrie  avec  de  l'orge  pendant 
quinze  jours,  on  trouva  dans  le  jabot 
la  gjaine  à  peine  altérée,  et  Ton  ne  put 
découvrir  dans  cet  organe  ni  dexirinc, 
ni  glucose  (/"). 

(l)  'i'iedemann  et  Gmeliii,  en  ana- 
Ksaiil  les  matières  alimenlaires  conte- 
nues dans  la  panse  d'im  Mouton 
nourri  avec  de  l'avoine,  y  ont  trouvé 
de  l'acide  butyrique  libi'e  ;  ils  en  ont 
rencontré  en  quantité  mOme  assez  con- 
sidérable dans  la  pansi;  d'ini  Veau,  et 
il  est  probable  que  ce  corps  y  avait 
pris  naissance  par  suite  de  la  fermen- 
tation des  matières  sucrées  en  présence 


{a)  Sp:\llanz,iiii,  Op.  cit.,  \k  W'.h 

(b)  Colin,  Traite  de  physiologie  comparée  des  Animaux  domestiques,  l.  I,  p.  605. 

(c)  Ticdcni.imi  ui  Gmeliii,  Recherches  sur  la  digestion,  t.  I,  p.  353. 

(d)  Sp.illanzani,  Op.  cit.,  p.  54. 

(e)  Cdliii,  Op.  cit.,  t.  I,  p.  OH. 

(/')  Boiiciiarilai  cl  Sandras,  De  la  dlijcsiion  des  matières  féculentes  et  sucrées  {Supplément  à 
l'Annuaire  de  thérapeutique  pour  184G,  p.  123). 


MODIFICATIONS    DES    ALIMENTS    DANS    l'eSTOMAC.  127 

mais  CCS  phcnomènes  sont,  pour  ainsi  dire,  des  accidcnis, 
et  en  général  ils  sont  sans  importance  pour  la  digestion  pro- 
prement dite. 

Dans  l'estomac,  les  aliments  végétaux  peuvent  subir  des 
modifications  plus  profondes,  par  suite  de  l'action  du  suc  pcpsi- 
que  sur  les  matières  albuminoïdes  renfermées  dans  leur  sub- 
stance; mais  la  chimificalion  ainsi  produite  aura  surtout  pour 
effet  de  désagréger  les  tissus,  et  d'amener  leurs  particules  con- 
stitutives à  un  état  de  division  suffisante  pour  les  rendre  faciles 
à  attaquer  par  les  sucs  intestinaux. 

L'utilité  de  cette  digestion  stomacale  chez  les  Herbivores,  et 
par  contre  la  durée  du  séjour  que  les  aliments  doivent  faire  dans 
l'estomac,  sont  donc  subordonnées  en  grande  partie  à  l'étal  de 
division  mécanique  des  aliments  résultant  du  travail  de  la  mas- 
tication. Quand  celte  dernière  opération  a  été  portée  très  loin, 
les  substances  végétales  peuvent  passer  directement  dans  l'in- 
testin, pourvu  qu'elles  n'y  arrivent  pas  en  trop  grande  quantité 
à  la  fois,  parce  que  là  elles  trouveront  tout  ce  qui  est  nécessaire 
à  leur  digestion;  mais  quand  la  mastication  a  été  moins  parfaite, 
l'action  chimique  de  l'estomac  peut  être  nécessaire  pour  com- 
pléter la  désagrégation  de  ces  matières  el  les  rendre  attaquables 
par  les  sucs  intestinaux.  Nous  voyons  donc  qu'il  doit  y  avoir  une 
certaine  harmonie  entre  la  manière  dont  s'accomplit  le  travail 
de  la  mastication  et  la  durée  du  séjour  des  aliments  dans  l'esto- 
mac; et  comme  cette  dernière  circonstance  dépend  de  la  manière 
dont  se  comporte  le  pylore,  il  doit  y  avoir  aussi  des  relations 

de  matières  albuminoïdes.  Ces  pliysio-  expliquent  la  présence  d'urie  certaine 

logisteS  y  ont  rencontré  aussi  de  l'acide  quantité  d'acide  sulfhydriquc  dans  cet 

lactique,  dont  ils  attribuent  la  produc-  organe,  car  ils  ont  observé  que  ce 

tion  à  la  fermentation  des  aliments  ;  et  gaz  se  dégage  presque   toujours  des 

c'est  aussi  de  la  même  manière  qu'ils  herbes  en  macération  (</). 

(«)  Tiedemann  et  Gmelin,  Op.  cil,,  t.  I,  p.  348  cl  suiv. 


1^8  DlGiiSTIO.N. 

entre  les  deux  termes  extrêmes  de  eette  série  de  phénomènes, 
e'est-à-dire  entre  le  degré  de  perfection  de  la  mastication  et 
rexcitahililé  de  rorifice  pylorique  de  l'estomac.  Eftéctivement, 
cela  a  été  constaté  chez  plusieurs  Animaux.  Ainsi  chez  le  Che- 
val, qui  est  organisé  pour  mâcher  d'une  manière  très  parlaite 
les  herbes  et  les  graines  dont  il  se  nourrit,  les  aliments  ne  sont 
retenus  (jue  très  peu  de  temps  dans  l'estomac,  et  cela  dépend 
de  la  dilatabilité  du  pylore,  car  les  corps  étrangers  d'un  petit 
volume  (jui  arrivent  dans  l'estomac,  et  qui  ne  peuvent  être 
attacjués  par  les  sucs  digestifs,  passent  avec  la  même  prompti- 
tude dans  l'intestin.  L'espèce  de  pâte  plus  ou  moins  liquide 
qui  résulte  de  la  mastication  myrici({uc  chez  les  Ruminants 
séjourne  encore  moins  longtemps  dans  la  caillette,  c'est-à-dire 
dans  l'estomac  proprement  dit,  et  c'est  aussi  dans  l'intestin 
(jue  la  presque  totalité  du  travail  chimique  de  la  digestion 
s'accomplit. 

Chez  d'autres  herbivores  (juine  mâchent  que  grossièrement 
leurs  aliments,  ou  qui  se  nourrissent  souvent  de  matières  plus 
indigestes,  l'estomac  ne  se  vide  pas  si  promptement,  et  conserve 
quelquefois  pendant  très  longtemps  une  partie  des  substances 
qui  y  ont  été  accumulées.  Les  Lapins  présentent  cette  particu- 
larité; ils  n'attendent  pas  (juc  la  digestion  stomacale  soit  achevée 
pour  faire  un  nouveau  repas,  et  lors  même  ([u'ils  ont  jeûné 
pendant  fort  longtemps,  on  trouve  encore  dans  leur  estomac 
des  aliments  dont  la  cliymilication  n'est  pas  opérée. 

Chez  les  carnivores,  les  aliments  ne  sont  en  général  <|uc 
très  imparfaitement  divisés  par  la  mastication,  et  la  faculté  ré- 
tentivc  du  pylore  est  très  considérable.  Ces  substances  restent 
donc  fort  longtemps  dans  l'estomac  avant  de  passer  dans  le 
duodéiunn;  mais  l'irritabilité  du  i)remier  de  ces  organes  ne  leur 
[)ermet  j)as  d'y  séjourner  au  delà  de  quelques  heures,  et 
l'estomac  se  vide  toujours,  soit  i)ar  le  vomissement,  soit  par 
l'envoi  de  son  contenu   dans  l'intestin,  (piaïKl  sa  puissance 


PASSAGE    DES    ALIMENTS    DAISS    L'l^TESTIN    GHÈLE.  129 

(ligeslive  se  trouve  épuisée  temporairement.  11  en  résulte  ([ue 
dans  eerlaines  eirconstanees,  quand  les  fonetions  de  cet  organe 
sont  troublées,  des  corps  étrangers  qui  ont  échappé  à  la  chymi- 
.  ficatiou,  et  qui  conservent  un  volume  plus  ou  moins  considé- 
rable, peuvent  franchir  le  pylore,  mais  alors  ils  sont  rarement 
digérés  dans  l'intestin,  et  sont  promptement  expulsés  au  dehors 
par  l'anus. 

J'ajouterai  que  la  quantité  d'aliments  accumulés  à  la  fois  dans 
l'estomac  influe  sur  la  rapidité  de  la  chymification,  non-seule- 
ment en  raison  de  l'action  que  ces  substances  peuvent,  comme 
nous  l'avons  dit,  exercer  sur  les  pro[)riétésdu  suc  gastrique  (1), 
mais  aussi  à  cause  des  effets  de  In  distension  des  parois  de  cet 
organe  sur  la  conlractilité  de  ses  libres  musculaires. 

Je  rappellerai  également  que  la  chaleur  a  beaucoup  d'influence 
sur  la  puissance  dissolvante  du  suc  gastrique,  et  que,  par  consé- 
quent, chez  les  Animaux  à  sang  froid  dont  la  température  varie 
avec  celle  de  l'atmosphère ,  il  existe,  suivant  les  saisons,  des 
différences  très  grandes  dans  la  durée  et  dans  les  résultats  du 
travail  digestif  (2). 

^  G.  —  Les  malières  alimentaires,  plus  ou  moins  élaborées  Passa-e 
dans  Testomac,  traversent,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  le  pylore  sous  ''"uan 
la  forme  d'une  pâte  liquide  qui  charrie  une  mulîilude  de  débris 
organiques  imparfaitement  digérés,  et  les  mouvements  péristal- 
tiques  qui,  en  se  propageant  de  ce  viscère  dans  le  duodénum, 
déterminent  ce  transport,  se  déclarent  ensuite  de  proche  en 
proche  dans  toute  l'étendue  de  l'intestin,  et  y  poussent  peu  à 
peu  le  contenu  de  ce  tube  vers  l'anus.  Mais  les  contractions  de 
l'intestin,  de  même  que  celles  de  l'estomac,  dont  j'ai  déjà  eu  l'oc- 
casion de  parler  (3),  ne  se  succèdent  pas  toujours  dans  le  même 

(1)  Voyez  pages  hk  et  ûS.  lies  intermittents  dans  l'état  physio- 

(2)  Voyez  ci-dessiis,  page  o/il.  logique,  mais  clans   certaines  circon- 

(3)  Ces  mouvements  veimiculaires  stances  ils  acquièrent  beaucoup  d'éner- 
de  r intestin  sont  en  général  lents  et  gie.  Ainsi,  quand  on  ouvre  l'abdomen 

VII.  9 


(lu   cliyiiie 

ilans 

l'inleslin  tjrèlp. 


\?>0  niGKSTlON. 

sens,  otles  mouvements  péristaltiqiies  qui  se  dirigent  de  l'es- 
tomac vers  le  ^ros  intestin  alternent  irrégulièrement  avec  des 
mouvements  antipéristaltiques  qui  ramènent  les  matières  ali- 
mentaires vers  le  pylore.  Il  est  aussi  à  noter  que  ces  contrac- 
tions sont  partielles,  qu'elles  sont  interrompues  par  des  périodes 
de  repos,  et  qu'au  moment  où  elles  cessent  sur  un  point,  elles 
commencent  d'ordinaire  sur  un  autre.  Par  l'effet  de  ces  mou- 
vements de  va-et-vient,  les  matières  provenant  de  l'estomac 
sont  donc  promenées  et  bnlloltées  dans  l'intestin  grêle  pendant 
un  temps  plus  ou  moins  long;  elles  ne  séjournent  en  général 
que  peu  dans  le  duodénum  et  le  jéjunum,  mais  elles  traversent 
moins  vite  l'iléon,  etdèsqu'elles  sont  parvenues  dans  le  caecum, 
elles  ne  peuvent  plus  revenir  vers  l'estomac. 

Chez  les  Herbivores,  dont  l'intestin  grêle  est  d'ordinaire  très 
long  (1),  les  matières  alimentaires  mettent  en  général  beaucoup 
de  temps  pour  traverser  cette  portion  du  tube  digestif;  mais  chez 
les  carnassiers  il  en  est  autrement.  Du  reste,  la  durée  de  leur 
séjour  dans  l'intestin  grêle  dépend  aussi  du  degré  d'excitation 


(Pun  Chien  ou  de  tout  autre  IMainmifère 
(jui  vient  d'être  mis  à  mort,  on  les  voit 
pendant  quelque  temps  se  pn-cipitor 
et  devenir  très  ('-nergiques.  Onclqiies 
physiologistes  ont  j)ensé  que  ce  phé- 
nomène Otait  dii  à  Faction  stinuilanle 
de  l'air  sur  les  viscères  ainsi  mis  à 
nu;  et  d'autres,  qu'il  était  provoqué 
par  l'action  tlu  sang  veineux  sur  les 
fibres  nuisculaircs  de  rinleslin  {a). 
Mais  le  développement  insolite  de  ces 
contractions  vermiculaires  paraît  dé- 
pendre de  la  suspension  de  la  circula- 
tion du  sang  dans  les  parois  du  tube 
iniL'stinal.  En  oll'el,  M.  Schma  vu  que 


si  l'on  comprime  pendatU  quelque 
temps  l'aorte  abdominale  sur  un  Animal 
vivantdontle  ventrcn'apas  été  ouvert, 
on  peut  provoquer  dans  les  intestins 
des  mouvements  aussi  vifs  que  ceux 
que  Ton  observe  d'ordinaire  immédia- 
tement après  la  mort  ;  que  le  même 
effet  est  produit  dans  une  anse  intes- 
tinale par  la  suspension  de  la  circula- 
tion dans  cette  portion  du  tube  diges- 
tif; enfin  que  le  calme  se  rétablit 
quand  la  circulation  redevient  nor- 
male (6). 

(1)  Voyez  tome  VI,    page  355  et 
suivantes. 


(n)  lirown-Scriuaril,   Du  sanij  veineux  connue  excilalew  de  certains  mouvements  {Comptes 
rendut  de  la  Socii'lé  de  biuhgie,  18i9,  l.  1,  p.  105). 
(b)  Vtiyr?.  l>onpet:  Tmili'  de  flit/siolnflie,  t.  I,  p.  147. 


c 


PASSAGE    DES    ALIMENTS    DANS    l'iNTESTIN    GRÊLE.  131 

que  leur  présence  détermine  dans  ce  tube,  et  par  conséquent 
de  leurs  ijropriéiés  physicpies  et  chimiques,  aussi  bien  rpie  de 
l'excitabililé  plus  ou  moins  grande  des  parois  inleslinales.  Ainsi, 
chez  le  môme  individu,  il  peut  y  avoir,  à  cet  égard,  des  diffé- 
rences considérables  suivant  l'état  de  l'organisme,  et  l'on  a 
remarqué  (pi'en  général  les  matières  solides  ou  imparfaitement 
^hymifiées  provoquent  les  mouvements  péristaltiques  de  l'in- 
testin plus  fortement  que  les  liquides  ou  les  aliments  dont  la 
consistance  est  pultacée(l).  Certaines  substances  médicamen- 
teuses de  la  classe  des  purgatifs  accélèrent  davantage  encore  les 
contractions  vermiculaires  de  l'intestin.  Enfin,  l'arrivée  de  la 
bile   dans   ce   tube,  qui   d'ordinaire   coïncide  avec  celle  du 
chyme,  parait  contribuer  beaucoup   à  en  réveiller  l'activité 
musculaire  et  à  accélérer  ainsi  la  propulsion  des  matières  vers 
l'anus  (2). 

Quant  au  mécanisme  à  l'aide  duquel  les  matières  contenues 
dans  l'intestin  sont  déplacées  de  la  sorte,  je  n'ai  que  peu  de 
chose  à  ajouter  à  ce  que  j'ai  déjà  dit  des  mouvements  de  l'œso- 
phage et  de  l'estomac. 

La  plupart  des  physiologistes  considèrent  ces  contractions 
comme  étant  déterminées  par  une  action  nerveuse  réflexe,  et 

(1  )  LMnflucnce  que  la  présence  des  el  les  chirurgiens  ont  remarqué  que  les 

matières    étrangères    dans   Tintestin  malades  chez  lesquels  la  totalité  des 

exerce  sur  les  contractions  périslal-  matières  passait  par  un  anus  contre  na- 

tiques  de  cet  organe  est  mise  en  évi-  ture  rendaient  par  Tanus  naturel,  tous 

dence  par  divers  faits  observés,  soit  les  mois  ou  à  des  époques  plus  éloi- 

chez  les  Animaux,  soit  chez  l'Homme  gnées,un  tampon  très  gros  et  très  dur, 

lui-même.   Ainsi,   tous   les  médecins  de  couleur  grisâtre,  qui  était  formé  par 

savent  que  dans  le  cas  de  diarrhée,  les  mucosités  sécrétées  dans  la  portion 

l'évacuation  des  matières  sécrétées  en  du  tube  digestif  située  entre  la  plaie  et 

grande  abondance  par  la  muqueuse  le  rectum,  où  ces  matières  s'accumu- 

intestinale  est  précipitée  par  Tinges-  laient  et  s'épaississaient  peu  à  peu  (o). 
lion  des  aliments  dans  le  tube  digestif,  (2)  Voyez  ci-dessus,  page  91. 

(a)  *allemand,  Observallons pathologiques,  1825,  ij.137. 

—  Braiime,  Ein  Fall  von  Anus  pnelcr  jiaturalis  mit  Bemerk.  x-ur  Phys.  der  Verdauwng 
{Archiv  {iïr  path.  Anat.,  tSOO,  t.  XIX,  p.  '(■70). 


I.*^^  DIGESTION. 

comme  élant  régies  [)liis  spéciLilcment  par  les  ganglions  ahdo- 
minaux  du  système  sympathique  (1).  Ces  mouvements  sont, 
en  elTel,  indépendants  de  la  volonté;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
plètement soustraits  à  l'intluencedu  système  cérébro-spinal,  et 
les  émotions  morales,  ainsi  que  l'excitation  de  diverses  parties 
derencépliale,  peuvent  les  provoquer  P).  Du  reste,  on  ne  sait 


(1)  Les  norfs  qui  so  distribuont  à  la 
tuniquo  musculiiirc  do  rinlestiii  liiêle 
o\  aux  autres  parties  constitutives  des 
parois  de  cette  portion  de  l'appareil 
digestif  naissent  presque  tons  d'un 
plexus  qui  entoure  ronnne  une  gaine 
l'artère  niésentérique  supérieure,  cl  qui 

son  tour  provient  du  plexus  solaire 
dont  les  ganglions  semi-lunaires  font 
partie  (a).  Le  duodénum  reçoit  aussi 
(]uelques  filcis  terminaux  du  nerf 
pnenuioga^triqu!'  droit.  Enfin,  le  gros 
intestin  tire  principalement  ses  nerfs, 
soit  du  plexus  niésentérique,  soit  des 
portions  lombaires  du  grand  sympa- 
lliique,  mais  (piehiiics  filets  provenant 
des  nerfs  rachidiens  se  rendent  à  sa 
partie  inférieure. 

Quelques  auteurs  on!  supposé  que, 
malgré  les  relations  anatomiquos  que 
je  viens  d'indiquer ,  le  grand  sympa- 
llii([ue  était  sans  inlluence  sur  les 
mouvements  de  l'intestin  (h).  Mais 
.1.  Millier  a  j)n>uvé  direclrniciil  li> 
contraire  :  car  dans  une  série  d'expé- 
riences faites  sur  des  Lapins  dont  il 
ouvrait  rabdomeii,  il  vit  toujours  que, 
après  la  cessation  des  conlraciions 
vcrmiculaires  qui  se  manifestent  <"i  la 
suite  de  cette  opération,  il  suffit  de 
cautériser    les    ganglions    du    ])lexus 


solaire  avec  de  la  potasse  pour  faire 
recommencer  ces  mouvements  (c). 
M.  Longet  a  répété  ces  expériences 
sur  des  Chiens  et  a  obtenu  les  mêmes 
résultats  (d).  ]\L  Valentin  a  vu  que  les 
contractions  provoquées  ])av  l'exci- 
tation des  nerfs  si)lancluiiques  se 
manifestaient  principalement  dans  le 
duo:léiuuu  et  la  partie  adjacente  du 
jéjunum,  tandis  que  celles  détermi- 
nées par  l'excilation  du  plexus  so- 
laire s'étendent  à  la  totalité  de  Tin- 
testin  grêle. 

(2)  Comme  preuve  de  l'influence 
que  le  système  cérébro-s|)inal  peut 
exercer  sur  les  mouvements  de  l'in- 
testin, les  physiologistes  citent  les  elTels 
l)ro(luils  1res  souvent  par  certaines 
émotions  vives  ,  la  peur  par  exemple. 
Des  expériences  faites  sur  les  Ani- 
maux prou  veul  aussi  c:ue  l'excitation  de 
diverses  i)arlies  de  l'encéphale  ou  de 
la  moelle  épinière  peut  provoquer  les 
contractions  de  l'intestin  grêle.  Ainsi 
M.  Budge  a  trouvé  qu'en  piquant  on 
en  galvauisanl  soit  la  moelle  allongée, 
soil  les  tubercules  (luadrijunieaux , 
les  couches  optiques  ou  les  corps 
striés,  on  peut  provoquer  des  con- 
traclionsdansTinteslin  chez  le  Chat  (c). 
M.    \ali'iiliii   a    conslalé   aussi    (|u"en 


(a)  Voyez  liour2;ory,  Anatomic  tic  l'Ilommr,  I.  V,  |il.  tH. 

((;)  Uracliel,  Jleclierches  c.rix'i'imenlales  xur  le  suslnne  nevvcu.r,  'i'  Ml.,  \>.  272. 
((■)  Millier,  Physiologie  du  système  nervcu.v,  i.  I.  |i.  iii. 
(d)  Longet,  Traité  de  physiologie,  l.  I,  p.  148. 

(c)  Bu'ljre,   Deitrâgc  zur  Lehve  von  deii  Sympathien  (Miiller's  Archiv  fiir  Anat.  xind  Phjsiol., 
1R30,  ]i.  3!i2  ol  siiiv.).  —  ['ntevsiirhuiiqeii  iihfr  dns  Nerreiixjiativn,   ISil,  p.  142  et  siiiv. 


M01)IJ'II:aTI0>:S    dus    ALlMtliNTS    It.VISS    l'intestin    GIIÉLIÎ.        133 

encore  rien  de  positif  au  sujet  de  la  manière  dont  ces  relations 
s'établissent,  et  les  effets  observés  dans  certains  cas  sont  loin 
de  se  produire  constamment. 

Ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  le  chyme,  en  sortant  de  l'estomac, 
est  franchement  acide,  mais  en  arrivant  dans  l'intestin  grêle  il  y 
rencontre  de  la  bile  et  d'autres  liquides  alcalins  qui  tendent  à  le 
neutraliser  et  même  à  le  rendre  alcalin.  La  rapidité  et  l'étendue 
de  ce  cliangement  dans  les  propriétés  chimiques  du  contenu  de 
cette  portion  de  tube  digestif  varient  suivant  plusieurs  circon- 
stances, au  noml)re  desquelles  il  faut  ranger  en  première  ligne 
la  nature  des  aliments  et  la  proportion  plus  ou  moins  considé- 
rable d'acide  lactique  ou  d'acide  butyrique  que  leur  fermenta- 
tion [)cut  engendrer  dans  l'intestin.  .Alais  ces  différences  n'ont 
pas  autant  d'intluence  sur  les  résultats  généraux  du  travail  di- 
gestif qu'on  le  su|)posait  aulrefois;  car  si  la  neutralisation  du 
chyme  arrête  l'action  dissolvante  de  la  pepsine  (1),  l'acidité  ou 


Digestion 
iiilcstinale. 


Stimulant  directement  ces  parties  de 
rencépliale,  on  peut  déterminer  ces 
mouvements  (a),  et  M.  Scliill'  aoljtenu 
des  effets  scmblaliles  en  excitant  le 
cervelet  ou  le  bulbe  rachidien.  Mais 
M.  Longet ,  en  répétant  ces  expé- 
riences, n'est  arrivé  à  aucun  résultat 
net  (6).  M.  Bndge  a  constaté  aussi  que 
chez  le  Lapin,  la  galvanisation  du 
cervelet,  ainsi  que  celle  de  la  moelle 
allongée,  détermine  des  contractions 
dans  le  caecum  (c),  et  M.  Valentin  a 
pu  exciter  des  contractions  dans  le 
gros  intestin,  aussi  bien  que  dans  l'in- 
testin grêle,  par  la  galvanisation  de 
la  moelle  ('pinière. 


Des  effels  analogues  ont  été  ob- 
servés chez  la  Tanche,  par  M.  E.  We- 
ber  (d). 

D'un  autre  cùté,  il  a  été  également 
démontré  que  chez  les  Grenouilles  les 
mouvements  péristalliqnes  du  tube 
digestif  peuvent  continuer  après  la 
destruction  complète  de  l'axe  céré- 
bro-spinal. 

(1)  Ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  les 
expériences  récentes  de  ^I.  Briickc 
montrent  que  l'aclion  de  la  bile  sur  le 
suc  gastrique  n'a  pas  seulement  pour 
elVet  de  neutraliser  ce  liquide,  mais 
aussi  d'en  précipiter  la  pepsine  qui  se 
trouve  entraînée  par  les  matières  ré- 


(fl)  Valentin,  Yersiiche  ûber  die  Thàtlgkeit  des  Balkens  (Repertormm,  1841,  t.  VI,  p.  359). 
(6)  Longet,  Traité  de  physiologie,  t.  I,  p.  149. 

(c)  liudge.  Sur  l'influence  de  iexcilalion  de  certaines  parties  du  système  nerveux  central 
sur  les  mouvements  du  cœcum  (Dihl.  univ.  de  Genève,  Arch.  des  sciences  physiques  et  naturelles, 
1846,  t.  III,  p.  415). 

(d)  E.  Weber,  Muskelbewegung  (R.  Wagner,  Handworterbuch  dcr  Physiologie,  t.  II(,  p.  2S). 


lâ/i 


UlliESTlON. 


ralcaliiiité  de  cette  matière  n'entrave  pas  l'action  des  principes 
digestifs  du  suc  pancréatique  et  des  sucs  intestinaux  sur  les 
principes  albumineux,  et  la  digestion  n'en  continue  pas  moins 
dans  l'intérieur  de  l'intestin. 

Les  principaux  changements  qui  s'oj)èrent  ainsi  dans  le  chyme 
sont  déterminés  par  la  dissolution  plus  complète  des  matières 
albuminoïdes,  la  transformation  des  matières  amylacées  endcx- 
trine,  puis  en  giycose,  la  production  d'une  certaine  quantité 
d'acide  lactique  et  d'acide  butyrique;  parla  disparition  progres- 
sive des  produits  absorbés,  et  par  son  mélange  avec  les  matières 
constitutives  de  la  bile,  ou  résultant  de  la  décomposition  de 
celle-ci  (1). 


sinoïdes,  lorsque  celles-ci  se  déposent. 
Un  résultai  analogue  est  produit  par 
la  formatiou  d'un  grand  nombre  d'au- 
tres précipités  qui,  en  se  solidifiant, 
entraînent  la  pepsine  ;  et,  en  profitant 
de  cette  circonstance,  M.  Briicke  est 
parvenu  à  isoler ,  mieux  qu'on  ne 
l'avait  fait  jusqu'alors,  ce  principe, 
qui,  suivant  lui,  ne  serait  pas  une 
matière  allmminoide  (a). 

(1)  Le  chyme,  eu  parcourant  l'inles- 
lin  grêle  pour  arriver  au  caecum,  subit 
divers  cbangemcnls  pliysiciues  dont  il 
est  facile  de  se  rendre  compte.  Dans  la 
première  portion  de  ce  tube,  il  de- 
vient eu  général  plus  fluide  par  le  fait 
de  son  niélange  avec  le  suc  pancréa- 
tique, la  bile,  etc. ,  ainsi  que  par  l'eiïet 
de  la  digestion  d'une  jjartie  des  sub- 
stances l'éculentes  ou  autres  qui  s'y 
trouvaient  à  l'état  solide  et  qui  peu  à 
peu  se  dissolvent.  Mais  dans  l'iléon 
sa  consistance  augmente  par  suite  de 


la  soustraction  croissante  des  parties 
liquides  qui  sont  absorbées  par  les 
parois  du  tube  digestif. 

Les  matières  alimentaires  qui  des- 
cendent de  festourdc  dans  le  crecum 
éprouvent  aussi  des  changements  de 
volume  qui  sont  dus  en  partie  à  la 
digestion  de  plus  en  plus  complète 
des  substances  végétales  qui  peuvent 
s'y  trouver,  en  partie  à  leur  mé- 
lange avec  la  bile  el  aux  modifications 
qui  s'opèrent  dans  les  principes  colo- 
rants de  ce  liquide.  Kffectivenjent,  la 
ntalière  colorante  de  la  bile  est  préci- 
pitée par  suite  de  l'acliou  de  l'acide  du 
suc  gastrique  contenu  dans  le  chyme, 
et  se  mêle  ainsi  aux  substances  ali- 
mentaires non  digérées  qui  descendent 
vers  l'anus  ;  elle  leur  comiiuuii(|ue 
d'aliorduue  teinte  jaune  plus  ou  moins 
intense ,  mais  bientôt  elle  éprouve 
d'autres  modifications  qui  la  font  pas- 
ser au  brun,  ainsi  que  nous  le  verrons 


(a)  Brùcicc,  Beilrdije  i>ur  Lclire  von  dcr  Ycrdaiiung  {SU:^un(jsbcriclUcdci'  Wiener  Akad.,  ISiit , 
I.  \IJII,  l'.OOl). 


MODIFICATIONS    DES    ALIMENTS    DANS    L  INTESTIN    GRÊLE.        135 

Lorsque  les  aliments  arrivent  dans  le  duodénum  sans  avoir 
séjourné  longtemps  dans  l'estomac,  qu'ils  descendent  rapide- 
ment dans  l'intestin  grêle,  et  que  le  caecum  est  assez  développé 
pour  les  emmagasiner,  ainsi  que  cela  a  lieu  chez  le  Cheval,  ils 
peuvent  continuer  à  être  digérés  dans  cette  portion  initiale  du 
gros  intestin,  sous  l'influence  des  sucs  digestifs  dont  ils  sont 
accompagnés  (1).  Dans  ce  cas,  le  caecum  remplit  réellement  le 


plus  en  détail  quand  aous  étudierons 
les  caractères  des  matières  fécales. 

Prout  et  quelques  autres  chimistes, 
ayant  trouvé  plus  de  substances  albu- 
minoïdes  dans  le  chyme  puisé  dans  le 
commencement  du  jéjunum  que  dans 
les  matières  alimentaires  contenues 
dans  l'estomac,  avaient  été  conduit  à 
penser  que  ces  principes  étaient  des 
produits  du  travail  digestif  et  prenaient 
naissance  dans  l'intestin  grêle  sous 
Tinfluence  de  la  bile  (a).  Mais  le  fait 
constaté  par  ces  auteurs  s'explique  par 
l'arrivée  du  suc  pancréatique  dans 
cette  portion  du  tube  alimentaire  et 
son  mélange  avec  le  chyme.  Rien  dans 
l'état  actuel  de  la  science  n'autorise 
à  supposer  qu'il  puisse  y  avoir  pro- 
duction de  matières  albumiiioïdes  aux 
dépens  d'aliments  non  azolés.  Du 
reste ,  par  l'action  de  l'alcali  de  la 
bile  et  du  suc  pancréatique  sur  les 
peptoncs  du  chyme,  une  certaine  quan- 
tité de  ces  produits  peut  être  ramenée 
àPétat  d'albumine  coagulable  (6),  et 
cette  circonstance  peut  avoir  contribué 


à  faire  naître  l'opinion  soutenue  par 
Prout.  11  est  du  reste  à  noter  que  le 
suc  intestinal  ne  paraît  pas  contenir 
d'albumine  (c). 

(1)  Chez  les  Solipèdes,  les  matières 
alimentaires  passent  très  promptement 
de  l'estomac  dans  le  caecum  :  ainsi  il 
suffit  de  dix  à  quinze  minutes  pour 
qu'une  portion  des  liquides  versés 
dans  le  duodénum  par  le  pylore  puisse 
parvenir  dans  ce  réservoir,  et  beau- 
coup de  substances  solides  y  arrivent 
sans  avoir  subi  de  changements  no- 
tables, mais  elles  y  font  un  long  séjour 
et  n'entrent  que  peu  à  peu  dans  le  cô- 
lon. Du  reste,  leur  consistance  y  aug- 
mente par  suite  de  l'absorption  d'une 
partie  des  liquides  qu'elles  contien- 
nent {d). 

M.  J.  Jones  a  observé  que  chez  le 
Gopher,  ou  Tortue  Polyphème,  le  côlon 
est  également  très  développé,  et  pa- 
raît être  le  siège  principal  de  la 
digestion  de  l'herbe  et  des  autres  sub- 
stances végétales  dont  ce  Reptile  se 
nourrit  {e). 


(rt)  Proul,  On  the  Phenomena  of  Samjuipcation  (Aiinah  of  Piiiîosophy,  ISi'à,  t.  XlllJ.  — 
Mém.  sur  les  phénowtènes  de  la  sanguificalion  {Journal  de  physique,  1819,  t.  LXXXIX,  p.  137 
et  suiv.). 

—  E.  Burdach  (voyez  Burdach,  Traité  de  physiologie,  t.  IX,  p.  327). 

—  Sclierer,  Chemisch-physiologische  Untersuchungen  {Ann.  der  Chemie  und  Pharm.,  1841, 
l.  XL,  p.  9). 

(6)  Frericlis,  Op.  cil.,  p.  83l>. 

(c)  Zdndei-,  De  succo  enterico  (dissert,  iiiaiig.).  Dorpul,  1850. 

(d'i  Colin,  Op.  cit.,  t.  I,  p.  650  et  suiv. 

(e)  J.  Jones,  Digestion  of  .Mbtmen  and  Flesh,  etc.  [Tkc  Médical  Examiner,  l8ôG,  p.  261). 


lo()  01GESTI0>'. 

rôle  d'imc  succursale  de  l'estomac,  et  peut  êlre  le  siège  d'une 
portion  importante  du  travail  de  la  digestion  (1).  Mais  en  général, 
l'élaboration  des  substances  alimentaires  est  terminée  quand 
celles-ci  arrivent  vci'srcxlrcmitéderilcon,  elles  matières  solides 
qui  parviennent  dans  le  gros  intestin  sont  destinées  à  être  expul- 
sées en  debors.  Elles  abandonnent  encore  une  partie  des  liquides 
qu'elles  contiennent,  de  façon  à  devenir  [tins  consistantes, 
et  elles  subissent  quelques  cbangements,  soit  par  l'effet  de  pbé- 
nomènes  de  fermentation  dont  elles  peuvent  être  le  siège,  soit 
par  suite  de  leur  mélange  avec  des  produits  excrémentitiels  qui 
sont  sécrétés  dans  cette  portion  du  tube  alimentaire,  ou  (jui  s'y 
développent:  mais  ces  modifications  n'ont  que  peu  d'importance 
et  ne  contribuent  pas  à  l'accomplissemeiit  du  travail  digestif 
proprement  dit;  elles  en  sont  la  conséquence,  sans  être  utiles 
pour  robleution  du  résultat  essentiel  de  la  fonction  dont  l'étude 
nous  occupe  ('2). 


(1)  Je  citerai  à  ce  sujet  les  ol)serva- 
tions  faites  par  M.  Steinliaiiser  sur  une 
Femme  qui  présentait  nno  large  fis- 
tule (lu  gros  intestin,  La  plupart  des 
aliments  inirocluits  dans  le  tube  diges- 
tif par  cette  ouverture  furent  évacués 
sans  avoir  subi  aucun  changement 
notable,  mais  ralbumine  fui  en  partie 
dissoute  (a). 

(2)  Il  arrive  souvent  que  les  ma- 
tières logées  dans  Iccaccum  sont  acides, 
bien  que  celles  contenues  dans  la  par- 
tie adjacente  de  rinteslin  grêle  soieni 
alcalines  (b),  et  au  premier  abord  ce 
fait  pourrait  paraître  favorable  à  V()\n- 
nion  des  physiologistes  qui  coiisidcrenl 
ce  réservoir  comme  jouani  l(^  rôle  (Tun 


second  estomac  chez  THomme  et  les 
Carnivores,  aussi  bien  que  chez  le 
Cheval  et  les  aulres  Herbivores  (r). 
Mais  ;\1.  Blondiol  a  trouvé  que  la 
réaction  acide  dont  il  est  ici  question 
ne  dépend  pas  de  la  présence  d'un 
nouveau  liquide  digestif  auquel  les 
aliments  seraient  soumis  dans  cette 
portion  du  tube  intestinal ,  et  tient 
en  général  au  développement  d'une 
certaine  quantité  d'acide  lactique  aux 
dépens  des  matières  féculentes  accu- 
nudées  dans  le  caîcum  ((/).  Enfin, 
M.  Braume  a  constaté ,  dans  un  cas 
d'anus  contre  nature,  que  la  surface 
de  la  nnupieuse  est  alcaline  près  du 
ca-cum  (cj. 


(a)  Stoinliaiiser,  Expcrimenta   iwnmilla  de  sensibilUate  cl   function'ém   intestini  crassi. 
Lipsiœ,  ISil. 
{b)  Ticli'inimii  ri  Ciiiflin,  Ikclicrclics  exiicrimenlaks  sur  ta  digeslioii,  t.  I,  [i.  lut. 
((•)  Viriilct,  Ti'iiiialux  (le  prima  cnclioiie,  p.  270. 
((/)  Blonill.ii,  TraUr  atiabjliquc  de  la  digestion,  \>.  lO:!. 
(e)  Braimic,  Op.  cil.  {Virclmw's  Arcliir  fur  pallwt.  .\nal.,  1800,  I.  M\,  p.  470). 


M  A  1 1 K  li  ES    FÉCALES.  I  o7 

§  7.  —  Los  matières  fécales  accuinulées  dans  le  gros  in- 
testin y  séjournent  pins  ou  moins  longtemps  suivant  les  Animaux 
et  suivant  les  conditions  dans  lesquelles  le  travail  digestif  s'ac- 
complit. En  général,  elles  y  acquièrent  d'autant  plus  de  consis- 
tance que  ce  séjour  est  plus  long,  parce  qu'elles  abandonnent 
peu  à  peu  à  la  surface  absorbante  qui  les  entoure  une  portion 
des  liquides  qu'elles  contiennent  (1)  ;  souvent  elles  y  deviennent 
même  très  dures,  et  se  moulent  en  quelque  sorte  sur  les  parois 
de  l'intestin,  de  façon  à  prendre  des  formes  en  rapport  avec  la 
structure  de  ce  tube  ("i).  Il  en  résulte  que  la  forme  des  excré- 


séjour 

(les  fèces 

dans  lo  £;i'o> 

intestin. 


(1)  La  proporlion  d'eau  contenue 
dans  les  matières  fécales  varie  beau- 
coup chez  le  même  individu,  suivant 
l'état  physiologique  du  canal  intesti- 
nal ,  mais  présente  en  général  des  dif- 
férences assez  constantes,  suivant  les 
espèces.  Ainsi ,  terme  moyen ,  les 
excréments  du  j\Iouton  ne  conliennent 
qu'environ  56  pour  100  d'eau,  tandis 
que  ceux  du  Cheval  en  renferment 
77  pour  100  et  ceux  de  la  Vache 
82  centièmes  (a). 

(2)  Ainsi  chez  les  Animaux  dont  le 
gros  intestin  est  bossue  et  divisé  en 
une  série  de  petits  compartiments  par 
des  valvules  conniventes,  comme  cela 
se  voit  chez  le  Cheval,  etc. ,  les  matières 
stercorales  se  trouvent  divisées  en  peti- 
tes masses,  et  en  se  durcissant  par  suite 
de  l'absorption  de  leurs  parties  liquides, 
se  moulent  en  quelque  sorte  dans  ces 
loges.  Chaque  pelote  de  crottin  ainsi 
formée  se  recouvre  d'une  couche  de 
mucus  sécrétée  par  la  portion  adjacente 
de  l'intestin,  et  en  raison  de  cette  cir- 
constance reste  distincte  de  ses  voisines 
quand  elle  descend  dans  le  rectum 
pour  être  expulsée  par  l'anus. 


Chez  d'autres  Animaux  dont  le  gros 
intestin  n'offre  pas  ce  mode  d'organi- 
sation mais  présente  une  longueur 
considérable,  le  Mouton,  la  Chèvre,  le 
Chameau  et  le  Lapin  par  exemple,  un 
résultat  analogue  est  déterminé  par  la 
manière  dont  ce  tube  se  contracte 
d'espace  en  espace;  dès  qu'une  cer- 
taine quantité  de  matière  fécale  s'est 
accumulée  dans  un  point  du  côlon, 
celui-ci  se  resserre  et  s'étrangle,  pour 
ainsi  dire,  au-dessus  de  la  parlie  ainsi 
remplie  ;  cette  contraction  persiste 
pendant  qu'une  seconde  accumulation 
de  fèces  se  forme  au-dessus,  et  ainsi  de 
suite  ;  de  façon  que  cette  portion  du 
gros  intestin,  au  lieu  de  rester  cylin- 
drique, devient  moniliforme,  et  que 
dans  chaque  renflement  il  se  produit 
un  bol  de  matière  fécale.  Les  petites 
masses  stercorales  formées  de  la  sorte 
s'amassent  ensuite  dans  le  rectum, 
sans  se  confondre  les  unes  avec  les 
autres. 

Chez  les  bêtes  bovines,  les  excré- 
ments restent  trop  liquides  pour  pou- 
voir se  mouler  de  la  sorte,  et  sont  ex- 
pulsés sous  la  forme  d'une  espèce  de 


(a)  Rogers,  Ueber  die  Zusammenscliung  dcr  Asvhe  von  feslen  Thierexcreinculeii  {Anii.  der 
Chemie  und  Pharm.,  1848,  t.  LXV,  n.  85. 


138  UlGESTlOiN. 

jiiciils  vtirie  suivant  les  Animaux  dont  ils  proviennent,  et  j'in- 
siste sur  cette  circonstance,  qui  depuis  longtemps  était  connue 
des  chasseurs,  parce  qu'elle  a  permis  aux  paléontologistes  d'ar- 
river à  des  notions  importantes  relatives  à  la  structure  de  l'intes- 
tin de  quelques-uns  des  grands  Reptiles  de  ré[)oque  jurassique, 
par  l'examen  des  fèces,  connues  sous  le  nom  de  coprolithes, 
que  ces  Animaux  ont  laissées  dans  certaines  couches  de  l'écorce 
solide  du  globe,  et  que  la  fossilisation  y  a  conservées  (1  i. 

Il  est  aussi  à  noter  que,  dans  quelques  cas  accidentels,  des 
matières  solides  s'accumulent  lentement  dans  quelque  dilata- 
tion latérale  du  tube  digestif,  sans  pouvoir  en  être  chassées  et 
sans  obstruer  complètement  le  passage  dans  ce  canal.  Il  en  ré- 
sulte des  concrétions  dont  le  volume  devient  parfois  très  con- 
sidérable, et  dont  l'existence  n'est  pas  très  rare  chez  les 
Chevaux.  Mais  ce  sont  là  des  accidents  pathologiques  dont 
l'étude  n'est  pns  du  domaine  de  ce  cours  (2). 


bouillie  d'une  couleur  brune  ver- 
dàire,  appelée  house. 

Quand  le  côlon  est  à  la  fois  simple 
el  très  court,  comme  chez  le  Chien,  et 
que  les  excréments  y  deviennent  con- 
sistants, ils  s'y  moulent  sous  la  forme 
d'un  cylindre  qui  est  divisé  en  tron- 
çons, au  moment  de  la  défécalio:i, 
par  les  contractions  du  sphincter  de 
Fanus. 

(1)  Ces  fèces  fossiles  sont  extrême- 
ment abondantes  dans  certains  terrains 
jiu-assiques  :  par  exemple,  à  Lyme- 
Itegis,  eu  Angleterre.  Celles  (|ui  ont 
d'abord  fixé  l'attention  des  naturalistes 
apparliemient  àl'lchthyosaure,  et  d'a- 


près les  empreintes  en  spirale  qui  s'y  re- 
marquent, il  est  extrêmement  probable 
que  l'mtestiu  de  ce  grand  Saurien  (';tait 
conformé  à  pe;i  près  connue  celui  des 
Poissons  plagiostomcs,  où  nous  avons 
vu  un  prolongement  de  la  tunique 
nniqueuse  disposé  eu  manière  d'hé- 
lice {a).  \a\  connaissance  de  ces  co- 
prolithcs  est  due  principalement  aux 
recherches  de  Bucklaud  [h).  D'autres 
fossiles  de  même  nature,  et  apparte- 
nant à  des  Poissons,  ont  été  trouvés 
dans  le  même  dépôt,  ainsi  que  dans 
d'autres  terrains  (c). 

(2)  Quelquefois  les  concrétions  intes- 
tinales se  formeni  autour  de  quelque 


(a)  Voyez  loiiic  VI,  page  3^9. 

(h)  lîucklaiul.  0»  Ihe  Discovery  of  Coiu-otiles,  or  t'ossil  l'œccs,  in  thc  Lias  al  Lijinc-liegis  and 
in other Formations  {Traasact.  of  th.e  Geological  Society,  1821»,  iicw  scries,  t.  lll.  p.  i22i,  pi.  28 
à  31).  -  Gculogy  and  Minevatogy  considered  udth  référence  toNatttral  TIteoloyy,  l.  I,  pi.  15, 
p.  188  ot  siiiv. 

(c)  MaiitcU,  Geology  of  Susscx,  pi.  38. 


MAÏIÈKES    FÉCALKS.  ISO 

^  8,  —  Je  rappellerai  qu'en  raison  de  la  dispusilioii  de  la 
valvule  iléo-ca?cale,  les  matières  (]ui  descendent  de  l'intestin 
grêle  dans  le  gros  intestin  ne  peuvent  remonter  vers  l'esto- 


Expulsion 

des 

fèces. 


corps  étranger  qui  n'a  pu  être  digéré, 
et  qui  s'est  arrêté  dans  l'estomac  ou 
dansl'inteslin  :  par  exemple,  un  paquet 
de  poils,  un  grain  de  plomb,  un  noyau 
de  cerise,  un  fragment  d'os  ou  un 
calcul  biliaire  [a).  D'autres  fois  elles  ré- 
sultent d'une  accumulation  de  matières 
terreuses  ingérées  dans  l'estomac. 
Ainsi,  on  cite  des  exemples  de  pierres 
stercorales  très  grosses,  qui  avaient  été 
produites  par  l'administration  trop 
prolongée  de  la  magnésie  calcinée  à 
tilre  de  médicament,  et  qui  étaient 
formées  presque  entièrement  de  cette 
substance  (6).  Celles  qui  se  rencon- 
Uent  cbez  l'Homme  sont  en  général 
formées  de  phosphates  terreux  et  de 
matières  grasses  ,  notannnent  de  cho- 
Icstérine  (f).  (Quelquefois  ces  der- 
nières prédominent  (cl).  Dans  quel- 
ques cas  ces  concrétions  sont  formées 
l)rincipalenient    de    matières    libreu- 


ses  (e),  ou  d'autres  débris  d'aliments 
végétaux  (/■). 

Celles  que  l'on  trouve  souvent  dans 
l'estomac  ou  dans  l'intestin  de  divers 
Animaux,  principalement  des  Rumi- 
nants et  des  Solipèdes,  ont  été  dési- 
gnées sous  le  nom  de  bézoards,  et  jadis 
on  leur  attribuait  de  grandes  vertus  mé- 
dicinales ((/).  Les  bézoards  dits  orien- 
taux proviennent  surtout  de  l'estomac 
de  la  Chèvre  cegagre  ou  Pasenrj  des 
l^ersans  ou  de  celui  de  la  Gazelle.  Les 
JK'zoards  dits  occidentaux  sont  ap- 
portés d'Amérique,  et  se  trouvent 
dans  l'estomac  des  Lamas.  Enfin  ceux 
de  nos  pays,  appelés  quelquefois  par 
les  pharmacologistes  bézoards  d'Alle- 
magne, égagropiles,  tophus  bovinus, 
gobes  hIppoUthes,  etc.,  se  rencontrent 
dans  le  tube  digestif  du  Bœuf,  du 
Chamois,  du  Cheval,  etc. 

Les  bézoards  orientaux  ont,  été  ana- 


((()  Cliildren,  On  Somc  alvuie  Concrelions  fourni  in  the  colon  of  a  youny  Man  {l'hilon.  Trans., 
1822,  p.  24). 

—  Laurier,  Jlém.  sur  les  concrétions  qui  se  forment  dans  le  corps  Iiumain,  1825. 

—  Moiide,  Sur  tin  calcul  intestinal  {Journal  de  chimie  médicale,  3«  série,  t.  V,  p.  G2Û). 

(6)  Braiide,  On  the  lad  E/fevts  of  tlie  incautious  Use  of  Magnesia  [Journal  o)  the  Royal  Insli- 
tulion,{8i6,  l.  I,  p.  297). 

■ —  Simon,  Animal  Chemislrij,  t.  II,  [i.  4fi7. 

—  Béiard,  Cours  de  physiologie,  t.  II,  p.  400. 

—  CUoquet,  iVém.  sur  les  concrétions  intestinales,  1855,  p.  12. 

(c)  Jàgci-,  Ueber  die  Darmsteine  des  Menschen  und  der  Thiere.  Berlin,  1834. 

—  Douglas  Macla-en,  On  the  Consiilution  of  Intestinal  G-mc r étions  (London  and  Edinhurgh 
Monthly  Journal  of  Médical  Science,  1841,  t.  I,  p.  (i34). 

(dj  Cavontuii   et  Colombat  de  Chaiimont,   Béz-oard  humain  {Archives  générales  de  médecine, 
1828,  t.  XII,  p.  453). 

—  Lassaigiie,  Observations  sur  plnsieu.rs  concrétions  intestinales  rendues  par  itne  jeune 
fille  (Journal  de  chimie  médicale,  1825,  t.  I,  p.  1  iOj. 

[e)  Vauquelin,  Sur  la  formation  des  bézoards  {Ann.  de  chimie,  1812,  I.  LXXXIII,  p.  138). 

—  Braconnot,  Examen  de  plusieurs  béwards  vomis  par  une  fille  [Ann.  de  cliimic  et  de  jdiy- 
sique,  1822,  t.  XX,  p.  194). 

(/■)  Marcel,  llistoire'bhimique  des  affections  calcideuses,  p.  127. 

(3)  Bauhin,   De  lapidis  bezoar,  orientalis  et  occidentalis  cervlui  autem  et  germanici,   orlu 
et  natura,  l'bcr  Basle,  1613. 

—  Calelen,  Traité  du  bézoard.  Frauct'.,  1027. 


l/lO  DIGIiSTlOiN. 

mac,  et,  a[)rès  s'être  aceiimulées  dans  le  cœcuiii,  elles  doivent 
nécessairement  pénétrer  dans  le  côlon. 

Le  passage  des  matières  fécales  dans  le  côlon  est  déterminé 
par  les  contractions  péristaltiques  de  cette  portion  du  tube 
digestif,  et  ces  mouvements  concourent  à  produire  aussi  leur 


lysés  par  plusieurs  chimistes,  et  sont 
de  trois  sortes.  Les  uns  sont  composés 
essentiellement  de  phospluile  de  chaux 
et  de  phosphate  ammoniaco-magné- 
sien  ;  d'autres  renferment  beaucoup 
d'acide  lithofellinique  («)  ;  enfin  il  en 
est  aussi  qui  sont  formés  principale- 
ment d'une  substance  parliculièrc 
appelée  acide  ellagique,  quiparaîtêtre 
le  produit  de  la  transformation  de 
l'acide  galliqui'  contenu  dans  des  ma- 
tières végétales  alimentaires  (6). 

Les  bézoards  du  Lama  renfermeni 
du  phosphate  de  chaux,  du  carbonate 
de  la  même  base  et  des  matières  orga- 
niques (c). 

Les  concrétions  qui  se  rencontrent 
assez  souvent  dans  l'estomac  ou  dans 
le  côlon  du  Cheval  atteignent  parfois 
un  volume  très  considérable  {<!)  :  on 


en  cite  dont  le  poids  s'élevait  à  IZi  (e) 
et  même  15  livres  (f) ,  c'est-à-dire 
plus  de  7  kilogrammes.  Elles  sont  en 
général  composées  principalement  de 
phosphate  ammoniaco -magnésien  dé- 
posé par  couches  conc,enlri(]ues  autour 
de  quelque  corps  étranger,  tel  qu'un 
fragment  de  pierre  introduit  dans  l'es- 
tomac avec  les  aliments  (g). 

Les  égagropiles,  comme  je  l'ai  déjà 
dit,  sont  en  général  composés  de 
poils  roulés  et  comme  feutrés  par  les 
mouvements  de  l'estomac  {h).  Ceux  du 
Mouton  sont  formés  de  paillettes  de 
plantes  de  la  famille  des  Cardua- 
çées  (/). 

On  a  trouvé  aussi  des  concrétions 
intestinales  chez  d'autres  Animaux  : 
par  exemple  ,  le  Chien  (/)  et  la 
Loutre  (/,)  ;  et  il  paraît  bien  démontré 


(«)  Voyez  tome  VI,  page  500. 

(6)  Foiircroy  et  Vauqueliii,  Mém.  sur  les  caractères  distinctifs  des  différents  matériaux  qui 
forment  les  calculs,  les  ticioards  et  les  diverses  concrétions  des  Aniinaitx  {Ann.  du  Muséum 
d'histoire  7iatiirelle,  180 4,  t.  IV,  p.  331  j. 

—  Bei-lliollol,  Notes  sur  divers  objets  {.Mém.  de  la  Société  d'Arcueil,  ISO'.t,  t.  Il,  p.  448). 

—  Merkleini  uiul  Wôliler,  Ueber  die  Hcioarsâure  (Ann.  der  Chemie  >utd  l'harm.,  1845, 
t.  LV,  p.  129). 

—  Taylor,  On  some  new  Species  of  .\nimal  Concrétions  {Philosophie al  Magazine,  184G, 
l.  XXVIII,  p.  44  et  192). 

—  Guiliourt,  Note  sur  xin  Dézoard  fauve  {Journal  de  chimie  et  de  pharmacie,  1847,  t.  X, 
p.  87). 

(c)  l'rmit,  Extrait  de  plusieurs  lettres  {Ann.  de  chimie,  1700,  t.  I,  p.  107). 

{d}  Pkciiielli,  Dei  beioiird  deijli  animali  e  siiujolarmente  di  quello  del  cavallû.  Bergamo,  1820. 

(e)  Giirit,  l'athol.  Anat.  der  HaussûU(jclhiere,  p.  35. 

(/■)  VValson,  Large  Caleulus  fonnd  in  a  Mare{Philos.  Trans.,  1754,  t.  XLVill,  p.  800). 

(g)  Simon,  Aiiimal  Chemistry,  t.  II,  p.  467. 

—  Bibra,  Chemische  Unters.  (Simon's  Deitrdge  '^urphijs.  und  palhol.  Chemie  vnd  Mikrosco- 
pie,  1844,  t.  I'  p.  404). 

(/()  Voyez  tome  VI,  page  311.  , 

(i)  Moral  et  de  I;eii.<,  Dictionnaire  de  matière  médicale,  t.  I,  p.  593. 
{jj  Simon,  Animal  Chcmistrii,  t.  II,  p.  407. 

(A.)  Kiiclieiiiiioistcr,  Conceiitnschc  horper  am  Uarm  der  l'ischtter  [Vcrliandlungen  der  phys, 
med.  Gesellschaft  in  Wûrzburg,  1852,  t.  II,  p.  220). 


SI  vTi i:r i:s  fkca  lks.  1  /i  1 

expulsion  pur  l'amis.  Chez  beaucoup  (VAnimaux  inférieurs,  la 
(létecation  n'a  pas  d'aulre  cause;  mais  chez  les  Vertébrés, 
et  notamment  chez  l'Homme,  ce  phénomène  est  en  général 
déterminé  principalement  par  l'action  des  muscles  des  parois 
de  la  cavité  abdominale  (1). 


que  la  substance  connue  en  pharma- 
cologie sous  le  nom  cVambre  gris  est 
un  produit  du  même  genre  provenant 
de   Tinteslin  du  Cachalot.   Des  hypo- 
thèses très  variées  ont  été  émises  au 
sujet  de   l'origine  de  celte  substance, 
qui   d'ordinaire  se  trouve  flottante  à 
la  surface  de  la  mer  ou  rejetée  sur  la 
plage,  dans  le  voisinage  des  lieux  fré- 
quentés par  ces  Animaux,  tels  que  les 
mers  du  Japon ,    des   Moluques,  de 
Madagascar  et  du  Brésil.   On  la  ren- 
contre aussi  dans  Tinteslin  des  Cacha- 
lots, et  souvent  on  y  trouve  des  débris 
des  Animaux  dont  ces  grands  Cétacés 
se  nourrissent,  par  exemple  des  becs 
de  Seiche.  Elle  alTecle   la  forme   de 
masses  irrégulières  dont  le  poids  est 
ordinairement  d'environ  500  grammes, 
mais  s'élève  parfois  à    10  ou  même 
50  kilogrammes,  et  peut  atteindre  une 
centaine  de  kilogrannnes.  Elle  fond  à 
la  chaleur  comme  le  fait  la  cire,  et  se 
compose  principalement  d'une  matière 
grasse  de  nature  particulière,  appelée 
ambréine,  qui  a  beaucoup  d'analogie 
avec  la  cholestérine ,  et  qui  est  dispo- 
sée par  couches  concentriques.  l'our 
plus  de  détails  sur  l'ambre  gris,  je 
renverrai  à  un  excellent  article  publié 
sur  ce  sujet  par  M.  Guibourt,  l'un  de 


nos    pharmacologisles    les   plus    sa- 
vants {a\ 

(1)  Chez  rilomme,  les  matières 
fécales  s'amassent  d'abord  dans  l'S 
iliaque  du  côlon  ;  et  en  général  la  por- 
tion supérieure  du  rectum  est  con- 
tractée (b),  en  sorte  que  la  partie  de 
cet  intestin  qui  avoisine  immédiate- 
ment l'anus  reste  vide  jusqu'au  mo- 
ment où  la  défécation  doit  avoir  lieu. 
"Mais  c'est  à  tort  que  quelques  physio- 
logistes pensent  qu'il  en  est  toujours 
ainsi  (c).  En  cfl'et,  chez  les  personnes 
dont  les  évacuations  ne  se  font  pas 
d'une  manière  régulière  et  facile,  la 
plupart  des  vieillards  par  exemple,  les 
matières  s'accumulent  dans  le  rectum 
et  y  séjournent  souvent  très  longtemps 
avant  d'être  expulsées  au  dehors  ((/). 

Quoi  qu'il  en  soit ,  lorsque  les  fèces 
sont  descendues  dans  cette  portion 
terminale  du  gros  intestin,  elles  n'y 
sont  retenues  que  par  la  contraction 
des  muscles  sphincters  de  l'anus,  et 
plus  particulièrement  du  sphincter  ex- 
terne (e).  Cette  contraction  est  sous  le 
contrôle  de  la  volonté,  mais  l'influence 
nerveuse  exercée  par  la  portion  infé- 
rieure de  la  moelle  épinière  suflitpour 
la  déterminer,  et  c'est  par  l'intermé- 
diaire des  nerfs  rachidiens  que  dans 


(a)  Guiboiii'l,  Histoire  naturelle  des  drogues  simples,  i'  édit.,  185t,  t.  IV,  p.  209  et  siiiv. 
(6)  Voyez  toine  VI,  page  380. 

(c)  J.  O'Beirnc.  New  Views  of  the  Process  of  Défécation.  Dublin,  1833. 

(d)  Pour  plus  de  détails  à  ce  sujet,  voyez  Béravd,  Cours  de  physiologie,  t.  II,  p.  407. 

(e)  Voyez  tome  VI,  page  305. 


142  DIGESTION. 

Chez  les  Animniix  qui  sont  dépourvus  d'un  anus,  les  déjec- 
lions  alvines  ont  lieu  par  la  bouche,  et  ce  phénomène  est  com- 


toiis  les  cas  elle  est  provoquée.  Aussi, 
quand  cette  portion  du  système  ner- 
veux ne  remplit  plus  ses  fonctions,  les 
sphincters  sont-ils  paralysés,  et  alors 
les  matières  fécales  s'échappent  dès 
(|ue  les  conlraclions  péristaltiques  du 
tube  intestinal  les  ont  amenées  à  l'anus 
sans  qu'aucun  effort  de  la  volonté 
puisse  mettre  obstacle  à  leur  sortie. 

L'excitation  produite  par  la  pré- 
sence des  matières  fécales  dans  la 
partie  inféiieure  du  rectum  déter- 
mine la  sensation  plus  ou  moins  im- 
périeuse qui  précède  la  défécation,  et 
qui  est  accompagnée  de  la  contraction 
de  la  tunique  charnue  de  cet  intestin. 
Quand  Tirritabilité  de  la  muqueuse 
intestinale  est  exaltée,  comme  cela  a 
lieu  dans  certains  états  morbides,  il 
suffit  d'une  quantité  très  petite  de 
liquide  pour  déterminer  le  besoin  de 
l'évacuer,  et  les  médecins  donnent  le 
nom  de  ténesmes  aux  sensations  plus 
ou  moins  douloureuses  el  fréquentes 
qui  sont  excitées  de  la  sorte  sans  être 
suivies  d'évacuations  notables.  Dans 
les  circonstances  ordinaires,  le  besoin 
vl'exj)ulser  les  fèces  ne  se  fait  sentir 
que  de  loin  en  loin,  et  l'habitude  a  une 
grande  influence  sur  le  renouvelle- 
ment plus  ou  moins  périodique  de  ce 
piiénomènc.  L'excitabilité  du  rectum 
s'émousse  en  général  chez  les  vieil- 
lards et  aussi  chez  les  personnes  qui 
sont  atteintes  de  certaines  affections 
nerveuses,  et  il  en  résulte  souvent  une 
constipation  plus  ou  moins  persislanie. 
On  rite  même  des  cas  dans  lesquels 
les  déjections  ne  se  sont  succédé  qu'à 
de  très  longs  intervalles ,  plusieurs 
semaines  par  exemple. 


La  contraction  énergique  des  fibres 
circulaires  du  gros  intestin  est  la  cause 
principale  de  ces  évacuations;  mais  en 
général  la  pression  exercée  de  la  sorte 
sur  les  matières  contenues  dans  le 
rectum  est  insuffisante  pour  vaincre  la 
résistance  que  le  sphincter  de  l'anus 
oppose  à  leur  sortie,  et  l'intervention 
des  muscles  pariétaux  de  l'abdomen 
est  nécessaire  pour  l'accomplissement 
de  cet  acte.  Alors,  non-seulemenl  le 
diaphragme  et  les  muscles  qui  cloi- 
sonnent latéralement  et  en  avant  la 
cavité  abdominale  se  contractent,  mais 
la  glotte  se  resserre  de  façon  à  empri- 
sonner l'air  contenu  dans  les  poumons 
et  à  fournir  ainsi  un  point  d'appui  au 
diaphragme  pour  l'aider  à  résister  à 
la  pression  développée  par  la  contrac- 
tion des  muscles  droits  ,  transverses  et 
obliques.  L'ellort  ainsi  produit  est  très 
puissant,  et  tend  à  chasser  de  la  cavité 
viscérale  les  liquides  contenus  dans 
les  vaisseaux  de  cette  partie  du  corps 
et  les  vis{  ères  eux-mêmes»  aussi  bien 
que  les  matières  logées  dans  l'intestin. 
Il  en  résulte  que  le  sang  se  porte  alors 
avec  force  vers  la  tète,  et  que  si  la 
membrane  muqueuse  du  rectum  n'est 
que  lâchement  unie  aux  parties  cir- 
con voisines  ,  elle  est  poussée  à  tra- 
vers l'anus,  et  fait  saillie  à  l'extérieur 
en  manière  de  bourrelet  pendant  que 
la  défécation  a  lieu.  Ce  phénomène  est 
facile  à  voir  chez  le  Cheval,  et  se  pro- 
duit aussi  cliez  rHonnuc.  dans  certains 
étals  pathologiques  de  rinleslin  :  mais 
quand  relTort  cesse,  la  contraction  tles 
libres  longitudinales  du  rectum  suffit 
en  général  pour  faire  rentrer  la  partie 
(jui  s'était  ainsi  renversée  au  dehors  ; 


MATIÈRES    FKCALES.  IftS 

parable  à  la  régurgitation  qui  a  lieu  accidentellement  chez  les 
Animaux  dont  la  cavité  digestive  est  tubulaire  (1). 

^9.  —  L'étude  microscopique  et  chimique  des  matières 
fécales  n'est  pas  sans  importance,  car  elle  peut  nous  éclairer 
sur  le  rôle  des  humeurs  qui  arrivent  dans  le  tube  inlestinal  et 
sur  le  résultat  final  du  travail  digestif  (^2),  C'est  même  par  la 
comparaison  des  substances  alimentaires  ingérées  dans  l'esto- 
mac, et  des  déjections  qui  en  proviennent,  qu'on  peut  le  mieux 
juger  de  la  digestibilité  des  premières,  et  du  degré  de  leur 
utilisation  dans  l'organisme.  Je  crois  donc  utile  de  nous  y 
arrêter  ici. 

Tl  est  d'abord  à  noter  que  dans  quehpies  cas  une  certaine 
quantité  de  bile  arrive  inaltérée  jusqu'à  l'anus,  et  se  retrouve 
dans  les  excréments  (3).  ^hiis,  en  général,  les  matières  consti- 


Conslilulinii 

(les  matières 

fécales. 


dans  quelques  cas  cependant  il  en 
résulte  un  prolapsus  plus  ou  moins 
permanent. 

(1)  Ce  mode  d'organisation  et  la 
régurgitation  excrémentitielle  qui  en 
est  la  conséquence  se  rencontrent , 
comme  nous  Tavons  déjà  vu,  chez  la 
plupart  des  Zoophytes  (o),  ainsi  que 
chez  difl'érents  Vers  (6). 

(2)  Les  premières  recherches  chi- 
miques de  quelque  importance  faites 
sur  les  matières  fécales  sont  dues  à 
Berzelius  (g).  Plus  récemment,  les 
excréments  de  rilomme  et  d'un  petit 


nombre  d'Animaux  ont  été  analysés 
par  plusieurs  chimistes  (rf).  Pour  le 
moment  je  ne  m'occuperai  pas  des 
expériences  faites  en  vue  de  la  déter- 
mination de  la  quantité  de  carbone 
ou  d'azote  que  ces  matières  peuvent 
contenir,  ce  sujet  se  liant  à  l'étude  des 
phénomènes  généraux  de  nutrition. 

(o)  Ainsi  les  fèces  semi-fluides  d'une 
couleur  jaune  d'or,  rendues  par  les 
enfants  à  la  mamelle,  contiennent, 
mêlées  à  beaucoup  de  graisse,  de  ca- 
séum  non  digéré  et  de  débris  d'é- 
pithélium,   de   l'acide  taurocholique, 


(o)  Voyez  tome  V,  page  294  et  suiv. 

(6)  Vovez  tome  VI,  pa^'c  448  et  suiv. 

(c)  Berzelius,  Traité  de  chimie,  trad.  par  Esslinger,  t.  Vil,  p.  -268  et  suiv. 

{(l)  Simon,  Animal  Chemistry,  1. 11,  p.  369. 

—  Marcel,  An  Account  of  the  Organic  Chemical  Constituants  or  Immédiate  Princip  les  o[ 
the  Excreme7its  of  Man  and  Animais  in  the  healthy  state  {Philos.  Trans,  1854,  p.  205).  —  On 
the  Immédiate  Principles  of  human  Excréments  in  the  healthy  state  (Philos.  Trans.,  1857, 
p.  403). 

—  Wehsarg,  Mikroscopische  und  chemische  Untersiichuncien  der  Fœces  gesunder  erwach- 
sener  Menschen,  thèse.  Giessen,  1853. 

—  Iliring,  Mikroscopische- chemische  Unlersuchungen  menschUcher  Fœces  tinter  verschiedenen 
pathologischen  Verhaltnissen,  thèse.  Giessen,  1853. 


Ikk  DIGESTION. 

lutives  de  ce  liquide  éprouvent,  peiidniit  leur  passage  dans  l'in- 
testin, des  modiiications  plus  ou  moins  profondes,  et  ils  peuvent 
donner  ainsi  naissance  à  des  corps  nouveaux.  Le  premier 
changement  qui  se  remarque  dans  ce  liquide  est  dû  à  la  pré- 
cipitation de  sa  matière  colorante.  Par  le  fait  de  son  mélange 
avec  l'acide  chlorhydrique  du  suc  gastrique  apporté  dans 
le  duodénum  par  le  cliyme,  la  soude  qui  se  trouvait  unie  à 
cette  matière  colorante,  et  la  rendait  soluble,  est  bientôt  satu- 
rée, et  alors  le  [)igment  biliaire  se  précipite  sous  la  forme  de 
corpuscules  amorphes  qui  se  mêlent  aux  autres  substances 
dont  se  compose  la  pâte  cbymeuse  (1).  Ce  pigment  éprouve 
ensuite  d'autres  modifications  qui  sont  analogues  à  celles 
déterminées  par  la  pulréfiiction  de  la  bile,  et  qui  paraissent  être 
dues  à  la  fixation  d'un  peu  d'oxygène;  il  prend  peu  à  peu 
une  teinte  brune  de  plus  en  plus  intense,  il  cesse  de  présenter 
avec  l'acide  nitrique  les  phénomènes  de  coloration  qui  sont 
caractéristiques  de  la  biliverdine,  et  il  constitue  un  produit 
particulier  (2). 


caraclérisr  par  son  iiidde  (Faclion  sur 
le  réactif  de  Petleiiliofor  et  do  la  clio- 
lépyrrliine  recoiinaissable  aux  diaii- 
gements  de  couleur  qu'elle  iiianifesle 
(|nan(l  on  la  traite  par  de  l'acide 
nitrique  additionné  d'un  peu  d'acide 
sulfurique  {(t). 

Dans  l'ictère  des  nouveau-nés,  la 
coideur  verte  des  excréments  dépend 
aussi  de  la  présence  d'une  certaine 
quantité  de  pigment  biliaire  non  dé- 
composé. 

M.  Enderlin  a  trouvé  de  l'acide cho- 
liquc,  de  la  tanrine  et  de  l'acide  clio- 


loïdique  dans  les  déjections  de  ma- 
lades atteints  de  diarrhées  dites  bi- 
lieuses (6). 

(1)  En  général,  le  principe  colo- 
rant de  la  bile  se  retrouve  dans  les 
matières  contenues  dans  l'intestin 
grêle  ;  mais  celles  qui  ont  séjourné 
dans  le  gros  intestin  ne  fournissent 
que  rarement  une  substance  ayant  les 
propriétés  caractéristiques  de  ce  pig- 
ment. 

(2)  Les  recherches  de  M.  AIolcs- 
chott  tendent  ;'i  établir  que  la  matière 
verie  de  la  bile,  eu  se  transformant 


(«)  EnJcilin,  l'cber  einc  eigeulhumUche  L'mselxtmg  der  Ochsengalle,  etc.  {An7i.  lier  Chemie 
iind  l'hurin.,  1850, 1.  1>X\V,  p.  154). 

{h}  Lelimann,  Lehrbnvli  der  jihysioln{]iscliev  Chemie,  t.  Il,  p.  120. 


MATlLUKS    FÉCALES.  |/|5 

l.a  coloration  des  fèces  dépend  princi|mlenicn(  de  hi  présence 
des  [tigments  provenant  de  la  bile  (1  i.  Lorsque,  par  suite  de 
robsiruclion  du  canal  cliolédoque  ou  de  toute  autre  cause,  ce 
liquide  n'arrive  plus  dans  l'intestin,  les  excréments  sont  pâles 
et  grisâtres  ;  mais  parfois  la  teinte  foncée  qu'ils  offrent,  peut 
dépendre  de  la  présence  d'une  certaine  quantité  de  sang  plus  ou 
moins  altérée,  ou  des  substances  étrangères  qui  ont  été  ingérées 
dans  l'estomac  ('2). 


aiusi,  ne  se  change  pas  en  cliolép\r- 
rhine,  mais  subit  une  sorte  de  des- 
truction analogue  à  celle  produite 
par  l'action  oxydante  de  l'acide  azo- 
tique (a),  dont  j'ai  déjà  eu  roccasion 
de  parler  (6). 

(l)  Il  va  sans  dire  que  la  couleur  des 
excréments  peut  dépendre  aussi  de 
la  nature  des  aliments  dont  ils  pro- 
\iennent,  surtout  quand  ces  substances 
traversent  rapidement  le  tube  digestif 
et  laissent  beaucoup  de  résidus  solides. 
M.  Welisarg  a  fait  récemment  des  re- 
cherches sur  l'influence  que  le  régime 
exerce  sur  la  teinte  des  fèces  de 
r Homme  à  l'état  normal  (c). 

{'2)  Jusque  dans  ces  derniers  temps, 
les  médecins  pensaient  que  la  couleur 
verte  des  évacuations  alvines  était 
toujours  indicati\  e  de  la  présence  de 
la  bile  dans  ces  matières  ;  mais  cette 
particularité  peut  dépendre  d'autres 
causes.  Ainsi  on  a  remarqué  qu'à  la 
suite  de  l'emploi  des  eaux  minérales 


ferrugineuses  ou  d'autres  préparations 
martiales,  les  selles  sont  souvent  d'un 
vert  intense  ou  même  noirâtres,  et 
l'analyse  chimique  a  fait  voir  que  cela 
dépend  de  la  présence  d'une  certaine 
quantité  de  sulfme  de  fer  dans  ces 
matières  (d).  Dans  trois  expériences 
faites  par  M.  Lehmann  sur  les  excré- 
ments de  personnes  qui  avaient  fait  un 
usage  prolongé  des  eaux  de  Marien- 
bad,  la  quantité  de  protosulfure  de  fer 
fournie  par  100  parties  de  matières 
sèches  a  varié  entre  1 ,039  et  3, 1 63  (e) . 
A  la  suite  de  l'administration  du  ca- 
lomel,  les  fèces  présentent  une  couleur 
verte  très  remarquable,  et  la  cause  de 
ce  phénomène  a  été  attribuée  par 
quelques  auteurs  à  la  présence  de  sul- 
fure de  mercure  dans  ces  matières. 
Les  recherches  de  MM.  Hermann, 
Merklein,  llofle,  etc.,  prouvent  que 
dans  ce  cas  les  fèces  contiennent  du 
mercure,  et  que  le  sulfure  de  ce  métal 
mêlé   aux   matières  excrémentitielles 


{a) 'SloitiichoU,  Physiologie  des  Stoffwech'.cls,  p.  52:2. 
(6)  N'oyez  tome  VI,  page  492. 

(c)  Welii-ary,  MiUroskopische  und  chemische  Uiitcrsmliunij  Hier  Fceces  ijcsunder  crwachsenci' 
iHenschen  (dissert.  inaiig.)  Giessen,  1853. 

(d)  Kersleii.  Ueber  die  Ursache  der  grïmeii  Varbuiuj  dev  StiihkiiUeerunijcii  bei  deniGebrauchc 
der  Marieiibadcr  Mineraliuasser  (Walllier'.s  uiiJ  Ainiuurs  Journal  fiir  Cliir.,i.  III,  et  Heller's 
Archiv  fiir  physiol.  und  pathul.  Chernie,  1844,  1.  I,  y.  273). 

(e)  Lehmann,   Lelirbucli  der  idiyslologischoi  Cheinie,   t.   II,  p.  120  (Gùsclier's  Jaliresbericht 

t. m, p.  43). 


vil. 


10 


1/|6  DIGESTION. 

L'action  des  acides  du  chyme  sur  la  bile  détermine  aussi  la 
décomposition  du  tnurocliolatc  de  soude  et  des  autres  composés 
analogues  qui  se  trouvent  dans  ce  liquide.  Les  acides  résineux 
de  la  bile  sont  donc  mis  en  liberté  dans  l'intestin  grêle,  et 
comme  nous  le  verrons  bientôt,  ils  paraissent  être  en  partie 
résorbés  ;  mais  en  cheminant  dans  le  tube  digestif,  ces  princi- 
pes sont  j)romptement  modillés  dans  leur  composition  chimi- 
que (1),  et  ils  donnent  naissance  à  divers  produits  nouveaux  qui 
penvent  se  trouver  dans  les  fèces.  Ainsi,  dans  l'intestin  grêle 
on  trouve  de  l'acide  choléidique,  et  plus  loin  les  corps  qui  dé- 
rivent aussi  des  acides  biliaires,  et  qui  sont  connus  sous  les 
noms lV acide cholinique e[  cV acide  fel Unique;  mais  la  proportion 
de  ces  produits  diminue  dans  le  gros  intestin,  et  souvent  la 
taurine,  qui  résulte  du  dédoublement  de  l'acide  taurocholique, 
se  rencontre  dans  toute  la  longueur  de  l'intestin  et  se  retrouve 
aussi  dans  les  rcccs(!2).  Quelquefois  on  y  découvre  également 
la  dyslysine,  (pic  nous  avons  vu  précédemment  être  aussi  nn 
dérivé  des  acides  résineux  de  la  bile  (3).  Enlin,  on  trouve  aussi 


peut  y  faire  naître  une  teinte  verte  (a). 
Mais  la  coloration  (|ui  s'observe  dans 
les  circonstances  dont  je  viens  de  par- 
ler paraît  dépendre  au  moins  en  partie 
de  raugnienlalion  dans  la  (piantité  de 
bile  versée  dans  l'intestin  ;  car,  d'une 
part,  nous  avons  déjà  vu  que  la  sécré- 
tion de  ce  li(|uide  est  evcitée  par  l'ad- 
ininistration  du  caloniel  [l)),  et  d'autre 
part,  Simon  et  M.  Lebmann  ont  con- 
staté la   présence  insolite  des  princi- 


pales matières  biliaires  dans  des  déjec- 
tions de  ce  genre  {<■). 

(1)  Ainsi,  M.  l'ettenkofl'er  n'a  pu  en 
(lécon\rir  aucune  trace  dans  les  fèces 
normales  de  rilommc  (rf),  et  le  même 
résultat  négatif  a  été  obtenu  par  plu- 
sieurs autres  cbimistes. 

(•J)  M.  Frericbs  a  constaté  l'existence 
de  la  taurine  dans  les  matières  contc- 
mies  dans  le  .gros  intestin  {e). 

(3)  Voyez  tome  Vf,  page  A85. 


(«)  ttcrmann,  Ueralionibus  dosiiim  ealomelis  (dissert.  inau^.).  HafnisD,  1831). 
• —  Mcrklin,  Ucber  die  (jnincii  Slilhle  nach  dan  Ccbrauchc  des  Calomcls  in  Typhôsen  Ficher, 
(ilisscit.  inaug.)- Mi"i'cli,  iS4-2. 
{b}  Voyez  tome  VI,  pagL-  4"0. 

(c)  Simon,  Animal  Cliemistrii,  l.  I,  p.  380. 

—  Lclmiiiiiii,  Lehvbuch  dcv  plujnoluijischcn  Chcmie,  t.  II,  p.  110. 

(d)  PeltunkotTor,  Oj).  cit.  (Ann.  der  Ck/'uiic  tind  l'harm.,  t.  LU,  p.  'JO). 

[Cj  Frcriclis,  Die  Vcrdatiunij  (Wa.'noi's  llandwurterbndi  dcr  l'hysiologle,  t.  III,  p.  841). 


MATIÈRES    FÉCALES.  l/l7 

dans  les  fèces  des  matières  cristallisahles  qui  varient  un  peu 
dans  leur  nature  suivant  les  Animaux,  et  qui  paraissent  prove- 
nir de  la  même  source.  Telle  est  la  substance  qui  a  été  décou- 
verte dans  les  excréments  de  l'Homme,  par  M.  Marcel,  et  qui 
est  connue  sous  le  nom  à' excrétine  (1). 

Les  produits  fournis  par  la, décomposition  de  la  bile  parais- 
sent ne  pas  être  étrangers  au  développement  de  l'odeur  parti- 
culière des  matières  fécales.  C'est  dans  le  gros  intestin  que  le 
résidu  du  travail  digestif  commence  à  l'acquérir,  et  le  professeur 
Valentin  (de  Berne)  a  constaté  (jue  le  précipité  fourni  par  la 
bile  de  l'Homme  en  décomposition  répand,  quand  on  y  ajoute 
de  l'eau,  l'odeur  caractéristique  des  excréments  humains,  tandis 
que  le  môme  produit  obtenu  avec  de  la  bile  de  Bœuf  exhale 
l'odeur  propre  à  la  bouse  de  vache.  Ce  physiologiste  a  fait  re- 
marquer aussi  que  l'odeur  des  fèces  varie,  non  ]ias  seulement 
suivant  la  nature  des  aliments  dont  ils  proviennent  (2),  mais 
davantage  encore  suivant  l'espèce  de  l'Animal  qui  les  fournit  (o) . 
Enfin,  on  sait  aussi  que  dans  les  cas  où  la  bile  n'arrive  pas  dans 


(1)   Vexcrétine  est  une  substance  trouvé  clans  les  excréments  une  autre 

insoluble  dans  Teau,  mais  soluble  dans  matière    cristallisable   qui   ressemble 

l'alcool  bouillant  et  dans  l'éthcr,  qui  beaucoup  à  la  précédcnle/mais  en  dii- 

cristallise   très    bien,   et  qui  n'a   été  fère  sous  plusieurs  rapports  (o). 

trouvée  jusqu'ici  que  dans  les  excré-  (5)    Le  régime  exerce  une  grande 

ments  humains.   Elle  ne  se  combine  intlucnce  sur  l'odour  des  excréments  : 

ni  avec  les  acides,  ni  avec  les  bases.  ainsi,  chez  les  Carnassiers,  ces  matières 

Elle  contient  du  soufre,  et  M.  ^larcet  ont  en  général  une  odeur  fétide,  tan- 

croit  pouvoir  en  représenter  la  com-  dis  que  chez  les  Herbivores  il  en  est 

position  élémentaire  par  la   formule  souvent  autrement. 

Q78HT8S102.  Cet  auteur  pense  que  c'est  (3)    Ce    physiologiste    a  remarqué 

un  produit  de  la  décomposition  de  la  aussi  que  la  uîème  odeur  spécifique  se 

taurine.  développe,    quoique  beaucoup     plus 

Chez  divers  Mammifères,  principa-  faiblement,  dans  d'autres  humeurs  de 

lement  des  Carnivores,  IM.  ;\larcet  a  l'organisme  (6), 

[a)  iMai-ici,  Aii'.Account  o[  tlic  Onjaaic  Chemical  ConsUiuanls  or  liniiiedutle  Prinviples  u( Uie 
E.vcrciiieiitfi  of  Mua  and  Animais  {l'Inius.  Traits.,  liS54,  )i.  205,'. 

(b)  Valeulin,  Lehrbucli  dcr  Hhysioloijie  des  Menschoi,  1S47,  t.  1,  ji.  3(J'J. 


J/|8  DlGliSTlON. 

le  eimal  digestif,  les  matières  tecalcs  n'ont  pas  l'odeur  ordinaire, 
et  deviennent  d'une  letidité  putride.  ■Mais  la  bile  ne  saurait  être 
considérée  connne  étant  la  source  unique  des  principes  odo- 
rants des  lëces,  car  il  me  parait  induhitable  que  les  humeurs 
sécrétées  par  les  i^landules  (jui  avoisinent  l'anus  contribuent 
beaucouj)  à  leur  donner  ces  propriétés  particulières  d). 

La  cholestéi'ine  provenant  de  la  bile  peut  se  retrouver  dans 
les  matières  fécales,  mais  il  est  rare  de  la  rencontrer  dans  les 
excréments  de  l'Homme  (2). 

Il  existe  également  dans  les  fèces  du  nnicus  et  quebiues 
autres  matières  provenant  des  sucs  intestinaux  (3j  ;  mais  ces 


il)  L'odeur  peiiliciilit'iL'nK'iil  réliclf 
des  matières  fécales  dans  certaines 
maladies,  telles  que  la  fièvre  typlioïd(% 
paraît  dépendre  eu  partie  d'un  étal 
l)alliologique  des  glandules  de  la  lu- 
ni(|ue  muqueuse  de  l'inleslin. 

(2)  Ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit ,  la 
présence  de  la  cliolestérine  a  été  con- 
statée dans  les  excréments  des  enfants 
nouveau-nés. 

M.  Marcel  eu  a  lrou\é  aussi  dans 
les  excréments  d'un  Crocodile,  mais 
n'en  a  aperçu  aucune  trace  dans  ceux 
4'un  Boa  (a). 

(3)  Les  matières  grasses  contemies 
dans  les  fèces  peuvent  provenir  aussi  de 
la  bile  et  des  autres  humeurs  quisoni 
versées  dans  le  Inbe  digestif.  En  effet, 
l'intestin  grêle  contient  toujours  chez 
le  fo'tus  âgé  de  quatre  à  dm\  mois 
\mr  substance  jannàlre,  composite  de 


laurocholate  de  soude,  de  i)ignienl 
biliaire,  d'acide  margarique,  d'acide 
oléique,  de  graisse  saponifiable,  de 
chlorures  alcalins  et  de  débris  épithé- 
liques  (b).  In  ])eu  plus  tard  on  voit 
dans  le  gros  intestin  des  matières  sem- 
blables au  inéconiuiii  qui  est  évacué 
dans  les  premiers  temps  après  la  nais- 
sance. CeUe  dernière  matière  contient 
beauc(»u|)(le  graisse,  de  la  cliolestérine 
et  (les  acides  résineux  dérivés  de  la 
bile,  de  la  caséine,  etc.  (r).  W.  .1.  |)a\y 
j  a  trou\é  aussi  de  la  margarine  (</). 

M.  iMarceta  trouvé  du' margarale de 
chaux  et  du  margarate  de  magnésie 
dans  les  excréments  de  l'Homme,  et  il 
a  r(!marqu(;  (pie  le  régime  xégétal  tend 
à  augmenter  la  proportion  de  ces  sub- 
stances (e). 

Ce  chimiste  a  lrou\  é  dans  les  excré- 
ments de  rÉh'phanI  ime  matière  par- 


(o)  Marcel,  Oj).  cit.  {IVdtûs.  Trans.,  1854,  \<.  27S  el  suiv.). 

(b)  Lelmianu,  lelirbucti  tlcr  plin.slolonisrlwn  Clicmic,  t.  II,  y.   l\ù. 

(c)  Simon,  Aniinal  Cliemislnj,  I.  Il,  p.  ;!il7. 

i(i)  J.  Davy,  On   fhc  Composition  uf  tlic  Mauiiiuin  {Medico-CItiruiy.  Tniiis.,   ISi4,  I.  X.WIi, 

1..J89). 
'le)  iMiivcct,   Un  H'C  taiincdialc  l'rtnniilcs  y/    Jlain.in    t^xcrcincnls    il'lttlos.    l'rans.,   1857, 

p.  iON). 


MATIKRKS    FKCALES,  1/|0 

déjecliolis  sont  lormées,  f)Oiir  la  plus  grande  partio,  |)ar  dos 
siihstaiiees  alimontaires  qui  ont  échappe  à  la  dii^estion  et  qui 
n'ont  pu  être  absorbées. 

Ainsi,  on  trouve  ordinairement  dans  les  fèces,  soit  de  l'acide 
inargariiiue,  soit  d'autres  corps  gras  qui  proviennent  principa- 
lement de  celle  source  (1),  et  la  proportion  de  ces  matières  varie 
suivant  le  régime  aussi  bien  que  suivant  la  nature  des  Animaux. 
En  effet,  l'examen  comparatif  des  quantités  de  principes  gras 
contenus  dans  les  aliments  et  évacués  avec  les  excréments  a 
l'ait  voir  qu'en  général,  la  faculté  de  digérer  et  d'absorber  les 
graisses  a  des  limites  très  étroites,  que  la  graisse  en  excès  est 
expulsée  par  l'anus,  et  que  la  quantité  dont  l'organisme  s'em- 
pare varie  suivant  les  espèces.  On  doit  à  M.  Boussingault  <les 
expériences  très  intéressantes  sur  co  sujet,  et  les  résultats  oI)te- 
niis  pai' <'e  savant,  en  opérant  sur  des  Oiseaux,  sont  d'accord 
avec  CQ\]\  auxquels  MM.  Uidder  etS(dimidt  sont  arrivi'S  par  des 


liculière  qui  a  heaiicoiip  de  ressem- 
blance avec  l'acide  niargariqiie,  mais 
qui  en  diffère  à  certains  égards. 

Il  est  aussi  à  noter  que  M.  Marcet 
a  trouvé  de  l'acide  l)ntyri([ue  dans 
les  excréments  de  divers  Carnassiers, 
mais  n'en  a  jamais  rencontré  dans 
ceux  des  lierlîivores  (a). 

Dans  quelques  états  palliologiques, 
le  dial)ète  par  exemple,  la  proportion 
des  matières  grasses  contenues  dans 
les  fèces  est  souvent  très  considé>- 
rable  {b). 

(1)  M.  Boussingault  a  déterminé  la 
quantité  de  matières  grasses  (pie  divers 
aliments  dont  il    faisait    usage   pour 


gaver  des  Canards  cétiaicnt  à  Torga- 
nisme  dans  un  temps  donné,  et  il  a 
trouvé  que,  lorsque  ces  substances 
étaient  susceptibles  de  foiu'nir  ainsi 
plus  de  <S  décigi-ammi^s  de  graisse  par 
lieure,  l'excédant  n'était  pas  ai)sorbé 
et  se  retrou\ait  dans  les  déjections. 
Ainsi  les  aliments  très  riches  en  graisse, 
tels  que  le  cacao  et  le  lard,  n'en  per- 
daient pas  plus  que  ceux  où  ces  ma- 
tières se  trouvaient  dans  la  faible  pro- 
portion indiquée  ci-dessus  (r).  Nous 
aurons  à  revenir  sur  ces  faits  quand 
nous  étudierons  les  rapports  qui  exis- 
tent entre  l'absorption  digestive  et  la 
combustion  respiratoire. 


{n]  Marcel,  Op.  cit.  {Philos.  Trans..  1S54,  p.  282). 

(b)  Simon,  Uebcr  den  llarn  und  die  Excremente  Diabetischer  {BeUrcige  '<ur  Chenue  und 
.Vi/iTOsfopie,  4844,1.  1,  p.  418). 

—  Heinricli,  Hhkroscopische  vnd  cliemische  BeHràge  (Haser's  Archiv,  I.  VI,  p.  306). 

{c)  Boussin^'ault,  Expériences  statiques  siir  la  diye.ttion  {.\nn.  de  chimie  et  de  phijsiqne,  18  'H'«, 
I.  XVIII,  p.  444). 


150  DIGESTION. 

recherches  faites  sur  des  Chats  (1).  Du  reste,  on  voit,  par  les 
expériences  de  M.  Berthé  qu'il  existe  de  grandes  différences 
dans  le  degré  de  digestibilité  des  diverses  matières  grasses. 
Ainsi  les  unes  traversent  l'intestin  de  l'Hominc  sans  éprouver 
des  pertes  notables,  tandis  que  d'autres  peuvent  y  être  absor- 
bées en  quantité  assez  grande  (2).  La  viande  et  les  autres 
matières  alimentaires  dont  les  Carnassiers  se  nourrissent  d'or- 
dinaire sont  en  général  utilisées  d'une  manière  assez  com- 
plète dans  l'intestin  de  ces  Animaux.  Ceux-ci  peuvent  même 
digérer  des  substances  très  dures,  tels  que  des  os,  et  en 
extraire  la  presque  totalité  des  principes  azotés.  Ainsi,  les 
déjections  d'un  Chien  nourri  d'os  ne  se  composent  guère 
que  de  matières  calcaires  (3).  Chez  les  Serpents,  la  digestion 


(1)  :MAI.  Eidder  et  Schmidi  ont  re- 
connu aussi  qu'une  quantité  considé- 
rable de  la  graisse  ingérée  dans  l'es- 
tomac est  dédoublée  dans  l'intestin,  et 
expulsée  au  dehors  sous  la  forme 
d'un  savon  insoluble  à  base  de  chaux 
et  de  magnésie  [a). 

(2)  Pour  étudier  comparativement 
la  digcstil)ilité  des  différentes  matières 
grasses,  M.  lîerthé  a  fait  sur  un 
Homme  bien  porlani  une  longue  série 
d'expériences,  dans  losqucllcs  ciiacune 
de  ces  substances  fut  adminisirée 
successivemcnl  à  la  dose  de  30  à 
GO  grammes  par  jour,  et  la  quantité 
de  corps  gras  contenus  dans  les  dé- 
jections alvines  fut  déterminée  avec 
soin.  Ce  pliysiologisle  trouva  ainsi 
qu'au  bout  di'  douze  jours,  terme 
moyen,  la  presque  totalité  de  l'huile 
d'olive,  de  l'huile  d'amande  ou  (riniile 
d'a-illetlc  ingérée  dans  l'estomac  avec 


les  aliments  ordinaires,  se  retrouve 
dans  les  matières  fécales  ;  que  le 
beurre,  l'huile  de  lîaleine  et  l'huile  de 
Alorue  décolorée,  ne  sont  évacuées 
en  presque  totalité  qu'après  avoir  été 
employées  de  la  sorte  pendant  un 
mois  ;  enfin  que  l'huile  de  foie  de 
"Morue  brune  peut  être  digérée  presque 
entièrement  à  la  même  dose  pendant 
plus  d'un  mois,  car  l'administration 
de  cette  sui)slaiii'e  à  la  dose  indicpiée 
ci-dessus  a  été  coiuinuéc  pendant  ce  laps 
de  temps  sans  qu'il  en  soit  résulté 
aucune  augmentation  appréciable  dans 
la  proportion  des  corps  gras  contenus 
dans  les  fèces  {h). 

(3)  La  substance  blanche  et  friable 
que  les  anciens  médecins  employaient 
connue  médicament,  sous  le  nom 
d'album  grœcuvt,  n'est  autre  chose  que 
la  matièn»  e\cn'nienlilielle  rejiduepar 
des  Chiens  nourris  d'os  cl   privés  de 


(a)  lîidJer  ei  Sclimidt,  Die  Verdauungssdfte  und  stoffweclisel,  p.  300. 

{b)  Dcitlié,  De  la  faculté  assinulative  des  différents  corps  gras  {Comptes  reiulus  de  l'Acad.  des 
srApices,  1850,  I.  XLII,  p.  890). 


MATIÈRES    FÉCALES.  151 

est  encore  plus  complète,  car  ces  Reptiles,  après  avoir  avalé 
un  Animal  entier,  n'en  rejettent  presque  rien  par  l'anus,  et 
leurs  excréments  sont  formés  presque  uniquement  des  produits 
de  la  sécrétion  urinaire  qui  arrivent  dans  le  cloaque ,  comme 
nous  le  verrons  bientôt.  Les  Herbivores,  au  contraire,  ne  digè- 
rent que  très  imparlaitement  les  matières  animales,  môme 
la  chair  musculaire  très  tendre,  et  quand  ils  en  avalent,  ils 
l'évacuent  en  général  sans  y  avoir  tait  subir  aucune  modifi- 
cation notable.  Ces  différences  dans  les  résultats  du  travail  di- 
gestif dépendent  en  partie  de  la  puissance  inégale  du  suc  gas- 
trique, mais  tiennent  davantage  encore  à  la  durée  du  séjour  des 
aliments  dans  l'estomac  où  ces  substances  sont  plus  particuliè- 
rement soumises  à  l'action  dissolvante  du  suc  propre  à  attaquer 
les  principes  albuminoïdes.  Ainsi,  dans  les  circonstances  ordi- 
naires, la  viande  qui  serait  mangée  par  un  Cheval  ne  serait  pas 
digérée  par  cet  animal,  et  se  retrouverait  presque  intacte  dans 
les  déjections  alvines;  mais  si,  par  l'effet  de  quekfue  circon- 
stance particulière,  un  corps  de  cette  nature,  au  lieu  de  franchir 
rapidement  le  pylore,  se  trouve  retenu  dans  l'estomac,  il  s'y 
dissout  presque  aussi  bien  que  dans  le  canal  digestif  d'un 
carnassier  (1),  Il  est  aussi  à  noter  que  beaucoup  d'Animaux 


boisson.  M.  Blondlot  a  examina  cliimi- 
qucmcnt  des  fèces  rendues  par  un  de 
ces  Animaux  qui,  pendant  quatre  jours, 
avait  été  nourri  avec  des  os  spongieux 
grossièrement  concassés,  et  il  a  trouvé 
que  la  totalité  des  matières  organiques 
en  avait  disparu  par  le  fait  de  la 
digestion.  Dans  une  autre  expérience, 
ce  physiologiste  a  fait  manger  à  un 
Chien  un  mélange  de  viande  hachée 
et   d'albumine   liquide  ;    il   examina 


ensuite  les  excréments  de  cet  Ani- 
mal, et  ne  put  y  découvrir  aucune 
trace,  ni  de  fibrine,  ni  d'albumine  (a). 
M.  Vohl  a  trouvé  dans  les  fèces  du 
Chien  l/i  centièmes  de  matière  organi- 
que, ^3  de  chaux,  3^,^  d'acide  phos- 
phorique,  et  7,i  d'acide  carbonique 
avec  de  petites  quantités  de  magné- 
sie, etc.   [b). 

(1)  M.  Colin  a  fait  sur  ce  sujet  quel- 
ques expériences  intéressantes.  Il  a  con- 


{a)  Blondlot,  Traité  analytique  de  la  digestion,  p.  441. 

(6)  Volil,   Analyst  des  album  grœcum  [Annalen    der  Chemie  vnd  Pharm. ,  iSiS,  l.  LW, 
p.  200 


152  DIGRSTION. 

[)liyloj»linges  peuvent  èlce  nom  ris  :ivee  de  hi  eliuii'  :  l;i  Vache  et 
le  Lapin,  par  exemple  (1). 

Les  végétaux  laissent  presque  toujours  un  résidu  beaucoup 
plus  considérable,  car  la  cellulose  qui  constitue  la  partie  princi- 
pale des  fibres  et  des  autres  tissus  des  plantes  est  inattaquable 
par  les  sucs  digestifs  de  la  plupart  des  Animaux  {^)  ;  on  en  re- 


stât*^ (Vabord  que  nilo  sang,  ni  la  chair 
divisée  en  petits  morceaux,  ne  se  di- 
gèrent dans  l'estomac  du   Cheval,    et 
que  ces  substances  se  retrouvent  dans 
les  fèces  sans  avoir  subi  aucune  perte 
notable.   Il  a  reconnu  aussi  que  leur 
séjour  est  très  court,  soit  dans  l'esto- 
mac, soit  dans  l'intestin.  Ainsi  la  chair, 
une  demi-heure  après  son  ingestion 
dans  l'estomac,   commence  à   passer 
dans  le  duodénum.   Pour  retenir  des 
aliments  de  ce  genre  dans   la    cavité 
stomacale,  pendant  le  temps  qui  est 
d'ordinaire  nécessaire  pour  leur  disso- 
lution dans  du  suc  gastrique,  .\1.  Colin 
eut  recours  à  une  circonstance  parti- 
culière qu'il   avait  observée  chez  les 
Grenouilles.    Ayant  vu  que  ces  Ani- 
maux,  introduits  dans  la  panse  des 
rauninants,  y  meiuent  très  vile  avec 
les  pattes  étendues  comme  ils  le  font 
quand  on  les  fait  périr  ilans  de  l'eau 
chaude,  il  fil  avaler  à  des  Chevaux  im 
certain  nombre  de  Grenouilles  vivantes 
([ui,  dans  cet  état,  arrivaient  facilement 
dans  l'estomac,  mais  qui,  en  raison  de 
l'écartenient  de  leurs  menibres  après  la 
mort,  devaioMi  |)n)l)abk'menl  ne  fran- 
chir que  diQicilemtnl  le  p\lore.  il  ou- 


vrit le  canal  alimentaire  de  ces  Chevaux 
quelques  heures  après,  et  il  trouva  que 
les  parties  molles  des  Grenouilles  ainsi 
retenues  dans  l'estomac,  étaient  digé- 
rées en  partie  ou  complètement,  sui- 
vant la  durée  de  l'expérience.  M.  Colin 
obtint  des  résultats  semblables  en  fai- 
sant avaler  à  ses  Chevaux  des  Aloules 
vivantes  qui,  en  mourant  dans  l'esto- 
mac de  ces  Animaux,  laissaient  les 
valves  de  leur  coquille  s'écartei',  et 
opposaient  ainsi  un  obstacle  mécanique 
à  leur  passage  dans  l'intestin  (a). 

(i)  En  Islande  et  dans  d'autres  pays 
septentrionaux,  où  les  fourrages  man- 
quent pendant  l'hiver,  on  a  l'habitude 
de  nourrir  le  bétail  pendant  cette 
partie  de  l'année  avec  du  Poisson 
séché  (b),  et  l'on  a  constaté  aussi  que 
de  la  viande  peut  être  digérée  dans 
la  panse  de  ces  Animaux  (c).  On  a 
remarqué  aussi  que  la  Marmotte  en 
captivité  mange  volontiers  de  la  viande, 
il  en  est  de  même  pour  le  Lapin  (t/). 

(2)  On  ne  possède  que  peu  d'expé- 
riences relatives  à  la  proportion  des 
matières  alimentaires  qui  échappoul 
à  l'action  digestive.  M.  Boussingault 
a  trouvé  que  ciiez  un  Cheval  nourri 


{a)  Colin,  Traité  de  phjisiologie  rnmvniH'e  des  An^man.v  domL'sliiim's,  t.  I,  p.  593  et  siiiv. 
(()i  PioliorI,  Vofiauf  en    hlnnde  ei  an  Crorniand  svr   In  corveltc   h  Rcclierclic  (Zool.  d  Méil, 
p.  154. 

(c)  Colin,  TraiW  df  pliijsiûlon'tt'  coxijiavéf  des  Animaux  domestiques,  t.  1,  p.  C05  et  suiv. 

(d)  Mniilon-Fnnlfnillc,  Uhservntiois  ftnr  la  Marmotte,  In-8,  Paris,  1808. 


MVTIKPiT.S    FKCALES.  1  5ô 

Irouve  donc  les  di-bris  (]mis  les  matières  l'écales  (1/.  Quelques 
expériences  lendenl  à  montrer  que  cette  inaptitude  à  utiliser  les 
substances  ligneuses  n'est  pas  générale,  et  que  les  Ruminants 
peuvent  même  en  digérer  une  quantité  considérable  ('2).  Il  est 
probable  aussi  (jue  certains  Rongeurs  qui  se  nourrissent  essen- 
tiellement d'écorces  o»i  de  racines  ligneuses,   le  C.astor  par 


avec   l'''',50   de   loin  et  2''", 27  dV 
voine  par  jour,  le  poids  des  déjeclions 
représeulail  environ  39  pour  100  des 
aliments  employés  ;  tandis  que  chez 
une  Vache  dont  la  ration  se  composait 
(le   15   kilogrammes   de    pommes  de 
terre   avec   7'''",50  de  regain  ,   cette 
proportion   n'était   que   de    2'2   pour 
100,   et  que  chez  un  Cochon  nourri 
de  pommes  de  terre  cuites ,  elle  s'est 
trouvée  ré(hiile  à  L\  pour  100.  Chez 
un  Mouton  nourri  avec  du  foin,  les 
déjections  représentaient  65  centièmes 
du  poids  des  aliments  consommés  (a). 
AI.  Wehsarg  a  trouvé  que  dans  les 
l'èces  de  l'Homme  il  y  a  en  moyenne 
environ  8  pour  100  de  matières  orga- 
niques non  digérées  (6). 

(1)  Ainsi  M.  Ravvitz,  en  étudiant  au 
microscope  les  matières  fécales  de 
r Homme,  y  a  souvent  trouvé  en  grande 
abondance  des  tissus  végétaux  non 
altérés.  Les  trachées  et  les  autres  vais- 
seaux des  plantes  paraissent  résister 
fortement  à  l'action  des  sucs  digestifs, 
et  en  général  la  chlorophylle  traverse 
l'intestin  sans  avoir  subi  d'altération 
notable.  Souvent  les  grains  de  fécule 


se  retrouvent  aussi  (mi  partie  dans  les 
fèces  (c). 

(2j  lue  série  d'expériences  faites 
récemment  par  un  agronome  allemand, 
M.  Hauher,  tendent  à  établir  que  les 
lUiniiiiants  peu\ent  digérer  de  30  à  /lO 
poxir  100  des  matières  végétales  li- 
breuses  contenues  dans  leurs  aliments: 
mais  que  ni  le  Cheval,  ni  le  Cochon 
ne  peuvent  utiliser  ia  cellulose  {(1). 

Du  reste,  la  prop(»rliou  des  matières 
végétales  qiii  échappent  à  la  digeslioii 
est  toujours  très  considérable.  Ainsi 
les  excréments  des  hèles  bovines,  ana- 
lysées par  Einhof  et  'i'haer,  ont  fourni 
719  millièmes  d'eau  et  155  de  tissus 
végétaux  (o),  et  des  expériences  ana- 
logues faites  par  Morin  donnèrent  les 
résultats  suivants  pour  1000  parties: 

Ean '00 

Fibres  végétales 2il 

IV'sine  verle  et  aciJes  gras  .   .  1.") 

Matière  liiliaire ''' 

Matière  oxiraclive  (laiMiciilièro 

(dite  biibulinei H' 

Albiioiine ^ 

lîèsine  biliaire t8 

l'errol     a    troiiv('"    dans    la     bouse 


(o)  Boiissinsaull,  Économie  rurale,  2°  édit.,  t.  I,  p.  691. 

(b)  Websarg,  Mikroskopische  und  chemische  Untersuchungen  der  Fœces  <jemnder  erwachsnier 
Menschen.  Giessen,  1853. 

(c)  Rawitz,  Ueber  die  einfachen  Nahriingsmittel.  Breslaw,  1840. 

(rf)  Haiiber,  AnUUrher  Berkht  ûber  dieid.  Versammlung  deutscher  Lnnd-inid  Forslirirlhe  -n 

Coburg.  vum  1857. 

(e)  Thaer  und  Einhof,   IJebev  die  llnrnVwheœcremente  (GehlcM's  Nenes  aUgmemes  Jaiirnnl  der 

Chemie,  1804,  t.  111,  p.  270). 


15/|  DIGESTION. 

exemple,  ont  la  faciillé  de  transformer  la  colhilose  en  une  ma- 
tière soliible  et  absorbable;  mais  nous  ne  savons  rien  au  sujet 
des  agents  chimiques  qui  opéreraient  ces  transformations,  et, 
dans  la  grande  majorité  des  cas,  les  tissus  végétaux  traversent 
le  tube  alimentaire  sans  abandonner  autre  chose  que  les 
matières  solublcs  dont  ils  étaient  chargés,  ou  la  fécule  et  la 
pectose  accumulées  dans  leur  intérieur. 

La  digestibilité  des  aliments  végétaux,  tels  (jue  les  fruits,  les 
graines  ou  les  légumes,  dépend  donc  en  grande  partie  des  ob- 
stacles plus  ou  moins  grands  que  les  parois  des  cellules  et  des 
vaisseaux,  composés  de  cellulose,  peuvent  opposer  à  l'action 
des  sucs  intestinaux  sur  la  fécule  et  les  autres  matières  solublcs 
ou  attaquables  qui  sont  renfermées  dans  les  cavités  de  ces 
organites  (1). 

Parmi  les  substances  alimentaires  qui  résistent  souvent  aux 
forces  digcstives,  je  citerai  les  graines.  Quand  ces  corps  n'ont 
pas  été  concassés  et  qu'ils  ne  séjournent  pas  assez  longtemps 
dans  l'estomac  pour  se  gonfler  et  rompre  leurs  téguments 
avant  d'arriver  dans  l'intestin,  ils  résistent  en  général  à  faction 
dissolvante  des  li({uides  digestifs,  et  peuvent  être  rejetés  par 


(le   Vaclio    269   millièmes   de  fibres      fourni  à  ce  chimiste  h  peu  près  les 
végétales  et  28  millièmes  de  chloro-      mêmes  résultats  {a). 
])liylie.  (1)  Ainsi  M.  iîoussingaull  a  trouvé 

Ziori  a  trouvé  dans  les  excréments       qu'ime  Vache  qui  mangeait  j)ar  jour 
(lu  Cheval  :  15''", 75  de   regain  fournissait  5'^'', 2 

d'excréments  supposés  secs;  taudis  que 


Ami{loii  vert 03 

riciomel  ot  sels 20 

Maliùrc   liiliairo,    cic 17 


Eau C90  le  même  Animal,  recevant  pour  ration 

r.ôsidii  d'aiimcnis 202  OB'**', 5  de  pomuics  de  terre,  n'éva- 

cuait que  o  kilogr.  de  fèces  supposées 
sèches.  Enfin  quand  la  Vache  avait 
pour  ration  71'''',2  de  betterave,  ses 
excréments,  évalués  de  la  môme  ma- 
Les    excréments    du    Mouton    ont      nière,  n'étaient  plus  que  de  l''",22  (6). 


(a)  Voyez  Bunlach,  Traité  de  physiologie,  t.  IX,  p.  339. 
(6)  Tîoussingault,  Économie  rurale,  2'  édit.,  1. 1,  p.  084. 


MATIÈRES    FÉCALES.  155 

l'anus  sans  avoir  été  attaqués,  et  même  sans  avoir  perdu  leur 
faculté  germinative.  Souvent  on  les  retrouve  aussi  dans  les  ex- 
créments de  divers  Animaux,  et  cette  circonstance  est  une 
des  causes  de  la  dissémination  des  plantes  à  la  surface  du  globe, 
car  les  Oiseaux  peuvent  transporter  ainsi  des  semences  viables 
à  de  grandes  distances,  et  en  les  laissant  tomber  sur  le  sol,  y 
dévelo[)per  une  végétation  nouvelle  (1). 

Les  matières  salines  qui  sont  contenues  dans  les  déjections 
alvincs  y  donnent  presque  toujours  des  caractères  d'alcali- 
nité (2)j  et  consistent  principalement  en  phosphate  ammoniaco- 
magnésien  (3)  et  en  phosphate  de  chaux  mêlés  à  un  peu  de 
chlorure  de  sodium  et  de  sulfates  à  base  alcaline  (/i).  Les 

(1)  Voyez  A.  De  Candolle,  Géogra-  eau,  733  ;  matières  solides,  267,  dont 
plue  botanique,  t.  II,  p,  618  (1855).  V2  de  principes  salins  ;  savoir  :  carbo- 

(2)  Les  excréments  de  l'Homme  sont  nate  de  sonde,  3,5;  chlorure  de 
en  général  neutres  ou  alcalins  (rt);  mais  sodium,  ^,0  ;  sulfale  de  soude,  2,0; 
dans  quelques  cas  ils  sont  acides  (6).  phosphate    de    magnésie,    2,0,    et 

(3)  AI.  AVehsarg  a  toujours  trouvé  phosphate  de  chaux,  i,0  (e). 

des  cristaux  de  phosphate  ammoniaco-  M.  Enderlin  a  trouvé  dans  les  cendres 

magnésien    dans  les  excréments   de  des  excréments  de  l'Homme  :  chlorure 

rilommc,  quand  ces  matières  étaient  de  sodium,  phosphate  de  soude  et  au- 

alcalines  ou  neutres  (c).  très  sels  solubles,  /i  pour  100  ;  sels  in- 

iU)  La  quantité  de  matières  inorga-  solubles,  96,932  ;  savoir  :  phosphate  de 

niques  que  l'on  obtient  par  l'incinéra-  chaux  et  de  magnésie,  80,372  ;  phos- 

tion  des  excréments  est  très  variable.  phate  de  fer,  2,090;  sulfate  de  chaux, 

Dans  les  analyses  faites  par  M.  Porter,  6,530  ;  silice,  7,9/i0  (/"). 

les  fèces  de  l'Homme  ont  fourni,  terme  La  proportion  des  sels  solul)les  con- 

moyen,  6,69  de  substances  minérales  tenus  dans  les  C(MKlrcs  des  excréments 

pour  100  de  matières  sèches  (</).  Une  humains  s'est  élevée  à  30,58  pour  100 

analyse  faite  plus  anciennement  par  dans  une  analyse  faite  par  M.   Fleit- 

Berzelius  donna  pour  1000  parties  :  mann,  et  à  31,58  pour  100  dans  une 

{a)  John,  TabJean.r  chimiques  du  Règne  animal,  p.  1  3. 
—  Scluilliî,  De  aliment,  concoctione,  p.  22. 

(b)  Hallcr,  Elementa  physiologiœ,  t.  VII,  p.  54. 

—  Vaiiiiuelin,  voyez  Fourcroy,  Système  des  connaissances  chimiques,  i.  X,  p.  70. 

(c)  Welisai-îf,  Mikrosk.  und  ehem.  Untersuch.  dev  Fœces.  Gicssen,  1853. 

{d)  Porlor,' Untersuchiing  der  Asche  menschlicher  Exc)'emente{Ann.  dev  Chemie  und  Phann., 
l.  LXXI,  p.  109). 

(e)  Bcrzelius,  Traité  de  chimie,  t.  VII,  p.  273. 

(f)  Enderlin,  Physiologisch-chemische  Untersuchungen  {Ann.  der  Chemie  imd  Pharm.,  1844, 
t.  XLIX,p.  338). 


150  niGKSTION, 

|)i'oi)Oiiioiis  rolativos  do  niagiK'sie  cl  de  chaux  ne  sont  pas  les 
itirinos  que  dans  les  substances  alimentaires;  et  d'après  ce  fait, 
il  y  a  lieu  de  croin^  que  les  sels  calcaires  sont  absorbés  plus 
facilement  par  les  parois  de  l'intestin  que  ne  le  sont  les  sels 
magnésiens  (1).  Quant  à  l'ammoniaipie  (pii  se  trouve  associée 
à  cette  dernière  base,  elle  vient  probablement  de  la  décompo- 
sition putride  de  la  bile  et  d'une  petite  (|uanlilé  de  matières 
albuminoïdes  dans  le  gros  intestin  (2). 


expérience  de  iM.  Porter  (a).  M.  Lch- 
mann,  en  analysant  les  cendres  d'ex- 
crénionts  normaux,  n'a  tronv(>  que 
123,067  pour  lOO(/>). 

l^a  qnantiléd'acide  phosphorlque  qui 
se  trouvait  en  combinaison  avec  des 
l)ases  terreuses  ou  alcalines  dans  les 
cendres  des  excrémonls  humains  ana- 
lysés par  M.  l'ieilmann,  était  de 
30,03  pour  ÎOO  ;  mais  dans  une  ana- 
lyse faite  par  M.  l'orter,  celle  propor- 
tion s'est  élevée  à  36,03  pour  100. 
Dans  quelques  cas  patliolo^iqiics,  la 
quanlilé  de  phosphate  ammoniaco- 
magnésien  qui  se  trouve  à  l'état  de 
cristaux  dans  les  excréments  est  beau- 
coup plus  considérable;  dans  le  typhus 
et  le  choléra,  i)ar  exemple  {<■). 

lia  quantité  d'acide  suU'urique  ohlc- 
mie  par  le  premier  de  ces  chimistes 
était  seulement  de  1,13  pour  100,  mais 
le  second  en  a  trouvé  dans  la  ])ropor- 
lion  de  3,13  pour  100,  et  ces  deux 
auh'urs  ont   remarqué   (pie  cet    acide 


était  uni  avec  beaucoup  plus  de  poiasse 
que  de  soude. 

La  proportion  de  chlorure  de  so- 
dium varie  de  J,5  à  !i,U  pour  100,  et 
Ton  trouve  toujours  un  peu  de  carbo- 
nate. Mais  il  est  probable  que  ce  sel 
provient  de  la  décomposition  du  mar- 
Harate  de  chaux  et  de  ma^iK-sie  dont 
l'existence  dans  les  excréments  hu- 
mains a  été  constatée  par  AI.  Marcct  ((/). 

Les  cendres  des  excréments  ck  la  A  ;v- 
chc,  du  Mouton  et  du  Cheval  ont  été  ana- 
UséesparM.  Hotït'rs.et  ont  donné  à  peu 
j)rès  les  nu-mes  résultats  que  pour  les 
lèces  humaines,  si  ce  n'est  qu'elles  con- 
tenaient plus  de  silice,  et  à  peine  quel- 
(pies  traces  de  carbonates  alcalins  (e). 

(1)  Cette  particularité  a  été  sii^nalée 
par  iierzelius.  et  dans  les  analyses  fai- 
tes par  M.  Fleitmann  et  par  .M.  l'orler, 
le  rapport  entre  la  maijnésie  et  la 
chaux  était  comme  1  à  'J  ou  2  1/2. 

('2)  M.  (iorup-lVsanez  a  d'ailleurs 
constaté  direcleuient  que  le  phos|)hale 


(a)  Flcilmaiin,  Intersuchunii  der  unonjdiilsvhciL  lU'slandtheik  in  den  fesicn  inid /liissigm 
Excremenlen  des  Menschen  (l'ofrjruiulorff's  Annalen,  ISi'.i,  I.  LXXVI,  p.  'J'i(>). 

(6)  \.vhu\imn,  Lelirtniili  der  ph!isiolo(niiclien  Cheutic,  t.  II,  p.  H7. 

((•)  Sclici»nleini,  l'ebev  Crusialle  un  Ikirmcannl  hci  rypiiiis  al  iloiniiialis  (Miiller's  Archiv  fur  Anal, 
nnd  PlijisioL,  1«3«,  p.  250,  pi.  H). 

(rf)  Marcel,  On  the  Immédiate  l'rinciples  of  llnman  K.rcrewents  in  Ihe  lleahhij  State  {Philns. 
Trans.,  4  857,  p.  403). 

(e)  Rogers,  Uebev  die  Ziisammensetz-ung  dcr  Axche  vnn  feslm  Thierexcremenlen  {Ann.  drr 
Chemieund  ritnnn.,  1848,  l.  I.XV,  p.  Sr.i. 


MATIÈr^KS    FÉCALLS.  157 

^  10.  —  L'c.\ainciichimi(jiie  des  cvacualioiis  alviiies  iiioiilrc 
aussi  que  daus  lescircoustaucesordiuairos  lapicsnue  totalité  des 
liquides  et  des  uiatièressolubles  ou  digestibles  qui  arrivent  daus 
la  cavité  digestive  [3ar  la  bouclie,  ou  qui  y  sont  venus  par  les 
organes  sécréteurs  circonvoisins,  est  absorbée.  En  el'Iel,  la 
(|uantité  d'eau  expulsée  de  l'organisme  avec  le  résidu  du  travail 
digestii'est  insignifiante,  et  les  fèces  ne  contiennent  que  fort  peu 
de  substances  solubles.  Or,  nous  avons  vu  dans  une  précédente 
Leœn  que  la  quantité  de  suc])ancréatique,  de  salive,  de  sucgas- 
trique  et  de  bile,  qui  arrive  journellement  dans  l'estomac  ou 
dans  l'intestin,  est  très  considérable.  11  iaui  donc  que  la  majeure 
[uu'tie  de  ces  liquides  soit  résorbée  et  rentre  dans  le  torrent  de 
la  circulation. 

La  comparaison  de  la  (piantité  de  matières  organiques  conte- 
nues dans  la  bile  qui  arrive  dans  le  duodénum,  et  des  matières 
excrémenlitielles  qui  en  sortent,  tend  à  prouver  également 
(pi'unc  partie  considérable  de  ces  produits  n'est  pas  rejetée  au 
deliors,  mais  retourne  dans  la  profondeur  de  l'organisme  ri). 


Conipaiai^iii 

lies  sécnjtioiis 

(Jigcslivcs 

et  (les 

uxci'émciits^. 


aiiiinoniaco  -  masiK'sieii  e^l  iiii  des 
prodiiils  &•  la  dOcoinpositioii  putride 
de  la  h'ûc. 

]]  est  aussi  à  noter  (pie  le  mclaui;e 
de  la  ])ilc  avec  du  iiiucus  iciul  très 
prompt  le  (lé\eloppeiiicnt  de  produits 
anuiioniacaux  dans  ce  liquide  {a). 

(1)  iM.  Liobig  a  nus  ce  fait  en  évi- 
dence par  la  comparaison  de  la  qûan- 
lilc  présumée  de  bile  qui  est  sécrétée 
journellement  par  les  Chevaux,  et  la 
quantité  de  matières  attribuables  à  ce 
licjuide  qui  se  trouvent  dans  les  excré- 
ments de  ces  Animaux.  Les  bases  de 
ce  calcul  sont  loin  d'avoir  tout  le  de- 
gré de  précision   désirable,   mais   les 


didérences  ((ui  en  ressorteni  soiil  si 
grandes,  ([u'on  ne  saurait  les  attribuer 
à  des  erreurs  dans  les  estimations. 
\insi  M.  Liebig  admet  que  le  Cheval 
sécrète  par  jour  8  kilogr.  et  demi  de 
bile  (ce  qui  est  beaucoup  trop),  que  les 
excréments  rendus  par  l'Animal  dfms 
le  même  espace  de  temps  pèsent  en 
moyenne,  l/i  kilogr.  et  demi,  et  con- 
liennenl,  ainsi  que  Ta  constaté  ^1.  Bous- 
singault,  3k'i,75  de  matières  solides. 
Or,  la  bile  du  Cheval  renferme  10  p.  100 
de  matières  solides,  et  ses  excréments 
ne  cèdent  à  l'alcool  que  1/7(3  de  leur 
poids  de  matières  attribuables  à  ce 
liquide.  D'après  les  données  adoptées 


(nj  [s.un\[>,  On  iltc  l'uncUous  uf  Lhe  Bile  {Loudua  )Icd.  Oui.,  IBÔt,  l.  L\ ,  p.  77j. 


158 


DIGESTION. 


Résorption        Pj„.  rinteFiiiédiairc  des  glandes  de  l'appareil  diocstif  el  des 

des  matières  ^  i  i  <-' 

biliaires,  etc.  orgaiies  absorbants,  il  se  fait  donc  une  sorte  de  circulation  de 
liquides  qui  sortent  du  système  vasculaire  à  l'état  de  bile,  de 
suc  pancréatique,  etc.,  t)0ur  aller  baigner  les  aliments  et  se 
charger  des  [)rincipes  solubles  que  ces  substances  peuvent  leur 
abandonner,  et  qui  retournent  ensuite  dans  le  sang,  par  suite  de 
leur  résorption  (1). 

Je  me  garderai  bien  de  donner  un  caractère  de  précision  aux 
évaluations  de  la  quantité  absolue  d'eau  et  de  matières  solides 
qui  effectuent  journellement  ce  mouvement  de  va-et-vient  dans 
l'intérieur  ducorps humain, car  la  science nepossèdepas encore, 


par  M.  Liebig,  les  oxciéments  du  Cheval 
ne  contiendraient  donc  que  186  .urani- 
mes  de  matières  provenant  de  la  bile, 
tandis  que  cette  humeur  aiu"ail  ap- 
porté dans  rinleslin  1855  grammes 
de  nialière  solide.  Ce  chimisle  fait  re- 
marquer aussi  qu'en  admettant  (avec 
Burdach)  que  rilommc  sécrète  par 
jour  500  à  750  grammes  de  bile,  il 
faul  évaluer  la  quiuililé  de  matières 
solides  apportées  ainsi  dans  l'intesliu 
ù  50  ou  75  fois  celle  des  produits  bi- 
liaires qui  se  retrouvent  dans  les  fèces  ; 
car  le  j)oi(ls  moyen  de;  ceu\-ci  ne  dé- 
passe; pas  105  grantmcs  par  jour,  el  la 
proportion  do  matières  atlribiiables  à 
la  bile  que  l'on  y  découvre  n'est  que 
de  9  pour  100  (a). 

Dans  les  expériences,  au  nombre  de 
27,  faites  i)ar  M.  Wiîlisarg,  la  quantité 
totale  des  excréments  reiuliis  jouin«l- 
lemeiit  j)ar  un  Homme  eu  biume  santé 
a  varié  entre  07  el  300  grammes,  et 
élait  en  moyenne  de  131  gramnu's.  La 


quantité  de  matière  solide  contenue 
dans  ces  fèces  élait,  terme  moyen,  de 
oO  grammes  par  jour,  mais  a  varié 
entre  10  et  57  grammes.  La  propor- 
tion de  substances  alimentaires  non 
digérées  qui  s'y  trouvaient  élait  peu 
considérable  :  la  quantité  la  plus  forte 
était  d'environ  8  grammes  par  jour,  et 
la  plus  faible  0-',S  (b). 

(1)  Les  recherches  récentes  de 
M.  E.  Briicke  sur  la  pepsine  fournis- 
sent de  nouvelles  preuves  de  cette 
résorption  des  liquides  digestifs.  En 
elTet ,  ai)rès  avoir  constaté  que  ce 
principe  est  entraîné  par  les  précipités 
qui  se  forment  dans  les  liquides  où  il 
se  trouve  en  dissolution,  M.  Briicke 
est  parvenu  à  en  reconnaître  la  pré- 
sence dans  l'excrétion  urinaire  (c). 
On  en  doit  conclure  (pie  la  pepsine 
versée  dans  le  tube  digestif  par  les 
glandules  gastriques  a  été  absorbée  , 
s'est  mêlée  au  sang  en  circidation,  et 
en  a  été  ensuite  séparée  par  les  reins» 


(a)  I.iuliiy,  Cliimic  organique  ajipUqucc  à  la  physiologie  animale,  IraJ.  jiar  Gcrliarilt,  ISii, 
1..  7-2. 

{b)  Welisar^',  Mikrosli.  tind  cheiii.  Uiiters.  dcr  Ficccs.  Gic'scii,  185;!. 

{c)  K.  UriicUc,  Ueiirugc  mr  Lclu-c  von  der  Yerdaauiig  {SiUunijsberichte  der  Wiener  .ikad., 
18G1,  l.  KLlll,  p.  01  Ij. 


MATIÈRES    FÉCALES.  159 

à  ce  sujet,  (le  faits  assez  nombreux,  ni  assez  bien  constatés,  pour 
nous  permettre  d'établir  des  moyennes  ;  mais,  afin  de  don- 
ner mie  idée  de  l'importance  de  ce  phénomène,  il  me  paraît 
utile  de  présenter  ici  les  résultats  que  deux  physiologistes 
habiles,  MM.  liidder  et  Schmidt,  ont  cru  pouvoir  déduire  de 
leurs  expériences. 

Ces  auteurs  admettent  que  dans  l'espace  de  vingt-quatre  heu- 
res, le  canal  digestif  d'un  homme  du  poids  d'environ  Qk  kilo- 
grammes doit  recevoir  : 

kil. 

1,6  de  salive  contenant 15  grammes  de  matières  solides. 

1,6  de  bile 80  — 

0,ù  de  suc  gastrique 192  — 

0,2  de  suc  pancréatique 20  — 

0,2  de  sucs  intestinaux 3  — 

Le  poids  total  de  ces  liquides  s'élèverait  donc  à  environ 
10  kilogrammes,  et  ils  contiendraient  à  peu  près  310  gi^immes 
de  matières  solides.  Or,  la  quanhté  de  fèces  que  l'Homme  éva- 
cue journellement  n'est  en  moyenne  que  d'environ  130  gi^am- 
mes,  et  ces  matières  ne  contiennent  qu'à  peu  près  100  grammes 
d'eau.  Il  y  aurait  donc  chaque  jour  plus  de  9  litres  d'eau  qui 
seraient  versés  dans  le  tube  digestif  par  les  divers  organes  sé- 
créteurs dont  ce  canal  est  entouré,  et  qui  seraient  ensuite  résoi^- 
bés  pour  rentrer  dans  le  torrent  de  la  cii^culation  (1). 

Le  lavage  des  matières  alimentaires  effectué  de  la  sorte  se- 
rait donc  à  lui  seul  un  phénomène  très  important,  et  nous  expli- 

(1)  MM.   Bidder  et  Schmidt  font  parcourrait     le    circuit   indiqué    ci- 

rcmarquer  aussi  que  dansle  corps  d'un  dessus. 

llonmic  du  poids  de  6h  kilogrannnes,  D'après  les  nouvelles  recherches  de 

il  existe  environ  ù/l  kilogranuncs d'eau  iM.  Schmidt,  ces  évaluations  seraient 

et  20  kilogrammes  de  substance  solide  même  trop  faibles.  Enclfet,  il  a  trouvé 

anhydre  (a)  ;  par  conséquent,  chaque  que  les  quatre  principales   sécrétions 

jour,  près  du  quart  de  la  quantité  totale  digestivcs  donnent  cliez  le  Chien,  en 

de  ce  liquide  existant  dans  l'organisme,  vingt -quatre  heures,    pour  chaque 

(o)  Bidder  et  Schmidt,  Die  Vefdauungssâfte  und  der  Sloffvjechsel,  p.  287, 


fécales 
Hes  Animaux 
oviliares,  etc. 


160  DIGtSTlON. 

(|iioi';iil  la  |ti()m|)li'  (lis|»aii(ion  lUa^  principes  soiubles  ipie  ces 
matières  peuvent  renrcrmcr. 

§  11.  —  Da^.is  lo.ut  ce  ipie  je  viens  de  dire  an  sujet  des 
matières  leeales,  il  n'a  éh'  ({uestion  que  de  l'Homme  ou  des 
autres  Mammitères,  et  il  serait  prématuré  de  parler  ici  de  la 
composition  des  déjections  alvines  des  Oiseaux  ou  des  Reptiles, 
car  chez  ces  Animaux,  où  l'intestin  débouche  dans  un  cloaque 
(;ommuii,  elles  ne  sont  expulsées  au  dehors  qu'après  avoir  été 
mêlées  aux  produits  de  la  sécrétion  urinaire,  dont  l'élude  nous 
occui)era  dans  une  prochaine  Leçon.  Chez  les  Insectes,  le 
résidu  laissé  par  le  travail  digestif  est  également  mêlé  à  des 
substances  analogues  (1),  et  chez  les  .Mollusques,  où  le  tube 
digestif  reste  séj)aré  de  l'appareil  urinaire,  les  matières  fécales 
n'ont  pas  encore  été  observées  au  nncroscope  ni  examinées 
ehinùiiuement.  Je  ne  m'arrêterai  donc  jias  davantage  sur  ce 
sujet ,  et  dans  la  prochaine  Leçon  je  terminerai  l'histoire  de  la 
digestion  en  traitant  de  l'absorption  des  [troduits  de  ce  travail 
[»l)ysiologi(pie.    . 


Iviloj^raiimic  dii  poids  loliil  du  corps  : 
'20!)  giainiiK's  de  liciiiido  (savoir, 
100  tiranimt's  de  suc  ^asUifiiic  <'l  saii- 
\ai)t',  20  giaiiiiiu's  de  i)ilc  cl  8'J  grain- 
incs  de  suc  pancréalique),  contenaul 
203^%;)7  (Peau,  'à-',H9  de  sul)slai»ces 
organiques,  cl  ls%86  de  inatièies 
iuni't;auiques  [a).  Or,  en  ai)i)li(|uaiil  ces 
douiiécs  à  l'esliuiation  des  produils  des 
mêmes  organes  sécréleurs  ciiez  un 
llonnnc  dont  le  poids  serait  de  6li  ki- 
logramnu's,  on  sérail  conduil  à  ad- 
mellrc    (|nc    joiunellcmciil     il    arrixc 


ainsi  plus  de  io  kil(»grammes  de  li- 
(piides  dans  le  tube  inleslinal.  Des 
expériences  l'ailes  pfus  réceunnent  sous 
la  direction  de  M.  Ileideuheim  ten- 
d'  ni  à  prouver  que,  chez  le  Cochon 
d'Inde,  la  sécrétion  biliaire  est  en- 
core plus  abondante,  et  s'élève  à 
7^'',o'26  pour  l  kiloiiramnie  du  poids 
du  corps  (h). 

(1)  Chez  les  Vers  à  soie,  le  pfflds  des 
excréments  desséchés  correspond  à 
plus  du  tiers  des  aliments  consommés 
cl  sujjposés  également  secs  (c). 


(h)  Sciniiiilt,  Ueher  dus  l^ancreassecret  {Ann.  der  Chemie  itnd  Fharm.,  1854,  l.  XCrt,  p.  40). 

(b)  l'iicdijindcr  iinrl   Hariscli,   Znr  Kciiiilniss  der  Calknabsnndentng  iAnhir  fi'ir  .\ii/il.  viid 
l'husiol.,  1800,  p.  040). 

(c)  l'éligol,  Kiiuks  chimiqnîs  et  phiisioloiiKnies  sur  les  Vers  à  soie  [C.omplex  rendus  de  l'Acad. 
des  scierœes,  1851,  i.  .WXIII,  p.   ID-Jj. 


SOIXANTIÈME  LEGON. 


Absorplion  des  produits  de  la  digestion.  —  Chjle.  —  Rôle  des  vaisseaux  chylifères 
et  des  veines  dans  l'absorption  intestinale. 


§  1.  —  Cherchons  maintenant  comment  les  dissolvants  Absori^tion 
digestils  et  les  matières  étrangères  dont  ils  se  sont  ctiarges,  jigérées. 
ou  qui  sont  arrivées  à  l'état  liquide  dans  le  tuhe  alimentaire, 
peuvent  passer  de  cette  cavité  dans  le  système  vasculaire,  et  se 
mêler  aux  lluides  nourriciers  en  circulation  dans  l'organisme. 
En  étudiant  dans  une  précédente  Leçon  le  mouvement  de  l'ah- 
sorption  en  général,  nous  avons  vu  que,  chez  l'Homme  et  les 
autres  Vertébrés,  les  matières  étrangères  peuvent  être  pom- 
pées de  la  sorte  par  des  vaisseaux  de  deux  ordres ,  les  veines 
et  les  lymphatiques  (1).  Il  nous  faut  donc  examiner  non- 
seulement  dans  quelles  parties  du  canal  digestif  l'absorption 
des  matières  nutritives  s'effectue,  mais  aussi  quelle  est  la  part 
qui  appartient  à  chacun  de  ces  systèmes  de  conduits  dans  l'ac- 
complissement de  ce  travail  physiologique  (2), 

La  belle  découverte  d'Aselli,  dont  j'ai  déjà  eu  l'occasion  de 
rendre  compte  (o),  a  jeté  beaucoup  de  lumière  sur  l'histoire  de 
cette  portion  complémentaire  du  travail  digestif,  mais  a  conduit 
aussi  à  beaucoup  d'idées  erronées.  En  voyant  (pi'à  la  suite  de 


(1)  Voyez  tome  V,  page  8.  les  boissons  introduites  dans  l'estomac. 

(2)  Evrard  Home  a  cru  avoir  décou-  Mais  Topiniou  de  cet  analomiste  repose 
vert  rexisteuce  de  vaisseaux  particu-  sur  des  erreurs  d'observation  (a). 
liers  qui  auraient  été  chargés  d'absorber  (3)  Voyez  tome  IV,  page  /ii7. 


(a)  E.  Homo,  Experimenls  tnprove  thaï  Fluhl.<;  pess  dh'cclhj  from  Ihe  Sinmach  to  the  Circula- 
tion and  [mm  Ihence  to  the  Spleen,  Ihe  Call-Bladder  and  lYnianj  P.la-.hUr,  irilhnut  qoing  through 
the  Thoracie  Duel  {Philos.  Trans.,  1811,  \>.  iC,3). 

Vil.  11 


162  DIGESTION. 

l'élaboration  des  matières  alimentaires  dans  le  tube  iutesliiial, 
les  vaisseaux  ebylifères  se  remplissent  d'un  suc  laiteux  et 
versent  ce  liquide  en  grande  quantité  dans  le  torrent  de  la 
circulation ,  les  physiologistes  ont  cru  pendant  longtemps  que 
ce  suc,  auquel  ils  donnèrent  le  nom  de  chyle,  était  l'unique 
produit  récrémentitiel  du  travail  digestif  (1),  et  que  par  con- 
séquent les  vaisseaux  lymphatiques  de  l'intestin  (2)  étaient  les 


(1)  Boerhaave  et  quelques  autres 
physiologistes  de  son  époque  pensaient 
que  le  chyle  était  le  résultat  de  la  di- 
gestion des  aliments  dans  l'estomac, 
et  (pie  dans  le  duodénum  ce  liquide 
était  seulement  séparé  du  résidu  excré- 
mentitiel  (a).  La  plupart  des  physiolo- 
gistes du  commencement  du  siècle 
actuel  considèrent  le  chyle  comme  un 
produit  de  l'action  de  la  bile  sur  le 
chyme  (b)  ,  et  Alagendie  a  appelé 
chyle  brut,  ou  chjile  impur,  les  fila- 
ments blancs  que  l'on  trouve  souvent 
adhérents  à  la  nuupieuse  de  Tinlestin 
grêle  {(■).  On  a  même  cru  pouvoir  for- 
mer ainsi  du  chyle  artificiellement  (d); 
mais  ces  flocons  ne  sont  que  du  nui- 
cus  et  d'autres  substances  albunù- 
noïdes  qui  sont  précipitées  lors  du 
mélange  de  la  bile  avec  le  chyme  ((?), 
et  qui  sont  ensuite  redissoutes  par  les 
sucs  pancréatique  et    intestinaux.   Et 


comme  nous  le  verrons  bientôt ,  le 
liquide  nommé  chyme  ne  préexiste 
pas  dans  l'intestin  :  c'est  de  la  lymphe 
chargée  de  graisse  et  d'autres  ma- 
tières puisées  dans  cet  organe. 

(2)  Quelques  anatomistes  assurent 
avoir  trouvé  du  chyle  dans  les  vais- 
seaux lymphatiques  de  l'estomac  :  par 
exemple,  Biumi  (/")  et  Vcsling  (y). 
M.  Blondlot  en  a  vu  dans  la  région 
pylorique  (h).  ^!ais  d'ordinaire  ces 
conduits  ne  se  remplissent  d'un  liquide 
laiteux  que  dans  la  portion  du  sys- 
tème correspondante  à  Tintestin  grêle. 
Ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  M.  Cl.  Ber- 
nard pense  que  ce  phénomène  n'a 
lieu  qu'au  delà  de  l'embouchure  du 
canal  pancréatique  ;  mais  il  résulte 
des  expériences  de  MM.  Bidder  et 
Schmidt  que  dans  les  premiers  temps 
de  la  digestion  le  chyle  laiteux  peut 
se  montrer  près  de  l'estomac  (/). 


(a)  Boertiaave,  Prœlectiones  acadeviicœ,  éd.  Hallci',  t.  I,  addenda,  g  90,  p.  65. 

(b)  Macdoiiald,  Dissert,  expérimenta  quœdam  de  ciborum  concoclione  complectens.  Edinb.,  1818 
(Meckcl's  Ueutsclies  Arc.tiiv lur  die  l'Iiysiol.,  d8i0,  t.  VI,  p.  563). 

—  Prout,  Mém.  sur  les  phénomènes  de  la  saiiçiuilication,  etc.  [Journal  de  physique,  i>>i9, 
l.  LXXXIX,  p.  137  et  suiv.). 

{c)  Magendie,  Précis  élémentaire  de  phusiologie,  1. 111,  p.  111,  elc.  (édil.  de  1825). 

(d)  Ulundell,  voyez  The  Elemenls  o(  Physioloijn,  bu  IMumcnibucii,  translated  by  Elliolsoii,  1828, 
note  p.  339. 

(e)  Tiedemanii  ol  (inielin,  liecherches  e.vpcrimcnlales  sur  la  digcslion,  t.  1,  p.  390. 

—  Gl.  ncnuiid,  }li-m.  sur  le  pancréas  (Suppk'in.  nu.r  Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  sciences, 
I.  ],p.  5-20). 

(/■)  Voyez  llallor,  liibliotheca  anotomica.,  t.  Il,  [>.  S(i. 

{y)  Vesiinjf,  Observ.  unalomicK  cl  cpistolœ  posthuinœ,  1740,  p.  8-2. 

[h)  Bloiulloi,  Traité  analytique  delà  diijestio)!,  \\.  415. 

(t)  Voyez  (i-lespiis,  pn^'e  71. 


ABSORPTION    STOMACALU:.  163 

seuls  canaux  par  lesquels  l'absurption  des  matières  nulrilives 
s'effectuait.  Mais  ils  étaient  tombés  dans  une  double  erreur, 
car  le  chyle  ne  renferme  (ju'une  faible  partie  des  substances 
nutritives  dont  le  tube  alimentaire  est  chargé  d'effectuer  l'ab- 
sorption ,  et  ces  substances  sont  pompées  par  les  veines  aussi 
bien  que  par  les  vaisseaux  chylifères  (1).  Ces  faits  ont  été  mis 
hors  de  doute  par  les  recherches  de  Magendie,  et  ils  res- 
sortent  d'une  manière  encore  plus  évidente  d'une  multitude 
d'expériences  faites  dans  ces  dernières  années  par  d'autres 
physiologistes. 

Effectivement,  il  est  facile  de  prouver  qu'une  portion  notable    Absorption 
(les  matières  étrangères  mgeree.s  dans  1  estomac  ne  passe  pas 


(1)  Afin  de  s'éclairer  sur  le  degré  l'oblitération     du    canal    thoracique 

d'importance  des  vaisseaux  chylifères  unique   paraît  ne    pas  avoir   eu  des 

dans  le  travail  de  la 'nutrition,  quelques  conséquences  graves;    mais  je  n'in- 

physiologistes   ont  eu  recours   à  des  siste  pas  sur  ces  résultats,  parce  qu'ils 

expériences  dans  lesquelles  le  canal  ne  me   sendjlent  olFrir  que  fort  peu 

thoracique  fut   divisé   (a)  ou  lié  (6)  d'intérêt,  et  je  nie  bornerai  à  indiquer 

chez  des  Animaux  vivants.  A  la  suite  les  sources    où    Ton    pourra  puiser 

de  cette  opération,  la  mort  arriva,  en  pour    obtenir    plus  de   détails   à    ce 

général,  au  bout  de  quelques  jours,  sujet  (c).   Quant  aux  résultats  fournis 

et,  dans  d'autres  cas,  on  reconnut  que  par  les  expériences  dans  lesquelles  le 

le  canal,   dont  on  avait  pratiqué  la  canal  thoracique  a  été  mis  en  com- 

ligature,   n'était  pas  le  seul  conduit  nuniication  avec  le  dehors  au  moyen 

qui  faisait  communiquer  les  vaisseaux  d'une  fistule,   j'ai  déjà  eu  l'occasion 

chylifères  avec  les  veines.  Quelquefois  d'en  parler  (d). 


(a)  Lower,  Tractatus  de  corde,  p.  228  et  suiv. 

(fc)  Diivernoy,  Ligature  de  la  veine  sous-clavière,  etc.  (Mém.  de  l'Acad.  des  sciences,  \ HT 5, 
t.  I,  p.  -197). 

—  A.  Cooper,  Threc  Inatances  of  Obstruction  oflhe  Thoracic  Duel,  lullli  some  Experimcnls 
showing  the  Effecls  of  tymg  that  Vessel  [Médical  liecords  and  Researches  from  the  Papers  of  a 
Privait  Médical  Association,  1798,  n"  7,  p.  86,  édil.  de  18d3;. 

—  Flandrin,  Expériences  sur  l'absorption  des  vaisseaux  lymphatiques  dans  les  Animaux, 
1791  (Journal  de  médecine,  t.  LXXXN'ir,  p.  226). 

—  Dupuytren,  vojez  Paillière,  art.  Inhalation  du  Dictionnaire  des  sciences  médicales,  t.  XXV, 
p.  141. 

—  Leuret  et  Lassaigne,  Recherches  pour  servir  à  l'histoire  de  la  digestion,  p.  180. 
(e)  Au  sujet  de  robstriu-lioii  du  canal  thoracique  chez  l'Homme,  voyez  ; 

—  Cruicksharik,  Anat.  des  vaisseaux  absorbants,  p.  37. 

—  Andral,  Recherches  pour  servir  à  l'histoire  des  maladies  du  système  lymphatique  {Archives 
(jénérales  de  médecine,  1824,  t.  VI,  p.  502). 

—  Rayer,  art.  Hydropisiiî  du  Dirtionnnire  de  médecine,  i«24,t.  XI,  p.  431   et  suiv. 
(d)  Voyez  lome  V,  pa^e  .583. 


IG/l  DIGESTION, 

dans  l'intestin,  ci  qoc  le  premier  de  ces  organes  absorbe  non- 
seulement  une  grande  partie  des  boissons  qui  y  arrivent,  mais 
aussi  les  produits  de  la  digestion  de  certains  aliments  solides 
dont  la  transformation  en  peptones  est  opérée  par  le  suc  gas- 
li'i(pie  (1). 

Ainsi,  3Iagendie  a  constaté  (|ue  l'application  d'ime  ligature 
autour  du  pylore  n'empêclie  pas  l'eau  de  disparaître  rapidement 
de  l'estomac  du  Chien  (2)  ;  et  dans  dos  recherches  laites  sur 
l'absorption  de  l'alcool,  on  a  h'ouvé  que  ce  liquide  n'arrivait 
qu'en  très  petite  quanlité  dans  l'intestin  (â).  Je  citerai  aussi  à 
ce  sujet  des  expériences  intéressantes  pratiquées  récemment 
en  Allemagne  sur  un  malade  dont  le  duodénum  débouchait  au 
dehors  par  une  ouverture  nstulcuse.  En  comparant  le  poids 
des  matières  ingérées  dans  l'estomac  et  la  quantité  de  ces  mêmes 
substances  qui  sortaient  par  cet  anus  contre  nature,  on  a  constaté 
que  la  presque  totalité  du  sucre  employé  comme  aliment  était 


(1)  iMM.  Boucbaidat  et  Sandras  ont 
examiné  cliimiquement  les  matières 
contenues  dans  diverses  parties  du 
tul)e  digestif,  chez  des  yNnimaux  qui 
avaient  été  nourris ,  tantôt  avec  de  la 
fdirine  ou  du  gluten ,  d'autres  fois  avec 
de  la  fécule  ;  et  ces  auteurs  ont  cru 
pouvoir  conclure  de  leurs  expériences 
que  l'absorption  des  produits  de  la 
digestion  de  toutes  ces  substances  ali- 
)nentaires  se  fait  presque  exclusive- 
ment dans  l'estomac  (a).  Mais  les  faits 
dont  ils  arguent  ne  me  paraissent  pas 
de  nature  à  légitimer  cette  conclusion, 
et  le  rôle  de  Tinleslin  est  plus  consi- 
dérable qu'ils  ne  le  pensent. 


(2)  Suivant  Magendie,  cette  occlu- 
sion du  pylore  no  retarderait  pas  nota- 
blenienl  l'absorption  de  l'eau  dans 
Teslomac  du  Chien  (6)  ;  mais  il  est 
évident  que,  dans  les  circonstances 
ordinaires,  une  quantité  considérable 
de  liquide  traverse  cet  orifice  pour  se 
rendre  dans  l'intestin  avec  les  produits 
de  la  digestion  stomacale  :  l'état  du 
chyme  le  démontre. 

(3)  MM,  Bouchardat  et  Sandras,  dans 
des  expériences  sur  des  Animaux,  ont 
vu  que  l'alcool  disparaît  promplement 
de  l'estomac,  et  que  les  matières  con- 
tenues dans  l'intestin  n'en  ollrenl  que 
des  traces  insignifiantes  (r). 


(«)  Itoiicliai-iial  ('t  Suiiili'as,  Recherches  sur  la  digesUon[A)in.  de  chimie  et  de  physique,  3'si'ric, 
J8i2,l.  V,p.  400). 

[b]  iMageiiiiio,  l'rc'cis  ('h'menlairc  de  phyaiologic,  t.  II,  y.  130. 

(c)  Itnuchardat  et  Sandras,  De  lu  diiicstion  des  boissons  alcooliques  cl  de  leur  rôle  dans  la  nutri- 
tion (Annuaire  de  thérapeutique  pour  1847,  p.  iîCO,  et  Archives  (làu'i-ah's  de  mc'dccine,  lS4fi, 
parlio  anuloiniquc,  p.  233). 


ABSOBl'TION    STOMACALK.  105 

absorbée  dans  ce  premier  réservoir  digestir,  et  que  même  une 
portion  notable  de  l'albumine  qui  y  était  digérée  sy  trouvait 
également  absorbée  (1). 

Du  resie,  la  part  (pie  l'estomac  prend  dans  le  travail  absor- 
bant dont  l'ensemble  du  tube  alimentaire  est  le  siège,  doit  dé- 
pendre en  partie  de  la  rapidité  plus  ou  moins  grande  avec  la- 
quelle les  substances  étrangères  introduites  dans  cet  organe 
traverseront  le  pylore  (2)  ;  mais  elle  varie  davantage  encore 
suivant  l'épaisseur  et  la  densité  delà  conchede  tissu  épithélique 
dont  la  surface  interne  de  ce  réservoir  est  garnie,  et  suivant 
d'autres  particularités  de  structure  qui  sont  plus  ou  moins  favo- 
rables au  passage  des  liquides  jusque  dans  les  vaisseaux  dont 
les  parois  gastriques  sont  creusées.  Or  il  existe,  à  cet  égard, 
des  différences  très  considérables  cbez  les  divers  Animaux , 
et  l'expérience  nous  apprend  qu'effectivement  chez  certaines 
espèces  l'absorption  n'a  lieu  dans  l'estomac  qu'avec  une  lenteur 
extrême,  tandis  que  chez  d'autres  elle  s'y  fait  avec  une  grande 
rapidité  (3). 


(1)  L'absorption  des  produits  de  la 
digestion  stomacale  par  les  parois  de 
Testomac  a  dté  constatée  de  la  sorte 
par  M.  Busch  chez  une  Feninie  por- 
tant une  fistule  duodénale.  Ce  physio- 
logiste a  trouvé  que  le  sucre  était  en 
majeure  partie  absorbé  avant  d'arriver 
dans  l'intestin ,  et  qu'environ  le  tiers 
de  l'albumine  insérée  dans  l'estomac  y 
était  absorbé  (a). 

1,2)  Ainsi,  chez  le  Cheval,  l'eau  intro- 
duite dans  l'estomac  arrive  en  partie 
dans  le  caecum  au  bout  de  quelques 
minutes  (6) ,  et  chez  l'Homme  les 
boissons  commencent  à   traverser  le 


pylore  peu  de  temps  après  leur  entrée 
dans  ce  viscère.  On  cite  à  ce  sujet  un 
lualade  qui  avait  une  fistule  intesti- 
nale très  près  du  pylore,  et  chez  lequel 
l'eau  commençait  à  sortir  par  cet  ori- 
fice vingt  secondes  après  avoir  été 
avalée  (c). 

(3)  On  doit  à  M.  Colin  des  expé- 
riences intéressantes  sur  ce  sujet.  11  a 
étudié  comparativement  les  elTets  dus 
à  Tabsorplion  de  certains  poisons  chez 
des  Animaux  où  ces  substances,  ingé- 
rées dans  restomac,  pouvaient  passer 
rapidement  dans  l'intestin  et  y  être 
absorbées,  ou  bien  se  trouvaient  rete- 


(a)  Busch,  Beitvàge  zur  Physiologie  der  Verdauungsorgane  {Archiv  fur  vathol.  Anat.  und 
p/iysioi.,  1858,  t.  XIV,  p.  140). 

(b)  Colin,  Traité  de  physiologie  comparée  des  Animaux  domestiques,  u  i,  p.  jo  i . 

(f)  Cook,  Einen-Fall  ftstulôser  Magenolfnung  (Fronep's  Notizen,  If^Ji,  t.  XLU,  p.  iij. 


Absorption 
intestinale. 


Rôle 
des  chylifères. 


1H6  DIGESTION. 

Quoi  qu'il  en  .soit,  c'est  toujours  princijjalement  dans  l'intestin 
que  rabsor{)tion  des  matières  alimentaires  est  effectuée ,  et  là 
le  système  lymphatique  joue  un  rôle  plus  considérable. 

§  2.  —  En  rendant  compte  des  observations  d'Aselli  (1),  j'ai 
dit  que  si  l'on  ouvre  l'abdomen  d'un  Chien  qui  a  été  privé 


nues  dans  le  premier  de  ces  organes 
par  suite  de  la  ligature  du  pylore  ou 
de  l'arrêt  des  mouvements  péristal- 
tiques  déterminé  par  la  section  des 
nerfs  pneumogastriques.  M.  Colin  a 
trouvé  ainsi  que  chez  le  Chien  la 
faculté  absorbante  des  parois  de  l'es- 
tomac est  très  grande,  et  que  la  noix 
vomique,  arrêtée  dans  cet  organe  par 
la  ligature  dn  pylore,  détermine  les 
.symptômes  caractéristiques  de  sa  pré- 
sence dans  le  torrent  de  la  circulation 
presque  aussi  rapidement  que  dans  les 
cas  où  ce  poison  pouvait  passer  dans 
l'intestin.  11  en  est  de  même  pour 
l'estomac  du  Chat,  du  Porc  et  du 
l^apin  ;  mais,  chez  le  Cheval  et  chez 
les  Ruminants,  l'absorption,  qui  se  fait 
très  rapideiuent  dans  l'intestin,  n'a 
lieu  dans  Pestomac  qu'avec  une 
grande  lenteur.  Ainsi,  sur  un  ClieviU 
dont  le  pylore  avait  été  lié,  on  injecta 
de  la  noix  vomique  dans  l'estomac  : 
pendant  dix -huit  heures  TAnimal  ne 
présenta  aucun  symptôme  d'enipoi- 
.sonnemenl  ;  on  enleva  alors  la  ligature, 
de  façon  à  permettre  aux  matières 
contenues  dans  l'estomac  de  passer 
dans  l'intestin,  et  au  bout  de  quinze 
minutes  l'Animal  mourut  dans  les 
convulsions. 


Des  expériences  analogues,  faites 
avec  du  ferrocyanure  de  potassium, 
montrèrent  aussi  que  l'absorption  de 
cette  substance  par  les  parois  de  l'es- 
tomac du  Cheval  n'est  pas  notable,  à 
moins  que  répithélium  gastrique  n'ait 
été  endommagé. 

J\IM.  Colin  et  Bouley  ont  trouvé 
aussi  que  chez  le  Bœuf,  le  pouvoir 
absorbant  de  la  caillette  est  beaucoup 
moins  grand  que  celui  de  l'intestin, 
mais  qu'il  est  loin  d'être  aussi  faible  que 
chez  le  Cheval  (a).  Enfin,  ces  physiolo- 
gistes ont  constaté  que  la  section  des 
nerfs  pneumogastriques,  en  paraly- 
sant les  mouvements  de  l'estomac,  et 
en  retardant,  par  conséquent,  le  pas- 
sage des  matières  de  cet  organe  dans 
l'inleslin,  détermine  chez  le  Cheval 
des  ellets  analogues  à  ceux  qui  résultent 
de  la  ligature  du  pylore. 

Des  expériences  faites  avec  du  sulfate 
de  strychnine  sur  des  Chevaux  dont  le 
pylore  avait  été  lié  donnèrent  ;'i  Bérard 
(les  résultats  semblal)les  (b).  Miifindes 
faits  du  même  ordre  ont  été  constatés 
expérimenlalemenl  par  M.  l'erosino 
et  plusieurs  autres  physiologistes  de 
l'école  vélérinaire  de  Turin  (c). 

(1)  ^oyez  tome  IV,    i)age  467    et 
suivantes. 


(a)  II.  Bouley,  Recherches  expérimentales  sur  l'influence  que  la  section  des  pneumogastriqnes 
exerce  sur  Vabaorplion  stomacale  dans  le  Cheval,  le  Chien  et  le  Bœuf  (Bulletin  de  l'Acad.  de 
médecine,  1852,  t.  XVH,  p.  047  et  siiiv.). 

—  Colin,  Traita  de  phusinlogie  comparée  des  Animaux  domestiques,  t.  II,  p.  29  cl  suiv. 

(b)  Bùi-.ird,  lluUetla  de  l'Académie  de  médecine,  1852,  I.  XVII.  |i.  771. 

(c)  I^erosino,  Précis  d'expériences  physiotoiiiqucs  sur  l'action  absorbante  de  l'estomac  du,  Che- 
val {Bulletin  de  la  Soc.  impér.  et  centrale  de  médecine  vélérinaire,  1855,  I.  VIII,  p.  01). 


ABSOKI'TION    DU    CHYLE.  167 

d'aliiiieiUs  [)ciidaiU  un  certain  IcMnps,  on  n'apeivoil  que  1res 
diiïiciîement  les  vaisseaux  lymphatiques  qui  naissent  de  l'intestin 
et  qui  se  rendent  au  canal  thoracique,  parce  qu'alors  ces  con- 
duits ne  renferment  qu'un  li(|uide  transparent  et  presque  inco- 
lore; mais  (juc  si  la  digestion  est  en  pleine  activité  chez  cet 
Animal,  on  voit  dans  l'épaisseur  du  mésentère  un  grand  nombre 
de  vaisseaux  d'un  blanc  mat;  et  que  si  l'on  ouvre  alors  le  canal 
thoracique,  on  en  voit  couler  eii  abondance  un  liquide  d'appa- 
rence laiteuse,  qui  a  reçu  le  nom  de  chyle,  et  qui  est  destiné  à 
être  versé  directement  dans  le  torrent  de  la  circulation.  La 
plupart  des  physiologistes  considèrent  ce  liquide  comme  étant 
le  pi'oduit  essentiel  du  travail  digestif,  le  résultat  de  la  transfor- 
mation finale  des  matières  nutritives  en  une  substance  récrémen- 
titielle  particulière,  apte  à  constituer  du  sang,  ou  même  comme 
du  sang  en  voie  de  formation  ;  enfin  comme  étant  puisé  tout 
entier  dans  la  cavité  de  l'intestin,  et  ayant  par  conséquent  pom^ 
source  unique  les  matières  absorbabies  contenues  dans  ce  tube. 
Mais  celte  manière  d'envisager  les  choses  est  erronée  et  a  nui 
beaucoup  aux  |)rogrès  de  l'étude  de  cette  portion  complémen- 
taire du  travail  digestif.  Le  fait  est  que  dans  les  vaisseaux  chyli- 
fères,  de  même  que  dans  les  autres  parties  du  système  lym- 
phatique, il  existe  toujours  un  courant  centripète, comparable  à 
celui  qui  parcourt  les  veines,  mais  formé  par  le  plasma  épanché 
des  capillaires  sanguins  dans  les  aréoles  interstitielles  dont  se 
compose  la  partie  initiale  ou  radiculaire  de  ce  système  (1).  La 
portion  de  ce  courant  qui  traverse  les  villosités  et  les  autres  par- 
ties de  la  tunique  muqueuse  de  l'intestin  grêle,  pour  remonter 


(i)  Collaid  de  Martigny.  dans  ses  ex-  sont  jamais  vides,  même  cliez  des  Ani- 
périences  sur  les  efi'els  de  labslinence,  maux  qui  n'ont  rien  mangé  depuis  iiuii 
a  trouvé  que  les  vaisseaux  chylifères  ne      à  dix  jours  {a). 


(a)  Collard  de  Marliyiiy,  Recherches  expérimentales  sur  les  effets  de  l'abstinence  {Journal  de 
physiologie  de  Magendic,  1828,  l.  VIII,  ji.  178). 


168  IHGKSTION. 

ensuite  dans  les  vaisscanx  lymplia tiques  du  mésentère  et  aller 
de  là  dans  le  canal  thoracique,  se  charge  des  liquides  dont 
le  tissu  de  cette  membrane  muqueuse  est  imhibé.  Le  chyle  est 
donc  de  la  lyin[)he  mêlée  aux  malières  qui  passent  de  la  cavité 
de  l'intestin  dans  les  radicules  adjacentes  du  système  lympha- 
tique, et  (jui  proviennent  en  majeure  partie  des  aliments  dont  la 
digestion  est  achevée. 

Poiu'  bien  comprendre  le  rolo  des  vaisseaux  chylifères  et 
pour  arriver  à  des  idées  justes  sur  la  nature  et  l'origine  du  chyle, 
il  faut  donc  comparer  ce  qui  se  passe  dans  ces  vaisseaux,  ou 
dans  le  canal  thoraci(piequiles  termine,  quand  un  Animal  est  à 
jeun  et  quand  la  digestion  est  en  pleine  activité  dans  son  intestin 

grêle. 

Nous  avons  vu  précédemment  qu'il  est  possible  d'établir  sur 
un  Animal  vivant  une  ouverture  fistuleuse  qui  détourne  au 
dehors  le  li(piide  transporté  par  le  canal  thoracique,  et  permet 
de  le  recueillir  (1).  On  a  constaté  de  la  sorte  (]ue  la  quantité 
de  liquide  en  mouvement  dans  ce  vaisseau  pour  aller  se  déver- 
ser dans  la  veine  sous-clavière  est  toujours  très  grande;  qu'elle 
augmente  à  la  suite  d'un  repas,  mais  qu'elle  est  encore  fort  con- 
sidéral)le  cliez  des  Animaux  qui  ont  jeûné  depuis  assez  longtemps 
pour  que  le  travail  digestif  ne  puisse  être  considéré  comme  con- 
tinuant à  alimenter  rabsori)tion  intestinale  (2). 


(1)  Voyez  lome  1\ ,  page  583. 

(2)  Ainsi,  dans  les  expériences  de 
Al.  Colin,  (loin  j'ai  eu  l'occasion  de 
parler,  la  quanlité  de  liqnide  fournie 
par  la  lislule  du  canal  Ihoraciqne  clioz 
un  Taureau  élail  presque  aussi  consi- 
dérable, après  quatorze  heures  de 
jeûne,  qu'à  la  suite  d'un  repas  ordi- 
naire, et  n'a  diminué  notablement  que 


lorsque  l'Animal  était  très  affaibli  par 
l'expérience  (a). 

M.  ^  ierordt  a  cru  pouvoir  évaluer 
la  ([iianlité  de  cbyle  versé  journi'lle- 
menl  dans  le  sang,  chez  un  Uuinmc 
adulte,  à  environ  2  ^  kilogrammes,  en 
se  fondant  sur  la  quantité  de  matière 
alimentaire  azotée  qui  est  absorbée  (6)  ; 
mais  ce  cal(  ul  suppose,  d'une  part, 


((()  r.dliii,  Traitrdc  physiologie  comparée  des  Animaux  domestiques,  t.  Il,  |i.  108  ot  109. 
(!))  Vicroiili,  Veberdie  Menge  des  Chylus  beim  Menschea  (Archiv  (tu-  plujsi'd.  IlcHkwida,   J848  , 
t.  VII,  p.  281-287). 


CilVLK.  169 

Il  esl  aussi  à  noter  que  l'excitaliou  produite  par  la  présence 
des  cor|)S  étrangers  dans  l'appareil  digestif  paraît  snOîro  pour 
activer  beaucoup  la  circulation  des  liquides  dans  les  vaisseaux 
cliylileres,  lors  même  que  ces  corps  ne  peuvent  concourir  direc- 
tement à  augmenter  la  quantité  des  matières  étrangères  transpor- 
tées par  ces  conduits.  Ainsi  M  Cl.  Bernard  a  vu  que  l'ingestion 
d'un  peu  d'éther  dans  l'eslomac  suffit  pour  rendre  les  vaisseaux 
chylifères  turgides.  En  général,  les  physiologistes  attribuent 
l'existence  des  liquides  en  mouvement  dans  le  canal  thoracique, 
chez  les  Animaux  dont  l'intestin  ne  contient  pas  d'aliments,  à  la 
résorption  des  humeurs  versées  dans  cet  organe  par  les  glandes 
adjacentes,  et  il  est  probable  qu'en  effet  ces  sucs  s'y  mêlent  tou- 
jours en  plus  ou  moins  grande  abondance;  mais  il  n'y  a  aucune 
raison  suffisante  pour  supposer  que  les  lympliatiques  de  l'in- 
testin ne  reçoivent  pas  du  système  capillaire  sanguin  autant  de 
liquide  plasmique  que  ceux  des  autres  parties  du  corps,  et  pour 
admettre  (pie  la  lymplie  n'ait  pas  toujours  une  même  origine. 

Dans  mon  opinion ,  ce  que  les  physiologistes  appellent  chyle      (^iiyi<^- 
n'est  donc  autre  chose  que  de  la  lymphe  chargée  de  certains 
produits  du  travail  digestif,  et  devant  à  la  présence  de  ces  ma- 
tières des  caractères  particuliers. 

Parmi  ces  matières  que  l'appareil  chylifère  puise  dans  l'in- 
testin, les  plus  importantes  sont  des  corps  gras.  C'est  surtout 
la  présence  de  ces  graisses  qui  donne  au  chyle  les  caractères 
qui  le  distinguent  de  la  lymphe  ordinaire.  Je  ne  prétends  pas 
qu'il  n'y  ait  pas  dans  le  chyle  autre  chose  que  de  la  lymphe 
fournie  [)ar  le  sang ,  et  des  matières  grasses  provenant  des 
aliments  contenus  dans  l'intestin  ;  mais  il  me  paraît  évident 
que  ce  sont  là  les  deux  sources  principales  dont  proviennent 


que  la  totalité  de  ces  matières  serait  chyle  ne  tire  de  matière  albuminoïdc 
absorbée  par  les  chylifères,  ce  qui  ne  d'aucune  autre  source,  ce  qui  est  éga- 
paraîl  pas  être,  et,  d'autre  part,  que  le       lenienl  inadmissible. 


Composition 
du  chyle. 


170  1)|(;estiui\. 

ses  matériaux  couslitiitils,  et  que  pour  l)icii  eoinprendre  l'histoire 
de  ce  liquide,  je  le  réi)ètc,  il  faut  le  considérer  comme  étant  de 
la  lymphe  chargée  de  diverses  matières  nutritives  fournies  par 
la  digestion,  et  consistant  iirincipalement  en  corps  gras. 

Nous  pouvons  donc  prévoir  que  le  chyle  nous  offrira  à  peu 
près  les  mêmes  caractères  et  la  même  composition  chimique 
que  la  lymphe,  excepté  en  ce  qui  lient  à  la  présence  des  matières 
grasses  dont  je  viens  de  parler. 

4ij  5.  —  Effectivement,  le  chyle  est  un  liquide  qui  se  coagule 
spontanément  comme  le  fait  la  lymphe,  quand  on  l'extrait  du 
corps  (1),  et  qui  doit  aussi  cette  propriété  à  la  présence  de 
quelques  millièmes  de  fibrine.  En  l'examinant  au  microscope, 
on  y  découvre  les  mêmes  éléments  morphologiques  rpic 
dans  la  lymphe,  c'est-à-dire  des  glohules  plasmiques  d'ap- 
[)arence  glutineuse,  et  (juelques  globules  rouges  semblables 
à  ceux  du  sang,  mais  plus  ou  moins  altérés;  enfin,  on  y 
remarque  en  [)lus  grande  abondance  des  corpuscules  sphé- 
riques  d'une  peUtesse  extrême,  qui  sont  constitués  par  des  par- 
ticules de  graisse  revêtues  d'ime  mince  enveloppe  de  matière 
aihuminoïde  (2). 

Ce  sont  ces  glol)ulins  qui  donnent  au  chyle  son  as})ect  parti- 


(1)  La  coagulation  spoiilanéo  du 
chyle  ne  se  l'ait  en  g(în(îral  que  lento- 
mont. 

Lo  caillot  qu'il  forme  est  moins  ré- 
traclilc  que  celui  du  sang,  et  souvent 
il  se  rodissout  quelques  heures  après 
sa  rorniation. 

('2)  L'existence!  do  globules  micros- 
copiques im  suspension  dans  le  cliylo 
n'avait  pas  («chapix'  à  Lecuwonhoek  et 
à  plusi(Mus  autres  observateurs  cités 


par  Haller  (a).  Gruickshank  les  com- 
para au\  plus  petits  globules  du 
lait  {b),  01  ils  ont  été  observés  par 
quelques  physiologistes  du  conunoncc- 
mcnt  du  siècle  actuel.  Mais  J.  AUiller 
fut  le  premier  à  insister  sur  la  dis- 
tinction (ju"il  est  cssonliol  d'établir 
entre  les  globules  lymphaticiucs  qui  se 
Irouvout  dans  lo  ciiyle  et  les  globules 
énmlsils  dont  dépend  l'aspect  laiteux 
de  ce   liquide    (r).    Ces  derniei's  ont 


(a)  l.cc'uwcnliock,  Expcrim.  cl  contcmptal.,  riisl.  i.vi,  )>.  1:!. 
—  Haller,  Elem.  physioL,  t.  VII,  p.  0-2. 
(6)  Gruickshank,  Anatomie  des  vaisseaux  absorbants,  p.  -0 i. 
(f)  Millier,  lHanucL  de  physioloyie,  l.  I,  p.  40t». 


CHVLK.  171 

culier,  qui  le  rendent  opalin  ({uand  ils  sont  en  i)etil  nombre,  et 
(|ui  lui  donnent  les  earactères  d'une  éniulsion  crémeuse  quand 
ils  sont  en  nombre  très  considérable  (1).  Or,  leur  abondance  ou 
leur  absence  se  lient  à  la  nature  des  aliments  contenus  dans 
le  tube  digestif,  et  par  conséquent  aussi  les  caractères  physifiues 
des  liquides  contenus  dans  les  vaisseaux  chylifères  varient  sui- 
vant le  régime. 

Ainsi,  chez  les  Herbivores,  dont  les  aliments  ne  contiennent 
en  général  que  fort  peu  de  principes  gras,  le  chyle  est  presque 
aussi  hmpide  que  la  lymphe;  mais  chez  les  Mammifères,  qui 
introduisent  dans  leur  estomac  des  quantités  notables  de  graisse, 
les  Carnassiers  par  exemple,  le  chyle  est  d'ordinaire  opaque 
et  crémeux  (2). 


été  étudiés  avec  soin  par  plusieurs 
autres  physiologistes  {a). 

(1)  Les  giobullns  graisseux  con- 
servent leur  individualité,  quand  on 
ajoute  de  l'eau  au  chyle  qui  en  est 
chargé  ;  mais  lorsqu'on  traite  ce 
liquide  par  de  l'acide  acélique  ou  par 
une  faible  solution  alcaline ,  ils  de- 
viennent confluents  cl  constituent  des 
gouttelettes  de  graisse.  C'est  aussi  sous 
cette  dernière  forme  que  la  matière 
grasse  se  présente  quand  le  chyle  a 
été  desséché,  et  que  le  résidu  ainsi 
obtenu  a  été  redissous  dans  de  l'eau. 

Dans  l'état  normal,  le  chyle  prove- 
nant d'Animaux  vivants  ne  présente 
pas  de  graisse  libre,  et  si  l'on  en  trouve 
quelquefois  dans  le  chyle  recueilli  sur 


des  cadavres  humains,  cela  dépend 
probablement  des  altérations  dues  à 
un  commencement  de  putréfaction 
qui  aura  déterminé  la  confluence 
des  globules,  comme  dans  les  expé- 
riences chimiques  dont  je  viens  de 
parler. 

(2)  Marcet  et  Prout  ont  examiné 
comparativement  le  chyle  recueilli 
chez  des  Chiens  dont  le  régime  était 
difiérent  ,  et  ils  ont  vu  qu'après 
l'usage  de  matières  végétales  (qui 
probablement  ne  contenaient  que  peu 
ou  point  de  graisse),  ce  liquide  était 
beaucoup  moins  laiteux  que  chez 
les  individus  nourris  de  viande  (6). 
M.  Brodic  a  trouvé  le  chyle  transpa- 
rent chez  un  Chien  qu'il  avait  nourri 


(a)  Gulliver,  On  Chyle  {Dublin  Médical  Press,  1840). 

—  Gruby  et  Delafoiid,  HésuUats  de  recherches  faites  sur  lanatomie  et  les  villosités  intesH- 
nales,  l'absorption,  la  préiiaration  et  la  composition  organiques  du  chyle  dans  les  animaux 
(Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  sciences,  1843,  t.  XVI,  p.  M94). 

—  Lane,  art.  Lymphatic  and  Lacteal  System  (Tocid's  Cijclop.  of  Anat.  and  Physiol.,  1847, 
t.m,  p.  221). 

—  H.  Millier,  Bcitrage  %ur  Morphologie  des  Chylus  und  Eiters  (Zeitschr.  fur  ration.  Med., 
1845). 

(6)  Marcet,  Some  Experimcnts  on  the  Chemical  Nature  of  Chyle  {Medico-Chirurg.  Transactions, 
1819,  t.  VI,  p.  018),  , 

—  l'roiil,  On  the  Phenomena  of  Sanguilication  {Ann.  ul  Philo^.,  l>iVJ,  t.  XIH,  p.  ii-t). 


172  DIGKSTION. 

Une  expérience  duc  A  iVl .  Cl.  Bernan]  me  semble  éminemment 
propre  à  mettre  en  lumière  la  cause  de  ro})aeilé  du  chyle,  et  à 
montrer  (pie  ce  liipiide  est  de  la  lymphe  chargée  de  graisse 
absorbée  i)ar  les  parois  de  l'intestin.  Elle  consiste  à  provoquer 
TaHlux  des  liquides  dans  les  vaisseaux  lymphatiques,  comme  je 
l'ai  déjà  dit,  par  l'ingestion  d'im  peu  d'éther  dans  l'estomac,  et  à 
employer  comparalivement  cette  subslance  seule  ou  tenant  en 
dissolution  de  la  graisse  :  dans  le  premier  cas,  les  lymphatiques 
se  gorgent  d'une  lympite  transparente;  dans  le  second,  ils  se 
remplissent  d'ime  lymphe  chargée  de  graisse  émulsionnée  et 
offrant  tous  les  caractères  d'un  chyme  crémeux  (1). 

Ainsi  c'est  bien  certainement  la  graisse  absorbée  dans  l'in- 
testin (jiii  donne  au  cliyle  de  l'Homme  et  des  autres  Mammi- 
fères dont  je  viens  de  parler  sa  blancheur  et  son  opacité.  ^lais 
je  (lois  ajouter  (pie  le  liquide  contenu  dans  les  vaisseaux  chyli- 
fères  n'offre  pas  les  mêmes  caractères  chez  tous  les  Vertébrés, 
et  que  chez  les  Oiseaux,  ainsi  que  chez  la  [)lupart  des  autres» 


avec  de  la  gélatine,  tandis  que  chez 
un  autre  Animal  de  l.i  nième  espèce, 
qui  avail  niangr-  du  lard,  ce  liquide 
pn'seniail  rasj)oct  du  lait  («).  Enlin, 
suivant  'riedeniann  et  (inielin  ,  le 
chyle  recueilli  chez  un  Chien  qui 
avail  niani;(5  heancoiqi  de  beurre , 
était  plus  blanc  et  plus  laiteux  que 
d'ordinaire;  tandis  que  chez  nn  autre 
Chien  qui  avait  (hj^éré  de  raniidon 
seulement,  on  trouva  ce  liquide  d'un 
blanc  jaunâtre  très  pfde,  et  seulement 
im  peu  Iroubljî  (b). 

I>e  chyle    est    généralement  moins 


laiteux  chez  les  Herbivores  que  chez 
les  Carnassiers;  mais  .T.  INlitlIcr  a  re- 
mar([ué  que,  chez  les  premiers,  il  est 
égaleni;  nt  très  blanc  et  opaque  dans 
le  jeune  âge,  quand  ces  Animaux  se 
nourrissent  de  lait,  aliment  qui  est  très 
riche  en  matières  grasses  (c). 

(1)  !\I.  Cl.  lîernard  a  vu  que  cet  effet 
se  produit  très  rapidement,  et  qu'il  suffit 
d'une  très  petite  quaalité  de  graisse  en 
dissolution  dans  l'éther,  pour  que  les 
vaisseaux  chylifères  soient  injectés  en 
blanc,  connue  ils  le  sont  à  la  suite  du 
travail  digestif  ordin;iire  (</). 


(a)  Voyez  To(ia  aw\  nowiiuin,  The  Physinl.  Annt.  und  Physiology  ofMan,  I.  Il,  p.  281. 

(b)  Tietleinann  et  Giiieliti,  licclicrchcs  siir  la  diijeslioii,  l.  1,  p.  l'J3,  201 ,  cic. 
(t)  Millier,  Manuel  de  phys'wloQie,  1. 1,  p.  400. 

((/)  Cl.  Horn;iril,  Mim.  sur  le  pancréas  {Supplcni.  aux  Complcs  l'endus  de  l'Acad.  des  sci:nces, 
1850,  1.  I,  p.  i'J7  clsulv.). 


CHYLE.  17o 

Ovipares,  il  est  toujours  clair  et  transparent  (1).  OiuOiiucs 
physiologistes  lui  retuseiit alors  le  nom  de  cliyle,  et  restreignent 
Tapplicalion  de  ce  mot  à  la  lymphe  intestinale  ([ui  est  chargée 
de  globulins  gras  en  nombre  suffisant  pour  avoir  une  apparence 
laiteuse  (2). 

Les  résultats  lournis  par  l'étude  chimique  du  chyle  sont 
également  d'accord  avec  ce  que  je  viens  de  dire  touchant  l'ori- 
gine de  ce  li([uide  et  la  cause  des  particularités  qui  le  distinguent 
de  la  lymphe  ordinaire  (o).    En  elTet,   dans  une  précédente 

(1)  Le  manque  cropacité  du  cii\le  llewsoii  assure  que  chez  le  Crocodile 

des    Oiseaux    a    été    remarqué   par  le  cliyle   est   blanc  (e),  et  Duvernoy 

Ilewson   {a),  et  cette  particularité    a  dit  y  avoir  trouvé  le  même  caractère 

conduit  Magendie  à  nier  l'existence  de  chez  un  Serpent,  le  Trigonocéphale  à 

vaisseaux  chylifères  dans  le  mésentère  losanges  (/"). 
de  ces  Animaux  (6).  (2)  M.  Cl.  Bernard.adoptc  celle  ma- 

Duméril  a  cru  avoir  vu  du  chyle  nière  de  voir  {g). 
blanc  et  opaque  chez  un  l'ic-verl  (r)  ;  (o)  Les  observalions  faites    sur    le 

mais  il  est  probable  que  ce  naturaliste,  chyle  par  les  auteurs  du  siècle  dernier 

dont  Tobser vallon  avait  été  faite  très  ne  nous  avaient  presque  rien   appris 

rapidement,   pendant   une  excursion  sur  la  constitutiou  chimique  de  ce  li- 

dc  chasse,  a  pris  les  nerfs  du  mésen-  quide  (/*),  et  les  premiers  essais  d'ana - 

tère  pour  des  vaisseaux  chylifères.  jysc  dont  la  science  ait  tiré  quelque 

Les  vaisseaux   chylifères   ne    cou-  profit  notable  sont  dus  à  Einniert  et 

tiennent     aussi    qu'un    liquide   non  i\ouss  (0-   l'eu  de  teinps  après,  des 

émulsionné  chez   la  plupart  des  Hep-  analyses  du  chyle  furent  faites  aussi 

liles    et     des    Batraciens    (c/)  ;    mais  par  Vauquelin  [j). 

(a)  Hewson,  An  I,u,uiry  lato  the  Properties  of  the  P.lood,  177 i  {Works,  p.  80).-  Descript. 
ofthe  LymplMtic  Sustem  {Works,  p.  i'i'i)-  ,     -,    ■ 

(6)  Magcnrlie,  Méin.  sur  les  vaisscau.c  lumphaliqiies  des  Oiseaux  {Journal  de  physwloijie. 
18-21,  t.'l,  p.  47). 

(c)  Voyez  Laulli,  Mém.  sur  les  vaisseaux  lymphallques  des  Oiseaux  {Atm.  des  sciences  nat., 

1824,  t.  III,  p.  386). 

{d)  E.xcmple.^  :  les  Grenouilles  et  les  Salamandres  (Cl.  Bernar.l,  Mcm.  sur  le  panercas.  toc.  cit., 

p.  537). 

{e)  Hewson,  Tlie  Lijmphatie  System  (Works,  p.  1  ^7)- 

(/■)  Cuvier,  Levons  d'anatomie  comparée,  t.  VI,  p.  3. 

(S)  Cl.  Bernard,  Mcm.  sur  le  pancréas  (Sapplém.  aux  Comptes  rendus  de  l  Acad.  des  sciences, 
1. 1,  p.  531). 

i/i)  Voyez  Fourcrov,  Système  des  connaissances  chlmitiues,  l.  X,  p.  G-p. 

(i)  Reuss  undEinmert,  Untersuchung  der  Chylus  des  Pferden-Chemlsche  Deoba-htiingen  und 
Versuche  ûber  der  Lymphe  In  dcn  ahsorbirenden  Gefâssen  des  Pjerdcs  (Sclierer's  Allyem.  Journ. 
der  Chemie,  1800,  i.  V,  p.  106,  691).  ,  .    ,..     ^,     ^,     . 

—  Emn.erl,  tieUrciye  zur  nahern  Kenntniss  des  Speiesaftes  {?.eùs  Archiv  fur  die  Physio- 
logie, 1808,  t.  Vlll,  p.  145).  —  Exlrait  d'un  Mém.  sur  V analyse  du  chyle  (Ann.  de  chimie,  1811 , 
t.  LXXX,  p.  81).  .  . 

(j)  Vauquelin,  Analyse  du  chyle  de  Cheval  {Ann.  de  chimie,  1813,  (.  lAXNI,  p.  M,1). 


17/l  DIGESTION. 

Leçon,  nous  avons  vu  (jiie  la  lymphe  présenlc  à  peu  près  la 
môme  composition  (pic  le  plasma  du  sang  (1)  ;  or,  les  ana- 
lyses du  chyle  qui  ont  été  faites  par  divers  chimistes  montrent 
que  ce  liquide  a  la  plus  grande  analogie  avec  du  plasma  qui 
serait  chargé  de  graisse. 

La  proportion  de  matières  grasses  qui  s'y  rencontrent  est 
très  variable.  11  suffit  d'une  quantité  très  faible  de  ces  substances 
pour  rendre  le  chyle  laiteux,  mais  souvent  ce  liquide  en  contient 
jusqu'à  3  centièmes  de  son  poids,  et  même  davantage  (2). 


(1)  Voyez  tome  IV,  page  558  el 
suivantes. 

(2)  Comme  exemple  de  la  compo- 
sition d'un  cliyle  liclie  en  matières 
grasses,  je  citerai  celui  d'un  Chat 
analysé  par  M.  ^asse.  Ce  physiolo- 
giste y  trouva  : 

Eau 905,7 

Fibrine •!,:! 

Albumine  ,  etc.  .  .  48,9 

Graisse 32,7 

Clilorure  de  sodium.  7,1 

Autres  sels  solubles.  2,:i 

Sels  terreux  ....  2,0 

Fer q-  traces  {a) 

Fr.  Simon  a  trouvé,  dans  le  chyle 
d'un  Cheval  qui  avait  mangé  des 
jiois  quelques  heures  avant  sa  mort  : 

E;ui 940,67 

Fibrine 0,44 

Graisse ^A^ 

Albumine 42,71 

Hénialoylobuline 0,47 

Matières  cxtractives  et  sels.  .  .     8,30 
Clilonn-e  de   sodium,  lactate 
de    soude  avec   de   la   ca- 
séine, etc ^T'^ 


Le  chyle  de  deux  autres  Chevaux 
qui  avaient  été  nourris  avec  de  l'avoine 
donna  ati  même  chimiste  : 

N°    I.  N°    II. 

Eau 928,00  910,00 

Fibrine 0,80  0,90 

Graisse 10,01  3,48 

Albumine,  etc.   .   .        40,43  60,5a 

Héniatoglobuline.  .        traces  6,69 

Matières  exiract.  .          5,32  5,26 
Chlorures,  lactates, 

etc 7,30  0,70 

Sulfate  et  phosphate 
de  chaux,  el  per- 
oxyde de  fer.  .   .          1,10  0,85(6) 

M.  Rees  a  trouvé  le  chyle  d'iui 
supplicié  composé  de  : 

Eau 90,18 

Albumine   avec   des  traces  de 

hbrine 7,08 

Extrait  aqueux 0,50 

Extrait  alcoolique 0,42 

Chlorure  de  sodium,  carbo- 
nates, sulfates  et  phosphates 
à  bases  alcalines  et  oxyde  de 

fer 0,44 

Matières  grasses 0,92(0) 

L'existence  de  sucre  dans  le  chyle  a 


(«)  Nasse,  art.  Cuylus  (Wagncr's  Uandwuvierbuch  der  Physiologie,  I.  I,  \>.  235). 
(b)  Fr.  Sunon,  Animal  Cliemistry,  t.  I,  p.  355  et  suiv.). 

((•)  l'ices,  On  the  Chemical  .Uialijsi.s  nfllie  Contents  al'  tlic  Thoracic  Dnct  in  Ihe  Htiman  Siib- 
jert  iPliilo.i.  Tvans.,  1S42,  p.  82). 


CHYLR.  17e) 

Les  physiologistes  admettent  généralement  que  la  librine 
(lu  chyle  provient  également  des  aliments  élaborés  par  le  travail 
digestif,  mais  je  doute  fort  qu'il  en  soit  ainsi.  Il  est  vrai  que  la 
proportion  de  cette  substance  y  est  d'ordinaire  un  peu  plus  élevée 
que  dans  la  lymphe  des  autres  parties  du  corps  (1)  ;  mais  elle 
est  inférieure  à  ce  qui  existe  dans  le  plasma  du  sang,  et  il  est  à 
noter  que  la  coagulabililé  du  chyle  parait  être  plus  grande  dans 
la  partie  terminale  du  système  des  vaisseaux  chylifères  que 
dans  les  branches  radiculaires  qui  avoisinent  l'intestin  (2)  :  ce 
qui  semble  dénoter  une  augmentation  dans  la  quantité  relative 
de  la  fibrine,  et  tendrait  à  faire  penser  que  ce  principe  est  versé 
dans  le  courant  chyleux  par  les  affluents  du  système  lym[)îia- 
tique.  Il  est  aussi  à  noter  que  la  présence  d'une  quantité 
plus  ou  moins  considérable  de  matières  alhuminoïdes  dans 
les  aliments  ne  paraît  exercer  aucune  influence  sur  la  pro- 
portion de  fdorine  dont  le  chyle  se  trouve  chargé  (o).  Enfin, 
dans  les  expériences  faites  par  Collard  de  Martigny  sur  les 


été  constatée  pav  Trommer,  à  l'aide 
du  réattif  de  ce  chimiste  {a)  ,  mais 
paraît  être  exceptionnelle  (6). 

(1)  Dans  les  analyses  du  chyle  faites 
par  Pront,  on  considéra  comme  étant 
de  la  fibrine  la  totalité  du  caillot  débar- 
rassé des  matières  que  le  lavage  pou- 
vait entraîner,  et  Ton  arriva  de  la  sorte 
à  évaluer  la  proportion  de  cette  sub- 
stance à  6  ou  8  millièmes  (c),  ce  qui 
est  beaucoup  au-dessus  de  la  réalité. 


('2)  Cette  remarque  a  été  faite  par 
Kmmert  et  par  plusieurs  autres  phy- 
siologistes ((i). 

(3)  Leuret  et  Lassaigno  ont  insisté 
sur  ce  lait  :  ils  ont  trouvé  autant  et 
tnèmc  plus  de  fibrine  dans  le  chyle 
recueilli  sur  des  Animaux  qui  avaient 
été  nourris  avec  du  sucre  ou  de  la 
gomme,  que  chez  ceux  qui  avaient 
mangé  de  la  viande  (c). 


(a)  Trommer,  Unterscheidung  von    Gummi,  Dextrin,  Traubenxucker  iinil  Rohnurker  {Ann. 
der  Chemie  und  Pharm.,  1841,  t.  XXXIX,  p.  360). 

(b)  Lehmann,  Lehrbuch  der  physiologischen  Chemie,  t.  II,  p.  249. 
(0)  l'roiit,  Op.  cit.  (Ann.  of  Philos.,  l.  XIII,  p.  25). 

(d)  Emiiierl,  Op.  cit.  {Ann.  de  chimie,  1811,  t.  LXXX,  p.  85). 

—  Prout,  Op.  cit.  (Ann.  of  Philos.,  1.  XIII,  p.  22). 

—  Miillor,  Manuel  de  physloloyie,  l.  I,  p.  4(57. 

—  TodJ  aiiil  Bowiiiaiiii,  The  Physiol.  .Analomu  and  Physi  loijy  ofMan,  t.  Il,  p.  281  . 
(f)  l^eiirpt  i;l  Lassai^jn;,  Hech.vrht's  poiu-  .v.vi'ir  à  l'hlsloiri'  de  la  digestion .  p.   100. 


17G 


DIGESTION. 


effets  de  rabsliiiencc.^  le  liquide  eonlenu  dans  le  canal  tliora- 
cique  a  été  Ironvé  moins  coagidnble  après  le  repas  que  chez 
les  Animaux  à  jeun  (1). 

Les  globules  liématiciues  qui  se  rencontrent  en  quantité  plus 
ou  moins  grande  dans  le  chyle  tiré  du  canal  thoraciquc,  et  qui 
donnent  parfois  à  ce  liquide  une  teinte  rosée  (2) ,  me  paraissent 
avoir  la  même  origine.  Jusque  dans  ces  derniers  temps,  on 
croyait  assez  généralement  que  ces  corpuscules  naissaient  dans 
le  chyle,  et  étaient  des  globules  du  sang  en  voie  de  dévelo[)pe- 
ment,  destinés  à  remplacer  ceux  que  ce  {luide  nourricier  perd 
sans  cesse.  Mais  les  observations  microscopiques  les  mieux 
faites  sont  défavorables  à  cette  opinion,  et  tendent  à  faire  penser 
que  les  globules  rouges  en  question  proviennent  du  sang  et  sont 
introduits  dans  les  vaisseaux  chylifères  par  les  ganglions  mé- 
scntériques  ou  par  les  lymphatiques  de  la  rate.  Du  reste,  on  en 
voit  dans  la  lymjjhe  des  autres  parties  de  l'organisme,  et  j'ai  déjà 


(1)  Dans  du  chyle  recueilli  sur  un 
Cliicn,  vingt-quatre  heures  aprtîs  un 
repas,  CoUard  dei\Iartiji;ny  trouva  3  niil- 
liènics  de  lihrinc,  et  dansle  liquide  dont 
le  canal  thoracifiuc  était  rempli  chez 
un  autre  Animal  qui  jeûnait  depuis 
neuf  jours,  il  en  trouva  5,8  pour 
1000  (a). 

J'ajouterai  que  dans  les  analyses 
élémentaires  du  chyle  d'un  Cheval 
iiourri  avec  de  l'herhe  et  de  celui  d"(ni 
Chien  nourri  de  viande,  MM.  Macaire 
et   Marcet   fils  n'uni    trouvé    aucune 


différence,  (juant  à  la  proportion 
d'azote  (6). 

(2)  La  teinte  rougeàtre  du  chyle  est 
fortement  prononcée  chez  le  Cheval. 
Enimert  a  remarqué  qu'elle  n'existe 
pas  dans  le  liquide  contemi  dans  les 
branches  radiculaires  des  vaisseaux 
chylifères,  mais  se  prononce  le  plus 
dans  le  canal  thoracique  (c). 

Les  traces  de  fer  que  plusieurs  chi- 
mistes ont  trouvées  dans  le  chyle  [d) 
provenaient  probablement  des  globules 
du  sang  mêlés  à  ce  liquide. 


(a)  Cullaril  ilc  Marligny,  nechcnhcs  expcrimentales  sur  les  c/fels  de  l'absthinicc  cnmpli'le 
d'aliments  solides  et  liquides  sur  la  com-posilion  du  sang  cl  de  la  tymplie  {Journal  de  physioloijie 
de  Mageiitlie,  182S,  I.  VIII,  p.  482). 

(6)  Macaire  ot  Marcel,  llecherches  sur  l'origitie  de  l'anote  qu'on  trouve  dans  la  composition  des 
substances  animales  {Ann.  de  chimie  et  de  physique,  1832,  l.  Ll,  p.  377). 

(c)  Enniieit,  Op.  cit.  (Heil's  Archiv  lûr  die  Physiologie,  l.  VIII,  p.  147,  218,  el  .Vun.  de  chimie, 
1811,  l.  LXXX,p.  85;. 

—  Yauqiieliii,  Op.  cit.  (.\nu.  de  cliimie,  el  Ann.  du  Musi'um,  I.  XVIll,  p.  240). 

—  Ticcs,  On  Chyle  and  Lymphe  {London  Médical  Gaicltc,  1811 ,  (.  N.WIl,  p.  547i. 
{(/)  Eninicii,  Op.  vit.  {Ann,  de  chimie,  181 1 ,  t.  I.XXX,  ji.  8.5). 


HOLli    DKS    VAISSE.\U\    C51YL1FÈUES.  177 

en  l'occasion  de  parler  de  la  manière  dont  on  peut  expliquer 
leur  présence  dans  ce  liquide  (1). 

La  proportion  d'albumine  et  d'autres  matières  albuminoïdes 
est  également  plus  élevée  dans  le  chyle  que  dans  la  lymphe 
ordinaire,  et  il  y  a  lieu  de  croire  qu'une  certaine  quantité  de 
ces  substances  provenant  du  chyme  passe  de  rinlestin  dans  les 
racines  des  vaisseaux  chylifères  avec  les  matières  grasses  (2). 

(v  /^  — Des  expériences  faites  par  Hunter  et  par  quelques-uns  Les  chyiifères 

^  "^  n'absorbent  pas 

de  ses  devanciers  avaient  porté  les  physiologistes  a  cron^e  (pie      lomes 

,  les  Piibslances. 

toutes  les  substances  nulritives  ou  autres  (pu  sont  absorbées  par 
les  parois  de  l'intestin  grêle  étaient  pompées  par  les  vaisseaux 
chylifères,  et  se  trouvaient  dans  le  ch\\e.  Ainsi  on  crut  avoir 
constaté  que  les  matières  colorantes,  telles  que  l'indigo  ou  la 
garance,  suivaient  cette  route  pour  parvenir  dans  le  torrent  de 
la  circulation  (o).  Mais  des  rechei^ches  mieux  conduites  ont 
prouvé  que  la  plupart  des  matières  étrangères  dont  l'absorption 
a  lieu  dans  cette  portion  du  tube  digestif,  ne  se  montrent  pas 
dans  le  chyle  et  pénètrent  directement  dans  les  veines  qui 
prennent  naissance  dans  la  tunique  muqueuse  (/i). 

Ainsi,  quand  des  matières  colorantes  passent  de  l'intestin  dans 


(1)  Voyez  tome  IV,  page  568.  '■""'"£•    chvle. 

(2)  On  doit  à  M.  Recs  des  analyses        Albumine 12,20      35,10 

comparatives    de    la    lymphe   et   du  ^^''^''^^     exiraciivos 

.     ,           .                       ,                ,  solubles  dans  l'alcool 

chvle  qui  montrent  la  grande  resseni-  ,      „                    ^  ,.        „  «^ 

•"       ^  et  dans  1  eau.   .   .  .          2,40          à.d'i 

blance  existant  entre  ces  deux  liqui-  j^j^,..^,^^     eMraciives 

des,  sauf  en  ce  qui  concerne  la  pro-  ^^,^^3^  ^,3„g  i.^g,, 

portion    des    principes    albuminoïdes  sculemeni 13,19      12,33 

et  des  matières  grasses.  Voici  les  ré-        Seis 5,85        7,11 

SultatS  obtenus  par  ce  physiologiste  :  Graisse traces      36,01  (a) 

LYMPHE.    CHVLE.  (3)  Voycz  tomc  V,  pages  16  et  17. 

Enu 9C5,3G    902,37  (/|)  Les  expériences  de  Hunter,  dont 

Fibrine 1,20       3,70  j\ii  déjà  cu  Toccasiou  de  parler  {b), 


(r/)  Rees,  Op.  dt.(London  Médical  CoiClIc,  1841,  1.  XXVII,  \>.  547). 
{b)  Voyez  tome  V,  page  17. 

Vil.  -  12 


178  DIGESTION. 

le  torrent  de  la  oirciilation,  et  sont  ensuite  expulsées  de  l'orga- 
nisme par  les  reins,  on  n'en  découvre  le  plus  ordinairement 
aucune  trace  dans  le  chyle.  Il  en  est  dé  même  pour  un  grand 


n'étaient  pas  de  nature  à  inspirer 
grande  confiance,  mais  elles  lurent 
pendant  longtemps  acceptées  par  tous 
les  physiologistes  comme  démonstra- 
tives. Halle  n'obtint ,  il  est  vrai , 
que  des  résultats  négatifs  lorsqu'il 
chercha  à  constater  l'absorption  dos 
matières  colorantes  par  les  chyli- 
fères  (a)  ;  mais  ce  fut  Magendie  qui, 
Je  premier,  combattit  les  vues  généra- 
lement adoptées  à  ce  sujet,  et  qui 
montra  que  dans  certains  cas  au  moins 
l'absorption  des  matières  étrangères 
contenues  dans  l'intestin  a  heu  par 
les  veines.  Ainsi,  dans  une  des  expé- 
riences faites  par  ce  physiologiste,  une 
décoction  de  rhubarbe  ayant  été  in- 
troduite dans  l'intestin  d'un  Chien,  y 
fut  proniplement  absorbée,  et  la  rhu- 
barbe se  montra  bientôt  dans  l'urine, 
mais  on  n'en  trouva  aucune  trace  dans 
le  canal  thoracique  {b). 

En  1820,  Tiedemann  et  Gmelin 
publièrent  un  travail  spécial  sur  ce 
sujet  (t),  et  dans  la  plupart  de  leurs 
expériences,  faites  sur  dos  Chiens  et 
des  Chevaux,  ni  les  matières  colo- 
rantes, telles  que  l'indigo,  la  garance, 
la  rhubarbe,  la  cochenille,  l'alcanna  et 
la  gomme -gulte,  ni  les  substances 
dont  l'odeur  est  caracléristiqno,  telles 
que  le  camphre  ou  lo  musc,  ni  les  sub- 
stances minérales  solubles,  qui  sont 
faciles   à  reconnaître  au   moyen   de 


réactifs  chimiques  ,  par  exemple  l'a- 
cétate de  plomb ,  les  sels  de  fer,  le 
cyanoferrure  de  potassium  et  le  deuto- 
chlorure  de  mercure,  ne  se  montrèrent 
dans  le  canal  thoracique,  tandis  que 
d'ordinaire  on  les  découvrait  dans  le 
sang  de  la  veine  porte  ou  dans  l'urine. 
Dans  quelques  cas  cependant  il  en  fut 
autrement.  Ainsi,  dans  l'expérience 
n°  5,  la  rhubarbe,  que  l'on  reconnaît 
à  sa  coloration  en  rouge ,  quand  on  y 
ajoute  goutte  à  goutte  de  la  potasse  eu 
dissolution,  se  trouvait  dans  le  chyle 
aussi  bien  que  dans  le  sang.  Dans  une 
antre  expérience  (n"  G),  on  découvrit 
des  traces  de  cyanoferrure  de  potas- 
sium dans  lo  chyle,  ainsi  que  dans  le 
sang  de  la  veine  porte,  il  résulte  donc 
de  l'ensemble  de  ces  expériences,  que 
les  vaisseaux  chylifèros  ne  jouent 
jamais  ([u'un  rtile  peu  important  dans 
l'absorption  do  ces  matières  minérales 
ou  colorantes. 

l'eu  de  temps  après,  Lawrence  et 
Coates,  Selius  et  Ficinus,  Mac  Neven, 
et  plusieurs  autres  physiologistes 
dont  j'ai  déjà  eu  l'occasion  de  citer  les 
travaux  (c/),  lirent  aussi  des  recher- 
ches en  vue  de  la  détermination  des 
voies  suivies  par  les  matières  qui  sont 
absorbées  dans  l'intestin.  Toutes  ces 
oxpérionces  montrent  que  ces  nuUières 
pouvonl  passer  par  les  veines  qui  de 
l'intestin  se  rendent  au  foie,  et  dans  la 


(a)  Voyez  Fourcroy,  Système  des  connaissances  chimiques,  I.  X,  y.  60. 

{b)  Magendie,  Précis  élémentaire  de  physiologie,  t.  II,  p.  202. 

(f)  Tiedcniann  imd  (imelin,  Yersuche  iiber  die  Wege  auf  wekhen  Subslanzen  ans  dem  Mageii 
und  Ikiriiilxnniil  in  lUul  gelangen.  IleidolluM;;,  1820.  — Itecherches  e.rpérimenlales  sur  laroute 
que  prennent  diverses  stibslances  j^nnr  passer  de  l'estomac  et  du  canal  intestinal  dans  le  sang, 
Irad.  )>iir  tl(>llcr.  l'aiis.  1821. 

{d\  \i>\n  loiiie  V,  i)!inc  20. 


ROLE    DES    VAISSEAUX    CHYLIFÈRES.  179 

nombre  de  matières  salines  dont  l'absorption  {)ar  les  parois  de 
l'intestin  et  la  présence  dans  le  sang  sont  faciles  à  constater  à 
l'aide  de  diverses  réactions  cliimiques  (1). 

Tous  les  faits  les  mieux  observés  tendent  donc  à  montrer 
que  les  vaisseaux  chylifères  admettent  certaines  substances  de 
préférence  à  d'autres,  qu'ils  exercent  sur  les  matières  contenues 
dans  l'intestin  une  absorption  élective,  et  prennent  dans  le  chyme 
les  corps  gras  et  peut-être  aussi  des  principes  albuminoïdes  à 
l'exclusion  des  matières  salines.  Leur  mode  d'action  a  donc  une 
analogie  frappante  avec  celui  des  organes  sécréteurs,  qui,  ainsi 
que  nous  le  verrons  dans  une  prochaine  Leçon,  puisent  dans  le 
sang  certaines  substances  de  prélérence  à  d'autres,  et  en  sépa- 
rent de  la  sorte  les  matériaux  des  sucs  particuliers  que  chacun 
d'eux  est  chargé  de  produire;  seulement  ici  le  liquide  sécrété, 


plupart  des  cas  il  fut  impossible  de 
constater  le  passage  de  ces  mêMiies 
substances  par  les  vaisseaux  chyli- 
fères. 

Mais,  à  côté  de  beaucoup  de  faits 
négatifs,  il  est  un  certain  nombre  de 
résultais  qui  ne  me  paraissent  laisser 
aucun  doule,  quant  à  la  possil)ililé  de 
Tintroduction  directe  de  plusieurs  de 
ces  substances  dans  Forganisnie  par 
les  chyliières  aussi  bien  que  par  les 
veines.  Il  est  vrai  que,  dans  quelques 
cas  où  des  matières  colorantes  ingé- 
rées dans  l'intestin  ont  été  aperçues 
dans  le  chyle,  on  peut  supposer 
qu'elles  ont  été  portées  dans  le  système 
lymphatique  par  le  plasma  du  sang, 
et  dans  les  expériences  faites  sur  l'ab- 
sorption de  la  garance  par  M.  Buisson, 


les  choses  paraissent  s'être  passées  de 
la  sorte  (a).  Mais  dans  d'autres  cir- 
constances cela  ne  me  semble  pas 
avoir  eu  lieu  ;  et  ainsi  que  je  l'ai  déjà 
dit  en  traitant  de  l'absorption  en  gé- 
néral (6),  il  paraît  que  la  plupart  des 
substances  absorbables  pénètrent  di- 
rectement dans  les  vaisseaux  chyli- 
fères aussi  bien  que  dans  les  veines, 
mais  que  leur  absorption  est  beaucoup 
plus  active  par  ces  dernières  que  par 
les  premiers,  et  qu'en  général  la  part 
que  ceux  ci  prennent  dans  le  travail  en 
question  est  tout  à  fait  insignifiante, 

(1)  il  est  également  à  noter  que  les 
chimistes  n'ont  pu  découvrir  dans  le 
chyle  aucun  des  principes  caracté- 
ristiques de  la  bile  qui  baigne  la  sur- 
face interne  de  l'intestin  (t). 


(a)  Buisson,   De  la  coloration  du  chyle  par  la  fiaranre  {Gazette  médicale,  ISH,  p.  295),  e 
Études  sur  le  chyle  {toc.  cit.,  p.  b-2'à). 
(6)  Voyez  lome  V,  page  21. 
(c)  Lelinianii,  I.ehrbMch  der  physioloyischcn  Chemie,  I.  II,  p.  2i'J. 


180  DIGKSTION. 

au  lieu  d'êlre  extrait  du  fluide  nourricier  et  versé  au  dehors, 
serait  tiré  des  matières  alimentaires  contenues  dans  l'intestin  et 
versé  dans  la  lymplie,  qui,  devenue  chyle  par  le  fait  de  cette 
addition,  porterait  les  [)roduits  de  ce  travail  physiologique  dans 
le  torrent  de  la  circulation.  D'après  cette  manière  de  concevoir 
le  phénomène  en  question,  professée  par  un  physiologiste  dis- 
tingué d'Edindjourg,  M.  Goodsir,  les  villosités  de  l'intestin 
seraient,  pour  ainsi  parler,  des  glandules  récrémenlitielles  qui 
sécréteraient  le  chyle  dont  elles  puiseraient  les  matériaux  dans 
le  chyme,  et  qui  auraient  pour  conduit  excréteur  la  radicule 
lymphatique  creusée  dans  l'axe  de  chacun  de  ces  appendices  (1). 
N'ayant  |)as  encore  traite'  des  phénomènes  de  la  sécrétion  en 
général,  il  serait  dilTicile  de  discuter  ici  cette  hypothèse;  mais 
je  dois  dire  qu'elle  me  semhle  plus  satislaisante  que  toute  autre, 
et  que  les  ohservations  dont  j'ai  déjà  rendu  compte  relative- 
ment à  la  manière  dont  les  matières  grasses  réduites  dans  un 
état  de  grande  division  par  rémulsionnement  que  déterminent 
le  suc  pancréatiqne  ou  les  autres  liquides  intestinaux,  sont 
introduites  dans  l'intérieur  des  utricules  épithéliques  des  villo- 
sités avant  de  passer  dans  les  vaisseaux  lymi)hatiques  sous- 
jacents ,  révèlent  un  nouveau  trait  de  ressemhlance  entre  les 
sécrétions  et  racle  [)hysiologi(pie  qu'on  nomme  communément 
l'ahsorption  du  chyle,  mais  qu'il  serait  peut-être  mieux  d'ap- 
peler la  formation  de  ce  produit  récrémentitiel. 

L'émulsionnement  des  graisses  par  le  suc  pancréatique  pa- 
raît être  une  des  circonstances  qui  coulrihuent  le  plus  à  favo- 
riser ce  travail,  et,  ainsi  (juc  je  l'ai  déjà  fait  voir  dans  une 


(1)  Cette  vue  relative  aux  fonctions      été  brièvement  indiquée  par  M.  Goodsir 
sécrétoires  des  villosilés  iiiteslinalcs  a      en  18/|2  (o). 


(«)  Goodsir,  Un  the  Structure  aiiil  Functitms  of  llie  liileslnial  Villi  in  Man  and  certain  of 
thc  Mammalia,  with  some  Obsei'V.  on  Difiestion  and  the  Absorption  of  Chyle  (Kdinhnrgh  l'hilo- 
sophicalJournal,  18i2,  I.  XXXIII,  i'.  Kir)).  —  Anatomiral  and  Pathotnqtral  Ol)serv(i  lions,  1845, 
p.  4  ot  siiiv. 


HOLE    DES    VAISSEAUX    CIIVLlFÈItES.  181 

précédente  Leçon,  c'est  dans  cet  état,  et  sons  la  Ibrine  de  glo- 
bulins  d'une  petitesse  extrême,  que  ces  substances  pénètrent 
dans  les  cellules  épithéliales  dont  les  villosilés  de  la  tunique 
muqueuse  de  l'intestin  grêle  sont  revêtues,  et  qu'elles  passent 
ensuite  dans  les  cavités  radiculaires  des  vaisseaux  chyli- 
fères  (1). 

Les  villosités  de  l'intestin  grêle  chez  l'Homme  et  les  autres 
Mammifères,  ou  les  lamelles  qui  en  tiennent  lieu  chez  les  Ver- 
tébrés inférieurs,  sont  les  principaux  organes  d'absorption  des 
matières  constitutives  du  cliyle;  mais  quelques  observations 
récentes  tendent  à  établir  que  toutes  les  parties  de  la  tunique 
muqueuse  de  cette  portion  du  tube  digestif  peuvent  remplir  les 
mêmes  tonctions.  Lorsque  cette  absorption  est  en  pleine  acti- 
vité, les  villosités  deviennent  turgides;  elles  se  contractent  et 
s'allongent  alternativement,  et  se  chargent  de  graisse  émul- 
sionnée  ([ui ,  en  se  mêlant  aux  autres  matières  puisées  dans 
l'intestin  et  à  la  lymphe  fournie  par  le  i)lasma  transsudé  dans 
les  tissus  adjacents,  constitue  le  li(juide  chyleux.  Quant  au 
mécanisme  à  l'aide  diKpiel  cette  introduction  s'opère,  et  aux 
forces  dont  le  jeu  détermine  l'ascension  du  chyle  dans  les  vais- 
seaux chargés  de  le  verser  dans  la  veine  sous-clavière,  nos 
connaissances  sont  encore  très  incomplètes,  et  je  n'ai  rien 
d'important  à  ajouter  aux  faits  dont  j'ai  déjà  rendu  compte  en 
traitant  de  l'absorption  en  général  (2). 

(1)  Voyez  tome  V,  page  228.  autres  matières  insolubles  par  la  sur- 

(2)  Pour  plus  de  détails  à  ce  sujet,       face  muqueuse  de  rinlestiu  (6). 

je    renverrai    aux    observalions    de  En  décrivant  les  villosités  de  la  mu- 

M.  Briicke  («)   et  des  autres  physio-  queuse  intestinale,  j'ai  eu  également 

légistes,  dont  j'ai  déjà   cité  les   re-  l'occasion  de  parler  des  mouvements 

cherches  lorsque  j'ai  traité  de  Tab-  de  ces  appendices  (c),  et  par  consé- 

sorption  des  graisses   et  de  plusieurs  quent  je  n'y  reviendrai  pas  ici. 

(a)  Briicke,  Ueber  die  Chylusgefasse  iind  die  Hesoi'ptiou  des  Chylvs  (Denkschriften  der  Akad. 
der  Wissenschafieii  iu  Wien,  1854,  t.  VI,  p.  99). 
(6)  Voyez  tome  V,  pages  227  à  243. 
((.)  Voyez  luaic  M,  pa^^c  399.  ' 


18*2  DIGESTION. 

Du  reste,  quoique  la  plus  grande  partie  des  corps  gras  que 
l'Homme  et  les  autres  Mammifères  s'assimilent  arrive  évidem- 
ment dans  le  sang  sous  la  forme  d'une  sorte  d'émulsion  et  se 
trouve  dans  le  chyle,  il  me  semble  impossible  d'admettre  que 
la  totalité  des  principes  de  cet  ordre  qui  pénètrent  dans  la 
profondeur  de  l'organisme  soit  absorbée  delà  sorte.  En  effet, 
le  chyle  des  Oiseaux ,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  ne  contient  que 
peu  ou  point  de  graisse  émulsionnée ,  et  cependant  ces  Ani- 
maux absorbent  indubitablement  des  quantités  considérables  de 
matières  grasses  tirées  de  leurs  aliments. 

§  5.  — Par  voie  d'exclusion,  nous  nous  trouvons  donc  con- 
duits à  chercher  si,  dans  l'intestin  grêle  aussi  bien  que  dans  l'es- 
tomac, l'absorption  veifieuse  ne  jouerait  pas  un  grand  rôle  dans 
la  portion  complémentaire  du  travail  digestif  dont  l'étude  nous 
occupe  ici,  c'est-à-dire  dans  le  transport  des  matières  nutri- 
tives de  cet  intestin  jusque  dans  le  système  irrigatoire  général 
de  l'organisme  (1).  Une  multitude  d'expériences,  dont  quelques- 
unes  des  premières  sont  dues  à  Magendie,  prouvent  qu'effecti- 
vement il  en  est  ainsi,  et  que  même  c'est  jirincipaloment  par  la 
veine  porte  que  s'opère  l'absorption  de  la  plus  grande  partie 
des  matières  déposées  .dans  le  tube  intestinal.  Ainsi  les  sub- 
stances salines  qui,  introduites  dans  l'intestin,  pénètrent  dans 


(1)  Lorsque  Ton  considérail  le  cliyle  l'inteslin,    cl    quelques    analomistes 

comme   un  produit  pariiculier  de  la  pensèrent  en  avoir  aperçu  dans  ces 

digestion  élabore^  dans  le  tube  intes-  vaisseaux  (a).  ÎVIais  le  liquide  laiteux 

linal,  et  ensuite  absorbé  par  les  vais-  qu'ils  y  aperçurent  était,  suivant  toute 

seaux  (iiylifères ,  on  agita  beaucoup  probaljililé ,  du  sang  dont  le  plasma 

la  question  de   la  possibilité  de  l'eu-  se  trouvait  lorlement  cliargé  de  graisse 

trée  de  ce  liquide  dans  les  vejnes  de  émulsionnée. 

(a)  Wiilœus,  Eiwtolœ  duœ  de  motu  chiliet  saniiuinis  (IHurlholini  .Uiatomia,  5'  eJit.,  p.  7S9). 

—  Meckel,  Rxperiinenta  nova  et  observai.  <li  ftiiibu<:  veuaruni  ac  vasontm  lumphalicorum, 
1772,  |).  13. 

—  Breiiilcl,  De  r.hili  ad  sangaiiLem  cxnmeatii  per  vcnas  mesarakas  non  impvobibile. 

—  A.  Moiiro,  Di  veiiis  lymphaticis  valvutosls  cl  dii  eartim  imprinis  origine. 

—  Ticilemann  et   Ginclin,  Recherches  sur  la  route  que  prennent   diverses  substances  pour 
passer  de  l'estomac  et  du  canal  intestinal  dans  le  sang,  p.  76. 


ROLE    m:    l'aBSOUPTION    YKINIiUSK.  183 

l'organisme,  se  retrouvent  loiijoin\s  plus  facilement  et  en  [ilns 
grande  quantité  dans  le  sang  des  veines  mésentériques  que 
dans  le  canal  thoracique,  et  en  général  on  les  découvre  dans 
le  premier  de  ces  liquides,  tandis  qu'on  n'en  trouve  aucune 
trace  dans  le  chyle.  Les  recherches  publiées  il  y  a  une  quaran- 
taine d'années  par  Tiedemann  et  Gmelin  fournissent  beaucoup 
de  faits  de  ce  genre  ;  mais  je  citerai  ici  de  préférence  une  des 
expériences  dues  à  Panizza,  parce  qu'elle  me  paraît  de  nature 
à  donner  une  idée  plus  exacte  de  ce  qui  se  passe  dans  les  cir- 
constances ordinaires.  Pendant  plusieurs  jours  de  suite  ce  phy- 
siologiste administra  à  des  Chiens  du  cyanoferrure  de  potas- 
sium mêlé  aux  aliments,  puis  il  tua  ces  Animaux  pendant  que 
la  digestion  était  en  pleine  activité,  et,  à  l'aide  du  chlorure  de 
fer,  il  chercha  à  constater  la  présence  du  cyanoferrure  dans 
les  divers  liquides  de  l'organisme  :  or,  il  n'en  aperçut  que  de 
faibles  traces  dans  le  chyle  extrait  du  canal  thoracique,  mais 
il  en  découvrit  facilement  dans  le  sang  de  toutes  les  parties 
du  corps,  et  il  trouva  qu'il  y  en  avait  plus  dans  le  sang  de  la 
veine  porte  que  partout  ailleurs  (1). 

D'autres  physiologistes  ont  constaté  que  c'est  principalement 
par  les  veines  de  l'intestin  que  le  sucre  introduit  dans  l'appa- 
reil digestif,  ou  produit  dans  l'intestin  par  l'action  de  la  salive, 
du  suc  pancréatique  ou  des  sucs  intestinaux  sur  les  matières 
amylacées,  est  absorbé  et  versé  dans  le  torrent  de  la  circula- 
lion  générale  (2). 

L'absorption  des  matières  albuminoïdes  par  les  branches  du 


(1)  Panizza  obtint  dos  résultats  sucre  dans  le  système  circulatoire 
semblables,  eu  administrant  de  Tio-  général,  sans  en  avoir  trouvé  dans 
dure  de  potassium  à  un  Anon  {a).  le   canal   tboracique,    furent  d'abord 

(2)  Les  expériences  dans  lesquelles  considérées  comme  démonstratives  de 
on    avait    constaté    la    présence    de  l'absorption    de   celte   substance  par 

(a)  Panizza,  Dello  absorbimento  venoso  {Mem.  dell'Inslituto  Lombardo  di  sciemc,  1S13,  t.  I, 
p.  163)^. 


18/l  DIGLSTlOiN. 

système  de  la  veine  porte  est  moins  l'acile  à  prouver,  parée  que 
le  sang  en  contient  toujours  beaucoup ,  mais  en  quantité 
variable.  Cependant  celle  absorption  a  été  rendue  très  probable 
non-seulement  par  l'analogie,  mais  par  la  comparaison  des  pro- 
portions relatives  des  globules  rouges  et  de  l'albumine  existant 
dans  le  sang  qui  traverse  ces  vaisseaux  pour  se  rendre  de  l'in- 
testin au  foie,  et  dans  le  sang  qui  revient  des  autres  parties  du 
corps.  En  effet,  M.  J.  Béclard  a  trouvé  qu'à  la  suite  des  repas, 
le  sang  de  la  veine  porte  contenait  proporlionnément  plus  d'al- 
bumine (jue  le  sang  ordinaire  (1). 

JM.   Cl.   Bernard,  dont  les  expériences  ont  jeté  imc  vive 


les  veines  de  rintestin  (a).  Alais 
aujourcrhui  qu'on  sait,  par  les  le- 
cherclies  de  M.  Cl.  Bernard,  qu'il 
y  a  production  de  sucre  dans  le  foie, 
les  fails  de  C(!t  ordre  ont  perdu 
toute  valeur,  et  poiu'  nietlre  en  évi- 
dence lu  rôle  de  eus  veines  dans  le 
travail  dont  l'étude  nous  occupe  ici, 
il  a  fallu  examiner  le  sang  qui  vient 
de  l'intestin  et  qui  n'a  pas  encore  U"a- 
versé  le  foie.  Plusieurs  «'xpéricnces  de 
ce  genre  ont  été  faites  par  MM,  Bou- 
chardat  et  Sandras.  Ainsi,  après  avoir 
nourri  un  Lapin  avec  des  matières  sac- 
charifèrcs,  ils  ont  trouvé  que  le  sang 
de  la  veine  porlo  contcnail  i)lus  de 
sucre  que  n'en  renfermait  le  sang  arté- 
riel (b).  Enfin,  M.  Cl.  Bernard  a  con- 
staté que  l(!  sucre  absorbé  dans  l'in- 
testin se  reconnaît  dans  le  sang  de  la 
vcino  porte,  mais  il  n'en  a  que  rare- 
ment aperçu  des  traces  dans  les  vais- 
seaux chylifères   (c) ,  et  M.  J^cbmann 


n'a  pu  jamais  en  découvrir  dans  lo 
chyle  du  Cbeval,  dont  les  aliments 
féculents  axaient  donné  naissance  à 
ce  produit  dans  l'intestin  (d). 

(1)  ^1.  J.  Béclard  a  analysé  com- 
parativement le  sang  de  la  veine  jugu- 
laire et  le  sang  de  la  veine  porte  chez 
des  yVniniaux  à  jeun  et  chez  d'autres 
où  la  digestion  étah  en  pleine  activité, 
et  il  a  trouvé  que  chez  les  premiers  la 
proportion  des  globules  hémaliques  et 
de  fibrine  était  beaucoup  plus  grande 
dans  le  sang  de  la  veine  porte  que 
dans  celui  de  la  jugulaire  ;  ce  qui  s'ex- 
j)liquepar  l'élimination  d'une  quantité 
(•(insidérable  d'eau  et  de  matières  so- 
lidiles  par  It;  travail  sécréloire  dont  le 
tube  digesrtif  est  toujours  le  siège. 
Mais ,  chez  les  seconds,  il  obtint  un 
résultat  inverse,  et  il  trouva,  pour  un 
même  jwids  d'eau,  beaucoup  moins 
de  globules  et  beaucoup  plus  de  ma- 
tières   albuminoïdes.   Si    l'on    prend 


(a)  Tiedomanii  et  (Imeliii,  Hecherclies  sur  la  digestion,  t.  I,  p.  201. 

(6)  Biiiicharii:it  et  Sainiras,  De  la  digestion  des  matières  féculentes,  etc.  {Supplém.  à  l'Annuaire 
de  thcrGpcutiqw  pour  1840,  p.  IIS  et  siiiv.). 

{!')  Cl  licnianl,  Du  rôle  de  L'appareil  cliglifère  dans  l'absorption  des  substances  alimentaires 
{Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  sciences,  1S50,  t.  XXM,  p.  709). 

((/)  Lelimann,  Lehrbuch  dcr  physiologisrhen  Chemie,  t.  Il,  p.  248. 


llÙLK    1>K    L'.VliSOia'TlOlN     VlilNEUSt:.  185 

lumière  sur  toutes  les  parties  de  la  physiologie,  et  dont  l'auto- 
rilé  est  des  plus  grandes  dans  les  questions  qui  nous  occupent 
ici,  pense  que  même  la  totalité  des  matières  albuminoïdes 
transportées  de  l'intestin  dans  le  sang  est  absorbée  par  la  veine 
porte  (l);  mais  les  observations  sur  lesquelles  il  se  fonde  ne 


pour  unité  de  mesure  la  quantilé  de 
globules  conleuue  dans  le  sang  de  la 
veine  porte  des  Chiens  soumis  à  ces 
expériences,  et  qu'on  la  représente  par 
100,  on  trouve  que,   chez  ceux   qui 
étaient  à   jeun,   la  proportion  d'eau 
variait  entre  /il7  et  300,  et  celle  des 
matières  alhiuninoïdes  et  autres   sub- 
stances solubles  ne  s'élevait  qu'à  /|2  ; 
tandis  que  chez  l'Animal  en  pleine  di- 
gestion, la  quantité  d'eau  correspon- 
dante à  cette  même  quantité  de  glo- 
bules s'élevait  à  plus  de  1300,  et  celle 
de   l'albumine,   etc.,  à   '275  :  ce  qui 
suppose  l'entrée  d'une  quantité  fort 
considérable   de  liquide   et  de  prin- 
cipes solubles  dans  ce  sang  pendant 
son  passage    à  travers  les  capillaires 
des  parois  de  l'intestin  (a). 

(1)  M.  Cl.  Bernard  a  vu  que  si  l'on 
injecte  de  l'albumine  d'œul'  dans  la 
veine  jugulaire ,  cette  substance  se 
montre  bientôt  dans  l'urine,  mais  qu'elle 
n'est  pas  excrétée  de  la  sorte  quand 
on  l'introduit  dans  la  veine  porte  ;  et 
il  conclut  de  ce  fait  qu'en  traversant  le 
foie,  l'albumine  en  question  se  modifie 
de  façon  à  ne  plus  être  excrétée  par  les 
reins  dans  l'état  ordinaire  de  l'orga- 
nisme.  Or,  l'albumine  absorbée  dans 


l'intestin  n'apparaît  pas  dans  l'urine  ; 
par  conséquent,  i\I.  Cl.  Bernard  pense 
que  cette  substance,  pour  passer  de  l'in- 
testin dans  les  artères,  a  du  traverser 
le  foie  et  avoir  été  absorbée  en  entier 
par  la  veine  porte  {b).  Ces  expérien- 
ces, répétées  par  M.  Ore,  ont  donné 
les  mêmes  résultats  (r).  Mais,  comme 
nous  le  verrons  lorsque  nous  étudie- 
ions  la  sécrétion  urinaire ,  les  circon- 
stances qui  déterminent  l'albuminurie 
sont  beaucoup  plus  nombreuses  qu'on 
ne  le  supposait  à  l'époque  où  les  pre- 
mières recherches  de  ce  physiologiste 
furent  publiées  ;  et  d'ailleurs  il  résul- 
terait des  expériences  de  !MM.  Cl.  Ber- 
nard et  Barreswil  que  l'albumine  préa- 
lablement modifiée  par  l'action  du  suc 
gastrique  ne  se  comporte  pas  comme 
l'albumine  ordinaire,  et  que,  introduite 
dans  le  torrent  de  la  circulation,  elle 
ne  passe  jamais  dans  les  urines  (d). 
Or,  l'albumine  qui  est  absorbée  dans 
le  tube  digestif  a  toujours  été  modi- 
fiée de  la  sorte,  et  par  conséquent  elle 
doit  être  soustraite  à  l'action  élimina- 
trice  des  reins,  qu'elle  ait  ou  non  tra- 
versé le   foie.   Le   raisonnement    sur 
lequel    repose    l'opinion    mentionnée 
ci-dessus  n'est  donc  pas  admissible. 


(a)  Béclard,  Recherches  expérimentales  sur  les  fondions  de  la  rate  et  sur  celles  de  la  veine 
porte  (Archives  générales  de  médecine,  1848,  4'  série,  t.  XVIIl,  p.  129). 

{b}  Cl.  Beniai-d,  Du  rôle  de  l'appareil  chylifère  dans  l'absorption  des  substances  alim,entaii'es 
(Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  sciences,  1850,  t.  XXXI,  p.  800). 

(c)  Ore,  Fonctions  de  la  veine  porte   Boidenux,  1801 ,  p.  9. 

(d)  Cl.  Bernard  ot  Barreswil,  Recherches  physiologiques  sur  les  substances  alimentaires 
(Comptes  rendus  de  l'Académie  des  sciences,  1844,  I.  XVlil,  p.  783). 


186 


DIGESTION. 


me  paraissent  pas  probantes,  ainsi  que  je  l'expliquerai  dans  une 
autre  partie  de  ce  Cours. 

Enfin  les  corps  gras,  tout  en  passant  souvent  en  grande 
abondance  de  l'intestin  dans  les  vaisseaux  chylifères,  sont  absor- 
bés aussi  en  quantité  considérable  par  les  veines.  M.  Cl.  Ber- 
nard s'en  est  assuré  directement  en  examinant  au  microscope 
le  sang  de  la  veine  porte  chez  divers  Animaux  ouverts  pendant 
qu'ils  digéraient  des  aliments  contenant  beaucoup  de  matières 
grasses  (1). 

II  paraîtrait  même  que  chez  les  Oiseaux  et  les  autres  Verté- 
brés ovipares,  c'est  principalement,  ou  peut-être  même  exclusi- 
vement par  les  veines  de  l'intestin  que  les  graisses  neutres  sont 
introduites  dans  l'organisme,  car,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  le 
chyle  de  ces  Animaux  ne  contient  en  général  que  peu  ou  point 
de  graisse  émulsionnée,  tandis  qu'il  en  existe  beaucoup  dans  le 
sang  de  la  veine  porte  quand  la  digestion  d'aliments  gras  vient 
de  s'eftcctucr  (2). 


(1)  M.  Cl.  Bernard  a  trouvé  quecliez 
le  Chien,  le  sang  de  la  veine  porte  con- 
tient alors  h  peu  pros  autant  de  ma- 
tières grasses  que  le  cliyle.  Le  sérum 
qui  suintait  du  caillot  formé  par  ce 
sang  était  biancliàtre  comme  du  lait, 
par  suite  de  la  quantité  de  graisse 
émulsionnée  que  ce  liquide  tenait  en 
suspension  (a). 

En  comparant  la  proportion  do  ma- 
tières grasses  contenues  dans  le  sé- 
rum du  sang  de  la  veine  porte  chez 
des  Chevaux  privés  d'aliments  ei 
chez  d'autres  Animaux  de  la  mcmr 
espèce  qui  avaient  été  bien  repus , 
M.  F.  Schmidl  a  trouvé,  en  moyenne, 


seulement  0,10  pour  100  chez  les 
premiers,  et  0,21  pour  100  chez  les 
seconds  (b). 

M.  Lehmann  a  trouvé  aussi  que  le 
sang  de  la  veine  porte  est  beaucoup 
plus  chargé  de  graisse  que  le  sang 
orchnaire,  chez  les  Chevaux  qui  ont 
mangé  abondanmient  quelques  heures 
avant  d'être  abattus  (c). 

(2)  M.  cl.  Bernard  a  constaté  la  pré- 
sence de  beaucoup  de  graisse  émul- 
sionnée dans  le  sang  de  la  veine  porte 
chez  des  Pigeons,  des  Coqs,  des  Émou- 
cliels  et  d'autres  Oiseaux,  à  qui  il 
avait  lait  avaler  de  la  graisse  peu  de 
temps  avant  de  les  tuer  (d). 


(a)  Cl.  Bernard,  0/).  cil.  {Comptes  rendus  de  lAcad.  des  sciences,  1850,  f.  X\XI,  p.  80-2). 
{b)  SclmiicU,  Chemische  und  mtkrosc.  Unters.  iiber  die  Pfortader-lHul  (tteller's  Archiv  fur 
lihyswl.  iindpathot.  Cheinie,  t8i7,  t.  IV,  p.  318). 

(c)  Lolimanii,  Uhrbuch  dcr  pliysinlonisclien  Chenue,  t.  11,  p.  200. 

(d)  Cl.  lîcniaKi,  Op.  cit.  (Comptes  rendus  de  l Acad.  des  sciences,  1850,  l.  XXXI,  p.  802). 


RÔLE    DE    l'absorption    VEINEUSE.  187 

§  6.  —  Ainsi  les  résultats  fournis  par  les  recherches  phy- 
siologiques relatives  à  l'absorption  des  matières  alimentaires 
dans  l'intestin  grêle  sont  parfaitement  d'accord  avec  l'opinion 
que  les  faits  d'anatomie  comparée  nous  auraient  portés  à  avoir. 
Nous  avons  vu  que  chez  la  plupart  des  Animaux  il  n'existe  pas 
de  système  chylifère,  et  que  l'absorption  de  tous  les  produits  du 
travail  digestif  se  fait  directement  par  les  veines  ou  par  les  con- 
duits sanguifères  qui  en  tiennent  lieu.  Il  était  donc  permis  de 
croire  que  chez  les  Vertébrés,  où  il  existe  à  la  fois,  dans  l'épais- 
seur des  parois  de  l'intestin,  des  veines  et  des  vaisseaux  lym- 
phatiques, les  veines  ne  devaient  pas  être  entièrement  déchues 
de  leurs  fonctions  comme  organes  absorbants,  et  que  les  chyli- 
fères  devaient  constituer  un  appareil  complémentaire  destiné  à 
rendre  plus  puissant  le  travail  absorbant.  Nous  voyons  qu'il 
en  est  ainsi,  et  que  ces  conduits  servent  principalement  à  l'in- 
troduction des  matières  grasses  dont  l'absorption  par  les  veines 
n'aurait  pas  été  assez  active  pour  répondre  aux  besoins  de  l'or- 
ganisme, surtout  chez  les  Mammifères  (1). 

Il  résulte  également  des  faits  dont  j'ai  rendu  compte,  que  chez 
l'Homme  et  les  autres  Mammifères  la  part  afférente  au  système 
des  vaisseaux  chylifères  dans  le  travail  de  l'absorption  des  pro- 
duits de  la  digestion  doit  être  considérable,  car  nous  avons  vu 
précédemment  que  la  quantité  de  chyle  versée  dans  le  torrent 


Rësumé. 


(1)  llaller  cite  les  observations  de 
Winslow  et  de  plusieurs  autres  ana- 
tomistes  qui  ont  vu  du  chyle  (c'est-à- 
dire  un  liquide  d'apparence  laiteuse) 
dans  les  vaisseaux  lymphatiques  de 
diverses  parties  du  gros  intestin,  même 
du  rectum  (à). 

M.  Buisson  a  constaté  expérimen- 
talement un  fait  analogue.  Après  avoir 


purgé  un  Chien  et  l'avoir  fait  jeûner 
pendant  deux  jours,  il  lui  injecta  du 
lait  dans  le  gros  intestin  ;  il  le  tua 
quelque  temps  après,  et  il  trouva  un 
liquide  blanc  dans  les  lymphatiques 
de  celte  portion  du  tube,  ainsi  que 
dans  le  canal  thoracique.  En  opérant 
de  la  même  manière  avec  du  l)Ouillon, 
les  résultats  furent  moins  nets  (6). 


(a)  Haller,  Elementa  physiologiœ,  l.  Vil,  p.  168. 

{b)  Buisson,  Éludes  sur  le  chyle  (Gazette  médicale,  \  844,  t.  XII,  p.  522) 


[i^S  DIGKSTIOM. 

(le  la  L'ircLilalioii  par  le  canal  tlioracique  est  très  considé- 
rable (1).  Je  rappellerai  également  que  le  courant  qui  se  dirige 
ainsi  de  l'intestin  vers  le  cœur  est  très  fort  (-2),  mais  qu'il  reste 
encore  beaucou[)  d'obscurité  sur  le  mécanisme  de  ce  mouve- 
ment. 

D'après  ce  que  nous  savons  sur  l'absorption  en  général  (3), 
il  est  évident  que  le  passage  des  matières  nutritives  ou  autres 
de  la  cavité  digestive  dans  le  torrent  de  la  circulation  doit 
nécessiter  un  temps  plus  ou  moins  long  suivant  la  nature  de 
ces  substances;  mais  jusqu'ici  on  n'a  constaté  que  peu  de  faits 
propres  à  nous  éclairer  sur  ce  sujet  (4). 

^7.  —  Pour  compléter  cette  étude  de  la  digestion  et 
des  phénomènes  qui  en  dépendent  directement,  il  ne  me  reste 
que  quelques  mots  à  dire  relalivement  à  ra!)sorption  des 
matières  nutritives  qui  [)eut  s'effectuer  dans  la  portion  termi- 
nale du  tube  alimentaire.  On  sait,  |)ar  les  effets  qui  résultent 
de  riujection  de  substances  médicamenteuses  ou  toxiques  par 
l'anus,  que  l'absorption  est  assez  active  dans  le  gros  intes- 
tin (5),  et,  d'après  les  changements  qui  se  remarquent  dans 


(1)  Voyez  tome  IV,  pag;c  583. 

(2)  Voyez  tome  IV,  page  577. 

(:5)  Voyez  tome  V,  page  i2'2'2  et 
suivantes. 

(Zt)  l'iécemmciit  ,  (nielques  expé- 
riences comparatives  ont  été  faites  par 
M.  Funke  sur  le  degré  de  rapidité 
avec  lequel  riil)s()rplion  des  peptones, 
celle  du  sucre  »■!  (cllc  du  sel  marin 
s'eiïectuent  dans  Tintestin;  et  ce  phy- 
siologiste a  trouvé  que  la  première  de 
ces  substances  est  presque  aussi  absor- 


bable  que  la   deuxième  ,  mais  que  la 
dernière  Test  moins  [a). 

(5)  I/absorption  par  la  surface  mu- 
queuse du  gros  intestin  est  moins  rapide 
que  par  les  parois  de  l'estomac  (6). 
Elle  s'exerce  sur  les  gaz  aussi  bien 
que  sur  les  liquides,  et  lorsqu'un  ob- 
stacle mécanicpie  s'oppose  d'une  ma- 
nière pcrnuiiienle  à  l'évacuation  des 
matières  par  l'anus,  le  gaz  sulfliy- 
driquc  absorbé  de  la  sorte  peut  se 
répandre  dans  l'organisme,  et  donner 


(a)  l-'unUo,  l'ehi'r  das  endosmostische  Yerhaltcn  dcr  l'eplone  (Archiv  fur  pathol.  Anal,  iuid 
l'hyswL,  1><5S,  t.  XIII,  p.  i51). 

(/))  Bi-'nuiet,  De  l'absorplinn  des  subslances  médictimcnleuscs  introduilcs  dans  le  gros  iuleslin 
sous  la  forme  de  clijslùres  {Gax-elle  hebdomadaire  de  médecine,  1857,  l.  IV,  p.  8). 


AJJSOIIPTION    DANS    LE    CROS    INTKSTIN.  180 

la  eonsislanee  des  mnfières  alinioiitaires  pendani  leur  srioiir 
dans  le  csecum,    puis  dans  le  eùlon,  il  est  évident  ([irelles 
y  eonlinnent  à  céder  à  l'organisme  une  partie  des  liquides  et 
des  principes  sokibles  dont  elles  sont  chargées.  Chez  quel- 
ques Animaux ,  le  Cheval ,  par  exemple ,  il  est  probable  que 
la  quantité  de  substances  nutritives  absorbées  de  la  sorte  est 
même  très  considérable  (1)  ;  mais  on  ne  sait  encore  que  fort 
peu  de  chose  à  ce  sujet ,  et  les  observations  qui  ont  été 
faites  par  quelques  physiologistes  relativement  an  rôle  des 
vaisseaux  lympliatiques  et  des  veines  dans  cette  portion  com- 
plémentaire de  l'absorption  nutritive  sont  trop  vagues  et  en 
trop  peht  nombre  pour  qu'il  me  paraisse  utile  (Yen  discuter 
la  portée. 

4i  8.  —  En  résumé,  nous  vovons  que  les  résultats  phvsiolo-     '"«"e'iço 
giques  de  l'alimentalion  dépendent,  d'une  part,  de  la  valeur  d'">s="ii^a''on 

^   T  i  '  i  '  dgg  Animaux 

nutritive  des  matières  emulovées  comme  aliments,  et  de  la  puis-  ^"''  ^"^  résuui.is 

'       '-'  '■  du  travail 

sance  des  agents  digestifs  mis  en  jeu  pour  en  opérer  l'élabora-     Ji^estif. 
tion  ;  d'autre  part,  de  l'action  absorbante  exercée  par  les  parois 
de  la  cavité  alimentaire,  et  que  cette  action  est  soumise  aux  lois 
(pli  régissent  d'une  manière  générale  les  phénomènes  d'imbi- 


à  tous  les  tissus  une  odeur  stercorale, 
ainsi  que  cela  a  été  constaté  récem- 
ment dans  des  expériences  où  le  rec- 
tum avait  été  lié  {a). 

(1)  M.  Colin  a  constaté  expérimen- 
talement que  Tabsorption  peut  s'opé- 
rer très  rapidement  dans  le  caecum 
du  Cheval,  aussi  bien  que  dans  les 
autres  parties  du  tube  intestinal  de 
cet  Animal,  et  ce  physiologiste  consi- 


dère ce  réservoir  comme  jouant  le 
principal  rôle  dans  l'aijsorption  des  li- 
quides el  des  matières  nutritives  chez 
les  Solipèdes  (6).  Il  a  vu  aussi  que 
les  lymphatiques  du  caecum  et  du 
côlon  sont  gorjiés  de  liquides  chez 
les  Chevaux  dont  la  dii^eslion  est  en 
pleine  activité,  mais  il  n'a  jamais 
trouvé  de  chyle  laiteux  dans  ces  vais- 
seaux (r). 


(a)  Planer,  Die  Gase  des  Verdattungsschlanches  und,  ihve  Beziehungen  zuni  Blute  {Sitztmgs- 
herichte  der  wissensch.  Akad.  zu  W'ien,  dSôO,  t.  XLII,  p.  308). 

(b)  Colin,  Traité  de  physiologie  comparée  des  Animaiix  domestiques,  t.  H,  p.  37. 
((•)  Colin,  Inc.  cit.,  p.  10. 


190  DIGESTION. 

bition  et  d'irrigation  dont  l'examen  nous  a  occupés  dans  une 
autre  partie  de  ce  Cours  (1).  Ainsi,  l'utilisation  des  aliments,  ou 
ce  que,  dans  le  langage  des  usines,  on  appellerait  le  rendement 
du  travail  digestif,  dépend  non-seulement  des  forces  digestives 
elles-mêmes,  mais  aussi  des  circonstances  qui  iniluent  sur  la 
puissance  aljsorbanle  des  parois  de  la  cavité  où  ces  forces  sont 
mises  en  jeu,  et  nous  savons  })ar  nos  études  précédentes 
(pie,  parmi  ces  circonstances,  les  plus  importantes  sont  :  le 
degré  de  perméabilité  des  tissus  qui  séparent  les  matières 
absorbables  du  lluide  irrigatoire  dans  lequel  elles  doivent  péné- 
trer ;  l'étendue  de  la  surface  par  laquelle  celte  imbibition  s'opère, 
et  la  multiplicité  des  points  de  contact  entre  ces  mêmes  tissus 
et  les  liquides  nourriciers  ;  enfin ,  la  rapidité  plus  ou  moin^ 
grande  avecla([uelle  ces  derniers  liquides  se  renouvellent  dans 
les  points  où  ils  reçoivent  les  matières  absorbées  et  se  répan- 
dent ensuite  dans  les  dernières  parties  de  l'organisme  où  ils  doi- 
vent les  distribuer.  La  graudeiu^  des  résultats  obtenus  par  le 
travail  digestif  cbez  les  divers  Animaux  ne  dépend  donc  pas 
seulement  du  régime  de  ces  êtres,  de  la  puissance  chinnque 
de  leurs  sucs  digestifs,  ou  des  instruments  mécaniques  à  l'aide 
desquels  l'action  dissolvante  de  ces  licjuides  est  favorisée,  mais 
aussi  des  dispositions  organiques  qui  iniluent  sur  les  pbéno- 
mènes  d'absorption  gastro-intestinale  et  du  degré  de  perfection 
du  travail  irrigatoire. 

Je  ne  pourrais,  sans  sortir  des  limites  assignées  à  ces  Leçons, 
examiner  tous  les  cas  particuliers  dans  lesipiels  cbacune  de  ces 
circonstances  vient  modifier  les  résultats  pliysiologicpiesdu  tra- 
vail digestif;  mais,  afin  de  bien  lixcr  les  idées  à  ce  sujet,  il  me 
paraît  utile  de  rappeler  ici  quelques-uns  des  faits  que  nous  con- 
naissons déjà,  et  de  montrer  les  relations  qu'ils  peuvent  avoir 
avec  le  sujet  (jui  nous  occui)e. 

[i)  Voyp/  lonio  V,  y^age  176  et  siiivanles. 


PUISSANCE    ABSORBANT!']    CHEZ    DIVERS    ANIMAUX.  19l 

Indépendamment  des  différences  que  j'ai  déjà  signalées  dans 
le  degré  de  perfectionnement  des  instruments  préhenseurs, 
sécateurs  ou  broyeurs,  qui,  chez  les  divers  Animaux,  jouent  un 
rôle  plus  ou  moins  important  dans  le  travail  de  la  digestion,  et 
des  variations  que  nous  avons  rencontrées  dans  la  constitution 
ou  dans  les  produits  des  organes  sécréteurs  qui  fabriquent  les 
liquides  digestifs,  il  est  un  grand  nombre  de  particularités  ana- 
tomiques  dont  nous  connaissons  également  l'existence,  et  dont 
l'influence  doit  être  très  considérable  sur  le  rendement  du  tra- 
vail alimentaire,  à  raison  de  leurs  relations  avec  la  puissance 
absorbante  des  parois  de  la  cavité  digestive. 

Ainsi,  il  est  évident  que,  même  en  supposant  toutes  choses     influence 

^  ■_  ^  de  ractivilii 

égales  d'ailleurs,  le  résultat  final  du  travail  digestif  doit  être  circulatoire. 
comparativement  faible  chez  les  x\nimaux  inférieurs,  où  l'irri- 
gation organique  est  presque  imperceptible,  comme  c'est  le  cas 
chez  les  êtres  qui,  dépourvus  d'une  circulation  proprement 
dite,  no  renouvellent  que  d'une  manière  lente  et  irrégulière  le 
fluide  nourricier  en  contact  avec  les  parois  de  la  cavité  diges- 
tive, à  travers  lesquelles  les  matières  nutritives  y  arrivent,  il 
est  également  manifeste  que,  chez  les  Animaux,  tels  que  les 
Insectes,  qui  ont  une  circulation,  mais  chez  lesquels  les  courants 
sanguins,  parcourant  seulement  un  système  de  lacunes  inter- 
organiques irrégulières,  ne  peuvent  être  rapides  dans  l'épais- 
seur des  membranes  interposées  entre  les  produits  de  la  diges- 
tion et  le  fluide  nourricier  général,  l'utilisation  de  ces  produits 
doit  être  moins  facile  que  chez  les  Animaux  dont  le  système 
irrigatoire  plus  perfectionné  envoie  dans  la  substance  de  ces 
membranes  perméables  une  foule  de  canaux  réguliers  que  des 
courants  rapides  traversent  sans  cesse.  Par  conséquent,  le  degré 
de  perfection  atteint  par  les  fonctions  digestives,  est  en  partie 
subordonné  au  degré  de  perfectionnement  de  Tappareil  circula- 
toire; et  par  conséquent  aussi,  d'après  des  diftérences  que  nous 
savons  exister  dans  cet  appareil,  chez  les  divers  Animaux,  nous 


192  DIGESTION. 

pouvons  prévoir  qu'il  doit  se  rencontrer  parmi  eux  de  grandes 
inégalités  dans  le  rendement  du  travail  alimentaire;  que,  sous 
ce  rapport,  les  jMollusques  et  les  Articulés  doivent  être  mieux 
partagés  que  les  Zoophytes,  mais  inférieurs  aux  Vertébrés,  et 
que,  parmi  ces  derniers,  les  Mammifères  et  les  Oiseaux  doivent 
être  supérieurs  aux  Reptiles  et  aux  Poissons.  L'adjonction  de 
l'apjtareil  lymphatique  au  système  des  vaisseaux  ceniripètes 
constitué  par  les  veines  est  aussi  une  circonstance  qui,  en  faci- 
litant l'écoulement  intérieur  des  produits  de  la  digestion,  tend 
à  augmenter  les  résultats  utiles  de  cette  fonction,  et  par  consé- 
(pient,  sous  ce  rapport  encore,  les  Vertébrés  sont  plus  favorisés 
que  les  Invertébrés,  et  les  Mammifères,  où  le  système  des  vais- 
seaux lymphatiques  est  plus  parfait  qu'ailleurs,  sont  les  mieux 
partagés  de  tous  les  Animaux. 
''^"'■e'"'c  En  étudiant  l'absorption,  nous  avons  vu  que  cette  l'onction 
c.nformaiion  (lounc  dcs  résultats  d'autant  plus  considérables,  que  la  surface 

(l.î  la  cavité  ' 

iii-esiive.  par  laquelle  elle  s'exerce  est  plus  étendue,  toutes  les  autres 
conditions  étant  supposées  les  mêmes.  Le  rendement  du  travail 
digestif  doit  donc  être  subordonné  en  partie  à  retendue  de  la 
surface  des  parois  de  la  cavité  où  séjournent  les  matières 
alimentaires  absorbables.  Or,  les  divers  Animaux  [)résentent, 
comme  nous  le  savons,  de  grandes  différences  sous  ce  rap- 
port. Ainsi,  chez  les  Zoophytes,  où  la  cavité  digcstive  est  un 
sac  seulement,  la  surface  absorbante  dont  roiganismc  dispose 
ne  peut  être  (pie  très  petite,  comparativement  à  la  capacité  de 
ce  réservoir  alimentaire,  et  nous  avons  vu  (in'nn  des  premiers 
perfectionnemenls  introduits  par  la  Nature  ilans  la  constitution 
de  l'appareil  digestif  consiste  dans  la  substitution  d'im  tube  étroit 
à  la  portion  l'cculée  de  la  poche  stomacale.  Je  rapiiellerai  aussi 
que  nous  avons  vu  la  surface  absorbante,  (M)nstituée  de  la  sorte 
par  les  parois  de  rinteslin,  s'étendre  de  plus  en  plus  cliez  les 
Animaux  supérieurs  par  le  dévelopi)emeiil  de  replis  ou  même 
de  prolongements  liliformes  (pii  baignent  dans  les  pi'oduils  du 


PLIISSANCb;    ABSOHBWTi:    (llliZ    DIVERS    ANliMALX.  195 

Iravnil  digestif  et  en  activent  l'absorption  ;  mais  ([u'avant  d'avoir 
recours  à  la  création  de  ces  instruments  spéciaux,  la  Nature 
obtient  un  premier  degré  de  perfectionnement  par  voie  d'em- 
prunt. En  effet,  nous  avons  vu  <jue,  chez  un  grand  nombre 
de  Zoophytes,  de  Mollus([ues  et  d'Animaux  aimelés,  certaines 
dépendances  de  l'estomac  ou  de  l'intestin,  (jui  d'ordinaire 
sont  destinées  seulement  à  verser  dans  la  cavité  digestive  des 
sucs  dissolvants  et  affectent  alors  la  foi-me  de  conduits  étroits, 
se  dilatent  de  façon  à  pouvoir  recevoii-  dans  leur  intérieur 
les  matières  alimentaires ,  et  (îoncourent  à  en  opérer  l'ab- 
sorption. Cette  disposition  organiipie,  dont  j'ai  déjà  eu  l'occa- 
sion de  parler  sous  le  nom  de  phlébmtérisme  (1),  trouve 
ainsi  son  explication  pliysiologiipie ,  et  doit  être  considérée 
comme  se  liant  à  un  premier  degré  de  perfectiomiement  du 
travail  alimentaire  chez  les  Animaux  où  l'irrigation  nutritive  n'a 
pas  le  degré  d'activité  nécessaire  [)our  répondre  aux  besoins 
de  l'organisme  (2). 

Si  j'avais  à  traiter  de  l'iiistoire  particulière  des  diverses 
espèces  zoologi(]ucs,  il  me  faudrait  insister  davantage  sur  plu- 
sieurs des  points  que  je  viens  d'eflleurer,  ainsi  que  sur  les  varia- 
lions  qui  se  remarquent  dans  le  régime  des  Animaux,  dans  la 


(1)  Voyez  lomo  lU ,  pa«^es  385, 
561,  etc.,  cl  tome  V,  page  285. 

('2)  i\r.  de  (luatrefages,  qui  a  introduil 
dans  la  science  un  grand  noinjjre  de 
faits  nouveauv  relatifs  au  i>lilél)cnté- 
risme,  et  qui  a  présenté  à  ce  sujet  Ijeaii- 
coup  de  considérations  iniporlanles, 
regardait  d'abord  ce  mode  d'organi- 
sation de  l'appareil  digestif  connue  se 
liant  toujours  à  un  étal  de  dégradaliou 
du  système  circulaloire,  et  conune  étant 
par  conséqnent  un  caractère  d'iulé- 
riorilé  zoologique  (piand  il  exislail 
•  ■liez  des  Animaux  donl  le  l\pi'  l's^i'ii 

vu. 


tiel  comporte  la  présence  d'un  appa- 
reil vasculaire  comj)let.  Mais  on  sait 
aujourd'hui  que  ce  n'est  pas  seule- 
ment pour  se  substituer  au  système 
circulatoire  spécial,  et  pour  constituer 
une  ébauche  d'appareil  irrigaloire,  que 
les  dépendances  tubiilaires  du  tube 
digestif  peuvent  recevoir  la  destination 
indiquée  ci-dessus.  Ce  mode  d'organi- 
sation peut  coexister  avec  u\\  système 
vasculaire,  et  il  doit  être  regardé  alors 
comme  un  signe  de  perfectionnement 
ph]^siologiqac  plutôt  que  comme  un 
indice  d'iiiféuiorité. 

i;5 


19^  niGiiSTio. 

durée  de  leur  travail  digestif  et  dans  les  eireonslances  (jui  Tac- 
compagiieiit;  mais  tel  n'est  pas  l'objet  de  ce  Cours. 

Je  terminerai  done  ici  l'examen  des  phénomènes  de  la  diges- 
tion, et  dans  la  prochaine  Leçon  je  passerai  à  l'histoire  d'une 
autre  Ibnction. 

Nous  avons  étudié  successivement  le  sang,  considéré  sous 
le  rapport  de  sa  composition,  de  ses  mouvements  dans  l'orga- 
nisme, de  ses  relations  avec  l'air  atmosphérique  et  avec  les 
matières  ahmentaires  ;  nous  chercherons  maintenant  à  nous 
rendre  compte  de  l'emploi  de  ce  liquide  dans  l'économie  ani- 
male, et  dans  ce  but  nous  nous  occiq)erons  d'abord  du  mode 
de  production  des  humeurs  qui  en  dérivent,  ou,  en  d'autres 
mots,  nous  aborderons  l'histoire  des  sécrétions. 


SOIXANTE   Eï   UNIEME  LEÇON 


Des  sÉOKÊTloNS.  —  Slructure  des  glandes.  —  Glandes  iinpairaitcs,  —  Vésicules 
adipeuses,  capsules  surrénales,  corps  thyroïde,  tiiyinus  et  rate.  —  Glandes  par- 
faites . 


§  1 .  —  Les  physiologistes  doiiiient  le  nom  de  sécrétions  aux    caiacuro* 
actes  par  lesquels  les  êtres  vivants  séparent  de  leur  fluide  nour-   phénomènes 
rieier  général  des  matières  particulières  <|ui  ne  [)0urraient  s'en     séciéiiun. 
échapper  en  vertu  de  leur  diffusihilité,  et  qui  ne  deviennent  pas 
parties  constituantes  de  l'organisme  vivant  dont  elles  procèdent, 
mais  qui  sont  destinées  à  être  expulsées  au  dehors  ou  à  éti'c 
mises  en  réserve  pour  servir  à  d'autres  usages  dans  l'intérieur 
de  l'économie. 

La  ligne  de  démarcation  entre  ces  phénomènes  et  ceux  que 
nous  avons  étudiés  précédemment  sous  les  noms  de  transsuda- 
tion  ou  iVexhalation  (1)  n'est  pas  toujours  nettement  tracée,  et 
c'est  aussi  |)ar  des  nuances  graduelles  que  la  Nature  semhle 
[)asser  de  ce  travail  éliminatoire  à  celui  ({ui  a  pour  résultat 
la  création  de  tissus  vivants ,  et  qui  nécessite  l'intervention 
d'autres  forces.  iMais ,  malgré  ces  liaisons,  la  sécrétion  est 
une  l'onction  <jui ,  en  général,  est  facile  à  caractériser,  et 
qui  doit  être  pour  nous  l'ohjet  d'une  élude  particulière.  Déjà, 
à  plusieurs  reprises,  j'ai  eu  l'occasion  de  parler  de  phéno- 
mènes sécrétoires,  d'organes  qui  en  sont  le  siège,  et  de  produits 
qui  en  résultent,  tels  que  la  salive,  le  suc  gastrique,  la  hile  ou 
le  suc  pancréatique,  et,  à  mesure  que  je  [lasserai  en  revue  les 
fonctions  dont  l'étude  nous  reste  encore  à  faire,  j'aurai  souvent 

(1)  Voyez  lonie  IV ,  page  3<>1  cl  suivantes. 


l-^^î  SÉCRKTinN, 

il  piuier  d'autres  humeurs  dout  roiiginc  est  analogue.  En  ce 
moment,  je  ne  m'occuperai  donc  pas  de  toutes  les  sécrétions, 
et  je  me  bornerai  à  traiter  de  celles  qui  sont  essentiellement 
excrétoires,  après  avoir  exposé  les  laits  qui  me  semblent  les  plus 
propres  à  nous  donner  une  idée  juste  de  la  nature  du  travail 
sécrétoire  en  général,  et  des  instruments  (jui  relïectuent. 

On  donne  le  nom  de  glandes  aux  instruments  [)hysiologi(pies 
cpii  sont  spécialement  chargés  de  sécréter  les  humeurs  desti- 
nées à  être  expulsées  directement  au  dehors  ou  versées  dans  la 
cavité  digestive,  et  on  l'applitjue  aussi  aux  organes  qui,  en  raison 
de  leur  structure,  semblent  devoir  remplir  des  fonctions  analo- 
gues, bien  que  les  i>roduits  qu'ils  élaborent  ne  puissent  être 
excrétés. 
L»8s  yiamies.  Lcs  ghuidcs Ics  plus  i'emar(|uables  par  leur  volume  et  leur  im- 
portance sont  le  l'oie,  le  panci'éas,  les  glandes  salivaires,  les  reins, 
les  testicules,  les  ovaires  et  les  glandes  mammaires,  organes  rpii 
sont  tous  pourvus  d'un  canal  excréteiu"  ou  de  conduits  (jui  en 
lieiment  lieu.  L'étude  de  leurstruclure  intime  présente  souvent 
des  dii'licultés  considérables  et  a  occupé  ratlention  d'un  grand 
nombre  d'anatomistes.  Malpighi,  dont  j'ai  déjà  eu  à  citer  les  dé- 
couvertes nombreuses  (1),  l'ut  le  premier  à  jeter  (piekpie  lumière 
sur  ce  sujet;  il  considéra  les  glandes  comme  étant  formées  d'un 
assemblage  de  vaisseaux  sanguins  et  de  canalicules  excréteurs 
dont  l'extrémité  radicidaire  serait  l'ermée  et  sans  communication 
dij'ccle  avec  le  système  ciicidatoire.  Un  de  ses  contemporains, 
justement  célèbre  pour  sa  grande  habileté  dans  l'art  des  injec- 
tions, Ruysch  [''1),  crut  au  contraire  avoir  constaté  (pie  les 
racines  des  canaux  excréteurs  des  glandes  n'étaient  (pic  la  con- 
liuiiation  de  certaines  branches  terminales  des  artères,  el , 
jus(pie  dans  ces  derniers  temps,  les  anatomisles  ont  été  partagés 
d'oDinions  sur  ce  sujet.  Mais  les  inovens  d'investigation  dont 

(1)  \o>oz  loiiic  1 ,  p^Kc  ki. 
('i)  Voyez  loiiio  m,  piige  Z|0. 


STRUCTl'RE    ORS    ORGANRS    SKCUÉTRURS.  197 

(111  dispose  aujoiirfriiiii  ne  laissent  aucun  doute  à  cet  égard,  et 
ont  permis  de  reconnaître  non-seulement  que  les  cavités  où  les 
liumeiirs  sont  sécrétées  se  trouvent  toujours  séparées  de  celles 
(|ui  contiennent  les  fluides  nourriciers(l),  et  que  cette  séparation 


(1)  Malpiinlii,  dont  les  travaux  datent 
iW  la  seconde  moitié  dn  wii"  siècle, 
considéra  tontes  les  glandes  comme 
(Mant  ionnées  essentiellement  par  la 
K-nnion  d'nn  nombre  plus  ou  moins 
considéraljle  de  petites  ampoules,  on 
bourses  analogues  aux  cavités  qui  sont 
creusées  dans  certaines  membranes,  et 
qui  sont  connues  sous  le  nom  de  folli- 
cules. Les  opinions  de  ce  grand  ana- 
lonn'ste  ne  furent  pas  exemptes  d'er- 
reur, mais  il  ne  s'éloigna  que  peu  de 
la  vérili'  en  ce  qui  concerne  la  dispo- 
sition dont  je  viens  de  parler  (a).  En 
1696,  l'.nysch  soutint  au  contraire  que 
les  glandes  étaient  composées  unique- 
ment de  vaisseaux  sanguins  unis  par  du 
lissu  que  nous  appelons  aujonrd'bni 
conncctif,  et  qu'il  n'y  avait  ni  ampoules 
ni  cloisons  organiques  quelcon([ues 
entre  le  sang  en  circulation  et  la  cavité 
sécrétoire  ;  enfin,  cjue  celle-ci  n'était 
que  la  continuation  des  vaisseaux  san- 
guins devenus  trop  étroits  pour  laisser 
passer  le  sang,  et  livrant  passage  seu- 
lement au  liquide  dont  les  humeurs  se 
composent  (b).  On  fonda  sur  cette  hy- 
]X)thèse,  une  théorie  toute  mécanique 


des  sécrétions,  et  les  physiologistes  se 
livrèrent  à  beaucoup  do  discussions 
à  ce  sujet.  Plusieurs  auteurs,  parmi 
lesquels  je  citerai  Boerhaave  et  Fer- 
rein  (c) , combattirent  les  vues  de  I\u\  sch  : 
mais  du  temps  de  Haller  elle  était  assez 
géné-ralement  adoptée  {d],  et  de  nos 
jours  même  elle  compta  des  parti- 
sans (c).  Bichat  consid(''ra  la  question 
comme  insoluble  et  comme  ne  devant 
pas  occuper  l'attention  des  anatoiuis- 
les  (/■).  Enfin  Béclard,  dont  l'autorité- 
était  très  grande  dans  l'école  de  Paris 
il  y  a  quarante  ans,  pensait  que  l'opi- 
nion de  IVuysch  pourrait  bien  être 
l'expression  de  la  vérité  en  ce  qui  con- 
cerne certaines  glandes,  telles  que  les 
reins,  les  testicules  et  le  foie,  tandis 
que  les  vues  de  lAIalpighi  seraient  con- 
formes à  ce  qui  existe  dans  les  glandes 
salivaires,  le  pancréas,  etc.  (g). 

Ce  sont  principalement  les  recher- 
ches de  J.  Millier,  publiées  en  ISuO, 
qui  fixèrent  l'opinion  des  anatomisles, 
quant  à  la  non -continuité  des  cavités 
glandulaires  avec  les  vaisseaux  san- 
guins ;  ses  observations  portèrent  sur 
toutes  les  glandes  et  furent  étendues  à 


(a)  Malpighi,  De  visceriini  structura  exercUatio  anatomica  {Opéra  omnia,  1086,  I.  II,  p.  57 
et  suiv.).  —  De  structura  glandularurn  conglobatarum,  consimiliumque  partium  epistola  (Opéra 
posthuma,  1718,  \k  137). 

(b)  Ruysch,  De  fabrica  glandularurn,  ad  Boerhaavium,  1722. 

(c)  Boerhaave,  Epistola  de  fabrica  glandularurn,  1722. 

—  Ferrein,  Sur  la  structure  des  viscères  nommés  glanduleux,  etc.  (Mnn.de  l'Acad.des 
sciences,  1749,  p.  409). 

(d)  Haller,  De  partium  corporis  humuni  prœcipuarum  fabrica  et  functionibus,  t.  V,  p.  27  cl 
suiv.  —  Elementa  physiologiœ,  t.  11,  p.  734  et  suiv. 

(e)  Adeloii,  Traité  de  physiologie,  1829,  t.  III,  p.  439. 

(f)  Bichat,  Anatomie  générale  (édit.  de  Maingault),  t.  H,  p.  603. 

(g)  P.  Béclard,  Éléments  d' anatomie  générale,  1823,  p.  424. 


L'Iriculcs 
des  or^anites 

séoréloires 
('■lémonlaires. 


198  SKf.RÉTFON. 

ost  établie  par  un  tissu  vivant,  mais  aussi  que  les  instruments 
essentiels  de  toute  sécrétion  sont  des  ulricules  ou  petites  eavjtés 
eloses  qui  présentent  un  mode  d'organisation  déterminé,  qui 
sont  douées  de  vitalité,  qui  accumulent  dans  leiu*  intérieur  les 
luatièi'cs  dont  se  compose  l'humeur  sécrétée,  cl  rpii  mettent 
ensuite  ces  matières  en  liberté. 

Ce  que  l'on  peut  appeler  la  théorie  cellulaire  des  sécrétions 
ne  prit  naissance  qu'il  y  a  une  vingtaine  d'années  ;  elle  fut  pro- 
posée d'abord  par  un  physiologiste  célèbre  de  l'Allemagne, 
M.  Pm^kinje,  et  dévelopj'ée  bientôt  après  par  ÏM3I.  Scliwann, 
Henle,  Goodsir ,  Bowman  et  Lereboullet,  Aujourd'hui ,  elle 
est  adoj)tée,  avec  quelques  légères  variantes,  par  presque  fous 
les  physiologistes,  et  elle  me  semble  être  l'expression  de  la 
vérité  (i). 


reiiscniblo  du  règne  animal.  Or,  cliez 
los  hivork'îbrôs,  la  sliuclnre  do  ces 
organes  esl  souvent  beaucoup  plus  lacile 
à  éluilier  qui' chez  riJoniuie,  cl  il  lui 
lut  par  conséquent  possible  de  mettre 
mieux  en  évidence  les  caractères  géné- 
raux des  appareils  sécréteurs  que  ne 
ravalent  tait  ses  devanciers.  Mais  je 
dois  ajouter  que  Millier  ne  poussa  pas 
assez  loin  les  invesligalions  microsco- 
|)iques,  et  ([ue,  tout  en  se  rendant  bien 
coniple  de  la  conformation  des  parties 
radiculairtisdes  conduits  glandulaires, 
il  ne  jeta  aucune  lumière  nouvelle  sur 
la  structure  intime  du  tissu  qui  consti- 
tue la  partie  essentielle  de  tout  oi"gane 
sécréteur  (a). 

(I)  En  182i,  Dulrocliet  api'rnit  la 
structure  lUriculairedes  organes  sécré- 


teurs chez  certains  Animaux,  mais  ses 
observations  ne  portèreni  ([ue  sur  le 
foie  et  les  glandes  salivaires  des  Coli- 
maçons, et  ce  fut  par  des  vues  théori- 
ques plutôt  que  par  la  constatation  des 
faits  qu'il  se  trouva  conduit  à  admettre 
que  partout  «  la  cellule  est  Forgane 
sécréteur  par  excellcn;"e  »  (h). 

M.  Purkinje,  dont  les  travaux  datent 
de  18o7,  fut  le  premier  à  donner  à 
cette  opinion  des  bases  solides  ;  il  ht 
connaître  les  utricules  élémentaires  des 
glandes  salivaires,  du  pancréas  et  des 
glandules  muqueuses,  et  les  compara 
aux  cellules  des  plantes  (r).  T5ientùt 
après  Al.  llenle  lit  une  étude  plusap- 
l)rofondie  des  tissus  épillu'liques  ,  et  il 
géni-ralisa  ensuite  les  notions  acquises 
touchant  la  structun^  \ésiculairc  des 


(a)  J.  Miillci",  De  ylandulanuii  seccrueiUiam  structura  peniliori  corumque  prima  formatione 
in  Homine  atque  Ajiimalibus.  l.ipsine,  18;i0. 

(b)  iJiilriicliot,  lierherrlies  analoiiiiques  et  physiologiques  sur  la  structure  intime  des  ,\ni)naux 
et  (les  Vcdc'tau.v,  p.  -20i  pt  203. 

(r:)  l^iirkiiije,    IterichI   iil>er  die   Versimmhtiiq   der  Salurfnrsrlier   xii  l'rui]  im  .lahrc   is:n, 
M.   174. 


STRUCTl  UE    DKS    OUGANRS    SÉl.r.KTEL'HS. 


199 


Eli  etTel,  tontes  les  observations  microscopiques  les  mieux 
laites  tendent  à  établir  que  partout  où  des  pliénomèncs  de 
sécrétion  se  manilcslent,  il  existe  des  organites  vésiculaires  ; 
que  ces  cellules  sont  des  corps  vivants  qui,  en  se  déve- 
loppant, absorbent  ou  élaborent  dans  leur  intérieur  les  ma- 


niements glandulaires,  soit  p^u-  ses  pro- 
pres recherches  (a),  soit  par  celles  de 
plusieurs  antres  hislologisles  sur  cer- 
tains organes  sécréteurs  en  particulier, 
tels  que  les  glandules  stomacales  {b), 
les  testicules  et  les  autres  glandes  gé- 
nitales (c).  Les  travaux  de  MM.  Va- 
lentin  ,  Todd  ,  Bdv  man  ,  ]Mandl  , 
Lerehoullel  et  plusieurs  autres  anato- 
mistes,  sur  la  structure  et  le  rôle 
physiologique    des   éléments   glandu- 


laires, lirent  faire  de  nouveaux  pro- 
grès à  cette  partie  essentielle  de  l'his- 
toire des  organes  sécréteurs  chez  les 
Animaux  vertébrés  (d).  Enfin,  des 
recherches  analogues,  faites  principa- 
lement sur  les  Animaux  invertébrés,  et 
dues  11  MM.  (ioodsir,  Laidy,  il.  Mec- 
kel,  VMlliams,  Leydig,  etc.,  étendi- 
rent et  complétèrent  les  résultats  ob- 
tenus par  les  auteurs  dont  je  viens  de 
parler  [e). 


[a]  Henle,  Ueber  die  Ausbreittmg  der  EpitheUum  iin  menschlichen  Kurper  (Mullor's  Archiv  fur 
Anat.  vnd  Physiul.,  i  838,  p.  103). —  Traité  d'anatomie  générale,  Irad.  par  Joiudan,  t.  II,  p.  4(35 
et  suiv.  {Enajclop.  anat.,  I.  Vlll. 

{b)  Pappeiilieini,  Ziir  Keiintniss  der  Verdaimni],  t839,  p.  iS. 

—  Wa.mann,  De  digeslione  nonnulla.  dissoii.  inaiiif.  Berlin,  1839. 
(c)F!.  Wai^iicr,  Fi'atjnicnle  -iiiv  Physwloijie  der  Zcuguinj. 

—  Kolliker,  Beitrage  znr  lienniniss  der  Geschleihlsverlialtnisse  und  der  Samenflilssighcit  ivir- 
belloser  Thiere,  1841.  —  Die  Bildung  der  Samenladen  in  Blâschen  (Denhschnlten  der  allgem. 
Schweitzerlscben  Gesellschaft  fur  Naturwissenschaften,  184C,  t.  Vlll). 

—  Burnett,  Rese arches  on  the  Origin,  Mode  of  Development  and  Nalxire  of  Spermalic  Parti- 
cles  (Mém.  de  l'Acad.  amer.,  nouv.  série,  t.  V,  p-  29). 

—  R.  Wagner  et  R.  Leuckart,  art.  Semen  (Toild's  Cgclnp.  ofAnal.  and  Phijsiol.,  t.  IV,  p.  272 
et  suiv.). 

((/)  Valentin,  art.  Absonderung  et  art.  Gewebe  (Wagiier's  Handworlerbiich  der  Physiologie, 
184-2,  t.  I). 

—  Todd,  Lectures  on  the  aMucous  Membrane  {Med.  Galette,  1839  et  1842). 

—  Bowman,  art.  Mucous  Mkmbrane  (VoJd's  Cyclop.  of  Anal,  and  Physiol.,  t.  III,  p.  484). 

—  Mandl,  Anatomie  microscopique,  1. 1,  p.  194  et  suiv. 

—  Lerebuullei,  Note  sur  le  mécanisme  des  sécrétions  (Ann.  des  sciences  nat.,  1S4G,  3»  série, 
M.  V,  p.  175). 

—  Leydig,  Zur  Anat.  der  mànnlichen  Ge.whlechlsorgane  und  .Analdrilseu  der  Sâugethicre 
{Zeitschr.  fiir  wissensch.  Zoologie,  1850,  l.  II,  p.  1).  —  Anatomisch-hisiologische  Inlersu- 
chungen  iiber  Fische  und  licplilien,  1853.  —  Lehrbuch  der  Histologie,  1857. 

—  Kolliker,  Éléments  d'histologie,  trad.  par  Béclard  et  Séo,  1855. 

[e]  Goodsir,  On  the  Ultimaie  Secreting  Structure  (  Trans.  of  the  Edinburgh  Royal  Society, 
1842,  et  Anat.  and  Palhol.  Observ.,  1845,  p.  20  et  suiv.). 

—  Laidy,  Tiesearches  on  tlie  Comparative  Slruciure  of  the  hiver  {American  Journal  of  the 
Médical  Sciences,  1848). 

—  Erdl,  De  Uelicis  algirœ  vasis  sanguiferis  (Valenlin's  Repertorium,  1841). 

—  H.  Meckol,  Mikroscopie  einiger  Driisenapparate  der  niederen  Thiere  (Mùller's  Archiv  fur 
Anat.  und  Phijsiol.,  1840,  p.  1). 

—  T.  Williams,  On  the  Plujsiology  of  Cells ,  with  tlie  View  to  ehictdate  the  Laws  regulating  the 
Structure  and  Functions  of  Glands  (Guy' s  Hospital  Reports,  2*  série,  1840,  t.  IV,  p.  273). 

—  Leydifr,  Lehrbuch  der  Histologie,  1857. 


900  SKCRKTION. 

tièrescaraotéristiquos  (It^riiumtMir  sécrétro,  cl  (lui,  parvoiiues 
à  un  certain  degré  do  maturité,  laissent  éohapper  ces  sub- 
stances. 

Ce  tissu  utrieulaire,  dont  nous  aurons  Inentôt  à  faire  une  élude 
plus  approfondie,  présente  les  mêmes  caractères  essentiels  que 
(îclui  qui  recouvre  la  surlace  extérieure  du  corps  des  Animaux, 
et  qui  constitue  l'épiderme  ;  il  est  aussi  de  la  nature  du  revête- 
ment analogue  appelé  épith(Mium,  ([ue  nous  avons  trouvé  à  la 
surface  libre  des  membranes  muqueuses  dont  les  parois  des 
voies  aériennes  et  du  tube  digestif  sont  tapissées,  et  en  général 
il  semble  être  un  prolongement  de  l'une  ou  de  l'autre  de  ces 
couclies.  Il   peut  servir  à  la  fois  comme  tunique  protectrice  et 
comme  instrument  de  sécrétion,  en  sorte  rpie  le  travail  sécré- 
loire  peut  être  effectué  par  la  surface  de  la  peau  ou  par  celle 
des  membranes  uHKpieuses  (pii  lapissent  les  diverses  cavités 
dont  je  viens  de  parler.  .AFuis,  quand  la  fonction  se  perfectionne, 
elle  est  dévolue  à  des  instrumenis  spéciaux,  qui  résultent,  soit 
de  Tadaptalion  de  cerlaiues  parties  de  la  Ionique  générale  à  ccl 
usage  particulier,  soit  de  la  création  d'organes  nouveaux  (jui, 
de  même  que  les  précédents,  sont  en  quehiue  sorte  des  dépen- 
dances du  système  tégumentaire  générai.  Dans  l'un  et  l'autre 
cas,  la  coucbe  de  (^ellules  repose  sur  ime  membrane  dite  basi- 
laire  qui  la  sépare  des  vaisseaux  sanguins  ou  des  canaux  qui 
en  tiennent  lieu,  l^^nfin,  ce  tissu  utriculain^  peut  prendre  nais- 
sance aussi  dans  la  |trolbndeui'  de  l'organisme  .sans  avoir  aucune 
connexion  avec  la  coucbe  épilbi-lique  ou  ses  prolongements,  et 
être  alors,  soit  dispersé  dans  les  dilïéi'cntes  [larties  du  corps, 
soit  localisé  de;  façon  à  constituer  un  on  plusieurs  organes  par- 
ticuliers. 

j^es  aorécats  de  tissu  sécréicur  (pii  se  li-ouvent  ainsi  isolés 

„  ,  '*'      .  dans  la  substance  de  l'oi-ganismc,  ou  (pii  s'v  cufouccnt  plus  ou 

des  glande..   ,^^(,i,^j>    profondément,  tout  en   restant  eu   coulinuité  avec   la 

coucbe  du  tissu  utrieulaire  dont  se  com[)oseul  l'épidenne  cutané 


sTnrcTi  i'.f:  dks  ort.anks  skchktkiirs.  -01 

»^,l  ri'pillK'liiiiii  des  iiionibrnues  iniiqiioiises,  pLMivonl  rostor  mas- 
sifs ou  seereiiser  d'une  cavité  centrale,  par  suite  de  la  destru(;li(Mi 
des  cellules  qui  en  occupent  le  centre  ou  l'axe,  Inndis  que  d'au- 
tres prennent  naissance  et  s'accroissent  à  la  périplirrie.  Os 
agrégats  constituent  alors  des  poches  ou  des  tubes  dont  l'inté- 
rieur est  occupé  par  les  produits  du  travail  sécrétoire  ainsi  mis 
eu  liberté,  et  dont  les  parois  sont  tapissées  par  une  couche 
d'ulricules  dont  la  portion  périphérique  est  en  rapport  avec  les 
parties  circonvoisines  de  l'économie,  et  peut  être  le  siège  d'un 
phénomène  de  développement  plus  ou  moins  rajiide.  Enfin,  pai' 
les  progrès  de  ces  modincations,  la  cavité,  d'abord  r-lose,  |)eul 
s'ouvrir,  soit  au  dehors,  soit  dans  l'intérieur  de  (pielque  autre 
cavité  adjacente,  et  y  verser  les  matières  accumulées  dans  son 
intérieur.  La  [)lupart  des  glandes  passent  par  ces  dilTérenls  états 
pendant  les  premiers  temps  de  lem^  développement  chez  l'em- 
bryon, et  conservent  toujours  la  dernière  des  formes  (jne  je 
viens  de  mentionner,  de  façon  à  avoir  un  canal  permanent  dis- 
posé pour  l'évacuation  des  produits  de  leur  sécrétion;  mais, 
chez  d'autres,  cette  voie  de  sortie  ne  se  forme  qu'an  moment 
(lù  l'évacuation  doit  avoir  lieu,  et  résulte  d'une  rupture  des 
|»arois  de  la  cavité  intérieure,  qui  jusqu'alors  était  close.  Enlin, 
pour  d'autres  organes  dont  la  structure  est  d'ailleurs  analogue 
à  celle  des  glandes  excrétoires  dont  je  viens  de  parler,  la  cavité 
intérieure   reste   toujours  fermée  ou   ne  se  consUtue  même 
pas,  et  les  matières  sécrétées  ne  peuvent  en  sortir  que  par 
absorption,  c'est-à-dire  pour  rentrer  dans  le  lluide  nourricier 
commun. 

§2.  —  Il  en  résulte  que,  sous  le  rapport  physiologique  aussi   (;,a,,if„aiion 
bien  que  sous  le  rapport  anatomique,  il  y  a  une  distinction     ^,^",5 
importante   à   établir  entre  les  organes  sécréteurs   qui  sont 
pourvus  d'un  canal  évacuateur,  soit  permanent,  soit  adventif, 
et  ceux  qui  en  sont  toujours  privés,  et  ne  peuvent  pas  verser 
hors  de  l'organisme,  soit  directement,  soit    par  l'inlermé- 


202  SKCRKTION. 

(liaire  des  cavilos  ouvertes,  telles  (jiie  le  tube  digeslii'.  les 
produits  de  leur  aelivilé  fonctionnelle,  .rapplifiuerni  nu\  pre- 
miers le  nom  île  glandes  excréteuses,  et  j'appellerai  les  seconds, 
ainsi  (ju'on  le  lait  jj;énéralement ,  des  glandes  mparfailes. 
Enlin  ,  je  distiniiuerai  les  glandes  exeréteuses  en  glandes 
parfaites,  (piaiid  elles  sont  creuses  et  qu'elles  ont  un  canal 
excrétem^ .  et  glandes  closes,  (juand  elles  n'offrent  pas  ce 
mode  d'organisation,  et  (pi'elles  évacuent  leurs  produits  |)ar 
ruptmT,  soit  directement  an  deliors ,  soit  par  Tintermédiaire 
(Tune  cavil('  empruntée  à  (juelque  autre  appareil,  soit  par  un 
conduit  spécial,  mais  indépendant  et  complémentaire  (I), 

11  est  aussi  à  noter  que  les  glandes  })arfaites  ne  fonctionnent 
l)as  tontes  de  la  même  manière  :  la  plupart  sont  uiiiipiement 
('vacuatriees  et  ne  paraissent  fournir  au  sang  aucun  pi'incipe 
nouveau;  mais  il  en  est  qui  agissent  en  même  temps  comme 
organes  alimentateurs  du  tliiide  nourricier,  car  elles  y  versent 
des  produits  particuliers.  Les  [)remières  peuvent  être  appelées 
les  glandes  parfaites  ordinaires,  et  les  secondes  les  glandes 
mixtes,  car  elles  |)articipent  aux  fonctions  des  glandes  exeré- 
teuses et  des  glandes  imparfaites.  Le  foie  des  Animaux  verl('»l)rés 
est  le  seul  appareil  sécréteur  qui  soit  ainsi  à  double  effet;  nous 
avons  déjà  étudié  son  mode  d'action  comme  agent  productein' 
de  la  bile,  et  par  conséquent  comme  agent  excréteur,  et,  dans 
une  j)rocbaiii(^  Leçon,  nous  verrons  que  le  sang,  en  le  traver- 
sant, se  ciiarge  de  matières  sucrées  élaborées  dans  son  inté- 


(1)  .révilo  à  (Ifssoiii  (l"('niplo]i cr  ici  rt'cri'mdititiellcs,  ocUos  qui  concon- 

les  expressions  de  (/landes  excrémcn-  raioiit  fi  elïocluer  la  milrilioii  do  riudj- 

hlielleini[  récrémoiit  il  ici  I  PS  ûou[hoi\n-  vidii  :  la  salive  ol.  le  suc  i^aslrique,  par 

coup  de  physiologistes  oui  lait  usage,  exemple;   ol  sécrétions  excrément  i- 

car  elles  di^signcnt,  non  pas  la  direction  tiellcs  ,   celles   qui    (''laicul    deslinéos 

suivie  par  les  produits  de  la  sécrétion  s(utlemenl    à  débairassec  l'organisnie 

pour  sortir  do  ces  organes,  mais  l'oni-  de   certaines   nialiôres  ;    la    sécrétion 

ploi  plivsiologique  do  ces  produits  dans  ininairo,  par  o\omple.    Du  reste,  ces 

réconomie.  Ainsi  on  appelait  5^cr«^/on.v  termes  sont  tombés  en  désuétude. 


fiL.VNDRS    IMPARFAITES.    VKSlf.rLKS    ADIPEUSES.  'iOS 

rieur.  Nous  ;ivoiis  roupoiilré  aussi,  dans  la  siructure  auato- 
iiiique  i]Q  cofto  glande  eliez  les  Vertébrés,  des  disposilions  que 
nous  ne  rencontrerons  pas  ailleurs,  et  qui  consistent  prineipa- 
lemenidans  renclievcMrement  de  ses  vaisseaux  capillaires  san- 
<>uins  et  de  son  tissu  sécréteur,  ainsi  que  dans  la  forme  réticu- 
laire  de  la  portion  initiale  de  ses  tubes  excréteurs. 

«^  3.  —  Pour  le  montent,  je  ne  m'occuperai  que  peu  des 
Ibnctionsdes  glandes  imparlaites,  car  j'aurai  à  y  revenir  dans 
une  prochaine  Leçon,  quand  j'étudierai  les  transtormations 
que  les  matières  alimentaires  subissent  dans  l'intérieur  de 
l'économie  animale,  cl  je  me  bornerai  à  ajouter  ici  quelques 
nmts  au  sujet  de  l'histoire  anatomiquedeces  instruments  sécré- 
teurs. 

Comme  exemple  des  organes  les  plus  simples  de  ce  genre, 
je  citerai  en  premier  lieu  les  vésicules  adipeuses,  ou  éléments 
constitutifs  du  tissu  graisseux  des  Animaux.  Ces  vésicules,  que 
je  ne  saurais  considérer  autrement  que  commodes  instruments 
d'une  sécrétion  essentiellement  récrémentitielle,  c'est-à-dire 
qui  est  destinée  à  être  reprise  par  le  fluide  irrigatoire  et  à 
servir  à  la  nutrition,  sont  des  utricules  membraneuses  logées 
entre  les  trabécules  du  tissu  connectif  et  disséminées  dans 
les  différentes  parties  de  l'économie,  sans  constituer  nulle  part 
une  glande  bien  délimitée.  En  général,  elles  sont  réunies  en 
petits  groupes  irréguliers  et  lobuliformes,  dont  l'aspect  rappelle 
Iteaucoup  celui  de  quelques  glandes  excrétoires  dont  nous 
avons  déjà  eu  l'occasion  d'examiner  la  disposition,  le  pancréas 
à  lobules  épars  des  Rongeurs,  par  exemple  (1).  Ce  sont  de 
petits  sacs  dont  les  parois  sont  d'une  ténuité  extrême  et  dont 
l'intérieur    est  occupé   par   la    graisse   (2).   Lorsqu'elles  ont 


(1)  Noyez  lomo  \  I,  page  SO/i.  nions  au  sujet  des  caractères  du  lissu 

(2)  .lusque  dans  ces  derniers  temps       graisseux  des  Animaux.  Malpighi  con- 
les  anatoinisles  /'(aient  partagt'S  d'opi-      sidéra  la  graisse  comme  étant  contenue 


(faillies 
imparfMile*. 


vésicules 

adipeuses. 


■^O/l  S|î:CRÉTION. 

leur  l'orme  nornifilc,  ollos  sont  arrondies  et  parfois  sphé- 
rirpies  ;  mais  par  suite  de  la  pression  qu'elles  exercent  les  unes 
sur  les  autres  en  grandissant,  ou  de  la  solidification  de  leui- 
•Mintenii,  il  arrive  souvent  (ju'elles  deviennent  polyédriques  on 
irrégulières.  La  couleur  de  ces  orga-nites  varie  suivant  celle  des 
matières  grasses  qu'elles  renferment  ;  et  quand  celles-ci  sont 
liquides,  elles  s'en  échappent  tacilement  sous  la  Ibrme  de  goul- 


(laiis  dos  utriculps  nppondiies  aux  ra- 
dicules dos  vaissoauv  sanguins  (a),  ol 
Mtn  contomporain  S\\  anunerdam  donna 
une  bonne  description  de  ces  vésicules 
non-seulement  chez  les  Insectes,  mais 
aussi  chez  quelques  Animaux  supé- 
rieurs (h).  Plusieurs  anatomistos  dos 
XVII''  et  XVIII''  siècles  eiuisagèrent  la 
constitution  du  tissu  adipeux?»  peu  près 
delà  même  manière  :  (iruetzmacher  et 
\\ .    [lunlor,  par  exemple    ic'j  ;   mais 
Haller  combattit  cotte  manière  de  voir, 
cl   s'appliqua  à  établir  que  la  graisse 
est  déposée  sans  enveloppe  particu- 
lière dans   les  aréoles  du  tissu  con- 
jonclifcomnum,  ou  tissu  cellulaire  (</;. 
Wolf,  Bichat,  Meckel,  et  plus  récem- 
ment encore  lloussingor  et  lîlainville, 
legardèrent   aussi    la   luatière  grasse 
comme    étant    simi)lomenl    (■panchée 


au  milieu  d'une  substance  nniqueuse 
iutororganiquo,  on  répandue  connue 
la  sérosité  dans  les  interstices  du  tissu 
conjonclif  général,  qu'ils  appelaient 
lissu  celluhiirp  (e).  Do  nos  jours, 
P.  Bédard  étudia  de  nouveau  la  struc- 
ture de  la  graisse  chez  l'Homme,  et 
adopta  à  peu  de  chose  piès  les  opi- 
nions de  ]\Ialpighi  et  de  Swammcrdam  ; 
mais  il  n'employa  pas  le  microscope, 
et  par  conséquent  il  ne  lui  fut  pas 
possible  d'avancer  beaucoup  la  ques- 
tion {[).  Les  iiromièros  observations 
décisives  à  ce  sujet  furent  publiées  en 
18'27  par  M.  liaspail  ;  mais  la  des- 
cription des  utricules  adipeuses  don- 
lu'o  par  cet  autour  so  rossonlit  trop  (h> 
ses  idées  lliéori(|uos  relatives  à  la  con- 
stitution (les  cellules  végétales  et  du 
rôle  d'un  pédoncule  ou  liile  ((/).   Plus 


(a)  Malpijîlii,  Exenit.de  omeiito,  jiingu'uline  et  adiposis  ductibus  {Opéra  omitia,  I.  II,  p.  33). 

(b)  Swamiiicrdain,  lliblia  Naturœ,  t.  1,  p.  311. 

(c)  Gruetzmaclicr,  De  ossium  meditlla,  d7i8  (vésicules  adipeuses  de  la  nioolle,  llj;.  3). 

—  W.  Hunier,  Reseavches  on   Cellular  Jtembrane  {Medicai   Observât,   and  liiquir'ifs,  t.  Il, 
p.  17). 

((/)  llailer,  FAementa  physiolo'jiœ,  I.  I,  p.  33  el  siiiv. 

{e}  Wolf,  De   Ida    dirta   relliilnsn  {,\'ova  Acia  Acad.   l>elrop,)l.,  t.  VI,  p.  -259;  I.  VU,  p.  <î'8; 

I.  vm,  p.  i>(;<.)). 

liicliat,  Anatnmie  {ii!néralc,  t.  I,  p.  91  etsiiiv.  (édil.  de  Maingaull). 

—  Meckel,  Manuel  d'analomie  (jc'nérale  et  descriptive,  I.  I,  p.  1  i:>  el  sniv. 

—  Ileussinsfer,  System,  der  Histologie,  t.  II. 

—  Hlaiiivillc,  Cottrs  de  physioloyie  gêm'rale  et  comparée,  1833,  I.  II,  |i.  33. 
(/■)  P.  Bédard,  Eléments  d'analomie  générale,  1823,  p.  ihC>. 

(g)  Raspail,  llecherclws  phi/siologiqurs  sur  les  graisses  et  te  tissu  adipeux  {Ih'pertoire  général 
ri'aitatoniie,  1827,  t.  III,  p.  599). 


t;LA>UL;S    IMl'AItlVITKS.    NKSICLLKS    AUll'IilJSES.  ^205 

lelettes,  j)our  peu  (juc  la  incmbi'niic  capsulairc  très  délicate 
(jui  coiisfitLic  les  parois  de  ciiacLiiic  de  ces  ulriculcs  soit  nlTai- 
blie,  ainsi  (juc  cela  se  voit  (piand  on  les  soiunet  à  l'action 
de  l'acide  acétique,  et  comme  cela  a  probablement  lieu  dans 


n'coinincm  ,  quelques  iiiiciosraplies 
oui  coiibitlérô  la  inembiiine  capsulaire 
de  ces  orgauites  comme  étant  consti- 
luée  par  du  tissu  conjonclir  ('/)  ;  mais 
M.M.  «Iluge,  ilollard,  Guilt,  Scliwanu, 
Mandl,  Henle ,  Todd  et  Bowmau, 
Kulliker,  et  plusieurs  autres  micro- 
graphes,  ont  constaté  qu'il  n'en  est  pas 
ainsi  (6). 

D'un  autre  côté,  tout  en  reconnais- 
sant l'existence  de  l'enveloppe  meni- 
braniforme  qui  revêt  chaque  sphérule 
de  matière  grasse,  on  peut  se  deman- 
der si  cette  tunique  est  en  réalité  une 
cellule  vivante  dont  l'action  détermine 
faccunuilation  de  graisse  dans  son  in- 
It'rieur,  ou  si  ce  n'est  pas  simplement 
un  déi)ol  de  matière  albuminoïde 
inert(i  dont  la  formation  serait  due  à 
l'action  chimique  de  la  gouttelette  de 
graisse  sur  les  principes  albuniineux 
du  liquide  séreux  qui  la  baigne.  En 
elFet,  on  sait,  par  les  expériences  d'A- 
cherson,  que  toutes  les  lois  que  des 


gouttelettes  d'un  corps  gras  saponi- 
liable  sont  agitées  avec  une  solution 
albumineuse,  elles  se  revêtent  chacune 
d'une  pellicule  mince  de  matière  albu- 
minoïde solide  ((■) ,  ])liénomène  ()ui 
s'explique  facilement  par  l'affinité  chi- 
mique de  ces  graisses  pour  la  soude, 
et  l'insolubililé  de  l'albumine  quand 
les  bases  alcalines  lui  ont  été  enlevées. 
La  sphère  creuse  de  matière  albumi- 
noïde remplie  de  matière  grasse  qui  sr 
forme  ainsi  ressemble  beaucoup  à  une 
vésicule  adipeuse,  et  il  est  probiible 
(|ue  beaucoup  des  globulins  graisseux 
(|iie  l'on  voit  en  suspension  dans  les 
humeurs  de  l'économie  animale  ne 
sont  pas  autre  chose  que  des  corpus- 
cules inertes  constitués  de  la  sorte. 
Mais  il  me  parait  peu  probable  que 
les  vésicules  du  tissu^adipeux  aient 
la  même  nature,  et,  d'après  les  signes 
d'actiNité  qui  semblent  s'j  manifester, 
je  crois  devoir  les  regarder  connue  des 
organites  vivants. 


(a)  Ivrniise,  llandbuch  dcv  menschlkhen  Anatomie,  1833,  p.  l-i. 

—  Valontiii,    Ucber   die  Physioloyle  von  liurdach  (Heclier's    Wisscimcliaftlklic  Annalcn  dcr 
ijenaïamlcii  Hellkicnde,  1835,  t.  XXXII,  p.  55). 

(6)  Gliige,  Rech.  sur  les  fibres  ■primitives  des  tissus  cellulaire  et  tendineux  [Ann.  l'ranmiscs  cl 
étrangères  d'anatomle,  1837,  t.  I,  p.  85). 

—  HoUard,  Rech.  sur  l'existence  et  l'urtjanisatiuii  des  fésiciiles  adipeuses  {Aun.  françaises 
et  étranijères  d'anatomie,  1837,  t.  1,  p.  1-24). 

—  Gnrll,  Physiologie  der  Haussâugetluere,  1837. 

—  Scliwanii,  Mikruscopischc  Unlersucliungeii,  1839. 

—  Maiiill,  Anatomie  viicroscopique,  t.  I,  p.  140,  pi.  IC'. 

—  Henle,  Anatomie  générale,  l.  l,  p.  4:20. 

■ —  Todd  and  Bowman,  Tlie  Phgsiulugical  Analomij  uf  Mau,  l.  I,  p.  80. 

—  Kôllilver,  Eléments  d'histologie,  p.  108. 

—  Virchow,  Pathologie  cellulaire,  p.  270. 

(c)  Acherson,  Ueber  den  physiolog'ischen  Nut:ien  der  Fellstu/fe  und  i'iber  eine  neiie  auf  deren. 
Mitwirkuiig  bcgi  lindele  und  durcli  mehrei'c  neue  Thatsaclieminterstillite  Tlieorie  dcr  /cllen- 
b'ildunij  (Miiller's  Archiv  fiir  Anal,  und  PhysioL,  1840,  p.  44). 


2(J()  SÉCHRTION. 

J'iiilérieiir  (Ut  l'oi-j^tiiiisine  dans  oerlains  états  dos  Hiiidcs  mnii- 
riciers  (l). 

Le  degré  de  eonsistaiiee  des  vésicules  adipeuses  et  du  tissu 
graisseux  Ibrnié  par  leur  réunion  dépend  principalement  de  la 
nature  des  matières  grasses  contenues  dans  Tintérieur  de  ces 
petits  réservoirs.  En  effet,  ces  matières  sont  lantùt  du  suif  ou 
de  la  cire,  d'autres  fois  de  la  graisse  ordinaire  ou  de  l'huile, 
c'est-à-dire  des  corps  gras  dont  la  fusiltililé  diffère  (2^;  mais 


(i)  Les  vésicules  adipeuses  sont  lisses 
el  hiillaules;  elles  rélVacieni  lorlenieul 
la  luinière,  el  il  esl  quelquefois  diÛicile 
(le  les  distinguer  des  goutlelelles  de 
graisse  qui  souvent  se  trouvent  à  l'élai 
do  liberté  dans  l'intérieur  de  l'orga- 
nisme. En  ellel,  les  parois  de  ces  utri- 
cules  sont  tellement  minces,  que  sou- 
vent on  ne  peut  les  apercevoir  ;  mais 
par  1(!  Irotlement  on  parvient  i'acile- 
ment  à  diviser  ou  à  réunir  les  goutte- 
IcUes  huileuses,   landis  ([iie  dans  les 
mêmes  circonstances  les  vésicules  adi- 
peu.scs  conservent  leur  individualité. 
Traitées  par  réilier,  ces  dernières  de- 
viennent transparenl<îs  loul  eu  conser- 
vanl  leur  forme.  L'acide  acéli([ue  rend 
leur  luni(iue  memhraneuse  i)erméal)le 
à  la  graisse  et  finit  par  la  dissoudre 
complètement.  Très  souvent  on  aper- 
çoit sur  ini  des  points  de  leur  surlace 
une   petite  saillie  qui    paraît  corres- 
pondre à  un  vestige  de  no\au  {a),  el 
il  arrive  aussi  que  la  margarine  cou- 
lenue   dans   leur  cavité  se  condense 
au  centre  de  la  vésicule,    landis   que 
rol('inc  restée  liquide  en  occupe  la  péri- 


l)hérie  (6).  Enfin  ,  dans  certains  cas 
l)athologiques,  on  a  trouvé  ces  petits 
sacs  rem[)lls  eu  partie  par  de  la  séro- 
sité {(■),  ou  contenant  des  cristaux  de 
margarine  (d). 

Chez  l'Homme  el  les  autres  Maiiuui- 
fères,  les  vésicules  adipeuses  sont 
réunies  en  paquets  lobulitonues,  non- 
seulement  par  des  brides  de  tissu  con- 
jonctif,  mais  aussi  pai'  un  réseau  de 
capillaires  sanguins  (e).  Leurs  dimen- 
sions \arient  beaucouj),  mais  peuvent 
être  évaluées  le  plus  ordinairement 
oHire  ()""", O'J  et  0""",i3  (/"). 

('2)  On  désigne  généralement  sous 
le  nom  de  inalièrcs  grasses,  les  sub- 
slances  liquides  ou  fusibles  (pii  bri\- 
ii'iit  avec  une  flannne  \olumineuse  en 
déposant  du  noir  de  fumée,  qui  se 
dissolvent  dans  l'alcool,  mais  qui  ne 
sont  point  solubles  dans  l'eau  ou  ne  le 
sont  (|ue  très  peu,  et  ((ui,  étendues  à  l't'- 
tat  li(jui(le  sur  le  papier,  le  rendent 
Irausiucide  en  y  formant  des  taches 
persistantes.  Connue  caractères  chimi- 
ques, on  doit  ajouter  que  ce  sont  des 
principes  inunédiats    organiques   non 


l'a)  Exeiiiplo  :  les  colliiles  ailipeiisc!.  liu  la  iiioullu  des  os,  figuicos  par  M.  Kiillikoi  {Elémeulu  d'IUa- 
loUniie.,  p.  2i2,  flg.  12:2). 

(b)  llcnli;,  Op.  cit.,  I.  I,  p.  121.. 

(c)  Kolliker,  0/*.  cil.,  p.  100,  lig.  51. 

(d)  TmUl  amt  BuwiiKiii,  Tlie  Phusioloyical  Ànulomu  of  .'/((»  ,  I.  I,  p.  82,  li^,'.  M. 
{e)  Tucld  aïkl  llciwinaii,  Op.  cit.,  l.  I,  p.  81,  lii;.  10. 

(/')  Koliikur,  Op.  cil.,  p.  iO'J. 


GLANDES    IMFAKFAHES.     ■    VÉSICULES    ADIPEUSES.  1^07 

CCS  variations  dans  leurs  propriétés  [)liysir|ues  sont  loin  d'avoii- 
rimportance  (ju'au  premier  abord  on  serait  porte  à  leur  atlii- 
bucr.  En  cfTet,  les  beaux  travaux  de  M.  Chevrenl,  (jui  font 
époque  dans  l'histoire  chimique  des  corps  gras,  nous  ont 
appris  que  toutes  ces  substances  sont  des  mélanges  d'un  très 
petit  nombre  de  principes  immédiats  dont  le  point  de  l'usion 
n'est  pas  le  même,  et  que  suivant  que  tel  ou  tel  principe  donnnc 
dans  le  mélange,  celiti-ci  prend  les  caractères  d'une  huile,  d'imc 
graisse  ou  d'un  suif. 

La  plupart  de  ces  corps,  dont  j'ai  déjà  eu  l'occasion  de  dire 
(pielques  mots  en  parlant  des  matériaux  constitutifs  du  sang  (1  ), 
sont  formés  par  des  composés  de  glycérine  C2)  et  d'un  acide 
organique,  tel  ([ue  l'acide  margari(|uc,  l'acide  stéarique  ou 
l'acide  oléique  privés  d'une  certaine  ([uantité  d'eau  (3;.  On 
les  appelle  des  matières  grasses  neutres,  et  on  les  distingue 
entre  eux  sous  les  noms  de  margarine,  stéarine,   élaine  (ou 


azoU's,  L'I  dans  la  composiliou  des- 
quels on  irome  unis  à  de  l'oxygène  et 
à  de  l'hydiogène,  dans  les  rapports 
comoiiables  poui'  former  de  Peau,  de 
riiydrogène  et  du  earhone  eu  propor- 
lions  considérables,  ou  bien  des  mé- 
langes de  ces  principes  immédiats. 

On  appelle  communément  huiles, 
les  corps  gras  qui  sont  liquides  vers  la 
lempérature  de  10  degrés  et  au- 
dessus,  quelle  que  soit  leur  origine  ; 
(fraisses  ordinaires,  ceux  qui  provien- 
nent des  Animaux  et  qui  restent  so- 
lides au  moins  jusque  vers  20  degrés; 
et  suifs,  ceux  qui  ne  fondent  qu'à 
ZjO  degrés  environ.  Les  cires  sont 
des  matières  grasses  qui  se  liquéfient 
de  /iZi  à  6/i  degrés,  et  elles  ont  une 
composition  chimique  différente  des 
graisses  proprement  dites. 
(1)  Voyez  tome  I,  page  l'Jl. 


{•2}  La  (jlijceiinc,  appelée  ancieimc- 
ment  le  principe  doux  des  huiles,  fut 
découverte  en  1779  par  Scheele  ;  elle 
est  liquide ,  soluble  dans  Peau  et  dans 
l'alcool  ;  sa  saveur  est  sucrée,  et  sa 
composition  élémentaire  est  repré- 
sentée par  la  formule  C'^H^O''  ou 
C6n'05,HO. 

(3)  Xon-seulemeiU  les  principes  gras 
neutres  se  dédoublent  eu  glycérine  et 
en  un  acide  gr.is,  tel  que  l'acide  stéa- 
rique ou  l'acide  margarique,  sous  l'in- 
tluence  de  divers  agents  chimiques, 
mais  ils  peuvent  se  reconstituer  direc- 
lemenl  par  l'aclion  de  ces  mêmes 
acides  sur  la  glycérine,  à  une  tempé- 
r.ilure  convenable  et  prolongée  pen- 
dant un  temps  suffisant.  Ainsi,  la  gly- 
cérine et  l'acide  sléarique  s'unissent 
de  la  sorle,  dans  la  proi)orlion]  de 
1  équivalent  de  hase  el  de  o  équixa- 


'i08  SKCKÉIIO.N. 

oléine),  etc.,  siiivniil  l;i  uatiire  de  l'ncide  ^nts  qui  enfre  dans 
leur  euiislitulioii. 

N 

Le  iiuinbre  de  ces  acides  n'est  j»as  très  considérable  ;  ceux 
(jue  je  viens  de  mentionner  jouent  en  général  le  principal  rôle 
dans  la  constitution  de  la  graisse  des  Aniniaux  aussi  bien  (juc 
dans  la  Ibrinatioii  des  builes  végétales;  mais  souvent  on  trouve 
leurs  produits  mêlés  à   d'autres  substances  du  même  ordre, 
et  cbez  quelques  Animaux  il  existe  des  corps  gras  dans  les- 
quels la  glycérine  se  trouve  renqilacée  par  un  autre  j)rincipe 
appelé  éthcd,  qm  est  associé  à  un  acide  particulier  nommé  acide 
éthaliqiie,  et  qui,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  vu,  constitue  alors 
la  Céline  (  Ij.  Tous  ces  corps  se  laissent  décomjjoser  par  les  bases 
('uergiqucs,  telles  que  la  potasse  ou  la  soude,  qui  en  cbassent 
la  glycérine  on  son  représentant,  et  qui  s'emparent  de  l'acide 
gras  pour  former  avec  lui  un  composé  salin  a[)pelé  savon.  C'est 
en  raison  de  cette  réaction  (jue  ces  graisses  neutres  sont  dites 
saponiliables,  pour  les  distinguer  de  (piehpies   autres  coips 
gras  qui  ne  se  comportent  jias  de  la  même  manière  en  pré- 
sence des  alcalis  :  la  cbolestérine,  par  exemple.  Les  cires  sont 
ces  corps  gras  (pii,  à  certains  égards,  sont  intermédiaires  entre 
les  substances  dont  je  \  iens  de  parler.  Ce  sont  des  mélanges 
de  plusieurs  principes  appelés  niyricine,  cérine,  etc.,  (pii  ne  se 
laissent  rpie  très  dil"licilement  saponitier,  etrjui,  eu  se  combinant 
de  la  sorte  avec  les  bases,  abandonnent  ila^  princi[)es  neutres 
beaucoup  plus  riclies  en  carbone  et  en  hydrogène  que  ne  le 
sont  la  glycérine  ou  l'éllial  ('i,. 


ienlscracklo,  eu  p«'i'ilaiil  3  r(|iiiviil('iils  [2)    J'aiirai    foccasioii    di'     Irailer 

d'oaii,  n  cnnstilnciU  nii  corps  appcli'  (rmic    maiiirrc    sp(';cialo  de   l;i   sécrô- 

trisltiarinc,  (pii    est   idciilicjiH'  a\cc  l.i  lion  do  la  cir»' par  U-s  liisf(lo>,  !orM|iK' 

irisléarlnc  naUir(;lk'  (o).  je  ferai  riiistoin-  des  (lopoiulaMOCs  du 

(1)  A  oyez  tome  I,  pa^'c  IDl.  système  té{;uin('iiraiiT  de  ces  \iiimau\. 

(())  liorilicl.'l,  i.hvidc  onjanhinc  jundtc  !,Uf  la  aijiitlunc,  I.  Il,  p.  0\K 


GLANDES    IMI'AKFAITLS.     VÉSICL'LKS    Anil'KUSKS.  209 

L'oléiiic,  OLiclaïne,  est  le  plus  l'usible  de  tous  les  eorps  gras 
neutres  ainsi  formés;  elle  est  liquide  même  à  la  tem[)ératurc  de 
zéro  et  elle  eonstitue  une  huile  un  [>eu  jaunâtre.  La  margarine, 
({ui  s'y  trouve  associée  dans  les  diverses  graisses  animales,  ne 
Ibnd  qu'à  la  température  de  M  degrés,  et  la  stéarine,  qui  y  est 
également  mêlée,  reste  solide  jusqu'à  la  température  de  62  de- 
grés. Or,  ces  trois  cor[)S  se  trouvent  mêlés  en  proportions  très 
variables  dans  les  différentes  graisses,  et  suivant  qnel'élaïne, 
la  stéarine  ou  la  margarine  prédominent,  ces  substances  sont 
plus  ou  moins  solides,  molles  ou  liquides.  Mais  la  consistance 
du  tissu  adipeux  ne  dépend  pas  seulement  de  cette  circonstance  : 
le  degré  d'agglomération  des  vésicules  et  la  résistance  des 
brides  intervésiculaires  du  tissu  conjonctif  influent  aussi  beau- 
coup sur  les  propriétés  physiques  des  dépôts  graisseux (1).  En 
général  la  graisse  est  jaunâtre,  mais  chez  quelipies  Animaux  elle 
est  fortement  colorée  i)ar  des  matières  parhculières  dont  l'histoire 
chimi(pie  n'est  que  très  imiiarfaitement  connue  (2).  Enlin,  il  est 
aussi  à  noter  que,  par  suite  d'altérations  analogues  à  celle  que 
le  beurre  éprouve  en  rancissant,  les  diverses  matières  grasses 
dont  je  viens  de  parler  peuvent  donner  naissance  à  des  acides 


(1)  Ainsi  la  couche  graisseuse  soiis- 
cutanéc  du  Porc,  nommée  lard,  offre 
beaucoup  de  consistance,  par  suite  de 
la  stnicUu'c  du  réseau  de  tissu  con- 
jonclif  renfermant  les  vésicules  adi- 
peuses, bien  que  la  graisse  qui  c^l  ren- 
fermée dans  ses  utricules ,  et  qui  est 
appelée  axuiKje,  soit  très  molle  Elle 
fond  à  environ  1G  ou  30  degrés.  On 
a  constaté  d'ailleurs  chez  les  diverses 
races  de  l'orcs  des  différences  très 


grandes  dans  la  densité  et  la  fermeté 
du  lard  d'individus  dont  la  graisse 
contenait  à  peu  près  les  mêmes 
proportions  d'élaïne  et  de  marga- 
rine  ((/)• 

(2)  Ainsi  chez  le  Jaguar,  et  chez 
divers  Insectes,  tels  que  les  Cossus, 
la  graisse  est  jaune  orange,  tandis 
que  chez  d'autres  Animaux,  les  Tor- 
tues de  mer  et  les  Penlalomes,  par 
exemple,  elle  est  verdàlre. 


(d)  BauJeinont,  llapport  sur  V appréciation  dû  la  viande,  à  l'clal,  p.  30  {Coiiipics  rendus  des 
concours  de  botwherie  pour  1856,  l.  tV). 


VU. 


U 


210  SÉCHÉTION. 

gras  particuliers  dont  l'odeur  est  souvent  tort  intense  :  l'acide 
hireique  et  l'acide  phocénique,  par  exemple. 

Chez  l'Homme,  le  tissu  adipeux  est  mou,  et  la  graisse  con- 
tenue dans  ses  vésicules  est  tluide  à  la  lempcrature  du  corps. 
Elle  ne  se  solidifie  que  vers  15  degrés,  et  elle  est  formée  de 
margarine  et  d'élaïuc  (1).  Chez  quelques  Mammifères,  tels 
que  le  Bœuf  et  surtout  le  Mouton,  la  graisse  est  pauvre  en 
élaïne,  mais  très  riclie  en  stéarine,  et  elle  offre  par  conséquent, 
à  la  température  ordinaire,  beaucoup  de  consislanceJ'2).  Dans 
rindustrie  on  la  désigne  sous  le  nom  de  suif.  Celle  du  Bouc 
contient  en  forte  proportion,  associé  à  la  stéarine,  à  la  marga- 
rine et  à  l'élaïne,  un  quatrième  corps  gras  neutre  appelé  hir- 
cine, (pii,  en  se  dédoublant,  donne  naissance  à  de  l'acide  hir- 
eique, dont  l'odeur  est  caractéristique.  La  graisse  du  Marsouin, 
des  Dauphins  et  de  plusieurs  autres  Cétacés,  contient  un  principe 
très  analogue  à  la  stéarine  et  à  l'oléine,  qui  a  reçu  le  nom  de 
phocéjiine,  et  qui  donne  naissance  à  un  acide  gras  particulier 


(1)  Le  degré  de  fusibilité  de  la  fôres,  et  que  celle  logée  dans  la  cavité 
graisse  humaine  n'est  pas  le  même  abdominale,  mais  surtout  celle  (jui  en- 
dans  toutes  les  parties  du  corps,  et  lonre  les  reins,  est  pliis  dense  et  moins 
l'on  peut  conclure  de  ce  fait  qu'elle  fusible  que  celle  de  la  couche  sous- 
conlient  des  quantités  variables  d'é-  cutanée,  qui,  à  son  tour,  est  plus  con- 
laïne  et  de  margarine.  Celle  provc-  sisianlc  que  celle  des  os.  J'ajouterai 
nanl  de  la  paroi  dorsale  de  la  cavité  que  Lassaigne  a  trouvé  dans  la 
al)duniinale  conunence  à  se  figer  à  graisse  du  mésentère  d'un  Bœuf  0,18 
27  degrés,  et  devient  complét(>meut  de  stéarine,  tandis  que  la  graisse  de 
solide  à  17  degrés;  tandis  que  colle  la  croupe  du  même  Animal  ne  lui  a 
des  jambes  reste  lluide  à  15  degrés  fourni  que  0,02  de  ce  principe  ((/)• 
et  laisse  dt'poser  de  la  stéarine,  qu:ind  (2)  Ainsi,  tandis  (pie  la  graisse  cir- 
la  température  s'abaisse  davanlage.  cunuénalc   du   l'orc   fond  à   environ 

il  est  à  noter  que  des  dillerences  29  degrés,  cl  contient  0,0/i8  de  stéa- 

aiialogues  se  font  remarquer  dans  les  rine,  celle  du  Taureau  n'entre  en  fu- 

graisses  des  diverses  parties  du  corps  sion  qu'à  Zil  degrés  et  conlionl   0,32 

chez  la    plupart    des  autres   Mammi-  de  stéarine  (Ij). 

(n)  Las,saip:ne,  Hcclierches  sur  les  variétés  que  présente  la  graisse  dans  les  différentes  réqions 

du  coriis  des  Aniinaux  domcstiiiues  {Journal  de  chimie  médicale,  3*  série,  4851,  I.  Vil,  ]<.  2(i8). 
(b)  kleiii,  Op.  cil.  {Journal  de  chimie  médicale,  3°  série,  1851,  l.  VII,  !>.  i208). 


GLAISDtS    IMI'AKFAITKS.    VÉSICULES    ADIl'EUSES.  '211 

dont  l'odeur  est  très  forte  (1).  Enlin,  la  graisse  des  Cétacés 
contient  luie  matière  très  rcmar({iiable,   la  cétine  ou  blanc  de 
baleine,  que  les  pharmacologistes  du  moyen  âge  a[)[)claienl 
bien  à  tort  du  sperma  ceti.  (]elte  substance  est  mêlée  à  une 
liuile  ordinaire,  et  ne  se  trouve  ({u'en  petite  quantité  chez  la 
plupart  de  ces  Animaux,  mais  elle  existe  en  grande  abondance 
dans  le  tissu  adipeux  (pii  occupe  tout  le  dessus  de  la  tête  du 
Cachalot  (2j.  Elle  est  saponifiable  comme  les  autres  graisses, 
mais  elle  contient,  au  lieu  de  glycérine,  un  principe  moins 
oxygéné,  l'éthal,  et  son  acide,  appelé  éthalique,  paraît  ne  pas 
différer  de  celui  qu'on  extrait  de  l'huile  de  palme. 


(1)  c'est  à  cause  de  la  formation  de 
cette  graisse  rance  appelée  acide  pho- 
céniquë,  dont  la  découverte  est  due  à 
M.  Glievreul,  que  les  [Marsouins  et  les 
autres  Animaux  de  la  même  famille 
que  Ton  conserve  à  l'état  sec  dans  les 
musées  zoologiques  y  répandent  une 
odeur  particuli(;re  et  très  intense  (a). 

(2)  Ce  n'est  pas  entre  les  membra- 
nes du  cerveau,  comme  le  8Ui)posent 
quelques  auteurs,  que  l'on  trouve  le 
grand  dépôt  de  substances  graisseuses 
dont  s'extrait  la  cétine,  ou  blanc  de 
Baleine,  mais  dans    une    espèce    de 
fosse   semi-ovalaire,   qui    est   située 
au-dessus  du  crâne,  entre  les  os  du  sin- 
ciput  qui  se  relèvent  en  manière  de 
crête  semi-circulaire  {h),  et  une  grande 
expansion  fibro -cartilagineuse    sous- 
cutanée.  On  ne  connaît  encore  que  très 
imparfaitemeiU  la  structure  de  cet  ap- 
pareil  adipeux,    uuiis  on  peut  juger 
de  son  importance  |)ar  la  quantité  de 
matières  grasses  que  l'on  eu  extrait  el 


que  l'on  évalue  souvent  à  lOOO  kilo- 
grammes. L'huile  qui  en  sort  tient  en 
suspension  des  lamelles  cristallisées  de 
cétine  qu'on   sépare  au  moyeu  d'une 
sorte  de  filtration  à  travers  une  étoile 
de  laine  serrée,   et  qu'on  purifie  en- 
suite pour  la  livrer  au  commerce.  La 
graisse  fluide  qui  s'écoule  est  formée 
d'oléine,  de  margarine  et  d'une  sub- 
stance particulière  nommée phocéni ne, 
dont  on  obtient  par  la  saponification 
de  l'acide  phocénique,   substance  fort 
analogue  à  l'acide  butu'iqae.  La  cétine 
foiul  à  /i9  degrés  et  cristallise  en  belles 
lames  brillantes;  sa  composition  élé- 
mentaire peut  être  représentée  par  la 
formule  C^^H^O'*,  et  l'on  doit  la  consi- 
dérer comme  un  composé  d'étlial  cl 
d'acide  étlialique  anhydre,  é(juivaleul 
à  équivalent  (r). 

La  cétine  (ou  du  moins  une  matière 
cristallisée  qui  parait  ne  pas  en  diffé- 
rer) se  trouve  aussi,  nuiis  en  pinite 
quantité,  dans  l'huile  du  Oauphin  (c/). 


(rt)  Clievreul,  Recherches  chimiqties  sur  les  corps  gras,  ^i.  101. 
(6;  Voyez  Cuvier,  Recherches  sur  les  ossements  fossiles,  pi.  225,  flg.  2,  3  et  4. 
(t)  Clievreul,  Recherches  chimiques  sur  les  corps  gras,  p.  292. 

[d]  L.  Smith,  De  la  composition  et  des  produits  de  la  distillation  du  blanc  de  Baleine  (Ann.  de 
chimie,  3«  série,  1842,  t.  VI,  p.  40). 


21^  SÉCRÉTION. 

La  graisse  paraît  oCtVir  des  parlieularités  dans  sa  eomposiliou 
chimique  eliez  plusieurs  autres  Animaux,  tant  dans  l'embrau- 
ciiement  des  Vertébrés  (1)  que  dans  la  classe  des  Insectes  (2) 
et  dans  quelques  autres  groupes  zoologiques  ;  mais  les  notions 
que  l'on  possède  à  ce  sujet  sont  tro[)  imparfaites  pour  qu'il  me 
{paraisse  utile  de  nous  y  arrêter  ici  (3). 

Lorsque  nous  étudierons  les  phénomènes  de  la  nutrition, 
nous  aurons  à  revenir  sur  l'examen  de  tous  ces  corps  gras,  et 
ici  je  me  bornerai  à  ajouter  que  les  vésicules  chargées  de  ces 
matières,  et  logées  dans  une  sorte  de  lit  ou  s;?'oma  de  tissu 
conjonctif,  peuvent  se  développer  dans  presque  toutes  les  parties 
de  l'organisme,  mais  en  général  ne  sont  abondantes  que  sous 
la  })eau  [k]  et  autour  du  canal  digestif  ou  des  autres  viscères 
abdomiuauN,  Dans  le  jeune  âge,  c'est  le  tissu  adipeux  sous- 
cutané  (pii  prédomine,  et  de  là  les  formes  arrondies  de  l'cn- 
i'ance;  mais,  sur  le  déclin  de  la  vie,  c'est  en  général  dans  des 


(1)  SuiviinlM.  Rossignol!,  la  graisse 
dos  Tritons  anrait  une  coniposilion 
piirticiilit'MO.  l'ar  la  saponificalion  cet 
auteur  en  a  tiré  de  Tacide  stéariquc,  un 
principe  qu'il  considère  connue  nou- 
veau et  qu'il  nonunc  acide  batrocho- 
léiqitc,  de  la  glycérine  et  une  matière 
jaun<'  qu'il  appelle  (jlutoine  {(i). 

(2)  La  gr.iisse  de  plusieurs  Insectes, 
pai-  exemple  des  Vers  à  soie  {h)  et  de 
la  Coclicnille  {<■),  n'offre  rien  de  remar- 
(pial)ie,  et  se  compose  d'élaïne  mêlée  à 
de  la  stéarine  ;  mais  celle  du  Corciis 
jiolutuciis  parait  contenir  une  malière 
grasse  non  saponiliable  dont  la  nature 
n'est  pas  bien  connue  (</), 


J'ai  déjà  eu  l'occasion  de  parler  des 
matières  grasses  iodées  qui  existent 
dans  le  l'oie  de  divers  Poissons  (o). 

(o)  La  graisse  des  Oiseaux  n'a  été 
que  très  inq)ariaitement  étudiée.  13ra- 
connot  a  trouvé  que  chez  l'Oie,  le 
Canard  et  le  Dindon,  elle  abandonne, 
à  la  tenqn;ralure  de  12", 5,  des  matières 
solides  dans  la  proportion  de  !2G  à 
38  centièmes,  quantité  qui  ne  s'é- 
loigne pas  de  celle  (pi'il  a  obtenue 
en  refroidissant  an  même  degré  de 
rinule  (["amandes  (/). 

{U)  La  couche  adipeuse  qui  adhère 
à  la  face  interne  de  la  peau  est  appelée 
IKiituc    chez    (juehjues    Animaux    de 


(rt)  nossii,Mion,  Sur  la  graisse  des  Salamandres  aiiualuincs  {L'InsUtut,  i84< ,  l.  IX,  p.  283). 

(6)  Lassaii;ne,  Note  stir  l'existence  d'tine  huile  fixe  dans  les  Vers  ù  soie  (Journal  de  chimie 
médicale,  2'  jérie,  iS44,  t.  X,  p.  271). 

(c)  Pelletier  cl  Cnvcntoii,  Examen  chimique  de  la  cochenille  {Ann.  de  chimie  et  de  physique, 
1818,  I.  VIII,  p.  270). 

{d)  iici'zcliiis,  Traité  de  chimie,  l.  VII,  p.  551. 

(ej  Voyez  tdiiic  VI,  pau'C  500. 

(f)  Bracoiiiiot,  Mém.  sur  la  nature  des  corps  gras  (Ann,  de  chimie,  Iblô,  l.  .\C111,  p.  i-5;. 


GLANDRS    IMPARFMTKS.     —    VÉSICULES    ADIPEISKS.  51 0 

dépendances  du  système  digestif,  et  par  conséquent  dans  la 
cavité  abdominale,  que  la  graisse  s'accumule  de  préférence  (\)  ; 
et  il  est  à  remarquer  que  la  substitution  du  tissu  adipeux  aux  ma- 
tériaux normaux  des  tissus  organicpies  est  un  phénomène  qui 
s'observe  souvent  dans  les  parties  en  voie  de  désorganisation, 
telles  que  les  couches  profondes  des  os  dans  le  travail  régulier 
du  développement ,  et  le  foie,  les  poumons,  les  reins  et  les 
muscles,  dans  divers  étals  pathologiques  de  l'économie  où  ces 
organes  se  détruisent  peu  à  peu. 

11  estaussi  à  noter  que  chez  quelques  Animauxle  tissu  adipeux 
acquiert  un  très  grand  développement  dans  certaines  parties 
bien  circonscrites  du  corps  (2).  Les  gibbosités  dorsales  du 
Chameau,  et  l'énorme  loupe  graisseuse  formée  j^ar  la  queue 
chez  les  IMoutons  de  certaines  races  particulières,  sont  des 
exemples  remarquables  de  cette  disposition  (o).  J'ajouterai  que 
chez  la  plupart  des  Insectes  à  l'état  de  larves,  il  existe  de  chaque 
côté  du  tube  digestif,  dans  toute  la  longueur  de  la  cavité  viscé- 
rale, un  gros  amas  de  même  matière  qui  est  divisé  en  lobes 


houcherie  ,  et  paimicule  graisseuse 
chez  rilommc.  Je  reviendrai  sur  sa 
(lisposilion  quand  je  traiterai  du  sys- 
tème tégumen  taire. 

(1)  C'est  principalement  dans  les 
('■piploons,  le  mésentère  et  à  la  paioi 
dorsale  delà  cavité  abdominale,  autour 
des  reins,  que  le  tissu  adipeux  profond 
se  développe  le  plus  ;  on  en  trouve 
aussi  des  paquets  autour  du  cœur,  sous 
1.1  tunique  séreuse  de  cet  organe,  entre 
les  muscles  et  dans  diverses  autres 
parties  du  ctups.  Enfin,  quand  il  de- 
vient très  abondant,  il  se  montre  égale- 
ment entre  les  faisceaux  charnus  des 


muscles,  ainsi  que  nous  le  verrons  plus 
en  détail  quand  nous  étudierons  les 
phénomènes  de  Tengraissement. 

(2)  Il  en  est  de  même  dans  l'espèce 
humaine,  où  le  tissu  graisseux  se  déve- 
loppe beaucoup  autour  des  glandes 
mammaires,  aux  fesses,  etc.  Dans  quel- 
ques races  ces  particularités  s'exagèrent 
beaucoup.  Ainsi,  chez  les  femmes  hot- 
tentotes,  les  fesses  acquièrent  souvent 
de  la  sorte  un  volume  énorme  (a),  mais 
ceue  stéatopygie  n'est  pas  constante  {!>). 

(3)  Les  .Moutons  à  grosse  queue  se 
trouvent  principalement  dans  les  step- 
pes de  la  Uussie  méridionale,  en  Perse 


(a)  Exemple  :  li  Femme  que  l'on  monirait  à  Paris  il  y  a  une  cinquantaine  d'années,  sous  le  nom 
fie  la  Vénus  hottentote  (F.  Cuvier  et  Geoffroy  Sainl-Hilaii-e,  Histoire  nalurelle  des  Mammifèirs, 
I.  11,  pi.  H5  el  llfi). 

(b)  Piichard,  Hesearches  on  the  Physical  History  ofMankind,  1837,  t.  II,  p.  278. 


Illriculis 
('içrineutaire?. 


liériiatiqiies. 


(lUindes 
iinparfiiiles 
complexes. 


21/l  SÉCRÉTION. 

et  en  lobules,  de  façon  i\  ressembler  à  une  glande,  mais  qui  ne 
consisie  qu'en  vésicules  adipeuses  réunies  par  des  brides  de  tissu 
conneclir  et  par  les  rainificalions  du  système  trachéen  (1). 

§  Ù.  —  Les  petites  poches  membraneuses  fermées  de  toutes 
|)arts,  cl  renfermantdes  pigments  ou  autres  substances  colorées, 
qu'on  trouve  souvent  dans  le  système  tégumentairc,  sont  aussi 
des  giandules  imparfaites  disséminées,  qui ,  sous  le  rapport 
anatomique,  doivent  être  rapprochées  des  vésicules  adipeuses, 
et  prendre  rang  dans  la  même  division  morphologique.  Nous 
en  ferons  l'étude  dans  une  autre  partie  de  ce  Cours. 

Enfin,  les  globules  sanguins,  quoi(iue  libres  et  llotlants  au 
milieu  du  lluide  nourricier,  me  semblent,  comme  je  l'ai  déjà 
dit  (2),  devoir  être  considérés  aussi  comme  des  utricules  sécré- 
toires  fort  analogues  aux  précédentes. 

^  5.  —  D'autres  glandes  imparfaites  ont  ime  struciurc  j»lus 
com|)lexe,  et  sont  formées  essentiellement  par  des  vésicules 


oi  jusqu'en  Cliine,  ainsi  qu'en  Afrique, 
(lopiiis  l'Kgyple  jusqu'au  cap  de  Bonne- 
Espérance.  La  loupe  graisseuse  (jui 
distend  la  queue  de  ces  Animaux  est 
Ijilohée,  el  les  voyageurs  assurent  que 
([iickinefois  elle  pèse  10  à  15  kilo- 
graujincs,  el  même  davantage  («). 

(1)  Ces  paquets  de  tissu  adipeux 
entourent  complètement  le  tube  digestif 
et  occupiMil  une  grande  partie  de  la 
cavité  viscérale.  Lyoïinet  les  désigne 
sous  le  nom  de  corps  graisseux,  et  en 
a  donné  d'excellentes  figures  (/)).  \a'\\v 
structure  intime  a  été  examinée  par 
^1.  Leydig,  qui  les  considère  comme 
étant  formés  de  tissu  conjonctif,  dans 


la  substance  duquel  des  gouttelettes 
de  matières  grasses  seraient  simple- 
ment épancbées,  et  par  conséquent 
ne  seraient  pas  contenues  dans  un 
système  d'ulricules  sécrétantes  (c).  Au 
moment  de  mettre  cette  feuille  sous 
presse,  je  reçois  un  travail  récent  de 
M.  Ciccone  sur  le  corps  gras  des  Vers  à 
soie,  et  j'y  vois  que,  d'après  cet  obser- 
vateur, les  traînées  de  substance  con- 
jonctive qui  en  constitue  le  stroma  con- 
tiennent des  gouttes  liuileuses  el  des 
globules  dont  les  uns  sont  très  petits, 
les  autres  ont  jusqu'à  0""",01,  et  sont 
spliériqucs  on  ovalaires  ((/). 
(L>)  A  oyez  tome  I ,  page  ;3.'|5. 


In)  l'.umin,  llisloirc  naturelle  des  Hfnmmifn-cs,  l.  Xll,  p.  4  (éilit.  do  Vcniiôn>). 
—  l*allus,  Spkilcijia  zooloulca,  fasr.  xi,  \>.  03,  pi.  4. 

[.'i-éd.  Ciivier  et  OeollVoy  Saiiit-llilaiic,  Histoire  naturelle  des  Mauimifères,  I.  II,  pi.  Si. 

(())  Lyonnel,  Traité  analouiique  de  la  Chenille  qui  ronge  le  bois  de  saule,  pi.  5,  fig.  1  el  5. 
{(■)  Leyilii,',  Ixhrbuch  der  llislotnijie,  p.  'Aii,  lig-.  183. 

i(/)  Ciccoiio,  l'Uude  sur  le  rorps  finis  des  Vers  à  soie,  IvmI  par  M.  Mm\ni:\\c  (Journal  d'ariri- 
niltnre  prulique  ,  tXiil  i. 


GLANDES    IMPAnFAlTRS.    CAPSULES    SURRÉNALES.  215 

comparables  à  celles  dont  je  viens  de  parler,  mais  incluses 
dans  des  capsules  membraneuses  beaucoup  plus  grandes ,  et 
communes  à  un  nombre  considérable  de  ces  cellules  éléuien- 
taires.  Ces  capsules  sont  elles-mêmes  logées  entre  les  mailles 
d'un  tissu  conjonctif  commun,  que  les  anatomistes  appellent  le 
stroma,  et  l'agrégat  ainsi  constitué  est  recouvert  extérieure- 
ment par  une  tunique  membranitbrme  plus  ou  moins  bien 
développée. 

Chez  les  unes,  la  totalité  de  l'organe  est  occupée  par  le  tissu 
sécréteur,  les  vaisseaux  sanguins,  les  nerfs  et  le  stroma,  en 
sorte  qu'on  ne  trouve  dans  son  intériein^  aucune  cavité  pou- 
vant servir  de  réservoir  pour  le  liquide  formé  dans  l'intérieur 
des  cellules.  Ce  mode  d'organisation  se  voit  dans  les  corps 
glan  luliformes  qui  sont  désignés  sous  le  nom  de  capsules  sur- 
rénales, et  qui  paraissent  exister  chez  tous  les  Animaux  verté- 
brés (1),  mais  sur  les  usages  desquels  on  ne  possède  aucune 


Capsules 
surrénales. 


(1)  Los  capsules  siUT(5nalcs ,  ainsi 
nommées  parco  que  chez  THommo 
elles  reposent  sur  la  parlic  supérieure 
des  reins,  qu'elles  semblent  encapu- 
chonner,  sont  des  organes  qui  se  trou- 
vent dans  le  voisinage  de  ces  glandes 
chez  tous  ou  presque  tous  les  Vertébrés, 
et  qui  se  développent  de  très  bonne 


heure  chez  l'embryon ,  mais  ne  nais- 
sent pas  des  reins  primordiaux,  ou 
corps  de  WolfT,  ainsi  que  l'ont  pensé 
quelques  anatomistes.  Dans  l'embryon 
humain,  ces  corps  sont  d'abord  beau- 
coup plus  grands  que  les  reins  (a)  ; 
mais  bientôt  ces  dernières  glandes 
s'accroissent  plus  rapidement,  et  à  l'é- 


la)  On  peut  consulter  à  ce  sujet  : 

Fréa.  Meckel,  Abhandlungen  aus  der  menschlichm  und  vergleichenden  Anatomie  und  P/iysio- 
/o(/ie,  180li,  t.  1,  p.  285  etsuiv.). 

—  J.  Millier,  r.ildunçjsgcschùhte  der  GcnilaUnt,  1830,  p.  70  et  suiv.,  pi.  4,  (Is?.  y. 

—  S  bc\\c  CAi\r^\e.  E.nsteuia  délie  glandole  rénale  ne  lialraci  e  ne-  Pesci,  e  tujuva  di  quelle  nel 
feto  umano  {Mti  delVlnsUtuln  d-mcoragq.  di  Napnli,  1838,  i.  VI,  el  DisserKrJom  snllanatomm 
«mana,  comnarflfa  e  pa!/io/ogiea,  1847,  t.  I,  pi.  50,  lîir.  lO  et  11). 

—  EcUr,  Der  feinere  Bau  der  Nebennieren,  18-4a.  —  Art.  Pdulgefa.mlnisen  (Wa^nev s 
Handworterbuch  der  Physiologie,  t.  IV,  p.  i^.— Recherches  sur  la  struclnre  intime  des  corps 
surrénaux  (Ann.  des  sciences  nat.,  3»  série,  1847,  t.  VIll,  p.  103).-  W-.isnev's  Icônes  v'nisio- 
iogtcft-,  1852,  pi.  T),  fig.  8.  ,   ^,     .,     ,    ,^,        „„„ 

—  l'rey,   art.  Supuarbnal  Capsui^es  (Toild's  Cijclop.   of  Anat.  and  Phgsiol.,  t.  IV,  p.  836, 

'"— Goodsir,   On    the  Suprnrenal  ,    Thymus  and   Thyroid  Bodics  (Philos.    Trans.,  18411, 

'^'—  H.'oi-ay,  Oh  the  Develnpmcnl  of  the  nuctless  illands  in  the  Chick  [Philos.  Trans.,  1852, 
p.  302,  pi.  22,  fig.  9). 


216  SÉCRÉTION. 

donnée  satisi'uisanle.  Dans  ces  derniers  temps,  on  a  fait  beau- 
coup d'expériences  sur  leurs  usages.  Plusieurs  patbologistes 
ont  pensé  que  riulerruption  de  leurs  fonctions  déterminait 


poquc  (le  la  naissance  elles  sont  à  peu 
près  trois  fois  plus  grosses  que  les  cap- 
sules surrénales;  enfin,  chez  l'adulte 
celles-ci  ne  représentent   en  général 
qu'environ  :^  de  leur  volume.  Chez  les 
l'iongenrs,  les  capsules  surrénales  sont 
plus  développées  proporlionnellemcnî, 
mais  chez  la  plupart  des  .Mammifères 
il  en  est  autrement,  et  chez  le  Phoque 
elles  sont    remarquablement  petites, 
leur  volume  n'étant  qu'environ  ,'„-  de 
celui  des  reins  (a).  Chez  les  Oiseaux 
et  les  r.eptiles  elles  sont  très  petites, 
et  chez  les  Batraciens  leur  développe- 
ment est  encore  moins  considérable. 
Quelques   anatomisles   avaient    pensé 
que  chez  ces  derniers  Animaux  elles 
étaient  représentées  par  les  appendices 
graisseux  en  connexion  avec  les  reins, 
mais  cela  n'est  pas.  et  elles  ne  consis- 
tent qu'en  un  petit  amas  de  tissu  glan- 


dulaire   mal  délimité,   qui  se    Irouvo 
appli;pié  sur  la  surface  abdominale  de 
chacun  do   ces  derniers  organes,  où 
leur  existence  avait  été  remarquée  par 
Sw  anunordam  (6),  mais  n'a  été   bien 
mise  en  évidence  que  par  les  analo- 
misles    de   l'épocpu*   actuelle   (''•).    La 
présence    de    capsules    surrénales    a 
été  constatée   chez  les  ]'. aies  (</),  les 
Squales  (e),  l'Esturgeon  {[)  et  plusieurs 
Poissons  osseux,  tels  que  le  Brochet, 
le  Saumon ,  la   Morue  et  les  Pleuro- 
nectes   (g).    Elles  paraissent    no   pas 
manquer  même  chez  les  Cycloslomes. 
car    des   organes   glanduli formes  (lui 
seniblenl  y  correspondre;  ont  élé  trou- 
vés chez  les  Myxinos  (Ii)  et  la  Lam- 
proie (/). 

Les  capsules  surrénales  de  l'Homme 
sont  de  forme  triangulaire  ou  semi- 
lunaire  (j),  et  quelquefois  il  existe  le 


(a)  Ciivier,  Leçons  d'anatomie  comparée,  t.  VIII,  p.  ()82. 

{b)  Swammenlaiu  cii  a  fait  mouiion  sous  le  nom  de  corpora  hctcrogenia,  dans  son  analoiiiie  de  la 
Grenouille  {Biblin  Nattivœ,  t.  Il,  ji.  "00,  pi.  40,  lit;'.  1,  n.  n). 

{Cl  liaihke.  l'ebcr  die  Enlwick.  der  Geschlechtsthcile  bei  den  Amphlbien  {Ueitr.  xur  Geschichte 
dev  rinere,  1825,  t.  III,  p.  34). 

—  J.  Millier,  nildmigsgcscJiichle  der  Genilalien,  1850. 

Délie  Cliiajc,  Op.  cit.  (Diasert.  suU'anatomia,  t.  1,  [).  104,  pi.  50,  fig.  6  et  7). 

Cruhy,  liecherchcs  nnalomiques  sur  le  systèiiic  veincu.v  de  la  Grenouille  {Ann.  des  sciences 

nnt.,  2"  série,  1S42,  l.  XVll,  p.  217,  pi.  10,  ti^'.  0). 

Na^el,  L'ebcr  die  Structur  der  Nebenniereii  (Miiller's  Archiv  fiïr  Anal,  nnd  rhtjsinl.,  1830, 

pi.  15,  f.^.  4). 

(d)  Retzius,  Observationes  in  Anatomiam  Chondropterygioruni,  Ibl'J. 

—  Idem,  ibid. 

jiicobson,  AnalomiskeAjhandlinger  (Mém.de  VAcad.  de  Copenhague,  1828, 1. 111,  \\  \\\i\). 

—  Délie  Cliiaje,  Op.  cit.,  pi.  50.  fig.  1  et  2. 

(e)  Najçel,  Oji.  (II.  (iMidier's  Archiv  fitr  Anal,  wid  Physiol.,  183G,  p.  381). 
(/■)  Slannius  et  Sieliold,  Nouveau  manvel  d'anatoinii'  comparée,  t.  II,  p.  131. 

(y)  Stannius,    L'ebcr  NebcnniercH  bel  hnochenfisvhcn  (Muller's  Archiv  fur  Anal,  nnd  Phijsiol., 

183'J.  p.  97,  pi.  4). 

Ecker,  Op.  cit.  (Wagner's  Handwiirterbuch  fitr  Physiologie,  I.  IV).  —  liecherchcs  sur  la 

structure  intime  des  corps  surrénaux  (Ann.  des  sciences  nal.,  3*  série,  1847,  l.  VIII,  p.  111). 

(/,)  Millier,  ICingcweide  der  Fische,  y.  8,  pi.  1 ,  fig.  8  (exlr.  des  Mi'm.  de  IWcad.  de  Iterlin  pour 

1843). 

(j)  Ecker,  Op.  cit.  (\Va;,'ner's  llandwurlerbuch,  t.  IV,  p.  120). 

(jl  Voyez  Bourgery,  Analomie  de  Vllommc,  t.  V,  pi.  47,  f\if.  4  et  5  ;  pi.  li). 

Beau,  Broci  et  jinnamy,  Allas  d' analomie  descriptive ,  t.  111,  pi.  :«1,  lii:.  1  ei  2,  et  pi.  ;î7. 


GLANDES    IMPARFAITES.    CAPSULES    SURRÉNALES.  217 

une  coloration  particulière  de  la  peau,  et  quelques  auteurs  ont 
cru  pouvoir  leur  attribuer  une  importance  physiologique  très 
grantlc  ;  mais  ces  opinions  ne  paraissent  reposer  sur  aucune 


long  (le  leur  bord  inl'éricurdes  lobules 
isolés  qu'on  appelle  des  capsules  sur- 
rénales accessoires.  Leur  forme  varie 
un  peu  chez  les  divers  ■Maniniil'ères,  et 
quelquefois  elles  sont  divisées  en  beau- 
coup de  petits  lobes  :  par  exemple,  chez 
les  Phoques  et  les  Cétacés.  Leur  forme 
varie  davantage  chez  les  Vertébrés  à 
sang  froid,  mais  ne  présente  rien  qui 
soit  important  à  noter. 

Chez  rilomme  et  la  plupart  des  au- 
tres ÎMamniifèies,  leur  surface  est  re- 
vêtue d'une  couche  mince,  mais  assez 
dense,  de   tissu  conncctif  membrani- 
forme,  qui  envoie  dans  leur  intérieur 
des  expansions  cloisonnaires,  et  leur 
substance  se  compose  de  deux  por- 
tions, l'une  corticale,  l'autre  dite  mé- 
dullaire, qui  difi'èrent  par  leur  teinte 
aussi  bien  que  par  leur  structure  (a). 
La  substance  corticale  est  divisée  en 
alvéoles  allongés    par  les   prolonge- 
ments fibreux  de  la  tunique  externe, 
et  les  cavités  cylindriques  ainsi  circon- 
scrites renferment  des  cellules  closes 
et  ovoïdes  ou  polygonales,  à   parois 
minces   et    membraneuses,    dont    la 
cavité    est  remplie  ,  soit   de  granula- 
tions albuminoïdes  et  graisseuses  mê- 
lées souvent  à  des  corpuscules  pig- 
mentaires,  soit  d'utricules  en  voie  de 


médullaire  des  capsules  surrénales 
il  y  a  également  un  siroma  de  tissu 
conncctif  dont  les  lamelles  sont  dis- 
posées en  réseau  à  mailles  arrondies, 
et  dans  les  espaces  délimités  de  la 
sorte  se  trouve  une  substance  gra- 
nuleuse, ainsi  qu'un  réseau  extrême- 
ment riche  de  tubes  nerveux  d'une 
ténuité  extrême  et  beaucoup  de  capil- 
laires sanguins.  Quelques  auteurs  la 
considèrent  comme  ayant  beaucoup 
d'analogie  avec  la  substance  nerveuse 
grise  (c),  mais  elle  en  diffère  par  ses 
propriétés  chimiques  (</).  Les  nerfs  de 
ces  organes  proviennent  en  majeure 
partie  du  ganglion  semi-lunaire  et  du 
plexus  solaire,  mais  quelques-unes  de 
leurs  branches  naissent  des  nerfs  pneu- 
mogastriques et  phréniques(e).  Lesar- 
térioles  constituent  un  léseau  autour  des 
cellules  cylindriques  de  la  portion  cor- 
ticale, et  les  racines  veineuses  naissent 
pour  la  plupart  dans  la  portion  médul- 
laire où  elles  se  réunissent  pour  former 
le  principal  vaisseau  effércnt ,  appelé 
veine  surrénale.  Les  vaisseaux  lympha- 
tiques paraissent  être  en  très  .petit 
nombre  dans  ces  organes  et  n'en  occu- 
pent que  la  surface.  Il  est  aussi  à  noter 
que  la  substance  médullaire  est  très 
altérable,  et  que  sur  le  cadavre  sa 
destruction  donne  souvent   naissance 


développement   (6).   Dans   la  portion 

{a)  Eclier,  Op.  cit.  (Wagner's  HandwOrterbuch,  t.  IV,  p.  128).  —  Recherches  sitr  la  slruciin-e 
intime  des  corps  surrénaux  {Ann.  des  sciences  nal.,  3'  série,  t.  VIll,  p.  lO"). 

—  KiiUiker,  Éléments  d'histoloçjïe,  p.  548  el  suiv. 

—  Haiiey,    The  Histoloijtj  of  the  Suprarenal   Capsules  {The  Lancet  ,  t8ô8,  t.  I,  p.  551  d 
576). 

(b)  M.  Harley  a  donné  de  très  bonnes   figures  des  iilriciiles  el  do  leur  cunlenu  tlioz  la  firenoiiillo 
{The  Uistology'of  Ihc  Suprarenal  Capsnks,  iii  The  Lancet,  1858,  t.  1,  p.  552,  fig.  1  et  2). 

{c.)  Voyez  EcUer,  Op.  cit.  (Wagner's  llandworterbuch  fur  Physiologie,  I.  IV,  p.  i:îO). 

—  Kcilliker,  Op.  cit.,  p.  552. 
{dj  Wcrner,  De  capsulis  superrenalibiis,  dissert,  inaug.  Uorpat,  1857. 

(c)  Bergniann,  Dissert,  de  glandulis  suprarenalibus.  GoUingiie,  1839.  /#>\} 


^GlC/î/ 


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IP^' 


LIBRARÏ 


°5.; 


/Ui 


218  SÉCRÉTION. 

base  solide.  En  eiïel,  tlaiis  divers  cas,  on  a  pu  faire  l'extrac- 
tion des  deux  capsidcs  surrénales  sans  qu'il  soit  résulté  aucun 
trouble  ])ernianent  dans  l'organisme,  et,  dans  l'état  actuel  de  la 
science,  je  n'oserais  hasarder  aucune  liypotlièse  relative  aux 
Ibnctions  de  ces  glandes  (1). 


à  des  cavités  qui  oui  élé  considérées 
par  quelques  anatoniistes  comme  exis- 
tant normalement. 

Chez  quelques  Mamniilères,  le  Che- 
val par  exeiuple,  on  trouve  des  utri- 
cules  glandulaires  dans  la  portion  mé- 
dullaire aussi  bien  que  dans  la  portion 
corticale  de  ces  organes.  Chez  les  Oi- 
seaux, la  distinction  entre  ces  deux 
substances  cesse  d'exister,  et  l'on  y 
trouve  partout  des  vésicules  glandu- 
laires. La  structure  interne  des  capsules 
surrénales  des  Reptiles  el  des  Poissons 
n'a  été  que  peu  étudiée  {a). 

Il  est  aussi  à  noter  que  M.  Vulpian 
a  découvert  dans  la  partie  médullaire 
des  capsules  surrénales  du  Mouton  une 
matière  particulière  soluble  dans  l'eau 
el  dans  l'alcool,  qui  donne  naissance  à 
une  coloration  verdiitre  ou  noirâtre 
quand  on  y  ajoute  un  sel  de  fer,  el  (jui 
prend  une  teinte  rose  carmin  par  l'ac- 
tion de  Piode.  Ce  physiologiste  n'a 
pas  observé  de  réactions  semblables 
en  expériuKMitant  sur  le  conleiut  des 


autres  organes  glandulaires,  etc.  (h). 
lùifin  il  a  constaté  les  mêmes  réac- 
tions dans  les  capsules  surrénales  de 
l'Homme  et  de  beaucoup  d'autres 
Mammifères,  des  Oiseaux  et  des  lîep- 
tiles  (f).  ]\IAI.  Cloez  et  Vulpian  ont 
trouvé  dans  les  capsules  surrénales 
des  Piuminants  de  l'acide  tauro-cho- 
lique  et  un  autre  principe  qui  paraît 
être  de  l'acide  hippurique  (r/).  l'jilin, 
on  a  trouvé  aussi  dans  la  substance 
médullaire  de  ces  organes,  de  la  mar- 
garine et  de  la  leucine,  mais  pas  de 
tyrosine  (c). 

(1)  Les  riHations  anatomi(iues  (les 
capsules  surrénales  avec  les  viscères 
adjacents  ont  fait  su])i)oser  d'abord  que 
ces  organes  pouvaient  avoir  des  fonc- 
tions analogues  à  celles  des  reins  (f)  ou 
se  rallacliaieni  à  la  génération  [(/).  En 
raison  de  l'abondance  des  lilels  nerveux 
qui  s'y  rendent,  d'autres  physiologistes 
ont  pensé  que  les  usages  des  cap?:ules 
surrénales  avaient  de  l'analogie  avec 
ceux  du  système  nerveux  (//)  ;  mais  ces 


(a)  Lcyili^',  Ziiv  Aiialonue  und  llisloioijie  (^er  Cliiincra  nicMisliiios:!  (Miiller's  Archiv,  tS5t, 
p.  iJO-i).  —  Bcitr.  ziir  Annt.  iind  Kntw.  iter  liorlien  wnl  Haie,  \>.  15.  —  Anatomisch-Mstoln- 
(jische  Untcrsuchiuigen  iiber  Fische  vnd  lieiilihen,  p.  lut,  pi.  i,  fig.  17). 

(6)  Vulpian,  A'ofc  sur  quelques  réactions  propres  A  la  substance  des  glandes  surrénales  {Comptes 
rendus  de  l'Acad.  des  sciences,  iSfiO,  t.  XIJII,  p.  iHYi). 

(c)  Vulpian,  Note  sur  les  réactions  propres  au  tissu  des  capsules  surrénales  c/ici  les  Reptiles 
{Comptes  rendus  de  la  Société  de  biologie,  '2*  série,  18J0,  l.  III,  p.  3i3). 

(dj  Clo(>7.  cl  Vulpian,  i\ole  sur  l'e.risicnce  des  acides  hippurique  et  choléique  dans  les  capsules 
surrénales  des  Herbivores  [Comptes  rendus  de  IWcad.  des  sciences,  ISjT,  l.  XI. V,  p.  340). 

(f)  \irclio\v,  Zur  Cliemie  der  i\ehcnnicrcn  (Archiv  fiir  palholuyische  Analoinie  und  l'hysiol., 
1850,  I.  XII,  p.  48). 

(/')  Cuvicr,  Lej'onjy  d'anatumic  contparce,  i.  NUI,  p.  (i"S. 

(y)  Meckcl,  Manuel  d'anatomie  descriptive,  liail.  p:n' .iHunlnn,  I.  III,  p.  jl)3. 

(h)  IJci'j^niann,  Op.  cit. 

—  U'yiVv^,  l.ehrbuch  der  Histologie,]^.  ISH. 


GLANDES    IMI'ARFAITKS.     THYROÏnE.  219 

^  0.  — 1^0  rorps  thyroïde,  qui,  ehe/  riiomme,  occupe  la  parlie 
antérieure  et  inférieure  du  cou,  et  (pii  se  retrouve  chez  la  phi- 
part  des  aulres  Vertébrés,  est  aussi  une  glande  imparfaite  com- 
plexe ,  mais  dont  les  utricules  sécrétoires  tapissent  la  paroi 


Corps 
llivroiJe. 


hypothèses  ne  reposaient  sur  aucun 
raisonnement  plausible  et  n'excitèrent 
(pie  peu  (l'attention.  Il  n'en  fut  pas 
(le  même  des  opinions  émises  dans 
ces  dernièîres  années  par  M.  Addison 
et  qnekjues  aulres  physiologistes  au 
sujet  de  l'influence  des  capsules  sur- 
rénales sur  la  production  du  pigment 
cutané  et  sur  la  manière  dont  diverses 
onctions  importantes  de  l'organisme 
s'accomplissent. 

Vers  1855,  M.  Addison  remar(pia 
une  coïncidence  très  fré(piente  entre 
un  état  morbide  des  capsules  surré- 
nales et  la  coloration  en  brun  plus  ou 
moins  intense  de  certaines  portions  ou 


même  de  la  totalité  de  la  peau  chez 
des  individus  de  la  race  blanche  ;  il 
constata  aussi  (jue  cet  état  particulier 
des  tiguments  appelés  peau  hrunzcc 
est  accompagné  de  désordres  graves 
dans  l'organisme,  et  en  général  ne 
larde  pas  à  être  suivi  de  la  mori  {tt). 
Plusieurs  observations  analogues  lu- 
rent recueillies,  soit  en  Angleterre  , 
soit  en  France  ou  ailleurs  (6),  et,  peu 
de  temps  après,  M.  lîrown-Séquard 
publia  les  résultats  d'expériences  dans 
lesquelles  il  avait  extirpé  les  capsules 
surrénales  chez  des  Lapins  et  d'autres 
Mammifères.  Cette  opération  avait  été 
suivie  d'une  mort  très  prompte  (c)  ; 


(a)  Addison,  Ou  the  ConsUtutionnI  and  Local  Effecis  of  Disease  of  the  Suprarenal  Capsuler. 
l.oiidoii,  1855. 

(1)}  McUenhcimer,  Cas  de  peau  brnmée  observe  en  1853  {Gazette  hebdomadaire  demédeclne, 
1857,  t.  IV,  p.  23). 

—  J.  Hiilcliiiisoii,  Séries  illustrating  the  Connexion  beliveen  Bronzed  Skin  and  Disease  of  tlie 
Suprarenal  Capsules  [The  Médical  Times,  1855,  t.  XXXII,  p.  593;  185G,  i.  XXXIII,  p.  GO, 
233,  etc.). 

—  Rues,  Case  of  Bronzed  Skia  (The  Médical  Times,  1857,  t.  XXXV,  p.  (345). 

—  CoUon,  Case  of  Bronzed  Skin  {The  Médical  Times,  1857,  t.  XXXVl,  p.  33). 

—  Trousseau,  Observation  d' un  cas  de  peau  bronzée  {Gazette  hebdomadaire  de  médecine,  185G, 
t.  III,  p.  621  et  890). 

—  Malheibe,  Observations  cliniques  {Gazette  hebdomadaire  de  médecine,  1850,  t.  III,  p.  G33). 

—  Wmgoni,  SiugxUière  altération  des  capsules  sitrrénales :  peau,  bronzée  {Gazette  hebdoma- 
daire de  médecine,  1856,  t.  III,  p.  924). 

—  Spender,  Maladie  d' Addison  et  absence  congénitale  des  capsules  surrénales  (Gabelle  licbdo- 
madaire  de  médecine,  1858,  t.  V,  p.  774). 

—  Cliarcot  et  Vulpinn,  Phthisie  pulmonaire,  albuminurie,  coloration  bronzée  de  la  peau  et 
altération  granuleuse  des  capsules  surrénales  {Comptes  rendus  de  la  Société  de  biologie,  2"  série, 
1857,  t.  IV,  p.  146). 

—  Secorid-Féréûl,  Observations  et  réflexions  sur  un  cas  de  coloraiion  bronzée  de  la  peau 
{Mém.  de  la  Société  de  biologie,  2*  série,  1856,  I.  III,  p.  23). 

—  Gromier,  Maladie  broniée  de  la  peau  (Gazette  médicale  de  Lijon,  1857,  t.  IX,  p.  257). 

—  Damier,  État  actuel  de  nos  connaissances  sur  la  maladie  bronzée  d' Addison  (Archives 
générales  de  médecine,  5'  série,  1857,  t.  IX,  p.  31). 

(c)  l'récédcmmeiU  iM.  Graliolet  avait  pratiqué  au5^i  l'eNtirpalioii  des  capsules  siiriéiialos  cliez  des 
Cochons  d'Inde,  et  il  n'avait  pu  conserver  aucun  de  ces  Animaux  vivants  quand  il  opérait  du  côlé 
droit  [Sote  sur  les  effets  qui  suivent  l'ablation  des  capsules  surrénales  (Comptes  rendus  de 
VAcad.  des  sciences,  1856,  t.  XLVIII,  p.  4r,8}. 


250  SÉCRÉTION. 

interne  de  capsules  vcsioulaires,  de  Aieon  à  laisser  au  centre  de 
chacune  de  celles-ci  une  cavité  close  renfermant  le  liquide 


ot,  (V.'ipirs  les  n'-siilldls  oijloniis  parla 
tiaiisrii?sion  du  sang  des  Animaux  ainsi 
niiililés,  cet  aiUciir  lut  conduit  à  pon- 
sor  que  les  capsules  surrénales  étaient 
non  -  seulement  des  organes  d'une 
grande  importance  physiologique , 
mais  qu'elles  étaient  chargées ,  soit 
d'empêcher  la  formation  de  certaines 
matières  toxiques  ainsi  que  du  pigment 
cutanéqui  tendraient  toujours  à  se  i)ro- 
duire  dans  l'organisme,  soit  à  détruire 
ces  matières  à  mesure  qu'elles  se 
développent  (a).  Ces  hypotlièses  ont 
donné  lieu  à  beaucoup  de  discussions 
parmi  les  médecins  et  les  physiologistes; 
mais  elles  ne  paraissent  pas   reposer 


sur  des  hases  solides,  et  ni  le  dévelop- 
pement du  pigment  cutané,  ni  l'accom- 
plissement des  fonctions  de  nutiition 
ou  de  reproduction,  ne  semblent  être 
subordoimés  à  ractivité  fonctiomiclle 
des  glandes  surrénales  En  effet,  d'une 
part,  les  médecins  ont  vu  des  malades 
dont  la  peau  était  bronzée  et  dont  les 
capsules  sm-rénales  n'oiïraient  aucun 
signe  d'altération  pathologique  (/;),  tan- 
dis que  chez  d'autres  individus  dont 
la  peau  avait  conservé  sa  teinte  ordi- 
naire ,  ils  ont  trouv(''  par  l'autopsie 
que  ces  organes  manquaient  complè- 
tement (r)  ou  étaient  le  siège  de 
lésions    graves     ((/).    D'autre    part , 


(a)  Brown-Séquard  ,  Heclicrchcs  sur  la  phrjsiologie  et  la  patliologie  des  capsules  surrénales 
[Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  sciences,  dK5G,  (.  XLVill,  p.  522  et  442,  et  Archives  générales 
de  médecine,  ^' sine,  t.  VIII,  p.  38.5  et  572). 

—  lilem,  Nouvelles  reclf^rches  sur  l'importance  des  fonctions  des  capsules  surrénales  Uournnl 
de  physiologie,  1858,  t.  1,  p.  iOO). 

{/;)  Piii'cli,  Cas  de  peau  bronzée  (Gazette  hebdomadaire  de  médecine,  ISôfi,  t.  III,  p.  70G). 

—  Friclie,  Case  of  Cirrhosis  of  the  Liver  and  Bronzed  Skin  (The  llritisli  and  Foreign  Med. 
Chir.  Revew,  d857,  t.  XX.  p.  355). 

—  Parties,  Case  of  great  l'igmenl  Deposit  in  the  Skin  (so  called  Bronzed  Skin)  willinul  Discase 
ofihe  Suprarenal  Capsules  (The  Médical  Times,  1858,  t.  XXXVIII,  p.  CO). 

—  Tigri,  Cachexie  mélanique  (Cax-ette  hebdomadaire  de  médecine,  1857,  t.  IV,  p.  38(i). 

—  Hiirlcy,  liroming  of  the  Skin  with  llealthii  Suprarenal  Capsules  (The  Médical  Times, 
1858,  t.  XXXVIII,  p.  5G4). 

11  est  aussi  à  noter  que  des  cas  de  pc.iii  bronzée  sans  étal  p:illu)lo^ii|uo  des  capsules  surrénales  ont 
été  observés  sur  des  Vaches  par  M.  Dupont  (Gazelle  hebdomadaire  de  médecine,  1857,  I.  IV, 
p.  350). 

(c)  Freiderich,  Einige  Fdlle  von  ausgedehnter  amyloidcr  Erkrankung  (Vircliow's  Archiv  fur 
path.  Anal.,  1857,  t.  XI,  p.  387). 

—  Harley,  An  Expérimental  Inguiry  into  the  Functions  of  the  Suprarenal  Capsules  and 
their  supposed  Connexion  with  DronzedlSkin  [ftritish  and  Foreign  Med  Chir.  Heview,  1858, 
t.  XXI,  p.  500). 

—  Ferrocl,  Cancer  des  capsules  surrénales,  etc.,  sans  coloration  broniée  de  la  peau  (Gax-ette 
hebdomadaire  de  médecine,  1857,  t.  IV,  p.  Cil). 

—  Kirkes,  Four  Cases  in  which  the  Suprarenal  (Uipsules  trere  one  or  both  discascd,  no 
fironzing  of  the  Skin  having  been  notized  (Médical  Times,  1857,  t.  X.XXV,  p.  35). 

—  Peacock,  Two  Cases  in  which  the  Suprarenal  Capsules  were  found  Diseased  after  Healh, 
and  no  Uronzing  of  the  Skin  had  existed  (The  Médical  Times,  1857,  t.  XV,  p.  8). 

—  Dayol,  Allération  des  capsules  surrénales  (Gaielte  hebdomadaire  de  médecine,  1857,  t.  IV, 
p.  370). 

—  1,1'teMncnr,  CmuciI'  des  deux  capsules  surrénales  sans  altération  de  la  couleur  de  la  peau 
(Gazette  hebdomadaire  de  médecine,  1858,  i.  V,  p.  013). 

(d)  A.  de  Mariini,  Sur  un  cas  d'absence  congénitale  des  capsules  surrénales  (Comptes  rendus  de 
l'Acad.  des  sciences,  1851!,  t.  XLVIII,  p.  1052;. 


tiLANUES    IMl'AlU'AlTIiS. TllVllUIDE.  2'2l 

sécrélc  [)ar  ces  orgaiiites.  Par  sa  disposition  ^('ncralc  cl  son 
as[)ecl,  ainsi  que  [>ar  les  earactères  analoiniqiies  (iiio  je  viens 
d'indiijuer,  ce  cor[)S  ressemble  beaucoup  à  certaines  glandes 
ordinaires,  et  il  paraît  avoir  une  origine  analogue  (1)  ;  mais 
on  n'y  découvre  aucune  trace  de  canaux  excréteurs,  et  les 
malières  stM^-rétées  dans  son  intérieur  ne  peuvent  en  être 
extraites  que  par  absorption  (2).  Il  est  très  ricbe  en  vais- 
seaux sanguins,  et,  dans  l'espèce  liumaine,  il  est  sujet  à  une 
sorte  d'iiypertropbie ,   d'où  résultent    les  tumeurs   appelées 


M.  Philipeaux  cl  quelques  aulres  phy- 
siologistes ont  coiislalé  expérimenta- 
lement que  Texlirpation  des  capsules 
sunénales  i)oii\ ait  être  pratiquée  sans 
qu'aucun  trouble  permanent  en  résul- 
tât dans  l'ensemble  de  l'organisme,  et 
sans  que  la  perte  de  ces  glandes  fût 
suivie  d'aucun  changement  dans  la 
coloration  du  pelage.  Des  llats  et 
d'autres  Alanmiil'èrcs  ali)inos  conser- 
vèrent un  pelage  parfaitement  blanc 
après  l'extirpation  des  deux  capsules 
surrénales,  et  vécurent  pendant  fort 
longtemps  après  l'opération  ;  quelques- 
uns  même  se  sont  reproduits  après 
avoir  été  mutilés  de  la  sorte  [a).  11 
eu  résulte  que,  dans  l'état  actuel  de 
nos  connaissances,  on  ne  peut  former 
aucune  conjecture  plausible  sur  les 
fonctions  de  ces  organes. 


(1)  Les  recherches  de  M.  llemak 
sur  lé  développement  des  corps  thy- 
roïdes chez  le  Poulet  tendent  à  établir 
que  ces  organes  naissent  de  deux  pro- 
longements du  tissu  épithéliquedu  pha- 
rynx, qui,  par  suite  de  rétranglemcnl 
de  leur  pédoncule,  se  sépareraient  du 
tube  digestif  et  s'isoleraient  (6). 

(2)  La  glande  thyroïde,  que  quelques 
auteurs  préfèrent  appeler  le  corps 
tinjroïde,  afin  de  ne  rien  préjuger 
quant  à  ses  fonctions,  était  connue  de 
(lalien  (r)  et  de  plusieurs  anatomistes 
de  l'époque  de  la  renaissance  (rf),mais 
on  est  resté  longtemps  incertain  au  sujet 
de  l'existence  ou  de  l'absence  de  ca- 
naux excréteurs  pour  Tévacualion  de 
ses  produits  (e).  Sa  structure  interne 
n'a  été  bien  étudiée  que  de  nos  jours. 
Enfin ,  son  développement  a  été  ob- 


(a)  Pliilipc;nix,  Noie  sur  l'cxtirpalion  des  capsules  surrénnles  sur  Us  llats  albinos  \CompUs 
rendus  de.  l'Acad.  des  sciences,  1850,  l.  XLIII,  ]>.  90  i  cl  1155). 

—  Hai-ley,  An  Expérimental  Inquinj  into  the  Fnactioii  of  the  Suprarenal  Capsules  and  thrir 
supposcd  Connexion  with  Bron.z-cd  Skin  {Dritish  and  Foreiga  Medico-Chir.  Heview,  1858,  t.  \\1, 
IL  204  el  suiv.). 

{b)  Rcmali,  Untersuchuiigcn  ûber  die  Enlwickclunn  der  Wirbetlhierc,  i>.  3'J  ot  1"2"2,  etc. 
(c)  Voyez  Morij.igni,  Adversaria  anatomica,  lib.  I,  c.  xxvi. 
((/)  Vcsale,  De  corporis  humani  fnbrica,  lib.  VI,  cap.  iv. 

—  Wliarloii,  AdenoQraphia,  1G5G. 

—  Santorini,  Observationes  anatomicœ,  ITii. 

—  Laloui.'llc,  Recherches  anatomiques  sur  la  glande  thyroïde  {Méin.  des  Sav.  clraiig.,  17  iJ, 
I.  I,  p.  150). 

(e)  Haller,  De  parlium  corporis  Inmani  prœcipuarum  fabrlca  et  fiuicUoiubus,  t.  Vit,  \i.  2G1 
el  suiv.). 


^'S'i  SKCHÉTIO.N. 

goitres  (1).  Mais  l'analyse  cbimiqiie  des  produits  de  cette 
glande  n'a  jeté  aneune  lumière  sur  ses  fonctions  ('2),  et  nous 
sommes  dans  une  ignorance  complète  au  sujet  de  son  rôle 
dans  l'organisme  (3).  Aussi  ne  m'arrèterai-je  pas  davantage 
sur  son  histoire  anatomique. 


serve'   i)ar    \1M.    Iliisclike ,   Arnold , 
Disclioir,  Goodsir  ot  U.  Gniy  (ti). 

(1)  Les  Oiseaux  ne  sont  ])as  exempls 
de  cette  afleclion  dti  corps  thyroïde  : 
dernièn.'ineiit  j'ai  en  l'occasion  d'ol)- 
servcr  un  goitre  énorme  chez  un  Per- 
roquet. 

(2)  Par  quelques  expériences  faites 
par  M.  lîoarle,  on  voit  que  le  licinide 
roidl-rnié  dans  la  glande  thyroïde  ne 
contient  pas  d'albumine  coagulable, 
mais  une  matière  albuminoïde  ;  il  n'y 
a  découvert  aucune  trace  d'urée  ni 
d'acide  urique;  enfin,  chez  le  Hauif  il 
y  a  rencontré  de  la  gélatine  et  quel- 
quefois il  a  trouvé  dans  ce  corps  des 
cristaux  de  phosphate  et  d'oxalate 
de  chaux  (1)).  l'ius  récemment  on  y  a 


constaté  la  présence  de  la  leucine  (c), 
de  l'acide  lactique  et  de  riiypoxan- 
thine  (d). 

(3)  La  glande  thyroïde  di'  Tllonnue 
est  un  organe  bilohé  donf  les  deux 
moitiés  sont  réunies  entre  elles  par 
une  portion  médiane,  mince  et  étroite, 
appelée  isthme.  Elle  est  située  au  de- 
vant de  la  trachée,  à  laquelle  elle 
adhère  (e).  Sa  disposition  est  à  peu 
près  la  même  chez  les  autres  INIaunni- 
fères  (/■),  mais  chez  les  Oiseaux  ses 
deux  moitiés  ne  se  réunissent  pas, 
et  se  trouvent  sur  les  côtés  de  la  tra- 
chée, près  du  bord  inférieur  du  la- 
rynx (g).  Chez  les  Reptiles  ,  cet  organe 
est  (|uelquefois  double  {h) ,  mais  en 
général  il  est  impaire,  et  du   reste 


(h)  Voyez  H.  Joncs,  art.  Thvuoid  (;lan'd  (TckW's  Cydoptedia  of  Anat.  and  Physiol.,  t.  IV, 
p.  1  lOCJ. 

ib)  Iliiscliku,  Vebev  die  Lhnb'Miing  des  Darmkanals  und  der  ^"lCl^e)l  der  t'i'oscliquappcn  {Isls, 
182G,  p.  021;  1827,  p.  iOS). 

— Arnold,  Lehvbuch  der  l'Iiyninlogie  des Menschen ,  iBi'i  {Saliburij  medicinisclie  Zeiluiuj ,  1831, 
t.  IV,  p.  301). 

—  Biï^clioll",  Développement  de  l'Homme  cl  des  Mammifères,  p.  21)2. 

—  (looilsir.  On  the  Suprarenal,  Tliumus  and  Tlnjroid  Bodies  {Philos.  Trans.,  184(5). 

—  H.  (ïray,  On  Ihe  Development  of  the  Ductless  Glands  in  the  Cliick  (Philos.  Trans.,  1852, 
p.  305). 

(c)  l''rcriclis  et  StiKilcr,  Weiterc  lieilrâge  zur  Lehre  vom  Stoffwandel  (Muller'.s  Arehiv  fiir 
Anat.  und  Physiol.,  1850,  p.  44). 

(rf)  Gorup-liesanc!!,  Uebcr  die  cliemische  lieslandtlicile  einiger  Driïsensàflc  {Ann.  der  Chenue 
und  Pharm.,  ISSO,  l.  XCVIII,  p.  1). 

(c)  Voyez  Bourgery,  Analomic  descriptive,  l.  IV,  pi.  1. 

(/  )  Mcckcl,  Abhandlung  ans  der  menschlichen  und  vergleichenden  Anatomie  und  Physiologie, 
isuo. 

—  Ciivicr,  Leçons  d'analomie  comparée,  l.  VLIl,  p.  0"2. 

—  Turner,  On  the  Thyroid  (iland  in  Celacea  {Proceed.  of  the  llyijal  Soe.  of  Edinburgh,  1800, 
I.  IV,  p.  319). 

((/)  l'cnault,  Description  de  sLe  Outardes,  Ném.  pour  servir  à  l'histoire  nulnrclle  des  Animau.v, 
2"  (larlie,  p.  lU'J  (Mt'm.  de  l'Acad.  des  sciences,  t.  III,  1"32). 

—  Bcllanti,  De  organo  vncis  {Comment.  Ilononiensis,  1783). 

—  Owuii,  ai'l.  AVKS  (Toil  l's  Cycbip.  oj  Anat.  and  Physiol.,  I.  1,  \>.  348). 

—  Simon,  On  Ihe  i  loin  para  tire  Analomy  of  the  Thyrohl  Gland  {Philos.  Trans.,  18  54,  y.  2'J5). 
(h)  l'ar  exemple,  chez  Vlstiurns  (Simon,  loc,  cit.,  p.  297). 


GLA.NDKS    IMPARFAITES.     —     THYMUS.  '^'-ô 

^  7.  —C'est aussi  à  cette  catégorie  de  glandes  impariaites 
complexes,  à  réservoirs  intérieurs,  qu'il  faut  rajtporter  un  organe 
fjui  a  reçu  le  noui  de  thymus,  et  ne  parait  avoir  (rimporlanec 


Thyiuns, 


il  n'est  que  peu  développé  {a).  Chez  les 
Batraciens,  la  glande  thyroïde  est  ru- 
dimentaire  (6),  et  M.  Ilnschke  Ta  con- 
sidérée comme  étant  un  dernier  ves- 
tige des  branchies  du  Têtard  (c)  ;  mais 
cette  hypothèse  n'est  pas  soutenablc 
aujourd'hui  que  l'on  a  constaté  l'exis- 
tence de  cet  organe  chez  les  Péren- 
nibranches  (d).  On  le  retrouve  aussi 
chez  le  Lepidosiren  {e).  M.  J.  Simon, 
à  qui  on  doit  des  recherches  spéciales 
sur  ce  sujet,  pense  que  la  glande 
thyroïde  est  représentée  chez  les  Pois- 
sons, tantôt  par  des  amas  de  vésicules 
réunies  en  une  masse  glanduliforme 
près  de  la  terminaison  du  tronc  de 
l'artère  branchial,  d'autres  fois  par 
les  ganglions  vasculaires  qui  se  trou- 
vent dans  diverses  positions  près  de 
l'apipareil  hyoïdien,  et  qui  ont  été 
décrits  par  la  plupart  des  analomistes 
sous  le  nom  de  branchies  accessoires 
ou  de  pseudo-branchies  (/").  Cette  der- 


nière hypothèse  (r/)  n'est  pas  fondée  sur 
des  bases  suffisantes  (/))  ;  mais  certains 
Poissons  paraissent  avoir  réellement 
un  organe  analogue  à  la  glande  thyroïde 
des  Vertébrés  pulmonés:  par  exenqile, 
les  Ganoïdes,  et  plus  particulièrement 
l'Esturgeon,  où  les  vésicules  dont  je 
viens  de  faire  mention  constituent,  der- 
rière la  mâchoire  inférieure  et  à  l'ex- 
Irémité  aniérieuredu  tronc  branchial, 
un  organe  arrondi  ou  ovoïde  et  sub- 
lobulé,  qui  contient  nn  liquide  lai- 
teux {i).  D'autres  organes,  qui  ont  été 
observés  au-dessus  de  l'appareil  bran- 
chial chez  les  Haies  (  j)  et  les  Squales, 
et  qui  ont  été  considérés  par  quelques 
auteurs  comme  étant  aussi  les  ana- 
logues du  corps  thyroïde,  paraissent 
représenter  plutôt  le  thymus,  comme 
nous  le  verrons  bientôt. 

Chez  l'Ilomme  et  les  autres  Ani- 
maux, une  tunique  fibreuse  en  coiiti- 
nuité  avec  les  expansions  aponévro- 


(a)  Par  exemple,  cliez  les  Tortues,  où  cet  organe  a  été  pris  pour  le  tliymus  par  Bojanus  (;l//(!/. 
Testudlnis  europœœ,  fig-.  UO,  150  et  173),  ut  chez  la  Vipère,  où  la  même  erreur  de  déteriiiinalioii 
a  été  commise  par  (pielques  analomistes. 

—  Cliaras,  Anatomie  de  la  Vipère  {Mém.  pour  servir  à  l'histoire  nalureUe  des  Àniimux,  par 
Perrault,  etc.,  2'  partie,  p.  238,  pi.  61,  fig-  2,  D. 

(6)  Carus,  Traité  élémentaire  d'anatomie  comparée,  t.  II,  p.  294,  pi.  13,  fig.  4. 

(c)  Hu^chke,  Ueber  die  Umbildung  der  Darmkana  Isund  der  Nieren  der  Froscliquappen  {Isis, 
1826,  p.  021). 

(d)  Exemple?  :  le  Monobranchits  lateralis  ut  le  Menopoma  (Siuion,  lac.  cit.,  p.  2it8). 

(e)  Bischoff,  Description  anatmiiique  dii,  Lepidosiren  paradoxa  (,l?iH.  rfcs  sciences  nat.,  2°  série, 
1840,  t.  1,  p.  47). 

(f)  V'oycz  ci-dessus,  tome  II,  page  238,  et  tome  III,  page  342. 
{g)  Simon,  Op.  cit.  {Philos.  Trans.,  1844,  p.  300  et  suiv.). 

(h)  Owen,  Lectures  on  the  Comp.  Anal,  and  Phijsiol.  of  the  Vertébrale  Animais,  p.  269. 
(i)  Slannius  et  Siebold,  Lehrbuch  der  Zootomie,  1854,  t.  I,  i».  255. 

—  Simon,  Op.  cit.  (Philos.  Trans.,  1844,  p.  300). 

(j)  Robin,  Sur  l'anatomie  d'une  nouvelle  glande  vasculaire  chez  les  Plagiostomes  et  sur  la 
structure  de  leur  glande  thyroïde  {i'[nstilut,  1847,  t.  XV,  p.  il).—  Hecherches  sur  un  appareil 
qui  se  trouve  c/ici  les  Raies  et  qiii  présente  les  caractères  anatomiqu.es  des  organes  électriques 
[Ann.  des  sciences  nat.,  3' série,  1847,  t.  VU,  p.  201). 


22!x 


iECRETIOX. 


qiio  cliez  rcmbryoïi.  Il  existe,  dans  le  jeune  âge,  eliez  tous  les 
Vertébrés  ,  e.\ce[)té  «luelqiies  Batraciens  pérennihranelies  et  la 
[ilupart  des  Poissons  ;  mais  il  s'alrophie  ou  disparaît  même 


tiques  adjacentes  ontoure  la  glande 
thyroïde,  et  envoie  dans  sa  substance 
nne  mullitnde  de  proloni^enients  qui  se 
réunissent  entre  eux  de  iaœn  à  diviser 
celle-ci  en  lobes  et  en  lobules,  Lestronia 
ainsi  constitué  se  compose  de  faisceaux 
(le  tissu  conjonctif  qui  s'entrecroisent 
dans  tous  les  sens  et  qui  sont  mêlés  à 
des  libres  élastiques  très  fines  (a)  ;  il 
contient  des  vésicides  adipeuses  et  un 
grand  nombre  de  vaisseaux  sangnins(6). 
La  substance  de  la  glande  logée  dans 
les  lacunes  laissées  i)ar  le  stroma  est 
lormée  par  de  grosses  vésicules  arron- 
dies, qui  chez  rilomme  ont  envi- 
ron t)  ""',0/i  à  0"',i  de  diamètre,  et  qui 
sont  constituées  par  une  capsule  mem- 
braneuse très  fine  dont  la  surface 
inlerne  est  tapissée  de  lissu  épitiiéli- 
que.  Les  utricules  qui  composent  ce 
deiiiier  lissu  renferment  un  ou  plu- 
sieurs noyaux  et  se  trouvent  à  divers 
degrés  de  développement.  Tanlôt  elles 
ne  forment  qu'une  seule  couche,  d'au- 


tres fois  elles  sont  accumulées  de  façon 
à  donner  naissance  à  un  revêtement 
très  épais  ;  mais,  dans  l'état  normal, 
elles  laissent  toujours  au  centre  de 
chaque  capsule  un  espace  libre  qui 
est  occupé  par  mi  liquide  plus  ou  moins 
visqueux  (c).  M.  Kohirausch  avait  cru 
(pie  ces  cellules  épiihéliales  t'taientdes 
globules  sanguins  en  voie  de  dévelop- 
pement (il) ,  mais  cette  opinion  n'est 
pas  admissible.  11  est  aussi  à  noter 
que  le  tissu  de  la  glande  ibyroïde  (Sl 
sujet  à  beaucoup  d'all(''ralions  [)atliolo- 
giques  qui  souvent  en  masciuent  les 
caraclèrcs  histologiques  (e). 

Les  pbysiologistos  ont  fait  diversi's 
liyi)othèsessur  les  usages  de  la  glande 
tinroïde,  mais  nous  ne  savons  rien  de 
.positif  cl  ce  sujet.  Les  uns  ont  pensé 
que  ce  corps  était  une  sorte  de  réser- 
voir sanguin  deslini'  à  régulariser  la 
circulation  dans  les  vaisseaux  de  la 
lèle  (/') ,  mais  la  plupart  des  auleiu's 
le  considèrent  connue  un  organe  sé- 


(ft)  !t.  Joncs,  ail.  TiiYnou)  Gland  (Todd's  Cijclop.,  t.  IV,  p.  HiO). 

(/))  Voyez  Kiilliker,  Éléments  d'Iiistologic,  p.  523,  fig.  243. 

(c)  Les  arlèrcs  rpii  se  rciuleiil  à  la  glande  lliyroïdc  do  riloiiimc  sont  très  grosses  et  au  iiimdirc  do 
quatre  ou  ciiiii,  savoir  :  une  paire  d'arlères  liijroidicniics  supérieures  (pii  naissent,  des  carotides 
e.xlernes;  une  paire  d'artères  tliyroïdieunes  iul'érieures  ijui  proviennent  ilcs  sous-clavièrcs,  et  quel- 
quefois un  vaisseau  impaire  appelé  artère  lliyruïdienne  de  Naubauer,  qui  se  détache  direclcnienl  de 
la  crosse  de  l'aorte  (voyez  liourgery,  Anatomie  descriptive,  l.  iV,  pi.  15). 

{dj  i.  Simon,  A  PliyswlogicaL  Essay  on  (lie  Thymns  Gland,  1845,  p.  78,  iig.  40. 

--  Noiliker,  Op.  cit.,  \>.  523,  li-.  243. 

—  II.  Joues,  Up.  cit.  (Todd's  Cijclop.  uf  .\nal.  and  l'Iiysiol.,  p.   1 104  et  suiv.,  lii;-.  733  h  743). 
{e}  Kohirausch,  llcilrd'jc  utr  hcujitniss  dcr  Scliilddviisc  (Muller's  .Irt'/iiy  [ùrAnat.  tnid  l'iiysicd., 

1853,  p.  142,  pi.  4,  fi-.  1-4). 

(/)  A.  Ecker,  Yersuch  clncr  Anatomie  dcr  primitivcn  Formen  dc.t  Kropfcs  ijegriutdcl  auf  L'ntcr- 
iuchungea  iiber  dcn  normalen  llau  dcr  Scliilddriisc  (Zeitschr.  fiir  rationnelle  Mcdnin,  1847, 
t.  VI,  p.  123). 

—  Hokitauskv,  2i()' .l«a/o)»ut'  des  lirnpfes  {Méni.  de  l'Acad.  de  Vienne,  1849,  t.  I,  p.  243, 
pi.  28). 

—  I. étendre.  De  La  thyroïde,  thèse.  Paris,  1852. 

—  M(di;jion,  Des  fonctions  des  lobes  thyroïdes  des  .Vaininifi'res  et  du  corps  thyroïde  dans  l'es- 
pèce humaine  (Comptes  rendus  de  IWead.  des  sciences,  18  13,  I.  .\\l,  p.  1  200). 


(;l.vm»i;s  imi'aiuâitks. 


IHVMLS. 


Hlfi 


c'oiiiplétoiiieiil  chez  la  plupart  des  Animaux  aduKes  (1  j.  Il  se 
trouve  à  la  })ai1ie  antérieure  du  thorax  ou  à  la  base  du  eoii, 


crétour.  Il  est,  du  reste,  à  noter  que 
sou  extirpation  a  pu  être  pratiquée 
sans  qu'il  en  résultât  aucun  trouble 
permanent  dans  les  fonctions  de  Téco- 
noniie  (a). 

(1)  L'existence  du  thymus  paraît 
avoir  été  constatée  pour  la  première 
fois  par  les  anatomistes  de  l'école 
d'Alexandrie,  car  Hippocratc  et  Aris- 
tole  n'en  font  pas  mention,  et  lUilus 
d'Éphèse ,  l'un  des  prédécesseurs  de 
Galien,  en  parle  (6).  La  structure  de 
cet  organe  et  sa  ressemblance  avec  les 
glandes  ordinaires  furent  indiquées 
par  Wharton,  ainsi  que  par  plusieurs 
autres  auteurs  du  xvii''  siècle,  et  l'un 
d'eux ,  Blasius ,  en  fit  la  dissection 
chez  un  assez  grand  nombre  d'Ani- 
maux (c).  A  une  époque  plus  récente, 
l'étude  du  thymus  fut  poursuivie  avec 
succès  par  Meckel ,  Lucœ ,  Tiede- 
inann  et  Asiley  Gooper  ((/),  mais  c'est 


à  ^\\\.  J.  Simon,  Jcndrassik  et  Fried- 
leben  que  l'on  est  redevable  des  re- 
cherches les  plus  approfondies  sur  la 
structure  intime  et  sur  l'iiistoire  com- 
parative de  cet  organe  chez  l'Homme 
et  les  Animaux  (c).  Pour  plus  de  détails 
sur  les  travaux  dont  il  a  été  l'objet, 
je  renverrai  à  l'ouvrage  de  ce  der- 
nier anatomislc  et  à  des  publica- 
tions précédentes  faites  par  Becker  et 
Haugsted  (/").  J'ajouterai  que  le  thymus 
du  veau  est  connu  dans  le  langage 
vulgaire  sous  le  nom  de  ris  de  veau. 
Cet  organe  commence  à  se  déve- 
lopper de  très  bonne  heure  chez 
l'emliryon.  Quelques  anatomistes  l'ont 
considéré  comme  étant  primitivement 
une  dépendance  de  la  membrane  mu- 
queuse des  voies  respiratoires  (ij),  ou 
comme  faisant  d'a])ord  corps  avec  la 
glande  thyroïde  (h)  ;  mais  il  paraît  se 
constituer  isolément  sous  la  forme  d'un 


(a)  Bardleben,  Note  sur  les  exlirpations  de  la  rate  et  du  corps  thyroïde  {Comptes  rendus  de 
l'Acad.  des  sciences,  1844,  t.  XVIll,  p.  4S5).  —  Observ.  microsc.  de  glandularumdiictu  excret. 
carenliuin  struciunt,  (dissert.  inaug;.).  Berolini,  1841. 

(b)  Voyez,  à  ce  sujet,  l'ouvrage  de  M.  J.  Simon,  iiililulé  :  .1  Physiological  Essaij  on  tlie  Thymus 
Gland,  iii-4,  1845. 

(c)  Blasius,  Anatome  Animalium,  lOSl. 

((/)  Meckel,  Ueber  die  Schilddriise,  A'ebennieren  und  einige,  ihnen  verwandte  Organe  {Abhand- 
Uuigen  ans  der  menschlichen  lond  vcrglciclienden  Anatomie  und  Physiologie,  1803,  p.  19G  et 
suiv.). 

—  Lucœ,  Aaatomische  Untersuchungen  der  Tliymus  im  Menschen  tind  den  Thieren.  Fraukf  , 
18H. 

—  ïiedemann,  Bemerkungen  ûbcr  die  Thymusdrûse  des  Murmelthieres  (Meckel's  Deutsches 
Archiv  fiir  die  Physiologie,  1815,  t.  I,  p.  481. 

—  Asiley  Cuoper,  The  Anatomy  ofthc  Thymus  Gland,  1832. 

(e)  J.  Siuioii,  A  Physiological  Essay  on  thc  Thymus  Gland,  1845. 

—  SclialTncr,  Zur  Histologie  der  Schilddriise  und  Tlti/mus  (Zeitsclirift  fiir  ralionelle  Medii-in, 
1849,1.  VII,  p.  340). 

—  Prie  liebeii.  Die  Physiologie  der  Thymusdriise  in  G^^siuidheil  und  Kraiikheit.  Fj-aiikf. ,  1858. 

—  Jendriissik,  Anatomische  Untersuchungen  iïber  den  Ban  der  Thymusdriise  (Sitxungsbericht 
der  Akad.  der  Wissensch.  von  Wien,  1857,  t.  XXll,  p.  75). 

{I  j  Betker,  ])e  glandulis  thoracis  Igmpkaticis  atque  thy  no  (Jissci't   iuau^'.).  Berolini,  18'2G. 

—  Uiiugsiod,  Thymi  in  Homine  ac  per  sericm  Auimatium  descriptio  anatomv;a,  pathologici 
et  phgsujloyica,  in-8.   Ihfniie,  183:!. 

(y)  Arnold,  Lehrbucli  der  Physiologie,  i.  Il,  p.  205,  et  Kuric  Angnbcn  ciniger  an'itoniischcn 
Bcobachtungcii  {Sal3,burger  Medic.-chirurg.  Zeitung,  1831 ,  t.  11,  p.  2j7). 

[hj  BiscliolV,  Traité  du  développement  de  l'Homme  et  des  Animaux,  irad.  p,ir  Jourhui,  p.  iJuj. 

VII.  15 


''2'2C)  sÉCK^:Tlo^. 

cL  se  com[)uso  (riinc  mulliludc  de  iobulins  ou  ij;ruiiu'ics  réunis 
en  lobules,  (l:ins  Tiiilérieur  desfjucls  se  Irouvcnt  des  eavités 


petit  c\liiulre  torliKMix  situé  de  chaque 
côté  de  la  région  cervicale,  prrs  du 
bord  des  arcs  viscéraux  (o).  Chacun  de 
ces  cyliudres  devient  promptcmciit  x\n 
sac  tuhiiliforme,  et  lesparois  do  celui-ci 
donnent  naissance  à  des  prolongements 
vésiculaires  dont  la  disposilion  se  com- 
plique de  plus  cil  plus,  et  dont  la  partie 
inférieure,  chez  THominc  et  la  plupart 
des  autres  Vertébrés,  ne  larde  pas  à 
se  réunir  à  son  congénère  dans  une 
étendue  plus  ou  moins  considérable. 
La  plupart  des  auteurs  datent  sou 
apparition  de  la  huitième  semaine  de 
la  vie  embryonnaire  dans  l'espèce  hu- 
maine {b),  nuiis  !\1.  Kolliker  en  a  con- 
staté la  présence  chez  un  euibryon  de 
sept  semaines  (c).  yV  partir  du  troisième 
mois,  le  thymus  grossit  j-apidcment,  et 
il  atteint  son  plus  haut  degré  de  dé- 
veloppement relalil"  vers  la  tin  de  la 
vie  Iditale  ((?)  ;  cependant  il  continue 
encore  à  grandir  pendant  quelque 
temps  après  la  naissance,  non-seule- 
ment chez  l'enfant,  mais  chez  tous  les 


Animaux  où  les  anatomisles  en  ont 
étudié  le  mode  d'accroissement,  sujet 
qui  a  été  l'objet  de  beaucoup  de  re- 
clierches  de  la  part  de  Haugsted  et  de 
quckjues  autres  auteurs  (e).  Chez  les 
Oiseaux,  le  thymus  ne  larde  pas  à 
s'atrophier,  et  chez  la  plupart  des 
Mammifères  il  reste  dans  un  état  sla- 
tionnaire  jusqu'aux  approches  de  l'âge 
de  la  puberté,  puis  il  diminue  de  vo- 
lume peu  à  peu,  et  en  général  il  dispa- 
raît chez  l'adulte.  Ainsi,  dans  l'espèce 
humaine,  cet  organe  ne  change  guère 
(le  la  deuxième  à  la  douzième  ou 
treizième  année,  mais  en  général  il 
commence  à  s'atrophier  vers  l'époque 
de  la  puberté,  et  n'existe  qu'à  l'étal 
de  vestige  chez  les  individus  de  vingt 
à  vingt-cinq  ans.  Quelquefois,  cepen- 
dant, il  persiste  davantage  :  ainsi  on 
l'a  trou VI"  souvent  bien  développé  chez 
])lusieurs  hommes  de  cet  âge  (/"),  et 
parfois  on  en  a  aperça  des  vestiges 
chez  des  individus  d'un  âge  beaucoup 
plus  avancé  {(j). 


(a)  i.  Simon,  A  Physiolooical  Essaij  on  thc  Thyimis  Gland,  p.  20,  Cig.  l. 

(b)  Wrisberg,  Dcscriptio  anat.  embryonis,  IHU,  p.  23. 

—  Mcckel,  Manuel  d'amitomie  descriptive,  l.  III,  p.  549. 

—  Rurdiicli,  Traité  de  physinloyie,  I.  111,  p.  SOk 

—  llaiigsteil,  Tiujmi  in  lluinine  ac  per  scriem  Animalium  descriptio,  p.  92. 

(c)  KoUikor,  Éléments  d'hisloloyle,  p.  r)oO. 

(dj  On  trouve  dans  l'ouvrage  li'Astlcy  Coopcr  une  série  de  figures  représentant  lo  développement 
du  thymus  do  mois  en  mois  cliez  le  fœtus  luiniain  {The  Anat.  of  the  Thymus  Gland,  pi.  3,  fig.  2 
il  9  ;  pi.  5,  lig-.  9,  etc.).  Une  série  plus  coniplèlo  do  lii^ures  analogues  a  été  donnée  par  Haugsted 
d'après  des  préparations  appartenant  poin-  la  plupart  au  Musée  analomiipie  de  M.  Eschriclil  à  Copen- 
hague (llaMgsicd,  Op.  cit.,  pi.  \  et  2,  fig.  1  à  17). 

(c)  Ilangslcd,  Op.  cit.,  p.  89  et  suiv. 

—  J.  Simon,  Op.  cit.,  p.  28. 

—  Friedloben,  Die  Physiologie  der  Thymusdriisc,  1858,  p.  208  et  suiv. 

(/";  Krause,  Vermisclitc  licobachtunycii und  IScmerkumjcn (Miillor's  Archiv  lïwAuat.  und l'hysiol. , 
1837,  p.  (5). 

(y)  Meckel,  Abhandl.  ans  der  mcnschl.  undvcryl.  .\nat.,  p.  234  et  suiv. 

—  -  llaugstrd.  Op.  cit.,  p.  18'?  et  suiv. 

—  J.  Simon,  Op.  cit.,  p.  31. 

—  Uovd  (voyez  llcwsoii's  U'ol'As,  p.  201,  noie  OXVII. 

—  iMicdleben,  Op.  cit  ,  p.  292, 


(GLANDES    l.Mi'AHFAITKS.     THYMUS. 


'2^27 


irregulières  (lui  L'oininimi()Lieiit  les  unes  avee  les  antres,  et  qui 
donnent  à  rensenible  de  l'organe  nne  apparenee  eaverneuse. 
Ces  eavités  ne  paraissent  être  que  des  laennes  ou  mailles  du 
tissu  eonjonctil',  dans  la  substanee  duquel  sont  logés  des  agré- 
gats de  eellules  dont  les  earaetcres  anatomiques  rappellent 
beaucoup  celles   des  glandules   de   Peyer  dans   la    tunique 


La  plupart  des  auteurs  qui  ont  étudié 
le  thyjnus  chez  les  divers  Animaux 
pensent  (pie  dans  certaines  espèces 
il  a  une  existence  permanente  :  ainsi 
on  a  cité  les  Chauves- Souris  (</),  le 
Galéopithèqne  (6) ,  certaines  Musarai- 
gnes (c),  le  Hérisson  ((/),  les  Antilopes, 
le  Marsouin  (e),  et  plus  particulière- 
ment les  Rongeurs  hibernants  (/")  ; 
mais  on  a  souvent  confondu  avec  cet 
organe  une  espèce  de  glande  graisseuse 
qui  raccompagne   chez  ces  derniers 


Alammifèrcs,  et  qui  présente  un  grand 
développement  à  Tépoque  du  sommeil 
hivernal  (g),  liarder,  Pallas,  Sulzcr, 
Jacobson,  avaient  signalé  Texistence 
de  ces  derniers  corps  (/;) ,  et  les  re- 
cherches hislologiques  faites  par  Bar- 
kow,  :M.  Valent  in,  et  M.  Ecker,  mon- 
trent qu'il  ne  faut  pas  les  assimiler 
au  thymus  (/).  Chez  le  Hérisson  (j), 
la  Taupe,  le  Hamster  (A),  ce  dernier 
corps  s'atrophie  comme  chez  les  autres 
IMammifères. 


(a)  Meckel,  Abhandlungen  ous  der  menschl.  und  verni.  Annt.,  p.  i'JS. 

—  Hallg^l^;^l,  Tliijmi  in  Hoininc  ac  pcr  seviem  Animaliiun.  descriplio,  pi.  "2,  fiij.  14. 

—  J.  Simon,  A  l-'liysiological  Essarj  on  thc  TInjinus  Gland,  p.  41,  fig.  13. 

(b)  Idem,  ibld.,  p.  41 ,  tlg.  14. 

(c)  Idem,  ihid.,  p.  42. 

(d)  Haiigsled,  Op.  cit.,  pl.  2,  fig.  15  et  1  G. 

(e)  Turnci-,  Upon  Ihe  Thyroid  Gland  in  Cetacca,  wilh  Observations  on  thc  llelations  oflhe 
Thymus  to  Ihe  Thyroid  in  thèse  and  certain  other  Mammals  (Trans.  of  the  Royal  Soc.  of 
Edinburyh,  t.  XXII,  p.  319). 

if)  Veisch,  Anatome  Mûris  alpini  {Ephein.  Acad.  nat.  curios.,Acc.  1,  ami.  1,  ubicrv.  IGÙ, 
p.  339). 

—  Meckel,  Abhandlungen  ans  der  menschl.  und  vergl.  Anat.,  p.  202  cl  siiiv. 

—  IVuncllu,  Recherches  sur  les  phénomènes  cl  les  causes  du  sommeil  hivernal  de  'laelques 
Mammifères  {Ann.  du  Muséum,  1811,  t.  XVIII,  p.  308). 

—  Tiedemaiiii,  Beinerkungen  ûber  du  Thymusdrûse  des  Murmellhlers  (Mockcl's  Dculsches 
Archiv  fur  die  Physiologie,  1815,  t.  1,  p.  481j. 

((/)  Simon,  Op.  cit.,  p.  47. 

(/()  Hiirder,  Anatome  Mûris  alpini  [Ephem.  Acad.  nat.  curios.,  doc.  2,  ann.  4,  obsorv.  122, 
p.  238).  ' 

—  Sidzer,  Versuche  einer  Naturgeschichte  des  Hamsters,  1774,  p.  02. 

—  Pallas,  Novœspevies  quadrupedum  e  Glirium  ordine,  178'),  p.  118. 

—  iacohum,  Ueber  die  Thymus  der  Winlerschlafer  [Mcckci's  Deulsches  .\rchiv,  1817,  I.  111, 
p.  151). 

(ijBarUow,  Der  Winlenchlaf  nach  seincn  Erscheinungcn  im  Thierrcich  danjeslcllt,  18 iU, 
p.  437  et  suiv. 

—  Ecker,  ail.  Blutgefassdriisen  [Waçncv's  Ilandworlerbavh  der  Pl,ysi<jU)jie,  I.  IV,  \k  12:!;. 

—  Valenliii,  Beilrâge  i,ur  Kennlniss  des  Winterschlafes  der  Thiere  (.\lulc>cliuli's  Uulcrsuch. 
zur  Naturïehre  des  Mcuscken  und  der  Thiere,  1857,  t.  II,  p.  15  el  tuiv. 

—  Fi'ieillcbeij,  Op.  cil.,  p.  -11)3  cl  siiiv. 
ij}  F.  Simon,  Op.  cit.,  p.  42. 

[li]  Fiicdleben,  Op.  cH.,  ^,.  103. 


!228 


SEGKETIOiX. 


niiKliieusc  (le  riulcstiii  (1),  muis  qui  prcsenicnt  quelques 
particularités  tic  structure  {"2).  On  n'a  pu  faire  que  des 
conjectures  très  vagues  rpiant  aux  usages  de  ce  corps;  ou 
en  a  pratiqué  l'extirpation  sans  déterminer  aucun  cliangemcnt 


(1)  Voyez  tome  VI ,  pa^e  Zi05. 

(2)  Dans  l'espèce  humaine,  le  thy- 
mus, logi!  en  majeure  partie  dans  le 
médiaslin  antérieur,  derrière  le  ster- 
num et  au-devant  du  péricarde,  se 
prolonge  plus  ou  moins  haut  dans 
la  région  cervicale,  au-devant  et  sur 
les  côtés  de  la  trachée  {a).  Par  son 
aspect  il  ressemhle  en  général  beau- 
coup aux  glandes  salivaires,  quoique 
plus  rouge,  et  il  se  compose  de  deux 
lobes  inégaux  qui  sont  toujours  dis- 
tincts organiquement,  quoique  unis  en 
apparence  d'inie  manière  intime.  Ces 
lobes  sont  à  leur  tour  divisés  en 
lobules  qui  sont  reliés  entre  eux  au 
moyen  d'une  sorte  de  pédicule  lon- 
gitudinal (b)  ,  et  ordinairement  com- 
mun, contourné  en  spirale  (r).  On 
trouve  dans  rintihieur  de  cet  organe 
des  cavités  irrégulières  qui  conununi- 
quent  entre  elles  et  qui  y  donnent  une 
a|)parence  caverneuse,  et  l'on  désigne 
conununément  sous  le  nom  dt'  caïuil 
lhijini(iue,  ou  de  rét^ervoir  du  thymus, 
celle  qui  occupe  l'axe  du  pédoncule  ; 


mais  les  anatomistes  ne  sont  pas  d'ac- 
cord sur  la  nature  de  ces  espaces.  La 
plupart  des  auteurs  considèrent  ces 
cavités  comme  une  sorte  de  poclu*  close 
autour  de  laquelle  serait  disposée  le 
tissu  propre  di'  la  glande  (rf)  ;  mais 
d'autres  pensent  que  ce  sont  des  ré- 
servoirs anormaux  ,  et  qu'elles  résul- 
tent eu  partie  de  l'élargissement  des 
espaces  interirabéculaires  du  tissu  con- 
jonctif  profond,  en  partie  de  la  dilata- 
tion et  de  la  rupture  de  quelques  cel- 
lules propres.  En  effet,  on  a  constaté 
que  leurs  parois  n'ont  pas  de  revête- 
ment épithélitiuc  cl  ipic  leur  disposition 
est  très  variable  (e). 

Les  granulations  qui  entourent  ces 
cavités  irrégulières  (/"),  et  qui  consli- 
tuent  la  substance  propre  du  thymus, 
sont  des  organites  qui  ont  quelques 
analogies  avec  les  follicules  de  Peyer 
dont  il  a  été  question  dans  une  précé- 
dente Leçon  (g).  Elles  sont  pleines  et 
composées  d'ulricules,  de  noyaux  de 
cellules  et  de  vaisseaux  sanguins,  ainsi 
que  de  corpuscules  particuliers  formés 


(a)  A.  Coopei',  The  Anatomij  ofthe  Tliymns  Gland,  pi.  3,  li^.  2  à  13  ;  pi.  5,  fiij.  9 . 
(h)  Kdlliker,  Élcinents  d'histologie,  p.  520,  li^.  240. 
(c)  A.  Cooper,  Op.  cit.,  pi.  2,  lig.  2,  3  et  4. 

—  .).  Jones,  Op.  cit.  (Tudd's  Cijciop.,  t.  IV,  p.  lOS'J,  fii;.  721). 

—  Ecker,  Op.  cit.  (Wa^iiei's  llandwurterh.,  t.  IV,  p.  ll.">,  fi?,  t). 

—  HiiM'kc,  Trailr  de  splanchnologie,  p.  282. 

—  Liegcvis,  AnatoiiUe  et  physiologie  des  ijlaades  vusculaircs  sangaincs,  llièso  J'.iui-égaliori, 
18(10,  pi.  t,  li^'.  0  et  7). 

((/)  A.  Cooper,  Op.  cit.,  pi.  4,  li;,'.  G,  'J,  H  et  12, 

—  Kollikcr,  Op.  cit.,  p.  527,  li;,-.  24(),  247. 

(e)  l'iicilliîlicii.  Die  l'hysiologie  der  Thymusdriisc,  p.  G. 
{/■}  Simon,   Uj).  cit.,  p.  S2,  lii;.  55. 

—  Kollikcr,  Up.  cit.,  p.  52S,  |i^'.  t'û. 
(il)  Voyez  li'iiie  \  I,  piipC  i05. 


GLANDES    IMPARFAITES. THYMUS. 


t229 


])ien  iiolnltle  dans  lYMiseiiible  des  pliénouiènes  |)liysiulogi(|ues 
oii  (l:ins  (|iiel(jiies  foiuMions  en  |):ir(ir)ilier,  ot  l'on  ne  s:iit  (|uo 

sur  les  cùk's  de  la  irachéc-artèrc  (</). 
Pour  plus  de  délails  à  ce  sujet, 
je  renverrai  à  l'ouvrage  de  M.  Simon, 


de  rouelles  conceniriques,  sur  la  nature 
desquels  les  liistologistcs  ne  sont  pas 
d'accord  {a). 

Enfin  on  trouve  mêlés  aux  capillaires 
sanguins  qui  parcourent  les  trabécules 
sus-mentionnés,  des  réseaux  de  pe- 
tites cellules  ou  lacunes  anastomosées 
entre  elles,  que  Ton  a  d'abord  considé- 
rés comme  constituant  un  système  de 
canaux  séreux  en  conmumication  di- 
recte avecles  vaisseaux  sanguins;  mais 
ces  relations  anatomiques  ne  parais- 
sent pas  exister  (6). 

La  forme  générale  et  le  volume  du 
thymus  varient  beaucoup  dans  les  di- 
vers Alanmiifères.  Quelquefois  il  est  plus 
ramassé  que  chez  rtlonune  (r) ,  mais 
le  plus  souvent  ses  deux  lobes  restent 
séparés  entre  eux  dans  la  région  cer- 
vicale et  remontent  plus  ou  moins  haut 


qui  a  donné  de  bonnes  figures  de  cet 
organe  chez  beaucoup  de  Mammi- 
fères {e). 

Quelques  analomistes  avaient  pensé 
que  le  thymus  manquait  chez  les 
Marsupiaux  (f),  mais  cet  organe  a  été 
trouvé  très  bien  développé  chez  des 
fœtus  de  Sarigue  et  de  Kanguroo  par 
M.  Simon,  et  cet  analomiste  a  constaté 
la  présence  de  vestiges  d'un  thymus 
chez  un  l'halanger  adulte  (y).  Dans 
quelques  cas  cet  organe  paraît  avoir 
manqué  complètement,  non-seulement 
chez  des  monstres,  mais  même  chez 
des  fœtus  et  des  enfants  bien  confor- 
més du  reste  (//). 

Chez  les  Oiseaux  (/)  et   la   plupart 


(rt)  Ha.'sall,  Tlie  Micvoscopic  Analomy  of  the  lliiman  Bodij,  p.  3()7. 

—  Etker,  Icônes  pliysiotogicœ,  lab.  G,  fig.  2. 

—  Kôlliker,  Éléments  d'histologie,  p.  529. 

—  Friedichen,  Op.  cit.,  p.  7. 

—  Gùnsbitrg,  A'otîs  ûber  die  geschichteten Kôrper  dcr  Thymus  (Xcitsclir.  fiir  klin.  Med.,  \%hl, 
t.  VI,  p.  436). 

—  Briicli,  Mikroscopische  tind  Mikrocliemisclic  Anficichungcn  {Zciischr.  liir  rat.  Med.,  1850, 
t.  IX,  p.  20-2  et  suiv,). 

—  jendrassik,  Anal.  L'nlcrsuch.  uber  den  Dau  dcr  Tltymiisdriise  {Sitziingsbcr.  der  ]yien. 
Akad.,  1857,  t.  XXII,  p.  ii3). 

—  \V.  Berlin,  Elwas  Uber  die  Tlnjinusdrïise  {.\rchiv  fiir  die  IloUdndlschcn  P.cilr.  ^ur  Natur- 
vnd  Heilkutide,  1858,  t.  I,  p.  230). 

(b)  His,  Beilrdge  x-ur  Keniilniss  dcr  ntm  Lymptisyslcm  gcliorircn  Llritsen  {Zeilschr.  fiir 
wisseiisch.  Zool.,  1860,  t.  X,  p.  333). 

(c)  Par  ixcmplo,  chez  le  Chat  (%oy.  Simon,  Op.  cit.,  p.  43,  fig.  18). 

((/)  Comme  exemple  de  ce  mode  de  confoimalion,  je  citcr^ii  le  tlijmus  du  Veau,  llg-nré  par 
A.  Cooper  {Op.  cit.,  pi.  1,  fig-.  1,  etc.),  par  Haugsied  {Op.  cit.,  y\.  2,  lig.  3-2  et  33)  ;  ilu  fœtus  de 
la  Macaque,  du  Maki,  des  Chauves-Souris,  du  Galcopilhèquc,  du  Dauphin  cl  de  la  Baleine,  dont 
M.  Simon  a  donné  des  figures  (Op.  cit.,  p.  40,  tig.  il  et  suiv.). 

(e)  Outre  les  espèces  indiquées  ci-dessus,  on  trouve  dans  l'ouvrage  de  M.  Simon  des  figures  du 
Ihjnms  (lu  Coati,  de  la  houlre,  du  Chien,  du  Chat,  de  la  Marmotle,  du  Fiai,  du  Lièvre,  du  Paresseux, 
de  rOryclérope  ,  de  l'Echidné  ,  de  rÉIcphanI,  du  Pécari,  du  Daman,  du  Cheval  et  du  Benne. 
Haugsied  a  donné  aussi  des  ligures  du  llnmus  chez  le  lœlus  du  Cheval,  do  la  Brebis,  du  Cochon,  du 
Chai,  etc.  {Op.  cit.,  pi.  2,  lîg.  17  à  Si). 

(/■)  Vicq  d'Azyr,  art.  Didelphe  {Ivncgclop.  mclhod.  :  Anal,  des  Animau.v). 

—  Blainviile,  Sur  les  irganes  femelles  de  la  gcncralion  et  le  faUus  des  Animaux  didelphes 
{Bulletin  de  la  Société  philomatiiiite,  1818,  p.  27). 

—  Owen,  arl.  Mai\supialia  (Todd's  Cyclop.,  t.  111,  p.  320). 
((/)  Simon,  ()/).  cit.,  p.  4,'),  lig.  '20,  21   el  22. 

(/i)  iMicdk'lieii,  Op.  cit.,  p.  41  cl  sui\. 

\lj  E\.Mii|ili'   :  le  Vigecin   noy.  Siii.dU,  llp.  (il.,  p    Tw,  fiL,'-    3*<). 


230  SÉCRÉTION. 

ibrt  peu  de  chose  sur  h»  li(|iii(lc  qui  se  produit  dans  son  inté- 
rieur (1). 


dos  r.eptilos  (a),  les  deux  lobes  du 
thymus  sont  allongés  el  tr«'s  (-cariés 
outre  eux,  de  façon  à  occuper  les  côtés 
du  cou.  fl  est  aussi  à  noter  que  cliez 
les  Serpents  celte  glande  est  ordinaire- 
ment en  connexion  avec  un  corps  grais- 
seux très  remarquable  (6). 

Chez  la  Grenouille  et  la  Salamandre, 
le  ihymus  est  pou  développé  et  paraît 
se  transformer  promplement  en  un 
corps  graisseux  (c).  Sa  structure  intime 
n  été  décrite  par  M.  Leydig  (d).  M.  Si- 
mon a  constaté  aussi  Texistence  de  cet 
organe  chez  le  î\Ienoi)oma ,  TAm- 
phiuma  et  l'Axolotl,  mais  il  n'a  pu 
ou  découvrir  aucune  trace  chez  le 
Protée  et  le  Siren  (e).  Enfin  ,  plus 
récemment,  AI.  Leydig  en  a  constaté 
l'existence  chez  le  Protéo  el  chez  la 
Cécilie  {[). 

On  doit  considérer  comme  les  ana- 
logues du  thymus  deux  corps  glandu- 
liformes  qui  se  trouvent  au-dessus  dt; 
l'exlrénjité  dorsale  de  l'appareil  bran- 
chial chez  les  Stpiales  et  les  iiaies  (7). 
Un  organe  assez  semblable  aux  |)récé- 
denls  se  trouve  près  du  nerf  latéral, 


dorrière  la  partie  supérieure  de  la 
ceinture  humérale,  chez  les  Pleuro- 
nectes,  la  Baudroie  et  la  TiOtte  com- 
mune (/().  Chez  le  Batrachoïde  tau, 
l'Esturgeon,  etc.,  il  parait  être  repré- 
senté pas  un  amas  de  follicules  qui 
débouchent  au  dehors  et  laissent 
échapper  du  mucus  {i).  Enfin,  chez 
les  AIyxinoïd(>s,  il  existe  de  chaque 
côté  du  péricarde,  ilerriôro  les  bran- 
chies, un  corps  lobule  dont  chaque 
division  se  compose  d'une  double 
série  de  cellules  à  noyau  appcndues 
à  des  vaisseaux  sanguins.  Millier 
avait  d'abord  considéré  ces  or- 
ganes glandulifonnes  comme  étant 
des  capsules  surrénales  ;  mais  ils  pa- 
raissent plutôt  représenter  le  thy- 
mus (j). 

(1)  Ouand  le  ihynuis  est  en  état 
d'activité  fonctionnelle,  on  y  trouve 
un  li(iaide  grisâtre  ou  laiteux  qui  pré- 
sente une  réaction  légèrement  acide, 
et  qui  se  compose  d'une  sérosité  albu- 
mineuse  tenant  en  suspension  une 
foule  de  noyaux,  quelques  cellules,  et, 
dans  certains  cas,  des  corpuscules  à 


(a)  Exemples  :  la  Coiiloiivrc,  le  iîoa,  etc.  (voy.  Simon,  Essay  on  the  Thymus  Gland,  p.  (il, 
fig.  42  à  34). 

(6)  Exemple  :  le  Crolalc  (voy.  Simon,  Op.  cit..,  p.  (10,  (ig.  40). 

{('.)  Simon,  Op.  cU.,\).  02,  Cig;.  40. 

((/)  Idem,  iliid.,  \>.  G3  el  suiv. 

(e)  Lcydifj,  Aiuiloinlsrh-lti.stnlofiisrhc  llntcvmrhunQen  iiber  Fische  nnd  Replilien,  4853,  p.  ()2, 
pi.  2,.fi(;.  ii.  —  l.chrliuch  dcr  llmlnlmjie,  \>\.  430,  lii;.  214. 

(/■)  Leydifr,  .\nal.-hist.  Uniers.,  p.  «3,  pi.  2,  ti^;.  H),  et  pi.  3,  11-.  21. 

((/)  Folmiiinn,  Dus  Sartgndersystem  der  W'ivbcUMevc,  y.  44. 

—  r.obin,  Op.  cit.  (.\nv.  des  sciences  nat.,  3"  série,  1847,  (.  \'II,  p.  202). 

—  Slannius  und  Sicbokl,  llaiidliucli  dcr  Zoolomic,  1S54,  t.  II,  p.  25(i. 

—  Eckcr,  Wagiiev's  Icoiics  phtisioloijicœ,  1852,  fit.  0,  \vf.  7  (chez  un  fœlusdo  Squatina). 

(h]  Stnnnins,  Uebcr  cine  Thymus  cnlsiii-tclwiide  llriisc  hci  I(iiochcnlisc)icn  (Miiller's  .iirhiv  fiir 
Anat.  und  l'IiysioL,  IS.'.O,  p.  TiOl,  pi.  15,  li^'.  2). 

(!)  Leydip:,  .'\nalovnscli-liislcIoiiL\chc  Uiitcrsuchunqeii  iibcr  Fisclie  vnd  lieplUieii,  p.  2(1. 
• —  Si;iiii]iiis  niul  Slcbdld,  lldudbucli  dcr  Xonioinie,  18r)4,  I.  Il,  p.  251;. 
(j)  .1.  Miillrr,  Eiiiyeweide  der  Fische  {.Archiv,  18.".0,  p.  .'i(i7). 

—  Slai ;>!  cl  Sielidld,   Op.  cil  ,  I    II,  p.  25("'. 


GLANDES    IMI'AT.FAITES.    r.LAM)FS    VASCULAlliES.  2S I 

§  8.  —  D.ans  toutes  les  glandes  iinparlailes  doni  je  viens  de  cianjes 
parler,  il  existe  des  vaisseaux  sanguins  et  iy!n[)liati(jues,  niais  "''"'""' 
ces  conduits  ne  paraissent  jouer  qu'un  rôle  secondaire  dans  leur 


couches  concentriques  analogues  à 
ceux  dont  j'ai  déjà  parlé  comme  exis- 
tant dans  la  substance  des  grannles 
de  la  glande.  Les  globules  contenus 
dans  cette  humeur  sont  très  alttlrables, 
et  par  Taction  de  Teau  ils  doiiucnt 
naissance  à  une  matière  albumi- 
neuse  (a).  Les  corpuscules  à  couches 
concentriques  ont  été  découverts  par 
Ilewson,  qui  les  considérait  connue 
étant  destinés  à  devenir  le  noyau 
de  globules  sanguins  (b),  mais  cette 
opinion  n'est  pas  admissible. 

L'examen  chimique  du  liquide  du 
thymus  n'a  donné  que  peu  de  résidtats 
intéressants.  Frommherz  et  Gugert  ont 
trouvé  dans  le  tissu  de  cette  glande 
diverses  matières  albuminoïdes,  de  la 
graisse  et  des  sels  (c).  Morin  en  a 
obtenu  environ  30  pour  100  de  ma- 
tières albuminoïdes  mal  définies  (d), 
et  M.  J.  Simon  y  a  signalé  la  présence 
d'une  substance  qu'il  regarde  comme 
intermédiaire  entre  la  caséine  et  l'albu- 
mine (e).  Plus  récemment,  MAL  Fre- 
richs  et  Staedeler  y  ont  trouvé  de  la 
leucine  (/').  M.  Gorup-Besanez  en  a 
extrait  de  la  leucine,  de  l'hypoxan- 
tliine,  de  l'acide  lactique  et  de  l'acide 
butyrique  {(j)  ;  mais  il  résulte  des  expé- 


riences de  I\L  Friedleben  que  la  plupart 
de  ces  matières  n'y  existent  pas  primi- 
tivement, et  se  produisent  pendant  les 
opérations  chimiques  pratiquées  pour 
iaire  l'analyse.  Ce  dernier  auteur  a 
étudié  comparativement  la  constitution 
chimique  du  thymus  chez  le  Veau  et 
chez  le  jeune  Bœuf,  et  il  est  arrivé  aux 
résultats  suivants.  Sur  100  parties  il  a 
obtenu  : 

Veau.  Jeune  Breur. 

Eau 80,0  00,00 

Albiiniinc 12,5  H,CO 

Ct^laline 3,0  4,00 

Sucre 0,1  0,03 

Acide  lactique.  .   .  0,2  0,43 

Pigment 0,1  0,05 

Graisse 2,0  -17,00 

Sels 2,1  0,90 

Ihpoxanlliine  .   .   .  traces  traces 

L'analyse   des   matières    contenues 
dans  les  cendres  lui  donna  pour  100: 

Veau.        Jeune  Bœuf. 

Sulfate  de  cliaux.  .           1  1 

Pliosphate de  chaux  30  14 
Pliosphatcs  à  bases 

alcalines ....  5R  7S 
Chlorure  de  polas- 

siuui 11  " 

Ainsi  la  proportion  de  graisse  et  celle 


(a)  Hewson,  Expérimental  Inqmries  {Works,  p.  200). 

(6)  Tigri,  SuU'^mor  délia  rjJanduta  limo  {Bittl.  dclle  scien;i.  med.  di  Tiologna,  1850). 

(c)  Froninihcrz  und  Gugert,  Chemisclie  Untersuch.  versclticdener  Theile  des  menachJichen 
Korpers  und  einiger  pathologischen  l'roducte  (Schweigcr's  Jahrlmch  der  Chemie  vvd  l'Iinnil;, 
1827,  t.  XX,  p.  190). 

((/)  Morin,  liecherches  chimiqiies  sur  le  ris  de  veau  {Journal  de  chimie  médicale,  1827,  t.  III, 
p.  450). 

(e)  Simon,  Op.  cil.,  p.  30. 

(()  l'reriulis  und  Staedeler,  Wcilerc  Deilràgc  zur  l.chre  vom  Sloffwandel  iMiiiler's  .\rchiv  fin- 
Anal,  und  Physiol.,  1850,  p.  45). 

(g)  Gorup-Bcsanoz,  Noiiz  ûher  eine  lieue  orijauisd:e  Hasis  im  Geiccbe  der  Thymus  {Aini.  der 
Chimie  undPharm.,\.  LXXMX,  p.  11  i). —  Ueher  die  cheniisrhen  l'.i'stinidihrilc  nuiiier  Driiseu- 
siïfle  (Aiin.  der  Chemie  uiul  Vharm.,  is:,i;,  i.  XCVlll,  p.  1). 


filanJes 
hniphalique 


23*2  siicutTioN. 

c'Oii.slilufion,  tandis  que,  dans  (Taiitrcs  organes  qui  somhlont 
devoir  être  rangés  également  dans  la  classe  des  instruments  sécré- 
teurs dont  les  produits  sont  destinés  à  modifier  la  composition 
des  (luides  nourriciers,  les  vaisseaux  sont  l'élément  prédomi- 
nant. Je  réunirai  les  premiers  sous  le  nom  commun  de  glandes 
imparfaites  indépendantes,  et  j'adopterai  pour  les  seconds  le 
nom  (\e  glandes  vasculaires.  Enfin,  ces  dernières  [icuvent  être 
des  glandes  lymphatiques  ou  des  glandes  sanguines.  Les  gan- 
glions lymphatiques,  ou  glandes  congiobécs,  dont  j'ai  déjà  fait 


du  phosphate  terreux  augmentent  par 
Il's  ))roj;rès  de  l'àgp. 

J'ajouterai  que  dans  l'état  normal, 
le  liquide  contenu  dans  le  thymus  est 
acide  chez  tous  les  Vertébrés,  et  ne 
devient  alcalin  que  par  l'olTet  de  la 
décomposition  cadavérique  (a). 

Je  crois  inutile  de  rappeler  ici  toutes 
les  suppositions  qui  ont  été  faites  au 
sujet  des  fonctions  de  la  glande  thymus, 
rians  Fouvrage  de  llaugsled  et  dans 
CL'iiii  (le  M.  Simon,  on  trouve  l'indica- 
tion de  la  plupart  de  ces  hypothèses  (/;) 
dont  le  nombre  a  été  augmenté  ré- 
cemment (c),  et  je  me  bornerai  à  citer 
quelques  faits  fournis  par  les  expé- 
riences physiologi((ues. 

L'extirpalion  du  lliymus,  tentée  d'a- 
bord par  im  médecin  italien,  M.  Ues- 
telli  {(}),  a  élé  ])ratiquéc  avec  succès 
sur  dix  petits  chiens  par  ^1.  Friedieben, 
(pii  a  étudié  ensuite  d'une  manière 
comparali\e  l'état  du  sang,  les  pro- 
duits de  la  respiration,  l'alimentation 
et  l'accroissement  des  divers  organes 


chez  les  individus  nmlilés  de  la  sorte, 
mais  dont  la  santé  s'était  rétablie, 
et  chez  des  individus  dans  l'état  nor- 
mal. 11  a  trouvé  ainsi  que  les  Animaux 
privés  de  leur  thynuis  mangent  i)lus 
que  les  autres  et  croissent  plus  rapi- 
dement, mais  que  l'augmentation  de 
leur  poids  comparée  à  la  quantité 
d'aliments  employée  est  moins  grande 
que  chez  les  premiers;  leur  sang  con- 
tient plus  de  globules  blancs  et  moins 
de  globules  rouges  (jue  dans  l'état  nor- 
mal, et  l'excrétion  d'acide  carbonique 
est  diiuinuée  par  les  effets  de  l'opéra- 
tion, mais  la  jjroduction  d'urée  est 
augmentée.  Knlin,M.  I''riedle!)en  pense 
que  la  perle  du  thymus  inlhie  sur  le 
travail  nutritif  des  os.  11  est  aussi  à 
noter  que  ses  expériences  tendent  à 
établir  qu'il  n'existe  aucune  relation 
entre  l'activité  fonctionnelle  de  cet 
organe  et  le  phénomène  du  s(mmieil 
léthargique  des  animaux  hibernants, 
rapports  (pie  plusieurs  naturalistes 
avaient  cru  saisir  (e). 


(a)  I'ricdlel)cii,  Die  Vh\jsio]ogie  dcr  Thymnsdrûse,  )).  (i3. 

—  Simon,  A  Physioln{iU(il  lîssaij  ou  the  Th;imi(S  Glantl,  p.  9  et  suiv.. 

(/))  llaussleil,  Tliymi  in  llomine  ac  per  scricni  Animaliiim  tlrscvipHn  analomica,  pnllwloijica  et 
]ihii.sioloi]ica,  iii-8.  HafniiE,  tS3-2. 

(c)  Kifanlt,  Sur  les  fo)ictinns  du  lliyinus  (Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  sciences,  184G, 
t.  Wll,  p.  127). 

[dj  tiosiclli.  De  thiimo observatinnes  anntouiieo-pliysidngico-pnllwlniiieœ.  Tirini  Roirii,  1S45. 

{e)  l'"ri('ilk'lii'ii,  0/1.  cit.,  p.  1 1 ."«  cl  suiv. 


GLANDES    IMI'ARFAITES.    HATE.  5o3 

coiinnîlrc  l;i  slnu'liiro  (i),  npjiarlioniieni  à  l'uriP  de  ces  siilxlivi- 
sioiis;  l:>  rate  coiisliliie  le  priiiei[)al  re[)résen(aiit  de  la  seconde. 

Nous  avons  vu  iirécédemnient  que  dans  tous  ces  organes  il 
l»araît.  y  avoir  jiroduction  de  globules  plasmiques  qui  arrivent 
ensuite  dans  le  sang  (2),  et  les  iiliysiologisles  ont  attribué 
à  l'un  d'eux,  la  rate,  des  usages  très  variés,  mais  nous  ne 
savons  en  réalité  que  fort  peu  de  chose  sur  ses  Ibnctions.  La 
structure  de  cette  glande  sanguine  a  été  étudiée  avec  plus  de 
succès  (3),  et  sans  vouloir  entrer  ici  dans  beaucoup  de  détails 


rilanili"* 
saiicruines. 


Raie. 


(l)  Voyez  lonie,  IV,  page  217  et 
suivantes. 

('2)  Voyez  tome  I,  page  35'2  et  sui- 
vantes. 

(3)  L'existence  de  la  rate  élail  con- 
nue (riTippocrate,  et  Aristote  donna 
quelques  indications  soniniaires  rela- 
livcs  à  la  posilion  et  aux  rapports  ana- 
toniiques  de  ce  viscère  (a).  Ce  dernier 
auteur  remarqua  aussi  que  la  rate 
est  très  peu  développée  chez  les  Ovi- 
pares, et  il  pensa  qu'elle  élait  destinée 
à  aider  l'estomac  dans  le  travail  de  la 
digestion.  Les  anatoniistes  de  l'école 
d'Alexandrie  et  de  réj)oque  de  la  re- 
naissance des  sciences  d'observation 
n'ajoutèrent  que  peu  à  nos  connais- 
sances sur  ce  sujet,  bien  que  dans  le 
xvr'  cl  le  xvii''  siècle  quelques  écri- 


vains en  firent  l'objet  de  publications 
spéciales  {h).  Vers  le  milieu  du 
XYii*^ siècle,  Iligbmore,Glisson  et  quel- 
ques autres  anatomistes  donnèrent  des 
descriptions  plus  exactes  de  la  confor- 
niiition  générale  de  la  raie  chez 
rilomnie  (r) ,  et  Malpighi  découvrit 
dans  cet  organe  des  particularités  de 
structure  fort  remarquables  ((/).  Vers 
la  même  époque,  les  vaisseaux  de  la 
rate  furent  étudiés  avec  plus  de  soin 
par  lînysch,  et  au  comniencenienl  du 
xviii'^^  siècle,  Leeusvenlioek  lit  des  ob- 
servations microscopiques  sur  le  tissu 
de  cet  organe  (c).  Bientôt  après  Eller  en 
lit  mieux  connaître  les  vaisseaux  lym- 
phatiques qu'il  considéra  comme  étant 
les  principales  voies  pour  l'évacuation 
des  produits  sécrétés  par  les  corps  glan- 


(a)  Arislole,  Hist.  nat.  des  Animaux,  icad.  do  Caimij,  t.  I,  p.  -17. 

(f))  Eu  1578,  iiuo  nionosrapliic  aiiaiomiquc  de  la  raie  l'ut  indiliée  [lar  Fr.  Ulniiis  (  De  Uene 
libellus,  édition  do  Parif,  1708). 

—  H(j|Tm:iiin,  De  nsit  lienis,  etc.   1039. 

(r)  N.  Hif^limore,  Coriioris  humani  disquisitio  analomica,  1051,  p.  59  ol  suiv. 

—  F.  Glisson,  Anatomia  hepatis,  1054,  p.  429. 

—  Wliarlon,  Adenographia,  1050,  prop.  14-18. 

—  Sclieiick,  Exercitaliones  anatomicœ,  1002,  prop.  4t 2-453. 

{d)  Malpiglii,  De  viscevrmi  stnictura  exercitatio  anatomica,  1065  {O/jera  omnin ,  I.  II,  p.  101. 
—  Philos.  Trans.,  1071,  i.  VI,  p.  21  50).  —  De  structura  glaiidularum  conglobatarum.  — 
Letter,  etc.  {Opéra  posthnma,  1089,  p.  130). 

(«)-Riiyscli,  De  glanduUs,  fibris,  celluUsque  lieiialibus,  episl.  anat.  quart.  {Opéra  omnia, 
1096). 

—  Leeiuvcnhûfk,  Mirrnscnpical  Observ.  nu  ilw  Structure  o[  Ihe  .••ipleen  {Philos.  Trans.,  170?î, 
t.  X\V,  p.  2305). 


234 


SÉCRÉTION. 


à  ce  sujet,  je  ne  crois  pas  pouvoir  me  dispenser  d'en  dire 
quelques  mots. 


(lulifonnes  découveris  précédomnienl 
par  Malpighi  (o).  On  doit  citer  aussi, 
parmi  les  travaux  dont  la  rate  a  été 
l'objet  pendant  le  x\  iii'^  siècle,  un  mé- 
moire anatomiquc  de  Lasône,  des  ex- 
périences physiologiques  faites  par 
Deisch  cl  les  rochcrclies  de  Ilewson  {h). 
Au  connnencement  du  siècle  actuel, 
des  opuscules  sur  le  même  sujet  furent 
publiés  par  Assolant  et  par  iMoreschi  (c); 
Cuvier  fit  des  observations  nond^reuses 
sur  Tanatomie  comparée  de  cet  or- 
gane (f/),  et  quelques  années  après, 


lleusinger  et  Schmidt  firent  une  nou- 
velle étudedes  corpuscules  malpighiens 
de  la  rate  (p).  Mais  c'est  surtout  depuis 
une  trentaine  d'années  que  nos  con- 
naissances sur  la  structure  intime  de 
cet  organe  ont  fait  des  progrès  consi- 
dérables. Parmi  l(>s  publications  nom- 
breuses qui  ont  été  faites  sur  ce  sujet, 
je  citerai  principalement  celles  de 
.1.  IMiiller,  Giesker,  Bourgery,W. Evans, 
Sanders,  M.  Kôlliker,  Î\I.  SclialTnor, 
cl  M.  II.  Gray  (/").  J'aurai  aussi  à 
mentionner  les  recherches  cxpérimen- 


(fl)  J.-T.  EUcr,  Dissert,  inaug.  de  lieue.  Lugd.  Bntav.,  1710  (Haller,  Disputatiomim  anatomi- 
carum  selectariim,  vol.  111,  p.  23). 

(6)  De  Lasùiio,  Histoire  anatomiquc  de  la  rate  (Mém.  de  l'Acad.  des  sciences,  1753,  p.  1x7  et 
suiv.). 

—  Deiscli,  Disserl.  iiinug.  de  splene  Canibus  e.xciso.  Halle,  1735  (HalUr,  Dispiit.  analomic. 
selectartim,  vol.  111,  p.  47J. 

—  Hewson,  E.xperimental  Inqiiiries,  part.  3,  1777  {Works,  p.  2C4  et  suiv.). 

(c)  Assolant,  Recherches  sur  la  rate,  in-8.  Paris,  an  X. 

—  Moresclii,  De  vero  e  primario  uso  délia  miha,  nell'Uomo  e  tutti  gli  Animali  vertcbrati. 
Milano,  1803. 

(d)  Cuvier,  Leçons  d'analomie  comparée,  1"  édit.,  t.  IV,  p    50  et  suiv. 

(e)  Heusinger,  Veber  den  liau  und  die  Verriclttung  der  Mi/s.  Eiscnacli,  1817. 

—  C.-A.  Schmidt,  Dissert,  inaug.  sistens  nonnulla  de  structura  lienis.  Halœ,  1819. 

(f)  3.  Millier,  Ueber  die  Slructur  der  eigenlhilmlichen  Kôrperchen  in  der  MHz  ciniger  Pflan- 
%enfressender  Saugethiere  (Archiv  fiir  Anal,  und  l'hysiol.,  1834,  p.  80). 

—  Bardelcben,  Obseri:  microsc.  de  glandularuni  ductu  cxcrelorio  earentium  structura. V-nWu, 
1841. 

—  Hesslinp-,  Untersuch.  i'ibcr  die  weisscn  Kbrperchcn  der  mtnschlichen  MHz,  1842. 

—  Bourgery,  Anatomie  microscopique  de  la  raie  dans  l'Homme  et  les  Animaux  (CoUecliO)i 
de  mémoires  origiiiuu.c,  1843). 

—  W.  J.  Ev.uis,  Mirroscopic  .\natomij  of  the  Spleen  in  Mon  and  Animais  {Lancel,  1844, 1. 1, 
p.  G3). 

—  Ocstcrlin,  Beiirdge  zur  Physiologie,  1843,  p.  41. 

—  Sanders,  On  the  Structtire  of  the  Spleen  (Goodsir's  Annals  of  Anat.  and  PhysioL,  1850). 

—  KoUiker,  Ueber  den  Han  und  die  Yerrichlungen  der  MHz  {Miltheilungen  der  Xûricher 
Nalurforschenden  Gesellschaft,  1847).  —  An.  Spleen  (Todd's  Cyclop.  of  Anat.  and  PhysioL, 
t.  IV,  p.  771  h  801). 

—  Spring,  Mém.  sur  les  corpuscules  de  la  rate  [Mém.  de  ta  Société  des  sciences  de  Liège, 
1843,  I.  I,  p.  125. 

—  Poelman,  Mém.  siir  la  structure  et  les  fonctions  de  la  rate  (Ann.  de  la  Société  de  médecine 
deGand,  1846). 

—  Schaffner,  Zur  Kenniniss  der  malpigischen  Korpcrchcn  der  Mih-  und  ihrcs  Inhalls 
(Zeitschr.  fur  rai.  Mcdnin,  1840,  t.  VII,  p.  3-15,  pi.  5). 

—  11.  (Iray,  Ou  Ihc  Slvuclure  and  Use  of  the  Spleen.  I.ondoii,  lS5i. 

—  Crisp,  A  Trealtse  on  the  Structure  and  Use  of  the  Spleen,  l.niidon,  185G. 

—  .1.  .loues,  Ubserv.  on  the  Spleen.  Dwestigaiions  Chemical  and  PhysioL,  p.  1 10  {Smith.ionian 
Contributions,  1850). 

—  Pcyrani,  Analomin  e  fistnlogia  delta  mih.a.  Torino,  1800. 


GLANDES    IMPARFAITES.    —       IIATK.  255 

La  raie  ne  se  rencontre  chez  aucun  Invertébré,  mais  clic 
existe  cliez  presque  tons  les  Vertébrés  cl  chez  les  Maniniileres. 
Elle  offre,  en  général,  un  volume  assez  considérable,  tandis 
que  chez  les  Oiseaux,  les  Reptiles,  les  Balraciens  et  les  Pois- 
sons, elle  n'est  que  peu  développée;  enfin,  elle  man(pie  chez 
rAm[)hioxus,  et  peut-ctrc  aussi  cliez  tous  les  Cyclostomes  (1). 
Dans  l'espoir  de  jeter  quelque  lumière  sur  ses  fonctions,  les 
anatomisics  ont  fait  beaucoup  d'observations  sur  le  volume 


laies  do  plusieurs  physiologistes  con- 
loiriporains.  Kniin,  pour  pins  de  détails 
sur  les  opiniuHs  éuiises  aucieuneuient 
touchant  les  usages  de  la  rate  et  sur 
les  progrès  de  Thistoire  anatoniiquc 
de  cet  organe ,  je  renverrai  au  grand 
traité  de  physiologie  de  Ilallcr,  à  un 
ouvrage  spécial  de  M.  Giesker,  et  à 
Tiiitroduction  de  la  monographie  de 
M.  H.  Gray  (a). 

(1)  L'absence  de  la  rate  chez  PAm- 
phioxus  a  été  constatée  par  plusieurs 
observateurs,  et  la  plupart  des  ana- 
lomistes  considèrent  les  Cyclostomes 
comme  étant  également  privés  de  ce 
viscère  (h)  ;  quelques  auteurs  pensent 
qu'il  est  représenté  chez  les  Lam- 
proies par  un  organe  spongieux  qui  se 


trouve  au-  dessous  de  la  colonne  ver- 
tél)rale,  dans  presque  toute  la  lon- 
gueur de  la  cavit('  abdominale  (r). 
Mais  le  tissu  spongieux  qui  constitue 
celte  partie  ne  présente  pas  les  carac- 
tères histologiques  de  la  rate  et  paraît 
être  seulement  une  dépendance  de 
l'appareil  veineux  (d). 

Le  Lépidosiren  a  été  signalé  aussi 
comme  étant  dépourvu  de  rate  (e)  ; 
mais  des  recherches  récentes  tendent 
à  établir  que  cet  Animal  ne  fait  pas 
exception  à  la  règle  générale  (/'). 

L'absence  congénitale  de  la  rate  a  et  è 
constatée  plusieurs  fois  dans  l'espèce 
humaine,  non- seulement  chez  des 
monstres  acéphales  {g},  mais  même 
chez  des  individus  bien  conformés  (/(,). 


(a)  Haller,  Elementa  physiologiœ,  t.  VI,  p.  385  et  sniv. 

—  Giesker,  Splenologie,  oder  mmt.-physiol.  Untersuch.  ilbcr  dk  Mil%  des  Menschen.  Znvirh, 
■1835. 

—  H.  Gray,  On  the  Structure  and  Use  of  the  Spleen,  y.  1  à  53. 
(6)  Olivier,  Leçons  d'anatomie  comparée,  I.  IV,  i'  partie,  p.  OtG. 

—  Owen,  Lectures  on  the  Comp.  Anatonuj  and  Physiol.  of  the  Veriebrate  Animais,  p.  ili. 

—  Crisp,  A  Treatise  on  the  Struct.  and  Use  ofthe  Spleen,  p.  '132. 
(c)H.  Graj',  Op.  cit.,  p.  3^24. 

[d)  Voyez  tome  II,  patje  3G9. 

(e)  Owen,  Description  of  the  LepiJosircn  anneclens  {Linn.  Trans.,  t.  Wlll,  p.  343). 
(/■)  H.  Gray,  Op.  cit.,  p.  323. 

(g)  Meckel,  Manuel  d'anatoinie,  1. 1,  p.  482. 

—  Heussingcr,  Mém.  siir  les  monstruosités  de  la  rate  (Journal  comph'm.  du  Dicl.  des  sciences 
méd.,  1821,  p.  210). 

{h)  Martin,  Observation  d'une  déviation  organique  de  l'estomac,  etc.  (nvllelins  de  la  Soc.  ana- 
tomiqxie,  182(1,  i.  I,  p.  40). 

—  Valleix,  Observ.   de   tran.tposit.on  des  organes,   etc.    {Anliives    générales   de  médecine, 
2'srrir,  I.  Vin,  ,,.  78). 


23(3  SKCRKTION 

oomparalir  de  ret  organe,  soit  chez  l'Homme  à  diverses  pé- 
riodes de  la  vie  ou  dans  des  conditions  pliysioloiiiqnes  variées, 
soit  chez  (hITérenIs  Animanx  ;  mais  ces  recherclies  n'ont 
conchiit  qn'à  peu  de  résultais  intéressants,  si  ce  n'est  qu'a- 
près chaque  repas,  la  rate  se  gonfle  d'une  manière  remar- 
quahlc  (1). 


(l)  M.  ir.  r.ray  a  publi<î  une  longue 
S(h'io  d'observations  sur  le  poids  de  la 
rate  de  rilomnie  à  différents  âges,  et 
a  trouvé  que  vers  le  sixième  mois  de 
la  vie  intra-utérine  la  croissance  de 
cet  organe  devient  très  rapide.  A  Tépo- 
que  de  la  naissance ,  son  poids  est 
d'environ  -^  du  poids  total  du  corps, 
et  cette  proportion  reste  à  peu  près 
la  même  jusqu'à  l'âge  adulte,  où  le 
poids  absolu  de  la  rate  atteint  sou 
maximum.  Dans  la  vieillesse,  le  poids 
absolu  et  le  poids  relatif  de  cet  organe 
décroissent,  et  dans  la  vieillesse  extrême 
ce  dernier  ne  correspond  qu'à  envi- 
ron r^-^du  poids  total  du  corps,  tandis 
que  chez  l'adulte  il  varie  entre  ,-'- 
et  -^h  («').  !\Iais  comme  nous  le  verrons 
bientôt,  l'état  des  fonctions  digeslives 
au  moment  de  l'ubserxalion  influe 
beaucouj)  sur  les  résultats  de  ces  pesées 
con)])aratives,  et  il  est  aussi  à  noter  que 
les  diirérences  individuelles  .'•oui  par- 
fois extrêuicment  considérables,  sans 
que  l'on  ])uisse  les  rai  lâcher  à  aucune 
parlicularilé  physiologique  [b'i.  Il  faut 
liien   se  garder  cependant  de   croire 


que  ces  variations  puissent  êlre  aussi 
grandes  que  le  disent  quelques  auteurs  : 
en  effet,  d'après  uu  passage  de  l'ou- 
vrage de  Haller,  on  cite  souvent  Flam- 
merdingh  comme  ayant  observé  une  rate 
du  poids  de  ho  livres  (c)  ;  mais  celte 
évaluation  repose  sur  une  faute  typo- 
graphique, etc'est/i3  onces,  au  lieu  de 
L\o  livres,  que  ce  dernier  auteur  a  con- 
staté [d).  M.  Sappey,  qui  a  fait  cette 
reclilication,  l'ail  remarquer  avec  rai- 
son que  dans  les  autres  cas  où  la  lale  a 
présenté  un  volume  extrêmement  con- 
sidérable, cet  organe  paraît  avoir  été 
non-seulement  hyperlrojihié,  mais  le 
siège  du  dévclopix'uieut  de  quelque 
tissu  morbide ,  d'une  tumeur  cancé- 
reuse, par  exemple  {e\ 

Chez  les  autres  Ahmunifères,  le  vo- 
lume relalifde  la  rate  est  en  général  à 
peu  près  le  même  (|ue  chez  l'ilonnuc  ; 
mais  AI.  II.  (iray  a  trouvé  que  chez  les 
Chauves-Souris  ordinaires  le  poids  de 
ce  viscère  s'élevait  à  ;'.  (1^  t''lui  du 
corps,  et  que  chez  le  Kanguroo  il  n'é- 
tait que  de  r^  (/').  Cluz  le  Laj)in,  cet 
organe  est  encore  plus  réduit  (g),  et 


{a)  Cray,  On  Ihe  Stnirttire  aiitl  Une  of  Ihc  Spleen,  y.  70  et  sniv. 
{b)  Boyil,  voyez  llewson's   Woilm,  iiute  oxxx,  p.  :2(>5. 

—  Crisp,  A  Trcalise  on  thc  Strnct.  and  Use  of  the  Spleen,  p.  30,  50,  elc. 

—  Sa(i|iey,  Traité  d'analomle  descriptive,  t.  III,  p.  ItlS. 
(c)  Haller,  Elemcnla  pliysiologix,  t.  VI,  p.  3i)0. 

((/j  Flaiiiiiicrtliniîh,  Dissert,  innug.  de  liivi.  splenis,  t07l,  l.  XIV,  p.  dt. 
(e)  Sappey,  Hypertrophie  de  ta  rate,  llecherches  sur  le  rolwne  et  le  poids  réels  de  cet  organe 
{Comptes  rendus  de  la  Société  de  biologie,  3'  s^érie,  lS('i(l ,  I.  I,  p.  il!  4). 
(/■)  tlray,  Op.  cit.,  p.  273. 
(f/)  .1.  .I.Mies,  Op.  rit.,  p.  M. 


GLAMDliS    IMPAKI'AITKS.     U.VTU:.  '2o7 

La  posilioii  de  la  lalo  no  varie  que  peu.  Klle  esl  toujours 
logée  dans  la  cavité  abdominale,  et  presque  toujours  elle  est 
attachée  par  ses  vaisseaux  sanguins  et  parle  mésentère  à  l'es- 
tomac ou  à  la  portion  adjacente  de  l'intestin  (1).  En  général,  sa 


son  volmne  est  eil  général  peu  consi- 
dérable dans  tout  l'ordre  des  llon- 
geurs  (a). 

Dans  les  observations  faites  par 
M.  II.  Cray,  le  poids  relatif  de  la  rate 
était ,  terme  moyen  ,  de  777  chez  les 
Mammifères  et  seulement  de  ^  chez 
les  Oiseaux  ;  les  termes  extrêmes 
étaient,  chez  ces  derniers,  de  -'7  (chez 
le  Cormoran),  et^  (chez  le  PulVm). 
Dans  les  espèces  observées  par  M.  .T. 
Jones,  ces  limites  étaient,  d'une  part, 
^  et  d'autre  part  ^,  ;  enfin  le  petit 
volume  de  cet  organe  a  été  constaté 
chez  un  grand  nombre  d'espèces  par 
M.  Crisp  (b). 

Dans  la  classe  des  r>cpliles  et  des 
Batraciens,  le  poids  relatif  de  la  rate 
est  presque  toujours  également  très 
faible,  et  chez  les  Serpents  cet  organe 
ne  représente  parfois  qu'environ  ttIt.» 
;-^,  ou  même  ,-^77  du  poids  total  du 
corps. 

Dans  la  classe  des  Poissons,  la  rate 
est  en  général  plus  développée  que  chez 
les  autres-Vertébrés  ovipares.  Cbez  les 
Poissons  osseux  observés  par  M.  Cray, 
le  poids  de  cet  organe  a  varié  entre ,— 
et  ^  du  poids  total  ;  mais  chez  les 


Jjépisostées,  les  ZygaMies  et  un  Trygon 
adulte  examinés  par  .AI.  J.  Jones,  cette 
proportion  a  varié  entre  ttt  *^t  r^r  ? 
par  conséquent,  elle  se  rapproche 
beaucoup  de  ce  qui  existe  chez  les 
Manuuifères  (e). 

(1)  Chez  l'Homme,  la  rate  (</)  est 
située  à  la  partie  supérieure  de  l'abdo- 
men, du  côté  gauche  (c),  où  elle  est 
suspendue  au  pilier  gauche  du  dia- 
phragme par  un  petit  repli  péritonéal 
appelé  Ugainent  plirénn-splénique,  et 
où  elle  adhère  au  grand  cul-de-sac  de 
l'estomac  par  l'intermédiaire  de  l'épi- 
li\oon(jastro-splénique,  dont  j'ai  déjà 
eu  l'occasion  de  parler  (/).  Les  rapports 
anatomiques  sont  à  peu  près  les  mêmes 
chez  les  autres  IMaimnifères  ainsi  que 
chez  les  Oiseaux,  mais  chez  les  Rep- 
tiles ce  viscère  est  en  général  situé  plus 
loin  en  arrière,  et  se  trouve  attaché  au 
duodénum  ou  même  au  côlon,  ainsi 
que  cela  se  voit  chez  les  Tortues.  Chez 
les  Poissons  il  est  en  général  en  con- 
nexion avec  l'estomac  ou  avec  une 
portion  adjacente  do  l'intestin  ;  mais 
quelquefois,  chez  la  'l'anche  par  exem- 
ple, il  est  accolé  au  lobe  gauche  du 
foie. 


(a)  Gray,  On  the  Structure  and  Use  of  the  Spleen,  p.  283. 
{b)  H.  Gray,  Op.  cit.,  p.  273. 

—  J.  Joncs,  0/).  cit.,  p.  120. 

—  Crisp,  Op.  cit.,  p.  94  et  suiv. 
(c)  Gray,  Op.  cit.,  p.  273. 

—  J.  Jones,  Op.  cit.,  p.  273.    - 

{(/)  Voyez  Bourg-ery,  .iiiatoitiie  de  l'Honme,  t.  V,  pi.  13r>. 

(ei  L'étendue  do  la  portion  des  parois  do  l'abdjnien  curruspoidant  à  ce  visuèro  a  élé  récenitneiit 
l'objet  do  loclierches  parliculières  laites  par  M.  Conradi,  Ui'oer  die  Gruise  uml  Lagebestimmunij 
lier  Brusturgaiie  der  l.eber  iind  Mdz  (.\rck.  d's  Vcrcins  fur  (j':nieinschaftlwlie  .\rbcite:i,,  (ioi- 
tiiigen,   I8ô4,  I.  I,  p.  57). 

(/)  Voyez  loiuo  VI,  p.  oUJ. 


2oS 


Sf.CKlil  ION . 


Structure     foriTie  cst  siToinlic  OU  ovulairc  (1).  Elle  est  i)Oiirvuc  d'une 
hiraic.      lunique  propre,  de  texture  fibreuse,  qui  est  à  son  tour  recou- 
verte par  le  péritoine,  el  (|ui  envoie  dans  rintcricur  de  l'or- 


(1)  La  raie,  chez  rilommc,  varie  un 
peu  dans  sa  forme,  mais  elle  est  en 
î^énéral  convexe  du  cùlé  externe,  ini 
peu  concavedu  côté  interne,  et  allon- 
gée de  haut  en  bas,  de  façon  à  repré- 
senter un  segment  d'ellipsoïde  coupé 
suivant  son  grand  axe  («).  il  en  est 
à  peu  près  de  même  chez  la  plupart 
des  Quadrumanes  ;  mais ,  chez  les 
.Makis,  cet  organe  a  prcsqueja  forme 
d'un  fer  à  cheval  {h).  Chez  les  Mam- 
mifères de  l'ordre  des  Carnassiers,  il 
est  généralemenL  i)lus  allongé,  et  cliez 
les  Marsupiaux  il  est  étroit  et  bifurqué 
à  l'une  de  ses  exU-émilés  (r).  Chez  le 
Cheval,  il  est  triangulaire  (d),  cl  chez 
l'Éléphaiil  il  esl  remarquablement  al- 
longé ((').  linhn,  chez  la  plupart  des 
Oiseaux,  des  Ueptiles  et  des  Batra- 
ciens, il  est  arrondi,  mais  chez  les 
Poissons  sa  forme  vaiie  davantage  {[). 

11  esl  aussi  à  noter  que  la  rate  esl 
(pielquefois  plus  ou  moins  fractionnée, 
de  façon  à  former  plusieurs  masses 
distinctes.  Ainsi,  chez  l'Uonune,  on 


trouve  parfois  une  rate  accessoire,  et 
l'on  cite  des  exemples  où  l'on  en  a 
rencontré  trois,  quatre  (g),  cinq  (h), 
sept  (/),  et  même  jusqu'à  vingt- 
sept  ij). 

Cliez  quelques  ^Mammifères,  une  dis- 
position analogue  esl  très  fréquente,  si- 
non constante.  Ainsi  divers  aïialomistes 
ont  trouvé  la  rate  composée  de  deux 
à  six  lobes  séparés  chez  le  Marsouin  (A,). 
Elle  est  également  muUilobée  chez  le 
Dauphin. 

Cliez  l'embryon,  la  rate  commence 
à  se  constituer  après  la  formation 
du  tube  digeslif,  mais  elle  ne  naît 
pas  du  duodénum,  comme  Arnold  le 
croyait  (/),  et  dès  Torigine  elle  paraît 
être  distincte  du  pancréas  (/«),  bien 
qu'elle  ait  avec  cet  organe  des  con- 
nexions très  intimes,  surtout  chez  les 
IMammifères  (n). 

IjCS  corpuscules  malpighii'us  de  la 
rate  ne  deviennent  distincts  chez  le 
Poulet  que  vers  la  (in  de  la  période 
endjryonnaire. 


(a)  Voyez  lîdurgcry,  Annlomic  de  l'Homme,  t.  V,  pi.  30  el  -ii. 

(bj  Gniy,  On  Ihe  Slruciure  and  Use  of  the  Spleen,  p.  27k 

(c)  Ciisp,  A  Treatise  on  the  Sivuctiire  and  Use  of  llie Spleen,  pi.  -2,  li-.  GO  à  T2. 

((/)  Gurlt]  Die  Anatomie  des  l'ferdcs,  \A.  H,  fig.  1  et  2. 

—  Crisp,  Op.  cit.,  pi.  -i,  fig-  ■i- 
(c)iaera,  ihid.,  pi.  2,  fig.  100. 

{/•)  Iileui,  ibid.,  pi.  2,  fig.  180  à  334. 

(tj)  Pnvernoy,  Couvs  d'analomie  {Œuvres  anatomiques,  t.  II,  p.  245). 

{h)  l'aliii,  Èiyist.iM  (voyez  Uallcr,  Klem.  physiol.,  I.  VI,  |i.  388). 

(i)  Cruveilhier,  Traité  d'analomie  descriptive,  t.  III,  p.  422. 

(j)  OUo,  Leilr.  x-ur  anatomischen  l'Injsiologie  nnd  Pathologie,  p.  4. 

(A)  Blasius,  Analome  Animaliimi,  1081,  p.  287. 

Hunier,  Observ.  sur  la  structure  et  V économie  des  Baleines  {Œuvres,  I.  IV,  |i.  402). 

—  Cuvicr,  Leçons  d'analomie  comparée,  l.  IV,  2'  pariie,  p.  025. 

—  II.  Grav.  Op.  cit.,  p.  290. 

(/)  Ainold,  Op.  cil.  {Salzburijcr  Medic'mischc  Zeilunt/,  1S:!1,  i.  IV,  p.  301). 
(m)  11.  t-ray.  On  the  Development  of  Ihe  Duclless  Ulands  in  Ihc  ClUcIi  {l'kilos.  fruas.,  1851, 
p.  205,  pi.  21,  lig.  3,  4  cl  5). 

(/t)  Ijisdioiï,  Développement  de  l'Homme  el  des  Mammifères,  p.  2'JO. 


GLANDIiS    IMPAKFAlTliLS, 


UATK. 


239 


gano  une  iniillitLulc  de  prolongemculs  (rabcciilairos  donl  la 
réLiiiictii  consliliie  uiio  sorte  de  réseau  irrégulicr  (1 1.  Ces 
trabécules  sont  1res  élastiques,  et  les  interstices  ({u'elles  laissent 
entre  elles ,  iiiterstiees  <iui  consliluent  les  cavités  nommées 


(1)  L'oiivcloppo.  oxternodc  la  r;ito  ost 
l'orméc  par  une  portion  de  la  nicnihrane 
péritonéalc,  et  elle  adhère  à  la  surface 
de  CCI  organe  partout,  exceptcî  dans  le 
point  appelé  le  hile,  où  les  vaisseaux 
sanguins  et  les  nerfs  y  pt^nètrent.  Chez 
riloninie ,  celle  adhérence  esl  plus 
intime  que  chez  la  plupart  des  Ani- 
maux. 

Lçi  tunique  propre  ou  tunique  albu- 
minée do  la  rate  est  une  membrane 
mince  et  demi-transparente ,  mais  très 
résistante,  qui  se  compose  de  tissu 
conjonctif  mêlé  de  fibres  élastiques 
disposées  en  réseaux  et  logeant  quel- 
quefois un  c(>rtain  nombre  de  fibres 
musculaires  lisses.  Ces  dernières  ont 
été  observées  chez  le  Ghicii ,  le  Chat , 
le  Cochon  et  l'Ane,  mais  n'existent  pas 
chez  l'Homme,  le  Bo'uf,  le  Cheval,  le 
Lapin,  etc.  (a).  Au  niveau  du  hile,  la 
tunique  albuginée  se  replie  en  dedans, 
et  constitue  autour  des  vaisseaux  qui 
pénètrent  dans  Tinlérieur  de  l'organe 
une  gaine  appelée  la  capsule  de  Mal- 
pighi ,  et  analogue  à  la  capsule  de 
Glisson    que    nous    avons    déjà    vue 


en  étudiant  la  structure  du  foie  [h). 
Le  réseau  trabéculaire  dont  Ilighmore 
fut  le  premier  à  décrire  la  disposition 
générale  (c),  naît  en  partie  de  la  face 
interne  de  la  tunique  albuginée ,  en 
partie  des  branches  de  la  gaîne  fibreuse 
des  vaisseaux  dont  je  viens  de  i)arler, 
et  il  se  compose  d'une  uudtitude  de 
brides  fibreuses  de  diverses  grandeurs, 
qui  se  joignent  entre  elles  de  façon  à 
circonscrire  imparfaitement  des  espaces 
irréguliers  et  à  avoir  quelque  ressem- 
blance avec  la  charpente  d'une  Éponge 
commune.  Ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit, 
ces  espaces  inlertrabéculaires  consti- 
tuent les  aréoles  appelées  cellules  de 
la  rate,  ou  espaces  intervésicu- 
laires  (d). 

Les  analomistes  ont  été  très  partagés 
d'opinions  au  sujet  de  la  nature  de 
ces  trabécules  :  Malpighi  les  considé- 
rait comme  étant  musculaires  (e),  et 
cette  manière  de  voir  fut  partagée  par 
plusieurs  autres  auteius  (/'),  mais  les 
observations  microscopiques  de  Leeu- 
wenhoek  n'y  furent  pas  favorables  {(j)  ; 
elle  fut  combattue  par  Lasône ,  Haller, 


(a)  Kolliker,  Uebo'  den  Baio  u:hl  die  Vei'rlchtMujen  der  Mis  (MittheiluMjcii  der  Ziivicher 
Naturforsch.  Gescllschaft,  1847).  —  Beitrâge  %iir Kennlniss  der  glatteii  Muskcln  {Zeitschrift  fur 
luisscnschaftl.  Zooloçjie,  1848,  t.  I,  p.  75  et  suiv.).  —  Éléments  d'histologie,  [i.  401. 

(b)  Voyez  tome  VI,  page  433. 

(c)  Higliiiiorc,  Corporis  humani  disquisitio  anatomica,  1G51,  cap.  3,  p.  59. 

(d)  VoyenBourgcry,  Anatomie  de  l'Homme,  t.  V,  pi.  15,  lig.  1. 

(e)  Malpiglii,  A  Letter  concerning  some  Anat,  Observ.  {Philos.  Traiis.,  I.  VI,  p.  2150. — 
Opéra  posthuma,  p.  58). 

(/■)  Duvenicy,  Œuvres  anatomiques,  t.  II,  p.  142. 
—  Sluckelcy,  On  the  Spleen,  ils  Description  and  Histonj,  1723. 

(3)  Loeiuvonlioek,  Mcroscopic.  Observ.  on  the  Structure  on  the  Spleen  [Philos.  Trans. ,  1708, 
t.  \V,  p.  2305). 


Vais^iaux 

de 
la  raie. 


2lli)  SÉCUÉTIO.N. 

cellules  de  la  rate^  sont  occupes  |)rincipalciiicnt  par  des  vais- 
seaux sanguins  cl  lyini)lialiqucs ,  des  vésicules  si>lcni(|ues 
appelées  corpuscules  de  Malpighi^  et  une  substance  pulpeuse 
de  couleur  rougeatre  que  l'on  désigne  souvent  sous  le  nom 
de  parenchyme  de  la  rate. 

Les  vaisseaux  sanguins  de  la  rate  sont  très  volumineux,  les 
veines  surloul,  et  l'artère  splénique  présente  dans  son  mode 
de  dislrijjulion  quehjucs  particularités.  Ainsi  que  je  l'ai  déjà 
dit,  elle  est  logée  avec  les  grosses  veines  dans  un  système  de 
gaines  fibreuses  appelé  la  capsule  de  Malpigin  (1);  ses  prin- 


Uomo,  «'te.  ((7).  Les  recherches  des  his- 
tologisles  ))inntrent  nue  cliez  rilomnie 
ces  brides  l)l;mches  el  nacrées  ont  la 
même  striiclure  que  la  tunique  albu- 
gint'e,  cl  sont  formées  principalement 
de  tissu  conjonctif  et  de  fibres  élas- 
tiques (b).  On  y  trouve  cependant  des 
fibres  musculaires  lisses,  principale- 
ment dans  les  plus  grêles  (c),  et  chez 
quelques  Animaux,  le  Mouton,  par 
exemple ,  elles  paraissent  être  compo- 
sées essentiellement  de  ce  tissu  con- 
traclile  (d). 

Chez  les  Oiseaux,  le  réseau  trabécu- 
laire  de  la  rate  est  plus  délicat  que 
chez  les  .Mammifères,  el,  chez  les  frois- 


sons, son  développement  est  encore 
moindre  (e).  Cependant,  chez  quelques- 
uns  de  ces  Animaux,  les  fibres  muscu- 
laires y  sont  très  distinctes  {f). 

(1)  Chez  rilomme,  les  gaines  fibreu- 
ses qui  naissent  delà  capsule  albugiuée 
de  la  rate,  et  qui  logent  les  vaisseaux 
sanguins  de  cet  organe  (f/),  se  conti- 
nuent jusque  vers  les  parties  termi- 
nales de  cette  portion  du  système 
circulatoire,  et  finissent  par  se  perdre 
au  milieu  de  la  ])ulpe  spléni(|ue.  Mais 
chez  divers  ^lammilères,  tels  que  le 
Cheval,  le  lia'uf  et  le  Cochon,  ou  ne 
trouve  ces  gaines  qu'autour  des  ar- 
tères et   des   grosses   branches    vci- 


(rt)  Do  Lasônc,  Histoire  anatomiqiic  de  In  rate  {Mémoires  de  l'Académie  des  sciences,  1754, 
p.  181). 

—  Huiler,  Elementa  plnjsiologiœ,  t.  VI,  p.  ilO. 

—  Rvcnnil  lloiiic,  TItc  Croonian  Lecture  {Philos.  Trans.,  1821,  y.  il). 

(b)  KoUikei-,  Kii'ments  (l'Iàstologie,  p.  4".H. 

—  H.Oray,  Op.  cit.,  p.  92  et  siiiv.,  tig.  12  ;i  17. 

(c)  Kollilicr,  Ueber  dcii  Itauund  die  Verriclitionjen  dcr  MHz,  {Milthcil.  dcr  Zïiricher  .\alur~ 
forscli.  Gcscllsch.,  1 847). —  Heitrdge  znr  Kennteii.  der  glaltn  Mvsluln  (Zeitschr.  fur  uissensch. 
ZooL,  t.  1).  — Si'i.EEN  (Tdil.l's  Cjiclop.,  t.  IV,  p.  773). 

—  Eclici-,  [ilntiiffussdrïiscn  {W'iv^ucr'i  Ilnndirurterbucli  dcr  l'iiysiotogic,  l.  l\,  p.  I3it. 

—  Mii/.oon,  l'nlersiicli.  iiln'r  die  (jcwebseleinciitc  der  ijlallen  Musiicla  und  i(bcr  die  E.cistens 
diescr  Musl^rlu  in  dcr  ii\ciischlicltcn  .Vi/i.  Ivicw,  1852. 

((/)  (-Iniy,  Up.  rit.,  p.  100,  lit;.  IS. 

(f)Iil(Mn,  ibid.,  p.  2ti7  (l325. 

(/'l  Eclicr,  \ojcz  Kollilicr,  Up.  cil.  (TuiUlV  Cycivp.,  I.  IV,  p.  77i). 

ly)  Vi'vcz  liuiM-ijcrv,  .\)i(ilomic  de  l'Homme,  I.  V,  pi.  15,  li^'.  1. 


(.I,AM>KS    IMl'.VKIAIIKS.    i;Mi;.  2/|  1 

('i|»;ilcs  braiiclies  se  i'lmrIciiI  cliaciiiic  à  une  porlioii  déleniiiiiee 
lie  la  raie  sans  s'anastomoser  avec  les  branches  circonvoisines,  et 
ces  vaisseaux  se  terminent  par  des  faisceaux  derainuscules  paral- 
lèles (|ui  ressemblent  à  aillant  de  petits  pinceaux (1).  Le  réseau 
ca|)illaire  ipii  en  naît,  entoure  les  corpuscules  malpighicns  Ci), 


lieuses  ;  les  jx-liles  veines  eu  soûl 
conipiélenieut  dépourvues  (a).  Los  ar- 
lèrcs  ne  sont  unies  que  faiblenieul  à 
leurs  gaines  et  y  affectent  souvent  une 
disposition  flexueuse,  mais  les  veines 
y  adhèrent  fortement  (6). 

L'artère  splénique  de  l'IIonuiie  est 
la  plus  grande  des  trois  branches  du 
tronc  cœliaque  (c),  et,  ainsi  que  nous 
Tavons  déjà  vu,  après  avoir  gagné 
le  hilc  de  la  rate  et  s'être  divisée  eu 
plusieurs  branches ,  elle  donne  nais- 
sance à  cinq  ou  six  artères  récurrentes, 
appelées  vaisseaux  courts,  qui  se  ren- 
dent à  l'estomac  (rf).  1 1  en  résulte  qu'une 
portion  considérable  du  sang  qui  arrive 
dans  le  tronc  de  l'artère  splénique 
peut  se  rendre,  soit  à  l'estomac,  soit  à 
la  rate,  suivant  que  les  vaisseaux  de 
l'un  ou  de  l'autre  de  ces  organes  oppo- 
sent plus  de  résistance  à  son  passage. 
Or,  les  parois  des  artères  qui  se  dis- 
tribuent à  la  rate  sont  non-seulement 
très  épaisses  et  fort  résistantes  [e)  ; 
mais  elles  sont  contractiles ,  car  elles 


renferment  dans  leur  épaisseur  beau- 
coup de  fibres  musculaires  (/"),  Celte 
structure  est  surtout  remarquable  chez 
les  grands  Mammifères,  et  il  en  résulte 
qu'en  raison  de  leurs  propriétés  physio- 
logiques, ces  vaisseaux  peuvent  rendre 
très  variable  la  quantité  de  sang  qui 
les  traverse, 

(1)  Le  mode  de  division  de  l'artère 
splénique  indiqué  ci-dessus  a  été  con- 
stalé  par  Assolant,  et  les  expériences 
de  Ileusinger  montrent  également 
que  les  diverses  portions  de  la  raie 
correspondantes  à  chacune  des  prin- 
cipales branches  de  ce  vaisseau  ont  un 
système  circiUatoire  indépendant  de 
celui  des  parties  circonvoisines  [g). 
Il  résulte  aussi  des  recherches  de 
j\I.  Sappey  que  le  nombre  des  dépar- 
tements vasculaires  établis  de  la  sorte 
d'une  manière  indépendante  est  en 
général  de  huit  ou  dix  {h). 

(2)  Les  pinceaux  terminaux  des  arté- 
rioles  (/)  embrassent  les  corpuscules 
de  Malpighi  (j),  et  quelques-uns  de 


(a)  Kulliker,  Eléments  d'histologie,  p.  500. 

(b)  Fink,  Zur  Mekanik  der  Blutbeiuegung  in  der  MiU  {Arckiv  fiXv  Anal,  und  PhysioL,  1850  , 
p.  8,  pi.  i,  A,  ûg.  1  et  2). 

(c)  Voyez  tome  III,  page  552. 

(d)  Home,  Tlie  Croonian Lecture  {Philos.  Trans.,  1821,  pi.  3). 

{e)  Wentringliam,  An  Expérimental  Inquinj  on  some  Parts  of  the  Animal  Structure,  1740. 
(/')  KolliUer,  Eléments  d'histologie,  p.  604. 
(g)  Assolant,  Recherches  sur  la  rate,  p.  37. 

—  Heusinger,  Ueber  den  Bau  und  die  Verrichtiuuj  der  Milz.  Eisciiacli,  1817. 
{/()  Sappey,  Traité  d'anatomie  descriptive,  l.  III,  p.  328. 
(i)  Voyez  Kollikei-,  Eléments  d'histologie,  \k  501 ,  lig.  235. 

(7)Giesker,  Spleuologie ,   oder  anaiomisch-phgswlogische    L'atersuchungen   iiOer   die  Mili. 
Zurich,  1835. 


Vil. 


16 


'2'r2 


bECKKTiOiN. 


VA  siî  rcpaiid  oiisuito  dans  la  |)iil|»('  s|»liMii(|ue  logée  dans  les 
o:s[)accs  intcrtrabrciilaircs.  Los  grosses  veines  eôloient  les 
artères,  mais  les  petites  branelies  marehent  isolément,  et  leurs 
{)arois  deviennent  d'une  minceur  extrême  d).  Leur  étude 
présente  de  grandes  difficultés,  et  les  anatomisles  ne  sont  pas 
d'accord  au  sujet  de  leur  mode  d'origine.  On  pense  assez 
généralement  (jue  la  portion  radiculaire  ou  initiale  du  système 


ces  vaisseaux  paraissent  y  pénéUTr  («), 
tandis  que  d'autres  vont  constituer 
dans  le  parencliyme  pulpeux  adjacent 
lui  réseau  capillaire  {(>}.  I/cxistencc 
de  capillaires  dans  la  rate  a  été  niée 
par  quelques  analonnstcs(c),  mais  a  été 
mise  hors  de  doute  par  les  recherches 
des  hislolosistes  les  plus  habiles  [d). 
La  disposition  péiiicillée  des  ramifica- 
tions artérielles  se  voit  chez  la  plupart 
des  Vertébrés  ;  mais  chez  les  Chélo- 
niens  et  les  Ophidiens,  les  artères, 
aussi  l)ien  que  les  veines,  constituent 
des  plexus  en  réseau  à  la  surface  de 
la  rate  aussi  bien  que  dans  la  pro- 
fondeiu-  de  cet  organe  (e). 

(1)  La  veine  splénique,  de  même 
que  la  plupart  des  antres  branches  du 
système  de  la  veine  porte,  est  dé- 
ponrvue  de  valvules,  et  son  calibre 
est  très  grand.  Chez  l'Homme,  son 
tronc  est  au  moins  cinq  fois  plus  gros 
que  l'artère  correspondante  (/") ,  et 
ses  branches  sont   encore  plus  fortes 


comparativement.  C.  Schmidt  estime 
leur  capacité  à  \ingt  fois  .celle  des 
artères  correspondantes  (7).  Les  ])arois 
de  ce  vaisseau  sont  très  minces  et 
paraissent  comme  criblées  de  trous, 
par  suite  de  la  disposition  des  petites 
branches  qui  vieiment  y  déboucher 
presque  à  angle  droit.  En  effet,  les 
bords  de  ces  orilices  (h),  api)elés5//r/- 
Diales  de  Malpiijhi,  sont  moins  exten- 
sibles que  les  parois  de  la  veine  dont 
chacime  d'elles  dépend ,  et  celle-ci  est 
plus  ou  moins  dilatée  inunédiatement 
au  delà  de  la  ligne  correspondante  à 
son  insertion  terminale.  En  raison  de 
cette  disposition  et  de  la  facile  disten- 
sion des  parois  des  veines  spléniques 
dans  les  points  où  leurs  parois  ne  sont 
pas  renforcées  par  des  gaines  ou  des 
l)rides  fibreuses,  ces  vaisseaux  se  dis- 
tendent très  inégalement  quand  ils  sont 
injectés  ou  insufflés,  et  ils  affectent 
alors  la  forme  d'nne  série  de  sacs  ou 
ou  de  sinus  plutôt  que  de  tubes  vascu- 


(«)  J.  Miillei-,  Ueber  die  Stnictuv  der  eigentliumUcheii  KOrperchen  in  dcr  MHz  einiger  P/lau- 
:ienfressenden  Sàugcthiere  {Archiv  fiir  Anal,  iind  l'Iiijsiol.,  1834,  p.  80). 

(b)  KôUikcr,  art.  Spleen  (Todd's  Ctjclop.,  t.  IV,  p.  770).  —  Eh'ments  d'histologie,  p.  501. 

(fi)  Eiisel,  /«'■  Anatomie  dcr  Ceftisse  (Zcitschrift  dcr  Ccsellschnft  der  Aerzte  in  Wien,  1847). 
(d)  Cray,  Op.  cil.,  p.  315. 

(c)  11  cxislo  (lui'lqiios  valvulos  dans  lus  liiiiiu-lios  sUimacales  di^  collo  voiiio  (  Ilcniio,  Vlic  Crooiliail 
lecture,  in  l'tiUos.  Traits.,  18-21,  p.  37,  i)l.  3,  fig.  <i,  3  ft  4). 

If)  E\.  lionie,  On  I lie  Structure  and  Useoftiic  Spleen  (l'Iiilos.  Trans.,  1808,  p.  4'J). 

—  Ciicskcr,  Splenologic,  1835. 

(g)C.-\.  Scliniidt,  Disserl.  de  sirncturu  licnis.  \U\:r,  ISI'J 

•  -  Kolhker,  Éléments  d'histologie,  y.  501. 

(/()  IJciiH',  Dp.  cit.  il'hilos.  Trans.,  18i!l ,  pi.  •!,  li-.  t!). 


CLA.NUKS    IMI'AKKAITKS.     —     lîAlK.  t)/jO 

veineux  de  la  rate  est  eoiislituée  par  des  canaux  rreusés  dans 
la  substance  de  la  pulpe  parenchyniateuse  de  cet  organe,  et 
tapissée  seulement  d'une  couclie  mince  de  tissu  épilhélique, 
de  façon  à  ressembler  beaucoup  aux  méats  veineux  de  la  plu- 
part des  Animaux  Invertébrés  et  à  ne  retenir  que  très  impar- 
faitement le  sang  dans  leur  intérieur  (1). 


lakes  ordinaires.  La  plupart  des  au- 
teurs considèrent  ces  dilatations  connne 
étant  normales,  et  les  désignent  sous 
le  nom  de  cellules  ceineuses  de  la 
rate  {a)  ;  mais  d'autres  aflirment  que, 
dans  Télat  naturel,  les  parois  des  veines 
spléniques  n'oilrent  pas  de  dilatations 
semblables,  et  que  ces  élargissements 
variqueux  résultent  seulement  des  pro- 
cédés anatomiques  employés  pour  eu 
faire  l'étude  (6).  Celte  dernière  manière 
de  voir  ne  me  paraît  pas  fondée  ;  mais 
je  n'ai  jamais  trouvé  dans  cet  organe 
des  veines  terminées  en  cul-de-sac  ou 
en  ampoule,  comme  celles  iigurées 
récennncnt  par  M.  Gray,  et  je  suis 
persuadé  que  la  disposition  observée 
par  cet  auteur  était  accidentelle  (c). 

(1)  11  règne  encore  beaucoup  d'in- 
certitudes au  sujet  de  la  structure  des 
petits  canaux  veineux  de  la  rate.  Cbez 
plusieurs  grands  Mammifères,  tels  que 
le  Cheval,  le  Bœuf  et  le  Cochon,  où  la 
structure  de  cet  organe  a  été  étudiée 
avec  beaucoup  de  soin ,  les  tuniques 
propres  de  ces  veines  ne  commencent  à 


devenir  distinctes  que  dans  les  grosses 
branches,  et  toute  la  portion  radiculairc 
de  ce  système  de  canaux  ressemble 
à  une  réunion  d'espaces  irréguliers 
limités  par  les  brides  de  l'appareil 
trabéculaire  dont  il  a  déjà  été  question 
ou  des  excavations  creusées  dans  la 
pulpe  parenchyniateuse.  Mais  l'obser- 
vation microscopique  fait  reconnaître 
que  les  parois  de  ces  cavités  veineuses 
sont  tapissées  partout  d'une  couche 
très  mince  de  tissu  épilhélique  (d). 
Chez  l'Homme,  les  parois  des  veines 
sont  moins  incomplètes,  et  l'on  trouve 
beaucoup  des  vaisseaux  capillaires  à 
parois  bien  distinctes,  qui  se  rendent 
des  artérioles  aux  troncs  veineux  sans 
discontinuité  [  (e)  ;  mais  sur  d'autres 
points  cette  connnunicalion  paraît  s'é- 
tablir par  l'intermédiaire  de  méats 
tapissés  seulement  d'une  couche  mince 
de  tissu  épithélique,  comme  le  sont 
toutes  les  cavités  contenant  des  liquides 
en  mouvement  (/'). 

L'épithéhum  de  ces  veines  et  canaux 
veineux  se  détache  très  facilement,  et 


(a)  BouTgery,  Anatomie  microscoinque  de  la  rate  {CoUecllon  de  mémoires,  1843,  p.  10,  pi.  1, 
fig.  1),  et  Traité  d'anatomiede  l'Homme,  t.  V,  pi.  45. 

—  Poelraan,  Mém.  stir  la  structure  de  la  rate,  p.  11,  pi,  1  (cxlr.  des  Aiui.  de  la  Société  de 
médecine  de  Gand,  i8i6). 

—  Hyrtl,  Lehrbuch  der  Anatomie  des  Menschen,  1840,  p.  406. 

—  Ecker,  Op.  cit.  (Wagnci-'s  Handworterbuch  der  Physiologie,  t.  I\',  p.  145j. 

(b)  Eller,  Dissert,  de  lieue  (Haller,  Dlsput.  anat.  sélect.,  vol.  III,  p.  23). 

(c)  Gi-ay,  Op.  cit  ,  p.   128,  tlg.  20. 

((/)  Kcillikei-,  art.  .Spleen  (Todd's  Cydop. ,  I.  IV,  p.  7'Jl),  et  Éléments  d' hisloloijlc ,  y.  503. 
—  Tigri  (viiy.  IV'vrani,  Analomia  c  lisiutijijia  delta,  mdia.  Turijio,  ISOl),  \>.  50;. 
(e)  KnllilitT,  Elémcals  d'histuloijic,  p.  501. 
(/)  Gray,  Op.  cil.,  p.  lo5. 


244  SECRlVriON. 

La  raie  est  pourvue  aussi  de  nerfs  et  de  vaisseaux  lympha- 
tiques, mais  le  mode  de  terminaison  des  uns  et  l'origine  des 
autres  ne  sont  encore  que  très  imparfaitement  connus  (l). 


se  compose  de  cellules  fusiformes  qui 
ont  souvent  \\n  noyau  pariétal  (a). 
M.  Fiihrer  paraît  s'ètn>  mépris  sur  leur 
nature,  et  les  avoir  prises  pour  des 
vaisseaux  capillaires  en  voie  de  déve- 
loppement (6). 

(1)  Les  vaisseaux  lymphatiques  de 
la  rate  de  l'Homme  sont  nonil)reux, 
ceux  de  la  couche  superficielle  sur- 
tout. Ils  suivent  le  trajet  des  veines 
spléniques,  et  se  réunissent  au  hilc 
pour  se  jeter  dans  quelques  petits 
ganglions,  et  constituer  enlin  un  tronc 
qui  va  déboucher  dans  le  canal  tho- 
racique,  à  la  hauteur  de  la  onzième 
ou  douzième  vertèbre  dorsale  (c).  On 
ne  sait  rien  de  certain  sur  leur  mode 
d'origine. 

Au  commencement  du  xviii''  siècle, 
Kller  considéra  les  vaisseaux  lympha- 
tiques de  la  rate  conmie  étant  les  ca- 
naux excréteurs  de  cet  organe  glandu- 
laire (r/),  et  cette  opinion  a  de  l'analogie 
avec  celle  soutenue  par  quelques  phy- 
siologistes de  nos  jours. 

llewson  a  fait  diverses  expériences 
à  l'appui  de  celte  hypothèse,  mais 
elles  montrent  seulement  que,  sous 
l'intluence    d'une    augnicntalion    de 


pression  exercée  sur  le  sang  dans  les 
vaisseaux  de  l'intérieur  de  la  rate,  les 
lymphatiques  de  cet  organe  deviennent 
turgides  (e). 

Les  nerfs  de  la  rate  proviennent  du 
plexus  solaire  et  accompagnent  l'artère 
splénique  (/").  Chez  quelques  .Mammi- 
fères, tels  que  le  Mouton  et  le  Bœuf, 
ils  sont  beaucoup  plus  gros  que  chez 
l'Homme  (g).  On  peut  en  suivre  les 
branches  jusque  sur  les  artérioles  qui 
portent  les  corpuscules  deMalpighi,  et 
quelques  anatomistes  pensent  qu'ils 
pénètrent  dans  la  pulpe  splénique  [h)  ; 
mais  les  recherches  microscopiques 
les  plus  approfondies  n'ont  rien  appris 
sur  leurs  rapports  avec  les  corpus- 
cules de  Malpighi  (/).  On  y  remarque 
beaucoup  de  fibres  nerveuses  à  noyaux, 
dites  fibres  de  lîemak ,  et  il  paraîtrait 
qu'elles  se  terminent  en  se  divisant  en 
plusieurs  branches  dont  l'extrémité 
est  libre  (j). 

Arlhaud  a  cru  que  les  irabécules 
de  la  rate  étaient  de  nature  nerveuse, 
et  que  cet  organe  devait  être  considéré 
comme  un  appareil  électrique  (k) , 
mais  cette  opinion  singulière  n'était 
pas  fondée. 


(a)  KulliUcr,  Spleen  (Todd's  Cijclop.,  t.  IV,  p.  7'Jl,  (ig.  534). 

(b)  F.  Kiilirer,  IJeber  die  MHz-  und  cinigc  licsonderhciten  ihres  CapUlarsystcms  (Archiv  fur 
physiol.  Ikilkunde,  1  Sf)'!.,  (.  XIII,  p.  1 49).  —  Sur  la  structure  de  la  rate  (Gazette  hebdomadaire, 
1855,  1.  Il,  p.  314). 

(c)  Voyez  lîourgory,  Anatoinic  de  l'Homme,  I.  V,  pi.  48. 

{d}i.  T.  EWar,  Dlsserlalio  inauq.  de  liene,  1710  (Haller,  Collecl.  des  anal.,  t.  III). 

(e)  Hewson,  ExpcrimeiUal Inquiries  (Works,  p.  271  et  suiv.). 

(f)  Voyez  lîoiu'sery,  0;/.  cit.,  i.  V,  pi.  43. 
—  Gr;iy,  Op.  et/.,  p.  204,  fig.  48. 

(a)  Oray,  Op.  cit.,  \'.  207,  tig.  49. 

(h)  Suppey,  Traild  d'aiiatomie  descriptive,  l.  III,  |).  331  . 
(0  KiillikiM',  Eléiiieiils  d'Iiintoloijie,  p.  503. 

(.;)  Ecker,  Op.  cit.  (ZcUsekrift  fur  ratioiictle  .Vediiin,   I*>t7,  l.  VI,  |i.  I  j:l,  li;,'.  10). 
(fe)  .1.  .\filiaiul,  Note  sur  l'organisation  de  la  rate  {Journal  d:s  progrès  das  sciences  médicales 
1827,  p.  21  0). 


GLANDES    IMPARFAITES. 


UATR. 


2/l5 


Les  corjmscides  de  Malpighi^  (\m\  (luelqucs  aiiatomistes  ap-    corpuscules 

,  .«pliiniqiies. 

pellent  aussi  les  glandiiles  ou  les  glomeniles  de  la  rate,  sont  des 
organites  (pii  ont  beaucoup  d'analogie  avec  les  follicules  clos 
que  nous  avons  déjà  vus  dans  les  parois  de  l'intestin  (1).  Ils 
sont  de  forme  sphérique  ou  ellipsoïde  et  de  très  petites  dimen- 
sions; par  leur  couleur  blanclie,  ils  contrastent  avec  la  pulpe 
rougeàtre  qui  les  avoisine,  et  leur  nombre  (^st  très  considé- 
rable; ils  adhèrent  latéralement  aux  artérioles,  et  se  composent 
d'une  capsule  fibreuse  renfermant  une  substance  visqueuse  et 
grisâtre  dans  laquelle  le  microscope  fait  découvrir  une  multi- 
tude de  vésicules  ou  cellules  arrondies  et  des  noyaux  libres  (2). 


(1)  Savoir,  les  gland  nies  de  Peyer 
(lome  VI,  page  Z|05). 

(2)  Les  corpuscules  de  Malpiglii, 
ainsi  nommés  en  Tlionneur  de  Tanalo- 
niiste  illustre  à  qui  la  découverte  en  est 
due  (o),  se  trouvent  en  grand  nombre 
dans  la  raie  de  l'Homme  et  de  a  plu- 
part des  autres  IManmiifères.  Souvent 
ils  sont  difficiles  à  distinguer  chez 
THomnie,  et  beaucoup  d'auteurs  ont 
cru  que  leur  existence  n'était  pas  con- 
stante, ou  même  était  le  résultat  d'un 
état  pathologique  de  la  rate  (h)  ;  mais 
cette  opinion  est  abandonnée  aujour- 
d'hui, et  l'absence  apparente  de  ces 
organites  paraît  dépendre  soit  de  leur 


petitesse,  soit  d'accidents  morbides  ou 
de  la  promptitude  avec  laquelle  ils  s'al- 
tèrent sur  le  cadavre  (c).  En  général,  ils 
sont  plus  faciles  à  reconnaître  chez  les 
enfants  que  chez  les  vieillards  (d)  ;  du 
reste,  pour  en  constater  la  présence,  il 
suffit  ordinairement  de  comprimer 
entre  deux  lames  de  verre  une  tranche 
mince  de  la  substance  de  la  rate,  et  de 
l'examiner  au  microscope  sous  un 
faible  grossissement.  En  général,  leur 
diamètre  est  d'environ  un  demi-milli- 
mètre ;  ils  se  trouvent  attachés  latéra- 
lement aux  parois  des  artérioles,  dans 
les  points  où  ces  vaisseaux  se  divisent 
en  pinceaux  [e),  et  l'on  peut  évaluer  à 


(g)  Malpiglii,  De  lime  (Opéra  omnia,  t.  II,  p.  iii). 

(b)  Andral,  Précis  d'anatomie  pathologiqve,  t.  11,  p.  417  clsuiv. 

—  Gluge,    Ueber  die  Malpighi'schen  Kurper  der  menschlichen  Mili  (llaser's  Archiv  fiir  die 
gesammte  Medicin,  1842,  t.  Il,   p.  83). 

(c)  Ce  sont   ces  corpuscules  que  Boucgery  a  décrits  d'une   miinitre   fort  inexacte  sous  le  nom  de 
corpitsculcs  vésiiuiaires  jlottants  de  la  raie  (Anatomie  microscopique  de  la  rate,  p.  12). 

—  Oesterlen,  Beitrdye  x,itr  Physiologie  des  gesunden  und  kranken  Organisvms,  1843,  p.  48. 
'dj  Hessling  a  examiné  sous  ce  rappoi  t  960  sujets.  11  en  reconnut  toujt 

enf 

entre  les  âges  iie  dix  à  qua 

sonnes  d'un  âge  plus  avancé,  il  ne  les  distingua  que 

die  vjeissen  Korperchen  der  menschlichen  MHz,  1842.) 

(6)  Muller,  Utber  die  Structur  der  elgenthûmlichen  horperchen  in  der  Mili  {Archiv  fiir  Anal, 
md  PhyiioL,  1834,  p.  8U,  pi.  1.  fig.  1  cl  2). 

—  Kôlliker,  Éléments  d'histologie,  y   4'J3,  iig.  231  cl  232. 

—  Grav,  (rp.  cil.,  p.  225,  11-.  :i8. 


Pulpe 
siilùiiique. 


2ii6  SÉCRÉTION. 

Enfin,  la  pu]pc  spléniqiie  est  une  substance  molle  et  rou- 
geâtre  (jiii,  distribuée  par  petites  masses  ou  agrégats,  remplit 


I  ou  2  nùlliinètres  la  dislanee  qui  les 
sépare  entre  eux  (a).  Leur  capsule  ou 
tunique  fibreuse  est  mince,  transpa- 
rente et  d'une  texture  très  làclie  ; 
elle  a  la  même  structure  que  la  gaine 
fibreuse  des  artères,  et  en  est  une 
dépendance  (b)  ;  elle  n'est  pas  ta- 
pissée d'épithélium  intérieurement,  et 
sa  cavité  est  entièrement  remplie  par 
la  substance  plus  ou  moins  lluide  et 
cliargée  de  particules  organisées  dont 
il  a  été  fait  mention  ci-dessus.  Les 
cellules  qui  s'y  trouvent  sont  arrondies 
et  à  divers  degrés  de  développement  ; 
les  plus  grandes  ont  environ  0""",01/i 
de  diamètre  et  elles  sont  pourvues 
chacune  d'un  seul  noyau  (c).  Parfois  on 
trouve  aussi  diuis  rinlérieur  des  cor- 
puscules de  Malpighi  des  globules  du 
sinig,  el,  comme  nous  le  verrons  bien- 
tôt, leur  conh'uu  ressemble  beaucoup 
à  la  pulpe  adjacente,  sauf  par  sa  cou- 
leur blanchâtre,  due  à  l'absence  ou  au 
petit  nombre  de  ces  derniers  globules. 

II  est  aussi  à  noter  que  les  capillaires 


artériels,  en  s'anastomosant ,  forment 
un  lacis  autour  des  corpuscules  de 
Alalpighi  (d) ,  ainsi  que  cela  a  été 
constaté  chez  le  Chat,  le  Bœuf  (e), 
le  Mouton,  et  le  Cochon  (f),  aussi 
bien  que  chez  l'Homme  (g),  et  que 
quelques  vaisseaux  sanguins  pénètrent 
dans  leur  intérieur  ;  mais  c'est  à  tort 
que  Ruyscb  et  même  quelques  anato- 
mistes  de  l'époque  actuelle  ont  consi- 
déré ces  organites  comme  étant  consti- 
tués essentiellement  par  des  paquets  de 
capillaires  sanguins  (/(). 

.1.  ^liiller  avait  été  porté  à  croire 
(jue  la  structure  des  corpuscules  de 
]\lalpighi  n'est  pas  la  même  chez  les 
Piuminants  [/i  ;  mais  l'inexactitude  de 
cetle  opinion  a  été  démontrée  par  plu- 
sieurs anatomistes,  et  Texisteuce  d'or- 
gaiiites  send)lables  a  été  constatée  non- 
seulement  chez  un  très  grand  nom])re 
de  Manunifèrcs  et  d'Oiseaux  (7),  mais 
aussi  chez  divers  lleptiles  (A),  où  ils 
sont  parfois  dilliciles  à  apercevoir  (/), 
et  même  chez   tous  les  Poissons   de 


(a)  Sappcy,  Traité  d'aiiatomie  descriptive,  t.  III,  p.  326. 

(b)  Oray,  Un  the  Structure  and  Use  of  thc  Spleen,  p.  a-it»,  fig.  iO. 
(r)  Kôllikcr,  Éléments  d'histologie,  p.  495,  lig-.  i2;!3. 

((/)  Millier,  Op.  cit.  L\rchiv  fur  Anat.  Mfirf  PInjsiol.,  t83i,  p.  80) 

(c)  Huxley,  On  the  Ultimalc  Slriicture  and  lielalions  ofthe Malpighian  Bodies  oftlie  Spleen,  etc. 
(QmrterUj  Journal  of  Microscopical  Science,  ^854,  t.  11,  p.  73,  pi.  3,  fii,'.  1  à  3)". 

—  Eckor,  ^Varjner's  Icônes  physiologica:,  i852,  i>l.  10,  fig.  IO  eHl . 

(/■)  Saunders,  On  tlie  Connexion  of  the  minute  Arteriat  Tmgs  with  the  tfalpighian  Sncciili  in 
the  Spleen,  1851. 

{g}  Kolliker,  Éléments  d'histologie,  p.  l'Ji. 

—  Iliixlcy,  loc.  cit.,  |il.  3,  rip.  7. 

(/()  Riiysch,  Opnscnla  de  fabrica  glandnlarum,  1722,  p.  52,  eU\ 
■ —  llaller,  Klcinenla  phijsioloiiia',  t.  VI,  p.  414. 

—  Somniurring,  De  rovporLt  hiunaiii  fabrica,  I.  VI,  p.  157. 

—  C,-H.  Sclimidt,  Comment,  de  licuis.  Ciltlingcii,  181(1. 

—  Hnpfongiirliicr,  llist.  annol.  ad  structuram  licnis.  Tiiliiiiguc,  1821. 
(i)  .1.  Millier,  Op.  cit.  {.\rchiv  filr  Anat.vnd  Physiol.,  1834,  p.  80. 

{ j)  Exemple  :  la  Poule  (Gray,  Op.  cit.,  p.  207,  tii,'.  51  el  52). 
(/.)  Exemples  ;  l:i  Toiliie  (Millier,  Op.  cit.). 

—  L'Oivel  (Kdllilver,  Eléments  d'histologie,  p.  4'J5). 

(7)  M.  II.  (ir.iv  n'a  pu  les  rlécoiivi'ir  rhc/  .MM'iin  lu'plili».  Op.  cit..  p.  !M3. 


CLANORS    IMPARFAITFS, 


r.ATE. 


2/|7 


les  fcllulos  (le  la  rate,  c'est-à-dire  les  intervalles  (jue  laissent 
entre  eux  les  Irabéeules ,  les  vaisseaux  sanguins  et  les  eor- 


Tordie  des  Plagiostonies  («).  Quelques 
anatomlstcs  ont  mêiiic  cru  pouvoir  éta- 
blir qu'ils  existent  cliez  tous  les  Ver- 
tébrés (6)  ;  mais  il  y  a  sous  ce  rapport 
certaines  réserves  à  faire.  Ainsi  les 
recherches  de  M.  Kôlliker  tendent  à 
établir  qu'ils  manquent  chez  tous  les 
Batraciens  et  chez  beaucoup  de  l'ois- 
sons  osseux  (c) ,  à  moins  qu'on  ne 
considère  connne  les  représentants  de 
ces  organitesdes  vésicules  grisâtres  ou 
d'une  teinte  jaune,  brune  ou  même 
noii'âtre,  qui  se  trouvent  disséminées 
dans  la  pulpe  splénique  de  la  Tanche, 
de  la  Perche  et  de  plusieurs  autres 
Poissons,  et  qui  paraissent  contenir  des 
produits  de  la  décomposition  d'amas 
de  globules  sanguins  (d).  11  est  aussi 
à  noter  que  même  dans  la  classe  des 
Mammifères,  la  substance  blanche  de 
la  rate  n'est  pas  toujours  réunie  en 
glomérules,  car  M.  Leydig  a  trouvé 
que  chez  la  Taupe  elle  est  disposée 
d'une  manière  dendroïde(e).  Le  même 
anatomiste  signale  un  mode  d'organi- 
sation tout  à  fait  particuher  chez  un 
Batracien  (le  Bombimdor  igneus),  où 
la  substance  blanche  est  réunie  en  une 
masse  centraleet  entourée  d'une  couche 


de  pulpe  rouge  (/").  On  a  remarqué  aussi 
chez  cerlainsPoissons, l'Esturgeon,  par 
exemple,  que  les  corpuscules  de  Mal- 
piglii  semblent  être  représentés  par  une 
couche  de  substance  blanche  disséminée 
dans  l'épaisseur  de  la  gaîne  fibreuse  des 
artères  et  y  formant  d'espace  en  espace 
un  renllement  semi-sphérique  ((/).  Ces 
faits  ont  conduit  M.  Leydig  à  penser 
que  la  distinction  entre  les  corpuscule 
de  IMalpighi  et  la  pulpe  splénique  n'a- 
vail  pas  l'importance  que  les  anato- 
misles  y  attachent  d'ordinaire.  Enfin 
y\.  Huxley  s'est  applique  à  établir  que 
les  parois  de  ces  organites  ne  consti- 
tuent jamais  une  capsule  propre,  et  ne 
sont  qu'une  dépendance  de  la  gaîne 
fibreuse  des  artères  {h).  Du  reste,  il  y  a 
tout  lieu  de  croire  que  ces  corpuscules 
ont  une  très  grande  analogie  avec  les 
ganglions  lymphatiques  {i).  Quelques 
anatomistespensentqu'ils  sont  reliés  en- 
tre eux  par  des  vaisseaux  lympliatiques 
qui  seraient  en  communication  directe 
avec  leur  intérieur,  et  qui  serviraient 
à  l'écoulement  des  produits  de  leur 
travail  sécrétoire(j).  ^lais  rien  de  satis- 
faisant n'a  été  constaté  à  ce  sujet. 
J'ajouterai  qu'à  la  suite  du  travail 


(a)  Kôlliker,  Éléments  d'histologie,  p.  495. 
—  Gray,  Qp.  cit.,  p.  313. 

(b)  Millier,  0}).  cit.  (.ircidv  fUr  Anat.  und  l'hysiol.,  tSS'p,  \\  00. 

—  Sthaffner,  Uebev  die  Malpighischen  KiJrperchen  U7id  ihren  Inhall  (Zeilschr.  fur  ralionelle 
Med.,  1849,  t.  VII,  p.  345). 

(c)  Kôlliker,  Éléments  d'histologie,  p.  495. 

(d)  Gray,  Op.  cit.,  p.  32S,  lig.  Cl. 

(e)  Leydig,  Lehrbuch  der  Histologie,  p.  425. 
If)  Idem,  ibid.,  p.  425,  ûg.  211,  D. 

(g)  Idem,  ibid.,  p.  420,  fii;.  212. 

(/!)  Huxley,  On  the  Ultiwate  Structure,  de,  of  Ihe  Malpighian  Bodies  of  Ihe  Spleen  (Qiinrteylg 
Journ.  of  the  Microscop.  Soc,  I.  Il,  p.  80). 

(i)  Evans,  Mwvoscopic  Anatomij  of  lltc  Spleen  in  Mon  and  Manimalia  (The  Lancct,  1844, 
t.  1,  p.  03). 

( j)  Spring-,  Mémoire  sur  les  corpti.irulfs  de  ta  rate  iMnn.  de  la  Soriélé  des  sriences  de  Liège, 
1843,  I.  1,  p.  142  ol  siiiv.). 


^/|8  SKCRKTION. 

piiseiilos  do  ce  viscère  (l).  On  y  trouve  des  brides  fibreuses 
ou  musculaires  d'une  (énuité  extrême,  et  de  1res  petits  vaisseaux 
sanguins;  mais  elle  se  compose  essentiellement  d'un  amas  de 
cellules  particulières,  et  elle  renferme  toujours  des  globules 
sanguins  exlravasés  et  plus  ou  moins  altérés,  qui  paraissent 
entrer  en  voie  de  désorganisation  (2).  La  teinte  de  cette  matière 
pulpeuse  varie  suivant  la  proportion  des  cellules  ou  noyaux 
incolores,  et  des  globules  sanguins,  ou  de  granules  pigmentaires 
qui  semblent  dériver  de  ceux-ci  et  qui  sont  souvent  bruns  ou 
noirâtres  (3). 


digestif,  les  corpuscules  de  iMalpiglii 
présentent  souvent  une  augmentation 
de  volume  très  considérable  {a).  Les 
aliments  alhuminoïdes  paraissent  pro- 
duire c(>  gonncment  d'une  manière 
beaucoup  plus  marquée  que  ne  le  font 
des  aliments  non  azotés,  et  l'abstinence 
prolongée  détermine  des  effets  con- 
traires, c'est-à-dire  le  rapetissement  et 
même  la  disparition  presque  complète 
de  ces  organites  (6). 

Quelques  physiologistes  pensent  que 
les  corpuscules  de  Malpigiii,  arrivés  à 
l'élatde  malurilé,  versent  leur  ronienu 
dans  les  cavités  inlorlrabéculaires,  où 
cette  matière  constituerait  la  pulpe 
sjjlénique  et  serait  résorbée  ajjrès  avoir 
subi  certaines  modifications  (r)  ;  mais 
cette  (tpinioii  ne  repose  sur  aucune 
(ibservalidii  j)r()])anle. 

(1)  Dans  ces  dernieis  lenips  une 
opinion  diilérenle  de  celle  exp(»sée  ci- 
dessus  a  été  professée  en  Allemagiif 


par  iVI.  lUasek,  relativement  à  la  posi- 
tion de  la  substance  pulpeuse  dans 
l'intérieur  de  la  rate,  mais  elle  n'est 
admise  par  aucun  autre  bistologiste. 
D'après  cet  auteur,  la  pulpe  ne  serait 
pas  extérieure  aux  vaisseaux  ou  canaux 
sanguins  ;  elle  serait  logée  dans  l'inté- 
rieur d'un  assemblage  de  cavités  vei- 
neuses anastomosées  entre  elles,  et  dont 
les  parois,  tapissées  par  un  épithélium 
régulier,  seraient  formées  par  l'appa- 
reil trabéculaire,  les  vaisseaux  adja- 
cents, etc.  ((/).  Mais  toutes  les  obser- 
vations les  plus  ai)prolbn(lies  tendent 
à  établir  que  les  agrégats  de  la  pidpe 
sph'uique  n'ont  aucune  enveloppe  spé- 
ciale, et  sont  parloul  ru  cunlacl  avec 
les  trai)é('ules  fibreuses,  les  giiînes  des 
vaisseaux  (M  les  enveloppes  des  corpus- 
cules de  Alidpighi  (c). 

(2)  Voyez  lome  I,  page  8'.V2. 

(3)  \insi  ([ue  je  \iens  de  le  dire,  la 
pulpe  (»ii  j)arlie  dite  parencliymaleuse 


(«j  llcussinser,  Uebcr  deii  llau  mid  die  Vevvichlunqi>n  der  Mih-,  1817. 
—  Giosker,  Anat.-physiol.  l'iilersuch.  ûbcr  die  Mili  di\i  Mt'iisrhrn,  ISTir»,  \i.  150. 
(t)  t'iMy,  On  the  Siriirluir  and  l'sr  of  Ihc  Spleen,  p.  241. 

((')  \V.  Sauciers,  On  the  Slrucixre   nf  ihe  Spleen  (Gooilsir'.^  Atinnl.t  nf  Atinl.  and  l'hysiol., 
isr,2,  p.  !il). 

((/)  Hla^ok,  llisiivisiliii  de  slriichird  litiiis.  |i(iip;\t,  \><\>'-2. 
(<■)  Kiillikfi',  Klt'uieiil>i  d'hhUlitijie.  p.    'i',(7. 


GLANDES    IMI'AUFAITF.S.    HATr:.  5/|0 

Nous  ne  savons  presque  rien  touclmnl  les  tbnetions  de  hi 
rate.  Il  est  peu  de  questions  physiologiques  qui  aient  donné 
lieu  à  autant  d'hypothèses;  mais  les  dissertations  nombreuses 
dont  cet  organe  a  été  l'objet  ne  constituent  pas  une  véritable 
richesse  pour  la  science,  et  les  recherches  expérimentales  n'ont 
conduit  encore  qu'à  peu  de  résultats  importants,  si  ce  n'est 
que  la  rate  n'est  pas  nécessaire  à  l'existence,  même  chez  les 
Animaux  où  son  développement  est  le  plus  considérable.  Ainsi, 


iMinclicins 
do   la   raie. 


(le  la   rate  (  ou   boue  splênique  )  se 
compose  :   1°  de  fibres  trabéculaires 
et  de   ramuscules    vasculaircs  d'une 
ténuité  extrême  ;  '2"  de  vésicules  et  de 
granules  ou  de  noyaux  incolores,  qui 
sont  de  nature  albuminoïde,  et  o"  de 
globules  rouges  de  sang  extravasés  et 
de  corpuscules  pigmentaires  qui  parais- 
sent être  des  produits  de  la  désorga- 
nisation  de  ces  globules  hémaliques. 
Les  vésicules  incolores  sont  pourvues 
d'un  noyau,  et  sont ,  pour  la  plupart, 
semblables  à  celles  contenues  dans  les 
corpuscules  d(^  Malpigbi.  Les  noyaux 
libres  offrent  également  les  mêmes  ca- 
ractères que  ceux  de  ces  corpuscules, 
mais  sont  généralement  en  proportion 
plus  considérable.  Les  globules  san- 
guins sont  en  partie   libres   et   dans 
leur  état  normal  ;  d'autres  sont  deve- 
nus plus   petits,  plus  foncés  et  plus 
arrondis  :  ainsi,  chez  les  Animaux  où 
ces  organites  ont  une  forme  elliptique, 
ils    deviennent    circulaires  ;   d'autres 
encore  paraissent   s'être ,  pour  ainsi 
dire,  enkystés,  car  on  les  voit  en  nom- 
bre variable,  tantôt  accolés  en  un  amas 
arrondi,  d'autres  fois  renfermés  dans 


une  cellule  membraniforme  dans  l'in- 
térieurde  laquelle  on  distingue  aussi  un 
noyau.  Les  globules  ainsi  emprisonnés 
se  colorent  diversement,  en  jaune  doré, 
en  brun  ou  en  noir,  et  paraissent  se 
fractionner  de  façon  à  se  transformer 
en  granulations  pigmentaires. Ces  der- 
niers paraissent  aussi  se  constituer  aux 
dépens  de  globules  hématiques  restés 
libres  (a).  Chez  les  Poissons,  où  toutes 
ces  modifications  dans  la  constitution 
des  globules  hématiques  s'observent 
aussi  bien  que  chez  les  Vertébrés  su- 
périeurs, on  trouve  souvent,  soit  dans 
l'intérieur  de  ces  corpuscules,  soit  en 
liberté  dans  la  pulpe,  des  cristaux  ba- 
cillaires de  couleur  rougeàtre,  qui  pa- 
raissent être  formés  d'hémaloïdine  [h). 
La  couleur  de  la  rate  dépend  prin- 
cipalenKMit  des  globules  du  sang  plus 
ou  moins  altérés  qui  se  trouvent,  soit 
dans  les  veines,  soit  dans  la  pulpe  de 
cet  organe  ;  mais  il  y  a  aussi  des  cel- 
lules qui  contiennent  du  pigment  et 
qui  ne  paraissent  pas  provenir  de  celte 
source.   Chez  les  Poissons,  ces    der- 
niers   sont   particulièrement    remar- 
quables {(■). 


[n]  Voyc^  tome  I,  page  332. 

(b)  Gray,  Op.  cit.,  p.  327  et  suis.,  fig;.  00. 

(r)  Remak,  Ceber  die  sogenannten  blutkorperhaltigen  Zellen  (Miiller's  Airltiv  fur  Annl.  7ind 
Phnsiol.,  1851,  p.  181).  —  l'eber  die  lilulgeriinisel  nnd  i'du'i-  pigmenlslninflhnlligf  Zellen 
(Miillrr's  .\rchiv  fiir  AmU.  mul  /'/lî/.vio/.,  '18r)2,  p.  li'.,  pi.  Kî,  fip-.  1-t>l. 


250 


SKCUKTION. 


l'extirpation  en  a  été  faite  sur  des  Ctiiens  et  d'aulres  Atanimi- 
fères  dont  la  santé  générale  s'est  très  bien  rétablie  à  la  suite 
de  cette  opération  grave,  et  même  on  n'a  remarqué  chez  les 
Animaux  mutilés  de  la  sorte  aucune  particularité  physiologique 
bien  caractérisée  (1).  Un  des  usages  de  ce  viscère  paraît  rtre 


(1)  La  ligaliiie  des  vaisseaux  nour- 
riciers de  la  rate,  et  par  conséquent  la 
destruction  de  cet  organe,  fut  pratiquée 
pour  la  première  fois  par  Alalpighi  sur 
un  Chien ,  qui  se  rétablit  parfaite- 
ment {(i),  cl  Textirpalion  de  la  rate  a 
été  faite  avec  le  même  succès,  non- 
seulement  chez  divers  Animaux  par  un 
grand  nombre  de  pliysiologistes  (h), 
mais  même  chez  T  Homme,  dans  cer- 
tains cas  où  cet  organe  faisait  hernie  à 
travers  une  plaie  de  l'abdomen  et  parais- 


sait devoir  tomber  en  gangrène  (c).  On  a 
constaté  aussi  l'absence  congénitale  de 
la  rate  chez  des  individus  où  toutes 
les  fonctions  de  l'économie  parais- 
saient Vaccomplir  comme  dans  l'état 
normal  (t/). 

On  raconte  même  que  quelques  an- 
ciens chirurgiens  auraient  eu  recours 
à  l'opération  de  l'extirpation  de  la  rate 
connue  moyen  curatif,  dans  des  cas 
d'hypochondrie  (e). 

Dans  beaucoup  de  cas  d'extirpation 


(a)  Malpiglii,  De  lieue  {Opéra  oninia,  t.  II,  p.  H4). 

(6)  Dciscli,  Uisscrtatio  inauy.  de  splene  catiibus  exciso,  Halœ,  1735  (Haller,  Dispulationum 
anatomlcanim  selectaruin,  vol.  III,  p.  5G). 

-  Hewson,  l.elter  lu  II'  llaygnrlh  (IVo/'Ax,  ]).  290). 

—  Assolant,  Hechenhcs  sur  la  rate,  p.  133. 

—  Sclimidt,  Cominentatio  (le  pathologla  lienis.  Gôttingren,  1810. 

—  Slinstra,  Cumrnenl.  phijsiol.  de  functionc  lienis,  1859,  p.  149  cl  siiiv. 
(c)  Zaccarella  (voyez  Fioravanli,  Tesoro  délia  vïla  umana,  lib.  II,  cap.  8). 

—  Clark, /te  lienis  resectione  iii  Homine  vivo  (Ephein.  Acad.  nat.  curios.,  dC73,  div.  1, 
ann.  4,  obs.  I(i5,  p.  9'J). 

—  Gruger,  Observ.  de  excisione  lienis  ex  Homine  sine  noxa  {Ephem.  nai.  cririos.,  1(184, 
dcc.  2,  an.  3,  obs.  195,  p.  378). 

—  Fanloni,  De  observationibus  medicinis  el  analomicis  epislolœ,  1738,  p.  195. 

—  Zaïiibcccari,  Expérimenta  diversonim  viscerum  a  diversis  /Uiimalibus  viventibiis  exserto- 
rum  [Ephem.  Acad.  nat.  curios.,  1690,  déc.  3,  ann.  4,  p.  98). 

--  Ferguson,  An  Account  of  the  Extirpation  ofapartofthe  Spleen  ofa  Man  (Philos.  Trans., 
1738,  p.  425). 

—  Planque,  lUbliothèque  de  médecine,  t.  IX,  p.  702  et  703. 

■ —  Adelnianii,  Ikmerkuiujcn  %u  D'  Kiichler's  Schrift  :  E.xtîrpation  eines  Mihtumors  beim 
Menschen  {IJeutsche  lilinik,  1850,  n'  17). 

—  Bertlict,  Ablation  de  la  rate  chez-  l'Homme  [Gaz.  méd,,  1844,  t.  XII,  p.  455,  el  Arch.  (ji'n. 
de  méd.,  4"  série,  1844,  l.  V,  p.  510). 

((/)  l'ohl.  Programma  de  defectu  lienis  el  de  lienc  in  génère.  Lipsiae,  1740  (Haller,  Disp.  anat. 
sélect.,  vol.  III,  p.  05). 

—  Mariiii,  Observ.  d'une  déviation  organique  de  l'estomac,  etc.  (Bulletins  de  la  Société  analo- 
mique,  1820,  l.  I,  p.  40). 

—  Vallcix,  Transposition  irrégulière  des  orqanes  {Arch.  gén.  deméd.,  2*  siVie,  1835,  t.  VIII, 
p.  78). 

(e)  Hauliin,  Theatrxnn  anatomician,  p.  143. 

—  Haller,  Elementa  phgsiologiœ ,  t.  VI,  p.  421. 

—  Scbultze,  llcber  die  Vcrrichlung  der  Mili  (lleckcr's  Ann.  dcr  gcs.  lieilk.,  1828,  I.  XII, 
p.  385). 

—  Bardclclien,  Observationes  microscopirœ.  de  glandularnm  dnchicxcretorio  carentizim  struc- 
tura, lierlin,  1841.  —  Note  sur  l'extirpation  de  la  mit  et  du  corps  lh\jrnide  [Comptes  rendus  de 
l'Arnd.  des  sciences,  18ii,  l.  XVII,  y.  4X5). 


r.LANDES    IMPARFAITES. 


HATE, 


251 


de  servir  en  quelque  sorte  comme  déversoir  pom^  une  partie      La  mto 
du  sang  en  circulation,  et  de  régler  ainsi  la  quantité  de  ce  *"'' "",5^'' 
liquide  qui  se  rend  aux  autres  parties  de  l'économie.  En  effet,    "'™"''''" 
il  constitue  un  réservoir  veineux  très  extensible,  et  l'on  voit 
son  volume  varier  beaucoup  suivant  l'état  du  système  vas- 
culaire  (1).  Ainsi,  quand  la  quantité  des  fluides  nourriciers  en 
mouvement  dans  l'organisme  vient  à  augmenter  rapidement, 
comme  cela  a  lieu  à  la  suite  des  repas  et  de  l'absorption  de 
boissons  abondantes,  de  môme  que  dans  les  cas  où  le  cours  du 
sang  se  trouve  entravé  dans  un  organe  important,  tel  que  le 
poumon,  la  rate  se  gonfle,  et  le  même  effet  est  produit  par 


de  la  rate,  on  a  remarqué  un  état  d'hy- 
pertropliic  ou  d'engorgement  des  gan- 
glions lymphatiques  abdominaux  (a), 
et  divers  faits  pathologiques  tendent 
aussi  à  faire  penser  qu'il  pourrait  bien  y 
avoir  ime  certaine  solidarité  fonction- 
nelle entre  ces  deux  sortes  de  glandes 
vasculaires  (6). 

Il  est  aussi  à  noter  que  dans  cer- 
tains cas,  après  l'extirpation  de  la  rate, 
on  a  cru  qu'il  y  avait  eu  reproduction 
partielle  de  cet  organe  (c). 

(1)  L'attention  des  physiologistes  fut 
appelée  sur  les  changements  de  volume 
que  la  rate  subit  dans  diverses  circon- 


stances, et  sur  le  rôle  que  ce  viscère 
peut  remplir  connue  diverticulum  du 
système  circulatoire,  par  plusieurs  au- 
teurs du  dernier  siècle,  parmi  lesquels 
je  dois  citer  en  première  ligne  Stukeley, 
Cowper  et  Licutaud  {d).  Plus  récem- 
ment des  opinions  plus  ou  moins 
analogues,  touchant  les  fonctions  mé- 
caniques de  la  rate  comme  réservoir 
sanguin,  ont  été  soutenues  par  d'autres 
écrivains  {e),  et  quelques  auteurs  ont 
supposé  que  cet  organe  remplissait  les 
fonctions  d'un  propulseur  du  sang 
veineux  destiné  au  foie  (/"),  hypothèse 
qui  n'est  pas  soutenable. 


(a)  C.  A.  Mayer,  Vcrsnche  ûbev  die  Aiisrottung  der  MHz  {Salzburger  medizinisch-chinirg. 
Zeitung,  1815,  t.  IX,  p.  189). 

—  Geiiach,  Etudes  sur  la  rate  {Gazette  hebdomadaire  de  médecine,  1856,  t.  III,  p.  38C). 

{b)  Benneil,  On  theFunctions  of  the  Spleen  and  other  Lymphatic  Glands  {Monthly  Joitrn.  of 
Med.  Sciences,  1852,  t.  XIV,  p.  200). 

—  Gerlach,  Etudes  siir  la  rate  {Gazette  hebdomadaire  de  médecine,  t.  III,  p.  587). 

(c)  Mayer,  Versiichc  iibcr  die  Ausrottung  der  MHz  {Med.-chir.  Zeitung,  1815,  l.  III,  p.  189). 
{d)  W.  Stukeley,  On  the  Spleen,  its  Description,  History,  Use  and  Diseuses,  1723. 

—  W.  Cowper,  The  Anatomy  of  the  Human  Dody  ;  revised  by  Albinus,  1737. 

—  Lieutaud,  Observal^ions  sur  la  grosseur  naturelle  de  la  rate  {Mém.  de  l'Acad.  des  sciences, 
1 738).  —  Essais  anatomiques  concernant  l'histoire  exacte  de  toutes  les  parties  qui  composent  le 
corps  humain,  1742,  p.  308  et  suiv. 

(e)  Moreschi,  Bel  vero  e  primario  uso  délie  milza.  Milano,  1803. 

—  Hodgkiii,  On  the  Uses  of  the  Spleen  {Edinb.  Med.  and  Surg.  Journal,  1822,  t.  XVIII,  p.  83 
et  suiv.). 

—  Hake,  On  llie  Structure  and  Functions  of  the  Spleen  {Proceedings  of  the  Royal  Society, 
1839,  n«  39). 

(H  .lark^oii.  l'unct'wns  nf  Ihi'  Splpcn  IThr  Lancet,  1841-1812,  I,  II,   p.  476). 


252 


SECRETION. 

rintroduction  d'une  certaine  quantité  de  sang  dans  les  veines 
d'un  Animal  vivant  (1).  Enfin,  on  a  constaté  que  ce  viscère 


(1)  En  1830,  Dobson  fit  quelques 
expériences  à  ce  sujet.  11  constata  d'a- 
bord (jne  Taugmentation  du  volume 
de  la  raie  qui  se  remarque  à  la  suite  du 
travail  digestif  commence  à  être  no- 
table chez  les  Chiens  trois  heures  après 
le  repas,  et  atteint  sou  maximum  six 
heures  après  l'ingestion  des  aliments 
dans  l'estomac,  puis  diminue  peu  à 
peu.  Il  observa  ensuite  que  chez  les 
Animaux  dont  la  rate  avait  été  extir- 
pée, il  ne  se  manifestait  aucun  trouble 
apparent  dans  les  diverses  fonctions, 
excepté  vers  quatre  heures  après  un 
repas  copieux,  car  alors  dos  symptômes 
de  pléthore  se  déclaraient.  Enfin  il 
trouva  que  l'opération  de  la  saignée 
détermine  une  diminution  dans  le  vo- 
lume de  la  rate,  tandis  qu'au  contraire 
cet  organe  se  gonfle  beaucoup  lorsque 
du  sang  en  quantité  un  peu  considé- 
rable est  injecté  dans  la  veine  jugu- 
laire {(i). 

Plus  récemment ,  diverses  expé- 
riences analogues  furent  faites  par 
!\IM.  Bardeleben,  Landis,  Diltmar  {h) 
et  M.  II.  Gray.  Ce  dernier  physiolo- 
giste détermina  comparativement  le 
poids  de  la  rate  chez  des  Lapins,  d'abord 
chez  des  individus  tués  à  dini-renles 
périodes  du  travail  digestif,  puis  chez 
d'aulres  qui  avaient  été  soumis  à  une 
abstinence  prolongée,  et  il  trouva  : 
1"  ([ue  le  poids  de  cet  organe  aug- 
mente beaucoup  à  la  suite  des  repas, 


et  atteint  son  maximum  onze  ou 
douze  heures  après  l'ingestion  des  ali- 
ments dans  l'estomac  ;  2"  que  chez  les 
individus  bien  nourris,  il  pèse  alors, 
terme  moyen,  G  déclgrammes,  tandis 
que  chez  les  individus  privés  d'ali- 
ments ,  son  poids  moyen  n'est  que 
d'environ  2  décigrammes.  Dans  d'au- 
tres expériences  faites  sur  des  Che- 
vaux, le  même  auteur  examina  la 
quantité  de  sang  contenu  dans  les 
grosses  veines  de  la  rate  chez  des 
individus  dans  différentes  conditions 
de  nutrition.  Chez  neuf  Chevaux  qui 
étaient  bien  nourris,  et  qui  avaient 
mangé  entre  quatre  et  seize  heures 
avant  la  mort  ,  il  trouva  que  cette 
quantité  variait  entre  180  et  90  gram- 
mes ;  chez  d'autres  qui  étaient  égale- 
ment bien  nourris,  mais  dont  le  dernier 
repas  datait  de  vingt-quatre  heures 
avant  la  mort ,  cette  quantité  était 
d'environ  60  grammes;  chez  un  indi- 
vidu dans  les  mêmes  conditions,  mais 
dont  le  dernier  repas  remontait  à 
quarante-huit  heures  avant  la  mort ,  il 
ne  trouva  dans  ces  mêmes  vaisseaux 
que  ho  grammes  de  sang  ;  enfin,  chez 
d'autres  Chevaux  qui  étaient  presque 
morts  de  faim,  cette  quantité  était 
réduite  à  5*^%^  ou  même  3»'", 2. 
Dans  une  autre  série  d'expériences, 
M.  Gray  étudia  l'influence  de  l'absorp- 
tion des  boissons  sur  le  jwids  de  la 
rate.    Chez  un   Cheval   bien  nourri, 


(a)  W.  Uobson,  An  Expérimental  Inquii-y  into  the  Sinictuve  and  Functionti  of  llte  Spleen, 
1830. 

(&)  Bardelfiben,  Noie  sur  des  exth-pations  de  la  rate  {Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  sciences, 
1844,  t.  XVUI,  p.  49r.). 

—  I.anilis,  lieHruge  xur  Lehre  iiber  die  Verriclit-  der  Mtlz  (disscri.  inaiif;:.).  Ziiiicli,  1847. 

—  Goiihaux  (voy.  Hérard,  Cours  de  physioloçiie,  l.  Il,  p.  (>30). 

—  Dillniar,  l'eber  die  periodisclte  Volumsvcrandfrunpcn  drr  mcnschlirlien  jVi/t,  riiccii, 
1S50. 


:>5o 


GLAiNDIiS    I.Ml'AUFAlTblS.     —     UAiE. 

est  11011-seiileineiit  très  extensible  et  Ibrt  élastique,  mais  aussi 
qu'il  est  doué  d'une  certaine  contractilité  muscnlaire  (l). 


mais  qui  avait  été  privé  de  boisson 
pendant  trente  heures ,  il  trouva  dans 
les  veines  de  la  rate  environ  19  gram- 
mes de  sang,  tandis  que  chez  un  autre 
Individu  qui,  trois  heures  avant  d'être 
tué,  avait  bu  un  seau  d'eau,  il  obtint 
près  de  50  grammes  du  même  liquide, 
et  chez  un  troisième  qui,  neuf  heures 
avant  d'être  abattu ,  avait  bu  deux 
seaux  d'eau,  le  poids  de  ce  sang  splé- 
nique  s'éleva  à  plus  de  110  grammes. 
Dans  une  troisième  série  d'expériences, 
M.  Gray  étudia  l'influence  que  les  em- 
barras dans  la  circulation  pulmonaire 
exercent  sur  le  volume  de  la  rate, 
et  chez  un  Cheval  dont  la  respiration 
avait  été  rendue  très  laijorieusc  pen- 
dant une  demi-heure  par  l'effet  du 
chloroforme,  il  trouva  ce  viscère  gorgé 
de  plus  de  580  grammes  de  sang  vei- 
neux. Enfin,  dans  une  quatrième  série 
d'expériences  faites  sur  des  Anes, 
M,  Gray  étudia  l'influence  que  la  sai- 
gnée et  la  transfusion  peuvent  exercer 
sur  la  quantité  de  sang  veineux  con- 
tenue dans  la  rate,  et  il  a  vu  ainsi 
cette  quantité  se  réduire  à  3  grammes 
ou  s'élever  à  20  grammes  (a). 

Vers  la  même  époque,  d'autres  ex- 
périences sur  le  gonflement  de  la  rate 
à  la  suite  du  travail  digestif  ont  été 
faites  par  M.  Schonfeld.  Ce  physiolo- 
giste opéra  sur  de  jeunes  Lapins  qui, 
après  avoir  jeûné  pendant  douze  heu- 


res, furent  nourris  abondamment  et 
tués  à  des  moments  plus  ou  moins 
éloignés  de  la  fin  de  leur  repas.  11 
trouva  ainsi  qu'immédiatement  après 
l'ingestion  des  aliments  dans  l'estomac, 
le  poids  de  la  rate  est  ^  de  celui  du 
corps,  deux  heures  après  il  est  de  ,-~, 
et,  trois  heures  après,  de  y^.  Ce  vis- 
cère atteint  alors  son  maximum,  et 
diminue  lentement  de  volume  :  ainsi, 
huit  heures  après  le  repas,  il  représen- 
tait ^  du  poids  total  ;  qualrc  heures 
''P'ès,  ^~  ,  et  au  bout  de  vingt-quatre 
heures  son  poids  était  tomijé  à  -',„  du 
poids  total.  Chez  les  Lapins  adultes 
les  din"érences  étaient  moins  considé- 
rables (6). 

Il  paraîtrait,  du  reste,  d'après  les  re- 
cherches de  M.  Sasse,  que  le  gonfle- 
ment de  la  rate  dans  ces  circonstances 
doit  être  attribué  on  partie  à  l'action 
nerveuse  réflexe  excitée  par  la  pré- 
sence des  corps  étrangers  dans  le  tube 
digestif  (c),  action  dont  nous  avons 
déjà  vu  les  effets  sur  l'état  des  vais- 
seaux sanguins  du  pancréas  {d). 

La  congestion  du  sang  dans  la  rate 
est  aussi  une  conséquence  de  la  section 
des  nerfs  qui  se  rendent  à  cet  organe, 
et  qui  constituent  le  plexus  spléni- 
que  (e). 

(1)  La  contractilité  de  la  rate  a  été 
constatée  de  différentes  manières.  Ainsi 
Defermon  a  observé  que,  dans  les  cas 


(a)  H.  Gray,  Ontlic  SU'uclure  and  use  of  the  Spleen,  p.  83  ,  140  et  141. 
(6)  Schonfeld,  De  funclione  lienis  (disscrt.).  Grouingiiu,  1855. 

(c)  Sasse,  De  Mili,  beschouwd  in  hare  Structuur,  in  hare  phijslologische  betrekkiinj.  Amster- 
dam, 1855. 

(d)  Voyez  lomc  VI,  pige  520. 

(c)  Isachkowitz,  Beitrdije  s,ur  expérimental -Palhol.  derMili>  [Archiu  fUr  p'itkol.  Anal.,  1857, 
t.  XI,  p.  235). 


254 


SKCUETION. 


Modifications 

du  sang 
dans  la  rate. 


L'examen  coniparotil'  du  sang  qui  se  rend  à  la  rate,  qui 
s'y  trouve  ou  qui  en  provient,  tend  à  prouver  que  les  fonc- 
tions de  cet  organe  ne  sont  pas  seulement  mécaniques,  et  qu'il 
exerce  une  influence  notable  sur  la  composition  du  tluide  nour- 
ricier dont  il  est  traversé.  Depuis  longtemps  plusieurs  physio- 
logistes avaient  pensé  qu'il  devait  jouer  un  rôle  analogue  à 
celui  des  glandes  (1),  et  quelques  auteurs  avaient  considéré  les 
vaisseaux  lymphatiques  qui  en  partent  comme  étant  en  quelque 


d'empoisonnenienl  par  la  strychnine, 
cet  organe  se  roule  en  spirale  et  pré- 
sente (les  contractions  très  énergi- 
ques (a). 

Dans  quelques  expériences  faites  sur 
(les  Chiens  par  M.  Bernard,  le  volume 
de  la  rate  parut  diminuer  un  peu  lors 
des  contractions  tctaniciucs  détermi- 
nées dans  le  système  musculaire  géné- 
ral par  l'action  de  la  strychnine  ;  mais 
les  effets  furent  i)icn  plus  évidents 
lorsqu'on  soumit  la  rat(>  à  Taclion  d'un 
appareil  électro- magnétique  (b).  La 
contraction  de  la  rate  sous  Tinfluence 
de  réloctricité  avait  été  constatée  pré- 
cédemment par  M.  r».  Wagner  et  par 
plusieurs  autres  physiologistes  (c). 


Les  recherches  récentes  de  AL  Jasch- 
kowitz  tendent  à  établir  que  les  con- 
tractions de  la  rate  ne  se  manifestent 
({ue  dans  le  sens  de  la  longueur  de 
cet  organe  (cl). 

M.  Piorry  a  cru  pouvoir  établir, 
par  des  observations  de  plessimétrie, 
que  l'administration  du  sulfate  de 
de  quinine  détermine  dans  la  rate  un 
état  de  contraction  très  remarqua- 
ble (e).  Alais,  dans  les  expériences  de 
M.  Slinslra,  aucun  indice  de  cette  action 
n'a  pu  être  constaté  [f], 

(1)  IMalpighi,  guidé  par  ses  recjier- 
ches  anatomiques  sur  la  strucliue  de  la 
rate,  avait  élé  conduit  à  considérer  les 
corpuscules  auxquels  son  nom  est  resté 


(a)  I>cfcrmon ,  f>ur  les  contractions  de  la  raie  {Bulletin  des  sciences  médicales  de  Férassac, 
1824,  t.  I.p.  114). 

{b)  Cl.  Bernard,  Expériences  sur  la  contractilité  de  la  rate  {Comptes  rendus  de  la  Société  de 
biologie,  184'J,  t.  I,  |i.  15G). 

(c)  Wagner,  Untersuch.  ilber  die  Contractilitdt  der  MHz  {Nachr.  d.  Gôttinger  gelehrten 
Anzeigett,  1849). 

—  Siebert,   Ueber  Wagner's  Untersuch.  ilber  die  Contractilitâl  der  Mils  {loc.  cit.). 

—  (liay,  On  the  Slrticluve  and  Use  of  thc  Spleen,  p.  102. 

—  Mazonii,  Untersuch.  iiber  die  Cewebe  der  glattca  Muskeln  und  ûber  die  Existenz  dieser 
Mtiskeln  in  der  meitschUchcn  MHz-. 

—  Stinstra,  Commcntatio  phijsiologica  de  funclione  licnis.  Lugduni  Balavorum,  1859,  p.  141 
et  suiv. 

((/)  Jaschkowiiz,  Ikitrdge  zur  e.vperimentalen  Pathologie  der  MHz  {Archiv  fur  pathol.  Anat. 
itnd  l'hysiol.,  185T,  t.  XI,  p.  235). 

{c)  IMorry,  De  l'action  du  sulfate  de  quinine  sur  la  rate  {Journal  des  connaissances  médico- 
chirurgicales,  lS4r>,  I.  1,  p.  I).  —  Diminution  inslantnnvc  de  la  rate  sous  l'injlucncc  de  la 
quinine  {Archives  gàu'rales  dennhkcinc,  4°  séiic,  1817,  t.  XIII,  p.  1^0). 

(/')  SlmMra,  Op.  cit.,  p.  142  el  tiiiv. 


GLANUliS    IMl'AHlAli'US.     HAii;.  255 

sorte  SCS  canaux  cxcrctciirs  (1)  ;  mais  c'est  seLileiiienl  de[)uis 
(]ii'oii  a  étudié  attentivement  le  sang  au  moyen  du  microscope 
et  de  l'analyse  chimique,  qu'on  est  arrivé  à  quelques  résultats 
dignes  de  fixer  ici  notre  attention. 

Dans  une  des  premières  Leçons  de  ce  cours,  j'ai  eu  l'occa- 
sion de  signaler  les  rapports  (pii  paraissent  exister  entre  la 
jiroportion  des  globules  blancs,  ou  globules  plasmiques  du 
sang,  et  le  degré  d'activité  fonctionnelle  de  la  rate  (2j.  En 
effet,  nous  avons  vu,  d'une  part,  que  la  proportion  des  glo- 


aUaclié  comme  des  organes  sécré- 
teurs (a),  et  plusieurs  autres  pliysiolo- 
gistes  du  xvii^  siècle  ont  également 
pensé  que  cet  organe  était  destiné  à 
séparer  du  sang  certaines  humeurs  (/>), 
Mais  ces  vues  furent  fortement  com- 
battues par  Uuyscli  et  quelques  autres 
anatomistes  de  la  même  époque  (c). 

(1)  Voyez  ci-dessus ,  page  'i/i/t , 
note  1. 

J'ajouterai  que  quelques  physiolo- 
gistes ont  attribué  à  la  rate  un  rôle 
important  dans  le  mécanisme  de  l'ab- 
sorption des  liquides  contenus  dans 
l'estomac,  et  ont  pensé  que  ceux-ci  y 
passaient  par  l'intermédiaire  des  vais- 
seaux courts  ou  par  quelque  autre 
voie  directe.  Ainsi  Evrard  Home  pro- 


fessa cette  opinion,  et  s'étaya  d'une 
expérience  dans  laquelle  ayant  lié  le 
pylore  chez  un  Animal  dont  l'estomac 
était  remi)!i  de  liquide,  iltrouva  la  rate 
dans  un  étal  de  turgescence  (d)  ;  mais 
il  modifia  sa  manière  de  voir  lorsqu'il 
eut  constaté  que  l'extirpation  de  la 
rate  ne  ralentit  pas  l'absorption  sto- 
macale ((?).  Dernièrement  M.  Gerlach 
a  fait  aussi  des  expériences  sur  les 
voies  suivies  par  les  substances  absor- 
bées par  les  parois  de  l'estomac,  et  il 
a  vu  que  du  ferrocyanure  de  potas- 
sium introduit  de  la  sorte  dans  l'éco- 
nomie se  montre  dans  le  foie  avant 
d'apparaître  dans  la  rate  (f). 

(2)  Voyez  tome  I,  page  1^52  et  sui- 
vantes. 


[a)  Malpighi,  De  viscerum  structura  exercitatio  anatomica,  iQQb{Opera  omnia,  t.  II,  p.  101). 
—  Lettcr  [Pliilos.  Trans.,  1671 ,  t.  VI,  p.  2150). 
(6)  Wharton,  Adenograpliia,  1650. 

—  Sciienck,  E.vercit.  anat.  lenae,  1662. 

—  T.  Bartholin,  Anatom.  quarthm  renovata,  1674,  p.  155. 

—  Diemerbroeck,  Opéra  omnia  anatomica,  1685,  t.  I,  p.  86. 

(c)  Ruysch,  De  glandulis,  fibris,  cellulisque  lienalibus,  epist.  anat.  quart.  (Opéra  omnia, 
1701). — Observalio  anat.  chir.,  obs.  51,  p.  67. 

—  Craus,  Disp.  inaug.  med.  de  scirrho  lienis.  lenaî,  cap.  3. —  De  lienis  structura,  1705,  p.  8 
et  suiv. 

{d)E.  Home,  On  the  Structure  and  Uses  of  the  Spleen  [Philos.  Trans.,  1808,  p.  45)  — 
Further  E.vplanations  on  the  Spleen  (loc.  cit.,  p.  133). 

(e)  E.  Home,  Experiments  to  prove  that  Fiuids  pass  directlij  froin  the  Stomach  inlo  the  Cir- 
culation, and(ro\n  tlience  inlo  Ihe  Cells  of  the  Spleen,  olc,  without  going  through  the  Thoracic 
Vuct  {l'hilos.  Trans.,  ISl  1,  p.  103).  —  On  the  Structure  of  the  Spleen,  elc.  (Philos.  Trans., 
1821,  p.  38). 

(/')  (jcrlaob,  Eludes  sur  ii  rate  (Gaicttc  hebdoiu'id'iirc  de  incdcclnc,  185G,  l.  Ht,  p.  587). 


î25G  SÉCI«KTI(»i\. 

bules  blancs  est  plus  considérable  dans  le  sang  (lui  sort  de 
cet  organe  que  dans  celui  qui  y  arrive  (1),  et  que  cetle  pro[ior- 
tion  augmente  souvent  d'une  manière  très  remanjuable  dans 
les  cas  d'hypertrophie  de  ce  viscère  ("2);  d'autre  part,  que  la 
quantité  de  ces  mêmes  globules  plasmiqucs  i)araît  diminuer 
dans  l'ensemble  du  système  circulatoire  cliez  les  Animaux 
dont  la  rate  a  été  extirpée  (3).  Divers  faits,  dont  j'ai  eu  égale- 
ment l'occasion  de  rendre  compte  dans  les  Leçons  précé- 
dentes, tendent  à  établir  qu'un  travail  leucocytogénésique  sem- 


(1)  En  faisant  Tliistoire  du  sang  (a), 
j'ai  eu  Toccasion  de  dire  que  l'abon- 
dance des  gloiîules  plasniiquos  dans  le 
sang  de  la  rate  avait  été  remarquée 
par  plusieurs  physiologistes  (h),  et 
que  M.  Ilirt,  on  comparant  au  nom- 
bre des  globules  hémaliques  le  nom- 
bre de  ces  corpuscules  blancs  dans  le 
sang  porté  à  cet  organe  par  l'artère 
spléniquo  et  celui  qui  en  sort  par  la 
veine  correspondante ,  a  trouvé  qu'ils 
étaient  comme  7Z|  ou  82  à  1  dans  ce 
dernier  vaisseau  efl'érent,  tandis  qu'on 
n'apercevait  que  1  globule  blanc  sur 
1800  à  2600  globules  rouges  dans  le 
courant  allèrent  à  la  rate  (cj. 

(2)  Nous  avons  vu  précédem- 
ment {(l)  que  dans  beaucoup  de  cas 
d'Iiyperlrophie  de  la  rate  le  sang  con- 
tient des  globules  plasmiques  en  si 
grande  abondance,  que  les  patholo- 


gistes  l'ont  désigné  sous  le  nom  de 
sang  laiteux.  A  ce  sujet,  j'ai  cité  les 
observations  de  M.  Bennett,  de  .NI,  Vir- 
chow  et  de  plusieurs  autres  méde- 
cins (e). 

(3)  Ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  I\l.  Mo- 
leschott  a  trouvé  que  chez  les  Gre- 
nouilles les  globules  blancs  du  sang 
sont,  parrapport|aux  globules  rouges, 
dans  1(^  rapport  de  1  à  8  ;  mais  qu'à 
la  suite  de  l'extirpation  du  foie,  les 
premiers  sont  parfois  aux  seconds 
comme  1  est  à  2.  Quand  il  extirpa  la 
rate  en  même  temps  que  le  foie,  ce 
changement  dans  le  nombre  relatif 
<les  globules  rouges  et  blancs  ne  se  lit 
pas  remarquer.  Enfui,  chez  les  Ani- 
maux dont  il  avait  extirpé  la  rate  sans 
enlever  le  foie  ,  la  proportion  des 
globules  blancs  parut  avoir  diini- 
luié  (/■). 


(»)  Tome  1,  page  3.'» 3. 

(b)  Donné,  Cours  de  mieroscopie,  1844,  p.  09. 

—  Fiinlte,  Ueber  das  Milivenenbhit  (Zeitsehrifl  fïiv  rai.  Med.,  1851,  t,  I,  p.  172). 

—  Vircllow,  Ziirjmlliologischen  Physiologie  des  Blutes  (Archiv  fiir  palhol.  Anat.,  1853,  l.  V, 
p.  107). 

—  (iray.  Op.  cit.,  p,  150. 

{c)  Hii't,  Ueber  das  numcrische  Verhdltniss  zwischen  dcn  weisseii  nnd   rotlien  BlutxeUen 
(Miiller'.s  Archiv  fiir  Anat.  luid  l'Iiysiol.,  185G,  p.  174). 
((/)  Voyez  tome  I,  pajjo  79. 
{e}  BeiineU,  Le.ucocylhcmia,  or  White  cell  lllood.  Eilinlmrjjli,  185"2. 

—  Viiciiow,  Zur  pathol.  l'hysiol.  des  Blutes  {Arch.  fiir  path.  Anal.,  lS5i,  t.  1  el  siiiv.).  — 
Zur  Geschichtc  der  ieukcmie  {Arch.  fiir  jmlh.  Anal.,  t.  VU,  p.  174). 

(/■)  Moles-i'lioU,  Ueber  Enlwicketunij   vun   UlnlkOriicrchen    (Miillci-'.^   Archiv  fiir    Anat.    und 
ClujswL,  1853,  p.  73). 


GLANDKS    IMl'AHFAITKS.     RATK.  257 

blable  a  son  siège  aussi  dans  d'autres  pai'ties  de  l'organisnK', 
et  notamment  dans  les  izangiions  lymphatiques  (1),  en  sorte 
que  l'on  se  trouve  conduit  à  penser  que  ces  glandes  vasculaires 
et  la  rate,  ou  du  moins  quelques-unes  de  ses  parties,  et  \Aus 
particulièrement  les  corpuscules  malpigbiens,  sont,  à  certains 
égards,  des  instruments  pliysiologi(iues  du  même  ordre  (2). 

Plusieurs  auteurs  pensent  que  la  rate  concourt  aussi,  soit 
directement,  soit  indirectement,  à  la  production  des  globules 
rouges  du  sang;  mais  cette  opinion  ne  me  semble  pas  bien 
l'ondée  (o),  et  il  me  paraît  au  contraire  fort  probable  que  cet 


(1)  Voyez  tome  IV,  page  563. 

(2)  Les  obsorvaUons  pathologiques 
de  M.  Vircliovv  ont  conduit  cet  auteur 
à  considérer  les  corps  blancs  de 
Malpighi,  c'est-à-dire  les  corpuscules 
spléniques ,  comme  ayant  la  même 
structure  intime  et  les  mêmes  fonc- 
tions que  les  Collicules  solitaires  de  la 
muqueuse  intestinale  ou  les  plaques 
de  Peyer,  et  à  regarder  tous  ces  or- 
ganites  comme  les  équivalents  des 
ganglions  lymphatiques  («).  M.  Sau- 
ciers a  insisté  aussi  sur  les  ressenj- 
blances  analomiques  qui  existent  entre 
la  rate,  le  thymus,  le  corps  thy- 
roïde, etc.  (6).  Enfin,  M.  H.  dray  a 
fait  voir  qu'il  y  a  une  grande  simi- 
litude dans  le  mode  de  développement 
lie  la  rate,  des  capsules  surrénales  et 
la  glande  thyroïde  (e). 

(o)  Vers  la   fin  du   siècle  dernier, 


Ilevson  émit  l'opinion  que  dans  le 
thymus,  de  même  que  dans  les  glandes 
lymphatiques,  il  y  a  formation  de  glo- 
bules blancs  qui,  dans  l'intérieur  de 
la  rate,  se  transformeraient  en  globules 
rouges  par  suite  du  développement 
de  matière  colorante  dans  leur  inté- 
rieur (J).  Plus  récenunent,  une  hypo- 
thèse analogue  au  sujet  des  fonctions 
de  la  rate  fut  adoptée  par  Tiedemann 
et  Gmelin,  qui  arguèrent  principale- 
ment de  la  teinte  rouge  qu'olTre  sou- 
vent le  liquide  contenu  dans  les  vais- 
seaux lymphatiques  de  ce  viscère  (e). 
Mais ,  ainsi  que  j'ai  déjà  eu  l'occasion 
de  le  dire ,  les  globules  ronges  de  la 
lymphe  n'y  prennent  pas  naissance  et 
proviennent  du  sang  des  capillaires  (/"). 
Dans  ces  derniers  temps,  beaucoup  de 
physiologistes  ont  été  conduits  à  penser 
que  les  cellules  renfermant  des  gio- 


(a)  Virctiow,  La  pathnloyie  cellulaire,  18(M,  p.  100. 

(b)  Saiulcrs,  On  the  Sintcture  of  the  Spleen  (Goodsir's  Amials  o[  Anal,  and  PliysioL,  -1850, 
1>.  4'J  et  suiv.). 

(c)  H.  Gniy,  On  tlie  Development  of  the  liiictlcss  Glands  in  the  Chick  {Philos.  Traits.,  1852, 
r-  308). 

((/)  He-\vson,  E.rpcrimental  Inqiiiries,  chny.  \,  conlaiiiing  nn  Account  of  the  Manner  in  tchich 
the  Red  Parlicles  of  the  Blood  are  fornied  (Works,  p.  214  t-t  suiv.). 

(f)  Tiedcniami  et  GnuUn,  Hevlierches  sur  la  route  que  prennent  diverses  substances  pour  passer 
de  l'estomac,  et  du  canal  intestinal  dans  le  samj  ;  sur  Us  fonctions  de  la  rate,  etc.,  p.  y4, 

(/;  \oyf7.  tome  IV,  p:ige  368. 

Ml.  17 


258  SÉCRÉTION. 

organe  est  le  siège  d'un  (ravail  (Himinafoire  (|iii  a  pour  consé- 
quence la  deslruction  on  la  Iransformalion  d'un  certain  nombre 
de  ces  globules  héinatiques.  En  clïet,  nous  avons  vu  [)récé- 
demment  que  le  sang,  en  sortant  de  la  rate,  contienl  moins 
de  glohides  qu'en  y  arrivant,  et  que  des  changements  de  môme 


bulos  sanguins,  qui  so  U'ouvent  dissé- 
minés dans  la  pulpe  splénique,  sont  le 
siège  d'un  Uavail  fornialeur  de  ces 
^îlobules,  et  que  ceux-ci  s'y  renconlrc- 
raienl  à  divers  degrés  de  développe- 
ment (rt).  Mais  j'ai  lait  voir  dans  une 
des  premières  Leçons  de  ce  cours  [b] , 
que,  d'après  l'ensemble  do  faits  con- 
statés par  M.  IvôUiker  el  plusieurs 
autres  nucrograplics ,  les  globules 
emprisonnés  de  la  sorte,  ou  simple- 
ment agrégés  enire  eux  ,  i)araissenl 
être  en  voie  de  décomposition  et  de 
iraiisl'ormation  en  pigment  inorga- 
nique ((•),  cl  depuis  lors  de  nouveaux 
arguments  ont  été  fournis  à  l'appui  de 


cette  hypothèse  (d).  Enfin,  M.  Vir- 
chow,  tout  en  dilférant  d'opinion  avec 
M.  kolliker  au  sujet  de  l'espèce  d'en- 
kystemcnl  des  globules  dont  je  viens 
de  parler,  et  en  admettant  que  des 
globides  hématiqucs  nouveaux  peu- 
vent se  développer  dans  la  rate,  re- 
comiaîl  que  ces  corpuscules  peuvent  y 
subii'  une  sorte  de  dissolution  ou  de 
Iranslorniiilion  {e),  el  cetti'  dernière 
opinion  me  paraît  très  bien  fondée. 

•le  dois  ajouter  cependant  que 
\!.  Kiilliker,  après  avoir  combattu 
peutlani  longtemps  riiypollièsc  de  la 
naissance  de  globules  li('mali([iies  dans 
les  cellules  en  question,  a  été  conduit 


(rt)  r.ei-lacli,  l't'bi'f  die  lilalkôrpevchcnluiUeiidc  Zdlen  {ZcUschrifl  fiir  rationeUe  Medi^in,  I. 
Vit,  p.  75). 

—  SclialViier,  Zur  Kiiinlniss  der  Malpighischeii  Kôrpercheii  der  Mih-  und  ilives  hthalts 
IZeilschr.  fur  rat.  Med..  i.  VU,  p.  34.^). 

—  Schiinfclil,  De  lunciione  lienis.  Cioetlingiiu,  4  855. 

—  Bcllrotli,  HeilriUje  "Mr  vergleichcnden  Histologie  drr  Mih  (Mïiller's  .trc/u'r  fiir  Anal,  und 
Phyyiol.,  1857,  p.  88). 

—  Heclt,  nie  Slrnctur  und  i^'iinition  der  Mih  [Untersuch.  uml^Shid'ien  iiuGebiele  der  Anal, 
vnd  Chir.,  1851,  p.  81).  —  ^chmnW s  Jnhrb.,  1853,  1.  LXXVIII,  p.  10. 

Ib)  Voyez  tome  1,  pa^f  iî>H  l't  .«iiiv. 

((■)  Kollilior,  Ueber  den  llauund  ycrriclilungen  der  Mili  iMilUieil.  der  /Airivhcr  ^ialurforseh. 
Genellsch.,  18 17).  —  Sm.ken  (Tndd's  Cyclop.,  I.  IV,  p.  78). —  Ueher  Rlnlhorpercheiihaltende 
Zellen  {Zeilsehr.  lûr  inxsen.irli.  Zoologie,  184'.),  t.  I,  y,  îïOO).  --  NorJi  ein  Wort  ïiber  die  lilul- 
kOrperehenhallciidc  Zellen  (Zcitschr.  jïtr  winsensch.  Zool.,  1850,  l.  II,  p.  115).  — Eléments 
(/'(ii.?/o(0(/ie,  1855,  p.  4'S)8. 

—  Lundis,  Heitrclge  ilber  die  yerrichtungen  der  Mili.  Ziiricli,  1847. 

—  Eckcr,  Ueber  die  Verûnd.  welche  die  liiutkOrp.  in  der  Mili  erlciden  iZeitsehrifl  fiir  ration. 
Med.,  1847,  i.  VI,  p.  -H\\). --  l'eb<  r  lUiillwrperflienhallende  Zellen  (Zeiiscliv.  fiir  wissensch. 
Znol.,  1850,  I.  II,  p.  2701. 

—  ('.iiiisliiiii,',  Zur  Keniilniss  der  Mihgewebe  (Miilloi-'s  Arehiv  fur  Anal,  nnd  l'Iiysiol.,  1850, 
p.  101). 

—  Stinsira,  Cniiiuu'iiUUiopliysiologica  de  fouuctlone  lienis.  Liij;diini  lînlavonini,  1859,  p.  113 
et  .suiv. 

(d)  H.  Draper,  Sur  les  modifications  des  globules  du  sang  dans  la  rate  (Journal  de  physiologie 
de  Br(i\vn-?éqiiard,  1858,  l.  I,  p.  8i>5). 

(e)  Viri'liiiw,  l'eber  palhologisehe  Pigviente  lArrhiv  fiir  palhologisrhe  Anatomie,  1848,  (.  I, 
p.  ;n9|.  —   l'eber  die  Hlutkiirpervhenhaltende  Zellen  [.\rrhiv  fiir  palh.  Anal.,  1852.1.  IV). 


GLANDES    IMPARFAITES.     —     P.ATE,  259 

ordre  ont  été  constatés  dans  sa  composilion  cliiiHi([iic  fi  ).  11  pa- 
rait y  avoir  en  même  temps  production  de  fii^rinc  dans  ce  vis- 
cère (2),  et  les  recherches  de  M.  Scherer  et  de  qiielrpies  antres 
chimistes  snr  la  composition  chimique  de  la  pulpe  splénique 
tendent  également  à  faire  penser  que  dans  l'intérieur  de  la 
rate  les  principes  albuminoïdes  du  sang  subissent  des  transfor- 
mations remarquables  (3).   En  effet,  on  y  a  trouvé  diverses 


dernièrement  à  penser  ([uc  clans  le 
jeune  âge  il  pouvait  y  avoir  for- 
mation de  ces  globules  dans  rinlé- 
rieur  de  la  raie.  Chez  des  Animaux 
nouveau-nés,  il  y  a  trouvé  des  cor- 
puscules semblables  à  ceux  que  l'on 
rencontre  dans  le  foie  de  Pembryon, 
et  qui  paniissaient  être  en  voie  de  se 
transformer  en  globules  rouges  -  du 
sang  (a).  Du  reste,  nos  connaissances 
à  ce  sujet  sont  encore  trop  imparfaites 
poin-  que  Ton  puisse  accepter  avec 
conliance  Tune  ou  l'autre  de  ces  lua- 
nières  tic  voir. 

Il  €st  aussi  à  noter  que  les  utricules 
fusiformes  et  nucléoles  de  la  tunique 
épithélique  des  vaisseaux  sanguins  de 
la  rate,  qui  ont  été  décrits  par  M.  Tigri 
et  Î\I.  Koiliker,  se  détachent  très  faci- 
lement après  la  mort  (6),  et  ont  été 
considérés  parquelques  auteurs  comme 
jouant  un  rôle  important  dans  la  for- 
mation des  globules  du  sang  (o).  C'est 
cette  circonstance  qui  paraît  en  avoir 


imposé  à  M.  Fiihrer,  et  lui  a  fait  ad- 
mettre un  développement  continu  de 
vaisseaux  capillaires  dans  la  pulpe 
splénique  (d). 

(1)  Voyez  tome  1,  pages  333  et 
suiv. 

Il  est  cependant  à  noter  que  la 
[)roportion  de  fer  existant  dans  le 
sang  veineux  de  la  rate  paraît  être 
plus  considérable  que  dans  le  sang 
artériel,  bien  que  ce  dernier  soit  plus 
riche  en  globules  rouges.  L'abondance 
d(;  fer  dans  lo  caillot  du  sang  veineux 
pro\enant  do  la  rate  a  été  constatée 
par  M.  Funkc  et  par  M.  Oray  (e). 

(2)  Voyez  tome  1,  page  265. 

(3)  M.  Scherer  a  extrait  de  la 
rate  :  1"  une  matière  cristalline  jaune, 
très  analogue  à  la  xanthine ,  mais 
qui  en  dilièrc  à  certains  égards,  et 
qui  a  reçu  le  nom  iVhypoxanthine  (f)  ; 
2"  une  matière  cristallisable ,  moins 
azotée  que  la  précédente,  et  appelée 
liénine  ;   3"    de    l'acide  lactique,   de 


(a)  liôUiker,  Einice  Bemerkiingen  ûber  die  Hesorplion  des  Felles  im  Darme,  und  ûber  die 
Funclion  der  MHz-  (ferlitnidlimgen  der  Phys.-med.  Gesellsch.  in  Wùrzliurg,  tS50,  p.  114). 

(bj  Tigri,  Délia  fumione  délia  milia,  18iS.  —  Sulia  proveniema  c  sulla  signifwazione 
dei  gtobuti  incolori  del  saitgue  (Bollelinu  délie  scienxe  med.  dt  llologna,  1858). 

—  Fiihrer,  Veber  die  MHz  (Archiv  fur  pathol.  Anat.,  485  4,  t.  XllI.  —  Gazette  hebdom.  de 
•7iéd.,  1855,  t.  II,  p.  314). 

(c)  KùUikcr,  Éléments  d'histologie,  p.  502,  Hg-.  -23fi. 

{d)  Voyez  tome  I,  page  354. 

(e)  Gray,  Op.  «f.,  p.  171. 

(f)  Schecer,.  Uebei'  einan  im  thierischen  Organismvs  vorkommenden  dcm  Xanthidoœyd  ver- 
Kandten  Kôrper  {Ann.  der  Chemle  und  l'harm.,  1850,  t.  LXXIII,  p.  328). 


260 


SKCRETION. 


mnlières  qui  sombloiit  ôtrodos  produils  do  hi  dcslnietion  de  ces 
substances  orgaui((ues  (Ij,  sujet  surlei|url  nous  aurons  à  re- 
venir dans  une  prochaine  Leçon. 

En  résumé,  nous  voyons  donc  que,  malgré  le  nombre  im- 
mense de  publieaticms  dont  la  rate  a  été  l'objet,  il  reste  encore 
la  plus  grande  obscurité  relativement  aux  usages  de  cet  organe; 


racide  acétique,  de  l'acide  forinique, 
de  l'acide  butyrique  et  de  l'acide 
uriipie  (c). 

MM.  Frericlis  et  Stiideler  y  ont 
trouv»;  de  la  Icucine,  de  l'acide  urique 
cl  de  riiypoxaiilliine  ;  chez  le  Bœuf, 
ils  en  ont  extrait  aussi  de  la  tyiosiiie 
et  de  la  cholestérine  (b). 

!\[.  Cloetta  a  trouvé,  dans  le  suc 
splt'niqui',  de  Vinosite,  corps  hydro- 
carboné crislallisajjle  qui  paraît  être 
un  dérivé  des  matières  albuminoides  ; 
ce  chimiste  y  a  rencontré  aussi  deux 
substances  précipilables  par  les  sels 
de  plomb  (r),  lùilin ,  un  chimiste  ita- 
lien, M.  (landoni ,  considère  la  raie 
connne  contenant  une  matière  grasse 
l)hospiiorée  (<1). 

Ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  on  trouve 
souvent,  soit  dans  le  santi;  de  la  rate, 
soit  dans  la  i)ulpe  splénicpie,  des  petits 
cristaux  ou  des  baguettes  microsco- 


piques jaunes  ou  rouges  qui  paraissent 
dériver  de  l'héniutosine  des  globules 
rouges  du  sang,  et  être  formées  par  la 
substance  nommée  lu'-matrikUne  (c). 
Ces  corpuscules,  observés  par  MM.  Vir- 
chow,  l\()lliker,  dray  et  plusieurs  au- 
tres physiologistes  (/"),  sont  parfois 
logés  dans  l'intérieur  de  vésicules  qui 
sendjlent  être  des  globules  du  sang 
altérés. 

Dans  quelques  cas  pathologiques  on 
rencontre  dans  la  rate  des  corpuscules 
qui  se  colorent  en  rouge  violacé  par 
l'action  de  l'iode,  et  (jui  avaient  été 
considérés  d'abord  comme  étant  com- 
posés d'une  matière  fort  analogue  à  la 
cellulose  et  appelée  amidon  animal  ; 
mais  une  élude  chimi([ui'  plus  appro- 
fondie de  ces  produits  a  fait  recon- 
naître ([u'ils  sont  formés  |>ar  une  sub- 
stance azotée  ((/). 

(l)  M\l.  liUdwig  et  Fiiiirer  ont  fait, 


(fl)Sclierer,  Vorluuligc MUtlu'ilHnq ûbcr  einlge Bestamllhcile dei' Milzllûssigkeit  {Vcrltandliuigen 
lier  Phys.  utnl  Mrd.  Cc.seUscli.  in  Wiinburii.  185-2.  I.  Il,  p.  208). 

(b)  Frericlis  uiul  Sliileler,    Wcilere  lieUnïije  ;■«)•  Lehve  vnm  StoH'wandei  (Miillor's  .\rchiv  fiir 
Anat.  iind  l'hijsiol.,  1850,  )).  'il). 

(c)  Cloetta,  De  la  prdxence  de  l'iiiosilc,  de  l'acide  urique,  etc.,  dans  diverses  parties  du  corps 
animal  (.lournaide  phgsiokujie,  1858,  t.  I,  p.  80-2). 

(d)  Cianiloiii,  CÀmenti  eheinici  internn  allamilia  {.\nnati  universali  di  medicina  (/(';//i  Omodei, 
183'J,  I.  IX,  p.  355). 

(c)  Voyez  tome  I,  paf:c  174  ot  suiv. 

If}  Vircliow,  Die  palliotogiselieii  l'igiiicnte  (Archtr  fiir  palhot.  Aaal.  und  Phijsiol.,  1847,  I.  I, 
p.  379). 

—  KolliUer,  Ueber  Dlutkurpcrehenlialtende  Zellcn  (Zeitsehr.  fiir  irissensrh.  Zoot.,  18i;i,  I.  I, 
p.  260).  —  Splkisn  (Todd's  Cgclop.,  t.  IV,  p.  793). 

—  Oray,  Ou  the  SlruelHre  and  Use  of  the  Spleen,  p.  148. 

(g)  C.    Sclimult ,   Ueber  dus  sogeiianiite  tiiierische  Amuloid  {Ann.  der  Clicwie  inul  l'harm,, 
1859,  t.  C\,  p.  250). 


GLANDliS    IMPAUF.VITKS,      —    U.U'K. 


261 


les  liypollièses  que  j'ai  meiitioiiiiées  ne  sont  pas  les  seules  qui 
aient  été  produites  sur  ce  sujet,  mais  il  ne  me  semblerait  pas 
utile  de  m'y  arrêter  davantage  dans  ces  Leçons. 

§  9.  —  Toutes  les  glandes  dont  je  viens  de  parler  sont 
closes,  et  les  produits  sécrétés  dans  leur  intérieur  ne  peuvent 
être  versés  au  dehors,  mais  doivent  être  résorbés  de  façon  à 
rentrer  dans  le  torrent  de  la  circulation.   Les  glandes  dont 
l'étude  va  nous  occuper  maintenant  sont  au  contraire  destinées 
à  éliminer  de  l'organisme  les  substances  qu'elles  élaborent; 
elles  peuvent  donc  être  désignées  d'une  manière  générale  sous 
le  nom  de  glandes  .excrétoires;  mais,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit, 
révacualion  de  leurs  produits  peut  être  le  résultat  de  la  rup- 
ture de  leurs  parois,  ou  peut  être  facilitée  et  régularisée  par  le 
développement  préalable  d'un  conduit  excréteur  spécial  dis- 
posé à  cet  effet.  11  y  a  donc  des  glandes  excrétoires  closes  dont 
la  communication  avec  l'extérieur  ne  s'établit  que  d'une  ma- 
nière adventive,  et  des  glandes  excrétoires  parfaites,  c'est-à- 
dire  munies  d'un  canal  évacuateur  propre  et  permanent;  mais 
ces  différences  n'ont  pas  tout  le  degré  d'importance  qu'on 
serait  de  prime  abord  disposé  à  leur  attribuer,  et  nous  verrons 
des  glandes  dont  les  fonctions  sont  identiques  offrir,  chez 
des  Animaux  différents,  l'un  et  l'autre  de  ces  modes  d'orga- 
nisation (1). 


(ilandes 
excrétoires. 


à  ce  sujet,  des  reclierclies  qui  ont  con- 
duit CCS  auteurs  à  penser  qu'une  por- 
tion notable  de  Turée  produite  dans 
l'organisme  se  forme  dans  la  rate  par 
suite  de  la  destruction  des  globules 
sanguins  qui  s'y  opérerait  ;  ils  consi- 
dèrent aussi  les  ganglions  lympha- 
tiques comme   pouvant    remplir  les 


mêmes  fonctions  dans  les  cas  d'extir- 
pation de  ce  viscère  (a). 

(1)  L'ovaire,  par  exemple,  qui,  chez 
les  Poissons  et  beaucoup  d'Animaux 
sans  vertèbres ,  est  une  glande  creuse 
dont  la  cavité  sécrétoire  communique 
au  dehors  par  rintermédiaire  d'un 
conduit  préexistant,  et  qui,  chez  tes 


(a)  Kiihrei'and  Liidwig,  Ueber  die  physiologischen  Ersatz  der  Mili  und  die  Quellea  des  Harn- 
ito/fes  (Archiv  filr  physiologische  Heilhunde,  1855,  t.  XIV,  p.  315). 


20i> 


s ECU ET  ION. 


siruciuie         §  1 0 ,  —  H  ost  l'orl  (linicile  tlc  classer  d'une  manière  rii;oii- 

des  glandes 

pmfaiics.  relise  les  diverses  formes  (lu'afrectent  les  glandes  [larfaites,  car 
on  rencontre  inie  midtitiidc  de  dispositions  i[iterinédiaires  <jui 
lient  entre  eux  les  types  principaux  ;  mais,  atni  de  lixer  les  idées 
quant  aux  diiïérenls  plans  que  la  nature  a  adoptés  pour  la 
conibrmation  générale  de  ces  organes,  il  me  |)araît  utile  d'y 
établir  un  certain  nombre  de  distinctions.    , 

On  peut  d'abord  diviser  les  glandes  en  deux  groupes  :  les 
glandes  parfaites  simples  et  les  glandes  parfaites  composées. 

niandes         J 'appellerai  glandes  parfaites  simples  celles  dont  la' cavité 

parfaites  ,        ,  .  »    ii  •  -i  i    ■  i  i 

simples,  seci'ctante  est  unique,  qu  elle  soit,  unnoculaire  ou  orancnue,  et 
qu'elle  débouche  en  dehors  directement  ou  par  l'intermédiaire 
d'un  col  ou  canal  excréteur  simple. 

Ces  glandes  simples  peuvent  être  solitaires,  c'est-à-dire  uni- 
ques ou  en  j)etit  nombre  et  très  éloignées  entre  elles  ;  disséminées, 
c'est-à-dire  répandues  en  grand  nombre  dans  le  voisinage  les 
unes  des  autres,  sans  former  des  groupes  bien  distincts,  ou 
bien  encore  agrégées,  c'est-à-dire  réunies  en  paquets  de  façon 
à  constituer  des  appareils  localisés,  bien  qu'elles  conservent 
chacune  leur  individualité. 

Glandes         J'aj)pellerai  glandes  composées  celles  qui  |)0ssèdent  un  nombre 

parfaites  ,  /        /      . 

composées,  pjus  OU  uiolus  cousidérablc  de  cavités  secretoires  distinctes,  ou 
glanduliles,  ayant  chacune  un  canal  excréteiu'  propre,  mais  dans 
lesfpielles  ces  canaux  se  réunissent  entre  eux  de  façon  à  former 
un  système  de  tubes  rameux  dont  la  portion  terminale  est 
connnuiie  à  un  grand  nombre  des  parties  constitutives  de 
l'appanMl  (1). 


Vertébrés  supérionrs,  est  une  ijlando  vile  glaiuliilairo  sc(lislinp;uo  do  la  por- 

parencliymatcnso  dont  les  produits  ne  lion  siiiiplomont  évaiuatrico  do  ccilc- 

sonl  évacués  quo  par  siiilo  de  la  rup-  ci  par  la  structure  do  son  rcvôlenient 

turc  des  cavités  temporaires  où   ils  épilhéliqtic,    dont   les    ulriculcs   sont 

sonl  déposés.  arrondis  el   liu-gidos,   au  lieu  d'ctrc 

(I)  La  i)(»riion  séorétaulo  de  la  ca-  colunuiaires  ou  pavimcntcux. 


MOKPHOLOGIK    Di;S    GLAiNUliS    PAKFAlTKS.  "iOo 

Les  anciens  analomisles  uni  donné  le  nom  de  (jlandes  con- 
glomérées à  celles  de  ces  glandes  composées  qni  sont  revêtues 
d'une  tiMiifjde  membraneuse  commune,  ou  capsule.  Celles  dont 
les  "^landidiles  lestent  séparées  ou  ne  sont  que  lâchement  unies 
entre  elles  par  du  tissu  connectil"  poun\^ient  être  appelées  des 
glandes  composées  nues  ou  libres. 

D'autres  variations  dans  la  conlbrmation  de  ces  glandes 
dépendent  des  dilterences  qui  peiivent  exister  dans  la  dis- 
position  de  la  cavité  dont  elles  sont  creusées.  Tantôt  le  tissu 
utriculairc  qui  est  le  siège  du  travail  séerétoire  s'étend  depuis 
le  fond  jusqu'à  roritiee  do  cette  cavité,  et  par  conséquent  toutes 
ses  parties  remplissent  des  (bnctio:is  similaires  ;  mais,  d'autres 
fois,  la  division  du  travail  s'introduit  dans  chacun  de  ces 
petits  appareils  ;  l<?s  ntricules  élaborateurs  ne  tapissent  que 
la  portion  profonde  de  la  cavité  où  le  liquide  s'épanche,  et  la 
portion  terminak'  de  celle-ci,  revêtue  d'ime  couche  de  tissu 
épithélique  de  structure  difféi'enfe,  ne  sert  qu'à  conduire  ce 
liquide  au-dessous,  et  constitue  par  conséquent  un  canal  éva- 
cualeur  spécial.  , 

Le  premier  de  ces  modes  d'organisation  se  rencontre  dans 
la  plupart  des  glandes  simples,  et  lorsque  les  a|)i)areils  consti- 
tués de  la  sorte  sont  peu  développés,  on  les  a[)pelle  communé- 
ment des  follicules  ou  des  cryptes;  mais  il  est  à  noter  que  les 
anatomisles  ap[»liquent  souvent  ces  noms  à  de  petites  glandes 
dont  la  structure  est  dilTérente,  et  l'usage  ne  permet  pas  d'a- 
donner une  acception  rigoureuse.  Si,  pom^  la  commodité  des 
descriptions,  il  était  utile  de  désigner  ces  deux  sortes  de  glandes 
d'une  manière  plus  précise,  on  pourrait  appeler,  les  unes,  des 
glandes  pédicellées ^  les  autres,  des  glandes  sessiles. 

Les  unes  et  les  autres  peuvent  affecter  une  forme  cylindrique, 
et  constituer  des  tubes  fermés  à  un  bout,  mais  ouverts  à  l'autre, 
ou  bien  s'élargir  de  la<;on  à  ressembler  à  une  bourse  ou  à  une 
ampoule;  et  lorsque  celte  dernière  dis[)Osition  existe  (Unis  nue 


2G/l  SÉCHÉTION. 

glande  simple  [)6dicolli'0  on  dans  une  glande  composée,  il  en 
résulte  une  forme  générale  (lui  a  de  l'analogie  avec  celle  d'une 
grappe  de  raisin,  et  (jui  a  (ait  donner  à  [)lusicurs  de  ces  organes 
le  nom  de  g l arides  racémeuses . 

Il  est  aussi  à  noter  que  les  tubes  sécréteurs  constituent  de 
petits  caecums  droils,  ({uand  ils  sont  courts;  mais  (piand    ils 
s'allongent  beaucoup,  ils  se  courbent  et  pelotonnent  en  général 
sur  eux-mêmes,  de  façon  à  former  des  glomérules  ou  pacpicts 
arrondis. 

Eulin  les  ampoules  ou  les  tubes  qui,  en  se  réunissant  sm^ 
un  canal  excréteur  commun,  constituent  les  glandes  racémeuses, 
peuvent  avoir  leurs  cavités  sécrétoires  isolées,  ou  s'anastomoser 
de  façon  à  devenir  continentes  et  à  présenlei  une  structure 
réiiculaire.  J'appellerai  glandes  parfaites  indépendantes  (•cll(\s 
qui  présentent  le  preniier  de  ces  deux  modes  d'organisalion, 
et  glandes  mixtes  ou  réticulaires  celles  dont  les  cavités  com- 
muniquent directement  entre  elles. 

Ces  divers  caractères  organiques  sont  susceptibles  de  se  conir 
biner  entre  eux  de  différentes  manières,  et  les  variations  qui 
en  résultent  dans  la  conformation  générale  des  glandes  peu- 
vent par  conséquent  être  fort  nombreuses. 
Résumé         ^^"^  ^"  donner  la  preuve  et  aussi  pour  mieux  fixer  les  idées 
,  ,   ''■;,.  sur  cette  partie  de  la  morr)bologie  des  organes  sécréteurs,  je 
des  glandes,   oiforai  quelques  exemples  de  cbacun  des  types  ainsi  obtenus  ; 
mais,  alin  d'abréger  autant  que  possible  cette  partie  «ride  de  ma 
tàcbe,  je  me  l)ornerai  à  présenter  ces  indications  sous  la  forme 
d'ini  tableau  synoptique,  cl  je  (^boisirai  de  préférence  les  exem- 
jtlcs  dans  les  a|)pareils  d(Mil  la  structure  nous  est  déjà  connue 
cl  dont  l'élude  anafomi(jue  offn^  \v.  moins  de  difliculté,  ou  dont 
il  est  le  plus  facile  dtî  trouver  de  bjiuies  ligtu'cs  ilans  les  ou- 
vrages généralemeiiL  répandus. 


26G  SÉCRÉTION. 

Diivéïcnces        §11.  —  D'aulrcs  (tilTcrences  dans  la  conformation  générale 

secondaires.      i,  m        '       ',    ■  ,      i  '  i  i        i  '       i 

a  un  appareil  sccretoirc  peuvent  dépendre  du  degré  plus  ou 
moins  grand  de  rapprochenaent  de  ses  diverses  parties,  qui 
tantôt  sont  très  disséminées,  d'autres  fois  disposées  eniin  petit 
nombre  d'agrégats,  et  ceux-ci  à  leur  tour  peuvent  être  tantôt 
isolés,  d'autres  fois  réunis  en  une  seule  masse  composée  de 
lobes  simplement  accolés  entre  eux,  ou  n'offrant  même  exté- 
rieurement aucune  trace  de  division.  En  étudiant  l'appareil 
hépatique  des  Mollusques,  nous  avons  déjà  vu  des  exemples 
remanpiables  de  différences  de  concenlratiou  organi(pie  (1), 
et  lorsque  nous  nous  occuperons  de  la  structure  de  l'appareil 
urinaire  des  Vertébrés,  nous  v  rencouircrons  des  faits  ana- 
tomiques  du  même  ordre. 
coMdiiious  Le  perfectionnement  d'un  appareil  sécréteur  dépend  en 
perfectionne-  partie  dcs  dispositions  organiques  qui  permettent  im  grand 
dim  appareil  dévcloppcment  dc  la  surface  libre  où  se  trouve  le  lissu  utricu- 

sécréleur.       ,    .  .  , 

laire,  siège  des  phénomènes  essentiels  de  la  sécrétion,  et  par 
conséquent  les  cavités  tubulaires  ou  auipulliformes  qui  sont 
revêtues  par  ce  tissu  doivent  devenir  de  plus  en  plus  étroites,  à 
mesure  que  l'activité  fonctionnelle  dévolue  à  une  même  (juan- 
tité  pondérale  de  substance  vivante  devient  plus  prononcé. 
Ainsi,  considérés  à  ce  point  de  vue,  les  appendices  pyloriques 
des  Poissons  (2)  sont  des  instruments  physiologiques  plus 
grossiers  que  les  tubes  malpighiens  des  Insectes  (3),  et  ceux-ci, 
à  [»oids  égal,  n'offrent  pas  une  surface  sécrétanle  à  beaucoup 
près  aussi  étendue  (piç  les  canaux  radiculaires  du  foie  d'un 
Mammifère,  car  ils  sont  moins  capillaires. 

Il  est  également  à  noter  (jue  les  appareils  sécréteurs  formés 
esseuliellrment  d'une  glande  et  d'un  canal  évacuateur,  penvent 
être  perfectionnés  aussi  par  l'adaptalion  de  celui-ci  à  l'emma- 


(1)  Voyez  lonic  V,  page  39'2  ol  sui-  ('2)  Voyez  lome  VI,  page  Zj08. 

vantes.  (3)  Voyez  lome  \ ,  page  026. 


MOlU'llOLOGIK    DKS    (JLAISUKS    l'AKFAlTES.  267 

gasinagc  temporaire  des  [)roLlnits  ou  par  l'adjonction  d'un  ré- 
servoir spécial  destiné  au  même  usage.  En  passant  en  revue 
les  organes  salivaires  des  Insectes,  nous  avons  rencontré  divers 
exemples  de  la  constitution  d'une  vésicule  de  ce  genre  par  la 
dilatation  d'une  portion  du  conduit  excréteur,  et  quelquefois 
aussi  nous  avons  vu  une  poche  membraneuse  se  développer  à 
côté  de  la  glande,  et  communiquer  avec  son  canal  excréteur, 
de  façon  à  recevoir  en  totalité  ou  en  partie  le  liquide  que  celui- 
ci  verse  au  dehors  (1).  La  vésicule  du  fiel,  dont  nous  avons 
étudié  la  structure  el  les  fonctions  dans  une  des  précédentes 
Leçons,  est  aussi  un  organe  du  même  ordre  ('2),  et,  lorsque 
nous  nous  occuperons  de  l'appareil  urinaire,  nous  verrons  un 
nouvel  exemple  de  ce  mode  de  perfectionnement  des  instru- 
ments sécréteurs. 

§  12.  —  Si  nous  laissons  de  côté  l'étude  morphologique  des  sirucuire 
glandes  pour  nous  occuper  de  la  structure  intime  du  tissu  des'organes 
sécréteur  ({ui  forme  la  partie  essentielle  de  tous  ces  organes, 
nous  remarquons  d'abord  qu'il  existe  partout  une  grande  uni- 
formité dans  la  constitution  des  éléments  histologiques  dont 
il  se  compose.  Ces  éléments,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  sont 
toujours  des  utricules  ou  cellules  closes  à  parois  nriembraneuses, 
dont  la  cavité  renferme  un  liquide  tenant  généralement  en  sus- 
pension divers  corpuscules.  A  une  certaine  époque  de  son 
existence,  chaque  utricule  sécréteur  présente  aussi,  dans  son 
intérieur,  un  corps  arrondi  ou  lenticulaire,  que  les  histologistes 
appellent  un  noyau,  et  souvent  il  est  possible  de  découvrir 
dans  ces  corpuscules  une  cavité  intérieure  et  un  ou  plusieurs 
corpuscules  inclus  ou  nucléoles. 

La  membrane  pariétale  des  utricules  sécréteurs  est  consti- 
tuée par  des  substances  albuminoïdes,  et  ne  présente  rien  de 


sécréteurs. 


Tissu 
utriculaire. 


(1)  Voyez  tome  V,  page  620  et  sui- 
vantes. 


(12)  Voyez  tome  VI,  page  Zi5Zi. 


^'^^  SÉCKÉTIUiV. 

parlif'iilior  à  noter.  Le  noyau  de  ces  organiles  est  très  déve- 
loj)pé  dans  le  jcnne  âge,  et  disparaît  souvent  quand  la  cellule 
est  arrivée  au  terme  de  sa  croissance.  Il  semble  jouer  un  rôle 
important  dans  le  travail  sécrétoire  dont  l'utriculè  est  le  siège, 
et  il  y  a  môme  (pielrpies  raisons  de  penser  que  l'activité  fonc- 
tionnelle de  ces  organites  est  liée  à  son  existence  ;  mais  nos 
connaissances  à  ce  sujet  sont  encore  très  imparfaites. 

Ces  utricules  sont  toujours  fort  petits  :  chez  quelques  Ani- 
maux, on  en  trouve  qui  ont  jusqu'à  1/5'  de  millimètre  (1)  ; 
mais,  en  général,  leur  diamètre  n'excède  pas  1  ou  2  centièmes 
de  millimètre,  et,  dans  tous  les  cas,  on  en  voit  qui,  dans  une 
même  glande,  varient  beaucoup  quant  à  leurs  dimensions  aussi 
bien  que  par  l'aspect  de  leur  contenu.  Les  uns  sont  d'une  peti- 
tesse extrême  et  paraissent  être  très  jeunes;  les  autres  sont  plus 
ou  moins  avancés  dans  leur  développement,  et  souvent,  dans 
les  tubes  ou  les  ampoules  d'une  glande  parfaite,  aussi  bien  qu'à 
la  surfîice  des  membranes  muqueuses  ou  de  la  peau,  on  peut 
constater  que  les  premiers  se  trouvent  dans  le  voisinage  de  la 
membrane  limitante  ou  basilaire  de  l'organe  sécréteur,  et  [tar 
conséquent  dans  la  partie  la  plus  profonde  de  la  couche  du 
tissu  utricidaire  dont  celle-ci  est  revêtue,  tandis  que  les  plus 
gros  sont  en  même  temps  les  plus  superficiels,  c'est-à-dire  les 
plus  rapprochés  de  la  surface  libre  qui  limite  la  cavité  dont 
l'organe  est  creusé,  et  qui  laisse  échapper  le  liquide  sécrété. 
Lu  général,  ils  ne  sont  (jue  très  faiblement  unis  entre  eux; 
souvent  même  ils  deviennent  libres  avant  d'avoir  terminé 
leur  croissance;  aussi,  lors(pie  l'organe  où  ils  se  développent 
a  la  l'orme  d'un  tube  ou  d'un  sac  long  et  étroit,  et  que  c'est 


(1)   Os   ntriculos,  (ruiio  mossour      les   orgaucs    sccrélours   clo   quelques 
cxUaurdinaiic,  ont  été  observéî»  dans      Uisecles  [a]. 


(a)  Kollikcr,  Éléments  d'histoUujic,  \<.  57. 


STUL'CTURR    INTIMK    DES    GLANDES    l'ARFAlTES,  269 

principalement  nn  tond  de  la  eavilé  de  ees  tulH\'^  ou  sacs 
qu'ils  prennent  naissance,  on  les  trouve  d'autant  plus  gros 
qu'on  les  observe  plus  près  de  l'embouchure,  et  l'on  peut 
reconnaître  de  la  sorte  (jue,  dans  ces  instruments  sécréteurs, 
il  V  a  nne  production  continue  d'utricules  qui  se  succèdent, 
qui  semblent  se  chasser  les  uns  les  autres,  et  qui  gran- 
dissent à  mesure  qu'ils  s'éloignent  du  lieu  et  du  moment  de 
leur  naissance.  Les  vaisseaux  biliaires  des  Insectes  et  les  am- 
poules glandulaires  du  foie  des  divers  Mollusques  ou  Crustacés 
laissent  facilement  voir  ce  mode  de  développement  des  utricules 
sécréteurs,  et  des  faits  anatomiques  non  moins  significatifs  sont 
fournis  par  l'examen  jnicroscopique  de  plusieurs  glandes  chez 
les  Animaux  vertébrés,  même  les  plus  élevés  en  organisation  ; 
mais  je  ne  m'arrêterai  pas  à  les  exposer  ici,  car,  à  mesure  que 
nous  avancerons  dans  l'étude  des  appareils  sécréteurs,  nous 
aurons  l'occasion  d'y  revenir,  et,  du  reste,  c'est  principale- 
ment dans  les  Leçons  consacrées  spécialement  à  l'histoire  du 
développement  des  tissus  que  nous  pourrons  le  [)lus  utilement 
nous  en  occuper. 

En  ce  moment,  je  me  bornerai  à  ajouter  que  la  multiplica- 
tion des  cellules  glandulaires  parait  se  faire  de  deux  manières  : 
tantôt  par  la  formation  continue  ou  intermittente  d'utricules 
stériles,  c'est-à-dire  qui  ne  sont  pas  susceptibles  de  donner 
naissance  à  d'autres  organites  du  môme  ordre;  d'autres  fois 
par  le  développement  de  cellules  proligères  qui  produisent 
dans  leur  intérieur,  une  nouvelle  génération  d'utricules,  et  con- 
stituent ainsi  des  vésicules  complexes. 

Les  matières  contenues  dans  la  cavité  des  utricules  sécré-  comem. 
teurs  ciiangent  d'aspect  à  mesure  que  ces  organites  grandis- 
sent. Les  modifications  qui  s'y  observent  varient  suivant  la 
nature  de  l'appareil  dont  ils  dépendent,  et  le  fait  général  le 
plus  essentiel  à  noter,  c'est  qu'à  mesure  que  la  cellule  avance 
en  âge  et  s'approche  de  l'élat  de  malm^ité,  on  voit  apparaître 


des  utricules. 


270  SÉCRÉTION. 

dans  son  inférieur,  on  qnnniilé  de  plus  en  plus  considérable, 
les  matières  caractéristiques  de  l'humeur  parliculière  que  ces 
organites  sont  chargés  d'élaborer  ou  de  séparer  du  fluide  nour- 
ricier commun. 

L'apparition  de  ces  matières  dans  l'intérieur  de  l'utricule 
glandulaire  avant  leur  excrétion  est  un  fait  capital  dans  Tliis- 
toire  du  travail  sécrétoire,  ot  qui  a  été  mise  bien  en  évidence 
pour  la  première  fois  parles  observations  de  M.  Goodsir  sur 
le  mode  de  production  de  l'encre  de  la  Sèche  (1),  et  de  quelques 
autres  matières  colorées,  telles  que  la  bile  de  divers  Mollus- 
ques (2).  Des  i^uts  du  môme  ordre  ont  été  (Constatés  dans  Tap- 


{!)'  L'encre  de  la  Sèche  et  des  au- 
Ircs  ISloUiisques  Ci'phnlopodes ,  que 
CCS  Animaux  lancent  au  dclior.s  quand 
un  danger  les  menace,  est  emmaga- 
sinée dans  une  poche  membraneuse 
située  près  de  Faniis  («),  Une  portion 
'  des  parois  de  ce  sac  est  garnie  iWin 
tissu  utriculaire  sécréteur  composé  de 
cellules  sphériques  ou  ovoïdes  qui  ren- 
ferment cluicune  une  sorte  de  noyau 
formé  d'un  groupe  de  cellules  plus 
petites  et  enlouré  d'un  liquide  brun 
ou  noir  semblable  en  tout  à  celui  qui 
est  en  liberté  dans  l'intérieur  du 
réservoir  (6).  Nous  reviendrons  sur 
l'histoire  de  ce  produit,  quand  nous 
nous  occulterons  d'une  manière  spé- 
ciale des  moyens  défensils  des  Ani- 
maux. 

lAI.    Goodsir  a   Irouvé  que  la  cou- 
leur violacée  qui  orne  le  manteau  de 


l'Aplysie  se  trouve  dans  des  cellules 
spliéri(|ues  nucléées.  Il  a  constaté  des 
faits  analogues  chez  la  Jantbine  (c)  ; 
mais  c'est  à  tort  que  ce  physiologiste 
assimile  à  cotte  substance  la  jtourpre 
dont  les  anciens  faisaient  usage  comnie 
matière  linctoriale.  Ce  dernier  produit 
est  sécrété  par  une  glande  parlicu- 
lière située  dans  le  voisinage  de  l'anus, 
chez  le  Purpura  hœmastoma ,  le  Mu- 
rex brandaris  et  quelques  autres 
espèces  de  la  même  famille.  Du  reste, 
c'est  aussi  dans  linl(';rieur  des  ulri- 
cules  dont  la  substance  de  celle  glande 
purpurigène  est  composée  que  se 
forme  la  matière  colorante  caracté- 
risticpie  de  l'humeur  ((/). 

(2)  M.  Goodsir  s'est  borné  à  con- 
stater la  présence  d'un  liquide  sem- 
blable cl  la  bile  dans  rinléricur  des 
cellules  qui  tapissent  les  caecums  ler- 


(fl)  Pvv;iinni('ril;ini,  liibiiu  Mlurœ,  l.  \\,  \'.  887,  |il.  5i,  (ig.  5. 

—  lirand  el  nalz-elnnf;',  iVcduinischc  Zooloijie,  l.  Il,  pi.  32,  lig.  2. 

{b)  Ciiodsir,  Un.  thc  vliiniiilc  Sc<  leliitij  Strv.ctuic,  and  cm  the  Lnirs  of  ils  Fiinction  { Trnns.  ni 
thc  liuyal  Siiciciy  of  Kdinbiirgli,  1844,  i.  XV,  p.  295,  ol  0?!  Seoeling  Structures  {Anatomical 
and  l'allwl.  Obscrv.,  1845,  y.  i\). 

(c)  CiOoilsir,  Op.  cit.  (Auut.  and  Palhvl.  Ubscrv.,  p.  24). 

(di  Lacazc-Diiiliicis,  Mémoire  sttr  la  Powpre  (Ann.  des  sciences  iial.,  4*  série,  1859,  t.  XII, 
p.  37  etsuiv.,  pi.  d ,  liff.  7,  8  Mdj. 


STRUCTURE    FNTIME    DES    GLANDES    PARFAITES.  271 

pareil  hépaliqiie  des  Animaux  vertébrés,  ainsi  que  dans  le  pan- 
créas (1  ),  les  glandes  gastriques  ("2)  et  d'autres  organes  analogues 


niinaux  de  Tappareil  hépatique  d'un 
grand  nombre  de  Mollusques  et  autres 
Animaux  invertébrés,  et  Ton  aurait 
pu  se  demander  si  la  bile  qui  est  libre 
dans  les  parties  adjacentes  du  foie 
provient  de  ces  iitricules  ou  y  pénètre 
après  avoir  été  élaborée  ailleurs,  ou, 
en  d'autres  mots,  si  le  t'ait  dont  il 
argue  ne  serait  pas  dîi  à  un  phéno- 
mène d'imbibition  ou  de  teinture  plu- 
tôt qu'à  un  travail  sécrétoire.  Mais 
les  observations  publiées  ultérieure- 
ment par  d'autres  physiologistes  et 
portant  également  sur  les  organes  bi- 
liaires des  Mollusques,  des  Crustacés 
et  des  Insectes,  ne  nie  semblent  laisser 
aucune  incertitude  quant  à  la  J4:islesse 
des  vues'de  M.  Goodsir  («).  En  ellet, 
on  voit  que  dans  les  parties  profondes 
de  la  couche  utriculairc,  les  vésicules 
sont  jeunes  et  ne  contiennent  que  peu 
ou  point  de  matières  caractéristiques 
de  la  sécrétion,  mais  qu'à  mesure 
qu'elles  grandissent,  ces  matières  se 
montrent  en  plus  grande  quantité  dans 
leur  intérieur. 

(1)  Dans  une  précédente  Leçon , 
nous  avons  vu  qu'on  peut  extraire  du 
tissu  du  pancréas  la  matière  saccha- 


ritianle  qui  existe  aussi  dans  h\  suc 
sécrété  par  cette  glande  (6).  Il  en  est 
de  même  pour  la  substance  particu- 
lière qui  dans  certaines  circonstances 
est  susceptible  de  saponifier  les  graisses 
neutres  (c),  et  M.  Cl.  Bernard  a  con- 
staté que  la  matière  dont  j'ai  déjà  eu 
l'occasion  de  parler  coumie  prenant, 
par  l'action  du  chlore  ,  une  couleur 
rouge  caractéristique,  existe  aussi  dans 
le  parenchyme  du  pancréas  (d). 

(2)  D'après  la  manière  dont  les  utri- 
cules  du  tissu  hépatique  de  l'Homme 
se  comportent  avec  divers  réactifs,  il 
y  a  lieu  de  penser  que  ces  cellules 
renferment  dans  leur  intérieur,  non- 
seulement  des  principes  albuniinoïdes 
et  des  corps  gras,  mais  aussi  les  ma- 
tières colorantes  de  la  bile  et  les 
acides  résinoïdes  qui  caractérisent  es- 
sentiellement cette  sécrétion  (e).  Il  est 
aussi  à  noter  que  les  observations  de 
M.  VVharton  Jones  tendent  à  faire  pen- 
ser que  les  iitriculesdu  tissu  sécréteur 
du  foie  peuvent  se  détaclier,  et  être 
entraînés  jusque  dans  les  canalicules 
biliaires,  où  ils  se  détruiraient  plus 
ou  moins  complètement  et  laisseraient 
échapper  leur  contenu  (/). 


(«)  Karsten,  Disquisitlo  microscoplca  et  cliimica  hejialiset  bills  Crtistaceoncin  et.MoUusconim 
■^Nova  Acta  Acnd.  nat.  curios.,  t.  XXI,  p.  2"J5  et  sniv.). 

—  H.  Meckel,  Mtlivoijraphie  eiiwjcr  Drûsenapparate  der  niederen  Thicve  (Miiller's  Archiv  fur 
Anat.  und  PhysloL,  tSiO,  p.  1). 

—  Leidy,  Researches  on  the  Comp.  Structure  of  Ihe  Livcr  {American  Journal  of  the  Médical 
Sciences,  1848). 

—  T.  Williams,  On  Ihe  Physiology  ofCells,  willi  the  View  to  illiicidatc  the  Laws  regulaling 
the  Structure  and  Functioiis  of  Gtands  (Guy's  Hospital  Keports,  184f),  i.  IV,  p.  273). 

[h)  Voyez  ci-tlessus,  page  67. 

(c)  Cl.  Bernard,  Méin.  sur  le  pancréas  {Siippléiniiit  aux  Comptes  rendus,  t.  I,  p.  il  3  et  suiv.). 

((/)  Voyez  tome  VI,  page  527. 

(e)  Backer,  De  structura  subliliori  hepatis  sani  et  laorbosi  {dli'i^ert.  iiiatii;'.).  Lilrcclil,  1815. 

(/')  Wli.u'loii  .Jones,  Microscopical  Exainiiuttwn  of  llie  Contents  of  tlic  Hepatic  Ducts,  ivitli 
Conclusions  founded  thereon  as  tn  the  Pliijsiological  Siijnification  ofthe  Cells  of  Hepatic  Paren- 
cltijriia  and  as  to  tlieir  Anatomical  Helalion  to  the  lîndicles  ofthe  Hepatic  Duels  {Philos.  Trans., 
1848,  p.  277). 


272  SÉCRÉTION. 

dont  rtHucle  anntonii(|uc  nous  a  déjà  occupés;  mais  nous  ren- 
contrerons des  preuves  encore  plus  convaincantes  de  ce  mode 
d'origine  des  produits  sécrétés,  lorsque  nous  aborderons  Tiiis- 
toire  des  fonctions  de  reproduction,  et  que  nous  examinerons 
la  manière  dont  le  sperme  et  le  lait  sont  élaborés  dans  les  glandes 
où  ces  liquides  prennent  naissance. 

11  me  paraît  bien  démontré  que,  dans  un  grand  nombre  de  cas, 
les  matières  accumulées  dans  l'intérieur  des  utricules  du  tissu 
sécréteur  ne  sont  mises  en  liberté  que  par  suite  de  la  rupture  ou 
la  destruction  des  [)arois  de  ces  vésicules,  qui,  arrivées  au  terme 
de  leur  existence  et  devenues  de  plus  en  plus  lurgides  par  l'elfet 
de  l'absorption  des  iluides  ambiants,  crèvent  ou  se  dissolvent, 
et  laissent  échapper  ainsi  leur  contenu.  L'activité  du  travail 
sécrétoire  est  alors  subordonnée  à  la  rapidité  avec  laquelle  ces 
utricules  parcourent  les  diverses  phases  de  leur  existence  et  se 
succèdent  dans  l'apiiareil  glandulaire.  Mais,  dans  d'autres  cas, 
l'évacuation  des  produits  renlermés  dans  une  cellule  de  ce 
genre  païaît  pouvoir  s'opérer  sans  que  cet  organite  se  détruise 
et  par  suite  d'une  simple  transsudation  à  travers  la  substance 
de  ses  parois.  En  elTet,  on  ne  voit  pas  le  tissu  utriculaire  de 
toutes  les  glandes  se  renouveler  à  mesure  que  ce  travail  sécré- 
toire dont  elles  sont  le  siège  |)rogresse,  et  alors  les  Ibnctions 
de  ces  petites  vésicules  paraissent  être  persistantes,  de  même 
(juc  leur  existence;  mais  on  ne  sait  rien  de  précis  au  sujet  du 
mécanisuie   jiar  l(Mpiel   l'évacuation   de  leurs    produits   s'el"- 

fectue. 

^13.  —  11  ost  aussi  à  noter  que  les  nlricules  plus  ou  moins 

des orgariiies    („pni(|es  oui  conslilucut   Ics  instrumcuts  essentiels  de  toute 

secPL'tcurs  ~  1 

avec  If  s;ing.  ^^'.^^^j-j^j j(),j  ^out  cu  général  séparés  <lu  lliiide  nourricier  conimun 
par  la  nienibiane  amorphe  (pii  \ouv  sert  de  support.  Les  glo- 
bules {\\\  sang  et  les  vésicules  conslitutiv(>s  de  (pieUpies  glandes 
iniparlaitcs  sont  les  seuls  organiles  de  <t  genre  (jui  baign(Mit 
diiccleuicnl   dans  le  li(|uide   noiiiM'icier  ;  mais,  dans  tous  les 


Relalions 


STRI'CTIUI^    IMlMi;    DKS    r.L.\M)KS    PAI5FAITKS.  27o 

organes  sik'réteurs,  le  plasma  du  sang,  ou  riunneur  ((ui  en 
lient  lieu,  arrive  facilement  en  contact  avec  ces  cellules  mem- 
braneuses par  voie  d'imbibition,  et,  à  mesure  que  l'activité 
fonctionnelle  d'un  appareil  sécrétoire  est  plus  grande,  les  raj)- 
porls  entre  ces  glandules  éUînientaires  et  le  courant  irrigatoire 
deviennent  de  plus  en  plus  intimes  et  multipliés.  Chez  les  Ani- 
maux dont  la  circulation  est  lacunaire,  et  dont  le  sang  est 
épanché  entre  les  viscères,  les  glandes  plongent  directement 
dans  ce  liquide,  et  par  conséquent  plus  elles  sont  grêles  et 
allongées,  plus  leur  dis[)Osition  est  favorable  au  renouvelle- 
ment rapide  de  la  couche  de  fluide  nourricier  en  contact  avec 
leur  surface  extérieure.  Aussi,  chez  les  Insectes,  voyons-nous 
les  organes  sécréteurs  les  plus  puissants  affecter  la  forme  de 
tubes  capillaires  flottants  plus  ou  moins  librement  dans  le  tor- 
rent circulatoire.  iMais  chez  les  Animaux  dont  le  sang  est 
emprisonné  dans  un  système  de  tubes  clos,  il  n'en  est  pas  de 
même,  et  le  perfectionnement  de  toute  glande  se  trouve  lié  au 
nombre  de  vaisseaux  capillaires  qui  se  répandent  dans  son 
intérieur.  Alors  ces  instruments  physiologiques,  à  moins  d'être 
réduits  à  un  rôle  sans  importance,  ne  peuvent  plus  être  formés 
seulement  par  les  matériaux  fondamentaux  dont  l'étude  vient 
de  nous  occuper,  et  doivent  se  composer  de  vaisseaux  san- 
guins aussi  bien  que  de  vésicules  sécrétoires.  En  effet,  cbez 
les  Animaux  à  circulation  vasculaire,  on  voit  toujours  des 
artères  et  des  veines  se  réunir  étroitement  aux  ampoules  ou 
aux  tubes  qui  renferment  ces  utricules,  et  constituer  dans  toutes 
les  parties  de  la  glande  un  réseau  capillaire  plus  ou  moins 
riche.  Les  relations  entre  ce  système  de  canaux  irrigatoires  et 
le  svstème  de  cavités  sécrétoires  qui  s'y  trouve  associé  se 
multi[)lient  et  se  compliquent  proportionnémcnt  au  degré  de 
puissance  fonctionnelle  dont  la  glande  doit  être  douée.  On  peut 
toujours  constater  un  certain  rapport  entre  la  quantité  de  travail 
que  ces  organes  effectuent  et  la  quantité  de  sang  qui  les  tra- 
vu.  1§ 


27^1  SÉCKÉTION. 

verse  en  un  temps  cloiiné.  Enlin  ])liis  une  snrlace  sécrétante  se 
perleclionne  sons  ee  rapport ,  plus  ses  connexions  avec  le 
réseau  sons-jacent  des  capiilaiics  sanguifères  devient  intime, 
et  lorscfiie  l'irrigation  devient  la  plus  active  possible,  on  voit 
que  les  petits  vaisseaux  ne  se  bornent  pas  à  enlacer  dans  un 
réseau  à  mailles  étroites  toutes  les  parties  du  système  sécré- 
toire  de  la  glande,  mais  pénètrent  même  en  forme  d'anses  dans 
.   l'intérieur  des  cavités  dont  ce  système  se  compose  (1). 

Chez  l'Homme  et  chez  tous  les  autres  Vertébrés,  les  vais- 
seaux sanguins  jouent  ainsi  un  rôle  très  important  dans  la  con- 
stitution des  glandes.  Dans  la  plupart  de  ces  orgHues,  le  sang 
arrive  par  une  artère  plus  ou  moins  volumineuse  (jui  se  ramitie 
dans  leur  intérieur,  et  donne  naissance  à  un  réseau  capillaire 
dont  les  branches  terminales  constihient  par  leur  réunion  des 
veines  efféren tes.  Mais  dans  quelques  glandes  l'appareil  irri- 
gatoire  se  complique  davantage,  et  des  veines  aussi  bien  (lue 
des  artères  j)énètrent  dans  la  proi'ondcur  de  l'organe  pour  s'y 
diviser  et  y  former  un  réseau  capillaire,  puis  se  reconstituent 
en  branches  et  en  troncs  efférenls  de  la  manière  ordinaire. 
Nous  avons  déjà  eu  l'occasion  de  voir  un  mode  d'organisation 
de  ce  genre  en  étudiani  la  structure  du  foie  chez  les  Verté- 
brés (2),  et  lorsque  j'ai  fait  l'histoire  de  la  circulation ,  j'ai 
signalé  l'existence  d'une  disposition  analogue  dans  les  reins 
de  beaucoui»  de  ces  Animaux  (o). 

Je  dois  ajouler  (pie  chez  les  Animaux  supérieurs  les  glandes 
sont  jtourviies  aussi  de  vaisseaux  lymphatiques,,  et  que  des 
nerfs  provenant  du  système  ganglionnaire  y  pénètrent  en  ram- 
pant sur  les  parois  des  vaisseaux  sanguins, 
sironia  Enfui,   Ic  lissu   coujouctif  quI  entoure  les  glandes  et  qui 

digîandel   péuclre   entre  leurs  différentes  [)arlies  constitutives,  tend  à 

(1)    Colle  (lispcisilioii  so  roiiconirc  (2)  Voyoz  toiuo  \l,  page  /i36. 

dans  les  reins,  eninnie  nous  le  verrons  (o)  Voyez  lonie  111,  pages  35(),  '6\iO, 

dans  inie  proiliaine  Leçon.  iùo,  elc. 


STRUCTURE    INTIME    DES    GLANDES    PARFAITES.  '275 

devenir  meiïibranUbrnie,  et  leur  constitue  d'ordinaire  une  sorte 
(le  charpente  intérieure  appelée  stroma,  aussi  bien  (pi'un  revê- 
tement extérieur.  En  général,  des  fibres  élastiques  s'y  déve- 
loppent en  plus  ou  moins  grande  abondance,  et,  lorscjue  la 
couche  extérieure  ainsi  constituée  devient  bien  <listincte  des 
tissus  eirconvoisins,  elle  forme  autour  de  la  glande  une  sorte 
de  tnniijue  ou  de  capsule. 

Les  considérations  que  je  viens  de  présenter  au  sujet  de 
l'anatomie  des  glandes  suffiront,  je  pense,  pour  donner  une 
idée  exacte  des  caractères  généraux  de  ces  organes,  et  les  faits 
particuliers  relatifs  au  mode  d'organisation  de  ceux  de  ces 
appareils  sécréteurs  dont  l'étude  ne  nous  a  pas  encore  occupés 
trouveront  leur  place  dans  d'autres  parties  de  ce  Cours.  Je  ne 
m'arrêterai  donc  pas  davantage  sur  ce  sujet,  et  dans  la  pro- 
chaine Leçon  je  passerai  à  l'examen  général  des  [>hénomènes 
dont  ces  organes  sont  le  siège. 


Nature 
du    travail 
técréloirc. 


SOIXANTE -DEUXIÈME  LEÇON. 

Nature  du  travail  sécrétoire  ;  hypothèses  dont  il  a  été  l'objet.  —  Origine  des  matières 
sécrétées.  —  Caractères  généraux  de  ce  pliénomène. 


^l    La  théorie  des  sécrétions  a  donné  lieu  à  beaucoup 

d'iiypolhèsfis,  mais  elle  est  encore  à  découvrir,  et,  dans  l'état 
actuel  de  la  science,  on  me  paient  plus  éloigné  du  but  qu'on  ne 
le  pensait  jadis ,  car  nous  allons  voir  que  l'action  sécrétoire 
semble  dépendre  essentiellement  de  la  puissance  vitale,  et  il 
est  probable  que  les  lois  de  cette  force  nous  seront  toujours 
cachées.  Cependant  les  recherches  des  physiologistes  modernes 
ont  jeté  beaucoup  de  lumière  sur  l'histoire  de  cette  fonction,  et 
si  nous  ignorons  la  cause  première  du  phénomène,  nous  con- 
naissons au  moins  beaucoup  de  ses  caractères  les  plus  impor- 
tants. 

Les  anciens  physiologistes,  qui  se  contentaient  trop  souvent 
de  notions  vagues  ou  de  comparaisons  spécieuses,  se  formaient 
une  idée  fort  simple  du  mtk'anisme  du  travail  sécrétoire.  Us 
le  considéraient  comuie  étant  un  [)hénomène  mécanique,  une 
sorte  de  triage  des  matières  contenues  dans  le  sang,  triage 
(jui  serait  effectué  par  les  glandes,  lesquelles  agiraient  comme 
autant  de  cribles  ou  de  filtres  chargés  chacun  d'un  rôle  parti- 
culier (1)  ;  et  l'illuslre  Descartes,  pour  expliquer  de  la  sorte  la 
séi)aratioij  de  ces  corps,  supposa,  d'une  part,  que  les  molécules 

(1)  Calieu  nous  apprend  qu'Asch'-  sVtpèronl   coiunio   (''tunl   dos    cspècos 

piade  (qui  exerçait  la  médecine  à  l'iunic  de  criljles    propres    à  laisser  passer 

du  temps  de  Gicéron)  eonsidôrail  les  certaines  matières  et  à  en  retenir  d'au- 

tissus  à  travers  les(iuels  les  sécrétions  très  {a). 

(a)  Galii'ii,  De  naturaiïbiis  facidUiUbus,  lil).  1  [Upcra,  1.  I,  p.  '293). 


NATURE    DE    CE    THAVAIL.  277 

(le  ceux-ci  avnienf  des  Ibriiies  ditTcrontes  siiivaiil  leur  iialiirc 
respective;  (rmifre  part,  que  chaque  glande,  pour  laisser  passer 
certains   d'entre  eux   à    l'exclusion  des  autres,    était  criblée 
de  porcs  d'une  forme  correspondante  (1).  Mais  ces  vues  de 
l'esprit  ne  pouvaient  être  acceptées  comme  l'expression  de  la 
vérité,  et  d'autres  philosophes,  le  f;rand  Leibnitz,  par  exemple, 
crurent  pouvoir  se  rendre  mieux  compte  du  mécanisme  des 
sécrétions,  en  supposant  que  les  pores  de  l'espèce  de  filtre 
représenté   par  chaque  glande  étaient  préalablement  saturés 
de  la  matière  que  cet  organe  était  spécialement  chargé  d'éli- 
miner, et  qu'en  vertu  d'une  atti'action  particulière  entre  les 
choses  similaires,  ces  passages  se  laissaient  traverser  par  les 
molécules  de  cette  matière,   tandis  qu'ils  n'admettaient  pas 
les  corps  étrangers  (2).  Au  premier  abord ,  cette  hypothèse 
pouvait  paraître  plus  plausible  que  la  précédente,  mais  elle  ne 
devait  pas  mieux  résister  aux  épreuves  de  la  discussion  et  de 
l'expérimentation  ;  car  il  était  facile  de  constater  que  les  fdtres 
imbibés  de  la  sorte  par  de  la  salive,  de  la  bile  ou  de  l'urine,  se 
laissent  traverser  parle  sérum  du  sang  et  n'en  sé[)arent  aucune 
de  ces  humeurs. 

Enfin,  on  imagina  aussi  que  l'espèce  de  filtration  élective 
opérée  par  les  glandes  était  la  conséquence  d'une  sorte  de 
sensibilité  particulière  qui  rendait  ces  organes  aptes  à  distin- 


(1)  Descaries  donne  la  mémo  expli-  (2)  Une  opinion  analogue  à  celle  de 

cation  des  phénomènes  de  la  nutrition  Leibnitz  (c)  fut  adoptée  dès  le  commen- 

des  tissus  (a),  et  ses  idées  à  ce  sujet  cernent  du  siècle  dernier  par  Wins- 

furent  adoptées  par  beaucoup  de  phy-  low  {d)  et  plusieurs  autres  auteurs  de 

siologistes  du  xvii*  siècle  (6).  la  même  époque  (e). 


(a)  Descaries,  L'Homme  (Œuvres,  vM.  de  Cousin,  (.  \\,  p.  2ii);  De  la  formation  du  fœtns 
(loc.  cit.,  p.  463  et  404),  et  Discours  de  la  mclltodc  (Op.  cit.,  t.  I,  p.  183). 

(6)  Voyez  Haller,  Elemenla  physiologiœ,  lib.  VII,  scct.  3,  1. 11,  p.  469. 

(c)  Voyez  Hallei-,  Op.  cit.,  t.  II,  p.  471. 

{d}  Winslow,  De  la  manière  dont  se  font  les  sccrclions  daits  les  glandes  (Mcin.  de  l'Acad.  des 
sciences,  1711,  p.  245). 

(e)  Voyo7  Haller,  Op.  cit.,  t.  II,  p.  471. 


278  SÉCRÉTION. 

giier  entre  elles  les  diverses  malières  que  le  sang  leur  apporlait 
et  à  s'emparer  de  celles  dont  ils  devaient  effectuer  rexerétion. 
Mais  cette  supposition  ne  devait  faciliter  en  aucune  façon  l'in- 
teliigencc  du  phénomène,  car  on  ne  comprend  pas  comment 
une  pareille  sensibilité  pourrait  devenir  la  cause  efficiente  du 
travail  sécrétoire  (1). 


Toutes  ces  théories  supposent  nécessairement  que  les  humeurs 
ou  les  matériaux  constitutifs  de  ces  liquides  existent  dans  le  sang 
et  en  sont  simplement  séparés  par  l'organe  sécréteur;  cepen- 
dant rien  ne  prouvait  alors  qu'il  en  fût  ainsi,  et  lorsque  les 
phénomènes  chimi(iues  commencèrent  à  hxer  Tattenlion  des 
physiologistes,  quelques  auteurs  envisagèrent  autrement  le  tra- 
vail des  glandes.  Us  pensèrent  que  les  matières  caractéristiques 
de  chaque  humeur  étaient,  pour  ainsi  parler,  fabriquées  sur 
place  dans  l'intérieur  de  chacun  de  ces  organes,  par  l'action 
de  forces  chimiques,  et  ils  exprimèrent  celte  idée  en  disant 
que  ces  substances  étaient  le  résultat  d'une  fermentation  parti- 
culière {"2). 


(1)  Bichat  supposait  (uren  raison  de 
sa  s<;nsil)ilité  organique,  cliaque  glande 
distingue  dans  la  masse  du  sang  les 
matériaux  qui  conviennent  à  sa  sécré- 
tion, et  que  par  sa  contractilité  insen- 
sible elle  se  resserre  ou  se  sonlrve  pour 
rejeter  de  son  sein  ceux  qui  sont  iiélé- 
rogènes  a  cette  sécrétion  [a], 

(2)  li'hypollièse  de  la  production 
des  humeurs  par  fermentation  se  trouve 
vagu(;ment  indiquée  diuis  les  écrits  de 
Van  iieimoni  (6),  et  lui  développée  par 
plusieurs  physiologistes  du  xvii'^  et  du 
XVIII'' siècle,  telsqueSylvius  et  Willis(c'). 


Les  auteurs  récents  qui  en  parlent 
oubhent  trop  souvent  qu'à  l'époque 
de  Van  Mehnont  et  de  ses  successeurs 
immédiats,  le  mot  fermentation  n'avait 
pas  la  signification  précise  qui  y  est 
donnée  de  nos  jours,  et  était  employé 
pour  désigner  seulement  un  travail 
cliimiqucs'opérant  spontanément  dans 
la  substance  d'un  corps  et  donnan  t  nais- 
sance à  de  nouveaux  produits  ;  il  n'iui- 
pliquail  donc  en  aucmie  façon  l'idée  de 
l'existence  d'un  ferment  particulier 
dans  chaque  glande,  comme  semblent 
le  penser  quelques  physiologistes  {d). 


(a)  Biclial,  Anatomie  générale,  système  glanduleux,  art.  3,  g  2  (odit.  de    Mainsrauli,  t.  1I> 
p.  (;29). 

(b)  Van  Helmoiit)  Ortus  medicinœ,  4048. 

(t)  Voyez  llalkT,  FAementa  physiologiœ,  1.  II,  p.  Ma. 
[d]  Longi'l,  Traitt^  de  pliyswlogie,  1. 1,  p.  8'.I8. 


NATUr.E    DE    CE    TRAVAIL.  279 

En  (léponillanl  ces  vues  des  idées  accessoires  qui  les  enve- 
loppaient, et  en  taisant  abstraction  du  langage  de  l'époque,  nous 
voyons  donc  que  de  bonne  heure  il  régna  parmi  les  physiolo- 
gistes deux  opinions  opposées  touchant  la  nature  intime  du 
travail  séorétoire.  Tous  étaient  d'accord  pour  reconnaître  que 
les  matériaux  employés  à  former  les  humeurs  étaient  fournis 
aux  glandes  par  le  fluide  nourricier  :  mais,  suivant  les  uns,  ces 
substances  ne  devenaient  les  principes  constitutifs  de  la  bile, 
de  la  salive,  de  l'urine  ou  de  toute  autre  sécrétion  que  dans  l'in- 
térieur de  l'organe  sécréteur  et  par  suite  du  travail  spécial  dont 
celui-ci  était  le  siège;  tandis  que,  suivant  les  autres,  ces  mêmes 
principes  se  trouvaient  déjà  tout  formés  dans  le  sang  qui  arrive 
dans  la  glande,  et  celle-ci,  pour  accomplir  sa  tache,  n'avait 
qu'à  les  séparer  des  autres  corps  auxquels  ils  se  trouvaient 
mêlés  dans  le  torrent  de  la  circulation  et  à  les  verser  au  dehors. 

La  plupart  des  physiologistes  du  siècle  dernier,  Hallcr,  par 
exemple,  adoptèrent  la  seconde  de  ces  hypothèses  (1)  ;  mais  de 
leur  temps  les  procédés  analytiques  employés  en  chimie  étaient 
trop  imparfaits  pour  que  la  solution  de  la  question  fût  possible, 


(1)  Haller  fit  quelques  réserves  à  ce  rable  de  principes  difléients,  et  n'ac- 

sujet,  et  admit  que  les  humeurs  exis-  quièrent  les  caractères  qui  les  distiu- 

tent  dans  le  sang  à  l'état  parfait  ou  guenl  que  du  moment  que  cet  ensemble 

presque  parfait  (a).  11  est  aussi  à  noter  de  substances   se  trouve  séparé   des 

que  dans  ces  derniers  temps  la  plupart  autres  matériaux  constitutifs  de  Torga- 

des  médecins  et  même  des  physiolo-  nisme.  W  faut  donc  poser  la  question 

gistes  semblent  avoir  considéré  chaque  en  d'autres  termes,  et  demander  si  les 

humeur  comme  un  corps  déterminé  principes    immédiats  qui  constituent 

existant  tout  formé  dans  lo  sang:  ainsi  tel  ou  tel  liquide  sécrété  existent  dans 

ils  parlent  souvent  de  l'existence  de  la  le  sang  et  sont  fournis  par  celui-ci  à 

bile   ou   de  l'urine  dans  ce  liquide.  l'organe  sécréteur,  ou  si  ce  dernier  est 

Mais  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  chargé  de  les  produire  à  l'aide  d'autres 

les  humeurs  ne  sont  que  des  mélanges  matières  puisées  dans  le  fluide  nour- 

d'un  nombre  plus  ou  moins  considé-  ricier  général. 


(a)  Haller,  Op.  eit.,  t.  H,  p.  'SQfi. 


Source 

des  matières 

sécrétées. 


280  SÉCRÉTION. 

et  c'est  de  nos  jours  seulement  que  ce  poinl  l'onclanienlal  de 
l'histoire  des  sécrétions  a  pu  être  éclaire! . 

^2.  —  ï^es  recherches  comparatives  sur  la  composition  des 
divers  liquides  de  l'économie  animale,  faites  vers  le  commence- 
ment du  siècle  actuel  par  Berzelius,  jetèrent  quel(iues  lumières 
sur  ce  sujet  important,  mais  ne  suflirent  pas  pour  lever  les  dil'- 
ficultés  ([ui  arrêtaient  de[)uis  si  longtemps  les  physiologistes 
<lans  leurs  investigations  sur  la  nature  du  travail  sécrétoire.  En 
elTet,  Berzelius  fit  voir  que  pour  l'urine,  la  hile,  la  salive,  les 
larmes,  le  lait  et  presque  toutes  les  autres  humeurs  de  l'orga- 
nisme, il  existe  en  dissolution  dans  l'eau  un  certain  nomhre  de 
sels  qui  tous  se  rencontrent  également  dans  le  sérum  du  sang, 
et  que  ce  dernier  liquide  contient  aussi  quelques  principes  orga- 
niques qui  sont  idenliques  ou  peu  dilTérents  de  ceux  (pie  l'on 
retrouve  dans  diverses  sécrétions  ;  mais  il  m;  put  découvrir 
dans  le  lluide  nourricier  quelques-uns  des  matériaux  les  plus 
remarquahles  de  certaines  humeurs,  l'in^ée,  par  exemple,  (jui 
est  excrétée  en  quantité  considt'rahle  par  les  glandes  rénales 
de  l'Honnuc  et  de  la  plupart  des  autres  Animaux,  et  (jui  carac- 
térise pour  ainsi  dire  la  sécrélioii  iirinairc.  Cela  pouvait  s'expli- 
quer de  deux  manières  :  en  supposant  tpie  l'urée  est  un  produit 
de  l'activité  fonctionnelle  des  glandes  urinaires,  et  qu'elle  est 
formée  dans  ces  organes  aux  dépens,  soit  àc  Talhumine,  soit  de 
(piel(pie  autre  matière  |)rovenant  du  sang;  ou  hien  en  adojïlant 
riivpotliès(^  de  sa  j)réexistenee  dans  1(^  fluide  noiuTieier  et  en 
allrihiianl  à  rimperfection  des  procédés  d'analyse  employt's  la 
non-constatation  de  sa  présence  dans  ce  dernier  li(|uide.  Quant 
aux  autres  matières  caractéristiipics  de  cerlaines  humeurs,  telles 
que  les  principes  colorants  de  la  hile  ou  la  cholestérine,  qu'on 
avait  découverts  en  petites  tpr-uililés  dans  le  sang,  on  pouvait 
penser  tpi'elles  y  avaient  été  portées  \k\v  absorption  après  leur 
fornialion  dans  les  glandes  chargtVs  de  hs  sécrt'Mer,  ou  hien 
que  c'était  dans  le  sang  que  ees  organes  les  avaient  puisées. 


SOURCE    ni-S    MATIKURS    SÉllRKTKKS.  581 

La  qiiosiion  restait  donc  eiilièrc,  et  s'il  devait  paraître  extrê- 
mement probable  (pie  les  glandes  se  bornent  à  éliminer  du  sang- 
plusieurs  des  matières  dont  les  humeurs  se  composent,  on  devait 
être  porté  à  croire  que  la  plupart  des  principes  les  plus  caraeté- 
risliques  des  excrétions  ne  jjréexislent  pas  dans  le  fluide  nour- 
ricier et  sont  créés  sur  place  par  les  organes  sécréteurs. 

En  1821,  MM.  Dumas  et  Prévost  (de  Genève)  la  posèrent 
d'une  manière  nette,  et  ils  furent  les  premiers  à  l'attaquer  direc- 
tement par  la  voie  expérimentale. 

Pour  la  résoudre,  ils  eurent  l'heureuse  idée  de  pratiquer  sur 
un  Chien  l'ablation  des  glandes  qui  sont  chargées  de  sécréter 
l'urine,  et  de  faire  ensuite  l'analyse  du  sang  lire  des  veines  de 
l'Animal  ainsi  mnfilé. 

Il  est  évident  que  si  l'iu^ée  prenait  naissance  dans  les  reins, 
cette  opération  devait  en  arrêter  la  production,  tandis  que 
dans  le  cas  où  ces  organes  seraient  chargés  de  puiser  celte 
substance  dans  le  sang,  on  pouvait  s'attendre  à  la  voir  s'accu- 
muler dans  le  fluide  nourricier  quand  l'instrument  éliminateur 
cessait  de  fonctionner.  L'expérience  se  prononra  en  faveur  de 
cette  dernière  h\  [lolhèse.  MM.  Prévost  et  Dumas  constatèrent 
l'existence  de  l'urée  dans  le  sang  de  divers  Mammifères  dont 
les  reins  avaient  été  extirpés,  et  ils  en  conclurent  avec  raison 
que  ce  liquide  devait  en  contenir  toujours,  mais  en  trop  petite 
quantité  pour  être  appréciable  par  les  moyens  d'analyse  dont 
la  chimie  disposait;  (pie  les  reins  étaient  chargées  de  l'éli- 
miner au  fur  et  à  mesure  de  son  introduction  dans  le  sang,  et 
que  la  source  de  ce  principe  excrémentitiel  était  ailleurs  (1 


(Ij  Dans  une  prochaine  Leçon,  lors-  de  ces  expériences  imporlantes  qui  font 
que  je  traiteraide  la  sécrétion  urinaire,  époque  dans  Thistoire  des  sécrétions 
je  rendrai  plus  complètement  compte      en  général  (a). 


(a)  Prévost  el  Dumas,  Examen  du  sang  et  de  son  action  dans  les  divers  phénomènes  de  la  vie 
[Annales  de  chimie  et  de  phy.iique,  1823,  t.  XXIII,  p.  90). 


282  SÉCRÉTION. 

Lesreclierches  ultérieures  dont  je  rendrai  compte  dans  une  pro- 
chaine Leçon  sont  venues  confirmer  en  tous  points  ces  conclu- 
sions, et  |jar  conséquent  la  sécrétion  de  l'urine  par  les  glandes 
rénales  doit  être  considérée  comme  un  travail  éliminatoire,  et 
non  comme  un  travail  producteur.  En  effet,  on  sait  aujourd'hui 
que  le  sang  contient  toujours  de  l'urée,  mais  que,  dans  l'état 
normal,  ce  principe  ne  s'y  rencontre  qu'en  très  petite  quan- 
tité, parce  que  les  reins  l'enlèvent  sans  cesse  pour  l'expulser 
au  dehors  par  les  voies  urinaires  (1). 

Dans  la  plupart  des  cas,  le  travail  sécrétoire  effectué  par  les 
glandes  paraît  être  de  môme  nature  que  celui  dont  les  reins 
nous  offrent  un  exemple,  et,  d'après  l'ensemble  des  faits  l'on- 
nus,  les  physiologistes  sont  généralement  disposés  à  croire  (juc 
les  organes  sécréteurs  ne  produisent  aucune  des  substances 
contenues  dans  les  humeurs  qu'ils  sécrètent,  et  se  bornent  à 
les  séparer  du  sang  où  ces  principes  préexistent.  Mais  cette 
conclusion  parait  être  trop  générale,  car  dans  le  foie  il  semble 
y  avoir  production  aussi  bien  qu'élimination  de  certains  prin- 
cipes immédiats.  En  effet,  M.  Moleschott  est  parvenu  à  conser- 
ver en  vie  pendant  quelque  temps  des  Grenouilles  dont  il  avait 
extirpé  le  foie,  et,  en  examinant  le  sang  des  Animaux  mutilés 
de  la  sorte,  il  n'a  pu  y  découvrir  aucune  trace  des  acides  rési- 
noïdes  de  la  liile  <|ue  l'appareil  hépatique  excrète  en  (piantité 
considérable  (2). 

^  ;^,  —  Quoi  (pi'il  en  soit  de  ce  cas  particulier  et  de  quelques 
autres  faits  analogues,  il  me  paraît  bien  démontré  aujourd'hui 

(1)  Voyez  lomc  1,  page  199  et  sui-  Uipé  le  foie,  et  il  n'a  trouvé  aucune 
Yantes.  trace  de   la    présence  des  principes 

(2)  M.  Moleschott  est  parvenu  à  biliaires,  ni  dans  le  sang,  ni  dans  les 
conserver  en  vie  pendant  trois  semaines  muscles,  la  lymplic,  le  suc  gastrique 
quelques  Grenouilles  dont  il  avait  ex-  ou  Turine  de  ces  Animaux,  (a). 

(a)  Molescliolt,  Untersnchungen  ûbcr  die  LHldungsstdtte  der  (ialU  {Avchiv  fur  physiologiscbe 
Ileilkunde,  l.  XI,  il  479). 


SOURCE    DES    MATIÈRES    SÉCRÉTÉES.  ^283 

que  la  sécrétion  est  toujours  uniquement  ou  prinripalementun 
travail  d'élimination  ;  que  d'ordinaire  la  glande  trouve  dans  le 
sang  qui  baigne  l'une  de  ses  surfaces,  ou  qui  traverse  sa  sub- 
stance, toutes  les  matières  dont  se  compose  l'iiumeiu'  qu'elle 
évacue  par  sa  surface  oi)posée  ;  enfin,  que  la  nature  des  produits 
de  l'activité  fonctionnelle  de  ces  organes  est  subordonnée  à  la 
proportion  aussi  bien  qu'à  Texistence  des  matières  éliminables 
dans  le  fluide  nourricier. 

L'influence  que  la  composition  du  sang  exerce  sur  celle  des  ^Lesgianios 

,  ,  .£,  éliminent 

humeurs  que  les  glandes  en  séparent  est  rendue  manneste  par     du  san.- 
une  multitude  d'expériences.  En  effet,  rien  n'est  plus  aisé  que  des^rsl-ù'icc 

_  .   .  -,  •     •       L       L     i  ^  •  introduites 

de  modifier  la  composition  du  sang  en  injectant  dans  les  veines  dansccii-imi 
diverses  substances  qui  sont  sans  action  nuisible  sur  l'économie, 
et  qui  sont  faciles  à  reconnaître  au  moyen  de  réactifs  chiuiiques 
appropriés  à  cet  usage.  Or,  dans  la  grande  majorité  des  cas,  les 
matières  étrangères  introduites  ainsi  dans  le  torrent  de  la  cir- 
culation sont  éliminées  par  l'action  des  glandes  et  apparaissent 
dans  les  humeurs  avec  les  autres  principes  que  !e  travail  sécré- 
toire  puise  dans  le  sang  normal.  Dans  une  prochaine  Leçon, 
lorsque  nous  étudierons  la  sécrétion  urinaire,  j'aurai  à  citer 
beaucoup  d'expériences  de  ce  genre  ;  nous  verrons  ailleurs  que 
le  lait  sécrété  dans  l'appareil  mammaire  peut  être  également 
chargé  de  matières  étrangères  introduites  accidentellement  dans 
le  sang,  et  les  sécrétions  dont  nous  avons  déjà  eu  l'occasion  de 
faire  l'étude  sont  susceptibles  d'éprouver  des  modifications 
analogues  sous  l'influence  des  mêmes  causes.  Ainsi,  quand  le 
sang  est  chargé  artificiellement  de  ferrocyanure  de  potassium 
ou  de  lactate  de  fer,  ces  matières  ne  tardent  pas  à  se  montrer 
dans  le  suc  gastrique  (1).  Pour  (pie  les  glandes  salivaires 
sécrètent  de  l'iode  mêlé  aux  autres  matières  dont  se  compose  la 
salive  normale,  il  suffit  qu'elles  en  trouvent  en  faible  proportion 

(1)  Voyez  ci-dessus,  page  39,  note  1. 


28/l  SÉCRÉTION. 

dans  lelluide  nourricier  (l),  et  l'on  a  vu  le  mercure,  inlroduit 
dans  réconomie  par  absorption,  se  montrer  également  dans 
l'humeur  produite  par  ces  organes  ('2). 

l.'a[)parition  des  matières  dont  le  sang  est  chargé  dans  les 
produits  de  l'action  sécrétoire  de  telle  ou  telle  glande,  dépend 
en  grande  partie  de  la  proportion  de  ces  substances  dans  le  pre- 
mier de  ces  fluides.  Ainsi,  quand  la  quantité  de  glucose  dont 
le  sang  est  chargé  atteint  une  certaine  limite,  ce  principe  sucré 
est  éliminé  par  les  reins,  et  quand  il  y  existe  en  proportion  plus 
considérable,  il  peut  être  excrété  également  par  les  glandules 
gastriques  et  par  les  glandes  salivaires  (3).  Des  faits  du  même 
ordre  ont  été  constatés  au  sujet  de  l'excrétion  de  l'urée  con- 
tenue dans  le  fluide  nourricier.  Dans  les  circonstances  ordi- 
naires, cette  substance  n'existe  dans  le  sang  qu'en  proportion 
extrêmement  faible,  et  n'est  séparée  de  ce  liquide  en  quantité 
notable  que  par  les  glandes  urinaires  ;  mais,  lorsqu'elle  y  devient 
plus  abondante,  comme  cela  a  lieu  dans  diverses  maladies, 
ainsi  i\ui\  la  suite  de  l'extirpation  des  reins,  elle  peut  être 
excrétée  par  d'autres  voies  et  se  trouver  dans  la  sueur,  dans 
la  salive,  dans  le  suc  gastrique,  dans  la  bile  et  dans  le  lait,  ainsi 
(jue  dans  les  diverses  humeurs  de  l'économie  dont  la  formation 


(1)  M.  Lelinianii  a  constalO  que  l'io- 
dure  de  i)Otassiiini,  après  avoir  été 
absorbé,  passe  plus  rapidcnieut  daus 
Ja  salive  que  dans  Turinc.  Après 
Tingeslion  d'uno  pilule  de  celte  sub- 
stance dans  Testoniac,  il  suUil  sou\enl 
de  dix  minutes  pour  qu'à  l'aide  de 
l'amidon  cl  de  l'acide  nitrique,  on 
puisse  découvrir  l'iode  dans  le  premier 
de  ces  liquides,  tandis  qu'il  ne  se  mon- 


trera dans  l'urine  qu'au  bout  d'une 
demi-beure  ou  davantage  (a).  L'excré- 
tion de  l'iode  par  la  srcrétion  mam- 
maire a  été  également  constatée,  et 
cette  substance, administrée  à  Tinlérieur 
sous  diverses  formes,  s'est  montrée 
aussi  dans  la  sueur  (6).  Il  en  a  été  de 
même  pour  plusieurs  autres  corps. 

(2)  Voyez  tome  V,  page  23o. 

(3)  \  oyez  tome  VI ,  page  265. 


(a)  I.elimann,  Lehrhuth  lier  phijsiologischen  Cliemie,  t.  II,  ji.  l'J. 

(6)  Ganlii,  UécuuvcvU    chimique,   etc.  {Uulklin  des  sciences  médicales  de  Fénissac,   1825, 
I.  VI,  p.  KU). 


CAUSES    1)1-:    CK    PIlÉiNOMKNi;. 


285 


paraît  être  duc  à  la  transsudatioii  du  plasuia  plutôt  qu'à  un 
travail  sécrétoire  bien  caractérisé  (1). 

^  !x.  —  Lorsqu'on  compare  entre  eux,  sous  le  rapport  de     nypon.Ls.. 

'  .        .  de  la  formation 

leurs  propriétés  chimiques,  le  sang  et  les  prmcipaux  liquides  des sécréiions 

por  le  icn 

qui  en  dérivent,  on  remarque  tout  d'abord  qu'ils  diffèrent  par  des  foncs 
leur  mode  d'action  sur  le  papier  tournesol  -,  que  certaines 
humeurs  sont  notablement  plus  alcalines  que  ne  l'est  le  tluide 
nourricier,  tandis  que  d'autres  sont  franchement  acides,  et  ces 
faits,  mis  en  évidence  par  les  recherches  de  Berzclius  vers 
l'époque  où  les  belles  découvertes  de  Davy  venaient  d'appeler 
l'attention  des  chimistes  sur  le  pouvoir  décomposant  des  cou- 


(1)  Dans  le  choléra,  la  sécrotion 
urinairc  est  supprimée,  et  l'urée  est 
alors  excrétée  par  le  foie ,  les  glandes 
sudorifères ,  etc.  Dans  la  période 
typhoïde  de  cette  maladie ,  l'excrétion 
do  cette  suhstance  par  la  peau  et  la 
muqueuse  buccale  est  si  abondante, 
qu'elle  forme  parfois  h  leur  surface 
une  sorte  d'efllorescence  cristalline  {<i). 
La  présence  de  l'urée  a  été  constatée 
aussi  dans  la  sueur  chez  des  per- 
sonnes dans  l'état  normal  (6). 

A  la  suite  de  l'extirpation  des  reins, 
M.  Marchand  a  trouvé  de  l'urée  dans 
les  matières  rejetées  de  l'estomac  par 
le  vomissement  (c),  et  dans  d'autres 


expériences  du  même  genre  la  pré- 
sence de  ce  principe  a  été  constatée 
dans  la  bile  {d)  ;  mais  il  résulte  des 
expériences  de  iMM.  Cl.  Bernard  et 
Barresvvil,  qu'en  général,  à  la  suite  de 
cette  opération,  l'urée  est  transformée 
en  carbonate  d'ammoniaque  avant  d'ar- 
river ainsi  dans  le  canal  digestif  (e). 

Chez  des  individus  atteints  d'albu- 
minurie, l'urée  s'est  montrée  aussi  dans 
les  fèces  et  dans  le  lait  (/"). 

Dans  une  des  Leçons  précédentes, 
j'ai  eu  l'occasion  de  mentionner  l'ap- 
parition d(î  l'urée  dans  la  sérosité 
des  cavités  du  corps  chez  certains 
malades  {(j). 


(a)  Schottin,  Ueber  die  chemische  Bestandtheile  des  Schweisses  {Archiv  fur  physiol.  Ikilkunde, 
1852,1.  XI,  p.  73). 
— -  Hameniick,  Die  Choiera  ep'ulemica,  p.  211. 

—  Drasche,  Ueber  den  Hariisto/f-Beschlag  der  Haut  und  Schleimhâute  in  Choiera- Tijphoide 
{Zeitschr.  der  Gesellschaft  der  .Ente  zu  Wien,  1856,  p.  101). 

{b)  Landerer,  Pathol.  xmd  plujslol.- chemische  Untersuchungen  (Heller's  Archiv  fiir  physiolog. 
und  path.  Chemie  und  Mikroskopie ,  1847,  t.  IV,  p.  195). 

—  A.  Favro,   Recherches  sur  la  composition  chimique  de  la  sueur  chex.  VHomme  {Comptes 
l'endus  de  l'Acad.  des  sciences,  1852,  t.  XXXV,  p.  721). 

(c)  iMarchand,  Sur  la  pn'sence  de  l'urée  dans  le  sang  (Ann.  des  sciences  nat.,  2*  scrio,  1838, 
t.  X,  p.  55). 

(d)  Slralil  et  Licberkulin,  Ilarnsdure  im  Blut.  Berlin,  1818. 

(e)  Cl.  Beniai-d  et  Barreswil,  Sur   les  voies   d'élimination  de    l'urée  après  l'extirpation  des 
reins  (Archives  géu.  de  méd.,  4*  série,  1847,  t.  XIII,  p.  449). 

(/")  Picard,  De  la  présence  de  l'urée  dans  le  sang,  thèse.  Strasbourg,  185U,  p.  34  et  72. 
(y)  Voyez  tome  IV,  page  433. 


28(3  SÉCRÉTION. 

rants  galvaniques,  portèrent  quelques  auteurs  à  penser  (luc 
rétectricité  pourrait  être  aussi  la  cause  déterminante  des  sécré- 
tions. On  vit  que  la  plupart  des  substances  plus  ou  moins 
complexes  sont  décomposées  par  l'action  de  la  pile  ;  que  les 
acides  se  portent  au  pôle  positif,  tandis  que  les  alcalis  sont 
attirés  vers  le  pôle  négatif,  et  l'on  crut  pouvoir  expliquer  la 
nature  de  l'action  exercée  sur  le  sang  par  les  diverses  glandes, 
en  supposant  que  ces  organes  remplissaient  les  fonctions  d'élec- 
trodes. Nous  verrons  dans  une  autre  [partie  de  ce  cours  qu'il 
existe  effectivement  des  courants  galvaniques  dans  l'intérieur 
de  l'organisme  des  Animaux  vivants,  et  il  est  probable  que  les 
forces  ainsi  mises  en  jeu  opèrent  dans  les  liquides  de  l'éco- 
nomie certaines  décompositions;  mais,  lorsqu'on  ne  se  con- 
tente pas  de  ressemblances  vagues  ,  et  que  l'on  approfondit  les 
questions,  on  ne  tarde  pas  à  reconnaître  que  l'hypothèse  physico- 
chimique  dont  je  viens  de  parler  n'est  pas  plus  satisfaisante 
que  l'hypothèse   mécani(|uc   qui  l'avait   précédée.  En  effet, 
par  l'achon  de  la  pile  on  peut,  il  est  vrai,  extraire  du  sang, 
d'une  part,  un  liquide  alcalin  qui  est  chargé  de  matières  albu- 
minoïdcs  non  coagulables,  et,  <rautre  part,  un  liquide  acide  ; 
mais  on  n'est  i)arvenu  à  produire  ainsi  aucune  des  humeurs 
que  les  glandes  élaborent,  et,  [)0ur  ne  citer  qu'un  seul  fait,  on 
n'obtient  ainsi  rien  (jui  ait  l'apparence  de  l'urine,  du  lait  ou  de 
la  bile.  Dans  l'état  actuel  de  la  science,  il  n'y  a  donc  pas  lieu 
de  s'occuper  davantage  de  ces  vues  théoriques ,  bien  qu'elles 
aient  obtenu  faveur  aux  yeux  de  plusieurs  grands  chimistes  do 
noire  é|H)que  et  de  quelques  physiologistes  (1). 

(1)  Evrard  Home  fut  le  premier  à  de  coiidncleurs  pour  couduirc  le  cou- 

proposer  ceUe  hypothèse  physique  de  rant  électri(iue  aux  glaudes  aussi  bien 

Taction  sdcrétoirc,  cl  il  supposa  ([ue  les  ([u'atix  muscles  (^/).  i'cudctcuipsaprès, 

ueris  pouvaient  remplii'  les  louctions  Woliaslou  adopta  une  opinion  analogue 

(a)  Home,  IIuUs  on  Ihe  Subjccl  ufAnimal  Sécrétions  {Philos.  Traas.,  ISOJ,  i>,  385). 


INFLUENCE    DE    l'aCTION    NEKVEUSE    SUR    CE    PHÉNOMÈNE.        287 

§  5.  —  Tout  en  nous  reconnaissant  impuissant  à  expliquer      smuco 
les  phénomènes  de  chimie  physiologique  dont  le  travail  sceré-    sùcrétoTre. 
toire  nous  rend  témoin,  nous  devons  nous  appliquer  à  [)réeiser 
la  source  des  forces  qui  l'effectuent,  et  chercher  d'abord  si  la 
faculté  éliminatrice  des  glandes  réside  dans  ces  instruments  ou 


et  l'appuya  d'une  expérience  curieuse  : 
il  plaça  une  dissolution  saline  dans  un 
tube  dont  l'extrémité  inférieure  était 
bouchée  par  une  membrane  animale 
humide,  ot  il  mil  la  surface  externe  de 
celle-ci  en  contact  avec  l'un  des  pôles 
d'un  élément  voltaïque  très  faible  , 
tandis  que  l'autre  électrode  plongeait 
dans  la  dissolution,  et  il  vit  bientôt 
que  non-seulement  le  sel  marin  était 
décomposé,  mais  que  la  dissolution 
alcaline  se  montrait  à  la  surface  externe 
de  la  membrane  (a). 

Ce  furent  surtout  les  expériences 
de  Wilson  Philip  qui  fournirent  des 
arguments  en  faveur  de  l'hypothèse 
en  question.  Ainsi  que  j'ai  déjà  eu 
l'occasion  de  le  dire,  ce  physiologiste 
étudia  l'influence  que  la  section  des 
nerfs  pneumogastriques  exerce  sur  la 
digestion  stomacale,  et  après  avoir  con- 
staté,comme  l'avaient  fait  quelques-uns 
de  ses  prédécesseurs,  que  cette  opéra- 
tion arrête  (ou  du  moins  ralentit)  la 
transformation  dos  aliments  en  chyme, 
il  chercha  s'il  ne  serait  pas  possible  de 
rétablir  les  fonctions  de  l'estomac  en 
substituant  à  l'influence  nerveuse  mî 
courant  galvanique.  11  mit  donc  le 
tronçon  inférieur  des  nerfs  pneumo- 
gastriques ainsi  divisés  en  communica- 
tion avec  undes  pôles  d'une  pile, et  plaça 


l'autre  électrodedans  l'abdomen,  de  fa- 
çon à  étabhr  un  courant  galvanique 
dans  l'estomac  d'un  Animal  vivant  qui 
venait  de  prendre  des  aliments.  Après 
avoir  maintenu  les  choses  dans  cet  état 
pendant  quelques  heures ,  il  ouvrit 
l'estomac  de  l'Animal  soumis  à  l'expé- 
rience, et  il  trouva  que  les  aliments  y 
avaient  été  digérés  presque  aussi  com- 
plètement que  si  les  nerfs  pneumogas- 
triques n'avaient  pas  été  coupés.  Or, 
la  digestion  stomacale  dépend,  comme 
on  le  sait,  de  l'action  du  suc  gastrique 
sur  les  aliments,  et  ce  suc  est  le  produit 
d'une  sécrétion  qui  a  son  siège  dans 
les  parois  de  l'ostomac  ;  par  conséquent 
Wilson  Philip  crut  pouvoir  conclure 
de  cette  expérience  :  i  "  que  la  sécré- 
tion gastrique  est  arrêtée  par  la  section 
des  nerfs  pneumogastriques  ;  2"  que 
cette  action  sécrétoire  est  rétablie  par 
l'action  d'un  courant  galvanique  ;  3°  que 
la  force  nerveuse  n"est  autre  qu'une 
force  électrique  (h). 

Les  résultats  annoncés  pas  Wilson 
Philip  furent  confirmés  par  les  obser- 
vations de  quelques  physiologistes,  tan- 
dis que  d'autres  en  nièrent  l'exactitude, 
et,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  cette  diver- 
gence d'opinions  quant  aux  faits  fon- 
damentaux dépendit  principalement 
de  ce  que  de  part  ei  d'autre  on  s'ex- 


(a)  VVollasloii,  Un  Ihc  Aijcacij  of  EleclncUy  un  Aiumal  Sécrétions  [Philosophical  Magazine, 
t.  XXXIII,  p.  4S8). 

(i?)  Wilioii  IMiilip,  Ail,  t^.cpcriiaeiital  laqiunj  iiolo  Ihe  Laïus  of  Uic  vital  FauctïoiLS. 


Influence 
de  l'action 

nerveuse 

sur  le  travail 

sécréloire. 


288  SÉCHKTIOJN. 

leur  est  transmise  par  d'autres  organes,  le  système  nerveux, 
par  exemple. 

Les  résultats  tournis  par  diverses  expériences  parui'ent  d'a- 
bord très  favorables  à  cette  dernière  manière  de  voir,  et  beau- 


piimait  crime  manièro  trop  absolue,  cl 
qu'on  discuta  sur  la  perte  ou  la  per- 
sistance de  la  faculté  digestive,  au  lieu 
de  s'occuper  de  la  mesure  de  cette 
puissance  (r/).  En  effet,  des  expériences 
comparatives  firent  voir  que  s'il  est  vrai 
qneladigeslion  stomacale  persiste  après 
la   section   des   nerfs   pneumogastri- 
ques, comme  le  soutenaient  IMagendie 
et  quelques  autres  physiologistes,  il  est 
également  vrai  que  la  chymilication  est 
beaucoup  ralentie  par  l'effet  de   cette 
opération,  et  qu'en  substituant  à  l'in- 
fluence nerveuse  un  courant  galvani- 
que, on  peut  rendre  à  l'estomac  une 
partie  de  son   activité  ordinaire  (6). 
Mais  en  approfondissant  davantage  la 
question,  on  ne  tarde  pas  à  reconnaître 
que   cette  différence  doit  être  attri- 
buée à  l'excitation  des  mouvements 
musculaires  de  l'estomac  plutôt  qu'au 
rétablissement    de   la  sécrétion  pcp- 
tique  (c),  et  par  conséquent  les  con- 
clusions que  Wilson  l'iiilip  en   avait 
tirées  relativement  à  la  cause  du  travail 
sécrétoire  n'étaient  i)lus  admissibles. 
En   182/|,   ;\1.   Dumas  présenta   de 


nouveaux  arguments  en  faveur  de 
l'hypothèse  de  la  production  des  hu- 
meurs sécrétées  par  l'action  de  cou- 
rants galvaniques  {(/),  et  plus  récem- 
ment M.  Donné  a  fait  voir  que  les 
surfaces  sécrétantes  qui  .excrètent,  les 
unes  des  humeurs  acides,  les  autres 
des  humeurs  alcalines,  sont  dans  des 
états  électriques  différents,  et  qu'elles 
représentent  aiusi  les  pôles  opposés 
d'une  pile  à  courant  très  faible  ;  mais 
ce  physiologiste  s'est  bien  gardé  de 
présenter  ce  fait  comme  nous  don- 
nant une  explication  des  phénomènes 
de  sécrétions,  et  il  paraît  le  considérer 
plutôt  comme  une  conséquence  des 
actions  chimiques  dont  l'organisme 
est  le  siège  (e). 

Dans  une  autre  partie  de  ce  cours, 
je  rendrai  compte  des  expériences  de 
M.  Malteucci  et  de  quelques  autres 
physiologistes  sur  les  rapports  qui 
existent  entre  ces  phénomènes  galva- 
niques et  l'activité  vitale,  et  ici  je  me 
bornerai  à  ajouter  (pi'elles  n'ont  jeté 
aucune  lumière  sur  la  théorie  des  sé- 
crétions. 


(n)  Voyez  ci-tlessiis,  page  24. 

(b)  Brescliul,  Milnc  Edwards  et  Vavasseiir,  Pc  l'influence  du  système  nerveux  sur  la  digestion 
stomacale  {Archives  générales  de  médecine,  1823,  t.  Il,  p.  481). 

(c)  lirescliei  et  Milno  Edwards,  Méni.  sur  le  mode  d'action  des  nerfs  pneumogastriques  dans  la 
■jn'oduction  dis  phénomènes  de  la  digestion  (Archives  générales  de  médecine,  1825,  t.  VU, 
p.  187). 

—  VVfber,  art.  Musl;elbeu'egiing  (VVaiiiior's  llandwijrterbuc.il  dcr  Phijsiologie,  I.  III,  2*  partie, 
p.  48). 

—  Longel,  l'hysiologic  du  système  nerrcu.r,  t.  II,  p.  351. 

(d)  Voyez  W.  Edwards,  IJe  t'uijlucnce  des  agents  physiques  sur  la  vie,  apficiulico  par  M.  Uiiuiu!^, 
p.  575. 

(«)  Ai.  Udiinc',  l'>echcrches  sur  quelques-unes  des  propriétés  chimiques  des  séirctiuns  et  sur 
les  courants  électriques  qui  existent  dans  ks  corps  organisés  [Ann.  de  chimie  et  de  physique, 
1834,  t.  lAII,  p.  3!I8). 


im'LIIi;m;e  uii  l'action  neuvelse  jiUk  ce  I'hénomène.     ^80 

coup  de  ])ljysiologislcs  de  répofiue  acliielle  considèrent  les 
sécrétions  comme  éinnt  déterminées  par  l'action  nerveuse.  11 
est  en  elTct  bien  évident  que  cette  puissance  exerce  souvent 
une  grande  inlluence  sur  la  manière  dont  les  glandes  remijlis- 
sent  leurs  fonctions.  Ainsi  chacun  sait  que  les  émoiions  men- 
tales peuvent,  dans  diverses  circonstances,  imprimer  une 
grande  activité  à  la  sécrétion  des  larmes,  et  l'on  a  eu  souvent 
l'occasion  d'observer  des  cas  dans  lesquels  la  douleur  physique 
ou  morale  a  arrêté  brusquement  la  ibrmation  du  lait  des  nour- 
rices, ou  d'autres  phénomènes  du  môme  ordre  (1).  M.  Brodie 
a  trouve  qu'après  l'ablation  ou  la  destruction  du  cerveau  chez 
des  Animaux  dont  il  entretenait  la  vie  pendant  assez  longtemps 
au  moyen  de  la  respiration  artificielle,  l'urine  cessait  d'affluer 
dans  la  vessie  (2),  et  dans  la  prochaine  Leçon,  lorsque  nous 


(1)  Les  ('inoiions  morales  peuvent 
aussi  arrêter  la  sécr(5lion  d'autres  li- 
quides, colle  de  la  salive,  par  exemple, 
et  l'on  explique  ainsi  une  praticpie 
singulière  qui  est  employée  parfois 
dans  rinde.  11  paraît  que  dans  ce 
pays,  lorsqu'on  soupçonne  un  domes- 
tique de  vol,  on  a  Fliabilude  de  le 
soumettre  à  ce  que  l'on  appelle  l'é- 
preuve du  riz ,  c'est-à-dire  à  lui 
l'aire  remplir  sa  bouche  avec  du  riz 
bouilli  et  sec,  qu'il  doit  cracher  après 
l'avoir  gardé  quelques  minnles.  Si  le 
riz  rejeté  de  la  sorte  est  resté  sec,  on 
considère  l'accusé  comme  coupable, 
tandis  que  dans  le  cas  contraire  on  est 
disposé  à  le  regarder  connue  iimoccnt. 
L'émotion  produite  par  la  crainte  des 
châtiments  p'ut  en  eflét  arrêter  la 
sécrétion  salivaire,  et  l'on  présume  que 
l'individu  qiu',  à  son  insu,  manif .ste 


ce  signe  d'inquiétude,  doit  ètreM'au- 
teur  du  délit  (a). 

On  cite  aussi,  comme  un  exemple  de 
l'inlliience  du  moral  sur  le  travail 
sécrétoire,  l'excrélion  abondante  de  li- 
quides par  la  tunique  muqueuse  de 
l'intestin,  qui,  chez  quelques  indivi- 
dus, est  déterminée  par  le  sentiment  de 
la  peur  et  qui  provoque  des  évacua- 
tions alvines. 

('2)  Les  expériences  de  M.  Brodie 
datent  de  1811,  et  eurent  principale- 
ment pour  objet  l'étude  de  l'influence 
du  système  nerveux  sur  la  produc- 
tion de  la  chaleur  animale  ;  mais  elles 
fournirent  un  des  principaux  argu- 
ments employés  par  les  physiologistes 
de  cette  époque,  en  faveur  de  l'opinion 
d'ai)rès  lariuellc  lii  puissance  sénré- 
toire  ne  serait  autre  que  la  force  ner- 
veuse. i\L  Brodie  pratiqua  d'abord  la 


(a)  Carpcnicr,  Priiiciplcs  ofllnman  phystolngy,  1853,  p.  978. 
Vil. 


iy 


290  SÉCRÉTION. 

étudierons  spécialement  la  sécrétion  de  ce  liquide,  nous  ver- 
rons que  la  section  des  nerfs  qui  se  rendent  aux  reins  arrête 
aussi  les  fonctions  de  ces  organes.  D'ailleurs  j'ai  déjà  eu  l'oc- 
casion de  citer  des  faits  du  même  ordre.  Ainsi,  nous  avons  vu 
que  la  section  des  nerfs  qui  se  détachent  de  la  corde  du  tym- 
pan pour  se  rendre  aux  glandes  sous-maxillaires  arrête  l'excré- 
tion de  la  salive  par  ces  organes,  et  que  la  galvanisation  du 
tronçon  inférieur  des  nerfs  divisés  de  la  sorte  rétablit  Técoule- 
ment  de  ce  liquide  (1).  Nous  avons  vu  également  que  la  section 
du  nerf  trifacial  interrompt  les  fonctions  de  la  glande  paro- 
tide (2),  et  récemment  M.  Cl.  Bernard  a  fait  sur  ce  sujet  de 
nouvelles  expériences  qui  lui  ont  permis  de  mieux  préciser  les 
filets  chargés  de  transmettre  à  ces  organes  l'excitation  ner- 
veuse (3). 

Je  rappellerai  également  les  fails  que  j'ai  déjà  eu  l'occasion 
de  citer  au  sujet  de  l'inlluence  exercée  sur  la  sécrétion  du  suc 
pancréatique  par  l'excitation  nerveuse  des  parois  de  l'estomac 
ou  de  l'intestin  grêle  (/j),  et,  à  mesure  que  nous  avancerons 


(lécapilation  d'un  Lapin,  après  avoir 
préalablement  lié  les  gros  vaisseaux 
sanguins  du  cou,  et  ensuite  il  entretint 
la  vie  de  FAninial  pendant  vingt-cinq 
minutes,  au  moyen  de  la  respiration 
arlificielle.  Au  commencement  de 
l'expérience,  la  vessie  fut  vidée,  et  à  la 
fm  on  constata  qu'il  n'y  était  pas  arrivé 
d'urine.  Dans  d'autres  expériences 
analogues  il  entretint  la  vie  pendant 
plus  longtemps,  et  obtint  les  mêmes 
résultais  (a). 


(1)  Voyez  tome  VI,  page  250  et 
suivantes. 

(2)  Tome  VI,  page  252. 

(3)  Il  résulte  de  ces  recherches  que 
les  filets  qui  vont  du  nerf  auriculo- 
lemporal  aux  glandes  parotides  sont 
spécialement  chargés  d'exercer  sur 
ces  organes  l'action  stimulante  qui  est 
provoquée  par  les  sensations  gusta- 
tives,  et  qui  détermine  l'écoulement  de 
la  salive  par  le  canal  do  Sfénon  (6). 

{k)  Voyez  tome  VI,  page  521. 


((!)  Hrodio,  The  Croonian  Lecture,  on  some  Phnsiologieal  Researches  respectinri  the  Influence 
of  thc  Braïn  on  the  Ac.lion  o( Ihc  llcarl  and  on  the  Gcneralion  of  Animal  lleat  [l'Inios.  Trans., 
1811,  cl  Phijsiolofj.  Ilcsearches,  p.  3  et  suiv.). 

(6)  Cl.  Bernard,  Sur  le  rôle  des  nerfs  des  glandes  {Comptes  rendus  des  séances  de  la  Société 
de  biologie  pour  1800,  3"  série,  I.  II,  p.  '23). 


INFLUEINCL;    D1;    L  action    NEIIVELSL;    SU15    ce    MiÉNOMÈNE.       291 

dans  nos  études,  nous  rciicontrcrons  beaucoup  d'autres  Aiits 
du  même  ordre. 

Il  est  donc  bien  évident  que  le  système  nerveux  a  une 
grande  intluenec  sur  l'activité  fonctionnelle  des  glandes  ;  mais 
devons-nous  considérer  la  puissance  nerveuse  comme  étant  le 
principe  de  l'action  sécrétoirc,  ou  comme  une  force  (}ui,  en  mo- 
difiant les  circonstances  dans  lesquelles  ce  travail  s'eiTectue, 
en  modifie  aussi  les  résultats  ? 

Une  des  premières  objections  faites  à  l'hypothèse  qui  attribue 
la  faculté  sécrétoirc  à  l'action  du  système  nerveux,  est  tirée  de 
la  physiologie  végétale.  On  sait  que  les  plantes  ne  possèdent 
ni  un  système  de  ce  genre,  ni  rien  qui  puisse  y  être  assimilé,  et 
que  cependant  ces  êtres  vivants  opèrent  des  sécrétions  qui  ont 
la  plus  grande  analogie  avec  le  travail  glandulaire  des  Ani- 
maux (1).  Mais  je  ne  m'arrêterai  pas  sur  ces  arguments,  car, 
malgré  les  tendances  de  notre  esprit  à  regarder  tous  les  effets 
semblables  comme  dus  à  une  même  cause,  et  à  considérer  par 
conséquent  tous  les  êtres  vivants,  Animaux  et  Plantes,  comme 
puisant  dans  une  même  force  la  faculté  d'accomplir  les  actes 
d'un  même  ordre,  il  existe  entre  eux  trop  de  différences  pour 
qu'un  raisonnement  de  ce  genre  soit  toujours  bien  concluant. 
En  effet,  nous  savons  que  la  Nature  ne  suit  pas  toujours  la 
même  route  pour  arriver  au  même  résultat,  et  l'on  conçoit  la 
possibilité  de  la  localisation  de  la  puissance  déterminante  des 
sécrétions  dans  le  système  nerveux  d'un  Animal,  bien  que 
cette  force  n'ait  pour  s'exercer  aucun  instrument  semblable 
dans  l'organisme  du  A^égétal.  Mais  la  comparaison  des  divers 
Animaux  entre  eux  tend  à  montrer  aussi  qu'il  n'existe  aucune 
relation  nécessaire  entre  les  organes  sécréteurs  et  le  système 
nerveux.  Ainsi  que  nous  le  verrons  dans  une  autre  partie  de  ce 


(1)  Cet  argument  a  OlO  employé  par  Dostocii  cl  plusieurs  autres  pliysiolo- 
:;istes. 


292  SÉCKKTION. 

COUPS,  ce  syslème  no  paraît  exister  qu'à  l'état  rLidiincnlaire 
chez  lin  grand  nombre  d'Animaux  inleriem^s,  et  cependant  chez 
ceux-ci  le  travail  sécrétoire  est  aussi  bien  caractérisé  que  dans 
les  rangs  les  plus  élevés  du  Règne  animal.  Chez  la  plupart  de  ces 
êtres,  il  a  été  impossible  de  découvrir  aucune  branche  nerveuse 
se  rendant  aux  glandes,  et  même  chez  les  Animaux  supérieurs, 
où  ces  organes  en  reçoivent,  on  ne  voit  jamais  les  fibres  ner- 
veuses se  distribuer  aux  ulriculcs  qui  sont  les  instruments  essen- 
tiels du  travail  sécrétoire  :  c'est  sur  les  parois  des  vaisseaux  que 
ces  fibres  se  répandent. 

Les  faits  fournis  pu*  Tanatomic  tendent  donc  aussi  à  nous 
faire  jx-nser  que  la  puissance  en  vcr!u  de  larpielle  ces  cellules 
opèrent  la  sécrétion  n'est  pas  une  puissance  qui  leur  serait 
transmise  par  les  nerfs,  mais  une  force  qui  leur  est  propre  ou 
qui  réside  dans  leurs  parois. 

L'influence  que  le  système  nerveux  exerce  sur  l'activité  fonc- 
tionnelle des  glandes  parait  être  moins  directe  et  dépendre 
principalement  de  raclion  régulatrice  de  ce  système  sur  une 
des  conditions  du  Iravail  sécrétoire  :  l'alimenlalion  de  la  ma- 
chine qui  est  chargée  de  séparer  du  fluide  nourricier  les  maté- 
riaux constitutifs  des  humeurs.  En  effet,  nous  avons  di'jà  vu 
que  chez  les  Animaux  su[)érieurs  le  calibre  des  vaisseaux  capil- 
laires peut  être  niodilié  par  la  contraction  ou  le  relâchement  de 
leurs  parois,  et  que  ces  mouvements  sont  soumis  à  l'empire 
des  nerfs  (|ui  s'y  distribuent.  VAwa  ces  êtres,  la  quantité  de  sang 
qui  traverse  nne  glande  est  donc  subordonnée  à  l'action  des 
nerfs  vaso-moteurs  de  cet  organe,  ou,  en  d'autres  mots,  l'abon- 
dancc  des  matières  sur  lesquelles  la  [)uissance  sécrétante  s'exerce 
est  {(lacée  sous  la  dépendance  du  syslème  nerveux,  et  par  con- 
séquent ce  même  système  peut  régler  aussi  indirectement  la 
quantité  des  produits  (hi  travail  glandulaire. 

Les  belles  expériences  de  M.    (11.  Bernard   sur  l'appareil 
salivaire  mettent  bien  en  ('vidence  cet  eni-liainiMucut  d'iiïeîs. 


INFLUENCE    DE    l'aLTION    NEUVEUSI:    STJIl    CE    IMlÉNOMÈiXE.        '293 

Elles  nous  ont  appris  que  ractivitc  foncHounelle  des  ncifs  qui 
excitent  le  travail  sécrétoire  dans  les  iilaiidcs  sous- maxillaires 
détermine  la  dilalation  des  vaisseaux  capillaires  de  ces  organes, 
et  qu'en  raison  de  cette  dilatation,  le  sang  passe  si  rapidement 
des  artères  dans  les  veines,  qu'il  arrive  dans  celles-ci  sans 
avoir  changé  de  couleur  (1^  Ainsi  la  quantité  de  salive  fournie 
par  la  glande  se  trouve  en  rapport  avec  la  quantité  de  iluide 
nourricier  qui  apporte  dans  cet  organe  les  matières  sur  les- 
quelles sa  puissance  sécrétoire  est  destinée  à  s'exercer.  Ce 
physiologiste  a  vu  aussi  que  l'activité  fonctionnelle  du  pan- 
créas coïncide  avec  un  état  de  turgescence  analogue  dans  les 
vaisseaux  sanguins  de  cet  organe  (2) ,  et  cet  état  peut  être 
provoqué  }»ar  l'excilation  de  parties  voisines,  excitation  qui 
doit  réagir  sur  la  glande  par  l'intermédiaire  des  nerfs  (o). 

Dans  une  autre  partie  de  ce  cours  j'exposerai  ce  que  l'on  sait 
relativement  à  la  manière  dont  l'action  nerveuse  s'exerce  sur  les 
glandes  en  général,  et  ici  je  me  bornerai  à  dire  que  cette  action 
paraît  appartenir  essentiellement  aux  ganglions  dont  se  com- 
pose le  système  du  grand  sympatlu"(iue  et  aux  filets  que  ces 
ganglions  fournissent  aux  parois  des  vaisseaux  sanguins  cor- 
respondants, mais  qu'elle  peut  être  provoquée  i)ar  rinflnencc 
exercée  sur  ces  centres  médullaires  jiar  les  nerfs  de  la  sensibi- 
lité et  autres  dont  l'excilation  transmise  à  l'axe  cérébro-spinal 
semble  être  en  quelque  sorte  réliéeliic  sur  les  ganglions. 


(1)  Voyez  tome  VI,  page  250. 

(2)  Voyez  tome  VI,  pagc520,  noie  1. 

(3)  Dans  une  précédente  Leçon,  j'ai 
dit  quelques  mots  des  expériences 
dans  lesquelles  i\I.  Bernard  a  reconnu 
que  l'excilation  de  la  muqueuse  gas- 
trique par  le  contact  de  Téllier  aciivc 


beaucoup  le  travail  sécrétoire  dans 
le  pancréas  (a).  Ce  physiologiste  a 
constaté  aussi  que,  dans  ce  cas,  le 
pancréas  est  rouge  et  dans  un  état  de 
turgescence,  lorsque  son  activité  fonc- 
tionnelle est  provoquée  par  le  travail 
digesl  if  normal  {b). 


(n)  Vnycz  luiii(!  VI,  page  52  i. 

[b)  Cl.  l'cniiinl,  Leçons  sur  len  subslaitccs  lexiques,  etc.,  1807,  ji.  iïïf. 


29/ï  SKCRÉTION. 

Du  reste,  la  puissance  de  cette  action  nerveuse  su"r  les 
glandes  varie  beaucoup,  et  de  là  une  différence  im[)ortante 
dans  la  manière  dont  ces  organes  remplissent  leurs  fonctions. 
Ainsi  que  j'ai  déjà  eu  l'occasion  de  le  dire  en  parlant  des 
glandes  salivaires,  des  glandes  gastriques  et  du  pancréas  d'une 
part,  du  foie  d'autre  part,  le  travail  de  ces  organes  est  continu 
dans  les  uns,  intermittent  dans  les  autres.  Or,  celte  différence 
coïncide  avec  l'excitabilité  de  ces  organes  par  l'action  réflexe 
ou  sympathique  du  système  nerveux,  et  les  modifications  dans 
l'état  de  la  circulation  capillaire  qui  sont  déterminées  ainsi  dans 
leur  intérieur.  Les  glandes  où  le  travail  est  continu  ne  sont 
que  peu  ou  point  affectées  par  l'excitation  du  système  nerveux, 
et  la  quantité  du  sang  qui  les  traverse  ne  varie  que  peu  dans 
les  circonstances  ordinaires,  tandis  que  les  glandes  qui  débitent 
d'une  manière  intermittente  les  produits  de  leur  travail  sécré- 
toire  sont  fortement  inlluencécs  par  cette  action  nerveuse 
réflexe.  Lorsqu'elles  ne  sont  pas  stimulées  de  la  sorte,  elles 
ne  reçoivent  que  peu  de  sang,  car  leurs  capillaires  sont  dans 
un  état  de  contraction,  et  alors  elles  ne  fournissent  aussi  que 
peu  ou  point  de  produits  ;  mais  quand  elles  subissent  une 
excitatioii  de  ce  genre,  leurs  vaisseaux  se  dilatant  et  le  sang 
y  affluant  en  quantité  considérable ,  elles  fonctionnent  d'une 
manière  active  et  versent  au  dehors  les  liumeurs  (|u'ellcs  sont 
chargées  d'élaborer. 
fi'Sanîo  la  §  ^-  —  ^^^^*'  ^^'^'^  saisir  ce  qui  se  passe  dans  ces  circon- 
''suhÏ"  stances,  et  pour  mieux  apprécier  l'induencc  de  l'état  de  la  cir- 
Fécréi;:n9.  culation  sur  les  résultats  du  travail  sécrétoirc,  il  me  semble 
nécessaire  d'entrer  dans  quelques  nouveaux  détails  au  sujet  des 
caractères  de  ce  phénomène. 

Ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  toute  humeur  excrétée  par  une 
glande  est  un  produit  complexe,  un  mélange  de  substances 
diverses  qui  ne  sont  pas  associées  ni  réunies  en  proi)ortions 
constantes,  mais  qui  peuvent  varier  dans  leurs  rapports.  Or,  la 


IINFLUENCF.    DE    LA    CIUCULATION    SUR    CE    PHÉNOMÈNE.        295 

manière  dont  la  glande  les  sépare  du  sang  paraît  différer  aussi, 
et  les  circonstances  qui  influent  sur  leur  sécrétion  ne  sont  pas 
les  mêmes  pour  toutes. 

Quelques-unes  de  ces  matières,  et  ce  sont  en  général  celles 
qui  caractérisent  essentiellement  l'humeur  particulière  dont  il 
est  question,  ne  paraissent  pouvoir  arriver  que  très  lentement 
dans  le  torrent  de  la  circulation,  ne  s'y  trouvent  qu'en  très 
petites  quantités,  et  en  sont  séparées  presque  aussitôt  par 
les  utricules  sécréteurs  appropriés  à  cet  usage;  en  sorte  que 
la  quantité  de  ces  substances  dont  chaque  utricule  peut  se 
charger  en  un  temps  donné  est  dépendante  de  la  quantité 
qui  arrive  dans  le  sang,  et  non  de  la  rapidité  avec  laquelle 
ce  dernier  liquide  traverse  la  glande  :  car,  dans  le   cas  où 
la  circulation  vient  à  s'activer  dans  cet  organe  et  le  travail 
fonctionnel  de  celui-ci  à  augmenter,  le  tluide  nourricier  qui 
y  arrive,  et  qui  alimente  ce  même  travail,   devient  par  cela 
même  plus  pauvre,  et  par  consé(iuent  moins  propre  à  fournir 
les  matériaux  nécessaires  à  l'élaboration  du  produit  sécrété. 
Mais  pour  d'autres  substances  il  n'en  est  pas  de  même  :  le 
sang  en  contient  si  abondamment,  que  l'action  éliminatrice 
de  la  glande  ne  détermine  que  des  changements  très  faibles 
dans  les  quantités  en  circulation;   et  par  conséquent  plus  le 
volume  du  tluide  nourricier  qui,  en  un  certain  laps  de  temps, 
est   soumis  à  l'action  éliminatoire  de  la  glande  est  grand, 
plus  celle-ci  pourra  en  prendre  facilement.  L'eau,  qui  est  un 
des  principaux  matériaux  de  toutes  les  humeurs  excrétées  de 
la  sorte,   appartient  à  cette  dernière  classe  de  substances,  et 
par  conséquent  nous  pouvons  prévoir  que  les  variations  dans 
l'état  des  capillaires  sanguins,  et  dans  le  volume  du  sang  (jui 
traverse  la  glande  en  un  temps  donné,  doit  iniluer  sur  la  quan- 
tité de  l'humeur  sécrétée  en  y  augmentant  la  proportion  d'eau 
plutôt  qu'en  rendant  plus  abondantes  les  matières  qui  lui  donnent 
son  caractère  particulier  :  par  exemple,  l'urée,  (juand  il  s'agit  de 


296  SÉCRÉTION, 

l'iiriiie,  et  la  pepsine  ou  h  ptynlinc,  quand  il  s'agil  de  la  salive 
ou  du  suc  gastrirpic. 

Ainsi,  malgré  les  variations  énormes  qui  existent  dans  la 
quantité  tutale  de  liquide  fourni  par  l'ensemble  de  l'appareil 
salivaire  en  un  temps  donné,  le  poids  des  matières  organiijues 
excrétées  de  la  sorte  reste  à  peu  près  constant,  et  les  diffé- 
rences dépendent  principalement  de  la  proportion  d'eau  qui  s'y 
trouve  (i).  Ce  fait  a  été  constaté  expérimentalement  par  M.  Jacu- 
bowilscli,  et  concorde  parfaitement  avec  d'autres  observations 
dont  j'aurai  à  parler  dans  les  Leçons  suivantes. 

Il  ne  faudrait  pas  croire  cependant  que  la  quantité  d'eau  éli- 
minée de  l'organisme  par  une  glande  ne  puisse  exercer  aucnne 
innnencc  considérable  sur  les  autres  jtarlies  du  travail  sécré- 
toire.  C'est  de  l'accumulation  d'une  certaine  quantité  d'eau  dans 
l'intérieur  de  cliaque  ntricule  sécréteiu'  que  parait  dépendre  prin- 
cipalement la  mise  en  liberté  des  diverses  matières  contenues 
dans  ces  cellules,  soit  (pie  cette  évacuation  ait  lieu  par  l'upture 
de  leurs  parois,  par  leur  cluitc  ou  autrement.  Par  consé-quent, 
l'évacuation  de  toutes  les  matières  sécrétées  est  subordonnée 
jusqu'à  un  certain  point  à  la  (piantité  d'eau  (|ui  traverse  le  tissu 
sécréteur,  et,  dans  les  cas  où  ce  tissu  se  l'cnouvellc  rapidement, 
le  développement  de  jeunes  cellules  pcul  c!rc  facilité  par  la 
séi)aralion  de  leurs  devancières,  en  sorte  (|uc  sous  ce  rapj)ort 
aussi  le  volume  du  lluidc»  nom'ricicr  qui  circule  dans  une  glande 
peut  inllucr  sur  les  résultats  de  son  activil('  fonclionnclle.  Mais 
en  général,  quand  le  travail  s('créloire  devient  très  rapide,  son 
produit  est  de  plus  en  plus  aipieux. 

L'excrétion  de  l'eau  et  de  qucl(jucs  matières  salines  qui  ac- 
conipaguenl  ce  liquide  dans  la  plupart  des  humeurs  sécrétées, 
paraît  cire  dans  les  glandes,  ainsi  (pie  dans  les  autres  jiarties 
lie  réeonomi(!  animale,  un  phénomène  de  Iranssudation  soumis, 

(!)  Voyi'z  tome  Vf.  p;im'  257.  noie  1. 


INFLUF.NCK    DK    L.V    ClllCULVTION    SUR    CR    PlIKNOMKNi:.         297 

comme  nous  1  avons  ueja  vu,  aux  lois  ue  la  physique  (l  );  mais  d,,s  iiypoiius.s 
il  n'en  est  pas  de  même  de  rélimiiialion  des  principes  caracté-  ou  ,"3»^^^ 
risliques  de  ces  liquides,  ou  des  substances  qui,  en  subissant  i-ex[!M'"itior. 
quelques  modifications  dans  l'intérieur  des  cellules  glandulaires,  "^"^  ^'•■'^'■'^"'""• 
sont  destinées  i\  les  constituer.  Ce  n'est  pas  à  l'aide  du  jeu  des 
afllnités  chimiques  ordinaires  que  l'urée  ou  tout  autre  principe 
analogue  peut  être  retiré  du  sang  et  accumulé  dans  l'intérieur 
d'un  utricule  sécréteur,  car  il  n'y  contracte  aucune  combinai- 
son. S'il  fallait  chercher  dans  le  domaine  de  la  chimie  (pielque 
action  moléculaire  avant  une  certaine  ressemblance  avec  cette 
fixation  élective  d'une  substance  qui  ne  se  combine  pas  avec 
le  corps  sur  lequel  elle  se  concentre,  je  citerais  l'attraction  que 
certains  corps  poreux,  tels  que  le  charbon  animal,  exercent  sur 
quelques  matières  colorantes  et  autres  qu'ils  enlèvent  aux 
liquides  qui  les  contiennent,  sans  cependant  former  avec  elles 
aucune  combinaison  définie  ;  mais  la  nature  de  cette  réaction 
est  encore  trop  imparl'aitement  connue  pour  qu'une  pareille 
comparaison  puisse  nous  être  bien  utile,  et  d'ailleurs,  dans  le 
travail  sécréloire,  la  matière  sécrétée  n'est  pas  fixée,  mais 
seulement  enlevée  au  fiuide  nourricier  et  transportée  dans  une 
cavité  close  d'où  elle  s'échappe  ensuite  à  l'étal  de  liberté. 

Aucune  des  hypothèses  imaginées  pour  ramener  les  phé- 
nomènes de  la  sécrétion  aux  lois  générales  de  la  physiipie  ou  de 
la  chimie  n'atteint  donc  le  but  voulu,  et  puisipie  ces  phéno- 
mènes ne  s'observent  que  chez  les  êtres  vivants,  on  se  trouve 
conduit  à  incliner  vers  l'opinion  de  beaucoup  d'anciens  physio- 
logistes qui,  à  l'exemple  de  Stahl,  les  attribuaient  à  l'influence 
de  la  force  particulière  dont  dépend  rexislcnce  même  des  corps 
organisés,  c'est-à-dire  la  force  vitale.  Mais,  en  s'exprimant  de 
la  sorte,  il  ne  faut  pas  attacher  à  ces  mots  un  sens  que  l'on  y 
donnait  jadis,  et  croire  qu'on  expliipie  ainsi  l'inconnu.    On 

(I)  Vnyoz  tonio  IV.  pa!,M^  /i()3  ot  snivanlos. 


R(Me 

physiologique 

des 

vésicules. 


298  SÉCRÉTION. 

ii'exiilique  rien;  on  caractérise  seulement  les  relations  que 
l'on  suppose  exister  entre  certains  eflets  et  une  puissance  dont 
la  nature  nous  est  cachée  et  dont  les  lois  sont  encore  à  décou- 
vrir; ou,  en  d'autres  termes,  on  se  borne  à  dire  que  la  sécré- 
tion est  un  acte  propre  aux  êtres  vivants  et  inexplicable  par  les 
lois  connues  de  la  nature  inorganique.  Du  reste,  ce  phénomène 
semble  avoir  tant  d'analogie  avec  (îcux  de  la  chimie  générale, 
que  peut-être  serait-il  préférable  de  se  borner  à  avouer  franche- 
ment notre  ignorance. 

§  7.  ' —  Quoi  qu'il  en  soit,  le  travail  sécrétoire  se  trouve  lié 
à  l'activité  des  organites  vésiculaires  que,  dans  la  Leçon  der- 
nière, j'ai  décrits  sous  le  nom  d'utricules  (1),  et  partout  où 
ces  utricules  peuvent  naître  et  se  développer,  des  phénomènes 
de  sécrétion  peuvent  aussi  se  manifester.  En  effet,  ce  travail 
n'est  pas  confiné  dans  les  glandes  et  le  revêlement  épithé- 
lique  des  membranes  muqueuses  ou  tégumentaires  ;  il  peut 
s'établir  partout  où  existe  la  substance  conjonctive  dont  le  tissu 
utriculaire  est  un  dérivé.  Dans  les  circonstances  ordinaires,  les 
sécrétions  n'ont  pour  siège  que  les  organes  spéciaux  dont  je 
viens  de  parler  ;  mais,  lorsque  l'afflux  des  liquides  nourriciers 
augmente  dans  un  point  quelconque  du  corps  où  il  existe  du 
tissu  conjonctif,  que  le  cours  du  sang  s'y  ralentit,  et  que  l'exci- 
tation nerveuse  dont  dépend  la  douleur  s'y  manifeste,  accidents 
.norbides  qui  constituent  ce  que  les  pathologistes  appellent  un  état 
inflammatoire,  ou  phlogose,  il  peut  s'y  établir  aussi  un  travail 
élinùnaloire  qui  offre  tous  les  caractères  d'une  sécrétion,  qui 
donne  naissance  à  une  humeur  particulière  appelée  pr«  ('2),  et  qui 

(1)  Voyez  ci-dqssiis,  page  198.  ou  corpuscules  .solides  dont  les  dinien- 

(2)  Le  pus  est  une  humeur  d'un  sions  varicnl  [a).  Ces  i,'lobulcs  parais- 
blanc  jaunâlrc  ou  verdûuc,  qui  se  com-  sent  être  des  cellules  à  divers  degrés 
pose  d'un  liquide  séreux  tenant  en  de  développemcnl  ;  ils  ont  la  plus 
suspension  une  multitude  de  globules  grande  analogie  avec  les  globules  plas- 

(fl)  lia  (Iccouvcrte    tic  ces  globules  microscopiques  paraît  être  iluc  à  Gorn  (Z)e  })i<i(i(a,  dissert, 
inaug.,  LipsisD,  fîlS). 


N.VTUllE    DE    ci:    PHÉNOMÈNE.  ^299 

est  connue  sous  le  nom  de  suppuration.  L'étude  de  ce  phéno- 
mène anormal  n'est  pas  de  mon  ressort,  et  par  conséquent  je 
ne  m'y  arrêterai  pas  ;  mais  j'ai  dû  en  parler,  ne  fût-ce  que  pour 
montrer  que  le  travail  sécrétoire  n'est  pas  l'apanage  exclusif 
des  organes  glandulaires.  J'ajouterai  seulement  que  l'action 
du  système  nerveux  a  beaucoup  d'influence  sur  cette  sécrétion 

iniques  du  sang  et  de  la  lymphe,  et  en  y  trouve  ordinairement  de  76  à  86 

général    on  dislingue  dans    leur   in-  ou  même  90   centièmes   d'eau  ;    do 

térieur  soit  un  noyau  granuleux,  soit  l'albimiine  dans  la  proportion  de  60  à 

un  nombre  plus  ou  moins  considé-  80  millièmes  ;  des  matières  grasses, 

rable  de  granules  ;  quelques-uns  ont  notamment  de  la  cholcstérine  (6)  ;  les 

un   aspect  framboise  (a).    Quand  le  sels  qui  existent  dans  les  autres  hu- 

pus  est  frais,  il  présente  presque  tou-  meurs  de  l'organisme,  et  en  général 

jours     des     caractères     d'alcalinité,  de  la  nuicine,  ainsi  qu'une   matière 

mais  il  est  très  altérable,  et  à  l'air  il  particulière   qui  a   été   désignée  par 

s'acidifie  facilement  en  donnant  nais-  Giiterbock  sous  le  nom  de  pyine  (c), 

sance  à  de  l'acide  butyrique  et  à  de  et  qui  a  beaucoup  d'analogie  avec  la 

l'acide  margariqae.  Il  est  aussi   très  substance  dérivée    de    l'albumine   et 

putrescible  et  produit  ainsi  de  l'am-  appelée    par   M.    IMulder   du  trioxy- 

moniaque,   du   sulfbydrate  d'ammo-  protéine  (d).   Parfois  on   y  rencontre 

niaque  et  une  substance    gélatineuse  aussiduglycocholateetdu  taurocholate 

due  à  la  confluence  des  globules.  On  de  soude,  de  l'urée  et  du  sucre  (e). 

{a)  Pour  plus  de  délails  sur  les  éléments  histologiquos  du  pus,  on  peut  consulter  les  auteurs  suivnnis: 

—  Gruitliuiscn,  Naturhistorische  Untershch.  ûber  den  Eiter  und  Schleim.  Municli,  1809. 

—  Giiterbock,  Dépuré  et  (jranulatione.  Borlin,  1837.  —  L'Expérience,  journal  de  médecine, 
i837,  p.  385. 

—  Vogel,  Uiitcrsuchungeniiber  Eiter,   1838,   et   Traité  d'anatomie  palhologique,  in'\.  \>3r 
Jourdan,  d847,  p.  120. 

— ■  Maudi,  Anatomie  microscopique,  1. 1,  2°  série,  p.  29. 

—  Lebcrt,  Physiologie  pathotoçiique,  t.  1,  p.  41. 

—  Henlc,  Handbuch  der  ration.  Pathol.,  t.  II,  p.  685. 

(b)  Lassaigne,  Cholcstérine  observée  dans  la  matière puriforme  {Journal  de  chimie  médicale, 
1836,  t.  Xli,  p.  581). 

—  Valentin,  nepertoriiim,  1837,  p.  307. 

(c)  Giiterbock,  De  puris  natura  et  formatione  (dissert,  inaug.).  Berlin,  1837. 

—  La  plupart  des  cbimistes  pensent  que  la  pyine  n'est  pas  un  principe  inuuc'diat  de  l'organisme, 
et  se  produit  pendant  les  opérations  de  l'analyse. 

(d)  Voyez  tnnie  1,  page  160. 

[c]  Pour  plus  de  détails  sur  la  composition  chimique  du  pus,  on  peut  consulter  : 

—  Dumas,  Traité  de  chimie,  t.  VIII,  p.  701  et  suiv. 

—  Bibra,  Chemische  Untersuch.  verschiedeiier  Eiterarten.  Berlin,  1842. 

—  Lebmatin  et  Messerschmidt,   Ueber  Eiter  und  Gesehwiirc  (Archiv  fiir  physiol.    Ueilkunde 
1842,  t.  I,  p.  220). 

-^  P'r.  Simon,  Animal  Cheniistrij,  t.  II,  p.  86. 

—  Lehmann,  Lehrbuch  der  physiologischen  Chemie,  I.  111,  p.  127. 

—  Day,  Chemistry  in  Hs  Relations  to  Physiology,  1800,  p.  388. 

—  Bocdeker,  lileine  Beitraye  zur  chemisclien  Kenntniss  des  Eiters  {Zeitschr.  fiir  rat.  Med., 
2'  série,  1850,  t.  VI,  p.  188). 

—  Scherer,  Untersuchungen  %ur  Pathologie,  p.  85. 


cOO  SÉCUÉTlOiN. 

adventive  aussi  bien  que  sur  les  sécrétions  normales,  et  que  la 
su|)|iuraliou  [)Oul  se  substituer  à  celles-ci  dans  les  organes 
glandulaires  (1). 


Quelques  physiologistes  oui  pensé 
que  les  globules  du  pus  étaient  des 
globules  plasniiqiies  ou  des  globules 
liéuiatiques  altérés  (o);  mais  ces  hy- 
pothèses ne  sont  pas  admissibles  [h], 
et  ont  élé  réfutées  par  plusieurs  mi- 
crograiilics  (c).  En  effet,  la  formation 
de  cette  humeur  morbide  a  tous  les 
caractères  d'une  sécrétion  (J),  et  pa- 
raît devoir  être  considérée  comme 
le  résultat  d'un  développement  anor- 
mal d'utricules  analogues  à  ceux  qui 
constituent  les  tissus  épitliéliques  en 
général,  mais  qui,  au  lieu  d'être  unis 
entre  eux,  deviennent  libres.  Ce  pro- 
duit pathologique  se  forme  tantôt  à  la 
surface  des  membranes,  là  où  le  tissu 
éi)illiélique  normal  prend  d'ordinaire 
naissance  ;  d'autres  fois  dans  les  mailles 
du  tissu  conjonctif,  dont  les  cellules 
engendrent  les  globules  purulents  et 
se  détruisent  pour  les  nieltr(\  en  li- 
berté (e). 

(1)  Ainsi  nous  venons  dans  une  pro- 
chaine Leçon  ijue  la  sec. ion  des  nerfs 
qui  se  distribuent  aux  reins  provoque 


la  suppuration  dans  le  tissu  de  ces  or- 
ganes. Il  est  aussi  à  noter  que  la  des- 
truction de  certains  ganglions  nerveux 
a  souvent  pour  conséquence  rétablis- 
sement d'une  sécrétion  abondante  du 
pus  à  la  surface  des  membranes  mu- 
queuses ou  séreuses  correspondantes. 
Ainsi  M.  Cl.  Bernard  dit  que  la  section 
du  nerf  sympathique  au  cou,  tout  en 
ne  déterminant  aucun  phénomène  pa- 
thologique chez  les  Animaux  vigou- 
reux, provoque  chez  les  individus  fai- 
bles une  suppuration  abondante  des 
muqueuses  de  la  tète  du  côté  corres- 
pondant (/').  Dans  des  circonstances 
analogues,  ce  physiologiste  a  vu  la 
destruction  du  premier  ganglion  tho- 
racique  être  suivi(;  d'une  pleurésie 
intense,  et  l'extirpation  du  ganglion 
solaire  avoir  pour  conséquence  une 
l)érilonite  purulente  (y).  M.  lUidge 
a  constaté  aussi  que  l'ablation  des 
ganglions  scnii-lunaires  et  des  gan- 
glions mésentériques  détermine  une 
sécrétion  abondante  de  nmcosités  dans 
l'intestin  (/(). 


(a)  E.  Home,  On  tlie  Conversion  of  Pus  into  Craiiula lions  (l'hilos,  Trans.,  1819,  p.  1.) 

—  ('■enihiii,  Histoire  anatomiiiuc  des  inllammalioiis,  18!2t). 

—  Duiiiu',  Mi'tn.  sur  les  caractères  distuietifs  du  pus  {Archives  <jciicrales  de  médecine,  i*  série, 
1830,  t.  M,  p.  443;. 

{b)  Ainsi  les  globules  du  pus  oui  l:i  niOiue  forme  ilic/.  les  Caniéliens  cl  cIilz  les  aulies  Manimifèrcf . 
liicu  (pu:  les  premiers   aient  les  gloliiiles  lUi  sang  ellipliipies  (Gulliver,  Uledicû-Clùruru.  Trans. 
I.  Wlllj. 

(t)  Manill,  Anatomie  microscopique,  l.  1:  Fluides,  p.  31. 

(dj  i,  Morgan,  De  puopoiesi,  sivc  icntamen  medicuin  inaugurale  de  puris  confeclione.  Eiliiib., 
1103,  p.  5. 

—  Ilewson,  A  Hcscript.  of  tlic  Lijmiiltalic  System  {Worlis,  p.  104  el  suiv.). 

(c)  Voyez,  au  sujet  du  n.ode  de  lormalion  du  pus,  \  irchow,  l'atlwhxjie  cellulaire,  p.  375  et  suiv. 

(/■)  Cl.  llcrnaid.  Leçons  sur  la  iiliijsKikiyie  el  la  palhvloijic  du  système  nerveux,  l.  II,  p.  4'JG. 

(!7)  Cl.  l'ernard,  Leçons  sur  les  prupriclrs  ptiysioluoiques  el  les  altérations  pathologiques  des 
liquides  de  l'oryanisme,  185'J,  t.  II,  )i.  4i!5. 

(/i)  Uudge,  De  l'iulhtencc  des  ijanylions  senti-lunaires  sur  les  intcslins  {Gmetle  uicdicale, 
18,')0,  t.  M,  p.  (!(!!•). 


N.VTURK    [)[•:    CF.    l'HKNOMKXi:.  r)Ol 

II  est  aussi  à  noter  que  les  produits  du  travail  sécrétoirc 
d'une  glande,  sans  être  dénaturés  de  la  sorte,  peuvent  parfois 
changer  de  caractères.  Ainsi  une  Iiunieur  qui,  dans  l'état 
noi"mal,  est  alcaline,  peut,  dans  certaines  circonstances,  devenir 
acide,  ou  vice  versa,  sans  qu'il  nous  soit  possible  d'assigner  une 
cause  à  ces  pertm^hations.  En  étudiant  la  sécrétion  salivaire, 
nous  avons  déjà  eu  l'occasion  d'observer  des  accidents  de  ce 
genre  (1),  et  dans  la  suite  de  ces  Leçons  nous  en  rencontre- 
rons d'autres  ('2).  On  sait  aussi  que  dans  certains  cas  les  pro- 
duits du  travail  sécrétoirc  acquièrent  des  propriétés  fort  étranges 
et  semblent  contenir  une  sorte  de  ferment  morbifique.  La  salive 
des  Animaux  atteints  de  la  rage  nous  en  offre  un  exemple 
remarquable,  mais  nous  ne  savons  encore  rien  d'important  au 
sujet  de  la  nature  des  matières  toxiques  dont  elle  est  chargée 
ni  de  leur  mode  de  formation. 

§  8.  —  En  résumé,  nous  voyons  donc  que  la  sécrétion  est  né^uné. 
un  phénomène  dont  le  siège  est  dans  des  utricules  ou  cellules 
à  parois  membraneuses,  qui,  baignant  directement  dans  le 
fluide  nourricier,  ou  recevant  le  plasma  du  sang  par  voie  d'im- 
bibition,  puisent  dans  ce  liquide  certaines  substances,  et  les 
accumulent  dans  leur  intérieur,  soit  en  leur  laissant  leur  com- 
position originaire,  soit  en  les  modiOant  plus  ou  moins  pro- 
fondément quant  à  leur  constitution  chimique  ;  que  cette 
absorption  et  les  transformations  de  substances  qui  peuvent 
l'accompagner  paraissent  être  dépendantes  de  la  vie  de  la 
cellule  sécrétoirc,  et  que  cet  organite,  parvenu  au  terme  de  sa 
croissance,  ou  arrivé  seulement  à  un  certain  état  de  plénitude, 


(i)  Voyez  tome  VI,  page '256.  salive,    oi    p^iit   crijiltr;i-  ainsi    les 

(2)  Au  sujet  (les  cas  d'acidité  de  la       écrits  di  M\I.  Djuué  .et  Laycosk  («). 


(a)  Donné,  Histoire  physiologique  et  palhologlque  de  li  salive,  183'j. 

—  Laycock,  lieactions  ofS^livi  upii  rH  aiil  ')l:i,:  Li' ii  i,s  'iiil  tu.' irria'i  i' :psrs  (Liilii 
Med.  Gai.,  1837;  i.  \.\I,  p.  43). 


302  SÉCRÉTION. 

laisse  échapper  les  matières  accumulées  de  la  sorte  dans  son 
intérieur  ;  que,  dans  les  glandes  imparfaites,  ces  produits  du 
travail  sécrétoire  restent  dans  la  profondeur  de  l'organisme  et 
sont  portés  dans  le  torrent  de  la  circulation  par  suite  d'un 
phénomène  de  résorption,  mais  que  dans  les  glandes  parfaites 
et  les  autres  organes  excréteurs,  les  cellules  sécrétoires  se 
développent  à  la  surface  extérieure  du  corps  ou  sur  une  mem- 
brane qui  revêt  une  cavité  en  communication  directe  avec 
l'extérieur,  de  façon  que  les  matières  évacuées  par  ces  mêmes 
utricules  deviennent  libres  et  sortent  au  dehors.  Ainsi  que  nous 
le  verrons  bientôt,  ces  phénomènes  ne  diffèrent  que  peu  de  ceux 
dont  dépendent  la  formation  des  tissus  vivants  et  la  nutrition  de 
l'organisme;  enfin  ils  ont  aussi  des  relations  intimes  avec  les 
phénomènes  d'imbibition  et  de  simple  transsudation  dont  l'étude 
nous  a  occupés  précédemment  (1).  En  général,  les  humeurs 
élaborées  par  les  glandes  et  les  autres  organes  analogues  doi- 
vent même  leur  origine  au  concours  de  ces  deux  dernières 
fonctions,  et  peuvent  être  considérées  comme  les  produits  du 
travail  nutritif  de  la  cellule  sécrétoire  mêlés  aux  liquides  que  la 
transsudalion  fait  passer  dans  ou  autour  de  cette  vésicule. 

Je  rappellerai  également  que  les  humeurs  ainsi  formées  soni 
de  simples  mélanges  dont  les  matériaux  constitutits  peuvent 
varier  considérablement,  soit  chez  les  divers  Animaux,  soit  chez 
le  même  individu.  Mais,  bien  qu'il  n'y  ait  rien  de  constant 
dans  la  composition  de  l'un  quelconque  des  li({uides  sécrétés, 
ces  produits  complexes  ont  chacun  un  certain  cachet  d'indivi- 
dualité. Ainsi  nous  avons  vu  que  la  bile,  i»ar  exem[)le,  peut 
varier  beaucoup  dans  sa  composition  chez  divers  Animaux  (2), 
et  dans  la  prochaine  Leçon  nous  constaterons  qu'il  en  est  de 
même  pour  l'urine;  mais  dans  chacun  de  ces  liquides  il  y  a 


(1)   Voyez   loiuo  IV,   p;igo   3'Ji  cl  (2)    \oyez   tome  VI,   page   l\'/û  el 

suivantes.  suivantes. 


CLASSIFICATION    DKS    HUMEURS    SÉCRi'^TÉES.  303 

toujours  un  ccrlain  assemblage  de  matières  similaires  ou  cor- 
respondantes qui  leur  donnent  un  caractère  particulier. 

§  9.  —  Les  humeurs  qui  résultent  du  travail  sécrétoire,  soit   classification 

.  .  T  r>£>  '  ^^^  prodnits 

chez  les  divers  Anmiaux,  soit  dans  les  ditterentes  parties  de     du  travail 
l'organisme  d'un  même  individu,  sont  en  nombre  considérable, 
et  les  physiologistes  ont  cherché  à  les  classer  de  plusieurs 
manières  sans  arriver  à  des  résultats  bien  satisfaisants.  Tantôt 
on  les  divise  en  liquides  excrémentitiels  et  récrémentiliels, 
suivant  qu'on  les  considère  comme  devant  être  aptes  seule- 
mont  à  opérer  l'expulsion  des  matières  inutiles,  ou  qu'on  leur 
attribue  un  rôle  utile  pour  l'accomplissement  des  fonctions  de 
l'organisme;  mais  cette  distinction  est  parfois  bien  arbitraire 
et  n'est  jamais  très  utile.  D'autres  fois  on  classe  les  humeurs 
d'après  certains  caractères  chimiques,   tels  que  l'acidité  ou 
l'alcalinité.    Enfin  on   peut  aussi   les  répartir  en  plusieurs 
groupes  d'après  la  nature  des  principes  qui  y  dominent. 

Considérées  à  ce  dernier  point  de  vue,  elles  peuvent  être 
réparties  en  quatre  classes  principales,  savoir  : 

1°  Les  humeurs  albuminoïdes,  qui  sont  plus  ou  moins  char- 
gées de  matières  protéiques,  et  qui  doivent  leurs  principaux 
caractères  à  cette  circonstance,  mais  qui  peuvent  contenir  aussi 
des  matières  grasses,  etc.  :  par  exemple,  le  mucus,  la  synovie, 
le  suc  pancréatique,  la  salive,  et  même  le  lait. 

2°  Les  humeurs  acides,  qui  ne  renferment  que  peu  de  matières 
azotées,  mais  contiennent  un  acide  libre  ou  faiblement  combiné  : 
le  suc  gastrique  et  la  sueur,  par  exemple. 

3"  Les  humeurs  sébacées,  qui  sont  riches  en  matières  grasses 
et  ne  contiennent  que  peu"  ou  point  de  matières  protéiques  :  par 
exemple,  le  cérumen  des  oreilles,  la  cire  des  Abeilles,  etc. 

k"  Les  humeurs  que  l'on  pourrait  appeler  résiduaires,  parce 
qu'elles  ont  pour  matériaux  principaux  des  principes  azotés  non 
albuminoïdes,  qui  semblent  dériver  des  matières  plastiques  et 
qui  se  rapprochent  davantage  des  corps  du  règne  inorganique: 


oOA  SÉCKÉTION. 

par  exemple  l'urée,  Taeidc  inique,   les  acides  jjiliaires  et  les 
divers  pigments.  L'urine  et  la  bile  sont  les  principaux  membres 

de  ce  groupe. 

Du  reste,  il  ne  faut  attaelier  que  peu  d'importance  à  ces  classi- 
fications, et  c'est  esseutiellement  au  point  de  vue  pbysiologique 
qu'il  convient  d'envisager  les  sécrétions.  En  effet,  cbacune d'elles 
se  rattacbe  plus  ou  moins  étroitement  à  l'une  des  grandes  fonc- 
tions de  l'organisme  et  c'est  en  traitant  de  celles-ci  qu'on  peut 
le  plus  utilement  en  faire  l'étude.  Déjà,  en  traçant  l'bistoire  delà 
digestion,  j'ai  eu  l'occasion  déparier  de  plusieurs  des  humeurs 
de  l'économie,  et  lorsque  nous  nous  occuperons  des  actes  de  la 
vie  animale  et  de  la  reproduction,  je  serai  nécessairement  con- 
duit à  parler  de  plusieurs  autres  produits  dont  l'examen  serait 
prématuré  ici.  Mais  il  est  une  série  de  phénomènes  dans  les- 
quels certaines  sécrétions  jouent  le  rôle  principal,  et  concourent 
à  rachcvement  du  travail  nutritif  en  effectuimt  l'expulsion  des 
matières  qui  doivent  sortir  de  l'organisme  et  qui  ne  peuvent 
s'en  échapper  par  les  voies  respiratoires,  (^est  ici  que  leur 
étude  doit  trouver  place,  et  par  conséquent,  dans  la  prochaine 
Leçon,  nous  nous  occut)erons  des  excrétions  en  général,  mais 
principalement  de  l'excrétion  urinaire. 


excréloircs. 


SOIXANTE -TROISIÈME  LEÇON. 


Des  excrétions.  —  Sécrétion  urinairc.  —  Appareil  iirinaire  des  Vertébrés, 
des  Mollusques   et  des  Animaux  articulés. 


§  1.  —  En  étudiant  la  respiration,  nous  avons  vu  que  par  voies 
cette  voie  l'économie  animale  se  débarrasse  sans  cesse  de 
diverses  matières  qui  sojit  destinées  à  Hiire  retour  à  la  nature 
inorganique,  et  qui  sont  principalement  de  l'acide  carbonique 
et  de  l'eau  (1).  Dans  une  autre  partie  de  ce  Cours,  nous  avons 
constaté  que  chez  l'Homme  et  les  autres  Animaux  qui  vivent 
à  l'air,  l'évaporalion  enlève  à  la  surfoce  de  la  peau  une  quantité 
considérable  de  ce  dernier  fluide  ('2).  Enlin,  dans  une  des 
dernières  Leçons,  nous  avons  trouvé  (juc  l'ajjpareil  digestif 
expulse  au  dcliors,  avec  les  résidus  laissés  par  les  aliments, 
des  matières  provenant  des  parois  du  tulîc  intestinal,  de  la 
bile  ou  des  autres  humeurs  qui  arrivent  dans  cette  cavité  (o). 
IMais  ces  excrétions  ne  sont  pas  les  seules,  et  chez  la  plupart 
des  êtres  animés  il  existe  d'autres  voies  pour  la  sortie  des 
produits  non  utilisables  du  travail  nutritif^  ainsi  que  pour 
l'expulsion  des  matières  étrangères  dont  l'organisme  se  trouve 
chargé.  Ces  derniers  émonctoires  doivent  même  être  considérés 
comme  les  instruments  spéciaux  de  l'excrétion,  et  c'est  princi- 
palement par  leur  intermédiaire  que  les  matières  azotées  et  les 
autres  substances  non  volatiles  sont  versées  au  dehors  sous  la 
forme  de  sécrétions,  tandis  que  les  corps  doués  d'une  tension 
considérable  s'échappent  par  la  surface  respiratoire  ou  par 
la  peau,  à  l'état  de  lluidcs  élastiques.  L'un  d'eux  est  l'appareil 

(1)  Voyez  tome  I,  page  Z|19  et  suiv.  (3)  Voyez  loiiic  Vil,  piigc  lb7  et 

(2)  Voyez  tome  IV,  page  /|39  et  suiv.      suivantes. 

vu.  20 


306  l'XcnÉTiONS. 

iirinaire  ;  c'est  le  plus  iinportanl  de  tous.  Les  autres  sont  les 
iilandes  sudoriiï'res,  les  organes  sécréteurs  du  mucus  et  quel- 
ques glandulcs  qui  avoisinenl  l'anus.  L'histoire  de  la  plupart 
de  ces  organes  trouvera  sa  place  dans  une  autre  partie  de  ce 
(]ours,  et  dans  ce  moment  nous  ne  nous  occuperons  que  de 
rai)pareil  urinairc  1)  et  de  ses  produits. 
De  la  sécrétion  §  2.  —  La  sécrcliou  urinairc  est  un  phéuonièm^  très  général 
dans  le  Règne  animal,  mais  dont  les  inslrumculs  n'ont  été 
l'objet  d'une  étude  approfondie  que  chez  l'Hoiume  et  les  auh^es 
Vertébrés.  Pour  le  moment,  je  laisserai  donc  de  côté  tout  ce 
qui  est  relatif  à  cette  fonction  chez  les  Invertébrés,  et,  afin  de 
faire  bien  saisir  les  traits  généraux  de  riiistoire  anatomique  des 
organes  qui  l'accomplissent  chez  les  divers  Vertébrés,  je  crois 
utile  d'indiquer  d'abord  son  mode  de  dévelojjpement  chez 
l'embryon. 

Chez  tous  les  A'"ertébrés  en  voie  de  Ibrmalion,  on  apercoil 


urinairc 
chez 
les  Vertébrés 


Mdil. 
Je 


..léveioppeuieni  <lc  Irès  liounc  licurc,  à  la  pai'fie  dorsale  de  la  cavité  abdo- 
'^.rh!ai^^'    mlualc,  sur  les  côtés  <le  la  coloniu;  verlébi'ale,  une  paire  de 


clicz 


venibryori.    glaudcs  ([u\  sout  counucs  sous  les  noms  de  reins  primitifs  ('2) 
Corps  de  vvoiff.  ou  de  corps  de  ÏVolff  [?■>).  Ces  organes  grandisseni  rapidement  ; 


(J)  (Uiol(|iies  iuilours  désiî^iioiU 
(ruiif  inaïuère  géiu'ralo  les  parties 
constitutives  de  cet  appareil  sous  le 
nom  iVorgaur-s  uropoi'liqiios. 

('2)  On  les  appelle  aussi  faiu' 
reins,  reins  primordimix  ou  corps 
J'Oken. 

(3)  Gasp.  Fféd.  Wolik,  analouiisle 
rélèhre  du  \viri''  siècle,  élail  orifii- 
naire  de  Keiliu  ;  mais  après  la  publi- 
cation de  queli[ues  travaux  iniportauls, 
il  alla  sY'lablir  à  .Saint-P«5tersbourf;,  ei 


ce  fut  dans  les  iMénioires  de  l' Acadé- 
mie de  celte  ville  ((u'il  fit  paraître  la 
plupart  de  ses  œuvres.  On  lui  doit  la 
découverte  des  reins  primitifs  chez  les 
Oiseaux  {a)  et  un  !;rand  nombre  d'au- 
tres observations  capitales  pour  l'em- 
bryologie. Oken  lit  faire  ensuite  un  pas 
iniporlanl  à  riiistoire  de  ces  organes  ; 
mais  l'iathke  lui  le  premier  à  en  faire 
une  élude  api)rofondie,  et  ses  recher- 
ches portèrent  sur  les  l'icptilesaussi bien 
(lue  sur  les  Mammifères  et  les  Oiseaux. 


((/)  C.  F.  \V..lir,  ThcorUi  ijeneraliouis  (dissert,  inaiig.).  Halle,  1159.— /)«  lormalione  intesli- 
nurwn  irtrcipuc,  tum  et  de  nmnio  spurio  uUisque  imrtibus  emhryojiis  0(illin(icei  nondnm  vms, 
observationes  in  ovis  incuhatis  inslitiilcc  {t\ovi  Commott.  M'inl.  iV/)c;iO(.,  I.  MU.  !'•  it^lJl- 


APPAREIL    URINAIRE    DES    VERTÉTÎRÉS.  307 

ils  sont  de  forme  allongée  (1),  et  bientôt  on  y  dislingne  une 
multitude  de  canalicules  qui  sont  terminés  en  cul-de-sae  du 
côté  interne,  mais  qui  vont  déboucher  dans  un  conduit  situé 
le  long  du  bord  externe  de  chacune  de  ces  glandes,  d'où  il  se 
porte  en  arrière  pour  aller  s'ouvrir,  soit  dans  la  portion  termi- 
nale de  l'intestin,  soit  dans  un  appendice  de  ce  canal  appelé 
vésicule  allanloïdienne  (%.  Par  suite  de  leur  grand  allonge- 


Peu  de  iciups  après,  l'histoire  du  dé- 
veloppement de  CCS  organes  fit  de 
nouveaux  progrès  entre  les  mains  de 
M.  Baer,  de  J.  Mullcr,  de  j\I.  Coste, 
de  M.  Bischoff  et  de  quelques  autres 
embryologistes  (a). 

(1)  Au  sujet  de  la  forme  générale 
des  corps  de  Wollï'  et  de  leur  position 
dans  la  cavité  viscérale,  je  renverrai 
aux  ligures  qui  en  ont  été  données 


d'après  des  embryons  de  l'espèce 
humaine  (b)  ,  de  la  Brebis  (e) ,  la 
Vache  ((/),  la  Souris  (e),  la  Biche  (/"), 
la  Poule  (g),  le  Faucon  (h),  la  Cou- 
leuvre (i),  la  Grenouille  {j),  le  Sau- 
mon (A;),  etc. 

(2)  Ce  canal  est  côtoyé  par  un  con- 
duit ([ui  appartient  à  l'appareil  géni- 
tal, et  quelques  auteurs  l'ont  confondu 
avec  ce  tube. 


(a)  Oken,  Anat.  von  drei  Hundscmbnjonen  (Okea  un,l  Keiseï-,  Beilrage  -.ur  verqleichenden 
Zoologie,  Anatomie  und  Physioloijie,  1807,  t.  Il,  p.  \'j  et  siiiv.). 

—  Baer,  Ueber  die  Entwickdungsijcschichte  dcr  Thiere,  iSiS,  t.  I,  p.  G3,  de. 

—  Rathke,  dans  le  Traité  de  physiologie  de  Biirdach,  I.  III,  p.  505  et  suiv'. 

—  Mùller,  Bildungsgescldchtc  dcr  Genitalien,   aus  anatomischen   Untcrsuchuiinen  an  Em- 
bryonen  der  Menschen  und  der  Thiere,  1830,  p.  9-12. 

—  Jacobson,  Die  Oken'schen  Kurper,  oder  Primordialnieren.  Coiienhague,  1830  {Isis ,  1831, 
p.  487). 

—  Vnlentin,  Handbiich  der  Entwickelungsgeschichte,  1835,  p.  352  et  suiv. 

—  Cùsto,  Recherches  sur  les  corps  de   Wol/f  chez  les  Mammirères  et  les  Oiseaux  iinn    des 
sciences  ?iflf.,  2' série,  1840,  t.  MU,  p.  290). 

—  Bischoir,  Traité  du  développement  de  l'Homme  et  des  Animaux  ,  Irad.  par  Jourdaii   p   341 
el  suiv.  [Encyclop.  analomique,  t,  Vlll).  ' 

(b)  Muller,  Bildungsgeschichte  der  Genitalien,  pi.  4,  lîg.  7,  etc. 

—  Cosle,  Histoire  générale  du  développement  des  corps  organisés,  espèce  humaine   pi   4^ 
%.  1  el  3.  •  '  1  . 

(c)  Wuler,  Op.  cit.,  pi.  3,  %.  3,  etc. 

—  Coste,  Recherches  sur  les  corps  de   Wolff  {Ann.  des  sciences  nul.,   2' série,  t.  XllI,  pi.  9 
fig.  1,  2  et  3,  et  pi.  10,  tiy.  1  el  2),  et  Histoire  générale  du  développement  des  corps  orn'anis'^s' 
Brebis,  pi.  4,  fig.  1  et  2.  i        j        -  , 

(d)  Muller,  Op.  cit.,  pi.  3,  (ig.  2. 

(e)  Idem,  i6t!/.,pl.  3,  fig.  1. 
if)  Idem,  ibid.,  pi.  4,  fig.  (J. 

(g)  Rathke,  Ueber  die  Entwickelung  der  Geschlechtsiuerkzeuge  bei  dea  Wirbdlhieren  (Bcitr 
sur  Gesch.  der  Thierwelt,  t.  III,  jil.  3,  fig.  1,  3,  etc.). 

—  Millier,  ùp.  cit.,  pi.  2,  fig.  1,  2,  etc. 

—  Coste,  Op.  cit.  {Ann.  des  sciences  nat.,  2«  série,  t.  XUl,  pi.  9,  fi'^    i) 
(/()  Muller,  Op.  cit.,  pi.  4,  fig.  ^.  >       -    s      y 

(i)  P.aihke,  Enhvickelungsgeschichlc  der  Natter,  pi.  1 ,  li-.  i,  et  pi.  2,  fi-.  (J  ;  pi.  3   n^   j    elc 
{J)UQm,  liildungsgesch.  der  Genitalien,  pi.  i,  iv^.  l,cic.  "       '  •    ^-     • 

(fc)  Vogt,  Embryologie  des  Salmones,  pi.   0,  fig.  130,  140  el  142  (Agas.^iz,  Ihsluire  natiirell- 
des  Poissons  d'eau  douce,  iS'td).  i     ti  - 


o08  EXCRÉTIONS. 

ment,  les  cannlioulcs  des  corps  de  Woliï  deviennent  ensuite 
très  iîexueux  et  se  [)elotonnent  sur  eux-mêmes  de  très  bonne 
heure  (l).  On  observe  aussi  de  nombreux  vaisseaux  sanguins  (jui 
pénètrent  dans  la  glande  par  son  côté  interne,  et  qui  lui  donnent 
une  couleur  rougeâtre  ('2).  Enfin,  on  voit  un  liquide  et  quel- 
quefois môme  des  concrétions  se  former  dans  l'intérieur  des 
canalicules,  et,  d'après  l'examen  qui  a  été  fait  de  ces  matières, 
on  a  été  conduit  à  reconnaître  que  ces  glandes  constituent  déjà 
à  cette  période  peu  avancée  de  la  vie  embryoïniaire  un  appareil 
urinaire  (3). 

Lorsque  Wolff  observa  pour  la  première  fois  ces  organes 
cliez  le  Poulet,   il  les   considéra  comme  étant   les  reins  en 


(1)  Ces  canalicules  se  constituent 
(l'abord  sous  la  forme  de  vésicules  la) 
([iii,  en  s'allongeanl,  deviennent  des 
lul)i's  léfièrement  Iîexueux  et  disposés 
parallèlement  en  tra\ers(6).  En  conti- 
nuant à  se  développer,  ils  a(  quièrent 
mic  longueur  (•oiisidéral)le,  s'cnlortii- 
lenl  davantage,  et  l'urment  de  petils 
pelotons  qui  sont  fort  dilliciies  à  dé- 
mêler {(■).  Oken,  [liniley  et  quelques 
autres  anatomistes  ont  pu  les  injecter, 
ainsi  (jue  le  canal  dans  le([uel  ils 
déboiirlicnl  (</;,  et  l'on  est  parvenu 
aussi  à  faire  passer  par  compression 
irai  conlcnu  dans  ce  dernier  lubc  (e). 

('_')  l'iallike  a  constaté  <pie  clii'/. 
Tembryon  df   la  Coidciivre  les  arlé- 


rioles  forment  dans  l'intérieur  des 
corps  de  ^Vol/^  de  petits  glomérules  ;/") 
semblaiiles  aux  granulations  de  î\Ial- 
piglii  qu'on  rencontre  dans  les  reins 
proprement  dits. 

(3)  Cbez  des  embryons  de  Cou- 
leuvre, .M.  Volkmann  et  ([uelques  au- 
tres pbysiologistes  ont  trouvé  les  cana- 
licules et  le  conduit  excréteur  des 
corps  de  AVoKÏ  remplis  d'une  sécrétion 
blanchâtre  (f/),  et  la  présence  de  l'acide 
urique  a  été  constiitée  dans  l'allan- 
loïde  à  une  époque  où  les  reins  pro- 
j)remenl  dits  étaient  encore  trop  peu 
développés  pour  (|u'on  ail  pu  leur 
attril)uer  la  sécrétion  de  c'ite  ma- 
tière ('(). 


(fl)  Exemiiio  :  le  l'oiilcl  (voyez  Millier,  Op.  cit  ,  \<\.  -2,  fi';;.  3). 

(Il)  V.\cin\Ao  :  la  Couleuvre  (liallike,  Kiitwid;.  dcv  Saller,  pi.  3,  {\ç:.  20  ot  211. 

((■)  Noyez  f.osie,  Op.  cit.  (.\nii.  des  .icieiices  nal.,  2'  s('Tie,  t.  MU,  pi.  0,  fi;;.  1-3). 

((/)  Olieii,  lieilraije,  I.  I,  p.  21. 

—  HiscliolV,  Traiti!  du  dévclopj^ment  de  l'Homme  et  des  Mammifrrcs,  p.  2\'. 
{e)  Millier,  liilduiigs  geschichte  der  Ceiiilalien,  p.  20. 

—  Itischoir,  OiK  cit.,  p.  347. 

(0  l'.allilvo,  h:iitwicl;.  der  Snllcr,  pi.  3,  lii,'.  15  cl  lil. 
{g)  Hallike,  Kiilwiclcrlinigsgcsch.  der  .Sattcr,  p.  207. 
[h)  Jarotison,  Die  Oken'srlii'u  liurjier,  oder  die  l'i\mni'dïii}nierrn  [Isis,  1,^31,  p.  437). 


Al'i'AIlLlL    LKIiNMllIi    DKS    VKUlKHliÉS.  o09 

voie  d(î  clcveloi^pemciit  ;  mais  Okoii  ne  tarda  [)as  à  trouver 
que  chez  les  Mainmileres,  aussi  bien  que  chez  les  Oiseaux,  ils 
en  sont  distincts ,  et  l'on  reconnut  bientôt  que  chez  tous  ces 
Animaux  ils  n'ont  qu'ime  existence  transitoire,  et  sont  remplacés 
plus  ou  moins  promptement  par  ces  dernières  glandes  (pii 
}>rennent  naissance  dans  leur  voisinage  (1).  Chez  l'embryon 
humain,  les  reins  primordiaux  disparaissent  presque  entière- 
ment pendant  le  second  mois  de  la  vie  intra-utérine  (2),  et 
chez  les  Mammifères  moins  élevés  en  organisation,  quoique 
leur  existence  soit  un  peu  plus  longue,  ils  s'atrophient  aussi 
de  très  bonne  heure  (o).  Chez  les  Reptiles,  ils  n'atteignent 


(1)  Wolff,  tout  en  signalant  Texis- 
tence  de  ces  organes  embryonnaires, 
n'en  avait  pas  étudié  le  développe- 
ment, et  Oken  fut  le  premier  à  con- 
stater que  les  reins  en  sont  indépen- 
dants dès  leur  origine.  J\l.  Coste  a 
étudié  avec  beaucoup  de  soin  les  rela- 
tions qui  existent  entre  les  corps  de 
Wolir  et  les  organes  de  la  généra- 
tion («). 

(2)  La  disparition  des  corps  de 
Wolff  a  lieu  d'une  manière  graduelle  ; 
ils  se  retirent  peu  à  peu  dans  la  partie 
inférieure  de  la  cavité  abdominale,  et 
nous  verrons,  dans  la  suite  de  ces 
Leçons,  quelles  sont  les  relations  qu'ils 
ont  avec  les  organes  de  la  génération. 

Les  canalicules  qui  sont  logés  dans 
le  repli  du  péritoine  près  de  la  Ironqie, 
chez  l'embryon  humain  femelle,  pen- 


dant les  derniers  mois  de  la  grossesse, 
et  qui  ont  été  désignés  sous  le  nom 
d'organes  de  Rosenmuller,  paraissent 
êlre  des  débris  des  corps  de  Wolli'  {b). 
On  les  retrouve  encore  pendant  un 
certain  temps  après  la  naissance. 

(3)  Ainsi,  chez  le  Lapin,  dont  la 
gestation  n'est  que  de  trente  jours,  on 
voit  encore  des  vestiges  des  corps  de 
Wolff  vers  le  vingt-quatrième  jour  de 
la  vie  interutérine  ;  mais  ces  organes 
ont  complètement  disparu  avant  la 
parlurition  (c). 

Il  y  a  cependant  quelque  raison  de 
croire  que  la  portion  terminale  des 
conduits  excréteurs  des  corps  de 
^Voliï  persiste  pendant  toute  la  vie  chez 
les  Juments,  les  Vaches,  les  Brebis  et 
quelques  autres  Animaux,  où  ils  consti- 
tueraient les  canaux  de  Gartner  {d), 


(a)  Costc,  Op.  cit.  {Ann.  des  sciences  nat.,  2'  série,  t.  Xlll,  p.  290). 
(ft)  Rosenmiillor,  De  ovariis  embrijonum.  Lipsiœ,  ISOt. 
(c)  Cosie,  Op.  cit.  (Ann.  des  scituces  nul.,  2=  série,  t.  Mil,  p.  301). 
(di  Jaoobson,  Die  Oken'schen  KOrper  {Isis,  1831). 

—  Raihko,  Ueber  die  Bildnmj  dev  Sanieiikiler,  dev  Fallopischen  Trompeté  und  dcr  Gart- 
iierscheii  Kandle  in  der  Gebàrmutlcr  uml  Scheide  dcf  U'icdcrkâiicr  (Mcekel'»  Archiv  fiii'  Anal, 
vnd  Physiol.,  1832,  p.  380). 

• —  Viilenlin,  tlundbuch  der  Entwukelumjsyeschichte  des  Mensc.hen.,  p.  3'JO. 

—  Coste,  Op.  cit.  (Ann,  des  sciences  nat.,  i'  série,  l.  Xlll,  p.  30i). 

—  Foliiii,  Recherches  sur  les  corps  de  Wolff,  Ihèse.  l'aris,  1850, 


.s  10  KXCKKTIONS, 

lo  niaxiinuni  do  leur  d(;vcloj)[)Cincnt  ([iic  vers  la  moitié  (\c 
la  vie  embryonnaire,  et  ils  persistent  jusqu'à  l'époque  de 
la  naissance.  Chez  les  Batraciens,  on  les  retrouve  dans  le 
têtard,  et  dans  l'Animal  dont  les  métamorphoses  sont  ache- 
vées, ils  sont  rcmiilacés,  quant  à  leurs  Ibnclions,  par  les 
reins  proprement  dits;  mais  il  reste  toujours  des  vestiges  de 
leurs  dépendances  (1).  Enfin,  chez  les  Poissons,  les  corps  de 
Wolff  constituent  des  organes  permanents  (2);   aucune  autre 


qui  sont  situés  dans  les  parois  du 
vagin,  comme  nous  le  verrons  par  la 
suite. 

(1)  L'existence  des  reins  transitoires, 
ou  corps  de  Wolff,  chez  les  Batraciens, 
a  été  constatée  par  J.  Millier  (a)  ;  mais 
je  dois  ajouter  que  la  justesse  de 
cette  détcrminalion  n'est  pas  admise 
par  tous  les  anatomisles  {b),  cl  qu'il 
résulte  des  observations  plus  ré- 
centes de  M.  Witlich  que  ces  organes 
n'ont  pas  la  même  structure  intime 
que  chez  les  autres  Vertébrés.  Au 
lieu  d'être  composés  d'une  réunion 
de  petits  caecums,  ainsi  que  INIiiller 
l'avait  représenté,  ils  seraient  com- 
posés d'un  long  tube  entortillé  sur 
lui-mènjo  (c).  Les  recherches  de  ce 
naturaliste  et  celles  de  M.  Leydig  ten- 
dent également  à  établir  que  chez  les 


Batraciens  adultes  ces  organes  transi- 
toires sont  représentés  par  des  appen- 
dices de  l'appareil  génito-urinairc,  sur 
lesquels  je  reviendrai  bientôt  {d). 

(2)  On  avait  d'abord  pensé  que  les 
corps  de  Wolff  manquaient  chez  les 
Poissons  (c)  ;  mais  aujourd'hui  tous 
les  embryologistes ,  à  l'exemple  de 
r\athke,  admettent  que  ce  sont  au 
contraire  ces  organes  qui  constituent 
les  glandes  uriiiaires  de  l'Animal 
adulte,  au  lieu  de  disparaître  et  d'être 
remplacés  plus  ou  moins  promptemenl 
par  des  reins  nouveaux,  comme  cela 
a  lieu  chez  les  autres  Vertébrés  (/"). 
Quelques  auteurs  avaient  supposé  que 
sous  ce  rapport  les  Batraciens  res- 
semblent aux  Poissons  ;  mais,  ainsi 
que  je  l'ai  déjà  dit,  ou  voit  par  les 
recherches  de  J.   IMUIler  qu'il  en  est 


(a)  Muller,  Uebei'  die  WolU'schen  horper  bei  den  Einbrijoneii  der  Frëscheund  Krôteii  (MackeVs, 
Archiv  fur  Anat.  und  J'kijsiol.,  1829,;).  (Jï>.)  Bihlungsijeschichtc  d<'r  Gcnitalieu,  iSJO,  p.  9  el 
siiiv.,  pi.  1 ,  fij.  ^  et  siiiv.;. 

(6)  Mai-ciiscii,  Sur  le.  dévcloppcmenl  des  parties  gcnitales  et  nropoétiqucs  chez  les  Batraciens 
{Gazelle  médicale,  1S51,  p.  273). 

(c)  NViiticli,  Deilru'jc  zur  morpholoijischcu  und  histolo(iischcu  Enlwickcliuuj  der  Harii-und 
(ieschlechtSH'crkzeuge  der  nacktcu  Amphibiea  {Xcitschrifl  fur  wissciischafllichc  Zoologie,  1853, 
I.  IV,  p.  125,  pi.  9,  fig.  1,  2,  3,  elc). 

((/)  Leydig,  Anatomisch-histologische  Untersuchungen  ïtbcr  Fische  niid  Reptilien,  p.  09  et 
suiv. 

(d)  Baer,  Entwiclwlungsgeschichtc  der  TIticrc,  l.  H,  p.  311.  —  KnlwiokelungsgeschicMe  der 
Fisc  lie,  p.  35. 

(/')  liallikc,  Sur  le  dcveloppciaciU  des  l'uisons  (ii:u>s  IJuiilacli,  t.  III,  |i.  137  cl  572). 
—  Vo^jl,  Einbrijologie  des  S(il>n')ii,';s,  p.  l'60  (A;,'assiz,   Histoire  ailurellc  des  /'oisso/is  d'eau 
douce,  1842). 


VIM'AUKH.    IIRINAIK!':    DKS    VliRTÉBHÉS.  o1  1 

glande  rcaalo  no  so  développe ,  cl  ils  tonnent  avee  Icnrs 
canaux  excréteurs  et  leurs  annexes  la  totalité  de  l'appareil  uri- 
nai rc. 

§  3.  —  Les  organes  qui,  chez  les  autres  Vertébrés,  se  sub- 
stituent aux  corps  de  Wolff  et  constituent  les  reins  permanents, 
apparaissent  à  une  période  plus  avancée  de  la  vie  de  l'embryon, 
et  se  forment  toujours  d'ime  manière  indépendante  de  ces 
glandes  transitoires.  Chez  les  Batraciens,  ils  en  sont  môme 
assez  éloignés  dès  l'origine  (1);  mais  chez  l'Homme  et  les 
autres  Mammifères,  ils  prennent  naissance  entre  la  paroi  dor- 
sale de  la  cavité  abdominale  et  les  reins  primitifs,  de  façon  à 
être  cachés  derrière  ceux-ci,  et  ils  ne  s'en  dégagent  que  peu  à 
peu  (2).  Dans  1rs  premiers  temps  de  leur  existence,  ces  reins 


Reins 
secondaires. 


autrement  ;  chez  les  Grenouilles  et 
les  Tritons,  les  corps  de  Wolff  n'ont 
qu'une  existence  temporaire ,  et  les 
reins  proprement  dits  en  prennent  la 
place  quand  la  respiration  devient 
aérienne,  ainsi  que  chez  les  autres 
Vertébrés  pulmonaires  (a).  11  serait 
intéressant  de  savoir  si  la  persistance 
des  corps  de  Wolff  est  générale  dans 
la  classe  des  Poissons  ou  si  les  Pla- 
giostomes  font  exception  à  la  règle. 
Jusqu'ici  le  développement  de  l'appa- 
reil urinaire  des  Poissons,  n'a  été  étu- 
dié que  chez  des  espèces  à  squelette 
osseux. 

(1)  Quelques  anatomistes  ont  pensé 
que  les  reins  secondaires ,  ou  reins 
permanents,  dérivaient  des  corps  de 
Wolff,  ou  reins  primitifs  ;  mais  Rathkc 
a  constaté  que  chez  la  Grenouille  ils 
sont  situés  en  arrière  de  ces  organes 


dès  leur  première  apparition  (6),  fait 
qui  est  d'accord  avec  ceux  o!)servés 
par  J.  Millier  et  avec  les  résultats  des 
recherches  plus  étendues  de  M.  Wit- 
tich  (c). 

(2)  Rathke  a  vu,  chez  im  embryon 
de  Cheval  long  de  huit  lignes,  ces  or- 
ganes adhérents  au  bord  supérieur  et 
externe  des  corps  de  Wolff  ;  chez  un 
embryon  du  même  Animal  qui  était 
plus  petit,  les  reins  étaient  couverts 
par  ces  derniers  organes,  et  chez 
d'autres  qui  étaient  plus  jeunes,  cet 
anatomiste  n'a  pu  en  découvrir  au- 
cune trace.  M.  Valentin  a  commencé 
à  distinguer  les  reins  chez  des  em- 
bryons de  Cochon  longs  de  cinq  hgnes, 
et  M.  Bischoff  n'en  avait  aperçu  au- 
cun vestige  chez  des  embryons  de  sept 
à  neuf  lignes,  tandis  qu'il  les  trouva 
sous  la  forme  de  très  petits   corpus- 


(rtj  Millier,  Diklungsgesclùchte  der  Genitalien,  1830,  p.  9  et  suiv. 

(b)  Voyez  Burdacli,  Traité  de  physiologie,  t.  Ht,  p.  170. 

--  fyalhkeBeobacht.iiberdieEntwickel.  dcrGeschlechtsicerkxeu/je  beiden  Wirbellhicven,  1825. 

(c)  Millier,  Ueber  die  Wotffscheii  Kurper  bei  den  Embryoneii  des  Fvôsche  und  Kruteii  (Mcckel's 
Arehivfïw  Aiiatom.  und  /'ftysioi.,  1829,  p.  65).  —  bitdungsgesch.  der  Genilatien,  pi.  1,  fig.  5  à  9. 

—  Witiich,  Op.  cit.  {Zeitschr.  fiir  wissenschafti.  Zoologie,  t.  IV,  pi.  7,  lig.  1,  2  et  5). 


ol"i  KXCRÉÏIO.NS. 

secondaires,  ou  reins  proprement  dits,  n'ont  pas  encore  de  canal 
excréteur;  mais  bientôt  ce  tube,  appelé  uretère,  se  constitue 
à  son  tour,  et  va  déboucher  à  la  base  de  la  vésicule  allanloï- 
dienne  ou  dans  la  portion  adjacente  du  gros  intestin  (1).  Des 
canalicules  dont  la  disposition  devient  très  complexe  se  creusent 
aussi  dans  la  substance  des  reins,  et  ces  glandes  se  divisent 
plus  ou  moins  profondément  en  lobes  ou  en  lobules.  Enfin, 
cbez  les  Mammifères,  le  pédoncule  de  l'allantoïde  où  les  ure- 
tères viennent  al)outir,  constitue  ensuite  la  vessie  urinairc, 
tandis  (|ue  sa  portion  supérieure  s'atrophie. 

Nous  voyons  donc  que  l'appareil  urinairc  n'a  pas  la  même 
origine,  et  n'est  pas  constitué  par  les  mêmes  éléments  orga- 

l'appareil   rénal 

i-erniancni.  iiiqucs  clicz  tous  Ics  Ycrtébrés.  Mais,  soit  que  les  glandes 
rénales  de  l'Animal  [tariait  résultent  du  développement  des 
corps  de  Wolff,  soit  qu'elles  succèdent  à  ces  corps  et  qu'elles 
en  soient  distinctes  dès  l'origine,  elles  ont  partout  le  même 
mode  de  structm^e  en  tout  ce  qui  est  essentiel,  et  elles  rem- 
plissent toujours  les  mêmes  Ibnctions.  Que  les  reins  soient 
primordiaux  ou  secondaires,  ils  appartiennent  cvideuunent  à 
une  même  série  de  produits  du  travail  organogénique,  et  il 
me  semble  qu'il  y  aurait  phis  d'inconvénients  que  d'avantage 
à  les  désigner  sous  des  noms  différents. 


Dilffrences 

dans  l'origirio 

de 


Cilles  chez  un  individu  de  même 
espèce  dont  la  lon^Hieur  ('tail  de 
dix  lignes  (u). 

(1)  Chez  les  Vertébrés  allanloïdiens 
(c'est-à-dire  les  Manmiifôrcs,  les  Oi- 
seaux et  les  Jîepliles),  l'uretère  perma- 
nent sodc'veioppi'  d'uno  manière  indé- 
jx'ndanle  ducanal  excréteur  du  corpsde 
AVolll  (h),  et  jus{pie  dans  ces  derniers 


temps  on  pensait  qu'il  en  était  de  même 
chez  les  Batraciens  (r)  ;  mais  il  résulte 
des  observations  de  M.  NViltich  ((ue 
chez  ces  derniers  Animaux  les  reins 
secondaires  sendilent  (luclquefois 
pi-endre  naissance  sur  le  canal  excré- 
leur  des  reins  primilits,  dont  la  por- 
tion inl'érieure  deviendrait  ainsi  l'uro- 
lère  permanent  (d). 


(a)  Biscliofl",  TruiU'  du  développeïiicnl  de  l'Homme  cl  des  Mammifères,  p.  350. 

(b)  Kalhke,  O/i.  itl.  (Biiiil;icli,  l'Iiysiolontc,  l.  III,  p.  ;>75). 
((■)  M.irc-.MMjii,  (';i.  ci.l.  {(lir-cttc  ineduolc,  ISTil,  p.  -Xli). 

(dj  NViliicJi,  Uii.  cil.  (ZcUscIn-tll  jur  icisscischafltiiiie  Zuuloijic,  ISôi.  I.  IV,  p,  133). 


APPAREIL    UP.INAIRE    !)KS    VERTÉBRÉS.  olo 

^  fl^  —  Chez  tons  les  Animaux  vertébrés,  les  oi\^nines  sécré- 
leurs  ainsi  constitués  se  composent  d'un  nombre  plus  ou  moins 
considérable  (le  glandules  semblables  entre  elles,  et  comi)Osées 
chacune  d'un   tube  étroit  terminé  en  cul-de-sac  et  renflé  en 
forme  d'ampoule  à  l'une  de  ses  extrémités,  ouvert  à  son  extré- 
mité opposée,  où  il  s'embranche  sur  un  de  ses  congénères  ou 
sur  un  conduit  excréteur  commun,  et  logeant  dans  son  inté- 
rieur du  tissu  utriculaire  ainsi  qu'un  paquet  de  vaisseaux  san- 
guins réunis  en  pelote.  L'ampoule  terminale  a  reçu  le  nom  de 
corpuscule  de  Malpighi,  en  souvenir  de  l'anatomiste  célèbre  qui 
le  premier  en  fit  connaître  l'existence  ;  elle  renferme  le  paquet 
ou  gloménde  de  vaisseaux  sanguins  dont  je  viens  de  parler,  et 
le  tube  (pii  en  part  est  appelé  un  canalkule  iirinifère  (1).  La 


Stnicliire 

inliiiiH 

lies  l'oiiis. 


(1)  Malpiglii,  dont  j'ai  eu  fréquem- 
ment à  citer  les  travaux  (a),  constata 
Texislence  de  ces  corpuscules,  et, 
guidé  par  des  idées  théoricjues  tort 
justes,  il  les  considéra  comme  de  pe- 
tites glandes  dont  les  canalicules  urini- 
fères  précédemment  découverts  par 
Bellini  {b)  seraient  les  conduits  excré- 
teurs ;  mais  il  lui  fut  impossible  de 
les  injecter  par  ces  tubes,  ni  de  voir 
la  continuité  de  leurs  parois,  tandis 
qu'il  parvint  à  les  injecter  par  l'inter- 
médiaire des  artères  (t).  La  nature 
glandulaire  de  ces  corpuscules  fut  en- 


suite révoquée  en  doute  par  Peyer  {cl) , 
et  i'uiysch,  ayant  réussi  à  les  injecter 
d'une  manière  très  belle,  et  ayant  vu 
la  matière  des  injections  passer  de  ces 
corps  dans  les  tubes  uriuifères,  les 
regarda  comme  étant  seulement  des 
pelotes  vasculaires  en  continuité  di- 
recte avec  les  canaux  glandulaires  (e). 
Ces  opinions  divergentes  tirent  naître 
beaucoup  de  discussions  parmi  les 
anatomistes  du  xviii'^  siècle  (/"),  et 
l'hypothèse  dePioysch  comptait  encore 
des  partisans  il  y  a  vingt-cinq  ans  (7)'. 
Les     recli'M-ches      de    Si:luiml:ui>!cy 


(a)  Voyez  toiiio  I,  \<igo  41 . 

{b)  lîellini,  K.ccrnt.  anat.  de  slruclura  rciium,  iOG-i. 

(c)  Malpiglii,  Ile  viscerum  slruclura  e.rcrcit.  anat.  {Opéra  omnii,  t.  II,  p.   87; . 

(d)  Peyci-,  l'arenga  auatomica  et  medlca,  iG8"2. 

(e)  Riivscli,  Tlii-saurus  anatomicus  primus,  p.  21. 

—  Schreiher,  llistoria  vllœ  Fredericl  Iluusch  (voyez  Ruyscli,  Opéra  omnia,  I.  1,  p.  4i). 
(0  Boerhaave,  Opusculum  analomicum  de  fabrica  glaïuiularuin,  17"2-2.  _ 

—  Berlin,  Mém.  pour  servir  à  l'Iiistolre  des  reins  {Mém.  de  fAcad.  des  sdeiiees.  1  . 4  t). 

—  Ferrein,  Sur  la  slructurc  des  viscères  nommes  (ilanduleux,  et  pjrlicidu'remenl  surC3Li 
des  reins  et  du  foie  (Mém.  de  IWcad.  des  saences,  174'.!,  p.  489). 

(iM  DœHini;i-i',  U'as  isf  .46(»i'/ec(Ui!/.  Wiirzburg,  1819.    .  ,  .         .   . 

—  Essonlianlt,  De  structura  renuin  observaliones  micrjscopicœ.  Berlin,  181S.  \i)ch  euuji 
]yorte  ilber  de:i  Bau  der  Niereii  (Meckel's  Deutsches  .\rchiv  fiïr  die  Pli'jslohju,  1823,  t.  \  lll, 
p.  218). 

—  Serres,  Anatomie  der  mikroscopischen  Gebihh',  1S37. 


314  EXCP.ÉT10?vS. 

portion  initiale  (]o  ce  lube  est  garnie  intérieurement  de  cils 
vibratiles,  et  dans  le  reste  de  son  étendue  ses  parois  sont  tapis- 
sées d'une  couclie  de  tissu  utriciilaire  qui  constitue  un  revête- 


avaient,  il  est  vrai,  jeté  un  peu  plus 
de  lumière  sur  les  connexions  de  ces 
corps  avec  le  système  cirçiUatoire  (a), 
mais  elles  n'avaient  pas  l'ait  mieyx 
connaître  leurs  rapports  avec  les  ca- 
naux urinifères,  et  c'est  de  nos  jours 
seulement  que  ce  point  a  été  élucidé 
d'une  manière  satisfaisante. 

Vers  1828,  Ilusclike  était  parvenu 
à  injecter  les  tubes  urinifères  et  à 
reconnaître  que  chez  les  Batraciens  et 
les  Oiseaux  ces  canaux  se  terminent 
en  partie  par  des  vésicules  arrondies  ; 
mais  chez  les  Rlammifèrcs  il  n'avait 
pu  apercevoir  aucune  connexion  entre 
les  caiialiculcs  et  les  corpuscules  de 
]Malpii;hi  {b).  Bientôt  après,  ,1,  l\Jiiller 
établit  que  chez  tous  les  Vertébrés  les 
tubes  urinifères  se  terniinont  en  cul- 
de-sac,  et  sont  généralement  renflés 
en  forme  de  vésicule  à  leur  extrémité 
périphérique  ;  il  conclut  aussi  de  ses 
obser\  allons  que  ces  lubes  ne  sont 
jamais  en  comuuuiicalion  avec  les 
vaisseaux  sanfïuins  ;  mais  il  ne  recon- 
nut pas  leur  relation  avec  les  corpus- 
cules de  j\I;ilpiglil,  et  il  considéra 
ceux-ci  comme  des  organiles  pure- 
ment vasculaires,  sans  rapports  avec 


les  canaux  sécréteurs  de  Turine  (c). 
Vers  la  même  époque,  plusieurs  autres 
anatomistes  étudièrent  la  structure  in- 
time des  reins  sans  plus  de  succès  {d)  ; 
mais  en  18Zi2  M.  Bowman  publia  sur 
ce  sujet  un  travail  capital  (e).  Il  fit 
voir  que  les  corpuscules  de  Malpiethi 
ne  sont  autre  diose  que  les  ampoules 
terminales  des  canaliculcs  urinifères 
renfermant  dans  leur  intérieur  un 
glomérule  vasciUaire.  Dans  les  pré- 
parations anatomiques  faites  par  l'in- 
jection du  système  circulatoire,  les 
glomérules  se  voient  1res  nettement, 
ainsi  que  leurs  coimexions  avec  les 
vaisseaux  sanguins  adjacents ,  mais 
on  ne  distingue  que  diJllcilement  leur 
capsule,  et  encore  plus  diflicllement 
la  continuité  entre  celle-ci  avec  les 
tubes  urinifères  ;  tandis  que  dans  les 
préparations  non  injectées  la  conti- 
nuité entre  ces  dernières  parties  est 
souvent  bien  évidente  ,  mais  les  am- 
poules n'olfrent  pas  l'aspect  des  cor- 
puscules malpighiens  injectés,  et  l'on 
pouvait  aisément  croire  (lu'ellcs  en 
dureraient.  .Al.  Bowman  constata  les 
caractères  anatonuques  essentiels  de 
ces  organiles.  Ses  vues  ù  ce  sujet  ïn- 


[a]  U.  A.  SLlmiiilanskv,  De  slruclura  rcnum  tractalus  physiologko-anatommis.  Slrasbonri,', 
1788. 

(b)  llusclikc,  Ueber  die  TexHtrder  Nieren  {Isis.  1828,  t.  XM,  )>.  5Gi). 
ic)i.},U\\\cr,J)rglaiulularnmsccerncntiumslnichirapenitiort,i8'ii). 

((i)  C;ijl:i,  Obicivalwus  tl'oiiatLmic  mkroscopiqite  sur  le  rein  des  Mammifères,  llièsc.  Paris, 
d830. 

—  Cillée,  Aiialomiscli-miliroFcoiAsche  Vntcrsuchungen,  1839. 

{c)  lîo^^n]all,  Cn  lh<:  Stnicliire  ond  Ise  of  îhe  Ndliiohiaii  Hodies  of  tlie  hidiicy,  iritlt  Observ. 
cil  the  Cir(nlaHi.n  throvah  tliat  Cliivd  {l'hilos.  Trons.,  1f<42,  p.  57,  y].  ^].  —  Sur  la  structure 
(I  ks  fciilwvs  ika  (or]vsivks  de  Maliigln  (Anv.  des  sdcnces  nat.,  1843,  l.  XJX,  p.  108). 


APPAIIRIL    URlIN.ViriE    DES    VERTÉBRÉS. 


315 


ment  épitliéli(|Lie  (1).  Enfin  les  canalicules  urinifùres  se  réunis- 
sent entre  eux,  ou  débouchent  directement  dans  un  canal  cxcré- 


rent  combattues  par  plusieurs  obser- 
vateurs habiles  (o),  mais  elles  netar- 
ch^rent   pas    à  être  confirmées  dans 
tout  ce  qu'elles  ont   de  plus  essen- 
tiel (b)  ;    elles  ont   été  rectifiées  ou 
complétées  à  certains  égards  par  les 
recherches  de  ses  successeurs  ,  parmi 
lesquels  j'aurai  à  citer  principalement 
T\n[.   Bidder,    Mandl    et    Leydig   (r). 
i\Iais  le  lait  fondamental  découvert  par 
cet  analomiste  est  aujourd'hui  géné- 
ralement admis,   et  ses  travaux  font 
époque  dans  l'histoire  anatomique  des 
organes  urina  ires. 

(1)  Les  tubes  urinifères  des  reins, 
dont  la  portion  terminale  avait  été 
découverte  par  Bellini  dt'S  le  xvii*  siè- 
cle (rf),  et  la  portion  périphérique 
avait  été  décrite  vers  le  milieu  du 
siècle  suivant  par  Ferrein(e),  ont  été 
étudiés  d'une  manière  plus  complète 
dans  ces  dernières  années.  En  18/|1, 


Vogel  leur  reconnut  une  tunique 
membraniforme  et  un  revêtement  in- 
térieur composé  de  cellules  à  noyau  (/). 
Bientôt  après ,  M.  Ilcnle  donna  de 
nouveaux  détails  sur  le  même  su- 
jet (f/),  et  en  18îi2  Al.  Bowman  décou- 
vrit le  mouvement  ciliaire  dans  la 
portion  initiale  de  ces  conduits  chez 
la  Grenouille  {h\  Depuis  lors,  ce 
phénomène  a  été  observé  dans  les 
canalicules  urinifères  de  divers  Hep- 
tiles  ou  Poissons,  tels  que  les  Lé- 
zards {i),  les  Serpents  (j),  les  Tor- 
tues (k),  les  Haies  (/),  et  AL  Ger- 
lach  croit  l'avoir  vu  aussi  chez  la 
Poule  [m)  ;  mais,  d'après  M.  KoUiker, 
le  mouvement  ciliaire  n'existerait  ni 
chez  les  Oiseaux  ni  chez  les  Mammi- 
fères (n). 

Chez  les  Tritons  el  les  Lézards,  ce 
mouvement  vibratile  n'est  pas  hmité 
au  col  des  vésicules  malpigliicnnes,  et 


(a)  Reirliert,  Bericht  ûbcr  die  Fortschritte  der  mikroscopischea  Anatomie  in  dem  Jahre  t842 
(MLiller's  Archiv,  ifH?.,  p.  ccxvii). 

—  Huschke,  Traité  de  splandmoloffie,  p.  298. 

. —  llyiil,  Lehrhuch  der  Anatomie  des  Menschen,  p.  488. 

(/;)  Geiiacli,  HcUràije  zur  Stniklurlehre  der  iViere  (Miiller's  Archiv  fiir  Anat.  und  Physiol., 
184.-,,  p.  3-38,  pi.  13,  fig-.  12-15). 

(c)  BidJor,  Ueber  die  Malpiijhischen  Kôrper  der  Niere  (Miiller's  Archiv  fiir  Àiuit.  und  Physiol., 
1845,  p.  508). 

—  Mandl,  Anatomie  microscopique,  1847,  t.  I,  p.  284. 

—  Lej-'lig,  Lehrbnvh  der  Histologie,  1857,  p.  450  et  siiiv. 
((/)  Bellini,  E.rerctt.  anat.  de  structura  renum,  1062. 

(e)  Keirigen,  Op.  cit.  (Mém.  de  l'Acad.  des  sciences,  1749,  p.  489). 

(/■)  Vo;jel,  Gebrauch  des  Mikroscops.  Leips.,  1841. 

(yi  Henle,  Traité  d' anatomie  générale,  t.  II,  p.  504  et  suiv. 

(h)  Bowniann,  Op.  rit.  ,Pkilos.  Trans.,  1842,  p.  GO,  pi.  4,  Hf.  15). 

{i}  Kollikcr,  Ueber  FH.ntmerbewegungen  in  den  Primordialnieren  (Miiller's Air// ii;,  1845, p.  518). 

—  G.  Johnson,  art.  Ren  (Todd's  Cyclop.  of  Anat.  and  Physiol,  I,  IV,  p.  253). 
{j}  Simon,  Physiol.  Essay  on  Vie  Thymus  Gland,  p.  72. 

(k)  Leydis,  Lehrhuch  der  Histologie,  p.  458,  fig'.  224. 
(/)  J.  MuUer,  Anmerkung  [Archiv ,  1845,  p.  520). 
(m)  Gerlach,  loc.  cit. 
(n)  Kolliker,  Traité  d'histologie,  p.  537. 


ûK)  EXCKKTIONS. 

leur  tonmiuii,  ou  vrctère^  lequel  ù  son  tour  va  s'ouvrir  au  de- 
hors ou  dans  quelque  cavité  inlermédiaire  qui  est  en  oonnnuui- 
calion  avec  l'extérieur  (1). 

Ces  glandules,  composées  chacune  d'un  corpuscule  mal- 
pighien  avec  son  gloniérule  vasculaire,  et  d'un  canalicule 
urinilere  avec  ses  cils  vibratiles  (2)  et  son  épilhcliuni  cellu- 
laire, se  développent  pendant  la  période  embryonnaire  dans 
le  corps  de  WoltY,  que  ce  corps  soit  seulement  un  organe 
temporaire,  ou  (ju'il  soit  destiné  à  jouer  un  rôle  permanent 
dans  l'économie  animale  (3).  Des  glandules  semblables  se 
constiluent  dans  les  reins  secondaires  chez  les  Vertébrés  où 
l'appareil  urinaire  doit  être  formé  définitivement  par  ces 
derniers  organes  (/i),  et  par  conséquent,  chez  les  Poissons 


paraît    s'étendre   dans  toute  la   lon- 
gueur des  canalicules  urinlfères  [a). 

(1)  Quelques  analoniistes  ont  pensé 
que  les  lubes  urinilï'ns  s'anaslonio- 
sent  entre  eux  de  l'açon  à  constituer 
des  mailles  [b]  ;  mais  Tapparencc  (jui 
a  donné  lieu  à  cette  opinion  paraît 
être  due  à  des  superpositions  ou  à  des 
soudures,  et  non  à  une  conlluence 
réelle. 

(2)  1-e  mouvement  ciliaire  a  élé 
observé  dans  Tintérieur  de  la  portion 
initiale  des  lubes  urinlfères  des  corps 
de  ^^  olfl,  cliez  Tenibryon  du  Lézard, 
par  i\ll\l.  lUniak  el  Koiliker  (r), 

(3)  liatlike  a  constaté  Texistence  de 


corpuscules  de  Malpiglii,  avec  le  glo- 
niérule vasculaire  dans  leur  intérieur, 
dans  les  corps  de  ^^olff  transitoires 
chez  la  Couleuvre  (</).  Mais  les  glan- 
dules urinaires  se  constituent  d'abord 
sous  la  forme  de  tubes  cylindriques 
terminés  en  cul-de-sac,  et  sans  ren- 
flement anipuUiforme  à  leur  extré- 
mité. 

(/l)  Dans  les  reins  secondaires,  de 
même  que  dans  les  corps  de  Wolll', 
les  glandules  urinaires  sont  d'abord 
de  petits  tubes  droits,  simples  et  cla- 
vilurnus.  qui,  en  s'aliongeant,  de- 
\ieiinent  sinueux,  puis  se  rendent  et 
devieimenl  ampulliformesà  leur  extré- 


'a)  Rciiuik,  Ucber  Wimpcrbcitegvng  in  den  Canalr.hen  des  ll'()///"sc'wrn  Kôrpers  bei  Eiderhsen- 
eihbryonoi  (l''i(iii('p's  i\eve  ^'olixcu,  1H45,  I.  XNXVI,  ji.  :i08). 

—  KolliKev,  L'ebcj-  Fliniiiiii'leu('(]>iv(jt)i   in  dcn  l'iimordialnicren  (Miillei's  Archiv  fitr  Anat. 
vnd  l'hyuiuL,  dS45,  \).  518). 

(b)  Miillir,  Manuel  de  ]ihysiolo(jie ,  I.  1,  p.  354. 

—  Kruuse,  Yermisihte  lUobailiiwujin  iMiillci's /Ici/iii'  fiir  Annl.  vnd  PhTjsioL,  1837,  p.  18). 

—  Toiivlico,  0«  tite  lulinintc  Strtniure  ujlbc  IJuinnn  Hidney ,  vXk..  (Mcduv-Chirnrgkal  Trans., 
184(i,  I.  XMX,  p.  ;i08,  pi.  7,  n^;.  7,  !>,  de). 

((■)  l'ien.ak,  (Sp.  cil.  (Iim  iip',<  AViic  .V.  Incn,  1845,  l.  XXXVI,  ji.  308). 

—  Kollikor,  Op.  vit.  (Miillcr's  ^1)t/iI!'  lûr  Anat.  nnd  l'hysioL,  1845,  p.  518). 

((0  l'.i'llilu',  h:ulji  iih(iuiiys(jeifiliulilt'  dci-  yntltr,  1830,  \>.  i:>'',  pi.  3,  lig'.  15  il  IG. 


Al'l'Al'.KlL    IKlNAir.E    DES    VF.RTKBRKS.  o\l 

oonime  cliez  les  Halracicns,  les  Reptiles,  les  Oisenux  el  les 
iMamniirères,  les  glandes  uriiiaires  ont  toujours  une  struelure 
similaire.  Mais  les  caractères  secondaires  de  l'apiiareil  rénal 
peuvent  varier  beaucoup,  et  ces  dilTérences  dépendent  prin- 
cipalement de  deux  circonstances  qui  inlluent,  Tune  sur  le 
mode  de  conformation  des  reins  eux-mêmes,  l'autre  sur  la  dis- 
position des  voies  préparées  pour  l'écoulement  de  l'urine. 

Les  variations  qui  se  remarquent  dans  la  constitution  de  la 
portion  fondamentale  ou  sécrétante  de  l'appareil  urinaire,  c'est- 
à-dire  les  reins,  tiennent  en  majeure  partie  à  la  multiplicité 
plus  ou  moins  grande  des  corpuscules  de  Malpiglii,  à  la  lon- 
gueur des  canalicules  urinifères  et  au  mode  de  groupement  de 
ces  tubes  sur  les  uretères. 

Tantôt  ces  glandules  élémentaires  sont  en  petit  nombre  et 
naissent  à  une  distance  considérable  les  unes  des  autres  ;  les 
canalicules  urinifères  qui  en  partent  sont  très  courts,  et  cliacun 
de  ces  tubes  déboucbe  isolément  dans  le  canal  excréteur  corn- 


Vjiinlions 

dans 

la  disposition 

(le  l'appareil 

urinaire. 


mité  péripliérique,  tandis  qu'au  con- 
traire ils  se  rétrécissent  clans  le  reste 
de  leur  étendue.  Hatlike  a  pu  distin- 
guer les  corpuscules  de  Malpiglii  dans 
les  reins  d'un  endirvon  de  Brei^is 
dont  la  longueur  n'était  que  de 
12  lignes  1/2,  c'est-à-dire  de  G  à  7  mil- 
limètres (a).  La  formation  du  glomé- 
rule  vasculaire  dans  rint(''iieur  de 
l'ampoule  est  due  au  développement 
d'une  pelote  de  vaisseaux  sanguins 
sur  un  point  de  la  surface  externe  de 
la  paroi  de  cet  organite,  qui  est  ainsi 
repoussé  en  dedans  el  encapuchonné 
ensuite  ce  paquet  vasculaire  à  la  ma- 


nière d'une  poche  séreuse  (h)  ;  mais 
lorsque  le  développement  de  l'orga- 
nile  est  achevé,  on  n'aperçoit  aucune 
trace  de  l'invagination  de  la  mem- 
brane externe  ou  capsule  du  corps 
malpighien ,  et  les  vaisseaux  parais- 
sent traverser  directement  cette  mem- 
brane en  soulevant  seulement  son 
revêtement  épithélique  (c). 

AI.  Agassiz  a  vu  aussi  que  chez 
l'embryon  d'une  Tortue  d'Amérique 
(le  Chelydra  serpent ina),  les  corpus- 
cules de  Malpighi  se  di'veloppent  df 
très  bonne  heuro  dans  le  rein  secon- 
daire {cl). 


[a)  Bischoff,  Traité  du  dh'eloppement  de  l'Homme  et  des  Animaux,  p.  352. 

(/')  Remak,  Untersuchunfjen  iiber  die  Eiitwicl.eluuq  der  ]Vit'belthiere,  pi.  8,  fig.  C. 

(f)  finscli,  IWitrag  i-ur  Hislutogie  der  Niereii  i.Mullcr's  Archir  fur  Anat.  und  PlnjsioL,  ISri,', 
)..  :n4). 

((/)  Airassiz,  ('.outribnlioun  to  tlie  SnhirnI  llislorn  of  the  l'niled  Slutes  of  Ameri-n,  1  i^ST,  1.  il, 
p.  CI.'.. 


Vil. 


!>'l 


ol8  EXCRKTIONS. 

iiiiin  (jui  ooiistitiic  Tiiretère;  enfin,  les  organilos  ainsi  (lis|K)sés 
ne  sont  pas  renfermés  dans  une  capsule  commune,  et  conser- 
vent leur  individualité  d'une  manière  bien  apparente.  Il  en 
résulte  que  chaque  rein  se  compose  alors  d'un  certain  nombre 
de  sphérules  distinctes  qui  sont  en  réalité  autant  de  corpusindes 
nialpighiens,  et  qui  se  trouvent  reliées  à  l'uretère  correspon- 
dant par  leur  canalicule  urinifère;  mode  d'organisation  dont 
un  exemple  nous  est  fourni  par  des  Poissons  de  l'ordre  des 
Cyclostomes  (1). 

D'ordinaire  les  glandules  élémentaires  des  reins  se  forment 
au  contraire  en  nombre  très  considérable,  et  leur  portion  tubu- 
lairc,  au  lieu  de  rester  droite,  courte  et  trapue,  s'allonge  exces- 
sivement et  se  contourne  sur  elle-même;  enfin,  ces  caecums 
sécréteurs,  au  lieu  de  naître  tous  directement  sur  le  canal  com- 
mun qui  doit  devenir  l'uretère,  es  bifurquent  successivement,  et 
constituent  ainsi  un  certain  nombre  de  petits  systèmes  rameux 
dont  les  branches,  terminées  chacune  par  un  corpuscule  mal- 
pighien,  communiquent  avec  l'uretère  par  un  pédoncule  com- 
mun. Par  l'effet  de  leur  développement,  ces  branches  se  pres- 
sent les  unes  contre  les  autres  ou  s'enchevêtrent  même,  et, 
suivant  que  cette  coalescence  est  limitée  à  des  groupes  formés 
chacun  par  un  petit  nombre  de  systèmes  adjacents  ou  qu'elle 
envahit  la  totalité  de  l'appareil  sécréteur  situé  de  chaque  côté 
du  corps,  le  rein  se  trouve  en  définitive  composé  d'un  nouibre 
plus  ou  moins  considérable  de  lobes  distincts  ou  d'une  seule 
masse  sans  divisions  extérieures  (2).  Enfin,  par  les  progrès  du 

(1)  Celle  disposition  romaïqiiablc  a  dans  une  .siil)slanccorgaiio};dniquccoiii- 
iHé  constatée  par  .1.  Millier  cliey.  le  nuuie,  de  façon  à  ne  pas  oilVir  de  prime 
Jidrllostoma  Forsteri  (a).  abord  de  divisions  lobnlaires  extérieu- 

(2)  En  };én('ral,  les  parties  ronslitii-  rcs;  mais,  à  une  rerlainc  période  de  la 
lives  d<'  eliacpie  rein  se  développcnl  vie  embryonnaire,  par  siiilc  de  la  crois- 


{n)  J.'M  iillrr,  Vntev.wrliriniim  i'iher  (lie  Einqewcide  dcf  Fisrhe  {Ahlinndl.  dfv  Ahad.  dtr  W'is- 
!>nisdinflcti  Ml  lUi'l'ni,  iiii»  ^X^'■i,  jil.  1,  11^.  2  à  1), 


APPAREIL    rUINAlP.E    TlES    Vr.HTÉBUÉS.  ol9 

s 

travail  organogénique,  le  tissu  ronjonctif'qui  entoure  ces  agré- 
gats deglandules  élémentaires  tend  tonjours  à  conslitucr  autour 
de  chacun  d'eux  une  tiuiique  meinbranil'orme,  et,  suivant  que 
les  lobules  ainsi  revêtus  sont  ('cartes  entre  eux  ou  serrés  les 
uns  contre  les  autres,  cette  tunique  alïecte  la  forme  d'une 
capsule  fibreuse  ou  de  simples  cloisons  d'une  délicatesse 
(extrême,  et  quelquefois  même  elle  ne  devient  distincte  qu'à  la 
surface  de  la  masse  commune  résultant  du  rapprochement  de 
tous  ces  systèmes  de  glandules  urinaires. 

Nous  voyons  donc  que  la  conformation  générale  des  reins 
peut  varier  beaucoup  par  le  fait  seul  d'une  coalescence  plus  ou 
moins  grande  de  ses  parties  constitutives,  et  sans  que  ces  va- 
riations impliquent  aucune  diftérence  importante  dans  la  con- 
stitution ou  daflsles  caractères  anatomiques  de  Torgane.  Ainsi, 
que  l'appareil  urinaire  ait  pour  instrument  sécréteur  une  paire 
de  glandes  soit  conglomérées,  soit  en  grappes,  ou  une  série 
de  lobes  rénaux  espacés  de  loin  en  loin  et  réunis  seulement 
par  des  branches  d'un  uretère  commun  ,  il  n'en  sera  pas  moins 
apte  à  fonctionner  de  la  même  manière,  et,  au  point  de  vue 
anatomique  aussi  bien  que  sous  le  rapport  physiologique,  il 
pouri'a  ne  présenter  aucune  particularité  importante. 

Quant  aux  modifications  introduites  dans  la  portion  évacua- 
trice  de  l'appareil  rénal,  elles  peuvent  être  déterminées  tanlol 


sauce  inégaie  des  difTérentes  parties 
de  la  glande,  ces  divisions  ou  des  ren- 
tlemenls  lubcrculaires  apparaissent. 
Par  les  progrès  du  développement, 
elles  s'eil'acenl  ensuite  chez  certains 
Animaux,  tandis  que  chez  d'auUes 
elles  se  prononcent  de  plus  en  plus 
el  deviennent  permanentes.  Chez  les 
Manunitères,  ces  sillons  se  montrent 


lors  même  que  le  rein  n'est  pas  des- 
tine? à  en  offrir  par  la  suite  :  ainsi, 
chez  l'Hoinme,  vers  la  dixième  semaine 
de  la  vie  intra-utérine,  on  compte  en- 
viron huit  lobes  rénaux  de  chaque 
côté;  le  nombre  de  ces  lobes  augmente 
ensuite,  puis  décroît;  mais  cependant 
à  répoquc  de  la  naissance  on  en  compte 
encore  environ  quinze  (o). 


(a)  BiscliofT,  T.rrii.lt'  Ju  dévelnpp>'meiii  rfc  l' Homme  ''I  iJes  Mammifères,  p.  351. 


des  reiris. 


o'ii)  IXCI'.KTIO.NS, 

|i;ii'  (les  j)arti(Milarik's  di^  rorinc  ou  de  slnicliiro  olleiies  par  ios 
uretères  eux-mèiues,  d'autres  lois  par  Ja  création  d'organes 
complémentaires  ou  par  des  emprunts  faits  aux  appareils  adja- 
cents, et  il  est  à  noter  que  les  dispositions  obtenues  de  la  sorte 
ont  principalement  pour  objet  la  consiitution  ou  le  perfection-  , 
nemenl  d'un  réservoir  où  l'urine  sécrétée  peu  à  peu  par  les 
glandes  rénales  puisse  s'accumuler  pour  être  ensuite  expulsée 
avec  rapidité  et  à  de  longs  intervalles. 

posiiion  §  5.  —  La  position  des  reins  ne  varie  que  peu  chez  les 

Vertébrés  (1).  Toujours  ces  glandes  sont  logées  dans  la  cavité 
abdominale,  près  de  la  colonne  vertébrale  et  sur  les  côtés  des 
grands  vaisseaux  sanguins  que  nous  avons  déjà  vus  appliqués 
contre  la  paroi  dorsale  de  cette  cavilt'  (2).  Il  est  aussi  à  noter 
que  les  reins  ne  sont  jamais  renfermés  dans  le  sac  péritonéal, 
mais  simplement  recouverts  en  dessous  par  un  prolongement 
de  celle  tunique  séreuse;  quelquefois  ils  sont  logés  dans  un 
repli  de  cette  membrane  ;  mais,  à  quelques  rares  exceptions 
près,  ils  sont  ap{)li(jués  directement  contre  la[)aroi  dorsale  de  la 
chambre  viscérale,  et  y  adhèrent  iulimement.  Ainsi  que  je  l'ai 
déjà  dit,  ce  sont  toujours  des  organes  pairs;  les  uretères  qui 

conduiu  (»|,  naissent  vont  gagner  la  région  pelvienne  ;  enfin  les  voies  uri- 
naires  versent  l'urine  au  dehors,  tantôt  directement,  d'autres  fois 
par  Tintermédiaire  de  l'intestin  ou  des  organes  génitaux,  mais 
toujours  par  un  orifice  impair  et  médian,  qui  est  tantôt  Taniis, 
d'autres  fois  une  ouverture  spéciide  ou  un  j)ore  un'thi'o-génilal. 


(1)    On    w.   sai(    (juc'   U't's  pou    de  i;laii(lulil'ormt',s   qui    sont   sépiirt's    les 

choses  relalivcmenl  à  l'apparril  uii-  uns  di-s  autres,  et  il  pense  que  ce  sont 

nalre  de  VAmphioxus.    .T.   Millier  a  des  reins,   niais  il  n'a  pn  les  t'iiidier 

aperçu  derrière   In  cavilé  respiralnir<'  analoniiqiienient  {a). 
de  ces  Aniiiiau\,  el  dans  le  voisiiiat^c  ('2)    Sav(»ir.    l'aorte    veniraii'   t't    la 

de  leur  porc  alKloniinal,  de  petits  corjis  veine  correspoudanlc. 


ia)  .1.  Miilli'i-,  l'ebev  dru  liau  uiiii  die  Lfheihierscheiiuiii^eii  dcr  lliandiioslomii  liit>ririiin  (Ho^la'. 
Arnpiiinxu';  Imirpolalii'î  (^:l^l■oll.  p.  95  [c\U\  i\c<  Mi'tn.  de  l'M'ml.  </.•  HerJiii  finir  lSi2l, 


oxrroieiirs. 


Al'I'AIlhll,     LlU.NMI'ii:     DKS     IMMSSU.NS.  ')"i  I 

Il  ('xiste,  (In  ivsfe,  de  grandes  variations  dans  la  lornu;  eL  le 
volume  des  reins,  ainsi  (\ue  dans  la  disposition  de  leurs  eonduits 
exeréleurs,  et,  avant  d'éludier  d'une  manière  plus  approfondie 
la  strueturc  inlime  de  ees  organes  dans  les  dilTérentes  classes 
de  rembrancliement  des  Vertébrés,  je  crois  devoir  faire  con- 
naître les  principales  particularités  qui  se  remarquent  dans  la 
constitution  générale  de  cet  appareil. 

§  6.  —  Dans  la  classe  des  Poissons  (1),  les  reins,  formés,  %'i"eii  rénai 
comme  iious  l'avons  déjà  vu,  par  le  développement  des  corps  de  l'oissons. 
Wolff,  ou  reins  primitifs,  acquièrent  en  général  un  volume  plus 
considérable  que  chez  les  antres  Vertébrés  (2).  Chez  les  Pois- 
sons osseux,  ils  occupent  d'ordinaire  toute  la  longueur  de  la 
cavité  abdominale,  et  souvent  ils  s'avancent  môme  beaucoup 
entre  la  base  du  crâne  et  l'appareil  branchial  ;  quelquefois  aussi 
ils  se  prolongent  plus  ou  moins  dans  des  cavités  pratiquées 
sous  la  colonne  vertébrale,  dans  la  région  caudale  du  corps  (o). 


(1)  La  slruclure  de  l'appareil  lui- 
nairc  des  Poissons  a  lUé  robjel  do 
beaucoup  de  recherches  auatoniiques, 
et  à  ce  sujet  je  citerai  les  ouvrages 
de  Monro,  de  Cuvier,  de  J.  Millier, 
de  M.  Staiinius,  de  M.  Owen,  etc.  ; 
mais  j'aurai  surtout  à  puiser  dans  les 
travaux  de  Stecnstra  Toussaint  et  de 
M.  Hyrtl  {a).  Ce  dernier  naturaliste  a 
contribué  plus  que  tout  autre  aux 
progrès  accomplis  dans  ces  derniers 
temps  relativement  à  la  morphologie 
des  glandes  rénales  et  de  leurs  dépen- 
dances. 


(2)  M.  Hyrtl  a  déterminé  d'une  ma- 
nière comparative  le  poids  du  corps, 
le  poids  du  foie  et  le  poids  des  reins 
chez  un  grand  nondjre  de  Poissons 
osseux,  et  il  résulte  de  ces  pesées  que 
chez  quelques  espèces  (par  exemple, 
YUranoscopus  scaber,  le  Conger  my- 
rus  et  le  Trigla  hirimdo),  ces  der- 
niers organes  constituent  environ 
1/100^  du  poids  total  ou  même  da- 
vantage (6). 

(3)  Chez  la  Sole,  par  exemple,  les 
reins  se  prolongent  de  la  sorte  dans 
un  appendice  de  la  cavité  abdominale 


(a)  A.  Stecnstra  Toussaint,  Descriptio  anatomica  organorum  urinam  secernentium  in  Piscibus, 
et  compa ratio  phijsiologica  cum  iixdem  partibus  in  rehquis  Animahbus,  ftissert.  inaiig.  Groningue, 
1834  {Annales  Academiœ  Liigdiaio-Batavœ,  1834-1835). 

—  J.  HjTll,  lieitràge  zur  Morphologie  der  Urogenital-Organe  der  Fische  (Denkschriften  der 
K.  Akud.  der  Wiisenschaften,  Wien,  1850,  t.  I,  p.  301,  pi.  5"2  et  53).  —  Das  tiropoetische 
System  der  Knochenfische  {Op.  cit.,  t.  11,  p.  27,  pi.  '.J  à  17).  —  Ueber  den  Zusammenhang  der 
Geschlechts-iuid  Harnwerkzeuge  be.i  den  Ganioden  {Op.  cit.,  1854,  t.  VlU,  p.  05,  pi.  1  à  3). 

(6)  Hyrtl,  Das  uropoelische  System  {Méin.  de  l'Acad.  de  Vienne,  1. 11,  p.  31). 


o"2"2  EXCKETIONS. 

Dnns  l'ordre  (l(3s  l'IagLostomes,  ou  Sélaciens,  ils  sont,  moins 
développés,  et  leur  substance  est  plus  dure  et  plus  résistante 
rpie  chez  les  autres  Animaux  de  la  môme  classe.  Presque  tou- 
jours ils  adhèrent  intimement  à  la  [)aroi  supériem^e  de  la 
chambre  viscérale,  de  chaque  côté  de  la  colonne  vertébrale,  et, 
chez  tous  les  Poissons  (jui  possèdent  une  vessie  natatoire,  ils 
sont  placés  au-dessus  de  cet  organe.  L'uretère,  logé  plus  ou 
moins  près  de  la  lace  inférieure  de  chacune  de  ces  glandes, 
s'en  sépare  postérieurement,  et  d'ordinaire  se  réunit  à  son  con- 
génère pour  constituer  avec  lui  un  tronc  commun.  IVintôt  le 
système  de  (;onduits  excréteurs  ainsi  l'orme  débouche  directe- 
ment au  dehors,  d'autres  lois  il  s'ouvre  dans  un  réservoir 
membraneux,  ou  vessie  urinaire.  Entin,  dans  l'immense  majo- 
rité des  (.'as,  les  voies  urinaires  se  terminent  à  peu  de  distance 
en  arrière  de  l'anus,  soit  par  une  ouverture  spéciale  située  der- 
rière le  pore  génital,  soit  par  un  orilice  qui  leur  est  commun 
avec  l'appareil  reproducteur  (i). 

où  se  loge  aussi  hi  poi  lion  postérieuro  la  ligue    inédiaui'    pour   tonner   une 

(le  l'ovaire  (o),  niasse  impaire  ,  mais  ils  reslenl  dis- 

(1)  Comme,  exemple  du  mode   de  lincts  oiganiqucmenl  el  ils  ont  clia- 

ronformation  le  plus  ordinaire  de  Tap-  cun  lenr   canal  excréteur.    Les  ure- 

pareil  urinaire  des  Poissons  osseux,  on  tères  sont  cachés  dans  leur  snlistance 

peut  prendre  la  l'erche  (/<).  Les  deux  jusque  auprès  de  leur  extrémité,  et 

reins  de  c(ît  Animal  occupeul  toute  la  descendent  ensuite  [)arallMemeiU  pour 

longueur  de  l'abdomen,  et  leur  extré-  gagner  la  lace  supérieure  de  la  vessie 

mité  antérieure,  divisée  en  plusieurs  urinaire ,  où  ils   débouchent.    Hnfin 

lobules  irréguliers,  est  logée  sous  la  cette  vessie,  qui  est  simple  el  ovoïde, 

base  du  crâne.   Dans  le  reste  de  leur  est  couchée  sur   la  lace  dorsale    du 

étendue,  ils  sont  étroits,  légèrement  rectum,  et  va  s'ouvrir  extérieurement 

bosselés  et  situés  de  chaque  côté  de  en  arrière  du  pore  génital  qui,  à  son 

l'aorte,  entre  la  colonne  vertébraU;  et  tour,  est   situé  immédiatement  tler- 

la  \essie   natatoire;  vers  leur  exlré-  rière  l'anus,  sur  la  ligne  médiane  ven- 

mité  postérieure,  ils  se  réunissent  sur  traie. 


(«)  H\rll,  Beiti'.  znr  MOrphol.  dcr  Vronenital-Oi'ijane  (Méin.  de  l'Acad.  de  Vienne,  l.  1,  pi.  o'i 
llg.  i).' 

(&)  Voyez  Cuvier  el  Valencieiines,  Histoire  )iaiureU6des  Poiasom,  t.  I,  pi.  7,  ti,-.  1. 
—  Laiirillard,  Atlas  dti  Règne  animal  de  Cuvier,  Poisso.ns,  pi.  2,  tîg:.  i. 


Al-l'AKi-JL    l'HliNAlUli    DES    l'OlSSOiNS.  «^ti-3 

Les  Cyclostomes,  ou  Poissons  suceurs,  l'ont  seuls  exceplioii 
à  cette  dernière  règle  :  leur  uretère  débouche  au  dehors  eu 
avant  de  l'anus,  et  par  conséquent  au-dessous  du  tube  di- 
gestif (1).  ' 

Les  reins  des  Poissons  présentent  dans  leur  conformation 
générale  des  variations  très  grandes  ;  mais  ces  particularités 
n'ont  pas  beaucoup  d'importance,  et  paraissent  dépendre  prin- 
cipalement, soit  de  l'union  plus  ou  moins  complète  de  ces  deux 
glandes  sur  la  ligne  médiane,  soit  du  degré  de  développement 
de  leur  portion  antérieure  ou  moyenne,  et  de  la  manière  dont 
ces  portions  se  moulent  pour  ainsi  dire  sur  les  organes  circon- 
voisins,  quand  leur  volume  devient  considérable. 

Dans  l'ordre  des  Plagiostomes,  ou  Sélaciens,  où  les  reins 
sont  médiocrement  développés  et  composés  partois  d'une  série 
de  lobules  plus  ou  moins  distincts  entre  eux  (2),  ces  glandes 


Forme 

des  Reins 

lies  Poissons. 


(1)  Ctiez  la  Lamproie  et  les  aiUres 
Cyclostomes,  les  deux  uretères  se 
réunissent  en  un  tronc  conunun  qui 
s'ouvre  clans  le  pore  abdominal  situé, 
comme  nous  avons  déjà  eu  l'occasion 
de  le  dire  («),  an-devant  de  l'anus  (b). 
11  est  aussi  à  noter  que  chez  ces  Pois- 
sons suceurs,  les  reins,  au  lieu  d'être, 
comme  d'ordinaire,  accolés  à  la  paroi 
supérieure  de  la  cavité  abdominale,  y 
sont  suspendus  par  des  replis  du  péri- 
toine et  présentent  des  particularités 
de  structure  très  remarquables.  Cha- 


cune de  ces  glandes  est  constituée  pai- 
une  série  de  petits  lobes  arrondis,  atta- 
chés à  un  uretère  très  large  et  dis- 
posé longitudinalement  (e). 

Enfin  J.  Millier  a  constaté  que,  chez 
le  Bdellostoma  Forsteri,  chacun  des 
lobules  dont  je  viens  de  parler  est 
l'ornïé  par  un  gros  corpuscule  de  Mal- 
pighi  muni  de  son  gloraérule  vascu- 
laire,  et  donnant  naissance  à  un  cana- 
licule  urinifère  court  et  trapu  qui  se 
rend  en  ligne  droite  à  l'uretère  {cl), 

(2)  Connne  exemple  de  cette  divi- 


(a)  Voyez  tome  VI,  page  6. 

(b)  Voyez  The  Descriptive  and  Illusiraled  Calaloyiie  ofthe  Pliysiological  Séries  ofConip-  Ana- 
lomy  contained  in  the  Muséum  of  the  R.  Collège  of  Surgeons  in  London,  t.  IV,  pi.  59,  fig.  1 . 

(c)  Exemples  : 

—  h' Ammocœles  branchialis  (Rallike,  Beitrage  zur  Geschichle  der  Thierwelt,  t.  IV,  pi.  2, 
fis.  8). 

—  Le  Myxina  glulinosa  (Millier,  Untersuch.  itber  die  Eingewelde  der  Fischc,  pi.   1,liy.  I 
[yiéin.  de  l'Acad.  de  Berlin  pour  1843). 

—  Le  Bdellostoma  Forsteri  (Millier,  Op.  cit.,  pi.  1 ,  ûg.  2). 

((/)  Millier,  Op.  cit.  (Mcm.dc  l'Acad.  de  Berlin  pour  4812,  pi.  1,  fi^^  o  à  7). 


;V2_'l  KXCKKTIUNS, 

sont  en  général  séparées  l'une  de  1  autre  dans  tuule  leur  lon- 
gueur (1). 

Chez  les  Poissons  osseux,  au  eontraire,  les  deux  reins  sont 
pres({ue  toujours  réunis  en  une  seule  niasse  postérieure- 
ment Ci),  et  quelquefois  cette  fusion  apparente  a  lieu  dans  toute 
leur  longueur  (3),  tandis  que  d'autres  fois  elle  ne  s'effectue  (jue 
de  distance  en  distance  (/i). 

Lorsqu'ils  restent  coniplélenient  séparés  l'un  de  l'autre,  ils 


sioii  dos  reins  on  lobes,  je  citerai  les 
l'uiies  (a),  les 'l'orpilles  (6),  cl  l'Ange, 
ou  Squatina  /Iriibriafa  (r). 

(1)  Ainsi,  chez  le  Squale  acanlliias, 
où  les  reins  sont  grêles  et  cylindriques, 
on  voit  les  reins  s'étendre  isolément 
de  la  portion  antérieure  de  la  ca\ilé 
abdominale  jusque  sur  les  côtés  du 
cloaque  (t/). 

Duverney  a  constaté  (lui-  (liez  la 
Haie  bouclée,  la  .Mourinc  narinari  et 
la  Chimère,  les  deux  reins  sont  réunis 
postérieurement  ('). 

(2)  Comme  cxenqiic  de  cette  dis- 
position, je  citerai  l'appareil  urinaire 
(.hiLucioperca aandra  if)  vXihiCoftus 
scorpio  (ry).  Deux  reins  élargis  à  leur 
extrémité  anlérieure,  et  presque  cylin- 
driques dans  le  reste  de  leur  longueur, 


sont  conrondus  entre  eux  dans  toiUe 
leur  portion  postérieure.  D'autres  fois 
ces  organes,  tout  en  formant  en  ar- 
rière une  masse  unique  qui  est  bifur- 
quée  en  avant,  présentent  dans  celle 
dernière  portion  un  étranglement  très 
prononcé  (/()  ou  des  prolongements 
latéraux  {i). 

(3)  Cliez  la  'J'ruilc  connnune,  les 
reins  sont  conformés  à  peu  près  de  la 
même  manière  que  chez  le  Sandre, 
mais  unis  entre  eux  dans  toute  leur 
élcndiie  (j). 

(li)  Chez  la  Sardine,  les  deux  reins 
sont  unis  dans  presque  toute  leur  lon- 
gueur ;  mais  dans  toute  la  moitié  anté- 
rieure celle  contluence  n'a  lieu  (|ue  de 
dislauci'  en  dislance,  de  façon  à  laisser 
une  série  d'espaces  vides  (A:). 


(a)  Monro,  The Slrurliire  nnd  Physiolofiy  ofFislies,  pi.  li. 

—  Stcciistra  Tousj;iiiil,   Op.  cit.,  pi.  4,  lig-.  i,  ut  [il.  2,  fis'.  5  (Ann.  .\cad.  Lxigâuno-Dalavœ, 
i8;i4). 

—  XVa^iiei',  Icônes  anatomkœ,  pi.  22,  fig-.  III. 

—  Jourdain,  Keclicvr.Iies  sur  la  veine  jwrte  rcnalc  {.\nn.dcs  sciences  nat.,  4*  série,  182!.', 
I.  XII,  pi.  G,  Pig.  d  cl  2). 

(6)  IJnirh,  i'Awles  snr  l'appnrell  de  la  qcnéralion  chez-  les  Sélaciens.  Slrasboiirc;,  1800,  pi.  (>, 

ng.  1. 

(f)  Voyrz  Iloiiip,  Lectures  on  Camp.  Anat.,  I.  III,  pi.  87  cl  80. 

(d)  ithtWcT,  De  iilandulm-wn  sccerne.ntium  sirnitura  pcniliori,  pi.  15,  fijj.  8,  c. 

(ê)  Diivcrncy,  ()/).  cil.,  t.  VII.  p.  580. 

(/')  Ilj'rll,  Das  urop 'Clischc  Sn.slein  (.Mém.  de  Vienne,  t.  Il,  pi.  10,  li;,'.  1). 

(;/)  Sleciislra  Toussaiiil,  Op.  cit.,  pi.  1 ,  li;,'.  2  b. 

(h)  b^xemple  :  lu  Tracinnus  draco  (Hyill,  loc.  cit.,  pi.  10,  lig.  2). 

(i)  Exemple  :  le  Trigla  hirnndo  (Hyrtl,  loc.  cit.,  pi.  10,  lig.  3j. 

(j)  Hyill,  toc.  cit.,  pi.  10,  liy.  1. 

(/,i  licin,  ibid  ,  pi.  1 1 ,  lib'.  4. 


3-25 


Al'l'AI'.tll,     Llil.Wir.li     l>LS    l'OlSSU.NS. 

sont  en  général  remarquablement  pelils,  et  ne  s'étendent  (jiie 
j)ea  en  arrière  (1). 

Comme  exemple  des  parlicnlarités  de  l'orme  dues  au  déve- 
loppement des  reins  dans  les  espaces  laissés  libres  par  les 
organes  cireonvoisins,  on  peut  citer  la  disposition  de  ces 
glandes  chez  la  Carpe  (^2)  et  plusieurs  autres  Poissons 
osseux  (o). 

Quant  à  la  structure  intime  des  reins,  il  est  à  noter  que  dans 
cette  classe  d'animaux  les  canalicules  urinitercs  paraissent  être 
en  général  moins  fins  que  chez  les  Vertébrés  supérieurs  et  les 
corpuscules  de  Malpighi  moins  nombreux  (A). 


Stiiu  tiire 
ilfs  lU'iii^. 


(1)  Ainsi,  chç/Ao  Chironectes  punc- 
tatus,  les  reins  sont  petits,  subtriau- 
giilaires  et  non  confluents  {a).  La 
même  disposition  se  remarque  chez  le 
Pterois  volitcws  (b). 

(2)  Cliez  la  Carpe  (c)  ,  les  reins 
s'élargissent  et  s'épaississent  beau- 
coup vers  le  milieu  de  l'abdomen,  et 
s'y  moulent  en  quelque  sorte  sur 
l'étranglement  de  la  vessie  natatoire 
située  au-dessous,  de  façon  à  alTccter 
la  forme  d'une  croix.  Leur  extrémité 
antérieure  se  contourne  au-dessous  des 
os  de  la  base  du  crâne  en  manière 
tle  cornes.  Les  uretères  et  la  vessie 
urinaire  n'offrent  rien  d'important  à 
noter. 

Les  reins  présentent  une  disposi- 
tion analogue  chez  le  Leuciscus  ruti- 
lus  ou  Able  rosse  {d). 

(3)  Ainsi,  chez  une  Perche  d'Amé- 
rique (Pcrca  firacilis),  les  deux  reins 
sont  très  écartés  entre  eux  et  réunis 


au-devant  de  la  vessie  natatoire  par 
une  bande  transversale  qui  se  pr(»- 
longe  latéralement  de  façon  à  donner 
à  chacun  de  ces  organes  la  forme  d'une 
croix,  et  postérieurement,  en  se  ren- 
contrant sur  deux  points,  ils  consti- 
tuent avec  la  connnissurc  précédente 
deux  anneaux  [e). 

Chez  r.l7<«.<  co(f5,  ces  glandes  pré- 
sentent aussi  à  leur  partie  jugulaire 
une  forme  très  irrégulière  qui  semble 
être  commandée  par  la  disposition 
des  organes  cireonvoisins,  et  dans  leur 
portion  abdominale  elles  se  prolon- 
gent un  peu  en  manière  de  lobe  dans 
les  espaces  intercostaux  (/"). 

Chez  la  Sole,  les  reins,  au  lieu  de 
s'étendre  en  ligne  droite,  comme  d'or- 
dinaire, se  recourbent  en  bas,  puis 
en  arrière,  pour  se  conformer  à  la 
forme  de  la  cavit»'-  abdominale  et  de 
son  prolongement  caudal  [g). 

{!\)  Ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  cha- 


(rt)  HyrU,  Das  Uropoetischc  Si/stem  {Méin.  de  Vienne,  t.  U,  pi.  1 1,  fig-.  2). 

(b)  Idem,  loc.  cit.,  pi.  1-2,  fig.  8. 

(c)  Pclii,  Histoire  de  la  Carpe  {.Vm.  de  VAcad.  des  sciences,  1733,  pi.  1(3,  liij.  1 ,  -2,  3  et  4). 

(d)  Seeiistra  Toussaint,  Op.  cit.,  pi.  -i,  tipr.  3. 

(«)  Hyill,  Op.  cit.  {Mcm.  de  VAcad.de  Vienne,  t.  11,  pi.  i2,  lig'.  i). 

if)  lilcm,  loc.  cit.,  pi.  11,  lig.  I. 

(j)  Jourdain,  Op.  cit.  {.imi.  des  sciences  nat.,  4'  série,  ISS'J,  t.  XII,  pi.  8,  tig.  3). 


326  EXCRÉTIONS. 

Héservoir  Aiiisiqueje  l'ai  déjà  dit,  il  existe  presque  toujours  vers  lapartie 
des  Poissons,  terminale  des  voies  urinaires  des  Poissons  un  réservoir  membra- 
neux et  contractile  qui  est  désigné  d'une  manière  générale  sous 
le  nom  de  vessie  urinaire  (1),  mais  dont  l'origine  n'est  pas  tou- 
jours la  même  (2).  Tantôt  il  est  constitué  par  les  uretères  eux- 
mêmes,  (|ui  présentent  postérieurement  une  dilatation  })lus  ou 
moins  considérable,  et  alors  il  est  simple  et  l'usiforme  (3)  ou 


cuii  des  lobules  sphériquos  qui,  cliez 
le  Bdelloslome  ,  sont  suspendus  le 
long  de  l'uretère,  est  un  gros  corps 
malpighlen  avec  son  glomérule  vas- 
culdire  intérieur  (a). 

Chez  la  Lamproie,  les  reins  sont 
coniposos  essentiellement  de  tubes 
urinilères  peu  flexueux  et  disposés  à 
peu  près  parallèlement,  dont  le  dia- 
mètre est  de  Ui',003L>a.  c'est-à-dire 
environ  0""",087  {h).  Chez  la  Torpille, 
où  ces  canalicules  sont  au  contraire  très 
longs  et  très  pelotonnés,  leur  diamèiro 
est  encore  plus  considérable  :  .1.  MiUler 
l'évalue  à  0'',O0Zi69,  c'est-à-dire  en- 
viron 0'"'",126  (c). 

(1)  Quelques  auteurs  ont  pensé  ([uc 
ce  réservoir  urinaire  manquait  chez 
plusieurs  Poissons  osseux  [d)  aussi  bien 
que  chez  divers  l'iagiostonies  et  chez 
les  Cyclostomes;  mais  il  résulte  des 
recherches  récentes  de  IM.  Ilyrll,  que 
la  plupart  des  exceptions  à  la  règle 
générale  qui  avaient  été  signalées  chez 


les  premiers  n'existent  pas.  Ainsi,  cet 
anatomiste  a  constate  la  présence  d'une 
vessie  (soit  urétérienne,  soit  spéciale) 
chez  le  Sillago  aruta,  le  Bups  vuhja  ■ 
ris  et  le  Clupea  pilchardus,  Poissons 
que  l'on  croyait  en  être  privés  (e). 

('2)  Jusqu'ici  les  anatomisles  n'ont 
pas  distingué  la  vessie  urétérienne  de 
la  vessie  urinaire  spéciale,  il  en  est 
résulté  beaucoup  d'obscurité  dans  la 
description  de  cette  portion  de  l'ap- 
pareil rénal  des  Poissons.  Lorsqu'on 
tient  compte  de  cette  ditïérence  dans 
la  constitution  du  réservoir  urinaire, 
on  fait  disi)iiraitre  la  plupart  des 
exceptions  signalées  par  les  auteurs 
dans  le  mode  de  terminaison  des  ure- 
tères. 

(3)  Ce  mode  d'organisation  se  voit 
très  distinctement  dans  la  'J'anclie 
{Tinca  fuvialilis) ,  où  le  réservoir 
urinaire  est  lusilorme  et  reçoit  les 
deux  uretères  à  son  extrémité  anté- 
rieure (/■).    Il   en   est  à   peu  i)rès  de 


(a)  Miillor,  Viitevsuch.  ilber  die  Kingeweide  derFische  {.\bhandl.  der  Mmâ.  dcr  Wmenschaftea 
%u  Berlin,  d8t3,  j.!.  2,  l\g.  1  à  G). 

(6)  Mùllcr,  De  glandularum  secenientium  structura  peiùtiori,  p.  Sii,  pi.  13,  fig.  3  a. 

(c)  IJcm,  Op.  cit.,  p.  «6,  pi.  la,  Cig.  2. 

{d}  Ciivier,  Leçons  d'anatomie  comparée,  t.  VII,  p.  003. 

■ —  Owen,  Lectures  on  Comp.  .\nal.  Fisltes,  \'.  283. 

(e)  Ilyi'tl,  Ueiiràge  xur  Murpholoijic  der  Vruijenital-Orfjane  der  l'ische  (Méni.  de  i.Xcad.  de 
Vienne,  I.  I,  p.  301 1. 

(/")  HjTil,  Das  uropoelische  Sijslein  {Mnn.  de  l'Acad.  de  Vienne,  l.  Il,  pi.  15,  tig.  3), 


VPPAHEIL    LKINAlKb;    DES    l'OlSSONS.  3*27 

bicoiiic  (l),  suivant  qu'il  est  formé  par  le  tronc  commun 
des  uretères  seulement,  ou  qu'il  commence  avant  la  réunion 
de  ces  deux  tubes  en  un  conduit  unique  ;  d'autres  t'ois  il  résulte 
du  développement  d'un  sac  membraneux  spécial,  sur  les  côtés 
duquel  les  uretères  viennent  d'ordinaire  s'insérer  (;2).  Cette 
vessie  spéciale,  qui  se  trouve  en   ra[)port  avec  la  face  posté- 


mème  chez  la  Plie  frauclie  ou  Car- 
relet (a),  rRspadou  (6)  et  plusieius 
autres  Poissons. 

Chez  le  Salnio  hiiclio  (c)  cl  plu- 
sieurs autres  esi)èces  de  la  même  fa- 
mille ((/),  un  réservoir  analogue,  mais 
courbé  et  renflé  latéralement  à  son 
extrémité  antérieure,  occupe  toute  la 
longueur  de  la  portion  impaire  des 
voies  urinaires. 

Ailleurs  le  tronc  commun  des  ure- 
tères conserve  sa  forme  tubulaire  dans 
toute  sa  portion  antérieure,  et  ne  se 
tlilate  pour  conslilucr  un  réservoir  que 
dans  sa  portion  terminale  :  par  exemple 
chez  le  Gadus  minutus  (c).  Chez  l'A- 
lose, une  disposition  analogue  existe  ; 
seulement  le  réservoir  urétérien  est 
très  petit  (/■),  ainsi  ([ue  chez  plusieurs 
autres  Gadoïdes. 

(1)  Ainsi,  chez  le  Spatularia  fo- 
lium,  où  les  deux  reins,  renflés  en 
avant  et  très  étroits  dans  leur  portion 
moyenne,  se  réunissent  poslérieure- 
meni  en  une  masse  impaire  assez  vo- 


lumineuse, chaque  uretère  se  dilate 
énormément  presque  aussitôt  après 
qu'il  s'est  dégagé  de  la  portion 
moyenne  de  la  glande  dont  il  dépend, 
et,  eu  continuant  sa  marche  vers  la 
région  anale,  reçoit  une  série  de  pe- 
tits canaux  venant  de  la  portion  pos- 
térieure du  rein  correspondant.  Enfin, 
ces  deux  réservoirs  ainsi  formés  se 
réunissent  postérieurement  pour  con- 
stituer un  sac  médian  qui  débouche 
au  dehors,  derrière  l'anus,  par  un  pore 
urogénital  (g).  Il  est  également  à  noter 
que  les  oviductes  s'ouvrent  dans  les 
cornes  de  ce  réservoir  urétérien. 

(2)  Je  ferai  aussi  remarquer  que 
chez  les  Poissons  dont  la  vessie  nata- 
toire se  prolonge  beaucoup  postérieu- 
remenl,  le  tronc  conunun  de  l'uretère, 
en  descendant  vers  la  région  anale, 
passe  quelquefois  à  travers  cet  or- 
gane (/()  ou  entre  ses  cornes  posté- 
rieures (/)  ;  d'autres  fois  il  se  dévie 
du  plan  médian  pour  passer  à  côté  de 
celle  poche  pneumatique  (j). 


(o)  Steeiistra Toussaint,  Op.  cit.  {Annal.  .\cad.,  Lwjdnno-Batavic,  1834),  y\.  2,  t\g.  3  C. 

(&)Hyi-ll,  loc.  cit.,  t.  H,  pi.  13,  flg.  7. 

fc)  Idem,  ibid.,  pi.  15,  tig.  10. 

id]  Exeniples  :  le  Tlujmallus  vexillifer,  le  Coi-egoiius  Wartmaonni  et  l'Osmerus  arcticiis  (Hyiii, 
loc.  cit.,  t.  II,  p.  77). 

(e)  Hjitl,  loc.  cit.,  pi.  1(5,  fig.  1. 

(/')  Hyi-ll,  Bcitrdge  zur  Morphologie  der  Urogenital-Orgaae  der  Fische  (Mém.  de  VAcad.  de 
Vienne,  t.  I,  p.  391,  pi.  52,  fig-.  1). 

(g)  Hyri!,  Ueber  den  Zusammenhang  dei' Geschlechts-nnd  Harmuerkzeuge  bei  deii  Ganoideii 
(Mém.  del'Acad.  de  Vienne,  1854,  t.  VllI,  pi.  1,  iig'.  1). 

(h)  Exemple  :  la  Merluche  (Hyitl,  Mém.  de  l'Acad.  de  Vienne,  t.  Il,  pi.  9,  tiy.  1). 

(i)  Exemple  :  le  Sillago  acuta  (Hyrtl,  loe.  cit.,  t.  Il,  pi.  1-2,  lit,'.  4). 

(j)  Exemple  ;  V Ophicephalws  striatus  (Hyrll,  loc.  cil.,  t.  Il,  pi.  1 1,  tiï-  ti)- 


:Vi8 


o 


LXCKtTIO.NS. 


rieiirc  du  lecluin ,  peu!  rester  eomplétemcnl  (!istiiic(e  des 
uretères,  et  débouciier  isolément  dans  le  canal  digestil",  au- 
devant  du  pore  urinaire  (1)  ;  mais  prescjue  toujours  ces  canaux 
s'y  insèrent,  soit  séparément,  soit  après  s'être  réunis  en  un 
conduit  commun  (2),  ou  même  après  s'être  dilatés  pour  consti- 
tuer un  premier  réservoir  urinaire  (3). 


(1)  Je  ne  connais  aucun  exemple 
de  celte  disposition  chez  les  Poissons 
osseux,  mais  je  crois  devoir  considérer 
comme  Tanalogue  organique  de  la 
vessie  urinaire  spéciale  de  ces  Animaux 
un  appendice  en  forme  de  poche  ou  de 
tube  terminé  en  cul-de-sac,  qui  dé- 
bouche à  la  partie  dorsale  et  posté- 
rieure du  rectum  chez  les  Squales  (a). 
Jl  est  vrai  que  par  suite  de  sa  posi- 
tion au-dessus  du  sphincter  du  rec- 
tum ce  réservoir  ne  peut  pas  toujours 
remplir  les  fonctions  dévolues  à  la 
vessie  urinaire  des  autres  Poissons  ; 
mais,  on  raison  de  ses  rapports  anato- 
niiques,  il  me  paraît  en  être  le  repré- 
sentant. J'ajoulerai  que  ce  réceplacl»- 
appendiculaire  existe  chez  les  indi- 
vidus mâles  aussi  bien  que  chez 
les  femelles,  où  le  vestibule  uréthro- 
génital  qui  reçoit  les  uretères  ne  se 
prolonge  pas  en  forme  de  vessie , 
comme  cela  se  voit  parfois  dans  l'autre 
sexe. 


Chez  les  Poissons  osseux,  les  ure- 
tères s'ou\  rent  sou\  enl  dans  le  col  de  la 
vessie  urinaire,  proprement  dite  :  par 
exemple,  chez  le  Brochet,  où  la  dispo- 
sition de  ces  parties  a  été  très  bien 
représentée  par  M.  Lereboullet  (h). 

('2)  L'insertion  des  deux  uretères 
isolément  se  voit  chez  la  Perche  (c) 
et  beaucoup  d'autres  Poissons  osseux. 
Quelquefois  même  les  embouchures  de 
ces  conduits  sont  très  écartées  entre 
elles  :  par  exemple,  chez  VExocœtus 
cxiliens  (d). 

Comme  exemple  de  la  réiuiion  des 
deux  uretères  en  un  canal  commun 
simple,  je  citerai  la  Sardine  (e). 

L'insertion  des  uretères  sur  la  ves- 
sie urinaire  spéciale  a  toujours  lieu  à 
la  face  postérieure  de  cet  organe  (sup- 
posé vertical);  mais  cette  face  devient 
supérieure  ou  inférieure,  suivant  que 
ce  réservoir  est  couché  sur  l'intes- 
tin (/")  ou  renversé  en  arrière  (y). 

[o]  Connue  exemples  de  la  coexis- 


{(i)  lOxcmples  :  VAcanlhins  vulfiaris  (Uiintcr,  Uescflpt.  and  lllustr.  (Maloaiie,  l.  IV,  ])1.  42). 
—  Home,  Lcclures  ou  Comp.  Analoniii,  t.  IV,  (il.  137. —  Canis  et  Oilo,  Tabiilœ  Analomiam  com- 
jmrativaiii  illuslrcinlfs,  ii;irs  5,  pi.  5,  fig.  S.  —  Wagner,  Icônes  %oolondcœ,  pi.  S2ï!,  lig.  23). 

—  Le  ScuUiiHH  cœiiicula  (Wagner,  Icônes  i-ootomirœ,  pi.  21,  lig.  2). 

—  Le  ScUtchcmnxinia  (Itlainville,  Mémoire  sur  le  Squale  pèlerin,  in  Ann.  du  Uluscum,  t.  \\  111, 
p.  108). 

(6)  Lercboullot,  fiech.  sur  l'anatomie  des  organes  génitaux  des  Animaux  vertébrés,  pi.  20, 
fig.  203  {Nova  Acia  Acad.  cvrios.,  I.  XXIII). 

(c)  Olivier,  Histoire  naturelle  des  Poissons,  I.  1,  pi.  7,  fig.  l. 

((/)  Hjrtl,  Pas  uro]ioelisclic  System  {Mém.  de  l'Acad.  de  Vienne,  t.  11,  pi.  15,  fig.  4). 

(e)  Exemple  :  VHvhenels  rémora,  voy.  llyi'll.  Op.  cil.  {^lém.  de  l'.Xcad.  de  Vienne,  t.  11,  pi.  17, 
fig.  2). 

(/')  llyrtl,  ()/).  cil.  (Mém.  de  V.V'ad.  de  Vienne,  I.  11,  pi.  1 1 ,  lig   i\. 

ig]  E.xcniple  :  le  Ggmnotus  eleclricus,  voy.  Hyril,  licite,  iur  MorphoL  d-:r  urogeititaL-Vrgaue 
der  Fische  {Mcn.  de  l'Acad.  de  Vienne,  l.  1,  pi.  02,  lig.  3). 


"-09 


AM'.VRKII-    rniNAlRE    DES    POISSONS.  O 

l.n  fusion  ciidv  la  vossic  iirélçrienne.  et  la  vessie  urinaire 
proprement  dite  peut  même  devenir  si  complète,  qu'aucune  ligne 
de  démarcation  ne  les  sépare,  et  que  l'une  semble  être  un  ap- 
pendice ou  une  simple  dilatation  de  l'autre  (1).  Enfin,  la  vessie 
urinaire  spéciale,  de  môme  que  la  vessie  urétérienne,  peut  être 
bilobée,  étranglée  irrégulièrement,  ou  prolongée  sur  r|uelque 
point  en  manière  d'appendice  (2).  Il  résulte  de  ces  diverses 


tcnce  (rune  vessie  ui'étérienne  impaire 
et  d'une  vessie  urinaire  spéciale  rcHi- 
nies,  mais  bien  disiinctes  Tune  de 
l'autre,  je  citerai  la  Truite  {Salino 
l'ariu)  {(i),  et  le  Gobius  pafjanellus  (h). 

ChçzVOphicephalus  striatus, oùnnc 
disposition  analogue  se  voit,  le  col  de 
la  vessie  urinaire  spéciale  présente  une 
forte  dilatation  dans  le  point  où  le  col 
de  la  vessie  urétérienne  vient  s'y  insé- 
rer de  façon  que  le  réservoir  urinaire 
se  compose  de  trois  loges  dont  la 
moyenne  di'bouclie  au  dehors  (c). 

11  est  aussi  à  noter  que  les  Poissons 
chez  lesquels  les  canaux  excréteurs 
des  reins  ne  se  réunissent  pas  tous  en 
deux  tron<:s  ou  uretères  avant  de  dé- 
boucher dans  le  réservoir  urinaire, 
sont  ceux  chez  lesquels  ce  réservoir 
est  formé  en  partie  ou  en  totalité  par 
ces  canaux  eux-mêmes.  Ce  mode  d'in- 


sertion des  conduits  urinaires  se  voit 
chez  l'Épinoche  (d). 

(i)  Ce  mode  d'organisation  est  tril'S 
reconnaissable  chez  le  Gadus  aval;  {e). 
Chez  le  Gadus  caUarms,  la  fusion 
entre  ces  deux  vessies  est  plus  com- 
plète, de  façon  que  la  vessie  spé- 
ciale, moins  développée  que  la  vessie 
urétérienne,  semble  en  être  un  pro- 
longement postérieur  (/"). 

(2)  La  vessie  urinaire  proprement 
dite,  tout  en  restant  simple  et  dis- 
tincte d'une  vessie  urétérienne,  varie 
beaucoup  dans  sa  foi'me  chez  les  di- 
vers Poissons.  Ainsi,  tantôt  elle  est 
presque  sphériqne  (//),  d'autres  fois 
elle  est  ovalaire  (h)  ou  pyriforme  (/), 
et  quelquefois  elle  s'allonge  beau- 
coup de  fat-on  à  devenir  presque  cylin- 
drique (/). 

Ce  réservoir  est  bilobé  anlé-rieure- 


(a)  HyrU,  Das  uropoetische  System  (Mém.  de  l'Acnd.  (>''  Vienne,  i.  li,  pi.  9,  fi?:.  2). 

{Il)  lilôm,  Md.,  \A.  1  i,  ii^.  12. 

(i)  Idem,  ibid..  pi.  14,  Iv-.  G. 

id)  Stecnstra  ToiissainI,  Op.  cit.,  pi.  2,  Ci?;.  2e  [Aiin.  Acad.  Lngduno-Hatawy,  ISP.l-j.".). 

[e]  Hyrll,  0;».  cit.  (Màn.  de  IWcad.  de  Vienne,  t.  11,  pi.  \C>,  fig'.  5). 

(H  Idem,  )Oirf.,pl.  10,  fig'.  2. 

ig)  Exemples  :  le  Monoceniri.i  japonira,  voy.  llyi'll,  Up.  cil.  (Mém.  de  l'Anid.  de  Vifnne,  t    H, 

|ii.'i2,  fis:.  lO). 

—  Lo  GdKleroste'.i.t  sidnaclda  (Hyrll,  loc.  cit.,  pi.  12,  ûg.  11). 
(/!)  Exemples:  la  Perça  (jracilis  (Hyrll,  loc.  cit.,  pi.  12,  fi^'.  1). 

—  Le  Tfiqla  hirundo  (Hyrtl,  toc.  cit.,  pi.  10,  fi^.  3). 

(()  Exemples  :  le  Cliirocentrus  dornb  (UyrtI,  loc.  cit.,  pi.  l."«,  fii;-.  12). 

—  Le  Diodon  noveinmacidatus  (Hyrtl,  loc.  cit.,  pl.  11,  fi;.?-  3). 

(,j)  Exemples  :  le  Sijngnathus  typhie  (Hyrll,  loc.  cit.,  pl.  17,  fi^'.  10). 

—  La  Sole,  voyez  Sleenstra  Toussaint,  Op.  cil.,  pl.  2,  ti?.  2  g   (Ami    .{end.  Lii'i  lunn-Ralavo'. 
1S34-351. 


330  EXCRÉTIONS. 

combinaisons  organiques  une  niullitnde  de  formes  plus  ou 
moins  parliculièrcs  dont  l'explication  devient  facile  quand  on 
tient  compte  des  circonstances  dont  il  vient  d'être  question,  et 
dont  l'étude  morphologique  n'est  pas  sans  intérêt  pour  la  phi- 
losophie de  l'anatomie,  mais  dont  l'exposé  serait  trop  long  ici. 
Il  est  aussi  à  noter  que  parfois  les  voies  urinaires  se  con- 
fondent avec  les  organes  génitaux  dans  leur  portion  terminale, 
et  qu'il  n'existe  pour  ces  deux  apt)areils  qu'un  orifice  commun. 
En  effet,  tantôt  les  oviductes  ou  les  canaux  déférents  vont 
s'ouvrir  dans  le  réservoir  urinaire  ou  dans  son  canal  excré- 
teur, et  d'autres  fois  les  uretères  débouchent  dans  l'oviductc 
ou  dans  le  vestibule  génital,  (".ctte  coalescence  est  rare  chez 
les  Poissons  osseux  ordinaires  (1),  mais  est  générale  chez  les 


ment  chez  plusieurs  Poissons  osseux, 
tels  que  YQphidium  barbatum  (o) , 
le  Chironectes  inmctalus  (6),  le  liaja 
bâtis  (c). 

Quelquefois  la  vessie  urinaire  se 
complique  davantage  par  suite  du  dé- 
veloppement d'appendices  en  forme 
de  culs-de-sac  sur  divers  points  de  sa 
surface  :  par  e.\emi)l<',cliez  \'<Mracion 
cornutus  {d). 

11  est  aussi  à  noter  que  le  réservoir 
urinaire  est  souvent  déjeié  de  côté, 
quelquefois  à  droite  et  plus  souvent 
à  gauche.  M.  llyrtl  donne  une  liste 
tles  espèces  où  cette  disposition  a  été 
constatée  (c). 

(1)  Ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  chez 
presque  tous  les  Poissons  osseux,  les 
Ganoides  exceptés,  remboucliinc  des 


voies  urinaires  est  spéciale  el  se  trouve 
derrière  le  pore  génital,  qui,  à  son 
tour,  est  situé  derri»'re  ranus  ;  mais 
il  y  a  quelques  exceptions  à  cette 
règle.  Ainsi,  chez  certaines  espèces 
du  genre  Blennie,  où  Tappareil  mâle 
débouche  au  dehors  par  une  paire  de 
|)ores,  Torifice  urinaire  est  situ(''  entre 
ces  deux  ouvertures,  et  chez  les  Lo- 
phobranches,  les  Diodons,  les  Tétra- 
odons,  les  Balistes,  les  Pectorales- 
pédoncules  et  le  Spirobranche  du 
Cap  (/'),  ces  ouvertures  sont  prati- 
quées dans  un  élargissement  de  la 
paroi  postérieure  de  la  lîortion  ter- 
minale du  gros  mtestin.  au-dessus  de 
la  marge  de  l'anus  ;  enJin,  chez 
d'aulres  espèces,  les  organes  génilo- 
iirinaires  ont  un  orifice  commun  ((/). 


(n)  llyrtl,  J)as  uropoclische  System  (Mnn.  de  L'Acad.de  Vienne,  l.  H,  iil.  17,  r\g.  5). 

(b)  Ucm.ibid.,  pi.  11,  fig.  2. 

[cj  Stecnstra  Tuussainl,  Op.  cit.,  pi.  1 ,  flg.  2  el  3  (Ann.  Acad.,  Ltuidiino  lialarœ,  1834). 

(rf)  H\rll,  Inc.  cit.,  y\.  17,  fig.  H. 

{€)  Idem,  (^p.  cit.  (Mnn.  de  l'Acad.  de  Vienne,  t.  Il,  p.  41). 

(/)  Ulciii,  Op.  cit.  (Mi'in.  de  l'Acad.  de  Vienne,  t.  Il,  pi.  14,  fig.  8). 

((/)  lilfiTi,  }nc.  cit.,  p.  ^'.''. 


APPAREIL    T'RINAIRE    OES    POISSONS. 


331 


Ganoïdes  (1)  et  chez  les  Plagiostomes,  où  les  organes  génito- 
iirinaires,  de  même  querintcsHn,  débouchent  dans  un  cloaque 
commun  (2). 


Ainsi,  chez  VAnableps  tetrophfhal- 
mus ,  les  canaux  déférents  débou- 
chent dans  la  vessie  urinaire  ,  et 
celle-ci  se  termine  par  un  canal  uré- 
thro-génital  logé  dans  un  appendice 
conique  assez  semblable  à  un  pénis  (a). 
Chez  le  Cycloptenis  lumpus,  où  une 
disposition  analogue  se  voit  dans  les 
deux  sexes,  le  canal  uréthro-génilal 
présente  chez  le  mâle  une  dilatation 
ampulliformeprès  de  son  extrémité  (6). 
Ce  genre  de  coalescence  existe  aussi 
chez  quelques  Murènes,  le  Zoarces 
viviparus  et  le  Lethrinus  nebulo^ 
sus  (c).  Enfin,  chez  les  Serrans,  les 
Labres,  la  Fistulaire  et  le  Gadus  bar- 
batus,  les  voies  urinaires  s'ouvrent 
dans  l'appareil  génital. 

(1)  Chez  le  Polypterus  bichir,  le 
canal  commun  constitué  par  la  réu- 
nion des  deux  uretères  est  très  com't, 
et  débouche  à  la  partie  postérieure  et 
dorsale  du  vestibule  génital  formé  par 
la  réunion  des  deux  oviductes  {cl). 

Chez  VAmia  calva ,  les  uretères 
restent  séparés  entre  eux,  et  débou- 
chent dans  un  grand  réservoir  de 
forme  irrégulière  qui  résulte  de  la 
réunion  des  deux   oviductes  et  qui 


s'ouvre  au  dehors  par  un  pore  nro- 
génital  derrière  l'anus  (e). 

Chez  TKsturgeon,  leSpatularia  fo- 
lium  (/)  et  le  Lepidosteus  osseus  {(j), 
les  conduits  génitaux  s'ouvrent  dans 
la  vessie  urétérienne,  qui,  chez  ce 
dernier  Poisson,  porte  en  dessus  un 
assemblage  de  cellules  irrégulières  en 
communication  avec  sa  cavité. 

(2)  La  disposition  de  la  portion  ter- 
minale de  ces  divers  organes  présente 
chez  les  Plagiostomes  quelques  varia- 
tions suivant  les  espèces  et  les  sexes. 
Ainsi,  chez  les  Haies ,  les  uretères, 
comme  je  l'ai  déjà  dit,  débouchent 
dans  un  sac  membraneux  bilobé  chez 
la  femelle,  et  cette  vessie  s'ouvre  dans 
le  cloaque  commun  par  un  orifice  situé 
sur  la  ligae  médiane,  entre  les  ouver- 
tures des  deux  oviductes  (h).  Chez  le 
mâle,  les  canaux  déférents  s'ouvrent 
dans  la  vessie  urinaire,  vers  la  base 
des  grandes  cornes  de  ce  réservoir,  et 
c'est  par  l'orifice  médian  de  sa  por- 
tion postérieure  et  impaire  que  l'urine, 
de  même  que  la  liqueur  spermatiqiie, 
est  versée  dans  le  cloaque  (/). 

Chez  les  Torpilles,  les  deux  ure- 
tères débouchent  isolément  près  de 


(a)  Hyrll,  Beitr.  zur  Morphol.  der  Urogenital-Organe  der  Fische  (Mém.  de  VAcad.  de  Vienne, 
t.  1,  pi.  53,  fig.  3  et  4). 

(b)  Idem,  loc.  cit.,  pi.  52,  fig.  5  et  G. 

(c)  Hyrtl,  Vas  ttropoetische  System  (Mém.  de  l'Acad.  de  Vienne,  t.  II,  p.  43). 

(d)  Idem,  Ueber  den  Zusammenliang  der  Geschlechts  und  Harnwerkzeugc  bel  den  Gannides 
{Mém.  de  VAcad.  de  Vienne,  t.  VIII,  pi.  3,  fig.  \). 

(c)  Idem,  loc.  cit.,  pi.  3,  lig.  2). 

(D  Wagner,  De  Spatulariarum  anatome,  dissert,  inatiu.  Berlin,  184S,  f\s;.  'â. 

—  Hyrtl,  Op.  cit.  (Mém.  de  VAcad.  de  Vienne,  t.  Vlll.'pl.  1,  ii,,^  1  <H  -2). 
(g)  Idem,  Md.,  pi.  2,  fig.  4  et  2. 

(h)  Slcenslra  Toussaint,  Op.  cit.,  pi.  1,  fy.  1  {Annales  Acad.  Lugdiino-liatavœ,  lS34-3,5). 
(i)  Monro,  The  Struct.  and  Hhysiol.  of  Flshes,  pi.  IS. 

—  Steenstia  Toussaint,   0}),  cit.,  pi.  2,  fis.  4. 


:y^l  EXCRÉTIONS. 

.rajoiilerni  (jiie  dans  l'iminense  nnijorilé  des  cas  l'orifice 
uriiiaire,  de  même  que  Taïuis  et  le  pore  génilal,  se  trouve  sur 
la  ligne  médiane  ventrale,  mais  que  chez  les  Pleuronectes  il 


rouverlurc  de  la  papille  médiane 
située  entre  les  ouvertures  des  ovi- 
ductes  ou  des  canaux  déférents  (a). 

Chez  les  Squales  femelles,  les  ure- 
tères s'ouvrent  dans  le  cloaque  à  l'ex- 
trémité d'une  papille  conique,  entre 
les  orifices  des  ovaires,  et  la  poche  qui 
représente  la  vessie  urinaire  est  repor- 
tée plus  en  avant  (6).  Enfin,  chez  les 
mâles,  les  lu'etères  et  les  canaux  défé- 
rents se  réunissent  dans  une  cavité 
conunune,  ou  vestibule  uréthro-génital 
qui  a  été  décrit  par  quelques  auteurs 
comme  un  cloaque  antérieur  ou 
comme  une  vessie  urinaire,  et  qui  dé- 
bouche dans  le  cloaque  proprement 
dit.  iM.  Owen  a  constaté  que  chez  le 
(laleits  canis  chaque  uretère  se  dilate 
près  de  son  extrémité,  de  façon  à  con- 
sliluer  un  petit  réservoir  membraneux 
avant  de  se  réunir  à  son  congénère  et 
de  pénétrer  dans  l'appendice  en  forme 
(le  verge,  qui  est  situé  comme  d'ordi- 
naire à  la  face  supérieure  du  cloa- 
que {(■).  Enfin,  chez  le  Carcharias 
(jlaucus,  la  cavité  qui  paraît  être 
l'analogue  de  ce  vestii)ule  uréthro- 
génilal  est  divisée  sui)érienrement  en 
deux  parties  par  une  cloison  mem- 
braneuse, et  domie  jiinsi  naissance  à 


une  paire  d'appendices  terminés  en 
cul-de-sac.  Suivant  M.  SteensU'a  Tous- 
saint, il  y  aurait  de  chaque  côté  deux 
uretères  venant  s'ouvrir  dans  cette 
poche  ;  mais  il  me  paraît  probable 
qu'H  aura  pris  le  canal  déférent  pour 
une  portion  des  voies  urinaires  ((/). 
Chez  le  Selachr  maœima ,  le  vesti- 
bule uréthro-génital  présente  de  cha- 
que côté  les  orifices  des  uretères  et  des 
canaux  déférents,  puis  un  peu  plus 
bas  une  troisième  ouverture  condui- 
sant dans  une  grande  cavité  qui  est  si- 
tuée entre  le  péritoine  et  la  membrane 
propre  du  canal  afi'érent  (e),  et  qui  a 
été  considéréje  par  Blainville  comme 
une  vésicule  séminale  (/")  ;  mais  ce 
dernier  réceptacle  est  probablement 
l'analogue  des  prolongements  caecaux 
du  veslii>ule  génito-urinaire  décrits 
par  M.  Sleenstra  Toussaint  connue 
des  dépendances  de  la  vessie  urinaire, 
ainsi  que  je  viens  de  le  dire.  Le  ves- 
tibule uréthro-génital  se  prolonge 
postérieurement  en  forme  d'entonnoir 
dans  le  pénis,  et  s'y  ouvre  dans  le 
cloaque. 

I.e  sac  n)eml)raneux,  que  l'on  peut 
considérer  comme  l'analogue  de  la 
vessie  urinaire  spéciale,    ci  (|iie  l'on 


(rt)  .1.  Duvy,  Ikxcarclics  l'Iiiisioloijical  and  Aiuitoniical,  t.  I,  p.  PI,  pi.  2,  i\g.  1). 

(Il)  Hunlor,  dans  lo  Catalciijue  du  Miunx  Ol's  rlurunjiens  de  Londres,  t.  IV,  pi.  (i-2,  fiij.  t. 

■ —  Everard  Home,  Lectures  on  Comparniive  Anatomij,  t.  IV,  pi.  137. 

((■)  Owen,  Lectures  on  llie  Comparative  Anatomy  and  l'hysiology  nf  tlie  Vertébrale  Animais, 
ISiO,  p.  281,  lîi:.  75). 

((?)  Slcciislra  'iini.oaiiil,  Ik  xy.^lemalc  uropodtico  Squali  glanci  {Tudsclirifl  ror  Xatuurlijl''^ 
(.rsrhieilcnis  en  l'iinsivlogic,  dKaH,  I.  VI,  p.  l'Jt),  pi.  8,  lit,',  i  et  l). 

{e}  Evcrai-d  IIdiiic,  Ati  Aiuitmniral  Account  of  tlie  S(]iialiis  iiiaxiniii>  il'liilox.  Trans.,  180!', 
p.  212). 

(/')  Hlainvillp,  Mànoire  sur  le  Sqnnli'  pi'h'rhi  iAnnnlcf:  du  Munrum.  I.  WIM,  p.  SS,  pi.  0, 
liiï.  •ù}. 


APPAREIL    l'RlNAlRK    DïtS    RATIUCIENS. 


333 


est  en  général  rejeté  un  peu  de  coté,  soit  à  gaiiclie,  soit  à 
droite,  de  la  même  manière  que  le  sont  les  yeux  de  ces  Ani- 
maux dilTormes  (4). 

§  7.  —  Dans  la  classe  des  Batraciens  (2j,  les  reins  sont     Appareil 

iirinaire 

beaucou}»  moms  volummeux  que  chez  la  plupart  des  Poissons,  Jcs  Batraciens. 


désigne  quelquefois  sous  le  nom  de 
(jlande  rectale,  est  situé  plus  en 
avant,  et  s'ouvre  tantôt  dans  le  cloaque, 
ronime  cela  se  voit  chez  VAcanthias 
vulgaris  [a],  ou  encore  plus  en  avant 
vers  la  partie  postérieure  du  rectum, 
ainsi  que  cela  a  lieu  chez  le  Spinax 
niger  (b),  le  Selache  maxiina,  etc. 

D'après  M.  Martin  Saint- Ani^e,  il 
existerait  une  anomalie  remarquable 
dans  la  disposition  des  voies  uriuaires 
chez  rÉmissole  mâle.  Cet  anatomiste 
assure  avoir  constaté  que  plusieurs 
conduits  urinifères  se  rendent  de  la 
portion  antérieure  du  rein  au  canal 
déférent,  et  y  versent  de  l'urine  qui, 
mêlée  au  sperme,  descend  dans  ce 
dernier  conduit  vers  le  cloaque.  De 
même  que  chez  la  femelle,  la  portion 
terminale  de  l'uretère  se  dilate  de  façon 
à  constituer  un  réservoir  ou  vessie  uri- 
naire  urétérienne  qui  débouche  dans  le 
vestibule  uréthro-sexuel  (ou  urèthre) 
à  côté  de  l'orilice  des  voies  génitales  ; 
mais  les  canaux  excréteurs  de  la  por- 
tion postérieure  des  reins  ne  se  rendent 
pas  dans  celte  vessie  (comme  cela  a  lieu 
chez  la  femelle),  et  s'ouvrent  directe- 
ment par  un  pore  spécial  dans  le  ves- 


tibule uréthro-sexuel.  Il  est  également 
à  noter  que,  antérieurement,  ce  vesti- 
bule est  aussi  en  communication  chez 
le  raàle  avec  un  sac  allongé  qui  rem- 
plit les  fonctions  d'une  vésicule  sémi- 
nale, et  qui  est  l'analogue  de  l'appen- 
dice c«cal  que  nous  avons  déjà  vu 
dans  une  position  analogue  chez  les 
autres  Plagiostomes  (c). 

(1)  Ainsi,  chez  la  Sole,  la  papille 
uréthrale  qui  porte  l'orifice  terminal 
des  voies  urinaires  se  trouve  dans  une 
petite  fossette  située  du  côté  droit  de 
la  ligne  médiane  ventrale  (c'est-à-dire 
du  côté  où  sont  placés  les  yeux), 
tandis  que  l'anus  et  le  pore  génital 
sont  situés  du  côté  gauche  ((/).  L'ori- 
fice urinaire  est  rejeté  aussi  à  droite 
chez  le  Flet  [Platessa  passer). 

Chez  le  Botlms  jjodas,  où  les  yeux 
sont  à  gauche,  l'orifice  uro-génital 
est  du  même  côté  et  l'anus  à  droite. 

Chez  le  Rhombus  nuclas,  tous  ces 
orifices  sont  situés  du  côté  gauche. 

(2)  Les  premières  recherches  ana- 
tomiques  sur  l'appareil  urinaire  des 
Jîalraciens  sont  dues  à  Swanunerdam, 
et  datent  par  conséquent  du  xvir'  siè- 
cle  {>')  ;  mais  pendant  longtemps  on 


(a)  Home,  Lectures  on  Comparalive  Anatoviy,  l.  IV,  pi.  437  et  130. 

—  Wagner,  Icônes  zootomica:,  \t\.  22,  fig.  23. 

—  Cariis  et  Otto,  Tab.  Anat.  comp.  illustrantes,  pars  v,  pi.  5,  fig.  8. 

(b)  Mayer,  Analecten  fur  rergleicliende  Analomie,  1835,  pi.  4,  fiy.  2. 

(f)  Martin  Saint-Ange,  Étude  de  l'oppaveil  reproducteur  dans  tes  cinq  classes  d'Animavx 
vertébrés,  p.  137  et  suiv.,  pi.  14  {Mém.  de  l'Acad   des  sciences,  Sav.  êtr.,  185('>,  t.  \\\). 

(d)  Hyril,  Beitr.  xur  Morphologie  der  Vroijeintal-Orgaue  der  Fis:Jie  {Mém.  de  l'Acad.  de  Vienne, 
t.  1,  pi.  55,  fig.  1  et  2). 

{e)  Voyez  tome  1,  page  42. 


VU. 


22 


Forme 
des  reins. 


33/l  F.XCUKTIONS. 

et  en  général  ils  ne  dépassent  pas  les  limites  des  régions  pel- 
vienne et  lombaire  (1).  On  n'y  aperçoit  d'ordinaire  ni  divisions 
en  lobes  (2),  ni  bosselures  notables.  Quelquefois  cependant  la 
masse  principale  de  l'organe  est  précédée  d'nn  lobule  qui  en 
est  plus  ou  moins  éloigné  (3).  ^ 

La  forme  des  reins  varie,  et  d'ordinaire  elle  est  en  rapport 
avec  celle  du  corps.  Ainsi,  chez  les  Batraciens  pérennibranches, 
qui  sont  des  Animaux  sveltes,  ces  organes  sont  très  étroits;  chez 
lesUrodèles,  ils  sont  moms  allongés  (4),  et  chez  les  Batraciens 


n'avait  à  ce  sujet  que  des  notions  très 
imparfaites,  et  c'est  dans  ces  dernières 
années  seulement  que  la  plupart  des 
particularités  relatives  aux  rapports 
.  des  voies  urinaires  avec  les  organes  de 
la  génération  ont  été  bien  consta- 
tées (a). 

(1)  Chez  le  Protée,  les  reins  s'a- 
vancent assez  loin  au-dessus  du  foie, 
celui  du  côté  droit  surtout ,  et  ils 
occupent  presque  la  moitié  de  la  lon- 
gueur du  tronc  (6).  Chez  les  Cécilies, 
ou  Batraciens  Péronièles  (Duniéril) , 
ils  se  prolongent  même  antérieure- 
ment jusque  vers  la  bifurcation  de  la 
trachée  (c)  ;  mais  en  général  ces  or- 


ganes ne  dépassent  pas  les  limites  in- 
diquées ci-dessus,  et  souvent  ils  sont 
logés  tout  entiers  dans  la  région  du 
bassin. 

(2)  Chez  le  Menobranchus  ou  Nec~ 
furus  lateralis,  chaque  rein  se  com- 
pose d'une  série  de  lobes  distincts 
placés  en  file  longitudinale,  et  pourvus 
chacun  d'un  conduit  excréteur  par- 
ticulier qui  va  déboucher  dans  l'ure^ 
tère  (d). 

(3)  M.  Leydig  a  constaté  cette  dis- 
position chez  la  Salamandre  terrestre 
et  le  Protée  (e). 

[li]  Chez  les  Cécilies,  les  reins  sont 
remarquablement    grêles.     Ils    sont 


(a)  Voyez  à  ce  sujet  : 

—  Fink,  De  amphibionun  sijstemate  uropoetico.  HAx,  1817. 

— .  Prévost  et  Dumas,  Observations  relatives  à  l'appareil  génital  mdle  {Ann.  des  sciences  nat., 
1824,  t.  1,  p.  279,  pi.  20,  fig:.  1  et  2). 

—  Witlieh,  lleilrdge  zur  morpliotogisclie  nund  hislologischeii  Entwickelung  der  Harn- und 
Geschlechlswerkzetige  der  nackten  Amphibien  [Zeitsr.hr.  fur  wisscnsch.  Zool.  von  Sicliold  und 
Kôlliker,  1852,  I.  IV,  p.  123,  pi.  9). 

—  Bitider,  \'crglcwhcHde  anatomische  und  hislolonische  Vntcrsuchungen  iiber  die  mànnli- 
chen  Geschlcihls-  und  llarnuxvkieuge  der  nackten  Amiiltibicn.  Dorpal,  l.silî. 

—  Lercboullel,  Rechcnlics  sur  l'anatomie  des  organes  génitaux  des  Annuaux  vertébrés  [Nova 
acta  Acad.  nat.  curios.,  t.  XXlll). 

—  Martin  Saint-Ange,  Étude  de  l'appareil  reproducteur  dans  les  cinq  clauses  d'.ininiaux 
vertébrés  {Mém.  de  l'Acad.  des  sciences.  Savants  étrangers,  185G,  t.  XIV). 

—  Leydig,  Analorniscli-histologische  Unlcrsiuhungen  iiber  Fisclie  und  Heptilien.  Berlin, 
1853. 

(b)  f)elle  C.lii.ijc,  Hicerche  anutomico-biologiche  sul  l'rolco  serpenlino,  1840,  pi.  I  et  2, 
%.  1. 

(c)  Leydig,  Analomisch-tiistologisvhe  Untersuchungen  iiber  Vische  und  Heptiliin,  p.  84. 
{d}  Willich,  Op.  cit.  {Zeitschrift  fur  wissi'nurh.  /ont..  I.  IV,  pi,  0,  fis-.  ISK 

(e)  Leydig,  Op.  cit.,  pi.  4,  lig.  2!l  pl  30, 


3S5 


APPAUKIL    l'RlNAIRK    DES    ItATIîAClEAS. 

anoures  ils  soiil  trapus  et  oltlonj^s  ou  ovoïdes  il).  J.cur 
structure  intime  ne  présente  généralement  aucune  particularité 
importante  (2).  Il  est  seulement  à  noter  que  les  corpiiscules 
de  Malpighi  sont  quelquefois  assez  gros  pour  être  visibles  à 
l'œil  nu,  et  situés  principalement  vers  la  face  ventrale  de  l'or- 
gane, d'où  les  canalicules  urinifères  se  portent  transversale- 
ment vers  son  bord  externe,  tandis  qu'à  la  face  dorsale  de  ces 
glandes  ces  tubes  deviennent  très  sinueux  et  enclievélrés  (S). 


Siruclure 
lies  reins. 


aussi  nés  otioits  el  allongés  chez 
l'Axolotl  {a),  le  Menopoma  (h)  cl  le 
Protéc  (c). 

Chez  tous  ces  Batraciens,  les  reins 
sont  légèrement  pyriformes,  leur  ex- 
trémité postérieure  étant  un  peu  ren- 
flée et  leur  portion  antérieure  se  ré- 
trécissant graduellement.  Chez  les 
Tritons,  ou  Salamandres  aquatiques, 
ils  ont  la  même  forme  générale,  mais 
ils  sont  beaucoup  plus  ramassés  et  plus 
larges  (d). 

[l)  Les  reins  des  Grenouilles  sont 
gros,  oblongs  et  très  rapprochés  l'un 
de  l'autre  (ej. 

Ces  orgaues  ont  à  peu  près  la 
même  forme  chez  quelques  espèces 
de  la  famille  des  Crapauds  (/),  mais 
chez   d'autres  ils  sont  rétrécis  anté- 


rieurement ,  et  par  conséquent  ils 
ressemblent  davantage  aux  reins  des 
Urodèles  (g). 

(2)  La  direction  transversale  des 
canalicules  urinifères  dans  les  reins 
de  la  Grenouille  a  été  indiquée  pai- 
Iluschke  (/)),  et  la  structure  intime  de 
ces  glandes  a  été  mieux  étudiée  par 
AL  Bovvujan  {i}.  Duvernoy  a  puJjlié 
aussi  des  observations  sur  la  structure 
intime  du  rein  chez  la  Salamandre  et 
le  Triton  (j). 

(3)  Duvernoy  a  trouvé  chez  la  Sala- 
mandre tachetée  des  corpuscules  de 
ALilpighi  dont  le  diamètre  était  d'un 
demi-millimètre  (A; .  Chez  la  Gre- 
nouille, M.  Bowman  n'en  évalue  le 
diamètre  qu'à  emiron  un  dixième  de 
millimètre,  en  moyenne  (/). 


(«)  Caloii,  SuU'anatomia  dell'Axolotl  (Memorie  deWAccad.  délie  scieine  delVInslituio  dl 
Bologna,  1851,  i.  lit,  p.  343,  pi.  3,  flg.  18). 

(b)  liidrter,  Yergl.  anal,  und  hisl.  Unters.  iiber  (Me  nanniichen  Cesclilechts-  und  Harnwerk- 
ieuge  der  nackten  Amphibien,  pi.  2,  iig.  (i. 

(c)  Itelle  Cliiaje,  lue.  cil.,  pi.  1,  lig-.  1. 
—  Leydig,  Op.  cit.,  pi.  4,  ùg.  3U. 

(d)  Bidilei-,  Op.  cit.,  pi.  2,  fi^.  4. 

(e)  Swamiiieidura,  Hibtia  ^aluvos,  i.  11,  pi.  47,  Kg.  1. 

~  Prévost  et  Fiiimas,  Op.  cit.  {Ann.  des  sciences  nal.,  1824,  I.  I,  pi.  20,  tîg.  11, 

if)  Exemple  :  le  bulo  cinerens  iWiiiieli,  lac.  cit.,  pi.  9,  Dg.  10). 

(g)  Exemple  :  le  Bufo  varlabitis  (Willicli,  toc.  cit.,  pi.  9,  lig.  13). 

{h)  Huschke,  Ueber  die   Textur  der  ISiereu  {Isis,  1828,  t.  \.\I,  pi.  28,  lig-.  3;. 

(i)  bowiuaii,  On  the  Structure  and  Use  of  the  Malpigiden  Rodies  of  the  Kidneg  il'hilos.  Trans., 
18i2,p.  5T,  pi.  4,  fi!,^  15). 

(jj  Uuveinoy,  Fragments  sur  les  m-ijanes  génito-ur'niaires  des  Heplilrs  {Mt'm  de  f.icad.  des 
sciences,  Savants  étrangers,  i.  XI.  p.  .'■lO). 

(A.)  Uuvernoy,  loe.  cit.,  p.  58. 

(;)  Bowman,  /oc.  cit.,  p.  72. 


Voies 
iirinaires. 


oSG  EXCRÉTIONS. 

Les  ennnnx  exerélours  des  reins  se  réunissent  ordinairement 
pour  eonstitner  de  einique  côté  du  corps  un  seul  tronc;  mais 
chez  les  Triions  et  les  Salamandres  ils  forment  plusieurs  tubes 
distincts  qui  se  dirigent  parallèlement  en  arrière  vers  le 
cloaque  (i).  Quoi  qu'il  en  soit  à  cet  égard,  les  voies  urinaires 
de  tous  les  Batraciens  débouchent  dans  cette  portion  terminale 
de  l'intestin  par  une  paire  de  pores  situés  sur  la  paroi  dorsale 
tle  cette  cavité  ou  sur  le  bord  de  rembouchure  des  oviductes. 
Chez  les  femelles,  il  n'y  a  donc  aucune  communication  entre 
les  voies  urinaires  et  les  conduits  génitaux ,  si  ce  n'est  à  leur 
extrémité  (2);  mais  chez  les  maies  il  en  est  autrement,  et  tou- 
jours ou  pres([ue  toujours  les  canaux  excréteurs  des  testicules 
vont  s'ouvrir  dans  la  portion  antérieure  de  l'uretère,  de  fayon 
que  ce  tube  livre  passage  îi  la  liqueur  séminale  aussi  bien  qu'à 
l'iuMne.  Ainsi,  chez  la  Grenouille,  les  canaux  efférents  du  testi- 
cule, au  nombre  de  cinq  ou  six,  ou  même  davantage,  plongent 
dii'cctement  dans  la  substance  du  rein  correspondant,  traver- 


(1)  GeUo  disposition  fasciculôe  des 
nroiîîips  osl  très  romarquabie  dioz  les 
Tritons,  et  Ton  ])('iit  farilenifinl  l'oh- 
sorver  chez  les  individus  femelles,  <tù 
Ton  voit  de  chaque  cùlé  du  corps  uu 
j;iaiul  nonihre  de  canaux  se  détacher 
du  rein  jmur  aller  déboucher  par  deux 
pclils  jjorcs  à  la  partie  dorsale  du 
cloaque,  près  de  rembouchure  de  l'o- 
viducte  correspondant  (a)  ;  mais,  chez 
les  individus  mâles,  les  relations  entre 
ces  parties  cl  rapi)aroil  de  la  m'néra- 
liou  se  compliiiueut  beaucoup,  et  leur 
élude    ollre   des   dillicullés   considé- 


rables. Nous  reviendrons  sur  ce  sujet 
dans  quelques  moinenls. 

Le  nombre  de  ces  uretères  varie 
suivant  les  espèces.  Duvernoy  en  a 
compté,  pour  chaque  rein,  vini^t-ciu(| 
chez  la  Salamandre  noire,  et  onze  chez 
le  'J'rilou  ponclué  (h). 

(*J)  Chez  quehpies  Balracicns ,  les 
Cl  renouilles,  par  exenqile,  les  uretères 
s'ouvrent  dans  le  cloaque  si  près  de 
l'embouchure  des  oviductes,  qu'on  peut 
lesconsi(lérerconu)iese  terniinaiildans 
ces  lubes,  el  (pie  (juchpies  auieiu's  les 
décrivent  ainsi. 


[a)  Fiuvernoy,  Fragments  sur  les  nrganes  {i('nilo-urinaiirs  (/('•;  lirptilcs  [Mém.  ih;  l'AraiL  des 
sciences  Sav.  l'trang.,  i.  XI,  l'I.  2,  fip:.  21). 

—  Marliii  Saint-Ange,  Élude  de  l'appnn'il  irprodiirlciii',  |.l.  Il,  li;r.  2  {Màii.  de  IWrad.  des 
sriences,  Savanls  étrangers,  185(!,  t.  XIVI. 

(/))  niivcrnoy,   hr.  cil.,  ]•■  'i"  ''t  ]'■  *'<^. 


Al'I'.VliKll,    l  Ill.NAlIll';     DKS     KA  II'.ACIUNS, 


?>:S1 


sent  (Je  [lait  on  part  cet  organe,  et  vont  s'ouvrir  dans  l'ui'etèrc 
(jui  en  occupe  le  bord  externe  et  dorsal  (1). 

Le  canal  génito-urinaire  constitué  de  la  sorte  se  dilale  vers 
son  extrémité  postérieure,  et  porte  dans  cette  portion  terminale 
une  [>oche  latérale  qui  est  mulliloculaire  et  ([ui  joue  le  rôle 
d'une  vésicule  séminale  ('2).  Entin  il  donne  aussi  insertion 
à  un  filament  long  et  grêle  qui  est  dirigé  en  avant,  rentlé  en 
l'orme  d'ampoule  naviculaire  à  (juelque  dislance  de  son  extré- 
mité antérieure,  et  creusé  d'un  canal  longitudinal.  Cet  appen- 
dice paraît  être  un  vestige  du  corps  de  Wolff  et  du  canal  excré- 
leur  de  cet  organe  transitoire  ;  mais  il  est  sé[)aré  de  l'uretère 


(1)  Los  testicules  de  la  Grenouille 
sont  appliqués  contre  la  face  ventrale 
des  reins,  et  leurs  canaux  efférents, 
rangés  en  série  longitudinale,  plongent 
presque  ininiédiatenient  dans  la  sub- 
stance de  ces  derniers  organes  pour 
les  traverser  de  part  en  part,  et  aller 
déboucher  dans  la  portion  iniliale  de 
Turetère  située  sur  le  bord  extt'rne  de 
chacune  de  ces  glandes.  Cette  disposi- 
tion remarquable  avait  été  incomplè- 
tement indiquée  parSwanuiierdani  (a), 
et  a  été  bien  constatée  par  MAI.  Pré- 
vost et  Uumas,  ainsi  que  par  beaucoup 
d'autres  auteurs  plus  récents  (6). 
D'après  les  observations  inédites  de 
MM.  Vogt  et  l'appenheini,  les  canaux 
etlerents  paraîlraient  même  se  ramilier 
et  s'anastomoser   entre   eux   pendant 


leiu'  trajet  dans  l'intérieur  ilu  rein, 
de  façon  à  constituer  dans  la  profon- 
deur de  cet  organe  une  espèce  d'épidi- 
dyme  (c). 

(2)  Cet  appendic<;  du  canal  génito- 
urinaire  des  Grenouilles  mâles  se  com- 
pose d'une  série  de  loges  terminées 
en  cul-de-sac,  et  déboucbanl  chacune 
dans  ce  tube  par  un  orifice  particulier. 

Cbez  les  lemelles,  on  ne  voit  rien 
de  semblable  :  les  uretères  ne  com- 
muniquent qu'avec  les  reins  anté- 
rieurement et  restent  filiformes  dans 
toute  leur  longueur  :  en  arrière,  ils  se 
rapprochent,  et  vont  déboucher  dans 
le  cloaque  par  une  paire  de  petits  pores 
situés  immédiatement  derrière  les  pa- 
pilles qui  portent  les  embouchures  des 
o\iductes  {cl). 


(a)  Swammerdam,  Biblia  Natiirœ,  pi.  17,  fia^.  1. 

(6)  Prévost  et  Dumas,  Obsermtions  relatives  à  l'appareil  générateur  mdle,  etc.  (Annales  des 
sciencesnat.,  1824,  1. 1,  p.  2T9,  pi.  20,  (ig.  2). 

—  BiHder,  Yergl.  anat.  und  liisf.  Uiitersiich.  iiber  die  mânnlichen  Geschlechis-  und  Harmuerk- 
zeuge,  1816,  pi.  1,  ûg.  1. 

—  Lereboullct,  Rech.   sur  l'aiiatomie  des  organes  génitaux  des  Animaux  vertébrés,  jil.  7, 
lig.  8(3  (exlr.  des  >;ova  Acla  Acad.  nat.  curius.,  1.  XXllIj. 

(c)  Vogt  et  Pappeiilieiiii,  Recherches  sur  l'anatoiiue  comparée  des  organes  de  la  généralion 
des  Animaux,  vertébrés,  présentées  à  l'Académie  des  science!,,  1846  (mss.). 

(d)  Loicboullcl,  lue.  cit.,  pi.  19,  lig.  193. 


OoS  i:\CRKT10NS. 

dans  loiitr  su  loiignciir  et  ne  parait  avoir  aucun  usage  (1).  Ciicz 
d'autres  Batraciens,  e»;  nièuie  iilainent,  (|ue  j'appellerai  le  tube 
wolf/ien^  semble  eonstitiier  au  contraire  la  partie  principale  du 
conduit  iiénito-uriuaire.  Ainsi,  chez  le  Prolée,  les  canaux  elTé- 
rents  du  lesticuie  viennent  s'y  réiuiir  à  quelrpic  distance  en 
avant  des  reins,  et  plus  en  arrière  les  invétérés  s'y  rendent  (2). 
(liiez  les  Ménobranches,  e'(^st  aussi  le  canal  du  corps  de  WoltT 


(1)  Cet  appendice,  dont  la  décou- 
verte est  due  à  M.  Leydig,  s'insère  sur 
le  côté  externe  dn  canal  génilo-uri- 
naire  de  la  Grenoiiiili' mâle,  iinniédia- 
temenl  au-devani  de  la  vésicule  sénii- 
nede  (a)  ;  il  est  filifoimc  ,  très  long  et 
aminci  vers  son  extrémité  antérieiii'e, 
près  de  lariucUe  il  présente  un  élar- 
gissement l'iisiforme  qui  est  creusé 
d'une  cavité  contenant  des  cellules  à 
noyaux,  et  un  corps  dont  l'aspect  rap- 
pelle celui  du  glomérule  des  corpus- 
cules malpigliiens  [b).  An  delà  de  cette 
capsule,  Tappcndice  wollTien  est  plein 
et  s'amincit  de  la(:on  à  se  terminer 
bientôt  en  une  pointe  très  grêle  qui  est 
située  dans  la  partie  antérieure  de  l'ab- 
domen, là  où,  chez  la  femelk»,  se  trou- 
vent les  trompes  de  l'oviducte.  Enfin,  il 
existe  des  cils  vibratiles  à  Feutrée  dn 
canal  qxù  part  de  l'extrémité  inférieure 
de  la  capsule  dont  il  vient  d'être  ques- 
lion  pour  descendre  dans  l'axe  du  fila- 
ment, vers  l'extrémité  postérieure  de 
cet  appendice.  Ce  canal  est  bien  visi- 
ble, mais  il  paraît  ne  pas  se  continuer 
juscfuedans  le  conduit  génito-urinairc. 
Chez  la  femelle,  il  n'existe  aucun  ap- 
pendice de  ce  genre,  et  M.  Leydig  le 


considère  comme  l'analogue  de  l'ovi- 
ducte. 

Chez  le  Crapaud  cornu  ((.Vra/o- 
phrys  (Inrsata),  l'uretère,  ou  plutôt 
le  canal  génital  n'est  pas  garni  d'une 
vésicule  séminale  ou  glande  acces- 
soire, comme  chez  la  Grenouille,  et 
donne  directement  insertion  à  un  fila- 
ment wolffien  qui  est  très  développé  et 
se  termine  par  vm  orifice  béant  situé 
an- dessus  du  ligament  du  foie,  dans  le 
même  jwint  où  se  trouve  l'entrée  des 
oviductes  chez  la  femelle  (c). 

{•})  Chez  le  Protée,  l'extrémité  anté- 
rieure du  tube  wolffien  est  ouverte, 
élargie  et  un  peu  infnndibuliforme.  Cet 
appendice  devient  ensuite  très  grêle,  et 
ne  tarde  pas  à  donner  insertion  au 
canal  efférenl  du  testicule,  qui  est  long, 
simple  et  pelotonné.  Le  tube  commun 
ainsi  formé  augmente  ensuite  de  ca- 
libre, et  bientôt  on  y  voit  arriver  un 
second  canal  provenant  d'un  organe 
pelotonné  que  Al.  Leydig  considère 
connue  un  lobule  accessoire  dn  rein  ; 
enfin,  le  même  tube,  devenu  beau- 
coup plus  gros,  s'accole  au  bord  in- 
terne du  rein  principal,  qui  y  envoie 
ses  canaux  excréteurs  (r/).  M.  Leydig 


(«)  LejJisj,  Anat.-lust.  Uiiters.  uber  l-'ische  imd  Heplilien,  [>.  68,  pi.  3,  lij.  i!3. 
(6)  Idem,  i6i(i.,pl.  3,  fig.  24. 

(c)  Idem,  ibid.,  p.  70. 

(d)  Idem,  ibid.,  \<.  78,  pi.  4,  lig.  30. 


AI'PAUEIL    LKLNAlIîE    DES    HATKACIENS. 


;39 


qui  paraît  se  développer  d'une  inauière  permanente  pour  rece- 
voir l'urine  et  la  liqueur  séminale  transmise  à  travers  la  sub- 
stance des  reins  par  une  série  de  canaux  spermatiques  dispo- 
sés à  peu  près  comme  chez  la  Grenouille  (1).  Enfin,  chez  les 


n'a  pu  apercevoir  aucune  division  lon- 
gitndinale  dans  le  canal  génito-uri- 
naire  ainsi  constitué,  et  ce  canal  ne 
semble  pas  être  antre  chose  que  le 
conduit  excréteur  du  corps  de  WolfT. 

Chez  le  Menopoma  alleghaniensis, 
on  voit  partir  de  l'extrémité  anté- 
rieure du  rein  un  long  filament  tabu- 
laire qui  se  termine  anlérieurement 
par  une  capsule  sendîlable  à  celle  que 
nous  venons  de  voir  chez  le  Protée. 
A  quelque  distance  de  ce  renflement, 
le  tube  wolflien  donne  insertion  à  un 
corpuscule  arrondi  qui  est  formé  par 
un  tube  grêle  contourné  en  manière 
de  glomérule  (a).  11  est  aussi  à  noter 
que  les  canaux  elTérents  du  testicule 
traversent  les  reins  pour  aller  débou- 
cher dans  l'uretère  qui  fait  suite  au 
filament  woUlien  (b). 

(i)  Chez  le  Meiwbraiichus  ou  Nec- 
turus  lateralis,  le  filament  Avolffien 
vient  s'appliquer  contre  l'extrémité 
antérieure  du  rrin,  puis  longe  cet  or- 
gane en  se  renflant  et  en  décrivant 
des  flexuosités  nombreuses  ;  il  reçoit, 
chemin  faisant,  une  série  de  canaux 
très  grêles  provenant  du  rein  et  du 
testicule  qui  se;  tiouve  du  côté  opposé 
de  ce  dernier  organe  ;  enfin  il  se  ré- 
trécit de  nouveau,  et  se  détache  de 
l'extrémité  postérieure  du  rein  pour 
aUer  au   cloaque.   M,  Willich,  qui  a 


lait  connaître  cette  disposition,  ne  pa- 
raît pas  avoir  examiné  au  microscope 
la  structure  intérieure' du  canal  ainsi 
constitué,  afin  de  s'assurer  si  c'est 
bien  un  tnbe  unique  ou  une  réunion 
de  doux  ou  plusieurs  tubes  accolés 
sous  une  enveloppe  commune  (c). 
Cette  investigation  ne  serait  cepen- 
dant pas  sans  intérêt,  car,  en  étudiant 
attentivement  la  structure  des  parties 
correspondantes  chez  la  Salamandre 
terrestre,  M.  Leydig  est  parvenu  à  re- 
connaître dans  la  portion  rénale  du 
conduit  en  apparence  simple  dont  la 
portion  antérieure  constitue  le  tube 
wolffien ,  deux  canaux  parallèles  et 
accolés  l'un  à  l'auti'e ,  mais  parfaite- 
mont  distincts  et  sans  communica- 
tion visible  ;  l'un  de  ces  canaux  est 
la  continualion  du  tube  wolffien,  l'autre 
est  le  conduit  génito-urinaire.  Il  est 
aussi  à  noter  que  le  filament  wolffien 
porte  un  peu  en  arrière  de  sa  capsule 
subterminale  une  ampoule  latérale 
qui  renferme  un  corps  gloméruliforme 
et  qui  ressemble  beaucoup  à  un  cor- 
puscule de  Malpighi  (d). 

Chez  le  Bombinalor  on  trouve  aussi 
inséré  à  l'extrémité  anlérieurc  du  rein 
un  filament  wolffien  dont  la  portion 
basilaire  est  fort  pelotonnée  (e). 

Pour  se  convaincre  de  l'identité  de 
ces  appendices  plus   ou  moins  rudi- 


(a)  Leydig,  Anat.-hist.  Uiitersuch.  iiber  Fische  und  HeptUien,  pi.  3,  %.  27  et  28. 

(b)  Bidder,  Vergl.  Anat.  und  hist.  Untevsuch.  ûber  die  mânnUchen  GeacMecMs-  und  Havnwerk- 
zeuye  der  nackten  Amphibien,  pi.  2,  ùg.  G. 

{cj  Willich,  Uji.  cit.  [Zeilsvlir.  l'Hr  wisseiisch.  ZooL,  I.  IV,  |il.  'J ,  lii;'.  li>). 

(d)  Leydig,  Op.  cit.,  p.  75,  pi.  -i,  llg.  29. 

[e)  Idem,  ibid.,  \A.  3,  lig.  25. 


Tritons ,  les  relations  entre  ces  voies  nrinaires,  les  canaux 
efterenis  dn  testicule  et  le  filament  wolffien,  se  compliquent 
davantage,  ainsi  que  nous  le  verrons  plus  en  détail  lorsque 
nous  nous  occuperons  de  l'étude  des  organes  de  la  reproduc- 
tion chez  ces  Animaux  (l;;  mais  la  disposition  des  uretères 
est  à  peu  près  la  même  que  celle  que  nous  avons  vue  chez  les 
femelles. 


mentaires  des  organes  géaito-urinaires 
niàles  des  divers  Batraciens  avec  les 
parties  qui  ont  été  décrites  chez  les 
Têtards  sous  les  noms  de  corps  de 
Wolff  ou  de  ri'in^  primordiaux,  il 
suflit  de  comparer  les  ligures  que  je 
viens  de  citer  avec  celles  que  iM.  ^Vit- 
ticii  a  données  de  ces  derniers  organes 
chez  les  larves  des  Tritons  (a)  et  du 
Bomhinator  igneus  (b).  Du  reste, 
nous  aurons  à  revenir  sur  Texamen 
de  ces  parties,  quand  nous  étudierons 
Fappareil  génital  des  Batraciens. 

(1)  Les  anatomistes  sont  très  par- 
tagés d'opinion  au  sujet  de  la  dispo- 
sition de  cette  partie  de  l'appareil 
génito-urinaire  mâle  chez  les  Tritons 
ou  Salamandres  aquatiques.  \  ers  le 
commencement  du  siècle  dernier , 
Dufay  lit  connaîlrc  l'existence  d'un 
faisceau  de  petits  tubes  qui  longent  le 
canal  déférent  et  qui  s'insèrent  aux 


reins  par  leur  extrémité  antérieure, 
tandis  que  par  leur  extrémité  opposée 
ils  débouchent  dans  le  cloaque  avec  le 
premier  de  ces  organes  (c).  Il  les  con- 
sidéra comme  des  vésicules  séminales, 
et,  en  ellet,  à  l'époque  du  rut,  on  les 
trouve  remplis  d'un  liquide  laiteux 
qui  ressemble  beaucoup  à  celui  dont 
les  canaux  déférents  sont  gorgés,  mais 
qui  ne  renferme  pas,  comme  celui-ci, 
des  spermatozoïdes;  circonstance  qui  a 
été  constatée  par  M.  Prévost  et  Dumas, 
et  qui  a  conduit  ces  physiologistes  à  les 
regarder  connue  des  uretères  (d).  Dans 
ces  derniers  temps,  ces  parties  ont  été 
étudiées  dune  manière  plus  détaillée 
par  M.  Bidder,  Duvernoy,  î\l.  Lereboul- 
let,  JNI.  Martin  Saint-Ange,  M.  Leydig 
et  M.  Wittich(e).  Il  serait  trop  long  de 
passer  en  revue  ici  les  opinions  de  ces 
auteurs  sur  chacun  des  points  en  discus- 
sion, et,  me  réservant  d'examiner  plus 


(a)  Wilticli,  loc.  cil.  (Zeitschvift  fur  wissensch.  Zoologie,  t.  IV,  pi.  0,  fij.  1,  2  et  3). 
{}))  Iiluin,  ibid.,  pi.  y,  lit;.  5. 

(c)  Dnfiiy,   Obscrv.  plinsiques  et  analomiiiiics  sur  plusieurs  espèces  de  Salamandres  qui  se 
trouvent  aux  environs  de  l'aris  {M('m.  de  l'Acml.  des  sciences,  1729,  p.  148). 

(d)  Prévo.st  el  Dumas,  0/).  cit.  (.\nn.  des  sciences  nal.,  1^21,   I.  1,  p.  282,  iil.  20,  fig:.  3,  el 
cxplic.  des  fi!î.,  p.  19). 

(c)  Bidder.  Ucber  die  m&nnlichen  Ceschleclils-  vnd  llarnwerkaeuge  der  nnchten   Amphibien, 
pi.  2,  n^'.  4. 

—  Duvernoy,  Fragments  sur  les  organes  gcnito-urinaircs  des  lieptiles,  jil.  1  et  2  {Mém.  de 
l'.\cad.  des  sciences,  Savants  ctrunaers.  t.  .\I). 

—  I.creboullct,  l{ech.  sur  l'anatonùc  des  Animaux  vertébrés  {.\ova  Acla  Acad.  nal.  curius., 
I.  XXIII,  |>.  77). 

—  Martin  Saiut-.Vn^c,    Ijp.  cit.  {Mém.   de  l'Acad.  des  sciences,  Savants  étrangers,    185(3, 
I.  XIV). 

—  I.eydi^,  Anat.-hisl.  Uatersuch.  iibcr  l'ischc  und  lieptilica,  p.  74. 

—  Witlicli,  Up.  cit.  [Zeitschr.  fur  icisscnsch.  Zoul.,  1853,  l.  IV,  p.  125J 


Al'l'AKIilL    LlUNAlKli    DKS    KMUU.lIvNS.  o(l  l 

D'îipi'ès  les  observations  de  MM.  Vogt  et  l^appeiilieim,  la 
coaleseenee  des  voies  iirinaires  et  spennaticjues  n'aurait  pas 
toujours  lieu  avant  l'arrivée  de  ces  conduits  dans  le  cloaque  : 
le  Crapaud  accoucheur  ferait  sous  ce  rapport  exception  à  la 
règle  (1).  Mais  à  l'époque  où  ces  anatomistes  s'occupèrent  de 
ce  sujet,  on  ne  connaissait  pas  l'existence  permanente  du  tube 
wolffien,  et  il  est  fort  possible  que  ce  canal  ait  été  pris  par  eux 
pour  un  conduit  déférent  spécial. 

Je  dois  ajouter  que  chez  tous  les  Batraciens  il  existe  ime 
vessie  urinaire  qui  est  complètement  séparée  de  l'appareil 
rénal,  et  qui  communique  avec  le  cloaque  par  un  orilice  parli- 
culier  ;  mais  ce  réservoir,  au  lieu  d'être  situé  du  coté  dorsal  ou 


Vessie 
urinaïie. 


tard  la  disposition  des  canaux  cfTérents 
du  testicule  et  leurs  relations  avec  le 
canal  woll'fien,  je  me  bornerai  à  dire 
qu'un  conduit    (formé   pro])ablement 
par  ce  dernier  org;anc)  descend  du  côté 
externe  de  l'appareil  génito-urinaire, 
reçoit,  chemin  faisant,  un  nomijre  con- 
sidérable de  branches  provenant  d'une 
sorte  d'épididyme  dépendant  du  testi- 
cule, et  va  s'ouvrir  dans  le  cloaque  : 
c'est  ce  canal  que  l'on  désigne  géné- 
ralement sous  le  nom  de  canal  défé- 
rent (a).   Mais  d'autres  conduits  ex- 
créteurs du  testicule  s'ouvrent  dans  un 
canal  accessoire  qui  gagne  la   partie 
antérieure  du  rein,  qui  paraît  y  com- 
muniquer avec  quelques  branches  du 
système  des  voies  urinaires,  et  qui  en- 
suite se  rend  au  canal  déférent  dont  il 
vient  d'être  question.  Les  conduits  qui 
se  détachent  ensuite  du  bord  externe 


des  reins  et  qui  bientôt  se  dilatent  de 
façon  à  devenir  fusiformes,  ne  sont  pas 
des  caecums  clos  à  leur  extrémité  su- 
périeure et  simplement  accolés  à  la  sub- 
stance du  rein,  mais  des  tubes  qui  nais- 
sent de  celle-ci  pnr  des  racines  [b],  et 
qui  sont  indubitablement  des  uretères 
analogues  en  tout  à  ceux  qui  existent 
à  la  même  place  chez  la  femelle.  11  me 
paraît  cependant  probable  qu'à  l'épo- 
que du  rut  ils  peuvent  remplir  les  fonc- 
tions de  vésicules  séminales. 

(1)  D'après  ces  anatomistes,  les  voies 
urinaires  du  Crapaud  accoucheur  (.4/?/- 
tes  ohstetricans)  seraient  disposées  de 
la  même  manière  dans  les  deux  sexes, 
et  les  canaux  efTérents  du  testicule 
constitueraient  de  chaque  côté  un  tronc 
unique  qui  longerait  le  bord  externe 
des  reins  pour  aller  déboucher  isolé- 
ment dans  le  cloaque  (c). 


(a)  Voyez  Bldilcr,  0/».  cit.,  pi.  2,  fiij.  4,  f  {cet  aulciir  appelle  ce  conduit  wèlhrc  ou  canal  défé- 
reiil). 

■ —  Lereboullet,  Oj).  cit.,  pi.  8,  fig-.  9  c,  e. 

—  Martin  Saint-Anye,  Op.  cit.,  pi.  11,  lig.  3,  /',  /'. 

(6)  LcrclKHilIcI,  Op.^cit.,  pi.  S,  li-,  9ti. 

\c)  Vogi  et  l'.ippciihcim,  Suv  fanatoinie  comparée  des  uryaiies  de  la  fjciuraUuit  (iiiss.). 


o!l''2  EXCKÉTlUiNS. 

postérieur  du  rectum,  comme  cela  a  lieu  chez  les  Poissons, 
s'insère  sur  la  {)aroi  inférieure  ou  antérieure  de  cette  portion 
du  gros  intestin  (1).  En  raison  de  son  éloignement  de  l'embou- 
chure des  uretères ,  on  avait  d'abord  liésilé  à  le  considérer 
comme  pouvant  servir  de  réceptacle  pour  l'urine  ;  mais  l'exa- 
men chiuiique  du  liquide  contenu  dans  son  intérieur  n'a  laisse 
subsister  aucun  doute  sur  ce  point  ('2). 
n'iMairô'  §  ^^  —  ^^cz  Ics  Reptiles,  l'apparcil  urinaire  est  en  général 
(les  noptiics.  (.onfoi-uig  ;\  peu  pi\^s  de  la  môme  manière  que  chez  la  majorité 

des  Batraciens,  si  ce  n'est  que  chez  le  mâle  aussi  bien  que  chez 
la  femelle  les  uretères  restent  séparés  des  conduits  génitaux 
ou  ne  s'y  réunissent  que  tout  près  de  leur  embouchure  dans  le 
cloaque  (o).  La  forme  des  reins  est  variable,  et  présente  d'or- 
dinaire une  certaine  analogie  avec  colle  du  corps  (4).  Presque 

(1)  La  vessie  urinaire  esl  simple  et  tomiques,  pnrliculièrement  le  bel  oii- 

allongéc  chez  la  Sirène  (a),  le  Pro-  vrage  de  Bojaniis  sur  la  Tortue  d'Eu- 

lée  (b) ,  l'Axolotl  (r)  ;  mais,  chez  la  plu-  rope. 

part  (les  Batraciens,  cette  poche  nicni-  (/i)  Ainsi  les  reins  sont  très  étroits  et 

braneiise  est  élargie  en  avant  et  plus  allongés  chez  les  Serpents,  tandis  que 

ou  moins  profondément  bilobée  (d).  chez  les  Tortues  ils  ont  une  forme  tra- 

(2)  M.  .1  Davy,  qui  a  examiné'  le  pue.  Ouelqnefois  cependant  il  y  a  dis- 
liquide contenu  dans  la  vessie  urinaire  similitude  entre  la  forme  de  ces  orgcines 
du  Rana  taurina  et  du  Bufo  fuscus,  et  la  forme  générale  des  corps  :  chez 
y  a  constaté  la  présence  de  l'urée  (e).  les  Seipents  du  genre  Ilydrophis,  par 

(3)  Au  sujet  de  la  structure  de  l'ap-  exemple  (/"). 

pareil  urinaire  des  Reptiles,  j'aurai  à  11  est  également  i^i  remarquer  ((n'en 

citer  les  travaux  de   _\1.  LerebouUet,  général,  chez  les  Ophidiens,  les  deux 

et  de  M.  Martin  Saint-Ange,  dont  j'ai  reins  ne  sont  pas  placés  symétrique- 

déjà  parlé  en  traitant  des  Batraciens,  ment,  l'im  étant  situé  plus  avant  ((ue 

ainsi  que  quelques  monographies  ana-  l'auU'e. 

(a)  Cuvier,  Recherches  aiiatomiqties  suv  les  IlciHUes  regardés  encore  comme  douteux  (Hiimboldl, 
Hech.  d'obs.  de  toologie,  I.  II,  pi.  11,  ûg.  1). 

[bj  Dolk!  Cliinje,  Ihcerche  sul  Proteo  serpenlino,  pi.  1,  fi;?.  J . 

(c)  Galori,  SuWanatomia  deli Axolotl,  pi.  i,  ùg.  8  et  10  (Acad.  de  Biloçine,  185!2). 

[d)  Exem[ilcs  :  la  Grenouille  (I^erebouUel,  Op.  cit.,  pi.  7,  tig.  85). 

—  Les  Tritons  (Martin  Saint-Ange,  0/).  cit.,  pi.  H,  fij?.  1  et  3). 

—  La  Cécilic  (Cuvior,  .\n(itomic  emn\iavée,  I.  VII,  p.  GO^l). 

(c)  J.  Davy,  On  the  Urinarij  Oryans  aud  Serrclion  of  some  of  Ihc  Amplubia  (lieseanh.  Aiiat. 
and  l'hijsiot.,  1. 1,  p.  100).  —  An  Account  of  the  l'rinnry  Onjaas  and  Urine  of  huoSpecies  of  the 
Genus  Hana  Philos.  Trans.,  1821,  p.  05). 

(/■;  Stannius  etSiebold,  Nouv.  Manuel  d'anatomie  comparée,  t.  II,  p.  250. 


AlM'AKhlIL    IKINAIKI-:    DES    KKl'TlLliS.  SÙ3 

loujouj'S  ils  sont  peu  volumineux,  et  leur  poids,  comparé  à  eelui 
(lu  i-esle  (le  l'organisme,  est  souvent  plus  faible  que  chez  les 
autres  Vertébrés  {\). 

Il  est  aussi  à  noter  que  ces  glandes  sont  souvent  divisées  en  un 
nombre  considérable  de  lobes  lâchement  unis  entre  eux,  tandis 
que  d'autres  fois  leurs  lobes  sont  au  contraire  si  serrés  les  uns 
contre  les  autres,  qu'ils  affeclent  une  disposition  sinueuse  et 
décrivent  même  des  circonvolutions.  Le  premier  de  ces  modes 
(le  conformation  est  très  ordinaire  chez  les  Opliidiens  (2),  et  le 
second  se  voit  chez  les  Crocodiliens  (o)  ;  mais  chez  la  plupart 


(1)  I\l,  .1.  Joncs  a  pesé  comparati- 
vement Iqh  reins,  d'une  part,  el  la  tota- 
lité de  l'organisme,  d'autre  part,  chez 
un  certain  nombre  de  ricptiles,  ainsi 
(|ue  chez  divers  Poissons,  Oiseaux  ou 
Mammifères,  et  c'est  dans  l'ordre  des 
Chcîloniens  qu'il  a  trouv(*  ces  glandes 
le  moins  développées.  Ainsi.  cliezdifTé- 
rentes  espèces  de  Tortues,  le  poids  des 
reins  a  varié  entre  —  et  ^,  du  poids 
total  de  l'animai,  et  chez  des  Alligators 
il  était  d'environ  z^  de  ce  même  poids 
total  ;  tandis  (]ue  chez  les  Oiseaux  ces 
relations  se  sont  maintQiuies  entre  y^r 
et  ^,  et  que  chez  les  Mammifères 
M.  Jones  a  trouvé,  sauf  une  seule  ex- 
ception, les  limites  de  variation  ^  et 
-\-.  Je  dois  ajouter  que  chez  les  Ser- 
pents le  poids  des  reins  représente  une 
part  plus  grande  du  poids  total,  et  dans 
les  expériences  de  M.  Jones  il  n'a  varié 
({u'entre  7f,  et  f,  (a). 

(2)  Ainsi,  chez  les  Pythons,  chaque 
rein  se  compose  de  15  à  20  lobes  ir- 
régulièrement ovalaires,  qui  sont  dis- 


posés en  une  série  longitudinale,  unis 
entre  eux  par  du  tissu  conjonclif  très 
lâche,  appendusde  distance  en  dislance 
à  un  uretère  commun,  et  logés  dans  un 
repli  du  péritoine  (6). 

Chez  la  Couleuvre,  les  lobes  con- 
stitutifs des  rei;is  sont  unis  entre  eux 
d'une  manière  plus  intime  (c),  mais 
ils  sont  aussi  distincts  organiquement. 
En  effet,  chaciue  loI)e  est  formé  par 
un  système  particulier  de  canalicules 
urinifères,  qui  en  occupent  la  portion 
corticale,  et  qui  se  réunissent  succes- 
sivement entre  eux  pour  donner  nais- 
sance aux  racines  d'un  conduit  ex- 
créteur particulier,  occiipant  le  centre 
du  système  et  allant  déboucher  laté- 
ralement dans  l'uretère  commun  (d). 

Du  reste,  la  division  en  lobes  n'est 
pas  constante  chez  les  Ophidiens. 
Ainsi,  chez  les  Acrochordés,  les  reins  ne 
présentent  que  de  légers  sillons  trans- 
versaux {e). 

(3)  Chez  les  Crocodiles,  les  lobes 
des  reins  sont  allongés  et  tellement 


(a)  J.  Jones,  Investigations  Chemical  and  Phijsiological  relative  to  certain  American  Verte- 
brata,  p.  125  {Smithsonian  Contributions,  1856,  t.  VKI). 

(b)  Voyez  Jacqiiart,  Mém.  sur  les  onjanes  de  la  circulation  chez  le  Serpent  python  {Ann.  des 
sciences  nat.,  4"  série,  1855,  t.  IV,  pi.  11,  fig.  12). 

—  Martin  Saint-Ange,  loc.  cit.,  pi.  10,  fig.  3  el  4. 

(c)  Millier,  De  glandularum  secern.  struct.  penlt.,  p.  88,  pi.  12,  fig.  16. 
{i)  Stannius  et  Siebold,  Nouv.  Manuel  d'anatomie  comparée,  t.  Il,  p.  259. 


Si 


''l\ll  KXCKliTIONS. 

(les  SaiiiuMis  les  divisions  lubiilaires  soiil  i)cu  pruiionccesi^'l). 
J'ajouterai  que  presque  toujours  les  reins  sont  situés  très  loin 
en  arrière,  dans  le  voisinage  du  cloaque,  et  (jue  quelquefois 
ils  sont  logés  complètement  dans  la  cavité  du  bassin.  Les 
uretères  naissent  sur  leur  bord  externe,  et  chez  la  plupart 
des  Ophidiens  ces  conduits  se  dilatent  vers  leur  extrémité  |)0S" 
térieure,  de  l\içon  à  constituer  un  petit  réservoir  urinaire  ana- 
logue à  la  vessie  urétérienne  que  nous  avons  déjà  vue  chez 
divers  Poissons  ("2). 
Vessie  miiiaiie  Chcz  Ics  Chélouicns,  ainsi  que  chez  quehjues  Sauriens,  il 
Repiiks.  existe  une  vessie  urinaire  spéciale  (3),  qui  est  constituée  par 
l'allantoïdc,  et  qui  s'ouvre  isolément  à  la  paroi  inférieure  du 
cloaque  (/i).  Quelquefois  même  cette  portion  du  tube  digestil 


toiitounii's,  que  l'aspect  de  ces  or- 
ganes rappelle  celui  du  cerveau  de 
beaucoup  de  Mammifères  (a).  Les 
caualicules  uriuifères  convergent  des 
surfaces  inférieures  et  latérales  des 
circonvolutions  ainsi  consliluées,  sur 
une  série  longitudinale  de  conduits 
excréleurs  occupant  le  milieu  des 
lobes  (/>),  et  allant  déboucher  dans 
les  uretères  qui  naissent  à  la  parlic 
antérieure  et  dorsale  des  reins. 

Chez  les  Chélouicns,  les  reins  sont 
fort  ramassés;  ils  sont  arrondis  ei  di- 
visés sur  le  bord  par  un  certain 
nombre  de  scissures  (r),  ou  composés 
même  de  lobes  assez  distincts,  quoique 
serrés  entre  eux. 

(1)  Ainsi,  chez  les  Lézards,  les  reins 


sont  bosselés  à  leur  surface  (c/)  ;  chez 
le  Varan,  cette  disposition  est  moins 
marquée  (e). 

(2)  Les  vrais  Serpents  n'ont  pas 
de  vessie  urinaire  spéciale,  mais  il 
exislc  un  réservoir  de  ce  genre  chez 
les  Anguis,  et  cliez  le  Scheltopusik 
de  Tallas,  ce  réservoir  est  même  très 
grand  {[). 

(o)  L'existence  d'une  vessie  urinaire 
chez  les  Tortues  a  été  signalée  par 
Aristote  (g),  et  Blasius  a  donné  une 
figure  de  ce  réservoir  (/i). 

(à)  Perrault  a  remarqué  que  la 
vessie  urinaire  est  en  général  beau- 
coup phis  grande  chez  les  Tortues  de 
terre  ([ue  chez  les  Tortues  de  mer  (i). 
Ch(v.    la    'i'orlue    coui,   ce  réservoir 


(a)  Voyez  Hiiiilcr,  Descriptive  and  lllustrated  Catalogue  nf  Ihe  l'hijsiologieal  Séries  of  Comp. 
Anat.  eontnincd  in  thc  Muséum  of  tlie  li.  Colleye  of  Surgeons,  t.  IV,  |>1.  (j;i,  fig.  1  et  2. 

{h)  Millier,  De  gland,  secern.  sirnct.  penit.,  pi.  12,  fi<j.  18. 

(r)  Kxpinplc  :  l'Éiiiyde  d'Europe  (Bojarujs,  Anatomia  Testudinis  enropœœ,  pi.  28,  fip.  158). 

(d)  Jourdain,  nechcrchcs  sur  la  reine  porte  rénale  [\nn.  des  sciences  nat.,  4*  série,  1859, 
I.  \II,  pi.  5,  liff.  i!). 

(c)  Canis  cl  Ollo,  Tab.  .\nat.  ronip.  illnstr.,  \Kifs  v,  pi.  (i,  fig.  0. 

i/)  Hiivoriioy,  l.erons  d'nnatomie  eomparre  de  Cuvier,  I.  VII,  p.  1)02. 

{g)  .\iisliii(>,  Histoire  naturelle  des  AniuiKn.r,  Irad.  parCaiiuis,  I.  I,  p.  'J3,  cl  I.  II,  p.  812. 

{h)  Blasius,  Anatome  Aniinnlium,  KiSl,  pi.  ;îO,  {].;.  6. 

(i)  l'orrauU,  }létn.  pour  servir  à  l'histoire  naturelle  des  Animaux,  2'  partie,  p.  183. 


AIM'UÎKIL    IRlNAIlil':    niîS    OISF.M.V.  .'^iT) 

est  garnie  on  onire  d'une  |):iire  d'appendiees  en  l'orme  de  sacs 
membraneux  qui  [)araissent  devoir  remplir  les  mêmes  Ibnelions, 
et  que  l'on  a  appelés  des  vessies  accessoires.  Plusieurs  Tortues 
présentent  ce  mode  d'organisation  ;  mais  chez  quc^iues  Sau- 
riens, les  Crocodiliens  par  exemple,  il  n'existe  aucun  réservoir 
pour  l'urine,  et  les  produits  de  la  sécrétion  rénale  sont  en 
général  expulsés  au  dehors  sous  la  forme  de  concrétions  (1). 

^9,  —  Chez  les  Oiseaux,  l'appareil  urinaire  est  constitué 
d'après  le  même  plan  général  que  chez  les  Reptiles,  et  ne  pré- 
sente que  peu  de  particularités  importantes  à  signaler  ici.  Les 
reins  sont  presque  toujours  ihvisés  en  trois  portions  bien  dis- 
tinctes :  l'une  antérieure,  située  dans  la  région  lombaire,  les 
deux  autres  placées  Tune  à  la  suite  de  l'autre  dans  la  région 
pelvienne,  où  elles  sont  logées  derrière  le  péritoine,  dans  des 
excavations  du  sacrum  (2).  En  général,  tous  ces  lobes  sont  aussi 


(les  tViseaiix, 


niclubraneux  est  t'nonne  et  s'avance 
jusque  auprès  du  cœur  (a). 

Chez  le  Testiido  clausa,  il  est  pro- 
l'ondénient  hilobé  {b). 

(1)  Les  vessies  accessoires,  ou  ves- 
sies lombaires,  do  ut  rexislence  a  été 
mentionnée  pour  la  première  fois  par 
Perrault,  n'ont  ('-té  observées,  ni  rbez 
les  Tortues  de  mer,  ni  chez  la  plu- 
])art  des  Tortues  de  terre  ;  mais  leur 
présence  a  été  constatée  chez  plu- 
sieurs Tortues  d'eau  douce,  telles  que 
l'Kmyde  d'Europe  (r),  et  plusieurs  es- 
pèces   du    même    genre    propres    à 


l'Amérique  septentrionale  (d).  Lesueur 
a  trouvé  aussi  ces  organes  chez  la 
Chélydre  serpentine  et  la  Chélydre 
rertine.  Ces  vessies  sont  de  forme 
ovalairc  ou  cylindrique,  et  s'ouvrent 
dans  le  cloaque,  par  un  large  orifice. 
Chez  la  'l'estude  de  la  Caroline,  qui 
lial)ile  les  lieux  secs,  il  existe  une 
paire  de  vessies  accessoires,  mais  elles 
sont  très  petites  (e). 

('2)  Comme  exemple  de  la  disposi- 
tion ordinaire  de  l'appareil  urinaire 
des  Oiseaux,  on  peut  prendre  pour 
exemple  la  Poule  (/').  Les  trois  lohes 


((j)  Dnvoinoy,  Reptikf!  de  Vallns  du  Rî-gne  animal  île  Cuvier,  pi.  2,  (îg.  i. 

(hj  Cnrus  l't  Ollo,  Tab.  Anal.  comp.  illnslr.,  pars  v,  tali.  0,  Cig.  8. 

(cj  Bojaniis,  Anatomia  Testudinis  europœœ,  pi.  i27,  fig.  150  et  157  ;  pi.  28.  fi?:.  158. 

((0  Lesueur,  Vessies  auxiliaires  dans  les  Torlucs  du  (jenre  Émijde  {Comples  rendus  de  l'Acad. 
des  sciences,  1839,  l.  IX,  p.  450). 

(e)  Duvernoy,  Ad.lition  aux  Leçons  d'analomie  comparée  île  Cuvier,  t.  VII,  p.  GOl. 

(0  Voyez  Laurillard,  Atlas  du  nèyne  animal  île  Cuvier,  Oisraux,  pi.  5,  fig.  1. 

—  Himicr,  vi.v.  Desrript.  nnd  Ulnstr.  Catalnnac  of  llie  Mns.  of  the  Coll.  nfSiirq.,  t.  IV,  pi.  50, 
?v^.   1. 


346  EXCRÉTIONS. 

très  écartés  entre  eux  latéralement.  Mais,  dans  quelques  es- 
pèces, les  lobes  postérieurs  se  réunissent  sur  la  ligne  médiane, 
et  chez  un  petit  nombre  de  ces  Animaux,  non-seulement  les 
deux  reins  sont  conligus,  mais  leurs  différentes  i)ortions  sont 
presque  entièrement  confondues  en  une  seule  masse;  dispo- 
sition qui  se  remarque  chez  la  Spatule  (1).  La  forme  de  ces 
organes  présente  aussi  quelques  variations  (jui  dépendent 
principalement,  soit  du  développement  relatif  des  lobes  anté- 
rieur, moyen  ou  postérieur,  soit  de  la  situation  de  ces  lobes 
sur  une  même  ligne  longitudinale,  ou  de  la  déviation  de  l'un 
d'eux  sur  le  côté;  mais  ces  particularités  n'ont  pour  nous  que 
peu  d'intérêt  (2) . 
Au  premier  abord,  la  surface  de  ces  glandes  peut  paraître 


sont  de  forme  ovalaire,  et  sont  bien 
séparés  entre  enx.  Le  lobe  moyen  est 
le  plus  petit  de  tous,  et  le  lobe  anté- 
rieur ou  lombaire  est  le  plus  grand. 
L'uretère  se  détacbe  de  la  partie 
postérieure  de  ce  dernier,  et  descend 
le  long  du  bord  interne  des  deux 
lobes  pelviens,  de  chacun  desquels  il 
reçoit  latéralement  une  bianclie.  En- 
fin, parvenus  à  la  partie  antérieure 
et  dorsale  du  cloaque,  ces  canaux  s'y 
ouvreni  innuédialenioiit  derrière  le 
repli  qui  sépare  ce  vestibule  de  l'in- 
testin rectum,  cl  en  dedans  et  un 
peu  au-dessus  de  l'emboucliure  de 
l'oviducte  ou  des  canaux  déf('rents. 

(1)  Chez  cet  Écbassier,  le  lobe  pos- 
térieur se  dislingnc  par  sa  forme  et 
sa  grandeur  (a). 

C-licz  1c  Pélican,  les  lobes  des  reins 


du  même  côté  sont  réunis  en  une 
seule  masse,  mais  ces  deux  organes 
sont  écartés  entre  eux  dans  toute  leur 
longueur  (b). 

(2)  Pour  donner  une  idée  netle  de 
ces  particularités  de  forme,  il  ne  sera 
peut-être  pas  inutile  de  citer  ici  quel- 
ques exemples. 

Chez  l'Aulruchc,  les  trois  lolx's 
sont  fort  rapprochés,  le  piemier  esl 
oblong  et  beaucoup  plus  large  (|ue  les 
autres  (r). 

Chez  la  Poule  sultane,  celle  diffé- 
rence est  encore  plus  marquée  et  les 
lobes  postérieurs  sont  très  étroits  et  di- 
visés par  un  étranglemeni  ((/;, 

Les  reins  de  l'Aptéryx  soiU  1res  raj)- 
j)rochés  de  la  ligne  médiane,  et  for- 
nienl  chacun  une  seule  masse  obscu- 
n'nient  subdivisée  eu  cinq  lobes  (p). 


(a)  Ctivicr,  Leçons  d'anatomie  ccmpar('e,  t.\U,  p.  57^. 

(6)  l'crraiill,  Mém.  four  servir  à  l'histoire  naturelle  des  Animaux,  li"  pailii',  pi.  27,  fig.  P.. 
yC)  Idnn,  iind.,  2'  partie,  pi.  55. 
(d)  Ideiii,  ihUI.,  3"  partie,  pi.  12. 

(e~i  Owcn,  0»)    ihe  Atintnmii  nf  the  Snulhrrn  Apten/x  {Trnns.  nf  llie  Znol.  .S'nr.,  t.  II,  p,  280, 
11.50). 


APPAREIL    URINAIRE    DES    OISEAUX.  3/|7 

lisse  ;  mais,  quand  on  l'examine  attentivement,  on  y  aperçoit 
une  multitude  de  petites  circonvolutions  dues  à  l'existence 
de  très  petits  lobules  qui  se  contournent  de  diverses  ma- 
nières, et  qui  ressemblent  à  une  pelote  embrouillée  de  rubans 
onduleux;  enfin,  l'emploi  de  la  loupe  permet  d'apercevoir 
dans  les  circonvolutions  un  nombre  incalculable  de  canaux 
uriniteres  c(ui  débouchent  latéralement  dans  des  conduits  de 
second  ordre  disposés  parallèlement  en  travers  sur  ces  lobules 
ténioïdes,  et  plongeant  dans  la  profondeur  de  l'organe  pour 
aller  gagner  les  grosses  racines  du  système  des  canaux  excré- 
teurs (l). 
Les  uretères  ne  présentent,  ni  à  leur  origine  ni  vers  leur  voies  urinaires 

'  ,  dos 

partie  terminale,  aucune  dilatation  notable  ;  ils  sont  complète-  oisea..v. 
ment  séparés  des  voies  génitales,  et  ils  débouchent  à  la  partie 
postérieure  du  cloaque.  Cette  dernière  cavité  remplit  jusqu'à  un 
certain  point  les  fonctions  d'un  réservoir  urinaire,  car  dans  les 
circonstances  ordinaires  elle  est  séparée  du  rectum  par  la  con- 
traction du  sphincter  qui  entoure  l'extrémité  inférieure  de  ce 
canal,  et  les  excréments  ne  s'y  accumulent  pas  (2).  11  existe 
bien  à  la  paroi  postérieure  du  cloaque  des  Oiseaux  une  petite 
poche  membraneuse  appelée  bourse  de  Fabricius^  (pii  paraît 


(1)  Ce  mode  de  confoinialion  a  été 
décrit  et  figuré  par  Uusclikc  et  par 
.T.  Millier,  mais  ces  naturalistes  con- 
sidèrent les  branches  latérales  des 
troncs  secondaires  comme  se  termi- 
nant en  cul -de-sac  (a),  tandis  que, 
suivant  loule  proi)abilité,  elles  reçoi- 
vent les  canalicules  urinifères  adja- 
cents.  En  effet,   on  sait,  par  les  ob- 


servations de  M.  Bowman  et  de  quel- 
ques autres  anatomistes,  que  chez  les 
Oiseaux,  de  même  que  chez  les  autres 
Vertébrés,  la  substance  des  reins  se 
compose  de  canalicules  pelotonnés  et 
terminés  par  des  corpuscules  malpi- 
ghiens,  mais  ces  derniers  organites 
sont  plus  petits  que  d'ordinaire  (h). 
(2)  Voyez  tome  VI,  page  363. 


{a)  Huschke,  Ueber  die  Textur  der  Nieren  {Isis,  i8"28,  t.  XXI,  p.  560  et  siiiv.,  pi.  8,  fig.  9). 

—  J.  Millier,  De  glandularum  secernentium  structura  peiiitiori,  p.  91  et  siiiv.,  pi.  13,  fig.  1 
à  10 

(b)  Bownian,  On  the  Structure  and  Use  of  Ihe  Mnlpinhinn  Hodies  <>f  ihe  Kidneu  (Philos. 
Trnns.,  18.i2,  p.  72, pi.  4,0^.13'. 


3/l8  EXCRÉTIONS, 

être  l'iuialogiic  organique  de  la  vessie  iirinaire  des  Poissons, 
mais  qui  ne  reroit  i)as  l'urine  dans  son  intérieur  et  qui  est  ordi- 
nairement réduite  à  l'état  de  vestige  (1).  Chez  quelquesOiseaux, 
le  cloaque  est  très  développé  et  peut  contenir  une  quantité  assez 
considérable  d'urine  liquide,  ainsi  que  cela  se  voit  chez  l'Au- 
truche. Mais  en  général  sa  capacité  est  faible,  et  les  produits  de 
la  sécrétion  rénale  sont  expulsés  au  dehors  par  l'anus,  sans 
avoir  séjourné  longtemps  dans  ce  vestibule  commun.  Quant 
à  la  conformation  du  cloaque  et  à  la  manière  dont  il  se  ren- 
verse à  l'extérieur  au  moment  des  déjections ,  j'ai  déjà  eu 
l'occasion  d'en  parler  (2;,  et  par  conséquent  il  serait  inutile 
de  m'v  arrêter  ici. 
v;.i>^paux        §  'JO.  —  Chez  tous  les  Vertébrés  dont  l'étude  vient  de  nous 
d'^'n'îns.     occuper,  les  reins  reçoivent  du  sang,  non-seulement  par  l'inter- 
médiaire des  artères  qui  s'y  distribuent,  mais  aussi  par  des 
veines  fjui  naissent  dans  la  partie  postérieure  du  corps,  et  qui 
se  ramitient  dans  l'intérieur  de  ces  glandes  avant  d'aller  débou- 
cher dans  les  gros  troncs  vasculaires  en  communication  directe 
avec  le  cœur.  Dans  une  autre  partie  de  ce  Cours,  lorsque 
nous  nous  occupions  de  l'élude  de   l'appareil  de  la  circula- 
lion,  j'ai  l'ail  coimaitre  la  disposition  de  cette  portion  du  sys- 
tème veineux  chez  les  Poissons  (3),  les  Batraciens  (6)  et  les 
Reptiles  (5),  où  elle  est  connue  sous  le  nom  de  veine  parle 
rénale;  mais  alors  son  exislence  ni*   jue  jiaraissait  pas  sufli- 
samment  démontrée  chez  les  Oiseaux  (6).  Aujourd'hui  il  n'en 
est  i)lus  de  même  :   les  recherches   faites  dans  les   labora- 
toires de  la  Faculté  [larun  de  nos  jeunes  docteurs,  M.  Jour- 
dain, ne  laissent  jtlus  aucune  incertitude  à  ce  sujet,  et  permettent 

(1)  \oyoz    tome   V,    page    ;!(i5   ot  (/i)   \  oyez    loiiic   lU,   page  399   et 
.sui\antcs.                                                   siiivaiilos. 

(2)  Voyez  tome  VF,  page  303.  (5)   Vo\ez  tome  Uf,   page  /kVJ  et 
(o)   Vo\ez   liiiiM'  in.    |)ago  357  ot       suivanles. 

snivanips.  (0)  Voyez  tonn'  Iff.  p.  /i(i8  et  siiiv. 


APPAREIL    L'RINAIRR    DES    MAMMIFÈRES.  '?)l\9 

d'étendre  à  tous  les  Vertébrés  ovipares  la  règle  que  je  viens  de 
rappeler  (1). 

11  est  aussi  à  noter  que  ehez  les  Oiseaux,  de  même  que  chez 
les  Reptiles  et  les  Vertébrés  anallantoïdiens,  le  tissu  des  reins 
présente  à  peu  près  le  même  aspect  dans  toutes  les  parties  de 
ces  organes,  et  qu'il  n'y  a  pas  de  distinction  à  établir  entre  la 
substance  de  la  portion  corticale  et  la  portion  profonde  ou 
médullaire  de  ces  organes,  conune  cela  a  lieu  chez  les  Verté- 
brés supérieurs  dont  l'étude  va  maintenant  nous  occuper. 

§  11.  —  Dans  la  classe  des  Mammifères,  ra[)pareil  urinaire 
se  perfectionne  plus  que  chez  les  autres  Animaux  :  les  reins 
présentent  une  structure  plus  complexe  ;  les  uretères  conduisent 
toujours  dans  une  vessie  spéciale,  et  le  canal  évacuateur  de  ce 
réservoir  débouche  au  dehors  par  l'intermédiaire  de  la  portion 
terminale  des  voies  génitales  ;  enfin  l'orifice  extérieur  qui 
livre  passage  à  l'urine  est  presque  toujours  complètement  dis- 
tinct de  l'ouverture  anale. 

La  position  des  reins  (2)  ne  varie  que  peu  dans  celte  classe. 


Structure 
des  reins 

chez 
ces  divers 
Vertébrés. 


Appareil 

urinaire 

des 

Mammifères. 


(1)  Les  recherclies  de  M.  Jourdain, 
entreprises  postérieurement  à  la  pu- 
blicalion  de  la  pariie  de  cet  ouvrage 
où  j'ai  traite  de  la  circulation  du  sang, 
ont  ajouté  aussi  plusieurs  faits  non- 
veaux  à  ce  que  Ton  connaissait  déjà 
sur  la  disposition  du  système  de  la 
veine  porte  rénale  chez  les  Oiseaux , 
les  Batraciens  et  les  Poissons.  Ses 
observatious  sur  la  distribution  des 
veines  dans  les  reins  des  Oiseaux,  et 
sur  des  anastomoses  de  ces  vaisseaux 
avec  les  troncs  voisins,  me  paraissent 
prouver  qu'une  portion  plus  ou  moins 
considérable  du  sang  veineux  qui  est 
ramené  des  membres  postérieurs,  et  de 


la  région  pelvienne  doit  pénétrer  dans 
ces  glandes  et  y  être  distribuée  par 
des  rameaux  en  communication  avec 
les  veines  rénales  eHéientes.  11  est 
aussi  très  probable  que  la  portion  de 
la  colonne  sanguine  qui  se  trouve 
ainsi  déviée  de  la  route  directe  pour 
circuler  dans  le  système  veineux  de 
l'appareil  urinaire,  est  plus  considé- 
rable pendant  la  diuée  du  travail  di- 
gestif que  lorsque  le  canal  alimentaire 
est  inactif  (a). 

(2)  11  est  à  noter  que  dans  le  lan- 
gage ordinaire,  on  désigne  les  reins 
des  Animaux  de  boucherie  sous  le 
nom  de  rognons. 


(a)  Jourd;iin,   necIiTches  sur  la  veine  porte  rénale  :^Ànn.  des  scienres  v.nt.,  4»  série,  1850, 
I.  MI,  p.  iSi  et  siiiv.,  pi.  \  ù  8}. 


350  EXCRÉTIONS. 

Chez  l'Homine,  ces  organos  sont  |)lncés  entre  Je  péritoine  et  les 
muscles  de  la  paroi  postérieure  de  la  cavité  aI)doniinale,  de 
chaque  coté  de  la  colonne  vertébrale  ,  entre  les  dernières 
fausses  côtes  et  le  bassin  (1).  Ces  organes  sont  situés  à  peu 
près  de  la  même  manière  chez  les  autres  Mammifères  (2\  et 


(1)  En  général,  les  reins  de  l'Honinic 
correspondent  à  la  dernière  vertèbre 
dorsale  et  aux  deux  ou  trois  pre- 
mières vertèbres  lombaires  ;  mais  dans 
quelques  cas  ils  descendent  plus  bas, 
et  celui  du  cùlé  droit  est  placé  un 
peu  moins  liant  que  son  congénère  (a). 
Les  cbangcments  qui  ont  été  re- 
marqués dans  la  situation  de  ces  or- 
ganes .sont  i)resque  toujours  congé- 
nitaux ;  mais  dans  quelques  cas,  par 
exemple  à  la  suite  d'une  constric- 
tion  excessive  de  la  laille  déterminée 
par  l'usage  de  corsets  trop  serrés,  on 
a  trouvé  l'un  dos  reins  refoulé  jusque 
dans  la  fosse  iliaque  (6), 

Le  déplacement  congénital  des  deux 
reins  est   rare,  mais  les  anatomistes 


citent  beaucoup  d'exemples  de  vice 
déposition  de  ce  genre  portant  sur  un 
de  ces  organes  (c).  Il  est  aussi  à  noter 
que,  dans  certains  cas  tératologiques, 
on  a  trouvé  les  deux  reins  réunis 
entre  eux  ou  même  confondus  si  in- 
timemenîç,  qu'ils  paraissaient  ne  for- 
mer qu'un  seul  organe  impair  {cl). 
Quelquefois  les  anomalies  présentées 
par  l'appareil  urinaire  déjiendaient  de 
l'absence  totale  de  l'une  de  ces  glan- 
des (e),  ou  de  leur  division  en  deux  ou 
plusieurs  lobes  séparés. 

(i)  Souvent  le  rein  droit  est  situé 
un  peu  plus  en  avant  (c'est-à-dire  plus 
loin  du  bassin)  que  le  rein  gaucbe  :  par 
exemple,  chez  le  Cheval  (/"),  le  Bœuf, 
le  Lama,  divers  Carnassiers,  la  plupart 


(a)  Voyez  Boitrgery,  Traité  ci analomie  descriptive,  t.  5,  pi.    52. 

—  Bonamy.  Uroea  et  Beau,  Atlas  d' analomie  di'scnptive,  l.  lî,  |il.  ^7. 
'b)  Cniveilliier,  Traite!  d'aiiatoinic  descriptivr ,  t.  111,  p.  .'loO. 

(c)  Meckel,  Handlnivh  der  patlwloy.  Aiiatomie,  t.  1,  p.  (»3â. 

—  Amiral,  art.  Monstruosités  du  [hrtinnnaire  de  médecine. 

—  Guigon,  Description  d'un  rein  trouvé  dans  le  bassin  d'un  lloinme  (Histoire  de  la  Suciélé  de 
médecine,  t.  X,  p.  66). 

—  Martin  Sainl-.\nge,  ^'ote  sur  le  déplacement  d'un  rein  dans  un  enfant  noitreanné  (.4(7»). 
des  sciences  nat.,  1S20,  I.  VII,  p.  8-i). 

—  SeyiiKuii-,  Maliiosttion.  of  Ihe  left  lildney  {l.undon  Mcd.  Caietle  ISiil,  i.  111,  p.  82i). 

—  I.oiul,  Case  of  Mnlpositiiw  of  the  l<id)icy  \l.nndon  Med.  tlmctte.  I.  X\\,  p.  Uh'i). 

—  Reeil,  Case  in  ivlàch  tmth  Kidneys  werc  on  the  sanie  side  of  Ihe  Spinal  Colnmn    {Monihly 
Journ.  of  Mcd.  Scienc,  184-5,  t.  \ ,  p.  liiji). 

(dj  Haller,  FAemenla  physiolo'juc,  t.  Vil,  p.  241  et  suiv. 

—  Metkel,  Op.  cit.,  t.  I,  p.  0*B  el  siiiv. 

Martin  Saint-Ange,  Ménmre  sur  les  vices  de  conformation  du  rein,  etc.  {Ann.  des  sciences 

nat.,  18;)0,  I.  XIX,  p.  :^oO). 

(g)  Rayer,  Traité  des  maladies  des  reins,  t.  llj,  p.  770. 

—  Spencc,  Left  Kulney  and  Urcthra  wantiny  [Monthly  Journ.  ofMed.  Scienc,  -1842,  p.  224). 
--  Bnsk,  Account  of  a  case  of  Conycnial  Deficiency  of  one  Kidney  (Med.  Cltir.   Transactions, 

1846,  t.  XXIX,  p.  260). 

(f)  Voyez  Gurli,  Die  Anatomie  des  l'ferdes,  pi.  18,  fig.  1. 

—  Clia'.ivean,  Traité  d'anatomie  comparée  des  Animan.r  domestiques,  \\  453,  fip.  141. 


des  reins. 


APPAREIL    imiNAini':    DES    MAMMIFÈRES.  351 

ils  sout  d'onliiKiirc  entourés  d'une  {|u;inti(é  eonsidénible  de 
tissu  graisseux. 

Chez  plusieurs  Animaux  de  eette  classe,  les  sillons  qui  se  pome générale 
montrent  à  la  surface  des  reins,  à  une  certaine  ])ériode  de  la 
vie  intra-utérine,  se  creusent  de  plus  en  plus  à  mesure  que  ces 
glandes  se  développent,  et  il  en  résulte  que  chez  l'individu 
adulte  chacune  de  ces  glandes  se  trouve  composée  d'un  nombre 
plus  ou  moins  grand  de  lobes  parlaitement  disUncts  entre  eux 
et  attachés  en  forme  de  grappe  sur  les  branches  radicuiaires 
de  l'uretère. 

Ce  mode  d'organisation  est  très  reuiarquable  chez  l'Ours, 
la  Loutre  et  les  Cétacés  (1).  Chez  d'autres  Mammifères  la  divi- 


des  Rongeurs  {a),  les  Daupliins,  beau- 
coup (le  Marsupiaux  el  les  !\Iouotrè- 
nies  (6). 

(1)  Chez  rOurs  brun,  chaque  rem  se 
compose  de  plus  de  cinquante  lobes 
entièrement  distincts  entre  eu\  ,  de 
grandeur  variable,  et  dont  la  forme 
devient  polygonale  par  suite  de  la 
pression  qu'ils  exercent  les  uns  sur  les 
autres  à  leurs  points  de  contact  ;  vers 
le  centre  de  Torgane  chacun  de  ces 
lobes  est  suspendu  aux  branches  des 
vaisseaux  sanguins  et  du  système  des 
canaux  excréteurs,  de  façon  qu'ils  re- 
présentent une  grappe  de  gros  grains 
dont  la  forme  serait  à  peu  près  ellip- 
tique (ç). 

Chez  la  Loutre,  chaque  rein  se  com- 
pose d'une  dizaine  de  lobes  en  grappe 


et  réunis  sous  une  enveloppe  Com- 
nume  (c?). 

Chez  le  Marsouin,  chaque  rein  est 
divisé  de  la  sorti"  en  un  nombre  beau- 
couj)  plus  considérable  de  lobes  par- 
faitement distincts  ;  on  en  a  compté 
jusqu'à  cent  soixante  (e). 

Une  disposition  analogue  paraît 
exister  chez  tous  les  Cétacés  propre- 
ment dits  (/■)  ;  mais  chez  les  fœtus  de 
la  Baleine,  dont  Al.  Esclnicht  a  fait 
l'analomie,  on  distinguait  dans  chaque 
rein  environ  trois  mille  lobulins  réunis 
en  un  certain  nombre  de  groupes  qui 
étaient  probablement  destinés  à  con- 
stituer chez  l'Animal  adulte  autant  de 
lobes  {y). 

Chez  le  Dugong,  les  reins  ne  sont 
pas  lobules  [h). 


(a)  Exeraiile  :  le   Porc-lipic  (l'erraiill,  Mém.  pour  sevvli-  à  i'Iiistoire  naliirelle  des  Animaux, 
■2'  partie,  pi.  42,  fig-.  S. 
(6)  Exemple  :  l'Oriiilliorhynquo  (Mcckel,  Ornitltorliijnclii  paradoxi  descriptiu  uiialoiiiica,  pi.  îi, 

(c)  Perrault,  Op.  cit.,  l"  partie,  pi.  10,  fig-.  !v  et  P. 
{dj  Idem,  ibid.,  2«  partie,  pi.  2-2,  tig.  C. 

(Ê)  Cariis  et  Utlo,  Tal).  Anal,  conip.  tllustr.,  pars  v,  pi.  9,  (v^.  i. 

(f)  Hiinter,  Observ.  on  the  Structure  and  Economy  of  Whaks  [Pliilos.  Trans.,  MSI,  p.  442). 
(ly)  Eseluidil,    Zool.-anat.-pltys.   L'alcrsucli.   ûbcr   dtc  nordischen  ]\'althiere,  [i.  101,  lig-.  20 
et  21 . 

(h)  Rapp,  Dk  Cetaceen,  pi.  7,  lig.  2. 


352  EXCRÉTIONS. 

sion  des  reins  en  lobes  est  encore  1res  marquée  ;  mais  ces 
diverses  portions  de  la  glande  urinaire  adhèrent  les  unes  aux 
autres,  ou  se  soudent  même  de  manière  à  ne  former  qu'une 
seule  masse  dont  la  surface  est  bosselée  (1).  Enfin,  d'autres 
fois  les  divisions  primordiales  du  rein  s'eftacent  davantage  et 
ne  laissent  plus  de  trace  à  l'extérieur,  de  sorte  que  la  surlace 
de  l'organe  devient  lisse.  Ce  dernier  mode  de  conformation  se 
voit  chez  l'Homme,  mais  n'existe  pas  encore  à  l'époque  de  la 
naissance  (2).  Quant  à  la  forme  générale  des  reins,  les  varia- 
tions sont  peu  considérables.  Ces  organes  sont  plus  ramassés 


(1)  Chez  les  Phoques,  la  division  des 
reins  en  lobules  est  très  visible  à  la 
surface  de  ces  organes,  mais  n'est  pas 
îiussi  complète  que  chez  la  Loutre,  etc. , 
car  les  sillons  intcrlobulaires  ne  pé- 
nètrent pas  jusqu'aux  racines  de  l'ure- 
tère (rt). 

Chez  le  Bœuf,  on  compte  dans  cha- 
que rein  quinze  à  vingt  lobes  dont  la 
surface  extérieure  est  arrondie  (6). 

Chez  rÉléphant,  le  nombre  des  lobes 
de  chaque  relu  est  réduit  e"i  quatre. 

Quelques  bosselures  qui  chez  leCli.il 
se  voient  à  lii  surface  des  reins  sont  des 
vestiges  d'une  division  primordiale  ana- 
logue. 

(2)  Dans  lÏMobryon  humain,  à  l'âge 
d'environ  deux  mois  et  demi,  chaque 
rein  est  composé  de  bu  il  Ioi)es,  et 
ce  nombre  augmente  beaucoup  eu- 
suile,  puis  se  réduit,  de  sorte  qu'à 
réi)0(iue  de  l<i  naissance  on  compte  une 


<piinzaine  de  ces  divisions.  Les  sillons 
qui  les  séparent  s'ellacent  ensuite  peu 
à  peu,  et,  en  général,  dans  l'espace  de 
trois  ans ,  ils  disparaissent  presque 
complètement.  Cependant  il  n'est  pas 
rare  de  voir  des  traces  de  cette  dis- 
l)osilion  lobulaire  se  conserver  à  la 
surface  des  reins  jusqu'à  l'âge  de 
Imil  ou  dix  ans,  et  quelquefois  elles 
persistent  pendant  toute  la  durée  de 
la  vie. 

Comme  exenq)les  de  Manunifères? 
dont  les  reins  sont  également  lisses 
extérieurement  ,  je  citerai  le  Che- 
val adulte  (c)  ;  mais  chez  le  fœtus  ces 
organes  sont  d'abord  muItiloi)és,  et  à 
l'époque  de  la  naissance  ou  \  remarque 
encore  quelques  scissures  (f/). 

;\1.  Alessandrini  a  trouvé  (pie  chez 
le  Tatou  à  l'état  lœlal  il  existe  aussi 
des  indications  de  lobulation,  qui  ne  se 
voient   plus  chez  FAniinal   adulte  {e). 


{n)  l'erraiilt,  Mnn.  pour  servir  à  l'histinrc  naturelle  îles  Animaux,  2'  piirlic,  p.  tOS,  pi.  28. 

Daiilicnidii,  Desci'ijilion   du   Phoque  (lUilVcm,  Histoire   naturelle   des   Mammifères,  édil.  de 

Voiili^Te,  pi.  :iyG,  fig.  :i  el  4). 

(b)  Daubeiiloii,  lac.  cit.,  ji!.  2U,  liic.  1  et  2. 

Cliauve.ui,  Traité  d'analomie  comparée  des  .\niinan.v  domestiques,  |'.  i."i",  lli 

((■)  r.iirll,  Die  Analomie  des  l'ferdes,  pi.  34,  li-.  2,  elc. 

—  Cliiiiivcau,  Anat.  comp.  des  Anim.  dontest  ,  p.  443,  11;;.  141. 

((/)  Moni,  ihi(/.,p.  400,  li;;.  14.''>. 

(e)  Ali'->:iiuli'ini,   Cenni   suW  yiialomia  del  Pasipo  minuno,  pi.    Ki,   ûg.  10,  cl  | 
(:l/(7(i.  dell'Acrad.  délie  scieme  dell'liisi.  di  l'olniina,  L'^MI,  I.  Vil». 


143 


\1,  liir.  8 


AIM'ARKIL    UUINAlRb:    DES    MAMMll- tUKS.  353 

chez  certaines  espèces,  plus  allongés  chez  d'autres,  mais  d'or- 
dinaire ils  ont,  comme  chez  l'Homme,  une  forme  ovalairc  avec 
une  cchancrure  du  côté  interne  dans  m\  point  appelé  scissure 
(kl  rein  ou  hile,  où  ces  organes  sont  en  connexion  avec  leurs 
vaisseaux  sanguins  et  leurs  canaux  excréteurs  (t  ).  Leur  volume 
n'est  pas  très  considérable.  Ainsi,  chez  l'Homme  ils  ont  en 
général  environ  1  décimètre  de  long  sur  5  ou  6  centimètres 
de  large  et  2  |  cenlimèlres  d'épaisseur  (2). 

Pour  se  rendre  i'acilement  compte  du  mode  d'organisation     structure 

intérieura 

intérieure  des  reins  de  l'Homme  ou  de  tout  autre  Mammifère     des  reins 

des 

OÙ  ces  glandes  sont  constituées  de  la  môme  manière,  il  est  bon  Mammifères. 


(1)  Les  anatomistcs  comparent  avec 
raison  la  forme  des  reins  de  rilomme 
à  celle  d'un  haricot,  dont  le  hile  repré- 
senterait l'échancrure  qui  donne  nais- 
sance à  Turetère. 

Chez  quelques  Mammifères,  tels  que 
le  Bœuf  et  le  liion,  le  hile  du  reiii,  au 
lieu  d'avoir  la  forme  d'une  échan- 
crure,  consiste  en  une  fosse  plus  ou 
moins  profonde,  creusée  à  la  face  ven- 
trale de  cette  glande,  et  d'autres  fois, 
par  exemple  chez  le  Marsouin  et  le 
Dauphin,  il  n'est  représenté  que  par 
une  simple  fente. 

(2)  Les  anatomistes  ont  constaté  des 
variations  très  grandes  dans  les  dimen- 
sions et  dans  le  poids  des  reins  chez 
des  individus  où  ces  organes  parais- 
saient être  dans  l'état  sain  (a). 

11  est  à  regretter  que  ces  pesées 
n'aient  pas  été  faites  comparativeiuent 
avec  celle  du  corps  tout  entier,  car  les 
données  ohtenues  de  la  sorte  auraient 
peut-être  conduit  à  des  résultats  inté- 
ressants. 


Les  naturalistes  ont  fait  quelques 
détenuinalions  de  ce  genre  chez  divers 
Manuuifères  ;  mais  elles  ne  sont  pas 
encore  assez  nombreuses  pour  qu'on 
puisse  en  tirer  aucune  conclusion  gé- 
nérale. 1\L  J.  Jones,  dont  j'ai  déjà  cité 
les  observations  au  sujet  du  poids  des 
reins  chez  les  lleptiles  et  les  Oiseaux, 
a  trouvé  que  ces  organes  représen- 
taient de  77  à  T^j-  du  poids  total  chez 
divers  Rongeurs  et  Carnassiers.  Chez 
un  Mouton  ce  rapport  était  de  1  :  350, 
mais  il  est  probable  que  cet  Animal, 
élevé  en  domesticité ,  était  surchargé 
de  graisse  et  de  laine  (6).  D'après 
l'ensemble  des  faits  constatés  par  ce 
physiologiste,  il  paraîtrait  que  le  poids 
des  reins,  comparé  à  celui  du  corps 
entier,  est  plus  élevé  chez  les  Ver- 
tébrés à  sang  chaud  que  chez  les 
lîeptiles,  les  Batraciens  et  les  Pois- 
sons cartilagineux  ;  quant  aux  Pois- 
sons osseux,  !\L  Jones  ne  s'en  est  pas 
occupé. 


(a)  Huschke,  Trailé  de  splanchni^logie ,  Ir.ul.  par  Jounlan  (Encyclop.  aiia'.,  p.  28S). 
(6).I.  Jones,  Investigations  Clieiivcal  and  Physiulogical  rclaiiva  to  certiin  Amerxan  Verte 
brala,  p.  125  {Sinitli.soniaa  Contributions,  1856,  t.  Vlll). 


Vih 


Bassinol. 


OOa  i:\CRETIOi\S. 

de  suivre  inie  marche  inverse  de  celle  qui,  au  premier  abord, 
pourrait  paraîti^e  la  plus  logique,  eUle  remonter  de  l'uretère  vers 
la  partie  périphéri(jue  de  l'organe  dont  ce  tube  est  le  conduit 
excréteur. 

Chez  les  Mammifères,  laporlion  initiale  de  l'uretère  n'affecte 
pas  une  dis|»osition  dendroïde  couune,  nous  l'avons  vu  chez  la 
plupart  des  Yertél)rés  inférieurs,  où  ses  différentes  racines  se 
réunisseul  successivement  pour  former  des  branches  de  [dus 
en  j)lus  grosses  :  ces  racines  convergent  vers  im  seul  point  et 
s'y  joigneul  très  promptement  de  manière  à  constituer  une 
sorte  de  houppe.  Chez  un  petit  noud)re  d'espèces,  telles  que  le 
Marsouin  et  le  Dauphin,  en  se  réunissant  de  la  sorte,  elles  con- 
servent leur  forme  tubulaire  et  ne  présentent  rien  de  particu- 
lier dans  le  point  où,  confondues  en  im  tronc  unique,  elles  con- 
stituent l'uretère;  mais  chez  presque  tous  les  ÎMammifères  elles 
se  dilatent  brusrpiement  dans  ce  point  de  coidlucncc,  et  par  leur 
élargissen^icnt  elles  donnent  naissance  à  un  réservoir  membra- 
neux dont  rm^elère,  proprement  dit,  tire  son  origine.  Ce  pre- 
mier réservoir  urinaire,  appelé  le  bassinel  (I),  est  logé  dans  la 
scissure  ou  bile  du  rein,  derrière  les  gros  vaisseaux  sanguins,  et 
il  s'y  enfonce  profondément  jusque  vers  la  partie  c.entrale  de  la 
glanfie.  Sa  portion  terminale  ou  urétérienne  est  simple,  mais  en 
gé[iéral  sa  portion  profonde  est  divisi'C  en  plusieurs  branches 
appelées  cr//îces  ('2  ,  et  chez  l'IIomnic,  ainsi  (jue  cliez  la  plupart 


(1)  On  privis  rmuiv. 

(2)  Cliez  niomme,  lo  bassinel  {a)  a 
l'a  forme  (Tiui  entonnoir  dont  le  bec  se 
eonlinnerait  avec  rnreli'ie  ,  et  dont  lu 
portion  (Wast'c  serait  voTiIim'  en  dessns 
et  divisée  d'abord  en  deux  l)randies 
principales.  Celles-ci  diviTiienl  en  sens 


opposé  vers  lesdenx  exiréniités  du  rein, 
el  sont  appelées  le  (/rand  calice  supé- 
rieur oA\c  ijrand  calice  infcricur.  Ces 
f^rosses  brandies  donnent  naissance  à 
lenr  loin-  à  des  divisions  secondaires, 
iippelécs  moyens  et  petits  calices,  dont 
les  uns  sont  en  lapporl   eliacun  avec 


(a)  Voyez  Boiirs^ci-y,  Traité  de  l'aiialomic  de  i' Ilinniiie,  l.  5,  |j1.  55,  lig.  i  el  5. 
—  Bdiinmy,  Bi-iic,;i  ut  Hoaii,  Atlas d'anatinnic  descriptive,  l.  3,  pi.  39,  liij.  1. 


APPAUlilL    UKlNAlKb;    DES    MAMMIFÈUES.  o55 

des  autres  Maiiiinileres,  rcxtn'inilé  |iériplicri(jLie  de  cliaeiiiie 
de  celles-ci  encapuclionne ,  pour  ainsi  parler,  un  mamelon 
qui  fait  saillie  dans  son  intérieur,  ou  même  plusieurs  de  ces 
éminences  que  les  anatomistes  appellent  les  papilles  du  rein  (1  ). 
Enfin,  la  sui'fîU'e  de  chacun  de  ces  mamelons  on  papilles  est 
criblée  de  petites  ouvertures  qui  sont  les  embouchures  des 
canalicules  urinifcres  ,  et  qui  versent  par  conséquent  l'urine 
dans  le  bassinet. 

Ces  canalicules  sont  dirigés  en  ligne  droite  vers  la  partie    substance 

médullaire 

périphérique  du  rtnn,  mais  ils  ne  marchent  |»as  tout  à  tait  parai-  ^es 
lèlement  enti'c  eux,  car  en  s'éloignant  du  calice  corr.'spondant, 
ils  se  bil'ui'qucnt  souvent  de  distance  en  distance,  de  sorte  fjue 
leur  nombre  augmente  beaucoup,  et  que  les  faisceaux  constitués 
par  leur  réunion  affectent  une  forme  conique.  Ainsi  chacune  des 
papilles  qui  font  saillie  dans  les  calices  ou  branches  du  bassinet 


reins. 


une  seule  papille  rénale,  et  les  autres 
encapuchonnent  plusiwu's  de  ces  ma- 
melons urinifères. 

Le  bassinet  ne  se  d\\  ise  pas  de  la  sorte 
chez  tous  les  Mammifères.  Ainsi,  chez  le 
Cheval,  ce  réservoir  urinaire  s'allonge 
un  peu  vers  les  deux  extrémités  du 
rein  et  forme  de  cette  manière  deux 
petits  diverticnles  appelés  bras  du  bas- 
sinet, mais  il  ne  présente  pas  de  calices, 
ou  plutôt  n'en  constitue  qu'un  seul  (a). 
Chez  rixhidné,  il  n'y  a  aussi  qu'un 
seul  calice,  bien  qu'il  y  ait  plusieurs 
papilles.  Enfin,  chez  les  Chats  et  plu- 
sieurs autres  Manunifères,  le  bassinet 
se  loge  plus  profondément  dans  la 
fosse  représentée  par  le  hile,  et  ne 
donni>  pas  naissance  à  des  calices,  mais 
il    envoie   des   prolongements  étroits 


jusque  dans  la  substance  corticale  des 
reins  (/;). 

(1)  Chez  quelques  Mammifères,  tels 
que  le  Chien,  le  Chat,  les  Phalangers 
et  les  Tatous,  le  sommet  des  pyra- 
mides de  Malpighi  ne  fait  pas  saillie 
dans  les  calices,  et  par  conséquent  il 
n'y  a  pas  de  papillfs  du  rein.  Chez 
d'autres,  le  Cheval  par  exemple, ces  émi- 
nences sont  représentées  par  luie  crête 
saillante  qui  occupe  le  fond  du  bassi- 
net en  face  de  l'embouchure  de  l'nre- 
tère.  Souvent  il  n'y  a  qu'un  seul  mame- 
lon, par  exemple  chez  l'Orang-outang, 
le  Callitriche,  les  Coatis,  l'Écureuil,  le 
Lièvre  et  le  Daman.  H  y  en  a  deux 
chez  quelques  Rats,  trois  chez  l'Élé- 
phant, quatre  chez  l'Échidné  et  cinq 
chez  le  Hérisson  (r). 


(«)  Ghauveau,  .iiiatomie  cuinparcc  des  Aiiiiitaux  domestiques,  p.  455,  lii;'    142. 

(b)  Cuvier,  Leçons  d'aaalomie  comparée,  t.  VU,  p.  50(5. 

(c)  Idera,  loc.  cit. 


Substance 
corticale. 


356  EXCRÉTIONS. 

est  le  sommet  d'un  cône  de  canalicules  urinilères  dont  lu  base 
est  dirigée  vers  la  périphérie  du  rein.  On  a  donné  à  ces  canali- 
cules droils  le  nom  de  tubes  de  Bellmi,  pour  rappeler  l'auleiu^ 
présumé  de  leur  découverte  (1),  et  l'on  ap[)elle  communément 
pyramides  de  Malpighi^  les  cônes  résultant  de  leur  assemblage. 
Enfin  la  réunion  de  ces  cônes  divergents,  qui,  par  leur  struc- 
ture et  leur  teinte,  différent  de  la  portion  périphérique  du  [)aren- 
chyme  de  la  glande,  constitue  ce  que  les  anatomistes  appellent 
la  substance  médullaire  des  reins  (2). 

La  base  et  les  côtés  de  chacune  des  pyramides  de  jMalpighi 
sont,  à  leur  tour,  encapuchonnés  par  la  portion  superlicielle 
du  tissu  glandulaire,  qui  est  moins  rouge  que  la  substance 
médullaire  et  qui  est  connue  sous  le  nom  de  substance  corticale 
des  reins  (o).  Celle-ci  est  formée,  comme  la  précédente,  par 
les  canalicules  urinifcres  ;  mais  ces  tubes,  au  lieu  de  marcher 
en  ligne  droite,  s'y  recourbent  dans  tous  les  sens,  s'entremêlent 


(1)  1,.  Bdlini,  niôdecin  florentin  du 
XVII''  sii'clr,  fut  lepi-emierà  fixer  l'at- 
tention des  anatomistes  sur  la  struc- 
ture tiibuleuse  do  la  portion  centrale 
des  reins  («)  ;  mais  le  lait  avait  tMé 
aperçu  longtemps  auparavanl  parJ.  Br- 
renger  de  Carpi ,  qui  considérait  ces 
canalicnlcs  comme  des  veines  portant 
l'urine  (h). 

(2)  La  dislinction  entre  la  substance 
corticale  et  la  substance  médullaire 
des  reins  a  été  ponr  la  première  fois 
nettement  indiquée  par  lliglimore,  en 
1651  (c)  ;  mais  les  diiïérences  entre 
ces  parties  n'avaient  pas  entièremeni 


échappé  à  raiiention  de  plusieurs  de 
ses  devanciers,  tels  que  Eustaclii  et 
Spigel  {d). 

(3)  La  substance  corticale  revêt 
ainsi  la  totalité  de  la.  surface  de  chaque 
pyramide  de  substance  médullaire, 
sauf  la  portion  de  ces  cônes  qui  fait 
saillie  dans  le  calice  et  qui  constitue  la 
pa])illc.  On  adonné  le  nom  de  coloniies 
(II'  Bertin  aux  prolongemonis  de  la 
substance  corticale  qui  s'avancent  ainsi 
vers  le  bile  entre  les  pyramides  de 
Malpighi.  Rerlin,  en  etl'et,  montra  (]uc 
la  substance  corticale  n'occupe  pas 
soiilement    la   jiartie  superficielle   des 


ia)  Bellini,  De  structura  rcniun  observatio  anatomicai  16C2. 

(b)  BeiX'iigoriiis  Cai'|)i,  Coinmentarla  in  Mundinum,  lb'2\  ,  y.  178. 

(c)  HiKliiiiori;,  Corpiiris  hutnani  disiiuisitio  anatomica,  1G51 . 
((/)  l'jiislachi,  OiHtscula  niKitomirn,  15(H. 

—  !^|iiï;*-'li  Oe  cori>uris  huniani,  fabrica,  lli32  . 


VI'IAIIKIL    LRINAIUli    DHS    >!  V.MMll'KKIiS.  557 

d'une  manière  inextricable  (1),  et  s'y  terminent  en  constituant 
des  corpuscules  malpigliiens.  Enfin,  les  vaisseaux  sanguins, 
comme  nous  le  verrons  bientôt,  ne  se  comportent  pas  de  même 
dans  ces  deux  substances,  et  contribuent  à  rendre  bien  Iraneliée 
leur  ligne  de  séparation. 

Ainsi,  en  résumé,  nous  voyons  donc  que  chez  les  Mammi- 
fères les  ampoules  initiales  du  système  des  canalicnles  nrini- 
fères,  et  les  glomérules  sanguins  rpii  sont  logés  dans  leur  inté- 
rieur, au  lieu  d'être  disséminés  d'une  manière  plus  ou  moins 
unilbrme  dans  toute  l'étendue  de  la  glande,  comme  cela  a  lieu 
chez  la  [)lu[)art  des  Vertébrés  inférieurs,  sont  reportés  dans  la 
portion  périphérique  de  l'organe,  et  (jue  c'est  aussi  dans  cette 
portion  seulement  (|ue  les  tubes  capillaires  faisant  suite  à  ces 
ampoules  se  contournent  et  se  pelotonnent,  tandis  que  dans  la 
partie  centrale  des  reins  ces  mêmes  tubes  convergent  vers 
l'uretère  en  suivant  des  lignes  droites.  Chez  quelques  Verté- 
brés ovipares,  la  Grenouille  par  exemple,  des  différences  ana- 
logues dans  la  dis[»osition  des  canalicnles  urinifères  tendent  à 
s'établir  entre  la  portion  dorsale  et  la  portion  ventrale  des 
reins,  mais  elles  ne  sont  jamais  aussi  tranchées  que  chez  les 


Rapports 

(le  ces  paiiios 

liiez  divers 

Maminifèicj. 


reins,  mais  pénètre  profondément  au- 
tour (le  cliaque  division  de  la  sulîslance 
médullaire  ou  tubuleuse  (a). 

(1)  Les  auteurs  désignent  quelque- 
fois, sous  le  nom  de  tubes  de  Ferrein 
ou  de  canaux  corticaux,  cette  portion 
tortueuse  des  canalicules  urinifères,  et 
ils  appellent  pyramides  de  Ferrein  les 
petits  faisceaux  coniques  qui  sont  for- 
més par  ces  tubes  en  entrant  dans  la 
substance  coriicale. 

L'anatomiste  dont  le   nom   a   été 


appliqué  à  ces  diverses  parties  publia, 
vers  le  milieu  du  siècle  dernier,  un 
travail  important  sur  la  structure  des 
reins,  et  tout  en  émeltant  des  opinions 
erronées  sur  plusieurs  points,  il  con- 
tribua notablement  au  progrès  de  nos 
connaissances  toucbant  la  disposition 
des  canalicules  urinifères  (6).  Ferrein 
était  professeur  (ranatomie  au  Jardin 
du  roi,  établissement  qui  est  appelé 
aujourd'hui  le  Aiuséuni  d'histoire  natu- 
relle de  l'aris. 


(a)  Berlin,  Mémoire  pour  servir  à  l'histoire  des  reins  {Mém.  de  l'Académie  des  sciences,  1744, 
p.  77). 

ib)  Fcrrem,  Sur  la  structure  des  glandes  nommées  glandules,  et  particulièrement  sur  celle 
des  reins  et  du  foie  (Mémoires  de  l'Académie  des  sciences,  t74'J,  p.  iSi,  pi.  t  4  el  i5). 


358  l;xchktio>s. 

Mammifères,  el  c'est  seulement  chez  ces  derniers  Animaux 
(jue  ces  organes  se  montrent  formés  d'une  substance  corticale 
nettement  séparée  d'une  substance  médullaire.  Chez  quelques 
.Mammifères,  le  Cheval  par  exemple,  la  substance  corticale  est 
moins  bien  caractérisée  que  d'ordinaire,  et  ne  forme  à  la  sur- 
face des  reins  qu'une  couche  très  mince  (1),  mais  elle  ne  paraît 
jamais  faire  complètement  défaut,  el  toujours  la  portion  termi- 
nale du  système  des  canalicules  urinifères  présente  la  disposi- 
tion fascicnlaire  qui  est  propre  à  la  substance  dite  ?nédullaire. 
Je  ferai  remanpier  aussi  que  dans  les  reins  non  lobés,  dont 
je  viens  de  décrire  la  structure,  les  pyramides  de  Malpighi, 
avec  leur  capuchon  de  substance  corticale  et  le  calice  ([ui 
engaînc  leur  sommet,  correspondent  évidemment  aux  lobes 
isolés  chez  les  Mammifères  où  les  reins  sont  en  forme  de 
gra|)|)e,  et  par  consé(iucnt  la  différence  entre  les  organes  con- 
stitués 'suivant  ces  deux  types  ne  dépend  guère  que  d'un 
degré  de  plus  ou  de  moins  dans  la  coalescence  de  ces  parties 
que  l'on  peut  considérer  comme  autant  de  [)etits  reins  indépen- 
dants les  uns  des  :uilres  ('2). 


(1)  Ou  voit ,  par  les  rochcrclies  de 
.1.  Millier,  que  chez  le  Cheval  les  lul)cs 
de  Bellini  forment  des  faisceaux  dis- 
posés eu  gerbe,  qui  s'avauceul  jusqu'à 
une  très  petite  distance  de  la  surface 
des  reins  sans  devenir  notaliliMuenl 
nc\ueux  ;  mais  là  ils  s'enlurlilleul 
beaucoup  et  donnent  au  parenchyme 
de  cette  portion  de  l'organe  les  carac- 
tères propres  à  la  substance  corti- 
cale (a). 

('J)  Ainsi,  <liez  le  Marsouin,  chacun 
des  lobules  arrondis  et  isolés,  dont  les 


reins  se  composeni ,  est  constitué  par 
une  couche  épaisse  de  substance  cor- 
ticale (|ui  encapuchonné  un  cône  à 
base  arrondie  formé  par  la  substance 
médullaire,  el  le  souuiiet  de  ce  cône 
fail  saillie  (connue  la  papille  d'une 
pyramide  de  Kerrein)  dans  la  portion 
initiale  et  élargie  d'un  uretère  ana- 
logue à  un  calice  qui  serait  isolé  et  qui 
s'embranciierail  direclemcnt  sur  l'ui'C- 
tère  au  lieu  de  se  dilater  el  de  se  con- 
fondre iivec  ses  congénères  en  un  bas- 
sinet comuuui  (/>). 


{a)i.  Millier,  De  glanduldruia  iecenientium  structura pcniliori,  pi.  15,  li;,'.  1  et  -. 
|6)  Miillor,  Op.  cit.,  \>\.  U,  lig.  15. 


APPAIIKII.    UKINAIIIK    UKS    MAMiMIFKRES.  359 

Les  artères  rénales,  (jui  naissent  de  l'aorte  ventrale  (1)  et  qui  Altères  rénales. 
sont  (Vun  ibrt  (liani(Mre,  pénètrent  dans  In  seissure  du  lein, 
en  avant  du  bassinet,  et  s'y  divisent  anssilùt  en  beaneou[)  de 
branches.  Celles-ei  s'avancent  vers  la  périphérie  de  l'organe 
entre  les  pyramides  de  Malpighi.  Là  elles  se  birurquentun  grand 
nombre  de  Ibis,  et  suivent  exaetemenl  la  ligne  de  démarcation 
entre  la  substance  médullaire  et  la  substance  corticale.  Les 
vaisseau.^  arlériels  qui  entourent  ainsi  les  pyramides  de  Mal- 
piglii  envoient  ensuite  dans  la  substance  corticale  une  multi- 
tude de  petites  branches  qui  s'avancent  parallèlement  entre  les 
pyramides  de  Ferrein  (-2);  eiihu,  chemin  faisant,  ces  bran- 
ches fournissent  latéralement  des  arlérioles  (pu  plongent  dans 
les  ampoules  des  tubes  urinifères,  et  y  constituent  les  giomé- 
rules  dont  j'ai  déjà  parlé  comme  existant  dans  l'intérieur  des 
corpuscules  de  Malpighi. 

La  disposition  des  artérioles  dans  l'intérieur  de  ces  ampoules  Gbmén.ies 
n'est  pas  la  même  chez  tous  les  Vertébrés.  (>hez  les  Oiseaux, 
les  Reptiles,  les  Batraciens  et  les  Poissons  osseux,  l'artériole  se 
contourne  et  se  pelotonne  sur  elle-même  pour  constituer  le 
glomérule,  et  sort  ensuite  de  cet  organite  sans  s'y  être  rami- 
tîée;  mais  chez  rilomine  et  les  autres  Mammifères,  elle  s'y 
divise  en  une  multitude  de  branches  i-ameuses  qui  ensuite  se 
réunissent  de  nouveau  pour  cituslitucr  un  tronc  efférent(3).  Là 


vasculaires. 


(1)  Voyez  tome  lif,  page  556. 

(2)  C'est-à-dire  les  petits  faisceaux 
tonnés  par  la  sulistancc  corlicalc. 
Ouclqucs  auteurs  désignent  ces  der- 
nières brandies  vasculaires  sous  le 
nom  iVartéres  interlobaires. 

(3)  11  parait  y  avoir  aussi  des  ditïé- 
rences    assez    considérables   dans  la 


i^randeiu-  du  glomérule  vasculaire  des 
corpuscules  malpighiens  comparé  à  la 
capacité  de  la  capsule  formée  par  l'am- 
poule lu-iuifère.  Ainsi,  cbez  le  Protée, 
ce  ])aqucl  de  vaisseaux  sanguins  n'oc- 
cupe qu'une  très  faible  partie  de  cette 
cavité  (a),  et  il  en  est  à  peu  près  de 
même  cbez  le  Triton  (/)). 


(a)  Bownuui  and  Toild,  phusioludical  Aiialoiiui.  I.  II,  p.  i88,  fig.  23-2. 

(b)  Idem,  ibid.,  t.  II,  p.  4'JO,  dg.  23'i. 


Veines  rénale? 


360  ^:\cnÉTlu^s. 

les  glomériiles  malpighiens  offrent  tous  les  caractères  de  ces 
plexus  vasculaires  que  j'ai  décrits  dans  une  précédente  Leçon, 
sous  le  nom  de  réseaux  admirables  bipolaires.  Les  branches 
de  ce  plexus  sont  disposées  en  manière  d'anse  et  fortement 
contournées  sur  elles-mêmes,  de  façon  à  former  une  pelote  spbé- 
riquedont le  pédoncule,  constitué  parles  troncs  afférent  et  effé- 
rent  accolés  l'un  à  l'autre,  traverse  les  parois  de  l'espèce  de  cap- 
sule représentée  par  l'ampoule  urinifère,  dans  un  point  qui,  en 
général,  est  diamétralement  o[)posé  à  celui  où  naît  le  canalicule 
urinifère.  Il  est  aussi  à  noter  que  presque  toutes  les  artérioles 
efférentes  des  corpuscules  malpighiens  se  résolvent  ensuite  en 
capillaires  qui  constituent  dans  la  substance  corticale  un  réseau 
entre  les  mailles  polygonales  du(|uel  serpentent  les  canalicules 
urinifères  lïexueux.  Quelques-unes  de  ces  artérioles, qui  naissent 
des  corpuscules  limitrophes  des  pyramides  de  ■Malpighi  se  rami- 
fient beaucoup  moins  et  se  distribuent  dans  l'intérieur  de  la 
substance  médullaire  des  reins  (1). 

Les  veines  provenant  du  réseau  vasculaire  répandu  ainsi 
dans  toutes  les  parties  des  reins  naissent  en  partie  au  sommet 
des  papilles,  en  partie  à  la  surface  de  la  substance  corticale,  où 
leurs  radicules,  en  convergeant  pour  donner  naissance  à  des 
branches  centripètes  plus  grosses,  forment  de  petits  groupes  ra- 
diaires  qu'on  a  appelés  les  étoiles  de  Verheyen.  Les  vaisseaux 
ainsi  constitués  se  réunissent  ensuite  en  branches  de  plus  en 

(1)  Ces  arlOrioles  des  pyramides  de  laircs  de  la  substance  corUcale.  Chez 

Malpislii    luardiciit    on   lij^nc    droite  riloninie,  ces  vaisseaux  appelés  arfé- 

entrc  les  tubes  de  Bellini  jus(iu('  vers  riolcs  droites  ont  de  0""",0'2  à  0,035 

les  piii)illes  des  reins,  où  elles  donnent  de  dianiètre,  tandis  que  les  artérioles 

naissance  à  un  réseau  cai)illaire;  elles  du   réseau  capillaire  de  la  substance 

ne  s'y  raniilient  que  peu  et  leur  dia-  corticale  n'ont  en  général  que0'"'",05 

mètre  est  supérieur  à  celui  des  capil-  à  0""',Ol'i  de  diamètre  (a). 

[a)  KoUiUer,  ÉLcincals  aliisloloijic  humaine,  \<.  5 10. 


APPAREIL    l  lUNAlUK    DES    MAMMIFÈRES.  oOl 

pins  fortes,  qui  côtoient  les  nrlères  dans  les  espaces  silnt's  entre 
les  pyramides  de  Malpij^hi,  et  qui,  après  avoir  reçu  les  veinules 
provenant  de  la  substance  médullaire,  sortent  de  l'organe  par 
son  hile,  pour  aller  délïoucher  dans  la  veine  cave  inférieure.  11 
est  aussi  à  noter  que  les  veines  des  reins  sont  toutes  dépourvues 
de  valvules. 

•  J'ajouterai  que  les  artères  des  reins  sont  accompagnées,  dans 
l'intérieur  de  ces  glandes ,  par  quelques  vaisseaux  lymplia- 
ticiues  (l)  et  par  des  nerfs.  Ces  derniers  proviennent  du  plexus 
cœliaque,  et  l'on  peut  les  suivre  jusque  dans  la  substance  corti- 
cale, mais  on  ne  connaît  pas  leur  mode  de  terminaison  (2). 

Les  vésicules  urinifères  et  les  canalicules  qui  y  font  suite  (3) 
ont  des  parois  très  minces,  mais  composées  de  deux  couches  : 
une  membrane  extérieure,  (\m  est  amorphe  et  une  tunique 
interne  formée  de  tissu  épitliélique.  La  tunique  externe,  ou 


Ly[ii|ilialii|iic- 

et  ncrls 

des  rciiia. 


Sli'iicliire 

iiitinio 

(les  vésicules 

el  canrdiculei 

uriniferCî. 


(1)  Les  vaisseaux  lyiiipliatiquos  ne 
sont  pas  très  abondants  dans  l'inté- 
rieur des  reins.  Ils  se  réunissent  dans 
le  hile  pour  coaslituer  plusieurs  troncs 
(|ui  vont  se  jeter  dans  les  ganglions 
londjaires. 

('2)  Les  nerfs  des  reins  sont  assez 
nombreux  et  forment  un  lacis  autour 
des  artères.  Au  niveau  du  hile  on  y 
remarque  quelques  petits  renllemenls 
ganglionnaires. 

(o)  Les  observations  de  M.  lîowman 
tendent  à  établir  que  chaque  tube  uri- 
nifère  naît  d'une  ampoule  qui,  avec 
son  glomérule  vasculaire,  constitue  un 
corpuscule  malpigliien  (a).  D'autres 
histologisles  pensent  que  ces  corpus- 
cules sont  appeudus  aux  côtés  des 
canalicules  el  y  débouchent  par  un  col 


étroit  (6)  ;  mais  le  premier  de  ces  mo- 
des d'organisation  paraît  exister  très 
généralement,  et  ks  apparences  qiu" 
ont  donné  lieu  à  l'opinion  que  je  viens 
de  rappeler  en  second  lien  ne  me 
semblent  dépendre  que  de  la  brièveté 
de  la  portion  initiale  de  quelques  ca- 
nalicules qui  se  trouve  en  amont  de 
leur  point  de  confluence  avec  un  tube 
adjacent  dont  le  diamètre  est  déjà  plus 
considérable.  En  effet,  nous  avons  vu 
qu'en  avançant  de  la  périphérie  des 
reins  vers  le  bassinet,  les  canalicules 
urinifères  se  réunissent  successive- 
ment de  façon  à  constituer  un  nombre 
de  conduits  de  moins  en  moins  grand  ; 
or,  celle  confluence  a  lieu  dans  la 
partie  corticale  aussi  bien  que  dans  la 
partie  médullaire  de  la  gland<%  et  elle 


(n)  Bowm.iii,  0)1  tlie Malpighlnn  Itodies  oftlie  liiilncij  (Pltilos.  Trans.  1842,  p.  57). 

(/j)  Gei-lacli,  Heilrâqe  iur  Stntklurlelirc  dev  \iere  (Miillcr's,  Arcliiv.  fiiv  .huit,  und  PliijsioL, 

ISir.,  |..  :i7S). 


862  EXCRÉTIONS. 

membrane  propre  de  ces  orgaiiites,  présente  les  mêmes  carac- 
tères dans  les  am|)onles,  lescanaliciiles  llexiieiix  et  les  tiihes  de 
Bellini  ;  elle  est  partout  transparente  et  très  mince,  mais  assez 
résistante  et  élastique.  I.e  revèlemenl  épilliéli(|ue  qui  adlière  à 
sa  face  interne  se  compose  partout  aussi  d'une  couche  d'utri- 
cules  à  noyaux,  taiblemeut  unies  entre  elles,  mais  ses  caractères 
varient  dans  les  ditïérentes  parties  du  conduit. 

Dans  rinlérienr  des  corpuscules  malpigliiens  cette  couche 
épitliéli(|ue  est  très  mince  ;  ses  cellules  constitutives  sont  petites 
et  difficiles  à  distinguer  entre  elles.  Entni,  après  avoir' tapissé 
la  i)aroi  de  la  ca[)sule  ou  ampoule  iirinifère,  cette  tuni(pie  utri- 
culairese  rétlécliit  sur  le  glomérule,  et  l'encapuchonné  de  façon 
à  être  partout  en  rapport  avec  elle-même  et  à  ne  laisser  que 
peu  de  vide  dans  l'intéi'ieur  de  ces  organites  (1). 


peut  fiicilomcnt  produire  la  disposition 
en  question. 

(Jiielqiiefois  cepcndanl ,  ciiez  les 
'l'iitons,  le  gloniéruie  paraît  èlre  ioî^é 
dans  un  élargissement  situé  sur  le 
trajet  des  canaliculus  tuinifèies  ((/), 

(I)  M.  Bowinan  ,  on  faisant  con- 
naître pour  la  preniièic  l'ois  la  dispo- 
sition des  glomérules  vasculaires  dans 
rinlérieui'  d'une  capsule  Ibriuéc;  par 


rélargissenienl  de  la  portion  initiale 
des  canalicules  urinil'ères,  avait  décrit 
les  artérioles  constitutives  de  ces  glo- 
niérules  comme  se  trouvant  à  nu  dans 
la  cavité  des  ampoules  uriniléres  {b), 
et  cette  opinion  a  été  soutenue  par 
d'autres  micrograplies  (c)  ;  mais  il  ré- 
suite des  observations  de  M.  Cierlacli  et 
de  la  plupart  des  autres  histologistes 
les  plus  récents   [d],   que  la  couche 


{a)  Voyez  Cai'us,  Vebev  die  Malpighïsciten  Jiurper  der  Mère  {/eitschr.  fur  wissenscli.  ZooL, 
18.")U,  I.  Il,  p.  5H,  |il.  5  «,  lifc'.  i). 

(b)  liowmuii,  Uii.  cit.  (l'kitos.  Traiis.,  IHii,  y.  liO.) 

((•)  iMaiciisen,  licilruij  iur  Lehre  vuin  Verhdllinsse  der  Matpiglu'schen  KOrpcr  m  den  llarnka- 
naiclien  {liulletin  de  l'Acad.  des  sciences  de  Saint- l'étcrsboury,  1851,  t.  l.\,  p.  58,  |il.  x, 
lig.  1  ut  2). 

((/)  Gtilacli,  Op.  cU.  iMuller's  Archiv  lilr  .\niit.  undPInjsiot.,  1845,  \>.  378).  —  /ur  .^nalomie 
der  iSiere  (Mùller's  .\rcliiv.,  1848,  p.  10:2). 

—  Iiidtlcr,  Ueber  die  Malpiijla' schen  liurper  dir  Merc  {hlûWer's  Archiv.  fïir  .Vnat.  and  Physiol., 
1845,  p.  508). 

—  Maiidl,  Anatoniie  microscopique,  t.  i,  p.  i8(j. 

—  KolliUcr,  Lti'nients  d'Itisloloyic  Iniiniiini',  p.  530,  i\g.  251. 

—  V.  Carus,  Leber  die  Uaipiglii'sclien  hOrper  der  Niere  (Zeilschr.  lier  wi^sensch.  Zooloyie, 
1850,  I.  Il,  p.  58,  pi.  5  a,  fig.  1,  3. 

—  liui-h,  Heilrng  znr  Histologie  der  Nieren  (.MuIIlt's  Arcliiv  fur  Annt.  und  l'Itysiol.,  1855, 
p.  374). 

—  Isaacs,  Hcclicrches  sur  ta  structure  et  la  physwlogie  du  Hein  {Journal  de  l'hysiologie  de 
Brown-Sciiuaril,  1858,  I.  I,  p.  51)5). 


APPAREIL    UKINA1UI-:    DKS    MAMMIFKUKS.  o6t^ 

L'épithéliiim  cilié  (jiii  garnit  remboiieiiure  dos  am|ioiiles,  et 
nui  s'étend  pins  on  moins  loin  dans  l'inlérienr  des  eanalicules 
urinifères  chez  les  Vertébrés  inlérienrs,  n'a  jias  encore  été 
observé  chez  les  Mannnifères  ni  chez  les  Oiseanx.  Les  cellules 
de  la  couche  épidiélique  de  ces  tubes  ont  des  dimensions  diffé- 
rentes dans  la  substance  corticale,  on  elles  sont  ovoïdes,  et  dans 
les  pyramides  de  iMalpiglii,  où  elles  sont  plus  ou  moins  aplaties 
et  lamelleuses.  Elles  contiennent  chacune  un  noyau  entouré 
d'une  substance  granulée  (|ui  parait  être  albuminoïde,  et  sou- 
vent on  y  aperçoit  aussi  de  la  graisse  et  de  la  matière  colorante 
jaunâtre  (1  ).  Entin  ce  revêtement  épilhéliipie  se  prolonge  dans 
le  bassinet  et  de  là  dans  l'inTlère,  mais  en  y  acquérant  une 
structure  lamelleuse  de  plus  en  plus  prononcée. 

Les  eanalicules  urinifères,  ainsi  conshtués,  sont  de  très 
petit  calibre  (2).  Chez  l'Homme,  ils  ont  en  moyenne  de  0""",0o 
à  0""",09  de  large,  et,  à  mesure  qu'ils  se  réunissent  entre  eux 


(le  lissa  ôpitliéliquc  qui  levèl  colle 
cavité  se  réflécliit  sur  la  surface  des 
vaisseaux  en  question ,  et  recouvre  le 
peloton  constitué  par  ceux-ci. 

(1)  M.  Kôllii\cr  a  remarqué  aussi 
que  dans  l'intérieur  des  cellules  épi- 
théliques  des  eanalicules  droits,  on 
trouve  une  matière  transparente,  ce 
qui  donne  à  la  substance  médullaire 
vide  de  sang  un  aspect  l)lancliàlre, 
tandis  que  dans  les  mêmes  conditions  la 
substance  corticale  paraît  jaunâtre  ('/), 
Or  cette  circonstance  semble  indiquer 
que  la  matière  colorante  jaunede  l'urine 
provient  des  cellules  de  cette  dernière 
substance. 


Dans  l'étal  normal  la  quantité  de 
matière  grasse  renfermée  dans  l'in- 
térieur des  cellules  épitbéliques  des 
eanalicules  urinifères  est  très  faible  (6), 
mais  dans  certains  états  pathologiques 
elle  augmente  beaucoup  (c). 

(2)  On  peut  cependant  injecter  ces 
tubes  soit  avec  du  mercure,  soit  avec 
d'autres  litjuides.  Chez  l'Homme  cela 
présente,  il  est  vrai,  de  grandes  diffi- 
cultés, mais  chez  divers  Animaux  où 
le  sommet  des  pyramides  de  .Malpighi 
ne  constitue  pas  une  papille  saillante, 
le  Cheval  par  exemple,  cette  prépara- 
lion  analomique  est  assez  facile,  ainsi 
(pie  M.  llnschke  s'en  est  assuré  (d). 


(a)  Kollikcr,  Eléiucnl.^  d'Iiistolryie,  p.  53tj. 

(b)  G.  Johnson,  On  the  Minute  Analomy  and  Palhology  ofBr'ujkt's  Disease  vf  ilie  Kidneij  [Med. 
Chir.  Trans.,  -1840,  t.  XXIX,  p.  3,  pi.  1,  lig-.  i-i). 

(c)  E.  Godard,  Recherches  sur  la  substitution  graisseuse  du  rein,  iKô'J,  p.  \\. 

(d)  Hnsrhke,  Veber  die  Textur  der  Nieren  (Isis,  4828,  t.  XNl,  p.  5G0). 


30  fl  EXCRÉTIONS. 

pour  coiisliluer  les  troncs  terminaux  du  système  des  tubes  de 
Bcllini,  ils  nugiuentent  de  dinmùlre  (1).  Chez  quelques  Mammi- 
fères, le  Chien,  le  Chat  et  le  Lapin,  par  exemple,  ils  sont  encore 
plus  iuis(-2;;  mais  ou  observe  des  ditïéreuces  plus  considé- 
rables dans  la  grandeur  des  cori)USCules  malpighiens  dont  ils 
naissent.  Ainsi,  ÎNI.  Bowman  a  trouve  que  chez  la  Souris  le  dia- 
mètre de  ces  organites  n'est  que  d'environ  la  moitié  de  celui 
qu'ils  offrent  chez  l'Homme  (oj. 


(1)  Ferrein  évalua  le  cliamèUe  des 
canaliciilcs  iirinifères  de  la  substance 
corticale  des  reins  de  riloniiiie  à  envi- 
ron 1  /GC"  de  ligne  (a),  c'est-à-dire  envi- 
ron 0 """,() 35.  Les  mesures  prises  plus 
rc-cemment  par  M.  Wagner  et  quelques 
autres  micrograplies  ont  donné  à  peu 
près  les  mêmes  résultats  (b).  M.  Krausc 
a  trouvé  que  le  diamètre  de  ces  tubes 
était  de  0">'",38  à  0""",'i/i  dans  la  sub- 
stance corticale  ;  de  0"'"',3l  à  0""",0G0 
dans  la  substance  médullaire,  et  de 
0""",1  au  sommet  des  papilles  (c\ 

(2)  Ainsi,  d'après  M.  llenle,  le  dia- 
mètre des  canalicules  urinifèrcs  varie 
entre  0""",0J2  et  0""",0'2  chez  le 
Cbat  ((/). 

(o)  -M.  Bowman  évalue  le  diamètre 
moyen  des  corpuscules  mal])igliiens 
de  la  manière  suivante  (en  fractions  de 
pouce  anglais)  : 

Cheval j\ 

Ijion Tu 

Uiminie ï„7 

lilaireaii ,]-; 

Chien ,.l 

Lapin ,W 


Rat riô 

Chai 1  uû 

Ecureuil 701 

Cochon  d'Inde j-Ji 

Souris TiT 

Chat  nouveau-né  ....  Vao 

D'après  ces  évaluations,  il  semble- 
rait y  avoir  un  certain  rapport  entre 
la  grosseur  des  corpuscules  malpi- 
ghiens et  la  grandeur  des  Animaux 
d'une  même  classe  ;  mais  les  laits  ne 
sont  pas  assez  nond}reu\  pour  que  l'on 
puisse  attacher  beaucoup  d'importance 
aux  coïncidences  dont  je  viens  de 
parler. 

J'ajouterai  que  le  même  auteur  (e) 
a  donné  les  mesures  suivantes  prises 
chez  divers  Vertébrés  ovipares  : 

PcrmiiLiol  .    .    .  r,;;  ili'  imiue  anglais. 

'l'urlui; 77-j 

Boa ,  où 

Grenouille  .  .  .  -^0 

Anguille.  .  .  .  ^^,7 

Nous  voyons  donc  iju'en  général  les 
corpuscules  malpighiens  sont  plus  gros 
chez  les  ManiMiilères  (|U(>  chez  les  Ver- 


la)  l''erroiii,  Uy/.  cU.  (Hlnn.  de  l'AnKl.  des  sciences,  i'i  i\\  p.   r.O.i). 

{h)  Voypz  Mandl,  Anatomie  microscopique,  I.  1,  p.  283. 

—  Uuschkc,  'J'railé  de  siilanclinotoyie,  p.  iîl»5  (Hncijchiu-die^tuialomique,  l.  V). 

((■)  Krause,  Vermi.trlile  BcobacliluiKjcn  (Miiller's  .Irc/iif,  \X'i',  y.  18). 

{di  lieiiU,',  Traite  d'atialomie  gniérale,  t.  Il,  p.  505.  , 

[e]  IJuwiMiin,  Vp.  cil.  (l'hilos.  Train.,  1842,  p.  '72). 


APl'AUKIL    URIN.VIRF.    DKS    MAMMIFÈRES.  o65 

Le  noinhre  des  eanaliciiles  urinilères  et  îles  eor[)usciiIes 
malpigliieiis  qui  en  (lé|»endenl  est  extrêmement  eoiisidri-able. 
In  nnatomisle  allemand,  .M.Husehke,  a  clierelié  à  révaluer,  et 
ses  ealeuls  tendent  à  établir  que  chez  l'Homme  chaque  rein 
doit  contenir  plus  de  deux  millions  de  ces  tubes  (1).  En  s'avan- 
eant  vers  le  hile,  ils  se  réunissent  entre  eux.  comme  je  l'ai 
déjà  dit,  et  en  arrivant  à  la  sin-face  des  papilles,  le  système 
urinifère  débouche  dans  le  bassinet  par  une  multitude  de 
petits  porcs.  Sur  chaque  papille,  on  compte  plusieurs  centaines 
de  ces  orifices  qui  correspondent  chacun  à  un  des  tubes  de 
Bellini  (2). 

Les  corpuscules  malpiginens,  les  canalicules  urinilères  et  les      stroma 

cl 

vaisseaux  sanguins  dont  je  viens  de  l'aire  connaître  la  dispo-  capsule  propre 

1  '  1  •111»  I  m       •!  '^'"   ""P'"- 

sition,  sont  loges  entre  les  mailles  d  une  sorte  de  trame  tibril- 
laire  ipii  constitue,  en  quelque  sorte,  la  charpente  générale  des 
reins,  et  qui  est  désignée,  par  les  anatomistes,  sous  le  nom  de 


lébrés  des  autres  classes.  Mais  M.  Ilyrtl 
aronstaîé  que  cliez  les  Poissons  cartila- 
gineux ils  sont  i)eauconp  plus  f^ros  que 
diez  les  Poissons  osseux,  et  même  que 
ceux  (les  Batraciens  se  rapprochent  de 
ceux  des  Mammifères  (</). 

(1)  Cette  évaluation  est  i)ast'e  sur  le 
nombre  présumé  de  canalicules  con- 
tenus dans  chaque  pyramide  de  Fer- 
rein,  et  le  nombre  (également  présumé) 
de  ces  faisceaux  correspondant  à  cha- 
cun des  lobes  ou  pyramidesdeMalpigbi 
cjue  Ton  suppose  être  de  15  pour 
chaque  vein.  D'après  b^s  données  ad- 
mises par  Eysenhardt,  le  chilïrct  otal 
de  ces  canalicules  monterait  beaucoup 


plus  haut ,  il  s'élèverait  à  /|2  mil- 
lions (b)  ;  mais  les  bases  de  ces  cal- 
culs sont  trop  hypothétiques  pour  qiu' 
nous  puissions  nous  y  arrêter. 

Ferrein  a  cru  pouvoir  évaluer  à 
60  000  pieds  ,  c'est-à-dire  environ 
'20  kilomètres  ou  cinq  lieues  de 
poste,  la  longueur  totale  de  ces  tubes 
dans  chaque  rein  (cj  ;  mais  je  me  hâte 
d'ajouter  que  ces  calculs  ne  méritent 
pas  plus  de  conliance  que  les  pré- 
cédents. 

(2)  Le  nombre  de  ces  orifices  varie 
entre  200  et  500  sur  chaque  papille, 
et  leur  diamètre  est  évalué  à  0""",05 
ou  0""",02  ((/). 


(o)Hyrll,  Ueher  die  Niercnknâuel  ilcr  llnifische  {Verhandliinqen  Jer  'iool.-bot.  Gescllsclinft  in 
^Vieii,  18(!l,  p.  125). 
{b)  HuscliUe,  Traité  de  splanchnoiogie,  p.  204. 

(c)  l-'en-ciii,  Op.  rit.  {Mciii.  de  l'Aral,  de.i  srirurr.i,  IliO,  p.  505). 

(d)  KollikiT,  Trai'r  dliistolniiie.  p.  r>;^3. 


Vil 


n 


i:xr,RETioxs. 

collp  IniiiK^  ;i(llièro  Pxlériniromonl    m  uno 


Uretère. 


366 

slroma  fi).  Eiilin 
meiiibraiio  capsiilainMlc  iialurc  fibreuse,  (|ui  revèl  cluKiue  lobe 
séparément  cliez  les  Animaux  dont  les  reins  ont  la  forme  de 
grap|)es,  mais  qui  ne  eonslitue  ([u'une  envelopi)e  commune, 
pour  toutes  les  parlies  de  l'organe,  cbez  eeux  où  les  reins  sont 
massifs,  et  (pii  se  eontinue  en  forme  de  gaine  autour  de  l'ure- 
tère. Cette  tunique,  dite  albuginée  ou  capsule  propre durein  (2), 
est  très  minée,  mais  assez  résistante,  et  elle  adlière  fortement 
aux  parties  incluses,  tandis  que  par  sa  surface  externe  elle  n'est 
que  faiblcMiienl  unie  au  tissu  graisseux  circonvoisin  (S). 

^  l'i.  —  Le  l)assiiiet,  en  se  rétrécissant  à  sa  partie  infé- 
rieure (II)  et  inlerne,  devient  iul'undibuliforme,  et  se  continue 
avec  l'uretère,  qui  est  c\lin(lri{iue  dans  toute  sa  longueur  et 
descend  obliquement  jusijue  dans  le  bassin,  où  il  déboucbe  dans 
la  vessie   urinaire  (5).  On  y  distingue  trois  timiques  :  l'une 


(1)  La  disposiUon  do.  cette  espèce  de 
trame  fiijiiilaire,  appelée  quelquefois  la 
matière  celluleuse  du  rein,  a  été  étudiée 
avec  beaucoup  de  soin  par  Al.  (ioodsir, 
et  surtout  i)ar  AI.  Isaacs  {a). 

{'2)  La  luuiquc  ali)iii;iiiéc  des  reins 
esl  l'ormée  par  une  membrane  blan- 
cliiitre  et  très  mince,  composée  de  lissu 
conjonclir  ordiii;iire  niéléà  des  réseaux 
de  libres  éiasli(pies  irts  Unes. 

(13)  (Quelques  anatomisles  désignent 
sons  le  nom  de  capsule  adipeuse  des 
reins,  la  couclie  de  lissu  i^raisseux  (jui 
entoure  ces  organes  el  <pii  adlière  à 
lenr  suri'ace  ;  maisclie/.  riloiume  elle 
ne  conslilue  i)as  une  limi(|ue  ou  mem- 
brane enveloppante,  Cbez  (|uel(]ues 
Manmiil'ères  elle  ac(|nieii  plus  de  dcu 
silé  et  mérile  mieux  ce  nom.  Ainsi, 
chez  les  Célacés,  où   le  rein  esl  com- 


posé d'un  grand  nondjre  de  lobes 
distincts  qui  sont  pourvus  Chacun  de 
leur  capsule  propre,  la  lotalilé  de  l'ap- 
pareil est  logée  dans  une  capsule  com- 
nume  dont  les  prolongements  inté- 
rieurs forment  pour  cbacmic  de  ces 
peliies  masses  arrondies  une  loge 
parlicnlière  (b). 

(/l)  Ou  posiérieure  chez  les  .Mam- 
mitères  dont  le  corps  est  dans  une 
position  liorizonlale. 

(ô)  Les  uretères,  au  nombre  de 
deux,  oui  une  longueur  considi'rable 
(environ  oOcenlimèlres  chez  rilonime); 
ils  sont  logés  entre  le  péritoine  et  les 
muscles  de  la  paroi  dorsale  de  l'abdo- 
men, cl  ils  croisent  obliquement  les 
psoas,  les  vaisseaux  iliatpies,  etc.  Du 
lissu  conjoiuiif  les  unit  aux  parties  ad- 
jacentes. 


(a)  Gootlsir,  On  Ihc  Slnicluve  ofilic  lildney  (MonlM\j  Journal  of  Mcdkal  Science,  1S42,  p.  414). 
—  C.  Isaacs,  necha-vhes  sur  la  fitructure  el  la  pUysiclogic  du  rtin  {.Imiruul  de  la  pliysinlogie 
de  l'Homme  el  des  Animaux,  1858,  I.  1,  p.  004  el  siiiv.). 

((/)  Voyez  aii.  l'.KN  (TihIiI'.s  Cycloj^  n(  Anal,  and  l'iiiisia!.,  i.  IS',  |i.  -j;î:i,  i]-^.  Hi). 


AlTAHKIL    LIUNAIRF.    I)|;S    M AMMI1<  KRKS.  oC)l 

iiiterno,  (|ni  est  iiiIikm^  hlaiiclic,  lisso,  i-r^'èliied'im  ('|>illi('li(iivi 
stratilié ,  c(  l'ail  siiilo  aii\  [taiois  dus  L'aïuiliciiics  1);  une 
autre,  exleruc  et  libreiise,  qui  est  en  continuité  avee  la  capsule 
rénale  ;  entin,  une  troisième  (|ui  se  compose  de  libres  muscu- 
laires cl  se  tronve  entre  les  deux  précédentes  ('2).  Chez  quelques 
Mannniléres,  ces  conduits  s'ouvrent  à  la  partie  aidéiieure  de  la 
vessie,  mais,  en  général,  ils  s'insèrent  vers  le  tiers  postérieur 
de  cet  organe,  et,  chez  certaines  espèces,  ils  ne  s'ouvrent  que 
dans  son  col  ou  portion  terminale,  ou  même  <lans  le  canal 
uréthro-génital  (3). 


(i)  La  couclie  épitiiôliqiio  qui  revèl 
le  bassinet  ol  l'uretère  n'est  pas  simple 
comme  celle  des  canaliciiles  iiiinit'ères, 
mais  se  compose  de  plusieurs  couches. 
Les  cellules  qui  en  occupent  la  partie 
la  plus  profonde  sont  peliles  et  arron- 
dies; celles  de  la  couche  moyenne  sont 
cylindriques  ou  coniques  el  ont  jusqu'à 
0""",05  de  longueur  ;  enfin  celles  de  la 
couche  superficielle  sont  polygonales 
et  arrondies,  ou  aplaties  en  forme  de 
lamelles  («). 

(2)  Beaucoup  d'anatomistes  confon- 
dent ensemble  la  tunique  externe  ou 
fibreuse  et  la  tunique  moyenne  ou 
musculaire  ilos  uretères  :  et,  en  elîet, 
chez  rilomme  on  ne  peut  les  distinguer 
à  l'œil  nu;  mais  chez  les  grands  Mam- 
miteres  leur  étude  est  plus  facile.  Ce- 
pendant les  observations  microscopi- 
ques des  bistologistes  nous  apprennent 
non-seulement  que  la  couche  muscu- 
leuse  de  i'urelère  existe  chez  l'Homme, 


mais  qu'elle  se  compose  de  deux  plans 
de  fibres,  les  unes  profondes  et  trans- 
versales, les  autres  superficielles  et 
longitudinales,  et  que,  dans  le  voisi- 
nage de  la  vessie,  il  y  a  même  un 
troisième  plan  de  fibres  disposées  lon- 
gitudinalement  el  situées  en  dedans 
des  iihiTs  transversales.  Dans  le  bas- 
sinet, la  (unique  musculaire  est  plus 
mince  el  elle  se  perd  sur  les  ca- 
lices (6). 

(o)  Chez  les  Monotrèmes,  l'insertion 
des  uretères  a  lieu  au  delà  d'un  bour- 
relet qui  garnit  l'embouchure  de  la 
vessie  et  qui  correspond  au  col  de  cet 
organe  (c). 

Chez  les  Vertébrés  ordinaires  el 
chezquelques  Marsupiaux,  ils  s'ouvrent 
dans  le  col  de  la  vessie  :  par  exemple, 
chez  le  Phalanger  oursin  (cl)  et  le  Pha- 
langer  à  front  concave  (f). 

Chez  le  Lagomys  nain,  au  contraire, 
ces  conduits  débouchent  près  du  som- 


(a)  Kolliker,  ElcmcnU  d'Iaslologie,  \i.  542,  lig.  255. 
{b)  Idem,  ibid.,  \i.  542. 

(c)  Meckel;  Oriathorhyndd  paradoxï  descriptio  analomica,  pi.  8,  li^^.  \ , -1  cl  J. 
—  Owen,  On  the  Glands  o[  the  Omilhdrhynchiis  {['htlos.  Traits.,  1832,  [il.  17),  el  arl.  MoN'o- 
Tf.EMA  (Toild's  Cyclop.  of  Anat.,  l.  lll,  p.  303,  i.ig-.  l'Jl). 

((/)  Qiioy  el  Gainianl,  Voyayc  de  l'Astrolabe,  Mam.mifkkes,  pi.  18,  fig.  10  et  11. 
[e)  Canis  et  OUo,  Tnb.  Anat.  cump,  itlustr.,  pars  v,  pi,  8,  fii;-.  2. 


Vessie 
iirinaire. 


368  FACRKTIONS. 

§  13.  —  La  vessie  iirinaire,  dont  nous  éliidierons  l'origine 
quand  nous  nous  occuperons  des  niodilicalions  subies  par  la 
poclie  allantoïdienne  cliez  l'embryon ,  est  située  à  la  parlie 
antérieure  du  bassin,  au-devant  ou  au-dessous  du  reclum  , 
c'est-à-dire  toujours  du  côté  ventral  de  cet  intestin,  quelle  que 
soit  la  position  du  corps,  et  chez  les  femelles  elle  en  est  séparée 
par  le  vagin.  Elle  a  la  l'orme  d'un  sac  généralement  ovoïde  (1), 
dont  le  Ibnd  ou  sommet  est  dirigé  en  haut  (2),  et  dont  l'em- 
l)ouchure,  réirécie  en  forme  d'enloimoir,  est  placée  à  son 
extrémité  intérieure  et  se  continue  vers  le  dehors  sous  la  forme 
d'un  tube  membraneux  ajtpelé  ccuial  de  l'urèlhre  (3).  Enfin, 


inol  do  la  vessie  (a).  Jls  s'insèrent  vers 
la  nioilié  supérieure  de  la  face  dorsale 
de  cet  organe  chez  quelques  autres 
Honneurs,  tels  que  le  Lapin  (6),  ainsi 
que  cliez  le  Daman  parmi  les  Pachy- 
dermes. Ces  canaux  s'ouvrent  aussi 
très  en  avant  chez  le  Tem-ec(r);  mais 
fhez  la  plupart  des  Mammileres  leur 
embouchure  se  trouve  près  du  col  de 
la  vessie,  à  peu  près  comme  chez 
rilomme  ((/),  le  Cheval  (e)  el  le  Hliino- 
céros  (/■). 

(1)  Par  exemple  chez  THonmie  (7), 
le  Chien  (/(). 

Chez  quelques  Mammifères,  le  fond 
de  la  vessie  est  conique,  el  conserve 
ainsi  une  forme  qui  rappelle  celle  (jui 
existe  chez  rembryon  avant  roblilé- 


ralion  de  l'ouraque  :  celle  disposition 
esi  très  prononcée  chez  le  Mar- 
souin (/). 

(2)  En  supposant  le  corpsdans  la  po- 
sition verticale,  comme  chez  rilonnne; 
mais  en  avant,  quand  la  position  est 
horizontale,  comme  chez  les  (piadru- 
pèdes. 

(3)  Dans  les  ouvrages  sur  Tana- 
tomie  descriptive  du  corps  humain, 
on  appelle  bay-fond  ilp  ht  vessie,  la 
portion  inl'érieure  de  ce  réservoir  uri- 
naire  qui  repose  en  avant  sur  le  péri- 
née et  en  arrière  sur  la  face  antérieure 
de  rextrémilé  inférieure  du  rectum  ou 
sur  le  va^in,  suivant  les  sexes  (j).  Chez 
rilonnne,  on  y  remar(|ue  une  parlie 
élargie  ou  fosse  transversale  (jui  cor- 


((()  Pallas,  Xovœ  species  Quadrujiedum,  p.  ■43,  |'l.  i,  lii;.  9. 

(())  M;iitin  S:iiiit-An-L',  Oji.  cit.,  pi.  2,  fii:.  '3  {Mnii.  de  l'Acad.  des  sciences,  Savants  élranners, 
l    MV). 

((■)  Carus  cl  OItd,  loc.  cit.,  (il.  l),  Cig.  -2. 

«/)  Voyez  l!ourj;er,v,  Op.  Cit.,  I.  V,  pi.  52  ol  K2. 

((')  Cliauveaii,  Traite  d'anatomie  comparée  des  Animaii.r  domestiques,  p.  45.'î,  ùç;.  lit. 

—  r.iiilt,  Annt.  des  l'Ierdcs.  pi.  l'.l,  11;,'.  1,2;  pi.  10,  fis;.  2,  et  pi.  :n,  ivr.  1. 

(/■)  Ouoii,    \ii(it.    uf  Ihe   Indian    lilùnoceros  {Trans.  of  Ihe  Zonl.  Soc,   I.    IV,  pi.  U'  cl  58, 

((/)  Voyez  Boui"gcry,   Traite  de  l'anat(tniie  de  l'Iuimme,  I.  *^,  pi.  .%2,  U:>,  oie. 
(/()  l'i-ovosl  el  l)\mia<,  Dp.  cil.  {Aiui.  des  .<:cienccs  nnt.,  1K21,  l.I,  pi.  2,  li^'.  \). 
(I)  C.anis  ul  Olld,   /'((/'.  Anal,  cûiiip.  illiisir.,  pai-.<  v,  pi.  il,  lij,'.  1. 
(,;)  Voyez  Itoiir-ery,   tlp.  cit.,  I,  V,  pi.  :<><  el  Im. 


Al'I'.VKKIL     LIl{h\AII{K    llES    MA.M.MirK>5ES.  369 

elle  est  en  (iiielijiie  sorle  amarrée  dans  eette  position  |»ar  trois 
eordons  arrondis,  <jni  s'étendent  de  sa  surtaee  aux  parties 
adjaeentes  des  parois  abdominales,  et  cpii  sont  formés  [trinei- 
palement  par  des  vaisseaux  sanguins  ou  par  les  vestiges  de 
la  portion  antérieure  de  l'allantoïde  (i).   Le  péritoine  revêt  la 


respond  antérieiiremont  à  la  prostate, 
et  qui  loge  souvent  les  concrétions 
vésicales  chez  les  personnes  aflectées 
tle  la  pierre. 

On  appelle  col  de  la  vessie,  une 
partie  plus  resserrée  et  infundibuli- 
forine  qui  termine  ce  sac  inféricure- 
ment,  et  qui  descend  obliquement  vers 
l'arcade  du  pubis  pour  se  continuer 
avec  le  canal  de  Turèthre. 

Enfin,  pour  rintelligence  du  lan- 
gage anatomique,  il  est  bon  d'ajouter 
qu'on  appelle  trigone  résical,  ou 
trigone  de  Lieutaud,  la  poi-tion  de  la 
vessie  qui  est  comprise  entre  l'em- 
bouchure de  ce  réservoir  et  les  orifices 
des  deu\  uretères. 

(1)  Ces  cordons,  appelés  ligaments 
de  la  itessie,  sont  situés  l'un  avant,  les 
deux  autres  sur  les  côtés  et  plus  en 
arrière. 

Le  premier,  nommé  ligameut  supé- 
rieur, ou  ligament  médian  de  la 
vessie,  se  détache  du  sommet  de  cet 
organe  et  se  dirige  en  avant  vers 
Pombilic  ;  il  consiste  en  une  grosse 
bride  résultant  de  l'oblitération  de  la 
portion  de  l'allantoïde  qui  lait  suite  à 
celle  destinée  à  devenir  la  vessie,  et 
qui  constitue  chez  l'embryon  le  con- 
duit appelé  uuraque.  Quelquefois  le 
canal  qui,  chez  l'embryon,  parcourt 


toute  la  longueur  de  cet  organe,  per- 
siste dans  une  étendue  plus  ou  moins 
considérable  du  ligament  médian  pen- 
dant les  premières  années  de  Fenfauce 
ou  même  chez  l'adulte  (a)  ;  mais,  eu 
général,  il  est  complètement  oblitéré 
à  l'époque  de  la  naissance  (6).  La 
persistance  de  ce  canal  nous  explique 
conmient  dans  quelques  cas  térato- 
logiques  l'urine  a  pu  être  évacuée  par 
l'ombilic  (c). 

Les  ligaments  latéraux  de  la  vessie 
résultent  de  l'oblitération  des  artères 
ombilicales  qui,  chez  le  fœtus,  s'éten- 
dent des  parties  latérales  du  basfin  à 
l'ombilic.  Ils  naissent  chacun  du  tronc 
de  l'artère  vésicale  supérieure,  et  re- 
montent le  long  des  parois  latérales  de 
la  vessie  pour  gagner  ensuite  la  paroi 
antérieure  de  l'abdomen,  au-dessus  du 
pubis,  et  pour  aller  rejoindre  la  por- 
tion terminale  du  ligament  supérieur. 
Le  péritoine  recouvre  lotis  ces  cordons, 
et  l'espace  qu'ils  laissent  entre  eux  de 
chaque  côté  du  ligament  médian  con- 
stitue deux  dépressions  triangulaires 
appelées  fusses  inguinales  internes. 

Des  cordons  fibreux,  qui  s'étendent 
de  la  face  postérieure  du  pubis  à  la 
partie  antérieure  de  la  vessie  chez  la 
Femme  et  à  la  prostate  chez  l'Homme, 
contribuent  aussi  à  fixer  ce  réservoir 


{a)  Hallw,  ElemenlaphijswlotjUc,  t.  Vil,  y.  313. 

—  WalU'i-,  Observ.  anal..  \<.  l 'J    lipilin,  1775. 

(h)  Mprlicl   Manuel  d'analomic  descriptive,  l.  lit,  \i.  SUG. 

[C]  llallcr,  loc.  cU. 


370  i:\(;iii-riONs. 

vessie  exIi-rieiireniPiif  dniis  une  étendue  variable,  suivant  qu'elle 
s'avance  phis  ou  moins  dans  la  ravité  abdonnnale  an  delà  du 
détroit  du  hassin,  et  les  parois  de  ee  réservoir  nrinaire  sont 
eoni|)osées essentiellement  de'deux  tuni<ines(1)  :  IVme,  interne, 
formée  par  nue  membrane  mnipieuse;  l'antre,  externe,  de 
nature  mnseulaire. 

Les  libres  cliarnui  s  (pii  constituent  cette  dernière  luni(iue 
sont  lisses,  mais  plus  colorées  que  ne  le  sont  d'ordinaii'c  les 
muscles  non  slri('s  !2\  et  elles  l'oi'ment  deux  couclies  nrinci- 
{)ales.  Dans  la  coucIk»  fjrofonde,  elles  sont  dis|iosées  longitudi- 


urinairc,  el  sont  connus  sous  les  noms 
de  lûfnmpnts  antérieurs  de  la  vessie, 
ligaments  jmhio-vésicaux ,  ou  li'n'i- 
ments  pubio-prostatiques. 

(I)  En  s'c'iiérai,  on  apprllc  tmujuw 
externe  ou  séreuse  de  la  vessie,  r(!n- 
vo.loppe  parlielle  qui  est  tournie  à  cet 
organe  j)iir  la  portion  cnnespondanle 
du  pt^riloine,  ol  qui  adlièie  à  sa  sin- 
farc externe  an  moyen  (rnneronclicdc 
tissu  conjoneti!'. 

Cliez  l'!l(»nuii('.  le  prriloinc  se  dr- 
taclii'  de  la  \y,\vin  aniérieurc  de  Tal)- 
domen  pour  se  n'-llécliir  sur  le  som- 
met de  la  vessie,  au -dessus  du  puhis, 
et  ne  s'étend  pas  sur  la  plus  grantle 
partie  de  la  face  anlérieure  de  cet  or- 
ganr,  uirnii'  loistpie  celuiei  s'avance 
li'ès  li;nil  dans  Tabdomen  (a).  Il  (Ml  ré- 
sulle  (pie dans  les  opi'ralions  pour  l'ex- 
traction des  calculs  ou  pierres  vt'si- 
cales,  on  peni  ouvrir  la  vessie  sans 
l(?ser  le  pi'rilniiH',  en  praliiinanl  une  in 
cision  au-dessus  de  Tarcade  du  puhis 
aussi  bien  (pi'en  divisant  le  pi'iiin'e,  el 


c'est  sur  celle  particnlaril(^  anaîomique 
qu'est  fondée  la  mélliode  dite  de  la 
lu  il  le  h  ijpofjastrique. 

Cbez  rilonuue,  le  péritoine  recouvre 
la  pres(pic  totalité  de  la  paroi  posté- 
rieure de  la  vessie,  et  en  se  portant 
de  cet  organe  sur  le  rectum,  au-dessus 
des  vésicules  séminales,  celte  mem- 
brane Ibnue  deux  replis  appelles  liga- 
nients  poslérieiirs  de  la  vessie  ou  plis 
srvii-lunaires  de  Douglas. 

Cirez  la  Kenunc,  le  péritoine  ne  s'é- 
lend  j)as  si  bas  sur  la  vessie  et  se  réflé- 
cliit  bientcM  en  arrière  ])our  recouvrir 
l'utérus. 

'2)  M.  KolliUer  considi-re  les  i'ai.s- 
ceaux  nnisculaires  de  ce  réservoir 
(■(inniie  étant  (•()nq)osés  de  fibvcs-cel- 
I  ides  contract  iles  à  ex trémilés  I ibres  (6)  ; 
mais,  d'apri^'S  b^s  recbercbi^s  plus  ré- 
centes de  M.  C,.  A  iner  llllis  ,  elles 
consisteraient  en  cylindres  continus 
(irùMiil  (le  distance  en  distance  des 
corpu-icules  nucb'il'ormes  el  étant  seni- 
1)1  ihles  aux  fil)r(\s  des  nuiscles  volon 


(a)  Voyez  M(Mii!,'(^rv,  Anatomie  de  l'Homme,  I.  5,  |>i.  55. 

(bi  l<i)liil(iM-,  lii'itrà'je  iiir  licantaiss  dcr  ijUittcii  Muskclu  (/eilschr.  jar  iui)iscnscli.  Zoologie, 
»84S,  l.  I,  |>.  (ii). 


Vl'i'AlJKII      l  lUNAIlUi    IH*;S    MAMMIFÈRKS.  371 

naleinoiil,  el,  dans  la  couche  siiperricicllc,  leur  direclion  géné- 
rale est  transversale  ;  mais  le  mode  d'arrangement  des  l'aiseeanx 
qu'elles  conslitiient  est  très  complexe  (1),  et  latéralement  sur- 
tout plusieurs  de  ces  faisceaux  s'entrecroisent  obli(iuement  de 
façon  à  simuler  des  mailles  entre  les(pielles  la  Umique  inté- 
rieure se  diial''  parfois  au  point  d(;  consliluor  des  bosselures  ou 
cellules  pariétales  Ci).  (^Iiez  plusieurs  iMammilèrcs,  particulière- 
ment les  (Carnassiers,  celle  lmii(pie  imisculairc  se  développe 
plus  que  chez  l'Homme,  el  conslilue  d'épaisses  colonnes  char- 
nues qui  font  sailli'  dans  l'intérieur  de  la  vessie,  surtout 
quand  cet  organe  n'est  pas  forlement  distendu.  Enfin,  dans 
le  voisinage  du  col  de  la  vessie,  les  faisceaux  nujsculaires 
deviennent  plus  loris  et  jjIus  serrés,  surtout  ceux  dont  la 
direction  est  transversale,  el  ils  v  constituent  une  sorte  d'an- 
neau  contractile  mal  délimité,  qu'on  appelle  sphincter  de  la 
vessie  (o] 


laires,  si  ce  n'csl  qu'on  ivy  voit  pas  de 
slries  transversales  (a). 

Une  particularité  remarquable  des 
faisceaux  musculaires  de  la  vessie  con- 
siste dans  leur  mode  de  terminaison, 
qui  a  souvent  iieu  au  moyen  de  petits 
tendons  élastiques  (6),  et  il  est  aussi  à 
noter  (jue,  de  distance  en  distance, 
elles  sont  unies  entre  elles  latérale- 
ment, de  façon  à  former  un  réseau  fori 
complexe  (r). 

(1)  Pour  plus  de  détails   relative- 


ment à  la  disposition  des  liljres  de  la 
tunique  musculaire  de  la  vessie  dans 
l'espèce  humaine  ,  je  renverrai  aux 
recherches  faites  sur  ce  sujet  par  Lieu- 
taud,  Cil.  Bell,  elc. 

(2)  Cette  disposition  sacculée  de  la 
vessie  est  fréquente  chez  les  vieillards, 
et  quelquefois  des  concrétions  urinaires 
se  logent  dans  ces  dépression-^. 

(3)  Les  anatomistes,  depuis  Galien 
jusqu'à  nos  jours,  ont  été  très  partagés 
d'opinion,  au  sujet  de  la  disposition  et 


(a)  G.  Vinor  Ellis ,  Researches  ou  l!ie  Nature  ofthe  liivoluntary  Muscular  'l'issue  of  tlie  Uri- 
iiary  Bladder  {Philos.  Traus.,  1859,  p.  460,  pi.  2fi  el  -27,  cl  {Medir,o-Chinir(i.  Trans.,  t85G, 
t.XXXlN,  p.  328j. 

(/))  Treilz,  voyez  Kolliker,  Eléments  d'histnlogie,  p.  r)4r!. 

—  G.  V.  Ellis  ,  Op.  cit.  {Philos.  Trans.,  1859,  p.  470). 

(c)  Lieulaiid,  Observaiioiis  analomiques  sur  la  structure  de  In  vessie  (Mcm,  de  l'.Xrad.  des 
sciences,  1753,  p.  5). 

—  Ch.  Bell,  .\ccouiit  oflhe  Muscles  uf  Ihc  Uretcrs,  aXc,  {.Medico-CInrurij.  Transaclions,  l.  III, 
p.  171). 

—  Mercier,  llechcrches  analoiniiiues,  pathologiques  el  chirurgicales  sur  les  maladies  des 
organes  urinaires  et  génitau.v,  18t1,  p.  30. 


372  K.VCUÉTIOÎSS. 

La  funiquc  inlenie  ou  inuqueiise  de  la  vossie  est  pâle,  mince 
et  lisse  quand  cet  organe  est  distendu  ;  mais,  (iiiand  celui-ci  est 
contracté,  elle  olïre  des  plis  nombreux,  surtout  dans  le  voisinage 
du  col.  Elle  est  pourvue  de  beaucoup  de  vaisseaux  sanguins  et 
garnie  d'un  cpitliéliinn  siratifié  dont  ré})aisseur  a  environ  im 
dixième  de  millimètre.  Enfin,  dans  le  bas-fond  et  dans  le  col 
de  la  vessie,  cette  membrane  mu(iueuse  loge  beaucoup  de  gian- 
dules  dont  les  unes  sont  simples  et  pyrilbrmes,  et  dont  les 
autres  sont  en  grappes,  (les  organites  sécréteurs  sont  tapissés 
en  dedans  par  un  é[)itlielium  cylindri(iue,  et  ils  produisent  un 
mucus  transparent  (1). 

Les  embouchures  des  uretères,  situées,  comme  je  l'ai  déjà 
dit,  à  la  partie  postérieure  et  intérieure  de  la  vessie  chez 
l'Hounne,  (^t  placées  à  peu  près  de  même  chez  la  plupart  des 
autres  Mammifères,  ne  sont  garnies  d'aucun*^  valvule,  mais 
|)résenlent  cependant  une  dis|)osilion  (pii  empêche  le  retlux  de 
rm^ine  iW  ce  réservoir  vers  les  reins.  En  ellet,  la  portion  ter- 
minale de  l'uretère,  après  s'être  engagée  dans  l'épaisseur  de  la 
paroi  de  la  vessie,  ne  la  traverse  pas  directement,  mais  marche 


inèine  de  IVxistoiiccdu  spliiiicter  de  la 
vessie  (a).  Bichar,  Boyer,  et  plusieurs 
auteurs  de  l'époque  actuelle,  pcuseiU 
que  les  fihies  charnues  du  col  de  la 
vessie  ne  niériteiit  pas  ce  nom  (6), 
tandis  que  d"aulr<'s  les  décrivent 
couune  constituant  un  anneau  con- 
tractile dont  les  fondions  sont  très 
inqM>rtantes  (c),  oi)iMinn  (pii  nie  pa- 
rait Ijien  l'ondée. 


(1)  Dans  l'état  normal  les  ç;landulcs 
nniqueuses  de  la  vessie  sont  très  pe- 
tites et  peu  actives  ;  leur  diamètre 
varie  entre  0""',09  et  0""",0ô,  et  leur 
enibnuclunt-  n'excède  pas  0""",.{|  de 
lar^e  ((/)  ;  mais  dans  quelques  étals 
patholoj!;iques  elles  acquièrent  cà  et  là 
des  dimensions  beaucoup  plus  consi- 
dérables, et  se  remplisseni  d'une  ma- 
tière nuiqueuse  blancliàlre. 


(a)  Voyez  ILillci-,  h:icmcntaiihtisioloijiu:,  I.  \  11,  i'.  3-20. 
(ft)  Saliiilicr,  A7ial.,  t.  11,  \\  iO:!. 

—  Bicliat,  Atmtomie  dcsirtiHivc,  i.  \',  p-  1  '>' ■ 

—  Boyor,  Anal.,  I.  IV,  |i.  490. 

—  11.  CliKiiicl,  r raid'  d'anal.  lU.srriiil.,  ISK'i,  i.  11,  |i.  I0.">0. 

—  Wilsoii,  L'iititres  on  tlic  Uriiinni  and  CcnitaL  Ur^jaiis,  |'.  il. 
(01  J.  Bfll,  .S;/x/rm  of  An'ilomij,  l.  IV,  y.  lôO. 

—  Mcrkel,  Manuel  d'analo  nie,  I.  tll,  p.  5G4  . 
(d)  Kiilliker,  Élé'nciils  d'Iiistol'uju:,  p.  5i;j. 


AI'I'AIUlIL    LliLNAIItl-:    DLS    MAMMU' KllKS.  o7o 

pomiaiit  (|iiol(ino  leinps  outre  ses  liiiii(|iies  et  ne  s'y  ouvre  que 
très  ohlKiiienient.  II  en  résulte  que  la  |»ression  exercée  par  le 
lluide  eiiiprisonué  dans  la  vessie  comprime  et  oblitère  cette 
portion  des  voies  urinaires  de  façon  à  interrompre  la  communi- 
cation entre  la  vessie  et  les  uretères. 

La  capacité  de  la  vessie  urinaire  est  très  variable  chez  divers 
individus  d'une  même  espèce,  et  plus  encore  chez  les  Animaux 
d'espèces  différentes.  Chez  l'Homme,  elle  peut  être  évaluée  en 
moyenne  à  environ  un  quart  on  un  tiers  de  lilre.  (vhez  les  Herbi- 
vores, la  vessie  est  en  général  plus  vaste  proportionnellement, 
et  chez  les  Carnivores  elle  est  d'ordinaire  très  petite. 

Chez  presque  tous  les  Mammifères  femelles,  le  canal  de 
Iin^èthre  ne  présente  daus  sa  disposition  aucune  particularité 
importante  à  uoter  (1),  si  ce  n'est  (prit  débouche  au  dehors 
au-devant  de  l'appareil  génital,  soit  dans  un  vestibule  uréthro- 
génital  ou  même  daus  un  cloaiiuc,  soit  directement  au  dehors 
par  un  oritice  spécial  (2). 


lie  l'iiiL'llire. 


(l)  Le  canal  de  riuèllirc  des  Mani- 
mifères  est  d'une  structure  très  simple 
chez  les  femelles  (a).  Cest  un  canal  mem- 
braneux formé  par  un  prolongement  de 
la  tunique  nuiqueuse  du  col  de  la  ves- 
sie, qui  est  |j;arni  à  rinlérienr  d'un  épi- 
thélium  pavimeuteux,  et  revêtu  exté- 
rieurement d'une  concile  de  fibres 
musculaires  circulaires.  Ses  parois  lo- 
gent dans  leur  épaisseur  des  glandules 
nuicipares  appelées  r//rt»(7rs  de  Littre, 
dont  les  orifices  sont  disposés  en  séries 
longitudinales  et  dirigés  vers  le  col  de 
la  vessie;  enfin,  sa  portion  terminale 
est  quelquefois  dilatée  en  arrière,  de 
façon  à  diriger  en  avant  le  jet  urinaire 
au  moment  de  l'évacuation  de  ce  li- 


quide. Lii  longueur  di,'  ce  tube  varie 
beaucoup  chez  les  divers  Mammifères; 
chez  le  llenard  (b),  les  Chats  et  les 
autres  Carnassiers,  il  est  en  général 
très  long. 

(2)  Chez  quelques  Mammifères,  par 
exemple  le  Surmulot  (<iyȂ(iecumfln!/s), 
le  canal  de  l'urèthre  de  la  femelle  dé- 
bouche directement  au  dehors  à  l'ex- 
trémité d'un  tubercule  situé  au  devant 
de  l'orilice  de  l'appareil  génital,  et  il 
n'existe  pas  de  vestibule  génito-uri- 
naire. 

Chez  d'autres ,  au  contraire  ,  le 
vestibule  génito-urinaire  constitue  un 
canal  assez  long  à  l'extrémité  interne 
duquel  l'uretère   vient  s'ouvrir  :  par 


(n)  Voyez  Boiii'gery,  Traité  de  l'analomic  de  l'homme,  I.  5,  (il.  l!7. 

(b)  Hunier,  On  tlie   Uescript.  and  llluslr.  Catalogue  uf  tlw  Jluti.  uf  the  Colkyc  uf  Surgeons- 
t.  IV,  pi.  65. 


37/j  liXCUÉTlUNS. 

Chez  les  màlos,  il  s  iiiiil  ;iii.\  voies  génitales,  cl,  saurnii  petit 
nombre  d'exec^plions  (I  j,  le  canal  eommnn,  ainsi  constitué,  est 
d'une  loiigiicur  eonsidérahle.  Lorsque  nous  étudierons  les 
organes  de  la  reproduction,  j'en  ler.ai  connaître  la  disposition, 
et,  pour  le  moment,  je  me  l)orner;ti  à  ajouter  (jue  les  Marsupiaux 
et  les  Monoirèmes  sont  les  seuls  Mammifères  chez  lescpiels  les 
orifices  génito-uriiiaires et  l'intestin  débouchent  dans  un  cloaque 
couunim,  mode  d'organisation  que  nous  avons  vu  au  contraire 
exister  chez  les  Oiseaux,  aussi  bien  que  chez  les  Reptiles  et  les 
lîalraciens.  Je  rappellerai  également  que  les  rapports  de  position 
entre  les  orifices  des  a[)pareils  digestifs,  génitaux  et  urinaires, 
sont,  chez  les  Manunilcres,  l'inverse  de  ce  que  nous  avons  vu 
chez  presque  tous  les  Poissons.  (]licz  ces  dernicis,  la  règle 
coinuHine  est  que  l'anus,  le  |)ore  génital  et  l'orifice  urinaire 
s(;  suivent  davant  en  arrière,  tandis  (\\u'  chez  les  .Mammifères, 
quand  vv:^  orifices  sont  distincts,  c'est  rembouchure  des> voies 


exemple,    chez    la     hapinc    (a),    le  déjà  dil  (f/),  dans  un  cloaque  coiiumm, 

lùiuia   (h),  el  snrtonl    chez  plusieurs  el   par  consô([uenl  les  produits  de  la 

Kdentés,  tels  (jiie  le  Talon  (c)  et  «liez  sécrélion  rénale  et  les  matières  alvines 

les  Marsnpiaux  ;  mais,  en  général,  celle  sont  expnlsés  par  la  même  ouverture 

portion   conunnnc  des    voies  s^nilo-  que  les  jeunes  (e). 
urinaires  est  très  conrte,  de  sorte  qne  (1)  Chez  les  Ornithorhynques  (/')  et 

Porilice  urinaire  se  trouve  presque  à  les  Échidnés  (y),  le  canal  de  rnrèllire, 

son  cmhouchure.  qui,  chez  le  mâle,  est  aussi  le  conduit 

Knfin,  chez  les  Marsupiaux  le  canal  ('vacnalenr  de  la  semence,  s'ouvre  di- 

tn'(''lhr(>  sexuel  (l('l)OM(he.((innne  je  Tai  reclenicnl  dans  le  doacpu'  par  nn  pore 


(rt)  Ciiriis  el  Oli<i,  Tab.  Anal.  comp.  illuslr.,  p:irs  v,  pi.  S,  lii;.  -1. 

(b)  Lerclmullot,  Recherches  sur  l'analomie  des  onjanes  ijcnilau.c,  \>\.  10,  lig-.  \0-2  (.\ijva  Acla 
Acad.  liai,  curios.,  t.  .\X111). 

—  Marlin  Saint-Aiii,'e,  Op.  cit.,  pi.  1 ,  lijr-  -■ 

(c)  Ciinis  el  Olto,  Op.  cit.,  pi.  5,  11-.  5. 
((/)  Voyez  lonic  VI,  pa^re  ;i05. 

\e)  Owcii,  On  the  Génération  of  .'ifarsupinl  Animais,  pi.  C<,' i'y^.  i  (Trans.  Philos.,  1834),  cl 
Arl.  Mahsiipiai.ia  (Toilil's  Cyelop.,  t.  IV,  p.  :t93,  Wg.  l'.H).  —  Allas  du  Hcgne  animal  de  Giivicr, 
Majimifkkks,  pi.  "."»  b/s.  11;;.  1. 

—  Mai  tin  Saint -.\iiire.  Op.  cit.,  pi.  5,  il-.  1  el  -1. 

(/')  Meckcl,  Ornilliorhiinrlii  parado.ci  descriplio  analonuca,  pi.  S,  li_.;.  2. 

—  Oweii,  art.  Monotiikha  (Todil's  Cyctop.  of  Anal,  and  l'Iiiisiol.,  t.  Mil,  p.  3'J-2,  i\g.  100). 

—  Marlin  Saint  Anijc,  Op.  cit.,  pi.  (i,  li^.  2  et  3. 
((/)  Marlin  Sniiit-.\Mi:e,  Op.  rit.,  pi.  7,  lii;.  2  et  ;i. 


vi'i'AUKiL   ir.LNAïKi':   i)i:s   iNvi:i!Ti:i{i!i;s.  ,S75 

iiriiiîiires  (|iii  se  Iroiivo  en  av;nit  el  (jiii  esl  suivie  pnr  roiiverliire 
géiiihile,  l:u|iieile,  à  son  loiir,  est  suivie  [)ar  rnniis  ;  et  lors(|ne 
les  voies  génilo-urinaires  n'ont  qu'une  ouverture  commune, 
celle-ei  est  toujours  placée  au-devant  de  l'aïuis, 

§  1/l.  —  Les  Vertébrés  ne  sont  |)as  les  seuls  Animaux  qui 
soient  pourvus  d'un  a[»pareil  uriuaire.  Les  Mollusques,  les  In- 
sectes et  «l'autres  Invertébrés  possèdent  des  organes  excréteurs 
analogues,  (jiianl  àleui's  Ibuctious,  mais  la  conformation  et  les 
caractères  exiérieurs  de  ces  instruments  éliminateurs  dilïërent 
lanl  de  ce  que  nous  avons  vu  jusqu'ici,  que  les  lumières  four- 
nies par  l'anatomie  ne  suftisent  pas  pour  les  faire  reconnaître, 
et  c'est  par  l'examen  de  leurs  [iroduils  seulement  qu'on  peut 
constater  le  rôle  (pi'ils  remplissent  dans  l'économie. 

Ne  voulant  pas  séparer  l'iiistoire  anatomique  de  ces  organes 
de  celle  de  ra;)i»areil  réna!  des  iVnimaux  supérieurs,  je  serai 
donc  obligé  d'antici|)ei^  un  peu  sur  les  l'ails  (jue  nous  fournira 
dans  une  procbaine  Leçon  l'élude  cl)imi()ue  de  l'urine;  nous 
veiTons  aloi's  «pie  l'une  des  matières  les  plus  caractéristiques 
de  ce  liipiide  est  l'acide  uri(pie,  et  <pie  les  glandes  cbargées 
spécialement  (le  l'excrétion  de  ce  pi'incipe  immédiat  peuvent 
toujours  èlre  considérées  comme  les  représentants  physiolo- 
giques des  reins. 


Apparpil 

urinaire 

des 

Invertébrés. 


situé  au  sonimoicranc  papille  à  la  base 
(lucaiialdela  vi'rp,e,  do  sortoqiierin'iiii' 
est  expulsée  au  dehors  de  la  même  ma- 
nière chez  les  deux  sexes,  et  que  c'est 
temporairement,  au  moment  de  Térec- 
tion,  que  le  canal  génito-urinaire  s'en- 
gage dans  le  canal  de  la  verge  jjour 
i'ornier  avec  lui  un  conduit  coiUinu  ana- 
logue au  canal  de  l'urèthrc  chez  les 
Mammifères  où  cette  espèce  d'hypo- 
spadias  normal  n'existe  pas. 

Dans  quelques  c.is  lératologiques  les 
organes  génito-urinaircs  mâles  présen- 


tent, chez  l'Homme  et  les  autres  Mam- 
mifères monodelphiens,  une  disposition 
qui  a  quelque  analogie  avec  ce  que  nous 
venons  de  rencontrer  chez  les  Mono- 
trèmes  :  le  canal  de  l'urèthre  pré- 
sente un  oridre  dans  le  périnée,  tout 
en  se  continuant  connue  d'ordinaire 
jusqu'à  l'ouverture  située  à  l'extré- 
mité du  pénis.  Ce  vice  de  conforma- 
tion a  reçu  le  nom  d'hijpospadias  et  a 
été  souvent  considéré  à  tort  comme 
un  signe  d'hermaphrodisme. 


Appareil 
iiiinaiii; 

lies 

Miilliisquo.- 

t-eplialopoiles. 


376  ExcKiinuNs. 

^15.  —  i;ii|)[)ai'cil  urinaire  est  bien  dévcloi)[»c  chez  tous  les 
Mollusques.  Chez  les  Céphalopodes,  il  est  constitué  par  des 
organes  sécréteurs  en  forme  de  grappes  (jui  enlourenl  les 
grosses  veines  dans  le  voisinage  du  cœur,  et  ipii  sont  suspen- 
dues dans  deux  cavités  à  parois  membraneuses  dont  les  ori- 
fices sont  sihiés  sur  les  côtés  du  rectum  et  donnent  dans  la 
chambre  branchiale.  Pendant  longlemps  il  a  existé  beaucou[» 
d'incerlitudes  au  sujet  des  usages  de  ces  corps  spongieux, 
mais  ils  olfrent  tous  les  caractères  analomiques  d'organes 
sécréteurs,  et  l'on  a  constaté  qu'ils  éliminent  des  matières 
m'inaires.  11  y  a  donc  lieu  de  les  considérer  comme  les  repré- 
sentants des  reins  (1). 


(1)  Cuvior,  on  décrivant  la  strnc- 
Uire  intérieure  du  Poulpe,  a  design»- 
sous  le  nom  de  cavités  veineuses  , 
ou  grandes  cellules  péritonéales,  une 
paire  de  poches  membraneuses  qui 
occupent  la  majeure  partie  de  la  lace 
intérieure  de  ral)domen,  qui  conunu- 
niquenl  librement  avec  la  chambre  res- 
piratoire par  un  orifice  situé  de  chaque 
côté  entre  le  rectum  el  la  base  de  la 
brancliie  correspondante  (o),  et  (jui 
reniVrmenl  les  corps  spongieux  dont 
il  est  (piestion  ci-dessus.  Ces  derniers 
organes  sont  appendus,  comme  je  Tai 
déjà  dit,  aux  deux  veines  caves  et  aux 
deux  canaux  périlonéaux  (|ni  y  d»'- 
boucbcnt  à  peu  de  dislance  de  la  ter- 
minaison de  ces  vaisseaux  dans  les 
cœurs  branchiaux  (b).  Ouand  ils  sont 
contractés,  comme  d.iiis  les  prépara- 
tions (igtu'cM's  i)ar  Cuvier,  ils  ressem- 


blent à  des  tubercules  Iramboisés  dont 
Piutéricur  serait  creux  et  en  coimnu- 
iiication  avec  la  cavité  de  la  veine 
adjacente  (c)  ;  mais  dans  l'état  Irais  ils 
se  montrent  composés  d'une  mullilude 
de  lobules  el  ont  une  structure  caver- 
neuse {d).  Le  sang  veineux  arrive  en 
glande  abondance  dans  les  cavités 
irrégulières,  doni  leur  substance  est 
creusée  et  peut  même  suinter  assez 
l'arilemcnl  à  travers  leur  tissu.  Eiiliu 
leur  smfacc  est  lubriliée  par  une 
mucosité  jaunàlre.  el  ils  flottent  dans 
le  liquide  aqueux  dont  les  ])0clics 
péritonéales  soin  remplies.  On  a  l'ail 
beaucoup  de  conjectures  sur  les  usages 
de  ces  appendices  veineux,  et  Cuvier 
était  disposé  à  croire  qu'ils  élaienl  le 
siège  d'une  sorte  de  respiration,  aussi 
bien  que  d'un  lra\ail  sécrétoire  (f). 
Kii    1835.    Mever    tiil   cdiiduil    à    les 


(fl)  Voyez  VMta.s  du  lirgitc  animal  Je  Cii\icr,  Moi,LU.*OUEs,  pi.  1  a. 

[b]  Voyez  tome  111,  p.  Itl:». 

(c)  Cuvier,  Màiunre  pour  servir  à  l'Iiisloire  ci  à  ianaloinic  des  Motlusiiucs,  pi.  -2,  li;;.  I  el    I!. 
((/)  Miliie  Edwards,  Voyaije  cit  Sicile,  1. 1,  jd.  \2,   11,  cl  Atlas  du  tiéyne  animal,  MollUsULIKs, 

pi.  I  //. 

(c'j  Cmicr,  ('/'.  cil.,  \i.  l'J. 


rcil 
lil'iriairo 
(les 
OaslciO|ioJi;"'. 


API'AHKIL    UHINAIIU':    DRS    INVKUTKCRÉS.  377 

«^  16.  —  Dans  la  classe  des  (iasléropodes,  l'iippareil  iirinaire     Ap.un 

"^  ^  minai 

est  plus  développé.  Ainsi,  chez  le  Colimaçon,  il  estconsliUie  par 
une  grosse  glande  triangulaire  qui  est  située  à  la  parlie  posté- 
rieure et  supérieure  de  la  chambre  respiratoire,  entre  le  cœur  et 
le  rectum,  et  qui  est  pourvue  d'un  canal  excréteur  dontroritlce 
se  trouve  à  côté  de  l'anus,  [»rès  du  pneumostomc  (1).  Cet 


considérei"  comme  des  j^luiules  uri- 
naires  {a),  et  cette  opinion  a  été  plei- 
nement confiimée  par  l'examen  chi- 
nii(|iie  de  la  matière  qu'ils  sécrètent. 
En  effet ,  M.  llarless  y  a  trouve  une 
substance  dont  les  réactions  caracté- 
ristiques soiu  analogues  à  celles  de 
l'acide  urique. 

La  disposition  de  ces  glandes  uri- 
naires  est  à  peu  près  la  même  chez 
les  Calmars  {h),  les  Sèches,  etc. 

Chez  le  Nautile,  les  corps  spongieux 
appendus  de  la  même  luanière  aux 
gros  troncs  veineux  sont  moins  étendus 
que  chez  les  autres  Céphalopodes,  et 
forment  de  chaque  côté  deux  petits 
paquets  (c). 

Dernièrement,  M.  Hancock  a  publié 
une  description  anatomique  de  Tap- 
pareil  urinaire  des  Céphalopodes  di- 
branchiaux,  et  cet  auteur  fait  bien 
connaître  le  mode  d'arrangement  des 
poches  ou  chambres  rénales  dont  les 
subdivisions  varient  suivant  les  es- 
pèces. Ce  naturaliste  pense  que  les 
appendices  spongieux  qui  sont  fixés  à 


la  partie  postérieure  des  cœurs  bran- 
chiaux, et  qui  sont  suspendus  dans  des 
comparliments  spéciaux  de  ce  système 
de  cavités ,  sont  des  organes  glandu- 
laires, et  appartiennent  aussi  à  l'appa- 
reil urinaire  ((/). 

(1)  Cet  appareil  glandulaire  du 
Colimaçon  n'a  pas  échappé  aux  re- 
cherches de  Swammerdam ,  qui  en  a 
décrit  la  disposition  générale,  mais  qui 
le  croyait  chargé  de  séparer  du  sang 
une  matière  calcaire  destinée  à  être 
versée  dans  l'intestin  [p).  Cuvier  en  a 
mieux  fait  connaître  la  structure,  mais 
il  n'avait  pas  de  notions  plus  exactes 
sur  ses  usages,  car  il  le  considérait 
comme  étant  le  siège  de  la  production 
de  la  viscosité  que  ces  i\Iollusques 
excrètent  en  grande  abondance  (/"). 
Dullinger  et  ^Vohnlich  furent  con- 
duits à  penser  que  cette  glande  ré- 
putée nuicipare  était  en  réalité  un 
rein  (g)  ;  en  lin,  le  fait  de  la  sécrétion 
de  l'acide  urique  dans  son  intérieur 
fut  constaté  par  Jacobson,  et  fixa  l'opi- 
nion des  physiologistes  au  sujet  de  ses 


la)  Mejer,  Analecten  fiir  vergleichendc  Analomie,  \).  54. 

(/;)  Siel)oM  ot  Siaiinins,  Nouveau  Manuel  d'anutomie  comparée,  t.  II,  p.  39t. 

(f)  Milne  Edwards,  Voyage  en  Sicile,  t.  I,  pi.  iS. 

—  Owen,  Meui.  on  Ihe  Pearlij  Naulilus,  1832.  pi.  5,  cl  Annales  dcs  sciences  naturelles, 
i  "  série,  t.  XXVllI,  pi.  3,  ùç;.  1  et  2. 

((/)  Hancock  ,  On  certain  Points  of  Ihe  Anatomy  and  PInjsiologij  of  tlie  Dibranchiale  Cephn- 
lopoda  (The  \atural  Hislory  Heview,  4801,  l.  I,  p.  473). 

[e)  Swammerdam,  Biblia  Xaturie,  t.  I,  pi.  5,  ûg.  5. 

(/■)  Ciivier,  Mémoire  sur  la  Limace  et  le  Colimaçon,  p.  20,  pi.  1 ,  f\^.  2  et  4. 

{il)  VVulinlirli,  Oissert.  inaug.  de  llclicr  pnmalin  cl  (iliqmbtis  aliix  filpniliiis  Auimalibus  e  classe 
Votiuscvriim  l'.itsieropndum,  1813. 


â78  KXCRi'ynoNs. 

oi'gane  se  compose  d'une  imillilinle  de  lamelles  donl  le  boi'd 
iiiléneur  est  lil^-e  et  don!  le  lissii  est  l'orme  iniiicipalement 
(rutrieules  sécréloires  ;  il  est  reidermé  dans  un  sac  mendjra- 
neux  très  mince  {jiii  se  conliniie  sous  la  fornic  d'un  tube  pour 
constituer  le  conduit  urinaire  dont  je  viens  de  parler;  enlin, 
rhumeur  (ju'il  sécrète  contient  de  Tacide  uii(pie  (1),  et  je  dois 


toiictions  [a).  M.  .).  Davy  a  consUUé 
aussi  l'excrétion  de  l'acide  uiiqiie  chez 
des  Hélices  exotiques  (6).  J'ajouterai 
que  ([uclques  auteurs  croient  devoir 
l'aiie  encore  des  réserves  au  sujet  de 
la  détermination  de  cet  org:ane,  et  que 
M.  Moquin-Tandon,  par  exemple,  se 
borne  à  le  désigner  sous  le  nom  peu 
signincatif  de  çilaudr  procordiale  (c'. 
tandis  que  d'autres  naturalistes  y  ap- 
pli(iuent  le  nom  de  corps  de  Bojdnus, 
par  extension  de  la  nomenclature  sou- 
vent employée  en  parlant  des  Mollus- 
ques ;\cépliales. 

(1)  Chez  les  Colimaçons,  la  glande 
rénale  est  allongée  el  de  torme  trian- 
gulaire ;  l'Ile  se  Irouve  tout  enlièredu 
côté  droit  du  cceur,  et  son  canal  excré- 
teur, qui  esl  étroit  et  tort  long,  naît  de 
l'angle  posti'ro-evtériein'  de  la  poche 
urinaire  (|iii  Li  reiil'erme,  j)uis  se  re- 
courbe eu  dehors  et  en  avant,  suit  le 
bord  supérieur  du  gros  intestin,  et  va 
([('bouclier  à  (■()t(''  de  l'anus  près  de 
l'entrée  de  la  chambre  pulmonaire  ((/). 
Suivant  M.  de  Saint-Simon,  il  y  aurait 


chez  quelques  Hélices  un  petit  conduit 
allant  de  cette  glande  à  l'intestin  (e)  ; 
mais  il  est  probable  que  cet  auleui  aura 
pris  un  vaisseau  sanguin  pour  un  canal 
excréteur. 

Chez  les  Limaces,  la  glande  urinaire 
est  disposée  à  peu  prf's  de  même,  si 
ce  n'est  ([u'elle  est  plus  ramassée  cl 
qu'elle  contourne  le  péricarde  de  lac^on 
à  représenter  un  croissant  dont  les 
cornes  se  rencontreraient  presque.  Il 
est  aussi  à  noter  que  chez  ces  AIollus- 
ques  les  lamelles  constitutives  de  cet 
organe  sont  rangées  paralh'lemenl 
entre  elles,  et  (|ue  son  canal  excréienr 
se  courbe  de  la  même  mani(;re,  puis 
débouche  au  |)laton(l  de  l.i  ca\it('' 
pulmonaire  p^r  un  (irihce  assez 
large  (/"  . 

Pour  plus  (11'  (h'Iails  siu'  les  varia- 
tions de  formes  de  la  glande  rénale 
chez  les  Casléropodes  pulnionés  ,  je 
renverrai  au  mémoire  de  M.  Saint- 
Simon  el  à  TdUN  rage  de  Al.  Moipiin- 
Tandon  (g). 

Chez  la  Paludine  \ivipare,  la  glande 


(a)  JacoLisoii,  Um  liWddtjrenes  Nijrev  og  om  Uriiistjrcn,  som  ved  dem  hos  nngle  af  disse  Di/r  nf- 
sandres  [Dus  YidenskubcnicsHehkabs  Afhandlinger ,  1828,  t.  III,  p.  324). 

(b)  i.  Uavy,  On  llie  Urinury  Secrelion  of  lùshes,  cu-.  {Triins.  uf  ihe  Edinburgli  Royal  Society, 
1857,  t.  XXt,  p.  r)47). 

(c)  Moqiiin-T;iiuloii,  llistnirc    nalureUe   des  Mollusques  terrestres  et  lUiviatiles  de   l-'rance, 
|).  65. 

((/)  Ciivier,  loc.  cit.,  pi.  t ,  lig.  2. 

(e)  Saint-Simon,  Observations  sur  la  glande pn'cordiale  des  Mollusques  terrestres  et  /luviatiles 
[Joiirnal  de  conchyliologie,  t851,  l.  Il,  y.  342). 
(/)  Ciivicr,  loc.  cit.,  pi.  2,  li^'.  8  el  tU. 
—  M()()iiiii-T;ind()n,  Op.  cit.,  pi.  i,  l]g.  7. 
{g)  Saiiil-Siiiioii,  loc.  cil. 
--  Moiiiiiii-Tiiiitlon,  Histoire  naturelle  des  Molhisques  terrestres  et  Ihivialiles,  l.  I,  p.  C5. 


Vl>PAUE|[.    UnlNAlHl':    DKS    INVKU IKRRKS.  379 

fnire  remarciiuM' (jiio  c'est  à  loii  <|no  hcaiicoui»  de  iKiliirnlislos 
ont  alIrihiK'  à  celle  glande  la  prodiidion  du  pourpre  ou  des 
aulres  matières  colorantes  analogues  dont  rexcrélion  est  très 
abondante  chez  divers  Gastéropodes  (1). 

Les  relations  anatomiques  de  la  glande  rénale  sont  à  peu 
près  les  mêmes  chez  les  aulres  Gastéroi^des;  toujours  elle  est 
située  dans  le  voisinage  du  cœur  et  du  gros  intestin,  mais  sa 
position  dans  le  corps  de  l'Animal  varie  suivant  la  place  occupée 
par  l'anus,  et  il  est  aussi  à  noter  que  souvent  la  poche  urinaire 
qui  la  renferme  s'ouvre  directement,  soit  au  dehors,  soit  dans 
la  chambre  respiratoire,  au  lieu  de  se  prolonger  en  tonne  de 
canal  excréteur.  Ainsi,  chez  les  Tritoiis,  on  trouve  au  fond  de 
la  cavité  branchiale,  et  tout  à  côté  du  cœur,  une  large  ouver- 
ture (jui  conduit  dans  une  vaste  poche  de  forme  irrégulière, 
où  sont  logées  deux  énormes  glandes  rénales  de  couleur 
brunâtre  ('2). 


nrinaire  est  pourMie  d'iui  long  caniii 
excréteur  qui  s'avauce  entre  le  rectum 
et  roviducle  pour  déboucher  du  crité 
droit,  à  l'entrée  de  la  chambre  respi- 
ratoire, comme  chez  le  Colimaçon  ((/)• 
(l)  i\I.  Lacaze-Duthiersafaitvoirque 
la  matière  colorante  sécrétée  par  le 
Purpura  lapillus  et  les  autres  Gasté- 
ropodes voisins  de  celui-ci,  est  produite 
par  une  bande  de  tissu  ulriculaire 
dir.posée  longitudinalement  à  la  partie 
latérale  de  la  cavité  branchiale,  et  par- 
faitement distincte  de  la  glande  rénale 
ou  corps  de  Bojanus ,  qui  débouche, 


comme  d'ordinaire,  à  la  partie  posté- 
rieure de  cette  même  cavité  [h). 

(2)  L'e\is!ence  de  cet  appareil  glan- 
dulaire a  été  brièvemeul  indiquée  par 
Cuvier  chez  leBuccimim  unJatuin  (c), 
et  la  position  de  son  orifice  dans  la 
chaml)re  branchiale  a  été  représentée 
par  liysenhardî  et  par  Leiblein  {d)  ; 
mais  on  prendra,  je  crois,  une  idée  plus 
juste  de  sa  confomiation  générale  par 
la  iigure  que  j'en  ai  doiuiée  dans  mon 
travail  sur  la  circulation  chez  les  Mol- 
lusques (e). 

L'orifice  urinaire   se  voit  aussi   au 


(a)  Cuviur,  Mcmoire  sur  la  Viviimve  d'eau  douce,  etc.,  fig.  3  {Mém.  sur  les  Mnllusques). 
(6)Lacai;G-DiUlii(.Ts,  Mé.nolrc  sur  la  Pourpre  [Ann.  da  sciences  nat.,  4"  srrie,   1859,  l.  XII, 
p.  33  et  suiv,,  pi.  1,  fig.  i,  2,  4.  elc). 

(c)  Cuvk'r,  mémoire  sur  le  grand  Buccin  de  nos  cotes,  p.  5,  pi.  1,  fig.  li. 

(d)  Eysenliinilt ,  Bellrage  suc  Anatomie  des  Murex  Tiiluiils  (Meckel's  [leutsches  Archir  fiir 
die  Physioloijie,  1823,  I.  VllI,  p.  213,  pi.  3,  tlg.    4). 

—  Lcililtiii,  Bcilratj  iu  einer  Anatomie  des  Purpurstachels  (Heusingei-'s  Zellschr.  fiir  die  or- 
yan.  Plujsik.,  1827,  t,  I,  p.  4,  pi.  \.  fig.  4,  5  et  6).  —  Observalions  anulomiques  sur  la  Pourpre 
desanciens,  nu  Rocher  droiteépine  [Ann.  des  sciences  nat.,  1828,  t.  XIV,  p.  181,  pi.  10,  fig-.  4). 

(g)  MiliR'  Edwards,  Voyage  en  Sicile,  1. 1,  pi.  25. 


380  EXCRÉTIONS. 

La  ()osilion  et  les  caractères  généraux  de  l'appareil  urinaire 
sont  à  peu  près  les  mêmes  chez  les  autres  Gastéropodes  de  la 
grande  division  des  Prosobranches,  les  Haliotides  et  les  Patelles 
par  exemple  ^1);  mais  dans  l'ordre  des  OpisUiobranclies,  où 
l'anus  ne  s'ouvre  pas  dans  une  chambre  cervicale  et  varie  dans 
sa  position,  on  rencontre  moins  d'uniformité  dans  la  situation  de 
la  glande  rénale.  Chez  les  Pleurobranches,  par  exemple,  elle 
entoure  en  avant  et  à  droite  la  masse  viscérale  dans  plus  de 
la  moitié  de  l'étendue  de  celle-ci,  et  elle  débouche  directement 
au  dehors,  du  coté  droit  du  corps,  sous  la  base  de  labranchie, 
dans  le  sillon  qui  sépare  le  manteau  et  le  pied  de  l'Animal  (!2). 


fond  (le  la  cavité  branchiale  chez  le 
Turbo pica  («),  la  Pyiule  trompette (6) , 
les  Tourpres  (r),  les  Casques  ((/),  la 
Natice  niarlnve  (e),  la  Lillorinc  lit- 
torale (/■),  rAnriciile  bruiu'  (y),  etc. 

(1)  Chez  les  IlalioUdes,  rorifice  du 
sac  urinaire  se  trouve  dans  le  fond  de 
la  poche  branchiale,  à  côté  du  rectum 
et  inim(''(lialemeiil  aii-de\;uil  du  cœur; 
mais  la  glande  rrnale,  (pii  est  très  dé- 
veloppée, et  qui  paraît  cei)eiK[ant  avoir 
échappé  aux  recherches  de  Cuvier  (//), 
s'étend  davantage  en  avant  entre  le 
grand  muscle  rélraclcur  et  le  bord 
gauche  de  la  cavité  respiratoire.  Il  ne 
faut  pas  confondre  cet  organe  sécréteur 
avec  celui  queCuvicr  a  mentionné  sous 


le  nom  d.''organedela  viscosité;  celui- 
ci  est  constitué  par  une  couche  épaisse 
de  tissu  mucipare  qui  forme  de  gros  plis 
transversaux  à  la  voûte  de  la  chambre 
respiratoire,  entre  lintoslin  et  la  bran- 
chie  du  côté  gauche,  tandis  que  la 
glande  rénale  se  trouve  du  côté  droit, 
au  delà  de  labranchie  droite  (/). 

La  position  de  Torilice  urinaire  est 
à  peu  près  la  même  chez  la  l'ateile,  où 
la  chambre  respiratoire  est  repré- 
sentée par  une  chambre  cloacale  [j). 

(-2)  Chez  ces  Mollusques,  la  glande 
rénale  n'est  pas  limitée  à  une  partie 
restreinte  de  la  poche  urinaire,  comme 
chez  les  Tritons,  mais  tapisse  la  presque 
tolaliti'  de  ses  i)arois  sous  la   forme 


{a)  Cuvier,  Mém.  sur  la  Vivipare,  etc.,  (ig.  7,  q.  {31én.  sur  les  Mollusques). 

(b)  Souleyei,  Voyage  de  la  Bonite,  Zool.,  I.  II,  Moi.lisoues,  pi.  43,  11},'.  'i. 

(c)  Lacazc-Diilliiers,  Mcm.  sur  la  Pouriire  (Aun.  des  sciences  nat.,  4' st'rii')  ISô'J,  I.  XII, 
|il.  1,  fil,'.  ;!). 

((/)  Qiiov  fl  ('.:niii:inj,  Voyage  de  l'Axtrolabe,  Mollusques,  pi.  43,  fig.  2. 

[€)  Soiilcyct,  loc.  cit.,  |il.  30,  fij.  0. 

(/■)  IdcnC  itiid.,  pi.  33,  fi-.  1   cl  2. 

(g)  Idem,  lOut.,  pi.  32,  fi^'.  i. 

(h)  Cuvier,  Mém.  sur  lllaliolide,  etc.,  p.  <J,  pi.  1,  ûg.  11  et  12,  c  (Màn.  pour  servir  à  l'his- 
toire des  Mollusques). 

(t)  Miliie  EdwaiiU,  Mnn.  sur  la  di'gi-cdation  des  organes  de  la  circulation  chez  les  Patelles  et 
lllaliolide  {Voyage  en  Sicile,  t.  I,  pi.  20,  li;,'.  1  oi  2,  el  .1»».  des  sciences  uat.,  3*  série,  1847, 
I.VIII,  pi.  1   .  ~ 

I  /l  Mihir  li.lvvaids,  toc.  cil.,  pi.  27,  fiji:.  2,  el  .\nii.  des  se  »)«/..  I.  VIp,  pi.  2,  {\f.  2. 


Al'PARlilL    IIKINAII'.K    DES    INVERTÉBRÉS.  381 

(^liez  les  Doris,  elle  occiijk'  la  parlie  postérieure  et  supérieure 
delà  eavilé  viscérale,  el  s'ouvre  au  dehors  àcôtéderauus,daus 
le  milieu  de  l'espèce  de  rosace  formée  par  les  hrancliies  (1). 

Je  n'hésite  pas  à  considérer  comme  l'analogue  des  glandes 
rénales  dont  je  viens  de  parler,  et  par  conséquent  comme  un 
appareil  urinaire,  la  poche  queSouleyet  a  décrite  cliez  les  Élysies 
ou  Actéons,  sous  le  nom  de  poumons.  L'orifice  de  cet  organe 
se  voit  sur  le  dos  de  ces  petits  Mollusques,  à  côté  de  l'anus, 
comme  celui  des  voies  urinaires  chez  les  Aplysies;  mais  la 
glande  elle-même,  au  lieu  d'être  localisée  comme  d'ordinaire, 
s'étend  au  loin  dans  l'organisme,  sous  la  forme  de  canaux 
rameux,  à  peu  près  de  la  même  manière  que  la  cavité  digestive 
et  les  organes  de  la  reproduction  (2).  Enfin,  je  rappellerai  aussi 


(run  tissu  utriculaire  de  couleur  gris 
hrunàlre.  La  glamlc  olle-iiièmc  con- 
sliluo  iU)nc  un  grand  sac  comparable  à 
une  besace  dont  une  des  cornes  est 
placée  transversalement  au-devant  de 
la  masse  viscérale,  et  dont  l'autre 
branche  se  porte  en  arrière.  L'orifice 
excréteur  se  trouve  en  avant  et  à 
droite,  près  du  point  de  jonction  de 
ces  deux  portions  de  la  cavité  sécré- 
lolre.  M.  Lacaze-Dulhiers  a  donné 
une  excellente  description  de  cet  ap- 
pareil urinaire,  qu'il  désigne  sous  le 
nom  de  sac  de  Iwjanus,  et  il  a  con- 
staté que  des  concrétions  contenues  en 
grand  nombre  dans  le  tissu  glandu- 
laire de  cet  organe  présentaient  les 
caractères  chimiques  de  l'acide  uri- 
que  (rt). 

(1)  Cet  organe  glandulaire  est  formé 


par  une  grande  poche  membraneuse  à 
parois  très  délicates,  qui  s'étend  sur  la 
lissure  médiane  du  foie,  au-dessous  du 
péricarde,  et  qui  est  tapissée  par  du 
tissu  spongieux  ;  il  est  très  vasculaire 
et  son  orifice  est  situé  à  droite  de 
l'anus  {b). 

(2)  Cet  appareil  consiste  en  une  poche 
membraneuse  et  subcylindrique,  qui 
entoure  la  masse  viscérale  en  formant 
un  bourrelet  circulaire,  et  qui  donne 
naissance  à  plusieurs  prolongements 
dendroïdes,  dont  les  branches ,  termi- 
nées en  cul-de-sac ,  s'avancent  jusque 
vers  le  bord  du  manteau.  Souleyet  a 
supposé  que  ce  système  de  cavités  rece- 
vait l'air  dans  son  intérieur  par  l'inter- 
médiaire d'un  orifice  situé  du  côté  droit 
du  cœur,  près  de  l'anus  (c)  ;  mais  j'y 
vois  plutôt  les  caractères  anatomiques 


(u)  Lacaze-Uiitliiers,  Histoire  anatomique  et  pliysiologiquc  du  i'ieurobranclie  orange  {Ann.  des 
sciences  nat.,  i'  série,  1859,  t.  XI,  p.  -JSG,  pi.  10,  lig.  1,  etc.). 

[b)  Aider  and  Hancock,  .4  Monograph  of  llie  [irilish  Nudibrancldate  MoUusca,  pi.  1,  fig-.  13, 
el  pi.  "2,  liif.  1. 

((■)  Soide^cl,  .l/t-m.  sur  i'Actcoii  d'Oken  [Journal  de  conchyliologie,  1850,  t.  1,  p.  13,  pi.  1, 
0-.  1),  el  Yogage  de  la  tioiule,  Zooloyie,  l.  Il,  p.  482,  MOM.USOUKS,  pi.  -2i,  L»,  li-.  1. 


VII. 


25 


382 


KXCR1  riONS. 


Appareil 

urinai  re 

des 

Acéphales. 


qiK^  la  poche  dorsale  des  Onchidies,  dont  j'ai  déjà  fait  mention 
paraît  être  aussi  un  appareil  rénal  plutôt  qu^un  poumon  (1). 

(^liez  les  Firoles  et  les  autres  Hétéropodes,  l'appareil  urinaire 
paraît  être  eonstitiK'  par  un  sac  contractile  qui  est  situé  à  côté 
du  cœur,  et  qui  débouche  au  dehors  par  un  orifice  particulier. 
Dans  une  précédente  Leçon,  j'ai  eu  l'occasion  d'en  parler  à 
cause  de  ses  relations  singulières  avec  le  système  circu- 
laloire  {"2). 

§  17.  —  L'appareil  rénal  des  Mollusques  acéphales  est  Aicile 
à  apercevoir  et  a  souvent  iixé  l'attenlion  des  naluralistes  :  mais, 
jusipie  dans  ces  derniers  temps,  sa  structure  était  mal  connue, 
et  l'on  était  fort  partagé  d'opinion  an  sujet  de  ses  fonctions  : 
aussi  beaucoup  d'auteurs,  afin  de  ne  rien  préjuger  à  cet  égard, 
l'ont-ils  appelé  le  corps  de  Bojanus^  en  y  donnant  le  nom  d'un 
anatomiste  célèbre  de  rAilemagne,  qui  en  avait  fait  une  étude 
particulière  i3).  Il  consiste  en  une  paire  de  glandes  creuses. 


(riiii  appareil  sécréteur,  et  l'analogie 
doit  nous  ])orler  à  admetire  que  c'est 
le  représciilanl  du  corps  de  IJojamis, 
on  glande  urinaire  des  autres  Mol- 
Insfpies. 

(!)  Voyez  tome  il,  p.  90. 

(2;  Voyez  tome  III,  page  155. 

(o)  Hojainis  ne  fii!  pas  l(;  premier  à 
parler  de  ces  organes,  et  Topinion  qu'il 
avança  relativement  à  leurs  fonctions 
avait  été  émise  précédemment  par 
Mér),  mais  elle  n'était  pas  mieux  lon- 


dée  que  celle  de  Poil,  qui  les  considérait 
commi;  des  glandes  destinées  à  sécréter 
1.1  C()quille(^/).  En  ellét,  Bojanus  supposa 
qu'elle  servaient  à  la  respiration  (/>)  ; 
un  autre  naturaliste  les  prit  pour  des 
testicules  (c);  cnliu,  Treviranus  et 
la  plupart  des  zoologistes  de  l'époque 
actuelle  les  ont  regardés  comme  des 
glandes  urinaires  ((/},  et  celle  hypo- 
thèse acquit  beaucoup  de  force  ioi-s- 
qu'en  J8c55  Garner  cul  annoneé  que 
l'acide  urique  esl  un  des  produits  sé- 


(a)Méry,  Remarques  faites  sur  la  Moule  des  étangs  [Mcm.  de  l'Acad.  des  sciences,  l'IO,]).  •i24). 

—  I>oli,  Teslacea  utriusque  Siciluc  historia  et  analome,  i'i'j\,  iutrud.,  p.  1  ;  I.  11,  p.  iO,  eic. 

{b)  lio.iariiis,  Lieher  iiic  Mhmcn-uiul  liriixlaulwcrl;i.  dcr  x-wcischaiiliijcn  Mnschchi  (Itis,  1819. 
p.  S"2.  —  Màn.  sur  les  ui(iancs  resiiirutoirrs  et  circuliitoires  des  CoiiuUtaycs  bivalves  en  ijeneral, 
et  spécialement  ctux  de  l'Anodonte  des  Cygnes  {.lutirnal  de  physique,  Ifil'J,  t.  LNXXIX,  p.  113 
et  suiv.,  lig.  3,  7,  8  cl  il). 

(c)  Ncuwylei',  Uie  Gencrutioiis-Urgant'  vuu  Ciuo  und  Aiwdonta  (Neue  Deiiksehr.  dcr  aliyem. 
Schw.  yes.  /tir  die  Gcsammt.  Katur,  1842,  t.  Yl,  p.  iiS). 

[di  TroviiMiiiis,  Heber  die  ZeuyuHi\stheile  niid  die  rDrlji/Uinniny  ''er  M(dhiskei)  (Zeitsehrift 
fi'tr  l'hysinloyie,  4  8'2i,  I.  1,  ]'.  ■>'-^). 


APFARKlL    IRINAIRE    DKS    INVIiRTÉBRÉS.  383 

oblongues,  el  colorées  ordinairement  en  brun  vertlùtreou  jau- 
nalre,  qui  se  trouvent  dans  la  région  dorsale  du  corps,  au-des- 
sous du  péricarde  et  de  la  base  des  branchies,  en  arrière  du 
l'oie  et  en  avant  du  muscle  postérieur  de  la  coquille.   Supé- 
rieurement, c'est-à-dire  du  colé  de  la  clvarnière,  ces  poches 
sécrétoires  peuvent  être  plus  ou  moins  écartées  entre  elles, 
mais  inférieurement  elles  se  rencontrent  sur  la  ligne  niédiane  du 
corps  et  souvent  s'y  confondent.  Leur  orifice  est  situé  de  chaque 
côté  de  la  base  du  pied,  vers  la  partie  postérieure  de  celui-ci, 
en  dedans  de  la  ïigne  d'attache  des  branchies  et  en  dehors  du 
connectif  ou  cordon  nerveux,  qui,  de  chaque  côté  du  corps, 
après  avoir  côtoyé  la  masse  viscérale,  va  se  rendre  aux  ganglions 
postérieurs.  Tantôt  cet  orifice  est  placé  à  côté  de  celui  de  l'ap- 
pareil génilal  ;  mais  chez  quebpics  espèces  il  se  contond  avec 
lui,  et  d'autres  lois  il   en  tient  lieu,  carie  conduit  excréteur 
des  organes  de  la  reproduction  débouche  parfois  dans  l'inté- 
rieur de  la  glande  rénale  (I).  Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  varia- 


crétés  par  ces  corps  [a).  L'observation 
de  ce  naturaliste  fut  corroborée  par 
les  recherches  de  M.  Siebold  sur  des 
concrétions  trouvées  dans  cet  or- 
gane (6)  ;  enlin,  le  fait  de  l'élimination 
de  matières  urinaires  par  cette  voie  fut 
mis  hors  de  doute  par  les  recherches 
de  MM.  Lacaze-Dutiiiers  et  Riche  ;^c). 
pu  reste,  les  organes  en  question  ne 
paraissent  pas  avoir  uniquement  pour 


usage  de  sécréter  l'urine ,  et  il  y  a  lieu 
de  croire  que  leurs  fonctions  se  lient 
aussi  à  celles  de  l'appareil  génital.  Je 
reviendrai  sur  ce  point  en  traitant  de 
la  reproduction  chez  les  Mollusques. 

(1)  Dans  les  Spondyles  (d),  les  Pei- 
gnes (e)  el  les  Anomies  (/),  les  organes 
génitaux  s'ouvrent  dans  Tinlérieur  du 
sac  formé  par  la  glande  rénale,  à  la 
face  interne  de  cet  organe,  et,  par 


(a)  R.  Garner,  On  the  Anatomy  of  the  LamellibraHchiale  Gonchlfem  (Trans.  of  Ihe  Zoological 
Soc,  1S41,  t.  II,  p.  9-2). 

(i/j  Sieljoki  el  St.iiiiiius,  ?<ouveau  Manuel  d'anatomie  com^avée,  l.  II,  p.  280. 

(c)  Lacaze-Uuiliiers,  Mém.  sur  roryane  de  Bojuuus  des  Accpkales  Lamellibranches  (Ann.des 
sciences  nat.,  4«  série,  1855,  t.  IV,  p.  31  i  et  suiv.). 

[dj  Lacazt-Uulliiers,  Op.  cit.   {Àiiu.  des  sciences   nat.,   4's(Jiiu,  t.  IV,  l'I.  4,  fi-,  tj). 

(e)  Ideii),  Mém.  sur  les  organes  de  la  généraiiun  des  Acéptiales  iainelUbrunchcs  (Ann.  des 
sciences  nat.,  4«  série,  1844,  t.  Il,  pi.  8,  li-.  1  el  i2;. 

(/■j  lileiu,  Mém.  sur  ioriiani,saHun  de  l' Anomle  [Ann.  des  sciences  nul.,  A''  ^cr'te,  iSbi,  t.  II, 
pl.   I,  lig-.  5). 


38/i 


!:\CUF,T10NS. 


lions,  lo  poro  nrinnire  donne  dans  nii  premier  sne  qni  loge,  à 
sn  i)!irlie  iiUerne,  niK^  seeondepoelie,  et  eoninuinique  librement 
avec  la  cavité  dont  (Tite  dernière  est  creusée;  enfin,  dans  rpiel- 
ques  esjièees,  sinon  dans  toutes,  eelle-ei  communiijue  à  son 
tour  avec  la  cavité  du  péricarde  situé  au-dessus.  Il  est  aussi  à 
noter  q'.ie,  (^hez  que]<jues-uns  de  ces  Mollusques,  les  deux 
reins  ainsi  constitués  communiquent  librement  entre  eux  par 
leui'  portion  sous-péricardiipie,  et  que  les  parois  de  ces  organes, 
creusées  de  beaucoup  d'antVactuosités  irrégulières,  de  tacon  à 
avoir  une  apparence  -spongieuse,  sont  tapissées  de  cils  vibi'a- 
tiles  et  d'une  couche  épaisse  d'ulricules  sécrétoires  {\). 


conséquent,  c'est  l'orifice  minaire  qui 
sert  à  l'évacuation  des  œufs. 

Chez  les  Nacres  on  Jambonnoaux, 
Porilice  génital  est  percé  loul  près 
de  l'embouchure  de  l'appareil  rénal , 
el  l'on  peut  considérer  son  ouvcilure 
extérieure  comme  étant  connnune 
à  l'ensemble  des  organes  génilo-uri- 
iiaires  (a).  Il  en  est  à  peu  près  de 
même  chez  l'Arche  [h]  el  chez  la 
Modiole  (r). 

Mais ,  chez  la  plupart  des  Acé- 
phales lamclliljranches  ,  les  organes 
génitaux  el  Tappareil  urinaire  débou- 
chenl  séparément,  el  les  deux  ori- 
fices sont  plus  ou  moins  écartés 
entre  eux,  ainsi  que  cela  se  voit  chez 
l'Anodonle  (cl),  les  Bucardes  [c),  les 
Chamtîs  (/'),  les  l'étricolcs  (//) ,  les 
Cardites  (/(). 


(i)  Chez  l'Anodonte  et  chez  la  Mou- 
lelte,  par  exemple,  l'appareil  urinaire, 
de  couleur  brune,  consiste  en  deux 
pociies  glandulaires  qui  sont  intinu'- 
inent  iniics  entre  elles  an-dessous  du 
péricarde,  et  qui  ont  leur  embouchure 
en  avant  près  de  l'extrémité  antérieure 
des  branchies.  13ans  Tintérieur  de  cha- 
cun de  ces  sacs,  on  trouve  siu'  leur 
paroi  interne  une  émincnce  allongée 
qui  est  également  creuse,  et  dont  les 
parois  ont  une  structure  caverneuse. 
IjC  sac  péri[)liérique  ou  vestibuliiire 
communique  avec  ce  dernier  organe, 
ou  sac  central,  par  une  large  fente 
située  à  sa  partie  postérieure,  ei  celui- 
ci,  à  son  tour,  connnunique  av('<-  la 
cavité  du  ix'ricarde  par  un  prolonge- 
ment tubulaire  H  membraneux  situé 
à  son  extrémité  antérieure  au-dessous 


(a)  Lacaze-Diilliicrs,  Mcm.  sur  l'ariianisaticn  des  organes  (jénilau.v    des  Aci'phales   Lamelli- 
hvanches  (Ann.  des  sciences  nal.,  i'  siirio,  1854,  1.  11,  pi.  T»,  C\g.  1,  c,  c). 

(b)  kioiii,  Mém.  sur  l'organe  de  Hojainis  {.\nn.  des  sciences  nul.,  4*  série,  I.  1\  ,  l'I.  5,  de;.  3). 

(c)  Idem,  lac.  cil.,  t.  IV,  pi.  5,  fig.  10,  o,  o. 

(d)  Idem,  Op.  cil.  {.\nn.  des  sciences  nal.,  1.  1\',  pi.  ">,  li^'.  2). 
(t)  Iilcni,  Op.  cit.  Ibid.,  li^'.  (>). 

(/')  Uluni,  Oj).  cil.  Ibid.,  lii;.  13). 
{g)  Idem,  Op.  al.  Und.,  lig.  H). 
(/()  liliMii,  0/1.  ni.  Und.,  11^-.  1-2). 


AIM'AHKIL    JJKirSAilii:    DKS    INVKUTÉBHÉS.  385 

Chez  Ions  les  Mollusques,  les  ^Iniides  uriiuiires  reeoivent  une 
grande  (juantité  de  sang  qui  se  répand  dans  des  sinus  et  des 
eavilés  antVaetueuses  dont  elles  sont  ereusées,  et  chez  les  Aeé- 
jthales,  ainsi  ([ue  chez  les  Gastéropodes,  ce  liquide  y  circule 
dans  un  système  de  canaux  veineux  (]ui  a  heaucoup  d'analogie 
avec  celui  de  la  veine  porte  rénale  des  Poissons.  Chez  les 
Gastéropodes,  une  portion  considérable  du  sang  veineux  qui 
vient  de  l'abdomen,  et  qui  se  dirige  versl  e  cn>ur,  traverse  ces 
organes,  et  parvient  ainsi  à  l'oreillette  sans  passer  par  les  bran- 
chies ou  les  poumons;  et  chez  les  Acéphales  la  plus  grande 
partie  du  (luide  nourricier  suit  une  marche  analogue,  pour  aller 
dans  les  sinus  branchiaux  et  traverser  ensuite  l'appareil  respi- 
ratoire (1). 

Je  rappellerai  aussi  que,  dans  une  précédente  l.eçon,  nous 
avons  vu  que  chez  plusieurs  Mollusques  les  réservoirs  urinaires 
dont  les  corps  de  Bojanus  sont  creusés  semblent  devoir  servir 


Vaisseaux 

t-aiiguiiis 

il  11  rein 

des 

Mollusques. 


d'une  espèce  de  fenêtre  p;ir  laquelle 
les  deu\  reins  donnent  Tun  dans 
Tautre. 

La  communication  entre  la  cavité  du 
corps  de  Bojanus  et  le  sac  péricardi- 
que,  signalée  d'abord  par  Ciarncr  chez 
l'Anodonte  (a),  fut  aussi  constatée  par 
M.  Lacaze  chez  les  Unios,  les  Bu- 
cardes  (6),  les  Pholades,  les  Lutraires 
et  les  Corbules  ;  mais  cet  anatomiste 
habile  n'a  ])n  s'assurer  de  son  existence 
chez  les  Pecten,  l'Ouîtro  vermeille  et 
le  Jambonneau  (c). 

Pour  plus  de  détails  sur  la  confor- 


mation |j;énérale  de  l'appareil  urinairc 
chez  d'autres  Lamellibranches,  je  ren- 
verrai au  mémoire  de  i\L  Lacaze. 

(1)  Le  passage  du  sang  veineux  dans 
les  corps  de  Bojanus,  ou  glandes  ré- 
nales des  Acéphales,  a  été  inqiarfaite- 
ment  indiqué  par  Bojanus  et  mieux 
observé  par  Garner  (d)  ;  enfin  il  a  été 
étudié  dernièrement  avec  beaucoup  de 
soin  par  M.  Lacaze-Duthiers  {e).  J'ai 
déjà  eu  l'occasion  d'indiquer  la  dispo- 
sition des  canaux  veineux  qui  portent 
le  sang  à  ces  organes  ou  qui  les  tra- 
versent (/■). 


(a)  Garner,  On  the  Anatomy  of  the  Lamellibranchiate  Conchifera  (Trans.  of  the  Zool.Soc, 
t.  Il,  p.  94). 

(ft)  Lacaze-Outliier.s  Op.  cit.  {Ann.  (les  sciences  nal.,  4"  série,  1855,  l.  IV,  \>.  273  et  suiv., 
pi.  4,  5  et  6). 

(f)  Bojanus,  Op.  cit.  {Journal  de  physique,  1810,  t.  LXXXlX,  p.  1  14  tt  suiv.). 

{(i)  Garner,  Op.  cil.  (Trans.  of  the  Zoot.  Soc,  t.  II,  p,  yO). 

(e)  Lacaze-DuUiicis,  Mén.  sur  l'or(jane  de  Bojanus  [Ann.  des  sciences  nat.,  4"  série,  1855, 
t.  IV,  p.  282  et  suiv.). 

(/■)  Voyez  lonie  III,  page  122. 


Appareil 
urinaire 

des 
Insectes. 


386  liXCUÉTIUNS. 

(l'intormédiairo  cnfre  l'appareil  circiilaloirc  cl  l'cxtéi-iciir,  car 
des  communications  directes  paraissent  exister  parfois  entre  les 
gros  vaisseanx  sanguins  et  le  péricarde,  qui,  à  son  loin%  com- 
muni(|uc  avec  1rs  cavités  nrinaires,  dont  l'embonchin-c  doimc  an 
dehors  (1).  Une  disposition  analogne  |)araît  exister  anssi  clic/, 
quelques  Gastéropodes  ("2). 

Nous  ne  connaissons  j)as  les  organes  nrinaires  des  Mollns- 
coïdes. 

§  18.  —  Jusque  dans  ces  derniers  temps,  les  natiu-alistes ne 
savaient  presque  rien  sur  la  sécrétion  Urinairc  chez  les  Animaux 
annelés,  et  nos  connaissance-  à  ce  sujet  sont  encore  tiY's  incoin- 
])lètes;  mais,  d'après  l'ensemble  des  Inils  constatés,  on  peut 
voir  que,  dans  un  grand  nombre  (W  cas  au  moins,  les  pro- 
duits de  ce  travail  pliysiologiipie  sont  les  mêmes  que  chez  les 
Vertébrés  et  les  lMo!lus(pies ,  ((uellcs  (pie  soient  d'ailleurs  les 
dilTérences  dans  la  position  cl  les  caractères  auatomi(pies  des 
organes  ijui  en  sont  le  siège. 

Ainsi,  on  a  reconnu  depuis  longtemps  que  les  excréments 
des  Insectes  reulerment  de  l'acide  iui(pie  (3),  et,  comuie  j"ai 
déjà  eu  l'occasion  de  le  dur,  [)lusieurs  analomistes  avaient  été 


(1)  Voyez  tome  III,  \)   V2(]  et  suiv. 

(2)  Par  cxciiiple,  les  Pliyllirlioés  et 
les  Firoles  (voy.  l.  II!,  p.  157). 

(.'))  L'cvacnalion  d'une  inalière  acide 
par  l'amis  avait  été  conslatée  chez  les 
Vers  à  soie,  vers  la  lia  du  siècle  der- 
nier, par  Chaussier,  (pii  donna  à  cette 
substance  le  imni  (Vacidc  bomhycin, 
mais  sans  en  faire  connaître,  ni  les  ca- 


ractères, ni  la  uiilure  {a),  et,  ainsi  que 
j'ai  eu  l'occasion  de  le  dire  dans  une 
préctklente  Leçon  (6),  l'existence  de 
l'acide  urique  lijjre,  ou  en  co  )iI)inaison 
soi!  avec  de  l'ammoniaque,  soit  avec  une 
autre  base,  dans  les  excrémenis  des  I  n- 
secles,  a  été  constatée  d'abord  chez  le 
Ver  àsoie(c),  puis  chez  plusieurs  autres 
Animaux  de  la  même  classe,  tejsque  les 


(a)  Cliaussicr,  Mémoire  sur  tut  acide  parliculier  découvert  dans  lu  Ver  à  soie  (Nouveaux  Mém. 
de  l'Acad.  de  Dijon,  i7«:!,  t.  IV,  p.  10). 

(6)  Voyc»  lonic  \',  p.iffc  (i37. 

((•)  Uni^'iiaiolli,  Osserr.  sopra  l'ossinrato  d'ammoniaca  {Giornaledi  finca,  I8ir>,  I  \III,  p.  i-2). 
—  Observations  sur  l'existence  de  l'urate  d'ammoniaque  dans  les  iiiaticres  excréineatitictles  de 
la  Phalène  du  Ver  à  soie  {.\y).n.  de  ctnm'C,  1815,  t.  .\C.VI,  p.  55). 

—  Rnijiiin.  Études  sur  les  Vers  à  soie  [Cimjiles  rendus  de  l'Acad.  des  sciences.  185'J. 
t.  XLVIll,  p.  801). 


.U'l'Alli;iL    LIUhNAlIli;    UKS    LN  VKRTEIUIES. 


387 


portés  à  penser  que  les  tubes  nialpighiens,  ou  vaisseaux  biliaires 
de  ces  Animaux,  étaient  les  organes  chargés  de  sécréter  l'urine 
et  de  la  verser  dans  l'intestin  (lui,  à  son  tour,  l'évacué  au  dehors 
avec  les  tec(>s  ;  mais,  pour  s'en  assurer,  il  a  fallu  déterminer  la 
nature  chimique  des  matières  contenues  dans  ces  canaux  étroits, 
0[)ération  qui  [tréscnte  quelques  difficultés  à  cause  de  la  petitesse 
et  de  la  délicatesse  des  parties  (ju'il  est  nécessaire  d'isoler  par  la 
dissection.  On  y  est  parvenu  cependant  de  manière  à  ne  laisser 
aucune  incerlitudesur  ce  fait,  soit  en  protilant  de  cas  pathologi- 
(jues  dans  lesquels  des  concrétions  urinaires  s'étaient  formées 
dans  ces  vaisseaux  sécréteurs,  soit  en  étudiant  au  microscope 
les  produits  normaux  contenus  dans  leur  intérieur  (I).  On  a  con- 


Cliarançons  (a),  les  GiiOpcs  (6),  les  Pa- 
pillons (c),  les  Sauterelles,  les  Mouches 
et  plusieurs  autres  Insectes  (d).  J'ajou- 
terai qu'en  1810,  rexistencc  de  racide 
urique  dans  l'organisme  des  Cantharides 
a  t'^té  constatée  à  l'aide  de  l'analyse  du 
corps  entier  de  ces  Insectes  par  Uobi- 
quet  (e),  et  plus  récemment  un  résultat 
analogue  a  été  obtenu  par  des  recher- 
ches faites  sur  des  Charançons  (/')  et  des 
Blaps  (g). 

(1)  La  découverte  de  ce  fait  important 


me  paraît  être  due  à  Wurzer.  qui,  en 
1818,  constata  la  présence  de  l'acide 
urique  dans  le  liquide  contenu  dans 
les  vaisseaux  biliaires  du  Bombyx,  du 
Mûrier  [h).  Quelques  années  après,  un 
résultat  analogue  fut  obtenu  chez  le 
Hanneton  par  1\IM.  Straus  et  Che- 
vreul  (?■).  îMais  l'opinion  des  natura- 
listes n'a  été  fixée  à  ce  sujet  qu'à  la 
suite  d'une  observation  faite,  en  1836, 
par  Audouin  (  j),  qui,  en  étudiant  chimi- 
quement un  calcld  présumé  biliaire, 


{a)  Milne  Edwards,  Observations  sur  la  sécrétion  uriiiaire  cha  les  Insectes  (Aiui.  de  la  Société 
entomologiquc  de  France,  1833,  Bulletin,  p.  04). 

(b)  Audouin,  Lettre  concernant  des  calculs  trouvés  dans  les  vaisseaux  biliaires  d'un  Cerf- 
volant  (Ann.  des  sciences  nat.,  2"  séi'io,  1830,  t.  V,  p.  134). 

(c)  Lcdimainn,  Lchrbnch  der  phijsioloijischen  Cheinie.  t.  Il,  p.  409. 

((/)  J.  Davy,  Note  on  the  Excréments  of  certain  Insects  [The  Edinhurgh  new  Philos.  Journal, 
1840,  t.  XL,  p.  231).  —  Addilional  Notice  on  the  Urinary  Excréments  of  Insects,  eic.  [toc.  cit., 
p.  335). 

(e)  RobiqiKîi,  Expériences  sur  les  Cantliarides  {Ann.  de  chimie,  t.  LWVI,  p.  302). 

(V)  Henry  et  Boiiaslere,  Recherches  analytiques  sur  les  Charançons  du  blé  [Journal  de  phar- 
macie, 18-27,  l.  XIII,  p.  539). 

(3)  Horiiung  und  Bley,  Entomoloyiseh-chendsche  Untersuchung  des  soyenannten  Mistlulfers 
(Blaps  obtusa,  Kabr.)  (Journal  fur  pratctische  Clieinie,  1835,  t.  VI,  [i.  257). 

(/i)  H.  Wurzei-,  Cliemische  L'utersucltuinj  des  Sto/fes,  in  den  soyenannten  Gallengrfassen  des 
Schmelteriinys  der  Seidenraupe  f.Mcckel's  Deutsches  .irchiv  fier  die  Pliysiulogic,  1818,  t.  IV, 
p.  213). 

(()  Straus-Durkheim,  Considérations  générales  sur  les  Animaux  articxdcs,  1828,  p.  251). 

(j)  Audouin,  Lettre  concernant  des  calculs  trouvés  dans  les  canaux  biliaires  d'un  Cerl- 
volant  (Ann.  des  scimces  nal.,  2°  série,  1830,  t.  V,  p.  120j. 


388 


k\cri:tiu.\s. 


staté  de  la  sorte  ([ue  l'urine  des  Insectes,  earaclérisée  par  la  pii'- 
sence  de  l'acide  nriqne,  est  prodnile  {)ar  les  organes  tiibulaires 
qui  paraissent  être  chargés  aussi  de  sécréter  la  bile;  ces  glandes 
lilifonnes  excrètent  aussi  de  l'oxalate  de  chaux,  qui  est  également 
un  des  produits  anormaux  de  la  sécrétion  rénale,  comme  nous  le 
verrons  bientôt  (1).  Dans  une  précédente  Leçon,  j'ai  tait  con- 
naître le  mode  d'organisation  de  cet  appareil  sécréteur,  qui  est  un 
appendice  du  tube  digestif  (2).  J'ai  exj)osé  aussi  les  raisons  (pii 
me  portent  à  le  considérer  comme  un  organe  producteur  de  la 
bile,  et  si  cette  opinion  est  fondée,  nous  aurions  là  un  exemple 
remarquable  de  cumul  i)hysiologique.  Deux  l'ouctions  im[)or- 
tantes  auraient  leur  siège  dans  le  même  organe,  tandis  (pie  chez 
les  Animaux  plus  jierfcctionnés  sous  ce  raj)port,  la  division  du 
travail  est  toujours  complète;  mais,  du  reste,  il  y  a  tout  lieu  de 
penser  que,  même  dans  les  tubes  malpighiens,  la  réunion  de 
facultés  sécrétoires  différentes  dans  une  même  partie  est  plus 
apparente  que  réelle,  et  (pi'il  y  a  là  seulement  agglomération 
d'utricules  glandulaires  de  deux  ou  de  plusieurs  sortes,  dont  les 
unes  sécrètent  les  principes  biliaires,  et  les  autres  séparent  du 
lluide  nourricier  les  matières  urinaires  poiu'  les  vei'ser  dans 
ime  cavité  excrétoire  commune  fo).  Il  va  même  quelques 
raisons  de  croire  que  chez  certains  Insectes  la  localisation  de 


trouvô  par  M.  \ul)('  dans  tin  dos  Inbcs 
m  ilpij,'Iiicns  d'un  Lucane  Cerf-volant, 
recjnnut  que  celle  concrclion  élait 
formée  en  grande  partie  d'acide  uri(|ue. 
(1)  Al.  Sirodol  a  fait  récenimonl  un 
grand  nombre  (rexpérienccs  sur  re 
sujel,  ei  il  a  été  conduit  à  penser  que 
la  principale  fonction,  ou  même  la 
fonction  unique  des  lubcs  de  Mal- 
piglii,  appelés  généralement  des  vais- 


spau.r  hilinires,  est  de  sécréter  des 
niiitières  urinaires  (a). 

(2)  Voyez  tome  V,  page  626  et 
suivantes. 

(3)  Les  observations  de  M.  Lcydig 
tendent  même  à  faire  penser  que  la 
sécrétion  urinaire  est  liniilée  à  quel- 
ques-uns des  tubes  de  Malpiglii  ou  à 
uni'  porlion  de  cliaciin  de  ces  vais- 
seaux, e[  (\\v  dans  le  reste  de  cet  ap- 


(a)  Sii'oddl,  llcchcirhcs  sur  les  sécrrlioiii  c/ifi  les  laserics  [Aan.  des  sjicnr.cs  nul.,   i'  ^liric. 
J85'J,  t.  X,  |..  '2r,\). 


M'!'Mu:iL  uiuNAïKi':  i)i<:s   i.NVKiin^iîur.s.  o80 

la  sécrclion  urinairc  n'est  [kis  aussi  complAlos  (pic  dans  le 
espèces  dont  je  viens  de  [)arler,  et  (pie  les  parois  de  l'estoniae 
peuvent  i)rendre  part  à  ee  travail  excréteur.  En  effet,  INI.  Fabre 
(d'Avignon),  en  étudiant  le  développement  des  Si)lie\  et  de 
quelques  autres  Animaux  de  la  même  classe,  a  vu  (ju'à  l'épocpie 
où  les  métaniorphoses  s'achèvent,  il  y  a  un  dépôt  considérable 
de  matières  urinaires  dans  le  ventricule  chylififpie,  tandis  (pie 
les  tubes  mal|)igliiens  [)araissent  être  inacfifs  (1). 

Dans  la  classe  des  Arachnides,  les  analogues  des  tubes  mal- 
pighiens  des  Insectes  paraissent  être  spécialement  affectés  à  la 
sécrétion  de  l'urine;  car,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  dit,  il 
existe  chez  ces  Animaux  un  appareil  héjialique  bien  développé 
qui  en  est  distinct,  et  la  présence  de  concrétions  d'acide  urique 
ou  d'urates  a  été  constatée  dans  l'inlérieur  de  ces  vaisseaux 
llliformes  ('2).  J'ajouterai  que  les  canaux  urinaires  des  Ara- 


A|i|Mro[l 

liriii:iiro 

des 

Ai'iichiiijL'- 

cic. 


pareil  il  y  a  production  de  matières 
biliaires.  Col  Iiislologiste  liabile  fonde 
son  opinion  sur  des  diirérences  qui 
se  font  remarquer  dans  la  couleur  du 
contenu  de  ces  organes,  et  dans  la 
manière  dont  les  corpuscules  que  l'on 
y  voit  se  comportent  en  pr(5sence  des 
agents  chimiques  (a). 

(1)  M.  Fabre  a  trouvé  des  dépôts 
granulaires  d'acide  urique  disséminés 
dans  le  tissu  adipeux  des  Sphex  et  de 
quelques  autres  Hyménoptères,  et  il 
pense  que  Texcrélion  de  celte  matière 
est  effectuée  essentiellement  par  les  pa- 
rois du  ventricule  chylifique ,  car  il  a 
constaté  la  présence  de  concrétions 
urinaires  dans  cette  portion  du  tube  ali- 
mentaire, cl  il  n'en  a  pas  trouvé  dans 


les  vaisseaux  malpigliiens  [b)  ;  mais  les 
expériences  de  M.  Sirodol  ne  me  pa- 
raissent laisser  aucune  incertitude , 
quant  aux  fonctions  de  ces  derniers 
organes,  comme  glandes  urinaires  (r). 
J'ajouterai  que  M.  Sirodot  combat 
l'opinion  de  M.  Fabre  au  sujet  de  la 
sécrétion  urinaire  par  les  parois  de 
l'estomac,  phénomène  qui,  en  effet, 
ne  paraît  pas  être  constant  chez  les 
Insectes,  mais  qui  a  probablement 
lieu  chez  les  espèces  observées  par  ce 
dernier  naturaliste. 

(2)  Chez  les  Araignées,  l'urine, 
mêlée  aux  autres  matières  excrémen- 
lilielles,  consiste  en  un  liquide  trouble 
et  blanchâtre  qui  tient  en  suspension 
des  corpuscules  solides  et  qui  s'accu- 


(rt)  Le>ilii;,  Lchi-biicli  der  Hisloloijk,  p.  i7i!  et  siiiv. 

(())  Fabre,  Élude  sur  L'insliiict  et  les   inétam-jrplwscs  des  Sphéijicns  (Ann.  des  seieiices  nai.. 
4«  série,  1851!,  l.  VI,  p.  1G8  et  siiiv.). 
(c)  Sirodol,  Op.  rit.,  |i.  107. 


390  KXCKÉTIONS. 

néidos  ont  cependiuit  été  le  plus  souvent  décrits  sous  le  nom  de 
vaisseaux  biliaires^  cl  que  leur  structure  est  semblable  à  celle 
des  tubes  malpi^^biens  des  Insectes;  mais,  ainsi  que  je  l'ai  déjà 
dit,  ils  débouchent  dans  la  portion  terminale  de  riulcstin  (1  ), 
et,  au  lieu  d'élrc  simples,  ils  seramilienl  au  milieu  des  grap|)es 
utriculaircs  du  l'oie  (2). 

On  ne  sait  encore  presque  rien  relativement  à  la  sécrétion 
lu'inaire  chez  les  Crustacés  (3). 


mille  dans  le  cloaque.  Chez  les  ^]\- 
gales,  ce  liquide  est  rougeaude  (a). 

Les  concrélions  blanchâtres  quipa- 
raissenl  cire  des  produits  d'une  sécré- 
rion  ininairc fuient  remarquées  autour 
du  rectum  de  la  Mygale  par  Dugès  (6), 
et  M.  Siebold  constata  ensuite  que  ces 
corps  trouvés  dans  les  tubes  nialpi- 
ghiens  avaient  les  caractères  chimiques 
de  l'acide  urique  (c). 

(1)  Voy.  tome  V,  page  577. 

(2)  Chez  les  Araignées,  il  y  a  deux 
])aires  de  canaux  uriniures  :  ceux  de  la 
première  paire  s'ouvrent  à  rextrémilé 
de  l'intestin  grêle,  et  s'étendent  jusqu'à 
la  base  de  l'abdomen  ;  ceux  de  la  se- 
conde paire  débouchent  à  l'origine  du 
gros  intestin  {d). 

chez  les  Acariens,  une  paire  de 
tubes  urinaires  débouche  de  même 
dans  le  cloaque  (^). 

(3)  Ou  peut  tout  au  plus  hasarder 


quelques  conjectures  à  ce  sujet.  Ayant 
découvert  à  la  partie  postérieure  de  la 
chambre  branchiale  des  Crabes  un 
organe  d'apparence  glandulaire  dont 
le  conduit  excréteiu"  va  déboucher  au 
dehors,  de  chaque  côté  de  la  base  de 
l'abdomen,  près  de  l'articulation  de  la 
patte  postérieure,  j'avais  d'abord  pensé 
qu'il  pourrait  être  le  siège  d'une  sé- 
crétion urinaire  (/")  ;  niais  rien  n'est 
venu  confirmer  cette  supposition,  et, 
d'après  quelques  laits  constatés  plus 
récemment,  on  pourrait  être  disposé 
à  considi'rer  cette  excrétion  comme 
ayant  plutôt  pour  instruments  les  or- 
ganes verdàlres  qui  se  trouvent  de 
chaque  côté  de  l'estomac  des  Déca- 
podes, au-dessus  des  tubercules  dits 
(iiidilifs  {(j).  En  ellet,  ;\1M.  Croriip- 
Besanez  et  Will  ont  trouvé  dans  ces 
corps  une  matière  qui  ne  parait  pas 
diirérer  de  la  guanine  (/)). 


(a)  Siebold  clSlannius,  iYoutiflflM  Manuel  d'anatomie  comparée,  I.  II,  p.  525. 

(b)  Diigùs,   Observations  sur  les  Aranridcs  {.\>in.  des  sciences  nal.,   "2°  série,  183(), 


ISO) 

(u)  Sicljold  l'I  Slanniiis,  Op.  rit.,  I.  II,  p 


I.    VI 


[d)  Tioviiamis,  Ueber  den  tiiiicril  Ilau  der  Àrachnideii ,  p.  (!,  fifr.  (i. 

—  r.biiLliaiil.  Orgatiisntinn  du  licgnc  animal,  Ahaciiniuks,  ji.  (55,  pi.  4,  lig.  4. 

(e)  PutîL'ik'.ioclRM',  lieilrmje  %ur  Anatomic  der  Mdben,  t.  II,  p.  'M.  pi.  I,  Cvj;.  7  cl  8. 
(/■)  Milne  Edwards,  Histoire  naturelle  des  Crustacés,  I.  I,  p.  lO.".,  pi.  10,  fig.  2. 
(9)  Idem,  ibid.,  t   I,  p.  Iïï3,  pi.  12,  11-.  !). 

{h)  V.  Will  iirid  (loriip-Hosaiiez,  Cuaniue  in  we^scnllidi  lleslhandtheil  ijewiesser  Secrète  wlr- 
belloscr  Thicre  (Cckltrlc  Ainciijcn  dcr  K.  baicr.  Akad.  dcr  W'isscusch.,  i8i8,  l.  XXVII, 
p.  825). 


AI'l'AKKlL    l'IllNAlIUO    DKS    I.NVI>:r.TtlJUi:S. 


391 


§  19.  —  Knlin,  on  peut  tout  nii  plus  hasarder  quelques  eoii-     Appareil 

....  urinairn 

jeclures  au  sujet  de  1  exisfeuee  d'un  aj)[)areil  lu^uiau^e  chez  Its  .losveis 
Vers  et  chez  les  Zoophyies.  Quelques  auteurs  i)enseiit  qu'il  faut  ikszoophyic 
considérer  comme  telles  les  ampoules  sous-cutanées  de  la  Sanii- 
sue  (l),  ainsi  (jue  le  système  de  canaux  laléraux  en  communi- 
cation avec  la  vésicule  de  l.aïuTr  et  le  pore  caudal  que  nous 
avons  vu  chez  les  Tréuiatodes  (2j,  et  que  d'autres  naturahstes 
regardent  comme  des  dépendances  de  l'appareil  vasculaire,  ou 
bien  encore  comme  des  org'anes  respiratoires  ou  des  tubes 
aqiiilëres  (3).  On  a  supposé  aussi  que  les  appendices  Iblia- 
ces  qui  sont  sus[)endus  aux  paiois  de  la  cavité  générale  du 
corj)s,  à  la  base  des  ambulacres,  chez  IcsÉchinodermes,  pour- 
raient l)ien  cU^e  des  glandules  de  ce  genre  (4).  Enfin,  on  s'est 
demandé  si  les  filaments  dils  mésentériques^  qui  garnissent  le 


(1)  Ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit  dans 
une  autre  partie  de  ce  cours,  il  existe 

la  i'ace  ventrale  du  corps,  chez  les 
Sangsues,  deux  séries  de  pores  qui 
donnent  chacun  dans  une  petite  poche 
membraneuse  considérée  à  tort  par 
Dugès  comme  étant  une  espèce  de 
poumon  {a}.  Ces  vésicules  sont  en 
connexion  chacune  avec  un  tube  dis- 
posé en  anse  et  terminé  intérieure- 
ment par  un  pavillon  cilié.  On  trouve 
des  organes  analogues  chez  les  Lom- 
briciens  et  chez  d'autres  Annéhdes,  oîi 
ils  ont,  comme  nous  le  verrons  par  la 
suite,  des  rapports  avec  la  génération  : 
mais  chez  les  llirudinées  ils   sont  es- 


sentiellement des  instruments  sécré- 
teurs. La  plupart  dés  zoologistes  qui 
en  ont  étudié  la  structure  dans  ces 
derniers  temps,  pensent  qu'ils  con- 
stituent un  appareil  urinaire  (6),  mais 
on  ne  sait  encore  rien  relativement  à 
la  nature  chimique  des  matières  qu'ils 
excrètent. 

{2'  Voyez  tome  III,  p.  280  et  suiv. 

(o)  Si  cette  conjecture  était  fondée, 
il  y  aurait  également  lieu  de  penser  que 
les  tubes  aquifères  des  Rotateurs  {(■) 
sont  aussi  des  organes  urinaires. 

(i)  Ces  appendices  foliacés  de  l'ap- 
pareil ambulacraire  ont  été  décrits, 
dans  une  précédente  Leçon,   sous  le 


(a)  Voyez  tome  11,  (lage  104,  noio  -2. 

(6)  Gegcnbauer,  Ueber  die  ScMeifen-canâle  dcr  Hirudineen  {Verhaiidt.  der  plujs.-mcd.  GescIL 
schaltin  Wiirzbiirg,  1850,  t.  VI,  p.  3-20). 

—  Udekcm,  Hist.  nal.  des  Tnbifex  des  ruisseaux,  p.  17,  (Méiii.  de  l'Acad.  de  Bruxelles, 
Sav.  étr.,  t.  XXVI). —  Souvelle  classification  des  Anitclides  scHgcres  à  branches,  [>.  1  (Op.  cit., 
t.  XXXI). 

—  r.ratiolct,  Hech.  sur  l'organisalioa  du  système  vasculaire  dans  ta  Sanysac  médicinale  et 
VAlacostome  vorace  {.\nn.  des  sciea.  nat.,  série  4",  1862,  l.  XVII,  p.  197;. 

(f)  \oyez  tome  II,  pau;c  'JS. 


2>[)'2 


i:xciu:'no>s. 


poiirloiir  de  la  cavité  digeslivo  des  Actinies  ne  seraient  pas 
des  organes  excréteurs  d'une  sorte  d'urine  i\)  ;  mais  dans  Tétat 
actuel  de  nos  connaissances ,  ces  opinions  îie  rejiosent  sur 
aucune  base  solide,  et,  en  l'absence  de  données  suffisantes  pour 
les  juger,  il  me  paraîtrait  inutile  d'en  discut<;r  ici  la  valeur.  Je 
ne  m'arrêterai  donc  pas  davantage  sur  ce  sujet,  et  dans  la  pro- 
chaine Leçon  je  passerai  à  l'examen  des  produits  de  l'appareil 
sécréteur  dont  nous  venons  d'étudier  la  structure  dans  les  dif- 
férentes classes  du  Règne  animal. 


nom  do  branchies  internes  {a). 
M.  Leydig  esl  disposé  à  les  considérer 
comme  des  organes  sécréteurs  de  Tu- 
rine  (b)  ;  mais  il  ne  fonde  son  opinion 
sur  aucun  fait  probant. 

(1)  Nous  avons  vu  précédemment 
que  chez  les  Coralliaires  le  pourtour  de 
la  cavité  digestive,  ou  clian]I)re  viscé- 
rale, est  garni  d'un  nombre  plus  ou 
moins  considérable  de  grands  replis 
membraneux  (pii  constituent  autant  de 
cloisons  verticales  iUlcsmésentéroides, 
(|ui  portent  les  organes  génitaux,  et  (|ui 
s'avancent  des  parois  du  corps  vers 
son  axe,  en  adectant  une  disposition 
radiaire  (c).  Chez  les  Alcyonaires,  il  y 


en  a  toujours  huit  (</)  ;  mais  clicz  les 
Zoanthalres  on  en  compte  d'ordinaire 
douze,  vingt-quatre,  quarante-huit, 
ou  même  beaucoup  plus  {e).  Or , 
le  bord  libre,  c'est-à-dire  le  bord 
interne  de  chacune  de  ces  cloisons,  loge 
un  organe  cylindrique ,  grêle ,  très 
long  et  contourné,  d'apparence  tubu- 
laire  (/'),  qui  a  été  désigné  sous  le 
nom  de  cordon  pelotonné,  mais  dont 
les  usages  ne  sont  pas  connus ,  et  a 
été  l'objet  de  diverses  hypothèses. 
(Quelques  auleias  pensent  (jue  cesfda- 
mcnls  sont  des  organes  sécréteurs  de 
l'urine  ,  et  ils  les  désignent  sous  le 
nom  de  reins  (n). 


(a)  Voyez  toiiu;  II,  p:i^'o  "  et  suiv. 

(ft)  Ijcyilii,',  Lchrbuch  der  Histologie,  p.  409. 

{(■)  Voyez  lonic  III,  paifo  7ii  ;  loiue  V,  l'ajjc  301. 

[d]  Kxoiiiplo  ;  \r  l'aralnjnnium,  ou  AUijoiudie  l'U'ijanlc  (voy.  Milne  Edwiirds,  liecherches  aiiato- 
iniqurs,  phnsinUvjiqnes  cl  zoologiqucs  sur  tes  l'ohjpes,  i\.\w  Ann.des  sciences  nal.,  I!"  série,  1835, 
I.   IV,  pi.  -12,  11-.  :i  cl  4;  pi.   13,  fii,'.  -2). 

(e)  Voyez  Wiliic  Edwards,  Atlas  du  Hèguc  an'imut,  Zool'lIVTliS,  pi.  0-,  li^'.  ïi. 

—  Hollard,  Monographie  anatomique  du  genre  Aciiniu  (.!»».  des  sciences  nat.,  3°  série,  1851, 
I.  XV,  p.  271),  pi.  G,  dg.  0  à  9). 

(/■)  Miliiu  lidwards,  Histoire  naturelle  des  Coralliaires,  i.  I,  p.  1 1. 

(y)  I5eii;in,iniÉ  iiiid  H.  l.eiicUarl,  Anatoinisch-pliijsiologische  Uebersiclit  des  TIaerreichs,  I85I, 
p.  2U. 

—  V.  Carii»,  System  dcr  Ihierischeii  Morphologie,  1853,  p.  148. 


SOIXANTE -QUATRIÈME   LEÇON. 


De  l'urinfi.  —  Composition  chimique  de  ce  produit  excrémentitiel.  —  Propriétés  de 
l'urée;  de  la  créatine ,  de  la  créatinine  ;  de  l'acide  hippurique  ;  de  l'acide  urique  ; 
de  l'acide  cyanurique  ;  de  la  guaniue  ;  de  l'acide  oxalique,  —  Matières  minérales 
contenues  dans  l'urine.  — Constitution  de  l'urine  normale  chezl'Homme;  chez  les 
autres  Mammifères;  chez  les  Oiseaux,  les  Reptiles,  les  Batraciens  elles  Poissons; 
chez  les  Animaux  articulés;  chez  les  Molhisques,  etc. 


es 
sles 
sur  l'urino. 


^  \ .  —  L'urine  est  de  tontes  les  matières  animales  celle    P'«'"^''fi> 

«^'  des  chinns 

dont  l'étude  a  le  plus  occupé  l'attention,  non-seulement  des 
médecins  et  des  physiologistes,  mais  aussi  des  chimistes.  Dès 
l'antiquité,  ayant  enlrevu  l'existence  de  quelques  rappoiis  entre 
les  variations  qui  se  manifestent  dans  les  caractères  physiques 
(le  ce  liquide  et  l'état  général  de  l'organisme,  les  médecins 
pensèrent  (pi'ils  pouvaient  l'interroger  utilement  pour  le  dia- 
gnostic des  maladies,  et  ils  en  firent  l'objet  d'observations 
multipliées.  Les  physiologistes  ont  compris  que  sa  formation 
devait  jouer  un  grand  rôle  dans  le  travail  mystérieux  de  la 
nutrition,  et  ils  se  sont  appli(piés  avec  persévérance  a  en  éclai- 
rer l'histoire.  Enfin  les  chimistes,  émerveillés  tout  d'abord  des 
produits  qu'ils  extraient  de  cette  humeur  excrémentitielle,  la 
souuicltcnt  à  des  expériences  sans  nombre. 

Aussi,  vers  le  milieu  du  xvn"  siècle,  c'est-à-dire  à  une  éporjue 
où  la  chimie  était  à  peine  née,  voyons-nous  déjà  l'ingénieux 
Van  lîelmont  essayant  de  déterminer  la  nature  et  l'origine  des 
matières  dont  l'urine  se  (^.ompose  (1).  En  1669,  les  recherches 


(1)  c'est  principalement  en  s'occu-  mont  {(i)  parle  des  jnatières  contenues 

pant    de    la    formation     des    calculs  dans    rurliie ,   et  ses    notions   à    cet 

rénaux  ou  vésicaux,    que   Van  Hel~  égard  sont  toujours^  très   vagues  ;  les 

(a)  N'oyez  lome  I,  paje  379. 


39/l  ËXCUKTIOJ^S. 

dont  ce  liquide  était  l'ohjel  eunduisireiit  Braiid  à  la  déeoiiveiie 
du  phosphore,  et  bientôt  a[)rès  Kinikel.  Boyle  et  heaiieoup 
dautres  expérimentateurs,  stimulés  par  ce  succès  et  par  le  mys- 
tère dont  on  l'entourait,  soumirent  l'urine  à  de  nouvelles  inves- 
tigations (1). 

Au  commencement  du  xvni'  siècle,  le  célèbre  Boerhaave  fit 
une  analyse  de  l'urine,  dont  les  juges  les  plus  compétents  par- 
lent comme  d'un  cliei-d'nuivre,  pom^  ré[)oque  où  elle  a  été 
laite  (2),  mais  dont  la  physiologie  ne  pouvait  tirer  que  peu  de 
lumière.  Enfui,  (juelques  années  plus  tard,  un  des,  anciens 
cliimisles    de    notre   jMuséuu»   d'histoii'c    ualurelle.    Rouelle 


laits  lui  manquèrent  pour  l'éclinfau- 
(lagc  des  raisoiiucmonls  qu'il  élève. 
Mais  si  l'on  dépouille  ses  idées  de  la 
l'oiine  bizarre  que  son  lauj^age  leur 
donne,  on  voit  que  parfois  ce  philo- 
sophe avait  enlrevu  des  vérités  dont  la 
conslalalion  ne  date  que  de  nos  jours. 
Ainsi,  il  cherche  à  établir  que  la  sub- 
stance urinairequi  conslitue  le  gravier, 
et  (jue  nous  savons  aujourd'hui  être  de 
l'acide  urique,  doit  se  irouver  dans  le 
sang  et  en  être  simplement  ('liminée 
par  les  reins  (a). 

(1)  Les  alchinusles  croyaient  que  la 
pierre  philosophale  à  l'aide  de  laquelle 
ils  espéraient  opérer  la  transnuitatiou 
des  métaux  devait  se  trouver  dans 
l'urine,  et  c'est  en  taisant  des  expé- 
riences sur  ce  liquide,  (pu!  Jîrand,  mé- 
decin à  Hambourg,  obtint  pour  la  pre- 
mière lois  le  phosphore,  à  l'aide  d'un 
procédé  dont  il  l'aisail  un  secret,  mais 


que  Kuidiel  ne  tarda  pas  à  décou- 
vrir (b).  C'est  donc  eu  majeure  partie 
à  ce  dernier  chimiste  qu'appartient  le 
mérite  de  la  découverte  de  ce  corps 
remarquable.  Les  expériences  dont 
l'urine  fut  ensuite  l'objet  de  la  part  de 
r.oyie  et  des  autres  chimistes  de  la 
même  époque  eurent  aussi  principale- 
ment pour  objet  la  préparation  du 
phosphore  (r).  Jl  faut  cependant  ex- 
cepter les  recherches  de  iJellini  ;  mais 
les  résultats  auxquels  ce  médecin  chi- 
miste arriva  ne  jetèrent  que  fort  peu 
de  lumière  sur  la  constitution  de  l'u- 
rine (d). 

(2)  Berzelius  apprécie  de  la  sorte  le 
travail  de  Boerhaave  {c)  ;  mais  les 
écrits  de  ce  médecin  sur  la  chimie  ne 
peuvent  être  lus  avec  prolit  aujour- 
d'hui, cl  je  ne  les  cite  qu'à  raison  de 
l'intérêt  qu'ils  olïrent  pour  l'histoire 
(i<'  la  science  (/"). 


[U]  Van  llelinont,  Tractatus  de  lUIiia.sl  (Opuscula  medica,  cdit.  5%  t53:i,  p.  t  J). 

(6)  Voyez  HocIViT,  llistuire  <lf  la  cU'nnic,  1.  CCllt. 

(c)  Uoyle,  .-In  Accoxml  of  nwkinij  PUosiiltonis  (l'hilos.  Traits.,  llil)."),  i.  XVII,  \i.  58M). 

{ti)  Voyez  Foiircroy,  Système  d.s  connaissaiict's  cliiiiaques,  t.  X,  p.  10!l. 

(ej  IkTzeiiiis,  Traité  de  chimie,  l.  \  11,  p.  ;iiO  (cdil.  ilu  d833). 

(/)  l!(iprli;iave   Etementa  rtinnia',  I.  Il,  p.  t'Jt»  el  siiiv.  (l'ilil.  ilc  ITItS). 


COMPOSITION    DE    l'oRINR.  o05 

ieiine(i),  vint  à  son  tour  s'occuper  du  nionie  sujet,  et  il  décou- 
vrit le  lait  le  plus  iuipoiiant  de  l'iiisloire  de  ce  li(juide  : 
l'existence  de  lî»  nintièrc  connue  aujourd'hui  sous  le  nom 
(Vurée. 

C'est  du  travail  de  Rouelle  jeune  qu(3  dale  la  longue  série 
de  recherches  bien  dirigées  relativement  à  la  composition  de 
l'urine  et  à  la  nature  de  ses  matériaux  constitutifs,  dont  la 
physiologie  est  redevable  aux  chimistes  (2)  ;  mais  les  résultats 
obtenus  par  Rouelle  étaient  bien  incomplets,  et  c'est  petit  à 
petit,  grâce  aux  recherches  de  Scheele  (3),  de  Rergmann  (4), 
de  Cruikshank  (5),  de  Fourcroy  et  Vauquelin  (6),  et  surtout 


(1)  Ililaire  riouellc,  démonsU-atcur 
de  chimie  au  Jardin  du  roi,  était  frère 
de  G.  r.onelle  le  pliarniacien,  qui  étail 
professeur  daus  le  même  clalilissement 
scientifique  et  le  maître  de  Lavoisier. 

(2)  Les  recherches  de  jlouelle  sur 
rurée  parurent  de  1773  à  1777,  et 
Ton  doit  à  ce  chimiste  non-seulement 
la  découverte  de  la  maiière  urinaire, 
mais  aussi  la  constatation  de  rexislence 
d'un  acide  particulier  dans  l'urine  des 
herbivores,  regardé  longtemps  connnc 
étant  de  Tacide  hcnzoïque  («). 

,(o)  Scheele,  dont  j'ai  déjà  eu  l'occa- 
sion de  citer  les  travaux  relalils  à  la 
composition  de  Fair  {h),  fit  connaître 
la  véritable  nature  de  la  matière  ter- 
reuse de  l'urine,  dont  on  avait  obtenu 
le  phosphore,  et  il  découvrit  aussi 
dans  les  calculs  urinaires  le  principe 
appelé  aujourd'hui  acide  tirique  le). 


{Il)  Les  recherches  de  Bergmann 
furent  faites  en  même  temps  que  celles 
de  Scheele,  et  conduisirent  aussi  à  la 
déc:;uverte  de  l'acide  urique  (d). 

(5)  Cruikshank  (e)  a  étudié  mieux 
qu'on  ne  l'avait  fait  avant  lui  le  prin- 
cipe immédiat  qu'il  appelait  la  matière 
savonneuse  de  l'urine,  et  que  l'on  con- 
naît aujourd'hui  sous  le  nom  d'urée  ; 
il  fut  le  premier  à  constater  la  forma- 
tion des  cristaux  qui  se  produisent, 
quand  on  fait  agir  l'acide  nitrique  sur 
cette  substance,  phénomène  qui  est 
très  utile  pour  en  faire  reconnaître  la 
présence  (/'). 

(G)  Kn  1800,  Fourcroy  donna  sur 
l'histoire  chimique  de  l'urine  un  article 
bien  supérieur  à  lotit  ce  qui  avait  été 
publié  précédemment  sur  le  même 
sujet  {(j).  ]\  fit  aussi,  en  commun  avec 
Vauquelin,  de  nombreuses  recherches 


(fi)  Rouelle,  Observ.  sur  l'urine  humaine,  etc.  (Journal  de  médecine  de  Houx,  1775,  t.  XL, 
p.  4(;3). 

[h)  Voyez  tome  I,  page  399. 

(c)  Scheele,  Examen  chimieum  calcuU  urinavii  (Acta  Acad.  rej.  Suce.,  illG).  —  Opuscula 
chemica  et  Physica,  1788,  t.  II,  p.  73. 

((/)  i:cvj;mmn,  Obsevvationcs  noirnullœ  de  calr.ull.s  xirinœ  {Acla  Acad.  reij.  Suec  ,  177(;). 

(e)  Voyez  tome  1\',  page  457. 

(/)  \oyez  Rollu,  Un  Diabètes  mellitus,  1797. 

ig)  Foureroy,  Système  des  connaissances  cbimiqnes,  t.  X.  p.  93  pl  siiiv. 


;^9G  EXCRÉTIONS. 

de  Berzelius,  <jLie  l'on  est  arrivé  à  des  idées  nctles  sur  ces 
sujets  importants  (1).  j^^nfin,  dans  cesdernières  années,  les  ex- 
périences de  M.  Wôhler,  de  M.  Liebig  el  d'un  grand  nombre 
d'aulres  cliimistes,  dont  j'aurai  à  citer  les  publications  dans  le 
cours  de  cette  Leçon,  ont  fait  laire  de  nouveaux  progrès  à 
celte  partie  de  l'histoire  de  la  sécrétion  urinaire,  et  ont  permis 
aux  physiologistes  d'cFiiployer  rexamen  des  produits  de  cette 
sécrétion  pour  la  solution  d'autres  questions  dont  l'intérêt. est 
encore  plus  considérable. 
coniposiiion  ^2.  —  L'uriuc  de  l'Homme  et  des  Animaux  contient,  comme 
rmine.  les  autrcs  humeurs  de  l'économie,  de  l'eau  et  divers  sels 
minéraux;  mais  ce  qui  la  caractérise  essentiellement,  c'est  la 
présence  d'une  ou  de  plusieurs  substances  azotées  ipii  ne  res- 
semblent pas  aux  principes  constitutifs  des  aliments  |»lastiques, 
ou  des  tissus  oi'ganisés,  qui  se  rapprochent  davantage  des 
corps  bruts,  qui  sont  cristallisablcs,  et  qui  sont  susceplildes  de 
jouer  le  rôle  d'im  acide  ou  d'une  base.  Ces  matières  diffèrent 
beaucoup  entre  elles  sous  le  rapport  chimique,  mais  elles 
dérivent  toutes  des  principes  albuminoïdes,  et  se  ressemblent 
par  des  caractères  dont  nous  devons  tenir  grand  coiupte;  en 
s'altérant,  elles  donnent  facilement  riaissance  à  de  l'anuno- 
niaque,  et  (considérées  au  i»oiiit  de  vue  de  la  [)hysiologie,  elles 
constituent  un  groupe  important  de  pioduits  essentiellement 
excrémentiliels,  que  je  désignerai  sous  le  nom  de  principes 
itrinaircs. 

sur   la  coinposiliou   des  calculs    uii-  daus  un  ouvrago  sur  la  cliimif  aui- 

nairos  {a).  inalc,  en  suédois,  vl  païul  (luelquosan- 

(1)  On  doit  à  Berzelius  la  jircniitMC  nées  plus  tard,  d'ahord  dans  un  recueil 

analyse  quanlitalive  de  ruiine.  Ce  Ira-  auf^lais,  puis  dans  les  Aitiiale.s  de  chi- 

\ail  remarquable  l'ut  i)ul)lit'  en  180i<,  mie  (/>). 

(a)  Foiircroy  el  Vauqiielin,  Mém.  jwur  icrvir  à  l'hist.  nat.  chivi.  et  mi'd.  ilc  l'urine  {.\nu.  de 
chimie,  4TJ9,  t.  XXM,  p.  48;  t.  XXXU,  y.  80). 

ib)  Iturzelius,  General  views  of  Ihc  <:<)})iiiosilion  of  Animal  Fluids  (Mediro-Chiruriiical  Trans- 
actions, t.  ni).  —  Mt'm.  sur  la  coiiijiusilion  îles  lliiides  nniniau.r  {Hibl.  tirilanniqiie,  I.  I.HI.  -— 
Ann.  de  chimie,  181i,  t.  l-XXMN,  p.  :ts). 


Principes 

iiiijiaucs. 


COMPOSITION    DE    l'uUINE.  397 

§  3.  —  L'une  do  ces  siibslauces,  eelle  (iiie  lloiiolle  jeune 
déeoiivril  dans  Turine  derilonime  (1),  et  que  l'on  ;ij)pelle  au- 
jourd'luii  urée,  est  une  base  organique  complexe  (2),  (jui,  |)ar 
la  nature  et  les  proportions  de  ses  éléments,  ne  diffère  pas  d'un 
cyanate  à  base  ammoniacale  (o),  mais  (pii  s'en  dislingue  [tar 


Urée. 


(1)  Ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  la  dé- 
couverte de  cette  substance  est  due  à 
Rouelle  («),  niaisBocrhaaveetquelciucs 
antres  chimistes  paraissent  l'avoir  en- 
Irevue  longtemps  avaiit  lui  (/>).  Four- 
croy  et  Vau(iuelin  furent  les  premiers  à 
l'obtenir  à  l'état  de  pureté  ;  ils  en  firent 
une  étude  sérieuse,  et  lui  donnèrent  le 
nom  qu'elle  porte  aujourd'hui. 

Par  des  considératictns  qu'il  serait 
trop  long  d'exposer  ici,  Al.  Alorin  (de 
Genève)  a  été  conduit  à  penser  que 
l'urée  n'existe  pas  dans  l'urine,  mais 
se  l'orme  aux  dépens  d'une  substance 
particulière  appelée  urite,  qui  se  trou- 
verait dans  ce  liquide  eu  combinaison 
avec  du  chlore  ou  avec  de  l'acide 
chlorhydrique,  et  qui,  en  se  combinant 
avec  de  l'oxyde  de  carbone,  se  trans- 
Ibrmerait  en  urée  (c).  M.  Persoz  a 
aussi  révoqué  en  doute  l'existence  de 
l'urée  dans  l'urine  (d)  ;  mais  ces  opi- 
nions ont  été  réfutées  par  les  expé- 
riences de  M.  Dumas,  de  M.  Lecanu  et 
d'autres  chimistes  (c). 

(2)  Pour  le  physiologiste  il  me  pa- 
raît utile  de  classer  d'une  manière  par- 
ticulière les  substances  qui  sont  sus- 
ceptibles de  jouer  le  rôle  de  base,  et 
qui  se  rencontrent,  soit  dansl'économi/ 


animale,  soit  dans  ses  produiis.  Il  l'aul 
distinguer,  d'une  part,  le  groupe  formé 
par  les  bases  binaires  dont  le  radical 
est  un  corps  à  mob'culcs  simples  et 
métal  li([ues,  lel  que  le  sodium  ou  le 
1er  ;  d"aulre  part,  le  groupe  formé  par 
les  bases  non  viélalliqucs,  dont  les 
unes  peuvent  être  considérées  comme 
ayant  pour  radical  im  corps  composé, 
tel  que  le  cyanogène  ou  l'ammonium 
dans  la  constitution  de  chaque  atome 
desquels  l'azote  se  trouve  uni  à  du  car- 
bone ou  à  de  l'hydrogène,  et  dont  les 
autres,  tels  que  l'urée,  d'une  constitu- 
tion encore  plus  conq)lexe,  ressemblent, 
par  la  nature  de  leurs  éléments,  à  une 
combinaison  de  ces  derniers  radicaux 
ou  de  quelques  corps  analogues  avec 
de  l'oxygène,  quelque  puisse  être  d'ail- 
leurs le  mode  de  groupement  de  leurs 
atomes  constitutifs. 

(3)  L'acide  cyanique,  dont  la  décou- 
verte est  due  à  M.  Wohler,  se  compose 
de  2  équivalents  de  cyanogène  et  de 
1  équivalent  d'oxygène;  il  forme  des 
sels  assez  stables,  mais  on  ne  peut 
l'isoler,  car,  en  présence  de  l'eau,  ses 
éléments  se  combinent  avec  un  équi- 
valent de  ce  liquide  pour  donner  nais- 
sance à  du  carbonate  d'aunnoniaque. 


(a)  Voyez  ci-dtssiis,  \r.\ga  394. 

(b)  Fouixroy,  Système  des  connaissances  chimiques,  t.  X,  p.  154. 

{€)  A.  Moiin,  Mcm.  sur  la  consiilutwa  des  urines  (Annales  de  chimie  el  di  physique,  1830, 
t.  L\I,  |i.  i). 

[d)  Persoz,  Introduction  à  Vitude  de  la  chimie  mnlcculaire,  p.  5S7. 

(e)  Dimias,  .Sur  faction  du  calorique  sur  les  corps  onjaniqucs,  Uieso  de  coiicoiirs.  l'aris,  183S. 
p.  lot. 

—  Lffaiiii,   [le  fi'tat  dans  lequel  c.riste  i':rée  dans  Vurinc  [Aiin.  d;  chimie  et  de  pinjsiqu,', 
1S40,  I.  I.XMV,  p.  90). 

Vil.  '2(^ 


398  EXCRÉTIONS. 

ses  propriétés  et  par  le  mode  de  groupement  de  ses  moléeules 
constitutives. 

En  effet,  le  cyanate  d'ammoniaque  se  compose  d'un  équiva- 
lent d'acide  cyani(iue  (C^AzO)  uni  à  un  équivalent  d'ammo- 
nia(]ue  (AzH^)  et  à  un  équivalent  d'eau  (HO),  et  par  consé- 
(juent  peut  être  représenté  par  la  formule  : 

AzH3,HO,C2AzO. 

Or,  l'équivalent  de  l'urée  a  également  pour  formule  : 

C2li4Az202. 

Et  la  ressemblance  entre  ces  cor|)S  isomères  ne  se  borne  pas  là, 
car  on  peut  former  artilicicllement  de  l'urée  en  mettant  en  pré- 
sence de  l'ammoniaque  et  de  l'acide  cyani(jue  à  l'état  naissant. 
Ainsi,  pour  en  obtenir,  il  suffit  de  verser  du  sulfate  d'ammo- 
niaque dans  ime  dissolulion  du  cyanate  de  potasse  :  la  double 
décomposilion  s'opère,  et  il  se  [)rodtiit  du  suliate  de  potasse  ; 
mais  l'acide  cyauique  et  l'ammoniaque  ne  s'unissent  pas  de 
façon  à  former  du  cyanate  d'ammoniaque,  et  ils  (Constituent  de 
l'urée.  Enfin,  pour  que  le  cyanate  d'ammoniaipie  se  transforme 
en  urée,  il  suffit  aussi  d'abandonner  ce  sel  à  lui-même  quand  il 
est  en  dissolufion  dans  l'eau. 

Le  fait  de  la  production  arfificielle  de  l'm^ée  est  non  moins 
iuiporlanl  ])our  la  |)liysiologie  que  pour  la  cliimie.  La  décou- 
verte en  est  due  à  M.  Wolilcr,  un  des  savants  les  [)lus 
distingués  de  rAUemagne  (i).  Juscpi'alors  on  n'était  jamais 

(1)  Ce  résultat  capital  fut  obtenu  en  se  produit  aussi  dans  d'autres  circon- 

1828  {(i),  et  aujourd'hui,  (piand  les  stances  :  ainsi,  on  l'a  préparée  arlili- 

cliiniisles  veulent  se  proctner  de  l'urée  cielienient  en  décomposant  le  lulnii- 

cn  (|uanlilé  considérable,  ce  n'esl  plus  iiale  de  cuivre  anunoniacal  i)ar  l'acide 

dans  l'urine  qu'ils  vont  ciiercber  celte  sulfliydritiui',  ou  bien  encore  en  faisant 

substance  ;  ils  la  forment  au  moyen  de  passer  de  Toxamide  à  travers  un  tube 

la  réaction  indi(iuée  ci-dessus.   L'urée  cliaullé  au  rouge. 

(a)  NViihler,  Sur  la  forwalUi»  avtificiflh'  ilr   l'iin'i'  {Aini.  dr  cliimie  et  de  phy.^iqitc,  1828, 

I.  XXXVII,  p.  :î;iO). 


COMPOSITION    DE    l' URINE.  399 

parvenu  à  former  de  toutes  pièees,  dcins  un  vase  inerte,  un 
des  nombreux  principes  immédiats  que  l'on  voit  naître  dans 
les  corps  vivants,  et  l'on  pouvait  croire  que  l'inlervenlion  de 
la  jiuissance  vitale  était  nécessaire  à  la  création  de  toutes  ces 
substances  ;  mais  la  belle  expérience  de  M.  Wôhler  nous 
montre  que,  dans  cerlains  cas  au  moins,  les  phénomènes  chi- 
miques dont  l'organisme  est  le  siège,  ressemblent  en  tout  aux 
phénomènes  de  la  nature  inorganique. 

J'ajouterai  que  la  transformation  de  l'urée  en  ammoniaque 
et  en  acide  cyanique  est  également  facile  à  déterminer.  Ainsi, 
quand  on  verse  de  l'acétate  de  plomb  dans  une  dissolution 
d'urée,  il  se  forme  un  précipité  de  carbonate  de  plomb,  et  de 
l'acétate  d'annnoniaque  reste  dans  la  dissolution  (1). 

En  jetant  les  yeux  sur  la  formule  qui  représente  la  constitu- 
tion de  l'urée,  on  remarque  (pie  sous  le  rajiport  de  sa  compo- 
sition élémentaire,  cette  substance  ne  diftëre  du  carbonate  d'am- 
moniaque que  par  la  [)ro[)ortion  d'oxygène  et  d'iiydrogène 
qu'elle  renferme,  et  que  si  l'on  su[)posait  1  é(piivalent  d'urée 
uni  à  à  équivalents  d'eau,  cette  dilTérence  cesserait  d'exister.  En 
elfet,  le  carbonate  d'annnoniaque  se  compose  de  AzH\CO-HO, 
et  par  conséfpient  2  équivalents  de  ce  sel  correspondent  à 
J  équivalent  d'urée  combiné  avec /i  é(piivalents  d'eau;  car 

2(AzH3,C02,HO)  =  C2H<Az202  4-  /|H0. 

Un  conçoit  donc  (jue  l'urée  en  présence  de  l'eau  [)uisse  faci- 
lement se  transformer  en  carbonate  d'ammoniaque,  et  effecti- 
vement c'est  ce  qui  a  lieu  quand  cette  matière  en  dissolution 
dans  ce  li([uide  est  exposée  à  l'action  de  l'air.  Sous  rintluence 

(1)  lien  est  de  même  quand  on  ajouic  déposent:  mais  à  froid  cette  réactioii 

de  razolatc  d'argent  à  une  dissolution  ne  s'opère  pas,  et  l'nrée,  en  se  combi- 

bouillante  d'urée  :  il  se  l'orme  de  l'azo-  nanl  avec  le  nitrate  d'argent,  donne 

laie  d'ammoniaque,  qui  est  très  soluble,  naissance  à  un  sel  basique  double,  qui 

et  des  cristaux  de  cyanate  d'argent  se  se  dépose  en  gros  cristaux  incolores. 


/|00  KXCRÉTIONS. 

des  ferments  (juc  l'aliiiosplière  y  dépose  ,  ainsi  ([ue  dans 
([uelqnes  antres  eireonstances,  l'nrée  s'empare  des  éléments 
(Vnne  certaine  quantité  d'ean,  et  domie  naissance  à  ce  sel 
anunoniaeal  (1).  C'est  ainsi  que  l'urine  se  pntréfie  rapidement 
à  l'air,  et  exhale  alors  l'odeur  pi{inante  (|ui  est  {)ropre  aux 
matières  anuïioniacales. 

Si  les  résultats  annoncés  dernièrement  par  M.  Bécham|i 
sont  exacts,  il  y  aurait  des  relations  non  moins  importantes 
à  noter  ici  entre  l'urée  et  les  matières  albuminoïdes.  Nous 
avons  vu  précédemment  que  les  jirincipcs  albuminoïdes  dont 
se  composent  en  grande  jiartie  les  aliments  plastiques  et  les 
tissus  organisés  des  animaux  se  décomposent  facilement  pour 
donner  naissance  à  du  carbonate  d'annîionia(|uc,  quand  iJs  son! 
exposés  à  l'action  de  l'eau  et  del'o.xygène  de  l'air.  On  savait  aussi 
(|ue  cette  transformation  dépcMid  de  la  lixation  d'une  certaine 
(|uaiilil('  d'oxygène  par  la  matière  organicpie  azotée,  et  qu'elle 
pouvait  être  considérée  comme  le  n'sullat  d'unie  sorte  de  com- 
bustion imi)arfaite  de  cette  sul)stance.  il  était  donc  permis  de 
pr('sumer  ipie  les  matières  albuminoïdes,  en  s'empjrant  d'ime 
mèuu^  quantit('  iroxygèue,  |)oun'aic!it,  dans  cci'taines  circon- 
stances, ne  pas  l'clenir  les  éléments  de  l'eau  en  mcioc  [U'opor- 
lion,  et  produire  non  du  carbonate  (ranuiioui;uiue,  mais  bien 
de  l'uivi^  Ainsi  (pie  nous  le  veri'ons  dans  \m<.'  prochaine  Leçon, 
c'éiait  mèm(>  (\c  la  suite  (pie  lc>  physiologistes  exprK|uaient 
lliéori(piement  la  création  (h^'urée  dans  l'économie  animale. 
Or,  .M.  lîéchamp  assure  (pie  dans  des  expériences  de  labo- 
l'atoire,  il  a  l'éalisé  cette  transformalioii.  Vaï  oxydant  [lar  des 

(l)  La  ir^nsforinatidn  de  rurée  on  coll<;  substance,  icnd  à  la  laire  consi- 

carhonate  (ranniK)nia(ini' pcnl  (Mrc  dé-  dérer  comme  \\u   coips    appartenant 

terminée   aussi  i)ar  d'aulres  moyens.  au  i,n-oupe  des  amides  composées  (pii 

Ainsi,  clic  a  lii'u  quand  on  soumel  de  ({('livciil  des  divers  sels  annnoniaeaux, 

Turéc  à  Taetion  des  alcalis  liydrah's,  el  (pniul    eeu'v-ci   perdent  les  éléments 

celle  ciiconslaiice,  ainsi  (jue  plusieurs  (run(''(piivalenld'eau.  Danscette  liypo- 

aulrcs  parlicidaiités  de    riiisloire   de  ilièse,  l'urée  serait  de  la  rrt/7)f/)»?W^'. 


COMl'OSITION    lu:    L  iiiiNi;.  hO\ 

nioyeiis  (iii'il  .scr.iii  {\o[)  long  (]'c\[)li{iiicr  ici,  do  hi  lihiino,  do 
l'îilhiiniine,  ou  nioincdu  giiilcn,  cechimisic  est  parvenu  à  Ibr- 
nier  une  nialière  (ju'il  regarde  comme  étant  de  l'urée  (1). 

Nous  reviendrons  bientôt  sur  l'examen  de  ce  phénomène 
remanjuahle  et  des  conséquences  (ju'on  en  pourra  déduire,  si 
l'opinion  émise  par  .AI.  Béehamp  sur  la  nature  du  produit  ainsi 
obtenu  vient  à  être  confirmée  ;  mais  je  dois  ajouter  qu'il  y  a  des 
doutes  à  cet  égard,  et  si  j'en  }>arleici,  c'est  seulement  pour  iaire 
pressentir  (juel  est  probablement  le  mode  de  formation  de  l'urée 
dans  l'intérieur  des  organismes  vivants. 

l.'nrée  est  très  soluble  dans  l'eau  fj2 ),  et  elle  est  susceptible  de 
cristalliser  en  longs  prismes  à  quatre  pans,  incolores,  inodores  et 
d'une  saveur  (raîclie.  Elle  est  sansaction  sur  les  réactifs  colorés; 
mais  elle  a  les  propriétés  d'une  base,  et  elle  i'orme  avec  divers 
acides  des  sels  cristallisables  (3).  11  est  aussi  à  noter  ([u'ello  ne 


(1)  ^\.  Jîécliamp  assure  avoir  efl'ec- 
Uié  cette  iransibiniation  des  matières 
alljuniinokles  en  urée  ,  en  les  sou- 
nieltanl ,  à  l'état  de  dissolution  dans 
l'eau,  à  Faction  de  riiypennansanate 
de  potasse ,  sel  qui  cède  facilement 
de  l'oxygène  aux  substances  orga- 
niques (a).  Mais  il  existe  beaucoup 
de  doutes  au  sujet  de  cette  découverte, 
car  j\].  Stiideler,  en  opérant  dans  les 
conditions  indiquées  par  ce  cbiniisie, 
n'est  pas  arrivé  aux  mêmes  résultats  ;  il 
n'a  pas  obtenu  d'urée ,  et  il  a  vu  que 


l'oxydation  de  la  matière  albiuniiiiVide 
donnait  naissance  à  de  l'acide  ben- 
zoïque  (b);  il  serait  donc  possible  que 
les  cristaux  formés  par  ce  dernier 
produit  eussent  été  pris  pour  du  ni- 
trate d'urée  par  INI.  lîécbamp. 

{'!)  L'urée  est  beau(  oup  moins  so- 
luble dans  l'alcool  et  ne  l'est  que  très 
peu  dans  l'étlier. 

(3)  Les  sels  à  base  d'urée  sont  anhy- 
dres quand  leur  acide  ne  contient  pas 
d'oxygène,  mais  reiifermint  1  équiva- 
Icntd'eauquand l'acide  e;t  oxygéné  (c). 


(«)  A.  liéclinnip,  Essai  sur  les  siibsta?iccs  albuminoïJes  et  leur  transformation  en  uriic  ,  lliose. 
Slrasboiii-i,',  1850. 

(b)  Siii'leler,  Leher  die  O.vijdation  iLs  Albuinin  durcli  L'cbermangensdure  kaii[Jouni.  tiir  prakt. 
Chemie,  1S57,  t.  LXXII,  ]..  251). 

{(■)  r!e?:nautl,  Nouvelles  recherches  sur  la  cowposiliûn  des  alialis  organiques  {Ann.  de  chiuue, 
i%?,^,  t.LWIII,  p.  l.-.i). 

—  M.ircli;iiiil,  Uiber  die  Zusammcnsctiuug  des  Oxalsàuren  ^lnd  Snlpelcrsduren- Harnstofj's 
(Journal  jiir  prakt.  Chemie,  ISiô,  t.  XXMV,  p.  248). 

—  Wcrilicin,  N.tchtrâijl.  Heinerk.  ilb'd.,  I.  XXXV,  p.  483). 

—  t'olilinir,  Ui'ber  die  Zusaintnensetz-ïing  des  Salpetersduren-ll irnsioffs  {An'i-  der  Clt<'mie 
uiid  l'hann.,  i8i5,  t.  LV,]i.  2  48;. 

—  Ueiniz,  Ucber  die  quantitative  llcslimmung  des  llarnstntfs  (I*nj.,-cn(JorlT's  Annalcn  dir 
l'iiijsik  und  Chenue,  18i5,  I,  LXVl,  p.  114). 


402  EXCRÉTiONS. 

se  ooinbine  pas  avec  tous  les  acides,  les  acides  carbonique,  lac- 
tique, hippurique  et  sulfliydricpie,  par  exemple  (1).  Eniin,  elle 
peut  enlrer  en  combinaison  avec  des  oxydes,  des  sels  et  des 
chlorures  métalliques,  tels  que  le  chlorure  de  sodium  et  le  sel 
ammoniac  (2). 

Je  ne  veux  pas  faire  ici  une  histoire  chimique  complète  de 
l'urée,  mais  il  me  semble  utile  de  signaler  les  caractères  à  l'aide 
desquels  on  peut  constater  la  présence  de  cette  substance  dans 
les  humeurs  de  l'organisme,  et  même  d'indiquer  comment  on 
peut  en  apprécier  la  (piantité.  Pour  le  reconnaître,  il  suffît  de 
concentrer  la  liijucur  qui  la  contient,  et  d'y  ajouter  un  peu 
d'acide  nitrique  ou  d'acide  oxalique  ;  les  sels  que  l'urée  pro- 
duit avec  ces  réactifs  sont  insolubles  et  se  précipitent  en 
petits  cristaux  dont  les  formes  sont  déterminables  et  caracté- 
ristiques (3).  Quelques  chimistes  ont  recours  à  cette  réaction 


(1)  Ce  fait  est  iniporlanl  à  noter, 
parce  que  quelques  auteurs  avaient  été 
conduits  à  penser  (|ue  l'urée  se  trouve 
dans  Turine  à  l'état  salin,  en  combi- 
naison avec  de  l'acide  lactique  [a]  ; 
mais  cette  opinion,  combattue  par 
IM.  Lecann  (6),  a  été  rendiu'  inadmis- 
sible par  les  recbercbes  de  M.  Pelouze. 
En  effet,  ce  chimiste  a  constaté  que 
l'urée  ne  se  combine  avec  l'acide  lac- 
ti(|ue,  ni  directement,  ni  par  voie  de 
double  décomposition  (r). 

(2)  Les  combinaisons  de  l'urée  avec 
divers  sels  ont  été  étudiées  par  M.  Wer- 
ther.  Celle    l'orniéc  par   le  chlorure 


de  sodium  et  l'urée  est  remarquable  : 
elle  cristallise  en  prismes  rhomboï- 
daux.  brillants  ,  et  renferme  NaCl  -}- 
'->G2H^Az202  4-  '2H0  {d). 

(3)  Cette  expérience  est  tri^s  facile 
à  faire.  On  filtre  le  liquide  pour  le  dé- 
barrasser des  corpuscules  ((ui  peuvent 
s'y  trouver  en  suspension,  et  s'il  con- 
tient de  l'albumine,  on  le  chauffe  pour 
coasi;uler  cette  matière  ;  puis  on  le  fait 
évaporer  jusqu'à  consistance  presque 
sirupeuse,  et  l'on  y  ajoute  xm  peu  d'a- 
cide azotique.  Pour  obtenir  le  dépôt 
cristallisé,  il  suflit  d'une  goutte  de  cha- 
cun de  ces  liquides,  et  eu  opérant  sur 


(a)  Cuss  et  Henry,  Recherches  sur  le.t  lactales  et  l'étal  de  l'urée  dans  Vur'ine  {Journal  de 
pharmacie,  1839,  t.  XXV,  p.  133).  —  Sur  l'état  de  l'urée  dans  l'urine  (Journal  de  pharmacie, 
•1840,  t.  XXVI,  p.  202).  —  Expériences  pour  prouver  l'cristence  dulaclale  d'urée  dans  l'urine 
normale  de  l'Homme  (Journal  de  pharmacie,  18il,  t.  XW'II,  p.  355). 

{!))  Lecanu,  De  l'état  dans  lequel  existe  l'urée  dans  l'urine  (Ann.  de  chimie,  1840,  t.  LXXIV^, 
p.  90). 

(c)  Polouze,  Méni.  sur  l'émélique  arséniqué,  l'urée  et  iallantoïne  {Ann.  de  chimie  et  de  phys., 
3*  série,  184-2,  t.  VI,  p.  ('.5). 

((/)  Werther,  Ueber  die  Verbindung  des  llarnsluffs  mit  Saticn  {Journal  (ur  praktischc  Ciiemie, 
I.  XXXV,  p.  51). 


COMPOSITION    DE    l'uRINK.  403 

pour  doser  l'urée;  mais  on  airive  plus  lacileinciil  et  plus 
sûrement  au  résultat  voulu,  en  précipitant  cette  substance  à 
l'aide  d'une  dissolution  titrée  d'azotate  de  mercure  (1). 

§  4.  —  Un  autre  principe  urinaire,  dont  il  est  important  Acidcmique. 
pour  les  physiologistes  de  connaître  la  nature  et  les  propriétés, 
est  ï acide  iirique  (2). 

Ce  corps   remarquable   est  une  substance  azotée  comme 
l'urée,  mais  qui  contient  beaucou[)  plus  de  carbone  et  moins 


une  lame  de  verre  qu'on  place  ensuite 
sous  le  microscope,  on  peut  reconnaître 
facilement  les  formes  caractéristiques 
de  l'azotate  d'urée  (a),  qui  est  presque 
insoluble.  Lorsqu'on  emploie  de  l'acide 
oxalique,  les  cristaux  se  déposent  de  la 
même  manière  et  sont  également  bien 
caractérisés  (6). 

(1)  J'ai  déjà  eu  l'occasion  de  men- 
tionner ce  procédé  de  dosage  (c),  et 
j'ajouterai  ici  que  M.  Millon  a  proposé 
l'emploi  d'une  autre  méthode  basée 
sur  les  phénomènes  qui  se  produisent 
quand  on  met  en  contact  de  l'urée  et 
de  l'azotate  de  mercure  dissous  dans 
de  l'acide  oxalique  ;  l'urée  est  décom- 
posée et  la  totalité  de  son  carbone  est 
transformée  en  acide  carbonique,  de 


sorte  qu'en  déterminant  la  quantité  de 
ce  gaz  qui  se  dégage,  on  peut  calculer 
la  quantité  d'urée  existant  dans  la  ma- 
tière employée  (d). 

Une  autre  méthode  de  dosage  de 
l'urée  est  fondée  sur  la  décomposi- 
tion de  cette  substance  par  l'hypo- 
chlorite  de  soude  et  la  détermination 
du  volume  du  gaz  azote  obtenu  par 
cette  réaction  (e).  Mais  le  procédé  de 
M.  Liebig  (/'),  indiqué  ci-dessus,  est 
celui  qui  paraît  être  le  plus  commode 
dans  la  pratique,  et  qui  est  le  plus  em- 
ployé (g). 

(2)  Quelques  auteurs  désignent  ceUe 
substance  sous  le  nom  iVacide  litliique, 
parce  qu'elle  a  été  d'abord  extraite  des 
pierres  vésicales. 


[a]  Voyez  :  Fiinkc,  Atlas  der  j)hysiologischen  Chemie,  1858,  pi. .3,  fig.  2. 

—  Robin  et  Vcrdeil,  Traité  de  chimie  iinatomique  et  physiologiqiie,  t.  II,  p.  51i,  pi.  30, 
fjg.  5,  C,  etc. 

(6)  Fiiiike,  Op.  cit.,  pi.  3,  fig.  2. 

—  Robin  et  Verdeil,  Op.  cit.,  t.  II,  p.  515,  pi.  31,  fig-.  2,  et  pi.  32. 
(c)  Voyez  tome  I,  page  290. 

{d)  Millon,  Mémoire  sur  le  dosaqe  de  l'urée  {Comptes  rendus  de  l' Académie  des  sciences,  18i8, 
t.  XXVI,  p.  319). 

(e)  Edmond  Davy,  On  a  Neiu  and  Simple  Melhod  of  determining  the  aniount  of  L'rea  in  the 
Ui-inary  Sécrétion  {Philosophical  Magazine,  i°  série,  185i,  t.  VII,  p.  3851. 

—  Leconte,  Procédé  de  dosage  de  l'urée  par  Vhypochlorile  de  soude  (Comptes  rendus  de 
l'Acad.  des  scicnrcs,  1858,  t.  XLVII,  p.  237). 

{/■)  Liebig,  Sur  quelques  combinaisons  de  l'urée  et  sur  une  nouvelle  méthode  pour  détenniner 
le  chlorure  de  sodium  et  l'urée  dans  l'urine  [Ann.  de  chimie  et  de  physique, '6' sens,  1853, 
t.  XXXIX,  p.  80). 

{g)  Picard,  De  la  présence  de  l'urée  dans  le  sang,  etc.,  llièse.  .Strasbourg',  1856. 

■ —  Golding  Bird,  De  l'urine  et  des  dépots  urinaires,  Irad.  par  O'Rorke,  1861,  p.  14. 

—  L.  Beale,  On  Urine,  Urinary  Deposils  and  Calculi,  1801,  p.  363  et  suiv. 


/|()/l  KXCnÉTIONS. 

d'iiydro^èiso.    Sa   composition   aloiniquc  (1)   csL  reproseiitôc 
par  lu  formule 

C'0Il2Az<O<,'21IO. 

!1  cristallise  en  [)eliles  lames  Manches  et  insipides.  11  n'est 
(pie  très  peu  solnble  dans  l'eau  (2)  et  il  n'exerce  qu'une  action 
très  faible  sur  le  tournesol,  mais  il  forme  avec  les  bases  des 
sels  bien  définis.  Suivant  toute  probabilité,  l'acide  uriipie  dérive 
des  matières  protéirpjes,  comme  l'urée,  bien  rpie  l'on  ne  sache 
pas  encore  comment  cette  transformation  peut  s'opérer  ;  mais 
on  a  constaté  qu'en  subissant  l'action  de  l'oxygène,  cet  acide 
peut  donner  naissance  à  cette  dernière  substance,  ainsi  qu'à 
quelipies  autres  })rincipes  qui  se  rencontrent  dans  l'économie 
animale.  En  eftet,  ^LM.  Woliler  et  Liebig  ont  constaté  (jue  si 
l'on  fait  bouillir  de  l'acide  urifpie  dans  de  l'eau  tenant  en  sus- 
pension de  l'acide  plombique  (ou  oxyde  puce  de  plomb\  cette 
substance  organiipie  est  en  (pielque  sorte  brûlée  |)ar  l'oxygène 
qu'elle  enlève  au  plomb,  et  qu'en  s'emparant  en  même  temps 
des  éléments  d'une  certaine  quantité  d'eau,  elle  se  transforme 
en  urée,  eu  acide  oxaliciue  et  en  allantoïne  (o).  Or,  nous  ver- 


(1)  On  lopréseiile  de  la  sorlc  l'aciclt' 
luiquc,  parce  qiril  est  à  l'étal  d'iiy- 
drale,  el  (pie  les  '2  é(piivalenls  d'eau 
qu'il  rcnt'enuc  ou  sout  cliassés  quand 
il  se  condMnc  avec  les  bases  alcalines 
pour  rousiiliier  des  urales  neutres  au- 
Indri's  (d).  (ju(;lques  cliindsles  réser- 
vent à  l'acide  urique  anliydie  le  nom 
d'aride  lHliique. 

('_>)  H  laulenviron  1000  parties  d'eau 
froide  pour  dissoudre  1  partie  <raci(le 
urifpie,  et  la  solubililé  de  ce  corps 
n'est  guère  iiliis  coiisitlérahle  à  chaud, 
l/alcool  et  l'éllier  ne  le  dissolvent  pas. 


{[))  La  produclion  de  ces  trois  nia- 
lières,  aux  dépens  de  l'acide  urique, 
s'explique  eu  supposant  que  celte  sub- 
stance s'empare  de  'J  équivalents  d'oxy- 
içène  provenant  de  l'acide  plombique, 
((iii  passe  à  l'état  de  [iiotoxyde  de 
plomb,  el  des  éléments  de  o  éc]ui>a- 
lenls  d'eau.  Kn  ellet,  l'écpiivalent  d'a- 
cide uri(pie  ^  C'nil-.\z'0<,'2IIO,  ou 
.lulrenirnl  dit,  ('.'"iMAz'O^,  et  les  élé- 
ments de  cette  substance,  plus  0^  cl 
;;ilO  =  G'"irAz''()".  Or,  I  é(|uivalent 
iVuivv  =  C-lI*Az2;)2;  1  équiv.ileiil 
d'allanloïiie  =  C^llUz^O^;  et  '2  équi- 


(rti  VVoMiM  n  l.iclii,-',  Viilcr.suihuii'jcn  iibcr  dic  yaliir  der  lltriisauvc  {Anii.  dcr  Clicmic  iind 
l'itanii.,  18JS,  1.  WVl.  p.  214!. 


coMi'OsiiioN   DE  1,1  iiim;.  /|05 

roiis  l)ioiitùt  ({lie  dniis  l'iiîlépicur  de  réeonomie  des  phéiio- 
nièncs  du  même  ordre  se  manifesleiit  (I). 

L'aeide  iiriiiue  est  facile  à  reconnaître  à  la  belle  couleur  rouge 
pourpre  de  l'une  des  substances  qui  en  dériveni,  (piand,  a[)rès 
l'avoir  traité  à  cbaud  par  de  l'acide  azotique,  on  lait  agir  sur  le 
résidu  ainsi  obtenu  des  vapeurs  ammoniacales.  11  se  Corme  alors 
de  la  murexide  (2).  Enlin,  je  rappellerai  que  la  présence  de 
l'acide  uriqiie,  de  même  que  celle  de  l'urée,  a  été  conslatée  dans 
le  sang,  sinon  dans  l'élat  normal,  où  il  ne  se  trouve  pas  en 
jiroportion  assez  considérable  pour  être  mis  en  évidence  par 
les  réactifs  (jue  la  cbimie  nous  fournit,  au  moins  dans  certains 
états  p\ilbologi(|ues  de  l'organisme  :  par  exein[)le,  cliez  des 
arthritiques  et  des  malades  atteints  d'albuminurie  iJV). 

§  5.  —  A  la  suite  de  ces  deux  principes  je  rangerai  plii- 


\alcnts  d'acide  oxalique  (C^QS)  == 
CW:  total,  G'o,lFAz30<'.  La  somme 
dos  atomes  de  chacun  de  ces  éléments 
est  donc  é^ale  de  part  et  d'autre. 

(1)  M.  J.  Davy  a  constaté  aussi  que 
l'urate  d'ammoniaque  exposé  pendant 
(pielques  jours  à  l'air  et  à  l'action  des 
rayons  solaires  se  transforme  en  oxa- 
iate  d'ammoniaque  (a). 

(2)  L'acide  urique,  traité  par  l'acide 
nitrique,  s'oxyde  et  donne  naissance  à 
de  l'urée,  ainsi  qu'à  une  matière  par- 
ticulière appelée  alloxanc ,  qui,   en 


se  combinant  avec  l'annnoniaque,  pro- 
duit la  murexide  (ou  purpurate  d'am- 
moniaque). 

Les  cristaux  microscopif[ues  fournis 
par  le  dépôt  de  l'acide  urique  et  des 
urates  sont  également  caractéristi- 
ques [h).  Au  sujet  des  procédés  em- 
ployés pour  le  dosage  ou  l'extraction 
de  ces  matières  urinairos,  je  me  bor- 
nerai à  renvoyer  aux  publications 
faites  sur  ce  sujet  dans  ces  dernières 
années  p  ir  plusieurs  cliimistes  (c). 

(3)  Voyez  tome  I,  page  '201. 


(fl)  J.  Davv,   On  the  .Aciioii  of  Uic  sun's  raijs  on.  Lilhlc  Acid  (Philos.  Maij.,  1844,  t.  XXV, 
p.  li'2). 

ib)  Voyez  Robin  et  Vcrdeil,  Traite  de  chimie  anatomique,  I.  Il,  p.  395,  pi.  11  ol  1"2. 

—  GoUlinïT  Bii'il,  De  l'urine  et  des  dépôts  iivinaires,  p.  150  ol  siiiv.,  fi^r.  48  à  73. 

(c)  Hflk'i',  Ucstimmunij  der  Harnsâure  im  Ihnni  (Archiv  fur  pinjsiol.  Chemie  und  Mikrjscoine , 
1844,  t.  I). 

—  Landerer,  Sur  la  préparation  de  l'acide  urique  arec  les  e.rcrémenis  des  Oiseaux  (Journal 
de  pharmacie,  3"  série,  1851 ,  t.  XIX,  p.  439). 

—  Delffs,  Vcre'mfdchte  Méthode  Harnsâure  aus  Schlanqcn-E.ccremeuten  zu  gewinnen  (Pog- 
gcn(lorft"s  Annaten  der  Physik  imd  Chemie,  1850,  t.  LXXXI,  p.  311). 

—  Bell^cll.  Darsti'Uung  der  Harnsâure  aus  Guano  lAnn.  der  Chemie  und  l'hnrm.,  ISU), 
l.  lAllI,  p.  '■ICC}). 

—  Sdlrr,  Un  the  nalurnl  Acid  lieaction  of  the  Urine,  and  on  the  Deteriuinalion  of  the  l'ru  ■ 
portions  thr rein  of  L'ric  Acid  and  Urea  [Edinburijli  Médical  Journal,  1859,  1.  IV,  p.  5S5). 


/lOG 


EXCRETIONS. 


Ciéaliiie. 


sieurs  autres  matières  azotées  qui  peuvent  se  trouver  dans 
l'urine,  soit  chez  l'Homme,  soit  chez  certains  Auiaumx  infé- 
rieurs, et  qui  doivent  être  considérées  comme  appartenant  à  la 
même  famille  naturelle  de  produits  excrémentitiels.  Telles  sont  la 
créatine,  la  créatinine,  rallautoïuc,  la  xauthine,  rhypoxanlhinc 
Pt  la  guanine  (1).  En  général,  ces  substances  ne  sont  sécrétées 
par  les  reins  qu'en  très  petites  quantités,  et  jusqu'en  ces  der- 
nières années  l'existence  dans  l'urine  n'en  avait  pas  été  consta- 
tée; mais  il  est  nécessaire  d'en  tenir  grand  compte  lorsqu'on 
cherche  à  acquérir  des  idées  précises  louchant  les  }>hénomènes 
chimiques  qui  accompagnent  le  travail  nutritif  dont  l'économie 
animale  est  le  siège. 

Ainsi  la  créatine,  substance  dont  j'ai  déjà  eu  l'occasion  de 
signaler  l'existence  dans  le  sang  (-2),  se  rencontre  aussi  dans 
l'urine  (3),  et  elle  ressemble  à  l'urée  sous  plus  d'un  rap|)ort. 


(1)  Quelques  chimistes  considèrent 
furine  comme  renfermant  aussi  de  la 
irimcthyhimmine  (C^H^Az),  substance 
basique  volatile  qui  est  analosjue  à  de 
rammoniaquc  dans  laquelle  les  o  équi- 
valents d'hydrogène  seraient  rempla- 
cés par  un  égal  nombre  d'équivalents 
de  méthyle  (C'-H^).  Elle  se  trouve  dans 
le  jus  extractif  des  Harengs  salés  (a), 
et  M.  Dessaignes  l'a  oi)tenue  dans 
diverses  expériences  sur  l'tuiue  (6)  ; 
mais  il  y  a  lieu  de  penser  qu'elle  est 
un  produit  de  la  dérouqx)silion  de 
cette  humeur,  et  qu'elle  n'y  existe  pas 
dans  les  circonstances  ordinaires.  Le 


même  résultat  a  été  obtenu  plus  ré- 
cemment par  M.  Bucheim  (c). 

(2)  Voyez  tome  I,  page  201. 

(3)  L'existence  de  ce  principe  dans 
l'urine  a  été  constatée  par  M.  Heintz. 
Ce  chimiste  l'avait  d'abord  considéré 
comme  un  acide  organique  susceptible 
de  former  avec  l'oxyde  de  zinc  un  sel 
soluble  assez  analogue  à  un  lactate  [d], 
cl  j\I.  Peltenkofer,  en  étudiant  de  son 
côté  celte  substance,  avait  reconnu 
qu'elle  est  neutre  {e)  ;  mais  à  cette 
époque  on  ne  soupçonnait  pas  son  iden- 
tité avec  la  créatine  précédemment 
découverte  par  iM.  Chevreul  dans  la 


(a)  Ildfiiiaiin,  Sur  la  présence  de  la  tviméViylammine  dans  le  jus  extractif  des  Harengs  salés 
{Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  sciences,  iSHi,  t.  XXXV,  p.  02). 

(b)  Dcssaip:iios,  Triinélhylamniine  obtenue  de  l'urine  liumaine  {Comptes  rendus  de  l'Acad.  des 
sciences,  1850,  t.  XLIII,  p.  070). 

•    (c)  Voyez  Uay,  Chemistry  in  liclalioa  to  l'hysiology  and  Medicine,  p.  309. 

(d)  Hciniz,   Veber  eine  neue  Sâure  ini  menschlichen  Harn  (l'oggcndoi-fTs  Annalcii  d:r  l'hysik 
und  Chemie,  4  844.,  t.  LXII,  p.  002). 

(e)  Pcitrukofur,  Notiz  iiber  eine  neue  lieaction  auf  Galle  und  Ziuhcr  {Ann.  dcr  Cliem.  und 
l'harin.,  18ii,  I.  I.II,  p.  07). 


COMPOSITION    DE    l'uRINE.  /i07 

En  etïet,  de  même  que  celle-ci,  la  créatine  est  un  |)rincipe 
immédiat  azoté,  cristallisable  et  basique  ;  en  se  décomposant, 
elle  peut  facilement  donner  naissance  à  de  l'ammoniaque  (1), 
et  en  s'nnissant  à  des  acides,  elle  peut  constituer  des  sels  bien 
définis  (2). 

Il  est  aussi  à  noter  que  la  créatine,  en  se  dédoublant  sous 
l'intluence  de  certains  agents,  peut  donner  naissance  à  de  Turée 
en  même  temps  qu'à  une  autre  base  organique  appelée  sarko- 
sine  (3). 

Un  autre  dérivé  de  la  créatine  qui  doit  également  prendre 
place  dans  le  groupe  des  matières  uriuaires  azotées,  est  la 
crécLtinine  (â),  base  organique  cristallisable.  dont  la  composition 
atomique  est  représentée  par  la  formule  C'^H'^Az^Q-  (5). 

Ce  corps  prend  naissance  quand  on  soumet  la  créatine  à  l'ac- 
tion d'im  acide  concentré  et  bouillant,  qui  lui  fait  perdre  les 
éléments  de  h  équivalents  d'eau.  En  effet,  la  créatine  est  for- 


Ci'caliniiic. 


viande,  cl  ce  fut  par  des  reclierches 
ultérieures  que  M.  Heintz  et  M.  Liebig 
en  déterminèrent  la  nature  («).  Au 
sujet  du  mode  d'cxtraclion  de  ce  prin- 
cipe urinaire,  je  renverrai  au  mémoire 
de  Al.  Liebig.  Ses  cristaux  ont  été  figu- 
rés par  plusieurs  auteurs  (6). 

(1)  La  créatine,  traitée  par  les  alcalis 
concentrés,  se  transforme  en  ammo- 
niaque, en  acide  carbonique  et  en  sar- 
kosine  (G^H^AzO*). 

(2)  Les  sels  de  créatine  sont  cristal- 
lisables  et  s'obtiennent  directement  par 


la  dissolution  de  cette  base  dans  des 
acides  faibles.  Us  rougissent  la  teinture 
bleue  de  tournesol. 

(o)  Ce  dédoubli'ment  s'opère  quand 
on  fait  bouillir  la  créatine  dans  de  l'eau 
de  baryte. 

{l\)  L'existence  de  la  créatinine  dans 
l'urine  a  été  démontrée  par  les  expé- 
riences de  ^L  Liebig  (c). 

(5)  Il  est  aussi  à  noter  que  la  créa- 
tine cristallisée  perd  li  équivalents 
d'eau  par  l'action  d'une  température 
de  100". 


(a)  Heintz,  Nouvelles  recherches  sur  la  créatine  (Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  sciences, 
1847.  t.  XXIV,  p.  500). 

—  Liebig,  Sur  les  principes  des  liquides  de  la  chair  musculaire  {Ann.  de  chimie  et  de  phy- 
sique, 3«  série,  1848,  t.  XXIII,  p.  I  51). 

(b)  Voyez  Funke,  Atlas  der  physiologischen  Chemle,  pi.  4,  fig.  4. 

—  Robin  et  Venieil,  Traité  de  chimie  anatomique,  pi.  23,  24  et  25. 

—  Bealc,  Itlustratious  of  Urine,  pi.  7,  i'ig.  3. 

—  Golding  Bird,  De  l'urine  et  des  dépôts  urinaires,  p.  G,  fig.  7. 

(c)  Liebig,  Op.  cil.  {Ann.  de  chimie  et  de  physique,  3°  série,  1842,  t.  XXlll,  \<.  51). 


Allanloïnc. 


AOS  L\(:r.i:iio.Ns. 

nu'(3  (\c  (:''H'^i\z^()'*,2H0,  el  par  conséiiiieiit,  en  piMchml  /iH(), 
sa  composition  devioiit  identique  avec  celle  de  la  (•n'>alininc(1). 

J'insiste  sin-  ces  lails,  parce  que  j'aurai  bientôt  à  montrer  (jue 
l'urée,  la  créaline,  la  créalinineet  les  autres  matières  urinaires 
dont  il  nie  reste  à  parler  ont  toutes  la  même  origine  dans 
l'économie  animale,  et  se  ressemblent  par  leur  rôle  i)bysiolo- 
iiique  aussi  bien  (jne  |)ar  un  certain  ensemble  de  caractères 
chimiques. 

§  6.  —  Vallanto'ine  ('âj,  dont  la  composition  élémentaire 
peut  cire  représentée  par  la  Ibrmule  CHl-Az-O^,  est  un  corps 
cristallisable  qui,  dans  certaines  ex[)ériences  de  laboratoire, 
peut  être  formé  aux  dépens  de  l'urée,  et  (pii,  à  son  tour,  peut 
lacilement  donner  naissance  à  cette  substance  cxcrémcnti- 
tiellc  (3).  Elle  renlcrme  moins  d'oxygène  et  elle  est  sniioul 
l'iclie  en  carbone.  On  conçoit  donc  (jue  dans  des  circonstances 
où  l'oxydation  des  matières  albuminoïdes  ne  serait  pas  portée 
assez  loin  pour  donner  lieu  à  la  Ibrmalion  d'urée,  cette  réaction 


(1)  Voyoz  loinc  Vf,  pay,o  Zi<S(i. 

(t2)  Ce  principo  imniédial,  qu'on  a 
dosigiK'  aussi  sons  les  noms  d'acide 
amniotique ,  d'aride  allantoïque  et 
d\tllantoï(line,  lui  (k'cou\  cri  par  Yau- 
(|iii'lin  <'t  l'tivina  dans  les  eaux  de 
rauMiios  de  la  A  aclic  (a),  ol  éliidiô 
d'une  manière  plus  complète  par 
]\1M.  i.iehif;  e|  Wuiiler.  Ce  dernier 
cliiiDisIe  en  a  conslalé  aussi  la  pré- 
s(»nce  dans  Turine  du  lœtus  humain 
el  dans  celle  du  Veau  (li). 

(;})  Il  sullit  de  r.irlion  de  Peau  bouil- 
lante poui-  déterminer  le  dédouble- 
inenl  de  l'allanloïne  en  urée  cl  en 
acide  allant iiri(|iie  {C'dn" Az^O!').  Légè- 


rement clianfl'ée  avec  de  Pacido  azo- 
titpie,  rallantoïne  se  décompose  de  la 
même  manière,  el  la  litpieur  laisse 
déposer  des  cristaux  d'azotate  d'uiée. 
L'acide  chlorliydriquc  détermine  le 
même  di'douhli'menl.  i'.nlin,  il  est 
aussi  à  noter  (|ue  sous  rinthience  du 
lermcnl  alcoolique,  celte  substance 
donne  naissance  à  de  l'urée  el  à  di- 
vers produits  ammoniacaux. 

D'autre  pari,  rallantoïne  est  une  des 
substances  que  l'on  oblient  quand  on 
oxyde  de  Purée  au  moyen  du  peroxyde 
de  plond)  ,  fxpt'-rienc  •  sur  la([uellc 
nous  reviendrons  en  parlant  de  l'acide 
uri([ue. 


(rt)  V;iiif)iieiiri  cl  l'.iiviii.i ,  .l/c/iioict' .viir /'("(!(  de  l'amiiios  [AiuiiUis  de  cliiiiiic,  IT',!!!,  I.  XWIII, 
|..  -JG'J). 

■  //)  Wolilci-,  Ikbc.r  deii  Ml  uiloiu  -Geluill  des  lùUbciiidnis  (Sacliriclilcn  v  ■»  dcr  LiciiCitsclirill  dcr 
^Visscnschaflcn  i^u  GOItiiiijeu,  ISiS),  p.  01). 


COMPOSITION  DE  i/uniNr..  /|0<) 

[)()iii'i';iil  [irodiiirede  rnlhHitoïiie.J'njoiilerai  (lu'oii  so  dédoiihhuil, 
ce  principe  uriiiaire,  uni  à  do  l'eau,  peut  se  Iranslornier  en 
anunoniaquc  et  en  acide  oxaliijue,  substance  que  nous  allons 
l)i(Milot  rencontrer  également  parmi  les  matières  organiques 
que  les  glandes  rénales  évacuent  au  dehors  (1).  Dans  l'état 
normal  de  l'organisme,  l'allantoïne  ne  se  montre  dans  l'urine 
(juc  chez  le  fœtus  ou  chez  quelques  très  jeunes  Animaux  ;  mais 
ou  l'a  vue  apparaître  aussi  chez  des  individus  adultes  dont  la 
respiration  était  emIuuTassée  (2), 

§  7.  — Chez  quel(|ues  Animaux,  les  matières  urinaires  dont 
je  viens  de  parler  paraissent  être  remplacées  par  une  autre  sub- 
stance basique  qui  contient  aussi  de  l'azote  en  proportion  consi- 
dérable, mais  qui  est  moins  oxydée  (jue  l'urée  et  l'allantoïne. 
On  l'a  désignée  sous  le  nom  de  guanine,  parce  que  c'est  dans 
l'espèce  d'engrais  urinaire  appelé  f/wa/îo  que  la  découverte  en 
a  été  faite  (3). 

I^î  8.  —  La  xant/iine  et  Ihypoxanlhine,  parleur  composition 


GiiaM'mc". 


(1)  Cette  transformation  s'opère 
quand  rallantoïnc  est  soumise  à  l'ac- 
lioM  (les  alcalis,  cl  elle  s'explique  faci- 
lement ;  car  i  équivalent  (l'allantoïne, 
en  s'appropriant  les  él(5ments  de 
3  ('qnivalents  d'eau,  représente  \!  équi- 
valents d'ammoniaque  anhydre.  En 
ellel,  G^ll3Az-03  -f  ^(110  =  2(Azll3, 

(2)  MM.  Frericlis  et  Sladeler  ont 
constaté  l'existence  de  rallantoïne  dans 
Turine  de  deux  Cliiens  dont  la  respi- 
ration avait  été  entravée  artificielle- 
ment par  rinjeclion  d'imile  dans  les 
poumons,  et  l'on  croit  en  avoir  aperçu 
aussi  chez   un  Homme  atteint  d'une 


maladie  des  poumons  (a).  Des  faits 
analognes  ont  été  constatés  chez  des 
Lapins  (6).  P];ilin,  Al.  SchoUin  annonce 
l'avoir  observée  à  la  suite  de  l'admi- 
nistration du  tannin  à  hautes  doses  (c). 
[o]  La  gua  line  est  cristalline  et  de 
couleur  jaune  ;  elle  forme  avec  les 
acides  des  sels  qui  sont  décomposés 
par  l'eau,  et  sa  composition  est  n^pré- 
sentée  par  la  formule  C'^II^Az^o-. 
Traitée  par  l'aci'.le  chlorhydrique  et  le 
chlorate  de  potasse,  elle  s'oxyde,  perd 
un  équivalent  d'azote  et  d'hydrogf'-nc, 
se  combine  avec  de  l'eau,  et  se  irans- 
l'ormc  en  acide  guanique.  On  l'avait 
d'abord  confondue  avec  la  xanlhine. 


ia]  Ficriclisiind  Sla^lclor,  Uebev  das  Vorkommenvoii  Allantoia  ini  llani  bel  ijcslijriev  Resiiira- 
tloii  (Miil'ir's  Archiv  fur  Anat.  inid  Pliysinl.,  1854,  p.  U93). 

[b]  Kiicklfi-,  De  allantohii  in  urina  imimlila  rcsjiiralione  prœscntia.  Goitin^uo,  1857. 
(Cl  Lolim;\iiii,  Handbiicli  der  pli[isioIniji<:rh('n  ('.hernie,  18511,  |i.  (IH. 


/llO  EXCRÉTIOINS. 

xanthine.  élémentaire,  ressemblent  beaucoup  à  l'acide  urique,  si  ce  n'est 
qu'elles  renferment  moins  d'oxygène.  En  effet,  ces  trois  corps 
forment  une  série  dans  laquelle  C^°H*Az*  se  trouvent  asso- 
ciés à 

0^  dans  riiypoxauthine , 
O^  dans  la  xanthine, 
0*5  dans  l'acide  inique. 

L'urine  humaine  paraît  contenir  toujours  de  la  xanthine  en 
très  petite  quantité,  et,  dans  certains  cas  pathologiques,  cette 
substance  y  devient  assez  abondante  pour  donner  naissance  à 
des  calculs  vésicaux.  On  la  rencontre  aussi  dans  le  tissu  de 
divers  organes ,  et  là,  de  même  que  dans  l'urine,  elle  est 
presque  toujours  accompagnée  par  de  l'hypoxanthine.  Elle 
n'est  pas  cristallisable,  mais  elle  peut  jouer  le  rôle  de  base  et 
former  avec  les  acides  minéraux  des  composés  salins  (1). 


mais  elle  s'en  distingue  par  sa  solubi- 
lité dans  l'acide  clilorliydrique  [a]. 

(1)  La  xanthine,  ou  oxyde  xan- 
tliique ,  ainsi  nonunée  à  cause  de  sa 
coloration  en  jaune  par  l'action  de 
l'acide  nitrique,  a  été  découverte  par 
Marcel  dans  certains  calculs  vési- 
caux (6).  Sa  composition  élémentaire 
a  été  déterminée  par  MM.  Wôhler  et 
Liebig  (c),  et  elle  est  représentée  par 


la  formule  C'^lHAz^O^.  Quelques  chi- 
mistes l'appellent  acide  xireux,  et,  en 
elfet,  elle  forme  avec  les  bases  des 
composés  salins  (</).  Elle  est  peu  so- 
luble  dans  l'eau,  mais  se  dissout  dans 
l'acide  azotique,  et  forme  avec  cet 
acide  un  composé  cristallisable  {e). 

L'existence  de  la  xanthine  dans  l'u- 
rine de  rilomme  a  été  d'abord  annon- 
cée par  I\IM.  Strahl  et  Lieberkuhn  (/)  ; 


(a)  Unger,  Ucber  den  Xanlhkoxydgehalt  des  Guano  (Journal  fur prakt.  Chcinie,  1844,t.  XXXII, 
p.  507). 

—  Miignus,  Ueber  das  Voricommen  von  Xanlidcoxud  in  Guano  [Ànn.  dcr  Chemie  und  l'harut., 
4  844,  I.  LI,  p.  395). 

—  Einhroilt,  .Yo/iî  iiber  die  Zusammensetiuny des Uarnoxyd."  [Ann.  der  Ghemietind  Pliarm., 
1840,  t.  LVlll,  y.  15). 

—  Uiigcr,  Hemerkunq  %u  ohUjcr  Xolix,  [loc.  cil.,  t.  LVlll,  p.  18). 

—  Uiigor,  Vas  Guanin  und  seine  Verbindungen  {Ann.  der  Chemie  und  l'Iiarm.,  1S4G,  t.  I.IX, 
p.  58). 

—  Slraiil  il  Liebcikuliii,  Jlarnsâure  iin  Ulut,  1848,  p.  122. 

—  Ltlmiaiiii,  I.ehrluch  der  pliysiologischcn  Chemie,  1. 1,  p.  14G. 

(b)  Marcel,  Essai  sur  l'histoire  chimique  et  le  traitement  médical  des  concrétions  urinatirs 
[Ann.  de  chimie  cl  de  physique,  1820,  I.  Mil,  \k  14). 

(c)  Woiilor  et  l.iebi;-,  l.'eber  Marcet's  Xanihiv-O.ryd  (l'i)gi,'L'ii  lorlV's  Aniiulen,  I.  .\LI,  p.  ;{9I{). 

—  Uii^jcr,  Ikmerkungen  [Aun.  dcr  Chemie  und  l'harm.,  1840,  I.  l-YUI,  p.  18). 

(d)  Goelicl,  Ubscrvatioiis  sur  l'acide  ureii.v  (Journal  de  pharmacie,  1851.  I.  NN,  p.  ;îl2). 
[€)  Leliiiianii,  Uaudbiuh  der  physiotogischen  Chenue,  p.  85,  lig'.  14. 

(/■)  Slralil  unil  Licberkiiiiii,  Harnsâure  im  Blut.  licrlin.  1848,  p.  H2. 


COMPOSITION    \W    l'huINE.  /lll 

L'hypoxantliine  jouit  de  propriétés  analogues  (1).  Elle  se  pré-  Hyroxanii,inc. 
sente  sous  la  l'orme  d'une  poudre  blanche,  cristalline,  qui  est 
peu  soluble  dans  l'eau.  Traitée  par  l'acide  azotique,  elle  donne 
naissance  à  une  matière  qui,  desséchée,  est  d'une  couleur  jaune 
intense  et  prend  une  teinte  rouge  vif  quand  on  y  ajoute  de  la 
potasse. 

11  est  aussi  à  noter  que  dans  nos  expériences  de  laboratoire  il 
est  facile  de  transformer  l'hypoxanthine,  ainsi  que  la  xanthine, 
en  guanine  (2). 


mais  on  pensait  qu'ils  avaient  pris  de 
la  guanine  pour  cette  suljstance ,  et 
c'est  tout  récemment  que  ce  fait  a  été 
constaté  d'une  manière  satisfaisante 
par  M.  Sclierer  et  :\I.  Strecker  (a). 
Ces  chimistes  ont  trouvé  de  la  xan- 
thine dans  les  muscles  et  dans  beau- 
coup d'autres  parties  du  corps,  et 
suivant  M.  Thudlchum  elle  existerait 
toujours  dans  le  foie  de  l'Homme  (6). 
(1)  Ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit , 
\1.  Scherer  a  donné  ce  nom  à  une 
substance  cristallisable  qu'il  a  extraite 
de  la  rate  [c).  Elle  paraît  ne  pas 
différer  du  principe  que  J\I.  Strec- 
ker {d)  a  appelé  sarcine  (e).  Gerhardt 
en  a  trouvé  dans  le  sang  du  Bœuf  {[}, 


et  M.  Scherer  en  a  rencontré  en  pro- 
portion considérable  chez  un  malade 
affecté  de  Icukéraie  {g).  Ainsi  que  je 
l'ai  déjà  dit ,  rhypoxanthine  existe 
aussi  dans  le  thymus  {h).  Enfm,  elle 
est  très  abondante  dans  le  tissu  du 
pancréas,  et  M.  Scherer  l'a  constam- 
ment trouvée  associée  à  de  l'acide 
urique  dans  le  foie  (/). 

(2)  L'hypoxanthine,  ou  sarcine  de 
M.  Strecker,  se  transforme  par  l'ac- 
tion de  l'acide  nitrique  en  un  corps 
particulier  plus  riche  en  oxygène,  qui, 
réduit  par  l'action  de  l'hydrogène  nais- 
sant-, se  change  en  guanine  (j).  Le 
même  résultat  est  obtenu  quand  on 
iraitiî  de  la  sorte  la  xanthine  (A-). 


(fl)  Sctierer,  Xanthicoxyd  {Harnigesaure)  ein  normale)'  BeslaniUhed  des  tluenschen  Orga- 
nismvs  {Ann.  der  Chcmie  und  Phann.,  1858,  t.  CVII,  p.  314). 

—  Strecker,  Ueber  die  Verwaadlung  des  Guanins  iii  XatUhiii  {Ann.  der  Lhenue  und  l  liarm.. 
1858,  I.  CVIII,  p.  151).  vvvviiT        o-n\ 

(b)  TImJichum,  Xanthic  Oxyd  in  the  lluman  Liver  [Médical  Tmes,  18oS,  t.  .\\.\vin,  p.  -/u;. 

(f)  Voyez  ci  dessus,  pag-e  259.  _^  ^^ 

(d)  Sirecker,  Ueber  das  Sarkin  (Ann.  der  Cliemie  und  Pharui.,  1858,  t.  GVUI,  p.  1-9). 

(e)  Scherer,  Xanthicoxijd  ein  normaler  Bestandtheil  des  thierischen  Organismus.  Snrhin  und 
//j/;jO''can('ii»  id««'Mc/i  (Anu.  dec  C/iemie  M)i(i  P/wrm.,  1858,  t.  CVII,  p.  314).  .  ,   .    ,„ 

(/■)  Gerhardl,  voy.  Scherer,    Ueher  einige  chemische  Beslandtheile  der  Miliflussigheil  [\er- 

handhuuien  der  Ph\js.-Med.  GesellscUaftin  Wilrzhurg,  \9,'â?',^.\\,V-'^'^^)-  ,,    ,    ,■ 

(g)  Scherer,  Untcrsuchung  des  Blutes  bei  Leukcvmia  [Verhandl.  der  Phys.-Med.  Gesellschalt 
in  Wûrzbimj,  1852,  t.  II,  p.  321). 

[h)  Vovez  ci -dessus,  page  231. 

(i)Sclièrer,  Ueber  eine  einfache  Réaction  z-ur  Erkennung  von  Tyrosin,  Leucin,  Hypoxanthm, 
Harnsânre  und  einen  neuen  Sloff  der  Leber,  Xanthoglobulin  (Verhandl.  der  Phys.-Med.  Gesellsch. 
in  U'wrsft.,  1857,  t.  VU,  p.  263). 

(j)  Sirecker,  Ueber  das  Sarkin  (.\nnalen  der  Chemie  undPharm.,  18o8,  l.  tUU,  p.  IJh). 

(k)  Strecker,  Ueber  die  Verwandlung  des  Cuanin.i  in  Xanthin  (loc.  cil.,  \\  1  ^l). 


/il  "2  KXCntTlONS. 

Acide  c  9   —  Enliii,  clicz  tiuckiiies  Auiiiiaux,  l'acide  iiri(iiie  paraît 

être  leiiijdaeé  par  une  aiilrc  substance  qui  lui  ressemble  beau- 
couj),  mais  (pii  s'en  distingue  par  [m  certain  nombre  de  carac- 
tères, et  (jui  a  reçu  le  nom  d'aaV/e  cynurique  (1). 

«^  10.  —  J'ajouterai  (pie  sous  le  rapport  cliimi(pie,  le  glyco- 
colle,  ou  sucre  de  gélatine,  a  beaucoup  d'analogie  avec  l'urée, 
la  créatine  et  la  créalininc;  c'est  aussi  une  base  azotée  cris- 
lallisable  (\m  dérive  des  matières  animales  plastiques,  et  bien 
que  sa  présence  n'ait  pas  encore  été  constatée  dans  l'urine,  ni 
même  dans  aucnne  autre  bumeur  de  l'économie,  je  crois 
devoir  en  signaler  ici  l'existence,  parce  qu'il  me  paraît  fort 
probable  que,  associée  à  un  acide  organiijue,  elle  constitue  une 
des  matières  urinaires,  de  même  que  nous  avons  déjà  cru  en 
reconnaître  la  présence  dans  une  des  substances  constitutives 
de  la  bile  :  l'acide  glycocboli(pie  {'i). 

AcMe  j{i)  ciTet,   la  matière  uriiiaire  qui  a  reçu  le  nom  (Vacide 

l,i|'|'iii'i(|iic. 

/uppurif/ue ,  parce  (ju'on  l'extrait  ordinairement  de  l'urine 
de  (^licval ,  ressemble  singulièrciuent  ,  par  ses  réactions 
aussi  bien  (jue  par  sa  composition,  à  un  benzoale  de  glyco- 
eolle,  qui  sciait  aiiliydiv.  l.e  glycocolle  est  composé  de 
(]''Ii''AzO^',HO,  et  l'acide  benzoùpie  est  re[)réseiitt''  |tar  la  for- 
mule C''*H''0^^,110  ;  si  en  se  combinant,  cbacune  <le  ces  sub- 
stances abandonnait  l'équivalent  d'eau  (pTelIe  renferme  (juand 
clic  est  :"i   l'état    libre,  il  (mi   lU'siilterail  im  comiiosé  corres- 

(1)  (Ul  .icide,  découvert  par  1\1.  Lie-  lion  paraît  corrospondr»^  à  la  formule 

big  dans  l'urino  dos  Chiens,  est  très  C'AzIl'O'^  (6). 

solu!)!e  dans  l'eau  et  cristallise  en  ai-  Unr  substance  urinaii'o  étudii'e  plus 

guiiies  iines.  11  se  distingue  lacilenient  récenunenl  par  M.  Eckliariit  i)arait  ne. 

de  l'acide  uritpie  par  sa  solubilité  dans  pas  en  diiïérer  (c). 

l'acide  chlorliydri(pie  (a).  S.i  coinposi-  ('2)  Voyez  tome  M,  page  /|8G. 

{a)  l.ic'liii,',  Ueber  hynurensdure  (Ann.  dcv  Cliemic  vnd  l'Iwrm.,  185:!,  i.  L.WXVI,  p.  i'2h). 
[bj  l.iuliiK,  Ik'ber  lirealin  niid  Kjiuvreiisùure  im  llundeharn  [Ami.  der  Clumie  imd  l'hann., 
1S58,  t.CVni,  p.  150). 

ICI  EcKliiinll,  IJebcr  einen  iitueit  l<urii(r  iin  liai  ii  dis  lliindint  [Àiiii.  der  t'.hemie  und  l'Iuirin., 

isT)!'',  I.  xr.vii,  i>.  nr.S). 


COMPOSITION    hK    LLlUNn:.  ll\o 

pondant  ;i  (:'Ml•"O^C'^H^VzO^  ou,  ec  ([iil  revient  an  même, 
C^^jFAzO'^.  Oi',  ce  sont  là  précisément  les  pro|)ortions  clans 
lesquelles  les  éléments  de  l'acide  liippuriiiue  se  trouvent  réunis. 
On  a  constaté  aussi  que  dans  une  foule  de  circonstances  l'acide 
hippuri(|ue,  en  se  décomposant,  abandonne  de  l'acide  benzoïque. 
Ainsi,  quand  on  fait  bouillir  de  l'acide  bippurique  dans  de  l'eau 
en  présence  d'un  acide  énergique,  il  s'associe  "1  équivalents 
d'eau,  et  se  dédouble  en  acide  benzoïque  bydraté  et  en  gly- 
cocolle  (1).  Lors(iu'on  l'expose  à  une  température  élevée,  il 
entre  en  fusion,  puis  se  décompose,  cl  l'un  de  ses  produits  est 
de  l'acide  benzoïque,  qui  se  dégage  sous  la  forme  de  vapeui'S. 
Sa  transformation  en  acide  benzoïque  est  même  si  facile,  (pie 
jusqu'en  ces  dermères  années  on  avait  confondu  entre  elles 
ces  deux  substances,  et  que  les  cbimistes  considéraient  l'acide 
benzoïiiue  couime  étant  un  des  principaux  matériaux  consti- 
tutifs de  l'urine  des  berbivores,  tandis  qu'en  réalité  il  n'est 
représenté  dans  ce  liquide  que  par  l'acide  bippurique  (2). 


(1)  La  constatation  de  ce  fait  impor- 
tant est  (lue  à  M.  Dessaignes  (de  Ven- 
dôme). Le  glycocollc,  ou  sucre  de  géla- 
tine, se  conii)ine  avec  l'acide  employé, 
et  constitue  ainsi  des  sels  qui  ont  beau- 
coup d'analogie  avec  ceux  à  base 
d'urée  (a). 

(•2)  Rouelle  jeune,  en  étudiant  Fu- 
rlne  de  Vache,  en  retira  un  acide  par- 
ticulier qui  lui  ])arut  avoir  toutes  les 
propriélés  de  l'acide  benzoïque  (/<), 
Scheele  indiqua  plus  tard  le  benzoatc 
d'ammoni.iquc  comnn^  existant  dans 
l'urine  des  jeunes  eniants  (c)  ;  Vau- 


(|ueliu  annonça  la  présence  du  ben- 
zoale  de  soude  dans  l'urine  du  Che- 
val {cl);  et  depuis  le  commencement 
du  siècle  actuel  jusqu'en  1829,  tous 
les  chimistes  qui  s'occupèrent  de  la 
constitution  de  l'urine  des  Herbivores 
regardèrent  ce  liquide  comme  renfer- 
mant de  l'acide  benzoïque.  Mais  à  l'é- 
poque que  je  vi  ns  d'indiquer.  M.  Lie- 
big  constata  que  cet  acide  est  un  pro- 
duit des  opérations  pratiquées  pour 
faire  l'analyse  de  cette  urine,  et  qu'il  est 
fourni  par  une  matière  inconnue  jus- 
qu'alors, savoir,    l'acide  hippurique. 


(a)  Itcssaigncs,  Nouvelles  recherches  sur  l'acide  luppurlque,  Vacule  bemoique  et  le  sucre  de 
gélatine  (Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  sciences,  1846.  l.  NXl,  p.  12-24). 

(b)  RoLiollc,  Observ.  suc  l'urine  humaine  et  sur  celle  de  la  Ya':he  et  du  Cheval  (Journal  de 
médecine  lie  Roux,  1773,  t.  XL,  p.  -iCG). 

(c)  Sclieele,  Sammlunj  phijs.  und  chem.  Werke,  1793,  l.  II,  p.  385. 

((()  Fonrcrov  et  Vautiuelin,  Premier  mémoire  poicr  servir  à  l'histoire  chimique  et  médicale  de 
l'urine  [Ann.  de  rttimie,  17'.i'.),  i.  WXI,  p.  G2). 


VU 


27 


kV-i  EXCRÉTIONS. 

C'est  en  raison  de  ces  faits  que  l'acide  hippurique  me  semble 
devoir  être  considéré  par  les  physiologistes  comme  une  sub- 
stance du  même  ordre  que  les  précédentes,  bien  qu'il  ne  con- 
tienne que  peu  d'azote,  et  que  par  l'ensemble  de  ses  |)ropriétés 
chimiques  il  s'en  éloigne  beaucoup. 

Quoi  qu'il  en  soit,  cette  matière  urinaire  joue  un  rôle  impor- 
tant, et  pour  compléter  ce  (|ui  me  paraît  devoir  en  être  dit  ici, 
j'ajoulerai  qu'elle  estassez  soluble  dansl'eau  (1),  qu'elle  cristallise 
en  gros  prismes  incolores,  terminés  par  des  sommets  dièdres  ; 
enIJn,  (ju'clle  forme  avec  les  bases  des  sels  qui  pour  la  plupart 
sont  solubles  dans  l'eau  et  cristallisables.  C'est  à  l'état  d'hippu- 
rate  de  soude,  de  jiotasse  et  de  chaux  que  cet  acide  se  rencontre 
dans  l'urine.  Dans  une  précédente  Leçon  j'ai  eu  l'occasion  de 
dire  (|uc  l'existence  de  l'acide  hippurique  dans  le  sang  a  été 
constatée  chez  le  Bœuf,  et  même  chez  l'Homme  (2). 
Aciiie  oxalique.  §  H  •  —  Jg  vicus  dc  montrcr  que  l'acide  uri((ue,  en  s'oxydant, 
doniK^  naissance  à  de  l'acide  oxalique  aussi  bien  qu'à  de  l'urée. 
Il  n'est  donc  pas  sans  intérêt  de  savoir  (pie  Vacide  oxalique  est 
aussi  une  matière  dont  rexisteiice  est  normale  dans  l'urine. 
Depuis  longtemps  on  avait  constaté  que  certaines  concrétions 
pathologiques  formées  par  ce  liquide  sont  composées  d'acide 
oxalique  combiiK'  avec  de  la  chaux,  cl  M.  Lehmann  a  l'ail  voir 

C'est(loncrécilcinenlà!\l.  Liobigquap-  l'ôihcr.  Pour  fii  constater  la  pr(?senco 

partient  la  découverte  de  ce  principe  dans  l'urine,  on  concentre  ce  liquide  et 

urinaire,  bien  que  depuis  plus  d'un  Ton  y  verse  de  l'acide  clilorhydrique; 

(ienii-siècle  on  Tcùt  vu  et  étudié  (a).  au  bout  do  quelques  heures,  il  se  dé- 

(1)    f/acido  hippurique  esl  solubli'  l)Os(' des  cristaux  inicroscopipies  dont 

dans  GOO  parties  d'i'au  froide  et  dans  la  forme  et  les  réactions  sont  caracté- 

une  quantité  beaucoup  moindre  d'eau  ristiques  (h).   Des  ligures  en  oui  été 

Itouillanle.    Il   est   1res   soluble    dans  ;lonnées  par  plusieurs  auteurs  (r). 

l'alcool  ;  enlin,  il  ne  l'est  que  peu  dans  (2)  Voyez  tome  I,  page  201. 

(«)  Liebig,  Ueber  die  llanisâure  welche  in  dem  Ilarn  der  grassfressenden  vierfûssigen  Thiere 
futlialten  ist  (Ann.  der  Phiis.  iind  Chemie,  1829,  t.  XXVil,  ii.  389).  —  Sur  l'acide  contenu 
dans  l'^u'lne  des  Quadrupèdes  licrbivores  {Ann.  de  chimie  et  dc  physiqne,  18.30,  I.  XI.III, 
p.  188). 

(6)  Golding  BiiJ,  De  l'urine  et  des  dépôts  urinaircs,  \>.  2J4. 

(c)  Voyez  rtobin  el  Verrieil,  Traité  de  chimie  analomiqnc,  pi.  20. 


COMPOSITION  Di>:  l'urink.  /j'J5 

récemment  que  le  même  sel  est  eonstammenl  éliminé  de  l'or- 
ganisme par  la  sécrétion  dont  les  reins  de  certains  Animaux 
sont  le  siège  (1). 

L'acide  oxalique,  conune  on  le  sait,  n'est  point  un  principe 
azoté  comme  l'acide  urique  ;  il  résulte  de  la  combustion  incom- 
plète du  carbone,  et  se  compose  de  2  équivalents  de  cet  élément 
unis  à  5  équivalents  d'oxygène  ;  mais  il  ne  peut  exister  qu'à 
l'état  de  combinaison,  soit  avec  l'eau,  soit  avec  une  base.  Il 


(1)  Bergmann  paraît  avoir  été  le  pre- 
mier à  signalei' l'existence  de  l'acido  oxa- 
lique dans  des  produits  de  la  sécrétion 
urinaire  ;  il  en  découvrit  dans  des  cal- 
culs rénaux  {a) ,  et,  peu  de  temps  après, 
Brugnatelli  et  Fourcroy  trouvèrent  de 
la  chaux  combinée  avec  ce  même  acide 
dans  les  sédiments  de  T urine  (6).  Wol- 
laston  fit  voir  ensuite  que  certains  cal- 
culs vésicaux  sont  formés  essentiel- 
lement d'oxalale  de  chaux  (c),  et  la 
présence  de  ce  sel  fut  constatée  dans 
ces  concrétions  par  beaucoup  d'autres 
chimistes  (d).  Mais  jusqu'en  ces  der- 


niers temps  on  considérait  l'oxalalede 
chaux  comme  un  produit  pathologi- 
que seulement.  En  18Z|9,  Al.  VValshe 
reconnut  cependant  l'existence  de  ce 
corps  dans  l'urine,  dans  28  cas  sur  100 
chez  l'Homme,  et  dans  33  cas  sur  100 
chez  la  Femme  (e).  Plus  récemment, 
I\I.  Bacon  (de  Boston),  a  fait  des 
obsei'vations  analogues  (/').  Enfin 
AI.  Lehmann  a  signalé  l'oxalaie 
de  chaux  comme  étant  un  des  prin- 
cipes normaux  de  l'urine  des  Her- 
bivores (//). 


(a)  Bergmann,  Dissertalio  de  acido  sacchari,  1781 ,  g  1. 

(6J  Brutjnaielli,  L'eber  deii  Eodcnsali  des  Hanis  {Journal  de  chimie  de  Gieil,  17«7,  I  11, 
p.  99).^ 

—  Fourcroy,  Système  des  connaissances  dàmiques,  t.  X,  p.  177. 

(c)  Wollaston,  On  Goût  and  Urinary  Concrétions  (fhilos.  Trans.,  1797,  p.  386j. 

((/)  Beriholdi,  Sur  un  calcul  urinaire  de  Cochon  {Ann.  de  chimie,  179i),  1.  XXXII,  p.  187j. 

—  Fourcroy  ei  Vauquelin,  Sur  l'analyse  des  calculs  urinaircs  liumains  {Ann.  de  chimie,  1799, 
l.  XXXil,  p.  41  yj. 

—  Braude,  Ou  Ihe  Différences  in  the  Structure  of  Calculi  which  anse  from  Iheir  being 
l'urmed  la  différent  Parts  of  the  Urinary  Passages  (Philos.  Trans.,  180S,  p.  223}. 

—  r.aiiliier  de  Ciaubry,  ^ote  sur  les  calculs  formés  dans  les  reins  (Ann.  de  pltysique  et  de 
chimie,  1815,  t.  XCllI,  p.  G7j. 

—  Martres  et  B.  Prévost,  Sur  des  concrétions  vésicales  d'oxalale  de  chaux  qui  ne  sont  pas 
murales  {Ann.  de  physique  et  de  chimie,  1817,  t.  VI,  p.  2il). 

—  Hoptr,  Analyse  chimique  de  quelques  calculs  vésicaux  (Journal  de  pharmacie,  1831,  t.  XVII, 
p.  40G). 

—  Boucliardat,  Analyse  de  calculs  {Journal  de  pharmacie,  1836,  t.  XXII,  p.  53). 

—  Farreaii,  Examen  de  cristaux  trouvés  à  la  surface  de  deux  calculs  urinuires  (Journal  de 
pharmacie,  183G,  t.  XXII,  p.  618). 

—  Ohme,  Analyse  d'un  calcul  urinaire  de  Cheval  {Arch.  der  Pharm.,  1847,  t.  XCVJII, 
p.  287). 

(e)  Walshe,  On  the  occurrence  of  Oxalate  of  Lime  Chrystals  iu  Ihe  Urine  {Mouthly  Journal 
of  Médical  Sciences,  1849,  I.  IX,  p.  454). 

(/)  J.  Bacon,  Sur  la  fréquence  de  l'oxalate  de  chaux  dans  l'urine  (Journal  de  physiolooie, 
1858,  t.  1,  p.  422). 

(9)  Lelimann,  Harn  (Wagner's  HandwOrterbuch  der  Physiologie.  1844,  t.  II,  p.  6). 


Ar'ule  lacliqui 


/il  G  liXCRÉrioNS. 

nnît  (l:uis  une  i'oule  tic  circonstances,  quand  des  matières  orga- 
niques, liydrocarbonccs,  s'oxydent  à  une  température  peu  éle- 
vée. Ainsi,  quand  on  soumet  le  sucre  ou  la  iecule  à  l'action 
du  permanganate  de  potasse,  qui  leur  cède  de  l'oxygène  à  l'état 
naissant,  on  voit  ces  substances  se  clianger  en  acide  oxalique. 
Ce  corps  se  rencontre  dans  le  règne  minéral  (1),  mais  il  n'est 
abondant  que  dans  certaines  plantes,  et,  en  s'oxydant  d'une 
manière  complète,  il  se  transforme  en  acide  carbonique.  Je  rap- 
pellerai aussi  (]ue  l'oxalate  d'ammoniaque,  en  perdant  de  l'eau, 
donne  naissance  à  de  i'oxaiuide,  substance  qui  a  une  certaine 
analogie  avec  rur(''e,  mais  qui  contient  |)lus  de  carbone  (2). 

J'aurai  à  revenir  sur  la  considération  de  tous  ces  faits,  lorsque 
nous  étudierons  les  pliénomènes  (^bimiques  qui  se  manifestent 
dans  l'économie  animale,  et  qui  se  lien!  au  tiavail  de  la  nutri- 
tion ;  ici  je  ne  m'y  arrêterai  [)as  davantage,  et  je  me  bornerai 
•A  ajouter  (pic  l'acide  oxalique  combiné  a\cc  la  cbaux  forme  un 
sel  très  peu  soluble,  l'oxalale  de  cliaux,  (jui  se  trouve  dans 
l'urine  (3). 

^  12.  —  L'acide  oxaliipie  n'est  pas  le  seul  principe  immé- 
dia!  non  az:^lé  ipii  s'(rliaj)pe  sDUVcut  de  l'économie  animale 


(1)  L'acide  oxalique  existe  clans  le 
minéral  appelé  humbuldtite  {a),  qui 
est  un  oxalatc  scsquii)asiqu('  de  fer  (6); 
mais  ce  corps  se  U'ouve  dans  les  li- 
^niles,  el  provient  probahleiniMil  des 
j)lanles  qui  ont  formé  ces  dépôts  de 
matières  combnsUljles. 

('2)  .Xous  avons  vu  ci-dessus  que 
Turée  peut  être  considérée  connue  une 
(■;iil)iunide,  c'est-à-dire  un  corps  de  la 
famille  des  amides,    dans  lequel   les 


éléments  que  l'oxamide  tire  de  l'acide 
oxalique  (C-Û'')  seraient  remplacés  par 
les  éléments  provenant  de  l'acide 
cari)onique  (G0-).  li'oxamide,  par  sa 
composition  atomique,  correspond  à 
de  l'oxalale  d'anmioniaque,  qui  aurait 
perdu  1  é(piivalent  d'eau,  de  même 
que  l'urée,  additionnée  de  1  é(pii\ aient 
d'eau,  repri'senti!  du  carbonate  d'am- 
monia([ue. 

(3)   L'oxalalt'    de  chaux    cristallise 


(a)  Piivero,  Nnln  sur  nnr  conibinnison  de  l'acide  oxalique  av,:c  le  fer,  irouvce  à  Kulowscni.v, 
près  Itciiii,  en  Hohriiw  (.lin;,  de  chimie  et  de  phijs.,   ISi!l,  l.  XVIII,  p.  20"). 

[b]  liraronnnt,  De  In  prénence  de  l'o.ralnle  de  rhnu.v  dans   le  Uèijne  minéral  (.\nn.  de  chimie 
el  de  phiis.,  IS^r.,  I.  WVIII,  p.  :UH). 


COMl'OSmOiN    l)K    L  riUNK. 


Ù17 


Acide? 


par  les  voies  iiriiiaires.  L'acide  laelique  uni  à  de  la  soude  ou  à 
d'aulrcs  bases  se  trouve  en  quantité  cousidérai)le  dans  l'urine 
de  certains  Animaux,  et,  ainsi  que  j'ai  déjà  eu  l'occasiou  de  le 
dire,  ce  corps  est  un  des  produits  les  plus  ordinaires  de 
l'oxydation  incomplète  des  matières  amylacées  ou  sucrées  (1). 

L'acide  butyri(jue,  qui  est  un  produit  |)lus  oxydé  du  môme  ,„„j,„,„c_ 
ordre,  peut  se  montrer  également  dans  les  urines  ('2),  et  l'on  ''"•"°'"i»e-  '^"=- 
a  signalé  aussi  dans  ces  liquides  excrémentiliels  l'existence 
d'autres  corps  gras  volatils,  tels  (jue  l'acide  damoliriue,  l'acide 
damaliuique  et  l'acide  taurylique  ;  mais  on  ne  les  y  trouve 
jamais  en  (pianlité  un  peu  notable,  et  ils  ne  paraissent  avoir 
que  peu  d'imporlance  physiologique. 


ordinaiieniciU  en  pelits  odaèdres  in- 
colores, transparents  et  brillants  (a)  ; 
mais  quand  il  se  précipite  en  amas  un 
peu  considérable  dans  un  liquide  con- 
tenant des  sui)stances  organiques,  il 
entraîne  toujours  une  certaine  quantité 
de  celles-ci,  et  il  peut  affecter  alors  des 
formes  anormales  :  par  exemple,  celle 
de  haltères  ou  corps  ovalaires  étran- 
glés au  milieu  (b). 

(1)  Voyez  ci -dessus,  page  99. 

(2)  M.  Stiideler  a  découvert  l'acide 
damalurique  (C'<I1"03,HO)  et  l'acide 
damoliquc  (C26n23o3,iiO)  parmi  les 
produits  de  la  distillalion  de  l'urine 
de  la  Vache  et  de  rilonune.  Ce  sont 
des  huiles  acides  pu  soUibles  dans 
l'eau,  mais  très  solubles  dans  l'alcool 
et  dans  l'éther  :  ils  paraissent  être  des 


dérivés  de  l'oléine,  et  avoir  une  cer- 
taine analogie  avec  l'acide  oléique  ; 
mais  leur  histoire  chimique  et  physio- 
logique n'est  encore  (pie  très  impar- 
faitement connue. 

C'est  aussi  en  distillant  l'urine  que 
M.  Sliideler  a  obtenu  l'acide  taury- 
lique. 

^1.  Sliideler  a  obtenu  également 
par  ce  procédé  de  l'acide  phénique 
ou  carbolique  (C'-lFO-),  et  il  pense 
que  cette  substance  se  trouve  norma- 
lement dans  l'urine  de  la  Vache;  mais 
il  y  a  des  raisons  pour  croire  qu'elle 
s'était  formée  pendant  l'opération  et 
qu'elle  n'existait  pas  dans  l'orga- 
nisme, car  on  sait  qu'elle  exerce  sur 
l'économie  animale  une  action  toxique 
très  violente  (c). 


{a)  Donnô,  Tableau  des  scdimcnls  des  nrines,  t83S.  —  Cours  de  microscopie,  .'iilas,  18i5, 
pl.  t:J,  ti-.  51. 

—  Rayer,  Maladies  des  relus,  1839,  t.  I,  pl.  3. 

—  Fiink,  Atlas  der  pbiisiologischeii  Cheinie,  1858,  |il.  2,  l'ig.  1. 

—  l'.obin  et  Verdeil,  Traité  de  chimie  anal,  et  pinjsiol.,  pi.  o,  tig-.  2  cl  3  ;  pl.  S,  fig.  4. 

—  De  l'urine  et  des  dépôts  urinaires,  p.  250  et  suiv.,  lig.  88  à  94. 

[b)  Golding  Bird,  Besearcltes  iiito  the  Nature  of  certain  fréquent  Fonns  of  Disease  characte- 
rised  by  the  Présence  of  Vxalate  of  Lime  m  the  Urine  [Médical  Gazette,  1842,  N.  S.,  t.  II, 
p.  637). 

(c)  Siadeler,  Uebcr  die  llûchtigen  Sdurcn  des  llarns  {Journal  filr  praktische  Cheinie,  1851, 
t.  LU,  p.  39). 


Matières 
coloranics. 


418  KXCRÉTIONS. 

S  13.  —  L'uriiio  tient  en  dissolution  quelques  natres  suh- 
stanees  organiques  (jue  Ton  réunit  d'ordinaire  sous  \e  nonn  de 
matières  e.rlraciives  (1  \  mais  dont  la  nature  n'est  pas  encore 
bien  connue.  Il  y  existe  aussi  des  principes  colorants  qui  pa- 
raissent être  susceptibles  d'éprouver  des  transformations  nom- 
breuses, et  qui  ont  été  l'objet  de  beaucoup  de  recherches  sans 
que  leur  histoire  chimique  soit  encore  très  avancée.  Un  de 
ces  corps,  (jui  donne  au  liquide  une  teinte  jaune  ou  rougeâtre, 
suivant  qu'il  s'y  trouve  en  plus  ou  en  moins  grande  abon- 
dance, paraii  avoir  beaucoiq)  d'analogie  avec  le  principe  colo- 
rant jaune  du  sérum  du  sang,  et  a  été  désigné  dans  ces  derniers 
temps  sous  le  nom  iVurohématitie  (-2).  Une  autre  substance  co- 
lorante dont  il  existe  ordinairement  des  traces  dans  l'urine  de 


(1)  .M.  Scliarliiig  a  cliidié,  il  y  a 
(|uelqiies  années,  une  siibslaïue  orga- 
nique brune  qui  se  irouvc  dans  la  ma- 
tière extractive  de  Turine,  et  qui  con- 
tribue à  y  donner  sa  couleur.  C'est  un 
corps  sohible  dans  l'alcool,  dans  l'éther 
et  dans  les  alcalis,  qui,  cbauiïé,  fond 
comme  une  résine  et  qui  brûle  avec 
flamme.  A  froid,  l'odeur  de  cette  sub- 
stance rappelle  celle  du  casloréum,  et  à 
cbaud,  elle  ressemble  à  celle  de  l'urine. 
Traitée  par  l'essence  de  lérébentbine, 
elle  répand  une  odeur  de  violette  ; 
enfin,  traitée  par  le  chlore,  elle  donne 
naissance  à  de  l'acide  chlorocbymi- 
liqiic  (C'^Ib^ClO*),  corps  qui  est  isoiné- 
rique  av(>c  le  chlorure  de  salicy  le  («). 
\1.  Scharlingle  considère  comme  étant 
l'oxyde  d'un  radical  hydrocarboné,  ce 
qui  porta  ce  chimiste  à  lui  donner  le 
nom  d\)xijde  d'omychinyle  ib),  et  le 


conduisit  à  le  représenter  par  la  for- 
mule C'^ll^C  (c)  ;  mais  jusqu'ici 
on  n'a  pu  l'obtenir  assez  pur  pour 
en  faire  utilement  l'analyse  élémen- 
taire, et  l'on  ignore  si  le  produit 
chloruré  dont  il  vient  d'être  question 
ne  dérive  pas  de  quelque  autre  sub- 
stance urinaire  dont  la  composition 
serait  plus  complexe.  La  matière  que 
Prout  a  appelé  de  la  résine  urinaire 
élail  probablement  un  mélange  d"oxy  de 
d"oniychmyle  et  d'autres  substances 
evtr actives  {d). 

('2)  Les  matières  colorantes  de  l'u- 
rine sont  très  altérables,  et  varient  dans 
leurs  propriétés,  suivant  les  procédés 
employés  pour  les  séparer:  aussi  rè- 
gne-t-ii  une  grande  confusion  dans 
leur  liisloire  chimique.  Prout,  qui  fut 
l'un  (les  premiers  à  en  faire  une  élude 
iitlenlive,  crut  devoir  distinguer  dans 


(a)  Scliarling,  l'ntersuehmgen  ilbci'  deii  llam  (Ann.  der  Chemie  und  Pharm.,  \SM,  t.  XLII, 
j>,  265). 

[h]  l'i'Oiist,  Expdr.  sur  l'urine  (Aim,  de  chimie,  180'J,  t.  XXXVI,  p.  258). 


COMPOSITION  ui:  luisim;.  /|.19 

l'Homme,  cl  dont  la  proportion  est  pins  considérable  chez 
certains  malades,  ainsi  (jue  chez  le  Cheval,  présente  des  parti- 
cularités fort  remarquables.  Elle  a  été  signalée  d'abord,  par 
M.  Heller,  sous  le  nom  à'uroxanthine,  et,  ainsi  que  l'a  constaté 


ruiiue  huniaine  deux  de  ces  principes, 
Tua  jaune,  Taulre  rouge  (a). 

La  suijstance  jaune  est  la  plus  abon- 
dante, el,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  elle 
paraît  avoir  beaucoup  d'analogie  avec 
celle  qui  se  trouve  dans  le  sérum  du 
sang.  Fr.  Simon  la  considère  conune 
étant  identique  avec  la  substance  qu'il 
a  désignée  sous  le  nom  dliéma- 
phéine  [h],  et  qu'il  croit  être  un  dé- 
rivé de  riiématosine  (c). 

La  matière  colorante  rouge  n'esl 
probablement  qu'une  modification  de 
la  matière  jaune  dont  je  viens  de  par- 
ler. Ordinairement  elle  n'existe  qu'en 
très  petite  quantité  dans  l'urine  fraîche, 
mais  dans  certaines  circonstances  anor- 
males elle  devient  assez  abondante.  Elle 
paraît  être  associée  à  l'acide  urique ,  et 
elle  accompagne  ce  principe  quand  il 
se  dépose,  soit  à  l'état  de  liberté,  soit  à 
l'état  d'urate.  On  la  remarqua  d'abord 
dans  l'urine  des  goulteux  (c/),  combinée 
avec  de  l'acide  urique,  et  elle  lut  dé- 


signée sous  les  noms  A' acide  rosacé  ou 
iVacide  rosacique  (e).  Vogcl  parvint  à 
la  séparer  des  urates  ;  il  en  fit  connaître 
les  principales  propriétés,  et  il  la  con- 
sidéra comme  étant  un  corps  très  ana- 
logue à  l'acide  urique  (f).  Prout  fu 
porté  ensuite  à  la  regarder  connne 
étant  du  purpurate  d'ammoniaque  (g), 
mais  les  expériences  de  Wurzer,  de 
lîerzelius  et  de  quelques  autres  chi- 
mistes prouvèrent  qu'il  n'en  était  pan 
ainsi  {h).  Fr.  hinion  l'appela  uroéry- 
thrine  (i),  et  plus  récemment  d'au- 
tres auteurs  l'ont  décrite  sous  les  noms 
de  purpurine  (j)  cl  d'urrosacine  (k). 
C'est  une  substance  azotée  très  peu 
solubie  dans  l'eau,  soluble  dans  l'al- 
cool et  dans  l'élher,  qui  paraît  former 
une  sorte  de  laque  avec  les  sels  ter- 
reux dont  elle  modifie  le  mode  de  cris- 
tallisation. M.  Scherer  en  a  fait  l'ana- 
lyse élémentaire,  el  a  remarqué  qu'elle 
semble  former  avec  le  pigment  biliaire 
et  l'hématosine  une  série  dans  laquelle 


(a)  Prout,  An  Inquirij  mto  the  Nature  and  Treatment  of  Diabeks,  elc,  1825,  p.  21. 
(6)  Fi-.  Simon,  Animal  Chemistry,  t.  II,  p.  119. 

(c)  Voyez  lonie  I,  [uige  184. 

(d)  Cruikshaiiks,  v.iye/.  f^ioUo,  Cases  oj' the  Diabètes  mellitus,  1798. 

(e)  Proust,  Expériences  sur  l'urine  {Ann.  de  chunie,  1797,  t.  XXXVI,  p.  265). 

—  Vauquelin,  Expériences  sur  une  matière  rose  que  les  urines  déposent  dans  certaines  ma- 
ladies (Ann.  du  Muséum  d'histoire  naturelle,  1811,  t.  XVII,  p.  133). 

—  Chevreul,  \ole  sur  le  diabète  {Auii.  de  chimie,  1815,  (.  XCV,  p.  319). 

(/")  Vogel,  Expériences  et  observations  sur  l'acide  rosacique  de  l'urine  de  l'Homme  [Ann.  de 
chimie,  1815,  t.  XCVl,  p.  306). 

{g)  Prout,  Description  d'un  principe  acide  extrait  de  l'acide  lithique  ou  urique  (Ann.  de  phy- 
sique et  de  chimie,  1819,  I.  XI,  p.  47). 

{h)  Wurzer,  voyez  Berzeliiis,  Traité  de  chimie,  t.  VII,  p.  358. 

—  Drett  and  Bird,  On  pink  Dcyosits  in  the  Urine  [London  Med.  Gaz-etle,  1834,  t.  XIV,  p.  60(J 
et  751). 

(i)  Fr.  Simon,  .\nimal  Chemistry,  1.  I,  p.  45. 

(j)  Golding  Hird,  De  l'urine  et  des  dépôts  urinaires,  p.  216. 

(k)  Robin  et  Verdeil,  Chimie  anatomique,  t.  III,  p.  396. 


420  LXCKÉTIONS. 

ce  cliiinisle,  elle  peut  donner  naissance  à  deux  autres  matières 
coloranics,  dont  l'une,  d'un  rouge  violacé,  a  été  appelée 
urrhodinc,  et  l'autre,  d'un  bleu  intense,  a  d'abord  reçu  le  nom 
d'uroglaucine,  mais  ne  paraît  être  en  réalité  autre  cbose  que 
de  Vindigoline,  ou  indigo  bleu  (l).  En  elTet,  l'uroxantbine 
ne  dilTère  en  rien  du  princii)e  indigogène  qui  existe  dans  le 
pastel  et  les  autres  plantes  dont  on  tirs  l'indigo  ordinaire  (2). 
Sons  l'influence  des  acides,  des  alcalis  et  d'autres  agents  cbi- 


la  propoilion  de  carbone  va  en  dimi- 
nuant et  celle  de  roxygènc  en  aug- 
mentant ;  riiématosine,  bien  entendu, 
étant  des  trois  la  plus  riche  en  car- 
bone {a).  Mais,  d'après  les  expériences 
plus  récentes  de  AI.  Uarley,  il  y  a  lieu 
de  croire  que  cette  substance  n'est  pas 
un  principe  immédiat,  et  qu'elle  est  un 
mélange  de  plusieurs  matières  colo- 
rantes, dont  l'une,  solublc  dans  l'étlier 
et  désignée  sous  le  nom  (X urohéma- 
tine,  contient  comme  Thématosine  une 
proportion  notable  de  fer  (h). 

(1)  M.  Ileller  n'est  pas  parvenu  à 
isoler  la  matière  colorante  qu'il  nomma 
uroxanlliine,  et  il  ne  s'est  pas  bien 
rendu  compte  de  la  théorie  de  sa  trans- 
lormation  en  urrhodine  et  uroglau- 
cine  ;  mais  il  a  reconnu  que  la  colo- 
rat'on  bleue  des  sétlimenls  urinairos 
était  duc  à  la  présence  de  ce  dernier 
produit  (r).  Pendant  longtemps  les 
physiologistes  ne  firent  que  peu  d'at- 
tenlion  aux  résultats  annoncés  par  ce 
chimisle;  mais  les  n-cherçlies  dont 
l'urine  a  été  l'objet  dans  ces  dernières 


années  en  ont  fait  mieux  apprécier  la 
valeur. 

('2)  L'indigo  bleu,  ou  indigoline,  est 
une  matière  insoluble  dans  l'eau  et  dans 
l'élher,  à  peine  soluble  dans  l'alcool, 
susceptible  de  se  volatiliser,  et  formant 
avec  l'acide  sulfiuique  un  composé  so- 
luble. .Sa  composition  élémentaire  est 
représentée  par  la  formule  C'IlHzO^, 
et  lorsque,  en  présence  de  l'eau,  il  est 
soumis  à  l'action  de  divers  corps  avides 
d'oxygène,  tels  que  le  prolosulfate  de 
fer,  les  sulfites  ou  sulfures  alcalins,  il 
perd  1  équivalent  d'hydrogène,  et  se 
transforme  en  une  matière  incolore 
(jui  a  reçu  le  nom  d'//u7/(/o  blanc.  Ce 
dernier  produit  (C'CugazO'-)  est  égale- 
ment insoluble,  mais  en  se  combinant 
avec  l'ammoniaque,  la  potasse,  la 
chaux,  etc.,  il  forme  des  sels  qui  sont 
solubles  dans  l'eau.  Enfin,  sous  l'in- 
llucnce  de  l'oxygène,  il  abandonne 
facilement  1  équivalent  d'hydrogène 
et  régénère  de  l'indigo  bleu.  Les  re- 
cherches de  M.  Chevreul  avaient  con- 
duit les  chimistes  à  penser  que   c'est 


(n)  Sclicrcr,  l'e'iev  die  Kxtraclionsstoffedes  ll,inis{.\nn.  dcr  Chcmic.  utid  l'hnnit.,  I84G,  l.LVII, 

y.  180). 

(/»)  llarlcy,  Ucber  Vrolidmalin  und  seine  Verbiii'luvij  mil  animaiiScheiH  llarz-e  {Vcrliaiidl.  der 
l'liijs.-)lcd.  Cescisch.  in  Wiiribunj,  18:>5,  t.  V,  ]>.  il. 

(c)  Heller,  Ueber  mue  Farbstoffc  vn  llarn,  Uruxanthin,  rroglaucin  nnd  i'rrhodm  {Archiv. 
fiir]iliys.  undpatli.  Chcmic  und  îHilc-oscopie,  1845,  t.  II,  p.  101). 


COMPOSITION    1)1';    l/l  ItlNK.  li'-Ii 

iniques,  cette  substance  est  suscc[)lible  de  se  dédoubler  de 
diverses  manières,  et  de  former  ainsi  un  nombre  considé- 
rable de  corps  différents  dont  le  plus  important  est  l'indigo- 
tinc,  circonstance  qui  nous  donne  l'explication  de  la  coloration 
bleue  de  l'urine  ou  des  sédiments  urinaires  dans  certains  cas 
pathologiques  (1). 
D'autres  matières  c()lorantes  peuvent  aussi  résulter  des  trans- 


à  Tétat  crindig;o  l)lanc  ou  indigo  réduit, 
que  cette  matière  colorante  se  trouvait 
dans  le  pastel  {Isatis  tinctoria),  les 
diverses  Légumineuses  du  genre  Indi- 
go fera  et  les  autres  plantes  avec  les- 
quelles on  préparc  Tindigo  bleu  {a),  et 
que  c'était  par  un  phénomène  d'oxy- 
dation que  ce  dernier  corps  prenait 
naissance  ;  mais  on  voit  par  les  expé- 
riences récentes  de  M.  Scluuick,  qu'elle 
ne  préexiste  pas  dans  le  végétal,  et  ré- 
sulte de  la  décomposition  d'un  prin- 
cipe immédiat  appelé  indican  (6),  qui 
avait  été  déjà  entrevu  par  Giobert  et 
désigné  par  ce  chimiste  sous  le  nom 
iViîidigogène  (c). 

L'indican,  ou  indigogène,  est  une 
substance  azotée,  amorphe,  jamiiltrc; 
soluble  dans  l'eau  et  très  altérable.  Il 
a  un  goût  amer,  et  il  rougit  le  bleu  de 
tournesol,  l'ar  l'action  de  l'oxygène, 
il  ne  se  transforme  pas  en  indigotine; 
mais,  lorsqu'on  le  traite  à  chaud  par 
de  l'acide  sull'nriqueoutout  autre  acide 
énergique,  il  se  décompose,  et  donne 


naissance  à  plusieurs  corps  dont  le 
plus  abondant  et  le  plus  remarquable 
est  de  l'indigo  bleu,  et  dont  un  autre, 
noiumé  indirubine,  paraît  être  iden- 
tique avec  la  matière  appeli'-e  indigo 
rouge  par  Berzelius.  Enlin,  il  l'orme 
avec  l'oxyde  de  plomi)  un  coiuposé 
insoluble,  d'après  l'analyse  duquel 
M.  Schunck  considère  sa  composition 
comme  pouvant  être  représentée  par 
la  formule  C^zipSAzO^e  [d]. 

(t)  Depuis  fort  longtemps  les  mé- 
decins ont  signalé  de  loin  en  loin  des 
cas  dans  lesquels  les  urines  étaient  co- 
lorées en  bleu  au  moment  de  leur 
émission,  ou  donnaient  naissance  à 
des  sédiments  qui  prenaient  celle 
teinte.  Aussi  Actuarius,  médecin  grec 
du  xiii'"  siècle,  parla  d'une  anomalie 
de  ce  genre  sous  le  nom  iVuriua  vc- 
neta  {n).  Mais  c'est  seulement  depuis 
une  quarantaine  d'années  que  les  chi- 
mistes ont  cherché  à  connaître  la  cause 
de  ce  phénomène.  Les  uns  l'ont  attri- 
bué à  l'existence  d'une  certaine  quan- 


(rt)  Clievreul.  Expériences  chimiques  svr  l'indigo  {Anu.  de  chimie,  1808,  t.  LXVI,  p.  5).  — 
Analyse  chimique  de  /'Isaiis  tiiicloiia  cl  de  i'indigofera  aiiil  {Ami.  de  chimie,  180',),  t.  LXVIll, 
p.  284). 

{b)  E.  Scliiinck,  On  the  Fonnalinu  of  Indiiio-ltlue  iMemoirs  of  Iha  Literanj  and  Philosophical 
Society  of  Manchester,  2'  série,  ■1855,  I.  XII,  p.  177). 

(c)  Giolicri,  Trai'é  sur  le  pastel  et  l'extraction  de  S07i  indigo,  1813. 

((/)  Schuncii,  On  Vie  Formation  of  Indigo-Blue,  part.  2  [Mem.  of  tlie  Manchester  Soc,  2v«éric, 
1857,  t.XlV,  p    190). 

(e)  Actuarii  Joannis  Zachariœ  filii  de  di/ferentiis  urinaruui,  lib.  1,  .V.  L.  Nulanu  iiilerpretc, 
1548,  cap.  VIII,  p.  IG. 


Z|*22  EXCKÉTlOiNS. 

Ibmialioiis  subies  par  ce  principe  immédiat  ;  mais  leur  histoire 
est  encore  trop  obscure  pour  qu'il  me  paraisse  utile  de  nous  y 
arrêter  ici,  et  je  me  bornerai  à  ajouter  rpril  y  aurait  de  l'inté- 


lité  de  bleu  do  Prusse  ou  ferro-cya- 
nide  de  fer  (a)  ;  d'autres  à  un  principe 
colorant  particulier,  que  Braconnot  a 
décrit  sous  le  nom  de  cyanurine  (6);  ou 
bien  encore  à  de  l'indigo  (c).  En  1865, 
M.  Hellor  fit  voir  tjue  la  matière  bleue 
on  ([uestion  était  un  produit  dérivé  de 
la  substance  urinaiic,  qu'il  nonnna 
uroxanthinc  {d)  ;  enfin,  M.  Klelzinsky 
rccomiut  l'identité  de  ce  produit  uri- 
naire,  appelé  uroukincine,  avec  Tin- 
digotine  ou  indigo  bleu  (e).  Plus  ré- 
cemment l'exislcnce  de  l'indigo,  ou 
tout  au  moins  d'une  matière  colo- 
rante qui  paraît  ne  pas  en  diû'érei-,  a 
été  constatée  dans  certaines  urines  lui- 
maincs  par  plusieurs  pntbologistes  (/"). 
En  1857,  AI.  Schunck  trouva  que  dans 
l'état  normal  de  l'organisme,  l'urine 
humaine    contient   presque    toujours 


des  traces  d'inclican  ou  indigogène,  et 
que  ce  principe  existe  en  proportion 
plus  forte  dans  l'urine  de  la  Vache,  et 
surtout  du  Cheval  {y).  Enfin,  M.  Carter 
a  reconnu  lïdentité  de  cette  substance 
et  de  la  matière  urinaire  précédem- 
ment signalée  par  M.  IJcller  sous  le 
nom  d'uroxanihine,  et  ce  physiologiste, 
après  avoir  examiné  les  urines  de  plus 
de  oOO  individus,  n'a  jamais  vu  l'in- 
digogène  manquer  complètement  dans 
ces  liquides.  Il  est  parvenu  à  constater 
également  que  chez  l'Homme,  ainsi  que 
chez  le  Bœuf,  ce  principe  immédiat 
existe  aussi  dans  le  sang  (/;). 

Pour  reconnaître  la  présence  de 
l'indigogène  dans  l'urine,  M.  Schunck 
fait  usage  du  procédé  suivant  :  On 
ajoute  à  l'urine  de  l'acétate  basique 
de  plomb  jusqu'à  ce  qu'il  ne  s'y  forme 


(a)  Julia  Fonleiielle,  Nouvelles  recherches  sur  les  urines  et  les  sueurs  bleues  {Journal  de 
chimie  médicale,  dRaS,  t.  I,  p.  330). 

—  Caiitu,  Essai  chimico-mcdical  sur  la  présence  simultanée  du  prussiate  de  fer  et  d'une 
matière  sucrée  dans  une  variété  particulière  d'urine  humaine  (Journal  de  pharmacie,  iS'i'o, 
l.  XIX,  p.  192). 

—  Moyon,  dans  BoU,  De  urina  sed'imentum  cœruleum  demitte7ite,  iSO'J  (cité  par  Rayer, 
Traité  des  maladies  des  reins,  1. 1,  p.  21 1  ). 

—  Draniy,  Observât,  sur  l'urine  bleue  {Journal  de  chimie  méd.,  2°  série,  1833,  l.  III,  p.  289). 
{h]  Braconnot,  Examen  d'une  matière  colorante  bleue  particulière  à  certaines  urines  [Ann.  de 

phijsique  et  de  chimie,  1825,  t.  XXIX,  p.  25-i). 

(e)  Pvoul,  Sloinnch  and  Henni  Diseuses,  5'  éilit.,  p.  507. 

[d)  Hellor,  Op.  cit.  {Archiv  fur  physiol.  undpalhol.  Chernie  und  Mikrosc,  1845,  t.  Il,  p.  164). 

(c)  Kletzinsky,  IJeber  Uroglaucin  als  Indenoxyd  (Arcliiv  fiir  pttys.  Ctiemie  und  Mikroscop., 
d853,  t.  VI,  p.  414). 

(/■)  Fr.  Simon,  Animal  Chemistnj,  t.  II,  p.  328. 

—  Hassal,  Ou  the  fréquent  Occurrence  of  Indigo  in  Human  Urine  and  on  ils  Chemical,  Phy- 
s'iological  and  Palhological  lielations  {Philos.  Trans.,  1854,  p.  297). 

—  Seckerer,  Ueber  die  Bildung  von  indigo  im  menschlichen  Organismus  {Ann.  de  r  C  hernie 
und  Pharm.,  1854,  t.  XC,  p.  120). 

—  Eadc,  Bluc  Deposit  m  Urine  {.Archives  of  Medicinc,  1800,  t.  1,  p.  311). 

—  Roitniiinii,  Kunc  Notii>  iiber  Vorkommen  von  Indighan  im  Urin  (Archiv  der  Pharm., 
I8C0,  I.  XGIX,  p.  288). 

{g)  Schunck,  On  the  Occurrence  of  Indigo- Bine  in  Urine  {Mcm.  of  the  Litter.  and  Pliilos.  Soc. 
of  Manchester,  2"  série,  1857,  t.  XIV,  p.  239). 

{h)  T.  Carter,  On  Jndican  in  the  Blood  and  Urine  {Edinbnrgh  Médical  Journal,  1800,  <.  V, 
p.  119). 


COMI'OSITION    !)fc:    L'iKIlMi.  ll^?> 

rêt  à  examiner  si  les  substances  pourpres  ou  brunes  qui  sont 
sécrétées  par  divers  Mollusques  ont  quelque  analogie  avec  les 
principes  immédiats  dont  je  viens  de  parler  (l). 

^  l/i.  —  Enfin,  comme  ie  l'ai  déjà  dit,  on  trouve  dans  les    ^^"bsiances 

•^'  ,  *'  .)  ^  minérales, 

urines  un  certain  nombre  de  substances  minérales  dont  les  plus 
importantes  sont  les  chlorures  de  sodium  et  de  potassium  ('2), 


plus  de  piécipilô  ;  on  filtre,  ou  lave  le 
piécipilé,  et  Ton  verse  dans  le  liquide 
de  ramnioniaque  en  excès,  qui  y  dé- 
termine presque  toujours  la  formation 
d'un  précipiir  blancliàtre  ou  jaunâtre, 
lequel  est  lavé,  puis  traité  à  l'roid  par 
Tacide  sulfurique  faible,  ou  de  Tacide 
clilorliydrique,  pour  en  séparer  l'oxyde 
(le  i)!oinl).  On  filtre,  de  nouveau  et 
lorsipie  la  pro])orlion  d'indigogènc  esl 
considérable,  on  \oit  des  particules 
d'indigo  bleu  mêlées  an  sulfale  ou  au 
clilorure  de  ploml),  puis  le  liquide  d'un 
brun  pourpre  qui  a  passé,  se  couvrir 
plus  ou  nioins  rapidement  d'une  pel- 
licule mince  qui  est  bleue  pnr  la  lu- 
mière transmise  et  d'un  rouge  cuivré 
par  la  lumière  réflécbie.  Quand  la  pro- 
portion d'indigogènc  est  faible,  la  pel- 
licule bleue  ne  se  forme  qu'au  bout 
de  vingt-qnalre  bcures  («).  M.  Carter  a 
trouvé  qu'on  pouvait  se  contenter  d'une 
expérience  plus  sinq)le  {h).  Il  place 
dans  une  petite  éprouvette  l'urine  à 
examiner,  puis  il  y  verse  doucemen! 
de  l'acide  sulfurique  dont  la  densité  est 
de  1,8/|5,  et  il  agite  le  tout  ;  aussitôt 
on  voit  se  manifester  vme  coloration  qui 
varie  de  la  teinte  rosée  la  plus  légère 


au  bleu  d'indigo  le  plus  intense,  sui- 
vant la  quantité  d'indigogènc  ou  d'uro- 
xanthine  contenue  dans  le  liquide. 

(1)  Parmi  les  protluits  qui  résultent 
de  la  décomposition  de  i'indigogcne 
que  M.  Schunck  a  décrits,  il  en  est  un 
appelé  indirubine  ou  urrhodine,  qui 
paraît  être  de  l'indigo  rouge,  et  une 
autre,  Yindihumine,  qui  est  brun  à 
peu  près  comme  la  sépia  (r).  Il  nu- 
parait  probable  que  la  substance  uri- 
naire  dont  Braconnot  a  fait  mention 
sous  le  nom  de  mélanourine  est  un 
dérivé  analogue  (f/),  et  qu'il  en  est 
encore  de  même  de  Vacide  méla- 
nique  ,  matière  noire  signalée  précé- 
dennnent  dans  les  urines  d'un  malade 
par  Prout  (e). 

(2)  Les  anciens  cbimisles  se  sont 
beaucoup  occupés  de  l'étude  des  ma- 
tières salines  qui  cristallisent  quand 
on  fait  évaporer  l'urine,  et  ils  en  obte- 
naient de  la  sorte  divers  mélanges 
qu'ils  désignaient  sous  les  noms  de  sel 
microcosmiipip,  sel  fusible  et  sel  natif 
d'urine.  De  bonne  heure  on  rangea 
le  sel  marin,  ou  chlorure  de  sodium, 
parmi  les  matières  qui  se  déposent 
ainsi,   et    quelques    auteurs   crurent 


(a)  Schunck,  Op.  cit.  {Manchester  Mem.,  t.  XIV). 

(6)  Carier,  loc.cit.,  p.  124. 

(c)  Schunck,  On  Ihe  Fermentation  of  Indigo-Blue  {Mem.  of  the  Litter.  and  Philos.  Soc.  <»/ 
Manchester,  tS57,t.  XIV,  p.  401). 

Id)  Braconnot,  Examen  d'une  matière  bleue  partictilière  à  certaines  urines  {Ann.  de  chimie 
et  de  physique.  1825,  t.  XXIX,  p,  252). 

(e)  Prout,  On  the  Chemical Properties  ofthe  Black  Urine  {Med,  Chir.-Trans. ,iS^3,  t.  XIl,  p.  43). 


Ix'îlh  EXCKÉTIUi\S. 

des  sulfates  à  bases  alcalines  (1  )  et  des  plios[)hates  de  soude  (2), 


luènie  que  le  phosphore  lire  de  rni-ine 
en  provenait,  opinion  dont  iNIarggraf 
fit  justice  dès  17Zi3  [ci).  i'.ouelle  fut  le 
premier  à  porter  un  peu  de  lumière 
dans  ce  chaos,  et,  ainsi  que  l'avait 
déjà  fait  INlarggraf,  il  recomnit  la  pré- 
sence du  chlorure  de  potassium  dans 
l'urine  de  quelques  animaux,  tels  que 
le  Cheval  (6). 

(1)  L'existence  du  sulfate  de  soude 
dans  l'urine  de  Tllommc  a  été  consta- 
tée d"abord  par  llouelle  jeune  (c) ,  puis 
par  Scheele  et  par  un  grand  nombre 
d'autres  chimistes  ((/).  On  l'a  trouvé 
aussi  dans  l'urine  des  Solipèdes  [e], 
du  Chameau  [f;,  etc. 

Le  sulfate  de  potasse  en  dissolution 
dans  l'urine  humaine  fut  d'abord  con- 
fondu avec  le  sulfate  de  soude  ;  mais 
Proust,  Thenard,  Berzelius,  et  tous 
les  chimistes  plus  modernes   l'en  ont 


distingué  (//).  La  présence  de  ce  sel  a 
été  constatée  aussi  dans  l'urine  du 
Cheval  [h),  de  la  Vache  ou  du  Veau, 
du  Bouc,  du  Castor ,  du  Lion  et  de 
plusieurs  autres  Animaux ,  comme 
nous  le  verrons  plus  en  détail  dans  la 
suite  de  cette  Leçon. 

('2)  Le  phosphate  de  soude  avait  été 
aperçu  dans  l'urine  par  Marggraf  cl 
plusieurs  autres  chimistes  du  milieu 
du  siècle  dernier  ;  mais  Proust  et 
Klaproth  furent  les  premiers  à  le 
bien  isoler  et  à  en  reconnaître  la  na- 
ture (0. 

Ilcller  considérait  ce  corps  comme 
étant  toujours  un  sel  basique;  mais 
I\l.  Liebig  a  fait  voir  que  l'urine  ren- 
ferme aussi  du  phosphate  acide  de 
soude  (/),  fait  qui  a  été  confirmé 
par  les  recherches  plus  récentes  de 
MM.  llobin  et  Verdeil  (/.). 


(a)  Marsgraf,  NonnuUœ  novœ  methodi  phosiihorum  solidum  ex  urina  facllius  conftcicndi 
{Misccll.  lierolieiisia,  1743,  t.  VII,  p.  324). —  Examen  cldmique  d'xin  sel  d'urine  {Mém.  de 
l'Acad.  de  Llerlin  ,  l'46,  p.  8i). 

(h\\\o»(i\\c,  Observ.  sur  l'urine  )iumnine  cl  sur  celle  de  la  Vache  et  du  Cheval  {Journal  de 
médecine  do  Roux,  1773,  l.  XL,  p.  451). 

c)  Rouelle,  Op.  cU.  {Journal  de  médecine,  1774,  I.  XL). 

Ul)  Sclicclo,  Op.  cil.  {Mcm.  de  l'Acad.  de  Stockholm,  1775,  t.  XXXVI,  et  Opuseula  rhemica, 
t.  Il,  p.  70). 

—  (imelin,  Grundriss  der  allgem.  Chemie,  1789,  t.  1(,  p.  730. 

Berzelius,   Sur   la    composition  des  lluides  animaux  {Ann.  de  chimie,  1814,  t.  lAXXI.X, 

p.  38). 

(e)  Brande,  Leltre  de  Ilatchetl  sur  l'urine  des  Chameaux,  etc.  {Ann.  de  chimie,  1808, 
l.  LXVII,  p.  i06). 

(/■)  Clievi-ciil,  Noie  sur  l'urine  de  Chameau,  de  Cheval,  cl  sur  l'acide  urique  des  excréments 
des  Oiseaux  {Ann.  de  chimie,  t.  LXXXVII,  p.  -2',»  4). 

((/)  Proust,  Expériences  sur  l'urine  {Ann.  de  chimie,  1800,  t,  XXXVl,  p.  258). 

—  Tlicnard,  Mém.  sur  l'analyse  de  la  sueur,  l'acide  qu'elle  contient  et  sur  les  acides  de 
l'urine  et  du  lait  [.\nn.  de  chimie,  1800.  t.  LIX.  p.  278). 

—  Berzelius,  Op.  cit.  {Ann.  de  chimie,  1814,  t.  LXXXLX). 

(/i)  Rouelle,  Op.  cit.  {Journiil  de  médecine,  1773,  t.  XL,  p.  407). 

(i)  l'rousi,  Mém.  sur  une  substance  nouvelle  trouvée  dans  les  urines  {Journal  d'observ.  sur  la 
physique  et  ihist.  nal.,  île  lîozier,  1781,  p.  14")). 

—  Kliprolii,  l'eber  die  wahre Natur  des  Prou^teschen  sogenannten  Perlsalzes  {Ann.  de  chimie 
de  Creil.  1785,  p.  230). 

(j)  Liebig,  Ueber  die  Constitution  des  Harns  der  Menschemind  fleisclifressenden  Ttiierc  {Ann. 
der  Chemie  und  Pharm.,  18H,  t.  L,  p.  101). 

(/c)  Robin  et  Verdeil,  Traité  de  chimie  anatomique  cl  phijsiologique ,  I.  II,  p.  339. 


COMPOSITION    DR    l/uilLNi:.  /r25 

de  cliaiix  (l)  et  de  ningiiésic  (2).  Pour  reconnaître  la  pré- 
senee  de  plusieurs  de  ces  sels,  il  sut'lil  de  déposer  quel- 
ques gouttes  d'urine  sur  une  lame  de  verre,  et  de  faire  éva- 
porer le  liquide,  car  les  cristaux  qui  se  ibrment  alors  sont 
faciles  à  caractériser,  surtout  ceux  du  clilorure  de  sodium  et 
du  phosphate  de  soude  {?>).  L'urine  contient  aussi  un  peu 
d'acide  carbonique  libre  (/t),  et  chez  quelques  Animaux  elle 
est  chargée  d'une  quantité  considérable  de  carbonates  et  de 


(1)  Scheele  constata  Texistence  du 
pliospliatc  (le  chaux  clans  Tuiinc  dès 
177G  (a),  et  bientôt  après  plusieurs 
autres  chimistes  trouvèrent  ce  sel  ter- 
reux dans  des  calculs  vésicaux  (6). 

('2)  Fourcroy  et  Vauquelin,  ainsi  que 
Wollaston,  reconnurent  Texislence  du 
pliospliate  uiagnésien  dans  l'urine  vers 
la  (in  du  siècle  dernier. 

Berzelius  a  trouvé  aussi  dans  ce 
liquide  des  traces  de  silice,  et  il  a  cru 
y  reconnaître  la  présence  de  fluorure 
de  calcium  (c)  ;  mais  son  opinion  ne 
paraît  ])as  avoir  été  bien  fontlée. 

Le  fer,  comme  je  Tai  déjà  dit,  se 
trouve  dans  la  matière  colorante  de 
l'urine,  et  par  conséquent  ce  métal 
peut  être  compté  aussi  parmi  les  élé- 
menls  normaux  de  la  sécrétion  uri- 
naire  {d). 

(3)   Les   cristaux  de  chlorure   de 


sodium  qui  se  déposent  ainsi  ont  la 
forme  de  cubes,  de  croix  ou  de  glaives 
diversement  modifiés  par  leur  grou- 
])cment  ;  ceux  du  phosphate  de  soude 
ont   une    forme  dendritique  ou    plu- 
nieuse,  et  ont  été  souvent  décrits  par 
les  médecins  connue  étant  du  chlor- 
hydrate d'anniioniaque.  Pour  consta- 
ter la  présence  de  la  magnésie  et  de 
Tacide    phosphorique  ,    on   ajoute    à 
Turine    un    peu    d'ammoniaque  ,    et 
l'on  obtient  alors  des  cristaux  de  phos- 
phate annnoniaco-magnésien  dout  la 
forme  étoilée  est  très  élégante.    On 
trouve  des  figures  de  ces  divers  cris- 
taux dans   la    plupart    des   ouvrages 
récents  sur  les  urines  {e). 

(li)  La  présence  d'une  petite  quan- 
tité d'acide  carbonique  en  dissolulion 
dans  l'urine  humaine  fut  constatée 
d'abord    par    Priestley   {f),   puis   par 


(a) 


{Anii. 

{dj 

Chem 

ie) 


Scheele,  Opiiscula  chcmica,  i.  H,  p.  78. 

Linko,  Dissertatlo  de  urinœ  et  calculorum  aiiahjsi.  GoltiiigL-n,  1788. 
(lioljoil,  LcUre  à  Séquiii  [Ann.  de  chimie,  lTJ-2,  t.  \1I,  p.  04). 
liigeiiliousz,  Sur  le  calcul  vésical  [Ana.  de  chlihu-,  1797,  t.  XXV,  p.  177). 
l''ouiLi-oy,  Système  des  connaissances  chiiulques,  t.  X,  p.  :il7. 
Wolla-ioii,  Up.  cit.  (Philos.  Trans.,  t7'j7,  p.  38G) 


'ans  les  o;  el  d.ins  l'urine 


'  "t  •  —  \ —  -  • »  .  .  ^  . ,  ,..  — ^f. 

Berzelius,  Lettre  à  M.  Vauquelin  sur  le  jluale  calcaire  contenu  t/; 

*de  chimie,  1807,  t.  LXI,  p.  250). 

WiuvL'i',  Lisen  in  Sedimenten  des  Measchen-llarns  (lefunden  (Scliwei^'y^cr's  Jahrb.  der 

ie,  iHii,  1.  XWIl,  p.  470). 

Vuyez  liubin  et  VerJeil,  Traité  de  chimie  anatomique,  pi.  1,  7  et  8. 
—  Goldiii^-  1  ii-il,  Ue  l'urine  et  des  sédiments  urinaires,  1801. 
(f)  l'iic'-ik'Y,  E.riieriin'  nis  and  Ob'iervalions,  t.  H,  p.  •iK!. 


Urine 
de  l'Homme. 


/|26  EXCRÉTIONS. 

lactates  à  bases  alcalines  et  terreuses  (1).  D'ordinaire  elle  tient 
en  suspension  du  mucus  et  des  débris  d'épithéliuni  provenant 
de  la  vessie  ou  des  autres  parties  de  l'appareil  urinaire  (2). 
Enfin,  cette  humeur  excrémentitielle  peut  être  chargée  acci- 
dentellement d'une  multitude  d'autres  substances  qui,  appor- 
tées du  dehors  jusque  dans  le  torrent  de  la  circulation,  s'échap- 
pent de  l'organisme  par  cette  voie.  Dans  divers  états  pathologiques 
de  l'appareil  rénal  ou  des  autres  parties  de  l'organisme,  l'urine 
peut  aussi  contenir  des  matières  qui  ne  s'y  rencontrent  pas  nor- 
malement, et  bientôt  nous  reviendrons  sur  l'examen  de  ces 
faits  ;  mais  avant  de  nous  en  occuper,  il  est  nécessaire  de  com- 
pléter l'étude  de  la  constitution  normale  de  cette  humeur  par 
l'indication  des  particularités  (jue  l'on  y  remarque  dans  la 
nature  ou  dans  les  proportions  de  ses  divers  matériaux  consti- 
tutifs chez  les  différents  Animaux,  et  chez  le  même  individu 
placé  dans  des  conditions  variées. 

§  15.  —  L'urine  humaine,  dans  l'état  normal,  est  un  liquide 
jaunâtre,  transparent,  dont  la  saveur  est  amère  et  salée,  dont 


JM'ousl  et  Vogel  (f/),  ol  plus  léceni- 
nienl  par  M.  Marchand  (6;,  à  qui  la 
(lécouverlc  de  ce  fail  est  altiii)aéc 
par  quelques  auteurs  (r).  Ce  dernier 
chimiste  a  vu  aussi  que  l'urine  contieni 
un  j)cu  d'azole  lihrc. 

(1)  Cell<;  i);ulicularilé  se  rencontre 
cliez  le  Cheval,  comme  nous  le  ver- 
rons dans  la  suite  de  cette  Leçon. 

(2)  Les  corpuscules  solides,  ou  îno- 
tériaux  morphologiques  de  l'urine, 
pour  employer  ici  l'expression  adop- 
tée par  quelques  auteurs,  sont  chez 


PHommc  :  1"  des  cellules  épilhéliques 
provenant  principalement  de  la  vessie, 
et  offrant  des  formes  un  peu  différentes, 
suivant  les  parties  de  ce  réservoir  ou 
des  autres  portions  des  voies  urinairos 
dont  elles  sont  tombées  ;  'J'  du  mu- 
cus, consistant  en  corpuscules  lenti- 
culaires. (Mielquel'ois  on  y  trouve  aussi 
un  certain  nombre  de  globules  san- 
guins ou  des  spermatozoïdes  ;  mais  ce 
sont  là  des  accidents  patliologiques 
dont  nous  n'avons  pas  à  nous  occu- 
per ici. 


(a)  l'ruiist,  expériences  sur  l'urine  {Ann.  de  chimie,  4  800,  l.  XXXVI,  p.  2G0j. 

—  V()s,'el,  De  l'existence  de  l'acide  carbonique  dans  l'urine  et  dans  le  sang  (Ann.  de  cliimie, 
I.  XCIII,|).  71). 

(i))  Maicliand,  ['ebcr  den  kolitensdure-Gchalt  des  llarns  und  dcr  Milcli  {Journal  fur  pntkl. 
Chemie,  1848,  t.  XLIV,  p.  2r)()). 

(c)  I.ehmann,  Lelirbnch  dcr  physiologischen  Cliemie,  t.  Il,  p.  351. 


r.OMPOSlTION    DE    LUP.INE    DR    l'hOMME.  /l27 

l'odeur  est  faible  et  dont  la  deiisitc  ne  dépasse  que  de  peu  celle 
de  l'eau  (1). 

La  composition  chimique  de  ce  liciuide  est  très  complexe.  On 
y  trouve  à  la  lois  presque  tous  les  corps  que  j'ai  signalés,  dans 
la  première  partie  de  celte  Leçon,  comme  pouvant  être  éliminés 
(le  l'organisme  par  la  sécrétion  rénale  dans  son  état  normal. 


(1)  Dans  les  circonstances  ordinaires 
la  pesanteur  spécifique  de  Turine  hu- 
maine ne  s'élève  jamais  au-dessus  de 
1,03,  et  généralement  elle  ne  s'éloigne 
guère  de  1,015  à  1,018  (a),  fait  avec 
lequel  s'accordent  assez  bien  les  éva- 
luations données  par  plusieurs  auteurs 
anciens.  Ainsi,  d'aprèsMuschenbroeck, 
la  densité  de  ce  liquide  serait  1,013,  et 
Brisson  l'évalue  à  1,0106  ;  mais  d'au- 
tres l'avaient  estimée  trop  haut  :  par 
exemple  ,  Bryan  Robinson  ,  qui  lui 
donne  1 ,03  ;  Silberling,  1 ,0/i,  et  Davies, 
1,08  (6). 

Dans  ces  derniers  temps,  plusieurs 
médecins  ont  pensé  qu'il  suflisait  de 
déterminer  à  l'aide  d'un  aréomètre  (c) 
la  densité  de  l'urine  pour  arriver  à 
la  connaissance  de  la  proportion  d'eau 
et  de  matières  solubles  que  ce  liquide 
renferme,  et  A.  Becquerel,  M.  (î.  Bird 
et  quelques  autres  auteurs  ont  même 
publié  des  labiés  de  concordance  pour 
le  dosage  des  matières  solides  d'a- 
près les  indications  aréométriques  {d). 
Ainsi,  A.  Becquerel  a  cru  pouvoir 
établir  que  pour  chaque  millième 
d'excédant  dans  la  pesanteur  spéci- 


fique de  l'urine  comparée  à  celle  de 
l'eau,  le  premier  de  ces  liquides  con- 
tient sur  lono  parties  1,65  de  ma- 
tières dissoutes  (e).  ÎMais  cette  hypo- 
thèse n'est  pas  en  accord  avec  les 
données  fournies  par  les  analyses, 
et  peut  conduire  à  des  résultats  très 
erronés ,  car  la  composition  des  ma- 
tières dissoutes  dans  l'eau  étant  va- 
riable, et  ces  substances  pouvant  dif- 
férer entre  elles  quant  à  leur  conden- 
sation dans  la  solution,  il  peut  y  avoir 
similitude  dans  la  densité  totale  du 
mélange,  bien  qu'il  y  existe  des  dif- 
férences dans  la  proportion  d'eau , 
ou  vice  versa.  Il  est  aussi  à  noter  que 
les  tableaux  de  réduction  publiés  par 
les  différents  auteurs  qui  en  conseillent 
l'usage  sont  en  désaccord  entre  eux. 
Par  exenqile,  Turine  dont  la  densité 
est  1,020,  contiendrait  en  matières 
solides  3,300  pour  100  d'après  A.  Bec- 
querel, /j,l09  d'après  le  tableau  de 
V.  Simon,  et  li.Gôd  pour  100  d'après 
celui  de  M.  G.  Bird.  I.es  expériences  de 
F,d'Arcet,deFr.  Simon  ,  de  M.  Cham- 
bert  et  de  :\I.  Lehmann,  montrent,  du 
reste  qu'il  n'y  a  pas  de  concordance 


(a)  A.  Becquerel,  Traité  de  chimie  pathologique,  185-1,  p.  "210. 

(6)  Haller,  Elemcnta  pliysioloijiœ,  t.  VU,  p.  342. 

(c)  Pour  les  rapports  enlrc  la  deiisilé  des  urines  et  les  indications  données  par  l'aréomètre  de 
Bauraé,  on  peut  consulter  le  taiileau  publié  par  M.  PiBver  {Traité  des  maladies  des  reins,  t.  I, 
p.  li). 

^(i;  A.  llecqiierel,  Sémiotique  des  urines,  p.  33. 

—  A.  Becquerel  et  Rodier,  Chimie  pathologique,  p.  271. 

—  Golding  Bird,  Lectures  on  the  Plujsical  and  pathological  Characlers  of  Urinary  Déposas 
(London  Médical  Gazette,  1843,  t.  XXXI,  p.  677).  —  De  l'urine  et  des  dépôts  urinaires,  1861, 
p.  66. 

(e)  A.  Becquerel,  Sémiotique  des  urines,  p.  13. 


/i'28  KXCUKTIONS. 

oliez  les  divers  Aniinaux.  Mais  ces  matières,  si  variées,  sont 
loin  d'y  avoir  loiiles  la  même  importance,  et  parmi  les  divers 
principes  organi(jues  urinaires  que  l'on  y  rencontre ,  c'est 
l'urée  qu'il  faut  placer  en  première  ligne,  et  Tacide  urique  au 
second  rang. 

L'analyse  quantitative  qui  a  servi  de  point  de  départ  pour 
toutes  les  reclierches  faites  depuis  quelques  années  sur  la  con- 
stitution de  Turine  humaine  est  due  à  Berzelius.  En  opérant  sur 
1000  parties  de  ce  liquide,  ce  chimiste  habile  en  retira  : 

Eau 933;00 

L'iée 30,10 

Acide  urique 1,00 

Matières   animales  indéterminées ,   mêlées  de  lactate 

d'ammoniaque,  d'acide  lactique,  etc 17,1/» 

Sulfate  de  potasse 3,71 

Sulfate  de  soude 3,1  G 

Phosphate  de  soude 2,9/i 

Muiiate  de  soude  (ou  chlorure  de  sodium) U,h^ 

l'hospliale  d'ammoniaque.   .  .   .   , 1,65 

iMuriale  d'ammoniaque  (ou  chlorure  d'ammonium).  .  1,50 

Phosphates  terreux 1,00 

Silice 0,05 

Chiens  de  la  vessie 0,32  (1). 

Les  résultais  principaux  de  cette  analyse  sont  pleinement 

constante  entre  la  densité  et  la  com-  moins  grandes  ;  mais  dans  les  cas  de  ce 

position  chimique  des  urines  {a).  genre  on  peut  y  avoir  recours  avec  avan- 

11  en  résulte  que  les  essais  aréomé-  lage,  et  quelques  médecins  s'en  servent 

Iriques  ne  sont  utiles  que  lorsqu'on  souvent  {l>).  L'inslrumenl  a|)pelé  iiri- 

veut  comparer  entre  elles  des  urines  ?îome/r<;  n'est  autre  chose  (ju'mu' sorte 

dont  la  conqiosilion  est  à  peu  près  la  da  pcse-liqucur  ovdhmrti  dont  la  gra- 

luême,  et  dont  les  variations  de  densité  duation  est  appropriée  à  la  délermina- 

sont  déterminées  \uy  l'existence  des  tion  de  la  densité  des  urines  (c). 

mêmes  matières  en  proportions  plus  ou  (1)  Celte  analyse  date  de  1809  (d). 

(0)  D'Arcol,  /)('  iinulililé de  l'examen  des  urines som  le  point  de  vue  de  leur  densité  [l'ETpc- 
rie^ice,  1838.  I.  11,  p.  d'J3). 

—  Fr.  Simon,  Iteitriùje  iur  mtd.  Cliem.  und  Mikroscopie ,  l.  I,  \>.  'ï'  i;t  143. 

■ —  Cliaiiibcil,  Ileriterclies  sur  les  sels  et  la  dcnsilc  des  urines  eliez  l'Homme  sain  (Recueil  de 
uiénioires  de  médecine  tl  pharmacie  militaires,  tS-iJ,  I.  LVlll,  y.  358). 

—  Lfliniiimi,  Uericht  (Schniull's  .tahrbiictier  fur  die  gesammtc.  Mcd.,  1845,  1.  \L\II,  p.  8). 
{b)  D:iy,  Un  Ihe  Specilic  Gravit])  of  Urine  m  IkallhandDneuse  [The  Lanccl,  1841,  l.i.p.  3G'J). 
(c)  Goldiiife'  13iid,  De  l'urine  et  des  dépôts  urinaires,  p.  5(J. 

(dj  lîcrrfliiis,  ii/('»i.  sur  la  rninpositiou  des /Inides  animaux  {.\nn.  de  (hiniie,\S[i,  I.  LXXXIX, 
p.  38). 


COMPOSITION   m:  l'iiriinr  di:  i/iioMMF,.  /l'29 

d'accord  avec  cq[\\  l'oiiniis  par  loiilcs  les  rei'lierelies  aiialu<;iies 
d'une  (laie  plus  récente  (l).  Mais  les  travaux  chiniiiiiies  dont 
l'nrine  liuinaineaété  l'objet  depuis  un  rpiart  de  siècle  nous  ont 
appris  que  ce  liquide  contient  plusieurs  substances  reuianiua- 
bles  qui  avaient  été  confondues  par  Berzelius  sous  la  dénomi- 
nation commune  de  matières  extractives  ;  que  les  composés 
ammoniacaux  dont  il  avait  constaté  l'existence  ne  se  trouvent  pas 
dans  la  sécrétion  normale  et  ont  dû  prendre  naissance  pendant 
les  opérations  du  chimiste  {'2)  ;  enlin,  que  les  proportions  dans 
lesquelles  les  divers  matériaux  constilutils  de  l'urine  se  trouvent 


(1)  Plusieurs  analyses  d'urine  prove- 
nant (le  personnes  en  bonne  santé  et 
placées  dans  les  conditions  ordinaires, 
ont  été  publiées  par  Fr.  Simon , 
M.  Marchand ,  Alf.  Becquerel  et 
y\.  Lehniaun  {a). 


Je  me  borneiai  à  rapporter  ici 
les  résultais  obtenus  par  ce  dernier 
chimiste  dans  trois  analyses  compa- 
ratives de  l'urine  fournie  par  un  jeune 
honnne  d'un  tempérament  bilioso- 
sanguin  {h). 


E:m 

Lrco 

Aciilo  uiii[iie 

Aciiic  lactique 

Exilait  aqueux 

Extrait  alcoolique 

Lactates 

ClUoiiires  de   sodiiuu   et  d'ammonium. 

Sull'ales  alcalins 

l'hospliaie  do  soude 

l'Iiosplialcs  de  chaux  et  de  magnésie.    . 
Mucus 


NUMKRO    i . 


0.^7,083 

:!i,ir.o 

1,051 

l(»,0,-)',t 
1,897 

;i,04(') 

7,314 
3,7('>5 
1,13-2 
0,11-2 


mimh;ii<> 


034,002 
32,91  i 
1,073 
1,5,^.1 
0,:.91 
0,871 
l,0(i(J 
3,602 
7,289 
3,600 
1,187 
0,101 


NL.'MKRO  \i. 


932,019 
32,909 
1,098 
1,.M3 
0,032 
10,s;72 
1,732 
3,712 
7,3-21 
3,989 
1,108 
0,110 


(!2)  Dans  toutes  les  anciennes  ana- 
lyses de  l'urine  humaine  on  voit 
figurer  des  composés  ammoniacaux  ; 
mais  V.  Schicssbcrger,  M.  Liebig  et 
M.  Lehmann  ont  montré  que  ce  li- 
quide, au  moment  de  son  expulsion 
de  l'organisme,  ne  contienl  pas  d'am- 


moniaque ,  à  moins  que  ce  ne  soit 
dans  des  cas  pathologiques,  fin  eflel, 
lorsqu'au  lieu  de  concentrer  le  liquide 
par  évaporation,  connue  cela  se  pra- 
tique d'ordinaire  dans  les  analyses,  on 
enlevait  l'eau  par  congélation  partielle, 
et  qu'on  y  ajoutait  ensuite  du  chlorure 


la)  Fr.  Simon,  Animal  diaiiistry,  Irar.slalcd  by  Day,  1840,  t.  II,  p.  243  et  suiv. 

—  Marctiand,  Lelirh'.tcli  dev  phiisioloçiisclien  Chemie,  n.  292. 

—  A.  Iicr(iiiercl,  Si'iiuoliqiie  îles  tirines,  1841. 

(bi  Lclmiaim ,  l'tber  menschrtc)ien  Harn   in    gcsundein   nml  UvanMiaftcm  Znstvule  {JujiViui! 
fiir  prnklische  Chcmic,  1842,  t.  X\V,  p.  25). 

VU.  1^8 


/|30  EXCRÉTIONS. 

réunis  dans  cette  liumeur  peuvent  varier  l)eaucoup  sous  l'in- 
fluence (le  diverses  circonstances,  même  chez  des  individus  en 
état  de  santé. 

§  16.  —  Parmi  les  substances  qui  ne  figurent  pas  sui*  la 
liste  que  je  viens  de  rapporter  et  qu'il  faut  y  ajouter,  je  signa- 
lerai l'acide  hippurique.  Effectivement,  il  en  existe  dans  l'urine 
de  l'Homme ,  mais  en  très  petite  proportion  ;  et  comme  ce 
corps  est  moins  facile  à  reconnaître  que  l'acide  urique  et  l'urée, 
il  a  souvent  échappé  aux  recherches  des  chimistes.  Les  expé- 
riences de  M.  Liebig  montrent  qu'il  se  trouve  parmi  les  pro- 


(lo  platine  avec  de  l'alcool,  ou  y  faisait 
naître  un  précipité  de  cliloriire  de  po- 
tassium et  de  platine,  mais  il  n'y  avait 
pas  de  production  do  chlorure  de  pla- 
tine et  d'ammonium.  En  ajoutant  à  de 
l'urine  rapprocliée  de  la  sorte  à  froid 
de  la  potasse,  et  en  examinant  au  mi- 
croscope le  précipité  oljtenu,  M.  ï^eh- 
manu  n'y  aperçut  aucun  de  ces  groupes 
cristallins  étoiles  qui  sont  formés  par 
le  phosphate  ammoniaco-magnésicn , 
et  qui  sont  trî:s  faciles  à  reconnaître. 
Enfin,  en  traitant  le  dépôt  par  divers 
réactifs,  ce  chimiste  ne  put  y  décou- 
vrir aucun  indice  de  la  présence  de 
l'ammoniaque. 

D'autre  part,  on  sait  que  l'urée  est 
une  suhsianccirès  altérable  et  (|u'elle 
donne  naissance  à  de  l'annuoniaque 
avec  une  facilité  extrême.  Ainsi, 
;M.  Lehmanna  constaté  que  si  l'on  fait 
bouillir  dans  de  l'eau  du  phosphate  de 
soude  et  de  l'urée  piu-e  on  mêlée  à  des 
matières  extraclives  alcooliques  dont  on 
a  enlevé  toutes  les  bases  et  tout  com- 
posé ammoniacal  au  inoyMi  de  l'acide 


sulfurique  que  l'on  sature  ensuite  avec 
de  la  potasse  ou  de  la  soude,  il  y  a  encore 
production  d'ammoniaque  aux  dépens 
de  la  matière  organique  enq^loyée. 

Or,  dans  l'évaporation  de  l'urine,  le 
pliosphate  acide  de  soude  décompose, 
comme  je  l'ai  déjà  dit,  l'urée,  et  il  se 
produit  du  phosphate  de  soude  et 
d'ammoniaque  ;  mais  à  la  température 
de  100  degrés,  ce  sel  dégage  de  l'am- 
moniaque, et  le  phosphate  acide  de 
soude  se  r(>constitiu'  de  façon  à  pouvoir 
exercer  de  nouveau  son  action  décom- 
posaïUe  sur  l'urée.  Il  en  résulte  donc 
qu'une  petite  quantité  de  phosphate 
acide  de  soude  peut  déterminer  à  la 
longue  la  décomposition  d'une  ((uantilé 
considérable  d'urée,  et  donner  ainsi 
naissance  à  beaucoup  d"annnoniaque, 
dont  une  portion  peut  se  retrouver  dans 
le  résidu  de  l'opération,  en  condjinaison 
avec  les  acides  existant  dansl'urine  (a). 

Dernièrement  la  non-existence  de 
l'annnonia((ue  dans  l'urine  fraîche  a 
été  constatée  de  nouveau  par  M.  Bam- 
berger  (6). 


(a)  Liebi^c,  IJeber  die  Constitution  des  llarns  des  Mcnschen  und  dcr  lleischfvensendcn  Tliiere 
{Annalm  dcr  Chemie  und  Pharm.,  1844,  t.  I,,  p.   IGI). 

—  l,ilim:iTiM,  Lehrbnch  dev  ■phijsiologi.srhen  Chemie,  t.  II,  i>.  377. 

(b)  II.  li:i]iiljcii;cr,  lit  AtiitiiDiiiiiti  cin   nuritiulcr  llitriibcslaïuitlunl  (WUribunjcv  Mcd.  Zcitschr,, 
181)0,  t.  I,  I'.  140).  ' 


coiMPOsmoN  DE  l'urim-:  dk  l'hommr.  /jIH 

duits  normaux  de  la  sécrétion  lénalc  (1),  mais  on  ne  sait 
encore  presque  rien  relativement  aux  variations  qui  peuvent 
survenir  dans  la  quantité  de  cette  matière  dont  l'urine  de 
l'Homme  est  chargée.  11  est  seulement  à  noter  que  dans  quel- 
ques cas  pathologiques  l'acide  hippurique  s'est  montré  en 
grande  abondance,  sans  qu'il  iïit  possible  de  se  rendre  bien 
compte  des  causes  de  cette  particularité  (2],  et  (|u'il  paraît  être 


(1)  Ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  l'acide 
hippurique  se  liansfoiiiie   lacilement 
en  acide  benzoïque,  et  c'est  ce  produit 
dérivé  qui  a  d'aijord  été  obtenu  dans 
les  analyses  de  l'urine.   Ainsi,  tout  ce 
que  les  chimistes  ont  dit  jusque  dans 
ces  derniers  temps  au  sujet  de  la  pré- 
sence de  l'acide  benzoïque  dans  l'urine 
humaine  doit  s'appliquer  a  l'acide  hip- 
purique. Vers  la  fin  du  siècle  dernier, 
Scheelc  retira  cet  acide  de  l'urine  des 
enfants  à  la  mamelle  («),  et  Fourcroy 
assure  Tawir  trouvé  dans    toutes  les 
urines,  chez  les  adultes  aussi  bien  que 
chez  les  nouveau-nés(6).  Proust  en  parle 
aussi(c).  maisce  fait  fut  ensuite  révoqué 
en  doute  par  beaucoup  de  chimistes, 
et  ce  sont  les  recherches  de  M,  Liebig 
qui  ont  décidé  la   question  {d).   Les 
expériences  plus  récentes  de  M.  Weis- 
n.ann  et  de  iM.   Hallwachs  prouvent 
aussi  que  dans  les  circonstances  ordi- 
naires l'urine  de  l'irlomme  contient  de 


l'acide  hippurique  (e)  ,  mais  quel- 
quefois cette  substance  manque  {[). 
(•i)  Ainsi,  M.  Bouchardat,  en  analy- 
sant les  urines  d'une  femme  qui  se 
plaignait  de  malaise  général,  de  soif 
et  de  légères  douleurs  dans  la  région 
du  foie,  trouva  ce  liquide  composé  de 
la  manière  suivante  : 

Eau 986,00 

Uiéc I  ,ôO 

Acide  hippurique 2,23 

Albumine  ........  1,47 

Mucus 0,20 

Chlorure  de  sodium  .   .   .  2,75 

l'hos|iliale  de  soude  .   .   .  0,'j7 

Sulfates  alcalins 4,44 

Phospiiates  leireux  .   .   .  3,42  (g) 

Dans  un  cas  pubUé  par  JNl.  Garrod, 
la  proportion  d'acide  hippuiique  s'est 
élevée  à  1  pour  100  {h).  M.  Petten- 
kolfer  a  trouvé  une  quantité  très 
considérable  d'acide  hippurique  dans 


{a)  Voyez  ci-dessus,  page  413. 

[b)  Fourcroy,  Système  aes  connaissantes  clâniiques,  1800,  l.  X,  p.  140. 
{c}  Proust, /-Vitis  pour  la  connaiss.  de$vrines(Anii.  dechim.  et  dephys.,  1820,  I.  MV,  p.  20)). 
((/}  Liehig,  OiK  cit.  (.Uni.  dcr  chemie  and  Phaiin.,  1^44,  t.  L,  p.  101). 
(f)  Weismann,   Utber  Bildung  der  Hipptirsdure  im  menschl.  Organismus  (Joiinml  Itir  yrakt, 
Cheiide,  1858,  l.  L.WIV,  p.  100). 

—  Hallwachs,  lier  L'eberguiuj  der  Bcrnsteinsdurc  m  den  llarn  [Ann.  dt.r  Chevi.  und  Fliarm., 
1858,  1.  CVI,  p,  100). 

[Il  Duclifk,   L'cber  dus    Vurkoinincii  der  lUppursdurc  un  Harn  des  Menscken  [['rager  Vicvlel- 
Jahresschrilt,  1854,  t.  111,  p.  25). 

—  llaugluon,  voyez  Day,  Chemistry  in  its Helutions  lo  Hiysiology  a\id  Mcdieine,  1800,  p.  30;p). 

—  Kuliue,  Contributions  to  the  l'athol.  ofictervs  lArcInves  of  Medicine,  1850,  t.  I,  j>.  351). 
(gi  Bouchardat,  Annuaire  de  thérapeutique  pour  1842,  p.  285. 

[Il)  Garrod,    On  tlie  Existence  oftlie  Hippuric  Acid  i?î   llie  Urine  in  Health  and  Diseuse  [The 
Lancet,  1844,  t.  H,  p.  239). 


/452  EXCRÉTIONS. 

fil  moins  faible  proportion  chez  les  enfants  à  la  mamelle  que 
chez  les  adultes  (1). 

Les  principales  matières  nrinaires  qui,  cliez  KHomme  à 
l'état  normal,  coexistent  avec  l'urée,  l'acide  urique  et  l'acide 
liippurique,  dans  l'excrétion  rénale,  sont  la  créatine,  la  créa- 
tinine,  l'hippurate  de  sonde  et  l'oxalate  de  cliaux  ;  mais  ces  sub- 
stances y  sont  en  trop  petites  proportions  et  sont  trop  difjiciles 
à  isoler  pour  qu'on  ait  pu  les  évaluer  quantitativement,  et  en 
iiénéral  on  les  confond  entre  elles  sous  la  di-nounnation  de  ma- 
tières extractives  (2).  Dans  la  plupart  des  analyses  on  s'est  borné 
à  déterminer  les  C|uantités  d'eau,  d'urée,  d'acide  urique,  de  sels 
à  bases  alcalines  et  de  sels  terreux,  cpii  se  trouvent  dans  l'urine, 
ou  à  doser  en  outre  chacun  des  divers  sels  minéraux  que  je  viens 
d'indiquer  en  bloc.  Quant  aux  principes  colorants,  on  ne  les 
connaît  pas  assez  bien,  et,  dans  l'état  normal,  leur  proportion 


Ymim  (Vum  jeune  fille  chlorotique 
qui  se  nourrissait  principalenienl  de 
pain  cl  de  pommes  ;  lois(pie  la  malade 
lui  remise  à  un  réj;ime  oïdinaiie, 
l'excès  d'acide liippuri<|ue  dispariil  {a). 
^].  Tielimann  a  signalé  aussi  Texistenre 
de  beaucoup  d'acide  hippurique  dans 
l'urine  d'un  diabétique  (6). 

Il  est  également  à  noter  que  l'acide 
benzoïque  administré  à  l'inlérieur  dé- 
termine Texcrétion  de  l'acide  Inppu- 
riquc  en  forte  propni"ti(»n  par  les  voies 
urinaires.  Nous  aurons  à  revenir  sur 


indicatifs  de  la  présence  de  l'acide 
hippurique  (acide  benzoïque),  et 
comme  dans  la  plupart  des  analyses 
de  l'urine  des  adultes  les  mêmes  ma- 
tières ne  lurent  pas  signalées,  on  en 
conclut  qui'  pendant  l'allaitement  la 
proportion  d'acide  hippurique  devait 
èlre  plus  considérable  qu'aux  autres 
périodes  de  la  vie  ;  mais  celte  opinion 
ne  repose  pas  sur  des  expériences 
comparatives  assez  exactes  pour  in- 
spirer grande  confiance. 

(2)  "\l.  fjoebe  vient  de  publier  (piel- 


ce  sujet  lors({ue   nous   étudierons  les      ques   recherches  sur   la   (piantilé    de 


iranslormatious  chimi(iues  (luisojjè- 
rent  dans  l'économie  animale. 

(1)  Ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  ce 
ne  fut  d'abord  que  dans  l'urine  des 
(ufauls   <|ue   l'on  trouva  les  produits 


créalinine  existant  dans  l'urine  de 
l'Homme.  Dans  une  expérience,  2180 
centimètres  cubes  de  ce  liquide  lui 
donnèrent  67*^'S6o  d'urée  et  0,78  de 
cré'aiinine  {<■). 


(a)  l'ctlciiKnllLT,   l'clier  (In/t  Vurhoiiitiu'ii  einer  grossen  Miitge  Hippursaure  im  Menschenharn 
{Annaleii  dcr  Clwiuie  iind  l'harvt.,  iHl^,  i.  LU,  p.  8()). 

(b)  l.chiiianii,  Vorkmimcn  von  tlarnbcmuaisuiuc  im  d'uibctiurltcn  iruie  [Jaunial  fi'ir  pmkt. 
Chemte.  183.5.  i.  VI,  p.  IKH. 

{c)  l.oelio,  He'itriige  'uv    hciniliiii^f  (hii  KKaliiihis  i.lourii.  jnv]  rnhi.  C.hrwii',  IKiil ,  l-    INWII, 
p.l'>(|. 


COMi  USlTIOiN    1>I':    LIKLNL    IH;    LIlOMMi:.  k'oO 

est  trop  l'aiblc  poui'  <|iril  y  ait  utililoà  nous  en  occuper  ici  (1). 

§  17.  —  Les  sulislnnces  minérales  rpii  se  trouvent  dans 
l'urine  liuinaine  Ibrnient  environ  un  quart  du  poids  total  des 
matières  fixes  {"2). 

Près  du  tiers  de  ces  matières  salines  inorganiques  est  con- 
stitué par  les  sulfates  de  soude  et  de  potasse.  Le  chlorure  de  so- 
dium forme  aussi  à  })eu  près  un  tiers  de  la  quantité  totale  des 
matières  minérales  de  l'urine,  et  le  pliospliate  de  soude  en  re- 
présente environ  un  cin(juième.  Enfin,  Ics'phosphates  de  chaux 
et  de  magnésie  entrent  pour  environ  un  quinzième  dans  ce 
total  (o). 

Il  est  aussi  à  noter  (pie  l'oxalate  de  chaux  existe  souvent, 
sinon  toujours,  dans  l'urine  de  l'Homme,  mais  en  très  faible 

(1)  Tout  ce  que  j"ai  dit  prcmlcin-  scineiit  dos  os  chez  un  onlaut,  M.  Mar- 
inent do  CCS  nialicres  lorsque  je  par-  chaud  irouva  l'urine  composée  de;  : 

lais  de  l'urine  en  général  (a)  est  sur-  Eau 038,2 

tout  applicable  à  l'urine  de  l'Homme,  Urcc -T. 3 

et  j'aurai  Ijienlôl  à  revenir  sur  ce  sujet  Acide  «rique o,:» 

lorsque  je  traiterai  des  anomalies  de  Lactiiios,  eic . 

I        .      ,,.  ,      I  Pliospliatcs  (le  cliaux,  de  maffiidsie.        5,7 

la  sécrétion  rénale.  '  >         *> 

,«s   ■.-   .   •   1  .  I      •■  Autres  siihsianecs io,i 

(2)  \oici  les  proportions  calculées 

d'après  les  données  des  analyses  faites  ^.es  Gl,8  millièmes  de  m;.tières  r.o- 

par  les  chimistes  suivants  :  'i^»»^^  renlernu.ienl  donc  plus  de  9  pour 

100  de  phosphates  terreux  (cj,  tandis 
Berzelius  ...    23  pour  100.  quc  dans  l'état  normal  cette  proportiou 

Lelimann  ...    23  à  25  pour  100.  n'atteint  pas  2  pour  100,  Dans  un  cas 

^''^ ^^  f°"'"  ^^^-  analogue  observé  pe-r  M.  Solly,  la  pro- 

A.  Becquerel  .     ii  pour  100.  .  ,  ,         i     .        .  ■.   -^ 

portion  des  phosphates  terreux  était 

Marcliand..   .   .     27  pour   100.  .    ,        ,  •    r  •       i  i 

^    ^.  „„  ,„a   ,,  aussi  plus  de  trois  lois  plus  grande  que 

Fr.  Simon.   .  .     30  pour  100  (b). 

dans  l'état  normal  (</). 

(3)  Dans  un  cas  mortel  de  ramollis-  Il  paraît  du  reste  que  la  totalité  du 

(a)  Voyez  ci-dessus,  page  418. 

(6)  Berzelius,  Traité  de  chimie,  t.  VII,  p.  393. 

—  Lelimann,  Oii.  cit.  (Journal  fûrprakt.  Cheinie,  1842,  t.  .\.\V,  p.  25). 

—  Day,  On  the  Speci/lc  Gravitij  of  Urine  (Lancet,  1844,  t.  I,  p.  3iJ9). 

—  A.  lîecqnercl,  Si'mioliqve  des  urines,  p.  7. 

—  Marcliand,  Lclirbuck  der  pliusiolugischen  Chemie,  p.  292. 

—  Fr.  Simon,  Animal  Chemistr\j,  t.  II,  p.  143. 

(c)  Marchand,  Lehrbuch  der  physiologischen  Chemie,  p.  338. 

(rf)  Solly,  Remarks  on  the  Pathology  o^Mollities  ossium  (A/erf.  Cliir.  Trajis  ,  1844,   t.  XXVII, 
p.  448). 


Fermentation 

putride 

lie  l'urine. 


ll^k  EXCRÉTIONS. 

proportion,  et  lorsqu'il  s'y  trouve  en  quantité  un  peu  plus 
considérable,  il  donne  lieu  à  la  formation  d'un  sédiment  gra- 
nuleux (1). 

Dans  l'état  normal,  l'urine  humaine,  au  moment  desonéva- 
cuation,  est  faiblement  acide,  caractère  qui  est  dû  principalement 
à  la  présence  d'un  phosphate  acide  de  soude  (2).  Quel({uefoisce 
liquide  se  trouble  un  peu  par  le  refroidissement,  mais  à  moins 


souffe  et  du  phosphore  qui  sont  élimi- 
nés de  rorgauisme  par  les  voies  uii- 
naires,  et  qui  dans  la  plupart  des  ana- 
lyses sont  considérés  comme  entrant 
dans  la  composition  des  sels  dont  il 
vient  d'être  question,  ne  se  trouve  pas 
dans   ces  produits    inorganiques.   En 
effet,  il  résulte  des  recherches  de  M.  Ro- 
nalds  que  les  matières  dites  extractives 
de  l'urine  humaine  contieiment  en  pro- 
portion très  notahle  le  phosphore,  et 
surtout  le  soufre,  non  combinés  avec 
Toxygène.  Dans  l'état  normal,  la  pro- 
portion de  soufre  excrétée  {'ans  cet  élal 
n'a  pas  été  trouvée  au-dessus  de  0,018 
pour  100,  tandis  que  chez  un  diabé- 
tique, M.  Honalds  en  a  obtenu  0,02i 
pour  100  (a). 

(1)  M.  Golding  VÀvd  et  M.  Lehmann 
ont  souvent  constaté  l'existence  d'oxa- 
late  de  chaux  dans  l'urine  de  per- 
sonnes dont  la  santé  était  bonne  {h)  ; 
dans  un  grand  nombre  de  cas,  cette 
substance  fait  partie  des  sédiments 
urinaircs  (r),  et  chez  despersounes  at- 
teintes de  plithisie,   d'ostéonialacie  et 


d'affections  asUiéniques ,  ainsi  que 
dans  quelques  maladies  aiguës,  elle  se 
montre  quelquefois  en  proportiou  plus 
considérable  que  d'ordinaire  ;  mais 
l'oxalurie  ne  paraît  pas  constituer  un 
état  pathologique  grave  (d). 

(2)  Les  chimistes  et  les  physiologistes 
varient  beaucoup  d'opinion  au  sujet 
de  l'acidité  de  l'urine  et  de  la  cause  de 
ce  caractère,  llaller  pensait  que  dans 
l'état  normal  l'urine  était  neutre,  et 
qu'elle  ne  devenait  acide  qu'acciden- 
tellement, sous  l'influence  de  certaines 
boissons,  par  exemple  (e).  ^lais  toutes 
les  expériences  les  mieux  faites  éta- 
blissent qu'au  moment  de  son  évacua- 
tion au  dehors,  ce  liquide  rougit  tou- 
jours la  couleur  bleue  du  tournesol 
chez  les  personnes  en  santé  et  placées 
dans  les  conditions  de  régime  ordi- 
naire. Cette  action  est  du  reste  faible, 
et  il  reste  encore  quelque  incertitude  sur 
la  cause  dont  elle  dépend.  Quelques 
chimistes  ont  attriimé  l'acidité  de  l'u- 
rine humaine  à  la  présence  d'une  cer- 
taine quantité  d'acide   phosphorique 


(fl)  K.  Honalils,  Rcmark.t  onthe  Exlraclive  Malerial  of  Urine  and  on  the  Excvclloii  of  Sulphur 
and  l'hospltonis  bij  Ihc  Kidncijs  in  uno.vydlwd  Stalc  {rhilus.  Trans.,  18i(i,  p.  401). 

(/))  r.oldiii^'- liii-d,  Ih'senri'hes  inlo  Ihc  Sature  of  certain  fréquent  Forms  of  Dlsease  cliarnc- 
tcrized  by  the  Vrescnce  of  Oxalate  of  Lime  in  the  Urine.  {London  Médical  Gazette,  1842,  t.  130, 
p.  636).  —  De  l'urine  et  des  déimts  urinaires,  p.  244  et  stiiv. 

—  Leiimann,  Lehrbuch  der  physiologischen  Chemie,  I.  I,  \>.  43. 

(c)  J.  Bacon,  Sur  la  fréquence  de  l'oxalate  de  chau£  dans  l'urine  {Journal  de' physiologie, 
1858,  t.  I,  p.  422). 

((/)  Gallois,  De  l'oxalate  de  chaux  dans  les  séd'iincnts  de  l'ur'ine,  etc.  {Comptes  rendus,  1839, 
t.  XLVIII,  p.  (îd:!). 

[e)  Halle;-,  Elementa  physiologim,  I.  Vil,  p.  3i8. 


COMPOSITION    DE    l'uRINE    \)E    l'hOMME.  /iSd 

que  les  voies  urinaires  ne  soient  dans  un  état  morbide,  le  dé[)ôt 
ainsi  forme  est  peu  considérable  (1).  Quoiciu'il  en  soit,  les  prin- 


libie    ou     do     pliosplialc    acide    de 
chaux  (a) ,  d'autres  h  de  Tacide  acé- 
tique (6)  ou  à  de  l'acide  lactique  (c). 
Mais  M.  Licl)ig  a  cru   pouvoir  con- 
clure de  SCS  expériences   (ju'elle  est 
due  au  phosphate  de   soude  existant 
dans  ce  liquide,  lequel  sel,  en  présence 
de  Tacide  urique  ou  hippurique,  cesse 
d'être  basique  et  devient  acide.  Il  se 
fonde  sur  deux  expériences.  D'abord 
ayant  saturé  très  exactement  de  l'urine 
fraîche  avec  de  la  biuyte,  qui  en  pré- 
cipite les  acides  sult'urique  et  phospho- 
rique,   il  constata  que  le  liquide  ne 
contenait  pas  de  baryte  en  dissolution, 
ce  qui  aurait  été,  si  du  lactate  de  ba- 
ryte s'était  formé.    Mais  cette  expé- 
rience n'étant  pas  à  l'abri  de   toute 
objection,  il  chercha  à  constater  direc- 
tement la  non-existence  de  l'acide  lac- 
tique dans  l'urine  et  pensa  y  être  par- 
venu {d).  Quoi  qu'il  en  soit  à  cet  égard, 
il  parait  indubitable  qu'une  portion  du 
phosphate  de  soude  de  l'urine,  sinon 
la  totalité  de  ce  sel,  doit  être  à  l'état 
de  biphosphate,  et  doit  contribuer  ainsi 
à  donner  à  ce  liquide  des  propriétés 
acides  :  en  elïet,  on  sait  que  l'acide 
urique  peut  se  dissoudre  dans  une  dis- 
solution de  phosphate  de  soude,  et  qu'il 
transforme  alors  ce  sel  en  phosphate 
acide  en  passant  à  l'état   d'urate  de 
soude  (e).   Cependant  il  y  a  tout  lieu 


de  croire   que  ce  sel  acide  n'est  pas 
la  seule  cause  de  l'action  exercée  par 
l'urine  sur  la  couleur  bleue  du  tour- 
nesol, et  que  ce  liquide  contient  en 
outre  un   acide  organique  lii)re  ;  car 
M.  Lehmann  ayant  comparé  avec  soin 
la   quantité    d'alcali  nécessaire    pour 
neutraliser  de  l'urine    fraîche    et   la 
quantité  de  phosphate  de  soude  qu'on 
en  peut  extraire,  a  trouvé  que  la  quan- 
tité d'acide  accusée  par  l'alcali  dépas- 
sait celle  calculée   d'après  le  dosage 
du  phosphate,  et  il  en  a  conclu  que 
la  réaction  en  question  doit  dépendre 
(Ml  partie  de  quelque  acide  organique 
libre  (/).  L'acide  urique  contribue  pro- 
bablement à  donner  à  l'urine  ce  carac- 
tère ;  mais  il  est  si  peu  soluble  dans 
l'eau,  qu'il  ne  saurait  exister  en  pro- 
portion notable  à  l'état  de  liberté  dans 
l'urine  parfaitement  claire,  et  il  s'en 
sépare  sous   la   forme   cristalline  ou 
amorphe,  quand  il  cesse  d'être  combiné 
soit  avec  la  soude,  soit  avec  quelque 
autre  substance  jouant  le  rôle  de  base. 
Il  est  aussi  à  noter  qu'il  n'existe  au- 
cun rapport  entre  le  degré  d'acidité  de 
l'urine  et  la  proportion  d'acide  urique 
contenue  dans  ce  liquide  (y). 

Enlin  je  dois  ajouter  que  l'urine  hu- 
maine contient,  comme  je  l'ai  déjà  dit, 
aussi  de  l'acide  carbonique  libre  {h). 
(l)  Le  léger  dépôt  qui  se  forme  sou- 


fa)  Uoùn,  Sur  la  coiistilutioa  de  l'umie  {Jourii.  de  pharm.,   3-  scne,   lS-t3,  t.    Il,  p.  3ol). 

(b)  Thenard,  Mcm.  suvranahjse  de  la  sueur,  sur  Vacide  qu'elle  contient,  et  sur  les  acides  de 
l'urine  et  du,  lait  (Ann.de  cliimie,  ISÙ6,  l.  L\\,  [I.  ^6^,)).  i  vwiv        oa\ 

■    (c)  Berzelius,  Mém.  sur  la  composUion  des  Ihiides  animaux  [Ann.  de  chimie,  t.  LXXMX,  p.  -S). 

(d)  Liebig,  L'cber  die  Constitution  des  Harns  der  Mensclun  und  der  lleischfrcssenden   Thicre 
(Ann.  der  Chemie  und  Pharm.,  1844,  l.  L,  p.  101).  vwviii 

(e)  Lipowilz,  Ueberdie  Lôslichkeit  der  llarnsdure  {Ann.  der  Chenue  und  l  harm  ,  t.  xxxviu, 

p.  348). 

(f)  LcUnvMm,  Lehrbuch  der  physiologischen  Chemie,  l.  Il,  p.  ^ôi.  ,      ■    , 

(g)  Bence  Jones,  Contribut.  ta  tbe  Chemistry  of  Urine  [Philos.  Trans.,  1840,  p.  lio  et  siuv.) 
{h)  Vojez  ci-dessus,  page  4"2J. 


/lo6  EXCKÉ'HOS. 

cipes  uzuLés  de  l'urine  soiil  tirs  nllérnbles,  et  les  Iraiislbriiuitioiis 
qu'ils  subissent  ne  tardent  pas  à  déttM-miner  dans  la  eonstitulion 
de  ectie  liuineur  des  cliangenients  dont  il  est  important  de  iQnir 
coniple,  (piand  on  veut  s'expliquer  divers  [X)ints  de  l'histoire 
physiologique  des  tbnetions  rénales.  On  remar(|ue  d'ahord  qu'au 
bout  de  quelques  heures  l'action  de  l'urine  sur  la  couleur  hleue 
du  tournesol  augmente  ,  et  qu'il  se  forme  un  dépôt  d'acide 
nriipic  libre  ou  d'urate  acide  de  soude  mêlé  à  de  la  matière 
colorante.  Ce  phénomène  paraît  être  dû  [jrincipalement  à  la 
production  d'une  certaine  quantité  d'acide  lactique  aux  dépens 
du  mucus  et  de  (luelques  autres  substances  organiques  con- 
tenues dans  l'urine  (1).  11  persiste  pendant  quelques  jours,  on 


venl  dans  l"aiiiii;  par  ïdM  du  refroi- 
dissoinoiit  de  ce  liquide,  csl  dû  princi- 
palenieut  à  de  Turale  de  soude,  qui  se 
redissout  quand  ou  le  chaulFe  ou  qu'on 
y  ajoute  de  l'urine  moins  chargée. 

(1)  Ce  sédiment,  que  les  anciens 
chimistes  appelaient  du  tarlie  urinaire, 
a  été  analysé  par  M.  Ileintz,  qui  y  a 
trouvé  des  uratcs  acides  de  soude, 
d'ammoniaque  et  de  chaux  en  propor- 
tions variahles,  et  quelquefois  des  sels 
de  potasse  et  de  magnésie  (a).  Le  mode 
de  formation  de  ce  dépôt  a  été  étudié 
avec  beaucoup  de  soin  par  M.  Scherer, 
et  paraît  se  lier  étroitement  aux  modi- 
fications subies  par  la  matière  colo- 
rante et  ([uehiues  autres  matières  orga- 
niques dites  exiractives  qui  se  trouvent 
dans  l'uiiiie.  On  a\ait  ciu d'abord  pou- 
voir enexpli(|uer  la  production  par  le 
fait  du  relVoidissement  de  l'iuine  et  la 
diminulion  dans  la  solubilité  des  urates 
tpii  en  r(''sulte  ;  mais  le  précipité  dont 
il  est  ici  question  est  très  dillt-reut  de 
celui  (pii  souvent    se   forme  dans  ces 


circonstances  :  dans  la  plupart  des  cas, 
il  n'apparaît  que  fort  longtemps  après 
que  l'urine  s'est  mise  en  équilibre  de 
température  avee  l'atmosphère,  par 
exemple  huit  à  dix  heures  après  l'éva- 
cuation de  ce  liquide,  ou  même  plus 
tard,  et  il  n'oll're  pas  la  même  compo- 
sition, car  il  consiste  principalement 
eu  acide  urique  libre  mêlé  à  de  la  ma- 
tière colorante  modifu'e.  On  remar(pie 
en  même  temps  que  l'urine  devient  le 
siège  d'une  espèce  de  fermentatiou 
acide,  dont  la  marche  est  plus  ou 
moins  rapide,  suivant  la  température 
et  ))lnsieurs  autres  circonstances,  et 
dont  la  cause  paraît  être  le  mucus 
existant  en  suspension  dans  le  licpiidc  ; 
car  M.  Scherer  a  vu  qu'en  enlevant 
cette  matière  par  filtration,  on  pouvait 
empêcher  ou  interrompre  le  dévelop- 
])emeiU  de  l'acide.  Ce  chimiste  consi- 
dère ce  nuicus  vésical  comme  jouant 
le  rôle  d'un  ferment  et  déterminant  la 
formation  d'acide  lactique  aux  (h'-peiis 
de  la  matière  citloranle  exlractive  do 


(rt)  lloiiitz,  Ueber  ttlc  Ivuifidurcit  Sedi'iicnicii,  [Anu.  tkr  Ckciiiic  uwl  V'.Mrmndc,  1845,  I.  LV, 


)/ 


iiièiiic  ptirlbis  piMidaiit  (|iicl(nics  semaines,  cl.  l'ail  alors  place 
à  une  lernienlation  pulride  (\\n  délcrmine  la  Ibrinalion  t\c  pro- 
duits ammoniacaux  {!)  ;   ceux-ci  rendent  le  lirpiide  ueuire, 


riiriiie.  Dans  corlaiiies  circouslances, 
sinon  toujours,  de  l'acide  acétique  et 
peut-ètic  aussi  de  l'acide  oxalique,  se 
forment  en  même  temps  que  l'acide 
lactique  (a),  et  les  acides  ainsi  déve- 
loppés, en  s'cniparant  en  totalitéou  en 
partie  de  la  base  de  l'urale  de  soude, 
transforment  ce  sel  en  un  urale  acide, 
ou  mettent  en  liberté  l'acide  iiriquc, 
corps  qui  sont  l'un  et  l'autre  très 
peu  solubles  et  qui  se  déposent  11 
me  paraît  probable  que  l'acide  carbo- 
nique dont  l'urine  se  cbarge  n'est 
pas  étranger  à  cette  transformation  de 
l'urale  basique  en  urate  acide,  et  par 
conséquent  à  la  production  du  sédi- 
ment urinaire,  car  nous  savons  que 
cet  acide,  quoique  très  faible  ,  agit 
de  la  sorte  sur  le  pliospbale  basique 
de  cliaux.  11  paraîtrait  aussi ,  d'après 
quelques  expériences  de  Marcel,  que 
la  (|uanlité  d'acide  carbonique  con- 
tenue dans  l'urine  qui  a  été  exposée 
à  l'air  pendant  quelques  lieures  est 
beaucoup  plus  considérable  que  celle 
dont  ce  liquide  est  Chargé  d'ordinaire 
au  moment  de  son  expulsion  de  la 
vessie  (f>\ 

M.  Lelmiann  pense  que  la  solubilité 
de  l'urate  de  soude  dans  l'urine  dé- 
pend en  partie  de  l'association  de  ce 
sel  avec  la  substance  organique  colorée 
que  l'on  appelle  extractive,  et  que  c'est 
par  suite  des  modilications  subies  par 


cette  matière  colorante  durant  l'es- 
pèce de  fermentation  acide  dont  il  vient 
d'être  question,  que  l'urale  de  soude, 
ainsi  que  cette  nialière  clie-mcme,  se 
dépose.  En  effet,  ce  cbimiste  a  con- 
staté que  l'addition  d'une  petite  quan- 
tité de  cette  substance  extractive  rend 
l'urale  de  soude  incrislallisable,  et  l'on 
sait  que  dans  le  sédiment  urinaire  il  y 
a  un  produit  rougeàtre  qui  semble 
être  un  dérivé  de  celte  matière  colo- 
rante jaune  (c). 

Il  reste,  comme  on  le  voit,  beaucoup 
d'incertitude  relativement  à  la  théorie 
chimique  de  ce  phénomène  ;  mais  ce 
qui  paraît  bien  établi  et  qui  a  beaucoup 
d'importance  pour  l'explication  de  la 
formation  de  certains  calculs  urinaires 
et  autres  dépôts  analogues,  c'est  l'in- 
lluence  du  mucus  vésical  et  del'appari- 
lion  des  acides  sur  la  production  du 
sédiment  d'acide  urique. 

(1)  Les  expériences  récentes  de 
M.  Pasteur  ont  jeté  une  grande  lumière 
sur  les  causes  de  la  fermentation  pu- 
tride de  l'urine.  En  etl'et,  elles  tendent 
à  établir  que  cette  transformation  est 
déterminée  par  le  développement 
d'êtres  vivants  microscopiques,  dont 
les  germes  déposés  dans  ce  liquide  par 
les  courants  atmosphériques  s'y  nudti- 
plient,  et  en  se  nourrissant  aux  dépens 
des  matières  organiques  qu'ils  y  ren- 
contrent, déterminent  la  formation  du 


irt)  Sclicrer,  Ucilrdge  z-ur  palholuijlxvheii  Chemic  {Aniuileii  der  Ckemie  uiid  l'Itarmacie,  i8i-2, 
1.  XLII,  [K  173  etsuiv.). 

{b)  Marcel,  Histuire  chinLique  et  traileinent  médical  des  affections  catculeuses,  Irad.  pHi-  Birl'- 
taiilt,  1828,  p.  150. 

(C)  Lcliiiiaiin,  Lehrbuch  dcr  iiltijs'wloijischea  Chemic,  t.  Il,  y.  357. 


/i38  EXCRÉTIONS. 

puis  alcalin,  y  développent  une  odeur  infecte,  et  y  font  naître 
un  dépôt  de  sels  terreux  cora[)osés  de  phosphate  basique  de 
chaux  (1)  et  de  phosphate  ammoniaco-niagnésien  (2). 


carbonate  d'ammoniaque.  On  peut  em- 
pêcher cette  fermentation  de  s'établir 
en  conservant  Turine  en  vase  clos,  après 
avoir  tué  par  Faction  do  la  chaleur 
tous  les  corpuscules  vivants  ou  viables 
qui  s'y  trouvaient  déjà  ou  qui  exis- 
taient dans  le  vase  employé  ;  et,  au 
contraire,  on  peut  la  provoquer  à  vo- 
lonté en  semant  dans  ce  liquide  une 
petite  quantité  de  ce  ferment,  quand  la 
température  et  les  autres  conditions 
sont  favorables  au  développement  de 
ces  êtres  microscopiques  (a).  Les  phy- 
siologistes avaient  déjà  observé  le  dé- 
veloppement de  mucédinées  et  d'ani- 
malcules infusoires  dans  l'urine  en 
putréfaction  (b),  mais  on  considérait 
ces  phénomènes  comme  étant  de  sim- 
ples coïncidences  et  l'on  n'attribuait 
pas  les  altérations  chimiques  en  ques- 
tion à  l'action  de  ces  petits  êtres 
vivants.  Il  me  paraît  au  contraire  fort 
probable  que  lorsqu'on  aura  étudié 
davantage  ce  qui  se  passe  dans  ces 
circonstances,  on  trouvera  que  la  pro- 
duction de  l'acide  qui  se  développe 
d'abord  dans  l'urine  résulte  de  l'action 
d'un  ferment  végétal  provenant  égale- 
ment du  dehors,  et  que  la  fermenta- 
tion annnoniacale  est  occasionnée  par 
des  animalcules  microscopiques  d'es- 


pèces particulières  ou  par  d'autres  mu- 
cédinées. 

n  est  aussi  à  noter  que  la  levure  de 
bière  active  beaucoup  la  fermentation 
putride  de  l'urine  et  le  développement 
de  carbonates  dans  ce  liquide.  Le  dépôt 
provenant  d'urine  déjà  putréfiée  agit 
aussi  comme  un  ferment  puissant  quand 
il  se  trouve  mêlé  à  de  l'urine  fraîche  (c). 

Parmi  les  animalcules  microscopi- 
ques qui  ont  été  observés  dans  l'urine 
en  putréfaction,  on  cite  des  Vibrions 
et  des  Monades. 

On  a  trouvé  aussi  dans  l'urine  le 
Sarcina  i:entricuH,  ou  Merisnwpe- 
dia  ((/),  dont  la  présence  a  été  constatée 
parfois  dans  les  matières  rejetées  de 
l'estomac  (e). 

(1)  Le  phosphate  acide  de  chaux 
est  décomposé  et  ramené  à  l'état  de 
phosphate  basique  insoluble  tontes  les 
fois  que  l'urine  devient  alcaline  piir  le 
développement  de  l'ammoniaque  ou 
par  toute  autre  cause.  Le  dépôt  consti- 
tué de  la  sorte  alfecte  la  forme  pul- 
vérulente, et  se  compose  de  granules 
microscopiques  amorphes. 

{'!)  Le  phosphate  ammoniaco-ma- 
gnésicn  est  un  sel  double  qui  est  très 
peu  solublo  dans  l'eau.  Il  constitue 
j)resque  entièrement  la  pellicule  bril- 


(a)  Pasleui-,  Mémoire  sur  les  corpuscules  organisés  qui  existent  dans  l'atmosphère  ;  examen 
de  la  doctrine  des  générations  spontanées  [Ann.  des  sciences  naturelles,  4*  série,  ISOI ,  i.  XV!, 
p.  45  cl  suiv.). 

(b)  Vojez  Hcille,  Chem.  und  mikrosc.  Nachtrdge,  p.  159. 

(c)  JacquiMuarl,  Note  sur  la  fermentation  urinaire  {Ann.  de  chiniic  et  de  physique,  3*  série, 
t843,  t.  VII,  p.  149). 

{d)  ticller,  Nene  Dcitràge  iibcr  das  Vorkommen  der  Sarcina  als  Harnsediment  {Archiv  liir 
Chemie  und  Miliroscoine,  1852,  ii.  s.,  l.  I,  p.  30). 

—  Maciiay,  dans  BcniiL-lt,  Inirod.  lo  Clinïcal  Medicine,  -2°  ddil.,  p.  90. 
(e)  Voyez  ci-dessus,  page  101. 


COMPOSITION    DK    l'uRIÏNE    DE    l'hOMME.  /l  30 

Ce  n'est  pas  seulement  dans  ces  circonstances  que  des  pro- 
duits ammoniacaux  se  développent  dans  l'urine  ;  sous  l'influence 
d'iuie  température  élevée,  l'urée  et  quelques  autres  principes 
azotés  qui  se  trouvent  mêlés  dans  ce  liquide  sont  décomposés 
par  l'acide  phosphorique  du  bipliospliate  de  soude,  et  donnent 
naissance  à  de  l'ammoniaque,  qui  entre  en  combinaison  avec 
ce  môme  acide  ou  avec  d'autres  corps  analogues.  Or,  cette 
réaction  est  1res  difficile  à  éviter  dans  les  opérations  employées 
pour  faire  l'analyse  de  l'urine,  et  par  conséquent  les  résultats 
obtenus  de  la  sorte  sont  généralement  altérés  par  la  formation 
consécutive  de  matières  ammoniacales,  dont  ce  liquide,  dans 
son  état  physiologique,  n'est  pas  chargé  (1).  Enfin,  je  dois 
ajouter  que  souvent,  sous  l'influence  des  maladies,  des  matières 
ammoniacales  sont  réellement  sécrétées  par  les  reins,  ou  pro- 
duites dans  rintcrieur  de  la  vessie,  de  façon  à  exister  dans  l'urine 
au  moment  de  son  expulsion  au  dehors  (2). 


Diverses 

sources 

•les  proHiiils 

ammoniacaux. 


Jante  et  cristalline  qui  se  montre  sou- 
vent à  la  surface  de  l'urine  en  voie  de 
putréfaction;  on  cristallisant  ainsi,  il 
affecte  la  forme  de  petits  prismes,  et 
quand  il  se  dépose  par  suite  d'une  éva- 
poration  plus  rapide,  il  constitue  ordi- 
nairement des  groupes  de  cristaux 
microscopiques  représentant  des  étoiles 
dendroïdes  ou  des  arborisations  plus 
ou  moins  irrégulières.  Les  formes  cris- 


tallines de  ce  produit  urinaire  ont  été  ■ 
représentées  par  plusieurs  microgra- 
phes {a). 

(1)  Je  reviendrai  sur  ce  sujet  dans 
la  Leçon  suivante. 

(2)  Au  nombre  des  produits  salins 
qui  viennent  ainsi  compliquer  la  com- 
position chimique  de  Turine,  il  faut 
citer  le  chlorhydrate  d'ammoniaque  et 
le  lactate  de  la  même  base. 


(a)  Vigla,  Etude  microscopique  de  l'urine,  éclairée  par  l'analyse  chlmiqtie   {l'Expérience, 
11^38,  t.  I,  p.  177). 

—  Simon,  Animal  Chemistry,  t.  II,  pi.  3,  fig-.  -27. 

—  Vogel,  Icônes  histologiœ  pathologicœ,  1843,  pi.  8,  ûg.  14,  et  pi.  2(3,  fig.  5. 

—  Rayer,  Maladies  des  reins,  1839,  I.  I,  pi.  3,  l\g.  1  et  2. 

—  Donne,  Cours  de  microscopie,  allas,  ùg.  53  et  54. 

—  Frick,  Rénal  Affections,  1850,  p.  (i9,  fig.  5,  etc. 

—  Heller,  Mikrosk.  Beitràge  {Archiv  fur  phijs.  undpathol.  Chemie  und  Mikrosc,  1852,  t.  V, 
pi.  \ ,  fig.  1  à  7|. 

—  Robin  et  Vcrdeil,  Traité  de  chimie  anatomique,  allas,  pi.  7,  fig.  1,  2  et  3  ;  pi.  8,  fig.  1 
et  2. 

—  Golding  Bird,  De  l'urine  et  des  dépôts  urinaires,  p.  309,  fig.  103,  104. 


Urine  ^  1(S.  —  l/iiriiie  (les  Mîunmiréres  curnivoivs  ne  dit'tere  en 

Mamm!ï.ï;.  géfiéml  quc  peu  (le  eclle  de  l'Homme.  l^:ile  est  aciilc  au  momenl 
de  son  excrélion,  mais  elle  s'altère  très  promi)tement,  detaeon 
à  devenir  alealine  ;  elle  est  très  ehargée  d'uiTe,  mais  ne  con- 
tient en  général  (|ue  très  peu  d'acide  uri(iue  ;  enlin,  son  odeur 
varie  suivant  les  espèces  (1). 

(1)     Vauqueliu    analysa    les    urines  Phosphate  d'ammoniaquo 1,0 

,,       .  .  .    11    „  'r:„..n  .  :i  ^n^  iiv>iivi  Acétate  de  uolasse 3,3 

(1  un  Lion  et  cl  un  Tigie  ;  il  le!>  liouv.i  * 

klciitiqiies ,   et  n'y  découvrit  aucune  q^   cluniisto   a    trouvé  les  mêmes 

trace   d'acide  urique,  mais  beaucoup  substances  dans  l'urine  de  la  Pantlièrc 

d'urée,   des  phosphates   de  soude  et  ^^  jg  niyène  (6). 

d'ammoniaque,  du  sulfate  de  potasse,  j^.  j^jj^  ajouter  que  suivant  Giesc 

du  chlorhydrate  d'ammoniaque  ,   du  i'mi„e,  de  Chat  fournirait  quelquefois 

mucus  et  une  petite  quantité  de  chlo-  ^^^  Tadde  benzoïque  (c) ,  ce  qui  im- 

rure  de  sodium  [a).  piiquerait  l'exislence  de  l'acide  hippu- 

llieronymi  a  analysé  les  urines  pro-  ^^^^ç  ^l^y^^  ^^  liquide, 

venant  d'un  Lion,  d'un  Tigre  et  d'un  ^j     uimefeld     a   trouvé    beaucoup 

Léopard.    Il    a    trouvé    ces    liiiuidcs  ^\\^^■^\^>^  luais  pas  d'acide  urique,  dans 

iranspareuts  et  acides,  et  contenant  eu  pi,,ii„.  (\\m  Ours  qui  était  nourri  prin- 

moyenne  :  cipalement  avec  du  pain  (J). 

^K3_l  Chez  le  Hérisson,  qui  est  un  Car- 

•     Urée,  avec  im  peu  de  inaticie  aiii-  uassier  insectlvore,  la  proportion  d'a- 

niaïc  sohdiic  dans  Taicool ,   et  cidc  urique  paraît  être,  au  contraire, 

d'acide  acétique 132,i2  très  Considérable:  d'après  les   expé- 

Aoide  urique 10,2  ricnces  dc  M.  Lauderer,  elle  s'élevait 

Mucus  vésical ^.<  j,  j  p,)i„.  /[qO   {(■). 

Sulatte  dc  potasse i.iî  L'urliie  dti   Chien   contient,    ainsi 

Chlorhydrate  d-annnoniaquc  et  chlo-  ^^^^^    .^^  |.,^.  ^j...    ^,.^^    ^^^^  ^^^.^^^.^^^^  ^^,^^,_ 

rurc  de  sodium 1.'  .  i  .   ii       •  i  •  /  r\ 

,    ,  licuier  appelé  ]  acide  oinurKjur  (/) 

Pliosphalcs   de    chaux    et    de    ma-  »'  .    ,     ,  . 

^  .^.  _  17  M.  Liebig  y  a  trouvé  aussi  de  la  crea- 

l-hosphatcs  de  potasse  et  .le  soude.       8,0  tiue  Ct  dc  la  créaliuinc   {{]). 

{a)  Yauqiu;lin,  Aiialusc  compau'e  des  urines  de  divers  Animaux  {Annules  du  Muséum  d'Iiist. 
nal.,  1811,  t.  WIII,  p.  K-2,  et  Ann.  de  chimie.  1812,  t.  LXXXII,  p.  198). 

ib)  lliorol.vnii,  IHssrrl.  innmi.  dc  analusi  winœ  compnratii.  Gottin^ruc,  1820.  —  Chemische 
Interswhumjen  des  llarns  elniiier  llcisclifresscnden  Thiere  (Scluveigger's  Jahrbuch  der  Chemie 
7(Hd/'/»/4-!A-,  18-29,  I.  LVIl,p.  ?2-2).  ,    ,     c       ^  ,    ,    „ 

(c)  (iiesc.  De  iacide  bemoique  dans  Vurine  des  Chats  {Mi'm.  de  la  Soc.  des  nul.  dc  )Io-;cnu. 

1809,  l.  Il,  p.  25).  ^^„,,    ,    ^,., 

(rf)  lliincfeld,  Iteilràuc  zur  Chemie  des  llarns  {Journ.   lïtr  praht.   (.hernie,   18JJ,  t.  X\l, 

''' (é)  I^anderer,  Phnsinhijisih-und  palhot.-chiw.-lieitràijc  ;  Analyse  des  llurns  des  hjets  (Arrh. 
fiir  Chemie  und  Mil;ruscoiue,  ISiC,  i.  III,  p.  21tG). 

(/■)  Voyez  ci-dcisus,  pa;,'C  412. 

(y)  Lichi^',  Uebcr  Kreatin  uud  hynurensaure   im  llundiharn  [Ann.  dcr  Chenue  undPliarm., 

1859,  t.  CVlll.  p.  355. 


COMPOSITION    DE    l'uRIXF    DKS     MAMMIFÈRES.  hh\ 

LeCoelion,  (|ni  est  omnivore  comme  l'Homme,  présente  an 
contraire  des  parlicularités  Tort  renianjnables  dans  la  composi- 
lion  de  son  urine.  Ce  liquide  est  alcalin  et  l'ait  elïervescence  avec 
les  acides,  phénomène  qui  est  dû  à  l'existence  d'une  quantité 
considérable  de  carbonates  à  bases  alcalines  et  terreuses.  Il  con- 
tient aussi  de  l'urée,  ainsi  que  des  chlorures,  des  sulfates  et  des 
lactates,  mais  on  n'a  pu  y  découvrir  ni  acide  urique,  ni  acide 
hippurique  (1). 

Chez  les  Mammifères  herbivores,  tels  que  les  Riuninants,  les 
Pachydermes  et  la  plupart  des  Rongeurs,  l'urine  est  trouble  et 
alcaline  ;  elle  contient  de  l'urée  en  proportion  assez  considérable, 
maison  n'y  trouve  pas  d'acide  uriipie,  et  ce  corps  y  est  remplacé 
par  de  l'acide  hippurique  uni  à  de  la  potasse.  H  est  aussi  à  noter 
(jue  l'urine  de  ces  Animaux  est  très  pauvre  en  phosphates  ter- 


(1)  li'iiriiio  de  Porc,  ((ni  a  été  élu- 
diéo  diiniiquomeut  par  MM.  Lassaigne, 
Van  (len  Setteu,  Boussin[f,aiilt  ot  Bi- 
bra  (a),  est  parfaiteniont  transparente 
au  moment  de  son  expulsion,  mais  elle 
devient  trouble  par  l'action  de  la  cha- 
lem",  car  les  bicarbonates  de  magnésie 
et  de  chaux  qui  s'y  trouvent  en  disso- 
lution abandonnent  alors  une  partie  de 
leur  acide,  et  se  précipitent  à  l'état  de 
carbonates  neutres.  Le  premier  de  ces 
chimistes  y  a  trouvé  des  sels  ammonia- 
caux, mais  cela  dépendait  probable- 
ment de  l'altération  putride  du  liquide 
employé.  En  effet,  quand  cette  urine 
est  fraîche,  elle  ne  contient  pas  d'am- 
moniaque, et  M.  Boussingault  n'y  a 
découvert  aucune  trace  d'acide  hippu- 


rique, même  après  avoir  fait  entrer  des 
aliments  herbacés  en  proportion  con- 
sidérable dans  le  rc-gime  des  Animaux 
soumis  à  ses  expériences.  Ce  chimiste 
assigne  à  celte  urine  la  composition 
suivante  : 

Urée *.90 

Bicarliûiiate  de  potasse 10,74 

C.iibonalo  tie  magnésie 0,87 

Carlioriale  de  eliaiix Iraces 

Sulfate  de  potasse 1,98 

Pliospliale  de  potasse t  ,02 

Cliloiure  de  sodium 1,28 

Laclate  alcalin indJicrm. 

Silice 0,07 

Eau  et  matières  organiques  in- 
déterminées   979,14! 

Total.   .    .   1000,00 


(a)  Lassaignc,  Analyse  de  Vuiine  du  Cochon  doinesliiiio:  [Journal  de  pharmacie,  1819,  t.  V, 
p.  174). 

—  VandenSclten,  Analyse  de  l'urine  du  Cochon  (Bullelln  des  sciences  en  Séerlande,  1838, 
p.  43). 

—  Bous>ingault,  Reclierches  sur  la  constilution  de  l'urine  des  Animaux  herbivores  (Ann.  de 
chimie  et  de  physique,  'i'  série,  1845,  t.  \V,  p.  97). 

—  Hihra,  leber  den   Harn  einiger  l'Ilnnxenfresser  [Ann.  der  Chemie  und  Pharm  ,  18i5), 


/l42  EXCRÉTIONS. 

reiix,  et  contient  des  carbonates  à  bases  alcalines  et  terreuses, 
ainsi  que  du  laclate  de  potasse.  Enfin,  le  cblonn^e  de  sodium  ne 
s'y  trouve  d'ordinaire  qu'en  quantités  très  faibles,  et  ce  sont  les 
sels  à  base  de  potasse  qui  y  prédominent  (1). 

Par  sa  composition  chimique  l'urine  de  tous  ces  Mammifères 
diffère  donc  beaucou|)  de  celle  des  Carnivores  de  la  même 
classe  (2j  ;  mais  ces  particularités  ne  sont  pas  constantes,  et, 


(1)  Ainsi,  dans  l'uiine  d'un  Mouton, 
analysée  par  Biaconnot,  un  litre  de 
liquide  donna  Q^%i'6  de  chlorure  de  po- 
tassium el  3,7Zi  de  sulfate  de  potasse, 
mais  ce  chimiste  no  put  y  découvrir 
aucune  trace  dechloruro  de  sodium  {a). 

(2)  L'urine  du  Cheval  a  été  étudiée 
par  plusieurs  chimistes  (6).  C'est  un 
liquide  trouble,  d'une  odeur  particu- 
lière et  d'une  couleur  jaune  pâle 
au  moment  de  son  émission;  mais 
au  contact  de  l'air,  elle  prend  très 
prompti  nient  une  teinte  brun  foncé. 
Une  analyse  de  ce  liquide,  faite  par 
M.  Boussingaull,  a  fourni  : 

Urée ;il,OÛ 

Hi|ipurale  de  potasse 4,74 

Laclate  de  potasse 11,28 

Laclate  de  soude 8,81 

Bicarbonate  de   soude 15,50 

CarboTiale  de  chaux 10,82 

Cai'Loiiale  de  magnésie 4,16 

Sullalc  de  potasse 1,18 


Chlorure  de  sodium 0,74 

Sihce.  . 1,01 

Eau  rt  matières  indéterminées.   .  910,73 

Quelquefois  l'acide  hippurique  est 
roiuplacé  dans  rurine  de  (ilieval  par 
une  matière  azotée,  incrisiallisable  et 
résinoïde,  dont  la  nature  chimique 
n'a  pas  encore  été  étudiée  d'une  ma- 
nière satisfaisante  (c). 

Ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit ,  cette 
urine  contient  une  quantité  notable 
d'indigogène  (d),  et  c'est  en  raison  de 
la  matière  bleue  formée  par  cette 
substance  qu'elle  prend  la  couleur 
foncée  dont  il  a  été  question  ci-dessus. 

Le  sédiment  formé  par  ce  liquide  est 
composé  principalement  de  carbonates 
de  chaux  et  de  magnésie  combinés  avec 
une  matière  organique  qui  parait  avoir 
de  l'analogie  avec  l'acide  huntique  {e). 
Ce  dépùt  contient  aussi  beaucoup  de 
cristaux  d'oxalate  de  chaux  (/). 

L'urine  de  Vache,  analysée  successif 


(a)  r.raconnot.  Analyse  des  urines  de  Yeaii  et  de  Mouton  (Ann.  de  chimie  et  de  physique, 
3'  série,  1847,  t.  XX,  p.  240). 

(ftj  Vauqnelin,  Analyse  de  l'urine  de  Cheval  {Ann.  du  Muséum  d'histoire  naturelle,  \^U, 
1.  XVllI,  p.  240). 

—  tirandc,  \oyez  llatcliett,  Oi).  cit.  [l'hil.  Tritns.,  1>^0G,  p.  ;i"2),  l'i  Lettre  sur  l'urine  de 
Chameau  et  de  quelques  autres  Herbivores  (Ann.  de  ihimw,  1808,  l.  LXVII,  p.  200). 

—  Clievicul  ,  Atifc  sur  l'urine  de  Chameau,  de  Citerai,  etc.  {Ann.  de  chimie,  1808, 
l.  LXVII,  p.  303). 

—  liibia,  Up.  cit.(Aitu.  der  Chemie  und  Phaim.,  1845,  t.  LUI,  p.  U'J). 

—  Boussingault,  Op.  cil.  {Ann.  de  chimie,  3"  série,  1845,  t.  .\V,  p.  107). 

(c)  C.  Schiiiidl,  \ujez  Lehmaim,  I.ehrbuch  der  phi/siol.  Chenue,  I.  Il,  p.  400. 

(d)  Voyez  ci-dessus,  y.ti^n  420. 

(e)  I3il.ra,  Oji.  cit.  (Ann.  der  Chein.  und  l'harm.,  t.  LUI,  p.  !)8j. 
(/■)  Lehinanii,  Lehrbuvh  der  physluloyischen  Chemie,  t.  Il,  p.  400. 


COMPOSITION    DE    l'uRINE    DES    MAMMIFÈRES.  /Ï43 

comme  nous  le  verrons  bientôt,  elles  paraissent  dépendre  du 
régime  de  ces  Animaux  plutôt  que  de  leur  constitution.  En  etYet, 
elles  ne  persistent  pas  chez  le  même  individu  placé  dans  des 


vement  par  Rouelle,  Brande,  Bibra      du    Chameau    a   été   constatée    par* 

et  Boussiiigault  {a),  contient,  d'.iprès      l'.ouellc  (e),  et  Brande  y  trouva  aussi 

ce  dernier  chimiste  :  de  Turate  de  potasse  (/")  ;  mais  M.  Che- 

vreul  fut  le  premier  à  obtenir  de  l'acide 

Ilrpp  48,48  ,  ,  1.      •  1 

,.  ^,  benzoïque  en  opérant  sur  ce  liquide, 

Hippurale  de  potasse lo.&l  .  .     i.  ,,      •  .  i     r     •  i 

,      .  ,1  M^  fait  qui  indique  l'existence  de  1  acide 

l-aclate  de  potasse li,it>  '  ^ 

Bicarbonate  de  potasse 16,12  hippurique  dans  cctte  liumeur  comme 

Carbonate  de  magnésie 4,74  dans  l'iirine  des  autres  Mammifères 

Caiiionaie  de  chaux 0,55  herbivores.  Ce  chimiste  a  constaté  aussi 

Sulfate  de  potasse. 3, GO  qne   l'odeur  de  l'urine  du  Chameau 

Cldonire  de  sodium 1,52  gg^    ^j^jg    j-,    j-j    pi'ésence    d'uue    huile 

Si'i'^e t'-aces  rousse  ;  enfin,   il   trouva  que  ce  li- 

Eau  et  matières  indéterminées.   .  921.32  ^^^.^^^   ^^^^    ^^^^^^.^^^^  ^^j    ^^.^^^  ^^^,.^^^^  ^^j 

M.  Boussingault  n'y  a  trouvé  aucune  phosphates,  et  il  a  expliqué  la  cause 

trace  de  phosphate.  Il  est  d'ailleurs  de  l'erreur  commise  à  ce  sujet  par 

à  noter  que  les  Animaux  sur  lesquels  Brande  [g). 

ces  expériences  furent  faites  recevaient  L'urine  de  Rhinocéros  a  été  exami- 

journellementdans  leur  ration  alimen-  née  par  Vogel,  et  ce  chimiste  en  a  ob- 

taire  une  dose  assez  forte  de  sel  ma-  tenu  de  l'acide  beazoïquc,  provenant 

rin   (6).   Suivant  M.  E.  Briicke,  il  y  sans    doute  de  la  décomposition   de 

aurait  aussi  de  l'acide   urique  dans  l'acide  hippurique  ;  en  opérant  de  la 

l'urine  du  Bœuf  (f).  même  manière  sur  l'urine  de  l'Élé- 

M.  Bibra  a    trouvé,  dans    l'urine  phant,  il  n'a  pas  obtenu  ce  produit  (/î), 

d'une  Chèvre,  de  0,76  à  3,78  d'urée,  mais  M.  Braiides  a  constaté  plus  récem- 

et  de  0,88  à  1,'25  d'acide  hippurique  ment   qu'il   y    existe  de    l'hippurate 

pour  100  (d).  d'urée  en  quantité  très  notable  («). 

La  présence  de  l'urée  dans  l'urine  Vauquehn  a  trouvé  que  l'urine  du 

(a)  Rouelle,  Observ.  sur  l'^irinc  humaine  et  sur  celle  de  la  Vache  el  du  Cheval  (Journal  de 
médecine  de  l'.oux,  1773,  t.  XL,  p.  451). 

—  Brande,  voyez  Haclieti,  Lettre  sur  l'urine  des  Chameaux  et  des  autres  Herbivores  [Ann.  de 
dijmie,  1808,  t.  LXVIT,  p.  2G8). 

—  Bibi-a,  Op.  cit.  [Ann.  der  Chemie  und  Pharm.,  1845,  I.  LUI,  p.  104). 

—  Boussingault,  Op.  cit.  {Ann.  de  chimie  et  de  physique,  3«  série,  1845,  t.  XV,  p.  103). 
(/))  Idem,  Note  ajoutée  au  mémoire  de  Braconnât  {Ann.  de  chimie,  1847,  t.  XX,  p.  245). 

(c)  E. Briicke,  Vorkommen  der  Harnsaure  imRinderharn  (Miiller's  Avchiv  fUr  Anat.  und  Phys., 
1842,  p.  91). 

{d}  Bibra,  Op.  cil.  {Ann.  der  Chemie  und  Pharm.,  1845,  t.  LUI,  p.  106). 

(e)  liouelle,  Observ.  sur  l'urine  de  Chameaux  (Journal  de  médecine,  1778,  t.  L,  p.  264). 

(/■)  Uadiell,  Op.  cil.  {Ann.  de  chimie,  1808,  t.  LXVIl,  p.  273). 

(g)  Chevreul,  iS'ole  sur  l'tirine  de  Chameau,  etc.  (Ann.  de  chimie,  1808,  t.  LXVII,  p.  294). 

{h)  Vogel,  Analyse  des  Urins  vom.  Rhinocéros  und  vom  FAcphanten  (Schweiggcr's  Journal  fiir 
Chemie,  1817,  t.  XIX,  p.  ISlî). 

(i)  Berzclius,  Itapport  sur  les  profjrès  de  la  chimie,  présenté  en  1840,  p.  329. 


!\llli  KXCR  ÉTIONS. 

coudilioiis  biologiijiios  diKV'ienlcs.  Ainsi,  l'iuiiK^  du  Veau,  qui 
ne  se  nourrit  (ju'en  lehint,  ne  ressemble  pas  à  eelle  de  sa 
mère;  elle  esl  acide  comme  l'urine  d'un  Carnassier,  el,  au  lieu 
de  contenir  de  l'acide  liippurique,  elle  tient  en  dissolution  de 
•l'urée,  de  l'acide  urique  et  un  i)rincipe  azoté  particulier,  appelé 
allantoïdine  (i).  Nous  verrons  bientôt  que  le  régime  exerce 


Castor  a  beaucoup  de  ressemblance  acide,  au  lieu  d'èlrc  alcaline  comme 
avec  celle  des  Herbivores  ordinaires  :  cliez  les  adultes  (d). 
il  j  a  rencontré  du  carbonate  de  cbaux  (1)  L'absence  de  Tacide  hippurique 
lenu  en  dissolution  par  de  l'acide  car-  et  la  présence  d'une  matière  animale 
bonicjue,  de  l'urée  et  point  d'acide  particulière  dans  l'urine  des  Veaux 
urique  ;  mais  il  en  a  obtenu  de  l'acide  avaient  été  constatées  en  18ù7  par  T.ra- 
benzoïque,  ce  qui  suppose  la  présence  connot  (c),  et  peu  de  temps  après 
de  l'acide  Iiippuriquc.  11  n'y  a  pas  dé-  :\I.  A\'()hler  reconnut  que  cette  sub- 
couvert de  phosphates,  et  il  y  signale  stance  n'est  autre  que  l'allantoïdiiie  (/'), 
la  présence  d'une  matière  colorante  principe  qui  se  rencontre  aussi  dans  le 
végétale  provenant  de  l'écorce  de  saule  liquide  de  la  vésicule  allanloïdienne 
dont  l'Animal  s'était  nourri,  et  d'une  chez  le  fœtus,  et  qui  fut  d'abord  dési- 
certainc  quantité  d'acétate  de  ma-  gné  sons  les  noms  d'acide  anmio- 
gnésie,  sel  qui  était  probablement  un  tique  (g)  et  d'acide  allaiiloïque  (li). 
laclale  (a).  ho  premier  de  ces  ciiimisles  a  trouvé 
I/urine    (hi  Lièvre   est  alcaline   cl  da^s^urined"un^  eauàgédehuiljoiirs: 

trouble,  connue  celle  des  autres  IMam-  Kim 003,80 

mifères     herbivores;     elle     est    assez  Urée  et  matière  animale  urinairc.  -2,3t; 

riche  en  m-ée,   mais  ne  contient  que  Pi'os,>haie  .numoniaco-ma^^né- 

,,.,,.  .  Ils  sien 0,18 

peu  d  acide  hippuruiue  {h). 

'  .,,.,,,-  Cliloruic  (le  polassuim 3,22 

l/exislence  de  1  acide  c\anliydrique  o  ir .    ,       .  n  jn 

•'        ^  Sulfate  de  potasse 0,'ti 

dans  l'urine  du  Lapin  a  été  annoncée  ,.,.,„p,,a,es  ,ic  fer.  .le  ciiaux  et 

])ar  M.   Dranly,  mais  l'opinion  de  ce  ,(e  potasse  ;  acide  combustible 

cliimisle  ne  i)araîl  pas  être  fondée  (c).  „„;  :,  ^\^  i;,  |,oli,^se;  silice; 

Il  esl  aussi  à  noier  ((ue  chez  les  très  mucus  et    chioruro   de  so- 

jcunes  animaux  de  celte  espèce  ([ui  let-  dium? traces. 

lent  encore,  l'urine  est  ordinairement  .le  dois  ajouter  que  M.  Stas  n'a  trouvé 

((7)  Vauquelin,  Analyse  comparée  des  iirines  de  divers  Animau.r  {.\iin.  de  chimie,  iXM, 
t.  l.XXMl,  p.  201,  et  Ann.  du  Musnim,  t.  XVIll). 

(b)  liibni,  Up.  cit.  {Ann.  der  Chcm.  iind  l'Iuirm.,  18ir),  t.  I.lll,  p.  U)"). 

(c)  Dranly,  Lettre,  etc.  (Journal  de  cliiniie  Vicdicale,  2'  scrio,  1S37,  I.  111,  p.  527). 
(ri)  Cl.  liernard,  Lei'ons  sur  les  liquides  de  ionjanisme,  -1850,  t.  11,  p.  21. 

(c)  Braconnot,  Analyse  des  nriiics  de  Veau  el  de  Moutoii  [Ann.  de  chimie  et  de  pliysiquc, 
3- série,  1847,  i.  X.\,  p.  238). 

(/•)  Wdbler,  0;).  cit.,  (AVic/ir.  (/.  (iesellsch.  d.  Wissensch.  *n  i.utliiiijcu,  ISiO,  p.  (il). 

((/i  Vauiiucliu  cl  liu\ina,  iVcm.  sur  iean  de  Vawnios  (Ann.  de  chimie,  t.  XXXllI,  p.  20!)). 

(/i)  l.a>.>aii,'nc,  Nouvelles  rcchcrchis  sur  la  cowjiusitwn  des  eau.r  de  iallaiiMde  cl  de  ramiiios 
de  la  Vache  [Ann.  de  chimie  et  de  physiiiue,  1821,  t.  XVU,  p.  2!'r>). 


COMPOSITION    DE    L'iniNK    DES    OISEAUX.  hh^ 

l)caiiL'oiip  crinlliiencc  sur  la  coinposiiion  cliim'Kiiie  do  ruriiio 
chez  d'iiiilies  Animaux. 

^  H).  —  L'urine  des  Oiseaux  se  môle  d'ordinaire  aux  cxcré- 
mcnis  de  ces  Animaux  avant  d'èlre  expulsée  au  dehors  par  le 
cloaque,  et  elle  est  en  général  si  chargée  de  matières  salines  et 
terreuses,  qu'elle  affecte  la  forme  d'une  pâte  plus  ou  moins 
épaisse;  en  se  desséchant,  elle  devient  friable  et  prend  une 
apparence  crétacée.  Elle  est  composée  principalement  d'a- 
cide uriquc  combiné  avec  de  la  chaux  et  de  l'ammoniaque  ; 
chez  les  Oiseaux  granivores  elle  est  blanchâtre,  mais  chez  les 
Oiseaux  de  proie  elle  contient  une  matière  colorante  et  une 
petite  quantité  d'urée  (4).  Sur  quelques  îlots  de  l'océan  Paci- 
fique, où  les  Oiseaux  de  mer  vont  nicher  en  grand  nombre, 
l'urine  et  les  excréments  de  ces  Animaux,  accumulés  pendant 
des  siècles,  forment  d'immenses  dépôts  d'une  matière  appelée 
guano ^  qui  est  très  riche  en  azote  et  que  les  agriculteurs 
emploient  comme  engrais  ("2). 


Urine 
(les  Oiseaux. 


ni  acidcliippiirique,  ni  acide  i)cnzoïque 
dans  l'eau  de  rallantoïdc  do  la  Vache. 
Ce  chimiste  parle  de  Texistence  de 
l'urée  dans  rallantoïde  de  la  Femme; 
mais  c'élail  probablement  Tamnios  qui 
avait  été  Tobjet  de  ses  expériences, 
car  la  vésicule  allantoïdienne  disparaît 
de  très  bonne  heure  chez  l'embryon 
humain  {a). 

(1)  La  présence  de  l'acide  urique 
dans  les  excréments  des  Oiseaux  lut 
constatée  d'abord  par  Fourcroy  et 
Vauquclin,  puis  par  M.  Chevreul  (6). 

(-)  Les  Oiseaux  de  mer,  appelés 
d'une   manière  générale  Guanos  par 


les  habitants  du  Pérou,  sont  extrême- 
ment abondants  sur  la  côte  orientale 
de  l'Amérique  du  Sud  et  nichent  sur 
les  récifs  et  les  îles  de  ces  parages,  où 
leur  fiente,  mêlée  à  des  d(;bris  orga- 
niques ou  terreux,  et  déposée  depuis 
un  grand  nombre  de  siècles,  constitue 
des  amas  énormes  d'une  matière  très 
riche  en  produits  ammoniacaux  et  pré- 
cieuse comme  engrais,  qui  a  reçu  le 
nom  de  (juano.  Vax  des  gisements  les 
plus  importants  de  ces  matières  ster- 
corales  est  le  petit  groupe  des  îles  de 
Ciiinclia,  près  de  l'équaleur  ;  maison 
en  rencontre  beaucoup  d'autres  sur  le 


(a)  Slas,  Note  sur  les  Uqvidcs  de  Vamnios  et  de  Vallantoïde  {Comptes  rendus  de  l'Acad.  des 
sriences,  1850,  t.  WM,  j..  i;-:;i). 

(b)  l-'ourcroy  et  Vamiutliii,  Hc   Vurine  d'AutrucIie  {Jouriinl   de   pliysiqur,   -1 S 1 1 ,    i.  I. XXIII, 
p.  158). 

—  Clu'vreiil,  Op.  (it.  {Anii.  de  ihimie,  ls',0>!,  l.  I.WII,  \k  ;i07). 


V!!. 


29 


§   20. 


EXCRÉTIONS. 

L'iiriiie    des    Repliles   ressemble  beaucoup   à 


Urine 
(les  Reptiles 

ei        celle  des  Oiseaux,  mais  elle  ottrc  plus  de  consistance,  et  se 

des  Batraciens.  ,  r      ,      ,  i  p  '   •  i  i 

présente  en  général  sous  la  lorme  de  concret lous  blan- 
châtres dans  la  composition  desquelles  l'acide  urique  joue 
le  principal  rôle.  Souvent  ce  principe  y  existe  presque  seul, 
et  d'autres  fois  il  est  uni  à  de  l'ammoniarpie  ainsi  qu'à  des 
alcalis  fixes,  et  mêlé  à  un  peu  de  phosphate  de  chaux  (1). 


lilloial  du  Pérou,  entre  le  2^  et  le  21'^' 
degré  de  latitude  australe,  ainsi  que 
sur  quelques  autres  points  du  globe  ; 
et  dans  le  commerce  on  confond  sou- 
vent sous  le  nom  de  guano  des  détritus 
provenant  des  cadavres  et  des  excré- 
ments des  Phoques,  etc.  On  a  calculé 
que  pour  se  rendre  coniple  de  la  quan- 
tité de  ces  excréments  accuinulés  sur 
les  rochers  des  îles  de  Chincha,  il  faut 
supposer  que  pas  moins  de  2li/i  OOO 
grands  Oiseaux  pélagiques  y  oiu  niché 
pendant  (iOOO  ans  (a).  A  l'époque  des 
Incas,  les  Péruviens  faisaient  usage  de 
cette  matière  comme  engrais  [h),  et 
depuis  quelques  années  on  en  importe 
beaucoup  en  J-'rance  et  en  Angleterre 
pour  le  même  usage. 

Les  premières  notions  sur  la  nature 
chimique  du  guano  sont  dues  à  l''our- 
croy  et  \au(|uelin,  ([ui  analysèrent  im 
échantillon  de  celte  substance  rapporté 
des  côtes  du  Pérou  par  le  célèbre  voya- 
geiu'  Uumboldl.  Ces  savants  y  trouvè- 
rent plus  de  50  p(»u  r  lOU  de  matières  or- 
ganiques et  de  selsannnoniacaux,  ainsi 
que  beaucoup  de  phosphate  de  chaux 


et  d'autres  substances  minérales  (c). 
Plus  récemment  cette  matière  fertili- 
sante a  été  étudiée  par  plusieurs  au- 
tres chimistes,  et  l'on  en  a  extrait 
le  principe  organique  particulier  dont 
j'ai  déjà  parlé  sous  le  nom  de  (jua- 
nine  {d). 

(1)  L'urine  des  serpents  est  évacuée 
en  général  sous  la  forme  d'une  bouillie 
i)hinche,  mais  quelquefois  elle  se  soli- 
difie dans  l'intérieur  du  cloaque  et  res- 
semble à  un  calcul.  Quelques  auteurs 
confondent  ces  concrétions  avec  les  ex- 
créments de  ces  Ileptiles,  qui  consistent 
en  débris  d"os,  de  plumes,  de  poils,  etc. 
Dans  les  échantillons  de  riirine  du 
Boa,  dont  Vauquelin  a  fait  l'analyse, 
il  n'y  avait  pas  de  phosphates  (p). 
Prout  y  a  trouvé  : 

Acide  urique 00,10 

l'dlassc 3,45 

Amnuiniiiqiio 1,07 

SiilfiU-  i\e  i)otasso 0,95 

l'Iiospliate  de  chaux,  carboniite 

de  chaux  ot  magnésie.   .   .   .  0,08 

Mucus,  ctc 2,94  (/") 

M.  i>oussingaiili  a  trouvé  dans  l'u- 


(a)  Boussingault,  Mémoire  sur  les  gisements  du  guano  dans  les  îlots  et  sur  les  côtes  de  l'océan 
Pacifique  (Comptes  rendus  de  l'Acnd.  des  sciences,  18fi0,  t.  1,1,  p.  8li). 

{b}  liiircillisco  de  hiVe;;.!,  Mcmariales  reulcs.  Li.-bunnc,  1G09,  p.   102. 

(C)  lluinlmldl.  Sur  le  ijuano  (Ann.  de  chimie,  I.  LVI,  p.  258). 

{d)  Vojez  ci-dtssus,  paje  409. 

(e)  Vauquelin,  Examen  des  excréments  des  Serpents  {Ann.  de  chimie  et  de  physique,  182-2, 
t.  XXI,  p.  440). 

(/■)  Prout,  Analyses  nfthe  Excréments  of  the  lloa  constrictnr  {Ann.  nf  Philo.<tophy,  t.  V.  p.  413). 


COMPOSITION    1)F.    LIRINK    DES    REPTILES.  llM 

On  a  trouvé  de  l'urée  en  quantilé  notable  dans  Turine  de  quel- 
ques Tortues;  mais  chez  d'autres  espèees  du  même  ordre 
ce  produit  excréinentitiel  était  formé  presque  exclusivement 
d'urates  et  d'autres  sels  (1). 


rine  fraîclie  d'un  Pytlion  de  la  ménn- 
gerie  du  Muséum  : 

Acide  urique 46,3 

Ammoniaque 0,9 

Phosphates  de  choux,  magnésie  et 

potasse 5,0 

Graisse 0,2 

Matières  albumineiiscs 1,0 

Eau  et  perle 'ifi,0 

Il  n"a  pu  y  découvrir  aucune  trace 
trurée  («,. 

La  présence  tle  Tacide  urique  dans 
r urine  des»  Sauriens  a  été  constatée 
chez  les  Lézards  (6) ,  les  Camé- 
léons i^c),  etc.  D'après  les  reLLerches 
de  M.  Kletzinsky,  l'uiine  de  ce  der- 
nier baurieu  comiendrait  aussi  de  la 
xanllnne  {d},  substance  qui  dans  quel- 
({ues  étais  pathologiques  est  sécrétée 
par  les  lenis  de  l  lionmie,  et  concourt 
a  la  loriiiiiUon  de  certains  calculs  vé- 
sicaux.    Aucune  trace   d'urée  n'a  été 


trouvée   dans  l'urine  d'un  Crocodile 
examinée  par  !\1.  Moore  (e). 

(1)  Vauquelin,  John  et  Stoltze  ont 
signalé  l'existence  de  l'acide  urique 
dans  l'urine  de  la  Tortue  (/'),  et 
M.  Marchand  a  trouvé  dans  ce  liquide, 
chez  un  de  ces  animaux  (le  Testudo 
fabula  ta)  : 

Eau 950,64 

Urée 6,40 

Acide  urique 17,25 

ircls  inorganiques,  ctc 23,70 

il  n'y  a  rencontré  aucune  trace 
d'acide  hippurique  (;/)  ;  mais  en  exa- 
minant de  l'urine  dun  autre  indi- 
vidu de  la  même  espèce,  M.  Schill 
y  a  constaté  la  présence  de  ce 
corps  (h). 

Dans  l'urine  du  Testudo  nigra,  ana- 
lysée par  M.  Magnus  et  J.  Midler,  il 
n'y  avait  pas  d'acide  urique,  mais 
de  l'uiée  dans  la  proportion  de  0,1 


(a)  Boussingault,  Recherches  sur  ta  quantilé  d'ammoniaque  contenue  dans  iunne  {Ann.  de 
chitnie,  à'  série,  ibbO,  t.  XXlA,  p.  4yijy. 

[b)  scliieibfis,  Leùer  den  liant,  voa  Eidechseii  (Gilberl's  Annalen  dev  Physik,  1813,  t.  XLIII, 
p.  bà). 

{Cl  l'ersoz  et  Dmtrnoy,  Sur  l'urine  du  Caméléon  (Journal  de  chimie  médicale,  1835,  t.  XI, 
p.  bôlj. 

[di  Kletzinsky,  Ueber  ein  ncues  mulhmasiliches  Vorhommen  des  Xanihms  (Canslatl's  Jahresbe- 
riciu  lilr  ISois,  p.  195j. 

^e)  Muore,  Un  ihe  Lnne  of  ihe  Vrocodile  [UubUn  quaiierly  Journal  of  Médical  Sciences,  1851 , 
t  .XI,  p.  47y;. 

(/  )  rourcroy,  Système  des  connaissances  chimiques,  t.  X,  p.  192. 

—  Juliii,  Uiemis.he  Uniersuchuug  versehieueuer  ihierischer  flussigkeiten  uni  lester  Korper 
(Mecktl's  Ueatscues  Arelau  lûr  aie  tuysioluyie,  1&17,  t  lil,  p.  3iJU). 

—  Sloiize,  lieurdye  iur  Ueschicute  da  SJuldkrotenlutrns  (Meckel's  Deutsches  Arcidv  (ûr  die 
fhyswl.,  ibiu,  p.  o'ti)). 

(y,  iviaroliaiiu,  UeOer  aie  Zusammcnsetzung  des  Harns  de.r  Schildliriite  (Erdmann's  Journal  fur 
pruKllscne  Clieaue,  1645,  t.  \XX1\ ,  p.  zii). 

[hj  Sciiul,  /(((•  Kennlniss  des  SehMkrôtensharns  {Ann.  der  Chemie  und  Pharm.,  1859,  t.  111, 

p.  368). 


/l/|8 


EXCRKTIONS. 


Urine 
dos  Hoissons 


Dans  In  classe  des  l^alraciens,  FLirine  paraît  contenir  nnssi 
«le  l'urée  (1). 

On  n'a  que  peu  éuidié  la  composition  chimi(jue  de  l'urine 
des  Poissons.  On  a  rencontré  dans  ce  liijuide  de  l'acide  urique, 
de  l'oxalatc  de  cliaux  et  des  phosphates  à  bases  alcalines  et 
terreuses;  enfin,  dans  quelques  espèces,  il  paraît  contenir  de 
l'urée  (2). 
^'■'"e  ^21.  —  Ainsi   que  i'ai   déjà  eu  l'occasion  de  le  dire, 

dos  Aiiiiiiaiix  "^  1  u  .1 

iiiveriébrés.   l'excrétion  de  l'acide  urique   a   été  constatée  chez  les  Mol- 


poiif  100  (a).  L'al3sence  de  ruréc  a 
été.  constatée  aussi  dans  farine  d'une 
grande  Tortue  marine  par  M.  J.  Davy  ; 
mais  cliez  la  Tortue  grecque  ce  dernier 
chimiste  a  trouvé  un  peu  d'urée  asso- 
ciée à  de  l'acide  urique  et  à  de  l'urale 
d'ammoniaque  (6).  iMifiii,  IM.  J.  Jones 
a  trouvé  beaucoup  d'urée  et  un  peu 
d'acide  urique  dans  l'urine  de  VEinys 
scrrata  cl  de  VEdh/s  terrapin,  tandis 
qiK!  chez  le  Trstudo  Puliiplicinus  il 
y  a  trouvé  plus  de  h  centièmes  d'urale 
d'ammoniaque,  près  de  G  pour  100 
d'urate  de  soude  et  de  potasse  mêlés 
à  du  mucus,  et  seulement  des  traces 
d'urée.  Ce  physiologiste  a  conslaté 
aussi  l'abseni-.e  de  l'acide  hippurique 
dans  ces  excrétions  (c). 

(I)  M.  .1.  Divy  a  examiné  les  pro- 
duits de  la  s.'crétion  rénale  chez  deux 
espèces  de  lîuraciens  Anoures  (le  Rana 
faurina,  Cuv.,  el  le  liafo  fuscus, 
J.aiu-.),  el  il  annonce  y  avoir  reconnu 


l'existence  de  l'urée;  mais  il  n'a  pas 
fait  une  analyse  complète  ((/).  Plus 
récemment,  M.  Ilantz  a  trouvé  aussi 
de  l'urée  dans  l'uriin'  du  Cra- 
paud (c). 

(2)  M.  J.  Jones  a  examiné  l'urine 
contenue  dans  la  vessie  du  Corvina 
(iccllata,  et  après  l'avoir  desséchée  sur 
une  lame  de  verre,  il  y  a  reconnu,  au 
moyen  du  microscope,  des  cristaux 
formés  par  les  substances  indiquées 
ci-dessus  el  par  du  chlorure  de  so- 
dium (/■).  M.  J.  O.ivy  a  trouvé  des 
traces  d'acide  urique  dans  le  liquide 
de  la  vessie  urinaire  du  Brochet,  mais 
il  n'a  pu  e)i  découvrir  dans  Furine  du 
Congre,  de  la  r.aie  et  delà  Lotie.  Ciiez 
ce  dernier  Poisson  il  a  obtenu  une  sub- 
stance qui  paraissait  avoir  tous  les 
caractères  de  l'urée.  Enlin,  l'examen 
des  matières  contenues  dans  l'appareil 
rénal  de  plusieurs  autres  Poissons  , 
h'is  <|ue   la    Morne   d   ii'  'l"uri)ol,   ne 


{ii\  Millier,  Manuel  de  pU\jsinlo(iic ,  1. 1,  p.  501. 

{b}i.  l):ivy,  licsciirrlu's  l'Injsiotoijical  and  Ànalomical,  t.  1,  p.  1)9. 

(c)  .1.  JiKios,  InvcsUiinluins  ClieinicaL  and  l'Injsioloijiral  vetalive  lu  certain  An'ieriain  Verlc- 
brala,  p.  i^il  ei  suiv.  (Snilhaonian  Contribulions,  18001. 

(d}i.  Diivy,  On  Ihe  Urinavij  Organs  and  Urine  of  two  specks  of  Ihc  firnus  liant  {Philos. 
Trans.,  18-21,  p.  '.)8.  —  ricsearches  l'iiysiol.  ond  Anal.,  i.  I,  p.  89). 

(e)  llaiilz,  ilarnsloff  iin  Ilarne  der  KrOie  {.\nn.  dcr  Cheinic  iiiid  Pliarni.,  l.  lAWIV,  p.  1  27). 

(/')  J.  Jones,  Invcilig-itions  Chemical  cind  l'hijsidlouical  relativr  tn  certain  .Xmcrican  \crlc- 
lirala,  p.  128  l^niilhsoninn  C.ontribtition.i,  18.">(!i. 


CO.Ml'USITIU.N     IJK    LUUIM::    DKS    AMM.UV     l^  V  l.l'.i  •,15i;i>S.        4^1' 

lusfjiu's  (I)  et  les  Insectes,  mais  nous  ne  savons  encore  (juc 
Ibrt  peu  de  cliose  sur  les  autres  substances  (|ni  se  trouvent 
dans  l'urine  de  ces  Animaux. 

Chez  les  Insectes,  les  matières  excrétées  de  la  sorte  alïeclerit 
souvent  la  forme  de  petites  concrétions,  et  contieiment  de  l'acide 
uri(jue  libre,  ainsi  (jue  des  urates  ("i).  M.  Sirodot  y  a  trouvé 
aussi  de  l'oxalnte  de  cliaux  (3). 

Les  excrémenis  des  Scolopendres  contiennent  de  l'urate 
d'ammoniaque,  et  par  conséquent  l'acide  urique  doit  être  con- 


liii  a  fourni  que  des  résiillals  uégatils 
en  ce  qui  concerne  l'urée  aussi  bien 
que  l'acide  urique  {a). 

(1)  Voyez  ci-dessus,  page  376  et 
suivantes. 

('2)  Voyez  ci-dessus,  page  386. 

(3)  En  étudiant  au  microscope  les 
caractères  crislallograpliiques  et  clii- 
iniqucs  des  matières  contenues  dans 
les  tubes  malpigliiens  de  ïOrijctcs 
nasicornis ,  M.  Sirodot  y  a  reconnu  : 
1°  de  l'acide  urique  libre,  1"  de  l'u- 
rate de  soude ,  3°  de  l'urate  de  cbaux , 
à"  de  l'oxalate  de  chaux,  5''  un  sel 
calcaire  à  acide  indéterminé ,  6"  une 
matière  colorante  rouge  brun  ,  7"  des 
U'aces  d'urée.  Jl  est  aussi  à  noter  que 
dans  les  concrétions  urinaires  de  ces 
insectes  !\I.  Sirodot  n'a  jamais  décou- 
vert aucun  dos  principes  innnédiats 
qui  d'ordinaire  concourent  à  la  forma- 
lion  des  calculs  biliaires.  La  plus 
grande  partie  des  matières  urinaires 


se  trouve  à  l'état  solide  dans  l'intérieur 
des  tubes  malpigbiens.  Ce  naturaliste  a 
obtenu  à  peu  près  les  mêmes  résultats 
en  étudiant  les  produits  de  la  sécrétion 
de  ces  tubes  chez  d'autres  Insecles, 
tels  que  la  chenille  de  IHyponomeutc 
du  cerisier,  le  Yav  à  soie,  le  Grillon 
domestique,  le  Carabe  des  jardins,  le 
Hanneton,  le  Dytique  et  l'Hydrophile 
brun  (6). 

M.  J.  Davy,  qui  a  trouvé  les  excré- 
ments de  la  plupart  des  Insectes  com- 
posés principalement  dacidc  urique,  y 
a  reconnu  aussi  du  phosphate  de  chaux 
chez  un  iîourdon  ;  mais  chez  lui  autre 
Ilyménoptère  de  la  même  famille  il 
n'a  pu  découvrir  dans  les  matières 
évacuées  par  l'anus  aucune  trace 
d'acide  urique ,  et  il  croit  qu'il  y 
avait  de  l'urée  (r).  Enfin,  chez  des 
Chenilles  il  y  a  constaté  la  présence 
de  l'acide  hippurique  mêlé  avec  de 
l'acide  urique  (</). 


(a)  J.  Havy,  On  thc  Urinary  Serrelion  ofFishes,  with  sonic  ncmarl;s  on  the  Secreliun  in  olher 
Classes  of  Animais  {Transnci.  of  thc  Roy.  Soc.  of  Edinbiirgh,  1857,  t.  XXI,  p.  ïi'S). 

{b)  Sirodot,  liecherches  sur  les  sécrétions  chez  les  Insectes  [Ann.  des  sciences  nat.,  4*  scrie, 
1859,  t.  X,  p.  315). 

(c)  .1.  D.ivy,  Note  vn  Ihc  Excrcmcnls  of  InsecIsiThc  Edinburgli  new  Philosophkal  Journal, 
ISifl,  t.  XL,  p.  m). 

(d)  i.  Davy,  On  thc  Urinary  Sécrétion  of  Inshes,  de.  (Trans.  of  the  Edinbiirgh  lioy.  Soc.  1857, 
I.  XXI,  p.  547;. 


/j50 


KXCliL'llUNS. 


sidéré  comme  im  dos  pi'oduils  de  la  sécrétion  urinaire  des 
Myriapodes  (1). 

L'urine  des  Araignées  parail  conlenir  de  la  giianine  (2;, 
et  MM.  Gorii{>-Besanez  et  Will  pensent  que  cette  matière  existe 
aussi  dans  les  organes  verdàtres  de  l'Écrevisse,  dont  j'ai  déjà 
eu  l'occasion  de  parler  comme  étant  peut-être  des  glandes 
urina  ires  (3). 

Les  expériences  chimiques  dont  les  matières  excrétées 
par  les  glandes  rénales  ou  corps  de  Bojanus  des  Mollusques 
ont  été  roi)jet  (ù),  nous  ont  appris  (pi'en  général  il  y  existe 


(1)  -M.  J.  Davy  a  Irouvc  celle  ma- 
tière en  grande  aijondance  dans  les 
excréments  du  Scolopendra  morsi- 
lans,  qui  est  un  Myriapode  carnassier, 
mais  il  n'a  aperça  que  de  fail)les  traces 
de  la  présence  de  l'acide  urique  dans 
les  déjectioMsde  Thile  terrestre,  qui  est 
phytophage  («). 

(2)  La  découverte  de  la  guauine  dans 
les  excréments  de  ces  Animaux  est  due 
à  MM.  Ciorup-Besanez  et  Will.  Leurs 
expériences  portent  sur  VEpeira  dia- 
dema  (6). 

M.  J.  Davy  avait  d'aboid  cru  que 
les  excréments  des  Araignées  conte- 
naient de  Toxyde  xanihique  (c)  , 
mais  il  reconnut  ensuite  que  la  sub- 
stance en  question  était  de  la  gua- 
nine.  Ce  chimiste  a  trouvé  aussi  de 


la  guanine  dans  les  excréments  des 
Scorpions  (t/). 

(13)  MM.  (Îonip-Besanez  et  Will 
considèrent  conune  étant  delà  guanine 
une  substance  cristallisable  qu'ils  ont 
extraite  de  ces  organes  par  l'action  de 
l'acide  chlorhydrique  ;  mais  la  quan- 
tité de  matière  obtenue  était  trop  faible 
pour  (|ue  la  question  pût  être  com- 
plélement  résolue  (e) ,  et  les  nou- 
velles reclierches  faites  sur  ce  sujet 
par  M.  H.  Dohrn  tendent  à  établir 
que  ce  produit  n'est  pas  de  la  gua- 
nine et  se  rapproche  davantage  do 
la  tyrosine  (/'). 

(/|)  MM.  Lacaze-Dulhiers  et  Hiche 
ont  observé  les  réactions  caractéris- 
tiques de  l'acide  urique  en  opérant  sur 
des  dépôts  cristallins  extraits  des  corps 


(a)  J.  Davy,  On  the  Température  oflhe  Spider  and  on  the  Urinary  Excrétion  of  the  Scorpimi 
and  Cenlipede  (Rdinburgh  Philnsophiral  Journal.  1848,  t.  XLIV,  p.  383). 

{b}  fioriip-Bes.iiu'z  luid  l'r.  Will,  Guanin,  cin  waenl'dchcr  llestandUieil  gewisser  Sekrete  irir- 
belloser  Tlilcre  (Ann.  der  Chouiennd  Pharm.,  18  il),  t.  lAIX,  |>.  1  17). 

(c)  .1.  t)avy,  Addiiional  A'^iicc  on  Vie  Uruiary  K.rcrements  of  l'isecls  tvith  some  Ohserx).  on 
that  of  Siiiders  (Edinb.  new  Philosoph.  Jonm.,  1840,  l.  XL,  \>.  lij.".). 

{(l)  Idem,  On  the  Unnary  Secrction  of  Fishes,  etc.  [Trans.  oflhe  Roy.  Soc.  of  Edinburgh,  1857, 
I.  \\I,  y.  547). 

(e)  Gorup-Be^anez  und  Will   Op.  cit.  {.\nn.  der  Chem.  und  Pharm.,  1849,  t.  LXIX,  p.  120). 

—  HussIiiiL,',  Uistol  'Qische  Heitrâye  zur  Lehre  von  der  Harniibsoiideruny.  leria,  1851 . 

(/■)  H.  Dohiii,  Anakcla  ad  hi.tlorlam  nataralcin  .\.'ilaci  llaviatUis ,  dissert,  inaiig.  Berolini, 
1801. 


COMPOSITION     l)i;    l'cIUMO    DKS    AMMâLX    KIS    GKNÉR.VL.        ^51 

(lo  l'.'icide  ni'iijue;  mais  chez  (|iiol(iiics  Aci'plialcs  ce  [)riiici()(; 
parait.  iiiaiH|iier  et  être  remplacé,  soil.  par  de  l'urée  ou  par 
une  substance  (jui  s'en  rapprocherait  beaucoup  ,  soit  par  de  la 
guanine  (I). 

Nous  ne  savons  presque  rien  (concernant  la  nature  chimiipie 
des  excrétions  qui,  suivant  toute  probabilité,  représentent  la 
sécrétion  urinaire  chez  les  Vers  et  chez  les  Zoo|)hytes. 

^  22.  —  En  résumé,  nous  voyons  (]ue  l'urine  des  Animaux     Résumé, 
peut  présenter  quatre  formes  principales  : 

Chez  les  uns,  elle  est  acide  et  caractérisée  essentiellement  par 
la  présence  de  l'urée. 

Chez  d'autres,  elle  est  alcaline,  et  l'urée  s'y  trouve  associée  à 
des  hippurates  en  proportions  considérables. 

Chez  d'autres  encore,  le  pi-incipe  azoté  qui  y  domine  est 
l'acide  urique,  soit  libre,  soit  à  l'état  de  combinaison  avec  une 
base. 

Entiii,  chez  quelques  Animaux,  ces  divers  principes  urinaires 
paraissent  être  remplacés  |)ar  de  la  guanine. 

Pour  abréger,  on  pourrait  désigner  ces  ditïérenles  sortes 
d'urines  sous  les  noms  d\irine  guanique,  {.['urine  urique., 
iWirine  hippurique  et  {Turine  uréenne. 


bojaniens  do  la  IjUtraiio  ;  mais  en  cUi- 
(liant  de  la  même  manière  des  pro- 
duits analogues  recueillis  chez  des 
Macti'os,  ils  n\>nt  pas  obtenu  de  la 
murexide,  et  ils  ont  été  conduits  à 
penser  que  la  matière  examinée  conte- 
nait de  Turée  («)  ;  mais  les  résultats 
n'étaient  pas  assez  nets  pour  décider 


la  question.  D'après  Al. M.  Gorup- 
Besanez  et  Will,  la  guanine  serait 
excrétée  par  l'organe  de  Bjjanus  chez 
l'Anodoiite  (6). 

(1)  M.  Kûlliker  a  trouvé  chez  les 
Porpites  des  cristaux  d'une  matière  en 
apparence  identique  avec  la  guanine 
dans  un  organe  situé  sous  le  l'oie  (c). 


(a)  Lacaze-Diilhiers,   Mém.  sur  l'organe  de  Uojanus  (Ann.  des  sciences  nal.,  ï'  série,  1855 
l.  IV,  p.  8 12). 

(6)  Gurup-BesaiR'z  iind    Wiil  ,   Up.  cit.   iAiiii.  der   Cliemle    uni    Pharin.,   1819,    t.    LXIX 
p.  120). 

(c)  Kôllik«r,  Gegenbaiir  und  H.  Muller  ,  lierlclit  Uber  eliilgc  lui  Herbsle  1852,  in  Messma 
(uujeslelUe  vergleivlicndanatomische  Uatemuchuti-jeii  [ZeUschrift  filr  ivissensch.  Zodogie,  1853, 
i.  IV,  p.  368;. 


/|52  iA;;iiÉïio\s. 

I.'iiriiio  lirconnc  est  sécréicc  par  l'Homme,  les  .Mammifères 
omnivores  et  carnassiers,  ainsi  (jnc  par  ([uelipios  aulrcs  Ver- 
tébrés. 

l/mine  liippuriiiue  est  propre  aux  Mammifères  herbivores. 

l/miiie  nri(pie  est  fournie  par  les  Oiseanx,  la  plupart  des 
Reptiles,  h^s  Insectes,  eie. 

Enfin,  l'urine  guanif[ne  [tarait  exister  cliez  les  Arachnides 
el  (pielques  antres  Animaux  invertébrés. 

Ces  notions  concernant  la  constitution  normale  de  l'urine 
étant  acquises,  cherchons  à  nous  rendre  compte  des  différences 
que  nous  venons  de  constaler,  et  t'tudions  les  variations  que  la 
sécrétion  rénale  peut  offrir  chez  le  même  Animal  (piand  les  con- 
ditions biologiques  viennent  à  changer.  Nous  aborderons  ces 
questions  dans  la  prochaine  Leçon. 


SOIXANTE-CINQUIÈME  LEÇON. 

Suite  de  réliuie  de  la  sécrétion  urinaire.  —  Source  îles  matières  urinaircs.  — 
Influence  de  ralimcntatioii  et  des  autres  conditions  biologiques  sur  la  composition 
de  l'urine.  —  Quantité  de  matières  urinaires  excrétées  journellement. 

§  1 .  —  Ainsi  que  j'ai  déjà  eu  l'occasion  de  le  dire  dans  une 
précédente  Leçon,  les  matières  urinaires  ne  sont  pas  Tonnées  par 
les  reins  ou  les  autres  organes  qui  remplissent  des  fonctions  ana- 
logues; elles  existent  dans  le  sang  qui  arrive  dans  ces  glandes, 
et  celles-ci  sont  chargées  seulement  de  les  extraire  du  fluide 
nourricier  et  de  les  éliminer  de  Torganismc.  La  preuve  nous 
en  a  été  fournie  parles  expériences  célèbres  de  MM.  Prévost  et 
Dumas.  Vers  la  fin  du  xvu'  siècle,  un  anatomiste  de  l'école  de  l 
Bologne,  Valsalva,  avait  constaté  la  possibilité  de  conserver  en 
vie  pendant  un  certain  temps  des  Animaux  dont  on  extirpe  les 
reins  (1);  mais  les  physiologistes  n'avaient  pas  encore  profité 
de  la  connaissance  de  ce  fait  pour  étudier  les  caractères  de  la 
sécrétion  urinaire,  lorsqu'on  1821  les  deux  savants  dont  je 
viens  de  parler  em^ent  riieureuse  idée  de  chercher  si  la  consti- 
tution du  sang  est  modifiée  [tar  la  destruction  de  ces  glandes. 
Nous  savons  quel  fut  le  résultat  de  cette  expérience  ("2).  La 
sécrétion  urinaire  étant  arrêtée  par  l'extirpation  des  reins, 
MM.  Prévost  et  Dinnas  virent  l'urée  s'accumuler  dans  le  sang, 
et  ils  en  conclurent  avec  raison  que,  dans  l'état  normal,  ce  devait 
être  aussi  ce  li(iuide  qui  fournit  à  ces  glandes  l'urée  que  celles- 
ci  expulsent  de  l'organisme  (3).  Les  moyens  d'analyse  dont  on 

(1)  Valsitlva  lit  cclto  expérience  eu  (-2)  Voyez  ci-dessus,  page  281. 

1687  (a).  (3)  AIM.  Dvunas  et  Prévost  (de  Gc- 

(a)  Voycv  l'orU!,  Ilisluire  de  l'aiialomic,  t.  IV,  |i.  'M3. 


Source 

des  niiilirres 

uriiiiiii'cs. 


iirôe  )irnvi}iil 
ilu  saii '. 


Z|Ô/l  liXCKÉTlUiNS. 

disjK)s;iil  alors  ni'  pciniirent  pas  In  conslalation  de  l'exisleiice 
de  l'urée  et  des  aiities  malières  uriiiaires  dans  le  sang  chez 
l'Homme  on  chez  des  Animaux  à  l'clal  normal,  el,  pour  les 


nève)  oiu  trouvé  que  lus  Animaux  les 
plus  propres  à  cette  expérience  sont 
les  Chiens  cl  les  Chats.  A  l'aide  d'une 
incision  loiigiludinale  pratiquée  dans 
la  région  lombaire,  le  long  du  bord  du 
muscle  carré,  ils  mirent  à  découvert 
un  des  reins,  et,  après  Tavoir  dégagé 
des  parties  adjacentes  cl  en  avoir  lié 
les  vaisseaux  sanguins,  ils  en  (irent  la 
résection,  et  ils  réunirent  les  bords  de 
la  plaie  par  quelques  points  de  suture  ; 
une  quinzaine  de  jours  après,  quand 
l'Aninuil  lut  remis  des  suites  de 
l'opération,  ils  agireni  de  la  même 
manière  sur  le  rein  du  côté  opposé. 
La  plaie  se  ferma  promptement,  et, 
dans  les  premiers  tenq)s  qui  suivirent 
l'ablation  complète  des  glandes  uri- 
naires,  les  Animaux  ainsi  nuililés  pa- 
rurent ne  pas  soullVir,  ils  mangeaient 
bien  et  n'étaient  pas  tristes.  Mais 
au  bout  de  trois  ou  quatre  jours  un 
trouble  assez  grand  se  manifesta  dans 
leur  organisme  ;  ils  eurent  des  déjec- 
tions liquides  el  abondantes,  des  vo- 
missements el  de  la  lièvre  ;  puis  ils 
présentèrent  des  syn)ptônu's  d<' grande 
faiblesse,  et  ils  moururent  en  général 
du  cinquième  au  neuvième  jour.  Le 


sang  de  ces  Animaux,  examiné  avant 
l'opération,  ne  montrait  aucun  indice 
de  l'exisience  d'urée;  mais  lorsque  ce 
liquide  était  recueilli  après  la  mani- 
festai ion  des  symptômes  dont  je  viens 
de  parler ,  on  en  put  retirer  une 
([uantité  notable  de  cette  matière  uri- 
naire  («). 

La  présence  de  l'urée  dans  le  sang 
des  Chiens  privés  de  leurs  reins  fut 
ronslalée  ensuite  par  Vauquelin  et 
M.  Ségalas ,  ainsi  que  par  plusieurs 
autres  expérimentateurs  [h),  et  un  fait 
analogue  a  été  observé  chez  l'Homme, 
à  la  suite  d'une  blessure  dans  la  ré- 
gion lonil)aire  (c)  et  dans  un  cas  de 
néphrite  aiguë  (d). 

Les  physiologistes  ont  été  naturel- 
lement conduils  à  attribuer  à  Taccu- 
Mudalion  de  l'urée  dans  le  sang  les 
svmplomes  nerveux  el  les  autres 
phénomènes  pathologiques  qui  se  ma- 
nifestent à  la  suite  de  l'extirpation 
des  reins,  ainsi  que  dans  certaines 
maladies  où  la  proportion  de  celle 
substance  y  augmente  ;  mais  les  expé- 
riences de  M.  Stannius  tendirent  à 
renverser  cette  opinion,  car  il  parut 
en  résulter  que  la  morl  des  Animaux 


(a)  l'révosl  cl  Duniii!:,  Examen  du  aanij  et  de  sun  action  dans  len  divers  phénomènes  de  la  vie 
{Ann.  de  chiinie  et  de  physique.  d8"23,  t.  XXIII,  i>.  DO). 

(6)  Sùgalas,  Sur  de  nouvelles  expériences  relatives  aux  propriétés  médicamenleuses  de 
l'urée,  etc.  [Journal  de  physioloijie  de  Matccndiu,  1822,  t.  H,  p.  354). 

—  MiIsclRilicli,  ïiudoiii.iiin  cl  Ginelin,  Xersucheûber  das  Ulut  (Zettschrift  fiir  Physiologie,  \i>i\ 
Treviraiius,  \Ho'i,  t.  V,  p.  i,  et  I'oi,'gL"ndorlï's  Annulcn,  l.  XWl,  p.  :fU3). 

—  Scheveii  uiid  Staiiiiiiis,  Ueher  die  AusschneiduiKj  der  \tcren  und  deren  ^ylrkun<J,  inMig, 
disserl.  l'iostuctc,  1848. 

—  Stannius,  Versuclic  iibcr  die  Ausschneidung  der  Merc  u>td  itber  die  hijektion  von  llarnstoff 
und  llarnsdure  in  die  défasse  nephrotoniister  Tliicre  (Archiv  fiir  pinjsiol.  lleilkunde,  iHbi), 
t.  IX,  p.  201). 

—  Ueniard,  Leçons  sur  tes  lifiuides  de  iorgtunsine,  185',',  l.  Il,  p.  43,  etc. 

(f)  Sliearmaii,  Suiipression  of  the  Sécrétion  of  Urca  by  tlic  hidneys  and  Absorption  of  the  L'rea 
into  the  blood  (Edinb.  monlhly  Journ.,  18i8,  p.  860). 
(ci)  Voyez  tome  1,  pa^'e  2'J8. 


SOURCK    DliS    M.VTIÈIIES    U1UNA1U1:S.  /|55 

découvrir  tlaiis  ce  liquide,  i!  lallail  (juc  réliiiuiuiliou  eu  lût 
arrêlée(l)  ou  (jue  la  [iroduetiou  eu  lût  beaucoup  au^menlée, 
comme  cela  a  lieu  dans  certains  états  morbides  de  l'éco- 
nomie (i2)  ;  mais  depuis  lors  les  procédés  mis  en  usage  pour 


néphrotoniisés  ne  serait  pas  accélérée 
par  rinjection  de  l'urée  ou  de  l'urale 
de  soude  dans  leurs  veines  (a).  Les 
expériences  de  M.  uallois,  ainsi  que 
celles  de  M.  Si'galas,  montrent  aussi 
que  l'injection  de  l'urée  dans  le  sang, 
en  quanlilé  même  assez  considérable, 
ne  produit  aucnn  trouble  grave  dans 
l'organisme  chez  les  Animaux  dont  la 
sécrétion  urinaire  n'est  pas  entra- 
vée (6)  ;  mais  lorsque  la  dose  dépasse 
certaines  limites,  elle  devient  toxique. 
Pour  les  Lapins,  par  exemple,  Fin- 
jeclion  de  20  grammes  d'uiée  dans 
les  veines  détermine  la  mort  (c). 
L'intoxication  urique  a  été  obtenue 
de  la  même  manière  dans  les  expé- 
riences de  M.  llamniond  sur  des  Ani- 
maux néphrotomisés  ((/). 

Ainsi  que  nous  le  verrons  dans 
une  autre  Leçon,  l'urée  dont  l'éco- 
nomie ne  peut  pas  se  débarrasser  par 
les  glandes  urinaires  est  transformée 
en  majeure  partie  en  carbonate  d'am- 
moniaque avant  d'être  excrétée  par 
d'autres  voies  ;  et  M.  Frerichs  a  con- 
sidéré les  matières  ammoniacales  ainsi 
produites  comme  étant  la  cause  d'ac- 
cidents   nerveux    qui   accompagnent 


l'urémie  (ft)  ;  mais  l'existence  de  ce 
produit  dans  le  sang  n'explique  pas 
davantage  les  accidents  mortels  qui 
surviennent  toujours  chez  les  Ani- 
maux népbrotomisés ,  car  on  peut 
injecter  du  carbonate  d'ammoniaque 
en  quantité  considérable  dans  les 
veines  d'un  Chien  sans  produire  aucun 
des  etlets  en  question  (/'). 

(1)  Chez  les  personnes  en  proie  à 
une  attaque  violente  de  choléra  asia- 
tique, la  sécrétion  rénale  est  suspen- 
due ,  et  par  conséquent ,  d'après  les 
résultats  obtenus  dans  les  expériences 
de  MM.  Prévost  et  Dumas,  on  pou- 
vait s'attendre  à  trouver  de  l'urée 
dans  le  sang  de  ces  malades.  Les 
premières  recherches  laites  sur  ce 
sujet  ne  donnèrent  que  des  résultats 
négatifs  [y]  ;  mais  en  18138,  !M.  Mar- 
chand (de  Berlin)  ,  en  traitant  par  les 
moyens  appropriés  une  certaine  quan- 
tité de  ce  liquide,  obtint  des  cristaux 
d'azotate  d'urée  parfaitement  caracté- 
risés (/(). 

(2)  Ainsi  que  j'ai  déjà  eu  l'occasion 
de  le  dire,  la  présence  de  l'urée  dans 
le  sang  de  malades  alfectés  d'albumi- 
nurie a   été  constatée   par   plusieurs 


(tt)  Slannius,  Op.  cil.  {Archiv  fur  physiologische  Heilkunde,  i850,  t.  IX,  p.  201). 

(b)  Ségalas,  Op.  cit.  (Journal  de  plujsiologie  de  Ma^^eiidie,  18-2-2,  l.  Il,  p.  ;^5^  et  suiv.). 

(c)  Gtil\o\i,  Essai  ]ihysiolo(ii(iHe  sur  l'urée  et  les  urales,  ihcfs.  Pans,  1857. 

(d)  Hammoml,  Sur  les  résultats  d'uijections  d'urée,  etc.,  dans  le  sang  [Journal  de  phyùologie 
de  Biovvn-Scqiiaril,  1859,  1.  li,  p.  166). 

(e)  Frericiis,  Die  Brightsche  Nierenkrankheit  und  deren  Behandlung,  1851. 
(V)  Cl.  Bernard,  Leçons  sur  les  liquides  de  l'économie,  185'J,  t.  II,  p.  34. 

(g)  Hermann,  Utber  die  Veranderungen  welche  die  Secv.'tioa  des  menschl.  Organes  durch 
die  Choiera  erleiden  (Pogt;eiidoiff"s  Annalen,  1831,  t.  XXII,  p.  10-2). 

—  Wiltsiocii,  Chemis'che  Untersuch.  aïs  Bettrâge  iur  Physiologie  der  Choiera  {PoggendorfCi 
Annalen  der  Physik  und  Chemie,  t.  XXIV,  p.  509). 

(h)  Marcliand,  Op.  cit.  [Ann.  des  sciences  nat.,  2'  série,  1838,  t.  X,  p.  56). 


/i5()  I.XC'IKTIU.NS. 

flccouvrir  l'niir  ;m  milieu  des  autres  substances  auiuiales  oui 
élé  |)eiTectionui's,  et  l'on  a  pu  reconnaître  que  le  fluide  nour- 
ricier à  rétat  normal  en  contient  (1)  ;  seulement  la  quantité  de 
ce  principe  immédiat  est  1res  faible  quand  l'action  éliminatoire 
des  reins  s'exerce,  et  la  jiroportion  s'accroît  lorsque  ces 
glandes  cessent  de  fonctionner. 

D'autres  expériences  ont  lait  voir  que  la  ({uantité  d'urée 
excrétée  par  les  reins  s'élève  beaucoup  quand  on  augmente 
artificiellement  la  proporlion  de  cette  substance  (jui  est  tenue 
en  dissolution  dans  le  sang,  résullat  qui  est  facile  à  obtenir  par 
l'injcclion  d'une  certaine  dose  d'urée  dans  les  veines  d'un 
Animal  vivant  (2). 

En  déterminant  la  proporlion  d'urée  qui  se  trouve  dans  le 
sang  et  en  estimant  aiiproximativement  le  volume  de  ce  dernier 
liquide  qui  dans  un  tenais  donné  traverse  les  reins,  on  a  trouvé 
aussi  que  celte  source  suffisait  et  au  delà  pour  rendre  (\imple 
de  la  quantité  totale  de  cette  matière  urinaire  dont  l'organisme 
se  débarrasse  par  cette  voie  (3).  Enfin  on  a  comparé  la  |)ropor- 


palholoRislcs,  tels  que  Bostock,  Cliiis- 
lison,  Babinglon.  llccs,  ¥v.  Simon, 
Ilellor,  Scliotliii  et  Lacave,  à  l'aide  de 
moyens  qui  étaient  insuflisants  pour 
mettre  cette  substance  en  évidence 
lorsqu'on  opérait  sur  le  sang  de  per- 
sonnes en  bonne  santé  (a). 

(1)  Voyez  tome  1,  paj^e  'JOO,  noie  1. 

(2)  Cette  expérience  a  été  laite  eu 
182'->  par  ^\.  Sé^alas  (6). 

(3)  ^].  Picard  a  calculé  qu'il  doit 
exister  au  moins  56  granuncs  d'urée 
dans  la  quantité  de  sang  <jui  traverse 
les  reins  en  vingl-quaire  heures,  et  il 


évalue  à  environ  28  grammes  la  quan- 
tité de  ce  princii)e  urinaire  qui  est 
journellement  excrétée  de  Torganisme, 
ce  qui  correspondrait  à  environ  la 
moitié  de  ce  qui  arri\e  dans  ces  or- 
ganes sécréteurs  (c)  ;  mais  si  l'on 
prend  pour  base  de  ces  calcids  l'esii- 
nialion  du  cours  du  sang  dans  les  ar- 
tt-res  rénales  adoptée  par  M.  Brovvu- 
Séquard,  l'excédant  de  l'entrée  sur  la 
sortie  serait  beaucoup  plus  considé- 
rable. En  eiïct ,  nous  avons  vu  pré- 
cédemment ()ue  d'après  ce  physiolo- 
giste, la  quantité  de  sang  qui  en  vingt- 


(a)  Voyez  tome  1,  pngc  2î)7. 

(b)  Scjîalas,  Souvcllcs  e.rixliiciiccs  rclalivc.'! aux  j^repruics  mcdicamcntcuscs  de  iiivt'c  (Juurnal 
de  jhiiswUujic  (le  M:i!;rii(lie,  ISI'2,  I.  Il,  p.  :!5l). 

|t)  l'iiMi'd,  De  la  présence  de  iuri!c  dans  le  saiig.  cl  de  sa  dilfusi'ii  daiix  l'urijaiiistnc.  Slrab- 
bouig,  1860,  p.  40. 


SOUUCI':    DRS    MATIKUICS    UUINAlUKS.  /iT)? 

lioM  deruri'C  ronlcmic  dans  le  sang  artériel  (|iii  arrive  dans  les 
reins,  et  dans  le  sang  veineux  qui  sort  de  eet  organe,  et  l'on 
a  trouvé  que  ee  dernier  liquide  en  oiïrait  beaueoup  moins 
qu'avant  son  passage  dans  ees  glandes  (i). 

Ainsi,  il  ne  peut  y  avoir  aueune  incertitude  quant  à  la  source 
de  l'urée  excrétée  par  les  reins;  cette  substance  est  tburnie  à 
ces  organes  par  le  sang  qui  les  traverse,  et  bien  que  nous 
n'ayons  pas  une  démonstration  aussi  complète  de  l'origine  des 
autres  matières  urinaires,  il  me  paraît  indubitable  que  toutes 
proviennent  de  la  même  source  (2).  Il  est  vrai  que  la  cliimie 
ne  nous  a  pas  encore  fourni  les  moyens  de  constater  avec  certi- 


Ori^ina 

des  acides 

uriqiie  , 

lippuriiiue,  etc. 


qun;re  lieures  passe  dans  les  artères 
rénales  de  nioninie,  serait  de  plus 
do  900  kilogrammes  (a).  Nous  avons 
vu  également  que  la  proportion  d'urée 
contenue  dans  ce  liquide  était  d'envi- 
ron 0,Ol(i  pour  100  (6).  Par  consé- 
quent, en  se  tondant  sur  ces  doimées, 
on  évaluerait  à  plus  de  120  grammes 
la  quantité  d'urée  que  le  sang  fait 
passer  journellement  dans  les  reins. 
Or,  nous  verrons  bientôt  que  la  quan- 
tité d'urée  qui  s'échappe  de  l'orga- 
nisnie  par  les  voies  urinaires  est  en 
moyeiine  de  '2.S  à  30  grammes  par 
jour. 

(1)  Ces  expériences  comparatives 
sur  la  proporlioa  de  l'urée  dans  le 
s  uig  de  l'artère  et  de  la  veine  rénales 
ont  él("  faites  dernièrement  sur  des 
Chiens  par  M.  Picard.  Dans  un  cas, 
le  sang  artériel  n.nfermait  0,0365 
pour  100  d'urée,  et  le  sang  veineux, 
seulement  0,LSG  pour  100.  Dans  une 


seconde  expérience,  la  did'érence  était 
dans  la  proportion  de  0,0i  à  0,02 
pour  100.  Ainsi,  à  en  juger  par  ces 
données,  le  sang,  en  traversant  les 
reins,  ne  se  dépouillerait  que  de  la 
moitié  de  l'urée  dont  il  est  chargé  (c). 
(2)  Peut-être  conviendrait-il  de  faire 
ici  quelques  réserves  au  sujet  de  la 
créatine,  substance  qui  se  trouve  dans 
le  sang,  mais  qui  pourrait  bien  prendre 
naissance  dans  le  tissu  des  reins  aussi 
bien  que  dans  d'autres  parties  de 
l'organisme.  En  ellet,  iM.  Goll  a  trouvé 
que  lorsqu'on  trouble  la  sécrétion 
urinaire  en  liant  les  lU'etères,  ce  qui 
détermine  une  pression  c;>n5idérable 
sur  les  vaisseaux  sanguins  de  Li  sub- 
stance rénale,  et  peut  y  interro:npre 
le  dépôt  d'urée,  il  y  a  accumululio.i 
de  créatine  dans  le  liss-.i  des  glandes 
urinaires.  Or,  dans  ces  circonslances 
le  travail  éliminatciu"  paraît  être  con- 
sidérablement ailaibli  (t/). 


\(i)  Voyc'z  tome  IV,  pa^e  3iS5. 
{b)  Vuyez  loiiii;  I,   pagu  2'J7. 

((•)  Fic.u-d,  De  ta  présence  deiurcs  dans  le  suij,  etc.  Strinljour^',  18jG,  p.  3^. 
[Uj  Goll,  Ueber  deti  Einjtuss  des  llt'itdnictws  anf  dte  IlsiviialtsoiiienuHj  [Zeltschv.    fùv  i\U. 
Med.,  2'  s(Tii>,  1«.'.i,  t.  IV,  p.  89;. 


/j58  EXCRÉTIONS. 

tudc  l'existence  ilc  l'acido  uriqiie  dans  le  sang  quand  l'orga- 
nisme est  à  l'état  normal  ;  mais  dans  divers  cas  pathologiques 
la  production  de  celte  substance  étant  accrue,  on  a  pu  la  décou- 
vrir dans  le  lluide  nourricier  (1),  ainsi  que  dans  d'autres  par- 
ties de  l'organisme  (2),  et  cette  diffusion  de  l'acide  urique  dans 
l'économie  a  été  observée  chez  des  Insectes  aussi  bien  que  chez 
des  ÏMammifères  (3).  On  a  pu  constater  aussi  la  présence  de 


(i)  Voyez  tome  I,  pages  200  el  299. 

(2)  De  Tacide  miquc,  soit  libre,  soit 
à  l'éial  de  combinaison  avec  de  la 
soude  ou  avec  quelque  autre  base,  a 
été  souvent  trouvé  dans  les  concré- 
tions articulaires  chez  les  goutteux  (a), 
et  quelquefois  dans  la  substance  de 
divers  tissus  du  corps  humain  :  par 
exemple,  dans  la  substance  des  pou- 
mons (6)  et  dans  les  parois  dos  vais- 
seaux sanguins  (r),  ou  même  dans  la 
sueur  (t7). 

Lans  quelques-unes  des  expériences 
faites  par  MM.  Strabl  etLieberkiihn  sur 
des  Animaux  népbrotomisés,  il  y  avait 
des  indices  de  rexisttncc  de  l'acide 
urique  dans  le  sang  chez  des  Chiens, 
des  Cl.als  el  des  Grenouilles.  Chez  des 


Animaux  dans  l'état  normal,  il  n'est 
parvenu  qu'une  seule  fois  à  découvrir 
de  l'acide  urique  dans  le  sang  (r). 

(3)  M.  Fabre  (d'Avignon)  a  constaté 
l'existence  d'une  multitude  de  petites 
concrétions  blanches  disséminées  dans 
le  tissu  adipeux  et  sous  les  téguments 
chez  les  larves  du  Sphex  et  de  beau- 
coup d'autres  Hyménoptères;  il  a  i-e- 
connu  aussi  que  ces  corpuscules  con- 
tiennent beaucoupd'acide  urique,  mais 
il  n'a  pu  en  découvrir  aucune  trace 
dans  le  tissu  adipeux  des  larves  de 
rilydrophile,  du  Bo!nb>x  et  de  plu- 
sieurs autres  Insectes  (/").  M.  Sirodot, 
en  faisant  des  recherches  analogues, 
n'est  arrivé  qu'à  des  résidlals  néga- 
tifs (g). 


(«)  Tfiinant,  lies  nodosilés  des  goutteux  (Journal  de  physique  ;  analyse  des  travaux  sur  les 
sciences  naturelles  pendant  les  années  1705,  IV'.IO  et  111)7,  y'm-  M.  de  L:ini('ilierie,  p.  120). 

—  Wollaslon,  Un  Govty  and  i'rinary  Concretuns  [f kilos.  Truns  ,17!)/,  p.  11). 

—  l-'ouicroy,  Mém.  sur  le  nombre,  la  nature  el  les  caraetères  disiinctils  des  différents  maté- 
riaux qtn  forment  les  calculs,  etc.  (.Inji.  du  Muséum,  1802,  t.  1,  p.  'J3). 

—  Vogi-l,  Analyse  d'une  concrétion  tirée  du  doigt  d'une  personne  sujette  à  lagoutte  (Bulletin 
de  pharmacie,  181  1,  t.  111,  p.  508). 

(b)  Clot-ua,  ;)(■  la  présence  de  liuosite,  de  l'acide  urique,  etc.,  dans  diverses  parties  du  corps 
aninial  \Joiirnal  de  jihysioloyie,  1858,  t.  I,  p.  801). 

(€)  Ma/iiycr,  Sur  le  traiiemcnl  de  la  youlte  {Archives  générales  de  médecine,  1826,  l.  XI, 
p.  132). 

—  Scliroder  van  dcr  Kolii,  liras  calcis  in  de  rokken  der  aderen  bijk  knobbeljicht  (Nederlandsch 

Lancel,  1853,  3*  série,  t.  111,  p.  97). 

[d)  Wolff,  Dissirt.  sistens  causam  calculositatis.  Tubinguc,  1817. 

(<?)  Sin.lil  uiid  Licbcikidiii,  lUirn.^dure  im  Uttit  und  einiye  neue  constante  Bestandtheile  des 
llarns,  1848  (Mchiv  liir  physlvlugmhe  lleilkunde,  1841),  i.  Vill,p.  2U4). 

(/)  I'hIjic,  É:^lde  sur  iinsiinct  el  les  nuiumorphoses  des  Spliéyides  [Aiin.  des  sciences  nat., 
4*  série,  1850,  t.  VI,  p.  108  el  siiiv.). 

{y}  Sirodot,  Recherches  sur  les  sécrétions  chex-  les  Insectes  {Ann.  des  sciences  nat.,  4*  .série, 
1858,  t.  X,  p.  301). 


SOl'IîCK    DES    MATIÈRES    imiNAlRES.  ^59 

l'acide  hippurique  dans  le  sang  des  Animaux  herbivores  (l), 
dont  l'urine,  comme  nous  l'avons  déjà  vu,  est  fortement  chargée 
de  ce  principe  particulier.  La  créatine,  dont  des  traces  existent 
dans  l'urine,  se  rencontre  aussi  dans  le  sang  ('2).  Enfin,  nous 
avons  vu  précédenniient  que  chez  l'Homme  et  les  autres 
Animaux  ce  liquide  tient  en  dissolution  les  phosphates,  les 
sulfates  et  les  autres  sels  inorganiques  qui  se  rencontrent  dans 
l'urine  (3). 

Nous  pouvons  donc  prévoir  que  l'aclivité  de  la  sécrétion 
urinaire  doit  être  subordonnée  non-seulement  à  la  puissance 
fonctionnelle  des  glandes  rénales,  mais  aussi  au  travail  physio- 
logique dont  dépend  la  production  des  matières  que  ces  glandes 
puisent  dans  le  sang  et  expulsent  de  l'économie.  Ainsi  l'étude 
de  la  formation  des  matières  urinaires  se  lie  de  la  manière 
la  plus  intime  à  celle  des  phénomènes  généraux  de  la  nutrition, 
et  c'est  seulement  quand  je  traiterai  de  l'enqjloi  des  matières 
alimentaires  et  des  modifications  subies  par  la  substance  des 
tissus  de  l'organisme,  que  je  pourrai  aborder  franchement 
l'examen  de  cette  question  ardue. 

Du  reste,  ce  n'est  pas  seulement  en  enlevant  au  sang  l'urée      AcHon 

.  ,  (les  reins 

et  les   autres   substances  dont  l  urme  se  compose,  que  les    snrie^ns 
reins  modifient  la  constitution  du  premier  de  ces  li(piides.  Le 
sang,  en  traversant  ces  glandes,  perd  la  plus  grande  i)artie  de 

(1)  Voyez  tome  I,  page  !20l.  uretères  et  de  l'accumulation  de  l'urine 

(2)  Voyez  ci-dessus,  page  /i06.  dans  les  reins  qui  résulte  de  Topé  ration, 
Ainsi  i^ue  je  l'ai  déjà  dit  (</),  il  y       le  liquide  ainsi  emprisonné   contient 

a  néanmoins  quelque  raison  de  croire  beaucoup  plus  de  créatine  que  d'ordi- 

que  la  créatine  peut  prendre  naissance  naire,  circonstance  qui  paraît  se  lier  à 

dans  le  Ussu  du  rein  aussi  bien  que  Fétat  pathologique  du  tissiule  la  glande 

dans  d'autres  parties  de  l'organisme  ;  et  déterminé  par  la  pression  de  l'urine  (6). 
M.  Hermann  de  même  que  M.  Goll,  a  (3)  Voyez  tome  l,  page  195  et  sui- 

trouvé  qu'à  la  suite  de  la  ligature  des  vantes. 

(a)  Voyez  ci-dessus,  page  457. 

(b)  Max  Hermann  ,   Vergleichmg  des  H.irns  aus  dcn  beideii  gleiclneiiig   thaligen    Nieren 
(Sitzungsberichte  der  Akademie  der  wissensch.  %u  Wim,  4  859,  t.  XXXVt,  p.  .149). 


Apiilicalioli 

Jes 

|il  (';ion)ènes 

lie  ilialysi' 

a  l'explication 

ilo  l'iiclioii 

sidoloiro 

des 

reins. 


/iGO  EXCRÉT10?;S. 

1:1  ribriuc  doiil  il  est  charge  dons  le  système  artériel;  mais 
cette  siibslanee  ne  passe  pas  dans  les  urines,  el,  dans  l'état 
actuel  de  nos  connaissances,  il  est  impossible  d'expliquer  d'une 
manière  salislaisantc  sa  disparition  i)artiellc  (1). 

Il  est  également  à  noter  que  le  sang,  en  circulant  dans  les 
reins,  ne  change  pas  de  couleur,  ne  se  cliarge  pas  d'acide  car- 
bonique en  quantité  notable,  et  parait  conserver  la  totalité  de 
son  oxygène  (2).  L'action  du  sang  arlériel  sur  le  lissu  sécré- 
teur de  ces  glandes  semble  cependant  cire  une  condition 
essentielle  pour  le  maintien  de  leur  activité  fonctionnelle,  car 
la  sécrétion  nrinaire  s'arrête  quand  c'est  du  sang  veineux  (jui 
les  traverse  (o). 

§  2.  —  Tout  dernièrement,  lorsque  je  traitais  des  sécrétions 
en  général,  je  disais  que  ni  la  cliimie,  ni  la  jibysiquc  ne  pou- 
vaient nous  donner  la  théorie  de  ces  phénomènes,  et  (pie  nous 
étions  dans  une  ignorance  complète  relativement  à  la  cause  (pii 
détermine  dans  les  reins  ou  dans  toute  autre  glande  l'espèce  de 
filtialion  élective   par   suite  de  laiiuelle   le  sang  abandonne 


(1)  Fr.  Simon  (do  lîorliii)  ;i  analjst- 
(•(  iiiltiialixcimiit  If  sang  Iburiii  par 
rarli'ie  rOiiale  ot  celui  de  la  veine 
rénale  cluz  un  ('.Levai,  el  il  a  Iiounc- 
dans  le  picuiierde  ces  licjuides  S  luil- 
liènies  de  libiine,  tandis  que  dans  le 
s('C(!nd  il  n'en  a  pas  découvert.  La 
proportion  d'albumine  était  à  peu  près 
la  même  de  pari  el  d'autre,  mais  le 
sang  veineux  contenait  iiol.ihlenienl 
moins  d'eau  que  le  sang  artériel  :  la 
ilifléience  était  comme  778  à  790  (a). 

('2)  Cv  l'ait  a  été  constaté  par 
M.  CI.  Bernard,  el  ir.onire  que  sous 
(c  rapport  il  y  a  simililude  entre 
les    rdiis   el     les    g'aiides    salivaires, 


quand    ces  dernières    sont   en    acti- 
vité [b). 

(3)  M.  Cl.  IVrnard  a  trouvé  que  si 
l'on  empoisonne  un  Animal  avec  du 
curare,  de  façon  à  le  tuer  sans  léser 
son  système  nerveux,  la  sécrétion  nri- 
naire continiu'  tant  que,  par  le  moyeu 
(!<•  la  respiration  artilicielle,  le  sang  eu 
circulation  dans  les  artères  est  ver- 
meil ;  mais  que  l'urine  cesse  de  se 
Tonner  dès  qu'on  suspend  Taclion  de 
l'air  sur  le  sang,  et  que  par  conséquent 
celui  ci  arrive  aux  reins  à  l'état  vei- 
neux :  si  au  contraire  on  recommence 
riiisiilllalion  ,  la  sécrétion  rénale  se 
rélablil  {<■). 


{ii\  h'v.  «iimiii,  Aii'nïial  Cluiiiislri,  t.  II,  |>.  iW. 

\lil  l'.l.  BiiiKinl,  Lirons  sur  /r\  liiju:th.i  df  l'iirijiniUiiic,  iH:,9,  I.  II,  p.  l-iH  cl  Miiv. 

((}  liliMii,  rbitl.,  p    1  iJl . 


SOURCi:    DES    MATIÈRES    URINAIUF.S.  /jGl 

(jLiel([iies-nnesdesinatic'ros(|uis'y  trouveiilendissoliilion,  tandis 
qu'il  en  conserve  d'aulres  (1).  Mais  anjonrd'liui  la  lumière  nie 
parait  près  de  pénétrer  dans  cette  partie  obscure  de  la  physio- 
logie. En  effet,  les  nouvelles  recherclies  de  M.  Graham  sur  la 
diffusion  moléculaire  montrent  qu'en  présence  de  l'eau,  d'une 
gelée  soit  animale,  soit  végétale,  ou  d'une  cloison  de  matière 
albuminoïde,  les  substances  en  dissolution  se  comportent  très 
différemment  suivant  (pi'elles  sont  eristallisables  ou  qu'elles 
appartiennent  à  un  groupe  de  corps  non  eristallisables  et  à 
molécules  volumineuses  que  ce  cbimiste  habile  réunit  sous  le 
nom  de  substances  colloïdes.  La  gomme,  la  gélatine  et  l'albu- 
mine appartiennent  à  celte  dernière  catégorie;  leur  pouvoir 
diffusif  est  très  f^iible,  et  lorsqu'une  dissolution  qui  en  con- 
tient se  trouve  séparée  d'ime  colonne  d'eau  par  un  diaphragme 
formé  par  une  substance  colloïde,  elles  ne  la  traversent  pas 
pour  se  répandre  dans  le  li(iuide  adjacent,  tandis  que  les 
molécules  des  corps  eristallisables  franchissent  cet  obstacle 
pour  occuper  l'espace  liquide  situé  au  delà  ('2).  Or,  les  mem- 


(1)  Voyez  ci -dessus,  page  297. 

(2)  Dans  une  auLre  partie  de  ce 
Cours,  j'ai  eu  l'occasion  de  parler  des 
premières  expériences  de  M.  (iraliani 
sur  la  diffusion  moléculaire  des  liquides 
et  des  corps  en  dissolution  (a).  Dans 
le  nouveau  travail  que  je  viens  de 
citer  [b),  ce  savant  établit  la  distinc- 
tion entre  les  corps  colloïdes  et  cristal- 
loïdes  ;  puis  il  étudie  la  manière  dont 
les  uns  et  les  autres  se  comportent  au 
contact  des  substances  gélatineuses, 
qui  arrêtent  les  premiers  et  laissent 
passer  les  seconds  ;  enfin  il  s"occiipe 
du  passage  des  matières  crislalloïdes  à 


travers  les  membranes  ou  autres  corps 
colloïdes,  et  il  fait  des  applications  des 
résultats  aiusi  obtenus  à  la  tbéorie  de 
i"cndosniose.  Suivant  .M.  Grabam,  la 
progression  d'un  liquide  ou  d'un  corps 
crislallisablc  quelconque  dans  une  ge- 
lée ou  dans  l'épaisseur  d'une  mem- 
brane non  poreuse  résulterait  d'une 
série  d'actions  cbiniiques  analogues 
à  celles  qui  ont  lieu  dans  la  cémen- 
tation. Ses  vues  à  ce  sujet  ne  me  pa- 
raissent pas  différer  de  celles  de 
jM.  Bucklieini,  de  Dorpat,  dont  j'ai 
rendu  conq)te  précédenuiient  (cj.  J'a- 
jouterai que   la   non-pénétration  des 


(a)  Voyez  loir.c  V,  page  103  et  siiivanlcs. 

(b)  Graliimi,  Mémoire  sur  la  diffusion  molccnluirc  appliquer  à  l'annli/se  (Ann.  de  ddmie  et  de 
llnjsique,  3'><;rie,  1805,  t.  LXIV,  i>.  'iiU). 

[C)  Voyez  tome  V,  |i,ii,'e  lil. 


VU. 


;o 


/l62  EXCRÉTION    LlilNAIRE. 

branes  animales  en  général,  ainsi  que  les  lames  mmces  qui 
forment  les  parois  des  eelhiles  sécrétoires,  sont  constituées  par 
des  substances  colloïdes,  et  par  conséiiuent  l'eau,  les  sels, 
l'urée,  et  les  autres  matières  cristalloïdes  qui  se  trouvent  dans 
le  plasma  du  sang  dont  l'une  des  surfaces  de  ces  tissus  est 
baignée,  doivent  tendre  à  y  pénétrer,  et  à  se  répandre  dans  le 
liquide  en  contact  avec  la  surface  opposée.  Par  conséquent 
aussi  ces  substances  doivent  tendre  à  s'échapper  du  sérum, 
tandis  que  l'albumine  et  les  autres  colloïdes  qui  peuvent  accom- 
pagner ces  matières  dans  le  sang  ne  les  suivent  pas  et  restent 
dans  le  torrent  de  la  circulation.  La  séparation  qui  s'opère  ainsi, 
et  que  M.  Grabam  a[)pelle  f/ia%5e,  ressemble  donc  extrêmement 
à  ce  qui  a  lieu  dans  les  glandes  rénales  (1),  et  il  me  paraît  très 
probable  que  Télimination  des  principes  urinaires  dépend  d'un 
phénomène  du  même  ordre  (2).  Mais  ces  faits  sont  encore  trop 
nouveaux  et  trop  peu  connus  pour  que  l'on  puisse  les  employer 
avec  sûreté  dans  l'explication  des  actions  sécrétoires,  et  je  dois 
me  borner  à  les  signaler  à  l'attention  des  physiologistes, 
caracicies        ^  ^    —  [  .|  sécréliou  mMuairc  est  continue.  On  a  pu   s'en 

de    a  séciotioii  *^ 

miiiaire.     nssurcr  même  chez  l'Homme,  dans  les  cas  d'exlroversion  ou 
de  renversement  de  la  vessie  au  dehors;  car  alors  le  li(pii(le 


colloïdes  dans  iino  gcléo  ou  dans  la 
substance  d'unti  laine  dialytiquc  de 
même  nature  s'expliquerait  ainsi, 
parce  (lue  ces  corps  ne  peuvent  pas 
décomposer  les  hydrates  de  corps  de 
la  DK-me  calrjiorie  ,  tandis  <pie  les 
corps  crislallisables  piMivonl  s'empa- 
rer de  l'eau  de  combinaison  et  s'y 
répandre. 

(1)  M.  (îrabam  a  donné  le  nom  de 
dinhisp  an  phénomène  de  (hlliision 
moléculaire  à  iriivers  une  cloison  de 


malière  f^éialineuse  qui  ellVclue  la 
séparation  de  diverses  matières  mé- 
langées dans  yino  dissolution ,  et  il 
appt'lle  dialijseur  l'instrument  sépa- 
rateur dont  il  fait  usage  pour  obtenir 
ce  résultat. 

(•2)  Dans  une  dos  expériences  de 
M.  Graliam ,  de  l'urine  placée  dans 
le  dialyseur  au-dessus  d'un  bain  d'eau, 
abandonna  très  promptement  à  ce 
li(iuiil«'  sou  uréo  et  ses  autres  matières 
crislalloides  {a). 


(a)  CralKiin,  dp.  cil.  {.\nii .  ilr  rhimir,  ISiii,  t.  lAIV,  p.  \:]G). 


INFLIENCE    DES    CONDITIONS    BIOLOGIQUES.  /l63 

fourni  par  les  reins  ne  pouvant  |)liis  être  emmagasine  dans 
ce  réservoir  pour  être  expulsé  de  loin  en  loin,  s'échappe  du 
corps  goutte  à  goutte,  comme  il  descend  toujours  dans  les 
uretères  (i).  Mais  la  quantité  d'urine  évacuée  par  le  même 
individu  pendant  un  temps  donné  n'est  pas  toujours  la  même, 
et  elle  peut  varier  aussi  suivant  les  individus  et  les  espèces. 

La  circonstance  qui  intlue  le  plus  sur  la  quantité  de  liquide     variations 
éliminée  par  les  voies  urinaires,  est  la  proportion  d'eau  dont    la  quTniité 
l'organisme  se  trouve  chargé.  Ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit  en  par-     séclétée. 
lant  de  la  transpiration,  il  y  a  pour  les  Animaux  de  chaque 
espèce  une  certaine  latitude  entre  le  degré  de  dessiccation 
incompatible  avec  l'exercice  des  fonctions  vitales  et  ce  que 
l'on  pourrait  appeler  le  point  de  saturation  de  l'économie,  c'est- 
à-dire  le  point  où  le  corps  renferme  la  plus  grande  quantité 
d'eau  qu'il  est  susceptible  de  recevoir.  Ces  limites  extrêmes 
varient  suivant  les  individus,  et  même  suivant  les  circonstances 
biologiques ,  ainsi  que  suivant  les  espèces  ;  et  en  général,  plus 
la  quantité  d'eau  complémentaire,  c'est-à-dire  la  quantité  qui 
dépasse  le  minimum,  est  considérable,  plus  la  sécrétion  urinaire 
devient  abondante,  toutes  choses  étant  supposées  égales  d'ail-     ,  „ 

'  i  L  ^  Influence 

leurs.  Ainsi,  chez  les  Animaux  qui  ne  boivent  que  peu  ou  des  boissons. 
point,  les  Reptiles,  par  exemple,  la  quantité  de  liquide  excrétée 
par  l'appareil  urinaire  est  très  faible  ;  et  chez  ceux  qui,  à  des 


(1)  Dans  quelques  cas  d'extio\ er-  s'écoule  gouUe  à  goutte,  ainsi  que  cela 
sien  de  la  vessie,  on  a  vu  cependant  se  voyait  chez  les  individus  qui  ont 
Tuiine  s'échapper  des  uretères  par  lourni  ù  Stenberger  et  à  M.  Erichsen 
petits  jets  toutes  les  deux  ou  trois  l'occasion  de  l'aire  plusieurs  observa- 
minutes  («)  ;  mais  en  général  le  liquide  lions  intéressantes  (6). 


(a)  Parmeggiani,  Osservaz.  sopra  l'orina  emesse  da  un  individiio  affetto  da  estrofia  délia  veska 
{Annall  iiniv.  di  medicma  d'Omodei,  J857,  t.  CXXIV,  p.  241). 

(6)  Sleiibei-ger,  Versuclie  ûber  die  Zeit.  binnen  ivelchcr  verschiedene  in  dem  menschlichen 
Kôrper  aufgenommene  Substan%en  in  den  Urin  vorkommen  (Zettsclirift  fiir  Physiologie  von 
'l'reviranus,  18:2(3,  l.  U,  p.  47j. 

—  Eiiclisen,  Observations  and  Experiments  on  Vue  Rapidity  of  Ihe  Passage  of  some  foi'eign 
Substances  through  Ihe  Kidneys  (The  London  Mud.  Galette,  1845,  t.  XXXVI,  p.  260). 


/l6/l  EXCRÉTION    IRINAIRE. 

inlervalles  |>]tisoij  moins  éloigTit's,  inlrodiiisenl  dnns  leur  esto- 
mac une  (]iianlitc  considérable  d'eau,  la  sécrétion  rénale  est 
non-seulement  abondante,  mais  s'active  beaucoup  à  la  suite  de 
l'absorption  de  charpie  nouvelle  charge  de  liquide.  Chacun  sait 
par  Texpérience  journahère  combien  l'influence  de  l'ingestion 
des  boissons  dans  l'estomac  est  grande  sur  la  rapidité  avec 
laquelle  l'urine  est  sécrétée, 
innnenre  II  cst  ccpcndanf  à  noter  que  la  charge  aqueuse  de  l'économie 
la  lenipLture,  n'cst  î)as  la  sculc  circonstance  qui  influe  sur  l'abondance  des 
urines.  En  effet,  les  reins  ne  sont  pas  runi(|ue  voie  jiar  laquelle 
l'eau  s'échappe  de  l'économie;  l'évaporation  qui  s'effectue  à  la 
surface  de  la  peau  et  dans  la  cavité  respiratoire  en  enlève  sans 
cesse  des  quantités  considérables,  et  il  existe  une  certaine  soli- 
darité entre  l'activité  fonctionnelle  de  ces  deux  émonctoires. 
Toutes  choses  étant  égales  d'ailleurs,  la  sécrétion  urinaire 
diminue  quand  la  transpiration,  insensible,  activée  par  la  tem- 
pérature élevée  de  l'atmosphère,  la  raréfaction  de  l'air,  ou 
toute  autre  cause,  se  trouve  augmentée,  et  (|uand  au  contraire 
l'évaporation  se  ralentit,  l'excrétion  rénale  tend  à  s'accroître. 
r)e|)nis  longtemps  les  mé(le(Mns  ont  remarqué  ces  relations 
entre  l'activité  fonclioniielle  des  reins  et  de  la  peau;  ils  ont 
même  vu  que,  suivant  les  conditions  dans  lesquelles  l'orga- 
nisme est  |)!acé,  l'administration  d'une  boisson  délernu'née 
peut  provoquer  tantôt  la  sueur,  d'autres  fois  un  écoulement 
abondant  d'iuMue. 

D'apfrès  ces  faits,  nous  aurions  jiu  prévoir  que  la  (piantilé 
d'urine  excrétée  doit  être  généralement  plus  considérable  en 
hiver  ([u'eu  été,  et  effei-tivement  rexpérience  prouve  (ju'il  en 
est  ainsi  i;l;.  H  sullil,  du  reste,  d'exposer  la  surface  du  corps 


(1)  Vers  le  milieu  (lu  sit'clc  (lornicr,  <l<uil  riiivcr  la  moyenne  journalière 
liining  lit  sur  ce  sujet  une  lont,Mie  louniic  pai- ireiiie  jom-s  (robservations 
st'rjc  (rcxpiM-icnces.  et  lr<Mna  ([lie  peu-       T'iail  à  relie  oljleniie  de  la  même  ma- 


iM'i.rr.Nci:  des  conditions   iîiologiolks,  /l65 

peiidniil  (|iicl(inL's  Iioiircs  à  riiclioii  du  froid  ou  d'une  tempéra- 
lure  élevée,  pour  conslalcr  des  dilTérences  eonsidérables  dans 
la  (juanlité  du  liijuide  excrété  parles  reins  (4). 

^  II.—  Les  variations  les  plus  grandes  qui  se  lonl  remarquer 
dans  la  composition  de  l'urine  normale  dépendent  aussi  de  la  ,^, 


Varialions 
dans 
proporlions 

quantité  d'eau  comparée  à  celle  de  l'ensemble  des  matières      '^'^;'" 
organiques  et  minérales  dont  cette  humeur  est  chargée.  Dans   '^'',"Sef  ' 
les  circonstances  ordinaires,  on  y  trouve  entre  95  et  98  cen-  dà,?gTi!rine" 
tièmes  d'eau,  et  lorsque  la  proportion  de  matières  fixes  ([ui  s'y 
trouvent  en  dissolution  dépasse  6  pour  100,  l'organisme  est 
rarement  dans  son  état  normal;  mais  la  quantité  relative  d'eau, 
ainsi  que  la  quantité  absolue  de  l'urine  sécrétée,  peut  être  aug- 


nièrc  en  (''té  coiiiine  2,03  est  à  1  (a). 
Chossat  a  exaniinô  les  rapports  qui 
existent  entre  la  quantité  des  boissons 
ingérées  dans  le  corps  et  celle  de 
l'urine  excrétée,  en  décembre  et  en 
avril  :  pendant  la  première  de  ces 
périodes ,  le  volume  de  ce  dernier 
liquide  était  de  1,5,  tandis  que  pen- 
dant la  seconde  période  elle  tomba  à 
0,89,  la  quantité  de  boisson  étant  sup- 
posée constante  (b). 

(1)  Je  citerai  à  ce  sujet  quelques 
expériences  faites  par  Chossat.  Pendant 
la  saison  froide,  ce  physiologiste  disposa 
les  couvertures  de  son  lit  de  façon  à 
être,  de  deux  nuits  l'une,  soumis 
alternativement  à  une  température  as- 
sez élevée  pour  provoquer  parfois  la 
sueur  ,  ou  assez  basse  pour  inter- 
rompre le  sommeil  ;  et  il  trouva  que 
la  quantité  d'urine  sécrétée  depuis 
dix  lieures  du  soir  jusqu'à  sept  heures 


du  matin  était  en  moyenne  de  l>.i"""%'2 
sous  rinfluence  du  froid,  et  seulement 
de  16"""% 8  sous  l'influence  d'une 
température  douce.  Pendant  le  jour, 
lii  quantité  de  liquide  excrétée  était  à 
peu  près  la  même,  malgré  ces  dillé- 
rences  dans  la  sécrétion  nocturne. 
Chossat  a  étudié  aussi  l'influence  exer- 
cée par  les  bains  chauds  ou  froids,  et 
il  a  trouvé  qu'après  être  resté  une 
heure  trois  quarts  dans  de  l'eau  à  37", 
la  quantité  de  litiuide  accumulé  dans 
la  vessie  n'était  en  moyenne  que  de 
3  onces ,  tandis  qu'après  une  inuuer- 
sion  de  même  durée  dans  un  bain 
à  2S",  cette  quantité  s'élevait  en 
moyenne  à  plus  de  12  onces.  La  diffé- 
rence était  par  conséquent  dans  le  rap- 
port d'environ  1  à  /i  ;  mais  les  variations 
dans  la  quantité  totale  de  matières  so- 
lides excrétées  de  la  sorte  n'étaient  pas 
à  beaucoup  près  aussi  grandes  (r). 


in)  \À\nn'g,  Stalistlcal  E.vpcriiiicnts  (l'liitos:)p!iicaJ  Traiisaiiions,  1743,  p.  509i. 
(h)  C!io??at,  Méiii.  sur  L'analyse  des  fonctions  urinaires  iJournal  de  ph'jsioloijie  ilc  Ma-oiidic, 
18''25,  t.  V,  p.  i'J-i). 

(c)  Idem,  ibid.,  p.  120  ot  siiiv. 


hC)Q  EXCRÉTION    URINAIRE. 

menlée  beaucoup  pur  rinj^estion  des  boissons  dans  l'eslonuic 
et  l'accroissement  du  volume  d'eau  en  circulation  dans  l'éco- 
nomie qui  résulte  de  l'absorption  de  ces  liquides.  La  sécrétion 
des  matières  urinaires  proprement  dites  et  l'excrétion  de  l'eau 
par  les  glandes  rénales  sont  des  phénomènes  complètement 
distincts  ;  l'une  peut  influer  sur  l'autre,  mais  leur  marche  n'est 
pas  réglée  [)ar  les  mêmes  lois,  et  les  circonstances  qui  activent 
ou  qui  ralenlissent  l'une  d'elles  peuvent  être  sans  action  directe 
sur  l'autre  (1).  On  peut  même  poser  en  régie  générale  que 
dans  l'état  normal,  plus  !a  quantité  d'eau  éliminée  de  l'orga- 
nisme par  les  reins  est  considérable,  ou,  en  d'autres  mots, 
plus  les  urines  sont  abondantes ,  moins  le  liquide  évacué 
est  chargé  des  matières  caractéristiques  de  la  sécrétion  uri- 
naire  {'!).  Lors(ju'on  veut  se  rendre  bien  compte  des  varia- 
tions qui  peuvent  se  manifester  dans  les  produits  de  ce  travail 
sécrétoire,  il  faut  donc  ne  pas  se  contenter  des  données  brutes 


(1)  Les  vues  nouvelles  sur  la  théo- 
rie de  la  sécrélion  urinaire  que  fait 
naître  la  découverte  des  phénomènes 
de  dialyse  par  M.  Craliani  (a),  me 
portent  à  attacher  pins  d'importance 
à  celle  dislinction  entre  le  passage 
mécanique  de  l'eau  du  sérum,  soit 
dépouillée  de  son  albumine,  soit  char- 
gée de  ce  principe,  et  le  transport 
chimi(|ne  des  matières  cristalloïdes  du 
torrent  de  la  circulation  jusque  dans 
les  canaux  urlnifères  à  travers  les 
tissus  qui  constituent  les  parois  des 
vaisseaux  sanguins  et  de  ces  tubes 
sécréteurs.  Je  considère  Texcréiiou 
urinaire  comme  un  j)liénomène  com- 
plexe qui  a  deux  lacleius  disiincts, 
quoique  susceptibles  d'inlluer  l'un  sur 


l'antre:  l'un  est  la  (iilration  mécanique 
qui  l'ait  transsnder  le  liquide  de  l'ap- 
pareil circulatoire  dans  l'appareil  uri- 
naire; l'autre  est  la  translalion  chi- 
mique qui  semble  se  faire  à  travers 
les  substances  colloïdes,  de  molécule  à 
molécule,  par  une  série  de  combinai- 
sons et  de  décompositions  chimiques 
entre  l'eau  de  ces  substances  et  les 
matières  cristalloïdes  du  sing. 

(2)  M.  Kalk  (deMarbourg),  en  étu- 
dianl  l'influence  de  l'alimeiilation  sur 
la  sécrétion  urinaire,  a  examiné  com- 
parativement la  quantité  et  la  pesan- 
teur spécifique  du  liquide  excrété  à  la 
suite  du  repas.  Or,  il  a  toujours  vu 
que  plus  la  (piantilé  devenait  grande, 
plus  la  densité  diminuait  (6). 


(a)  Voyez  ci-ticsfus,  page  461. 

(b)  l'alk,  Pimsiolngisch-pharmacnlûfjische  Sludicn  iind  KrilUccii  {Archiv  fiir  pliysiol.  Ueilktmdc, 
1852,  t.  XI,  p.  125). 


INKLl'I'NCK    DKS    CONDITIONS    RIOLOGIQl  FS.  [\(')1 

Iburnics  \)i\v  la  [»lu[)ni'l,  dos  analyses  et  indiijiiaiit  la  quanlilé 
de  ciiaqiie  |)rinei[)e  extrait  d'un  poids  donné  d'urine;  il  Tant 
aussi  faire  abstraction  de  l'eau,  qui  est  un  élément  extrême- 
ment variable,  et  qui  constitue  à  elle  seule  la  plus  grande 
partie  du  total  dont  il  vient  d'être  question,  puis  (iomparer 
l€s  proportions  suivant  lesquelles  les  matières  urinaires  se 
trouvent  réunies  dans  le  résidu  sec  obtenu  par  l'évaporation  du 
liquide. 

Nous  nous  occuperons  ailleurs  des  circonstances  qui  influent 
sur  la  quantité  d'eau  contenue  dans  l'urine,  et  ici  je  me  bor- 
nerai à  ajouter  que  pour  reconnaître  les  variations  qui  existent 
sous  ce  rapport,  il  n'est  même  pas  nécessaire  d'avoir  recours 
à  la  chimie.  La  couleur  du  liquide  sécrété  suffit  en  général  pour 
faire  reconnaître  que  dans  certains  cas  celui-ci  est  fortement 
chargé  de  principes  urinaires,  tandis  que  d'autres  fois  il  n'en 
contient  que  fort  peu.  On  sait  aussi  qu'après  l'ingestion  d'une 
quantité  considérable  d'eau  dans  l'estomac,  l'inine  est  pâle  et 
d'une  faible  densité;  on  désigne  même  quelquefois  sous  le 
nom  d\irine  des  boissons  le  liquide  excrété  dans  ces  circon- 
stances, et  il  est  d'observation  journalière  que  la  privation  des 
boissons  aqueuses  détermine  une  grande  concentration  dans 
les  produits  de  la  sécrétion  rénale  (i). 


(1)  Nysten,  qui  fut  un  des  premiers 
à  entreprendre  une  série  de  reclierches 
analytiques  sur  la  constitulion  des 
urines  dans  dillérentes  eonditions  pliy- 
siologiques  et  dans  quelques  maladies, 
compara  ces  liquides  recueillis  quel- 
ques heures  après  un  repas  ordinaire 
et  à  la  suite  d'un  repas  léger,  pendant 
lequel,  dans  Tospace  d'une  heure  et 
demie,  il  avait  hu  2  à  3  litres  d'eau 


et  de  hière.  Un  litre  d'urine  évaporé  à 
sec  lui  donna  dans  le  premier  cas  un 
résidu  pesant  10  granunes;  dans  le 
second  cas  il  en  obtint  un  résidu  sem- 
blable, dont  le  poids  n'était  que  d'en- 
viron 5  grammes  et  demi  (a). 

Dans  une  série  d'expériences  faites 
par  Af.  Lehmann  sur  l'urine  d'un 
Homme  qui  ne  buvait  que  la  quantité 
de  liquide  strictement  nécessaire  pour 


(a)  Nysten,  Des  altérations  de  la  sécrétion  des  urines  {Hfcherches  de  physiologie  et  de  chimie 
pathologiques,  1811 ,  \>.  243  et  siiiv.). 


/lG8  EXCUÉTION    liKlNAlRli. 

Les  (junntilés  relatives  de  l'eau  et  des  matières  fixes  de 
l'urine  varient  aussi  dans  divers  états  morbides  de  l'orga- 
nisme (1).  Ainsi,  en  général,  ce  liquide  est  très  chargé  chez 
les  personnes  atteintes  de  plilegmnsies  locales  (-2),  tandis  ({u'il 


apaiser  la  soif,   la  proporlioii  creaii  plus  occupes  de  ces  recherches  sont 

trouvée  dans  celte  hunieiir  irétait  que  A.  Ijecquercl    en   France,   Fr.  Simon 

de  932  à  937  pour  1000  ((/).  et  ^\.  Ileller  en  Allemagne  (r/). 

Dans  les  expériences  d'A.  Becquerel  (12)  On  désigne  souvent  sous  le  nom 

sur  l'urine  de  personnes  dont  le  régime  d'urines  inllaminatoires  ou  à'urines 

ne  présentait  rien  de   particulier,  la  //eÏ!)TM.ses  celles  qui  sont  denses,  fon- 

proporlion  d'eau  s'est  élevée  entre  958  cées  en  couleur,  très  acides  et  sédi- 

et  975  (J>).  M.   Chamhert  a  l'ait  des  menteuses  ;  elles  offrent   en   général 

expériences   analogues,  et  en  compa-  ces  caractères  non-seulement  dans  les 

rant   la   densité  des  urines  évacuées  cas  de  pneumonie,  de  pleurésie,  de 

le   matin  au  réveil   à  celles  rendues  rhumatisme  articulaire  aigu  et  d'autres 

après  l'inlruduction  de  boissons  dans  phlegniasics  locales,  mais  aussi  chez 

l'estomac,   il   a  vu  que  la  densité  de  les    malades    atteints   de    fièvre   dite 

ces  liquides   était,   en   moyenne,    de  inflammatoire  ou  hiipersthénique.  Il 

1, 02127   dans  le  premier  cas,  tandis  est  aussi  à  noter  que  dans  ces  circon- 

que  dans  le  second  elle  est  descendue  stances,  il  y  a  ordinairenicnt  diminu- 

jusqu'à  1,0070  (r).  tion  dans  la  proportion  des  sels  inor- 

(1)  Ainsi  que  je  viens  de  le  dire,  ganiques. 
Nysten  ,  dont   les  travaux   datent   de  Comme    type   de   l'urine  fiévreuse 

cinquante  ans,  fut  un  des  premiers  à  comparée  à  l'urine  normale,  A.  Bec- 

étudier  comparativement  la  composi-  qucrel  donne  les  analyses  suivantes  : 
lion   chimique    des  urines  dans    di- 

'  ^  L nue  l  i  ii.e 

verses  maladies;  mais  c'est  depuis  une  fci.nie.       noim.ie. 

vingtaine  d'années  seulement  que  les        i'^'"' '•^''^■'^        '-^'''^•^ 

recherches  de  ce  genre  ont  été  faites        ^"'^ ^"^'-         ^-■' 

,  ,  .  Acido  uiiiiiic 1,5  0,-i 

en  assez  grand  nombre  et   avec  un  '  ., 

Autres  iiialicres  org;in.      14,7  S,(j 

degré  de  précision  suflisant  pour  per-        g,.,,  ,-,^,, 7  1  c,<,»(c) 

mettre  quelques  généralisations  bien 

fondées.  Les  chimistes  qui  se  sont  le  On    voit  qu'ici  la  somme  des  ma- 

(a)  Ijcl)mânn,  Ueber  mcnschlkhcn  tlarii  iin  gcnundcn  iind  kranhhaflcn  Zustaitcle  (Journal  fiu' 
praklixche  Chemie,  1842,  t.  XXV,  \>.  i25). 

(b)  A.  Ik'ciinerel,  Sàniolique  des  urines,  p.  7. 

{ci  Cliaiiiljoil,  llcclwrdics  sur  les  sels  el  la  densité  des  urines  chcti lloininc  sain  {Itecueil  de 
nicmoires  de  médecine,  de  chirunjie  et  de  pharmacie  u]ililalres,  ISiJ,  I.  lAlII,  p.  31S  cl  suiv.). 
^d)  Njsteii,  Op.  cil. 

—  A.  l)ccq\icio\,  Séinwtiqne  des  urines,  18H. 

—  Becquerel  cl  llodicr,  Traité  de  chimie  pallioloijique,  1X51,  p.  i(i7  ut  suiv. 

—  l'\  Simon,  Beitrâge  x-ur  phijsiologischen  undpalhol.  Chcmte,  1814.  —  l'hiisint.  uiid  pathol. 
Aiithr.poclicmtc,  lSi-2.  —  Ammal  Chcmistnj,  IranslaltHl  by  Oiiy  ail  Caiilali,  1815,  I.  11.  p.  ^20 
et  .«niv. 

(fj  .Lccipicixi  ri  Huiicr,  ('y.  cit.,  p.  ;!ol. 


l.NFLLIiNCt:    DES    CU^UITIUNS    BlULOGiyUliS.  /l(J9 

est  an  contraire  remarquablement  a(iiieiix  dans  la  |)lu[»arl  des 


cas  de  chlorose  et  d'anémie  (1). 

§  5,  —  Le  régime  iniliic  beaucoup  sur  la  constitution  des 
urines,   et,  sans  qu'il  y  ait  des  dilTérences  notables  dans  la 


Infliioiico 
du  rétjiiiie 
sur 
.    ,  ,      .  .         ,     ,  ,  1)       ,  M  .la  coniposilion 

(juantite  de  boissons  mgerees  dans  1  estomac,  u  peut  y  avoir  derunnc. 
de  grandes  variations  dans  la  proportion  de  l'eau  et  des  matières 
solides  éh'minées  par  les  reins,  ainsi  que  dans  l'abondance  rela- 
tive de  l'urée  comparée  aux  autres  substances  urinaires.  Comme 
preuve  de  ces  relalions  entre  l'alimentation  et  la  richesse  |)lus 
ou  moins  grande  des  urines,  je  citerai  quelques  f\iits  constatés 
par  Chossat,  physiologiste  genevois  à  qui  l'on  doit  une  longue 
suite  de  recherches  sur  la  sécrétion  urinaire.  Pendant  un  cer- 
tain nombre  de  jours,  Chossat  s'est  nourri  pres(|ue  exclusive- 


tiî'ies  solides  est  36  millièmes  dans 
l'urine  fébrile  el  seulement  28  mil- 
lièmes dans  r urine  normale. 

Dans  quelques  cas  de  diabète  su- 
cré ,  la  concentration  des  urines  est 
beaucoup  plus  grande  ;  la  proportion 
d'eau  tombe  parfois  à  Holi  millièmes  (a), 
mais  cela  dépend  de  la  présence  d'une 
grande  quantité  de  produits  anor- 
maux. 

(1)  Comme  type  de  l'urine  anémique, 
A.  Becquerel  et  iM.  Uoclier  donnent 
l'exemple  suivant.  100  parties  d'urine 
contenaient  : 

Eau 982,8 

Vrôe 0,51 

Acide  uriquc 0,25 

Autres  malière>  organiques.  6,23 

Sels  fixes 4,20  (/;) 

Dans  un  cas  de  diabète    insipide, 


Lliéritier   trouva   dans   l'urine,  pour 
100  parties  du  liquide  : 

Eau 089,7 

Urée 3,3 

Acide  urique 0,2 

Matière  organique  ind(!terni.  3,6 

Sels  fixes 3,2  (c). 

11  arrive  souvent  que  les  urines, 
après  avoir  présenté  le  caractère  dit 
fîêcreux  pendant  la  période  hyper- 
sthénique  du  lypbus,  de  la  scarla- 
tine, etc.,  deviennent  au  contraire 
pâles  et  aqueuses  dans  la  période  ady- 
namique  de  ces  maladies  (cl)  ;  elles 
sont  aussi  plus  ou  moins  pauvres  en 
matières  fixes  dans  la  plupart  des  cas 
d'anémie  générale  déterminée,  soit  par 
des  bémorrbagies  abondantes,  soit  par 
un  état  de  spanliémie  du  sang  (e). 


(a)  Biiuciiardal,  voyez  Lfiérilier,  Trailc  de  cliiiiile  pathologique,  p.  557. 
(6)  Becquerel  cl  liodicr.  Traité  de  chimie  patholo'jique,  p.  330. 

(c)  Lhéiilicr,  Op.  cit.,  |i.  5i3. 

(d)  Becqucret  et  Rodier,  Op.  cit.,  p.  339. 
[e;  Voyez  loiiic  I,  jiago  30 1. 


/j7!)  i;xcnÉTio>;   hunairl'. 

nient  de  pain  et  de  laiL  ou  d'aliments  analognes  pris  en  petites 
(jiiantités,  et  il  trouva  que  la  densité  moyenne  de  son  urine 
variait  entre  1,012  et  1,021  ;  mais  dans  une  autre  série  d'expé- 
riences pendant  lesquelles  ses  repas,  composés  en  grande  partie 
de  viande,  étaient  copieux,  il  vit  la  densité  de  ce  liquide 
s'élever  successivement  de  1,022  à  1,026(1). 

La  composition  des  matières  oi'ganiques  excrétées  de  l'orga- 
nisme par  les  voies  minaires  est  susceptible  de  varier  aussi 
beaucoup  sous  l'iidluence  du  régime.  Dans  la  dernière  Leçon, 
nous  avons  vu  que,  cliez  les  divers  Animaux  à  l'état  normal, 
il  existe  de  grandes  différences  dans  les  caractères  chimiques 
des  produits  de  la  sécrétion  rénale  :  cliez  les  uns,  nous  avons 
trouvé  l'urine  acide  ;  chez  d'autres  ce  liquide  est  alcalin,  et 
nous  avons  constaté  que  tantôt  il  est  riche  en  urée  ou  en  acide 
urique,  tandis  que  d'autres  tbis  il  est  chargé  d'hippurates.  La 
coïncidence  cpie  nous  avons  déjà  remarquée  entre  ces  particu- 
larités et  le  mode  d'aliuicntation  des  Animaux  chez  lesquels  on 
les  rencontre  devait  nous  porter  à  croire  (ju'elles  pourraient 
bien  dé|)endre  de  cette  circonstance  plutôt  que  de  la  constitu- 
tion même  de  ces  êtres  ;  mais  pour  juger  de  la  valeur  de  cette 
présomption,  il  nous  faut  des  faits  plus  probants,  et  l'étude 
des  variations  (pji  surviennent  dans  la  composition  chimique 
de  l'urine  d'un  même  individu  placé  dans  des  conditions  d'ali- 
mentation différentes  va  nous  en  fournir. 

En  effet,  en  changeant  le  régime  d'un  Animal,  on  [teut  à 
volonté  changer  le  caractère  de  ses  urines.  Nous  avons  vu  dans 
la  dernière  Leçon  (juc,  chez  le  Lapin  et  les  autres  Mauimifères 


(1)  Ce   lut   dans   la  si-rie   d'cxpé-      rissant  que  rurlne  préscnla  la  densité 
riencesoù  le  régime  était  le  plus  noui-      la  plus  élevée  (a). 


{a)  Chossal,  Mémoire  sur  l'analyse  des  fonctions  xtrinaircs  (Journal  de  physiologie  de  Mageiulie, 
1825,  l.  V,  p.  11t7). 


INFLUENCIi    l>i;S    COiNDlTIONS    BIOLOGIQUES.  /|71 

herbivores,  l'urine  est  alcaline  et  rielie  en  lii[)[)uiates  (1).  Nous 
savons  également  (juc  les  matières  herbacées  dont  ces  Animaux 
se  nourrissent  ne  renferment  que  très  peu  d'azote.  Or,  il  suffit 
de  substituer  à  ces  ahments  une  substance  assimilable  riche  en 
azote  pour  qu'aussitôt  l'urine  de  ces  mêmes  Animaux  devienne 
acide  et  semblable  à  celle  d'un  Carnivore;  phénomène  dont  la 
race  bovine  nous  a  du  reste  déjà  fourni  un  exemple,  puisque 
nous  avons  trouvé  que  l'urine  du  Yeau  contient  de  l'urée  et  de 
l'acide  urique  lorsque  ce  jeune  Animal  est  nourri  avec  du  lait 
seulement,  tandis  que  chez  le  Bœuf  et  la  Vache,  dont  le 
régime  est  herbacé,  ces  principes  urinaires  sont  remplacés 
par  des  hippurates ,  et  le  liquide  est  alcalin   au   lieu  d'être 

acide. 

Je  montrerai  dans  une  prochaine  Leçon  que  les  Animaux 
privés  d'aliments  vivent  pendant  un  certain  temps  aux  dépens 
de  leur  propre  substance,  et  par  conséquent  ressemblent  sous 
ce  rapport  à  des  Carnivores,  quel  que  soit  d'ailleurs  leur  régime 
normal.  Or,  les  Mammifères  herbivores  que  l'on  fait  jeûner 
cessent  de  sécréter  des  urines  hippuriques  et  alcalines,  pour 
en  produire  qui  ressemblent  en  tout  à  celles  des  Carnivores. 
Ce  fait  est  facile  à  constater  chez  le  Cheval. 

D'autre  part  on  peut  déterminer  un  changement  inverse  en 
expérimentant  sur  un  Chien,  et  en  substituant  aux  aliments 
azotés  dont  cet  Animal  se  nourrit  d'ordinaire  des  substances 
végétales  qui  ne  renferment  que  peu  ou  point  d'azote. 

Enfin,  chez  rHommc  lui-même  on  observe  des  phénomènes 
analogues.  Dans  les  circonstances  ordinaires,  notre  régime  est 
mixte,  et  l'urine,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  est  jaunâtre,  faiblement 
acide,  et  contient  une  petite  quantité  d'acide  hippurique.  Or, 
M.  Liebig  a  constaté  que  sous  l'influence  d'une  nourriture 
essentiellement  animale,  ce  liquide  pâlit,  devient  très  acide  et 

(1)  Voyez  ci-dessus,  page  /lûl. 


472  Lxcr.ÉTioN   liu>mi;k. 

cesse  (le  Iburiiir  la  moindre  trace  d'acide  liippuiiiiue  ;  tandis 
(jne,  sous  l'inlUience  d'une  alimentation  non  azotée,  il  cesse 
d'être  acide,  devient  en  général  trouble  et  foncé  en  coulem-, 
enfin  se  charge  d'acide  hippurique  en  pro[)ortion  assez  Ibrte. 
On  sait,  aussi  de|)uis  longtemps  (ju'il  sulTit  de  manger  du  fruit 
en  quantité  considérable  pour  que  les  urines  deviennent  alca- 
hnes,  et  que  le  môme  changement  est  produit  par  l'introduction 
de  divers  sels  à  acides  végétaux  dans  les  voies  digestives  (1). 
§  6.  —  L'urée  forme  en  général  à  peu  près  les  quatre  dixièmes 
•  ''"'  ",'""""    du  poids  des  matières  que  l'urine  de  l'Homme  tient  en  dissolution 
'"  ^dwe.'°"  et  que  ce  liquide  donne  pour  résidu  (juand  on  l'évaporé  (2); 


Circonslances 


(1)  Ouelquel'ois  l'urine  dcvioiU  alca- 
line par  le  seul  l'ait  de  rintroduction 
d'une  quantité  un  peu  considérable 
de  matières  amylacées  dans  le  tube 
digestif. 

Ainsi ,  M.  Benco  Jones  a  souvent 
observé  cette  anomalie  quelques  heures 
après  un  repas  composé  principale- 
ment de  pain  (a),  et  M.  Lehmann  cite 
Texemple  d'un  jeune  homme  dont  les 
urines  devenaient  alcalines  toutes  les 
l'ois  qu'il  mangeait  quchpies  pruneaux. 
Ce  chiinisle  a  vu  aussi  que  chez 
beaucoup  de  personnes  qui  ont  un 
régime  n)ixte,  le  même  eflét  se  mani- 
feste quelques  heures  après  l'ingestion 
d'tnie  faible  dose  d'acétate  de  soude 
dans  l'estomac  (h).  Enlino.i  a  constaté 
depuis  longtemps,  par  des  expériences 


pratitjuées  sur  des  Animaux  aussi  bien 
que  par  des  observations  faites  sur 
l'Homme,  que  l'absorption  d'une  cer- 
taine quantité  de  tartratcs  ou  de  ma- 
lales  produit  dans  la  composition  de 
l'urine  un  changement  analogue  (c) 

Des  eiîets  semblables  ont  été  pro- 
duits par  l'injection  d'une  certaine 
quantité  d'amidon  dans  les  veines  d'un 
Lapin  ((/),  ou  par  l'introduction  d'une 
solution  de  sucre  de  raisin  dans  le  tor- 
rent de  la  circulation  [e). 

(i)  Si  Ton  prend  connue  terme  de 
comparaison  la  quantité  totale  de  ma- 
tières solides  (ou  fixes)  trouvées  dans 
l'urine  par  lesdillérents  chimistes  qui 
ont  analysé  ce  liquide,  et  si  par  le  cal- 
cul on  y  ramène  le  poids  de  l'urée 
obtenue  dans  leurs  expériences ,  on 


{(i)  Bence  Joiifs,  Contriiution  to  the  Cliemistnj  of  Vrinc  (l'hihs.  TnniK.,  18i5,  p.  34i). 

[b)  Leliin.-mii,  l.chrbuvh  ilcr  phijsiolonischeii  Chemie,  l.  Il,  \>.  305). 

(c)  VVohlcr,  Yersuche  iiber  den  Uebcrgang  von  Malerlen  in  den  llara  (XciUchr.  fiïr  l'Iiijsioiogie 
viiii  Tru\iiamis,  1824,  I.  I,  |i.  143). —  Exprriences  sur  U  passage  des  substances  dans  les 
nrines  {Journal  des  progrès  des  sciences  médicales,  182',  t.  I,  p    5  4). 

{dj  Mat'cmlio,  Sole  sur  la  iiri-scnce  du  sucre  dans  le  sang  [Comp'cs  rendus  de  l'Acad.  des 
sciences,  1.  WMI,  p.  l'.M). 

(et  Cl.  IkTiiaiil,  Des  différences  (/»<•  picsenicnt  les  phcnamcncs  de  la  digestion  cl  de  la  nulri- 
tion  chez  les  Animaux  caruworcs  cl  herbivores  [Conij'lcs  rendus  de  IWcad.  des  sciences,  I.  WII, 
p.  536). 


INFLUliNCE    DKS    CONDITIONS    BIOLOGIQUES.  /t75 

mais  f[i]el(iiiefois  eetle  proportion  descend  au  tiers  de  ce  poids 
total,  tandis  (jue  dans  d'antres  cas  elle  en  constitue  la  moitié, 
et  il  est  facile  de  reconnaître  que  souvent  ces  variations  sont 
dues  principalement  à  des  circonstances  de  régime.  Ainsi, 
dans  des  expériences  laites  par  M.  Lelimann,  la  proportion 
d'urée,  comparée  à  celle  des  autres  matières  fixes  de  l'urine, 
s'est  élevée  à  plus  de  60  pour  100  sous  l'influence  d'une 
nourriture  essentiellement  animale,  et  est  descendue  au-dessous 
de  /lO  pour  100  quand  ce  physiologiste  ne  taisait  usage  que 
d'aliments  non  azotés  (1). 

Ce  physiologiste  a  fait  remarquer  aussi  que  les  relations 
entre  le  régime  des  individus  et  la  proportion  d'urée  dont  leur 
urine  est  chargée  sont  également  mises  en  évidence  par  la  com- 


voit  que  pour  1000  parties  de  matières 
solides  ce  principe  représente  : 

33  en  moyenne,  il'nprès  Fr.  Simon  (a)  ; 

40  d'après  Bcrzelius  {b)  ; 

M    d'aj'i-ès  Uiuiiériil,  de  WiinsdorlT  c)  ; 
42  terme  moyen,  d'après  M.  Uny,  [di  ; 

41  chez  la  I^'enniie, 

44   chez   l'Homme    (terme   moyen  ),  d'après 

A.  Becquerel  (e)  ; 
00  au  pins  et  37  an  moins,  d'après  M.  Leli- 

mann  (/")  ; 
48,5  en  moyenne,  d'après  M.  Marchand  Ig). 

Dans  les  analyses  faites  par  !\I.  Leli- 
niann,  la  proportion  d'urée  a  atteint 
même  50  pour  100,  et  dans  celles  de 
Fr.  Simon  on  la  voit  descendre  jusqu'à 
oO  pour  100. 


Ainsi,  en  résumé,  la  proportion  sui- 
vant laquelle  l'urée  entre  dans  la  com- 
position de  l'urine  humaine  ne  s'éloigne 
que  peu  des  U'2  centièmes  du  poids 
total  des  matières  fixes  contenues  dans 
ce  liquide. 

(1)  Kn  représentant  par  10  J  la  quan- 
tité d'urée  contenue  dans  son  mine, 
1\1.  Lehmann  a  trouvé  que  le  poids  des 
autres  matières  solides  était  repré- 
senté par  : 

03  pend  inl  le  régime  animal  ; 
110  pendant  le  régime  mixte; 
155  pendant  le  régime  vég-élal  (/i). 

Des  faits  analogues  ont  été  constatés 
par  plusieurs  autres  physiolo^^istes. 


(c) 
p.  35 

(d) 
{e) 
(/■} 
(.'/) 

1(542 


F.  Simon,  Animal  Chemislnj,  translated  by  Dny,  1840,  t.  II,  p.  1  iO. 

Bcrzelius,  Op.  cit. 

Duménil,    Chenusche  .\nalijse  des   L'rins  [Archiv  des  Apothekervereins ,   1820,  t.    XXIII, 

Day,  Lancct,  1844. 

A.  \^l•c([\K]•^^^,  Scmiotiqne  des  mines,  p.  17. 
l.elimann,  Leln-buch  der  plujsiohgischeii  Cliemie,  t.  II,  p.  402. 
Marchand,  Lehrbuch  der  plnjsiolofjlsclien  Chsmie,  p.  292. 

Lehmann,  Untersuchungen  ûber  den  menschlichen  Hani  {Journal  fiir  praktische  Chemie 
t.  XXVII,  I'.  209).  —  Leivbuch  dev  physiol.  Chemie,  t.  II,  p,  403.  ' 


lilli  EXCRÉTION    lîRINAlRE. 

paraison  des  analyses  de  ce  liquide  faites  dans  des  pays  différents 
où  l'alimentation  ordinaire  n'est  pas  la  même.  Ainsi  on  sait 
qu'en  France  les  Hommes  sont  généralement  sobres  dans  leurs 
repas,  et  se  nourrissent  en  grande  partie  de  pain  ou  d'autres 
substances  végétales,  tandis  qu'en  Angleterre  ils  font  un  usage 
plus  abondant  de  viande  ;  enlin  qu'en  Allemagne  ils  mangent 
ordinairement  plus  qu'en  France,  sans  prendre  cependant  une 
nourriture  aussi  substantielle  qu'en  Angleterre.  Or,  dans  les 
analyses  d'urine  faites  en  Angleterre,  la  proportion  d'urée  a 
été  généralement  j>lus  élevée  que  dans  celles  publiées  par  les 
chimistes  de  l'Allemagne,  et  ce  sont  les  recherches  faites  en 
France  qui  ont  donné  sous  ce  rapport  les  résultats  les  plus 
faibles  (1). 

J'ajouterai  que  dans  l'état  de  maladie  la  proportion  de 
l'urée,  comparée  aux  autres  matières  solides  de  l'urine,  dimi- 
nue. Ainsi,  même  dans  les  urines  dites  fiévreuses^  qui  sont 
beaucou|)  plus  chargées  que  l'urine  normale,  l'urée  ne  con- 
stitue en  général  qu'environ  oG  centièmes  du  poids  total  de 
ces  substances,  tandis  que  dans  l'état  normal  elle  en  forme, 
terme  moyen,  l\o  centièmes  (2).  Dans  certaines  affections, 
tant  aiguës  que  chroniques,  on  voit  quelquefois  cette  propor- 
tion descendre  à  '23  pour  100  ou  même  plus  bas,  et  j'insiste 
sur  ces   faits  parce  qu'ils  se  lient,  comme  nous  le  verrons 


(1)  Ainsi  Alf.  Becquerel,  à  Paris,  a 
trouvé  en  moyenne  seulenjcnt  12  mil- 
lièmes d'm"ée  ;  M.  Marchand,  à  Berlin, 
en  a  trouvé  do  oO  à  o2  iiiillièines,  et 
j\l.  Lelmiann  iail  remarquer  que  Prout, 
à  Londres,  tÉOUva  quelquefois  l'urine 
tellement  chargée  de  ce  principe, 
qu'en  y  ajoutant  de  l'acide  azoïiciue, 
il   se   déposait    aussitôt    des  cristaux 


d'azotale  d'urée  ,  circonstance  qui  ne 
s'es!  jamais  présentée  dans  les  expé- 
riences décrites  par  les  chimistes  de 
l'Allemagne  et  de  la  France  {a). 

('2)  Ces  proportions  sont  calculées 
d'après  les  analyses  types  des  urines 
fiévreuses  et  anémiques,  données  par 
A.  Becquerel  (voyez  ci-dessus,  p.  Zi73, 
noie. 


(a)  l,ehmaiin,  Ixhrbuch  der  phyiiologisclieti  Chemie,  l.  il,  p.  398. 


INFLUENCE    DES    CONDITIONS    BIOLOGIQUES.  /l75 

bientôt,  à   la  manière  dont  le  travail  niitrilit'  s'elTectue  dans 
l'organisme  (1). 

^7.   —  L'acide    arique  qui  se   trouve    dans   l'urine   de  circonsiance^ 

''  qui  intluciit 

l'Honnne,  soit  à  l'état  libre,  soit  en  combinaison  avec  des  bases,        «"'• 

la  proportion 

constitue  d'ordinaire  1  .1  à  2  pour  100  du  poids  total  des  ma-  J'acide  urique. 
tières  fixes  contenues  dans  ce  liquide  (2)  ;  mais  de  même  que 
pour  l'urée,  ces  proportions  peuvent  varier  beaucoup,  suivant 
la  natiu'c  des  aliments  dont  on  tait  usage,  et  comme  l'acide 
urique  est  très  peu  soluble  dans  l'eau,  les  changements  déter- 
minés delà  sorte  causent  parfois  des  modifications  considéra- 
bles dans  l'état  physicjue  des  produits  de  la  sécrétion  rénale. 
Un  régime  très  azoté  tend  à  augmenter  la  quantité  d'acide  uri- 
que excrété  par  cette  voie,  et  souvent  il  suffit  d'avoir  bu  un  peu 
de  vin  mousseux  ou  d'avoir  pris  un  peu  trop  de  café,  pour  que 
l'urine  en  soit  chargée  au  point  d'en  déposer  par  le  refroidisse- 

(1)  Ainsi,  dans  l'urine  d'an  Homme  Sels  solubles 8,18 

dans  la   première   période  d'une  al-  Sels  ins-lubles 0,24 

laque  morlelle  de  choléra  sporadique, 

M.  Heller  trouva  :  ^^^^'  conséquent,  la  proportion  d'u- 

rée, relativement  aux  autres  matières 

Eau 935,67  fixes,  élail  réduite  à  18  pour  100  (c). 

^'■•;''--  ■ ^^'^^  (2)  Dans  l'analyse  laite  par  Berzelius, 

Acide  urique 0,10  j,^^.^^^  ^^^..^^^^^  représente  15  millièmes 

Matières  extraclives 27,32  ,.,,-•  i, 

^  ,    ^  ^  ,,  ,  ,         des  matières  solides  tournies  par  1  u- 

Sels  fixes (),41  (a) 

rine  ;  dans  les  analyses  de  M.  Marchand, 

Dans  un  cas  de  marasme  sénile,  (.,,,  .^^.■^^^^,  i-eprésenle  16  millièmes  du 

iVl.  Scherer  ne  trouva  dans  l'urine  que  ,j,j,,^^g  p^i^jj,  ^^tal,  et  dans  celles  faites 

2/1  d'urée  pour  100  parties  de  matières  p^,.  ^    Lehmann,   la   proportion  de 

solides  (o).  ^ç^jg    substance    varia    entre    16    et 

Chez   un  malade  atteint  de  carci-  OQ    millièmes  du  poids  des  matières 

nome  du  foie,  M.  Percy  trouva  dans  ^^jj^j^g^  ^i^i^^  ^la„s  i^^  analyses  faites 

'  "'"'"*^  •  par  A.  Becquerel,  la  quantité  relative 

g3„ 979,00  ^Ic  l'acide  urique  ne  fut  évaluée,  terme 

Urée  .  .  .  .  ~. 3,16  moyen,  qu'à  l/i  millièmes  de  la  tota- 

Malières  organiques   indéterminées.        8,78  hté  des  matières    Solides. 

(a)  Heller,   Ham.   Dlut,  Vomitus  und  Faces  bei  Choiera  spora'lka  (Archiv  fur  pliysiol.  und 
pathol.  Chemie,  1844,  t.  I,  p.  15). 
(6)  Scherer,  Untersuchuiigen,  p.  75. 
(c)  Fr.  Simon,  Animal  Chemixtvii,  I.  11,  p    ^HR. 


CravcUe. 


r.iiTonstanccs 
i|ui  intluent 

sur 
la  proportion 
(les  malièrcs 
salines,  etc. 


/|76  EXCRÉTION    URINAIRE. 

ment.  Quelquefois  même  l'urine  donne  naissance  à  de  pelits 
cristaux  ou  à  des  granules  amorphes  d'acide  urique,  avant  d'a- 
voir été  expulsée  des  canalicules  des  reins,  et  la  médecine  nous 
ai»prend  que  les  excès  de  table  contribuent  plus  que  toute  autre 
chose  à  déterminer  ces  accidenis.  Les  i)etites  concrétions  qui 
se  forment  de  la  sorte,  et  qui  sont  connues  sous  le  nom  de  gra- 
viers (1  ),  sont  souvent  la  cause  de  souffrances  très  vives,  et  pour 
en  arrêter  le  développement,  il  suffit  généralement  d'adopter 
nn  régime  frugal  (2). 

§  8.  —  Comme  exemple  des  modifications  que  les  aliments 
peuvent  déterminer  dans  la  constitution  de  l'urine,  je  citerai 
encore  l'augmentation  dans  la  proportion  d'oxalate  de  chaux, 
qui  parfois  résulte  de  l'emploi  d'une  quantité  trop  considérable 
d'oseille  (S). 


(1)  Los  graviers  sont  ordinairement 
composés  tracide  urique  associé  à  la 
matière  coioranie  rouge  de  l'urine  (a), 
el  ils  se  forment  en  général  dans  Tin- 
térieur  des  reins  (h).  Ils  consistent  en 
agrégats  de  cristaux  microscopiques 
soudés  entre  eux  (r). 

Souvent  de  petites  concrétions  ana- 
logues, mais  composées  d'urate  d'am- 
moniaque, se  trouvent  dans  les  ca- 
nalicules des  reins  chez  les  enfants 
nouveau-nés. 

Pans  quelques  cas  de  gravclle,  les 
concrétions  urinaires  sont  blanches  et 


formées,  soit  dephospiiate  ammoniaco- 
magnésien  et  de  phosphate  de  chaux, 
soit  d'oxalate  de  chaux. 

('J)  J'aurai  à  revenir  sur  ce  sujet 
([uand  je  traiterai  de  la  nutrition  ; 
mais  je  dois  signaler  ici  à  l'attention  du 
lecteur  les  observations  de  Schultens 
et  de  Magendie  sur  la  gravelle  ((/). 

(o)  Les  médecins  avaient  rentarqué 
que  l'usage  fréquent  de  l'oseille  comme 
aliment  pouvait  délerniiner  la  for- 
mation de  calculs  urinaires  qui  sont 
composés  essentiellement  d'oxalate  de 
chaux  {(>),  et  la  présence  de  ce  sel  en 


(a)  Lecanu,  Kouv.  rech.  sur  l'urine  (Mcm.  de  l'Acad.  de  mcdecine,  1840,  I.  Vill). 

—  Sogalas,  Essai  sur  la  gravelle  cl  la  pierre,  ts;t8,  p.  59. 

(b)  Uranile,  On  the  Dtfferences  in  ihe  Structure  ofCalcuH  wliirh  anse  from  their  being  formed 
m  différent  l'arls  of  tlic  Vrinarij  Passanes  'Plulos.  Irons.,  -1808). 

((■)  N'oyez  doldini,'  liird.  Ile  iurine  et  des  dt'ixils  urinaires.  p.  ■157,  i\g.  58  à  00. 

—  Mat^cndie,  lierherches  ]diiisioloijiques  et  nu'dicates  sur  les  causes,  les  sijniplùmes  et  le  trai- 
tement de  la  gravelle,  1818. 

((/)  Scliullciis,  Dissert,  clunn.  vicd.  de  cauns  inuuinuUe  in  llollandta  morbi  ralculosi  fnquentiw, 
ISCJ  (Journal  de  Gehten,  t.  111,  p.  335). 

[e]  Majjcndie,  Noie  sur  deux  nouvelles  espèces  de  giavelles  (Journal  de  physiologie,  1821'»,  t.  Vt, 
p.  2',)"). 

—  UoiuK',  Cours  de  nucroscopte,  p.  21(1. 

—  Goliliiii;  llinl,  lie  l'itriue  cl  des  déiiots  urinaires,  y.  -77. 

—  Cavfiitoii,  .\Hulijse  d'un  rntciit  vii'iral  iJourniit  de  pharmacie,  18?0,  I.  Wi,  p.  75t). 


INFM'F.NCR    DFS    fONDITIONS    TilOLOGIQrKS.  llll 

Le  régime  iiilliie  plus  que  tonte  autre  chose  sur  la  proportion 
de  l'acide  phosphori(|ue  et  de  Tacide  sult'urique  qui,  à  l'état  de 
combinaisons  salines,  sont  expulsés  de  l'économie  par  la  sécré- 
tion urinaire;  mais  l'état  général  de  l'organisme  peut  contri- 
buer aussi  à  la  faire  varier,  et  comme  nons  le  verrons  bientôt, 
il  semble  y  avoir  quelques  relations  entre  l'abondance  plus  ou 
moins  grande  de  ces  matières  et  le  degré  d'activité  vitale  de 
certains  appareils,  ainsi  que  la  manière  dont  le  travail  nutritif 
s'y  effectue  (1). 

§  9.  —  D'autres  variations  dans  la  composition  chimique  de 
l'urine  de  THomme  et  des  Animaux,  sans  dépendre  du  régime 
ordinairede  ces  êtres,  sont  dues  àdes  causes  analogues.  En  effet, 
l'eau,  l'urée  et  les  diverses  substances  organiques  ou  minérales 
que  nous  venons  de  passer  en  revue  ne  sont  pas  les  seules  ma- 
tières qui  soient  susceptibles  d'être  séparées  du  sang  par  l'action 


Présence 
tic  malières 

étrangères 
tlans  l'urine. 


proportion  notable  a  été  ol)servéo  clans 
l'urine  crAnimaux  auxquels  on  avait 
administré  de  l'acide  oxalique  {a). 
Mais ,  ainsi  que  nous  le  verrons 
bientôt ,  cet  acide  peut  être  formé 
dans  l'organisme  aux  dépens  d'autres 
substances. 

Moricbini  et  d'autres  patliologistes 
ont  trouvé  aussi  de  l'acide  oxalique 
en  proportion  insolite  dans  l'urine  de 
quelques  personnes  qui  avaient  fait 
un  grand  usage  des  tomates  comme 
aliment  (6). 

(Ij  II  résulte  des  recherches  expéri- 
ni  entales  de  M.  Bence  Jones  que  l'exer- 


cice musculaire  tend  à  augmenter  la 
proportion  des  sulfates  contenus  dans 
l'urine,  et  que  la  quantité  des  phos- 
phates sécrétés  par  les  reins  est  sur- 
tout remarquable  dans  les  maladies 
aiguës  qui  alïeclent  les  organes  dont 
le  tissu  contient  le  plus  de  matières 
phosphorées,  savoir,  le  système  ner- 
veux et  le  système  osseux.  Ainsi,  dans 
un  cas  d'inflammation  cérébrale,  et 
chez  un  individu  aflecté  de  ramollis- 
sement des  os,  ce  physiologiste  a  vu 
les  phosphates  à  bases  alcaline  et  ter- 
reuse devenir  très  abondants  dans  les 
urines  (c). 


(a)  Wohler,  Uebcr  den  Uebergaiig  von  Materien  ui  dm  liarn  (Zeitschr.  fiir  Physiologie  von 
Treviraïuis,  t.  1,  p.  4  38). 

(6)  Morichini,  Memoria  sopra  alcuna  sostame  che  passano  indecomposate  nelle  urine  {Memorie 
délia  Sociela  iialiana,  1815,  l.  XVII). 

—  Boucliardal,  Annuaire  de  thérapeutique,  1850,  p.  157. 

(c)  Bence  Jones,  Contributions  ta  fhe  Cbenïtstry  of  Urine  [Philos.  Ti'ans.,  184C,  p.  449,  et 
1852,  p.  255). 

Vil. 


31 


dis  FACRÉTION    URINÂIRE, 

sécrétoire  des  reins.  Presque  tous  les  corps  qui  se  trouvent  en 
dissolution  dans  ce  liquide  peuvent  en  sortir  par  la  même 
voie,  pourvu  qu'ils  y  existent  en  proportion  suffisante  ;  et  par 
conséquent,  lorsque  le  sang  qui  traverse  les  glandes  rénales 
est  chargé  de  matières  étrangères  à  sa  constitution  normale,  soit 
que  ces  matières  y  aient  été  portées  du  dehors  par  absorp- 
tion, soit  qu'elles  aient  pris  naissance  dans  l'intérieur  de  l'or- 
ganisme, on  doit  s'attendre  à  les  voir  apparaître  dans  les  urines. 
En  effet,  c'est  ce  (]ui  a  lieu.  Toutes  les  substances  qui  sont  ab- 
sorbées par  les  parois  du  canal  digestif  ou  qui  arrivent  par  quel- 
que autre  route  dans  le  torrent  de  la  circulation,  et  qui  ne  sont 
ni  fixées  dans  l'organisme,  ni  détruites  dans  l'intérieur  de  l'éco- 
nomie animale,  peuvent  en  être  expulsées  par  la  sécrétion  uri- 
naire.  Si  ces  matières  étrangères  sont  gazeuses  ou  volatiles,  elles 
s'échappent  en  plus  grande  abondance  par  la  surface  respira- 
toire, mais  elles  se  montrent  aussi  dans  les  urines;  et  quand 
elles  sont  fixes,  c'est  principalement  ou  même  uniquement  par 
les  voies  urinaires  qu'elles  sont  expulsées  au  dehors.  Nous  exa- 
minerons plus  tard  quels  sont  les  corps  étrangers  qui,  intro- 
duits ainsi  dans  le  sang  par  absorption,  arrivent  aux  reins  et 
sont  éliminés  par  ces  glandes,  conjointement  avec  les  maté- 
riaux constitutifs  de  l'urine  ordinaire,  et  en  ce  moment  je  me 
bornerai  à  citer  quelques  faits  propres  à  mettre  bien  en  évi- 
dence les  phénomènes  dont  je  viens  de  parler,  et  à  montrer 
quelle  est  la  source  de  ces  produits  advenlifs  de  la  sécrétion 
rénale. 

Chacun  a  pu  remarquer  qu'à  la  suite  de  l'emploi  alimentaire 
de  certains  végétaux  ou  de  radminislration  de  quelques  médica- 
ments, l'urine  prend  une  odeur  particulière  ou  se  colore  d'une 
manière  insolite  ;  et  dans  les  observations  faites  sur  des  malades, 
ainsi  que  dans  une  multitude  d'expériences  pratiquées  sur  des 
animaux,  oiia  pu  constater  chimiquement  dans  l'urine  la  pré- 
sence de  matières  (pii  avaient  été  absorbées  dans  le  canal  <1i- 


INFLIENCK    DES    CONDITIONS    BIOLOGIQUES.  Ù79 

gestif(l).  Ainsi,  la  rhubarbe,  administrée  même  à  faible  dose, 
rend  l'urine  très  jaune,  et  y  développe  une  couleur  brun  rouge 
lorsqu'on  ajoute  à  ee  li(iuide  un  peu  de  potasse,  réaction  qui 
est  caractéristi(iue  d«  cette  substance  (2j. 


(1)  Plusieurs  auteurs  ont  vu  l'urine 
devenir  rouge  après  remploi  abondant 
de  divers  aliments  végétaux,  tels  que 
les  fruits  du  Cactus  opuntia,  les  Bet- 
teraves et  les  ÏNIûres;  mais  dans  d'au- 
tres cas,  ces  effets  n'ont  pa«  été  pro- 
duits {a),  et  les  variations  que  l'on  a 
remarquées  à  cet  égard  dépendaient 
probablement  de  ce  que  dans  certaines 
circonstances,  la  matière  colorante 
contenue  dans  l'aliment  aura  été  ab- 
sorbée, tandis  que,  d'autres  fois ,  elle 
aura  été  entraînée  rapidement  au  de- 
hors avec  les  fèces,  par  suite  de  l'ac- 
tion purgative  exercée  par  la  sub- 
stance ingérée  dans  les  voies  digestives. 
L'absorption  du  principe  colorant  de 
la  garance  et  d'autres  matières  tinc- 
toriales peut  produire  des  elïels  ana- 
logues sur  les  urines,  ainsi  que  cela  a 
été  constaté  chez  l'Homme  par  Sewal, 
Bradner  Sluart ,  Perccval ,  etc.  ,  et 
chez  la  Vache  par  Deyeux  et  Par- 
mentier  (6). 

La  santoniue  (ou  acide  santonique) , 
qui  s'extrait  du  semen- contra,  et  qui 
jaunit  par  l'action  de  la  lumière , 
éprouve  un  changement  analogue  en 
traversant  l'économie  animale,  et  dé- 
termine dans  les  urines  une  coloration 


jaune  très  intense  et  fort  persis- 
tante {(■). 

Les  médecins  ont  souvent  remar- 
qué qu'à  la  suite  de  l'emploi  intérieur 
de  l'essence  de  térébenthine,  l'urine 
exhale  une  odeur  de  violettes,  et 
même  ce  phénomène  se  manifeste 
quelquefois  quand  la  vapeur  de  cette 
substance  a  été  absorbée  par  les 
voies  pulmonaires.  Or  ,  cette  parti- 
cularité dépend  du  passage  de  l'es- 
sence de  térébenthine  dans  les  urines, 
et  de  l'action  exercée  par  cette  sub- 
stance sur  la  matière  colorante  extrac- 
tivc  que  ^L  Scharling  a  désignée  sous 
le  nom  d'omycliinijlp.  En  effet,  cette 
matière,  traitée  par  l'essence  de  tér.é- 
benthine,  développe  l'odeur  de  la  vio- 
lette {(l). 

On  sait  généralement  que  l'urine 
des  personnes  qui  ont  mangé  des  as- 
perges prend  une  odeur  particulière(e)  : 
mais  la  théorie  de  ce  phénomène  n'est 
pas  connue,  car  l'asparagine,  qui  est 
alors  expulsée  par  la  sécrétion  rénale, 
est  par  cile-même  inodore. 

(2)  Ce  phénomène  ,  constaté  par 
Home  et  par  plusieurs  autres  physio- 
logistes dans  des  expériences  sur  des 
Animaux  {f} ,  a  été  observé  aussi  chez 


{a)  Rayer,  Traité  des  maladies  des  reins,  t.  I,  p.  60. 

(b)  Nous  revieiidions  sur  ce  sujet  dans  la  prochaine  Leçon. 

(cj  Mouthiier,  Sur  l'action  de  la  santonine  che%  les  enfants  [Gas.  mcd.,  1855,  I.  X,  p.  314). 

(d)  Voyez  ci-dessus,  page  418. 

(e)  Voyez  liiiriliicli,  TruUc  de  physiologie,  1.  VIII,  p.  335. 

{fj  Home,  Experimeats  lo  prove  that  Fiuids  pass  directlij  inlo  tlte  Circulation  of  the  Blood, 
and  from  llience  to  tlie  Cells  of  tlie  Spleen,  the  Gall  Dladder  and  Uruianj  Bladder,  ivithoul  goinij 
through  llte  Thoracw  Duel  (flulos.  Trans.,  1811,  l.  Gl,p.  103). 

—  Tiodeiuann  ei  Gnielin,  Recherches  sur  la  route  que  prennent  diverses  substances  pour  passer 
de  l'estomac  dans  le  sang,  etc.,  p.  10. 

—  Hering,  Versuche  die  Schnelligkelt  des  Blutlaufs  luul  der  Absonderung  au  bestimmen 
(Zeitschr.  fiir  Physiol.  von  Treviranus,  1829,  t.  III,  p.  85,1. 


ft80  EXCRÉTION    LKINAIKH. 

T/existence  du  cyanoferrure  clc  potassium  est  encore  plus 
facile  à  constater  dans  l'urine  pe.u  de  temps  après  que  cette  sub- 
stance a  été  portée  dans  le  torrent  de  la  circulation  (1).  Il  en 
est  de  même  pour  les  préparations  iodurées  ('2),  ainsi  que  pour 
un  grand  nombre  de  sels  métalliques  ;  et  si  l'excrétion  des  ma- 
tières étrangères  jiarles  voies  urinaires  ne  peut  pas  être  con- 
statée dans  fontes  les  circonstances  où  ces  substances  n'ont 
pas  été  détruites  dans  l'inléricin'  de  l'organisme,  cela  dépend 
presque  toujours  de  la  lenteur  avec  laquelle  leur  élimination 
s'efleclue  et  de  l'impuissance  des  réactifs  chimiques  employés 
pour  les  faire  découvrir.  Môme  les  subslances  non  destructibles 

rUonime  par  qiielqiios  nu'dccins  (a).  (Fabord  par  Wollastnu,  puis  pir  tous 

Il  paraïl  dû  à  racidc  clirysopliaiiiqiit'  les  pliysiologisles  qui  oui   l'ail  des  ox- 

qui  se  trouve  dans  la  rhubarbe  {b).  périenccs  sur  ce  sujet  (r).  - 

(!)  La  présence  du  cyanoferrure  de  ('2)  Le  passage  des  préparations  io- 

potassiuni  dans  furine  peu  de  temps  dées    dans  les  urines  a  été  constaté 

après  l'absorption  de  celte   substance  non-seuli'nient  chez  des  Animaux  (r/), 

par  les  voies  di}4('slives  a  été  constatée  mais  aussi  chez  rilonnne  {r\ 

(a)  Par  exemple,  lli'adnei- Sluail  (vuv.  lîayer,  Traiti' des  maladies  des  reins,  t.  I,  p.  Cil). 

(/))  Sclilofsbci'iTi'r  1111(1  Doppiiii,',  (lliem.  l'nlers.  der  H'inharberwiinel  (.\<iii.  dev  Chemie  niid 
l'Iiarm  ,  l«4i,  t.  L,  p.  20;.). 

{c)  Wiilhsloii,  Ou  Ihe  non-existciice  of  S:i(jar  in  ihe  Dtood  nf  persans  Uiliouriii'j  under  Dia- 
bètes meUilus  (Vhilus.  Trans,  4811,  p.  105). 

—  Welzlar,  Dissert,  de  kalihorussici  in  organismum  Iransitu.  Marboiirsî,  18-21. 

—  Home,  Op.  cil.  (Philos.  Trans.,  1811,  p.  1G3). 

—  Magciulic,  Précis  élémentaire  de  jihnsiologie,  1.  H,  p.  477. 

—  Maycr,  l'cberdas  EinsanfiungsvermOqen  der  Xenen  (MocUcrs  neutsches  Archiv  fïir  Pliysio- 
logie,  isn,  l.  m,  p.  4'.I8). 

—  TictiLMiianii  clGmeliii,  Herlierches  sur  la  route  qne  prennent  dircrscs  substances  pour  passer 
de  Vd'ifoinac  et  du  canal  mieslinat  dans  le  sang,  etc.,  1821,  p.  15. 

—  EiinniM't  et  lliirin^î,  lleber  die  Yerânderunge)i,  welche  einige  Stoffe  in  dem  liOrper  sowolil 
^tervorbriagen  als  erlcidcn,  luenn  sie  in  die  Itauchhijhle  lebender  Thierc  gebracht  werden 
(.Meckel's  neutsches  Archiv  fiir  Pliysiologie,  1818,  t.  IV,  p.  51fî  et  51Si. 

—  VVesirumb,  Pligsiol.  Untersuciinng.  ûbcr  die  Einsaugelcraft  der  Venen,  1825. 

—  Seilcr  u;id  l''u-imis,  Versuche  iiber  das  Kinsnngungsvermu'jea  der  Venen  {Zeitschrift  fiir 
Matur-iind  lleillninde.  Dresde,  1821,  I.  II,  p.  378,  etc.). 

((/;  TicNiciiiaiiii  it  Giiieliii,  Op.  cit. 

—  Woliler,  Versuche  iiber  den  Ikbergang  von  Materien  in  den  llarn  (Zcitschr.  fiir  Physiologie 
vori  Treviramis,  182i,  t.  1,  p.  12i).  —  Recherches  sur  les  substances  qui  jnissent  dans  t'urine 
{.\rrhives  générales  de  médecine,  1824,  t.  VU,  p.  577).  —  Expériences  sur  le  passage  des  sub- 
stances dans  l'urine  [Journal  des  progrès  des  sciences  médicales,  1827,  t.  I,  p   42). 

(e)  Ganln,  Sur  la  présence  de  l'iode  dans  les  \irines,  la  sueur,  etc.  (Journal  de  chimie  médi- 
cale, 1820,  t.  II,  p.  291). 

—  Guiboiirt,  De  l'iode  dans  l'urine  d'un  scrofulcu.r  [Journal  de  chimie  médicale,  1832, 
t.  Vlll,  p.  4(i0). 

—  Melsens,  Mém.  sur  l'emploi  de  iiodurc  de  potassium  pour  combattre  les  alfcctions  satur- 
nines et  vicrc'irirlies  i.\nn .  de  chimie  et  de  physique,  3'  série.  1  8i!t.  I.  WVI,  p.  215). 


IM'LLE.NCl':    UES    CONDITIONS    1510L0GIUL  i:S.  /|Hl 

qui  sont  de  i)riine  abord  fixées  dans  le  tissu  de  certains  organes, 
finissent  par  s'en  séparer  et  par  être  expulsées  de  l'économie  ; 
oi\  dansTinimense  majorité  descas,  c'est  [irincipalement,  sinon 
uniquement,  par  la  sécrétion  rénale  que  leur  sortie  s'opère,  et 
par  conséquent  presque  toutes  les  substances  fixes  qui  arrivent 
dans  le  torrent  de  la  circulation,  et  qui  n'y  sont  pas  décompo- 
sées, finissent  par  se  trouver  dans  les  urines  (1). 

Il  est  aussi  à  noter  que,  dans  certains  cas,  des  matières  étran- 
gères introduites  dans  l'économie  i)ar  les  voies  digestives  ou 
autrement,  subissent  dans  l'intérieur  de  l'organisme  des  trans- 
Ibrmnlions,  et  donnent  ainsi  naissance  à  des  produits  nouveaux 
qui  sont  excrétés  jiar  la  sécrétion  rénale.  Dans  une  prochaine 
Leçon  j'aurai  à  traiter  de  ces  métamorphoses,  et  ici  je  me 
bornerai  à  ajouter  que  c'est  de  la  sorte  ([u'à  la  suite  de  l'alisorp- 
lion  des  carbonates  alcalins  (2)  ou  de  certains  stis  à  acide 


(1)  Il  serait  irop  long crénumércr  ici 
tous  les  corps  dont  le  passage  dans  l'u- 
rine a  été  observé,  et  dans  nue  prc»- 
chaine  Leçon  j'indiquerai  ceux  qui, 
étant  détruits  ou  fixésdaiisTorganisme, 
ne  se  montrent  pas  dans  celte  Innneur 
excrémeniiliclle.  Je  me  bornerai  à 
ajouter  que  la  présence  de  diverses 
substances  métalliques,  telles  que  le 
mercure  (a)  et  Tarscnic  [h),  qui  ne  se 
trouvent  pas  d'ordinaire  dans  l'orga- 
nisme, mais  qui  y  ont  été  introduits 
comme  médicaments  ou  de  toute  autre 


manière,  a  été  souvent  conslalée  dans 
les  urines  chez  l'Homme,  et  qu'il  en  a 
été  de  même  pour  des  bases  organiques 
et  beaucoup  d'autres  matières. 

(2)  Ce  phénomène  est  facile  à  con- 
stater à  la  suite  de  l'usage  des  eaux 
alcalines  comme  boisson  {r).  Plu- 
sieurs remèdes  empiriques  préconisés 
depuis  longtemps  connnc  préventifs 
de  la  gravelle,  ou  même  connne  pro- 
pres à  opérer  la  dissolution  de  ces 
petites  concrétions  d'acide  uriquc,  con- 
sistent aussi  en  matières  alcalines  qui 


(a)  Caiilii,  Spécimen  chiDiico-medinim  de  mercuvii  prœsentia  in  lu-inis  sijphUiticonnn  mer- 
ciirialcm  curationcm  patientium  {Man.  délia  Soc.  délie  scien'.e  di  Torino,  18-24.  L  \\\\). 

—  Piorry,  Frésenre  du  sulfate  de  quinine  dans  l'urine  {Gazelle  médicale,  183i'),  p.  73). 

—  Qiievenne,  De  la  présence  de  la  quinine  dans  l'urine  des  individus  auxquels  elle  a  été 
administrée  à  haute  dose  {l'Expérience,  iournn\  de  médecine,  1836,  p.  07). 

(fc)  Oïlila,  Mémoire  sur  l'empoisonnement  par  l'acide  arsénieux  {Mém.  de  l'Acad.  de  médecine, 
1840,  1.  VIII,  p.  3701. 

((■)  Masciigni,  Untersur.h.  ûber  Stein  und  Greis  un  Urin,und  die  Wirkung  des  Alcali  darauf, 
im  Lehendcn  (Hiifeland's  Journal  lùr  praltt.  Ar;ineikiinde,  1810,  t.  IX,  p.  120). 

—  l!i\.inle,  Obseiv.  on  thc  Effccts  of  Maijnesui  in  prevcnling  or  incrcasiiuj  the  furmalion  uj 
Uric  Acid,  wilh  some  Remarhs  ou  thc  Gomposilioii  of  Urine  (l^liilos.   Trans.,  1810,  p.  143). 

—  Woliler,  Op.  cit.  [Zeilschrifi  fiir  l'hij.sud.,  1824,  I.  I,  p.  12!»). 


/j8^2 


K.VCP.ÉTION    URINÀlUE. 


orgam(iiie,  l'urine,  on  se  cliargeant  de  carbonate  de  soude  ou 
de  potasse,  devient  alcaline  Tl),  et  que,  dans  d'autres  circon- 
stances, ce  liquide  a  pu  présenter  dans  sa  composition  chimique 
diverses  anomalies  plus  ou  moins  remarquables,  et  contenir, 
par  exemple,  une  certaine  quantité  d'acide  azotique  (2). 
Source  §  10.  —  D'aprôs  les  divers  laits  dont  je  viens  de  rendre 

des  produits  ^  •       p      -i  •     i  1 1    fi'   i      i 

cxcrénieniitieis  comptc,  OU  couçoit  taciiemenl  que  si  le  sang,  par  I  etlet  de 
quelque  phénomène  physiologique,  reçoit  en  quantité  consi- 
dérable un  principe  dont  il  est  d'ordinaire  peu  chargé,  ou  qui 
n'y  existe  même  pas  dans  l'état  normal,  il  pourra  se  faire  que 


anormaux. 


passent  dans  les  urines  (a)  ;  et  c'est 
principalement  à  raison  de  Finfluence 
exercée  ainsi  sur  la  sécrétion  iirinaire 
que  l'eau  de  Vichy  est  très  utile  dans 
le  traitement*  de  diverses  maladies  des 
reins  (h). 

(1)  Ce  phénomène  a  été  constaté 
expérimentalement  par  M.  Wulher.  En 
administrant  à  des  Animaux  du  tar- 
ira te,  du  malate,  ou  de  l'acétate  de 
soude  ou  de  potasse,  il  vit  l'urine  se 
charger  bientôt  d'un  carbonate  corres- 
pondant (c)  ;  et  la  production  de  ces 
carbonates  alcalins  dans  l'intérieur  de 
l'organisme  nous  explique  comment 
l'emploi  de  certains  fruits  peut  déter- 
miner l'alcalinité  de  l'urine,  ainsi  que 
je  l'ai  indiqué  ci-dessus  fpage  172). 
L'apparition  d'une  certaine  quantité 
de  sulfate  de  potasse  dans  ce  liquide 


peut  être  déterminée  de  la  même  ma- 
nière par  l'introduction  du  sulfure  de 
potassium  dans  l'économie    animale. 

M.  Bence  Jones  a  vu  que  chez 
l'Homme,  l'acidité  de  l'urine  diminue 
beaucoup  très  peu  de  temps  après 
l'ingestion  d'une  certaine  dose  de  tar- 
trale  de  potasse  dans  l'estomac,  et 
que  même  ce  liquide  peut  devenir 
ainsi  alcalin  [d], 

(2)  Bence  Jones  a  constaté  la  pré- 
sence d'une  certaine  quantité  d'acide 
azotique  dans  l'urine  de  personnes 
auxquelles  il  a\ait  administré  préala- 
blement du  carbonate  d'ammoniaque, 
et  ainsi  que  nous  le  verrons  dans  une 
prochaine  Leçon,  il  attribue  ce  phé- 
nomène à  l'oxydation  de  l'azote  de 
ce  sel  dans  l'iniérieur  de  l'orga- 
nisme (e). 


(a)  Boslock,  Medico-chirurgical  Transactions,  t.  V,  p.  SI. 

(6)  Darcct,  Notes  jwtir  servir  à  l'histoire  des  eaux  thermales  de  Vichti  (Ann.  de  chimie,  1830, 
t.  XWI,  p.  301). 

—  Cil.  Petit,  Du  traitement  des  calculs  urinaires,  et  particulièrement  de  leur  dissolution 
par  les  eaux  de  Vichy  et  les  bicarbonates  alcalins,  1835,  —  IJu  mode  d'action  des  eaux  de 
Vichy,  1850. 

(c)  Woliler,  Op.  cit.  (Xeitichr.  fiir  l'hysiol.  von  Treviranus,  t.  I,  p.  144). 

(d)  15.  .loties.  Appendice  to  a  Paper  on  the  Variations  of  the  Acidity  of  the  Urine  in  the 
State  of  heatlh  (Philos.  Trans.,  184'J,  p.  i2Gl). 

((?)  H.  Joncs,  On  the  Oxydation  of  Ammoniac  in  the  human  body,  wilh  some  Uemarks  on 
Nitrification  {Philos.  Trans.,  1851,  p.  390). 


IINFLUENCK    1>I':S    CONDITIONS    IMOLOfilQUF.S.  /jSo 

cette  substance  passe  dans  les  urines,  comme  nous  venons  de 
le  constater  pour  une  multitude  de  corps  étrangers  introduits 
du  dehors  et  pour  un  certain  nombre  de  principes  normaux 
du  tluide  nourricier.  Or,  il  est  des  circonstances  dans  les- 
quelles la  production  de  certaines  matières  qui  prennent  nais- 
sance dans  l'intérieur  de  l'organisme,  et  qui  d'ordinaire  sont 
détruites  presque  aussitôt  après  leur  tbrmalion,  devient  tro[) 
abondante  pour  qu'elles  puissent  disparaître  de  la  sorte,  et 
alors  le  sang,  en  élant  surchargé,  en  abandonne  pendant  son 
passage  à  travers  les  capillaires  des  glandes  rénales.  Il  en  ré- 
sulte que  l'urine,  à  son  tour,  s'en  trouve  chargée  et  en  effectue 
l'évacuation  au  dehors.  C'est  de  la  sorte  (]ue  dans  quelques 
états  pathologiques  de  l'organisme  ,  dans  le  diabète ,  par 
exemple,  l'urine  devient  sucrée  (1).   La  glycose,  engendrée 


Sucre 
dans  l'urine,. 


(1)  La  découverte  de  l'existence  du 
sucre  dans  Turine  des  malades  alTedés 
de  diabète  est  assez  généralement 
attribuée  à  Cruikshank  (a).  Mais, 
ainsi  que  l'a  fait  remarquer  M.  Bell  (6), 
ce  fait  avait  été  entrevu  plus  d'un  siècle 
auparavant  par  Willis,  puis  par  Dobson, 
et  bien  établi  par  Cowley,  Marabelli  et 
P.  Frank  (c).  Parmi  les  auteurs  qui  ont 


ensuite  le  plus  contribué  à  l'avancement 
de  nos  connaissances  sur  ce  sujet,  je 
citerai  Fourcroy,  Nicolas  et  Gaudeville, 
Dupuytren  et  Thenard,  Bostock,  Henry, 
JNI.  Chevreul  et  ÎVl.  Péligot  {d}. 

Potu'  constater  la  présence  du  sucre 
dans  l'urine,  et  même  pour  doser  cette 
substance,  on  peut  taire  usage  de  trois 
méthodes,  dont  l'une  est  essentiellc- 


(a)  H.  Bell,  art.  DIABÈTE  {Dictionnaire  des  éludes  médicales  j>vatiques,  i.  V,  p.  tlO). 

(b)  Willis,  PharmaceiUice  ralionalis,  tOV?,  p.  IBi. 

(c)  Dobson,  Experimcnts  and  Observalions  on  the  Urine  in  n  Diabètes  (Médical  Observ.  by  a 
Society  of  Physicians  in  London,  t.  V). 

—  T.  Cowley,  A  Singular  case  of  Diabètes  consisting  cntirehj  in  the  Quaniity  of  the  Urine 
(The  London  Médical  Journal,  1788,  t.  IX,  p.  291). 

—  Marabelli,  Memoria  su  i  principi  e  sulle  différence  dcll'urina  in  due  speite  di  diabète, 
Pavia,  1783,  p.  32. 

—  Frank,  De  curandis  hominum  inorbis,  lili.  V,  1704,  p.  39. 

(d)  Foiircroy,  Système  de  chimie,  I.  X,  p.  178. 

—  Nicolas  et  Gaudeville,   llecherches  chimiques  et  médicales  sur  le  diabète  sucré,  ou  phthi- 
surie  sucrée  {Ann.  de  chimie,  1802,  t.  XLIV,  p.  45). 

—  Dupuytren  et  Tlienard,  Méin.  sur  le  diabète  sucré  {Ann.  de  chimie,  1806,  I.  LIX,  p.  H). 

—  Bostock,    Tvjo  cases   of  Diabètes  {Trans.  of  the  Med.  Chir.  Soc.  of  London,  180(i,  t.  Vf, 
p.  237). 

—  Clievreul,  Note  swr  le  diabète  sucré  {Bulletin  de  la  Société  philoniatique,  1817,  p.  148). 

—  Henry,  Experiments  on  the  Urine  dlschargcd  in  Diabètes  mellitus(Med.  chir.  Trans.,  1817, 
t.  11,  p.  119). 

—  Péligot,  Recherches  sur  la  nature  et  les  propriétés  chimiques  des  sucres  {Ann.  de  chimie  et 
de  physique,  1837,  t.  LXVll,  p.  13G). 


/l8/i  EXCHÉTiON  luinaiul;. 

daiis  le  Ibio  cl  eiitraîiiée  par  le  torrent  de  la  circulation,  est 
alors  un  des  principes  constitutifs  de  l'urine;  mais  la  présence 
de  celte  substance  parmi  les  produits  de  la  sécrétion  rénale 
n'implique  aucune  altération  dans  la  nature  de  ce  travail  phy- 


nicnt  physique  et  les  deux  autres  re- 
posent sur  des  réactions  chimiques. 

La  première  de  ces  méthodes  a  été 
proposée  par  Biot,  et  consiste  dans  la 
constatation  du  mode  d'action  du  li- 
quide sur  la  lumière  polarisée,  soit  à 
l'aide  de  l'instrument  inventé  par  ce 
savant  physicien  (</),  soit  au  moyen 
du  saccharimètre  de  M.  Soleil  et 
du  procédé  opératoire  décrit  par 
M.  Clergei  (6). 

L'une  des  méthodes  chimiques  re- 
pose sur  l'aptitude  du  sucre  à  fer- 
menter, et  à  donner  ainsi  naissance  à 
de  l'alcool  et  à  de  l'acide  carbonique 


sous  l'influence  de  la  levure  de  bière 
ou  de  tout  autre  ferment  alcoolique. 

La  seconde  méthode  chimique  est 
basée  sur  l'action  réductrice  que  le 
sucre  exerce  sur  divers  composés 
métalliques,  tels  que  le  réactif  de 
Trommer,  ou  d'autres  préparations 
cupriques  analogues ,  employées  par 
iM.  Fohling  et  par  M.  Barreswil  (c). 
Dans  ces  derniers  temps,  la  valeur  rela- 
tive de  ces  procédés  saccharimétriques 
et  de  quelques  autres  méthodes  plus  ou 
moins  analogues,  a  été  l'objet  de  beau- 
coup de  recherches  (d). 

AI.  Briicke,  en  étudiant  le  dépôt  dont 


(a)  Biot,  Sur  Vemplui  des  caractères  optiques  comme  diaijnoslic  immédiat  du  diabète  sucré 
{Comptes  rendus  de  VAcad.  des  sciences,  1840,  t.  XI,  p.  10i!8).  —  Instructions  pratiques  sur 
l'observation  et  la  mesure  des  propriétés  optiques  appelées  rotatoires,  avec  l'exposé  succinct  de 
leur  application  à  la  chimie  médicule,  scienlilique  et  industrielle,  1845. 

(b)  Clert;(-I,  Analyse  des  substances  sacc.harifères  (Ann.  de  chimie  et  de  physique,  3*  série, 
1849,  t.  XXVI,  |>.  175j. 

—  Voyez  ;Hissi  à  cp  sujet  :  Niniliaiicr  ,  L'eber  oplischc  Harmurkcrbcstimmunij  {Archir  fiir 
physiol.  Heilk.,  1858,  t.  XI).  —  Anleitung  aur  qualitativen  und  qiiantitativen  Analyse  des 
Ilarns,  von  Ncubaiier  and  Vogel,  18:.8,  t.  I,  y.  61. 

(c)  Voyez  tome  l,  page  300. 

((/)  Poisunilli',  Ik'terminalwn  à  l'aide  de  la  fernientatiun  de  faibles  quantités  de  gtijcose  con- 
tenue dans  des  liquides  de  très  petit  volume  (Comptes  rendus  de  V Acad .  des  sciences,  \%^^, 
I.  XLVII,  p.  'JOr>  et  1058). 

—  Briicko,  Ikber  die  reducirenden  Eigeascliaficn  des  Ifarns  gesunder  Menschen  iSitiungsber. 
der  Ak  der  Wisscnsch.  x-u  ]Vien,  1858,  l.  XXVIII,  p.  508].—  Ueber  llariix-urkerproben  (Zeitschr. 
d.  Geseltsch.  der  Aerzie  zu  IViî»,  1858). 

—  Felilins-,  Die  quantitative  licstimmung  von  Ziickcr  {Ann.  der  Chemie  und  Pharm.,  1858, 
l.  CVI,  p.  75). 

—  Mnliler,  Indigo  ats  Iteagens  auf  Trauben-und  Fruchtiucker  {Archiv  fiir  die  Hollàndischen 
Ueitrdge  iur  Satur-  luid  lli'itknnde). 

—  Cil.  I.eronlc,  Sur  la  recherche  du  sucre  dans  f  urine  {Journal  de  physiologie  de  Bvown- 
Séquiirtl ,  1851),  I.  II,  p.  5'J3). 

—  WieilerhoKI,  Ueber  die  Nachweisung  des  Ziickers  im  llarn.  Goltini^nc,  1849. 

—  Loweniliiil,  Nolii  zur  t'ehling'schen  KupferWsung  (Journal  fur  prakiische  Chemie,  1859, 
I.  lAXVII,  p.  331!). 

—  Sclineyiler,  Kine  Méthode  Zucker  :iu  erkennen  {Zeitschr.  fiir  ralionellc  Médecin,  1800, 
nericht  fiiriHh'.K  p.  331). 

—  Bôilckei-,  MiHhciliuigcn  ans  dem  chcm.  Ijiboratui'inm  des  idiysiologischen  Instituts  iit 
i,»llingcn  {Zeilschrift  fur  ratinnclle  MedrJn,  1859,  t.  Vil,  i'.   128). 

-  Mialilc.  i\ote  sur  ta  recherche  du  siœrc  dans  l'urine  [Jvurnal  du  progrés,  1800). 

Fischer  mv\  C.   Bodckcr,  tUbcr   die  kïuislliclie  Darslellunij   cou  Zucker   [Zeitschr.  fur 
ynticnellc  Mediciii,  1800,  (.  X,  p.  153). 


INFLUliNCi:    UKS    CONDITIONS    BIOLOGIQUES.  /|85 

siologiqiie,  et  doit  être  considérée  seulement  coiiiine  une  consé- 
(luence  du  changement  survenu  dans  la  composition  chimique 
du  sang.  En  elTet,  chez  les  personnes  qui  sont  atteintes  de 
diabète  sucré,  on  trouve  du  sucre  dans  le  sang  (1),  et, 
ainsi  (juc  nous  le  verrons  bientôt,  on  peut  à  volonté  déter- 
miner cette  particularité  dans  la  composition  des  urines  en  pro- 
voquant une  production  surabondante  de  sucre  dans  le  Ibie  (2), 
ou  en  introduisant  arliticiellement  une  quantité  considérable  de 
cette  substance  dans  le  torrent  de  la  circulation  (3). 

Comme  exemple  de  l'apparition  de  matières  anormales 
dans  l'urine  par  suite  de  la  production  trop  abondante  de  ces 
substances  dans  l'intérieur  de  l'organisme  ou  de  leur  résorp- 


Malicrc 

coloranio 

de  la  liilc 

dans 

ruiinc. 


la  formation  a  lieudans  riirinc fraîche 
qui  a  été  prôalalilement  traitée  par  l'al- 
cool absolu  et  par  une  solution  alcoo- 
lique de  potasse,  a  été  conduit  à  con- 
sidérer le  sucre  comme  étant  un  des 
produits  normaux  de  la  sécrétion  ré- 
nale (a)  ;  mais  cette  opinion  repose 
seulement  sur  la  réduction  du  réactif 
cuprique,  et  ne  paraît  pas  être  fondée, 
car  la  réduction  de  l'oxyde  de  cuivre 
peut  être  effectuée  aussi  par  l'hypoxan- 
tliine,  l'acide  taurylique,  etc.,  dont  on 
rencontre  souvent  des  traces  dans 
l'urine  (b). 

(1)  L'existence  du  sucre  dans  le 
sang  des  diaiiétiques  avait  été  entrevue 
plutôt  que  démontrée  par  quelques 
pathologistes  du  siècle  dernier  ;  mais 
d'autres  expérimentateurs  n'étaient  ar- 
rivés qu'à  des  résultats  négatifs  dans 
leurs    recherches    pour   y    découvrir 


cette  substance ,  et  c'est  de  nos  jours 
seulement  que  le  fait  a  été  mis  hors 
de  doute  par  les  expériences  dont 
j'ai  rendu  compte  dans  une  précédente 
Leçon  (c). 

(2)  La  piqûre  du  plancher  du  qua- 
trième ventricule  de  l'encéphale , 
comme  nous  le  verrons  par  la  suite, 
détermine  une  production  abondante 
de  sucre  dans  l'organisme  et  cause 
ainsi  la  glycosurie.'.  Mais  cela  ne  dé- 
pend pas  de  l'inlluence  exercée  par  le 
système  nerveux  sur  les  reins. 

(3)  Lorsqu'on  injecte  une  certaine 
quantité  de  glycose  dans  les  veines 
d'un  Animal,  on  voit  bientôt  après  du 
sucre  apparaître  dans  son  urine.  Ce 
dernier  phénomène  peut  être  déter- 
miné aussi  par  l'ingestion  de  beau- 
coup de  sucre  dans  les  voies  diges- 
tives  {(l). 


(a)  tSriicke,  Ueber  das  Vnrkommeii  von  Zuckev  ïm  Unn  gesiinder  Menschen  {Sit^ungsberklU 
der  Akad.  der  Wissenschaften  su  Wien,  1858,  t.  XXIX,  p.  346). 

(b)  Lelmianii,  llaiulbuch  der  phtjsiûlogischen  Chemie,  1850,  y.  140. 

(c)  Voyez  tome  I,  page  l'J3. 

(d)  Cl.  Bernard,  Lcyns  sur  les  liiiuidcs  de  l'organisme,  185'J,  t.  11,  p.  *!*  etsinv. 

—  Linipert  und  Folk,   Untersuchuntjeii  ûber  die  Ausscheiduiig  des  Zachers  durch  die  Mereii 
[Avchiv  fur  patlwlogisclic  Aiiat.  und  l'hgsiol.,  1850,  I.  I.\). 


/iSO 


KXCHETION    URlNAIIJli, 


tion  quand  elles  ne  sont  pas  évacuées  au  dehors  par  les  voies 
ordinaires,  je  citerai  aussi  l'état  particulier  de  ce  liquide  dans 
la  plupart  des  cas  de  jaunisse.  En  général,  l'urine  des  ictéri- 
ques  conlient  une  quantité  plus  ou  moins  considérable  de  la 
matière  colorante  jaune  de  la  bile,  et  prend  ainsi  une  teinte 
foncée,  qui  parfois  tire  sur  le  brim  rouge.  Dans  divers  cas 
pathologiques  du  même  genre,  on  a  constaté  aussi  la  présence 
des  acides  résineux  dé  la  bile,  et  même  de  la  cholestérine,  parmi 
les  produits  de  la  sécrétion  rénale  (1). 

Quelquefois  l'urine  paraît  presque  noire,  par  siiile  de  la 
quantité  considérable  de  matières  colorantes  de  la  bile  qui  s'y 
trouvent  dans  un  état  d'altération  particulier  C"!)  ;  et  dans 
certains  cas,  ce  liquide  a  présenté  une  couleur  bleue  très 
remarquable  qui  est  due  à  l'indigo,  et  qui  résulte  de  l'excré- 
tion abondante  d'un  principe  particulier  dont  j'ai  eu  déjà  l'occa- 
sion de  parler,  et  dont  la  présence  a  été  constatée  dans  le  sang  : 
savoir  l'indican,  ou  indigogèiie,  qui  a  reçu  aussi  le  nom 
d'uroxanthine  (du). 
cysiine.  Uuc  substancc  dont  l'existence  n'a  pas  encore  été  constatée 
dans  le  sang,  mais  qui  s'y  trouve  probablement  dans  certaines 
circonstances  et  qui  est  parfois  sécrétée  par  les  reins,  de  façon 
(ju'elle  peut  se  rencontrer  dans  les  urines,  a  reçu  le  nom  de 
cystine.  C'est  un  corps  cristallisable  et  azoté  comme  l'urée, 
mais  qui  renferme  beaucoup  de  soufre  et  probablement  aussi 
du  phosphore.  Elle  est  susceptible  de  se  combiner  avec  certains 

(1)  Comme  exemples  de  la  présence  (2)  Dans   (Vautres  cas  où  Turùie 

(le  la  cholestérine  dans  Tnrine,  je  ci-  était  noire,  celte  particularité   paraît 

tcrai  des  cas  observés  réccnnneiit  par  avoir  dépendu  de  la  présence  de  beau- 

M.  Reale  chez  des  personnes  afVecléi's  coup  (rhéniatosine  altérée  et  provc- 

d'une  dégénérescence   graisseuse  des  nant  de  globules  sanguins  {h). 
reins  (a).  (3)  Voyez  ci-dessus,  page  /il9. 

(n)  Bcalc,  On  Ihe  présence  of  Cholestérine  in  Urine  [Arcliit'es  nfMeduinc,  185'.i,  I.  I,  p.  8). 
(())  Diilk,   Urine  noire  (licrzclius,   llapport  sur  Us  pro'jrés  du  la  ehimie,  présenté  en  I8i0, 
p.  330). 


INFLUENCH    DES    CONDITIONS    BIOLOGIQl  ES.  /l87 

acides  ot  paraît  devoir  être  considérée  comme  une  base 
organique  faible,  mais  son  liistoire  n'est  encore  que  très  impar- 
faitement connue  (1). 


(1)  Ce  principe  immédiat  l'ut  décou- 
vert par  Wollaston  dans  un  calcul  vé- 
sical,  et  appelé  d'abord  oxyde  calcu- 
leux  ou  oxyde  cystique  {a).  JMarcet 
trouva  ensuite  de  petites  concrétions 
de  cette  substance  dans  les  reins  (?)),  et 
Prouten  constata  la  présence  dans  l'u- 
rine, anomalie  qui  a  été  observée  éga- 
lement par  Stromeyer  et  par  M.  Ci- 
viale  (c).  Berzelius,  qui  en  détermina  la 
nature  chimique  mieux  que  ne  l'avaient 
fait  ses  devanciers,  donna  à  ce  corps  le 
nom  de  cystine  {d)  que  quelques  patho- 
logistesvoudi'aient  remplacer  par  ceux 
de  néphrine  ou  de  scordosmine.  La 
forme  des  cristaux  de  cystine  est  ca- 
ractéristique et  a  été  représentée  par 
plusieurs  auteurs  (e). 

L'existence  du  soufre  dans  ce  corps 
a  été  constatée  expérimentalement  par 
MM.  Malaguti  et  Baudrimont  (/")  ; 
celle  du  phosphore  est  rendue  présu- 
mable  par  ce  fait  que,  chauffée  dans  un 


tube,  la  cystine  donne  naissance  à  un 
gaz  qui,  au  contact  de  l'air,  s'enflamme 
spontanément  (g). 

Il  me  paraît  probable  qu'une  anoma- 
lie singulière  cjui  a  été  mentionnée  par 
quelques  auteurs,  et  qui  consiste  dans 
l'excrétion  d'une  urine  lumineuse  {h), 
pouvait  dépendre  de  la  présence  d'une 
certaine  quantité  de  cystine  en  voie  de 
décomposition.  Il  est  d'ailleurs  à  noter 
que  des  phénomènes  de  phosphores- 
cence en  apparence  analogues  se  ma- 
nifestent très  souvent  pendant  la  putré- 
faction des  Poissons  et  autres  Animaux 
marins,  et  que  dans  ce  dernier  cas 
il  paraît  être  du  à  la  décomposition 
des  niatières  organiques  phosphorées 
par  l'hydrogène  naissant  et  à  la  combus- 
tion de  la  petite  quantité  de  gaz  hy- 
drogène phosphore  qui  se  dégage 
alors  d'une  manière  lente  et  conti- 
nue (/). 

D'après  M.  Thaulow,   la  composi- 


frt)  Wollaston,  On  Cystic  Oxyde,  a  neiu  speeies   of  Urinary  Calculus  {Philos.  Trans.,  1810, 
p.  223). — De  l'oxyde  vyslique,  nouvelle  espèce  de  calcul  {Anii.  de  chimie,  1810,  t.  LXXVI,  p.  21). 
(6)  Marcel,  Op.  cil.,  p.  89. 

(c)  Prout,  An  Inquiry  mto  the  Nature  and  Treatment  ofGravel,  elc,  p.  171. 

—  Stromeyer,  Oxyde  cystique  {Ann.  de  chimie  et  de  physique,  1824,  t.  XXVII,  p.  221). 

—  Civiale,  Mém.  sur  les  calculs  de  cystine  (Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  sciences,  1838, 
t.  VI,  p.  897).  —  Traitement  médical  et  préservatif  de  la  gravelle,  1840,  p.  418. 

—  Millier  Baary,  Urin  containinfi  Cystine  {Archiv.  of  Medicine,  1859,  t.  I,  p.  134). 

(d)  Berzelius,  De  l'emploi  du  chalumeau  pour  reconiiaitre  les  calculs  urinaires. 

(e)  Donné,  Tableau  des  sédiments  des  urines,  1838. 

—  Mandl,  Anatomie  microscopique,  2*  série,  t.  1,  pi.  5,  fig.  15.  . 

—  Rayer,  Traité  des  maladies  des  reins,  t.  I,  pi.  2,  fig.  0. 

—  Robin  el  Verdeil,  Chimie  anatomique,  pi.  33,  fig.  a,  s. 

—  ■  Neubauer  und  J.  Vogel,  Anleitung  zurquantitativen  und  qualitativen  Analyse  des  Harns, 
1858,  pi.  3,  fig.  4. 

(/■)  Baudrimont  et  Malaguti ,  Observations  sur  la  Kote  de  Thaulow  {Journal  de  pharmacie, 
1838,  t.  XXIV,  p.  G33). 

{g)  Thaulow,  Sur  la  composition  de  la  cystine  (Journal  de  pharmacie,  1838,  t.  XXIV,  p.  629  ; 
—  Ann.  der  Chemie  und  Pharm.,  t.  XXXVII,  p.  193). 

{h)  Rayer,  Op.  cit.,  t.  I,  p    125. 

—  Burdach,  Traité  de  physiologie,  t.  Vlll,  p.  3C2. 

(î)  Mulder,  Natûrliches  und  kunstliches  Phosphoresciren  von  Fischen  {Archiv  fur  die  Holldn- 
dischen  Beitrage  swr  Naltir-  und  Heilkunde  vnn  Donders  und  W.  Berlin,  1860,  I,  II,  p.  398). 


/l88  EXCRÉT1U>;    LKlNAlKli. 

D'ordinaire  l'urine  ne  renferme  ni  leucine  ni  tyrosine, 
mais  dans  quelques  cas  palliologiques  ces  substances  s'y 
sont  montrées,  et  suivant  toute  probabilité  elles  prennent  nais- 
sance loin   des  reins,  dans  diverses  parties  de  l'économie 

animale  [l). 
Présence         Daus  l'état  uormal  de  l'ofganisme,  l'albumine,  qui  existe  en 

(le  l'albumine  ,  ,  i  i  i  i'       •  /^ 

dans  l'urine,  graudc  aboudancc  dans  le  sang,  ne  passe  pas  dans  1  unne.  Le 
liquide  ne  contient  d'ordinaire  aucune  trace  de  cette  substance; 
mais  dans  divers  cas  palhologiijues,  il  en  est  si  fortement 
chargé,  qu'il  devient  trouble  par  l'ébullilion  ou  par  l'addition 
d'un  peu  d'acide  azotique  (5\  Au  premier  abord,  on  pouvait 
croire  que  cette  excrétion  albumineuse  dépendait  de  quelque 
modification  dans  la  nature  de  la  matière  albuminoïde  du 
sang,  qui,  dans  l'état  normal,  ne  traverse  les  membranes  ani- 


1 


lion  élémentaire  de  Ja  cystine  serait 
représentée  par  la  formule  C'2lp2Az2 
06S<. 

(1)  MM.  Frerichs  et  Stadeler  ont 
Ironvé  beaucoup  de  leucine  ei  de  tyro- 
sine dans  l'urine,  ainsi  que  dans  tous 
les  organes,  chez  un  malade  qui  avait 
succombé  à  une  atrophie  aiguë  du 
foie  (a). 

{'2)  Pour  reconnaître  la  présence  de 
Talbumine  dans  rurine  ,  il  suffit  en 
général  de  chaufler  ce  liquide  à  7(1'^', 
car  alors  celte  sulwlance  se  coagule. 
L'addition  de  quelques  gouttes  d'acide 
azotique  détermine  aussi  la  coagula- 
tion de  l'albumine,  et  l'eau  régale 
décèle  de  la  même  manière  des  traces 
encore  plus  minimes  de  ce  corps  pro- 
téique.  Le  cyanoferrure  de  potassium 


préalablement  mêlé  à  un  peu  d'acide 
acétique  est  aussi  un  réactif  très  sen- 
sible pour  des  essais  de  ce  genre; 
mais,  de  même  que  l'eau  régale,  il 
précipite  toutes  les  matières  albumi- 
noïdes.  On  peut  employer  aussi  l'ap- 
pareil polarisatcur  appelé  albiimini-- 
mètre  (6;. 

L'existence  de  l'albumine  dans  l'u- 
rine chez  divers  malades,  particulière- 
ment des  diabétiques  et  des  hydro- 
piques, avait  été  notée  depuis  fort 
longtemps,  et  vers  le  commencement 
du  siècle  actuel  elle  fat  constatée  à 
plusieurs  reprises  (c)  ;  mais  c'est  sur- 
tout depuis  la  publication  des  travaux 
(Fun  médecin  d'Kdimbourg  nommé 
]5righl,  sur  cerlains  étais  pathologiques 
du  tissu  des  reins,  que  les  observa- 


(a)  Frerichs  und  Siiidelcr,    Weilcre  Dcilrage  3«r  Lehve  vom  Stoffwa)idel  (Mtiller's  Archiv  fiir 

Anal,  und  l'hystol.,  t85(J,  p.  47). 

(6)  A.  Vica\unf\,  licchrirhes  physiolotjiqucs  et  pathologiques  sur  Vulbimine  du  sait <j  et  des 

divers  liquides  organiques  [Archives  géiu'rales  de  médecine,  1850,  t.  XMI,  p.  52). 
((.)  Briglit,  Hejwrt s  of  médical  Cases,  I.SiT. 
—  Clirijliïon,  Observ.  on  thc  variein  cf  Drop-vj  which   dépends  on  discased  Kidney  {Ediub. 


INFLUENCK    UKS    CONDITIONS    IMOI.OGIQL'KS.  ÛoJ 

maies  qu'avec  beaucoup  de  difficulté,  et  qui,  modifiée  d'une 
certaine  manière,  ne  se  laisse  pas  arrêter  de  la  sorte  (1  ).  Mais, 
ainsi  que  nous  le  verrons  bientôt,  cette  anomalie  parait  eu 

lions  relatives  à  cette  anomalie  ont  été  la  proportion  cralbtiininc  s'élève  quel- 

])eaucoup  nuillipliées  (a).   On  donne  quefois  à  7  ou  8   millièmes  (c),   on 

quelquefois  le  nom  d'aifttfmmMne  aux  même  davantage  (d).  J'aurai  bientôt 

air^ctions  dans  lesquelles   les  urines  à  revenir  sur  les  causes  que  peuvent 

sont    chargées  d'albumine  ;    mais  ce  déterminer  le  passage  de  l'a  Ibumine 

symptôme  peut  dépendre  de   causes  du  sang  dans  les  urines  {e). 
très  variées,  et  apparaît   quelquefois  (1)  Cette  théorie  de  raibuminurie, 

sans  qu'il  y  ait  aucun   trouble  grave  qui,  au  premier  abord,  paraissait  très 

dans  l'économie  (6).  Dans  la  néphrite  séduisante,   a  été   soutenue  avec  ta- 

albumineuse,  ou  maladie  de  Bright,  lent  par  M.   Mrahle  et  par  quelques 

Med.  andSnrg.  Jnurn.,  1829,  t.  XWII,  p.   20-2).  —  On  Granulav  Degencvescence  of  Ihe  Ktd  ■ 
neys,  1839.  . 

—  Mac  GvcgoT,  On  diseased  states  ofthe  Kidiieij  coiinected  during  life  vith  Albummous  Uniie 
{Kdinb    Med.ândSurg.  Joiini,  l8'M,l.\\\\'U,p.  bi). 

—  Tissot,  De  l'hydropisie  consce  par  l'affection  granuleuse  des  reins,  lliôso.  Pans,  1833. 

—  Sabalier,  Considérations  et  observations  sur  ihydropisie  symptoinatiqne  d'une  lésion  spé- 
ciale des  reins  {Arch.  gén.  de  méd.,  2"  série,  18;!4,  t.  V,  p.  333).  .. 

—  l)c>ir.  Delà  présence  de  l'albumme  dans  l'urine,  considérée  comme  phénomène  et  comme 
signe  dans  les  maladies,  ilièse.  P:iris,  1835. 

—  Mai-liii-Solon,  De  l'albuminurie,  1838. 

—  P.ayer,  Traité  des  maladies  des  reins,  1840,  t.  II,  p.  97  et  suiv. 

—  Ayres,  Conirib.  to  Chemical  Pathnlogy  (The  Laiicel,  1845,  t.  11,  p.  121). 

—  A.  Bccffiiorcl,  Sémiotiqne  des  urines,  1841 ,  p.  445  et  siiiv. 

—  Stiiart  Cooper,  De  iurine  des  albuminnriques,  llièse.  Paris,  1840. 
--Fr.  Simon,  Animal  Chemisirg.  t.  Il,  p.  208. 

—  Miller,  On  Scarlatinal  Albuminurie  [The  Lancet,  1849,  t.  I,  p.  127). 

—  Frcrichs,  Die  lirighVsche  Nieren-Krankluit.  BriinseliWc'iif,  1  851 . 

—  Heller,  l'athologische  Cliemie  des  Morbus  Brigiui  (Archiv  ftir  phijs.  und  path.  Chemce  und 
Mikroscopie,  1845,  t.  II,  p.  173  et  suiv.).  —  Ueber  dus  Albumin,  Bestandlheil  des  Harns  in 
KrankheUen  {Arch.,  1852,  t.  V,  p.  253). 

—  Walshe,  Lectures  on  Clinical  Medicine  (The  Lancet.  184'J,  t.  I,  p.  415  et  suiv.). 

-  Vogt,  Semiotik  des  menschlichen  Urins,  2°   vol.   de  l'ouvrage   de  Neubauer  et  Vogel  sur 
l'analyse  de  l'urine,  1858. 

{a)  Coiugui,  De  ischiade  nervosa  commentarius,  1770,  p.  24. 

—  Cruiksliaiik,  dans.  P.oUo,  Two  cases  of  Diabètes,  1798,  p.  443. 

—  Nicolas  et  Cauileville,  Recherches  chimiques  et  médicales  sur  le  diabète  sucré,  ou  phthisiirie 
sucrée  [Ann.  de  chimie,  1802,  t.  Xt.IV,  p.  45).  . 

—  Branile,  An  Account  of  some  Cliani,es  Irom  Disease  in  ihe  Composition  of  human  brine 
{Trans.  of  a  Soc.  for  the  improvement  of  Med.  and  Chir.  Knowledge,  t.  111,  p.  187). 

—  Dupuylren  etTlienard,  Mémoire  sur  le  diabète  sucré  (Ann.  de  chimie,  1800,  t.  LIX,  p.  41). 

—  Nysien,  Recherches  de  physiologie  et  de  chimie  pathologiques,  1811,  p.  250  et  suiv. 

—  Thompson,  Système  de  chimie,  1818,  t.  IV,  p.  015. 

—  Parkes,  On  the  Composition  of  Urine  in  Health  and  Disease,  1800. 

(b)  Rayer,  Traité  des  main dies  des  reins,  t.  II,  p.  504  et  suiv. 

—  Fiiiger,  Recherches  statistiques  sur  l'albuminurie  qui  n'est  pas  liée  à  une  maladie  des 
reins  (Arch.  gén.  de  méd  ,  1848,  l.  XVII,  p.  358). 

(c)  Gorup-Besanez,  Ueber  ein  eigenthiimliches  Yerhallen  des  .Mbumins  im  llarn  [ArchiV  fur 
physiol.  und  path.  Chemie  und  Mikrosc,  18V0,  t.  III,  p.  10). 

(d)  A.  Becquerel,  Op.  cit.,  p.  509. 
(e\  Voyez  ci-après,  page  498. 


Existence 
de  malières 

grasses 
dans  l'urine. 


/i90  EXCRÉTION    UlUNAlRi:. 

géiu'ral  dépendre  seulenienl  d'iiiie  cause  mécanique;  elle  peut 
être  déterminée  à  volonté  par  le  seul  fait  de  l'augmentalion 
de  la  pression  sous  laquelle  le  sang  circule  dans  les  artères 
rénales,  et  d'ordinaire  elle  tient  à  des  altérations  pathologiques 
du  tissu  sécréteur  des  glandes  urinaires  par  suite  desquelles 
celui-ci  cesse  de  mettre  un  obstacle  à  la  transsudation  du  sérum 
du  sang. 

Les  matières  grasses  ne  passent  que  rarement  du  sang  dans 
les  urines  (1),  et  c'est  aussi  des  désorganisations  de  la  sub- 
stance des  reins  que  dépend  leur  apparition  dans  ce  dernier 
liquide  ;  je  ferai  remarquer  cependant  que  dans  qirelques  cas 
elles  y  sont  devenues  si  abondantes,  que,  par  suite  de  cette  cir- 
constance et  de  l'excrétion  de -matières  albuminoïdes,  l'iunne 
a  offert  un  aspect  laiteux  (2). 


autres  médecins,  qui  considèrent  la 
transformation  de  rall)umine  ordinaire 
en  albuminosc,  albumine  caséiforme 
ou  albumine  modiliée,  comme  étant  la 
condition  nécessaire  pour  le  passage 
(le  cette  matière  du  sang  dans  les 
urines  [a). 

(1)  D'après  une  série  d'expériences 
faites  à  ce  sujet  par  M.  Lang,  à  Dor- 
pal,  1.1  ([uantité  de  matières  grasses 
contenues  dans  les  urines  normales  a 
été  estimée  entre  0,077  et  0,'200  pour 
100  {!>}. 

(2)  Les  patbologisies  ont  donné  le 
nom  tVurine  chyleuse  ou  (Turine  lai- 
teuse aux  urines  rendues  opaques  et 
blancbàtres  par  des  malières  grasses 


et  albuminoïdes  à  Tétat  d'émulsion  ou 
de  globules,  qu'elles  tiennent  en  sus- 
pension (c).  Quelques  auteurs  ont  at- 
tribué cette  anomalie  au  passage  du 
chyle  dans  les  voies  urinaires,  et  l'on  a 
remarqué  que  la  quantité  de  malières 
émulsionnéesqui  se  trouvent  éliminées 
de  la  sorte  augmente  notablement  à 
la  suite  des  repas;  mais  la  présence 
de  la  graisse  dans  Turine  ne  paraît 
pas  dépendre  toujours  de  l'existence 
d'un  excès  de  principes  gras  dans  le 
sang,  et  peut  résulter  d'un  état  mor- 
bide des  reins  (</).  (juani  à  la  nalmc 
précise  de  la  substance  albuminoïde 
qui  donne  aux  urines  ce  caractère  par- 
ticulier, on  ne  sait  rien  de  bien  satis- 


(a)  Mialile,  Cliimie  aj)pUquée  à  la  physiologie  el  à  la  thérapeutique,  1855,  p.  ICI  et  suiv. 

(b)  Lang,  Ile  adipe  m  urina  et  renibus  hominum  bcne  valentium  contento.  Dorpat,  1852 
(Canstall's  ,/fl;i?'t'4i;(Tir/i/  fur  1852,  t.  I). 

(c)  Voyez  lîaycr,  Hevue  critique  des  principnles  ohservalions  faites  en  Europe  sur  les  urines 
chyleuscs,  albumino-ijra'SiCuxes,  diahciiques,  laiteuses,  liuilcuses  et  graisseuses  {l Expérience , 
1838,  p.  657). 

((/)  l'iout.  An  Inquiry  into  Ihe  Nature  and  Trealnient  of  Diabètes,  etc.,  p.  39. 

—  Rayer,  Op.  cit.  {l'Expérience,  1838,  p.  ()62). 

—  lieiire  Jones,  On  so-callcd  Chijlous  Vrine  (Philos.  Trans.,   1850,  p.  051). 


RAPIDITÉ    DI-:    L\    SÉCRÉTION. 


491 


c  41.  La  puissance  avec  Inquelle  les  reins  enlèvent  au      Rapidité 

Je  la  sécrclioii 

sang  les  diverses  substances  dont  je  viens  de  parler  et  les  ex-  minaiie. 
puisent  du  corps  est  très  grande,  et  en  général  le  phénomène 
parait  commencer  presque  aussitôt  que  le  fluide  nourricier, 
chargé  de  la  matière  excrémentitielle,  arrive  dans  les  vaisseaux 
rénaux.  Ainsi,  (juand  on  injecte  du  ferrocyanure  de  potassium 
dans  les  veines  d'un  Chien  ou  d'un  Cheval,  il  sutTit  de  quel(]ues 
secondes  pour  que  le  réactif  se  montre  dans  le  tissu  sécréteur 
des  reins,  et  souvent,  en  moins  d'une  minute,  ces  matières 
sont  excrétées  en  quantité  suftisanles  pour  être  reconnaissables 
dans  l'urine  en  liberté  dans  le  bassinet,  ou  même  dans  les  ure- 
tères. ' 


faisant.  Plusieurs  physiologistes  la 
considèrent  comme  étant  de  la  ca- 
séine (a).  Mais  ,  ainsi  que  l'a  fait  re- 
marquer avec  raison  M.  Lehmann,  le 
diagnostic  de  ce  principe  protéique  est 
si  difficile  à  préciser,  qu'on  ne  saïuait 
accorder  grande  contiancc  à  cette  dé- 
termination (6)  ;  et  il  est  à  noter  que 
parfois  lés  corpuscules  en  question 
sont  formés  d'une  matière  qui  paraît 
différer  de  toutes  les  substances  albu- 
minoïdes  observées  ailleurs  ;  par  exem- 
ple, dans  un  cas  fort  curieux  observé 
par  M,  Bence  Jones  (c). 

Les  matières  grasses  ne  se  montrent 
que  rarement  en  quantité  notable  dans 
l'urine  non  albumineuse,  à  moins  que 
ce  ne  soit  par  suite  du  mélange  de  ce 


liquide  avec  les  produits  fournis  par 
les  glandules  des  organes  génitaux  ex- 
ternes de  la  Femme.  Les  anciens  pa- 
thologistes  ont  souvent  donné  le  nom 
d'urines  graisseuses  à  celles  qui  se 
recouvrent  promplement  d'une  pelli- 
cule mince  et  irisée  ;  mais  c'est  à  tort 
qu'on  a  considéré  cette  matièrecomme 
étant  formée  par  de  la  graisse  :  elle,  est 
due  à  la  putréfaction,  et  se  compose, 
comme  je  l'ai  déjà  dit,  de  cristaux 
microscopiques  de  phosphates  ammo- 
niaco-magnésiens  et  calcaires  mêlés  à 
des  nnicédinées  (d).  Dans  quelques  cas 
de  dégénérescence  du  tissu  des  reins, 
on  a  observé  cependant  des  goutte- 
lettes de  matières  grasses  dans  les 
urines  {e). 


(a)  Pei-soz,  Examen  d'une  urine  laiteuse  {Journal  de  chimie  médicale,  1828,  i.  IV,  p.  5G). 

—  Lutrand,  Urine  laiteuse  [Journal  des  connaissances  médicales,  2»  s«rie,  t.  UI,  p.  379). 

—  Boucliardat,  Urine  dite  laiteuse  (Journal  des  connaissances  médicales,  1842,  t.  X,  p.  329). 
(h)  Lelimann,  Lehrbuch  der  phijsioloijisclien  (Jiemie,  t.  11,  p.  372. 

(c)  B.  Jones,  On  a  new  Substance  occurring  in  Urine  ofa  patient  witli  mollities  ossium  {Philos. 
Trans.,  1848,  p.  55). 

{d}  Vojez  ci-dessus,  page  436  et  suiv. 
(e)  r^ayer,  Op.  cit.  [l'Expérience,  1838). 

—  EUiotson,  On  the  Discharge  of  Fatty  Matters  from  thc  alimentary  and  urinary  passages 
(Med.  chir.  Trnns.,  1832,  l.  XVIll,  p.  80j. 

—  GoldingBird,  Remarks  on  Fatty  Urine  {londnn  Médical  Galette.  1843,  I.  XXXllI,  p.  1  I  0). 


/|92  EXCRi-TlON    rniNAlRE,  , 

Des  expériences  analogues  ont  été  (\iites  sur  l'Homme,  et  elles 
montrent  aussi  que  l'excrétion  des  matières  étrangères  par  les 
voies  urinaires  peut  se  faire  avec  une  grande  rapidité.  Atin 
d'éviter  les  causes  d'erreur  dépendantes  du  séjour  plus  ou  moins 
long  de  l'urine  dans  la  vessie,  on  a  opéré  sur  des  individus  où 
ce  sac  membraneux  était  renversé,  et  où,  par  conséquent,  les 
uretères  débouchaient  au  dehors  ;  mais  comme  on  ne  pouvait 
pas  introduire  directement  dans  le  torrent  de  la  circulation  le 
réactif  dont  on  se  proposait  de  constater  l'apparition  dans  les 
urines,  et  qu'il  fallait  en  déterminer  l'absorption,  soit  par  l'es- 
tomac, soit  par  (jnelque  autre  voie,  ce  qui  nécessitait  un  temps 
variable  et  impossible  à  mesurer  exactement,  les  résultats  ob- 
tenus furent  moins  nets  (pie  dans  les  reclierches  sur  les  Ani- 
maux. 

Les  différences  qui  existent  sous  ce  rapport  dépendent  en 
partie  de  la  rapidité  plus  ou  moins  grande  avec  laquelle  les 
matières  étrangères  sont  absorbées  ;  mais  elles  sont  dues  aussi 
en  partie  au  degré  de  facilité  avec  laquelle  les  reins  s'emparent 
de  ces  substances  et  les  séparent  du  sang  pour  les  verser  au 
dehors,  phénomène  dont  la  rapidité  varie  suivant  la  nature  de 
celles-ci.  En  effet,  il  y  a  des  matières  (pii  ne  passent  que  lente- 
ment du  torrent  delà  circulation  dans  les  voies  urinaires,  et  qui 
restent  longtemps  dans  le  sang  avant  d'être  complètement  éli- 
minées de  la  sorte,  tandis  que  d'autres  s'échappent  jiar  cette 
voie  avec  une  grandie  rapidité, 
innuence         §  ^5-  —  Divcrs  faits,  dont  j'ai  déjà  eu  l'occasion  de  faire 

(te  la  prossion 

arlorielle 
sur  la  sécrétion 

térieur  des  glandes  urinaires  doivent  exercer  une  grande  in- 
iluencc  sur  la  manière  dont  ces  organes  opèrent  la  sécrétion 
qu'ils  sont  chargés  d'opérer.  Effectivement  il  en  est  aiiisi,  et 
cette  circonstance  nous  permet  de  nous  rendre  compte  de  plu- 
sieurs particidarités  de  riiistoire  de  cette  fonction  éliminatricv. 


,,„.,ieiie     mention  en  passant,  semblent  indiquer  que  les  conditions  phy- 
urina.ic.     slqucs  dans  lesquelles  la  circulation  du  sang  s'effectue  dans  l'in- 

8-1 


liNFLlIliNCK    DE    LA    P'IESSIOX    DU    SA^C.  [i9'6 

En  éliidiant  les  |)liéiiomèncs  do  transsudation,  nous  avons     imiiitiMe 
Vil  (]uc  la  j)ression  exercée  par  le  sang  contre  les  parois  des  cette  pression 

,  sur 

vaisseaux  influe  beaucoup  sur  la  rapidité  avec  laquelle  la  partie    u  quantité 

^  .  d'urine 

lluide  de  cette  humeur  iiltre  à  travers  ces  niemes  fjarois  et  se  sécrétée. 
répand  dans  les  cavités  circonvoisines  (1).  Nous  pouvons  donc 
prévoir  que  l'eau  plus  ou  moins  chargée  de  malières  salines 
et  organiques,  qui  fait  partie  du  sérum  et  qui  chemine  dans  les 
vaisseaux  capillaires  des  reins,  doit  s'épanclier  de  la  môme  ma- 
nière, et  passer  dans  les  tubes  nrinileres  en  quantité  d'autant 
[>lus  grande  que  la  pression  à  laquelle  ce  liquide  s'y  trouve 
soumis  sera  plus  considérable.  Or,  la  quantité  d'm^ne  excrétée 
en  un  temps  donné  paraît  dépendre  principalement  delà  quan- 
lilé  d'eau  qui  arrive  de  la  sorte  dans  les  voies  urinaires,  et, 
par  consé(juent,  le  degré  d'activité  sécrétoire  des  reins  doit 
être  en  partie  subordonné  à  la  pression  plus  ou  moins  grande 
que  le  courant  circulatoire  éprouve  dans  le  système  capillaire 
rénal.  Les  résultats  fournis  par  les  expériences  directes  et  par 
l'observation  de  beaucoup  de  laits  journaliers  sont  générale- 
ment en  accord  complet  avec  ces  conclusions. 

Ainsi,  on  peut  diminuer  brus(|uement  la  pression  du  sang 
sur  les  parois  des  artères,  soit  en  diminuant  la  quantité  de  ce 
liquide  qui  circule  dans  l'économie,  ou  en  lui  permettant  de 
s'écouler  librement  au  dehors  par  l'ouverture  d'une  veine,  soit 
en  affaiblissant  les  contractions  du  cœur  qui  le  lancent  dans  le 
système  des  canaux  irrigatoires.  Or,  dans  l'un  et  l'autre  cas, 
on  diminue  en  même  temps  la  quantité  d'urine  excrétée  par  les 
reins.  M.  Goll  (de  Zurich)  a  fait  beaucoup  d'expériences  qui 
mettent  bien  en  évidence  cette  coïncidence  entre  la  diminution 
de  la  pression  sanguine  et  le  ralentissement  de  la  sécrétion  ui'i- 
naire  (2);  mais  je  citerai  de  préférence  des  faits  du  môme  ordre 


(1)  Voyoz  lonie  IV,  page  AOo.  !)li('ps  on  tS5/i,  furont  Piitropiisespoiir 

(2)  Los  rorlifiTlies  ûo  M.  C.oll.  pu-       coiili-ôliM-  les  vîtes  de  M.  Liidwig  sur 

vu.  oj. 


[x9[\  EXCRÉTION    IRlNAIRi:. 

qui  ont  été  constatés  par  M.  VA.  Bernard,  parce  que  cliaciin  de 
nous  a  pu  en  être  témoin. 

Dans  une  des  expériences  faites  sur  des  Chiens,  au  Collège 
de  France,  la  pression  artérielle  était  de  i'èli  millinfiètres,  et  le 
poids  de  l'urine  sécrétée  s'élevait  à  9  grammes  par  minute. 
On  pratiqua  à  la  jugulaire  une  saignée  (pii  tlt  tomber  la  pression 
jl9  millimètres,  et  en  même  temps  la  quantité  d'urine  excrétée 
descendit  à  o  grammes  par  minute  (1). 

En  affaiblissant  ou  en  suspendant  momentanément  les  con- 
tractions du  cœur  par  l'effet  de  la  galvanisation  de  l'extrémité 
inférieure  des  nerfs  pneumogastriques  préalablement  divisés, 
on  fait  (omber  encore  plus  bas  la  pression  artérielle,  et  en  même 
lem|»s  on  diminue  davantage  l'excrétion  urinaire  ('2). 


le  m(?canisme  de  la  sécrétion  urinaire, 
et  elles  fourairent  plusieurs  résultats 
intéressants.  Ainsi,  dans  une  de  ces 
expériences  faites  sur  un  Chien  portant 
une  fistule  urinaire,  la  pression  arté- 
rielle était  de  13(J,7,  et  la  quantité 
d'urine  excrétée  en  une  demi-heure 
s'élevait  à  iôf",27.  On  pratiqua  une 
saignée  :  la  pression  tomba  à  1130,0 
et  la  quantité  d'urine  excrétée  pendant 
le  même  laps  de  temps  n'était  plus 
que  de  108'-,'23  (fl). 

(1)  Les  expériences  dont  il  est  ici 
question  lurent  faites  en  1S58  (6). 

(2)  Ainsi,  choz  l'Animal  dont  il  a 
déjà  été  question,  M.  Goll  paralysa 
de  la  sorte  les  mouvements  du  cœur, 
et  \it  la  pression,  qui  éiait  déjà  des- 
cendue de  13Zi  à  129  par  l'influenie 
de  la  saignée,  tomber  à  105,7.  Or,  la 
quantité  d'urine  qui  avant  la  saignée 


était  de  15  grammes,  et  qui  était  ré- 
duite à  10  par  cette  opération,  ne 
fut  plus  que  de  2,7  pendant  la  du- 
lée  de  la  galvanisation  des  pneumo- 
gastriques. Je  dois  faire  repiarquer 
cependant  que  cet  efTet  n'est  pas  con- 
stant, et  que  dans  l'expérience  n°  2 
du  même  auteur  ou  ne  l'observa 
pas  (c). 

Dans  une  expérience  analogue,  faite 
par  M.  Cl.  iJernard,  la  diminution 
dans  la  pression  artérielle,  obtenue  par 
la  galvanisation  des  tronçons  périphé- 
riques des  nerfs  pneumogastriques,  lut 
dans  le  rapport  de  100  à  135,  et  la 
quandté  d'urine  sécrétée,  qui  était  de 
10  grammes  avant  l'arrêt  des  mouve- 
ments du  cœur,  ne  fut  plus  que  de 
*2ï',o  pendant  la  durée  de  ce  phéno- 
mène (d). 

Au  moment  de  mettre  cette  feuille 


(a)  Goll,  Ueber  den  Einfluss  des  Bliitdrucki\<i  aufdie  Harnabsonderung  [Zeitschrift  fur  ratio- 
nellc.  Mediiin,  i'  séiio,  1854,  t.  IV,  p.  89). 

(b)  Cl.  Bernard,  Leçons  skv  }es  liquides  de  l'organisme,  1859,  I.  II,  p.  150. 
{Cl  Coll,  Op.  cit.  {Zciischr.  liir  rai.  Med.,  1854,  i.  IV,  p.  8i)). 

(d)  Cl    lÎPinard,  (}{).  cit.,  (,  11,  p.' 257. 


INFLUENCE    DE    LA    PRESSION    DU    SANG.  ^95 

Si,  au  contraire,  la  pression  sanguine  vient  à  augmenter,  on 
voit  un  changement  correspondant  se  manifester  dans  la  sécré- 
tion rénale  :  la  quantité  de  liquide  excrété  dans  un  temps  donné 
devient  en  général  plus  considérable.  Ainsi,  quand  on  inter- 
rompt le  passage  du  sang  dans  plusieurs  des  gros  troncs  arté- 
l'iels  situés  en  aval  de  l'embouchure  des  artères  rénales,  on 
détermine  une  poussée  plus  forte  du  liquide  en  circulation 
dans  ces  derniers  vaisseaux,  et  en  général  on  remarque  en 
même  temps  une  augmentation  dans  le  flux  de  l'urine  (1). 

Des  effets  analogues  peuvent  être  produits  par  l'augmen- 
tation de  la  quantité  du  sang  en  circulation  :  ainsi,  dans  les 
expériences  de  M.  Cl.  Bernard,  de  même  (|uc  dans  celles  de 
M.  Goll,  la  transfusion  a  déterminé  une  certaine  accélération 
dans  la  marche  de  l'excrétion  urinaire  ("2). 

La  poussée  latérale  du  sang  contre  les  parois  des  artères 
augmente  pendant  le  travail  de  la  digestion  ;  par  conséquent,  si 


sous  presse,  j'ai    appris  qu'en   dé-  oblitérés,  la  pression  s'éleva  à  lZi2,  et 

cenibrel861,  M.  IJermann  avait  pré-  la   quantité  d'urine  excrétée  dépassa 

sente  à  l'Académie  de  Vienne  un  non-  *21  grammes.  On  ôta  alors  les  ligatures, 

veau  travail  sur  ce  sujet ,  et  qu'en  ce  qui  fit  descendre  la  pression  à  121 

comprimant  l'artère  rénale  d'un  Ani-  et  réduisit  la  quantité  d'urine  à  128'  ,5 

mal  à  l'aide  d'une  pince,  il  avait  lou-  pour  trente  minutes  (6).  Mais  je  dois 

jours   vu  la  sécrétion   urinaire  aug-  ajouter  qu'en  cherchant  à  obtenir  une 

menter  ou  diminuer  en  raison  directe  augmentation  de  pression  plus  considé- 

dc  la  pression  hémostatique  (a).  rable  au  moyen  de  ligatures  plus  multi- 

(1)  Dans  une  expérience  de  ce  genre  pliées,  ce  physiologiste  vit  la  sécrétion 

faite  par  M,  Goll,  la  pression  artérielle  urinaire  se  ralentir, 
était  de  j  27  et  la  quantité  d'urine  ex-  (2)   Dans  une    des  expériences  de 

crétée  de  S^',7  pendant  la  demi-heure  :M.  Goll,  la  sécrétion  urinaire  était  de 

qui  précéda  la  ligature  des  artères  ;  2  à  3  grammes  avant  la  saignée,  et  fut 

pendant  la  demi-heure  durant  laquelle  réduite  à  O^^S  par  cette  opération  ; 

ces  troncs  vasculaires  situés  en  aval  de  puis  s'éleva  à  12,2  par  l'eflel  de  la 

l'embouchure  des  artères  rénales  furent  transfusion  (c). 


(a)  Horraaiin,  De  l'influence  de  la  pression  du  sang  sur  la  S(?eréHon  urinaire  {l'InstUvI 
•■2  août  18(J2). 
(6)  Goll,  Op.  cit.  (Zeitschr.  fur  rat.  Med.,  t.  IV,  i>.  9G). 
(c)  (Joli,  Op.  cit..  [Zeitschr.  fiir  rat.  Med.,  t.  IV,  p.  93). 


/|96  EXCRÉTION    L'KlN.VMiE. 

toutes  choses  sont  égales  d'aillcLirs,  la  sécrétion  urinaire  doit  être 
plus  active  durant  cette  période  que  chez  l'individu  à  jeun. 
C'est  eflcctivcment  ce  qui  s'ohserve  chez  l'Homme  aussi  hien 
que  cliezles  Animaux (1),  et  l'augmentation  de  la  pression  ar- 
térielle, qui  est  une  conséquence  de  l'absorption  des  boissons, 
est  certainement  la  principale  cause  de  l'abondance  avec  laquelle 
les  urines  sont  excrétées  peu  de  teuips  après  l'ingeslion  des 
liquides  dans  l'estomac. 

I.a  connaissance  de  ces  faits  nous  permet  de  concevoir  com- 
ment la  structure  anatomique  des  reins  donne  à  ces  glandes  une 
puissance  sécrétoire  très  grande.  Nous  avons  vu  précédemment 
qu'une  sorte  de  rele  mirabUe,  logée  dans  la  j)ortion  ampulli- 
forme  de  chaque  tube  uriiiiiere,  constitue  le  glomérule  malpi- 
ghien,  et  se  con)i)Ose  de  vaisseaux  sanguins  dont  les  parois  sont 
d'une  ténuité  extrême,  et  par  conséquent  très  j)erméables.  Or, 
M.  Ludwig  a  fait  remarquer  que  l'artère  dont  naît  chacun  de 
ces  giomérules  a  un  calibre  plus  fort  que  la  veine  qui  y  fait 
suite,  et  (pi'il  résulte  de  cette  disposition  que  le  courant  doit 
subii*,  dans  ces  capillaires,  un  certain  retai'd  dans  sa  marche, 
retard  dont  la  conséquence  nécessaire  est  une  augmentation 
de  la  poussée  exercée  par  le  sang  contre  les  parois  délicates 
de  ces  mêmes  vaisseaux.  Il  y  a  donc  dans  chacun  de  ces 
giomérules  un  mode  d'organisation  singulièrement  faxorable 
;'i  l'établissement  d'une  lillratiitn  rapide  des  liquides  en 
circulation  à   travers   les    parois    vascidaires  ,  et  les  liquides 


(1)  Ainsi,  cliez  iiu  Cliien  à  jeun  (ioiil 
les  deux  tirolèrcs  avaient  été  mis  à  nu 
pour  rccucillii  l'urine,  on  trouva  que 
la  ([uaulilé  de  ce  li(|uide  évacué  eu 
luie  minute  était  de  0«%8,  et  que  la 
pression  arlériellc  n'était  que  de  76"""  ; 


tandis  que  chez  un  autre  Chien  en 
pleine  digestion  la  pression  artérielle 
était  de  lo/i""",  et  la  quantité  d'urine 
rendue  en  une  minute  était  de  9  gram. 
Ces  résultats  n'ont  pas  besoin  de  com- 
mentaire ((t). 


(a)  Cl.  Bernant,  Leçons  xnr  les  prupridU'x  physioh)oi(pies  et  lex  nlléralions  pallioloijumes  des 
UquUlex  (le  t'orijanismi',  18r>!i,  t.  11,  ]i.  ^:>:^. 


INFLUENCE    DE    LA    PRESSION    DU    SANG.  /i97 

(jiii  s'cxtravasent  de  la  sorte  tombent  dans  l'intérieur  de  la 
cavité  des  tubes  urinifères,  où  ils  conlribueiit  à  Ibrnier 
l'urine  (1). 

Les  variations  dans  la  pression  exercée  par  le  sang  sur  les     innucKe 

(le 

parois  des  vaisseaux  capillaires  des  reins  paraissent  induer  sur  ceitc  pressiou 

sur 

la  composition  de  l'urine  aussi  bien  que  sur  la  quantité  cl  le  la compositiou 
degré  de  concentration  de  ce  liquide.  En  etïet,  quand  cette 


(1)  M.  Ludwig  a  basé  sur  ces  con- 
sidérations une  tliéorie  mécanique  de 
la  sécrétion  urinairo,  qui  au  premier 
abord  paraît  très  plausible,  mais  qui 
ne  me  paraît  pas  être  en  accord  avec 
Tensemblc  des  faits  connus.  Ce  phy- 
siologiste éminent  pense  que  celte  sé- 
crétion est  simplement  le  résultat  d'une 
filtration  du  sérum  du  sang  à  travers 
les  parois  des  vaisseaux  capillaires 
des  gloniérulos  malpigliicns,  liltralion 
par  laquelle  ce  liquide  se  trouverait 
dépouillé  de  ses  matières  albuminoïdes 
et  n'eniporterait  avec  lui  dans  les  voies 
urinaires  que  les  sels,  Turéc,  et  les 
autres  substances  complélemenl  so- 
lubles  dont  il  serait  chargé.  Les  pro- 
duits de  celte  transsudalion  seraient 
ensuite  plus  ou  moins  concentrés  pat- 
reflet  de  la  résorption  d'une  certaine 
quantité  d'eau  à  mesure  que  l'urine 
cheminerait  dans  les  canalicules  des 
reins  (^0- 

On  cile,  à  l'appui  de  ces  vues,  les 
résultats  tournis  par  les  exjjéritnces 
dans  lesquelles,  au  moyen  de  la  liga- 
ture de  rurclère,  on  produil  une  ac- 
cumulation de  liquide  dans  les  voies 
urinaires,  et  l'on  délernu'ne  par  consé- 
quent  une   contre-pression    qui    doit 


tendre  à  ralentir  le  passage  de  l'eau 
des  vaisseaux  sanguins  dans  les  cana- 
licules rénaux,  et  à  activer  la  résorption 
des  liquides  contenus  dans  ces  derniers 
tubes.  Effectivement,  dans  ces  circon- 
stances, l'urine  devient  plus  riche  en 
urée  et  en  chlorure  de  sodium  que  ne 
l'est  celle  qui  est  sécrétée  en  même 
temps  par  l'autre  rein  dont  le  canal 
excréteur  est  resté  libre  [b). 

M.  Hermann  (de  Vienne)  a  trouve 
aussi  que  la  substance  de  la  glande 
rénale  ne  contient  que  peu  d'urée  quand 
la  contre-pression  a  été  établie  de  la 
sorte  pendant  un  certain  temps,  bien 
que,  dans  le  tissti  du  rein  opposé  dont 
les  fonctionsn'avaienl  pas  été  troublées, 
la  proportion  d<',  cette  matière  excré- 
mentitielle  fut  considérable.  Mais  ce 
résultai  n'a  pas  toute  la  portée  qu'on 
serait  disposé  à  y  attribuer  au  pre- 
mier abord,  car  la  pression  que  l'u- 
rine enq:)risonnée  de  la  sorte  exerce 
sur  la  surface  externe  des  vaisseaux 
sanguins  des  glomérides  doit  gêner 
beaucoup  le  cours  du  sang  dans  ces 
capillaires  ,  et  par  conséquent  di- 
minuer d'autant  l'arrivée  de  l'urée 
dont  le  tissu  sécréteur  de  l'organe  se 
charge. 


{a)  l,ml\viy,  Sienn-rnid  llnrubcrciluiKj  (\Vai;noi's  llaitdwurlcrbucli  dcr  rinjsiologie,  t84i, 
1.  Il,  p.  C)^";. 

(i)  Miix.  Herni:inii  ,  Vcrijkichinnj  îles  Ikinis  nus  den  beidcii  ijlcichxcilig  Ihutujcii  Nlcrc», 
{SUiunijsbenihl  dcr   Wiciicr  Akiid.,  ISb'J,  l.  NX.WI,  p.  oi'J). 


/i98  KXCRÉTION     URINAIRK. 

pression  augmente  jiisqu'ù  un  certain  point,  on  voit  l'albumine 
du  sérum  passer  dans  les  voies  urinaires  avec  les  autres 
matières  que  le  sang  abandonne  pendant  son  trajet  dans  les 
vaisseaux  rénaux.  On  peut  s'en  assurer  en  augmentant 
brusquemeni  le  volume  des  liquides  en  circulation  dans  l'or- 
ganisme, ou  en  augmentant  la  pression  à  l'aide  de  moyens 
mécaniques  qui  n'influent  en  rien  sur  la  composition  du 
sang  (1).  On  sait  aussi  que  chez  les  femmes  enceintes  la  pres- 
sion exercée  par  l'utérus  trouble  la  circulation  de  façon  à  aug- 
menter la  tension  du  sang  artériel  dans  les  parties  adjacentes 
du  tronc  (2),  et  l'on  a  remarqué  aussi  que  souvent,  dans  les 
derniers  temps  de  la  gestation,  les  urines  se  chargent  de  ma- 
tières albuminoïdes  (3). 


(1)  IMagendie  a  vu  que  ralbiimine 
passe  dans  les  urines  toutes  les  ibis  que 
chez  un  Animal  vivant  on  injecte  une 
certaine  quantité  d'eau  dans  les 
veines  (a).  Le  même  fait  a  été  con- 
staté plus  récennnent  par  M.  Kierulf; 
mais,  d'après  une  des  expériences  de 
ce  dernier  physiologiste  ,  on  devait 
être  disposé  à  croire  que  ralbiuninurie 
était  due  à  l'altération  produite  dans 
la  constitution  du  sang  par  l'injec- 
tion de  l'eau  plutôt  qu'à  l'augmenta- 
tion de  la  quantité  du  liquide  en  cir- 
culation (6). 

(2)  Une  expérience  de  M.  Meyer  fait 
pencher  en  faveur  de  la  première  de 
ces  hypothèses,  et  montre  que  l'aug- 


menlation  de  la  pression  artérielle  peut 
suffire  pour  produire  l'albuminurie. 
Effectivement,  par  des  ligatures  placées 
tantôt  sur  l'aorte,  au-dessous  de  l'ori- 
gine des  artères  rénales,  tantôt  sur  une 
partie  du  système  veineux  efférent 
des  reins,  ce  physiologiste  a  augmenté 
la  poussée  du  sang  dans  ces  organes 
ou  dans  l'un  d'eux  seulement,  et  il  a 
trouvé  qu'alors  l'urine  devenait  albu- 
mineuse  ou  même  chargée  de  sang 
des  deux  côtés,  ou  uui(|uoment  du  côté 
sur  lequel  il  avait  opéré  (r). 

(3)  L'existence  de  l'albumine  dans 
les  urines  chez  les  femmes  enceintes 
avancées  a  été  constatée  par  plusieurs 
pathologistes  {d),  et  (juelques  auteurs 


(a)  Voyoz  Cl.  Keniard,  Leç.ons  sur  les  liquides  de  l'oryaimme,  1859,  t.  11,  p.  13'J. 

(b)  Kiniiilf,  Einige  Yersuchc  ilber  die  Harnsecrelion  (Zeilschrift  fur  rat.Med.^  2*  série,  1853, 
t.  in,  p.  279). 

((■)  G.  H.  Meyer  ,   l'atholnçjisch  -histologische  Versuclic  {Areliiv  filr  physiologische  Heilliimde, 
1844,  I.  III,  p.  no  ot  siiiv.). 

(d)  Rayoi-,  Traité  des  maladies  des  reins,  I.  II,  p.  570. 

—  A.  Bocquorcl,  Sémiotique  des  urines,  p.  304. 

•    —  Dcvilliers  et  J.  Rcfftiault,  De  l'iirine  dans  ralbuminurie  des  femmes  enceintes  {Arch.  gén. 
deméd.,  1848,  t.  WII,  p.  289). 

—  Blot,  De  l'albuminurie  chez  les  femmes  enceintes,  ihèsc,  1849. 


IMFLIIENCK    DE    LA    PRESSION    DU    SANG.  /|99 

Il  sul'tit  aussi  crime  certaine  augmentation  dans  la  pression 
artérielle  pour  que  la  fibrine  (1)  et  les  globules  rouges  du  sang 
sortent  des  capillaires  rénaux,  et  se  montrent  en  plus  ou  moins 
grande  abondance  dans  l'urine  (2). 


ont  même  considéré  comme  un  signe  de 
l'état  de  grossesse  l'existence  dans  ce 
liquide  d'une  matière  albuminoïde  par- 
ticulière qui  a  été  désignée  sous  les  noms 
de  kyestéine  et  de  graveline.  Cette  sub- 
stance se  rassemble  vers  la  partie  supé- 
rieure des  urines  deux  ou  trois  jours 
après  son  émission,  et  concourt  à  la  l'or- 
mation  d'une  couéhe  gélatineuse  qui 
contient  des  matières  salines,  des  mucé- 
dinées,  etc.  On  n'en  connaît  pas  bien  la 
nature,. mais  il  y  a  lieu  de  penser 
qu'elle  résulte  de  l'altération  de  l'albu- 
mine dont  l'urine  de  ces  personnes  est 
souvent  chargée  (a).  Du  reste,  on  a 
constaté  que  la  production  de  cette 
matière  caséiforme  n'est  pas  constante 
pendant  la  grossesse,  et  elle  a  éUt  ob- 
servée chez  des  femmes  qui  n'étaient 
pas  enceintes  {h). 

Il  est  aussi  à  noter  que  chez  les 
femmes  dans  l'état  de  grossesse,  l'u- 
rine est  souvent  moins  acide  que  dans 


les  circonstances  ordinaires,  et  pré- 
sente dans  beaucoup  de  cas  des  ca- 
ractères d'alcalinité.  Quelquefois  ce 
liquide  est  aussi  moins  chargé  de  phos- 
phate de  chaux  (c). 

(1)  Dans  quelques  cas  pathologiques 
des  reins,  le  plasma  du  sang  passe 
dans  les  voies  urinaires  par  une  sorte 
de  filtration,  sans  entraîner  avec  lui 
les  globules  hématiqucs.  Ainsi,  on  cite 
des  malades  dont  l'urine,  sans  èlre  san- 
guinolente, se  coagulait  spontanément 
après  son  expulsion  de  la  vessie,  et 
donnait  naissance,  soit  à  une  masse  gé- 
latineuse, soit  à  des  filaments  ou  à  des 
grumelols  granuleux  ((/). 

(2)  L'urine  est  devenue  sanguino- 
lente dans  toutes  les  expériences  de 
M.  Kierulf,  lorsqu'une  certaine  quan- 
tité d'eau  avait  été  injectée  dans  les 
veines;  mais  ce  i)hénomène  ne  se  pré- 
senta pas  lorsqu'au  lieu  d'eau,  on  em- 
ploya du  sang  défibriné  (e). 


(a)  Nauclie,  Sur  la  kyestéine  {Journal  de  chimie  médicale,  483!),  t.  V,  p.  64). 
^- Audoiiard,  Note  sur  la  kyestéine,  substunce  particulière  à  l'urine  des  femmes  enceintes 
{Journal  de  chimie  médicale,  3"  série,  1845,  t.  Il,  p.  233). 

—  Slark,  \oyez  Berzelius,  Happort  sur  les  proyrés  di   la  clumie  ,  présfiilu  à  l'Académie  de 
Stockliolm  en  1843,  y.  373. 

—  J.  Re.;iiaiiUI,  Des  modifications  de  quelques  fluides  de  l'économie  pendant  la  grossesse, 
thèse,  l'aris,  1847,  p.  i26. 

—  ICane,  Experiments  on  Kyestéine  {American  Journal  of  Med.  Science,  i'  série,  1842,  t.  IV, 
p.  13). 

(6)  A.  Becquerel,  Sémiolique  des  urines. 

(c)  Donné,  Recherches  sur  l'urine  considérée  dans  les  différentes  maladies  cl  dans  l'étal  de 
grossesse  {Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  sciences,  1841,  t.  XU,  p.  954). 

(d)  Proiil,  On  the  Nature  and  Trealment  of  Stomach  and  Henal  Diseases,  1848,  p,  40. 

—  Na*se,  Untersuch.  zur  Physiol.  und  Pathol.,  1835,  p.  215. 

—  Pukford,   Der  Harn  in  der  P-riijhtischen  Krankheil  (Archiv   Itir  phys,   lleltkundc,    1847, 
l.  VI,  p.  85'. 

—  Ue'invicU,  helnische  Mo)iutschrift  fiir  Aerlic,  1.  I,  p.  21. 

(e)  Kierulf,  Op.  cit.  {Zeitschr.  fiir  rntionelte  Mediz-in,  ncue  Kol^c,  t.  111,  p.  27.9j. 


506  EXCRÉTION    UIIINAIIIK. 

§  lo.  —  Du  l'esté,  des  phéiionièiies  analogues  peuvent  ré- 
sulter, soit  des  niodillentions  dans  la  eonstitntion  du  sang  (jui 
rendent  ee  liquide  plus  apte  à  traverser  les  tissus  organi([ues, 
soit  de  certaines  altérations  dans  la  substance  des  reins,  {)ar  suite 
des(pielles  les  parois  des  vaisseaux  y  jterdent  leurs  propriétés 
rétentric(*s  ordinaires  et  livrent  passage  non-seulement  au  sérum 
dépouillé  de  ses  prinei[)es  albumuioïdes,  mais  aussi  à  ces  der- 
nières matières  et  même  aux  globules  rouges  du  sang(l). 

Quand  le  tluide  nourricier  est  très  appauvri,  comme  cela  se 
voit  dans  certains  états  pathologiques  de  l'organisme,  l'albu- 
mine passe  aussi  très  souvent  dans  les  urines;  et  lorsque  chez 
un  Animal  vivant  on  injecte  une  certaine  (|iiantité  d'eau  dans 
les  veines,  non-seulement  l'urine  devient  albumineuse,  mais 
se  trouve  cbargée  de  globules  bématiques  (2). 


(1)  L'exislence  de  ralbuinine  dans 
les  urines  est  considérée  par  quelques 
médecins  comme  l'indice  d'un  étal 
pathologique  grave  du  lissii  des  reins. 
CcUe  anomalie  est,  en  ellet,  comme  je 
Tai  déjà  dit,  une  des  conséquences  de 
l'affection  connue  sous  le  nom  de  ma- 
ladie de  lirighf.  (a).  Mais  on  a  con- 
staté depuis  longtemps  qu'elle  peut 
se  présenter  dans  d'autres  circon- 
stances où  le  tissu  des  reins  n'offre 
aucune  altération  a|)précial)l(>  {b)  ,  et 
toutes  les  fois  que  ces  organes  sont 
dans  un  ('-tat  de  congestion  sanguine, 
ce  phénomèue  est  fréquent.  Ainsi  on 
l'observe  souvent  à  la  suite  de  l'ab- 


sorption de  certaine  substances  médi- 
camenteuses ou  toxiques  qui  exercent 
sur  ces  organes  une  action  irritante, 
les  Cantliarides  (c)  et  le  poivre  cu- 
bèbe  ((/),  par  exemple,  et  il  suflil  par- 
fois de  l'application  d'un  vésicatoire 
sur  la  peau  pour  le  déterminer.  La 
congestion  des  reins  occasionnée  par 
une  forte  dyspnée  peut  être  aussi  une 
cause  d'albuminurie  passagère  {e). 

(2)  Dans  les  expériences  de  AI.  Kie- 
rulf,  que  j'ai  déjà  citées  (/),  la  dilution 
du  sang  détermina  le  passage  de  l'al- 
bumine dans  les  urines  a\anl  d'y  faire 
apparaître  les  globules  rouges;  mais 
chez  les  Animaux  où  il  avait  injecté 


((()  Voyez  ci-fli'ssiis,  page  48S. 

{b}  Hayer,  Traild  des  maladies  des  reins,  l.  Il,  p.  :277,  etc. 

(ci  Boiiillaud,  Sur  une  cause  d' albuminurie  'Ihdletin  de.VAcad.  de  médecine,   IsiT,  i.  Ml, 
p.  744).  —  .Si»'  l'albuminurie  cantliaridicnne  (Arcli.  yen.  de  méd.,  1848,  t.  XVII,  p.  H'J). 

—  ,M(iii'l-t>avallée,  Sur  la  cijslilc  ranlharidienne  (Arch.  ijén.  de  méd.,    1847,  l.  XIII,  p.  \'^H]. 

—  (;iialvij,'iiac,  Etniiolsnnneineni  jinr  lu  teinture  aleoolique  de  Canlharides,  llièsc,  185-J,  p.  7. 
(J)  llcllcr,  Untcrsucliuniicn  des  llarns  nnrli  deiuinnerlirlien  Cebrauche  l'erscliiedener  Arznei- 

millel  (Areh.  fiir  pliys.  nnd  jiiilk.  Ch.  uud  Mikr.,  1817,  I.  1\',  p.  l.'Ctj. 
(e)  A.  |ti'C(pic\-ul  et  lîotliei-,  Trailé  de  cliiinie  iiallwlwjiquc,  p.  o07. 
(/)  Voyez  ci-dcsMis,  |  aijc  4'J8. 


INFLL'KNCi;    Itl-:    LA    CONSTITUTION     DL     SANC.  501 

Ainsi  les  coiidilioiis  mécaiiiiiues  dans  les(|iiellcs  s'cITcclue  le 
travail  cxerétoire  dont  les  reins  sont  le  siège  peuvent  amener 
non-seulement  des  varialions  dans  la  proportion  d'eau  eon- 
tenue  dans  les  urines,  mais  aussi  dans  la  composition  chimique 
de  ces  liquides.  Ces  conditions  physiques  peuvent  être  modi- 
fiées soit  par  l'état  du  sang,  soit  par  l'altération  des  tissus  de 
ces  glandes  ;  mais  elles  me  paraissent  tout  à  fait  distinctes  des 
actions  chimiques  dont  dépend,  suivant  toute  jirohahilité,  l'éli- 
mination de  l'urée,  de  l'acide  urique  et  des  autres  principes 
cristallisahles  de  l'urine. 

§  l/l.  —  On  conçoit  aussi  «pic  la  quantité  de  sang  qui 
traverse  les  reins  en  un  temps  donné  puisse  intluer  sur  la 
(piantité  des  produits  tirés  de  ce  fluide  parle  travail  sécrétoire 
des  glandes.  Si  le  sang  était  modifié  de  façon  à  couler  plus 
facilement  dans  les  vaisseaux  capillaires  où  il  éprouve  toujours 
un  retard  plus  ou  moins  grand,  il  en  résulterait  une  dimi- 
niilion  dans  la  pression  artérielle,  mais  cet  effet  pourrait  être 
contre-balancé  et  au  delà  par  l'augmentation  du  travail  sécré- 
toire résultant  de  l'alinicnlalion  rapide  de  la  machine  élimi- 
natoire. C'est  de  la  sorte  que  quelques  physiologistes  pensent 
l)Ouvoir  expliquer  l'action  des  substances  dites  diurétiques, 
(pii  activent  l'excrétion  urinaire  ;  mais  nos  connaissances  à 
ce  sujet  ne  sont  pas  assez  avancées  po(n>  que  ces  vues  théo- 
riques prennent  place  dans  la  science  (i),  et  je  suis  disfmsé 


IntUietiLC 
de  la  rapitliia 

de 

la  circulai  ion 

rénale. 


(le  l'eau  dans  les  veines,  M.  Ilennaun 
vit  toujours  riiéinatosine  et  ralbumine 
se  montrer  dans  l'urine  simultané- 
ment, sans  qu'il  y  eut  passage  de  glo- 
bules sanguins  non  décomposés  (a). 

(1)  M.  Poiseuille  a  constaté,  comme 
j'ai  déjà  eu  l'occasion  de  le  dire,  que 


l'eau  pure  coule  moins  facilement  dans 
les  tubes  capillaires  que  de  l'eau  cliar- 
gée  d'une  certaine  quantité  d'azotate 
de  potasse  ou  d'azotate  d'ammoniaque, 
et  qu(î  la  présence  de  ces  sels  dans  le 
sang  abrège  le  temps  employé  par  ce 
liquide  pour  parcourir  le  cercle  circu- 


(d)  Max.   Ilcnnanii  ,    L'cber  den  EinlUas  ilev   lllulverdunnuity  au f  die  Sccretiuii   des  Hanis 
Viicliow's  .\n-hiv  fur  j'Ulhul.  Anal.,  185'J,  i.  Wll,  p.  115). 


.•> 


iiiinairc. 


50'i  EXCRÉTION    URINAIKE. 

à  croire  que  les  effets  observés  dépendent  [)lLitôt  de  ce  que 
les  agents  excitateurs  de  la  sécrétion  urindire  rendent  la  trans- 
sudation plus  facile,  soit  à   raison  des  modifications  qu'ils 
î  impriment  au  sang,  soit  par  suite  de  leur  action  sur  le  tissu 

des  reins. 
Influence         §  i5.  —  L'actiou  ncrveusc  a  aussi  une  grande  inlluence  sur 
''"■cntr    les  résultats  du  travail  physiologique  dont  les  reins  sont  le 
hJcvéaon   siège.  En  effet,  la  section  des  nerfs  qui  se  distribuent  à  ces 
organes  arrête  d'ordinaire  la  sécrétion  de  l'urine,  et  la  lésion  de 
certaines  parties  du  système  cérébro-spinal  est  suiviede  chan- 
gements très  remarquables  dans  les  caractères  chimiques  de  ce 
liquide.  Mais  l'influence  exercée  delà  sorte  par  le  système  ner- 
veux sur  les  fonctions  de  ces  glandes  paraît  être  en  général 
indirecte,  et  les  perturbations  qu'elle  détermine  dépendent  le 
plus  ordinairement,  soit  de  certaines  modifications  dans  la  pro- 
duction ou  dans  l'emploi  préalable  des  matières  apportées  à 
l'appareil  urinaire  par  le  sang,  soit  des  altérations    [)hysiques 
que  subit  le  tissu  des  reins. 

Ainsi,  la  section  ou  la  désorganisation  dos  nerfs  qui  se  ren- 
dent aux  reins  n'arrête  pas  toujours  la  sécrétion  de  l'urine  (1), 
et  en  général,  quand  l'opération  produit  cet  effet,  on  remarque 


latoire  (a).  Or,  l'azotate  de  potasse  est  excrété  ne  contenait  que  peu  de  prin- 

un  diurétique,  et  M.  PoiseulUe  atlribno  cipes  «rinaires  {<■).  Il  est  aussi  à  noter 

cette  propriété  à  rinfluence  que  ce  sel  que  M.   Marchand  a  lrou\  é  de  Turée 

exerce  sur  le  cours  du  sanp;  (6).  en  quantité  nolahlc  <lans  les  produits 

(1)  Dans  des  expériences  de  ce  t^enre  de  la  sécrélion  rénale  cliez  des  Chiens 

faites  par  Krimer,  la  sécrétion  urinaire  dont  il  avait  préalablement  désorga- 

paraît  avoir  persisté  aprts  la  destruc-  nisé  les  nerfs  rénaux  au  moyeu  d'une 

tion  des  nerfs  rénaux,  mais  le  liquide  ligature  (d). 


(a)  Voypz  Uime  IV,  page  284. 

(b)  l'oiscuillc,  lUcherches  expérimentales  sur  le  mouvemeiil  des  liquides  de  nnlure  diffcrentc 
dans  les  tubes  de  très  petits  diamètres  (Ann.  de  chimie  et  dciihysique,  3"  série,  1847,  i.  X\l, 
p.  8-2). 

(c)  Knmcv,  Physinlogi/iche  Uiitersuclningen,  18-20. 

{d}  Marchand,  Op.  cil.  {Ann.  des  sciences  nnt.,  2'  série,  1838,  i.  N,  p.  55). 


liNFLUENCK    UV    SYSTÈMK    MEUVEUX.  503 

dans  le  tissu  de  ces  glandes  des  signes  d'un  état  morbide  qui 
semble  devoir  suffire  pour  expliquer  la  cessation  de  leur  action 
sécrétoire.  On  a  constaté  aussi  qu'un  état  intlammatoire  des 
reins,  ou  même  des  altérations  plus  profondes  de  leur  sub- 
stance peuvent  être  provoquées  par  des  lésions  de  li\  moelle 
épinière  (1),  et  l'on  sait  (pi'à  la  suite  de  désordres  analogues 
dans  le  tissu  sécrétoire,  qui  dépendent  d'autres  causes,  ces  or- 
ganes cessent  de  fonctionner  d'inic  manière  normale,  sans  qu'il 
y  ait  aucun  trouble  appréciable  dans  l'action  du  système  nerveux. 
Il  semble  donc  probable  que  dans  les  expériences  où  la  pro- 
duction de  l'urine  a  été  interrompue  par  la  destruction  des  nerfs 
rénanx,  ce  pbénomène  a  dû  être  nne  conséquence  de  l'état 
morbide  de  la  substance  glandulaire  déterminé  par  l'opération 
plutôt  que  le  résultat  direct  de  la  cessation  de  l'action  nerveuse 
sur  le  travail  sécrétoire. 

Je  suis  disposé  à  croire  (jue  diverses  altérations  qui  survien- 
nent dans  la  composition  cliiuiique  del'mMne,  à  la  suite  de  cer- 
tains troubles  dans  les  fonctions  du  systèuie  nerveux,  peuvent 
être  aussi  des  pbénomènes  consécutifs,  etdépendredes  modifi- 
cations que  l'action  nerveuse  exerce  sur  l'état  de  la  circulation 
capillaire  dans  l'intérieur  des  reins  (2),  et  non  d'un  cbangement 
dans  la  force  en  vertu  de  laquelle  le  travail  sécrétoire  s'effectue. 


(1)  Dans  des  expériences  de  ce  genre 
faites  à  Berlin  par  J.  Miillcr  et  Pcipers, 
la  sécrétion  urinairc  fut  presque  tou- 
jours arrêtée,  et  par  Fautopsie  on  re- 
connut constamment  que  les  reins 
étaient  dans  un  état  morbide  carac- 
térisé par  le  ramollissement  de  leur 
tissu  (a).  A  la  suite  de  la  destruction  des 


nerfs  rénaux,  M.  Brachet  a  vu  les  urines 
devenir  sanguinolentes  [b).  Mais  je  dois 
ajouter  que  M.  Valentin ,  en  répétant 
les  expériences  de  Millier  et  Peipers, 
n'a  pas  constaté  les  mêmes  altérations 
dans  la  substance  des  reins  (c). 

(2)  Bellingieri  a  remarqué  que  chez 
les  Moutons  rinflammation  delà  moelle 


(ft)  Peipers ,   De   nervorum  in  secrelione  actione,  dissert,  inaug-.  Berlin,  1834.  —  MiiUer, 
Manuel  de  physloloyle,  l.  1,  p.  374. 

(b)  Brachet,  Recherches  expérimentales  sur  les  fonctions  du  système  nerveux  ganglionnaire, 
1837,  p.  278. 

[c]  Valentin,  De  functionibus  iieniorum,  1830,  p.  149. 


50/i  EXCIIÉTION    L'ItlNAU'.li. 

Ainsi,  des  désordres  dans  le  système  nerveux  sont  souvent  sui- 
vis  de  l'apparition  de  l'albumine  dans  les  urines,  accident  que 
nous  avons  déjà  vu  résulter  d'un  embarras  dans  le  cours  du 
sang-  à  travers  les  capillaires  des  reins. 

Les  belles  expériences  de  M.  Claude  Bernard  nous  ont  appris 
aussi  que  les  blessures  du  bulbe  rachidien  sont  suivies  d'une 
excrétion  de  sucre  par  les  voies  urinaires  (1);  mais  ce  pbé- 
nomène  ne  dé|)end  pas  d'un  changement  déterminé  dans 
les  propriétés  physiologiques  des  reins  par  la  perturbation 
introduite  dans  l'action  du  système  nerveux;  il  est  la  consé- 
(pience  de  l'abondance  insolite  de  la  matière  sucrée  dans  le 
torrent  de  la  circulation,  et  les  glandes  urinaires  fonctionnent 
comme  elles  le  feraient  si  une  quantité  considérable  de  giy- 
cose  était  introduite  dans  le  sang  par  injechon  0!i  par  toute 
autre  voie. 

Dans  d'autres  expériences,  on  a  vu  l'urine  d'un  Animal  her- 
bivore cesser  d'être  alcaline,  et  devenir  très  acide  à  la  suite  de 
la  section  des  nerfs  pneumogastri(iues  ou  de  la  division  de  la 
moelle  épinière,  soit  dans  la  région  dorsale,  soit  dans  la  région 
lombaire  ("2);  enlin,  dans  cerlains  cas  de  lésions  analogues,  les 


épinicie  cl  de  ses  membranes  est  sou- 
vent suivie  (l'un  état  analogue  dans 
le  tissu  des  reins,  et  d'altérations  très 
considérables  dans  la  composition  de 
l'urine  (a). 

(1)  On  \oit  par  plusieurs  expériences 
dues  à  M.  Cl.  Bernard  (pie  l'état  des 
vaisseaux  sanguins  des  reins  peut  être 
modifié  par  l'action  de  parties  éloignées 
du  système  nerveux.  Ainsi,   la  galva- 


nisalion  de  l'extréniité  péripliéricpic 
des  iHieuniogasiriqucs  préalablement 
liés  ou  coupés,  délermine  la  turges- 
cence de  ces  vaisseaux  (b). 

(2)  L'urine  des  l^apins,  comme  nous 
l'avons  déjà  vu,  est  alcaline  dans  l'état 
normal  (r).  Mais  >iaveau  a  vu  que  ce 
liquide  devient  acide  à  la  suite  de  la 
division  de  la  moelle  épinière  dans  la 
région  lombaire  ou  plus  en  avant  ((/). 


((i)  Voyez  Loii^'cl,  Tra'Ué  de  phiisioloijie,  I.  I,  |i.  Odâ). 

(b)  Cl.  Bernard,  Lcijons  sur  ks  Hquldcs  de  iorgnnisinc,  l.  Il,  p.  1  "  I . 

(c)  Voyez  ci-ilcssu:',  p.  444. 

(dj  .Naveaii,  t^.ri'criincnta  nmvdaiii  cirai  urinœ  accrctioiicin ,  y.  -l  cl  .-iiiv. 


INFLUENCE    DU    SYSTÈME    NEUVEIX.  505 

urines  se  sont  cluirgéesde  produits  amnioniaeanx  (1).  Il  serait 
possible  que  ces  phénomènes  dépendissent  aussi  de  (juelque 
modification  déterminée  dans  la  composition  du  sang  par  la 
perturbation  survenue  dans  les  fonctions  nerveuses  (2).  Mais 


M.  Loiiget  a  r onstaté  des  faits  analo- 
gues (a),  el  plusieurs  pliysiologistes 
ont  vcniaïqué  le  même  changement 
après  la  section  des  nerfs  pnenmogas- 
Iriques  (b).  Naveau  a  déterminé  aussi 
ce  phénomène  en  excitant  mécani- 
quement ou  par  le  galvanisme ,  soit 
ces  mêmes  nerfs,  soit  le  grand  sympa- 
Uiiquc. 

M)  L'existence  de  produils  annno- 
niacaux  dans  Turine  a  été  constatée 
par  plusieurs  physiologistes  à  la  suite 
de  lésions  traumatiques  ou  de  conuno- 
lionsde  la  moelle  épinière  (c'),et  dans 
certains  cas,  au  moins,  cette  particu- 
larité paraît  ne  pas  avoir  été  détermi- 
née par  le  séjour  prolongé  des  liquides 
dans  la  vessie  (d).  Mais  en  général  c'est 
à  celte  dernière  circonstance,  ou  au 
mélange  de  ce  liquide  avec  des  pro- 
duits morbides  sécrétés  par  les  parois 
de  ce  réservoir,  qu'il  faut  attribuer  les 
anomalies  de  ce  genre. 

(2)  En  effet,  Al.  Cl.  Bernard  a  vu 
souvent  l'urine  cesser  d'être  alcaline 
et  devenir  acide  chez  des  Lapins  qu'il 
faisait  respirer  dans  du  gaz  oxygène 
pur  ;  puis  redevenir  alcaline  quand  il 


replaçait  l'animal   dans  l'air   atmos- 
phérique (e). 

Chez  l'FIomme  en  bonne  santé,  l'u- 
rine devient  en  général  moins  acide 
que  d'ordinaire,  quand  la  digestion  est 
en  pleine  activité,  et  souvent  elle  de- 
vient même  légèrement  alcaline  à  la 
suite  d'un  repas.  ^\.  Bence  Jones  a  vu 
ces  variations  se  produire, quelle  qu'eût 
été  la  nature  des  aliments  employés  ; 
et  il  a  été  conduit  à  penser  qu'elles 
sont  corrélatives  du  travail  sécrétoire 
dont  l'estomac  est  le  siège ,  que  la 
quantité  de  carbonates  alcalins  exis- 
tants dans  le  torrent  de  la  circulation, 
et  par  conséquent  dans  les  urines,  dé- 
pend non-seulement  de  la  quantité  de 
ces  sels  qui  se  trouvent  dans  les  ali- 
ments ou  qui  en  dérivent  directement 
par  suite  des  phénomènes  de  conibus- 
lion  physiologique  dont  nous  aurons 
bientôt  à  nous  occuper,  mais  aussi  de 
la  décomposition  du  chlorure  de  so- 
dium ou  autres  matières  salines  dont 
proviennent  les  acides  du  suc  gastri- 
que ou  des  autres  humeurs  acides, 
telles  que  la  sueur.  Ainsi ,  toutes  les 
fois  qu'une  sécrétion  acide  de  ce  genre 


(a)  Longet,  Traite  de  physiologie,  t.I,  p.  9Gt . 

(6j  Cl.  Bernard,  Lerons  sur  les  liquides  de  l'organisme,  1850,  l.  Il,  p.  17. 

(c)  Voyez  Burdacli,  Traité,  de  physiologie,  t.  VIIl,  p.  205. 

—  Brodie,  Lectures  on  Ihe  Diseuses  o[  the  Uriiiary  Organs,  1838,  p.  161. 

—  Hiinkel,  Altéralion  de  la  composition  de  l'urine  à  la  stàle  de  lésions  de  la  moelle  épinière 
(Journal  des  connaissances  médico-chirurgicales,  183i,  p.  376). 

—  Stanley,  On  the  Irritation  of  the  Spinal  (Jonl  and  its  Nerves  in  conviction  wilh  Diseaies  if 
the  Kidneys  {Arch.  Med.  Chir.   Trans.,  1833,  t.  XVllI,  p.  260). 

—  Suiith,  Injuries  of  the  Spine  {Med.  Gazette,  1832,  t.  W,  p.  002). 

(rf)  Graves,  Carbonate  d'ammoniaqtie  dans  l'urine  {.lournal  de  chimie  médicale,  2'  série,  \  833, 
t.  I,  p.  142). 

[es  r.l.  Bernard,  l.ccons  sur  les  Hquidef:  de  i'orqanismc,  1809,  1.  II,  p.  13. 


50G  EXCUÉTlOiN    LRINAiRE. 

dans  l'état  actuel  de  la  science,  ces  questions  sont  encore  très 
obscures,  et  l'on  s'éloignerait  peut-être  de  la  vérité  si  l'on  refu- 
sait au  système  nerveux  toute  influence  directe  sur  la  puissance 
sécrétoire  des  reins. 

§  16.  —  Nous  ne  souunes  aussi  que  très  peu  éclairés  sur 
les  causes  des  variations  que  l'on  remarque  dans  la  composition 
de  l'urine  à  l'état  normal  chez  les  individus  de  sexe  et  d'âge  dil- 
lerents  (1),  ou  chez  le  même  individu  dans  divers  états  patho- 
logiques, et  je  ne  pourrais  m'arrêter  longuement  sur  ce  dernier 
ordre  de  faits  sans  sortir  du  cadre  tracé  pour  ces  Leçons  ;  car 


s'établirait  dans  une  partie  de  l'orga- 
nisme, l'urine  contiendrait  plus  de 
carbonates  alcalins  que  d'ordinaire,  et 
ces  carbonates,  en  s'eniparant  d'une 
portion  de  l'acide  pbospliorique  du 
phospbate  acide  de  soude,  qui  donne 
à  ce  liquide  son  caractère  acide,  affai- 
blirait ce  même  caractère  ou  le  ferait 
même  disparaître  (a).  11  est  fort  pro- 
bable que  des  pliénoinènes  de  ce  genre 
ne  sont  pas  étrangers  aux  variations 
que  l'on  a  observées  dans  la  composi- 
tion cbiniique  des  urines,  mais  la  cause 
principale  de  ralcalinitc  de  ce  li([uid(^ 
est  sans  contredit  l'introduction  dos 
alcalis  à  l'état  de  carbonate  ou  de 
composés  liydrocarbonés  dans  les  voies 
digeslivcs  (voyez  page  /|71). 

(1)  Chez  la  Fennne,  l'iuine  contient 
en  général  plus  d'eau  que  chez 
rilonnne,  cl  la  proportion  d'urée  y 
est  au  contraire  moins  élevée,  compa- 
rativement à  celle  des  autres  matières 
fixes.  Ainsi,  une  série  d'analyses  com- 
paratives faites  par  Alf.  ik'cquerel  a 
donné  en  moyenne  les  résultats  sui- 
vants : 


Matières    fixes  pour   1000   parties 
d'urée  : 

31,2  cliez  les  Honunes, 
24,9   chez  les  Femmes. 

Quantité  d'urée  fournie  pour  100 
parties  de  résidu  sec  : 

44  chez  les_Hommes, 
42  chez  les  Femmes. 

11  est  aussi  à  noter  que  chez  les 
vieillards  la  proportion  d'urée  conte- 
nue dans  les  urines  est,  en  général, 
moins  considérable  que  chez  les 
adultes.  Ainsi,  chez  deux  vieillards 
d'une  bonne  constitution,  dont  M.  Le- 
canu  a  examiné  l'urine,  la  densité  de 
ce  hquide  variait  entre  1,8  et  2,7  de 
l'aréomètre,  tandis  que  chez  les  adultes 
dans  l'élat  normal ,  le  liquide  mar- 
quait entre  2,1  et  3,2.  Chez  les  pre- 
miers, la  quantité  de  nitrate  d'urée 
fournie  par  500  grammes  d'urine 
variai!  entre  6  et  1/j  grannnes;  chez 
les  adultes  dont  je  viens  de  parler, 
cette  quantité  n'est  presque  jamais 
descendue  au-dessoiis  de  8,  et  en  gé- 


(0)  Bcncc  Joncs,  Contributintif  lo  the  Chemisiru  nf  Urine  (Pliilos.  lYaiis.,  1845,  ,i.  343,  el 


184!),  1 


INFLUENCK    DES    ÉTATS    PATHOLOGIQUES.  507 

jusqu'ici  l'élude  de  ces  accidents  morbides  n'a  jeté  que  peu  de 
lumière  sur  l'histoire  physiologique  de  la  sécrétion  rénale  (1). 
Cependant  je   ne  saurais  passer  sous  silence    quelques-uns 


néral  a  oscillé  entre  12  et  30  gram- 
mes; quelquefois  elle  s'est  élevée 
même  à  36  grammes  (o). 

On  ne  sait  encore  que  peu  de  chose 
sur  la  composition  de  l'urine  dans  les 
premiers  temps  de  la  vie.  Les  méde- 
cins ont  souvent  répété  depuis  Hip- 
pocrate  cpie  chez  les  enfants  les  urines 
sont  épaisses,  et  que,  si  elles  devien- 
nent claires,  c'est  un  signe  fâcheux  ; 
mais  l'observation  infirme  cette  0]n- 
nion  (h). 

llunefeld  a  analysé  l'urine  d'un  en- 
fant de  neuf  mois, et  y  a  trouvé  de  l'urée, 
de  l'acide  hippurique,  une  trace  d'acide 
nriquc  ,  et  une  matière  extractive  ; 
mais  il  ne  put  y  découvrir  aucun  phos- 
phate (c). 

Dans  l'urine  d'un  fœtus  dont 
M.  Moore  a  fait  l'analyse,  il  n'y  avait 
ni  urée  ni  sucre,  mais  une  propor- 
tion considérable  d'une  matière  azotée 
qui  était  prol)ablement  de  l'allantoïne, 
des  sels  et  beaucoup  d'épithéhum  (d). 

Il  est  aussi  à  noter  qu'à  en  juger 
par  les  expériences  de  IM.  Boussin- 
ganlt  sur  le  dosage  de  l'azote  altri- 
buable  d'une  part  à  l'urée,  d'autre 
part  à  l'ammoniaque ,  il  y  aurait  eu 
une  forte  proportion  de  cette  dernière 


substance  dans  l'urine  d'un  enfant  de 
huit  mois  (e). 

(1)  Ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  l'urine 
humaine  ne  paraît  pas  contenir  de 
l'anmioniaque  quand  ce  liquide  est 
dans  son  état  normal  (/").  Mais  dans 
diverses  circonstances  pathologiques , 
il  est  plus  ou  moins  changé,  et  quel- 
quefois cette  anomalie  paraît  pouvoir 
dépendre  de  la  sécrétion  d'une  cer- 
taine quantité  de  carbonate  ou  de 
chlorhydrate  d'ammoniaque  par  les 
reins,  mais  en  général  elle  est  due 
aux  altérations  que  les  principes  azo- 
tés de  l'urine  éprouvent  pendant  leur 
séjour  dans  la  vessie,  par  suite  de 
son  mélange  avec  des  matières  pu- 
rulentes provenant  des  parois  de  ce 
réservoir. 

Pour  doser  les  sels  ammoniacaux 
dans  l'urine,  M.  Liebig  fait  usage  de 
biciilorure  de  platine  (g),  el  M.  de 
Vry  préconise  la  méthode  suivante  : 
L'urine  fraîche  est  traitée  par  du  bi- 
carbonate de  potasse  pour  en  précipi- 
ter les  bases  terreuses  ;  puis  on  la  filtre 
et  l'on  y  ajoute  du  sulfate  de  magnésie, 
qui  donne  naissance  à  un  précipité  de 
phosphate  ammoniaco  -  magnésien  , 
d'après  le  poids  duquel  on  calcule  la 


(a)  Lecanu,  Nouvelles  recherches  sur  l'urine  humaine  [Ann.  des  sciences  nul.,  2'  série,  t839, 
t.  XII,  p.  H9). 

(b)  Rayer,  Traité  des  maladies  des  reins,  t.  I,  p.  217. 

(c)  Huiiefeld,  Der  Harn  iler  Sduglinge  [Journal  fiir  prakt.  Chemie,  1839,  t.  XVI,  p.  30G). 

(d)  Moore,  Rxper.  on  the  Existence  of  Sugar  in  thc  Urine  of  the  Fœtus  {The  Dublin  quar- 
terly  Journal  of  the  Médical  Science,  4  855,  t.  XX,  p.  88). 

{e)  Boussiiigault,  Recherches  sur  la  quantité  d'ammoniaque  cotitenue  dans  l'urine  (Ann.  de 
chimie  el  de  physique,  3'  série,  1850,  t.  XXIX,  p.  484). 

if)  Voyez  ci-dessus,  page  429. 

{g)  Liebig,  Ueher  die  Constitution  des  llarns  der  Menschen  und  fleischfressenden  Thiere  {Ann. 
der  Chemie  und  Pharm.,  1844,  t.  L,  p.  105). 


508  EXCHKTION    URINAIRE, 

(les  fails  de  ce  ^enre,  ne  ITit-ee  que  pour  montrer  comment 
ils  se  rattachent  aux  pluhiomènes  normaux  de  l'excrétion  uri- 
naire. 

Nous  avons  vu  précédemment  que  l'urine  est  un  liquide 
très  altérable,  et  que,  chez  l'Homme,  il  séjourne  pendant  un 
temps  plus  ou  moins  long  dans  la  vessie  avant  d'être  expulsé 
au  dehors.  Là  il  se  mêle  aux  matières  qui  peuvent  être  sécré- 
tées parles  parois  de  cette  poche  membraneuse  ou  par  d'antres 


([uanlité  (raninioniaque  (a).  Mais  il 
est  à  noter  qu'uno  partie  de  cette 
dernière  hase  est  précipitée  avec  la 
magnésie  préexistante  dans  l'urine, 
dans  la  première  partie  de  l'expérience, 
quand  on  ajoute  le  bicarbonate  de 
soude,  et  qu'il  n'y  a  pas  toujours  assez 
de  phosphate  de  soude  dans  le  liquide 
pour  que  la  totalité  de  l'aunnoniaque 
soit  précipitée  à  l'élat  de  pliosphale 
aminoniaco-magnésien  (6) . 

M.  Boussingault  a  l'ait  usage  d'une 
autre  méthode.  Jl  lait  bouillir  l'urine 
en  vase  clos  avec  de  la  chaux,  et  il 
dose  l'ammoniaque  qui  se  dégage. 
Or,  il  a  reconnu  que  dans  ces  circon- 
stances l'urée  n'est  pas  décomposée, 
el  par  conséquent  il  attribue  à  la  pré- 
sence de  sels  anunoniacaux  les  résul- 
tats obtenus.  Dans  une  série  d'expé- 
riences faites  de  la  sorte  sur  l'urine 
normale  de  l'Homme,  ce  chimiste  a 
I  rou  vé  que  l'ammoniaque  ainsi  dégagée 
variait  entre  0,23  el  l,/iO  pour  1000, 
et  représentait  de  Zi  à  10  centièmes  de 


la  quantité  totale  d'azote  conteniie 
dans  le  liquide  (r).  M.  Neubauer  a  oi)- 
tenu  des  résultats  analogues  {dj.  Mais 
on  doit  se  demander  si  l'ammoniaque 
dosée  de  la  sorte  ne  s'est  pas  formée 
pendant  l'opération  aux  dépens  de 
quelque  matière  azotée  de  l'urine  ;  car, 
ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  beaucoup 
d'autres  expériences  tendent  à  prouver 
qu'au  moment  de  son  émission,  Turine 
humaine  n'en  renferme  pas. 

JM.  Bandjergor,  qui  n'en  a  trouvé 
aucune  Irace  dans  l'urine  normale, 
en  a  rencontré  chez  un  malade  alfecté 
d'emphysème  et  chez  un  albumiuu- 
rique  (o). 

J'ajouterai  que,  lorsque  de  l'ammo- 
niaque provenant  de  la  transformation 
tle  l'urée  en  carbonate  d'annnoniaque, 
ou  de  toute  autre  source,  se  trouve 
dans  l'urine,  il  y  a,  comme  dans  l'u- 
rine putride  (f),  formation  de  phos- 
phate ammoniaco-magnésien,  ainsi  que 
de  phosphate  basique  de  chaux ,  qui 
se  précipitent. 


(a)  I>e  \'ry,  Bestimmuno  dcr  Ammoniak  im  Harn  {Aiin.  iler  Chemie  und  Pharmacie,  ISiG, 
1.  MX,  p.  383). 

[h)  Voyez  ci-dessus,  page  438. 

(()  Itoiissingaiill,  Op.  cil.  {Ann.  ilc  chim.  et  de  phys..  3'  sc-iie,  1S50,  l.  XXIX.  p.  415). 

(d)  Neubaiier,  Uebtr  dot  Ammoniaktjchall  des  nonnalen  Hariis  {Journal  fiir  prakt.  Chemie, 
485.-.,  t.  lAVl,  p.  177). 

(c)  liamljergiT,  Ist  A^nnionial;  eiii  ncnnnler  llaruhestcindlheil  ?  [)Vvriburger  Med.  Zeitsihr., 
1800,  p.  UG). 

(/)  Viiypz  ri-(lessiis,  p.ige  4.18. 


INFLUENCE    DES    ÉTATS    PATHOLOGIQUES.  509 

parties  des  voies  urinaires.  Or,  ces  matières,  qui  sont  tantôt  du 
mucus,  tantôt  du  pus  ou  quelque  autre  produit  morbide,  pré- 
sentent en  général  des  réactions  alcalines,  et  par  conséquent  il 
arrive  souvent  que,  par  le  seul  fait  d'une  rétention  d'urine  ou 
d'un  état  pathologique  de  la  vessie,  ce  liquide  devient  trouble 
et  ammoniacal,  phénomène  qui  enh-aînc  la  précipitation  plus 
ou  moins  complète  des  phosphates  terreux  qui  s'y  trouvent 
en  dissolution.  La  sécrétion  trop  abondante  de  certains  prin- 
cipes urinaires,  tels  que  l'acide  urique,  les  phosphates  ter- 
reux ou  l'oxalate  de  chaux,  ainsi  que  la  résorption  d'une 
proportion  trop  forte  d'eau  dans  l'intérieur  des  canalicules  ré- 
naux, peuvent  déterminer  la  précipitation  de  ces  matières  et  la 
constitution  de  concrétions  solides,  qui,  en  irritant  les  parois  de 
la  vessie,  y  excitent  la  sécrétion  de  matières  aptes  à  réagir  sur 
l'urine  età  augmenterla  formation  de  dépôts.  Eniin,la  présence 
d'un  corps  étranger,  tel  qu'un  caillot  de  sang,  ou  tout  autre 
objet  introduit  accidentellement  dans  la  vessie,  peut  exercer 
une  inlluence  analogue  et  provoquer  la  formation  d'un  sédi- 
ment qui,  en  s'attachant  à  la  siuiace  du  noyau  ainsi  produit, 
constitue  une  concrétion  dont  le  volume  augmente  peu  à  [)eu. 
C'est  de  la  sorte  que  prennent  en  général  naissance  les  espèces 
de  pierres  vésicales  qu'on  désigne  sous  le  nom  de  calculs 
urinaires  (1).  Ainsi,  la  formation  de  ces  pierres  peut  être  duc 
primitivement  à  une  production  trop  abondante  d'acide  urique 
ou  d'oxalate  de  chaux  dans  l'intérieur  de  l'organisme,  à  un 


(1)  Le  nombre  des  calculs  contenus  concrétions  analogues  dans  rintérieur 

dans  la  vessie  est  quelquefois  très  cou-  des  reins  [a).  Le  volume  des  calculs 

sidérable.  On  cite  le  cas  d'un  vieillard  vésicaux  devient  parfois  très  considé- 

qui  en  avait  678,  et  chez  lequel  on  rable.  On  en  a  vu  dont  le  poids  dépas- 

trouva   aussi   plus  de  10  000  petites  sait  3  kilogrammes  (6). 


(a)  Mural,  Calcîils  vésicaux  {Arch.  aên.  de  mcd.,  1825,  I.  VIK,  p.  131). 

[b]  Morainl,  voyez  Civiale,  Traite  de  l'affeclion  calcuku'ie,  y.  lo8. 

VII.  33 


510  EXCRÉTION    URINAIRE. 

dépôt  de  phospliate  ammoriinro- magnésien  déterminé  par 
l'introduction  de  matières  ammoniacales  dans  l'nrine,  ou  à  la 
présence  d'un  corps  étranger,  tel  qu'un  caillot  de  fibrine;  mais 
en  général  l'accroissement  de  ces  concrétions  dépend  en 
grande  partie  des  altérations  déterminées  dans  la  constitution 
de  l'urine  par  le  mélange  de  ce  liquide  avec  les  matières 
que  les  parois  de  la  vessie,  irritées  par  la  présence  du  calcul, 
sécrètent  en  plus  ou  moins  grande  abondance  (1).  Aussi,  dans 
la  plupart  des  cas,  les  pierres  vésicales  sont- elles  composées 
de  coucbes  concentriques  dans  la  composition  desquelles  le 
phosphate  basique  de  chaux  et  le  phosphate  ammoniaco-magné- 
sien  jouent  un  rôle  important,  tandis  que  le  noyau  de  ces  corps 
est  formé  plus  communément  d'acide  urique  ou  d'oxalate  de 
chaux  (2). 


(1)  La  composition  des  calculs  uri- 
naires  a  été  un  sujet  dY'tudc  pour 
plusieurs  chimistes,  parmi  lesquels  je 
citerai  en  première  ligne  Sclieele, 
Woliaston  ,  l<\)urcroy  et  Vauquelin , 
Marcet  et  Prout  («). 

(2)  Plusieurs  palhologistes  ont  fait 
des  recherches  statistiques  sur  la  fté- 
quence  relative  des  différentes  espèces 
de  calculs  urinaires  {h) ,  et  l'on  voit 


par  ces  relevés  que  plus  de  la  moitié 
de  ces  pierres  ont  pour  noyau  une 
concrétion  d'acide  uritpie  ou  d'urate 
d'anmioniaque  mêlé  à  de  petites  quan- 
tités de  sels  terreux.  Les  calculs  com- 
posés uniquement  ou  principalement 
de  la  même  matière  forment  près  du 
tiers  du  nombre  total  des  échantillons 
analysés. 
L'urate  de  soude  peut  se  déposer 


(a)  Scheele,  Examen  chtmicum  calculi  urinarïl  (Opuscula  chemica  et  physica,  t.  H,  p.  73). 

—  Wolla?toii,  On  Gouty  and  Urinary  Concri'linns  [Philos.  Trans.,  1797,  p.  386). 

• —  Konrcroy,  ^fémoil•e  sur  le  nombre,  la  nature  et  les  caractères  distinctifs  des  différents 
matériaux  qui  forment  les  calculs,  les  béioards  et  les  diverses  concrétions  des  Animaux  {Ann. 
du  Muséum,  1802,  t.  1,  p.  93,  et  t.  II,  p.  «01). 

—  Marcet,  An  Essay  on  Ihe  Chemical  Hislory  and  Médical  Treatmcnt  of  Calculons  Disorders. 
—  Histoire  chimique  et  médicale  des  affections  catculeuses,  Irad.  par  BrifTaiit,  1828. 

—  Prout,  Faits  pour  la  connaissance  des  urines  et  des  calculs  {Ann.  de  chimie  et  de  physique, 
1820,  t.  XIV,  p.  257). 

■ —  Kraiisc,  De  concretionibus  urinœ,  prœsertim  de  calcarea  oxalica.  Kilia;,  1852. 
(h)  Brandt,  A  Letter  on  the  Différences  in  the  Structure  of  Calculi  whtch  arise  from  their 
beiny  formcd  in  différent  l'arts  of  the  Urinary  l'assaqes,  etc.  (Philos.  Trans.,  1S08,  p.  223). 

—  Marci!l,  Op.  cit. 

—  W'ood,  Observations  on  the  Analysis  of  Urinary  Calculi  (London  Médical  and  Physical 
Journal,  1827,  t.  LVll,  p.  29). 

—  Yollowiy,  Jiemarkson  the  Tendency  to  Calculons  Diseascs,  with  Obsenations  on  the  Nature 


QUANTITÉ    JOURNALIEHli    DES    PRODUITS. 


511 


§  17.  —  Par  rensemble  de  laits  dont  je  viens  de  rendre     Quamué 

/        ,  .  ...  ,,        «les  produits 

compte,  on  a  pu  voir  que  la  sécrétion  urinante  joue  un  rôle     urinahes 

cxcrétss 

très  considérable  dans  l'économie  animale;  mais,  jtour  mieux  en  vingt-quatre 

heures. 


aussi  en  quantité  considérable  sur  des 
calculs  vésicaux,  et  contribuer  ainsi  à 
leur  accroissement  (o). 

Les  calculs  dont  le  noyau  est  com- 
posé d'oxalate  de  chaux  sont  moins 
communs  ;  mais  cependant  ils  sont 
loin  d'être  rares. 

Ceux  qui  sont  formés  principalement 
de  ce  sel  dans  toute  leur  épaisseur 
ont,  en  général,  la  surface  très  ru- 
gueuse, et  ont  reçu  pour  cette  raison 
le  nom  de  calculs  muraux  ;  on  évalue 
qu'en  moyenne  on  les  rencontre  dans 
la  proportion  d'un  sur  quatorze  ou 
quinze. 

Les  calculs  urinaires  n'ont  que  très 
rarement  pour  origine  une  concrétion 
terreuse;  mais  dans  un  très  grand 
nombre  de  cas  le  phosphate  ammo- 
niaco-magnésien  et  le  phospliate  ba- 
sique de  chaux  se  déposent  autour 
d'un  noyau  formé,  soit  par  de  l'acide 
urique  ou  de  l'oxalate  de  potasse,  soit 


par  quelque  autre  substance,  et  contri- 
buent beaucoup  à  l'accroissement  de 
la  pierre  vésicale.  On  peut  même  dire 
que  presque  toujours  ces  sels  terreux 
entrent  pour  une  proportion  plus  ou 
moins  considérable  dans  la  composition 
de  ces  corps. 

Dans  quelques  cas  très  rares,  les 
calculs  sont  formés  par  de  l'oxyde  cys- 
tique.  On  en  compte  un  exemple  sur 
trois  cents  cas. 

IMarcet  a  décrit  un  calcul  vésical  qui 
était  formé  uniquement  de  matières 
albuminoïdes,  que  ce  chimiste  consi- 
dérait comme  étant  de  la  fdjrine  {a). 

M.  Heller  a  donné  le  nom  d'wro- 
stéarite  à  une  substance  azotée , 
combustible  ,  insoluble  dans  l'eau  , 
soluble  dans  l'alcool,  dans  l'éthcr  et 
dans  une  dissolution  de  carbonate  de 
soude,  dont  se  composait  une  concré- 
tion urinaire  dont  souffrait  un  de  ses 
malades  (6). 


of  Urinary  Concrétions,  and  an  Analysis  of  a  large  Part  of  the  Collection  belonglng  to  the 
Norfolk  and  Norwich  Hospitals  (Philos.  Trans.,  1829,  p.  55). 

—  Henry,  On  the  Urinary  and  ollier  Morbid  Concrétions  [Medico-chir.  Trans.,  1819,  t.  X, 
p.  125). 

—  Rapp,  Nalurwissenschaflliche  .Abhandlungen.  Tubingue,  1826. 

—  Lecanu  et  Ségalas,  Analyses  de  graviers  et  de  calculs  [Journal  de  pharmacie,  1838, 
l.  XXIV,  p.  463). 

—  Taylor,  Observ.  on  Ui'inary  Cakuh,  luilh  a  Descriptive  Account  of  the  Collection  in  the 
Muséum  of  Saint-Bartholomeiv's  Hospital  [London  and  Edinburgh  Pliilosophical  Magazine,  1838, 
t.  II,  p.  412). 

—  Scharling,  De  chemicis  calculorum  vesicarwruiii  ralionibus.  Copenhague,  1839. 

—  Sniilh,  A  Statistical  Inquiry  into  the  Frequency  of  Stone  in  the  Dladder  [Medico-chirurg. 
Trans.,  1811,  t.  XI,  p.  1). 

—  Crosse,  A  Trealiseon  the  Formation,  Constiluents  and  Extractionof  Urinary  Calculi,  1835. 

—  Prout,  .471  Inquiry  into  the  Nature  and  Treatmcnt  of  Gravel,  etc. 

—  Haskins,  On  the  Chemical  Analysis  of  the  Tenessee  Collection  of  Urinary  Calctili,  1855. 

—  Pour  la  comparaison  des  résultais  partiaux  fournis  par  ces  auteurs,  on  peut  consulter  les 
tableaux  donnés  par  Fr.  Simon  (Animal  Cliemistry,  t.  11,  p.  454)  ;  M.  Oweii  Kees  (Todd's  Cyclo- 
pœdia  of  Anat.  and  Physiol.,  t.  IV,  p.  1284),  tic. 

(a)  Leroy  (d'Éliolles),  Calculs  vésicaux  observés  chez  des  malades  soumis  à  l'usage  des  eaux 
alcalines  ;  calcul  très  dur  d'urale  de  soude  (Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  sciences,  1839,  i.  IX, 
p.  821). 

(b)  Heller,  Pathologiscli-chemische  und  mikroskopische  Untersuchungen  [Arcliiv  fiir  physiol. 
und pathol.  Chemie,  1845,  I.  H,  p.  1). 


512  EXCRÉTION    URINAIRE. 

en  apprécier  l'importance,  il  est  nécessaire  d'examiner  la 
somme  des  produits  excrëmentitiels  qu'elle  élimine  journelle- 
ment de  l'organisme.  Depuis  vingt-cinq  ans  des  recherches 
très  intéressantes  sur  ce  sujet  ont  été  faites  chez  l'Homme, 
d'abord  par  M.  Lecanu,  professeur  à  l'École  de  pharmacie  de 
Paris,  puis  par  M.  Lehniann  en  Allemagne,  et  par  plusieurs 
autres  physiologistes.  Elles  montrent  (ju'il  existe  des  variations 
fort  considérables  dans  l'aclivité  fonctionnelle  des  reins,  non- 
seulement  chez  les  divers  individus,  mais  aussi  chez  la  même 
personne,  suivant  les  conditions  biologiques  dans  lesquelles 
elle  se  trouve  ;  cependant,  dans  les  circonstances  ordinaires, 
les  différences  de  ce  dernier  ordre  se  compensent  assez 
promptement,  et  il  suffit  de  quebjues  jours  pour  que  la  moyenne 
s'établisse  d'une  manière  fort  approchée. 

Ce  qui  varie  le  plus  dans  le  rendement  de  l'appareil  urinaire, 
c'est  la  quantité  totale  de  liquide  excrété  en  un  temps  donné. 
Cependant,  dans  la  plupart  des  cas,  les  différences  quotidiennes 
sont  moins  grandes  qu'on  ne  serait  porté  à  le  supposer,  et  pour 
chaque  individu  la  moyenne  lournie  par  trois  ou  quatre  jours 
d'observation  ne  s'éloigne  (pie  peu  de  la  moyenne  générale. 
Ainsi,  dans  une  des  séries  de  recherches  faites  par  M.  Lecanu, 
le  poids  de  l'urine  évacuée  en  vingt-(piatre  heures  pendant  douze 
jours  consécutifs  a  varié  entre  7/io  grammes  et  1  C6/i  grammes  ; 
mais  si  l'on  tait  abstraction  du  dernier  joui'  où  l'écart  était  trop 
considérable  pour  ne  pas  être  attribué  à  quelques  circonstances 
particulières,  on  Irouve  (pie  la  moyenne  quotidienne  était  envi- 
ron 9.')7  grammes;  que  pendant  les  trois  premiers  jours  le 
minimum  était  91 8  et  le  maximum  9GG;  enliii  (pie  les  moyennes 
(piolidiennes  Iburnies  i)ar  (piarante-huit  heures  d'observation 
étaient  9o/i,  1002,  892  et  921 .  Dans  une  seconde  série  d'expé- 
riences dont  la  durée  était  la  môme,  mais  qui  était  faite  sur  une 
autre  personne,  la  moyenne  générale  était  9G/i  grammes;  les 
extrêmes,  d'une  [tart,  89/|  grammes,  d'auli^f^  part,  1 135  gram. 


QUANTITÉ    JOURNALIER!':    DKS    l'RODllTS.  513 

Enfin,  chez  un  troisième  individu,  le  môme  auteur  a  trouve, 
pour  la  moyenne  générale,  053  grammes. 

A  en  juger  par  ces  résultats,  on  pourrait  évaluer  à  environ 
1  kilogramme  ou  1200  grammes  la  quantité  moyenne  d'urine 
excrétée  en  vingt- quatre  heures  par  un  Homme  adulte  (1)  ; 
mais  cette  quantité  est  beaucoup  plus  élevée  chez  certains 
individus.  Ainsi,  chez  un  Homme  d'une  constitution  athlétique 
observé  par  M.  Lecaiiu,  le  poids  des  urines  évacuées  journelle- 
ment varia  de  1  kilogramme  et  demi  à  2  kilogrammes,  et  une 
sécrétion  rénale  non  moins  abondante  fut  constatée  chez  un 
autre  individu  bien  nourri  et  jirenant  beaucou[>  d'exercice.  En 
général,  le  sexe  ne  parait  influer  que  peu  sur  ces  résultats  (2); 
mais,  ainsi  qu'il  est  facile  de  le  prévoir  d'après  ce  que  nous 

» 

(1)    Voici   los   résultats   quotidiens       685,  et  la    moyenne  lOoù  grammes 
obtenus  par  M.  Lecaiiu  en  expérimcn-      (Farine  par  jour  (6). 
tant  sur  cinq  hommes  en  bonne  santé,  La  moyenne  obtenue  par  A.  Bec- 

âgés  (le  vingt  à   trente-huit   ans   et      querel,  chez  quatre  hommes  adultes, 
nourris  de  la  luanièrc  ordinaire  {a)  :        était  1267  grammes. 

(2)  Dans  les  expériences  d'A.  Bec- 
querel, la  quantité  d'urine  évacuée 
en  vingt-quatre  heures  a  été  un  peu 
plus  élevée  chez  la  femme  que  chez 
l'homme.  Cet  auteur  l'évalua  en 
moyenne  à  1371  grammes,  c'est-à- 
dire  environ  100  grammes  de  plus 
que  la  moyenne  fournie  par  ses  re- 
cherches sur  la  sécrétion  urinaire  de 
l'homme  (c).  Mais  les  recherches  de 
M.  Lecanu  n'accusent  pas  des  dillé- 
rences  si  grandes,  et  dans  quelques 
cas  la  sécrétion  rénale  était  notable- 
ment moins  abondante  chez  les  fem- 
mes que  chez  les  hommes  (rf),  et  je 
dois  ajouter  que,  dans  les  recherches 


N°  I. 

91S 
932 
96G 

H25 
743 
785 

1220 
89i> 
888 
985 

1664 


N"  II. 

1024 
947 
913 
907 

1133 
905 
940 
950 
922 
894 

1088 
949 


NMII. 

1139 
908 
990 

1004 
869 
822 
809 

1088 


N-IV. 

1713 
1678 
1436 
1742 
1900 
1932 


N"  V. 

2030 
2271 
1007 
1952 
2190 
2254 
1915 
1848 
1990 
1960 


Dans  vingt-quatre  observations  de 
ce  genre  faites  par  M.  Chanibert,  le 
maximum   était    1590,    le   minimum 


(a)  Lccanii,  Nouvelles  recherches  sur  l'itrinc  (Ann.  des  sciences  nat.,  2"  fûric,  1838,  t.  XII, 
p.  118  el  suiv.). 

(b)  Chanibert,  Recherches  sur  les  sels  et  la  densité  dés  urines  chez  l'homme  sain  {Recxml  de 
mém.  deméd.,  de  chir.  et  de  pharm.  militaires,  1845,  l.  LVIII,  p.  345). 

(c)  A.  Becquerel,  Sémiotique  des  urines,  p.  7. 

((/)  Lecaïui,  Op.  cit.  (Ann.  des  sciences  nat.,  2°  séi-io,  1838,  t.  XII,  p.  120), 


Quantité 
journalière 
d'urée,  etc. 


514  EXCRÉTION    URlNAlRIi:. 

savons  relativemenl  à  l'iiitliienee  que  les  boissons  exercent  sur 
la  sécrétion  rénale,  la  (|iiantilé  des  urines  évacuées  journelle- 
ment dépend  en  grande  partie  de  la  quantité  d'eau  qui  est  intro- 
duite dans  l'estomac. 

L'étude  de  la  ([uantité  de  matières  urinaires  que  l'urine 
entraîne  journellement  au  dehors  offre  plus  d'intérêt.  Cette 
quantité  est  susceptible  de  varier  aussi  beaucoup.  On  peut 
admettre  (ju'en  général  un  Homme  adulte  de  taille  moyenne,  et 
nourri  de  la  manière  ordinaire,  évacue  en  vingt-quatre  heures 
environ  : 


28  ou  30  grammes  d'urée. 
1  gramme  d'acide  urique. 

Quelques  décigrammes  de  créatine  et  de  créatiniue. 
15  grammes  de  matières  minérales. 

Mais  il  existe  à  cet  égard  des  différences  très  grandes  qui 
dépendent  de  la  constitution  des  individus,  du  régime  qu'ils 
suivent  ou  des  autres  conditions  biologiques  auxquelles  ils  sont 
soumis,  et  les  variations  peuvent  porter  ti^ès  inégalement  sur 
les  diverses  substances  contenues  dans  l'urine  (l). 


faites  plus  récemment  en  Prusse  par 
M.  Beigel,  la  dilïVrence  a  été  en  sens 
inverse  :  en  eil'et,  chez  dix  hommes, 
la  quantité  quotidienne  a  été  de 
1688  centimètres  cuhes,  et  chez  six 
femmes  do  882  ccnlimètres  cubes 
seulement.  En  tenant  compte  de  la 
grandeur  des  individus,  ce  physiolo- 
giste a  trouvé  que  la  quantité  d'urine 
correspoiulante  à  1  kilogrammi;  du 
poids  du  corps  était  par  jour,  terme 
moyen,  de  13  centimètres  cubes  chez 
les  femmes  et  de  21  centimètres  cubes 
chez  les  hommes  (a).  Il  est  du  reste 


évident  que  ce  désaccord  dans  les 
résultats  doit  dépendre  principale- 
ment de  différences  dans  le  régime 
chez  les  peuples  où  les  expériences 
ont  été  faites. 

(1)  Dans  une  série  d'expériences 
faites  par  M.  Lecanu  sur  des  hommes 
adultes  de  vingt  à  quarante  ans  envi- 
ron ,  l'excrétion  journalière  d'urée  a 
varié  notablement  chez  le  même  indi- 
vidu :  ainsi  chez  l'un  de  ceux-ci  elle 
a  oscillé  entre  23  et  ol  granmies  ; 
mais  en  général  les  écarts  étaient  peu 
considérables,  et  la  moyenne  fournie 


(a)  IJeigol ,  Uiitersuchimgcn  ûbcr  die  tiarn-  und  Harnstoffmengen  welche  von  Gesunden 
axisfieschieden  luerdeii  bci  (lewulinliclier ,  kiiappev  und  reicher  Didt.  {Nova  Acta  Avad.  nat. 
curies.,  1855,  t.  XVII,  p.  487  et  suiv.). 


QUANTITÉ    JOyUNALlÈK!:    DIÎS    PRODUITS.  515 

Ainsi,  dans quelques-iiaesdes expériences  faites  sur  l'Homme, 
on  a  vu  l'excrétion  de  l'urée  s'élever  à  jilus  de  50  grammes  par 

par  les  observations  cl.'  plusieurs  jours  plus  de  23  grammes,  et  est  tombé  un 

consécutifs  a  été  assez  fixe.  Ainsi  chez  autre  jour   à  environ  l!i  grammes  ; 

deux   honnnes  de  vingt  à  vingt-deux  chez  l'individu   B ,   il  a   varié  entre 

ans  (A  et  B),  la  quantité  d'urée  con-  10  et  16  grammes  (a). 

tenue  dans   les    urines    évacuées  en  Des  recherches  analogues  faites  par 

vingt -quatre   heures  pendant  douze  Alf.  Becquerel  sur  l'urine  de  quatre 

jours  consécutifs  a  été  en  moyenne  de  hommes  à   l'état    normal  ont  donné 

28  grammes  pour  l'un  et  de  'i?*;'  ,9  pour  l'excrétion  journalière  les  résul- 

pour  l'autre.  Chez  un  troisième  indi-  tats  suivants  : 

vidu  (C),  cette  moyenne  est  descendue  a.„„,-,  •  j       •                  ,  ^''' ':;"'• 

^    "  ^  tJuaniile  des  urines t267,3 

à  environ  26  grammes,  et,  chez  un  ^lau 1227  779 

quatrième    (D),    elle    s'est    élevée    à  urée 17  537 

30   grammes.    La  moyenne  générale  Acide  inique 0,405 

était    donc     d'environ    28     grammes.  Matières  organiques  Indéterm.        11,738 

Mais  chez  un  cinquième  individu  dont  Sels  fixes,  etc 9,751(6) 

la  sécrétion  urinaire présentait  diverses  La  quantité  d'urée  était,  comme  on 
anomalies,  cette  quantité  était  nota-  le  voit,  très  faible  ;  mais  dans  des 
blement  moins  élevée.  expériences  du  même  ordre,  faites 
Dans  les  mêmes  expériences,  l'éva-  par  M.  Lehmann,  des  résultats  sem- 
cuation  journalière  d'acide  urique  blables  n'ont  été  obtenus  que  sous 
était  en  général  d'environ  1  gramme,  l'inlluence  d'un  régime  non  azoté,  et 
et  ilest  à  noter  que  chez  l'individu  D,  dans  les  conditions  d'alimentation  or- 
où  l'excrétion  de  l'urée  était  la  plus  dinaire  la  quantilé  d'urée  excrétée 
élevée,  elle  n'était  que  de  0,3,  tandis  en  vingt-quatre  heures  ne  s'éloignait 
que  chez  la  personne  C ,  qui  produi-  que  peu  de  celle  constatée  par  M.  Lé- 
sait moins  d'urée  que  les  autres,  elle  canu.  En  elfet,  elle  était  de  32^'", 5  (c). 
a  atteint  en  moyenne  l^', 5.  Si  l'on  fait  \L  Scherer  trouva  chez  un  individu 
la  somme  de  ces  quantités  partielles,  on  27  gram. ,  et  chez  un  autre  29s'',8  (d). 
voit  qu'en  général  la  quantité  totale  M.  BischolF  évalue  l'excrétion  journa- 
de  matières  urinaires  azotées  excré-  hère  de  l'urée  à  37  grammes  (e),  et 
tées  par  un  homme  adulte  ne  s'éloigne  chez  un  des  individus  sur  lesquels 
que  peu  de  30  grammes  par  jour.  M.  l'iummel  fit  ses  recherches  ,  la 
Le  poids  des  sels  et  autres  matières  quantité  évacuée  de  la  sorte  s'est 
'  fixes  a  varié  davantage  :  ainsi,  chez  évaluée  à  39  grammes  (/").  Dans  une 
l'individu  A,  il  s'est  élevé  un  jour  à  série  de  recherches  dues  à  M.  Ham- 


(a)  Lccanu,  Notiv.  rech.  sur  l'urine  humaine  (Ann.  des  se.  nat.,  2*  série,  t.  XH,  p.  1 20  et  suiv.). 

(b)  A.  Becquerel,  Sémiotique  des  urines,  y>.  7. 

{c)  Lehmann,  Unters.  ûber  den  menschl.  Harn  {.lourn.  filr  prakt.  Chemie,  1842,  t.  XXV,  jj.  25). 

((/)  Sclieier,  Verijleichende  UnUrsuchungen  der  in  24  Slunden  durch  den  Harn  austretendeii 
Stoffe  (Verkandl.  der  Phys.-Med.  Cesellscliaft  iu  Wiinburg,  1852,  t.  lli,  [<.  i80i. 

(e)  BischolT,  Der  Ilarmloff  als  Mass  des  Sloffwechsels,  1853,  p.  19. 

(/')  Rumnicl,  Beitrdge  zii  den  verglelchenden  Unlersucliuiigen  der  iniiStunden  durch  de)i 
Harn  ausgeschiedenen  Stoffe  Jerh.  der phys.-med.  Gesellsch.  %ii.  Wur:iburg,  1854,  t.  V,  [..  110). 


516  KXCUÉTION    UKINAIRE. 

jour,  tandis  que  chez  le  même  individu  placé  dans  d'autres 
circonstances,  cette  (juantité  est  descendue  à  environ  15  gram- 


mond,  la  sécrétion  jouniiilirrc  crurinc 
dans  les  circonstances  oïdiniiiics  de  ré- 
gime s'est  élevée  de  1280  à  IZiiV  cen- 
timètres cubes,  et  la  quaiilité  d'urée 
et  autres  produits  organiques  contenus 
dans  ce  li(|uide  était  en  moyenne  de 
33  à  Z|5  grammes  ;  mais  je  dois  ajouter 
que  le  sujet  de  ces  expériences  était 
de  très  grande  taille,  et  faisait  par  jour 
trois  repas  tr-'s  substantiels.  Le  poids 
de  son  corps  était  d'environ  90  kilo- 
grammes (a).  Dans  des  expériences 
analogues  laites  par  M.  0.  Franque 
sur  un  Homme  de  vingt  et  un  ans, 
pesant  62'' '',6  ,  la  quantité  d'urée 
excrétée  en  vingt -quatre  heures, 
sous  rinlluence  d'un  régime  mixte, 
fut,  terme  moyen,  de  37s',9   (6),  et 


dans  une  série  d'expériences  dues  à 
M.  Kaupp,  cette  quantité  n'a  varié 
qu'entre  33e'-, 9  et  35k%9  (c),  tandis 
que  dans  les  i-eclierches  de  M.  Bodec- 
ker,  faites  sur  neuf  jeunes  gens ,  elle 
a  varié  entre  30s%3  et  3Ss%S  (rf). 

En  poursuivant  pendant  trois  cent 
trente  -  six  jours  la  détermination 
des  quantités  d'urée  excrétée  par 
la  même  personne  ,  1\I.  Smith  a 
trouvé,  terme  moyen,  519  grains 
(  ou  SS^^e  )  par  vingt  -  quatre 
heures  (p). 

M.  (].  Kerner  (/)  a  analysé  les 
urines  rendues  pendant  huit  jours  par 
un  honuue  pesant  72  kilogrammes,  et 
a  obtenu  pour  l'excrétion  quotidienne 
les  résultats  suivants  : 


Urine 


Uiéo 

Acide  mifiiie 

Chlorure  ili:  soiliiim 

Acide  suHiiiiiiiie 

Acide  plios|ilK)rif|iic 

Phospliale  Irilias^iimc  do  cliaux. 
Phosphate  liasi((uc  de  magnésie 

Phosphates  lorreiix 

Amnioniaqih' 

Acide  hlirc 


MAXIMA. 


2150  ce. 

(Il  ani. 

43,4 

d,370i 
19,2 

2,481 

4,001) 

0,5144 

1,2782 

1,7250 

1,0110 

2,2000 


MIMMA. 


1000  c.  C. 

32,0 
0,0995 

15,0 
2,257 
3,000 
0,2534 
0,0777 
0,9311 
0,7398 
1,4727 


TERME  MOYEN. 


U91   ce. 

(Jram. 

38,1 
0,9394 

10,8 
2,478 
3,417 
0,3705 
0,9757 
1,3522 
1,9492 
1 ,9492 


Dans  une  série  d'expériences  qui  de  l'acide  urique ,  ^\.  Bckleckor  a  vu 
portent   spécialement  sur   l'excrétion       la  quantité  de  ce  principe  immédiat 

(a)  llaninioiid,  De  VnclioH  de  certains  diurétiques  végétaux  (Journal  de  physiol,  1800,  I.  III, 

p.  227). 

(bj  0.  Franque,  Beitrâfie  zur  Kenntniss  der  llarnslo/fiuissclicidung  beiin  Mcnsrhcn.  Inawj. 
Abh.  Wiirzbiiri;,  1854  (Canstalt's  Jahresbericlit  fiir  1855,  l.  l,  p.  205). 

(c)  Kaiipp,  heitrage  sur  Physiologie  des  Marnes  (Vierordt's,  Archiv  fiir  phusiol.  Heilkundc, 
1855,  t.  MV,  p.  385). 

(d)  ISodedfer,  Kiuige  neilriigc  x-ur  Kenntniss  des  Stolfirechsels  im  grsunden  hurper  {Zeitsclir. 
fiir  ration.  Med.,  18i;0,  l.  X,  p.  101). 

(f)  K.  Siniih,  On  Ihc  Elimination  of  Vrea  and  Urinary  Wiiter,  eU\  {Proceedings  of  Ihc  Koyal, 
Society.  18r,l,  i.  \l,  p.  215). 

(0  H.  Kerner,  Ueber  das  pliysiologischc  Vertiallen  dcr  llcmocsàurc  {.\nlnv  fiir  luissensch. 
Heilkundc,  1858,  t.  111,  p.  010;. 


QUANTITÉ    JOLIRNALli:r,l':    DES    l'UOUllITS.  517 

mes.  Les  diflcrences  qui  dépendent  de  l'âge,  du  poids  du 
corps,  de  l'élat  de  santé  ou  de  maladie,  du  régime,  etc.,  sont 
également  très  considérables,  et  l'étude  doit  en  être  laite  avec 
soin. 

Nous  ne  savons  encore  que  peu  de  chose  au  sujet  de 
l'excrétion  journalière  de  la  créatine  et  des  autres  matières 
dites  extractives  de  l'urine,  mais  les  écarts  sont  également  très 
grands  (1). 

Il  en  est  de  même  relativement  aux  matières  minérales  qui 
sont  entraînées  au  dehors  par  les  urines,  et  qui  ont  été  l'objet 
de  recherches  plus  nombreuses  (2). 

Le  chlorure  de  sodium  est  d'ordinaire  beaucoup  i)lus  abon- 
dant qu'aucune  des  autres  substances  salines  qui  sont  éliminées 


se  maintenir  entre  le^lGO  et  is%529 
par  jour  (a). 

(l)  Quelques  expériences  relatives 
au  rendement  de  la  sécrétion  urinaire 
en  créatine  et  en  créatinine  ont  été 
laites  par  ]\I.  Tluidicnm.  Elles  ^por- 
tent sur  deux  hommes  :  la  quantité 
de  créatine  obtenue  journellement  a 
varié  entre  36  et  58  centigrammes  ; 
celle  de  la  créatinine  s'est  maintenue 
entre  20  et  Zil  centigrammes  (6). 
M.  Loebc  a  trouvé  des  quantités  un 
peu  plus  élevées  de  créatinine  :  chez 
un  hidividu  elle  était  de  O'^'Jd,  et 
chez  un  second  de  Os^',77  en  vingt- 
quatre  heures  (c). 

Suivant  M.  Weisemann,  la  quantité 
quotidienne  d'acide  hippurique  con- 


tenu dans  son  urine  varia  entre  Os^TO 
et  5g%17  {cl). 

('2)  Dans  les  recherches  de  M.  Cham- 
bert,  la  quantité  de  matières  salines 
évacuée  en  vingt-quatre  heures  pat- 
tes voies  urinaires  a  varié'  entre 
es^gOS  et  23s%936,  La  moyenne  gé- 
nérale était  de  l/|-%85a  (c).  M.  Leh- 
mann  a  vu  que,  sous  l'influence  d'un 
régime  ordinaire,  les  quantités  extrê- 
mes étaient  9SS65  et  17s%28,  et  que 
la  moyenne  était  J5^'",2^i  (/"),  résul- 
tats qui  sont  notablement  plus  élevés 
que  ceux  obtenus  précédemment  par 
M.  Lecanu  et  rapportés  ci-dessus, 
ainsi  que  des  évaluations  laites  par 
Alfred  Becquerel ,  qui  donne  pour 
moyenne  9^%75  {y). 


(a)  J.  Bôdecker,  Beitrage  xu  chendsch-pathologischen  Versuchen,  Wiirzbiirg,  1854  (Cans(.ill's 
Jahresbericht  fiiv  1856,  1. 1.  p.  OOi. 

(b)  Tlu:Jiciim,  A  Treatise  on  Ihe  Pathology  of  Urine,  1860. 

(c)  Locbe ,   Beitrâge  zur  Kennlniss  des  Krcatinens  (Jottvnal  {iïr  pmkt.    Chemie,   1861, 
I.  LXNXll,  p.  180). 

(d)  WeiseDWiin,  Uebcr  die  Bildung  dcr  Hippursdure  beim  Mcnschen,  Giitlinjuc,  1857  (Canslatt's 
Jahresbericht  fiïr  185S.  1. 1,  p.  73). 

(e)  Chainbcri,   Op.  cit.  {liecueil  de  mémoires  de  médecine  chirurgicale  et  de  pharmacie  mili- 
taires, 1845,  t.  LVIII.  p.  343). 

(f)  Li  hmaïui,  Lehrbuch  der  Chemie,  t.  Il,  p.  401. 
((/)  Alf.  Beciiiieiel,  Séiniolique  des  urines,  \i.  7. 


518  EXCRÉTION    IIUNAIRE, 

de  l'organisme  par  la  sécrétion  rénale  ;  quelquefois  la  quantité 
s'en  élève  î\  plus  de  20  grammes,  mais  d'autres  l'ois  on  n'en 
trouve  que  de  faibles  traces  Du  reste,  ces  grandes  différences 
sont  en  général  accidentelles  [>lutôt  que  physiologiques,  et 
dépendent  principalement  du  mode  d'assaisonnement  des  mets. 
Ainsi  on  a  vu  cette  quantité  varier  de  1  à  10  chez  le  même 
individu,  suivant  qu'il  se  nourrissait  d'aliments  frais  ou  de 
salaisons,  et  cela  s'explique  facilement  d'après  ce  que  nous 
savons  déjà  au  sujet  du  passage  des  matières  minérales  de  l'es- 
tomac dans  les  urines.  C'est  aussi  à  des  circonstances  analogues 
que  nous  devons  attribuer  en  grande  partie  les  différences 
considérables  qui  se  font  remarquer  dans  les  résultats  moyens 
obtenus  par  divers  expérimentateurs.  Ainsi,  en  France,  où  l'on 
n'a  pas  l'habitude  de  consonuiier  beaucoup  de  sel  de  cuisine, 
le  poids  des  chlorures  contenus  dans  les  urines  dépasse  rare- 
ment 8  grammes  par  jour  et  peut  être  évalué  en  moyenne  à 
environ  8  grammes,  tandis  que  dans  la  plupart  des  expériences 
faites  en  Allemagne,  où  l'usage  des  salaisons  est  plus  général, 
cette  moyenne  est  au  moins  de  1 1  à  12  grammes,  et  s'élève  chez 
quelques  personnes  à  17  ou  même  18  grammes  [mr  jour  (1). 
La   quantité   d'acide   sulfurique  contenu  dans  les  sels  de 


(1)  La  quantilé  de  cliloriue  de  so- 
dium extraite  des  urines  évacuées  en 


Grani 

6,6  dans    les    expériences    île 

M.   Barrai,    faites  é^ale- 

24  heures  a  été,  ternie  mojen,  de  :  ^^^^^  ,   p^,.^  ^^,,.  ,^^j^ 

1  grani.  environ  dans  quelques  expériences  hommes  adultes  (c). 

faites  à  Paris  par  A.  Becquerel,  9,6             dans    les     expériences    de 

qui  trouva  en  moyenne  0,659  de  -            M.  Jul.  Lfbmann,  faites 

chlore  [a).  en  Allemagne  (d). 

3,4     dans  les  expériences  de  M.  Lecanu,  iO  a   13       d'après  Vogel  (é). 

faites  à  Paris  sur  cinq  hommes  6,8  à  14,9     dans    les    expériences    de 

adultes  (6).  M.  Wilde  (f  ). 

(a)  A.  Becquerel,  Sémiolique  des  urines,  1841,  p.  7. 

(b)  Lecanu,  Op.  cit.  {Ann.  des  sciences  nat.,  t.  XII,  p.  121. 

(c)  Barrai,  Statique  chimiq^lc  des  Animaux. 

((/)  Jul.  Lchniann  ,  Uebei-  dcn  Kaffce  als  Getrânk  in  chemisch-pliysiol  Ilinsicht  (Canstatt's 
JahvtsberUlit  liir  1853,  t.  1,  p.  l'.)7). 

(e)  Vogel,  Die  Semiotik  des  mensclilirhen  Urins,  185^,  p.  326. 

(/■)  Wilde,  Disquis.  quœdam  de  alcalicis  per  urinam  excre(is.  Uorpal ,  1855  (Canstatt's 
Jahresberichl  fur  1850,  1. 1,  p.  98). 


QUANTITÉ    JOL'RNALIÈRK    DES  "  PRODUITS.  519 

l'urine  est  ordinairement  d'environ  2  grammes  par  jour  ;  mais 
à  cet  égard  les  différences  individuelles  et  les  variations  qui 
peuvent  survenir  chez  la  même  personne  sont  aussi  très 
grandes.  Ainsi,  dans  des  expériences  faites  par  M.  Lelimann 
pour  étudier  l'influence  du  régime  sur  les  produits  de  la  sécré- 
tion rénale,  le  poids  des  sulfates  excrétés  de  la  sorte  en  vingt- 
quatre  heures  a  varié  entre  5^',8/i6  et  10^', 399  chez  la  même 
personne  (1). 

En  général,  les  phosphates  alcalins  et  terreux  qui  se  trouvent 


Gram, 

14,5  d'après  M.  Bischoff,  de  Munich  ; 
moyenne  de  huit  jours  d'observa- 
tion sur  un  homme  de  quarante- 
cinq  ans  (a). 

14,9  dans  une  série  d'expériences  faites 
par  M.  Kaupp, 

17,0  flans  une  autre  série  d'expériences 
du  même  auteur  (fc). 

11,3  d'après  six  séries  d'expériences 
faites  par  M.  Wagner  (c). 

11,3  d'après  six  séries  d'expériences 
faites  par  M.  Buciiheim  {d). 

12,8  dans  une  série  d'expériences  faites 
par  M.  Genth. 

18,5  dans  une  autre  série  d'expériences 
par  le  même  (e). 

17,5  dans  huit  séries  d'expériences  faites 
par  M.  Hegar  if). 

16,8     d'après  M.  Kerner  (g). 

(1)  Voici  les  résultats  moyens  four- 


nis par  les  recherches  de  phisieurs 
physiologistes  : 

Gram- 

2,34  d'acide  sulfuriquo  en  vingt  quatre 
heures  chez  les  cinq  hommes 
adultes  employés  aux  expé- 
riences de  M.  Lecanu. 

d'après  A.  Becquerel. 

pour  l'ensemble  des  expériences 
faites  par  M.  Lehm^nn. 

pour  une  série  d'expériences 
faites  sur  sept  personnes  par 
M.  Gruner  (h). 

pour  douze  expériences  faites  sur 
la  même  personne  par  M.  Buck- 
heim  (i). 
2, OG  à  2,28  dans  deux  séries  d'expériences 
faites  par  M.  Beneke  {jj. 
2,10  pour  une  série  de  dix  expériences 
faites  sur  un  même  individu 
par  M.  Wagner  (fc). 


1,12 
3,93 

1,90 


1,74 


(a)  Bischoff,  Der  Harnstalf  als  Mass  des  Stoffwechsels.  Giessen,  1853,  p.  25. 
(6)  W.  Kaupp,   Beilràge  zur  Physiologie  des  Uaviies  {Arcldv  fur  physiologlsche  Heilkunde, 
1855,  t.  XIV,  p.  385). 

(c)  Wairner,  voyez  Day,  Chemistry  in  ils  Relations  to  Physiology  and  Medicine,  p.  312, 

(d)  Buckheim,  voyez  Day,  loc.  cit. 

(e)  Genth,  Untersuchungen  iiber  den  Elnjluss  des  Wassertrinkens  auf  den  Stoffuiechsel, 
1850. 

If)  Hegar,  Uebev  Ausscheidung  der  Chlorverbindungen  durch  den  Harn.  Inaug.  Abh.  Gies,son, 
1852  (Canstall's  Jaliresbericht  iiber  die  FortschrUte  der  gesammten  Medicin  im  1852,  p.  121). 

(g)  Kerner,  Op.  cit.  {Archiv  fiïr  luissensch.  Heilk.,  1858,  t.  111). 

[h)  Gruner,  Die  Auscheidung  der  Schwefelsâure  durch  den  Harn.  Inaug.  Abh.  Giessen,  1852 
(Canslatt's  Jahresbencht  fiïr  1852,  t.  I,  p.  122). 

(i)  Uuckheim,  loc.  cit. 

{])  Beneke,  Stndien  mir  Urinologie  {Archiv  des  Vereins  filr  gemeinschaftliche  Arbeiten,  1854, 
t.  I,  p.  602). 

(A)  Wagner,  loc.  cit. 


550  KXCRÉTION    L'RINAIRK. 

dans  l'urine  cnlraînent  au  dehors  chaque  jour  environ  o  gram- 
mes d'acide  pliosphorique.  De  même  que  pour  les  autres  ma- 
tières minérales  dont  je  viens  de  parler,  les  différences  cj<ii 
s'observent  à  cet  égard  dépendent  en  grande  partie  de  la  quan- 
tité de  i)hosphates  que  les  aliments  introduisent  dans  l'orga- 
nisme (1).  D'ordinaire,  environ  un  quart  de  l'acide  phospho- 


G  ra  m . 

!2,48  pour  une  scrio  de  dix-sept  expé- 
riences faites  par  un  même 
individu  par  M.  Ncuiiauer. 

2,27  I  our  une  série  de  vingl-deiix 
expériences  faites  par  le  même 
auteur  sur  un  autre  homme  (a). 

2,2S  piuir  une  série  de  quatorze  expé- 
riences faites  par  M.  Clare  {b). 

2,55  dans  les  expériences  faites  par 
M.  Gentil  dans  des  conditions 
de  régime  ordinaire. 
1,8  à  4,0  dans  les  expériences  de  M.  Bô- 
decker,  portant  sur  neuf  jeunes 
gens  (c). 

(1)  Ainsi,  M.  Aulicrt  a  irouvo  que, 
par  suite  de  radmiuislralion  intérieure 
de  31  grammes  de  pliospliate  de  soude, 
la  quantité  d'acide  pliosphorique  con- 
tenu dans  les  urines  s'est  élevée  à 
Il  grammes,  tandis  que  dans  les  cir- 
constances ordinaires  elle  n'était  que 
de  2s',8  en  vingt-quatre  heures  (d). 


Dans  les  expériences  comparatives 
faites  par  M.  Ilaugliton  sur  des  indi- 
vidus soumis  les  uns  à  un  régime  vé- 
gétal, les  autres  à  un  régime  animal, 
la  quantité  d'acide  pliosphorique  éva- 
cué en  vingt -quatre  heures  était, 
terme  moyen,  de  '2Gs'""%9  (ou  1«',7) 
pour  les  premiers,  et  de  o7  grains 
(ou  2^',/i)  pour  les  seconds. 

Voici  les  résultats  moyens  obtenus 
par  divers  physiologistes  : 

G  l'a  m. 

3,1        dans  les  expériences  de  M.  Mos- 
Icr  (e). 
dans  les  expér.  de  M.  KroUbe  (/). 

dans  des  expériences  faites  sur 
trois  individus  par  M.  \Vin- 
ter  (a). 

3,8  à  3,9  dans  les  expériences  de  N.  Julius 
Lelimann  (h). 
3,7       dans  quatre   séries  d'expériences 
faites  par  M.  Breed  (i). 


(a)  Ncuhaucr,  Anleltung  ziir  qualUativcn  und  quantilativcn  Analyse  des  Harns,  i85i. 

(h)  Clare,  Expcrimenia  de  excretioiie  acidi  sulphurici  per  urmam,  dissert,  inaug.  Dorpal, 
1854  (Canstatl's  Jahresbenchl  fur  1855,  t.  I,  p.  103). 

(c)  Bodecl<cr,  Ein  Beilrug  xur  Kenntniss  des  Stoffwechsels  im  gesimden  Kôrper  {Zeitschr.  fi'ir 
ration  Med.,  18(!0.  t.  X,  |>.  153). 

(dj  Aulicrl,  Expérimental- linlersnchnngen  ïther  die  Frage,  oh  die  Mittelsalze  anf  Endosmo- 
tischem  Wege  ablïihren  (Zeitsehrift  fier  rationelle  Mediciii.  2-  série,  ISS-J,  t.  H,  p.  2-25). 

(e)  Moslcr,  lieitrâge  swr  Kenntniss  der  Urins-Ahsonderung  hri  gesnnden,  scliwangcrn  nnd 
kranken  l'ersonen.  Inavg.  Ahh.  Uiessen,  1853. 

(H  Krolibe,  Eehcr  die  Menge  der  Phosphorsàurc  im  llarn  nnd  iiber  die  Ausschcidnng  der 
Erdphosphatè  bcimiiochen  di's  liâmes,  Copcnliaguc,  1857   (Canslatt's  Jahrsbericht  /tir  1857, 

t.  I,p.  181). 

(g)  Winter,  Ikitrrige  z-nr  Eenniniss  der  Urinabsondening  bei  Gesunden.  I)iaug.  Abliand. 
Gicsscn,  1S42  (Canstall's  .lahresberiehte,  1852,  p.  123). 

(h)  .].Lc\\a\ann,Ueber  den  Kaffee  als  Ceirdnk  in  chemisch-pathologischer  HinsichtiCanslM's 

Jahresberichl  /■«»•  1853,  t.  I,  p.  197). 

(il  Brccd,  IJeber  den  C.ehall  des  normakn  Urins  an  l'hoiphorsdurcn  (Annatcn  der  Clicmic  und 
Pharm.,  1851,  t.  LXXVIII,  p.  150). 


QUANTITÉ    JOURNALIÈRE    DES    PRODUITS.  521 

lifjiie  est  combine  avec  les  bases  terreuses,  c'esl-à-dire  avec 
la  chaux  et  la  magnésie,  tandis  que  les  trois  quarts  sont  unis 
aux  bases  alcalines.  La  quantité  de  phosphate  terreux  excrété 
de  la  sorte  en  vingt-quatre  heures  peut  être  évaluée,  terme 
moyen,  à  environ  1  gramme  (1),  dont  à  peu  près  0,33  centi- 
grammes de  phosphate  de  chaux  et  0,67  centigrammes  de 
phosphate  de  magnésie  (2). 

§  18.  —  D'après  ce  que  nous  avons  vu  précédemment  eu 
étudiant  les  causes  des  variations  dans  la  composition  chimique 
des  urines,  nous  pouvons  prévoir  que  les  ditïérences  que  je 


3,1 

chez   un  individu  dans  les  expé- 

riences de  M.  Neubauer. 

ifi 

chez   nn  autre  individu  dont  les 

urines    furent   analysées  par  le 

même  auleur  (a). 

3,4 

dans  les  expér.  de  M.  Gcnlh  (b). 

3,4 

dans  les  expér.  de  M.  Kaupp  (c). 

2,9 

chez   un    individu    examiné     par 

M.  Beneke. 

2,2 

chez   un    autre  individu    examiné 

par  le  même  auteur  (d). 

2,9 

d'après  M.  Haxtliausen  (e). 

2,8 

d'après  M.  Dunckleniberg  (/"). 

(1)   La  quantité  totaK^   des  phos- 
phates terreux  excrétés  journellement 


par   les   voies  uriiiaires   a  été,    en 
moyenne ,  de  : 

1,09  d'après  M.    Lchmann  [g]. 

1,20  d'après  M.  Beneke  (h). 

1,48  d'après  M.  Bocker  (i). 

0,94  d'après  M.  Neubauer  (j). 

(i!)  Cette  proportion  correspond  à 
peu  près  à  3  équivalents  de  phosphate 
de  magnésie  ('2MgO,i>0'>)  pour  1  équi- 
valent de  phosphate  de  chaux  (liCaO, 
PQS).  Elle  a  été  constatée  par  M.  Klot- 
zinski  et  par  M.  Neubauer  (k). 

Dans  une  série  d'expérience*   sur 


(a)  Neubauer,  Uebcr  die  Erdphosphate  des  Hanis  [Journal  fii:  pi\ikL  Chenue,  1850,  t.  LWil, 
p.  05). 

(b)  Gentil,  Unlers.  iïber  dcii  Einlluss  des  Wasserlrliikeiis  au  f  de  a  Sto/J'wechsel,  1850. 

(c)  Kaupp,  Op.  cit. 

(dj  Beneke,  Studien  nu-  Urologie  (.\rchio  des  Vereim  [iïv  fj:ind<is:hafili':he  .KrbeUen,  1851, 
t.  I,  p.  000). 

(e)  Wd^whmim,  Acidutn  phosphoricum  urinœ  et  excreinentoriun,  dissert   inaii-^.  Halle,  1800 
[Zeitsclir.  far  ration.  Med.  Berichl.  fUr  1800,  p.  3i8). 

{fi  Uuncklember^',  Vcrsuch  iïbcr  liant,  besonders  iur  Ristimmunij  seines  Gihaltes  an  PIios- 
phorsdure  und pliosplwrsaurer  Erde  {.\nn.  fur  Chenue  und  Pharm.,  1855,  t.  XCIII,  p.  88). 

{(j)  Lelimann,  Lehrbiich  der  phijsioloijischeii  Cheinie.  t.  Il,  p.  350. 

(/i)  Beneke,  Op.  cit.  {.\rchiv  des  Verctns  filr  tjem.  .\rbeiten,  1854,  t.  I,  p.  000). 

(t)  Bocker,  Versuche  iiber  die  Wirkung  des-  Thees  auf  den  Menscheii  {Archlv  des  Vereins  filr 
(jemeinsch.  Arbciteii,  1854,  t.  I,  p.  213), 

ijj  Neubauer,  Ueber  die  Erdphosphate  des  Harns  (Journal  fiir  prakt.  Chcniie,  1850,  t.  LXVIt 
p.  05). 

(fc)  Klctzinski,  Zur  Semiotik  der  phosphosauren  Salze  des  Harns  (Hellcr's  Arclav  fur  pltgs.  uni 
path.  Ciieaue  und  Mikrosc,  1852,  t.  V,  p.  270). 

—  Neubauer,  Op.  cit.  [Juui'iial  fur  prakt.  Chemie,  t.  LXVIl,  p.  70). 


522  EXCRÉTION    URINAIRE. 

viens  de  signaler  dans  le  rendement  du  travail  sécrétotre 
effectué  par  les  reins  doivent  dépendre  en  grande  partie  de 
l'alimentation  et  de  l'état  général  de  l'organisme  ;  cependant 
ces  notions  générales  ne  peuvent  nous  suffire,  et,  pour  ter- 
miner cette  étude  de  la  sécrétion  urinaire ,  nous  devrions 
nous  occuper  maintenant  de  l'examen  plus  approfondi  des  cir- 
constances qui  influent  sur  ces  phénomènes  ;  miais,  ainsi  que 
j'ai  déjà  eu  l'occasion  de  le  dire,  les  questions  qu'il  nous 
faudrait  exaniiner  se  lient  d'une  manière  si  intime  à  l'histoire 
de  la  nutrition,  qu'on  ne  peut  guère  les  en  séparer.  En  effet, 
pour  hien  apprécier  la  signification  de  la  plupart  des  faits  que 
nous  aurions  à  passer  en  revue,  il  nous  faudrait  tenir  compte 
de  ce  qui  entre  dans  l'organisme,  aussi  hien  que  de  ce  qui  en 
sort,  et  nous  aurions  besoin  de  connaître  aussi  quelles  sont 
les  transformations  que  les  matières  introduites  dans  le  torrent 
de  la  circulation  subissent  avant  d'arriver  dans  l'appareil  rénal. 
D'un  autre  côté ,  la  considération  des  résultats  fournis  par 
l'élimination  urinaire  jette  d'utiles  lumières  sur  les  actions  chi- 
miques dont  l'économie  animale  est  le  siège.  Pour  toutes  ces 
raisons,  il  me  semble  préférable  de  ne  pas  m'avancer  davan- 
tage  dans  l'histoire  des  excrétions  avant  d'avoir  abordé  l'étude 
des  caractères  du  travail  nutritif,  et,  par  conséquent,  dans  la 
prochaine  Leçon,  j'aborderai  ce  sujet  en  même  temps  que  j'exa- 
minerai comparativement  l'emploi  physiologique  de  Vingesta 
et  l'origine  de  l'excréta. 

ies    piopoi lions    lelalives  des  terres      trouvé ,  terme  moyen,  0,172  de  ma- 
contenues  dans  les  urines  excrétées      gnésie  («). 
en  vingt-quatre  lieures,  M.  Wagner  a 

(a)  G.  Wagner,  Expérimenta  de  excretione  calcaviœ  et  inagnesiœ,  Dorpat,  1855  (Canstatl's 
Jahresberichle  fiiv  1850,  t.  I,  p.  85). 


SOIXANTE-SIXIEME  LEÇON. 


DE  LA  NUTRITION.  —  Sort  des  diverses  matières  qui  entrent  dans  l'organisme.  — 
Matières  qui  ne  se  fixent  pas  dans  l'économie  et  qui  la  traversent  sans  y  éprouver 
de  changements;  usage  de  quelques-unes  de  ces  substances;  importance  physio- 
logique de  l'eau.  —  Sels  minéraux,  etc.  —  Matières  organiques  qui  sont  détruites 
dans  l'économie  animale.  —  Preuves  de  la  combustion  physiologique.  —  Produits 
de  la  combustion  des  matières  organiques  non  azotées  et  azotées.  —  Origine  des 
principes  urinaires.  —  Dédoublement  des  matières  organiques  sous  l'influence 
d'une  oxydation  partielle.  —  Production  des  matières  grasses  dans  l'organisme. — 
Production  du  sucre  ;  fonctions  glycogéniques  du  foie.  —  Rapports  entre  la  recette 
et  la  dépense  nutritives.  —  Pertes  journalières  de  carbone,  d'azote,  etc.,  etc. 


^  1 .  — Nous  avons  vu  dans  les  précédentes  Leçons,  que  tous     Échanges 

de  matière 

les  Animaux  puisent  sans  cesse  dans  le  monde  extérieur,  d'une       entre 

l'orffanisnie 


extérieur. 


part,  de  l'oxygène  qui  pénètre  dans  leur  organisme  par  les  et  le  mondo 
voies  respiratoires,  et  d'autre  part,  de  l'eau,  des  substances 
salines  et  des  matières  organiques  riches  en  carbone,  en  hydro- 
gène et  en  azote,  qui,  introduites  d'abord  dans  une  cavité 
digestive,  sont  ensuite  absorbées  et  versées  dans  le  sang  ou 
dans  le  fluide  irrigatoire  correspondant  à  ce  liquide,  de  façon  à 
être  répandues  dans  les  diverses  parties  de  l'économie.  Nous 
savons  aussi  que  tout  être  animé  éuiet  en  même  temps  de 
l'aide  carbonique,  et  perd,  sous  la  Ibrme  d'urine  et  d'autres 
produits  excrémentiliels,  de  l'eau,  divers  composés  azotés  et  des 
matières  minérales.  Nous  avons  étudié  les  fonctions  à  l'aide 
desquellesces  échanges  s'établissent  entre  l'Animal  et  le  monde 
extérieur  ;  mais  nous  n'avons  encore  pu  nous  rendre  (\)mpte 
de  l'emploi  physiologi(|ue  de  tout  ce  qui  arrive  de  la  sorte  dans 
l'intérieur  de  l'organisme,  ni  de  l'origine  des  matières  excré- 
tées. Pour  avancer  davantage  dans  l'étude  des  phénomènes  de 
nutrition,  il  faut  que  nous  cherchions  à  résoudre  ces  questions, 
à  saisir  les  relations  qui  peuvent  exister  entre  Vingesta  et 
VexcreM,  à  connaître  les  modiiications  que  la  matière  subit  en 


524  NUTRITION. 

traversant  les  corps  vivants,  et  découvrir  les  conséquences  de 
ce  travail  intérieur. 

Afin  de  procéder  méthodiquement  dans  ces  investigations 
difficiles,  et  d'acquérir  tout  d'abord  quelques  notions  relatives  à 
la  nature  des  phénomènes  dont  l'élude  va  nous  occuper,  il  me 
paraît  utile  d'examiner  en  premier  lieu  ce  que  deviennent 
certaines  matières  qui,  introduites  dans  l'économie  par  les 
organes  digestifs  ou  par  toute  autre  voie,  ont  été  absorbées  et 
portées  dans  le  torrent  de  la  circulation. 
Emploi  §  2.  — Les  corps  étrangers  dont  le  sang  s'est  chargé  de  la 

'''ùLSeT'  sorte  peuvent  en  disparaître  de  trois  manières  :  tantôt  ils  s'en 
séparent  sans  y  avoir  éprouvé  aucun  cliangement,  et  s'échap- 
pent de  l'organisme  par  la  transpiration  ou  par  les  sécrétions  ; 
d'autres  fois  ils  v  sont  détruits,  c'est-à-dire  transformés  en  com- 
posés  nouveaux;  enfin,  il  peut  arriver  aussi  qu'ils  soient  pris 
par  le  tissu  de  certains  organes  qui  les  fixent  et  se  les  appro- 
prient. 
Maiicrcs         En  étudiaiit  Ics  fonctious  des  glandes  urinaires,  nous  avons 

qui  Irnver.'eiit  ,  .,  ..  .. 

l'organisme  rcnconlre  beaucoup  d  exemples  de  matières  qui,  introduites 
c'trc  nioiuiiécs.  daus  l'économic  animale  par  les  voies  digestives  ou  autrement, 
ne  font  ({ue  traverser  l'organisme,  et  sont  rejetées  au  dehors 
avec  les  autres  produits  du  travail  excrétoire  sans  avoir  subi 
aucun  changement.  Tels  sont  la  plupart  des  sels  minéraux  et 
beaucoup  d'autres  matières  que  nous  avons  vuesa|)paraître  dans 
les  urines  |)eu  de  temps  après  leur  introduction  dans  le  torrent 
delà  circulation.  La"plus grande  [tartic  de  l'eau  qui  estabsorbée 
parles  parois  du  tube  dij^estif  ou  par  la  [icausuit  aussi  la  même 
route,  ou  s'échappe  au  dehors  en  s'évaporant,  soit  à  la  surface 
de  l'organe  respiratoire,  soit  à  travers  les  téguments  extérieurs. 
Toutes  ces  matières  traversent  jiliis  ou  moins  rapidement  le 
corps  vivant,  et  souvent  leur  présence  y  est  pour  ainsi  dire  un 
accident  sans  importance.  IMais  d'autres  fois,  malgré  le  peu  de 
durée  de  leur  si'jour  dans  l'organisme,  elles  y  jouent  un  rôle 


MATIÈRES    QUI    TRAVRKSENT    l'oRGANISME.  525 

considéniblo,  en  raison  de  rinllnence  (urellcs  exercent  sur  les 
propriétés  pliysi(iLies  ou  chimiques  des  tissus  qui  s'en  imbibent 
ou  des  humeurs  qui  en  sont  chargées. 

Ainsi,    la    presque  totalité  du  chlorure  de  sodium  qui  se     ci.ionirc 

.  I  , .  ,  .  tle  soiliuii). 

trouve  dans  nos  auments  ou  que  nous  y  ajoutons  comme  con- 
diment, après  avoir  été  absorbée  et  versée  dans  le  sraig,  est 
séparée  de  ce  liquide  par  l'action  sécrétoire  des  reins  et  ex- 
crétée avec  les  urines.  Au  premier  abord,  on  pourrait  donc 
croire  que  cette  substance  minérale  est  sans  usage  dans  l'éco- 
nomie, ou  tout  au  moins  ({ue  l'organisme  n'en  utilise  que  des 
quantités  très  minimes.  Mais  cette  opinion  serait  erronée. 
Lorsque  dans  une  des  premières  Leçons  de  ce  cours,  je  faisais 
l'histoire  du  sang ,  j'ai  dit  que  les  globules  rouges  dont  ce 
liquide  est  chargé  ne  conservent  leur  état  normal  que  lorsque 
le  sérum  qui  les  baigne  tient  en  dissolution  des  matières  salines 
en  certaines  proportions;  qu'en  présence  d'un  liquide  conte- 
nant de  l'eau  en  trop  grande  abondance,  ces  corpuscules  se 
gonflent  et  se  déforment  ;  enfin,  que  le  chlorure  de  sodium 
était  une  des  substances  les  plus  propres  à  empêcher  l'action 
désorganisante  de  l'eau  sur  ces  mômes  globules  (1).  Il  en 
résulte  donc  que  le  sel  de  cuisine,  lors  même  qu'il  ne  fournirait 
aucun  élément  constitutif  des  tissus  vivants  ou  des  liumeurs 
sécrétées,  et  ne  ferait  que  traverser  l'économie  animale  comme 
un  corps  étranger,  n'y  serait  pas  moins  très  utile  en  donnant  au 
sérum  du  sang  qui  le  tient  en  dissolution  la  propriété  de  char- 
rier les  globules  hématiques  sans  les  altérer.  Or,  la  sécrétion 
urmaire  emporte  sans  cesse  au  dehors  des  (piantités  plus  ou 
moins  considérables  de  cette  substance  ;  par  conséquent, 
l'Homme  et  les  Animaux  qui  se  rapprochent  le  plus  de  nous 
par  leur  mode  d'existence  ont  l)esoin  d'en  introduire  journel- 
lement dans  leur  organisme.  Ils  en  trouvent  dans  leurs  aliments, 

(1)  Voyez  tome  f,  page  19(i  et  suivantes. 

vu.  3Zi 


526  NUTRITION. 

et  l'Homme,  ainsi  que  (ii.iciin  le  sait,  en  l'ait  nn  grand  usage 
comme  coïKliment  (1). 
rhosphaie        Le  phosphate  de  sonde  donne  lien   à  des  remarqnes  ana- 
de  soude.     jQgijgg  ]\^Q^g  .)vons  VU  précédemment  que  la    présence  de  ce 
sel  en  dissolution  dans  l'eau  ou  dans  le   sérum  augmente  la 
solubilité  de  l'oxygène  dans  ces  liquides  (i),  et  par  conséquent 
on  conçoit  que  sa  présence  dans  le  sang  puisse  être  favorable 
à  l'accomplissement  du  travail  respiratoire. 
Eau.  §3.  — L'eau,  qui  ne  séjourne  que  peu  dans  l'intérieur  de 

l'organisme,  mais  qui  le  traverse  sans  cesse  en  quantité  consi- 
dérable, y  joue  un  rôle  encore  plus  important.  Aucun  tissu  ani- 
mal ne  présente  les  propriétés  physiques  nécessaires  pour 
l'accomplissement  de  ses  fonctions,  s'il  n'est  imbibé  d'une 
certaine  quantité  d'eau,  et  la  dessiccation,  (juand  elle  atteint 
une  limite  déterminée,  est  une  cause  de  mort  ou  de  suspension 
de  l'activité  physiologique  dans  l'ensemble  de  tout  être  vivant 
aussi  bien  que  dans  chacune  des  parties  de  son  corps. 
Effets  Une  expérience  faite  pour  la  première  fois  par  Leeuwenhoek 

la  dessiccation,  vcrs  la  liu  du  wif  sièclc,  et  complétée  [)lus  récemment  par  le 
célèbre  Spal'anzani,  montre  d'une  manière  presque  merveil- 
leuse l'importance  du  rôle  de  l'eau  dans  l'économie  animale. 
Leeuwenhoek,  en  observant  au  microscope  l'eau  bourbeuse 
retenue  dans  les  gouttières  des  toits,  y  trouva  des  Animalcules 
très  bizarres,  qui  ont  reçu  le  nom  de  Rotifères,  à  cause  de  deux 
disfpies  situés  sur  les  cotés  de  la  tète  et  garnis  d'une  (range 
de  cils  vibralilcs  dont  les  mouvements  produisent  l'effet  optique 
d'une  roue  tournant  avec  rapidité  (o).  Or,  cet  habile  observateur 


(1)  Dans  une  procliainc  Leçon,  lors-  ralistcs  des  xvn^'  et  xviii''  siècles,  qui 
que  nous  nous  occuperons  du  régime  étudièrent  au  microscope  ces  Animal- 
alimentaire  de  rilonnne,  nous  aurons  cules,  n'avaient  pu  se  former  des  idées 
à  revenir  sur  ce  sujet.  justes  touchant  le  mouvement  à  l'aide 

(2)  Voyez  tome  I,  piige  /i71.  duquel  l'appunMicc  des  roues  en  rota- 

(3)  Leeuwenhoek  et  les  autres  nalu-  lion  est  produite,  ni  relativement  à 


MATIÈRES    Qll    TRAVRUSKNT    l'oRGANISME.  527 

remarqua  que  si  l'eau  dans  lafjuellc  les  Rolifèrcs  nagent  venait 
à  s'évaporer,  ees  petits  êtres  se  desséchaient  et  semblaient 
mourir;  mais  qu'ils  reprenaient  toute  leur  aclivité  lorsqu'on 
humectait  de  nouveau  la  poussière  qui  les  rentermait.  Leeu- 
wenhoek  ne  comprit  pas  toute  l'importance  de  sa  découverte  et 
ne  s'y  arrêta  pas;  mais  Spallanzani,  qui  était  un  physiologiste 
profond  aussi  bien  qu'un  micrographe  exercé,  saisit  mieux  la 
portée  de  ce  fait,  et  s'appliqua  à  en  bien  déterminer  le  caractère. 
Il  entreprit  donc  une  série  d'expériences  sur  ce  qu'il  appela  la 
mort  et  la  ressuscitation  alternative  des  Rotifères;  il  étendit  ses 
recherches  à  d'autres  Animalcules  qui  jouissent  des  mêmes  pro- 
priétés, et  il  établit  de  la  manière  la  plus  nette  que  par  l'effet  de  la 
dessiccation  poussée  jusqu'à  un  certain  degré,  ces  petils  êtres, 
de  même  que  tous  les  autres  corps  vivants,  cessent  de  donner 
aucun  signe  de  vie,  se  déforment  et  ressemblent  à  des  cadavres 
momifiés;  mais  qu'au  lieu  de  périr  réellement,  ainsi  que  le 
font  tous  les  Animaux  ordinaires,  quand  leur  corps  a  été  desséché 
au  degré  voulu,  les  Rotifères  conservent  la  faculté  de  vivre 
et  s'animent  de  nouveau  dès  qu'on  leur  rend  l'eau  qu'ils  avaient 
perdue:  on  croiraitvoirdes  cadavres  informes  qui  reprendraient 
leur  aspect  primilifet  ressusciteraient  sous  les  yeux  de  l'observa- 
teur. Celui-ci,  en  effet,  peut  ainsi,  alternativement,  en  leur  enle- 
vant ou  en  leur  rendant  de  l'eau,  plonger  ces  Animalcules  dans  un 
état  de  complète  inactivité,  de  mort  apparente  ou  leur  rendre, 
à  volonté,  la  pleine  joui>sance  de  toutes  leurs  (acuités  physiolo- 
giques (1).  Spallanzani  conslataque  les  Rotifères  des  toits,  des- 


la  structure  intérieure  des  Rotifères  (rt);       berg  a  très  Ijicii  fait  connaître   leur 

mais  de  nos  jours  ces  petits  êtres  ont       mode  d'organisation  (6). 

pu  être  mieux  oiîservés,  et  M.  Eliren-  (1)  Les  faits  signalés  par  Spallan- 


(a)  Leeiivvcnhock,  A  Letter  concerning  Worms  obscrved  in  Sheep's  livers  and  paslure  groiinds 
{Plùlos^  Trans.,  1704,  I.  XXIV,  p.  1525.  —  Arcana  V^atiirce.  t.  II,  epist    14'J,  p.  381  et  suiv. 

—  Baker,  Employmeiit  fur  tlie  Microscope,  175o,  p.  '267  et  suiv.,  pi.  11. 

[b)  Eiirenberg,  Die  Infimonsthierchen,  p.  485,  [il.  00,  iig.  4. 


528  NUTRITION.  ^ 

sécliés  de  la  sorle,  peuvent  resler  dans  cet  é(at  d'inactivité  pen- 
dant un  temps  qui  dépasse  de  beaucoup  la  durée  ordinaire  de  leur 
existence,  et  qu'ils  résistent  alors  à  des  causes  de  destruction  (pii 
d'ordinaire  déterminent  intailliblement  la  mort.  Ainsi,  il  vil  ces 
Animalcules  ressusciter  en  apparence  après  être  restés  pendant 
plus  de  trois  ans  sous  la  forme  d'une  poussière  sèche  et  inerte, 
et  il  constata  que  ni  l'action  du  froid  intense  des  hivers  les 
plus  rijioureux  ,  ni  celle  de  la  chaleur  des  rayons  les  plus 
ardents  du  soleil,  n'empêchaient  cette  espèce  de  résiuTCclion 
d'avoir  lieu,  bien  (jue  les  Holilères  non  desséchés  périssent 
toujours  quand  on  les  place  dans  les  mêmes  condilions.  Eulln, 
il  trouva  que  d'aulres  Animalcules  destinés  par  la  nature  à 
habiter  aussi  des  lieux  où  riiumidilé  nécessaire  à  leur  ach'vité 
vitale  ne  se  rencontre  cpi'à  des  époipies  plus  ou  moins  éloi- 
gnées, possèdent  également  cette  faculté  singulière  de  résister 
aux  el'fels  de  la  dessiccation,  et  d'être  en  apparence  morts  ou 
vivants,  suivant  (jue  leur  corps  est  privé  d'eau  ou  contient  une 
certaine  (juantité  de  ce  liquide.  Les  petits  êtres  auxquels  on 
a  donné  le  nom  de  Tardigrades^  sont  susceptibles  de  con- 


zani  avaient  étO  très  i)ien  observés  par 
ce  physiologiste  liajjile  (a),  mais  pen- 
dant longtemps  beaucoup  de  natura- 
listes les  ont  niés  (6),  et  M.  Khren- 
berg  a  cru  pouvoir  (5tal)lir  que  la 
dessiccation  tue  les  r.olit'ères  comme 
les  autres  Animaux ,  mais  que  leurs 
œufs  résistent  à  cette  cause  de  destruc- 
tion, et,  en  se  développant  quand  on 
les  liumeclc ,  donnent  alors  nais- 
sance h  de  nouveaux  individus  ;  en 


sorte  que  ce  seraient  les  descendants 
des  Animalcules  mis  en  expérience,  et 
non  ces  êtres  eux-mêmes,  qu'on  aurait 
pris  pour  ceux-ci  revenus  à  l'état 
d'aclivilé  pliysiologique  après  une  des- 
siccation plus  ou  moins  prolongée  (c). 
Dernièrement  cette  hypothèse  a  été 
soutenue  de  nouveau  par  M.  l'ou- 
chet  ((/),  mais  elle  est  en  désaccord 
avec  les  observations  les  plus  pro- 
bantes, et  elle  n'est  pas  admissible. 


(a)  Spallaïuaiii,  Observations  et  expériences  sur  quelques  Animaux  surprenants  que  l'observa- 
teur petit  à  son  gré  faire  passer  de  la  mort  à  la  vie  {Opuscules  de  physique,  i  777,  t.  Il,  p.  249 
et  siiiv.). 

(b)  [>iiKÔs,  Trailii  de  plifisiologie  comparée,  1838,  t.  I,  p.  3G. 
Uory  Saiiil-Viiicetit,  Encyclopédie  méthodique,  Vehs. 

(c)  Elirmbcrg,  Die  Infus'wnslhicrcheii,  p.  492  cl  siiiv. 

((/)  Pouclict,  Hcchcrches  et  expériences  sur  les  Animaux  ressuscitants,  1859. 


MATIÈRES    QUI    TnAVEPvSRNT    l'ORGAMSME.  529 

server  ainsi  une  vie  lalente  pendant  un  temps  très  long(l), 
et  il  en  est  de  môme  pour  les  Vibrions,  qui  infestent  le  blé 
raehitique  ('2) ,  ainsi  que  j^our  tpielques  autres  Animalcules 


(1)  Les  Animalcules  que  Spallanzani 
a  désigné  sous  le  nom  de  Tardigradcs, 
et  qui  se  trouvent  dans  les  poussières 
des  toits  (a),  furent  observés  pour  la 
première  fois  par  Eiclihorn,  puis  par 
Corti  (6).  De  nos  jours  plusieurs  na- 
turalistes ont  publié  sur  leur  histoire 
des  recherches  très  intéressantes  (c), 
principalement  M.  Doyère,  qui  en  a  fait 
connaître  la  structure  intérieure,  et  a 
constaté  des  particularités  fort  remar- 
quables au  sujet  de  la  faculté  qu'ils 
ont  de  résister  à  l'action  mortelle  de 
la  chaleur  quand  leur  corps  a  été 
préalablement  desséché  (d).  Dans  ces 
derniers  temps,  !\l.\l.  Pouchet  et  Pen- 
netier,  ayant  répété  sans  succès  les 
expériences  de  M.  Doyère,  crurent 
pouvoir  nier  Texaclitude  des  résul- 
tats annoncés  par  ce  physiologiste  (e). 
Mais  la    question  a   été   reprise  par 


M.  Gavarret,  ainsi  que  par  une  com- 
mission de  la  Société  de  biologie,  dont 
MM.  Balbiani,  Brown-Séquard ,  Da- 
resic ,  Guillemin  ,  Robin  et  Broca 
étaient  membres,  et  tout  ce  qui  est 
essentiel  dans  les  conclusions  de 
M.  Doyère  a  été  pleinement  conhrmé 
par  ces  savants  (/"). 

(i)  La  découverte  des  Vibrions  du 
blé  niellé  ou  blé  raehitique,  et  celle 
de  la  faculté  que  possèdent  ces  Ani- 
malcules dç  reprendre  la  vie  active 
après  avoir  été  desséchés  et  dans  un 
état  de  mort  apparente  pendant  un 
temps  plus  ou  moins  long,  sont  dues  à 
Keedham  [y).  Plusieurs  naturalistes 
contemporains  de  cet  observafeur  vé- 
rilièrent  les  résultats  qu'il  avait  an- 
noncés (h),  et  des  expériences  analo- 
gues ont  été  répétées  plus  récemment 
avec  un  succès  complet  (/)• 


(a)  Spallanzani,  Opuscules  de  physique,  Mil,  t.  11,  p.  340  tt  suiv. 

(b)  Eichlioni,  Ikiirage  %ur  NaUmjescluc.hte  lier  kleinstcn  ]yasserthicre,  1781,  y.  74,  pi.  7, 
fig.  E. 

—  Curti,  Opère  miçroscopische,  1774. 

{c,  Scliuiizf,  Mairobioius  Hafelandii.  Berlin,  1834. 

(d)  Doyère,  il/f'm(ji/e  sur   Us  Tardignides   [Ann.   des  sciences   nat.,  2"  série,   1840  à  1842 
t.  \\1,  p    -iuD  ;  I.  XVIl,  p.  l'J3,  et  l.  XVIII.  p    5). 

{e)  l'ouiliei.  Reiiienhe.s  et  eœiériencts  .-.ur  les  Animaux  resiiiisiitants,  1850,  in-S.  —  Nou- 
velles ixpéri  lices  sur  Us  niimaux  iisaido-icssusiitaiil^  (Aiies  du  Muséum  d'iiiiloire  naturelle 
de  Hmuii,  ItsliU,  i..  ii). 

—■  Tiiitl,  i\hm.  sur  les  Ritilèies,  ec.  [Union  médicale,  1^59). 

—  l'uiiiieiiei-.  De  la  reviviscence  des  Animaux  dils  nssuscilants  {Actes  du  Muséum  d'hist. 
nat.  de  Rouen    18<10,  p.  49 

,/•)  UaviUTui,  Qii.Ujues  expé  iemes  sur  les  Roiifèrcs.  les  Tardigrades  et  les  Anguillules  des 
mousses  OtS  tults  [uai-ette  hebdomadaire  de  méiiecine,  1809,  t,  VI,  p.  71Uj. 

—  Broca,  Rai  port  sur  la  queati  n  smiiuisc  à  la  Sw  u'té  de  biologie  \  ar  MM.  Poiuiiet,  Pcnnelier, 
Tir.el  ei  iniyere,  au  sujet  de  la  reviviscence  des  Animaux  disséchés  {Mém.  de  la  Soc.  de  biologie, 
3'sene,  18. lU.  t.  II,  p.  Ij. 

(g)  Neulliam,  New  Micioscopical  Discoveries,  p.  85. 
(hj  Geiianni,  Dette  maluttie  del  grano  in  erbe 

—  Balii-r,  Kmiiimjmen,  for  ihe  Miroscope,  p.  '250  et  suiv. 

—  Spallaiizaiii,  Otiusiules  dt  physique  animale  et  végétale,  1777,  t.  II,  p.  357  et  sniv. 

(j)  B.iucr,  The  Croonum  Leniires  (Phdos.   Tnms.,   iXili,   p.  1).   —  Ob/ervitions  microsco- 
piques sur  la  suspension  des  mouvements  musculaires  du  Vibrio  irilici  (Aiin.  des  i,ciences  nat. 
lb'24,  1.  Il,  p.  154) 

—  Davaine,   Reiherches  sur  L'AngiuUule  du   blé  niellé  [Màn.  delà  Soc.  de  biologie,  185    , 
2*  série,  t.  III,  p.  idi). 


530  NUTRITION. 

qu'on  a  vus  reprendre  uue  vie  active  après  avoir  été  con- 
servés dans  un  état  de  mort  apparente  pendant  plus  de  vingt 
ans('l). 

Pour  presque  tous  les  Animaux,  la  dessiccation,  quand  elle 
atteint  une  certaine  limite,  n'est  pas  seulement  une  cause 
de  mort  apparente ,  elle  arrête  pour  toujours  le  mouvement 
vital  (2).  Or,  la  sécrétion  urinaire,  ainsi  que  la  transpiration 
pulmonaire  et  cutanée,  enlève  continuellement  à  ces  corps 
des  quantités  plus  ou  moins  considérables  d'eau  ;  par  consé- 
quent, pour  réparer  ces  pertes  et  pour  maintenir  l'organisme 
dans  un  état  d'humidité  convenable  ,  il  faut  toujours  que 
l'Homme,  de  môme  que  tous  les  Animaux,  reçoive,  à  des 
intervalles  très  rapprochés,  de  nouvelles  provisions  de  ce 
liquide,  dont  le  manque  occasionne  promptement  une  sensa- 
tion particulière  :  celle  de  la  soif; 

En  citant  ici  l'eau  comme  une  des  substances  qui  peuvent 
traverser  l'économie  sans  y  être  ni  fixées  dans  l'organisme,  ni 
décomposées,  je  ne  prétends  pas  qu'une  certaine  quantité  de  ce 
liquide  ne  soit  employée  de  la  sorte,  et  bientôt  nous  verrons  en 
efîet  que  tout  tissu  animal  doit  nécessairement  en  retenir  pour 
jouir  de  l'ensemble  des  propriétés  physiques  indispensables 
à  raccomi>lisscmenl  de  ses  fonctions  physiologiques  ;  mais  la 
plus  grande  partie  de  l'eau  qui  pénètre  dans  l'intérieur  de 
l'organisme  sous  la  forme  de  boisson  ou  autrement,  y  reste  à 
l'état  de  liberté,  et  s'en  échap[)e  plus  ou  moins  prom[)temeut 
par  les  voies  excrétoires  dont  je  viens  de  parler, 

(1)  Kn  1771,  Baker  examina  des  calion,rcprendrolcur  activité  vitale  (a), 
éclianlilloiis  de  blé  niellé  que  Need-  (2)  Je   rappellerai    à  ce   sujet  les 

liani  lui  avait  donnés  en  17Zi/l,  et  par  expériences  de  William  Kdwards  sur 

l'addition  de  l'eau  il   vit  les  Angnil-  les  effets  de  la  transpiration  chez  les 

Iules  (ou  Vibrions),  qui  étaient  depuis  Poissons  exposés  à  l'air  (voyez  t.  IV, 

vingt-scpl  ans  d.uis  un  état  de  dcssic-  p.  Zi/i'2). 

[a]  Nceilham,  Lettre  à  Roffredi  [Marnai  de  physique,  1775,  t.  V,  p.  227). 


ACTIONS    CHIMIQUES.  531 

§/i.  —  D'aiUres  subslanccs,  après  avoir  élo  absorbées  et     Maiiùres 

.  mo{lifiPos 

introduites  dans  le  torrent  de  la  circulation,  disparaissent  de  ou  d.tn.iies 
1  économie,  et  ne  se  montrent  cependant  m  dans  les  urines  ni  roiganisme. 
dans  les  autres  excrétions.  Nous  pouvons  en  conclure  qu'elles  y 
sont  détruites  ou  modifiées  de  façon  à  donner  naissance  iÀ  des 
composés  nouveaux,  et  l'étude  des  changements  qu'elles  subis- 
sent nous  permettra  de  faire  un  pas  de  plus  dans  l'investigation 
des  phénomènes  de  chimie  physiologique  dont  le  corps  de  tout 
être  animé  est  le  siège. 

Dans  une  des  premières  Leçons  de  ce  cours,  nous  avons  vu 
que  par  la  comparaison  des  matières  que  les  Animaux  puisent 
dans  l'atmosphère  et  des  produits  de  leur  respiration,  Lavoisier 
avait  été  conduit  à  admettre  qu'ils  sont  tous  le  siège  d'une 
sorte  de  combustion  qui,  entretenue  par  l'oxygène  de  l'air,  est 
la  source  de  l'acide  carbonique  qu'ils  excrètent  sans  cesse  (1). 
Cette  hypothèse  réunissait  en  sa  faveur  une  multitude  de  faits 
sur  lesquels  il  est  inutile  d'insister  de  nouveau  ici,  et  devait  être 
considérée  comme  l'expression  d'une  vérité  bien  établie.  Mais 
nous  n'avions  encore  aucune  preuve  directe  de  la  destruction 
des  matières  combustibles  dans  l'intérieur  de  l'économie  ani- 
male et  de  leur  transformation  en  matières  brûlées.  Nos  études 
actuelles  nous  fourniront  cette  preuve  comi)lémentaire  de  la 
justesse  des  vues  du  fondateur  de  la  chimie  physiologique. 

En  effet,  M.  Wôhler  a  constaté  expérimentalement  que  combustion 
l'acétate  de  potasse,  le  tartrate  de  la  même  base,  et  plusieurs  divers  acides 
autres  sels  formés  par  l'union  d'un  acide  végétal  avec  un  alcali, 
sont  en  totalité  ou  en  majeure  partie  détruits  pendant  leur 
séjour  dans  le  torrent  de  la  circulation  et  transformés  en  carbo- 
nates alcalins  qui  s'échappent  au  dehors  avec  les  autres  pro- 
duits delà  sécrétion  urinaire  (2).  Le  lactate  de  soude  se  com- 


(1)  Voyez  tome  I,  page  i06.  jeure  partie  de  l'acide  tartriqiie,  de 

(2)  M.  Wôhler  a  trouvé  que  la  ma-      l'acide  acétique  ou  de  l'acide  majique 


532  NUTUITION. 

porle  (le  In  même  manière  (1).  Or,  dans  tous  ces  cas,  Tacide 
organique  n'a  pu  être  déplacé  par  l'acide  carbonique  ;  mais  en 
étant  brûlé  par  l'oxygène  que  la  respiration  a  introduit  dans 
l'organisme,  il  a  été  décomposé  pour  donner  naissance  à  de 
l'eau  et  à  de  l'acide  carbonique,  lequel  acide,  uni  à  la  base 
alcaline,  a  constitué  le  carbonate  dont  les  glandes  rénales 
ont  opéré  l'élimination.  Ce  pbénomène  de  combustion  pbysio- 
logique,  dont  les  médecins  avaient  remarqué  les  eftets  sur 
l'urine  longtemps  avant  d'en  connaître  la  nature,  nous  explique 
comment  ce  liquide  peut  cesser  d'être  acide,  et  devenir  alcalin, 
à  la  suite  de  l'emploi  alimentaire  de  divers  fruits  acides,  fait 
dont  j'ai  déjà  eu  à  parler  dans  la  précédente  Leçon  (2).  Les 
choses  se  passent  ici  comme  dans  une  expérience  de  labora- 
toire. Si  l'on  brûle  des  cerises,  des  fraises  ou  d'autres  fruits  jdus 
ou  moins  riches  en  sels  végétaux,  on  trouve  dans  les  cendres 
du  carbonate  de  potasse  qui  ne  préexistait  pas  dans  ces  corps. 
D'après  l'examen  des  matières  contenues  dans  le  tube  digestif 


contenus  dans  les  sels  doni  il  est  ici 
question  est  décomposée  et  remplacée 
par  de  l'acide  carljoniqtic,  mais  que 
vers  la  fin  de  l'expérience  une  certaine 
quanlilé  dos  larlrates,  etc.,  peut  pas- 
ser dans  les  urines  sans  avoir  subi  d'al- 
tération {a).  La  transformation  du  sel 
de  Seignette,  ou  tarirate  double  de 
potasse  et  de  soude,  en  carbonates 
pondant  son  passage  dans  récononiic 
animale,  a  été  étudiéeaussi  par  MM.  La- 
varan  et  Millon  {h).  Dans  les  expé- 
riences faites  pins  récemment  sur  le 


même  sujet  par  M.  Buckheim,  l'acide 
tartrique  s'est  montré  dans  les  urines 
en  petite  quantité  quand  la  dose  em- 
ployée était  forte  ;  mais  l'acide  citrique, 
soil  libre,  soit  combiné,  n'est  pas  ar- 
rivé jusque  dansée  liquide  excrémen- 
titiel,  et  par  conséquent  paraît  être 
complètement  détruit  (c). 

(1)  !\I.  Lehmann  a  vu  les  urines 
devenir  alcalines  une  demi-heure  après 
l'injection  de  30  grannnes  de  lactate 
de  soude  dans  l'estomac  (d). 

(2)  Voyez  ci-dessus,  page  Z|72. 


(rt)  Wiililer,  Wrsurhe  vber  den  Ucbcrgang  von  Materien  in  den  Harn  {Zeitschrift  fur  Physio 
la(\ic  von  Ti  •(li!ni:iiiij  iiiid  Tii'viniriiis,  182i,  t.  I,  p.  14i  et  siiiv.).  —  E  xpé  rien  nés  sni'  le  passage 
des  siibsianres  dans  l'urine  {Journal  des  progrès  des  sciences  inéd..  18-27,  t.  I,  |i.  54). 

ib\  L.ivnraii  et  Milloii,  Mémoire  sur  le  )iassage  de  quelques  médicaments  dans  l'économie  ani- 
male et  sur  les  modifuanoiis  qu'ils  y  subissent  {Comptes  rendus  de  l'Acad.  dts  sciences,  18ii, 
t.  MX,  |p.  347). 

(c)  l'.iu'kheiiii,  L'ebcr  dcn  Ucbcrgang  einigcr  orginiscber  Sâuren  in  den  Harn  (Wmulorlicli's 
Archiv,  1857,  |i.  d22|. 

(il)  l.iliniiiiiii,  Lchrhnrli  dcr  physiologischen  Clicmi:,  t.  Il,  p.  ;!(i8. 


ACTIONS    CHIMIQUES.  533 

des  Animaux  sur  lesquels  ces  expériences  étaient  faites,  on 
devait  penser  que  la  transformation  des  sels  combusiibles  en 
carbonates  n'avait  lieu  qu'après  leur  absorption  et  pendant  que, 
mêlés  au  sang,  ils  circulaient  dans  l'appareil  irrigatoirc;  mais 
pour  mieux  déterminer  le  siège  de  ce  phénomène  de  combus- 
tion, il  était  bon  d'introduire  directement  ces  substances  dans 
le  torrent  de  la  circulation,  et  de  chercher  comment  elles  s'y 
comportent.  Or,  cela  a  été  fait,  et  l'on  a  vu  que  les  sels  orga- 
niques dont  je  viens  de  parler,  après  avoir  été  injectés  dans 
les  veines  d'un  Animal  vivant,  sont  représentés  par  les  carbo- 
nates correspondants  dans  les  produits  de  la  sécrétion  uri- 
naire(l). 

Les  expériences  de  M.  Wôhler  nous  fournissent  d'autres   cumbusiion 

r^  (le  1  acide 

exemples  de  la  combustion  des  matières  étrangères  qui,  intro-  suifhydnqie. 
duilesdansle  torrent  de  la  circulation,  s'y  oxydent,  et  forment 
de  la  sorte  des  produits  nouveaux  dont  l'excrétion  a  lieu  par 
les  voies  urinaires.  Ainsi,  le  sulfhydrate  de  potasse,  admi- 
nistré par  les  voies  digestives ,  n'arrive  qu'en  très  petites 
quantités  dans  l'urine,  mais  donne  naissance  à  du  sulfiitc  de 
potasse  qui  se  trouve  en  abondance  dans  ce  liquide  (2). 

J'ajouterai  que  les  recherches  de  MM.  Wôliler  et  Frerichs    combusiiou 
tendent  à  établir  que  l'acide  uri(jue  introduit  dans  l'estomac  ou  racucmique. 

(1)  M.  Lelimann,  en  introduisant  de  par  M.  Woliler  cliez  le  Clieval  (b),  et 

la  sorte  du  lactate  de  potasse  dans  le  observé  plus  récemment  par  M.  Grif- 

torrent   de   la    circulation   chez   des  fiih  (c). 

Chiens,  a  vu  que  ce  sel  était  trans-  Il  est  aussi  à  noter  que  rhyposulfite 

formé  en  carbonate  avec  rapidité,  et  de   soude  se  transforme  en  sulfate, 

que  ce  dernier  corps  ne  tardait  pas  à  pendant  son  trajet  à  travers  Técono- 

se  montrer  dans  les  urines  («).  mie  animale,  et  est  excrété  sous  cette 

{•})  Ce  fait  a   été  constaté  d'abord  forme  par  les  voies  urinaires  (d). 

(a)  Lclimann,  Lehvbuch  der  physiolngischen  Chcinie,  t.  II,  p.  417. 

(b)  W'cililer,  I  p.  cil.  tZeilsrlinfl  fur  Plujaioloiiie  ^on  Trevii-anus.  18'24,  t.  I,  p.  150). 

(c)  liriffiih    [ivmiirtis  ou   the  E.rcreUuii  of  Sulpliur  by  llie  Kidneys  {Luudoa  Médical  Gazette, 
1848,  t.  XLI,  p.  443). 

(d)  Kluiziiisky,    Ueber  di>;  Ihjpnchhrite,  Hypositlfite  lutd  die  BenMësàure  iti  ihrem  Einf,  aul 
dm  Stuffwechsei  (Gansiali's  Jalireshericht  fur  1858,  t.  I,  i'.  199j. 


534  NUTRITION. 

injecté  dans  les  veines  du  Lapin  est  décomposé  dans  Tintérieur 
de  l'organisme. de  la  même  manière  que  lorsqu'on  oxyde  celte 
substance  en  la  traitant  par  de  l'acide  plombique.  En  effet,  ils 
ont  vu  qu'après  l'aduiluislration  de  l'acide  urique,  l'urine  con- 
tient beaucoup  plus  d'urée  et  d'oxalate  de  cbaux  que  dans 
l'état  normal  (1). 

Enfin  l'azote,  en  traversant  l'économie  animale,  paraît  être 
susceptible  de  s'oxyder,  car  M.  Bence  Jones  a  trouvé  des 
traces  d'acide  azotique  dans  l'urine  de  personnes  auxquelles 
il  avait  administré,  soit  du  carbonate,  soit  du  tartrate  d'ammo- 
niaque (2). 
Siège  §  5-  —Ainsi,  des  pbénomènes  d'oxydation  ont  indubitable- 

la  combustion  m^nt  licu  daus  l'intérieur  de  l'organisme  et  ont  leur  siège 
physiologique.  ^^^^  j^  torrcnt  de  la  circulation,  puisque  les  diverses  matières 
combustibles  que  nous  venons  de  passer  en  revue  y  ont  été 
brûlées.  Nous  savons,  d'ailleurs,  par  nos  études  précédentes, 


(1)  Nous  avons  vu  précédemment 
que  l'acide  urique  bouilli  avec  de  Teau 
tenant  en  suspension  de  Tacide  plom- 
bique s'empare  d'une  partie  de  l'oxy- 
gène contenu  dans  ce  corps,  et  se 
transforme  en  urée,  acide  oxalique  et 
allantoïnc  (a).  Ce  dernier  produit  ne 
passe  pas  dans  les  urines  et  doit  être 
décomposé  dans  Tintérienr  de  l'or- 
ganisme. D'après  la  transformation 
que  l'aclion  des  alcalis  y  détermine, 
on  serait  porté  à  penser  qu'il  se  change 
en  oxalale  d'ammoniaque  ;  cependant 
après  l'administration  d'une  certaine 
quantité  d'allantoïne,  on  n'a  pu  con- 
stater aucune  augmentation  dans  l'ex- 
crétion des  oxalates. 


('i)  Dans  l'état  normal,  ce  physiolo- 
giste ne  trouva  dans  l'urine  aucune 
trace  de  l'existence  d'acide  azotique  ou 
d'un  azotate  ;  mais  il  en  fut  autrement 
à  la  suite  de  l'usage  interne  d'une  ccr- 
tainedosede  carbonate  d'ammoniaque, 
llconslata  également  que  l'introduction 
de  cette  substance  dans  l'organisme 
n'augmente  pas  l'alcalinité  de  l'urine. 
Il  a  trouvé  aussi  qu'il  y  a  production 
d'acide  azotique  lorsqu'on  fait  brûler 
à  l'air  une  dissolution  alcoolique  de 
carbonate  d'anmioniaque.  Enfin,  les 
mêmes  résultats  fiuvnt  obteims  en 
employant  du  tarirate  d'ammoniaque 
et  en  administrant  intérieurement  des 
doses  élevées  d'urée  (6). 


(a)  Voyez  ci-dessus,  page  404. 

(b)  Bence  Jones,  Second  Appendix  to  a  Paper  on  Vie  Variations  of  Ihe  Aciditij  of  Urine  (Philos. 
Trans.,  1850,  p.  OGO).  —  Un  the  Oxydation  ol  Animonla  in  Ihe  lluman  Hody  (Philos.  Trans., 
1851,  p.  399). 


ACTIONS    CHIMIQUES.  535 

que  pendant  Tacle  de  la  respiralion,  le  fluide  nourricier  se 
charge  d'oxygène  qui  s'y  trouve  à  l'état  de  liberté  ou  très  fai- 
blement uni  à  des  substances  qui  l'abandonnent  facilement.  La 
combustion  que  nous  venons  de  constater  doit  donc  être  attri- 
buée à  l'action  de  l'oxygène  du  sang  sur  les  matières  combus- 
tibles contenues  dans  ce  liquide  ou  baignées  par  lui,  et  doit  être 
considérée  comme  une  conséquence  du  travail  respiratoire. 

Mais  lorsqu'on  dehors  de  l'organisme  vivant,  on  fait  agir  du  ^Jf^f'^tîf 
sang  sur  les  substances  qui  s'y  sont  brûlées  si  rapidement  ferments. 
dans  les  expériences  physiologiques  dont  je  viens  de  rendre 
compte,  on  n'obtient  pas  les  mêmes  résultats,  et  l'on  doit  se 
demander  comment  la  propriété  comburante  de  ce  liquide 
se  trouve  exaltée  de  la  sorte  dans  l'intérieur  de  l'économie 
animale. 

Les  recherches  récentes  de  M.  Pasteur  sur  certains  ferments 
nous  aideront  à  résoudre  cette  question  (1).  Ce  savant  a  trouvé 
que  si  l'on  dépose,  en  contact  avec  l'air,  à  la  surlace  d'un  bain 
faiblement  alcalinisé  et  contenant  de  l'alcool  ainsi  que  des  ma- 
tières albuminoïdes  et  minérales  propres  à  servir  d'aliment 
aux  organismes  inférieurs,  quelques  parcelles  d'un  végétal 
microscopique  particulier,  appelé  le  Mycoderma  aceti,  celte 
plante  s'y  développe  rapidement,  et  en  même  temps  déter- 
mine l'oxydation  de  l'alcool  sous-jacent,  qui  est  transformé 
ainsi  en  acide  acétique  par  la  fixation  d'une  certaine  quantité 
d'oxygène  puisée  dans  l'atmosphère.  La  même  Mucédinée, 
placée  dans  les  mêmes  circonstances  sur  un  bain  dépourvu 


(1)  Ces  expériences,  dont  Timpor-  furent  coniniiniiquées  à    l'Académie 

tance  me  paraît  très  grande  pour  la  des  sciences  le  10  février  186'2  (a),  et 

physiologie,  font  suite  aux  recherches  j'ai  été  témoin  de  tous  les  faits  annon- 

de  M.  Pasteur  sur  les  ferments.  Elles  ces  par  cet  observateur  habile. 


(a)  Pasteur,  Études  sur  les  Mtjcodermes;  rôle  de  ces  plantes  dans  la  fermentation  acétique 
(Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  sciences,  1862,  t.  LIV,  p.  156). 


536  NUTRITION. 

d'alcool  et  contenant  de  l'acide  acétique,  agit  encore  d'une 
manière  analogue,  mais  détermine  des  phénomènes  de  com- 
busfion  encore  plus  remarquables,  car  l'acide  acétique  est 
complètement  brûlé  et  translbrmé  en  eau  et  en  acide  carbo- 
nique. Si,  par  l'effet  d'une  température  trop  élevée  ou  de  toute 
autre  cause,  le  Mycodermaaceli  vient  à  mourir,  la  combustion 
de  l'alcool  ou  de  l'acide  acétique  s'arrête  immédiatement,  et  il 
suflit  de  la  présence  d'une  quantité  extrêmement  petite  de  ce 
corps  vivant  pour  oxyder  des  quantités  fort  considérables  de 
l'une  ou  de  l'autre  de  ces  matières  combustibles.  Enfin^  M.  Pas- 
teur a  reconnu  aussi  que  le  Mycoderme  n'est  apte  à  opérer  ces 
transformations  que  lorsqu'il  est  placé  dans  des  conditions 
telles  qu'il  puisse  s'emparer  facilement  de  l'oxygène  de  l'air,  et 
fixer  ensuite  ce  principe  comburant  sur  l'alcool  ou  sur  l'acide 
acétique  avec  lequel  il  est  également  en  contact.  Ainsi,  quand 
ce  Végétal  microscopique  Hotte  à  la  surfiice  du  liquide  et  s'y 
étend  en  lame  mince  comme  une  sorte  de  voile  dont  la  surface 
supérieure  est  en  rapport  avec  l'air,  tandis  que  la  surface  oppo- 
sée repose  sur  le  liquide ,  son  intluence  comburante  est  des 
plus  remarquables;  mais,  pour  peu  qu'il  se  trouve  submergé, 
de  façon  à  ne  pouvoir  plus  servir  d'intermédiaire  entre  l'oxy- 
gène libre  de  l'atmosphère  et  les  matières  combnstiMes  conte- 
nues dans  le  bain,  son  action  s'arrèle,  et  ni  l'alcool  ni  l'acide 
acétique  du  bain  ne  continuent  à  être  brûlés  (1  ). 

Le  rôle  de  ces  êtres  vivants  dans  le  phénomène  de  la  fer- 
mentation acétique  de  l'alcool  et  de  la  transformation  de  l'acide 

(l)  Le  Mxjcoderma  vini  ou  cere-  rool   do    façon    à    Iransformor    cette 

visiœ ,    qui    constitue    ce     que    l'on  nialirre  conibnstiblc  en  vapeur  d'eau 

nomme    vulgairement   les  fleurs   du  et  en   acide  carlwnique.    L'action  de 

vin,  absorbe  de  la  même   manière  ce  vi^gétil  est   le  même  sur  Tacide 

l'oxygène  de  l'air,  cl  le  fixe  sur  l'ai-  acétique   [a). 

{a)  Paslcur,  Op.  cit. 


ACTIONS    CHIMIQUES.  537 

acétique  en  eau  et  en  acide  carbonique  au  contact  de  l'air, 
paraît  donc  avoir  une  grande  analogie  avec  celui  que  certains 
corps  inorganiques,  dont  la  surfiice  est  très  étendue,  jouent, 
lorsfjue  par  le  seul  fait  de  leur  contact  avec  un  mélange  de 
matières  incapables  de  se  combiner  spontanément,  ils  déter- 
minent l'union  de  ces  substances.  En  effet,  lescbimisles  savent 
depuis  longtemps  qu'à  la  température  ordinaire,  l'oxygène  ne  se 
combine  pas  avec  l'hydrogène  quand  ces  gaz  se  trouvent  seuls, 
mais  (pie  l'oxygène  se  li\e  sur  l'hydrogène,  et  donne  naissance 
à  de  l'eau,  quan-l  le  mélange  est  en  contact  avec  l'éponge  de 
platine  ou  avec  la  poudre  noire  du  môme  métal.  On  a  constaté 
aussi  qu'en   présence  de  cette  dernière  substance,  l'alcool 
absorbe  de  l'oxygène  et  se  transforme  en  acide  acétique,  comme 
dai  s  le  phénomène  de  la  fermentation  acétique  déterminé  par 
les  Mycodermes  du  vinaigre.  Or,  dans  ces  réactions,  le  platine 
ne  forme  aucune  combinaison  chimique  avec  les  substances 
dont  il  met  les  molécules  constitutives  en  mouvement  ;  il  ne 
paraît  agir  qu'en  raison  des  modilications  que  son  contact  avec 
l'oxygène  détermine  dans  les  propriétés  comburantes  de  ce  gaz, 
et  servir  d'intermédiaire  pour  fixer  ce  principe  sur  la  matière 
combustible.  Nous  ne  pouvons  former  que  des  conjectures 
très  vagues  sur  la  nature  de  la  force  qui  intervient  de  la  sorte  et 
qui  influe  d'une  manière  si  remarquable  sur  le  jeu  des  affinités 
chimiques;  mais  il  est  parfois  utile  de  pouvoir  la  désigner 
brièvement,  et  je  rappellerai  que  Berzelius  a  appelé  force  cata- 
lytique  la  cause  des  phénomènes  de  cet  ordre. 

Nous  nous  trouvons  donc  conduit  à  penser  que  les  êtres 
vivants  dont  l'inttuence  détermine  la  combustion  de  l'alcool  et 
de  l'acide  acétique  dans  les  circonstances  dont  je  viens  de  par- 
ler, doivent  être  doués  d'une  puissance  catalylique,  et  que  c'est 
en  agissant  à  la  manière  de  l'éponge  de  platine  qu'ils  s'emparent 
de  l'oxygène  de  l'air,  et  le  fixent  sur  les  matières  combustibles. 
Les  recherches  de  M.  Pasteur  tendent  à  établir  que  des  ac- 


538  NUTRITION. 

lions  analogues  peuvent  être  exercées  par  beaucoup  d'autres 
corps  organisés  doués  de  vie ,  tels  que  cerlains  Animalcules 
infusoires,  aussi  bien  (jue  divers  Végétaux  microscopiques,  et 
que  ces  petits  êtres  sont  susceptibles  de  déterminer  la  combus- 
tion d'une  foule  de  substances  organiques,  notamment  le  sucre 
et  les  principes  albuminoïdes,  tout  aussi  bien  que  l'alcool 
et  l'acide  acétique. 

Or,  on  doit  être  frappé  de  l'analogie  qui  semble  exister  entre 
le  rôle  des  ferments  dont  il  vient  d'être  question  et  celui  que 
les  globules  du  sang  paraissent  jouer  dans  l'intérieur  de  l'éco- 
nomie animale. 
Rùie  Dans  la  première  partie  de  ce  cours,  nous  avons  vu  que 

■^'duïanr'  ces  globules  sont,   suivant  toute  probabilité,  des  organites 
vivants  qui   se  chargent  de  la   majeure  partie  de  l'oxygène 
absorbé  dans  l'acte  de  la  respiration,  et  qui  portent  ce  principe 
dans  le  système  capillaire  général,  où  il  paraît  servir  à  la  pro- 
duction de  l'acide  carbonicjue  dont  la  présence  dans  le  sang 
veineux  est  révélée  par  la  couleur  sombre  de  ce  liquide  (1). 
Nous  venons  de  constater  aussi  que  c'est  dans  l'intérieur  du 
torrent  circulatoire  où  cheminent  ces  globules  que  les  matières 
combustibles  dont  nous  avons  vu  la  combustion  s'opérer  dans  la 
profondeur  de  l'organisme  sont  oxydées.  11  y  a  donc  des  motifs 
pour  croire  (|ue  les  globules  hémaliqnes  jouent  ici  nn  rôle 
analogue  à  celui  du  ferment  acétique;  qu'ils  sont  doués  d'une 
certaine  puissance  catalylique,  et  qu'ils  fixent  sur  les  substances 
combustibles  avec  lesquelles  ils  sont  en  conlact  l'oxygène  dont 
ils  se  sont  chargés.  Du  reste»  ces  organites  ne  sont  probable- 
ment pas  les  seuls  agents  de  ce  genre,  et  conune  je  le  mon- 
trerai  bientôt,   il   y  a   lieu  de  croire  (|uc  toutes  les  parties 
vivantes  qui   sont  en  présence  de  Toxygène  plus  ou   moins 
faiblement  conibiné  et  de  certaines  matières  combustibles, 

(1)  Voyez  lonic  I,  py^e  Zi7o,  elc. 


ACTIONS    CHIMIQUES.  f)39 

peiivciil  agir  d'une  iiianicre  analogue,  et  déterminer  des  phé- 
nomènes de  combustion  physiologique  dont  l'intensité  serait 
proportionnée  à  l'étendue  de  la  surface  organisée  réagissante, 
lorsque  tou(es  choses  sont  égales  d'ailleurs.  Ainsi,  il  fne  paraît 
très  probable  que  les  parois  des  vaisseaux  capillaires  et  toutes 
les  antres  parties  des  tissus  vivants  qui  sont  baignées  par  le 
fluide  nourricier  sont  plus  ou  moins  aptes  à  remplir  le  même 
rôle. 

§  6.  —  Il  est  aussi  à  noter  que  la  présence  d'un  alcali  dans 
les  liquides  au  sein  desquels  les  phénomènes  d'oxydation  dont 
je  viens  déparier  se  produisent,  favorise  beaucoup  la  fixation  la combustion 
du  principe  comburant  sur  les  matières  combustibles.  Ainsi, 
en  présence  du  noir  de  platine,  le  sucre  en  dissolution  dans  de 
l'eau  alcahnisée  s'oxyde  au  contact  de  l'air  et  produit  de  l'eau 
et  de  l'acide  carhoni(jue.  L'existence  d'une  petite  quantité  d'al- 
cali dans  le  bain  où  les  3Iycodermes  végètent  active  aussi  la 
combustion  des  matières  hydrocarbonées  que  ces  Végétaux  pro- 
voquent. Or,  nous  savons  que  le  sang  est  alcalin,  et,  par  con- 
séquent, nous  voyons  que,  sous  ce  rapport,  ainsi  qu'en  raison 
des  organites  microscopiques  dont  il  est  chargé,  ce  liquide  est 
bien  approprié  aux  usages  que  nous  lui  avons  reconnus  comme 
agent  de  la  combustion  [)hysiologique  (1). 


Intlucnce 

de  l'alcalinité 

du  sang 

sur 


physiologique. 


(1)  Le  glucose ,  quand  il  est  seul, 
'exerce  aucune  action  sur  le  bioxyde 
de  cuivre  ni  sur  les  sels  cupriques, 
mais  en  présence  d'un  alcali  il  les 
réduit  en  s'oxydant.  M.  Mialhe  a 
beaucoup  insisté  sur  rinJluence  que 
l'alcali  du  sang  peut  exercer  sur  la 
combustibilité  des  matières  organiques 
Gonlenues  dans  ce  liquide,  et  il  a  cru 
pouvoir   rendre  compte   de   certains 


phénomènes  pathologiques  par  l'affai- 
blissement de  la  faculté  comburante 
du  fluide  nourricier  due  à  l'insuffisance 
de  la  proportion  de  soude  (a).  Il 
expliqua  de  la  sorte  le  diabète  sucré  ; 
mais,  ainsi  que  nous  le  verrons  bien- 
tôt ,  cette  théorie  n'est  pas  admis- 
sible ,  et  l'importance  du  rôle  des 
alcalis  libres  dans  le  sang  a  été  beau- 
coup exagérée  (6)* 


(a)  Mialile,  Chimie  appliquée  à  la  physiologie,  p.  64,  75,  etc. 

(6)  Lelimann,  Lehriiach  dcr  physiologischeii  Ckemic,  t.  III,  p.  204  et  suiv. 


5/l0  NUTRITION. 

Conclusions.  §  7.  —  Lcs  clivers  fuils  que  nous  venons  de  pnsser  en  revue 
prouvent  que  le  gi and  Lavoisier  avait  bien  exjiliqué  les  phé- 
nomènes fondamentaux  de  la  respiration,  lorsqu'il  les  assimila  à 
ceux  d'une  combustion  ordinaire,  et  qu'il  attribua  à  la  fixation  de 
l'oxygène  sur  du  carbone  Iburni  par  l'organisme  la  consomma- 
tion de  ce  gaz  par  l'être  vivant  et  la  production  de  l'acide  car- 
boni(]ue  que  celui-ci  verse  sans  cesse  dans  l'atmosphère.  iMais 
les  progrès  récents  de  la  scicnc*^  donnent  une  jiortée  encore 
plus  grande  à  la  théorie  lavoisienne,  et  nous  montrent  que  la 
combustion  physiologique  entretenue  par  le  travail  respiratoire 
est  aussi  la  source  d'une  multitude  d'autres  produits  qui  se 
forment  dans  l'intérieur  de  l'économie  animale.  En  effet,  ce 
ne  sont  pas  seulement  des  substances  composées  de  carbone, 
d'hydrogène  et  d'oxygène,  telles  que  le  sucre  ou  la  graisse,  qui 
sont  brûlées  de  la  sorte  dans  l'organisme.  Les  matières  albu- 
minoïdes  et  les  autres  principes  azotés  qui  entrent  dans  la  com- 
position des  aliments  ainsi  que  des  tissus  vivants,  peuvent  être 
oxydés  de  la  même  manière,  et  toutes  ces  substances  combus- 
tibles, de  même  que  les  précédentes,  peuvent  être  brûlées  à 
divers  degrés,  de  façon  à  donner  naissance  à  une  multitude  de 
composés  différents. 

Comme  un  exemple  très  simple  d'une  combustion  physio- 
logique imparfaite,  je  citerai  les  jihénomènes  observés  par 
M.  Pasteur  sur  le  Mycoderma  cerevisiœ,  ou  [leur  de  vin. 
Lorsque  ce  ferment  est  nourri  de  façon  à  végéter  avec  force,  il 
détermine  la  fixation  de  l'oxygène  sur  l'alcool,  et  par  suite 
transforme  complètement  ce  corps  en  eau  et  en  acide  carbo- 
nique; mais  lors([u'il  est  })lacé  dans  certaines  conditions  défa- 
vorables à  son  dévelopiiement,  il  devient  inapte  à  produire  ce 
résultat,  et  son  action  s'arrête  (piand  l'oxydation  de  l'alcool  a 
donné  naissance  à  de  l'acide  acétique  (1). 

(1)  Tour  que  CCS  Vc'î^Olnux  niicrosro-       trouv(Mit   dans    le  li(iiii(lc  soiis-jacent 
|)i(liR's  puissciil  prospérer,  il  faut  qu'ils      non-soulcniciU  clos  matières  conibus- 


ACTIONS    CHIMIQUES.  5/i  I 

L'oxydation  des  matières  azotées  n'est  jamais  complète  dans  Piodi.ction 
l'économie  animale;  mais  il  est  aujonrd'iiui  bien  démontré 
qu'elle  a  toujours  lieu  et  qu'elle  est  la  cause  de  la  production 
de  l'urée,  ainsi  que  de  beaucoup  d'autres  substances  excrémen- 
titielles  du  même  ordre.  Quelques  chimistes,  M.  Liebig,  par 
exemple,  ont  cherché  à  préciser  la  manière  dont  ces  transforma- 
tions s'opèrent,  et,  par  la  comparaison  des  formules  chimiques 
qui  représentent  la  composition  élémentaire  des  principes 
albuminoïdes  et  des  produits  en  question,  il  leur  a  été  facile  de 
montrer  que  la  Nature  trouve  dans  les  premières  tout  ce  qui 
est  nécessaire  pour  former  avec  l'oxygène  puisé  dans  l'atmos- 
phère, soit  de  l'urée,  soit  de  l'acide  urique,  ou  bien  encore 
les  matières  biliaires,  etc.  iMais  ces  calculs  théoriques  n'ont 
pas  toute  la  portée  qu'au  premier  abord  on  serait  disposé  à 
leur  attribuer,  et  ils  ne  nous  éclairent  que  peu  sur  les  transfor- 
mations successives  que  les  matières  organiques  subissent  dans 
l'intérieur  de  l'économie  avant  d'être  amenées  à  l'état  sous 
lequel  elles  sont  rejetées  au  dehors.  En  effet,  les  phénomènes 
de  chimie  physiologique  sont  beaucoup  plus  compliqués  (jue  ne 
le  feraient  supposer  les  hypothèses  dont  ces  auteurs  se  con- 
tentent, et  d(;s  calculs  de  ce  genre  ne  sont  bien  utiles  que 
lors([u'on  étudie  la  partie  de  la  statique  chimique  des  Animaux, 
relative  aux  rapports  qui  existent  entre  les  éléments  qui  entrent 


tibles,  telles  que  l'alcool  ou  le  vinaigre, 
mais  certains  principes  nécessaires  à 
la  constitution  de  leurs  tissus,  notam- 
ment des  substances  albuminoïdes  et 
des  phosphates.  C'est  en  présence  de 
ces  matières  alimentaires  que  la  ;\Iucé- 
dinée  se  développe  rapidement  et  dé- 
termine la  combustion  complète  de 
l'alcool  et  de  l'acide  acétique.    Or , 


M.  Pasteur  a  constaté  que  si  l'on  sub  - 
stitue  au  liquide  ainsi  constitué  un  bain 
composé  d'eau  et  d'alcool  seulement, 
le  même  végétal  devient  languissant 
et  n'opère  que  la  combustion  incom- 
plète d'une  partie  de  l'alcool  em- 
ployé, laquelle  est  transformée  en 
acide  acétique,  au  lieu  d'être  changée 
en  eau  et  en  acide  carbonique  (a). 


{a)  Pasteur,  Op.  cil.  (Coruptcs  rendus  de  l'Acad.  des  sciences,  18G2,  t.  LIV,  il  S2G8). 

VII.  S5 


5/i2  NUTRITION, 

et  (lui  sorfcnf  du  corps  de  ces  êlres  vivnnis.  sujet  sur  lequel 
nous  aurous  à  revenir  bientôt. 

Pour  expliquer  la  production  de  l'urée  par  l'oxydation  des 
matières  albuminoïdes,  il  suffit  de  rappeler  la  composition  élé- 
mentaire de  ces  deux  corps.  La  protéine,  que  nous  avons  été 
conduits  à  considérer  comme  le  principe  essentiel  et  Fondamental 
de  toutes  les  substances  albuminoïdes  (1),  peut  être  repré- 
sentée par  la  formule  C^^Az^H^oO'-,  et  l'urée  par  C^4z-^H*0-.  Il 
en  résulte  que  si  1  équivalent  de  protéine  fixait  83  équiva- 
lents d'oxygène,  il  en  résulterait  35  équivalents  d'acide, carbo- 
nique, "iO  éijuivalents  d'eau  et  '2  1  équivalents  d'urée  ou  de 
quelque  autre  composé  isomérif|ue.  Par  conséquent  aussi, 
la  combustion  de  100  grammes  de  protéine  donnerait  lieu  à  la 
])roductiou  d'environ  37  grammes  d'urée,  en  supposant  q'ie 
la  totalité  de  son  azote  fût  employée  à  la  formation  de  ce 
principe  immédiat. 

Si  1  équivalent  de  protéine  fixait  seulement  de  Ik  :\  75  équi- 
valents d'oxygène  pour  donner  nnissance  à  de  l'acide  carbo- 
nique, de  l'eau  et  un  composé  azoté,  ce  dernier  serait  de  l'acide 
uri(pie  ou  un  produit  dont  la  composition  pondérale  serait  la 
même  (i).  On  comprend  donc  que  la  combustion  pbysiologiipic 


(1)  Je  suis  loin  de  vouloir  dire  que 
les  vues  spéculatives  de  \l.  Liebig  sur 
les  iransfonnalions  de  la  nialièrc  or- 
ganique dans  rintérieur  'le  réconomie 
animale,  et  l'emploi  qu'il  a  fait  des 
équations  pour  montrer  conunent  il 
était  possible  de  concevoir  la  forma- 
tion des  divers  p  ndiiiisdu  tr.ivail  clii- 
mico-physiolo[,ique,  aient  été  inutiles 
aux  progrès  de  la  science  (a) .  .Je  pense 
au  contraire  qu'en  donnant  à  son  ar- 
gumentation celte  forme  précise,  il  a 


rendu  un  vrai  ser\ice  à  la  science  et 
accnulumé  les  physiologistes  à  un 
ordre  d'idées  qui  est  Irès-ulile  pour 
l'étude  des  phénomènes  de  la  nutri- 
tion. Seulement  il  faut  bien  se  garder 
de  prendre  ces  hypothèses  pour  l'ex- 
pression (!e  ce  qui  a  elfectivement  Hou 
dans  l'organisnje,  où  les  réactions  in- 
termédiaires sont  très  complexes  et 
très  importantes  à  connaître. 

(2)  En  eflVt,  si  1  équivalent  de  pro- 
téine est  représenté  par  C^o.yz5||3i)oi2^ 


(a)  l.ieliiîr,  Chimie  organique  appliquée  à  la  physiolngi,:  animale  et  à  la  paili'^loaie,  'nul.  jiar 
Gcrhardi,  1842.  —  Nouvelles  lettrei  sur  la  chimie  r.onsidérée  dansses  applicalions  à  l'indus- 
trie, à  la  physiologie  et  à  l'agriculture,  trad.  par  Gcrliardl,  iSôi. 


ACTIONS    CHlMIQUIiS. 


5fi3 


des  malièrcs  albuminoïdes  puisse  donner  lieu  à  la  fornialion, 
soit  de  l'urée,  soit  de  l'aride  nriqne,  suivant  (jne  la  [)uissanec 
oxydante  de  l'organisme  est  plus  ou  moins  grande,  absolument 
de  la  même  manière  que  nous  avons  vu  le  Mycodenna  cerevisiœ 
transformer  l'alcool  en  eau  et  en  acide  carbonique  ou  en  acide 
acétique,  suivant  que  son  action  était  forte  ou  faible. 

En  supposant  la  combustion  de  la  protéine  un  peu  plus  com- 
plète que  dans  le  cas  précédent  et  le  mode  de  groupement  nou- 
veau de  ses  molécules  un  peu  différent,  on  pourrait  expliquer 
de  la  même  manière  la  fortnation  de  la  créatine ,  substance 
dont  nous  avons  déjà  constaté  la  présence  dans  les  produits 
de  la  sécrétion  urinaire  (1  ). 

Mais  les  matières  albuminoïdes  qui  existent  dans  l'économie 
animale  n'y  sont  pas  à  l'état  de  proléine  pure;  elles  constituent  de 
l'albumine,  de  la  fibrine,  etc.,  et  dans  ces  substances,  le  car- 
bone, l'azote,  l'hydrogène  et  l'oxygène  associés  dans  les  pro- 
portions déjà  iiidi(juées,  sont  unis  à  de  très  petites  (]uanli(és  de 


h  équivalents  de  la  même  substance, 
plus  302  équivalents  d'oxygène  cor- 
respondront à  Ci«''  4-    Az2"  +   lI'-2o 
-f  03^*.  Or  1  équivalent  d'aci  le  uri- 
que  =  C^Az^M^O^  ;  par  conséquent, 
5  équivalents  de  ce  corps  =  C''"  -{-  Az^" 
_j_Il2o  4  O30;  iio  équivalents  d'acide 
carbonique  =  G"»  +  O"^  et  100  équi- 
valents d'eau  =  II'»»  +  O'""  :  total 
C160  _|.  Az2o  -f  U'-o  +  03-^°,  quantités 
égales  à  celles  de  chacun  de  ces  élé- 
ments contenus  dans  les  corps  réagis- 
sants. Dans  cette  combustion  incom- 
plète, 1  équivalent  de  protéine  fixerait 
donc  75-5  équivalents  d'oxygène   au 
lieu  d^en  lixer  Ho,  coniine  dans  le  cas 
oîi  nous  avo  ;s  supposé  que  cette  sub- 
stance se  transformait  en  urée,  acide 
carbonique  et  eau. 

(l)  La  composition  de  la  créatine  est 


représentée  par  la  formule  C^Az3(i'0 
0'3.  t'ar  conséquent,  si  3  équivalents  de 
proléine,  c'est-à-dire  3  (C^"Az5H3ou"-) 
fixaient  '229  équivalents  d'oxygène  et 
donnaient   ainsi  naissance  à  8u  (CO^) 
-j-  /|i)  iH"),  il  resterait  les  éléments 
nécessaires  pour  constituer  5  équiva- 
lents de  créatine  ;  car,  5  (CSAz3ll'0O'3) 
=  G<o  -f  Az'5  4-  H50  _^  Qbs.  ce  qui, 
joint  aux  éléments  des  quantités  d'acide 
carbonique   et   d'eau  susmentionnées 
=  C'2o  +  Az'5  -j-  H90  -h  02«5.  Or  ce 
total  est  à  son  tour  égal  à  celui  fourni 
par  229   équivalents  d'oxygène,  plus 
o  équivalents  de  protéine,  c'est-à-dire 
C'"-o  +  Az'5  +  H9o  -t-  03e  _j_  Q2-i9,  La 
quantité  d'oxygène  fixée  par  1  équiva- 
lent de  protéine  serait  donc  d'environ 
76  équivalents  et  un  tiers,  au  lieu  de 
75,5,  comme  dans  le  cas  précédent. 


5/i4  NUTKITION. 

soufre  et  de  pliosphorc.  Ainsi ,  dans  Talbumine  du  sang, 
1  équivalent  de  ce  dernier  corps  et  2  deux  équivalents  de 
soufre  sont  combinés  avec  les  élémenls  de  10  équivalents  de 
j)rotéine,  et  par  conséquent  le  tout  a  pour  formule  chimique 
C'*"°Az^°H3n)'-«S-Pij.  Il  en  résulte  que  les  produits  de  la  com- 
bustion de  cette  matière  albuminoïde  doivent  être  plus  nom- 
breux ou  plus  complexes  que  dans  les  cas  dont  nous  venons  de 
nous  occuper.  Il  est  vrai  qu'en  présence  d'une  base,  le  soufre 
et  le  phosphore  de  l'albumine  pourraient,  en  s'oxydant,  former 
de  l'acide  sulfurique  et  de  l'acide  phosphorique,  de  façon  à 
donner  naissance  à  un  sulfale  et  à  un  pliosphate.  Il  y  a  même 
lieu  de  penser  que  des  phénomènes  d'oxydation  de  ce  genre  se 
produisent  ;  mais  une  partie  du  soufre  et  de  la  plupart  des 
autres  matériaux  constitutifs  de  l'aniuminc  est  employée  à  for- 
mer les  principes  biliaires  ;  par  exemple,  l'acide  taurocholique, 
qui  a  pour  formule  C^-AzH*^'S-0'''  ;  et  ainsi  que  l'a  fait  remar- 
quer M.  Liebig,  il  est  probable  que  la  production  de  matières 
de  cet  ordre  accompagne  toujours  celle  de  l'urée  ou  des  aub^es 
principes  urinaires  daiis  le  phénomène  de  la  combustion  phy- 
siologique de  l'albumine  ou  de  la  librine  (1). 

Diverses  expériences  tendent  à  établir  que  les  composés  nou- 
veaux qui  prennent  naissance  lors  de  l'oxydation  des  matières 
produiis.  organiques,  peuvent  varier  beaucon[)  en  raison  de  l'influence 
exercée  sur  ce  phénomène  par  la  présence  d'autres  corps 
qui  sont  susceptibles,  soit  de  s'associer  à  certains  de  ces  pro- 
duits, soit  de  céder  à  ceux-ci  une  partie  de  leurs  molécules 

(1)  M.  I;icbig,  on  s'appiiyaut  sur  les  de  3  aloines  d'oaii  reproseniciil  à  1res 
('■qnations  cliimiqiK's  pour  rendre  peu  de  cliose  près  les  élémenls  cou- 
coniplc  des  mélamorplioses  des  ma-  slitutlfs  de  raculc  choliquc  (ou  tau- 
lières organiques,  a  fait  remarquer  que  rocliolique)  et  de  Turaie  d'amnio- 
les  éléments  d'un  atome  de  protéine  et  niaqne  {a). 

(o)  Liebig,  Chimie  oi'ganique  appliquée  à  la,  physiologie  animale,  i>.  14i. 


Mode 

de  formation 

d'antres 


ACTIONS    CHIMIQUES.  5^5 

constitutives.  Ainsi,  quand  lesangcontientde  l'acide  benzoïqne, 
la  comljuslion  des  matières  azotées  de  l'organisme  ne  fourni 
pas  seulement  l'urée  et  les  autres  principes  qui  d'ordinaire 
résultent  de  cette  fixation  d'oxygène;  on  voit  apparaître  de 
l'acide  hippurique,  ce  qui  suppose  la  formation  d'une  certaine 
quantité  de  glycocolle  ou  de  quelque  autre  groupe  moléculaire 
analogue,  dont  la  combinaison  avec  les  éléments  de  l'acide  ben- 
zoïque  donnerait  lien  à  la  production  de  ce  principe  urinaire  (1). 


(1)  Plusieurs  expérimentateurs  ont 
constaté  que  l'acide  benzoïque  absorbé 
par  les  voies  dlgestives  est  excrété 
par  les  urines  à  l'état  d'acide  hippu- 
rique («)  ;  mais  on  n'est  pas  encore 
suflisamment  renseigné  sur  la  source 
de  la  matière  azotée  qui  s'y  associe 
pour  produire  cette  transformation. 
M.  Ure  pense  que  le  conqiosé  azoté  en 
question  est  formé  aux  dépens  de  l'u- 
rée, et  M.  Garrod  croit  avoir  constaté 
une  diminution  dans  la  proportion  de 
ce  dernier  principe  contenue  dans  l'u- 
rine chez  les  individus  auxquels  on 
avait  administré  de  l'acide  benzoï- 
que (6)  ;  cependant  cette  diminution 
n'a  pas  été  appréciable  dans  les  expé- 
riences de  iM.  VVohler,  ni  dans  celles  de 
M.  Relier,  de  Fr.  Simon,  de  M. M.  Bootli 
et  Boyé,  ou  de  M.  Lelmiann  (c). 


11  est  aussi  à  noter  qu'à  la  suite  de 
l'administration  de  l'acide  benzoïque 
à  l'intérieur,  la  présence  de  l'acide 
hippurique  a  été  constatée  dans  la 
sueur  (cl). 

Enlin  il  résulte  des  expériences  de 
MM.  Kiihne  et  Ilallwachs  que  la  trans- 
formation de  l'acide  benzoïque  en 
acide  hippurique  n'a  pas  lieu  dans 
l'intestin,  mais  s'ellectue  dans  l'appa- 
reil vasculaire,  et  paraît  résulter  de 
l'action  exercée  par  le  preiuier  de  ces 
corps  sur  les  matières  biliaires,  proba- 
blement sur  l'acide  glycocholique  (e), 
qui,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  vu, 
donne  facilement  naissance  à  du  sucre 
de  gélatine  (/).  J'ajouterai  que  dans 
certains  états  pathologiques  du  foie, 
l'acide  benzoïque  arrive  inaltéré  dans 
les  urines,  et  ne  donne  pas  lieu  à  une 


(a)  Wolilei-,  voyez  Berzeliiis,  Traité  de  chimie,  Irad.  par  Esslinger,  1833,  t.  VII,  p.  400. 

—  lire,  De  la  transformation  de  l'acide  urique  en  acide  hippurique  sous  linjlueitc.e  de  l'acide 
benzoïque  {Journal  de  pharmacie,  1840,  t.  XXVII,  p.  G40). 

—  Kellcr,  Ueber  die  Ycrwandlung  dcr  Bemuinsaure  in  Ilippursaure  [.\nn.  der  Chcmie  tind 
Pharm.,  '184-2,  t.  XLIII,  p.  108). 

—  Kirner,    Ueher  das  physioloijische   Yerlialten  dcr  Ilemoinsânre   {Arcltiv  fiir  luissensclt. 
Ileilkunde.  t.  111,  p.  616). 

—  Bucklicim,  L'eber  den   Ueberijang  ciniijer  organischer  Sàuren  in  dcn  Uarn  (Wunderlecli's 
Archiv  jûr  physiologische  Heilkunde,  1857,  t.  I,  p.  l'2i). 

(b)  Garrod,  Un  the  Présence  of  Uippuric  Acid  in  the  Urine  (The  Lancet,  184i,  t.  Il,  p.  239). 

(c)  Fr.  Simon,  Animal  Cheniistry,  l.  H,  p.  277. 

—  Boolli  et  Buye,  Médical  Times,  1845  (d'après  Lelimann). 

—  Lehniaiin,  Lehrbuch  der  pliijsioloijischen  Clicmie,  t.  II,  p.  3!54. 
((il  Meisfiier,  De  sudoris  secretione.  I.ipsiœ,  1^!59. 

(e)  \V.  Kuluie  uiid  W.  Hallwachs,  Ueber  die  Entstehung  der  Hippursdure  nach  dem  Gémisse 
von  Benxoësdure  (Viicliow's  Arclnv  fiirpathol.  Anat.,  1857,  t.  XII,  p.  386). 

(f)  Voyez  tome  YI,  page  486. 


546  ^'UTR1T10N. 

Les  faits  que  nous  venons  de  passer  en  revue  suffisent  pour 
prouver  que  les  pliénomènes  de  combustion  physiologique  dont 
réconomie  animale  est  le  siège  doivent  être  extrêmement  com- 
plexes, et  que  si  nous  pouvons  déjà  saisir  le  caraclère  général 
de  cette  portion  du  travail  nutritif,  il  ne  nous  est  pas  encore 
possible  de  rendre  compte  de  toutes  les  transformations  que  les 


formation   (Vacide  hippurique  :  cela 
a  été  observé  dans  des  cas  d'ictère  {a). 
A  l'appui  de  l'opinion  que,  dans  les 
expériences    mentionnées  ci  -  dessus  , 
l'acide  benzoïque  ingéré  dans  l'esto- 
mac se  retrouve  dans  l'acide  hippu- 
rique excrété  par  les  urines,  on  peut 
citer  les  faits  suivants.   Les  chimistes 
sont  parvenus  à   former  une  série  de 
corps   artificiels    analogues   à   l'acide 
hippurique,  mais  dans  lesquels  l'acide 
benzoïque  est  remplacé  par  des  acides 
organiques  qui  ne  prennent  pas  nais- 
sance dans  l'économie  animale,  et  qui 
ne  se  rencontrent  que  chez  certains 
Végétaux  ou  qui  ne  sont  que  des  pro- 
duits de  l'art  :  par  exemple,   l'acide 
nilrobenzoïque,  substance  qui  résulte 
do  l'action   de  l'acide  azotique  bouil- 
lant sur  l'acide  benze^ïque,  et  dans  la- 
quelle un  équivalent  de  l'hydrogène 
contenu  dans  ce   dernier   corps  est 
remplacé  par  de  l'acide  hypoazotique 
fC'''II^AzO^)0^].  Or,  rintroductioa  de 
ces  acides  dans  le  torrent  de  la  circula- 
tion est  suivie  de  l'cxcrélion  du  com- 
posé correspondant,  dii  à  l'union  de 
Facide  employé  avec  le  sucre  de  gélatine 
(pi'on  désigne  aussi  sous  les  noms  de 
glycocoUe  et  de  glycocoUaminc. 


Ainsi  iM.  Bertagnini  a  constaté  que 
si   l'on    administre  à   un  Animal  de 
l'acide    nitrobenzoïque,  on    retrouve 
bientôt  après,  dans  les  urines,  de  l'a- 
cide nitrohippurique,   c'est-à-dire  un 
produit  artificiel  formé  par  la  combi- 
naison de  l'acide  ni  robenzo'ique  avec 
le  sucre   de  gélatine  {b).  L'acide  to- 
Inique,  que  l'on  obtient   en  distillant 
un  mélange  d'acide   azotique   et    de 
cymène,  espèce  de  carbure  d'hydro- 
gène extrait  de  l'essence  de  cumin, 
est  susceptible  de   se  combiner  avec 
du  glycocollamine    (  ou  sucre  de  gé- 
latine )  ,   et   donne   ainsi   naissance  à 
une  substance  analogue  à  l'acide  hip- 
purique et  appelée   acide  tolurique. 
Or ,  l'introduction   de  l'acide  toluique 
dans    l'économie   animale    est   suivie 
d'une  excrétion  d'acide  tolurique  par 
les  voies  urinaires  (c). 

L'acide  cuminique  se  comporte  d'une 
manière  analogue  dans  l'économie  ani- 
male, et  y  donne  naissance  à  de  l'a- 
cide cuminurique,  qui  paraît  dans  les 
urines  ((/). 

Enfin  l'acide  salicique  forme  dans 
l'organisme  un  acide  azoté  qui  cor- 
respond à  facide  hippurique,  et  qui  a 
reçu    le    nom    d\icide    salicurique. 


(a)  Kiihne,    Contribulimis  to   thc  Patholoijn  of  Ictenis  {Archives  of  Médiane,   1861,  t.  I, 

p.  345). 

(b)  l!ril;i!ïniiii,   Veber  eine  ditrch   die  Krdfle  im  lehenden   Organismus  kunsthch  hervorgc- 
brachle  Saure  {Anu  der  Chcmie  mut  Pharm.,   1851 ,  t.  LWVllI,  p.  100'. 

(t)  Kraiil,  Uelier  dv'  rulur.-àurc  (Ann.  der  Cliemic  wid  l'harm.,   |85S,  I.  XCVllI,  p.  300). 

(d)  llulTin.i Nolii  ûbcr  das  Verhatteii  der  Cmninsanre  un  Ihicrinchen   Organismus  [Ann. 

der  Chcmli'  und  l'Iuirm.,  1850,  '.  I.XXIV,  p.  34:2). 


ACTIONS    CHIMIQUES.  f>/l7 

malièrcsorgoniques  appelées  à  jouer  le  rôle  de  eonibuslibles 
daiis  l'intérieur  de  l'organisme  vivant  y  subissent  avant  d'être 
expulsées  au  dehors  à  l'état  d'aeide  carbonique,  d'eau,  d'urée 
et  d'autres  composés  très  oxydés  dont  l'excrélion  est  facile 
à  constater  M  ). 


M.  Bcrtagnini  a  trouvé  ce  produit 
dans  Turine ,  mais  il  a  constaté  que 
l'acide  caniphoriqiie  traverse  Torga- 
nisnie  sans  se  modifier  {a). 

M.  Marchand  a  trouvé  que  l'acide 
cinnamique    (C'^lPO^nO)    s'empare 
aussi  d'un  composé  azoté  pour  consti- 
tuer de  l'acide  hippurique,  qui  est  en- 
suite excrété  par  les  voies  urinaires  (6), 
et  cette  transfornialion  peut  être  expli- 
quée de  deux  manières  :  en  supposant 
que  réquivalent  d'acide  cinnamique 
perd    Ix    équivalents    de   carhone    et 
2   équivalents  d'hydrogène,  et  donne 
ainsi  naissance  à  de  l'acide  benzoiqae 
(C'^ll^O^  )  ;    ou    bien    eu   admettant 
que  par  la  substitution  de  1  équiva- 
lent  d'amnioniaque    à    1   éjuivalent 
d'eau ,    il    se   change    en   cinnamide 
(C'^liyAzOSjqui,  en  s'unissant  à  /i  équi- 
valents d'oxygène,  se  transformerait  en 
eau  et  en  acide  hippurique.  En  eiïet, 

c'W03  +  ii3\z  —  no  =- c<8n9Az02 

et  C'8li9Az02  -f  40  =  C'sns 
Az05,H0.  Il  est  à  noter  que  lacide 
cuniinique,  substance  qui  a  beaiicoup 
d'analogie  avec  Tacide  benzoïque, 
n'éprouve  pas  do  changement  seiu- 
blable  en  traversant  l'organisme,  et 
passe  dans  les  urines  sans  altération. 


MM.  Wôhler  et  Frerichs  ont  con~ 
staté  que  l'essence  d'amandes  amères, 
déi)Ouillée  de  toute  trace  d'acide  cyan- 
hydriqae,  peut  être  administrée  impu- 
nément à  des  Animaux,  et  que  l'intro- 
duction de  cette  substance  est  suivie 
d'une    excrétion    d'acide   hippurique 
par  les  urines  (c).  Or,  ce  phénomène, 
s'explique    laciiement  par   les    eflels 
connus  de  l'oxydation  de  l'essence  en 
question  ;  car  la  composition  de  cette 
substance  peut  être    représentée  par 
la  formule  C'^H'^O-,  et  en  s'emparant 
de   2   équivalents  d'oxygène,  elle   se 
transforme  en  acide  benzoïque.  dont 
la  composition,    est   OHiK)*    L'acide 
beiuoïque  résuilant  de  celte  combus- 
tion incomplète  de  l'essence  d'amandes 
amères  se  con)bine  avec  du  sucre  de 
gélatine ,  comme  d'ordinaire,  et  forme 
ainsi    l'acide  liippurique  ,  qui  passe 
dans  les  urines. 

(1)  Ainsi  nous  ne  pouvons  former 
que  des  conjectures  assez  vagues  relati- 
vement à  l'origine  de  l'acide  benzoïque 
(pii  ,  uni  au  sucre  de  gélatine,  est 
excrété  de  l'organisme  à  l'état  d'acide 
hippurique.  Nous  avons  vu  que  l'urine 
des  Mammifères  herbivores  en  con- 
tient beaucoup,  et,  d'un  autre  côté,  il 


(a)  Bcrtagnini,  Sulle  alterazioni  che  akuiii  acidi  siibenono  neÏÏorganismo  animale  (Il  niiovo 
Cimenta,  Qwrnale  diflsica,  chemica,  elc  ,  1855,  t.  1,  p.  363). 

(b)  MaiclLind,  Ueber  die  Oxidationsproducte  des  Leimes  durch  Chromsmire  {Journal  fiir 
prakl.  Chetnie,  1845,  t.  XXXV,  p.  307). 

{c)  Woliler  und  Frericlis,  Ueber  die  Verànderungen  ivelche  namenthch  orgainsche  Stoff'e  bel 
ihrem  Uebergang  in  den  Harn  erhiden  {Annalen  der  Chemie  und  iliarmacle ,  1848,  i.  LXV, 
p.  335). 


5/|S  NUTRITION. 

RésuKais         Ces  transformalioijs  delà  inalièro  milritivcoii  organisée  sont 

de 

la  combM>=iion  mcme  plus  variées  qu'on  no  (levait  être  disposé  à  le  supposer  tiu 

iiiKiiiiplèle  >>         ,  1-11  1  •  1         • 

ou  pariiciic    preniicr  abord.  En  eliet,  les  produits  de  la  combustion  physio- 

des   inalicres  .  •  ^  i  i  ' 

organiques,  iogiquc  nc  sont  pas  seulement  des  matières  plus  o.\ydees  que  ne 
l'étaient  celles  dont  elles  dérivent.  Ces  substances,  en  brûlant 
Incomitlétement  et  en  se  dédoublant  pendant  cette  opération, 
sont  susceptibles  de  donner  parfois  naissance  à  des  corps  qui 
sont  [)]us  riches  en  éléments  combustibles,  en  sorte  que  la  ma- 
tière brûlée  peut  être  en  partie  réduite.  En  eCfet,  le  groupe 
moléculaire  qui  se  désassocie  sousTintluence  du  principe  com- 
burant peut,  dans  certains  cas,  donner  naissance  à  deux  ou  à 
plusieurs groupcsnouveaux  entre  lesquels  l'oxygène  préexistant 
est  inégalement  réparti,  et  dont  l'un  n'en  fixe  pas  une  quantité 
nouvelle  pendant  que  les  autres  brûlent  d'une  manière  plus  ou 
moins  complète. 

Pour  mettre  bien  en  évidence  ce  genre  de  pliénoinène  dont 
la  connaissance  est  très  importante  pour  le  physiologiste,  il  est 
utile  d'examiner  d'abord  ce  que  deviennent  certaines  substances 
étrangères  à  l'organisme  qui,  dans  l'état  normal,  ne  s'y  ren- 
(!ontrenl  pas  et  qui  sont  faciles  à  reconnaître  au  milieu  des 
autres  matières  organiques  :  la  salicine,  par  exemple. 

Ce  principe  immédiat  végétal  qui  se  trouve  dans  l'écorce  du 


rc'suliedcsrecliorchesde  M.  Hallwaclis 
que  les  aliments  dont  ces  Animaux  se 
nourrissent  ne  contiennent  ni  acide 
benzoïqiio  ni  aucune  sai)slance  de  la 
série  benzoïlicîuc  (jiii  serait  susceptible 
de  se  transformer  en  acide  benzoïque 
dans  l'intérieur  de  l'organisme  (a). 
Mais  on  sait,  par  les  expériences  de 
M.  ("luekclberger,  que  les  substances 
albuminoïdes,  en  s'oxydanl  sous  l'in- 


fluence de  l'acide  azotique,  peuvent 
donner  naissance  h  une  certaine  quan- 
tité de  ce  dernier  acide,  en  même 
tcm|)s  qu'elles  produisent  de  l'hydrure 
de  l)enzoïle.  11  nous  semble  donc  pro- 
bable que  l'acide  hippurique  dérive 
indirectement  de  la  combustion  phy- 
siologique des  matières  protéiqiies  pro- 
venant soit  des  aliments,  soit  des  tissus 
organiques. 


(a)  Hallwaclis,  Ucber  den  Ursprunn  der  Ilippursàure  iin  Ilarn  dcr  P/lanxenfrcsser  {Ann.  dcr 
Chcmie  umt  l'havm.,  1857,  t.  CV,  |).  207). 


ACTIONS    CHIMIQUES.  5/|9 

Sinile  et  qui  cristallise  en  aiguilles  blanches,  mais  se  colore  en 
ronge  au  contact  de  l'acide  sulfurique  concentré,  est  un  com- 
posé stable  de  carbone  et  d'hydrogène  unis  à  l'oxygène  en 
faible  proportion,  et  lorsque  dans  les  expériences  de  laboratoire 
on  le  soumet  à  l'action  des  agents  oxydants  faibles,  il  fixe  une 
certaine  quantité  d'oxygène,  et  se  dédouble  pour  donner  nais- 
sance à  deux  nouveaux  corps,  dont  l'un  est  de  l'acide  salicy- 
leux,  et  l'autre  de  l'acide  formique.  Dans  cette  réaction,  une 
portion  seulement  du  groupe  moléculaire  constituant  la  sali- 
cine  s'oxyde;  c'est  celle  qui  contribue  à  la  formation  de 
l'acide  formique,  et  pour  donner  naissance  à  ce  corps,  en 
même  temps  qu'elle  absorbe  de  l'oxygène  du  deliors,  elle  en 
prend  plus  que  sa  part  au  composé  dont  elle  se  sépare;  L'autre 
porli(»n  du  même  groupe  moléculaire  dont  la  salicine  était 
formée,  celle  ([ui  constitue  l'acide  salicyleux,  se  trouve  donc 
moins  riche  en  oxygène  que  ne  l'était  la  substance  dont  elle 
dérive,  et,  par  conséquent,  la  salicine,  en  brûlant  incomplète- 
ment, a  donné  naissance  à  un  corps  plus  combustible,  ou,  en 
d'autres  mots,  i>lus  riche  en  carbone  et  en  hydrogène  qu'elle 
ne  l'est  elle-même  (1).  Or,  MM.  Wôhler  et  Frerichs  ont 
constaté  que  la  salicine,  en  traversant  l'économie  animale, 
est  déiruile  de  la  même  manière ,  et,  en  se  dédoublant , 
donne  naissance  à  ce  composé  réduit,  car  de  l'acide  sali- 


(1)  La  salicine  a  pour  formule 
C-^Il'^O'*.  Soumise  à  l'action  oxydante 
d'un  mélange  de  bichromate  de  potasse 
et  d'acide  snlfuriquc ,  cette  substance 
absorbe  de  l'oxygène  et  se  décompose 
en  acide  formique,  dont  la  composition 
est  représentée  par  C-lPO*,  et  en  acide 
salicyleux,  ou  essencede  Spirœa  ulma- 
r/rr,  dont  la  formule  est  C'^fl^O*.  Dans 
cette  opération  chaque  équivalent  de 
salicine  absorbe  lli  équivalents  d'oxy- 
gène ,  et  produit   ainsi  6  équivalents 


d'acide  formique  et  1  équivalent  d'acide 
salicyleux.  Le  groupe  moléculaire  qui 
renfermait  primitivement  '26  de  car- 
bone et  16  d'oxygène  se  trouve  donc 
divisé  en  deux  portions,  dont  Tune, 
appartenant  à  l'acide  formique,  contient 
12  de  carbone  associé  à  2'4  d'oxygène, 
tandis  que  l'autre  portion,  comprenant 
plus  de  la  moitié  du  carbone  préexis-. 
tant  dans  la  salicine,  renferme  seule- 
ment k  d'oxygène  au  lieu  d'un  peu 
plus  de  7,  comme  dans  le  principe. 


Formation 
de  la  graisse, 


550  '  NUTRITION. 

cyleux  est  eiisuilc  expulse  de  l'organisme  par  les  voies  uri- 
naires  (1). 

Des  phénomènes  analogues  paraissent  se  produire  dans  le 
travail  normal  de  la  nutrition,  et  eela  nous  permet  de  concevoir 
comment  la  combustion  respiratoire  peut  devenir  la  cause 
d'une  production  plus  ou  moins  abondante  de  matières  émi- 
nemment combustibles,  telles  que  les  corps  gras,  le  sucre  et 
les  princi[)es  amylacés. 

§  8.  — La  majeure  partie  de  la  graisse  rpii  s'accumule  dans 
l'économie  animale  préexiste  dans  les  aliments  et  est  introduite 
dans  l'organisme  par  les  voies  digestives.  Les  recherches  de 
MM.  Dumas,  Boussingault  et  Payen  sur  la  composition  d'un 
grand  nombre  de  substances  alimentaires,  et  les  observations 
des  agronomes  sur  l'influence  que  le  régime  exerce  sur  l'en- 
graissement des  Animaux,  ne  laissent  aucun  doute  à  cet  égard, 
et  avaient  même  conduit  ces  chimistes  à  penser  que  ces  êtres 


(1)  Après  la  constatation  do,  celle 
productioii  d'acide  salicjleux  aux  dé- 
pcns  de  la  salicinc  dans  rintérieur  de 
réconomic  animale  ((/),  M.  Staedeler 
a  été  condiiit  à  penser  que  de  l'acide 
phényliqiic  provenant  de  la  même 
source  était  excrété  par  les  voies 
urinaires,  et  il  attribua  à  cette  cir- 
constance la  coloration  bleue  que  les 
sels  de  1er  déterminent  dans  l'extrait 
alcoolique  de  l'urine,  après  l'usa^'e  de 
la  saliciiie  (6).  Enfin ,  les  expériences 
faites  pay  M.  l>anke,  sous  la  direction 
de  M.  Lehmann,  ont  montré  que  dans 
l'organisme  la  salicinc  donne  nais- 
sance à  de  l'acide  salicique,  el  par  la 
distillation   de  l'extrait  alcoolique  de 


l'urine  en  question,  de  l'acide  phény- 
lique  fut  obtenu  ;  mais  il  y  a  quelque 
raison  de  croire  que  ce  dernier  pro- 
duit n'y  préexistait  pas  et  s'était  formé 
pendant  le  Iraiteraent  de  l'extrait  al- 
coolique. En  efiet,  M.  Lehmann  a  vu 
que  cette  dernière  substance  ne  déter- 
minait aucun  symplôme  d'intoxication 
lorsqu'il  en  injectait  une  certaine 
quantité  dans  les  veines  d'un  Lapin; 
or,  l'acide  phényli<|ue  est  un  poison 
énerp;ique.  L'acide  salicique  ainsi 
formé  dans  l'économie  animale  est 
ensuite  excrété  par  les  voies  urinaires 
à  l'état  d'acide  salicurique  ,  comnie 
j'ai  diijà  eu  l'occasion  de  le  dire 
(page  0/i6,  note). 


(a)  Rankc,  7.ur  Lehre  vom  thierischen  Stoffumsatz  [Journal  fiir  praki.  Ch'-mie,  1852, 1.  LVI, 

p.  -l). 

(b)  Lehmann,  Lehrbuch  der  physiologischen  Chemic,  t.  111,  p.  210. 


ACTIONS    CHIMIQUKS.  551 

n'avaient  pas  la  faculté  de  produire  de  la  graisse  aux  dépens 
des  matières  organiques  d'un  autre  ordre,  telles  que  le  sucre  ou 
Talbumine;  que  cette  propriété  n'appartenait  qu'aux  Végétaux, 
et  que  c'étaient  de  ceux-ci  que  les  Animaux  tiraient  directement 
la  totalité  des  principes  gras  dont  leur  corps  se  charge.  M.  Lie- 
big,  il  est  vrai,  se  plaçant  à  un  point  de  vue  différent,  avait  été 
conduit  à  adopter  une  opinion  diamétralement  opposée,  et  à 
considérer  les  Animaux  comme  produisant  avec  des  aliments 
féculents  ou  albuminoïdos  la  totalité  ou  la  presque  totalité  des 
graisses  qu'ils  accumulent  dans  leurs  tissus  (i).  Mais  les  argu- 
ments sur  lesquels  il  s'appuyait  ne  prouvaient  pas  qu'il  en  fût 
ainsi  ;  pour  résoudre  la  question,  il  fallait  des  faits  plus  déci- 
sifs, et  nous  avons  pensé,  M.  Dumas  et  moi,  que  l'élude  physio- 
logique des  Insectes  pourrait  nous  en  fournir. 

En  effet,  on  savait,  par  les  belles  observations  de  Huber  ('2) 

(1)  Vers  18^^,  la  question  de  l'ori-  lier  ou  en  majenre  partie  aux  dépens, 

gine   de  la   graisse  dans    récononiie  soit  de  falt^uniine,  de  la  fibrine  ou 

animale  donna   lieu   à  beaucoup   de  de  la  caséine,  soit  de  la  fécale  ou  du 

discussions  entre  les  chimistes  les  plus  sucre  (c).     La    vérité  ,   comme  nous 

éminents  de  l'époque.  M.  Dumas  cou-  allons  le    voir,   se  trouve   entre  ces 

sidérait  les  l'iantcs  comme  étant  les  opinions  extrêmes, 
seuls  producteurs  de  la  matière  orga-  ('i)     François    Huber  ,    naturaliste 

nique   combustible,    et  les  Animaux  suisse  d'un  grand  mérite,  était  aveugle  ; 

comme  étant  seulement  aptes  à  brûler  mais  aidé  par  un  serviteur  intelligent, 

ces  substances  dans  l'acte  de  la  respi-  Vr.  Burnens,  il  a  pu  faire  de  17H9  à 

ration  (a);  opinion  qui  fut  ensuite  sou-  1800  une  longue  série  d'observations 

tenue  aussi  par  MM.  Boussingault  et  et  d'expériences  délicates  et  bien  con- 

Payen  (b) .  M.  Liebig,  au  contraire,  ne  duites  sur  les  mœurs  des  Abeilles,  et 

tenait  que  peu  ou  point  de  compte  écrire  sur  l'histoire  physiologique  de 

des  matières  grasses  introduites  direc-  ces  Animaux  un  des  livres  les  plus  in- 

tement  dans  l'organisnie  des  Animaux  téressants  de  l'entomologie  (d).  Son  fils 

par  lalimentation,  et  supposait  que  la  a    étudié    de   la    même    manière  les 

graisse  de  ceux-ci  y  était  formée  en  en-  mœurs  des  Fourmis. 

(a)  Dumas,  Leçons  sur  la  statique  chimiqxie  des  êtres  organisés  {Ann.  des  sciences  nat.,  2«  série, 
1.  XVI,  p.  33). 

(b)  Dumas,  Boussingault  et  Payen,  Recherches  sur  V engraissement  des  bestiaux  et  la  formation 
du  lait  {Ann.  de  chimie  et  de  phy.sique.  3«  série,  1843,  et  Ann.  des  sciences  nat.,  t.  XIX). 

(c)  Liebit;,  Chimie  organique  appliquée  à  la  physiologie  animale,  184:!,  p.  93. 
[dj  Fr.  Huber,  Nouvelles  observations  sur  les  Abeilles.  Genève,  1814. 


552  NliTRlTlON. 

sur  les  Abeilles,  que  ces  Animaux  sécrètent  de  la  cire(l),  non- 
seulement  quaud  ils  en  trouvent  en  butinant  sur  les  végétaux  qui 
en  i)roduisent  abondamment ,  mais  aussi  lorsqu'on  les  prive  de 
matières  grasses  et  qu'on  les  nourrit  exclusivement  de  sucre 
ou  de  miel  (2).  Ce  fait  pouvait  être  expliqué  de  deux  manières  : 
en  supposaut  que  l'Abeille  possède  la  faculté  de  transformer 
les  matières  sucrées  en  cire,  ou  bien  que  la  matière  grasse 
qu'elle  continue;!  excréter  après  avoir  cessé  d'en  trouver  dans 
ses  aliments,  était  emmagasinée  dans  son  corps,  et  que  c'est  aux 
dépens  de  la  réserve  ainsi  constituée  que  la  sécrétion  delà  cire 
persiste  pendant  un  certain  temps.  Pour  tranclier  la  question, 
il  fallait  connaître  la  quantité  de  matières  grasses  qui  existe 
dans  l'organisme  de  ces  Animaux  au  moment  où  on  les  soumet 
au  régime  du  sucre,  et  déterminer  également  le  poids  des  pro- 
duits du  même  ordre  qu'ils  sécrètent  pendant  la  durée  de 


(1)  Réaumiir  pensait  que  les  Abeilles 
élaboraient  la  cire  dans  leur  estomac 
au  moyen  du  pollen  des  fleurs ,  puis 
la  rejetaient  par  la  bouche  pour  l'em- 
ployer à  la  construction  de  leurs  al- 
véoles («).  Hunter  constata  que  les 
choses  ne  se  passent  pas  ainsi,  et  que 
la  cire  est  sécrétée  dans  de  petites 
cavités  situées  entre  les  anneaux  de 
Tabdonicn,  à  la  l'ace  inférieure  du 
corps,  et  ses  observations  furent  con- 
firmées par  Huber  (6).  Je  dois  ajouter 
cependant  que  dans  ces  derniers  temps 
l'opinion  de  l'.éaumur  a  été  soutenue 
d(;  nouveau  par  î\l.  Léon  Dufour  (r)  ; 


mais  il  me  paraît  bien  évident  que  la 
cire  est  excrétée  directement  par  les 
parties  membraneuses  (ou  aires  utri- 
culaires)  des  cavités  ou  replis  inter- 
annulaires dont  je  viens  de  parler. 

(2)  Huber  fit  plusieurs  séries  d'ex- 
périences sur  ce  sujet,  et  il  vit  que  les 
Abeilles  continuent  à  produire  de  la 
cire  en  quantité  considérable,  et  à  con- 
struire des  gâteaux ,  lorsqu'on  les  sé- 
questre et  qu'on  les  nourrit  avec  du 
miel  ou  du  sucre  seulement  (d).  En 
18i!i'2,  ces  expériences  furent  répétées 
par  M.  Ciundelach,  mais  sans  que  rien 
d'essentiel  y  fût  ajouté  [C). 


(a)  Réauimir,  Mémoire  pour  servir  à  l'Iilstuire  des  Insectes,  1740,  t.  V,  |i.  403  elsui>r. 
(/;)  Hunier,  Observnliuns  on  llets  {l'hilos.    Traus.,    171)2,  p.    1  45.  —   Observptions  sur  les 
Abeilles  {Œuvres,  Irad.  par  Ricliulol,  1,  IV,  p.  548). 

—  Fr.  IliilxT,  O/J.  cit..  t.  11.  pi.  2,  li;,'.  1  à  9. 

((■)  Léon  Diifuiir,  Note  analomique  sur  la  question  de  la  production  de  la  cire  des  Abeilles 
{Comptes  rendus  ae  l'Acad.  des  sciences,  1813,  t.  XVII,  p.  80!)).  —  Nouvelles  recherches  sxu- 
l'anatomie  de  l'Abeille  et  la  production  de  la  cire  {loc.  cit.,  p.  1248). 

((/)  Fr.  Ihilier,  Op.  cit.,  t.  11,  p.  54  el  siiiv. 

(e)  Guiulchuli,  Die  Nalurueschichte  der  Iloni(]hienen.  Cassel,  1842,  p.  16. 

—  Liibi^j,  Cidmie  organique  appliquée  à  la  physiologie  animale,  p.  315 


ACTIONS    CHIMIQUKS.  553 

l'expérience,  ou  qui  peuvent  rester  accumulés  dans  leur  cor[)S 
quand  cette  expérience  est  terminée.  Les  choses  furent  con- 
duites de  la  sorte  par  M.  Dumas  et  moi,  et  nous  conslalâmes  (pic 
la  quantité  de  matières  grasses  préexistantes  dans  l'économie 
était  de  beaucoup  inférieure  à  celle  de  ces  mêmes  matières 
excrétées  ou  emmagasinées  dans  l'organisme  après  que  les 
Abeilles  eurent  été  privés  pendant  plusieurs  semaines  d'aliments 
gras,  et  nourries  avec  des  matières  sucrées  seulement  ('1).  Il 


(1)  Pour  constater  la  quantité   de 
principes  gras  qui  pouvaient  exister 
dans  le  corps  de  nos  Abeilles  au  mo- 
ment où  nous  les  soumettions  au  ré- 
gime saccharin ,  nous  prîmes  au  ha- 
sard, parmi  '20 il 5  ouvrières  dont  se 
composait  l'essaim  séquestré,  217  in- 
dividus ;  nous  en  constatâmes  le  poids 
et  nous  en  finies  l'analyse.  Ces  expé- 
riences préliminaires  nous  apprirent 
que  chaque  Abeille  renfermait,  terme 
moyen,  0i'''',0018  de  matières  grasses, 
et  nous  en  conclûmes  que  le  reste  de 
l'essaim,  composé  de  1788  ouvrières, 
ne  devait  guère  s'élever  au-dessus  de 
o8%218.  Pour   nourrir   ces  Insectes, 
nous  fîmes  usage  de  miel  qui  fut  égale- 
ment analysé,  et  en  tenant  compte  de  la 
quantité  de  matières  grasses  contenues 
dans  cette  substance,   ainsi  que  du 
poids  du  miel  consommé,  nous  vîmes 
que  pendant  la  durée  de  l'expérience, 
notre  essaim  n'avait  pu  trouver  dans  ses 
aliments  que  OS',00038  de   matières 
grasses  par  individu  ;  puis,  à  la   fin 
de    l'expérience,    nous   dosâmes  les 
graisses  restant  dans  le  corps  de  tous 
ces  Animaux,  et  nous  trouvâmes  que 
le  poids  de  ces  matières  s'élevait  en 
moyenne  à  OS'',00/i2.  Or ,  pendant  la 


durée  de  la  séquestration,  nos  Abeilles 
avaient  construit  un  gâteau  de  cire 
dont  l'analyse  nous  fournit  tis',515 
de  matière  grasse,  quantité  qui  corres- 
pond à  OS',006i  par  individu.  Ainsi 
la  quantité  totale  de  matière  grasse 
préexistante  dans  l'organisme  de 
chaque  Abeille,  ou  contenue  dans  ses 
aliments,  était  de  0S'-,00'i2,  et  à  la  fin 
de  Foxpérience  chacun  de  ces  Animaux 
contenait  ou  avait  excrété  08%0106 
de  ces  mêmes  substances.  Il  y  avait 
donc  eu  production  de  cire  (a).  Cepen- 
dant je  suis  loin  de  croire  que  dans  les 
circonstances  ordinaires,  la  majeure 
partie  de  la  cire  sécrétée  par  les  Abeilles 
soit  le  résultat  de  la  transformation  des 
matières  sucrées  ou  autres,  et  ne  se 
trouve  pas  toute  formée  dans  leure 
aliments  ;  car,  l'excrétion  de  cette 
substance  est  alors  beaucoup  plus 
abondante,  et  l'on  voit  que  sa  nature 
varie  suivant  les  plantes  sur  les- 
quelles ces  Animaux  vont  butiner.  En 
effet,  M.  Lewy  a  constaté  que  la 
cire  dite  des  Andaquies,  produite  par 
les  Mélipones  de  la  .\ouvelle-Grenade, 
contient  de  la  cire  de  Palmier,  tandis 
que  dans  la  cire  de  nos  Abeilles  il  n'y  a 
que  des  principes  semblables  à  ceux 


(a)  Dumas  et  Milne  Edwards,  Note  sur  la  production  de  la  cire  des  Abeilles  (Ann.  des  sciences 
nat.,  1843,  t.  XX,  p.  174). 


55/l  NUTRITION. 

en  résulte  donc  que  les  Abeilles  peuvent  produire  des  corps  gras 
aux  dépens  de  matières  organiques  plus  riches  en  oxygène, 
telles  que  le  sucre,  et  puisque  les  Insectes  possèdent  cette 
faculté,  il  ne  restait  aucune  raison  plausible  pour  supposer  que 
les  autres  Animaux  devaient  en  être  privés. 

Eiïectivement,  il  parait  en  être  ainsi,  non-seulement  pour  les 
Insectes  appartenant  à  d'autres  familles  (1),  mais  aussi  pour  les 
Mammitères  et  les  Oiseaux.  Je  citerai  à  ce  sujet  les  expériences 
de  M.  Boussingault  sur  l'engraissement  des  Porcs  et  des  Oies. 
En  nourrissant  d'une  manière  convenable  les  Porcs  et  en  dosant 
les  quantités  de  matières  grasses  que  ces  Animaux  recevaient 
chaque  jour  par  l'alimentation  et  évacuaient  par  les  déjections. 


qui  se  trouvent  dans  la  cire  végétale 
de  nos  Végétaux  indigènes  (a).  La  diffé- 
rence doit  donc  dépendre  de  la  nour- 
riture de  ces  Insectes. 

(l)  MM.  Lacaze-Duthiors  et  Uiclie 
ont  profité  des  conditions  biologiques 
dans  lesquelles  certaines  larves  galli- 
coles  se  développent  pour  faire  des 
expériences  analogues    à    cellt's   que 
M.    Dumas    et   moi    avions   publiées 
quelques  années  auparavant  sur  la  pro- 
duction des  matières  grasses  par  les 
Abeilles.  En  étudiant  la  structure  des 
galles  végétales,  et  notamment  de  la 
noix  de  galle  (6),  qui  résulte,  comme 
on  le  sait,  de  la  piqûre  d'un  Cynips, 
M.  Lacaze  a  constaté  que  la  cavité  qui 
occupe  le  centre  de  ces  excroissances  a 
des  parois  ligneuses  très  dures,  et  ren- 
lerme  un  anuis  de  cellules  contenant 
de  la  fécule  qui  est  destinée  à  l'alimen- 


tation   de  la  larve   à  laquelle   l'œuf 
placé  au  milieu  de  cette  masse  molle 
donnera  naissance.  Pendant  toute  la 
durée  de  son   emprisonnement  tlans 
la  galle,  cette  larve  ne  tire  de  nourri- 
ture que   de  ce  dépôt  de  fécule,  et, 
par  conséquent,  si  à  l'époque  de  son 
complet  développement,  elle  contient 
plus  de  maiière  grasse  que  l'œuf  et  la 
matière  alimentaire  circonvoisine  n'eu 
contenaient  dans  le  principe,  il  en  fau- 
dra conclure  que  le  jeune  Animal  a 
produit  de  la  graisse,  comme  le  font 
les  Abeilles,  aux    dépens    du    sucre 
provenant   de  la  digestion  de   la  fé- 
cule  dont   elle   s'est    sustentée.   Or, 
MM.  Lacaze  et  ilichc  ont  fait  les  ana- 
lyses nécessaires  pour  résoudre  cette 
question,  et  ils  ont  constaté  de  la  sorte 
que  pendant  celte  période  de  leur  vie 
les  Cynips  forment  de  la  graisse  (c). 


la)  Lcwy,  Recherches  sur  les  diffrrentes  espèces  de  cires  {Ann.  de  chimie  et  de  physique, 
3'  sérifi,  1845,  i.  MU,  |>.  4.i8 

[b)  L:ic..zt-biiiliiors,  Itecherchcs  pour  servir  à  l'Iùstoire  des  g.illes  (Ann.  des  sciences  nal., 
Bolaniqiio,  3"  série,  1853,  t    MX,  p.  -J.Vi). 

(t)  L»ca/c-l)ulliiers  el  Uiclie,  Hecherches  sur  ialimenUtlioii  des  Larves  gallicoles  {Comptes 
rendus  de  l'Acad.  des  sciences,  4853,  t.  XXXVI,  p.  998). 


ACTIONS    CHIMIQUES.  555 

cet  habile  agronome  a  trouvé  que,  dans  certains  cas,  le  poids 
de  la  graisse  existant  dans  le  corps  de  Tanimal,  à  la  fin  derexpé- 
rience,  dépassait  de  plus  de  kO  kilogrammes  le  poids  des 
matières  grasses  préexistantes  dans  l'organisme  de  celui-ci  ou 
introduites  en  dehors.  Il  y  avait  donc  eu  production  abondante 
de  ces  matières  aux  dépens  des  matières  amylacées  ou  azotées 
employées  comme  alimenls.  Enfin,  M.  Boussingault,  de  même 
que  M.  Persoz,  a  obtenu  des  résultats  analogues  en  comparant 
la  quantité  de  principes  gras  contenue  dans  le  maïs  avec  lequel 
il  engraissait  des  Oies,  et  la  quantité  de  graisse  dont  le  corps 
de  ces  Animaux  était  chargé  à  la  fin  de  roi)éralion  de  l'en- 
graissement (1). 

(1)  Les  expériences  de  M.  Persoz  dont  les  aliments  ne  contenaient  pas 

sur    ce  sujet    précédèrent  celles  de  de  matières  grasses  (c). 
M.  Boussingault,  et  tendirent  à  établir  Mais  dans  les  recherches  de  M.  Bous- 

que  sous  le  régime  du  mais,  les  Oies  singault  sur  les  Porcs,  il  ne  paraît  pas 

peuvent  produire  deux  fois  autant  de  y    avoir    eu    production    de    grnissc 

graisse  qu'elles  en  reçoivent   par  les  dans  des  circonstances  analogues,   et 

aliments  (a).  ce  phénomène  n'a  été  constaté   que 

Dans  les  expériences  de  M.  Bous-  sous  l'influence  d'un  régime  mixte  et 

singault,  les  Oies  mangèrent  en  trente  azoté  (d). 

et  un  jours,  dans  le  maïs  dont  on  les  Cv-  dernier  chimiste  a  constaté  aussi 

nourrissait,  5'''',0o2  d  huile,  et  pen-  que  chez  des  Pigeons  et  des  Canards 

dan;  ce  même  espace  de  temps  elles  qui  pendant  plusieurs  jours  n'avaient 

gagnèrent 8'''', 2.^2 dégraisse; lagraisse  été    nourris     qu'avec    des    aliments 

formée  dans  leur  organisme  pesait  donc  exempts  de  matières  grasses,  tels  que 

3'''',i9o  (6).  l'amidon  et  le  blanc  d'œuf,  la  quan- 

Dans    une    seconde    série   d'expé-  tilé  de  principes  gras  contenus  dans  le 

riences,  M.  Persoz  a  constaté  la  pro-  sang  restait  à  peu  près  la  même  que 

duction   de  la  graisse  chez  des  Oies  dans  les  circonstances  ordinaires  (e). 

ta]  Persoz,  Expériences  sur  l'engrais  des  Oies  [Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  sciences,  1844, 
t.  XVUI.  p.  245). 

b)  Boii.-sin-auit,  Recherches  expérimentales  sur  le  développement  de  la  graisse  pendant  L'nli- 
mevialion  des  Âmmaux  \.\nn.  de  c'uindc  et  de  physique,  3'  série,  ISiS,  t.  .\IV,  p.  461  et 
suiv.). 

(c>  Per.^oz.  Note  sur  la  formation  de  la  graisse  dans  les  Oies  (Cnmpi.es  rendus  de  l'Acad.  des 
sciences.  1845,  t.  .\XI,  p.  "20). 

(rfi  Boiissinunii  t.  Op.  cit.  ^Ann.  de  chimie,  3"  série,  :845,  t.  XIV,  p.  419  et  suiv.). 

(e)  Idem,  Recherches  sur  l'inlluenve  que  certains  principes  alimentaires  peuvent  exercer  sur 
la  proportion  de  matières  grasses  contenues  dans  le  sang  [Ann.  de  chimie  et  de  physique , 
3'  série,  t.  XXIV,  p.  460}. 


556  NUTRITION. 

11  est  probable  que  c'est  le  glucose,  ou  quelque  autre  principe 
sucré  analogue  provenant  de  la  digestion  des  matières  amyla- 
cées, qui  fournit  les  éléments  constitutifs  des  corps  gras  produits 
dans  l'intérieur  de  l'économie  animale,  et  M.  Liebig  a  cru 
pouvoir  expliquer  cette  transformation  en  supposant  que  la 
fécule  ouïe  sucre  perd  une  certaine  quantité  d'oxygène  (1).  Si 
les  actions  chimiques  dont  le  corps  des  Animaux  est  le  siège 
étaient  susceptibles  de  déterminer  la  soustraction  d'une  partie 
plus  ou  moins  considérable  de  l'oxygène  contenu  dans  les 
groupes  moléculaires  qui  constituent,  soit  les  principes  alibiles 
dont  je  viens  de  parler,  soit  d'autres  substances  alimentaires, 
telles  que  le  sucre  de  lait  ou  même  les  matières  albumiuoïdes, 
celles-ci  pourraient,  en  effet,  se  transformer  directement,  soit 
en  corps  gras  seulement,  soit  en  corps  gras  et  en  un  petit 
nombre  de  composés  très  simples,  tels  que  de  l'eau,  de  l'acide 
carbonique  et  des  sels  ammoniacaux.  Mais  nous  n'avons 
aucune  raison  de  croire  que  les  choses  se  passent  réellement 
delà  sorte  dans  l'économie  animale,  et,  ainsi  que  le  pense 
M.  Dumas,  il  est  probable  (juc  ces  phénomènes  de  réduction 
physiologique  sont  beaucoup  plus  complexes,  et  résultent  du 
dédoublement  des  matières  organiques  sous  l'influence  d'une 


(1)  Eu  efl'el,  si  Ton  suppose  que 
60  équivalculs  d'oxygène  soient  unis 
aux  éléments  de  il  équivalents  de 
sucre  (C>2n'20'2,lIO;,  on  aura  1  équi- 
valent ('e  stéarine  ou  de  margarine 
(Ciroo»),  73  équivalents  d'acide  car- 
bonique et  96  équivalents  d'eau  ;  car 
M  (G'2ll'20<2,nO)  =  G^'iroQS  ^ 
7:3  (CO^)  -f  96{nO).  Par  conséquent, 
on  conçoit  la  possibilité  de  la  transfor- 
mation du  sucre  en  graisse  par  le  lait 


d'une  simple  oxydation  dont  résulte- 
rait en  même  ienq)s  de  l'eau  et  de 
l'acide  carbonique. 

Ainsi  que  je  l'ai  déjàdit,  M.  H.  Meckcl 
avait  cru  que  ce  dédoublement  du  sucre 
s'opérait  quand  on  fait  agir  do  la  bile 
sur  cette  substance  («);  mais  les  reclier- 
clu's  subséquentes  d'autres  cliiniistes 
ont  montré  que  son  opinion  n'était  pas 
fondée,  e|  (jne  la  bile  n'est  i)as  apte  à 
déterminerla  tormalion  delà  graisse(6}. 


(a)  H.  Meckel,  De  gcnesi  adipis  in  animalibus.  HiiUe,  1845. 

(b)  Vojez  ci-dessus,  page  8'2. 


ACTIONS    CHIMIQUES.  557 

combustion  partielle,  analogue  à  celle  que  nous  avons  vue 
donner  naissance  à  l'acide  salicyleux.  Comme  exemple  de  la 
production  de  matière  grasse  aux  dépens  du  sucre  par  suite 
d'un  phénomène  de  dédoublement  chimique  déterminé  par  des 
actions  [)hysiologiques,  je  rappellerai  que  dans  la  fermcnlation 
alcoolique  où  le  sucre  est  décomposé  parles  Végétaux  microsco- 
piques qui  constituent  la  levure,  et  où  la  plus  grande  partie 
de  cette  substance  est  transformée  en  alcool  et  en  acide  carbo- 
nique, il  y  a  aussi  formation,  non-seulement  de  glycérine  et 
d'acide  succinique,  mais  aussi  de  matière  grasse.  Les  recher- 
ches récentes  de  M.  «Pasteur  établissent  nettement  ce  fait  (l), 
et  il  y  a  lieu  de  croire  que  la  production  de  graisse  dans  l'in- 
térieur du  corps  des  Animaux  supérieurs  est  due  à  des  actions 
analogues. 

Quant  à  la  transformation  des  matières  albiiminoïdcs  en 
corps  gras,  les  chimistes  sont  très  partagés  d'opinions,  et  dans 
l'état  actuel  de  la  science  nous  manquons  de  faits  pour  décider 
si  des  phénomènes  de  ce  genre  se  produisent  ou  non  dans  l'in- 
térieur de  l'organisme  (2). 


(1)  Jusque  dans  ces  derniers  temps, 
lescliimistes  croyaient  que,  dans  l'acte 
de  la  fermentation  alcoolique,  la  totalité 
du  sucre  qui  disparaît  était  transfor- 
mée en  alcool  et  en  acide  carbonique, 
car  la  composition  du  sucre  de  raisin  est 
représentée  par  la  formule  G'-H'-O'^, 
celle  de  l'alcool  par  C/l|602,  et  celle 
de  l'acide  carbonique  par  CO^,  et  par 
conséquent  l'équivalent  de  sucre  con- 
tient les  éléments  de  2  équivalenls  d'al- 
cool et  k  équivalents  d'acide  Ciirbo- 
nique;  car,  G'"'i[l'20'2  =  o  (c^iieo^) 
-f-  h  C0\    Mais  les  expériences  de 


IM.  Pasteur  nous  ont  appris  que  la 
réaction  déterminée  par  la  levure  est 
beaucoup  plus  complexe ,  et  qu'une 
portion  du  sucre  décomposé  se  trans- 
forme en  acide  succinique  (C^H^OS), 
qui  est  un  corps  plus  oxydé  que  le  pré- 
cédent, et  en  glycérine  (C^ll^O^),  qui 
est  au  contraire  plus  ricbe  en  éléments 
combustibles  ;  enfin,  il  y  a  aussi  pro- 
duction de  matière  grasse ,  ce  qui 
suppose  également  un  partage  inégal 
de  l'oxygène  préexistant  entre  les  dif- 
férents dérivés  du  sucre  («) . 

(2)    Jadis  les   chimistes    considé- 


(a)  Pasteur,  Mémoire  sur  la  fermentalion  alcoolique  [Ann.  de  chimie  cl  de  physique,  3' série, 
1800,  t.  LVIll,  p.  3-J3]. 

Vil.  36 


Prodiiclion 
du  sucre. 


^^S  >'LT1UTI0N. 

§  1).  —  Nous  avons  déjà  vu  que,  dans  certains  élats  patlio- 
logiques  du  eorjis  Iminain,  du  sucre  est  excrélé  en  grande 
quanlilé  par  les  voies  urinaires  ;  et  lorsque  nous  étudierons 
le  système  légunicnlaire  des  Tuniciers  et  des  Animaux  articulés, 


raient  la  formation  du  gras  des  ca- 
davres (ou  adipocire)  comme  étant 
due  à  une  décomposition  spontanée 
de  la  fibrine  et  des  autres  matières 
albuminoides  qui  entrent  dans  la  com- 
position du  corps  de  rilomme  et  des 
Animaux  (a)  ;  mais  les  recherches  de 
BerthoUet,  de  Gay-Lussac  (b\  et  surtout 
celles  de  M.  Chevreul.  montrent  que 
dans  les  circonstances  où  l'on  suppo- 
sait que  les  principes  immédiats  azo  - 
tés  se  changeaient  en  graisse,  il  n'y  a 
pas  formation  de  matière  grasse  ;  que 
celle-ci  préexiste  dans  les  tissus  du  ca- 
davre, et  augmente  de  volume  parce 
qu'elle  s'acidifie  et  se  combine  avec 
de  l'aunnoniaque  provenant  de  la  pu- 
tréfaction des  matières  albuminoides 
adjacentes,  et  avec  des  bases  terreuses, 
de  façon  à  donner  naissance  à  une 
espèce  de  savon  composé  principale- 
ment de  stéarates  et  d'oiéates  d'ammo- 
niaque, de  chaux  et  de  potasse  (c). 
Aujourd'hui  la  plupart  des  chimistes 
sont  d'accord  sur  ce  point  ;  mais  dans 
ces  dernieis  temps  l'hypothèse  de  la 


transformation  graisseuse  du  tissu  mus- 
culaire a  été  étayée  par  quelques  nou- 
velles expériences  sur  les  produits  de  la 
macération  des  cadavres  (d),  et  elle  a 
été  soutenue  par  des  pathologistesd'un 
grand  mérite,  comme  représentant  ce 
qui  se  passe  dans  l'économie  animale 
lorsque  les  nuiscles  et  les  autres  or- 
ganes vivants  éprouvent  les  altérations 
morbides  connues  sous  le  nom  de  dé- 
générescence graisseuse  (e),  phéno- 
mène qui  cependant  s'explique  égale- 
ment bien  par  la  simple  substitution 
d'un  tissu  nouveau  à  un  tissu  qui  se 
détruit.  Dans  l'espoir  de  jeter  de  nou- 
velles lumières  sur  la  question  de  la 
transformation  physiologique  des  ma- 
tières albuminoides  en  corps  gras , 
plusieurs  physiologistes  ont  fait  der- 
nièrement des  expériences  sur  des 
Animaux  chez  lesquels  des  fragments 
de  chair  musculaire  ou  d'autres  sub- 
stances organisées  furent  déposés  dans 
la  cavité  abdominale,  et  examinés  après 
un  séjour  plus  ou  moins  long  dans  ce 
lieu.  Les  premiers  essais  de  ce  genre 


(a)  l'oiircroy,  Mémoire  sur  les  différents  états  des  cadavres  trouvés  dans  les  fouilles  du  cime- 
tière des  Innocents,  en  1780  et  1787  {Ann.  de  cliimic,  1700,  l.  V,  p.  151).  — Deuxième 
mémoire  sur  les  matières  animales  trouvées  dans  le  cimetière  des  Innocents  à  Paris  (Ann.  de 
chimie.  1791,  t.  VIII,  \>.  17). 

{bj  r.;iy-I.iissac,  Sur  le  changement  de  la  fibre  musculaire  en  graisse  {Ann.  de  chimie  et  de 
phusique,  1817,  t.  IV,  p.  71). 

(c)  Cliovroul,  Des  corps  qu'on  apiielU  adipocires  {Ann.  de  chimie,  1815,  t.  XCV,  p.  5).  — 
Ikrherrhes  sur  les  corps  gras,  1823,  p.  H03.  —  Mém.  sur  plusieurs  points  de  chimie  orga- 
nique [Journal  de  physiologie  do  ilagcndic,  1824,  t.  IV,  p.  119). 

((/)  Qiiiiiii,  On  lùitly  Diseases  of  Ihe  lleart  [Medico-Chirurg.  rransactions,  1850,  t.  XXXIII, 
p.  lili. 

—  Viri;liii\v,  /ur  palholoijiscli-analomischen  Casuistili  {Verh.  d.  phys.-med.  Gesellschaft  zii 
^Viirzburg,  1852,  l.  III,  p   SCO). 

(e)  Virchow,  Utber  die  Standpunkte  i)i  dcr  wissenschaftlichen  Medicin  {Archiv  fur  palholo- 
gische  Anatomie,  1817,  i.  I,  p.  30). 


ACTIONS    CFinilQUKS.    GLYCOGÉNIi: .  559 

nous  verrons  qu'il  exisle  dans  les  lissns  do  ces  Aniiiniux  des 
matières  qui  paraissent  être  identiques  avec  la  cellulose,  et  qui, 
par  conséquent,  ne  diffèrent  que  peu  du  sucre  par  leur  com- 
position élémentaire.  Depuis  longtemps  nous  savions  aussi  que 


parurent  favorables  à  ropiiiion  de  la 
traiisfornialion  des  substances  ani- 
males en  graisse.  Ainsi  M.  R.  Wagner 
trouva  que  le  testicule  d'un  Coq  intro- 
duit dans  la  cavité  abdominale  d'une 
Poule  présenta  au  bout  d'un  certain 
temps  l'aspect  d'une  niasse  graisseuse  ; 
il  vit  aussi  que  le  cristallin  de  l'œil, 
des  morceaux  d'albumine  coagulée,  et 
d'autres  corps  analogues  qui  ne  con- 
tiennent pas  de  matières  grasses,  en 
sont  chargés ,  et  perdent  en  même 
temps  la  majeure  partie  de  leurs  prin- 
cipes azotés,  lorsqu'ils  ont  été  déposés 
ainsi  pendant  quelques  semaines  dans 
l'intérieur  du  corps  d'un  Animal 
vivant  (a).  Des  résultats  analogues 
ont  été  obtenus  par  M\!.  Donders, 
Middehlorpf  et  quelques  autres  expé- 
rimentateurs (6);  puis,  afin  de  rendre 
ces  faits  plus  probants,  on  a  mis  les 
fragments  de  tissus  employés  à  l'abri 
du  contact  des  liquides  de  l'organisme, 
en  les  renfermant  préalablement  dans 
des  sachets  imperméables  ou  dans  des 
boîtes  de  verre  bien  fermées,  et  en  exa- 
minant au  miscroscope  ces  substances 
après  un  séjour  plus  ou  moins  long 
dans  l'intérieur  du  corps  d'un  animal 
vivant,  on  a  cru  y  reconnaître  l'exis- 


tence de  graisse  de  nouvelle  forma- 
tion (c).  IVIais  ce  résultat  ne  fut  pas 
établi  au  moyen  de  l'analyse  chimique, 
et  d'autres  recherches  analogues 
tendent  à  établir  que  la  graisse  obser- 
vée dans  les  morceaux  de  tissus  orga- 
niques ainsi  mis  en  expérience  prove- 
nait, non  pas  de  la  transformation  des 
matières  albuminoïdes  dont  celles-ci 
se  composent,  mais  du  dehors;  que 
cette  graisse  est  déposée  autour  du 
corps  étranger  et  s'y  infdtre  quand 
celui-ci,  enraisonde  sa  porositéou  do  la 
destruction  graduelle  de  sa  substance, 
rend  cette  pénétration  possible.  Ainsi, 
^].  F.  VV.  Burdach  a  trouvé  que  si  l'on 
dépose  dans  l'intérieur  de  l'économie 
animale  un  corps  étranger  de  texture 
poreuse,  tel  qu'un  morceau  de  bois 
blanc,  celui-ci  se  charge  de  graisse,  à 
peu  près  comme  le  ferait  un  morceau 
de  chair  musculaire  ou  de  blanc  d'œuf 
coagulé;  que  dans  les  expériences  où 
des  substances  albuminoïdes  furent 
employées  delà  sorte,  elles  ne  se  char- 
geaient pas  de  matières  grasses  quand 
elles  étaient  mises  à  l'abri  du  contact 
dcshumeurscirconvoisines;  enfin,  que 
dans  ce  dernier  cas  la  graisse  fournie 
par  l'organisme,  et  déposée  dans  le  lieu 


(a)  P..  Wai^ner,  Eine  einfache  Méthode  z-u  Versuchen  i'iber  die  Verândcrungen  Ihierischer 
Gewebe  in  morpholofiischer  und  cliemischcr  Beziehniig  [Nachrichten  von  der  Gesellschaft  dcv 
Wissenscluificn  su  GotHni,eii,  4851,  n"  8,  p.  97). 

(b)  Liontler»,  Ondenoekiiigeii  betrckkelijk  den  Douw  van  het  mcnscheUjke  llart  [Nederlandsch 
Lancet,  3»  série,  4852,  t.  I,  p.  550.  noie). 

—  Middeldorpf,  Vorldufiger  Berichl  liber  die  Vevdnderung  der  Knochen-und  Knorpel  in  der 
Peritonaal-HOhle  lebender  Thiere  (Giinzburg's  Zeitschrift  flir  klinische  Wfrfisin,  t852,  I.  III, 
p.  59). 

(c)  Husson,  Unters^ir.hungea  ûbcr  Fettbilduug  in  Proteinstoffen,  besonders  in  Krystalllinsen 
(Canslatl's  Jahresber.  fUr  1853,  t.  I,  p.  iSH). 


560 


NUTRITION. 


la  digestion  des  matières  amylacées  fournil  à  l'organisme  une 
quantité  considérable  de  glucose,  et  par  consé(juent  on  pouvait, 
au  premier  abord,  su|)poser  que  la  totalité  des  substances  de  cette 
classe  qui  se  montrent  dans  l'économie  animale  provenaient  de 
cette  source,  et  que  l'apparition  du  sucre  dans  les  urines,  par 
exemple,  dépendait  seulement  de  ce  que  le  glucose  puisé 
dans  le  tube  digestif,  et  porté  dans  le  torrent  de  la  circulation 
par  l'absorption,  n'y  était  pas  brûlé  cliez  les  malades  atteints 
du  diabète,  comme  il  doit  l'être  dans  l'état  normal,  et  par 
conséquent  s'accumulait  dans  le  sang  jusqu'à  ce  qu'il  passât 
dans  les  urines  (1);  mais  une  découverte  inattendue  et  d'une 


où l'initalion  pliysiologiquc  était  pro- 
voquée par  la  présence  du  corps  étran- 
ger, s'acciinuilait  autour  de  celui-ci 
au  lieu  d'y  pénétrer  (a).  11  nie  paraît 
donc  bien  établi  que  ces  prétendues 
transformations  ne  sont  en  réalité  que 
le  résultat  de  substitutions. 

On  a  cberché  aussi  à  résoudre  la 
question  de  la  transformation  des  sub- 
stances albuminoïdes  en  corps  gras,  à 
l'aide  d'expériences  comparatives  sur 
la  quantité  de  matières  grasses  conte- 
nue dans  les  u!ufs  avant  l'incubation 
et  à  une  période  jjIus  ou  moins  avan- 
cée du  développement  de  l'embryon. 
Les  recbcrcbes  de  j\l.M.  13au(bimont 
et  Martin  Saint-Ange  sur  les  œufs  de 
Poule  font  voir  que  cliez  cet  Animal 
il  y  a  destruction  de  matières  grasses 


pendant  l'incubation  (6)  ;  mais  celles 
de  M.  \V.  F.  Burdacb  sur  les  œufs  de 
la  Limnée  des  étangs  donnèrent  un 
résultat  contraire,  et  semblent  être  fa- 
vorables à  l'iiypotlièse  de  !a  production 
de  la  graisse  au  dépens  des  principes 
albuminoïdes  (c). 

(1)  Les  expériences  de  MM.  Bou- 
cbardat  et  Sandras  sur  la  formation  de 
sucre  et  d'acide  lactique  par  la  diges- 
tion d'aliments  féculents  (d)  avaient 
conduit  le  premier  de  ces  physiolo- 
gistes à  penser  que  le  sucre  des  diabé- 
tiques provenait  de  cette  source,  et  à 
prescrire  aux  malades  atteints  de  glu- 
cosurie  de  s'abstenir  de  tout  aliment 
féculent,  régime  qui  produit  de  très 
bons  ellets  (e).  M.  Miahle  considéra 
aussi  le  sucre  des  diabétiques  conmie 


(a)  F.  W.  Bm-iiacli,  Ueber  die  Verfettunij  von  prote'nihaUiQcn  Suhstanzcn  in  der  Peritoncinl- 
llohle  lebender  Tlnere  (Vircliow's  Archiv  fur  palliol.  Anat.  und  l'Iiysioi.,  1^54,  t.  VI,  p.  103). 

(b)  liauilrimoni,  liecherches  anatuDiKiiies  cl  physiologiques  sur  le  dcveloppement  du  fixlus,  et 
eu parliculier  sur  iévolulioa  embrijomialre  des  Oiseaux  ei  des  balraciens  [Mém.  dcl'Acad. 
des  sciences,  Sav.  éiramj.,  1851,  I.  M,  \k  005  et  028). 

(c)  W.  P.  Biirilach.  loc.  cit. 

(d)  Voyez  ci-dessus,  paie  (i". 

(CI  Buucliai'dal,  Méni.  sur  la  nature  du  diabète  sucré  et  sur  son  traitement  {llevue  médicale, 
1838).  —  Monoiiraphie  du  diabète  sucré  {Annuaire  de  thérapeutique,  1841).  —  Nouveau  mé- 
moire sur  la  gluvosuric  [Sui>plémenl  ii  l'Annuaire  de  Ihcrapcutiquc  pour  1846,  \\  102).  —  Du 
diabète  sucré,  ou  glucosurie  {Mém.  de  i'Acad.  de  médecine,  1S51,  t.  XVIj. 


ACTIONS    CHIMIQUES.    GLYCOGÉNIR.  561 

grande  importance  vint,  en  18Û8,  changer  les  idées  des  phy- 
siologistes à  cet  égard,  et  montrer  qu'il  y  a  toujours  production 
de  sucre  dans  l'intérieur  de  l'économie  animale. 

Effectivement,  M.  Claude  Bernard  constata  que  le  sang  qui 
sortait  du  foie  par  les  veines  hépaliriues,  chez  un  Chien  dont  la 
nourriture  depuis  quelque  temps  consistait  uniquement  en  sub- 
stances animales,  présentait  les  signes  qui  d'ordinaire  indiquent 
la  présence  du  sucre  dans  ce  liquide,  tandis  qu'en  examinant 
de  la  même  manière  le  sang  de  la  veine  porte  qui  se  rendait  de 
l'intestin  au  foie,  il  ne  put  y  découvrir  aucune  trace  de  matières 
sucrées.  11  en  conclut  que  c'est  dans  le  foie  que  le  sang  s'était 
chargé  de  sucre,  et  il  constata  qu'effectivement  la  substance  de 
cet  organe  recèle  une  quantité  considérable  de  cette  matière 
organique  végétale.  Enfin,  il  déduisit  de  ses  expériences  que, 
chez  tous  les  Animaux,  le  foie  est  un  organe  producteur  du 
sucre  (l). 


étant  fourni  par  la  di2;cstioii  des  ali- 
ments amylacés,  et  il  pensa  <nie  Tap- 
parition  de  cette  substance  dans  les 
urines  dépendait  de  ce  qu'elle  n'était 
pas  détruite,  connne  d'ordinaire,  pen- 
dant son  passage  dans  le  torrent  de  la 
circulation,  circonstance  qu'il  attribue 
à  un  atïaiblisscment  du  pouvoir  oxy- 
dant du  sang  dîi  à  l'absence  d'une 
proportion  sufilsante  d'alcali  libre  dans 
ce  liquide  (a).  La  même  tbéorie  du 
diabète  sucré  a  été  développée  d'une 
manière  très  plausible  par  M.  Iley- 
noso  (6),  et  il  est  à  noter  que  l'intro- 
duction d'une  certaine  quantité  d'a- 


cide phospliorique  dans  le  torrent  de 
la  circulation  suffit  pour  déterminer 
l'apparition  du  sucre  dans  l'urine  (c). 
(1)  M.  Bernard  constata  aussi  que  si 
l'on  fait  jeûner  un  Cbien  pendant  huit 
ou  dix  jours,  le  foie  de  cet  Animal  ne 
contient  plus  de  sucre  ;  mais  que  chez 
les  individus  qui  ont  été  soumis  de  la 
sorte  à  une  abstinence  complète,  le 
sucre  se  montre  de  nouveau  dans  cet 
organe  dès  que  le  travail  digestif 
recommence.  Enfin,  il  étudia  l'ac- 
lion  que  le  système  nerveux  exerct; 
sur  la  fonction  glycogénique  du  foie, 
sujet  sur  lequel  nous  aurons  bientôt  ù 


(a)  Miahle,   Nouvelles  recherches  sur  la  cause  et  le  traitement  du  diabète  sucré  {Bulletin 
de  thérapeutique,   1849).  —   Chimie  appliquée  à  la  physiologie  et  à  la  thérapeutique,  iS5G, 

p.  00).  ,  .... 

(b)  Reyiioso,  Mém.  sur  la  présence  du  sucre  dans  les  urines  et  siir  la  liaison  de  ce  phénomène 
avec  la  respiration  (Ann.  des  sciences  nat  ,  4'  série,  1855,  t.  lit,  p.  120). 

(c)  W.  Pavy,  Contributions   to   the  patholoay  of  the  Liver.  The  Influence  of  an  Acid  in  pro- 
ducing  saccharine  Urine  (Proceedings  of  the  Royal  Society,  1861,  t.  XI,  p.  336). 


5G'2  NUTRITION. 

Cette  découverte  d'une  fonction  glycogénique  du  foie  donna 
lieu  à  beaucoup  de  discussions.  Quelques  chimistes  mirent  en 
doute  la  valeur  des  réactions  en  raison  desquelles  M.  Bernard 
avait  admis  l'absence  du  sucre  dans  le  sang  de  la  veine  porte, 
et  l'existence  de  cette  substance  dans  le  sang  qui,  après  avoir 
traversé  le  foie,  se  dirige  vers  le  cœur  par  les  veines  hépa- 
tiques .(1).  D'autres  expérimenlateurs  crurent  pouvoir  démon- 
trer que  le  sang  se  charge  toujoin^s  de  sucre  en  circulant  dans 
les  parois  de  l'inteshn  pendant  la  digestion,  et  que  c'est  ce  sucre 
qui,  déposé  dans  le  foie  et  emmagasiné  dans  cet  organe,  est 
ensuite  repris  peu  à  peu  par  le  sang  pendant  le  passage  de  ce 
lirpiide  de  la  veine  porle  dans  les  veines  hépatiques  (2)  ;  mais 


revenir  (a).  Dans  des  publications  sui)- 
séquentes,  M.  Cl.  Bernard  exposa  trinie 
manière  plus  complète  Tcnsemble  de 
ses  recherches  (6). 

(l)Dans  la  plupart  de  ses  expérien- 
ces, M.  Cl.  Bernard  avait  conclu  que  le 
sang  renferniiiit  du  sucre,  parce  que 
ce  liquide,  chauffé  avec  le  réactif  de 
Trommer  ou  la  dissolution  cupro- 
potassique  de  î\l.  Barreswil,  décompo- 
sait le  sel  cuivreux  et  en  précipitait 
l'oxyde  de  cuivre  (c)  ;  mais  ce  signe, 
quoique  très  utile  dans  la  plupart  des 
circonstances,  ne  pouvait  suffire  pour 
démontrer  la  présence  de  la  matière 
cherchée,  car  le  même  phénomène 
peut  être  produit  par  d'autres  corps 
combustibles  {d)  ;  aussi  iM.  Bernard  ne 


s'est-il  pas  contenté  des  indications 
oljtenues  de  la  sorte,  et,  pour  s'assurer 
que  c'était  bien  du  sucre  qui  se  trou- 
vait dans  le  sang,  il  a  eu  recours  à 
l'épreuve  delà  l'ermentaUon  alcoolique, 
réaction  dans  laquelle,  sous  l'influence 
de  la  le\ùre  de  bière,  le  sucre  donne 
naissance  à  de  l'alcool  et  à  de  l'acide 
carbonique.  En  agissant  ainsi,  l'incer- 
titude cesse,  et  l'on  peut  mieux  doser  le 
sucre  d'après  la  quantité  de  gaz  acide 
carbonique  dégagé  (<>). 

{'})  En  1855,  M.  Figuier  entreprit 
une  longue  série  de  recherches  sur 
l'origine  du  sucre  dans  l'économie  ani- 
male, et  il  crut  pouvoir  déduire  de 
ses  expériences  des  conclusions  très 
dilférenles  de    celles   présentées   par 


(a)  Gl.  Bei-iiarrl,  De  l'origine  du  sacre  dans  l'éfonomie  animale  (Archives  générales  de  méde- 
cine, lï^iS,  cl  .Vcin.  de  la  SouicW  de  biologie,  IS-i'.l,  t.  1,  p.  2-21). 

{b)  Idem,  Sur  une  nouvelle  fonction  du  foie  chez  V Homme  et  les  Animaux  (Comptes  rendus  de 
l'Acad.  des  sciences,  1850,  t.  XWl,  p.  571).  —  Hechcrches  sur  une  nouvelle  fonction  du  foie 
considéré  comme  organe  producteur  de  matière  sucrée  chez  l'Homme  et  les  Animaux,  thèse  de 
Il  Faculté  des  sciences  do  Paris,  1853  (Ann.  des  sciences  nat.,  3»  séiie,  1853,  t  XIX,  p.  283).  — 
Leçons  de  physiologie  expérimentale  appliquée  à  la  médecine,  faites  au  Collège  de  France  en 
d855,  t.  I. 

(c)  Cl.  lioniard.  Leçons  de  physiologie  faites  en  1R55,  t.  I,  p.  31  et  siiiv. 

(d)  Loni;ct,  Souvelles  recherches  relatives  à  l'action  du  suc  gastrique  sur  les  matières  albu 
minoides  (A)in.  des  sciences  nat.,  4°  série,  1855,  t.  Ill,  p.  7). 

(e)  Cl.  Deniard,  0;).  cit.,  t.  Il,  p.  42. 


ACTIONS    CHIMIQUES,    GLYCOGÉNIi:.  503 

les  principaux  fails  amioneés  par  IM.  Cl.  Benianl  ne  (ardùienl  [)as 
à  être  pleiiiemoiil  confirmés  non-seulenienl  par  les  rcsiillals 
des  nouvelles  recherches  auxrpiolles  ce  savant  se  livra,  mais 
aussi  par  les  expériences  faites  de  tous  côtes  par  dVtulres 
physiologistes  ,  parmi  lesquels  je  dois  cilcr  principalement 
MM'.  Frerichs,  Yan  don  Broek ,  Lehmann,  Baumerl,  Gihb, 
A.  Mitcliell,  Poggiale,  Poiseuille  et  Lefort,  ainsi  que  les  mem- 
bres d'une  commission  chargée  de  l'examen  de  la  question  en 
litige  par  l'Académie  des  sciences  (1). 


M.  Cl.  Bernard.  D'après  ce  chimiste,  le 
sang  qui  arrive  au  foie,  de  même  que 
celui   qui   sort  de   cet  organe,  serait 
chargé  de  sucre,  et  la  totalité  de  celte 
substance  qui  existe  dans  Torganisnie 
serait  portée  directement  dans  le  tor- 
rent de  la  circulation  par  le  tube  di- 
gestif;  enfin,   le    foie,    sans   être  le 
siège   d'une    production    de   matière 
sucrée,  arrêterait  et   emmagasinerait 
une  portion  de  cette  substance  qui  y 
arrive   en  abondance  lors  de  la  di- 
gestion des  aliments  féculents,   et  qui 
serait  ensuite  reprise  peu  à  peu  par 
le  sang  dans  l'intervalle  des  repas  (a). 
M.   Figuier  assure   aussi  qu'au  mo- 
ment  de  la   digestion   de   la   viande 
crue,  le  sang  de  la  veine  porte  con- 
tient,  chez  les  Chiens,   une  quantité 
notable  de  sucre,  et  que  peu  d'heures 
après  le  repas  il  n'existe  dans  le  sang 
qui    sort    du    foie    que    des    traces 
à  peine   appréciables  de  matière  su- 
crée {b).    Enfin,  M.  Figuier  arriva  à 
celte  conclusion  générale,  que  l'albu- 


mine et  le  glucose  fournis  par  le  travail 
digestif  sont  emmagasinés  par  le  foie 
pour  être  ensuite  déversés  peu  à  peu 
dans  le  sang,  après  avoir  éprouvé  pro- 
bablement dans  cet  organe  quelque 
élaboration  complémentaire  (c).  Mais 
je  dois  ajouter  que  dans  des  recher- 
ches ultérieures ,  M.  Figuier,  ne  se 
contentant  pas  de  l'emploi  de  réactifs 
pour  établir  l'existence  ou  l'absence 
du  sucre  dans  le  sang,  et  ayant  recours 
à  l'épreuve  décisive  de  la  fermen- 
tation alcoolique  ,  trouva  ,  comme 
l'avait  fait  M.  Cl.  Bernard,  que  chez 
les  Chiens  nourris  exclusivement  de 
viande,  le  sang  de  la  veine  porte  ne 
renferme  pas  de  sucre  (d). 

(1)  Dans  la  plupart  de  ces  expé- 
riences, on  se  borna  à  constater  que 
chez  des  Chiens  nourris  de  viande  ou  à 
jeun,  le  sang  de  la  veine  porte,  c'est-à- 
dire  le  sang  qui  se  rend  au  foie,  ne 
donne  aucun  signe  indicatif  de  la  pré- 
sence du  sucre  ;  tandis  que  le  sang 
qui  sort  de  cet  organe  par  les  veines 


(a)  L.  Figuier,  Mémoire  sur  l'origine  du  sucre  contenu  dans  le  foie  et  sur  l'existence  normale 
du  sucre  dans  le  sang  de  l' Homme  et  des  Animaux  {Ann.  des  sciences  nat.,  i'  série,  1855, 
t.  III,  p.  17). 

(b)  Idem,  Deuxième  mémoire  à  propos  des  fonctions  glycoyéniques  du  foie  {Ann.  des  sciences 
nat.,  i'  série,  1855,  t.  III,  p.  243). 

(c)  Idem,  Mémoire  sur  la  fonction  glycngénique  du  fde  {Ann.  des  sciences  7iat.,  4'  série,  1855, 
t.  IV,  p.  91). 

{d)  CI.  Bernard,  Note  additionnelle  {Gazette  hebdomadaire  de  médecine,  1857,  p.  414). 


564  NUTRITION. 

Quelques-uns  des  faits  constatés  de  la  sorte  pouvaient  faire 
croire  que  la  matière  sucrée  se  forme-'dans  le  sang  pendant  le 
passage  de  ce  liquide  dans  l'intérieur  du  foie,  et  qu'elle  résulte 
du  dédoublement  des  substances  albuminoïdes  dont  cette  hu- 
meur est  chargée  (i).  Mais  M.  Cl.  Bernard,  en  poursuivant  ses 
recherches,  trouva  qu'il  n'en  est  pas  ainsi;  que  le  sucre  est 
jiroduitdans  lé  tissu  de  ce  viscère  et  déversé  seulement  dans  le 
torrent  circulatoire;  qu'il  [>rovient  d'une  substance  glycogène 
préexistante  dans  l'organe  où  le  phénomène  se  manifeste,  et 
que  la  Irausformalion  de  cette  substance  en  glucose  est  la  con- 


hépatiqncs  se  comporle  aiUromont,  et 
soumis  èi  l'action  de  la  levure  de  bière, 
éprouve  la  l'ermentation  alcoolique , 
phénomène  qui  est  C3ractéristi<|ue  des 
sucres  (a).  C'est  surtout  ce  dernier 
procédé  qui  mérite  confiance,  et  ([ui  a 
été  considéré  comme  démonstratif  par 
tous  les  chimistes  (6). 

(1)  M.  Lehniann,  en  analysant  com- 
parativement le  sang  de  la  veine  porte 
et  le  sang  des  veines  hépatiques,  ou,  en 


d'autres  mots,  le  sang  avant  et  après 
le  passage  de  ce  liquide  dans  le  foie, 
constata  qu'en  traversant  cet  organe,  il 
avait  perdu  une  certaine  quantité  de 
fdjrine  et  d'hématosine  en  même  temps 
qu'il  s'était  chargé  de  sucre.  Ce  chi- 
miste a  été  conduit  ainsi  à  penser 
que  c'est  aux  dépens  de  la  fibrine  du 
sang  que  le  sucre  hépatique  est  formé 
et  f|ue  l'hématosine  se  transforme  en 
biliverdine  (c). 


(a)  Van  Hen  lîi'ook,  Onderioekingcn  over  de  Vorming  van  Suiker  in  het  organisme  der  Dieren 
{Nederlnndsch  l.ancet,  2'  scrio,  1850,  t.  VI,  p.  d'S). 

Frericlis,  Verdauung  (Wagnec's  Uan:lwôrlerbuch  der  Physiologie,  l.  III,  p.  831). 

Lelimanii,    F.inige  vergleichende  Anahjsen   des    filutes   des   Pfortader  rmd   Lebervenen 

{Bericht  liber  die  Verhandlungen  der  I;.  Sachs.  Gesellschaft  der  Wissenschaflenzu  Leip2,ig,  1850, 
p  1 39^.  —  Anaigsi's  compurdcs  du  sang  de  la  veine  porte  et  du  sang  des  veines  hépatiques,  etc., 
pour  servir  à  l'histoire  de  la  production  du  sucre  dans  le  foie  (Cumiiles  rendus  de  l'Acad.  des 
sriences,  1855,  t.  XL,  p.  585).  —  Sur  la  présence  du  sucre  dans  le  sang  de  la  veine  porte  (Ann. 
des  sciences  nat.,  4"  série,  1855,  t.  IV,  p.  158). 

—  Bauiiierl,    Ueber  das  Vorkommeu  des  Zmkers  im  thierischcn  Organismus  (jahresbcr.  der 
Schles.  Gesellsch.  f.  vaterland.  CuUur.  Breslau,  1851,  p.  22). 

Gibb,  Exper.  on  the  Liver  of  Dirds  in  relation  ta  Ihe  présence  of  Sugar  {Virginia  }Ied. 

Gaz.,  1852). 

—  Poggialo,    Origine  du  sucre  dans   l'économie  animale  {Comptes  rendus  de   l'Acad.  des 
sciences,  1855,  I.  XL,  p.  887). 

Pavy,  Saccharine  Maticr  ;  its  physiol.  relations  in  the  Animal  Kconomy  (fiuy's  Hospital 

Reporls,  2"  série,  1853,  I.  VIII,  p.  31  Ol.  —  Hesearcha  on  Ihe  Nature  of  the  normal  Destruction 
of  Sugar  in  the  Animal  System  [Op.  cit.,  3*  série,  1855,  1. 1,  p.  7'J). 

—  Lecotrilc,  Recherches  sur  la  (onction  glycogénique  du  foie  (Ann.  des  sciences  nat.,  i'  série, 
1855,  t.  m,  p.  01). 

—  Poiseuille  et  Lefori,  De  l'existence  du  glycose  dans  l'organisme  animal  {Comptes  rendus  de 
l'Acad.  des  sciences,  1858,  t.  XLVI,  p.  505). 

(b)  Dumas,  Itapport  sur  divers  mémoires  relatifs  aux  fonctions  du  foie  {Comptes  rendus  de 
l'Acad.  des  sciences,  1855,  t.  XL,  p.  1281). 

(c)  Lchmanii,  Op.  cit.  {Comptrs  rendus  de  l'.\cad.  des  sciences,  1855,  t.  XL,  p.  587  el  588). 


ACTIONS    CHIMIQUES.    GL\COGÉNIE.  565 

séquence  d'une  sorte  de  fermentation  qui  s'effectue  sur  le 
cadavre  aussi  bien  que  chez  l'Animal  vivant.  En  effet,  ce  phy- 
siologiste habile  a  constaté  que  si  l'on  enlève  sur  un  Animal 
vivant  le  foie  tout  entier,  et  qu'à  l'aide  d'un  lavage  méthodi(jue 
on  en  extraie  tout  le  sang  et  tout  le  glucose  existant  au  moment 
de  l'opération,  il  suffit  de  quelques  heures  pour  que,  dans  des 
conditions  favorables ,  îe  tissu  de  l'organe  soit  de  nouveau 
chargé  de  matière  sucrée  (1).  On  [»arvint  ensuite  à  extraire 
la  matière  glycogéni(jue  du  foie,  et  l'on  reconnut  qu'elle  a  la 
plus  grande  analogie  avec  la  fécule  hydratée  ("2).  Elle  se  colore 


(1)  Pour  faire  cette  cxpt^ricnce  im- 
portante, M.  Cl.  Bernard  fit  choix  d'un 
Chien  vigoureux  qui  depuis  plusieurs 
jours  était  nourri  de  viande  seulement 
et  qui  fut  tué   sept  heures  après  un 
repas  copieux.  On  extirpa  le  foie  sans 
léser  cet   organe,   et   avant   qu'il  se 
fût  refroidi,  on  y  établit  un  courant 
d'eau  à  l'aide  d'un  appareilhydrotomi- 
que  adapté  au  tronc  de  la  veine  porte. 
L'eau  introduite  de  la  sorte   dans  le 
système  vasculaire  du  foie  s'échappait 
parles  veines  hépatiques,  et  an  moyen 
de  ce  lavage  énergique,  presque  tout 
le  sang  existant  dans  l'organe  fut  bien- 
tôt entraîné  en  dehors.  Le  sucre  qui  s'y 
trouvait  fut  enlevé  en  même  temps,  et 
l'on  pouvait  en  reconnaître  la  présence 
dans  l'eau  qui  s'échappait  par  les  veines 
hépatiques  ;  mais  au  bout  d'un  certain 
temps,  le  foie  traité  de  la  sorte  cessa 
d'en  fournir,  et  son  tissu,  soumis  aux 
épreuves  convenables,  ne  donna  cucun 
indice  de  l'existence  du  sucre  dans 


sa  substance.  Cependant,  vingt-quatre 
heures  après ,  il  n'en  fut  plus  de 
même  :  l'eau  injectée  dans  la  veine 
porte  sortait  par  la  veine  hépatique, 
chargée  d'unequantité  notable  de  sucre, 
et  le  tissu  du  foie  contenait  de  nouveau 
de  la  matière  sucrée  (a). 

M.  l'Mguier  s'éleva  contre  les  conclu- 
sions que  M.  Bernard  avait  tirées  de  ses 
expériences,  et  attribua  à  un  lavage  in- 
suOlsantdufoieles  faits  observés  par  ce 
physiologiste  (6).  Mais  l'existence  d'une 
matière  glycogène  dans  le  foie  a  été 
confirmée  par  beaucoup  de  recherches. 
Aujourd'hui  elle  est  admise  par  tous 
les  physiologistes,  et  c'est  en  grande 
partie  à  la  transformation  de  la  ma- 
tière amyloïde  du  foie  en  glucose  après 
la  mort  qu'est  due  l'existence  de  la 
quantité  considérable  de  matièr.i  su- 
crée dont  ce  viscère  est  ordinairement 
chargé  chez  le  cadavre  (c). 

(2)  Ce  résultat  fut  obtenu  presque 
en  même   temps  par  M.   Hensen   à 


(a)  Cl.  Bernard,  Sur  le  mécanisme  de  la  formation  du  sucre  dans  le  foie  {Comptes  rendus  de 
l'Acad.  des  sciences,  1855,  t.  XLt,  p.  405,  et  Ann.  des  sciences  nat.,  i' sénc,  1855,  t.  IV, 
p.  109). 

{b)  L.  Figuier,  Expériences  qui  prouvent  qu'il  ne  se  forme  point  de  sucre  après  la  mort  dans 
le  foie  des  Animaux  (Gazette  hebdomadaire  de  médecine,  1857,  t.  IV,  p.  410). 

(c)  Pavy,  Researches  vn  Sugar  Formation  in  the  Liver  [Philos.  Trahis.,  1800,  p.  595). 


5G6 


NUTRITION. 


en  bleu  violacé  par  l'action  de  l'iode,  et  se  transforme  en  glu- 
cose sous  l'intluence  de  la  diastase  et  de  tous  les  autres  réac- 
tifs qui  déterminent  le  changement  des  matières  amylacées  en 
dextriiie,  puis  en  sucre.  P]n  raison  de  quelques  particularités, 
elle  a  cependant  été  considérée  comme  ne  devant  pas  être 
confondue  avec  la  fécule,  et  l'on  a  proposé  de  la  désigner  sous 
le  nom  de  zoomyline;  mais  cette  distinction  ne  me  semble  pas 
suffisamment  motivée  (1). 

Il  paraît,  d'après  les  recherclies  de  M.  Schiff,  que  la  substance 
amyloïde  du  foie  est  contenue  dans  l'intérieur  des  cellules  du 
tissu  de  cet  organe,  et  que,  dans  certaines  circonstances,  elle 
s'y  accumule  de  façon  à  y  former  des  granulations  ou  globules 
arrondis  ('2).   Dans  les  conditions  ordinaires,  elle  n'est  pas 


Wiirtzbomg,  et  par  M.  Cl.  Bernard  à 
Paris  (a). 

(1)  ]\I.  Eugène  Pclouze  a  étudié 
chimiquement  la  matière  glycogènc  du 
foie,  et  a  trouvé  qu'après  avoir  été 
purifiée  par  la  potasse  et  desséchée  à 
l'étuve,  sa  conqiosilion  élémentaire 
correspond  à  la  formule  C'-ll'^O'^, 
tandis  que  l'amidon  végétal,  dans  les 
mêmes  circonstances,  est  représenté 
par  C'2H"0".  Ce  serait  donc  un  prin- 
cipe glucique  qui  contiendrait  les  élé- 
ments d'un  équivalent  d'eau  de  plus,  et 
qui,  sous  ce  rapport,  ne  diffère  pas  du 
glucose  anhydre  (A)  ;  mais  je  dois 
ajouter  que,  d'après  les  recherches 
expérimentales  de  M.  Kekule,  le  glu- 


cose hépatique  serait  composé  de 
C'-H"'0"',  comme  la  dextrine 

M.  Tiouget  a  donné  le  nom  de  zoo- 
myline à  cette  madère  amyloïde  qui 
se  trouve  aussi  dans  d'autres  tissus 
organiques  [d),  et  Ai.  Lehmann  appelle 
glycogine  la  substance  glycogène  du 
foie. 

(2)  Pendant  l'hibernation,  les  fonc- 
tions digestives  sont  complètement 
suspendues  chez  les  Batraciens,  et  la 
circulation  est  presque  arrêtée.  Or, 
M.  Schiir  a  trouvé  que  dans  ces  cir- 
constances l'agent  saccharitiant  dont 
dépend  la  transformation  de  l'amidon 
hépatique  ou  zoomyline  en  glucose 
manque,   mais  que  la  production  de 


(fl)  llenscn,  Ueber  die  Znckcrbilduiig  in  der  Uher  {VerJiandIuugen  der  phys.-med.  Gesellsch. 
in  Wûnburg,  ISf)!),  t.  VII,  p.  t>I'J). 

—  Cl.  Bernard,  Sur  le  mécanisme  pliysiologiqiie  de  la  formation  du  sueve  dans  le  foie  {Coinptei 
7'endus  de  l'Acad.  des  sciences,  1857,  t.  XLIV,  p.  578). 

(b)  E.  Polouzc,  Sur  la  matière  glgcogcae  (Comptes  rendus  de  lAcad.  des  sciences,  1857, 
t.  XI.IV,  p.  13-21). 

((■)  Uoii^'ci,  Des  substances  amyloïdes  et  de  leur  rôle  dans  la  conslitiition  des  tissus  des  Ani- 
maux (Journal  de  physiologie,  1851»,  l.  11,  p.  314). 

(d)  Kcluilc,  Ueber  den  Zuckcrbildenden  Stojf  der  Lcber  (Ycrhandl.  des  naturhistoriscii  med. 
Yereins  %u  Ueidelberg,  1858). 


ACTIONS    CIIIIVIIQUES.     GLYCOGÉNIE.  567 

einmagasinée  de  la  sorte  en  quantité  très  considérable,  parce 
qu'elle  est  conlinuollement  attaquée  et  transformée  en  glucose 
par  l'action  d'un  agent  analogue  à  la  diasiase,  lequel  se  déve- 
loppe dans  l'intérieur  de  l'appareil  hépatique  ou  y  est  porté 
par  le  torrent  de  la  circulation.  Le  sang  possède  cette  propriété 
saccharifiante,  et  par  conséquent  l'activité  du  travail  glycogé- 
nique  du  foie  dépend  en  partie  de  la  quantité  de  ce  tluide  qui, 
en  un  temps  donné,  traverse  l'organe  et  va  attaquer  la  matière 
amyloïde  déposée  dans  sa  substance.  Or,  pendant  la  digestion, 
la  circulation  est  beaucoup  activée  dans  l'estomac,  l'intestin  et 


cette  substance  amylacée  continue,  et 
qu'ainsi  la  proportion  en  augmente 
beaucoup  dans  l'intérieur  du  foie.  Elle 
constitue  alors  des  granulations  amy- 
loïdes  qui  sont  répandues  en  grand 
nembre  dans  la  profondeur  de  cet  or- 
gane, et  en  étudiant  au  microscope  ces 
petites  concrétions  miliaires ,  ^I.  Scbiff 
a  vu  qu'elles  sont  renfermées  dans  les 
utricules  hépatiques,  où  se  trouvent 
aussi  des  globules  graisseux,  f^es  gra- 
nules amyloïdes  sont  insolubles  dans 
l'alcool  ainsi  que  dans  l'éther,  et  se  co- 
lorent en  brun  jaunâtre  par  l'action  de 
la  teinture  d'iode  acidulée.  Sons  l'in- 
fluence des  agents  saccharifiants,  ces 
globales  se  transforment  en  goii.telettes 
d'un  liquide  jaune  et  miscible  h  Teau, 
qui  paraissent  être  composées  de  dex- 
trine  ou  de  glucose.  Ces  changements 
s'opèrent  au  printemps,  plus  ou  moins 
tardivement,  suivant  les    espèces   et 


les  circonstances  extérieures.  Enfin , 
M.  Scbiff  pense  que,  dans  certains  cas, 
la  matière  amyloïde  peut  être  absor- 
bée sans  avoir  été  changée  en  dextrine 
ou  en  sucre,  et  après  avoir  subi  une 
transformation  dont  naîtrait  l'acide 
oxalique  (a).  Il  est  aussi  à  noter  que 
des  granulations  analogues  se  voient 
dans  le  foie  des  Mammifères ,  et 
M.  Nasse  a  trouvé  que  la  quantité  de 
sucre  tirée  de  ce  viscère  est  en  rap- 
port avec  l'abondance  de  ces  corpus- 
cules amyloïdes  (6). 

L'iiibernalion  n'arrête  pas  le  travail 
glycogénique  dans  le  foie  des  Mammi- 
fères, et  M.  Valentin  y  a  trouvé  du 
sucre  chez  ces  Animaux  après  qu'ils 
eurent  demeuré  cinq  ou  six  mois  dans 
un  état  de  sommeil  léthargique;  mais 
lorsque  les  Marmottes ,  les  Héris- 
sons, etc.,  meurent  d'épuisement,  ils 
n'en  contiennent  plus  (c). 


(a)  Schiff,  Ueber  Leberamylum  (SclimiJt's  Jahrbueher,  1857,  t.  XCVII,  p.  4  4). 

—  De  la  nature  des  (jramdalions  qui  remplissent  les  cellules  hépatiques  {Comptes  rendus  de 
l'Acad.  des  sciences,  1859,  t.  XLVIII,  p.  880). 

(6)  Nasse,  Ueber  einige  Vcrschiedenheiten  im  Verhalten  der  Lebev  hungernder  und  gefulterter 
Thiere  {Arehiv  des  Vereins  (ûr  gemeinsch.  Arbeiten,  von  Bcneke,  Nasse  und  Vôgel,  1800,  t.  IV, 
p.  71). 

(c)  Valentin,  Beitrâge  zur  Kenntniss  des  Wintei'schlafes  der  Murmellhiere  ( MolcsclioU's 
Untersuch.  ztir  Naturlehre,  1857,  t.  III,  p.  220). 


568  NUTRITION. 

les  viscères  adjacents  ;  les  vaisseaux  y  sont  très  dilatés,  et  par 
conséquent  le  courant  qui  arrive  au  l'oie  par  la  veine  porte,  et 
qui  traverse  cet  organe  pour  en  sortir  par  les  veines  hépa- 
tiques, devient  beaucoup  plus  puissant  que  dans  l'état  ordi- 
naire. On  conçoit  donc  qu'en  raison  de  celte  circonstance,  la 
fonction  giycogéniquc  du  Ibie  doit  être  activée  parla  digestion, 
lors  même  que  les  matières  puisées  dans  l'intestin  ne  contri- 
bueraient en  rien  à  la  jiroduction  du  sucre;  mais  il  y  a  lieu  de 
croire  que,  pendant  la  durée  de  l'activité  fonctionnelle  du  tube 
alimentaire,  le  sang  de  la  veine  porte  doit  agir  sur  la  matière 
glycogène  du  foie  plus  fortement  (pie  d'ordinaire,  car  il  doit 
être  alors  cliargé  des  principes  analogues  à  la  diastase  qui  sont 
versés  dans  l'intestin  par  le  pancréas  et  les  gla rides  salivaires, 
et  qui  y  rentrent  dans  le  torrent  de  la  circulation  par  suite  de 
leur  absorption  (1). 

L'influence  que  la  ra|)idiléde  la  circulation  du  sang  dans  les 
vaisseaux  du  foie  exerce  sur  l'activité  de  la  fonction  glycogé- 
nique  de  cet  organe  nous  permet  aussi  de  concevoir  comment 
la  quantité  de  sucre  produit  par  celui-ci  peut  être,  jusqu'à  un 
certain  [)oint ,  subordonnée  à  l'action  du  système  nerveux. 


(1)  On  comprend  que  l'activité 
fonctionnelle  de  Tappareil  digestif  doit 
jntliier  des  deux  manières  susmen- 
tionnées sur  Tabondance  du  glucose 
produit  dans  le  foie  et  entraîné  hors 
de  cet  organe  par  le  sang  des  veines 
hépatiques;  mais  il  y  a  lieu  de  croire 
qu'il  y  a  aussi  production  de  cette 
sorte  de  diastase  dans  la  substance 
même  du  foie,  et  que  la  formation 
locale  de  cet  agent  transformateur 
est  liée  à  certaines  propriétés  du 
tissu   hépatique  :  car  ,    ainsi    cpie  je 


l'ai  déjà  dit,  dans  les  circonstances 
ordinaires,  la  substance  du  foie,  après 
avoir  été  bien  lavée,  présente  encore  la 
faculté  sacchariliante,  mais  elle  la  perd 
inunédiatement  si,  par  l'action  de  la 
chaleur,  on  détermine  la  coagulation 
des  matières  albuminoides  dont  elle  se 
compose.  M.  Cl.  lîernard  a  parfaitement 
constaté  ce  fait,  el  c'est  même  sur  celte 
circonstance  que  ce  physiologiste  fonda 
la  méthode  à  l'aide  de  laquelle  il  par- 
vint à  isoler  la  substance  glycogène  du 
foie  la). 


(«)  Cl.  licrnard,  Sur  le  mécanisme  de  la  formation  du  sucre  dans  le  foie  {Ann.  des  sciences 
nat.,  1855,  t.  IV,  p.  116). 


ACTIONS    CHIMIQUES.    GLYCOGÉNIE.  569 

M.  Bernard  a  constaté  que  la  piqûre  d'une  certaine  partie  de 
la  moelle  allongée  détermine  dans  la  production  du  sucre,  dont 
le  foie  est  le  siège,  une  augmentation  si  considérable,  que  bientôt 
après  cette  matière  apparaît  dans  les  urines.  11  provoque  ainsi 
à  volonté  un  état  diabétique  des  mieux  caractérisés.  Or,  cette 
lésion  du  système  nerveux  est  suivie  d'une  grande  augmentation 
dans  l'activité  de  la  circulation  du  sang  dans  l'appareil  hépa- 
tique, ainsi  que  dans  tous  les  autres  viscères  abdominaux  :  les 
vaisseaux  capillaires  se  dilatent,  le  courant  s'y  accélère,  et  la 
quantité  de  sang  qui  traverse  la  substance  du  foie  devient 
beaucoup  plus  grande  que  dans  l'état  ordinaire  (1).  Des  phéno- 
mènes analogues  se  manifestent  dans  l'état  du  système  vascu- 
laire  hépatique,  lorsqu'on  excite  directement  le  foie  en  injectant 
dans  une  des  veines  de  ce  viscère  une  substance  irritante,  telle 
que  de  l'éthcr,  et  l'accélération  delà  circulation  qui  en  résulte 
est  suivie  aussi  de  glucosurie  (*2).  Enfin,  des  effets  opposés  sont 
déterminés  par  certaines  lésions  de  la  moelle  epinière,  qui  sont 
suivies  d'un  grand  ralentissement  du  cours  du  sang  dans  l'ap- 
pareil liépatique  :  alors  le  sucre  ne  se  forme  plus  avec  la 
rapidité  ordinaire,  et  bientôt  il  cesse  de  se  trouver  en  quantité 
appréciable  dans  la  substance  du  foie  (3). 


(1)  Lorsque  la  vie  végétative  est  en- 
trctemio  à  l'aide  de  la  respiration  arti- 
ficielle chez  un  Animal  qui  a  été  em- 
poisonné par  le  curare,  et  qui  a  été 
privé  ainsi  de  toutes  les  facultés  de  la 
vie  animale,  la  circulation  s'active,  et 
les  sécrétions  en  général  deviennent 
plus  ai)ondantes  que  dans  les  circon- 
stances ordinaires.  Or,  la  production 
de  sucre  dans  le  foie  augmente  égale- 
ment dans  ces  circonstances,  et  au  bout 


de  quelques  heures  cette  substance 
devient  si  abondante  dans  le  sang, 
qu'elle  passe  dans  les  urines  (a). 

(2)  M.  Ilarleya  constaté  ce  fait  chez 
des  Chiens,  en  injectant  dans  la  veine 
porte,  soitdel'élher,  soit  de  l'eau  char- 
gée d'un  peu  d'anunoniaque  (6). 

(3)  Ces  effets  sur  l'étal  de  la  circu- 
lation du  sang  dans  le  foie  et  sur  la 
production  du  sucre  dans  cet  organe, 
sont  produits  par  la  section  de  la  moelle 


{a)  Cl.  Bernard,  Leçons  de  physiologie  failes  au  Collège  de  France  en  1854,  t.  I,  p.  343. 
(b)  Harley,   Nouvelle  méthode   pour  produire  artificiellement  le  diabète  chcx,  les  Animaux 
{Comptes  rendus  de  la  Société  de  biologie,  1853,  t.  V,  p.  59). 


570  NUTRITION. 

A  l'état  normal,  la  produclioii  de  sucre  chez  les  Animaux 
adultes  paraît  être  complètement  localisée  dans  le  Ibie(l)  ;  mais 
chez  l'embryon  il  en  est  autrement.  Une  multitude  de  cellules 


épinière  au-dessus   du  bulbe   rachi- 
dien  (a). 

(1)  En  effet,  M.  IMolescbott  a  vu  que 
cbez  les  fi  renouilles  sur  lesquelles  il 
avait  pratiqué  Textirpation  du  foie 
(opération  après  laquelle  ces  Animaux 
purent  vivre  pendant  plusieurs  semai- 
nes), il  n'y  a  plus  production  de  sucre 
dans  l'organisme  (6). 

!\I.  Schilîa  constaté  aussi  que  si  l'on 
pique  la  moelle  allongée  d'une  Gre- 
nouille, on  produit  comme  d'ordinaire 
le  diabète  ;  mais  que  si  on  lie  ensuite 
les  vaisseaux  du  foie  de  façon  à  sup- 
primer l'action  de  cet  organe,  le  sucre 
cesse  de  se  montrer  dans  les  urines  (c). 

11  serait  cependant  possible  que 
chez  les  Manunifères  il  y  eût  aussi 
formation  de  sucre  dans  les  ganglions 
lymphatiques  ou  dans  quelque  autre 
partie  du  système  des  vaisseaux  lym- 
phatiques, car  M.  Colin  et  M.  Chauveau 
paraissent  avoir  trouvé  du  glucose  en 
(juantilé  foil  notable  dans  le  liquide 
que  ces  conduits  ramènent  vers  lecœur 
et  versent  dans  la  partie  terminale  du 
système  veineux  chez  des  Animaux 
nourris  avec  de  la  viande  seulement  (d). 


Chez  les  Herbivores,  une  partie  du 
sucre  contenu  dans  le  chyle  provient 
certainement  du  tube  digestif,  et 
M.  Colin  a  constaté  que  ce  liquide  en 
est  plus  chargé  que  ne  l'est  la  lymphe 
venant  des  autres  parties  du  corps. 
Mais  d'après  ce  que  nous  savons  au 
sujet  des  produits  de  la  digestion  des 
matières  animales,  il  y  a  tout  lieu  de 
penser  que  chez  les  Carnassiers,  la 
lymphe,  pas  plus  que  le  sang  venant 
de  l'intestin,  n'a  puisé  directement  du 
glucose  dans  cet  organe.  Or,  s'il  en 
est  ainsi,  i!  faut  que  le  sucre  contenu 
dans  la  lymphe  provienne  du  sang  en 
circulation  dans  les  tissus  où  le  sys- 
tème lymphatique  prend  naissance, 
ou  bien  qu'il  se  forme  dans  l'intérieur 
de  cet  appareil.  ^\.  Cl.  Bernard,  et 
MM.  Chauveau,  Poiseuilie  et  Lefort, 
pensent  que  ce  sucre  vient  du  foie, 
et,  par  conséquent,  qu'il  a  dû  être 
transmis  par  le  système  capillaire  gé- 
néral au  liquide  contenu  dans  les  lym- 
phatiques. Mais  les  expériences  de 
ces  derniers  physiologistes  me  parais- 
sent défavorables  à  cette  hypothèse,  et 
tendre  plutôt   à  faire  penser  qu'une 


(a)  Ci.  Bernard,  Leçons  de  pliysiologie  faites  en  1854,  t.  I,  p.  368  et  suiv. 

(b)  Molfschott,  Sur  la  sccv('lwn  du  sucre  et  de  la  bile  datis  le  fuie  {Comptes  rendus  de 
l'Acad.  des  sciences,  1855,  I.  IV,  p.  ISiO). 

(c)  Schiff,  liericht  ûber  einiije  Yersuche  uni  den  Urspnuig  des  Harnzuckers  bei  kiiiist  lichen 
Diabètes  z-u  ermitteln  {Gôttimjer  gelehrte  Anzeigen,  185(i,  p  243). 

(rf)  Colin,  .Sur  la  formation  du  sucre  dans  l'organisme  {Comptes  rendus  de  l'.\cad.  des 
sciences,  1855,  t.  XL,  p.  12(18).  — Traité  de  physiologie  des  Animaux  domestiques,  1850,  t.  Il, 
p,  507.  —  De  l'origine  du  sucre  contenu  dans  le  chyle  [Journal  de  physiologie  de  lirown- 
Séquard,  1858,  t.  I,  y.  530). 

—  Chauveau,  Nouvelles  recherches  stW  la  question  ghjcogênique  (Gaiettc  hebdomadaire  de 
médecine,  1850,  t.  111,  p.  102). —  , Sur  la  formation  du  sucre  dans  l'économie  animale  (loc. 
cit.,  p.  708). 

—  Bérard,  Mém.  sur  la  formation  physiologique  du  sucre  dans  l'économie  animale  {Gaulle 
^hebdomadaire  de  médecine,  1857,  t  IV,  p.  3t5). 


ACTIOINS    CHIMIQUES,    GLYCOGÉNIE.  571 

blancluilres,  contenant  une  substance  glycogène,  se  déveloi)- 
pent  dans  diverses  parties  de  l'organisme,  telles  rpie  le  placenta, 
la  membrane  amniotique  et  la  couche  d'épithélium  ([ui  revêt 
les  surfaces  cutanées  et  mu(iueuses  (1' 


portion  de  ce  sucre  peut  être  produite 
dans  les  racines  des  vaisseaux  lympha- 
tiques ou  dans  les  gnn^'lions  dont  ce 
système  est  pourvu.  En  effet,  chez  un 
Chien  qui  depuis  un  mois  et  demi  était 
nourri  de  viande,  mais  qui  était  à 
jeun  depuis  soixante  heures,  MM.  Poi- 
seuille  et  Lefort  ont  trouvé  : 

1,48     de  glucose  pour   100  dans  lu  foie; 

0,821  —  dans  le  sang 

des  veines  hépatiqueâ  ; 

0,141   de  glucose  pour  100  dans  la  lymphe 
extraite  du  canal  tlioracii|ue. 

lis  ne  purent  découvrir  aucune  trace  de  glu- 
cose dans  le  sang  de  la  carotide,  de  la 
veine  cave,  de  la  veine  niésentérique  et 
de  la  veine  porte,  ni  dans  le  tissu  du  cœur, 
des  poumons  ,  de  la  raie  ,  des  reins,  des 
ganglions  mcsaraïques  et  des  muscles  de 
la  vie  animale  (a). 

Il  est  évident  que  dans  ce  cas  la 
plus  grande  quantité  de  sucre  se  formait 
dans  le  foie,  mais  puisqu'on  n'en  trou- 
vait pas  dans  le  sang  artériel  et  qu'il 
en  existait  heaucoup  dans  la  lymphe, 
a  me  paraîtrait  difficile  do  supposer 
que  ce  dernier  liquide  l'ait  reçu  de 
l'appareil  hépatique. 

Je  dois  ajouter  que  dans  une  expé- 
rience dans  laquelle  la  veine  porte  pa- 
raît avoir  été  complètement  oblitérée 


chez  un  Chien,  M.  Gré  trouva  du  su- 
cre en  quantité  nola!)le  dans  le  foie  (6). 
Mais  dans  des  expériences  analogues 
faites  par  M.  Stokvis,  la  recherche  du 
glucose  hépatique  ne  donna  que  des 
résultats  négatifs  (c). 

(1)  M.  Bernard  a  constaté  que  dès 
les  premiers  temps  de  la  vie  embryon- 
naire il  se  forme  à  la  face  interne  de 
l'amniosdes  Ruminants  une  multitude 
de  petites  plaques  blanchâtres  (d)  qui 
doivent   leur  opacité  à  une   matière 
glycogène  susceptible  de  se  colorer  en 
rouge  violacé  par  l'action  de  l'iode,  et 
de  se  changer  en  dextrine,  puis  en 
sucre  avec  une  grande  facilité  dans 
toutes  les  circonstances  où  la  matière 
amyloïdc  du  foie  éprouve  cette  trans- 
formation. Des  utricules  contenant  la 
même  matière  glycogène  se  trouvent 
dans  le  placenta  chez  le  Lapin,  le  Co- 
chon d'Inde,  etc. ,  et  dans  les  parois  du 
sac  vitellin  du  Poulet.  M.  Cl.  Bernard 
a  découvert  la  même  matière  amyloïde, 
soit  dans  l'intérieur  d'ulricules  épider- 
miques,  soit  sous  la  forme  d'infiltra- 
tions dans  la  substancedela  peau,  chez 
les  jeunes   embryons   de  Bouc  et  de 
plusieurs  autres  Mammifères.  Enfin,  il 
en  a  reconnu  la  présence  dans  les  cel- 
lules de  l'épithélium  des  diverses  por- 


(a)  Poiseuille  el  Lefort,  De  Vexistence  du  glycose  dans  l'organisme  animal  {Comptes  rendus  de 
VAcad.  de  médecine,  1858,  t.  XLVI,  p.  5(36). 

(6)  Oré,  Influence  de  Voblitéralion  de  la  veine  porte  sur  la  sécrétion  de  la  bile  et  sur  la  jonc- 
lion  glycogénique  du  foie  {Comptfs  rendus  de  VAcad.  des  sciences,  1856,  t.  XLIII,  p.  46(3). 

(c)  Stokvis,  Bijdragen  tôt  de  Hennis  der  SuikerVorming  in  de  Lever  (dissert,  inaug.).  Utreclit, 

1856.  .     ,     ,  ■ 

(d)  Cl.  Bernard,  Mém.  sur  une  nouvelle  {onction  du  placenta  (Ann.  des  sciences  nat.,  4*  série, 

1858,  t.  X,  p.  115,  pi.  6,fig.  1). 


572  NUTRITION. 

Il  est  aussi  à  noter  que  cliez  beaucoup  d'Animaux  invertébrés 
des  matières  amyloïdes  sont  déposées  dans  le  système  tégumen- 
taire,  chez  l'adulte  aussi  bien  que  chez  l'embryon.  Ainsi,  on 
trouve  dans  la  peau  des  Biphores  de  grandes  cellules  remplies 
de  produits  de  ce  genre,  et,  ainsi  que  nous  le  verrons  dans  la 
suite  de  ces  Leçons,  la  substance  appelée  chitine,  qui  joue  un 
rôle  important  dans  la  constitution  du  squelette  extérieur  des 
Insectes,  des  Crustacés  et  des  autres  Animaux  articulés,  est 
formée  en  grande  partie  d'un  principe  hydrocarboné  du  môme 
ordre. 

Enfin,  dans  divers  états  pathologiques,  ainsi  que  sous  l'in- 
fluence d'une  alimentation  trop  abondante  en  matières  amy- 
lacées, des  produits  amyloïdes  ou  môme  sucrés  peuvent  se 
montrer  dans  diverses  parties  de  l'économie,  chez  les  Mammi- 
fères, à  l'âge  adulte. 

11  est  évident  que,  dans  ces  derniers  cas,  le  sucre  ou  la 
matière  giycogène  qui  se  trouve  répandue  ainsi  dans  l'économie 
animale  vient  du  dehors,  et  a  passé  des  voies  digestives  dans  le 
sang  sous  la  forme  de  dextrine  ou  de  glucose  (1)  ;  mais  tout  nous 


lions  (la  canal  digestif,  des  voies  res- 
piratoires et  des  organes  génilo-iiri- 
naires  pendant  la  même  période  do  la 
vie  intra-ulérine,  ainsi  que  dans  le  tissu 
des  muscles  lisses  en  voie  de  i'onua- 
tion  ;  mais  il  n'en  a  aperçu  ni  dans  les 
muscles  striés,  ni  dans  les  glandes,  le 
tissu  nerveux  ou  le  tissu  osseux  (a). 

(1)  AI.  Sanson,  cliiniisto  attaché  à 
lÈcole  vétérinaire  de  Toulouse,  a  an- 
noncé que,  d'après  ses  expériences 
faites  sur  des  Chevaux  et  des  Vaches, 


il  existerait  de  la  dextrine  ou  une  ma- 
tière giycogène  très  analogue  à  celle- 
ci,  non-seulement  dans  le  sang  arté- 
riel et  VL'ineux  de  ces  Animaux,  mais 
aussi  dans  les  tissus  de  la  raie,  du 
poumon  et  des  muscles,  en  un  mot, 
dans  toutes  les  parties  de  l'écono- 
mie ;  par  conséquent,  il  a  cru  pou- 
voir expliquer  la  présence  du  sucre 
dans  l'organisme  des  Carnivores  par 
l'inlroduclion  dans  les  voies  digestives 
de  la  viande  provenant  des  Herbivores 


(a)  Cl.Bernrad,  Op.  cit.  {Ann.  des  sciences  nat.,  4*  séiio,  l.  X,  p.  123  et  siiiv.).—  û^  la  malière 
giycogène  considérée  comme  condition  de  déveloniemenl  dr  ca-lauis  lissas  rlwi  le  fœtus  nvant 
l'apparition  de  la  fonction  glycogéniqne  du  foie  (Journal  de  physiologie  de  Browii-Séquard,  ISô'J, 
l.  H,  p.  3-20). 


ACTIONS    CHIMIQUES.     GLYCOGKNIK.  57o 

porte  à  croire  qu'il  n'eu  est  pas  de  même  pour  lu  substance 
glycogène  dont  le  foie  de  l'Homme,  des  Mainmilcres  et  des 
autres  Animaux  se  charge,  et  que  ce  corps  résulte  du  dédou- 
blement de  quelque  principe  albuminoïde  fourni  par  les  ali- 
ments. En  effet,  lorsqu'un  Animal  est  privé  de  nourriture  et 
qu'il  n'est  pas  plongé  dans  un  état  léthargique,  la  quantité  de 
sucre  et  de  matière  glycogène  contenue  dans  le  foie  s'épuise 
rapidement  (1),  tandis  que  sous  l'inlluence  d'une  alimentation 


que  CCS  Animaux  mani;ciU  («).  Des 
recliercbes  plus  approfondies,  faites 
par  M.  Poggiale,  ont  infinné  plusieurs 
des  résultats  annoncés  par  M.  Sanson, 
et  ont  fait  voir  qu'en  général ,  la 
viande  provenant  soit  des  Herbivores, 
soit  des  Carnivores,  ne  renferme  pas 
de  traces  appréciables  de  matière 
glycogène  (6).  Dans  les  circonstances 
ordinaires,  les  Carnassiers  ne  trouvent 
pasdc  substances  amylacées  ou  sucrées 
dans  leurs  aliments  ;  mais  les  Herbivo- 
res, comme  nous  l'avons  déjà  vu,  en 
reçoivent  ainsi  des  quantités  plus  ou 
moins  considérables  qui  s'ajoutent  à 
celles  qui  se  forment  dans  l'économie. 
11  résulte  aussi  des  expériences  de 
MM.  Bernard  et  Boulay,  que  sous  l'in- 
tluencc  d'une  alimentation  très  ricbc 
en  principes  amylacés,  il  peut  y  avoir 
absorption  de  dextrine,  aussi  bien  que 
de  sucre,  dans  le  tube  digestif,  et  que 
dans  ce  cas,  la  dextrine  peut  exister 
dans  le  sang,  ou  même  dans  les  tissus 
des  diverses  parties  du  corps  ;  mais 


cela  n'a  lieu  que  dans  des  circon- 
stances exceptionnelles,  par  exemple 
lorsqu'un  Lapin  a  été  nourri  avec  de 
l'avoine  ou  avec  du  blé,  et  cliez  les 
Cbevaux  dans  les  mêmes  conditions 
d'alimentation  (c). 

Dans  les  expériences  faites  par 
AIM.  Poiscuille  et  Lefort  sur  un  Cliien 
nourri  de  viande  depuis  longtenqis, 
mais  à  jeun  depuis  soixante  heures,  on 
trouva  de  la  dextrine,  ainsi  que  du 
glucose  dans  le  foie,  mais  on  n'en  dé- 
couvrit aucune  trace  dans  le  sang  ni 
dans  les  tissus  de  l'organisme.  Dans  la 
chair  du  Cheval  et  dans  la  viande  de 
boucherie  (Mouton,  Bœuf,  Porc),  ces 
physiologistes  trouvèrent  des  traces 
de  sucre,  mais  en  quantité  insigni- 
fiante (f/). 

(1)  C'est,  suivant  toute  probabilité, 
en  raison  de  cette  circonstance  que 
d'ordinaire  on  ne  trouve  pas  de  sucre 
dans  le  foie  humain;  car,  dans  la 
plupart  des  cas,  les  cadavres  dont 
on  extrait  ce   viscère  appartiennent  â 


((!)  Sanson,  Mém.  sur  la  formalioii  physiologique  du  sucre  dans  l'économie  animale  {Comptes 
rendus  de  l'Acad.  des  sciences,  1857,  t.  XLIV,  p.  1159  et  1323).  —  De  iorigine  du  sucre  dans 
l'économie  animale  {Journal  de  physiologie  de  Browii-Scfiuai-d,  1858,  t.  I,  p.  244). 

(b)  Pog-giale,  Sur  la  formation  de  la  matière  glycogène  dans  l'économie  animale  {Journal  de 
physiologie,  1858,  t.  1,  p.  549). 

(c)  Cl.  Bernard,  Remarques  sur  la  formçLlion  de  la  matière  glycogène  du  foie  {Comptes  rendus 
Je  iAcad.  des  sciences,  1857,  t.  XLIV,  p.  1325). 

{d}  roiseuillo  ctLeforl,  De  i' existence  du  glycose  dans  l'économie  animale  {Comptes  rendus  de 
IWcad.  des  sciences,  1858,  t.  LVI,  p.  565). 

VII.  37 


57/|  NljilUTlO.N. 

abondante  elle  s'y  renouvelle  sans  cesse,  lors  même  que  le 
régime  est  essentiellement  albuminoïde,  et  qu'il  n'existe  ni 
sucre,  ni  dextrine,  ni  aucune  autre  substance  du  môme  ordre 
dans  les  produits  du  travail  digestif  (1). 

Quelques  expériences  sur  la  sécrétion  du  lait  et  sur  la  quantité 
de  glucose  contenu  dans  le  sang  chez  des  Chiens  nourris,  les  uns 
avec  des  matières  grasses,  les  autres  avec  du  tissu  musculaire 
seulement,  ont  conduit  jM.  Poggiale  à  penser  que  les  corps  gras 
pourraient  bien  ne  pas  être  étrangers  à  la  production  du  sucre 
dans  le  foie  (2) ,  et  une  découverte  chimique  d'un  haut  intérêt,  dont 


des  individus  qui  oiU  succombé  à  une 
maladie  plus  ou  moins  longue  durant 
laquelle  ceux-ci  ont.  eUé  soumis  à  un 
jeûne  complet.  En  eUet,  lorsqu'on  a 
opéré  sur  le  foie  d'un  liomme  mort 
subitement,  d'un  supplicié  par  exem- 
ple, on  a  constaté  la  présence  du  glu- 
cose dans  cet  organe,  aussi  bien  que 
dans  le  foie  des  Chiens  et  d'une  foidc 
d'autres  Animaux  que  M.  Gl.  Bernard 
a  étudiés  sous  ce  rapport  (a). 

La  rapidité  avec  laquelle  le  sucre 
disparaît  dans  le  foie  des  Animaux 
privés  d'aliments  varie  beaucoup,  sui- 
vant le  degré  d'activité  physiologique 
de  ces  êtres.  Chez  les  petits  Oiseaux, 
le  travail  glycogénique  cesse  après 
tfente-six  ou  (jnarante-huit  heures 
d'abstinence.  Chez  les  Mannnii'éres,  les 
eilels  produits  de  la  sorte  sont  luoins 
prompts,  surtout  chez  les  grands  Ani- 
maux :  ainsi,  chez  les  Rats  et  lesljapins 
le  sucre  hépatique  disparaît  complète- 
ment après  quatre  à  huit  jours  d'absti- 
nence. Chez  les  Chiens,  les  Chats  et  les 
Chevaux,  il  peut  s'en  former  encore 


après  douze  ou  même  vingt  jours. 
Enfin,  chez  des  Crapauds,  des  Couleu- 
vres et  des  Carpes,  on  en  a  trouvé 
cinq  ou  six  semaines  après  le  dernier 
repas  fait  par  ces  Animaux.  Chez  les 
Animaux  qui,  tout  en  étant  privés 
d'aliments,  font  de  l'exercice,  la  pro- 
duction de  ce  sucre  cesse  plus  pronq)te- 
ment  que  chez  ceux  qui  sont  condam- 
nés au  repos  (6). 

(1)  Des  expériences  encore  inédites, 
mais  dont  mon  savant  collègue  M.  Ber- 
nard m'a  communiqué  verbalement 
les  résultats,  prouvent  que  chez  les 
Chiens  nourris  avec  des  substances 
animales,  il  n'existe  ni  sucre,  ni  dex- 
trine, ni  aucune  autre  substance  glyco- 
gène  tant  parmi  les  produits  du  travail 
digestif  encore  contenus  dans  l'intestin 
que  dans  le  sang  que  la  veine  porte 
conduit  au  foie.  C'est  donc  dans  Finlé- 
rieur  de  l'organisme  que  la  matière 
glycogène  hépatique,  ainsi  que  le  sucre 
qui  en  dérive,  doit  prendre  naissance^ 

(2)  M.  Toggiale  pense  que  sous  l'in- 
fluence d'une  alimentation  composée 


(a)  Cl.  licriianl,  Ikcherchcs  sur  une  nouvelle  foncliun  du  fvk,  p,  31  (.lun.  des  sciences  ual., 
3- série,  18r.3,  t.  MX,  y.  282). 
[l))  lilum,  Vil.  cit.  {lue.  cit.,  i>.  31  d;. 


ACTIONS    CIIIMKJLES.     (;L\L:()GliMK.  575 

Ja  science  esl  redevable  à  M.  Berlhelot,  moiilre  (juc,  eiielïel,  la 
glycérine,  en  se  dédoublant,  est  susceptible  de  donner  naissance 
à  du  sucre  (1).  Enfin,  des  reeherebes  physiologiques  récentes, 
laites  en  Hollande  par  Vandeen,  paraissent  être  favorables  a  l'by- 
pothèse  de  l'origine  du  glycose  hé[)atique  aux  d('pcns  des  cor[)s 
gras  (2). 


de  viande  seulcmenl,  lii  quantité  de 
sucre  de  lait  excrété  par  les  sb"des 
nianimaircs  d'une  Chienne  qui  allaitait 
SCS  petits  clait  moins  considérable  que 
sonsrinnuenced''un  régime  mixte,  mais 
elle  s'est  maintenue  d'une  manière  assez 
uniforme  pendant  trois  semaines  que 
dura  l'expérience.  Cliez  un  Chien  sou- 
mis èi  l'abstinence  absolue,  le  sang  des 
veines  hépatiques  ne  contenait  que 
0,013  pour  100  de  sucre,  tandis  que 
chez  un  autre  individu  nourri  avec  du 
beurre  et  de  la  graisse,  ce  liquide  m 
fournit  0,lZi6  pour  100,  et  que  chez  un 
Iroisièiue  Animal  qui  avait  mangé  du 
tissu  musculaire,  la  proportion  de  cette 
substance  ne  s'élo  a  pas  beaucoup  plus 
liant,  car  elle  était  de  0,169  («)• 

1 1)  M.  Berlhclot,  guidé  par  des  vues 
théoriques  qu'il  serait  trop  long  d'ex- 
poser ici,  a  trouvé  que  si  l'on  fait  in- 
fuser des  fragments  du  testicule  d'un 
Mannuifèn'  ou  d'un  Oiseau  dans  de 
l'eau  contenant  de  la  glycérine  ou  de 
la  mannite  à  la  température  de  10  à 
20  degrés,  il  se  forme  lentement  dans 
la  liqueur  une  certaine  qu;uuité  de 
glucose.  La  proportion  de  sucre  pro- 
duit de  la  sorte  paraît  être  trop  con- 
sidérable pour  qu'on  puisse  l'attribuer 


à  la  transformation  des  matières  alblt- 
minoïdes  fournies  par  les  fragments 
de  glande  eiuployés  {h). 

(2)  M.  Van  Deen  a  constaté  d'abord 
que,  par  relTetde  l'abstinence,  la  ma- 
tière glycogènc  contenue  dans  le  foie 
des  Chiens  (hsparaît  plus  ou  moins 
promptement,  et  il  a  fait  prendre  à  des 
Animaux  qu'il  tenait  privés  d'aliments 
une  certaine  quantité  de  glycérine. 
Dans  une  de  ses  expériences,  il  a 
trouvé  alors  le  foie  chargé  d'une  forte 
proportion  de  matière  glycogène,  et 
dans  d'autres  cas  où  les  différences 
étaient  moins  marquées,  il  a  cru  pou- 
voir établir  que  sous  l'influence  de 
cette  substance  grasse,  il  y  avait  eu 
production  d'une  certaine  quantité 
de  la  même  matière ,  car  il  en  a 
toujours  trouvé  dans  le  foie.  Ses  re- 
cherches l'ont  conduit  aussi  à  penser 
que  c'est  dans  le  foie  que  la  tfanslbr- 
luation  de  la  glycérine  en  sucre  s'opère, 
et  ([ue  ce  phénomène  se  produit  lente- 
ment après  la  mort  aussi  bien  que  pen- 
dant la  vie  de  l'Animal  (c).  Mais  tles 
expériences  de  ce  genre,  pour  être  tout 
à  fait  probantes,  auraient  besoin  d'èlre 
très  nombreuses,  et  jusqu'ici  elles  n'ont 
pas  été  assez  nudtipliées. 


{a)  Poggiale,  Origine  du  sticre  dans  ïéconomie  animale.  [Commîtes  rendus  de  l'Acad.  des 
sciences,  1855,  t.  XL,  p.  887). 

(6)  Bcriheloi,  Transformation  de  la  7nannite  et  de  la  glycérine  en  sucre  proprement  dit  {Ann. 
de  chimie  et  de  physique,  3"  série,  1857,  t.  L,  p.  369). 

(c)  J.  VaiKlecn,  Ueber  Uildiing  von  Zitcker  ans  Clycerln  hn  Thierkdrpcr  (Arcliiv  fur  die 
Ilollandischen  lleilrdge  zur  Natur-  und  Ikilkunde  voii  Uoiulers  und  \V.  Berlin,  IStil,  I.  IH, 
[i.  -20).  —  Weitere  Untersach.  ubcr  die  Bildang  von  Zucker  ans  Glycerin  {loc.  eit.,  p.  Cl). 


Destruction 
du  glucose 

dans 
l'orgariisnie. 


576  •  NUTRITION. 

iMais  je  dois  njoiiler  (}Lie,  dans  les  expériences  de  M.  Bernard, 
la  proportion  de  graisse  contenue  dans  les  aliments  ne  parait 
avoir  exerce  aucune  influence  appréciable  sur  le  rendement  du 
travail  glycogénique  du  foie  (1),  et  (jue  la  production  du  sucre 
dans  le  foie  a  été  souvent  contestée  chez  des  Animaux  qui,  pen- 
dant plusieurs  mois,  n'avaient  mangé  que  de  la  viande  (2). 

D'après  l'ensemble  de  foits  dont  l'étude  vient  de  nous  occu- 
per, on  voit  qu'indubitablement  il  y  a  production  de  sucre  dans 
l'économie  animale,  et  qu'il  y  a  des  raisons  de  penser  que  cette 
matière  combustible,  riche  en  carbone,  est  fournie  par  la  décom- 
position des  aliments  albuminoïdes. 

§  10. —  Quoi  qu'il  en  soit  à  cet  égard ^  le  sang  qui  vient  de 
l'appareil  digestif,  et  qui  sort  du  foie,  contient  une  quantité  plus 
ou  moins  considérable  de  sucre  fourni,  soit  parle  travail  glyco- 
génique de  cet  organe  seulement,  soit  en  partie  aussi  par  la 
digestion  des  aliments  amylacés  ou  l'absorption  du  sucre  ingéré 


(1)  Dans  les  expériences  compara- 
tives faites  par  M.  Cl.  Bernard  sur  des 
Chiens  qui  avaient  été  privés  d'aliments 
ou  (jui  avaient  mangé  abondamment 
de  la  graisse,  la  quantité  de  sucre  con- 
tenu dans  le  foie  était  également  fai])lc 
de  part  et  d'autre  (a). 

(2)  Une  des  expériences  de  M.  Ber- 
nard fut  faite  sur  un  Cliien  adulte  qui, 
pendant  les  huit  mois  précédents,  avait 
été  nourri  exclusivement  avec  de  la 
tripe,  c'est-à-dire  avec  des  estomacs 
de  Bœuf  et  de  Mouton  probablement 
lavés  à  l'eau  chaude.  Or,  en  faisant  fer- 
menter le  sucre  contenu  dans  le  foie  de 
cet  Animal,  on  obtint  3  centimètres 
cubes  d'alcool.  Un  autre  Chien  chez 


leqnell'activité  glycogénique  du  fuie  fui 
constatée  delà  même  manière,  ne  man- 
geait depuis  trois  ans  que  des  débris 
de  viande  crue.  Des  Crécerelles  et  des 
Chouettes,  ([ui  depuis  leur  sortie  du 
nid  avaient  été  nourries  avec  du  cœur 
de  lîœuf  surtout,  donnèrent  des  résul- 
tais analogues  après  un  mois  et  demi 
de  ce  régime  (6). 

11  est  aussi  à  noter  que  rcxistenc(! 
du  sucre  dans  le  foie  a  été  constatée 
aussi  chez  beaucoup  d'autres  Animaux 
carnassiers,  par  exemple  chez  le  Clial, 
le  Hérisson,  la  Taupe ,  les  Chauves- 
Souris  insectivores,  le  Lézard,  la  Cou- 
leuvre, l'Anguille,  la  Morue  et  les 
Squales  (r). 


{a}  Cl.  BcrnarJ,   itechcrches  sur  une  nouvelle  fonction   du  foie   (Ann.   des  sciences  uni,, 
3"  série,  18Î.8,  t.  Xl\,  p.  324). 
(/;)  Idem,  ibid.,  p.  "200  et  suiv. 
(c)  Idem,  ibuL,  i».  35  cl  suiv. 


ACTIONS    CHIMIQUES,    —    GLYCOGÉNIE.  577 

dans  l'estomac;  mais  dans  les  circonstances  ordinaires,  c'est- 
à-dire  quand  la  proportion  de  sucre  entraîné  vers  le  cœur  par  le 
lorrent  delà  circulation  n'est  pas  très  considérable,  cette  matière 
oxydable  est  promptemcnt  détruite;  il  ne  s'en  trouve  plus  en 
quantité  appréciable  dans  le  sang  artériel  qui  se  rend  aux  reins 
ainsi  qu'aux  autres  parties  de  l'organisme,  et  elle  disparaît  de 
l'économie  animale  sans  passer  dcans  les  urines,  ni  dans  les 
autres  excrétions.  Ainsi,  dans  ces  circonstances,  le  sang,  qui  est 
chargé  de  glucose  en  arrivant  dans  la  veine  cave  inférieure  par 
les  veines  hépatiques,  n'en  contient  plus  en  quantité  appréciable 
quand  il  parvient  dans  le  système  artériel  général,  après  avoir 
traversé  les  poumons  (1).  Lorsque  la  quantité  de  glucose  intro- 
duit dans  le  torrent  de  la  circulation  par  le  travail  glycogénique 
du  foie,  par  la  digestion  ou  par  toute  autre  voie,  est  très  considé- 
rable et  dépasse  certaines  limites,  cette  substance  n'y  est  détruite 
que  partiellement,  et  il  en  arrive  dans  les  vaisseaux  sanguins  des 
reins,  d'où  elle  passe  dans  les  urines;  mais  dans  l'état  normal 
cela  n'a  pas  lieu,  et  dans  tous  les  cas  il  y  a  destruction  d'une 
quantité  plus  ou  moins  considérable  du  sucre  hépatique  dans 
l'intérieur  de  l'organisme  (2).  Au  premier  abord,  on  pouvait 


(1  )  Dans  les  circonstances  ordinaires, 
le  glucose,  comme  j'ai  déjà  eu  l'occa- 
sion de  le  dire,  ne  se  monlrc  pas  dans 
les  urines  (a),  et  puisqu'il  s'en  forme 
continuellement  dans  le  foie  et  que  cet 
organe  le  verse  dans  le  sang,  il  faut 
nécessairement  qu'il  soil  détruit  plus  ou 
moins  rapidement.  Or,  les  analyses 
comparatives  du  sang  des  veines  hé- 
patiques et  des  artères  qui  naissent 
de  l'aorte  nous  apprennent  que  c'est 
principalement  dans  le  poumon  (jue 


cette  transformation  s'opère,  car  nous 
savons  d'autre  part  qu'il  n'y  a  pas  dé- 
pôt de  sucre  dans  cet  organe.  Ainsi, 
dans  les  expériences  de  î\l.  Lelimann 
faites  sur  des  Chiens  et  des  Lapins,  le 
sang  artériel  ne  donnait  des  indices  de 
la  présence  du  sucre  que  dans  les  cas 
où  le  sang  veineux  qui  sortait  du  foie 
contenait  plus  de  3  millièmes  de  cette 
suhstance  (b). 

(2)  MM.  Limperl  et  Falk  ont  fait 
des  expériences  sur  la  facilité  relative 


(a)  Voyez  ci-dessus,  page  483. 

(b)  Lehniann,  Analyses  comparées  du  sang  de  la  veine  porte  et  du  sang  des  veines  hépa- 
ticiues,  etc.  [Ann.  des  sciences  nat.,  i'  série,  1855,  i.  lil,  p.  55,  et  Comptes  re7idns  de  l'Acad. 
des  sciences,  t.  XL,  p.  585). 


«^78  NUTRITIOX. 

proirp  que  ce  pliénoiiiène  é(ait  une  eonsé({iionce  de  la  combus- 
tion rcsjiirntoire,  et  qyw  le  gincoso,  en  traversant  le  poumon, 
était  brûlé  par  l'oxygène  dont  le  sang  s'était  chargé  ;  et  un  fait 
qui  paraissait  de  nature  à  corroborer  celle  opinion,  c'est  que 
dans  les  cas  où  la  respiration  est  gênée  par  Tinhalalion  de  l'élher 
ou  du  chloroforme,  le  sucre  se  retrouve  en  [)roportion  beaucoup 
plus  considérable  dans  le  sang  artériel  (1).  Mais  un  examen 
plus  approfondi  de  la  question  a  conduit  les  physiologistes  à 
penser  que  les  choses  ne  se  passent  pas  d'une  manière  si 
simple  dans  l'organisme,  et  que  le  glucose,  au  lieu  d'être 


avec  laquelle  les  diflérentcs  espaces 
de  sucres  introduiles  dans  les  veines 
passent  dans  les  urines,  et  ils  ont 
trouvé  que  dans  l'espace  de  quelques 
lieures  la  plus  i,n-ande  partie  du 
sucre  de  canne  est  excrétée  de  la 
sorte  ;  que  pour  le  sucre  de  lait  celte 
proportion  est  moindre,  et  que  pour 
le  sucre  de  raisin  elle  est  la  plus  faible 
par  conséquent  (a). 

(1)  Al.  Ileynoso  a  trouvé  que  dans 
les  cas  d'aneslhésic  déterminée  par  la 
vapeur  d'éther,  le  sucre  hépatique  se 
montre  dans  les  urines,  et  il  a  observé 
le  même  phénomène  chez  les  Animaux 
auxquels  il  faisait  respirer  du  cliloro- 
lorme,  de  la  liqueur  des  Hollandais,  de 
la  benzine  ou  de  l'acétone,  ainsi  que 
I  liez  ceux  qu'il  asphyxialentcment  avec 
de  l'acide  carbonique,  de  l'acide  sulf- 
bydriquc  ou  des  vapeurs  d'acide  c\  an- 
li\dri(jue  (h).  Le  sucre  se  montre  aussi 


tant  dans  les  urines  que  dans  le  tissu 
des  divers  oi'ganes  chez  les  Animaux 
qui  sont  soumis  à  l'action  toxique  de 
l'azotate  d'uranium,  et  il  est  à  noter 
que  ce  poison  détermine  la  mort  en 
produisant  l'hépatisalion  des  pou- 
mons ('•).  Ces  faits,  venant  corroborer 
l'opinion  fondée  sur  la  disparition 
normale  du  glucose  pondant  le  pas- 
sage dans  le  poumon ,  conduisirent 
M.  Ileynoso  à  considérer  ce  dernier 
phénomène  comme  étant  dû  à  la 
combustion  respiratoire,  et  à  expliquer 
l'état  diabétique  par  une  diminution 
dans  les  effets  utiles  de  la  respiration, 
produite,  soit  par  l'enlrée  insuÛisanle 
de  l'oxygène  atmosphérique  dans  le 
sang,  soit  par  l'absence  dans  ce  liquide 
de  la  quantité  de  soude  nécessaire 
|)oiu-  favoriser  l'oxydation  des  matières 
combustibles,  suivant  l'hypothèse  de 
M.  Alialile  {(1). 


(rt)  L.  I-iiiip(Tt  1111(1  C.  P.  I'\ilk,  l'iitcrsueli.  iiber  die  .\usscliei<liin(i  des  Xiickirs  diircJi  die  Meren 
naeli  der  h'/titsjiritiuini  dcsselben  in  das  Iliut  (\'ii'clio\v's  Archiv  liir  palliol.  Aiint.,  \S'>Ci,  t.  1\, 
p.  r.O). 

(b)  lioyiiosti,  Mémoire  sur  la  présence  du  sucre  dans  les  urines  cl  sur  la  liaison  de  ce  phéno- 
mène avec  la  respiralion  {Ann.  des  sciences  nat.,  A°  série,  1855,  1. 111,  p.  \'M  et  suiv.). 

(r|  Cil.  Lccoiilc,  De  l'emploi  de  l'azotate  d'uranium  dans  la  recherche  et  le.  dosaçie  de  l'ncide 
phosphorique,  etc.,  et  de  l'action  tn.xiquc  el  pbii.voloiiique  de  ce  .<iel,  \\\(>.<o.  Paris,  IS.')!!. 

((/)  Voyez  ri-ilf— lis,  |in2<'  5(11  . 


A(;T10>'S    r.JUMlQLlKS.    —    GLYCOGKNIE.     .  579 

hrùlé  el  rédiiii  en  eau  et  en  acide  earboniiiiie,  subit  seulement 
une  sorte  de  déshydratation  et  se  transtornie  de  la  sorte  en 
acide  lactique.  EtTeelivement,  la  destruction  du  glucose  en  dis- 
solution dans  le  sang  s'effectue  hors  de  l'ccononiie  animale, 
tout  aussi  bien  quand  ce  liquide  est  chargé  d'azote  ou  d'hydro- 
gène que  lorsqu'il  est  saturé  d'oxygène  (1  ).  Ce  ne  serait  donc  pas 
une  combustion  qui  détermine  la  disparition  de  ce  sucre,  mais, 
suivant  toute  probabilité,  un  phénomène  de  dédoublement  molé- 
culaire dont  résulterait  une  production  d'acide  lactique,  sub- 
stance qui  se  forme  effectivement  dans  l'économie  animale  ('2) 
et  qui  se  trouve  toujours  dans  le  liquide  dont  le  tissu  musculaire 
est  imprégné,  mais  qui,  à  son  tour,  disparait  promptement  de 


(1)M.  Cl.  Bernard  a  fail  ù  ce  sujel 
(les  recherches  intéressantes.  Aussi, 
dans  uu  cas,  du  sang  tiré  des  veines 
du  foie,  et  contenant  du  sucre  hé- 
patique en  quantité  normale,  fut  di- 
visé en  deux  parts,  dans  Tune  des- 
quelles ou  fit  passer  un  courant 
d'oxygène,  tandis  que  dans  l'autre  on 
fit  passer  de  l'acide  carbonique.  \u 
bout  de  six  heures,  le  sucre  ne  fut 
détruit  ni  dans  l'une  ni  dans  l'autre, 
mais  an  ])out  de  vingt-quatre  heures 
on  n'en  trouva  plus  aucune  trace,  ni 
dans  le  sang  noir,  ni  dans  le  sang 
rutilant  ainsi  mis  en  expérience.  Dans 
d'autres  expériences,  on  trouva  que 
le  glucose  du  sang  disparaissait  plus 
rapidement  en  présence  d(^  l'hydro- 
gène et  de  l'azote  qu'en  présence  de 
l'oxygène,  el  que  l'hydrogène  arsénié 
n'empêchait  pas  cette  transformation 
d'avoir  lieu  (a). 


il  est  à  noicr  que  la  destruction  du 
sucre  dans  le  sang  paraît  être  liée  à 
l'action  exercée  sur  celte  substance  par 
les  matières  albuminoïdes  qui  se  trou- 
vent dans  le  fluide  nourricier.  En  effet, 
M.  Cl.  Bernard  a  trouvé  que  si  l'on  fait 
bouillir  le  sang  sur  lequel  on  opère,  de 
manière  à  y  coaguler  l'albumine,  leglu- 
cose  contenu  dans  le  liquide  filtré  ne 
se  détruit  pas,  comme  cela  a  lieu  dans 
une  autre  portion  du  même  sang,  qui, 
pour  servir  de  terme  de  comparai- 
son, aura  été  laissée  dans  son  état 
natun'l,  et  contiendra  par  conséquent 
de  l'albumine  solnble  {!)). 

('2)  Quelques  expériencesdeM,  Schot- 
tin  tendent  à  faire  admettre  que 
la  substance  du  foie  est  susceptible 
de  déterminer  la  transformation  du 
sucre  de  canne  en  glucose,  et  celle 
de  cette  dernière  matière  en  acide 
lactique  (c). 


(a)  Cl,  Bernard,  Leçons  de  physiologie  exiirrimentale  faites  en  1855,  I.  I,  p.  233. 
(6)  Idem,  ibid.,  t.  I,  p.  237. 

(f)  Scliotiiii ,   tichev   einige  kiinsfUrhe   Umn'andluiiçisprndurte  durrh  die  Lcher   (Avchiv  fur 
],hijsiol.  iWMunde,  1858,  p.  33n). 


580 


NUTRITION. 


l'organisme  sous  l'influence  oxydante  du  sang,  et  donne  nais- 
sance à  de  l'acide  carbonique  (1). 

Autres  actions  §  ^'^^  —  ^^  ï  ^  ^'^^  ^^  crolrc  quc  Ics  phénomèncs  chimiques 
'"'Sr'    ^^o^t  l'étude  vient  de  nous  occuper  ne  sont  pas  les  seuls  qui 

lorganisme.  ^^  produiscut  daus  l'économie  animale,  et  que  des  actions  plus 
ou  moins  analogues  à  celle  exercée  par  la  pile  électrique  peu- 
vent intervenir  pour  effectuer  la  décomposition  de  certaines 
substances.  Ainsi,  il  paraît  y  avoir  de  la  connexité  entre  la 
quantité  de  suc  gastrique  acide  qui  arrive  dans  l'estomac  et  la 
proportion  d'alcali  contenu  dans  l'urine  (2j;  or,  l'acidité  du 
premier  de  ces  liquides  étant  due  principalement  à  de  l'acide 
chlorbydrique,  sa  formation  semble  devoir  nécessiter  la  décom- 
position d'une  portion  du  chlorure  de  sodium  dont  l'organisme 
est  chargé,  et  l'augmentation  de  l'alcalinité  de  l'urine  qui  coïn- 
cide avec  l'activité  fonctionnelle  des  glandes  gastriques  pour- 
rait bien  dépendre  du  même  phénomène.  Il  y  aurait  donc  là 
une  action  analogue  à  celle  qui  se  produit  dans  la  décomposi- 
tion des  sels  par  la  pile  électrique,  lorsque  l'acide  se  rend  à 
l'un  des  pôles  et  la  base  au  pôle  opposé.  Mais  dans  l'état  actuel 
de  nos  connaissances,  nous  ne  pouvons  former  que  des  conjec- 


(1)  Berzelius  considérait  l'acide  lac- 
li([iir  coninio  étant  nn  des  matériaux 
de  l'urine  normale,  mais  M.  Liebig  a 
démontré  qu'il  n'en  est  pas  ainsi,  et 
que  les  lactates  introduits  dans  l'orga- 
nisme  s'y  comportent  comme  les  tar- 
tratcs,  les  malates  et  les  citrates,  c'est- 
à-dire  s'y  oxydent  et  se  transforment 
en  carbonates,  état  sous  lequel  leiu's 
éléments  conslilutil's  sont  excrétés  par 
les  voies  urinaires  ((/). 

(2)  M.  Bence  Jones  a  constaté  que 


le  degré  d'acide  de  l'urine  humaine 
est  très  variaijlc,  et  diminue  dans  les 
circonstances  où  la  sécrétion  acide  de 
l'estomac  augmente.  Ainsi  il  a  trouvé 
que  ce  travail  digestif  est  accompagné 
d'une  diminution  dans  l'acidité  de  Tu- 
rine,  et  que  cette  dimiimtiou,  qui  sup- 
pose une  excrétion  i)lus  abondante  de 
matières  alcalines,  est  surtout  i)iovo- 
(juée  par  les  aliments  albuminoïdes 
dont  la  digestion  nécessite  une  sécré- 
tion abondante  de  suc  gastrique  (b). 


(a)  Liebi<^,  Sur  les  principes  des  liquides  de  la  cliair  musculaire  {Ann.  de  chimie  et  de  pluj' 
signe,  3*  séiie,  18  48,  t.  XXIll,  p.  179). 

(Il)  Beiice  Juiies,  Coiilribulions  to  the  Chemistry  of  Urine  {t'Itilos.  Trans.,  1849,  p.  235). 


ACTIONS    CHIMIQUES.    C.LYCOGÉNIE.  581 

tares  irh  vagues  à  ce  sujet,  et  par  coiisof[iicnt  jo  ne  m'y 
arrêterai  pas  davanlage. 

§  12.  —  En  résumé,  nous  voyons  donc  que  l'économie  ani- 
male est  le  siège  d'un  grand  nombrt>  de  pliénomènes  chimiques 
qui  sont  du  môme  ordre  que  ceux  dont  le  règne  minéral  nous 
offre  des  exemples  et  dont  nous  sommes  journellement  témoins 
dans  nos  expériences  de  laboratoire  ;  (jue  la  plupart  des  trans- 
formations imprimées  ainsi  à  la  matière  organique  ont  pour 
effet  de  ramener  celle-ci  à  des  états  plus  simples  et  qui  se  rap- 
prochent davantage  des  composés  inorganiques ,  cpie  plusieurs 
de  ces  changements  sont  dus  à  la  séparation  ou  à  l'adjonction 
des  éléments  d'une  certaine  quantité  d'eau  ;  mais  que  la  plupart 
et  les  plus  importants  sont  des  conséquences  directes  ou  indi- 
rectes de  la  fixation  de  l'oxygène  puisé  dans  l'atmosphère  et 
introduit  dans  l'organisme  par  les  voies  respiratoires  (1).  C'est 
donc  avec  raison  qu'à  l'exemple  de  Lavoisier,  les  chimistes 
disent  que  le  corps  de  tout  Animal  vivant  est  un  appareil  de 
combustion;  car-,  dans  le  langage  scientifique,  le  mot  com- 
bustion n'est  pas  appliqué  seulement  aux  combinaisons  qui  sont 


Piûâumô. 


(1)  11  est  bien  entendu  que  je  ne 
parle  pas  ici  des  changements  que  les 
matières  étrangères  introduites  dans  le 
tube  digestif  peuvent  y  subir  avant 
d'être  absorbées ,  et  qu'il  n'est  ques- 
tion que  des  modifications  détermi- 
nées dans  leur  constitution  cliimiquc 
après  qu'elles  ont  été  portées  dans  le 
torrent  de  la  circulation,  soit  par  cette 
voie,  soit  par  toute  autre.  Cette  dis- 
tinction est  inqîortante  à  établir  quand 
on  veut  s'éclairer  sur  la  nature  des 
phénomènes  chimiques  qui  s'opèrent 
dans  la  profondeur  de  l'organisme  par 
l'élude  comparative  des  matières  ingé- 
rées et  excrétées. 


Ainsi ,  M.  Wôhler  a  trouvé  que 
le  prussiate  rouge  de  potasse ,  ou 
ferricyanide  de  potassium  (==  K^Cy^ 
Fe-  ) ,  administré  par  les  voies  di- 
gestives,  est  translbrnu'^  en  prussiale 
jaune ,  ou  ferrocyanure  de  potassiuîii 
(=  K^Cy^Fe)  ,  et  excrété  à  cet  état 
par  les  reins  ;  mais  ceUe  modifica- 
tion, due  à  la  soustraction  d'une  cer- 
taine quantité  de  potassium  ,  paraît 
s'elfectuer  dans  le  tube  intestinal 
avant  que  la  matière  ait  été  ab- 
sorbée ,  et  par  conséquent  nous 
n'avons  pas  à  nous  en  occuper 
ici  ((/). 


(a)  Wohler,  Op.  cit.  {Zeilschv.  fur  Physiol.  von  Treviranus,  1824,  t.  I,  p.  135). 


Formalion 

(rt'.'iii. 


Exci'clion 
lie  l'i'aii. 


Excrétion 

du  carljone. 


582  NUTRITION. 

accompagnées  d'un  dégagement  de  lumière  et  de  chaleur,  il 
est  synonyme  d'oxydation. 

§  13.  —  Les  derniers  produits  de  la  série  des  transformations 
que  les  matières  combustibles  subissent  ainsi  dans  l'économie 
animale  consistent  principalement  en  acide  carbonique ,  en 
urée  ou  en  d'autres  matières  azotées  analogues,  et  en  eau.  La 
formation  d'eau  dans  l'intérieur  de  l'organisme  ne  peut  pas 
être  constatée  directement ,  mais  on  reconnaît  qu'elle  doit 
avoir  lieu  quand  on  com[)are  la  (juantité  d'oxygène  qui 
pénètre  dans  le  corps  vivant  par  les  voies  respiratoires  ou 
sous  la  forme  de  matière  alimentaire,  et  celle  qui  s'en  échappe 
à  l'état  de  combinaison  ,  soit  avec  le  carbone  dans  l'acide 
carbonique  exhalé ,  soit  avec  l'azote  et  les  autres  éléments 
qui  entrent  dans  la  composition  de  l'urée  et  des  autres  pro- 
duits cxcrémentitiels  du  même  ordre.  En  effet,  lorsque  nous 
nous  sommes  occupés  de  l'étude  de  la  respiration ,  nous 
avons  vu  que  la  totalité  de  l'oxygène  absorbé  de  la  sorte  n'est 
pas  représentée  par  l'acide  carbonique  exhalé,  et  que  l'excédant 
ne  se  retrouve  pas  tout  entier  dans  les  matières  organiques 
excrétées. 

L'eau  qui  prend  ainsi  naissance  dans  l'économie  animale  se 
coidond  avec  celle  (pu'  y  arrive  du  dehors  sous  la  forme  de 
boisson  on  de  toute  autre  manière,  et  ce  corps,  quelle  qu'en 
soit  la  source,  est  ensuite  excrété,  soit  à  l'état  de  vapeur  par  la 
surface  pulmonaire  et  par  la  peau  chez  les  Animaux  qui  vivent 
à  l'air,  soit  à  l'état  liquide  par  les  voies  nrinaires  et  les  autres 
émonctoircs  analogues. 

L'acide  carbonique  résultant  de  la  combustion  vitale  s'é- 
chappe pres(|ue  entièrement  [)ar  l'appareil  respiratoire  (1). 


(1)   Ainsi  que  jo  l'ai  déjà  dil  ((i\       wno    polilo    (|uanlil('    d'acide   raiijo 


(a)  Vnyp7  ri-(l('ssiis,  pnçjn  ■425. 


STATIQUF.    CHIMIQUE    DE    l'oUGAN'ISMR.  58?) 

Enfin,  In  j)l(is  grande  partie  de  l'azole  dont  l'organisme  se 
débarrasse  en  sort  par  les  reins,  à  l'i'lat  d'nrée  ou  d'autres 
sul)s{anees  urineuses. 

Cela  est  mis  en  évidence  par  les  expériences  dans  les(iuelles 
on  compare  la  recette  et  la  dépense  physiologique  étiez  w\ 
Animal  dont  le  poids  du  corps  reste  staliounaire,  ainsi  que  cela 
a  lieu  chez  les  individus  adultes  dont  la  nourriture  est  suffisante 
sans  être  abondante.  Quelques  recherches  de  ce  genre  furent 
entreprises  vers  la  fin  du  siècle  dernier  par  l'illustre  Dalton,  à  qui 
la  chimie  est  redevable  de  la  théorie  atomique  (1);  mais  c'est 


Sécrétion 
il'azole, 


Statique 
cliiiniqiie 
l'organisme. 


iiiquo  osl  ontraînéo  au  dehors  par  les 
urines  {a).  M.  Plalner  a  U'Oiivé  que 
1 000  parties  (en  volume)  de  ce  liquide 
fournissaient  /|5  parties  d'acide  carbo- 
nique libre  quand  on  esl  à  jeun ,  el 
100  parties  après  les  repas;  la  qnan- 
lilé  d'acide  carbonique  qui  s"y  trouve 
à  l'état  de  carbonate  était  dans  les 
mêmes  circonstances  d'environ  20 
et  50  (/*),  résultats  qui  s'accordent 
très  l)ien  avec  ceux  obtenus  précédem- 
ment par  Proust  et  par  M.  Alarchand. 
(1)  Dans  un  mémoire  publié  en  1830, 
Dalton  rend  compte  d'une  série  d'ex- 
périences qu'il  avait  faitessur  lui-même 
quarante  ans  auparavant,  et  d'après  les- 
(|uelles  il  crut  pouvoir  estimer  Vinupsta 
quotidien  à  environ  11  onces  1/2  (ou 
;!'26  grammes  de  carbone)  et  à  1  once 
1/2  (ou  Zi2  grammes  d'azote).  D'autre 
part,  il  évalue  à  10  onces  1/2  (ou 
297*''%5)  la  quantité  de  carbone  con- 


tenue dans  l'acide  carbonique  exhalé 
par  les  poumons  et  par  la  peau  ;  ce  qui 
suppose  l'excrétion  quotidienne  d'en- 
viron 28  grammes  de  carbone  sous  la 
forme  d'urine  et  de  matières  fécales. 
La  totalité  de  l'azote  absorbé  s'échap- 
pait dans  ces  mêmes  excrétions  liqujdes 
ou  solides,  et  les  fèces  ne  correspon- 
daient qu'à  environ  1/1 8<^  du  poids  des 
aliments  ingérés  dans  le  corps.  Enfin, 
il  calcula  que  la  quantité  d'eau  qu'il 
prenait  journellement  sous  ditïérentes 
formes  était  d'environ  5  livres  ou 
2268  grammes ,  dont  une  portion 
correspondant  ù  20  onces  1/2 ,  ou 
5G0  granmies,  aurait  été  exhalée  par  les 
poumons,  el  dont  une  certaine  quantité 
se  serait  échappée  par  la  surface  de  la 
peau,  mais  la  plus  grande  partie  passait 
dans  les  urines  (c).  U  est  du  reste  A  noter 
que  cet  essai  de  statique  rhiinique  du 
corps  humain  ne  repose  que  sur  des  ap- 


(a)  Proust,  Expériences  sur  Viirine  {Annales  de  chimie,  an  vin,  t.  XXXV,  p.  260). 

—  Vo-el,  Ueber  die  Existen-.  der  Kohknsaure  im  Urin  ^md  im  Blute  (Scliweigger's  Journal 
fur  Chenue,  1814,  I.  XI,  p.  394). 

—  Maiclianil,  Ueber  den  Kohlensauregehalt  des  Ilarns  und  der  Milch  (Journal  fur  prnkt. 
Chemie,  t.  XLIV,  p.  250). 

(6)  Plalner,   Ueber  die  Ga%e  des  Harns  nnd  der  Transsudate  (Zeitschr.  der  Gesellschaft  der 

Aerzte  zu  Wien,  1849,  p.  4G5). 

(c)  J.  Dalton,  A  Séries  of  Experiments  on  the  Quanti tij  of  animal  food  taken  by  a  person  m 
health,  compared  with  the  Quantité  of  the  différent  sécrétions  during  the  same  period{Memoirs 
of  Ihe  I.ilerary   nnd  Philosnphii'fil  Sorietu  nf  Monrhester,  \HM,  sernml  «nrirs,  I.  V,  p.  :in:î). 


58/1 


NUTRITION. 


seulement  depuis  un  petit  nombre  d'nnnées  que  les  questions 
relatives  à  la  statique  cliimique  de  l'économie  animale  ont  été 
étudiées  avec  quelque  précision,  et  parmi  les  travaux  qui  ont 
été  entrepris  sur  ce  sujet  important,  je  citerai  en  première  ligne 
ceux  de  M.  Boussingault.  Une  des  séries  d'expériences  faites 
j)ar  ce  chimiste  agronome  porte  sur  la  nutrition  d'un  Cheval 
qui,  pendant  trois  mois,  a  reçu  journellement  la  même  ration 
alimentaire ,  et  n'a  éprouvé  ni  perle  ni  accroissement  de 
poids;  la  composition  élémentaire  de  ces  aliments  fut  déter- 
minée avec  soin ,  et  pendant  trois  jours  consécutifs-  on  pesa 
et  l'on  analysa,  d'imepart  ses  urines,  d'autre  part  ses  excré- 
ments; enfin,  le  déficit  résultant  de  la  comparaison  des  ma- 
tières ainsi  expulsées  de  l'organisme  avec  Vingesta  fut  attribué 
à  l'exhalation  respiratoire  et  à  la  transpiration  cutanée.  Le 
tableau  suivant  résume  les  résultats  ainsi  obtenus  pour  vingt- 
quatre  heures. 


Insesta 

CAKBONE. 

HYDROGÈNE 

OXYOiiNE. 

AZOTE. 

SELS 
ET  TEllRE. 

3938,0 

108,7 

136/1,2 

2/(65,1 

/|/l6,5 
11,5 

179,8 

255,2 

3209,2 

3/1,1 

1328,9 

18/(6,2 

139,/j 
37,8 
77,6 

24,0 

672,2 

109,9 
57/(,6 

12,5 

ï-*-IfS:::;: 

Déficit   aUiibunblc    à    la 
respiration,  etc.  .  .  . 

Dans  une  autre  série  d'expériences  analogues  laites  sur  une 


proxiniations  très  hypothétiques,  et  no 
mériterait  pas  de  fixer  ici  notre  atten- 
tion, s'il  n'avait  lait  faire  un  premier  pas 
à  la  question  dont  l'étiulc  nous  occupe 
en  ce  moment. 

Dans  mie  série  d'expériences  sur  la 
comparaison  de  Vingesta  et  d(;  V ex- 
créta, publiées  en  1 8/(3  par  M.  Valenliu 
et  faites  sur  un  Homme  adiUledonl  le 


corps  pesait  53  kilogrammes,  on  obtint 
les  résuUals  suivants.  Pour  1  kilogr. 
du  poids  de  l'organisme,  Vingesta  était, 
lernie  moyen,  en  vingt-{|uatre  heures, 
de  5/t  à  55  grannnes,  et  Vexcreta  : 
Parles  voies  digestives,  /i  grammes: 
Parles  voies urinaires,  27 grammes: 
Par  les  surfaces  pulmonaires  et  cuta- 
nées, 2/4  grammes  {a). 


{a)  Valentin,  l^inigc  lieohachlwmen  ilber  die  PeyspivationsgrOsse  des  Menschen  {nepertorium 
fur  Anatomic  uiid  Physiologie,  18i3,  t.  Vlll,  p.  388). 


STATIQUE  CHIMIQUE  Di:  l'orcanismi:.  585 

Vache  laitière,  la  quaiitilé  d'azote  (lui  était  ingérée  dans  l'orga- 
nisme sous  la  l'orme  d'aliments  dépassait  aussi  très  notable- 
ment celle  du  même  élément  contenu,  soit  dans  le  lait  et  les 
urines,  soit  dans  les  excréments,  et  ce  déficit  devait  faire  penser 
(pi'il  s'en  échai)pait  une  certaine  quantité  par  les  poumons  ou 
par  la  peau  (l). 

Des  recherches  semblables  faites  sur  l'Honmie  par  M.  Higg 
et  par  M.  Barrai  tendent  aussi  à  établir  qu'une  proportion  encore 
plus  grande  de  l'azote  introduit  dans  l'économie  par  les  aUments 
ne  se  retrouve  ni  dans  les  fèces,  ni  dans  les  urines,  et  semblent 
indiquer  qu'une  quanhté  notable  de    cet   élément  doit  être 


(1)  Ces  expériences  de  M.  Boussin- 
gault  sur  la  luUiilion  du  Cheval  et  de 
la  Vache  ont  clé  entreprises  pour  cher- 
cher si  ces  Animaux  s'assimilent  l'azote 
de  ralmosphère  pendant  l'acte  de   la 


respiration,  ou  si  la  totalité  de  l'azote 
contenu  dans  leurs  organesprovicnt  des 
aliments  (a). 

Voici  les  résultats  de  l'expérience  sur 
la  Vache  : 


Alimciils    consoiuinés    en 

viiigt-qualre  liciircs  .    . 

Pioilmts    /  ExcréniciKs.   . 

lifuies.     1  Lait 

DitlV'rcnce  atlribuée  à  l'cx- 
lialalion,  etc 

OAnCOXE. 

HYDROGÈNE. 

OXYGÈNE. 

AZOTE. 

SKI.S 
ET  TEiSHE. 

4813,4 

1712,0 

201,4 

028,2 

2211,8 

505,5 

208,0 

25,0 

90,0 

203,5 

4034,0 

1508,0 

253,7 

321,0 

1951,0 

201,5 
02,0 
30,5 
40,0 

27,0 

889,0 

480,0 

384,2 

50,4 

31,0 

11  me  paraît  probable  que  le  déficit 
dans  l'azote  qui  se  fait  remarquer 
dans  ces  recherches  était  dû  en  partie 
à  la  décomposition  d'une  certaine 
({uantité  d'urée  entre  le  moment  de 
Févacuation  de  l'urine  et  celui  du  do- 
sage des  éléments  constitutifs  de  ce 
liquide,  car  on  sait  que  cette  décoin- 


position  est  très  facile,  et  les  expé- 
riences faites  sur  les  produits  de  la 
respiration  ,  dont  j'ai  rendu  compte 
précédemment,  ne  permettent  pas  de 
croire  que  l'exhalation  de  l'azote  ou  de 
matières  ammoniacales  par  les  pou- 
mons ait  pu  eu  emporter  une  quantité 
si  considérable. 


[a)  BoLissing-auU,  Auahjses  comparées  des  alimeals  consommés  el  des  prodnils  rendus  par  un 
Cheval  soumis  à  la  ralinti  d'entrclieii  (Aiin.  de  chimie  et  de  plnjsique,  1839,  t.  LWI,  p.  128). 

—  Idem,  Analyses  comparées  des  aliments  consommés  et  des  produits  rendus  par  une  Vache 
laitière  (Ann.  de  chimie  et  de  physique ,  1839,  t.  L.XXI,  p.  H3j. 


586 


NLTHlTIOiN. 


excrétée  par  d'autres  voies,  c'est-à-dire  par  les  poiuiions  ou  par 
la  peau  (1). 

Dans  une  autre  partie  de  ce  Cours,  nous  avons  vu  que,  dans 
l'état  normal  de  l'organisme,  il  n'y  a  pas  de  produits  ammo- 
niacaux dans  l'air  expiré,  mais  que  très  souvent  la  quantité 
d'azote  libre  contenue  dans  ce  lluide  est  supérieure  à  celle  qui 
avait  été  introduite  dans  les  poumons  par  l'inspiration.  Cette 


(1)  Les  expériences  de  j\l.  Uigg  fu- 
rent failcssurun  Homme  et  prolongées 
pendant  donze  jours  consécutifs.  Sur 
100  parties  d'azote  absorbées,  ce  phy- 
siologiste n'en  trouva  que  50  dans  les 
urines  (a). 

Les  reclierclies  de  M.  Barrai  furent 
faites  sur  cinq  personnes.  Les  aliments 


furent  analysés  et  pesés.  Il  en  fut 
de  même  pour  les  excréments  et  Turine 
rendue;  quant  aux  produits  delà  trans- 
piration respiratoire  et  cutanée,  on  les 
évalua  par  différence. 

Voici,  en  ce  qui  concerne  l'azote,  les 
résultats  obtenus  en  vingt-quatre  heures 
par  ce  chimiste  (b). 


N"  D'ORDRE 
tics 

AZOTE  (EN  POIDS) 

'^ — 

™"' 

^^-*. 

des 

lit: 

(les 

'lu  r.\L 

de  la 

EXPÉRIENCES. 

ALIMENTS. 

L'UIUNE. 

MAT.  FECALES. 

E.XCRÉMENTS. 

pEn.si'iRAriuN. 

('.IMIII. 

(.ir  iini. 

Gi-jiii. 

Gl:iiii. 

(ir..l>i. 

i. 

28,0 

d0,9 

2,8 

13,7 

14,3 

2. 

21,2 

9,8 

1,3 

11,1 

10,1 

3. 

7,0 

3,1 

1,8 

4,9 

3,0 

i. 

27,3 

15,2 

2,5 

17,7 

9,0 

5. 

25  t 

10,0 

0,8 

10,8 

M, G 

Je  dois  ajouter  que,  dans  trois  de  ces 
expériences,  de  même  que  dans  Celles 
de  M.  Doussingaull,  il  y  avait  aussi, 
dans  les  produits  excrétés  comparés  à 
rùiyps/a,undéticit  dans  le  sel  marin; 
ce  qui  tend  à  infirmer  les  conclusions 
relatives  à  l'explication  du  déficit  d'a- 
zote par  l'exhalation  respiratoire. 


Dans  des  expériences  analogues  faites 
par  M.  Lehmann  sousTinHucncc  d'un 
régime  animal,  la  quantité  d'azote 
absori)é  .sous  la  forme  d'alimeuls  (ilail 
journellement  de  o0*''',3,  et  le  poid.s  du 
même  élément  contenu  dans  les  urines 
était  de  2li'^^',k  (c).  Le  déficit  était  donc 
d'environ  G  grammes  par  jour. 


(rt)Rigg,  Médical  Times,  1842,  p.  278  (voy.  Lclniiniiii,  Lehrbuch  àcr  physiol.  Chcmic,  I.  III, 
p.  304). 

(())  IJaiial,  Slaliiiuc  chimique  des  Animaux,  1850,  p.  270. 

ic)  Lohiiumii,  intersuchumjen  iiber  den  mcnschlichen  llarn  (Jmtrual  ftlr  iwahl.  Ghcmie,  1842, 
l.  XXVII,  p.  257).  —  Lchfbuchder  iihyslulogischen  Chcmie,  I.  111,  [<.  365. 


STATIQUi:    CHlMIUll':    Dli    L'oilliANlSMli.  587 

oxlialatioii  d'iizole  peut  dé[)Ciulre  parfois  d'un  simple  dé[>la("C- 
inent  d'une  portion  de  l'azote  provenant  de  l 'atmosphère  et 
dissous  dans  le  sang;  mais,  dans  d'autres  cas,  elle  est  trop 
considérable  et  trop  persistante  pour  être  due  à  cette  cause, 
et  il  paraît  bien  démontré  qu'il  y  a  réellement  production 
d'azote  libre  dans  l'intérieur  de  l'organisme. 

Lorsque  nous  nous  occupions  de  l'étude  de  la  respiration, 
nous  ne  pouvions  chercher  l'explicalion  de  ce  phénomène; 
mais  aujourd'hui  la  solution  de  cette  question  se  présente  natu- 
rellement à  notre  esprit.  ElTectivement  nous  savons  mainte- 
nant que  les  matières  albuminoïdes,  c'est-à-dire  des  matières 
contenant  beaucoup  d'azote,  ainsi  que  du  carbone  et  de  l'hy- 
drogène unis  à  un  peu  d'oxygène,  s'oxydent  dans  l'organisme, 
mais  qu'en  fixant  ainsi  de  l'oxygène,  elles  ne  sont  brûlantes  que 
d'une  manière  incomplète,  et  que  l'urée  résultant  de  celle  com- 
bustion contient  plus  d'hydrogène  et  de  carbone  que  n'en  pour- 
rait prendre  l'oxygène  avec  lequel  ces  éléments  se  trouvent 
associés.  Or,  dans  les  expériences  de  laboratoire,  on  parvient 
facilement  à  oxyder  davantage  ces  substances  organiques  et  à 
transformer  en  eau  et  en  acide  carbonique  la  totalité  de  leur 
hydrogène  et  de  leur  carbone  ;  mais,  dans  ces  circonstances, 
l'azote  n'est  pas  brûlé  et  reste  à  l'état  de  gaz.  C'est  môme  sur 
ce  mode  de  combustion  qu'est  basée  la  méthode  employée  par 
les  chimistes  pour  analyser  les  matières  animales  et  pour  doser 
l'azote  qu'elles  renferment.  On  conçoit  donc  la  possibilité  d'un 
dégagement  d'azote  dans  les  phénomènes  de  combustion  dont 
l'organisme  est  le  siège,  et  lorsque  la  quantité  de  ce  gaz  qui 
est  exhalé  par  l'appareil  respiratoire  dépasse  celle  de  l'azote 
atmosphérique  qui  a  été  dissous  par  le  sang,  il  y  a  lieu  de  croire 
qu'il  s'en  produit  de  la  sorte  par  l'effet  de  roxygénation  com- 
plète d'une  certaine  quantité  de  matière  organique  azotée.  Du 
reste^  la  quantité  d'azote  libre,  dont  l'exlialation  a  été  constatée 
directement  dans  fpielques  expériences,  n'a  jamais  été  considé- 


588  NUTKITIOX. 

rablc('l),  et  dans  les  cas  où  l'exeédanl  du  poids  de  l'azote  ingéré 
dans  l'économie,  sur  celui  du  même  élément  représenté  par  les 
leces  et  les  urines,  dans  les  expériences  de  ]\1.  Boussingaultet  de 
M. Barrai,  ne  dépendrait  pas  de  quelque  erreur  d'expérimentation , 
il  serait  impossible  de  se  l'expliquer  par  l'exhalation  pulmonaire, 
et  il  faudrait  l'attribuer  en  majeure  partie  à  la  sueur,  à  la  des- 
(luamalion  épidermique,  ou  à  quelque  autre  perte  du  même 
ordre  -,  car  on  remarque  dans  les  résultats  numériques  fournis 
par  ces  expériences  un  déficit  analogue  en  ce  qui  concerne 
des  matières  fixes  telles  que  des  sels  minéraux ,  et  celles-ci 
ne  pouvaient  être  dissipées  par  la  transpiration  dite  msen- 
sible{2).  Du  reste,  dans  des  recherches  plus  récentes  et  plus 
a[)profondies,  faites  à  Dorpat  })ar  i\IM.  Schmidt  et  Bidder  sur 
des  iMammifères  carnivores,  la  (juantité  d'azote  expulsé  de 
l'organisme  autrement  que  par  les  urines  ou  par  les  évacuations 
alvines  a  été  trouvée  insignifiante.  On  en  pourra  juger  par  les 
résultats  suivants  obtenus  dans  une  série  d'expériences  sur  un 
Chat  adulte  (3).  Sur  100  parties  de  matières  excrétées,  la  pro- 
portion altribuableà  chacun  des  émonctoires  était  la  suivante  : 


DANS    LES   PRODUITS 

Eau  .... 

DANS   LliS   ËXCHÉMENTS. 

DANS   L'URINE. 

de  la  respiration  ,  elc. 

1,2 

82,9 

15,9 

Cai'boiu' .  . 

1,'2 

9,5 

89,Zi 

[Jvdiotçène. 

1,1 

23,2 

75,6 

Azote  .   .   . 

0,'2 

99,1 

0,7 

Oxysc'ii»'.  • 

0,2 

à,i 

95,7 

SoulVe.   .   . 

50,0 

50,0 

» 

Sels  .... 

92,9 

7,1 

)) 

Ainsi  près  de  1^  du  carbone  excrété  par  l'Animal  se  sont 

(1)  Voyez  lonie  H,  page  599.  (3)  Dans  ceUc  expérience  (a),  ([ui 

(2)  Voyez  ci-dessus,  pages  bUli  tl      dura  neul'  jouis,  l'Animal  fui  nourri 
58(j.  abondammenl,  de  façon  que  le  poids 


(n)  Diddcr  ol  Scliiuidl,  Vcvdauun(jssdflc  itnd  Slu/lwcchsel,\f.  33i. 


STATIQUK    CiilMlQUl!:    Uh    l/OUG.VNlSMK.  589 

li'oiivés  dans  l'aciilo  carboniciiio  rouriii  par  la  respiration,  cl 
la  (juantité  d'azote  exhalé  par  les  pouinons  ne  constituait 
que  jôVo  ^^  ^''^  déperdition  totale  de  cet  élément  dont  ies-^  se 
trouvaient  contenus  dans  les  urines. 

Jeterai  reniaripier  aussi  qu'en  raison  de  ce  mode  d'évacuation 
de  l'azote,  les  [)liysiologistes  peuvent,  en  dosant  l'urée  et  les 
autres  produits  urinairesdu  même  ordre,  étudier  les  variations 
que  subit  la  transformation  des  matières  azotées  dans  l'intérieur 
de  l'organisme,  sujet  sur  lequel  nous  aurons  bientôt  à  revenir. 

§  l/i.  —  Dans  une  autre  partie  de  ce  cours,  nous  avons  vu 
également  que,  dans  certains  cas,  il  y  a  absorption  d'azote  par 
les  voies  respiratoires  ;  et,  bien  que  les  faits  dont  j'ai  rendu 
compte  précédemment  nous  eussent  conduits  à  considérer  ce 
phénomène  comme  une  conséquence  de  la  solubilité  de  ce  gaz 
dans  le  sang,  on  devait  chercher  si  l'élément  introduit  de  la 
sorte  dans  l'organisme  pouvait  être  utilisé  par  les  Animaux 
pour  la  formation  des  matières  organi(pies  nécessaires  à  leur 
nutrition,  ou,  en  d'autres  termes,  si  l'azotede  l'atmosphère  était 
susceptible  de  jouer  le  rôle  d'aliment  ;  mais  toutes  les  recher- 
ches les  mieux  faites  sur  ce  sujet,  notamment  celles  de  M.  Bous- 
singault,  n'ont  donné  que  des  résultats  négatifs,  et,  dans  l'état 
actuel  de  nos  connaissances,  nous  devons  croire  que  les  forces 
chimiques  «pii  agissent  dans  l'économie  animale  ne  sont  pas 
r'apables  de  déterminer  l'union  de  l'azote  avec  les  éléments 


de   son    corps    s'élevât   clc    3228    à      de  ses  aliiiieiUs  et  de  ses  excrétions, 
3255  grammes,  et  en  tenant  compte      on  obtint  les  résultats  suivants  : 


Iniçfesta 

u        ,       \  Urine, 
b.xcrela.    <  „, 

(  Fèces. 

Respiration,  etc.  . 

EAU. 

C,\RBONE. 

HYDROGÈNE. 

AZOTE. 

OXYGÈNE 

SELS. 

souKiit;. 

1747,34 
144'J,02 

20,87 
227,95 

180,37 

17,19 

2,17 

157,32 

24,73 
5,72 
0.30 

18,71 

40,39 

40,10 

0,04 

63,46 

24,77 
0,91 

37,78 

12,81 

11,88 

1,03 

» 

2,50 

1,23 

1,27 

» 

VII. 


38 


590  NITRITIOX. 

aiixiiiiols  ce  cor[)S  est  combine  dans  les  matières  organi(|iies 
animales,  e(,  par  conséqiienl,  que  c'est  sous  la  l'orme  de  com- 
posés azotés  ([ue  les  êtres  animés  reçoivent  la  totalité  de  cette 
matière  dont  ils  ont  besoin  pour  leur  subsistance. 

Mais  ici  une  autre   (piestion  se  présente  nécessairement 
à  l'esprit  du  [ibysiologiste.  L'azote  qui  pénètre  dans  l'économie 
animale  à  l'état  de  combinaison  peut- il  être  utilisé  dans  le 
travail  nutritif  et  employé  à  la  formation  des  principes  immé- 
diats constitutifs  du  corps,  lorsqu'il  est  uni  seulement  à  de  l'hy- 
drogène, comme  dans  l'ammoniaque,  à  de  l'oxygène,  comme 
dans  l'acide  azotique,  ou  à  du  carbone,  comme  dans  le  cyano- 
gène? ou  bien,  les  Animaux  sont-ils  impuissants  à  transformer 
ces  substances  inorganiques  en  matières  plus  complexes,  telles 
que  l'albumine,  la  fibrine  et  les  autres  principes  immédiats 
azotés  par  lesijuels  la  substance  de  leur  corps  est  formée  ?  Les 
plantes  jouissent  de  cette  faculté,  ainsi  que  du  pouvoir  d'utiliser 
de  la  même  manière  les  éléments  de  l'eau  et  de  l'acide  carbo- 
nique; quelques  Infusoires  paraissent  être  doués  de  la  même 
propriété  (1)  ;  mais  il  n'en  est  pas  de  même  pour  les  Ani- 
maux ordinaires.   La  quantit(;  d'azote  qu'ils  retiennent  dans 
leur  organisme,  ou  qu'ils  excrètent  au  dehors  sous  la  forme 
d'urée   ou  de  toute  autre   matière  org'ani(|ue  ,   n'est  jamais 
supérieure    à   celle   du  même  élément   ({u'ils  ont   trouvé  à 
l'état  de  combinaison  organique  dans  les  alinienls  dont  ils 
ont  fait  usage.  Ces  matières  organiques  sont,  [lar  conséipient, 
la  source  unique   de  la  totalité  de   l'azote ,  du   carbone  et 
d'une  partie  de  l'hydrogène  (pii  entrent  dans  la  composition 
du  corps  de  l'animal  et  des  produits  que  celui-ci  excrète. 
Ce  fait  ca[)ital  a  été  souvent  mentionné  dans  le  cours  de  ces 


(I)  W  rosiillc  dos  roclicrclics  non-  à  la  iiiaiiif'rc  dos  Aôgdtaiix,  ot  sont 
vcllos  (le  V!.  Pasieiir,  que  ccriiiiiis  aplos  à  se  nourrir  de  nialièros  azolées 
Aniniulculc»    microscopiques     viveul       inorganiques. 


STATIQUE    C.HIMIQl^F,    DE    l'oRGAMSSIE.  591 

Leçons,  sans  que  jusqu'iei  j'aie  pn  en  fournir  des  preuves  ;  mais 
ces  preuves  ressorlent  nettement  de  la  (Mimparaisou  de  ee  (|ui 
entre  et  de  ce  ipii  sort  de  l'économie  animale,  sujet  dont  l'i'lude 
est  loin  d'être  épuisée  el  sur  kMpiel  j'aurai  à  revenir  dans  nue 
procliaine  Leçon. 


FIN   ni;  TOME  sEnn-.Mis. 


JiRRATU.v.  — Piifj;o  100,  note,  BiimiD'iii  lisez  liiirAarin. 


TABLE  SOMMAIRE  DES  MATIÈRES 


DU  TOME  SEPTIÈME. 


CINQUANTE-HUITIKME  LEÇON. 

Des  [phénomènes  chimiques  de  la 
digestion 1 

Des  aliments 1 

Composition  chiniiquo  des  ali- 
ments fournis  par  le  règne 
animal 3 

Composition  chimique  des  ali- 
ments fournis  par  le  règne 
végétal 5 

Modifications  déterminées  dans 
les  aliments  par  la  cuisson. .  .        10 

De  l'action  du  suc  gastrique  sur 
les  aliments 11 

Manière  de  recueillir  ce  liquide.        1 1 

Circonstances  qui  influent  sur  la 
sécrétion  du  suc  gastrique. ...        13 

Influence  des  aliments  sur  ce  phé- 
nomène         16 

Influence  des  agents  cliimiques. .        18 

Influence  des  sensations  gusta- 
tives,  etc 20 

Influence  du  système  nerveux.  .        21 

ICvaluation  de  la  quantité  du  suc 
gastri(]ne  produite 22 

Composition  chimique  du  suc  gas- 
trique         24 

Acides  contenus  dans  ce  liquide.       2S 

Découverte  de  la  pepsine 32 

Propriétés  chimiques  de  cette  sub- 
stance         36 

Propriétés  digeslives  de  la  pej)- 
sine 38 

Action  du   suc  gastrique  sur  la 

fibrine,  etc 43 

(^hymification 44 

Influence  de  la  température  sur 
ce  phénomène 44 

Nécessité  de  l'acide  du  suc  gas- 


trique.  '. .       4ri 

Din'érenccs  dans  la  i)uissance  di- 

gestive  du  suc  gastrique 48 

Production  de  peptones 49 

Action  du   suc  gastrique  sur  le 

sucre,  etc 53 

De  la  digestion  des  matières  amy- 
lacées          f^i 

Propriétés  de  la  diastase 55 

Action   de    la   salive    sur   V em- 
pois, etc 56 

Principe  actif  de  la  salive r>8 

Source  de  la  diastase  salivaire. . .       59 
Rôle  de  la  salive  dans'la  digestion 

des  aliments  amylacés •     ci 

Propriétés  digeslives  du  suc  pan- 
créatique         67 

Action  saccharifiante  de  ce  liquide       67 
Son  action  sur  les  principes  albu- 

minoïdes 6!) 

Son  action  sur  les  graisses 71 

Pouvoir  émulsif  du  suc  pancréa- 
tique        72 

Rôle  du  pancréas  dans  la  diges- 
tion        73 

Expériences  sur  la  destruction  de 

cet  organe 74 

Ligature   du   canal  dejWirsung 

et  fistule  pancréatique "7 

Conclusions 79 

liôle  de  la  bile  dans  la  digestion.       82 
Expériences   sur   la   ligature]  du 

canal  cholédoque,  etc 84 

Action  émulsive  de  la  bile 88 

Influence  de  la  bile  sur^Pabsorp- 

tioii  intestinale 89 

Action  stimulante  de  ce  liquide.       91 
Propriétés  digeslives  des  sucs  in- 
testinaux     .        92 

Phénomènes  accessoires  du   ira- 


TABLE    SOMMAIRE    DES    MATIEUES. 


593 


vail  digestif 98 

Fermentation  lactique,  etc 98 

Production  de  gaz  dans  l'intestin     100 

CINQUANTE-NEUVIÈME  LEÇON. 

Delà  digestion  des  aliments  com- 
posés.       108 

Digestion  stomacale 109 

Formation  du  chyme 113 

Durée  du  séjour  des  aliments  dans 

l'estomac 1  l.'i 

Influence  de  la  cohésion  des  ali- 
ments sur  leur  digestibilité. .      11G 
Indigestibilité  des  tissus  épithé- 

liques,  etc 119 

nùlc  de  l'épithélium  gastrique.  .      120 
Influence  de  la  cuisson  sur  la  di- 
gestibilité des  aliments 123 

L'importance  de  la  digestion  sto- 
macale varie  suivant  le  régime.      124 
Passage  des  aliments  dans  l'in- 
testin grêle 129 

Digestion  intestinale 133 

Séjour  des  fèces  dans  le  gros  in- 
testin        137 

Défécation 1  39 

Coiislilulion  des  matières  fécales  1  i3 
Comparaison  des  matières  qui 
sont  versées  dans  le  tube  intes- 
tinal par  les  glandes  et  de  celles 
qui  sont  expulsées  par  l'anus.  1  57 
Résorption  des  matières  biliai- 
res, etc 158 

Evacuations  alvines  des  animaux 
à  cloaque IGO 

SOIXANTIÈME  LEÇON. 

De  l'absorption  des  produits  du 

travail  digestif 161 

Absorption  stomacale 163 

Absorption  intestinale 166 

Rôle  des  vaisseaux  chylifères. .  .  167 

Du  chyle 169 

Les  vaisseaux  chylifères  n'absor- 
bent pas   toutes  les   matières 

qui  sont  absorbables 177 

Rôle  des  villosités  intestinales. . .  180 

Rôle  de  l'absorption  veineuse.. .  183 

Résumé 187 

De  l'influence  du  mode  d'organi- 
sation des  animaux 189 

Sur  les  résultats  du  travail  digestif  1 89 
Influence  de  l'activité  de  la  cir- 
culation   191 


Influence  du  mode  de  conforma- 
lion  du  tube  digestif. 194 

Phlébentérisme 195 

SOIXANTE  ET  UMÈME  LEÇON. 

Des  sÉCRiiTiONS 195 

Des  glandes  en  général 1 90 

Les  organes  sécrétoires  élémen- 
taires sont  des  utricules 198 

Mode  de  développement  des  glan- 
des    200 

Classiûcalion     analomique     des 

glandes 20! 

Glandes  imparfaites 203 

Vésicules  adipeuses 203 

Constitution  des  matières  grasses  206 

Tissu  adipeux 212 

Utricules  pigmentaires 21  i 

Capsules  surrénales 215 

Corps  thyroïde 219 

Tiiymus 223 

Glandes  vasculaires 231 

Glandes  lymphatiques 232 

U;ite 233 

Siructure  de  cet  organe 238 

Hypothèses  relatives  à  ses  fonc- 
tions   249 

Glandes  excrétoires  closes 261 

Glandes  parfaites 262 

Résumé  de  la  classification  mor- 
phologique des  glandes 26  i 

Conditions  de  perfectionnement 

des  organes  sécrétoires 266 

Structure    intime    des     glandes 

parfaites 267 

Utricules 267 

Contenu  de  ces  organites 272 

Relations  de  ces  organites  avec 

le  sang 274 

Slronia  et  tuniques  des  glandes.  274 

SOIXANTE-DEUXIÈME  LEÇON. 

Du  travail  secrétaire 276 

Hypothèses  relatives  à  la  nature 

de  ce  phénomène 276 

Source  des  matières  sécrétées.  .  .  280 
Source  de  la  puissance  sécrétoire.  287 
Influence  de  l'action  nerveuse. .  .  288 
Insuffisance  des  hypothèses  chi- 
miques et  physiques 297 

Rôle  des  utricules 298 

Résumé 301 

Classification  des  produits  du  tra- 
vail sécrétoire 303 


594 


TABLR    SOMMAIRE    DES    MATIÈRES, 


SOIXANTE-TROISIEMK  LEÇON. 

Des  excrétions ."0:i 

De  la  sccrcHon  urinaire 30G 

Appareil  urinaire  des  animaux 

vertrbres 306 

Mode  tic  développement  de  l'ap- 
pareil urinaire 300 

Reins  priiiiilifs  ou  corps  de  Wolff  30G 

Reins  seconiiaires 311 

Structure  intime  des  reins 313 

Diirérences  dans  la  conformation 

de  l'appareil  urinaire 317 

Appareil  urinaire  des  Poissons.  .  321 

Appareil  urinaire  des  Batraciens.  333 

A[ip.ireil  urinaire  des  Reptiles.  .  3i2 

Appareil  urinaire  des  Oiseaux...  345 
Vaisseaux  sanguins  des  reins  des 

verlébrés  ovipares 318 

Appareil  urinaire  des  Niammifères  3t9 

Position  des  reins S.'SO 

Forme  de  ces  organes 3~'>  1 

Structure  intérieure  d "S  reins  de 

l'homme,  elc 3^13 

Uretère 3t)G 

Vessie  urinaire 3GS 

Canal  de  rurèllire 373 

Appareil  urinaire  des  Animaux 

invertébrés 375 

Ap[)arcil  urinaire  des  Mollusques.  376 
Des  organes  sécrétoires  de  l'urine 

chez  les  Insectes 386 

Sécrélion  urinaire  chez   les  Ara- 
chnides, etc 389 

SOIXANTE-QUATRIÈME  LEÇON. 

Des  produils  de  la  sécrétion  uri- 
naire   393 

Composition  chimic]uc  de  l'urine.  394 

Des  principes  urinaircs 39G 

Urée 397 

Acide  nrique 403 


(.realwie  .  . 
t'réatinine. 


4flG 

407 

Allantoïne 408 

Guanine 409 

Xanthine 410 

Ilypoxanthine 41  ! 

Acide  cystiqiie i  I  2 

Acide    liii)pnri(iue 412 

Acide  oxali(iue 414 

Acide  lactiipu' 4 1 G 

Acides  luityriciue,  damolique,  da- 

inalurique  et  taurylique 4  17 


Matières  colorantes  de  l'urine. .  . 

Substances  minérales  contenues 
dans  l'urine 

De  l'urine  de  riiomme 

('omposition  chimique  de  (C  li- 
(|uide 

Altérations  de  l'urine 

t^omposition  do  l'urine  des  auties 
Mammifères 

Urine  des  Oiseaux 

Urine  des  Reptiles  et  des  Batra- 
ciens  , . 

Urine  des  Poissons 

Composition  chimique  de  l'urine 
des  Animaux  invertéhrés 

Résume  lies  principaux  caractères 
chimiques  de  la  sécrétion  uri- 
naire chez  les  divers  Animaux. 


418 

423 

426 

427 
/L'a. 


4iC, 
448 

4  49 


431 


SOLX.VNTE-CLNOnÈME  LEÇON. 


Source  des  matières  urinaires..  . 

I,'nr(''e  est  fouiiiie  jiar  le  sang..  . 

l.cs  acidi^s  nrique,  hippurique, 
etc.,  sont  fournis  par  le  même 
liquide 

Action  des  reins  sur  le  sang.  .  .  . 

Application  des  phéiiomèiics  de 
dialyse  à  l'explication  de  l'ac- 
tion sécrétoire  des  reins 

Expériences  de  M.  Graliam 

Carii clercs  de  la  sécrétion  wi- 
naire 

Onaiilitc  des  produils 

Inlluence  des  boissons  sur  la  sé- 
crétion urinaire 

Influence  de  la  température.  .  .  . 

Variations  dans  la  proportion 
d'eau  contenue  dans  l'urine.. 

Iiifluenie  ilu  régime  sur  la  com- 
|)osition  chimique  des  urines. 

Circonstances  qui  innueiit  sur  la 
proportion  d'urée 

Circonstances  qui  influent  sur  la 
proportion  d'acide  urique. .  . . 


433 


Or; 


•lie 


4:.9 

4  GO 
4G1 

4G2 
4  63 

4G3 
4G4 

46  o 

4G9 


47.-. 

47  G 


Circonstances  qui  iniluent  sur 
l'excrétion  de  l'acide  oxali- 
(jue,  etc 

De  la  présence  de  matières  CIran- 
gères  dans  les  urines 

Sucre  urinaire 

De  1  existence  de  la  n'alière  cdIo- 
ranti'  de  la  bile  dans  l'urine.  . 

De  rrxistemc  de  la  cystine  dans 
l'nrine 


47  G 


i  I  1 
/i83 

1S.3 

4  86 


TAiîL^:  soM.M.vim; 

De  l'i'xisU'iicc  (lo  ralhiiiiiiiic  dans 

ruriiic '(SS 

Urines  graisseuses 41)0 

liapidUc  de  la  sécréiion  urmaivc.     491 
liinuriiecde  la  pression  artérielle 
sur  la  (luaulitc  durinc  sécré- 
tée        492 

Influence  de  cette  pression  sur  la 
composition  chimique  de  l'u- 
rine       497 

Influence  de  la  richesse  du  sang.      500 
Influence  de  la  rapidité  de  la  cir- 
culation rénale 501 

Influence  du  système  nerveux.. .      502 
Influence  delà  constitution  indi- 
viduelle       50(i 

Inlluence  des  états  pathologiques     à(J8 
l'ormalion  des  calculs  urinaires.     509 
De  la  quanlité  des  produils  de  la 
sécrétion    urinaire  en    vingt- 
quatre  heures 511 

SUIXAA'TE-SIXIÉME  LECU.N. 


\)l'.  LA  NUTRITION 523 

Des  échanges  de  matières  qui 
s'eflectuent  entre  Torganisnie 
et  le  monde  extérieur 523 

De  l'enii)loi  des  matières  absor- 
bées        52  i 

Matières  (jui  traversent  l'orga- 
nisme sans  y  subir  aucun  chan- 
gement       524 


DES    MATIÈIIES.  5U5 

l'^xemples  :  chlorure  de  sodium, .      525 

Kau 52G 

L'^lïets  de  la  dessiccation  des  corps 

vivants 52G 

1  hénomènes  remarcpiahles  oITerts 
par  les  Rolil'ères   et   quehiues 

autres  Animalcules 527 

Matières   qui   sont  modifiées  ou 
détruites   dans    l'intérieur    de 

l'économie  animale 531 

Preuves  de  la  combustion  de  di- 
verses matièresorganiques  dans 
l'intérieur  de  l'organisme.  ...      531 
Siège  de  la  combustion  physiolo- 
gique       53  i 

Mode  d'action  de  certains  ferments     535 
Hùle  des  globules  du  sang  dans  la 

combustion  physiologique.  . . .      538 
Influence  de  l'alcalinité  du  sang 

sur  ce  phénomène 539 

Conclusions  relatives  à  l'existence 

d'une  combustion  respiratoire.     510 
Produits  de  cette  combustion. .  . .      541 

Foruiation  de  l'urée 541 

Formation  de  quelques  autres 
substances  par  Foxydation  des 

matières  organiques 544 

Résultats  de  la  combustion  in- 
complète de  certaines  substan- 
ces   .     5  48 

Production  de  matières  grasses.  .      550 

(ilycogénie 558 

Piôle  du  foie  daus  la  production 
du  sucre 5(j1 


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